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Full text of "Rome au siècle d'Auguste ; ou voyage d'un Gaulois à Rome : à l'époque du règne d'Auguste et pendant une partie du règne de Tibère ; précédé d'une description de Rome aux époques d'Auguste et de Tibère"

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Jf 


ROME 

AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 


«  l'ay  seulement  faict  icy  un  amas  de  fleurs 
eslrangieres,  n'y  ayant  fourny  du  mien  que 
le  fîlet  à  les  lier.  » 

Montaigne,  Essais,  liv.  III,  c.  12 


Cl 


AU  SIECLE  D'AUGUSTE 


VOYAGE  D'UN  GAULOIS  A  ROME 

A  L'ÉPOaUE  DU  RÈGNE  D'AUGUSTE 

ET  PENDANT  UNE  PARTIE  DU  RÈGNE  DE  TIBÈRE, 

■précédé 
D'UNE    DESCRIPTION    DE    ROME 

aox  époiiiies  d'Anjnste  et  de  Tibère, 

PAR  CH.  DEZOBRY. 


revue,  augmeutée 

ET  ORNÉE  D'UN  GRAND  FLAN  ET  DE  VUES  DE  ROME  ANTIQUE. 

TOME  I. 


PARIS. 

DEZOBRY,  E.  MAGDELEINE  ET  C'^  LIBR.-ÉDITEURS, 

1,    RIIR    DES    MAÇONS-SORBONNE,     1. 


I8i.(j 


BIBLIOTHECA  J 


y  ^  j"^  F(é 


rt 

V. 


Imprimerie  Dccessois,  55,  qnai  des  Angaslin». 


.  ?^HTO: 


TABLE 

DES  MATIÈRES  ET  DES  Ï>LANCHES 


DU  TOME  PREMIER. 


Avertissement  sur  cette  nouvelle  édition Vff 

Prolégomènes XI 

—  Avant-Propos XIII 

—  Desciiption  de  Rome  sous  Auguste  et  soas  Tibère t 

—  Table  alphabétique  de  la  Description  de  Rome 197 

Introduction  au  voyage  a  Rome 2 (H 

Lettre         I.  Le  Voyage. — Les  Gaules.  —  L'Italie 209 

—  II.  Arrivée  à  Rome.  —  Aspect  de  la  ville.  — L'Hospitalité.  -^ 

L'Empereur.  —  La  maison  Palatine îl4 

—  III.  Le  Forum  Romain 226 

—  IV.  Constitution  de  la  Société  romaine.  —  Formes  du  Gouver- 

nement   Sl37 

—  V.  Le  Champ  de-Mars 247* 

—  VI.  Du  pouvoir  de  l'Empereur. —  Les  Consuls  et  les  Tribuns  du 

peuple 254 

—  VII.  Rome  et  la  ville.  —  LePomœrium 2fll 

—  VIII.  Des  Comices  en  général,  et  des  diverses  sortes  de  Comices.  266 

—  IX.  Comment  sont  logés  les  riches,  ou  la  Maison  de  Mamurra  .  274 

—  X.  Les  Cliems 289 

—  XI.  De  Id  numération  du  temps.  —  Ka'.endrier  romain  .    .   .  297 

—  XII.  Les  Bains 322 

—  XIII.  Les  Repas 332 

—  XIV.  Les  Tavernes 3  46 

—  XV.  Les  Tondeurs 358 

—  XVI.  Mon  Emménagement.  —  Les  maisons  à  loyer.  —  Une  mai- 

son de  la  voie  Suburane 363 

—  XVII.  Du  droit  de  cité  Romaine 371 

—  XVIII.  Les  Promenades  de  la  ville 379 

—  XIX.  Les  Censeurs.  — La  Revue  du  Sénat,  des  Chevaliers,  et  du 

Peuple 390 

—  XX.  La  Police  de  Rome  ., 405 


VI  TABLL  DKS  MAIIKI'.KS  lii  DKS  ll.ANCUKS. 

LelUu    XXI.  Du  GouvernemeiU  ilo  riliilii.- 4  15 

—  XXII.  Les  Maquignons  et  les  Esclaves 42H 

—  XXIII.  Des  Affranchissements  et  des  Affranchis 442 

—  XXIV.  Les  Voleurs 453 

—  XXV.  Ma  seconde  visite  au  Capitolc 461 

Notes  et  Explications  supplémentaires .•...  479 

Eocplication  raisonnée  des  planches  du  tome  1 503 


LISTE  ET  CLASSEMENT  DES  PLANCHES. 

Pian  de  Rome  antique  aux  époques  d'Auguste  et  de  Tibère,  par  M.  Léveil.  — 

A  la  fin  du  volume. 
Site  et  Murs  de  Rome  (Plan).  —  En  regard  de  la  page  215. 
Intérieur  d'une  Basilique,  par  M.  Hittorff.  —  En  regard  de  la  page  227. 
Le  Forum  Romain,  par  M.  Léveil.  —  En  regard  de  la  page  215. 
Le  Champ-de-Mars,  par  le  même.  —  En  regard  de  la  page  247. 
La  Maison  de  Mamurra  (Plan).  —  En  regard  de  la  page  275. 
Un  Atrium  corinthien,  par  M.  Viollet-Leduc.  —  En  regard  de  la  page  276. 
Le  Portique  d'Octavie,  par  M.  Duban.  —  En  regard  de  la  page  380. 
L'Intermont  elle  Temple  de  Jupiter-Gapitolin,  par  M.  Léveil.  —  En  regard  de 

la  page  466. 
L'Intérieur  du  Temple  de  Jupiter-Gapitolin,  par  le  même.  —  En  regard  de  la 

page  470. 


AVIS  AU  RELIEUR.  —  Une  ligne  tirée  tantôt  en  haut  tantôt  en  bas  de  la  gravure  indique  de 
quel  côté  doit  être  pris  l'onglet,  atin  que  le  volume  étant  ouvert,  la  gouttière  tournée  vers  le  lec- 
teur, toutes  les  planches  se  présentent  toujours  dans  le  même  sens. 


AVERTISSEMENT 

SUR  CETTE  NOUVELLE  ÉDITION. 


Après  dix  années  de  nouvelles  études,  j'oft're  au  public  un  ou- 
vrage qui  ne  lui  est  pas  tout  à  fait  inconnu.  L'extrême  bienveillance 
avec  laquelle  il  l'a  d'abord  accueilli  ne  fut  pour  moi  qu'un  encoura- 
gement à  mieux  faire;  je  me  suis  remis  à  l'œuvre  presque  immédia- 
tement, et  cette  édition  nouvelle  est  plus  qu'une  révision,  c'est,  en 
grande  partie,  une  refonte  de  mon  livre.  On  y  trouvera  beaucoup 
de  changements,  des  additions  quelquefois  assez  considérables  :  j'ai 
revu,  corrigé  toutes  les  Lettres  avec  un  soin  extrême,  et  souvent  je 
les  ai  récrites  soit  en  partie,  soit  en  totalité,  tantôt  sur  un  plan 
nouveau,  tantôt  d'après  des  matériaux  plus  récents  ou  plus  nom- 
breux. J'en  ai  changé  aussi  un  peu  la  classification  générale  pour  la 
rendre  plus  rigoureuse  et  plus  méthodique  ,  suivre,  autant  que 
possible,  l'ordre  exact  des  temps,  et  surtout  n'aller  jamais  dans  mes 
tableaux  que  du  connu  à  l'inconnu. 

Enfin  j'ai  comblé  quelques  lacunes  importantes  par  la  compo- 
sition de  cinq  Lettres  nouvelles  intitulées  :  Tihur.  L' Empereur 
Auguste  et  le  poëte  Horace;  —  Home  pinacothèque; — La  nou- 
velle Maison  Palatine;  —  Les  Statues;  — et  Le  temple  de  Junon- 
Moneta. 

Il  manquait  à  mon  voyage,  pour  le  rendre  plus  intéressant  et  plus 
clair,  une  partie  pittoresque.  En  effet,  il  est,  dans  les  narrations  de 
ce  genre,  des  choses  qui  ne  peuvent  être  bien  comprises  sans  le  se- 
cours du  crayon,  et  dont  les  seules  descriptions  écrites,  même  les 
plus  détaillées,  ne  donnent  jamais  qu'une  idée  confuse.  Un  Plan 
topographique  est  donc  indispensable  pour  expliquer  les  diverses 
parties  d'une  ville  comme  Rome,  pour  y  suivre  un  voyageur;  des 
Vues  pittoresques  pour  en  faire  connaître  les  quartiers  principaux 
et  les  monuments.  Je  me  suis  décidé  à  donner  ce  double  complé- 
ment à  mes  récits.  D'habiles  artistes,  qui  tous  ont  longtemps  sé- 
journé à  Rome,  et  qui  par  leurs  études  spéciales,  leur  talent,  le  goùl 


viii  AVEUTISSKMENT 

et  la  connaissance  de  l'antiquité,  l'amour  de  l'art  qui  les  distingue, 
pouvaient  le  mieux  me  comprendre,  ont  bien  voulu  me  prêter  leur 
concours.  Ils  l'ont  fait  avec  un  empressement  et  une  bonne  grâce 
dont  je  ne  saurais  trop  les  remercier. 

Le  Plan  de  Rome  a  été  dessiné  avec  la  sévérité  que  réclame  l'his- 
toire. L' Avant-propos  placé  après  cet  Avertissement  dira  la  marche 
que  nous  avons  adoptée  pour  atteindre  ce  but,  ou  du  moins  pour  le 
poursuivre. 

Les  Vues  de  Rome  et  de  ses  monuments  sont  étudiées  avec  le 
même  soin  que  le  Plan,  et  restaurées  dans  le  môme  esprit  de  vérité 
et  de  fidélité  historiques.  Si  quelques  esprits  légers  n'y  voulaient  voir 
que  de  jolis  tableaux  spirituellement  composés  et  dessinés  élégam- 
ment, les  hommes  de  savoir  et  de  science  y  reconnaîtront  de  véri- 
tables restaurations,  y  retrouveront  les  principales  parties  de  Rome 
ancienne  dans  toute  la  splendeur  révélée  par  les  ruines,  et,  à  leur  dé- 
faut, par  les  historiens  ou  les  poêles,  et  qu'eux-mêmes,  écrivains  ou 
artistes,  ont  dû  souvent  rêver. 

Mon  tribut  particulier  dans  cette  double  restauration  a  été  une 
Description  de  Rome  aux  époques  d'Auguste  et  de  Tibère,  longue 
étude  historique  que  Ton  trouvera  à  la  suite  de  cet  Avertissement 
sous  le  titre  de  Prolégomènes,  parce  que  ce  sont  en  effet  les  prolégo- 
mènes nécessaires  de  mon  Voyage.  Le  lecteur  verra  peut-être  dans 
cette  Description,  qui  m'a  coulé  plusieurs  années  de  travail,  un 
témoignage  du  soin  scrupuleux  que  j'ai  constamment  apporté  dans 
mes  autres  recherches. 

Je  répéterai  ici  ce  que  je  disais  dans  l'Avertissement  de  ma  pre- 
mière édition  :  l'époque  de  mon  voyage  me  paraît  l'une  des  plus 
intéressantes  de  l'histoire  Romaine;  celle  société  encore  tout  émue 
des  bouleversements  qui  l'ont  tourmentée,  et  dans  laquelle  on  ren- 
contre à  chaque  pas  des  partisans  et  des  combattants  de  l'ancienne 
république  face  à  face  avec  les  fondateiu's  du  nouvel  ordre  de 
choses,  prêle  à  des  contrastes  intéressants,  et  fournit  l'occasion 
toute  naturelle  de  peindre  l'ancien  gouvernement,  et  de  faire  res- 
sortir les  avantages  et  les  inconvénients  de  l'empire  ou  principat. 
Placé  comme  sur  les  confins  de  l'un  et  de  l'autre,  on  a  le  passé,  le 
présent,  et  jusqu'à  un  certain  point  l'avenir  sous  les  yeux.  Plus 
tard,  on  perdait  les  débris  vivants  de  l'ancienne  république;  plus 
tôt,  on  n'avait  pas  la  nouvelle  ;  en  outre,  une  foule  de  détails  de 
mœurs,  de  luxe  public  ou  privé,  fruit  des  loisirs  de  la  paix,  ou  du 


SUR  CETTE  NOUVELLE  ÉDITION.  ix 

besoin  d'amuser  un  peuple  à  peu  près  banni  du  Forum,  de  l'occu- 
per, de  lui  plaire,  demeuraient  interdits,  sous  peine  d'anachronismes 
presque  perpétuels. 

J'ai  pris,  disais-je  dans  le  même  Avertissement,  la  forme  épisto- 
laire  comme  se  prêtant  mieux  à  l'actualité,  étant  susceptible,  par 
conséquent,  de  communiquer  plus  d'intérêt  et  de  chaleur  aux  récits; 
j'ajouterai  encore  :  parce  qu'elle  comporte  tous  les  tons,  admet  tous 
les  genres  de  récits,  et  supporte  mieux  les  détails. 

En  me  décidant  à  écrire  un  voyage  plutôt  qu'un  livre  d'archéolo- 
gie toute  pure,  en  cherchant  à  parer  un  peu  la  science  pour  faire 
revivre  une  époque  avec  plus  de  vérité,  je  n'ai  pas  voulu  faire  du  ro- 
man, non  pas  que  je  méprise  cette  forme,  mais  parce  qu'elle  ne  me 
paraissait  pas  à  sa  place  ici.  Celle  que  j'ai  choisie  devait  être  unique- 
ment, ainsi  que  l'annonce  mon  épigraphe,  comme  un  filet  à  lier 
les  fleurs  estrangieres  que  j'avois  amassées;  aussi,  excepté  le  narra- 
teur imaginaire  et  semi-historique  qui  écrit  mes  Lettres,  je  me  suis 
interdit  toute  création  d'autres  personnages. 

Il  est  encore  un  point  sur  lequel,  avant  de  finir,  il  faut  que  je  ré- 
clame l'indulgence  :  j'ai  pris  quelquefois  la  liberté  de  ramener  cer- 
tains mots  à  leur  signification  antique,  de  mettre  en  œuvre  quelques 
locutions  qui,  bien  que  traduites,  pourraient  encore  passer  pour 
des  latinismes  ;  mon  but  a  été  de  reconstruire  à  neuf  avec  les  ruines 
et  la  poussière  de  l'antique  monument,  suivant  la  vive  expression 
d'un  célèbre  critique'.  Si  le  lecteur  ne  m'approuvait  pas  complète- 
ment, j'espère  du  moins  qu'il  me  pardonnera  ces  courts  écarts 
d'archéologue;  à  l'exemple  de  l'historien  latin,  en  écrivant  des 
choses  antiques,  mon  esprit  involontairement  a  pris  la  couleur  an- 
tique^. Ces  espèces  d'abstractions  paraîtront  peut-êlre  plus  excu- 
sables quand  oh  saura  que  j'ai  commencé  mon  livre  en  1819,  et 
qu'après  m'en  être  occupé  constanmient  jusqu'à  ce  jour,  je  me 
trouve  y  avoir  consumé  déjà  plus  de  la  moitié  de  la  vie  que  j'ai 
vécu. 

Paris,  le  23  mai  1846. 

•  ViLLEMAiN,  Tableau  de  la  Littérature  au  XVlle  siècle,  18^  leçon.  =  2  Et  miiii  ve- 
tuslas  res  scribenli,  nescio  quo  paclo  anliquus  fil  animus.  Tit.-Liv.  XLUI,  13. 


PROLEGOMENES. 


DESCRIPTION 

DE  ROME  ANTIQUE 

iCX   ÉPOQUES   D'ACGUSTE    ET    DE  TIBÈRE, 

ou 

EXPLICATION  MÉTHODIQUE, 

Actompapée  de  Botes  jastificatoes, 

Dq   PLAN    DES   PRINCIPALES    RÉGIONS   DE    CETTE    VILLE 
dressé  et  dessiné 

PAR  J.-A.    LÉVEIL, 

Architecte,  ancien  pensionnaire  de  l'Académie  de  France 
à  Rome. 


AVANT-PROPOS. 


Je  yais  rendre  compte,  en  peu  de  lignes,  du  Iravail  que  l'on  trou- 
vera ci-après  ;  mais  qu'il  me  soit  permis  d'abord  de  commencer  par 
un  petit  conseil  préliminaire  ;  si  le  lecteur  connaît  Rome  ancienne, 
ma  Description  lui  sera  peu  utile;  s'il  ne  la  connaît  pas,  et  qu'il  man- 
que, soit  de  temps,  soit  de  volonté  pour  faire  une  courte  élude,  qu'il 
passe  ces  Prolégomènes,  qu'il  les  considère  comme  un  répertoire  à 
consulter  lorsqu'il  voudra  s'éclairer  tantôt  sur  un  point  topographique, 
tantôt  sur  une  description  de  monument  en  lisant  mon  livre  ou  tout 
autre  ouvrage  qui  traite  de  Rome  ancienne. 

La  matière  est  cependant  belle,  riche,  intéressante  ;  je  l'ai  traitée 
comme  si  j'avais  été  interrogé  par  des  artistes  qui,  plus  habiles  que 
moi,  pourraient  faire  revivre  par  le  pinceau  la  vieille  Rome,  morte  au- 
jourd'hui dans  les  lieux  qui  virent  sa  splendeur,  mais  étalant  une  autre 
cité  au  milieu  d'une  partie  de  ses  ruines,  comme  pour  protester  contre 
les  coups  du  temps,  et  conserver  son  nom  de  ville  éternelle.  Jusqu'à 
présent  on  s'est  borné  à  représenter  les  débris  de  cette  antique  métro- 
pole ;  pourquoi  ne  pas  essayer  enfin  de  la  ressusciter,  de  nous  la  mon- 
trer dans  toute  sa  splendeur?  c'est  une  entreprise  qui  me  paraît  plus 
séduisanteque  jamais  lorsque  je  considère  les  restaurations  pittoresques 
dont  quelques  architectes  distingués  ont  bien  voulu  enrichir  le  livre 
dans  lequel  j'ai  essayé  de  faire  revivre  la  société  Romaine.  Le  peintre 
qui  prendrait  une  aussi  belle  tâche,  y  trouverait  un  double  avantage  : 
d'abord  d'éviter  une  route  battue  depuis  des  siècles,  où  tout  a  été  ex- 
ploré, et  souvent  très-bien  ;  ensuite  de  rencontrer  la  matière  d'une  série 
de  tableaux  qu'on  pourrait  certes  appeler  historiques,  et  qui  formeraient 
comme  un  panorama  multiple,  joignant  le  charme  et  l'intérêt  des 
souvenirs  à  l'attrait  toujours  si  puissant  de  la  nouveauté. 

Mais  je  m'écarte  du  sujet  que  je  dois  traiter  ici,  j'y  reviens  et  je  l'a- 
borde. 

Le  Plan  de  Rome  que  je  vais  expliquer  et  justifier  a  été  fait  pour  les 
époques  d'Auguste  et  de  Tibère,  Il  comprend  tout  ce  que  la  ville  avait 


Mv  AYANl-PKOPOS. 

alors  de  plus  important  et  de  plus  historique  sous  le  rapport  des  monu- 
ments et  de  la  topographie.  Les  parties  laissées  en  dehors  du  cadre  sont 
presque  vides,  ou  n'ont  que  quelques  grands  édifices  d'une  époque  pos- 
térieure à  celle  de  notre  restauration.  On  sait  qu'Auguste  avait  par- 
tagé Rome  en  XIV  régions  ;  huit  comprenaient  véritablement  la  ville  : 
c'étaient  les  VI%  VII%  V1II%  1X%  X%  XI%  XI1I«  et  XH*.  Notre  Plan 
les  donne  en  entier,  avec  quelques  parties  seulement  des  P*,  IP,  IIP, 
VP  et  XIP  régions. 

Cette  restauration,  bien  que  n'embrassant  pas  la  surface  entière  de 
Rome,  peut  suffire  néanmoins  pour  suivre  tous  les  récits,  en  général, 
des  écrivains  de  l'histoire  Romaine,  soit  Latins,  soit  Grecs  ;  elle  a  de 
plus  l'avantage  de  nous  placer  dans  des  limites  où,  pour  les  points  ca- 
pitaux, il  y  avait  le  moins  à  donner  aux  conjectures. 

Cependant  pour  suppléer  à  ce  qu'elle  pourrait  avoir  quelquefois  d'in- 
complet topographiquement ,  nous  l'avons  fait  suivre  d'un  petit  plan 
général  du  Site  et  des  Murs  de  Rome,  où  l'on  trouvera  l'enceinte  com- 
plète de  la  ville,  ses  murs,  ses  portes,  ses  montagnes,  et  la  circonscrip- 
tion de  ses  XIV  régions. 

^  Nous  nous  sommes  efforcés  de  donner  à  notre  grand  Plan  un  carac- 
tère historique,  et  antique  ;  historique,  en  reproduisant  avec  fidélité 
les  monuments  et  la  topographie  d'après  des  études  comparées  faites 
sur  les  lieux  et  dans  les  auteurs  de  l'antiquité  profane  ou  sacrée;  anti- 
que, en  adoptant  pour  système  de  dessin  celui  du  célèbre  Plan  de  Rome 
ancienne,  gravé  sur  marbre,  dont  les  précieux  fragments  ornent  le 
grand  escalier  du  musée  Capitolin.  On  sait  que  les  monuments  publics 
et  les  maisons  particulières  sont  représentés  sur  ce  Plan,  auquel  nous 
avons  fait  de  fréquents  emprunts,  avec  les  détails  de  leur  distribution 
intérieure.  C'est  l'enfance  de  l'art  topogi'aphique,  et  peut-être  aussi  sa 
perfection,  puisque  c'est  la  manière  qui  peint  le  mieux. 

Quant  à  l'esprit  général  qui  nous  a  guidés,  le  voici  :  Nous  avons 
voulu  faire  vrai  avant  tout,  restaurer  en  historiens,  sans  nous  préoccu- 
per outre  mesure  d'arranger  de  belles  lignes,  d'usurper  en  quelque 
sorte  les  fonctions  de  voyers,  et  de  faire  ce  qu'en  termes  d'école  on  ap- 
pelle du  plan.  La  disposition  la  plus  conforme  aux  témoignages  ou  aux 
simples  indications  de  l'histoire  a  toujours  été  choisie  de  préférence  à 
celle  qu'auraient  pu  donner  quelquefois  les  principes  du  beau  idéal  en 
architecture.  Cette  dernière  manière  a  bien  ses  séductions,  mais  elle 
nous  eût  jetés  dans  une  fausse  route,  où  plus  d'un  habile  artiste  s'est 
égaré  sur  les  pas  de  Piranpsi. 


AVANT- PROPOS,  XV 

Cependant  notre  Plan  n'est  pas  une  simple  reproduction  des  choses 
connues  depuis  longtemps  ;  il  en  contient  beaucoup  d'autres  dont  on 
n'avait  pas  encore  retrouvé  ou  tenté  la  restauration  :  aucun  plan  ne 
donne,  par  exemple,  les  Jardins  de  Pompée,  ni  ceux  de  César,  ni  ceux 
de  Lucius  et  de  Ca:ius,  auxquels  nous  restituons  leur  deuxième  nom  de 
Bois  des  Césars,  faussement  appliqué  ailleurs;  le  tracé  delà  région 
Transtibérine,  en  généi'al,  nous  appartient  complètement.  Nous  récla- 
mons le  même  privilège  de  primauté  pour  une  partie  du  Champ-de- 
Mars,  pour  le  Champ  d' Agrippa,  pour  de  notables  portions  du  Forum 
Romain  et  du  Forum  de  César,  pour  le  Forum  d'Auguste,  pour  Vile  Ti- 
bérine.  Ces  importants  fragments  de  notre  ensemble,  ainsi  qu'une  foule 
de  détails  nouveaux  répandus  partout,  témoigneront  des  recherches  qui 
ont  été  faites  pour  rendre  notre  restauration  aussi  complète  que  pos- 
sible, sans  néanmoins  sortir  des  limites  du  vraisemblable  historique. 

La  Description  qui  accompagne  le  Plan  est  tout  à  la  fois  l'inventaire 
et  la  justification  raisonnée  de  ce  qu'il  contient,  La  marche  en  est  des 
plus  simples  :  je  dis  la  position  absolue  et  relative  de  chaque  monu- 
ment; sa  forme,  ses  proportions,  les  détails  d'ornementation  inhérents 
à  son  plan,  et  souvent  à  son  élévation,  chaque  fois  que  cela  m'a  été 
possible  ;  à  quelle  époque  et  par  qui  il  fut  fondé,  dédié,  ou  restauré. 
Ensuite,  afin  de  mettre  le  lecteur  à  même  de  contrôler  mes  assertions, 
je  rapporte  textuellement  les  passages  d'auteurs,  soit  anciens,  soit  mo- 
dernes, sur  lesquels  je  m'appuie.  Toutes  les  fois  que  nous  avons  fait 
un  emprunt  au  Plan  de  marbre,  ou  que  nous  nous  sommes  inspirés  de 
quelque  témoignage  de  numismatique,  une  réduction  fidèle  du  fragment 
emprunté,  ou  une  copie  de  la  médaille,  a  été  donnée  dans  le  texte  de 
l'explication. 

Nous  avons  également  étudié  et  mis  à  profit  tous  les  travaux  de  quel- 
que valeur  qui  ont  été  publiés  sur  Rome,  depuis  le  moyen  âge  jusqu'à, 
nos  jours.  Les  antiquaires,  les  archéologues,  les  artistes  contemporains, 
étrangers  ou  nationaux,  et  parmi  ces  derniers,  les  architectes  pen- 
sionnaires anciens  ou  actuels  de  notre  Académie  de  France  à  Rome, 
trouveront  ici  quelques-unes  de  leurs  recherches  mêlées,  mais  non 
confondues,  avec  les  nôtres;  car  nous  nous  sommes  fait  un  plaisir,  en 
même  temps  qu'un  devoir,  d'indiquer  exactement  ce  qui  appartient  à 
chacun  dans  cette  espèce  de  vaste  mosaïque.  Des  antiquaires  et  des  ar- 
tistes qui  ont  travaillé  sur  la  même  matière  que  nous  ont  négligé,  ou 
peut-être  oublié  de  prendre  le  même  soin,  de  sorte  qu'en  insérant  dans 
leurs  essais  de  restaurations  des  travatjx  souvent  fort  remarquables  (\c 


XVI  AYANT-PROPOS. 

leurs  devanciers,  ils  se  sont  exposés  à  se  les  faire  quelquefois  attribuer 
h  eux-mciT!es. 

Je  ne  me  suis  pas  dissimuld,  en  composant  ces  Prolégomènes,  qu'ils 
seront  peut-être  d'un  faihie  intérêt  pour  beaucoup  des  lecteurs  de  mon 
"Voyage  supposé.  J'aurais  dû  m'arrêter  devant  une  aussi  puissante  con- 
sidératiou ,  je  ne  l'ai  point  fait,  d'abord  parce  que  je  pense  comme 
Gaïus  qu'un  ouvrage  n'est  acbevé  qu'autant  qu'il  est  composé  de  toutes 
ses  parties*,  ensuite  parce  que  j'ai  songé  aux  gens  de  lettres  et  aux  ar- 
tistes, adeptes  de  la  confrérie  romaine,  suivant  l'heureuse  expression  de 
M.  Charles  Didier,  littérateur  et  voyageur  qui  a  bien  vu  et  bien  senti 
ce  qu'il  a  raconté  de  la  vieille  terre  d'Italie.  «  Les  voyageurs,  dit-il 
«  dans  la  préface  de  son  intéressant  ouvrage  intitulé  Campagne  de 
«  Rome^,  les  voyageurs  qui  ont  habité,  qui  ont  compris  Rome  for- 
<(  ment  entre  eux  une  espèce  de  confrérie  qui  a  ses  mots  consacrés 
«  et  ses  signes  de  ralliement.  Se  rencontrent-ils  quelque  part,  ils  se 
((  reconnaissent  aux  premières  paroles,  ils  s'entendent,  ils  s'aiment 
«  presque  ;  on  dirait  de  vieux  amis,  et  pourtant  ils  ne  se  sont  jamais 
«  vus.  Mais  leurs  souvenirs  les  unissent,  cl  quel  lien  plus  puissant  que 
«  celui  des  souvenirs?  Je  confesse  que  le  présent  ouvrage  [Campagne 
«  de  Rome]  a  été  publié  en  vue  principalement  des  adeptes  de  la  con- 
«  frérie  romaine  à  laquelle  je  me  fais  gloire  d'appartenir.  Je  les  re- 
((  connais  pour  mes  seuls  juges  compétents;  que  j'obtienne  leur  suf- 
«  frage,  leur  sympathie,  le  jugement  des  profanes  m'est  au  fond  assez 
((  indifférent.  » 

M.  Charles  Didier  a  rendu  ma  pensée  avant  moi,  à  propos  d'une 
œuvre  assez  différente  de  la  mienne  ;  je  n'ai  donc  pas  cru  pouvoir 
mieux  faire  que  de  lui  emprunter  son  expression.  Bien  que  dans  mes 
idées  tout  lecteur  un  peu  sérieux  cesse  d'être  un  profane,  néanmoins 
j'offre  ces  Prolégomènes  principalement  aux  gens  de  lettres  et  aux  ar- 
tistes, membres  de  la  confrérie  romaine  ;  je  les  leur  dédie,  et  je  les 
mets  sous  leur  protection. 


^  Farturus  legum  vetustarum  interpretationem,  necessario  prius  ab  Urbis  initiis  re- 
repetendiim  exislimavi  :  non  quia  velira  verbosos  commentarios  facere,  sed  quod  ia 
omnibus  rébus  animadverlo  id  pcrfeclam  esse,  quod  ex  omnibus  suis  partibus  con- 
staret.  Gaius,  in  Digesl.  I,  lit.  2,  leg.  1. 

*  Un  vol.  in-8,  deuxième  édition,  Paris,  1844. 


DESCRIPTION  DE  ROME 

.  SOIS  AIGISTE  ET  SOIS  TIBÈRE. 


OBSERVATION  ESSENTIELLE.  Los  numéros  en  chiffres  aralt^s  on  tôle  de  chaqne  article 
renvoient  à  notre  Plan  de  Rome  antique,  sur  lequel  ils  sont  repétés,  de  sorte  que,  soit  qu'on 
veuille  recourir  des  explications  au  Plan,  ou  du  Plan  aux  explications,  il  sera  toujours  facile 
de  trouver  le  point  cherché  dans  l'un  ou  l'autre  ouvrage. 

Toutes  les  fois  que  je  cite  quelque  quartier  ou  monument  de  Rome  moderne,  pour  tixer  ou 
pour  désigner  la  position  d'un  quartier  ou  d'un  monument  ancien,  je  me  sers  tout  à  la  fois  du 
grand  Plan  de  Rome  de  Noili,  en  52  feuilles  in-f",  dont  l'exactitude  est  hien  connue  ;  et  du  Plan, 
non  moins  exact,  sur  une  feuille  grand-colomliier,  dressé  par  M.  Letarouilly,  en  184il.  Le  pre- 
mier, puhlié  en  1748,  contient  queliincs  édifices  qui  n'existent  plus  aujourd'hui  ;  le  second  repro- 
duit tons  les  édilices  érigés,  et  toutes  les  découvertes  faites  depuis  Nolli. 


REGIOiX  I.— -PORTE  CAPENE. 


La  porto  Capèno,  ouverte  dans  le  mur  d'enceinte  de  la  ville,  don- 
nait son  nom  à  cette  l'égion,  Tune  des  moins  grandes  et  des  moins  im- 
portantes de  Rome,  et  dont  notre  Plan  ne  montre  que  le  commence- 
ment. Elle  se  trouvait  en  dehors  des  murs,  qui  la  séparaient  au  N. 
de  la  II''  région,  et  à  TO.  de  la  XP.  Au  S.  sa  limite  était  la  voie 
Appia,  qui  passait  entre  elle  et  la  XIP  région. 

1.  Voie  Appia  et  porte  Capène.  La  voie  Appia  commençait  à  la  porte  Ca- 
pène.  Elle  avait  14  à  15  pieds  de  large,  était  pavée,  et  fut  construile  par 
Appius  Claudius,  censeur  l'an  de  Rome  442.  —  La  porte  Capène  se  trouvait 
vers  l'extrémité  orientale  de  la  vallée  qui  sépare  le  mont  Aventin  du  mont 
Cœlius. 

I.  Et  censura  clara  eo  anno  Âppii  Claudii  et  C.  Pbutii  fuit  :  memorix  lamen  feiicio- 
ris  ad  posteros  nomen  Appii,  quod  viam  munivit,  et  aquam  in  Urbem  duxit,  eaque 
unus  perfecit.    [An.  442.]  TiT.-Liv.  IX,  29. 

II.  NMam  Appiam  a  porta  Capena  usque  ad  urbem  Capuam  muniendam  curavlt 
[Appius  Claudius  Ca?cus].  Front.  Aquwd.  5. 

III.  Iiiitium  est  principium  ;  sed  aliâs  que  quid  inripial,  ut  vix  Appix  porta  Capena. 
Fest.  V,  inilium. 

IV.  Eo  tempore  Appius  Claudius  censor  aquam  Claudiam  induxit,  el  viam  Appiam 
siravit.  Eijtrop.  Il,  9. 

V.  KxT«  oî  X'JMT'^  tZ^  y.'S  ivMToZ  ■/.'Kffli'i.Tr,:  ^-r.my-i  oC'j'j  ri  TÙiio-*  fif-Oî  'liO'jii  -.Ttfî'Ai 

1.  1 


2  DESCRIPTION  DE  ROME 

xu.ré<!Tpu'7sv  ànb  Pw.wïjs  f-éxpi  Ka:ri/;;,  ovroî  to'j  oiy.irriiJ.'jxoi  crz'J'twv  7T>£(dvwv  â  yj- 
Mu-i.  Diou.  SicuL.  XX,  p.  77:1  1. 

VI.  APl'IVS  CLAVDIVS 

C.   F.  C.BCVS 

CENSOU   COS.  BIS  DICT.  INTERIIEX  III.   P.  R.  MT).  CVR.  II. 

0.  TR.  MIL.   III.  COM 

l'LVnA  OI'l'IDA  IJE  SAMMTIBVS  CEPIT 

SARINUUVM  ET  TVSCOUVM  EXERCI 

TVM  FVDIT   PACEM  FIERI  CVM  PYRRUO 

REGE  l'KOllIBVlT  IN  CENSVRA  VIAM 

APPIAM  STRAVIT  ET  AQVAM   IN 

VRBE.M  ADDVXIT  .-EDEM  BELLOX.E 

FECIT. 

Coni,  Elrusc.  l.  Il,  p.  257.— Chuter,  p.  389.— Orelli,  Inscript.  lat.  n"  539. 

VII.  Icunoyraphie.  Itai  poclil  uvaii/zi  rlie  d'  essa  fvia  Appia]  restano  si  riceva  clip 
aveva  Ira  i  tredici  e  quinilici  pit'di  ;  di  (rcdifl  piedi  liovasi  quel  residuo  lulloia 
margiiialo  ai  di  là  de!  Sepolcro  di  (À'cilia  Melelia.  A.  Fea  e  A.ngkli.m,  Monunienli  pià 
■insi(/ni  (lel  l.azin,  I,  via  Apjiia,  p.  1. 

Vlil.  l'orlc  Caphic. — (Juindi  si  giunge  ail*  angolo  dcl  Celio,  dove  questo  rivolge,  e 
lascia  uiia  vaile,  clie  lo  si'paia  dall'  Aveiitino,  sopra  il  quale  torreggia  la  rliirsa  di 
S.  Dulbina  [Nolli ,  11"  lOCO;  Lelarouiily,  rioii.  XII,  59].  Sotlo  1'  angolo  di  esso, 
nella  villa  Maltoi  i^Nolli,  n"  9-4'i  ;  Lelarouiily,  rion.  X,  58J,  e  nella  pianura,  fu  la  porla 
Capeiia.  Xiiiijy,  Le  mure  di  Roma,  c.  IV,  p.  181. 

2.  Temple  de  l'Honneur  et  de  la  Vertu. — Devant  :  Acteldela  Fortune 
CONSERVATRICE.  Lo  Icmplc  était  à  droite  de  la  voie,  avant  d'arriver  à  la  porte 
Capèiie.  Il  fut  voué  par  Marcellus,  l'an  -330,  pendant  une  t^uerre  contre  les 
Ligures,  et  dédié  par  son  lils  l'an  o47.  C'étaient  deux  temples  en  un,  et  l'en- 
seinble  i'aisait  un  éditice  périptère. — VAulcl  de  la  Fortune  conserealrice  s'é- 
levait sur  le  vestibule  du  temple.  Il  fut  érigé  en  l'honneur  d'Auguste,  l'an  741 , 
par  ordre  du  sénat. 

I.  Maroellum  aliaî  alque  aliœ  objectaî  animo  religioncs  tenebanl:  in  quibus,  quod 
quuni  bello  gallico  ad  Clastidium  tcdom  Ilonori  et  Virluli  vovisset,  dediralio  ejus  a  jioii- 
lifiribus  impediebatur  ;  quod  negabanl  unam  Pcllam  duobus  recle  di-dicari,  quia  si  de 
ca'Io  lacla,  aut  prodigii  aliquid  in  ea  factum  esset,  difficilis  proruralio  forci  ;  quod  ulri 
Deo  rc's  divina  fioret,  sriri  non  possct;  neque  enim  duobus,  nisi  cerlis,  Dois  rite  uiia 
tioslia  fieri  :  ila  addila  Virlulis  a'des  approperato  opère;  neque  tatnen  ab  ipso  œdes 
ea' dedicalœ  sunt.  (An.  344.]  Tit.-Liv.  XXVH,  23. 

II.  Cum  Maroellus  quinlum  consulalum  gérons  lemplum  Honori  et  Virluli,  Claslidio 
prius,  deinde  Syrarusis  potilus,  nuncupalis  votis  debilum  consecrare  vellol,  a  collegio 
pontificum  impedilus  esl,  negante  unam  cellam  duobus  Diis  recto  dirari.  Fulurum  cnint, 
si  quid  ])rodigii  in  ea  accidisset,  ne  dignoscerclur  ulri  rem  divinam  fieri  oporlerel  :  ncr 
duobus  nisi  cerlis  Uiis  una  sacrificari  solere.  Ea  ponlificuni  admonilione  cfTcciuin 
est,  ul  Marcellus,  separalis  aedibus,  Honoris  ac  Virlulis  simulacra  slalucrel.  V.  Max. 
I,  1,  8. 

III.  LTTstTK  vaiv  âz  Twv  2t/.£>.£/ôJv  \-jio'jpm.>  Ù7.oSoij.riij.ij>3-j  -jt:'  a.jTO\j'\ù^r,i  /.xi  ii,c--Y,; 
AuOiipôiGci.i,  fiov}~i/jiî-JOi,  y.y.i  xcoÀi/^îl;  utz'o  tcôv  itpiorj,  oùy.  «ÇwJvt&jv  évl  vkôj  ojo  Stol; 
TZipiiyizOv.i,  -&:>£v  r,p^xT)  —po(70i>ioo'>p.-Vj  £T£,iov.  Plut,  ilarcell.  28,  édil.  Reiske^. — 
Ceci  se  passa  sous  le  cinquième  consulat  de  Marcellus  (Plut.  Ibid.  27),  l'an  547. 

IV.  U/iôv  èîrtv  A'^sTvj,-  iv  P&j,<//;  ■zijj.'lt'j.viov,  o  OJïpTOUTt?  aJToi  xx^otiiiv,  àX/'  è'p'z  kuX 
jj.itù-noWo'ji  ypà-Joui'iop-jB'v^  in:à  Ma/szîXXsu  tsû  2uy!axaÙ55Cs  é^ôvtoj.  Plu.".  De  fort. 
Rom.  p.  277,  édil.  IteiskeS. 

V.  Vides  Virlulis  tcmplum,  vides  Honoris  a  M.  Marcello  renovatum  ;  quod  mullis 

*  Deinde  inaxiiiiam  vix  partem,  qiia3  Appiœ  nomen  ab  ipso  refort,  a  P.oma  Capuani  iisque 
prr  stadiorum  mille  amplius  intcrvallum,  dure  lapide  constravit.  =  -  Ouum  aedis  ex  prasda 
Sicilieusi  localas,  quaiii  Ilunori  et  Virtuti  voverat,  impediretur  a  pontificibus  dediealio,  quod 
ncgarent  unam  ceilain  duobus  Diis  recle  dedicari  ;  ita  cœpit  addere  alleram.  ^^  Templum 
Virlulis  est  Pionia.',sed  sero  couditum  mullis  ab  Urbisiaitioaunis,  a  Marcello  qui  Syracusascepit, 


RÉGION  I.— PORTE  CAPÈNE.  3 

anie  annis  eral  bello  Ligustico  a  (J.  Maximo  dcdicalum.   Cic.   de  Nal.  Denr.  II,  23 

VI.  Erat  enim  illa  [sph;era]  venuslior  el  nobilior  in  vulgus,  quam  al)  eodcm  Aiclii- 
mede  fartam  posuerat  in  lemplo  Virlutis  Marccllus  idem.  Cic.  de  Repub.  I,  14. 

VII.  .VAçm  Virtulis  eo  anno  ^547'  ad  porlam  Capenam  M.  Marccllus  dcdiravjt,  sep- 
limo  ducimo  anno  poslquam  a  paire  ejus  primo  consulalu  vola  in  Galiia  ad  (^laslidium 
fucral.  Tiï.-Liv.  WIX,  11. 

VIII.  Nec  lamen  a  Cossullo  solum  de  his  rébus  scripla  sunl  desideranda,  scd  eliam  a 
C.  Mulio,  qui  magna  seienlia  conlisus  œdes  Honoris  et  Virtulis  Marcellianœ  eclla;,  ro- 
lumnarumque  el  epislyliorum  symmetrias  legitimis  arlis  iuslilulis  perfecit.  Vitruv.  Vil, 
prœf. 

IX.  Cicéron  fait  allusion  à  ces  temples  dans  le  passage  suivant  :  —  Quum  venissem 
ad  porlam  Capenam,  gradus  lemplorum  ab  infima  plèbe  compleli  eranl.  Cic.  ad  Allie. 
1,  Ep.  1. 

X  Bene  ac  sapienler  majores  noslri,  ul  sunt  alia  œtalis  illius,  redes  Honori  alque 
Virluli  gemellas  junctim  locarunl  commenli  quod  in  te  vidimus  ibi  esse  prœmia  honoris, 
ubi  sunl  mérita  virtulis.  Sïmmach.  Epist.  I,  20. 

XI.  Iconographie.  Periplcros  aulem  eril,  quae  habebit  in  Ironie  et  poslico  senas  co- 
lumnas,  in  laleribus  cum  anguiaribus  undenas,  ila  ut  sint  hœ  columnœ  collocatiB,  ul 
inlercolumnii  latiludinis  inlervallum  sil  a  parietibus  circum  ad  extremos  ordines  co- 
lumnarum,  habetque  ambulalionem  circa  ceilam  a'dis,  quemadmodum  est  in  porlicu 
Melelii,  Jovis  Slaloris  Hermodi ,  et  Marcelli  Honoris  et  Virtulis,  sine  poslico  a  Mulio 
(aria.  V'itruv.  III,  1. 

XII.  Il  existe,  en  dehors  de  l'ancienne  porte  Capène,  un  temple  de  forme  quadrangu- 
laire,  mais  avec  une  seule  cella,  qu'il  a  plu  à  Piranesi  d'appeler  le  temple  de  l'Honneur 
et  de  la  Vertu.  Il  n'apporte  aucune  preuve  à  l'appui  de  son  opinion,  et  l'ancien  nom  do 
temple  de  Dacchus  et  des  Muses,  donné  à  cet  édifice  par  d'autres  antiquaires,  est  tout 
aussi  vraisemblable. 

XIII.  Autel  de  la  Fortune  conservatrice.  —  P.  Svlpicio,  C.  V^algio  consvlibvs  [an. 

741]   ARAM    FORTVN.E  SEKVATRICIS   IN    VESTIBVLO   .CDIS  HONORIS    ET    VIRTVTIS    AD    MEMORIAM 

REDiTvs  MEi  IN  YRBEM  SENATVS  coNSACBAViT.  L.\I'.  ANCYK.  col.  2,  édit.  de  M.  E.  Egger, 
dans  VExamen  critique  des  historiens  anciens  de  la  vie  et  du  règne  d'Auguste. 

3.  Tombeau  de  la  race  Marcella,  et  statues.  Auprès  du  temple  de  l'Hon- 
neur el  de  la  Vertu. 

I.  Idem  [Marccllus" ,  cum  statuas  sibi,  ac  palri,  itemque  avo  poneret  in  monumentis 
avi  sui  ad  Honoris  el  Virlutis  oîdem,  subscripsit,  III.  Marcelli  novies  coss.  ascon.  in 
Piso.  p.  163. 

4.  Tombeaux  divers,  sur  les  côtés  de  la  voie  Appia. 

I.  Princeps  Horalius  ibal,  Icrgemina  spolia  pra?  se  gerens;  cui  soror  virgo,  quœ  de- 

sponsa  uni  ex  Curialiis  fuerat,  obvia  ante  porlam  Capenam  fuit Stricto  ilaque  gla- 

dio    [Horalius],...  Iransfigit  puellam Horati;e  sepulcrum ,  quo  loco  corruerat  icla, 

construclum  est  saxo  quadrato.  Tit.-Liv.  I,  2G. 

II.  Uomae  extra  porlam  Capenam  in  Scipionum  monumento  très  slaluae  sunt:  qua- 
rum  duae  P.  et  L.  Scipionum  esse,  terlia  poeuc  Ennii.  ïiT.-Liv.  XXXVIII,  56. 

m.  Prior  Africanus  Q.  Ennii  slaluam  sepulcro  suo  imponi  jussii:  ciarumque  illud  no- 
men ,  inimo  vero  spolium  ex  terlia  orbis  parte  raplum,  in  cinere  supremo  cum  poelaj 
lilulo  legi.  Plin.  YII,  30. 

IV.  Superior  Africanus  Ennii  poelae  elTigiem  in  monumenlis  Corneliœ  gentis  collocari 
voluit,  quod  ingenio  ejus  opéra  sua  iilustrata  jiidicarel.  V.  Max.  VIII,  14.  1. 

V.  An  tu  egressus  porta  Capena,  quum  Calalini ,  Scipionum,  Serviliorum  ,  Melello- 
rura  scpulcra  vides,  miseros  pulasillos?  Cic.  Tuscul.  I,  7. 


DESCRIPTION  m  ROMF.. 


REGION  H.  — MONT  COELIUS. 


La  région  du  Cœlius  était  peu  importante  à  notre  époque.  Ce  que 
nous  en  donnons  ici  ne  forme  pas  le  tiers  de  son  étendue  totale,  dette 
partie  confine  au  N.  à  la  lll''  et  à  la  IV*'  région,  est  bornée  à  TE.  et 
au  S.  par  les  murs  de  la  ville  et  une  rue  qui  descend  jusqu'à  la  voie 
Triomphale,  au  pied  du  mont  Palatin,  et  à  TO.  par  la  voie  Triom- 
))liale. 

li.  Temple  de  la  Félicité.  A  rextri''r»ilc  oriontale  du  uiont  Cœlius.  Il  avait 
été  bâti  vers  l'an  fiOG  par  Luculliis.  On  voyait  devant  les  Muses  de  Thespies  et 
nne  Vénus,  célèbres  statues  tle  Praxilèles. 

I.  C'est  par  conjecture  que  nous  plaçons  ce  temple  ici,  el  sur  une  indication  asspi 
vague  d'un  fragment  du  plan  de  marbre  rapporte  ci-dessous,  n»  6  ,  g  11.  Dans 
l'angle  inférieur  de  gauche,  on  voit  l'indication  d'un  area  de  temple  asse?.  vaste. 

Il  (>ur  denique  tam  sero  tiuic  Felicilalij  tantœ  Deœ  posl  tôt  Itomanos  principes  Lu- 
cullus  consliluil?   S.  Arc.  de  Civil.  Dei,  IV,  23.  —  Lucullus  fui  consul  l'an  66C. 

III.  Ita(|ue  ille  L.  Mummius,  quuni  iliespiadas,  quœ  ad  icdem  Felicitatis  sunt,  cete- 
raque  profana  ex  illo  oppido  [Tliespia]  signa  tolleret,  etc.  Cic.  in  Verr.  IV,  2. 

IV.  j'raxiteles  cpioque  marmore  felicior...  fuit  ex  aère  pulclierrima  opéra  :  ...  signa 
qua'  anle  Felicitatis  a'dem  fuere,  Venerenique,  quae  cum  ipsa  lede  incendio  cremata  est, 
Claudii  principatu.  Plin.  XXXIV,  8. 

V.  Sila;  fuete  et  Tliespiades  ad  œdem  Felicitatis,  quarum  unam  adamavit  cqucs  Ro- 
manus  Junius  Pisciculus,  ut  tradil  Varro.  Plin.   XXXVI,  5. 

(î.  ^Iansions  des  Albains.  Vers  le  milieu  du  Co-lius.  On  nommait  propre- 
ment mansion  une  station,  un  lieu  d'étape  pour  les  troupes  romaines  en  voyage. 
Quand  les  Albains  furent  transportés  à  Rome,  le  mont  Cœlius  leur  fut  as- 
signé pour  demeure.  Les  citoyens  qui  formaient  l'armée  occupèrent  sans  doute 
ce  quartier,  auquel  Us  donnèrent  leur  nom. 

I.  Mansiones  Albana-.         P.  Vict.—  Sext.  Rit.  de  Reg.  urb.  Romœ.  II. 

II.  Nella  parle  superiorc  degli  orli  attenenli  al  monastero  di  S.  Gregorio  [\olli,  n"  95i  ; 
Leiarouiliy,  rion.  X,  52]  vi  limangono  trace  di  un  longo  muro  di  costruzione  re- 
licolata ,  che  va  ad  uniisi  con  altri  resli  di  mura  siluaie  sotto  la  villa  già  dei  Mattei 
verso  r  Aventino,  i  quali  essendo  di  egual  costruzione  fanno  credcre  che  abbiano 
appartenuto  ad  una  stcssa  fabbrica.  La  disposi/.ione  che  tali  resti  presentano,  si  trova 

confronlare  in  certo  modo  con  cio 
che  si  vede  scolpito  in  un  fram- 
mento  délia  arnica  pianta  Capilo- 
lina  rappresenlante  un  grande  fab- 
bricaio  con  un  cortile  nel  mezzo 
circondato  da  porlici.  (Jueslo  fab- 
ii\bricato,  poslo  in  taie  situazione, 
3.  sembra  potersi  stabilire  essere 
stato  addetto  agli  ailogiamenti 
degli  Albani,  che  si  trovano  re- 
gistrali  qui\i  dai  regionari.  Cam- 
^•A ,  RoMa  anlica,  reg.  II,  p.  46. 
III.  Iconographie.  .-Vdoptant  les 
conjectures  de  M.  Canina,  nous 
donnons  ici  le  fragment  du  plan  do  marbre  qui  a  servi  de  type  à  notre  res- 
tauration. Ce  fragment  se  trouve  aus-ii  dans  r.i'llon  'îrnnnf/raphia  releris  R:>m(P, 
l.ib.  IXl. 


UEGIO.N   11.— MOM  ÇŒIJLS.  5 

7.  CcRiKS  viFiixKs,  Cluies  NOtiVELLKS.  Les  Vieilles  se  Uoiivaicnl  vers  Panj^lo 
S.  E.  (Ui  Palatin,  et  les  Nouvelles  à  la  suite,  le  long  di;  la  voie  Tiidinpliali!. 
C'étaient  des  lieux  où  le  peuple  se  réunissait  à  certains  jours  pour  faire  ries 
sacriliees  et  prendre  part  à  des  festins  publics.  L'établissement  de  ces  Curie;; 
renionlail  au  temps  de  Homnbis  et  de  Talius. 

I.  Cuiiie  fluoruni  gencrum,  iiam  cl  ubi  curaient  saccrdotes  res  divinas,  ul  Curiic  ve- 
leres,  etc.  Varr.  L.  L.  g  15.5. 

H.  'S.-jjzBjô-^  t£  zcTii  iipî'j'jVJ  ai  ppc/.Tp,ut  ft,  tk,  v.~'3y.spi<j9sl<;cti  ujro'ii  Oj-h.^  ,  xyx 
5;/V£i5Ttô)vT5  /.y.ri  rà,-  hr^zy.i  cTtI  tv^j  ff.ç/L-f.i^y.rn  ésTt'it;  •  kariu.TÔpfj-j  yy.p  rp  /.'j-izf.ijy.- 
a/xi-jo-^  k/.y.oTfi  fjiv.zpa.'  /.aX  tj'j  aJTW  za^ojctcoro  zii,  Siz~tfi  £v  r^îj  c//v)vt/.'^ïj  npjTy.yzhu, 
éîTt'a  X5iv/i  Twv  p^KT/îtôiv  'ù'joiji'y.  âî  Toii  hriv-of.ioii  tiJ  oTCsp  txï;  f^pv-pcti,  k.oupîv.t,  /.-jx 
[léypii  riiMyj  oiirw /.s^/oîivtk!.  D.  IIalic.  II,  251. 

III.  Inde  cerlis  spaliis  inlerjecti  lapides,  per  ima  monlis  Palalini  ad  Arain  Consi , 
mox  ad  Cuiias  velcres,  tum  ad  Sacclluni  Larium  Konimque  romanum.  Tac.  Ann.  Xll,  24  . 

IV.  ILv  v-r}i;yt-  -.-  ^a(-  /^o'jpl'j.i;  H poi  Tpxnz'Ç'Xi  ëOszo  Kuptria.  "i.iyoïj.v/r,,  a.î  xai  s!,- 
rà'Ji  xpô-^oj  ■/.û.'Txi.  D.  Halic.  II,  50^. 

V.  Novae  CuriiC  proximœ  compilum  Fabricium  a-dificatiE  sunl,  quod  parum  amplai 
cianl  velercs  a  lîomulo  factœ,  ubi  is  populum  et  sacra  in  partis  triginta  distribuerai , 
ul  in  iis  sacra  cuiarcnl.  Fest.  v.  novœ. 

8.  HoRUEiM  ou  ^Iagasin  public.  Au  bas  du  Cœlius,  sur  le  bord  de  la  voie 
Triomphale.  C'était  un  lieu  où  les  citoyens  venaient  mettre  en  dépôt  l'argent  cl 
les  objets  précieux  qu'ils  ne  croyaient  pas  en  sûreté  chez  eux. 

I.  Localor  horrei  proposilum  liabuit  se  aurum,  argenlum,  margarilam  non  reci- 
pcre  tuo  periculo  :  deinde  cum  scirel  lias  res  inferri,  passus  est.  Deinde  eum  fuluruni 
tibi  obligatum  di\i,  ac  si  proposilum  fuit  remissum  videlur.  Labeox,  in  Digest.  XIX, 
Ul.  2,  /eg.  60,  §;  6. 

II.  EfTraclurœ  fiunl  plerumque  in  insulis,  in  borreisque  ubi  homines  preliosissimam 
partem  forlunarum  suaruni  reponunl  :  cum  vel  celia  effringitur,  vel  armaiium,  vcl 
arca  :  et  custodes  plerumque  puniunlur.  El  divus  Anioninus  Erjcio  claro  rcscripsil: 
ail  enim,  posse  eum  hnrreis  ejfraclis  quœslionem  hahcre  de  servis  cuslodibus.  I'al- 
Ll's,  in  Dir.EST.  I,  Ul.  15,  le'g.  3,  ,§  2. 

III.  Horrea  in  omnibus  regioiiibus  publica  fecil  [Alex.  Sevcrus  ,  ad  qux  conferrenl 
bonaii,  qui  privatas  cuslodias  non  habcrenl.  Lamprid.  Alex.  Sever.  39. —  L'horreutn 
que  nous  indiquons  ici  n'esl  qu'une  simple  conjecture. 

9.  Temple  de  la  déesse  Carna.  Érigé  par  le  premier  Brutus  sur  le  mont 
Co'lius.  Carna,  déesse  peu  connue,  présidait  aux  parties  vitales  de  l'homme, 
telles  que  le  foie  et  le  cœur. 

I.  Nonnulli  putaverunt  Junium  mcnsem  a  Junio  Bruto,  qui  prinius  Romte  consul 
faclus  esl,  nominatum,  quod  boc  mense,  id  est  kalendis  .luuiis,  pulso  Tarquinio,  sa- 
crum Carnœ  Dca-  in  Cœlio  monte  voti  reus  feceril.  Haiic  Deam  ^i^alibus  liunianis  prœ- 
essc  credunt.  Ab  ea  denique  pelilur,  ul  jecinora  el  corda,  (}u;eque  sunt  inlriusecus  vis- 
cera,  salva  conservet.  El  quia  cordis  benelicio,  cujus  dissinuilalione  Brulus  liabebalui , 
idoneus  cmendalioni  publie!  slalus  exslitil,  banc  Ueam,  quie  \ilalibns  pricesl ,  icmplo 
sacravit.  Cui  pulle  fabaria  el  larido  sacrilicalur,  quod  bis  maxime  rébus  vires  corporis 
roborenlur.  Macrob.  Saturn.  I,  12. 

10.  Dellbrim  et  temple  de  Minerve  captive.  —  Sur  la  gaiche  :  maison 
DE  Mamirra.  Un  dclabrum  était  ou  un  temple,  ou  une  place  devant  un 
temple.  On  ne  sait  rien  de  précis  ni  sur  l'origine,  ni  sur  l'époque  de  la  (on  • 
dation  de  ce  petit  temple  de  Minerve.  Nous  conjecturons,  d'après  Ovide,  qu'il 

•  Curi.-c  ciiiin  mm  saceiilolil)Us  sncrilicia  sibi  atlribiita  f;i<ii  b.iiit ,  it  iin<>  cpulilMnliiî 
diubus  fostis  in  curiali  tlomo  j  cœiiaruliim  enim  siiiyulis  Ciuiispral  oxsnuclmii;  cl  pr.i'ii'i-  id 
cousecrata  erat  (juic.lain  (ul  apud  Graecos  PrylHnca)  domus  coiiimuiiiA  omnihiis  (airiis:  ips.i- 
qtie  cœnacula  Cuiix  vocahaniur  ,  el  ad  liauc  iisque  ;elatem  ita  appcllaiitur.  =  -  In  oninibii> 
Ùuv'ih  Junoni  Qiiiritiœ  niensas  dicavit,  quaj  ad  banc  iisquc  œlateni  cxstanl. 


6  DESCRIPTrON  DE  ROME. 

lui  bâli  vers  l'époque  do  la  prise  de  Falisque,  l'an  de  Rome  3G1,  Il  existait 
encore  du  tomps  d'Ovide,  et  se  trouvait  sur  la  pente  du  mont  Ctelius,  du 
côU'.  do  la  vallée  Tdliernnla,  o'ost-à-diro  au  nord  de  la  ninnlagno. 

I.  Di'lubra  voro  icmpla  esse,  liic  alilor  oslendil  Tullius,  aliter  rum  dicil  tcmplis 
at(|ue  (Irlubris  :  cl  suiil  (|ui  (cmpla  esse  dicanl  sitigulorum  Iliis  attributorum  lororum  , 
dclubra  niullarum  a'dium  sub  urio  terlo  a  diluvio  pluviic  inunitarum.  Alii  delubra  di- 
runt  ea  leinpla  in  qiiibus  sunl  labra  rorporum  al)luendorum ,  morluorum,  ut  DodoniRi 
Jovii»,  aut  Apollinis  Delpiiiri,  in  quorum  delubris  lebctes  Iripodcsque  visuntur.  AscoN. 
tw  Divinal.,  p.  17. 

II.  Dclubiuni  dicitur  quod  uno  tecto  plura  romploctitur  numina ,  quia  uno  lerto 
diluitui- :  ut  Capitolium  in  quo  est  Mincrva,  .lupiter,  .luno.  Alii,  ut  Cincius,  delubrum 
esse  ioruni  aille  templum,  ubi  aciua  currit  a  diluerido.  Serv.  m  JEneid.  Il,  v.  2ii.  — 
Delubrum  autem  diclum  propler  larum  in  quo  manus  abluuntur...  In  secundo  libro  de 
singulis  speciebus  delubri  juxta  Varronem  relatum  est ,  in  quibus  est  speries  delubri 
talis,  ut  prœler  œdem  arca  sit  adsumpla  Deiim  rausa,  id  est  spalia  relinquanlur  juxta 
aras  ministerii  causa,  ad  sacrificia  pora^^enda.  luii).  IV,  v.  .")8.  —  Macuob.  Salurn.  III, 
4. —  Il  paraît  qu'on  prenait  le  mot  de/w6r«w  tantôt  dans  le  sens  de  temple, \a  parliepour 
le  tout  (voy.  le  g  suiv.),lantôtdans  le  sens  rigoureux  d'arca.  (Yoy.  noi49,  §  XII.) 

m.  Cœlius  ex  alto  (jua  mons  descendit  in  œquum  : 

Hic  ubi  non  plana  est,  sed  prope  plana  via  est: 
l'arva  licel  videas  Captx  delubra  Hliiieryne. 

Ov.  Fnst.  III,  V.  835-837. 

IV.  Iluic  [Cœlio]  junclfe  Carina;,  cl  inlcr  eas  quem  locum  Ceriolensem  appcllalum 
apparet,  quod  prim.T  regionis  (juartum  sacrarium  scriptum  sic  est: 

Ceriolensis,  quarliccps  cirea  Minervium  qua  e 
Cœlio  monte  iler  in  Tabernola  est. 

Varr.  L.  L.  V,  §  47. 

V.  Maison  de  Mamurra.  On  n'en  voit  ici  que  le  vestibule.  —  Primum  liomac  pa- 
riâtes crusta  marmoris  operuisse  toiius  domus  suic  in  Cœlio  monte  Cornélius  .\epos  Ira- 
didit  Mamurram  Formiis  natum,  equitem  Romanum ,  pr<Efeclum  fabrum  C.  Cœsaris  in 
Galiia...  Adjecit  idem  Nepos,  eum  primum  lotis  œdibus  nullam  nisi  e  marmore  colum- 
nam  babuisse,  omnes  solidas  e  carystio  aut  lunensi.  Plin.  XXXVI,  6. 

11.  Macellum  magnum.  Devant  les  Mansions  des  Albains  [n"  G]. 

1.  Les  restes  qu'on  voit  sur  la  place  devant  l'église  de  S.  Jean  et  S.  Paul  iXolli, 
n»  958  ;  Letarouilly,  rion.  X,  55]  font  probablement  partie  de  l'ancien  Macellum 
maynum,  grand  marché  de  viande  et  de  poisson,  qui  était  dans  le  quartier  de  Cœlius  : 
une  tradition  vulgaire  en  a  conservé  lesouvenir  en  l'appelant  Pescaria  veccMa.  Nibbv, 
llinéraire  de  Rome,  t.  I,  p.  129. 

12.  Castra  peuegrina.  Logements  vers  la  partie  orientale  du  mont  Co'lius. 
Peut-être  était-ce  le  quartier  des  soldats  Germains  qui  formaient  la  garde 
particulière  des  empereurs. 

I.  Castra  peregrina.  Sext.  Ri;f.  —  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  II. 

II.  Les  inscriptions  suivantes,  trouvées  dans  les  environs  de  l'église  S.  M.  in  Dom- 
nica  délia  Navicella  [Noili,  n»  942  ;  Letarouilly,  rion.  X,  57],  sur  le  Cœlius,  ont  fail 
conjecturer,  avec  beaucoup  de  vraisemblance,  que  là  étaient  les  Castra  peregrina. 

cocceivs 

patrvinvs 

princ 

PEREGRl 
NORVM, 

Nardini  ,  Rama  anlicn,  lib.  IIl,  c.  7. 

GENIO  SANCTO 
CASTRORVM 

PEREGRINORVM,  Ctc.         NiDCV,  in  ÎS'ardini ,  loc.  cil. 

III.  Compulsus  ad  ullimos  melus  iCiionodomarius)  ultro  se  dédit Et  diebus  pos- 

lea  paucis  duclus  ad  comilatum  imperaloris,  missusquc  exinde  Uomam,  in  Caslris  pere- 
grinis,  quaî  in  monte  sunl  Cœlio,  morbo  veterniconsumptusesl.  Amm.Marcell.  XVI,  12 


RÉGION  m.  —  ISIS  ET  SERAPIS. 


REGION  III.— ISIS  ET  SERAPIS. 


Nous  ne  (luinioiis  qiip.  roxircmilc  occidentale  de  cette  région,  située 
h  l'E.  de  la  IV",  dont  elle  est  séparée  au  S.  0.  par  le  vicus  Cyprins,  et 
au  S.  par  Textrémilé  orientale  de  la  ro?e  Sacrée  et  par  Subure.  Elle 
est  presque  entièrement  vide  de  monuments  de  notre  époque,  bien 
qu'assez  étendue. 

13.  Subure.  Voie  et  quartier  faisant  suite  h  la  voie  Sacrée,  et  situés  sur  le 
pencliant  du  mont  Esquilion. 

I.  Caput  Subur.T.  Sext.  Uuf.  de  Reg.  urb.  Rnmœ,  111. 
H.   Subura.  1'.  Vict.  Ibid. 

III.  In  Suburan;p  ri'sionis  parte  piinccps  osl  Ctrlius  mons.  Vai\r.  L.  L.  V,  g  46. 

IV.  Eidemrcgioni  atlribula  Subura,  quoil  sub  muro  lerrco  Carinarum  :  in  ca  est  Ar- 
gcorum  saoellum  scxluni.  Subura  Junius  scribit  ab  co,  quod  fueril  sub  antiqua  Urbe  : 
quoi  teslinionium  potesl  esse,  quod  subesl  ei  loco  qui  Terreus  murus  vocatur.  Vark. 
L.  L.  V,  gi8. 

V.  Alla  Suburrani  vinccnda  est  semita  clivi.       Mart.  V,  25. 

VI.  Altum  vinccrc  Iramilem  Suburriv.  ID.  X,   18. 

Vil.  Sur  la  situation  de  la  voie  Suburane  au  bout  de  la  voie  Sacrée,  voyez  plus  bas 
no  24,  g  XIV. 

VIII.  La  [)osition  du  quartier  de  Subure  a  clé  fort  controversée  parmi  les  anti- 
quaires el  les  arrliéolo!,'ues,  parce  que  la  plupart  ont  voulu  aller  cliercher  ce  quartii-r 
du  côté  de  la  Subura  moderne,  c'est-à-dire  entre  les  monts  (Juirinal  el  Viniinal  [Nidli, 
n"  IM  ;  Lelarouilly,  rion.  I,  58];  mais  ils  se  trompent,  car  cela  rcjeterait  la  Subure 
antique  bien  loin  de  la  111*^  région,  à  laquelle  elle  appartenait  bien  certainement.  Nar- 
dini  a  discuté  toutes  les  opinions  à  cet  égard.  Voy.  Rotna  antica,  lib.  111,  c.  (5. 

14.  Bûchers  Gaulois.  Quartier  ou  place  situé  dans  la  vallée  entre  le  mont  Es- 
quilin  el  le  mont  Cu'lius,  à  |)eu  près  à  la  naissance  de  la  voie  Sacrée.  Lors(iiie 
les  Gaulois  prirent  Rome  et  assiégèrent  le  Capitole  ,  ils  brûlèrent  leurs  moits 
en  monceaux  dans  cet  endroit,  et  depuis,  le  nom  de  Busta  gallica,  Bûchers 
ijdiilnis,  lui  demeura. 

I.  l'igritia  singulossepelienili,  promiscue  acervatos  cumulos  liominum  urebanl  Tialli], 
l'.ustorum  inde  (lallicorum  nomine  insignem  locum  fecere.   TiT.-Liv.  V,  48  [an.  St}.")). 

II.  lllo  ipso  die,  média  in  Urbe,  qua  nunc  Dusta  gallica  sunt,  el  poslero  die  citra  tia- 
bios  cecidii  Galiorum  legiones  [Camillus].  Tit.-Liv.  XXII,  14. 

m.  Locus  ad  Busla  gn/lira,  quod  l'.oma  rccuperala  Galiorum  ossa,  qui  possederunt 
Urbem,  ibi  coacervata  ac  consepta.  Vakr.   L.  L.  V,  §  l.")7. 

IV.  Inter  liortos  nunc  S.  Maria?  Novic,  Colosseuni ,  et  Ksquilias  fuerunl  olim  Husla 
gallica,  qui  locus  liodie  ab  imperilo  \ulgo  dicilur  corruplo  vocabulo  l'orlus  (lallus,  ex- 
stat  rei  lestimonium  Turris  et  cèdes  S.  .Mari;p  et  S.  Andreae  in  l'ortu  Ciallo.  Krudiliores 
aulem  Busla  Gallica  appellant,  ita  dicta  quod  illic  Galli  Senoncs  sepniti  dicunlur.  I'cl- 
virs,  de  Urb.  antiquilaltbus,  lib.  V,  p.  558.— .S.  Maria  Nora  est  l'église  qu'on  appelle 
aujourd'hui  5.  Francesca  Rnmana  [Xolli,  n"  72;  Lelarouilly,  rion.  I,  84|,  et  ([ui  se 
trouve  en  avant  du  temple  de  Venus  et  Rome,  prés  de  la  Basilique  de  Constantin.; 

llî.  Marché  aux  fruits.  En  haut  de  la  voie  Sacrée,  près  de  Subure. 
1.  Hujusce,  inquam,  pomaria  summa  Sacra  via,  ubi  poma  veoeunt,  contra  aurcam 
imaginem.  Varr.  B.  R.  I,  2.j 


8  DtSClUPTION  DE  HUME. 

II.  Adrcriil  in  rnlallio  nislira  doua  punr. 
Hure  suliiii'baiia  poloris  til>i  (lircii-  rnissa  , 

llla  vel  in  Saria  siiil  lim  cmla  \ia. 

Ov.  Arl.  am.  II,  v.  -iGi-ieG. 

III.  Apres  une  énumcration  de  fruits  et  de  volailles,  le  poiUe  dil: 

Id  tota  mihi  nascitur  Suburra. 

Maht.  Vil,  SI. 

IV.  HcTC  igltur,  média  quae  sunt  mihi  nala  Suburra 

Miltimus  aulumni  ccrea  poma  niei. 

Mart.  X,  9'«. 

16.  PoRTiQiE  DE  LiviE.  Bâti  par  AngiislP,  sur  rniiplaccinoiil  (l'une  inyisoii 
magnilique  (|ue  lui  léj^iia  Védius  Pollion,  l'an  7:59,  el  qu'il  roiivcih.a.  Au- 
guste coustruisil  ce  porliquc  au  nom  de  ses  iils  ad()|)lifs  Lucius  el  Caïus,  (.-l  le 
dédia  ran7()->.  Il  s'élevailsur  le  nioiil  Es(|uiliii,  dans  les  environs  de  Sid)ure, 
el  se  raccordait  avec  le  lenij)le  de  la  Concorde  marlUilc,  siliu-  néanmoins  sur  la 
IV*  Région.  Ces  deux  monuments  étaient  fort  beaux.  On  remarquait  dans  le 
Portique  un  cep  de  vigne  extraordinaire,  qui  l'emplissait  de  son  ombrage. 

I.  Porlicus  Li\ia. 
Castra  Misenatium. 

Subura.  I*.  Vict.  de  Reg.  urb.  Hom(P,  III. 

II.  Toiciûroi  ou-i  or,  -zii  h  ll£.j//iwv  wv,  Iiù.vj-:i\'jv>'  i//5t>  tî  tto/'/îï;  TTî/Xi,  /k'c  teT» 
Aûyîùsr&i  t5Û  tî  /.>/j|Cou  sjj^viv  jj.if,oi,  xat  rb  l\a.\)'j'ù.jnov,  vb  ;jw/tîîv  -à  //.eralù  rÔi  ts 

aASJTii,  on'j>i  ;j-i)^ï-j  <ri-r,p.'j(su->o-j  ï>  t-^  tto/îi  éx(l,  zaT«Ça),t.iv,  — s: îsTwsv  &Jx'ooJ//vjîaT5,  /.vl 
oj  TÔ  o-joyarb  -zoli  llojiéwvos,  «>),«  to  ta;  Atojtz,  i-i/iia.'p-:.  DioN.  LIV,  25',  cdit.  Kei- 
mar.  Voy.  aussi  n"  27,  §  I,  II. 

III.  t}'J«<lam  etiam  opéra  sub  nomine  aliène,  nepolum  scilicet  el  uxoris  sororisquu 
fecil  :  ut  Porticum  ISasiiicamque  Lucii  et  Caii  :  item  Porticus  Liviae.  Suet.  Aug.  29. 

IV.  H  T£  CToif.  y)  Soj'iu.  /.yJOJli.vrr,  'Jy^ooirr/lr,  t£  ci  Ti^ir^J  ~'jI)  Tî  TaiSii  /.M  to'j  Knu/.i^j 
l'jyj  Ky.ay.f.OiJ,  y.vX  ziri  /'xBuiy'jiOr,.  Dion.  \1V,  27  *. 

V.  L'na  vitis  llomee,  in  Livie-p  portiribus  subdiales  inambulaliones  umbrosis  purgulis 
opacal,  eadcni  duodenis  musli  amphoris  ferunda.  Plin.  XIV,  1. 

17.  Autel  de  la  Foktune  mauvaise  et  maudite.  Sur  le  mont  Esqullin  ,  el 
probablement  érigé  par  le  roi  Servius. 

I.  Araque  vêtus  slai  in  Palatio  Febris  ;  et  altéra  Esquiliis,  Malae  Forlunac  Dclestata:- 
que.  Cic.  de  Legib.  Il,  11. 

II.  Ara  [dicata  est]  Mala;  Korlunse  Esquiliis.  Plin.  II,  7. 

m.  IlK^i  rjs  tï;v  Mîi/T/wjav  zxXîivyê'vviv  /.f,r,-jr,j  £T(  napOi-JOU  zù/ri^  iîf/iv  èarfj  Îj 
\Sr,'7A'jij.u.ii  km-JTpv^ou.vjri;.  Pliit.  De  fort.  Rom.,  p.  279-'.  —  A'6y,5/j//ati  est  un  mol 
inintelligible,  el  auquel  il  faut  subslilucr  li's/vXivsv,  Esquilles,  quoique,  lopographique- 
nienl,  cela  ne  fasse  pas  encore  un  Irès-bon  sens. 


'  Vcdius  Pollio,  qui  liiin  mortuus,  multa  inultis  legnvit  ;  Auyiislo  autcm  ma(;nani  li«redi- 
latis  partein,  et  Pausilyputn  villam  iiiter  Neapolis  el  l'iitrolos  jacc/ilem,  jussilquc  ni  is  po- 
pulo aliqtio<l  .splendiduin  opus  faceret.  Ejas  operis  causa  facieiidi ,  vorbo,  re  autcm  ,  ne  qiiod 
Vcdii  in  UiIjc  cxstaret  monumcntuiii,  xcles  Polliouis  fun<litus  cverlit  Ainjuslus  ;  Porticus  ilii 
ciriumilucla,  non  l'(illioMi<:,  scd  Liviae  nomen  inscrip^it  (an.  73;)].  =-  l'orliciis  Li  'isp,  in  lio- 
lioreni  (;.  et  L.  (>;p.-,aris  sedificata,  tum  [an.  ydS]  dedicala  fiiil.  =^  Ad  fontcm  qui  .Mu»cO!.u; 
Uiciiur,  Vir(;iniï  udliuc  rortniix  fanuni  est,  in  blsquiliis  vers^iutis. 


ULGIO.N   IV  —  VUIL:  SACKLi:. 


REGION  IV.  —  VOIE  SACREE. 


La  IV^  région,  ruiic  des  plus  petites  de  Rome,  a  pour  bornes  au 
N.  E.  le  vicus  Sceleratus;  à  TO.  la  voie  Neuve;  au  S.  le  tnont  Palatin, 
à  partir  du  Vulcanal  [n"  18],  et  en  suivant  le  vicus  Curiarum,  sur  le 
penchant  de  la  montagne,  |)uis  descendant  le  long  du  vestibule  de  la 
maison  de  Scaurus  [n"  3!57]  ;  enfin  à  TE.  la  111^  région,  commençant 
au  Marché  aux  fruits  [n"  15]  et  au  Portique  de  Livie  [n"  10] . 

18.    VCLCANAL  ou  ArEA   DE  VVLCAIX. LoTOS    ET  CVPRKS    EXTRAORDINAIRES.  

Colonne  de  Lvdus.  —  Statue  d'Horatus  Coclès.  En  haut  du  Forum,  sur  le 
bord  delà  voie  Neuve,  entre  la  voie  Sacrée  et  l'angle  N.  0.  du  mont  Palatin, 
on  trouvait  le  Vulcanal,  appelé  aussi  Area  de  Vidcain,  petite  place  sur  laquelle 
on  remarquait  un  Lotos  et  un  Cyprès  aussi  vieux  que  Rome,  et  très-forts.  Elle 
était  décorée  d'un  petit  temple  rond  dédié  à  la  Concorde,  mais  qui  ayant  son 
entrée  sur  la  voie  Neuve,  appartenait  à  la  YIIl'^  région  [Voy.  n°  126].  On  y 
voyait  aussi  une  colonne  surmontée  de  la  Statue  de  Ludius,  et  la  Statue  pé- 
destre d'Horatius  Coclès. 

I.  Volcanal.  Sext.  Rit.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IV. 

II.  .\rpa  Viilcani  cuni  Vulcanali,  ubi  lolus  a  Itomulo  sala,  in  qua  aica  sanguine  per 
biduum  plull.  P.  Vici.  de  He;/.  urb.  Romm,   IV. 

m.  In  Aiea  Vulcani  t-l  Conrordit-e  sanguinem  pluil.  Tix.-Liv.  XL,  19. 

IV.  Altéra  lotos  in  Vulcanali,  quod  Komulus  consliluit  px  Victoria  de  dccumis  , 
wquaeva  Urbi  inteiligitiir...  Uadices  cjus  per  Slaliones  municipiorum  pénétrant.  Kuil 
fum  ea  Cupressus  ioqualis  ;.circa  suprema  Neroiiis  principis  prolapsa  atque  neglecla. 
Plin.  XVI,  44.  —Ce  lotos  est  probablement  le  Diospyros  lotus  qui  rroîl  de  lui-même 
dans  l'Italie  méridionale  et  septentrionale.  Voy.  Brocchi,  Suolo  di  Roma,  p.  34. 

V.  k'/o^yi/:)  ^/.'jToOi  >ry.7;7Ty;7s:vT5,  v^  za't  vOv  ert  yp'Jty.ViOi  V  'j><jm'Jl  oix-ù.ol/of  y.x'i  zxi 

«75/55,-.  D.  Halic.  II,  50'. 

VI.  E'fvjîiav  i-'i  TTii  r},yof,m  'j~v.ioyo)fi'y\)jxivfi;i  i/.  7ro).).v5;  £Tt  vliktîj  ximsx'^  ^X^V  T^cv- 

è7riTî/5îv...  D.  Halic.  VI,  67  ^. 

VII.  n^oÛTaj. . .  y.xziSxfj;  y.-z  aOrôiv  si,-  t/;v  àyî^càv  /.où  tT/oIv  ïj/xs'/sav  '/xy.TT i:x-j  y-.'d^Oy.i 
y.a.Tnù.ciSày.î.'Oi  zb  HpatTTîtîv,  é'vO'jt.  ov  sOoi  xjto'iï  i////î'7î5'.Çî(v,  è/.i'Ao-jv  y.'-v  sii  ixxÀ/j5tzv 
T5V  on'j.0.1.  D.  Halic.  VII,  7.  * 

VIII.  Colonne  de  Ludius.  Statua  est  Ludi  [ou  Ludii]  ejus,  qui  quondam  fulmine  ictus 
n  Circo,  sepullus  est  in  Janiculo  ;  cnjus  ossa  poslea  ex  prodigiis  oraculorumquc  re- 

sponsis  senatus  decreto  inira  frbem  relata  in  Volcanali,  quod  est  supra  Comitiuni, 
obruta  sunt,  superque  ea  coiumna,  cum  ipsius  effigie,  posila  est.  Fest.  v.  Slalua. 

IX.  Lupercal  virginis. 
G  TcTcostasis. 

Coiumna  cum  statua  .M.  Ludii.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 
—  P.  Victor  a  été  trompé   par  le  voisinage  des  lieux  ;   la  désignation  de  Fcstus  est 
plus  positive. 

X.  Statue  d'Horatius  Coclh.  Grata  erga  tantam  virlutem  civitas  fuit:  statua  in  Co- 
mitio  posila  [Coclitij.  Ïii.-Liv.  Il,  10. 

'  Forum  constitncrunt  fUomulu->  n  T,iiiu>],  quo  ad  hanc  usque  diem  Romani  iituntiir.  Ft 
liio  liabtbaiit  concilia  in  Vnicani  tcinplu,  (inod  |iaruni  snpr.t  Forum  cniinct,  de  rébus  ad  reni- 
pnlilieam  peniuenlibus  a(;cnte.s.  =  -  Anic  solis  orlum  et  siiinmo  nianc  in  Forum,  oniiiis  (jcnc- 
ris  lurba  referUnn  ,  prodierunt.  Kt  (juum  in  Vnicani  a'deni  veuisscnl  fconsulesj,  ubi  roocioiics 
liabere  solel).int,  etc.  =  ^  Puulus....  runi  illis  in  Forum  descendit,  etanleclaram  luccm 
oecupata  Vulcani  iedc,  ubi  coucjones  liabcri  solcbaiit,  plebeni  ad  concioiiem  vocavit. 


10  DESCRIPTION  DE  ROME. 

XI.  Fuit  et  lleimodoii  Eplicsii  in  Comilio  >Uiliia; Alia  rausa,  alia  auctorilas 

IM.  lloralii  Coclilis  statua",  (|u;n  durai  liodioqui',  (|iiuin  lioslcs  a  ponte  Sublicio  solus  ar- 
ruissel.   l'i.iN.  XXXIV,  5. 

XII.  Ltxiva  j^a//.7,v  «vott/ov  à  oô/JOç  ïi-yi^vj  v.jtov,  t^î  v.yof.v.i  èj  T'7i  /.[iy-liT'ji. 
l).  Hamc.  V,  2.5  i. 

Mil.  Statua  quoque  ei  [Corlili]  in  Vulcanali  posita.  A.  VicT.  de  Vir.  illutt.  11. 

XIV.  Uf,bio'-  ~oi/-oii,  d/.o-Ja.  yr).'i/:7,.i  é'7T/,7av  aJTôi  Èv  tô>  i•.p''^>  ■z'i'j  Hf'V.hzoj.  l'Ll'T. 
Poblic.  16*. 

XV.  Statua  Uoma>  in  Comilio  posita  Horatii  Coclitis  rorlissimi  viri  de  rœlo  taclaest... 
Constilit  caiti  slaluain,  pioinde  ul  venc  rationcs  posl  romporta;  monebanl,  in  lorum 
(MJiium  subdurcndatn,  al(|uc  ita  in  Area  Volfani  sublimiori  ioco  stalueiidam  :  caque  ri'S 
bene  et  prospère  reipul)liea!  eessit  A.  0,1,1..  IV,  .'>. 

—  Tite-Live  (§  X)  et  Pline  [%  XI]  parlent  du  lieu  où  fut  d'abord  plaeée  la  statue  ; 
Aulu-Gellc  indique  sa  piaee  déliniiive. 

19.  Temple  des  Pénates.  Dans  le  «iiiarlicr  de  Yôlia,  an  bas  du  mont  Pala- 
tin, sur  le  bord  do  la  voie  Sacrée.  11  était  au  fond  d'un  atrhim  dont  les  abords 
se  trouvaient  ondjragés  par  des  oliviers.  On  ignore  à  (luoUe  époque  et  par  qui 
il  fut  fondé  ;  on  sait  seulement  qu'il  existait  encore  du  temps  d'Auguste  qui 
l'avait  réédilié. 

I.  Mdkh  Devm  Pen.\tivm  in  Velia...  feci.  LAPTS  ANCYR.  col.  U  et  6. 

II.  /Kdes  Ueorum  l'enalium  in  Velia  de  eœlo  lacla  est.  Tit.-Liv.  XLV,  16. 

III.  Varro  de  vila  populi  Uouiani  lib.  1,  Tullum  llostilium  in  Velis,  ubi  nunc  est 
,Tdes  Deum  Penatium  [habitasse].  Non.  Marcei.l.  v.  Sccundum. 

IV.  TuUus  liostilius  in  Velia,  ubi  postea  Ueum  Penatium  a'des  facla  est,.  .  .  obiit. 
SonN.  2. 

V.  Nsws  èvt'ciii/.-/i  ^cixvvTa.1  rfji  âr/opv.i  ov  -apoiM,  xktk  tv;v  IttI  Kcr.piva;  y£poiiau\t  è~i- 
ZO/J.OV  ôcov,  iiTZspOy^YJ  czîTîtvô?  icpop.s-jo;  oj  //.$•/«;•  'i.iys-a.i  <?£  xarà  Tr,y  è-.iyùpiO'j  y/WT- 
Tav,  YTTï^atV.!,  TÔ  y/jipio-j.  D.  Halic.  I,  68  3.  —  P.  Victor  nomme  un  temple  des  Vieux 
Pénales  dans  la  Ville  région  ;  cependant  l'indication  de  Denys  d'Ilalicarnasse  ne  per- 
met pas  de  placer  ce  temple  ailleurs  qu'où  nous  l'avon^s  mis,  parce  que  c'est  ià  réel- 
lement le  chemin  pour  aller  du  I'"orum  aux  Carénés.  Le  quartier  (le  Vélia,  où  il  se 
trouvait,  touchait  à  celui  de  Germains,  et  ce  dernier  se  trouvait  auprès  du  Figuier 
Ittiminal,  situé  auprès  d>i  fnmilium  et  vers  l'angle  N.  0.  dûment  Palatin.  Yoy.  ci- 
dessous,  n"  201,  §  l.\.  la  situation  de  Germalum  et  de  Velia. 

\l.  Knatam  inter  juncturas  lapidum  anle  domum  suam  palmam,  in  compluvjum 
Deonini  Penatium  translulit  [Augustus.  Slet.  Awj.  92.  —  Le  compluvium  était  le  mi- 
lieu, la  cour  d'un  atrium. 

20.  Temple  de  Voliplv.  Au  bas  du  mont  Palatin,  du  côté  de  la  porte  Ro- 
mana  [n"  199J.  Ce  temple  était  petit;  on  ignore  l'époque  de  sa  fondation  cl 
le  nom  de  son  Ibndateur.  On  y  lionorait  Angerona,  déesse  du  silence,  dont  le 
culte  avait  pour  objet  le  silence  du  nom  mystérieux  de  Rome. 

I.  Intra  muros  video  portas  dici.  In  Palatio  .Mucionis  a  mugitu,  quod  ea  pecus  in 
bucila  circum  anti(|uuni  oppidum  exigebant.  Alteram  Romanulam  ab  Uoma  diclam  , 
quiB  liabet  gradus  in  Xova  via  ad  Volupiaî  saeellum.  Varr.  L.  L.  V,  §164.  —  In  nova 
via  ne  s'accorde  pas  loul-à-fait  avec  la  position  de  la  porte  Romanula  ou  Homana  ; 
nnva  via  est  une  correction  de  Sealiger.  (In  lisait  auparavant  in  navalia  qui  fournis- 
sait un  sens  encore  plus  mauvais,  sous  le  point  de  vue  lopographique. 

II.  Non  alienum  videlur  inserere  hoc  Ioco  exemplum  religionis  anliqua",  ob  hoc 
maxime  silentium  [nominis  Roma»]  instiluta"  :  namque  diva  Angerona ,  cui  sacrilicatur 
ad  diem  XII  cal.  .lanuarii,  ore  obligato  obsignaloque  simulacrum  liabct.  Plin.  UI,  5. 

III.  Duodecimo  vero  ferin'  sunt  diva;  Angeronia;,  cui  pontifices  in  sacello  \olupi;c 
sacrum  faciunl.  Macrod.  Salurn.  I,  10. 

*  Popuius  SPiieam  rjus  [Coclilis]  stntunm  armatnm  erexit,  in  maxime  conspiciio  Fori  loro. 
=  -  Ad  Ikcc  statuam  .Tneam  ci  [Coclili]  in  a'de  Vulc:ini  posiicrunt.  =^  llomse  templuiii 
monsiriitur  non  procul  a  Foro,  in  co  vige  compendio  quod  fert  ad  Carinas,  supra  modum  ohs- 
curum  nec  maynam  structura  ;  et  vcrnacula  geniis  linjjua  locus  is  mb  o/ivi'j  vocalur. 


RÉGION  IV.— VOIE  SACRÉE.  U 

2 1 .  IIoRREA  cnARTARiA.  —  Av  CENTRE  :  AUTEL  n'ORiiONE.  Eiilrc  Ic  bas  (lu  mont 
Palatin  et  la  voie  Sacrée. 

1.  Les  llorrea  chartaria  étaient  des  magasins  il  papyrus,  malii^re  qui  faisait  l'objet 
d'un  grand  commerce;  il  se  vendait  publiquement.  Cela  nous  a  déterminés  à  donner 
la  forme  d'un  forum  à  ces  magasins,  dont,  au  reste,  aucun  anliiiuaire  ne  s'est  occupe. 

M.   Horrca  chartaria,  vel  testaria.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  linmœ,  IV. 

III.  llorrea  testaria.  Sext.  IUf,  Ibid. 

—  Testaria  vient  sans  doute  de  ce  qu'on  polissait  le  papier  avec  une  coquille,  Icsla. 

IV.  Horrea  chartaria.  JS'otil.  imjterii. 

V.  Autel  d'Orbone.  Febris  autem  faiium  in  Palalio,  et  Orbonai  ad  œdem  Larum,.... 
consecralam  videmus.  Cir..  de  Dtvinat.  III,  2."). 

VI.  Publiée  Febris  fanum  in  Palatio  diratum  est,  Orbonœ  ad  œdem  Larium.  Plin. 
H,  7. 

—  Voyez  le  numéro  suivant  pour  le  temple  des  Lares. 

22.  Area  de  la  Victoire.  — Au  centre  :  Temple  bes  Lares.  — Tavernes  de 
RoiQUETiÈREs.  L'Area  de  la  Victoire  était  en  haut  de  la  voie  Sacrée.  Au  uiènie 
endroit  se  trouvait  le  temple  des  Lares,  bâti  ou  restauré  par  Auguste,  l'an  74 'J. 

î.  LARIBVS  PVBLICIS  SACRVM 

IMP.   CESAR  DIVI  F.    AVGVSTV3 

PONTIFEX  MAXIMVS 

TRIBVNIC.   POTESTAT.  XVIII 

EX  STIPE  QVAM  POPVLVS  El 

CONTVLIT  K.  JANVAR.   APSENTI 

C.    CALVISIO  SABINO 

L.   PASSIENO  RVF.  COS. 

GP.UTER,  p.  106,  qui  y  met  cette  note  :  Reperlum  in  via  Sacra.  —  ORELLI,  Inscrijil. 
lat.  n.  1668.  — Le  consulat  ci-dessus  répond  à  l'an  749. 

H.  iÏDEs  Larvm  in  svmma.  sacra  via...  feci.  lapis  ANCVR.  Col.  4  et  6. 

III.  Ancus  Martius  in  summa  Sacra  via  [habitavilj,  ubi  eedes  Larium  est.  Solin.  2. 

IV.  Tacite  donnant  le  tracé  du  Pomœrium  de  Romulus,  dit  :  A  Foro  lîoario,  ubi 
cPreum  tauri  simulacrum  adspicirnus,...  sulci  designandi  oppidi  cœptus,  ui  magnani 
Herculis  aram  amplecteretur.  Inde  cerlis  spatiis  interjecti  lapides,  per  ima  monlis 
Palalini  ad  aram  Consi,  mox  ad  Curias  veteres,  tum  ad  Sacellum  Larium,  Forum(|uc 
Romanum.  Tac.  Ann.  XII,  24.  —  L'aulel  de  f'nnsus  était  dans  le  Cirque  Maxime,  e( 
les  furies  vielles  s'élevaient  dans  la  vallée  qui  séparait  le  mont  Cœlius  du  mont  Pa- 
latin [Voy.  plus  haut  n^  7]  ;  l'itinéraire  indiqué  par  Tacite  est  parfaitement  clair,  et 
justifie  la  position  que  nous  avons  assignée  au  temple  des  Lares. 

V.  Taverne  de  bouquetières. 

Lucifero  subeunte  Lares  delubra  tulerunt, 
Hîc  ubi  fit  docta  multa  corona  manu. 

Ov.  Fasl.  VI,  V.  790-791. 

25.  Temple  et  Bois  de  Strenia.  A  rextrémité  de  la  voie  Sacive,  au  pied 
du  mont  Cœlius.  Ce  temple  était  très-ancien,  et  durait  encore  dans  les  der- 
niers temps  de  l'Empire. 

I.  Sacellum  Deae  Strcnuœ.  P.  Vict.  de  lîeg.  urb.  Romw,  IV. 

II.  Sacellum  Slrenuee. 

Horrea  testaria.  Sext.  Rif.  Jbid. 

III.  Sur  la  position  du  temple  de  Strenia  au  bout  de  la  voie  Sacrée,  Voy.  ci-des- 
sous, n"  24,  g  II  et  VII. 

IV.  Strenarum  usus  adolevit  auclorilate  Talii  régis,  qui  verbcnas  felicis  arboris  ex 
Luco  Slreniœ  anni  novi  auspices  primus  accepit.  Svmmach,  \,  Ep.  28. 

V.  TOTA. SACRA. VIA 

EX.iDIBVS...VSQVE.AD.CARI\AS.ET.SACELLVM.STRENI.E 

M  AGIT  A .  CONSTERN  ATIONE .  VICINOR  VM . 

MURATORI,  Nov.  thesaur.  inscripl.  t.  II,  p.  G 10. 


12  DLSCUIl'TION  Dl-:  KOML. 

24.  VoiK  Saciikk  ).t  Taviiines.  La  voie  Sacrée  coninieii<;ail  dans  celle  ré- 
gion à  l'angle  N.  K.  (lu  l'aialin.  Kllc  montait,  par  une  ponte  assez  roide  jnsfuie 
devant  le  temple  de  Tellus  |n"2"JJ.  De  cet  endroit,  cpii  était  son  point  cnlmi- 
iiant,  et  que  pour  celle  cause  on  appelait  suiiima  Sdcrii  l'ia,  elle  dcsccndiiil  à 
travers  la  I\  ''  rt'gion  par  inie  pente  rapide  cpii  Unissait  ;i  l'Arc  de  Kaitiiis 
[n°  127]  et  à  la  roir  Nntvc.  Là  idle  entrait  dans  le  Forum,  dont  elle  suivait  la 
lisière  septentrionale,  sur  un  plan  à  peu  près  de  niveau,  et  venait  se  terminer 
vis-à-vis  du  templ<'  delà  ("oncorde  fn"  83J,  au  Clivus  Capilolin.  La  voie  Sacrée 
date  de  Romuhis  et  de  Tatins.  On  la  nonnnail  ainsi  parce  que  ce  fut  sur  son 
emplacement  que  les  deux  rois  jurèrent  alliance,  après  la  réconciliation  (|ni 
suivit  l'enlèvement  des  Sal)ines.  11  est  plus  que  vraisend)Iai)lc  qu'on  ne  la  pava 
qu'il  une  épo(pn>  hien  postérieure  à  ces  deux  rois.  Son  pavé,  conq»osé  de, 
grands  p(»lyi,'ones  irréi^nliers  de  lave  basalticpie  ,  avait  un  ])eu  moins  de  20 
pieds  romains  d(!  lari^e.  Du  point  le  plus  haut  de  la  voie  au  point  le  jjIus  bas, 
il  y  avait  une  pente  de  56  pieds  environ,  à  '296  millimètres  le  pied. 

I.  Via  Sacra.  P.  Vict.  de  Re;/.  urh.  Romœ,  IV. 

II.  Huic  [Cœlio]  juncla*  Caiina;  et  inler  eas  quem   hoc   locum  Ccrolicnscm  appclla- 

luin  apparet Cerolensis   a  Carinarum  junctu  diclus  Carinac,  postea  Cciolia,  quod 

hinc  oiitur  caput  Sarrœ  via-  ab  Slrcniae  sacello,  quae  peilinet  in  Airem,  qua  sacra 
quotquot  mensibus  feruntur  in  Arcein,  el  per  quam  augures  ex  Arce  profccli  soient 
inaugurare.  Hujus  Sarrœ  vicB  pars  sola  volgo  nota,  quœ  est  a  Foro  eunti  priniore  ciivo. 
Varr.  L.   L.  y  g  47. 

m.  Equideni  si  quando,  ul  fil,  jaelor  in  turba,  non  illum  aceuso  qui  est  in  summa 
Sacra  via,  quum  ego  ad  Fabiuni  forniccm  impellor,  sed  cum  qui  in  me  ipsum  incur- 
rit  atque  incidil.  Cic.  pm  l'/anc.  7. 

IV  Si  libi  ni!  dederil.  Sacra  roganda  via  est. 

Cum  niulla  absluleris  :  ut  non  tamen  omnia  donet, 
(Juod  numquani  rcddas,  conimodel  usque  roga. 

Ov.  Àmor.   I,  8,  v.  100-102. 

V  lloncines  majore  poêla  plectro 
Ctesarem,  quandoque  Iraliel  féroces 
Per  Sacrum  ciivum,  merila  decorus 

Fronde  Sirambros.  Hou.  IV,  Od.  2.  v.  33-36. 

VI.  liilaclus  aut  Drilannus  ut  dcsceiideret 

Sacra  calenalus  via.  Hor.  Epod.  7.  v.  7-8. 

VII.  Sacram  viam,  quidam  appelialam  esse  exislimanl,  quod  in  ea  fœdus  irlum  sit 
inler  Uomulum  ac  Talium  ;  quidam,  quod  eo  itinere  ulanlur  sacerdoles  idulium  sacro- 
rum  conficiendorum causa.  Itaque  ne  eatenus  quidem.ut  vulgus  oi)inatur.  Sacra  appel- 
landa  est  a  Hegia  ad  domum  Hegis  sacrificuii,  sed  eliani  a  Uegis  domo  ad  Sacelium 
StreniiP,  et  rursus  a  Regia  usque  in  Arcem.  Fest.  v.  Sacram.  —  Dans  ce  passage, 
Kegia  désigne  la  Basilique  Almilia,  située  presque  au  pied  du  mont  Capilolin  .Voy. 
n»  151],  et  qu'à  cause  de  sa  magnificence  toute  royale,  on  appelait  quelquefois  Heijia 
Panli.  Voy.  ci-dessous  n"  151,  Basilique  JEmilia,  §  VI. 

VIII.  Diclalor  Cœsar  lotum  Forum  inlexil  Iveiisj,  \iamque  Sacram  ab  doino  sua  ad 
Ciivum  usque  Capilolinuni.  Plin.  XIX,  1.  —  César  habitait  alors  Reyia,  en  haut  de  la 
voie  Sacrée,  parce  qu'il  était  grand-pontife.  Voy.  ci-dessous,  n"  129,  §  V. 

IX.  Cum  Sacra  via  descenderem Cic.  ad  AUic.  IV,  3. 

X.  Caïus  Scipio  Nasica,  qui  optimus  a  senatu  appellatus  est  :  cui  etiam  publiée 
domus  in  Sacra  via  data  est,  quo  facilius  consuli  possel.  Digest.  I,  lit.  2,  leg.  2,,§  57. 

XI.  Seminudus  in  Forum  Iraclus  est  [Viteliius]...  per  totum  vite  Sacrae  spatium. 
SiiET.    Vilell.  17. 

XII.  O'/.raîL/ïs;  zaTï'Satvî  o  ta  r^^  Up&i  câoXi  /jlstx  ttuxvsû  Trâvu  ii'/.riOo'Ji,  /.xi  oix  y_ii- 
fj.'j.ppoui  li  T/,v  à.yopy.-J  i.'/TT-j&iv,  disarc  jUtkv  otà /xs'swv  twv  ci^vîstwtwv,  zat  cîîit/'.î'jv  aj- 
■zoiii-  ôii  o;  v.v.-i-'irX=.'  ii  to  tô)v  iws/ijjîwv  iipb;>  iia.pril.dî.  Al'l'IAN.  De  liclt.  civ. 
1,  p.  655,  édit.  Tolliusi. 

•  Oftavius  per  Sacr:im  vi.iin  derurrit  cum  globo  conferlissimo,  et  torrenlis  more  in  l'oruin 
irrumpens,  prolrusis  ol)viis  per  mcdios  vadens  disjecil  niutliliidincm,  pcrlerritisque  advers,»- 
liis  pcliil  ,T(lcm  C:\s!o;niii. 


RÉGION  IV.  — VOIE  SACRKE.  I" 

XIII.  Aùm;  t;  yip  Cià  T/j,-  U/sSj  b^iZ   ii  zr,j  y.yopy.-^  I'j-îtJi-^.  Dion,  LIV,  19  •. 

XIV.  i(s<  TtTaïj  ^s/.tuSpi'xt;  dùni  irzTTorjp'jy.iu;  '/v>ou.i-Jr,i,  h  vwvjsa,  c?î?(à,-  ts/iij  A/îit 
^vîTXf,  zsà  T/;v//£v  o'j(iù:j  à.TZO/.i'pv.;  Tt,  sttI  tïjv  Priyztvu.-Jxu}^ciUfÂ.évr,v  y.Ojj.i^n,/M  ràv  .3i)'/àv 

^/)^  ■/.u-vAi.-jrîi  âty.iJv.yoj-:M-.  Plut.  Quœst.  Rom.  p.  1542  . 

XV.  Ot  /ukv  ÔT),i7at  i^m.psOhT-i  iç  rx  ny^c/.yix  t^j  cd^îu  zat  t/;,-  v.yopv.;,  lr,;yûpou-j  '/. 
rwv  îTïvoj-'iv,  zat  T5V  iv7Li;^ovT5(  t/yripo-j-j.  Appian.  De  Bell.  civ.  V,  p.  1129'. 

XVI.  ri/î'jJTîv  £/.  Ila/XT(5y  TrayîaÀy.Çàiv  tôv  A£vr).5v,  -^yc  o^ti  Tr,^  npy.i  ôaîû,  zat  t/Jj 

O.yopy-i  ys<!/)i Aîî/^wv  o"î  Tr,-J  y.yopxv.  yA  yz-JOiJ-i-JO^  ~p'oi  T'7>  ori'7(JMTr,pi'j), 

TraoîcT&jzî  -iv  As'vt^îv  -(,>  oviy.iy,  xcil  ~p^i-7u^-v  i->ùsl>.  Pli't.  fie.  22  *. 

XVII.  Tutti  gli  antiquarj,  che  hanno  sciitto  prima  de)  Nardiiii,  quanti  mai  ho  polulo 
linlraceiarne,  coininciando  da  Bernardo  Ruccellai  *,  che  sciisse  ne!  fine  del  secolo  XV, 
dal  rilaloVoitenano,  poi  venendo  a  C.amucri,  Fabiicio,  Lurio  Fauno,  Lucio  Mauro  fino 
ad  P.  Ponati  poco  prima  del  Nardini,  tutti  mettono  che  la  via  Sacra  passava  negli 
(»rti  di  S.  Francesca  romana  [Nolli.  n»  72;  Leiaiouilly,  lion.  I,  84],  verso  il  tenipio 
délia  Pace  [Nolli,  n»  74;  Letarouilly,  rion.  I,  82;  ;  e  il  Marliaiii  *î  ne  da  per  prova  la 
selciata,  quale  ancora  si  vedeva  al  suo  tempo,  intorno  al  1.^40.  Di  falti  questa  selciala 
si  i^  Irovala  ncgli  ultimi  scavi  sul  più  alto  dclla  vetia  altuale,  che  corris[)onderebbc 
(|uasi  alla  somma  Sacra  via  antica;  ed  6  tuttora  visibile.  G.  Fea,  Prodomo  di  nunve 
osservazioni  e  scoperle  faite  nelle  antichild  di  Roma  da  varj  anni  addielro,  p.  21, 
22.  Roma,  in-80,  1816. 

XVIII.  Ora  è  cosa  évidente,  convenuta  in  oggi  fra  lopografi  eruditi  che  la  via  .Sacra 
délia  Rocca,  in  cui  Varrone  e  Feslo  ne  pongono  il  termine,  discedendo  pel  Clivo  Ca- 
pitolino,  e  passando  solto  l'Arco  di  Seltimio  Severo,  avanti  Satito  Adriano  [Xolli, 
no  94  ;  Letarouilly,  rion.  I,  73]  (che  chiesa  posta  in  via  Sacra  si  dice   da  Anastasio 

Léo.  m,  §  xcij)  continuasse  dritta  sino  al  tempio  di  Faustina  [Nolli,  n"  81  ;  Leta- 
rouilly, rion.  I,  80]  :  avanti  ti  gradi  del  quale  si  rinvennerogli  avanzi  délia  via  Sacra 
negli  ultimi  scavi,  ed  ivi  Irapassando  sotte  l'Arco  Fabiaiio,  proseguisse  avanti  de' 
SS.  Cosma  e  Damiano  [Nolli,  n"7(;8;  Letarouilly,  rion.  1,81],  (aitra  chiesa  dallo 
stesso  Anastasio  detta  in  via  Sacra  [Félix  IV,  g  ii])  ;  d'  onde  poi  torcendo  a  destra  e 
salendo  pel  clivo  sagro  fiiio  ail'  Arco  di  Tito  [Nolli,  n^  73  ;  Letarouilly,  rion.  I,  85] 
posto   nella  summa   Sacra  via,  trovava  ivi  la    porta   Mugonia.   Piale,  délia  Basilica 

Giulia,  etc.    Visserlaziouc,'  p.  6.  in-4'*,  Roma,  1833. 

XIX.  Anastasio  nella  vila  di  Felice  IV,  che  fu  falto  Papa  nel  526  :  Hic  fecit  basili- 
cam  sanctorum  Cosma  et  Damiani  in  urbe  Roma,  in  loco  qui  appellalur  via  Sacra 
juxta  tcmplum  Romnii.  Nibdv,  foro  Romano   c.  Il,  p.  186,  note  1. 

XX.  l'n  texte  du  XVK'  siècle  indique  la  direction  de  la  voie  Sacrée  sans  la  nommer 
positivement  :  —  «  Laonde  Marco  Guazzo  descrivcndo  l'entrata  dell'  imperadore 
[Carlo  V]  nella  cilla  di  Roma  seguila  il  di  3  aprili  1536,  narra  che  a  uscciido  per 
l'Arco  di  Tito,  per  una  strada  a  filo  tirata  per  mezzo  di  Foro  romano  antico,  passo 
air  Arco  di  Seltimio  Severo  [Nolli,  n»  96  ;  Letarouilly,  rion.  I,  70].  F.  Casimip.o,  Me- 
mnrie  istorice  delta  chiesa  e  covento  di  S.  Maria  in  aracœli  di  Roma,  c.  XVI,  p.  441. 

XXI.  Iconographie.  Plusieurs  parties  de  la  voie  Sacrée  existent  encore  devant  l'Arc 
de  Seplinie  Sévère,  devant  la  basilique  de  Constantin  (appelée  ci-devant  temple  de  la 
Paix),  sous  r.Vrc  de  Titus  et  au-delà.  Au  bas  de  la  Colonne  de  Phocas,  on  voit  une 
partie  intacte  de  la  voie  que  nous  avonsappelée  le  (.'anal  [voy.  plus  bas,  rfi  140],  avec 
son  pavé  ;  elle  a  7  mètres  65  centimètres  entre  ses  marges,  lesquelles  sont  formées 
chacune  par  un  parpaing  de  65  centimètres,  qui  servait  de  trottoir,  ce  qui  fait  9  mètres 
au  plus,  pour  la  largeur  totale  de  la  voie.  Cette  mesure,  qui  est  celle  des  voies  ro- 
maines en  général,  devait  être  aussi  celle  de  la  voie  Sacrée.  M.  Léveil  a  relevé  la 
pente  de  celte  dernière  voie  depuis  «wmma  Sacra  viaioù  est  maintenant  l'.Vrc  de  Titus), 
jusqu'à  l'Arc  de  Sept.  Sévère,  et  il  a  trouvé  un  produit  de  16  nièlres  39  cenlinièlreSi 

*  Lupus  via  Sacra  iii  Forum  irruerat.  =  -  Cur  idihus  decembribus  exliibitis  equestribus 
liidis,  dextcr  equus  victor  Jlarli  sacer  imniolabatnr,  et  caudam  aliquis  amputatam  fert  ad  lo- 
ciini ,  cui  l'.e{;ia  nonic-n,  aramquo  crucutat  de  capite  alii  a  Sacra  via,  alii  a  Subiirra  desoeiidcn- 
Ips  dcpugnanl  ?  =  ^  iMililos  divisi  ab  mroipie  via»  [Sacr.ej  Forique  latero  per  aii;;iporlu.s  irrue- 
bant  steniuntfs  obvins.='*  Primuiii  ex  l'alatio  Lcntuluni  aceepit  [(acero],  <)Ui.-m  Sacra  via  me- 

dioquc  Foro  dcdiixit Ut  medio  Foro  ad   CarcerL-m  accessit,  tradidit  Lentuliiin   carnitici 

iiccandum.  =  5  Bernard  Oricullarius,  de  urbe  Roma,  apnd  Tar(ii).  Uer.  Italie.  Sui/it.  t.  If,  col. 
S55.  =  '^  Uritii  linnite  topnijvajihiti,  lil).  III,  C.  ?.6. 


U  DESCRIPTION  DE  ROME. 

2i>.  Temple  de  Tellus  et  Carènes.  Le  temple  do  Telliis,  vou(''  l'an  484,  par 
Seinpronius,  s'élevait  sur  nue  jjlace  eiilourée  (rédilices  eu  forme  de  carènes, 
d'où  le  quartier  prenait  son  nom.  Ce  »|uarlif'r  se  li'ouvait  au  bas  du  uiont  Cœlius, 
le  l(ni{^f  (le  la  voie  Sacrée.  Ouaiit  au  temple  il  était  assez  spacieux  pour  (ju'on 
y  |)ût  réunir  le  sénat. 

I.  Doniili  crgo  Piccnlos,  cl  rapul  Renlis  Asrulum,  Sempronio  (\acp,  qui,  lremenl<.' 
iiilcr  piiflium  ranipo,  'If  Huit  m  Deani  promissn  a-de  plaravit.  Flor.  I,  19. 

II.  Scnalus  cnini,  popiilus(iue  lîomaiius,  non  oontcnlus  capilali  fSp.  Cassium]  sup- 
piicio  afiiccic,  inlcicinplo  rlomum  supi'rjerit,  ut  l'enalium  quoque  strago  punirelur. 
In  solo  aulcm  iedcm  iciluris  fccit.  V.  Max.  VI,  3.  1. 

III.  Sp.  Cassii  donius  ob  camdcm  causam  cvcrsa;  atquc  in  codem  loco  eedes  poslla 
Telluiis.  (;ii;.  prn  Domo,  :t8. 

IV.  Diruias  publiée  «"des  [Sp.  Cassii],  ea  est  area  anle  Tclluris  œdem.  Tit.-Liv.  II, 
41  [an.  268]. 

V.  MîTà  riv  Çcivarov  roli  Kai^tou  ;^  t'  ol/.ia  z«Tï5z«pv7,  zstl  /J-iypt  toî/Ô'j  «vsïrsct  à  ri- 
TTOi  ajT'ôb  cïOfyioç,  eÇw  toû  v-ù  tv;;  l'-^j,  ôv  b^répoii  yj  Tri),(s  xarîî/ïûasï  ypivoii  iv nipil 
Ttvl  aûr/;>,  xaT«  Tyjv  è.m  Ky.ph(/.;  pî'^auoav  boôv.  D.  Halic.  YIII,  79*. 

VI.  YiyJOlJ.i'JWJ  c?î  ToiiTOjv  o'txyyîauy.a  vu/xoç  «VcyfyvcJTXîTO  XvTwvioi./  t/;v  ^o\i\'f,-i  'juy/.'j.- 

v/oj.  AiM'iAN.  t/e  iie//.  cit).  II,   p.  824*.  — Celte  maison  d'Aiiloine  était  celle  qui  avait 
appartenu  à  Pompée.  Voy.  ri-dessous,   n<*  26. 

VII.  Tcmplum  Veneris 

Templum  Telluiis.  Sext.  Rit.,  de  Iteg  vrb.  Tlnmcp,  IV. 
—  Ce  temple  de  Vénus  est  celui  qui  était  miloycn  avec  le  temple  de  Hume,  bâti 
par  Adrien  [Noili,  n"  71  ;  Lelarouilly,  rion.  I,  86]. 

VI II.  Templum  Veneris. 
Templum  Faustinae, 
ïemplum  Telluris. 

Via  Sacra.      1'.  Vict.  de  lieg.  urh.  Romœ,  IV. 

IX.  Telluris  templum. 

Area  carlaria.         Notit.  imperii. 

X.  Carènes.  Iluic  [Ca-lio]  conjunrla?  Carinœ,  et  inter  eas  quem  locum  Ceriolenscm 
appellatum  apparet,  quod  primœ  regionis  quarlum  sarrarium  scriptum  sic  est  :  Ce- 
riolensis,  quarliceps  circa  Minervium  qua  e  Cœlio  monte  iler,  in  Tahernola  etl. 
Cerioleiisis  a  Carinaruin  junrlu  diclus  Carinœ,  poslea  Cernlia,  quod  liinc  oritur 
caput  SacriE  via>,  ab  Streniae  sacello,  qu;c  pertinel  in  Arcein,  qua  sacra  quotquot 
mensibus  ferunlur  in  Arceni,  et  per  quam  augures  ex  Arce  profecti  soient  inaugurare. 
Varron.  L.  L.  V,  §  47. 

XI.  Meta  sudans. 
Carinœ  caput. 

Domus  Pompeii.  Sext.  Rcf.,  de  Reg.  urb.  Romœ,  IV. 

XII.  Meta  sudans. 
Carinœ. 

Domus  Pompeii.     P.  Vict.  Ibid. 

XIII.  Fulvius  Flaccus  porta  Capcna  cum  exercitu  Romam  ingressus,  média  urbe 
per  Carinas,  Esquilias  coiileiulit  :  inde  egressus,  inter  Esquilinam  Collinamque  por- 
tam  posuil  castra.  Tir.-Liv.  XXVI,  10. 

XIV.  Uomanoque  Foro  et  lautis  mugire  Carinis. 

ViRG. ,  JEneid.  VIII,  v.  361. 
Carinœ  sunt  œdificia  facta  in   Carinarum    modum,  quœ  erant  circa   templum  Tel- 
luris.  Lautas  autem  dixil  aut  prœter  elegantiam  œditiciorum,  aut  propter  ,\uguslum 
qui  nalus  in  lautis  Carinis.  Alii  dicunt  Carinas  montera  nominalum,  quod  ager  subur- 
banus  ante  portas  Cariis  erat.  Serv.  ,  in  JEneid.  loc.  cit. 

XV.  Nous   plaçons  les  Carènes  au  pied   du    mont  Esquilin,  bien  que  Nardini   les 


*  Post  Cassii  mortem  et  redes  solo  oequate,  et  ad  liane  iisque  diem  earutn  area  vacua  sub 
dio  relicta  est  extra  Telluris  aïdem,  quam  postea  populiis  Romanus  in  quadam  ej us  parte  ex- 
sh'iixit,  in  via  quœ  ad  Carinas  fert.  =  *  Ante  luoeiu  edicto  ejus  [Anionii],  senatus  in  xdcm 
Telluris  convocatus  est,  propinquam  domo  iptiius. 


RÉGION  IV.  — VOIE  SACRÉE.  15 

mollii  vers  le  Forum  de  César;  nous  nous  fondons  sur  les  paroles  de  Varron  :  huir 
Cwlin  conjunclœ  Carinœ  [g  X]  et  sur  le  passage  de  Ïile-Live  '§  Mil]  dû  il  esl  dit 
que  Fulvius  arriva  par  la  porte  Capùne  et  monta  à  l'Ksquilin  par  les  Carènes. 

2C.  Maison  de  PoMPiit,  puis  d'Antoine  et  de  Tibcre.  Pompée,  à  l'époquo  de 
son  troisième  consulat,  l'an  701 ,  se  lit  bâtir  une  belle  maison  dans  le  (juarlier 
des  Carèties,  auprès  du  temple  de  Tellus.  Après  la  mort  de  Pompée,  César 
ayant  fait  vendre  les  biens  de  tous  ceux  qui  avaient  péri  dans  les  guerres  ci- 
viles, Antoine  acheta  cette  maison,  qui,  dans  la  suite,  appartint  à  Tibère,  sans 
perdre  néanmoins  son  nom  primitif.  Le  vestibule  était  décoré  de  rostres  et  de 
li'upliées. 

I.  Sur  la  situation  de  celte  maison  en  tète  du  quartier  des  Carènes.  Voy.  ci-dessus 
nO  25,  §  XI,  XII. 

II.  Leneus  Pompeii  magni  libertus,...  schola  se  sustentavit ,  docuitque  in  Carinis 
ad  Telluris  aidem,  in  qua  regione  Pompeianorum  domus  fueral.  Suet.,  de  illusl. 
(jrammat.  1.5. 

III.  Uomam  reversus  [Tibcrius],  deduclo  in  forum  filio  Druso,  stalim  e  Carinis  ac 
l'ompeiana  domo,  Esquilias  in  liorlos  ma'cenalianos  Iransmigravil.  Siet.  Tib.  1.5. 

IV.  Quum  in  navi  Ctesarem  et  .Vntonium  cœna  exciperet,  dixit  Sext.  Pompcius''  : 
in  Carinis  suis  se  cœnam  dare  ;  referens  hoc  dictum  ad  loci  nomen  in  quo  palerna 
domus  ab  Antonio  possidebatur.  Patercul.  II,  77. 

zr,ï  Paiy.a.io)-j  tt&Àîcoî  oûzo)  xcùoii u.Bvoi  èarfJ.  DioN.  XLVIII,  381. 

VI.  ll/ssi-^v  oî  T-^  zo£v>j  y.'^y.ooo^icf  rb  J«à  t/;v  oi/.ixv  oj  y.ixpo-^  y-'t-<iOi,  ^y  oixec,  ïlOfi.TCr,iov 
T5J  Mv/aiiOU  yîv5y.îv>jv.  Plut.  Ânto.  21  2. 

VII.  KaiVsi  n3,i/7ï»iÏ5j  ajTÔ,  ^^ypi  -où  rpizou  Opiû./j.?^u  fj^irpioii  koù  à-jclûi  &iz/;jsv 
Cisrspo'J  os  Pùifj.xioi.i  Tiôzo  or,  zb  xot.Vo-^  xat  TniiiSirjZOv  i-juTà;  OéxTpo-j,  S>-Tc-p  sbi/xtôv 
ri,  ■K'j.ptzt/.ZYiJu.'zo  \a.;j.7zpo-:éf^y.-^  ixsh-fji  oIxL'jlj,  «■'Sizifdo-.'O-J  ok  xxi  zoi.jzr,j-  ô't-zs  z'o-j  ■/■- 
■jô/j.ivo'J  ô'î7;riT/]V  aJryjs  yszv.  nî'A-y/tjv,  shù.Oiyzx  Oxj/jc/.^zi-.'  av.'  TZu-jOy.-JS'^Oy.i,  t.o'j  TIî'/- 
-riloi  Uùyjo^  àod-v;i.  Plut.  Pomp.  iO'^.  —  Donat  a  démontré  qu'il  faut  entendre  que 
Pompée  se  Gt  bâtir  cette  maison  dans  les  Carènes  et  non  auprès  de  son  théâtre.  Voy. 
Nardim,  Roma  anlica,  lib.  VI,  c.  3,  t.  III.  p.  40,  édit.  Nibby. 

VIII.  Hv  0  oSjZo'j  oi'jpj'Avi...  X'A  p.id'j'ji-j  XvTojvioj,  xat  Kocpivi-î,  t/jv  \lo iJ.-r,ioj  ïxîjcj- 
pii/lj.-:ioi  ol/i'jLJ  ■/.v.ï  ij.iz 01x00 oij.w,  6>i  ixv.jrij  ojx  oj-:'j.-j.  Plut.  Cw%.  51  '*. 

IX.  Extat  silva  ejus  memorabilis,  quie  picla  esl  in  domo  rosirala  Cn.  Pompeii, 
quœ  ipsius  et  palris  ejus  et  proavi  fuil;  quam  Philippi  temporibus  vesler  fiscus  inva- 
sil.  Capitol.  Gord.  tr.  2. 

X.  Sur  la  vente  des  biens  de  Pompée,  et  leur  acquisition  par  .\ntoine  voy.  Cic. 
Philipp.  M,  26.  Malgré  l'acquisition  d'Antoine,  la  maison  conserva  le  nom  de 
maison  de  Pompée;  Cicéron  reprochant  à  Antoine  d'habiter  cette  maison,  lui 
dil  :  Al  tu  illa  in  veslibulo  rostra  an  spolia  quum  adspexisti ,  domum  tuam  te 
introire  putas"?  Philipp.  Il,  28.— Du  temps  des  Gordiens,  vers  l'an  1000  de  Rome, 
la  maison  de  Pompée  conservait  encore  le  nom  de  son  maître  primitif.  J.  Capitolin 
dit  de  Gordien  l'aîné  :  Ipse  consul  dilissinms  ac  potenlissimus,  Komae  Pompeianam 
diimum  possidens,  etc.  Capitol.  Gord.  ir.  1. 

27.  Temple  de  la  Concorde  maritale.  Il  tenait  au  Portique  de  Livie  [IIl*^ 
rég.  n"  16],  et  en  faisait  pour  ainsi  dire  partie.  Nous  pensons  que  ce  temple 


1  Carinx  loci  nomen  est  Roma;,  quo  in  loco  Pompeius  ma^'nus  œdes  habuerat,  quas  lum 
temporis  [an.  715]  Anionius  possidebat.  =  ^  Accessit  ad  comniunem  illius  inFainiam  non 
médiocre  odiuni  ex  ea,  io  (|ua  liabitabat  [.\ntonius]  domo,  quœ  fuorat  Mayni  l>ompei.= 
^  .  .  .  (Juiiiu  usque  ad  tertiuoi  triumphum  Ponqjcius  modicam  et  civilem  doiiium  lialicret. 
Post  populo  Uomano  eximium  illud  et  celebratum  exstruxit,  et  juxta  velutappeudiceni  aeditîca- 
vit  donmni  piiore  splendidiorem,  sed  ne  liane  quidem  invidiosain,  ut  ille,  cpii  domiims  ejus 
post  Pompeiiim  fuit,  eam  iuyressusobstupesceret,  et  quaereret  ubiuaui  Pompeius  magnus  coe- 
nasset.  ^  *  Vitio  ei  [CœsariJ  dabatur...  ebrietas  Antonii,  et  Coruificius,  sector  Pompei,  domum 
ejus  muians,  qua&i  non  satis  ainplam. 


-10  DESCniPTlON  DR  ROME. 

lut  construit  par  Auguste,  en  mr-nie  temps  qjie  le  Portique  de  Livie;  cepen- 
dant Ovide  f:iit  lionneiir  de  cette  édification  à  Livie  :  c'est  probaldement  une 
II:itterie  du  pofUe. 

1.  Li-  rcgionaiic  Si'xt.  Rufus  énonce  le  temple  de  la  Concorde  dans  la  111* 
région  : 

Porlirus  Liviac, 
Templum  Coiirordiœ. 
Mais  c'est  une  erreur  CNidcnte  produite  par  la  jonction  complète  des  deux  édifices, 
car  lui-même  nomme  ensuite  le  temple  de  la  Concorde  dans  la  IV*  région,  el  dit  : 
Templum  Concordi;e  in  porliou  LiviiC. 

Il  'le  quoque  magnifira,  Concordia,  dedicata  sede 

Livia,  quam  caro  prsestitit  illa  viro. 
Disee  lamen,  Ncniens  aelas,  ubi  Li>ia  nunc  est 
Porticus,  immensae  leela  fuisse  domus. 
Ov.  Fasl.  VI,  V.  657-6i0. 

28.  Vices  Cypbius.  Conduisait  aux  Carènes  et  se  rencontrait  avec  le  vicus 
Srchraltts. 

I.  Vicus  Cyprius  a  Cypro,  quod  ibi  Sabini  cives  additi  consederuni,  qui  a  bono 
omine  id  appellarunt  ;  nam  cyprum  Sabine  bonum.  Prope  hune  Virus  Sci  leralus,  die- 
iiis  a  Tullia  Tar(iuini  Superbi  uxore,  quod  ibi,  quom  jaceret  paler  occisus,  supra  euni 
rarpenlum  mulio  ut  inigeret  jussit.  Varr.  L.  L.  V,  g  159.  —  Voy.  plus  bas  n"  35,  g  I. 

29.  AlTEL  DE  JUNON. AlTEL  DE  JaNCS-ClRACE. SoLlVEAU  DE  LA  SOEUB.  LeS 

autels  avaient  été  érigés  vers  l'an  8G  de  Rome  pour  y  pratiquer  les  sacrifices 
expiatoires  du  meurtre  comiuis  par  Horace,  le  \ainqueur  des  Curiaces,  sur  sa 
sœur.  Ils  étaient  situés  dans  une  rue  débouchant  des  Carènes  dans  le  Vicus 
Cypriits.  Une  poutre  scellée  au  dessus,  en  travers  delà  rue,  formait  un  joug 
nommé  le  Solloeau  de  la  sœur,  sous  lequel  on  avait  fait  passer  le  meurtrier. 
Ces  Atilels  et  ce  Soliveau,  toujours  entretenus  et  réparés,  existaient  encore 
du  temps  d'Auguste. 

I.  Sororium  Tigillum. 

Colossus  allus  pedes  en  senis,  etc. 

Meta  sudans. 

Carina*.     P.  VicT. ,  rfe  lieg.  uib.  Bom(e,  IV. 

II.  Sororium  Tigillum. 
.Mcla  sudans. 
Carinae  eaput. 

Domus  Poiupeii.     Sext.  Rit.  Ibid. 

III.  Is  [Uoratiusl  quibusdam  piarularibus  sacrificiis  faelis,  qua*  deinde  genli  llo- 
laliiE  tradita  sunt,  transmisse  per  viam  tigilio,  capite  adoperlo,  velut  sub  juguni  misit 
juvenem.  Id  liodie  quoque  publiée  semper  refei  tum  manct  :  Sororium  tigillum  voranl. 
TiT.-Llv.   I,  26.  [An.  86.1 

IV.  Denis  d'Halicarnasse,  après  avoir  raconté  l'aventure  d'Horace,  dit  du  lieu  où  se 
fit  l'expiation  :  Ett(  o"  iv  tw  Trïvojrôi  tw  jiî'yuvrt  y.r.b  Kactvy;ç  xktw  z'A;  ir:l  riv  kJTT/inv 

TîTaTat  oji\  Tst,  «vTt//Jy  ù'ùrîi.wi  r'jiy/>ii  hf,f';j.ooij.i.io-J,  o  yhzzui  toi;  ^;(5Îi;tv  i/Ttè/i  /«- 

çy'/yoc5;  ro'j  àvo'cô,  a-./r.y.zl'iv  tjT?,~6lîi  é'rt  çîii).âTT£(,  Ôjsîatj  ■/■cciLif:iij--J(i-j  jTzb  Vo>;j.'X'.wj 
/aV  Exaorov  èHuiriJ.  D.  Halic.  IJI,  22  i        ' 

V.  Sororium  Tigillum  appellalur  hac  de  causa....  [Aventure  d'Horare].  Provocavit 
ad  populum,  eujus  judicio  viclor,  duo  tigilla  tertio  superjecto,  qua-  pater  ejus  f-onsti- 
lucrat,  velul  sub  jugum  missus  subit,  consecralisque  ibi  Aris  Junoni  sororise  et  Jano 

*  Est  aulcm  in  angiporto,  quod  furt  i  Carinisdeorsiim  eos  qui  ;ul  Cypriiiiii  au(;iporUiin  cunt, 
ubi  arae  tune  ciecl;e  slani,  et  li(;iiiim  supra  cas  tr;insversum  iiilixuui  diioLus  p;iric'lil)us  inler 
Ro  adversis,  quod  c:ipiti  exeunliuin  inimineret,  et  sei  moue  roinano  Tigillum  iuiorium  vncatiir. 
In  iioc  igilur  loco  calamitaiis  illiu^  viri  iiionumcntiiin  in  LtIjc  servalui',  quod  annivcrsariis 
surihciis  populus  iotr.anu<  iionoiat. 


RÉGION  IV.— VOIE  SACRIFIE. 


17 


Turialio,  liberatus  omni  noxia  sceleiis  esl,  auguriis  adijroliaiilibus  ;  ex  ijuo  Soioiiuiii 
id  Tigillum  esl  appellalum.  Fkst.  v.  Sororium. 

30.  Forum  Cipedinis  ou  Macelu:m.  Marclu''  aux  coiuesllhles  et  aux  Iriiils, 
situé  vers  lo  haut  de  la  voie  Sacrée.  Une  partie  était  décorée  avec  des  |)oili(iucs 
eu  eolounade.  Ou  ii;iiore  quand  et  par  (|ui  il  fut  éiabli;  on  sait  seulement  (pTil 
existait  déjà  du  temps  de  Jules-César. 

I.  Inicr  Suciam  \\iim  cl  Marcllum  t-diluiii,  Coniela  a  coineis,  qui  abscissa;  loco  re- 
liqucrunl  nonicn.  Varr.  L.  L.  V,  §  132. 

II.  Ad  Corncla  Foiuin  Cupedinis  a  Cupedio;  quod  mulli  Forum  Cupedinis  a  cupidi- 
lale.  Hier  omnia  posteaquam  conlraola  in  ununi~1ocum ,  quu;  ad  victum  perlinebanl , 
el  sedifiralus  locus,  appellalum  Macelium.  IniD.,  §  14G-147. 

III.  Cupes  el  rupedia  aniiqui  laulioies  cibos  numiuabaïU.  Inde  Macelium  Forum  Cu- 
pedinis appellabant.  Fest.  V.  Cupes. 

IV.  Macelium  locus  Uomœ  ubi  viclualia  dislrahenles  ficquenlabant.  Acp.on.  in  Ilor. 
Il,  S.  5,  V.  228. 

V.  Diim  ha>c  loquimur,  intoroa  loci  ad  Macelium  ubi  advenimus, 
Concununl  la?ti  mi  obviam  ciipedinaiii  omnes, 

Celarii,  lanii,  coqui,  farlores,  piscatores,  aucupes,  etc. 

Terent.   Euuuch.  II,  5,  v.  24-26. 

Yl.  In  vernaculis...  lam  asper,  ul servi  illumsui 
non  Marrinum  dicercnl,  sed  Maceilinuin,  ((uod  Ma- 
celli  specie  domusejus  ciucnlarelui'  sanguine  ver- 
nulaium.  J.  Cai'ITol.  Macrin.  13. 

VII.   AïK  Ti    y.çî'^-dùdv.    Mà./.ùJ.v.    /y.\     ij.v./.silx; 

y.'j't.oxtni  ; iy.  ai  "zw'  yjyr.ij'y.t'jf^   kjtîj  or.tj.i'jioj 

Oly.'iojjj:rfir,-/v.l  z^îw~w"/£5v  y.T!    ix.ibjou   y.TriZÙ.ij.v/OJ 
T/;v -/ySîViyo^îtav.  Pi.uT.   Qu(psl.  Rom.   p.  122  1. 

YIII.  Iconographie.  La  figure  ci-contre  est  une 
vue  du  Macelium.  Nous  l'empruntons  au  revers 
d'une  médaille  de  grand  bronze  de  Néron,  tiré 
de  MoKELL.  Numismat.  XII  imp.  rom.  Nuni. 
Ncronis,  l.  H,  lab.  l.\,  n»  20;  lab.  X,  n"s  n, 
18,  19. 

31.  Temple  de  Remis.  Nous  ignorons  à  quelle  époque  fut  construit  ce  tem- 
ple, qui  se  trouvait  sur  la  voie  Sacrée,  à  droite  eu  allant  au  Forum,  au-dessus 
du  ^]<tcrUum,  n°  HO. 

I.  Templum  Paris. 
Templum  Itenii. 
Templum  Uiva-  Faustiiiee.   Se.kt.  Uif.  de  Reij.  tirb.  Romœ,  IV. 

II.  Templum  Rémi. 
Templum  Romaî. 
Templum  Veneris. 

Templum  Fausiinte.  P.  VicT.  Ibid. 

III.  Anasiase,  dans  la  vie  du  pape  Félix  IV,  disant  que  ce  pontife  fit  bâtir  l'église  de 
S.  Come  el  S.  Damien  [NoIli,  n°  80;  Leiarouilly,  rion.  I,  81  ,  en  indique  ainsi  rempla- 
cement :  In  loco  qui  appelialur  via  Sacra,  juxta  templum  urbis  Itomw. 

32.  Basilique  Opimia.  On  est  réduit  à  des  conjectures  sur  l'époque  de  la 
construction  de  celte  Basilique,  et  même  sur  son  l'ondaieur.  Nous  pensons  que 
ce  l'ut  Opiiiiius,  celui  qu'on  opposa  aux  Gracijues,  et  (jui  l'ut  consul  l'an  G33  (le 
Uome.  Elle  élait  en  liant  de  la  voie  Sacrée,  prés  delà  partie  de  la  voie  Neuve 
(pii  sé[)arait  la  IV''  région  de  la  Vlll*'. 

I.  Les  régionnaires  Se\(.  Uufus  cl  I'.  Victor  ont  omis  la  Rasilique  Opimia  dans  leui  s 


*   Cur  locus,  ubi  rames  piiMioi;  vondunmr,  Macelluin  diciuir?   .   . 
carnibus  publioc  vendcudisx'diticalus  fucril,noiiii-n  .ib  ipso  liabcus. 


ICv  pccimia  i-jui  It: 


18  DESCRIPTION  DE  ROME. 

nomenclalures.  Panvini ,  on  ri^paranl  leur  omission  ,  place  ce  monumenl  dans  la  VIII* 
région.  Xous  croyons  qu'il  so  Irompc,  cl  que  la  ltasili(|iie  Opimia  devait  se  trouver  dans 
la  IV*.  Le  passade  de  Varron,  cité  ci -dessous,  le  prouve,  car  le  temple  de  la  Concorde 
qui  y  est  nommé,  est  évidemment  celui  du  Vulcanal.  [Voy.  plus  haut,  n"  18',  qui  ser- 
vait aussi  de  lieu  de  réunion  pour  le  sénat. 

II.  Senaculum  supra  Grxcoslasin,  ubi  œdisConcordix  et  Basilica  Opimia.  Varr.  L.  L. 
V,  §  156. 

III.  Cornela.  Lieu  auprès  de  la  basilique  Opimia.  Voy.  ci-dessus  n»  50,  g  I,  II.] 

33.-34.  Tkmple  du  Soleil  et  temple  de  la  Lune.  Derrière  la  basilique  Opi- 
mia [n"  32]. 

1.  Nous  plaçons  ici  ces  deux  temples  mentionnés  par  les  régionnaires.  Du  reste,  nous 
ne  savons  rien  ni  sur  leur  Corme  ni  sur  leur  origine.  Pendant  longtemps  on  a  tlonné 
ce  nom  aux  ruines  de  doux  lem|)lcs  adossés,  situés  après  VArc  de  Titus,  à  gauche  de 
la  voie  Sacrée,  en  descendant  au  Colysée;  mais  maintenant  les  antiquaires  s'accordent 
à  reconnaître  dans  cette  ruine  les  temples  de  Vénus  et  de  Rome,  bâtis  par  Adrien, 
qui  en  fut  aussi  l'architecte  [XoUi,  n"  71  ;  Letarouilly,  rion.  I,  86]. 
II.  'l'cmplum  Telluris. 
Templum  Solis. 

Templum  Lunœ.  Sext,  Rlf.  de  Reg,  xirb.  Romœ,  IV. 
III.    Templum  Urbis  Romœ. 

Templum  Solis  et  Lunœ.  P.  Vict.  Ibid. 

3o.  DiANiuM,  ou  temple  de  Diane.  A  la  rencontre  du  vicus  Cyprins  et  du 
Sceleratus  vicus.  Nous  ignorons  le  nom  de  son  fondateur  et  l'époque  de  sa 
fondation,  mais  il  existait  du  temps  d'Auguste. 

1.  Quum  se  domum  reciperet  [Tullia] ,  pervenissetque  ad  summum  Cyprium  vicum , 
ubi  Dianium  nuper  fuit,  fleclenle  caipentum  dextra  in  Virbium  ciivum,  ut  in  collem 
Rsquiliarium  eveheretur,  reslitil  pavidus  atque  inhibuil  frenos  is  qui  jumenta  agebat , 
jacentemque  dominœ  Servium  trucidatum  ostendit.  Fœdum  inhumanumque  inde  Iradi- 
lur  scelus,  monumentoque  locus  est  (Sceleratum  vicum  vocant)  que  amens. .  .  Tullia 
per  palris  corpus  carpentum  egisse  ferlur.  Tii.-Liv.  I,  4  8. 

3G.  Vicus  Sceleratus.  Il  conimuni([uait  avec  la  voie  Neuve  venant  du  Forunï 
romain,  et  montait  à  l'Esquilin. 

I.  Vicus  Sceleratus.  Sext.  Rlf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IV. 

II.  Sur  la  position  du  vicus  Sceleratus,  voy.  le  n"  précédent. 

III.  Ipse*  sub  Esquiliis,  ubi  erat  sua  regia,  cœsus 

Concidil  in  dura  sanguinolentus  humo. 
Filia  carpento  patries  initura  Pénates, 

Ibat  per  médias  alta  feroxque  vias. 
Corpus  ul  adspexil,  lacrymis  auriga  profusis 

Restilit;  hune  lali  corripit  illa  sono: 
Vadis?  an  exspeclas  pretium  pielatis  amarum? 

Duc,  inquam,  invitas  ipsa  per  ora  rotas. 
Certa  lides  facti  ;  dictus  Sceleratus  ab  illa 

Vicus,  et  œterna  res  est  pressa  nota. 

Ov.  Fast.  VI ,  V.  600-609. 


Servius  Tullins. 


RÉGION  VI.— ALTA  SEMITA.  19 


REGION  V.  —  ESQUILINE. 


Celte  région  était  l'une  des  plus  vastes  de  la  ville;  mais  comme,  excepté  le 
Marché  de  Livie  {Mucelluni  Lwi(mum),  les  Jardins  do  Mécène,  et  VAgger  de 
Servius,  elle  ne  contient  rien  autre  chose  de  notre  époque,  nous  ne  l'avons 
pas  comprise  dans  le  cadre  de  notre  Plan  ;  nous  n'avons  donc  point  à  nous  en 
occuper  ici.  VAgger  de  Servius,  qui  pouvait  nous  intéresser  surtout ,  se 
trouve  sur  notre  petite  carte  du  Site  et  des  murs  de  Rome. 


REGION  VI. —ALTA  SEMITA. 


Voici  encore  une  région  fort  peu  importante  à  notre  époque,  sous  le 
point  de  vue  des  établissements  publics,  bien  qu'elle  soit  aussi  l'une  des 
plus  étendues  de  Rome.  Les  limites  de  ce  fragment  sont,  à  l'O.  les 
murs  de  la  ville  ;  au  S.  le  viens  Sceleratus  du  coté  de  lalV^  région;  et  du 
côté  de  la  Ville  le  prolongement  de  ce  viens  jusqu'à  la  porte  Catulaj'ia. 

57.  Temple  du  Salut.  Auprès  de  la  porte  Salularis.  Il  fut  voué  par  C.  Ju- 
nius  Bubulcus,  consul  l'an  447,  et  dédié  par  le  même  l'an  451. 

I.  Collis  Snlularis,  quaiiiceps,  advorsum  est  Apollinar,  cis  sedem  Salutis.  Varr. 
L.  L.  V,  §  52. 

II.  Eodem  anno  [447]  aedes  Salulis  a  C.  Junio  Bubulco  censore  locata  est,  quam 
consul  bello  Samnilium  vovcral.  TiT.-Liv.  IX.  43. 

III.  /Edem  Salulis,  quani  consul  voveiat,  censor  locaverat,  dictalor  dedicavit  [C.  .Tu- 
nius  Bubulcus,  an.  4.'>11.  Tn.-Liv.  X,  1. 

IV.  Qui  [Fai)ius]  cum  in  a>de  Salulis  quam  C.  Junius  Bubulcus  dedicaverat,  parietes 
pinxisset,  nomcn  his  suum  insciipsil.  V.  Max.  VIII,  |4.  6. 

V.  Salularis  porta  appellala  est  ab  eede  Salutis,  quod  ei  proxima  fuit.  Fest.  v.  Sa- 
lularis. 

VI.  Templum  Salutis.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VI. 

VII.  Templum  Salulis  in  colle  Quirinali.  P.  Vict.  Ibid. 

VIII.  SALVTI. IN. COLLE. QVIUINALE.SACRIFICIVM.PVBLICVM. 

GRUTER,  p.  134.  —  ORELLI,  Inscripl.  lai.,  t.  II,  p.  596. 

38.  Temple  des  Saliens  Collins.  Sur  le  mont  Quirinal.  Il  était  précédé 
d'un  Area.  Sa  fondation  remontait  au  roi  Tullus  Hostilius. 

1.  Ot  //;v  yy.f)  Aycova),;!;-,  j-i  oé  t(vwv  xcà.o-jy.i-joi  KoX/.\joi  'jàliot,  wv  to  'ii/:o'f'j'>,û/.iâv 
isTfv  irr't  toÏi  Ko'ù.hoj  \b-^o-j,  (j.i-v.  'Sojj.y.j  v.r.z.oi'r/'iTtZU.-j  -j-o  /îast/îDj  O^-ùlioj.  D.  Hal. 
11,701. 

*  Agonales  [Salii],  qui  a  nonnullis  Gollirri  Salii  vocantur,  quorum  Sacrarium  est  in  Collino 
tumulo,  post  Numse  obitutn  a  rege  lloslilio  inslituli  fueraiit. 


'10  DESCRIPTION  DE  ROME. 

II.  Ilorum  niimoriim  llosliliiis  addidil:  nam  duo  suni  Roncra  Saliorum,  sirut  in  s.i- 
linribus  r:irniitiil>us  iiivenilur,  Collini  cl  IJuiiiiialcsn  Niiiiia  instiluli;  ab  lloslilio  vero  l'a- 
\oii  l'I  l'alloii  inslituli.  Sekv.  in  yEiieid.  Vlll,  v.  as.*. 

Sî).  Tf.mpi-e  dk  la  Fohtim;  Piiimigkme.  La  FortiiiK!  l'rimigrnic  pirsido  ii  I.-» 
naissance.  Ca^  U'ni[il('  lui  lui  voui'  l'an  oiH  par  le  consul  Scuipionius,  et  dédie'' 
dix  ans  après,  l'an  î)'-')H.  Situé  sur  la  ponh^  méridionale  du  inoiil  (juirinal,  du 
côté  de  la  porte  Sancpialis,  il  est  [)récédé  d'un  arca. 

I.  Consul  1'.  Scmpioiiiiisi  pii(ici|)io  pugna'  icdcm  Forluriiu  l'i-imiKCnia*  vovit,  si  co 
(lie  liosles  fudisst'l  :  comijosciue  cjus  voti  fuit.  [An.  ii'iH  .  Tit.-Liv.  WIX,  36. 

II.  .Kdcni  I-'orluna"  l'ilniif^cnia!  in  colle  Quirinali  dedicavii  Q.  Marcius  Italla,  duuiii- 
vir  ad  idipsum  crcalus.  Vovcial  cam  deccin  annis  anle  Punico  belle  P.  Scmpronius  So- 
plius  :  locavciat  idem  ccnsor.  Trr.-Liv.  XWIV,  53. 

III.  Inuibe  Honia  duo  a-dilui  nunciarunt ,  aller,  in  a'dc  Koiiuna;  angucm  Juhalum 
a  ponipluribus  visum  esse;  aller,  in  .rde  Prinii};enia>  Korluna',  ((u.t-  in  Colle  csl,  duo  di- 
veisa  prodijjia  :  palniam  in  area  enalam,  cl  sanguine  inlerdiu  pluisse.  Tit.-Liv. 
\LIII,   15. 

IV.  On  ne  sait  rien  sur  la  position  réelle  de  ce  temple  de  la  Fortune.  Comme  sa  ron- 
struriion  dura  dix  ans,  nous  conjeclurons  qu'il  était  sur  la  pente  de  la  montagne,  où 
il  avait  fallu  faire  des  travaux  considérables  de  substruclion. 

40.  ÏKMPLE  DE  LA  FoRTiNE  pifiLiijiE.  Duns  la  valléc  du  Quirinal,ou  peul-éire 
sur  le  mont  Quirinal. 

I.  Ailles  Forluiin'  publicop  in  Colle.   Sext.  Rlf.  de  Reg.  urb.  Bnmw,  Yl. 
il.   Korluna  publica  in  Colle.  P.  Vk.t.  Ibid. 
III.  (,»ui  dicci,  (luoiulam  sacrala  est  Colle  Quiriiii 

Hac  Foriuna  die  Publica,  verus  erit. 

Ov.   Fnsl.  IV,  v.  575-376. 
—  Des  édiiions  porleni,  au  vers  Ô7.ï  :  sacrala  in  vu/le  (Juirini. 


lîliGlOiN  Vi!.  — VOIi:  J.ATA.  21 


REGION  VII.— VOIE  LATA, 


Les  liniitos  de  celle  région  sont,  à  TO.  la  voie  Lata,  (jiii  Ixjrde  mie 
partie  du  Champ-de-Mars,  le  long  des  Sepla  Julia;  au  S.  les  uuus  de 
la  ville,  depuis  la  porte  UaUimena  jusqu'à  la  porte  Sancpiniis;  à  TK. 
encore  les  nuu's  de  la  ville,  de  la  porte  Sanqualis  jusqu'au  delà  de  la 
porte  Piacularis;  au  >'.  eulin  les  arcs  de  rA(|ueduc  de  la  Virgo,  qui 
vont  joindre  la  Colline  des  Jardins. 

41.  Voie  Lata.  Cette  voie,  à  laquelle  tonte  la  ivyioii  enqnuDtait  son  nom, 
n'était  que  la  continuation  de  la  voie  Flaniinia,  qui  tinissail  aux  arcs  de  l'A- 
queduc de  la  Viryo  ;  de  là  jusqu'à  la  porte  Ratmnena,  au  pied  du  nionlCapitolin, 
elle  portait  le  nom  de  voie  Lu  ta. 

I.  Gli  aquedoUi  (IflT  Arqua  Vcrpine,  romminciarano  soUo  il  colle  degli  Orluli,  c 
dixidevano  la  Via  Lala  dalla  Flaminia  ed  una  sirada  che  dal  Quirinale  condurc\a  ad 
l'antlicoii.  Fertnandosi  per  lanto  dagli  antiqiiaij  che  i'AcquedolU  non  procedessero 
piùavaiiti  dalla  Piazza  di  S.  Ignazio  iNolli,  n"  847;  Letarouillv,  lion.  IX,  i],  il  che  viene 
comprovato  da  alcuiii  lubi  di  condoUo  di  piombo,  che  lurono  ritrovali  iiel  farsi  i  fon- 
(lamenli  délia  facciala  délia  sopradelta  chiesa  di  S.  Igiiazlo.  Venuti,  Anlichilà  di 
llntna,  pari.  11,  c.  5. 

II.  L'église  de  S.  Maria  in  via  lala  [Nolli,  n"  851  ;  Lclarouilly,  rion.  IX,  18\  qui 
emprunta  son  nom  au  nom  ancien  de  la  localité,  est  un  témoignage  en  laveur  de  notre 
opinion,  car  elle  se  trouve  vers  le  milieu  de  nos  Septa  Ju/ia,  bàlis  eux-mêmes  le  long 
de  la  voie  Lata. 

42.  Champ  d'Agrtppa.  On  noiuinail  ainsi  toute  la  partie  de  celte  réi^ion  si- 
tuée entre  la  voie  Lata  et  les  murs  de  la  ville.  C'était  un  champ  dans  lequel 
Agrippa  lit  b.îlir  trois  monuments  importants  dont  nous  allons  [)arler  sous  lc> 
numéros  46,  47,  et  49. 

I.  Campus  Agrippœ.  Sext.  Rif.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VII. 

II.  Campus  Agrippée.  1*.  Vict.  Ibid. 

m.  Campi  vin  :  Viminalis,  Exquilinus,  Agrippa?,  Marlis,  etc.  P.  Vict.  de  Reg.  urb. 
Rnmœ,  in  lin. 

IV.  Via  Lata  conlinet....  Campum  Agrippae.  Notit.  imperii. 

V.  Laxandi  levandique  animigratia,  in  Agrippœ  Campo  deambulabam.  A.  Cell. 
XIV,  5. 

43.  Tombeau  de  G.  Poblicus  Bibilis.  Un  petit  tombeau  de  6  à  7  mètres  de 
long  sur  autant  de  hauteur,  décoré  de  pilastres  doriques  et  d'une  Irise  en  bas- 
reliefs,  représentant  des  guirlandes  de  fruits  accrochées  sur  des^)uerànes,  tel 
est  le  monument  de  Bibulus.  11  est  situé  hors  des  nuu's,  au  pied  de  l'extré- 
mité septentrionale  du  mont  CapitoHn,  à  gauche  en  arrivant  par  la  porte  Ha 
tiunena.  Nous  ignorons  quand  ce  monument  fut  construit;  mais  sa  matière, 
qui  est  le  travertin,  indique  l'époque  de  la  républicpie. 

I.  Epitaphe  gravée  sur  le  soubassement  du  tombeau  de  Bibulus  : 

G.P0BLlC10.L.F.BlBVL0..ED.rL.H0N0RlS 

viutvtisqve.cavssa.senatvs 
consvlto .  popvliq  ve .  ivssv .  loc  vs 

MONVMENTO.QVO.U'SE.POSTERKKJVE 
EIVS.IM'ERBENTVU.PVBLICE.DATVS.EST. 

CIU'TKU,  p.  i55.  —  OltKLLl,  Inscripl.  lai.   n»  4698,  etc. 

II.  Iconographie.  —  Le  tombeau  de  Bibulus  existe  encore  presque  en  entier  dans  la 


22  DESCRIPTION  DK  ROME. 

via  di  Marfnrin.  Celle  ruine  csl  repiésontce  dniis  l'irancsi,  Anlichilà  Romane,  l.  II, 
tav.  4,  5,  et  dans  Nanlini,  Roma  antica,  lib.  I,  c.  7,  édit.  Nibby. 

44.  Temple  de  Gémis  Sangis.  Ce  tomplc  existait  dès  le  cominencement  du 
cinquième  siècle.  Il  était  |)iès  de  la  porte  Catularia. 

I.  Teinplum  iiovuni  Quirini. 

Saeelluni  Ocnii  Sanfji.  Sext.  Rlf.,  de  Rcij.  urh.  Romœ,  VII. 

II.  Teinphini  novum  (juiiini. 
Sarelluni  Genii  Sangi.  P.  Vict.  Ibid. 

III.  BonaSemoni  Sanjio  rensuerunt  consccranda.  Quodque  acris  redactum  csl,  ex  eo 
orbes  acrci  facii,  posili  in  sacello  Sangi,  versus  fcdem  Quirini.  [An.  4261  Tit.-Liv. 
VIII,  20. 

4o.  Temple  (nouveau)  de  Quirixus.  Près  du  temple  de  Genius  Sanaus 
[n»  44]. 

I.  Nous  ne  savons  rien  ni  sur  l'origine,  ni  sur  la  place  exacte  de  ce  temple,  sinon 
qu'il  était  dans  la  Vile  région.  Yoy.  le  n»  44. 

4G.  Septa  AcnippiANA.  Ce  monument,  lout  en  portiques,  était  un  ouvrage 
d'Agrippa.  Il  s'élevait  le  long  delà  voie  Lata. 

I.  11  paraît  certain  ([ue  les  Septa  Julia  n'étaient  pas  suffisants  pour  abriter  le  peuple 
pendant  les  jours  de  comices,  car  du  temps  de  Varron,  c'est-à-dire  de  Jules-César,  les 
candidats  faisaient  dresser  des  tentes  dans  le  T.liamp-de-Mars  pour  leurs  partisans,  et 
les  citoyens  cherchaient  un  abri  sous  les  porli(|ues  de  la  Villa  pubtica  [Varr.  R.  T!. 
III,  2];  Agrippa  aura  voulu  remédier  à  cette  insuffisance  en  construisant  vis-à-vis  des 
Sepla  Julia  d'autres  scpla  presque  aussi  spacieux. 

II.  Dasilicam  Alexandrinam  insliluerat  inter  Campum  Marlium  et  Sepla  Ar/rip- 
piana,  in  latum  pedum  cenlum,  in  longum  pedum  mille,  ila  ut  tola  columnis  penderel: 
quam  efficorc  non  potuil,  morte  preventus.  Lampriu.  Alex.  Sever.  26.  —  Inlcr  Cam- 
pum Martium  et  Septa  Agrippiana  doit  s'entendre  de  la  partie  de  terrain  située  au- 
près de  notre  Portique  de  Pola  [n"  49] ,  entre  la  voie  Lata  et  le  mont  Quirinal.  Le 
Champ-de-Mars  proprement  dit  faisant  hache  en  deçà  de  la  voie  Lata  pour  s'étendre 
jusqu'à  la  Colline  des  Jardins,  ta  Basilique  projetée  par  Alexandre  Sévère  aurait  été 
bien  réellement  entre  le  Champ-de-Mars  et  les  Septa  Agrippiana. 

III.  Va  spargat  in  a;de 

Isidis,  aniiquo  quœ  proxima  surgit  Ovili. 

Jtv.  Sal.  6,  V.  528-529. 
—  Aniiquo  Ovili  désigne  les  Sepla  Julia,   vis-à-vis  desquels  était  le  temple  d'isis 
[n"  172].  Par  l'épilhète  d'antiquo  Juvénal  n'a-t-il  pas  voulu  distinguer  les  sepla  de  Cé- 
sar de  ceux,  moins  anciens,  bâtis  par  Agrippa? 

IV.  Iconographie.  11  ne  reste  aucuns  vestiges  des  Septa  Agrippiana.  Nous  les  avons 
tracés  d'après  les  Septa  Julia,  puisqu'ils  étaient  destinés  au  même  usage. 

47.  DiRiBiTORiuM.  Le  plus  vaste  édifice  qu'on  eût  encore  vu  couvert  d'un 
seul  toit  existait'auprès  des  Septa  Aggrippiana  :  c'était  le  Diribitorium,  monu- 
ment où  l'on  faisait  la  paye  des  soldats,  et  qui  avait  emprunté  son  nom  à  celle 
destination.  Agrippa  le  commença,  on  ignore  à  quelle  époque,  et  Auguste  le 
termina  l'an  747.  Le  Diribitorium,  était  carré,  avec  une  partie  sortante  ter- 
ininée  en  hémicycle. 

I.    TÔ    TTSoh-J    TÔ    Âyyl(7r— c£5V  TT),/iV  T^5    aZÙX^,   KOÙ  TO    Act/S(ê(TW/î£5V,  «JtÔ,    Ô    hiJyOlKSTOi 

àSrilJ.O!iUi>n~..  'ToxjTO  //sv  yy.p  (vjv  oi  oT/.Oi  /iiytaroi  twv  ttwttots  //wv  àpopy;:/  ayôvz'jiv  vî-v 
£3TJv)  S,  T£  Aypi~r.ai  oi/.O'-jo/j.'iïtusvov  y.xzîAt-s,  xx'i  -zozz  cuvîTiZ-V^/;.  DlON.  LV,  8  '. 


1  Oanipum  autem  A{;ripp3E,  porticu  fPol.f]  excepta  ac  Diribitorium,  ipse  Aiigiislus  puMico 
iisui  dedicavit  [an.  •;!\-\.  Dirihiloriiim  erat  domus  omnium  earum  qua;  unquam  uiio  culmine 
fuissent  maxima»  (nunc  omni  ejus  tecio  diruto,quia  rursus  commilti  inter  se  non  poluit,  aperio 
fasligio  conspicitur)  Agrippa  imperfectum  reliquerat,  lune  vero  ad  fincm  perductum  erat  opus. 


RÉGION  Vil.— VOIE  LATA.  25 

II.  Fuit  nu-moria  nostra  et  in  porlicibus  Seplorum  a  M.  Agrippa  iclinla,  icquc  mi- 
laculi  causa,  quiP  Uiribilorio  supcrfuerul,  X\  pcdibus  brevior  [p\\is  courlo  qu'une 
autre  qui  avait  120  pieds],  scsquipiulali  rrassiludiiie.  i'i.iN.  XVI,  40. 

m.  Kc.'t  -/àp  rb  ilî^^aTTïT'/V,  km  t'o  iaîtîv,  zv.  ts  liTizà.,  /ai  zb  U'jcito'c.ivctov,  to,  Tc  ftx- 
Xavjtjv  TÔ  Tou  tiyfA-mz'j-j,  //A  t'o  Uiy.->Oiioj,  ri,  zs  \r.ipi^izdir.io-J,  y.vX  to  zo'j  Bà/ôîj  Oéa- 
Tf.ov,  KM  zr^-j  zoli  Uo/j-Yiîoo  ozïjvïjv,  zat  zà  O'/.za.oiiïx  olxnfj/xzcc  /cà  /J.izà  zwj  /3;Ç>>£0)v,  z6-j 
zi  -js'jfj  zoïi  ^loi  zoïi  KKTïiT&jÀtvîu  fj£zy.  zôiv  1MVW.W)  olùzoÎi  K'j.zi/.y.u-jv.) .  Dion    LWI,  2'«  '. 

—  Dans  le  passage  précédent  z'/u  KaT:tT&j)tvoti  est  une  interpolation  de  quelque  co- 
piste ignorant,  ou  une  erreur  de  Dion  ;  le  temple  de  Jupiter  dont  il  s'agit  ici  est  celui  du 
Tonique  d'Uclavie  [Voj.  plus  Das  n"  150]  et  non  celui  de  .lupiter-Capilolin,  qui,  situé 
plus  de  cent  pieds  plus  haut  que  les  lieux  désignés  ici  comme  ravages  par  le  feu,  n'en 
put  être  atteint. 

IV.  Ta  T£  TT^sizfçjK/afa  zoii  jio'Asozoûi,  ot:o)ç  y.yj  ènï  yjy.yG>v  rwv  aavt'ûcov  /.xOi'icoJzat, 
TTpOtzov  zôzs  i/TTszEÛ-f]'  XKt  TzD.O'Ji  dfl'ji  tôv  &!.zzoùdy.hi>  zpoTZOV  lî  zà.  OsxzpK  fipÛ-J,  Ïj'J. 
lJ.r\  zrj  ■ri)ud'7SL  Z(xla.i.T:ci)pO)-jzciC,  ènszpc/.TT-ri.  Kocl  et  yt  Tioze  èi  'JTïS^cêî^vjv  îtîs'jjXîI's,  tm  \stpc- 
êizupijj  àvzi  zoXt  f)î'J-po\t  l/.pi'j>ij.ij(it  iypôiyzo.  DioN.  LIX,  7  2. 

V.  Iconographie.  On  ne  sait  rien  de  certain  ni  sur  la  forme,  ni  même  sur  l'é- 
tendue du  biribilorium.  Le  fait  rapporté  dans  le  paragraphe  précédent  pourrait  faire 
conjecturer  que  cet  édifice  avait  quelque  ressemblance  avec  un  théâtre.  Pirro  Ligorio, 
qui  peut-être  en  avait  vu  quelque  ruine,  l'indique  ainsi  sur  son  plan  cavalier  de 
Uome.  Quant  à  l'étendue,  il  parait  évident,  d'après  l'observation  de  Dion,  que  ce  mo- 
nument était  plus  vaste  que  le  Panthéon. 

48.  Vicus  JÎMiLiANUS,  ou  tEmiliana.  Quartier  situé  aux  environs  du  Diribi- 
torium. 

I.  Nam  quod  extra  Urbem  est  a^dificium  niliilo  magis  idco  est  villa  quam  eorum 
œdificia  qui  habitant  extra  porlam  Flumentanam,  aut  in  vllmilianis.  Vaup.  R.  R.  111,  2. 

II.  Cum  /Emiliana  pertinacius  ardèrent,  in  Diribitorio  duobus  noclibus  mansil. 
StiET.  Claud.  18. 

49.  Portique  dm  Pola.  Dans  le  Clianip  d'Agrippa.  Il  fut  commencé  par 
Pola,  sœur  d'Agrippa,  après  la  mort  de  son  frère  arrivée  l'an  742,  et  sur  des 
mémoires  laissés  par  lui.  Auguste  l'acheva,  y  fit  graver  un  plan  de  l'Univers, 
et  le  dédia  vers  l'an  747. 

I.  H  ok  è'J  TÔ)  TïcQtw  czoy.,  yjv  rj  nw),a  ri  v.'ii'k^Yi  aùzoî/,  v)  /.xi  zc/ôî  êpô/j.oiii  rjLxyo'jjj./i'7y.GO, 
èlioui,  ojosTio>  i^iipyx^zo.  DiON.  LV,  8  3. 

II.  Agrippam  quidem  in  tanta  viri  diligenlia,  pra-tcrque  in  hoc  opère  cura,  orbem 
quum  terrarum  orbi  speclandum  propositurus  esset,  errasse  quis  credat,  et  cum  eo 
divum  Augustum?  Is  namque  complexam  eum  porticum  ex  dcstinatione  et  commen- 
tariis  M.  Agrippœ  a  sorore  sua  inchoalam  peregit.  I'lin.  III,  2. 

m.  On  ignore  la  place  exacte  du  portique  de  Pola.  Nous  l'avons  orienté  de  ma- 
nière à  en  faire  un  portique  d'hiver  et  un  portique  d'été.  Comme  il  n'avait  fallu  que 
((uatre  ou  cinq  ans  pour  le  construire,  on  peut  conjecturer  qu'il  n'était  pas  fort  grand, 
car  à  Rome  l'édification  des  monuments  publics  était  menée  fort  lentement. 

50.  Porte  Ratumesa.  Au  bas  de  l'extrémité  septentrionale  du  mont  Capi- 
tolin. 

I.  Ralumena  porta  a  nomine  ejus  appellala  est,  qui  ludicro  cevlamine  quadrigis  Vic- 
tor, Etrusci  generis  juvenis  Veiis  conslernatis  equis  excussus  Romse  periit,  (|ui  equi 
ferunlur  non  ante  conslilisse,  quani  pcrvenirent  in  Capitolium,  conspectumque  ficti- 
lium  quadrigarum  quae  eranl  in  fasligio  Jovis  templi,  etc.  Fest.  v.  Ralumena. 


*  Serapidis  faniim,  faniim  Isidis,  Sepla,  templum  NrpUini,  Balneum  Agrippa»,  Panllicoii, 
Diribitoiium,  tlicatruni  Baibi,  scena  Ponipeii,  Ortaviaiia  a-dificia  ima  cum  libris,  lenipliiiii 
.lovis  Capilolini  cum  proxiniis  templis  i{;ni  consunipta  sunt  [an.  833J.  =  -  Tune  prinium  [Ca- 
lipula]  senatoribns,  ne  nudis  asseribus  insidereut,  piilvinaria  subdita,  usufque  pileoriim  Tlies- 
salicorum  coiicessus  in  ihealris,  ne  solis  aidore  laborarcnt  :  qui  sicubi  esset  vehcmentior,  1)1- 
ril)ilorio  tabiilatis  instrufto,  pro  tbeairo  ulebanuir.  =  ^  Poniciis  inCainpo,  quam  parabal 
ejus  [Agrippae]  soror  Pola,  quae  etiam  dromos  ornale  dislinclos  condidit,  absoluta  noudum 
erat. 


24  DKSCHIPTION  DK  liOME. 

II.  l'iulaïquc  aprc's  avoir  rapporic  l'avonliirc  <lu  cliariol  rfc  Vi-'ips  ,voy.  le  g  précc- 
dcnl],  ajoule  :  iU  o'sjojv-^v  cpyoj  a.j-c'j  /.scTarstvjvTO;-,  ojiiï  nxf.Y,y^f.ouyTOi,  c/ji'  /jf,- 

s/.inoj  h-za.'jOcii.  nif.ï  rr,-.'  TJjrr;j,  r,-j  vûv  P>:t'>v//;'vxv  /.a).^v7i.  I'mt.  Pnhiir.  IS  '. 

III.  Soliii  ■'lyaiil  rarontf'ravcnluii'  du  rninliiclcui-  (!(>  rliar  Voïcii,  lin  il  ainsi  : — Kvcimso 
(|uo(|U('  aiiji),'a,  i|iii'ni  Kaluniciwini  notiii[ial)aiit,  rcliclo  ciTlainim-  ad  (lapilolinin  (pia- 
dii;;a  [nosiluil,  ni'c  anic  siil)slilil,  (jiiaiiiiilx'l  ob\iis  occursibus  inijiudila,  (juani  iai- 
])ciiiin  .lovcni  Icrna  dcxlralioiic  luslrassd.  Solin.  ^G. 

IV.  Majus  au(,'uiium  ajiud  priscos,  plcbeiis  riicensibus  excusso  aiiriga,  ila  ni  si  slari-t, 
il)  Capitoliiim  ciiruriisso  e(]uos,  irdcmque  1er  lustrasse  :  maximum  vcio  eotlem  pi-r- 
xi'iiisse  ab  Veiis  cum  |)alma  et  coroiia,  cITuso  Uatuniena  qui  ibi  virerai  :  unde  poslea 
iionicti  porlœ  est.  I'lin.  VIII,  M. 

IM.  PonTF,  CATiLAni.v.  Au-dessous  do  la  porte  Raluniona  [u"  50J,  sur  le 
iiioul  (Juii'inal. 

I.  On  a  peu  de  rensciRncmenls  sur  la  place  de  rcKc  porte;  nous  avons  suixi  le  sen- 
timent de  Nibby  :  —  L'allra  porta,  ehe  dovea  slare  presso  il  (juirinale,  probabilmenle 
nella  siessa  linea  di  quesla  Ualumenal,  fu  la  poila  Oaluiaria  laiito  coiilraslala  da;;li 
aiitiquarj,  alcuni  de'  (|uali,  maie  inleiuiendo  un  passo  di  ()\  idid,  l'Iiaimo  Irasporlala 
suir  argine  di  Servio 'l'ullio,  verso  la  l'orla  l'ia  ,au  N.  K.  de  la  \ille  ,  eonlro  l'aulorilà 
as.sai  cliiara  degli  anliclii  scrillori,  c  de'  monumenti.  Nibbv,  Le  mura  di  Jioma, 
c.  IV,  p.    156 

i>2.  Porte  Svnqialis.  —  îî.".  Portk  Salttaris.  —  o4.  Porte  Piacilaius. 
Toutes  trois  sont  sur  le  Quirinal,  dans  le  nuu*  oeeidental  de  l.i  ville. 

t.  lei,  eotnme  dans  le  numéro  précédent,  nous  suivons  encore  les  indications  de 
Mliby,  dont  voici  les  paroles  :  —  Vcnendo  al  secondo  accesso,  clie  era  nel  vicinan/.e 
ilclia  odierna  salita  di  Monlecavallo,  ivi  probabilmenle  fu  la  porta  Sanqua/e,  la  quale 

liaeva   nome   dal   sacello   o  dalla    capella  di   Sango E   siccome  cpiesto  sacello  si 

nioslra  nelle  vicinanze  del  lenipio  di  (Juirino,  perciô  essendo  il  tempio  di  Quirino  non 
lungi  dalla  chiesa  odierna  di  S.  Andréa  de'  (iesuili  [Molli,  n"  177;  Leiarouilly,  rion.  I, 
M',  la  porta  Sanquale  sarà  stata  nelle  \icinanze  dell'  odierno  palazz.o  Papale  [Noili, 
n"  250;  Leiarouilly,  rion.  Il,  53]. 

L'allra  saliia,  o  quella  délie  Qualro  Fontane  [NoIli,  n"  181  ;  Leiarouilly,  rion.  Il, 
25],  portava  alla  porta  Salulnre  situala  presso  il  tempio  délia  Salule,  anclie  esso  posto 
non  lungi  dal  tempio  di  (Juirino 

La  lerza  porta  sul  Quirinaie  era  sul  clivo  che  conduce  a  S.  Maria  délia  ViUôria,  e 
elle  dicesi  via  di  S.  Susanna  [.\olli,  n»  -207;  Leiarouilly,  rion.  Il,  10  .  Di  quesla  non 
possiamo  assegnare  il  nome,  seppure  non  la  porla  J'iacolarc  cilala  da  Feslo,  la  quale 
non  sapremmo  situarc  altrove.  Nibbv,  le  mura  di  Homa.  c.  IV,  p.   U2  et  seqcj. 


•  Nec  quicquam  adducendis  lia1)enis,vel  deiiuilcendis  profecil  equis,  verum  arripuerunl 
VI  vittum  et  ablatum,  duin  juxla  Capilolium  ad  poruim  quam  nunc  K.ituineuaiu  vocant,  cffu- 
''.cruut  eum. 


RÉC[OiN  VIII.  —  l'OUlJM  UOMAIN. 


REGION  VllI— FORUM  ROMAIN. 


(Iclle  région  a  pour  l)orncs,  à  TE.  la  voie  Ncuvo,  au  [)ii'(l  du  ukhiI 
Palatin  ;  au  S.  la  voie  (jui  part  de  Tangic  septentrional  du  (lircpie  Mii- 
\inie,  passe  par  la  porte  Scélérate,  à  l'extrémité  méridionale  du  mont 
(lapitolin,  et  va  aboutir  au  temple  de  Janus-Geminus  [n"  99|.  De  là 
son  circuit  se  continue  à  TO.  par  la  voie  qui,  après  avoir  traversé  de- 
vant le  temple  de  Janus,  se  replie  sur  rim  de  ses  flancs,  suit  le  |)ied  du 
mont  Capitolin,  puis  les  nuu'S  de  la  ville  jusqu'à  la  porte  (jalularia. 
De  cette  porte,  ses  limites  au  N.  sont  tme  rue  qui  passe  deri'ière  le 
Forum  de  Gésar  [n"  135],  et  va  rejoindre  la  voie  Neuve. 

J>i>.  Voie  Sacrée.  Nous  avons  parlé  dans  la  description  de  la  IV<'  région, 
n"  24,  de  cette  voie,  la  plus  célèbre  de  toutes  celles  de  la  ville.  Nous  ajoute- 
rons ici  qu'en  passant  sur  la  lisière  septentrionale  du  Forum,  elle  ne  taisait  pas 
jicnlrc  son  nom  à  cette  place,  et  que  tous  les  édifices  situés  à  droite  de  la  voie 
Sacrée,  en  allant  au  Capitule,  étaient  considérés  comme  étant  sur  le  P'oruni 
même. 

i>G.  Clivus  de  l'Asvle. — Maison  d'Ovide.  Le  ch'mis  partait  de  la  jonction 
(le  la  voie  Sacrée  au  clivus  Capitolin,  entre  la  Prison  pnblicpie  [n"  82 1  et  le 
temple  de  la  Concorde  \n°  83],  et  conduisait  droit  sur  le  mont  Capitolin.  A 
droite,  vers  le  liant,  était  la  maison  du  poète  Ovide. 

I.  Tum  diverses  Capilolii  fidilus  invadunt  juxta  Lucum  Asyli,  et  qua  Tarpeia  rupes 
ccnlum  gradibus  adilur.  Tac.  Hisl.  III,  71. 

II.  Iconoyraphie.  Cette  voie  existe  encore;  c'est  la  montée  a  cnrdonata  qui  fait  face 
à  l'Arc  de  Seplime-Sévérc  ;Nolli,  n»  96  ;  Leiarouilly,  rion.  I,  70|. 

III.  Maison  d'Ovide.  Elail  voisine  du  Capilolc.  IMacée  ici  par  conjecture  : 

Haiic  ego  suspiciens,  cl  al)  hac  Capitolia  cernens, 

Quœ  nosiri  frustra  juncia  fuero  Lari  : 
Xomina  viciais  habitanlia  sedibus,  inquam,  etc. 

Ov.   Trist.  I,  3,  v.  29-31. 

S7.  Ciivrs  CAPITOLIN.  Commençait  au  bout  delà  voie  Sacrée,  devant  le  tem- 
ple de  la  Concorde  [n"  83],  passait  entre  les  lenq)les  de  Jupiter-Tonnant  [n"  84], 
et  de  la  Fortune  \n°  86] ,  se  détournait  à  droite  et  montait  au  Capitole,  en 
paridlèle  du  Clivus  de  l'Asyle. 

I.  Voy.  ci-dessus  n"  56  <§  I. 

II.  Censorcs  eo  anno  [.578]  Clivum  Capitolinum  silice  sternendum  curaverunt.  Tit- 
Liv.  XI.I,  27. 

III.  Domus  in  Clivo  Capilolino  sentis  referla  .  Cic.  Prn  Hfiln.  2i. 

IV.  Iconot/rapliic.  Touie  la  parlie  inférieure  de  ce  Clivus  existe  encore  devant  les 
l^'niples  de  la  Fortune  cl  de  Jupiler-Tonnant,  avec  son  pavé  anlique  compose  de 
grands  polygones  irréguliers  de  lave  basaltique.  On  l'a  retrouvée  en  1817,  à  la  suite  de 
fouilles  exécutées  par  le  comte  de  Funclial,  ambassadeur  extraordinaire  de  S.  M.  por- 
tugaise. La  parlie  supérieure  est  occupée  par  la  voie  moderne. 

îiîî.  Premières  portes  du  Capitole. — A  gauche  :  Porte  Stercoraria  et  Anci- 
poRTUM.  Les  prrmirrcft  pork'a  du  Ciii)H')\e  étaient  au  dcitouciié  du  Clivus  Capi- 
tolin et  du  Clivus  de  l'Asyle  dans  rinlerniont.  —  La  Vnrli:  Slerconirid  se 
trouvait  vers  le  milieu  du  Clivus  Capitolin,  à  gauche  eu  montant.  Elle  l'erinail 


26 


DESCRlPTlOiN  l)i:  UOMK. 


une  impasse  aiipclrc  AïKjiporlinn,  ofi  l'on  déposail  les  ceudros  du  fuu  eiilrc- 
lemi  sur  l'aulol  de  Vcsta. 

I.  Krijjunl  acicm  ppr  advcrsum  collcm,  usquo  ad  primas  Capi(olin<T  Arcis  fores. 
Eratit  aiili(|ui(us  poilirus  in  laU-re  Clivi,  dt-xtriP  subcunlibus.  Tac.  Ilisl.  III,  71. 

II.  Dics  ((ui  vocatur  :  quando  slercum  dclalum,  fas,  ab  co  apprllalus  (|uo(l  co  die  i-x 
jcdi!  Vcsiir  sloiTUS  everiilur,  elpt-r  Cu|>itoliriuin  clivum  in  locuni  defertur  ccrlum.  Vai;i;. 
L.  L.  M,  g;  52. 

III.  StciTus  ex  it'dc  VeslaB  XVIl  Kal.  Jul.  deferlur  in  Ansiportum  mcdium  fcrc  (•li\  i 
(;a|)il()liiii,  nui  locus  clauditur  jjorla  Slcrcoraria.  Fest.  v.  S<ercu«. 


i>{).  Lks  Cknt  marches.  Escalior  sur  lo  (lanc  oriental  du  mont  Capitolin,  ii 
yauclie  du  divus  Capilolin.  11  comnieneait  au  bas  de  ce  dernier  clivus,  et  s'é- 
levait, par  uih;  doul)le  rampe,  taillée  en  salile  à  cordons,  juscpi'à  la  liauleui' 
de  la  Fortoresse,  où  il  alioutissait.  Au  milieu  de  la  seconde  rampe  il  y  avait 
une  première  porte. 

I.  Voy.  ci-dessus  n"  .'jG,  ,§  I. 

II.  Ic(inn(/rapliie.  —  \.cs  Cent  marches  sont  tracés  d'aprùs  le  frag- 
ment ri-joint  du  i)lan  de  Home  anti(iue,  gravé  dans  Bcllori,  lab.  IV. 
Kesté  inconnu  et  sans  explication,  même  conjecturale,  depuis  la  di'- 
couverle  du  Plan  sur  marbre  de  l'ancienne  Home,  d'où  il  est  extrait,  il 
a  été  interprété  el  ajusté,  d'après  des  éludes  sur  les  lieux,  par  M.  L. 
Canina,  architecte,  et  atiliquaire  habile  et  ingénieux.  Cette  restitution, 
dictée  par  l'inspiration  la  plus  heureuse,  a  donné  en  même  temps 
l'emplacement  de  la  Curie  Jialabra  cl  du  Temple  de  Junon-Monela. 
La  partie  du  Ca])ilole  où  aboutissaient  les  Cent  marches  était  élevée 

de  89  [lieds  environ  au-dessus  du  sol.  On  trouvera  peut-être  que  c'est  beaucoup  pour 
cent  marches  ;  mais,  outre  qu'il  n'est  pas  démontré  que  ce  nombre  doive  èlre  pris  à 
la  lettre,  nous  ferons  observer  que  l'escalier  était  en  salite  à  cordons  (le  plan  de 
marbre  l'indiijue  clairement),  dont  les  girons  ont  toujours  une  inclinaison  ascen- 
dante tr('S-])rononcée  ;  cent  degrés  ainsi  construits  peuvent  conduire  à  une  hauteur 
bien  plus  considérable  que  cinquante  pieds,  au-ilelà  desquels  on  ne  va  guère  avec  un 
escalier  ordinaire.  Nous  citerons,  sur  la  hauteur  du  mont  Capitolin  à  l'endroit  de  la 
forteresse,  le  témoignage  suivant:  Brocchi  [Suolo  di  Roma,  p.  210-211]  donnant,  en 
pieds  de  Paris,  valant  53  centimètres,  la  hauteur  de  divers  points  de  Rome  rapportés  au 
niveau  de  la  Méditerranée,  s'exprime  ainsi  :  Campidoglio.  AU'  angolo  occidentale  délia 
rupe  Tarpea,  lit  pieds  8  p.  —  Piano  antieo  del  clivo  Capitolino  ail  'angolo  del  tem|iio 
di  Jiove  louante,  52  pieds  1  p.  —  Remarquez,  que  l'angle  du  temple  de  Jupiter-Ton- 
nant est  juste  l'endroit  où  commençaient  les  Cent  marches.  La  différence  du  côté 
oriental  de  la  Hoche  Tarpéienne,  qui  est  notre  situation,  d'avec  le  côté  occidental, 
énoncé  dans  Brocchi,  ne  doit  être  comptée  poiir  rien. 

(ïO.  FouTEREssE  DU  Capitole.  —  Cabane  DE  RoMULUS.  La  Forteresse  occupait 
le  sommet  méridional  du  mont  Capitolin,  près  des  Cent  marches.  D'épaisses 
murailles  llanipiées  de  tours  renvelojtpaienl  de  toutes  parts. — La  Cabane  de 
liomiiliis  se  trouvait  devant  le  temple  de  Junon-Monela  et  la  Curie  lùilalni 
[n"*  6 1 ,  ()2 1 .  Elle  avait  la  forme  circulaire  de  toutes  les  chaumières  de  ce  temps-lii 

I.  Forteresse.  Plusieurs  archéologues,  el  entre  autres  I5jcqius,  Donat,  Venuli ,  et 
parmi  nos  contemporains,  M.  Bunsen,  placent  la  Forteresse  à  l'autre  extrémité  du  Ca- 
pilolin, sur  l'emplacement  de  l'église  d'Ara-Cœli ,  el  mellent  le  temple  de  Jupiter  à 
l'endroit  où  nous  indiquons  la  Forteresse.  La  découverte  de  l'escalier  des  Cent  marches 
el  de  la  Curie  Kaiabra,  dont  nous  avons  parlé  à  l'article  précédent,  ruine  loul-à-fait 
cette  conjecture  fort  hasardée  :  t"  [larce  que  les  Cent  marches  étaient  du  côlé  du  Fo- 
rum; 2"  parce  qu'en  voulant  les  ajuster  au  flanc  occidental  du  Capitolin,  elles  se 
trouveraient  tournées  vers  le  Champ-de-Mars,  ce  qui  serait  une  fausseté  historique; 
5°  jiarce  qu'en  les  tournant  ainsi  on  placerait  à  rebours  la  Curie  Kaiabra,  jointe  à  ces 
Cent  marches  sur  le  fragment  ci-dessus  rapporté,  laquelle  regardait  vers  l'orient,  puisque 
c'était  de  là  que  les  pontifes  observaient  le  lever  de  la  nouvelle  lune  ;  4"  parce  que  le 
temple  de  Jupiter-Capitolin  regardant  entre  l'orient  et  le  midi,  sa  façade  eût  tourné 
le  dos  à  rinlcrmont,  seul  côlé  par  où  on  y  arrivait,  ce  qui  n'est  pas  possible  ;  5**  cnGn, 


RÉGION  VIII.— FORUM  ROMAIN.  27 

parce  que  le  nom  de  S.  Maria  in  Capilolio,  donné  jadis  à  ré;;lisc  appelée  aujourd'hui 
S.  Maria  in  Ara  cœii,  indi(|ue  qu'elle  élail  b.'ilie  ou  prorlic  de  rcniplarcnK'nt ,  ou  sur 
reniplacemenl  du  temple  de  Jupiter-Ca])ilolin,  souvent  appelé,  par  abrévialion,  le  Cn- 
piiole.  Voy.,  pour  ce  dernier  fait,  n»  81  ci-après.  Temple  de  Jupiter,  §  XI. 

II.  Sur  le  voisinage  des  Cent  marches  el  de  la  Roche  Tarpéienne,  voy.  plus  haut 
no56,  §1. 

III.  L'établissement  de  la  Forteresse  par  Romulus  est  prouvé  par  l'aventure  de  ïar- 
péia.  Voy.  Tit.-Liv.  I,  11. 

IV.  Iconographie.  —  Campidoglio.  Nel  palaz/.o  de'  Caffarelli,  posto  in  Campidoglio, 
dalla  parte  che  riguarda  la  piazza  Montanara,  si  é  per  ordine  delli  padroni  del  luogo 
disfatia  quantilà  grande  di  mura  smisurate,  di  grossezza  quasi  di  25  palmi  ' ,  di  uiia 
specie  di  peperino  lavoralo  di  grossi  pcz.zi,  lunghi  palmi...  alli...,  delli  quali  si  sono 
ser\iti  nel  fare  alcune  fabbriche  in  monte  Caprino,  o  sia  rupe  Tarpea ,  ad  uso  di  lufo, 
e  pislati  in  cambio  di  pozzolana  :  laquai  fabbrica  si  credc  che  fosse  la  Hocca  dell'  istesso 
Campidoglio  fabbricalavi  con  modo  religioso  ;  perché  si  vede,  che  stimando  li  Romani 
il  luogo,  ovvero  monte  come  cosa  sacrosanta,  non  ardivano  di  muiargli  forma,  ma  solo 
fare  nell'orlo  délia  rupe  lanlo  di  piano,  quanto  servisse  di  letto  aile  prime  piètre  :  cosi 
rientrando  in  dcntro  aile  seconde,  e  terze,  sino  che  arrivano  a  compire  a  tulta  la  gros- 
sezza  delerminata.  Vi  erano  nelia  grossezza  alcuni  spazj,  come  piccole  siatizole,  mollo 
diligentemenle  faite,  come  avessero  dovuto  servire  a  qualclie  cosa;  ma  per  nulla  po- 
tevano  essere  buone  ,  perciocché  da  lutte  le  parti  erano  ehiuse  :  e  talune  anche 
avevano  pozzi,  ovvero  sfiatatori,  che  si  fossero;  ma  nel  fonde  pero  non  si  vedeva  segno, 
che  vi  fosse  stata  mai  acqua.  S.  Rartoli  ,  Memorie.  n"  111. 

V.  Tornando  alla  Rocca,  dietro  li  rimesse  e  stalle  del  palazzo  Caffarelli,  ancora  vi 
è  un  avanzo  délie  mura  dell' Arce,  composte  di  pezzi  di  peperino  di  lungezza  di  palmi 
CXIV2,  d'allezza  non  più  che  XIII  s,  e  dove  più  e  dove  meno,  cssendo  il  di  sopra  mura 
moderno,  e  il  disotto  ricoperto  da  rovine.  L'angolo  che  ritorce  ad  uso  di  muro  di  for- 

tezza  e  lungo  palmi  XIII,  e  ciascuno  pezzo  di  peperino  è  lungo  palmi  IV  e  alto  I  '* 

Fa  vedere  ancora  le  allre  aniichissime  mura  di  peperino  brugiate  dal  fuoco,  con  li 
avanzi  délie  volte  de'  corridor! ,  quali  veggonsi  nell'  orticello  dietro  le  stalle  del  sud- 
detto  palazzo,  e  fa  vedere  l'avanzo  di  due  torricelle  che  altaccano  al  suddetto  muro. 
Veniiti,  délie  anUchilà  di  Itôma,  part.  I,  c.  3.  —  Dans  Tiranesi  ,  Ànlichitd  Romane, 
t.  I ,  lav.  XLIV,  fig.  2,  on  voit  ces  restes  de  murailles  et  de  tours,  qu'il  indique  solto  la 
Scuderia  del  Palazzo  Caffarelli.  Les  murs  sont  en  péperin. 

VI.  Memoria  lenelis.  Colla  et  Torquato  consulibus,  complures  in  Capitolio  turres  de 
cœlo  esse  percussas.  Cic.  in  Caiil.  III,  8. 

VII.  Cabane  de  Romulus.  Item  in  Capitolio  commonefacere  potest,  et  significare 
mores  velustatis,  Romuli  Casa  in  Arce  sacrorum  stramentis  tecta.  Vitruv.  II,  1.  —  In 
Arce  sacrorum  désigne  l'enceinte  de  la  citadelle  où  était  la  Curie  Kalabra. 

VIII.  Quœ  fueril  nostri ,  si  quœris,  regia  nati  ; 

Adspice  de  Canna  straminibusque  domum.  Ov.  Fast.  III,  v.  185-184. 

IX.  Romuleoque  recens  horrebat  regia  culmo. 

ViRG.  JEncid.  VIII,  v.  654. 

X.  Colil  etiamnum  in  Capitolio  Casam  victor  omnium  gentium  populus,  cujus  lan- 
lam  felicitatem  nemo  miratur.   Senec.  Conlrov.  II,  1. 

XI.  Sacrificio  a  rege  et  minore  Pontifiee  celebrato,  idem  ponlifex,  calata  ,  id  est  vo- 
cata  in  Capitolium  plèbe,  juxla  Curiam  Calabram ,  qua;  Casa  Romuli  proxima  est.  Ma- 
CROB.  Satur.  I,  15. 

XII.  Vtioi  o"  x'jTo'Li  v^v  j3ou-/.oïr/.0î,  /.al  mv.izxi  xjrovp-/iç,  i-j  of,-Qi  zà  Tro/Àà  T:r,^u/xivot: 
ôià.  iii'Mjy^  xa't  y.vly.jJAiv  sxvjvàj  auzopàooui'  &jv  tri  zai  £t;  ifj.'s.  -ii'j  Tti  t<  zoû  nxlcf^TiOJ  i~l 
z7iî  Trpbi  t'ov  in-ôâfyOjj.o-J  arpipoùar,;   y.xyovoç,  Pco/xù>5u  Xr/o,«£vvj.  D.  Halic.  I,  79^. 

—  Vitruve,  Sénéque  et  Macrobe  disent  que  la  Cabane  de  Romulus  était  sur  le  mont 
Capilolin;  mais  l'emplacement  indiqué  par  Denys  d'Halicarnasse  étant  beaucoup  plus 
vraisemblable,  il  faut  admettre  qu'on  aura  démonté  cette  Cabane  pour  la  porter  au  Ca- 
pitole,  où  elle  pouvait  être  mieux  conservée. 


1  5  met.  S8.=  -  3i  met.  22.  ^  ^  2  met.  90.  =  •*  892  millim.  sur  223.  =  5  Vitamaiitem  de 
Çchant  pastnriciam  [Romulus  et  Pienius]  et  viclum  slbi  manilius  para1)ant,  in  tnontibus  ple- 
ruuique  couip ingénies  ex  lignis  et  arundine  sine  ulla  contignalionecasulas.  (Jiiarum  una  ad 
mca  usque  tempera  exstabat,  ad  latus  quod  a  Palatio  ad  Circum  ducil,  qua)  Honiiili  vncutur. 


28  DliSCIUl'TlUN  l)i;  KOMi:. 

Mil.  Irnnnfjrn/iliii'.  —  A/te  rrorclle  nrtua  \'\mrs  une  riiL>;mc  do  cliiiiinH',  b;'i(ic  m 
loiondc,  loniinc  les  li;iiilcs  cl.iblcs  «/^r  lahiihi .  i\r  l'Ili;  d'Apollon  d.iiis  ji'  Tibre,  à 
(Islic  .  Cf'lli-  S|);i(ii'iisi'  cli.iiiiiiii'ïc  ircliiil  cci  l.iini'tiH'i!!  p;is  une  iinciilioii  niodi'iiii'... 
Uuuiiil  on  rrMi'cliJt  (|ue  clif/.  (oulcs  b-s  nations  la  nianlric  di;  l).'ilir  dans  les  \illa;;cs 
«■l  surtout  dans  les  lieux  éearics,  eonservc  toujours  i)ue|i(ue  ejiosc  de  sa  forme  anlMfui^ 
el  primitive,  je  ne  puis  plus  douter  que  ces  rabanes  du  Latiuin  iw  soient  les  mod'-les 
de  celles  de  Virgile.  IJdnstkttkn  ,  Voyage  dans  le  Lalium  ,  p.  220.  —  .Nous  avons  traec 
la  cabane  de  Homulus  d'après  cette  observation. 

61.  Curie  KAtAiinA.  —  Dkvant  :  Statie  colossai.k  d'Apollon.  La  Curie  I\<i- 
Inbra  était  aupW-s  des  Cent  niaiclies.  Sa  façade  rpi,'ardait  vers  roricnt.  Ce  nio- 
uuinent  avait  la  foiiiie  d'un  petit  temple  terminé  en  abside.  Il  datait  des 
j)i'emiei\s  temps  de  Uome,  peut-être  du  régne  de  Xnma.  — La  Sliilite  liAiiollon, 
placée  devant  la  Cnrie  Kalabra,  avait  30  coudées  [13  méires  oOJ  de  haut.  l'Ile 
avait  été  apportée  d'Apollonie  à  Konie  par  Lucullus. 

I.   Capiloliuni  riiiii  Arre. 

Curia  Caiabra.   Skxï.  IU  f.  de  Reg.  urb.  Rnnup,  VIK. 

II.  Primi  dies  nieiisiuni  noniinati  rnlend(P  ah  eo  quod  liis  die))us  calanlur  ejus  niensis 
.Nonse  a  pontifiribus,  (juintana-  an  seplinianir  sint  futura',  in  Capilolio  in  t'-uria  Caiabra 
sic  :  Dies  le  quinque  caln  Jiino  Cnvella.   Vark.   L.  L.  VI ,  §  27. 

III.  Horrebnl  rcijia  culmo.  Luriani  Caiabrani  dirit,  (|uani  liomulus  lexerat  culmi-^. 
Ideo  autcm  Caiabra  ([uod  quuni  incerlœ  essenl  Calend;r  aul  Idus,  a  Itomulo  conslitu- 
lum  est,  ut  ibi  patres  vel  po|)ulus  calarentur,  id  est  \  ocarenlur,  etc.  Seuv.  in  Virtj. 
^£neid.  VIII  ,  v.  «.-ii.  —  Vov.  aussi  ci-dessus  n»  60,  ,§  X. 

IV.  Curia  Caiabra,  ubi  pontil'ex  niiiior  dies  pronuntiabat.  P.  VicT.  de  Reg.  urb. 
Romœ,  Vlll. 

V.  yuuni  in  Arro  ausurium  aup;ures  acturi  essent ,  jussissenique  T.  Claudium  C'^nlu- 
maluni,  qui  anies  in  Cu-lio  monie  lial)ebat,  démolir!  ea,  quorum  allitudo  oITicercl  aus- 
fiiriis  :  Ciaudius  proscripsil  iiisulam  ,  vendidil  :  eniit  1'.  Caipurnius  l.anarius.  Cic.  de 
O/fic.  III,  10.  —  Arce  augurium  désigne  ici  la  Curie  Kalabra,  dans  la  rorlcresse.  Kn 
elTel,  de  cette  curie  on  voyait  la  lune  se  lever  derrière  le  mont  Cnclius. 

VI.  Iconographie.  —  Pour  la  position  de  la  Curie  Caiabra  près  des  Cent  marclics, 
cl  sa  forme,  \oy.  plus  liaut  w  ."i'.t,  ,§  II. 

VII.  Sliiti'c  ti Ajiollon.  Citra  Istrum  .Vpolloniatarum  una  finsula  ...  ex  qna  M  Lu- 
cullus Capitolinum  .\pollinein  advexil.   Plin.  IV,  13. 

VIII.  iMok-s  quippe  excogitatas  videmus  slatuarum ,  quas  coloss<'as  vorant ,  Imribus 
parcs.  Talis  est  in  Capilolio  .Vpollo  translatus  a  M.  Lucullo  Ai)ollonia  Ponli  urbe  X.XX 
cubiloruiii,  quingentis  lalentis  lactus.  Plin.  X\.XIV,  7. 

IX.  Apollo  Irapslalus  ex  Apollonia  a  Lucullo  XXX  cubitùni.  P.  Vici.  de  Reg.  urb. 
Romœ,  VUl. 

X.  Faute  d'indication  précise,  nous  avons  mis  cette  statue  dans  la  Forteresse,  comme 
un  tropliée  de  victoire. 

62.  Temple  de  Jinon-Moneta.  —  Statie  douée  de  la  Loive.  —  Atelier  des 
monnaies.  —  Bois.  Le  temiilv  était  à  côté  de  la  Curie  Kalabra  [n"  61],  à  droite. 
Voué  par  Camille  l'an  410,  il  fut  bâti  vers  la  même  époque.  VAlcIitr  des  mon- 
naies s'élevait  derrière  le  temple,  et  un  petit  Bois  couvrait  les  lianes  des 
doux  éditices.  Devant  le  temple  on  voyait  la  Statue  dorée  de  la  Louve  allaitant 
Romulus  et  Réunis.  C'était  un  ouvrage  fort  ancien. 

I.  Inler  ipsam  diniicationem  an.  -iio;,  a'rtem  .linioni  .Monelap  vovil  Camillus  ;  cujus 
damnatus  voli  quum  \ictor  Uomam  reverlisset,  diclalura  seabdicavil.  .Senatus  duum- 
viros  ad  eani  sedcm  pro  ampliludine  |>opuii  Roniani  faciendam  creari  jussil  :  lo(  us  in 
arce  dcstinalus,  quic  area  wdiuni  M.  Maniii  Capilolini  l'uerat    Tii.-Liv.  VU,  28. 

II.  AdjcctPe  morluo  'Maiilio;  nota-  sunt  :  ])ubli(a  una  quod,  quum  domus  ejus  fuissel, 
ubi  nunc  .Jides  atque  Oflicina  .Innonis  Monet.-p  est,  lalum  ad  populum  est,  ne  quis 
palricius  in  Arce  aut  Capilolio  liabitaret.  Tit.-Liv.  VI,  20    an.  37i  . 

III.  l'ropler  illuni  Manliuni  enim  lege  sanciri  placuit  ne  quis  palricius  in  Arce  aul 
(^ipilolio  liabitaret,  quia  domum  eo  loci  habuerai,  ubi  nunc  itdem  Monetib  videmus. 
V.  .M.4X.  VI,  3,  1. 

iV.  Vocem  ab  .Ede  Junonis  ex  Arce  cxstitisse.  Ctc.  de  Diiinal.  l,  13. 


RÉGION  Vin.  — FORUM  ROMAIN.  29 

V.  Manlius...  rognum  appelisse  est  judiralus  :  crgo  ejus  donium  cvcrsam  duobus 
luris  oonveslilam  viilelis.  (lie.  pro  Domn,  38. 

VI.  Arre  (luonuc  iti  suninia  Junoiii  U-nipla  Moiielie 

Ex  volo  momoranl  facta,  Camille,  luo. 
Aille  doiiius  Maiili  fueraiil,  elc.  Ov.  Fasl.  VI,  183-185. 

VII.  ()1'jÏP'j>;j./.1'jL  T/-.V  oUl'xv  y.jzciZi  ■xy.TX'/M'pcivTSi,  Upb.1  iopiiaoi.yTO  Wcà;,  /iv  Mov/j- 
TKv  /a/'/^7f.  Put.  Catnill.  36  i. 

VIII.  ïalius  in  Aire  [habilavitl  ubi  nunc  est  ffdes  Juiionis  Moiieta».  Solin.  2. 

IX.  .Memoria  lenelis  Cotla  el  Torqualo  ronsulibus,  complares  in  Capitolio  turres  de 
(■«l'Io  poiTussas,  quuni  el  simulana  deorum  immoitalium  depulsa  sunt,  el  slaluae  ve- 
leiuni  lioniiiium  dcjoclae,  et  Icgum  ara  liiiuofacta.  Tarlus  est  eliam  ille,  qui  hanr,  ur- 
beni  eoiididit ,  lîoniulus:  quem  inauratum  in  Ca[iitolio  parvum  alque  larlentenri,  ube- 
libiis  lupinis  iiiliianlein  fuisse.  Cic.  Catil.  111,  8.  —  Le  consulal  de  Colla  el  de  Toi- 
(|ualus  esl  de  l'an  G89. 

\.  El  Capitolinis  injecil  sedibus  ignés. 


Hic  silvestris  erat,  romani  nominis  allrix , 
Mailla,  quœ  parvos  Mavortis  scmine  nalos 
l'beribus  gravidis  vitali  rore  rigabal  : 
Qmv  tuin  cum  pueris  flammato  fulminis  iclu 
Concidit,  alque  avulsa  pedum  vesligia  liquit. 
Cic.  Fragm.  de  sito  Consulalu,  11,  v.  38,  42-46;   ou    de  Divinat.  I,  12. 

XI.  E'v  '/àp  Tw  Ky.7:t7c-J/£W  y.-j^pi'yyzîi  tî  t: o/).ot  'j~b  zs^cajvwv  c\j-^zy'jtniidf,':cfj,  /.'A 

y.cd  5Jv  Tw  Pwv.ù^w  îtT^Uji/s'vïj  ettstî.  tk  t£  ■/y}ijuy.-:oi  tojv  5T-/i).wv,  li  âj  ot  yô^ot  ioïyyiK- 
'j(SVT5,  ijjJiyyBo  y.cù  à.y.-ji^pv.  b/i-n-ci.  Dion.  XXXVll,  9  2. 

XII.  Bieniiio  anle  "an.  09r  in  Capilolio  Lupam  Uemi  et  Itomuli  fulmine  ictam,  sig- 
num(|ue  Jovis  cum  columna  disjeclum.  OBsr.a-  de  Prodifj.   122. 

XIII.  Iconographie.  —  La  citation  de  Tite-Live  au  §,  1,  en  nous  apprenant  que  \c 
temple  de  Junon-Monela  était  grand,  nous  le  fait  reconnaître  dans  l'édifice  carré  situé 
à  droite  de  celui  qui  touche  aux  Cent  marches.  Voy.  plus  haut  n"  59,  §  11. 

XIV.  La  Statue  dorée  de  ta  Louve  existe  encore  à  Home  ;  on  la  voit  dans  le  Palais 
des  Conservateurs.  C'est  un  ouvrage  étrusque  d'une  haute  antiquité.  Elle  est  en  airain. 

03.  ài:tf.ls  dk  Jl-piter-Pistei-r  et  de  Jupiter-Soter.  Érigés  dans  la  Forle- 
l'osse  pour  vemcvoier  Jupiter  de  l'avoir  sauvée  des  Gaulois. 
I.  Nomine,  quam  pretio  celebralior,  arce  Tonantis 

Dicani  Pistoris  quid  velit  .\ra  Jovis. 

Ov.  Fast.  VI,  V.  349,  350. 
—  Ovide  faisant  donner  aux  Romains,  par  Jupiter,  le  conseil  de  jeter  du  pain  dans  le 
camp  (les  Gaulois,  pour  qu'ils  ne  soupçonnassent  pas  que  le  Capilole  commençait  à 
nianquer  de  vivres,  met  ces  paroles  dans  la  bouche  du  roi  des  dieux  : 
«  Surgite,  el  medios  de  summis  Arcibus  hosles 
Wiltite,  quam  minime  Iradere  vultis,  opem.  » 


Hosle  repulso 

Candida  Pistori  ponitur  Ara  Jovi. 

Ibid.  V.  387,  388,  593,  594. 

II.  Eodem  lempore  Jovi  quoque  Pistori  .\ra  apposita  est,  quod  eos  in  quiète  mo- 
niiisset  ut  ex  omni  frumento  quod  haberenl  panem  facerent,  et  in  hostium  castra  jac- 
tarent.  Lactam.  Insiit.  divin.   1,  20. 

III.  In  tantam  autcm  cibi  penuriam  redacli  erant  in  obsidione  [Capitolii],  ut  coriis 
niadcfaclis  et  poslea  friclis  vescerentur,  cujus  rei  argumentum  est  quod  hodieque  Ara 


'  Populiis  romanusdomum  ejus  [.Manlii]  démoli  tus,  in  areasedemde.ie,  quam  Monetam  vocanr, 
af'.lificavit.=:'''  In  Capitolio  enim  multx  statu;«  de  cnelo  taclae  liquefact;pque  tluxerant  [an.  690J  : 
dojeetaquL'  erant  cum  alia  simulacra,  Inni  Jovis  roininn.T  insisiens  :  piaterca  imn;;o  Lup.i'  i-iiiii 
lîi'iiio  ;ic  lîoinulo  c'ousecrata  cecideral.  I.illiia:  i.li.im  in  cfiluinnis,  iiuilmt,  li'[;e.<  iii>cril)clj.iiiliir, 
•  ■unfusa;  aiqiu'  ol)literal;u  erant. 


30  DESCRIPTION  DE  ROME. 

in  Capitolio  est  Jovis  Solcris,  in  qiia  libéral!  obsidione,  coria  et  sola  vetera  concrema- 
verunt.  Serv.  ïn  Mneid.  Mil,  v.  652. 

G4.  Porte  Panuana  et  Roche  Tarpéiennk.  La  Roche  Tnrpéienne  formait  l'ex- 
Irémilé  méridionale  du  mont  Capilolin,  vers  le  Tibre.  La  Porte  Patubina,  porte 
dérisoire,  était  ouverte  au-dessus  de  la  Roche  Tarpéienne  même ,  et  par 
conséquent  ne  conduisait  nulle  part. 

I.  l'onllus  Comitiius,...  secundo  Tiberi  ad  Urbem  deferlur;  inde  qua  proximum  fuit 
a  ripa,  i)fr  prxrupluni  eoque  neglectum  hoslium  cuslodiai  saxum,  in  Capilolium  CNadit. 
TiT.-Liv.  Y,  40. 

II.  Noir  angoloorcidcnlale  délia  piaz/.a  délia  Consolazione  [Xolli,  n"  966;  Lelarouilly, 
rion.  X,  50],  la  rupe  Tarpoja  (^  ancora  visibile.  Xibby,  Foro  Romano,  c.  I,  p.  lOi. 

ajr/;v  OfJjlOi  h  T0&  K5t7TtTw).i5W  \69Oi  «VSSTVÎZS,  XSti  TTcT/îa  XÛZ).Î;»  TTO/).-^  KvX  If^'J-'/d'/.  T.îf>l- 

T.iy'jy.e.  Pllt.  Camill.  20'. 

iv.  At((uc  iil  ila  muiiila  Arx  cirrumjertu  arduo  et  quasi  cirrumciso  saxo  niterelur, 
ul  eliam  in  iila  tenii)estale  horiblli  gallici  advcntus  incolumis  alque  intacla  permanse- 
ril.  Cic. ,  rfe  liepub.  Il,  6 

V.  Muniiissimam  Capitolii  Arcem,  et  ne  magnis  quidem  exercilibus  expugnabilem. 
Tac.  llist.  III,  78. 

VI.  Aiiliquuni  oppidum  in  hoc  fuisse  Saturnia  scribitur.  Ejus  vesligia  eliam  nunc 
manenl  Iria  :  quod  Salurni  faiium  in  faucibus;  quod  Saturnia  porta,  quam  Junius 
scribil  ibi,  quam  nunc  vocanl  Pandanam  ;  quod  post  œdem  Salurni,  in  aedificiorum 
legibus  privalis  parieles  poftici  mûri  sunt  scripli.  Varb.  L.  L.  V,  §  42. 

VII.  Monlem  (^apilolinum  Saturnium  nominaruni,  caslelli  quoque,  quod  excilarant, 
portam  .ippellarunl  Salurniam,  quiE  poslea  Pandana  vocilata  est.  Solis.  2. 

VIII.  Pw//ai5(,  hî/Tûv  T/-,v  —6'/.Ly  Xaêivraiv,  zj-^Ory.x;  ~pbi  a.j-:o<j;  t/pxpx-j'zo,  fopoj; 
TÙsï-J,  ~ii).r,-j  ■}}-jzuyy.-yr,v  —ctf^àytl:/  oix  — avTo;,  Jtat  y^v  iy/y.aiti'j-j.  Ts.ù-ol  akv  sîTt  TOXjTCili 
kaTpu.TO-éii-j'j-j-  Poiy.câ'yi  oi  ôi;  '^Ooti  Iîvjk  7ro/).«  £-£/«iav,  /.où  îîv5v  77ia:ro/'jv  oi  jîâp- 
€9.f,ov  ^•jasi  o'z  t'o  KSATi/.bj  •j~i(:ofJO-j'  tts/.Jv  àpjSK/jtïvot  -iv  oho-j,  jTzb  p.iOr,i  t/îiy-O' 
V<j>y.xl-ii  ok  £7Tî/^ivT-î;,  â-av-raj  /.arEz^'^av  i'va  oz  y.xrx  zceç  G-j-^Or,KXi  x-u-j-y.  T.rn7,-7.i. 
ooK-'Aî-j,  èrd  rAxpxi  à-po'j^y.-zoït  ~iiy-r,v  },-JîOiijiSv/i-j  zxTîJXîvaïav.  P0LÏ.EK.  Slralcuj. 
VIII,  252. 

IX.  n).sùîK5  oï  âià.  Toû  Ti^épsui  Tzozayoû,  TipOGéayj  t-^j  Pcâyr,  xx-y.  Tyyzo  rb  yraph-j 
é'vOx  TÔ  Ka-trcJ/tiv  sîtiv,  oj'j'  cao-j  ctks'wv  v.iziyo-j  roî/  ~otcil'j.oû'  yjJîcv  oî  //.îTatTïîvt/.xî/TK 
vûzTîj,  xjtt  TTo),/vj  za9'  c/.r,-J  tvjv  Tri/tv  ïjîy^^îa'  r,-^  si/vôcyr.»  ),aÇ(>iv,  è^sSiox^t  Toiii  Kvdysaj 

ZaTK  (îiTî!>(?^V,    AXl  Oly.   TWV  !Xz).£t5TWV   T:ùi).WV    ttîl   Y^P   TIVîJ    ïipy'l    — •j/.aj  TOÛ  RaTTJTOJ/tîJI 

zarâ  ~l  Oé-ifC/Lroy  àvît^al'vaf  Ka/î//5vrivKj  OLj-zà^  »«>,^û:(v  àvactëàTaj  t»;v  o'j-J7.;j.VJ,-ziyi  10 
QfJdiiciO'.i.'Éy.ii'ivj  0  èr.'fzir,-}  y.Apxj  Oizà.jxiyoi'  ï^zi  0:  tw  Ky.-trcuÀtw  ~pozîyr,i-  xàxîhr,; 
i/v/ô-/ti  Kvpioi.  D.  Halic.  X,  14  3. 

—  Je  crois  que  Denys  d'IIalicarnasse  veut  parler  ici  de  la  Porte  Pandana  qu'il 
confond  avec  la  Porte  Carmentale.  Le  Uécit  de  Polya?n  esl  plus  vraisemblable  que 
celui  de  Denjs. 

X.  Iconographie.  Sénèque  décrit  ainsi  la  Roche  Tarpéienne  :  Erat  prceruptus  locus 
et  immcnsaî  alliludinis...  Slal  moles  abscissa  in  profundum,  frequentibus  cxasperala 
saxis,   quœ  aul  elidanl  corpus,   aul  de  inlegro   gravius  impellanl  :  inhorrenl  scopulis 


*  Pervenit  ad  Portam  Carmentalem  [Ponlius  Cominius],  ubi  silentium  cral  majus,  qua  collis 
Capitolinus  maxime  abscissus  est,  frequtnli<|ue  alque  aspero  undique  assurgit  saxo-  =  *  Galli 
Urbem  ceper.int  :  Romani  fœdus  tum  eis  fccerunt  his  conditionibus,  ut  tiibuta  eis  penderent, 
portamque  apertam  omni  teuipore  priebereut,  et  lerram  ad  culturam  couccdereut.  Ilis  Factis, 
Galli  caslramelabanlur  :  Uomani  tanquam  amici,  multa  hospilalia  munera  miserunt,  vinique 
magnam  copiam.  ISarbari  (nalura  aulc-m  Cellica  gens  ad  vinum  proclivis  est)  hausto  vino,  prœ 
nimia  ebrietate  prosirali  jacebant.  Uomani  impetu  facto,  eos  omnes  occideruut.  Ut  outom  ex 
fœderuni  conditionibus  omnia  viJerentur  agerf,  iu  saxo  inaccesso  portam  apertam  ajdificarunt. 
=  •5  Confecto  cursu  per  tlumcn  TIberim,  appulit  ad  eam  Romae  partem  ubi  esl  Capilolium, 
quod  ne  integrum  quidem  stadium  a  tluniiue  abest.  Tune  autem  crat  média  uox,  et  alta  tota 
urbequics,  cujus  auxilio  fesliuanter  exscensionem  fecit,  et  per  portam  apeitam  (est  enim  quae- 
dam  sacra  Capitolii  porta  ex  oraculo  quodam  patens,  quam  Carmentalem  vocant)  cum  suis 
copiis  ingressus  Capitolium  occupavit,  inde  ad  Arcem  Capitolio  contiguam  progressas,  cam 
quoque  in  suam  poleslatem  redegit. 


RÉGION  YIIl.  — FORUM  ROMAIN.  31 

enascentibus  latcra  et  immensae  allitudinis  trislis  aspectus,   cleclus  polissimum  locu«, 
ne  damnali  soepius  dojicianlur.  Senix.  Conlrov.  I,  5. 

Go. — 60.  Temples  de  la  Fortune  primigéxie  et  de  la  Fortune  obsequens. 
Fondés  par  le  roi  Servius,  sur  le  mont  Capitolin,  dans  la  Forteresse. 

F.  l^pii^ccro  o"  ovv  Tvy-o;  i-pb-J  iv  KaTTtTW/t'w,  tô  tyj;  Tipty-iys-j-iccî  'Kzyou.i.ir,^,  S  —p^uTO- 
•/'j-ioXt-)  Tig  Kv  i,c/jf/jv£Ù3££î-  k'jX-:o  tô;  o'psuo'jsvT-m.  Plut.   De  fort.  Rom.  p.  279'. 

—  Nous  avons  mis  ces  temples  dans  la  Forteresse,  qui  était  l'endroit  le  plus  sacré 
(lu  mont  Capitolin. 

II.  Fortunaque  sil  vel  flujusce  diei,  nam  valet  in  omnes  dies  ;  vel  Respirienê,  ad 
opem  ferendam  ;  vel  Fors,  in  quo  incerti  casus  significantur  magis  ;  vel  Primigenia, 
a  gignendo.  Cic.  de  Legib.  Il,  11. 

G7.  Logement  des  soldats.  — Puits.  Il  y  avait  nécessairement  des  logemenls 
pour  les  soldats,  et  un  ou  plusieurs  puits  pour  approvisionner  d'eau  la  Forte- 
resse. En  efl'et,  en  parlant  de  l'exlréniité  où  cette  Forteresse  fut  réduite  par  les 
Gaulois,  les  historiens  nomment  tous  la  famine,  mais  aucun  ne  parle  du 
manque  d'eau. 

I.  Mi  ricordo  ancora  che  in  dello  Tarpejo  dalla  banda  délia  chiesa  délia  Consola- 
zione,...  vi  trovarono  nella  costa  del  monte  molli  frammenli,  di  marmi,  quadri,  ch' 
erano  dirupali  da  quell'  altezza.   Vi    si  scoprirono   anche   molli  pozzi   fatti    dagl'   an- 

liclii  nel  tufo,  lanto  cupi,  che  reslano  al  piano  di  Roma Di  quesli  pozzi  vi  sono  due 

opinion!  ,   la  prima,  di  averli  falti  fare  li  Homani  nel  tempo  degli  assedj  ;  e  Taltra,  di 
l'ssere  stati  falti  per  l'esalazione  de'  terremoli.  Flam.  Vacca,  Mvtnorie,  n°  65. 

II.  Iconographie.  Pour  les  Logemenls,  nous  nous  sommes  inspiré  du  quartier  de» 
soldats,  à  Pompeï. 

C8.  Temple  de  Jupiter-Férétrien.  Bâti  par  Ronmlus  l'an  4  de  la  fondation 
do  Rome,  dans  la  Forteresse.  Il  était  petit,  et  avait  la  forme  d'un  carré  un 
peu  allongé,  long  d'un  peu  moins  de  quinze  pieds  [4  mèlr.  44i].  Le  roi  Ser- 
vius l'agrandit  en  le  Ilanquant  de  deux  galeries  en  portiques,  et  l'empereur 
Auguste  le  réédifia  presque  entièrement.  Ce  fut  le  premier  temple  construit  à 
Rome. 

I.  Les  textes  indiquent  vaguement  ce  temple  in  Cnpilolio,  c'est-à-dire  sur  le  mont 
Capitolin.  Tite-Live  racontant  le  relour  do  Romulus  à  Rome,  après  qu'il  eut  tué  le  roi 
des  Céninates,  dit  :  —  Spolia  duris  lioslium  caesi  suspensa  fabricalo  ad  id  anle  ferculo 
gcrens,  in  Capitolium  ascendit  :  ibique  ea  quum  ad  quercum  pasloribus  sacram  depo- 
suissel,  siniul  cum  dono  dcsignavit  lemplo  Jovis  fines,  cognomenque  addidit  deo  : 
«  Jupiter  Ferelri,  inquil,  hœc  tibi  victor  Romulus  rex  régis  arma  fero,  lemplumque  lis 
regionibus,  quas  modo  animo  melatus  sum,  dediro,  sedem  opimis  spoliis,  quœ,  regi- 
bus ducibusque  hoslium  cœsis,  me  auclorem  sequenles  posleri  ferent.  »  Ila-c  templi 
est  origo,  quod  primum  omnium  Romœ  sacralum  est.  Tii.-Liv.  I,  10. 

II.  Ex  quo  accidit,  quum  aedes  Jovis  Feretrii,  in  Capitolio  ab  Romulo  conslitula,  ve- 
luslale  atque  incuria  délecta  prolaberetur,  ut  Altici  admonilu,  Cœsar  eam  reficiendam 
curavil.  C.  Nep.  Attic.  20. 

m.  Hoc  ego  quum  Augustum  Caesarem,  templorum  omnium  condilorem  aut  resti- 
lulorem,  ingrcssum  œdem  Ferelrii  Jovis,  quam  velustale  dilapsam  refecil,  seipsum  in 
liiorace  linteo  scriptum  legisse  audissem,  etc.  Tit.-Liv.  IV,  20. 

IV.  Nî'jjv  xaraîz-LiKîa,  b  Pcij/JiiiKOi  èm  T/j;  y.o pjfr^i  tîû  Ka7:£7wÀt5:>  \ôfo\j  Atàî  ôv  î-(- 
zzXsûî!  Vcttij-vloi  'i>ipîTpto-j,  O'j  /;ts'yav  £T£  -fy.p  aJTOÛ  acoÇîTat  àpy%io-J  ïyyoi,  èly.TTO-^Ui  ri 
— £VT£  TTSo'wv  xcà  or/.x  ràj  /j.îi!^o'jç  rù.upv.i  i'/wr  iv  to'Jtw  M.xBupSt'S'J.L  rà  szûxa  t5v  \\'j.i- 
viTwv  ^ccjùiui,  Q-J  a'jToystpix  y.ocz£tp-/6'.sxzo,  âiiyvoi.  D.  Halic.  II,  34  2, 

V.  Ceeninensium  caplum  ac  dirutum  est  oppidum.  Spolia  insuper  opima  de  rege,  Fe- 
retrio  Jovi  manibus  suis  rex  [Romulusj  reporlavit.  Flor.  I,  1. 

*  Is  [Serv.  Tullius]  Fortunœ  templa  posuit,  Primigenias  in  Capitolio  et  Obsequentis.  :^  ^  Ro- 
mulus, quum  in  vcrtice  collisCapitoiini  lemplum  non  magnum  Jovi  aedificasset,  quem  Romani 
Ferelrium  vocant  (adhuc  enim  exstat  ejus  vestigium  vêtus,  iiabens  l.itera  majora  vix  quindecim 
pedum  longiiudinis)  in  lioc  spolia  régis  Cfciiinensium,  quem  propiia  manu  confccerat,  conse- 
crare  slatuit. 


52 


DESCRIPTION  DE  HOME. 


VI.  Efçrppip  ipI)UR  hoUo  (jeslis,  a-dcs  Josis  rcrclrii  .implifirata  [jIj  Anro  Mairio  . 
TiT.-l.iv.  I,  55  (an  120;. 

—  DcriYS  (rilalicaniassp,  qui  ("'fiivail  à  ISomc  du  temps  dWiiguslc,  disant  que  li' 
Icmplo  de  Jupiter  l'érétrien  était  si  petit,  il  est  évident  que  l'agrandissement  de  rel 
édilire  par  Aiieus  iMarcius  doit  s'entendre  de  constructions  faites  auprès  el  autour  de 
l'édifice. 

Vil.    ,€dES    I.N    CAl'lTOLIO    JOVIS    FERETRI    ET    JOVIS    TONANTIS FECI.    LAP.    ANCYU. 

col.  i.  6. 

VIII.  Bien  qu';iucun  texte  ne  dise  posilivemenl  (pie  le  temple  de  Jupiter  Férélrim 
était  dans  la  Forteresse,  nous  l'y  avons  néanmoins  placé,  1»  parce  (|ue  l>ei!i|S  d'Ilaii- 
carnasse  dit  que  Homulus  bâtit  ce  temple  sur  le  smiiitiet  du  mont  Capitol  in,  i~i  t>,,' 
xnr,uyrti  zoli  Kv.-iz'jù.ioii,  et  que  ces  mois  ne  pt'uvttil  s'appliquer  (ju'au  soninii'l  où 
s'élevait  la  Forteresse  :  en  elTcl  l'autre  sommet  élail  si  escar|ié,  que  ianpiin  fut  obli(;f 
di'  l'enlourer  d'un  mur  de  terrasse  el  d'y  pratiquer  un  terre-plein  pour  pouvoir  y  bAlir 
le  leniple  (le  Jupiter  iVoy.  ci-dessous  n**  79,  §1  cl  IV |  ;  il"  parce  que  (juaiid  Tarquin 
voulut  commencer  ce  dernier  temple  on  rapporte  bien  que  quelques  endroits  de  la 
montagne  étaient  consacrés  à  Mars,  A  la  Jeunesse,  el  à  Terme,  mais  on  ne  parle  pas  de 
Jupiter  Férétricn  ;  5"  enfin  parce  que  Tertullien  iio\is  apprend  que  lton;i'!us  institua 
sur  le  mont  Tarpèien  des  jeux  en  l'honneur  de  Jupiter  Féie- 
Irien  :  Homulus  Jovi  Feretrio  ludos  insliiuit  in  Tarpeïo,  quos 
Tarpeios  dictosel  Capilolinos  Piso  tradit.  'de  Speclac.  :>.) 
I.\.  Iconographie.  Le  temple  de  Jupiter  Férétricn  est  re- 
présenté ici  sur  le  revers  d'un  denier  d'argent  de  la  famille 
Claudia.  Nous  voyons  que  ce  temple  avait  quatre  colonnes 
sur  sa  façade.  Le  personnage  est  Marcellus,  celui  qui  fut  cinq 
fois  consul  et  conquit  la  Sicile.  Il  porte  au  temple  les  dé- 
pouilles de  Viridomarus,  roi  des  Insubriens,  qu'il  tua  lui- 
même.  Thesaur.  Morell.  famil.  Claudia  ,  lab.  1,  n"  1; 
famil.  Cornclia,  lab.  3,  n"^  3,  i. 


09.  Temple  de  Jupiter  Pr^edator.  Dans  la  Forteresse,  près  du  temjile  de 
.lu piler  Férétrien  [n"  G8]. 

I.  Uomani  moris  fuit  ut,  bella  gesturi,  de  parle  pra-dîE  aliquid  numinibus  pollice- 
renlur,  adeo  ut  Hom:v  fuerit  uiium  templum  Jovis  pnedatoris,  non  (piod  pra-da'  prœ- 
esl,  sed  quod  ei  aliquid  ex  pra-da  debeatur.  Seuv.  in  jFneid.  III,  v.  ■2-2-2. 

II.  Nous  avons  mis  ce  temple  dans  la  Forteresse,  à  défaut  d'indication  plus  précise, 
pensant  que  le  Jupiter  du  butin  devait  être  prés  du  Jupiter  Férétrien. 


70.  Intermont,  et  escalier  a  cordons  de  l'area  du  Capitole.  Le  Capitole 
avait  deux  soniniets,  l'un  au  S.,  occupé  par  la  Forteresse,  Tautre  au  X.,  par 
le  temple  de  Jupiter.  La  vallée  qui  les  séparait  s'appelait  Vlnlcnnont.  11  n'y 
avait  d'accès  à  la  Forteresse  ainsi  qu'au  Temple  que  par  cette  vallée,  et  c'était 
au  moyen  d'escaliers  en  aalite  a  curdonata. 

I.  (Juum  commotus  ira  se  ab  vestibulo  icmpli  [Jovis  Capitolini]  citato  gradu  prori- 
perct,  lapsus  per  gradus,  capile  graviter  offenso,  impactus  imo  ita  est  saxo,  ut  sopi- 
retur.TiT.-Liv.  VIII,  6. 

II.  Suum  quoque  fastigium  Agrippina  extollere  allius  :  caipcnto  (lapiloliorn  ingreili, 
qui  nios,  sacerdolibus  et  sacris  antiquitus  concessus,  vcnerationem  augebal  femina'. 
1  AC.  Ann.  XII,  -42.  —  Voy.  aussi  ci-dessous  n»  7(>,  §  VI,  VII. 

III.  A  droite  de  l'escalier  qui  monte  à  la  Forteresse,  nous  avons  ajusté  le 


fragment  ci-contre  du  plan  de  marbre  où  on  lit  un  reste  de  devise  indiquant 


•^^^  qu'il  reproduit  un  coin  de  Vlntennoul.  Ce  fragment  esl  aussi  gravé  dans  Bel- 
LoRi,  Icuuoijr.  veleris  Rom(r,  lab.  \IV. 
IV.  Iconographie.  Nous  avonsfiguré  en  salitcsacordonala  lesdc  uxesçalicrsdel'lnter- 
monl  au  Temple  et  à  la  Forteresse,  parce  qu'ils  ser\ak^nt  d'une  part  au  passage  des  viciinies 
petites  ou  grandes,  des  chars  de  certains  prêtres  et  de  certaines  prêtresses  ;  de  l'aulre, 
à  la  circulation  des  mulets  pour  le  service  de  l'oflieine  des  monnaies  dans  le  temple  de 
Junon.  l'ue  disposition  en  degrés  simples  était  donc  impossible.  K'ailleurs  nous  nous 
sommes  inspiré  des  Cent  marches,  qui  étaient  ainsi  taillées.  Voy.  plus  haut  n'^  o9,  g  II. 


RÉGION  VIII.  —FORUM  ROMAIN. 


35 


71.  Temple  de  Mars  Bisiltor.  A  droite  de  l'escalier  à  oordons  qui  monte  à 
la  Forteresse,  dans  le  renfoncement  entre  cette  partie  du  Capitole  et  le  Bois  de 
l'Asjie  [n"  72].  Ce  temple  était  de  forme  circulaire.  Il  avait  été  construit  par 
Auguste,  vers  l'an  732  ou  733,  pour  y  conserver  les  enseignes  romaines  jadis 
perdues  par  Crassus,  et  renvoyées  par  Pliraates,  roi  des  Parlhes. 

I.  O  *^aàT/iç,  fd^j-fflûi  fJY]  xal  srriîT/caTîJj/j  ot,  on  /j./ioît:o>  twv  c-j'/xsiy.ij'jiv  èttîtioc/j- 
/.;{  T£,  T«  TE  'jc/j-zIu  XJTôi  xcù  zoiii  alyjJi'jù'jiZO'Ji,  7t)./;v  à'kiy'jij,  oî  V7t'  cihyij-jYii  cjizj  éjiOci- 
pu.J,  Ti /.où  y.oLTv.  /&J;i«v  /aÇovTcj  ï/J.siva.v,  «Tr£7Tê//'/'î*  xal  aJToiiî  lAÛ^Oi,  wj  zaj  7TOA£//.oj 

tl'À  zbv  nûf^Oov  v£v£/.r,xwj  siaSs «//£/•£  zal  Ouct'a;  in'  ujt'A^,  /.al  •jsitj  Apio?, 

Ti/jLO}pou  cv  Tû  KaTTlT&j/tw,  xaTK  TÔ  TOÛ  Aiàj  roïi  'l'spz'pioj  Ç/j/&;//a,  TZpbî  t/jv  tôiv  ari/j-siuv 
«vàOîfffv,  zat  '\lir,'fi(s07,-jcin  àxélsozs,  y.çiï  snoinas.  Dio.N.  LIV,  8  •,  édit.  Slurz. 

II.  Ovide  rapporte  le  vœu  fait  par  le  jeune  César  Octave  de  bâtir  à  Mars  le  temple 
qui  fui  depuis  érigé  dans  le  Forum  d'Auguste  : 

«  Templa  feres,  et,  me  viclore,  vocaberis  Ultor.  » 

Voverat  :  et  fuse  laetus  ab  liosle  redit. 
Née  salis  est  nieruisse  seniel  cognomina  Marti  : 

Peisequitur  Partlia  signa  relenta  manu... 
Rite  Dec  templumque  datum,  nomenque  bis  ulto. 

Ov.  Fasl.  V,  V.  577-580  et  595. 

III.  Dion  nous  apprend  seulement  que  ce  temple  était  sur  le  Capitole;  c'est  donc 
par  conjecture  que  nous  avons  choisi  son  emplacement.  Ayant  été  construit  pour  ri- 
valiser avec  le  temple  de  Jupiter-l'érétrien,  nous  l'avons  placé  du  côté  de  ce  dernier. 

IV.  Iconographie.— On  trouve  l'image  du  temple  de  Mars 
vengeur  sur  le  revers  d'un  aureus  d'Auguste.  On  voit  dans  les 
enlre-colonncments  les  enseignes  rappelant  la  destination  de 
cet  édifice.  La  devise  MAH  VLT  a  induit  en  erreur  quelques 
antiquaires  qui  ont  cru  que  ce  temple  était  celui  du  Forum 
d'Auguste;  ils  ont  oublié  que  le  temple  de  Mars-Uisultor, 
construit  pour  recevoir  les  enseignes  romaines  rendues  par 
IMiraates,  est  appelé  simplement  de  Mars  Ullor  par  Dion  Cas- 
sius.  Pour  le  dessin  ,  voy.  Morell.  Numismal.  XII,  Imp.  rom., 
t.  I,  Xum.  Aug.  lab.  XI,  n»  20;  lab.  XYII ,  n»  21. 

72.  Bois  de  l'Asyle.  Au  milieu  de  l'Intermont,  dans  la  partie  occidentale 
de  la  montagne,  c.-à-d.  vers  le  Champ-de-Mars,  était  le  fameux  Asyle  ouvert 
par  Romulus.  Il  se  composait  d'un  Bois,  presque  divisé  en  deux  par  un  temple 
de  Véjovis,  et  fermé  d'une  clôture  en  buissons  épais. 

I.  Asylum.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Locum,  qui  nunc  septus  densis  sentibus  inler  lucos  est,  Asylum  aperil  [Romulus]. 
TiT.-Liv.  1,8.  —  Nous  lisons  densis  sentibus,  avec  l'édition  Elzévirienne,  au  lieu  de 
descendentibus  que  portent  les  autres  éditions. 

III.  Ta  yy.p  //îTaj'ù  y'jipiov  700  zi  KarrtTcoXiot/  /.xi  z7ti  v./pxç,  0  /.x>.iizu.i  vîjv  zarà  t^v 
Pùiy.xiuy  oi.xKz/.-0-j  iJ.iGopLOv  Sjovj  àp'jp.d-^,  xaZ  r/V  tots  zoxj  cj/j.?sSr,/QZOi  inù-juixo-J,  ulxi^ 
à.fj.fùapi'71  K.o(.z'  c/.ij.^oTS,pxi  ri:;  o-jyxTnoùax;  zo'ii  lofoiç  Ixyivxi  èniaKiov,  ï-.po-j  cxvet,- 
v.iSkov  iKzzxiç,  Kxl  vzôv  iTTi  zoù~oi  xKT«îXîi;Kîâ//.cvo j'  ozo>  ok  cipx  Qiv'J  0  (?at,u.iv«ov,  ojX 
syoi  TO  capjj  dixii-j-  zo'ii  /.xzx'fîliyojzvj  dïzoïiro  zb  ispbv  i/.ézxiç,  zoli  zs  p.rioïv xxy.bv  im 
èyOpûv.-nxOîïv  éy^u/i-.rii  èyhszo,  zôi  £?;  TÔ  Qîlov  e'j^iÇîixi  npo'fàtJSL.  D.  H.\Lic.  II,  15*. 


*  Pliraates,  quia  nilii!  dum  eorum,  qu.T  pnctus  fucrat,  pcrfecisset,  veiiîus  ne  Lello  ab  Au- 
pusto  impcterelur,  siyna  ei  militaria,  cl  captives  onincs,  paucis  dcmptis,  qui  se  ipsos  pudore 
nioti  inteieinerant,  aut  in  Parthia  occulte  remanscrant,  remisit,  eosque  Au{;ustus,  quasi  bello 
ali(iuo  Partliuin  \icisset,  acccpit...  Saciificia  ejiis  rti  causa,  et  templum  Marlis  Ultoris  in  Capi- 
tulio,  ad  imitationcm  Jovis  Feretrii,  ubi  siyna  ea  militaria  suspouclcreiilur,  dccerni  jussil,  ac 
deinde  pcifecit  [m.  734].  =  -  Locum  inter  Capilolium  et  Arcem  médium  (qui  liodie  romana 
liiH;ua  Iiitor  duos  lucos  dicitur,  et  qui  tune  a  rc  ipsa  id  nomen  liabebat,  ab  niroque  scilicet  la- 
tore  quo  cos  colles  altinyit  condensis  opaciis  arboribus)  consecravit  [Romulus],  et  Asylum  sup- 
plicibtis  aperuit  :  et  ilii  exstructo  tecuplo  (seil  cui  deorum  aut  yenioiuni,  niliil  ceiti  babeo  quod 
afferam)  confujjieniibiis  iu  lioc  teuiplum  stipplicibus,  par  siiccieui  pictalis  in  Ucuin,  spopoudit 
foie  ul  nullam  ab  iniiuicis  injuriaiii  palerentur. 


34  DESCRIPTION  DE  ROME. 

IV.  Msrà  àï  t/jv  xtisiv  à-^Ojiomoui  suy/j/i/ôa;  6  Pw//.ù>.9s  yjO/iotÇîv,  ù.noSiliu.i  «'w>ôv  t' 
T^//£V04  fj.src/.^\j  tJ)î  iizyia,-  xai  tsû  Wutut'ji'ùo'j.  Stuab.  V,  p.  230  '. 

V.  Ouaiiquam  jain  Asylo  facto  iiUer  duos  lufos,  auxil  [L'ibem  Uomulusl.  I'aterc.  I,  8. 

VI.  liiia;;inem  urbis  niaf;is  (|iiatn  iirbcm  f<.'CC'ial  :  incolœ  dccraiil.  Eral  in  proximo 
lucus;  hune  Asj'Iuin  faril  illoniiilus;.  I'lor.  I,  1. 

Vil.  Tum  (|uo(|ue  viciiii  lucus  relcbrniur  Asyli , 

(Jua  pelil  ecquoreas  advcna  Tibris  aquas. 

Ov.  Fast.  II,  V.  67,  68. 
Una  nota  csl  Marti  :  nonis  sacrata  quod  illis 

ïempla  putanl  luros  Vcjovis  ante  duos. 
Romulus  ul  saxo  lucuin  ciicumdcdit  alto  : 

Cuilibct,  liur,  iiuiuil,  roiifuse  ;  lulus  eris.       Ibid.  III,  v.  429-432. 
—  La  clôture  en  pierru  dont  parler  Ovide  élait  de  l'époque  de  Romulus;  la  fermeture 
en  buissons  ëpais  mentionnée  par  Tile-Live  [§  11]  était  celle  de  son  temps,  c'est-à-dire 
du  temps  d'Auguste. 

VIII.  n)./iv  TÔJv  ira  TOÛ  V'caij.iù.ov  •/îvo/z^vov,  è^iâc/ix-aw  -A'Atoi  km  i/.v.-jo  io  yfOif,lov 
èvoy.xTi  lir^-i  ù.Qj}X%-i,  jj-i-y.  zr,-j  Twv  àvôyifiiv  v.Bpai'jtv,  àiviu  roïi  ëpyoïi  (Xjzrii,  ïriyvi.  oùro» 
yà:p  ■nipivjipà.xO'o,  t/'jiTs  /j.r,oivcc  éVt  ■zoTia.pÙTtv.v  ècùOsiv  i,  KJrb  ôj-jrfl7i,i'j.i..  Dion. 
XLVII,  19  2. 

IX.  Iconographie.  —  Le  querce  del  Campidoglio  appartenevano  verosimilmcnlc  aile 
spezie  délia  quercus  cerris  e  délia  quercus  robur,  communi  sulle  colline  incolte  ne' 
contorni  di  Uoma.  IJnoccHi,  //  suolo  di  Roma,  p.  27. 

73.  Temple  DE  Véjovis.  —  Area.  —  Arc  de  Scipion.  — Fontaines.  — Staties. 
— Colonnes  rostrales.  Le  Temple  de  Vcjovis  séparait  en  deux  le  Bois  de  l'A- 
syle.  Il  était  d'ordi-e  toscan.  On  ignore  quand  et  par  qui  il  fut  construit. — 
Devant  était  une  place  ou  Arca,  sur  laquelle  on  voyait,  vis-à-vis  du  temple, 
un  Arc  de  Triomphe  bâti  par  Scipion  l'Africain,  Tan  362. — Scipion  décora  aussi 
cette  place  de  statues  dorées  et  de  deux  bassins  ou  fontaines  en  marbre.  —  Il 
y  avait  encore  d'autres  statues  qui  furent  placées  du  temps  de  la  république  et 
de  l'empire  ;  une  Colonne  rostrale,  érigée  par  Jîniilius,  consul,  l'an  498,  et 
une  autre  Colonne  surmontée  de  la  statue  de  Jupiter. 

I.  .iEdes  Vejovis  inter  Arccm  et  Capilolium,  prope  Asjium.  P.  ViCT.  de  Reg.  urb. 
Romœ,  VIIL 

II.  Templa  putant  Lucos  Vejovis  ante  duos. 


Jupiter  est  juvenis,  juvéniles  adspice  vultus 
Adspice  deinde  manum  ;  fulmina  nulla  tenet. 

Ov.   Fast.  III,  v.  430,  437,  458. 
m.  Est  etiam  œdes  Vejovis  Romœ  inter  Arcem  etCapitolium.  A.  Gell.  V,  12. 

IV.  Nonne  simulacrum  Vejovis  in  Arce  e  cupresso  durât  a  condita  Urbe  DCLXI  anno 
dicatum?  Plin.  XVI,  40. 

V.  Arc  et  Fontaines.  P.  Cornélius  Scipio  .Vfricanus,  priusquam  proficisceretur  [ad 
bellum  adversus  Antioclium  gerendum]  Fornicem  in  Capltolio  adversus  viani  qua  in  Ca- 
pitolium  adscendilur,  cum  Signisseptem  auralis,  duobus  Equis,  et  marmorea  duo  Labra 
ante  Fornicem  posuit.  ïit.-Liv.  XXXVII,  3  [an.  .')62].  —  Adversus  signifiant  devant  et 
vis-à-vis,  nous  avons  compris  que  l'Arc  n'était  pas  sur  la  voie,  mais  à  coté.  Qua  in 
Capilolium  adscendilur  désigne  la  voie  qui,  traversant  l'Intermont  devant  le  temple 
de  Véjovis,  conduisait  à  l'escalier  de  l'Area  du  temple  de  Jupiter.  Le  membre  de  phrase 
que  nous  venons  de  citer  ne  peut  s'entendre  ni  du  Clivus  capitolin,  ni  du  Clivus  de  l'A- 
syle,  parce  qu'alors  Tite-Live  aurait  certainement  nommé  l'un  ou  l'autre,  attendu  que 
l'Arc  n'aurait  pu  être  que  devant  l'un  des  deux. 

VI.  Statues  diverses.  Romœ  Praxitelis  opéra  sunt,...  Boni  Eventus  et  Bonœ  For- 
tunœ  simulacra  in  Capitolio.  Plin.  XXXVI,  5. 

1  La  ville  bâtie,  Romulus,  pour  y  attirer  de  toutes  parts  des  habitants,  y  ouvrit  aux  malfai- 
teurs un  Asyle,  dans  un  boca^;e  situé  entre  la  Citadelle  et  le  Capitule.  P.  i8f)  de  la  Irad.  = 
-  Quanquam  id  Uomuli  Asyiuni,  etiani  postquam  is  nuiliiiudiuem  virorum  ejus  nomine  colle- 
git,  deinde  tituluni  tautum  loci  sancti  iuviolatique  liabuil,  non  rem  :  ita  quippe  osbeptum  ut 
nemo  omnino  in  id  amplius  possct  intrare. 


RÉGION  VIII.— FORUM  ROMAIN.  35 

VIF.  Cur  et  faspinalionibus  adoralione  peculiari  oceurrimusalii,  graîcam  Nemesin  in- 
vocantes,  cujus  ob  id  Uomœ  simulacrum  in  Capilolio  est,  quamvis  latinum  nomen  non 
sil?  Plin.  XX.V111,  2. 

VIII.  Quid,  quum  in  Capilolio  ictus  Cenlaurus  e  cœlo  est?  Cic.  de  Dwinal.  I,  -43. 

IX.  .■Emilius  Lepidus  puer  cliam  lum  progressus  in  aciem,  liosicni  inlcieniit,  civem 
scrvavil.  Cujus  (a m  memorabilisoporis  index  est  in  Capilolio  Statua  buliala,  et  incincla 
prœlexla  S.C.  posila.  V.  Max.  111,  1.  1. 

X.  Rulrum  lenciilis  juvenis  est  cfligies  in  Capilolio  epliebi,  more  Grœcorum  liarenani 
ruenlis,  exercitalionis  gratia.  Quod  signum  Ponipeius  Bilhjnicus  ex  Bilhynia  supellec- 
tilis  régla?  Romam  dcportavit.  Fest.  v.  Butrum. 

XI.  Al  mehercule  ego  quum  in  turma  inauratorum  equeslrium ,  quas  hic  [Mctellus] 
in  Capilolio  posuit,  ariimadvertissem  in  Serapionis  suliscriplione  Africani  imaginem,  er- 
ratum fabrile  putavi  ;  nunc  video  Melelli.  Cic.  ad  Allie.  VI,  1. 

XII.  Colonne  de  Jupiter.  Voy.  plus  haut  n"  62,  g  XI. 

XIII.  Colonne  roslrale  d'Mmiiius.  Elle  est  indiquée  seulement  in  Capilolio.  — 
Noclurna  tempestale  Columna  rostrala  in  Capilolio  bello  Punico  [priore  posila  a  M. 
iEmilio]  consule,  cui  collega  Ser.  Fulvius  fuit  [an.  498],  Iota  ad  imum  fulmine  discussa 
est  [an.  580].  Tit.-Liv.  XLII,  20. 

XIV.  Iconographie.  —  Wlruve  s'exprime  ainsi  dans  le  chapitre  où  il  traite  des  tem- 
ples toscans  :  —  Item  generibus  aliis  constiluuiilur  a-des  ex  iisdcm  symmetriis  ordinata;, 
et  alio  génère  disposiliones  habenles,  uti  est  in  Casloris  in  Circo  Flaminio,  et  inler  duos 
lucos  Vejovis.  Vitruv.  IV,  7, 

74.  Portique  de  Scipion  Nasica.  En  face  du  Bois  de  l'Asyle  et  du  temple  de 
Véjovis.  Il  occupait  tout  le  côté  oriental  de  l'Intermont,  entre  le  Clivus  de 
l'Asyle  et  le  Clivus  capitolin.  Il  fut  bâti  par  Scipion  Nasica,  censeur,  dix  ans 
avant  la  ruine  de  Cartliage,  c'est-à-dire  vers  l'an  o96, 

I.  Remoto  Carthaginis  melu, ...  velus  disciplina  déserta....  Tum  Scipio  Nasica  in  Ca- 
pilolio Porticus;  lum  quas  praediximus,  Wetellus;  tum  in  Circo  Cn.  Oclavius  multo 
amœnissimam,  molili  sunl.  Patercul.  Il,  1. 

H.  Tum  P.  Scipio  Nasica,  ejus,  qui  oplimus  vir  a  senatu  dijudicatus  erat,  nepos  ; 
ejus  qui  censor  Porticus  in  Capilolio,  filius,  etc.  Ibid.  3.  —  Scipion  avait  été  censeur 
avec  Popilius  Lenas,  l'an  596,  dix  ans  avant  la  troisième  guerre  punique,  alors  que 
Cartilage,  bien  que  debout  encore,  n'était  déjà  plus  pour  Rome  un  objet  de  crainte. 

III.  Oc7S  6pc.(iiiTV.-:oi  tûv  â-/];i6ro3-J  «jts'ï;  G-j-Jslc/.fj.?x:iov,  èyyjtpiàix  jis'ysovTîî  èj  to 
Kv.TTiTùùyio-J,  ou  Tî£/;l  T/)?  C'.ûotzîa,  èxzXï;i7Jc<c7îw  e/Aî//ov  ïj'oV)  (?k  roô  o-^y.ou  avvslsiy/j.s-^ou, 
/.où  ^oiAëiou  Tt  mpi  toùtwv  àpy^o ijà-wj  léyzi-j,  b  rpàxyoç  dviêxivsv  «t,  to  Ka7r£Tw).(îv, 
iiTsb  Tôiv  5Liv9î^(/£vwv  âopvfopoù;j.v.>rjî'  è'.'oxïoù/j.îvoî  âk  i/izo  toû  Guvsiâôzoi  Wj  è~ï  «llo- 
y.ôxoii  fioiAthiJ.oLGi,  Tvjv  jj-vj  <s'jvtSo^  tvî,  i/.y'k(Yj[ixi  v.-é/livsv,  di  âï  tv/v  arsàv  T:xps\Oùii> 
è?c/Ji^-'j,  içî^psùoiv  Tzccpsl^o/jiVJOi;.  Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  621  '. 

—  Le  portique  dont  il  s'agit  ici  ne  peut  être  que  celui  de  Scipion  Nasica.  Celle  scène 
se  passa  l'an  622. 

IV.  Jîldilis  [Ca?sar],  prceler  Comitium  ac  Forum,  basilicasque,  etiam  Capilolium  or- 
navit  porlicibus  ad  lempus  exslruclis.  Slet.  Cws.  10. 

V.  Iconographie.  —  Nous  avons  pris  le  Portique  de  Nasica  dans  une  partie  de  ce 
qu'on  appelle  généralement  le  Tabularium.  Plusieurs  antiquaires  assignent  au  Tabu- 
larium  toute  la  subsirurtion  antique  sur  laquelle  repose  le  Palais  moderne  du  Séna- 
teur de  Rome  [Nolli,  920;  Letarouilly,  rion.  X,  16],  et  placent  le  Portique  de  Sci- 
pion dans  le  milieu  de  l'Intermonl.  Celle  conjecture  n'est  appuyée  d'aucune  autorité; 
celle  que  je  propose  a  été  adoptée  sur  ce  motif,  que  l'Intermont  servant  de  lieu  de 
réunion  pour  les  assemblées  du  peuple,  cette  place,  déjà  médiocrement  étendue,  ne 
devait  pas  être  encombrée  de  monuments  qui  l'auraient  rendue  impropre  à  conte- 
nir une  grande  foule.  Un  témoignage  de  l'existence  de  celte  place,  c'est  que  César, 
pendant  son  édililé,  y  fit  élever  des  portiques  temporaires.  Voy.  le  §  précédent. 


*  His  audacissimus  quisque  e  plèbe  favebat,  cum  sicis  peteules  Capitolium,  que  tribus  vooa- 
bantur  suffrayiis  ferendis  de  colonia;  et  jain  populus  convenerat,  quum,  Fulvio  concionari 
exorso,  Graccluis  in  ;edein  Jovis  Capitolinam  ascendebat,  stipalus  suis  ex  composite.  Sed  impo- 
diius  ab  iisqui  non  ignorabant  hominem  res  noyas  moliri,vilato  comilio  detlectens  in  Porlicum 
iusidiabalur  ibi  adversariis. 


36  DESCRIPTION  DE  ROME. 

7o.  Tabi-laricm.  DerriiTc  le  |toiti(iue  Je  Stipion  Xasica.  Il  occupe  toute  la 
partie  extérieure  de  rinlennonl,  du  côté  du  Foniui.  Le  Tahularium  se  com- 
pose de  salles  à  rez-dc-cliaussée,  auxquelles  on  arrive  par  le  Portique  de  Sci- 
pioii  ;  d'une  galerie  supérieure,  dominant  ce  portique,  et  d'une  galerie  infé- 
rieure, ouverte  li  ses  deu\  extrémités  sur  le  clivus  Capilolin  et  sur  celui  de 
l'Asyle.  Ces  galeries  étaient  en  arcades,  avec  pieds-droits  décorés  de  colonnes 
doriques  engagées,  et  construites  partie  eu  pierre  liburtine  (travertin),  et  partie 
en  tut' noir  (pépérin).  Elles  servaient  d'arcliives  publicpies. 

I.  Cicéron,  pailanl  des  lois  supposées  par  Antoine,  et  gravées  sur  l'airain,  dil  :  — 
Earumquc  reruin  falsii;  tabula;,  geincnle  populo,  tolo  Capitolio  figebanlur.  Cic.  Phi- 
lipp.  V,  4. 

Pli:t.  Cic.  341. 

III.  F.'TTî't  oz  K(xe'/5wv  ix  Tjjî  puy^î,  ^v  ëfuyîv  hnh  Kl'jioiou,  xoiTskOûv,  xal  âu-./ù/J.rJO; 
fj.éycc,  tk;  5i]ux/.pyiYMi  êCkroxii,  &i  b  KÀwîoj  èO/jXîv  «vay^Kia;  sic  rb  KaTTirciAiov,  ùné- 
anuss  piu  xaJ  ■xa.èfCkt  rou  K\'jiâlo-j  ,iJ.yi  -apàvzo;.  Plut.  Calo  min.  40  2. 

—  On  croit  que  dans  les  trois  §  ci-dessus  il  est  question  du  Tahularium. 

IV.  /conojfJ'rtp/iH'.  Dietro  quesli  tre  tenipj  [de  Jupiter-Tonnant,  de  la  Concorde  eldela 
Fortune],  sierpe  rimpetloalForo,  sopra  un'  alla  sostruzione  dirnassiquadrilalcri  di  pietra 
albana ,  un  portiro  dorico,  del  quale  csleriormente,  oltre  la  sostruzione,  non  si  rav\i- 
sano  clie  i  capitelli  délie  mezze  colonne  clie  lo  decoravano,  e  l'architrave,  le  quali 

parii  sono  di  traverlino La  fabbrica  sorgeva  isolata  anclie  ne'  fiunchi,  e  nel  fianclio 

occidentale  era  l'ingresso,  poiché  di  frontc  non  polea  avère  :  da  un  lato  era  costeggiata 
dal  Clivo  Capitolino;  dall' allro  dal  Cli\o  deU'Asilo  :  essa  occupava  lulto  lo  spazio  che 
oggi  serve  di  palazzo  al  Senalore  di  Roma ,  et  oUre  il  portico  nienzionato  di  sopra, 
v'erano  diclro  di  csso  sale  c  corridori ,  l'uso  de'  quali  ben  presto  vedrassi.  In  queslo 
portico  stesso  esisteva  fino  due  secoli  fa  la  iscrizione  seguente,  la  quale  oggi  più  non 
si  vede,  e  che  mostrava  a  chiare  note  esse  queslo  il  Tabulario  fatto  insieme  colla  sos- 
truzione a  preprie  spese  da  Quinto  Lutazio  figliuolo  di  Quinto  Catulo  : 

Q.  LYTATIVS  Q.  F. 

Q.  N.  CATVLVS  COS 

SVB5TRVCTI0NEM  ET  TABVLARIVM  S.  S.  FACIVND.  COERAVIT. 

Questo  Q.  Lutazio  Catulo  é  lo  stesso  che  fu  console  l'anno  di  Homa  674 ,  e  che  de- 
dicô  il  tenipio  di  Giove  Capitolino  rifallo  da  Silla....  Le  tavole  délie  leggi  doveano  es- 
sere  parle  sotto  il  portico  in  bello  ordine  disposte,  parte  nelle  salle  e  ne'  corridori, 
altrimenti  non  vi  sarebbe  luogo  per  situarle;  ivi  ne'  lempi  bassi  erano,  corne  anche 
oggi  sono,  le  prigioni  ;  anzi  io  credo  che  fossero  prigioni  que'  vani,  che  esistono  den- 
tro  la  sostruzione,  sotto  il  portico,  ed  a  tal  cfTetto  si  fecero  nella  sostruzione  slessa 
quella  aperlure  quadrate  irregolari,  in  alcuna  délie  quali  vedesi  indizio  di  ferrate. 
INiBBV,  Foro  Romano,  c.  I,  p.  148.  —  Nous  avons  emprunté  cette  description  à  Mbby, 
après  en  avoir  nous-même  reconnu  sur  les  lieux  la  parfaite  exactitude.  L'inscription 
du  Tabularium  est  rapportée  dans  Donal  [de  Urbe  Roma,  II,  9]  ;  dans  Nardini  [Roma 
antica,  lib.  V,  c.  13]  ;  dans  Gruler  [p.  170],  et  dans  Orelli  [Inscripl.  lat. ,  n"  31J. 
On  se  rappelle  que  Coeravit  pour  curavit,  indique  que  dans  ce  mot  u  est  long. 

76,  Temple  de  la  Foi.  Au  bas,  et  sur  le  côté  droit  de  l'escalier  qui  conduit 
à  TArea  du  temple  de  Jupiter.  C'était  un  édifice  assez  spacieux,  puisque  le 
sénat  s'y  réunissait  quelquefois.  11  avait  été  dédié  par  Atlilius  Calalinus,  qui 
fut  consul  l'an  49o. 

I.  Oui  jus  igitur  jurandum  violai,  is  Fidem  violai,  quam  in  Capitolio  vicin.im  Jovis 
Oplimi  Maximi  (ut  in  Catonis  oratione  est;  majores  nostri  esse  voluerunt.  Cic,  de  Offic. 
III.  29. 


*  Quum  captasset  opportunitalem  Cicero  per  absentiam  Clodii,  magna  frequcntia  scandit 
in  Capiloliuni,  tabulasqiie,  q\ia!  ncla  continebant  Clodii  iribunalus,  revulsit  cornipitque.  = 
-  Posiquam  Cicero  ab  cxsilio,  quod  ei  irrof;atuiii  fueral  a  Ciodio,  rediit,  luultuiiique  pollens, 
tabulas  tribuuilias,  quas  publiée  Clodius  in  Capitolio  fixerai,  vi  absente  revulsit  et  detraxit 
Clodio. 


RÉGION  VIII.  — FORUM  ROMAIN.  57 

Il Ut  Fides  ut  Mens  :  quas  in  Capitolio  dedicalas  vidcmus  proximc  a 

]VI.  /Emilio  Scauro  ;   ante  aulem  ab  Auilio  Calalino  erat  Fides  consecrala.  Cic.  de  Nal. 
Deor.  II,  23. 

III.  DESCRIPTVM.ET.RECOGNITVM.EX.TABVLA 

.ÏNEA .  QV.E .  FIX  A .  EST .  ROM  .E .  IN .  C  API 

TOLIO .  -EDIS .  FIDEI .  POP  VI,I .  ROJI AM 

PARTE. DEXTERIORE. 

Martini,  Acadetn.  Ercol.  anliq.  monum.  sylioge  altéra,  p.  101.  —  Marini,  Àlli  e 
monumenli  degli  Àrvali,  t.  II,  p.  440,  a.  448. 

ROM,E. IN. CAPITOLIO. POST.TROP.EA 
AD..EDEM.FIDE!.P.R. 

Marini,  Atti  e  monumenli  dcgli  Arvali,  t.  Il,  p.  4f>7. 

IV.  Speelala  est  in  œde  Fidei  in  Capitolio  imago  senis  cum  lyra  pueium  docentis. 
l'LiN.  XXXV,  10. 

V.  Cum  Ti.  Gracchus  in  tribunatu  profusissimis  largitionibus  favorc  populi  orrupato 
icmpublicam  oppressam  tencret,...  in  œdem  Fidei  publire  convocati  Patres  conscripti 
a  consule  Mucio  Scœvola,  quidnam  in  tali  tenipeslate  facienduni  esset,  deiiberabanl. 
V.  Max.  m,  2,  17.  —  Quoique  Valère-Maxime  ne  dise  pas  que  le  temple  de  la  Foi 
était  sur  le  Capilole,  cela  résulte  de  la  narration  du  même  fait  raconte  par  raterculus. 
au  ,§  suivant. 

VI.  P.  Scipio  Nasica,...  quum  esset  consobrinus  Tib.  Gracchi,  patriam  cognationi 
prœferens,...  circumdata  leevo  brachio  loga'  lacinia,  ex  superiore  parle  Capitolii,  sum- 
mis  gradibus  insislens,  horlatus  est,  qui  salvam  vellent  rempublicam  se  sequerentur. 
Tum  optimales,  senalus,  alque  equestris  ordinis  pars  melior  et  major,  cl  intacla  per- 
niciosis  consiliis  plebs,  inruere  in  Gracchum,  stantem  in  Area  cum  catcrvis  suis,  et 
roncientem  pêne  tolius  Italiœ  frequenliam.  Is  fugiens,  decurrensque  Clivo  Capilolino, 
fragmine  subsoUii  iclus,  vitam,  quam  gloriosissime  degere  poluerat,  immalura  morte 
finivit.  Patkrcil.  H,  3. 

Vil.  Scipion  avait  interrompu  la  délibération  du  sénat  dont  nous  avons  parlé  au 
<§  V,  en  disant  aux  sénateurs  :  «  Egomel  privalus  volunlali  veslrœ  me  ducem  offero  »; 
ac  deinde  lœvam  manum  aper-lce  logœ  circumdedit,  sublalaque  dexlra  proclamavit  : 
«  Qui  rempublicam  salvam  esse  volunt,  me  sequanlur.  »  V.  Max.  III.  2,  17.  Alors, 
en  complétant  ce  récit  par  celui  de  Paterculus,  il  sortit  du  temple  de  la  Foi,  monta  au 
haut  de  l'escalier  du  Capilole  [summis  gradibus)  alin  de  haranguer  le  peuple  et  d'être 
AU  de  la  foule  qui  était  dans  rintermont  (in  Area).  Gracchus  se  sauva  par  le  Clivas 
Capilolinus,  parce  que  c'était  l'issue  opposée  et  à  l'escalier  du  Capilole,  où  Scipion 
se  tenait  avec  ses  partisans,  et  au  temple  de  la  Foi  auprès  duquel  étaient  sans  doute 
groupés  les  sénateurs. 

77.  Temples  de  Vénus  Erycine  et  de  Mens.  Au  bas,  et  à  gauche  de  l'escalier 
à  cordons  conduisant  à  TArea  du  temple  de  Jupiter  Capitolin,  proches  l'un  de 
l'autre  et  séparés  par  un  sentier.  Tous  deux  furent  voués  l'an  535,  le  premier, 
par  Fabius  Maximus,  dictateur;  le  second,  par  le  préteur  T.  Olacilius,  à  la 
suite  de  la  bataille  de  Trasiinène,  et  dédiés  deux  ans  après,  ce  qui  prouverait 
que  c'étaient  de  petits  temples,  puisqu'ils  furent  si  prompteinent  achevés. 
Amilius  Scaurus  restaura  le  temple  de  Mens  vers  l'an  GiO. 

I.  Tum  [an.  53.'51  œdes  vout.  Vcneri  Erjcina>  a-dcm  Q.  Fabius  Maximus  diclalor  vo- 
vit. ...  Menti  œdem  T.  Olacilius  preelor  vovit.  Tii.-Liv.  XXII,  10. 

II.  Duumviri  creaii  sunt  Q.  Fabius  Maximus  et  T.  Olacilius  Crassus,  aedibus  dedi- 
candis.  Menti  Olacilius,  Fabius  Veneri  Erjcinœ.  Utraque  in  Capitolio  est,  canali  une 
discreta?.  Tit.-Liv.  XXXUI,  31  [an.  557]. 

m.  Ta  t-;î5  Me'vTiî  xaÂ5u//.svï;j  (yvci//./),-  àv  ■JO^il^otro)  'Zy.ocîipoi  Alyv^^toç,  tt- fA  tk  Kta- 
Cpt/.y.Tolî  ypô-^oii  y-yojcii;.  Pllt.  De  fort.  Rinn.  p.  264'. —  Les  guerres  Cimbriques 
éclatèrent  pour  la  première  lois  l'an  640  de  llomc. 


*  Mentis  [fanum]  dcdicavit  /Eniilius  Sraurus,  qui  bclli  CiinlMici  teinpore  vixit. 


58  DESCRIPTION  DE  ROME. 

lAyXi  (:oi  .\liJ.'juoi  izsfA  tk  Kiix^oi/y.  t9Ïj  ypàvoiç  yîyîviis  /.xOtipoiis-J.  Put.  De  fort.  Rom. 
p.  278  1.  — Voy.  ci-ilcssus,  n"  76,  g  II. 

V.  Mknt.  in   CAPiT.  (;iU'TKIt.  p.  135.   Kalcnd.  anliq.  mois  de  juin,  VI  des  ides.  — 
Orelli,  Inscript  lai.  l.  Il,  p.  59:2.  393. 

VI.  Mens  (|iio(iue  nunien  habct.  Menli  delubra  videmus 

Vola  mclu  bclli,  perfide  Pœne,  lui. 
Pœne,  rebellaïas  :  el  leto  ronsulis  omncs 

Allonili  Mauras  perlimuere  manus. 
Spem  metus  expuleral  ;  cum  Menti  vola  senatus 

Suselpil;  el  meiior  protinus  illa  venil. 
Adspiril  inslanles  mediis  sex  lucibus  idus 

Illa  dies,  qua  sunl  vola  solula  l)ea>. 

Ov.  Fast.  VI,  V.  241-248. 

78.  Escalier  a  cordons,  et  Porte  de  l'Area  du  temple  de  Jipiter. 

I.  Sur  l'exislence  de  cet  escalier,  voy.  plus  haut  n"  70,  et  n»  76,  g  VI,  VU. 

II.  Iconographie.  Nous  avons  placé  au  sommet  une  porte  ornée  servant  d'entrée  à 
VÀrea,  disposition  empruntée  aux  Propylées  d'Athènes. 

79.  Area  du  temple  de  Jupiter. — Statues  colossales  en  airain  de  Jupiter  et 
d'Hercule. — Statues  diverses.  L'Area  était  une  place  qui  environnait  le  tem- 
ple. Elle  dominait  l'Interinont  de  20  pieds  romains  environ ,  et  le  plateau  de 
la  Forteresse  de  12  pieds.  Une  muraille  la  défendait  de  toutes  parts,  non-seule- 
ment pour  la  sûreté  du  temple,  mais  aussi  pour  garantir  une  Joule  de  statues 
et  d'objets  d'art  qu'on  y  avait  consacrés.  L'Area  était  un  ouvrage  de  Tanjuin 
l'Ancien,  un  terre-plein  fait  pour  y  bâtir  le  temple  de  Jupiter,  et  qu'on  n'avait 
pu  exécuter  qu'à  l'aide  d'énormes  murs  de  terrasse.  —  La  Statue  colossale  de 
Jupiter  fut  érigée  l'an  4-39,  par  Sp.  Carvilius.  Elle  était  en  airain,  dominait  les 
murs  d'enceinte  de  l'Area,  et  regardait  vers  le  Forum  et  l'orient.  —  La  Statue 
colossale  d'Hercule,  en  parallèle  de  celle  de  Jupiter,  du  côté  du  Cliamp-de- 
Mars,  était  aussi  en  airain,  et  fut  apportée  de  Tarente  par  Fab.  Maximus, 
lorsqu'il  eut  pris  cette  ville  l'an  543. 

I.  Aream  ad  sedem  in  Capitolio  Jovis,  quam  vovcrat  bcllo  Sabino,  jam  priTsagienle 
animo  futuram  olim  ampliludinem  loci,  occupât  fundamentis  [Tarquinius  Priscus].  TiT.- 
Liv.  I,  58. 

II.  Eodem  anno  [367],...  Capitolium  quoque  saxo  quadrato  substructum  est;  opus 
vel  in  bac  magnificentia  Urbis  conspiciendum.  Tii.-Liv.  VI,  i. 

III.  Sed  tune  [avant  le  temps  de  Milon  et  de  J.  César]  senes  aggeris  vaslum  spa- 
tium,  et  Subslructiones  insanas  Capitolii  mirabantur.  Plin.  XXXVI,  13. 

IV.  'inyiiryri'jî  ôï  /.'A  riv  vsàiv  xaTcîzî'JaÇîtv  toD  tj  ùho;  xai  t/j,  H/saj  xat  t^j  Â.Or,-Jxi, 
0  lîo'.'jù-ùi  o\)-oi  SJyr,'J  ànooLooiii,  rrJ~îp  iTtoivi'jy.-o  Toii  ©sîïî,  h  tt,  -slîuzaiy.  Ttpoi  Za- 
êho'j;  iw.yrc  TÔv  .wîv  svv  >ôp5v,  ip'  ou  TÔ  tî/sàv  ïij.iù.vj  ïâpxj'O'Xi,  TtoYj.rii  os6fi.-:>o:>  T.pv.- 
•mxTzicç'  o'j--  yy.p  iÙTzpôaoàoç  ■?,:>,  O'jrs  b/j-MÔ;,  d'Û'  ànù-o/x'ii  y.xl di  x^pu-^f/v  îjvxys^uïvoj 
à^slx-j-  àvxlri'j/j.x'^iv  'jpr)io1i  ■RoiX'xyô^v)  T:ipù.a.?w,  /.où  ttîVjv  yoli-j  sic  zb-j  fjLSTa^ù  twv 
TS  àva)iYî//,uàT!>jv  /.où  tvî;  >iopi/j:7,i  tottov  è'j.-p'iprp'j.ç,  ryijrùr)  ■/îjs.zBv.i  iia.ptT/.iitst.^-,  -/.xi 
npo;inzoâoyr,-j  Upw  è-VTrÀîiÔTXZO'K  D.  Halic.  III,  69  2. 

V.  E'zîtv5j  yypi  ^'■'  "^'^  Ts'jiîjzxiu  ii'AiiJ.'jt  p.'xyiii.î-iOi  nphi  IxCho'j;,  s'j^y.ro  t5>  Att'xa't 

TïJ  UpV.  Xxl  Tfi  ^OO'X,  £Ci-J  •HXTiTiy»  zf,  /W/.^/I,  vaS jj  aJTOt,  XaTaîXÎU7«5ctV  Xxl  TOV  p.ÏJ  z/.i- 

Tislov  È'v^a  iopù^z^èui  E,a£/>£  TSyj  Oîoùi,  àyxMiJ-ixxoi  tî  kv.i  yùix7.zi  /*r/yÀi{;  i^îipyc/.- 
aono.  D.  Halic.  IV,  59  3. 

1  Estetiam  Mentis  [templum]  ;  sed  id  dedicavit  Scaurus  ^milius,  qui  bello  Cimbrico  vixit. 
=  2  Atjgressus  est  cliaiii  rcx  iste  [Tarquinius  l'riscus]  aedificare  tcniplum  Jovi,  Junoni,  et  Mi- 
iicrva-,  ut  vota  persolveret  quae  iis  fecerat  in  poslrenio  pr.-eiio  cum  Saliinis  cominiNSO.  Colluin 
igilur,  ul)i  templum  erat  fundaturus,  laWoriosa  eyentem  opéra  (neqiie  eniiu  aditu  facilis,  neque 
planiis  erat,  sed  pra;ruptus  et  fastij;iatiis)  multis  ex  partibus  stidibus  circumdedit  ;  alque  spa- 
tium  quod  erat  inler  ipsas  sudes  et  collis  verticem,  a[;(;esta  ninlta  terra,  pleiuijii  cffecit,  el  ad 
excipicndas  sacras  :pdcs  .iplissimuni.  =  ^  Ule  [Tarquinius]  in  ultinio  bello  cum  Sabinis  dimi- 
cans,  Jovi  et  Junoni  et  Minerva?,  si  ex  piaîlio  victor  discessissct,  teinpia  se  Gedilicaturum  vove- 
rat  :  ac  rupem,  ubi  deoruui  fuudalui  us  erat,  cclsis  subslructiooibus  maguisquc  aggertbus 
complanavit. 


RÉGION  VIII.  — FORUM  ROMAIN.  39 

VI.  Hrocchi  [Suolo  di  Roma,  p.  211]  donnant,  en  pieds  do  Paris,  In  hauteur  des  di- 
vers points  de  liome,  rapportés  au  niveau  de  la  Méditerranée,  s'exprime  ainsi  : 

Campidoglio.  AU'  ani;olo  occidentale  délia  rupe  Tarpea,  Hl,  p.  8. 

—  Piano  délia  cliiesa  di  Aracœli,  151  p.  —  Le  même  écrivain  indique  la  hauteur 
moyenne  du  Tibre  A  20  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  Méditerranée  ;  or  1  Inlermont 
étant  arrosé  par  l'aqueduc  de  la  Marcia,  dont  les  eaux,  suivant  Piranesi,  ne  s'élevaient 
pas  plus  haut  que  112  pieds,  le  sol  de  l'Inlermont  était  donc  19  pieds  plus  bas  que 
VArea  du  temple  de  Jupiter. 

VII.  Uesles  des  murs  de  terrasse  de  l'Area.  —  Di  queslo  auç;usto  tempio  'C.apiiolio] 
non  vi  restano  altre  meniorie  che  grandiose  sostruzzioni,  le  quali  si  vedono  dalla  parte 
délia  cordonala  che  dalla  chiesa  del  Gesù  [Nolli,  n»  902  ;  Letarouilly,  rion.  IX,  37] 
porta  in  Campidosilio,  e  che  si  estendono  sotio  quelle  abitazioni  che  occupavano  il 
vicolo  dclla  Pedacclua,\e  quali  in  parte  ancora  si  vedono,  benché  con  timoré  da  i  fo- 
resiieri,  e  fanno  in  parte  conciperne  qualche  idea.  Venuti,  Délie  antichità  di  Roma, 
part.  I,  c.  5. 

VIII.  Statues.  Statuas  virorum  illustrium  ab  Augusto  ex  Capitolina  Area  propter  an- 
guslias  in  Martium  Campum  colloeatas,  ita  subvertit  atque  disjecit,  ut  restitui  salvis 
titulis  non  valuerint.  Slet.  Calig.  54. 

IX.  Statue  colossale  de  Jupiter.  Quoquidem  tempore  [an.   689]  ,   quum  aruspices 

ex  tota  Etruria  eonvenissent, jusserunt  Simulacrum  .lovis  faeere  majus,  et  in  excelso 

coUocare,  et  contra,  atque  ante  l'uerat,  ad  orienlem  convertere  ;  a  se  sperare  dixerunt, 
si  illud  Signum,  quod  videtis,  solis  ortum,  et  Forum,  Curiamque  conspicerct,  fore  ut 
ea  consilia,  quae  clam  essent  inita,  contra  salutem  Urbis,  etc.  Cic. ,  in  Catil.  III,  8. 

X.  Cicéron,  après  avoir  rapporté  le  même  fait  que  dans  le  §  précédent,  dit  : 

Ni  post,  exceisum  ad  columen  formata  décore, 
Sancta  Jovis  species  claros  spectaret  in  ortus. 
Tum  fore,  ut  occultes  populus,  sanctusque  senatus 
Cernere  conatus  posset,  si  solis  ad  ortum 
Conversa,  inde  palrum  sedes,  populique  videret. 

Cic.  de  Divinat.  I,  12. 

XI.  Fecit  et  Sp.  Carvilius  Jovem  qui  est  in  Capitolio,  viciis  Samnitibus  sacrata  lege 
pugnantibus,  e  pecloralibus  eorum,  ocreisque  et  galeis.  Amplitude  lanta  est,  ut  con- 
spiciatura  Laliari  Jove.  lieliquis  lim»  suam  Slatuam  fecit,  qu;e  estante  pedes  simulacri 
ejus.  Plin.  XXXIV,  7.  —  La  défaite  dont  il  est  question  ici  eut  lieu  l'an  459,  et  les 
Samniles  y  perdirent  plus  de  40,000  hommes.  Voy.  Ïit.-Liv.  X,  39  et  sqq.—  Le  Jupiter 
Latiar  était  sur  le  mont  Quirinal,  qui  avait  un  mamelon  appelé  Cotlis  Laliaris. 
Voy.  Varr.  L.  L.  V,  §  51. 

XII.  Statue  colossale  d'Hercule.  Position  conjecturée,  il-j  knziy.vX  b  iîfxxy.yZi  ^'■'  "w 

Tï)v  -i/£v.  Strab.  VI,  p.  2781.— La  reprise  de  Tarante  par  Fabius  Maximus  est  de  l'an 
.543.  Voy.  Tit.-Liv.  XXVII,  16. 

XIII.  Aâ'/STat  TÔv  y^cay.^uaTî'a  TTU^s'sÇai  -zoû  ^ocSiou  TCspl  twv  0cWv  t£  Kslsùst,  ràj  ypx- 
fàs  O'JTOJ  T.po'jO.y'^pi'jia.-j'zx  /ai  -zoxji  àvd'^tâvTK;-  tov  oyv  «tâSov  ei-sïv  Ano\-lT.'jijj.vJ  Toù; 
0£OÙî  Tv.pccvThoii  y.syo'XxfjLi-.'O'j;.  où  yvjv  a/.ïà:  riv  /.o1os^o-j  toû  Hpx/.ïéov?  [i.î-:oi./.oiJ.iaxç 
i/.  Tà,oavr5^,  toir,^VJVJ  KK-iTCo^t'j)  ical  TrX-/îatov  é'ptûûsv  ïcxivz  yyl/.rfj  Ikjtsû.  Plut.  Fab. 
Max. -22^. 

XIV.  Non  attigit  eum  Fabius  Verrucosus,  quum  Herculem  qui  est  Capitolio  inde  [Ta- 
rento]  Iransferret.  Plin.  XXXIV,  7. 

XV.  Ivat //s'xiTîat  iv  rôj  Ka7rtrcj/i'j>  Tixpy.  tôv  licxAsx  i^pi)0r,'jx-j.  Dion.  XLII,  26  3. 

XVI.  Nous  nous  sommes  inspirés,  pour  la  position  de  ces  deux  Statues  colossales 
(celle  de  Jupiter  et  celle  d'Hercule)  d'une  médaille  de  Titus,  représentant  la  façade 
du  Capitule,  et  où  ces  deux  statues  nous  paraissent  ûgurées.  Voy.  ci-dessous  n°  81, 
g  XXVII. 


1  Telle  est  la  St.ilue  colossale  d'Hercule,  travaillée  par  Lysippe  et  fondue  en  airaiu,  que  Fa- 
liius  Maximus  consacra  dans  le  Capitole,  quand  il  eut  repris  Tarente.  P.  2()o  de  la  trad.  = 
-  Tradilur  interro;;auti  scribae,  quid  lieri  de  diis  vellet,  tabulas  et  sii;nasi(;niHcanti,  respondisse 
Fahius  :  «  Deos  iralos  Tarentinis  lelinquanuis.  »  lierculis  tamcn  Siynuni  inyentis  niagniuuli- 
nis  Tarento  avectmn  posuit  in  Capitolio,  juxtaque  8tatuam  equestrem  suam  ex  aerc.  =  •'  Apcs 
quoque  in  Capitolio,  juxta  Uerculis  Statuam,  sedeni  oecupavcre  [au.  706J. 


M  DESCRIPTION  DE  ROME. 

XVK.  Statue  de  farvilius.  Aux  pieds  de  la  Statue  colossale  de  JupiU  r.  Kilo  avait  tM<' 
fuili!  avoc  les  riscluros  de  celle  deriiii^re  statue.  Voy.  ci-dessus  §  \l. 

XVlll.  Statue  èqueilre  de  Fabius  Maximus.  Auprès  de  la  statue  d'Hercule.  Voy. 
ci-dessus  §  XIII. 

80.  LoGF.MENTs  DF.s  Editiens,  ET  Enthée  DES  pAviss.E.  Los  édituons  oti  g.nr- 
dicns  du  Icinplc  do  Jupiter,  cxeiraul  une  surveillance  de  jour  et  de  nuit,  de- 
vaient être  loi^és  (ians  1  enecinlc  du  temple.  Nous  avons  placé  leurs  logeruenls 
vers  la  porte  de  l'Area,  et  près  de  la  partie  la  plus  accessible  des  nnirs  de 
clôture.  Nous  conjecturons  que  l'entrée  des  caveaux  du  Capilole,  appelés  Fn- 
vissœ,  était  dans  les  logements  des  édituens. 

I.  Varro  rescripsil,  iii  meirioria  sibi  esse,  quod  Q.  Calulus  curator  restiluendi  Capi- 
tolii  dixisscl,  voiuisse  se  Aronm  capilolinam  deprimere,  ut  pluribus  (;radlbus  in  apdem 
consccnderetur,  suggcstusque  pro  faslif,'ii  magniludine  ailier  fieret  :  sed  facere  id  non 
quissc,  quoniani  Favissa;  impcdissent.  Id  esse  collas  quasdam  et  cisternas,  qua  in 
Area  sub  terra  esseni,  ubi  reponi  scièrent  sl|?na  vêlera,    qurc  ex  eo  lemplo  eollapsa 

essent,  et  alia  qua-dani  religiosa  e  donariis  ronsecralis Conjectare  igitur Favis- 

sas  esse  dictas  relias  quasdam  et  spccus,  quibus  œditui  capilolini  utcrentur  ad  cuslo- 
diendum  rcs  vetercs  reiigiosas.  A.  Gkll.  II,  10. 

H.  Tacile  parlant  de  la  prise  du  Capitole  par  les  Vitclliens,  dit  :  Domilianus,  prima 
irruptione  apud  œdiluum  orcullatus,  etc.  T.\c.  Uist.  III,  74. 

81.  Temple  de  Jupiter  Capitolin.  —  Derp.ière  :  Fontaine.  Le  temple  occu- 
pail  le  milieu  de  l'Area  et  l'on  y  montait  par  trois  degrés.  Il  était  d'ordre  do- 
rique cl  presque  carré,  ayant  environ  200  pieds  de  long  sur  I  H'-'i  de  large.  Sa 
fa(;ade  regardait  entre  l'orient  et  le  midi.  Un  portique  de  douze  colonnes  de 
front  sur  trois  de  profondeur  la  décorait;  elle  était  couronnée  d'un  fronton 
surmonté  de  statues.  Deux  autres  portiques,  également  en  colonnade,  mais  à 
douille  rang  seulement,  couvraient  ses  parties  latérales,  et  aboutissaient  sur  une 
muraille  qui  régnait  dans  toute  la  largeur  de  l'édifice  et  en  fermait  le  fond. 

L'intérieur  du  temple  se  composait  de  trois  nefs  à  l'extrémité  desquelles  se 
trouvaient  trois  édicules  parallèles,  séparés  par  des  murs  mitoyens,  et  ouverts 
sur  le  devant:  celui  du  centre  était  consacré  à  Jupiter,  celui  de  droite  à  Junon, 
et  celui  de  gauche  à  Minerve.  Les  édicules  prenaient  à  peu  près  un  quart  et 
les  nefs  les  deux  tiers  de  la  longueur  totale  du  temple.  La  forme  de  l'édifice 
étant  celle  d'un  temple  toscan,  la  nef  du  milieu  était  à  ciel  ouvert.  Le  temple 
de  Jupiter  Capitolin  fut  commencé  par  Tarquin-le-Superbe,  qui  l'éleva  en 
grande  partie;  mais  il  ne  fut  terminé  que  trois  ans  après  l'expulsion  de  ce  roi, 
l'an  iV-i,  et  dédié  par  le  consul  Horatius  Pidvillus.  Un  incendie  le  détruisit 
l'an  670.  Sylla  en  entreprit  la  reconstruction,  qui  dura  quatorze  ans,  et  la  dé- 
dicace eut  lieu  l'an  68o,  par  le  ministère  du  consul  Lutatius  Catidus.  Auguste 
restaura  ce  temple.  Derrière  était  une  fontaine  pour  le  service  du  culte. 

I.  Toùj  oï  6îrj.-\bjç  o'jy.  ep^scTî  ^îïvat  to'j  v-w,  ypo-joj  i-iSi'^i'y.ç  /j.-tx  t/jv  xarâ/us-tv 

vwi,0T7ii  àpyy-;  èxr: s-jw ,  roùg  zs  Os/J-ùiou;  /.utî^kI-to,  x.où  -r/ji  oizso'î^-^j  zx  T:nYiù. 
tlpyi.ij'X.TO-  oJf/j.r}-j  iT£>î['&j7î  tô  è'p-/yy  oùo'  txj-o;,  «/X'  è~l  -zCi-J  Ijvxmiw)  y.pyjj-nwj  tmv 
xstTà  T9V  zpiTov  èvtxjrbv  iinarsi/ci.'zuv,  zt,-j  'iWizéltiT.-j  è/.aSîv  à  vîoj,.  D.  Halic.  lll,  69  *. 

II.  .\d  negotia  urbana  animum  convertit  [Tarquinius  Superbus;  ;    quorum  eral  pri- 


'  Templi  [.lovis  C:ipilo!ini]  aiucm  fundament.i  jncore  non  poliiit  [T.irquiniiis  Prisons],  (juod 
post  bellum  confectum  qua(lrii;iii)liiin  tanluiu  vixi^sel.  Sed  muhis  posl  aniiis  Taïquinius,  qui 
tertius  ab  illo  re(;navit,  et  qui  regno  expulsas  fuit,  fundanicula  Jecit,  et  niaynani  illius  .-cdificii 
parlera  fecil.  Vernmtamen  ne  ipse  qiiidem  illiid  opiis  absolvit,sed  annoruin  mnyislratuum  Icm- 
pore,  qui  terlio  posl  anno  consul, ilinn  (josscrunt,  id  tcmplum  ab.solntuni  csl. 


RÉGION  YIH.  — FORUM  ROMAIN.  il 

muni,  ut  .lovis  Templum  in  monlo  Tarpcio,  monumcntum  ri-gni  siii  nominisquo  rclin- 
quorcl.  TiT.-Liv.  I,  55. 

III.  Noiidum  dcdiralacrat  in  Capitolio  Jovisscdcs.  Valcrius  Horatiusque  consules  sor- 
soriiii  uler  dedicarel.  Horatio  sorte  evenil.  Publicola  ad  Veientium  bellum  profcctus. 
TiT.-Liv.  II,  8  [an.  245]. 

IV.  Tôv  ëï  -nifJ  Toû  K'j.T:vz(i)\ioD  Atàç  s'j^octo  //îv  àva^vJTîtv  Txpxiivto?  h  \r,ij.<xf,v.zo'j, 
Tr5)«£//'j)v  IxSi'JOlî,  ùy.ooôy.r,7S  (îk  'Tapy.b-Jioi  o  loÙTisp^Ci,  uib;  wv  ri  utojvàj  toîi  s'j^djj.i-JO'j' 
y.v.Oup'ji'JM  â'  ojx  È'p(/ajîv,  «/).«  fMxpbv  àTTS^ïî'rrîTO  tsû  ts'/o,-  s^si-j,  ots  Ta/j/ùvjsj  ifg. 

TTtTTTcV  WJ  oOv  t/.T:sîpyCi7T0  TÙécii,  /.«.l  T5V  T[pO'j-r,X.OV-U  X5ff//5V  àTïcï^^îV,  -^V  TÔ)  n5,T>i(zi/(/ 

yû^Tt/j.ix  TTpbç  v.yfiiipfji'^vi Ts-JO/j.é-rr,i  o'j'j  tw  lion^d/.i'/^x  ^rpv.zeiu^  </.-JCii.y/.7.iy.î,  ■pwi- 

cK//cvot  TÔV  fiyiàTiov  y.o.Oupoxj-J.  Plut.  Poblic.  14  *. 

V.  Tàv//àv  yàys  TzpSfzov,  oj;  s'{pr,TCi,  Tocpiuviou  xxzcusiisuânx'JTOi,  ilpccziov  a;  Kyfii-p'Jt- 
javTO;,  £v  Tol;  è;/.j3o'>~ht^  itoïé/ÀOii  nôp  ànoiXsnî'  tôv  d'à  o^ûtî/sov  «Vï'aryjTS /aîv  2i///czj, 
iTii'/pàffj  Sï  Tj)  y.'xdi-pià-jsi  Kàrouloç,  Ziillv.  r^oîaTro^avôvTs;.  Plut.  Poblic.  15  2. 

VI.  Et  0£  /ji/j  577î'J5î£v,  è[J.~;T:p/i'7z';0ui  rh  K:«tïîtcj/hv  o  xkJ  7D//.w,va(  t-^;  riij.ipv.i  i/.tl- 
'■''fii,  'lii  0  y.vOpuno^  ■Kporr/opvj'sz'y  r;i  àï  airv)  n^à  //tS;  vavwv  KtvTÙtwv,  âj  vûv  lou^t'aj 
xxloï/p.sv.  Plut.  Sulla,  27'. 

VII.  nàvLi  Pw/zKt'jjv  i'vTCjv  if  rà  Tot^ura  jixpsvspyStv,  tô  ts  Kkî7£Tw),(ov  ûttô  twv  fîv.7t- 
y.iorj  ■ztzpy.y.oaioii  -cj  TipàiOv^  sVsîî  •/v.>6jj.vjQ'J  hmp-n'jO-ri,  xat  t'/;v  atTi'av  oiâdi  èmvisc. 
Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  671  *. 

VIII.  Voverat  [Capitolium]  Tarquiniiis  Prisrus  rcx,  bello  Sabino,  jeceratque  funda- 

menta Mox  Servius  Tuilius,  sociorum  studio;  dcindc  ïarquinius   Superbus,  capta 

Suessa  Pometia,  hostium  spoliis,  cxslruxcre.  Scd  gloria  operis  iibcriati  rescrvata  :  pulsis 
regibus,  Horalius  Puivilius,  iterum  consul,  dedicavil  ea  magnilicenlia ,  quam  immensse 
postea  populi  romani  opes  ornarent  potius  quam  augerent.  lisdcm  rursus  vcstigiis  si- 
tum  est,  postquam  intcrjecto  quadringentorum  viginti  quinquo  annorum  spatio,  L.  Sci- 
pione,  C.  Norbano  consulibus,  Ilagravcrai.  Cuiam  viclor  Sulla  susccpit  noque  lamen 
dedicavit;  hoc  solum  felicitati  ejus  fuit  negalum.  Luialii  Catuli  nomen,  inter  tanta  Cœ- 
sarum  opéra,  usque  ad  Viteilium  mansil.  Tac.  Hist.  III,  72. 

IX.  'l'emplum  Jovis  in  Capitolio,  quod  incendio  consumpium  ac  refectum  erat,  à  Q. 
Calulo  dedicalum  est.  Tit.-Liv.  Epilo.  XCVIII. 

X.  CaPITOLIVM  et  Pû.MPElVM  THEAÏUVM,  YTRVJiaVE  OPYS  IMPENSA  GUANDI,  P.EFECI  ,  SINE 
VLLA  INSCRIPTIONE   NOMINIS   MEI.    LAI'.  ANCYH.  Col.    4. 

XI.  Capitolium  illud  templis  tribus  illustratum,  palernis  at((ue  etiam  liujus  amplissi- 
misdonis  ornaliaditus  J.  0.  M.,  Junonis  Ilegina",  Alinerva;,  etc.  Cic.  Frayrn.  prn  Scatirn. 

XII.  L'emplacement  du  temple  de  Jupiter  est  occupé  maintenant  par  l'église  et  le 
couvent  de  VAra-cœli.  Des  bulles  du  treizième  siècle  désignent  ainsi  ces  édilices  :  — 
Monasterium  S.  Mariœ  de  Capitolio.  Voy.  Casuiiro,  Memorie  islorice  délia  chicsa  e  co- 
venlo  di  S.  Maria  in  Ara-ca>li  di  lioma,  c.  III,  p.  15  et  sqq. 

XIII.  Iconographie.  V.~ovoOr,  o"  i-l  icp-o~i'hi  j/^ï;//;,  /Sîéyj/.'jjj,  ôy.Ty-.TzlîOpoi  Tr,-J  7Tî- 
piooov,  ^v/.yo'ji-jyt  T^o^w  i'y/tTTa  t/;v  TÙîupy.-j  iyw'  éxàiT'/iV  (J/£-/2v  oi  -zi  rà  o'ta>âT75v 
eCpoirli  â.!  z'ôi  imspoyvii  roi)  jj:fiy.ou;  —xpi:  rb  Tï/irsç,  oùo'  oK'jtj  tzs-jz  sy-cKi^hnx  nooùi-j' 
ènlyy.p  tsï;  ciù-ol;  Oipùloiç  b  iJ.fzy.  Tr,'J  ë/x—pri'ji-j  oly.nCoiJ.rflili  xarà  Toùj  nxTspxi  riy-OiJ 
ejpéO-/),  T/j  noAUTsl-ix  tv}?  û^-zj^  ij.o-jo'J  oiu.\y.zT'jyj  zoli  ùpyMoii,  Ik  y'-v  zoû  y.uzx  — c5ïc.j~ov 
pApo-ji  -pbi  iJ.sTrip.^pix-j  jî'/^éTToy-oç,  TyCt7î).co  ~eptXy.;j.$'j.yô/iivoî  nrlyot  y.t.b-jwj,  ix.  (?î  tôjv 
■Kkxyi'jy),  oc-^ôj-  £V  ô'z  «jtw,  Tyist;  sv££7£  ij-ry.'A  T^xpx)X-i{)^oi,  KOVji/.i  ïyo-.'zs;  Tïli Jpxi-  pi'jOi 
p.-v,  b  TOÏi  Afij-  -nxp'  syMTspo-j  ai  ~b  /-n-époî,  o,  zi  zr,;  Hpx;,  y.xl  b  t'/jj  AOr,JXi,  ûp'  ivàj 
<y.szoû  /.XL  juv.i  (jziym  y-xM?rzôyz:ioi.  D.  Halic.  IV,  61'''. 


'  Templum  Jovis  Capitolini  Tarquinius,  Demarati  filins,  in  bcllo  quod  {;essit  cuni  Sabinis 
voverat.  Id  Tarquinius  Superbus,  ejus,  qui  voverat,  filins  vel  nepos,  exsiruxit  ;  non  dedicavit 
tamen,  sed  erat  pcne  absolutum,  quum  Uoma  pcUeretur.  Ut  jam  niidef|uaqae  perf;cMim  et  de- 

lenti  specie  fuit  exslructum,  affeclavit   id   Poblicola  dcdicare ^)uuni  autem  Poblicol.p 

nécessitas  incumlicret  cxpedilionis,  concessa  ex  plébiscite  Iloralio  dedicatio  est.  =  -  l'riniuni 
[Capitolium]  quod  Tarquinius  (nt  jain  diclum  est)  condidit,  et  dedicavit  Iloraiius,  inccndiiini 
liellis  civililius  absunipsit.  Secundum  cxcitavit  Sylla,  sed  Catulus,  Sylla  falo  pr:pvonto,  est  dc- 
dicatiotii  pra>sciiptus.  =:  5  Ouod  ni  maluraret  [Sylla],  (;apitoliuni  conHa(;raturniii  ;  iilqiie 
eodeni  evenisse,  que  ille  pra^dixerat,  die,  qui  fuit  pridie  Non.  Oiuniiles,  quas  nune  vocanins  Ju- 
li,is.^*Quamvis  senalus  populique  romani  cura  minime  cesset  in  rébus  lalibns,  lamen  (Capito- 
lium inccrta  causa  condajjravit,  a  recilms  aiite  C(X'X'j  annos  coudilum.  =  ^  ICxsiriicluni  ac 
fundatum  super  crepidinc  alta,  octo  pletliros  ambilu,  peduiu  ferme  ducenlorum  sinyala  latera 


42 


DESCRIPTION  DE  HOME. 


XIV.  Ni  texte,  ni  ruines  ne  nous  apprennent  combien  le  temple  avait  de  rolonnes 
sur  sa  façade,  ni  (nicj  ('lail  son  oidre  d'arriiitcrturc.  Les  monnaies  ou  méilailles  n'of- 
frent i\  cet  éRard  ()ii('  des  secours  inconi[)l('ts,  siirlout  pour  le  nombre  des  roloniies. 
Deux  revers  de  deuii-rs  d'argent,  que  nous  copions  ri-dessous,  et  qui  représentent  le 
temple  de  Jupiter-Capiiolju  ,  lui  donnent  lanlôl  (pialre  rolonnes,  tantrtl  six.  Or,  relie 
disposition  était  matériellement  impossible,  \\i  la  grande  largeur  de  l'édifiée,  qui  n'élail 
pas  moindre  de  18.")  pieds  romains,  équivalant  à  prés  de  .55  métrés,  ee  (jui,  pour  six 
colonnes,  donnerait  des  entre-eolonnements  de  plus  de  9  métrés,  portée  beaucoup  trop 
grande  même  pour  des  éi>islyk's  en  charpente.  Nous  disons  en  charpente,  parce  qu'en 
donnant  douze  colonnes  au  temple,  les  entre-eolonnements  ont  encore  4  A  5  métrés, 
espacement  l)eaucoup  trop  considérable  pour  des  épisljles  en  marbre,  qui  se  faisaient 
toujours  en  blocs  d'un  seul  morceau,  taillés  comme  des  poutres,  sans  aucune  armatute 
ni  en  fer  ni  en  bronze,  et  jamais  en  plaies-bandes,  comme  dans  nos  constructions  mo- 
dernes. 11  est  donc  certain  que  ce  temple,  réédifié  avec  tant  de  magnificence  par  Sylla, 
qui  employa  à  sa  construction  les  colonnes  de  marbre  d'un  temple  de  Jupiter  Olyni|)i(!n, 
commencé  A  Athènes  fvoy.  le  §  suivani],  avait  des  épistyles  en  charpente.  On  doit  at- 
tribuer A  ce|  em|)loi  du  bois  les  incendies  (jui  ruinèrent  le  Capilole  A  diverses  époques, 
et  notamment  celui  dont  nous  nous  occupons,  que  le  feu  dévora  du  temps  de  Vitellius. 
Nous  n'avons  pas  tenu  compte  du  dessin  des  deniers  ci- 
contre  pour  le  nombre  des  colonnes,  la  logique  ne  le  per- 
mettant pas;  mais  nous  y  avons  eu  égard  pour  l'ordre  d'ar- 
chitecture qui,  d'ai>rés  ces  mêmes  dessins,  serait  dorique.  C'é- 
tait l'ordre  du  Capilole  primitif,  et  comme  en  réédiliant  ce 
temple,  on  s'attacha  A  ne  rien  changer  ni  A  sa  forme  ni  A  ses 
proportions,  il  nous  paraît  A  peu  près  certain  qu'on  y  con- 
serva l'ordre  dori(iue. 

La  première  figure  est  le  revers  d'un  denier  d'argent  de  la 
famille  Voltcia,  et  la  seconde  de  la  famille  Pclillia.  Ces  de- 
niers ont  été  frappés  du  temps  d'Auguste.  On  voit  sur  le  pre- 
mier denier  qu'on  montait  au  temple  par  trois  degrés.  Voy. 
Thesaur.  Morelt.,  fainil.  Pelillia,  1,  2;  et  Vnlteia,  1. — 
Vaillant,  famil.  loni.  l'etillia,-2.  Voy.  aussi  ci-dessous  §  XXVIl 
la  figure,  pour  la  position  parallèle  des  trois  temples. 

XV.  Sic  est  inclioatum  Alhenis  lem|dum  .lo\isOlympii,ex  quo 
Sulla  capilolinis  a^dibus  advexerat  eolumnas.  Plin.  XXXVI,  6. 

XVI.  Nam  cpium  esset  habita  ratio ,  quemadmodum  e\ 
utraque  tecti  parle  aqua  delaberelur;  utilitatem  fasiigii  rempli 
dignitas  conseeula  est:  ut,  etiamsi  in  cœlo  Capilolium  sta- 
tueretur,  ubi  imber  esse  non  potest,  nullam  sine  fastigio  di- 

gnitalem  habiturum  fuisse  videalur.  Cic.  de  Oral.  III,  46. 

XVII.  î\!ox  sustinenles  fastigium  [Capitolii]  aquilee,  vetere  ligne,  traxerunt  flammam, 
alueruntque.  Tac.  Uist.  III,  71. 

XVIII.  Ornantque  signis  fictilibus  aut  sereis  inauratis  earum  [aedium]  fasligia  Tusca- 
nico  more,  uli  est  ad  Circum  Maximum  Cereris  et  Herculis  Pompeiani ,  item  Capitolii. 
VlTRliV.   III,  2. 

XIX.  Bonis  muictatis,  ex  eo  quod  in  pul)licum  redactum  est,  œnea  in  Capilolio  li- 
mina,...  Jovemque  in  culmine  cum  quadrigis...  posuerunt.  Tit.-Liv.  X,  23  [an.  436]. 

XX.  Fictilcs  in  fastigio  templi  [Capitolii]  ejus  [Tarquinii]  quadrigas.  Plin.  XXXV,  12. 

XXI.  (juuni  Summanus  in  fastigio  .lovis  Optimi  Maximi,  qui  lum  erat  lictilis,  e  cœlo 
ictus  esset,  ncc  usquam  ejus  simulacri  cai>ut  invenirclur,  aruspices  in  Tiberim  id  de- 
pulsum  esse  dixerunt,  idque  inventum  est  co  loco.  Cic.  de  Divinal.  1,  10. —  Ceci 
prouverait  encore  que  le  temple  était  à  la  pointe  septentrionale  de  la  montagne,  c'est- 


habens  :  pari  fere  longiludine  ac  latiludine  ,  ne  qnindccim  quidcm  inte-ïrorum  pedura  dif- 
ferenlia.  Etenim  icmplum  quod  supr;i  eadem  fundamenta  pairum  nosiroriun  a;lale  post  inccn- 
diuni  fuita-dificalum,  solo  luxu  ac  materire  ma(;nificentia  a  prisco  differt,  ut  comperhun  est. 
A  parle  enini  frontis  vcrjjculis  ad  nieriditni  tripliccm  columnarum  ordineui  habct,  a  lalcril)us 
dupliconi  :  et  in  ipso  tria  sont  délabra,  qua*  recta  série  sunt  exstiucta,  et  ita  intcr  se  conjuncta 
ut  communia  haheaut  latera.  Ac  médium  quidem  est  Jovis;  ab  utraque  parte,  Juuonis  et  Mi- 
nerv;c,  sub  iisdem  pinnaculis  el  iisdeni  tectis. 


RÉGION  VIII.  — FORUM  ROMAIN. 


45 


à-dire  à  l'endroit  lo  plus  éloigné  du  Tibre,  car  à  l'autre  extrémité,  il  n'y  etU  eu  rien 
d'extraordinaire  à  ce  que  la  tétc  de  Summanus  eût  roulé  dans  le  fleuve. 

XXII.  Suétone,  racontant  les  funérailles  de  César,  dit  qu'une  parliez  du  peuple  vou- 
lait brûler  le  corps  du  diclaleur  dans  le  temple  de  Jupiler-Caiiitolin  :  —  (Juem  quum 
pars  in  Capitolini  Jovis  cella  cremare,  pars  in  Curia  l'ompeii  destinarel,  elc.  Siet. 
Cff'S.,  84.  —  Ceci  prouve  que  le  temple  de  Jupiter  était  à  ciel  ouvert,  car  on  ne  peut 
pas  supposer  que  le  peuple  voulût  incendier  le  temple  le  plus  auguste  de  Home.  Il 
est  permis  de  lui  prêter  cette  intention  pour  la  Curie  de  Pompée,  où  César  avait  été  tué. 

XXIII.  Comitia  quum  ambitiosissime  fièrent,  et  ob  hoc  senalus  in  Capilolio  haberetur, 
milvus  volans,  mustelam  raptam  de  cella  .lovis  in  medio  consessu  patrum  misit.  Obseq. 
de  prodig.  71  [an.  588.]—  Ce  fait  indique  encore  une  nef  à  ciel  ouvert. 

XXIV.  Cum  inler  alia  prodigia  fulmine  dejectum  esset  in  Capitolio  Jovis  signum,  ca- 
put  ejus  per  aruspices  inventum  est.  Tit.-Liv.  Epitom.  XIV  [an.  47.5].— Autre  preuve 
que  ia  nef  était  à  ciel  ouvert. 

XXV.  Lepidus  Censor,...  œdcm  Jovis  in  Capitolio  columnasque  circa  poliendas  albo 
locavit  :  et  ab  his  columnis,  quœ  incommode  opposita  videbantur,  signa  amovil  :  cly- 
peaque  de  columnis,  et  signa  militaria  affixa  omnis  generis  dempsit.  TiT.-Liv.  XL,  51 
[an.  575].  — Ces  courts  renseignements  sur  le  Capitole  primitif  ont  leur  valeur;  on 
voit  que  ce  temple  n'eut  d'abord  que  des  colonnes  de  pierre  que  Lépidus  fit  couvrir  de 
stuc;  que  des  trophées  militaires  étaient  attachés  à  ces  colonnes,  et  que  sous  le  pé- 
ristyle il  y  avait  beaucoup  de  statues.  Pline  [XXXIV,  5]  et  Dion  Cassius  [XLllI,  45]  nous 
apprennent  que  parmi  ces  statues  on  voyait  celles  en  airain  des  Rois  de  Rome. 

XXVI.  Intérieur  du  temple.  — Nefs  latérales.  Elles  étaient  couvertes  par  un  plafond 
encaissons,  doré.  —  Laquearia,  quîe  nunc  et  in  privatis  domibus  auro  leguntur,  post 
Carthaginem  eversam  primo  inaurata  sunt  in  Capilolio,  censura  L.  Mummii.  Inde  tran- 
sierc  in  caméras  quoque  et  parictes,  qui  jam  et  ipsi  tanquam  vasa  inaurantur  :  quum 
sua  œlas  varia  de  Calulo  exislimaverit,  quod  tegulas  œreas  Capitolii  inaurasset  primus. 
Pi.iN.  XXXlll,  3.  —  Laquear  et  Lacunar  sont  synonymes.  Winckelmann  dérive,  avec 
raison,  Lacunar  de  Lacus.  C'est  proprement  ce  que  nous  nommons  des  caissons.  Voy. 
Remarq.  sur  l'Architecture  des  anciens,  cl,  p.  68,  in-8". 

XXVII.  Les  cellw.  Sur  les  trois  cellœ  parallèles, 
voy.  ci-dessus  §  XIII.  —  Lex  velusta  est  priscis 
litteris  verbisque  scripta  ,  ut  qui  ])rœlor  maximus 
sit,  idibus  septembribus  clavum  pangat.  Fixa  fuit 
dextro  laleri  »dis  Jovis  Optimi  Maximi,  ex  qua  pâ- 
tre Minervœ  templum  est.  Tit.-L[v.  VII,  3.  — Le 
côté  gauche  du  temple  de  Jupiter  doit  s'entendre 
de  la  gauche  du  spectateur.  La  figure  ci-contre, 
représentant  le  Capitole  reconstruit  par  Vespasien, 
en  fournit  la  preuve.  Voy.  Morell.  Numismat. 
XII  Imp.  rom.,  t.  II,  Num.  Titi  Vesp.  ex  aère  ma- 
gno,  tab.  X,  n"  9.  Voy.  aussi  Num.  Vesp.  ex  îere 
magno,  tab.  XIII,  n"  25;  et  deux  médailles  d'ar- 
gent de  Domitien.  Ibid.  Num.  Domit.,  tab.  L\, 
n»  1  ;  tab.  XIV,  n"  U. 

XXVIII.  Judicia  in  fœneratores  eo  anno  [560]  multa  severe  facta  sunl...  De  muleta 
damnatorum  quadrigee  inauratœ  in  Capitolio  posita;  in  Cella  Jovis  supra  fastigium  aidi- 
culœ,  et  duodccim  clypea  inaurata.  Tit.-Liv.  XXXV,  41. 

XXIX.  Rom<E  scaipluratum  [pavimenlum]  in  Jovis  Capitolini  eede  primum  factum  est, 
posl  tertium  Punicum  bellum  inituni.  Plin.  XXXVI,  25  [de  l'an  603  à  604]. 

XXX.  La  figure  ci-conire  représente  la  cella  de  Jupiter- 
Capitolin  avec  la  statue  du  Dieu.  C'est  le  revers  d'un  denier 
d'argent  gravé  dans  le  Thésaurus  Morell.,  incerta,  tab.  I,  1 
B,  et  dans  Vaillant,  famil.  Rom.,  incerta,  tab.  CL,  1.  Ou 
reconnaît  que  la  cp//a  avait  des  colonnes  corinthiennes.  Le 
Dieu  tient  de  la  main  gauche  une  haste  pure, c'est-à-dire  sans 

et  un  foudre  de  la  droite.  Il  est  encore  ainsi  représenté,  et 
le  corps  nu  Jusqu'à  la  ceinture,  sur  le  revers  d'une  médaille  de 
J.  César.  Voy.  Morkll.  numismat.  XII,  -imp.  rom.,  Num.  Ca-s. 
tav.  VI,  n"  4;  et  Thesaur.  Motdl.,  famil.  Julia,  tab.  8,  1. 

XXXI.  Statue.  —  Voy.   le   §  précédent,  pour  sa  position. 
Outre  cette  autorité  pour  prouver  qu'elle  était  assise,  on  peut  encore  invoquer  les  deux 


44  DESCRIPTION  DE  ROME. 

passages  suivants  de  Josî-phe  cl  de  Dion  Cassius  :  l'h  roi/ro  âe  •nfio-jîr,  tô  jj'x-JiMit  aùrû, 
Oiirt  or,  y.y.'i  Ooyy.TfJOi  a'jrOi  yîv'5//îvv;5,  c^vk/îz/'ik;  irc'i  ro  Kv.TH-z'Jt'Ki'i-j  lui  r<)ï<;  •/b-iv-il  xa- 
zatiOszat  zo'j  v.-/û'//j.7.T0i...  JosF.iii.  Ànliq.  jud.  MX,   1,  §  21.  cdil.  Dindnrf. 

XXXII.  Dion  raconlarit  le  retour  d'Au^tusle  à  Home,  après  ses  triomphes,  l'an  741, 
s'exprime  ainsi  ;  Kai  i;  tî  KaTitroJ/iov  c/.-JÙ.Oo'rj,  t/;vtî  ÇKjiv/;và7:i  twv  pùSC'jiv  v.spifù.î, 
/«i  ii  -Z'J.  ro'j  Afij  yivara  /v.riOi-o.  DioN.  I-IV,  25  î. 

XXXIII.  Ovide,  parlant  des  premiers  temps  de  Rome,  dit  : 

Jii|iiler  aiif,'usta  vix  tolus  slabat  in  a-de, 
Iricine  .lovis  dextra  lictile  fulmen  erat. 

OwFasl.  I,  V.  201,  202. 

—  Ce  passade,  rapproclié  des  deux  suivants,  nous  a  fait  conjecturer  que  le  foudre  de 
Jupiter  était  d'or. 

XXXIV.  Se((ucnti  nocleslatim  videre  visuscsl  filium  morlali  si)ecic  ampliorem,  cuin 
fulmine  cl  sccplro,  cxuviisiiuc  Jovis  Opt.  Max.,  ac  radiata  corona  super  laureatum 
currum,  bis  senis  equis  candore  exiniio  tralicntibus.  Slet.  Aug.  94. 

X.WV.  Nam  nunc  ejjo  si  te  subripuisse  suspicer 

Jovi  coronam  de  capite,  e  Capitolio, 

Quod  in  culmine  adstal  summo  : 

Plaît.   Trinum.  T,  2,  v.  47-40. 

—  Ces  vers  où  il  s'agit  d'un  vol,  font  connaître  la  matière  précieuse  de  la  couronne. 
XXXVI.  Matière  de  la  slalue.  —  l'iine  (X.XXIV,  7j   dit  que  jusqu'^à  la  conquête  de 

l'Asie  toutes  les  statues  des  dieux,  dans  les  temples,  furent  de  bois  ou  de  terre  cuite, 
<'t  Varron,  contemporain  de  J.  César,  nous  apprend,  dans  un  passade  conservé  par 
Nonius  Marcellus,  que  de  son  temps  il  y  avait  des  statues  de  Jupiter  en  marbre,  en 
i\oire,  et  même  en  or  :  —  Pnuperlales  nove  posilum  numéro  plur^li.  Vairo  défila 
popuii  Uoiiiarii  Mb.  XI  :  Quid  inter  hos  Joves  intersit,  et  eos  qui  ex  marnrore,  ebore, 
auro  nunc  fiunt,  potes  animo  advertere,  et  horum  temporum  di\itias  et  illorum  pauper- 
tates.  Non.  Marcell.  v.  l'aiipertales.  —  Nous  crojons  que  la  statue  de  Jupiter  du 
Capilole  de  Sjlla  était  en  ivoire,  à  rimilalioii  du  Jupiter  Olympien  d'Athènes.  Le  marbre 
était  une  matière  trop  peu  précieuse,  et  l'or  une  matière  moins  disliuRuée  que  l'ixoire. 
On  avait  déjà  à  Rome  un  exemple  de  statue  d'ivoire  au  temple  de  Jupiter  bâti  par 
Métcllus,  plus  de  soixatite  ans  auparavant.  Voy.  plus  bas  n"  150,  §  IX. 

XXXVil.  Enumerai  auclores  Verrius,  (juibus  credere  sit  necessc,  Jovis  ipsius  simu- 
lacri  faciem  diebus  feslis  minio  illini  solilam,  Iriumphanlumque  corpora  :  sic  Camillum 
triumphasse.  Hac  reli;;ione  etiam  nunc  addi  in  uns^uenta  cœnœ  Iriumphalis,  et  a  cen- 
soribus  in  primis  Jovem  miniandum  locari.  Plin.  XXXIll,  7. 

XXXVIll.  Quod  quum  ita  se  habeat,  cui  LIcorum  hominumve  indi|inum  videri  potest, 
inquit,  eos  viros,  quos  vos  scUis  curulibus,  loga  pr;etexla,  tunica  palmala,  et  toga 
picta,  et  corona  triumphali,  laureaque  lionoraveritis,  quorum  domos  spoliis  hosliuin 
alFixis  insignes  inter  alias  feceritis,  pontificalia  atque  auguralia  insignia  adjicere?  Qui, 
Jovis  ()i)limi  Maxinii  ornatu  dccoratus,  curru  aurato  per  Urbem  vectus  in  Capitolium 
ascenderil.  TiT.-Liv.   X,  7. 

XX.XIX.  Quid,  si  vidisset  prretorem  in  curribus  altis 

Exslantem,  et  medio  sublimem  in  pulvere   Circi 

In  tunica  Jovis,  et  pictœ  Sarrana  fcrentem 

Ex  liumeris  aulœa  tog;c,  etc.     Jiv.  S.  X,  v.  36-39. 

XL.  Aitlels  de  Terme,  de  la  Jeunesse,  et  de  Mars.  Ces  trois  Autels,  plus  anciens 
(pie  le  temple  de  Jupiter,  furent  conservés,  par  un  point  de  religion,  lorsqu'on  bâtit 
ce  temple.  Celui  de  Terme  était  devant  la  cella  de  Jupiter,  dans  la  nef  découverte; 
celui  de  la  Jeunesse  dans  la  cclla  de  Minerve,  et  celui  de  Mars  sous  le  péristyle  du 
temple.  Tous  trois  étaient  fort  petits  et  à  peine  apparents. 

XLI.  Lorsqu'on  voulut  exaugurer  divers  autels  qui  se  trouvaient  sur  la  partie  du  mont 
Capitolin,  où  l'on  de\ait  bâtir  le  temple  de  Jupiter  :  ()t  //kv  &i/v  k»oi  Ssoi  tê  xal  oat- 
//9vîj  è~îTpîj/y.-j  aJTil;  sU  êz-pu  y/jipix  zo'jç  /iufj.O'Ji  /;tîTKpc,oîtv  ot  oh  ro'j  Tép/jiovoî  vyx 
■XTii    "SlbZTiTOi   Hrj'Ù.V.  -KV.pM-ZOXJll.i-JOli   TOlî   ll.'J.i-ZfJl   /.'A   li-'x.poliiv}    o'j/.  ènd<jOr,f:x-) ,    ojo" 


1  Eo  autem  insani.Tproressit  [C.ili(;ida]  iit,  qinini  filii  ri  nnla  esspt,  eam  in  Capitolium  de- 
I.Uam  in  siniidiirri  yenna  drpoiicrct.  ^  -  In  CMpiioliiiin  ascciuleus,  laurcMUi  fascil'us  detraxit, 
iic  ad  Jovis  eani  jjonua  deposuit. 


RÉGION  Vin.— FORUM  ROMAIN.  45 

-ro)  5/;/';>  7r)./;5t'<5v  t5u  ïoo-ji.  D.  Halic.  III,  69  i. 

—  Malgré  i'asserlioii  de  Deiiys  d'IInlicarnasse,  l'Aulel  ou  la  statue  de  Terme  était  dans 
la  nef  du  temple  de  Jupiter,  parce  que  cet  endroit  était  à  ciel  ouvert.   Denys,  en  l'in- 
diquant dans  le  temple  de  Minerve,  aura  pris  V Aulel  de  Mars,  dont  il  ne  parle  pas,  pour 
celui  de  Ternie.  Les  vers  suivants  indi(|uent  cette  communauté  avec  Jupiter  : 
Quid,  nova  cum  lièrent  Cupilolia?  nempc  Deorum 

Cuncta  Jovi  cessit  turba,  iocuinque  dédit. 
Terminus  (ut  veteres  memorantj  conventus  in  œde 

Ilestitit,  et  magno  cum  Jove  templa  tend. 
Nunc  quoque,  se  supra  ne  quid  nisi  sidéra  cernât, 

Exiuunm  lempli  tecta  foramen  habent.    Ov.  Fast.  I,  v.  667-672. 
XLII.  Pinxil  hic  [Nicomaclius]  rajjtum  l'roserpin.T,  qua"   tabula  fuit  in  Capitolio,  in 
Minervœ  delubro  super  a?diculam  Juventatis.  Plin.  XXN.V,  10. 

XLIII.  Exauguralion  de  divers  petits  temples  sacella]  pour  bâtir  le  Capilole.  —  Cum- 
que  omnes  dii  libenter  inde  migrassent,  Terminus  solus,  hoc  est  limitum  deus,  descen- 
dere  noluit,  sed  illic  remansit...  Unde  in  Capitolio  prona  pars  tecti  patet,  qua>  lapidem 
ipsum  Termini  speclat,  nam  Termino  non  nisi  sub  clivo  sacrificabatur.  Serv.  in 
JEneid.  IX,  v.  iiS. 

XLIV.  Exauguration  des  divers  .\utels.  —  Atque  ipsi  inde  cedere  omnes  voluerunl, 
prteter  illos  quos  memoravi,  Martem,  Terminum,  Juventatem  ;  atque  ideo  Capitolium 
ila  constructum  est,  ut  etiam  isti  très  essent  tam  obscuris  signis,  ut  hoc  vix  homines 
doclissimi  scirent.  S.  AiG.  de  Civil.  Dei,  IV,  23. 

XLV.  Fontaine.  Rivis  hic,  et  opère  supra  terram,  in  Capitolium  eam  aquam  duxit 
[Marcius  anno  dcviii],  cui  ab  auctore  Murcia^  nomen  est.  Fro.nt.  Aquœd.  7. 

XLVI.  Scrvilius  Cœpio  et  L.  Cassius  Longinus,  censores,...  anno  post  L'rbem  con- 
ditam  Dcxxvii,...  aquam  quœ  vocatur  Tepula,...  in  Romam  et  in  Capitolium  adducen- 
dam  curaverunt.  Ibid.  8. 

XLVII.   Ta  Kaû£7co).£ov   y.xzi/.ot.ë-.  y.'jX  ajrîjç  Tôj   (i'^Sir,:  v.-^MpîOr,-j'jn  ^r,'^i'7y.ij.i-j-/-iç,  à 

èruppiov  è;  rà  i-zpbv  oîstî/juv.  Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  628  2. 

82.  Prison  publique  et  Degrés  gémonies.  Sur  la  pente  Inférieure  du  mont 
Capitolin,  à  l'angle  du  Clivus  de  l'Asyle  et  de  la  voie  du  Forum  de  Mars.  Son 
entrt>e  regardait  la  montagne:  on  y  arrivait  par  un  chemin  détaciié  du  Clivus 
de  l'Asyle,  et  conduisant  sur  un  petit  vestibule  qui  entourait  l'édifice.  Un  es- 
calier descendait  de  ce  vestibule  vers  le  Forum  romain  :  c'étaient  les  Degréa 
(jémonies.  La  Prison  fut  bâtie  par  le  roi  Ancus  Marcius.  Elle  était  couverte  par 
nue  voûte  conique.  Le  roi  Servius  TuUius  augmenta  la  Prison  d'un  cachot  sou- 
terrain appelé  THlUatuim ,  qui  se  trouvait  immédiatement  au-dessous  de  la 
prison  primitive,  dont  il  n'était  séparé  que  par  de  fortes  dalles,  et  avec  laquelle 
il  communiquait  au  moyen  d'un  trou  rond  percé  au  centre  de  ces  dalles,  et 
juste  d'un  diamètre  suffisant  pour  passer  le  corps  d'un  homme.  Ce  cachot  n'a- 
vait aucune  autre  ouverture.  La  Prison,  bâtie  en  grosses  pierres  de  taille  de 
Tibur  (travertin),  posées  et  ajustées  sans  ciment,  fut  restaurée  sous  Tibère, 
l'an  77-3,  par  les  consuls  subrogés  C.  Yibius  Rufînus  et  M.  Cocceius  Xerva. 

I.  Carcer  ad  terrorem  increscentis  audaciœ,  média  L'rbe,  imminens  Foro,  acdificatur 
[Ancus  Marcius].  Tit.-Liv.  I,  53.  [an.  11-4-120]. 

II.  Carcer  imminens  Foro  a  Tullo  Hoslilio  aedificalus  média  Urbe.  P.  Vict.  de  Heg. 
urb.  Rnmcp,  VIII. 

II(.   Ky-pojoix  -//jîtîv  z'j'j  ol/.r,ij.xToç  Èv  tw  Oy.îvoît'w.  DiON.  LVIII,  11-^. 

*  Céleri  ijjiuir  dii  et  gciiii  permiserunl  iilis  ut  Aras  in  ali:i  loca  transferrent  :  sed  Terminus 
et  Juventas  nullis  aujjurum  precibus  aiit  deprecationihus  flecti  potiierunt,  neque  loco  cedere 
voluerunt.  Itaque  corum  Ara:  templi  amltilu  conipreliensK  fueruut,  et  nune  altéra  sila  est  in 
Minerva;  vestibulo,  allera  iu  ipso  temple,  ipsius  Dca;  simulacre  proxima.  =  -  Capitolium  oc- 
cupât :  quuraque  senalus  liostes  eos  judicassel,  Maiius  pravalim  quidem,  armât  lamen  non 
nulles,  idque  cunctanter  :  alii,  morarum  periKsi,  tubos  in  templum  aquam  ducentes  inter- 
cidunt.  =;  5  Prope  Garcerem  in  a_>dem  Concordia;  convenit  Scnatus. 


40  DESCRIPTION  DE  ROME. 

IV.  Conjcclo  in  Carcerem  Manlio,  salis  constat  magnam  parlcm  plebis  veslem  mu- 
tasse, multos  mortales  rapilium  ar  harbam  promisisse,  obvcrsatamque  vcstibulo  Car- 
ceiis  mœstam  turban.  TiT.-Liv.  VI,  IG. 

V.  Palcfaclo  dcin  sccieie,  delegalum  in  Tuliianum  ex  scnatusconsulto.  TiT.-Liv. 
XXIX,   22. 

VI.  IMeminius  in  infciioiem  demissus  Carcerem  est,  necalusque.  TiT.-Liv.  XXXIV,  H\. 

VII.  ÏL'vîlor,  Tî  za't  èv  Tôt  Ky.-i7'j)'/iot  0\jC!Xi,  èi  zy,'J  àr/or.'j.j  /.%-f,ti,  01  Ctly.zrat  a.jzoï/  oi 
èop\j'fOf.oi,  civ.  re  -zr^i  booli  7r,i  ii  tô  otcfi'ji-ripio'^  «70Ù07;;  içeT/5«r:ovT5,  /J.y,  ovvr/OsvTs; 
uùrCi  iiTcb  T5Û  «J^^/ol»  è'ncty.oy.ouO-Zsui,  y.xi  zarà  twv  6!vaëa7yUi5Jv,  xaô"  wv  oi  ot/.ct.ioù/J.s-^oi 
è/J/stTTTSûvTO,  xartivreç,  u/.ioOciv  y.'A  za-eTrêcîv.  Uios.  LVIII,  5  *. 

VIII.  E  j  T£  -/c/.p  TÔ  (3S5/*'jjT/;/itov  6  SaÊïvoî  v.'jBr,jj.if,'o-J  ycn-TéO-zi,  za't  //.srà  roûro  «z/Jt- 
Tw;  è-fôc/.pr,-  16,  Tî  uôiyw-a  aJTOû  y.xrx  zdiv  c^vkSscj/ji'Jjv  èppi-jir,,  xat  Iç  tÔv  7:9T«//iv  ^^î- 
É>/,^/;.  DiuN.  LVIll,  l  2. 

IX.  Corpus  contunielia  Carceris  et  detcstanda  Gemoniarum  scaiarum  nota  Tœdavit. 
V.  Max.  VI,  3.  3. 

X.  In  publiris  vinculis  spiritum  déposait,  corpusqne  ejus  funesti  carnincis  manibus 
laceralum  in  scaiis  Gemoniis  jacens,  magno  cum  honore  totius  Fori  Romani  conspeclum 
est.  Ibid.  9.  15. 

XI.  Carrer  a  coercendo,  quod  exire  prohibcnlur.  In  Iioc  pars  quaR  sub  terra,  Tul- 
iianum, ideo  quod  addilum  a  Tullio  rege.  Quod  Syracusis,  ubi  deiicti  causa  cuslodiun- 
tur,  vocanlur  Latomiœ,  inde  Lalnmia  iranslaium,  vel  quod  Iiic  quoque  in  eo  loco  la- 
pidicinœ  fuerunl.  Varh.  L.  L.  V,  g  1.51. 

XII.  Est  locus  in  Carcrre,  quod  Tuliianum  appellalur,  ubi  paululum  ascenderis  ad 
laevam,  circiter  duodeciin  pedes  liumi  dcpressus.  Eum  muniunl  undique  parietes,  atque 
insuper  caméra  lapideis  fornicibus  vincta  ;  sed  incuilu,  tenebris,  odore,  fœda  atque 
terribilis  ejus  faciès  est.  Sall.  Calil.  '6o. 

XIII.  Le  Tuliianum  s'appelait  aussi  Rnbur  :  —  Quod  ex  bonis  redigi  non  possil,  ex 
corporc  et  tergo  per  vexalioncm  et  conlumelias  L.  Scipionis  ptliluros  inimicos  :  ut  in 
Carcerem  inter  fures  nocturnes  et  ialrones  vir  clarissimus  includalur,  et  Uobore  et  te- 
nebris exspirel.  Tit.-Liv.  XXXVllI,  39. 

XIV.  Carcer,  et  liorribilis  de  saxo  jactus  deorsum 
Verbera,  carnifices,  Robur,  pix,  lamina,  tœda'. 

LicRET.  111,  V.  1029,  1050. 
—  Robus  quoque  in  Carcere  dicitur  is  locus  quo  prœcipilalur  maleficorum  genus, 
quod  ante  arcis  robusleis  includebatur.   I'aul.  apud  Fest.  v.  Robum. 

XV.  Dielro  l'Arco  di  Scttimio  suite  ultime  falde  del  Canipidoglio  quasi  nell'  imbocco 
del  vico  Mamertino  e  del  clivo  deil'  Asilo  esisle  ancora  il  Carcere,  che  dal  suo  fon- 

datore  Anco  Marzio  ebbe  nome  di  Mamcitino Erano  due  le  parti  del  Carcere,  una 

superiore  ed  originale  detta  Mamerlina  formata  in  un'  antica  cava  di  piètre;  l'allra 
sotto  di  questa  scavata  nella  rupe,  e  chiamala  Tuliiana.  Questa  parte  inferiore,  nella 
quale  discendevasi  per  un  forame  rotonde  capace  di  un  uomo,  era  cliiamata  anche 
Robur,  perché  ne'  tempi  più  antichi  coloro  che  ivi  dentro  gitlavansi,  si  rinchiudevano 

in  arche  di  quercia,  dette  in  lalino  robuslœ La  descrizione  che  ne  fa  Sallustio  è 

cosi  \iva  e  terribile,  che  senibra  vedersi,  e  quando  >i  si  scende  si  trova  esaltissima 

Il  Carcere  superiore....  doveva  assere  più  grande  di  quelle  che  non  é  la  caméra  supe- 
riore ancora  esistente  ;  esse  dovè  essere  di\iso  in  piu  camere,  ed  estendersi  dietro  la 
chiesa  attuale  di  S.  Giuseppe;  e  forse  la  caméra  che  esiste  era  la  piii  terribile,  corne 
quella  che  è  piu  \icina  al  Carcere  Tulliano,  e  al  luogo  del  supplizio.  In  questa  caméra, 
che  é  tutla  ceslrutta  di  grandi  massi  quadrilaleri  di  pietra  albana  o  peperino,  unili 
jnsieme  senza  caice,  e  che  é  alta  13  piedi,  larga  18,  e  lunga  23,  si  discendevano  i 
rei  pel  forame  che  si  vede  nella  volta  ;  le  scale  per  le  quali  oggi  vi  si  scende  sono  mo- 
derne ;  essa  era  chiusa  tutla  d'inlorno  da  mura,  e  solo  riceveva  lume  da  piccole  feri- 
toie  oblenghe,  che  oggi  più  non  si  veggono.  Sulla  faccia  esterna  in  una  fascia  di  tra- 


^  Quum  in  Capitolio  sacrificasset,  ac  iode  in  Forum  dcscenderet,  servi  ejus  stipalores,  quod 
proptor  turbam  cum  sequi  non  posseut,  in  viam  quœ  ad  Carcerem  ducit  diverierunt,  ac  per 
scalas  Genionias,  in  quas  eos,  de  quibus  suintum  est  supplicium  mos  est  abjiccre,  descenden- 
tes,  lapsi  Ueciderunt.  =  ^  Ea  ipsadie  in  Carcerem  conjectus  est  Sabiuus,  deinde  indicia  causa 
necatus,  corpus  ejus  inGemonias  projectum,ac  post  in  tlumea  missum. 


RÉGION  VIII.  —  FORUxM  ROMAIN.  47 

verlino  legfîonsi  in  lettcre  quasi  oubitali  i  nomi  di  Cujo  Vibio  Itufino  (igiio  di  Cajo,  c 
Marco  Cocccjo  Nerva,  clie  furono  oonsoli  surrogali  l'anno  775  di  Itoma,  che  fecero  per 
oi'dine  dcl  Senalo  quairlie  ristauro,  o  accrescimenlo  ail'  edilicio  : 

C.VimVS.C.F.RVFlNVS.M.COCClilVS.NERVA.EX.S.C. 

La  farciata  neile  quaie  Icggcsi  qucsia  isciizione,  e  che  slando  verso  il  Foio,  moslra 
essere  slata  la  fronie  principale  del  Carcere,  non  ha  pii'i  di  26  picdi  di  larghezza.  Solto 

la  caméra  superiore  testé  descritla  esisle  il  Carcere  Tulliano La  Caméra  ù  molto 

bassa  non  avendo  que  sei  piedi  di  altezza,  ne  ha  nove  di  larghezï«,  ed  il  doppio  di 
lunghezza  ;  anche  essa  é  rivcstila  di  massi  quadrilalcri  di  pietra  albana,  corne  la  caméra 
superiore,  i  quali  a  misura  che  vanne  verso  la  voila  sporgono  più  in  fuori,  onde  puô 
in  ccrta  guisa  diisi  la  caméra  avère  la  forma  di  un  cono  ironcato —  Forse  anticamente 
la  caméra  lu  più  profonda,  ed  il  livello  é  stalo  alzato  nel  ridurlo  a  sito  sacro  per  pre- 
servarlo  il  più  che  fosse  possibile  dalle  inondazioni.  Xibbv,  Foro  Romano,  c.  I,  p.  127 
et  ssq.  —  Nous  avons  nous-mèmc  reconnu  l'exactitude  de  cette  description  donnée  par 
Nibby. 

XVL  Origine  du  nom  de  Prison  Mamerline  :  Mamercus   prœnomen  est  oscum,  co 
quod  hi  Martem  Mamertem  appellanl.  Pall.  apud  Fest.  v.  Mamercus. 
—  Mamers  forte  cxierat,  qui  lingua  Oscorum  Mars  significalur.  Fest.  v.  Mamerlini.  — 
Il  est  presque  inutile  de  rappeler  que  Marcus  est  une  contraction  de  Mamercus. 

83.  Temple  de  la  Concorde.  Adossé  aux  substructions  du  Capitole,  un  peu 
en  arrière  de  la  Prison,  à  gauciie  du  Clivus  de  l'Asyle,  en  montant.  Sa  façade, 
composée  en  grande  partie  d'une  forte  saillie  en  avant-corps,  avec  un  portique 
de  six  colonnes  supportant  un  fronton  décoré  de  statues,  regarde  la  partie 
orientale  du  Forum.  Le  temple  de  la  Concorde  ,  voué  par  Camille  l'an  388, 
fut  restauré  par  Germanicus,  puis  par  Tibère,  l'an  764.  Il  était  en  marbre 
blanc,  et  d'ordre  corinthien  avec  colonnes  cannelées. 

L  Senacula  tria  fuisse  Homœ,  in  quibus  Senatus  haberi  solitus  sit,...  unum,  ubi  nunc 
est  œdis  Concordiœ,  inter  Capilolium  et  Forum,  in  quo  solebanl  magistratus  duntaxat 
cum  senioribus  deliberare.  Fest.  v.  Senacula. 

M.  Voisin  de  la  l'rison  publique.  Voy.  ci-dessus  n"  82,  §  ML 

IIL  Candida  te  niveo  posuil  lux  proxima  templo, 

Qua  fert  sublimes  alta  Moneta  gradus. 
Nunc  bene  prospicies  Latiam,  Concordia,  lurbam, 
Nunc  te  sacralœ  restiluere  manus. 


Causa  recens  melior;  passos  Germania  crines 

Porrigit  auspiciis,  dux  venerande,  tuis. 
Inde  Iriumphala;  libasti  munera  gentis, 
Templaque  fecisli,  quam  colis  ipse,  Deœ.  ' 

Ov.  Fasl.  I,  v.  637-640  et  643-6/(8. 
—  Tibère  consacra  à  la  reconstruction  du  temple  de  la  Concorde,  bâti  du  temps  de 
Camille  [Ov.  Ibid.  v.  641]  le  butin  fait  dans  la  guerre  d'illyrie.  11  entre  cependant  un 
peu  de  flatterie  dans  ce  que  dit  Ovide  à  ce  prince,  au  sujet  de  la  Germanie  ;  envoyé  dans 
ce  pays  après  la  conquête  de  l'IUyrie,  il  empêcha  seulement  les  Germains  de  se  joindre 
aux  Pannoniens  [Dion.  LV,  34].  Le  triomphe  de  la  Germanie  fut  réservé  h  Drusus,  fils 
adoplif  de  Tibère  [Dion.  LVJ,  18].  Ce  dernier,  à  son  retour  d'illyrie,  dédia  le  temple  de 
la  Concorde  et  plaça,  dans  l'inscription  de  dédicace,  son  nom  et  celui  de  Drusus  son 
frère,  tué  quelques  années  auparavant  sur  les  bords  du  Rhin.  Voy.  le  §  suivant. 

IV.  Tô»  àï  £?-^a-  STct  ri,  Tî    *5;J.0-jiU0-J  'JV^O  Xoll  TlèzpioU  XC(.dlSp(ij3r„  /.'A  aJT'j)  TÔ,  zs  c/.si- 

vo'j  rnoii-v.,  xal  T5  ToX)  \p'jii'70-j  ■zoli  'liù'fo'j  /M  x-.djr,7.i-zoç  ir.v/f.à'Y-ri.  DioN.  LVI,  25  •. 

V.  A  Germania  in  Urbem  posl  biennium  regressus,  triuraphum  quem  distulerat  egit... 
[Tiberius)...  Dedicavit  et  Concordiaj  aedem  :  item  Pollucis  et  Casloris,  suc  fratrisque  Do- 
mine, de  manubiis.  Suet.  Tib.  20. 

VI.  ï-^  o"  b'jTzpc/.icf  oi/vî/^ivTî;  ii/Y;picxvT5  T/;,  //,iV  O/jtsvotaj  t£/DÔv,  oisTiîp  yjJlaro  â 
Kx;/.ÙJ.Oi,  dç  tï;v  àyopxv  xoù  di  Tviv  è/<z)./;îi«v  cinomov,  è-i  tsîs  •/r/îv/;//svo(;  iopù^xsdxi. 
Plut.  Camill.  42 2. 

*  Aono  scquenti  Tiberius  .-cJem  Concordias  sacravit,  iuscriptis  suc  et  fratris  Drusi,  quamvis 
vita  functi,  nominibus,  =  ^  Insequenti  die  coacto  populi  concilio,  sciscitur  ut  sedes  Concor 


48 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


Vn.  Fra  il  Carccre  ed  il  lompio  detto  di  f.iove  Tonanle,  il  Tabuinrio  c  l'Arco  di  Sel- 
limio,  npl  cslale  dcH'  atiiio  1817,  fu  trovala  la  cclla,  cou  quallio  iscriziuiii,  tulle  volivc, 

iii  lie   délie  quali    le|,'f;evasi  il  nome  délia  Coiirordia- La  relia  (çiaee  solto  la  torre 

aiij;olai('  del  Campidotîlio  presse  la  cordoiiala  ;  ma  i  miiri  lalerali  sono  ta^liali  iii  tçuisa 
elle  ))Oco  pii'i  di  i)uakli(!  |)it"de  si  ahano  da  leira  ;  da  rio  pero  clie  si  scopri  fu  osservalo 
die  essa  era  riveslila  di  niarnio  numidico  e  fii^io;  de'  quali  é  pure  laslriralo  il  pavi- 
niento,  rlic  inclue  è  roperlo  pure  di  quella  pielra  délia  volgarmcnle  marmo  affricano. 
Nlliliv,   Fnro  Romano,  c.  I,  p.  139. 

VIII.  Nil)by  a  oublié  d'ajouter,  dans  le  g  précédent,  qu'on  trouva,  incrusté  dans  lo 
seuil  de  marbre  de  la  porte  du  temple,  un  petit  caducée  de  bronze,  symbole  de  la 
concorde.  Nous  avons  nous-nième  reconnu  cette  incrustation  dans  ce  seuil,  qui  est 
encore  en  place.  M.  Le  Fuel,  archilecle  pensionnaire  de  l'Académie  de  France  à  Itome, 
en  a  donné  un  dessin  dans  ses  Etudes  des  monuments  au  bas  du  Capilole,  exposées  à 
l'uris,  au  Palais  des  Beaux-Arts,  en  octobre  1845. 

IX.  Iconoyraphie.  —  In  a'de  Concordiie  Victoria  (|ua>  in  culmine  cral,  fulmine  icla 
dccussaque,  ad  Viclorias  qua;  in  anlefixis  erant,  lucsit,  ncque  inde  procidil.  ïit.-Liv 

XXVI,  25  [an.  511]. 

X.  Des  deux  figures  ci-contre, 
la  première  est  un  petit  fragment 
du  plan  de  marbre,  sur  lequel  on 
>oil  retracé  un  coin  du  temi)le  do 
la  Concorde  ;  ce  fragment  est  gra- 
vé dans  Bellori,  tab.  IX.  L'autre 
est  le  revers  d'une  médaille  de 
grand  bronze,  de  Tibère,  repré- 
sentant la  façade  d'un  temple 
dont  l'aspect  et  le  plan  sont  d'ac- 
cord avec  les  descri|)lions  écrites 
et  les  fouilles.  Voy.  Moreul.  Nu- 
mismat.  XII  imp.  rom.  t.  I,  Num. 
Tiberii,  tab.  V,  nO  18. 

IN  PRONAO  .«DIS  CONCORDI^  FRATRES  ARVALES 
SACRIFICIVM  DE.E  DLE  INDIXERV.NT. 

WARINI,  Atli  e  monumenli  degli  Àrvali,  tav.  XXIV,  XXVIII.— Voilà  bien  l'indication 
de  l'avant-corps  du  temple. 


dia»,  quani  vovenit  Caniillus,  qure  Foro  et  concioiii  imniineret,  ob  sedatum  exslruerctur 
niulluni  [an.  76^].  =  *  Le  iscrizioni  dicono  : 

M.ARTORIVS.GEMINVS 

LEG.CAESAR.AVG.PRAEF.AERAU.MIL. 

CONCÛRDIAE. 


I 


/VSITAMAE 


/jro. S  ALVTE.TI.CAESARIS 

AYGVSTI.OPTIMI.AC 

IVSTISSIMI.I'RINCIPIS 

concordiae 
avrI.p.v 
argentI.p.x. 


La  prima  di  (jucsle  tre  è  la  più  conservât:»  di  lutte,  eti  .ipparliene  ail'  cpoca  di  Au[;uslo,  del 
quale  fu  Icyalo  (juel  M.  Arlorio  (Icmino,  clie  fu  anche  prcfclto  dell'  Erario  niililaru  isUluilo 
dullo  siesso  Augusto. 


RÉGION  Vni.  — FORUM  ROMAIN. 


49 


84.  Temple  de  Jupiteb-Tonnant.  Tout  à  côté  du  tomple  de  la  Concorde 
dont  il  n'est  séparé  que  par  un  étroit  sentier.  Sa  façade  regarde  aussi  vers  le 
Forum.  Ce  temple,  bâti  en  marbre  blanc  massif,  fut  érigé  par  Auguste  qui  le 
dédia  l'an  7321.  Comme  il  se  trouvait  resserré  entre  le  mur  du  Tabulariuni  et  le 
Clivus  Capitolin,  on  n'avait  pu  établir  sur  sa  façade  une  file  suffisante  de  de- 
grés, et  il  avait  fallu  les  prolonger  jusque  dans  les  entre-colonnements.  Devant 
le  temple  on  voyait  les  statues  de  Castor  et  de  PoUux.  Le  temple  était  d'ordre 
corinthien  avec  colonnes  cannelées.  La  statue  du  dieu  était  en  airain  de  Délos. 

I.  ^des  Jovis  Tonanlis  ab  Augusto  dedicala  inClivo  Capilolino.  P.  Vict.  de  Reg.  urb. 
Rom.  MU.  Voy.  ci-desus  n"  85,  g  VII. 

II.  Cum  dedicalam  in  Capilolio  œdem  Tonanti  Jovi  assidue  frequentaret  [Auguslus], 
somniavil  queri  Capitolinum  Jovem  cultores  sibi  abduci,  seque  respondisse  :  Tonan- 
tcm  pro  janitore  ei  apposilum  ;  ideoque  mox  lintinnabulis  fasligium  œdis  redimivit, 
quod  ea  fere  januis  depcndebant.  Suet.  Àug.  91.  —  Voy.  plus  haut  n"  68,  g  Vil. 

III.  Publica  opéra  plurima  cxslruxit  [Auguslus], œdcm  Tonanlis  Jovis  in  Capi- 
lolio. Ibid.  29. 

IV.  Hoc  frit  exemplar...  deliaci  [aeris]  Jupiter  in  Capilolio  in  Jovis  Tonanlis  œde. 
Plin.  XXXIV,  2. 

V.  Marmoreas  parieles  habuit  scena  M.  Scauri,  non  facile  dixerim  sectos  an  solidis 
glebis  posilos,  sicuti  est  hodie  Jovis  Tonanlis  œdes  in  Captolio.  Id.  XXXVI,  6. 

VI.  Hegiœ  Minerva  laudalur,...  et  Caslor  et  PoUux  ante  œdem  Jovis  Tonanlis.  Id. 
XXXIV,  8. 

Vil.  La  colonna  più  distante  dal  Carcere,  avea  eonservalo  inliero  il  suo  basamento 
di  marmo,  e  nel  masse  che  lo  compone,  si  veggono  indicali  i  segni  de'  cinque  gradini 
pcr  i  quali  si  saliva  dal  ripiano  nel  tempio  [di  Giove  Tonanle].  Quesli  gradini  per  man- 
canza  di  spazio  eransi  dovuli  fare  nel  inlercolunnio.  Nibby,  Foro  Romano,  c.  I,  p.  134. 

VIII.  Kat  TÔv  Toû  âiib;  tsû  ByîOvTWvr^î  èTZC/.ccloit/Asvotj  vaiv  xu9(.zpu7sv  nspt  ou  S!jo 
Taura  TraysafiVdoTat,  on  totc  tï  iv  rvj  hpoupyicf.  fipo'.ncà  èyévo-jTO,  x«l  //£t«  Txûtx  ovxp 
Tw  Aùyoùaru  zoiô-jâ-  inécTvj.  Twv  yyp  àvdpo'nzorj,  xà  //.s'y  zi,  TtpOi  to  fsvov  xat  toû  ovojxoi- 
TOî  «jTtû  xat  Toû  z'iooui,  rà  as  /ai,  cti  bnb  zoxj  Auyoiiazou  Ïâp-JTO,  p.iyizTO-j  as,  &ri  Tzpùrot 
o't  à-no-nii  ig  tô  Kv.nnay-i.o->  i-JizbyyçtJO-J,  -poQipyop.i'iw/  tî  «^tw  zal  o^êovxwv,  t^o\i 
TÔv  bÀT.  Tov  b)  TÛ  p-iyùX'ji  vaw  ovt«,  op^yrc'  ^i  ^^^  '^'^  âeÙTspa.  xjtoIi  ipspàp.îvov  Troislidcc^ 
xa't  sx  zoiiTOu  ixîho}  zs  giTTclv  [d>î  Ëlsys'j)  on  TzpofiiloiAX  riv  HpovrÔiJTX  iyov  xat  InnSfi 
■r,lj.ipv.  iyi-jzzo,  xoJic-jva  ajTw  TT£p(.ri<p-,  /Siêatwv  t/;v  ô-jEtpu'(iv  Diox.  LIV,  4  *. 

IX.  Iconographie.  H  existe  encore,  au  bas  du  mont  Capilolin,  du  côté  du  Campo 
Vaccino,  une  ruine  du  temple  de  Jupiter  Tonnant,  consistant  en  trois  belles  colonnes 
cannelées,  en  marbre  blanc,  surmontées  d'un  reste  d'entablement,  également  en 
marbre  blanc,  dans  la  frise  duquel  on  voit,  parmi  quelques  instruments  de  sacrifice, 
un  casque  de  flamine-dial  avec  un  foudre  sur  le  frontail,  emblème  du  culte  de  Jupiter. 
Piranesi  a    donné  une  vue   de  cette  ruine.  Voy.  Anlichilà  romane,  t.   I,  tav.  XXXIl, 

fig.  2. — Les  trois  colonnes,  jadis  enterrées  jusqu'au  chapiteau 
ne  furent  déblayées,  el  les  marches  du  temple  mises  à  décou- 
vert, que  de  l'année  1816  à  1817.  Voy.  Caristie,  Plan  et  coupe 
d'««e  partie  du  Forum  romain,  etc.  gr.  in-folio.  Paris,  1821. 
Revers  d'un  denier  d'argent  d'Auguste  représentant  le  temple 
de  Jupiter-Tonnant.  On  reconnaît  qu'il  est  d'ordre  corinthien. 
Le  dieu,  debout,  est  nu,  la  main  gauche  appuyée  sur  une  haste 
pure,  el  la  droite  armée  de  la  foudre.  Morell.  numismat.  XII 
imp.  rom.  l.  I,  Num.  Aug.  tab.  XVII,  no  39.  —  Ibid.  Aureus, 
tab.  XI,  no4. 


1  Jovis  ctiam  Tonantis  lemplum  dedlcavit  [Auguslus  an.  732].  De  qua  re  duo  haîc  comme- 
moraiilur,  et  in  ipso  tune  sariificio  tonitrua  extitisse,  et  somnium  deinde  Augusto  laie  obla- 
lum.  Quu'm  proptcr  nominis  ac  forma»  ejus  Jovis  novitatem,  et  quod  ab  Aujjusto  is  conse- 
cratusesset,  maxime  autem,  quod  adscendentes  in  Capilolium,  ad  eum  primo  pervetiiebaut, 
ab  omnibus  Jupiter  Tonans  frequentareiur  ae  coleretur;  imaginatus  est  in  somnis  Auguslus 
Jovem  Capitolinum  secum  exspostulare,  quod  secundo  jam  ipse  loco  haberelur,  seque  respon- 
disse excubiiorem  hune  Tonantem  ei  Capilolino  a  se  esse  positum  :  ideoque  orta  die,lintiunai 
hula  Jovi  Tonanti  appendit,  somnii  confirmandi  causa.  _ 

4 


50  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Place  du  FonuM  romain.  Le  mont  Capitolin  ?i  l'O.  ;  la  Basilique  Jiilin  au  S. 
[n"  1 1  f)J  ;  la  voie  Neuve,  au  bas  du  inoul  Palatin  à  TE.,  jusqu'à  l'Arc  de  Fabius 
[n°  127],  et  la  voie  Sacrée  au  N.,  foi  niaient  ses  limites.  Elle  était  dallée  en 
pierre  de  Tibur  (travertin).  Nous  coiniuencerons  la  description  par  le  côté  si- 
tué au  bas  du  mont  Capitolin. 

I.  Profondandosi  lo  sravo  nel  1818,  si  rilcv6  che  il  piedeslallo  [délia  Colonna  di 
Foca]  s'inalzava  su  di  11  sraglioni  di  marmo,  clie  pianlavano  su!  piano  dcl  Foro  laslri- 
calo  di  travertini.  C.  Fea,  Vescri^.  di  Roma  antica  emoderna,  l.  II,  p.  272. 

8o.  Les  Rostres.  —  L'Ombilic  de  Rome.  —  Statie  de  Mabsvas,  et  aitres 
STATUES. On  sait  que  les  Rostres  étaient  la  tribune  du  peuple  romain.  Nous  v^no- 
rons  quand  fut  établie  cette  tribune;  son  installation  doit  remonter  au  moins 
aux  premiers  temps  de  la  république.  Dès  l'an  41 C  ou  417  on  la  décora  de  six 
éperons  en  airain  {rosira)  de  navires  pris  sur  les  Antiates,  et  celte  décoration 
liéroïque  lui  valut  le  nom  de  Rostres.  La  tribune  était  originairement,  prés  du 
Comitium  [n'^  12'^],  devant  la  Curie  Hostilia  [n°  122].  L'an  710,  César  la 
transporta  devant  le  temple  de  la  Fortune  fn"  86],  comme  dans  l'endroit  le 
plus  central  du  Forum.  En  effet,  de  là  les  Rostres  sont  vus  de  toutes  les  parties 
du  Forum,  de  la  partie  oi'ientale,  qui  leur  fait  face,  comme  de  la  partie  méri- 
dionale qu'ils  ont  de  côté.  Cette  tribune  était  un  vaste  piédestal  en  pierre, 
adosse  à  la  branche  du  Clivus  Capitolin  passant  entre  les  temples  de  la  Fortune 
et  de  Jupiter-Tonnant.  Du  côté  du  Forum  elle  présentait  une  partie  circulaire 
sortante,  haute  de  six  ou  sept  pieds,  au  bas  de  laquelle  se  trouvait  une  petite 
place  quadrangulaire,  défendue  par  une  balustrade  en  pierre,  et  formant  un 
véritable  parquet,  où  se  tenait  l'accusé  dans  les  affaires  de  jugements  publics. 
—  V Ombilic  de  Rome  était  une  colonne  placée  à  l'angle  droit  de  la  Tribune,  et 
qui  marquait  le  centre  de  la  ville.  — A  gauche,  sur  la  place  même,  était  la 
SUilue  du  satyre  Marsyas,  et  du  même  côté  ainsi  qu'à  droite,  diverses  slatiics. 

I.  Rostra  populi  Romani  II.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Rnmw,  VIII. 

—  Le  Régionnaire,  par  le  nombre  II,  désigne  ici  les  Vieux  Rostres  cl  les  Nouveaux 
Rostres.  Les  vieux  sont  ceux  dont  nous  nous  occupons;  nous  parlerons  ailleurs  des 
nouveaux.  Voy.  plus  bas  n'^  116,  g  IX. 

IL  Rosira  populi  Romani.  P.  Vici.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

III.  Kal  zaTs'o/iJav  etç   ùyopiv ûs  oxj'j    èTzmy.ç  b  Kàrwv  y.axûis  rh:i  vcùv  Tîiv 

os  /.udy;/j.s\iO'j  Kvw  fj.-zà  Kubuf^Oi  TÎv  MinX/ov,  i-i'^-f^v^xi  Tipoç  -oxjî  fUoji.  Plut.  Cat. 
min.  27.  —  ETTci  oï  xarcïJ'îv  o  MeVî^^o;  i/5ïj,atav  trsp'i  zb  jiny-x  zat  fuyvjv  cY  àyop^.ç  T'iv 
èva-jTiov/j.év'M-j,  Tïc.-JTxKWjt  Ttsmdùi  /.pxTslv Jbid.  28  '. 

IV.  Speculalur  atque  obsidet  Rosira,  vindex  lemerilatis  et  moderalrix  officii  Curia. 
Cic.  pro  Flacco,  24. 

V.  Cum  senalus  ad  eum  [Drusum]  misisset,  ul  in  Curiam  veniret  :  «  Quare  non  po- 
tius,  inquit,  ipse  in  Hosliliam  propinquam  Rostris,  id  est,  ad  me  venil?  »  V.  Max.  IX, 
5.  2.  [an.  662]. 

VI.  Cun*  duorum  generum,...  ut  Curia  Hostilia,  quod  primus  aedificavil  Hostilius  rex. 
Ante  hanc  Rostra.  Varr.  L.  L.  V,  g  155. 

VIL  Rat  70  /5-/;//a,  £v  /jlî<3'ji  tio-j  TtpÔTcpo-J  r^i  àyopSi  ôv,  1,  tôv  vOv  tottov,  ù-.'EyoipicO-^y 
xal  xJT'jt  V)  ToZi  X'Alou  -où  T£  Woii.-KfXrtxt  tiy.'ji-i  àrusdiOTi-  DiON.  XLIII,  49  *. 

—  Le  mol  fir,ij.u.,  signifie  également  tribunal  ou  suggeslum.  Pline,  d'ailleurs,  donne 
aussi  aux  Rostres  le  nom  de  tribunal  :  —  Antea  rostra  navium  tribunali  preefecla  Fori 
derus  erant.  Plin.  XVI,  4. 

VIII.  Eranl  enim  tune  Rostra  non  in  eo  loco  quo  nunc  sunt,  sed  ad  Comitium, 

*  In  Forum  descendit   [Cato] Ut  iyitur    resistens  Cato  .-edem  Castoris  conspexit  ar- 

matis  septam,  insessos  a  gladialoribus  gradus,  ipsum  ïictelliim  edito  loco  cum  C.-Bsare 
conspexit  consiJenlein,  in  amicos  versus:  etc.  —  Ut  solltudinem  jMctclliis  in  Rostris  vidli,  et 
fu;;:im  in  Foro  advcrsariorum  existinians,  etc.  =  ^  Tum  tribunal  quoque,  (jaum  ante  medio  in 
Foro  positum  csset,  in  eum,  quo  nunc  est,  locum  translaium  est  :  restitutœque  sunt  juxta  illud 
Syllaî  ac  Ponipeii  statuae  [an.  710]. 


RÉGION  Vril.— FORUM  ROMAIN.  51 

propo  juncla  Curi.-c,  AscoN.  in  Milo.  p.  195.  —  Tune  di^signe  l'époque  des  funérailles 
(le  Clodius,  l'an  701,  et  7iunc,  le  temps  où  écrivait  Ascunius,  c'est-à-dire  sous  le 
principal  de  Tibère. 

I\.  Dans  le  passage  suivant  de  Sénèque,  les  Rostres  sont  mis  en  opposition  avec  l'Arc 
de  Fabius.  —  Tibi  indignum  vidcbatur,  quod...  a  Uostris  usque  ad  Arcum  Kabianum 
per  scdiliosae  factionis  inaiius  Iraclus,  voces  improbas,  et  spula,  et  omnes  alias  insanae 
mulliludinis  contumelias  pertulissct  [M.  Calo].  Se.nec.  de  Const.  Sapienl.   1. 

X....  Loculurumque  inde  nobiscum  de  locosuperiore  ;  nec  lantulo  superiore,  quanto 
Rostra  Foro  et  Coniilio  excelsiora  sunt  ;  sed  quanto  aitiores  anlenuae  sunt  prora  vel 
potius  carina.  Fkunt.  Epist.  ad  M.  Anlo.  I,  2. 

XI.  ()t  T/jV  ù.y/r,'  naryjJ.'X'j-j-Jxs.i,  ï-i  rov  Ki/.époi-joç  -hy.ipxi  (5).iyaj  v.pxo'JTOç,  oj/.  si'ov 
Si;/j.-/}yopû-j  x'jTÔ-J,  àlX  uT^ïp  T'iv  à/j-SHoiv  jiy/Jpx  OévTzi,  oj  TTa^tcffXV,  ojà"  èTléTpîTïO-^ 
/s'yîtv.  Pllt.  Cic.  23  '. 

XII.  Parquet  des  Rostres.  Tite-Live,  parlant  de  Scipion  qu'on  voulait  mettre  en  ac- 
cusation devant  le  peuple,  dit:  —  Et  sub  Uostris  reum  siare,  et  prcebere  aures  adoles- 
centium  conviciis.  Tn.-Liv.  XXXVllI,  33.  —  Et  plus  haut,  de  Scipion  le  premier  Afri- 
cain ,  mis  en  accusation  devant  le  peuple  :  —  Cilalus  reus,  magno  agmine  amicorum 
clientiumque  per  mediam  concionem  ad  Rostra  subiil.  Ibid.  51. 

XIII.  Naves  Antialium,  partim  in  Navalia  Romœ  subduclne,  partim  incensœ,  roslrisque 
earum  Suggeslum  in  Foro  cxstructum  adornari  placuit;  Rostraque  id  templum  appelia- 
tum  [an.  417].  Tit.-Liv.  VUl,  14. 

XIY.  Exstant  et  parla  de  Antio  spolia,  quae  Mœnius  in  Suggestu  Fori,  capta  hostium 
classe,  sulllxit;  si  lamen  illa  ciassis,  nam  ses  fuere  rostratœ.  Flor.  I,  11. 

XV.  Eodemque  in  consulatu  [C.Maenii] ,  in  Suggestu  rostra  devictis  Anliatibus  fixerat, 
anno  UrbisCCCCXVI.  Phn.  XXXIV,  5. 

XVI.  Iconographie.  On  a  retrouvé  à  l'angle  méridional  de  l'Arc  de  Septime-Sévère, 
[Xolli,  no  9G  ;  Lelarouilly,  rion.  1,  70],  un  massif  avec  revôtement  en  marbre  blanc, 
qui  s'étend  vers  le  temple  de  la  Fortune.  Il  a  la  forme  semi-circulaire  extérieurement, 
et  au  pied  on  a  reconnu  aussi  une  petite  place  carrée,  dallée  en  pierre,  à  laquelle 
nous  avons  donné  le  nom  de  Parquet  des  Rostres. 

La  Cgure  ci-jointe  représente  les  Rostres,  avec  leur  forme 
demi-circulaire  et  les  éperons  de  navire  qui  décoraient  leur 
base.  C'est  le  revers  d'un  denier  d'argent  de  Palicanus,  qui  fut 
tribun  du  peuple  l'an  C82.  Voy.  Thesaur.  Morell. ,  famil. 
Lollia,  1.  Voy.  aussi  Vaillant,  famil.  rom.  Lolita,  4. — 
Pendant  le  seizième  siècle,  on  a  trouvé  dans  cet  endroit  des 
fragments  de  Rostres:  —  Arcus  vero  Septimii  ad  dimidiam 
fere  parlem  alliludinis  terra  obrutusest.Et  tamen  locus  adliuc 
ab  illo,  ad  hune  totus  acclivis  est.  Sed  aiunt  vestigia  quœdam 
rostrorum  ibi  reperla  fuisse,  quum  inde  aliquando  terra  effo- 
deretur,  et  ego  quoquc  non  negarim  ibi  fuisse  Rostra  vê- 
lera.  Demûxtios.  Gallus  J^^mœ  hopes,  part.  5,  p.  3.  Rome  1383. 

XVII.  Ombilic  de  Rome-  Umbilicus  urbis  Romœ.  P.  ^ICT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  MU. 
XVIli.  Umbilicum  Romœ-  -"^otit.  Imper,  reg.  Vlll. 

XIX.  L'Ombilic  de  Rome  a  été  retrouvé  dans  les  ruines  dont  nous  avons  parle  ci- 
dessus  §  XVI.  Ce  lieu  était  considéré  par  les  Romains  comme  le  centre  de  la  ville,  bien 
qu'il  soit  réellement  vers  une  des  extrémités;  c'est  que  le  Champ-de-Mars,  quoique  silué 
hors  des  murs,  faisait  partie  intégrante  de  Rome.  Tite-Live  parlant  de  la  Prison  publi- 
que, et  se  reportant  sans  s'en  apercevoir  à  l'époque  où  il  écrivait,  ou  tout  au  moins  à 
une  époque  postérieure  aux  rois,  dit  qu'elle  lut  bâtie  par  Ancus  Media  urbc,  immi- 
nens  Foro  [I,  53].  ,  .     j     n 

XX.  Statues  devant  et  auprès  des  Rostres.  Slalue  de  Marsyas,  à  gauche  des  Ros- 
tres. Elle  avait  une  main  levée. 

Deinde  eo  dormitum,  non  soUicitus  mihi  quod  cras 
Surgendum  sit  mane,  obeundus  Marsya  qui  se 
Vultum  ferre  negat  Noviorum  posse  minoris. 

HOR.  I,  S.  6,  V.  119-121. 


*  Qui,  inito  magistratu,  quum  psuci  adhuc  dies  Ciceroni  consulatus  superessent,  non  fe- 
cerunt  ei  copiam  concionis  habendœ  :  sed  positis  pro  Roslris  subselliis,  non  fecerunt  ei  jus, 
neque  potestatem  dicendi. 


r;2  DESCRIPTION  DE  ROME. 

—  Noviiis  (•lait  un  fônéralour  [Mon.  Ibid.,  v.  40]  ;  la  statue  de  Marsvas  devait  donc  se 
trouver  du  eôlé  de  l'un  des  deux  Janus,  rendez-vous  de  ces  sortes  de  t;cns. 

XXI.  IMarsya  statua  erat  in  Uoslris,  ad  (|uani  solebant  iiomines  illi  cotiveniro,  qui 
inter  se  iites  atque  ne^olia  coniponebant.  Nam  et  a  statua  nomcn  iocus  acceperal,  in 
quo  solebant  esse  aecusalores.  AciioN.  in  llor.,  1 ,  S.  6,  v.  120. 

XXII.  Marsyas  avait  une  main  levée.—  Novii  fratres  fuerunt,  quorum  niinor  ad  lo- 
cum,  qui  appellatur  Marsya,  fœiierari  consueverat.  Ili  aulem  Novii  fuerunt  arerrimi  fœ- 
neratores,  et  jocalur  de  liac  re  lloralius;  ideo  ail  Marsyam  unam  erectam  manum  lia- 
bere,  quod  illorum  fu-neralorum  impudentiam  non  potesl  sustinere  ;  deinde  quod  ad 
statuam  Marsya;  vadimonium  statuebalur.    AcnoN.  et  Poni'Hvn.  in  llnr.  I,  S.  C,  v.  121. 

XXIII.  Sénèque,  racontant  les  débauches  de  Julie,  fille  d'Auguste,  dit:  —  Forum  ip- 
sum  ac  Rosira,  ex  quibus  paler  legem  de  adulteriis  tuleral,  Gliœ  in  slupra  placuisse,  quo- 
lidianum  ad  Marsyam  concursum, ...  jus  omnis  licenliœ  sub  ignolo  adullero  peteret. 
Senec.  de  Benef.  VI,  32. 

XXIV.  Patrique  Lywo.  Qui,  ut  supra  diximus,  apte  urbibus  liberlatis  est  deus.  Unde 
ctiam  Marsyas  ministcr  ejus  per  eivitates  in  foro  posilus  liberlatis  indicium  est  :  qui 
erecta  manu  teslalur  niliil  urbi  déesse.  Serv.  in  JEncid.  IV,  v.  58. 

XXV.  Statues  de  Rnmulus  et  de  Camille.  —  Ex  his  Romuli  est  [statua]  sine  lunica, 
sicut  et  Camilli  in  Rostris.  Plin.  XXXIV,  6. 

XXVI.  Statuettes  de  quatre  ambassadeurs  romains.  —  C.  Fulcinium,  Clœlium  Tul- 
lum,  Sp.  Ancium,  L.  Roscium,  legatos  Homanos...  interfecerunl  [Veienles]...  Legalorum 
qui  Fidenis  ca>si  erant,  slatuœ  publiée  in  Rostris  posilœ  sunl  [an.  518].  Tit.-Liv.  IV,  17. 
—  Lar  Tolumnius,  rex  Veientium,  quatuor  legatos  populi  Romani  Fidenis  interemit: 
quorum  stature  in  Rosiris  steterunt  usque  ad  nostram  memoriam...  Cn.  Oclavii,  clari  et 
magni  viri,  qui  primus  in  eam  familiam,  qua?  postea  viris  fortissimis  floruit,  attulit  con- 
sulatum,  statuam  videmus  in  Rostris...  Quum  esset  missus  a  senalu  ad  animos  regum 
perspiciendos  libcrorumque  populorum,  maximeque  ut  nepotem  Antiochi  régis,  ejus, 
qui,  ciim  rnajoribus  noslris  bellum  gesserat,  classes  habere,  elepliantos  alere  prohi- 
beret,  Laodicea;  in  gymnasio  a  quodam  Leptine  est  inlerfectus.  Cic.  Philipp.  IX,  2. 

XXVII.  Inter  antiquissimas  sunt  [statuas]  et  Tulli  Clœlii ,  Lucii  Roscii ,  Spurii  Naulii , 
C.  Fulcinii  in  Rosiris,  a  Fidenatibus  in  legatione  interfectorum.  Hoc  a  republica  Iribui 
solebat  injuria  csesis,  sicut  et  P.  .lunio,  et  Tito  Coruncanio,  qui  ab  ïeusa  Illyriorum  re- 
gina  interfccti  erant.  Non  omillendum  videtur,  quod  annales  adnotavere,  tripedaneas 
his  statuas  in  Foro  statulas.  Ilœc  videlicet  mensura  honorata  tune  erat.  Non  prœteribo 
Cn.  Oclavium  ob  unum  scilicet  verbum  :  hic  regem  Antiochum,  daturum  se  responsum 
dicentem,  virga  quam  tenebat  forte  circumscripsit,  cl  priusquam  egredcretur  circule 
illo,  responsum  dare  coegit.  In  qua  Icgalionc  interfcclo,  senalus  statuam  poni  jussit 
quam  oculalissimo  loco  in  Rostris.  Plin.  XXXIV,  6. 

XXVIII.  Statues  de  Sylla  et  de  Pompée.  Rétablies  par  J.  César  l'an  710.  Voy.  ci- 
dessus  §  VII. 

86.  Temple  de  la  Fortune.  — Sur  le  coté  :  Schola  Xantha.  Le  toiiiple  était 
situé  au  bas  du  mont  Capilolin,  le  flanc  droit  tourné  vers  le  temple  de  Jupiler- 
Tonnant,  qu'il  masquait  en  partie,  et  dont  le  clivus  le  séparait.  Le  flanc 
gauche  donnait  sur  le  Forum.  Ce  temple  était  un  pseudodiptère  ionique.  Ou 
ignore  quand  et  par  qui  il  fut  bâti.  La  Schola  Xanlha  se  composait  de  trois  ta- 
vernes situées  sur  le  Forum,  au  pied  du  soubassement  du  temple  de  la  For- 
lune.  C'étaient  des  tavernes  d'écrivains  pour  les  actes  publics. 

I.  Ce  monument  a  été  appelé  Temple  de  la  Concorde,  jusqu'à  la  découverte,  faite 
de  nos  jours,  du  véritable  temple  de  la  Concorde.  Une  inscription  trouvée  à  Prénesle, 
et  au  commencement  de  laquelle  il  est  question  d'un  Temple  de  la  Fortune,  voisin  de 
Jupiter-Tonnant,  lui  a  fait  donner  le  nom  qu'il  porte  aujourd'hui.  Voici  le  fragment 
de  cette  inscription  qui  nous  concerne: 

TV.QV.E.TARPEI0.C0LERIS.V1CINA.T0XANTI 
VOTORVM.YINDEX.SEMPER.FORTVNA.MEOnVM,    CtC. 

BOISSARD,/!»!/;?.  rom.,  VI  pars.  81  ;  MARLIAN.  Topngr.  Rnmœ,  c.  XI;  GRrTER,p.72. 

II.  Qui  presso  a  questo  tempio  [della  Forluna]  caxendosi  profondamente  non  é  gran 
tempo,  si  trovù  come  un  portico,  o  come  tre  bolteghe  dove  sta\ano  gli  scrittori  degli 
atti  publie! ,  o  notai  che  diciamo,  come  dalle  iscrizioni  che  vi  erano  si  potea  congiel- 
lurare;  perciocché  nella  fascia  o  architrave  di  marmo,    che  cingeva  quesla  opéra,  la 


RÉGION  Vlll.—l'OUUM  ROMAIN.  53 

qujilc  *'  sta(a  a'  tcnipi  noslri  rovinata  lutta  affalto,  c  portatcnc  via  le  piètre  ;  si  leggc- 
vano  dalla  parle  di  dentro  su  le  entrate  qucslo  parole  : 

C.    AVILIVS  LICINIVS  TUOSIVS  CV 

HATOU  SCIIOLAM  DE  SVO  FECIT  BE 

BRIX  AVG.   L.  DnVSIANVS  A  FABIVS 

XANTHVS  CVR.    SCRIBIS  LIBRARIIS 

ET  PRJ2C0NIBVS  .ED.  CVR.  SCHO 

LAM  AB  INCHOATO  REFECERVNT 

MARMORIBVS  ORNARVNT  VICTO 

RIAM  AVGVSTAM  ET  SEDES  ^NEAS 

ET  CETERA  ORNAMENTA  DE  SVA 

PECVNIA  FECERVNT. 

Nel  medesimo  fregio  da  la  parle  di  fuori,  che  era  di  opéra  dorica,  lavoraio  pcrô 
schiellamenle,  si  leggevano  quesle  altre  : 

BEBRIX  AVG.    L.   DRVSIANVS  A.   FA 

BIVS  XANTHVS  CVR.    IMAGINES  AR 

GENTEAS  DEORVM  SEPTEM  POST 

DEDICATIONEM  SCHOL.E  ET  MV 

TVLOS  CVM  TABELLA  .ENEA  DE 

SVA  PECVNIA  DEDERVNT. 

LUCIO  FAUNO,  Antichità  di  Roma,  lib.  II.  c.  10. 
m.  Cavendosi  pavimente  qui  apprcsso  [le  temple  de  la  Fortune,  pris  alors  pour  celui 
de  la  Concorde],  non  6  molto  tempo,  si  ritrovarono  come  Ire  botleglie,  che  dal  (itolo, 
che  vi  era,  si  è  congetturato  che  fosscro  curie  di  notari.  Aldroandi,  Memorie,  a"  2. 

IV.  Schola  Xantlia.  Skxt.  Wvf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VUI. 

V.  Iconographie.  Il  reste  encore  du  temple  de  la  Fortune  dix  colonnes  ioniques,  en 
granit  gris,  avec  leur  architrave  et  une  partie  de  fronton.  Palladio  [Àrchilelt.,  lib.  IV, 
c.  30,  tav.  95,  96,  97],  a  donné  une  restauration  complète  de  ce  temple.  On  en  trouve 
aussi  une  vue  dans  l'iranesi  [Antichità  Romane,  t.  1,  tav.  XXXII,  fig.  1].  Tous  deux 
le  nomment  temple  de  la  Concorde. 

87.  Arc  de  Tibère.  Entre  le  temple  de  la  Fortune  [n"  86]  et  celui  de  Sa- 
turne [n»  88],  vis-à-vis  de  la  branche  du  Clivus  Capitolin  qui  descendait  sur  la 
partie  méridionale  du  Forum.  L'  an  768,  Germauicus  ayant  retrouvé  en  Ger- 
manie une  aigle  jadis  perdue  par  Varus,  un  Arc  de  triomphe  fut  voué,  sans 
doute  par  le  sénat,  en  l'honneur  de  Tibère,  sous  les  auspices  duquel  Germa- 
nicus  avait  combattu.  Il  fut  dédié  vers  la  fin  de  l'année  769. 

I.  Fine  anni  [769]  Arcus  propter  œdem  Saturni,  ob  recepta  signa  cum  Varo  amissa, 
ductuGermanici,  auspiciisTiberii,  et  œdesFortis  Forlunœ...  dicantur.   Tac.  Ann.  11,  41. 

II.  Nel  rifarsi,  nel  secolo  XVII,  l'ospedale  délia  Consolazione  [Nolli,  n"  969  ;  Lela- 
rouilly,  rien.  X,  50]  per  le  donne  ferite,  si  rinvennero  i  fondamenti  di  travertino  di  una 
fabbricha  che  si  crede  appunto  l'Arco  di  Tiberio  ;  è  certo  perô  che  se  non  è,  non  dovù 
starne  molto  lungi.  Nibbv,  Foro  Rnmann,  cl,  p.  110. 

III.  Iconographie.  Cet  Arc  construit  en  un  an,  dans  un  pays  où  l'édificalion  des  mo- 
numents était  fort  lente,  prouve  qu'il  était  peu  important. 

88.  Temple  de  Saturne  et  Trésor  public.  Au  bas  du  mont  Capitolin,  du 
côté  de  la  Roche  Tarpéienne,  au  débouché  du  ClivusCapitolin  sur  le  Forum.  Ce 
temple  fut  probablement  bâti  par  le  roi  Tullus  HostUius,  et  dédié  l'an  25o  ou 
259  de  Rome.  Mais  avant  sa  dédicace,  Publicola,  consul  l'an  245  ou  216,  y  lit 
établir  le  Trésor  public.  Le  temple  de  Saturne  fut  réédilié  du  temps  d'Au- 
guste, par  Munatius  Plancus,  l'un  des  consuls  de  l'an  71 1 .  Nous  avons  in- 
diqué derrière  diverses  pièces  qui  étaient  le  Trésor  proprement  dil. 

1.  TuUum  Ilostilium,  cum  bis  de  Albanis,  de  Sabinis  tertio  Iriumphasset,  invenio  Fa- 
num  Saturne  ex  volo  consecravisse,  et  Saturnalia  tune  primum  Homae  inslitula  :  quani- 
vis  Varro  libre  Sexto,  qui  est  de  sacris  œdibus,  scribal  sedem  Saturni  ad  Forum  fa- 
ciendam  locasse  L.  Tarquinium  regcm  ;  Tilum  vero  Larlium  dictatorem  Saturnalibus 


54  DESCRIPTION  DE  ROME. 

eam  dcdicnssc.  Ncc  me  fugit  r.ellium  srriberc  scnatum  decresse  ut  œdes  Saturni  ficret: 
ci  rei  L.  Furium  tribunum  militum  praeruisse....  ^dem  vero  Saturni  acrarium  Romani 

esse  voluorunt.  MAriuiii.  Satur.,  I,  8. 

II.  Consulcs  y.  Cla-lius  et  T.  Lartius.  Inde  A.  Sempronius  et  M.  Minucius  :  liis  ronsu- 
libus  [an.  25.5]  œdes  Salurno  dedicata  :  Saturnalia  inslitutus  festus  dies.  Tit.-Liv.  II,  21. 

III.  liû't  Toircov  paît  Twv  iirTKTCijv  riv  vsoij  ■/.'xOtîp'j>0?i':ui  rOi  K.^ivw,  zxrà  tjjv  y.jooo-j 
TirfJ  eUrb  KaTTiroi^io-j  féf.oo'ju.-j  è/.  rr,i  à./Of.y.i.  D.  Halic.  VI,  1'. 

IV.  Sur  la  position  du  temple  de  Saturne,  voy.  plus  haut  n»  64  jÇ  VI. 

V.  Oresiis  vero  ossa,  ab  Ariria  Ilomani  translata  sunt,  et  condila  ante  templum  Sa- 
turni, quod  est  anle  Clivum  Capitolini,  juxla  Concordiae  templum.  Serv.  in  JEncid.,  Il, 
V.  \\r^. 

VI.  In  parlem  est  admissus  imperii  [Saturnus],  et  sibi  oppidum  fecit,  sub  Clivo  Capi- 
tolino,  ubi  nuno  ejus  /Edcs  videlur.  Idid.  VIII,  v.  319. 

VII.  Aeceplœ  a  populo  leges  in  i^irario  claudebanlur,  quoniam  Jirarium  Saturno  di- 
caluni  erat,  ul  hodieque  iErarium  Saturni  dicilur.  Iiud.  VIII,  v.  322. 

VIII.  Ta//£'(îv  /y.5v  «TiMStl^s  Tsv  Toû  Kysévou  vaiv,  w  ftéx(iL  vïjv  xpùift-fJOi  Qiurùoï/m. 
rniT.  Poi/ic.  12  2. 

IX.  Tô)  ik  zoû  Kpôvou  v«w  appxyi^xi  iJia;  sTtsêa^sv,  è'TTwj  oi  zoifi.lv.1  iMr,àïv  l|  ciùroû 
^u.jj.Oy.-Joivj,  fj.rfi'  stspe'/îotîv.  Plut.  Ti.  Grâce.  10  3. 

X.  Aià  Tt  Tw  Tîû  K/îovov  vaw  ypCivzcii  Tot.ii.iio)  zG>-J  â/)ij.o^i'j>-j  ypr.iJ.'Xzofj,  «//«  Oî  /at 
t^>j>'x/.zr,fA'^  Tôjv  ajaé'//.ui'j>-j.  Pll'T.  Quœst.  rom.  p.  112*. 

XI.  Templum  Saturni.  Sext.  IIif.  de  Reg.  urb.  Bomœ,  VIII. 

XII.  Areus  interdiu  sereno  rœlo  super  aedem  Saturni  in  Foro  Romane,  intus,  et  très 
simul  soles  effulserunt.  ÏIT.-Liv.  XLl,  21. 

XIII.  Censores, ...  locaverunt...  porticum  ab  aede  Saturni  in  Capitolium  ad  Senacu- 
lum,  ac  super  id  curiam.  Ihid.  27. 

XIV.  I.ucain,  parlant  du  temple  de  Saturne  que  César  se  fit  ouvrir  au  commencement 
de  la  guerre  civile,  dit  : 

Prutinus  abducto  paluerunt  templa  Melello. 

Tune  rupesTarpeia  sonat....       Lucax.  III,  v.  153,  154. 

XV.  Ceteros  principes  viros  ssepc  hortalus  est  [Augustusj  ut  pro  farullale  quisque  mo- 
numentis  vel  novis,  vel  refectis,  cl  excultis  Urbem  adornarent.  Mullaque  a  multis  cx- 
slrurta  sunt,  sirut  a  Hlarcio  Philippe  œdes  Ilerculis  Musarum  ;  a  L.  Cornificio  a;des 
Dianaj;  ab  Asinio  Pollione  Atrium  liberlatis;  a  Munalio  l'ianco  œdes  Saturni  ;  a  Cornelio 
Balbo  Thealrum  ;  a  Slatilio  Tauro  Amphitheatrum  ;  a  -AI.  vero  Agrippa,  complura  et  cgrc- 
gia.  SiET.  Autj.,  29. 

XVI.  /Edcs  quoque  sub  Clivo  Capilolino,  in  quo  pecuniam  conditam  habebal,  .lEra- 
rium  Saturni  hodieque  dicitur.  A.  Vict.  Orig.  gent.  rom. 

XVII.  Iconographie.  Il  ne  reste  plus  rien  du  temple  de  Saturne  ;  mais  les  cours  que 
nous  avons  plarccs  sur  les  deux  lianes  de  l'édifice  nous  ont  paru  indiquées  par  le  mol 
cavea  de  la  citation  suivante  d'une  antique  loi  sur  les  appariteurs  :  qvas  in  decvrias 
viatoriji  pryeconvm  consvl  ex  hac  lege  viatores  pr^ecoxes  legerit,  qvorvm  viatorvm 
pr.î;convm  komixa  in  eis  decvrieis  ad  vEdem  satvrni  in  pariete  intra  caveas  proxvme 
ANTE  HANC  LEGEji...  SIGON.  de  aiiUq.  jure  civi.  rom.  II,  9  et  15,  et  apud  Egger,  Lat. 
serm.  velusUor.  reltq.  XLVI,  p.  287. 

XVIII.  Devant  le  temple  de  Saturne  :  Statue  de  Sylvain.  Fuit  étante  Saturni  a?dera 
Urbis  anno  ccix  sublata  [ficus]...  cum  Sylvani  simulacrum  subverteret.  Plin.  XV,  18. 

89.  TABi'LAiiiiM  DU  PEUPLE.  Edificc  voisiu  du  temple  de  Saturne,  et  qui  on 
faisait  partie.  Il  servait  de  dt'pôt  pour  les  actes  el  les  registres  de  l'état  civil. 

I.  Populi  Tabularia  ubi  acius  continentur.  Significat  aulem  templum  Saturni,  in 
quo  .^rarium  fuerat,  el  ubi  reponebantur  acta  quœ  susceplis  liberis  faciebant  parcolcs. 
Serv,  in  Georg.  II,  v.  502. 


*  Ilis  consiililnis  [Aulus  Sempronius  Airatinus  ctMarcus  Minucius,  an.  262]  furunt  Saturno 
templum  consccralum  fuisse  in  clivo  Cnpitolino,  qua  e  Foro  ascenditur.  =  -  Attribuit  aîrario 
[Poblicola]  templum  Saturni,  quo  ad  nostram  usque  aîtatem  utuntur.  =  ^  Templum  Saturni 
aunulo  suc  consipuavit,  ne  quid  qua^stores  inde  vel  sunierent,  vel  inferrent.  =  *  Cur  Saturni 
templo  utuutiu'  loco  iErarii  ibidemque  comractuum  muuimenta  adservant.' 


IIÉGION  Vlll.  — FORUM  ROMAIN.  55 

II.  Tollis  cnim,  et  libris  actorum  spargere  gaudes, 

Argumenta  viri.  Juv.  S,  9,  v.  84.  85. 

—  Libris  actorum  pioplt-r  profc-ssionem  srilifcl,  ([uia  apud  /Erarium  patres  nalorum 
deferebaiitur  filinrum.  Vel  noinirium  noiitiam  dovulpare  conleslalione  publica.  Vet. 
ScHOL.  in  Juv.  loc.  sup.  cit.  —  Voy.  aussi  ci-dessus  n"  88,  §  X. 

90.  Ani-A  ET  AUTEL  DR  Saturn'e.  V Aren  est  une  petite  place  située  à  la 
suite  et  tout  près  du  Tabulariiim  du  peuple,  à  l'entrée  du  vicus  Jugarius.  Au 
centre  s'élève  VAuld  de  Sftturnc 

I.  Ara  Saturni.  Sf:\t.  Ulk.  de  Rcy.  urb.  Rnmœ,  VIII. 

II.  iCdes  Opis  et  Saturni  in  vico  Jugario.  P.  YicT.  Ibid. 

III.  Kai  -riv  jîoifjih-j  -Ô>  Kyîov&j  zoù;  E'ttîoù,-  iopùzasOui  fjLzff  H^sazXsîUi  ôj  éVt  xcà  vûv 
tàiy.y.sysiTïv.fy'y.zn  pii^-/]  Tiû  /ipsy  y.xzx  t>;v  x-joo-yv  r/jv  ùnb  tri;  v.yof^v.c  ■^éf^o-joxj  di  t'o 

l\U.~lTdl\lO\l-  Tri-J  Tî  Oj'j'a.-J,   ri-J  /M  £7:'  èy.OÎ/  V'jlUCÛOL  zOjO'J,  ^uly.zzo-^zsi  TÔV    é^Xï)vj/.àv  vi- 

/*ov,  sxîtv^-j,  ïtvKi  Tîù;  zaraiTïîia/uiivoj,-.  [).  Uai.ic.  I,  34  ^. 

IV.  Salurnii  dicebantur  qui  castrum  in  imo  Clivo  Capitolino  incolebanl,  ubi  Ara  di- 
cala  ei  deo  ante  bellum  Trojanum  vidctur,  quia  apud  eum  supplicant  aperlis  capitibus. 
Fest.  V.  Saturnia. 

V.  X'jlw'j  ôï  zscraj/fivrî;  P'jtuv.iou:,  ïyf,rizî-i  h  nû9(5;  ^cj»y;(jc£v,  iy:i  iXà.y.z'jri-v.L  zoli 
Y>.pà-joxi  Tr,-i  ijr^-n-j ,  /.xï  75Vi  ov.ijj.oya.i  tôjv  c/yiu'jJi  ù.~'j'i.'JiJ.ijoyi.  Ko'^-y.-iOi  oï  Kâr)!,, 
à-jir,p,  r(,yj  lT:iTr,y.'irj,  zaTZTXsvczîî  TO)  O-'ti  Tc/;iîv5j  rh  xsiy.vjo-;  t/ûvr/yjj  toû  TcottyXoj 
opovi,  /'A  -zVj  -l-^j)  /5oj;jtîv  co")îJja75  rîT^a-oicw-îv.  Plut.  Parallcl.  p.  225  2. 

VI.  Icnnographie.  Un  fragment  du  plan  de  marbre,  qui  se  raccorde  avec  la  Basi- 
lique Julia  [Voy.  plus  bas  n»  ll.ï,  Basilique  Julia,  §  VI]  et  sur  leiiuel  on  lit  ce  reste 
d'inscription  :  VP.NI,  prouve  que  l'Area  de  Saturne  était  à  l'une  des  extrémités  de  la 
Basilique  Julia. 

91 .  Lac  ou  fontaine  de  Servilius.  Fontaine  située  au  commencement  du 
vicus  Jugarius  et  près  de  la  Basilique  Julia.  Elle  était  ornée  d'une  statue  de 
l'Hydre  do  Lerne. 

I.  Servilius  Lacus  appellabatur  eo,  qui  eum  faciendum  curaverat,  in  principio  Vici 
Jugari,  continens  Basilic;e  Julia-,  in  que  loco  fuit  effigies  llydrœ  posita  a  iM.  Agrippa. 
Fest.  v.  Servilius. 

II.  Vidcant  largum  in  Foro  sanguinem,  et  supra  Servilium  Lacum  (id  enim  proscrip- 
lionis  Sullanœ  spoliarium  est)  senalorum  capila.  Senec.  de  Provident.  5. 

92  iEQUiMELiUM.  Area  situé  au  bas  du  mont  Capitolin,  auprès  du  Lac  Ser- 
vilius, dans  le  Jugarius  vicus  et  non  loin  de  la  Porte  Caruieutale.  C'était  un 
marché  où  l'on  vendait  de  petites  victimes  pour  les  sacrifices. 

I.  Romee  fcpdum  incendium  per  duas  noctes  ac  diem  unum  tenuit  :  solo  eeqnata  om- 
nia  inter  Salinas  ac  Portam  Carmenlalem,  eum  ^■Equimclio  Jugarioque  vico.  Tit.-Liv. 
XXIV,  4  7. 

II.  Lupus  ^squilina  porta  ingressus,  frequenlissima  parte  Urbis,  eum  in  Forum  de- 
currissel,  Tusco  vico  atque  inde  Melio,  per  porlam  Capenam  prope  intaclus  evaserat. 
TiT.-Liv.  XXXllI,  26. 

III.  Subslructionem  super  .Equimclium  in  Capitolio...  locaveruat  [censores,  an.  565]. 
TiT.-Liv.  XXXVIII,  28.  —  Snbstructio  désigne  sans  doute  ici  un  des  murs  de  soulène- 
nrienl  de  l'escalier  des  Cent  marches. 

IV.  In  iEquimelium  misimus,  qui  afîerat  agnum,  ciuem  immolemus.  Cic.  de  Divinal. 
U,  17. 

V.  Mélius  ayant  aspiré  à  la  royauté,  fui  puni  de  mort  et  sa  maison  rasée.  —  Domum 


*  Et  Epeos  una  eum  Hercule  Saturno  Arani  statuisse,  qua'  iiunc  eliain  durât,  sila  ad  coUis 
radiées,  juxl.i  viani  qua  ex  Foro  in  C.apiloliuni  aseemliiur  ;  el  saerificiiini,  (|uod  mea  i  tiam 
a^tate  Romani  ritil)us  (;ra;eis  observatis  faeiebani,  al)  illis  iustilulum  feriint.  =  -  Cum  autim 
Romani  pe>tilent'a  invasisset,  respondil  ApoUo  Pylliius  fineni  inali  fore,  si  t'aturni  iraiii  pla- 
çassent, e  l  j;enios  injuste  0C(  isorum.  Itaqiie  Lutalius  Catulus,  unus  de  prineipibus  viris,  Sa- 
turno tempium  prope  Tarpeium  niontcm  condidit,  Aranique  in  eo  collocavit  quuiuor  liaben- 
tem  faciès. 


56  DESCRIPTION  DK  UOML. 

dsindc,  ut  monumcnto  area  cssel  opprcss.B  nefaria>  spei,  dirui  exlemplo  jussil;  id 
^quimclium  appcllalum  est.  Tit.-Liv.  IV,  16  [an.  316]. 

95.  Autels  d'Ops  et  de  Cérès.  Sur  un  petit  area,  à  la  suite  d'.£quime- 
lium  fn"  92]. 

I.  Vicus  Jugarius  idem  et  Thurarius,  ubi  sunt  Ara;  Opis  el  Cereris  cum  signo  Vor- 
lumni.  P.  VicT.  de  Heg.  urb.  liomœ,  VIII.  —  Voy.  ci-dessus  n»  90,  g  M. 

II.  Addila  et  unum  dicm  supplicalio  est  ex  decrelo  pouUncum,  quod  œdes  Opis  in 
Capitolio  de  cœlo  tacla  erat.  TiT.-Liv.  XXXIX,  22. 

III.  AR^  Opis  et  Cereris  in  vico  Jycario  cosstitvT/E  svkt.  GRUTER.  p.  134.  — 
Orelli,  Inscript,  lat.  t.  II,  p.  596. 

IV.  In  capitolio  in  jzw.-a  opis   sacerdotes  convenervnt,  ad  vota  nvncvpanda  ad 

RESTITVTIONEM     et    DEDICATIONEM     CAPITOLII     AB     IMPERATORE     TITO     CXSARE    VESPASIANO 

AvcvsTo.  MARIM,  AUi  e  monumenli  degli  Arvali,  lav.  XXIII. 

04.  Vicus  JcGARics.  Quartier  qui  commençait  auprès  de  la  Basilique  Julia 
[n°  113],  et  s'étendait  jusqu'à  la  Porte  Carinentale. 

I.  A  porta  [Carmentali]  Jugario  vico  in  Forum  venere.  TiT.-Liv.  XXVII,  37. 

H.  Saxum  ingens...  labefactum,  in  Vicum  Jugarium  ex  Capitolio  procidit.  TiT.-Liv. 
XXXV,  21. 

m.  Voy.  ci-dessus  no  90  g  II  ;  n»  91  g  I  ;  n»  93  §  I  ;  n»  9C  §  III. 

95.  Argilète.  Quartier  au  bas  de  l'extrémité  S.  E.  du  mont  Capitolin.  Il 
se  prolongeait  jusqu'en  dehors  de  la  porte  Carmcntale  ou  Scélérate.  On  y 
trouvait  beaucoup  de  tavernes  (boutiques),  et  particulièrement  des  tavernes 
de  librairies. 

I.  Sur  la  position  d'Argiléle,  voy.  ci-dessous  n"  99  g  I,  III. 

II.  Quinlus  fraler,  qui  Argiletani  œdificii  reliquum  dodrantem  émit  H-S  dccxxv, 
Tusculanum  venditat.  Cic.   ad  Atlic.  I,  14. 

III.  Ciccron  pariant  d'une  pension  qu'il  faisait  à  son  fils,  dit  :  Accommodcl  ad  mer- 
ces  Argiletani  et  Aventini.  Cic.  ad  AUic.  XII,  32. 

IV.  Ad  lihrum  suum. 
Argiletanas  mavis  habilare  tabcrnas. 

Cum  tibi,  parve  liber,  scrinia  noslra  vacent.         JIart,  I,  4. 

V.  Vertumnum  Janumque,  liber,  spectare  videris, 
Scilicet  ut  prostes  Sosiorum  pumice  mundus. 

HoR.  1,  Ep.  20,  V.  1.2. 

VI.  SiGiLL\RiA.  Aulu-Gelle  seul  cite  ce  quartier  sans  dire  où  il  ciail  :  «  Apud  SIgillaria 
forte  in  libraria...  consederamus.  n  A.  Gei.l.  V,  4.  —  Comme  il  renfermait  aussi  des 
tavernes  de  libraires,  nous  le  mettons  à  la  suite  d'Argilète;  mais  c'est  une  bien  faible 
conjecture. 

96.  Temples  de  Matute  et  de  la  Forti-ne-virile.  — Devant  :  Arc  de  Ster- 
Tixius.  Les  deux  temples  étaient  auprès  de  la  Porte  Carmentale,  dans  le  voi- 
sinage du  Jugarius  vicus  et  d'/Equimelium.  Le  roi  Servius  les  bâtit  ;  l'an 
359  on  réédifia  le  premier,  et  l'an  546  le  second.  Devant  ces  deux  édifices 
se  trouvait  un  Arc  de  triomphe  érigé  par  L.  Stertinius,  l'an  oo6. 

I.  'TaXira.  &£a7Ty:açK//ev5î  i-j  dfy/i-Jfj  zs  y.'A  xarà  T.o\iii.o\)i,  /.a.1  vasùj  oùo  zaTac/.î'jKsâ- 
p.vJOi  T'j}(r,ç,...  TÔv  fj.'-v  £v  à.yof.v.  zf,  za/«!;//.c'vr)  lioafAx,  ràv  ô"  êrspov  Itti  toij  riiôsi  toÎi 
'TiÇifAOi,  fjv  ùy5c.-,['j.-)  T.prxir^yocz'jovJ,  w;  xat  vyv  ijTio  PoipMorj  xstXnrxt.  D.  Halic.  IV, 
271. 

II.  Ludos  magnos  ex  senatusconsulto  vovit  [Camillus]  Yeiis  captis  se  faclurum  : 
œdemque  Matuiee  Malris  refeclam  dedicalurum,  jam  ante  ab  rege  Servie  Tullio  dedi- 
catam  [an.  359].  Tit.-Liv.  V,  19. 

III.  H  05  5Ù-/X//IT0;  siî  rb  âéxxrov  è'roi  toû  ttoàs/usu  xxzcàiioxax  ràj  ii'/.'Xxî  ^p'/.^-i,  ^<-'^- 

*  Quum  igiliir  hnec  domi  militi.-eque  -jessisset  [Servius],  et  duo  templa  Cï'ilruxissct  For- 
tunae,  .  .  .  (allerum  quidem  in  foro  Boario,  alteram  vero  ad  ripam  Tiberis)  quam  virilem 
appellavit,  ut  nunc  ctiam  a  Romanis  nuucupatur. 


IIÉGION  Vlil.— lOKlJM  ROMAIN.  57 

6ovT(  Tizî  iJLt/àla.i  ©ci;  k;î(v,  y.A  vîtijv  Oîzj,  r,v  iM/,T£^a  MafoÛTKv  /.«Xsûii  P'j)jj.iiioi, 
■^'xfiiî.p'^ntit .  Plut.  Camil.  5  '. 

IV.  Romae  fœdum  inccndium  per  duas  nocles  ac  diem  ununi  tenuil  :  solo  îcquala 
omnia  inler  Salinas  ac  poilam  Carmenlalem,  cum  yEquinielio  Jugarioquc  vico  :  in 
templis  Forlunaî  ac  Malris  Malulœ,  et  Spei  extra  porlam,  laie  vagatus  ignis  sacra  pro- 
fanaque  mulla  absumpsit  [an.  539].  Tn.-Liv.  XXIV,  47. 

V.  Comitia  a  pra-tore  urbaiio  de  senatus  scntcntia  plebisquc  scitu  sunt  habita 
[an.  540],  quibus  crcali  siinl  quinque  viri  mûris,  turribusque  reficiendis;  et  Iriumviri 
bini,  uni  sacris  conquirendis,  donisque  persignandis;  alteri,  reficiendis  aedibus  Fortunaï 
et  Malris  Matutœ  inlra  portain  Carmenlalem,  sed  cl  Spei  extra  porlam,  quo;  priorc 
anno  incendio  consumpla;  fuerant.  Tit.-Liv,  XXV,  7. 

VI.  Poiilibus  et  magno  juncla  est  celeberrima  Circo 

Area,  quae  posito  de  bove  nomen  liabet. 
Hac  ibi  luce  ferunt  Matutœ  sacra  parenti 
Sceplriferas  Servi  lempla  dédisse  manus. 

Ov.  Fasl.  VI,  V.  477-480, 

VII.  Forum  Piscarium. 
iEdes  Matulœ 

Vicus  Jugarius.  P.  ViCT.  de  Reg.  urb.  Rnmœ  VIII. 

VIII.  Piutarque  attribue  au  roi  Ancus  Marcius  la  fondation  du  temple  de  la  Fortune- 
virile,  sans  désigner  dans  quelle  région  était  ce  temple  ;  mais  nous  avons  préféré  l'au- 
torité de  Tite-Live  et  d'Ovide  à  celle  de  l'illustre  biographe  de  Chéronée.  Voy.  Plut. 
de  fort  Rom.  p.  263.  278. 

IX.  Arc  de  Slertinius.  L.  Stcrtinius "de  manubiis  duos  Fornices  in  Foro  Boario 

ante  Fortuna^  œdem  et  Malris  Malutaî,  unum  in  maximo  Circo  fecit  :  el  his  Fornicibus 
signa  aurata  imposuit  [an.  556],  Tit.-Liv,  XXXllI,  27, 

97.  Porte  Carmemale  ou  Scélérate.  Au  nikli  du  mont  Capilolin,  près  de 
la  Roche  Tarpéienne.  Elle  avait  deux  ouvertures. 

I.  Porta  Carmentalis  versus  Circum  Fla'minium. 
Templum  Carmeiita;. 

Capiloiium.  P.  ViCT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Sur  la  position  de  la  Porte  Carmenale  voy.  plus  haut  n"  64,  §  III. 

III.  Bw/y.îùi  i9zza(/./j.r,y  iopuy.vjo'Ji,  Kxpy.svTr,  jj.''.-.),  imb  tw  /.sàojfj.z.'Oi  Ka;TtTw).t«;J  7ra/;à 
TC.t,  Ky.pfj.î-Jri'ji  izÙMti-  V.jc/yâp',)  oï  nphi  kzip'j)  zw  'i.O'f'jfJ,  AvsvTtvw  'l,vp;ii'"j}.,  'Ôi  'fpt- 
oiijj.'>-j  rJArii  oj  r^pit'O).  D.  Halic.  I,  32  2. 

IV.  Pars  autem  Capilolini  montis  infima,  habitaculum  Carmenlse  fuit,  ubi  Carmentis 
nunc  fanum  est,  a  qua  Carmcntali  portœ  nomen  dalum  est.  Solix.  2. 

V.  Tite-Live  parlant  du  départ  des  Fabiens,  dit  :  —  Infelici  via,  dexlro  Jano  porlœ 
Carmenlalis  profecli,  etc.  Tit.-Liv.  Il,  49. 

VI.  Carmentis  portoe  dextro  via  proxima  Jano  esl. 

Ire  per  banc  noli,  quisquis  es  ;  omen  habet. 
nia  fama  refert  Fabios  exisse  trecentos. 

Porta  vacal  culpa  ;  sed  lamen  omen  habet. 

Ov.  Fasl.  II,  v.  201-204. 

VII.  Cffsi  apud  Crcmeram  trecenti,  patricius  exercilus,  et  sceleralo  signala  nomine, 
quee  proficiscentes  in  prœlium  porta  dimisit.  Flor.  I.  12. 

VIII.  Porta  qua  profecli  fuerant  [Fabii],  Scelerata  est  appcUata.  A,  Vict.  de  vir. 
Illust.  14. 

JX,  Haec  Ara  [Carmentis]  juxla  porlam  qua;  primo  a  Carmente  Carmenlalis  dicta  esl; 
posl  Scelerata  a  Fabiis  ccc  sex  qui  per  ipsam  in  bellum  profecli,  non  sunt  reversi.  Serv. 
in  Mneid.  VIII,  v.  337. 

•  Decinio  liiijus  belli  [Veieiitana']  anno  reliqui'i  abroy  ilis  niagislr.ililnis,  diclalor  al)  scnatu 
Camillus  dictus,  mat;istrum  oquilum  dixit  Corncliiiin  Scipioncni.  Inde  pro  imperio  vota  nuu- 
cupavit,  si  liujuscc  belli  faustum  exitum  Dii  dédissent,  liiilos  inagnos  se  faetnrum,  sedemqnc 
Dca;,  qiiam  Matutani  matrein  vocant  l'ioinani,  dedicatiirnni.  =-  Vidi  etiani  Aras  crectas, 
aiteram  Carmenla:',  ad  portain  Cannentalorn,  sut)  co  eolle  qui  Capitoliniis  vocatur;  allcram 
Evandro,  ad  alleruui  çollcm  qui  Avcutinus  vocaluc,  non  prociil  a  jwrla  Trijjemina, 


88  DESCIUPTION  DE  ROME. 

X.  Scclerata  porta  eodcm  appellutur  a  quibusdnm  quae  cl  Carmcntalis  dicitur,  quod 
ci  proximum  Carmcnla;  sacellura  Tuil.  Fest.  v.  Sceterala.—\o^.  ci-dessous  n"  98,  g  IV. 

98.  Autel  de  Carmente.  Au  pied  de  la  Roclie  Tarpéienne,  en  dehors  de  la 
porte  Carmcntale,  au  centre  d'un  petit  area.  On  y  arrivait  par  quelques  de- 
grés. Son  éditicatioii  remontait  aux  tein[)S  fal)uleux  de  Rome. 

I.  Sur  la  position  de;  l'Autel  de  (Carmente  voy.  ri-dessus  n"  07,  g  1,  III,  IV,  IX,  X. 

II.  Ovide  parlant  du  culte  rendu  :\  Carmenle,  dit  : 

Srorlea  non  illi  fas  est  inferre  sarello.  Ov.  Fast.  I,  v.  629. 
m.  Les  mots  fnnum  et  mr.elhtm  employés  par  Solin,  Festus  [n»  97  §  IV,  X.]  et  Ovide, 
désignent  Ynrea  sur  lequel  était  l'Autel.  —  Fabius  srribil,...  in  ca  pugna  Jovis  Statoris 
sedeiti  votam,  ut  Romulus  antc  vovural  :  sed  fanum  tanlum,  id  est  lorus  templo  efl'atus 
fiacralus  fuerat.  Tix.-Liv.  X,  57.  —  Sacellum  est  locus  parvus  dco  sacralus  cum  ara. 
A.  Ckll.  VI,  12. 

IV,  Vix  ea  dicta  :  deliinc  progressus,  monstrat  et  Aram, 

El  Carmentalem  Homano  noniine  portam. 

ViRG.  Mnrid.  VIII,  v.  3S7,  338. 
— Monstrat  et  aram.  Aut  quam  Evander  matri  feeit  exslinctœ  :  aut  aram  pro  monu- 
mento,  aul  ideo  aram  quia  ibi  sepulla  est,  et  [)OSl  exeessum  dca  crédita  :  hœc  Ara  juxla 
portam  qua;  primo  a  Carmente  Carmenlalis  dicta  est;  posl  Scelerala  a  Fabiis  ccc  scx, 
qui  per  ipsam  in  belium  profectl,  non  sunl  reversi.  Serv.  loc.  sup.  cit. 

99  Temple  de  Jams  Geminus.  En  dehors  de  la  porte  Carnientale,  au  bas  de 
l'extrémité  S.-O.  du  mont  Capilolin,  presque  vis-à-vis  du  théâtre  de  Marcel- 
lus  [n»  144].  Numa  hàlitce  temple  vers  l'an  39  de  Rome;  Duillius  le  restaura 
l'an  494,  et  Tibère  l'an  770.  La  simplicité  de  cet  édihce  rappelait  celle  des 
premiers  temps  de  la  ville  :  il  était  quadrangulaire,  sans  portiques  ni  colon- 
nade. Numa  le  fonda  pour  qu'il  servît  à  indiquer  si  Rome  était  en  guerre,  si 
elle  était  en  paix  :  dans  le  premier  cas,  les  portes  du  temple  demeuraient  ou- 
vertes; dans  le  second,  elles  restaient  fermées.  La  disposition  architeclonique 
était  conçue  d'après  cette  destination,  et  de  larges  ])ortes  remplissaient  pres(pie 
entièrement  ses  deux  façades.  Néanmoins,  l'élendue  du  tenqile  permettait  au 
sénat  de  s'y  assembler.  On  voyait  au  milieu  la  statue  de  Janus  à  double  face. 

I.  Janum  ad  infimum  Argilelum,  indicem  pacis  bellique  fecit  [Xuma  an.  39]  apertus. 
ut  in  armis  esse  civilalera  ;  clausus,  pacatos  circa  omncs  populos  significaret.  Tit.- 
Liv.  I,  19. 

II.  ïheatium  Marcelli ubi  cral  aliud  tcmplum  Jani.    P.    VicT.    de  Rerj.  urb. 

Romœ,  IX. 

III.  Sacrarium  hoc  [Jani]  Numa  Pompilius  fecerat  circa  imum  Argilelum,  juxta  Ihca- 
Irum  Marcelli  :  quod  fiiii  in  duobus  brevissimis  templis,  duobus  autem  propter  Janum 
bifrontem.  Skrv.  in  Jîineid.  Vit,  v.  607. 

IV.  lieligioni  est  quibusdam  Porta  Carnvntali  egredi,  el  in  œde  Jani,  quse  est  extra 
eam,  senatum  liaberi,  quod,  etc.  Fest.  v.  Ueliyioni. 

V.  Jano  ad  theatrvm  Mabcelh.  GRLTEU.  p.  134.  —  ORELLl,  Inscript,  lai.  l.  II. 
p.  396. 

VI.  Lautolaî  a  lavando,  quod  ibi  ad  Janum  Geminum  aqua;  calida;  fucrunt.  Ab  eis 
palus  fuit  in  minore  Vclabro.  Vaur.  L.  L.  V,  §  156. 

VII.  llle  [Numa]  Janum  Geminum,  fidem  pacis  ac  belli,  etc.  Flor.  I,  2. 

VIII.  l';jT£  o"  aJTîû  y.xï  vcijs  i-j  Vdi/Jr,  oiOjfiOi,  Sv  ttoas/àîu  r.UAr/j  zx>5Î/t£-  -jo/jJ^-tui 
yy.p,  c/.JiCyxOxi  /akv  aJTOv,  ozx-j  ^  t:ô1z,<j.05,  /;/.),£Ï59at  o"  sipr,vr,i  ysvopéyr,i-  b  Or,  y%\î~oy, 
r,  zai  cTïxviojs  ■/i./ôij.vjov.  Pldt.  Num.  20  '. 

l.X.  Oirœ  ferro  et  compagibus  arclis 

Claudentur  belli  porta-.  Viuc;.   ^f/ic/rf.  I,  v.  293,  29'» 

X.  Sunt  gemina>  belli  porlœ   sic  nomine  dicunt) 

Relligione  sacrœ  et  sajNi  formidine  .Martis.     /ôïd.VlI,  v.  607,  608. 


*   Est  ejus  [Jani]  templura  Roni.T;  biforo,    quod  Iclli  jaiiuam  vocant.  Hoc  apcriri  bullo,  et 
claudi  pace  composila,  solennc  est. 


RÉGION  VIII.— FORUM  ROMAIN. 


59 


XI.  lisdcm  tcmporibus  [an.  770],  deum  acdcs  velustateaut  ignoabolitas,  rœplasquc 

ab  AuRuslo,  dfdicavit...  [Tibcrius]  ;  Jaiio  tem- 
pluin,  (|uod  apud  Forum  Olilorium  C  Duillius 
struxeiat.  Tac.  Ànn.  II,  49.  —  La  construction 
d(!  Duillius  ne  pouvait  être  qu'une  récdifica- 
lion  du  temple  bâti  par  Numu.  Duillius  la  fit 
exécuter  en  qualité  de  censeur  l'an  494.  Cette 
réédification  est  d'autant  plus  vraisemblable  que 
les  Humains  n'avaient  pas  pour  habitude  d'en- 
rtetenir  les  monuments  publics,  et  d'ordinaire 
les  laissaient  lilléralemenl  tomber  en  ruines. 

XII.  Iconographie.  Vue  du  temple  di;  .lanns, 
prise  sur  le  revers  d'une  médaille  de  grand  J)ronze 
de  Néron.  Voy.  Morell.  Numismnt.  XII  imp. 
rom.  t.  II,  Num.  Xeronis,  tab.  IX,  n»  18.  X, 
nos  i3j  14^  15. 


100.  Forum  Olearilm.  Marché  à  rimile  situé  dans  le  Vélabre. 

I.  Cette  position  est  toute  conjecturale,  el  fondée  sur  le  vers  suivant  de  Piaule, 
Capliv.  III,  1,  V.  29  : 

Omnes  compacto  rem  agunt,  quasi  in  Yelabro  olearii. 

101.  Forum  Piscarium.  Marché  au  poisson,  situé  près  du  Tibre  et  de  l'Arc 
de  Janus  quadrifroiis  du  Forum  Boariuni  [n"  I06J. 

I.  Secundum  Tibcrim  ad  Janum  Forum  l'iscarium  vocanl.  Varr.  L.  L.  V,  g  14G. 

II.  Jides  Ilerculis  victoris. 
Forum  l'iscarium. 

JEdes  Matutœ.  I'.  Vict.  de  Reg.  urb.  Roma;  VIII. 

III.  Templum  Jani. 

Forum  l'iscarium.  Sext.  Rif.  Ibid'. 

IV.  Viens  Piscarius.  Ibid.  XI.  — Ce  viens  de  la  Xle  région  confinait  probablement  au 
Forum  Piscarium,  dont  il  aura  emprunté  son  nom. 


102.  Les  Vélabres.  Quartier  qui  s'étendait  de  la  rive  gauche  du  Tibre, 
dans  la  Xl^  région,  jusqu'au  Forum  romain,  dans  la  Vill**,  derrière  la  Basi- 
lique Julia  [n"  1 13].  On  le  distinguait  en  \^élabre  majeur  et  Vêlabre  mineur; 
le  mineur  était  dans  le  voisinage  du  Ueuve.  La  voie  Cai-menlale  formait  la  limite 
entre  les  deux  Vélabres. 

I.  Aventinum  aliquot  de  causisdicunt Ego  maxume  puto,  quod  ab  advectu  ;  nam 

olim  paludibus  nions  erat  ab  reliquis  disclusus,  itaque  eo  ex  Urbe  advehebanlur  rati- 
bus  :  quoius  vesligia,  quod  ea,  qua  tum  vehebantur,  etiam  nunc  dicitur  Velabrum, 
et,  unde  escendebanl,  ad  infumam  Novam  viam  saccUum  Velabrum.  Vaur.  L.  L.  V, 
§  45. 

H.  Laulolœ  a  lavande,  quod  ibi  ad  Janum  geminum  aquai  caldœ  fuerunt.  Ab  bis 
palus  fuit  in  minore  Vclabro,  a  quo,  quod  ibi  vehebantur  linlribus,  Velabrum,  ut  illud 
majus  de  quo  supra  dictum  est.  Varr.  L.  L.  V,  g  156. 

m.  Hoc  sacrificium  fit  in  Velabro,  qua  in  Novam  viam  exilur,  ut  aiunt  quidam,  ad 
sepulcrum  Accœ.  Varr.  L.  L.  VI,  g  23. 

IV.  Velabrum  majus.  Sext.  Rif.  et  P.  VicT.de  Reg.  urb.  Romœ,\l. 

Y.  Qua  Velabra  soient  in  Circum  ducere  pompas. 

Ov.  Fasl.  VI,  V.  405. 

—  Ovide  dit  les  Vélabres  [Velabra),  preuve  qu'il  y  en  avait  plusieurs. 

VI.  Ab  a;de  Apollinis  boves  fœmiiiœ  albae  duœ  porta  Carmentali  in  l'rbem  ducla; 

A  porta  Jugario   vico  in  Forum  venere Ind-e  vicoTusco,  Velabroque,  pcr  Roarium 

Forum,  in  clivum  Publicium,  atque  œdem  Junonis  Reginœ  perrcctum.  TiT.-Liv. 
XXVII,  37. 

Vil.  Venit  [Hercules]  ad  inviclos  pecorosa  Palalia  montes, 

El  slaluit  fessos  fessas  el  ipse  boves, 


60  DLSCIUI'ÏIUN  DL  IkOME. 

(Jua  Vclabra  suo  slagnabant  numinp,  quaquc 
Naula  pcr  urhaiias  velincabal  aquas. 


Arvaquc  mujiitu  suncile  Boaria  longo  : 
Nobile  cril  Koma"  pasfua  vestra  Forum. 

l'HOPEdT.  IV,  9,  V.  5-6.  19-20 
VIII.  Ka).îÏTa(  oï  vûv  b  rànoi  li/jÀai/^îv,  on  io\j  ■ko-zxjj.'ixj  ■noVi.'/./.ii  ImsfiXzO/j.é-JOu,  dV«- 
Tt£puiov:izo  nopOfj.-ioiç  xk7«  toÎito  t'o  y'j>[Àoj  ûi  à-/5,cî'.v  t»;v  i\  ■nof.OiJ.ù'j.-j,  /Svaroù^av 
xaloîj'jiy  Ë-Ji'ii  ô'î  \iyo\j-i  rr/j  îJ,  ràv  irr-ioys5//«v  pépow^xv  oC  à.yopv.;  tïk/^o'Jîv  ï'sii'jiî 
zKTanïTSîvvùvai  TOÙj  tj^v  Weav  T.'J.f,tyo-i-'j.i,  vi-viiOi-i  ù.py_oij.vJOU:.  Vi/iu.'y.ïzrl  o'î  TÔ  liriov 
/5/î/îv  àvo/xy.l^oiizi.  I'lit.  Romul.  5  '. 

105.  FonuM  BoAHiiM.  Il  fonuait  tout  à  la  fois  une  place  et  un  quartier  dans 
la  Vill'^  région.  Situé  au  pied  du  mont  Palatin,  vers  l'angle  S.  0.  de  eelte 
monlagne,  il  avait  pour  limites  la  voie  Triomphale  au  S.  ;  la  Basilique  Julia 
[n"  1  loj  au  N.  ;  et  le  Cirque  Maxime  et  le  mont  l'alaliu  à  l'E.  Le  Forum  pro- 
prement dit  était  peu  spacieux  ;  on  y  trouvait  trois  temples,  une  basilique, 
un  Arc  de  Janus,  et  la  statue  d'un  taureau  en  airain. 

I.  Gladialoiummunusprimuni  Hoiiix  dalumesl  in  Foio  Boario,  App.  Claudio,  M.  Tul- 
vio  Coss.  [an.  489].  Dederuat  M.  et  D.  Bruti,  funebri  memoria  palris  cineres  honorando 
V.  Max.  Il,  i.  7. 

II.  Dans  riiisrriplion  de  dcdirare  du  petit  arc  vulgairement  appelé  Arc  des  or- 
fèvres, qui  existe  encore  dans  le  Forum  Boarium  [Nolli,  n"  lO.ïi  ;  Lclarouilly,  rion. 
XII,  13],  on  iil  :  Arge.ntakii  et  .negotiantes  Boarm  bvjvs.  Voy.  Nardim,  Roma  anlica, 
lib.  V,  c.  10,  t.  Il,  p.  255,  edil.  Nibbj'. 

104.  Basilique  Semproma.  Construite  vers  la  (in  du  sixième  siècle  par  le 
censeur  Ti.  Sempronius.  Elle  était  perpendiculaire  au  côté  occidental  de  la 
place  du  Forum  Boarium. 

I.  Ad  opéra  publica  facicnda  rum  [censoribus]  dimidium  ex  vectigalibus  ejus  anni 
[583]  atlributnm  ex  senalusronsullo  a  quipsloribus  esset,  Ti.  Sempronius  ex  ea  peeunia 
quœ  ipsi  allribula  eral,  <edes  P.  Africani  pone  veleres  ad  Vorlunini  signum,  lanienas- 
que  et  tabernas  conjunrlas  iii  publirum  eniil,  Basiiicamque  faciendam  curavil,  qua; 
poslea  Scm(ironia  appeliala  est.  TiT.-Liv.  XLIV,  16. 

il.  S.   Gioryio    in  Yelabrn    [Nolli,   n"  1055;   Letarouilly,  rion.  XII,    \h].   È  quesla 

una  délie  più  antiche  eliiese  di  Borna Yuoisi  œdilicata  sul  principio  del  VI  secolo  e 

chiamassi  anrora  Basitica  Scmpronia  poicliè  era  stala  edificala  sopra  le  rovine  dl 
quclla.  MELCHioRni,  Guida  melodica  di  Roma,  p.  501,  in-12. 

lOo.  Statie  du  Taureau  d'airain.  Dans  le  Forum  Boarium,  à  droite  en 
avant  de  la  Basilique  Sempronia  [n"  104].  Cette  statue  était  Tort  ancienne. 

I.  Proxinia  Inus  a^ginetico  [œre]  fuit.  Insula  et  ipsa  nec  œs  gignens,  sed  oflieinarum 
temperatura  nohilitata.  Bos  œreus  inde  captus  in  Foro  Boario  est  Bornée.  I'lin. 
XXXIV,  2. 

II.  Ponlibus  et  magno  juncta  est  eeleberrima  Circo 

Area,  qua-  posilo  de  bove  nomcn  habet 

Ov.  Fasl.   VI,  v.  477,  478. 

III.  Sed  inilium  condendi,  cl  quod  Poniœrium  Bomulus  posuerit,  noscere  haud  ab- 
surdum  reor.  Igitur  a  Foro  Boario,  ubi  a-rcum  Tauri  simulaerum  adspicimus,  quia  id 
genus  aiiimaliuni  aratro  subditur,  sulcus  designandi  oppidi  cœptus,  ul  magnam  Uer<:ulis 
Arani  amplccterelur.  Tac.  Ann.  XII,  24. 


'  Vclabruni  nuiic  vocaiit  ex  eo,  qiiod  in  crebiis  fluvii  exiind.itionilms  trHJectus  eo  loco  in 
Fnrum  cssol.  Tnijeclum  vclaUirain  vocant.  Alii  dcUicimt  a  vcio  :  quod  qui  muuus  populo  cx- 
liibtnl  inde  vtlis  viam,  (jua;  a  Foro  fcrl  in  Circuni  maximum,  adumbrunt. 


RÉGION  VKI.— FORUM  ROMAIN.  61 

100.  Arcdk  .Ian'us  01  adrifrons.  D:ins  lo  Forum  Bo.'tiiuni,  .^  g.iuolio  on  avant 
(lo  la  Basili((iio  Senipronia  (n"  IOi|.  Il  csL  eu  marlin;  hiano,  carn'',  cl  percé 
(le  quatre  portes  dont  les  axes  se  eroisenl.  Chaque  face  du  nionuinent  est  dé- 
corée de  douze  niches  semi-circulaires  disposées  sm-  deux  rangs  de  hauteur. 
A  l'époque  de  l'équinoxe,  le  soleil  levant  elle  soleil  couchant  lance  ses  rayons 
juste  dans  les  deux  portes  tournées  de  ces  côtés. 

I.  Cet  Arc  existe  encore  [Nolli,  n»  1053;  Letarouilly,  rion.  XII,  13].  On  ignore 
qui  l'a  construit.  Sa  matière  indique  évidemment  un  édifice  du  temps  de  l'Empire. 
Quelques  antiquaires  veulent  en  faire  lionneur  à  Domilien.  Leur  conjecture  est  fondée 
sur  une  bien  vague  autorité,  sur  le  passage  suivant  de  Suétone  :  —  Janos  arcusque  cum 
quadrigis  et  insignibus  triumpliorum  pcr  regiones  llrbis,  tantos  ac  tôt  exstruxit  [Domi- 
lianus],  ut  cuidam  grœce  inscriptum  sit  alicui  :  APXEI.  Sukt.  Domil.  13.  —  Cependant, 
à  propos  du  vers  suivant  d'Horace  [I,  Ep.  20,  v.  8]  : 

Vertumnum  Janumque,  liber,  spectare  videris. 
Porphyrion  [in  Hor.  loc.  cit.]  indique  l'existence  de  l'Arc  de  Janus  du  temps  d'.\uguste  : 
—  Janus  quoque  Vicus  est  ab  Jano  gemino  sic  appellatus,  qui  in  eo  Arcum  habet  sibi 
consecratum,  perque  deos  significat  loca  in  quibus  cum  ceteris  rébus  eliam  libri  vé- 
nales erant. 

II.  Iconographie.  Pirancsi  [Àntichilà  Romane,  t.  I,  lav.  21  fig.  2]  donne  une  vue 
des  ruines  de  cet  arc,  qu'il  appelle  Arc  de  Stertinius,  mais  à  tort,  cet  Arc  étant  en  marbre, 
et  l'Arc  de  Stertinius  datant  du  temps  de  la  république  [Voy.  n"  96,  §  IX],  époque  oi'i 
l'on  ne  construisait  encore  qu'en  pierre. 

III.  Tota  structura  ita  posita  est,  ut  tempore  œquinoxiorum  ex  binis  porlis  quœ  ex 
adverso  sitae  sunt,  altéra  orientem  solem  excipiat,  altéra  excludat  occidenlem,  Demo.n- 
Tios.  Gallus  Romœ  hosp.  part.  I,  p.   15. 

107.  Temple  de  la  Pudicité  patricienne.  Au  fond  du  Forum  Boarium  dans 
la  partie  adossée  au  mont  Palatin  et  au  Cirque  Maxime.  C'était  un  petit  temple. 
On  ignore  par  qui  et  quand  il  fut  fondé,  mais  il  existait  déjà  l'an  de  Rome  436. 

I.  Forum  Boarium. 
Sacellum  Pudiciliaî  patriciœ. 

JEdes  llerculis  Victoris  duœ,  altéra  ad  portam  Trigeminam,  altéra  in  Foro  Boa- 
rio  cognomine  rotunda,  et  parva.  P.  VicT.  de  Reg.  urb.  Ro7nœ,  VIII. 

II.  Insignem  supplicationem  fecit  certamen  in  Sacello  Pudicitiœ  patricia>,  quœ  in  Foro 
Boario  est  ad  a?dem  rotundam  Herculis,  intcr  matronas  orlum.  TiT-Liv.  X,  23  [an./(56]. 

108.  Temple  d'Hercule  VAiNQUEL'R.  Dans  le  Forum  Bo.arium,  auprès  du  tem; 
pie  de  la  Pudicité  patricienne  [n°  1 07].  11  était  rond,  petit,  et  fort  ancien.  Il  fut 
bâti  parmi  certain  Octavius  Hersennus. 

I.  Sur  la  position  et  la  forme  de  ce  temple,  voy.  ci-dessus  n»  107,  §  I,  II. 

II.  Bomœ  in  œdcm  Herculis  in  Foro  Boario,  nec  muscœ,  nec  canes  intrant.  Plix. 
X,  29. 

III.  Proxima  eelebrata  est,  in  Foro  Boario  œdo  Herculis,  Pacuvii  poetae  pièlura. 
Plin.  XXXY,  i. 

IV.  Romœ  autem  Victoris  Herculis  a>des  duœ  sunl;  una  ad  portam  Trigeminam,  al- 
téra in  Foro  Boario.  Macrob.  Saturn.  III,  6. 

V.  Romœ  Victoris  Herculis  œdes  dute  sunt,  una  ad  portam  Trigeminam,  altéra  ad  i 
Forum  Boarium  cujus  commenli  causa  hœc  exponitur  :  Marcus  Octavius  Hersennus  in 
prima  adolescentia  tibicen,  postquam  arti  suœ  dilTisus  est,  mercaturam  instituit,  bene 
re  gesta  decimam  Herculi  dicavit,  postea  cum  navigans  hoc  idem  ageret  a  pra.'donibus 
circumvenlus  forlissime  pugnavit  et  victor  recessit,  quem  in  somnis  Hercules  docuit  sua 
opéra  servatum,  cui  Octavius  impetrato  a  magistratibus  loco,  œdem  cum  signo  sacravit, 

et  victorem  incisis  litleris  appellavit.  Serv.  in  jEneid.  VUl,  v,  563. 

VI.  Sacellum  Herculis  in  Foro  Boario  est.  Solin,  2. 

109.  Temple  de  la  Fortune  vierge.  Dans  le  Forum  Boarium,  et  bâti  par  le 
roi  Servius  Tullius. 

I.  Ovide,  après  avoir  parlé  du  temple  de  Mainte,  qu'il  dit  i'-tre  situé  dans  le  Forum 


62  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Boarium  [voy.  plus  haut  n»  96,  <§  VI],  ajoute,  plus  bas,  que  le  temple  de  la  Fortune  a  été 
consacré  dans  le  môme  temps  et  dans  le  même  lieu  : 

Lux  eadem,  Fortuna,  tua  est,  auctorque  locusque. 

Ov.  Fast.  VI,  V.  569. 
11.  Où  yàp  /j.o-^ov  TÙy//iç  sjéïnK^oi  xal  àTTOTpo-xlou  xai  iJ.iikr/_lxi  xaJ  Tipuroyivilai  xat 
cipps'jOi  Upà  xaTETXsÙKTev,  ùlX  iiTiv  lâlcci  tù^Ij  upô-j,  sTspo'J  à"  èT:LUTpsfoy.évr,i,  «7>o 
(?'  sùÛTnooî,  vllo  Tcxpdivoo.  Plut.  Quwsl.  rom.  p.  155*. 

110.  Fontaine  Muscosus.  Derrière  le  Forum  Boarium,  au  pied  du  mont 
Palatin.  Nous  ignorons  quand  et  par  qui  elle  fut  établie. 

I.  Plutarque  nomme  celte  fontaine,  sans  dire  où  elle  était  située  [voy.  plus  haut, 
n"  17  §  111]  ;  nous  la  plaçons  ici  à  cause  du  voisinage  du  temple  de  la  Fortune  vierge, 
et  de  la  grande  conserve  d'eau  située  sur  le  flanc  méridional  du  mont  Palatin,  n"  209. 

m.  Voie  Neuve.  Elle  s'étendait  depuis  le  Forum  Boarium  jusqu'à  la  voie 
Sacrée,  en  suivant  le  pied  de  la  partie  occidentale  du  mont  Palatin,  derrière  les 
édifices  du  Foruiu  romain. 

I.  Hoc  sacrificium  fil  in  Velabro,  qua  in  Novam  viam  exitur,  ut  aiunt  quidam  ad  Se- 
pulcrum  Acca;.  Varr.  L.  L.  VI,  §  24.  —  Voy.  aussi  plus  haut  n°  102,  g  I. 

112.  Autel  d'Aius  Locutius.  Au  bas  de  la  voie  Neuve,  près  du  Bois  de 
Vesta,  et  enfermé  dans  une  enceinte.  Son  établissement  remontait  au  IV®  siècle 
de  Rome;  Camille  l'édifia. 

I.  Non  multo  post  anle  Urbem  captam  exaudila  vox  est  a  Lnco  Vesfœ,  qui  a  Palatii 
radice  in  Novam  viam  devexus  est  :  «  Ut  mûri  et  portœ  reficerentur  ;...  »  quod  neglec- 
tum,  quum  caveri  poterat,  post  acceptam  illam  maximara  cladem  explicalura  est.  Ara 
enim  Aio  Loqucnti,  quam  septam  videmus,  exadversus  eum  locum  consecrata  est.  Cic. 
de  Divinat.  I,  45. 

II.  Audita  vox  est  monentis,  ut  providcrent,  ne  a  Gallis  Roma  caperetur;ex  eo  Aio 
Loquenli  Aram  in  Nova  via  consecralam.  Cic.  Ibid.  II,  32. 

111.  M.  Cfpditius  de  plèbe  nunliavit  tribunis  se  in  Nova  via,  ubi  nunc  sacellum  est, 
supra  iEdem  Vesta;,  vocem  noclis  silenlio  audîsse  clariorem  humana,  quae  magislra- 
tibus  dici  juberet,  Gallos  advenlare.  Tit.-Liv.  V,  32. 

IV.  Expiandœ  etiam  vocis  nocturnsp,  quœ  nuntia  cladis  ante  bellum  gallicum  audita 
neglectaque  essel,  mentio  illata,  jussumque  templum  in  Nova  via  Aio  Locutio  fiori. 
TiT.-Liv.  V.  50  [an.  365]. 

V.  Aio  Locutio  Templum,  propter  cœlestem  vocem  exauditam  in  Nova  via,  jussimus 
fieri.  Jhid.  52. 

VI.  Sicut  Aius,  inquit,  deus  appellalus,  Araque  ei  statuta  est,  quaî  est  infima  Nova 
via,  quod  in  eo  loco  divinitus  vox  édita  erat.  A.  Gell.  XVI,  17. 

Vil.  Èjj>;  yùp  h  Tri  TiV.prj>xriiJ.évf]  vuxTt  xaO'  hobv  jiaâi^'ji'J ,  rjv  xajv/,v  ôvo//.(iÇouîf,  xV/i^îïj 
ùttô  Ttvos,  X.  T.  >.  Plut.  Camill.  14.  —  Aùtô;  tî'  iSpiicot.ro  vsiiv  <l>v)//.-/;j  xac  K),vj'J'ovoî,  «vsu- 
owv  i-ASivov  TÔv  zÔTTOV,  èv  o>  •.iiixro>p  rj  xc.rc-y/éllowjx  t/jv  twv  jiapëd'.pojv  ar/iariav  Ia  &sou 
zo>  K£(?!xîc.)  Mùp/.oi  f'jyj-/]  TzpoijéTTSTs.  Ibid.  30  2. 

113.  Vicus  Tuscus  ou  Thurarius.  Partie  du  quartier  situé  au  pied  du  mont 
Palatin,  entre  le  Forum  Romain  et  le  Forum  Boarium.  11  devait  son  nom  de 
Tuscus  aux  Tusci  ou  Toscans,  qui  l'avaient  originairement  habité,  et  celui  de 
Thurarius  aux  marchands  de  parfums  qui  y  demeuraient. 

I.  Le  mont  Cœlius  ayant  été  donné  aux  Toscans  pour  l'habiter  :  —  Magnas  copias 
per  plana  etiam  ac  Foro  propinqua  habitasse,  unde  Tuscum  vicum,  e  vocabulo  advena- 
rum  dietum.  Tac.  Ann.  IV,  65. 

II.  oTs  é'J&jxsv  ïj  [iù-j\-/i  yj^po^-i  Tîïj  Tzokt'jic,,  s'vÔa  oJxws  ïp-tù^o-i  xaTaaxjuâsacOat,  tov 


*  Non  enim  Fortunae  duntaxalBonse  spei,  Averruncae,  Blandas,  Primigeniae,  et  Virilis  templa 
condidit[Servius],  seJ  et  Proprire  Forlunae  œdes  est,  et  Convertcntis,  et  Bene  speranlis,  et  Vir- 
ginis.=  **  Ait,  nocte  ex  via,  quam  Novam  vocant,  quum  a  qiiopiam  alta  voce  appellaretur,  etc. 
—  Novum  etiam  templum  exstruxil  Aio  Loquutio,  quo  loco  nuntiam  cœlitus  barbarorum  ad- 
ventus  vocem  audierat  M.  Caedilius. 


RÉGION  VIIF.  — FORUM  ROMAIN.  65 

aj),Mva*    êi  y.cà  p-Èypi?  ip.ri'ij  Tv^pr,-jS)v  (iïy.r,<:ii  'jtio  Po>y.c.i'j>'J  y.cùÛTXt  /.xrù  t/jv  litiyùpiov 
mùjîy-O'J,  0  fépob(jx  ^iod'ji  à.Ttb  tvj,-  ùyjpy.i  ira  riv  ij.v/v.-)  ïtijt'jSpop.'i-i.  D.  IIalic.  V,  36  '. 

III.  Inde  [a  Foro  Romano]  viro  Tusco,  Vclabroque,  per  Boarium  Forum  in  clivum 
Publicium  atque  œJem  Junonis  Reginse  poiTeclum.  Tit.-Liv.  XXVIl,  37. 

IV.  Tusci,  aliquando  pulsi,  conlulerunt  se  Romam,  et  vicum,  qui  modo  Thurarius 
dicitur,  babitaveiunf,  et  ei  suum  nomen  dederunt.  Alias,  Tusci  vici  ideo,  quia  ubi  nunc 
vicus  Thurarius,  dicilur  Tusci  vicum  acceplum  babifarunt.  Inde  nomen  est  vico.  Acron. 
m  Uor.  11,  S.  5,  v.  227. 

V.  Tuscus  dicitur  vicus  qua  itur  in  Velabrum....  ubi  unguentarii  consislunt.  Porphyr. 
in  Hnr.  loc.  sup.  cit. 

VI.  Voy.  plus  haut  n»  92,  §  II  ;  93,  g  I. 

VII.  Vicus  Jancs.  Derrière  la  Basilique  Julia  [noil5]  et  confinant  au  vicus  Tuscus. 
—  Voy.  plus  haut  n»  106,  g  I  ;  et  ci-dessous  n»  lU,  §  111. 

\\\.  Temple  et  statue  de  Vertumne.  Sur  la  droite  du  Tuscus  viens,  entre 
Tangle  septentrional  du  Forum  Boarium  et  le  temple  de  Jules-César  [n"  116]. 
Auprès  sont  des  tavernes  de  libraires.  On  ignore  le  nom  du  fondateur  et  l'é- 
poque de  la  fondation  de  ce  temple,  mais  Lien  certainement  il  existait  déjà  du 
temps  de  Cicéron.  C'était  un  édilice  de  petites  proportions. 

I.  Quis  a  signo  Vortumni  in  Circum  maximum  venit ,  quin  is  in  uno  quoque  gradu  de 
avarilia  tua  commonerelur.  Cic.  in  Yerr.  1,  59.  —  Signum  Vortumni  in  ultimo  vico 
Thurario  est,  sub  Basiiicœ  angulo  lloclenlibus  se  ad  postremam  dextram  partem.  AscoN. 
in  Yerr.  I,  p.  107.  —  V.  aussi  n"  93,  §  1. 

II.  Ab  eis  [Tuscis]  diclus  \icus  Tuscus,  et  ideo  ibi  Vorlumnum  stare,  quod  is  deus 
Elruri.T  princeps.  Varr.  L.  L.  V,  §'<6. 

III.  Verlumnus  autem  dcus  est  prœses  vertendarum  rcrum,  hoc  est  emendarum  ac 
vondendarum,  qui  in  vico  Tliuvario  saceilum  liabuit.  Janus  quoque  similiter  vicus  est 
ab  Jano  gcmino  sic  appellalus,  qui  in  eo  Arcum  liabetsibi  consecratum.  Per  quos  deos 
significat  loca  in  quibus  cum  ca;teris  rcbus  eliam  libri  vénales  erant.  Porphyr.  in  Ilorat. 
I,   Ep.  20,  V.   1. 

IV.  Verlumnus  et  Janus  dii  sunt  qui  prœsunt  negotiis  ementium  et  vendentium,  ante 
quorum  templa  erant  loca  in  quibus,  cum  caeteris  rébus,  eliam  libri  vénales  erant. 
Acron.  in  Uor.  I,  Ep.  20,  y.  1. 

US.  Basilique  Julia. — Devant  :  Statues  dorées  des  Douze  grands  dieux. — 
A  DROITE,  DANS  LE  VICUS  JUGARius  :  Arc  d'Auguste.  La  Basilique  Julia  occupait 
presque  tout  le  côté  méridional  du  Forum,  à  partir  du  vicus  Jugarius.  Sa 
forme  était  celle  d'un  parallélogramme  deux  fois  aussi  long  que  large.  Ses 
murs  étaient  percés  d'arcades  au  rez-de-chaussée,  et  décorés  de  niches  avec 
statues  au  premier  étage.  Cette  basilique  fut  commencée  par  J.  César  et  ter- 
minée par  Auguste.  Un  incendie  l'ayant  détruite  vers  la  fin  du  règne  de  ce 
prince,  il  en  entreprit  la  réédificalion  sous  le  nom  de  ses  neveux  Lucius  et 
Caïus.  Il  mourut  avant  d'avoir  lini  cet  ouvrage,  qui  fut  terminé  par  ses  héri- 
tiers, à  une  époque  postérieure  à  l'an  765,  mais  dont  on  ignore  la  date.  Mal- 
gré le  désir  d'Auguste,  le  nom  de  Basilique  de  Lucius  et  Caïns  ne  put  préva- 
loir contre  celui  de  Basilique  Julia.  —  L  Arc  d'Auguste  fut  dédié  l'an  7i4,  en 
l'honneur  de  la  victoire  d'Actium. 

I.  Sur  la   position  de   la  Basilique  Julia  près  du  vicus  Jugarius,  voy.  n»  91,  g  I. 

H.  FORVM  JVLIVM,  ET  BASILICAM 

QV.E  FVIT  INTER  iEDEM  CASTORIS  ET  JEDEM  SATVRNI,   COEPTA  PROFLIGATA 
QVE  OPERA  A  PATRE  MEO  PERFECI  ;   ET  EANDEM  BASILICAM  CONSVPTAM  IN 
CEXDIO,   AMPLIATO  EIVS  SOLO,  SVB  TITVLO  NOMINIS  FILIORVM  [mCOrum]  INCO 
HAVI,   ET  SI  VIVTS  NON  PERFECISSEM,   PERFICI  AB  H.ERIDIBVS  [mcis  JUSSÏ]. 

LAPIS  ANCYR.  col.  i  et  6. 

'  Quibus  [K(ruscis]  senatus  locum  Urbis  dédit,  convallem  illam  quse  inter  Palatium  et  Ca- 
pitoliiimad  quatuor  ferme  stadiornm  longitudinem  exporrigitiir,  ubisede»  exstruerent  :  qui  ad 
mea  usque  tempera  vicus  Tuscus  a  Romanis  sua  lingua  appellatur,  qua  transitur  a  Foro  ad 
Circum  maximum. 


64 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


m.  Quacdam  cliam  opoia  suit  noniinc  nlicno,  nf|)olum  sriliret  et  uxoris  sororisque 
fecil  [Aii^ustus]  :  ul  l'orlirum,  liasIlicaiiKiiic  l.ucii  et  (laii.  Siet.  Aug.  29. 

IV.  Licinius  ex  Geiinania  puer  rapliis....,  non  niiillo  posl  manumissus  est,  dein 
curalioni  (ialliarum  ab  AuRusto  pia'posidis,  eas  spoliavil  :  et  cum  flai;raret  invidia, 
basilicam  sub  nomine  C.  Jalii  (",a>saris  .Tilificavit.  Vkt.  Sciiol.  in  Juv.   S.  1,  v.  109. 

V.  Slare,  parlant  de  la  slaliie  de  Domilien  située  au  milieu  du  Forum,  dit  qu'elle 
est  entre  la  Basili(|\ie  Julia  et  relie  de  l'aulus,  autrement  basilique  yEmilia  : 

Et  laterum  passus  liinr  Julia  leela  luentur, 

Illine  belligeri  sublimis  Uegia  l'auli.    Stat.  Sylv.  I,  1,  v.  29,  30. 

VI.  hnnofjraphie.  Le  plan  de  la  Itasilique  Ju- 
lia, joint  à  celui  du  temple  de  J.  César,  so 
trouve  sur  deux  fragments  du  grand  plan  de 
marbre  du  Capitole,  dont  nous  donnons  ici  une 
copie.  Ils  sont  aussi  gravés  dansBellori,  Iconog. 
r.  vet.  Romcp,  tab.  XII  et  XVI. 

La  seconde  figure  est  le  revers  d'un  denier 
d'argent  où  J.  César  est  représenté  couché  sur 
des  armes,  auprès  de  sa  Basilique,  et  ouvrant 
sa  toge  pour  recevoir  une  couronne  de  laurier 
que  lui  apporte  un  aigle.  Thesaur.  MoRELL.mumm» 
consulares,  famil.  Julia,  tabl.  XX,  12,  et  numism. 
■imp.rom.  num.  J.  Csesar.  tab.  VIII  n**  iô.  On  y 
voit  que  la  Basilique  était  d'ordre  ionique.  — 
GoLTZ.  in  Cwi.  p.  9. 

VII.  Slaluet  des  Douze  grands  dieux.  Klles 
étaient  dorées. —  Prius  invocabo...  XII  deos  Con- 
sentes, neque  tamen  cos  urbanos,  quorum  ima- 
gines ad  Forum  auraia»  stanl,  sex  mares  etfeminœ 
tolidem,  sed  illos  XII  deos  qui  maxime  agricola- 
rum  duces  sunt.  Varr.  B.  R.  I,  1.  — Xous  voyons 
qu'elles  étaient  sur  le  Forum  ;  c'est  par  conjec- 
ture que  nous  les  plaçons  devant  la  Basilique 
Julia. 

VIII.  Arc  d'Auguste.  Kv  Cï  toItu  v.'A  ïtX  Tr^irîyi^v,  <:j'/yy.  ixt-j  /m  Itzi  tç  t-^j  ■^o.hjj.u- 
Xl^i  vt'zï)  ol  i-J  oï/.o>  Voi/J.aioi  £'/'v;p(îavTO'  tk  Tc  yà/î  v(xv;t/;^(«  aÛTw,  wj  /ai  zr,i  K/îîttk- 
Tyia;,  zai  y.p'iâx  7:^<îrra(5f3i/s5v  év  r-  tw  Wpz.irîil'jt,  za't  k-éyx-/  ;v  T/JPoj/jata  y-pf-v.  é'owxav. 
Dion.  LI,  19  '.  —  C'est  par  conjecturé  que  nous  plaçons  cet  Arc  ici,  devant  la  voie  qui 
passe  entre  la  Basilique  Julia  et  l'Area  de  Saturne,  parce  que  les  Romains  bâtissaient 
toujours  leurs  Arcs  de  triomphe  sur  des  voies  publiques. 

il  G.  Temple  de  Jules-César,  et  noiveavx  Rostres. —  Devant  :  Colonne  Ho- 
UATiA.  Le  toniple  était  à  l'exlréinitô  orientale  de  la  Basilicjue  Julia  ;  sa  façade  s'a- 
lignait sur  celle  de  ce  dernier  édifice.  11  reposait  sur  un  soubassement  élevé,  et 
était  environné  d'une  colonnade  d'ordre  ionique,  à  simple  rang,  excepté  sur  la 
façade,  où  le  portique  avait  plus  de  profondeur.  Le  temple  de  J.  César  était  pyc- 
nostyle.  Les  triumvirs  en  ordonnèrent  l'édification  l'an  711  ;  Octave  l'acheva  et 
le  dédia  l'an  720.  Au  milieu  des  degrés  de  ce  temple,  il  y  avait  une  espèce 
d'autel,  décoré  de  rostres  de  vaisseaux  pris  à  la  bataille  d'Actium,  et  qu'on 
appelait  les  Nouveaux  Rostres.  —  La  Colonne  Horalia  était  une  petite  co- 
lonne carrée,  érigée  sous  le  règne  de  TuUus  Hostilius,  pour  recevoir  le  tro- 
phée remporté  par  Horace  sur  les  trois  Ciiriaces. 

I.  Templum  Julii  Cœsaris  in  Foro.  P.  Vici.  de  Reg.  urb.  liomœ,  Vlll. 

II.  iEoEM  Divi  jvi.i....  FEci.  LAPIS  ANCYR.  col.  4  et  6. 

m.  Hanc  animam  inlerea,  ca>so  de  corpore  raplam, 

Fac  jubar,  ut  semper  Capitolia  nostra  Forumque 
Divus  ab  excelsa  prospectât  Juliusœde.      Ov.  .>/e<a»i. XV,  v.  840-842. 


*  Hoc,  et  superiori  tempore  [an.  jil\\,  pcrmulta  Uomae  in  honorem  Caesaris,  propler  victo- 
riam  navnlem,  sunt  facta  décréta,  nam  triumpliiis  ei,  velut  de  Cleopatra,  concessus  est,  et 
Arcus  triumphalis  Brundisii,  aliustjue  in  Foro  romario. 


RÉGION  VIII.— FORUM  ROMAIN. 


C 


IV.  Fratribtis  adsimilis,  ((uos  proxima  tcnipla  loncnips 

Divus  al)  pxrclsa  .Iiilius  a>iIo  vidcl.        Ov.   l'ont.   Il,  2,  v.  85    8C. 

V.  QuiP  rccitlit  fono,  Cxsaris  unibra  fuit, 
llle  (|iii(lcni  rœlo  positus  Jovis  allia  serval, 

Kl  ti'iifl  in  niagtio  tcmpla  dicala  Foro.j  Ov.  Fasl.  III,  v.  702-704. 

VI.  O  <?£  àriuoç  iTzï  70  'i.iyoi  toxj  Kv.i'iy.fioi  l-v.-)i\Owj,  ï-^ipo-i  cij-zb  è;  ts  Ka7rtTc.J>.f5v 
w;  ejxysij  Oà.'pxi  zs  h  iîp'ji,  xui  p.î7y.  «îwv  OéyOxr  x'ji}.uàf/.rJii  os  Liirb  TfiJv  hp;oi-j,  £,-  t/jv 
y.yopù.-j  (Aiidii  zOînciv,  ë'jB%  t'o  ttùIui  Poi/icàoiv  hzi  ^v.r:i\-io-j.  Appian.  Le  bell.  cic.  Il, 
p.  847'.  —  nK).a(,  autrefois,  romparativcment  au  temps  où  écrivait  Appien,  c'est-à- 
dire  à  l'époque  de  ïrajan  ou  d'Adrien. 

Vil.  K'A  -/ipCio-j  cl  i-j  Te  TV7  d'/opô:  /.al  èv  tw  riTio,  h  w  i/.é/.7.'jto,  TrpozaTcêx/./ovTO. 
Dion.  XLVII,  18  2.  •  ... 

VllI.  Pycnostylos  est  cujus  intercoiumnio  unius  et  dimidiatae  columnœ  crassiludo  in- 
terponi  polest;  quemadmodutn  est  divi  Julii,  ci  in  Cœsaris  foro  Vcneris.  Vitruv.  III,  2. 

IX.  Icnnng7'aphie.  La  forme    et  la 


position  du  temple  de  J.  César  se  trou- 
vent indiquées  sur  l'un  des  deux  frag- 
ments du  plan  de  marbre  rapportés  ci- 
dessus  n»  115,  §  VI.  —  La  ligure  ri- 
contre  est  la  reproduction  d'un  aureus 
de  César-Octave.  La  face  rappelle  son 
triumvirat,  le  revers  représente  le  tem- 
ple de  J.  César.  On  voit  que  les  co- 
lonnes avaient  le  chapiteau  ionique. 
Dans  le  fronton,  est  la  comète  qui  ap- 
parut au  moment  de  la  mort  du  dictateur,  et  au  milieu  du  temple  la  statue  de  J.  César 
en  costume  de  pontife,  \c  lituus  i\  la  main.  Voy.  Thesaur.  Morell.  Nummi  consu/ares, 
famil.  Julia,  lab.  XX,  19  ;  ISumiim.  XII  imp.  rom.  Num.  Aug.  lab.  IX  n»  8  ;  et  Goltzius 
in  Augusto,  p.  23. 

IX.  Cette  seconde  figure  est  le  revers  d'un  denier  d'argent, 
représentant,  comme  la  précédente,  et  le  temple  et  la  statue 
de  César,  ainsii  que  la  comète,  dans  le  fronton.  On  lit  dans  la 
frise  l'inscription  de  dédicace.  La  légende,  qui  se  rai>porte  à 
César-Octave,  nous  apprend  que  ce  denier  l'ut  frappé  pen- 
dant son  2*^  consulat,  c'est-à-dire  l'an  720,  époque  où,  suivant 
toute  vraisemblance,  le  temple  de  Jules  fut  dédié.  L'autel 
qu'on  voit  sur  le  côté,  rappelle  celui  qui  fut  élevé  à  César 
après  sa  mort,  et  que  le  temple  remplaça  ensuite.  Voy. 
Thesaur.  Morell.  famil.  Julia,  lab.  Vil,  6.  G.— Voy.  aussi  Vail- 
lant, famil.  rom.  .Iulia,  60. 

X.  Nouveaux  Rostres.  Ce  qu'on  appelait  ainsi  n'était  pas  une  nouvelle  Tribune,  mais 
une  décoration  de  Rostres  placés  au  soubassement  du  temple  de  J.  César,  lîemarqucz 
qu'il  n'est  jamais  question  dans  l'histoire  de  ces  Rostres,  comme  tribune.  Dion-Cassius 
dit  que  l'Oraison  funèbre  d'Augusle  fut  prononcée  sur  les  vieux  Rostres  par 
Drusus,  et  sur  les  autres  Rostres  par  Tibère.  Suétone  rapportant  le  même  fait,  dit  que 
Tibère  loua  Auguste,  du  haut  du  temple  du  divin  Jules,  ce  qui  prouve  que  quand  il 
est  parlé  des  nouveaux  Rostres,  il  s'agit  tout  simplement  du  portique  du  temple  de 
J.  César,  ou  peut-être  d'un  autel,  qui  se  trouvait  au  milieu  des  degrés  de  la  façade. 

XI.  txjyjià.  iJ.kv  y.xï  èn'i.  'Tj  tô?  vau/za/w;  viz/)  si  iv  oïy.oi  V'jiu.vloi  è'^v^ptsavro Tyjv  tï 

■/.pyr\ViVl</.  TOÛ  IsuXtstou  ■ftpùo'j  icTii  twv   a.lyjj.7.'t,oizuPj>-J  vcwv   è^uëôloii  xo'SfMYiO/jvot.t.  DiON. 
LI,  19». 

XII.  Bifariam  laudatus  est  [Augustus]  pro  œde  D.  Julii  a  Tiberio,  et  pro  Rostris  sub 
vcleribus  a  Druso  Tiberii  filio.  Sl'et.  Aug.  100. 


*  Plebs  vero  ad  lectic.im  C.Tsans  reversa,  deferchat  cam  in  Capitolium,  sepelitiira,  ut  jam 
coiKecratum  in  tcmplo  inter  deorum  imayinrs  ;  sud  proliibontibus  id  sacerdotibus,  nirsum  eum 
in  l'orum  retulerunt,  quo  loco  Itegia  quonduiii  fiicrat.  =  -  Sacellum  ei  [Ciesari]  laïKiiiajii  lie- 
roi,  in  Foro,  eo  loco  ubi  crcinatus  fuit,  cxstnicre  insliluerunt  [iriumvlii,  an.  71  ij.  =  '  l'»'r- 
niulta  Roms  in  honorem  Caesaris,  piopicr  victoriain  [Acliacam]  navalcm,  sunt  décréta,...  ut 
S.icrarii   Julii  crepido  captivarum  navium  rosiris  ornaretur. 


m  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Xin.  A'ttî  /j-z'J  iirehou  (to'j  jiY,/jia.TOç)  h  ^poXi'si-;  ti  v:ii-/-'(j)-  «ttô  Ci  twv  kripuv  i/jiê6)iO}v 

Dion.  LVI,  3*1. 

XIV.  T.  Quinclius  Crispinus  ros.  populum  jure  rogavil,  populusquc  jure  scivil,  in 
Foro,  pro  Hoslris  aedis  divi  Julii.  From.  Aquœd.  129. 

XV.  Colonne  Uoralia.  —  L-î/isv  ôï  tôç  <ipSTr,ç,  r,-)  iTTzosiiXTO  //jL-y.  rr,v  jm.-/i\>,  /Jt«/î- 
TÙ/9tov  rj  ywviKÎa  CTi/).tj  r;  ~.r,i  ktip'Xi  TraiTRO'î;  if.pyo\t^7.  h  y.yof.v.,  i'/  r,;  ïy.iro  -y.  5/i/).5C 
TWV  X/êavwv  Tpic'jjÂorj-  Ta  /tkv  oi/v  o—).a  vjpc/.vfsrat  ctà  iJ.f,/.Oi  ypojou,  t-/;v  c"  ê:Tt/.A/;îtv  :^ 
c-ii),(j  ç'j>c<TTSt  Tov  «jTv^v,  ()/jaTΫ  yMOJiJ.i.'ri  nùct.  I).  Halic.  III,  22  2.  —  V.rif.y.i  rarri- 
05i  dc'signc  la  lîasili(|ne  Julia  [n''  ll.ï]  ;  la  première  élail  la  Basilique  .'Emilia  [n"  131.] 

XVI.  Inler  liœc  8enex  [le  vieil  Horare]  juvenem  amplexus,  spolia  (^urialiorum  fixa 
eo  loco  qui  nunc  Pila  lloralia  appcllatur,  oslerilans,  ele.  Tit.-Liv.  I,  26. 

XVII.  Pila  lloralia,  ubi  trophœa  locala  dicuntur. 
Curia. 

Tcmplum  Caslorum  ad  Laeum  Juturna;. 

P.  VicT.  de  Reg.  urh.  Rom<p,  VTII. 
XMII.  Celle  Colonne  se  Irouvail  jusle  sur  le  chemin  qu'Horace  avait  suivi  pour  ar- 
river au  Forum,  car,  d'après  le  récit  de  Tite-Live,  il  revint  à  Home  par  la  Porte  Ca- 
péne,  et  par  conséquent  il  traversa  le  Cirque  Maxime.  —  Princeps  Iloratius  ibat,  tri- 
gemina  spolia  prœ  se  gercns;  cui  soror  virgo,  quœ  desponsa  uni  ex  Curiatiis  fueral, 
obvia  anle  portam  Capenam  fuit.  Tn-Liv.  I,  26. 

117.  Bois  de  Yesta.  Vers  le  Forum  Boarium,  au  pied  du  mont  Palatin, 
entre  la  voie  Neuve  et  le  Vicus  Tuscus,  et  clos  de  murs,  comme  l'étaient  sou- 
vent les  bois  sacrés. 

I.  Exaudiia  vox  est  a  Luco  Veslîe,  qui  a  Palalii  radies  in  Novam  viam  devexus  est. 
Cic.  de  Divinat.  I,  45. 

II.  Via  Nova. 

Lucus  Veslœ.  Sext.  Rlf.  de  Reg.  urb.  Rom.  VIII. 

448.  Temple  de  Vesta  et  Atrum  regium.  A  la  suite  du  Bois  [n°  1 17],  entre 
la  voie  Neuve  et  le  Forum  romain.  Le  temple  était  circulaire  et  couvert  en 
airain  de  Syracuse.  Il  s'élevait  au  fond  de  V Atrium  regium,  cour  entourée  de 
portiques  et  d'habitations.  Numa  fut  le  fondateur  de  ce  temple.  Il  avait  de- 
meuré dans  l'enceinte  sacrée,  d'où  le  nom  d" Atrium  regium  ou  de  Regia  Numœ 
qu'elle  portait.  V Atrium  servait  de  demeure  aux  vestales. 

I.  K5(v/,v  xarcCTTviffWTO  ttkvtwv  /j.ix-.',  iv  tw  fj.i-aX'j  tsû  TîKa7r£Tc<j).tou  xx't  T5t>  naX«T£5y 
y/iipiu,  t;ii|U— s7rs).(T^£vcov  rlcr,  tôv  ),ôjjcov  iv't  TTS/îiêô^w,  /ai  jJ-iTrii  ùjx'jo'v)  o'JTriÇ  Tvj;  y-p- 
p&i,  tj  -fl /.aTîT/îJauTai  TÔ  U,civ  tv^v  t£  fActy.ri-j-zwJ  UpCi-j  xaTstràv  Tiûrpiov  twv  AK-tvwv 
vô/j-ov,  oiù  7r«^9c'vwv  èyo/j.o9îTr,7t  ■/■■JssOa.t.  D.  Halic.  II,  66  '. 

II.  Forte  revertabar  festis  veslalibus  illac 

Qua  Nova  Romano  nunc  via  juncta  Foro  est. 

Ov.   Fast.  VI,  v.  395-396. 
ni.  Vidimus  flavum  Tiberim  relorlis 

Liltore  Etrusco  violenter  undis, 
Ire  dejectum  monumenla  régis, 

Templaque  Veslœ.  Hor.  I,  Od.  2,  v.  15-16. 

—  On  a  voulu  appliquer  ce  passage  d  Horace  au  pelil  temple  rond  qui  existe  encore 
sur  les  bords  du  Tibre,  auprès  de  la  bouche  de  la  Cloaque  .Maxime.  [Nolli,  n°  1089  ; 
Lelarouilly,  rion.  XII,   15].  Flavio  Biondo  a  le  premier  émis  celte  opinion  dans  sa 


*  Drusus  ex  eodem  tribunal!  aliqutd  de  scripto  reeitavit.  Tiberius  autem  pro  aliis  illts 
Rostris  Juliis  ex  S.  C.  et  piiblico  iiomine,  in  haec  prope  modum  verba  de  eo  peroravjt..  = 
*  Allerum  vero  testimoniuni  forlitixlinis  qiiam  in  praelio  (itinonslravit,  est  Coluniella  angu- 
laris,  a  qua  altéra  Fnri  Basilica  incipit,  supra  qiiam  posita  erant  Trigeminoriim  Allianoruni 
spolia.  Sed  arma  illa  vetiiMate  consiimpta  sunt,  at  Olumulla  eamdem  appellationein  relinens 
Horatia  pila  vocatur.  =:  ^  [Nnma]  uiuiiii  lemplum  omnibus  commune  erexit,  in  eo  spatio 
quod  est  médium  inier  Capiiolium  et  Palatiiim,  ciim  jam  lii  colles  une  murorum  ambitu 
essent  conclus!,  et  Forum  inti-r  utrunique  esset  médium,  ubi  hoc  templum  xdilîcatuni  e»t  j  et 
sacrorum  cuslodiam  palrio  ritu  virginibus  lege  lata  assignavit. 


RÉGION  VIII.  —FORUM  ROMAIN. 


67 


Roma  ristaurata,  lib.  II,  c.  S6  (Venet.  1548)  ;  beaucoup  d'aulrcs  anfiquaircs  l'ont  sui- 
vie depuis,  mais  à  tort;  1"  Parce  que  là  le  lemple  de  Vesta  ne  serait  plus  dans  le  Fo- 
rum romain  ;  2»  Parce  que  le  Tibre  débordait  réellement  jus(|u'à  l'endroit  ou  nous  avons 
placé  le  temple  de  Vesta,  sur  remplacement  duquel  est  aujourd'hui  la  petite  église  rondo 
de  S.  Théodore  [Nolli,  n»  962  ;  Lclarouilly,  rion.  X,  37]  ;  5°  Parce  que  Denys  d'Ha- 
llcarnasse  [II,  69]  rapportant  l'aventure  de  la  vestale  Tuccia  qui,  accusée  d'inceste, 
prouva  son  innocence  en  allant  puiser  au  Tibre  de  l'eau  dans  un  crible,  el  venant  la  ver- 
ser aux  pieds  des  pontifes,  dit  qu'e//e  traversa  le  l'ornm,  ;j.ixpir?i.;  ùyoï-yV.;  ^^r/zacKv 
TTocf.ù  T^6o'Xi~'',yj  U/j'-içjavTÔjv  i^-pvjr:v.i  ri  uo\)/3,  ce  qui  n'aurait  pu  avoir  lieu  si  le  lemple 
eût  été  au  bord  du  fleuve.  4»  Enfin  parce  que  le  lemple  de  Vesta  ayant  été  fondé  par 
Numa,  il  n'aurait  pu  l'établir  sur  le  bord  du  Tibre,  l'endroit  indiqué  étant,  du  temps 
de  ce  roi,  un  marécage  que  Tarquin  dessérha  plus  tard  en  établissant  la  Cloaque  Ma- 
xime. Voy.  sur  ce  sujet  un  excellent  mémoire  de  Carlo  Fea,  intitulé  :  Discorso  reci- 
talo  neir  Accademia  Archeologica  il  di  k  oltohre  1810,  suW  antico  Tempio  rolondo 
vicino  a  Ponte  rotto,  detto  volgarmente  di  Vesta.  Rome  1816,  in-8.  Quant  au  prétendu 
temple  de  Vesta,  sur  la  rive  du  Tibre,  il  était  dans  la  XI«  région,  et  dédié  à  Caslor. 
Voy.  no  252. 

IV.  Se  in  Nova  via  ubi  nunc  sacellum  est,  supra  œdem  Vestae,  vocem  noctis  silentio 
audisse  clariorem  huniana,  quœ  magistratibus  dicijuberet  Gallos  adventare.  Tii-Liv.  V, 
52  [an.   564]. 

V.  Inlerrupit  hos  sermones,...  pluribuslocis  circa  Forum  incendium  ortum....  Com- 
prehensœ  Lauluniiœ,  Forumque  Piscatorium,  et  Atrium  regium.  JEdes  Vestœ  vix  defensa 
est.  TiT-Liv.  XXVI,  27 

VI.  Dehinc  cum  omnia  in  circuilu  Fori  popularelur,  œdem  Veslœ  corripuil  [ignisl. 
Oros.  IV,  11. 

VII.  Regia  Nurnsc. 

Templum  Vestae.  P.  VicT.  de  Reg.  urb.  Rotnce.  VIII. 

VIII.  Hic  locus  est  Veslœ,  qui  Pallada  serval  et  ignem  : 

Hic  fuit  antiqui  Regia  parva  Numae. 
Inde  pelens  dextram,  porta  est,  ait,  isla  Palalî  : 
Hic  Stator  :  hoc  primum  condita  Roma  loco  est. 

Ov.    Trist.  IH,  1,  y.  29-52. 

IX.  .^des  Jovis  Staloris,  vota  Romulo,  Numaeque  Regia  et  delubrum  Vestae  cum  Pe- 
natibus  populi  romani,  cxusta.  Tac.  Ann.  XV,  41. 

X.  Quis  enim  ignorai  Regiam  ubi  Numa  habilaverit  in  radicibus  Palalii,  finibusque 
romani  Fori  esse?  Serv.  in  JEneid.  VIII,  v.  363. 

XI.  Veslœ  quoque  aedcm  ipsam  Syracusana  superficie  tegi  placuisse.  PuN.  XXXIV,  5. 

XII.  E'oiiiJ.y-o  -),/;ct5v  tjû  tvjj  EoTtaj  i-po'j  rvjv  ■/.çdou/j.é-jrtV  Pyjytav,  ot'Jv  ti  ^ci7ilsiov 
ov/.r,tj.'x.  Plut.  TVww.  14  *, 

XHI.  Vestalibus  nempe  una  illa  sedes  est,  ex  qua  eas  nihil  unquam,  praeterquam 
Urbs  capta,  movit.  Tit-Liv.  V,  52. 

XIV.  Virgines  [vestales],  quum  vi  morbi  Atrio  Vestae  coguntur  excedere,  matrona- 
rum  curae  cuslodiœque  mandantur.  Plin.  VII,  Ef.  19. 

XV.  Virgo  aulem  veslalis  simul  est  capta,  atque  in  Atrium 
Vestœ  deducla  cl  pontificibus  Iradita.  A.  Gell.  I,  12. 

XVI.  Iconographie.  Le  lemple  rond  de  Vesta  est  repro- 
duit sur  le  revers  de  trois  deniers  d'argent  de  la  famille  Cassia. 
Voy.  Tliesaur.  Morell.  famil.  Cassia,  lab.  I,  n"*  1,  2,  5.  Les 
textes  ci-dessous  confirment  cette  iconographie.  Nous  avons 
ajouté  derrière  le  lemple  un  sanctuaire  pour  le  Palladium 
el  les  dieux  particuliers  du  peuple  romain.  Ce  sacrarium  de- 
vait exister,  car  le  public  était  admis  à  voir  le  feu  sacré, 
et  Jamais  le  Palladium  ni  ces  statues  ;  la  disposflionde  l'é- 
glise de  S.  Théodore,  le  reproduit. 

Quœ  nunc  œre  vides,  stipula  tune  lecta  videres  : 

Et  paries  lenlo  vimine  lextus  erat. 
Hic  locus  exiguus,  qui  suslinel  Atria  Vestae, 

Tune  erat  intonsi  Regia  magna  Numœ. 


XVII. 


Regiam,  quœ  etiam  hodie  ita  dicitur,  juxta  œdem  Vestœ  œdificavit  [Numn]. 


08 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


Forma  tamon  loniiili,  (|iix  niinr  manct,  anlc  fuisse 
Dicilur  :  cl  foitiui'  raussa  proljaiida  subcsl. 
Vcsia  eadem  est  qua;  Terra  :  etc.  Ov.  l'ntt.  M,  v.  2Ct-2C7. 

Tij^A  fpo\jf.ôi.v.  Plut.  Num.  Il  '. 

1 19.  Lac  ou  fontaine  de  .Titifine.  Fonlaine  on  maçonnerie,  siluée  sur  le 
Forum,  onlre  le  temple  de  Vesta  fn»  118]  et  celui  de  Castor  [n"  120]. 

1.  Casloreni  vero  el  l'olluecin  eliatii  illo  lenipore  |)ro  imperio  populi  Homani  excu- 
buisse  cotçiiiluni  est,  quo  ad  Laoïiin  .lulnrnae  suuni  cquorumque  sudorem  al)lucre  visi 
sunt  ;  jun claque  Fonli  sedcs  corum,  nullius  honiinuin  manu  reserala  paluit.  Val.  Max. 

I,  8.'l.  ,  

oiio  y£av(7/oi  \iyo'^Ta.i,  Tzols/xMài  i-Ai'h/.6zsi  cto/kj x«t  tovj  în~otji  ï'jpôtTi 

oiv&poyvJi  i-n%-jbi3.fjai.  «/savTsj  Si  twv  ÎTrHwv  i/.ù-sfioi,  xal  àjio-Apa-.'Tîi  ÙTzb  t^,-  /(ê&:- 

ooi,ri  TicpxTO  tï/sbv  T/),- E'iTta,  àva'J£So)5(,  Àt//v/;v  TrofîuffX  è/j.5'jOLOJ  ÔMyrr^ 

TuiiTTii  iiTt  -xpcioô'iou  /.al  Oa.nurj.'^-zrn  tôjv  û'a£//.iJvcov  èntfx-^dx;  h  Pûi/z-r,  r^oW'}.  ar.iJ.û'-j..  6 
Tî  vîÔjs  0  Twv  i^iozxoùp'jiv,  ôv  ijz'i  z?,i  dy^pci;  y.aTî'.c/.îvaoîv  ■/)  —ô\i;,  svfe  wj-ô/j  rà.  Uo-jitsx, 
■A'x'l  r]  TtKis'  «3tw  X/5/ÎV-/;  /.a)>5y,v.-:'vri  Tî  Twv  (-)£ô)v  tîOtojv  l'iyiii.  D.  IIalic.  M,  13  2. 

III.  Ilac  sunl  Ledœis  lempla  dicata  Deis. 
Fralribus  illa  Deis  fralres  de  gentc  deorum 

Circa  Julurna'  composuere  Lacus. 

Ov.  Fast.  1,  V.  706-708. 

IV.  Templum  Casiorum  ad  Lacuin  Juluina;.  P.  Vicr.  de 
Rcg  urb.  Romcp,  VIII. 

V.  Revers  d'un  denier  d'argent  d'Aulus  Albinus,  représen- 
tant Castor  cl  Poliux  abreuvant  leurs  chevaux  au  Lac  de  Ju- 
turne.  Thesaur.  Morell.  faniil.  Postumia,  lab.  1,  n<*  5.  — 
Vaillant,  famil.  rom.  Postumia  n"  5. 

120.  Temple  de  Castor.  —  Devant  :  Statue  équestre  de  Marcius  Tremulus. 
— Le  temple  s'élevait  auprès  du  Lac  de  Juturne,  dans  la  partie  du  Forum  op- 
posée à  la  voie  Sacrée,  el  se  trouvait,  comme  le  temple  de  Vesla,  adossé  à  la 
voie  Neuve.  Il  fut  voué  l'an  2.")5,  par  le  dictateur  Posthumius,  et  dédié 
l'an  278,  par  le  fds  de  Posthumius.  Tibère  et  son  frère  Drusus  le  restaurè- 
rent. Son  portique  dominait  le  Forum  ;  on  y  arrivait  par  plusieurs  degrés.  Bien 
que  consacré  à  Castor  et  PoUux,  cet  édifice  était  lialjituellement  appelé  temple 
de  Castor,  ou  des  Castors. — Devant,  sur  le  Forum  même,  était  la  statue  éques- 
tre de  Marcius  Tremulus,  vainqueur  des  Herniques  l'an  447. 

I.  Templum  Casiorum.  Sext.  IUf.  de  Rcg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Sur  la  position  du  temple  de  Castor  auprès  du  Lac  de  Julurne,  voy.  ci-dessus , 
n»  119. 

III.  Ibi  niliil  nec  divinœ  nec  humanœ  opis  diclator  [A.  Posthumius]  prœlermillens , 
ffdem  Castori  vovisse  fertur.  Tii-Liv.  11,   20  [an.  255]. 

IV.  Castoris  œdes  eodem  anno  [270]  idibus  Quinliiibus  dedicala  esl  :  vola  eral  Lalino 
bello,  Poslumio  dictatore.  Filius  ejus  duumvir  ad  id  ipsum  crealus,  dedicavit.  Tii.-Liv. 

II,  42. 

V.  Nonne  ab  A.  Poslhumio  œdem  Castori  et  Polluci  in  Foro  dicatam?  Cic.  de  Nat. 
Deor.  III,  5. 


^  FtTunt  Numani  aedem  quoquc  Vostoe  sacro  i(;ni  orbiculaiem  circumjecisse.  =  -  Ferunt,... 
finito  pr.-elio,  Romae  in  Foro  eodem  modo  conspectos  fuisse  duos  adolescentes,  militaribus  in- 
dutos  vcstibus,...  eqiiosque  sudore  mndidos  iidduceiites.  Cnnique  de  equis  desceiijissrnt, 
seque  abluissent  ar|ua  qua;  profliiil  ex  foule  qui  cit   ad  mdcni  Vesl.-p,  quajque  parvuni  quiileui 

sed  profundum  larum  efficit Ilujus  ineredibilis  et  admirandae  Deorum   praîseniis  Honire 

muita  exstant  nioiiumenta  :  cum  ip.sa  a?des  Castoris  et  l*olluiis,  qitam  in  Foro  populus  ronia- 
nus  a-dificavit,  in  eo  ipso  loco  ubi  visa?  fucrani  illoruin  iinayines;  tum  fons  anli  vicions,  qui 
isiis  Uiis  sacer  dicitur. 


RÉGION  VIU.— FORUM  ROMAIN.  69 

M.  Nec  dissinuiluiot  collcga  cjus  M.  Dibulus,  cvcnissc  sibi  quod  l'olluci  :  ul  ciiim 
{Tcmiiiis  fiatribus  :vdcs  in  l'oro  coiisliluta,  tanlum  Casloiis  vocarclur  Slkt.  Cœs.  10.  — 
Yoy.  plus  baul,  n«  24,  §  XII. 

VU.  Uuœris  iter?  dicatn  :  vicinum  Caslora  canœ 

Transibis  Yeslœ,  virgineamque  domuin. 

Mabt.  I,  71. 

VIII.  A'uTÔj  oî  tv  y.r'aw  7T:ivTwv  h  tw  va'Ô  rCrJ  \i07A-}'jp'j>y  ifiopîvî.  APPIAN  de  Bell, 
eiv.  1,  p.  622'. 

IX.  R«'[  ènîio/j  5,  Tî  Kou'jxp,  jirj'/.yy  a'jT)\j  p^iîsvrt'îaj,  pr{Zfj-J  •zvj'j.  ■i\ii.ip'x-)  nposimy,  Xj 
b>  aùir,  -JOij-oOsTriCyi,  ''•^'  "ô  T:Xr,9oï  vùi/tî;  t/;v  àyopm  7T/î5X«Tî').aSîv,  ènTfkdî  //ïtk  Toiv 
■Eupi(jy.-jy.'j;j.é./'jiy  xxnrpbi  y.vj  tô  Stoa/.'jvp;Lo-^,  ù.-f  o\nzs.p  i/.ÛJii  kirijx/rjopzi,  ùs/j-tts^s' 
là  ij'i-/^  cdiol  T'iv  àv(?yîW7rcjv  ùrrîtzovTwv  ol,  rà  tîè,  zai  v3//tÇ5VTCJv  chjto-j  ixvi  /m  ^vavTtco- 
Ori'JSiOxt  a-fi'zvj-  &'),  ô'î  «vco  t£  iyi-JîTO,  -fA  v:nù.éyifJ  i'rscpôizo,  aJTij  Tî  /.ury.  twv  àvz- 
6ai//'iv  ioioO-ri,  xc.i  py.Sooi  u'jT'iû  cjvîT/st'Ç/jTay.  DiON.  XXXVIII,  6^. 

X.  Sur  la  silualion  du  temple  de  Casior  dans  le  Forum,  voy.  plus  haut,  n"  85,  §  III. 

XI.  Ttj,  Tî  Si'in/.'jitpno-J  70  iv  r/j  yyop^v.  tv5  Pcovaia  ôv  rXy.~io.(jyj,  oiy.  //înj  tojv  '^.yvjjj,'}.- 
Twv  sL'7000-j  'ji  aJT5!J  cj  tSi  Tîs'./C'.rtov  îû5()57Kro...  Dion.  LIX,  28"'. 

XII.  l'arlem  Palatii  ad  Forum  usque  promovit,  atque  aede  Castoris  et  Polluris  in 
vcstibuium  transfigurala,  consistons  saepe  inter  fratres  duos  médium  se  adorandum 
adcunlibus  exliibebal  [Caligula].  Slet.  Calig.  22. 

XIII.  Kcà  l-j  (JÀ-J  zri  àyopy.  ^inis-Aoitpwj  iipb'J  tâ}iU7«//E'vi5tj  t£//2v,  x.  t.  /.  Strab.  V, 
p.  252  *.  ' 

XIV.  O  /ÂVJ  sOj;  zol;  l^ioa/.oûpoii  h  y.-pfyZ,  roû  Til/^Oo'ji  ôiç  lût  Oj'sîx'j  Tzsptcrv.-jzo;, 
êvbi  as  ïiOou  rb  ~pOno-j  in'  xjzbv  à'fiOiJToç,  è'ppf^î  tv;v  pfii/vjv,  za't  si;  rb  Eirtaj  Ispbv 
ïsro  àpoy.oi.  Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  64.Ô.  5. 

XV.  Héédifié  par  Tibère.  Voy.  plus  haut  n^  83,  §  V. 

XVI.  Ibi  nihil  nec  divinœ,  nec  liumanœ  opis  diclutor  [k.  Posthumius]  prœtermittens, 
œdem  Caslori  vovisse  fertur  [an.  255  ou  257].  Trr-Liv.  H,  20. 

XVII.  'i'>]v  <i</.(,'ipu.y  ouTOi  /syîuîfv  à-jd?,7Xi  /.où  ys-iinO'M  nspiSôr,TO-J,  wîTî  Kui/.Uiov  Mé- 
TzXkov  à'j^pii.rsi  y.'A  •/p'X-^M.i  y.oijij.oli'JTy.  ttj  -/sw  twv  ikLir/.Tjp'j)./,  /.d/.-h-rii  si/.i-jx  ypx'jit/.- 
ps-JO-j  ù:jv.Osvj'j.i.  oiy.  -b  /.yX/.Oi.  Put.  l'omp.  2  ^. 

XVIII.  Ex.  L.  Metelli  7nanubiis.  Ex  œde  Castoris,  quam  de  manubiis  L.  Melellus 
exslruxeral  :  qui  Metelius,  subaclis  Ualmatis,  Ualinaticus  appellatus  est.  Asco.n.  m 
Verr.  de  prœt.  urb.  p.  107. 

XIX.  Undique  mihi  suppedilat,  quod  pro  M.  Scauro  dicam  ,  quoeumque  non  modo 
mens,  verum  eliam  oculi  inriderinl.  Curia  illa  de  graxissimo  principalu  patris  fortissi- 
moque  Icstatur  ;  L.  ipse  Sletellus,  avus  liujus,  sanrlissimos  deos  ilio  consiituisse  in 
templo  vidclur,  in  vcstro  conspeclu,  judices,  ut  salulem  a  vobis  nepotis  sui  depreca- 
rcntur.  Cic.  frar/.  pro  Scauro,  in  fin. 

—  Castoris  et  Poliucis  templum  Metelius,  quem  nominal,  refecit.  AscoN.  in  Scaur. 
p.  177.  —  Ce  discours,  pro  Scauro,  fut  prononcé  sous  le  consulat  de  L.  Domitius  JEno- 
barbus  et  d'Appius  Claudius  Puiclier  [an.  699].  Ascon.  Ibid.  p.  168. 

XX.  Stulue  équestre  de  Marcius  Trcinulus.  Marcius  de  Hernicis  triumphans,  in 
Urbem  rediit  :  Stalua(iue  equestris  in  Foro  décréta  est,  quae  anle  templum  Castoris 
posita  est.  Tii'-LiY.  IX,  '«3  [an  44  7]. 

XXI.  In  Foro  L.  Anlunii  slatuam  vidcmus  :  sicul  illam  Q.  Trcmuli ,  qui  Hernicos  do- 
vicit,  ante  Castoris.  Cic.  Pliilipp.  VI,  5. 


*  IpsL'  média  in  Urbc  rcdcm  Gistorum  occupât.  =  -  Cum  Cnesar,  Bilmliun  niliil  adinodum 
nioralus,  ccrtani  diuin  praistitisset  legi  perferenda;,  noctuque  plchs  Forum  occup.issct,  Biljiilus 
cum  suis,  quos  ad  e.un  rem  paraverat,  eodem  contendit  ;  et  ad  Castoris  quideui  lemi>luui, 
ubi  Caesar  concioncni  liabebat,  perrexit,  cedente  populo,  partim  ob  verecundiara,  partiin 
(juod  euui  sibi  noa  adversalurum  exiNtimarent.  Et  poslquain  in  superiore  loco  constilulus 
contradirerc  leyi  ayyressus  est,  et  ipse  per  (;radus  dejeclus  et  f asces  cjus  fr.icli,  etc.  =r  ^  Di- 
visa in  duas  parles  a;de  Casiorum,  qu;c  cral  in  Foro  rouiano,  inyressuni  in  Palatiuni  p<a-  lioc 
tcuqjlum  et  média  (jeniiuoruni  simulacra  paravit.  =  "*  Les  Komains  avaient  élevé  dans  le  l'iiiiiiu 
uu  Icinple  aux  Dioscures.  P.  njy  de  la  tnuluction.  =z  ^  Sacrum  is  faciebat  in  Foro  iu  .T<le 
Casiorum,  circunislantc  ut  fit  fr.qiienti  mullitudine  :  (|uuuuiue  unus  qiiis])iam  pelisset  euiii 
lapide,  abjcrta  jibiala  ad  a'dcm  Vcsta:  crrpit  currere.  =  "^  Fluram  refui  unt  uscpie  adeo  (loiuisse 
ac  fuisse  eelebratam,  ut  (J;eciiius  Metelius,  (puiro  sijjuiset  tabulis  pictis  a;dem  t^.istoris  cxoiiia- 
rct,  U!la  illius  pictaui  imatjiuem  ob  vciuistatein  ibi  dedicaiel. 


70  DESCRIPTION  DE  ROME. 

XX[I.  Ante  œdcm  Castoram  fuit  Q.  Maicii  Trcmuli  equcstris  togata,  qui  Samnilesbis 
devircral.  Pli.n.  XXXIV,  6. 

B.vsiLiQUF.  PonciA.  Cotte  basiliquo,  Ijàtie  par  Caton  l'ancien,  jx-ndant  sa 
censure,  l'an  .'K)8,  était  entre  la  Cmio  Ilostilie  et  le  temple  de  Castor.  IJrùléo 
en  même  temps  que  cette  Curie,  aux  i'unérailles  de  Cludius  [Vfiy.  l'art.  suiv.|, 
on  ne  la  icljfilit  ])oiul;  aucun  auteur  du  moins  n'en  parle  de])uis  cette  ép(i(jue. 
Nous  pensons  (pio  son  emplacement  fut  alisorbé  en  partie  |)ar  la  Curie  Ilos- 
tilie, qu'on  réédilia  plus  grande  et  plus  belle,  el  (pi'une  partie  l'ut  laissée  pour 
reni[)la(euu'nl  du  triiumal  des  Triumvii's  capitaux,  qui  sié^'eaicnt  là,  devant 
Ja  Colonne  Mft'iiid,  ainsi  que  nous  le  dirons  plus  bas  en  parlant  de  cette  co- 
lonne. Ell(>  ne  fitçure  donc  point  sur  noire  Plan. 

I.  Calo  allia  duo,  I\la>nium  cl  Tiliuni  in  Lalomiis,  el  quatuor  labeinas ,  in  publicum 
emil  ;  Dasilicamque  ibi  fecit,  qua;  Porcia  appcliata  est  [an.  568].  Tit-Liv.  XXXIV,  ii. 

Plut.  Calo  maj.  19  i, 

III.  U  oï  nMou/JS-Jr,  Tlopy.ia  j:u(:àiy.Y]  Tt/ÀY/rubv  -7,^  àv«5y;/na  roXi  Tra'/awûKâT&jvSj'  stcoôi- 
rs;  ouv  l/.n  ycr,/j.xTiKsi.'J  b  c/i^uot.py_ot,  xoà  xLovo;  zo~i;  oi-^poti  è/J.~ooài:>  «ivat  ô^s/suv-^j-, 
eyvwîav  Ops/îïv  uùrbv  Yi  /xiTair^^af  towto  Kdruvx  irpSizov  ci,  ùyopm  à'zovTK  -por,yxyîJ. 
Plut.  Calo  min.  5  2, 

IV.  Populus....  corpus  Clodii  in  Curiam  intulit,  cremavilque  subselliis...  Quo  igné  el 
ipsa  quoiiue  flagiaxii,  cl  iiem  Porcia  Basilica,  qua;  eral  ai  juncla,  ambusla  est.  Ascos. 
In  Miln.  aigum.  p.  183. 

121 .  Colonne  Menia.  Sur  le  Forum  vis-h-vis  de  la  petite  place  située  entre 
le  temple  de  Castor  et  la  Curie  Julia  [n^^  120  et  122].  C'était  l'unique  reste 
d'une  maison  que  Ménius  vendit  à  ceux  qui  bâtirent  la  Basilique  Porcia, 
Pan  568. 

I.  Menius,  cum  domum  suani  vendcrel  Caloni  et  Flacco  censoribus  ,  ul  ibi  Basilica 
œdifirarelur,  cxcpperal  jussibi  uriius  columna^,  super  quam  leclum  piojloerel  ex  provo- 
laïuibus  tabuiaiis,  unde  ipse  el  posleii  ejus  spéciale  muiius  gladialoriuin  possent,  qiiod 
eliam  tum  in  Foro  dabalur.  Ex  iilo  igitur  Columna  Menia  vocilala  est  causis  ejusniodi 
solilis.  Aderant  aulenî  iiis  rébus  moialores  apli  talibus  negoliis.  Ascon.  in  Divinal. 
p.  36. 

—  (les  dernières  paroles  ont  Irait  aux  Triumvirs  capitaux  qui  Jugeaient,  à  la  Colonne 
Menia,  les  délits  des  basses  classes  du  peuple.  Cicérou  voulant  ravaler  les  gens  qui 
lui  dispulaienl  l'accusation  de  Verres,  leur  dit  :  —  Vobis  autem  lanla  inopia  reorum 
est,  ut  niilii  causam  prœriperc  conemini  polius,  quam  aliquos  a  Columna  Menia  veslri 
ordinis  reos  reperialis?  Cic.  Divinal.  16.  —  Reos  vestra  defensione  condignos,  ul  fures 
el  serves  nequam,  qui  apud  Trium\iros  capitales  apud  Golumnam  Meniam  puniri  soient. 
Asco.N.  in  Divinal.  p.  36. 

II.  Venil,  ul  scitis,  ad  Columnam  Meniam.  Tanlus  est  ex  omnibus  spectaculis  usque 
a  Capilolio,  (antus  ex  Fori  cancellis  plausus  excilalus,  ul  nunquam  major  consensio, 
etc.  Cic.  j)ro  Sext.  58. 

Ul.  Hic  [Menius]  fertur  domo  sua  quam  ad  Forum  spectanlem  habuerat  divendila 
unam  columnam  sibi  ibi  excepisse,  unde  gladialores  speclaret,  quœ  ex  eo  Menii  Co- 
lumna nominabatur.  Porphïr.  in  IJor.  I,  S.  5,  v.  21. 

122.  Curie  Julia,  jadis  Hostilia. — Devant  :  statues  et  horloges.  Cette 
Curie  située  entre  le  temple  de  Castor  [n"  120]  et  le  Comitium  [n"  123]  était 


1  Mulliun  eti:Mn  obstrcpuit  ci,  quuin  lîasilicain  fticerct,  quam  pocunia  puljlica  sub  Curia 
Foro  adjiiiixit,  clBasilicain  Porciani  appdlavil.  ^  -  15  isilicaui,  qua;  Porcia  dicitur,  dcdicaverat 
in  censura  Cato  major.  In  ea  tribuni  picbisdare  auJicruiani  solili,  quum  colunioa  subselliis 
oflicere  vidcrctur,  cani  dcliberaverant  rcmovcre  vel  trajiccre.  Id  Catonem  primum  protraxitiu 
Forum  invitum. 


RÉGION  YIII.  — FORUM  ROMAIN.  71 

bâtie  sur  l'emplacement  de  rancienno  Curie  Hostilia,  fondée  par  le  roi  Tullus 
Hostilius,  dont  elle  portail  h'  nom,  et  qui,  après  avoir  été  restaun-c  par  Sylia, 
fut  brûlée  l'an  701,  aux  funérailles  de  Clodius.  P'auslus,  iils  de  Syila,  la  re- 
construisit plus  belle  et  plus  grande.  Peu  d'années  après,  Lé[)ide,  l'un  des 
partisans  les  plus  dévoués  de  César,  en  fit  décréter  la  démolition,  sous  pré- 
texte d'ériger  à  la  place  un  teuiple  à  la  Félicité;  son  but  véritable  était  de 
construire  une  curie  qui  portât  le  nom  de  César.  La  Curies  .Iulia  fut  commen- 
cée par  les  triumvirs,  l'an  710,  et  dédiée  l'an  725  par  Auguste.  C'était  une 
grande  salle  carrée,  de  25  mètres  de  long  sur  20  de  large,  environ.  Elle  était 
llanquée  de  deux  auti-es  salles  étroites,  qui  pouvaient  servir  de  pièces  de  ser- 
vice ou  de  dégagement.  Un  perron  de  plusieurs  marches  régnait  sur  toute  sa 
façade.  La  Curie  Hostdia,  puis  Julia,  l'ut  toujours  le  lieu  le  plus  ordinaire  des 
assemblées  du  sénat.  —  Devant  la  curie,  sur  le  Forum,  on  voyait  une  statue 
d'airain  élevée  au  roi  Porscnna,  après  sa  réconciliation  avec  les  Romains,  vers 
l'an  246.  • —  Il  y  avait  aussi  deux  cadrans  solaires,  érigés  l'an  i9l  et  492  par 
M.  Valerius  Messala,  et  Q.  Marcius  Philippus,  et  une  Horloge  d'eau,  établie 
l'an  595  par  Scipion  Nasica. 

I.  Cuiia  Hoslilia,  quod  primum  œdificavit  Hostilius  lex.  Anle  hanc  Rosira  :  quoius 
loci  id  vocabulum,  quod  ex  lioslibus  capta  fixa  suiil  rosira.  Varr.  L.L.  V,  §  155. 

II.  Cum  senatus  ad  cuni  misisset,  ul  in  Curiam  venirel  :  «  quare  non  polius,  inquit, 
in  Hosliliam  propinquam  Ilostris  ad  me  venil?  »  V.  Max.  IX,  5,  2. 

m.  Fecitque  idem  et  sepsit  [Tullus  Hostilius]  de  manubiis  Comilium  et  Curiam.  Cic. 
de  Repub.  Il,  17. 

IV.  Tempiumque  ordini  [senalorio]  ab  se  aucto  Curiam  fecit  [Tullus  Hostilius],  quae 
Hostilia  usque  ad  patrum  nostrorum  aitalem  appellata  est.  Tit.-Liv.  I,  30.— Rappelons- 
nous  que  Tile-Live,  qui  mourut  l'an  770  de  Rome,  écrivait  du  temps  d'Auguste. 

Y.  Tarquinius...  médium  arripuit  Servium,  elatumque  e  Curia,  in  inferiorem  partem 
per  gradus  dejicit.  TiT.-Liv.  I,  48. 

VI.  rivi/j;îvo,-  o"  S9&J  Toû  ji'JuhîUT-fiplo-j,  iJ-zxioipo-j  èqa.pTxi'jV.i  avTsv,  àz,(/.iÇ'jJV  rà  a'ifix 
xoù  f/^j)ij.a.Xsoi,  àvuppŒTSt  y.oltv.  twv  Y.p-'rimS'ji'i  roli  ^o\/\iVT-riplo'j  twv  eij  tô  ïzx/ïjîjair/j- 
piov  <f>-po-jnô>-j.  D.  IIalic.  IV,  58  •. 

VII.  Quum  senatus  post  paulo  de  liis  rébus  in  Curia  Hostilia  haberctur,  cohortesque  ex 
pr<esidiis  revertentes,  forte  a^mine  Forum  transirent,  centurio  in  Comitio  exclamavit  : 
«Signifer,  statue signum;  liîc  manebimus  oplime.  »  Qua  voceaudita,  et  senatus,  «  acci- 
perc  se  omen,  »  ex  Curia  egressus,  conclamavit.  Tit.-Liv.  V,  55. 

VIII.  Tô -/Kys  5W,(Aa  TOÛ  t\/wOtou  ùpàjj.S'JOi,  È'î  Tî  To  ^rJïîj-c-fiplo-j  lrl\iiyv.x-) -/M  SjÔî' 
rr,(!a.v  xa'i  fx-zà  roûzo  TX<jpà-j  i/.  twv  jic/.dpoiv  vyjiavTS,,  sV.xuîay  xoù  èxzuo  xat  zb  auv- 
éâpio-j.  Dion.  XL,  49  2. 

IX.  Atti  N'avii  Statua  fuit  anle  Curiam,  cujus  basis  conflagravit  Curia  incensa  Publii 
Clodii  funere.  Plin.  XXXIV,  5. 

X.  Ka2  TWV  7Ta/3ovTwv  oi  TzpoTispiaTspoi  tx  ^y.Bpu.  xxi  roui  ôpàvciu^zôi-j  lio'j'>.s'JzS>-j  au/j.- 
fop-qaxvzîi,  ■fi'pu.'j  oùzôi  Tcopùv,  u-f  Yj'î  zo  Te  ^rjk-itz-qpio-i  xz't  TTîX/a't  TWV  TCkcfllo-i  oh.ixt 
Tw  KXwd'('j)  cjy/.cL-vf\vff\'^oi~K  Appian.  De  Bell.  civ.  Il,  p.  726  *. 

XI.  EIwts  zo'ù  Tzoï/j-Yipiou  TTpbç  zG>  dsKzp'jt  ccjzo)  aùv  'fpoupi:  iiOpoiOqax-j'  aux  zv.  zoXi 
K^wo'iou  oaTx  àvî/ec^at  é'yycii^X'J,  zô,  zs  ^o\JKvjz-!]pin-;  zOt  «taiJTTOJ  tw  zoû  lù^lou  vifi  à'JOi- 
xoâoiAr,'ZM  Tzpo'sizT.^a.'j'  -^v  ix'vj  yif.p  zb  O(7r().!ov,  fjLzzcT/.eiiciazo  tjk  'Jtto  zou  2W).5u.  dVà 
ToÛTo  Tê  nspl  xjzoôi  ï6o^s,  /.M  OKOJi  siouoâofj.-iOï'j  zb  èKîhou  'ôvoy.x  scttcÇk).-/?.  Dion.  XL , 
50*. 


*  Egressus  autem  e  Curia eumsustulit  sublimem,  ipse  corpore  florenti  et  viribus  validis  prae- 
ditus,  eumquc  de  CurL-e  (jmdibus  in  Comitium  ferentibus  dujeoit.  =  -  Corpus  Clodii  sublaliim 
et  in  Curiam  portatum  deccnter  coniposuissent,  rogo  ex  siibselliis  congcsto,  cum  ipsa  id  (Juria 
combusserunt.=  '  ibi  ali(|uot  pelulanliores  congeslis  subsclliis  roguin  cxstruxenint,  igncmque 
subjiicerunl,  quo  una  cum  cadavere  conflagravit  Curia,  cum  aliquot  conligiiis  privalis  aîdibus. 
=  *  Extra  l^omoeriiini  prope  tbeatrum  ejiis  |  l'ompeii]  senatus  bal)ilus  est,  decrclumqiic  ut 
Clodii  ossa  eolligereutur,  Curiamque  Fausius  Syllœ  filius  restitueret.  Curia  cniin  quœ  incendio 
pcrierat  Hostilia  fucrat,  sed  a  Sylla  aliter  xdificata.  Iiaque  statucrani  ut  ab  eo  reficerclur,  no- 
meuque  ejus  acciperet. 


7-2  DESClilPTION  DE  «lOME. 

Ml.  liivonio  et  l'yttia(;oriK  et  Alcibiadi,  in  cornibiis  Comilii  posilas  [slatuas'...  Eà 
elfti'ic  (loiiL'c  Sylla  diclator  ibi  Curiara  farcrcl.  Vus.  X.XXIV,  6. 

Mil.  Kqiiidfin  c>(i;itn  ruriani  nuslrain,  Ilostiliarn  diro,  non  liane  novam,  qna:  minor 
esse  \idelur,  posteaquani  est  major,  (lie.  de  finib.  Y,  1. 

XIV.  li-!tC/i  zh  Oarutov,  ■/.xir;;p  v.-j-j.u.-jo-jiytfii),  /.xOr.fAOri-  7t/i4pa7Jv  ij.'vj  t9Û  vajv 
V.jTjyi'JLi  in-xl)0%  'jl/.oiifi:rf)r,jv.i,  ôv  xaï  b  A£,T(59j  L-r:upy_-^-v.i  i\i7:oir,ivj-  ify/'ji  6é,  onui 

cvo/jy.iOîu,.  l')io.N.  XLIV,  5  K 

XV.  Kaî  Tî  iioDlc'j7r,fnv  tô  l5J).ov  «"'  aiTOïi  x)^r,9i,/,  Tcv-pù.  lia  y^OjAniu  (ijvo//aî/Ji-:'vw 
ôy/.oàlij.oijv.  Dion.  XLVII,  19  2. 

XVI.  Ti,  T£  XOr.-J'XlOV  70  /.XL  \!3LK/.l.ilM-^  OÎvS/yXTaî'vOV,  Xal  TÔ  ^rS>.VJTr,fAO-J  TO  Isuxûtsv, 

TO  ^~i  Tïj  Tiîr  -u.Tf.'ii  -j-j-'/j  T(//<5  •/V'jixi'O-t,   //aO li yj)-; VJ .  hi'j'.Vi'^i  oï   li  KjTJ  T9  Hy-yjav. 
TÔ  t;;,-  Vtz/;,-.  Ilio.N.  LI,  22  3. 

XVII.  Idem  [Aiiguslus]  in  Curia  quoquc  quam  in  Comilio  consecrabal,  duas  tabulas 
impressil  parieii.  I'lix.  XXXV,  k. 

XVIII.  Après  le  meurtre  de  Caligula  :  — Senalus  in  asserenda  libertate  adeo  consen- 
sil,  ut  ross.  primo  non  in  Curiam,  quia  Julia  vocabalur,  sed  in  Capitolium  convocarcnl. 
SlET.  Caliy.  60. 

XIX.  Quuni  ad  senatum  venisset  [Perlinax],  et  cellam  Curiœ  jussissct  aperiri,  nequc 
invenirelur  œdiluus,  in  lemplo  Concordia:  resedit.  Capitol.  Pcrlin.  i.  —  Cella  Curiœ 
ne  scrail-il  pas  une  des  salles  latérales? 

XX.  Iconographie.  Nous  reconnaissons,  avec  la  plupart  des  antiquaires,  pour  avoir 
appartenu  à  la  Curie  Julia,  une  partie  de  grandes  murailles  de  briques,  située  au  pied 
du  mont  Palatin,  entre  les  trois  colonnes  du  Campo  Vaechino  et  l'église  ronde  de  S. 
Théodore  [Noili,  n"s  928  et  962  ;  Letarouilly,  rion.  X,  35].  Cette  ruine  conserve  encore 
sur  trois  cotés  la  forme  d'une  salle  carrée  ;  son  inspection  a  fait  reconnaître  que  l'édi- 
fice avait  un  plafond  sollitc,  et  que  ses  murs  étaient  revêtus  de  marbre. 

XXI.  Statue  du  roi  l'orsenna.  Li;r/;/.ît  ôi  yXif.'j'xti  y.jCciy.-:  u'jto'j  \nopzTijy-'j'j\  TZ'xpy. 
TÔ   'ijj\z-^-T,^A-j-^,  y-'i'yji  y.vX  'y.py/i/.oi  zf,  iy^y.iicf..  I'lit.  l'nblic.  19  '•. 

XXII.  Statue  d'Atlus  Navius.  Brûlée  lors  de  l'incendie  de  la  Curie.  Voy.  ci-dessus 
§  IX.  —  Statua  .\ccii,...  in  Comitio,  in  gradibus  ipsis,  ad  lœvam  Curiœ  fuit.  Tit.-Liv. 
I,   36. 

XXIII.  Cadrans  solaires,  et  Horloge  d'eau.  —  M.  Varro  primum  'Solarium  Horo- 
logiuni]  statutuni  in  publico  secuuduni  lioslra  in  columna  tradit,  bello  punico  primo,  a 
M.  Valerio  Messala  consulc,  Catiiia  capta  in  Sicilia,...  anno  Urbis  CCCCLXXXXI.  Nec  con- 
gruebant  ad  lieras  ejus  linere  :  paruerunt  taineii  eis  aiinis  undccentum,  donec  (j.  Mar- 
cius  IMiilippiis,  qui  cum  L.  l'aulo  fuit  censor,  dirgenlius  ordinalum  j\ixla  posuil  :  idquo 
munus  intcr  ci-i;soria  opéra  gralissime  acceptum  est.  Etiam  tum  lamen  nubilo  incertiC 
fuere  liora;  usque  ad  proxinium  luslrum.  Tune  Scipio  Xasica,  collega  Licnatis,  primns 
aqua  divisit  lieras  ;c(|ue  noctium  ac  dieiuni.  Idque  ilorolOo'ium  sub  leclo  dieavii,  anno 
Lrbis  DXt.V.  l'i.ix.  VII,  60. 

XXIV.  Constat  nulluni  ^Horologium]  in  Fore  prius  fuisse,  quam  id,  quod  M.  Valerius 
ex  Sicilia  advcetum,  ad  Kosira  in  columna  posuil.  (Juod  quuni  ad  clima  Sicili;e  di-seripluni, 
ad  lieras  Uom;e  non  conveiiiret,  L.  î'iiilippus  censor  aliudjuxla  consiituit.  Deinde  ali- 
quaiilo  post  P.  Cornélius  Nasica  censor  ex  aqua  fecit  lioiarium,  quod  et  ipsum  ex  con- 
suetudine  noscendi  a  sole  lioras,  Solarium  ca'i)tum  vocari.  Censoi\.  de  Die  nat.  23. 

123.  Comitilm.  —  Devant  :  Statue  du  Lion  de  Pierre.  —  Au  fond  :  Figuier 
RuMiNAL  ET  STATUE  DE  LA  LouvE.  Oii  appelait  Comilium  la  partie  du  Forum 
située  aux  environs  de  la  Curie  Julia;  mais  le  Comilium  proprement  dit  était 


1  Er.it  ciiim  ('.uri;i  Iloslilia,  quuin  refccta  fuisset,  dcniio  dcstructa,  sub  speoie  qiiidein,  quod 
ibi  leiiiplmn  Felicllaliscoiidi  debcal:  quod  et  Lepidus,  qiium  iiiayislcr  cqiiilimi  csset,:il)solvit  :  srd 
re  ipsa  ob  liane  caiisam,  ut  ne  in  eo  (|iiidein  icinplo  Syllrc  iiomeii  supercssct,  u'ipiu  nova  Curi.i 
Julia  vocaiclur.=:  -  Ciiriam  .luliani  ab  <o  [CaNare]  diclam  ox  décrète  prius  faclo  .X'i.lilicaveriiiit 
[tri  un  ni  ri]  proplcr  (loniiliiiiu  [au.  7  i  j].  =  ^  Miiier\;c  Icmplum,  et  quod  (>lialcidiuiii  vocaliir, 
tum  Curiaui  Juliaiii,  in  lioiion.iii  p  uns  siii  faclain,  dc<licav  t  [Au;;ust!is,  an.  7!5),  in  c.iqiic 
ini.i(;iiiein  Victoria;  posuil.  ^^  *  Statua  ci  [l'orsciiiia;]  posila  a;rca  juxia  Curiam,  riidis  et  opciu 
prisro. 


ULGION  VIH.  — lOllUM  ROMAIN.  73 

la  i)eliUî  place  resserrée  entre  la  Curie  Jiilia  [n"  122]  et  la  Grcccoslasc  [n"  124]. 
Celle  place  élail  couverte,  et  c()iniuuni(|uait  d'un  côté  au  Forum,  et  fliî  l'autre 
à  la  voie  Neuve,  au  pied  du  uionl  Palatin.  Au  l'ond  du  Comiliuni,  à  l'angle 
gauche  de  la  Curie  Julia  sur  la  voie  Neuve,  on  voyait  le  Fujuicr  linminal,  et 
dessous,  une  statue  en  airain  de  la  Louve  allaildnl  Itomulun  et  Rémus.  Le 
Comitium  était  connnode  pour  la  tenue  des  comices  :  dans  ces  occasions,  les 
tribus  se  réunissaient  sur  le  Forum;  les  corbeilles  pour  recueillir  les  bulle- 
lins  étaient  dans  le  Comitium,  et  les  tribus  venaient  tour  à  tour  les  y  jeter,  en 
délilant  dans  cette  espèce  de  galerie,  et  ressortant  par  la  voie  Neuve;.  —  De- 
vant le  Comitium,  sur  le  Forum,  était  la  Statue  d'un  lion  de  pierre,  sous  le- 
(pu'l  était  enseveli  Uomulus,  ou  Faustulus,  son  père  adoptif. 

I.  Comitium.  Locus  propler  senatuni  quo  coire  cquilibus  el  populo  Romano  licet. 
AscoN.  in  Verr.  de  l'rœl.  urb.  p.  86. 

II.  Sur  levoisinaRC  du  Comitium  et  des  Rostres,  voy.  plus  haut,  n»  85,  g  VIII.—  Sur 
son  voisinage  de  la  Curie  Julia,  jadis  lloslilia,  voy.  n»  122,  g  VII. 

lit.  yEdilis  [Cirsar]  prreter  Comitium  ac  Forum,  basilicasque,  eliam  Capilolium  orna- 
vil  porlieibus  ad  tempus  exsiruclis.  Suet.  Cœs.  10. 

IV.  Ko  anno  [V-t-k]  primum...  Coiuilium  leclum  esse  memoriœ  prodilum  est.  ïiT.- 
Liv.  XXVll,  36. 

V.  L'enceinte  du  Comitium  fui  faite  parTullus  iloslilius.  Voy.  n"  122,  §  III. 

VI.  Statue  du  Lion  de  Pierre.  TeAi  os  xat  tôv  Xî'îvTa  tsv  HOvjo-j,  85  ë/.-no  irii 
à.yofyv.i  Tvji  Tôjv  Pcj/jLKi'wv  ^v  Tô>  xf^c/.zhT'j}  yj)i-yi'j>  Tixr.y. -^oi;  £//Ç&/3(;  è-'i  tw  adifj.ari  loïj 
<l'i«'j7TÙ/0L/  Zz0-?)vui  rpy.'7VJ,  vjfix  à'ns'jsv,  D~hTW  sJ/sovrcov  Tapï'vTî;.  D.  IIalic.  I,  87'. 

Vil.  Niger  lapis  in  Comitio  locum  funeslum  significal,  ut  alii,  Romuli  morti  deslina- 
luni.  Sed  non  usu  obvcnil  ul  ibi  sepelirclur  :  sed  Faustulum  nulricium  ejus  ibi  sepullum 
fuisse.  Fkst.  y.  IS'igcr. 

Vlil.  Ossa  Qiiirini.Uoc  sic  dirilur,  quasi  Romulus  sepullus  sil,  non  ad  crelum  raplus 
aul  discerplus,  nam  Varro  posl  Rostra  fuisse  sepuicrum  liomuli  dicit.  l'oRPiiyR.  in  llor. 
Kpod.  16,  V.  13.  —  Un  vieux  seoiiaste  d'Horace,  cilé  par  Vanderbourg  [trad.  des 
odes  d'ilor.  loc.  sup.  cit.],  dit  que  le  tombeau  de  Romulus  élail  dans  le  Forum,  cl  il 
fait  entendre  que  de  son  temps  on  avait  encore  l'usage  de  placer  des  lions  devant 
les  tombeaux. 

IX.  Figuier  Ruminai  et  Statue  de  la  Louve.  Colitur  ficus  arbor  in  Foro  ipso  ac 
Comitio  Uoina;  nala,  sacro  fulgniibus  ibi  conditis  :  niagisquc  ob  memoriam  ejus,  quoe 
nutrix  fuit  Romuli  ac  Rémi  condiloris,  1  uminnlis  appellala,  (luoniam  sub  ea  inventa  est 
Lupa  infantibus  pra?bens  rumen,  ita  vocabanl  manimam  :  iiiiraculo  ex  iTre  juxta  di- 
calo,  lanquam  in  (jomitium  spoiile  transisset,  Ailo  Xavio  augure.  l'i-is.  XV,  18. 

X.  Ficus  quoque  in  Coniilio  appellatui'  Navia,  ab  AltioXavio  augure.  Fest.  v.  Navia. 

XI.  Eodem  anno  [■'i.'56]  Cn.  cl  (j-  Ogulnii  a'diles  curules  aliquot  fœneraloribus  diem 
dixerunl  :  quorum  bonis  nmlclalis,  c\  eo  quod  in  ()ublicum  redaclum  est,...  cl  ad  Fi- 
cuni  Ruminulem  simulacra  infanlium  conditorum  L'ruis,  sub  uberibus  Lup<B  posueruut. 
TiT.-Liv.  X,  23. 

XII.  Kodem  anno  [811]  Ruminalem  arborem  in  Comitio,  qu;c  octingentos  et  ([uadra- 
ginla  anie  annos  lienii  Romulicjue  infanlinm  texorat,  morluis  ramalibus  et  arescenle 
Irunco  deminutam,  prodigii  loco  liabiluni  esl,  douce  in  uovos  fœtus  revirescerel.  Tac. 
Ann.  Xlll,  58. 

XIII.  Ruminalem  ficum  ai>pellalam,  ail  Varro,  prope  Curiam  sub  veleribus,  quod  sub 
oa  arbore  Lupa  rumam  dederil  Remo  cl  Romulo,  id  esl  mammani.  Jlamma  auteni  rumis 
dicilur.  Fest.  v.  Ituminalem. 

XIV.  In  proxima  alluvic,  ubi  nunc  ficus  Ruminalis  est,...  pucros  [Reniuni  el  lîomu- 
lumj  cxponunt.  Tit.-Liv.  I,  i. 

XV.  Ficus  Ruminalis  in  Comitio,  ulii  et  Lupercal.  P.  Vict.  de  Itcg.  urb.  Itomœ,  Vlll. 

XVI.  Forsilan  et  qiiicias  cur  sil  locus  ille  Lupercal  ; 
[Aventure  el  e.rposilion  de  Rcmus  et  de  Uomulus] 
Alveus  iii  linio  silvis  adpidsus  opacis, 


'  Xonnulli  oii.iin  Lroncm  LipiiU^mi,  qui  rr;it  in  m.,\'nic  conspiciio  Itoin.ini  Fori  Iolo  ad 
J'iosliM,  toipori  Fausluli  iniposiliuu  fuisse  aiuiil,  qui  scpulliis  fiicrut  in  co  ipso  loco  in  quo 
invcnius  fuurat. 


74  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Paullalim  nuvio  (li-flcicntp,  scdol. 
Arbor  c-ral  :  rémanent  vesti(»ia  :  quipque  vocalur 
Rumina  nunc  licus,  llomula  licus  erat. 

Ov.  Fa$t.  Il,  V.  381,  409-412. 

XMI,  Hv  0£  Til-ziih-j  èptvzb;,  ôv  Voi/j.i.'cù.i'i-j  ivLÙX'jM'j  riOiv.zbjV'ji'iAo-j,  w;  oi  no'/'t.o'i 
vo/j.'Xou'si-j.  Pli  T.  Roniul.  4  K 

XVIII.  Iconographie  Nous  avons  placé  la  statue  de  la  Louve  el  le  Figuier  Ruminai 
dans  la  voie  Neuve,  à  rause  de  la  position  relative  du  l'if^uicr  el  du  Lupercal  qui,  bien 
que  ne  faisiini  pas  partie  de  la  mi^'uie  région,  élaient  cependant  voisins.  Ceei  d'ailleurs 
n'est  point  en  désarcord  avec  les  textes  qui  indiquent  le  Figuier  in  Comilio  el  in  Fora. 
La  statue  de  la  Louve  a  été  retrouvée  pendant  le  XV|c  siècle,  au  pied  du  niont  Palatin, 
dans  les  ruines  du  temple  de  Yesta,  aujourd'liui  l'église  de  S.  Théodore.  On  la  voit  main- 
tenant au  Cajjiiole,  dans  une  des  salles  du  palais  des  Conservateurs.  C'est  un  ouvrage 
étrusc|uc,  en  bron/.e,  et  un  peu  plus  fort  que  nalure.  Les  enfants  qu'elle  allaite  sont  une 
restauration  moderne.  Quelques  anli(|uaires  prétendent  que  cette  statue  est  celle  qui  fut 
frappée  de  la  foudre  lors  de  la  Conjuration  de  Calilina  ;  ils  veulent  voir  la  trace  du  feu 
céleste  dans  une  cavité  assez  longue  existant  au-dessous  du  jarret  de  la  jambe  droite  de 
derrière.  S'il  en  élait  ainsi,  celle  Louve  serait  celle  du  Capilole,  donl  nous  avons 
parlé,  et  non  celle  du  Coinitium.  Mais  il  y  a  deux  objections  à  faire  :  l'une  que  la  ca- 
vité prise  pour  un  coup  de  foudre  est,  beaucoup  plus  probablement,  un  défaut  de  la 
fonte,  une  souHlure  ;  l'autre,  que  la  Louve  du  (wipiiolc  vlait  don'e,  tandis  que  celle-ci 
ne  porte  aucune  trace  de  dorure.  Kl  (|u'on  ne  dise  pas  (;ue  le  temps  en  a  fait  disparaî- 
tre eomplèlement  tous  les  indices  :  la  boule  du  Mille  d'or,  et  la  statue  de  Marc-.Vurèle, 
sur  la  place  actuelle  du  Capilole,  sont  là  pour  prouver  que  quelque  portion  du  métal 
incorruptible  échappe  toujours  au  ravage  des  siècles. 

124.  Gr.ecost.\se.  C'était  une  espèce  de  grande  basilique  servant  de  salle 
d'attente  pour  les  ambassadeurs  étrangers  qui  devaient  être  admis  aux  au- 
diences du  sénat.  Cet  édiflce  .se  trouvait  à  peu  près  sur  le  même  alignement  que 
la  Curie  Julia  [n°  122],  mais  il  tournait  le  liane  à  cette  partie  du  Forum,  et  sa 
façade  regardait  le  septentrion.  La  Grïecoslase  avait  la  l'orme  d'un  temple  pé- 
riptère,  avec  des  colonnes  en  marbre  blanc,  d'ordre  corinthien,  cannelées.  Elle 
reposait  sur  un  soubassement  Irès-élevé,  et  avait  deux  portes,  l'une  sur  sa  fa- 
çade,et  l'aulre  sur  le  Comiliuin  j)our  comnuuiiquer  plus  facilement  avec  la  Curie. 
Nous  ignorons  quand  et  par  qui  fut  consUuite  la  Grtecostase;  il  paraît  néan- 
moins qu'elle  existait  déjà  peu  d'années  après  la  promulgation  des  lois  des  XII 
Tables,  cjui  est  de  l'an  303,  mais  elle  fut  évidemment  reconstruite  du  temps  des 
empereurs.  Elle  élait  couverte  en  dalles  de  marbre. 

I.  Gra-costasis.  P.  YiCT.  de  Reij.  urb.  Romœ,  YIII. 

II.  Sub  dexlra  hujus  [Curia;  Hosliliee]  a  Comilio  locus  subsiructus,  ubi  nalionum 
subsistèrent  Icgati,  qui  ad  senalum  essenl  missi.  Is  Graecoslasis  appellatus  a  parte 
ut  mulla.  Varr.  L.  L.  V,  g  153. 

III.  Duodecim  Tabulis  ortus  lantum  et  occasus  [solis]  nominantur  ;  posl  aliquol  an- 
nos  adjeclus  est  el  meridies,  accenso  consulum  id  pronuntianle,  quum  a  Curia  inler 
Rosira  el  (Jrœcostasin  prospexisset  solem.  A  columna  Menia  ad  Carccrem  inclinalo 
sidère,  supremam  pronunliabat.  Plin.  Vil,  60. 

IV.  Cicéron  parlant  d'une  séance  du  sénat,  sans  en  indiquer  le  lieu,  ce  qui  signifie 
qu'elle  se  tenait  dans  la  Curie  Hoslilia,  dit  qu'elle  fut  interrompue  par  des  cris  partis 
de  la  GriBCoslase  :  —  Deinde  ejus  operœ  rei)ente  a  Grœcoslasi  et  gradibus  claraorem 
salis  magnum  susiulerunL  Cic.  ad  Q.  frai.  Il,  Ep.  1. 

V.  In  Gripcoslasi  et  Comilio  sanguine  fluxi!.  Obseq.  de  Prodig.  83. 

VI.  Iconographie.  Des  fouilles  faites  en  1813  firent  connaître  une  partie  des  fonda- 
tions des  trois  colonnes  encore  debout.  Les  fouilles  faites  de  1816  à  1818  ont  montré 
l'escalier  latéral  à  gauche  ;  quatorze  marches  portant  sur  un  palier  où  l'on  retrouvait 


1  Erat  juxid  [Gcrmanum]  ficus,  quam  Ruminaicm  diccbanl,  ut  multorum  est  opinio  a 
Romulo. 


RÉGION  vin.— FORUM  ROMAIN.  75 

le  grand  emmarchemcnt  jjour  monter  au  Icmplo  ;  le  sol  antique  pavé  en  dalles  de  tra- 
vertin et  en  polygones  de  lave;  les  travertins  formant  la  fondation  des  colonnes  en 
avant  des  trois  existantes;  les  blocs  en  tuf  de  la  foiidalion  des  murs  de  la  celln;  l'em- 
marchement  et  le  sol  antique  au  devant  du  temple  :  on  montait  de  7  mètres  vingt-sept 
marches  pour  arriver  du  sol  antique  sur  le  pronaos,  dont  la  largeur  a  clé  déterminée... 
On  a  trouvé  les  bases  de  l'entrée  des  cellules  pratiquées  sous  les  enirecolonnements, 
et  divers  fragments  déplacés  de  la  base  et  de  la  corniche  du  stylobate,  ainsi  (pi'un 
chapiteau,  et  plusieurs  débris  en  marbre  de  la  couverture,  qui  ont  mis  à  même  de  la 
rétablir  en  totalité.  Les  marches  en  marbre  posaient  sur  un  massif  en  maçonnerie.  La 
situation  des  massifs  sous  le  pronans  et  la  cella,  et  les  bases  du  stylobate  trouvées  à 
droite  et  à  gauche  du  temple,  ont  fait  connaître  ([u'il  avait  huit  colonnes  sur  sa  façade. 
La  fouille  que  lit  faire  M.  le  comte  de  lllacas,  ambassadeur  de  France  i\  Home,  a  in- 
diqué le  retour  du  massif  sous  la  cella,  et  déterminé  le  nombre  de  13  colonnes  de 
flanc.  Ce  temple  est  périptére,  octostyle,  et  du  genre  pycnostyle.  Caristie,  Plan  et 
coupe  d'une  partie  du  Forum  romain,  el  des  monuments  sur  la  voie  Sacrée,  indi- 
quant les  fouilles  qui  ont  été  faites  dans  celte  partie  de  Rome  depuis  1809  jus- 
qu'en 1819,  Notice  in-f"  g.  atlantiq.  Paris  1821.  —Dans  la  restauration  de  M.  Caris- 
tie, cet  édifice  est  appelé  temple  de  Jupiter  Stator.  Kn  comparant  la  partie  antérieure 

^~. du  plan  de  cet  édifice  avec  un  fragment  ci-joint  du  plan  de  marbre,  qui  dans 

(flll-  i\  j.p5  colonnes  et  son  emmarchemcnt  offre  la  même  disposition,  et  porte  le  nom 
de  Grœcostase  sur  la  légende,  la  plupart  des  antiquaires  ont,  avec  raison,  re- 
connu ce  dernier  monument  dans  les  ruines  du  prétendu  temple  de  Jupiter- 
Stator,  qui  d'ailleurs  ne  devait  pas  être  aussi  grand. 
Alla  fronts  délie  tre  colonne  verso  la  Via  Sacra  si  é  trovato  il  masse  délia  scala 
cbe  mettava  alla  facciata  risireltamenle,  ossia  d'un  branco,  con  due  scalini  di  marmo 
lisci,  alli  un  paimo  e  un'  oncia  ;  larghi  un  palmo  e  8  once  :  e  in  tutti  dovevano  essere 
17,  0  19.  C.  Fea,  Prodromo  di  nuove  osservazioni  e  scoperte  fallo  nelle  antichilà 
di  Roma,  da  varj  anni  addietro,  in-8,  p.  13.  P.oma,  1816. 

VIII.  Palladio  [Àrchitt  liv.  IV,  c.  18,  tav.  30,  31,  32),  a  donné  une  restauration  de 
ce  monument  qu'il  appelle  Temple  de  Jupiter-Stator. 

125.  Temple  de  Romulus.  Au  delà  de  la  voie  Neuve,  entre  le  leiuple  ou 
édicule  de  la  Concorde  du  Yulcanal  [n"  126],  et  l'angle  N.  0.  du  mont  Pala- 
tin, à  l'endroit  appelé  Germains.  On  ignore  l'épociue  de  sa  construction,  mais 
il  est  certain  qu'il  existait  en  716,  et  qu'on  y  célébrait  encore  le  culte  de  Ro- 
iiuilus.  Un  incendie  le  détruisit  alors,  et  sans  doute  on  le  réédilia. 

I.  ^dicula  Vicioriœ. 
Templum  Piomuli. 

Templum  Concordiœ.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Templum  Romuli.  P.  A'icT.  Ibid. 

III.  Germalense  quinticeps  apud  œdem  Romuli.  Varr.  L.  L.  V,  §  34. 

126.  Temple  ou  édiculede  la  Concorde.  En  haut  du  Forum,  au-dessus  de  la 
Grtecostase  [n"  124],  sur  le  bord  delà  voie  Neuve  et  touchant  au  Vulcanal 
[n°  18).  11  était  petit,  revêtu  en  airain,  et  avait  été  construit  par  Romulus,  ou 
phitôt  pour  Cn.  Fulvius  ou  Flavius,  l'an  449. 

I.  /Edicula  Concordiœ  supra  Grœcostasin.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Sur  la  position  du  temple  de  la  Concorde  dans  le  voisinage  de  VÀrea  de  Vulcain 
ou  sur  cet  Area  même,  voy.  plus  haut,  n"  18,  g  V. 

III.  Senaculum,  supra  Crœcostasim,  ubi  œdis  Concordiai  et  Dasilica  Opimia.  Varr. 
L.  L.  V,  g  156.— SenacuYu/n  s'api)lique  au  temple  de  la  Concorde  qu'on  nommait  ainsi 
parce  que  le  sénat  s'y  réunissait.  Voy.  plus  haut,  n"  18,  g  V  et  Vli. 

IV.  ^ïdem  Concordiœ  dedicavit  [Cn.  Fulvius]  in  Area  Yulcani  [an.  449].  TiT.-Liv. 
IX,  46. 

V.  Flavius  vovit  wdeni  Concordia^  si  populo  reconciliassct  ordines.  Et  quum  ad  id 
pecunia  publica  non  deccrnerelur,  ex  multalilia  feneraloribus  condemnalis  a-diculam 
œream  fecit  in  Gnecostasi,  quaî  tune  supra  Comilium  cral.  Incidit  in  tabella  a-rea  eam 
sedem,  ducentis  quatuor  annis  posl  Capitolinam,  dedicatam.  Ita  CCCCXLIX  a  coudita 
Urbe  gestum  est.  Plin.  XXXIII,  1. 


70  DESCRIPTION  DE  HOME. 

127.  Ane  ni:  Fahus.  — Aiprks  :  Statie  dk  pAniis,  kt  sr.ui'n:  koiksthk  de 
Cléue.  Fahiiis  ayant  dôlail  les  Alldhrngcs,  l'an  ()3I,  victoirt;  qui  lui  valut  le 
surnom  d'AIIobioguiur,  ronsti  iiisil  cet  Arc,  h  rcxtrémilé  oricnlahi  <lii  Eoruin, 
sur  la  voie  Sacrée,  à  l'cndroil  oii  elle  se  croise  avec  la  voie  Neuve.  La  statue 
de  Fabius  était  auprès  de  cet  Arc. 

I.  Vl  in  l'oriim  (Icsccndfiis,  rapiit  .id  rorniccm  Fabii  demiltcrct.  Cic.  de  Oral.  II,  66. 

II.  Foniix  l"abi;uius  est  jiixia  Itcpiarii,  in  Sarra  via,  a  Fabio  oensore  conslructus, 
qui  a  deviclis  Allobro^'ibus  Allobrox  ronnominalus  est,  ibique  Statua  ejus  posila  propte- 
rca  est.  Ascd.N.  in  Verr.  I,  p.  '«9.  —  La  défaite  des  AllobroRPS  par  Fabius  est  de  l'an  651 
ou  635  [V.  Max.  VI,  9.  4.  —  l'aleirul.  II,  39,  etr.].  —  Reijia,  dans  ce  passage  d'Asco- 
nius,  désifjne  la  maison  du  Hoi  des  sarrillces  [n"]l29],  et  non  la  Itegia  de  Numa. 

III.  iMiuidem,  siquando,  ut  fil,  jarlor  in  turba,  non  illum  arcuso  qui  est  in  summa 
Sacra  via,  (juum  ego  ad  l'abluni  Forniri-m  impellor;  sed  euni  qui  in  me  ipsum  inrurrit 
atque  incidit.  Cicpro  P/iinr.  7.  —  Summa  sacra  via  était  dans  la  l\«  région  à  l'endroit 
où  l'on  voit  encore  aujourd'hui  l'Arc  de  Titus  [Noili,  n'>  73;  Leiarouilly,  rion.  1,8.5]. 
L'Arc  de  Fabius  se  trouvait  plus  bas,  à  peu  prés  vers  le  temple  de  Fausline  [Nolli, 
n"  81;  Letarouilly,  rion.  I,  80],  ainsi  qu'on  le  verra  au  §  suivant,  cl  les  paroles  de 
Cicéron  é(|uivalenl  à  celle-ci  :  «  Si  je  suis  poussé  dans  une  foule,  je  ne  m'en  prends 
pas  à  celui  qui  est  au  bout  de  la  voie  Sacrée,  quand  je  suis  au  milieu,  mais  à  celui 
etc.  » 

IV.  Fuit  denique  bactenus  statua  in  pcdc  monlis  Romulei,  hoc  est  ante  Sacram 
viam,  inira  teniplum  Fausiinœ  advecta  ad  Arcuni  Fabiaiium,  quae  haberet  inscriptum, 
Gallieno  juniori,  Salonino  addilum.  Trebell.  I'ull.  Salon.  Gallieno,  1. 

V.  Arcus  Fabianus. 

l'uteal  Libonis.  P.  Vir.T.rfe  lîrg.  vrh.  Romœ,\\\\. 

VI.  Slalue  équestre  de  Clélie.  Celle;  slatue,  érigée  à  Clélie  l'otage  du  roi  Porscnna, 
l'an  24G,  était  en  haut  de  la  voie  Sacrée.  —  Homaiii  novam  in  femina  [Clœlia]  virtulem 
novo  génère  honoris,  Slatua  equestri  donavere  ;  in  summa  Sacra  via  fuit  posita  virgo  in- 
sidens  equo.  Tit.-Liv.  II,  13. 

VII.  Ihiic  [Clœlitp]  statua  cqucslris  in  Foro  posita.  A  Vict.  de  Yir.  illust.  13. 

VIII  Lqucslri  insidcns  SlatUcT,  in  Sacra  via,  cctcberrimo  loco,  Ghi-lia  exiirobrat  ju- 
vcnibus  nostris  pulvinum  escendenlibus,  in  ea  illos  urbe  sic  ingredi,  in  qua  etiam  fe- 
niinas  equo  donavinius.  Senec.  Consot.  ad  Marc.  10. 

IX.  Clœlite  enini  Slatua  est  equcstris....  li  diverse  Annius  Felialis,  equeslrem  qua 
fucrit  contra  Jovis  Slaloris  œdem,  in  vcstibulo  Superbi  domus,  Valorise  fuisse  Publicolae 
consulis  fiiiaî.  Plin.  .\XXIV,  6. 

X.  K'/oùicf  os  TW  — a/:9cv?o  a-i.'iCJ  îl/.ivjç  ycù.y.r,i  e'oîikv,  -^v  v.véOs^x-j  èm  t^j  iîpx; 
000X1,  rv^j  ûi  T/jV  O.yopy.-j  f-^ociÙT-fii,  oi  TCr^  ~v.[J)i'iOi-t  'HV'if.ii.  •za.it'-fi'J  ri/-iiii  /j'vj  or/.  ï-l 
/.■ijj.vjfij  vjf.oy.îv  i'Àsysro  os  itt.  à/j-p-riZzOî  TiirÀ  -cù-i  TÙtiziov  ol/.iv.i  •/sV5//.î'y/iî  r,-j.uvL';OYi. 
D.  IIaeic.  V,  33  1. 

XI.  A'vKXîtrai  os  Ty;v  Uckv  èaàv  vo^cs'joy.é.'Oiî  sii  Vlcù.i.TtO'^  yyopiv.;  ct-jzrii  t^lTîTlOi, 
c-J  Tivsj  oj  Tv;,  K'/oùiu;,  à//à  zr,;  OJv.lsrAoL;  sl:v.i  liyoj'; lj .  PlIT.  Poblic.  19  *. 

XII.  fî.s/.si70  -/or)  ï'j.i-~oi  gtzijv  ■/•j-jy.i/.hî  £-'t  -.-Tii  m'j  t?,:  isy?.:  'yvp;ié:r,:,  ôv  o\  //"îv 
TÔs  ^'toùi'x:,  oiok  rii;  OJcûsciciî  Xsyojit\i  shv.i.  Pli;t.  de  Virt.  millier,  p.  28*. 

XIII.  Cui  [Clœliœ]  data  est  Statua,  quam  in  Sacra  via  liodicque  conspicimus.  Serv. 
in  .Encid.  VIII,  v.  646. 

128.  Tribinal  Di'  PRÉTEin. — PuTEAL  DE  LiBON.  Lc  Tribunal  du  préteur  était 
originairement  au  milieu  du  Forum,  vis-à-vis,  à  peu  près,  des  basiliques  Ar- 
gentaria  et  .Emilia  [n'^  130-131],  entre  la  voie  Sacrée  et  le  Canal.  César, 
pendant  sa  dictature,  le  lit  transporter  eu  haut  du  Forum,  devant  la  Gr;ecos- 
tase  [n"  I2iJ.  Le  Tribunal  se  composait  tout  simplement  d'un  hémicycle  de 


*  Clœliiim  virgiiicm  stslu:i  .-rnea  donivcrc,  quim  virjjinuni  paires  in  via  Sacra,  i\\w.  iu  Co- 
niitiuin  fcrt,  ci  ercxeriitu.  Nos  taincn  non  iiivcnimiis  liauc  adliuc  cxstnnicm  et  ercclam  :  fc- 
runt  cnini  carn  incendie  circa  proxiiiias  a-des  cxorlo  atisunipliiiii  =  *  lluic  fClœliaîJ  .slalua 
cqucslris  via  Sacra,  qua  adscniditur  in  Palaiiuni  posita  est.  Alii  non  Clfrlia-  cam,  sed  Valeriaî 
asserunt  esse.r=  •>  Saiiecquesiris  slalua  posila  est  mulieris  via  Sacra.  Ab  aliis  ea  Clœlia;,  abaliis 
Valeri:e  atlribuilur. 


RKGION  Mil.  — FORUM  ROMAFN. 


77 


pierre,  élevé  de  quelques  degrés,  et  dans  lequel  on  plaçait  une  chaise  curule 
pour  le  préteur  et  des  bancs  pour  les  juges.  —  A  droite  du  Tribunal,  h  l'angle 
de  la  Grœcostase  [n°  124],  était  le  Futeul  de  Libon,  petit  aulel  qui  servait  do 
rendez-vous  aux  plaideurs. 

I.  Tilc-Live  racontant  l'aventure  de  Virginie,  représente  Appius  sur  le  Tribunal,  et 
Virginius  lui  demandant  l'autorisation  de  prendre  sa  fille  à  part  pour  lui  parler  :  — 
Data  venia,  seducit  [Virginius]  filiam  ac  nutrioeni  prope  Cloacinœ,  ad  labernas  quibus 
nunc  Novis  est  nomen  :  atque  ibi  ab  lanio  ruitro  arreplo,  Hoc  te  uno,  quo  possum, 
ait,  modo,  filia,  inlibcrlalem  Di'nrfjco.  l'eetus  deinde  puella;  transfigit;  respectanstjuo 
ad  Tribunal,  etc.  Tit.-Liv.  III,  48. 

II.  Asconius  parlant  d'un  incident  du  procès  de  Milon,  sur  le  Forum,  dit  :  —  Quem 
cum  M.  Marcellus  inlerrogare  cœpissel,  tanio  tuinultu  CiodianiB  multitudinis  circuni- 
slantis  extcrrilus  est,  ut  vim  ultimam  timens,  in  Tribunal  a  Domitio  [quœsilore]  reci- 
peretur.  Ascon.  in  Milo.  argum.  p.  192. 

III.  Sur  le  déplacement  du  Tribunal  par  César,  voy.  plus  haut  n"  85,  g  VII. 

IV.  Cœsar  dictator  totum  Forum  Ilonianum  inlexit,  viamque  Sacrani  ab  domo  sua 
cl  clivum  usque  in  Capilolinum...  Deinde,  et  sine  ludis,  Marcellus,  Oclavia  sorore  Au- 
gusli  gcnitus,  in  œdilitate  sua,  avunculo  XI  consule,  a.  d.  calondas  Augusti,  velis  Forum 
inumbravit,  ut  salubrius  liligantes  consistèrent.  Plin.  XIX,  1. 

V.  Vir  bonus,  omne  Forum  quem  spectat,  et  omne  Tribunal. 

HoR.   I,  Ep.   IG,  V.  57. 

VI.  Judiciis  assidebat  [Tiberius]  in  cornu  Tribunalis,  ne  prœlorera  curuli  depelleret. 
Tac.  Ann.  I,  75. 

VII.  E'v  T-^  v.ydf.Z  zr,  V'ji/JLXÎy.  jir,'JC.  li^/fvsv  cv  ypS>  -zoû  'ïiOijou  y'XTZ^/.VJy.zOr).  DiON , 
LXXIV,  4  1.' 

VIII.  Iconographie.  Nous  avons  donné  à  l'hémicycle  de  notre  tribunal  les  dimen- 
sions que  Vitruve  assigne  à  celui  qu'il  place  dans  une  basilique  :  —  Ejus  auteni  liemi- 
cycli  in  fronte  est  intervallum  pedum  XLVI,  introrsus  curvalura  pedum  XV,  uti  eos 
qui  apud  magistralus  slarent,  negolianles  in  basilica  ne  impedirent.  Vitklv.  V,  1. 

IX.  Puteal  de  Liban. 

....  Forum,  Putcalque  Libonis 
Mandabo  siccis.  Hur.  I,  Ep.  19,  v.  8-9. 

X.  Puleal  autem  Libonis  sedes  prœtoris  fuit,  prope  Arcum  Fabianum,  diclumque 
quod  a  Libone  illic  primum  tribunal  et  subsellia  coUocala  sint.  Porphvr.  in  Ilor.  loc. 
sup.  cit. 

XI.  Puteal  locus  Romœ  ad  quem  veniebant  fœneralores.  Alii  dicunt  in  quo  tribunal 
solebat  esse  prœtoris.  Acron.  in  Hor.  II,  S.  6,  v.  35. 

XII.  Qui  Puteal  Janumque  timet,  celeresque  calondas. 

Ov.  Remed.  Amor.  v.  5Ci. 

XIII.  Scribonianum  appellatur  ante  atria  Puteal,  quod  fecit  Scribonius -,  cui  nego- 
lium  datum  a  senatu  fuerat,  ut  conquireret  sacella  attacla  :  isque  illud  procuravit,  quia 
in  CD  loco  attactum  fulgure  sacellum  fuit.  Quod  ignoraretur  autem,  ubi  esset  'ut  quidam) 
fulgur  conditum,  quod  cum  scitur,  nefas  est  integi,  semper  foramine  ibi  aperto  cœlum 
patet.  Fest.  v.  Scribonianum. 

XIV.  Puteal  signifie  proprement  couvercle,  ou  plutôt  margelle  de  puits.  —  ^dibus 
distractisvel  legatis,  ea  esse  œdiumsolemusdicere,  quaî  quasi  pars  oedium,  vel  propler 

aedes  habentur,  ut  puta  Puteal.  Digest.  XIX,  tit.  1,  leg.   13, 
§  51.  —  Id  est,   quo   putcus  operilur. /èid.  leg.  14. 

XV.  Fœneratores  ad  Putoal  Scribonis  Licinii,  quod  est  in 
porlicu  Julia  ad  Fabianum  Arcum  consislere  solebanl. 
CoRNUT.  in  Vers.  S.  4,  v.  49. 

XVI.  Iconographie.  L'image  du  Puteal  se  trouve  sur  deux 
deniers  d'argent  de  Scribonius  Libon.  Nous  en  donnons  ici 
une  copie  d'après  le  Thésaurus  Morellianus,  famil.  JEmi- 
lia,  tab.  I,  5,  et  famil.  Scribonia,  3,  4.  —  Voy.  aussi 
Vaill.\nt,  famil.  rom.  Scribonia,  n°^  5,  6. 


*   F.x>lructum  est  in  Fore  romane  Tribunal    liyneuni  prope  Irihuiial  LipiJeuin  : 
po^cnis  de  sous-entcndre  ici  Lilm. 


' Jo  pro- 


78  DESCRIPTION  DE  ROME. 

120.  Reçu  etTkmplk  d'Ops-Consiva. — Devant  :  Statue  de  Scipion  l'africain 
ET  AiTUKS.  Co  d()ul)lo  c(li(ioc  étiiil  en  Imul  do  la  voie  Sacrôe,  [nès  de  l'Arc  de 
Fiil)iiis  [n"  127],  à  <lr()ilo  en  allant  vers  le  Cai)itnIo.  I{r(ji(t  était  la  maison  du 
i{(ii  des  saciiiicos  et  du  Souverain  pontife.  Dans  sa  façade  était  encadré  le 
temple  dX)ps-Consiva.  —  Devant,  on  voyait  la  statue  de  Scipion-l' Africain,  et 
deux  statues  (jrccqucs. 

I.  O  "Soujj.y.i...  Ta  <?■  ov!  y.pyjVx.  h  T/jv  ïif^v.  hoôt  s7yj,  mX  t«;  t£  oixrpiSù:;  7://,5£îv  tcj 
"EsTiyxhu  ènoisÏTO.  DinN.  Fragm.  §  XX,  1  *. 

II.  Rcgia  dirla,  quod  sariorum  causa  lanquam  in  fanum  a  Ponlifirc  convocali,  in 
eam  convenircnt  ;  aul  (juod  in  ca  sacra  a  Ucge  sacrificulo  eranl  solita  usurpari.  Fest. 

V.  Regia. 

III.  Domum  cnim  in  qua  pontifcx  liabilabat  licgia  dicitur,  quod  in  ca  Rex  sacrifi- 
culus  liabilaie  consucssel,  sicul  flaminica  donius  in  qua  fiamen  habitai  dicebalur. 
Seuv.  in  jEtivid.  VllI,  v.  563.  —  Voy.  plus  haut,  n"  24,  §  XIV,  et  n»  127,  §  II. 

IV.  Ail  cnim  nundinas  Jo\is  ferias  cssn  :  si  quidem  flaminica  omnibus  nundinis  in 
Rcgia  .lovi  ariclom  soicbat  immolaie.  Macrob.  Satiirn.  I,  16. 

V.  l'onlifiris  maximi  jure,  sou  potius  immanitatc  tyranni,  licenlia  domini,  rcliquos 
ponlificcs  non  in  Ucgiam,  sed  in  Albanam  villam  convocavit  [Domilianus].  Plin.  IV, 
Ep.  11. 

VI.  PRimÉ  IDIBVS  MAIAS  IX  REfilA...  LENTVLVS,  AVGVR,   MAGISTER  IN  LOCVM  LVCH...  AR- 

VALEM  cooi'TAViT.  MARINI,  Atti  e  monumenli  degli  Arvaii,  tav.  I. 

VII.  Iiitcr  candidalorum  Hypsa-i  cl  Miionis  manus  in  via  Sacra  pupnatum  est,  mulli- 
que  ex  Miionis  ex  improviso  cecidcrunl;...  nam  in  Sacra  via  tradilur  commissa,  in  qua 
est  Uegia.  Ascon.  in  Milo.  p.  200. 

VIII.  Ilabitavit  primo  [Ca-sar]  in  Subura  modicis  œdibus  :  posl  autem  pontincalum 
maximum,  in  Sacra  via  domo  publica.  Slet.  Cœs.  '46.  —  Dep\iis  Auguste,  les  empereurs, 
qui  furent  toujours  grands  pontifes,  habitant  le  Palatin,  Regia  fut  abandonné  au  Roi 
des  sacrifices.  Voy.  le  §  suivant. 

IX.  E'Trett^/i  Te  T1Û  Kzu'iâou  //.cT«),).c!:?'avTO;  v.pyisf.vjz  àTiîëdyBt) out' olzt'av 

T(v«  à/ja^îtav  ÉO.aSsv,  à)),à  jJ-ipoç  n  tvjs  éuuzou,  ozi  ràv  àpyiipioiv  i-j  y.oi-^Gi  TràvTCjgsZ/stv 
èypftv,  iSfijJMijiiî.  T>iv  p.éyTOi  ~o\j  jiy.nù.idt;  rûv  hpû-j  Tcztj  ùmic/.p6i-J0ii  é'swxjv,  èTzeiàv] 
b/J.ôzoïyoi  roui  alwiH-oiv  oùiSi-j  v^v.  DioN.  LIV,  27  2. —  Le  Roi  des  sacrifices  était-il  donc 
alors  supprimé  ;  et  cette  maison  des  Vestales  n'était-elle  pas  celle  de  la  grande  vestale, 
qui  pouvait  avoir  sa  demeure  particulière  comme  le  grand  pontife? 

X.  Temple  d'Ops-Consiva.  Opima  spolia  diruntur  originem  quidem  trahenlia  ab 
Ope  Saturni  uxore,  quod  ipse  agrorum  cultor  liabctur,  nominatus  a  senatu,  tenensque 
falcem  eflingitur,  qua?  est  insigne  agricoUr.  Itaque  illa  quoquc  cognominatur  Consiva,  et 
esse  exislimatur  Terra;  ideoque  in  Regia  colilur  a  P.  R. ,  quia  omnes  opes  bumano  ge- 
neri  terra  iribuat.  Fest.  v.  Opima. 

XI.  Opeconsiva  dies  ab  dea  Ope  Consivia,  quoius  in  Regia  sacrarium,  quod  ila  ac- 
tum,  ut  eo  praeter  virgines  Vestales  el  Sacerdotem  publicum  introeat  nemo.  Vark.  L.  L. 

VI,  §  21. 

XII.  In  vcteribus  memoriis  scriptum  legimus,  nuntiatum  esse  senatui,  la  sacrario,  in 
Regia,  hastas  martias  movisse.  A.  Gell.  IV,  6. 

XIII.  C'v  âk  TÎ]  P/iyta  âôpu  y.xOiOpu/j.£JO:>,  £ psx  7T/5«5ayO/-;£Ùstv.  Plut.  Romul.  29  3. 

XIV.  llastœ  Marlis  in  Regia  molœ.  Obseû.  deProdig.  96  [an.  637].  —  104  [an.  652]. 
—  107  (an.  656]. 

XV.  l'bi  est  seplies  millies  seslertium,  quod  in  tabulis,  qua?  sunt  ad  Opis,  patebal^? 
Cic.  Philipp.  II,  37.  —  César  avail  déposé  sepl  cents  millions  de  sesterces  [environ 
1-50,000,000  fr.]  dans  le  temple  d'Ops  [Voy.  Païercil.  II,  CO]  ;  Antoine  s'étail  emparé 
de  cette  somme,  et  Cicéron  en  parle  encore,  Philipp.  I,  7;  II,  14.  Le  choix  de  ce 
temple  pour  un  pareil  dépôt  prouverait  que  Regia  était  aussi  la  demeure  du  STU\erain 
ponlife,  car  César  était  revêtu  de  ce  sacerdoce. 


*  Regiam  vero  in  via  Sacra  habebat  [Numa],  ac  propter  xdem  Vestae,  ut  plurimum  versa- 
batur.  =  ^  Quum  Lepido  mortuo,  Aujjustus  summus  pontifex  esset  creatus, . . .  neque  domum 
publicam  aecepit  :  sed  quum  omniuo  public;im  esse  pontifici  maximo  habiialionem  oporteret, 
suarum  œdium  partem  ipse  publicam  esse  jussit  :  at  Régis  sacrorum  œdes  virginibus  Vesta- 
libus  dedii,  quoniam  earum  a?dibus  contiguœ  erant.  =  5  Atque  in  Regia  collacaiam  hastam 
Martem  appellasse. 


RÉGION  VIII.  — FORUM  ROMAIN.  79 

\VI.  Slntue  (le  Scipion  l'Africain.  Alqiii  niliil  habuit  aliud  inscriptum,  nisi  consul 
ea  Slalua  [An-irani],  f(u;c  ad  Opis  pcr  te  posila  iti  cxcilso  est.  Cir..  ad  Allie.  VI,  1. 

XVII.  Statues  grecques.  Alcxatiriri  magtii  tabcrnaniliim  susiinore  Iraduni  solila;  sla- 
tu<T,  ex  quibus  duœ  aille  Marlis  Ulloris  œdem  diratœ  sunt,  tolidem  anie  Uegiam.  Plin 
XXXIV,  8. 

iôO.  Basilique  Fclvia  ou  Argestaria.  —  Devant  :  Tavernes  neuves  f.t  Sta- 
tue DE  Vénus  cluac.ine.  La  Basilique  fut  bâtie  par  le  censeur  Fulvius,  l'an  573, 
et  restaurée  Tau  699  par  le  consul  /Eniilius  Paulus.  Elle  était  à  la  suite  du 
temple  d'Ops-Consiva  [n°  129],  en  descendant  la  voie  Sacrée.  Son  nom  d'Ar- 
gentariahn  venait  de  tavernes  placées  entre  elle  et  la  voie  Sacrée,  et  nom- 
mées jadis  les  sept  lavemes,  puis  les  cinq,  puis  les  tavernes  argentariœ,  parce 
que  des  banquiers  y  siégeaient,  et  enfin,  du  temps  d'Auguste,  les  tavernes  neu- 
res. — Devant  ces  tavernes  était  la  statue  de  rc'/u/s-C/uadne  ou  purificatrice. 

I.  Lacus  Curlius. 
Basilica  Aigcntaria. 

P.  YicT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Tasilica  Argentaiia. 

Templum  Concoidiae.         Noiit.  imperii,  YIII. 

III.  M.  Fulvius  plura  et  majoris  locavit  usus  [an.  575]  ;...  Basilicam  posl  avgcntarias 
Novas,  et  Forum  Piscatoriuni.  Tit.-Liv.  XL,  51. 

IV.  Sur  la  réédification  par  ^Emilius  Paulus,  voy.  ci-dessous,  n»  131,  §  I,  II. 

V.  Tavernes.  Eodem  tempore  SeplemTaberna?,  quœ  postea  Quinque,  et  Argentariae, 
quae  nunc  Nova;  appellantur,  arsere.Comprchcnsa  postea  privata  œdificia:  (neque  enim 
tum  basilicœ  eranl) ,  comprehens2e  Laulumice,  Forum  piscatorium  et  Atrium  regium. 
TiT.-Liv.  XX\1,  27. 

VI.  Locaverunt  [censorcs]  inde  reficienda  quœ  circa  Forum  incendio  consumpta 
crant,  Septem  laberna?,  Macellum,  Atrium  regium.  TiT.-Liv.  XXYII,  11.  [An.  545.] 

VU.  .Tam  ostendam  cujusmodi  sis.  Cum  ille  :  «  Ostende  quœso  ;  »  demonstravi  digilo 
pictum  Galluni  in  marlano  scuto  cimbrico,  sub  Novis.  Cic.  de  Nat.  Deor.  II,  66.  —  Ci- 
céron  fait  ici  allusion  à  un  fait  qui  s'était  passé  au  Tribunal  du  préleur. 

VIII.  Sub  Novis  dicta  pars  in  Foro  œdificiorum,  quod  vocabulum  ei  perveluslum,  ut 
Novœ  viœ,  quœ  via  jam  diu  vêtus.  Varr.  L.  L.  VI,  g  59. 

IX.  q.avfidivs.mensarivs 
tabern.e.argentari.e 
ad.scvtvm.cimbricvm 

CVM. magna. VI 

aeris.alieni.cessit.foro. 

MURATORI,  Nov.  thés,  inscript,  t.  II,  p.  610. 

X.  L'exposition  méridionale  des  tavernes  est  indiquée  dans  la  phrase  suivante  :  — 
Itaque  cessit;  et  ut  ii,  qui  sub  Novis  solem  non  ferunt,  item  ille,  quum  œstuaret,  Vete- 
rum,  ut  Mœnianorum,  sic  Academicorum  unibram  secutus  est.  Cic.  Academ.  II,  22. 

.XI.  Statue  de  Vénus Cluacine.  Data  venia  [Virginius]  seducitfiiiam  ac  nutricem  prope 
Cloacinœ  ad  tabernas  quibus  nunc  Novis  est  nomen.  Tit.-Liv.  111,  48.  —  Rappelons- 
nous  qu'en  disant  nunc  Tite-Live  nous  reporte  à  l'époque  où  il  écrivait. 

XII.  Tradilur,  myrtea  verbena  Romanos  Sabinosque,  cura  propter  raptas  virgines 
dimicare  voluissent,  depositis  armis,  purgatos  in  eo  loco,  qui  nunc  signa  Veneris  Clua- 
cinœ  habet.  Plin.  XV,  29. 

151.  Basilique  JEmuk  ou  de  Paulus. — Devant  :  Statues  des  trois  P.\rques 
ou  Sibylles,  et  Colonnes  rostrales  de  Duilius  et  de  J.  César.  La  Basilique 
était  sur  le  bord  de  la  voie  Sacrée,  vis-à-vis  de  la  Basilique  Julia  [n»  115]. 
.iEmilius  Paulus  Lépidus  la  commença  vers  l'an  699,  et  la  dédia  l'an  720.  Le 
feu  la  détruisit  l'an  740,  et  un  descendant  de  Lépidus  la  réédifia  avec  l'argent 
que  lui  fournirent  ses  amis  et  l'empereur  Auguste.  Sous  le  j)rincipat  de  Ti- 
bère, l'an  775,  un  autre  descendant  de  Lépidus  répara  et  orna  ce  monument. 
La  basilique  Jîmilia  était  l'un  des  plus  beaux  édifices  de  Rome  ;  sa  façade 
présentait  une  colonnade  à  double  étage,  dont  les  colonnes  étaient  en  marbre 


80  DESCRIPTrON  DE  ROME. 

phrygiou  [paonazzotlo],  d'ordic  corintliicii,  cl  «le  plus  (]*'.  30  piorls  de  haut 
i)Oiir  IV'ta^fO  (lu  l)as.  Otic  colctniiadt',  d(iul)l('  iMi  proroiidoiir,  occupait  toute 
la  largeur  de  l'édilice  ;  elle  funnait,  au  icz-de-cliaussée,  un  péristyle,  ou  plu- 
tôt une  espèce  de  vcsiiliule  couvert,  et  à  l'étage  supérieur  une  galerie  couverte, 
lui  balcon  d'oii  l'on  doniinail  sur  le  Foium.  Une  tiès-iicile  p(jrte  de  bronze 
complétait  la  niagniliceuce  d(^  ce  splendidc  inoiunnenl  des  ftniiles. — Devant  la 
BasiTupu',  au-delà  de  la  voie  Sacrée,  et  près  des  liostres  fn"  80]  étaient  les 
Sldlucs  des  irais  Purqnes  ou  Sibylles.  —  Non  loin  de  ces  statues  on  voyait 
aussi  deux  Colonnes  ro.s/ni/cs,  l'une,  érigée  l'an  492,  en  l'honneur  de  Duilius, 
l'autre  en  l'honneur  de  J.  César. 

I.  Panlus  in  niedio  Foro  Busilirani  jam  pyne  toxuil  iisdem  antiquis  columnis  ;  illani 
aulem,  quam  loravit,  facit  niaKiiilicenlissiinann.  Quid  quxris?  niliil  gratius  illo  moiiu- 
mento,  niliil  ploriosius.  Cic.  ad  Allie.  IV,  10  [an.  699].  —  Il  s'agit  ici  de  la  basilique 
Àr(/enln7-ùi,  cl  illam  désigne  la  basilique  JEmilia. 

II.  lion  \s.ct.itsu.c^oi  t'ov  ra/art/.iv  n'/.o'uTO-j  ù.f.iiïzOv.i  p{jSr,v  iysu.iroi  ttktj  ro't;  ■noKnîuo- 

fjiévoi;, \\ct.iiïo>  as,  inrÙTOt  o-Jii,  xùix  x«t  7TsvT«i«iijia  T:^/avra  oo-jto^,  àp'  «ov  zai  t/;v 

fiuijillXYj-J  iy.ÛJOi,  o-jojj.y.'STh-J  ù.w.Or,iJ.'x,  Tyj  ày'J^à  7r/;sî£zi).)>v;cîv,  àvri  Tij,-  *(jj),Çtaî  oly-Cé- 
oou.rfliiijy.v.  I'lut.  Cwi.  29  '. — Plutarquc  ronrond  ici  la  basilique  Argenlaria,  ci-dc\anl 
Fulvia,  restaurée  parPaulus,  avec  la  basilique  ,-Kniilia,  fondée  par  le  même. 

m.   oï /j:^.ltz-:a.  i)(Opo'nou  Kuhv.poi  Si  TOJTiib,' rtf^sOri'ju.v  ùna^zot,  Ai/xû.iài  to  Uc.îjAOi 

ZKÎ  Ka).ioi05  Mâ/îXc/XOj Toint,)v  b  Kal-jup  Kcô.iàio-J  fjïv  cJx  hyuasv  ii-cc/xyé'jOxi 

)(f,y!/j.»^i,  riaûXov  o£  xùirjiv  xai  Tisvzay.o^iuv  TaXcivrwv  èTC/^h-TO,  /j.r/jsj  ctjTÔt  fJ.r,Tz  oofj.- 

7rc«TT£!v  |U'^T£  è-JOyAsl:/ Uu.ÎjXoi  fj.ïv  c?/j   T/jV   Uxi/ï'Sj  Izyoy.s-jr,  y3aîî)(/<iv   v.nb 

T^jvcc  T&)v  ^j^/i/jiàTcov  à.-jiOr;xc  Puaaioii,  olxooû/jifi/j.ciL  TCîpixu.Tj.iç^.  Apman.  de  Bell,  civ. 
II,  p.  731.— .Émilius  avait  commencé  sa  Basilique  dés  l'an  699,  et  même  avant;  il  élail 
sans  doute  obéré  par  les  dépenses  où  l'avait  entraîné  celle  construction,  lorsque  Cé- 
sar le  corrompit  par  un  don  de  1500  talents  [environ  7,824,982  fr.],  qui  lui  permit  de 
terminer  avec  magnificence  un  monument  auquel  il  altacliait  sa  gloire. 

IV.  Koù  T'^v  aroKv  t/j'j  ÏIuù'mjo  xulooy.ivfi'J  Aiij.ut.o-;  Ai-too;  UxW.Oi  i'}iot;  tû;^iv  èîo)- 
xoSàij.rflt,  xàv  tr^  ÙTTarsia  y.a.9dfici>^îv  unÙTSun;  yxp  h  y-ipii-  toû  éVo-jj  toIizo'j.  Diox. 
XLIX,  42  3.' 

V.  L'église  de  S.  Adrien  [NoUi,  n"  94  ;  Lelarouilly,  rion.  I,  75]  occupe  l'emplacement 
de  la  basilique  iî-'milia.  —  Anzi  la  chiesa  stessa  di  S.  Adriano  nioslra  per  la  strullura 
délia  sua  facciata  cssere  stata  una  basilica  e  pcr  consequenza  la  Kmilia.  A  cio  si  ag- 
giunge  una  prova  di  gran  peso,  ed  è  clie  ncl  fare  i  fondanienii  délia  nuova  fabbrica  nel 
165.5,  vi  fu  scoperla  una  base  di  marmo  colla  iscrizione  seguente  riportala  da  Cnaldo 
[de  lap.  sepulcr.]  in  un  manoscritio  dclla  biblioleca  privala  di  sua  Sanliti,  cbc  quando 
csisteva  al  Yaticano  a\ea  il  num.  8253  [p.  71  a  tergo'. 

GAVINIVS.VETTIVS 
PROBIANVS.V.C.PnAEF.VRB 
STATVAM.CONLOCARI 
PRAECEPIT.QVAE.OR 
NAMENTO.BASILICAE 
ESSE.POSSIT.INLVSTRI 

L' inlerno  délia  cliiesa  attuale  di  S.  Adriano  é  lotalmcnlc  moderno,  e  la  bella  porta 

antica  di  bronzo  fu  dal  Ponlefice  Alessandio  Vil  trasportalu  al  Lalerano,  o\e  ai  pré- 
sente si  animira.  Nibbv,  in  Nardini,  Roma  anliea,  lib.  V,  c.  VIII,  t.  2,  in-S", 
p.  227,  note  1. 


*  Quum  Cxsar  jam  omnihus  rempub.  tractantihiisopiilenliam  propinasset  Gailicam  affaiim 
bauriendam,. .  .  consuli  donassct  Paulo  mille  et  quinj^;enla  talenla,  que  arfjenio  celehrem  il- 
lam Basilicam  jnxta  Forniii  loco  Fulvia;  œdificavit,  dodicavilqiie,  elc.z=  -  Infensif^simi  Cusari 
consules  dcsignali  siint  in  anniim  pioximiim  [an.  70^]  .Etnilius  Paulus  etClaiidius  ^larcellus... 
Ex  liis  Claiidins  lumqiiam  potnit  laq;iiionil>iis  tradiici  in  parles  Caî>aris.  Paulus  M.  D.  talenlis 
liactenus  flcxus  est  ut  non  adversaretur...  Paulus  quidcni  ex  liac  peeunia  Basilicam,  qu;c  liodie- 
c|ue  Paidi  dicitur,  deilieavit,  opusinter  urbana  pulcheiriniuni.=  •*  Portieum,  (pia>  Pauli  dicilur, 
iîuiilius  Lepidui  Paulus  propriis  inipeusis  perfccit,  el  in  consulalu  suo  [an.  720]  qiiem  pcssit 
in  parle  liujus  anni,  dedicavit. 


RÉGION  VIII.— FORUM  ROMAIN. 


81 


VI.  Slarp  parlant  dp  la  slaliie  c'qucsirc  do  Doiiiilicn,  (Mevi^u  au  milieu  du  Forum,  dit 
((u'clle  est  enlrc  la  ltasili(iup  ,lulia  cl  colle  de  l'aulus  : 

El  laleruni  passus  liinc  Julia  lecta  lucnlur, 

lllinc  belligeii  subliniis  lU'gia  l'auli.        Stat.  Si/lv.  I,  1,  v.  29-50. 

VII.  H//ÎV  oùv  (jToà  ij.ixà  tsûto,  à-jiij.ccrt  /jvj,  'jtio  Al/j.tlhv,  èi  ov  t'o  toû  riOir.cu-jrii 
Tîoz-  ajT/;v  y^voi  iV/i/Wît,  tw  oï  £,07^,  lin'  \Jyoùt;TOO  y.cà  û;rà  zw  zoXi  \Vxii\ou  jji'/cuv  &ixo- 
voiirfln.  Dion.  LIV,  24 1.       "  ' 

VIII.  Lcpidus  al)  scnalu  petivil  [an.  77.5]  ul  Basilicam  l'auli,  ;Einilia  monunienla, 
propria  pecunia  firmarct,  oinarelque.  Tac.  Ann.  III,  72. 

IX.  Iconnyraphie.  —  Dasilica  Pauli  cum  phrygiis  columnis.  P.  Vict.  de  Reg.  urb. 
Romœ,  VllI. 

X.  Nonne  inler  magnifica  [opéra]  Dasilicam  Pauli  columnis  e  plirygibus  mirabilem? 
Plin.  XXXVI,  13. 

XI.  La  façade  de  la  basilique  /Emiiia  est  représentée  sur  le 
revers  d'un  Denier  d'argent  d'/Emilius  Lépidus,  dont  nous  don- 
nons ici  une  copie.  C'est  d'après  cette  image,  où  l'on  recon- 
naît facilement  la  colonnade  à  double  étage,  et  double  en  pro- 
fondeur, que  nous  avons  tracé  notre  description.  La  mémo 
figure  indique  aussi  un  toit  couvert  en  airain.  Ce  denier  est 
gravé  dans  le  Thesaur.  Morell.  famil.  /Emtlia,  tab.  I,  7. 

Nous  n'avons  fait  aucun  usage,  pour  notre  plan,  d'un  pré- 
tendu fragment  de  la  basilique  .Emiiia  gravé  dans  le  grand  plan 
de  marbre  du  Capitule,  et  reproduit  dans  Dellori  [Iconnyr.  vêler 
Itomœ,  tab.  VI].  Le  mot  E.MILl, écrit  sur  un  petit  morceau  isolé, 
rapproché  d'un  morceau  considérable  ([ui  porte  le  plan  d'un  édifice  en  colonnade,  avec 
la  légende  BASIL,  a  produit  cette  erreur.  M.  Canina,  par  un  ingénieux  rapprocliement 
de  lettres,  a  fait  voir  que  ces  deux  fragments  n'allaient  pas  ensemble  ,  tandis  que  le 
mot  BASIL  s'accorde  parfaitement  pour  le  corps  et  la  hauteur  des  lettres  avec  un  autre 
fragment  sur  lequel  on  lit  VLIMA,  de  sorte  que  ce  que  les  anli(iuaires  avaient  cru  pou- 
voir, jusqu'à  nos  jours,  rapporter  i  la  basilique  ^Emiiia,  appartient  réellement  ;\  la 
basilique  L'Ipia.  Voy.  Camna,  Roma  anlica,  reg.  VIll,  p.  136;  et  Foro  Rnmano , 
c.  IV,  p.  '<40  et  seqq.  et  tav.  VI.  —  Voy.  celle  (ig.  plus  bas  au  n»  154,  g  I. 

XII.  Sunl  vero  qui  dicant  banc  Basilicarti  [Pauli]  silam  fuisse  inter  lemplum  Salurni  2 
et  Fauslinœ...  Hœc  dum  sa?pius  mecum  animo  repeto,  et  omnia  vicina  loca  orulis  lus- 
tre, aspicio  forte  columnam  stanleni,  ex  marmore  phrygio,  eximisc  magnitudinis,  terra 
obrutam  ad  lertiam  fere  parlem  alliludinis  ,  silam  juxia  ecclesiam,  quœ  vulgo  Spoglia 
Chrislo  nuncupatur,  qua  parte  orientem  spécial,  quœ  intérim,  dum  hœc  scriberem,  inde 
sublata  est  a  Joanne  Gregorio  Cœsarino...  Quum  igilur  columnam  illam,  unicum  illius 
cclebris  Basilicœ  vesligium,  antico  suo  loco  movcri  viderem  ,  ne  hujus  loci  memoria 
intercideret,  situm  ejus  in  giatiam  posterilalis  consignare  volui.  Vidi  prœterea,  quum 
inde  tolleretur,  elîodi  ejus  capilulum  et  basim,  opcris  corintliii.  Sila  autem  erat  inter 
priorem  illum  locum  a  nobis  descriptum,  et  allerum  qui  a  recenlioribus  pro  Basilica 
Pauli  agnoscitur.  Unde  conjeci  ibi  quondam  silam  fuisse  nobilem  illam  Basilicam  phry- 
giis columnis  spectabilem,  e  quibus  h.TC  tantum  reliqua  est,  ex  cujus  magnitudine  lotius 
operis  magnificentia  exislimari  possit,  et  forma  ejus  restitui  ad  prescriptum  Vilruvii. 
Est  autem  columna;  longitude  '(7  palmorum  dodranlaliumS,  prœter  capitulum  et  basim. 
/Edificium  autem  illud,  quod  faiso  creditum.  est  fuisse  Basilicam  Pauli,  ad  radicein  Quiri- 
nalis,  ubi  adhuc  vestigia  antiqui  operis  conspiciuntur,  ni  fallor,  illud  est  quod  P.  Victor 
Staliones  municipiorum  appellavit  '».  Demo.ntios.  Gallus  Romœ  hospes,  part.  V,  p.  4, 
Rome  1585. 

XIII.  Il  y  avait  dans  la  nef  du  milieu  [de  S.  Paul  hors  des  murs]  40  colonnes,...  parmi 
lesquelles  24  qui  étaient  les  plus  précieuses,  étaient  d'une  seule  pièce  de  marbre  violet  : 
on  croyait  qu'elles  avaient  été  tirée  du  Mausolée  d'.Vdrien  ;  mais  plutôt  elles  venaient 
de  la  Basilique  Emilie,  au  Forum  Bom.nnum  ,  et  c'étaient  les  mêmes  qui  avaient  été 
célébrées  par  Pline  l'Ancien  et  par  Slace  :  elles  étaient  d'ordre  corinthien  et  cannelées 


*  llaîc  postca  poriiciis  specio  quidom  ab  .F.milio,  ad  ijuein  priiiii  coiiditoris  genus  rcciderat, 
ro  autem  al)  Augusto  et  l'auli  amicis  rcslauiata  est  [an.  740]=  2  ^\,,  seizième  siècle,  et 
longtemps  encore  après,  ou  croyait  que  l'église  de  S.  Adrien  avnit  été  le  temple  de  Saturne.  = 
^  10  mètres  G5  ccnlimètres.  =  *  On  sait  aujourd'liiii  que  les  ruines  situées  au  pied  du  Uuiri- 
nal  appartenaient  au  Forum  de  Trajan,  et  non  aux  Stations  des  Muuicipcs. 


82  DESCRIPTION  DE  ROME. 

aux  deux  tiers,  ayant  56  picils  dt;  hauUur  et  11  de  rirconfércncc.  Nibby,  llinéraire 
de  Home,  t.  Il,  p.  102. 

XIV.  Statue»  des  trois  Parques  nu  SHnjlles.—  F.quidem  cl  Sibjll.T  juxia  IJoslra  esse 
non  miror,  1res  sint  liccl  :  uiia,  quam  Sfxlus  l'aruvius  Taurus  œdilis  pii'liis  insliluil; 
dua-,  quas  M.  .Messala.  Primas  pulaiein  lias,  et  Alli  .Na\ii,  posilas  œlate  Tarquinii  l'risfi, 
nisi  ri'tîum  anlceedcnliuin  cssenl  in  Capilolio.  l'i.is.  XXXIV,  5. 

—  Jaxta  signifie  auprès.  Le  sens  de  cet  adverbe  nous  parait  fixé  par  le  passage  sui- 
vant, dans  lequel  Suétone  [TU.  7.]  pariant  de  rampliitliéitre  que  nous  appelons  le 
Colysée,  et  des  Thermes  de  Titus  situés  à  côté  de  eet  édifice,  s'exprime  ainsi  :  Amphi- 
Ihealro  dedicato,  Ihermisque  jlxta  celeriter  exstruclis,  munus  edidit. 

XV.  On  appelait  resslalucs  les  l'arques  ou  les  Sibylles.  Voy.  plus  bas,  n»  137,  8"VI. 

XVI.  Anasiasio  biblioleeario  nelia  vila  di  Onorio  dicc  clic:  «  fecit  Kcclesiam  bcato 
Adriano  martyri  in  tribus  Falis.  »  Nibby,  Foro  Romano,  c.  I,  p.  170,  note  1. 

—  Itappelons-nous  que  l'Eglise  de  S.  Adrien  est  bàlie  sur  l'emplacement  de  la  Basi- 
lique .lùnilia. 

Wll.  Colonne  roslrale  de  C.  Duilius.  Erigée  l'an  492,  en  l'honneur  d'une  grande 

vicloire  navale  remportée  par  C.   Uuilius  sur  les  Carthaginois.  —  [Columnaj  Caïo 

Duilio,  qui  primus  navalcm  triumphum  egit  de  Pœnis,qu»  est  etiam  nunc  in  Foro.  l'i.iN. 
XX\IV,  5. 

XVIll Ut  Lalinis  veteribus  I)  plurimis  in  verbis  ullimam  adjeclam,  quod  mani- 

festum  est  etiam  ex  Colunina  rostrata,  quae  est  C.  Duillio  iu  Foro  posita.  Qlixt.  Insl. 
oral.  I,  7. 

XIX.  Iconographie.  Cette  colonne  existe  à  P»omc,  sous  le  vestibule  du  Palais  des 
Conservateurs,  au  Capitule.  Sa  forme  est  celle  de  toutes  les  colonnes  rostrales,  un  fût 
uni,  avec  des  rostres  de  navires  en  saillie.  On  croit  que  le  fût  est  une  restauration  du 
temps  de  Claude,  mais  que  le  piédestal,  avec  son  inscription,  est  de  It  poque  de  Ouilius. 
On  peut  voir  une  copie  de  celte  inscription  restaurée,  dans  Schœll,  llisl.  abrégée  delà 
lillrrat.  Itom.  l.  I,  p.  i»;  CriEvius,  thés,  aiitiq.  Hom.,  t.  IV,  p.  1810  ;  Egcer,  Reliquiœ 
latini  scrmonis,  §  VIII.  —  Ce  monument  fut  retrouvé  pendant  le  XVI«  siècle,  prés  de 
l'Arc  de  Septime  Sévère,  au  bas  du  mont  Capilolin. 

XX.  Colonne  rostrale  de  J.  César.  Elle  était  dans  les  environs  des  Rostres,  proba- 
blement auprès  de  celle  de  Duiljus.  C'était  un  trophée  de  la  victoire  d'Aciium.— Augus- 
tus  \iclor  totius  /Egypli  quam  Ciesar  pro  parle  superaverat,  mulla  de  navali  cerlamine 
susiulit  rosira,  quibus  conllalis  qualuor  clTecil  columnas,  quœ  poslea  a  Domiliano  in 
Capilolio  sunt  locatœ  :  quas  liodieque  conspicimus.  Linde  ait  navali  surgenles  œre 
columnas.  Xam  rostratas  Juiius  Cœsar  posuit,  viclisPœnis  navali  cerlamine  :  e  quibus 
unam  in  Ilostris,  alteram  anle  Circum  vidcmus  a  parte  januarum.  Serv.  in  Georg.  III, 
v.  29.  —  La  dernière  partie  de  cette  note  nous  parait  altérée  ;  car  jamais  J.  César  ne 
vainquit  les  Carthaginois,  pas  plus  sur  mer  que  sur  terre. 

132.  Stations  des  Municipes.  Place  qui  servait  de  rendez-vous  aux  citoyens 
des  iminicipes,  quand  ils  venaient  à  Rome.  Elle  se  trouvait  auprès  du  Forum 
de  César,  derrière  la  Basilique  iEmilia. 

I.  Forum  Cœsaris. 

Sialiones  Municipiorum.     P.  Vicr.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

H.  Altéra  lotos  in  Vulcanali,...  œquœva  Urbi  intelligilur...  Radiées  ejus  in  Forum 
usque  Cifsaris  per  Stationes  Jlunicipiorum  pénétrant.  Plin.  XVI,  44.  —  Il  y  a  loin  sans 
doute  du  Forum  de  César  au  Vulcanal  [n»  18],  mais  Pline  cite  un  fait  phénoménal. 

153.  Forum  de  César  et  Temple  de  Véxus-Génitrice.  —  Statue  équestre  de 
César.  Une  rue  droite,  partant  du  Forum  romain  et  longeant  la  Basilique 
iEmilia  [n°  131],  conduisait  au  Forum  de  César,  qui  se  trouvait  en  partie  der- 
rière cette  basilique.  César  commença  son  Forum  l'an  699  ;  Octave  le  finit  et 
le  dédia  l'an  708.  L'emplacement  eu  était  irrégulier  et  peu  spacieux,  parce 
qu'il  avait  fallu  acheter  un  (juartier  pour  le  faire,  de  sorte  que  le  terrain  seul 
coûta  plus  de  cent  millions  de  sesterces  (environ  20,000,000  fr.).  Le  Forum 
avait  tout  l'aspect  d'un  monument  :  son  aire,  entourée  de  murs,  se  trouvait  en- 
cadrée, du  côté  de  l'arrivée  et  sur  les  parties  latérales,  d'un  portique  en  colon- 
nade à  triple  rang.  Au  fond  de  la  place,  sur  l'axe  général  du  plan,  s'élevait  un 
temple  en  marbre  blanc,  d'ordre  corinthien,  pycnostyle,  avec  des  colonnes 


RÉGION  VIII.  —  FORUM  ROMAIN.  83 

cannelées.  Il  était  consacré  h  Vénus-Génitrice,  aïeule  des  Jules.  Devant,  au 
centre  de  la  place,  brillait  la  statue  équestre  dorée  de  Jules-César.  C'était  une 
ancienne  statue  d'Alcxandre-le-Grand,  par  Lysippe,  de  laquelle  on  avait  seule- 
ment cliangc  la  tête.  Ce  forum  avait  été  construit  pour  servir  principalement 
aux  affaires  judiciaires;  aussi  deux  tribunaux  y  furent-ils  ménagés  :  ils  se  trou- 
vaient à  la  bauteur  du  temple.  Là,  les  murailles  se  développaient  en  deux  grands 
hémicycles  ornés  de  niches  carrées  avec  des  statues.  Au  centre  de  chaque  hé- 
micycle il  y  avait  une  niche  beaucoup  plus  grande  que  les  autres  :  c'était  le 
tribunal,  l'endroit  où  l'on  mettait  le  siège  du  juge. 

I.  Le  Forum  de  César  était  voisin  des  Stations  des  J>/unîc«pe«.Voy.  plus  haut,  n^i 32, 
§  I,  H. 

II.  Forum  de  Manubiis  inciioavit  [Cœsar]  ;  cujus  area  super  H-S  millies  constilit. 
Slet.  Cœs.  26. 

III.  Pyramidas  regum  miramur,  quum  solumtantum  foro  exstruendo  H-S  millies  Cœ- 
sar dictator  emerit.  Plin.  XXXVI,  15. 

IV.  Sur  rédification  du  Forum  Julium  finie  par  Auguste,  voy.  n"  113,  g  II. 

V.  Csesaris  amici  (me  dico  et  Oppium,  dirumparis  licet)  in  monumentum  illud,  quod 
lu  tollere  laudibus  solebas,  ut  Forum  laxarcmus,  et  usque  ad  Atrium  Liberlalis  explica- 
renius,  contemsimus  scxentics  H-S  :  cum  privatis  non  potcrat  transigi  minore  pecunia. 
Efllciemus  rem  gloriosissimam.  Cic.  ad  Àttic.  IV,  16.  [An.  699].  —  Ce  passage  de  Ci- 
céron  donne  l'époque  où  César  commença  son  forum.  On  y  voit  que  l'on  ne  s'occupait 
encore  que  de  l'acquisition  des  terrains.  César  avait  déjà  dépensé  60  millions  de  ses- 
terces, et  nous  avons  vu  dans  les  deux  §§  précédents,  qu'il  fut  obligé  d'aller  jusqu'à 
cent. 

VI.  T'/jV  yÔLp  à.yopyy  -zri-J  àû'  kjtoÎ)  v.iAyriij.v^rcJ  v.a.zi-/.c,jy.i:y.TO'  xat  ï-zi  j-ÙJ  TlspixxXlî- 
arépx  T/j;  Pw//ataj,  tb  â'  àÇtco/jta  tô  cXîtv/,;  c-ïî'jfv^iêv,  wjtî  xa't  //.eyà^/jv  kjzyjV  o-jo/àk- 
i^ZzOxf  TaÙTÏjV  TS    OUV,  XXt   T5V  VÎOJV  TOV    TVJJ    KppC/6izriÇ,  ùç  xcù   ù-py^i'/iziooi  -zoX)  yévoDÇ 

KjTol)  o-JT/)i,  -oiriccci,  KccOiipusvJ  sJdù;  tsts.  Diox.  XLIII,  22  l. 

VII.  XveuTv^se  xa'i  tïj  ysvïTît/iK  tôv  v£(ùv,  StTrtzp  s'j^xzo /jls^Iuv  i-J  ^ap^dd.oi  pixyii^dxr 
xu.ÏTS/Mvoi  Tôt  yiôi  ~zpiiOr,y.vJ  b  PoiyMOi;  stu^sj  v.-/opà.,>  £l-jv.i,  oj  rwv  Cy/iw),  vXt!  l—i 
Tcpô:(i<ji  cuvtovT&jv  ii  àz/ïj^si/,'  /.cOy.  /.où  n,c'^ia£;  -^v  zti  à.yopx  l^rizo'jcrj  r,  /xcc^Sàyo-j^i  toc 
lîUciicf..  Appian.  de  Bell.  civ.  II,  p.  803  *.  —  ts/asvo,,  enceinte  sacrée,  désigne  les  grands 
hémicycles  avec  leurs  tribunaux. 

VIII.  Iconographie.  Pycnostylos  est,  cujus  intercolumnio  unius  et  dimidiatae  colum- 
nae  crassitudo  inlerponi  potest;  quemadmodum  est  Divi  Julii,  et  in  Caesaris  foro  Veneris. 
ViTRUv.  m,  2. 

IX.  Une  partie  considérable  des  hémicycles  du  Forum,  construits  en  gros  blocs  do 
péperin,  et  trois  colonnes  du  portique  extérieur,  de  droite,  du  temple  de  Vénus,  existent 
encore  au  bout  de  la  via  de'  Pantani  de  Rome  moderne  [NoUi,  n°3  123,  124  ;  Leta- 
rouilly,  rion.  I,  5-i],  rue  qui  parait  avoir  conservé  la  direction  de  la  voie  antique  par 
laquelle  on  communiquait  du  Forum  de  César  au  Forum  romain.  On  donne  souvent  à 
cette  belle  et  importante  ruine  le  nom  de  Forum  d'Auguste,  et  quelquefois  de  Forum 
de  Nerva;  nous  verrons  plus  bas,  n^  lôo,  en  parlant  du  Forum  d'Auguste,  que  cette 
dénomination  ne  peut  convenir  aux  ruines  dont  nous  parlons  ici.  11  paraît  certain 
d'après  Pline,  que  le  Forum  de  César  était  du  côté  du  Vulcanal  et  des  Stations  des 
Municipes.  Voy.  plus  haut,  no  132,  et  n»  18,  g  IV.  Cette  opinion  était  celle  de  plu- 
sieurs antiquaires  du  seizième  siècle;  on  lit  dans  Marlianus  (de  tnpographia  Romœ, 
c.  45);  «  Augusti  aulem  Forum  licet  apud  Marforii  simulacrum  quidam  3  ponant,  non- 


*  Forum  enim  Caesar  exstruxerat,  quod  ab  ipso  nomen  obtinuit,  Romano  pulchrius  :  sed  ta- 
men  Romani  ex  eo  dignitas  aucta  est,  ut  Forum  magnum  diceretur.  Forum  vero  et  templum 
Veneris,  quam  sui  generis  auclorem  ferebat,  a  se  coudita  Caesar  statim  tune  consecravit 
[an.  708].  =  -  Dedicata  et  aedes  Veneri  Genitrici  ex  veto  concepto  instante  pugna  ad  Pharsa- 
lum,  fanumquc  aeJi  addilum,  quod  Forum  populo  lioinano  esse  voluit,  non  rerum  venalium, 
sed  agendis  litibus,  qualia  l'ersis  quoqiie  sunt  Fora,  ubi  redduntur  jura,  et  discuutur  eliam.= 
■'  Corte del  Museo  Capitolino. — Vedesi  in  fondo  collocato  per  adornaraento  délia  fontana  eretta 
da  Clémente  XII,  l'a.  1784,  un  grandioso  colosso  marmoreo  rapprescntante  la  figura  giacente 
deir  Oceaiio  con  un  uiccliio  niarino  in  mano.  Quosta  statua  fu  rinvenuta  nel  foro  di  Slarie 
soltoposto  al  lato  orient  do  del  Gampidogiio,  e  d  d  luogo  dol  ritrovamento  fu  chiamata  Mar- 
forio  dal  volgo.  MELCaioRRi,  Guida,  melodica.  di  Roma,  p.  524. 


84 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


nulli  lomon  posl  Fnuslinœ  lompluin,  soil  prior  opinio  nin(;is  probnlur.  »  Nous  ajoulorons 
que  les  trois  colonnes  ([ui  foni  parlio  de  la  ruine  ineiilionnce  plus  haut,  appartiennent 
à  un  temple  pyrnoslyle,  romnnc  était,  selon  Vitruve,  le  temple  de  Vénus-tiénitriee.  — 
Voy.  dans  l'iraiiesi,  Anlichità  romane,  t.  I,  lav.  XXX,  fig.  1,  une  vue  des  ruines  de  ce 
Forum  (|u'il  appelle  Forum  de  Nerva.  —  L'ne  restauration  tlu  Forum  île  César,  envoyée 
à  Paris  en  septembre  18'<'<,  par  M.  Feliard,  pensionnaire  de  l'Aradémie  de  France  à 
Home,  nous  a  fourni  l'idée  des  porlicpies  qui  entourent  l'aire  du  Forum.  La  trace  d'un 
comble  A  deux  rampants  sur  le  mur  de  fond,  dans  la  partie  à  angle  droit  située  prés 
r^rco  de'  Panlani,  a  conduit  M.  IJchard  à  cette  véritable  restitution.  L'idée  de  ces 
portiques  dut  venir  à  César  qui,  pendant  son  édilité,  fit  couvrir  de  voiles  le  Forum  ro- 
main et  toute  la  voie  Sacrée.  Son  Forum  étant,  par  sa  destination,  un  lieu  de  station- 
nement, devait  offrir  aussi  un  abri  au  peuple.  Celte  disposition  de  portiques  passant  sur 
la  corde  do  deux  hémicycles,  a  été  plus  tard  reproduite  dans  le  Forum  de  Trajan.  — 
Nous  avons  sui\i,  pour  le  temple,  la  restauration  de  Palladio  [Archill.  lib.  IV,  c.  7, 
lav.  5  à  10),  qui  nomme  cet  édifice  Temple  de  Mars-Vengeur. 

X.  Statue  équestre  de  J.  César.  Cœsar  diclator  loricatam  [slatuam]  sibi  dicari  in 
Foro  suo  passus  est.  Plix.  XXXIV,  5. 

XI.  Nec  Cfesaris  dictatoris  quemquam  alium  récépissé  dorso  equus  tradilur;  idemque 
humanis  similes  pedes  priores  habuisse,  bac  efligie  lucalus  ante  Veneris  Genitricisœdem, 
Plin.  VIII,  42. 

XII.  lUebatur  autem  [Caîsar]  equo  insigni,  pedibus  prope  humanis,  et  in  modum  di- 
gilorum  ungulis  fissis. . . .,  cujus  etiam  instar  pro  œde  Veneris  Genitricis  poslea  dedica- 
>it.  SiKT.  Cœs.  Gl. 

XIII.  Equus  C.  Cœsaris  nullum  prœter  Cœsarem  dorso  reccpit.  Cujus  primores  pedes 
facie  vesligii  humani  tradunt  fuisse,  sicut  anle  Veneris  Genitricis  simulacrum  cadem 
liac  efllgic  locatus  est.  Solin.  46. 

XIV.  Cedat  equus,  Latite  qui  contra  templa  Diones, 
Cœsarei  stat  scde  Fori  ;  quam  traderis  ausus 
Pellœo,  Lysippe,  duci,  mox  Cajsaris  ora 
Aurala  cervice  lulit.     Stat.  Sylv.  1,  v.  84-87. 


134.  Atrium  de  la  Liberté.  Sur  le  côté  gauche  du  Forum  de  César  fu"  133]. 
Co  monument  servait  d'archives  publiques,  on  y  affichait  les  lois,  cl  prohable- 
nient  les  actes  de  libération  des  esclaves;  de  là  sans  doute  son  nom  i.ï Atrium 
(le  la  Liberté.  Nous  ignorons  à  quelle  époque  il  fut  construit;  nous  savons  seu- 
lement qu'il  existait  déjà  l'an  de  Rome  olO,  et  qu'il  fui  restauré  et  agrandi  l'an 
558.  11  a  lu  forme  ordinaire  desalria;  au  centre  est  un  autel,  celui  de  la 
Liberté. 

'''-^TT^b>~^  I.  Sur  la  situation  de  l'Atrium  de  la 

Liberté  prés  du  Forum  de  César,  voy. 
ci-dessus,  n''  133,  g  V.— Nous  nous  au- 
torisons aussi  du  fragment  ci-joint,  qui, 
emprunté  au  plan  de  marbre,  et  gravé 
dans  Bellori  [Iconog.  vêler.  Romœ,  tab. 
VI  et  XVI),  reproduit  une  partie  de  la 
basilique  Uipia  ou  de  Trajan.  On  con- 
naît la  position  de  celle  basilique,  dont 
il  existe  encore  de  superbes  ruines 
entre  les  monts  Quirinal  et  Capilolin 
[NoUi,  n^llO;  Letarouilly,  rion.  I,  34]. 
Le  vaste  Forum  de  Trajan,  dont  cette  basilique  faisait  partie,  envahit  notre  Atrium  de 
la  Liberté,  mais  sans  le  détruire,  car  on  lui  donna  asile  dans  la  basilique  même  :  le  mot 
LiBERTATis,  inscrit  dans  l'hémicycle,  en  est  la  preuve. 

II.  Custoiliebantur  ^obsides]  in  Atrio  Libertatis....  Hoc  crebiis  coUoquiis  sollicitos, 
corruplis  œdiiuis  duobus,...  profugit.  Tit.-Liv.  XXV,  7  [an.  .540]. 

III.  Atrium  Libertatis, ab  eisdcm  [censoribus]  refecta   amplialaque.    Tit.-Liv. 

XXXIV,  44  [an.  558]. 

IV.  Censorcs  extemplo  in  Atrium  Libertatis  adscenderunt  ;  et  ibi  signalis  tabellis 
publicis,  clausoquc  Tabulario,  ctdemissis  servis  publicis,  negarunt,  etc.  Tit.-Liv.  XLIII, 
16.  [an.  583]. 


RÉGION  VU!.  — FORUM  ROMAIN.  85 

Y.  l'robrum  virginis  vcstalis  ut  rapilc  punirclur,  vir  qui  ram  incoslavissol  vorbcrihus 
iicrarclur,  lux  fixa  in  Alrio  Libcrlalis  cutn  niuilis  aliis  Icgibus  incendio  consumpla  est. 
l'jiST.  V.  Probrum. 

131Î.  Forum  D'Ai'crsTE  et  Templk  de  MAns-VENGErn.  —  Anes  de  Germamccs 
ET  de  DuisLs.  Le  Foriim  d'Aiigiisle  était  situé  an  bas  du  mont  Capitoiin  ,  vers 
l'orient.  II  alFectait  la  forme  d'un  carré  un  peu  plus  long  (jue  large,  ouvert  sur 
le  devant,  garni  de  [)ortiques  et  de  tavernes  sur  les  côlés,  cl  fermé  au  fond  par 
une  muraille  au  milieu  de  laquelle  se  déployait  un  hémicycle  pour  un  tribunal. 
Au  centre  même  du  Forum  s'élevait  un  temple  entouré  de  porlitiues  en  colon- 
nade, et  ayant  deux  façades,  l'une  vers  l'entrée  du  Forum,  l'autre  vers  le  tri- 
bunal. Elles  étaient  surmontées  des  statues  des  dieux  invincii)les,  et  un  qua- 
drige, avec  la  statue  d'Auguste,  couronnait  l'un  des  frontons.  Des  statues  pé- 
destres décoraient  la  façade  principale;  on  en  voyait  aussi  de  senddables  dans 
les  entrecolonnements  des  portiques  latéraux  du  Forum  :  ces  dernières 
étaient  eu  marbre  et  représentaient  les  triomphateurs  Romains.  Enlin,  deux 
Arcs  de  triomphe,  placés  à  droite  et  à  gauche  de  la  façade  principale  du  temple, 
formaient  comme  l'entrée  des  galeries  latérales  qui  séparaient  les  portiques  et 
les  tavernes.  Le  temple  était  un  périptère  d'ordre  corinthien,  consacré  à  Mars- 
Vengeur.  Les  Arcs  furent  érigés  en  l'honneur  deDrusus  et  de  Germanicus.  Au- 
guste construisit  ce  Forum  et  ce  temple  :  il  les  commença  l'an  72-3,  lorscju'après 
avoir  mis  fin  aux  guerres  civiles  par  la  victoire  d'Actium,  il  revint  à  Rome.  Les 
travaux  durèrent  fort  longtemps,  et  la  dédicace  n'eut  lieu  que  l'an  752.  Ce 
Forum ,  à  l'instar  de  celui  de  César,  était  consacré  aux  affaires  judiciaires  : 
voilà  pourquoi  on  y  trouvait  un  tribunal.  Les  murs  de  ce  tribunal  étaient  dé- 
corés de  tableaux.  Les  Arcs  de  Germanicus  et  de  Drusus  ne  furent  érigés  que 
sept  ans  après  la  mort  d'Auguste,  l'an  772. 

I.  Carccr. 
Forum  Augusti. 

Forum  Trajani.   Sext.  Rlf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Forum  Augusti  cum  œde  Martis  L'iloris. 
Forum  Trajani.  P.  Vict.  ib>d. 

—  Nous  discuterons  plus  bas,  §  XVllI,  la  posilion  du  Forum  d'Auguste.  En  adendanl 
nous  ferons  remarquer  iri  ce  rapprochement,  fait  par  les  deux  régionnaires,  du  Forum 
d'Auguste  et  du  Forum  de  Trajan.  On  sait  que  ce  dernier  était  entre  le  Quirinal  et  l'cx- 
Irémilé  septentrionale  du  Capitoiin. 

III.  Publica  opéra  plurima  exslruxit  [Augustus]  ex  quibus  vel  preecipua  Forum  cum 
œdc  Marlis  Ultoris —  Fori  exsiruendi  causa  fuit  hominum  et  judiciorum  mullitudo,  quaj 
^idebatur,  non  sufTicientibus  duobus,  eliam  tertio  indigere.  Itaque  festinanlius,  nec 
dum  perferla  >I;ntis  a-de,  publicatum  est,  caulumque  ut  scparalim  in  eo  publica  ju- 
dicia  el  sorliliones  judicum  fièrent.  /Edem  Marti,  bello  IMiilippensi  pro  ullionc  patcrna 
susceplo,  voverat.  Siet.  Àug.  29. 

IV.  Mautis    vltoris   templvm   forvmqve  avgvstv.m FEci.   LAPIS  ANCVR. 

col.  4  el  6. 

V.  Forum  angustius  fecit  [Auguslus],  non  ausus  exlorquerc  possessoribus  proximas 
domos.  SiET.  Auij.  56. 

VI.  Mars  venil;  et  veniens  bellica  signa  dédit, 
l'itor  ad  ipso  suos  coelo  descendit  honores, 

Templaque  in  Augusto  conspicienda  Foro. 
Et  deus  est  ingens,  el  opus.  Ov.  Fast.   V,  v.  5.S0-533. 

VII.  Inler  magnifica  opéra.  . . .  Forum  Augusti.  Plin.  XXXVI,  t.*;. 

VIII.  Ctim  mulii  Sfvcro  (".assio  accusante  absolverenlur,  el  archiicclus  Fori  .\u- 
gusii  cxspeclationem  operis  diu  Iralieret,  ila  jocalus  esl  [Auguslus]  :  «  Vellem,  Cassins 
el  meum  Forum  accusassel.  »  Macp.ob.  Salurn.  Il,  4.  —  Le  passage  suivant  fail  con- 
naître «lue  la  dédicace  de  ce  Forum  n'eut  lieu  que  l'an  7.")2  :  «  F.o  i[)So  jinno,  <|uo 
niaguificenlissimi  nuineris  naumachi.Tque  spcclaculis,  I).  Auguslus,  abliinc  iintios  X.\X, 
se  et  ('.allô  Caniiiio  coss.  dedicato  !\!arlis  teniplo,  animos  oculosque  populi  romani  rc- 
pleverat,  etc.  »  I'ateucii-.  11,  100. 


86  DESCRIPTION  DE  ROME. 

IX.  Inscriplinnt,  Itivus  Auguslus,  pr.Ttrr  llispanins  aliasquc  Rcnlps,  quarum  lilulis 
Forum  cjus  pr.TniIct,  pcne  idem,  farta  ^^pyplo  stipcndiaria,  quantum  palcr  ejus  Gallia, 
in  iTrarium  rcilitus  ronlulit.  I'ai  ercil.  Il,  39. 

X.  Statues.  Ak'xandri  quocpie  mapni  tabornaoulum  suslincre  Iradunl  solilœ  slalusp, 
ex  quibus  duiv  ante  Marlis  Ulloris  œdcm  dicalai  sunt,  tolidcra  anlc  lU-giam.  I'lin. 
XXXIV,  8. 

XI.  l'ioximum  a  Diis  immorlalibus  honorem  memorifc  ducum  pracslilit,  qui  impc- 
rium  populi  Itomani  ex  minimo  maximum  rcddidisscnt.  Itaque  dopera  cujusque,  ma- 
ncnlibus  lilulis,  restiluil  :  et  statuas  omnium,  triumphali  effigie  in  utroque  For!  sui 
porlicu  dcdiravit.  Siiet.  Àug.  21. 

XII.  Kxcmplo  Augusli,  qui  summorum  virorum  statuas  in  Foro  suo  c  marmorc  collo- 
cavil,  additis  pestis.  LASirnin.  Alex.  Sever.  28. 

XIII.  Statuam  Corvino  isli  divus  Augustus  in  Foro  suo  staluendam  curavil.  In  ejus 
slatuiB  capiic  corvi  simulacrum  est,  rei  pugnaeque,  quem  diximus,  monumentum  est. 
A.  Gell.  IX,  11. 

XIV.  Tribunal.  Cognoscens  quondam  [Claudius]  in  Augusli  Foro,  ielusque  nidore 
prandii,  quod  in  proxima  Martisœde  Snliis  apparabalur,  dcscrto  tribunal!,  adseendil  ad 
sacerdotcs,  uiiaque  disrubuit.  Slet.  Clnud.  53.  —  Celte  anecdote  prouve  que  le  temple 
avait  quelque  sortie  vers  le  tribunal,  poul-C'tre  de  petites  portes  au  fond  des  nefs  laté- 
rales, et  qu'il  était  élevé  de  plusieurs  degrés. 

XV.  Tableaux.  Divus  Auguslus  in  Foro  suo  celeberrima  in  parte  posuit  tabulas  duas, 
qusc  Belli  piclam  facicm  habent  et  Triumplium.  I'i.in.  XXXV,  4. 

XVI.  Pinxit  [Apelles]...  Castorcm  et  l'ollucem,  cum  Victoria  et  Alexandro  Magno  : 
item  BcUi  imaginem,  restriclis  ad  tcrga  manibus,  Alexandro  in  ourru  triumptiante. 
Ouas  utrasquc  tabulas  divus  Auguslus  in  Fori  sui  parlibus  celeberrimis  dicaverat  sim- 
plicilale  moderala.  Plin.  XXXV,  10. 

XVII.  In  Foro  Augusli,  inlroeuntibus  ad  sinislram,  fuit  Bellum  piclum  et  Furor  se- 
dens  super  arma  œneis  vinctus,  eo  habilu  quo  poêla  dixit,  sœva  sedens  super  arma 
Serv.  in  ^neid.  I,  v.  299.  —  JPars  celeberrima  dans  les  §  15  et  16  nous  paraît  de- 
voir s'entendre  des  abords  du  Tribunal,  lieu  le  plus  fréquenté  du  Forum,  et  par  consé- 
quent des  murs  latéraux  de  ce  Tribunal. 

XVIII.  Iconographie.  Il  existe  encore,  au  pied  du  mont  Capitolin,  dans  ]a  via  di 
Marforio,  et  non  loin  de  l'église  S.  Giuseppe  de'  Falegnami  (l'ancienne  Prison),  six  ou 
sept  arcades  construites  en  travertin  cl  en  pcperin,  restes  des  tavernes  qui  occupaient 
le  côté  gauche  du  Forum  d'Auguste.  Piranesi,  qui  a  donné  un  dessin  de  ces  ruines 
[voy.  Anlichità  Romane,  T.  I,  tav.  Il],  y  ajoute  celle  explication  sous  le  n^  273: 
—  «  Avanzi  di  botteglie,  composte  di  Iravertini  e  peperini,  le  quale  appartencvano  al 
Foro  di  Auguslo.  Questi  avanzi  rimangono  vicino  alla  chiesa  di  S.  Giuseppe  de'  Lega- 
najuoli,  e  precisamenle  in  un  cortile  al  primo  ingresso  del  vicolo  torluoso  che  rimane 
sulla  désira  délia  salila  di  Marforio.  » 

Notre  temple  de  Mars  a  été  tracé  d'après  une  restauration  de  Palladio  faite  à  la  suite 
de  fouilles  exécutées  sous  ses  yeux  (Voy.  Palladio,  Ârchilell.  lib.  IV,  c.  31,  tav.  98 
à  102).  Quelques  antiquaires  ont  prétendu  que  le  temple  de  Mars-Vengeur  était  rond  ; 
c'est  une  erreur  mise  en  avant  par  Pirro  Ligorio  [Paradasse,  p.  30  recto],  reproduite 
par  Xardini  [lib.  V,  c.  9],  et  qui  n'est  fondée  que  sur  la  mauvaise  interprétation  du  re- 
vers d"un  denier  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  [Voy.  n»  71,  g  IV].  Nous  avons  établi 
un  édicule  au  fond  du  temple,  d"aprés  le   passage   suivant  de  l'inscription  d'.^ncyre 

(col.  5,    lig.  42)  :  COEGI    EA  AVTEM    signa,  in  PENETRALI  ÛVOO  est   in    TEMPLO    MARTIS  \h- 
TORIS  REPOSVI. 

Pour  justifier  notre  iconographie,  nous  devons  dire  quelques  mois  de  l'emplacement 
que  nous  assignons  au  Forum  d'Augusle.  Cet  emplacement  est  ordinairement  donné  au 
Forum  de  César  ;  nous  avons  été  conduit  à  l'opinion  que  nous  avons  mise  en  avant, 
par  le  passage  suivant  de  Dion  :  Ta  tî  Âp-ix  rixs  /xi-j,  i-zto-ç  b  Ti?spii  rôv  i-::-oopofxo:> 
T:pox:^zét:y_s-j,  è-j  rrJTCÛ  Aùyo'jarou  ùyopx,  xxï  t--ofj  û)i(3//û)T/;i7rov  Tivà  x«"i  ô-zipioi-j  i^fCty^ 
èrijj.-n')-/]  [LVI,  27]  1.  Or  l'iconographie  du  Forum  que  nous  reconnaissons  pour  être 
celui  de  César,  et  dont  on  voudrait  faire  celui  d'Auguste,  étant  établie,  il  devient  évi- 
dent qu'il  était  trop  petit  et  trop  défavorablement  disposé  pour  qu'on  y  pût  donner  des 


*  Martis  ludi  in  Foro  Augusli,  quia  Circum  Tiberis  restagnans  occupaverat,  cum  equorum 
decursu  quodam,  et  venatione  celebrati  [an.  765]. 


REGION  VIII.  — FORUM  ROMAIN.  87 

courses  de  chevaux.  Noire  Forum  d'Auguste  était,  au  contraire,  tr^s-propre  à  dos  jeux 
de  ce  goure  :  outre  qu'il  est  spacieux,  le  temple  isole  au  contre,  les  galeries  qui  en- 
veloppent ses  porlicpies  de  tous  côtés,  laissent  une  lice  toute  nalurelle  pour  courir 
tout  autour.  De  plus,  les  portiques  el  les  tavernes  fournissent  une  disposition  fort  com- 
mode pour  recevoir  des  spectateurs. 

Un  autre  motif  qui  nous  fait  encore  reconnaître  dans  cet  emplacement  le  Forum 
d'.Vuguste,  c'est  le  voisinage  de  la  via  di  Marforio.  Pans  le  ÏMojen  âge  on  appelait 
Forum  (le  Mars  le  Forum  d'Auguste;  on  lit  dans  les  actes  du  martyre  de  sainte  Fé- 
licité :  —  «  Sedit  in  Foro  .Mariis,  et  jussit  eam  adduci  cum  filiis  suis.  »  Mnrfnrio  étant  une 
corruption  de  Mnrlis'fom,  indi(|ue  évidemment  que  là  était  le  Forum  de  Mars,  c'csl-à- 
dire  le  Forum  où  s'élevait  le  temple  de  Mars-Vengeur.  Fulvius,  antiquaire  du  seizième 
siècle,  dit  que  l'église  de  Sainte-Martine,  qui  est  en  avant  de  noire  Forum  [Nolli,  n»  97. 
Leiarouilly,  rion.  I,  71],  en  emprunta  son  nom  :  «  Marforius  sive  Mars  Fori  dous,  non 
quod  Martis  sit  illud  simtilacrum,  sert  quod  in  Fnrn  Au'iusCi,  ubi  erat  tcmplum  Martis,  sil 
collocalum;  quod  fuisse  creditur  proximum  templum  S.  Martitur,  a  nominis  similitudine 
nuncupalum,  argumento  etiam,quod  multa  in  eo  templo  marmorea,  triumphaliaquc  orna- 
menta  visunlur,  »  de  Urb.  anliquitatib.  lib.  lY,  p.  318.  Doissard  [Tnpmjrnfih.  Row(i\ 
p.  52]  écrivaiten  1397:  .I^des  divœ  Martinee  (ad  quarum  angulos  jacet  Marforii  colossus) 
fuerunt  olim  sacrœ  Marti  Ullori  :  alii  dicunt  fuisse  secretarium  Romani  senalus.  »  Ces  in- 
dices, basés  sur  la  tradition  populaire,  peuvent  être  pris  pour  des  guides  assez  sûrs  quand 
aucun  témoignage  historique  ne  vient  les  démentir,  ce  qui  arrive  bien  rarement.  A' 
Home  ils  sont  nombreux,  et,  pour  ne  citer  que  quelques  exemples,  S.  Giorgio  in 
Vc/abro  a  pris  son  nom  de  l'ancien  Vélabre  ;  S.  Maria  sopra  Minerva,  a  fait  recon- 
naître l'emplacement  du  temple  de  Minerve  ;  S.  Lorenzo  in  Lucina,  le  Bois  de  Lu- 
cine  ;  etc. 

Piranesi  [loc.  supr.  cil.  §  XVIII  ]  indique  aussi  le  Forum  d'Auguste  au  pied  du  mont 
Capitolin,  mais  sans  donner  les  motifs  de  cette  préférence. 

Nous  avons  dit  que  nous  devions  à  Palladio  notre  restauration  du  temple  de  Mars; 
nous  ajouterons  qu'il  conjecture  que  ce  monument  était  un  temple  de  Neptune,  parce 
que  dans  un  fragment  d'entablement  richement  orné,  trouvé  dans  ce  lieu  même,  des 
dauphins  séparés  par  des  tridents,  étaien.t  sculptés  sur  la  doucine  (Palladio.  Ibid.  tav. 
101).  C'est  un  indice  bien  faible  pour  infirmer  ceux  que  l'on  a  d'ailleurs,  et  les  motifs 
que  nous  avons  déduits  pour  prouver  que  ce  temple  était  bien  celui  de  Mars-Vengeur. 
Nous  voyons  dans  ces  ornements  un  emblème  de  la  grande  victoire  navale  qui  donna 
l'empire  à  Auguste.  De  semblables  figures  ont  été  trouvées  dans  la  maison  de  ce 
prince,  au  mont  Palatin  [Voy.  Venuti,  Belle  Antichità  di  Roma.  part.  I,  c.  I,  p.  20]  ; 
le  souvenir  qu'ils  rappelaient  était  bien  assez  important  pour  que  les  architectes  de 
l'empereur  ne  craignissent  pas  de  le  multiplier,  si  même  ils  ne  le  faisaient  pas  par 
ordre. 

Suétone,  en  parlant  des  deux  portiques  du  Forum  d'Auguste  [Voy.  ci-dessus,  g  XI], 
csl  d'accord  avec  les  dispositions  de  notre  plan.  Ce  Forum  était  sans  doute  à  la  grec- 
que, suivant  la  description  de  Vitruve  :  —  «  Grœci  in  quadraio,  amplissimis  et  (lupli- 
cibus  porticibus  fora  consliluuni,  crebrisque  columnis  el  lapideis  aut  marmoreis  epi- 
slyliis  adornant,  cl  supra  ambulationes  in  contignalionibus  faciunl.  »  Vitruv.  V,  1. 

XIX.  Prospicit  armipotens  operis  fasiigia  summi, 

El  probat  invictos  summa  tencre  Deos. 

Ov.  Fast.  V,  v.   559-560. 
Hinc  videt  ^nean  oneratum  pondère  sacre; 

Et  tôt  luleœ  nobilitatis  avos. 
Hinc  videt  Iliadcn  humeris  ducis  arma  ferenlem  ; 
Claraque  dispositis  acla  subesse  viris. 

Ibid.  V.  563-566. 

XX.  POPVLVS    ROMANVS    ME    APPELLAVIT    PATREM    PATRI.E IDQVE    INSCRIBENDVM    CEN- 

SVIT IN  FORO   AL'CVSTO,    SVB  QVADRIGIS    (JV.Ï  3IIHI   EX  S.   C.    POSIT.E  SVXT.   LAP.  ANCYR. 

Col.  6. 

XXI.  Yenerit  in  magni  templum,  tua  munera,  Martis  ; 

Slal  Venus  L'Ilori  juncla  viro  anle  fores. 

Ov.    Trisl.  II,   V.  295,   296 
—  On  se  rappelle  que  ce  livre  des  Tristes  est  adressé  à  César-Auguste. 

XXII.  Arcs  de  Germanicus  et  de  Drusus.  —  Decrevêre  Patres  fan.  772]  ut  Ccrma- 
nicus  atque  Drusus  ovantes  Urbem  inlroirent.  Slrucli  et  Arcus  circum  latera  lcmj>li 


88  DKSCIUPTION  DK  UOME. 

Blarlis  l'iloris,  cuin  ini;;io  C.ïsaiiim:  Ixliore  Tiberio,  ijuia  pacem  saiiienlia  (iimaveral, 
quam  si  bellum  pcr  acies  confecisset.  Tac.  Ann.  Il,  64. 

156.  Voie  du  FoniM  de  Mars.  Entre  le  Forum  dWiii^iislo  et  le  monl  Capi- 
loliii.  Elle  partîiil  du  Koruni  romain  el  aboulissail  à  la  Porte  Uatumena. 
I.  Nous  reliouvons  celle  voie  dans  la  Via  di  Marforio.  Voy.  n*  13.5,  g  XYIII,  p.  87. 

137.  Tkmpi.k  et  autei.  de  Janis  Bifrons.  Après  la  réunion  des  Sabins  et  îles 
Romains,  vers  l'an  6  ou  7  de  Rome,  Romulus  cl  ïatius  bâtirent  ce  temple  entre 
le  monl(]apiloliii  et  le  monl  Quirin.il ,  pour  ainsi  dire  sur  l'ancienne  frontière 
des  deux  peuples.  Il  se  trouvait  à  gauche  du  Forum  d'Auguste,  et  près  de  la 
Basilique  ^Emilia  [n°  131].  11  était  (piadrangulaire,  tout  en  bronze,  et  si  petit', 
qu'à  peine  il  abritait  la  statue  dorée  du  dieu,  placée  au  milieu  de  l'édifice. 
Celle  statue,  également  en  bronze,  avait  deux  visages,  dont  l'un  regardait  vers 
l'orient  et  l'autre  vers  l'occident.  Ce  temple  était  le  seul  où  l'on  honorât  Janus 
connue  dieu  de  l'année,  le  seul  même  à  Rome  où  était  sa  statue.  L'autre  lemple 
de  Janus,  situé  en  dehors  delà  porte  Carmentale  [voy.  plus  haut  n"  011],  et  qui 
servait  à  indiquer  quand  Rome  était  en  guerre  ou  en  paix,  n'en  avait  point, 
non  ])lus  qu'aucun  des  Arcs  ou  des  petits  temples  consacrés  à  ce  dieu  dans  di- 
vers ([uarliers  de  la  ville.  L'autel  du  dieu  est  devant  le  teuqile. 

I.  liasiiica  l'auli. 

ïcmplum  Jani.       Sext.  Par.  de  reg.  urb.  Romœ,  VIII. 

II.  Ti-mplum  .lani.  P.  Yict.  ibid. 

III.  Ovide  s'adressanl  ;\  Janus,  lui  dii  : 

Cur  lot  sint  Jani,  cur  slas  sacralus  in  uno. 

Hic  ubi  juncta  foris  lempla  duobus  habes?    Ov.  FasI.  I,  v.  237,  238 

IV.  Ad  Janum. 

Pervius  cxiguos  habitabas  anle  Pénales, 

î'iuiima  qua  médium  Homa  lerebat  iler. 
Nunc  lua  Ca?saieis  cinguntur  limina  donis; 

Kl  fora  loi  numeras,  Jane,  quoi  ora  geris.         Mart.  X,  28. 

V.  Piile  invocal  [Janum]  quia  ipse  faciondis  fo-dcribus  pi-wesl.  Namque  poslqnam  Ro- 
mulus el  Tilus  Talius  in  fœdcra  convcnerunl,  Jano  simulacrum  duplicis  fronlis  elTeclunii 
est,  quasi  ad  imaginem  duorum  populorum.  Serv.  in  JEneid.  XII,  v.  198. 

VI.  V-'/il  Oî  T5V  vîijv  iv  T>j  àyjf^v.,  —fio  Tîj  /25u).£y7/;/;ti!;  à'j.iyoy  j-îysSy.vTt  tk  Tpi'x 
•tira'  oÎItw  -/xp  Vufj.aioi  ràî  Moipx;  v£v5//'V.aî£  v.vJ.Cvr  b  ts  vîw;  âîïx;  yu/.yoûç,  èv  Tîr^a- 
yw'ji  nyriij.'xzi,  l't/Tvjy.î'  lOoo'jTOi  [j.'vj,  ôUv  rà  'j.-/cÙ~ij.x  zoû  lâvov  a/.i~siv  ïori  â't  yxr/.O'j-i 
oùy  fi'iov  r,  —r,y'jy/  tïî'vt;  rà  à'yaX'/z  tîStî,  -rà  ,u.£v  a/./x  —'JL'H'J.  I/zscCî;  v.-jOprJ>—oj  oi—pi- 
is'j)~o-j  oï  T/jv  y.io%>.r,-j  ïyo-y  /.'A  Toy  T.prizd-ou  Bù.-zipo-/  //.kv  izfoi  v.-j'isyo-^-a.,  -zb  ot  tztpo-> 
Tzpbi  oiiojzv.  YÎKio-j  rs-px-7ui-  Ojpxt  zs  ycù./.y'ièzi'  è/.v-ép'ji  Ti/issii-oj  shh-  v.;  or,  cv  «sv 
eXprc^'n  fM  à.yy.doii  iTii'iOsGOxi  zb  TCui.uiby  PotuMoi  èjôy.ii^o-^'  tzoIz/j.'hj  ik  ipiiiv  o-jzoç, 
à.-Js.'jiyGv.i.  Procop.  de  Bell.  gnll.  I,  23  i. — Dans  ce  passage  le  mot  ^yAvjTr,pio-j  doit 
désigner  la  Basilique  ^Emilia  [n»  tôt],  ou  un  édifice  voisin,  bàli  beaucoup  plus  lard,  et 
nommé  Secretarium  scnfli»5.  L'église  S.  Adrien  ^.Xolli  n''  94;  Lelarouilly,  rion.  I,  73J, 
qui  occupe  remplacement  de  la  lîasilique  .^ilmilia,  était,  pendant  le  movL'n-àge,  desi- 
gnée comme  étant  m  Tribus  Faits.  Procope  confond,  dans  sa  description,  le  temple 
de  Janus  dont  nous  nous  occupons,  cl  celui  situé  hors  de  la  porte  Carmentale  [n°  99], 

VII.  Autel  de  Janus.  Il  est  en  deiiors  du  lemple.  'C'est  Janus  qui  parle)  : 

Ara  milii  posila  est  parvo  conjuncia  sacello  ; 
Ihec  adoiel  llanimis  cum  strue  farra  suis. 

Ov.  Fast.  I,  v.  273,  276. 


'  /Edem  vcro  liabct  [Janus]  in  Inio  pro  Curiri,  ])nulo  supra  Tria  Fala  :  sic  Ilomani  Parcas, 
vocare  consuevcrunt.  Satellum  illiul  loliiin  ex  .vrc.  con.sl.il,  quadrala  forma,  caqiic  niai;nitii- 
diuc  qii.T  \ix  Icjîcndo  Jani  simidacro  siifliciat.  Iluc  autcni  fiisiiin  olia.ii  pv  .rn;,  et  quinqiic 
salteni  cutiitii^s  ionyuni,  c.x'lcra  quiilrni  lioiniui  sirnilc  csl  ;  sed  liifrons  caput  liabct,  vulluqtic 
luio  solcin  orieniciii  spcclat,  altcro  OLciilonlciii.  Ad  vulltiin  utriimqiic  slant  fores  alicnea;,  qiiis 
il)  pace.opliniisquc  tcmporibussolcbant  olim  r.omani  claudcrc,  riirsus  palcf.iccrcquuui  bclluni 
"urertnt. 


UEGIOiN  Viii.  — FOUUM  KOMAIN.  80 

Ylll.  Sinltie  de  Janus.  —  Scopas  an  l'raxilcles  fcccrit  :  item  Janus  palcr  in  suo 

Icmplo  dicalus  ab  Auguslo,  ex  .Egyplo  advcclus,  ulrius  manu  sil,  jam  quidem  cl  auio 
ornilialur.  Plin.  XXX.V1,  5. 

IX.  Nfl  nicsc  di  Marzo  183i,  ncl  pralicarsi  nuovc  esravazioni  nci  contorni  dell'  Arco 
di  Scttiniio  Scvcro  si  t^  liiivcnulo  il  |)ianlalo  del  pirrolo  icmpio  di  Giano  fatiioso  nclla 
romana  storia.  MELciiiORni,  Guida  di  Jtoma,  pari.  III,  p.  74  6. 

158.-130.  Janus  SUPÉRIEUR.  —  Janus  inférieur.  —  Entre  les  deux  :  Janus 
Médius.  Les  doux.  Janus  étaient  de  petits  Arcs  quadrangulaiies,  percés  de 
quatre  portes,  une  sur  chaque  face,  et  décorés  de  statues  dans  des  niches.  Ils 
s'éhnaient  sur  le  Forum,  à  gauche  de  la  voie  Sacrée,  le  premier  du  côté  du 
Tribunal  du  préteur  [n°  128];  le  second,  vis-à-vis  de  la  Basilique  yEmilia 
[n"  1 3 1 J.  L'espace  compris  entre  ces  deux  monuments  était  appelé  Janus  Médius. 

I.   Pulcal  Libonis. 

Jani  duo  celcbris  mcrcalorum  locus.         P.  Vict.  de  Reij.  urh.  lïom.  VHI. 

H.  Jani  pt-r  omnes  regiones  incrustât!  et  adornati  signis,  duo  prœcipui  ad  Arcum 
l'abiaiium,  superior  et  inferior.  P.  Vict.  Ibid.  in  fin. 

III.  IIa?c  Janus  Summus  ab  Imo 

Prodocct.  HuR.  I,  Ep.  1,  v.  54. 

IV.  Duo  Jani  ante  Basilicam  Pauli  sletcrunt,  ubi  locus  erat  fœncratorum  :  Janus  di- 
ccbalur  locus  in  quo  solcbanl  con>enire  fœneratores.  Acrûn.  in  IJor.  11,  Ep.  1,  v.  54. 

V.  Ad  Janos  qui  sunt  in  regione  Basilicœ  Pauli ,  fœneratores  consislunt.  Porphyr. 
in  llor.  loc.  sup.  oit. 

VI.  Janus  médius. 

Posiquam  omnis  res  mca  Janum 

Ad  Médium  fracta  est,  aliéna  negotia  euro, 
Excussus  propriis.  Hor.  Il,  S.  3,  v.  18-20. 

VII.  Janus  Médius  locus  diclusprope  Basilicam  Pauli,  ubi  vasa  renea  vcnnndabanlur, 
vel  locus  in  Rostris,  in  quo  experlus  erat  paupertalcm.  Ad  médium  autem  idco,  (juia 
in  Rostris  simulacrum  Jani  erat,  ubi  res  pccuniaria^  agebanlur  per  fa-ncralores.  Jani  sta- 
lu;r  très  erant,  ad  unam  illarum  snk'bant.con\enire  creditorcs  et  fœneratores,  alii  ad 
reddendum,  alii  ad  locandum  fœnus.  .\cron.  in  llnr.  loc.  sup.  cit. 

VIII.  Sed  iila  statua  paimaris,  de  qua,  si  meliora  tempera  essent,  non  posscm  sine  risu 
dicere  :  L.  .Vntomo  Jam  medu  patrono.  Itane?  Janus  Médius  in  L.  Antonii  clicnlela  sil? 
quis  unquam  in  illo  Jano  invcntus  est,  qui  L.  Antonio  mille  nummum  ferrel  expensum? 
Cic.  l'/ii/ipp.  VI,  5. 

l.X.  Sed  loto  boc  de  génère,  de  quaerenda,  de  collocanda  pecunia,  etiam  de  ulenda, 
commodius  a  quibusdam  optimis  viris,  ad  Médium  Janum  sedenlibus,  quam  ab  ullis 
philosopliis  ulla  inscliola  dispulatur.  Cic.  de  Offic.  II,  23. 

140.  Le  Canal.  Voie  qui  coupe  le  Forum  dans  sa  largeur,  depuis  la  Grie- 
coslase  [n"  124 1  jusqu'au  temple  de  la  Fortune  [n"  86]. 

I.  In  Fore  infimo  boni  bomines  alque  dites  ambulant. 
In  medio  propter  Canalem,  ibi  ostenlatores  mcri. 
Confidentes,  garrulique  et  malevoli  supra  l.acum. 

Pi.AiT.  Curcul.  IV,  1,  V.  14-16. 

II.  Le  mot  canalis  signifiait  aussi  chemin  public.  On  le  trouve  avec  ce  sens  dans  le 
Code  Tbcodosien,  liv.  1,  leg.  5  et  15,  de  cursu  publico.  —  La  parlie  de  voie  antique 
découverte  au  pied  de  la  Colonne  do  Phocas  [Letarouilly,  rion.  X,  26]  est  un  reste  du 
Canal. 

\\\.  Lac  Curtius.  Emplacement  d'un  ancien  goufire  ou  marais  situé  à  peu 
près  au  milieu  du  Forum,  sur  le  bord  du  Cnwtl  [n»  I  iO],  et  nommé  ainsi  du 
Sabin  Mélius  Curtius,  qui  s'y  précipita  peiulaul  la  guerre  entre  Romulus  et  Ta- 
tius.  Du  temps  d'Auguste  le  gnullre  élait  comblé,  et  sur  son  emplacement,  il  y 
avait  un  petit  autel  oml)ragé  par  un  liguier,  une  vigne  et  un  olivier  sauvages. 

I.  Eodem  anno  [393]  seu  molu  terra",  seu  qua  vi  alia  Forum  médium  ferme  specu 
vasto  collapsuni  in  inmiensam  alliludincm  dicilur.  i' Dévouement  de  Curtius.  ;  Tit.-Li\. 
VII,    6. 


90  DESCRIPTION  DE  ROME. 

II.  Cum  aulcm  in  mcdi.i  parle  Fori  vaslo  ac  rcpcnlino  hiatu  terra  subsidcrcl,  elc. 
(Récit  du  dévouement  de  (^urtius).  V.  Max.  V,  6.  2. 

III.  In  Foro    Larum  Curlium  a  Curlio  dicluni Curlium  armatum  ascendisse  in 

cquum,   et  a   Conrordia  versutii,   rum  equo   eo  pra'cipilaluni.  Vakh.  L.  L.  V,  g  H8. 

—  La  circonstance  de  Curlius  se  tournant  \ers  le  temple  de  la  Concorde  [n"  83] 
prouve  que  le  gouffre  s'ouvrit  dans  la  partie  du  Forum  avoisinant  ce  temple. 

IV.  l'iso  in  Annalibus  scril)it,  Sabino  bello,  quod  fuit  lîomulo  et  Tatio,  virum  forlissi- 

mum  Metium  Curtiuni  Sabinum in  locuni  palustrcm  qui  luni  fuit  in  Foro,  antequam 

cloaca;  sunl  factœ,  secessisse,  atque  ad  suos  se  in  Capitolium  récépissé  ;  ab  eo  lacum 
invenisse  nomi-n.  Varr.  L.  L.  V,  §  149. 

V.  Denys  d'Halicarnassc  après  avoir  raconté  l'aventure  de  Curtius,  ajoute  :  oCtoî  o 
rànoi  à..>ux.i-/ui:TM  ij'vj  rjâr,,  ■/.v.Kîizy.i  o'  iî  èx-shou  to'j  TTc/.O'jUi,  Kc/ii^yTioi  l'Jf-Oi,  l-j  jj.iz'jt 
Ixcrli'^Ta.  wv  Tvj,-  Vdifj.'Jlwi  ù:/Of,y.i.  D.  HaLIC.  II,  42  1. 

VI.  Forluito  satu  [ficus]  vivil  in  medio  Foro,  qua  sidenlia  imperii  fundamenla  oslenlo 
falali  (Curlius  ma.xiniis  bonis...  expleverat.  .E(iue  forluila  eodem  loco  est  vitis  atque  olea, 
umbiic  gralia,  sedulitate  plebeia-  sal<T.  Ara  inde  sublala  gladiatorio  niunerc  divi  Julii, 
quod  novissime  pugnavit  in  Foro.  Plin.  XV,  18. 

VII.  Curlius  ille  Lacus,  siccas  qui  suslinel  Aras, 

Nunc  solida  est  tellus,  sed  lacus  ante  fuit. 
Ov.  Faa.  VI,  v.  403-404. 

VIII.  Plutarque,  après  avoir  raconté  le  dévouement  de  Cuitius,  ajoute  :  <)//îv  cuv  ri- 
7T05  ol  àxîl-jo-j  £-£  -yïiJ  K'ixjf.TiOi  \y:/:/.Oi  iv5//iÇ£Ta(.  I'ldt.  Romu/.  18  -. 

IX.  Stace  parlant  de  la  statue  de  Domitien  élevée  au  milieu  du  Forum,  fait  ainsi  allu- 
sion à  Curtius  : 

Ipse  loci  custos,  cujus  sacrala  vorago 
Famosi  que  Lacus  nomen  memorabile  servant, 
Innumeros  œris  sonitus,  et  verbere  crudo 
L't  sensil  mugire  Forum,  movet  horrida  sancto 
Ora  situ,  meritaque  caput  venerabile  quercu. 

Stat.  Sylv.  I,   1,  v.  66-70. 

X.  E'/iiÇaXivTo;  o'  £t?  tyjv  àyopccv,  6j<jnsp  rpàucuv.  -■'rjiJ.u.roi,  /..  t.  \...  V.'fUhovTO 
TT/JWTOv  tTïTiil-:,  sïza  oTi/'iTxi,  oià  TTJj  ÏIolùIoo  jixTÙ.i/.vj;  -po'-j'Yîf.àiJ.tyoï.  Plut.  Galb.  26. 
— Tôv  c'î  YùkSx-j,  ù.T:oK\i.vdi\iTOç  loXj  ^opiioij  ~sp\  riv  Kojp-:huxv.loiip.v/'jyMJ'://.o\i,  èK/jj- 
Xtc^î'vra  Tsdupa.Kti7y.é-Jov  é'zumov  ènt^pa/j-ô-^Tii.  Ibid.  27  3. 

142.  Statue  ÉQUESTRE  DORÉE  de  César-Octave.  Yis-à-vis  de  la  Curie  Jiilia 
[n°  4221 ,  au  milieu  du  Forum,  près  de  rancien  emplacemenl  des  Rostres.  Elle 
fut  décernée  par  le  Sénat  au  jeune  Octave,  l'an  718. 

I.  Eum  [Cœsarcm  Octavium]  senatus,  honoratum  equestri  Statua,  quae  hodieque  in 
Rostris  posila,  œtatom  ejus  indicat.  Paterci.l.  Il,  61.  —  Nous  pensons  que  in  Rnslris 
désigne  l'ancien  quartier  des  Rostres  qui,  sans  doute,  par  la  force  de  l'babitude,  avait 
conservé  son  nom. 

H.  Kul  TOI,-  iinàroi?  Ipi'w  xkI  nâvaa  Katia/îa  nuoT pcmYr/Cu  ou  vûv  ky^u  szpxToî/,  èni- 
ypunà'j  T£  cLÙzo'j  duo-JOL  -rzO^voiLi.  Appian.  de  Bell.  civ.  III,  p.  907*. 

III.  E'x  oï  Tôiv  S'IiYifiiijAvoi-v  111J&-J  iSiys.to  tïoil'.ttyiv,  è-!:r,aiov  i-  iipoiJ.r;Àa.-J  civat  /.«</'  «; 
■i,lJ.ipa.i  èvUcc,  xu.ï  iTTtvt'xtoj  iv  à.yopx  ypù^soi  kozù-jui  /j.-zv.  <jyo/j.ci.TOi  ovTîîp  éyoiv  èar,'/ds, 
Tiipf/.siiJ.i-Jt/i  rCi  Kiovi  vsdjv  èp.^à\'jy^,  /m  estïj  jj-Ïv  ■})  six&jv  i'ni'/pa.j'r,-'^  iyouaa.,  o-t  THN 
ElPH'iMlN  'L'i;ïA2IA2ME'NH  E'K  noAAOT  EYNESTHSE  KATA'  TE  FHN  KAl  0A'AA:i- 
iAN.  Appian.  de  Bell.  civ.  V,  p.  1177 s. 


*  Iste  locusjam  terra  congesta  est  repletus:  adliuc  famen  ob  illum  casum  vocatur  Curtius 
Lacus,  qui  ferme  in  medio  Uomanorum.  Foro  est.  =  -  Locus  ah  eo  ctiam  liodie  Lacus  Curtius 

dicitur.  =  ^  Postquam  in  Forum  pervcnit,  quasi  venti  conversio,  etc Couspecti  sunl  ])rimo 

équités,  mox  pedites  a  Basilica  Pauli  advolare.  —  Galba;,  evcrsa  lectica  ad  Lacum  Curtiura, 
provoluto  et  in  lorica  jacenti  inycsserunt  vulnera.=  *  Addilumque  decrcto  ul  cum  Ilirlio  Pan- 
saque  p.iri  imperio  Ciesar  pra^esset,  eis  quas  lum  liabebat  copiis,  et  aurata  ci  poncretur  statua. 
=  ^  Ex  honoribus  autem  pcr  S.  C.  oblatis  accepit  tliensam  in  circcusibus,  et  aunua  solennia 
diebus  Vicforiaî,  auratamque  pro  Kostris  slatiiam,  quae  ad  veram  effiyiem  expressa  est,  cum 
boc  titulo,  Ob  pacein  f)ost  dinhirna  hclla  terra  marique  redditam. 


RÉGION  VIII.  — FORUM  ROMAIN.  01 

l/iS.  Le  Mille  n'on.  Un  pou  an-dessoiis  «lu  lomplo  de  Saturno  [n"  8S],  vors 
la  Basilique  Jiilia  [n°  115]  el  rentrée  du  Vicm  Jnqdrins,  il  y  avait  une  colonne 
cylindri(iue  en  marbre  blanc ,  liante  de  dix  pieds  sur  deux  de  diamètre  envi- 
ron ,  qui  servait  de  point  de  départ  pour  compter  les  distances  sur  tontes  les 
routes  de  Tltalie.  Son  fût  supportait  une  boule  de  bronze  doré  surmontée  d'un 
petit  cône  triangulaire  allongé,  de  même  métal,  et  cet  ornement  avait  valu  à 
la  colonne  le  nom  de  Mille  d'or.  Cette  colonne  fut  érigée  par  Auguste,  l'an  7:î 4. 

[j.ù.io-\>  y.siù.YjU.évo-J  imri'jS.  DiON.  LIV,  8  '. 

II.  In  Veiabrum,  inde  ad  Milliarium  aureum,  sub  setlc  Saturni,  pcrgit.  Tac.  Uisl. 
1,  «27. 

III.  lit  se  in  Foro,  sub  œde  Saturni,  ad  Milliarium  aureum  opperiielur.  Suf.t.  Otho.  6. 

IV.  Mensura  currenle  a  Miiiario  in  capile  romani  Fori  slatulo.  Plin.  111,  ^-  , 

V.  àtàrvïs  TL^'.fAou  y.akoDiJ-iv/ii  ouic.i;  xaraSài,  èëc/.âi^-.-J  d?  àyopàv,  ou  xpwjcvi  sÎîtïj- 
Kct  y.LOiv,  iU  ôv  câ  zF.rfj.-rifJSva.i  z-zii  Ixalici  hSo\  Tiy.tjv.i  zà^suzo^Giv .  Plut.  Galb.  24  -. 

VI.  JEdos  Opis  et  Saturni  in  vico  .lugario. 

Milliarium  aureum.  P.  Vic.t.  de  lleg.  urb.  Romw,  VIII. 

VII.  Milliarium  aureum  .Tulia-.  Notit.  imperii.  —  Le  mot  JuHw  a  fait  conjecturer, 
avec  beaucoup  de  vraisemblance,  que  le  Mille  d'or  était  auprès  de  la  Basilique  Julia. 
La  préposition  siib  des  §  II  et  III  confirme  celle  conjecture  ;  en  effet,  le  Mille  d'or 
auprès  delà  Basilique  Julia  était  littéralement  au-dessous  du  temple  de  Saturne,  parce 
que  plus  on  s'approchait  du  Vélabre,  plus  le  terrain  allait  en  s'abaissant.  La  désigna- 
lion  de  Pline,  m  capile  Fori  romani,  ajoute  encore  à  la  force  de  notre  conjecture. 
Ouclques  archéologues,  oubliant  les  textes  que  nous  avons  cités  ici,  avaient  pensé  que  les 
milles  se  comptaient,  non  à  partir  du  Forum,  mais  des  portes  de  la  ville  ;  celle  opinion 
a  été  victorieusement  réfutée  par  Danville,  qui,  examinant  toutes  les  roules  sortant  de 
Bome,  et  les  suivant  jusqu'à  une  assez  grande  distance,  prouve,  tant  par  les  textes  an- 
ciens que  par  les  mesures  prises  sur  les  lieux,  que  les  milles  se  comptaient  réellement 
à  partir  du  Mille  d'or.  Voy.  Mém.  de  VAcadém.  des  Inscriptions,  t.  XXX,  p.  198 
et  suiv. 

VIII.  Iconographie.  Nous  avons  décrit  le  Mille  d'or  d'après  une  semblable  colonne, 
trouvée  en  1585  sur  la  voie  Appia,  à  un  mille  de  Rome,  et  qui  se  voit  maintenant  sur 
la  balustrade  de  la  place  du  Capitole,  ;\  droite  en  arrivant  par  le  grand  escalier  à  cor- 
doiiata.  Elle  a  7  mètres  7  centimètres  de  hauteur,  et  65  centimètres  de  diamètre.  Elle 
se  trouve  figurée,  un  peu  grossièrement  dans  Gruler,  p.  154,  n^  4,  el  représeniéc  avec 
plus  d'exactitude  dans  l'estampe  de  la  feuille  9  du  plan  de  Nolli,  et  aussi  dans  l'es- 
tampe de  droite  du  plan  de  M.  Lelarouilly. 


NOTE    SUR   CETTE   QUESTION   : 
y  AVAIT-IL  DES  MAISONS   PRIVEES  SUR  LE   FORUM  ? 

On  aura  remarqué  sans  doute,  que  sur  la  place  appelée  proprement  le  Forum 
romain,  nous  n'avons  indiqué  aucune  habitation  privée;  c'est  qu'eflectivement 
il  n'y  en  avait  pas.  Nous  prendrons  la  liberté  de  citer  d'abord  notre  Plan 
comme  preuve,  parce  que  le  lecteur  a  pu  se  convaincre,  dans  tout  ce  qui  pré- 
cède, que  rien  n'y  est  arbitraire  :  la  topographie,  ainsi  que  les  proportions  de 
nos  édifices  y  sont  d'une  rigoureuse  exactitude  pour  tous  les  monuments  authen- 
ti([ues,  et  d'une  vraisemblance  soigneusement  étudiée  pour  ceux  dont  il  n'existe 
plus  de  ruines.  On  voit  donc  qu'il  ne  restait  vraiment  pas  de  place  pour  les  mai- 
sons privées.  Nous  croyons  que  même  dans  les  temps  primitifs  il  y  en  eut  fort 
peu  :  en  elfet,  dans  les  historiens,  il  est  quelquefois  question  de  tavernes,  de 


'  Tune  atitcm  ipse  [Aufjustus]  viariim,  qu.f  suntcircaUomam  curator  constitutus, Milliarium 
aureum,  quod  vocalur,  fecit  [an.  734].  =  -  Per  Tiberii  domum,  quam  vocant,  descendit  in 
Forum,  ubi  aurea  columna  est  posita,  in  quam  via;  militares  Italioe  omues  desinunt. 


92  DESCKllTlOiN  DE  UOML:. 

portifjucs  situés  sur  le  Forum,  mais  presque  jamais  «le  maimm  privées.  Nous 
ne  nous  rappelons  (pu-  deux  (iésij,Mialions  «le  cctUs  dernière  sorte,  l'une  pour 
la  maison  (I(î  Ma'oius  [vov.  plus  haut,  n"  121,  §  Ij,  et  l'autre  dans  un  pas- 
sage où  Ap]iien,  raconlani  les  funérailles  de  Clodius,  dit  que  la  Curie  llostilia 
l'ut  brûlée  avec  qucIqKcs  maisons  des  environs  [voy.  n"  122,  §  X].  Il  paraît  rer- 
lain,  néanmoins,  (pie  vers  la  lin  de  la  républitpie  il  n'y  avait  plus  «le  maisons 
sur  le  Forum,  cl  voici  ((uelques  témoignages  qui  le  prouvent  assez  clairement  : 

olô/ji-JOi  shv.i  ToXi  7r/£!5v«,-  vlloui  im  Oiicjxç  K'jTsû  ■f'iiry.:/.  I'llt.  Mar.  32  >. 

II.  Oio'^  OifA-Ji'i-JTOi.i  tUVdturiJ  /M  ■j'ù.O'ji  i-îjj.TZO.',  ol/i'/.i  TXf.o/7-u.'/.r,po/j.;voj;  r/yù; 
à.yofjv.i,  cûj  oLj-i/x  fi.sTto-j-zîi  ù.f^yy.^.  Pll't.  Pomp.  66  *. 

III.  Ilî7/Tïî(v  âï  noX/.oùî  eli  P'j'>fj.r,-j  /j.iaOou/J.évoiii  /.xi  TZf^o/.a.-a.la.y.Cyyo-JTCci  ol/.iot.i-  iir.y.- 
■ziùojai  yy.p  y.'A  tsxpv.Tfiyou'JVJ  innrfiibiii,  w;  sjôùj  «^Ç^vrî, //.ïtk  tôv  rri>£/Jt5v.  Plit. 
Cœs.  /<2  3. 

IV.  Un  des  conjurés  de  Calilinn  renronlranl  les  Allobioges  sur  le  Forum,  et  ayanl  liâlc 
de  leur  parler  en  serret,  les  conduit  dans  la  maison  la  plus  proche,  dans  celle  de 
Déeinius  Itrulus,  voisine  du  Forum.  Illc  cos  in  domum  Uecimi  Bruti  perducit  quod  Foro 
propin(|ua.  Sai.l.  Catil.  4  0. 

(lomme  il  n'existait  aucuns  motifs  pour  que  les  ambitieux,  ne  se  logeassent  pas 
sur  b;  Forum,  eenire  de  toutes  les  Ijrigucs  polititjues,  plutôt  qu'aux  enrironfi, 
s'ils  ne  le  firent  |>oint,  c'est  tpie  cela  n'était  pas  possible.  On  sait  d'ailleurs  qu'à 
cette  époque,  cl  plus  tard,  les  maisiins  des  plus  importants  citoyens  étaient,  et 
lurent  dans  les  quartiers  excentriques,  ou  un  peu  excentriques  :  César  logeait 
dans  Subure  [Voy.  n»  13,  et  129,  §  V1H|  ;  Pompée,  dans  la  IV^  région  [n"26]  ; 
Mamtirra,  au  monlCa'lius  [n"  10];  Cicéron,  Clodius,  Scaurus,  au  mont  Palatin 
fn"^  234,  23o,  237j;  Lucullus,  à  la  Colline  des  Jardins  [n"  189];  Asinius  Pol- 
lion,  au  mont  Esquilin  [n"  16];  etc.,  etc.  Nous  croyons  qu'après  ces  explica- 
tions on  nous  accordera  qu'à  celle  époque  il  n'était  pas  possible,  pour  rester 
dans  le  vrai,  de  mettre  sur  le  Forum  d'autres  édilices  (pie  des  monuments  pu- 
blics. 


=*  Rejjressusad  Urbem  [Marius],  domum  exslriixit  propter  Forum,  vel  (ut  ipse  dicebal)  ne 
clientibiis  suis  esset  longiiisiro  jjrave,  vcl  quod  ea  rc  credcret  fore,  ut  plures  alil  domum  suam 
relchiarcnt.  =  -  Alii  niiniso-os  iiccessariosqne  lioniam  miseront,  ad  propinqua  Foro  .Tdificia, 
quasi  niox  honores  pcîituri  occup.Tuda.  =^  '^  Mnlli  lîomani  millerent  ad  conduconda  et  occu- 
paiul:i  aidilicia  consid.Uuin  et  pr;cturuni  (jcreutihus  opporluna,  quasi  mox  a  bcllo  jjcsturi  magis- 
tratum. 


RÉCrON  IX.  — CIRQUE  FLAMIiNIIJS.  93 


REGION  IX. —CIRQUE  FLAMINIUS. 


Voici  la  région  la  plus  vaste  de  toutes  ;  dans  plus  de  la  moitié  de  son 
périmètre  le  Tibre  Tenveloppeau  N.  àPO.  et  au  S.  Elle  conline  auS.E. 
à  la  Xl'=  et  à  la  VIII''  région,  en  suivant  une  ligne  ([ui  part  du  ïi])i'e, 
longe  le  côté  gauche  du  théâtre  de  31arcellus  [n"  liij,  passe  devant  le 
Forum  Olitorium  (n"  261],  suit  le  pied  occidental  du  mont  (^apitolin,  et 
vient  joindre  la  voie  Lata.  A  TE.  elle  est  séparée  de  la  VU"*  région  par 
la  même  voie  Lata,  jusqu'à  l'extrémité  septentrionale  des  Septa  Julia.  Là, 
elle  se  détourne  vers  la  droite,  suit  les  arcs  de  Taqueduc  de  la  Virgo, 
et  vient  monter  sur  la  Colline  des  Jardins,  où  elle  s'étend  jusqu'aux 
parties  les  plus  éloignées  de  la  VI''  région.  Nous  n'avons  indiqué  dans 
la  IX'^  région,  qui  empruntait  son  nom  au  Cirque  Flaminius,  que  des 
monuments  et  point  de  maisons  particulières,  parce  qu'en  effet  on  ne 
trouve  dans  aucun  auteur  ancien  que  le  Champ-de-Mars  fût  hahité. 
Les  monuments  se  trouvaient  particulièrement  dans  la  partie  qui  tou- 
chait à  la  XI*^  et  à  la  VIII®  région;  le  reste  se  composait  presque  en 
entier  d'une  plaine  couverte  de  gazon. 

144.  Théâtre  de  Marcellus.  Sur  la  rive  gauche  du  Tibre,  presque  vis-à-vis 
du  pont  Fabricius,  qui  conduit  à  l'Ile  Tibérine.  Il  fut  commencé  par  César 
l'an  709,  achevé  par  Auguste  l'an  741 ,  et  dédié  sous  le  nom  de  Marcellus  son 
neveu ,  mort  dix  ans  auparavant.  11  était  en  pierre,  et  sa  muraille  extérieure 
était  décorée  d'arcades  formant  un  double  étage,  avec  colonnes  engagées. 
L'ordre  d'architecture  était  dorique  au  rez-de-chaussée,  ionique  au  premier 
étage,  et  corinthien  au  second.  A  l'intérieur,  ce  dernier  étage  se  terminait  par 
un  portique  en  colonnade,  qui  contournait  tout  le  théâtre,  derrière  ses  derniers 
gradins.  L'édifice  contenait  trente  mille  spectateurs.  La  scène,  dont  le  fond  se 
trouvait  formé  par  une  muraille  décorée  de  colonnes  et  de  statues,  s'adossait 
au  Tibre. 

I.  Jam  de  ornanda Uibe plura  ac  majora  in  dies  destinabat  [Ca?sar].  In  pri- 

mis.i..  tlieatrumquc  summœ  magnitudinis  Taipeio  monli  accubans.  Si:et.  Aug.  ki.  — 
Les  gradins  du  théâtre  de  Marcellus  sont  en  effet  comme  adossés  au  mont  Tarpéien. 

II.  0£'aT/îév  TS  T£  zarà  ràv  Xio ij.tiy,ïo-j  olv.oào iM,Qy.i  Ulù,r,zv.i,  T.pOAUxtZàXîxo  jj.ï-j,  oùy. 
è^eTélz(7z  os.  K/.lv.  roôro  jj-Ïj  h  h.-j-/njij-oi  /j.zzy.  tv-ûra  i/.r^oir.zy.i,  àuà  Mâpxou  Ma.py.eXl.ou 
Toû  àosl-fiDOu  VRWjbu.v.oi.  DiON.  XLIII,  49  1. 

III.  L's  10  iJ.-j-rii/.{io-j  è  o^ixoôo/xslzo  xv.ré6îT0,  zrj  ~s  fJ.'^yi/j^-(i  zoû  Ssc/.Tpou  rou  TTpo/.v.Tc.SXr,- 
5cVT0j,i«£v  ÙTTo  T5Û  Ky.iaupoi,  Map/.é'j,lotj  o;  oivoy.a.i7/j.é-jou,  èzifj.r^ç;.  DiON.  LUI,  30^ 

IV.  Msrà  âk  ^■ffzcâ/'JV.'zô,  Tê  diy.zpo-^  tq  ro"jM.ap-/.éXkou  yuXov/j.svov  xxdiépuGz.  DiON. 
LIV,  26  3. 


'  Tlieatriim  quoque,  exemple  Pompeii,  aedificare  instituit  [Cssar,  an.  709]  :  ac  fundanienla 
quidem  ejiis  jecit,  sed  non  aI)Solvit.  Augustus  vero  poslca  perfccit,  ac  iM.  Marcelli  sororis  sua; 
filii  nominc  dedicavit.  =  -  Anguslus  in  sepulcrum  quod  sibi  exstrueliat  condidit  [Marcclluni], 
niemoriaque  eum  thcatri  cjus  quod  ante  cœptuin  a  Ccesare,  Marcelli  dicluni  est,  lioncstavit 
[an.  73i].  =  '  Post  liœc  ihcatiuni  Marcelli  Augustus  dedicavit  [an.  ■;.]']. 


94  DESCRIPTION  DE  ROME. 

V.  QuiTdam  eliam  opora  sub  noinino  alieno,  ncpoliim  srilicct  cl  uxoris  sororisquo, 
Tecil  jÀuguslus]  :  ul  l'orticum,  liasiliram(jue  Lucii  el  Caii  ;  item  Poilitus  Livia-  el  Ocia- 
viœ,  Uieatrumque  Marrelli.  Si:et.  Auij.  29. 

VI.  Theatkv.m  au  .i;iiEM  ai'ullixis  in  solo  magna'  ex  parte  a  privatis  empto,  feci, 
OYOD  s\B  NOMi.NE  M.  Marceili  cexeki  mtescit.  LAP.  ANCYK.  col.  *  el  6. 

vil.  Àyj/:av9«'7)v  âk  Pw/>l«(ojv,  ^tî/î6tï;5î  vu/xfioç,  Katia/io;  0~j-/xrp,ï  ypojo-J  oj  r.o't.ù-j 
cuvo(/./;7aî.  ûi  oï  ztij.r,-/  ujroû  /.uï  //.v^//ï;v  O'xraSt'a  «jv  »]  iJ.r'-fip  tvjv  lii^îj lodri/:r;j  à-jéf/ry.î, 
Kcàaxp  as  </£5tT/s5v,  iTa-/f.à\ixi  Ma/:xî'»,5u.  Plut.  Marcel.  50  '. 

VIII.  Thcalium  Marcclli.  Capit  loca  XXX  mil.  ubi  eral  aliud  templum  Jani.  T.  Vict. 
de  Iteg.  urb.  Homœ,  IX. 

IX.  Octavia-  Porticus  dua;  appellanlur,  quarum  alleram,  Theatro  Marcelli  propiorem, 
Octavia,  soror  Augusli,  fecit;  alleram  Thcalro  Pompeii  proximam,  Cn.  Ontavius, 
Cn.  lilius,  qui  fuil  leil.  cur.  pr.  cos.  decemvirum  sacris  faciendis,  Iriumphavilque  de 
rege  l'erse  iiavali  iriumpho;  quam  combustam  reficiendam  curavit  Cœsar  Auguslus. 
Fest.  V.  Oclaviœ. 

X.  Iconographie.  Une  grande  parlie  du  Ihéâlre  de  Marcellus 
*C>-v___  /T^L/^^  existe  encore.  Son  intérieur,  détruit,  en  partie  remblayé,  est 
O"     ^~^\l  "Kjj  orrupc  aujourd'hui  par  le  palais  Orsini  [Noili,   n"  675;   Lcta- 

^y ».V......|;  #  rouilly,  rion.   XI,   16].  Le  fragment  ci-joint  du  plan  de  mar- 

%THEATRVM  ,  g  bre,  graNé  dans  lîellori,  lab.  XII,  a  fait  reconnaître  une  parlie 
%^\ARO^LLiVw  jg  |g  sc'.ne.  La  muraille  extérieure  du  théâtre  est  ce  qu'il  y  a 
de  mieux  conservé;  néanmoins  le  second  étage  manque, 
et  c'est  d'après  un  manuscrit  de  Serlio,  déposé  à  la  Bibliothèque  de  Florence,  que 
nous  avons  restauré  tout  le  haut  du  théâtre.  Piranesi  a  donné  le  plan,  la  vue  géomc- 
Irale  et  la  vue  pittoresque  des  ruines  importantes  du  théâtre  de  Marcellus.  Voy.  Campo 
Marzin,  tav.  Il,  XXVII;  Anlich.  rom.  tom.  IV.  tav.  XXV.  XXVI.  XXVII.  XXVIII  â 
XXXVII.  —  On  voit,  sur  les  planches  XXV  et  XXVI,  que  cinq  corridors  portant  des  ar- 
cades extérieures,  donnaient  entrée  dans  l'Orchestre,  et  que  sept  autres  débouchaient 
dans  la  première  précinclion,  celle  des  chevaliers.  —  On  trouve  aussi  le  plan,  la  coupe 
et  l'élévation  de  ce  théâtre  dansGualtani,  Monumenti  anlichi  inediti  per  Vanna  1789, 
gennaro  e  febraro,  tav.  II,  III.  —  Voy.  aussi  Desgodetz,  JSdi'^ce*  antiq.  de  Rome. 

i  4J>.    PORTIQDES  FROMENTAIRES  DE  MiNUCIUS. DeVANT   :    TaVERXES.    CeS  pOF- 

liques  étaient  sur  le  bord  du  Tibre,  entre  le  théâtre  de  Marcellus  [n°  1 44]  et 
celui  de  Corn.  Balbus  [n"  146].  Ils  lurent  bâtis  par  M.  jMinucius  Rufus,  qui 
triompha  des  Scordisques,  l'an  643.  C'était  là  que  se  faisait  la  distribution  des 
lessères  avec  lesquelles  le  peuple  allait  ensuite  chercher  une  ration  de  blé  dans 
les  greniers  publics.  —  Devant ,  étaient  des  Tavernes  où  l'on  vendait  des 
cheveux. 

I.  JEdes  Volcani  in  Circo  Flaminio. 
Minucia  velus. 

Minucia  frumentaria. 

Porticus  Corinthia  Cn.  Octavii,  quœ  prima  duplex  fuit. 
Crypta  Balbi. 
Jupiter  Pompeianus. 

Thealrum  Marcelli.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 
—  C'est  sur  cette  indication  assez  vague  du  régionnaire,  que  nous  avons  choisi  rem- 
placement des  greniers  de  Minucius. 

II.  (Juid  libet,  modo  ne  nauseet,  facial,  quod  in  porticu  Minucia  fecit  [Antonius]. 
Cic.   Phiiipp.  Il,  34. 

m.  Per  eadem  tempora  clarus  ejus  Minucii,  qui  Porticus,  quœ  hodieque  célèbres 
sunt,  molitus  est,  ex  Scordiscis  triumphus  fuit.  Patercul.  II,  8.  —  M.  Minucius  Hufus 
triompha  l'an  613.  Il  était  consul  aven  Sp.  Posthumius  Albinus. 

IV.  Ilerculis  signum  aeneum  sudavit  in  Minucia  per  plures  dies.  Lamprid.  Com- 
mod.  16. 


Is  [Marcellus]  in  aedilitate  sponsus  decessit,  quum  Caesaris  filiara  non  ita  pridem  iu  ma- 
trimoaium  duxisset.  In  cujus  lionoreni  et  ineinoriam  mater  Octavia  bibliothecam  dedicavit, 
C;esar  theatrum,  quodnomine  Marcclli  inscripsit. 


RÉGION  IX.— CIRQUE  FLAMINIUS.  95 

V.  Aliusad  Minuciam  frumcnlariam  veiiil,  cl  aliis  iii  juilioiis  dirilur  dios,  etc.  ApuL;T:. 
lie  Mundn. 

VI.  Tavernes  de  marehands  de  cheveux.  —  Nous  oonjerturons,  d'apri^s  lo  passa;;» 
ri-dessous  d'Ovide,  que  ces  tavernes  étaient  vis-à-vis  du  temple  d'IIcrcuic  aux  Muses 
(nO  135J  : 

Femina  procedit  dcnsissima  rrinibus  emplis; 

Proque  suis  alios  cfïïcit  œre  sues. 
Ncc  rubor  est  émisse  paiam  :  vcnire  vidcmus 

Herculis  ante  oculos  Virgineumque  chorum. 

Ov.  Àrl.  am.  111,  v.  165-168. 

14G.  Théâtre  DE  CoiiN.  Balbus.  Cornélius  Balbus,  l'un  des  partisans  de  Cé- 
sar, et  qui  i'ul  consul  subrogé  l'an  714,  bâtit  ce  lliéàtre  d'après  l'invitation 
d'Auguste.  Il  y  consacra  le  produit  du  butin  fait  sur  les  Garamantcs,  peuple 
d'Afrique  dont  il  trionipba  l'an  710.  Ce  monument  qui  contenait  trente  mille 
quatre  cent  vingt-cinq  spectateurs,  fut  placé  à  l'entrée  du  Champ-de-Mars 
proprement  dit,  adossé  au  rivage  du  Tibre,  au  droit  de  la  pointe  en  amont 
de  l'Ile  Tibérine,  et  dédié  l'an  741. 

I.  Thealium  Balbi. 
(^.rypta  lialbi. 

Poitirus  Corinthia  Cn.  Octavii.  Sext.  Ruf.  de  lieg.  urb.  Romœ,  IX. 

II.  Porlicus  Corinthia  Cn.  Oclavii,  qua;  prima  duplex  fuit. 
Crypta  Balbi. 

Thcatrum  Balbi.  Capilloca  XXX  M.  LXXV,  seu  XXX  M.  XCV.  Cl.  Csesar  dedicavitet 
appellavila  vicinilale.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

III.  IL  yu.1  T\jyz  yy.p  i\  d.-f/ù.w  Tr,ç,  «^(lîWi  oùxoïi  iv  sxît'vafj  tkÏî  ii/j-épat;  iç  rà  «ctu 
i'^Ooï/ax,  è-J  ULi  Kop-j-rihiii  BàlSoi  tô  ÔsocTpjv  rà  xxï  viv  xuloiifj.svov  ktî'  cùtoïi  y<.x8i-p(>'ti;a.i, 

Oc'aj  £7:£T£/£f  iTTt    Tî  TOÙTM,   WJ   zat   OLJTOÇ    TOV    A'JyOUOTOV    liTav&;?&JV    ii;-/J.vÙ-J£ZO    {xaÎTOt 

iiTzb  -ou  Ttlrfloji  xj^v.zoi  o—ip  b  TiS-pii  7r)iîov«cas  èT:sT:of/;-/.si,  p.rfik  iasVOslv  èi  zh  dsx- 
TpOV  ei  fxr,  7T)i^tW  Ojvrfidi).  DiON.  LIV,  2S  1. 

IV.  Sur  l'édiricalion  du  théâtre  par  Balbus,  voy.  n»  88,  g  XV.  —  Sur  la  personne  de 
Corn.  Balbus  voy.  Cic.  ad  Allie  ."SWX,  9  ;  Plin.  VII,  -iS.  Sur  son  triomphe,  V.  Pmn.  V,  5. 

V.  Nec  Augustus  arcuerat  Taurum,  Philippum,  Balbum,  hostiles  exuvias  aut  exun- 
danles  opes  ornatum  ad  Urbis  et  posterum  gloriam  conferre.  Tac.  Ann.  III,  72. 

VI.  Iconographie.  On  a  retrouvé  quelques  restes  de  ce  théâtre  dans  un  endroit  ap- 
pelé aujourd'hui  monte  ou  Piazza  de''  Ccnci  [Nolli,  n"^  749,  756;  Lelarouilly,  rion. 
Vil,  31,  33],  monticule  formé  par  les  ruines  mêmes  du  monument.  Voy.  Piranesi, 
Campn  Marzio,  tav.  11,  n"  14,  et  tav.  XXVIII.  Dans  la  légende  de  la  planche  III,  con- 
tenant un  plan  général  de  Rome,  l'illustre  antiquaire  dit,  sous  le  n^  61  :  —  Avanzi 
délie  soslruzioni  del  teatro  di  Balbo,  dclle  cui  rovine  si  è  formato  il  tumulo  che  s'innalza 
alla  Regola.  Si  vcggono  in  una  osteria  sotlo  il  palazzo  Cenci,  in  riva  al  Tevere.  » 

VII.  Attenderà  forse  che  io  parti  di  quelle  piccole  eminenze  cognite  sotto  il  nome  di 
monte  Citorio,  di  monte  Giordano,  e  de'  Cenci...  Ho  dette  essere  tumuli  artifiziali  ;  'ed 
il  sig.  Xibby  molto  sagacemente  opina  che  provenga  la  prima  dalle  rovine  del  teatro 
di  Slalilio  Tauro,  e  1'  ultima  da  quelle  di  Balbo  diroccato  esso  stesso.  Tulte  le  indagini 
faite  su  queste  eminenze  null'  allro  hanno  manil'estalo  se  non  che  rottami  di  antiche 
fabbrichc.  Brocchi,  Suolo  di  Roma,  p.  171. 

147.  Temple  des  Lares  maiîixs.  Près  du  Tibre,  à  la  suite  du  théâtre  de  Corn. 
Balbus,  et  tourné  vers  le  ileuve.  11  fut  voué  l'an  562  par  iEniilius  Regillus,  en 
l'honneur  d'une  victoire  navale  qu'il  remporta,  et  dédié  onze  ans  après,  l'an 
573,  par  M.  Jimilius,  censeur. 


'  Nuntius  adventus  Augusti  forte  iisdem  diehus  Romam  allatus  est,  quibus  theatrum  Cor- 
nélius Balbus,  quod  nunc  quoque  ab  ipso  nomen  habet,  dedicans,  speitacula  exliibebat  :  Itaque 
Balbus  id  sibi  gloriae  duxit,  quoJ  Auyusium  etiam  ipse  esset  reducturus,  quanquam  tantmii 
aqu.'c  Tiberis  exundans  per  Urbem  diffuderat,  ut  non  nisi  navi  in  theatrum  posset  vciiire, 
[an.  7l>]- 


96  DESCRIPTION  DE  ROME 

L  Idem  [M.  /F.milius  rcnsor]  (lc(lira\il  :r'(lcm  I.arium  pcrmarimim  in  Cnmpo  ;  vovo- 
rat  eam  annis  uiidcriin  anle  L.  /Kinilius  Itcuillus,  ii.i\ali  pia'lio  ailM-rsus  pr.rfcctos  refais 
Anliorhi.  Tit.-Liv.  XI.,  52  [an.  573]. 

II.  llndpcimo  auipiii  Kalctidas  feii.i!  sunl  Larihus  ronsccralfP,  quibus  .Tdom  bollo 
Antiochi  yEmilius  lU'gillus  prœlor  in  Campo  .Marlio  curandam  \ovil.  Maliiui;.  Saturn. 
I,   10. 

III.  La  position  exacte  de  ec  temple  est  inconnue.  C'est  par  conjecture,  cl  à  cause  du 
titre  de  Lares  Marins,  que  nous  l'avons  mis  prôs  du  Tibre. 

iAH.  Temple  de  Bellone.  —  Devant:  Colonne  delliqie.  —  Sur  la  droite: 
Petit  Temple  de  Vilcain.  Au  pied  du  mont  Capilolin,  entre  cette  montagne  et 
le  Cinpie  Flainiuius,  était  le  temple  de  Bellone,  qui  fut  bâti  l'an  457,  par  Ap- 
pius  Cacus.  Il  servait  quelquclois  de  lieu  de  réunion  au  sénat. —  Devant  était 
une  petite  place  sur  hupielle  s'élevait  la  Colonne  licUique,  contre  lacpK'lle  on 
Taisait  les  déclarations  de  i^uerre.  —  Sur  la  droite  du  temple  de  Bellone  était 
un  petit  temple  bâti  par  Bomulus,  et  consacré  à  Vulcain. 

I.  /Edes  15ellonœ  versus  poriani  Caimentalem,  anle  quam  erat  Columna  belli  infe- 
rendi.  1'.  Vici.  de  Hcg.  urh.  Jlnmœ,  IX. 

II.  Prospirit  a  Templo  [Dellonœ]  summum  brcvis  area  Circum. 

Est  ibi  non  parvsc  parva  Columna  noiœ. 
Ilinc  solet  liasta  manu,  belli  prœnuulia,  mitli, 

In  rogcm  et  gentos  cum  placcl  arma  rapi. 
Altéra  pars  Circi  custode  sub  Hercule  lula  est. 

Ov.  Fasl.  VI,  V.  205-209. 
ni.  Kai  xoù-o-Jî,  xal  twv  i/Xt.wj  "zo-j^  TCSf-f/VJ^iJ.t^i'Ji  sU  k.i'J.y.i'jyCk'toj-,  ù.Ofj^Aa-jq  —0Lf,if. 
TOv  'i.~TiooiJOiJ.o-j,  ^xc</s£  T/;v  i:'jyyX-/,TO'j  et,  'h  tôs  hvjovi  csyiôv.  ci/jcf.  o'  c/Sjtôî  t£  "kv/ziv 
à-JYipyszo,  y.cù  /■.are/.'jTCzov  oî  TiTj.yiJ.é-joi  toÙ,  kiv.y.icyj/.iou:.  y.f,y.\)Y7,i  oï  w;  sly.hi,  ëv  x^'~ 
^t'w //.(>:/Jô)  TOiO'JTWv  apaTT5,u.£vc.jv  f-poiJ.î-jr,;,  /.xl  twv  cy/JrjTtzwv  i/~^</:jtnw/,  StaTtip 
èTÙ-/x«v£  >ê-/&)v,  y..  T  >.  Plut.  Sulla,  50  '. 

IV.  TJj  as  K'/^sovà.rpy.-h-j  —i'J~srj.o-j  mrupoç  iTT/iyyîf^av  xzt  zv.i  zs  xXcc/J.iiâu~,  ws  xai  iv 
yspoiv  ci-'jToïi  civroç,  /ji-T-r}fj.-'i<jyo:'TO,  /.v.i  T^poi  -zo  E  vu£Ïîv  r/OôvT£;,  îTKVTa  T'y.  Tzpor.'j'ii- 
fj.iv.  yy.-zà  -zo  •^oii.i^oiJ.s.'iO'i,  Sià  zoït  Ky.iGV.poi,  wj  /.cù  y/;Tia.Ho'j,  inciviHyL-j.  lk~tp  nou  J^ày'jt 
fj.ï-j  Tzpihi;  T/;v  Iv/cStîkt/ikv,  ëpy'j)  oï  xat  ~pb;  riv  A'vroJvtiv  STetvsv.  DloN.  L,  4  *. 

V.  Dion  Cassius  parlant  des  dispositions  prises  par  Marc-.\uréle,  au  moment  de  la 
guerre  de  Scythie,  dit  :  Tx'jTt/.  rs  d~oi-j,  /ai  rà  rjôpo  zb  aiy.arôj&îj  -xpù.  zC>  t'vjît'jj  i; 
TÔ  ■no't.ijxio-.i  rjYj  y'jiçAo-/ «/.îVTÎiaj,  iï,'jipij:r,')r,.  Dion.  LXXl,  53^. 

VI.  Cum  Pyrrlii  temporibus  adversum  transmarinum  liostem,  bcllum  Romani  gesturi 
cssenl,  nec  invenirent  locuni  ubi  liane  soleninitatem  per  Feciales  indicendi  belli  cele- 
brarent,  dcdcrant  operani  ut  unus  de  Pyrrlii  mililibus  caperetur,  quem  fecerunl  in 
Circo  Flaminio  locum  emere,  ut  quasi  in  lioslili  loco  jus  belli  indicendi  implorent.  De- 
nique  in  co  loco  anle  eedem  Bellon»  consecrata  est  columna.  Serv.  in  JEneid,  IX, 
V.  52. 

VII.  Ilac  sacrata  die  Tusco  r>ellona  duello 

Dicitur  :  et  Latio  prospéra  semper  adest. 
Appius  est  auctor  :  Pyrrlio  qui  pace  negata 
Multum  animo  vidit;  lumine  captus  erat. 
Ov.  Fasl.  VI,  V.  201-204. 

VIII.  Dicitur  Appius  in  medio  pugnae  discrimine,  ila  ut  inter  prima  signa  manibus  aJ 
cœlum  sublalis  conspiceretur,  ita  precatus  esse  :  «  Bellona,  si  liodie  nobis  vicloriam  duis, 
ast  ego  templum  tibi  voveo.  »  Tn.-Liv.  X,  19  [iin.  436]. 

*  Et  his,  et  quolf|uot  essent  ex  aliis  superslites,  ad  sex  tnillia  in  Circo  [Flaminio]  coaelis, 
seuatum  in  a'dcm  (iollona!  iiidixit.  Simul  atque  dicere  inslituit,  trucidaverunt,  quibus  id  dc- 
maiulaluiu  erat,  illa  slx  millia.  Vociferalione  scilicef  a  tanla  niulliludiiie,  qunn  loco  aii<;usto 
juj;iilaljatiir,  elala,  et  palriljus  attonilis,  eodcm,  quo  dicebat,  iinniolo  et  conslanti  viillu  udvcr- 
tere,  etc.  =  -  Cleopatra;  Ijcllum  palain  indicobatiir  :  ac,  (|uasi  jam  id  (jererctur,  sa{;is  sump- 
tis,  et  ad  a;dem  Bellona!  progressi  sunt,  iibi  C.rsar,  tanqiiain  Fecialis,  omnia  qiia;  anle 
Leiliim    fieri   romane  more    cousucverant,  jiissu   coriim  [suuatorum]    pereyit   fan.    722].  = 

S  Ouumque  li.-ec  dixisset,  liasiam   cruenlain  juxta  Bellonre   templum,  quasi   in    lioslicum, 

conlorsit  ;  deindc  contra  liostes  proficisciiur. 


RÉGION  IX.  — CIRQUE  FLAMINIUS.  97 

I\.  BE1.I.0N.  IN  CiRC.  Flam.  OUELLI,  Inscript,  lai.  t.  II,  p.  505. 

X.  Le  sénat  se  réunissait  dans  le  temple  de  lîellone  pour  entendre  les  généraux  qui 
demandaient  le  triomphe.  Yoy.  TiT.-Liv.  XXVi,  21;  XXVIII,  38;\XXI,/«7;  X\XIII,2'J- 
XXXVI,  39;  XXXVIll,  45;  X.XXIX,  29;  XLII,  21,  etc. 

XI.  Iconographie.  Le  temple  de  Bellonc  élailsurune  place  où  Cicéron  appela  le  peuple 
réuni  au  théâtre  de  Pompée,  lorsque  des  troubles  violents  éclatèrent  dans  cet  édilice 
entre  les  chevaliers  et  le  peuple,  à  propos  de  la  loi  thé.llrale  Roscia.  KaJ  ri  Oiar/so 
Ax.oajj.lct.  if.v.-cEiyvJ.  ènsi  â' b  htxs'yîwvv^zî  TzuOi/j.s-.'Oi,  xulrhv  ârj/MOv  èxx:ô.éaa.ç  Tzpbi  to 
Trii  xivudùi  lipà-j,  lTr£T!|U-ï!^:.--  Plut.  Cic.  13i. 

XII.  T-^î  ôï  avyxloTOu  raïs  fj.xvTstit  Ttsp'i  toùtwv  a^^o^aÇîùavjî  xcù  za9/)//s'v-/)î  èv  td  vaû 
Tïjs  E'vlisû;,  arpouObç  si'jévT-n  ttizvt&jv  Ô/iwvtûjv,  TSTTiyoc  fipuv  tco  oTOuart,  xat  ro  p.VJ  èx?x~ 
>wv  p-ipoi  oÙToîi  xazéli-ns,  to  à'  tyoi  à.nlriOiv.  Plut.  Sulla,  7  2.  —  Ce  fait  indique  que  le 
temple  de  Bellone  était  toscan,  c'est-à-dire  à  nef  ouverte  au  ciel,  car  l'oiseau  n'a  pu 
s'introduire  que  par  le  haut  du  temple,  puisque  l'on  ne  peut  supposer  que  lorsque  le 
sénat  était  assemblé,  et  en  délibération  dans  un  édifice  sacré,  la  porte  en  restât  ou 
verte. 

XIII.  Temple  de  Vulcain.  Dans  le  Champ-de-Mars,  mais  position  incertaine.  —  JEiVis 
Vulcani  in  Circo  Faminio.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

XIV.  YOLCANOIN  CIRCO FLAMiNio.  GP.UÏER.,  p.  1 34. —ORELLl, /n«cri'/)<.  lat.  f.  II,  p. 396. 

XV.  Tacta  de  cœlo  Atrium  publicum  in  Capitolio,  œdem  in  Campo  Volcani.  Tit.- 
Liv.  XXIV,   10. 

XVI.  Aw  ri  T5  roZ  HsatîTOU  iepb'J  è'I'co  Trà).ewî  b  Vujxukoi  lipiiay.ro  ;...  ù/.oSop:ffi-(\  S\  h 
•jcnhi  iîxp-/r,i,  au-Jsâpio-j  /.où  Boul-iiT/jpi.ov  àTcàppriTOv  «ùtw  jj.s'là.  TKTt'sy  toû  GUiJ.écit.<:i\ti)- 
îavToj.  Plut.  Quœst  Rom.  p.  116  3. 

149.  Temple  antique  d'Apollon.  —  Delubrdm  de  Domitius.  —  Fontaine  lus- 
trale AUPRÈS.  Le  temple  fut  voué  l'an  3212,  dédié  deux  ans  apvès,  et  restauré 
par  Auguste.  Il  s'élevait  vis-à-vis  du  Théâtre  de  Marcellus  [n"  1  44] ,  sur  une 
place  ornée  de  statues,  rafraîchie  par  une  fontaine,  et  nommée  le  Deluhrum  de 
DomUhiS.  Le  sénat  s'assemblait  quelquefois  dans  ce  temple  d'Apollon., 

I.  Mdes  antiqua  Apollinis  cum  colosso.' 

Lavacrum  Apollinis.  Sext.  Ulk.   rfe  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

II.  .-Edes  antiqua  Apollinis  cum  lavacro.  P.   Vict.  Ibid. 

III.  Sur  le  voisinage  du  Temple  d'Apollon  et  du  Théâtre  de  Marcellus,  voyez  ci- 
dessus  n"  144,  §  VI. 

IV.  Ne  tamen  erretis,  quod  his  temporibus  sedes  Apollinis  in  Palatio  sit  nobilissima  : 
admonendi  estis,  non  hanc  a  Cicérone  significari,  ut  pulo ,  quam  post  mortem  eliam 
Ciceronis  multis  annis  inip.  Cœsar,  quem  nunc  divum  Auguslum  dicimus,  posi  Acliacami 
vicloriam  fecerit  :  sed  illam  demonstrari  quœ  extra  portam  Carmenlalem,  inter  Forum 
Olitorium  et  Circum  Flaminium.  Ea  enim  scia  tum  demum  Romœ  Apollinis  aedes. 
AscoN.  in  Togo  cand.  p.  150. 

V.  Consules...  in  Prata  Flaminia,  ubi  nunc  aedes  Apollinis  est  (Circum  jam  tune  Apol- 
linarem  appellabant)  avocavere  senatum.   Tit.-Liv.  III,  63.  [An.  306.] 

VI.  Peslilentia  eo  anno  [322]  aliarum  rerum  ocium  prœbuit.  JEdes  Apollini  pro 
valcludine  populi  vota  est.  TiT.-Liv.  IV,  25. 

VII.  C.  Julius  consul  œdem  Apollinis,  absente  coUega  sine  sorte  dedicavit.  Ibid.  29 
[an.  524]. 

VIII.  Ab  œde  Apollinis  boves  feminae  albiB  duœ  porta  Carmentali  in  Urbem  ductee. 
TiT.-Liv.  XXVII,  37  [an.  545.] 

IX.  Ol'ERA  FECIT  NOVA  ;    ^DEM. . .  APOLLINIS.  LÂP.  ANCYR.   COl.   6. 

X.  Le  sénat  s'assemblait  dans  ce  temple  pour  recevoir  les  ambassadeurs  étrangers. 


*  Coiifusio  theatrtim  magna  lenebat.  Qua  re  audita,  quum  contulisset  se  illnc  Cicero,  con- 
cioneque  ad  Bellonaî  convocata,  increpasset  populutn,  etc.  ^  ^  [)g  i^jj  Jurn  consulit  seiiatus 
faliloquos,  atque  in  n?de  Bellonae  habelur,  passer  iii  oiTinium  conspectu  cicadam  ore  fercns 
iululit  se  in  aedem,  cujiis  partem  abjecit,  ibiqiie  rcliquit,  cum  parte  avolavit.  =  ^  Ciir  Vul- 
cani faïuim  UoiTiulus  extra  Urbem  posuit  ?...  lUuJ  tcmpluin  jam  inde  ab  iuitio  a;dificaliini  a 
Romnlo  fuit,  ut  ibi  una  cum  collega  suo  Tatio  curiain  Iiaberct. 


98  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Voy.  TiT.-Liv.  XXXIV,  45;  XLI,  17  ;  —  entendre  les  généraux  qui  demandaient  le  triom- 
phe. Id.  XXXIX,  i. 

XI.  Fontaine  lustrale.  Mv.py.ov  rivà  M«/î£5V  tûv  èx  t-^S  lvavTt«s  srâssws  ixTtoxzehci;,Tr,v 
jj.ïj  /.VY'»^tr;j  l-j  0:/opv.  /.■jM iC,o ixi-ju  Tw  SùÀ/a  -npoz-^-^Ey^.-,  tÔ>  â's  TZipippxJZ/ipl'it  toû  A'ttôX- 
/cjvo;  èy/ji  ovTt  -/53î£),9'jv,  à.T:rAhci-:o  tk,-  xî'tjoa,-.  Plut.  Sulla,  52  i.  —  D'après  le  té- 
moignage d'Asconius,  ÏÂ/opà:  dont  il  s'agit  ici  doit  être  le  Forum  Olitorium  :  —  Quo 
loco  dicit  Catiiinam  caput  M.  Blarii  [Gralidiani]  geslasse,  quod  caput  etiam  tum  plénum 
animœ  et  spiritus  ad  Syllam  usque  ab  Janiculo  adœdem  Apollinis  manibus  ipse  suis  de- 
tulit.  AscoN.  in  Tog.  cand.  p.  149. 

XII.  Delubrum  de  Domiiius  ou  d'Apollon.  Nous  avons  dit  ailleurs  [Rég.  II,  n»  10] 
qu'un  deluhrum  était  tantôt  un  temple,  tantôt  une  place  devant  un  temple.  C'est  la 
dernière  définilion  qui  convient  à  celui-ci.  —  Varro  libro  octavo  Rerum  divinarum  , 
Delubrum  ail,  alios  existimare,  in  quo  prœleraedem  sit  area  assumpla  deum  causa,  ut 
est  in  Circo  Flaminio  Jovis  Statoris  ;  alios,  in  quo  loco  Dei  siinuiacrum  dedicalum  sit. 
lllam  vero  opinioncm  de  area,  quam  Varro  praîdixerat,  non  omisit  [Virgilius]  : 

Principio  delubra  adeunl,  pacemque  per  aras 

Exquirunt. 
Et  mox  : 

Aut  ante  ora  Deum  pingues  spalialur  ad  aras. 
Quid  enim  aliud  est  spaliatur,   quam  spatio  lati  ilineris  obambulat?    Quod  adjiciehdo 
anle  aras,  ostendit  aream  assumplam  deorum  causa.  Macrob.  Salurn.  III,  4. 

XIII.  Tliealrum  Marcelli 

Delubrum  Cn.  Domilii.    Sext.  Ulf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

XIV.  Sed  in  maxima  dignalione  Delubro  Cu.  Domitii  in  Circo  Flaminio  Neplunus  ipse 
etïhetis,  atque  Achilles,  Néréides  supra  delphinos  et  cete  et  Hippocanipos  sedentes... 
Ad  Octavise  vero  Porlicum  Apollo  Philisci  Uhodil  in  Delubro  suo.  Item  Lalona  et  Diana, 
et  Musse  novem,  et  aller  Apollo  nudus.  Eum  qui  citharam  in  eodem  templo  tenet  Ti- 
marchidcs  fecit.  Intra  Oclavia;  veio  Porticus,  in  œde   Junonis,  etc.  Plin.  XXXVI,   5. 

—Ce  passage  prouve  que  ce  Delubrum  élait  auprès  du  Portique  d'Oclavie  [n°  loOj,  et 
devant  le  temple  d'Apollon.  Il  prouve  aussi  que  c'était  une  place,  un  area,  car  toutes 
ces  statues  n'auraient  jamais  tenu  dans  le  temple  d'Apollon ,  qui  d'ailleurs  ne  devait 
renfermer  que  la  statue  de  la  divinité  à  laquelle  il  était  consacré. 

loO.  Portique  d'Octavie. —  Au  centre  :  Temples  de  Jupiter  et  de  Junon. — 
Devant  :  Statue  d'Auguste.  Le  Portique  d'Octavie  se  trouvait  situé  entre  le 
Théâtre  de  Marcellus  [n"  144]  au  S.,  et  le  Cirque  Flaminius  au  N.  C'était  un 
vaste  parallélogramme  de  83  mètres  de  face  sur  environ  120  de  profondeur,  en- 
touré d'une  colonnade  à  jour  à  double  rang.  Il  avait  son  entrée  sur  la  voie 
Triomphale,  du  côté  du  Théâtre  de  Marcellus,  par  une  espèce  de  grand  pro- 
naos ou  de  porche  surmonté  d'un  fronton ,  et  décoré  de  huit  colonnes  corin- 
thiennes cannelées,  en  marbre  blanc,  ([uatre  sur  la  voie  Triomphale  et  quatre 
vers  l'intérieur  du  portique.  Ce  porche  formait  comme  un  vestibule  couvert, 
large  de  18  mètres  30  cent.,  et  profond  de  13  mètres  60  cent.  Ses  parties  la- 
térales étaient  formées  par  deux  grandes  murailles  en  briques,  revêtues  de 
marbre  blanc  à  l'extérieur  comme  à  l'intérieur,  et  au  milieu  de  chacune  des- 
quelles s'ouvrait  une  arcade  à  plein  cintre ,  de  7  mètres  70  cent,  de  hauteur 
sur  4  mètres  16  de  largeur.  L'une  et  l'autre  débouchait  dans  le  portique,  qui 
se  reliait  par  là  au  porche,  et  avait  juste  la  largeur  de  l'arcade. 

Les  colonnes  du  porche  avaient  11  mètres  12  cent,  de  hauteur,  y  compris 
leurs  bases  et  leurs  chapiteaux;  et  celles  des  portiques  7  mètres  1 0  cent,  seu- 
lement. Il  est  vraisemblable  que  les  médiocres  proportions  de  ces  dernières 
avaient  été  calculées  afin  que  les  rayons  du  soleil  pénétrassent  moins  sous  les 
galeries,  et  qu'en  même  temps  on  eût  plus  de  facilité  pour  tendre  des  voiles 


*  M.  quemdam  Marium  ex  adversa  factione  occidit,  caputque  sedentem  iu  Foro  Syllae  re- 
tulit,  Inde  ad  fontcm  se  Apollinis  propinqunm  comulit,  ac  manus  abluii. 


RÉGION  IX.  —  CIRQUE  FLAMINIUS.  99 

dans.les  eiitre-colonnemenls,  ainsi  que  cela  se  pratiquait  au  Portique  de  Pom- 
pée. Ces  colonnes,  aussi  d'ordre  corintiiien,  mais  sans  cannelures,  étaient  alter- 
nativement en  marbre  phrygien  (cipoUin)  et  en  granit  oriental.  Elles  suppor- 
taient un  entablement  de  marbre  blanc,  et  le  portique  entier  était  couvert 
en  tuiles  de  même  marbre. 

Le  sommet  des  archivoltes  des  arcs  latéraux  du  porche  se  profilait  avec  les 
soflîtes  des  portiques,  de  sorte  qu'il  restait  au-dessus  un  espace  de  muraille 
pres({ue  aussi  considérable  que  la  hauteur  même  de  l'arc,  et  sur  les  côtés,  des 
trumeaux  fort  larges.  Ces  parties  lisses  étaient  décorées  de  taijleaux. 

Le  Portique  d'Octavie  fut  construit  l'an  721,  par  Auguste,  qui  le  dédia  sous 
le  nom  de  sa  sœur.  Il  consacra  à  l'édihcation  de  ce  monument  une  partie  du 
produit  des  dépouilles  des  Dalmates  qu'il  venait  de  soumettre.  Ce  prince  ayant 
une  grande  dévotion  à  Jupiter,  voulut  en  quelque  sorte  mettre  son  monument 
sous  la  protection  de  ce  dieu  :  il  fit  placer  un  petit  aigle  tenant  la  foudre,  sur  la 
dernière  couronne  de  feuilles  d'acanthe  des  chapiteaux  du  porche,  devant  la 
rose  du  tailloir,  et  sculpter,  en  bas-relief,  ce  même  symbole  dans  les  antefixes 
du  toit,  qui  étaient  en  marbre,  ainsi  que  les  tuiles. 

Temples  de  Jupiter  et  de  Jiinon.  —  Statues. — Ecole  des  Portiques,  Au  centre 
des  portiques  s'élevaient  les  temples  de  Jupiter  et  de  Junon,  en  parallèle  l'un 
de  l'autre,  et  séparés  par  une  voie  large  de  21  mètres  50.  Entre  leur  façade 
et  l'entrée  du  Portique,  qu'elle  regardait,  il  y  avait  un  espace  de  38  mètres, 
formant  une  place  décorée  de  douze  Statues  équestres,  ouvrage  de  Lysippe. 
Elles  venaient  de  la  Macédoine,  et  représentaient  ceux  des  gardes  d'Alexandi'e- 
le-Grand  tués  au  passage  du  Granique. 

Les  temples  de  Jupiter  et  de  Junon  étaient  antérieurs  au  Portique  bâti  par 
Auguste;  Métellus  le  Macédonique  les  érigea  pendant  les  premières  années  du 
septième  siècle. 

Le  temple  de  Jupiter  se  trouvait  à  droite  du  Portique.  C'était  un  périptère 
d'ordre  ionique,  en  marbre  blanc,  de  34  mètres  8  centimètres  de  long,  sur  17 
mètres  80  centimètres  de  large,  hors  œuvre.  A  l'intérieur,  la  statue  du  dieu 
était  en  ivoire,  et  de  la  main  de  Praxitèle. 

Le  temple  de  Junon,  situé  à  gauche,  était  prostyle,  c'est-à-dire,  suivant  Vi- 
truve  [III,  1],  semblable  à  un  temple  avec  antes,  si  ce  n'est  qu'en  avant  des 
antes  il  y  avait  deux  rangs  de  colonnes  de  profondeur.  L'ordre  d'architecture 
était  le  composite,  et  la  matière,  le  marbre  blanc.  11  avait  \  8  mètres  de  lon- 
gueur sur  34.  Il  surpassait  en  largeur  le  temple  de  Jupiter,  parce  qu'il  n'a- 
vait point  de  portiques  latéraux.  Ses  colonnes  avaient  12  mètres  SO  centi- 
mètres de  haut,  y  compris  leurs  bases  et  leurs  chapiteaux. 

Deux  architectes  Laconiens  avaient  bâti  ces  temples  à  leurs  frais,  espérant 
qu'on  leur  permettrait  d'y  graver  leurs  noms.  Cet  honneur  leur  ayant  été  refusé, 
ils  imaginèrent  d'obtenir  par  ruse  ce  que  la  fierté  romaine  ne  voulait  point  leur 
accorder.  L'un  s'appelait  Saura  et  l'autre  Batrachus;  ils  sculptèrent  dans  l'œ'il 
des  chapiteaux  ioniques  du  temple  de  Jupiter,  à  la  place  de  la  rosette,  d'un 
côté  un  lézard,  et  en  regard,  une  grenouille,  emblèmes  de  leurs  noms,  signifiant 
elfectivement,  en  grec,  lézard  et  grenouille.  Au  temple  de  Junon,  ils  décorèrent 
les  bases  des  colonnes  d'un  petit  bas-relief  en  arabesques  au  milieu  desquels 
on  voyait  un  lézard  se  jouant  avec  une  grenouille. 

École  des  Portiques.  Derrière  les  temples  de  Jupiter  et  de  Junon,  et  presque 
accolée  à  ces  temples,  il  y  avait  une  partie  de  murs  demi-circulaires,  appelée 
VEcole  des  Portiques,  de  sa  ressemblance  avec  l'hémicycle  d'un  bain  nommé 
Ecole.  Cette  partie  postérieure  des  Portiques  était  décorée  de  statues  et  de 
peintures. 

I.  Sur  la  position  du  Portique  d'Octavie  et  son  édification  par  Auguste,  voy.  n'  144, 
S  V,  IX. 


Il   BIBUOTHECA 


V 

V 


100 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


H.  Tàs  azov-i  txT:o  twv  /ajju/swv  ajr&v  (AaX//aTSiv),  /ai  ràj  e<7roô>ixas  twv  /3j€^t'wv,  Tài 
0'zT«5DtzyKs  «7:0  r>;î  cJcTs/jiôi  aùrov  zÀri6îtî«î,z:<T£<;zï'Jaîîv.  DiON.  XLIX,  43  '. 

III.  Tu  modo  Pompeia  lonlus  spatiarc  sub  umbra, 

Cum  sol  Ilerrulci  (erga  leonis  adil  : 
Aul  ubi  munciibus  naii  sua  munera  mater 

Addidit,  (■xtcriio  marmore  dives  opus.      Ov.  Arl.am.  I,\.  67-70. 
—  Muneribus  nali  Tait  allusion  à  la  Bibliothèque  Octavienne  qui  avait  été  dédiée 
sous  le  nom  de  Marccllus. 

IV.  Iconographie.  Une  grande  partie  du  porche  du  Portique  d'Octavie  est  encore 
debout,  bien  que  dépouillé  de  ses  marbres,  dans  le  lieu  appelé  la  l'escheria  vecrhia 
[Noili,  n"  1020;  Letarouilly,  rion.  XI,  15],  parce  que  c'est  là  que  se  tient  le  marché 
au  poisson.  Sur  les  proportions,  ainsi  que  les  détails  de  plan  et  d'élévation  du  Por- 
tique d'Octavie,  voy.  Piranesi  Anlich.  Romane,  t.  IV,  tav.  39  à  44.  Nos  cotes  en  me- 
sures métriques  ont  été  prises  sur  la  magnifique  restauration  que  M.  Duban  a  faite  de 
re  portique  et  de  ses  temples,  en  1829.  Du  temps  de  Piranesi,  les  ruines  du  portique  et 
des  temples  qui  s'y  trouvaient  enfermés,  étaient  un  peu  plus  considérables  qu'aujour- 
d'hui ;  en  1762  il  écrivait  :  —  «  Vi  restano  per  anche  gli  avanzi  del  Portico  d'Ottavia, 
c  del  tempio  di  Giunone,...  cioè  un  andito  sostenulo  da  ambe  le  parti  da  qualtro  co- 
lonne c  due  pilastri  negli  angoli  ;  selte  colonne  più  piccole  al  lato  diritto  dell'  andito, 
che  sono  quelle  clie  vi  rimangono  del  Portico,  e  tre  colonne  del  tempio  di  Giunone.  » 
Campa  Marzio,  c.  V,  §  2  note  [a],  et  tav.  2  et  19. 

V.  Le  fragment  ci-contre  du  Plan  de  marbre  repro- 
duit le  Portique  d'Octavie,  avec  les  deux  temples  dont 
nous  allons  parler  à  l'article  suivant.  On  voit  qu'il  était 
mitoyen  avec  le  temple  d'Hercule  aux  Muscs  et  son 
portique,  dont  nous  parlerons  aussi  tout  à  l'heure 
[Voy.  n»  155].  Ce  fragment  se  trouve  aussi  dans  Bel- 
lori,  Iconoyraphia  vet.  Romœ,  tab.  II. 

VI.  Temples  de  Jupiter  et  de  Junon.  —  Statues 
dans  les  portiques  —  Hic  est  Jletellus  Macédoniens 
qui  porticus,  quœ  fuere  cirumdalœ  duabus  xdibus 
6:ne  inscriptione  positis,  quœ  nunc  Octaviœ  Porticibus 
ambiuntur,  fecerat  :  quique  liane  turmam  Slatuarum 
e;iueslrium,  quœ  frontem  sedium  spectant,  hodieque 
maximum  ornamentum  ejus  loci,  ex  Macedonia  de- 
tulit.  Cujus  turmœ  banc  causam   referunt  :  Magnum 

Alexandrum  impetrasse  a  Lysippo,  singulari  talium  auctore  operum,  ut  eorum  equitiiin, 
qui  ex  ipsius  turma  apud  Granicum  flumen  ceciderant,  expressa  similitudine  figurarum, 
facerel  statuas,  et  ipsius  quoque  lis  interponeret,  hic  idem,  primus  omnium,  Roma; 
œdem  ex  marmore  in  ils  ipsis  monumentis  molitus,  vel  magnificeniiae,  vel  luxuriae  prin- 
ceps  fuit.  Patercil.  I,  11.  —  Le  triomphe  de  Métellus  est  de  l'an  606.  —  Les  Statues 
équestres  dont  il  est  ici  question  étaient  au  nombre  de  douze,  suivant  Plutarque  (Alex. 
28),  et  de  vingt-six,  y  compris  celle  d'Alexandre,  suivant  Arrien  [\,  5).  —  Sur  l'édifi- 
cation du  portique  de  Métellus,  voyez  aussi  n"  74,  g  I. 

VII.  Peripteros  autem  erit  quae  habebit  in  fronte  et  postico  senas  columnas,  in  lateri- 
bus  cum  angularibus  undenas,  ita  ut  sint  liœ  columnœ  collocalœ  ut  inlercolumnii  lalitu- 
dinis  inlervallum  sit  a  parietibus  circum  ad  exlremos  ordines  columnarum,  habealque 
ambulationem  circa  cellam  aedis,  quemadmodum  est  in  PorticuMetelli,  Jovis  Statoris 
Hermodi.  Vitrlv.  III,  1. 

VIII.  Ronije  ejus  [Cephissodori]  opéra  sunt...  inlra  Octaviae  Porticus  in  Junonis  aede 

iîîsculapius  ac  Itiana Intra  Octaviœ  vero  Porticus,  in  aede  Junonis,  ipsam  Deam 

Dionysius,  et  Polycles  aliam  :  Venerem  eodem  loco  Philiscus  :  cetera  signa  Praxiteles. 
Timarchidis  lîlii  Jovem,  qui  est  in  proxima  a;de,  fecerunt Jovem  fecit  [Praxi- 
teles] cboreum  in  Metelli  œde,  qua  Campus  petitur.  .  .  .  Nec  Sauram  atque  Batia- 
chum  oblilerari  convenit,  qui  fecere  templa  Octaviae  Porticibus  inclusa,  natione  ipsi 
Lacones.  Quidam  et  operibus  prœpotcntes  fuisse  eos  putant,  ac  sua  impensa  con- 
struxisse,  inscriptionem  speranies.  Qua  negata,  hoc  tamen  alio  modo  usurpasse.  Sunt 
certe  etiamnum  in  columnarum  spiris  inscalpta  nominum  eorum  argumenta,  lacerta 


'  Ex  inanubiis  porro  Dalinaiaruin,  protinus  subactorum,  Foniic 
nomine  Oci;ivi;\nas  dictas,  exstnixil  [Auyustus,  a)i.  721]. 


L'i  lîibliothccns  a  sororis 


HKGION  IX.  — (JIUQliE  FLAMINILS. 


lui 


a(i|Uf  liiua.  Iti  Jovis  œde  exstilisse  picturam,  cullusque  reliquos  omncs  ft-mincis  aruu- 
iiK'iUis  conslat.  Etenim  farta  Juiionis  icde  quum  inferrcntur  signa,  porniuiasse  irerul" 
liaduntur:  et  id  relisionc  cuslodiluni,  velul  ipsis  diis  sodeni  ila  par'tilis.  lùeo  t'I  in  J  ' 
iionis  a-df  ruitiis  est,  qui  Jovis  esse  debuil.  Plin.  XXXVI,  5.  '  "" 

IX.  Iconographie.  Les  temples  de  Jupiter  et  de  Jution  sont  représentés  sur  le  fra  ' 
ment  du  Pian  de  marbre  donné  ei-dessus  §  V.  Nous  empruntons  à  Piranesi  Unlirl~ 
Rom.  t.  IV,  tav.  39,  iO,  M,  44  45],  et  à  la  restauration  de  M.  Duban  ,   les  détails  sur 
rornemenlation  de  chaque  partie. 

X.  Chapiteaux  et  bases  des 
colonnes.  Uu  temps  de  Pira- 
nesi il  existait  encore  trois  co- 
lonnes du  temple  de  Junon, 
sur  labase  de  l'une  desquelles  il 
a  retrouvé  l'emblème  des  noms 
de  Saura  et  de  Balrachus.  Nous 
en  donnons  une  copie  d'après 
Piranesi  qui  s'exprime  ainsi  en 
parlant  de  cette  colonne.  — 
Nel  plinto  di  essa  si  vedono 
dei  rabeschi,  fra  quali  scher- 
zano  una  LucertoiaeunaHana, 
le  quali,  seconde  Piinio,  for- 
mavano  la  divisa  dei  fabbri- 
catori  dei  tempio.  Quesl'  or- 
namento  si  vedeva  tra  i  molti 
pezzi  di  marmo  nella  canlina 
délia  persona  già  mentovata 
nelle  tavole  anlcriori  i.  Qual- 
clicduno  ha  pensato  che  quei 
capitelli  che  si  vedono  dentro 
la  basilica  di  S.  Lorcnzo  fuor 
délie  mura  (per  osservarsi  la 
Lucertola  e  la  Rana  nelle  sue 
volute)  appartenessero  a  ques- 
lo  tempio  ;  ma  ciô  non  sussiste  per  esser  gotici,  et  perche  seconde  Piinio  la  Lucertola 
e  la  Uana  erano  stale  scolpite  nelle  spire  délie  colonne,  o  sia  basi  délie  medesime,  e 
non  nelle  volute.  Questa  base  doveva  appartenere  ail'  altro  tempio  di  Giove.  Anlich. 
Rom.  t.  IV,  tav.  4,5. 

—  Le  chapiteau  de  Saint-Laurent  hors  des  murs,  dont  nous  donnons  ici  une  copie,  et 


qui  se  Irouve  à  la  huitième  colonne  adroite  dans  la  nef  centrale,  est  du  nombre  des  chapi- 


•   l'iran«si  a  dit,  lav.  .\\^  vn  p;irlant  ilos  ruines  du  (ciiiplo  du  Junni)  :  —  Le   tre  <•  donne  si 
vedono  nclUi  gasu  dcl  siy.  Allobclli  viiino  nlli  l'cscari.T,  e  {;li  ;dtri  miiri  dclla  cella  -Ici  tcm- 


102  DESCRIPTION  DE  ROME. 

taux  antiques  qu'on  trouve  dans  cotte  (^pli-îe,  rar  tous  ne  sont  point  gotliiqucs  rommc 
le  (lit  l'iranesi.  Ceiui-ri  apparlenail  probableinenl  au  temple  de  Jupiter.  Le  mot  spira 
employé  par  l'Iine,  signifie  (|uelquefois  hase  de  rolonne,  mais  son  sens  le  plus  exact 
est  spirale,  volute.  Il  est  donc  vraisemblable  (|ue  l'Iine  désigne  la  volute  d'un  rliapileau 
ionique,  et  comme  il  écrivait  en  compilateur  plus  qu'en  observateur,  il  se  sera  contenté 
de  celte  unique  observation  sans  avoir  remarqué  que  le  temple  de  Junon  portail  aussi 
un  emblème  des  noms  de  Saura  el  de  Datraclius.  Le  chapiteau  de  Sainl-Laurenl  est 
gravé  dans  Winckclmann,  Remarques  sur  l'architecture  des  anciens,  in-8,  Paris,  1783. 

XI.  Érnle  des  Portiques.  Kt  ipsum  Phidiam  tradunl  sralpsisse  marniora,  Vcneremque 

ejusesse  Homae  in  OctaviiP,  operibus  eximiœ  pulcliriludinis Kjusdem  [Praxitelis] 

est  et  Cupido  objeclus  a  Cicérone  Verri,...  nunc  in  Octaviae  Scliolis  posilus Multa 

in  eadem  Scliola  sine  aucloribus  placent.  Saljri  quatuor;  ex  quibus  unus  Liberum  pa- 
trem  palla  velatum  Veneris  prtcferl,  aller  Liberam  siniililer  :   terlius  ploratum  infantis 

rohibet  :  quarlus  cratère  altcrius  sitim  sedat  :  duœque  Aura?  velificanles  sua  veste 

Pana  cl  Oljmpum  luctanles,  codem  loco  [inlra  Octaviae  Porlicus]  Heliodorus,  quod  est 
allerum  in  terris  sympicgma  nobile.  Yenerem  lavanlem  scse  :  Uaedalum  stantem  Poly- 
charmus.  Plin.  XXXVI,  5. 

XH.  Pescaria.  La  famosa  Venere  de'Mediei, si  dice  che  fosse  trovata  in  Pes- 

caria,  al  l'orlico  di  Otiavia.  S.  Bartoli,  Memorie,  no  108. 

XIII.  Sedens  huic  [Corneliœ  Cracchorum  matri]  posila  [Statua],  soleisque  sine  amento 
insignis,  in  Metelli  publica  Porticu  :  quœ  Statua  nunc  est  in  Octaviaî  Porlicibus.  Plin. 
XXXIY,  6. 

XIV.  Hesionam  nobilem  pinxit  [Antiphilus],  el  Alexandrum  ac  Pliilippum  cum  Mincrva 
qui  sunt  in  Scliola  in  Ociavia>  Porlicibus.  Pi,in.  XXXV,  10. 

XV.  Iconographie.  L' École  des  portiques  lisl  très  distinctement  traccesur  le  fragment 
du  Plan  de  marbre  que  nous  avons  rapporté  plus  haut,  §  V. 

XVI.  Statue  d'Auguste,  ^cque  enim  multo  anle  [an.  775],  cuni  baud  procul  Theatro 
Marcelli,  efijgiem  divo  Auguste  Julia  dicaret,  Tiberii  nomen  suo  poslscripseral.  Tac. 
Ànn.  111,  C4. 

XVII.  SlG.DIVO.AVGVSTO.PATRI.AD.THEATRVM.MAR.IVLIA.AVGVSTA.ET.TI.AVGVSTVS.DEDICA- 

RVNT.ORELLI,  Inscript.  lai.  t.  Il,  p.  588. 

ISI.  BiBuoTHÈQiE  Or.TAviENNE.  Vis-à-vis  de  l'École  du  Portique  d'Octavie. 
Comnie  les  autres  bibliothèques  publif[ues,  elle  se  composait  d'une  partie  grec- 
que et  d'une  partie  latine.  Nous  avons  indiqué  ces  divisions  en  lui  donnant  la 
forme  d'une  galerie  avec  deux  grandes  salles  carrées  à  chaque  extrémité.  Cette 
Bibliothèque  fut  coustruite  par  Auguste  en  l'an  721 ,  et  dédiée  par  Octavie  sous 
le  nom  de  Marcellus. 

I.  Sur  la  construction  de  celte  Bibliothèque  par  Auguste,  voy.  n"  150,  g  II,  —  Sur 
sa  dédicace  au  nom  de  Marcellus,  Ibid.  §  III,  et  n^  144,  §  VII. 

II.  PHILOXENVS    IVLIANVS 

PVBLIC.    DE    PORTICV 
OCTAVI.E    A    BIBLIOTHECA    GR^CA 

FABRETTI,p.  3357.— OP.ELLI,  Inscript,  latin,  n»  28.".3. 

III.  Sur  le  voisinage  du  Portique  el  de  la  Bibliothèque  d'Octavie,  voyez  plus  haut 
n»  47,  §  III. 

IV.  Ovide  faisant  parler  son  livre  qui,  après  s'être  présenté  à  la  bibliothèque  Pala- 
tine, d'où  on  le  chasse,  arrive  à  la  bibliothèque  d'Octavie,  s'exprime  ainsi  : 

Quœrentem  frustra  cnstos  me,  sedibus  illisi 

Prœposilus,  sancto  jussil  abire  loco. 
Altéra  templa  pelo,  vicino  juncta  theatro  2  : 

Hœc  quoque  erant  pedibus  non  adeunda  meis. 
Nec  me,  quœ  doctis  [iatuerunt  prima  libellis, 

Alria  Libertas  tangcre  passa  sua  est''. 

Ov.  Trist.  111,  1,  V.  0.7-72. 


pic  si  vcdono  nella  cnntina  prossima  del  sig.  Fr.incesco  Battilana.  =  *  Sedibus  illis.  la  Biblio- 
thèque Palatine  =-  La  Iîil)liotlièque  Octavienne,  qui  es(  près  du  tlicàlre  de  Mari-ellus.=:^  j4tria 
Libertas  désiyne  la  Bibliolliùque  établie  par  Âsiniu.s  Pollion  à  l'Alrium  de  la  Liberté,  sur  le 
mont  Aveutio,  dans  la  Xlll*  réyion,  no  27S. 


UÉGrON  IX.— CIRQUE  FLAMINIUS.  103 

li>2.  Curie  OcTA VIA.  Sur  le  grand  axe  du  Portique  d'Oclavie,  \is-k-vis  de 

l'avenue  qui  séparait  les  temples  de  Jupiter  et  de  Junon.  On  y  arrivait  en  pas- 
sant sous  la  Biljliolli('(pie  Octavienne,  dont  le  centre  Ibnuail  un  péristyle  à  jour. 
La  Curie  Oclavia  fut  érigée  par  Auguste  eu  même  temps  que  le  Portique 
d'Oclavie. 

I.  Similiter  in  Curia  Octaviae  quacritur  do  Cupidine  fulmen  teiicnte.  Plix.  XXXVI,  5 
—  Il  ne  faul  pasronfondreceCupidon  avec  celui  nommé  précédemmenl,  n"  150,  g  XI, 

Ecole  des  Portiques  d'Oclavie, 

II.  Tiêépto^  oï  £v  Tt]  voofjL-n''^^  à-J  ri  î/TïaTsisîv  //.îtk  Vva.lou  Ushcrjo^  rlpiCLTO,  s;  ts  tô 
O/.-uoùsiov  Tvjv  y35yX-/iv'/i9po£5£,  âià  10  e'Ioj  tsO  ■Koijj.rif.lov  aùxo  stvai.  DlON.  LV,  8  J. 

133.  Portique  de  Philippe. —  Au  centre  :  Temple  d'Hercule  aux  Muses. 
Ces  monuments  situés  à  côté,  et  en  parallèle  du  Portique  d'Octavie  [n''1.'S0], 
appartiennent  à  deux  époques  dillërentes  :  le  temple  lut  bâti  par  Fulvius  No- 
bilior,  censeur,  vers  l'an  564,  et  le  Portique  par  Marcius  Philippus,  beau-père 
d'Auguste.  Sur  l'invitation  de  ce  prince,  Pliilippe  s'étanl  chargé  de  la  restau- 
ration du  temple  d'Hercule,  l'entoura  d'un  magnifique  Portique  auquel  il  donna 
son  nom.  Des  dépouilles  ennemies  payèrent  la  dépense. 

I.  .-Edcm  Musaium,  in  Circo  Fiaminio,  Fulvius  illc  Nobilior  ex  pecunia  censoria  fecit, 
non  id  modo  seculus,  quod  ipse  lilterisel  summi  poclaï  amicitia  duceretur,  sed  quod  in 
Grœcia  quum  esset  imperalor,  accepeiat  Herculcm  Musagelem  esse,  id  est  comilem 
ducemque  Musaium  ;  idemque  primus  novcm  signa,  hoc  est  omnium  Camenarum,  ex 
Ambraciensi  oppido  translata  forlissimi  numinis  consecravit.  Eumen.  rhet.  Orat.  pro 
resl.  scliol. 

II.  Jam  vero  ille,  qui  rum  .îltolis,  Ennio  comité  bellavit,  Fulvius,  non  dubilavit 
Maitis  manubias  Musis  consecraie.  Cic.  pro  Àrchia,  10. 

III.  Fccit  [Zeuxis]  et  figlina  opéra,  quae  sola  in  Ambracia  relicla  sunt,  quum  inde 
Musas  Fulvius  Nobilior  Romam  traiisferrel.  Plin.  XXXY,  10. 

IV  Tlie-Live,  après  avoir  raconté,  sous  l'année  563,  la  prise  d'Ambracie  par  F'ul- 
vius  Nobilior,  ajoute  :  —  Signa  œnea  marmoreaque,  et  tabulœ  piclœ  quibus  ornalior 
Ambracia,  quia  regia  ibi  Pjrrhi  fuerat,  qoam  ceterae  regionis  cjus  urbos  erant,  sublata 
omnia  avectaque  ;  nihil  prœterca  lactum  violatumve.  Tit.-Liv.  XXXVIIl,  9. 

V.  His  [Musis]  Numa  œdiculam  œneam  brevem  Tecerat,  quani  poslea  de  cœlo  laclam 
clin  œdc  Honoris  et  Virlulis  rollocalam,  Fulvius  Nobilior  in  a;dem  Herculis  transtulit, 
unde  œdis  Herculis  et  Musarum  appellalur.  Serv.  in  jEneid.  I,  v.  12. 

VI.  Sur  la  réédificalion  du  temple  d'Hercule  aux  Muses  par  Marcius  Philippus,  voy.  plus 
haut,  no  88,  §  XV,  et  n"  146,  §  V. 

VII.  Iconographie.  —  Nous  avons  avancé  que  le  Portique  de  Philippe  entourait  le 
temple  d'Hercule  ;  cette  disposition  est  indiquée  sur  le  Plan  de  marbre  [Voy.  ci-dessus, 
n»  150,  g  V].  La  devise  porte  bien  j;dis  Hebcvlis  mvsarvm,  mais  évidemment  elle  ne 
se  rapporte  pas  à  la  longue  colonnade  au-dessous  de  laquelle  on  la  lit,  qui  ne  peut  pas 
être  celle  d'un  temple,  mais  celle  d'un  grand  portique.  La  légende  pour  le  temple  se 
trouvait  sans  doute  au  centre  de  la  pierre,  dans  la  partie  qui  nous  manque.  Les  por- 
tions de  murailles  en  dehois  de  la  colonnade  étaient  couvertes  de  tableaux.  Personne 
avant  nous  n'a  reconnu  dans  cette  colonnade  le  Portique  de  Philippe;  voici  par  quels 
motifs  nous  avons  été  conduit  à  cette  opinion  : 

1°  Philippe  a  restauré  seulement  le  temple  d'Hercule,  mais  il  a  édifié  les  Portiques 
qui  entourent  ce  temple  ;  cela  résulte  du  passage,  un  peu  vague,  de  Suétone,  dans 
lequel  cet  écrivain  ne  distingue  pas  les  édifications  des  restaurations  [Voy.  n"  88, 
g  XV],  mais  que  les  vers  suivants  d'Ovide  cclaircissenl  : 

Dicite  Piérides,  quis  vos  adjunxerit  isli, 
Cui  dédit  invitas  victa  noverca  manus. 
Sic  ego;  sic  Clio  :  Clari  monumenla  Philippi 
Adspicis  :  unde  trahit  Marcia  casia  genus. 
Ov.  Fast.  VI,  v.  799-802. 


'  Tiberius  kalendis  jatmarii,  quibus  consul.ntuni  inivit  ciim  Cn.  Pisone,    in  Octavi;r  Cu- 
riam,  quod  illa  extra  Pomoprium  csset,  convocato  senatu,  etc.  [an.  y^y]. 


lOi  DESCIUPTION  DE  ROML. 

Par  mnnumenla  Philippi  le  poëlc  (l(^signo  une  consliucliot  propre  à  FMiilippc,  c'esl-ii- 
dirc  les  porli(|ues. 

20  Ce  portique  ne  peut  (Mre  de  Fulvius  Nol)ilior,  qui  bàlit  le  temple  d'IIereule  vers 
56-4,  parce  qu'il  est  à  double  colonnade.  S'il  était  l'ouvrage  de  Kulvius,  on  n'aurait  pas 
dit  que  le  Portique  corinthien,  eonsiruit  plus  de  vingt  ans  après,  l'an  ."jSG,  fut  le  pre- 
mier portique  double  que  l'on  vit  à  Itome.  Voy.  i)lus  haut,  n"  l'«6,  §,  II. 

3°  C'était  pour  romplaire  i\  Auguste  que  Philippe  entreprit  la  restauration  du  temple 
d'Hercule  Musagète.  En  réédifiant  un  monument  voisin  du  Portique  d'Oclavie,  dans  le- 
quel l'empiireur  avait  déployé  tant  de  magnificence,  Philippe  aura  voulu  imiter  la  gé- 
nérosité de  son  gendre,  et  même  son  exemple  :  il  y  était  en  quelque  sorte  obligé,  en 
qualité  de  membre  de  la  famille  impériale;  ainsi  Auguste  ayant  entouré  d'un  porti(jue 
les  temples  de  Junon  et  de  Jupiter  [Voy.  Portique  d'Octavie],  Philippe  en  fit  autant 
pour  le  temple  d'Hercule  Musagète.  Deux  vers,  dans  lesquels  Martial  met  ensemble  ce 
Portique  et  ce  temple,  confirment  notre  conjecture  ;  le  poète  dit  à  quelqu'un  qu'il  rc- 
présf.'Hte  comme  un  monstre  : 

Viles,  censée,  Porticum  Philippi, 

Si  le  videril  Hercules,  peristi.       Mart.  V,  50. 

Hercule  Musagète  était  représenté  avec  une  lyre  à  la  main,  mais  il  avait  aussi  sa 
massue  près  de  lui,  arme  terrible  avec  laquelle  il  tua  tant  de  monstres.  Voy.  Vaillaxt, 
famil.  rom.  pi.  115,  n»  11;  —  Thesaur,  Morell.,  famil.  Pomponia,  lab.  11,  4,  etc. 

4"  Le  portique  spacieux  qui  entourait  le  temple  d'Hercule  existait  bien  réellement, 
puisqu'il  est  indiqué  sur  le  plan  de  marbre  ;  or  dans  aucun  auteur  on  ne  trouve  nommé 
un  Portique  d'Hercule  aux  Muses.  Cependant  cette  construction  était  trop  belle  et 
trop  importante  pour  qu'on  n'en  ait  jamais  parlé,  et  c'est  ce  qu'il  faudrait  supposer  si 
on  ne  veut  pas  y  reconnaître  le  Portique  de  Philippe. 

5"  Enfin  P.  Victor  et  Sext.  Rufus,  dans  la  nomenclature  des  édifices  de  la  IX^  région 
ont  inscrit  le  Portique  de  Philippe,  et  passent  sous  silence  le  temple  d'Hercule  Musa- 
gète, comme  si  en  nommant  ce  portique  ils  nommaient  implicitement  le  temple  qui  en 
faisait  partie.  Nous  avouerons  néanmoins  que  cette  dernière  déduction  est  la  plus 
faible,  parce  que  la  nomenclature  de  ces  régionnaires  est  souvent  incomplète,  et  que 
notamment  dans  cette  IX. "  région  on  cherche  en  vain  sur  leur  liste  le  célèbre  el  magni- 
fique Portique  d'Octavie. 

VIII.  Zeuxidis  manu  Romae  Helena  est  in  Philippi  Porticibus [Anliphilus]  pinxil  in 

Philippi  [Porticibus]  Liberum  patrem,  Alexandrum  puerum,  Hippolytum  tauro  émisse 
expavescentem.  Plin.  XXXV,  10.  —  Remarquez  porticibus,  qui  semble  indiquer  un 
portique  à  plusieurs  faces,  c'est-à-dire  réellement  plusieurs  portiques. 

IX.  Thcodorus  [pinxit]  bellum  Iliacum  pluribus  tabulis,  quod  est  Romae  in  Philippi 
Porticibus.  Ibid.  11. 

134.  Portique  corinthien  ou  d'Octavius.  Devant  le  ihéàlre  deCorn.  Balbiis 
[il**  146].  C'était  un  portique  à  double  colonnade,  et  le  premier  de  ce  genre  qui 
fut  construit  à  Rome.  On  le  devait  à  Cn.  Octavius,  qui  le  bâtit  vers  l'an  595. 
Auguste  le  restaura,  plus  d'un  siècle  après.  Le  mur  orné  de  niches  qui  sépare 
ce  monument  en  deux  dans  sa  direction  longitudinale,  en  faisait  à  la  fois  une 
promenade  d'été  et  une  promenade  d'hiver,  parce  qu'une  de  ses  galeries  re- 
garde le  nord  el  l'autre  le  midi.  Le  théâtre  de  Corn.  Balbus,  qui  fut  édifié  du 
temps  d'Auguste,  masqua  l'exposition  du  midi,  sans  néanmoins  détruire  l'agré- 
ment de  ce  portique,  qui  avait  un  étage  supérieur,  auquel  on  communiquait 
par  des  escaliers  ménagés  dans  trois  des  salles  rondes  du  massif  central.  La 
construction  était  en  arcades  avec  pieds-droits  et  colonnes  engagées.  Les  co- 
lonnes du  rez-de-chaussée  étaient  d'ordre  dorique,  et  celles  du  haut,  d'ordre 
corinthien ,  avec  des  chapiteaux  en  bronze  très-beaux ,  qui  avaient  vain  au 
portique  son  nom  de  corinthien. 

I.  Sur  la  position  et  la  formefdu  Portique  Corinthien,  voy.  n"»  144,  §  IX,  et  146,  §  I, 
II.  Dans  la  première  citation  Festus  en  disant  :  alteram  theatro  Pompei  proximam,  ne 
détruit  pas  notre  assertion  ;  il  aurait  jiu  dire,  il  est  vrai  :  theatro  liatbi  proximam,  mais 
rappelons-nous  que  Festus,  qui  vivait  dans  le  ll|e  ouïe  IV*  siècle  de  notre  ère,  n'était 
que  le  copiste  ou  i'ahréviateur  de  Verrius  Flaccus,  grammairien  du  temps  d'Auguste; 
or  il  est  très-possible  qu'au  temps  où  Verrius  écrivit,  le  théâtre  de  Halbus  n'exislàt  pas 
encore:  de  là  la  désignation  theatro  Poiupci  prcxintam,  qui  est  aussi  très-exacte.  On 


UÉGION  IX.— ClUQUE  t'iAMINlLS.  KK. 

|)ouirail  dire  encore  que,  lors  môme  que  les  deux  lliéûtres  auraient  existé  au  uionieiit 
où  Verrius  éerivail,  le  grammairien  a  dû  cniprunler  sa  dosignalion  lo[iogiaphi(|u(;  au 
tliéiltrc  de  Pompée,  plus  ancien  et  bien  plus  connu  à  Kome  que  le  Ihéillre,  tout  nou- 
veau, de  Corn.  Balbus. 

II.  Invenio  et  a  Cn.  Octavio,  qui  de  Perseo  rege  navalem  (riumphuni  egit,  faciam 
l'orlieuni  duplicemad  Circum  Flaminium,  quœ  Corinlhia  sit  appellata  a  capitulis  leieis 
columnarum.  Pli.n.  XXXIV,  3.  —  Le  triomphe  d'Octavius  est  de  l'an  586.  —  Sur  l'époque 
de  l'édllication  du  Portique  d'Octavius,  voy.  n"  74,  §  I. 

III.  PORTIOVM  AD  CIRCVM  FLAJIINIYM,  ÙVAM  SYJI  API'liLLARI  PASSVS  EX  NOJIINE  KIVS  QM 
l'UIOKEJl   EOUEM   IN  SOLO  FECERAT   OCTAVIAJI FECI.   L,\P1S   ANCYK.    COl.  !i . 

IV.  Iconographie.  —  Notre  restauration  est  la  co(iie  (idélc  d'un  dessin  de  Serlio,  qui 
vit  des  ruines  importantes  de  ce  monument,  que  les  uns  prenaient  alors  pour  le  Por- 
tique de  Pompée,  les  autres  pour  la  maison  de  Marins.  Voy.  Serlio,  Archilellura, 
lil).  m,  p.  LVll. 

V.  Piranesi  [Anlich.  rom.  lom.  IV,  tav.  46]  donne  une  vue  pittoresque  des  restes 
d(^  ce  monument,  qu'il  appelle  Portique  de  Philippe,  nom  qui  ne  peut  lui  convenir 
[Voy.  plus  haut  n°  153,  g  Vil].  Elle  consiste  en  une  arcade  et  deux  colonnes,  car  l'or- 
donnance était  une  suite  d'arcades  avec  pieds  droits  et  colonnes  à  demi  engagées.  Le 
portique  supérieur  est  trés-reconnaissable.  Les  colonnes  du  bas  étaient  doriques  ;  nous 
pensons  que  les  chapiteaux  corinthiens  cn  bronze,  dont  parle  Pline,  appartenaient  au 
portique  supérieur.  Cette  promenade  suspendue  d'où  l'on  pouvait  jouir,  d'un  coté,  de 
la  vue  du  Champ-de-Jlars  et  de  ses  édifices,  et  de  l'autre,  de  celle  du  Tibre,  de  l'Ile  ti- 
bérine,  et  de  la  région  translibérine,  devait  être  Irés-agréable,  et  unique  i  Uonie.  Le 
portique  supérieur  était  au  moins  à  quarante-huit  palmes  [10  mètres  70  centimètres] 
au-dessus  du  sol. 

IJîo.  Temple  de  Castor  et  Pollux.  —  Devant  :  Statues  équestres.  Ati- 
dpssous  du  Portique  Coriathien  [n°  154],  isolé  sur  une  petite  [)lace.  C'était  lui 
édiiice  périplère,  bâti  du  temps  d'Auyusle. 

I.  Castori.Pollvci.in.Circo.flaminio.OHELLI,  Inscript,  lai.  t.  II,  p.  397. 

II.  Vitr\ive  indique  vaguement  la  position  de  ce  temple  in  Circo  Flaminio,  c'est-à- 
dire  dans  la  région  du  Cirque  Flamlnius.'  La  place  des  autres  temples  de  ce  quartier 
élant  assez  bien  fixée,  nous  avons  cru  devoir  mettre  celui-ci  devant  le  Portique  Corin- 
thien, auprès  de  la  Piazza  Ciudea  [Nolli  n»  1025],  appelée  aussi  S.  Maria  del  Pianto  [Le- 
tarouilly,  rion.  XI,  13],  où  une  opinion  accréditée  dans  le  XVI«  etleXVII'^  siècle  indiiiuail 
un  temple  de  Castor  et  Pollux,  parce  qu'on  y  trouva  les  deux  statues  équestres  qui  sont 
aciuellement  sur  la  balustrade  de  la  place  du  Capitole.  Ce  temple  étaitpériptère  et  sem- 
blable pour  l'ordonnance  au  Parthénon  et  au  temple  de  Minerve  Suniade.  On  ne  sait  rien 
sur  ses  proportions  ni  sur  l'époque  où  il  fut  bâti;  maison  peut  conjecturer,  puisque  Vilruvc 
le  cite  commeun  exemple,  qu'il  étaitmoderne  alors,  etjouissaitd'une  certaine  célébrité. 

III.  Item  gencribus  aliis  constituuntur  œdes  ex  iisdem  symmetriis  ordinalœ,  et  alio 
génère  dispositiones  habentes,  uti  est  Castoris  in  Circo  Flaminio  et  inter  duos  lucos 
Vcjovis.  Item  Aricino  nemori  Diana;  eolunmis  adjectis  dextra  ac  sinistra  ad  humeros 
prônai.  Hoc  autem  génère  primo  facta  a-des,  uti  est  Castoris  in  Circo,  Alhenis  in  arce,  et 
in  Atlica  Sunio,  Palladis  Minervce.  ViTRiiv.  IV,  7. 

IV.  Flaminio  Vacca  qui  publia  ses  mémoires  en  1594,  s'exprime  ainsi  :  «  Accanto  il 
Tevere,  dove  al  présente  fanno  la  sinagoga  gli  l'ibrei,  al  tempo  di  Pio  IV  vi  furono  tro- 
vati  due  Giganli,  che  tengono  due  Cavalli,  di  marmo  statuale,  quali  furono  trasportati 
in  Campidoglio,  e  collocati  in  capo  délia  scala  al  fine  délia  piazza  dove  al  présente  si 
Irovano;  e  dette  statue  era  opinione  di  alcuni  i'ossero  Pompei,  ed  altri  Castore  e  Pol- 
luée, per  certi  cueuruzzi  comme  mezz'ovo  in  capo.  »  Flam.  Vacca,  Memorie,  n"  52. 

V.  Costrutta  la  nuova  chiavica  fino  in  piazza  Ebrea,  passata  sempre  a  grotta,  per  dove 
si  dice  che  fu  il  tempio  di  Castore  e  Polluée,  iddii  da  Romani  avuti,  etc.  Cii'Riano 
Cn>RiANi,  dans  C.  Fea,  Miscell.  t.  II,  252,  IV.  —  Le  due  statue  di  Castore  c  Polluée  co- 
lossal!, stanno  su  le  seale  del  Campidoglio,  e  alla  base  si  legge  che  furono  trovati 
a\auti  il  Teatro  di  Pompco.  C.  Fea,  Ibid.  p.  262,  IV. 

lo6.  Théathe  de  Pompée  et  Temple  de  Vénus  victorieuse.  Ce  théâtre  formait 
l'extrémité  oceidentale  de  la  masse  de  monuments  qui  rempli;>sail  la  |)artie  mé- 
ridionale du  Cliamp-de-Mars;  il  s'élevait  entre  les  jardins  d'Agripi)a  [ir'  I69| 
et  le  Temple  des  Lares  marins  [\\°  147].  Pompée  en  enlrepril  l'édificatiou  l'an 


106  DESCRIPTION  DE  ROME. 

G89  ou  690,  apivs  sa  campagno  fontro  Milliridalc,  cl  le  di-dia  pendant  son 
deuxième  consulat,  l'an  fiOS.  L'édilice  élail  un  liéniityde  de  I  4!i  niùlres  de 
diamètre,  et  contenait  27,o80  spectateurs.  Ce  lui  le  i)remier  tlié;ilre  de  pierre 
construit  à  Rome.  Jusqu'alors  les  censeurs  n'avaient  toléré  que  des  ihéàtres  de 
Ijois,  et  tenq)oraires  :  Pompée,  pour  esquiver  l'interdiction,  plaça  dans  son 
monument,  au  sonunet  des  gradins,  vis-à-vis  de  la  scène,  un  petit  temple 
qu'il  consacra  à  Vénus-Victorieuse,  et  publia  qu'il  avait  élevé  un  temple  à 
celte  déesse,  avec  quelques  degrés  au-dessous,  destinés  à  servir  de  sièges 
pour  voir  les  jeux.  L'intérieur  du  théâtre  n'avait  que  deux  prccinctions;  on 
croit  qu'il  avait,  à  l'extérieur,  trois  ordres  d'arcliilecture.  Sa  muraille  exté- 
rieure était  percée  de  44  arcades,  avec  des  colonnes  détachées  en  avant  de 
chaque  pied-droit.  Auguste  restaura  le  théâtre  de  Pompée,  et  Tibère  en  refit 
la  scène,  qu'un  incendie  avait  ruinée. 

I.  Tliealiiim  l'ompei.  P.  ViCT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

II.  Pompée  passant  à  MityU^ne,  api(^s  la  mort  de  Milhridalc  :  — HtOsiç  cï  tÔ)  Oic/rp'j>, 

c-  y.oLi  <j-/jlv(5t5/;ov.  Plut.  Pomp.  /«2  i. 

III.  Talis  in  Campo  Mailio  Jupilor  a  divo  Claudio  Ca>sare  dicatus,  qui  vocatur  Pom- 
ppianus  a  vlrinilalo  llicalii.  Pi.in.  XXXIV,  7. 

IV.  Qui  [Pompdus]  si  ante  biciininm  quam  ad  arma  itum  est,  pcrfeclis  muneribus 
Iheatri  et  aiionim  opcrum,  qua*  ei  circumdedit,  gravissima  tentalus  valetudine  deces- 
sissel  in  Campania,  elr.  Patercul,  II,  18. 

V.  Cavea  ipsa  cepil  hominum  LXXXmillia:  quum  Pompniani  theatri  loties  muliipli- 
oata  Urbe,  lariUxiuc  majore  populo,  suffieial  large quadraninia  millibus.  Pi.in.  XXXVI,  1.";. 
—  Ce  nombre  donne  par  Pline  est  évidemment  erroné  ;  La  Notice  de  l'empire,  selon 
la  leçon  du  manusrrit  du  Valiean,  porte  27,.'>80,  ainsi  que  M.  Canina  l'a  fait  observer 
dans  son  mémoire  sur  le  Théâtre  de  Pompée  [Cenni  slorici  e  riccrche  icnnngrafiche 
sut  lealro  di  l'ompeo  e  fabbriche  adiacenli,  p.  15,  in-i",  Roma,  1833].  Or  l'on  con- 
naît les  proporiions  exaetes  de  ce  théâtre  tant  par  les  travaux  de  M.  Canina  que  par 
les  fouilles  exécutées  par  M.  Victor  lîallard,  ancien  pensionnaire  de  l'académie  de 
France  à  Home  ;  et  en  calculant  les  places  d'après  la  surface  de  l'édifice,  on  arrive  à  peu 
prés  au  même  nombre  que  celui  indiqué  dans  la  Notice.  Quant  à  Pline,  son  énoncialioQ 
est  une  erreur  de  copiste  ;  il  est  très-aisé  avec  XXVII  de  faire  XLM.  Le  second  ,X  du  pre- 
mier nombre  sera  devenu  L,  et  Vil  mal  formé  peut  produire  M,  abréviation  du  molmille. 

VI.  POMPEIVJI    THEATRVM IMPENSA  GRANDI    REFECI   SINE  VLLA    INSCRIPTIONE     KOMINIS 

MEi.  LAPIS  ANCYR.  col.  4. 

VII.  Kàv  rai;  v.jtv'u  /jy-s pati  b  lïoij.TîriïOî  TÔ  H'XTpw,  w  xat  vuv  \y.i).~p'Xiôii.i^y.,  y.xOié- 
poifjz.  DiON   XXXIX,  58  2^ 

VIII.  At  Pompeii  theatrum  igné  forluito  haustum,  Cpcsar  exslruclurum  pollicitus  est, 
«  eo  quod  nemo  e  familia  restaurando  sufliceret,  manente  tamen  nomine  Pompeii.  » 
[an  775].  Tac.  Ann.  III,  72. 

IX.  Ne  publiée  quidem  nisi  duo  opéra  struxit  [Tiberius],  templum  Auguste,  et  sce- 
nam  Pompeiani  theatri;  eaque  pert'ecla  contempla  ambilionis,  an  per  senectutem, 
haud  dedieavil.  Tac.  Ann.  VI,  45.  —  Piranesi  [Campo  Marzio,  c.  IV,  §  XI]  conjecture 
d'après  l'anerdote  rapportée  plus  bas  §  XV,  que  Pompée  n'osa  pas  construire  une 
scène  solide  à  son  théâtre,  mais  en  fit  une  en  bois,  comme  dans  les  théâtres  tempo- 
raires, afin  d'éviter  l'animadversion  censoriale.  Celle  opinion  ingénieuse  ne  nous 
paraît  point  invraisemblable,  et  pourrait  expliquer  l'incendie  de  la  scène  sans  que  le 
théâtre  ail  été  brûlé. 

X.  Prineeps  ncque  opéra  ulla  magnifiée  fecit  [Tiberius].  Nam  quae  sola  susceperat 
Augusti  templum  reslitulionemque  Pompeiani  theatri,  imperfecla  post  lot  annos  reli- 
quit.  ScET.  Tib.  4  7. 

XI.  Opéra  sub  Tiberio  semiperfecta,  templum  Augusti,  ttieatrumquc  Pompeii  absol- 
vit  [Caligula].  Si'et.  Caltg.  21. 


*  Delectalus  theatro,  delineavit  cffigiem  et  figurani  ejus,  quo  Romje  simile  cxcitaret,  gran- 
dius  tamen  et  excellcntius.  =  -  lisdem  diebus,  id  quod  eliamnum  insigne  habeUir.  theatrum 
Pompeius  dedieavil  [au.  699]. 


RÉGION  IX.  — CIRQUE  FLAMINIUS.  107 

XII.  /i.T:sO'jy/.s /J-hJ  ovj tÔ)  tî  n5y.7Tyjtw  t/jv  t5u  <?sâT/55u //.vv3//v7V' 'zal  kCtw  xa? 

ro  -o'j  TtS-piou  ovojj.v.  i-JZ?)  5zv;v^  TT/iîorÇciî  ïypapsv,  à-zio/j  KxuOs~i<;a.v  aÙT/jv  c!'.-jo)y.o6o{jLr,/.zi. 
Dion.  LX,  6 1.  '  ' 

XIII.  Le  théâtre  de  Pompée  fut  ronime  perdu  pendant  quelque  temps,  et  au 
XVle  siècle  on  ne  le  ronnaissait  plus  ù  Home  ;  il  ne  se  trouve  point  sur  le  plan  de 
Rome  de  Bufalini,  publié  en  1351,  où  sont  tracés  tous  les  principaux  monuments  de  la 
ville  antique.  Cet  édifice,  ou  du  moins  ses  restes  furent  connus  des  antiquaires  de  la  fin 
du  XVl«  siècle  ;  Poissard  dans  sa  Topograpltia  Romœ,  secunda  dies,  p.  39,  publiée 
en  1597,  s'exprime  ainsi  :  Domus  Ursinorum  siructa  est  in  ruinis  ïliealri  Pompeiani, 
cujus  pars  adliuc  videtur  intégra  ad  stabula  domus  liujus.  —  C'est  auprès  du  palais  Pio 
et  dans  ses  environs  qu'il  faut  aujourd'liui  chercher  des  ruines  de  cet  édifice  ;  mais  lo 
sol  antique  est  tellement  exhaussé,  que  ces  ruines  sont  enfouies  dans  les  caves  des 
maisons  du  quartier.  M.  Canina  -  et  M.  Victor  lîallard^  ont  tour  à  tour  exploré  ces 
caves,  et  ont  opéré  les  découvertes  les  plus  intéressantes.  M.  Baltard  faisant  fouiller 
sur  la  place  Santa  Darbara,  a  dû  descendre  à  dix  mètres  de  profondeur  pour  rencontrer 
les  bases  de  deux  piliers  du  porticiue  extérieur  du  théâtre.  —  Sur  la  position  du  théâtre 
de  Pompée,  voy.  Piranesi,  Campo  Marzin,  tav  11  cl  XVllI.  —  Vue  pittoresque  des 
ruines  de  cet  édifice,  et  plan,  Ibid,  tav.  XVlll,  et  Antich.  Rom.  t.  IV,  tav.  38. 

XIV.  Sono  due  Satiri  in  forma  di  Telamoni,  rinvenuli  nella  piazzetia  dctta  perciô 
de'  Salin'  [NoUi,  n"  653;  Letarouilly,  rion.  VI,  50],  ove  fu  già  l'orchestra  antica  del 
Teatro  di  Pompeo.  C.  Fea,  Desrriz.  di  Ro77w,  antica  e  moderna,  t.  I,  p.  194. 

XV.  Temple  de  Vénus  Victnrieuse.  Veritus  quandoque  [Pompeius]  memoriœ  suse 
censoriam  animadversionem,  Veneris  Bcdem  superposuit,  et  ad  dedicalionem  populum 
vocans,  non  theatrum,  sed  Veneris  templum  nuncupavit,  cui  subjecimus,  inquit,  gra- 
dus  spectaculorum.  Tertull.  de  Spect.  10. 

XVI.  Pompeii  altero  consulatu,  dedicatione  templi  Veneris  Victricis,  pugnavere  in 
circo  viginti  [elephanti].  Plin.  VII,  7. 

XVII.  Cum  Pompeius  a?dem  Victoriae  dedicaturus  foret,  cujus  gradus  vicem  theatri 
essent,-  nomenque  ejus  et  honores  inscriberenlur  :  quœri  cœplum  est  utrum  consul 
tertio  inscribendum  essel  an  terlium.  A.  Gell.  X,  1. 

XVIII.  Ludos  dedicationis  Pompeiani  theatri,  quod  ambustum  restituerai  [Clau- 
dius],  e  tribunal!  posilo  in  orchestra  commisit,  quum  prius  apud  superiores  a-des  sup- 
plicasset,  perque  mediam  cavcam  sedentibus  ac  silentibus  cunctis  descendissel.  Suet. 
Claud.  21. 

XIX.  VeNERI     VICTRICI     HON'.    VIRTVT.    FELICITATI.   IX.    ÏHEATRO.     MARMOREO.     ORELLI, 

Inscript,  lat.  t.  II,  p.  597. 

XX.  Iconographie.  Non  pertanto  devo  tralasciare  di  farvi  conoscere  la  posizione  di 
alcune  parti  che  sono  di  molta  importanza,  e  principalmente  quelle  appartenenti  al 
lempio  di  Venere  Vittrice.  Siceome  nei  solterranei  corrispondenti  solto  l'alluale  in- 
gresso  del  Palazzo  Pio,  e  lungo  la  fronte  del  medesimo  che  guarda  la  piazza  del  Biscione, 
trovai  tracée  di  mura  di  maggior  grossezza  délie  altre,  e  che  uscivano  dalla  circonfe- 
renza  esterna  délia  cavea  del  teatro,  cosi  potei  dedurre  che  avessero  poluto  servire  di 
soslruzione  al  tempio  suddetto  di  Venere  Vittrice,  il  quale  si  doveva  trovare  nel  mezzo 
délia  cavea,  ed  in  modo  che  i  sedili  délia  medesima  figurassero  gradi  del  tempio  stesso, 
comc  scrive  Terlulliano.  In  questa  opinione  mi  sono  confermato  dopo  di  avère  sco- 
perto  altre  mura  antiche,  ricoperle  perii  da  moderne  costruzioni,  che  compongono 
quella  parte  del  palazzo  suddetto  che  sporgc  in  fuori  verso  la  piazza  di  Campo  di  Fiori 
[Xolli,  n"  638;  Letarouilly,  rion,  VI,  -28].  Di  più  mi  hanno  confermato  nella  stcssa  opi- 
nione le  indicazioni  dei  due  mûri  che  si  vedono  tracciale  nel  frammento  dell'anlica 
pianla  Capilolina,  e  che  corrispondono  nel  mezzo  esteriore  délia  cavea  del  teatro; 
benchè  siano  nella  lapide  riiinovata  segnate  con  due  semplici  linee  e  piantati  di  pilastri 
che  dovevano   decorare  i  lati  del   tempio,   mentre  in  modo  più  decisivo  saranno  stale 

queste  disposizioni  designate  nelle  antiche  lapidi.  [Voy.  ci-dessous  la  fig.  g  XXII]   

Non  più  di  quallro  colonne  ornavnno  la  fronte  del  tempio,  con  due  aiite  aile  estremità; 
c  la  parte  posteriore  do\  eva  esser  formata  a  guisa  di  un  abside  semi  circolare,  corne  la 
indicano  le  tracée  délie  sostruzioni  che  rimangono.  Canina,  Cenni  sloricie  ricerche  ico- 
nografiche  sitl  teatro  di  Pompeo  e  fabbriche  adiacenli,  p.  21-23. 


*  Picstituit  [Claudius]...  et  mcmoriam  tlienlri  Pompcio,  cujus  nomini  nomen  Tiherii  itt 
sccna  adseripsit,  qui  eam  incendio  haustam  refccisset.  :^  -  Voy.  §  XX  ci-dessous. =  ^  Mémoire 
niauuscritsurla  restauration  du  théâtre  de  Pompée,  dépesé  aux  archives  de  l'Institut  deFrance. 


108 


Di'ScmpTio.N  i)i;  iioMi:. 


\\l.  Estei'iianicnic  ('iiig(.-\a  la  cavca  [del  It-alio]  un  giro  tli  arruazioni  clie  com|io- 
nevano  un  porliro  in(prno  alla  medcsinia.  I)i  (lue^tc  arcuazioni  ora  ne  rimangono  solo 
Ire  al(|uanto  rotiseivate,  e  corrispondono  nri  sotterranei  dell'  osteria  posta  vicinoalla 
looanda  de(ta  del  Paradiso,  c  si  vcdoiio  Torniatif  di  pietra  til>urlina  tagliala  nei  coni- 
muni  grandi  massi.  Il  mciio  dellc  pile  di  ([uesle  arruazioni  non  do%eNa  essere  ornalo 
ron  mc/./.e  colonne,  conie  nel  Icairo  di  Mareello,....  ma  hciisi  ron  rolonne  isolale; 
poiclié  non  si  ronosrono  vcrune  allacature  di  mc/ze  colonne.  (Jueste  rolonne  dovevano 
essere  di  granilo  rosso  ;  giaccli(^  alcuni  rocclii  di  simili  colonne  furono  sroperli  nel  giro 
già  occupato  da  queste  arcuazioni,  e  specialmenle  nell'  anno  18-22  Tacendosi  alcune 
reparazioni  nella  casa  dell'  arcliilello  l'ietro  liool  siluala  lungo  la  via  del  l'aradiso  al 
II"  5."),  c  qui'Sle  furono  trovate  essere  del  diamclro  di  jjalmi  3.  Kssendosi  poi  rinvenuli 
diversi  massi  di  selciala  di  una  via  aiilica  nel  ristaurarsi  la  casa  posta  inconlro  la  lo- 
randa  del  Diseione,  o  clie  fa  angolo  con  la  piazza  di  Campo  di  Kiori,  si  vcnnc  a  conos- 
cere  clie  la  cavea  del  lealro  non  si  esleiideva  piii  in  fuori  del  giro  indicato  dalle  sud- 
dette  arcuazioni,  mentre  alcuni  topografi  per  dare  a  taie  cavea  un'  estensione  niaggiore 
di  quelladel  tcalro  di  >Iarcello,  lianno  opiiialo  die  occupavaun  magsriorespazio  ;  poiché 

per  taie  scoperta  si  è  conosciulo  es- 
sere slala  iviuna  via  chegirava  in- 
torno  al  lealro.  Camna,  Ibid.  p. 
26,27. 

XXII.  Nous  donnons  ici  trois 
fragments  du  Plan  de  marbre  qui 
représentent  le  Théj'ilre  de  l'oin- 
])ée,  le  l'oitique  de  Pompée,  el  à 
;4auclie  la  Curie  Poinpeia;  ces  frag- 
ments sont  aussi  gravés  dans  Bel- 
lori,  Iconographia  tel.  Romœ  , 
lab.  XII,  \V.  Piranesi  a  donné  un 
plan  incomplet  du  Théâtre  cl  une 
vue  pittoresque  des  ruines.  Yoy. 
Campo  Marzio,  la\.  18,  elAnlich. 
Rom.  l.  IV,  ta\.  58.  MM.  Canina 
et  Victor  Baltard  ont  exécuté  l'un 
et  l'autre  une  restauration  tii''s- 
complèle  du  Théâtre  et  du  Portique. 

XXIII.  Statues  de  Pompée. 1\\('- 
atrum  cum  Claris  feminis  ingressa, 
lanicnlaiione  llebili  majores  suos 
ciens,  ipsumque  Pompeium,  cujus 
ea  monumenta  et  adstantes  ima- 
gines viseLanlur.  Tac.  Ann.  111, 
23. 

XXIV.  Derrière  le  Théâtre  el 
autour  :  Statues  des  quatorze 
natiovs  :  —  Idem  et  a  Coponio 
XIV  Xaliones,  quse  sunt  circa  Pom- 
peii  theairum,  fadas,  auclor  est. 
Plin.  XXXVI,  .5. 

XXV.  Modo  a  simulacris  gen- 
tium  ad  Pompeii  Theatrum  dedica- 
lum  circuiri,  arcerique  progressa. 
SiET.  yero.  46. 

lo7.  Arc  Pompéien.  Arc  ou  Janus  on  marbre  siliié  à  droite  de  la  scène  du 
Ihéàlre  de  Pompée.  Auguste  lit  placer  sur  ce  Janus  la  Statue  de  Pompée,  la 
même  au  pied  de  laquelle  César  avait  été  tué,  et  qui  se  trouvait  auparavant 
dans  la  Curie  Pompeïa. 

I.  Pompeii  quoque  Slaluam  contra  ll.eatri  ejus  regiam,  marinoreo  Jano  supposuil, 
Iranslaiam  e  Curia,  in  qua  C.  Ca'sar  fuerat  occisus.  Slkt.  .-!«</.  31. 

II.  Le  mot  regia  a  fort  occupe  les  antiquaires;  les  uns  ont  conjecture  qu'il  signiliail 
le  Théâtre  mémo,  à  cause  de  sa  magnificence  ;  les  autres,  qu'il  désignait  une  basilique 


RÉGION  IX.— CIRQUE  FLAMINIUS.  100 

dont  au  reste  aucun  auteur  ne  parle.  Nous  préférons  la  ronjecture  de  Nardini  [Rotnaan- 
lica,  lib.  VI,  c.  3,  p.  /«O]  qui  prouve  assez  bien  que  rer/ia  était  la  partie  droite  de  la 
scène  d'un  tlioàtre.  Dans  nos  théâtres  modernes,  nous  avons  aussi  un  exemple  de  dési- 
i;nation  figurée  pour  certaines  parties  delà  scène;  les  machinistes  appellent  le  eôlé 
ilnnl  côlé  du  jardin,  cl  le  côté  gauche  côté  de  (a  cour;  jamais  ils  ne  disent  le  côté 
droit  ou  le  côté  gauche  de  la  scène. 

1^8.  CuniE  PoMPEiA.  En  avant  du  théâtre,  à  gauche  du  Portique  de  Pompée 
In"  160],  entre  ce  dernier  monument  et  lo  Portique  Corintliien  [n"  Loi].  Ce 
fut  après  avoir  construit  son  théâtre  que  Pompée  bâtit  cette  Curie,  afin  que  les 
sénateurs  eussent  moins  à  se  déranger  quand  un  jour  de  séance  du  sénat  il  y 
aurait  des  jeux.  Il  en  commença  l'édification  peut-être  l'an  699  ou  700  ;  bien 
certainement  l'édifice  était  terminé  l'an  703  [Voy.  ci-dessus  n°  156,  §  IV]. 

I.  O  àk  os^c/./j.vJOç  T-àv  jioviv  èxsîvo-j,  /.'A  rbv  àySivx  yCapoi,  ds  ôv  ■/)  sùyz^vjro,  -oOpoiaS-o 
rârs,  ïlo/j.-r,ioo  /xb^  d/.'Jvx  x.-ty.ivqv  ïyu'),  no//.Trv;£ciu  ô"  v:jù.I)-i)ij.v.  ycysvdi,  twv  T.poy.v/.OQ- 

//v;//.s'v&JV  TW  ScKT/SW,  TTaVTàTla'JtV  «7T£p-/iV£ PlUT.    CWS.    66'. 

II.  Vlùo/.ii  ôï  x«i  rà  Toû  toûod  f)ïio-i  st.ixi,  zat  npô?  aJTôiv.  arox  yctp  -Tj-j,  p.ioc  twv  T:spl 
To  déoLTpo'j,  ils'ûJcKv  ïyojiy.,  s'v  VI  no,ot7Ty;toi/  Ttî  tly.cu-i  iii7Ti]As.i,  z-?jg  ■nàlz'Ai  ijrY}'7x/j.svY]i,  cts 
l'Ai  oToxii  /.A  Ttj  6sù-cp'ji  Tov  rinov  è/.îbio'j  ézôs/z-vîTsy.  Plut.  Brut.  14  2. 

III.  fiXjiCf.  Toùî  yî  p.o'JOiJ.à.youi  [oui  'noWoiti  sv  tw  nop.T:rito>j  dsc/.rpoi,  Trpo^cai-j  wj  x.A 
bnlo/ÂXXYi'^ovzciç,  Tzponxpsijy.siiùuxvzo)  j3o-n9-^tJSfj  cptKv  -(i'^TTiÇov.  è/.sT.  yckp  non  t.>  oI/.oijmtl 
■zvmoÛTXîpiazJwj  ao-^iàpsùsiv  ip-ùlo-j.    Dion.  XLIV,  16  3.  —  Voy.  aussi  n"  122,  §  XI. 

IV.  &iA  â'  ï^Tav  tj  Tô>  \Ioy.~r^toij  ôs'y.-pm,y.Ai  [io\)\s:jT-ripio-)  ziJ.€t'kt  tôjv  T£i  ~ip\  Aiih 
ouu-j  z^-ijB'xi,  il'jiObi  ir.ï  rA.<;  fiiv.i?  S>o-  ylyjs'JT'XL.  Appian.  de  Bell  civ.  p.  814  *. 

V.  Poslquam  senatus  idibus  martiis  in  Pompeii  Curiam  ediclus  est,  facile  tempus  et 
locum  praetulerunt.  Suet.  Cœs.  80. 

VI.  Pridie  autem  easdem  idus,  avem  regaliolum  cum  laureo  ramulo  Pompeianae  Curia; 
se  inferentem,  volucres  alii  varii  generis  ex  proximo  nemore  persecutfe  ibidem  discerp- 
serunl.  Suet.  Cojs.  81.  —  Proximo  nemore  désigne  les  bosquets  du  Portique  de  Pom- 
pée, n»  160. 

VII.  Iconographie.  Un  fragment  du  Plan  de  marbre  nous  montre,  sur  le  côté  gauche 
du  Portique  de  Pompée,  une  grande  salle  carrée  qui  devait  être  bien  certainement  la 
Curie  Pompéia.  Voy.  n»  136,  g  XXII. 

'Ii}9.  Temple  de  la  Fortune  équestre.  Au-dessous  de  la  Curie  Pompéia 
[n°  158],  et  touchant  au  Portique  de  Pompée  [n°  160].  Ce  temple,  dans  son 
temps  l'un  des  plus  beaux  de  Rome,  était  systyle,  c'est-à-dire  que  ses  co- 
lonnes avaient  deux  modules  d'espacement.  Il  fut  voué  l'an  572,  pendant  une 
guerre  contre  les  Celtibères,  par  Q.  Fulvius  Flaccus,  propréteur,  et  dédié  l'an 
579,  par  le  même  Fulvius,  alors  censeur. 

I.  Systylos  est,  in  qua  duarumcolumnarumcrassitudo  ininlercolumnio  poterit  collo- 
cari,  et  spiraruni  plinthides  œque  magnœ  sint  eo  spatio  quod  fuerit  inter  duas  plinthi- 
des  ;  quemadmodum  est  Fortunaî  Equestris  ad  Theatrum  lapideum.  Vitruv.  IH,  2.  — Le 
Théâtre  de  pierre  était  celui  de  Pompée.  Vitruve  le  nomme  ainsi  parce  qu'à  l'époque 
oi'i  il  écrivait  son  Architecture  ce  monument  était  le  seul  dans  son  genre,  les  théâtres 
deMarcelluset  de  Balbus  n'existant  pas  encore. 

II.  Tune  vero  Celtiberi  omnes  in  fugam  effundunlur,  et  imperator  romanus  [Fulvius 
Flaccus  propreelor]  averses  hostes  conlemplalus,  œdem  Fortunœ  Equestri,  ,1ovi  Oplimo 
Maximo  ludos,  vovit.  Tn.-Liv.  XL,  40  [an.  572].  —  11  avait  gagné  la  victoire  en  or- 
•lonnant  à  sa  cavalerie  de  charger  l'ennemi  après  avoir  débridé  les  chevaux.  Ibid. 

m.  Eo  anno  [579]  œdes  .Tunonis  Laciniai  détecta.  Q.  Fulvius  Flaccus  censor,  a>dem 


■•  At  locus  ubi  caedes  illa  et  facinus  est  patratuin,  in  quo  coactus  fuit  scniitus,  ubi  statua 
oral  Pompei  iocata,  dedicauis  a  Pompeio  inter  oriiamenta,  qus  tlieatro  proetexuerat,  omnino 
ostendit.  =2  Locum  etiain  divinitus  datuin  apparebat,  et  pro  ipsis  esse.  Porticus  erat,  quae 
unam  liabebat  juxta  theatrum  exedram,  in  qua  statua  Pompeii  a  populo  romano  locala  fue- 
rat,  quuin  porticibus  et  theatro  locum  illum  decorasset.  =  ^  Habituros  se  auxilium  glaJiato- 
nim,  fjuos  multos  in  Pompeii  theatro,  velut  inter  se  dimicaturos  coinparaverant  :  nanique  ibi, 
iii  conolavi  quodam  perislylii,  sonatus  conriliiim  erat  liabendum.=:*  Lndi  tum  eraiit  in  Pom- 
peii thi'airo,  et  senatus  imniiiientcs  huic  .-ledcs  peliit,  ut  mos  est  speclaiulnrnrn  tenqion-. 


110  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Foilun.T!  Equcslii,  quam  in  Ilispania  prœlor  bello  Celliberico  vovcral,  faciebal  enixo 
sludio,  ne  nulliini  Itotiiiu  aniplius  aul  niagiiificciitius  tcmplutn  cssel.  Magnum  ornamen- 
tum  se  Icmplo  aiijcrUiruui,  si  U';,'uI;l'  niaimoiea;  essenl,  inofecUis  in  Brutlios,  iciJein  Jiitio- 
nis  Larinia;  ad  parlcni  ditnidiam  di'ti'gil  :  id  salis  fore  ralus  ad  ti'genduni  quud  acdifica- 
rclur.  TiT.  Liv.  M, II,  5. 

IV.  Tulvius  .Tdcm  Forluna;  Equpslris,  quam  proronsul  in  Hispania  dimicans  cura 
Ci'iliberorum  ii-gionibus  vovcral,  annos  sex  posiquam  voverat  dcdicavil  :  et  scenicos 
ludos  i)cr  (|uali'iduun),  ununi  diein  in  Circo  fecil.  TiT.-Liv.  XLll,  10  >n.  579]. 

V.  U.  aulcm  l'ulvius  Fiarcus  inipune  non  tulil,  quod  in  Censura  tegulas  marmoreas 
ex  Junonis  LariiiiiC  lemplo  in  Forlunai  Equtstris,  quam  Uonix  faciebal,  Iranstulil. 
V.  Max.  I,  1.  20. 

160.  PoRTiQtJE  DE  Pompée.  Derrière  la  scène  du  théâtre  [n°  156].  Il  avait  été 
aussi  bâti  par  Pompée.  Sou  plan  présentait  un  vaste  parallélogramme  entouré 
d'une  colonnade  close  de  murs  dans  lesquels  se  trtiuvaient  ménagés  divers 
petits  réduits  pour  se  reposer.  Une  galerie,  également  en  colonnade,  divisait 
le  portique  dans  le  sens  de  sa  longueur,  et  formait,  à  droite  et  à  gauche  une 
cour,  ou  plulùt  une  avenue  plantée  de  platanes,  décorée  de  statues  d'ani- 
maux cl  do  l'uiitaines  jaillissantes.  Les  colonnes  étaient  toutes  en  granit  rose, 
et  de  beaux  tableaux  décoraient  les  murs  d'enceinte.  Ce  portique  avait  été 
bâti  en  même  temps  que  le  théâtre,  ou  peu  de  temps  après. 

I.  t)t  6'  ù.'i'Si  ZQ-J  npoliTO-j  i'jiOiv  y.XTv.  T/;v  cToiv  T/;v  ~pb  ro'j  dtù.zÇfOXj  TSÎj  Sî^iJ-V^oii 
cpôjv  &),;  CT/îaTv;y'j)V  zJ-:rcOiGTXTX  i-/py]ijAziKov.  APPIAN.  de  Bell.  civ.  p.  815'. 

II.  Hujus  [Poljgnoti]  est  lal)ula  in  Porliru  Pompeii,  quœ  anle  Curiam  fuerat,  in  qua 
dubilalur,  asceudenlem  eum  rlypco  pinxeril,  an  descendentem.  Pli>'.  XXXV,  9. 

III.  Sciliret  umbrosis  sordet  Pompeia  columnis 

Porlicus  autreis  nobilis  attalicis, 
Et  creber  plalanis  pariler  surgenlibus  ordo, 

Flumina  sopilo  qua'que  Jlaione  cadunt; 
Et  leviler  njmphis  lola  rrcpilanlibus  Orbe, 

Cum  subi  triton  oie  recondit  aquam. 

Propert.  II.   23,  V.  45-50. 

IV.  Tu  neque  Pompeia  spaliabere  cullus  in  unibra. 

Id.   IV,   8,  V.  75. 

V.  Sur  les  bosquets  du  Portique  de  Pompée,  voy.  plus  baut,  n»  158,  §  VI.  Horace  y 
fait  sans  doute  allusion  dans  ce  vers  : 

Ncmpe  inler  varias  nutrilur  silva  columnas. 

I,  Ep.  10,  v.  22. 

VI.  At  licet,  et  prodest,  Pompeias  ire  per  unibras, 

Virginis  aîlliereiis  cum  caput  ardel  equis. 

Ov.  Art.  am.   111,  v.  387-588. 
vil.  Inde  petit  ccntum  pendenlia  tecla  columnis  : 

lllinc  Pompeii  dona,  nemusque  duplex. 

Mart.  II,   U. 

VIII.  Proxima  centenis  oslendilur  ursa  columnis, 

Exornanl  ficliB  qua  Plalanona  ferœ. 

Mart.  111,  19. 

IX.  Sic  veterem  ingrali  Pompei  quœrimus  umbram. 

Id.  V,  10. 

X.  Te  in  Campo  quaîsivimus  minore. 


In  Magni  simul  ambulalionc.     Catul.  52,  v.  5  et  6. 

XI.  Pinxit    [Antiphilus]   in  Pompeia    [Porticu]    vero   Cadmum  et  Europen.    Plin. 
XXXV,   10. 

XII.  l'ausias  aulem  fecit  et  grandes  tabulas,  sicut  spectatam  in  Pompeii  Porlicibus 
boum  iniinolalionem.   Plin.  XXXV,  11. 

XIII.  l'ost  scenam  porlicus  sunt  conslituendfe,  uli  cum  imbres  repenlini  ludos  inler- 

1  Mano  lirulus  et  Cassius  prœlorcs  ia  Porticu  ante  theatrum  [Pompeii]  mapia  tranquilliiale 
jus  rcddebant  pettiutibus. 


ce 
iliou 


RÉGION  IX.— CIRQUE  FLAMINIUS.  411 

pellavcrint,  habcat  populus  quo  se  rccipiat  ex  thcatro,  clioiagiaquc  laxumentum  habeat 
ad  cliorum  paiandum  :  uli  sunt  Porticus  Pompeianœ,  iletnqile  Allienis  Porlicus  Eume- 
nici.  ViTRLV.  V,  9. 

XIV.  Icnnnqraphie.  —\'oy.  plus  haut,  n"  156,  §  XXII.  Suivant  une  ancienne  tra- 
dition, les  colonnes  de  pranil  rose,  employées  aux  portiques  de  la  cour  du  Palais  de  la 
cliancellerie,  à  Homo,  \iendraient  du  Portique  de  Pompée.  l'our  les  proportions  de  "" 
Portique,  nous  avons  adopté  les  conjectures  de  MM.  Vicl.  lîallard  dans  sa  restauiati 
du  Théâtre  de  Pompée,  cl  Canina  dans  le  mémoire  cité  ii"  156,  §  V  et  XX. 

Î61.  Hecatoxstylon  ou  Portique  aux  cent  colonnes.  Il  occupait  tout  le  côté 
droit  du  Portique  de  Pompée  [ii"  160],  avec  lequel  il  était  luilojeu,  et  s'en 
trouvait  séparé  par  le  mur  d'enceinte  dans  lequel  on  avait  ménagé  deux  petits 
hémicycles.  Du  reste  il  était  i'ort  étroit  et  tout  en  colonnade  sur  la  rue.  On 
ignore  quand  et  par  qui  fut  bâti  ce  Portique,  mais  il  s'agence  si  bien  avec  le 
Portique  et  le  Théâtre  de  Pompée,  qu'on  pourrait  conjecturer  sans  invrai- 
semblance qu'il  a  été  construit  en  même  temps. 

I.  Sur  la  position  du  Portique,  voy.  n»  160,    §  VII,  VIII. 

II.  Tliealrura  Pompei  incensum  et  Hecatonstjlon.  Elsee.  Chronic.  11,  p.  171 
[an.   999]. 

III.  Iconographie.  Voy.  ci-dessus,  n»  156,  g  XXII ,  un  fragment  du  plan  de  marbre 
où  on  lit  encore  ce  reste  de  devise  :  osTïlvm. 

162.  Temple  d'Hercule-Gardten.  Situé  devant  le  Portique  de  Pompée 
[n"  160],  vers  l'extrémité  occidentale  du  Cirque  Flaminius.  C'était  un  petit 
périplère  circulaire,  ouvrage  du  milieu  du  septième  siècle  de  Rome.  Il  avait 
4  8  colonnes  cannelées,  en  pierre  recouverte  de  stuc.  La  dédicace  en  fut  faite 
par  Sylla. 

I.  .-Edes  Herculi  magno  custodi  Circi  Flaminii.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX, 

II.  Ovide,  après  avoir  dit  que  devant  le  temple  de  Bellone  est  un  petit  area  qui  re- 
garde le  Cirque  Flaminius,  ajoute  : 

Altéra  pars  Circi  custode  sub  Hercule  tuta  est  : 

Quod  deus  Euboïco  carminé  munus  habet. 
Muneris  est  tempus,  qui  nonas  Lucifer  ante  est. 

Si  titulos  quaeris,  Sylla  probavit  opus. 

Ov.  fast.  VI,  209-212. 

III.  Hercvli  magno  cvstodi  in  circo  flaminio.  GP»UT.  p.  154.  —  ORELLI,  inscript, 
lai.  t.  II,  p.  596. 

IV.  Queslo  corne  i  tre  tempj  a  S.  Niccola  in  carcere  [XoUi,  n"  1038  ;  Letarouilly, 
XII,  5],  da  me  falti  scoprire  nel  1807,  e  clie  illustrerô  a  suo  tempo  ;  il  cosi  delto  délia 
Forluna  Virile,  ove  è  S.  Maria  Egi/.iaca  [Xolli,  n»  1090  ;  Letarouilly,  XII,  11]  ;  il  tempio 
credulo  d'Apollo  o  d'Ercole  Musagete  a  S.  Niccola  de'  Cesarini  [Nolli,  n"  885;  Leta- 
rouilly, IX,  52]...  Aveva  le  colonne  intonacale  di  stucco  di  marmo.  Carlo  Fea,  Pro- 
dromo  di  nuove  osservazioni  e  scoperte  faite  nelle  antichilà  di  Roma,  da  varj  anni 
addielro,  p.  15.  in-S",  Roma,  1816.  —Le  temple  conjecturé  d'Apollon  ou  d'Hercule 
aux  Muses,  ne  peut  être  que  le  temple  d'Hercule  gardien. 

V.  Iconographie.  Ce  temple  était  petit  :  il  avait  14  inètr.  82  centim.  de  diamètre.  II 
en  reste  encore  7  colonnes,  toutes  plus  ou  moins  tronquées.  Voy.  le  bel  ouvrage  de 
M.  Isabelle,  Les  Edifices  circulaires  el  les  Dômes,  Rome,  planclie  IV. 

VI.  La  forma  rotonda  non  é  mai  slata  la  privativa  del  tempio  délia  dea  Vesla  ;..... 
quello  perillcro,  credulo  d'Apollo  o  d'Ercole,  di  cui  ora  soltanto  restano  4  colonne 
di  lufo,  già  intonacale  di  stucco  di  marmo,  nella  casa  de'  P.  P.  Somasclii  a  S.  Xiccola 
dei  Cesarini,  non  fu  mai  da  alcuno  allribuito  a  Vesla.  Carlo  Fea,  Oiscorso  sull'  antico 
tempio  rolondo  vicino  a  Ponle  rotlo,  dello  volgarniente  di  Vesla.  p.  51,  in-S", 
Rome,  1816.  Voy.  aussi  Ve.mti,  lib.  Il,  c.  5. 

Vil.  Dans  la  maison  de  P.  P.  Somasques  aliénante  à  l'église  de  S.  Nicolas  aux  Ce- 
sarini, on  voit  les  restes  du  temple  d'Hercule  gardien Il  était  de  forme  ronde  et 

entouré  de  colonnes  en  tuf  plaquées  de  stuc  et  cannelées,  avec  les  bases  atliques  en 
travertin.  Quatre  de  ces  colonnes  plus  ou  moins  tronquées  sont  encore  debout,  el  on 
les  voit  dans  la  cour  el  dans  la  cave  de  la  maison.  Nibbï,  Itinéraire  de  Rome, 
t.  II,  p.  55. 


Ih2  DESCRIPTION  DE  ROME. 

lOô.  CiRQUR  Fi.AMiMis.  Bfili  |);ir  le  conscui'  C  riaminius,  Tan  533,  il  s'é- 
tendail  cnlre  le  Porli((U(!  de  l'ompée  [u"  160],  aii(|iiel  il  élail  peipeiuliciilaire, 
ol  rexlréinilé  sc|tlcnlvionale  du  mont  Capilolin.  Sa  forme  et  ses  dispositions 
étaient  celles  de  ions  les  cirques  romains.  Son  arène  se  composait  d'une  ma- 
çonnerie faite  avec  des  frai,'menls  de  briques  figurant  des  dessins,  parce  <|iie 
ce  Cirque  était  cpielquefois  rempli  d'eau  pour  certains  jeux  particuliers. 

I.  Circus  Fhiminius.  Skxt.   IUf.  de  Recj.  urb.  Roma>,  IX. 

II.  C.  Flamiiiius  Censor  [an.  533]  viam  Flaminiam  munivil,  el  Cirnim  Flaminium 
exstruxit.  ïit-Liv.  ICpitn.  W. 

III.  L.  Vcturius  cl  C.  Lutalius  his  coss.  via  Flaminia  munila,  et  Cirrus  faclus,  qui 
Flaminius  appelialur.  Cassiod.  Chronic  [an.  335]. 

IV.  Ea  omnia  in  pratis  Flaminiis  conrilio  plebis  acla,  (juam  nunc  Circum  Flaminium 
appellanl.  Tir.-Liv.  III,  .54.  —  Voy.  aussi  plus  haut,  n»  l'(9,  <§  IV. 

V.  Circus  Flaminius  dicitur,  qui  circum  xdificatus  csl  Flaminium  campum.  Vaiir. 
L.  L.  V,  §  154. 

VI.  Atà  T(  Twv  i7:T:oopoy.Oi-J  sTi  Aù.çnjj.hiOi  /.aùsÏTai;  -^  cri  <\''/uiu-nou  tjvo;  tojv  7rî'.).«twv 
T/j  Tzilsi  yojpcv  gTTtoivTOï,  c>f/5wvT5  Taï,  Tzpocoocii  sU  ~oùi  tTTTrixoùi  éyôJvaj  ;  ert  (?ï  — e- 
piô-nu-j  ypr,iJ.ii.T(av,  y.c/.rs<r/.siixi3a.v  ôd'iv,  -^v  /ai  aj--/;v  4'/K//.£vtav  7:yîooy;ys^su5av  ;  PlI't. 
QucRsl.  Rom.  p.  130  i. 

VIT.  Kaî  y.£TJ:  toOto  ê'j-  rs  tov  ^"kxfihio-^  'mTtôopo/MO'J  vâcdp  IrfiyO/i,  zat  iv  «jtw  x^/îi- 
Ki'Jiùoi  £ç  za!  TyitàxsvTa  xaTîX(37irjff«v.  Dion.  LV,  10^. 

VIII.  Iconograji/iie.  —  De  Circo  aulcm  Flaminio  porlinacissima  vulgi  adliuc  cxstat 
opinio,  quod  js  lueril  queiii  tiodie  Agoncm  vocanl.  Erudiiiores  vero  non  hune,  sed  eum 
fuisse  asserunt  cujus  adliuc  exslal  forma,  el  velcrum  sedilium  signa,  ubi  in  medio  nunc 
est  templum  Sanclœ  Calherinae  [Nolli,  n"  1003;  Lelarouilly,  XI,  8j,  ubi  liodie  lorquen- 
tur  funes,  quod  prius  diccbaïur  Monaslerium  D.  Hos;l'  in  Castro  aureo.  Longiludo  ejus 
Circi  ab  a-dibus  iiunc  I).  Pciri  .^iargani  et  S.  Salvalore  in  pensili  usque  ad  »des  D.  Lu- 
dovic! Mattiiei,  juxia  Calcaranum,  nam  id  loco  nomen  a  coquenda  caice  inditum,  ubi 
caput  Circi.  Latitude  vero  inter  lurrem  nunc  Cetrangoli  et  apothecas  obscuras.  Fl'l- 
viLS,  de  Urbis  anliquil.  lib.  IV,  p.  263. 

IX.  Eravi  dopo  il  Circo  Massimo  il  Circo  Flaminio.  Il  quale  dalla  Piazz.a  de'  Mallei, 
corne  oggi  si  dice,  e  dal  fonte  di  Calcarara  giraiido  si  stendeva  per  la  contrada  detla  le 
botlegbe  oscure,  e  faceva  quasi  il  line  vicino  alla  nuova  strada  Capilolina.  Onde  il  Circo 
baveva  le  sue  mosse.  L'ultimo  giro  era  alla  piazza  de'  .Margani.  I'irro  Ligorio,  Délie 
anlichitù  di  Roma,  etc.  p.  2,  recto. 

X.  11  silo  del  Circo  Flaminio  era  non  mollo  lontano  dalle  radici  dcl  Campidoglio  :  e 
come  ancora  si  puo  vcdere,  cominciava  dalla  piazza  de'  Margani,  e  finiva  appynto  al 
fonte  di  Calcarara,  abbraciando  lutte  le  case  de'  Mallei,  e  stendevasi  infino  alla  nuova 
via  Capilolina,  pigliando  in  tutlo  quel  giro  moite  allre  case  d'allre  persone.  Da  queslo 
lalo  de'  Mallei  il  Circo  pochi  anni  fa  era  in  gran  parte  in  piede,  e  allora  ne  presi  la 
planta  dalle  minutie  délie  misure  in  fuori,  che  per  non  baver  il  Circo  gli  ullimi  suoi 
finimenli  non  si  potorono  pigiiare.  La  parle  più  inlicra  era  appunlo  dove  è  foiidala  la 
casa  di  M.  Ludovico  î\lallei  :  il  quale  ha  cavalo  una  gran  parte  de  i  foudamenli  del  Circo 
in  quel  luogo,  e  Irovatovi  fra  l'allre  cose  una  tavola  di  marmo,  in  forma  di  fregio  inla- 
gliala  con  putiini,  che  sopra  carri  fanno  il  gioco  circense;  e  nella  cantina  Irovaronsi 
di  molli  teverlini,  e  viddesi  alquanlo  del  canale  per  onde  passava  l'acqua  :  laquale  an- 
cora adesso  passa  per  casa  d'un  tintore  di  panni,  e  chiamasi  percorrolto  uso  il  fonte  di 
Calcarara,  forse  per  la  calcina  che  qui>i  si  fa.  11  pavimenlo  e  suolo  del  Circo  era  di 
calcina  e  mattoni  pesli,  molto  sodo  e  grosso,  e  lavorato  di  sopra  d'alcune  cose  di  mu- 
saico.  Auguste  (come  dice  Dione)  condusse  l'acqua  in  queslo  Circo,  il  quella  testa  nella 
quale  e  vi  fece  ammazzare  XXXVI  coceodrilli,  e  seconde  allri  scriltori,  allre  fiere  del 
Xilo  d'altra  specie.  Pirro  Ligûrio,  délie  Anlichità  di  Roma,  etc.  p.  17,  verso.  —  Le 
plan  que  Ligorio  elle  dans  cet  extrait,  existe  en  manuscrit,  mais  n'a  jamais  été  publié. 
—  N.  B.  Fulvius  écrivait  en  1543,  et  Pirro  Ligorio  en  1333. 

'  Cur  Circorum  uni  nomen  est  Flaminio?  an  quod,  cum  de  priscis  Romanis  quidam  Fla- 
minius Crhem  agro  donassct,  ejus  rcditibus  usi  svint  ad  er]uestria  ccrlaniina  .'  thinique  adimc 
supercssc'iil  pecunl.T,  vlaiii  est  ea  straverant,  quani  ipsam  quoque  Flaminiam  appellavcrunt. 
=  ^  Post  li;ec  el  aqua  in  Circum  Flaminium  est  dcrivata,  in  caque  crocodili  sex  ne  iri^jeuta  con- 
cis! suul. 


RÉGION  IX.— CIRQUE  FLAMINIUS.  US 

XI.  Le  cirque  Flaminius  sVlcndail  depuis  la  place  de  l'O/mo  [Nolll,  noiini;  à  Ca- 
linari,  Letaiouilly,  rion.  VIII,  39]  jusqu'au-delà  de  la  j)lare  Margana  [Noili,  n»  yj/n  ; 
Lelarouilly,  rion.  X,  5].  Dans  le  Mojon  àt,'e  on  l'appela  Castcllum  aurcum,  lu  (llijlleau 
d'or.  L'arc^ne  servant  aux  rordiers  |)Our  faire  dos  cordes,  fîmes  en  laiin,  lit  donner  le 
nom  de  Funari  à  loule  la  ronirée,  nom  ((u'clle  ri^tient  enrorc,  cl  c'est  par  celte  raison 
qu'on  appelle  Saiiite-C.alherine-des-Funari,  l'église  bâtie  sur  les  ruines  de  ce  monu- 
ment. PsiBBV,  Itinéraire  de  Rome,  l.  II,  p.  58. 

XII.  Pour  les  détails  relatifs  aux  diverses  parties  du  Cirque,  telles  que  les  carci'res, 
les  melœ,  Vépine,  etc.  Voy.  plus  loin  n"  24il  ù  l'article  Cirque  Maxime;  nous  y  avons 
traité  de  ces  dispositions,  qui  étaient  communes  à  tous  les  cirques  romains. 

164.  Temple  de  Diane.  Devant  le  Cirque,  du  côté  des  Carcères.  Il  fut  dédié 
l'an  573,  par  le  censeur  M.  yEiiiilius,  qui  l'avait  voué  huit  ans  auparavant. 

I.  Aller  ex  censoribus  M.  yEmilius  peliit  ab  senatu  [an.  573]  ut  sibi  dedicationis 
lemplorum  Reginœ  Junonis  et  Dianœ,  quœ  bcllo  Ligustino  ante  annis  octo  vovisset,... 
decerneretur...  Dedicavit  cas  aedes,  utramque  in  Circo  Flaminio.  Tit.-Liv.  XL,  52. 

II.  Faute  d'indication  plus  précise,  nous  avons  mis  ce  temple  derant  le  Cirque,  car 
in  Circo  Flaminio  signifie  dans  le  quartier  du  Cirque  Flaminius. 

463.  Temple  de  Junox-Reine.  A  cûté  du  précédent  dont  probablement  il 
était  voisin.  Il  fut  voué  l'an  565  par  le  consul  iEmilius,  et  dédié  huit  ans 
après. 

l.  Pr.xlio  ullimo  quo  cum  Liguribus  signis  collatis  conflixit  .^milius,  œdem  Junoni 
Reginae  vovit.  Tit.-Liv.  XXXIX,  2. 

H.  IVN.  REG.  AD  ciR.  FLAM.  OUELLI,  Inscrtpt.  lai,  n"  35. 

III.  In  circo  Flaminio  porlicus  inler  a?dem  Junonis  Reginœ,  et  Fortunée  tacta,  et  circa 
œdiTicia  pleraque  dissipata.  Obseû-  75  [an.  598]. 

166.  Temple  de  Brutus-Callaïque,  ou  de  Mars.  Auprès  du  Cirque  Flami- 
nius ;  on  ne  sait  rien  de  plus  sur  sa  position.  Ce  temple  est  du  conunencenient 
(lu  septième  siècle  ;  il  fut  bâti  par  Décimus  Brutus  à  la  suite  d'une  campagne 
qu'il  lit  en  614  contre  les  Gall-.eci,  peuples  d'Espagne.  Il  devait  être  grand, 
puisqu'il  renfermait  une  statue  colossale  de  Mars,  dieu  auquel  il  était  consacré. 

l.  Templum  Bruti  Callaici.  Sext.  Rlf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 
n.  Templum  Druti  Callaici. 

Villa  publica.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

III.  Nunc   vero,   pra>ter  supra   dicta, Mars  est  eliam  sedens  colosseus  ejusdem 

[Scopœ],  in  templo  Bruti  Callaici,  apud  Circum  eumdem  [Flaminium].  Plin.  XXXVI,  5. 

IV.  Sed  Mavors  templo  vicinus,  el  accola  Campi. 

Ov.  ad  Liv.  consol.  v.  231. 

V.  Dion  parlant  des  prodiges  qui  suivirent  la  défaite  de  Varus,  l'an  763,  dit  :  o,  tî 
yv.p  Toô  Apîoiç  vas,  b  iv  tôj  tis'Au  ujtov  6i-j,  t/.îf,y.Dy'j,6i).  Dion.  LVI,  24  l. 

VI.  Decimus  Junius  Brulus  in  ulteriore  Hispania  féliciter  adversus  Gallœcos  pugna- 
vit.  TiT.-Liv,  Epito.  LVI. 

VU.  Tum  sibi  Callaico  Brulus  cognomen  in  hoste 

Fecit,  el  Hispanam  sanguine  tinxit  humum. 

Ov.  Fast.  VI,  V.  461-462. 

167.  Delubrum  et  temple  de  Jupiter-Stator.  Nous  avons  dit  plus  haut 
[n"  1 0]  ce  que  c'est  qu'un  Delubrum.  Celui-ci  était  décoré  de  statues  et  de 
colonnes  surmontées  de  statues  dorées.  Il  existait  déjà,  ainsi  que  le  temple  au 
commencement  du  septième  siècle.  Emplacement  vague  ;  nous  mettons  ce  tem- 
ple ici  par  conjecture. 

L  lOVI  STATOR 

IVN.    REG.    AD  cm.   FLAM. 

ORELLI,  Inscripl.  lai.  n"  55. 


*   Kioiiim  templum  Mariis,  in  Cunpo  M.irtio,  fulmine  tactum  fueral. 
I. 


414 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


II,  Turhinis  vi  in  Campo  rolumiia  aiilc  a>(k'm  Jo\is  derussa,  rurti  signo  aurato. 
Obseq.  77  [an.  602]. 

168.  Villa  Publica.  Presmie  au  bas  de  rextrémilé  septentrionale  du  mont 
Capitolin,  à  dr(titc  et  îi  côté  du  Ciniuc  Flaminius,  on  trouvait  la  Villa  publica 
réunion  de  Ijàtiuicnts  dont  une  partie  servait  à  passer  la  revue  du  peuple,  et 
une  autre  parli*^  (Vhospitium  i)our  recevoir  et  loger  les  ambassadeurs  étran- 
gers envoyés  à  Uonie.  Cet  éditice  avait  un  étage  :  le  bas  présentait  une  suite 
d'arcades  reposant  sur  des  colonnes,  et  le  haut  des  galeries  en  colonnades. 
La  Villa  publiai  était  très-ancienne  ;  elle  fut  dédié  Tan  320  par  les  censeurs 
Furius  Pacilus  et  M.  Geganius  Macerinus,  restaurée  et  agrandie  l'an  .'i.'jS.  Elle 
était  grande,  car  Sylla  fit  massacrer  dans  sou  enceinte  au  moins  4,000 
hommes. 

I.  Villa  Publioa.  Sext.  Rcf.  de  Iteg.  urb.  Jinmo',  IX. 

II.  Villa  Publica,  ubi  primum  populi  census  aclus  est  in  Campo  Marlio.  P.  VicT.  de 
Reg.  urb.  Romœ,\X. 

III.  Eo  anno  [320]  C.  Furius  Pacilus,  et  M.  Geganius  Macerinus,  censores,  Villain 
publiram  in  Campo  Marlio  probavorunt.  Tit.-Liv.  IV,  22. 

IV.  «  Dum  (liribentur,  inquil,  sulTragia,  vis  polius  Villœ  publicœ  ulamur  umbra.  » 

Ha;c  [Villa]  communis  universi  populi;...  (|uo  succédant  a  Campo  cives  elrcliqui 

omncs;...  ad  rempublicam  aiimiiiistraiidam  liœc  sil  ulilis,  etc.  Vahk.  H.  15.  III,  2. 

V.  Varron  parlant  de  la  fin  des  comices  dont  il  vient  d\Hre  question  dans  le  §  pré- 
cédent, dit  :  «  Al  slrepilus  a  dexlra,  et  cccum  recla  candidalus  noster  designatus  a-dilis. 
Cui  nos  occurrimus,  et  gralulaii  in  Capilolium  prosequimur,  ille  inde  eundo  suam  do- 
mum,  nos  noslram.  Varr.  R.  11.  111,  t7. 

VI.  Cartliafiniensium  legalos...  Q.  Fulvius  Gillo...  Romam  adduxit;  quibus  vetilis 
in^redi  Urbcm,  hospilium  in  Villa  publica,  scnalus  ad  œdem  Bellonœ  dalus  est.  Tit.- 
Lw.  XXX,  21  [an.  549]. 

VII.  Brevi  post  legali  et  a  T.  Quinlio  et  ab  rege  venerunt.  Macedones  deducti  extra 
Urbem  in  Villam  publicam,  ibique  iis  locus  et  lolia  praibita  :  et  ad  œdem  Bellonae  sc- 
nalus est  habitas.  Tit.-Liv.  XXXllI,  24  [an.  555]. 

VIII.  Creali  censores  Sex.  ^lius  Pa>tus,  et  C.  Cornélius  Celhegus....  Atrium  li- 
bertatis,  et  Villa  publica  ab  eisdem  refecta  amplificataque.  Tit.-Liv.  XXXI V,  /ri 
[an.  558]. 

IX.  Quatuor  millia  deditorum  inermium  civium  in  Villa  publica  inlerfîci  jussit 
[Syila].  Klor.  III,  21. 

X.  Quatuor  legiones  contrariée  partis,  fidem  suam  secutas,  in  publica  Villa,  quœ  in 
Marlio  Campo  erat,  nequicquam  fallacis  dexlrre  niisericordiam  implorantes,  oblruncari 
jussit.  V.  Max.  IX,  2.  1.  —  Je  crois  que  les  copistes  ont  mis  ici  4  légions,  qui  auraient 
fait  24,000  hommes,  au  lieu  de  4,000  hommes.  Je  pense  aussi  avec  Juste-Lipsc  que 
quœ  in  Campo  Martio  eral  est  une  glose  qui,  de  la  marge  aura  passé  dans  le  texte, 
car  Valére-Maxime,  qui  vivait  du  temps  de  Tibère,  ne  mourut  que  longtemps  après 
ce  prince. 

XI.  Tune  ilos  Hesperiœ,  Latii  jam  sola  Juventus 
Concidit,  et  miserae  maculavil  Ovilia  Romae. 

Ll'can.  11,  V.  196-197. 
—  Dans  le  passage  d'oiJ  sont  extraits  ces  deux  vers,  il  est  question  des  proscriptions 
de  Sylla,  et  Lucain  fait  ici  allusion  au  massacre  commis  dans  la  Villa  publica. 

XII.  Fabbricandosi  il  Palazzo  Allieri,  solto  Clémente  X,  fu,  nel  cavare  i  fondamenli, 
Irovata  una  gran  muraglia,  che  si  vedeva  essereappartenutaa  qualche  grande  edifirio, 

che  io  dubito  polcssc  essere  la  Villa  publica,  essendovisi  tro- 
vale  délie  stanze  dipinle,  e  un  bassorilievo  di  marmo.  Ve.nuti, 
Âniichilà  di  Roma,  part.  II,  c.  3. 

XIII.  Iconographie.  D'après  les  textes  ci-dessus,  nous  con- 
jecturons, avec  plusieurs  antiquaires  ,  que  la  Villa  publica 
est  représentée  sur  un  fragment  du  plan  de  marbre  où  sont 
gra\és  aussi  les  Sepla  Jitlia  [Voy.  no  177,  §  Yl].  —  La  Villa 
publica  se  trouve  figurée  en  élévation  sur  le  revers  d'un 
denier  d'argent  de  T.  Didius,  dont  nous  donnons  ici  la  copie. 
Voy.  Thesaur.  Morell,  {ixmi\.  Didia,  2,  5  ;  famil.  Fonteia.  5. 


RÉGION  IX.  — CIRQUE  FLAMINIUS.  H5 

Voy.  aussi  Vaillant,  f;miil.  rom.  Didia,  h  ;  Fonleia,  1.  niiiius  nvnit  K.i<;n6  le  litre 
iVimperatnr  en  Espagne  ou  en  lllyiie.  11  restaura  la  Villa  publica,  et  fut  lue  l'an  604, 
pciidanl  la  gucne  sociale. 

169.  Jardins  ET  Etang  d'AoRippA.  —  Ateliers  de  Sculpteurs.  Les  JaivJins 
étaient  à  peu  près  au  milieu  du  Chanip-de-Mars.  Nous  les  avons  indicjués 
d'après  les  dispositions  générales  de  ces  lieux  de  plaisance.  V Etang,  situé  au 
midi  des  jardins,  dont  il  faisait  partie,  fut  autrefois  le  fameux  Marais  de  la 
Chèvre,  où  Roniulus  disparut.  Un  canal,  appelé  Euripe,  se  détachait  de  l'É- 
tang et  s'avançait  dans  les  jardins  vers  la  maison  d'habitation  qui  s'y  trouvait. 
—  Sur  la  lisière  septentrionale  des  Jardins  il  y  avait  des  Alelicrs  de  sculpteurs, 

I.  Horli  et  ïliermœ  Agrippœ.  Se.vt.  Rlf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

II.  Kat  TOT:  yoûv  x/j-îi/,  tî  apt'jf  xxl  TS  /35«),avîÎ3v  TÔ  inc^v'jy.ov  a'jzoXi  KXzéliTH-J,  '"iizs 
TzpovAx  xjToùi  IoÛ'jOxi.  Dion.  LIV,  29  *. 

III.  In  stagne  Agrippœ  fabricalus  est  ratem, et,  postquam  lenebrae  inccdebant, 

quantum  juxta  nemoris, consonare  cantu,  et  luminibus  claresccre.  Tac.  Ann. 

XV,   57. 

IV.  EvTaû5îv  0  i  iJ.vzri'ii-j/.v'  Ay/îtTïTra;  riv  ttîtttwxstk  \éo-Ji'x  XusItîtzo'j  Ëpyov  c>yzOr,/.e 
0  5  £v  zô)  iû.'j-i  T'j  iJ.z.-yX'J  Tvîî  yi'J.-.'T,;  /.XI  Toû  Ejpijiou.  Strab.  XII,  p.  590  2. 

V.  Sur  l'Etang  d' Agrippa  et  l'Euripe.  Voy.  plus  bas  n»  196,  §  XIV,  Champ-de-Mars 
et  Champ   Tibcrin. 

VI.  Nardini  [Roma  antica,  VI,  i,  p.  58]  et  Brocchi  [Suolo  di  Roma,  p.  19]  conjec- 
turent que  l'Etang  d'Agrippa  était  le  reste  du  célèbre  Marais  de  la  Chèvre,  près  du- 
quel Uomulus  fui  enlevé  au  ciel,  ou  plutôt  assassiné. 

VII.  Ateliers  de  sculpteurs.  Nous  conjecturons  qu'Agrippa,  qui  décora  et  restaura 
tant  de  monuments  publics  avait,  sur  l'un  des  côtés  de  ses  jardins,  des  ateliers  particu- 
liers où  il  faisait  constamment  travailler  pour  lui  des  esclaves  artistes.  —  .Ne'  lempi  di 
Giulio  m,  Ira  la  chiesa  délia  Madonna  délia  Pace,  e  S.  Maria  dell'  Anima  [NoUi,  n»600; 
Letarouilly,  rion.  V,  41],  \i  furono  cavati  alcuni  pezzi  di  colonne  d'Africano  et  di  Porta 

santa lo  credo  che  da  quesla  parte  abilassero  e  lavorassero  molli  scultori,  poichè 

neir  aprirsi  la  nuova  slrada  al  fianco  délia  Chiesa  Nuova  vi  furono  trovate  statue, 
teste  non  finile,  ed  allre  abbozale,  marmi,  divers!  ferramenli  da  scultori,  e  scaglie,  il 
che  dimoslrava  che  vi  fossero  loro  botteghe  per  la  quantila  grande  che  ve  n'  erano. 
Venuti,  Anlichità  di  Roma,  part.  II,  c.  5. 

170.  Bois  de  Mars. — Au-dessous  :  Autel  de  la  Paix.  Le  Bois  était  sur  la 
rive  orientale  de  l'Étang  d'Agrippa  [n°  169];  l'Autel,  qui  fut  érigé  l'an  740 
en  l'honneur  d'Auguste,  s'élevait  au-dessous  du  Bois.  Positions  conjecturées. 

I.  Lucus  Mavorlianus.  Sext.  Rcf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

II.  Ex  s.  c.  ft.  E.  D.  ara  pacis  avgvsti  in  camp.  mar.  constitvta  est  kerone  et  varo 
coss.  OIIELLI,  Inscript,  lat.  t.  II,  p.  394. 

171.  Bains  d'Agrippa.  Au-dessous  des  Jardins  d'Agrippa  et  derrière  le 
Panthéon  [n"  180].  Ils  furent  probablement  construits  vers  l'an  722,  pendant 
l'édilité  d'Agrippa,  époque  à  laquelle  il  amena  l'eau  de  la  Virgo  à  Rome,  au 
moyen  d'un  aqueduc  qui  aboutissait  dans  le  Champ-de-Mars  [Voy.  plus 
bas,  n"  178].  Dion  Cassius  dit  qu'Agrippa  établit  un  bain  de  vapeur, 
sudutorium  laconicum,  en  729  ;  il  faut  prendre  cette  assertion  strictement  à  la 
lettre,  c'est-à-dire  qu'il  ne  faut  pas  croire  que  Dion  entende  parler  de  la 
construction  des  bains  en  général,  mais  d'une  étuve  ajoutée  aux  bains  déjà 
existants.  En  effet,  du  temps  d'Agrippa  l'usage  des  bains  de  vapeur  était  peu 
répandu,  et  on  n'avait  pas  encore  commencé  à  appeler  les  bains  des  Thermes. 


*■  Moriens  [Agrippa,  an.  742]  populo  Hortos  et  Balneum  a  se  denominatum  lejjavit,  ut  gra- 
tis lavarenlur.  =  *  C'est  de  Lampsaque  qu'Agrippa  a  fait  transporter  le  lion  renversé,  ouvrage 
de  Lysippe,  qu'il  a  placé  dans  le  Bois  sacré,  entre  l'Étang  et  l'Euripe.  P.  157,  de  lu  trad. 


lie  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Le  vaste  édifice  des  Bains  d'Agrippa  renfermait  des  salles  pour  les  lotions  à 
toutes  les  températures,  bain  froid,  bain  tii-de,  bain  chaud,  bain  de  vapeur.  Il 
y  avait  en  outre  des  cours  entourées  de  p()rti(ju('s,  où,  suivant  l'usage,  les  bai- 
gneurs pouvaient  prendre  le  plaisir  de  la  promenade  ou  jouer  à  la  paume 
après  s'être  lavés.  L'an  742,  Agrippa  légua  ces  bains  au  peuple. 

I.  Thernuc  Agrippoc. 

Templum  Boni  evenlus.  P.  ViCT.  de  Reg.  urb.  Rom.  IX. 

II.  TouTO  6é,  TÔ  y-jr^ioL-TYiiiiov  tô  Aa/.wvwo'.'  xaT£5Z:i/aoî.  Aa/.wvw^v  yy.p  tÔ  y'jfj.-JÙ'Jio-J, 
èr^uoriTiSp  01  Ky./.-o-xi.jjà.noiyuiJ.\jo'j<:l)Mrz  iv  tw  tôtî  yj^à-^^  za2  ^t-a  às/.îlv /iô//ov  ^5s- 
X5UV,  i7r-xK>£5£.  Dion.  LUI,  27  1. 

III.  In  ihermarum  calidissima  parle,  marmoribus  incluserat  [Agrippa]  parvas  label- 
las.  PuN.  XXXV,  /». 

IV.  Sur  le  legs  des  Rains  fait  au  peuple  par  Agrippa,  voy.  n»  1G9,  §  II. 

V.  Sur  le  voisinage  des  Bains  dWgrippa  et  du  Panthéon,  voy.  n»  47,  g  111. 

VI.  I>lurima  ex  omnibus  signa  fecil  [Lysippus],...  interquae  destringcnlem'se,  quem 
Marcus  Agrippa  anle  Tliermas  suas  dicavit,  mire  gratum  Tiberio  principi  :  qui  non  qui- 
vit  lemperare  sibi  in  eo,  quamquam  impcriosussui  inter  initia  prineipalus,  Iranstulitquo 
in  eubiculum,  alio  ibi  signo  substiluto  :  quum  quidem  tanta  populi  romani  contumacia 
fuit,  ut  magnis  theatri  clamoribusreponi  Apoxyomenon  flagitaverit,  princepsque  quam- 
quam adamatum,  reposuerit.  Plin.  XXXIV,  8. 

VII.  Iconographie.  Notre  restauration  est  tracée  en  partie  d'aprôs  Palladio.  —  Sur 
la  position  et  les  ruines  des  Bains  d'Agrippa,  Voy.  Piraiiesi,  Campo  Marzio,  tav.  IF, 
Iconografia  etc.  nos  21,  22,  et  tav.  XXIV. 

172.  Temple  et  Jardins  d'Isis. — Devant  le  Temple:  Statues  colossales 
DU  Nil  et  du  Tibre,  et  Obélisque.  Le  temple  est  au-dessous  des  Bains  d'A- 
grippa [n"  171],  à  gauche  de  l'entrée.  Son  édiflcation  fut  décrétée  l'an  711 
par  les  triumvirs.  Il  s'élève  au  milieu  d'une  cour  entourée  de  portiques^  et  au 
fond  de  laquelle  sont  des  logements  pour  les  prêtres.  Derrière  ces  chambres 
on  trouve  des  Jm-dins  qui  communiquent  avec  les  Bains  d'Agrippa.  On  arrive 
à  la  cour  du  temple,  du  côté  de  la  place  des  Septa  Julia,  par  quelques  degrés  dont 
les  côtés  sont  ornés  de  deux  superbes  statues  colossales  en  marbre  blanc,  re- 
présentant l'une  le  Tibre,  et  l'autre  le  Nil,  à  derai-couchés,  appuyés  le  pre- 
mier sur  une  Louve  allaitant  Romulus  et  Rémus,  le  second  sur  un  Sphinx,  et 
chacun  tenant  du  bras  qu'ils  ont  de  libre  une  corne  d'abondance  chargée  de 
fruits.  Sur  la  place,  vis-à-vis  de  l'entrée  du  temple,  est  un  Obélisque  eu  granit 
rose,  haut  de  1 6  à  17  pieds  environ. 

I.  Isium  seu  Isaeum. 
Serapaeum. 
Minervium. 

Minerva  Chalcidica.  P.  Vict.  de  Reg.  url.  Romœ,  IX. 

II.  Sur  le  voisinage  du  temple  d'Isis,  de  tous  les  monuments  qui  l'entourent,  voyez 
plus  haut  n»  47,  §  III.j 

III.  'làv  ,(/.îv  oùv  è'Jia.vzh-j  ixslvov  zaxnx  re  «i'-Wj  èi:or/jzccj,  xxi  vîwv  tw  tî  ^xpà.TriGt 
y.a.1  T/j  hiât  ^i/;ptîavTO.  DiON.  XL VII,  15  '. 

IV.  Ut  spargat  in  œde 

Isidis,  antiquo  quae  proxima  surgit  Ovill. 

Juv.  S.  6,  v.  328,  529. 
—  In  Martio  Campo  templum  Isidis  vetuslum.  Vet.  Schol.  Jn  Juv.  loc.  cit. 
'  V.  Neu  fuge  iinigerœ  iMemphitica  lempla  juvencœ. 

Wultas  illa  facit,  quod  fuit  ipsa  Jovi. 

Ov.  Art.  am.  I,  77,  78. 


'  Agrippa  sudatorium  Lacoiiiciiin  fecit  [an.  729].  Laconiciini  autem  vocavit  id  Gymnasiuni, 
quoniam  Lacones  tum  nudari  corpora,  et  inuujji  oleo  (irsecipuc  videbanlur.  =  -  Haec  igilur 
eo  anno  [711]  gessçnuU,  ac  prartcroa  teniptiim  Serapidis  Isidique  decreverunt  flriumvirij. 


RÉGION  IX.— CIRQUE  FLAMlNllJS.  117 

VI  Jamque  exspectalur  in  hortis, 

Âut  apud  Isiacae  polius  sacraria  lense. 

Juv.  S.  6,  V.  488,  489. 
—  Apud  tomplum  Isidis  lenœ  concilialricis  :  quia  in  liorlis  lemplorum  adulleria  com- 
nilltunlur.  Vet.  Schol.  In  Juv.  loc  cit. 

VII.  Kcà  Inrb  roùç  xùtoùç  ypô-Jcvi  ezspôv  ti  ^sivhv  i')of,i/Sîi  toÙî  lououio'Ji,  xaï  nspi  zb 

ïîph'j  T/;;  l7£o"oj  tÔ  ^v  Pù/j.yi  Tifo/X-tç  où'jyjj'jôiv  oùy.  v.T:rlÙ,xy;JVJa.t  ci/fzu-/yo'.vo\i<jt Kai  b 

'ïiSipiOi Tov  Te  vaèv  y.aôîi),;,  xxt  TÔ  KyaA/ysc  TÔî  lît^oj  Etç  tÔv  ©ùg.îjv  izoza.ij.ov 

ixil-w^zv  iy.Ç'xlsX'j.  Joseph.  Anliq.  Jud.  XVIIl,  3,  §  4  i,  édit.  Dindorf.  Col  événement 
est  de  l'an  775  ;  mais  on  voit,  dans  le  §  suivant,  que  le  temple  d'isis  fut  réédifié. 

VIII.  Tsû  oï  GzpxziùiziKoli  îravTÔ,-  è'zi  vij/.zup  v.'xzv.  Hyouç  /.ai  zà.^tii  unb  zoli  yi-/î[j.ôii 
■npoz^oiâzVKÔroi,  xal  Tzspl  Oùpaç  ovtoç,  où  twv  «vw  ySaïiXîtOJV,  «/Xi  TrIrrAov  zoli  zra  Itjcioç 
iîpoû'  ixsi  yàp  ù.vt~cdiO-^zo  zvji  vuxzhi  éxcîvv;;  oc  xùzoxpùzopii'  Tzsp'i  aùzi^J  àpy/j^xé-j-rp  -/jo-/] 
TV/V  i'jj,  -npoîwyiv  OùsG-XGixvhi  xcà  T'izoî,  ^ifj-/)  //kv  a-s-jc(:io>p.-:voi,  Tcoptpupxi  â'  èridrizciç 
T.y.zpio'ji  àixT.syôp.vjoi,  za'i  Tzot.pc'tv.'si-j  di  zoùi  O/.zxout'iXî  Tzspnrckzooç  èvzcôJOx...  Joseph. 
de  Bell.  Jud.  VU,  5,  g  4  2,  édit.  Uudsnn. 

IX.  Neir  anno  1719,  cavandosi  per  li  fondamenli  dclla  biblioteca  Casanalense,  si 
trovù  un'  ara  di  marmo  bianco,  in  un  fianco  délia  quale  vi  era  scolpito  in  bassorilievo 
Anubi,  in  altro  Arpocrate,  in  altro  degli  strumenti  da  sacrificio,  e  nel  quarto  una  cista 
con  un  serpe  attorgliato.  Ficoroni,  Nolizie  di  antichilà,  n°  17.— La  bibliothèque  Casa- 
nalense fait  partie  du  couvent  de  la  Minerve  [XoUi,  n»  844  ;  Lelarouilly,  rion.  IX,  8].  On 
se  rappelle  qu'Harpocrate  était  fils  d'Osiris  et  d'isis.  L'autel  dont  parle  Ficoroni  est 
gravé  dans  le  Musée  Capitolin,  t.  IV,  tav.  10. 

X.  Reg.  II.  S.  Marcello.  [NoUi,  n»  286  ;  Lelarouilly,  rion.  II,  59.]  Lungo  la  via  del 
Corso,  incontro  il  palazzo  Simonelti  esiste  in  una  piccola  piazza  questa  chiesa...  Narrasi 
che  ivi  prossimo  fosse  un  vico  e  lempio  à'Iside  exorala,  Welciiiorri,  Guida  melodica 
di  Roma,  part.  2,  p.  319. 

XI.  Iconographie.  —  Statues  colossales  du  Tibre  et  du  Nil.  Nel  mezzo  del  giardi- 
netto  di  Belvédère  a  S.  Pietro,  si  veggono  due  simulacri  di  fiumi  antichi  bellissimi.  Sta 
riascuno  di  loro  coricato  sopra  la  sua  base,  et  si  riguardano  l'uno  l'altro.  Uno  di  essi  é 
il  siniulacro  del  Tevere,  e  giace  col  lianco  dritio  appogiato  sopra  una  lupa,  che  ha  i 
due  bambini  ad  petto,  i  quali  pare,  che  giuochino  colle  mamelle;  ed  a  solto  il  braccio 
dilto  il  cornucopia  pieno  di  frutti  e  Hori.  L'altro  é  il  simularro  del  Nilo  liume  dell' 
Kgitto,  che  giace  col  fianco  sinistro  sopra  una  sfinge,  animale  peculiare  dell'  Egillo  ;  e 
colla  mano  manca  tiene  il  cornucopia,  e  gli  sono  d'ogn'  intorno  sopra  16  pulli  del 
marmo  stesso.  Nella  sua  base,  che  è  del  medesimo  marmo,  si  vedono  scolpili  cocco- 
drilli,  barchette,  e  varie  sorti  di  animali  dell'  Egilto,  che  nel  Nilo  stesso  nascono.  Queslo 
simulacre  del  Nilo  e  l'altro,  fu,  non  é  gran  tempo,  rilrovalo  presso  S.  Stefano,  cogno- 
niinato  del  Cacco  [Xolli,  n»  860;  Lelarouilly,  rion.  IX,  24].  Aldroandi,  Memorie,  n»  8. 
—    [Imprimés  en  1356]. 

XII.  Nella  via  accanto  la  Minerva,  che  va  ail'  Arco  di  Camigliano,  sentii  dire  a  mio 
padre,  che  il  Tevere  et  il  Nilo  di  Belvédère  furono  Irovati  denlro  una  casa,  nella  qualc 
vi  èdipinto  ilNilo^.  Flam.  Vacca,  Memorie,  n°  26.  [Imprimés  en  1594.] 

Dietro  alla  suddetta  casa  vi  è  la  chiesa  di  S.  Stefano  del  Cacco.  Questo  nome  dériva 
da  due  leoni  di  basalte,  pielra  di  Numidia  di  color  negro,  quali  mi  ricordo  stare  inanzi 
alla  suddetta  chiesa  ;  ed  al  lempo  di  Pielro  IV  furono  trasporlati  in  Campidoglio,  e  fu- 
rono messi  per  ornamenlo  al  principio  délie  scale  faite  a  cordone,  che  conducono  so- 
pra la  piazza  ;  e  pochi  anni  sono  fu  cavato  solto  delta  chiesa,  e  fu  scoperto  parte  di  un 


'  (;irca  cadcm  tempora  etiam  mali  t|uiitdani  aliud  Juda^os  perlurbavit,  Romseque  accidit  ut 
in  faao  Isidis  res  agerentur  ciiin  turpiludine  conjunclas...  Alque  Tiberius...  lemplum  evertit, 
et  Isidis  snnulacruin  in  Tiberim  (hiviiim  demcrgi  jussil.  :=  -  Cum  autem  militus  omiics,  diini 
adluic  nox  esset,  per  turmas  atque  ordines  progressi  fuissent  sub  ducloribus  suis,  et  eirca  ja- 
iiiias  constitisscnt,  non  Palalii  supeiioiis,  sed  prope  Isidis  templum  (ibi  enim  imperatores  noctu 
ill.i  qiiiescelianl)  cuin  j.un  primo  dilusccsccret  foras  piodeunt  Vespasiiiiuis  et  Titus,  lauro  qui- 
dem  coronati,  amicti  vero  patri.i  veste  purpurea,  et  ad  Oclaviae  ambulacia  progredinniiir.  = 
5  Ces  deux  statues,  l'une  et  l'aiure  en  marbre  blanc,  et  j;ravées  dans  le  .Viistr  Pio  Clcnicntiun, 
t.  ],  lav.  XXXVIll  et  XXXIX,  existent  encore  :  le  Nil  est  dans  la  nouvelle  galerie  du  Musée  du 
Vatican,  le  Tibre  est  à  Paris  au  Musée  du  Louvre.  On  en  voit  deux  belles  copies  en  mari  re  blanc 
dans  le  jardin  des  Tuileries,  du  coté  occidental  du  grand  bassin. 


il8  DESCRIPTION  DE  ROME. 

tnmpio,  clie  anrora  vi  crano  le  colonne  in  pierli  dj  marmo  giallo,  ma  qaando  le  cavarono 
and.iiono  in  pczzi,  tanto  orano  abbruciale.  Ibid.  n"  27. 

XIII.  Obélisque.  Non  ml  pare  di  doverlasriar  in  dielro  ora  un  obeiisco  rlie  si  vedo 
in  Roma,  se  bene  minore  delli  sopradetli  :  nondimcno  mollo  famoso  per  l'indizio  r he 
csso  dà  i  luo};hl  virini  nominandosi  la  f'.uslia  di  S.  .Maulo,  innanzi  alla  cui  cliiesa  (t 
diriz/nla.  Vogliono  alcuni,  rome  anrhe  dimostro  l'islesso  luogo  nel  quale  ora  (|uesl' 
obeiisco  si  ritroveva,  che  euli  fosse  anticamente  dirizzalo  in  su  la  piazza  innanzi  al  lem- 
pio  délia  dea  Minerva.  Ma  é  d'avertire  che  (come  a  i  nosiri  tempi  lo  vepgiamo  cosi 
sconciamenlc  dirizzatto  sopra  alcune  piètre,  non  è  tudo  l'Obelisco,  ma  solamenlc  la 
maggior  parle  di  esso,  e  (luivi  apprcsso  si  veggono  li  pezzi  rotti,  uno  murale  nella  ean- 
tonala  d'una  casa,  lungo  (come  a  me  pare)  dieci  palmi  incirca,  e  se  ne  vede  anco  un 
altro  pezzo  minore  apprcsso  la  cliiesa  del  collegio  nuovo  de'  gesuiti  :  di  maniera  che, 
se  fossero  uniii  qucsii  pczzi  insieme,  sarebbe  il  fusto  di  quesl'  Obeiisco  lungo  jiiii  di 
quaranta  cinque  palmi.  Mercati,  Degli  obelischi  di  Roma,  c.  29.  [Publié  en  1.589. J 

XIV.  Dinanzi  a  S.  Maulo  si  vede  un  obeiisco  anlico  di  pielre  mischia  rossicia,  ma 
non  mollo  grande:  c  vi  sono  dcscrille  Icllcre  egizie,  cioè  figure  d'animali,  che  a  queslo 
modo  quelle  genli  anlicamcnte  scrivevano.  Un  allro  obeiisco  simile  si  vede  sicso  in 
terra  presse  la  porla  dclla  cliiesa  délia  Minerva,  che  fu  riirovalo  solle  terra  pochi  anni 
addielro  denlre  quella  casella,  presso  laquale  si  vedestare.  Aldroandi,  Memorie,  n0  37. 

XV.  Dielre  a  quesla  cliiesa  [délia  Minerva]  sulla  porta  picciola,  ch'è  presso  l'altar 
maggiore,  si  vede  in  terra  un  obeiisco  picciolo  anlico  simile  a  quelle  ch'è  presso  S. 
Waulo.  Lrcio   mauro,  Antich.   di  Roma. 

—  L'église  de  la  Minerve  bâtie  auprès  de  notre  Minervium  [n»  175],  a  sa  façade 
tournée  vers  le  Panthéon  ,  par  conséquent  l'obélisque  fut  trouvé  auprès  de  notre 
temple  de  Sérapis  [n»  173].  Ces  deux  obélisques  dont  parlent  Maure  et  Aldroandi,  exis- 
tent encore  dans  le  même  quartier:  l'un  est  sur  l'éléphant  de  la  place  de  la  Minerve, 
et  l'autre  sur  la  fontaine  de  la  place  du  Panthéon. 

—  Alessandro  VII,  per  ornare  la  piazza  di  Santa  Maria  sepra  Minerva,  nel  MPCLX.KII, 
col  disegno  del  menlovato  Bcrnino,  pose  sul  dorso  d'un  elcfanle  un  piccolo  obeiisco,  non 
cssendo  alto  che  palmi  XXIV,  trovalo  negli  orli  del  prossimo  convento,  ove  credono  che 
fosse  anticamente  l'iseo.  Bandim,  dell'  Obeiisco  di  Cesare  Augusto,  prief.,  p.  XIII. 

XVI.  Neir  orto  dulla  Minerva, fu  cavato  in  tempo  di  Clemenle  X, la  guglia 

la  quale  fu  collocala  nella  piazza;  come  anche  una  statua  di  Iside  di  selce  egizie.  San. 
Bartoli,  3/emor/e,  n"  112. 


dfoite  de  l'entrée  des  Bains  d' Agrippa  [n°  171],  en  parallèle  du  temple  d'I 
[n"  172].  Comme  ce  dernier,  il  avait  été  construit  vers  l'an  711  par  ordre  ( 


ITS.  Temple  de  Sérapis.  —  Devant  :  Obélisque,  et  Statues  de  lions.  A 

'Isis 
des 
triumvirs.  Devant  est  un  Obélisque  de  granit  rose,  haut  de  1 8  pieds  environ, 
et  à  l'entrée  les  Statues  de  deux  lions  couchés. 

I.  Sur  la  position  et  l'époque  de  l'édification  du  temple,  voy.  ci-dessus,  n^  172, 
§1,  II,  m. 

II.  L'obélisque  est  celui  qui  fut  retrouvé  devant  S.  Maulo.  [Voy.  ci-dessus,  n"  172, 
§  XIV.  —  Gregorio  XIII,  per  pubblico  ornamento  e  commode  avende  faite  costruire  nel 
mezzo  délia  piazza  délia  Rolonda  una  bella  copiosa  fonlana,  Clémente  XI  nel  MDCCXI 
fece  collocare  sopra  di  essa  l'obelisco  dette  dal  luogo  ove  slava  di  S.  Maulo.  Ba.ndixi, 
deir  Obeiisco  di  Cesare  Augusto,  prœf.  p.  XIII. 

/."j-~^^     --.  III.  Iconographie.  —  Pour    tracer  ce  temple  dont  il  ne  reste  aucun 

\:'4     Y''^  \  vestige,  nous   nous  sommes  inspiré  du  fragment  ci-contre,  emprunté  au 

Vi^^r—^  grand  plan  de  marbre,  et  qui  se  trouve  aussi  gravé  dans  Bellori,  Icono- 

graphia  veleris  liomœ,  tab.  XVI. 

IV.  Sur  l'obélisque  et  les  statues  des  deux  lions,  voy.  ci-dessas,  n»  172,  g  XII,  XIV. 

1 74.  Temple  de  jVIixerve  CHALcroiQUE.  Auprès  du  temple  de  Sérapis  [n°  1 73] . 
Le  temple  de  Minerve  chalcidique  était  un  édifice  du  temps  d'Auguste  ;  il  fut 
bâti  en  724.  Le  porticpie  en  forme  d'atrium,  qui  le  précède,  est  la  chalcidique. 

I.  Sur  la  position  du  Temiile  de  Minerve  chalcidique,  voy.  ci-dessus,  n«  172,  g  I. 

II.  Sur  la  dédicace  du  temple,  par  Auguste,  >ey.  n"  122.  §  XVIII. 

III.  Iconographie.  On  a  beaucoup  discuté  pour  savoir  ce  que  c'était  qu'une  chalci- 
dique. On  n'a  rien  dit  de  satisfaisant  jusqu'à  Bechi,  antiquaire  moderne  qui  conjecture 


RÉGION  IX.  — CIftQUE  I  LAMINIUS.  119 

que  c'était  une  espèce  de  vestibule  couvert  :  —  Il  calcidico  altro  non  era  che  una  spccio 
di  lato  tclto  sostenulo  da  piu  pilaslri,  Il  quale  allorquando  crigcvasi  avanti  la  porta  di 
un  edifizio  o  pubblico,  o  privalo  riic  fosse,  a  pompa  cd  ulilità  insienu;  servendo,  ne  ab- 
belliva,  e  ne  componeva  in  pii'i  bella  forma  la  facciala,  e  veniva  a  formarrio  l'iniçresso 
csteriore.  Bechi,  ciel  Calcidico  cl  délia  Cripla  di  Eumachia,  tav.  VI  et  IV,  p.  23  ;  et 
dans  OiiELi.1,  Inscript,  latin,  n»  3291. 

IV.  Fuit  et  lemplum  Minorva?  Chalridiraî,  cujus  adhuc  exslant  vcstigia  in  proximo  Cœ- 
nobio  fratrum  S.  Maria;  supra  Minervam  [Nolli,  n"  844;  Lctarouilly,  rion.  IX,  8],  unde 
cognomentum  locus  sorlilus  est.  Exstant  autcm  undique  ejus  templi  i)arieles  quadratic 
oblong.T  formœ,  sine  tecto.  Erat  enim  tcmplum  non  magnum,  tcstudinatum,  incrusla- 
tum,  multisiiue  ornamenlis  decoralum.  Visitur  adhuc  ejus  forma  in  hortis  fratrum 
pnedicalorum  S.  Dominici,  per  multos  hartenus  annos  incullum  ac  deformalum ,  et 
nulli  rerum  usui  serviens,  nisi  immunditiis.  FuLVius,  de  Urbis  antiq.  lib.  V,  p.  336. 
[Imprimé  en  1545.] 

175.  MiNERviUM  OU  Temple  de  Minerve.  Sur  la  place  des  Septa  Julia,  à  la 
suite  (lu  temple  de  Minerve  Chalcidique  [n°  174].  11  avait  été  bâti  par  Pom- 
pée, et  dédié  l'an  693.  Sa  forme  était  celle  d'un  carré  oblong. 

I.  Sur  le  voisinage  du  temple  de  Minerve  et  de  celui  de  Sérapis,  voy.  ci-dessus, 
n"  172,  g  I. 

H.  Hos  ergo  honores  Urbi  tribuit  [Pompeius]  in  Delubro  Minervœ,  quod  ex  manubiis 
dicabat.  Plin.  VII,  26.  —  Nous  conjecturons  la  date  de  la  dédicace  du  temple  de  ce 
qu'elle  fut  faite  à  peu  prés  à  l'époque  du  triomphe  de  Pompée,  qui  eut  lieu  sous  le 
consulat  de  M.  Pison  et  de  M.  Messala,  répondant  à  l'an  693.  Voy.  Plin.  Ibid. 

III.  JEAis  Minervœ  portio  conspicitur,  ubi  nunc  domus  est  prœdicatorum,  unde  et  loco 
Minervai  est  inditum  nomcn.  [Nolli,  n"  844  ;  Lctarouilly,  rion,  IX,  8.]  Juxia  eam  por- 
ticus  ingens  ruderibus  oppressa,  quam  nunc  ad  saxa  in  usum  calcis  perquirenda  effossa 
humo,  multis  prostratis  ad  terram  columnis,  conspexi.  Poggii  de  fort,  variet.  urbis 
liumcp. 

IV.  Non  procul  a  Pantheo  Minerva  suum  habuit  templum  ,  quod  occupant  hodie 
Doniinicani,  rclento  nomine  antiquo  :  vocatur  enim  S.  Maria  dclla  Minerva...  Ruina; 
adhuc  exstant  satis  amplœ  in  hortis  monasterii.  Boissard.  Topogr.  liomœ,  dies  tertius, 
p.  79. 

V.  Iconographie.  —  Nell'  orto  délia  Minerva  vi  futrovata  la  statua  dell'  istessa  deità, 
la  quale  oggi  si  ritrova  nel  palazzo  de'  Giustiniani.  [Galleria  Giuslin.l.  I,  tav.  3.]  Sa.n. 
Bartoli,  Memorie,  n»  112. 

176.  Temple  de  Jcturne.  Auprès  du  Minervium  [n"  173],  du  château  de 
l'aqueduc  de  la  Virgo  [n°  178],  et  du  temple  de  Neptune,  au  Portique  des  Ar- 
gonautes [n"  179].  Ce  temple  fut  bâti  par  Lutatius  Catulus,  le  même  qui,  l'an 
675,  dédia  le  Capitole  réédifié  par  Sylla. 

I.     JEdes  Neptuni. 

yEdes  Juturnœ  ad  aquam  Virgineam.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ  IX. 
II     jEdes  Juturnai  ad  aquam  Virgineam.  P.  Vict.  Ibid. 

III.  Te  quoque  lux  eadem  Turni  soror  rode  recepi 

Hic  ubi  virginea  Campus  obitur  aqua. 

Ov.  Fasl.  I,  v.  465,  464. 

IV.  Cui  [Juturnaîj  Lutatius  Catulus  primus  templum  in  Campo  Martis  fecit,  nam  et 
Juturnas  ferlas  célébrant,  qui  arlificium  aqua  exercent,  quem  diem  festum  Juturnalia 
dicunt.  Serv.  in  JEneid.  XII,  v.  139. 

177.  Septa  Julia.  Ce  monument  était  un  long  portique  composé  sur  ses 
faces  d'une  suite  d'arcades  reposant  sur  des  piliers  carrés,  et  ayant  à  l'inté- 
rieur un  grand  nombre  de  semblables  piliers  supportant  une  suite  de  votâtes 
légères.  Il  avait  environ  450  mètres  de  long  sur  59  à  60  de  large.  Les  Sepla 
Julia  servaient  aux  assemblées  du  peuple,  et  particulièrement  aux  comices 
par  tribus.  Us  furent  commencés  dans  les  dernières  années  du  septième 
siècle  par  Lépide,  le  triumvir,  et  terminés  par  Agrippa,  qui  les  orna  de  mar- 
bres et  de  peintures,  et  les  dédia  l'an  728.  Ils  étaient  auprès  de  la  Villa  pu- 


120 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


blica  [n"   168J,  le  long  de  la  voie  Lata.  Sur  la  face  du  moiiunienl  opposée  à 
cette  voie  il  y  avait  une  place  spacieuse. 

I.  Sur  la  position  des  Scpla  Julia  près  de  la  Villa  piiblira,  voy.  ci-dessus,  n"  168, 

S IV. 

II.  In  Campo  Mailio  Sepla  tribulis  coiniliis  maimorea  sumus  et  Iccta  facluri.  Eaque 
cinpemus  exrcisa  porlicu  ;  ul  mille  passuum  conficialur.  Simul  adjungelur  liuic  operi 
Villa  eliam  publica.  Cic.  ad  Atlic.  IV,  16.  [An.  699.] 

III.  TSIzzy.  oï  or,  tovto  kJto,  t;  t5  oyCocu  'j'jj  t'Jj  'ï'jJjpoi  rw  2raTt).tw  uni.rtWJt,  /.v.\  b 
À'y^t7:~«5  TV.  iîûrà  wvî//.xc;//£va  y.oi.Otéf>'j>'Jz:>.  hoô'J  //.sv  yy.p  oj(}î;j.ix:>  £;rti/3i/cî.5î£v  y~î- 
CyrSTO'  rullTOL  oï  i'J  TÔ)  K/izt'j)  T zSi'j> 'JTO'Ai  TlifJl^  ■JlC'i  TO~J  \î~iooD  TCf/o^  ~v.;  ^tAîTiy.'y.i  v.r.- 
'/'Aipi'^ia.i  tsM/w/.oSoiJ.riii.i.i'J.,  /mi  tÙsvX^  y.iOi-^ati  /.cà  ^'■iyf>7.yr,//.u.'ji,i  i~î/.iî//.v;jîy,  liii'j.i'Jt. 
6CJTK  «Tri  To'j  \JyoJ'j-oj  TTp'jGy.yiprjny.^.  Dion.  LUI,  23  *. 

rv.  Arrus  Virf;inis  initium  habenl  subhorlis  Lucilianis  [ou  mieux  :  Lucullianis]  ;  fini- 
unlur  in  Campo  Marlio,  secundum  fionlem  Seplorum  Front,  de  Àquœd.  22. 

V.  Sepla  piopiie  sunl  loca  iii  Campo  Maitio  iriclusa  labulalis,  in  quibus  slans  popu- 
lus  ronianus  sufTiagia  ferre  consucverat.  Sed  quoniam  hœc  Septa  similia  sunl  ovilibus, 
duo  hepc  invieem  pro  se  ponunlur.  Serv.  in  Virçj.  Erjlo.  1,  v.  34. 

VI.  Iconographie.  La  figure  ci-dessous,  copiée  d'un  fragment  du  plan  de  marbre, 
reproduit  le  plan  Aç%  Sepla  Julia;  un  reste  d'inscription  l'indique  i)ositivement.  La 
partie  supérieure  de  celte  figure  se  rapporte  à  la  Villa  publica,  dont  nous  avons  parlé 
prccédemmeul.  Voy.  aussi  Bellori,  Iconograph.  vet.  Runnr,  lab.  X,  XVI. 


Êà^ 


Vil.  Andréas  Buffalinus  hujus  œdificii  [Seplorum]  reliquias  agnoscil  ad  viam  Latam, 
in  subsiructionibus  aedium  Aldobrandinarum  ;  eliam  super  totidem  pilis  ex  liburlmo  la- 
pide a-des  ipsœ  constructœ  sunt  e  fundamentis  caput  eruentibus,  quibus  arcus  imposilos 
fuisse  apparel.  Porticus,  sive  ambitus  primus,  viœ  Lalœ  conlerminus,  patet  latitudine 
palmis  XXVI,  el  certis  amplior  est,  quœ  major  latitudo  eliam  in  nostro  vesligio  perspi- 
cua  est.  Porticus  ipsas  recta  processisse  a  Macello,  ul  vocant,  Corvorum,  ad  Forum  An- 
tonini  [Nolli,  n"  510;  Letarouilly,  rion.  111,  36],  lum  ex  reliquiis  qua?  adliuc  supersunt, 
tum  ex  aliiseffossis  in  molitione  vcstibuli  el  fronlis  ecclesia  Sanctœ  Mariœ  in  Via  Lala 
[Nolli,  n«  831;  Letarouilly,  rion.  IX ,  18],  proximarumque  sedium  constat.  Bellori, 
Iconograph.  vet.  Rom.  p.  46. 


1  Anno  scqnrnti,  Aiiguslo  VIM,  Stnlilio  T.iuro  consulibus  [au,  728J,  Agrippa,  qui  i  uullun 
viam  sioniciiiliiMi  susccpcrat,  Sepla  (U-dicavil.  Scpla  locus  est  inC.iiiqio  Marlio:  euni  ad  lia- 
lictula  Iributa  comilia  Lepidus  uiullqu  iqnc  poi  licilms  cinuindu.-lis  nt-dificaveiat.  Agrippa  uu- 
icin  labulis  l.qiidois  cl  picluris  a  su  txoiualuni,  Scj.ta  Julia  ab  Amjusto  coynoniiuavit, 


llliGiON  IX.— CIKQUE  FL.\MINUJS.  121 

VIII.  Piiancsia  relevé  le  plan  des  Sepla  Julia  qui  esl  en  loul  conroinie  à  celui  du 
plan  de  marbre  donne  ci-ilcssus,§  VI,  elà  la  description  de  ItiilTalini,  §  VU.  La  longueur 
de  ce  monument  esl  coiijeclurée,  mais  le  plan  de  l'iranesi  nous  fait  connaîiic  ijne  la 
largeur  élaii  de  '266  palmes,  2  onces,  valant  59  mètres,  32  cenlimèlres.  Anlic.U.  Rom. 
T.  IV,  tav.  hT.  Campo  Marzio,  lav.  II,  n»  19,  tav.  III,  n"s  52,  53.  C'est  dans  les  caves 
du  palais  Pamfili,  dans  le  Corso,  que  l'iranesi  a  trouvé  ces  ruines.  Ibid.  t.  I,  indice  etc. 
n»  104.  l'iranesi  a  donné  aussi  une  vue  des  arcades  en  ruines.  Anlich.  Rom.  Voy. 
T.  IV,  tav.  A7.  Campo  Marzio,  lav.  XXV. 

IX.  Place  devant  les  Sepla.  Nous  avons  ouvert  celte  place,  d'abord  parce  qu'elle 
était  nécessaire  pour  un  édifice  où  loul  le  peuple  se  réunissait;  ensuite  parce  qu'elb; 
est  réellement  indiquée  par  plusieurs  historiens  qui  disent  qu'on  donnait  des  combats 
de  gladiateurs  in  Scptis,  expression  qui  ne  peut  signifier  que  dans  le  quartier  des 
Sepla,  et  non  dans  les  Sepla  mêmes,  attendu  que  leur  disposition  architeclonique  ne 
pouvait  convenir  pour  ce  genre  de  jeux.  —  Fecitque  [Augustus]  nonnuniquam  [hulos] 
etiam  vicatim,  ac  pluiibus  sconis  per  omnium  linguaruni  Iiistriones,  non  in  Foro  modo, 
nec  amphitheatro,  sed  in  Circo  et  ni  Septis,  et  aliqiiando  niliil  pra'ler  venationem 
edidii.  Slet.  Aug.  43. 

X.  Munera  gladiatoria  partim  in  Amphithéâtre  Tauri,  parlim  in  Septis  aliquot  edidit 
[Caligula]  quibus  inseruit  catervas  Afrorum  Campanorumque  pugilum  ex  ulraque  regione 
eleciissimorum.  Slet.  Caliij.   18. 

XI.  Gymnico,  quod  in  Septis  edebat,  inter  buthysise  apparalum,  barbam  primam  po- 
suit  [Nero].  Suet.  Ner.  12. 

XII.  Eno(r)7î  Sk  Toxji  àyOyj^i  zci/zcu;  rà  /j.îv  Tïp&rci  i-j  zo'iç  XsTtTolç,  ttSv  tô  ydiplo'J 
iy.û'JO  âiopii^ci.i  /m  ùâciroç  Trl-ripc/jcKç,  ?va  //tav  vcâjv  à'7Ci.yx-/ri.  DiON.  LIX,  10  '. 

XIII.  Kàv  zaiiTU  a'A  è-nizc/.ftoi  stÙ  tw  KypiiZTHx  bTilo/j.uxi(y.i,  '^V-IÙm  ^0-7,-0.  zCrj  ts  ofÀ- 
/&)v,  — X/jv  zoït  AOyoùîTOu,  xy.'i  aJT'iv  twv  i>tecov  a.'jzo\j  \'j.^TJzt,i-j,  /m   k-jo-;  Ttpbi  É'vk,  xat 

Tto/ZîiTwv  Tiipï  T/;v  à.-/opy.v  cil/.'jO'j[j.r,ijà.z'j>-J  •At/.yXi'jOv.i,  èyé-JO^zo.  DiON.  LV,  8  2. 

178.  CuATEAu  ET  Aqueduc  de  la  Virgo.  Les  parties  en  élévation,  les  seules 
dont  nous  ayons  à  parler  ici,  commençaient  au  bas  de  la  Colline  des  jardins, 
longeaient  le  Champ  d'Agrlppa  [n"  49J,  passaient  sur  le  front  septentrional 
des  Septa  Julia  [n"  '177J,  et  finissaient  à  un  Cliàteau  (d'eau)  sur  la  place  de 
ces  Septa.  Elles  se  composaient  d'un  seul  rang  d'arcades  à  plein  cintre,  repo- 
sant sur  des  piliers  carrés  ornés  de  pilastres  doriques.  Une  arcade  plus  haute 
et  plus  large  que  les  autres  s'ouvrait  sur  la  place  des  Septa,  et  tous  les  piliers 
longeant  le  côté  septentrional  de  celte  place  avaient  des  colonnes  corinthiennes 
cannelées,  engagées  au  tiers  de  leur  diamètre.  Ce  fut  Agrippa  qui  construisit 
cet  Aqueduc  pendant  son  édilité,  l'an  722. 

I.  Arcus  Virginis  initium  liabent  sub  hortis  Lucullianis,  finiunlur  in  Campo  Marlio 
secundum  fronlem  Septorum.  Fr(]Nt.  Aquœd.  12. 

II.  Idem  [Agrippa]  et  Virgineam  aquam  adduxit  ab  oclavi  lapidis  divcrliculo  duobus 
millibus  pass.  Praenestina  via.  Plin.  XXXI,  3. 

III.  Agrippa  vero  in  œdililate  sua  [an.  722]  adjecla  Virgine  aqua,  céleris  corrivatis 
atque  emendatis,  lacus  seplingentos  fecit,  etc.  Plin.  XXXVI,  13. 

IV.  'Jô,  Tî  vojip  rb  Tïy.pOé-Jio-J  y.aloù/j.rJO-.i  zolf  ttftîtâTc^îTtv  è^xyc.y'jj-J,  Aj'yî'jîTOV  TTySOff- 
rcppvjr:-..  DlON.  LIV,  11  3. 

V.  Iconographie.  Sur  la  description  de  l'élévation  des  arcs  de  la  Virgo,  prés  des 
Sepla  Julia,  Voy.  Piranesi,  Campo  Marzio,  tav.  XXX.  Il  assure  que  l'élévation  géo- 
métrale  qu'il  donne  a  été  prise  par  lui  prés  de  l'église  S.  Ignace  [Xolli,  n"  84  7;  Leta- 
rouilly,    rion.    IX,    4],  qui  est  juste   l'endroit  où  finissaient  les  arcs  de  la  Virgo  et  la 


*  Exliibuit  autem  [Cali{;ula]  spectacula  ista  primum  in  Septis,  effosso  omni  eo  loco,  et  aqua 
replfto,  ut  unani  navim  inlroducore  posset.=  ^  Funèbre  quoque  gladialorinm  munus,  primo 
singu1i.s  contia  sinj'.ulos  puj;n;intihus,  post  pluribus  requali  numéro  commissis,  c<liliim  esl, 
idque  in  Septis,  cum  iu  honorern  A(;ripp.v,  tum  quod  niulta  cirra  Forum  aedificia  iuccudiiini 
alisunipsorat  :  ouinilius,  ipsisqne  adco  filiis  Aujjusti,  pnetcr  ipsum,  in  pulla  vosic  spectan- 
tilnis.  :=  ■ï  Aquam,  quœ  Vir(;o  vocabatur,  propriis  sumptibus  in  Urbcm  adduxit,  Aujjusl.iraquc 
noiiiiuavit  [Ayrippaj. 


1-2:2  DESCRIPTION  DE  HOME. 

place  siluéc  devant  les  Septa  Julia.  —  Sur  la  dircclion  de  cel  Aqueduc  cl  son  aboulis- 
senicnlsur  la  place  des  Septa  Julia,  voy.  Id.  le  Anlichità  romone,  lav.  XXXVlll,  n"  9. 

179.  PonTiQLE  DE  Neptune,  ou  des  Aiigonactes,  ou  Vipsania.  —  Au  centue  : 
Temple  de  Neptine.  Près  des  Septa  Julia  [n"  177]  ol  du  temple  de  Jutiinie 
[n"  176].  Le  temple  clail  péiiplère,  d'ordie  coriiitliien,  et  lorl  ancien  ;  l'an 
729  Agrippa  l'entoura  d'un  portique,  à  l'instar  de  ce  qu'Auguste  avait  liiit 
pour  les  tenqiles  d(!  .hqtiler  et  de  Junon,  dans  le  Porlifiue  d'Octavie.  il  érigea 
ce  porti([ue  en  l'iionneiir  de  ses  victoinîs  navales;  voilà  sans  doute  pourquoi  il 
choisit  le  tenqile  du  dieu  des  mers.  L'édiiicc  l'ut  appelé  Portique  de  iVq;- 
tune,  du  temple  tpi'il  env(;loppait  ;  Vipsania  du  nom  de  son  fondateur  (le  nom 
de  race  d'Agrippa  était  Vipsanius);  et  enfin  des  Âr(i()naitles,  parce  (ju'on  y 
voyait  une  peinture  représentant  l'expédition  de  ces  héros  de  la  fable.  On  le 
désignait  indiliéreniment  par  l'un  de  ces  trois  noms. 

I.  j4ides  Nepluni. 

yKdcs  JuturniB  ad  Aquam  Virgineam.  Sext.  Uuf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

II.  Porticus  Aifionaulaiiini.  P.  Vict.  Ibid. 

111. Sur  le  voisinage  des  Septa  Julia  et  des  r)ains  d'Agrippa,  voy.  n"*?,,  §  III. 

IV.  Ijiiir  si  recessit,  portlrum  terit  temiili 
An  spatia  carpit  lentus  Argonaularuni? 

Makt.  m,  20. 

V.  Qua  vicina  pluit  Vipsanis  porta  coluninis, 

Et  madet  assiduo  lubricus  imbre  lapis,  etc.     Mart.  IV,  18. 

VI.  Missus  est  Celsus  Marius  ad  eleclos  Ulyrici  excrcilus,  Vipsania  in  porlicu  ten- 
denles.  Tac.  llist.  I,  51. 

VII.  A'yysjTT-Kj  c?î  sv  zoùto>  t'o  oiaTU  roi;  liioii  tsXîkv  èT: s/.i'jy.-/j7s-  rolno  /û-j  yy.p,  tï;v 
aro'y.v  tvîv  toû  Uoniio'jyjoç  rJfJOiJ.xoiJ.éviYJ  xal  i^'jiAO^i/J.riGSV  inï  TSÛ;  V5tvz/:«Ttatî,  xxl  T/j 
T'iv  A'/cysvKUTôJv  ■/[■yv.j^y,  in ù-àjin [iu'j E .  Dion.  LUI,  27  '. 

Vm.  '  ABASCANTO 

AVG.   LIB.  AEDITVO  AEDIS  SEPTVNI 

QVAE  EST  IX  CIRCO  FLAMIS 

FIAVIVS    ASCAMVS  ET 

PALLANS  CAES.    N.   SER 

ADIVTOR  A  RATIONIB 

PATRI   PIISSIMO  FEC. 

BoissARD.  Anliq.  rom.  VI  pars,  pi.  51.  —  tiRLTER.  p.  318.  —  Orelli,  Inscripl. 
lai.  no  52. 

JX.  Ara  Neptuni  multo  sudore  manasse  in  Circo  Flaminio  dicebatur  [an.  546].  Tit.- 
Liv.  XXVIII,  11.  —  Les  autels  étant  toujours  devant  les  temples,  sur  les  degrés  mêmes 
du  perron,  nous  pensons  que  Tite-Live  désigne  ici  l'autel  du  temple  de  Neptune. 

X.  Iconographie.  Nous  regardons,  avec  plusieurs  antiquaires,  la  façade  actuelle  de 
ia  Dofjnna  di  terra  [So\\\,  n"  322;  Leiarouilly,  rion.  111,42],  à  Rome,  comme  un 
reste  du  portique,  ou  tout  au  moins  du  temple  de  Neptune.  Les  onze  grandes  colonnes 
de  marbre  blanc,  cannelées,  d'ordre  coriiilhien,  qui  restent  de  ce  monument,  et  su- 
perbes encore  malgré  leur  état  de  mutilation,  font  voir  qu'il  était  un  des  plus  beaux 
de  Rome.  Piranesi  [Anlich.  rom.  t.  I,  tav.  Xlil,  fig.  2]  qui  en  donne  une  vue  pitto- 
resque, attribue   celte  colonnade  à  l'enceinte  du  temple  d'Antonin-le-Pieux. 

XI.  Palladio  [Arckitl.  lib.  IV,  c.  15,  tav.  41  à  45]  a  donné  une  restauration  com- 
plète de  ce  temple,  qu'il  appelle  Temple  de  Mars.  Nous  avons  profilé  de  sa  restaura- 
tion, ainsi  que  de  ses  observations  sur  rarcliitecture  de  ce  monument,  où  il  reconnaît 
plusieurs  des  principes  posés  par  Vitruve.  La  fin  du  §  III  du  n°  175  ci-dessus  pourrait 
bien  désigner  ce  Portique. 

180.  Panthéon.  Derrière  les  Bains  d' Agrippa  [n°  171  j,  auN.,  à  l'extrémité 
de  la  masse  d'édifices  qui  remplissent  une  partie  de  la  région.  Le  monument 

1  Agrippa  autem  codem  tcmporc  [au.  72;)]  propriis  sumplibus  Urbem  exoinavit.  Nam  et 
Poriicum  Neptuni  propter  \iclorias  navales  exsiruxit,  cl  Arjonautarum  piclura  decoravit. 


RÉGION  IX.  — CIRQUE  IXAMÏNIUS.  i23 

est  circulaire,  et  couvert  d'une  voûte  hémisphérique,  percée  à  son  contre  d'une 
ouverture  pour  éclairer  le  temple.  Son  diamètre,  égal  à  sa  hauteur,  est  de 
■i  i  niètr.  41 9.  Sa  façade,  louruce  vers  le  septentrion,  se  compose  d'un  portique 
de  16  colonnes  monolithes  de  granit  gris,  supportant  un  immense  fïontou.  Le 
plafond  de  ce  portique  est  formé  avec  des  poutres  creuses  en  bronze  doré.  Une 
place  dallée  en  grands  carreaux  de  pierre  de  Tibur  (travertin)  précède  le  mo- 
nument, auquel  on  arrive  par  un  escalier  de  sept  degrés,  décoré  sur  ses  côtés 
de  deux  lions  couchés,  en  marbre  noir.  On  ignore  quand  et  par  qui  fut  bâti 
cet  édifice.  Agrippa,  pendant  son  troisième  consulat,  l'an  720,  entreprit  (hî 
rachevcr;  il  en  lit  les  ornements  et  le  portique,  et  trois  ans  après  il  le  dédia 
sous  le  nom  de  Panthéon,  temple  consacré  à  tous  les  dieux. 

I.  Panlhcon.  P.  Vict.  de  Itey.  urb.  Rom.  IX. 

II.  Panthéon  Jovi  Ultori  ab  Agrippa  factum.  Plin.  XXXVI,  15. 

III.  Inscription  gravée  dans  la  frise  du  fronton  : 

M.  AGRIPPA  L.  F.  COS.  TERTIVM  FECIT. 

Cette  inscription  est  reproduite  dans  Gruter,  p,  1  ;  dans  Orelli,  Inscript,  lai. 
n"  34,  etc.,  etc. 

IV.  Te,  Te  Uù-jOslcv  ù-JOfj.ua/Mé-JO^J  è^srélece.  jcpo^xyopsùsrxt  ok  oiVw  râx^z  fJ^sv  Ôtj 
TTO^Xôiv  dsS>'^  ûaùjccç  £V  Tslj  cz'//.X/«KJi,  Tô)  Ts  ToXi  K  pîoii  xaJ  Tw  T'^j  lîopoâiroç,  sXkSsv  ws 
as  èyù)  vo/j.il^'M,  OTi  ôolozlâki  ov,  tw  oùpu-JÛ  npoaioixsv  rtQou\-rfifi  /xïv  oiiv  b  Aypimîcci  xal 
TÔy  Kr/ounto')  svTccOOx  i^piiGxi,  t/jv  t£  roli  zpyou  sntV.V/jfftv  xùzSt  ooîj-jixi'  y.rj  oî^xiiévou  cTs 
wj-oxj  p.rfli-czpov,  szst  //.î'v,  "zo'j  "itpo-cipoD  V^'xi'Z'JLpoî,  h  âk  Tw  Trysovâw,  zoîi  zs  AùyoûffTOO 
zb  xal  éot.uzoû  âvâpiyyzx;  sszr,7S.  DiON.  LUI,  27 1. 

V.  K«t  xspx'j'joii  o:»x  zs  izoïlà  i^hrfir,,  y.'A  ol  à-jSpiùyzsi  ol  èv  zciTloLvOsUi,  &77î  x«t 
oôpu  cx  z?ii  zo'j  A-jyoii^zov  x'tphi  îZKîîï'tv.  DioN.  LIV,  1  2. 

VI.  Fuit  olim  laminis  argenteis  coopcrtum  [Panthcum]  ;  sed  Conslanlinus,  Hcraclii 
ncpos,  cas  abstulil  cum  reliquis  Urbis  ornamcnlis  :  quarum  loco  restitulœ  sunt  pluinbea; 
a  Martino  VII  pont.  max.  Adilus  olim  ad  portam  patebalgradibus  septem,  qui  templum 
in  circuitu  cingcbat.  Boissard.  Topogr.  Komœ,  dics  terlius,  p.  78.  —  Publié  en  1597. 

VII.  Panliieon  tolidem  gradibus  primus  a^rendebatur  quod  nunc  dcscenditur,  ut  su- 
perioribus  annis  experimentum  \idimus,  effossa  ante  Icmpli  aditum  area,  quadrato 
lapide  tiburtino  strata.  Exstal  hodie  templi  protjron,  id  est  locus  ante  portam,  cxslrucla 
porlicus  coluninis  ingentibus,  ejusque  tectum  œreis  Irabibus  inauratis,  canalium  modo 

compactis Eminent  hodie  ante  templi  aditum,  ex  priscis  ornamentis,  duo  pari  forma 

leones  ex  marmoreo  lapide  subnigro  suis  basis  collocali  ,  cum  hieroglyphicis  notis. 
FcLvus,  de  Urbis  anliquit.,  lib.  V,  p.  562  [imprimé  en  1.145]. 

VIII.  Pantheum  cum  porticu,  cujus  tectum  Irabes  et  tigna  œrea  pro  lignis  habet 
M.  Agrippce  opus  insigne.  Poggii  de  Fort,  variet.  urbis  Romœ.  —  Le  Pogge  écrivait 
ceci  à  Kome  au  commencement  du  quinzième  siècle. 

IX.  l  dueleoni,  che  sono  adesso  alla  fontana  Felice  a  Termini,  trasporlalivi  da  Sis- 
to  V,  furono  trovati  al  tempo  di  Eugénie  IV  avanli  il  Panthéon,  dovevano  essere  o  per 
ornamento  délie  scale  per  cui  si  saliva  al  tempio,  o  délie  Terme.  Venuti,  Ântich.  di 
Roma,  part.  II,  c.  3. 

X.  In  tempo  di  Alessandro  VII ,  quale  ebbe  pensiero  di  restorare  il  tempio  délia 
Rotonda,  e  di  sbrigare  la  piazza  di  tante  casuppole  de'  rivenditori  si  abasso  il  piano 
moderne  fino  quasi  al  antico.  Questo  fu  ritrovato  esse  lutto  lastricato  di  Iraverlini. 
S.  Bartoli,  Memorie  ,  n°  113. 

XI.  Nel  fianco  del  famoso  portico  dcUa  Rotonda  sotto  lerra  25  palmi,  si  comminciô 
a  scoprire  la  porta  délia  scala  del  magnifico  tempio,  per  salire  alla  cima,....  e  avanti 
la  porta,  la  plalea  lastrala  con  tavole  di  marnio  bianco.  Cipriano  Cipriaxi,  relazionc  di 
rcliquie  anliche,  etc.  g  XV,  dans  C.  Fea,  Miscellanea,  ï.  Il,  p.  240. 

XII.  Fu  comincialo  [du  temps  d'Urbain  YIII]  a  trovarsi  la  piazza  antica  del  Panthéon 

Pantheum  quoque  perfecit  Af;rippa  [an.  729].  Id  sic  dicilur  fortassis  quod  in  simulacris 
Martis  etVeneris  multas  deonim  imagines  acciperet;  vel  ut  potins  mihi  videtur  quod  forma 
convexa  fastigiatum  cœli  similitudincm  ostenderet.  Voluit  Aj;rippa  in  eo  Augusti  qnoque  sta- 
tuam  coUocare,  nomenque  operis  ei  adscribere  :  nentrum  autem  eo  accipiente,  in  Pantheo  ipso 
C.esaris  superioris  statuam,  Angusti  vero  et  suam  in  vcstibulo  posuit.  =  ^  Fulminibus  cnm 
alia  multa,  tura  statuas  in  Pantheo  ictœ  sunt,  ita  M  hasta  etiam  e  manu  Augusti  excutcretur. 


I-2i  DESCRIPTION  DE  ROME. 

sollo  terra  25  palmi,  pavimcnUila  con  tavoloni  di  travcrtini,  lar(;lii  p.ilmi  10,  lunglii 
palmi  12,  (grossi  un  paimo  e  un  quarto;  chc  si  scopri  in  molti  luoglii  facendoiii  li  pozzi 
per  rosliiiire  la  nuova  rliiavira.  Ibid.  §  XVI,   p.  242. 

XIII.  On  »  toujours  douté  (|uc  le  Pantlicon  fût  l'ouvrage  complet  d'Agrippa.  Eu 
effet,  il  est  impossible  (|u'un  ouvrage  de  celte  importance  ait  été  exécuté  en  trois  ans, 
surtout  à  Koine  où  l'édiliraiion  des  monuments  se  faisait  avec  beaucoup  de  lenteur. 

XIV.  Icono(jraphie.  —  On  sait  que  le  l'anthcon  existe  encore  tout  entier,  moins  les 
riches  ornements  de  bronze  de  sa  voûte  cl  de  son  portique.  Ce  temple,  aujourd'hui 
converti  en  église  sous  le  titre  de  S.  Maria  ad  martyres,  et  vulgairement  appelé  la 
Rolonda,  est  reproduit  dans  une  foule  d'ouvrages;  nous  nous  contenterons  de  citer 
une  restauration  complète,  par  Palladio  [Àrrhitell.  liv.  IV,  c.  20,  tav.  .5.5  à  64]  ;  les 
Anlichitd  Roinnnc  de  Tiranesi,  tav.  XIV  et  XV,  où  l'on  trouve  une  vue  extérieure  et 
une  vue  intérieure  du  ten)i>l<',  ainsi  (ju'une  vue  du  Portique;  et,  sur  de  plus  petites 
proportions,  mais  avec  plan,  coupe  el  élévation:  Giattani,  Munumcnti  inedili  per 
l'anno  1789,  setlcmbre,  tav.  1,  II,  III;  AI.  Isabklle,  les  Salles  circulaires  el  les  Dômes, 
Home,  pi.  12-16. 

—  Sur  le  bas-relief  de  bronze  du  fronton  du  Panthéon,  voy.  Flam.  Vacca,  Mém.  n°  3.5; 
—  Montfaucon,  Anliq.  cxpliq.  t.  I,  part.  I  c.  5. 

181.  Temple  ET  Portique  du  Bon  Événement.  L'un  et  l'autre  se  trouvaient 
à  droite  des  Bains  el  joignant  les  Jardins  d'Agrippa,  le  temple  au  milieu  d'un 
portique  de  forme  carrée  allongée.  Nous  ignorons  par  qui  el  à  quelle  époque 
ces  édifices  furent  bâtis  ;  il  est  permis  de  conjecturer  que  le  temple  existait 
déjà  du  temps  de  Varron,  c'est-à-dire  de  Jules-César. 

I.  Thermœ  Agrippa;. 

Templum  Doni  Evcntus.  P.  Vict.  de  Reg.  urh.  Romœ,  IX. 

II.  Porticum  instauravit  iuRentem,  Lavacro  Agrippée  contiguam,  Evenlus  Boni 
cognominatam,  ea  re  quod  liujus  nominis  prope  visitur  templum.  A.m.m.  Marcell. 
XXIX,  6.  —  L'historien  parle  ici  de  Claudius,  préfet  de  Rome  sous  Théodose. 

m.  Boni  Evenlus  templum,  salis  constat  fuisse  juxla  Panthéon,  sed  quo  in  loco,  diu 
dubilutum  est.  Yerum  cum  iliud  ego  curiosius  investigarem,  subito  ejus  tenipli  quadrata 
atque  oblonga,  adhuc  intégra  forma  inler  ruinas  occurril,  magistris  viarum  excilantibus 
no\am  illic  \iam,  a  platca  nuiic  Sancti  Eustachii  usque  in  plateam  Miner^a?  [Nolli, 
nos  801,  842;  Lclarouilly,  rion.  VII,  21;  IX,  6]  peragcndam  inter  proximum  Panthéon, 
et  amplissimas,  quas  nunc  a  fundamcnlis  excitai  œdes  el  palatium,  magnificus  vir,  ac 
prœdives  D.  Jlarius  Peruschus,  fisci  procuralor,  qui  per  mediam  Doni  Evenlus  templi 
iongiludinem  ejeril  fundamenla,  reliqua  vero  pars  occupalur  via,  de  qua  supra  diclum 
est.  Apparent  adhuc  illic  laquearium  signa,  quos  stucclios  vocant,  sicul  in  Pantheo,  et 
epislylia  coiuninurum,  quœ  jussu  nuper  Xicolai  quinti  in  Vaticanum  delata  sunt.  Fll- 
vics,  de  Urb.  aniiquilalibus,  lib.  V,  p.  565  [imprimé  en  1545]. 

IV.  Necnon  eliam  precor  Lympham  ac  Bonum  Evenlum,  quoniam  sine  aqua  omnis 
arida  ac  misera  agricultura;  sine  successu  ac  Bono  Eventu,  fruslralio  csi,  non  cul- 
lura.  His  igiiur  deis  ad  veneralionem  advocalis,  ego  referam  serraones  eos,  etc.  Varr. 
R.  R.  I,  1. 

182.  Ampiuthéatre  de  Statilils  Talrus.  Vers  le  milieu  du  Champ-de- 
]Mars,  au-dessus  des  Jardins  d'Agrippa,  et  peu  distant  du  Tibre.  Ce  lut  le 
premier  Amphithéâtre  de  pierre  que  posséda  Rome.  Le  consulaire  Stalilius 
Taurus  le  bâtit  avec  le  produit  de  dépouilles  ennemies,  et  d'après  les  exhor- 
tations d'.Vuguste.  Il  le  dédia  l'an  724. 

1.  Plusieurs  antiquaires  placent  un  amphithéâtre  auprès  de  la  voie  Flaminia,  à  l'en- 
droit où  nous  avons  mis  la  Colline  [n"  192].  Ce  monticule,  disent-ils,  atteste  les  débris 
d'un  grand  édifice  circulaire.  Nous  avons  exprimé  notre  opinion  ci-dessous  à  l'égard  de 
la  Colline  el  les  conjectures  de  Piranesi  [Campa  Marzio  c.  V,  §  5]  basées  sur  la  ren- 
contre en  cet  endroit  de  quel(|ues  ruines,  ne  peuvent  nous  déterminer  à  reconnaître 
là,  avec  lui,  l'ancien  empiacemenl  de  r.\m[)liilliéàlre  de  Stalilius  Taurus.  Strabon  in- 
dique ce  monument  dans  le  t^liamp  Tibérin  ou  Cliamp-de-.Mars  inférieur,  et  celle  dési- 
gnation convient  parfaitement  ini  Monte  Giordann  [Niilii,  n"  581]  que  nous  avons  choisi. 
Ce  monticule  nous  paraît  indiquer  d"autanl  mieux  la  place  de  rAmphilhéàtre  de  Stalilius 
Taurus,  qu^l  a  la  forme  allongée  de  l'ellipse  dans  lequel  on  inscrivait  le  plan  d'un  am- 
philhéàlre  romain. 


RltGION  IX.  — CIRQUE  FLAMINIUS.  125 

II.  Sur  l'édification  de  rAmphilhcâlre  de  Slulilius  T;iuius,  voy.  plus  iiaul  n"  88, 
§XV,  et  n»  146,  §  V. 

III.  Sur  la  silualion  de  l'Ampliitliéâlre  de  Slalilius  Taurus  dans  le  Cliamp-de-Mars 
inférieur,  voy.  ci-dessous  n"  196,  g  1.  Bien  que  dans  le  passage  cilé,  Slrabon  parle  va- 
guement d'un  amphilhédlre,  il  est  inronleslable  qu'il  désigne  celui  de  Taurus,  le  seul 
qu'il  y  eut  jamais  dans  le  Clianip-dc-Mars. 

IV.  Tûû  â-/}  6s  Kxi'ju.poç  To  rérupro-j  eti  ÙTrars  jîvro^,  b  Tcd/poç  h  ^zci.rù.ioî  Oiuzfjj-j  zi 
Iv  t5)  Kpsio)  -nsiioi  xu-^riyiTi/.b'^  \iOi:io:i  /M  èiST:oiY,Gs  ro'iç  i^UTCiû  Tc'/sk.  Dion.  LI,  23  ' 

V.'  Ampl'iitheatrum  Statilii  Tauri.  P.  VicT.  de  Reg.  urb.  Uomœ,  IX.  —  Voy.  aussi 
n»  197,  §  IV. 

VI.  Munera  gladialoria  partim  in  Amphilhealro  Tauri,  partira  in  Septis  aliquot  edi- 
dit.  SuET.  Calig.  18. 

Vil.  Iconographie.  11  ne  reste  rien  de  cet  AmphilliéAtre  ;  nous  l'avons  tracé  d'apré* 
plusieurs  monuments  antiques  du  même  genre,  et  particulièrement  d'après  le  Colysée 
de  Rome  et  les  Arènes  de  A'imcs. 

183.  Terentum.  Endroit  sur  la  rive  gauche  du  Tibre,  près  du  Bols  de  Lu- 
cine  [n"  184],  où  l'on  célébrait  les  Jeux  Séculaires.  11  était  dans  un  bas-fond. 

I.  Terentum,  in  Campo  Martio  locum,  Verrius  ait  ab  eo  dicendum  fuisse,  quod  terra 
ibi  per  ludos  Saecularis  Ditis  Patris  ita  leviter  teratur  ab  equis  quadiigariis,  etc.  Fest., 
V.  Terentum. 

II.  Sœculares  ludi  Tarquinii  Superbi  régis  in  agro  sunt  primum  facli,  quem  Marti 
consecravil  P.  Valerius  Publicola  cos.  quod  populus  R.  in  loco  illo  anlea  reperlam 
aram  quoque  Diti  ac  Proscrpinœ  consecraverat,  in  exlremo  Marlio  Campo,  quod  Teren- 
tum appellatur,  demissum  infra  lerram  pedes  fereviginli,  etc.  Fest.  v.  Sœculares. 

m.  Ad  Marlium  Campum  appulit...  Ex  gubernalore  cognoscit  liaud  procul  apparcre 
fumum,  et  ab  eo  jussus  cgredi  Terentum,  id  ei  loco  nomeu  est,  cupide  arrepto  calice, 
aquam  flumine  hausiam,  etc.  V.  Max.  Il,  4.  5. 

IV.  Ovide  parlant  de  l'arrivée  d'Evandre  parle  bas  Tibre,  à  l'endroit  où  fut  depuis 
Rome,  dit  : 

Fluminis  illa  lalus,  cui  sunt  vada  juncla  Terenli, 
Adspicit,  et  sparsas  per  loca  sola  casas. 

0\.Fast.  I,  V.  .501,  502. 

V.  livcTKVTOS  (?è  roû  xpàvouTrii  sopzi}.;,  r,v  èv  rptaïv  -fiixipaii  iv  tôj  tsû  X,î£wj  îrrtTS^suTi 
TfctTt'&J,  xa't  T5tÏ5  ïaot.ii  vo^i,  xa.Ocspolt70  zx  Tskoi/jj.s-JO.  Tiapà Tvjv  o-/fi-q-i  -zolt  &iiJ.êèpidoi  vj  t'Jj 
Tà^avTf.  ZoziM.  H,  p.  73  2. 

\'l.  Alberto  Cassio  colloca  il  Terento  presso  la  ripa  del  fiume  ove  ora  sono  piazza  Ni- 
cosia  ed  il  Collegio  Clemenlino  [Nolli,  n"^  301  et  499;  Lctarouiliy,  rion.  IV,  32]....  Il 
letlo  del  Tevere  forma  cola  un'angolo  entrante  ed  è  già  noto  che  i  fiumi  fanno  impcio 
contro  le  sponde  in  quesle  curvalure  più  che  in  qualunque  altra  parte  di  maniera  che 
possono  scavare  seni  che  insinuandosi  l'acqua  di\ingono  stagni  e  pantani.  Broccfii, 
Suolo  di  Roma,  p.  21.  —  L'opinion  d'Alberto  Cassio  a  été  suivie  par  tous  les  antiquaires, 
et  Nardini  [Roma  anlica,\\,  7,  t.  III,  p.  97]  ajoute  que  plusieurs  personnes  pensent  que 
l'église  de  S.  Lucia  délia  Tinta  [Nolli,  n"  308],  située  prés  de  la  place  Nicosia,  a  reçu  le 
surnom  de  Tinta  de  sa  situation  dans  Terentum,  dont  il  pense  qu'il  est  une  corruption. 

184.  Bois  et  Temple  de  Lucine.  —  Sur  l'Area  du  Temple  :  Vieux  Lotos. 
Le  temple  fut  bâti  Tan  379  de  Rome.  Le  Lotos  et  le  Bois  sont  plus  anciens 
que  le  temple.  Le  tout  est  situé  tout  au  bord  du  Tibre,  en  amont  de  Teren- 
tum [i\°  183],  entre  ce  dernier  lieu  et  le  Mausolée  [n°  185]. 

I.  Romse  vero  Lotos  in  Lucinae  area,  anno  qui  fuit  sine  magistratibus  CCCLXXIX  Ur- 
bis,  œde  condila,  incertum  ipsa  quanto  \elustior.  Esse  quidem  velustiorem  non  est 
dubium,  quum  ab  eo  Luco  Lucina  nominetur.  Plin.  XVI,  44. 

II.  Suivant  une  très-ancienne  tradition,  l'église  de  S.  Lorenzo  in  Lucina,  située  un 


'  Csesare  autem  adhuc  quarlum  consulatum  gerente  [an.  72^]' Statilius  T.tuimis  Thcatrum 
quoddam  lapideuin  in  Campo  Martio,  ad  venationes  ferarum,  suis  sumptibus  absolvit.  =  -  l'bi 
ludoriim  tempus  adpeliil,  rpios  tribus  diebus  totidemcjuc  nortihus  in  Campo  Martin  faciiiiil, 
lioslia;  proptcr  ripain  Tilieris  adTarentum  diis  lonsecrantur. 


126  DESCRIPTION  DE  ROME. 

peu  au-dessous  de  notre  temple  sur  l'cmplanement  du  Gnomon  [n"  19*1,  aurait 
emprunté  son  nom  au  temple  et  au  bois  de  l.ueinc  :  —  Jiinonis  Luelnrp  irdis,  nlliil 
prasler  nominis  memoriam  ronservatum  est,  ubl  Hrriesiam  a'dificarunt  nostri  l.aurentio 
martyr!,   quam  Lucinam  cognominarunt.   l'ocfiii  de   forlun.   variel.  urb.  Romœ. 

i  8i).  Le  Mausolée.  Augtislft  bâtit  ce  lonibeaii  pour  lui  et  les  siens,  l'an 
725,  eulro  le  Til)n'  et  la  voie  Fianiinia,  au-dessus  du  Bois  de  Lueine,  et  tout- 
à-fail  sur  le  boni  du  ileuve.  11  avait  la  rormc  d'une  liaute  tour  à  trois  étages 
concentriques,  élevée  sur  un  soubassement  carré.  Son  diamètre  extérieur,  sur 
ce  soubassement,  était  de  1 00  mètres  ;  au  premier  étage  de  30  mètres  ;  au 
second  de  20  mètres;  et  au  troisième  de  10  mètres.  Ce  dernier  se  termi- 
nait par  un  socle  supportant  la  statue  d'Auguste  en  airain.  Tout  le  monument 
était  revêtu  de  marbre  blanc.  La  retraite  laissée  à  chaque  étage  avait  une 
espèce  de  canal  circulaire  rempli  de  terre  et  planté  de  cyprès.  A  l'intérieur 
une  quadruple  ligne  de  murailles  formait  (juatre  galeries  circulaires  divisées 
chacune  en  quinze  chambres  sépulcrales  par  des  inurs  rayonnant  du  centre 
du  monument  à  sa  circoniérence.  Toutes  les  chambres  d'une  galerie  commu- 
niquaient entre  elles  par  des  portes  ouvertes  dans  les  murs  de  division,  et  les 
galeries  avaient  leur  entrée  sur  un  long  corridor,  qui  partant  de  la  porte  d'en- 
trée du  Mausolée,  tournée  au  midi,  aboutissait  au  centre  du  monument.  Là, 
ou  avait  ménagé  une  chambre  circulaire  autour  des  umrs  de  laquelle  s'élevait 
un  escalier  en  spirale  conduisant  aux  divers  étages,  où  il  y  avait  encore  des 
chambres  sépulcrales.  Le  nombre  total  de  ces  réduits  était  de  quarante-cinq  : 
quinze  au  rez-de-chaussée,  et  quinze  à  chacun  des  premier  et  deuxième  étages. 
Un  petit  temple  circulaire,  couvert  par  une  voûte  hémisphérique  supportée 
sur  seize  colonnes,  occupait  le  troisième  étage;  c'était  la  chambre  sépulcrale 
de  l'empereur.  Au  centre,  sur  une  base  cylindrique  en  forme  d'autel  élevé 
sur  quelques  degrés,  on  voyait  l'urne  cinéraire.  Des  columbaria  remplissaient 
le  mur  d'enceinte  derrière  la  colonnade. 

I.  Ileliquias  [Augusti]  legerunt  primoies  equestris  ordinis,  tunicati  et  discincti  pedi- 
busque  nudis,  ac  in  Mausoleo  condiderunt.  Id  opus  inter  Flaminiam  viam  ripamque  Ti- 
])eris,  sexto  suo  consulalu  exslruxeral  :  circumjectasque  Silvas  et  Ambulationes  in  usum 
populi  tune  jam  publiearat.  Suet.  Aug.  100.  —  Le  6^  consulat  d'Auguste  répond  à 
l'an  725. 

H.  A'|(o),i5yiJTaTov  6î   rà    MayicoAs'tîv  xu\o\jfj.;:>ov   sttI  /.f^Tjîiooç  b'jir},-?]^    >î'jzo),t9oy 

où-j  sl/.ùiy  Èî-'i  xcô././j  zoû  'i.iQ'j.'j-oX)  Katiacos.  ï'-à  «"s  Tw  ydiiiati  &r,xM  siffiv  «jtoû  xx'i  twv 
<7jy/îvwv,  f.où  ol/.d-ji-J.  Strab.  V,  p.  236  1. 

lit.  Tout  le  rez-de-chaussée  du  Mausolée  d'Auguste  existe  encore  à  peu  dedistance  du 
port  Uipetta  [Nolli,  n^kTi  ;  Letarouiliy,rion.  IV,  23].  L'édifice  n'a  conservé  aucun  de  ses 
marbres,  et  les  murs  intérieurs  en  ont  été  rasés  pour  le  convertir  en  un  petit  cirque  où 
l'on  donne  des  combats  de  taureaux.  —  Sur  la  position  du  Mausolée  d'Auguste,  voy.  l'ira- 
nesi,  Campo  Marzio,  tav.  Il,  n°  35  ;  sur  ses  ruines  et  son  plan,  tav.  XXI,  et  Antich.  rom. 
tom.  Il,  tav.  61,  62,  63.  —Ce  que  nous  disons  de  chambres  sépulcrales  ménagées  à 
chaque  étage  est  une  conjecture  fondée  sur  la  structure  même  du  monument;  ces  trois 
étages  n'avaient  cerlainement  pas  été  faits  pour  rester  vides.  On  sait  que  les  Romains, 
dans  leurs  grands  tombeaux  de  famille,  tiraient  parti  de  tout  l'emplacement,  convain- 
cus qu'il  n'y  en  aurait  jamais  assez,  et  que  la  mort  était  la  plus  diligente  des  pour- 


1  On  y  remarque  principalement  [dans  le  Champ-de-ilars]  le  Maitsoleum,  lequel  consiste  en 
une  grosse  levée  de  terre  établie  proche  du  fleuve,  sur  une  très-haute  base  de  marbre  blanc,  et 
Couverte  jusqu'à  son  sommet  d'arbres  qui  ne  dépouillent  jamais  leur  verdure.  Sur  ce  sommet 
est  la  statue  d'Auguste  en  bronze  ;  sous  la  levée  lucme  sont  déposées  les  ceadres  du  prince,  de 
ses  parents,  de  ses  amis.  P.  212,  delà  tmd. 


RÉGION  IX.— CIRQUE  FLAMINIUS.  427 

voypuscs  pour  bien  peupler  les  sépuleres.  —  Nous  avons  placé  la  chambic  sépulcrale 
de  l'empereur  au  sommet  du  monument;  c'est  encore  une  eonjeelure  inspirée  par  la 
construction.  En  effet,  parmi  loules  ces  chambres,  dont  l'existence  est  Inconteslable, 
aucune  ne  pouvait  être  la  principale,  sinon  celle  situées  au  centre.  Or  ce  centre  étant 
occupé  par  un  escalier,  la  chambre  principale  se  trouvait  rejelée  au  sommet  du  monu- 
ment. 11  n'y  avait  pas  d'autre  place  possible,  ni  même  convenable.  Nous  voyons  d'après 
les  médailles  d'apothéose  d'empereurs,  que  les  bikhers  de  ces  souverains  avaient  tou- 
jours la  forme  d'un  mausolée  surmontée  d'un  petit  temple  où  leur  image  reposait.  On 
croyait  les  honorer  en  les  plaçant  aussi  haut;  de  \à  l'usage  de  ces  tombeaux  à  plusieurs 
étages,  tels  que  celui-ci,  le  Septizone,  le  Mausolée  d'Adrien.  Pour  le  gisement  de  l'urne 
cinéraire  sur  un  fût  de  colonne  cyllndri(|ue  au  centre  du  temple,  nous  nous  sommes 
inspiré  d'une  pareille  disposition,  qui  existait  dans  le  tombeau  de  Virgile,  sur  le  mont 
Pausilype,  prés  de  Naples,  et  que  les  antiquaires  du  seizième  siècle  ont  vu  encore  in- 
tact. Voy.  Le  Riche,  Vues  des  monuments  antiques  de  Naples,  pi.  IV. 

IV.  Ipsius  autem  Mausolei  exstant  hodie  magnœ  ruinœ  juxta  templum  nunc  S.  Rocchi 
[Nolli,  n"  468  ;  Letarouilly,  rion.  IV,  24],  ante  hos  annos  ex  œre  collato,  excitatum, 
molesque  ipsa  sphœricam  habet  formam,  reticulalo  opère  circumquaque  exstrucla, 
ubi  mulla  ex  profunda  tellure  marmora  erui  vidimus.  Fulvius,  de  Urb.  Antiquit.  lib.  V, 
p.  549. 

Obélisques  dd  Mausolée  d'Auguste.  Ils  étaient  de  chaque  côté  du  niomi- 
inont,  l'un  vers  le  fleuve,  l'autre  vers  la  voie  Flaniinia  ;  néanmoins  ils  ne  ligu- 
rent  point  sur  notre  plan,  parce  qu'ils  ne  lurent  apportés  à  Rome  et  érigés 
devant  le  Mausolée  qu'après  le  siècle  d'Auguste.  Anmiien  Marcellin  [XVII,  4] 
attribue  leur  érection  à  l'un  des  successeurs  de  Constantin,  et  Mercati  [dcyli 
ohelischi  di  Roma,  c.  27.  41]  conjecture  qu'ils  furent  érigés  par  Claude.  Ces 
deux  obélisques  existent  encore  à  Rome;  l'un  est  au  monte  Cavallo,  l'autre  au 
carrefour  situé  derrière  Sainte-Marie-Majeure. 

I.  In  hac  mole  Mausolei  [Augusti]  duo  fuerunt  obelisci  ex  ophile  lapide  segypliaco,  sin- 
guli  pedes  XLII  longi  :  quorum  unus  jacet  l'ractus  in  via  Flaminia  ante  templum  S.  Ro- 
chi;  alter  semisepultus  terra  cernitur  in  horl^is  posterioribus.  Boissard.  Topoyr.  Romœ, 
dles  quart,  p.  99 

,-    Cloaque.  Il  y  avait  une  bouche  de  cloaque  sur  la  rive  gauche  du  Tibre,  au 
droit  du  Mausolée  d'Auguste. 

I.  Su  la  riva  del  Tcvere,  dirimpetto  il  Mausoleo  d'AugusIo,  si  vede  lo  sbocco  di  una 
délie  cloache  del  Campo  Marzo,  ma  credo  che  sia  una  di  quelle  d'ell'  Aqua  Vergine 
•fabbricate  da  Agrippa.  Ve.Mti,  Ànlichità  di  Roma,  part.  II,  c.  3. 

-    186.  Bois  sacré.  Derrière  le  Mausolée  il  y  avait  un  Bois  qui  servait  de  pro- 
menade au  peuple. 

I.  Ottis^cv  âï  ,(/.r/a  x\7(3;  TZipnzà.Tov;  Oxu/j.xzroùi  i'xo-j.  Strab.  V,  p.  2361.  Voy. 
aussi  no  185,  ^  I. 

II.  Pendant  le  XVie  siècle  on  conservait  encore  un  souvenir  de  ce  bois  :  Locus  hodie 
ab  incolis  vulyo  Hortalia  vocatur,  dit  Fulvius,  de  Urbe  antiq.  lib.  II,  p.  144. 

III.  Des  antiquaires  ont  appelé  ce  bois  Bois  des  Césars;  c'est  une  erreur  qui  repose 
sur  une  fausse  interprétation  d'un  passage  de  Tacite.  Voy.  plus  bas  n"  300,  §  II. 

187.  BusTUM.  Endroit  où  l'on  brûlait  les  corps  des  empereurs.  Situé  entre 
le  Mausolée  d'Auguste  [n°  1 85]  et  la  voie  Flaminia  ;  il  se  composait  d'une 
grande  enceinte  circidaire  plantée  de  peupliers  et  fermée  par  une  grille  en  fer 
|M>sée  sur  un  mur  en  marbre  blanc.  Auguste  avait  conslruit  ce  Buslum  en 
liiême  temps  que  son  Mausolée. 

_   I.  E'v  fj.s<ju  â'-  Tw  TiiSio)  b  7r,i  y.xùozpu^  ot.j7ol)  ■^spijîoloi,  /.cà  oxnoi  ïiOoii  y.suxo'O,  xûx^M 


*  Derrière  [le  Mausolée]  se  voit  un  grand  bois  sacré,  formant  des  promenades  charmantes. 
P.  212,  de  la  irad. 


128  DESCRIPTION  DE  ROME. 

IJ.Ï-J  i^s.piy.ûjJiJOJ  î'/'M  Gi5f,f.'j~j-j   T.if.'rffyj.yiJU,  èvro;  o'  v.l/zif.oi;  /.y.7</.fU70-J.  StraB.  V. 
p.  256  <. 

—  Slrabon  m  disant  -Tj^  /.v.v^zf.y.;  TTS/ct'Çî/'s;  pour  désigner  l'cinplarcmenl  du  Bil- 
rlier,  indi(|ue  la  forinc!  circulaire  de  celte  enceinte,  TTS^cicci/o,  si^Miifiant  tour,  circuit. 
(Jnanl  à  la  double  cnreinte,  nous  l'inlcrprélons  ronimc  on  vient  de  voir. 

II.  Sorsero  pli  anni  scoisi  dal  fondamenlo  délia  nuova  casa  al  canlone  délia  piazza 
di  S.  Carlo  al  Corso  [Nolli,  n"  '(61  ;  Lelarouilly,  rion,  IV,  30],  le  memorie  indubilale  cd 
aulenlirlie  del  liuslo  de'  Cesari  nclle  belli  lapidi  di  travertino  ora  conscrvalc  nel  l'on- 
tificio  Museo,  clic  haiino  incisi  i  nomi  di  più  personnaggi  delta  famiglia  da  Auguslo  con 
la  formula  :  me  crematvs  est.  —  Guattam,  Monumcnli  anlichiinedili  perTanno  ITS-l, 
Marzo. 

III.  En  1777,  en  creusant  les  fondations  de  la  maison  au  coin  de  la  place  Saint- 
Charles  au  Cours,  vis-à-vis  la  rue  de  la  Croix  [Nolli,  n"  116;  Lelarouilly,  rion.  IV,  27] 
on  trouva  un  vase  magnifique  en  albùlre  et  divers  morceaux  de  travertin  sur  lesquels 
on  lisait  les  noms  des  fils  de  Cermatiicus  :  la  phrase  me  eisEsiATVs  est,  ici  il  a  été  brûlé, 
qu'on  y  lisait,  fait  reconnaître  que  le  Buslum  ou  Bûcher  des  Césars,  mentionné  par 
Strabon,  était  prés  de  li.  Ces  objets  sont  à  présent  au  Vatican.  NiBey,  Ilinéraire  de 
Rome,  t.  Il,  p.  8. 

IV.  W  izà  os  ro'uzo  /SaffTKcavTSj  t^v x^tvï;v,  fépotaiv  £?w  zrji  Triisu;  s?;  zh  xa>oû//svov 
A/s£c;5  ■RKolo-j.  v/Oy.  xa-s(7Z£Ùarra£  iv  tw  TÙ.'x-zuzcn'ji  -zoû  tiiàiou  tsttw,  z.  t.  X.  HerodiaN. 
IV,  Anton,  p.  88  2  (funérailles  de  Sévère). 

—  Cette  indication  d'Hérodien  s'accorde  avec  celle  de  Strabon  :  rappelons-nous  que 
le  Champ-de-.AIars  proprement  dit  est  compris  entre  le  Panlhéon  et  le  Jlois  sncré;  au 
droit  de  ce  Bois  la  plaine  va  en  se  rétrécissant  pressée  entre  le  Tibre  et  la  Colline  des 
Jardins;  l'endroit  que  nous  avons  choisi  pour  le  Buslum  est  donc  vers  le  milieu  du 
Champ,  suivant  les  termes  de  Strabon,  et  dans  la  partie  la  plus  large  de  la  plaine, 
ainsi  que  l'a  écrit  Hérodien.  Kous  rappellerons  qu'auprès  du  temple  de  Neptune 
[noi79j,  le  Champ-de-Mars  finissait  à  la  voie  Flaminia,  et  ne  s'étendait  en  deçà  de  cette 
voie  qu'en  suivant  la  ligne  des  arcs  de  l'Aqueduc  de  la  Virgo  [n»  178]  jusqu'à  la  Colline 
des  Jardins. 

1 88.  Maison  funéraire  des  Césars.  Habitation  pour  les  parents  et  les  amis 
qui,  après  la  combustion  du  corps,  passaient  plusieurs  jours  auprès  du  bûcher. 

I.  Un  tel  édifice  devait  exister  auprès  du  Bustum  des  Césars,  car  Dion  Cassius  nous 
apprend  qu'aux  funérailles  d'Auguste,  Livie  et  les  principaux  chevaliers  demeurèrent 
cinq  jours  auprès  du  bûcher.  Il  n'est  pas  vraisemblable  qu'ils  passèrent  tout  ce  temps 
en  plein  air. 

II.  Kc>.)i  -zoÙto-j  oôiâaî  kxci!.T6v-:!xpyoi,  Stç  tzou  f^  (îo-o'/rj  iooy.si,  ^aêâvTS;,  iiyrj'pct-J  xj-r^v 
x'A  V)  //îv  «v/i).£czîT5,  dsTOi  oi  Ttj  i?  cijTn;  àps^stj,  -ivsTîTXTO,  6ii  xai  âï]  Tï/V  'puy-r/J  aù- 
roii  è;  ràv  oùpc-Zov  ù-JOffspoy.!.  ■Rpv.yfié-JiWJ  oï  toûtcov,  oi  fj'vj  vjloi  à-/i^).ày/;îav  r,  oï 
OY}  Alooicn  xaric  xùpa.-^  tïs'vtj  riu.épv.Li  jj-S^v.  tûv  r^pofzcrj  ïmxéuv  /iîivaia,  to  tî  îaTît  aù- 
roû  auv£>£?«TO,  xa't  èç  tô  ii.yr,ij.ûo-j  vxiéOî~o.  DiON.  LVI,  42  *. 

189.  Colline  des  Jardins  et  Jardins  de  Lvcillus.  Elle  bornait  la  partie 
orientale  du  Champ-de-Mars  proprement  dit,  au  droit  du  Mausolée  d'Auguste 
[n°  183],  en  deçà,  sur  notre  plan,  de  la  voie  Flaminia.  Divers  jardins  la  cou- 
vraient en  grande  partie,  et  lui  avait  valu  le  nom  de  Colline  des  Jardins.  Elle 
s'étendait  jusque  dans  la  VI*  région. 


*  En  avant  [du  Mausolée],  vers  le  milieu  du  Champ  [-de-Mars],  se  distingue  la  place  du  Bû 
cher,  planire  intérieurement  de  peupliers,  et  défendue  à  l'extérieur  par  une  double  enceinte, 
l'une  de  marbre  blanc,  l'autre  de  fer.  P.  212  de  la  trad.  =r  '^  Qiiibiis  peractis,  tollunt  ilerum 
lectum,  atque  extra  Urbem  perfenin  t  in  Martium  Campum  ;  ubi  qua  latissime  Campus  pa- 
let, etc.  (Descript.  du  bûcher  impérial).  =  •^  Cenlurioues,  sieut  vii-um  eratsenitui,  acceptis 
facibus,  rojjum  succcnderunt:  qui  dum  absumeretiir,  aquila  ex  eo  emissa  sursum  evolavit, 
quas  aninium  Aujjusti  in  cœlum  fereiis.  Ilis  peractis,  reliqui  disccsserunt  :  Livia  autem  cum 
ecuilum  primis  co  in  loco  quinque  dies  niorala,  ossa  ejus  legit,  ac  in  moniimento  condidit. 


RÉGION  IX.  — CIRQUE  FLAMINIUS.  429 

I.  Rcliquias  [Neronis]  EcloRa  cl  Alexandra  iiutiices,  cuni  Acte  concubina,  pentili  Ito- 
mitioium  nionuinerito  coiidideninl  ;  quod  piospicilur  e  Campo  Marlio  iin|iusiluni  Colli 
hoilorum.  Suet.  Ncr.  50. 

Il  Giamina  nunc  Campi  pulchros  spcclantis  in  liortos. 

Ov.  Pont.  I.  8,  V.  37. 

m.  Iconographie.  La  Colline  des  Jardins  est  aujourd'hui  le  Monte  Pincio. 

IV.  Jardins  de  Lucullus.  Horli  Lucullani. 

Campus  Marlis.  Sext.  Uuf.  de  Reg.  urb.  Romœ.  IX. 

V.  Ilorli  Lucullani.  P.  Vict.  Ibid. 

VI.  Arcus  Aquaj  Virginis  initium  habentsub  Ilorlis  Lucullianis.  Fhont.  de^^wcpj.  22. 
VU.  CnoD  xai  vûv,  cTTtdisstv  TîiaÙTyjv  T/ij  TpufTji  ixoii'j'fn,  aï  Aoyxou).).(ayol  k/;7Ii5£  twv 

p.v.iù.u.Civ  ti  -zo'ii  Tioy.iizît.s.oTy.Toii  y.piOlJ.o~jv:oLi.  Plut.  Lucull.  39  i. 

VIll.  Parilerque  Horlis  inliians  [Messalina],  quos  ille  [Valerius  Asialicus]  a  Lucullo 
ccrplos  insigni  inagnificenlia  extollebat.  Tac.  Ann.  XI,  1. 

iX.  Iconographie.  Conoscendosi  lali  arclii  [delT  acqua  Vergine]  aver  cominciato  a 
piodi  del  colle  sopra  la  chiesa  di  S.  Andréa  délie  fralle  [Noili,  n"  365;  Letarouilly, 
rion.  III,  18]  si  viene  a  slabilire  concordemenle  la  posizione  degli  Orti  Lucullani  ncl 
luogo  ora  occupata  délie  case  poste  lungo  la  via  dei  due  Macelli,  incontro  a  l'ropa- 
ganda,  e  la  via  Gregoriana  e  Sislina.  Ed  ivi  per  appunlo,  ed  in  purticolare  nelle  case 
dei  Mignanelli  si  vedono  diversi  resli  di  mura  di  costruzione  retticolala  clie  formavano 
il  primo  piano  dei  fabbricato  di  quesli  orti.  Quindi  in  un  veccliio  trapasso  clie  d'alla 
piazza  Mignanelli  passando  solto  la  via  Gregoriana,  si  giungeva  nel  principio  délia  via 
Sislina,  altri  resti  di  mura  anliche  si  vedono,  ed  anzi  questo  Irapasso  si  Uova  formato 
Iragli  avanzi  di  laie  fabbricato.  Solto  poi  le  case  ove  io  abilo  da  molli  anni,  apparte- 
nente  già  ai  conli  Tomali,  esiste  ancora  una  caméra  con  volta  riparlita  a  cassclloni,  la 
quale  cerlamcnle  faceva  parle  dei  medesimo  Tabbricalo  Lucullano.  Più  sopra  a  questa, 
ed  a  ridosso  délia  parte  più  elevala  dcl  colle,  allri  indizi  di  anliche  soslruzioni  si  tro- 
\ano  ;  per  cui  si  viene  a  conoscere  essere  quesli  Orti  stali  riparlili,'come  la  loro  posizione 
Io  comporlava,  in  diversi  piani  successivamente  disposti  l'uno  dopo  l'allro.  Canina, 
Itoiaa  antica,  Ucg.  IX,  p.  196. 

190.  Septa  Trigaria.  Presque  vis-à-vis  du  Portique  de  Neptune  [u"  179],  en- 
deçà  de  la  voie  Flaminia.  C'était  ou  le  marché  aux  chevaux,  ou  peut-être 
l'endroit  où  on  les  dressait  pour  les  courses  du  Cirque.  Nous  ignorons  quand 
et  par  qui  ces  Septa  furent  construits. 

I.  Septa  Trigaria. 
^EdesNeptuni. 

JEAes  Julurnae  ad  Aquam  Virgineam.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb,  Romœ,  IX. 

II.  Campus  Marlis. 

^des  Julurnae  ad  Aquam  Virgineam. 
Septa  Trigaria.  P.  Vict.  Ibid. 
—  Nous  avons  choisi  notre  emplacement  d'après  ces  indications  assez  vagues  des 
deux  régionnaires. 

III.  Nullius  histrionum,  equarumque  Trigarii  comilalior  egressus  in  publico  erat. 
Plin.  XXIX,  1. 

IV.  Ne  equos  quidem  in  Trigariis  prœferri  ullos  vernaculis  animadverto.  Plin. 
XXXVII,  13. 

V.  Iconographie.  Il  n'existe  plus  rien  des  Septa  Trigaria,  et  nous  n'en  avons  point 
trouvé  non  plus  de  description  écrite.  D'après  l'usage  auquel  ils  étaient  destinés,  nous 
leur  avons  donné  la  forme  d'une  lice. 

Portique  d'Europe.  Nous  n'avons  pas  placé  ce  portique  dans  un  plan  de 
Rome  aux  époques  d'Auguste  et  de  Tibère,  parce  qu'il  est  constant  qu'il  n'exis- 
tait pas  alors.  Martial  [VII,  31]  étant  le  seul  auteur  qui  en  parle,  on  peut 
conjecturer  avec  beaucoup  de  vraisemblance  qu'il  fut  construit  du  temps  de 


*  Si  quidem  vel  liac  œtale,  ita  yliscenle  luxu,  Ilorii  Luculliani  iater  principis  sumpluosis- 
simos  liabentur. 


150  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Doniitien.  Il  devait  son  nom  J»  un  groupe  représentant  renU'vemeni  d'Europe; 

et  Pliiio  l'Ancion,  (|iii  passe  eu  revue  tous  les  chefs-d'œuvre  de  sculpture  que 
coutcuail  Ronif,  no  dit  rien  ni  de  ce  groupe  ni  du  ]K)rlifpie.  Si  on  ajoute  que 
tous  les  poêles  <>t  tous  les  liisloricns  du  temps  d'Auguste  et  des  règnes  suivants 
gardent  le  même  silence,  tandis  que  soit  les  uns  soit  les  autres  parlent  des  au- 
tres édiliccs,  ou  sera  raisonnablement  fondé  à  croire  que  le  Portique  d'Europe 
n'existait  pas  de  leur  temps.  Voy.  sur  le  Portique  d'Europe  Mart.  II,  \  4  ;  III, 
20;yiI,3l;XI,  1. 

191.  Voie  Flaminia.  Elle  arrivait  dans  le  Cliamp-de-Mars  du  côté  du  nord, 
en  passant  entre  la  Colline  des  jardins  et  le  Bois  sacré  du  Mausolée  d'Auguste 
[n°*  \Hlï,  180].  Elle  finissait  aux  Septa  Julia  [n"  177],  où  elle  prenait  le  nom  de 
Voie  Liitn,  appelée  aussi  quelquefois  Recla.  Le  censeur  Flaminius  la  construi- 
sit l'an  o33.  Elle  était  pavée  en  grands  polygones  irréguliers  de  lave  dure. 

I.  Sur  la  position  de  la  voie  IHaminia,  voy.  plus  haut  no  185,  g  I.  —  Sur  son  nom, 
voy.  n"  IG.'î,  gl  VI. 

II.  C.  Flaminius  oensor,  viam  Flaminiam  munivit,  et  Circum  Flaminium  exstruxit. 
TiT.-Liv.  Epito.  XX. 

m.  Martial  parlant  de  Trajan,  qui  devait  revenir  en  triomphe  par  la  voie  Flaminia, 
s'exi>rime  ainsi  : 

Quando  erit  illo  dies,  quo  Campus,  et  arbor  omnis 

Lurebit  Latia  rulta  feneslra  nuru? 
Quando  moi;i>  dulces,  lonsusquo  a  C.Tsare  pulvis, 
Tolaquc  Flaminia  Honia  videnda  via? 

Mart.  X,  6. 

IV.  Dum  repetit  sera  conductos  nocte  Pénates 

Lingonus  a  Recta  Flaminiaque  recens,  etc. 
Mart.  VIII,  7.5. 

V.  Per  Canipum  Martium  et  viam  Reclam  descendit  ad  infères.  Senec.  Apoholohin  — 
Des  éditions  portent  Tectam  au  lieu  de  Reclam;  nous  dirons,  sans  aucune  préoccupa- 
lion  d'archéologue,  que  la  levou  Reclam  nous  parait  la  seule  bonne. 

VI.  Iconographie.  Xel  fine  di  Piazza  Colonna  [XoUi,  n"  113;  Letarouilly,  rion.  III, 
36]  sotto  terra  24  palmi,  ili  nuovo  si  tro^ô  la  slrada  F'Iaminia  asselriata  con  gran  seici, 
sotio  la  quale  si  sropri  la  chia\ira  vercliia.  CiPniAXo  Cipriani,  g  XXXIII,  dans  C.  Fea, 
niiscellanea,  t.  II,  p.  i.ïl  [Découverte  faite  en  1623> 

VU.  Nous  avons  fait  faire  à  la  voie  un  léger  coude  à  l'endroit  où  était  jadis  l'Arc  ap- 
pelé di  Porlogallo,  qui  se  trouvait  un  peu  au-dessous  du  palais  Fiano  [Letarouilly, 
rion.  III,  ir,  et -fui  démoli  en  1662,  pour  redresser  la  via  del  Corso.  L'ancien  tracé 
de  celte  voie,  à  partir  de  r.\rc  susdit,  était  la  ligne  de  la  voie  Flaminia. 

192.  La  CoLLtNE.  Sur  la  droite  du  Temple  et  du  Portique  de  Neptune 
[n°  179],  à  peu  de  distance  de  la  voie  Flaminia,  il  y  avait  un  monticule  fait 
de  main  d'homme,  et  qu'on  appelait  la  Colline.  Les  candidats  des  Comices 
par  Centuries,  qui  se  tenaient  toujours  dans  les  Septa  Julia,  moulaient  sur 
cette  (^.olline  pour  faire  connaître  leur  personne  aux  citoyens.  Ils  s'y  produi- 
saient non-seulement  pendant  le  temps  de  leur  candidature,  mais  aussi  le 
jour  même  dos  comices,  dès  qu'ils  avaient  été  proposés  aux  suffrages  du 
peuple  assemblé  par  le  magistrat  qui  présidait  la  réunion. 

I.  Le  monticule  que  nous  appelons  la  Colline  existe  encore  aujourd'hui  sous  le 
nom  de  Monle  Citorio,  qui  est  celui  d'une  place  de  Rome  [Noili,  n"  538  ;  Letarouilly, 
rion.  III,  55],  désignation  très-ancienne,  qu'on  croit  formée  de  Morts  cilato- 
rum.  On  n'avait  jjas  élevé  la  Colline  sur  la  place  même  des  Septa,  parce  qu'elle 
aurait  gêné  la  circulation,  et  qu'une  foule  considérable  n'aurait  pu  l'environner  sans 
encombre.  Le  fait  de  la  compaiulion  sur  ce  lieu  élevé,  des  candidats  proposés  aux 
votes  actuels  du  peuple,  constituait  une  véritable  citation  ;  de  là  le  nom  de  Citorio,  cor- 
ruption de  rilalorum,  qui  parait  être  une  tradition  de  l'antique.  Nous  ne  nous  arrête- 
rons pas  à  réfuter  l'opinion  des  antiquaires  qui  disent  que  colle,  dans  Macrobe  [V.  ci- 
dessous,  {?  II]  désigne  la  Colline  des  jardins.  Cette  Colline  est  si  éloignée  des  Septa 


RÉGION  IX.  — CIRQUE  FLAMINIUS.  \7A 

Julia  et  de  la  partie  du  Champ-de-Mars  où  les  riloyens  eirnilaient  pendant  les  ro- 
mices  et  se  promenaient  tous  les  jours,  qu'il  est  ridirule  de  dire  (|u'un  homme  allait 
se  placer  là  pour  s'exposer  à  tous  les  regards  :  on  aurait  été  vu  sans  doute,  mais  on 
n'aurait  certainement  été  reconnu  par  personne. 

II.  Ea  re  etiam  candidatis  usus  luil  iu  comitium  nundinis  venire,  et  in  Colle  consis- 
tere,  unde  coram  possent  ab  universis  vidori.  Macrob.  Salurn.  1,  16. 

ni.  Mopsta  civilas,...  comitiorum  die  in  Campnm  descendit;  atque  in  magistratus 
vcrsi  circumspectant  ora  principum,  aliorum  alios  inluenlium...  (Jnuni  subilo  1'.  Cor- 
nélius [Scipio] quatuor  et  viginii  ferme  annos  natus,  professus  se  petere,  m  supe- 

riore  unde  conspici  possel  loco  conslilil.  In  quem  posiquam  omnium  ora  conversa 
sunt,  clamore  ac  favore  ominati  extcmplo  suiit  felix  fausiumque  imperium  :  jussi 
deinde  inire  confestim  suffragium,  ad  unum  omnes  non  centuriœ  modo,  scd  etiam  ho- 
mines,  P.  Seipioni  imperium  esse  in  Ilispania  jusserunt.  'i'iT.-Liv.  XXVI,  18. 

195.  Adtel  de  Mars.  Dans  le  Champ-de-Mars,  vis-à-vis  de  la  façade  du 
Panthéon  [n"  180].  C'était  à  cet  Autel  qu'on  f\usait  la  cérémonie  de  la  Clôture 
du  Lustre. 

I.  Comitiis  confectis  [an  573],  ut  traditum  aniiquilus  est,  censores  in  Canipo  ad 
Aram  Martis  sellis  curulibus  consederunt.  Tit.-Liv.  XL,  45. 

II.  Nunc  primum  ponam  de  Censoriis  tabulis  :  Lbi  noclu  in  templum  censura;  auspi- 
caverit  atque  de  cœlo  nuntium  erit,  praeconi  sic  imperalo  ut  viros  vocel  :  etc.  Varr. 
L.  L.  VI,  §  86. 

m.  Dans  le  passage  de  Tite-Live  ci-dessus,  il  s'agit  des  comices  censoriaux,  à  la 
suite  desquels,  suivant  l'antique  usage,  les  censeurs  élus  venaient  s'asseoir  auprès  de 
l'Autel  de  Mars  pour  recevoir  les  félicitations  du  sénat  et  du  peuple.  —  Dans  le  passage 
de  Varron  il  est  question  des  auspices  que  les  censeurs  venaient  prendre  in  templum 
censura",  c'est-à-dire  à  l'Autel  de  Mars,  avant  de  faire  la  Clôture  du  Lustre.  Si  l'on 
avait  quelque  doute  sur  la  signification  du  mot  templum  ici ,  nous  rappellerions  que 
Tite-Live,  dans  le  fait  qu'il  raconte  [Ibid.  c.  46],  dit  précisément  m  templo  isto  pour 
désigner  l'Autel  de  Mars.  —  Enfin  cet  Autel  étant  un  lieu  où  l'on  venait  prendre  les 
auspices,  devait  être  dans  un  endroit  bien  découvert  à  l'orient,  côté  vers  lequel  oa 
se  tournait  pour  cette  cérémonie.  Le  passage  suivant,  où  il  est  question  de  la  Clôture 
du  Lustre  faite  par  Auguste,  nous  a  paru  être  un  indice  que  l'Autel  de  Mars  était  vis- 
à-vis  de  la  façade  du  Panthéon  :  «  Cum  Lustrum  in  Campo  Martio  magna  populi  fre- 
quentia  conderet  [Augustus],  aquila  eum  sa-pius  circumvolavit  :  transgressaque  in  vici- 
nam  aedem,  super  nomen  Agrippée,  ad  primam  lilleram  sedit.  »  Si'et.  Aug.  97.  —  Il 
est  presque  inutile  de  rappeler  que  Suétone  désigne  ici  le  Panthéon  et  l'inscription  en 
lettres  de  bronze  fixée  dans  la  frise  du  fronton.  Voy.  n"  180,  §  III. 

IV.  Sccunda  spolia  in  Martis  Aram  in  Campo,  solilaurili  utra  voluerit,  Cicdilo.  Fest. 
V.  Opima  spolia. 

194.  Le  Gnomon.  Entre  la  voie  Flaminia,  le  Bois  et  le  Temple  de  Lucine 
[n°  184].  C'était  un  obélisque  monolithe,  en  granit  rose,  haut  de  21  mètres 
622  millimètres,  érigé  sur  un  piédestal  de  même  matière,  de  4  mètres  218 
millimètres,  et  reposant  sur  une  double  plinthe  en  marbre  blanc  de  1  mètre 
56  centimètres,  de  sorte  que  la  hauteur  totale  du  monument  égalait  27  mètres 
40  centimètres.  Un  banc,  également  en  marbre  blanc,  embrassait  les  quatre 
faces  de  la  plinthe.  Du  côté  de  la  face  septentrionale  de  l'obélisque  il  y  avait 
une  esplanade  en  marbre  blanc,  longue  de  82  mètres  47  centimètres,  et  large 
de  2  mètres  51  centimètres.  Une  barre  d'airain  doré  incrustée  dans  cette  es- 
planade la  divisait  en  deux  bandes  dont  l'une  portait  cette  légende  :  longueur 
du  jour,  et  l'autre  longueur  de  la  nuit.  Trois  barres  transversales,  également 
en  airain  doré,  l'une  fixée  vers  le  centre  et  les  deux  autres  aux  extrémités  de 
l'esplanade,  indiquaient  la  longueur  de  l'ombre  portée  par  l'obélisque  au  mo- 
ment de  la  sixième  heure  du  jour  (midi),  à  l'époque  des  solstices  d'hiver  et 
d'été,  et  à  celle  des  équinoxes.  De  chacune  de  ces  trois  bandes  transversales 
partaient  deux  petites  barres  perpendiculaires  placées  en  parallèle,  l'une  à 


•152  DESCRIPTION  DE  ROME. 

fli(»il(',  Taiilio  ;i  f;rm(lie  de  l;i  ij;r;iii(l('  li^iic  longitudinale;  elles  élaienl  d'iné- 
ii,:dt'  loiij^iicur,  cl  icnr  dis|>rf)|i(irtiuii  caiculcc  indiquait  la  dur(''e  comparative 
(les  jours  et  des  nuits  au\  é|)o(|ues  ci-dessus  mentionnées.  Ainsi,  |tar  exem- 
|)le,  an  solstice  d'iiiver,  le  jour  ctant,  sous  le  climat  de  Rome,  de  neuf  de  nos 
iuMires  et  la  nuit  de  (]uinze,  la  harre  du  côté  du  jour  était  de  deux  cin(|uii'mcs 
|)lus  courte  t|ue  celle  du  côté  de  la  nuit;  et  réciproquement  pour  la  lij^nc  du 
solstice!  d'été.  Les  diverses  piiases  de  l'année  se  trouvaient  rappelées  |)ar  l'i- 
niaj^e  des  douze  sij^ncs  du  zodiaciue  incrustés  en  airain  dans  toute  la  longueur 
de  l'esplanade,  aux  (juatre  ant^les  de  laquelle  les  quatre  vents  principaux, 
en  mosaïque,  avec  leurs  noms  gravés  au-dessous,  marquaient  les  points  car- 
dinaux. 

Cet  obélisque,  qu'on  nommait  le  Gnomon,  venait  d'Héliopolis,  en  Egypte, 
où  il  avait  été  érigé  par  Psammelicus,  roi  de  la  seizième  dynastie.  Auguste  le 
transporta  à  Home,  l'an  730,  le  lit  placer  dans  le  Champ-de-Mars,  en  avant 
du  Hnstum  [n"  187],  le  consacra  au  soleil,  et  le  destina  à  servir  de  style  à  une 
méridienne.  A  cet  ellet,  on  fixa  sur  le  pyramidion  un  globe  doré  de  deux  pied.s 
de  diamètre,  environ  [4.50  niillini.]  afin  que  l'ombre  fût  marquée  d'une  ma- 
nière beaucoup  plus  précise  (ju'elle  ne  l'aurait  été  par  le  monolitbe  seul.  Le 
jour  du  solstice  d'biver  l'ombre  atteignait  l'extrémité  de  l'esplanade  ;  le  jour 
«lu  solstice  d'été  tout  le  pied  de  l'obélisque  était  éclairé,  et  l'ombre  de  la  boule 
ramassée  sur  elle-même. 

J.  L'obélisque  qui  servit  de  gnomon  existe  encore  ;  on  le  voit  maintenant  sur  la 
place  du  nionle  Cilorio  [Nolli,  n"  338;  Lelarouilly,  rion.  III,  35],  à  Home.  Il  fut  re- 
trouvé l'an  1302,  renversé,  cassé  en  cinq  morceaux,  et  presque  entièrement  enfoui  sous 
des  décombres,  prés  de  l'église  de  S.  Lorenzo  in  Lueina  [Nolli,  n»  350;  Lelarouilly, 
rion.  III,  6.  Le  piédestal,  tel  que  nous  l'avons  décrit,  était  encore  en  place,  et  intact, 
à  l'endroit  où  s'élève  maintenant  la  principale  chapelle  du  côté  oriental  de  S.  Lorenzo, 
entre  cette  église  et  la  rue  du  Corso,  de  sorte  que  la  position  de  ce  monument  n'est  point 
douteuse.  On  trouva  dans  les  caves  des  maisons  voisines  divers  signes  du  zodiaque  en 
airain.  Yoy.  Bandini,  delt'  Obelisco  di  Cesare  Âuguslo,  c.  17,  18,  19,  20,  21  ;  — 
Stiart,  Epislola  de  Obelisco  Cœsaris  Auyusii  e  Campo  Marlio  nuperrime  effosso. 

En  1589  Mercati  [Deyli  obelischi  di  Roma,  c.  2i]  écrivait,  en  parlant  de  l'obé- 
lisque du  Clianip-de-Mars  :  —  Ncl  Campo  Marzio  ancora  oggidi  si  passa  sopra  l'obelisco 
dietvo  la  cliiesa  di  S.  Lorenzo  in  Lueina,  per  quella  strada  che  va  ail'  Arco  di  Do- 
niitiano,  dctto  ai  nostri  tempi  l'Arco  di  Portogallo. 

II.  Sur  la  forme  el  les  proportions  de  l'obélisque  et  de  son  piédestal,  voy.  Stcart, 
Episl.  de  obel.  Cws.  Aug.  etc.  pi.  1,  2,  3,  4.  —  Ces  mêmes  planches  se  trouvent  aussi 
dans  Bandim.  —  Voy.  aussi  Piranesi,  Campo  Marzio,  tav.  II. 

—  Sotlo  il  poiilificato  di  Giulio  secondo,  si  scoperse  a  caso  nel  Campo  Marzio  la  base 
deir  allro  obelisco  di  .\ugusto,  e  si  vede,  che  sopra  il  fondamento  era  fatlo  un  piedes- 
lallo  quadro  di  marnio  biancho,  alto  sette  piedi  e  mezzo.  Mercati,  deyli  obelischi  di 
Koma,  c.  24. 

UI.  Is  aulem  Obeliscus,  quem  divus  Augustus  in  Circo  Magno  statuit,  excisus  est  a 
rege  Semneserteo,  quo  régnante  Pylhagoras  in  ^gypto  fuit,  LXXXlI  pedum  et  dodran- 
lis,  prii'tcr  basim  ejusdem  lapidis  :  is  vero,  qui  est  in  Campo  Martio,  novem  pedibus 
minora  Sesoslride.  Inscripti  ambo  rerum  nalurœ  interpretationem  ^-Egypliorum  philo- 
sophia  contineiil.  Plin.  XXXVI,  9.  —  Les  anciennes  éditions  de  Pline  portent  que 
l'obélisque  du  Cirque  Maxime  avait  125  pieds  romains  el  9  pouces  de  haut,  ce  qui  pro- 
duirait, en  pieds  do  roi,  pour  la  hauteur  de  l'obélisque  du  Champ-de-Mars  116  pieds 
9  poures;  mais  Stuarl,  qui  a  mesuré  ce  dernier  avec  beaucoup  de  soin,  a  trouvé  qu'il 
avait  67  i)ieds  10  lig.  563  720  [Voy.  Stcart,  loc.  sup.  cil.  p.  7;  ou  dans  Ba>di.ni, 
p.  89].  Celle  mesure,  rapportée  au  pied  Statilien  el  au  pied  Capponien  doni>e,  à  une 
Irés-pelite  fraction  près,  73  pieds  9  pouces.  C'est  d'après  l'observation  de  Sluart  que 
h'  texte  de  Pline,  évidemment  altéré  par  les  copistes,  a  été  restitué  tel  qu'il  est  aujour- 
d'hui. Le  même  antiquaire  a  trouvé  que  le  piédestal,  non  compris  le  socle  en  marbre, 
a  juste  la  cinquième  partie  de  la  hauteur  de  l'obélisque. 

—  Pline  se  trompe  en  disant  que  cet  obélisque  fut  taillé  par  le  roi  Sésostris  ;  les  in- 
scriptions hiéroglyphiques  indiquent  Psammelicus,  roi  de  la  XVle  dynastie  [Melchiurri, 
Guida  melodica  di  Roma,  p.  555]. 


RÉGION  IX.  — CIRQIK  1  LAMINIUS. 


\ôô 


IV.  L'inscription  suivante  était  gravée  sur  les  faces  orientale  et  occidentale  de 
l'obélisque. 

imp.caesar.dIvI.f 
atcvstys 

rONTlFEX.MAXIMVS 

IMP.XII.COS.XI.TRIB.POT.XIV 

AEGVPTO .  IN .  POTEST ATEM 

POPVlI  .ROMANI .  REDACTA 

SOlI.DONVM. DEDIT 

Celte  inscription  se  trouve  imprimée  dans  Sri  art,  loc.sup.  cit.  lab.  Il;  Bandini  [delt 
Obetisco  de  fesare  Augustn,  c.  IX]  ;  dans  Gruler,  qui  a  altéré  la  disposition  des  lignes 
[p.  32]  ;  et  dans  Orelii  [Inscript,  lai.  n"  36],  —  L'I  majuscule  de  certains  mots 
indique  des  syllabes  longues  [Voy.  Voss.  de  Art.  grammat.  lib.  I,  c.  29]. 

V.  Quod  quum  Octavianus  Augustus  obeliscos  duos  ab  Heliopolitana  civilate  tianslu- 
lissel  JLgyptia  (qiiorum  unus  in  Circo  Maximo,  aller  in  Campo  locatus  est  Marlio) 
hune,  etc.  Amm.  Marcell.  XVII,  4. 

Yl.  Ei  [obelisco]  qui  est  in  Campo,  divus  Augustus  addidit  mirabilem  usum  ad  de- 
prehendendas  solis  umbras,  dierumque  ac  noctium  ita  magniludines,  strato  lapide  ad 
magnitudinem  obelisci,  cui  par  fieret  umbra,  brumœ  confect»  die,  sexta  liora  ;  paula- 
timque  per  régulas  (quœ  sunt  ex  œre  inclusse)  singulis  diebus  decresceret,  ac  rursus 
augesceret.  Digna  cognilu  res  et  ingenio  fecundo.  Manilius  malhemalicus  apici  auralam 
pilam  addidit,  cujus  umbra  vertice  colligeretur  in  se  ipsa,  alias  enormiter  jaculante 
apice,  ratione,  ut  ferunt,  a  capite  hominis  intellecta.  Plin.  XXXVI,  10. 

—  Ce  passage  de  Pline  a  fait  penser  à  plusieurs  antiquaires  que  le  Gnomon  servait 
de  style  à  un  cadran  solaire,  et  non  simplement  à  une  méridienne.  Celte  opinion  a 
été  soutenue,  entre  autres,  par  le  P.  Kircher  et  le  P.  Masi.  Co  dernier,  se  fondant  sur 
ce  que  dit  Pline  que  le  Gnomon  marquait  à  la  fois  la  longueur  des  jours  et  des  nuits, 
a  dressé  le  cadran  ci-dessous. 


On  y  voit  indiqué  les  deux  solstices,  par  le  tropique  du  Cancer  el  celui  du  (;ap 
corne,  et  réquino\e.  Des  lignes  perpendiculaires  à  l'obélisque  montrent  les  heures, 
sept  autres  lignes  transversales,  tracées  paraboliquement  d'un  côlé  du  cadran  à  l'aul 
indiquent,  à  droite  les  heures  du  jour,  à  gauche,  celles  de  la  nuit,  pour  chaque  phase 
I  année,  de  sorte  qu'on  reconnaît  d'un  coup-d'œil,  par  exemple,  qu'au  solslice  J'hi> 
lorsque  le  jour  est  de  9  h.  la  nuit  est  de  13  h.  Il  y  a  deux  objections  fondamentale 
l.iiie  eonire  celle  ingénieuse  conceplion  :  la  première,  c'est  que  chez  les  ancions  I! 
mains  le  jour  et  la  nuit  avaienl  toujours  12  heures,  plus  ou  moins  longues  sui\a!il 
saisons;  la  seconde,  c'est  qu'a>ec  un.s(.i//c  tel  que  noire  obélisque-,  un  cadran  aurait 
rire  si  \asle,  qu'il  devenait  inviaisemblahle,  on  pourrait  même  dire  impralicabli-. 
effel,  le  1'.  Kircher  a  calculé  que  ce  cadran,  i)0ur  qu'il  put  recevoir  lombrc  de  I  ol 


134  DESCniPTION  DE  UOME. 

lisquc  ail  solstice  d'hiver,  à  l'inslant  du  jour  où  le  soleil  est  le  plus  Las  sur  l'horizon, 

auruil  dû  avoirau  moins  1072  paltnfs  [210  mi^lres]  (l'(^teii(lue  [V.  Jjanf/inj",  loc.  sup.  cil. 
c.  17,  21].  Le  svsli'iiic  de  iiicridiiimi'  que  nous  avons  adopté  est  tout  à  la  fois  le  seul 
vraisciublabie  et  le  seul  rotiforme  au  texte  de  l'iine,  où  le  mot  horloge,  hcro/oijium, 
n'est  pas  prononcé.  Zieglero  a,  le  premier,  professé  cette  opinion,  en  1G31,  dans  ses 
noies  sur  Pline  l'Ancien  [Voy.  liandini,  c.  XII,  p.  69];  elle  a  été  ensuite  soutenue  et 
discutée  par  le  P.  Boscovicli,  par  Poleni,  Colombi,  Camelli,  Marinoni,  Maffci,  Muratori, 
de  Bose,  Kuler,  tous  savants  ou  anli(|uaires  du  milieu  du  dix-liuitiémi;  siècle,  dans  des 
mémoires  en  forme  de  lettres,  imprimés  à  la  suite  de  rou\  ia};e  de  liandini  cilé  plus  haut. 
Pour  l'élablisscment  de  l'esplanade  telle  que  nous  la  donnons,  nous  avons  suivi  par- 
ticulièrement les  données  du  P.  Itoscovich,  qui  a  calculé  qu'elle  devait  avoir  deux  fois 
et  un  cinquième  la  longueur  de  robélis(|ue,  pour  pouvoir  en  recueillir  l'ombre  entière 
au  moniL'iit  du  midi  du  solstice  d'hiver.  Nous  avons  également  empiunlé  au  savant  Père 
ce  que  nous  disons  du  globe  placé  sur  le  pyramidion  de  l'obélisiiue  :  il  a  démontré, 
ce  que  Pline  ne  dit  pas,  que  ce  globe  n'était  pas  un  vain  ornement,  mais  un  acces- 
soire indispensable  pour  éviter  la  pénombre,  qui,  en  vertu  même  de  la  forme  pyra- 
midale de  la  tète  du  gnomon,  devait  être  très-sensible.  Ce  globe,  ajoule-l-il,  devait 
avoir  en  grosseur  le  cinciuantième  au  moins  de  la  hauteur  à  lafiuelle  sa  ligne  diamé- 
trale se  trouvait  placée,  car,  moins  fort,  son  ombre  eût  été  absorbée  par  la  pénombre 
et  ne  serait  point  parvenue  jusqu'à  terre,  ainsi  que  cela  arrive  pour  les  oiseaux  qui  volent 
trop  haut. 

VII.  Après  les  témoignages  que  nous  venons  de  citer,  nous  ne  croyons  pas  devoir 
rapporter  ceux  de  P.apliaël  de  Volterre,  de  Marlianus,  de  Pomponius  Laetus,  de  l-'lanii- 
nius  Vacca,  de  Ficoroni,  de  Venuli,  etc.,  qui  n'ont  guère  fait  que  se  copier  les  uns  les 
autres,  en  pailant  d'une  horloge  solaire,  dont  nous  venons  de  démontrer  Timpossi- 
bilitè,  ou  tout  au^moinsla  non-existence.  Ces  témoignages,  qu'on  trouvera  réunis,  pour 
la  plupart,  dans  Liandini,  c.  XVII,  n'auraient  tout  au  plus  de  valeur  que  pour  (ixer 
remplacement  du  Gnomon  ;  mais  après  Bandini,  et  surtout  Stuarl,  qui  a  reconnu,  me- 
suré et  dessiné  le  piédestal,  alors  encore  en  place,  de  l'Obélisque,  de  nouvelles  preuves, 
d'ailleurs  moins  positives,  deviennent  inutiles.  Il  n'y  a  d'autres  renseignements  à 
prendre  dans  ces  auteurs,  que  les  suivants  que  nous  extrayons  de  Pomponius  Lselus,  et 
qui  ont  été  copiés  par  les  antiquaires  venus  après  lui  :  —  Xel  Campo  Marzo,  dove  é 
l'Epilaffio  dci  Capellani,  ivi  fu  scavalo  un  orologio,  clie  avea  setle  gradi  allô  intorno,  c 
le  linee  distlnte  di  métallo  indorato  :  il  suolo  del  terreno  era  di  grosse  piètre  quadre,  e 
avea  le  nicdesime  linee,  e  negli  angoli  i  quattro  venti  colla  inscrizione  vt  Bobeas 
spiRAT.  POMP.  L^ETUS,  Anlich.  rom.  —  Falnls  [Antiq.  rom.  IV,  13]  dit  que  les  fi- 
gures des  vents  étaient  en  mosaïque,  opère  musivo. 

VIII.  In  parle  Campi  Marlii,  ubi  nunc  est  lemplum  S.  Laurentii  in  Lucina,  in  capella 
nova  (^apellanorura,  fuit  olim  basis  illa  nominatissima,  et  Ilorologium  superioribus  an- 
nis  effossum,  quod  liabebat  scptem  gradus  circum,  et  lineas  disiinclas  métallo  inau- 
rato,  et  solum  Campi  erat  ex  lapide  ample  quadrato,  et  habebat  lineas  easdem,  et  in 
angulo  quatuor  venti  erant,  ex  opère  musivo  cum  inscriptione  :  BOREAS  SPIRAT. 
FuLviLS,  de  Urb.  anliquit.  lib.  V,  p.  530.  , 

191>.  Tombeaux  divers.  Il  y  avait  des  tombeaux  tlans  le  Chainp-de-Mars  pro- 

t (renient  dit,  et  comme  l'tisage  des  Romains  était  d'ériger  leurs  tombeaux  le 
ong  des  routes,  ceux-ci  furent  placés  auprès  de  la  voie  Flaminia.  11  n'était 
permis  qu'aux  personnes  illustres  d'avoir  une  tombe  dans  le  Cliamp-de-Mars, 
et  eu  vertu  d'un  décret  du  Sénat.  Parmi  les  plus  reinaupiables  de  ces  monu- 
ments, on  citait  ceux  de  Sylla,  d'Agrippa,  de  Julie,  du  père  et  de  l'oncle  de 
Scipion  l'Africain  ;  mais  aucun  n'ayant  été  reconnu,  nous  n'avons  pu  leur  at- 
tacher un  nom,  et  nous  ne  les  avons  figurés  que  pour  conserver  à  notre  plan  la 
couleur  historique  que  nous  nous  sommes  eUorcc  de  lui  donner  dans  toutes  ses 
parties. 

I.  AfSTTïyî  isjCOTïc-zs'jTV.zo-j  vsyiîy.vTr;  Tov  Tjnv  T0ÛT5V,  xat  twv  éTTtp^.vîîTàrcjv  y.v/;— 
ax-v.  è-JzoûiOx  y.v.-în/.vyx'jy:^  àvof^Oi-j  xa?  yuvatxwv.  Strab.  V,  p.  256  *. 


*  Les  Romains  regardant  le  Ghump-de-Mars  comme  un  véritable  et  di(jue  sanctuaire,  y  ont 


i 


KÉGION  IX.— CIUQUI':  FLAMINIUS.  135 

II.  Siilla  (Icccssit,  lionosquc  ei  a  scnalu  habilus  est,  ut  inCampo  Marlio  srpclirclur. 
l'iT.-Liv.  Epilo.  XC. 

III.  ■]  0  oî  '^s'/oi  -j-'jOÙ-j-z-i  ù.-o  Tri;  /îdu/y);  'J.-iSf^ii  s-jf^oiczot  oir/.iy.iZo-j  ii  rh  TCiSio-j  zq 
fir.siov,  ëvOx  (iy.aàû;  s  Où.--:o->-o  ij.o-joi.  Ap1'I.\N.  de  Bell.  civ.  I,  p.  eo-i  i. 

JV.  Ta  [J-ï-j  oùv  fj.vrifj.s~io-j  è-j  toi  ttîoi'w  z'jZi  A  /Oîoi;  ctti.  Plut.  Sulla,  58  2. 

V.  Hisne,  salus  reiuin,  lelix  liis  Sylia  vocaii, 

His  meiuil  tumulum  mcdio  sibi  tôlière  Campo? 

LuCAN.  II,  V.  221,  222. 

VI.  Kal  T'/jv  èn'fopy.-j  «jToy  iv  t&)  t/jîttw,  s-j  w  /at  «ùrà;  //.sts:  -raura  ic,ffiiyj)-r\,  iTiovr,- 
avxo-  y.cà  ciùrb-j  èv  -zoi  ty.oTOl)  fj.:'-/]y.;io>  sOxliz,  r.'x.TOi  'iiio'i  ï't  t&>  kç.iw  Tiî'iLO)  /aSo/ry.. 
Dion.  LIV,  28  3. 

VII.  Julia,  (îcTsaiis  filin,  Pompeii  uxor,  drcessit  :  iionosquc  ei  a  populo  habilus  est,  ut 
in  Campo  Marlio  sepclirelur.  Tit.-Liv.  Epilo.  C\\. 

VIII.  2i;y/)i57racfav  iTTctcT/;  T«/£5Ta  Tôjv  iv  tvj  àyo/^y.  è~a.h'ji-j  i'ruyj,  /.cà  iv  tw  y.pVM 
Tisc^i'j)  zOtIiu-'j'  y.v.LTot  Tou  l^ofjiiricu  dvOiaTa.y.svoo,  x-A  às'/îvtoî  i:/Xz  tô  x«£  ôt«  oJ;<  àaioii 
£v  TÔ)  iî,cô)  Toû'jj  à'vï'j  Tfvîi,  ■pri'fii/J.y.ro-;  O'y.UTOito.  DioN.  XXXIX,  6i*. 

IX.  Scipioii  descendanl  aux  enfers,  rencontre  son  père  et  son  oncle,  et  leur  dit  : 

Quanlos  funeribus  vestris  gens  Itala  passim 
Dat  geniilus!  Tumulus  vobis,  censente  scnalu, 
Mavorlis  geminus  surgit  per  gramina  Campo. 

SiL.   ITAL.   XIII,  V.   658-660. 

X.  ...     Experiar  quid  concedatur  in  illos 
Quorum  Flarainia  tegilur  cinis  alque  Lalina. 

Juv.  S.  I,  V.  170,  171. 

XI.  Juncto  riaminise  jacet  sepulcro. 

Mart.  VI,  28. 

XII.  Qiiisquis  Flaminiam  teris,  viaior, 

Noli  nobile  prcElerire  marmor.      Mart.  XT,   li. 

XIII.  Nel  fabbricarsi  nclla  piazza  del  l'opolo  la  chiesa  délia  madonna  de'  miracoli 
|Nol[i,  li»  -484  ;  Letarouilly,  rion.  IV,  8],  una  dolle  due  ctie  sono  al  principio  del  Corso, 
lu  scop'rlo  il  fondamenlo  di  una  piramide  a  somilianza  di  qucila  di  C.  Ceslio,  i  marmi 
délia  quale  si  dicono  esse  quclli  adoperali  ne'  bastione  délia  porta.  Yenuti,  délie  an- 
tichitd  di  Roma.  pari.  II,  c.  3. 

490.  Champ-de-Mars,  et  Champ  Tibérin  ou  Ciiamp-de-JIars  inférieur.  On 
appelait  Champ-de-Mars  toute  la  partie  non  bâtie  de  la  région  du  Cirque  Fla- 
niinius.  C'était  une  plaine  couverte  de  gazon,  et  distinguée  en  Champ-di'-Mars 
proprement  dit,  et  en  Champ  Tibérin  ou  Champ-dc-Mars  inférieur .  Le  Champ- 
de-Mars  commençait  au  Bois  sacré,  derrière  le  Mausolée  d'Auguste  [n°  185], 
s'étendait  à  l'orient  jusqu'à  la  Colline  des  Jardins,  et  s'enfonçait  à  l'occident 
jusque  dans  le  grand  coude  formé  par  le  Tibre,  un  peu  au-delà  de  la  Voie 
Triomphale.  Le  Champ  Tibérin  se  trouvait  circonscrit  entre  les  Jardins  d'A- 
grippa  [n^  169]  ,  les  Equiries  [n»  197],  le  fleuve,  et  les  théâtres  de  Pompée 
[n"  156]  et  de  Corn.  Balbus  [11°  146]. 

I.  ToÙT&jv  âî  TV.  Tïlîfjtv.,  b  M'y.f^rioî  ïyat  w.ji.TiOi,  Tipoi  T/j  oiizii  —^2n).aSàjv,  xkI  tsv  l/. 
z?j;  -jio-joixç  xo7|Uov  y.xï  yy.p  xh  yv/tO^^i  -zoïi  Tuoio-j  Ox'jfJK/.mb-J  yfj.c,  /ci  tkî  v.py.-x-o'Jpo- 
l'-'y.:,  Y.^1  Tv;v  i/Xt^Ti'J  ImTïksîxv,  ùy.ijiMXO'j  na.fjéyj^fj  tw  TC/aoùro)  7i\rfis.i.,  tôjv  s^uif-c/.  /.où 
/.ip/.'A  y.u.i—cùoLi'j-pci.yuiJ.-jyX^oiJ.ivoi'J,  xa't   zà.TZSpl/.&iiJ.z-JOi  é'/î'/a,   /M  xb  èâv.fOi  ~'j6.^'j-j  ôl 

S9VS5,  XKt  TÔJV  /ÔpiJV  ffTcpKVKt  TÔ    i>~îp   X'JU     TZOXOLiJ.oZ    It-iypi    XOÛ    piiOpOD    a/.YiVOypXfl/.Vi-J 

O'piv  i~io-r/.-jiifj.îv</.!,  $u'j'jy.-yXh'x/.xo'i  Tiy.pîyo\iQi  xr^-j  9-'xv.  XCkrfl'wj  0"  £371  xoli  7iîc?b0  xoit- 


placé  les  monuincnls  funéraires  des  plus  illustres  pcryounages  des  deux  sexes.  Pajye  21 1  de  la 
Traduction.  =  1  Aliquot  senalores  suhlatain  in  liumeros  Icclicam  transtulerunt  in  Campuni 
Jlarlium,  ubi  solos  re|;cs  scpelire  mes  est.  ^  ^  Exstat  moniimenlnni  ejus  [Syllsc]  in  (.'ampo 
Marlio.  =  ■>  Fuiius  ejus  [Afjiippa'j  exiulit  [Au{;nstns]  eodciii  moilo  quo  tleini-eps  ipse  e/a- 
lus  est,  suoque  eum  in  sepulcro  coiulidit,  quainvis  Afji-ippae  propiium  essct  in  Campo  Martio 
nionuuientum  concessum.  =  ■*  Postquani  in  l'^oro  fuueliri  1  ludatiouc  ornala  fuit  [Julia  eonjux 
Pompeii],  in  t'ampo  Rtartio  sepclivcMuut,  (|uantumvis  Dnmitio  resistente  alque  inter  alia  di- 
cenlo,  uou  fus  esse  cam  in  sacro  loco  sine  decrelo  se|ieliri. 


136  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Tou  /ai  icÀ/o   ntolo-J,  y.'xl  STSal  x'Jx>.w  vv.;j.T:\r,Oiï;,  -/.où  x/^r,,  xa't  6écT/>x  rph.,  zat  «//J^t- 
Oéxrp'j-j,  MX  v«9Î  TToXuTEXtls,  xat  s'jvî^^eï,-  à/)iî/ots.  Strab.  V,  p.  236  •. 

II.  Villa  publira. 

Campus  Marlis.  P.  Vint,  de  Rrg  urb.  Romo',  IX. 

III.  Qui  aliter  faril  ex  ambilu  rausam  dicit.  Itaque  Tiberis  amnis  (|uod  ambit  Mar- 
lium  Campum.  Varii.  L.  L.  V,  <§  29. 

IV.  Ager  Tarquiiiiorum,  qui  inter  Urbcm  ac  Tiberim  fuit,  consecratus  Marti,  Marlius 
deinde  Campus  fuit.  Tite.-LIv.  II,  5. 

V.  Kai  Tvjv  cf.jTO>\>  '/r\-j  ôi/jv  ixs/.TvjvTO,  T5J;  ix-ipi-rx  ■/'t.rtpo-/  ïywii.  Sii/uii-v.-)  îv  ij.o.''j-j 

i^cÀo/juvoi  îreôïov,  ô  XEtTat  jUstkJù  TJj;  T£  no/ïojî  xai  tsî;  iroTSt/toy toIito  ô'   A'/sîoî 

i/;rc</!;^£tv  ti/siv  sî  7r/5(3T£;00v  i^/ip(iavT'5"  I).  Halic.  V,  13*. 

VI.  Te  in  Campo  quœsivimus  minore. 

Catul.  52,  V.  5.  Edit.  Barbou. 

VU.  Invenilur  statua  décréta  Taratiœ  Gaiee, quod  Campum  Tiberinum  gratificala 

csset  ea  populo.  I'lin.  XXXIV,  6. 

VIII MunilicentiiE  et  beneficii  gralia,  quod  Campum  Tiberinum  sive  Marlium 

populo  rondonasset  [Caia  Tarratia].  A.  Gell.  VI,  7. 

iX.  È-HOl  âï  TO'uTO  cjujTs-îtv  iiTO poûcfj,  oj'/'  oxt  Tv.p/.-j-Aou  ya.'iitp'JtOt)  70  T.t'jlo-\ 
vXjù.  ypôvoii  xiiztpo-^  vX^o  yoipio-j  bij.opou-J  èzîîvw  Ta/i/ùivta,  àv£i'î/)j.  •/)  Oî  'ïçt.f,y.'j'Ji'J., 
TfxpOé-joi  -/i-j  iipu'x  fjic/.  Tôiv  E'ït(ko\jv.  Plut.  l'oblic.  8  3. 

X.  Quamvis  non  alius  flerlere  equum  sciens 

i£que  conspicitur  gramine  Martio. 

HOR.  III,   Od.   7,  V.  25,  26. 

XI.  Te  per  gramina  Martii 

Campi,  etc.       IIor.  IV,   Od.  1,  v.  59,  40. 

XII.  Imberbus  juvenis,  tandem  custode  remolo, 
Gaudet  equis,  canibusque,  et  aprici  gramine  Campi. 

HoR.  Art.  poel.  v.  161,   162. 
XIH.  Altéra  gramineo  spectabis  Equiria  Campo, 

Quem  ïhybris  curvis  in  latus  urget  aquis. 
Qui  lamen  éjecta  si  forte  tenebitur  unda, 
Cœlius  accipiat  pulverulenlus  aquas. 

Ov.  Fast.   III,  V.   519-522. 
—  Ceci  prouve  que  les  Equiries  étaient  dans  la  partie  basse  du  Champ-de-Mars. 

XIV.  Quot  llavas  Thybris  arenas, 

Mollia  quot  Martis  gramina  Campus  habet. 

Ov.    Trisl.   V,  1,  V.   31,  32. 

XV.  Eque  domo  rursus  pukhrae  loca  verlor  ad  Urbis, 

Cunctaque  mens  coulis  pervidet  illa  suis 


Gramina  nunc  Campi  pulchros  spertanlis  in  hortos. 
Stagna  et  Euripi,  Virgineusque  liquor. 

Ov.  Pont.  I,  8.  V.  35,  34,   37,   38. 
NVl.  Mavortis  geminus  surgit  per  gramina  Campo. 

Sa.  Ital.  XllI,  V.  660. 


*  Le  Champ-de-Mars  rëunit  les  ornements  de  l'art  à  ceux  de  la  nature.  En  effet,  la  gran- 
deur (-tonnante  de  ce  Champ,  où  des  milliers  d'hommes  peuvent  ensemble  exécuter  des 
courses  de  cliar  ou  de  chevaux  et  s'exercer  à  la  paume,  au  disque,  à  la  palestre  ;  les  édifices 
qui  l'entourent,  le  ya^o"  toujours  vert  de  sa  pelouse,  l'aspect  d'une  couronne  de  collii)cs  fi(;u- 
r.int  nue  scène  dcnii-circulaiie,  dont  les  extrémités  s'nppuient  à  la  rive  du  tleuve;  tout  en  cet 
endroit  offre  un  spectacle  que  Tn-il  abandonne  à  rc(;rcl,  iiidépcmlaniment  de  ce  qu'auprès  de 
ce  Champ  l'on  en  trouve  un  second  avec  beaucoup  de  portiques  à  l'eutour,  des  liocaj!es  sacrés, 
trois  ihéaircs,  im  ampliithéàtre  et  des  temples  superbes,  presque  continus  les  uns  aux  autres. 
fage  1 1  de  lu  traduction.  =  *  Eoruin  [Tarquiniorumj  a(;rum,  qucin  illi  privalim  possidebant, 
diviserunt  civibus  nullam  agri  poriidnem  babentibus,  uno  taiilum  Campo  exceplo  (|ui  inter 
Urlicm  et  lluviuiu  est  silus.  Hune  enim  .Marti  eorum  majores  publico  décrète  conseerarant. 
=1  ^  Alii  hoc  ncciilissc  feriiiit,  non  (|iiiim  consecraverunt  campus  Tarquinii,  vcrum  poslea  vi- 
cinum  illi  aliiiin  fiiuduiii  quiiui  Tarquinia  dedicaret.  Virgo  ha;c  Tarquinia  ex  vestalibus  una 
fuit. 


RÉGION  IX.— CIRQUE  FLAMINIUS,  157 

XVII.  Tune  ego  me  memini  ludos  in  gramine  Campi 

Adspiccie.  Ov.  Fast.  VI,  v.  237. 

XVIII.  M.  Lepidus,  quum,  céleris  in  Campo  exercentibus,  in  herba  ipse  recubuissel: 
«  vellem  hoc  essel,  inquit,  laborare.  »  Cic.  de  Oral.  Il,  71. 

XIX.  Monsignor  Lanrisi  i  ci  fa  fede  che  [il  Campo  Marz.o]  riliennc  anrora  in  molli 
luoghi  la  sua  anlica  vcriura  e  amenita  fino  ai  lempi  di  Leone  X,  e  di  allri  pontefiri  di 
lui  successori,  i  quali  colle  nuovc  fabbriche  incominciarono  a  rendere  dapperluUo  abi- 
tato  il  Campo  Mai/o.  IUndini,  delt'  obelisco  di  Cesare  Augtislo,  r.  XV. 

XX.  Quelques  anliquairos,  entre  autres  Blondi  et  l'iranesi,  ont  prétendu  d'après 
Fulvius,  peut-être  [de  Urb.  antiquilat.  Ilb.  V,  p.  343],  qui  a  émis  cette  idée  a\ant 
eux;  ont  prétendu,  dis-je,  que  le  Champ-de-Mars  s'étendait  jusqu'au  l'ont  Milvius 
(auj.  Ponte  Molle,  à  deux  milles  de  Rome)  ;  cela  était  peut-être  vrai  en  tantque  propriété 
territoriale  des  Tarquiiis,  mais  comme  partie  de  la  région  du  Cirque  Flamiiiiiis,  il  Unis- 
sait au  Bois  Sacré,  derrière  le  Mausolée,  ou  s'étendait  peu  au-delà.  l'iranesi  [Cnirijin 
Marzio,  c.  1,  g  5  à  8,  elÀnticfi.  rom.  t.  I,  p.  VIII]  prétend  en  outre  que,  du  temps 
de  Sirabon,  tout  ce  que  nous  reconnaissons  pour  le  Champ-dc-Mars  était  couvert  de 
bâtiments.  Celte  assertion  est  tout  à  fait  erronée  ;  on  ne  pourrait  la  supposer  vraie,  sans 
admettre  que  tous  les  jours  les  Romains  faisaient  un  long  trajet  pour  aller,  pen- 
dant deux  heures,  s'exercer  dans  le  Cliamp-de-Mars  à  la  paume,  à  la  course,  à  la  na- 
tation, etc.,  [voy.  Rome  au,  siècle  d'Auguste,  Lettre  XXVI]  ;  cela  n'est  nullement  vrai- 
semblable. 

197.  Équiries.  C'était  une  petite  partie  du  Cliamp-de-Mars  inférieur,  située 
tout  près  des  bords  du  Tibre,  et  où,  une  ibis  l'année,  l'on  célébrait,  sous  b; 
nom  (TEqurna,  des  courses  de  cbevaux  et  de  chars  en  l'honneur  du  dieu  de  la 
guerre.  Ces  jeux  avaient  lieu  dans  une  espèce  d'hippodrome  improvisé,  com- 
posé de  barrières  temporaires  faites  avec  des  cordes  soutenues  de  place  eu 
place  sur  des  pieux. 

I.  Equiria  ab  equorum  cursu  ;  eo  die  enim  ludis  currunt  equi  in  Campo  Marlio. 
Varr.  L.  L.  VI,  §  13. 

il.  Jamque  dufe  restant  noctes  de  mense  secundo, 

Marsque  citos  junctis  curribus  urget  equos. 
Ex  vero  positum  permansil  Equiria  nomen, 
QuBe  deus  in  Campo  prospicit  ipse  suo. 

Ov.  Fast.  II,  V.  857-860. 
IIF.  Sur  la  position  des  Equiries,  voy.  plus  haut,  n"  196,  g  XIII. 

IV,  Theatrum  Pompeii. 
Equiria. 
Sladium. 

Amphillieatrum  Tauri  Statilii.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  IX. 

V.  Iconographie.  Les  antiquaires  ne  sont  d'accord  ni  sur  la  position,  ni  sur  la  forme 
àes  Equiries  ;  ils  en  ont  fait  un  cirque  soit  de  bois,  soit  de  pierre,  que  les  uns  ont 
placé  à  l'endroit  où  fut  depuis  le  Cirque  Agonal,  aujourd'hui  la  place  Navone  [Noili  , 
n"  603;  Letarouilly,  rion.  VI,  12]  ;  les  autres  devant  le  Panthéon,  entre  ce  temple  et 
la  Curia  Innocentiana  actuelle  [NoIli,  n»  339  ;  Letarouilly,  rion,  III,  52].  Nous  ne 
pouvons  partager  aucune  de  ces  opinions:  Les  Equiries,  du  moins  à  l'époque  d'Au- 
guste, et  peut-être  encore  longtemps  après,  n'existaient  point  à  l'état  de  cirque,  même 
en  bois;  s'ils  eussent  existé  ainsi,  Strabon  qui  se  trouvait  A  Rome  du  temps  d'Auguste, 
les  aurait  certainement  nommés  dans  sa  description  du  Champ-de-Mars,  et  il  n'en  dit 
pas  un  mot.  [Voy.  Sirabon,  V,  p.  236  et  sqq.  ;  ou  211  de  la  tr.  fr.]  Les  Equiria  avaient 
lieu  sur  le  gazon  du  Champ-de-Mars,  comme  le  dit  Ovide.  Nous  avons  indi(iué  par 
une  ligne  légère  ponctuée  de  place  en  place,  l'hippodrome  improvisé  où  on  les  célébrait, 
et  toujours  guidé  par  Ovide,  nous  l'avons  mis  dans  la  partie  du  Champ-de-Mars  que  le 
Tibre  baigne  de  son  lit  recourbé.  Nous  avons  été  déterminé  à  choisir  cet  endroit 
liarce  qu'il  était  une  des  parties  basses  de  la  plaine,  et  qu'Ovide  nous  apprend  que  le 
Tibre  inondait  quelquefois  l'emplacement  des  Equiries,  ce  qui  forçait  alors  d'aller  célé- 
brer les  courses  sur  le  mont  Cœlius. 


*  De  adventitiis  Romnni  cœli  qiialitatibus,  part.  II,  c.  iv,  n.  io,T.  i.  I\ome  i:.\'<. 


138  I)ESClilI>T10N  DE  UOME. 

198.  Voie  Tiiiompuale.  —  Statues.  Elle  parlait  du  Pont  Vatican,  traversait 
en  ligne  droite  tout  le  r,liamp-de-M;irs,  passait  devant  le  llicâlre  de  Baihus 
[n»  146],  le  théâtre  de  Marcelliis  |n"  li't|,  dans  le  Forum  Oiituriuin  [n"201], 
le  \  élabre  mineur,  le  (".irepie  Maxime,  longeait  tout  le  côté  oriental  du  mont 
Palatin,  et  venait  joindre  la  voie  Sacrée  à  l'angle  N.-E.  de  celte  montagne.  11  y 
avait  beaucoup  de  Slalues  aux  abords  de  la  Voie  Triomphale  dans  le  Champ- 
de-Mars. 

I.  Eral  enim  via  Triumphalis  per  portam  et  pontem  Valicanum  tendons,  usquc  in  Ca- 
pitolium,  unde  divus  llicronynius,  de  viris  iiluslribus  si'pultus  est,  inquit  l^elrus,  juxta 
viam  Triimiplialeni  In  Vaticano,  ubi  lotius  Urbis  vcncratioiie  celcbratur.  Fllviis,  de 
Vrb.   antiq.  lil).  I,  p.  .")5. 

II.  l'iiscoium  Icsiimoiiio  et  aurtorltatc  doeuimus  teriilorium  triiimphalc  ad  euni 
fuisse  locum  ubi  ajmd  l)asiliraiii  prinoipis  Ai)ostoloium  Pelri  [Noili,  n"  1285;  Lelarouilly, 
rioii.  XIV,  25],  saiirti  Aiidreœ  eceiesia  el  (".œnotaphiurn  exslaiit:  quo  in  celcberrimo 
priscis  eliam  lempoiibiis  loco,  apud  id  lune  Apoilinis  icmplum,  nunr  saneiae  l'elronilhp, 
et  sanciiB  iMaiiaî  febiieosorum  ecclesiani  ',  obcliseus  est  iile  subliniis  quem  Caium 
piineipem  in  Neronis  Citro  erexisse  Plinius  est  aue lor.  In  eo  ita(|ue  leiiilorio  triumphali 
parala  Iriumpiii  poni|)a  per  viam  proeedebat  Triumphalein,  eujus  stral.u  siiicibus  parti - 
cula  adliuc  cernilur  sub  sancli  Spirilus  in  Saxia  bospitaii  (Noili,  n"  1258  ;  Lelarouilly, 
rion.  XIV,  i2],  ut  per  nunc  dinitum  pontem  Tjberis  Triumplialem  ibi  proximum  [NoIli, 
n"  5il;  Lelarouilly,  rion.  XIV,  1],  et  poilain  paiilcr  dirulamejus  ponlis  Tiiumplialeni, 
cujusampla  eernereesl  fundamenla,  in  Urbem  elad  Capilolium  dueerelur.  Conlinuabalur 
auleni  ea  Triumphalis  via  ad  posleriorem  nuncporlieum  eeclesia;  sancli  Ceisi  ;Nolli,  n".T7.5], 
ad  quam  areus  marmorei  ipsani  amplexi  viam.  Allera  exslal  eoxa  corrosam  e  marmore 
staluani  relinens  eolosseam.  lleflexa  inde  via  saneii  Laurenlii  in  Damaso  ecclesiam 
[NoIli,  n"  64.'5;  Lelarouilly,  rion.  VI,  23],  el  post  Flora;  Campum  pelebal  [Nolli,  n"  658  ; 
Lelarouilly,  rion.  VI,  28]  :  id(|ue  bine  maxime  proxiniis  temporibus  réméré  fuit,  quod 
in  conlinuatis  super  eam  domibus  fundamenla  jarere,  aul  puleos  effodere  molienles, 
siliream  velerem  offcnderunt  spaliosissimam,  a  (^ampo  Flora;  ad  nunc  plalea  Judmorum 
[Xolli,  no  1025;  Lelarouilly,  rion.  XI,  13,  l'iazza  S.  M.  ciel  Piantn]  :  inde  Junonis  leni- 
plum,  nunc  sancli  Angdi  in  Foro  piscium  ecclesiam  [Nolli,  n"  1020;  Lelarouilly,  rion. 
XI,  13]  :  post  ad  sanclum  Georf;ium  in  Velabro  fNolli,  n"  1033;  Lelarouilly,  rion.  XII, 
14]  procedens  via  sub  novis  a-dibus  ruinisque  ab  effodirnlibus  invenil,  quousque  Jani 
lenipio  Velabroque  proxima  in  Clivum  desitnra  Capitolinum  détecta  cernit.  Blondis 
Flavius,  de  Roma  Iritimplianle,  lib.  X,  p.    161  recto  et  verso;  in-12,  l'arisiis,  1535. 

III.  Nous  avons  tracé  la  Voie  Triomphale  d'après  cette  indication,  parce  que  Blondus 
cite  des  fails,  el  que  le  fait  doit  prévaloir  contre  tous  les  raisonnements;  mais  l'archéo- 
logue se  trompe  en  ramenant  la  voie  Triomphale  vers  S.  George  dans  le  Velabre  {notre 
Forum  Boarium)  ;  elle  traversait  le  Cirque  Maxime,  d'après  les  témoignages  authen- 
tiques de  l'histoire,  et  passait  derrière  le  mont  Palatin  pour  venir  joindre  la  voie  Sa- 
crée. Quant  à  l'existence  de  la  voie  Triomphale  dans  la  traversée  du  Ghamp-de-Mars, 
nous  la  révoquons  en  doute,  parce  que  ni  les  historiens,  ni  les  poètes,  ni  aucun  auteur 
contemporain  d'Auguste  ou  de  Tibère,  n'en  parlent  jamais  ;  parce  que  les  auteurs  anté- 
térieurs  ne  la  mentionnent  pas  davantage,  non  plus  que  les  auteurs  postérieurs,  tandis 
qu'ils  nomment  la  voie  Flaminia,  la  voie  Appia  et  plusieurs  antres. 

Ne  peul-on  pas  croire  après  un  silence  aussi  général  touchant  l'existence  d'une  voie 
qui  devait  être  si  célèbre,  que  cette  voie  n'a  pas  dû  exister,  au  moins  dans  le  Champ- 
de-Mars?  car,  hors  de  la  ville,  au-delà  du  Pont-Vatican,  il  y  avait  bien  certainement 
une  voie  Triomphale  ;  P.  Victor  la  nomme  à  la  fin  de  son  livrel,  el  elle  se  trouve  aussi 
mentionnée  dans  trois  inscriptions  rapportées  par  Gruler,  p.  437,  463  el  108t. 

Nous  avons  dit  ailleurs  [dans  Rome  au  siècle  d'Auguste,  lettre  XVlll]  qiie  la  voie 
Appia  au  sortir  de  la  Porte  Capène,  était  le  rendez-vous  des  élégants  et  des  élégantes 
de  Rome  qui  se  promenaient  à  cheval,  en  voiture  ou  en  litière.  Ils  venaient  1;\  pour  se 
montrer,  faire  admirer  leurs  équipages.  Pourquoi  n'allaienl-ils  pas  faire  leur  promenade 
vaniteuse  sur  la  Voie  Triomphale  du  Champ-de-Mars  ;  il  semble  qu'ils  auraient  eu  là 
plus  de  spectateurs  pour  les  voir  ? 


'  L' église  Santa  3Iaria  de'  frln-ilms est  maintonaiit  remplacée  par  la  Sacristie  de  Saint-Pierre 
au  Vatican.  Voy.  Nolli,  n"  J  284  ;  Lelarouilly,  rion.  XIV,  24. 


RÉGION  IX.  — CIRQUE  FLÂMINIUS.  159 

IV.  statues.  Aiigiislc  avait  fail  enlever  de  l'Aiea  du  Capitole  une  foule  de  Statues  qui 
l'encombraient,  et  les  avait  reléguées  dans|,lo  Champ-de-Mars  [voy.  n0  79,  gVUI]; 
nous  conjecturons  que  beaucoup  devaient  se  trouver  le  long  de  la  Voie  Triomphale. 


NOTE   SUR  CETTE   QUESTION  : 
Y  AVAIT-IL  DES  MAISONS   PRIVEES  DANS   LE    CIIAMP-DE-MARS  ? 

Non,  il  n'y  avait  point  d'iiabitations  privées  dans  le  Champ-de-Mars.  En  ellet, 
on  ne  lit  dans  aucun  auteur  ancien  que  tel  citoyen  dcmeurdl  dans  ce  (piartier. 
Cicéron  dans  une  lettre  écrite  à  Atticusl'an  708,  parle  d'un  projet  de  reculer 
le  Cliainp-de-Mars  au  pied  du  Vatican,  et  de  bdtir  le  Clianip-de-Mars  actuel  : 

«  Scd  casu  scrmo  a  Capitone  de  Urbe  augcnda.  A  ponte  Mulvio  Tiberim  duci  sccun- 
duni  montes  Vaticanos;  Campuni  Marlium  coœdilicari  ;  illum  autem  Campum  Yaticanum 
lieri  quasi  Martiuni  Campum.  Quid  ais?  Cic.  ad  Attic.  XIII,  53.  » 

Ce  témoignage  joint  au  silence  des  auteurs  anciens  sur  l'existence  d'iial/ita- 
tions  dans  le  Ciianip-dc-Mars,  nous  paraît  concluant.  On  a  voulu,  par  une  in- 
terprétation vicieuse  d'un  passage  de  Plutarque,  cité  plus  haut  [n"  2G,  §  VIlJ, 
donner  à  Pompée  une  maison  près  de  son  théâtre  ;  en  supposant  même  ([U(^  le 
fait  fût  vrai,  ce  serait  l'unique  exception  à  l'état  dont  nous  parlons.  Sans  doute 
Agrippa  eut  une  maison  dans  ses  Jardins  [n»  169],  le  voisinage  de  ses  Bains 
[n°  171]  donne  du  poids  à  cette  conjecture;  mais  c'était  l'usage  d'avoir  une 
demeure  dans  ces  lieux  de  plaisance,  et  on  ne  pourrait  pas  dire  que  celle-ci  lut 
vraiment  dans  le  Champ-de-Mars. 

Voilà  les  seules  indications,  l'une  controuvée,  et  l'autre  problémati(iue, 
<|ue  nous  ayons  trouvées  de  maisons  dans  ce  (juartier,  nous  pourrions  niènnî 
(lire  dans  toute  la  région  Flaminienne.^I!  n'y  avait  d'autres  halntalions  que  (h^s 
tavernes  ou  boutiques  dans  lesquelles  les  marchands  logeaient  [voy.  Rome  au 
siècle  d'Auguste,  Lettre  XIV]  ;  mais  ces  tavernes  étaient  dans  les  monuments 
publics,  dans  les  Portiques,  peut-être  dans  la  Villa  puhlica,  et  sous  les  ar- 
cades inférieures  des  théâtres,  comme  on  le  voit  aujourd'hui  dans  les  douze  ou 
treize  arcades  conservées  du  mur  extérieur  du  Théâtre  de  Marcellus. 


140  DESCRIPTION  DE  HOME. 

<i 

RÉGION  X.— PALiVTIN. 


La  région  du  Palatin  embrasse  toute  la  montagne  de  ce  nom  ;  elle 
est  bornée  à  TE.  par  la  Voie  Triomphale,  au  S.  par  le  Cirque  Maxime, 
à  rO.  par  la  Voie  Neuve,  et  au  N.  par  la  IV  région,  en  suivant  une 
ligne  brisée  qui  commence  en-deçà  du  Lupercal  [n"  202],  suit  le  mur 
de  la  montagne  jusqu'à  la  porte  Piomana  [n"  199],  monte  jusqu'au  vi- 
ens (^luiaruni,  et  faisant  un  coude  en  descendant  pour  envelopper  le 
vestibule  de  la  maison  de  Domitius  Calvinus  [n°  257],  vient  se  terminer 
à  la  voie  Triomphale. 

199.  Porte  Romana.  Vers  le  côté  septentrional  du  Palatin,  au  bas  d'une 
rue  (jui  conduisait  de  la  montagne  à  la  voie  Sacrée.  Cette  rue,  inimédialemeut 
après  la  porte,  était  disposée  en  degrés.  11  y  avait  un  palier  à  la  hauteur  ilu 
Viens  Curi:iruin  qui  se  présente  à  gauclie,  puis  de  nouveaux  degrés  condui- 
saient au  Clivus  de  la  Victoire.  La  i)orle  Roniana  datait  de  l'origine  de  Rouie. 

I.  Romanam  porlam  antca  llomulam  vocitatam  fcrunl,  qux  fuerit  ab  lloma  appcl- 
lala.  Fest.  v.  Jiomanam. 

II.  l'orla  Romana  inslilula  est  a  Romulo  infimo  Clivo  VictoriiE,  qui  locus  gradibus  in 
quadram  formatas  est.  Appellata  aulcm  Romana  a  Sabinis  praîcipue  quod  ca  proximus 
adilus  erat  Romam.  Fest.  \.  Romanam.  —  Ci-ttc  dernière  circonstance,  que  les  Sabins 
rappeièrenl  Romana  parce  que  c'était  le  chemin  le  plus  court  pour  aller  à  Rome,  prouve 
bien  qu'elle  était  au  nord  du  Palatin,  c'est-à-dire  du  côté  du  mont  Quirinal,  liabilc  par 
les  Sabins. 

200.  Temple  de  la  Victoire.  A  l'angle  S.  0.  du  Palatin,  vers  le  Forum  et 
la  voie  Sacrée,  on  voyait  un  temple  circulaire  :  c'étdit  le  temple  de  la  Vic- 
toire. 11  s'élevait  sur  la  pente  de  la  montagne,  à  l'endroit  appelé  Velia.  Ou 
ignore  le  nom  de  son  fondateur  et  l'époque  précise  de  sa  fondation  ;  nous 
conjcclurons  qu'il  fut.  l)àti  dès  les  premiers  tenqjs  de  Rome  :  bien  certainement 
en  l'an  5i8  il  existait  déjà  depuis  plusieurs  années. 

I.  Denys  d'Halicarnasse,  après  avoir  décrit  la  position  du  Lupercal  au  pied  du  Pa- 
latin, ajoute  :  È-'i  iï  zr, /.opjfv)  To'j '/ô'jojjT'o  -r^i  yi/.riÇ  Zï/i-voi  c;=).ôvt£;,  9;/7ta;  zar 
Tuiizr,  zarïTrviîavTî  Ct;zr,':io-j:,  â;  Z5tt  è-'  kij.oxj  Puycâoi  ëO-jiv.  D.  Halic.  I,  52  '. 

II.  In  aîdem  Victoria;,  quœ  est  in  Palatio,  pertulere  deam.  Tn.-Liv.  XXIX,  14.  ![an. 
548.] 

III.  P.  Valerio  Volcsi  (ilio  Publicolœ  sedcs  publicas  sub  Velia  ubi  nunc  aedes  Vicloriîe 
est,  populum  ex  Icge,  quam  ipse  lulcrat,  concessisse.  Ascon.  in  Piso.  p.  164. 

IV.  Dflala  confcslim  matcria  oninis  infra  Veliam  :  et,  ubi  nunc  Vica-pol»  est,  domiis 
in  infimo  clivo  a-dilirala.  Tit.-Liv.  11,  7.  —  Vicœpota  est  la  même  que  la  Victoire  : 
«  quod  si  fingcnda  nomina,  Vicaepolte  polius  \incendi  atque  potiundi.  »  Cic.  de  J.egib. 
II,  11.  —  Voy.  aussi  plus  bas  n"  201,  §  XllI. 

V.  Iconographie.  Il  sig.  Costanlino  Thon  ncH'  anno  1826  ha  trovali  gli  avanzi  di  un 


'  At  in  siiniino  ccllis  verlice  Vii'tori;i'  Icinpliiin  in  loco  aiite  <lclocto  cxslruxonmt,  et  sacri- 
ficia  liulc  quorjuc  [de.rj  anniversaria  insùliicrunl,  qii;c  ;id  mcatn  usque  ajlalcin  Romani  fa.- 
(■iebant. 


RÉGION  X.— PALATIN. 


444 


tempio  rolondo,  i  quali  non  erano  slati  ancoia  da  verun  allio  indirati,  o  rlie  cgli,  non 
senza  ragione,  prétende  essere  gli  avanzi  del  lempio  délia  Villoiia,  e  clie  diede  al 
rlivo  il  nome  di  Clivus  Yicloriw.  Thon  et  IJallanti,  //  Palazzo  de'  Cesari,  p.  16,  et 
lav.  Il,  n"  17,  in-4t>  et  Atlas  inf",  Uonia  1828. 

YI.  In  questi  anni,  su  qucUa  parte  del  colle  Palatine,  alruiii  frammenti  di  tnarmi  in- 
risi  ron  letlere  clie  si  riferivano  a  (|ualrlie  ara  o  lempietlo  alla  Villoria,  dedicalo  in  quel 
luogo,  ed  un  fregio  di  marnio  scolpito  con  niemoria  di  Auguslo:  C.ks.  Diyi.  F.  a  canto 
al  quale  si  vedero  ancora  i  pezzi  di  colonne,  le  quale  dovevano  sostenere  l'architrave 
sollo  posto  a  quai  fregio,  ed  insieme  sca\alo  essendo  si  un  frammento  d'altra  inscrizione 
più  aiitica  in  travertino,  che  nelle  poche  leltere  rimastc,  in  quel  pezzo  deva  indicio 
essere  slalo  quello  alzalo  in  onore  délia  Vittoria  sino  da'  tempi  délia  republica  atte- 
soclie  non  col  dillongono  JE  ma  era  scolpilo  con  l'Ai  in  questa  forma 

l'/c/ORlAI 

...  marcivs  c.  f 
pR.  s.  c.  n.  D. 
Denominavcsi  ancorajquesla  parte  del  Palatine  conligua  al  Lupercale^C/wu<  Yicloriœ. 
BiANCHiNi,  del  Palazzo  de'  Ctsari,  c.  Vil. 

VII.  Des  deux  figures 
ci-jointes,  la  première  est 
la  copie  d'un  fragment  du 
Plan  de  marbre  quia  in- 
spiré M.  Thon  dans  sa  dé- 
couverte ,  bien  que  les 
deux  temples  qui  se  trou- 
vent reproduits  ici  ne  por- 
tent aucune  devise.  L'é- 
difice carré  est  le  temple 
d'.\uguste  dont  nous  al- 
lons parler  au  n«  201. Cet  te 
figure  est  gravée  dans  Bel- 
lori,  Iconographia  ve- 
teris  Romœ,  lab.  V. 

La  seconde  figure  est  le  revers  d'une  médaille  d'.\uguste  de  moyen  bronze,  repré- 
sentant, suivant  plusieurs  numismates,  le  temple  d'Auguste.  X  droite  est  la  statue  d'un 
bœuf,  à  gauche  celle  d'un  bélier.  Tire  de  .Morell.,  Numismat.  XII  ùnp.  Rom.  t.  I  ; 
JS'umism.  Aug.  n»  9  ;  et  lab.  XXVIII,  n°  19  ;  se  trouve  aussi  dans  Goltzius,  Aug.  tab. 
LXXIII,  no^. 

Capita  Blbcla.  Ancien  nom  de  l'emplacement  du  temple  d'Auguste.  Voy.  le  n»  sui- 
vant, g  111. 


201.  Temple  d'Auguste.  L'année  même  de  la  mort  d'Auguste,  l'an  767, 
Livie  et  Tibère  commencèrent  ce  temple  en  vertu  d'un  décret  du  sénat.  Ils 
rélevèrent  auprès  du  temple  de  la  Victoire  [n^^OO],  dans  un  endroit  nommé 
Capiia  Uubula,  où  Auguste  était  né.  Ce  temple  était  un  périptère  de  forme 
carrée.  Il  devait  être  en  marbre  blanc. 

I.  Rai  ajTÛ  sv  zs  tr,  V'Jiij.r,  ricSiO-J  i//y;p(395V  ,v.£v  'jtio  T'Ô,  ys.poj'jlv.i,  ol/.oâojj.rfiïy  Sï  liTCÔ 
Tî-r,;  Xiooîx;  y.M-JTZo -zo'j  Ti^zçhu,  Ir.cirfir,.  DiON.  LVI,  -46  1. 

II.  Ne  publiée  quidem  nisi  duo  opéra  struxit  [Tiberius],  templum  Augusto  et  scenam 
Pompeiani  theatri.  Tac.  Ann.  VI,  45. 

m.  Nalus  est  Augustus  regione  Palatii,  ad  Capita  Bubula,  ubi  nunc  Sacrarium  habet, 
aliquanto  postquam  excessit  constitutum.  Suet.  Aug.  5. 

IV.  Piadicem  ejus  magni  ponderis  vidiraus  in  Palatii  lempio,  quod  feceral  divo  Au- 
gusto conjux  Auguste.  Plin.  Xll,  19. 

V.  Posuit  [tabulas]  et  Tiberius  Cœsar,...  in  lempio  ipsius  Augusti,  quas  mox  indica- 
bimus.  Plin.  XXXV,  4. 


1  Decreium    quoque  Roniae  Au(justo  Sacrarium  a  senaiu,    a  Livia  aulcm  et    Tiberio  ers- 
œdificatum  factum  [an,  767]. 


142  DESCRIPTION  DE  ROME. 

VI.  Oppra  sub  Tibcrio  si-mipci ferla,  Tcmplum  Augusti  Theatramquc  Pompei  absolvit. 

SiKT.  Calig.  21. 

YH  DIS.MANinVS 

AVG.LIB.BATHYLLVS.AEDITVS.TEMPLI.DIVI.AVG. 

ET.DIVAE.AVGVSTAE.QVOD.EST.IN.PALATIVM 

ISIMVMS.ET.HOXOnATVS. 

PiRANESi,  Anlich.  Itom.  T.  III,  lav.  27.  —  Orelli,  Inscript,  lai.  n»  2.UC. 
\11I.  Iconographie.  Fra  le  sostruzzioiii  de!  palazzo  di  Caligola  si  osservano  due  mûri 
di  una  Rrossc/za  mollo  maggiore  dcgii  allri,  i  quali  sicuramonle  scrviiono  per  sosle- 
iieie  le  colonne  di  qualche  lempio,  onde  non  é  improhabile  ciie  ivi  appunto  fosse 
(luoslo  lempio,  la  cui  forma  e  stala  ricavala  dal  frauimento  délia  pianla  Capitolina. 
(juesto  framnu'nto  si  adatla  perfetlamenic  a  (juesto  luogho,  ove  appunto  laleralmente 
a  quoslo  lempio  rcttangolo  esisle  il  lempio  rotondo  délia  Viiioria.  Thon  et  Ballaxti, 
il  Palazzode'  Cesari,  p.  80.  —  Pour  le  fragment  du  plan  de  marbre,  voy.  ri-dessus 
n"  200,  gvn. 

IX.  C.EUMALiM  ET  Velia.  C'étaient  deux  mamelons  dépendants  du  mont  Palatin,  et 
sur  l'emplaremenl  desquels  furent  élevés  les  temples  de  la  Victoire  et  d'Auguste,  dont 
nous  avons  parle  dans  les  deux  articles  précédents. 

X.  Huic  [Palatio]  Germalum  et  Velias  conjunxerunt,  quod  in  bac  regione  scriptum 

est: 

Germalense  quinticeps  apud  œdem  Romuli  ; 

et 

Veliense  sexticeps  in  lelia  apud  œdem  deum  Penalium. 
Germalum  a  germanis  Romulo  et  Remo,  quod  ad  Ficum  ruminalem  ibi  inventi ,  quo 
aqua  iberna  'liberis  eos  detuleral  in  alveolo  expositos.  Vcliœ  unde  essent,  plures  ac- 
cepi  causas,  .in  quis  quod  ibi  pastorcs  Palatini  ex  ovibus  ante  tonsuram  invenlam  vel- 
lere  lanam  sint  soliti,  a  quo  vellera  dicunlur.  Varr.  L.  L.  V,  §  54.  —  Le  temple  de 
Romnlus  est  dans  la  VIU^  région,  no  125,  à  l'angle  N.  du  Palatin;  —Le  temple  des  Pé- 
nates est  dans  la  IVe  région,  n»  19,  au  pied  du  Palatin  ;  —  Le  figuier  Ruminai  est 
dans  la  VI1I«  région  au  fond  du  Comilium,  n°  125,  sur  le  bord  de  la  voie  Neuve. 

XI.  Toû  as  -narx/J-Oi)  xara/Ji/Çiv  to?,  ïj  lilvjfjfxij pa.  t/,v  5/âp-/iv  jîrs/aSoî/sa  xat  //£T=w/:t- 

Yspac-^àv,  6>i  ëor/.s-J,  orf/.cà  TO'Jj  ààù.fio;  Vipy.xyoù;  ivî/yiÇîù/jfv.  Plut.  liomul.  3  •. 

XII.  Milonis  domum,  eam  quœ  in  Germalo, expugnare  et  incendere  ita  conatus 

est  [Clodius] Ipse  domum  P.  SuUae  pro  caslris  sibi  ad  cam  impugnationem  sump- 

serat.  Cic.  ad  Àllic.  IV,  3. 

XIII.  Publicola  termine  ainsi  son  discours  pour  se  disculper  d'affecter  la  tyrannie  : 
—  «  In  Velia  a>diricent,  quibus  molius  quam  P.  Valerio  credilur  libertas.  »  Delala  con- 
feslim  materia  omnis  inl'ra  Veliam,  et  ubi  nunc  Vica>potœ  est,  domus  in  inGmo  clivo 
a'dificala.  Tit.-Liv.  11,  7. 

XIV.  L.  Higinus  dicit  in  libro  priore  de  viris  claris  :  P.  Valerio  Volesi  filio  Publicolœ 
œdes  publicas  sub  Velia,  ubi  nunc  œdes  Vicloriœ  est,  populum  ex  lege,  quam  ipse  lu- 
leral,  conressisse.  Asco.n.  in  Piso.  p.  164. 

202.  LuPERCAL,  Temple  de  Pan  ou  de  Rumia,  Le  Lupercal,  situé  au  pied  du 
Palatin,  au-dessous  du  temple  de  la  Victoire  [n»  200],  à  peu  près  en  face  de 
la  sortie  du  Coinitium  sur  la  voie  Neuve,  était  un  petit  temple  dans  lequel  on 
voyait  la  statue  de  Pan  représenté  nu  et  ceint  d'une  peau  de  chèvre.  Il 
avait  été  bâti  par  le  roi  Évandre  et  restauré  par  l'empereur  Auguste.  On 
l'appelait  aussi  temple  de  Rumia,  parce  qu'il  se  trouvait  en  face  de  la  statue 
de  la  Louve  allaitant  Romulus  et  Rénius,  placée  sous  le  figuier  Ruminai 
[Voy.  plus  hautn»  123]. 

L  Denys  dHalicarnasse  racoiitant  Paventure  de  la  Louve  allaitant  Romulus  etRémus 
sous  le  figuier  Ruminai,  ajoute  :  KkI  r,y  yc>.p  m  où  r.o'iù  àrdxw  U/sô»  xw/*'»  ^^•''i'  ySstôîîa 

*  Fluvio  evagato,  suscipiens  alveum  [Romuli  et  Remi]alluvies,etleniter  subvehensin  locum 
detulit  salis  mollem;  Germanum  vocaiil  nunc,  quondam,  ut  videtur,  Germanum  quouiam 
fratres  yermanos  appellani. 


RÉGION  X.— PALATIN.  445 

avriCtToû  Oîîu'  si,-  ts/Ûto  tô  yoifAov  Ù-Oivijo.  «ttoz/iù/tttïTS'.;.  tô  ^usv  «ûv  k'/s^ç  5Jx  îti  otu- 
fj.s-jsf  TÔ  c?5  avT/iOv  è;  où  yj  ).tSà»  t/.oi'hi'/.i,  to)  na).avTtoj  Ttf/Oiw/.oooiJ.riixi-jrj-i  qiiajut'J.1 
xarà  T-/;v  i;:!  ràv  iTmoSpofj.o-J  fif^oxinvy  bâô-^'  zal  T£//îV05  iîTtv  «jToy  lù.ri'ji'i-j,  sjOx  û/.oi'J 
xiTrctf  T«D  TTciOsu;,  \{>a%i-j'j.  r.y.ioioii  ôuiX  toù;  //.a^TOÙs  i7rs'>jouîa,  p;«/x£a  Tioir,jxa.-:x  îra- 
luiy.;  iy/OL^h.i.  I).  Halic.  I,  79'. 

II.  Non  negarim  ideo  apud  divœ  lUimiœ  Sarellum  a  pastoribus  satam  finim.  Ibi  oniiii 
soient  sarrificari  larle  pro  vino,  el  pro  laclenlibus.  Varr.  15.  1{.  Il,  11. 

III.  Cassius  ccnsor  a  Lu[)Cicali  in  Palalium  versus,  Iheatrum  faccrc  insliluit.  Pa- 

TKRCIL.    I,    \o. 

IV.  iEoEM  Divi  ivLi,  LVPERCAL...  FECi.  LAPIS  ANCYR.  col.  4  et  6. 

V.  In  hujus  [Palalil]  radicibus  lemplum  Lyceo,  quem  Grœci  Pana,  Romani  Luper- 
rum  appcllanl,  consliluil  [Evandcr]  :  ipsum  dei  slmulacrum  nudum  raprina  pelle  amic- 
lum  est,  quo  babilu  nunc  Romaî  Lupeiralibiis  decunitur.  Justin.  XLIII,  1. 

VI.  .     .     .  YA  gelida  monslrai  snb  rupe  Lupercal 
Parrliasio  dictum  Panos  de  more  Lj-Cijei. 

ViR(,.  A^neid.  VIII,   v.   343,   344. 
—  Sub  monte  Palatino  est  quœdam  spelunca,  in  qua  de  capro  luebantur,  id  est  sarri- 
firabatur  :  unde  Lupercal  nonnulli  putanl.  Alii  quod  illic  lupa  Remum  et  Romulum 
nutrieril.  Serv.  in  JEneid.  loc.  sup.  cit. 

VII.  Lupercal.  P.  Vict.  de  Beg.  urb.  Romœ,  X. 

VIII.  A  Pallante  Pallantcum,  postea  nos  Palalium  diximus  :  ibique  Pani  Deo  fanuni 
dedicavit.  A.  Vict.  Origo  gent.  rom. 

203.  Maison  d' Agrippa.  Avant  les  Scalse  anulariae  [n°  204]. 

I.  Agrippa  avait  une  maison  sur  le  mont  Palatin  ;  nous  conjecturons  qu'elle  fut  bâtie 
sur  l'emplacement  de  celles  de  Milon  el  de  P.  Sylla,  situées  sur  Vélia. 

II.  Kat  c-j£cJV)  r,  ol/.ia.  r,  h  rô)  na/ar/';)  if-'ii,  v)  ~f.fO-spo-JiJ.vi  zov  K-JxwAoxi  yvJOij.i-jr,, 
U7Tî/yOV  01  t5)  Te  K'/pi-TTCf.  Y.'M  Tô)  Mcî7:<),5:  QoHiiioi,  /.y.T ioXiyO-ri,  tw  /ajv  M£7tk),k  à.pj\>ptO'f 
èy_v.piax-o,  rbv  ^ï  Kypimtxy  nb'joi/.'i-j  èrzocn'yuzo.  DiON.  LUI,  27  2. 

III.  Sur  la  position  des  maisons  de  Milon  et  de  P.  Sylla,  voy.  plus  haut  Germalum  et 
Vélia,  n"  201,  §  IX  et  XII. 

IV.  Iconographie.  Notre  restauration  est  empruntée  à  la  maison  dite  aujourd'hui 
de  Caligula,  sur  le  même  emplacement,  et  dont  on  a  retrouvé  quelques  ruines.  Voyez 
Thon  et  Ballaxti,  //  Palazzu  de'  Cesari,  lav.  I  el  II. 

204.  ScAL^  ANULARi.E.  Degi'és  qui  montaient  de  la  voie  Neuve  au  mont 
Palatin,  et  où  étaient  probablement  des  tavernes  de  marcliands  d'anneaux. 

I.  Habitavit  primo  [Augustus]  juxia  Romanum  Forum  supra  Scalas  anularias,  in  domo 
quœ  Cahl  oratoriâ  fuerat.  Suet.  Aug.  72. 

20a.  Temple  de  Cérès.  Situé  après  les  Scalse  anulariae  [n°  204].  Il  s'é- 
levait au  milieu  d'une  place  carrée.  Ce  temple  datait  des  premiers  temps  de 
la  république,  ou  même  de  l'origine  de  Rome.  II  était  pseudopériptère, 
d'ordre  dorique,  et  de  moyenne  grandeur. 

I.  lopù^xy-ro  oï  /.xi  \r,iJr-pOi  '■spo-j,  /.'A  Ta;  OjGtXi  «.ÙtT)  ciy.  yj-jy.l/wj  Tï  y.oà  •Jr,pxKiouç 
i'Ouooiv,  ci);  EÀ).ï)T£  '^ip-oç,  cov  ojàsy  b  y.v.6'  ï]//5j  vi'),>a|£  yp6-jo:.  D.  Halic.  I,  35  '. 

H.   Iconographie.  Ora  nell'  angolo  del  Palatino,  che  sovrasta  a  S.  Anaslasia  [NoUi, 


*  Etenim  non  procul  inde  aberat  Liicus  quidam  arbornm  densitate  opacus,  et  rupes  cava 
fontes  emittcns.  Ule  auleni  lucus  Pani  sacer  dicebalur,  ibique  erat  dei  ara  :  quo  qiium  illa 
[Uipa]  vcnisset,  se  occuhavit.  Istetamen  lucus  non  exslatamplius,  sed  anirum  unde  fons  Huebat, 
l'.ilatii  seilificiis  adjunclum  visitur  in  via  ill.i  quae  fcrt  ad  Circum.  Etsaccllum  est  jiixta  ipsum, 
uhi  est  statua  luijus  casus  index,  Lupa  duoljus  infantibus  mammas  pra-liens,  opus  antiqiium 
ex  a>re  factum.  =  ^  (;„,i,  domus  in  l'alatio  monte,  qua?  prius  Autonii  fuerat,  deinde  Agrippa; 
et  iMessala»  conressa,  incendie  esset  al)siimpta,  arjjento  Messalam  donavit  [Auyusius],  At;rippam 
in  suam  domum  recepit  [an.  729].=  ••  Cereri  quoque  [Arcades]  tcniplum  exstruxerunt,  ipsi- 
qiie  per  fœminas  sacerdotcs  sacra  alvstemia  fecerunt,  more  jjr.mco,  in  quorum  ritu  wias  nostra 
nihil  mutavit. 


114  DESCRIPTION  DE  ROME. 

n«  961  ;  Leiaiouilly,  rion.  X,  39],  esisle  il  piano  inferiorc  di  un  tcmpio,  il  qualc  e  per 
la  sua  rosti'Uïione  incerla,  e  por  Rli  ornali  arrliitellonici  in  pcperino  (levé  rifprirsi  sonza 
alcun  ilutibio  a  (|ucl  Icmpo  [ilcll'  arnica  i-poca  rcpublicana].  Non  sarcnio  (lunquc  lar- 
ciati  (i'inronsi(l('ial('77.a  assiTciido  sollanlo  non  csserc  im|)robal)ilc  rhe  qucsli  siano  |{li 

avan/.i  di  (luelT  aiilico  teinpio  di  Coicre E  incredibik-  corne  mai  niuno  fino  ad  ora 

abbia  dalo  la  pianta,  od  abbia  riconosriulo  qupsle  ruine  per  gii  avanzi  di  un  Icmpio, 
esscndo  (;ià  da  luiino  lc'nii)o  sropcrio,  e  riconoscendovisi  chiaramenle  la  Torma  di  un 
lenipio.  I>a  (|ucslo  di  oïdinc  Doriro,  corne  apparisce  dai  franimenli  dei  lri(çli(i,  di  pe- 

pcrino  ancora  esistenli La  sua  forma  <!■  pseudoperiltora  bencli»^  seconde  gli  avan/.i 

polesse  esscre  anclie  proslila  ;  nel  fondo  délia  cella  vi  ù  un  gran  basamenlo,  il  quale 
serviva  per  sostenerc  nel  piano  supcriore  il  piedeslallo  délia  statua  délia  Divinilà. 
Thon  et  Ballanti,  //  Patazio  de'  Cetari,  p.  18,  et  tav.  Il,  n"  29. 

20G.  PoKTE  Mi'GioNiA.  A  l'iinglc  S.  0.  Hu  Palatin,  du  côté  du  Forum  Boa- 
lium,  à  rexlréniité  uu'-ridionale  de  la  voie  Neuve.  Elle  fermait  une  rue  en 
degrés  qui  conduisait  sur  la  montagne.  C'était  une  des  portes  primitives  de 
Rome. 

I.  Tarquinius  Priscus  ad  Mugioniam  porlam  [habilavil]  supra  summam  Novam  viam. 
Soux.  2. 

II.  Ancum  in  Palatio  ad  Porlam  Mugionis  secundum  viam  sub  sinistra  [habitassc\ 
Non.  Marcell.  v.  Secundum. 

III.  Pnvlerea  inlra  niuros  video  portas  dici  :  in  Palatio  Mucionis,  a  mugitus,  quod  ea 
pecus  in  Buciia  circuni  anliquom  oppidum  exigebanl.  Yarr.  L.  L.  IV,  §  16-4. 

*  Porte  Romani'La.  Celle  porte  n'existait  plus  à  l'époque  de  notre  plan  ; 
elle  fut  faite  quand  Ronudus  et  Talius  agrandirent  la  ville  en  construisant  un 
mur  qui  allait  du  Palatin  au  Capitolin,  à  travers  le  Yélabre.  Elle  se  trouvait 
dans  ce  unir,  vers  les  carcères  du  Cirque  Maxime.  Nous  ne  la  nommons  ici 
que  parce  qu'on  l'a  confondue  à  tort  avec  la  porte  Romana.  Yoy.  Nibby,  Le 
Mure  di  Roma,  c.  II,  p.  66  et  67. 

207.  Temple  de  Jupiter-Stator.  Voué  et  bâti  par  Romulus.  Il  était  au  bas 
du  m<mt  Palatin,  près  de  la  porte  Mugionia  |n°  206],  sur  le  bord  de  la  voie 
Neuve.  Il  fut  rééditié  vers  le  milieu  du  cinquième  siècle  par  Atilius  Regulus. 
Sa  forme  était  celle  d'un  édifice  périplère,  et  il  devait  être  assez  grand,  puis- 
qu'il servit  de  lieu  de  réunion  au  sénat  lors  de  la  conjuration  de  Catilina. 

I.  -•Edes  Jovis  Staloris.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  X. 

II.  Confestim  Romana  inclinatur  acies,  fusaque  est  ad  veterem  Portam  Palalii.  Ro- 
mulus et  ipse  turba  fugienlium  actus,  arma  ad  coelum  tollens  :  «  Jupiter,  tuis,  inquit, 
jussus,  avibus  etc..  Hic  ego  tibi  templum  Statori  Jovi,  quod  monimenlum  sit  posleris, 
tua  prœsenti  ope  scrvalani  Urbem  esse,  \oveo.  »...  Restilere  Romani,  tanquam  cœlesli 
voce  jussi.  Ipse  ad  primores  Romulus  provolal.  Mettius  Curlius  ab  Sabinis  princeps  ab 
Arce  decucurrerat,  et  effusos  egerat  Romanos,  loto  quantum  Foro  spalium  est,  nec 
procul  jam  a  porta  Palatii  eral,  clamitans  :  «  Vicimus  perfides  hospiles,  imbelles 
hostes.  »  TiT.-Liv.  I,  12. 

III.  Alrox  in  ipso  Foro  pugna,  adeo  ut  Romulus  Jovem  oraret,  ul  fœdam  suorum 
fugam  sisleret  :  hinc  templum,  et  Stator  Jupiter.  Flor.  I,  1. 

IV.  A'varît'vaj  di  oùpa-jo-^  ràj  X-lpu^,  y)J?aT5  tw  Atl  !;rv7îa[  -h  '^-pÙTSU/xv.,  xxi  rà  Pw- 
/j.u.ioiv  TTycày/zaTa  jiîcivTa  y»;  rs/'.tïo'îlv,  «/V  ôpdôiaxl.  yïvouEvy;;  âk  7r,i  SJX'/ii,  aloùi  ts 
zoû  /3'x'jùé'jii  t7ys  izo'iXobi,  /.ai  Oùpsoi  i/.  /Jizzxëoïriç  Tzuf.i'JiT,  tc'i;  fîùyojsi.'.  euTr.Tav  ouv 
TT/SWTOV,  ou  vî/v  ô  Tiû  \ibi  TOÛ  l-cz-TupOi  ïopuzui  'JS'jii,  ôv  èitts'à.aiov  iiv  Tti  kpfJ./)-Jî\J^£lSV. 
eîra  ui/vaî'-tVavTîj  T.v'tvi,  ècoiav  àTzicoi  zoùi  ^u-Shoui  èn'i  niv  vvv  P-iqysiccv  Tipoauyopsuo- 
[j.i-j-/)j  /xà  TÔ  r?,,-  'C.G-iu.i  upi-j.  Pllt.  Romul.  18  '. 

*  Tfiisis  ail  cœltim  minibus  precalus  Jovein  est  [Uomulus],  fugam  ut  sisteret,  ac  rem  roma- 
iKini  lueiitem  sustiiieret  restltueret(|iie.  ll.-ec  oranlis  inultos  régis  rcpiessil  verecuodia,  ani- 
niiiinquc,  ablato  timoré,  deouo  addiclit  fugientibus.  Uestilerunt  primuni  iilii  nuDc  Jovis  Sta- 
toris  templum  est.  Tulii  coUalis  iteruin  armis  ijnpiderunl  Sabinos  ad  Regiaui,  quaiii  uunc 
vocant,  et  Vestœ  a'deni. 


RÉGION  X.  — PALATIN.  Ur> 

V.  licx  T«  tô/suaavTO  xoà  ^uimù^;  v/j.(iii[j(,izr/.-j  oXi  r,\J^v.vTO  v.'J.tv.  rif  //«;/«,■  fii'j'ii'  l'oj. 
wSt.Oi  [t-î'J,  dpOojci'j)  \û' napc/.  Toùi  /.uM'jfj.iva.ii  Mvk'jjvî'sj  ■nii'/a.iî,  od  p-yjouîiv  lli-zb  Wc/j.'}.- 
■zLo-j  i;t  Tïjî  'uf.&i  bfîov.  D.  IIalu;.  Il,  50  *. 

VI.  Tcmpus  idem  Slator  redis  liabel  quam  Romulus  olim 

Anle  l'alatini  condidil  ora  jugi.  Ov.  Fasl.  VI,  v.  703-79'<. 

VII.  Ex  superiore  parle  cTdium,  per  feiieslias  in  Novam  viani  versas  (habitabal  ciiim 
rex  ad  Jovis  Slaloris)  populuni  Tanatiuil  allociuitur.  Tit.-Liv.  I,  41. 

VIII.  Tacite  raronlant  le  grand  incendier  de  Uonie  arrivé  sous  Néron,  énumére  les 
temples  détruits  jiar  le  feu,  et  dit:  —  Sed  vetuslissima  reiigione,  quod  Servius  Tullius 
Lunœ,  et  Magna  Ara  Fanumque  quœ  prcscnti  llerculi  Areas  Evander  sacraverat,  /Edesque 
Slaloris  Jovis,  vola  llomulo,  Numœque  Uegia  et  Delubrum  Yeslœ  cum  Penatibus  populi 
Romani,  exusta.  Tac.  Ann.  XV,  41. 

IX.  Paruit,  et  duceiis  hœc  sunt  fora  Caesaris,  inquit, 

Hœc  est  a  sacris  quaj  via  nomen  habet. 
Hic  locus  est  Veslac,  qui  Pallada  serval  et  ignem  : 

Hic  fuil  anliqui  Uegia  parvaXumœ.  .-  -  ~ 

Inde  petcns  dextrani,  porta  est,  ait,  illa  Palati  : 
Hic  Stator  ;  hoc  primum  condila  Iloma  loco  est. 

Ov.  Trist.  III,  1,  V.  27-32. 
—  Du  Pont  oîi  il  est  exilé,  Ovide  envoie  son  livre  à  Rome.  Il  suppose  qu'en  arrivant 
dans  la  ville,  ce  livre  demande  son  chemin  à  un  citoyen  qui  lui  explique  dans  quels 
quartiers,  devant  quels  monuments  il  passe.  Arrivant  par  mer,  le  livre  aura  gagné 
Rome  en  remontant  le  Tibre.  Il  a  débarqué  près  du  Forum  Boarium,  il  débouche  par 
l'extrémité  méridionale  du  Forum  Romain,  et  il  a  devant  lui  la  voie  Sacrée,  le  Forum 
d'Auguste  et  celui  de  César;  à  sa  droite,  le  temple  de  Vesia  el  la  Regia  de  Numa,  et 
derrière  ces  deux  monuments,  la  porte  du  Palatin  el  le  temple  de  Jupiter-Stator. 

X.  UpoùQui-J  ci"  à  Kuépc^v,  é/.à/ît  T/;v  ayyy^-fi'O-J  sli  TÔ  zoû  lTr,';iotj  A;à,-  ttpàv,  ov  2Tâ- 
TitipccFoiy.xioi  y.v.lc/ûziv,  ïopofj.svjv  èv  à.pX'Ç  T/îâ  'i--p&i  bâoïi,  irpbi  xà  Xloùt/.ziov  «vtivrcjv. 
Plut.  c'ic.  16 2. 

XI.  Hasta  posila  pro  œde  Jovis  Statoris,  bona   Cn.  Pompeii  Magni, voci  acer- 

bissimœ  subjecla  pra'conis.  Cic.  Philipp.  II,  26. 

XII.  Inter  lurc  consul  [Alilius  Regulus],  manus  ad  cœlum  allollens,  voce  clara  i(a 
ul  exaudiretur,  lemplum  Jovi  Statori  vovet,  si  constitisset  a  fuga  romana  acics.  Tit.- 
Liv.  X,  36.  [an.  458.] 

XIII.  Iconographie.  Peripleros  autem  erit,  qure  habebit  in  fronte  el  postico  senas 
columnas,  in  lateribus  cum  angularibus  undenas,  ila  ul  sint  hee  columnœ  coilocatœ,  ut 
intercoluninii  latiludinis  intervalium  sita  parietibus  circum  adextremos  ordines  colum- 
iiarum,  habeatque  ambulalionem  circa  cellam  a-dis  qucmadmodum  est  in  porticu  Me- 
telli,  Jovis  Slaloris  Hermodi,  et  Marceili  Honoris  cl  Virlutis,  sine  portico  a  Mutio  facta 
YiTRUV.  III,  1.  —  C'est  sur  le  rapprochement  combiné  de  ces  deux  passages  de  Tile- 
Live  et  de  Vitruve  que  Galiani,  dans  sa  traduction  de  Vitruve,  a  prétendu  que  le  temple 
de  Jupiter-Slator  a^ait  été  rebâti  par  Alilius  Regulus,  el  qu'il  était  périptére. 

Derrière  le  Temple  :  Statue  équestre  de  Yaleria,  fille  du  consul  Publicola.  —  Voy. 
n"  127,  §  IX. 

208.  Cabane  de  Favstulcs  et  Cornouiller  sacré.  L'une  et  l'aulre  se  trou- 
vaient sur  une  petite  place  située  eu  haut  des  degrés  dit  de  belle  rive  ou  de 
Cacus,  à  l'angle  S.  0.  du  mont  Palatin. 

I.  Uiclaque  est  primum  Rama  quadrata,  quod  «"quilibrium  foret  posila.  Ea  incipit  a 
Sylva,  quœ  est  in  Area  Apoliinis,  el  ad  supercilinm  Scalarum  Caci.  liabel  lerminum  ubi 
Tugurium  fuit  F'austuli.  Ibi  Romulus  niansitavil,  qui  auspicato  murorum  fundamenta 
jecil.  SoLiN.  2. 

II.  Pc)y.i)'>^oç  ok  mxpx  zoùç  Âsyo/J.é-Joui  /SxOfJioù;  xa^^j  ài/x/jg'  ouroi  èi  slat  tts/îI  T»iv  sli 
ràv  imiàSpo/j.ov  t3v  //.s'yav  sk  nv.ïof.'.nioo  /.a.rv.Çixiiv.  èvroXiôx  âe  x«t  7viv  xpv.vsMv  s'jo.t/.v 


*  Templa  erexerunt  [Romulus  et  Talius],  arasque  consecr.nunt  diis  quibus  in  pugna  vove- 
rat  :  Itoiiiulus  quidem  ,Iovi  Statori,  ad  portnm  qna»  vocatur  Mugonia,  qiia;  a  via  Sacra  ad  Pa- 
lutiuin  ducit.  =  2  ^t  Cicero  pro[;rL'ssus  coc{;it  scnatuiii  in  ohIciu  Jovis  Statoris,  (|a;e  est  in 
initio  Sacr;e  vi;c,  qua  iidsccnclitur  in  Paia'.iuiii. 

I.  10 


446  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Tr,j  upM  yc'/isvevat Toiiou  ai  Koiiaxpoi,  ot;  ^uoi,  rà;  «vxGàostî  éTîts/îi^ÇovTOi,  xy.t 

j>i>Tôvè/Jia|C«v(?/î.  I'lut.  Rnmul.  20'. 

III.  Romulus,  caplo  auguiio,  liaslam  de  Avcniiiio  moule  in  Palatium  jecil:  quae  fixa 
fionduil.  Serv.  in  /Eneid.  111,  v.  '(0. 

IV.  Iconographie.  Nous  avons  adoplé  pour  la  Cabane  de  Fauslulus  la  foime  de  ct'Uo 
de  Romulus.  Voy.  n»  60,  §  XUl. 

209.  Conserve  d'eau.  A  l'angle  S.  0.  du  Palatin,  au-dessus  du  Cirque 
Maxime. 

I.  Il  existe  pnrore  quelques  restes  de  ce  réservoir  sur  remplacement  duquel  on  a 
élevé  l'église  Sainl-Anastase  [NoUi,  n»  961  ;  Lelarouilly,  rion.  X,  59].  Nous  avons  em- 
prunté celle  restauration  à  l'ouvrage  de  MM.  Thon  et  Ballanti,  il  Palazzo  de'  Ccsari, 
tav.  Il,  n"  57. 

210.  Maison  de  Tibère.  Elle  occupait  î\  peu  près  un  tiers  du  côté  méridio- 
nal du  mont  Palatin,  vers  le  Cirque  iMaxinie.  Elle  commenrait  inimédialemcnt 
après  les  Degrés  de  Cacus,  situés  au  S.  0.  de  la  montagne. 

I.  l>er  Tiberianam  Uomum,  in  Velabrum,  inde  ad  Miliarium  aureum,  sub  œdc  Saturni, 
pergit.  Tac.  Uist.  l,  27.  —  Voy.  aussi  n"  143,  §  V. 

II.  Suélone  racontant  la  même  aventure,  dit:  —  Deinde  liberlo  adesse  archileclos 
nuuliante,  quod  signum  convencral,...  proripuitque  se  postica  parte  l'alatii.  Sikt. 
Ollio.  6.— Ces  deux  passages  de  Tacite  et  de  Suétone  prouvent  que  la  Maison  de  Tibère 
était  du  côté  du  Cirque,  où  se  trouvait  efrectivement  la  partie  jjoslérieure  du  Palatin. 

III.  Sabinumque  et  reliques  Flavianos,  niliil  jam  meluenles,  vi  subita  in  Capitolium 
eompulil,  succensoque  lemplo  Jovi,  Opt.  Max.  oppressit  :  cum  ei  praelium  et  incendium 
a  Tiberiana  prospicerel  Uomo  inler  epulas.  Sikt.   Vitell.  15. 

IV.  Cum  in  Uomus  Tiberianaj  bibliollieca  sederenius, prolatus  forte  liber  est 

iuscriplus  :  M.  Catonis  Nepûtis,  etc.  A.  Gell.  Xlll,  19. 

V.  Iconographie.  On  n'a  retrouvé  que  peu  de  vestiges  de  la  Maison  de  Tibère.  La 
restauration  que  nous  en  donnons  est  empruntée  à  celle  de  M.  Tbon.  Voy.  Tnox  et  Bal- 
LANTi,  Il  l'alazzo  de'  Cesari,  tav.  II.  n»*  21-22. 

211.  Portique  aux  Nations.  —  Au  centre  :  Temple  de  Jupiteu-Propugnator, 
ET  DEVANT  :  Statue  d'Hercule  PuNiQUE.  Derrière  la  Maison  de  Tibère  [n"  210], 
au  N.,  il  y  avait  un  vaste  portique  quadrangulaire  qui  lui  servait  comme  de 
vestibule,  et  un  grand  temple  périptère  presque  au  centre:  c'étaient  le  Por- 
tique  aux  Nations  et  le  temple  de  J upiter-Propugnator .  Le  Portique  était  un 
ouvrage  d'Auguste  qui  l'avait  décoré  des  statues  de  toutes  les  nations;  mais 
nous  ignorons  quand  et  par  qui  fut  bâti  le  Temple,  en  avant  duquel  s'élevait 
une  Statue  d'Hercule  punique. 

'•  p.  marcivs  vervs 

IMP.  COMilODO  VI  et  PETRONIO 

SEPTIMIANO  COS. 

A.  p.   R.   C.  DCCCXLUI  K.  DEC. 

IN  PALATIO  IN  AEDE  JOVIS  PROPVGNATORIS 

IN  LOCVM  P.   VERI 

L.  ATILIVS  CORNEUANYS  COOPTATVS. 

T.   S.4.TVRNIN0  ET  C.  GALLO  COS. 
A.  P.  R.   C.   DCCCLI  PRID.   EID.  DEC. 


*  Romulus  [liabitabat]  ad  pulchri  littoris,  quos  vocanl,  gradus,  circa  descensum  ex  Palatio 

in  Circum  Maximum.  Ouo  loco  referunt   sacram  Coruum  fuisse Caio  aulem  Caesare 

gradus  instaurante,  quum  opifices  tellurum  adliaerentein  arbori  circumfoderent,  imprudenler 
plane  corruperunt  radiées,  ac  contabuit  arbor. 


RÉGION  X.  — PALATIN.  U7 

IN  PALATIO  IN  AEDE  lOVIS  PROPCGNATOBIS  IN  LOCVM 

avilI  CORNELIANI  VITA  FVNCTI 

CL.  PATERNVS  COOPTATVS. 

TI.   CLAVDIO  SEVERO.  C.  AVFIDIO  VICTORINO  COS. 

A.   P.   R.   C.   DCCCLII.   IIII.   EID.   APRIL. 

IN  PALATIO.  IN  AEDE  JOVIS  PROPVGNATORIS 

IN  LOCVM  CL.  PATERNl  VITA  FVSCTI.    ,    .   ALLIVS 

COLONIVS  COOPTATVS.    .    .     . 

Fragmentum  Fastorum  Sacerdotal ium  ap.  Smetium,  fol.  151, 13,  cujus  ty- 
pura,  utpote  correctiorem,  ctsi  foitasse  a  Panvinio  emendatum,  seculi  sumus. 
Orelli,  Inscript,  lai.  no42.—  Grlter,  p.  300. 

II.  Un  tenipio  di  Giove  intra  Tib(Mii  Palatium  si  legge  nelle  atti  di  S.  Lorenzo : 

«  Cœsar  jussil  beatum  Laureiitium  \inctum  catenis  in  Palalium  Tiberii  duci,  et  illic  ejus 
gesla  audiri,  sibi  vero  in  basilica  Jovis  tribunal  parari,  etc.  »  Xardini,  Rotna  antica, 
lib.  VI,  c.  14. 

III.  Iconographie.  Notre  restauration  du  temple  de  Jupiler-Propugnator  est  toute 
conjecturale  ;  nous  l'empruntons  ;\  l'ouvrage  de  M.  Thon,  //  Palazzo  de'  Cesari,  tav.  II. 

IV.  Portique  aux  Nations.  C'est  par  conjecture  que  nous  le  plaçons  sur  le  Palatin, 
autour  du  temple  de  Jupiler-Propugnator. 

Ipse  [.\uguslus]  sedens  niveo  candentis  limine  PhœbL 
Dona  recognoscit  populorum,  aptatque  superbis 
Poslibus.  ViRG.  Mneid.  VIII,  v.  720-722. 

Candentis  limine  Phœbi.  In  templo  Apollinis  in  Palatio,  de  solide  marmore  effecto 
quod  adiatum  fuerat  de  portu  Lunœ,  qui  est  in  confinio  Tusciae  et  Liguriœ,  ideo  ait 
candentis.  —  A/dalque  superbis  poslibus.  Porticum  enira  Augustus  fecerat  in  qua  si- 
muiacra  omnium  gcntium  conlocaveral,  quœ  Pord'cus  appellabaturnd^Vaii'ones.  Serv.  in 
JEneid.  VIII,  v.  720-721.  —  Celle  note  de  Servius  nous  a  fait  conjecturer  que  le  Por- 
tique aux  Nations  était  sur  le  mont  Palatin,  près  du  temple  d'Apollon. 

V.  Statue  d'Hercule  punique.  Inhonorus  est,  nec  in  templo  uUo  Hercules,  ad 
qucm  Pœni  omnibus  annis  humana  sacrificaverunt  victima,  humi  stans,  ante  aditum 
Porticus  ad  Naliones.  Plin.  XXXVI,  5.    • 

A'I.  Iconographie.  La  disposition  et  les  proportions  de  ce  Portique  sont  empruntées, 
ainsi  que  nous  avons  fait  pour  le  temple  de  Jupiter-Propugnator,  à  la  belle  restau- 
ration de  M.  Thon.  Voy.  ci-dessus,  §  III. 

212.  Temple  de  Jupiter-Vainquettr.  A  gauche  de  la  rue  qui  conduit  du 
Clivus  de  la  Victoire  au  Portique  aux  Nations  [n»  211].  Il  fut  construit  l'an 
547  par  Fabius. 

I.  Area  Palalina. 

^des  Jovis  Victoris.  P.  ViCT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  X. 

II.  Ipse  [Fabius]  œdem  Jovi  Victori,  spoliaque  bostium  quum  vovisset,  ad  castra  Sam- 
nitium  perrexit.  [an.  457]  Tit.-Liv.  X,  29. 

III.  Occupât  apriles  idus  cognomine  victor 

Jupiter  :  bac  illi  sunl  data  templa  die.  Ov.  Fast.  lY,  v.  621, 622. 

213.  Temple  DE  Yiriplaca.  En  parallèle  de  celui  de  Jupiter-Vainqueur. 

I.  Nous  avons  placé  ce  temple  ainsi  par  conjecture,  ou  même  pour  le  bon  agence- 
ment de  notre  plan,  car  les  textes  nous  apprennent  seulement  qu'il  se  trouvait  sur  le 
mont  Palatin.  Il  paraît  certain,  d'après  Valère  Maxime,  qu'il  était  fort  ancien. 

II.  jEdes  Viriplacae  in  Palatio.    P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  X. 

III.  Quolies  vero  inter  virum  et  uxorem  aliquid  jurgii  intercesserat,  in  Sacellum 
Deœ  Viriplacae,  quod  est  in  Palatio,  veniebant.  V.  Max.  II,  1.  6. 

2 14.  Temple  de  la  Fortune  privée.  —  2  lo.  Temple  de  la  Fortitse  gluante. 
Le  premier  est  adossé  au  temple  de  Jupiter-Vainqueur  ;  le  second  au  temple 
de  Yiriplaca,  [n»*  212-21 3],  L'un  et  l'autre  furent  fondés  par  le  roi  Servius. 


148  DESCRIPTION  DE  ROME. 

I.  Kuiyy.p  loixir\j-/-^i  hpâv  Itsriv  ivTloàxTiu,  xuïzo  rrji  IÇsuTfAoci.  Plit.  de  Fort, 
nom.  p.  279  >.— Voiià  les  seules  indications  que  nous  ayons  sur  ces  deux  temples  ; 
c'est  dune  par  conjecture  que  nous  les  avons  placés  où  ils  sont. 

21  G.  Temple  de  Vesta.  L'on  740,  un  incendie  ruina  le  temple  de  Vesta 
situé  sur  le  Forum  romain.  Le  culte  de  la  déesse  fut  alors  transporté  dans 
la  maison  du  Souverain  pontife,  c'est-à-dire  de  l'empereur;  on  érigea  un  pe- 
tit tem|)le  circulaire,  forme  consacrée  pour  Vesta,  tout  prociie  de  la  maison 
du  pontife  empereur  [n°  223],  et  à  la  suite  de  celle  de  Tibère  vers  le  Cirque 
Maxime  [n«  210]. 

I.  Aufert  Vesta  diem;  cognato  Vesta  recopia  est 

Limlne,  sic  justi  conslituere  Patres. 
Pliœbus  habet  partcm  ;  Vcstae  pars  altéra  ccssil  : 
Uuod  superest  illis,  terliusipse  tcnel. 

Ov.  Fasl.  IV,  V.   949-952. 
Veslaque  Caîsareos  inter  sacrata  Pénates, 
Et  cum  Cœsarea  tu,  Phœbe  domeslice  Vesta. 

Iv.Melam.  XV,  v.  864,  865. 
—  Phœbus  habet  par  km  cslMoe  allusion  au  temple  d'Apollon  Palatin,  situé  un  peu 
en  avant,  n"  217. 

II.  H  Tî  CToà  ï)  naJ)>îJo;  l/.u'jOf,,  v.vX  -0  tvjÇj  ùtz  v.\^Tr^i  T.poi  zh  Earatsv  ù-^i/.no,  uozi 
xcà  TV.  Upà  £i  Ti  rb  TTa^àrtov  jrrà  twv  a)).'jjv  «îcra^Gc'vwv...  àva/.oytiOô-'s:!,  /«'t  i>  t/;v 
Toû  iscirjii  roû  \ihi  oIaw  Tî^ôvat.  Dio>.  LIV,  24  *.  —  Cette  translation  dans  la  maison 
du  Flamine-Dial  n'était  sans  doute  que  provisoire. 

m.  Iconographie.  Les  indications  fournies  par  les  textes  étaient  bien  vagues  pour 
faire  retrouver  la  véritable  place  et  la  forme  du  temple  de  Vesta  Palatine  ;  mais  M.  Thon 
ayant  découvert  derrière  le  temple  d'Apollon,  et  tout  près  de  la  Maison  d'Auguste,  une 
partie  de  mur  antique  de  forme  circulaire,  conjectura,  avec  M.  Ballanli,  que  là  avait 
été  le  temple  de  Vesta.  Nous  avons  suivi  leur  conjecture  qui  nous  paraît  fort  juste.  Voy. 
Thon  et  Ballami,  Il  Patazzo  de'  Cesari,  p.  22,  et  tav.  11,  n»  12. 

217.  Temple  et  atrium  d'Apollon  Palatin.  En  avant  du  temple  de  Vesta 
et  de  la  maison  de  Tibère  [n"'  216-210].  Le  temple  adossé  à  la  partie  méri- 
dionale du  Portique,  était  en  marbre  blanc  massif.  Le  portique,  (]ui  se  dé- 
ployait autour  d'une  place  carrée,  se  composait  d'une  colonnade  en  marbre 
jaune  de  Numidie.  Une  statue  équestre  en  airain,  représentant  l'un  des  fils 
d'/Egyptus,  se  trouvait  devant  chaque  colonne,  et  une  statue  pédestre  en 
marbre  blanc,  représentant  une  Danaïde,  décorait  chaque  entrecolonnement. 
Au  centre  des  portiques,  devant  le  temple,  s'élevait  un  autel  autour  duquel  il  y 
avait  quatre  bœufs  en  airain.  Le  temple  et  son  magnifique  Atrium  furent  con- 
struits par  Auguste,  lors  de  son  retour  dans  la  ville,  après  la  victoire  d'Actium. 

I.  Tesiplvmqve  Apollixis  in  palatio  cvm  porticibvs...  feci.  LAP.  .\NCYR.  col.  4. 

II.  Templum  Apollinis  in  ea  parle  Palatinœ  Domus  exciiavit  [Augustus],  quam  ful- 
mine ictam  desiderari  a  Deo  aruspices  pronunciarunt.  Âddidit  Porlicus  cum  Biblio- 
theca  latina  graecaque.  Slet.  Àug.  29. 

III.  Tb:>  -/y.p  TÔno-J,  ov  i\i  zû  Uv.ïuTi'ji,  cÔ7z'  oinoâoaij-jçâ  tvjx,  iu-jriZO,  èâr,/ji07iuijS,  y.xi 
Tùi  A'TTO/X&jvt  ts'yjDSîv,  ènsior,  f-spcii/vài  ai  KjTsv  h/y.'xziz/.r;li.  DlON.  XLIX,   13  *. 

IV.  Atque  ubi  navali  stant  sacra  palalia  Phœbo, 

Evandri  profugœ  procubuere  boves. 

PROPEni.  IV,  1,  V.  3,  4. 

V.  Ib,  T£  A'7:o/)wv£sv  zà^zi  iv  tw  ria/arcw,  y.xï  zb  z-fxéytayM  zb  Tzepl  aJrs,  râj  zs 
àix 060x0.?  zC)v  /îiSxtcov,  è^sTiolr.'jS  xat  y.cx.$iépoias.  DiON.  LUI,  1  *. 


*  Est  et  Privatae  Fortunae  templum  in  Palatio  et  Viscosa;.  z:=-  Pauli  Porlicus  incendio  ab- 
sumpta  est  [an.  74*']>  '[;"isque  ah  ea  ad  Veslae  usquc  (jrassatus  ita  m  sacra  a  rcliquis  Vesta- 
libus  in  Palatium  siiit  deporlata,  et  in  doiiio  tlaminis  Uialis  reposila.  =  '  Aream  eiiim  in 
Palatio  emptam  a  se,  domus  sibi  sJificaiidœ  causa,  qr.od  esset  de  cœlo  tacla,  consecraverat,  et 
Apollini  dedicaverat  [Augusius,  auno  718].  =  •*  Prasterca  Apollinis  in  Palatio  templum,  cum 
aro.T  circa  illud,  ac  Bibliothccas  perfecit  et  dodicavit  [.Viigustus,  anno  726]. 


RÉGION  X. —PALATIN.  149 

VI.  Suclonio  dire  die  Augusto  fabbriciS  il  tompio  di  Apollo  Palatine  in  quolla  parle 
délia  sua  Casa  che  eia  stala  (oerala  dal  fulmine.  Essendosi  adun(|ue  per  mc7,/.o  degli 
scavi  ben  delerminata  la  posizione  délia  Casa  di  AurusIo,  sarà  mollo  più  facile  dclermi- 
narc  la  posizione  di  queslo  tempio,  il  quale  era  aderenle  alla  Casa  slessa.  E  perci6  deve 
porsi  appunto  nel  luogo  indicato,  ove  anrora  esistono  alcuni  avanzi  de'  mûri  délia 
cella  e  del  reeinlo  :  inoltre  i  grandi  avanzi  dcll'  immensa  sala  clie  con  molta  proba- 
bililA  alla  I?ibliotcca  palatina  appartengono,  lolgono  ogni  dubbio  esser  questo  vera- 
mente  il  famoso  Icmpio  di  Apollo.  Thon  et  Ballanti,  //  Palazzo  de'  Cesari,  p.  63, 
et  tav.  I.  —  Avant  MM.  Thon  et  Ballanti,  les  antiquaires  étaient  fort  partagés  sur  l'em- 
plarement  du  temple  d'Apollon  Palatin. 

VU.  Iconographie.  Victor  deinde  C;tsar  reversus  in  Urbem  contractas  emptionibus 
complures  domos  per  proruratores,  quo  laxior  fieret  ipsius,  publicis  se  visibus  destinare 
professus  est:  templumque  Apollini,  et  circa  Porlicus  facturum  promisit,  quod  ab  eo 
singulari  exstructum  magnificentia  est.  Patercul.  Il,  81. 

VIII.  Ovide  fait  ainsi  parler  son  livre,  qui  cherche  l'hospitalité  dans  une  des  trois 
bibliothèques  publiques  de  Rome  : 

Ducor  ad  intonsi  candida  templa  Dei, 

Signa  peregrinis  ubi  sunt  alterna  columnis 

Belides,  et  stricto  barbarus  ense  paler. 

Ov.   Trist.  III,   I,  V.  60-62. 

IX.  Qujrris  cur  veniam  tardior?  aurca  Phœbi 

Porticus  a  magno  C.TCsare  aperta  fuit. 
Tola  erat  in  spatium  Po-nis  digesla  columnis; 

Inter  quas  Danaï  femina  turba  senis. 
Hic  equidem  Phœbo  visus  mihi  pulchrior  ipso 

Marmoreus  tacila  carmen  hiare  lyra. 
Alque  arma  circumsteterant  armenta  Myronis 

Quatuor  arlificis  vivida  signa  boves. 

Proi'ert.  II,  23,  V.   1-8. 

X.  Inde  tenore  pari  gradibus  sublimia  celsis 

Ducor  ad  intensi  candida  templa  Dei. 

Ov.    Trist.  I,   1,   v.   59.   60. 
—  Gradibus  celsis  désigne  les  chemins  en  pente  ou  en  degrés,  qui  conduisaient  sur 
le  mont  Palatin.  Sur  la  matière  du  Temple,  voy.  n»  210,  g  IV. 

XI.  Uomœ  signa  eorum  [Bupalus  et  Athenisjsunt  in  Palatina  œde,  ApoUinis  in  fastigio, 
et  in  omnibus  fera  quse  divus  Augustus  fecit.  Plin.  XXXVI,  5.  —  [11  s'agit  de  statues  de 
marbre.] 

XII.  Hesterna  vidi  spatiantem  luce  puellam 

nia,  quœ  Danaï  Porticus  agmen  habet. 

Ov.  Àmor.  II,   2.   v.  4,  5. 

XIII.  Nam  fralres  inter  ahenos.  Britannicus  [in  Pers.  S.  2,  v.  56)  applique  ces 
mots  aux  statues  équestres  des  fils  d'Egyptus. 

XIV.  Nella  vigna  del  Ronconi,  quai  è  inclusa  nelle  ruine  del  medesimo  palazzo  mag- 
giore,  mi  ricordo  esservisi  trovali  diecioKo,  o  venli  (orsi  di  statue,  rapprescntanti 
amazoni,  poco  maggiori  del  naturale.  Flaminio  Yacca,  Memor.  n^*  77.  —  Nous  croyons 
que  ces  torses  étaient  ceux  des  Danaïdes. 

^ \       XV.  Dans  le  fragment  ci-contre  du  Plan  de  marbre,   nous  reconnaissons 

^^__^  ^J[  l'Autel  placé  au  centre  de  ïarea  ou  place  du  Portique  palatin.  Voy.  aussi  Bel- 
^~\^lori,  tav.  XVI. 

*  Rome  carrée.  On  nommait  ainsi  un  caveau  carré  situé  sous  le  pronaos  du 
temple  d'Apollon  Palatin,  et  dans  lequel  on  conservait,  en  signe  de  bon  pré- 
sage, les  instruments  qui  avaient  servi  à  fonder  la  Rome  carrée  de  Romulus, 
laquelle  embrassait  le  mont  Palatin,  ou  plutôt  à  en  tracer  l'enceinte,  c'est-à- 
dire  le  soc  et  la  charrue. 

I.  Roma  quadrata.  P.  Vict.  de  Req.  urb.  Romo',  X. 

II.  Quadrata  Roma  in  Palatio  ante  templum  Apollinis  dicitur,  ubi  reposita  sunt,  quse 
soient  boni  ominis  gralia  in  urbc  condenda  adhiberi,  quia  saxo  munitus  est  inilio  in 
speciem  quadratam.  Fest.  v.  Quadrata. 

III.  Le  caveau  de  Rnme  carrée  existe  encore  ;  il  est  appelé  vulgairement  les  Bains  de 
Livie.  Voy.  THo^,/i  Palazzo  de'  Cesari,  tav.  1. 


150  DESCRIPTION  DE  ROME. 

21 8.  Bibliothèque  Palatine.  A  l'extrémité  septentrionale  de  l'Alrium  Palatin 

[no  2 17].  Commencée  vers  Van  718  et  finie  l'an  720  par  Augnste,  elle  se  com- 

f (osait  (le  trois  salles  contigui-s,  dont  l'une  renfermait  nne  jjihiidtlièqiic  latine, 
a  seconde  une  hihliolliècjne  grccipie,  cl  la  troisième  nne  bibliollicrpie  de 
droit.  Les  salles  latérales  étaient  médiocrement  spacieuses;  mais  celle  du 
centre  avait  environ  42  mètres  de  longueur  sur  32  de  largeur.  A  l'une  de 
ses  extrémités  on  voyait  une  Slalue  d'airain  de  près  de  1 5  mètres  de  hau- 
teur, représentant  Augnste  sous  la  figure  d'Apollon. 

I.  Sur  l'cilifiration  de  ia  Hibliollu^quc!  Palatine  par  Auguste,  voy.  n"  217,  g  II,  V. 

II.  Voici  deux  inscriptions  qui  témoignent  de  1  existence  des  bibliothèques  grecque 
et  latine  du  l'alatin  : 

DUS.   MANIB.   s. 
C.   IVLIVS  FELIX 

A  bybliotheca  graeca  palat. 

GRUTEU.  p.  576.  —  ORELLI,  Inscript,  lai.  n"  40. 

BYRAE  CANACINAE  LIVIAE 

AVG.    SER.   A  VESTE  MAGN 

TI.   CLAVDIVS  ALCIBIADES 

MAG.   A  BïnLlOTHECA  LATINA 

APOLLINIS 

ITEM  SCUIBA  AB  EPISTVLIS  LAT. 

CHUTER,  p.  577.  —  ORELLI,  Ibid.  n"  M. 

III.  Scripta  Palalinus  quaecumque  recepil  Apollo. 

HûR.  I,  Ep.  3,  V.  17. 
—  Âpollo.  Cpcsar  sibi  in  Bibliolheca  Staluam  posuerat  ad  habilum  ac  staturam  Apol- 
linis.  AcRON.  in  Ilor.  \oc.  cit. 

IV.  Videmus  certe  tusranicum  ApoUinem  in  Bibliolhoca  Icmpli  Augusti,  quinqua- 
ginla  pedum  a  poUice,  dubium  œre  mirabilioreni,  an  pulcliritudine.  Plin.  XXXIV,  7. 

V.  Jurisque  perilus  Apollo.  Aut  quia  juxta  ApoUinis  lemplum  jurisperili  sedc- 
bant  et  iraclabanl;  aut  quia  Bibliothecam  juris  civilis,  et  libcralium  sludiorum  in 
lemplo  ApoUinis  Palalini  dedicavit  Augustus.  Vet.  Schol.  in  Juv.  S.  1,  v.  128. 

YI.  Iconographie.  Le  plan  de  cet  édifice,  tel  que  nous  le  donnons,  a  été  relevé 
sur  les  ruines,  en  1720.  Voy.  Bianciiini,  del  Palazzo  de'  Cesari.  11  existe  encore  des 
restes  importants  des  murailles.  Voy.  Nolli,  n»  930,  qui  les  appelle  Ruine  deW  anli- 
cho  Palazzo  de"  Cesari;  et  Letarouilly,  rion.  X,  40. 

219.  Temple  ou  Sacrarium  de  Mars  gradivus.  —  220.  Curies  ou  Mansions 
DES  Saliens.  Le  temple,  situé  au-dessous  de  la  Bibliothèque  palatine  [n"  218], 
était  circulaire,  et  s'élevait  au  milieu  d'une  place  entourée  de  portiques  qui 
confinaient  au  Clivus  de  la  Victoire. — De  l'autre  côté  de  ce  Clivus,  et  vis-à-vis 
du  temple,  étaient  les  Curies  ou  logements  des  Saliens.  Nous  ignorons  quand 
furent  construits  ces  deux  édifices,  mais  ils  devaient  être  fort  anciens,  les  Sa- 
liens ayant  été  institués  par  Numa. 

I.  Qui  quidcm  lîomuli  lituus, quum   silus  esset  in  Curia  Saliorum,  quœ  est  in 

Palatio,  eaque  deflagravisset,  invenlus  est  inleger.  Cic.  de  Divinal.  I,  17. 

II.  Ueusto  Sacrario  Saliorum,  nihil  in  eo  procter  lituum  Romuli  integrum  reperlum 
est.  V.  Max.  I,  8,  11. 

III.  Is  qui  belli  susceperat  curam,  Sacrarium  Martis  ingressus  primo  ancilia  commo- 
vebat,  post  hastam  sinuilacri  ipsius  dicens  :  Mars  vigila.  Serv.  in  JEneid.  VIII,  v.  5. 

IV.  Moris  fuerat  indicio  belle,  in  Martis  Sacrario  ancilia  commovcre.  Ibid.  VII,  v.  603. 
—  Le  temple  de  Mars  nommé  ici  par  Servius,  est  évidemment  celui  de  Mars-Gradivus, 
parce  que  les  Saliens,  gardes  des  anciles,  étaient  les  prêtres  de  ce  dieu.  —  Isidore  définit 
ainsi  le  sacrarium  :  «  Sacrarium  proprie  est  locus  templi  in  quo  sacra  reponuntur.  » 
Orig.  XV,  5. 

V.  V.v  èv  na>aTiw  xzizxi  zi.  hpà,  /.cà  k  Jrol  v.'AoXt-j-z'M  na>aT'tv5i.  D.  Halic.  II.  70  1. 

*  Quorum  [Saliorum]  sacra  iu  Palatio  reponuntnr,  ipsique  Palatini  appellantur. 


RÉGION  X.  — PALATIN.  151 

VI.  MANSIONES  SALlOnVM.   PALATINOR.  A  VETERIBUS 

OB  ARMORUM  ANNALIVM  CVSTODIAM  CONSTITVTAS 
LONGA  .ETATE  NEGLECTAS.  PECVN.  SVA  REPARAYERVNT 
PONTIFICES  VEST,E,   etC. 

GRLTEH,  p.  173.  —  OUELLI,  Inscript,  lat.  n"  2244. 

221.  Clivus  de  la  Victoire  et  vicus  des  Curies.  Le  Clivus,  longue  rue  sur 
ruiio  des  pentes  supérieures  du  Palatin,  était  perpendiculaire  au  temple  de  la 

f  Victoire   [n°  200],  et  conduisait  presque  jusqu'à  l'ex- 
tréniilé    orientale  de  la   montagne.  —  Le   Viens  des 
Curies  passait  derrière  les  Curies  des  Saliens  [n^S^O], 
et  suivait  une  ligne  droite  presque  parallèle  au  Clivus  de 
la  Victoire. 
I.  Sur  le  voisinafîe  du  Clivus  de  la  Victoire  et  de  la  Porte 
Romana,  voy.  n"  199,  §  II. 
II.  Iconographie.  Un  fragment  du  Plan  de  marbre,  gravé 
dans  Bcllori,  tab.  IV,  et  dont  nous  donnons  ici  la  copie,  re- 
produit toute   la  partie  inférieure  du  Clivus  de  la   Victoire. 
III.    Vicus  des  Curies.  —  Vicus  Curiarum.  P.  Vici.  de  Reg. 
urh.  Romœ,  X. 
IV.  Reg.  X.  Vicvs  cvriarvm.  GRUTER,  p.  230.  —  ORELLI, 
Inscript,  lat.  n°  3. 

222.  Loge  de  l'Empereur  pour  voir  les  jeux  du  Cirque.  La  partie  de  la 
Maison  d'Auguste  qui  regardait  le  Cirque  Maxime  se  courbait  en  un  vaste  hé- 
micycle dont  l'aire  était  garni  de  gradins  :  c'était  la  Loge  où  l'empereui'  assistait 
aux  jeux  avec  ses  amis. 

I.  Les  ruines  accusent  parfaitement  cet  hémicycle,  et  même  ses  gradins  [Nolli, 
rion.  X,  Villa  Spada;  Leiarouilly,  Ibid.]  ;  mais  les  antiquaires  ne  sont  pas  d'accord 
sur  le  nom  à  donner  à  celte  partie  importante  de  la  maison  impériale.  Les  uns,  tels 
que  Panvini  [Antiq.  Urbis  imago],  et  Ciancliini,  qui  a  suivi  l'opinion  de  son  prédéces- 
seur sans  l'examiner  [del  Palazzo  de'  Cesari,  c.  V],  y  ont  vu  un  prétendu  tliéàtre  de 
Slalilius  Taurus,  le(|uel  Stalilius  n'a  jamais  bâli  qu'un  amphithéâlre,  qui  était  dans  le 
Cliamp-de-I*lars  ;  d'autres,  et  avec  eux  M.  Ballanli  [il  Palazzo  de'  Cesnri,  p.  60], 
appellent  celte  ruine  Théâtre  de  Caligula,  en  se  fondant  sur  le  passage  suivant  de  Jo- 
séphe,  dans  lequel  l'historien  juif,  racontant  la  conjuration  contre  Caligula,  s'exprime 
ainsi  :  Mî-à  ok  tï;v  Ojaix-j  à~l  tv,v  ôjcj/itav  T/sa-siî  èxxSi^szo,  /Kt  TïSfÀ  ccjto'j  tôiv 
èzxipo)-j  01  c'Xio\o-ptX'x70i.  KxTîTZcùasTO  âï  70  Oiorxpov  {-r.xrb-J  (Jk  iytvsTO  xxtx  ëxx- 
J770V  ivfKyràv)  Toiivûî  rponO-J.  Joseph.  Antiq.  Jud.  XIX,  1,  g  13,  p.  741  i,  éd.  Dindorf. 
—  Ce  passage  nous  apprend  bien  qu'il  y  avait  un  théâtre,  ou  quelque  chose  y  ressem- 
blant, devant  la  maison  Palatine,  mais  non  qu'il  ait  été  construit  par  Caligula.  Nous 
croyons  qu'Auguste,  qui  aimait  extrêmement  les  jeux  du  Cirque,  aura  fait  établir  ce 
théâtre,  ou  plutôt  cette  Loge,  lorsqu'il  reconstruisit  sa  maison  en  748. 

225.  Maison  d'Auguste.  Située  immédiatement  derrière  la  Loge  dont  nous 
venons  de  parler  dans  l'article  précédent,  Auguste  la  bâtit  en  748  sur  l'empla- 
cement d'une  autre  qui  avait  été  ruinée  par  le  feu.  On  y  arrivait  par  l'Area  Pa- 
latin. Elle  n'était  pas  très-grande  ;  l'ensemble  formait  un  carré  de  80  mètres 
de  face  sur  92  environ  de  côté,  mais  elle  était  disposée  avec  beaucoup  de  soin, 
et  fort  élégante  dans  son  ornementation  :  outre  l'appartement  privé,  composé 
d'une  foule  de  pièces  de  médiocre  étendue,  on  y  trouvait  un  Atrium  pour 
les  réceptions. 

I.  Domus  Augustana. 

Domus  Tiberiana.  P.  Vict.  de  Reg.  urh.  Rom.  X. 

•  Sacro  peracto  ad  speclacula  se  ronvertit  [Cali{;al,i],  loriiniqne  suum  in  tlie.itro  occupMhat 
pnfcipuis  ex  amicis  ciuctus.  Exstructum  vero  erat  thealrum  (coagmentabatur  autem  quotan- 
nis)  in  liunc  modum. 


loi  DESCRIPTION  DE  ROME. 

II.  In  reslitulioncm  Palalinx  domus  inccndioabsumpt<e,  veterani,  dccuria>,  tribus alque 
t'Iiam  sisillalim  e  roloro  gonne  honiinnm,  libentes  ac  pro  facullale  quisque  pccunias 
conliilci  uni  :  (IcIibatUc  'Au;;ii-ilo  (.iiiiuiriiiiodo  co  summarum  acervos,  neque  ex  quo- 
qu.iiii  plus  (Ipiiaiio  .lufcrciitc-.  Sift.  Aikj.  .")". 

m.  liabilavit  primo  [Augusius]  jiixlra  l'oiurn  romanum,  supra  Sralas  anularias,  in 
domo  qua"  Calvi  oruloris  fueral  :  postca  in  l'alalio,  scd  nihilominus  in  xdibus  modicis 
Ilortcnsianis.  Si  tT.  Ibid.  72. 

IV.  .\b  Aupuslo  (juo(|ue  ncpolihus  cjus  praeccplor  cloctus  (A'errius  Flaccus],  transiil 
in  l'alatiuni  cum  lola  scliola,  verum  ul  ne  quem  ampliusposlliac  discipulum  reciperel  : 
doruiique  in  airio  Catilina;  domus,  quae  pars  Palatii  tune  erat.  SiET.de  JUutt.  gram- 
mal.  17. 

V.  i^fj.TCfy/i'j/j.o'j  àê  -noTs  zh  Ux/àziov  âiayOîi/^xvroi,  /.xï  no'jJSyj  a.jTÔ>  ttoaIx  oioôvtu-j, 
ouokv  É/aSîV,  V-,  //5V5V  Tra^à  /j.'îy  T'iv  or,iJ.wJ  yjjU'joXi-j ,  ~x/isc  o  î  T'7)v  iotwTwv  o (>OLX<j:ff.) O 

TTK^K  ro'j  or,ij.oii  'A  yv^ijj.é.'r,,  eiVc  y.Kt  b-L  v.p-/^iéps.oii  -^v,  '(•/  Ij  iâioiç  «/a/Kt  sv  -o'ii  A-jiv'jti 
ol/oiv].  Dion.  LV,  12  •. 

VI.  Jconnr/raphic.  Les  ruines  de  la  Maison  dWuguste  ont  été  découvertes  et  recon- 
nues en  177.">,  par  un  Fianrais,  l'abbé  de  Itancoureuil,  alors  propriélaire  du  la  rilln 
Spada,  auj.  la  villa  Mill's,  dans  le  jardin  de  laiiuelle  s'élevail  celle  maison  impériale. 
Les  fouilles  exécutées  par  l'abbé  de  Kancoureuil  onl  fait  retrouver  la  plus  grande 
partie  du  plan  de  l'édifice,  et  permis  de  conjecturer  le  reste  d'une  manière  certaine. 
Notre  restauration  est  empruntée  au  recueil  de  Gualtani,  intitule  Monuvienli  anlichi 
inediti  pcr  t'annn  1785,  gennajo,  tav.  I,  et  aprile  tav.  I.  Elle  se  trouve  reproduite 
dans  Piranesi,  Anlichilà  romane,  t.  1,  à  la  fin,  recueil  publié  en  1787;  et  dans  l'ouvrage 
de  M.  Thon  sur  le  mont  Palatin,  mis  au  jour  à  Itome  en  1828.  Les  defouvertes  que  cet 
artiste  a  faites  dans  cet  endroit  d'une  multitude  de  fragments  d'architecture  qu'il  re- 
connaît, par  leur  slj  le,  appartenir  au  siècle  d'Auguste,  ont  confirmé  les  conjectures  de 
l'abbe  de  Itancoureuil,  qui  d'ailleurs  avaient  été  acceptées  par  tous  les  antiquaires. 
Voy.  Thon  et  Ballami,  il  Palazzo  de'  Ccsari,  tav.  I,  H  n»  6,  Yî.  —  Voy.  aussi  Noill, 
rion.  X,  Villa  Spada;  Lclarouilly,  Ibid. 

VU.  L'existence  de  VAlrium  est  constatée  dans  les  deux  passages  suivants  :  —  «  Vi- 
des omnes  lias  imagines  quae  implevere  Ca-sareum  .\trium?))  Se.nec.  Consol.  ad  Po- 
lyb.  ô5.  —  «  Idcirco  eliam  in  Palatii  Atrio,  quod  augurato  conditum  est,  apud 
majores  consulebatur  seualus  :  ubi  etiam  aries  immolabalur.  »  Serv.  in  Mneid.  XI, 
y.   233. 

Maison  de  Catilina.  On  ne  connaît  pas  sa  place  précise  ;  on  sait  seulement  qu'elle 
fut  comprise  dans  la  maison  d'Auguste.  Voy.  ci-dessus,  §  IV. 

224.  Atiea  Palatin.  Place  devant  la  maison  (l'Auguste.  Toutes  les  maisons 
des  grands  avaient  un  area  ou  veslibide,  et  nécessairement  la  maison  d'Augu.ste 
en  eut  un  aussi.  Aidu-Gelle  en  parle,  et  bien  que  cet  auteur  Ilorissait  sous 
Adrien,  néanmoins  ses  paroles  peuvent  s'appliquer  à  la  maison  d'Auguste  qui 
était  le  centre  des  maisons  palatines.  Peut-être  mèiue  l'Area  Palatin  était-il  la 
place,  le  Forum  de  la  Rome  primitive  fondée  sur  cette  montagne. 

I.  In  Vestibulo  a;dium  Palatinarum  omnis  fere  ordinum  multitudo  opperientes  salu- 
talioneni  Cœsaris  constiteranl.  A.  Gell.  IV,  1. 

II.  In  .\rea  Palatina  cum  salulalionem  opperiremur,  philosoplius  Favorinus  accessit, 
colloculusque  est,  nobis  mullisque  aliis  piiesenlibus.  Id.  XX,  1.  —Voy.  aussi  l'article 
suivant,  n"  223,  §  VII. 

22o.  Temple  de  .Juxon-Sospita.  —220.  Temple  deCybèle.  —227.  Temple 
DE  Bacchls.  —  Devant  le  Temple  de  Cybèle  :  Statue  de  la  vestale  Cl.udia. 
Ces  trois  teinples  forment  un  des  côtés  de  l'Area  Palatin,  vis-à-vis  de  la  Maison 
d'Auguste  [n»  223].  Ils  sont  mitoyens;  le  temple  de  Cybèle  se  trouve  entre 

*  Qiiiim  forte  Palalium  iiicendio  peiiissut,  midlique  iiiulta  ei  lar[,'iri.ulur,  niliil  pr.eter  aii- 

reiim  a  sinjjulis  conventibus,  a  piivalo    liomine  denariiim  accepit Ca^leiuiii  rcfoctam 

doinuni  Miani,  Ainjusliis  totain  pnblicam  osso  jussit,  sivc  quod  ad  eam  .edificandam  popiilus 
pecuniam  contulissel,  sivc  ipiod  Poniifcx  maxiinus  quum  esset;  ut  simul  in  propriis  ac  iu  pu- 
blicis  s?dibus  habitarel  [an.  74'^]> 


RÉGION  X.— PALATiiX.  153 

ceux  (le  Jiinoii  et  de  Bacclms,  el  devant  est  la  Statue  de  la  vestale  Claudia.  Le 
temple  de  Cybèle  fut  construit   en  548,  dédié  l'an  .'361 ,   et  restauré  par  Au- 
guste. On  ne  sait  rien  sur  l'époque  de  la  fondation  des  deux  autres. 
I.  Martial  indiquant  à  son  livre  lo  clioinin  du  Palalin,  lui  dit: 
Inde  sacro  vencranda  (ictcs  palalia  rlivo, 
l'iurinia  qua  summi  fulfiel  ima^o  ducis. 
Ncc  le  delineal  niiri  radiala  Colossi, 

Quœ  lihodium  moles  vinrere  gaudet  opus. 
Flecte  vias,  hac  qua  madidi  sunt  iccta  Lya'i, 

El  Cvbeles  picio  slal  rorybanle  tholus.       Mabt.  I,  71. 
—  Voici  le  ehcmin  indiqué  par  Alarlial  :  la  Voie  Sacrée  [Sacer  clivus]  au  commen- 
cement de  laquelle  clait  le  Colosse  de  Néron,  avec  une  couronne  radiée  sur  la  lèle  ;  la 
rue  qui  passe  ])ar  la  porte  Roinana,  le   Clivus  de  la  Vicloire,  el  à  droite  la  voie  qui 
conduit  sur  VÂrea  Palatin. 

11  .ï^des  Mairis  Magnae  in  Palatio  faciendam  locaverunt  [censores,  anno  548].  Tit.- 
Ln.  XXIX.  57. 

III.  l'er  idem  fere  tempus  [an.  561]  œdesMatris  Magnae  Idaeœdedicata  est:  quam  deam 
is  P.  Cornélius  advectam  ex  Asia,  P.  Cornelio  Scipione,  cui  posl  Africano  fuit  cognomcn, 
P.  Licinio  consulibus  in  Palatium  a  mari  delulerat.  Locaveranl  œdem  faciendam  ex 
sena(usconsullo  .M.  Livius,  C.  Claudius  censores,  M.  Cornelio,  Ti.  Sempronio  consuli- 
bus, iredecim  annis  postquam  locata  eral.  Dedicavit  cam  M.  Junius  Brutus.  Tit.-Liv. 
XXXVI,  36.  — Dion  racontant  le  transport  de  la  mère  Idéa  à  Rome  par  Scipion,  ajoute  : 

■/£•■'.  Uiox.  Fraf/m.  ex  lib.  XXXIV,  priorib.  g  LXIIl.  i. 

IV.  .-Edem  Matris  JIagn.e  in  Palatio...  Feci.  LAPIS  AXCYR.  col.  4  et  6. 

V.  ^des  Matris  deum.  Huic  fuit  conterniinum  Delubrum  Juiionis  Sospitoc.  P.  ViCT. 
de  Heg.  urb.  Romœ,  X. 

VI.  Ovide  parlant  de  la  fondation  du  temple  de  Cybèle,  lorsque  celte  déesse  fut  ap- 
portée à  Home,  dit  : 

Nasica  accepil:  lempli  tune  exstitit  auctor. 
Âugustus  nunc  est  :  ante  Metellus  erai. 

Ov.   Fast.  IV,  V.   547, 3'<8. 

VII.  Nam  qiiid  ego  de  illis  ludis  loquar,  quos  in  Palatio  nostri  majores  ante  tcmplum, 
in  ipso  Matris  Magnae  conspectu,  Megalensibus  fieri  celebrariquc  voluerunt  ?  Cic.  de 
Arusp.  resp.  12.  —  Ces  jeux  .Mégalésiens  qui  se  célébraient  devant  le  temple  même  de 
Cybèle,  prouvent  qu'une  vaste  place  existait  devant  ce  temple,  el  celle  place  ne  pouvait 
être  que  l'Area  Palatin. 

Vlil.  Principio  mensis  Phrygiae  conlermina  Matri 

Sospita  delubris  dicilur  aucta  novis. 

Ov.  Fast.  II,  V.  55,  56, 

IX.  Iconographie.  On  vient  de  voir  que  les  textes  indiquent  vaguement  ces  trois 
temples  sur  le  mont  Palatin;  M.  Thon  a  retrouvé  leur  place  el  les  a  restaurés:  — 
Trovandosi  poi  tre  tenipj  uniti  insieme  sul  monte  Palalino,  di  due  de'  quali  esislono 
ancora  gli  avanzi,  e  del  terzo  non  potendosi  dubitare,  considcrando  la  situazione,  è 
mollo  probabile  che  essi  appartengono  a  queste  tre  divinità.  La  planta  délia  cella  di 
due  di  qucsti  tempj  era  già  slata  dal  Panvinio  nella  sua  opéra  de  ludis  circcnsibus, 
nel  cui  tempo  forse  ne  esistevano  mugglori  avanzi,  ma  egli  erroneamente  dà  loro  la 
denoniinatione  di  Biblioleca  greca  e  lalina.  Dopo  pero  gli  scavi  cspressamente  falti 
dal.  Sig.  Thon,  si  è  conosciuta  raeglio  la  loro  forma,  e  sembra  fuori  di  dubbio  che  non 
due,  ma  tre  fossero  questi  tempj,  cosi  richiedendolo  la  simmetria,  ne  essendo  probabile 
che  fossero  in  un  laio  piuttosto  che  nel  mezzo.  Tuon  et  Ballaxti,  //  Palazzo  de  Cesari, 
p.  24,  cl  tav.  I  et  II,  n'5*  13,  14,  15. 

X.  Statue  de  la  vestale  Claudia.  Possunl  elilla  rairaculorum  loco  poni:  ....  Quod 
Q.  Claudiae  Statua  in  veslibulo  lempli  Matris  deum  posita,  bis  ea  œde  incendie  con- 
sumpta,  prius  P.  Nasica  Scipione  et  L.  Bestia  :  item  M.  Servilio  cl  L.  Lamia  coss  ;  in  sua 
basi  (lammis  intacta  stetit.  V.  Max.  I,  8.  11. 


*  Ijjltiir  ille  [Scipio]  Deam  [Klcam],  comilantilnis  primariis  malronis,  in  ^Urbeni  atque   in 
Piila'iuiu  intulil. 


154  DESCRIPTIOiN  DE  UOME. 

228.  Temple  de  la  Foi.  Au-dessous  du  temple  de  Junon-Sospita  [no22o], 
sur  le  bord  du  Clivus  de  la  Victoire.  11  fut  érigé  par  Numa. 

!.     Ara  Fcbiis. 

iïdcs  Malris  dcum.  Iluic  fuil  conterminum  Dnlubrum  Junonis  Sospilap. 

P.  ViCT.  de  Heg.  urb.  Rnmœ,  X. 
II.  n^wToj  v.jO (idiTiu-j  i-pb'J  'lopiny.zo  nhrt'jii  &/i//5Jta5,  xai  djziv.^  c/.jTri  zaTe^rvj^y.Tî. 
D.  Hai-ic.  Il,  75  ». 

229.  Temple  et  Attf.l  de  la  Fièvre.  L'un  et  l'autre  étaient  fort  anciens. 
Le  temple  est  en  parallèle  de  celui  de  la  Foi  [n»  228].  Devant,  au  centre  de 
la  place,  s'élève  l'Autel  de  la  Fièvre. 

I.  OiVotlJ.'Ml'J-h  Ziif    /'ijJ'j)  TW  n«/,^0!VT£W,    lï'JfySTOÏj    y.'/.l    Vî'Jyj,     -/M    /Î'j>/J.hv    l'jr,'jZ7.-J70 

iELiAN.  Var.  hisl.  XII,  11^.' 

II.  Fcbrcm  aulem  ad  minus  norcndum,  Icniplis  colebant  :  quorum  adhuc  unum  in 
Palalio...  exlal.  elr.  V.  Max.  II,  5.  6. 

III.  Fc'bris  aulem  Fanum  in  Palalio,  cl  Orbon.T  ad  aedem  Larum,...  consccralam  \i- 
demus.  Cic.  de  Divinal.  III,  25. 

IV.  Ara  vptus  slal  in  l'alalio  Fcbris.  Cic.  de  Legih.  Il,  11. 

V.  Publirc  l'cbri  Fanum  in  Palalio  diratum  est.  Plin.  H,  7. 

VI.  Sur  la  situation  de  V Autel  de  la  Fièvre  auprès  des  temples  de  la  Foi  et  deCybèle, 
voy.  ci-dessus,  n»  228,  §  I. 

230.  Temple  de  la  Lune  koctilica.'  A  gauche  de  la  voie  qui  longe  le  temple 
de  la  Foi  [n»  228],  et  monte  sur  l'Arca  Palatin. 

I.  Luna  vel  quod  sola  lurel  noetu,  iiaquc  ea  dicta  Xoctiluca  in  Palalio;  nom  ibi 
noctu  luret  tcmplum.  Varr.  L.  L.  V,  §  68. 

II.  On  voit  d'après  l'unique  indication,  in  Palalio,  que  cette  position  esl  conjectu- 
rée. 

25!.  Maison  du  Flamine-Dial.  Au-dessus  du  temple  de  la  Lune  noctiluca 
[il"  230].  Elle  existait  du  temps  d'Auguste. 

I.  Sur  la  maison  du  Flamine-Dial,  voy.  plus  liaut,  n°  216,  ,§  II. 

II.  Ignem  ex  domo  Flaminia  cITerri  non  licebat,  nisi  divinje  roi  gratia.  Fest.  v. 
Ignem. 

III.  Domum  enim  in  qua  Pontifex  babitat  Regia  dicilur,  quod  in  ea  Uex  sacrificulus 
babilarn  ponsupsset,  sicut  Flaminia,  domus  in  qua  Flamen  babilat,  dicebatur.  Serv.  in 
jEueid.  VIII,  v.  565. 

232.  Portique  Palatin.  Situé  à  gauche  de  l'Area  Palatin  [n°  224],  en  re- 
gardant la  maison  d'Auguste.  Nous  conjeclurons  qu'il  fut  bâti  par  ce  prince. 

I.  Nous  ignorons  le  nom  véritable  et  l'origine  de  ce  monument.  Le  nom  que  nous 
lui  donnons,  par  conjerlure,  est  emprunté  au  fragment  suivant  de  l'inscription  d'An- 

cyre:  opkua  fkt.it  nova, porticvs  in  Palatio.  (col.  6.)  Mais  nous  craignons  que  ce 

ne  soit  là  une  bien  faible  autorité  ;  car  le  passage  de  la  sixième  table  dont  nous  venons 
de  citer  qucl(|uos  mois,  n'étant  qu'une  récapitulation  de  ce  qu'Auguste  a  dit  dans  la 
qualriènic  table,  relativement  aux  édifices,  Pnrlicus  pourrait  bien  s'ap()liquer  ici  aux 
porli(|ues  du  temple  d'Apollon  Palatin,  dont  il  a  dit  dans  celte  quatrième  table  :  lein- 
pluniqne  Apoltivis  in  Palalio  cvii  porticibcs...  feci 

II.  Iconographie,  'l'ont  le  plan  de  ce  monument  a  été  retrouvé  parmi  les  ruines  des 
édifices  du  mont  Palaliii.  Voy.  Thon  et  Iîallanti,  il  Palazzo  de'  Cesari,  tav.  1. — Voy. 
aussi  XoUi,  lUon.  X,  Villa  Spada ;  Letarouilly,  ibid. 

233.  Temple  de  la  Fortune  de  chaque  jour,  et  Portique  de  Catulus.  Le 
temple  fut  voué  par  Lntalius  Catulus,  l'an  Go2,  au  moment  où,  avec  Marins, 
il  allait  livrer  bataille  aux  Cimbres.  Sa  forme  était  circulaire.  Il  se  trouvait  en- 


'  Primus  omnium  niortaiium  [Numa]  tcmplum   Fidci  Public»?  crexit,  eique  sacriticia  in- 
stituit.  =  ^  Uomani  sub  Pallaniio  colle,  Febri  tcmplum  et  Aram  cosediticarunt. 


RÉGION  X.  — PALATIN.  155 

clavc  dans  un  Porlique  l)àli  par  Catulus  avec  \c  produit  dos  dôpouilles  des 
Cimhrcs.  Ces  édifices  furent  prubahlemcnt  construits  peu  après  l'an  G52. 

I.  \\od  TO  TTîÇàv  i-J  roÙTO)  Tô)v  jia.f.Sv.r.oj'j  iiT-ç-i  yxOv.Tzsp  Tzélxyoî  àymïi  /.i-.'oiiy.z-Joy.  h- 
zoûOoi.  vfJKX/iSvoî  b  fiJi/.piOi  zàç  x-ip'^-i  '^^''  T^pôç  ràv  ojpcuvb-J  ù.w.'^yw,  r;'j^y.-:o  roïç  O-cTtî 
xarà  èxccrôp-Gr,?.  Hj^c/zo  â's  kv.'i  Kd(T)>o;,  by.olMî  àv«5;/&jv  Tàs  ysipa.?,  xv.OlspcinzfJ  zr,j 
■zùy-rfJ  T/;,  r,'j.spxç  i/.shr,i.  Pliit.  Mar.  26*. 

II.  Vicus  hujusque  diri.  P.  Vict.  de  Hcg.  urb.  Romœ,  X. 

III.  Fuit  et  alius  Pylliagoras  Samius,  iniiio  pictor,  cujus  signa  ad  rcdem  Forlun;^ 
hujusque  dici  septom  nuda,  cl  senis  unum,  laiidala  sunt.  Plin.  XXXIV,  8, 

IV.  Crassus  oralor  fuit  in  primis  nominis  romani:  doinus  ci  magnifiea  :  sedaliquanlo 
prœslantior  in  eodem  Palalio,  Q.  Catuli,  qui  Cimbros  rum  Mario  fudil.  Plin.  XVII,  1. 
—  Voy.  ci-dessous,  n»  234,  g  IV.  Cette  maison  fut  sans  doute  englobée  dans  celle 
d'Auguste. 

V.  Tu,  Q.  Catule,  M.  Fulvii  domum ,  monumentum  tuarum  manubiarum  esse  vo- 

luisti Hoc  si  quis  tibi  aedifiranli  iilam  porticum  diceret,  fore  lempus,  quum  is  tri- 

bunus  plebis,...  luum  monumentum disturbaret,  everteret,    idque  cuni  ejus  civis, 

qui  rempublicam  ex  senatus  aurioiilate  consul  del'cndisset,  domo  conjungcrel:  non  ne 
responderes,  etc.  Cic.  jiro  domo,  h'i. 

A'I.  Flaccl  et  L.  Satnrnini,  seditiosissimorum  civium,  corporibus  trucidalis,  pénates 
ab  imis  fundamentis  cruti  sunt.  Cclerum  Flacciana  area,  quum  diu  penaiibus  vacua 
mansisset,  a  Q.  Calulo  Cimbricis  spoliis  adornata  est.  Y.  Max.  YI,  3.  1. 

VU.  Deinde  consules  Porticum  Catuli  restiluendam  locarunt.  Cic.  ad  Altic.  IV,  2. 
[an.  696.] 

VIII.  Iconographie.  Inter  eas  piscinas  tantummodo  accessus  semita  in  tliolum,  qui 
est  ultra  rotundus  columnatus,  ut  est  in  œde  Catuli,  si  pro  parietibus  feceris  coluranas. 
Varr.  R.  R.  m,  3. 

234.  Maison  de  M.  T.  Cicéron,  puis  de  Censorinus.  A  l'angle  S.-E.  du  mont 
Palatin.  Cicéron  l'avait  acquise  de  P.  Crassus  ;  puis  elle  appartint  successive- 
ment à  Censorinus  qui  fut  consul  en  740,  et  à  Slatilius  Sisenna  consul  en  769. 

I.  Quum  œdificaret  domum  in  Palatio  [Drusus  trib.  plebis],  in  co  loco  ubi  est  quœ 
quondam  Ciceronis,  mox  Censorini,  nunc  Slalilii  Sisennœ  est,  promilteretque  ei  archi- 
tectus  ita  se  eam  œdificaturum,  uti  libéra  a  conspeciu,  immunisque  ab  omnibus  arbitris 
esset,  neque  quisiitiam  in  eam  despiccre  posset  :  etc.  Patebcil.  H,  14.  —  Ceci  prouve 
que  cette  maison  était  bien  où  nous  l'avons  mise,  car  on  se  mettait  à  l'abri  de  tous  les 
regards  en  élevant  de  hauts  murs  au  N.  et  à  l'O.,  sans  rendre  la  maison  moins  agréable, 
puis(iue  l'on  avait  encore  les  faces  de  l'E.  et  du  S.,  c'est-à-dire  celles  vers  le  mont  Cœ- 
lius  et  vers  le  Cirque  Maxime,  d'où  l'on  dominait  partout  sans  être  dominé  par  personne. 

II.  Cum  [Cicero]  emere  vellct  in  Palatio  domum,  et  pecuniam  in  prœsens  non  habe- 
ret,  a  P.  Sylla,  qui  tum  reus  erat,  mutuum  sestertium  vicies  tacite  accepit.  A.  Gell. 
XII,  12.  —  Cicéron  plaida  pour  Sylla  l'an  691  ;  cette  date  donne  celle  de  l'acquisition 
de  sa  maison.  —  «Ego  tua  gratulalione  commolus,  quod  ad  me  pridem  scripseras,  velle 
te  bene  evenire,  quod  de  Crasso  domum  emissem  ;  emi  eam  ipsam  domum  quinquies 
tricies,  aliquanto  post  tuam  gratulationem.  »  Cic.  Ep.  famil.  \,  6,  P.  Sexiio.  an  691. 

III.  Eram  etiam  tuo  judicio  civis  incolumis,  quum  domus  in  Palatio,  villa  in  Tuscu- 
lano,  altéra  ad  alteram  consulcm,  transfercbalur.  Cic.  pro  domo,  24. 

IV.  Domus  mea  illa  prope  tola  vacua  est;vix  pars  iediuni  mearum  décima  ad  Catuli 
Porticum  accessit:  causa  fuit  ambulatio,  et  monumentum,  et  isia  Tanagra>a,  oppressa 
libertate,  libertas.  In  Palatio,  pulclierrimo  prospeclu  porticum  cum  conclavibus  pavi- 
mentatam  trecentum  pedum  concupierat  [Clodius],  ampiissimum  peristylium  ;  cetera 
ejus  modi,  facile  ut  omnium  domos  et  laxilale  et  dignilale  superaret.  .  .  .  Inferiorem 
îedium  partem  assignavit  non  suœ  genti  Fonteise,  sed  Clodiœ,  quam  reliquit.  Cic.  pro 
domo,  44.  —  Ptilchcrrimo  prospeclu  s'accorde  parfaitement  avec  la  situation  de 
l'angle  S.-E.  du  Palatin,  d'où  l'on  voit  au  loin  la  campagne  de  Rome  bornée  par  les 


*  Intérim  barbarorum  [Cimbrorum]  peditatus  instar  vasti  pclajji  agitali  irruchat.  Ibi  laulas 
manus  Slarius  ad  coelum  tollens,  diis  vovit  inimolaturum  se  centum  boves  :  vovit  et  Catulus 
tensis  item  manibus,  Forlunœ  ejus  diei  aedem. 


150  DESCKIl'TiON  DE  UOMi:. 

rolcaux  (le  Tibur  rt  de  Tusculum.  —  Jnferioretn  œdium partem  prouve  que  la  maison 
Olail  sur  le  bord  de  la  monlafine. 
Y.  At  milii  in  l'alalio  resiituia  [est  domus]  Cic.  de  Aruip.  reip.  8. 

VI.  Otxiav  rjh  T/,v  ij.kvo  Trar^c^jav  zCi  v.oùfCt  TTapzyùfyr,';-:',  «J-ô,  ô'  u/.îi  7!zfA  -h  lla/i- 
T(cv,  •j~ïr.  T'j'j  fj.r,  jj.-j:/.i;c/.-j  ^y.ii^'j-jzv.i  ho-y/j.-'i'jOu.irojiOif^aTisjo-jrcr.;  -jrj-.oj.  I'li'T.  ('ic.  8'. 

VII.  Domiim  ipsam  Uiam  vi  cl  rapinis,  Tuneslam  libi  ac  tuls,  comparasti  :...  cpium 
in  ea  domo  liabitares,  homo  flagitiosissime,  qua;  I'.  Crassi,  viri  consularis,  fuil.  Sall. 
Declam.  in  Cic.  2. 

liôiî.  ^Iaison  de  Clodiis.  Auprès  de  celle  de  Cicéron  ;  elle  était  grande  et 
iiiagnilifjiie. 

I.  P.  Clodius,  (luem  iMilo  occidil,  H-S  cenlies  cl  quadragies  orties  domo  empta  liabi- 
taveril:  quod  eqiiiilem  non  secus  ac  rcgum  insaniam,  miror.  Plin.  XXXVI,  15.  —  Voy. 
aussi  ci-dessus  n"  234,  §  IV. 

2.">(>.  Maison  de  Scaurls.  Elle  était  magnifique,  et  se  trouvait  à  l'angle 
N.-E.  du  Palatin. 

I.  11  existe  de  ce  côlé  une  rue  qui,  encore  aujourd'hui,  porte  le  nom  de  Clivus 
Scauri,  ou  de  salita  di  S.  Giovanni  e  Paolo.  [Xolli,  n»  958  ;  Lelarouilly,  rion.  X,  33.] 
Voy.  aussi  Xardini,  lioma  antica,  lib.  III,  c.  7. 

H.  Quo  loco  défendit  quod  tam  magnificam  domum  habel  ....  Demonstrasse 
\obis  mcmini  me  liane  domum  in  ea  parte  Palalii  esse  quœ,  cum  ab  Sacra  via  descen- 
deris,  et  per  proximum  vicum,  qui  est  ab  sinistra  parte,  prodieris,  posita  est.  Possidet 
cam  nunc  I.ongus  (Ja'cina.  qui  consul  fuit  cum  Claudio.  In  hujus  domus  alrio  fucrunt 
quatuor  column»  niarmoreae  insigni  magnitudine,  qu;c  nunc  esse  in  regia  lliealri  Mar- 
celli  diruntur:  usus  erat  iis  fedilis,  ut  ipse  quoque  significat,  in  ornalu  theatri  quod  ad 
tempus  perquani  ampla  magnitudine  magnum  fccerat.  .\sto>".  pro  Scauro.  p.  176. 

III.  Eliamne  lacuerunt  maximas  earum  [coiumnarum]  alque  adeo  duode  quadragenum 
pedum  Lucullei  marmoris  in  atrio  Scauri  collocari?  nec  clam  illud  occulteque  factum 
est.  Salisdari  sibi  damni  infecti  coegit  redemptor  cloacarum,  quum  in  Palalium  extra- 
liercnlur.  Pi.i.n.  XXXVl,  2. 

IV.  Cn.  Oclavio,  qui  primus  ex  illa  familia  consul  factns  est,  honori  fuisse  accepimus, 

t|uod  prœ'claram  œdificasset  in  Palatio,   et  plenam  dignitatis  domum Hanc 

Scaurus  dcmolilus,  accessionem  adjunxit  aedibus.  Cic.  de  Offic.  I,  59. 

237.  Maison  de  Domitius  Calvinis.  Doniitius  Calvinus  ayant  vaincu  les  Cé- 
rélans  peuple  d'Espagne,  obtint  le  tiioniphe  en  7lo,  et  consacra  une  partie 
du  butin  à  rétablir  sa  maison  du  Palatin,  qui  était  fort  belle. 

I.   Tj;/c.jv  T£  T'Jjv  £-tv(/.!(iiv,  zairot  T/j;  iS/j^cia,  T'jj  Kaica/it  TT/îOJTîTXy/J'.EVï); tô,  tî 

yf-'^i'iov  TÔ  ~xf,y.  Twv  ûî/.ïojv  s;  v.j~y.  Û'jiB'os  o't'j'îc^ai,  è/.  //dv&jv  twv  if/iyitxwv  s^aéE,  yv.1 
ÙTî  (jrj-îoi)  Ts  fj.i-j  Ti  èî  Tv;v  sop7Y,v  v.vaMM^s,  -zo  OS  QT,  77/ îTîv  îj  '0  'iy.zù.îLo.' .  Dion.  XLVIII, 
42  *. 

Note  sur  les  «uatre  maisons  précédentes,  n»5  234,  233,  236,  237.  Iconographie. 
Nous  avons  restauré  ces  maisons  d'après  d'autres  édifices  du  même  genre  représentés 
sur  les  fragments  du  Plan  de  marbre  conservé  au  Capitole. 

2Ô8.  Voie  Triomphale.  Nous  donnons  ce  nom  à  la  voie  située  au  bas  du  côlé 
oriental  du  Palatin,  et  par  laquelle  en  sortant  du  Cirque  Maxime,  les  pompes 
Iriompliales  gagnaient  la  voie  Sacrée.  Cette  désignation,  bien  que  conjecturée, 
est  néanmoins  certaine  :  Y  Arc  de  Constantin  élevé  à  l'extrémité  de  cette  voie, 
prouve  que  les  triomphateurs  passaient  par-là,  car  on  ne  construisait  d'arc  de 
triomphe  que  sur  leur  passage;  témoins  encore  VArc  de  Titus  sur  le  point 
culminant  de  la  voie  Sacrée,  et  l'^rc  de  Septime  Sévère  au  bas  de  la  même 
voie,  au  pied  du  mont  Capitolin.  Voy.  aussi  n"  198. 

*  Domum  paternim  concessit  [M.  T.  Cicero]  fr.itri  :  ipse,  ne  esset  dienlibus  suis  molesuim 
lonyius  ire,  juxta  l'alalium  liabicavil.  =  ^  Triuniplius  iyilur  ei  [Domilio  Calviuo]  conressus, 
quanivis  Hispania  Ca>5aris  imperio  subessL't.  .  .  .  Auiiim  autem,  fjuod  in  triumplium  conferri 
ab  urbibus  solet,  a  solis  Hispaoiîe  civitatibus  accepit  :  atque  ejus  aliquam  parlera  in  lriuni[>lii 
apparaium  insuinpbit,  m.ijorem  vcro  in  palalium  reficiendum  [an.  'i'>]- 


RÉGION  XI.  —CIRQUE  MAXIME.  137 


REGION  XL— ClilQUE  MAXIME. 


Cette  région  étroite  et  longue,  est,  en  grande  partie,  remplie  par  le 
Cirque  même  qui  lui  donne  son  nom.  Elle  commence,  vers  le  midi, 
aux  murs  de  la  ville;  s'allonge  dans  la  vallée  entre  le  Palatin  et  l'Aven- 
lin;  s'élargit  à  gauche  entre  le  Tibre  et  TAventin,  jusqu'à  la  porte 
Trigemma  située  près  du  Pont  Sublicius,  et  s'étend  à  droite  jusqu'au 
théâtre  de  Marcellus  [n"  14 i,  IX«  région].  Dans  cette  dernière  partie 
elle  se  trouve  bornée  à  l'O.  par  le  Tibre,  et  à  l'E.  par  la  voie  qui  part 
de  la  porte  Carmentale  ou  Scélérate,  au  pied  du  mont  Capitolin,  et  va 
jomdre  l'angle  septentrional  du  Cirque  Maxime. 

239.  Temple  et  Akea  de  Mercure.  Tout  près  de  la  porte  Capène,  à  droite 
de  la  voie  Appia,  en  entrant  dans  la  ville.  Le  temple  fut  dédié  l'an  259  de 
Rome,  et  du  temps  d'Ovide  il  existait  encore.  Sur  le  devant  était  une  petite 
place  ou  Area,  au  centre  de  laquelle  on  vovait  un  bassin  circulaire. 

I.  Templum  Mercurii.  Sext.  Rif.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 

II.  Ciicus  maximus,  qui  capit  loca  CCCLXXXV  M.  XII  porta». 
Templum  Mercurii.  P.  \ict.  IbiJ. 

III.  Eodem  anno  [239]  œdes  Mercurii  dedicata  est  idibus  Maiis.  ïit.-Liv.  II,  21. 

IV.  Le  poêle  s'adresse  à  Mercure  : 

Templa  tibi  posuere  Patres  spectantia  Ciicum 
Idibus.  Ex  illo  est  li<ec  libi  festa  dies. 


Est  aqua  Mercurii,  portse  vicina  Capenœ. 


Hue  venit  incinctus  tunicas  mercator;  et  urna 
Parus  sufDta,  quam  ferai,  liaurit  aquam. 

Ov.  Fasl.  V,  V.  669,  670,  672,  674,  673. 
^.  Iconographie.  Un  fragment   ci-joint  du  Plan  de  marbre,  sur  le 
quel  on  lit  encore  AHEA   M,  et  où  l'on  reconnaît  l'indication  un  peu 
AR.iPAOM5^3gue  d'un  bassin  circulaire,  nous  a  fourni  le  motif  de  notre  reslau- 
"  ration.  Ce    fragment   est  aussi  gravé    dans  Bellori,  tab.  IX. 

240.  Temple  et  Bois  de  Libitine  ou  Vénus  Liiîitine.  Le  temple  de  Libitine 
avait  été  fondé  par  Numa.  Il  renfermait  les  magasins  des  Libitinaires  ou  entre- 
preneurs des  pompes  funèbres,  et  l'administration  chargée  de  recevoir  les  dé- 
clarations de  décès.  Outre  le  temple  et  ses  dépendances,  il  y  avait  aussi  un 
Bois  consacré  à  la  même  divinité.  Le  temple  et  le  Bois  se  trouvaient  à  l'angle 
S.-E.  du  mont  Palatin,  entre  les  murs  de  la  ville  et  la  voie  Triomphale. 

I.  Yicus  Parcarura. 

Yicus  Veneris.  Sext.  Rif.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 
—  On  ignore  la  position  du  temple  de  Libitine  ;  nous  l'avons  mis  dans  la  XK  Région 
sur  l'indication  des  quartiers  des  Parques  et  de  Vénus  dans  cette  région,  et  en  con- 
jecturant qu'ils  empruntaient  peut-être  leurs  noms  au  voisinage  du  temple  de  Vénus- 
I.ibitine. 

II.  lCT«5iV  055V  ïoil    •JOlJ.l^yC.  y.X7V.^ép-lV   'jTz'-p  ixâsTOU  ZOJi  ~pOTr,/.0-JT'/.;,  îî»  y-'^'''  ~ov 


458  DESCRIPTION  DE  ROME. 

â's -rbv  Tôs  tiffjooiTfn  iv  a/i-t  /.'xOwf^ujxvjO'^,  ^v  T:pot;a.-/opsiiouGi  At6tTiv/;v,  ÛTiè/s  twv 
c<rrc--/£vî//£v6jv.  D.  Haijc.  IV,  15  '. 

111.  Kodcm  die  Yciicri  Icnipla  suiil  consccrala,  allerumad  Circum  Maximum,  alterum 
in  Luco  Libilincnsi.  Test.  v.  liuslica. 

Kf fjoahri.!  sTjxi  ry,v  A.(ftT(v/)v;  ttots/sov  xa'i  toXito  zoïi  you/J.à,  zov  /SactÀEWs,  fùoijr)fr,iJÙ- 

Plut.  Quœst.  rom.  p.  89  2. 

V.  l'cslik'iilia  in  agiis  foiisquc  et  conriliabulis,  el  in  Urbe  tanta  erat,  ul  Libilina 
tunn  vix  sufTiccrel.  Tn.-Liv.  XL,  19  fann.  .ITl]. 

VI.  Ne   libfioium  quidem   luncribus   Libilina  sufDciebal.  TiT.-Liv.   XLI,  21    [an. 

ri78]. 

VII.  Peslilenlia  unius  autumni,  qua  Iriginta  funerum  millia  in  ralionem  Libitinœ  ve- 
nei'unt.  Suet.  Nero.  39. 

VIII.  M.  Cornulo  pifclore  funus  Ilirlii  el  Pansœ  jussu  senatus  locante,  qui  tune  Libi- 
tinam  cxurrebaiit,  quum  rerum  suaium  usuni,  tum  minisierium  suum  graluilum  pclli- 
cili  sunt.  V.  Max.  V,  2.  10  [an.  710]. 

IX.  Aulumnusque  gravis  Libilinse  qucestus  acerbœ. 

HoR.  II,  S.  6,  V.  19. 
—  Est  uulem  Libilina  locus  in  Urbe,  quo  consliluunlur  qui  efferenda  corpora  con- 
ducunt  et  pra;benl  luneribus  necessaria.  Acron.  in  Uor.  loc.  sup.  cil. 

241.  Cirque  Maxime.  Il  occupait  toute  la  vallée  entre  le  moût  Palatin  et  le 
niout  Avenlin.  Sa  longueur  était  de  trois  stades  et  demie  [environ  e.'JO  mètres] 
et  sa  largeur  de  quatre  jugères  [environ  1.30  mètres].  11  avait  la  forme  d'un 
amphilhéàlre  tronqué,  terminé  à  son  extrémité  orientale  par  un  hémicycle  au 
cculre  duquel  s'ouvrait  une  porte  eu  arc  de  Irioniplie,  et  son  extrémité  occi- 
dentale par  une  ligue  de  petits  portiques  au  nombre  de  douze,  servant  de  Car- 
cères  pour  les  chevaux  et  les  chars.  Le  pourtour  du  Cirque,  à  l'exception  du 
côté  occupé  par  les  Carcères  étail  rempli  de  gradins  partagés  en  trois  sections 
sur  leur  liauteur  par  deux  larges  paliers  ou  prccinclions;  ces  gradins  tenaient 
4  50,000  spectateurs. ►Un  portique  en  colonnade  couronnait  l'édifice  derrière 
le  dernier  gradin  supérieur.  Les  gradins  se  trouvaient  séparés  de  l'arène  par 
un  canal  d'eau  vive  ou  euripe,  large  de  2  met.  963.  Une  espèce  de  long  pié- 
destal nommé  l'^p/jie,  partageait  l'arène  en  deux,  dans  le  sens  de  sa  longueur, 
à  peu  près  comme  l'épine  dorsale  partage  le  corps  de  l'homme.  Du  côté  des 
Carcères,  l'Épine,  commençait  au  tiers  de  la  longueur  de  l'arène,  au  moins,  et 
laissait  vers  l'hémicycle  un  espace  deux  fois  moins  considérable.  Elle  ne  suivait 
pas  une  ligne  parallèle  au  monument,  mais  s'inlléchissait  sur  la  gauche  d'une 
manière  très-sensible,  en  s'allongeant  vers  l'hémicycle,  de  sorte  que  ce  côté  de 
l'arène  devenait  plus  d'un  quart  moins  large  que  le  côté  droit  :  c'était  afin  de 
laisser  plus  d'espace  aux  chars  qui,  en  sortant  des  Carcères  tous  ensemble, 
commençaient  toujours  leur  course  par  ce  côté  droit,  vers  lequel  convergeaient 
les  Carcères  disposés  sur  un  arc  de  cercle  dont  la  corde  était  d'équerreà  l'Épine 
et  diagonale  aux  gradins.  De  cette  manière,  tous  les  chars  avaient  une  égale 
distance  à  parcourir  avant  d'entrer  dans  la  lice  proprement  dite  qui  commen- 
çait h  la  hauteur  de  l'Épine.  A  l'autre  extrémité,  la  déviation  de  l'Epine  n'était 
guère  que  d'un  neuvième,  parce  qu'à  cet  endroit  les  chars  avaient  pu  entrer  en 
ligne,  et  que  déjà  d'ailleurs,  une  partie  se  trouvaient  distancés. 

*  Sutuit  [Servius]  quanti  pretii  nummum  pro  singulis  cogn.iti  inferre  deberent  in  aerarium 
llytlrioe,  quam  Iloinaiii  vocant  Junonem  Lucinam,  pro  ils  qui  nascereutur,  et  in  [cErarium] 
Veneris,  quod  in  Luco  est,  quam  Libiiinam  nuncupant,  pro  iis  qui  niorerentur.=  ^  Cu^  quae 
ad  funera  pertinent  in  templo  Libitina™  vendant,  quam  eamdem  esse  cum  Veaere  censeutî 
An  lioc  quoque  unum  est  de  ^'uma^  reyis  sapienter  institutis,  quo  discerent  ab  bis  rébus  non 
abborrere,  neque  pro  piaculis  eas  ducere  î 


RÉGION  XI.— CIRQUE  MAXIME.  459 

On  voyait  sur  l'Épine  dos  statues,  des  colonnes  surmontées  de  statues,  et 
divers  pi'lils  nionuineiils  parmi  lesquels  deux  porti(jues  en  colonnade,  l'un 
supportant  sept  daiqjhins,  l'autre  sept  œufs  qui,  dans  les  courses  de  cliars, 
servaient  à  compter  les  révolutions  accomplies,  car  une  course  se  conqtosait  de 
sept  tours  du  cirque.  Ce  fut  Agrippa  qui,  pour  faciliter  au  peui)le  le  computdes 
révolutions,  établit  ces  petits  portiques,  desquels  on  enlevait  un  dauphin  ou 
un  œuf,  chaque  fois  qu'un  tour  était  accompli.  Au  centre  de  l'Epine  se  dres- 
sait un  Obélisque  haut  de  82  pieds,  et  aux  deux  extrémités,  un  peu  en  avant, 
étaient  trois  bornes,  mctœ,  en  bois,  ayant  la  forme  de  cônes  allongés,  et  placées 
toutes  trois  de  front  sur  un  piédestal  conmnni. 

Dans  les  monuments,  comme  les  cirques  elles  amphitiiéàtres,  où  l'on  donnait 
des  combats  de  gladiateurs,  il  y  avait  deux  portes  spéciales,  l'une  par  laquelle 
se  retiraient  les  combattants  sains  et  saufs,  favorisés  par  les  chances  du  combat, 
ou  bien  que  le  peuple  avait  graciés,  et  l'autre  par  où  étaient  emportés  les  morts 
ou  les  blessés.  La  première  était  appelée  Sana  vivaria,  et  la  seconde  Lihili- 
ncnsis,  de  Libitine,  déesse  des  funérailles.  Nous  croyons  que  la  porte  Sa7ia 
vivaria  était  au  milieu  de  la  partie  en  hémicycle,  et  la  porte  Libilincîisis  au 
centre  des  Carcères. 

Derrière  ces  derniers  édifices  nous  avons  indiqué  deux  cours  avec  des  fonlaincs 
et  des  écuries.  Cette  dépendance  était  indispensable,  parce  <[ue  chaque  fois  que 
l'on  donnait  des  courses  équestres  ou  curules,  on  faisait  courir  au  moins  cent 
chevaux  dans  la  journée. 

Le  Cirque  Maxime  fut  bâti  l'an  138  de  Rome,  par  ïarquin-l' Ancien,  qui  le 
garnit  de  gradins  en  bois.  Divers  censeurs  l'embellirent,  et  César  ainsi  qu'Au- 
guste l'agrandirent  ou  le  restaurèrent.  Néanmoins,  du  temps  d'Auguste  la  pré- 
cinction  supérieure  n'avait  encore  que  des  sièges  de  bois.  Le  véritable  nom  de 
ce  monument  est  Cirque  Maxime,  c'est-à-dire,  le  plus  grand.  II  ne  dut  être 
ainsi  nonuné  qu'après  l'édification  du  Cirque  Flaminius,  exécuté  quatre  siècles 
plus  tard,  et  qui  était  infiniment  moins  grand.  [Yoy.  IX''  Rég.  Cirque  Flami- 
nius. n°  4  63]. 

I.  Hercules  Tiiumphalis. 

Circus  Maximus.  Sext.  Rit.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 

II.  Circum  Maximum  scdificavil  [Tarquinius  Piiscus].  A.  Vict.  de  Vir,  illust.  6. 

III.  Bcllum  primum  cum  Lalinis  gessit  [Tarquinius  Piiscus],  et  oppidum  ibiApiolas 
vi  cepit  ;  prœdaque  inde  majore,  quam  quanta  belli  fama  fuerat,  revecta,  ludos  opu- 
lenlius  inslructiusque  quam  priores  reges  fecit.  Tum  primum  Circo,  qui  nunc  Maximus 
dieitur,  designatus  locus  est  ;  loca  divisa  Patribus  equilibusque  ubi  spectacula  sibi 
quisque  facerent;  fort  appcllati.  TiT.-Liv.  I,  55  [an.  138]. 

IV.  KaTSîZc'Jaic  oï  xczt  tôv  //sytirov  twv  ï-noôçjfjiiM'j  'Y'j.ry/.wioi  ràv  iJ.fzaXii  toô  zs 
AÙîvtÎvou  xa't  Toû  IlaXavT(5L/  y.si/j.sJO'.>,  ti/îmtov  inoGzsyouî  T.spi  aOràv  Trovricoiî  v.oSiopv.^' 

ëfj.ù'ïs  nk  cipa.  o\)v  ypo-Ju  y.où.TO\;T0  To  ëpyo'J  iv  Tolj  TTavu  K'jCko~i^  y.cù 

0'/.ii[j.'j.ozoii  KKza.i/.zw.iiici.zi  T^;  îio^scos  ysv^^îTÔat.  {J-ny.oi  h'vj  -jy.p  zoli  innoopô/jLOu ,  zpiCrj 
/M  Yifj.LsQUi  IstJ  <:zaâio}V  svpoç  os,  zszTà.pu-j  r.ïédpotv  TZipiç,  os  c.-jzoû  Axzy.  zs  zàç  fj.si- 
Çsy,-  Tilsvpi/.i,  xal  xxzà  /jia.v  zôi\i  è'^oczzi-joiv,  s'jptT:oi  sic  bTzo^oxyfJ  ZS%zoi  c,pd>pu/.za.i, 
fiùOoi  zs  xo-l  ■nlàzoi  àsy.y.nouç.  fASzy.  as  tôv  s'jpinov  ùy.o5à ij:r\-nM  azocù  zphzsyoï.  zoû- 
zoi-j  â's  at  p.iv  èn'ntsooi,  It^bot.?  ïy_o\>ni-i,  (Ititisp  h  zoli  Osûzpoiî,  o\ipy  b-^sp'X-js:izfiy.-jia.i 
y.'xfiiopy.i'  vx  à'  UT^spoioi,  ^ulhoni.  (;uyc/.yo-Jza.i  (?'  si;  zb  a.ùzb  vm  auyà.T:zo'ja'iv  oMrî'joi.i;  ui 
fjisH^ou;,  ÙTTÔ  T-^5  i'iùzzovoi,  p.r,yosLOÏi  è)(û{ji:r,ç  zb  ayyj'ju,  aoyx'Xsiijxsvaf  uuzs  /xt'av  èx  twv 
zpiwj  ysvssôat  ozov.v  y.p.'JLOic/.zpov,  ô/.zM  ozacioiv,  îzavïjv  br^ooé'z'x.sOa.i  T:svzsxot.Losy.y.  y.j- 
pià.^y.;  dvôyiwTicov.  Y)  os  /5t7T'/î  zôiv  è\a.zzo-Juv  T:lsupôiv  uïOpiOi  «vct//ô'vv)  ipoùiâ'jizyi  iûnx- 
fstjsii  êyst,  êià. p.LKi  Czix'kriyyoi  ckp-a.  ûàoxi  ùvoiyo/jLS-/</.ç.  eari  os  xoù  Tispl  zbv  iT:~ôopoy.o-j 
é'^oi9s-J  szépoc  QZO'J.  iJ.ov(jozsyoi,  ipya.tjz-fipiy.  syouzx  iv  wjzri,  x-oà  ol/.rianï  iiltïp  a.Jzà.'  oi  yj, 
ehlv  s'hoooizs  xcà  ù-jcii.ëy.^sii  zol;  i~ï  zr^-i  Bi'J.-i  y.fix.-jo'jiJ.i'JOii  ~y.p'  ï/.xozo-)  ipyxozopio-j, 
Stzzs  /j.Yi^'sv  èvoy}.sïo9a.i  zi/.i  zo<zy.iSs  p.'jpiy.ov.i  shioiiax;  zs  /.at  àjio'h'joij.éyv.i.  D.  Halic. 
111,  68  1. 

*  Tarquinius  [Priscus]  etiam  Circum  Maximum   inter  Aveminum  et  Palatinum    collem 


100  DESCRIPTION  DE  ROME. 

—Dans  la  description  pr(^r(-di'nt('<7T5«J  Tyii'îrr/ot  df^signcnt  un  triple  ('-laRe  de  gradins 
cl  non  de  portiques,  car  dans  les  Ihéàtres  et  aniplillliéâlrcs  des  Homains  il  n'y  a\ail 
jamais  de  portitiues  (lue  sur  le  couronnement  de  l'édifice.  Cela  signilie  proprement  (|ue 
les  gradins  étaient  divisés  dans  leur  hauteur  en  trois  précinclions  ou  trois  ceintures 
de  paliers  servant  à  circuler  autour  du  monument. 

La  (in  de  cette  description  a  besoin  d'un  petit  commentaire  pour  être  parrailcmenl 
claire  ;  Dcnys  dit  (jue  le  Cir(|ue  est  entouré  extérieurement  d'un  portique  différent  à  un 
seul  étage.  Je  traduis  hii^u  par  diffèrent  et  non  par  autre,  parce  que  érs/îaTT'SK  est  en 
quelque  sorte  en  opposition  avec  les  iroa't  rfA-^^tyoi  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Il 
paraîtrait  naturel  de  croire  que  le  Cirque  avait  autant  d'étages  de  portiques  que  de  pré- 
cinclions, ainsi  (jue  cela  existe  au  Colysée  et  au  théâtre  de  Marcellus;  il  n'en  était  ce- 
pendant pas  ainsi  :  le  (jr(|ue  n'avait  bien  elTectivemenl  à  l'extérieur  qu'un  seul  étage 
de  porliqucs,  parce  qu'il  s'étendait  jusque  sur  les  deux  croupes  inférieures  du  Palatin 
et  de  l'Aventin,  de  sorte  que  la  pente  du  terrain  lui  faisait  perdre  en  dehors  la  plus 
grande  partie  de  la  hauteur  qu'il  avait  en  dedans;  le  rez-de-chaussée  du  portique  ex- 
térieur se  trouvait  au  niveau  de  la  seconde  précinction,  et  le  portique  qui,  au  som- 
met de  la  troisième  précinction,  couronnait  l'édifice,  répondait,  sur  la  rue,  à  l'étage 
unique  du  portique  du  dehors.  C'est  ici  le  lieu  de  rapporter  ce  que  l'irro  Ligorio  écri- 
vait en  1552  :  «  Le  misure  del  Circo  [iMassimo]  sono  lanlo  confuse  dalle  ruine,  che 
non  se  ne  puo  farc  un  vero  e  certo  giudicio  [délie  anlichild  di  lloma,  etc.  p.  8,  verso). 

V.  Nam  Circum  Maximum,  a  Ca^sare  dictatore  exslructum,  longitudihe  stadiorum 
Irium,  latitudine  unius,  sed  cum  .xilificiis  jugerum  qualernum,  ad  sedem  CCL  millium, 
inter  magna  opéra  dicamus.  I'lin.  \XXVI,  15. 

—  Un  stade  (olympique)  vaut  un  peu  plus  de  185  mètres,  et  trois  stades  valent 
.'')56  métrés.  Quatre  jugères  carrés  valent  1  hectare,  1  are,  14  centiares.  La  mesure 
de  Pline  se  rapporte  à  peu  prés  à  celle  de  Denys  pour  la  longueur  dans  œuvre;  elle 
est  plus  considérable  pour  la  largeur  :  nous  en  dirons  les  motifs  au  paragraphe 
suivant. 

VI.  Circus  maximus,  qui  capit  loca  CCCLXXXV  M.  XII  porta?.  P.  Vict.  de  Rey.  urb. 
Romœ,  XI. 

—  Les  385,000  places  dont  parle  P.  Victor  doivent  s'entendre  du  Cirque  restauré 
par  Trajan  ;  en  effet  ce  monument  fut  rebâti  quatre  fois  depuis  Auguste  :  d'abord  par 
Néron,  qui  l'agrandit  en  supprimant  l'Euripe  (Plin.  VIII,  7);  par  Vespasien,  ensuite, 
ou  plutôt  par  Domitien  (Siet.  Domil,  5)  ;  puis  par  Trajan,  qui  le  fit  plus  grand  encore 
qu'il  n'avait  jamais  été  (Plin.  Paneyyr.  51.  —  Dion.  LXVIll,  7,  apud  Xiphii,.  Traj.)  et 
enfin  par  Antonin-le-Pieux  ou  Antonin-le-Philosophe  (Capit.  Anlo.  Pi.  9).  La  différence 
du  chiffre  des  places,  donné  par  Denys  d'Ilalicarnasse  et  par  Pline,  vient  de  l'agran- 
dissement pratiqué  par  Néron,  et  surtout  par  Vespasien.  Nous  croyons  que  ce  dernier 
empereur  supprima  les  deux  voies  latérales,  au  nord  et  au  midi  du  monument,'et  de  cette 
manière  augmenta  beaucoup  le  nombre  des  places.  Néanmoins,  le  chiffre  de  583,000 
nous  paraît  exagéré. 


situm,  adornavit,  struclis  primum  operlis  circumquaquesedilibus Hoc  autem  opus  lem- 

poris  progressu  inter  pulcherrima  et  maxime  adniirauda  toiius  Urbis  opéra  aDnumeranduiii 
erat.  Lon[;iludo  enim  Circi  est  triuni  stadiorum  cum  dimidio;  latitiido  vero  quatuor  jupe- 
rum  ;  et  a  duobus  majoiibus  lateribus  et  uno  minore  cinyitur  Euripo,  qui  aquarum  recipion- 
darum  gralia  faclus  est,  profunditate  et  latitudine  decempedali.  Post  Euripum  porticus  sont 
triplii'i  conli^jnalione  exstrncta?.  Ex  bis  autem  ea;  quae  sunt  ima»  liabent,  ut  in  tliealris, 
sedilia  lapidea  pariiin  supra  terram  eminentia;  at  quœ  sunt  supernse,  liabent  lignea.  Coiitra- 
huntur  autem  in  uiium,  et  du3e  majores  a  minori  conjun(;untur,  et  fij;ura  lunari  clauduiiliir: 
ita  ut  ex  tril)us  uiia  tanriim  porticus  ampliitheatrali  forma  orto  stadiorum  amplitiidine  fiul, 
quas  capcre  potest  bominiim  niillla  CL.  Ueliquuiii  autem  e  minoribus  latus,  quod  est  sulidiule, 
babet  fornicatos  carceres,  unde  equi  emittuntur,  qui  omnes  simul  uno  repayulo  nperiunlur  *. 
Kxlrinsecus  vero  est  altéra  porticus  unius  conlignationis,  qua;  ciicumdabit  et  lal)ernas  con- 
tinet,  et  supra  eas  a-dificia;  qua"  palet  adiius  et  adscensus  ad  sinyulos  officinas,  iis  qui  spec- 
taiidi  causa  eo  veniunt,  ita  ut  iiuUa  confusio  oriatur  inter  tôt  homiiium  niillia  venienlia  et 
discedeutia. 

•  Denjs  dit  :  Li(jn)-/iy/5î  qui  signifie  corde  fermnnl  la  carrière,  corde  qui  retient  ladêlen'r 
d'un  piège  on  d'une  trnppe  :  rcpngiiltitn  n'a  pas  rc  sens. 


RÉGION  XI. —CIRQUE  MAXIME.  ICI 

VII.  &-:oirp6v  rt  xuvY)ysTuhv  Upiù)'3Xi,  è  y.-A  c!:/j.fi$éciTpov,  èx  roû  Ttipi^  itoi.vBot.yàl)ti 
Ëo/saî  aveu  ox/jv^,-  ëyjt-j,  ■npo'^sppiOr,.  DioN.  XLllI,  22  •.  —  11  s'agit  ici  de  la  roslaurâtioii 
du  Cirque  Maxime. 

VIII.  Initium  in  ea  parte  Circi  orlum  quae  Palatino  Cœlioque  montibus  ronligua  est. 
l'bi  par  labernas,  quibus  id  mercimonium  erat  quo  llamma  alitur,  simul  rœptus  ignis 
et  statim  validus,  ac  vento  citus,  longiludinem  Circi  corripuit.  Tac.  Ann.  XV    58. 

IX.  Iconographie.  Avanzo  circolare  de'  cunei,  i  quali  reggevano  i  sedili  di  marmo 
del  medesimo  Circo  [MassimoJ.  Questo  rimane  suila  slrada  de'  Cerchi  confinante  col 
muro  deir  orlo  di  S.  Caterina  da  Siena  [Noiii,  n"  130;  Lelarouiily,  rion.  I,  27],  e  pre- 
cisamente  dirempetto  ai  molini.  —  Altro  avanzo  circolare  de'  detti  cunei  e  opposlo  al 
predetto,  e  queslo  rimane  nella  vigna  dielro  agli  slessi  molini.  Piranesi,  le  Anlichilà 
Romane,  t.  1,  p.  22,  n«s  180,  181,  et  tav.  II,  mêmes  numéros. 

X.  Li  nostri,  antichi  moderni  misero  nome  al  detlo  Cerchio  [Massimo],  alli  tci- 
volenti^  perché  vi  erano  ancora  delli  scalini,  dovoscendevano  li  risguardanti  ;  che  sci- 

,  -^^^,,  'volenie  alla  romananesca 

referisce    scalino.     Flam. 
Vacca,  Memorie,  n"  6.   — 
Credo  che  la  strada  altuale 
sotto  al    Palatino  corra  in 
parte    curva  del  Circo    di 
cui  si  vedono  ancora   gli 
avanzi  \icino  al  mulino  ;  e 
dair  altezza  dall'  arena  ri- 
dotta  a  orti  fino  alla  slrada, 
nel   sito  più   alto  verso  il 
mezzo  corre  probabilmen- 
te  sopra  la  prima  loggia  dei 
portici.  C.  Fea,  Miscell.  t. 
1,  note  sur  le  passage  pré- 
cédent.— Il  ne  reste  plus  au- 
jourd'hui du  Cirque  Maxime 
que    cinq  ou  six   arcades 
au  pied  du  Palatin,  et  au- 
tant, avec  quelque  pan  de 
mur  circulaire,  vers  la  via 
S.    Gregorio.  Voy.   Thon, 
Palazzo  de'  Cesari,  tav.  I. 
XI.  Les    fragments   ci- 
contre  du  Plan  de  marbre 
nous  font  connaître   une  partie  du   Cirque 
Maxime.  On  voit  au  milieu  un  reste  d'inscrip- 
tion C  AX,  qui  appartenait  évidemment  à  la 
légende    Circus  Maximns.    Ces  fragments 
sont  aussi  gravés  dansBellori.  tab.  XIX. 

La  figure  ci-contre,  revers  d'une  médaille 
contorniate  d'Auguste,  représente  le  Cirque 
Maxime.  Bien  que  dessinée  avec  toute  la  li- 
berté que  prenaient  les  graveurs  de  mé- 
dailles, on  y  reconnaît  néanmoins  les  prin- 
cipales parties  du  Cirque,  les  tours,  les  gra- 
dins, les  portiques  au  sommet  des  gradins, 
l'c/jîneetles  meto. Tirée  de  Morell.  Numism. 
XII,  imp.  Kom.,  Aug.  num.  lab.  XXIlI,n"12. 
XII.  Euripe.  Sur  sa  position  et  ses  pro- 
portions, voy.  ci-dessus,  §  IV.  Ce  fut  J.  Cé- 
sar qui  l'établit,  parce  que  dans  un  combat 
contre  des  éléphants,  donné  dans  ce  Cirque, 


•    j'Edificato  theatro  ex  tahulatis,  ad  venaliones  apto,   quod  quia  undequaque  liabet  seJes, 
scenaqiie  caret,  aniplihUeatrum  noniinaium  est  [an.  708J. 


U 


468  DESCRIPTION  DE  ROME. 

à  la  dédicace  du  théâtre  do  Pompée,  ces  animaus  épouvantés,  tentèrent  deTorcerles 
barrières  qui  les  séparaient  des  spectateurs  :  —  qua  de  causa  Cassar  dictator,  postea 
siniile  speclaculum  edilurus,  Euripis  arenam  rirrumdedil.  I'li.n.  Vlil,  7. 

XIII.  Parle  du  Cirque.  Dehinc,  diruto  Circi  Maximi  Arcu,  per  Velabrum  Forumque, 
Palalinum  et  Apoilint-m  peliit.  Slf.t.  AVro.  25.  —  Néron  arrive  de  Naples  par  la  voie 
Appienne  ;  il  s'agit  donc  ici  de  l'Arc  qui  formait  l'entrée  du  (Cirque  du  c6té  de  l'orient. 
Cet  Arc  est  très-rcconnaissable  sur  les  fragments  du  Plan  de  marbre,  et  sur  la  mé- 
daille que  nous  avons  donnés  ci-dessus,  g  XI.  Il  fat  peut-être  construit  l'an  556.  Voy. 
plus  haut,  n»  96,  §  IX. 

XIV.  Cum  in  gladiaioris  occisi  vulnus  manum  misisset,  ad  capul  sibi  detersit:  contra 

consueludincm  pcnulalos  jussit  speclatores  non  togatos  ad  munus  convenire 

ipse  in  pullis  veslimcnlis  praesidens  galea  ejus  bis  per  portam  Libilinensem  elata  est. 
Lampbid.   Comnwd.  16. 

XV.  Carceres.  In  Circo  primo  unde  mittuntur  equi,  nunc  dicuntur  carceres,  Nœvius 
oppidum  appcllat.  Carceres  dicli,  quod  coercenlur  equi,  ne  inde  exeant  anlequamma- 
gistratus  signum  niisit.  Quod  ad  mûri  speciem  pennisturribusque  carceres  olim  fueruni, 
scripsit  pocta  ; 

Diclator 
Ubi  currum  insidit,  pervuliilur  usque  ad  oppidum. 

Varr.  L.  L.  V,  §  155. 

XVI.  Carceres  eo  anno  [426]  in  Circo  primum  slaluti.  Tit.-Liv.  VIII,  20. 

XVII.  Censores  eo  anno  [578]  creati  Q.  Fulvius  Flaccus  et  A.  Postumius  Albinus, 
....  locaverunt.  .  .  et  Carceres  in  Circo,  et  Ova  ad  iMetas  curriculis  numerandis,  et 
[rAe]dam,  et  metas  trans[t7u«],  et  caveas  ferreas  pe[r  quas]  intromillerentur  [ferœ]. 
ÏIT.-Liv.  XLl,  27». 

XVIU.  Circo  vero  Maxime,  marmorcis  Carceribus,  auratisque  Métis,  quae  utraque  et 
tophina  ac  lignea  antea  fuerant,  exculto,  propria  senatoribus  constituit  loca  [Claudius], 
promiscue  speclare  solilis.  Slet.  Claud.  21. 

XIX.  Iconographie.  La  disposition  des  Carceres  représentée  sur  notre  plan,  est  em- 
pruntée au  Cirque  de  Caracalla.  Voy.  Guattani  Monumenti  inediti  per  Vanno  1789, 
gennaro  e  februaro,  tav.  I,  et  p.  2  elsqq.  ;  A.  Fea  et  Angelini,  Monumenti  piii  insi- 
gni  del  Lazio,  I,  via  Appia,  p.  14,  et  tav.  V,  VI.  C'était  la  disposition  des  carceres  de 
tous  les  cirques,  car  la  course  commençait  toujours  par  le  côté  droit  de  ï Epine:  aussi  à 
cause  de  cela  on  appelait  dexlralio  une  course  de  chars  attelés.  Voy.  plus  haut  n»  50, 
§  111.  —  La  construction  était  en  pierre  appelée  tuf. 

XX.  Au  cirque  de  Uomulus  [plus  connu  sous  le  nom  de  cirque  de  Caracalla]  les  car- 
ceres sont  vers  l'occident  ;  c'en  était  de  même  dans  le  grand  Cirque,  et  dans  celui  de 
Salluste.  NiBBY,  Itinéraire  de  Rome,  t.  II,  p.  91. 

XXI.  Melœ.  Adfuit  huic  turbee,  metas  imitata  cupressus. 

Ov.  Metam.  X,  v.  106. 
—  Sur  la  matière  des  melw,  voy.  ci-dessus  §  XVllI. 

XXII.  Sur  la  forme  des  metoet  sur  les  Petits  portiques  de  VEpine  a\ec\e\iTS  dauphins 
et  leurs  œufs,  voy.  un  bas-relief  des  thermes  d'Agrippa,  gravé  dans  le  Thesaur.  antiq. 
rom.  de  Grœvius,  t.  IX,  pi.  96  et  185. 

XXllI.II  se  trouvait  entre  les  Melœ  et  VEpine  un  espace  de  4  mètres  445.  Il  y  avait 
vers  les  Carceres,  à  l  mètre  en  avant  des  Melœ,  un  trou  carré  dans  la  maçonnerie  pour 
recevoir  un  poteau  auquel  s'attachait  une  chaîne  qui,  se  reliant  au  podium,  fermait 
l'arène  tant  que  le  signal  des  jeux  n'avait  pas  été  donné.  Voy.  A.  Fea  et  Angelini, 
Monumenti  piii  insigni  del  Lazio,  tav.  V,  VI,  VII. 

XXIV.  Epine.  Le  sol  du  Cirque  Maxime  se  trouvant  relevé  de  plus  de  7  mètres  [Voy. 
ci-dessous,  §  XL],  VEpine  de  ce  monument  n'a  pas  encore  été  découverte.  Nous 
avons  pris  pour  modèle  celle  du  cirque  de  Caracalla.  Elle  était  à  166  mètres  71  cen- 
timètres des  carceres  (le  tiers  de  la  longueur  totale  du  Cirque,  à  très-peu  prés),  et  à 
12  mètres  65  centimètres  de  l'autre  extrémité.  Elle  avait  5  mètres  de  haut,  6  mètres 
525  millimètres  de  large,  et  se  trouvait  coupée  par  trois  passages,  dont  deux  avaient 
environ  1  mètre  80  centimètres,  et  le  troisième,  2  mètres  50  centimètres.  La  dévia- 


*  Les  parties  en  italiques,  entre  crochets,  sont  des  restitutions  proposées  par  Marcellus  Do- 
natus,  seul  philologue  qui  se  soit  occupé  de  remplir  les  lacunes  de  ce  passage  très-mutilé  de 
Tite-Live. 


RÉGION  XI.  — CIRQUE  MAXIME.  dG5 

lion  de  l'Epine  s'efTecluait  dans  les  proportions  suivantes:  partie  à  droite,  en  venant 
desCarcères,  largeur  de  l'arène,  iU  mètres  35  eentinuHres;  partie  à  gauehe,  33  mètres 
87  centimètres.  Côté  de  riiémicyeie,  partie  à  droite,  40  mètres  20  centimètres  ;  partie 
à  gauche,  33  mètres  87  ccnlimètres.  Voyez  A.  Fka  et  Angelim,  Monumenli  più  in- 
signi  del  Lazio,  via  Appia,{a\.  V,  VI,  Vil.  —La  mosaïque  découverte  à  Lyon  en  1816, 
indique  aussi  des  passages  dans  VEpine. 

XXV.  Petits  portiques  pour  les  Dauphins  et  pour  les  OEufs.  Kàv  tw  Innoâcô/jM 
caoùlo/j.s-^oiii  Toiiç  àyOpomouç.  nspi  rbv  twj  âw.ù'koyj  ùpiOiJ.o-j  opw,  roui  rs  âùfiva.;  xat 
Ta  dto-iâ-?i  i-/)/j.tovpYn/J.o'.Ta.  xaTsaTïiiscra,  ôttco;  âi  «.ùzCiv  ci  Tispioâoi  twv  TiîpiipàiJ.oyv  ùmv.- 
é'stxvùwvTaj.  Dion.  XLIX,  45  i. 

XXVI.  Juvénal  parlant  d'une  consultation  de  devins  dans  le  Cirque  Maxime,  dit  : 

Consulil  anle  Phalas,  delphinorumque  columnas. 
Juv.  S.  6,  V.  588. 

XXVII.  Sur  les  deux  petits  portiques  tétrastyles  de  VEpine,  l'un  chargé  de  7  œufs  beau- 
coup plus  gros  que  nature,  l'autre  de  7  dauphins  la  queue  en  l'air,  voyez  Musen  Pio- 
Clemenlino,  t.  V,  tav.  58,  39,  45  ;  —  Guattani,  Monumenli  inedili  per  l'anno  1785, 
ottobre,  tav.  lU;—Museo  Capilolino,  t.  IV,  tav.  48.  Voy.  aussi  plus  haut  §  XXII.—  Au 
cirque  de  Uomulus  [ou  de  Caracalla]  on  voit  sur  VEpine  les  piédestaux  qui  soutenaient 
les  deux  colonnes  en  marbre  gris,  lesquellesportaient,  sur  un  architrave,  sept  dauphins. 
NiBBv,  Itinèr.  de  Rome,  t.  11,  p.  95. 

XXVIII.  Temples,  Statues,  Colonnes.  Atrox  cum  venio  tempestas  coorta,  multis  sa- 

cris  profanisque  locis  stragem  fecit  :  signa  in  Circo  Maximo,  cum  columnis,  qui- 

bus  superslabant,  evertit.  Tit.-Liv.  XL,  2. 

XXIX.  Tum  dona  et  grates  deis  decernuntur,  propriusque  honos  Soli,  cui  est  vêtus 
ïedes  apud  Circum.  Tac  Ann.  XV,  74. 

XXX.  Circus  Soli  principaliter  consecratur  :  cujus  œdes  medio  spatio,  et  effigies  de 
fastigio  œdis  emicat.  Tertull.  de  Spect.  8. 

XXXI.  Hos  enim  deos  tune  maxime  noverunt  :  Sejamque  a  serendo,  Segestam  a  se- 
getibus  appellabant  :  quarum  simulacra  in  Circo  videmus.  Plin.  XVIII,  2. 

XXXII.  Kat  Tcûp  aVku.  Tî  oj/.  b\i-/x,  xal  aSj-zoïi  zolt  L7rnoâfo/J.oij  no'j.i),  zô,  rs  \rifArirptov 
xa:  sTspov  vaàv  E'y.nicoi  ë-fOstpsv.  Dion.  L,  10  -. 

XXXIII.  PvLviNAR  AD  ciRCVM  MAXiMVM. .'...  FECi.  LAP.  ANCYR.  —  Peut-être  est-ce  une 
partie  de  VEpine  où  l'on  plaçait  les  statues  des  dieux  pendant  les  jeux. 

XXXIV.  Singula  ornamenta  Circi,  singula  templa  sunt Sessias  a  sementationibus, 

Messias  a  messibus,  Tutelinas  a  tutela  fructuum,  sustinent.  Ante  bas  très  arae  trinis 
diis  parent.  Tertull.  de  Spect.  8. 

XXXV.  Temple  de  Vénus-Murcia.  Intumus  Circus  ad  Murciam  vocatur...  Alii  dicunt 
a  murteto  declinatum,  quod  ibi  id  fueril:  quoius  vestigiuni  manet,  quod  ibi  sacellum 
etiam  nunc  Murtae  Veneris.  Varr.  L.  L,  V,  §  154. 

XXXVI.  ^desMurciae. 

JEdes  Consi  subterranea.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 

XXXVII.  Quin  et  Ara  velus  fuit  Veneri  Myrteœ,  quam  nunc  Murciam  voeant.  Plin. 
XV,  9. 

XXXVIII.  Ancus  Romam  redit,  tum  quoque  multis  millibus  Latinornm  in  civitatem 
acceplis;  quibus  ut  jungerelur  Palatio  Aventinum,  adMurciae  datse  sedes  [an.  114-121]. 
Tit.-Liv.  1,  35. 

XXXIX.  Sellae  curulis  locus  in  Circo  datus  est  Valerio  dictatori,  posterisque  ejus 
honoris  causa,  ut  proxime  sacellum  Murciee  spectarent,  unde  aspiciebant  spectacula 
magistratus.  Fest.  v.  Sellœ. 

XL.  Le  sol  de  la  vallée  du  Cirque  a,  comme  celui  de  toutes  les  vallées  de  Rome,  été 
considérablement  relevé;  en  1587,  lorsqu'on  chercha  l'obélisque  d'Auguste  et  celui  de 
Constantin,  qui  décoraient  jadis  VEpine,  on  ne  les  trouva,  couchés  à  terre,  qu'à  vingt- 
quatre  pieds  romains  modernes  [7  mètres.  128  millim.]  de  profondeur.  Voy.  Mercati, 
degli  Obelischi  di  Roma,  c.  42. 

XLI.  Obélisque.  Sur  l'origine,  les  proportions  et  l'érection  de  cet  Obélisque  élevé  par 


*  In  Circo  quum  videret  [Agrippa  sedilis]  errare  homines  circa  cursurrm  Dumerum,  delplii- 
nas  et  ovata  opéra  posuit,  quibus  cursuiim  conversiones  notarentur  [311.720]  =*  Ignis 
cum  alla  multa,  tum  magnara  ipsius  Circi  partem,  templumque  Cererib  et  aliud  Spei  ab- 
sumpsit.  [an.  73»]. 


464  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Auguste,  voy.  plus  haut  n»  194,  g  111.  —  L'Obc^lisquc  «lu  Cirque  Maxime  a  110  palmes 
d'élévation  et  son  piédestal,  15  palmes.  L'un  cl  l'autre  sont  en  granit  rose.  Voy. 
Sti-art,  Dell'  Obeliêco  di  Cesare  Augutto  ;  — Mercati,  degli  obelitchi  di  Rnma,  c.  9. 

XL  II.  Nel  meiio  délia  cinla  del  Cercliio,  per  la  parle  superiore  del  piedestallo  fosse  fatlo 
un  poggeilo  alto  ire  piedi  e  mezzo,  e  ristretlo  seconde  la  largliezza  del  troneo,  rhe 
sosteneva  di  granilo  rosso.  E  alto  detlo  ironeo  piedi  dodici,  e  dodiri  minuti,  e  haveva 
sopra  di  se  per  ciascun  canlone  qualtro  astragali  di  bronzo,  aiti  un  piede.  che  sosle- 
nevano  il  fuslo,  ovvero  raggio  dell'  obelisco,  spiccato  dal  deito  tronro.  Mercati, 
Ibid.'c.  23. 

XLUI.  Autel  de  Comut.  11  était  entre  VEpine  el  les  Melœ  ou  bornes,  du  côté  de» 
Carcéres.—  El  nunc  Ara  Conso  illi  in  Circo  defossa  est  ad  primas  Mêlas,  sub  terra,  cum 
inscriptione  hujusmodi  :  Comut  consilio,  Mar$  duello.  Lares  coillo  polenlet.  Sacri- 
ficant  apud  eam  nonis  Juliis  sacerdotes  publici,  XII  kalend.  Septembres  llamen  Quiri- 
nalis  et  virgines.  Tertcll.  de  Spect.  5.  —  Voy.  ci-dessus  g  XXXVI,  et  plus  haut,  n"  7 

glll- 

XLIV.  Consualia  dicta  ab  Conso,  quod  tum  feriae  publicae  el  dei,  et  in  Circo  ad  Aram 
cjus  ab  sacerdotibus  ludi  illi  quibus  virgines  sabinee  raptœ.  Varr.  L.  L.  VI,  g  20. 

XLV.  Kai  yù.o  o  /3w,a5;  Iv  tw  //st'Çîvt  twv  i'Krcoofii.'J'^'''  c^riv  àpacvj;;  tÔv  6c'/J.ov  xpô-^ov, 
iv  0-  zoïi  l~Tci/.oli  «yiîtv  (/.■jci/.a.luTzro/j.SJO-;.  Plut.  Romul.  141. 

XLVI.  Devant  le  Cirque,  du  côté  det  carcéres  :  Statues  d'Apollon  et  de  Flami- 
nius.  Ov  oï  7ra/i«êà//5/*£v  aJTw  Tiroç  Kotvrnç  "tOau.JvIvsî,  ioixv  /jlï.!  bjzoloi  ■?,■',  T.v.fizzti 

A'TTi/Àwva  TÔV  ax  Yi.xfiyr,iô-Joi,  à:m*.p\j  foû  'nîr^oopà//.ou.  Plut.  Q.  Flamin.  1  *. 

242.  Sacrarium  et  Bois  de  Saturne.  Au  pied  du  mont  Aventin,  vers  l'extré- 
mité occidentale  du  Cirque  Maxime. 

1.  Sextus  Rufus  parle  seul  de  ce  Sacrarium  el  de  ce  Bois  qu'il  indique  dans  la 
XI^  Région.  L'édification  du  Sacrarium  remontait  sans  doute  fort  loin,  car  originaire- 
ment le  mont  Aveiitin  était  couvert  de  bois  consacrés  à  diverses  divinités.  —  Sacrarium 
Salurni  cumLuco.  Sext.  Rif.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 

243.  Temple  de  Venus.  Entre  le  pied  de  l'Aventin  et  le  Cirque  Maxime,  du 
côté  des  Carcéres.  Il  fut  bâti  l'an  457,  par  Fabius  Gurgès. 

I.  /Edis  Veneris,  opus  Fabii  Gurgitis.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 

II.  Eo  anno  [457]  Q.  Fabius  Gurpes,  consulis  filius,  aliquol  matronas  ad  populum 
stupri  damnatas  pecunia  mulclavit;  ex  quo  muictatitio  aère  Veneris  aedem,  quae  prope 
Circum  est,  faciendara  curavil.  Tii.-Liv.  X,  31. 

m.   Ruslica  Vinalia  appellantur  mense  Augusto  Xlll  kal.  Sept Eodem  autem  die 

Veneri  templa  sunt  conscciala,  alterum  ad  Circum  Maximum,  allerum  in  Lueo  Libiti- 
nensi.  Fest.  v.  Ruslica. 

IV.  Veneri  ad  circvm  M.\xi.Mva.  ORELLI,  Inscript,  lai.  t.  H,  p.  396. 

244.  Temple  d'Hercule  Pompéien.  Au  pied  de  l'Aventin,  vers  les  Carcéres  du 
Cirque  Maxime.  11  paraît  avoir  été  bâti  par  Pompée. 

I.  iCdis  Pompeii.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XL 

II.  In  arœostylis  autem  nec  lapideis,  nec  marmoreis  epistyliis  datur,  sed  imponendae 
de  materia  trabes  perpétuée  :  et  ipsarum  aedium  species  sunl  barycae,  barycephalae,  hu- 
miles,  latae,  ornantque  signis  fictilibus  aul  aereis  inauraiis  earuro  fastigia  tuscanico 
more;  uti  est  ad  Circum  Maximum  Cereris  el  Herculis  Pompeiani,  iiem  Capitolii.  Vi- 
TRUv.  m,  2. 

24o.  Caverne  de  Cacus  et  Autel  de  Jupiter-Inventeur.  La  Caverne  de  Carus 
se  trouvait  au  bas  de  l'Aventin,  vers  le  Tibre,  en  face  du  Pont  jEmilius,  oi-de- 


*  Ar.»  [Consi]  enini  in  Circo  Maximo  est,  alias  operta,  ludis  circensibus  aperitur.  i=  *  Huic 
cjiiem  opponimus,  T.  Quiutii  Flaminii  faciem,  si  quaeras,  videas  licet  ex  Statua  aerea,  «juae 
posita  Roma>  est  juxia  magnum  Apolliuem  CartUagine  advecium,  contra  Circum  Maximum. 


RÉGION  XI.— CIRQUE  MAXIME.  1G5 

vant  Sublicius,  et  près  de  la  porte  Trigemina.  C'était  tout  simplement  un  lieH 
renfoncé,  mais  à  ciel  ouvert.  V Autel  de  Jupiter-Invetiteur  s''é\*ivn\l  devant. 

I.  Denys  d'Halicarnasse  apri^s  avoir  raconté  l'aventure  de  Cacus  tué  par  Hercule 
dans  son  antre,  ajoute  :  E'mi^yj  y.y./.oùpycyj  'uno^oy/Ai  suOstov  éo'tf^x  t'o  yiipiov,  tTri/.'x- 
zxcxÙTiTsi  Tri  xa),aù/;o7T{  TÔ  77T»)Xa(îv.  ct.yji'jy.i  rJï  ■zGi  TZOTX/J-ôi  tov  pévov,  topiisrxi  Trï/jaiov 
Tîû  TOTTOu  Atàî  Ui/ps'jiou  /3e.)//dv,  Oi  è^Tl  t/jj  Po'i/jLyji  Ticcpù  x/j  TpLéùy.oi  —ùï-/i'  noù  diist  zôt 
6sSi  âùfioCyi-j  ë-jcc,  T^î  sijpéssùiî  tG>v  /Suôiv  yaptazvipKiv.  raiJTïjv  é'zl  /.cà  sU  èy.i  t»jv  6uiiy.v  yj 
Pu/jLxiùiv  TToXtî  ai;v£Tï>£(,  vofjii/jLOis  éXÀrjvt/tsJî  xnxatv  èv  xJT?i  xpoùixévri,  /.udùnsp  i/.elvoi 
xaT£5T/î7aTo.  D.  Hauc.  I,  391. 

II.  Jam  primum  saxis  suspensam  hanc  adspice  rupem  : 
Disjeclae  procul  ut  moles,  desertaque  monlis 

Slat  domus,  et  scopuii  ingentem  traxere  ruinam. 
Hic  Spelunca  fuit,  vasto  submola  recessu, 
Semihominis  Caci,  etc.  Virg.  Mneid.  VIII,  v.  190-19*. 

—  Il  est  très-probable  qu'en  décrivant  ainsi  les  ruines  de  la  Caverne  de  Cacus,  Vir- 
gile peignait  ce  qu'il  avait  sous  les  yeux,  représentait  les  lieux  tels  qu'ils  étaient  de  son 
temps. 

III.  Cacus  babitavit  iocum   oui   Salinœ   nomen  est,  ubi  Trigemina  nunc   porta. 

SOLIN.   2. 

246.  Porte  Trigemina  et  Salines.  La  porte  Trigemina  s'ouvrait  au  bas  de 
l'Aventin,  sur  la  voie  qui  passe  entre  la  montagne  et  la  rive  gauche  du  Tibre. 
Ce  lieu  était  appelé  les  Salines. 

I.  Salinae. 

Porta  Trigemina.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  RorncBy  XI. 

II.  i£dis  Portumni  ad  pontem  ^milii,  olim  Sublici. 
Porta  Trigemina. 

Salinse.  P.  Vict.  Ibid.  —  Voy.  ci-dessus  n°  245,  §  111. 

III.  Porticum  unam  extra  portam  Trigeminam,  emporio  ad  Tiberim  adjcclo.  . .  per- 
duxerunt.  Tit.-Liv.  XXXIX,  10. 

IV.  Incipit  dislribui  Appia  sub  Publicii  Clivo  ad  porlam  Trigeminam,  qui  iocus  appel- 
latur  Salinœ.  Front.  Aquœd.  5. 

V.  Sur  la  position  de  la  porte  Trigemina  au  bas  de  l'Aventin,  voy.  plus  haut,  iv  97. 
§  III. 

VI. Solo  aequata  omnia  inter  Salinas  ac  portam  Carmentalem,  cum  ^quimelio  Juga- 
rioque  vico.  Tit.-Liv.  XXIV,  47. 

Vil.  Porta  Tergemina  antiquissima  ex  opère  lateritio  adhuc  hodie  fere  intégra  vide- 
lur  ad  Aventini  radiées,  propeTyberim.BoissARD.  ro/?og'ra|)A.iîo»ja',primus  dies,  p.29. 
in-f",  Uome,  1597. 

247.  Temple  d'Hercule  vainqueur.  Auprès  de  la  porte  Trigemina,  et  bâti 
par  Munimius,  après  la  ruine  de  Corinthe,  l'an  606. 

I.  Sur  la  position  de  ce  temple,  voy.  plus  haut,  n"*  107,  §  1  ;  108,  §  IV. 

II.  L.MVMMI.L.F.COS.DVCIT 

AVSPICIO.IMPERIOQVE 

EIVS.ACHAIA.CAPT.CORINTHO. 

DELETO.ROMAM.REDIERIT. 

trivmphans.or.hasce 
res.bene.gestas.qvod 

in.bello.voverat 
hanc.aedem.et.signvm 


1  Va,  quia  lociiin  iiliiin  vaklc  commodiim  l.ilrommi  rece|)laculum  viJpbat  esse  [llciciilc>J, 
Spcluiicam  siio  i)Cile  diiiiil;  f|iiuiiique  cpilein  a(]ua  lluiiiinis  expiasse!,  prope  Iocum  cum  Arain 
Jovi  Invcnlori  slatiiit,  i|u;e  Itoniac  est  ad  porlam  Tiiyemiuam  :  iitqiie  deo  (jralias  at;ciel  oI> 
invciUa-s  bovcs,  juvciiciim  iiiium  ci  maclavil.  Hoc  sariKicimn  vel  iisqiie  ad  meam  alatcm  po- 
jiulus  l'cinaiius  fuciebat,  et  in  coyraccos  omnes  rilus  obscrvabat,  proul  ille  inslilueral. 


1Ç6  DESCRIPTION  DE  ROME. 

!IF.Itf:iLIS.VlCTOIlIS 
IMl'EUATOn.DEDICAT. 

MARINI,  Atii  e  nionumenlidegli  Arvali,  t.  I,  p.  50. 

248.  Temple  de  Flore.  Les  édiles  Lucius  et  Marcus  Publicius  avaient  fait 
bâtir  ce  lemple  vers  l'an  ol  3.  Auguste  le  réédifia,  et  Tibère  le  dédia  l'an  770. 
Il  était  au  bas  du  (".livus  Publicius,  au  pied  de  l'Aventin. 

I.  lisdcm  temporibus  [an.  770;  dcum  aedes  velustale  aut  igni  abolilas,  cœplasquc  ab 
AuRusto,  dciliravii  [Tibeiius]  ;  Libero  Libciieque  cl  Ccreri  juxla  Circum  Maximum, 
quas  A.  l'osluniius  dictalor  voverat  ;  codemque  in  loco  aedem  Florae,  ab  Lucio  el  Marco 
Publiciis,  œdilibus,  constitulam.  Tac.  Ann.  II,  49. 

240.  Temple  DE  Bacchus  ;  —  2o0.  de  Proserpine  ;  —  2S1.  deCérès. — De- 
vant: Colonne  rostrale  de  César-Auglste.  Ces  temples,  fort  anciens,  avaient 
été  voués  par  le  dictateur  Aulus  Postuniius,  et  dédiés  l'an  263  de  Konie  par 
le  consul  Cassius.  Auguste  les  réédifia,  et  Tibère  les  dédia  de  nouveau,  l'an  770. 
Ils  étaient  situés  derrière  les  Carccres  du  Cirque  Maxime. — Devant  ces  temples, 
du  même  côté  était  une  Colonne  rosir  aie  érigée  par  César-Auguste,  avec  des 
rostres  de  vaisseaux  pris  à  la  bataille  d'Actium. 

I.  K«ffïj5j  cTs  è  'étipo;  tmv  iiTràr^JV,  h/.  a.-y^iif9ûi  è-J  ty?  Pujw.v),  t^v  tî  vsw  tt,;  \:^y.Yizpos 
xuï  !Ho■^ao^•J  xai  Kôp-/]i  iv  tw  y-sra^ù  yj-à:>oi  xciOispu^sv,  cj  iuTiv  3;r't  TSt,  zou  yv/Liroij 
mno'jfyOïJ.o'j  lipjj.y.zi'),  -jTzïp   ajrij  ïop-jjj.i-JOi  "àj  «j/î'îâ£S,   sj^cç/jià-jou  y.-v  aJ/T5v  A'JXou 

'DOSTO'J/J.LOUrOÏ)  âlXTÙTUpOi   llTTSp  Tf,?  TTO/îWî  ÙJxOfj'Jîl-J  Zoli  Oz'Ai,  /.xO'  01  ypT^OJ  S/iî/XîV 

à.y'jyjOl^îiO'j.i  -po-i  tyj-j  Aarivcov  tjzpxTicfv,  t-^î  xs  fioutiZi  /^î"à  10  yi/.r,;j.'x  tï;v  y.»-rxi/.-.jîr,-j 
ct'jroli  'pY,siay.ij.vj^i  ixrSij  >2pi!*yiwv  -îtvjsao^at  Tictsav,  zors  os  '0~j  ip'/V->  )aêivTi;  t/;v 
t7uvr£/i(2v.  D.  Halic.  VI,  94  1.  Voy.  ci-dessus,  n^s  211,  g  XXXII  ;  244  g  U  ;  248  §  I. 

II.  Plasta;  iaudatissimi  fuere  Damophilus  el  Uorgasus  ;  iideraquc  piclores:  qui  Céle- 
ris aidem  Homae  ad  Circum  Maximum  utroque  generis  suae  excQluerunl.  I'lin.  XXXV,  12. 

III.  L'église  de  Sainte-Marie  inCosmedin  [Xoili,  n»  1086;  Lelarouilly,  rion.  XIJ,  20] 
a  clé  bâtie  sur  les  restes  des  temples  de  Gérés  el  de  Proserpine.  Nibby,  llinéraire 
de  Rome,  t.  II,  p.  115. 

IV.  Colonne  rostrale  de  César-Auguste.  Voy.  n»  131,  §  XX. 

2.'j2.  Temple  de  Castor.  Sur  le  bord  du  Tibre,  à  peu  de  distance  du  pont 
Palatin,  en  aval.  C'était  un  périptère  circulaire,  d'ordre  corinthien,  et  de  pe- 
tites proportions.  Nous  ne  savons  ni  le  nom  de  son  fondateur,  ni  l'époque  de  sa 
fondation  ;  mais  le  caractère  de  son  architecture,  et  sa  matière,  qui  est  le  marbre 
blanc,  annoncent  un  édifice  du  temps  de  l'empire. 

I.  Ara  Maxima. 

Templum  Casloris.  Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 

II.  Ara  Maxima. 
Templum  Castoris. 

^dis  Cereris.  P.  Vicr.  Ibid. 

—  C'est  d'après  les  indications  des  deux  §  ci-dessus  que  nous  avons  appelé  cet  édi- 
fice temple  de  Castor.  La  plupart  des  anli(iuaires  veulent  y  voir  le  temple  de  Vesla. 
Nous  avons  réfulé  cette  opinion.  Voy.  plus  haut,  n"  118,  g  III. 

m.  Iconographie.  Une  grande  partie  de  ce  joli  temple  existe  encore;  sur  vingt  colonnes 
corinthiennes  de  marbre  blanc  cannelées  qui  composaient  son  portique,  il  ne  lui  en 
manque  qu'une  seule,  l'architrave  et  le  toit.  Le  mur  de  la  Cella  tout  en  marbre  blanc, 
el  presque  intact,  fait  voir  que  le  temple  n'avait  que  8  mètres  510  millimètres  dans 
œuvre;   el  13  mètres  104  y  compris  son  portique.  Piranesi  [Antichilà  Romane,  t.  I, 


*  Aller  vero  consul  Cassius,  qui  in  Urbe  reliclus  fuerat,  intérim  sedem  Caereris  et  Liberi 
alqiic  Liberse  consecravit,  qu-Te  est  ad  mêlas  Circi  Maxinii,  supra  ipsos  carceres  sila  ;  cum  pro 
reip.  saluto  diis  cm  vovisset  A.  Postumus  dictalor,  quo  tempore  cum  Latinorum  copiis  dimi- 
calurus  erat,  dc'crevi^sL■t(|ue  senatus  post  victoriam  partam  ut  tota  de  nianubiis  exstrueretur, 
atque  tune  demum  opus  absolutum  esset  [au.  260]. 


RÉGION  XI.  —  CIRQUE  MAXIME.  167 

lav.  XXII,  fig.  1]  a  donné  une  vue  des  restes  de  ce  nnonuraent  qu'il  nomme  temple  de 
Cybèle,  sans  ritcr  aucune  autoiilé  à  l'appui  de  celte  opinion.  On  en  trouve  une  restau- 
ration comi)ièlc  dans  l'alladio,  Archill.  lib.  Yl,  c.  14,  lav.  38,  39,  40;  (^iattani, 
Monumenli  anlichi  inedili  per  l'anno  1789,  Giugno,  tav.  I;  et  une  autre  plus  com- 
plète encore  dans  le  grand  ouvrage  de  M.  Isabelle,  les  Edifices  circulaires  et  les  dûmes. 
Borne,  planches  19,  20  el  21.  \oy.  aussi,  pour  le  plan,  l'ggeri,  Iconographie  des  édifices 
de  Rome  ancienne,  in-i".  Home,  1800,  t.  Il,  fig.  \\l  ;  et  pour  le  plan  el  la  situation, 
Noili,  n°  1089;  et  Leiarouilly,  rion.  XU,  13,  qui  rappellent  temple  de  Yesia.  Palladio 
lui  donne  aussi  ce  nom,  M.  Isabelle  le  lui  conserve,  el  Bufalini  dans  son  Plan  de  Rome, 
l'appelle  temple  d'Uercule-Vainqueur. 

2o3.  Cloaqoe  Maxime. — Petites  Cloaqies.  La  Cloaque  Maxime  était  le  prin- 
cipal égoul  de  Rome;  entreprise  par  Tarquin-l'Ancien,  vers  le  milieu  rlu  second 
siècle,  elle  fut  terminée  vers  l'an  240,  par  Tarquin-le-Superbe.  Cet  égout 
commençait  auprès  du  Lac  Curtius  [n"  141],  traversait  tout  le  Forum  Romain, 
le  Forum  Boarium,  les  Vélabres,  _en  faisant  quelques  coudes  peu  prononcés, 
et  venait  se  jeter  dans  le  Tibre  au  bas  du  temple  de  Castor  [a°  252].  Il  se  com- 
pose (car  il  existe  encore)  d'une  voûte  à  plein  ceintre,  formée  de  trois  rangs 
de  voussoirs  en  pierre  de  Tibur  et  en  pierre  d'Albe,  posés  en  liaison  l'un  sur 
l'autre,  unis  et  joints  sans  ciment.  Sa  largeur  est  de  4  mètres  470,  et  sa  hau- 
teur de  plus  de  10  mètres,  à  partir  du  seuil  du  canal.  Dans  la  saison  des  eaux 
moyennes,  l'arc  s'élève  de  2  à  3  mètres  aii-dessus  du  niveau  du  fleuve.  Les 
trois  voussoirs  superposés  forment  une  épaisseur  de  2  mètres  300.  A  l'inté- 
rieur, les  murs  et  la  voûte  sont  en  pierre  d'Albe,  mais  des  chaînes  en  pierre 
de  Tibur,  espacées  de  o  mètres  en  o  mètres  environ,  renforcent  la  voûte.  Le 
canal  se  rétrécit  un  peu  en  pénétrant  dans  les  terres.  Sa  bouche  sur  le  Tibre 
s'ouvre  au  milieu  d'un  mur  de  quai  en  pierre  d'Albe,  équarries,  et  posées 
auisi  sans  ciment. — Les  Petites  Cloaques,  construites  l'an  568,  par  les  cen- 
seurs Porcius  Caton  et  Yalérius  Fl^ccus,  se  trouvaient  un  peu  en  aval  de  la 
Cloaque  Maxime,  et  recevaient  les  eaux  d'une  partie  de  l'Aventin. 

I.  Tarquinius  [Priscusj.  .  .  .  Latinis  bellum  fecit.  .  .  .  Pax  deinde  facta.  .  .  .  in- 
firaa  Urbis  loca  ciica  Forum  aliasque  interjectas  collibus  convalles,  quia  ex  planis  locis 
haud  facile  evehebant  aquas,  Cloacis  e  fastigio  in  Tiberim  ductis,  siccat.  Tii.-Liv.  I, 
38  [vers  l'an  140]. 

II.  Post  bac  et  ad  alia.  .  .  .  traducebatur  [populus  a  Tarquinio  Superbo]  opéra, 
foros  in  Circo  faciendos,  Cloacamque  Maximam,  receptaculum  omnium  purfiamenlorum 
Urbis,  sub  lerram  agendam  :  quibus  duobus  operibus  vis  nova  hœc  magnificentia  quid- 
quam  adaequare  potuit.  Tn.-Liv.  I,  56.  [vers  l'an  240]. 

III.  Locos  in  circo,  el  Cloacam  Maximam  fecit  [Tarquinius  Superbus],  ubi  totius  po- 
puli  viribus  usus  est,  unde  illse  Fossm  Quiritium  sunl  diciae.  A  Yict.  de  Vir.  illust.  8. 

IV.  H/;|a70  oï  xai  tk,  -j— ovi/zoï;,  ôpiiz^tfJ  TÙfO'Ji,  ol  wv  i-'t  riv  TiSspty  à-/^iii--at,  Tiôtv 

D.  Halic.  III,  671. 

V.  Pra?terea  Cloacas  ;   operum  omnium  dicta  maximam,  suSbssis  roontibus,  atque 

....  Urbe  pensili,  subteique  navigata Durant  tamen   [Cloacae]  a  Tarquinio 

Prisco  annis  prope  scptingentis  inexpugnabiles.  .  .  .  Ampliludinem  cavis  eam  fecisse 
[Tarquinius]  proditur  ut  vehem  feni  large  onustam  transmitlerel.  Plin.  XXXYI,  15. 

VI.  Tô)  o'  j^-ip'j)  ÉT5£  ùyopa.-jQij.Oi  o  Aypimioii  ézàiv  t/i'JB'O'  xal  ~{/.y-cf.  /j.-v  zv.  oixooo- 

Ùnovô/JLOVi  iiv/.ir.O-ripi,  /.vX  i;  T5V  'J  iê3/5tv  oV  avrôiv  -JTZi-'j.îvr:-.  DiON".  XLIX,  43^, 

VII.  Proraiscue  Urbs  aedificari  cœpta  [an  563]   ....  Festinatio  curam  exemit  vices 


'  Cœpit  eiiam  Clortc  is  foJere  [Tarquinius  Priscus],  fessas  scilicet  per  quas  oninis  aqua  ex 
compitis  conduens  inTibeiim  se  exonérât,  opéra  adir.iranda  et  majora  qimm  qiia'  verbis  ex- 
primi  possint.  =  2  Anne  scquenti  Agrippa  ultro  aedilis  faclus  est,  omniaque  aedificia  publica, 
omues  vias,  privalls  impendiis  refecit,  Cloacas  expiirgavit,  ac  per  eas  in  Tiberim  subvec- 
tus  est  [an.  720]. 


188  DESCRIPTION  DE  ROME. 

dirigendi.  .  .  ,  Ea  ost  rausa,  ul  vctcres  Cloaca>,  primo  per  publicum  ductae,  nuncpri- 
vala  passim  subcanl  tccta.  Tit.-Liv.  V,  55. 

VIII.  Vernula  riparum,  pinguis  torrenle  Cloaca, 
Elsolitus  média;  cryplam  peneirare  Suburr». 

Juv.  S.  5,  V.  105,  106. 

IX.  Ot  as  ÙTTÔvo/J-Ot  awj-jà/j.O)  /(9(u  xxTaxaynpWvTêj  ooojj  â/As/Çat;  yà/iroj  Ttope'j-cci 
iAxi  à.-ni'j.ù.oinv.ci.  Strab.  V,  p.  255  '. 

X.  Iconographie.  La  Cioatiuo  Maxime  ronslruile  il  y  a  plus  de  2550  ans,  existe  en- 
core tout  enlirre  sur  une  longueur  de  prés  de  300  pas.  Nous  avons  emprunté  le  détail 
de  ses  proportions  à  Piranesi  [Le  Anlichilà  Romane,  t.  1,  lav.  XXII,  fig.  1],  en  rédui- 
sant les  mesures  italiques  en  mesures  métriques.  Suivant  cet  antiquaire,  le  canal  a 
20  palmes  I  once  de  large  [4  mélri-s  47  ccntim.]  ;  45  palmes  de  hauteur  [10  métrés 
35  milliniét.]  depuis  le  fond  jusque  sous  la  clef  do  la  voiile  ;  l'épaisseur  des  trois  vous- 
soirs  réunis  est  de  7  palmes  9  onces  [2  niélr(;s  30  centimél.]  On  sait  que  le  palme  ro- 
main vaut  223  millimétrés  4  millièmes,  et  le  pied  romain  antique  296  millimétrés.  Dans 
le  magnifirenza  de'  Romani,  tav.  1,  II,  III,  Piranesi  donne  les  détails  de  construction 
de  l'intérieur  de  la  voûte  avec  un  pian  et  une  coupe  du  canal  voûté. 

XI.  La  strultura  di  questa  Cloaca.  .  .  .  è  di  Ire  ordini  d'archi,  uno  sopra  ail'  altro 
congiunti  e  uniti  insieme.  Il  suo  voto  interno  è  uguale,  cioé  18  palmi  di  largo  ed  al- 
Ireltanto  alto  :  il  suo  principio  é  rovinato  ;  .  .  .  .  dove  poi  prosegue  interna  é  più 
conscrvata.  Ciascun  pezzo  di  peperino  ha  la  lunghez.za  di  palmi  7  e  once  3,  la  gros- 
se/.za  di  palmi  4  e  once  2.  Tulta  la  sua  lunghczza  é  di  300  passi  andanti  in  circa,  sboc- 
cando  nel  Tevere  Ira  il  lempio  di  Vesta  e  il  ponte  senatorio.  Venuti,  délie  anlichilà  di 
Romn,  part.  I.  c.  2.  —  Venuti  est  ici  un  peu  en  désaccord  avec  Piranesi,  pour  les  pro- 
portions de  la  Cloaque,  mais  Piranesi  mérite  plus  de  confiance.  Voy.  aussi  Qi  atbemkre, 
Diclionn.  d'archilecture,  au  mot  Cloaque.  —  Le  temple  de  Vesla  et  le  pont  Séna- 
torial de  Venuti  sont  notre  temple  de  Castor  et  notre  pont  Palatin, 

XII.  Longueur.  Depuis  le  Forum  où  celle  Cloaque  commençait,  jusqu'au  Tibre,  en 
suivant  son  cours,  elle  avait  2,500  pieds  de  longueur.  Nibbv,  Itinéraire  de  Rome,  t.  Il, 
p.  70. 

XIII.  Sur  la  situation  de  l'embouchure  de  la  Cloaque  Maxime  dans  le  Tibre,  voy. 
Nolli,  n»  1088  ;  Letarouilly,  rion.  XII,  17. 

XIV.  Petites  Cloaques.  Opéra  deinde  facienda  ex  pecunia  in  eam  rem  décréta,  lacus 
slernendos  lapide,  delergendasque,  qua  opus  essel,  Cloacas  in  Aventino,  el  in  aliis  par- 
libus,  qua  nondum  erani,  faciendas  locaverunl  [censores  M.  Porcius  Calo  et  L.  Valerius 
Flaccus].  TiT.-Liv.  XXXIX,  44.  [an.  568]. 

XV.  Due  allrc  Cloarhe  minori,  fabbricate  dai  censori  M.  Catone  e  Valerio  Flacco. 
La  prima  in  oggi  resta  inutile,  e  la  seconda  tramanda  nel  Tevere  l'Acqua  Crabra  o  sia 
Blarana,  la  quale  si  vede  passare  lungo  il  Circo  Massimo  [NoUi,  n»  1058;  Letarouilly, 
rion.  XII,  26],  ed  inlernarsi  nella  stessa  Cloaca.  Piranesi,  le  Anlichilà  Romane,  t.  I, 
p.  22,  nos  171-172. 

2j>4.  Temple  de  la  Fortune  virile.  Sur  la  droite  et  un  peu  en  avant  du  tem- 
ple de  Castor  [n°  232].  Sa  façade  regarde  la  voie  qui  vient  du  pont  Palatin.  Ce 
temple  fut  construit  par  le  roi  Servius  et  restauré  par  Lucullus.  C'est  un  pseu- 
dodiplère  en  pierre  d'Albe.  Ses  colonnes  sont  d'ordre  ionique  cannelées.  Il 
repose  sur  un  soubassement  auquel  on  arrive  par  la  façade  seulement,  au 
moyen  d'un  escalier  de  12  degrés,  conduisant  à  un  pronaos  de  4  colonnes  de 
front  et  de  2  de  profondeur. 

I.  Ce  temple  était  dans  le  Vélabre  majeur,  qui  faisait  partie  de  la  Xle  région  ;  Sué- 
tone racontant  les  triomphes  de  César  [Cœs.  38],  dil  :  Gallici  triumphi  die  Velabrum 
pra?lerveliens  pêne  curru  excussus  est,  axe  diffracto.  —  Dion  [XLIII,  21]  rapportant  le 
même  fait  s'exprime  ainsi  :  E'v  o'  où-j  t/j  Tipùz-r,  tCiv  vixy.Tnpiijiv  ■zipa.i  oJx  v.yxO'o-j  stvrw 
eyîvïTo.  0  yy.p  y.^uj  roû  ûpy.xzoi  -oïi  Tzoy.Tzt/.'y'ù,  na.n'  aj-Si  tw  Toxatu  rô>  îj-s  T9Û 
Koj/.om'ù.o-j  oh.o'joij.rfié-m,  <sij-JtTpiSr„  otnrt  èy  kripo-j  oL-j-zr,-)  t«  \omy.  ÏTii-.ù.i'sv.C^ .  —  Lu- 
cullus n'est  que  le  restaurateur  du  temple  bâti  par  le  roi  Servius. 

Les  (5(jouts  <li;  Itoiiio,  voùii^s  on  piiTre  de  taille,  sont  assez  larges  pour  qu'en  certains  en- 
droits des  cJiariots  cliaryés  de  foin  |>iii.-,sciit  y  passer.  /'.  7.io  de  la  trad.  —  =*  C:<?leriim  prima 
Irnimphidiu  omcn  eiadversuiii'oI)iij;il,.ixccurnis  triiiiiipliaiis  apud  tcmplum  Forliinxa  Luciillo 
.cdificatuin,  ita  confracto,  ut  adrcliquam  p;irtcm  triumphi  perlicienUamaliq  curru  opus  fticrit» 


RÉGION  XL— CIUQUE  MAXIME.  100 

H.  Iconographie.  Le  temple  de  la  Forlune  Virile  existe  encore  tout  entier.  Il  est  ron- 
verli  en  une  église  consacrée  à  Sainte-Marie  Egyplienne  [Nolli,  n">1090;  I.elarouilly, 
rien.  XII,  H].  H  était  originairement  en  pierre  d'Albe  ou  pépérin.  Un  incendie  l'ayant 
détruit  en  grande  partie,  Lucullus  le  restaura  en  pierre  de  Tibur  ou  travertin,  et  pour 
donner  à  l'édifice  un  aspect  uniforme,  il  le  revêtit  de  sluc.  Tous  les  délails  de  plan, 
d'architeclure,  de  mesures,  ainsi  que  l'indication  de  la  partie  restaurée  par  Lucullus, 
se  trouvent  dans  Piranesi,  Anlich.  Rom.,  t.  IV,  lav.  49,  50,  51,  52.  —  Palladio  [Àr- 
chilt.  liv.  IV,  c.  13,  lav.  54  à  37]  a  donné  une  restauration  de  ce  temple.  Voy.  aussi 
Uggeri,  Iconog.  des  édifices  de  Rome,  etc.,  t.  Il,  (ig.  Xll  ;  —  et  plus  bas,  n"  162,  g  iV. 

2o3.  Voie  triomphale.  Elle  devait  nécessairement  exister  entre  la  Porte 
Triomphale  et  le  Cirque  Maxime,  dans  lequel  passaient  tous  les  triomphes. 

|.  nsy.-^Oyj'JCtt  â'  aùro-J  o'j-'ji  /s'yOL/iiv  •  o  //.-v  6r,iJ.0i,  ev  tc  TOt;  ïnTU/.'Ai  ô-oir/Sît;,  y. 
hipxotji  /.cô^o'uoiv,  ~ipi  -s  Tv;v  àyî^iv  i/.piu  Tzri^yjJ-i'JOi,  y.'A  zy't\yL  iyjç  7To).£ojî  M^p'^  /.x-cx- 
"/■xoà'JZii,  wj  ixx^ry.  vixpûyj  Tôi  no/j-K-zii  sno'piv,  èO:i)TO  /.xOxpxîi  èod^^t  x£xoa//Y)//svî£. 
Plit.  p.  JEmil.  32  i. 

II.  Qua  Velabra  soient  in  Circum  ducere  pompas. 

Ov.  Fast.  VI,  V.  405. 

VÉLABRE  Mineur.  Voy.  plus  haut,  n"  102. 

236.  Statue  d'airain  doré  d'Hercule  triomphal.  Très-antique  Statue,  qui 
passait  pour  avoir  été  érigée  par  le  roi  Evandre.  Les  jours  de  triomphe  on  la 
revêtait  d'une  toge  de  triomphateur.  Elle  s'élevait  sur  le  bord  de  la  voie 
Triomphale  auprès  du  Cirque  Maxime. 

L     Hercules  Triumpbalis. 

Circus  Maximus.  Sext.  Ruf.  deReg.  urb.  Romœ,  XI. 

II.  iEdis  Proserpinœ. 

Hercules  Triumplialis.  P.  Vict.  Ibid. 

III.  Fuisse  autem  slaluariam  artem  familiarem  Italiie  quoque  et  vetuslam,  indicani, 
Hercules  ab  Evandro  saoralus,  ul  produnt,  in  Foro  Boario,  qui  Triumpbalis  vocalur,  ai- 
que  per  triumphos  veslilur  habitu  triumphali.  Plin.  XXXIV,  7.  —  Pline  se  trompe  en 
disant:  in  Foro  Boario,  puisque  ce  Forum  faisait  partie  de  la  Ville  Région,  et  que  la 
statue  d'Hercule  triomphal  était  dans  la  Xl«. 

IV.  Lucio  Fanno,  de  Antiq.  urb.  Romœ,  lib.  2,  c.  7,  lib.  3,  c.  7  ;  Il  Marliani,  To- 
pogr.  urb.  Romœ,  lib.  k,  c.  6;  Il  Gamucci,  Anlich.  di  Rorna,  lib.  I,  p.  20,  ediz.  del 
1580,  e  altri  più  communemente  scrivono  essere  statolrovato  l'Ercole  (di  bronzo,  clie 
oggi  si  trova  nella  sala  di  Campidoglio)  non  mollo  discosto  da  S.  Maria  in  (>osmedin 
[Nolli,  n"  1086;  Lelarouilly,  rion.  XII,  20],  in  un  tempio  demolilo  al  tempo  di  Sisto 
IV.  C.  Fea,  Misccll.  t.  I,  p.  55,  note  (o). 

V.  Iconographie.  Ercole,  quasi  colossale,  co'  pomi  nella  sinistre,  e  nella  désira  la 
clava,  Statua  di  métallo  doralo,  trovala  da  Sisto  IV  fra  il  Circo  Massimo,  e  la  Scuola 
greca  presso  al  Foro  Boario,  e  al  Ara  Massima...  Questa  ha  potuto  essere  l'Ercole  Vin- 
citore,  o  Trionfale  anlico  diquella  contrada,  vedendosi  coronalo  di  ulivo,  c  disposto  in 
modo  di  poter  essere  ornalo  colle  divise  trionfali,  nella  circostanza  de'  Irionfi.  C.  Fea, 
Descriz.  di  Roma  antica  et  moderna,  t.  I,  p.  221. 

2S7.  Autel  maxime.  Auprès  du  Forum  Boarium  et  des  Carcères  du  Cirque. 
Il  avait  été  élevé  par  Hercule  après  qu'il  eut  lue  Cacus  ;  son  établissement 
remontait  donc  aux  temps  fabuleux  de  Rome,  ce  qui  prouve  au  moins  une 
grande  antiquité.  Les  Romains  vénéraient  beaucoup  cet  Autel  ;  on  y  jurait  les 
traités,  on  y  faisait  les  serments  qu'on  voulait  garder  le  plus  religieusement,  et 
les  citoyens  y  offraient  aux  dieux  la  dîme  de  leurs  biens.  Celte  grande  vénéra- 
lion  durait  encore  du  temps  d'Auguste. 

'  Triumphatum  ad  liunc  modum  aiunt  :  Populus  in  cquestribus  theatris  (Circos  vocant) 
et  foro  tibulatii  fixerai,  aliisquc  Urbis  partibus,  iibi  conspici  j'Otcrat  pompa,  spcctaverunt 
candidis  amicti  lacernis. 


170 


DESCRIPTION  DE  ROME. 


I.  O  ok  (i-'i/ib;,  ij>'  ou  t«î  Jjxeh-aî  iTXs$'ji3v  H/taxX/j;,  xsfXîÏTat  /itîv  liTib  Pu/ulmw  Jiéyt- 
5T0Î,  s'5T(  j'î  Houpixi  /E-/5/is'vy;s  ùyo/ixi  ■n't.rtii'i-j,  sir/tîTîwiy.îvî;  si  xîtt  Ttj  «ÀÀo;  iiTT»  tûv 
^-(;('jj/stc«jv  ô'/;z5£  rt  /xys  ^-'  kjtôj  z«t  rj-jOr)/.«.i  rot,  /Î5u),o/>tsv5tî  ^-Çuico;  ri  otXTTf,'Jmi- 
oO'xi,  y.y.1  ôl/.a.rcii'iîti  •/f>ri/j.c/Tji-j  yhovTxi  'suyr.i'xi.  n.'J.i'  îjyy.i.  U.  Halic.  I,  40  '. 

II.  Hercule,  aprrs  avoir  tué  Cacus: 

Consliluilque  sibi,  quse  Maxime  dicilur,  Aram, 
Hic  ubi  pai's  Urbis  de  bovc  nomun  babcl. 

Ov.  /<ast.  1,  V.  581,  583. 
Ul.  Sur  la  silualionde  r^M<e/^/aj-imepr(^sdu  Cirque,  voy.  nos  22,  g  IV;  252,  g  I,  11. 
IV.  El  donius  Herrulci  rustos  Pinaria  sacri, 

Hanc  Aram  luco  statuil,  quaî  Maxima  semper 
Dicelur  nobis,  et  erit  quœ  Maxima  semper 

Vmn.  JEneid.  VIU,   v.   270-272. 
—  Ingens  cnim  est  Ara  Hcrcutis,  sicut  videmus  bodieque  posl  januas  Circi  Maximi. 
Serv.  in  ^neid.  VIII,  v.  271. 

V.  Tum  Recaranus  sub  Avenllno  Inventori  patri  Aram  dedica- 
vit,  appellavitque  iMaximam.  A.  Vict.  Origo  gent.  Rnm. 

VI.  Hercvli  invicto  ad  ciRCVM  MAXIM.  ORELLI,  Inscript,  lai. 
t.  Il,  p.  397. 

VII.  Iconographie.  Le  revers  ei-joint  d'un  denier  d'AnliusRes- 
I  lio,  qui  du  temps  d'.Xupuste  était  chargé  des  sacrifices  qu'on  devait 

accomplir  sur  l'Autel  Maxime,  nous  en  indique  la  forme.  II  est 
gravé  dans  le  Thésaurus  Morellianus,  faniil.  Anlia,  3.  Voy. 
aussi  Vaillant,  famil.  rom.  Àntia,  3. 


2i>8.  Autel  ou  tombeau  d'Acca  Lauentia.  Dans  le  Yélabre,  auprès  de  la 
voie  Neuve.  Roniulus  avait  élevé  cet  Autel  sur  la  sépulture  d'Acca  Lareulia,  sa 
nourrice. 

I.  Ce  monument  est  appelé  autel  ou  tombeau,  parce  que  les  tombeaux  des  personnes 
divinisées  étaient  consacrés  par  les  pontifes,  et  qu'on  mettait  dessus  un  autel  pour  y 
faire  des  sacrifices  et  y  brûler  de  l'encens.  Voy.  Arad.  des  inscript,  t.  I,  p.  376.  —  On 
donnait  souvent  la  forme  d'aulels  aux  tombeaux  des  personnes,  même  non  divinisées: 
«  In  ipsa  Scipionis  Africani  villa  jacens  liœc  tibi  scribo,  adoralis  manibus  cjus  et  Ara 
quam  Sepulcruni  esse  lanli  viri  suspicor.  »  Senec.  F.p.  86. 

II.  In  eoque  sum  majorum  exemplum  seculus,  qui  hune  honorem  mulieri  Larentise, 
Iribuerunt,  cui  vos  pontifices  ad  Aram  in  Velabro  facere  solelis.  Cic.  et  Bruti.  Ep-  15. 

III.  Larenlinal,  quem  diem  quidam  in  scribendo  Larentalia  appellant,  ab  Acca  La- 
renlia  nominatus,  quoi  sacerdotes  noslri  parenlant  feslo  die  qui  ab  ea  diciiur...  —  Hoc 
sacrificium  fit  in  Velabro,  qua  in  Novam  viam  exilur,  ul  aiunt  quidam,  ad  Sepulcrura 
Accac,  ul  quod  ibi  prope  faciunt  Diis  Manibus  servilibus  sacerdotes;  qui  ulerque  locus 
extra  urbem  anliquam  fuit  non  longe  a  porta  Homanula.  Varb.  L.  L.  VI,  g  23,  24. 

IV.  Ab  Anco  in  Velabro  loco  celeberrimo  Urbis  sepulta  est  [Acca  Larentia],  ac  so- 

lenne  sacrificium  eidem  constilutum Macer, Fausluli  conjugem  Accam  Larentiam 

Romuli  nutricem  fuisse  confirmât.  Macrob.  Saturn.  1,  10. 

2JÎ9.  Temple  de  la  Jeunesse.  Ce  temple,  voué  l'an  S45,  par  le  consul  M.  Li- 
vius  Salinator,  et  dédié  seize  ans  après,  l'an  36 1 ,  était  dans  la  région  du  Cirque 
Maxime,  sur  le  bord  de  la  voie  Triomphale.  Il  fut  brûlé  l'an  738  et  rebâti  par 
Auguste. 

I.  Juvenlalis  œdem  in  Circo  Maximo  C.  Licinius  Lucullus  duumvir  dedicavit  [an.  561]. 
Voveral  sexdccim  annis  anle  M.  Livius  consul,  quo  die  Asdrubalem  exercilumque  ejus 
cecidil.  Idem  censor  eam  facicndaro  locavit.  Tn.-Liv.  XXXVI,  56. 


•  Ara  vero,  supra  quam  Hercules  décimas  cbiulit,  a  Romanis  Maxima  vocatur,  estque 
prope  forum  quod  Boarium  appellalur,  qu.im  regionis  illius  incolae,  si  quam  aliam,  veneran- 
tur.  Qui  enim  aliquid  bnni  ac  validi  iransigere  voiuul,  ad  hanc  Aram  et  jusjuraaduin  et 
pacta  faciunt  :  hic  eliam  suarum  facultatum  décimas  ex  voto  &xpe  offerunt. 


REGION  XI.  — CIRQUE  MAXIME.  171 

II.  E'^e^ôvôvTOiv  (J"  ouv  aÙTWv,  zb  t/jj  NsiT/jTOî  /j.éyxfyOv  imb  t^^v  litioXiia-j  vù/ra  /a- 
rexaùd-zi.  Dion.  LIV,  19  *. 

III.  iEDEM  IVVENTATIS...  FECI.  LAP.  ANCYR.  col.  4,  6. 

260.  Temple  de  Summanus.  Auprès  du  temple  de  la  Jeunesse  [n"  2o9].  Sa 
façade  était  sur  le  bord  de  la  voie  Triomphale,  et  regardait  le  mont  Capitolin. 
Ce  temple  fut  bâti  vers  l'an  472  ;  on  ignore  le  nom  de  son  fondateur. 

I.  Supplicia  annua  canes  pcndunt  inter  œdem  Juvenlalis  et  Summani,  vivi  in  furca 
sambucea  arbore  fixi.  I'lin.  XXIX,  4. 

II.  Reddita,  quisquis  est,  Summano  templa  feruniur, 

Tum,  cuni  Romanis,  Pyrrlie,  timendus  eras. 

Ov.  Fasl.  VI,  V.  731,   732. 
—  La  guerre  de  Pyrrhus  eut  lieu  vers  l'an  472  de  Rome. 

III.  SvMMAN. AD. ciRC. MAXIM.  GRUTER.  p.  135.  —  ORELLI,  Inscript,  lai.  n"  1466,  et 
l.  II,  p.  392. 

IV.  Jovem  enim  Irina  [fulmina]  jaculari  Tuscorum  litteree  [exislimanl].  Romani  duo 
tantum  ex  iisservavere  :  diurna  adlribuenles  .lovi,  noclurna  Summano.  Plin.  II,  52. 

V.  Provorsum  fulgur  appellalur,  quod  ignoralur,  noclu  an  interdiu  sit  faclum.  Itaquc 
Jovi  fulguri  [ou  fuiguralori]  et  Summano  fit,  quod  diurua  Jovis,  noclurna  Summani 
fulgura  habentur.  Fest.  v.  Provorsum. 

VI.  Romani  veteres  nescio  quem  Summanum,  cui  nocturna  fulmina  tribuebani, 
coluerunt  magis  quam  Jovcm,  ad  quem  diurna  fulmina  perlinebant  :  sed  postquam 
Jovi  lemplum  insigne  ac  sublime  conslructum  est,  propter  aedis  dignitatem,  si  ad  eum 
multiludo  confluxit,  ut  vix  inveniatur  qui  Summani  nomen,  quod  audire  jam  non  po- 
test,  sed  sallem  legissc  meminerit.  S.  Alg.  de  Civil.  Dei,  IV,  23. 

VII.  L'anecdote  du  supplice  des  chiens,  crucifiés  annuellement  entre  le  temple  de 
la  Jeunesse  et  celui  de  Summanus,  en  commémoration  du  défaut  de  vigilance  de  ces 
animaux  lors  que  les  Gaulois  escaladèrent  la  roche  Tarpeïenne,  nous  a  engagé,  à 
défaut  d'autre  renseignement,  à  placer  les  temples  de  la  Jeunesse  et  de  Summanus  en 
vue  du  Capitole. 

261.  Forum  olitoridm. — Au  centre:  Colonne  Lactaire.  En  dehors  de  la 
porte  Carmentale,  au  pied  du  mont  Capitolin  et  près  du  théâtre  de  Marcellus 
[n"  1 44]  on  trouvait  le  Forum  Olitorium,  marché  aux  légumes.  Au  ceutre  s'é- 
levait une  Colonne  appelée  Lactaire ,  parce  qu'on  y  exposait  les  enfants 
nouveau-nés,  abandonnés  par  leurs  parents. 

I.  Sur  la  position  du  Forum  Olitorium  près  de  la  porte  Carmentale,  voy.  n"  99,  g  XI  ; 
n"  149,  §  IV.  —  Quelques  ruines  trouvées  en  cet  endroit  nous  ont  déterpiiné  à  placer 
là  ce  marché. 

II.  Forum  Olitorium;  hoc  eral  antiquum  Macellum,  ubi  olerum  copia.  Varr.  L.  L. 
V,  §146. 

III.  Forum  Olitorium. 
Columna  Lactaria. 
JEdes  Pielatis. 
^des  Malutae. 

Velabrum  majus  in  Foro  Olitorio. 

Sext.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XI. 

IV.  Forum  Olitorium.  In  eo  est  Columna  Lactaria,  ad  quam  infantes  lacté  alendos 

deferunt. 
^dis  Pietatis  in  Foro  Olitorio. 
i£dis  Junonis  Matulae. 
Velabrum  majus.  P.  Vict.  Ibid. 

262.  Porte  Triomphale.  Au-dessus  de  la  porte  Carmentale  ou  Scélérate, 
sur  la  voie  Triomphale. 


*  [Auyusto  et  Tiberio]  Roma  profectis,   aedes  Juvenlutis  inscquenti    noctc   conHagravil 
[an.  738J. 


17-2  DESCRIPTION  DE  UOME. 

I.  Joséphe  racontant  le  triomphe  do  Vespasien  et  de  Titus,  après  avoir  dit  qu'ils 

pass(Venl  la  nuit  au  temple  d'Isis  [n"  172],  et  s'arrêtèrent  au  Portique  d'Octavie  [n»  150] 
ajoute  que  Vespasien  s'avança  à  la  porte  Triomphale:  H,«.i5  o:  Tti>'/.r,\>  aJris  K'Jixoipet, 
TÔv  KTTo  roû  T!îy.~.s^Oy.i  oi  xjTri;  y.i-:i  roJi  Optx/j.G'jUi,  r/j;  TCf^O'jrr/opioii  «;r'  «>twv  tsti-- 

XiJta-J.      IvTaliOxT/'yO'fYii    Tf    TipoOLn-i'/ii/'y^rXl,     Y.'A     TV,,-    OfAC/.lJ.Zl/.Ùi  ilOriTUi     à.il-fiy.OÙ.lJ.VJ0l 

roli  Tc  Tjxpwfyu/Jîyo'.i  rr,  Tii/'ir,  iSùsavTîj  deali,  Ënsy.n'iv  tov  Opiv.y.S'iv,  6r>.  T'iiv  Oiàr/swv 
o^s?£).aJvovTtj,  &7Tu;  ctV,  T^l,-  Tt'tr,0z<3i-i  ri  Oc'a  yiawv.  Juseph.  de  Bell.  Jud.  VII.  5  î§4'. 

II.  Ouasi  vero.  ...  ad  rem  pcriineal,  qua  lu  porta  inlroieris,  modo  ne  Triumplialis, 
quac  porta  Macedoniris  scmper  proconsulibus  anle  te  paluit.  Cic.  in  J'ito,  25. 

III.  Ut  inter  alia  complura  censuerinl  quidam,  funus  [Augusti]  Triumpbali  porta  du- 
cendum.  Slet.  Aug.  100. 

IV.  Ti^ipio;  /Âsv  T«î/Ta  âveyvoj.  fiery.  âï  toÛTO  Tr,y  tî  xX('v»;v  oi  ujro'i  oîû-p  /.'A  TTpÔTî- 

/5SV  ÙpVM-SVOl,    êlCf.    T6)V    STTJVWtWV    TTil/ÔIV,    /.XT«    TK    T»)  /Ôst/Vj)    d'i|aVT«,    Su/.O jJLliy.-^ .   DiON. 

LVl,  42*. 

V.  Tum  ronsull;ilum  de  lionoiihus;  ex  quis  maxime  insignes  visi  :  ut  porta  Triumph.ili 
ducerctur  funus  [Augusti].  Tac.  Ann.  I,  8. 

VI.  Plusieurs  antiquaires  ont  voulu  plaeer  la  Porte  Triomphale  au  nord  du  mont 
Capiloiin,  sur  la  voie  appelée  aujourd'iiui  rico  Marner lino  ;  mais  cette  opinion  se  ré- 
fute par  l'itinéraire  des  triomphes:  les  pompes  triomphales  traversaient  le  Vélabre,  le 
Cirque  Maxime,  passaient  derrière  le  mont  Palatin,  et  arrivaient  à  l'extrémité  orientale 
de  la  voie  Sacrée,  pour  monter  au  ('.apitoie  par  le  (;li^us  Capitolin.  Si  la  porte  Triom- 
phale, au  lieu  d'être  au  midi  du  mont  Capitolin,  où  nous  Tavons  placée,  eût  été  au 
nord,  elle  se  serait  trouvée  à  une  centaine  de  pas  du  Clivus  Capitolin,  et  il  eût  été 
presque  ridicule  de  venir  passer  devant  ce  Clivus,  de  faire  ensuite  un  immense  détour, 
en  tournant  le  dos  au  Capilole  et  remontant  la  Voie  Sacrée,  pour  gagner  le  Circpn' 
Maxime,  le  Forum  Boarium,  le  Forum  Homanuin,  et  revenir  à  peu  prés  au  point  d'où 
l'on  était  parti. 

l'n  autre  motif  qui  n'est  pas  sans  valeur  relativement  à  la  position  que  nous  assignons 
à  la  porte  Triomphale,  c'est  que  pour  les  audiences  accordées  aux  généraux  qui  de- 
mandaient le  triomphe,  le  sénat  s'assemblait  toujours  dans  un  des  temples  situés  entre 
le  Cirque  Flamiiiius  et  le  Tibre,  c'est-à-dire  dans  le  voisinage  de  notre  porte  Triom- 
phale, tels  que  le  temple  deP.elione  [n"  1-48],  le  temple  antique  d'Apollon  [n»  149],  le 
Portique  d'Octavie  [n»  150].  Yoy.  p.  117,  §  VIII. 

265.  Temples  de  Junon  Matlte, — de  la  Pit;TÉ,  —  de  l'Espérance. — Devant  : 
Statle  équestre  dorée  d'Acilius  Glabrion.  Les  trois  Temples  s'élevaient  entre 
les  nmis  de  la  ville  et  le  tliéâlie  de  Marcellns.  Leur  laçade  regardait  4a  voie 
Triomphale.  Tous  trois  étaient  bâtis  presque  sur  la  inêiue  ligne,  et  séparés  seti- 
leiuent  chacun  par  une  étroite  ruelle.  Le  premier  du  côté  de  la  ville  était  le 
temple  de  Junon-Matule,  dédié  l'an  o'J8  par  le  censeur  C.  Cornélius;  le  se- 
cond, celui  de  la  Piété,  dédié  l'an  oTl  par  Acilius  Glabrion,  duumvir;  et  le 
troisième,  le  temple  de  l'Espérance,  construit  par  Calatinus,  qui  fut  consul 
l'an  i9o.  Ce  dernier  fut  restauré  en  540,  puis  en  770  parGermanicus.  Deux  de 
ces  temples  sont  d'ordre  doricpie,  et  le  troisième  est  d'ordre  ionique.  Devant 
le  temple  delà  Piété  était  la  Slutue  dorée  d'Acilius  Glabrion. 

I.  /Edes  eo  anno  [558]  aliquot  dedicatae  sunt  :  una  Junonis  Matutee  in  Foro  Olitorio, 
vota,  locataque  quadrienno  ante  a  C.  Cornelio  consule  Gallico  belle  ;  censor  idem  dedi- 
cavit.  TiT.-Liv.  XXXIV,  53.  —  On  a  voulu  substituer  Junon-Sospita  à  Junon-Matule, 
parce  qu'on  lit  dans  Tite-Live  (XXXII,  30)  que  C.  Cornélius  avait  voué  un  temple  à  Ju- 
non-Sospita. Comme  Tite-Live  parle  dans  son  XXXIV»  livre  de  la  dédicace  d'un  temple 
de  Junon-Matute,  que  les  régionnaires  P.  Victor  et  Sext.  Rufus  nomment  également 
dans  cette  région  un  temple  de  .lunon-Malute,  il  nous  semble  naturel  de  croire  qu'il  y 
a  faute  dans  le  texte  du  XXXIl^  livre  de  Tite-Live  plutôt  que  dans  le  XXXIV»^. 

II.  Sur  les  temples  de  Junun-Matute  et  de  la  Piété,  voy.  ci-dessus  n°  261,  §  III,  IV. 

'  Ipse  vcro  aJ  Portani  regrediebalur,  qua;  ex  eo,  quod  pcr  illam  semper  triiimplioruni 
pompa  du<-ilur,  nomon  aicepit.  ll)i  et  cibiirn  pr.P(;iista!iant,  cl  triuniphaliluis  veslis  aniicti, 
dii.'^que  ad  poriaiii  collocalis  csrsa  lioslia,  pcr  theaira  transeuntes  Iriumplium  açebant,  ut  mul- 
tiludini  facilior  csset  aspoclns.  =  -  ll.-rc  c|iiuiii  rcrilassct  de  scriplo  Til-crius,  fiTctrum  [Au- 
gusti] iidcm  qui  aiuc  suldaluni  Triunipliali  porta  ex  scnatustonsulto  exlulerunt  [au.  767J. 


RÉGION  XI. —  CIRQUE  MAXIME.  475 

m.  JEàes  duo  co  anno  [571]  dedicala'  sunt,  una  Vencris  Erycinœ  ad  porlam  Colli- 
nam,  ....  allera  iii  Foro  Olitorio,  Pielalis  ;  eam  œdcm  dedicavil  Manius  AciliusCla- 
brio  duumvir:  Statuamque  auralam,  quœ  prima  omnium  in  Italia  s(alua  aurata  est, 
palri  Glabrioni  posuit.  Tit.-Liv.  XL,  34. 

IV.  Statuam  auratam  nec  in  Uibe,  nec  in  ulla  parle  Ilaliœ  quisquam  prius  aspcxit, 
quamaM.  Acilio  Glabrione  equeslris  palri  ponerelur  in  a-de  l'ielatis  :  eam  autcm  a;deni 
1'.  Cornelio  Lentuio  el  M.  Baebio  Tamphilo  ross.  ipse  dedioavit,  quia  paler  compos 
voti  faclus,  rege  Antiocho  apud  Thermopylas  superalo.  V.  W.vx.  II,  5.  1. 

V.  Easque  [statuas]  auro  curant  ambrartcari,  quod  Ariiio  Glabrioni  delatum  esl 
primo,  cum  oonsiliis  armisque  regem  superasset  Anliochum.  Am.  Maucell.  XIV,  6. 

VI.  .  .  .  Malris  salus  donata  pietali  est  [filliE].  .  .  .  At  lorus  iile  eidem  consecralus 
deœ;  C.  Quinclio,  M'.  Acilio  coss.  lemplo  l'ielatis  exslruclo  in  illius  carceris,  ubi  nunc 
Marcelli  Iheatrum  est.  I'lin.  VII,  36. 

VII.  Pietali  xdem  consecratam  ab  Acilio  aiunl  eodem  loco,  quo  quondam  mulier  ha- 
bilaverit,  quse  patrem  suum  inclusum  carcere,  mammis  suis  clam  aluerit.  Fest.  v.  Pie- 
lad. 

VIII.  In  templis  Fortunée  ac  Malris  Malutae,  et  Spei  extra  portam  [Carmenlalem] 
laie  vagalus  ignis  sacra  profanaque  multa  absumpsil.  Tit.-Liv.  XXIV.  47.  [an.  539.] 

IX.  Triumviri  [creati  sunl]  ....  reficiendis  aedibus  Forlunœ  et  Matris  Malulœ  intra 
portam  Carmenlalem,  sed  et  Spei  extra  porlam,  quœ  priore  anno  incendio  consuniplœ 
fuerant.  Tit-Liv.  XXV,  7.  [an.  540J. 

X.  Ououiamque  exspeclalione  rerum  bonarum  erigitur  animus,  recte  eliam  a  Cala- 
tino  Spes  consecrata  est.  Cic.  deLegib.  II,  11.— M.  Allilius  Calatinus  fut  consul  l'an  493, 

XI.  Et  aedem  Spei,  qus  est  in  Foro  Olitorio,  fulmine  ictam.  Tit.-Liv.  XXI,  62.  — 
Yoy.  ci-dessous  no  265,  §  1. 

XII.  AvGvsT.  SPEI  AD  FORVM  HOLITORIVM.  GRUTER,  p.  134.  —  ORELLI,  Inscripl.  lai. 
t.  II,  p.  596. 

XIII.  PlETATI  AD  CIRC.  FLAMIN.  ORELL.  Ibid.  p.  405. 

XIV.  lisdem  temporibus  deum  œdes  velustate  aul  igni  abolitas,  cœplasque  ab  Au- 
guslo,  dedicavil  [Tiberius  anno  770].  .  .  .  Spei  œdcs  a  Germanico  sacratur:  liane 
Allilius  vovcral  eodem  bello  [primo  Punico]  Tac.  Ann.  II,  49. 

XV.  Iconographie.  Si  crede  communemenle  di  riconoscere  quesli  Ire  lempj,  [di 
Giunone  Malula,  délia  Pielà,  délia  Speranza]  a  S.  Nicolô  in  carcere  [Nolli,  n»  1038; 
Lelarouilly,  rion.  XII,  5],  dove  infatti  si  vedono  gli  avanzi  di  Ire  lempj,  due  di  ordine 
dorico,  e  uno  di  ordine  ionico,  ne'  quali  non  si  vede  usata  altra  materia  che  il  peperino 
ed  il  travertino,  indizio  di  molla  anlichità.  E  siccome  sembra  che  i  Ire  tempj  indicali 
fossero  tutti  e  Irc  nel  Foro  Olitorio,  e  uno  d'appresso  ail'  allro,  quindi  pare  assai  ve- 
rosimile  che  siano  quelli  a  S.  Nicolo.  Le  loro  proporzioni  archilettoniche  sono  slate 
pubblicale  da  Palladio  e  da  altri,  e  recenlemenle  dal  cliiarissimo  ab.  Uggeri,  seconde 
le  ultime  osservazioni.  Risulta  da  queste  che  i  tre  lempj  erano  appena  separati  uno 
dair  allro,  e  che  si  saliva  a  quelle  di  mezzo  mediante  una  gradinata  che  dopo  il  seconde 
gradine  era  tagliata  da  un  gran  piedeslalle  o  basamento,  sul  quale  forse  sarà  stata 
qualche  statua.  Nibby,  in  Nardini,   Roma  antica,  l.  III,  p.  266. 

XVI.  Due  di  quesli  lempj  erano  d'ordine  dorico  ed  uno  ionico,  composti  di  peperino 
e  travertino.  Le  colonne  doriche  d'une  dei  due  lempj  sono  scanalate,  l'altre  ne  sene 
senza.  Negli  scavi  falti  alterne  a  quesli  lempj  ne'  scersi  anni  per  opéra  del  cav.  Vala- 
dier,  si  conobbe  il  1ère  piantalo,  e  la  loro  dislribuziene,  ed  avanli  al  lempio  délia  Pielà, 
che  era  quel  di  mezzo,  fu  rinvenuta  la  base  délia  Statua  di  Glabrione.  Melchiorri, 
Guida  melodica  di  Roma,  p.  688. 

XVII.  Le  temple  de  la  Piélé  près  du  théâtre  de  Marcellus,  avait  des  colonnes  doriques 
sans  aucunes  bases  [Palladio.  Archill.  I,  c.  15,  tav.  103-104].  Notre  plan  esl  restauré 
d'après  celui  de  Palladio  ;  d'après  des  fouilles  exécutées  en  1808  ;  d'après  un  croquis 
de  Ballazar  Peruzzi,  peintre  qui  vivait  au  commencement  du  XVI^  siècle,  lequel  cro- 
quis est  conservé  à  Florence  au  musée  degli  Uffizi,  el  dont  M.  Lefuel,  archi- 
tecte pensionnaire  de  l'Académie  de  France,  à  Rome,  a  donné  le  fac-similé 
dans  une  restauration  de  ces  trois  temples,  exposée  au  Palais  des  Beaux- 
Arts,  à  Paris,  en  septembre  1844  ;  enfin  d'après  le  fragment  ci-contre  du 
Plan  de  marlire,  gravé  dans  Bellori,  tav.  V,  sans  devise  ni  indication,  mais 
qui  nous  paraît  appartenir  au  groupe  des  trois  temples  dent  nous  nous 
occupons.  C'est  aussi  sur  la  foi  de  ce  fragment  que  nous  avons  indiqué 
une  perle  postérieure  au  temple  de  la  Piélé. 

XVIII.  Carrefour  Acilius.  U  devait  être  dans  le  voisinage  des  trois  temples  ci-dessus, 


474  DESCRIPTION  DE  ROME. 

cl  pout-^'trc  empnmlail  son  nom  à  la  statue  d'Acilius  r.labrion  placée  devant  ces 
temples.  Ce  carrefour  était  célèbre  parce  ()ue  l'on  y  donna  une  taverne  fboutique  ou  la- 
boratoire) au  premier  médecin  qui  vint  à  Home,  l'an  535  :  —  Cassius  Hemina  ex  anti- 
quissimis  auclor  est,  primum  e  mediris  venisse  Itomani  Pcluponneso  Archagallium  Ly- 
saniae  lillum,  L.  ^ïmilio,  M.  Li\io  coss.  anno  Urbis  DXXXY,  eique  jus  Quirilium  datum, 
el  tabernam  in  compilo  Acilio  cmplam  ob  id  publiée.  Pi.in.  X.\1X,  1. 

204.  Porte  Flimf.ntane.  Au  bord  du  Tibre,  sur  la  voie  qui  passe  devant  le 
théâtre  de  Marcclius  [n"  1 44]. 

I.  Aqua;  ingénies  eo  anno  [an.  559]  fuerunt,  et  Tiberis  loca  plana  Urbis  inundavil. 
Circa  porlam  Flumenianam  ctiam  collapsa  quœdam  ruinissunt.  Tit.-I-iv.  XXXV,  9. 

II.  Tiberis  infosliore  quam  priore  impelu  illalus  l  ibi,  duo  pontes,  œdificia  mulla, 
maxime  circa  portam  Flumentanam,  evertil  [an.  560].  Ibid.  21. 

III.  La  prima  [porta]  é  la  Flumentana  :  il  suo  nome  indica  baslantemenle  la  sua 
vicinan/.a  al  fiume,  e  l'esscre  stata  soggetta  più  voile  aile  inondazioni  del  Tevere  più 
di  ogni  altra  cosa  lo  prova,  e  rende  inverisimile  la  opinione  di  ([uelli  che  la  situarono 
aile  laide  del  Cainpidoglio,  sul  vico  Mamerlino  oggi  saliia  di  Marforio,  ove  il  Tevere 
non  poté  mai  pervenire,  allrimenti  avrebbe  coperlo  Roma  sopra  i  tetti  ;  tanto  più  se  si 
considéra  quanto  Homa  fosse  bassa  ne'  lempi  anlichi.  Nibbv,  Le  mura  di  Rrmta,  c.  IV, 
p.  129. 

26i>  Temple  d'Apollon-Médecin.  Derrière  le  temple  de  l'Espérance  [n''263], 
sur  la  rive  gauche  du  Tibre.  Il  fut  bâti  l'an  573,  par  le  censeur  M.  Fulvius 
Nol)ilior. 

I.  M.  Fulvius  [Nobilior  censor]  plura  el  majoris  locavil  usus  ;  Portum  el  pilas  pontis 
in  Tiberim,  el  Porlicum  ad  fannm  Hereulis,  elpost  Spei,  ad  Tiberim,  aedcm  Apollinis 
Wedici.  Tn.-Liv.  XL,  51  [an.  573]. 


RÉGION  XII.— LA  PISCINE  PUBLIQUE. 


175 


<- 


REGION  XII.  —  LA  PISCINE  PUBLIQUE. 


Cette  région  rune  des  plus  grande  de  Rome,  est  en  même  temps 
Tune  des  plus  vide  de  monuments  de  notre  époque;  aussi  n'avons- 
nous  presque  rien  à  en  dire. 

266.  Area  Radicaria.  Marché  aux  racines,  situé  en- 
tre la  porte  Capène,  à  gauche  de  la  voie  Appia,  et  l'ex- 
trémité orientale  du  Cirque  Maxime. 

I.  Horti  Asiniani. 
Area  Radicaria.  P.  Vict.  de  Keg.  urb.  Romœ,  XII. 

II.  Piscina  Publica  conlinet  Aream  Radicariam.  7Vo<2<.  imp., 
Reg.  XII.  —  Empiarement  conjecturé. 

III.  Iconographie.  P>ag,ment  du  Plan  de  marbre  du  Capi- 
tole.  Il  se  trouve  aussi  dans  Bellori  [Iconog.  vet.  Homo',  tav. 
XI]  avec  ceUe  note  :  Aiif.a  radicaria,  reg.  XH.  Piscina  Publica 
describitur,  in  qua,ul  exponilPanciroUus,  radiées  vendebanlur. 

267.  Jardins  d'Asinics.  En  dehors  de  la  ville,  h  gauche  de  la  voie  Appia.  Ils 
appartenaient  au  célèbre  Asinius  Pollion. 

I.  Horli  Asiniani.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XII. 

II.  Anio  vêtus...  a  Latina  in  Lavicanam  ihler  arcus  trajicit  :  et  ipse  piscinam  habet; 
inde  intra  II  milliarium  parlem  dal  in  specum  qui  vocalur  Oclavianus,  et  pervenit  in 
regionem  viae  Novae  ad  llortos  Asinianos,  unde  per  illum  traclum  dislribuitur.  Front. 
Aquœd.  21.  —  11  y  avait  aussi  au  bas  de  l'Aventin  une  voie  Neuve. 


-  268.  Autel  DE  Laverne.  Laverne,  déesse  des  voleurs,  avait  un  Autel  dans 
la  XII''  région,  aux  environs  delà  porte  Lavernale,  située  au  sortir  delà  petite 
vallée  qui  séparait  les  deux  parties  du  mont  Aventin. 

I.  Lavernalis  [porta]  ab  Ara  Lavernœ,  quod  ibi  Ara  ejus.  Varr.  L.  L.  V,  g  163. 

II.  Sur  la  silualion  de  la  Porte  Lavernale.  Dalla  porta  Raudusculana,  fine  alla 
gola  che  sépara  i'Avenlino  dal  Tevere,  in  qualtro  luoghi  possono  cadere  le  porte,  perché 
in  falli  qualtro  sono  gli  accessi  evidentemente  esistenli:  il  primo  è  quelle  fra  le  due 
parti  deir  Aventinoincontro  alla  porta  S.  Paolo  [Noili,  rion.  XII;  Letarouilly,  rion.  XII], 
ed  è  in  quella   gola  che  dee   situarsi  la  porte  Lavernale,   seconde  Varione,   che  la 

nomina  [toc.  sup.  cit.]  dopo  la  porta  Rauduscula Questa  porta  Lavernale,  se 

si  voglia  avère  riguardo  alla  localilà,  dovè  stare  presse  a  poco  nel  quâdrivio  clie  mena 
alla  Porta  S.  Paolo,  alla  Moletta,  a  S.  Prisca,  e  a  S.  Saba  [Nolli,  n^^  1159,  1066  ;  Le- 
tarouilly. rion.  X,  56,  44]  ;  imperchiocchè  nelle  vicinanze  di  quelle,  l'Aventino  pro- 
priamente  detto,  comincia  a  sorgere,  et  fa  ivi  un'  angôlo,  cosicchè  questo  è  il  silo  più 
strelto  fra  le  due  parti  dell'  Avenlino.  Nibbv,  Le  Mura  di  Romà,  c.  lY,  p.  204. 


176  DESCRIPTION  DE  ROME. 

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REGION  XIII.  —  MONT  AVENTIN. 


Les  bornes  de  la  région  du  mont  Aventin  sont  à  TE.  la  XII*  région, 
et  au  N.  le  Cirque  Maxime.  Vers  les  deux  tiers  de  la  longueur  de  ce 
dernier  monument  ses  limites  suivent  une  ligne  qui  passe  derrière  le 
Sacrarium  et  le  Bois  de  Saturne  [n"  242],  et  va  joindre  le  bas  du  Clivus 
Publicius.  De  là  elle  monte  sur  FAvenlin,  dont  elle  longe  Tescarpemcnt 
jusqu'à  la  porte  Trigemina,  et  en  dehors  de  cette  porte,  suit  la  rive 
gaucbe  du  Tibre. 

269.  Château  de  l'aqueduc  de  l'Appia. — Auprès:  Colonne  surmontée  de  la 
STATUE  DE  MiNUCius.  Ces  deux  monuments  étaient  tout  près  et  liors  de  la  porte 
Trigemina.  Le  Château  (d'eau)  fut  établi  en  même  temps  que  l'Aqueduc, 
l'an  442,  et  la  Colonne,  érigée  l'an  316,  aux  Irais  du  peuple.  La  statue  était 
en  airain. 

I.  Uuclus  ejus  [Appiee]  habet  longiludinem  a  capite  usque  ad  Salinas,  qui  locus  est 
ad  porlam  Trigeniinam,  passum,  etc.  Front.  Aquœd.  5. 

II.  Nec  Virgo,  nec  Appia,  nec  Alsietina  conceptacula,  id  est  piscinas,  habent...  Ri- 
vus  Appiae  sub  Cœlio  monte  et  Aventino  aclus  emergit,  ut  diximus,  infra  Clivum  Publicii. 
Fkont.  Id.  22. 

III.  Colonne  de  Minucius.  L.  Minucius  bove  auralo  extra  porlam  Trigeminam  est 
donatus,  ne  plèbe  quidem  invita,  quia  frumenlum  Maelianum  assibus  in  modios  œstima- 
tum  plebi  divisit.  Tii.-Liv.  IV,  16. 

IV.  L.  Minucius  Augurinus,  qui  Sp.  Msclium  coarguerat,  farris  pretium  in  trinis  nun- 
dinis  ad  assem  redcgit  undecimus  plebei  tribunus  :  qua  de  causa  Statua  ei  extra  portam 
Trigeminam,  a  populo  slipe  collata  statula  est.  Plin.  XYIII,  3. 

V.  Antiquior  columnarum  [celebratio],  sicul...  P.  Minucio  prœfeclo  Annons,  extra 
portam  Trigeminam,  unciaria  slipe  collata.  Plin,  XXXIV,  5. 

—  De  ces  deux  passages  de  Pline,  on  peut  conclure  que  la  Statue  était  sur  une  co- 
lonne, et  que  le  tout  était  en  airain. 

270.  Temple  de  Portumsus.  En  dehors  de  la  porte  Trigemina,  près  du  pont 
iEmilius,  jadis  Sublicius,  entre  la  voie  Ostiensis  et  le  Tibre.  Il  était  très-ancien. 

I.  ^dis  Portumni  ad  pontem  ^milii,  olim  Sublicii.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Ro~ 
mœ,  XI. 

II.  /Edes  Portumni  ad  pontem  Sublicii.  Se\t.  Ruf.  Ibid. 

m.  Portunalia  dicta  a  Porluno,  quoi  eo  die  aedes  in  portu  Tiberino  facla  et  feriae 
inslitutae.  Varr.  L.  L.  VI,  §  19. 

IV.  Iconographie.  Nous  avons  placé  devant  ce  temple  une  espèce  de  petit  port,  in- 
diqué par  Varron,  et  tourné  la  façade  de  l'édifice  vers  le  Tibre,  suivant  le  précepte  de 
Vitruve  :  Si  secundum  flumina  aedes  sacrée  fient,  ita  uti  ^Egypto  circa  Nilum,  ad  flumi- 
nis  ripas  videntur  spectare  debere.  Vitruv.  IV,  5. 

271.  Portique  aventin.  Construit  l'an  559,  parles  édiles  iEmilius  et  Lépidus 
Paulus,  il  se  trouvait  au  sortir  de  la  porte  Trigemina,  entre  la  voie  Ostiensis 
et  le  mont  Aventin  auquel  il  était  adossé. 

1.  iEdililas  insignis  eo  anno  fuit  M.  .^ilmilii  Lepidi  et  ^■Emilii  Pauli.  Multos  pecuarios 
damnarunt:  exeapecunia  clypeu  inauratainfasiiglo  Jovis  aedisposuerunt.  Porticum  unam 
exira  porlam  Trigeminam,  Emporio  ad  Tiberim  adiecto  [an.  559].  Tit.-Liv.  XXXV,  10. 


RÉGION  XFII.  — MONT  AVENTIN. 


17' 


II.  Loraverunl  [ccnsorcs],...  ol  forum  et  poitirum  oxlra  porlam  Trigcminani,  et 
aliam  post  Navalia.  Tit.-Liv.  XL,  51  [an.  575]. 

III.  Exlra  portam  Trigeniinam  Enipoiiuiii  lapide  slravcrunt,  slipilibusque  sepspriinl; 
cl  Porticum  ^Emiliam  rcfirienilam  rurarunt  :  gradibusque  adscensum  ab  Tiberi  in  Km- 
porium  fcreiunl,  et  extra  camdem  porlam  in  Avenlinum  Porlicum  silice  slraverunt 
[an.  578].  TiT.  Liv.  \LI,  27. 

272.  Voie  Ostiensis.  Elle  partait  de  la  porte  Trigeniina  et  suivait  le  cours 
du  Tibre,  au  sortir  de  la  ville. 

I.  La  via  Ostiense,  cosi  chiamata  perché  conduceva  ad  Ostia,  meno  il  suc  principio, 
nel  rimanenle  conserva  perfellamente  la  sua  direzione.  Essausciva  per  la  porta  Trige- 
mina  del  recinto  di  Servio,  la  quale  slava  nella  gola  fra  l'Aventino  ed  il  Tevere,  e  di  là 
seguendo  il  rorso  del  fiume  passava  avanti  la  basilica  di  S.  Paolo  ;  e  di  questa  direzione 
primiliva  dclla  via  Ostiense  ne  rimangono  indizj  sicuri  sulla  ripa  del  Tevere,  special- 
menle  presso  S.  Paolo  slesso,  dove  fra  gli  altri  indizj  si  osserva  una  linea  conlinuala  di 
ruderi  di  sepolcri.  Nibby,  Délie  vie  degli  antichi,  §  III,  p.  150. 

273.  Greniers  de  Sulpicius  Galba.  Sur  le  bord  du  Tibre,  au  pied  méridional 
de  l'Avcntin.  Ils  étaient  consacrés  aux  approvisionnements  d'huile  et  de  vin 
pour  Rome.  On  ne  sait  par  quel  Galba  ils  furent  construits,  mais  il  est  certain 
(ju'ils  existaient  du  temps  d'Auguste. 

I.  Horrea  Galbœ.  Notit.  imperii,  Reg.  XIII. 

II.  Horreorum  Galbianorum  fortunse.  P.  VicT.  de  Reg.  urh.  Romœ,  XIII. 
IH.  Nardi  parvus  onyx  elicicl  cadum, 

Qui  nunc  Sulpiciis  accubal  Horreis. 

HoR.  IV,  Od.  12,  v.  17,  18. 
—  Hodie  aulem  Galbœ  Horrea  vino  el  oleo,  similibusque  aliis  referta  sunt.  Porphvr. 
in  Hor.  loc.  sup.  cit. 

IV.  Avanzi  di  questi  magazzini  o  granai  si  vedono  ancora  a'  piedi  dell'  Aventino  e 
nelle  vigne  clie  sono  sopra  la  sponda  del  Tevere.  Fra  questi  dee  contarsi  il  preleso  arco 
""  di  Orçizio    Coclite,    detto   di   S.   Lazzaro  ;   il  quale 

corne  dalla   sua  costruzione  apparisce,  e    corne  si 
osserva  dalle  rovine  vicine,  non  è  che  un  arco  de' 
granai.  Nibby,  dans  Nardini,  iîoma  anhca,  lib.  VII, 
.  9,  t.  111,  p.  318,  noie  1. 

V.  Iconographie.   Nous   nous  sommes  inspirés, 
)pour  tracer  ces  greniers,  du  fragment  ci-joint  du 
'Plan  de  marbre,  qui  offre  le  plan  de  Greniers  por- 
tant le  nom  de  Lollius.  Ce  fragment  se  trouve  aussi 
dans  Bellori,  Iconogr.  vet.  Romœ,  lab.  I. 

274.  Portique  Emilien.  Sur  le  bord  du  Tibre,  tout-à-fait  à  l'extrémité  de  la 
région.  Les  édiles  iEmilius  et  Lepidus  Paulus  le  construisirent  l'an  oS9.  Il  se 
composait  de  six  rangs  de  galeries  parallèles.  La  façade,  toute  en  arcades,  re- 
gardait le  Tibre,  La  pente  du  terrain  se  reproduisait  à  l'intérieur  du  Portique, 
où  le  sol  se  trouvait  divisé  en  trois  plans,  séparés  chacun  par  quelques  degrés. 

I.  Sur  l'édification  du  Portique  Emilien,  voy.  ci-dessus  n»  271,  §  I,  el  sur  sa  position 
devant  Navalia,  Ibid.  g  II,  111. 

II.  Iconographie.  Pirancsi  a  relevé  le  plan  et  dessiné  les  ruines  de  ce  portique,  qu'il 
place  aussi  devant  jYai'a/ia.  Voy.  Anlich.  rom.  t.  IV,  tav.  48. 

27I>.  Emporium  et  Navalia.  V Emporhim  était  une  espèce  de  débarcadère 
sur  le  bord  du  Tibre,  une  place  dallée  devant  le  portique  Emilien;  les  Nava- 
lia, un  port  militaire  en  face  de  Y  Emporium. 

I.  Sur  la  construction  de  V Emporium,  voy.  ci-dessus,  n»  271,  §  III. 

II.  Senatus...  decrevit. . .  naves  quœ  in  Tiberi  paratœ  instructœque  stabant,  ut,  si 
rex  posset  resislere,  in  Macedoniam  millerenlur,  subduci,  el  in  Navalibus  coUocari. 
TiT.-Liv.  XLV,  2. 

III.  Iconographie.  Nous  avons  tracé  ce  port,  dont  il  ne  reste  plus  rien,  à  la  manière 

I.  42 


178  DESCRIPTION  DE  ROME. 

nnliquc,  avec  deux  jetées  perréi-s  d'aroadcs  n  la  liaiilcur  des  grosses  eaux,  de  manière 
A  ne  pas  gt'iier  le  eours  du  lleuve  quand  il  roule  ù  pleins  bords.  Celle  disposilioi»  esl 
einpiunlée  aux  pouls  antiques  de  Konie,  où  une  petite  arcade  s'ouvre  au-dessus  des 
piles,  à  la  naissance  des  cintres  des  grandes  arches.  Voy.  plus  bas,  n»»  308,  309. 

IV.  Les  Navalia  étaient  hors  de  la  porte  Trigemina,  prés  des  magasins  du  sel  d'au- 
jourd'hui. Dans  la  vigne  Césarini  iXolli,  n"  1070;  Letarouilly,  rion.  Xll,  38]  existent 
encore  des  ruines  trés-considcrables  construites  en  petits  polygones  de  tuf,  construc- 
tion que  les  anciens  appelaient  opu$  incerlum.  Nibby,  Ilinér.  de  Rome,  t.  II,  p.  108. 

27G.  PonTE  MiNLCiA  et  Escalier  a  coudons.  Cette  porte  s'ouvrait  au  faîlc 
et  sur  la  lisière  occidenlale  du  mont  Aventin.  La  montagne  étant  fort  escarpée 
de  ce  côté,  on  y  arrivait  par  un  escalier  à  cordons,  l\  double  rampe. 

I.  En  établissant  ici  la  porte  Minucia  nous  avons  suivi  une  conjecture  de  Mbby, 
basée  sur  les  textes  cités  au  n"  271  [Voy.  Nibbv,  Le  iWura  di  Borna,  c.  IV,  p.  207].  Il 
y  a  aujourd'hui  sur  cet  emplacement,  vis-à-vis  de  l'église  du  Prieuré  de  Malle  [Nolli, 
n«  1075;  Letarouilly,  rion.  XII,  52],  une  montée  qui  pourrait  bien  élre  un  débris  de 
l'ancien  escalier. 

277.  Temple  de  Diane.  Situé  sur  la  partie  la  plus  élevée  du  itiont  Avenliii, 
dans  un  quartier  appelé  Lanrelnm,  vers  le  Tibre,  il  fut  bàli  par  les  Romains 
et  les  Latins,  d'après  l'instigation  du  roi  Servius,  pour  être  le  centre  de  l'u- 
nion des  deux  peuples;  de  là,  on  l'appelait  quelquefois  le  temple  commun  de 
Diane.  Servius  décida  qu'on  y  tiendrait  le  compte  des  naissances,  au  moyen 
d'une  pièce  de  monnaie  que  chaque  citoyen  déposerait  dans  le  trésor  du  temple, 
quand  il  lui  naîtrait  un  enfant.  L.  Cornilicius  restaura  ce  monument,  du  temps 
d'Auguste. 

I.  Perpulit  tandem  [Servius],  ut  Romae  fanum  Dianœ  populi  Lalini  cum  populo  Ro- 
mano  facerenl.  Tn.-Liv.  I,  45.  —  Quelques  lignes  plus  bas,  Tile-Live  désigne  la  posi- 
tion de  ce  leraple,  en  disant  :  Infima  valle  pra'lluit  Tiberis. 

II.  Ka-SJ/.sùaciv  Èf  wv  ÛTiu-cxi  (7uv;^v£yx«v  ai  ûi/ei;  y_f.Y,//.c/.~u-j,7hy  TÔj  J^pr-fJ.içoi  vxàv, 
Tîv  sTïî  Toû  /j.s-/iaTOU  Tôiv  èv  7yj  P&i/uvj /oçsoiv  i'jpi/y.î-jov,  AjevtÎvou.  D.  Halic.  IV,  26  '. 

III.  IIûSjtov  j^àv  T^  7ro/££  //.«"ï/iav  oj  [j.i/./:.ccj  —pocéOr,xs-/,  èvrir/hoci  ràv  /;-/é//ev5v 
AvsvTÏvov  é'jTt  ok  >op(9s  U'prXoî  inisuCiç,  ixroi/Màsxâ.  tzou  czxoiu:i  t/jv  rcsp'/J-STpov,  £,- 
rôr-  /Jiîv  u/v;,  TravTîoaTT/j,  iJ.é'S-zoi  viv,  7î),£i(jT/j;  os  /m  /.xû.iarriç  oùfvri;,  èf  riî  \7.jr,r,T0v 
l/nb  Puficâuv  mà-'i-ui  rÔTtoç  r't;  à'(  xJToh-  vu-j  ok  ol/.iOiJ  sort  TÙ.rt^^rii  xtuç-  ï-jOu.  cjv  7.5/- 
/îî;  cfjloti  xal  70  Tôi  A.pTsy.iooi  isfib./  Ï0f,jT:c/.L.  D.  Halic.  III,  43  *. 

IV.  Teraplum  commune  Dianœ.  P.Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIII. 

V.  Avenlinum  aliquol  de  causis  dicunl  :...  alii  ab  advenlu  hominum,  quod  com- 
mune Lalinorum  ibi  Dianœ  lemplum  sil  constitulura.  Yarr.  L.  L.  V,  §  43. 

VI.  Servorum  dies  léslus  vulgo  exislimalur  idus  Augusli,  quod  eo  die  Ser.  Tullius, 
nalus  scrvus  aedem  Uianœ  dedicaveril  in  Avenlino,  cujus  lulelx  sint  servi,  a  quo  cele- 
ritale  fugitivos  vocanl  servos.  Fest.  v.  Servorum. 

VII.  DiAN.E    IN    AVENTINO,     ET    VOUTVMNO    I.N    LoRETO    MAIGRE.  GRUTER.    p.    134  ;    — 

OUELLl,  Inscript,  lat.  l.  il,  p.  396,  397.  Sur  Lauretum  v.  no  291,  §  VI. 

VIII.  In  Avenlino  ante  Aram  Diana?  conslituit.  V.  Max.  VII,  3.  1.  —  il  s'agilsans  doute 
ici  de  l'autel  de  sacrifice  qui  était  toujoi>rs  en  avant  de  la  porte  des  temples. 

IX.  Sur  la  restauration  du  temple  de  Diane  par  Cornificius,  voy.  n"  88,  §  XV. 

X.  Brocchi  [Dello  slalo  fisico  del  suolo  di  Roma,  pag.  211]  indique  le  plateau  où 
est  bâtie  l'église  de  S.  Alexis  [Nolli,  n»  1076  ;  Letarouilly,  rion.  XII,  51]  comme  le  point 
le  plus  haut  de  l'Aventin.  C'est  là  que  nous  avons  placé  notre  temple  de  Diane. 


*  Ex  pecuniis  quœ  omnes  civitatos  contulerunl  exslruxit  [Serv.  Tullius]  teuiplum  Dianse, 
quod  fundatum  est  in  Aveiuiiio,  omnium  Romanorum  collium  maxime.  =  -  l'rimum  qui- 
dem  Urbem  non  mediociiter  auxit  [Marcius]  :  Aventinum,  qui  ita  vocaUir,  iisdem  mœnilms 
complexus  :  est  autem  collis  modice  allus,  stadioium  ferme  XVIH  ambilu,  qui  tune  varia  ma- 
tcria  refertus  erat,  sed  pra'cipue  lauri  eleyaniis  magna  copia;  unde  a  Komanis  quxdani  ejus 
loci  pars  Lauretum  vocatur:  sed  jam  lotus  aîdificiis  est  refertus,  uhi  iuler  ceteras  res  templuni 
ctiam  Dianx  exstructum  est. 


RÉGION  Xllf.  —MONT  AVENTIN.  d70 

278.  Atrium  de  la  Liberté.  Il  y  avait,  aiiprôs  du  Foiiiiii  de  César,  un  Alriuiii 
(1(>  la  liberté  i'orl  ancien  [voy.  n"  134],  où  l'on  alticliait  les  lois  et  les  actes  de 
libération  des  esclaves.  Sous  le  principal  d'Aui,aiste,  où  les  allrancliissements 
devinrent  très-fré(iuents,  il  est  vraisemblable  que  l'ancien  Atrium  devint 
insuffisant.  Dans  la  vue  de  remédier  à  cette  insuftisance,  Asinius  Pollion,  cédant 
aux  invitations  d'Auguste,  qui  engageait  tous  les  riches  citoyens  à  bâtir  des 
monuments,  érigea,  sur  le  mont  Avenliu,  un  nouvel  Atrium  dorla  liberté  qu'il 
décora  des  cliel's-d'œuvre  de  la  sculpture  grecque. 

I.  Atrium  Libcrtatis  in  Avenlino.  P.  Vict.  de  Reij.  urb.  Rotnœ,  XIll. 

II.  Sur  l'édidealioa  de  l'Atrium  de  la  Liberté  par  Asinius  Pollion,  voy.  n"  88,  g  XV. 
Ce  que  nous  avons  dit  sur  les  motifs  de  l'édification  de  cet  Atrium  par  Pollion,  est  con- 
jectural. 

III.  Occupai  aprilis  idus  cognomine  viclor 

Juppiter  :  hac  illi  sunl  data  lempla  die. 
Hac  quoque,  ni  fallor,  populo  dignissima  nostro 
Atria  Liberlas  cœpil  liabere  sua. 

Ov.  Fast.  IV,  v.  621-624. 

IV.  Pollio  Asinius,  ut  fuit  acris  vehemenliœ,  sic  quoque  spectari  monumenta  sua 
voluit.  In  ils  sunt  centauri,  etc.  [détail  de  beaucoup  d'autres  statues].  PliiN.  XXXVI,  5. 

279.  Temple  de  la  liberté.  Ce  temple  avait  été  bâti  par  le  père  de  Tib. 
Gracchus,  et  fut  restauré  ou  reconstruit  par  Auguste. 

I.  Digna  res  visa,  ut  simulacium  celebrali  ejus  diei  Gracchus,  postquam  Romam  re- 
diil,  pingi  juberet  in  œde  Libertatis,  quam  paler  ejus  in  Aventino  ex  multatitia  pecunia 
faciendam  curavit  dcdicavilque.  Tir.-Liv.  XXIV,  16  [an.  538]. 

il.    /EdES  LlBEllTATIS  IN  AVENTlNO  .  .  .  .    FECl.   LAPIS  ANCYR. 

III.  Templum  Libertatis.  P.  Vici.  de  Reg,  urb.  Romœ,  XIII. 

280.  Bibliothèque  de  Pollion.  Fondée  par  Asinius  Pollion,  et  probablement 
avec  le  prix  des  dépouilles  des  Dalniates,  qu'il  avait  vaincus,  ce  qui  en  place- 
rait la  fondation  vers  l'an  71 5  de  Rome,  elle  était  près  de  l'Atrium  de  la 
Liberté. 

I.  Sur  le  voisinage  de  l'Atrium  de  la  Liberté  et  de  la  Ribliothéque  de  Pollion,  voyez 
no  151,  g  IV. 

II.  M.  Varronis  in  Bibliotheca,  quse  prima  in  orbe  ab  Asinio  Pollione  ex  manubiis 
publicata  Romœ  est,  unius  vivenlis  posita  imago  est.  Plin.  VII,  30.  —  L'expression  ex 
manubiis  nous  fait  conjecturer  que  celte  bibliothèque  fut  érigée  avec  le  produit  des 
dépouilles  des  Dalmates,  dont  la  défaite  eut  lieu  l'an  714.  Voy.  Florus,  IV,  12. 

III.  Asinii  Pollionis  hoc  Romœ  inventum,  qui  primus  Bibliolhecam  dicando,  ingénia 
hominum  rem  publicam  fecit.  Plin.  XXXV,  2. 

281.  Temple  de  Jdnon-Reine.  A  l'endroit  où  le  Clivus  Publicius  débouchait 
sur  l'Aventin.  Camille  le  voua  l'an  359,  et  le  dédia  l'an  393.  Il  fut  réédifîé 
par  Auguste. 

I.  Templum  Junonis  Reginse,  a  Camillo  dedicatum  captis  Veiis.  P.  Vict.  de  Reg.  urb. 
Romœ,  XIlI.  —  Voy.  ci-dessous,  Clivus  Publicius,  n"  283,  §  IV. 

II.  In  Avenlinum,  œternam  sedem  suam porlatam  [Junonem  Reginam],  ubi 

templum  ei  postea  idem  qui  voverat  Camillus  dedicavit.  Tit.-Liv.  V,  22.  [an.  393]. 

III.  Tum  Junoni  Reginœ  lemplum  in  Aventino  locavit  [Camillus,  an.  559].  Tn-Liv. 
V,  23. 

IV.  Juno  Regina,  transvecta  a  Veiis,  ....  in  Aventino.  .  .  dedicata  est.  Tit.-Liv. 
V,  52. 

V.  iEcES  MiNERVyE,  ET  IvNONIS  REGINiE,  ET  lOVIS  LiBERATORIS  IN  AVENTINO.    .    .    .    FECI. 

LAP.  ANCYR.  col.  4  et  6. 

282.  Temple  de  la  Lune. — Entre  ce  temple  et  celui  de  Junon-Reine  :  Sta- 
tues EN  AIRAIN  de  Junon  ET  DE  DiANE.  Lc  icmplc  de  la  Lune,  situé  en  parallèle 


180  DESCRIPTION  DE  ROME. 

(le  celui  de  Junon-Relne  fn"  281],  avait  été  luiulé  par  le  roi  Servins. — La  Slaliie 
(la  Ju)ion  lui  érigée  l'an  534  par  les  dames  romaines;  celle  de  Diane  datait  des 
premiers  temps  d(;  Rome. 

I.  Teinpluin  Luiia;  in  Aveiilino.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIII. 

II.  Luna  rcgil  menscs  ;  liujus  quoquc  Icmpore  mensis 

Finit  Avenlino  Luna  colenda  ju^ro. 

Ov.  Fasl.  111,  V.  883,  884 
m.  Alrox  rum  vcnto  tempostas  roorta  :  ....  forom  ex  <T(le  Lun.-B  qui  in  Aventino 
est,  raplam  tulil,  et  in  posliris  pariolibus  Cercris  tempii  affixil:  signa  ulia  in  Ciico 
IMaximo,  rum  columnis,  quibus  superslabant,  evertil.  Tit.-Liv.  XL,  2.  —  Gel  événe- 
ment justifie  la  position  que  nous  avons  ehoisie  prés  de  l'escarpement  de  la  montagne. 
Le  vent  put  faeilement  transporter  les  portes  du  temple  de  la  Lune  sur  la  muraille  pos- 
térieure du  temple  de  Gérés  située  au  bas  de  l'Aventin,  n°  251. 

IV.  Sur  l'édification  du  temple  de  la  Lune  par  Servius,  voy.  n»  207,  g  VIII. 

V.  Statue  en  airain  de  Junon.  Ob   cœtera  prodigia,    libros  adiré  .   .  .    decemviri 

jussi Urbs  lustrata  est,  ...   et  Signum  œneum  matrona;  Junoni  in  Aventino 

de  dicaverunt.  [an  554)  Tit.-Liv.  XXII,  .63. 

VI.  Statue  de  Diane.  UpÔTîpo-J  /j£v  oOv  sùzIi-/ovj  ôiupspô-nuç,  TtspÎTszx  oùlx,  /.u'i 
TlzfA  T/;v  TT/jàâ  Pw//«['5ii  fit.i'x.-J,  Tti  TTO/^à  Kv  Ttî  /àêoi  ariixîlv.-  xat  or,  xat  lôavov  tvjî  kpti- 

C<V£0£!7êV.  StrÂb.    IV,  p.   180». 

283.  Clivus  Puclicius  ou  Publicus.  Il  commençait  à  l'angle  septentrional  du 
mont  Aventin,  sur  lequel  il  conduisait. 

I.  Publicius  clivus  appellatur  quem  duo  fratres  L.  M.  Publici  Malleoli  œdiles  cur., 
pecuariis  condemnatis  ex  pecunia,  quam  cœperant,  nunierunt,  ut  in  Aventinum  vehiculis 
vcnire  possint.  Fest.  v.  Publicius. 

II.  Glivus  Publicus.  V.  \ict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  \Ul. 

III.  Quum  ex  Arce  Gapitolioque,  Glivo  Publicio  in  equis  decurrentes  quidam  vidis- 
sent,  captum  Aventinum  conclamavcrunt.  Tit.-Liv.  XXVI,  10. 

IV.  In  Forum  venere,  .  .  .  inde,  vico  Tusco,  Velabroque  per  Boarium  Forum,  in 
Clivum  Publicium,  atque  œdem  Junonis  Reginœ  porrectum.  Tit.-Liv.  XXVII,  57. 

284.  Autel  d'Évandre.  Sur  la  montagne,  au-dessus  de  la  porte  Trigemina. 
1.  Sur  la  position  de  cet  autel,  voy.  n»  97,  §  III. 

28^.  Remuria  ou  Tombeau  de  Rémus.  Endroit  où  Rémus  prit  les  auspices, 
au  sommet  de  l'Aventin,  et  où  il  fut  inhumé. 

I.  Remuria. 

Atrium  Libertatis  in  Aventino.  P.  Vicx.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIII. 

II.  Voeitatam  aiunt  Remuriam,  locum  in  summo  Aventino,  ubi,  de  Urbe  condenda 
fuerat  auspicatus  [Remus].  Fest.  v.  Remurinus. 

m.  PÛ//55  Oc  yojpio-j  Ti  roli  A'oîvTtvoy  ■/.OLpTspov,  G  01  èy.sV.'Ov  p.'vJ  ù-jo/j.â^Ori  Psy.ûviov, 
vL/v  OS  Pty/àpiov  xx>^£Ïzxr  (j\j;Os/j.v,>uv  àï  t-/;v  é'piv  opvisi-j  xhLoii  jSpaè-iiaxt.  Plut. 
Romul.  9.2 

IV.  A'TToSavovTOî  o'  £v  Tr,  p-ày-r,  -zol)  Vùp.ou,  -n/.r,  olxTi<jTr,-j  b  Pw//.6>os  «Tlô  roXi  c/.<5'£>ipoû 
■/.ul  TColiTU/ji  ùX).r}.oxTO'jia.î  àv£Xti//£vo5,  tôv  y.£v  Pûp.ov  èv  t7i  Pufiopix  dxTnîf  cTTStJ"/)  xul 
^Civ  -ï-Tii  -Arbioti  TO^  Xupiou  rispiiiysro.  D.  Halic.  I,  87  3. 


*  Jadis  les  Marseillais  étaient  florissants,  et  ils  jouissaient  de  plus  de  l'avantage  d'être  unis 
avec  les  Romains  par  les  liens  d'une  amitié  particulière.  Parmi  plusieurs  preuves  de  cette 
amilié,  on  peut  citer  la  Statue  de  Diane  que  ces  derniers  ont  consacrée  sur  le  mont  Avenlin, 
semblable  pour  la  forme  à  celle  des  Marseillais.  Pagp  iz  de  la  traduction.  =  -  Aventini  Ue- 
mus  munitiorem  dcsignavit  parlem,  quod  ab  to  est  Remonium  diclum,  nunc  Hignariuni  vo- 
ciiatur.  Itaque  litem  augurio  commiitunl.  =  ^  Csso  auti  in  Remo  in  ea  puj^na,  Romulus 
quuni  victoriam  niiserrima  de  fralre  et  civiuin  mutua  ca;de  relulissel,  Remuin  in  Remuria 
liumavit.  Si'juidem,  quum  viveliat,  euin  locuiii  Urhi  condenda'  deslinarat. 


UÉGION  XIII.  —MONT  AVENTIN.  181 

V.  Itemoria  vocatur  is  locus  ubi  Ucmus  cum  suis  auspicalus  csl;  qui  priscum  nomcii 
hodie  relinct  :  vocantque  Romani  Remoriamviam,  quœ  a  Circo  Maxiino  per  dorsum 
Avenlini  recta  ducit  ad  munilionem  Paul!  III.  DoissaiU).  Tnpof/rnphia  Romœ,  prinius 
dies,  p.  29.  —  Il  s'agit  ici  des  liaslioni  di  Paolo  111  [Nolli,  n"  1074J,  situés  à  roccidcnt 
do  l'Avenlin,  pri^  de  notre  porte  Navale.  La  voie  indiquée  sur  notre  plan,  et  partant 
du  Cirque  Maxime,  a  la  même  direction  que  la  voie  moderne. 

28G.  Autel  de  Jupiter  Elicius.  Il  avait  été  érigé  par  Numa,  et  se  trouvait 
sur  le  plus  liaut  de  la  montagne. 

I.  Jovi  Elicio  Aram  in  Aventino  dicavit  [Numa]  Tir.-Liv.  I,  20. 

II.  Sic  Elicii  Jovis  Ara  in  Aventino  ab  eliciendo.  Vakr.  L.  L.  VI,  g  95. 

287.  Temple  de  la  Bonne  déesse. — Devant  :  Statue  de  la  Vestale  Claudl4. 
Dans  les  environs  de  l'Atrium  de  la  Liberté.  Ce  temple  dédié  par  la  Vestale 
Claudia,  vers  le  commencement  du  6<=  siècle  de  Rome,  fut  réédilié  par  Livie. 

I.  Templum  Libertatis. 
Templum  Bona;  Dose  in  Aventino. 
Remuria.  P.  Vicx.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIII. 

II.  ...  Diva  canenda  Bona  est. 

Est  moles  nativa  :  loco  res  nomina  fecit. 

Appellanlsaxum  ;  pars  bona  montis  ca  est. 
Huic  Bemus  institerat  frustra,  quo  lempore  fralri 

Prima  Palatinœ  signa  dedistis  aves. 
Templa  Patres  illic,  oculos  exosa  viriles, 

Leniler  adclivi  constiluere  jugo. 
Dedicat  liaec  veteris  Clausorum  nominis  hseres, 

Virgineo  nuUum  corpore  passa  virum. 
Livia  restituil;  ne  non  imitata  maritum 

Essel,  et  ex  omni  parte  secula  virum. 

Ov.  Fasl.  V,  v.  148-158. 

III.  Slalue  de  Claudia.  Q.  Claudia?  Statua  investibulo  tcmpli  Matris  deumposita,  bisea 
aede  incendio  consumpta,  prius  P.  Nas'ica  Scipione  et  L.  Bestia  [an  642]  ;  item  M.  Ser- 
vilio  et  L.  Lamia  coss.  [an  756],  in  sua  basi  llammis  inlacta  sletit.  V.  Max.  I,  8.  11. 

'288.  Armilustrium.  Place  proche  du  temple  de  Diane  [n"  277].  Tous  les 
ans  on  y  faisait  la  procession  des  anciiies.  Au  centre  il  y  avait  un  Autel. 

I.     Armilustrium. 

Templum  I.unœ  in  Aventino.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Roma>,  XIII. 

il.  Armilustrium  ab  eo  quod  in  Armilustrio  armati  sacra  faciunt,  nisi  locus  potius 
diclus  ab  bis;  sed  quod  de  bis  prius,  id  ab  luendo  aut  luslro,  id  est  quod  circumibant 
ludentes  ancilibus  armati.  Varr.  L.  L.  VI,  g  22.  —  ?"aunus,  antiquaire  du  XVIe  siècle, 
rapporte  que  de  son  temps  on  trouva  dans  une  vigne,  prés  de  l'église  de  S.  Alexis,  un 
fragment  d'inscription  antique  portant:  sacrv.m.mag.vici  armilvstri.  D'après  cet  indice, 
Nardini  conjecture  que  \' Àrmilusirmm  était  auprès  de  S.  Alexis,  [Nolli,  n»  1076;  Le- 
larouilly,  rion.  XII,  31]  c'est-à-dire  de  notre  temple  de  Diane. 

289.  Temple  et  Portique  de  Minerve.  Auprès  de  l'Armilustrium  [n"  288]. 
Le  Portique  fut  bâti  sous  le  grand  pontificat  de  Q.  Cécilius  Métellus,  c'est-à- 
dire,  vers  l'an  510.  Le  temple  était  au  centre  d'une  place  carrée,  entourée  par 
ce  Portique,  et  fut  construit  vers  l'an  674.  Auguste  le  restaura. 

I.  Minerva  in  Aventino.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIII. 

II.  Quinquatrus  appcllari  quidam  putant  a  numéro  dierum,  qui  feriis  cclebrantur.... 
MinervcB  aulem  dicalum  eum  diem  exislimant,  quod  eo  die  œdis  ejus  in  Aventino  con- 
secralaest.  Fest.  v.  Quinquatrus. 

m.  Scribas  proprio  nomine  aiuiqui,  et  librarios,  et  poêlas  vocabant.  .  .  Itaque  cum 
Livius  Andionicus  belio  Punico  secundo  scribsisset  cacmcn  quod  a  virginibus  est  can- 
tatuni,  quia  prospcrius  respublica  populi  Romani  geri  cd'pta  est,  publiée  adtributa  est 
ci  in  Aventino  «■dis  Minervte  in  qua  liceret  scribis  hislrionibusquc  consistere,  ac  dona 
poiicrc  in  honoreni  Livii,  quia  is  et  scribebal  fabulas  et  u^'obat.  Fest.  v.  Scribus. 


182  DESCRIPTION  DK  ROME. 

IV.  Sol  al)il  a  f;oniinis,  el  Cancri  signa  rubescunl: 

Cu'pil  Aveiilina  Pallas  in  arce  roli. 

Ov.  Fa$l.  I,  V.  727,  7î28. 

V.  C'csl  d'aprt^s  une  inscription  dont  l'aullientirilé  esl  douteuse,  que  nous  attribuons 
à  L.  Cccilius  Ulétellus  l'édification  du  Portique.  Voy.  Orelli,  Inscript,  lat.   n"   44  ;  et 

(JltlTKR.  p.  5i>. 

VI.  Sur  la  restauration  du  temple  par  Auguste,  voy.  ci-dessus,  n"  281,  §  V. 

Vil.  Minerve  in  Aventino.  GRUTEH.  p.  135  ;  —  OmLLl,  Intcripl.  lat.  t.  II,  p.  392 

290.  Porte  navale.  A  rextrémilé  méridonale  de  rAventin. 
1.  Navalis  porta,  item  navalis  regio,  videtur  utraque  ab  Navalium  vicinia  ila  appcllala 
fuisse.  Fest.  v.  Navalis. 

201.  Tombeaux  d'Aventincs  et  de  Tatius.  Le  premier  était  près  de  la  porte 
Navale;  le  second,  dans  le  même  quartier,  près  de  rArmilustrium  [n"  288]. 

I.  Tombeau  d'Avenlinits.  Avenlinum  aliquot  de  causis  dicunt....  alii  ab  rege  Aven- 
tino Albano,  quod  ibi  sitsepultus.  Varr.  l.  L.  V,  §43. 

II.  Aventino,  fulmine  ipso  ictus  [Homulus  Silvius]  regnum  per  manus  Iradldit;  is  se- 
pullus  in  eo  colle  qui  nunc  est  pars  Romae  urbis,  cognomcn  colli  fecit.  Tit.-Liv.  I,  3. 

III.  Fralre  suo  sceptrum  moderatior  Acrota  forti 
Tradil  Aventino  :  qui  quo  regnaral,  eodem 
Montejacet  posilus  ;  tribuitque  vocabula  monti. 

Ov.  Melam.  XIV,  v.  619-621. 

IV.  Posl  illum  regnavit  Aventinus  Silvius:  isque  finitimis  bellum  infcrenlibus  in  di- 
micando  circumventus,  ab  hostibus  prostratus  est,  ac  sepultus  circa  radiées  montis,  cui 
ex  se  nomen  dédit.  A.  Vict.  Orig.  gent.  Roman,  p.  18  ;  édit.  Schott,  in-S»,  Lugduni 
Balav.  1670. 

V.  Tombeau  de  Tatius.  Sepulcrum  divi  Talii.  P.  VicT.  deReg.  urb.  Romrr,  XIII. 

VI.  In  eo  [Aventino]  Laurelum  ab  eo  quod  ibi  sepultus  est  Tatius  rex,  qui  ab  Lau- 
rentibus  interfeclus  est,  vel  ab  silva  laurea,  quod,  ea  ibi  excisa,  est  œdificatus  vicus. 
Varr.  L.  L.  V,  §  152. 

Vil.  Tatium  occisum  aitLavinii  ab  amicis  eorum  legatorum,  quosinterfecerant  TatianI 
latrones,  sed  sepultum  in  Aventinensi  Laureto.  Fest.  v.  Tatium. 

Vlll.  O  o;  ~o  aï-J  râ/zK  ~o\j  Tx-iou  /.o/j.hctg  bj-i'j.-jii  idxfi-j,  xaj  y.drxi  Tis/^l  rb  xa/sù- 
/j.vJCi-j  KciJ.àoii^TfAO.'  è./  A6s:nhco.VLn.  Romul.  23'. 

292.  Portique  ou  Marché  Fabaria.  Sur  la  pente  de  T  Aventin,  vers  le  Cirque 
Maxime.  C'était  le  marché  aux  fèves,  aux  cicers,  aux  lupins  et  autres  graines 
farineuses. 

I.  Porticus  Fabaria 
ScholaCassii. 

Templum  Junonis  Reginse.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  Xlll. 

II.  Porticum  Fabariam. 
Scholam  C.assii. 

Forum  Pislorium.  Nolit.  imperii,  Reg.  Xlll. 
m.  Iconographie.  Nous  en  avons  fait  un  marché  plutôt  qu'un  portique,  parce  que  le 
petit  peuple  de  Rome  étant  grand  mangeur  de  pois  chiches,  de  fèves,  de  cicers  et  autres 
légumes  de  ce  genre,  il  devait  y  avoir  un  marché  spécial  pour  leur  vente. 

295.  Forum  Pistorium.  Marché  au  pain,  près  du  marché  Fabaria. 
1.  La  Notice  de  l'empire  nommant  ce  Forum  presque  à  la  suite  du  Portique  Fabaria, 
nous  l'avons  placé  dans  les  environs  de  ce  dernier  Portique. 
H.     Forum  Pistorium.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romœ,  Xlll. 

III.  Voy.  ci-dessus,  n»  292,  §  II. 


'   llle  [Romulus]  corpus  T.ilii   majjiio  honore  l'oniaiii   dcl.ilum  tmmil.ivit   in   Aventino  ad 
Arinikistrium. 


REGION  XIV.  —  TKANSTlIiÉRINE.  185 

^ __ ^ 

RÉGION  XIV.— TRANSTIBÉRINE. 

Située  sur  la  rive  droite  du  Tibre,  cette  région  était  la  plus  longue 
de  toutes  ;  elle  s'étendait  depuis  l'arrivée  du  Tibre  au  Champ-de- 
Mars,  au  N.,  jusqu'à  sa  sortie  de  la  ville  au  S.,  vis-à-vis  du  Portique 
Cmilien  [n»  274],  à  la  suite  du  mont  Aventin.  L'Ile  du  Tibre  était 
comprise  dans  sa  circonscription. 

294.  Jardins  de  Pompée.  A  rextréniilé  sud  de  la  région,  presque  au  bord 
du  Tibre,  et  sur  la  pente  inférieure  du  Janicule.  On  voit,  vers  le  haut  des  Jar- 
dins la  petite  maison  dans  laquelle  Ponqiée  se  réfugia  pendant  que  Clodius 
ameutait  la  plèbe  de  Rome  contre  Milon.  Après  la  mort  de  Pompée  César 
donna  ces  jardins  à  Antoine. 

I.  OÛtw  ci"  ù.T.ootiyQùi  urracT^j  h  ÏIo/j.T:Yiîoi,  iosffi-/]  to\j  Kârcovs;  i\Oii-j  ~pbi  ajrôv  e?j 
TÔ  TTpoKn-iio-j.  Plut.  Cato  min.  48  i. 

II.  Tum  fasces  ex  leclo  LibiUnse  rapto  atlulit  [muUitudo]  ad  domum  Scipionis  et  Hyp- 
sœi,  deinde  ad  Horlos  Cn.  Pompeii,  clamitans  eum  modo  consulem,  modo  diclalorem. 
AscoN.  m  Milo.  Argum.  p.  183. 

III.  Timebal  autem  Pompcius  Milonem,  seu  Umere  simulabnt.  Plerumque  non  domi 
suae,  sed  in  Horlis  manebal,  idque  ipsum  in  supcrioribus,  circa  quos  etiam  magna  ma- 
nus  mililum  cxcubabat.  Ascon.  Ibid,  p.  187. 

IV.  EùOùi  SX  Tvjç  à//0f.6ti  £5  TÔvXvTcovwv  iyùpiv  h  âk  -^j  tj  y.ri-oiî,  oti^  b  KuiG:ip  kJt'7j 
vs'^'Jip-i]zo,  Tioyrido-j  yvjo'i.ivo'j:.  Appian.  de  Bell.  civ.  III,  p.  866  2. 

V.  Signa,  tabulas,  quas  populo  una  cum  lioilis  legavit  [Csesar],  cas  hic  parlim  in 
Horlos  Pompeii  depoilavit  [Antonius],  partim  in  villam  Scipionis.  Cac.  Philipp.  II,  42. 

VI.  Hune  prolinus  Antonius  consul  superbe  excipil  [Oclavium]  ;...  vixque  admisso 
in  Pompeianos  Horlos,  loquendi  secum  tempus  dedil.  Patebcul.  H,  60. 

YII   Sur  le  voisinage  des  jardins  d'Antoine  et  de  César,  voy.  ci-dessous,  n"  297,  ,§  VI. 

VIII,  Nello  slradone,  clie  conduce  a  S.  Franccsco  a  P>ipa  [Noili,  n°  113i;  Leta- 
rouilly,  rion.  XII,  47],  nella  mano  dritla,  vi  fu  trovato  un  grandissimo  pavimento  di 
musaico,  clie  conliene  il  silo  di  moite  case  con  figure  nègre  in  campo  bianco,  di  pro- 
porzione  quattordici  palmi  per  ciascuna.  S.  Bartoli,  Memorie,  n»  59. 

Più  allre  alla  casa  che  fa  cantonata  alla  piaz/.a,  \i  furono  trovali  gran  quanlita  di  tra- 
vcrlini,  che  anche  traversano  soUola  strada.  NcH'  orto  de'  frali  vi  lu  cavato  per  ordiiic 
del  cardinal  de'  Medici,  ove  furono  trovale  gran  fabbriche  di  Iraverlini,  alcuni  busli, 
cd  un  bellisfimo  bassorilievo  con  medaglie  di  ogni  sorte  di  métallo.  Ibid.  n"  60.  — 
iS'.  Franccsco  a  Ripa  est  sur  l'emplacement  des  Jardins  de  Pompée,  et  nous  avons  mis 
dans  la  rue,  et  vers  la  place  dont  parle  S.  Bartoli,  les  édifices  de  ce  jardin. 

*i9S.  Porte  et  voie  Portuexsis.  Au  bas  du  Janicule,  sur  la  rive  droite  du 
Tibre,  au  bord  du  fleuve. 

I.  Di  là  scendeva  a  raggiungere  il  Tevere  dieiro  l'arsenale  fuori  délia  porta  Portuenso 
distiutta  da  Urbano  VIII,  et  chiamata  Porlese  fin  dal  principio  del  secolo  XIV.  Nibbv, 
Le  Mura  di  Homa,  c.  VII,  p.  381.  Voy.  Rerum  Italicar.  Script.  Diarium  liomantim, 
I.  XXIV,  col.  978. 

II.  Passato  il  fiume  si  Irova  ail'  allra  ripa  la  nuova  porta,  e  pii'i  in  fuora  co'  vestigi 
dcllc  mura  gittate  a  terra  l'anuo  1645.  Si  vede  il  silo  dell'  antica  porta  Porlese  delta 


•   lia  con.sul  Pompeius  dechiiatus  Catnncm  oravit  lit  in  Sulnubiiim  vtniivt  ad  se.  = 
liin  e  t'oro  Antonium  adiit.  Is  erat  in  Horlis  l'onipoianis  quos  a  C;csare  clono  acci-pciat. 


1S4 


DESCRIPTION  DE  HOME. 


cosi  (la  l'rocopio  ;  ma  prima  di  Trajano  e  di  Claudio,  da'  quali  fu  odifiralo  Porto,  quai' 
era  il  suo  nome?...  lo  ronfcsso  non  sapcrlo;  ne  nii  piare  crcileri'  roi  Li^'^rio,  non  avère 
mai  avuto  allro  nome  rhe  di  l'oilesc.  .N.uiiiim,  liama  nntirn,  lib.  I,  c.  !),  p.  82. 

111.  On  ronjerlure,  mais  sans  pouvoir  citer  aucune  autorité  à  l'appui,  ([uc  cette 
porte  et  celle  voie  furent  établies  par  (Claude,  lors(|u'il  fonda  le  port  d'Ostie.  Nibby 
partage  cette  dernière  opinion  [de/le  vie  degli  antichi,  c.  IV,  p.  13'»].  Nous  nous  rap- 
procherions volontiers  du  sentiment  de  l'irro  Ligorio  ;  car  il  nous  parait  impossible 
qu'il  n'y  ait  pas  eu  là  de  tout  temps  une  porte  et  une  voie,  et  nous  ne  voyons  pas  pour- 
quoi on  ne  tirerait  pas  l'origine  de  leur  nom  d'un  port  autre  que  le  porld'Oslie. 


296.  Pont  Jîmiijis,  aituefois  Subi,icius.  Placé  le  second  on  aval  de  l'Ile  du 
Til)ro,  il  se  tionvail  auprès  de  la  Porte  Tiigeinina,  au  pied  de  l'Avenlin,  el 
conduisait  an  .lanicnle.  Bâti  parle  roi  Ancus  Marcius,  il  était  tout  en  bois,  et 
on  le  conserva  ainsi  ius(prà  l'an  731.  Dans  celte  année  un  débordement  du 
Til)re  l'ayant  détruit,  il  fut  reconstruit  en  pierre  l'année  suivante  par  le  cen- 
seur yEniilius  Lépidus,  dont  il  prit  le  nom. 

I.  yEdis  Porlumni  ad  pontem  yEmilii  olim  Sublici.  P.  ViCT.  de  Reg.  urh.  Ro- 
mw^  XI. 

II.  Sur  la  position  du  pont  Sublicius,  voy.  n"  ^01,  §  II,  111,  IV. 

III.  Inter  se  onere  partito  ferunt,  via  qua  Sublicio  ponte  ducit  ad  Janiculum.  TiT.- 
Liv.  V,  40. 

IV.  Eas  [vestales]  pontem  Sublicium  transgressas,  clclivum  qui  ducit  ad  Janiculum, 
descendere  incipientes,  etc.  V.  Max.  I,  1. 10. 

Y.   Ka2  Trjv  ÇLi),tv/iv  ysjju/sav,  yjj  aviu  ya.\-Aoxj  /.'A  ^l^npou  ôéfii?  i/Tt'  avTôJv  'jiXKf^!3t.~ilzOv.L 

iepà-J  siva.1  vo/aiÇovtcî.  D.  Halic.  III,  45  1. 

VI.  Hvâk  /J-icu.  [ysp^/ta]  kxt'  è/.sivouî  roù,  ypi-JO'Jî  %-j\o'ff.'j.y.TOi,  x-jsu  iJiîr,pou  dz5îiJ.é'Jr, 
Taï,  cavtîtv  KJTc/Xi,  rfj  y.vX  jj-éypii  è/J.o'O  rotaÙTïjv  pu).(z-TOi;j£  Poi/j-oûoi.  D.  Halic.  V,  24  2. 

VII.  O,  T£  TiSspli  ocù^rfiû';  z-i^v  ts  ■/tfupoc.v  ■zrjv  ^uliv/jv  xxTS<7iips,  /.cà  tyjv  Tioitv  tt/ootvjv 
STlÏTpeii  -filJ-épxi  è~o'ir,nvj.  DlON.  LUI,  33  3. 

VIII.  Pontes.  Valicanus,  Janiculensis,  Fabricius,  Cestius,  Palalinus,  /Emilius  qui  anlc 
Sublicius.  P.  VicT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  in  fin. 

IX.  As/srat  âk  xoù  t'o  7:«|«A7iav  avîj  'Ji'jr,poii  /.arà  !?/j  ii  Kàywj  a'jyyîyo,u.5;w5(?KJ  oiif.  "zCr^ 
|ù)iwv.  yj  os  ).(Ôiv/)  ■noWoii  U'zrs.po-J  iiupypy.'jdri  xpà-Joi^  [fil  Ai/j.'j/.ioj Ta/Muiio-JTO^ .  oj  ijù,-/ 
K/)ià /.al  T/jv  |u),tvv]v  Twv  Non;/*  xpà^Juv  c/.TzoKsŒzaOv.i  liyou'Sfj  Oirô  Ma^îxtîi;  toû  "Sojijy. 

OjyxTpi'hli  i^v.cùvjo-JTOi  àrroTî/îsOî'tiKv.  Plut.  Numa,  9  *.  — 
Nibby  [sur  Nardini, Borna  antica,\\\.  VIII,  c.  3]  propose  de 
lire  zt/jM-JTOi,  c'est-à-dire,  ajoute-t-il,  esercitante  la  cen- 
sura, au  lieu  de  ■zc/.fj.i-ijo-JTOi  parce  que  les  censeurs,  et  non 
point  les  questeurs,  étaient  chargés  des  travaux  publics.  La 
censure  d'.îmiliusLepidus  estd'ailleurs  très-remarquable  en  ce 
qu'elle  fut  la  dernière  exercée  par  de  simples  citoyens.  Dion, 
qui  nous  apprend  ce  fait,  place  la  censure  de  Lepidus  sous 
l'an  732.  Un  denier  d'argent  d'^milius  Lepidus,  dont  nous 
donnons  ci-contre  la  copie,  rappelle  le  fait  de  la  reconstruc- 
tion du  pont  de  Bois,  qui  fut  alors  appelé  tantôt  Sublicius,  par 

la  force  de  l'habitude,  tantôt  JEmilius.  Ce  denier  est  gravé  dans  le  Thesaur.  Moreil. 

famil.  Mmilia,  lab.  I,  2  ;  —  el  dans  Vaillant,  famil.  rom.  JEmilia,  21. 


*  Sublicium  pontem,  qui  ex  scia  lij;iie:i  niateria  est  conipaclus,  et  oui  uiliil  œris  aut  f»ni 
addere  licet,  ille  Tiberi  iniposuisse  ferlur  [Ancus],  qnem  ad  hoc  usque  tempus  servant,  sacrum 
existimantes.  :=  -  Erat  illo  tempore  unicus,  e  ligno  factus  [pons]  et  sine  fcrro,  solis  com- 
pactus  tabulis,  queni  ad  mea  usque  tempora  Romani  eodem  modo  servabaiit.  =  ^  Tiherisque 
auctus  pontem  Sublicium  evertir,  fecilque  ul  L'rbs  triduum  essct  navibus  pervia  [an  7^1 1.= 
*  Oicunt  enini  huno  [pouteiii  Subliiiiuii]  ex  oraculo  quodam  totuni  alj-^qiie  ferro  fuisse  clavis 
li;;neis  junctum  :  lapidcus  nudlis  scculis  po.'-l  a;difiealus  ab  /Kniilio  qu.pstore  e?.t.  Imo  Subli- 
cium quoquc  referuut  Numa  rcccntiorcm  ab  reye  Anco  MarlioNumxcx  fdia  nepote  fuisse 
excitalum. 


ItÉGION  XIV.  — TRANSTIBKUINE.  I8r> 

2Î)7.  Jardins  dk  Cùsar.  Vers  le  bas  du  Janiculc,  et  (lescendiinl  [tresque 
jusciu'au  bord  du  Tibre.  César  b's  lét^ua  au  peuple  dans  son  leslanient. 

I.  Populo  IIoilos  circa  Tibcrim  publicc  et  viritim  Irecenlos  seslerlios,  Icgavit  [Ca;sar]. 
SiîET.  C(rs.  85. 

II.  Fine  anni  [769]...  œdcs  Fortis  Forluna»,  Tibcrim  juxla,  in  Horlisquos  Caîsar 
diclator  populo  romano  legaverat, . . .  dicalur.  T.vc.  Ann.  Il,  41. 

III.  Trans  Tiberim  longe  cubai  is,  prope  Cajsaris  Hortos. 

HoR.   I,  S.  9,  V.   18. 

IV.  UpOiTOV  //îv  yy.p  èv  Tsct;  ^taO-zjxxii   àîr7o/j.£voiv  x«t'  oivSpoi.  P(,>/j.ciioLi  TTÔst  ô/SK^/-'-'^'"-' 

vEiv  £TT(  ïùxvîî  ?ï,îov.  Plut.  iiru^.  20  i. 

V.  R«J  T7)  WoXct  TOÙ,  T£  XVJTÏOUs  TOÙj  TrKyîà  TOV  TlSspfJ.  DiON.   XLIV,  33  2. 

VI.  K;<t  GrparoTcsâoiv  /îocà  vuktôs  é'x  ts  twv  toli  Ku^apo;  ncà  à/.  to)v  T'5Û  À-j^oy/ioit  /.r,- 
TTCdv,   bj-i-oyùprjyj  à)>).'/3).0J5  Tcc.py.  loi  TiSîpi'^i  'ivT'jyj,  riii.oiiovTo .  DioN.  XLVll,  40  •'. 

VII.  Iconographie.  Nous  avons  suivi  dans  notre  restauration  les  dispositions  ordinaires 
des  jardins  romains,  qui  ressemblaient  beaucoup  à  nos  jardins  paysagistes,  et  de  plus 
étaient  embellis  de  portiques  et  d'habitations. 

298.  Temple  de  Fors  Fortuna.  Dans  les  Jardins  de  César,  près  des  murs  df 
la  ville.  Il  était  petit,  avait  été  bâti  par  le  roi  Servius,  restauié  ou  réédilié  par 
César,  puis  par  Tibère. 

I.  Templum  Fortis  Fortunœ.  P.  VicT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIV. 

II.  Fort.  fort,  transtiber...  —  et  ad  xiiii  et...  GRUTER.  p.  135  ;  —  ORELLI, 
Inscripl.  lat.  t.  11,  p.  592. 

Forti  fortvN/E  transtiber.  ORELLI,  Ibid. 

III.  Dies  Fortis  Fortunaj  appellatus  ab  Servie  TuUio  rege,  quod  is  fanum  Fortis  For- 
tun»  secundum  Tiberim  extra  urbem  Romam  dedicavit  Junio  mense.  Varr.  L.  L.  VI, 
§  17. 

IV.  Aliud  F"ortuna  est,  aliud  Fors  Fortuna.  Nam  Fors  Fortuna  est  cujus  diem  festum 
colunl  qui  sine  arte  aliqua  \ivunt.  Hujus  œdes  trans  Tiberim  est.  Do.nat.  ift  Terent. 
Phorm.  V,  6,  v.  1. 

V.  Sur  la  situation  du  temple  de  Fors---Fortuna  dans  les  Jardins  de  César,  voy.  ci- 
dessus,  no  297,  §  II,  IV. 

VI.  Carvilius,  consul  l'an  459,  ayant  battu  les  Étrusques,  et  leur  ayant  pris  beaucoup 
de  butin  :  —  ^ris  gravis  tulit  in  œrarium  trecenla  nonaginla  millia  :  de  reliquo  a-re 
anlem  Fortis  Fortunaj  de  manubiis  faciendam  locavil,  prope  aedem  eidcm  Deee  ab  rege 
Servio  TuUio  dedicatam.  Tn.  Liv.  X,  46. 

VU.  Ile,  Deam  lœti  Fortem  celebrate,  Quirites  ; 

In  Tiberis  ripa  munera  régis  habet. 


Plebs  colil  liane,  quia,  qui  posuit,  de  plcbe  fuisse 

Fertur,  et  ex  humili  scepira  lulisse  loco. 
Convenit  et  servis  :  serva  quia  Tuliius  ortus 

Conslituil  dubiœ  templa  propinqua  Deœ. 

Ov.  Fasl.  VI,  v.   776,  781-784. 

VIII.  Le  temple  de  Fors  Fortuna  s'élevait  sur  l'emplacement  actuel  de  l'église  S.  Maria 
deW  ortn  [Nolli,  n»  1122  ;  Letarouilly,  rion.  XIII,  42],  qui  a  été  bâtie  sur  ses  ruines. 
L'église  doit  son  surnom  dcW  orto  aux  Jardins  de  César,  dont  le  nom  se  perpétua  dans 
le  quartier. 

IX.  Iconographie.  En  fouillant  auprès  de  l'église  S.  Maria  delV  orlo,  on  a  trouvé 
des  débris  qui  attestent  la  magnificence  du  temple  de  la  Fortune.  —  Fu  scavato  allô 
stradone  délia  Madonna  dell'  orto,  e  furono  trovate  diverse  colonne  di  marmo  lunglic 
palmi  dodici,  e  divers!  metalli.  C.  Fea,  Miscell.  t.  Il,  p.  242.  —  Ces  proportions  de  co- 
lonnes [12  palmes,  valant  environ  2  métrés  70  centimètres]   indiquent  que  le  temple 


1  Piimum  enim,  quia  populo  romano  viiiiim  trccenos  sestertios  Icyavit  [Caesar],  ctpiililice 
Ilortos  IransTiherim,  ulà  niiuc  a,'dcs  Fortuna^  est.  =  ^  Populo  antcm  ITorlos  ad  Tiliriiiii  [a 
li'galos  Cïsarc].  =  '  (ji^moies  exercitiiuin  noctu  ex  Casaris  Anioniique  Ilorlis,  qui  ad  Ti- 
berim siti,  intcrque  se  vicini  crant,  cxauditi  sunt. 


I8fi  DESCmi>ilON  DL  UOMK. 

n'était  pas  grand,  car  à  pcino  allcimlrait-on  à  3  m('lrcs  30  renli mètres  avec  les  bases 
et  les  chapiteaux. 

\.  Mai'gnn  de  Crsar.  Nous  avons  expli(|ué  ailleurs  [dans  Home  au  ticcle  d'Au- 
ijtiste,  Lettre  XXXIIIj  (lu'il  ya\ail  toujours  une  liabilalion  dans  les  jardins  des  riches 
Homains;  plus  haut,  n"-29'»,  §111,  celle  maison  esl  clairemenl  indiquée  dans  les  Jar- 
dins de  Pompée. 

299.  Forteresse  nu  Janiclle.  BAlio  p:irlo  roi  Ancus  Marcius  dans  les  pro- 
niicros  anni'-es  du  second  siècle  de  Rome,  elle  occupait  la  partie  la  plus  élevée 
et  la  plus  escarpée  du  Janicuie.  De  longs  nuirs,  descendant  au  S.  O.  dans  la 
direction  du  Pont  iEniilius,  jadis  appelé  Subiicius,  et  au  N.  0.  en  avant  du 
Pont  Ccstins,  joignaient  cette  Forteresse  à  la  ville.  Sur  l'une  des  tours  de 
celle  Forteresse  on  arborait  nn  étendart  pendant  la  durée  des  comices  par 
cen  Unies. 

I.  .laniculum  quoquc  adjectum,  non  inopia  loci,  sed  ne  quando  ca  Arx  hostium 
esset.  Id  non  muro  solum,  sed  eliam,  ob  commoditalem  itineris,  Ponte  Sublicio  lum 
primum  in  Tiberim  facto,  conjungi  l'rbi  placuil  [Anco].  Tit.-Liv.  I,  55  [an.  114-121'. 

II.  ii'zsiyjz-  oï  zai  t5  /.cÙ-Oj/m'^oj  \'j ■li/.ot.'jj,  if^oi  jhrXo''  i~é/.-vja.  ~oii  ïi^i/yioi  ~o-y.- 
jj-'yu  A-ifj.î-JO-j,  y.vX  'j.po-j'^v.-i  'iy.%'jr;i  bi  ai-oj  z5tTe!;T/;ï:v,  ci^pa/îixj  é'vszK  TÛv  lAv.  -ou  TTîra- 
//5î>  r.y.zôiTwi.  D.  IIalic.  III,  43  *. 

III.  Anco  Marzio...  sul  Gianicolo  fondé  una  rocca,  laqualc  anche  a'  giorni  nostri  i'- 
ammirobile.  Inipcrciochè  con  molto  lavoro  resc  quasi  isolalo  un  promontorio  del  nioriie 
suddello,  taliandolo  a  picco  da  tre  lati,  e  forlificandolo  con  muro,  e  lasciando  sopra  di 
esso  una  parte  più  alla,  ove  formo  l'acropoli...  La  parte  più  alla  délia  rocca  é  occu- 
pata  dalla  fonlana  l'aolina,  e  dal  giardino  dietro  di  essa.  Chesc  si  vuole  discendere  dall.i 
fontana  slessa  verso  Roma  per  la  porta  S.  Pancrazio,  si  vede  ehe  il  Gianicolo  a  sinistru, 
dove  è  il  giardino  degli  Arcadi,  e  più  ollre  dove  è  il  bosco  délia  >illa  Corsini,  è  stalo 
perpendicolarmcnle  lagliato,  onde  renderc  la  rocca  alTalto  isolala  ;  e  forse  i  niuri  del 
corridore,  che  servono  ora  di  sostruzione  al  monte  diciro  le  odierne  cartierc,  furono 
cdificati  sopra  le  antiche  sostruzioni  alella  rocca  stessa,  almeno  ne  sieguono  la  linea, 
onde  non  abbia  a  credersi  tal  conghiettura  Iroppo  avanzata.  Nibbv,  Le  }fura  di  Roma, 
c.  1,  p.  45-4.5. 

IV.  Le  tracé  des  murs  qui  rattachaient  Home  à  la  Forteresse  du  Janicuie  se  trouve 
assez  bien  indiqué  au  S.  0.,  par  le  passage  de  Tite-Live  '.§  I)  qui  permet  de  conjec- 
turer que  le  point  de  départ  était  le  ponl  Subiicius;  par  la  lue  moderne  délie  fralle; 
enfin  par  un  chemin  qui  longe  la  roche  Janiculéenne.  Au  N.O.  les  conjectures  paraissent 
moins  certaines:  tous  les  antiquaires  font  aboutir  le  mur  de  ce  côté  au  ponl  Palatin; 
aucun  ne  dit  sur  quelle  autorité  il  fonde  ce  tracé  ;  nous  l'avons  cependant  adopté,  mais 
sans  admettre  qu'on  ne  pourrait  pas  en  proposer  un  autre  tout  aussi  vraisemblable,  en 
prenant  pour  points  de  repère,  par  exemple,  les  voies  del  Marangolo  et  del  Macelntlo 
de  la  ville  moderne,  et  prolongeant  une  partie  de  murs  sur  la  rive  droite  du  fleuve, 
jusqu'au  droit  de  l'Ile  du  Tibre. 

V.  Tour  des  Comices,  rto/'/ôiv  tô  y.pyvl',-)  TT'^/ry.iWJ  t-^  tJAii  Tzpoi'jiy^j'j-j-zwj,  pîÇsJ- 
IJ.VJOi  fj.ri  TTor-,  £zz//î7iczÇ5vrwv  tiwv  yu.rv.  zoiii  y.6youg,  èTTiduvrai  t(vî;  rij  ni'jst,  t'o  \a.-ji- 

yùtpiov  i/.ti-JO  i/.  oi'x.ooyr,i  pu),cl:TT£tv.  ysjX  ocjtô  eu^ /jl'vj  rj  ^z/.>>;7(a  v-*  Ippoûpouv  h  t^q-z 
oï  âi.^luQfjfjizOM  ë;j.z'/ls,  xô,  t£  ^vi'j.-1ov  >ty.0r,ps1ro,  xcù  oi  pii'Xxy.€i  à.T!r}.à':ao-jro.  DlON. 
XXWIl,  28  2.  ' 

VI.  Majores  veslri,  ne  vos  quidem,  nisi  quum  aut  vexillo  in  arce  posilo  comitiorum 
causa  exercilus  educturus  esset,  etc.  Tn.-Liv.  XXXIX,  15. 


*  Muro  etiam  cinxit  Janiculum  [\nrus],  montcm  altum  ir.ms  flumen  Tiberim  situm,  et 
prrrsidinm  firmum  in  eo  collocavit,  ut  tutius  Humen  navigiri  |)os>.ct.  =:  -  Quum  antiqultus 
multi  hostes  circuin  llomam  habilarcnl,  verili  Romani,  ne  diim  ipsi  coriiilia  cciiluriala  a(;e- 
rent,  liostes  per  iri<;i(li;is  llrbem  ajigressi,  Janiculumque  occuparont,  statueruni  non  ouines 
simul  ire  in  suffrdjjia,  sed  ut  seinper  aliqui  arniali  per  vices  cum  locum  cuslodirent.  In  .I.i- 
niciilo  ijîilur,  quanniiu  concio  dtirabat,  custodia;  agebantur  :  c|uuni  autcm  solvcnda  jain 
erat  concio,  signum  a  Janiciilo  removcbatur,  cuslodesque  disccdcbant. 


RÉGfON  XIV.  — TUANSTlUÉRINt:.  1«7 

300.  Bois  des  Césars  ou  .Iardins  de  Lucius  et  Caïls.  L'an  752,  Auguste 
ofliil  au  peuple  do  Rome  un  coinhal  naval,  pour  lequel  il  Ht  creuser  au  bas  «lu 
mont  Janicule  u»  hassia  de  1,080  pieds  de  long  sur  ]  ,'i()0  de  large.  Après 
les  jeux  ce  bassin  fut  comblé,  et  sur  son  omplacemenl  l'empereur  planta  des 
promenades  qui  fui'ent  appelées  liois  def;  Césars  ou  Jardins  de  Lucius  cl 
Caïus,  du  nom  de  ses  tils  adoplifs.  Un  bassin  y  fut  établi,  soit  connue  orne- 
ment, soit  poiu'  rappeler,  bien  (jue  dans  des  proportions  plus  de  moitié  moins 
grandes,  celui  dont  ils  occupaient  l'emplacement.  Il  y  avait  auprès  des  por- 
tiques et  des  statues. 

I.      NAVALIS  PROELI  SPECTACVLVM  POPVLO  DEDI  TRANS  TIBERIM  IN  QVO  LOCO 
NVNC  NEMVS  EST  C.ESARVM  CAVATO  SOLO  IN  LONGITVDINE  MILLE 
ET  OCTINGENTOS  PEDES  IN  LATITVDINE  MILLE  ERANT  ET  DVCENTI  IN  QVO  TRI 
GINTA  ROSTRAT.E  NAVES  TRIMERES   ET  QVADRIREMES  PLVRIS  AVTEM 
MINORES  INTER  SE  CONFLIXERVNT  CONTRARIIS  CLASSIBVS  PUGNAVE 
RVNT  PRETER  REMIGES  MILLIA  H05IINVM  TRIGINTA  CIRCITER 

LAP.  ANCYR.  col.  i. 

U.  Oper.v  fecit  nova NEJivs  C/ESARVJi.  IRID.  col.  6. 

m.  Lacu  in  ipso  navale  praclium  adoinalur,  ut  quondam  Augustus  cis  Tiberirn 
Stagno,  sed  levibus  navigiis,  et  minore  copia  edidcrat.  Tac. Mnn.  XII,  56.  —  La  posi- 
tion de  la  Naumachie  d'Auguste  étant  connue,  il  faudrait  lire  trans  Tiberirn  au  lieu  di; 
cis,  ou  mieux  peut-être,  adopter  la  conjecture  de  Brolier  {(oc.  cit.]  :  «  Tacitus  auteni 
dixit  cis  Tiberirn,  quod  vel  in  patria  sua  Iteramnœ,  nunc  Terni  scribcret,  vcl  cis  Tibe- 
rirn liabitaret.  » 

IV.  Item  navale  prselium  circa  Tiberirn  cavato  solo,  in  quo  nunc  Ctsarum  Ncmus 
est.  SliET.  Âug.  4  5. 

V.  Itis  omnino  toto  lempore,  Romam  redire  conalus  [Tiberius],  semcl  triromi  usquc 
ad  proximos  Naumachiœ  Horios  subvectus  est,  disposita  statione  per  ripas  Tiberis,  quae 
obviam  prodeuntes  submoverat.  Suet.  Tib.  7-2. 

VI.  Exstruclaque  apud  Nemus  quod  navali  Stagno  circumposuit  Augustus,  convenli- 
cula  et  cauponi-e.  Tac.  Ann.Xl'V,  15. 

Vil.  Ou»  ratio  moverit  Augustus,...  producendi  Alsictinam  aquam,  quse  vocalur 
Augusta,  non  satispercipio,...  nisi  forte  quum  opus  Naumachia?  aggredcretur,  ne  quid  sa- 
lubrioribus  aquis  detraheret,  hanc  proprio  opère  perduxit,  et  quod  Naumachiœ  ccepe 
rat  superesse,  Hortis  subjacenlibus,  et  privatorum  usibus  ad  irrigandum  concessil 
[an.  752].  Front.  Aquœd.  11. 

VIII.  Alsietinee  duclus  post  Naumachiam,  cujus  causa  videtur  esse  factus,  finitur. 
Front.  Ibid.  22. 

IX.  Atque  ubi  Romuleas  velox  penelraveris  arces, 
Continuo  dextrasflavi  pelé  Tybridis  oras, 
Lydia  qua  penitus  Stagnum  navale  coorcet 
Ripa,  suburbanisque  vadum  prœtexitur  hortis. 

Stat.  Sijlv.  IV,  4,  v.  4-7. 

X.  HoiYj'ju^  Jî  retira,  ècsÎTr-Ji'jS  tov  âf,;j.ov  g-'t  T:\oioyj  £v  tw  -/(jipirj)^  sv  w  yj  •■>v.\jij.y.yiy. 
ii~7  roi)  kùy'j'j'STOu  éyiyôvsc.  DiON.  LXI,  20  *. 

XI.  Bassin,  AXaoi  s'k  é'?'jj  t'v  tÔj  H'jSI  t5>  toû  Tatoy  roïi  ts  Kowirj,  o  ttstî  b  A  j'yî'jtrroj 
l~'  ajzo  roXiz'  à>piiîaro.  xat  yxp  èvz-xùôa  rrj  fxvj  npâiTri  i^y-spcf  fio-japuyicc  /«'t  d-fjpiojv 
i:-f»yi],  ■/.xrof/.oâo/j.rfichrii  'javtGi.TYii  y.y.zic  ~ pôateTCOv  twv  eIxÔ'Jhv  \iy.-jriç,  xxï  i/.pix  rrépt^ 
ÀkSîJî-/,,-.  Dion.  LXVI,  25  2. 

XII.  Naumacliiœ  Cicsaris  Augusti  vcsiigia  et  emissarii  aquœ  Alsietinse  rudera  ad  eam- 
dem  Naumachiam,  visuntur  prope  villam  famllia;  de  Spada.  Piranesi,  Antich.  rotn., 
index  Romœ  vet.  et  Campi  Marlii  n°  72,  et  tab.  lll.  —  La  villa  Spada  est  au  sommet  du 

*  Peraclis  liis  rébus,  populo  epulum  dédit  in  Navalibus,  eo  in  loco  in  quo  ab  Auffusto  prae- 
lium  navale  factum  fncrat.  =  ^  Extra  Urbem  pugnatum  est  ab  aliis  in  Nemore  Caii  et  Lucii, 
quod  Au(justus  effo^li  ob  eamdcm  caiisam  jusstrat.  Ibi  enim  primo  die  liuhis  (jKidialorius, 
c.iedesque  belluarum  facta  est;  lacu,  qiia  parte  statuas  spectat,asscribusina"dificato,  et  foris  ac 
tahulis  undique  circumdato.  — Note  de  Reimar  :  «  s'Cco  non  vertendum  erat  e.\:trn  hutic  locum, 
uc-mpc  ulii  prior  naumachia  Dioni  descripta,  sed  extra  Urbem.  Sic  p.  791  A.  é'Çw  accipitur.  » 


IKS  I)ESCK1PTI0N  DE  UOME. 

Janiculc,  deniùre  la  fontaine  Pauline  ^Xolii,  n"  1190;  Letarouilly,  rion.  XIII,  23]; 
l'indiration  de  f'irancsi  est  donc  exacte  pour  l'Aqueduc,  mais  non  pour  le  bassin  de 
JVaumncliie  qui  élail  sur  la  pente  inférieure  de  la  nionlagne. 

XIII.  Portiques.  Les  portiques  étaient  l'aerompapnemenl  obli(çé  des  théâtres,  am- 
phithéâtres, et  autres  lieux  pareils  où  le  peuple  se  réunissait  en  foule.  Tous  ces  édifices 
étant  à  ciel  ouvert,  il  fallait  à  proximité  des  abris  pour  les  spectateurs  en  cas  de  mau- 
vais temps'  subit.  (,luel(|ues  ruines  trouvées  au-dessous  de  la  .Naumachie  d'Auguste 
prouvent  (pie  ce  prince  n"a\ait  pas  man(|ué  à  celte  attrution  envers  le  peuple. 

XIV.  Dentro  il  recinlo  délie  monaclie  di  Santa  Cecilia  [Noili,  n^'  1121  ;  Letarouilly, 
rion.  .Mil,  45]  vi  fu  cavato  in  tempo  d'Innocenzo  X,  una  quantilà  di  grandissimi  pilas- 
tri  di  travertino.  S.  IJAiiToi.i,  Memorie  n"  61,  dans  Fea,  Miscell.  t.  I,  p.  237. 

XV.  Monte  Ginnicoln.  Nel  farsi  il  nuovo  recinto  di  mura  in  tempo  di  Url)ano  VIII,  in 
Trastevcr(;  nel  monte  (iianicolo  vi  furono  trovate  diverse  statue  in  divers!  sili  ;  una  Ira 
le  altre  di  métallo...  Vi  fu  anche  trovala  una  sedia  di  métallo,  lutta  intersiata  di  argento. 
S.  lÎARTOLi.  Ibid.  n»  117. 

XVI.  Aqueduc  de  V  Ahielina.  k\\^\x9,le\c  conslruisil  l'an  752,  pour  alimenter  sa  Nau- 
machie. Aucune  partie  en  subslruclions  ne  se  voyait  dans  la  ville.  Sur  cel  Aqueduc 
voy.  ci-dessus  ,§  VII,  VIII. 

XVII.  Il  résulte  des  textes  précités  que  la  Naumachie  de  1080  pieds  sur  1200  n'exista 
I)as  en  même  temps  que  le  Uois  des  Césars.  Leur  non-existence  simultanée  est  prou- 
vée par  l'inscription  d'Ancyre  {§  \),  et  par  Suétone  f§  IV;  qui  disent  :  in  quo  Inco 
NL.NC  .\emHS  est  Cœsarutn.  Si  cette  grande  Naumachie  eût  encore  existé  au  moment 
où  Auguste  écrivait  son  testament  politique,  il  l'auiail  nommée  plutôt  que  de  rappeler 
simplement  son  emplacement.  En  examinant  la  topographie  on  arrive  à  la  même  con- 
clusion, et  l'on  voit  (]u'au  bas  du  .lanicule,  au-dessous  de  l'émissaire  de  l'Alsiétina,  il 
n'y  avait  pas  place  tout  à  la  fois  et  pour  un  aussi  vaste  bassin  que  celui  d'Auguste,  et 
pour  le  liois  des  Césars.  Cependant  nous  croyons  qu'Auguste,  en  créant  ce  bois,  y 
établit  une  petite  Naumachie,  peut-être  comme  un  souvenir  perpétuel  de  la  grande,  et 
que  ce  monument  est  rappelé  dans  les  §  V,  VI,  VII,  VIII,  XI.  C'était  sans  doute  un 
ornement  de  jardin,  comme  Horace  nous  apprend  qu'il  en  existait  un  à  la  villa  de 
Lollius  : 

. . .  Interdum  nugaris  rure  paterno  : 
l'artilur  lintres  exercilus;  .\ctia  pugna. 
Te  duce,  per  pueros  hostili  more  refertur  ; 
Adversarius  est  frater  ;  lacus,  Hadria  ;  donec 
Alterutrum  velox  Victoria  fronde  coronet. 

HoR.  I,  Ep.   18,  V.  60-64. 

301.  Temple  et  Bois  de  Furina.  Au  bas  du  Janicule,  vei's  le  Pont  Sublicius. 
On  ignoie  quand  et  par  qui  le  teniple  fui  bâti  et  le  bois  planté  ;  mais  il  est 
certain  qu'ils  existaient  du  temps  de  la  mort  de  Caïus  Gracchus,  qui  fut  tué 
dans  le  Bois  de  Furina  l'an  633  de  Rome. 

I.  -Cdes  Furinarum  cum  Luco.  P.  VicT.  de  Reg.  urb.  Roma-,  XIV. 

II.  Pomponio  amico  apud  portamTrigeminam,  P.  Liciorio  in  ponte  Sublicio  persequen- 
tibus  resistenle,  in  Lucum  Furinœ  pervenit  'C.  Gracchus].  .\.  VicT.  de  Vir.  illust.  65. 

III.  Valére-Maxime  racontant  la  mort  de  Cfracchus  dit  :  Pomponius  quo  is  (iracchus] 
facilius  evaderet,  concitatum  sequonlium  agmen  in  porta  Trigemina  aliquandiu  acer- 
rima  pugna  inhibuit...  La'Iorius  autem  in  ponte  Sublicio  conslitit,  et  eum,  donec  Grac- 
chus transiret,  ardore  spiritus  sui  sepsit.  V.  Max.  IV,  7,  2. 

IV.  «^îi/yîvTt  ysûv  Tw  Faiw  twv  iyflpwi  i7:ifîpOjj.v.iùi-j,  y.'Xi  xaTa'/a,a6avîvTWv  — î/s'i  t/;v 
^ji.hr^v  yéojp%-j,  ci  U.5V  oi/o  fù.oi  T.poyjipzi-^  a.'jzh-J  y.ù.vjzoL-J'zii,  vjj-oi  tîÙ,  c'toJ/.svraj 

•j— £îTv;7av,  X5ti  pa-'/àfi-vioi  T.po  tvjî  yîï'j^a;,  ojovjo.  Tra.pr,iia-J,  é'w;  àTTEÔavsv 

O  cï  fdà-Jit  fj.i/.pb:i  di  t-î5v  i/îîç  L'/itvvjwv  zarapy/ûiv,  y.y.xî1  âloi^Osipsrxi,  tîÎi  <l>ùo/.p!/.' 
z^jZii  ù-jùi-JTOi  Î/.ÎÏV5V.  Put.  C  Grâce.  17 1. 


'  Ijî'tur  in  Caium  fiigani  capcssenlem  inferentibus  se  hostibus,  et  assequutis  ad  puntem 
StiMicium,  duo  illi  aniici  hortati  siint  eum,  ut  iter  ante  capcrel.  Ipsi  suslinucrunt  instantes, 

ilimicantesque  pro  ponte,  nemiui,  quoad  occubueruni,  viamdfdeie Occupavil  aulcni 

iliqujntisper  in  Lucuni  Furince  confugcre.  Ibi  ohlriincatur  fCuius]  a  Pliilocrate. 


RÉGION  XIV.— TRANSTIP.KRINE.  i«9 

V.  Quop  [Eumcnidcs]  si  Dea;  sunt,  quarum  et  Alhenis  fanum  est,  et  apud  nos,  ut  cpo 
intcrpielor,  Lucus  Furinw.  Cic.  de  nat.  Deor.  III,  18. 

502.  ToMBEAi'  DE  Ni'MA.  Au  bas  du  Janicule,  vers  le  Pont  Palatin.  Celait 
un  grand  et  superbe  monument. 

I.    Scpulcrum  Numse.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romm,  XIV. 

H.  Ot  Ti'jpL  [j.'vJ  oùx  éo2(j«v  ràv  vîx/:àv,  ajroû  z'jjXviavTîç,  Wj  \iytzur  ù'jo  oï  tzoiy,'::/.- 
fj.ivoi  y.iOivix.';  (75;50Ùî  bnb  tôv  Iâv(/.5u/ov  gdri/.ccj.  Plut.  Numa,  22  l. 

III.  Eodem  anno  [571],  in  agro  L.  Pelllli  scribœ,  sub  Janiculo,  dum  riiltoros  aççri 
moiiuntur  terram,  du;E  lapideae  aicœ...  inventœ  suiit  ;...  in  altéra  Numam  Poinpilium,... 
legem  Uomanorum  sepultum  esse  ;  in  altéra  libios  Numae  Pompilii  inesse.  ïit.-Liv. 
XL,  29. 

IV.  In  agro  L.  Pelilii  scribœ,  sub  Janiculo  cultoribus  terram  altius  versantibus,  dua- 
bus  arcis  lapideis  reperlis,  quarum  in  altéra  scriplura  indicabal  corpus  Numœ  Pompi- 
lii... fuisse.  V.  Max.  I,  1.  12. 

V.  Prodidil  Cn.  Terenlium  scribam  agrum  suum  in  Janiculo  repastinantem,  offendisse 
arcam  in  qua  Numa,  qui  P.oma  regnavit,  situs  fuisset.  Plin.  XllI,  13. 

VI.  Morbo  solulus  [Numa],  in  Janiculo  sc|)u!ltis  est,  ubi  post  multos  annos  arcula  cum 
libris  a  Terenlio  quodam  exarata.  A.  Vict.  de  Vir.  illusl.  3. 

VII.  Numam  Pompilium  Janiculum  monlem  habitavisse  fcrunt,  in  quo  arcam  ejus 
invenlam,  cum  libris  Numae  nominis,  a  Terentio  quodam  scriba  repaslinante  agrum. 
Fest.  V.  Numam. 

VIII.  Ts'/.îUTYi'j'y.'jroç  ô'  a.\iro\/  Tzv^^oi  yiyv-  T.pouO-zo  h  ~i\ii,  y.od  zwjv.i  i':z'iiy]r:y.zo  Icx/j.- 
■npozÙTU.i'  xîlrat  o'  sv  Ixv«o6/«  v:ir,7:>  to'j  Tiôspioç  —'jtx/j.o'ù.  D.  Halic.  II,  76  ^ — Denys 
parle  de  ce  magnifique  tombeau  comme  d'un  monument  qu'il  a  vu;  cela  prouverait 
qu'on  l'avait  érigé  après  la  découverte  des  coffres  de  pierre.  Il  n'y  aurait  rien  d'invrai- 
semblable à  croire  que  les  Romains  avaient  voulu  honorer  ainsi  la  mémoire  de  Numa. 
Je  penserais  volontiers  que  dans  les  vers  suivants  Horace  désigne  ce  tombeau  : 

Vidimus  flavum  Tiberim  retortis 
Littore  Etrusco  violenter  undis 
Ire  dejectnm  monumenta  régis. 

Templaque  Vestse.  Hor.  I,  Od.  2,  v.  13-16. 

Mnnumcntum  désigne  particulièrement  un  tombeau;  Horace,  en  nommant  le  tom- 
beau de  Numa,  situé  sur  la  rive  droite  du  Tibre,  et  le  temple  de  Vesta  (|ui  s'élevait  sur 
la  rive  gauche  à  l'extrémité  du  Forum,  peint  plus  énergiquement  les  débordements  du 
neuve  ravageant  tout  sur  ses  deux  rives. 

305.  Pont  Palatin.  Situé  le  premier  en  aval  de  l'Ile  du  Tibre ,  il  met  en 
communication  directe  le  quartier  du  Forum  Boarium  avec  celui  du  Janicule. 
11  empruntait  son  nom  à  sa  situation  vis-à-vis  du  Palatin.  Ce  fut  le  premier 
pont  de  pierre  construit  à  Rome.  Le  censeur  Fulvius  en  fit  faire  les  piles  Tan 
573,  et  quelques  années  après  les  censeurs  P.  Scipion-l' Africain  et  L.  Mum- 
mius  cintrèrent  les  arches 

I.  Sur  le  nom  de  Pont  Palatin,  voy.  n°  296,  g  VIII. 

II.  M.  Fulvius  plura  et  majoris  locavitusus;  portum,  et  pilas  ponlis  in  Tiberim; 
quibus  pilis  fornices  post  aliquot  annos  P.  Scipio  Africanus  et  L.  Mummius  censores 
locaverunt  imponendas.  Tit.-L[v.  XL,  51  [an.  573].  —  A  l'époque  dont  parle  Tite-Live 
il  n'y  avait  sur  le  Tibre,  que  le  pont  SuhUcius;  il  s'agit  donc  ici  du  pnnl  Palatin. 
Quelques  antiquaires  le  no\av(\en{,  Sénatorial  :  nous  ignorons  d'après  quelle  autorité. 

III.  Iconographie.  Le  Pont  Palatin  a  été  remplacé  par  celui  nommé  aujourd'hui 
Pnnte  Rotto  [Nolli,  n»  1107;  Letarouilly,  rion.  XIII,  5i]  ;  mais  l'on  croit  que  la  pre- 
mière arche,  sur  la  rive  droite  du  fleuve,  est  un  reste  du  pont  antique.  —  «  Ha  queslo 


'  Corpus  [Numas]  ex  prsecepto  ejus  (ut  fama  est),  non  cremaverunt,  verum  duas  arc.is  la- 
pidées fecL-runt,  quas  condiderunt  sub  Janiculo.  =  -  Eo  anteni  [Numa]  defuncto  in  tola  Ur!)e 
fuit  inyens  luclus,  eumque  populus  romanus  funere  sphudidissimo  et  monumeiilo  maxime 
insi{jni  decoravil.  Hoc  autcm  situni  est  ultra  tlumen  Tiberim,  in  Janiculo. 


190  DESCRIPTION  DE  ROME. 

ponle  rolli  duo  arclic  sino  <lall'  inondnzioiK;  del  1598.  Solto  Grpgorio  XHI  fu  rifjibbri- 
r;ilo  su  le  rovine  dcll'  aiilico  |)Oiilt'  :  utio  di  qursli  arclii,  cioè  il  piltno  dclla  ripa  del 
'l'iaslcverc,  rimane  per  anro  in  csscrc,  ronie  anflie  uiia  porzionc  dell'  aiilirlie  |)lle  sulla 
ripa  opposla.  Ve.mti,  dell'  anlichilà  di  Iloma,  pari.  Il,  c.  2. 

30i.  lu-, DU  TiuuE  OU  TiiiiiiiiNE.  Sa  longueur  n'était  guère  que  de  320  mè- 
tres sur  70  environ,  dans  sa  jjIus  'grande  largeur.  Formée  par  des  atterris- 
sements  du  lleuve,  que  la  main  des  hommes  augmenta  et  afl'ennil,  elle  avait, 
dans  la  partie  en  aval  des  ponts  Ceslius  et  Fabricius,  un  mur  de  quai  façonné 
oonune  la  poupe  d'une  trirème.  C'était  un  symbole  commémoratil' de  l'arrivée 
d'Esculapt'  à  Rome,  où  ce  dieu,  apporté  sur  un  navire,  débarqua  sous  la 
forme  d'un  serpent  dans  l'Ile  Tibérine.  Le  reste  de  l'Ile  était  aussi  revêtu 
d'un  mur  en  pierre,  mais  qui  n'avait  point  cette  même  forme  de  ([uai. 

I.  In  InsulaaedesJovis,  et  Jilsculapii,  clœdesl''auni.  P.  Vict.  de  Reg.urb.  Uomœ,  XIV. 

II.  Non  ha  del  verisimile,  elic  cgii  liabbia  veduta,  l'Isola  Tiberina,  ovcro  la  .Nave 
edificala  ad  lionor  di  Esculapio  colui,  che  diee  rh'  ella  fosse  di  maimo  ïasio.  Laqualc 
eia,  c  per  (juanlo  se  ne  vede,  è  di  sasso  libuitino;  ma  dal  primo,  cade  nel  sepondo 
cirore  quando  di  piopria  aulorilù,  senza  clie  mai  i  scriUori  anticlii  l'Iiabiausaputo,  noQ 
elle  di'Ito,  la  cliiama  isola  Licaonia.  Piuuo  Ligorio,  Paradasse,  p.  50,  reclo.  —  V.  aussi 
n«  505,  g  VU  et  XII  ;  el306,g;V. 

III.  Iconographie.  Une  paille  du  quai  de  la  pointe  de  l'Ile,  en  aval,  existe  encore 
sur  le  bras  gauche  du  Tibre.  Elle  figure  lout-à-fait  les  bordages  d'une  Iriréme.  On  y 
voit  sculptés  en  grand  relief,  un  buste  d'Esculape  et  un  serpent  entortillé  autour  d'un 
bâton,  [voy.  Piranesi,  Anlich.  Rom.  t.  IV,  tav.  14  et  13].  Plusieurs  antiquaires  ont  pré- 
tendu, mais  sans  preuve,  que  toute  l'Ile  était  revêtue  d'un  quai  semblable  ;  Piranesi 
[toc.  cit.]  a  très-bien  fait  observer  que  la  poupe,  dont  on  voit  encore  les  ruines,  a  des 
l)roportions  si  ordinaires,  que  l'île  eût  été  infiniment  plus  petite  qu'elle  n'est,  si  ce  na- 
vire eût  été  continué  tout  autour.  Cette  opinion  est  aussi  celle  de  M.  Delannoy,  archi- 
lecte,  ancien  pensionnaire  de  l'Académie  de  France  à  Rome,  qui  a  fait  en  1833  une 
restauration  complète  de  l'Ile  Tibérine.  Notre  Plan  est  une  réduction  de  son  grand 
travail,  maintenant  déposé  aux  Archives  de  l'Institut. 

50».  Temple  d'Esculape.  — Devant  :  Statue  de  J.  César.  — Portiques.  Le 
temple  était  à  la  pointe  en  aval  de  l'Ile  Tibérine,  à  l'endroit  où  le  quai  ailec- 
lail  la  forme  de  la  poupe  d'un  navire.  On  ignore  l'époque  de  son  édiflcation  ; 
mais  il  ne  fut  construit  qu'après  (ju'on  eut  été  chercher  Esculape  à  Epidaurc, 
événement  qui  se  passa  l'an  de  Rome  461.  —  Devant  le  temple  on  voyait  la 
Statue  pédestre  de  J.  César.  —  Les  parties  latérales  de  la  place  où  s'élevait  le 
temple  étaient  occupées  par  des  Portiques  sous  lesquels  on  exposait  quelque- 
fois les  malades. 

I.  Sur  la  situation  du  temple  d'Esculape  dans  l'Ile,  voy.  ci-dessus,  n"  304,  §  I. 

II.  (Juum  civitas  pestilenlia  laborarel,  missi  legati,  ut  yEsculapii  signum  Romam  ab 
Epidauro  Iransferrenl,  anguem,  qui  se  in  navem  eorum  contuleral,  in  quo  ipsum  nu- 
mcn  esse  conslabat,  deporlavere  ;  eoque  in  Insulam  Tiberis  egresso,  eodem  loco  ;edes 
iîisculapio  consecrata  est.  Tit.-Liv.  Epilo.  XI. 

III.  In  ripam  Tiberis  egressis  legatis,  in  Insulam,  ubi  templum  dicatum  est  Iransna- 
vil  [anguis  ^sculapius].  V.  Max.  1,  8.  2. 

IV.  Scinditur  in  geminas  parles  circumfluus  amnis  : 
Insula  nomen  habet  :  laterumque  a  parte  duorum 
Porrigil  œquales  média  tellure  lacertos. 

Hue  se  de  îatia  pinu,  Phœbeïus  anguis 

Contulit.  Ov.  Melam.  XV,  v.  739-743. 

V.  Sacravere  Patres  bac  duo  lempla  die. 
Accepit  Phœbo,  nymphaque  Coronide  natum 

Insula,  dividua  quam  premit  amnis  aqua. 
Juppiler  in  parte  est  ;  cepit  locus  unus  utrumquc, 
Junctaque  sunt  magno  templa  nepotis  avo. 

Ov.  Fast.  I,  V.  290-294. 

VI.  Nell'  altro  lato  era  il  magnlGco  tempio  di  Esculapio,  oggi  chiesa  di  S.  Bartolo- 


RÉGION  XIV.— TUANSTfHI'RFNF.  491 

mco  [Xolli,  n"  1098  ;  Lctarouilly,  lion.  XII,  4],  (.'spcnilo  le  rolonnc  di  granilo  seivile 
air  uiio  e  nir  allio  Icmpio  [le  temple  de  Jupiter].  La  statua  di  Esculapio,  c  rafiltnenlc 
la  piiticii)ale,  essendo  di  preca  srulluia,  (jui  litrovala,  fu  tiasportala  iiegli  orti  lartiesi, 
pssendo  (|ui  restala  la  base  cori  l'iseiiziotie  elie  si  vede  riiurala  in  un  cortiletlo  di 
quesli  religiosi.  Si  vcde  in  questa  iscrizione  dalo  a  questo  falso  numc  il  titolo  di  Au- 
(justo  nclla  maniera  scguente  : 

AISCVLAPIO 

AVGVSTO.SACUVM 

PROBVS.M.FICTOUI.FAVSTI 

MINISTEH.ITEUVM.ANNI.XXXI. 

VEMT!,  Anlichilà  di  Rom,  pari.  II,  c.  i. 
VU.  Vestigia   [fani  /Esculapii]  adliuc  apparent  in  hortis  S.   Rarlholomei,   eujus  pro- 
pinqua  (edes  a  (ielasio  11  condila,  vel  inslaurata  pulatur.  Visiiur  adhue  ibi  forma  navis 
ex  lyburtino  lapide,  ubi  in  lalere  replantis  serpentis  simulacrum  inspiritur,  qui  ^scu- 
lapii  genius  esse  credilur.  Fulmus,  de  Urbis  Aniiquil.  lib.  V,  p.  3-40. 

VIII.  Statue  pédestre  de  Jules-César.  11  est  eerlain  qu'elle  était  dans  l'Ile  du  Tibre, 
mais  c'est  uniquement  par  conjecture  que  nous  la  mettons  devant  ce  temple.  Celle 
Statue  étant  tournée  à  l'occideiil,  il  n'y  avait  dans  l'Ile  que  cette  place  qui  put  lui  con- 
venir pour  être  vue  des  spectateurs  et  située  devant  un  temple. 

IX.  Statuam  divi  Julii  in  Insula  ïiberini  amnis,  sereno  et  immoto  die,  ab  occidenlc 
in  orientem  convcrsam.  Tac.  Uist.  I,  86. 

X.  Nuntiabatur  ex  Urbe  prœsagia  : Statua  divi  Julii  ad  orientem  sponte  conversa. 

SiET.   Yesp.  3. 

XI.  KaJ  TÔv  i-j'M-'jOTiozc/Lij.ic/.  vïjcjj  Vvlo\t  Kxisxf.Oi  KVo'^tKVTX,  //V)TS  Uît^/J.od  -/r/îviTo;, 
ij.r,-:-  T^vi'jij.v.-zoi,  y.y  iaûspxî  //îTaTT/sa^cvra  Tîp'oi  rà;  kvktciÀKs.  Plut.  Olho,  4  i. 

XII.  Portiques.  Tite-Live  nous  révèle  l'existence  des  Portiques,  lorsqu'aprés  avoir 
raconté  la  formation  originaire  et  progressive  de  l'Ile,  il  ajoute  :  —  Postea  credo  ad- 
ditas  moles,  manuque  adjutum,  ut  tam  eminens  area,  Drma  templis  quoque  acPortici- 
bus  sustinendis  esset.  Tit.-Liv.  II,  5. 

XIII.  (Juum  quidam  a>gia  et  affecta  mancipia  in  Insulam  /Ksculapii  tiedio  medendi 
exponerent,  omnes  qui  exponerenlur  liberos'  esse  sanxit  [Claudius],  nec  redire  in  di- 
tionem  domini,  si  convaluissent.  Slet.  Cidud.  25. 

506.  Temple  DE  Jupiter.  —  Devant:  Obélisque.  Le  temple  faisait  face  à 
celui  d'Esculape,  presque  sur  la  même  place,  mais  de  Tautre  côté  de  la  rue 
qui  traversait  l'ile  du  pont  Fabricius  au  pont  Cestius.  Le  temple  de  Jupiter, 
voué  l'an  552  et  dédié  l'an  558,  était  prostyle,  c'est-à-dire  qu'il  n'avait  de  co- 
lonnes que  sur  sa  laçade,  et  que  deux  de  ces  colonnes  se  trouvaient  en  avant 
des  pilastres  des  antes.  —  U Obélisque,  situé  au  milieu  de  la  voie  qui  passe  de- 
vant le  temple,  était  de  petites  proportions  et  en  granit  rose. 

I.  Sur  la  situation  du  temple  de  Jupiter  dans  l'Ile,  voy.  ci-dessus,  n»  504,  g  I, 
et  no  303,  §  V. 

II.  In  Insula  Jovis  œdem  C.  Servilius  duumvir  dedicavit  [an.  538],  Vola  erat  sex  an- 
nis  ante,  Gallico  bello  ab  L.  Furio  Purpureone  ;  ab  eodem  postea  consule  locata.  Tit.- 
Liv.  XXXIV,  33. 

III.  In  antis  erit  «edes,  cum  habebit  in  fronte  antas  parielum,  qui  cellam  circum- 
cludunt,  et  inter  antas  in  medio  columnas  duas.  .  .  .  Prostylos  omnia  habet,  quem- 
admodum  in  antis,  columnas  autem  contra  antas  angulares  duas.  supraque  epistylia, 
quemadmodum  et  in  antis,  et  dcxira  ac  sinistra  in  versuris  singula.  Hujus  exemplar 
est  in  Insula  Tiberina,  in  «"de  Jovis  et  Fauni.  Vitruv.  111,  1. 

IV.  Obélisque.  Plusieurs  antiquaires  ont  douté  de  l'existence  de  cet  obélisque  parce 
que  P.  Victor  [de  Reg.  urb.  Rom.  in  lin.]  ne  compte  que  six  grands  obélisques  à  Rome, 
et  ne  nomme  pas  celui  de  l'Ile  du  Tibre;  mais  d'une  autre  part  le  même  régionnaire  dit 
qu'il   y  en   avait  quarante-deux  petits  :   or  celui  de  l'Ile  du  Tibre  était  petit.  Suivant 


*  In  insula  Tiberina  Cuii  Cœsaris  Statuam  nullo  terrœ  motu  et  cœlo  tranquille  ab  occideute 
iu  orientem  conversuni. 


192  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Nibby  [inRnmaanika  di  ]\'iir(lini.  lib.  VII,  c.  12,  t.  III,  p.  5'>4,  noie  2),  cot  obflisqup, 
apr(''s  avoir  cli-  loiiulcmiis  à  la  villa  Albani,  fui  iransporlé  à  l'aris.  Quant  à  son  cmpla- 
«•emcnl,  Vciuili  cl  llcllori  airirnienl  (|uc  ce  niotiolithe  fui  retrouve  dans  une  fouilln  pra- 
tiquée en  1()7(),  cil  avant  de  l'église  S.  Barlolomeo,  (|ui  est  noire  temple  d'F.sculape. 

V.  Credo  clic  ncl  niez/.o  dclla  medesima  [isola  Tiberina],  corne  clie  rappresentanle 
una  navc  pcr  anlcnna,  vi  fosse  rappresenlato  un  Obelisco  ;  poicliè  nella  piazza  avanti 
la  basilicn  di  S.  liarlolomco  \icino  al  poilico  in  vece  di  colonneita  si  vede  conlilla  nel 
terreno  una  punla  di  un  Obelisco  scolpito  con  gcroRlifici  Egizi,  clie  sorge  ail'  altcz/.a  da 
terra  di  palini  IV,  clic  doveva  esserc  la  punla  dell'  Obelisco  ivi  poco  lunlano  cretto 
Nel  lG7(i,  cavendosi  il  terreno  in  delta  piaz/.a,  ail'  altc7.7.a  di  palmi  XVIII,  si  Irovo  una 
fabbrica  di  lufi  uniii  iiisicnie,  clie  si  vedeva  essere  slata  la  plaica  cil  foiidameiito  dell' 
Obelisco.  Vkm  il,  Anlichilà  di  linmn,  part.  II,  c.  /<.  —  Voyez  dans  l'iranesi  [Anlich. 
Jlom.  t.  IV,  tav.  XIV,  n"  15]  un  fragment  de  cet  obélisfiue  qu'il  désigne  ainsi:  Pezzo 
délia  sudclla  guglia  di  granito  innanzi  alla  chiesa  di  S.  Barlolomeo. 

307.  Temple  de  Faune.  A  la  pointe  de  l'Ile  Tibérine,  en  amont,  à  l'opposile 
(lu  temple  d'Esculape.  11  fut  bàli  en  5oG,  et  dédié  en  oo8.  Sa  l'orme  était 
pi'oslyle. 

I.  Sur  la  situation  du  temple  de  Faune  dans  la  WS'^  région,  voy.  n"  504,  g  I. 

II.  Idibus  agrestis  fumant  altaria  Fauni, 

Ilic  ubi  discretas  Insula  runipit  aquas. 

Ov.  Fasl.  II,  V.  195,  104. 
III  /Ediles  pleLis  (^n.   Domitius  yEnobarbus,   et  C.   Scribonius  Curio  Maximus,  mul- 
tos  pecuarios  ad  populi  judicium  adduxerunl  :  1res  ex  bis  condeninali  sunt  :  ex  eorum 
mulclatilia  pecunia  a'dem  in  insula  Fauni  fecerunt,  Tit.-Liv.  XXXIII,  42  (an.  556). 

IV.  iEdes  eo  anno  (558)  aliquot  dedicata'  sunt Altéra  Fauni.  /J'^diles  eam  bicnnio 

ante  ex  mulctatilio  argenlo  facicndam  locarant,  C.  Scribonius  et  Cn.  Domilius;  qui 
preetor  urbanus  eam  dedicavil.  ïit.-Liv.  XXXIV,  55. 

V.  Iconographie.  Sur  la  forme  prostjle  du  temple,  voy.  ci-dessus,  n»  500,  §  III. 

VI.  In  superiore  parte  Insulœ  fuit  templum  Fauni,  quod  ante  annos  aliquot  Tyberis 
inundatione  fere  est  fundilus  eversum  :  ruina;  tamen  ejus  amplissimœ  supersunt,  quœ 
templi  magnitudinem  et  sumptuosilalem  satis  oslendunt.  Boissari).  Rumœ  lopographia, 
dies  primus,  p.  22.  (Publié  cn  1597.) 

508.  Pont  Fabricius.  Jeté  sur  le  bras  gauche  du  Tibre,  il  joint  l'Ile  au 
Chanip-de-Mars,  et  se  compose  de  deux  grandes  arches  à  plein  cintre,  d'égale 
ouverture.  Sur  la  pile  qui  se  trouve  au  milieu  du  fleuve,  l'architecte  a  ménagé, 
un  peu  plus  haut  que  la  naissance  des  grandes  arches,  une  petite  arche  en 
forme  de  porte  ronde  pour  donner  plus  de  dégagement  aux  eaux  dans  les 
grandes  crues.  Ce  pont  fut  construit  l'an  692  par  Fa!)ricius,  curateur  des 
routes,  et  restauré  en  732  par  les  consids  Q.  .■Emilius  Lepidus  et  M.  Lollius. 

I.  Sur  le  nom  de  pont  Fabricius,  voy.  n"  296,  §  VIII. 

II.  TÔTS  //.£v  TKÛTiz  T£  iyî'vîTO,  /.cX  ï]  ■/iyjç.a.  -/j  \[Bi-jr„  r)  ij  tô  •j-/i':ioiO'J  zb  TûTî  iv  rôt  Tt- 
Cipiêt  'èv  fé[:oi/ij%,  v.a.zs'Jif.tiiùaO-ri,  A^y-Qf.t/.i%  v.'>:rfiû':y..  DiON.  XXXVII,  45  1. 

III.  Ce  pont  existe  encore.  Sur  les  claveaux  des  deux  grandes  arches,  en  amont  et 
en  aval,  on  lit  l'inscription  suivante: 

L.FABRlCIVS.C.F.CVR.VIAn. 

FACIVNDVM .  COER  AVIT 

Q.LEPIDVS.M.F.M.LOLLIVS.M.F.COS.EX.S.C.PROBAVERVNT 

Et  au-dessus  de  la  petite  arche  ouverte  sur  la  pile  centrale  : 

1DEMQVE 
PROBAVIT 


■•  Pr.Ttcr  liaeo  qua;  in  id  tcmpus  inciderunt  [an.  O92],    Pons  (|iior|ue   tuiic  Lapideiis  ad  in- 
sulam,  (|U3e  in  Tiheri  ixslal,  diicens.  exstriicms,  Faluiiiusquc  dictiis  est. 


RÉGION  XIV.  — TRANSTIBÉRINE.  195 

La  troisième  ligne  (Je  la  première  inscription  indique  la  restauration  dont  nous 
avons  parlé,  laquelle  consistait  en  une  consolidation  au  moyen  du  renforcissemcnl  de 
la  pile  centrale  [Voy.  Piuanesi,  Antich.  rotn.  t.  IV,  tav.  18  et  20].  Les  deux  inscrip- 
tions ci-dessus  se  trouvent  dessinées  dans  Piranesi  [loc.  cil.  tav.  16,  17, 18],  et  impri- 
mées dans  Gruter,  p.  160,  et  dans  Orelli,  Inscript,  lai.  n<>  50. 

IV.  Iconographie.  Piranesi  [loc.  cil.  tav.  16,  18]  a  donné  une  vue  géométrale  du 
pont,  avec  une  échelle.  On  voit  que  chaque  arche  a  132  palmes  [29  met.  45  millim.] 
d'ouverture.  La  largeur  du  pont,  hors  œuvre,  est  de  27  palmes  [6  mètres].  Le  ponl  Fa- 
bricius  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Ponte  di  qualtro  capi. 

509.  Po>T  Cestius.  Il  couduit  de  l'Ile  du  Tibre  au  mont  Janicule,  et  se 
trouve  par  conséquent  sur  le  bras  droit  du  fleuve.  Il  se  compose  de  trois  ar- 
ches, dont  une  grande,  flanquée  de  deux  autres  très-petites  qui  commencent 
au-desssus  de  la  naissance  de  l'arc  de  la  grande.  Toutes  trois  sont  à  plein 
cintre. 

I.  P.  Victor  nomme  ce  ponl  parmi  ceux  de  Rome  [Voy.  ci-dessus  n»  296,  §  VIII], 
mais  on  ignore  par  qui  et  quand  il  fut  construit.  Pancirole  conjecture  qu'on  en  doit 
l'édification  à  C.  Cestius  Galius  qui  fut  consul  avec  M.  Servilius,  sous  le  principal  de 
Tibère,  l'an  788.  Nous  objecterons  à  cette  conjecture  que  les  monuments  publics  por- 
taient presque  toujours  le  nom  du  prince.  Il  n'y  aurait  donc  point  d'invraisemblance  à 
penser  que  le  pont  Cestius  est  un  ouvrage  du  temps  de  la  république. 

II.  Iconographie.  Piranesi  a  donné  une  vue  pittoresque  de  ce  ponl  dans  ses  Anlich. 
rom.  l.  IV,  tav.  21.  A  la  planche  22,  on  en  trouve  le  plan  et  une  vue  géométrale  :  la 
grande  arche  a  106  palmes  2  onces  d'ouverture  [23  met.  65  centimèl.],  et  les  deux  pe- 
tites arches  ont  chacune  26  palmes  [5  mètres  80  centimèl.].  La  largeur  du  pont, 
hors  œuvre,  est  de  40  palmes  6  onces  [9  mètres]. 

310.  Pont  Janicule.  Le  premier  en  amont  de  l'Ile  du  Tibre;  il  conduisait 
du  Champ-de-Mars  au  Janicule. 

I.  Voy.  ci-dessus,  n"  296,  §  VIII.  —  Nous  ne  savons  rien  sur  l'origine  de  ce  pont. 

511.  Tombeau  du  poète  C^cilius.  Au  pied  du  Janicule. 

I.  Statius  Cœcilius  comoediarum  scriptor...  Morluus  est  anno  posl  mortem  Ennii,  et 
juxta  Janiculum  sepullus  est.  Euseb.  Chronic.  II,  p.  145. 

512.  Temple  de  Mania.  Dans  un  carrefour  au-dessus  du  tombeau  de  Cé- 
cilius  [n"  311]. 

I.  Janiculum. 

Mani»  sacellum.  P.  VicT.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIV. 

II.  Mania  étant  la  mère  des  Lares,  dieux  des  carrefours,  nous  avons  placé  son  temple 
dans  un  carrefour. 

313.  Vicus  Janiculensis.  Vis-à-vis  du  pont  Janicule. 

I.  C'est  par  conjecture  que  nous  le  plaçons  là. 

II.  Vicus  Janiculensis.  P.  Vici.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIV. 

III.  Reg.  XIIII.  Yicvs  Ianicvlensis.  GRUTER.  p.  251  ;  —  ORELLI,  InscHpt.  lai.  n»  5, 

514.  Vicus  Bruttianus.  Voisin  du  vicus  Janiculensis.  Quartier  des  servi- 
teurs publics  des  magistrats. 

I.  Nous  conjecturons,  avec  Nardini  [Roma  Antica,  t.  III,  p.  542,  édil.  Nibby],  que 
c'était  un  quartier  habité  par  les  serviteurs  publics  que  les  gouverneurs  de  provinces 
emmenaient  dans  leur  suite.  En  vertu  d'une  loi,  tous  les  habitants  du  Bruttium  avaient 
été  bannis  à  perpétuité  des  armées  romaines,  et  condamnés  à  remplir  auprès  des  gou- 
verneurs de  provinces  des  fonctions  presque  servîtes  [Voy.  A.  Gell.  X,  3]. 

II.  Vicus  Rruttianus.  P.  Vici.  de  Reg.  urb.  Romœ,  XIV. 

III.  Reg.  XIV.  Vicvs  Brvtuno.  GRUTER.  p.  251  ;  —  ORELLI,  Imcripl.  lai.  n»  5. 

1.  -13 


194  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Slijl.  Forum  Piscatorium.  Au  bord  du  Tilne,  un  peu  au-dessous  du  Pont 
Janicutensis.  Il  était  enloun''  de  Uuernes,  el  existait  dès  l'an  573. 

I.  Piscalorii  ludi  vocantur,  qui  mensc  junio  trans  Tiberim  fieri  soient  pro  quaeslu 
piscanlium.  Fest.  v.  Piscatnrii. 

II.  Tune  CRO  me  mrmini  ludos  in  pramine  Campi 

Adspirere  :  et  didici,  labrire  Tibri,  tuos. 

Posta  dies  iilis,  qui  lina  madentia  ducunt, 

(iuique  Icgunt  parvis  aéra  recurva  cibis. 

Ov.  Fast.  VI,  V.  237-240. 

III.  M.  Fulvius  plura  cl  majoris  looavil  usus....  Uasilicam  post  argentarias  novas,  et 
Forum  Plscalorium,  circumdalis  labernis,  quas  vendidit  in  privatum  [an.  575].  Tit.- 
Liv.  XL,  51. 

,  516.  PrésMogiens.  Sur  la  rive  droite  du  Titre.  Ils  empriintaîetit  leur  nom 

il  Mucius  Scœvola,  auxquels  ils  furent  donnés  originairement  à  la  suite  de  sa 
tentative  contre  le  roi  Porsenna. 

I.  Patres,  C.  Mucio,  virtutis  causa,  trans  Tiberim  agrum  dono  dedere,  quae  postea 
sunt  Mucia  Prata  appellala.  Tit.-Liv.  11,  13  [an.  246]. 

II.  Mouxio)  Tcâ  'Rp'iùoiJ.v/'ji  TzifA  T^ç  v.aTpHoi  <iTtoOa.vsTj,  airtonàTij)  d'olavTt  yîyovevxt 

TTOTKjU.oû,  Tiv  xjTOv  rpoTTO-J,  o^TZ-p  Opci-zhi,  zùt  Ttpo  tTjç  ysfi>p7.ç  £zy'j)v t7a/i£ V'j)  Ttpôrspov, 
é'çy|v  ov  à.pÔTpa)  nspùaSû-J  èv  iiftipc/.  }xiy.  ëu-^TtjTXt.  oùzoç  b  yjjipoi,  é'cos  twv  xx9'  rip.y.i 
y_po-)ù>-Ji  tHoi/Aiti  ),£(/*ô)vsç  xa^oûvrat.  D.  Halic.  V;  55  '. 

ni.  Mucio  Prata  trans  Tiberim  data,  ab  |ea  Mutia  appellala.  A.  Aict.  de  Yirit  il- 
luit.  12. 

517.  Conserve  d'eau.  C'était  l'un  des  réservoirs  de  l'aqueduc  de  l'Alsiétina, 
qui  arrivait  sur  le  Janicule.  11  se  trouvait  un  peu  au-dessous  du  coude  que  fait 
le  Tibre  en  se  repliant  dans  la  direction  du  S.  après  avoir  coulé  h  l'O. 

I.  Alla  Longara  nel  declivio  del  Gianioolo,  sotlo  dove  sermoneggiano  li  Padri  délia 
chiesa  Nuova  [S.  Onofiio],  nel  mese  di  Maggio,  in  lempo  d'Innocenzo  \,  furono  Irovali 
tre  grandi  slaiizoni,  quali  servivano  di  ricellacolo  di  un  acquedoUo  cavato  nel  monte, 
lutto  opéra  reticolala,  quale  si  vede  essere  del  lempo  délia  reppublica.  Avanti  le  délie 
stanze  vi  era  un'  oIRcina  da  fuoco  rolonda,  enlro  divisa  in  archelti  con  li  suoi  sfoga- 
tori  al  di  sopra,  che  forse  poleva  servira  per  uso  di  slufa.  S.  Bartoli,  Memorie,  etc. 
n»  58. 

518.  Champ  Codeta.  Au-dessus  de  la  Conserve  d'eau  [n°  3 1 7]  près  du  coude 
que  fait  le  Tibre  pour  se  replier  sur  la  ville. 

I.  Navali  praelio  in  minore  Codeta  defosso  lacu,  buemes  ac  trirèmes,  quadrire- 
mesque,...  conflixerunt.  Siet.  Cœs.  59.  —  Codeta  appellalur  ager  trans  Tiberim,  quod 
in  eo  virgulta  nascunlur  ad  caudarum  equinarum  similitudinem.  Pail.  apud  Fest.  v. 
Codeta.  —  On  voit  que  notre  position  du  champ  Codeta  est  assez  incertaine. 

519.  Champ  Vatican.  A  l'extrémité  N.  du  mont  Janicule. 

I.  Vaticanus. 
Horli  Domilii. 

Janiculum.  P.  Vict.  de  Reg.  urb.  Romo',  XIV. 

II.  In  infamibus  Vatican!  locis  magna  pars  tetendit  :  unde  crebrœ  in  vulgus  mortes. 
Et  adjacente  Tiberi,  Germanorum  Gallorumque  obnoxia  morbis  corpora  flurainis  avi- 
dilas  et  œstus  impalientta  labefecit.  Tac.  Hisl.  II,  93. 

III.  Sur  la  situation  du  Champ  Vatican  vis-à-vis  du  Champ-de-Mars,  voy.  p.  139  : 
5' «7  y  avait  de$  maisons  dans  le  champ-de-Mars? 


*  Mucio  vero,  qui  ultro  pro  patria  moriem  oppetere  paratu»  erat,  quod  visus  fuisset  belli 
finiendi  causa  praecipua,  agrum  de  publico  largieadum  trans  flumea  Tiberim,  eodem  modo 
que  Horatio,  qui  ante  in  primo  pontis  aditu  puguarat,  quantum  circumaràre  uuo  die  posset, 
Uicque  usque  ad  nostram  setatem  Mucia  Prata  appellalur  [an.  249]. 


RÉGION  XIV.— TRANSTIBÉRINE.  195 

520.  Chêne  vert  plus  vieux  que  Hume.  Dans  1(!  Cliamp  Vatican. 

I.  Yeluslior  aulcm  Urbe  in  Valicano  Ilex,  in  qua  lilulus  œreis  lilleris  elruscis,  reli- 
gionc  arborem  jam  tum  dignam  fuisse  significal.  Plin.  XVI,  M. 

521.  Porte  du  Pont  Triomphal.  Au  débouché  de  ce  Pont  dans  le  Champ- 
de-Mars. 

I.  L'existence  de  celte  Porte  ou  de  cet  Arc  nous  paraît  fort  douteuse  ;  nous  donnons 
ce  monument  d'aprùs  l'autorité  de  Biondi.  Voy.  plus  haut,  n»  198,  §  II. 

522.  Pont  Vatican  ou  Triomphal.  Vis-à-vis  du  Champ  Vatican  et  de  la  voie 
Triomphale. 

I.  Sur  le  nom  de  Pont  Vatican,  voy.  plus  haut,  n»  296,  §  VIII.  —  Quant  au  nom  de 
Pont  Triomphal,  nous  n'en  avons  trouvé  aucun  indice  dans  l'antiquité  ;  ce  doit  être 
une  dénomination  moderne,  basée  sur  cette  opinion,  nullement  fondée,  que  les  triom- 
phateurs campaient  toujours  avec  leur  armée  dans  le  champ  Vatican,  et  par  conséquent 
passaient  sur  ce  pont  le  jour  de  leur  triomphe,  pour  gagner  Rome. 

525.  Navalia.  Port  situé  auprès  des  Prés  Quintiens. 

1.  L.  Quintius  Trans  Tiberim,  contra  eum  ipsum  locum,  ubi  nunc  Navalia  sunt, 
quatuor  jugerum  colebat  agrum,  qufe  Prata  Quintia  vocantur.  Tii.-Liv.  III,  26. 

524.  Prés  Quintiens.  Situés  au-dessus  des  Navalia  [n°  323].  Leur  conte- 
nance était  de  4  jugères  [1  hectare  4 1 4  centiares].  Ils  étaient  ainsi  nommés  de 
Quintus  Cincinnatus  qui  les  avait  possédés. 

I.  Sur  la  position  et  la  contenance  des  Prés  Quintiens,  voy.  l'article  précédent,  §  I. 

II.  Aranti  quatuor  sua  jugera  in  Valicano,  quse  Prata  Quintia  appellantur,  Cincin- 
nato  vialor  altulit  dicialuram.  Plin.  XVIII,  3. 

525.  Jardins  d'Agrippine.  A  la  suite  des  Prés  Quintiens,  sur  le  bord  du 
Tibre.  On  y  remarquait  un  portique  pour  la  promenade,  et,  entre  ce  portique 
et  le  tleuve,  un  xyste.  Après  Agrippine,  veuve  de  Germanicus,  ces  jardins  ap- 
partinrent à  Caligula  son  lils. 

I.  C.  Caesar  [Caligula]...  adeo  impatiens  fuit  différend»  voluptalis,  quam  ingens  cru- 
delitas  ejus  sine  dilalione  poscebal,  ut  in  xysto  malernorum  Hortorum,  qui  porticura  a 
ripa  séparai,  inambulans  quosdam  ex  illis,  cum  malronis  alque  aliis  senaloribus,  ad 
lucernam  decollaret.  Senec.  de  ira,  111,  18. 

II.  A-ltwcàucvoj  yàp  ■irjf/.xi  âv  tw  T:pb?  'XiSipov  TTStîiw  rà  TCpÔtrov  szuyj  ok  èx  twv 
fxr,zf,cit'jiv  i^iùj-j  x/jr-cov.  Philo.  de  Légal,  ad  Caium,  p.  1018,  édil.  Turnélje,  Luletiae, 
1640,'  in-fi. 

m.  Tacite  parlant  des  supplices  que  Néron  faisait  subir  aux  chrétiens,  dit:  — Hortos 
suos  ei  speclaculo  Nero  obtulerat,  el  circense  ludicrum  edebal,  habitu  aurigœ  per- 
mixtus  plebi,  vel  curriculo  insistens.  Ânn.  XV,  44.  — 11  sagit  ici  du  Cirque  de  Né- 
ron, silué,  comme  on  sait,  au  pied  du  Vatican,  el  non  du  Cirque  Maxime. 


*  Excipiens  enim  nos  in  Campo  ad  Tiberim  primum  [Caligula]  cum  exiret  de  maternis 
Hortis. 


lOf)  DESCIUPTION  DE  ROME. 

EKRATA. 

Rectification  pour  la  page  13.  Au  bas  de  la  page  13,  §  XXI,  on  lit 
que  la  pente  de  la  voie  Sacrée,  depuis  Summa  Sacra  via  (où  s'élève 
maintenant  TArc  de  Titus)  est  de  lÔ  mètres  39  centimètres; — Lisez: 
13  mètres  443  millimètres.  Cette  dernière  mesure  est  aussi  celle  donnée 
par  M.  Caristie,  planche  17  de  son  ouvrage  sur  le  Forum  romain,  cité 
page  74,  §  VI. 

Rectification  pour  la  page  108.  —  Une  omission  importante  ayant 
été  commise  dans  un  article  de  cette  page,  nous  rétablissons  ici  1  ar- 
ticle en  entier  tel  qu'il  devait  être. 

iS7.  Abc  ou  Jands  surmonté  de  la  statue  de  Pompée.  L'Arc  était  en 
marbre  blanc,  et  formait  l'une  des  entrées  latérales  de  l'orchestre  du 
théâtre  de  Pompée,  à  droite  de  la  scène,  du  côté  de  la  Curie  Pompéia  [n°  458]. 
Auguste  fit  enlever  de  cette  Curie  une  statue  demi-colossale  de  Pompée,  éga- 
lement en  marbre  blanc,  la  même  au  pied  de  laquelle  César  avait  été  tué,  et  la 
plaça  sur  cet  Arc.  Elle  a  environ  trois  mètres  trente-cinq  centimètres  de  hau- 
teur. Pompée  est  nu  ;  un  paliidamenliim  lui  passe  sur  l'épaule  droite  et  re- 
tombe derrière  lui  ;  il  tient  de  la  main  gauche  un  globe  terrestre. 

I.  Pompeii  quoque  Staluara  contra  lliealri  ejus  regiam,  marmoreo  Jano  supposait, 
translatam  eCuria,  in  qua  C.  Caesar  fuerat  occisus.  Slet.  Âug.  51. 

II.  Le  mol  regia  a  fort  occupé  les  antiquaires;  les  uns  ont  conjecturé  qu'il  signifiait 
le  Théâtre  même,  à  cause  de  sa  magnificence  ;  les  autres  qu'il  désignait  une  basilique 
dont  au  reste  aucun  auteur  ne  parle.  Nous  préférons  la  conjecture  de  Nardini  [Roma  an- 
tica,  lib.  IV,  c.  3,  p.  40]  qui  prouve  assez  bien  que  regia  était  la  partie  droite  de  la 
scène  d'un  ijiéâtre.  Dans  nos  théâtres  modernes,  nous  avons  aussi  un  exemple  de  dési- 
gnation figurée  pour  certaines  parties  delà  scène:  les  machinistes  appellent  le  côté 
droit  côté  du  jardin,  et  le  côté  gauche  côté  de  la  cour;  jamais  ils  ne  disent  le  côté 
droit  ou  le  côté  gauche  de  la  scène. 

III.  Statue  de  Pompée.  Mi  ricordo  che  nella  via,  dove  abitanoli  Leutari,  presso  il  Pa- 
lazzo  délia  Cancellaria,  nel  tempo  di  Papa  Giulio  III,  fu  trovato  sotto  una  cantina  una 
statua  di  Pompeo  di  palmi  quindici  alla,  avendo  sopra  il  collo  un  mure  divisorio  di  due 
case  :  il  padrone  di  una  fu  inibito  dall'  allro,  tenendo  ciascun  di  loro  essere  padroni  di 
delta  statua  ;  allegando  uno  pervenirsi  a  lui,  mentre  ne  possedeva  la  maggior  parte,  e 
l'allro  diceva  convenirsi  a  lui  per  aver  nel  suo  la  testa,  corne  pii'i  nobil  parte,  dalla  quale 
si  cava  il  nome  délia  statua  :  finalmenle  dopo  litigato  venutosi  alla  sentenza,  l'ignorante 
giudice  senlenziô  che  se  gli  tagliasse  il  capo,  e  ciascuno  avesse  la  sua  parte.  Povero 
Pompeo!  non  bastô  che  glie  la  tagliasse  Tolomeo,  anche  di  marmo  correva  il  suo  mal 
destine  !  Pervenuta  ail'  orecchio  del  cardinal  Capodiferro  sentenza  si  sciocca,  la  fece 
soprasedere,  ed  andalo  da  Papa  Giulio,  narrandogli  in  successo,  restô  il  Papa  slupe- 
fatto,  et  ordinô  immédiate  che  si  cavasse  con  diligenza  per  se,  e  mando  a'  padroni  di 
essa  cinquecenlo  scudi,  per  dividerseli  fra  di  loro  ;  e  cavata  detta  statua  ne  fece  un 
présente  al  medesimo  cardinale  Capodiferro.  Cerlo  fu  sentenza  da  Papa  :  né  ci  voleva 
allro  che  un  Capodiferro  ;  ed  al  présente  sla  nella  sala  del  suo  Palazzo  a  Ponte  Sisto. 
Flam.  Vacca,  Memorie,  n»  37.  —  Le  Palais  du  cardinal  Capodiferro  est  aujourd'hui  le 
Palais  Spada  ;  on  y  voit  encore  celle  Statue  de  Pompée,  qui  est  gravée  dans.Maffei,  Rac- 
colta  di  statue,  tav.  127. 

—  A  LA  PAGE  152,  n°  227,  supprimez  la  mention  de  la  Statue  de  la 
vestale  Claudia.  Cette  Statue  était,  plus  vraisemblablement,  devant  le 
temple  de  la  Bonne  Déesse,  que  Claudia  avait  fondé  sur  le  mont  Aven- 
tin. 

fin  nE  LA  DESCRIPTION  DE  ROME. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

DES  MONUMENTS  ET  DES  LIEUX  CITÉS  DANS  LA  DESCRIPTION  DE  ROME. 


N.  B.  La  première  colonne,  en  cliiffres  romains,  est  le  niunéro  de  la  région. 

La  seconde  colonne,  en  chiffres  arabes,  donne  le  naméro  du  Plan  el  de  la  Description. 
La  troisième  colonne  renvoie  à  la  page  dn  volnme. 


jEmiliana,  ou  Vicus  .ïmilianus VII 

iEquimelium VIII 

Amphithéâtre  de  Slatilius  Taurus IX 

Angiportum VIII 

Aqueduc  de  l'Alsietina XIV 

—       de  la  Virgo IX 

Arc  d'Auguste VIII 

—  de  Drusus VIII 

—  de  Fabius VIII 

—  de  Germanicus VIII 

—  du  Cirque  Maxime XI 

—  de  Janus-Pompéien IX 

—  de  Janus-Quadrifrons - VIII 

—  de  Scipion-l'Africain VIII 

—  de  Stertinius VIII 

—  de  Tibère VIII 

Area  du  temple  de  Jupiter VIII 

—  de  Mercure XI 

—  Palatin X 

—  Radicaria XII 

—  de  Saturne VIII 

—  du  temple  de  Véjovis VIII 

—  de  la  Victoire. , IV 

—  de  Vulcain IV 

Argilète VIII 

Armilustrium XIII 

Atelier  des  monnaies VIII 

—  de  Sculpteurs IX 

Asyle  (voy.  Bois) » 

Atrium  d'Apollon-Palatin X 

—  de  la  Liberté VIII 

—  Idem XIII 

—  Regium VIII 

Autel  d'Aïus  Locutius VIII 

—  d'Acca  Larentia  (voy.  Tombeau) » 

—  de  Carmente VIII 

—  de  Gérés VIII 

—  de  Consus XI 

—  d'Evandre XIII 

—  de  la  Fièvre X 

—  de  la  Fortune  Conservatrice I 

—  de  la  Fortune  Mauvaise  et  Maudite III 

—  de  Janus-Bifrons VIII 


48 

25 

92 

55 

182 

124 

58 

25 

» 

194 

178 

121 

115 

63 

135 

85 

127 

76 

135 

85 

» 

162 

157 

196 

106 

61 

73 

34 

96 

56 

87 

55 

79 

38 

239 

157 

224 

152 

266 

175 

90 

55 

75 

34 

22 

11 

18 

9 

95 

56 

288 

181 

62 

28 

169 

113 

» 

» 

217 

148 

134 

84 

278 

179 

118 

66 

112 

62 

» 

» 

98 

58 

93 

56 

241 

164 

284 

180 

229 

154 

2 

2 

17 

8 

137 

88 

198  TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Aulel  de  Janus-Curace IV  29  16 

—  de  la  Jeunesse Ylll  81  44 

—  (le  Juiion IV  29  16 

—  de  Jupiler-Elieius XIII  286  181 

—  de  Jupilcr-lnvenleur. XI  245  164 

—  de  Jupiter-I'isleur VIII  65  29 

—  de  Jupiter-Soler VIII  63  29 

—  de  Lnvcine XU  268  175 

—  de  Mars Vlll  »  44 

—  Idem IX     195     131 

—  Maxime XI  257  169 

—  d'Ops VIII  93  56 

—  d'Orbone IV  21  11 

—  de  la  Paix  .  , IX  170  115 

—  de  Saturne,    w VIII  90  55 

—  de  Terme VIII  81  44 

Bains  d' Agrippa IX  171  115 

Basilique  ^milia VIII  131  79 

—  Argentaria  (voy.  Fulvia) »  »  » 

—  de  Caïus  et  Lucius  (voy.  Julia) »  »  » 

—  Fulvia VIII  150  79 

—  Julia      VIII  115  65 

—  Opimia IV       52  17 

—  de  Paulus  {voy.  jEmilia) »        »  » 

—  Porcia VIII       »  70 

—  Sempronia VIII     104       60 

Bibliothèque  Oclavienne IX     151     102 

—  Palatine X     218     150 

—  de  Pollion XIII     280     179 

Bois    de  l'Asyle VIII      72       33 

—  des  Césars XIV  300  187 

—  de  Furina    .        XIV  501  188 

—  de  Libitine  ou  Vénus-Libiline XI  240  157 

—  de  Lucine IX  184  125 

—  de  Mars IX  170  115 

—  Sacré  (du  Champ-de-Mars) IX  186  127 

—  de  Saturne XI  242  164 

—  de  Strenia IV  23  11 

—  de  Vesla.    .        VIII  117  66 

Bûchers  Gaulois III  14  7 

Busium  (des  Césars) IX  187  127 

Cabane  de  Fauslulus X  208  145 

—  de  Piomulus VIII  60  26 

Cadrans  solaires VIII  122  72 

Canal  (le) VIII  140  89 

Capila  Bubula X  »  141 

Capitole  (voy.  temple  de  Jupiler-Capitolin,  Forteresse,  Intermont)   .  »  »  » 

Carrefour  Acilius XI  »  175 

Carénés  (les) IV  23  14 

Castra  peregrina Il  12  6 

Caverne  de  Cacus XI  245  164 

Cent  (les)  Marches VIII  59  26 

Champ  d'Agrippa VU  42  21 

—  Codeta XIV  318  194 

—  de  Mars,  et  Champ  Tibérin  ou  Champ-de-Mars  inférieur.  .    .  IX  196  155 

—  Vatican XIV  519  194 

Château  de  l'Appia XIII  269  176 

—  de  la  Virgo IX     178     121 

Chène-Verl  du  Valican XIV     520      193 

Cirque  Flamininius I\     163     112 

—  Maxime.   ...        XI     241     158 


DE  LA  DESCRIPTION  DE  ROME.  iOO 

Clivus  de  l'Asylc VIll       56  25 

—  Capitoiin VIII       57  25 

—  Publicius  ou  Publicus XllI     285  180 

—  do  Scaurus X       »  15fi 

—  de  la  Victoire X     221  tSl 

Cloaque  Maxime XI     253  167 

Cloaques  (Petites) XI     253  167 

Cloaque IX        »  127 

Colline  (la) IX     192  150 

Colline  des  Jardins IX     189  128 

Colonne  bellique IX     1-48  96 

!—       Roslrale  d'^milius VIII       75  54 

—  de  Duilius VIII     131  79 

—  de  J.  César VIII     131  79 

—  de  César-Auguste XI     249  166 

—  Horatia  .    . VIII     116  6* 

—  de  Jupiter VIII       73  54 

—  Lactaire XI     261  171 

—  de  Ludius IV       18  9 

—  Menia VIII     121  70 

—  de  Minucius XIII     269  176 

Comitium VIII     123  72 

Conserve  d'eau  (au  Palatin) X     209  146 

—  au  Janicule XIV     517  194 

Cornouiller  sacré X     208  145 

Curie  Kalabra VIH       61  28 

—  Hostilia  (voy.  Julia) »        »  » 

—  Julia VIII     122  70 

—  Octavia IX     152  105 

—  Pompcïa IX     158  109 

Curies  ou  Mansions  des  Saliens X     220  150 

—  Vieilles,  Curies  nouvelles II         7  5 

Degrés  de  Cacus  ou  de  Belle  rive X       »  145 

Delubrum  de  Doniilius  ou  d'Apollon.    ,' IX     149  97 

—  et  temple  de  Jupiler-Slator IX     167  113 

—  de  Minerve-Captive II       10  5 

Dianium IV       53  18 

Diribitorium Vil       47  22 

Ecole  du  Portique  d'Octavie.   .    .    , IX      »  102 

Emporium XIII     275  177 

Equirics IX     197  137 

Étang  d'Agrippa IX     169  115 

Escalier  de  l'Area  du  Capitule VIII       70  38 

—  de  la  Forteresse  du  Capilole VIII       70  32 

Favissœ. VIII      80  40 

Figuier  Rumina! VIII     123  72 

Fontaine  de  Mercure XI     259  157 

—  Muscosus VIII     110  62 

—  du  temple  de  Jupiter-Capitolin VIII       81  40 

Fontaines  de  Scipion-l'Africain VIII      73  34 

Forteresse  du  Capitole. ■,,.,.  VIII      60  26 

—  du  Janicule XIV     299  186 

Forum  d'Auguste VIII     155  85 

—  Boarium VIII     103  60 

—  de  César VIII     155  82 

—  Cupedinis IV       50  17 

—  Olearium VIII     100  69 

—  Olitorium XI     261  171 

—  Piscarium Vlll     101  59 

—  Piscaloifum XIV     515  194 

—  Pistorium XIII     293     183 


200  TABLE  ALPHABÉTIQUE' 

Forum  Romain VIII  »  50 

Gémonies Ylll  82  45 

Germalum X  201  142 

Gnomon IX  194  131 

GraecostasD ,  VIII  124  74 

Greniers  de  Sulpicius  Galba XIII  273  177 

—       de  Minucius IX  145  94 

Hécalonstylon IX  161  111 

Horloge  solaire  (voy.  Cadrans,  et  Gnomon),   ........  »  »  » 

—  d'eau.    . VIII  122  72 

Horrea  Chartaria IV  21  11 

Horreum,  ou  Magasin  public Il         8  5 

Ile  du  Tibre  ou  Tibérine XIV  304  190 

InlermonI VIII  70  32 

Janus  Inférieur , VIII  139  89 

—  Médius ' VIII  »  89 

—  Supérieur VIII  138  89 

Jardins  d'Agrippa IX  169  115 

—  d'Agrippine XIV  325  195 

—  d'Antoine  (voy.  de  Pompée) »  »  » 

—  d'Asinius XII  267  175 

—  de  César XIV  297  185 

—  d'Isis IX  172  116 

—  de  Lueius  et  Caïus  (voy.  Bois  des  Césars) »  »  » 

—  de  LucuUus IX  189  128 

—  de  Pompée XIV  294  184 

LacCurtius VIII  141  89 

—  de  Juturne VIII  119  68 

—  de  Servilius VIII  91  55 

Laulolai VIII  »  59 

Loge  de  l'Empereur  pour  voir  les  jeux  du  Cirque X  222  131 

Logements  des  Ediluens  au  Capilole VIII  80  40 

—         des  Soldats,  dans  la  Forteresse  du  Capitole VIII  67  51 

Lupercal X  202  142 

Macellum  Magnum II  11  6 

Macellum  ou  Forum  Cupedinis IV  50  17 

Maison  d'Agrippa X  203  143 

—  d'Antoine  (voy.  de  Pompée) »  »  » 

—  d'Auguste X  223  151 

—  de  Calilina X  »  132 

—  de  Catulus  (voy.  Temple  de  la  Fortune  de  chaque  jour)     .     .  »  »  » 

—  de  Censorinus  (voy.  de  Cicéron) »  »  » 

—  de  Cicéron X  234  155 

—  de  Clodius X  235  156 

—  de  Domitius  Calvinus X  237  156 

—  du  Flamine-Dial X  231  134 

—  funéraire  des  Césars IX  188  128 

—  de  Mamurra II  10  5 

—  d'Ovide VIII  56  25 

—  de  Pompée, IV  26  15 

—  du  Roi  des  Sacrifices  (voy.  Regia) »  »  » 

de  Scaurus X  236  136 

—  du  Souverain  Pontife  (voy.  Regia) »  »  » 

—  de  Tibère X  210  146 

—  Idem,  (voy  de.  Pompée) »  »  » 

Mansions  des  Albains II        6  4 

—  des  Saliens  (voy.  Curies) »  »  » 

Marais  de  la  Chèvre  (voy.  Etang  d'Agrippa) »  »  » 

Marché  Fabaria  (voy.  Portique) »  »  » 

—  aux  fruits • III  15  7 

—  à  l'huile  (voy.  Forum  Olcarium; »  »  » 


DE  LA  DESCRIPTION  DE  ROME.  204 

Mausolée  (le) IX  185  126 

Médius  Janus  (voy.  Janus) »  »  » 

Mille  (l'or VIII  145  91 

Mincrvium  (voy.  temple  de  Minerve) »  »  » 

Mont  Citorius  (voy.  Colline) •»  »  » 

Naumachie ^^^  '*  *88 

Navalia XIII  275  177 

Idem XIV  323  195 

Obélisque  du  Champ-de-Mars  (voy.  Gnomon) »  »  » 

—  du  Cirque  Maxime XI  241  163 

~       de  l'Ile  du  Tibre XIV  506  191 

—  du  temple  d'Isis IX  172  116 

—  de  Sérapis = IX  173  118 

Obélisques  du  Mausolée  d'Auguste IX  »  127 

Ombilic  de  Rome VIII  85  50 

Panthéon IX  180  122 

PontvEmilius XIV  296  184 

—  Ceslius XIV  509  195 

_   Fabricius XIV  308  192 

—  Janicule • XIV  310  193 

—  Palatin XIV  503  189 

—  Sublicius  (voy.  jEmilius) »  »  » 

—  Triomphal  (voy.  Vatican) »  »  » 

—  Vatican XIV  522  195 

Porte  Capène I         1  * 

—  Carmentale  ou  Scélérate VIII       97  37 

—  Catularia VII       51  24 

—  Flumentane XI  264  174 

—  Minucia XIII  276  178 

—  Mugionia X  206  144 

_     Navale XIII  290  182 

—  Pandana VIII       64  30 

—  Piacularis ' VII       54  24 

—  du  Pont  triomphal XIV  521  195 

—  Portuensis XIV  295  183 

—  Ratumena , .VII       50  23 

—  Romana X  199  140 

—  Romanula X       »  144 

—  Salutaris VII       55  24 

—  Sanqualis VII       52  24 

—  Scélérate  (voy.  Carmentale) »        >'  » 

—  Stercoraria , VIII       58  25 

—  Trigemina XI  246  165 

—  Triomphale •  XI  262  171 

Portes  (premières)  du  Capitole VIII       58  25 

Portique  des  Argonautes  (voy.  de  Neptune) »         »  » 

—  Aventin XIII  271  176 

—  du  Bon  Evénement IX  181  124 

—  de  Catulus X  235  154 

—  aux  cent  colonnes  (voy.  Hecatonslylon) »         »  » 

—  Corinthien IX  154  104 

—  Emilien XIII  274  177 

—  d'Europe IX       »  129 

—  Fabaria XIII  292  182 

—  deLivie III       16  8 

—  de  Minerve XIII  289  181 

—  de  Minucius  (Fromenlaire) IX     145  94 

—  aux  Nations X     211  146 

—  de  Neptune IX     179  122 

—  d'Octavie IX     150  98 

—  d'Octavius  (voy.  Corinthien) »        »  " 


202  TABLE  ALPHABÉTIQUE 

»'.•  r.i.' 

Porlique  Palatin X     232  154 

—  de  Philippe IX     155  105 

—  de  Pola VII       49  25 

—  de  Pompée IX     160  110 

—  de  Scipion  Nasica Mil       74  35 

—  Vipsania  (voy.  de  Neptune) »         »  » 

Prés  Muciens XIV     316  194 

—  Uuintiens XIV     324  195 

Prison  publique  ou  Mamertine VIII       82  45 

Putcal  de  Libon VIII     128  76 

Regia VIII     129  78 

Reniuria XIII     285  180 

Ronae  Carrée X       »  149 

Roche  ïarpeienne VIH       64  30 

Rostres  (vieux) VIII       85  50 

—  (nouveaux) Vlll     116  64 

Sacrariurn  des  Saliens  (voy.  temple  de  Mars-Gradivus) »        »  » 

—  de  Saturne XI     242  164 

Salines  (les) XI     246  165 

Scala*  anulariae X     204  143 

Schola  Xaniha VIII      86  52 

Senaculum Vlll       »  47 

Septa  Agrippiana VII      46  22 

—  Julia IX     177  119 

—  Trigaria IX     190  129 

Sigillaria Vlll       »  56 

Soliveau  de  la  Sœur IV       29  16 

Stations  des  Municipes VIU     152  82 

Statue  d'Acilius  Glabrion  (équestre) XI     263  172 

Statues  (petites)  d'ambassadeurs  romains VIII       85  -52 

Statue  colossale  d'Apollon VIII      61  28 

—  d'Apollon XI     241  164 

—  d'Altus  Navius VIII     122  71 

—  d'Auguste IX     150  102 

—  de  Camille VIH       85  52 

—  de  Carvilius VHI       79  39 

Statues  de  Castor  et  Pollux  (colossales  équestres) »IX     135  105 

Statue  de  César  (équestre) VU     133  82 

—  Idem,  (pédestre) XIV     305  190 

—  de  César-Octave  (équestre) VIH     142  90 

—  de  Claudia  (la  Vestale) XIII     287  181 

—  de  Clélie  (équestre) VIU     127  76 

—  de  Clœlius  (Tullus) VHI       85  52 

—  de  Cluacine  (voy.  Vénus) »        »  » 

—  de  Diane XIH     282  179 

Statues  des  Dieux  (douze  grands) VIII     115  63 

—  diverses  dans  le  Champ-de-Mars. IX     198  158 

Statue  d'Ennius I         4  5 

—  de  Fabius  (équestre) VIII     127  76 

—  de  Flaminius XI     241  164 

—  de  Fulcinius  (slaluelle) VHI       85  32 

—  de  Glabrion  (voy.  Acilius) »         »  » 

Statues  grecques VHI     129  79 

Statue  d'Hercule  (colossale) VIH      79  38 

—  d'Hercule-Punique X     211  146 

—  d'Hercule-Triomphal XI     256  169 

—  d'Horatius-Coclés IV       18         9 

—  de  Junon XIH     282  179 

—  de  Jupiter  (colossale) VIH      79      38 

—  du  Lion  de  pierre VIII     123       72 

—  de  Lions,  devant  le  temple  de  Sérapis IX     173    118 


62 

28 

123 

72 

» 

)) 

3 

5 

120 

68 

85 

50 

» 

163 

5 

4 

85 

52 

156 

108 

172 

116 

131 

79 

85 

52 

157 

196 

122 

72 

85 

52 

85 

52 

129 

78 

4 

3 

» 

163 

» 

163 

» 

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85 

52 

105 

60 

DE  LA  DESCRIPTION  DE  ROME.  203 

statue  de  la  Louve,  au  Capitole VIII 

—  Idem,  au  Figuier  ruminai VIII 

—  de  Lucius  Uoscius  (voy.  Uoscius) » 

—  de  Marcellus •     ,     .     .     .  I 

—  de  Marcius  Tremulus  (équestre) VIII 

—  de  Marsyas VIII 

—  deMessia XI 

—  des  Muses  de  Thespies.     .     .     .     • II 

—  de  Naulius  (Spurius)  (statuette) VHI 

Statues  des  Nations  (quatorze) IX 

Statue  du  Nil  (colossale) IX 

Statues  des  trois  Parques VIII 

Statue  de  Pompée VIH 

—  Idem IX 

—  de  Porsenna VIII 

—  de  Romulus VIII 

—  de  Roscius  (Lucius)  (statuette) VIII 

—  de  Scipion-I'Africain •     .  VIII 

Statues  des  Scipions I 

Statue  de  Séja XI 

—  de  Séjesta XI 

Statues  des  Sibylles  (voy.  Parques) » 

Statue  de  Spurius  (voy.  Nautius) » 

—  de  Sylla VIII 

—  du  Taureau  d'airain VIII 

—  de  Terme  (voy.  Autel) »         »         » 

—  du  Tibre  (colossale) IX     172     116 

—  de  Tremulus  (voy.  Marcius) »         »         » 

—  de  TuUus  (voy.  Clœlius) »         »         » 

—  de  Tutelina XI 

—  de  Valeria  (équestre) X      » 

—  de  Vénus-Cluacine • VIII 

—  de  Vertumne. VIII 

Subure III 

Tabernola  (vallée) Il 

Tabularium VIII 

—  du  peuple VIII 

Tavernes  (les  Cinq  ou  les  Sept)  (  voy.  Tavernes  neuves)    .     ,     ,     .  » 

—  (les)  Neuves  ou  Argentariae VIII 

—  de  bouquetières , IV 

—  des  marchands  de  cheveux IX 

Temple  antique  d'Apollon IX 

—  d'Apollon-Médecin ....  XI 

—  d'Âpollon-Palatin X 

—  d'Auguste X     201 

—  de  Bacchus X 

—  Idem XI 

•    —     de  Bellone IX 

—  de  la  Bonne  Déesse XIII 

—  du  Bon  Événement IX 

—  de  Brulus  Callaïque  ou  de  Mars IX 

—  de  Carna II 

—  de  Castor VIII 

—  Idem • IX 

—  Idem XI 

—  de  Cérès X 

—  Idem •     .     .  XI 

—  Idem,   (sur  l'Epine  du  Cirque  Maxime) XI 

—  deJ.-César VIII 

—  de  la  Concorde VIII 

—  Idem  Maritale •        lY 


)) 

165 

» 

145 

150 

79 

114 

63 

13 

7 

10 

6 

75 

56 

89 

34 

» 

» 

130 

79 

22 

11 

145 

94 

149 

97 

265 

174 

217 

148 

201 

141 

227 

152 

249 

166 

148 

96 

287 

181 

181 

124 

166 

113 

9 

5 

120 

68 

155 

105 

252 

166 

203 

143 

249 

166 

» 

163 

116 

64 

83 

47 

27 

15 

204  TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Temple  de  la  Concorde  (édicule;.     .     • VII!  126  75 

—  deCybèle X  226  152 

—  de  Diane  ou  Dianium IV  33  18 

—  Idem IX  164  113 

—  Idem XIII  277  178 

—  d'Esculapo XIV  505  190 

—  de  l'Espérance XI  263  172 

—  de  Faune XIV  307  192 

—  de  la  Félicité II  5  4 

—  de  la  Fièvre X  229  154 

—  de  Flore XI  248  166 

—  de  la  Foi VIII  76  36 

—  Idem X  228  154 

—  de  Fors-Fortuna XIV  298  185 

—  de  la  Fortune VIII  86  52 

—  de  la  Fortune  de  chaque  jour X  233  154 

—  de  la  Fortune  Equestre •     .  IX  139  109 

—  de  la  Fortune  Gluante X  215  147 

—  de  la  Fortune  Obsequens VIII  66  31 

—  de  la  Fortune  Primigénie VI  39  20 

—  Idem VIII  65  31 

—  de  la  Fortune  Privée X  214  147 

—  de  la  Fortune  Publique VI  40  20 

—  de  la  Fortune  Vierge VIII  109  61 

—  de  la  Fortune  Virile VIII  96  56 

—  Idem XI  234  168 

—  de  Furina XIV  501  188 

—  de  Genius  Sangus VII  44  22 

—  d'Hercule-Gardien IX  162  111 

—  d'Hercule  aux  Muses IX  155  103 

—  d'Hercule  Pompéien XI  244  164 

—  d'Hercuie-Vainqueur VIII  108  61 

—  Idem XI  247  165 

—  de  l'Honneur  et  de  la  Vertu I  2  2 

—  d'Isis.' IX  172  116 

—  de  Janus  Bifrons VIII  157  88 

—  de  Janus  Geminus VIII  99  58 

—  de  la  Jeunesse XI  259  170 

—  de  Junon  (dans  le  portique  d'Octavie) IX  130  98 

—  de  Junon-Lucine  (voy.  Lucine) »  »  » 

—  de  Junon-Malute M  263  172 

—  de  Junon-Jloneta VIII  62  28 

—  de  Junon-Reine IX  165  113 

—  Idem XllI  281  179 

—  de  Junon-Sospita X  225  152 

—  de  Jupiter  (dans  le  Portique  d'Octavie) IX  150  98 

—  de  Jupiler-Capitolin VIII  81  *0 

—  de  Jupiter-Férétrien VIII  68  31 

—  de  Jupiler-Prœdator VIII  69  32 

—  de  Jupiter-Propugnalor X  211  146 

—  de  Jupiter-Stator IX  167  113 

—  Idem • X  207  144 

—  de  Jupiter-Tonnant Mil  84  49 

—  de  Jupiter-Vainqueur X  212  147 

—  de  Jupiter  (dans  l'Ile) XIV  306  191 

—  de  Juturne IX  176  119 

—  des  Lares IV  22  11 

—  des  Lares-Marins IX  147  95 

—  de  la  Liberté XllI  279  179 

—  de  Libitine XI  240  157 

—  de  Lucine IX  184  125 


DE  LA  DESCRIPTION  DE  ROME.  205 

Temple  de  la  Lune IV  34  18 

_         Idem XIII  282  179 

—  de  la  Lune-Nocliluca X  230  154 

_    de  Mania XIV  312  193 

—  de  Mars  (voy.  Brulus-Callaïque) »  »  » 

—  Mars-Bisullor VIH  71  33 

—  de  Mars-Gradivus X219  150 

—  de  Mars-Vengeur VIII  133  85 

—  de  Malute VIII  96  56 

—  de  Mens VIII  77  37 

—  de  Mercure XI  239  157 

—  de  Minerve  ou  Minervium IX  175  119 

—  de  Minerve XIII  289  181 

—  de  Minerve-Caplive II  10  5 

— '     de  Minerve-Chalcidique IX  174  118 

—  de  Neptune IX  179  122 

—  d'Ops-Consiva VllI  129  78 

—  de  Pan  (voy.  Lupercal) »  »  » 

—  des  Pénates IV  19  10 

—  de  la  Piété XI  263  172 

—  dePortumnus XI  270  176 

—  de  Proserpine XI  249  166 

—  de  la  Prudence  (voy.  Mens.) »  »  » 

—  de  la  Pudicité  Patricienne VIII  107  61 

—  de  Quirinus  (nouveau) VII  45  22 

—  de  Rémus IV  51  17 

—  de  Romulus VIII  125  73 

—  de  Uunriia  (voy.  Lupercal) »  »  » 

—  des  Saliens  Collins VI  38  19 

—  du  Salut VI  57  19 

—  de  Sangus  (voy.  Genius) • »  »  » 

—  de  Saturne , VIII  88  53 

—  Idem.  (voy.  Sacrarium) »  »  » 

—  de  Sérapis.    ....     : ,  IX  173  118 

—  du  Soleil. • IV  33  18 

—  Idem,  (sur  l'Épine  du  Cirque  Maxime) XI  »  163 

—  de  Strenia IV  23  11 

—  de  Summanus XI  260  171 

—  deTellus IV  23  14 

—  de  Véjovis VIII  73  54 

—  de  Vénus XI  243  164 

—  de  Vénus-Erycine VIII  77  57 

—  de  Vénus-Génitrice VIII  133  82 

—  de  Vénus-Libitine  (voy.  Libitine) »  »  » 

—  de  Vénus-Murcia XI  241  165 

—  de  Vénus-Victorieuse IX  156  105 

—  de  la  Vertu I  2  2 

—  de  Vertumne VIII  114  65 

—  deVesta VIII  118  66 

—  de  Vesta  Palatine X  216  148 

—  de  Vicepota  (voy.  de  la  Victoire) »  »  » 

—  de  la  Victoire X  200  140 

—  de  Viriplaca X  213  147 

—  deVolupia IV  20  10 

—  de  Vulcain IX  148  96 

—  Idem.  (voy.  Vulcanal) .  »  *)  » 

Terentum IX  185  123 

Théâtre  de  Corn.  Balbus IX  146  93 

—  de  Marcellus IX  144  95 

—  de  Pierre  (voy.  de  Pompée) »  »  » 

—  de  Pompée .     .  IX  136  105 


200  TABLE  DE  LA  DESCRIPTION  DE  ROME. 

Tigillum  sororis  (voy.  Soliveau  de  la  Sœur) »  »  » 

Tombeau  d'Acca XI  258  170 

—  d'Agrippa IX  195  134 

—  d'Auguste  (voy.  Mausolée) »  »  » 

—  d'Avenliiius XIII  291  182 

Tombeau  de  C.  P.  Bibulus VII  43  21 

—  de  Calatjnus I        u  3 

—  deCœcilius XIV  511  193 

—  de  Fauslulus  (voy.  Statue  du  Lion  de  pierre) »  »  » 

—  d'HoratIa         I         4  3 

—  de  Julie IX  195  134 

—  de  Marcclla  (la  race) I        5  3 

—  des  Métellus I         4  3 

—  deNuma XIV  302  189 

—  de  Rémus  (voy.  Remuria) »  »  » 

—  de  Romulus  (voy.  Statue  du  Lion  de  pierre) »  »  » 

—  des  Scipions IX  195  134 

—  Idem .  I         4  3 

—  des  Servilius I        4  3 

—  de  Sylla IX  195  134 

—  de  Talius XIII  291  182 

Tombeaux  divers  dans  le  Champ-de-Mars IX  195  134 

Tour  des  Comices XIV       »  186 

Trésor  public VIII       88  55 

Tribunal  du  Préteur VIII  128  76 

Tribune  (voy.  Rostres) »         »  » 

Tuliianum  (voy.  Prison) »         »  » 

Vélabres  (les) VIII  102  59 

Vélia X  201  142 

Vicus  jEmilianus VII       48  23 

—  Brultianus XIV  514  195 

—  des  Curies X  221  151 

—  Cyprius.     .     •     • IV       28  16 

—  Janiculensis XIV  515  195 

—  Janus • VIII       »  65 

—  Jugarius VIII       94 .     56 

—  Sceleratus IV       56  18 

—  Tuscus  ou  Thurarius VIII  115  62 

Villa  publica IX  168  11* 

Voie  Appia I         1  1 

—  Flaminia IX  191  150 

—  du  Forum  de  Mars VIII  156  88 

—  Lata VII       41  21 

—  Neuve VIII  111  62 

—  Ostiensis XIII  272  177 

—  Portuensis XIV  295  185 

—  Recta  ou  Tecta  (voy.  Lata).     .     .     .     • »        »  » 

—  Sacrée  et  Tavernes IV      24  12 

—  Sacrée VIII       55  25 

—  Triomphale IX  198  158 

—  Idem X  238  156 

—  Idem.      .     . XI  255  169 

Vulcanal  ou  Area  de  Vulcain IV      18  9 


Fm  DE  LA  TABLE. 


INTRODUCTION 


VOYAGE  A  ROME  SOUS  AUGUSTE  ET  SOUS  TIBÈRE. 


Camulogène,  jeune  Gaulois  originaire  et  habitant  de  Lu- 
tèce,  dans  la  contrée  des  Parisiens'^,  conçoit  le  dessein  de 
visiter  Rome  :  il  n'est  point  poussé  par  le  désir  d'une  vaine 
curiosité,  trop  commune  à  ses  compatriotes;  il  veut  aller 
étudier  de  près  les  mœurs,  les  institutions,  les  usages  et  les 
coutumes  du  peuple  Romain,  pour  tirer  de  cette  étude  des 
connaissances  qui  puissent  être  utiles  à  sa  patrie,  et  peut-être 
aider  un  jour  les  Gaulois  à  reconquérir  leur  indépendance. 

Une  occasion  d'entreprendre  ce  voyage  se  présente  :  Fon- 
téius,  négociant  romain  faisant  le  commerce  avec  Gena- 
bum  f),  dans  le  pays  des  Carnutes^  f),  arrive  à  Lutèce  et 
vient  loger  chez  Camulogène,  qui  déjà  lui  avait  donné  l'hos- 
pitalité. Le  négociant  engage  son  hôte  à  le  suivre  à  Rome; 
Camulogène  accepte,  et  dès  le  lendemain  ils  partent  en- 
semble. 

Camulogène  est  petit-fds  du  guerrier  de  ce  nom  qui 
perdit  la  bataille  de  Lutèce  contre  Labiénus,  lieutenant  de 
César  3.  Il  laisse  dans  la  ville  des  Parisiens  un  ami  nommé 

1  Cœs.  de  Bell.  Gall.  VII,  34.  — Strab.  IV,  p.  194  ;  ou  55  tr.  fr.  =  2  Cœs.  Ibid.  5.  = 
3  Ibid.  57.  («)  Orléans.  [>>)  Le  département  d'Eure-et-Loir  et  les  déparlemenls  voisins, 
depuis  la  Seine  jusqu'à  la  Loire. 


208  INTRODUCTION  AU  VOYAGE  A  ROME. 

Induciomarc,  auquel  il  promet  de  transmettre,  aussi  souvent 
que  possible,  le  résultat  de  ses  observations,  dont  il  doit  faire 
profiter  leurs  compatriotes. 

Mon  jeune  Parisien  a  vingt  ans  lorsqu'il  part  pour  Rome, 
où  il  arrive  l'an  751  de  la  fondation  de  la  ville.  Il  y  reste 
quarante-sept  ans,  et  ne  la  quitte  pour  revenir  dans  sa  patrie 
que  l'an  778,  au  moment  où  les  délateurs  portaient  pai'tout 
la  terreur  et  la  désolation. 

Afin  de  remédier  à  l'inconvénient  du  mode  épistolaire  que 
j'ai  cru  devoir  choisir,  pour  les  motifs  déduits  dans  mon  Aver- 
tissement, mais  qui  renferme  le  narrateur  dans  une  époque 
restreinte,  j'ai  supposé  quelquefois,  d'abord  des  fragments 
d'un  journal  légué  à  mon  Gaulois,  et  dont  la  rédaction  est 
antérieure  de  vingt-cinq  ou  trente  ans  à  son  arrivée  à  Rome  ; 
ensuite  des  appendices  qu'il  est  censé  avoir  ajoutés  en  re- 
voyant sa  correspondance  après  son  retour  à  Lutèce,  et  dans 
lesquels,  sous  le  titre  d'achèvements,  il  achève  de  traiter  tout 
ce  qui  appartient  à  un  même  sujet,  mais  qui  est  d'une  date 
postérieure  à  sa  lettre.  Au  moyen  de  cette  petite  fiction,  je 
conserve  dans  mes  lettres  gauloises  toute  la  vraisemblance 
chronologique,  sans  me  priver  de  la  faculté  de  remonter  jus- 
qu'à un  passé  plus  ou  moins  éloigné,  ou  d'embrasser  un  ave- 
nir contemporain,  suivant  qu'il  peut  être  convenable  pour 
l'intérêt  de  la  matière  actuellement  traitée. 


I 


ROME 

AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 


LETTRE  T, 


LE  VOYAGE. —  LES  GAULES. 


Je  suis  au  terme  de  mon  voyage  depuis  quelques  jours  seule- 
ment, et  je  saisis  la  première  occasion  qui  se  présente  de  te  faire 
passer  de  mes  nouvelles.  J'ai  vu  Rome,  mon  cher  Induciomare,  et 
je  doute  que  je  parvienne  jamais  à  te  donner  une  idée  de  ce  monde 
que  l'on  appelle  une  ville.  C'est  un  spectacle  si  extraordinaire,  cpii 
passe  de  si  loin  toute  imagination,  que  bien  certainement  il  doit 
être  unique  dans  l'univers.  Plusieurs  des  grandes  cités  de  nos  Gaules 
suffiraient  à  peine  pour  former  seulement  un  quartier  de  cette 
Rome,  dans  les  rues  de  laquelle  se  presse  tout  un  peuple,  ou  plu- 
tôt des  nations  entières.  Mais  que  je  te  dise  d'abord  quelques  mots  de 
mon  voyage. 

En  quittant  le  pays  des  Parisiens  {") ,  nous  dirigeâmes  notre  route 
vers  celui  des  Senones  {^)  et  des  Manduhiens  [^) .  Je  voulais  dans 
cette  dernière  contrée  voir  Alesia  (''),  ville  située  sur  une  haute  col- 
line, et  qui  fut  un  obstacle  si  puissant  au  succès  de  notre  vainqueur  ', 
que  l'on  a  dit  à  Rome  qu'il  fallait  être  plus  qu'un  homme  pour  tenter 
ce  que  César  fit  à  Alesia,  et  presque  un  dieu  pour  l'exécuter  ^  Après 
Alesia,  Gergovie,  dans  le  pays  des  Boïens  {'],  attira  mon  attention. 

1  CtBS.  de  lîcll.  Gall.  VII,  49.  =  2  Palercul.  II,  U7.  (<•)  Les  départements  de  la  Seine 
et  de  Seine-el-Oise.  C»)  Diocèse  de  Sens,  s'élendant  dans  les  dcpaitements  do  l'Yonne, 
du  Loiiel,  de  Seine-et-Marne,  et  de  l'Aube.  (')  Dans  les  parties  occidentale  et  cen- 
trale de  la  r.ôte-d'Or.  C)  Ruines  sur  une  colline  au-dessus  du  villafîe  d',l/(:p  ou  Sninle- 
lîeine.  (')  I,e  sud  du  d('i>artemrnl  de  l'Yonne,  <•!  le  iinnl  de  relui  de  la  Nièvre. 


-IM)  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

Bàlie  commo  la  prcniièrfi  sur  une  haute  montagne,  elle  fut  plus 
heureuse,  car  César  l'assiégea  vainement  '. 

Laissant  sur  notre  droite  les  Arvernes  {"),  si  terribles  aux  Romains 
auxquels  ils  opposèrent  souvent  jusqu'à  deux  cent  mille  hommes, 
et  quatre  cent  mille  quand  Vercingétorix  marcha  contre  César*,  nous 
entrâmes  dans  le  pays  des  Ségusiens['').  Nous  arrivâmes  à  Lugdu- 
numif],  ville  qui,  hâtie  sur  une  haute  colline',  un  peu  au-dessus  du 
contluent  du  Uhùne  et  de  la  Saône  *,  semble  une  citadelle  au  milieu 
du  pays.  Bien  que  sa  fondation  ne  remonte  pas  à  plus  d'une  ving- 
taine d'années*,  néanmoins  nulle  ville  des  Gaules  n'est  plus  peuplée 
après  Narbonne. 

Une  route  conduit  de  Lugdunum  en  Italie,  ou  plutôt  au  pied  des 
Alpes,  grande  chaîne  de  montagnes  jetée  entre  cette  contrée  et  la 
Gaule  Narbonnaise.  Les  Alpes  sont  une  véritable  barrière,  et  quoi- 
que longue  de  plus  de  deux  cents  milles  ('')  dans  la  partie  qui  confine 
à  la  péninsule  italique,  il  n'y  a  que  quatre  passages  pour  les  tra- 
verser :  l'un,  le  plus  septentrional,  dans  le  pays  des  PJiétiens  ('');  le 
second,  en  descendant  vers  le  midi,  chez  les  Salasses  C)  ;  le  troi- 
sième chez  les  Taurins  (3)  ;  et  le  quatrième  chez  les  Ligures  {''),  près 
de  la  mer  Tyrrhénienne®. 

Nous  traversâmes  par  le  pays  des  Salasses,  dans  une  partie  appe- 
lée Alpes  Pénines''.  Autant  la  voie  est  commode  dans  la  Gaule, 
autant  elle  devient  âpre  et  difficile  dans  les  Alpes  :  elle  est  impra- 
ticable aux  voitures  ;  des  rochers  et  des  abîmes  affreux  la  bordent 
partout;  dans  certains  endroits  le  chemin  se  rétrécit  tellement 
que  la  vue  de  ces  gouffres  cause  des  vertiges  aux  piétons,  et  même 
aux  bêtes  de  somme  qui  n'y  sont  pas  accoutumées  :  il  n'y  a  que 
celles  du  pays  qui  puissent  passer  avec  leur  charge  en  toute  sûreté. 
Mais  le  plus  grand  danger  est  celui  des  neiges  qui  couvrent  les 
sommets  des  montagnes;  de  temps  en  temps  des  masses  énormes 
s'en  détachent,  et  cela  d'une  manière  si  imprévue,  si  soudaine, 
et  sur  une  longueur  si  considérable,  qu'elles  enveloppent  tout 
une  troupe  de  voyageurs,  les  entraînent  et  les  ensevelissent  dans 

1  Cacs.  de  Bell.  Gall.  VU,  36.=  2  Strab.  IV,  p.  191  ;  ou  42,  tr.  fr.  =3  ibid.  p.  208; 
ou  101  Ir.  fr.  —  Scnec.  Ep.  91.  =  ^  Slrab.  IV,  p.  186,  19-2,  208  ;  ou  27,  45,  101,  tr. 
fr.  —  Dion.  XLVI.  .ïO.  =  5  Senec.  Kp.  91.  —  Dion  Ibiil.  =  *=  Slrab.  IV,  p.  208  ;  ou 
101,  Ir.  fr.  =  7  Ibid.  p.  204  ;  ou  92,  Ir.  fr.  —  Tit.-Liv.  XXI,  38;  LUI,  Epilo.  {")  Les 
Auvergnats,  pays  compris  dans  les  départements  du  Cantal,  de  la  Haute-Loire,  du 
Puy-de-Dôme,  et  de  IWilier.  Z*  Les  départements  de  la  Loire  et  du  Rhône.  ^«)  l.yon, 
au  quartier  de  Fourviére.  (<*)  296  kilomol.  .'^00.  '  Pays  des  Grisons,  [f]  Le  mar- 
quisat de  Saluées,  en  Savoie.  (9)  Turin.  ;''    La  prinripauléde  Lucqnes. 


LKTTRE  I.  241 

]os  vallées  sans  fond  au-dessus  desquelles  on  marche  eomme  sus- 
pendu'. 

Nous  rencontrâmes  au  milieu  de  ces  lieux  escarpés  une  espèce  de 
chèvre  de  rochers,  nommée  Ibex,  animal  fort  léger,  et  qui  a  un 
singulier  moyen  de  franchir  les  obstacles  qui  s'opposent  à  sa  course  : 
c'est  de  faire  servir  l'élasticité  de  longues  cornes  qui  s'élèvent  sur 
son  front,  à  se  lancer  de  roche  en  roche,  comme  on  lancerait  une 
pierre  avec  une  baliste  ^. 

Il  nous  fallut  plus  de  cinq  jours  pour  traverser  les  Alpes^  Le  tra- 
jet me  parut  d'autant  plus  long  qu'on  ne  trouve  d'habitations  que 
dans  les  lieux  bas  et  sur  les  pentes  inférieures  :  les  neiges  qui  cou- 
vrent les  heux  hauts,  les  rendent  inhabitables*.  On  n'y  voit  d'autre 
trace  du  séjour  des  hommes  qu'un  petit  temple  consacré  au  dieu 
Penin,  qui  a  donné  son  nom  à  ces  montagnes^. 

Le  pays  des  Salasses  regarde  le  côté  de  l'Italie.  II  occupe  une  pro- 
fonde vallée  en  forme  de  golfe  bordé  par  une  double  chaîne  de  mon- 
tagnes, dont  ces  peuples  habitent  aussi  quelques  hauteurs®. 

Immédiatement  au  bas  des  Alpes  s'étend  une  plaine  immense, 
semée  de  collines  très-fertiles  :  c'est  la  Gaule,  que  de  sa  position  nous 
nommons  Transalpine,  et  les  Romains,  Cisalpine'^  ou  Togée,  parce 
que  l'on  y  porte  la  toge,  habit  dislinctif  de  la  nation  romaine*.  Le 
Padus  if),  appelé  le  roi  des  tleuves',  traverse  cette  province  dans 
presque  toute  sa  longueur,  et  la  divise  en  deux  portions  presque 
égales,  la  Cispadane,  et  la  Transpadane.  La  Cispadane  comprend 
tout  ce  qui,  sur  la  rive  droite  du  Padus,  borde  les  monts  Apen- 
nins, et  la  Ligurie  ;  La  Transpadane  occupe  le  reste  de  la  plaine. 
La  Cispadane  est  peuplée  de  Liguriens  et  de  Gaulois;  la  Transpa- 
dane, de  Gaulois  descendants  des  Transalpins'*',  c'est-à-dire  des 
Celtes;  car  la  Celtique,  notre  pays,  et  ses  habitants  les  Celtes,  les 
Romains  les  nomment  la  Gaule  et  les  Gaulois  '\  dénominations  dont 
je  me  suis  déjà  servi,  et  que  j'adopterai  désormais  pour  éviter  toute 
confusion. 

Ce  fut  donc  encore  des  compatriotes  que  je  rencontrai  dans  ce 
pays.  Il  y  a  environ  six  siècles,  nos  Gaulois  envoyèrent  des  troupes 

1  Strab.  IV,  p.  204  ;  ou  93,  tr.  fr.  =  2  piin.  VUf,  54.  =  3  Strab.  IV,  p.  209  ;  ou 
103,  tr.  fr.  =  *  Polyb.  UI,  2.  =  5  Tit.-Liv.  XXI,  38.  —  Serv.  in  yEneid.  X,  v.  13.= 
6  Strab  lY,  p.  204  ;  ou  93,  tr.  fr.;  V,  p.  210;  ou  109,  tr.  fr.  =  7  Id.  V,  p.  2tl,  212 
ou,  110,  114,  tr.  fr.  =  8  Cic.  Pliilipp.  VU,  9.  =  9  Fluviorum  rex.  Virg.  Goorg.  I,  v. 
482.  =  10  Strab.  V,  212  ;  ou  MO,  tr.  fr.  — Polyb.  U,  3.  =  u  Cees.  de  Bell.  Gall.  I,  1.— 
Amm.  Marcel.  XV,  9.— Diod.  Sicul.  V,  p.  508.  (")  Le  Pô. 


242  ROME  AU  SIIXLE  D'AUGUSTE. 

(Véniigrants  chcrchor  en  Italie  dos  terres  dont  ils  manquaient  chez 
eux.  Ils  s'emparèrent  suceessivement  de  toute  la  Gaule  Cisalpine 
(relativement  à  Rome),  s'établirent  sur  les  rives  du  Ticinus  ["),  du 
Padus,  et  pénétrèrent  jusqu'en  Oinbric  et  en  Etrurie,  pays  dont  je 
te  parlerai  tout  à  l'heure'.  J'aurais  donc  retrouvé  une  patrie  nou- 
velle par  delà  les  monts,  si  la  patrie  pouvait  être  voyageuse.  La  ville 
la  i)lus  considérable  de  la  Gaule  Transpadane  est  Mediolanum  [^), 
dans  le  pays  ôcslnsuhriens^^.  C'est  une  colonie  Gauloise  qui  date  de 
l'invasion  dont  je  viens  de  parler;  des  Gaulois  ayant  campé  sur  un 
terrain  appelé  le  champ  des  Insubriens,  la  conformité  de  ce  nom 
avec  celui  d'Insuhrès,  canton  des  yEduens,  leur  parut  d'un  augure 
favorable,  et  ils  y  fondèrent  cette  ville'. 

La  Cisalpine  en  général  est  si  fertile  qu'elle  surpasse  le  reste  d(; 
l'Italie  pour  la  population,  le  nombre  des  grandes  villes,  et  l'opu- 
lence. La  terre  propre  à  la  culture  y  produit  des  fruits  de  toute  es- 
pèce en  abondance,  et  les  forêts  y  fournissent  de  telles  quantités  de 
glands,  que  malgré  la  grande  consommation  de  porcs  que  l'on  fait 
en  Italie,  tant  pour  la  vie  que  pour  les  provisions  de  guerre,  pres- 
que tout  se  tire  de  cette  province.  Les  porcs  y  tiennent  de  la  nature 
des  sangliers.  Ils  sont  noirs,  et  on  les  voit  paître  par  troupeaux, 
comme  des  moutons  *.  Le  pays  produit  encore  abondamment  du 
millet,  de  la  laine,  et  du  vin*. 

De  Mediolanum  nous  gagnâmes  Placentia  ('),  ville  située  presque 
au  centre  du  pays;  et  de  Placentia,  Parma^  ('^),  au  confluent  du 
Padus  et  de  la  Trebia  ('").  Fontéius  me  fit  voir  entre  ces  deux  villes 
des  canaux  navigables  creusés  pour  dessécher  cette  plaine,  et  rece- 
voir les  débordements  du  Padus.  Notre  route  nous  conduisit  de 
Parma  à  lihegium  Lcpidi  (^),  de  là  à  Macricampi  (»j,  puis  dans 
le  pays  des  Ligures  C") . 

La  Ligurie,  regardée  comme  la  seconde  partie  de  l'Italie,  et  située 
dans  le  sein  même  des  Apennins,  entre  la  Gaule  Cispadane  et  la 
Tyrrhénie  ou  Etrurie,  ne  mérite  point  de  description.  Ses  habi- 
tants n'y  sont  rassemblés  que  dans  de  simples  bourgs;  ils  n'ont  à 
cultiver   et  à  labourer  qu'un  terrain  fort  âpre,  ou  plutôt  ils  n'ont 

1  Slrab.  V,  p.  212  ;  ou  lli,  tr.  fr.— Til.-Liv.  V,  17,  53,  54,  55.  —  Plut.  Camil.  15; 
Maiius,  11.  =  2  strab.  V,  p.  212  ;  ou  118,  tr.  fr.  —  Polyb.  11,  6.  =  3  Tit.-Liv.  V,  54. 
=  4  Strab.  V,  p.  218;  ou  140,  tr.  fr.  —  Polyb.  II,  5.  =  »  Slrab.  /(/.  p.  216;  ou  152, 
Ir.  fr.  (")  Le  Tcsin.  C»)  Milan.  (<■)  Plaisance.  (<*)  Parme.  C)  La  Trebia.  i/)  Uegglo. 
(9)  Plaine  entre  Parme  et  Modcne.  ;'',  Les  Liguriens.  =:  '  Voy.  A  la  fin  du  volume  l'ob- 
si'i\  allon  en  tète  des  .\ol('S  et  ET}>Uratim\s  suiiplnncnlnirex. 


LETTHl-:  1.  -2ir> 

qiu;  (les  rocs  k  lailler'.  La  principale  prodiiclioii  du  pays  consiste  eu 
tVomai;;es,  surtout  en  fromages  de  lait  de  brebis'. 

La  première  ville  de  la  Tyrrhénic  est  Luna,  fomeuse  par  son 
port*.  Elle  est  médiocre,  mais  le  port  très-beau.  Des  montagnes 
élevées  (") ,  d'où  l'on  jouit  d'une  vue  magnifique  ,  renvironncnt 
presque  de  tous  côtés.  Près  de  là  sont  des  carrières  de  marbre 
blanc,  ou  tacheté  de  vert,  exploitées  pour  la  plupart  des  beaux  ou- 
vrages qui  se  font  à  Rome  et  dans  toute  Tltalie*. 

La  voie  Aurélia,  grand  chemin  qui  de  Rome  s'étend  jusque  dans 
la  Gaule  Narbonnaise ,  traverse  Luna.  Entre  cette  dernière  ville  et 
Rome  elle  longe  continuellement  le  littoral  de  la  mer  Tyrrhénienne, 
et  ce  fut  un  motif  pour  me  la  faire  choisir.  Les  lieux  dont  je  vais 
parler  sont  donc  situés  sur  celte  route. 

Après  Luna  ,  on  entre  sur  le  territoire  de  la  Macra,  petit  fleuve 
formant  la  véritable  borne  de  la  Tyrrhénie  du  côté  de  la  Ligurie  ". 
Pise  vient  ensuite.  Cette  ville  s'élève  au  confluent  de  YArnus  et  de 
YyEsar  C") ,  dont  les  eaux,  en  se  mêlant,  produisent  un  violent  choc 
qui  les  fait  rejaillir  sur  eUes-mêmes,  au  point  que,  d'une  rive  à  l'autre, 
deux  personnes  ne  peuvent  s'apercevoir® 

Mais  à  quoi  bon  te  parler  d'une  foule  de  villes  que  je  n'ai  fait  que 
traverser,  dont  les  noms  te  sont  inconnus,  et  qui  ne  me  fourniraient 
aucuns  détails  capables  de  t'intéresser?  Je  n'en  ai  peut-être  déjà  que 
trop  nommé  :  Je  me  bornerai  donc  à  te  dire  qu'en  Italie  une  chose  qui 
ajoute  beaucoup  à  la  facilité  du  voyage,  c'est  que  ce  pays  est  par- 
tout coupé  de  beaux  chemins,  sur  lesquels  ''  on  trouve  fréquemment 
des  maisons  publiques  appelées  Tahernœ^,  Diversoria^,  Cauponœ^^, 
ou,  si  elles  sont  peu  importantes,  Cauponulœ^^ .  Les  voyageurs  y  re- 
çoivent une  hospitalité,  mercenaire  à  la  vérité,  mais  qui  n'en  est  pas 
moins  fort  agréable  et  très-commode.  Ces  gîtes  ne  sont  pas  toujours 
excellents  *-  pour  quelqu'un  habitué  à  la  moflesse  de  la  vie  des 
villes  et  aux  jouissances  du  luxe  ;  on  doit  quelquefois  se  résigner  à  des 
privations ,  s'attendre  à  coucher  sur  des  lits  garnis  de  bourre  de 
roseau  au  lieu  de  laine  '^  faire  de  chétifs  repas  *\  ou  bien  encore 
subir  la  mauvaise  mine  des  hôteliers  qui  trouvent  que  vous  ne  dé- 

1  Slrab.  V,  p.  217,  218  ;  ou  135,  142,  tr.  fr.  =  2  Plin.  XI,  42.  =  3  Ibid.  ;  lU,  5.  = 
*  Slrab.  Y,  p.  222;  ou  155,  tr.  fr.  =  ^  ]bid.  p.  222;  ou  136,  tr.  fr.  —  Plin.  IH,  5. 
=  6  Plin.  Ibid.  =  '<  Yarr.  R.  U.  1,  2.  =  8  /jj^j.  _  cir.  ad  Attic  H,  12.  —  Fest.  v.  Cx- 
diliœ.  =  9  Varr.  Ibid.  —  Hor.  I,  Ep.  15.  v.  10.  —  Ïil.-Liv.  XLV,  22.  =  '^  Hor.  I,  S. 
5,  V.  51;  I,  Ep.  11,  V.  12.  =  "  Cic.  Philipp.  U,  51.  =  »2  Til.-Liv.  Ihid.  =  i»  plin.  XVI, 
36.=  '*  Hor.  I,  S.  5,  V.71.  («)  Lfs  montagnes  de  Massa  Carara.  (*)  L'Arno  elle  Scrchio. 


tJii  nom:  au  sikcle  oauclste. 

pensez  pas  assez  chez  eux  \  et  vous  font  payer  tout  fort  cher  -;  en 
un  mot  ,  supporter  mille  autres  petits  désagréments  de  ce  genre.  Je 
dirai  à  la  louange  de  nos  compatriotes  Cisalpins  (relativement  aux 
Romains) ,  qu'ils  sont  très-désintéressés  :  nous  n'étions  pas  obligés 
de  nous  enquérir,  comme  presque  partout,  du  prix  de  chaque  chose 
en  particulier;  nous  demandions  seulement  combien  par  tête,  et 
nous  en  étions  souvent  quittes  pour  chacun  un  sentisse  ^,  petite  mon- 
naie de  la  plus  mince  valeur  ("j. 

Une  fois  arrivés  dans  l'Italie  proprement  dite,  c'est-à-dire  à  partir 
de  Luna,  Fontéius  nous  délassa  de  temps  en  temps  de  cette  vie  de 
taverne  en  me  menant  prendre  l'hospitalité  chez  ses  amis,  dans  des 
maisons  de  campagne  ou  des  exploitations  rurales  situées  sur  notre 
passage  *. 

Je  voulais  l'entretenir  un  peu  de  Rome  aujourd'hui ,  mais  mon 
hôte  me  fait  prévenir  de  donner  ma  lettre  sur-le-champ,  sous  peine 
d'éprouver  dans  l'envoi  un  retard  de  plusieurs  jours.  Les  Tabel- 
laires,  me  dit-on,  attendent  à  la  porte  tout  équipés,  et  vont  partir  à 
l'instant  même  .  Les  Tabellaires  sont  les  courriers  porteurs  des  dé- 
pêches expédiées  aux  gouverneurs  de  provinces  ou  envoyées  par  eux, 
et  qui  en  même  temps  prennent  les  lettres  des  particuliers,  adres- 
sées soit  dans  les  pays  où  ils  vont,  soit  dans  ceux  où  ils  passent  '. 
Comme  on  n'a  guère  que  ces  occasions,  et  celles  beaucoup  plus  rares 
de  quelques  négociants  voyageurs,  pour  communiquer  avec  les  con- 
trées lointaines,  je  ne  t'écrirai  pas  aussi  souvent  que  je  le  désirerais; 
j'amasserai  mes  lettres,  et  souvent  lu  en  recevras  plusieurs  à  la  fois- 
Mais  les  7'afc<'//ajVes  s'impatientent  :  adieu. 

De  Rome,  la  sixième  nuit  du  mois  d'avril  *,  ou  suivant  la  manière 
de  compter  des  Romains,  le  V«  jour  avant  les  ides  d'avril  (*)  de- 
l'an  lOCCXXXI  de  la  fondation  de  leur  ville. 

1  Plut.  Sjmpos.  Il,  10   =  «  Juv.  S.  3,  v.  166.  =  3  Polvb.   Il,  3.  =  *  Columel.  I,  58; 
XI,  1.  =  0  Cic.  Ep.  famil.  III,  3;  XV,  17,  etc.  {")  Le  Semisse  vaut  environ  3  centimes  ^/^ 
((>)  7  avril. 


SITE    ET  MVRS 

DE 

ROME 

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II 

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III 

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IV 

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V 

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LETTRE  il. 

ARUIVIÎE  A  ROME.  ASPECT  I)E  LA  VILLE.  —  l'hOSPITALITÉ. l'eMPEREUR. 

LA  MAISON  PALATINE. 

Plus  on  approche  de  Rome,  plus  le  pays  devient  animé  :  les  che- 
mins sont  couverts  de  chars ,  de  chariots,  de  mules,  de  chevaux  de 
main,  et  principalement  de  chaises  ^  et  de  litières  *,  espèces  de  voi- 
tures sans  roues  que  des  esclaves  dont  le  nombre  varie  depuis  deux  ' 
jusqu'à  six  *  et  huit  ^ ,  portent  à  l'épaule  ^  au  moyen  de  longs  le- 
viers assujettis  de  chaque  côté  ^  Il  y  a  plusieurs  sortes  de  litières  et 
de  chaises:  les  unes  sont  ouvertes,  *  les  autres  fermées  ^  avec  des  ri- 
deaux de  cuir  ^'^  ou  des  voiles  de  lin  ".  L'intérieur  est  garni  de  cous- 
sins ^^,  sur  lesquels  le  voyageur,  mollement  étendu'^,  lit,  écrit,  ou 
dort**,  suivant  qu'illui  plaît.  Les  Romains  se  servent  de  chaises  ou 
de  litières  pour  les  petits  voyages  *^  ou  bien  de  chevaux  de  main  **, 
et  de  voitures  tirées  par  des  mules  ou  des  mulets  •'^ ,  attelés  deux  de 
front'*,  pour  les  voyages  de  long  cours. 

Je  ne  saurais  ,  mon  cher  Induciomare ,  te  donner  une  idée  de  la 
fièvre  d'impatience,  de  l'émotion  voluptueuse,  mêlée  néanmoinsd'une 
sorte  d'inquiétude,  qui  m'agitaient  à  mesure  que  nous  approchions 
de  Rome.  Chaque  chose  que  je  voyais,  je  la  prenais  pour  la  plus  belle 
de  toutes,  et  je  marchais  ainsi  d'admiration  en  admiration;  car  celte 
ville  s'annonce  par  une  foule  de  monuments,  de  beaux  édifices  pu- 
blics ou  privés,  tant  sacrés  que  profanes  ,  qui  ornent  la  campagne, 
ou  bordent  les  routes  à  plusieurs  milles  de  ses  portes. 

Le  sol  où  passe  la  voie  Aurélia,  accidenté  par  une  foule  d'inégahtés 
volcaniques,  trompait  à  chaque  instantma curiosité:  nous  montions;  du 

1  Gestaloria  sella.  —  Suet.  Vilell.  16.  —  Tac.  Ann  XIV,  i.  —  -  LecliVa.  —  3  Juv.  S. 
9,  V.  14-2.=:  4  Id.  S.  1,  V.  64.  —  Mari.  II,  81;  Vl,  77.=  5  Cic.  cl  Q.  Kpisl.  II,  10.  — 
Calul.  10.  —  Mari.  IX,  3.  =  6  Senor.  Ep.  80.  — Juv.  S.  6,  v.  351;  S.  9,  v.  142.  =  ^  Juv. 
S.  7,  V.  132.  — Suet.  Calig.  58.  =  ^  Nuda  cathedra.  Juv.  S.  1,  v.  65.  =9  Operla  Icclica. 
Cic.  Philipp.  II,  41.  — Cic.  cl  Q.  F.pisl.  II,  10.— Dion.  LVII,  15.— Clausa  lerlica  fcnes- 
tra.  Juv.  S.  5,  v.  242.  =10  Leclica  luta  pelle,  veloque.  Mari.  XI,  99.  =  n  Plagulœ. 
Suel.  Til.  10.  — Non.  Maicell.  v.  plagae.  =  12  juv.  S.  I,  v.  159.— Senec.  Consol.  ad 
Marc.  16.  =  '3  0v.  Art.  am.  I,  v.  486.— Senec.  Ep.  80— Juv.  S.  1,  v.  64.  — Lucan.  IX, 
V.  589.  =  i'*  Plin.  III,  Ep.  5.— Juv.  S.  3,  v.  240.  =  ^■>  Cic.  el  Q.  Episl.  Il,  10.— Juv.  S. 
5,  V.  240. —Tac.  Ann.  XIV,  4.  — Suel.  Ncro.  26;  Ollio.  6.— A.  OU.  X,  5.  =  i*"'  Equn.s 
Ilor.  I,  S.  6.  V.  105;  I,  Kp.  15,  v.  10.  — Ascon.  in  Mile.  p.  181.  — Mannus.  Ilor.  III, "od. 
27,  V.  7;  Epod.  4,  v.  14.  =  nv;ui-.  II.  W.  H,  8.  — A.  Gell.  XV,  4.  =  '8  Varr.  IJiil. 


-21 G  uoMi:  AU  siLCLE  dalglstl:. 

sommet  de  la  monlén  je  commonvais  à  découvrir  la  villo;  mais  à  peine 
j'apercevais  le  faite  de  quelques  édifices  que  le  sol  s'abaissait,  et  je  les 
perdais  aussitôt  de  vue.  C'est  que  Rome  se  cache  dans  les  plis  du  terrain 
où  elle  est  située.  Las  de  ces  déceptions,  je  cheminais  avec  une  sorte; 
de  résignation  presque  indifférente,  lorsqu'enfin,  sous  les  feux  d'un 
soleil  levant  splendide,  je  vis  la  ville  sortir  lentement  de  terre  à  l'hori- 
zon, et  cette  fois  pour  ne  plus  se  cacher*.  Fontéius  arrêta  notre  char 
pour  mêla  laisser  contempler  à  l'aise,  dès  qu'il  me  fut  possible  de  la 
découvrir  tout  entière.  Il  essaya  de  me  donner  quelques  explications, 
mais  je  ne  l'entendis  point  :  j'étais  plongé  dans  la  contemplation  de 
l'inmiense  tableau  déroulé  devant  moi ,  j'éprouvais  un  saisissement 
indélinissable  de  surprise,  d'admiration,  et  de  crainte.  Figure-toi, 
mon  cher  Induciomare,  une  plaine  inmiense,  couverte  à  perte  de  vue 
de  maisons  au-dessus  desquelles  s'élèvent,  comme  de  grands  arbres 
au  milieu  d'une  forêt,  une  multitude  de  monuments.  Jamais  on  n'a 
vu,  jamais  on  ne  verra  que  là  une  pareille  agglomération  d'habitations 
humaines;  ce  n'est  point  une  ville,  c'est  une  province  couverte  de 
bâtiments.  On  la  prendrait  volontiers  pour  la  réunion  de  la  plupart 
des  cités  que  les  Romains  ont  conquises,  si  des  villes  pouvaient  se 
transporter.  Représente-toi  cet  admirable  tableau,  éclairé  par  un  jour 
d'un  éclat  de  beaucoup  supérieur  à  celui  de  ces  magnifiques  journées 
d'été  si  rares  dans  notre  climat  ;  tous  ces  édifices  offrant,  non  l'aspect 
triste  et  grisâtre  de  ceux  de  notre  Gaule,  mais  une  teinte  blanche,  ou 
d'un  brun  safrané,  qui  se  détache  sur  l'azur  admirable  d'un  ciel  pi'es- 
(jue  constamment  sans  nuages ,  et  alors  tu  auras  peut-être  une  lé- 
gère idée  de  la  magie  de  ce  tableau. 

Ce  spectacle ,  les  souvenirs  sans  nombre  qu'il  avait  réveillés  dans 
mon  âme,  me  causèrent  une  si  vive  impression,  qu'en  entrant  dans 
la  ville  je  ressentis  véritablement  cette  émotion  religieuse  que  je  n'a- 
vais encore  éprouvée  que  dans  les  lieux  sombres  et  retirés  de  nos 
belles  forêts,  où,  sous  l'inspection  des  Druides  vénérables,  nous 
adorons  le  puissant  Tentâtes  K  Mais  mon  recueillement  ne  dura  pas 
longtemps,  et  le  bruit  qui  vint  m' étourdir  y  mit  promptement  fin.  Je 
disais  tout  à  l'heure  que  je  ne  croyais  pas  qu'il  y  eût  de  ville  plus 
étonnante  que  Rome  :  je  pourrais  ajouter  encore  qu'il  n'en  est  pas 
de  plus  bruyante  ni  de  plus  criarde. 

A  peine  a-t-on  commencé  de  pénétrer  dans  ses  rues,  qu'on  ren- 

'  Lucan.  I,  v.  453. 


LI/iTKE  H.  -217 

conli'O  iint!  foule  tU;  petits  marchands  ambulanls,  qui  lu- iuiil  i)oint 
dix  pas  sans  annoncer  leur  marchandise  à  haute  voix  :  ce  sont  des 
vendeurs  d'aUumettcs  soufrées,  cherchant  à  échanger  leur  légère 
marchandise  contre  les  déhris  de  verres  cassés  *  ;  des  marchands  de 
menus  aliments ,  qu'ils  débitent  à  la  foule  oisive  qui  les  entoure  '^; 
des  baladins  ^  des  prestigiateurs  qui,  avec  l'adresse  la  plus  éton- 
nante, escamotent  de  grosses  balles  qu'ils  placent  sous  des  gobe- 
lets *  ;  de  robustes  thaumatopes  portant  des  poids  énormes  sur  le 
iront,  et  élevant  jusqu'à  sept  ou  huit  enfants  sur  leurs  bras  ^;  des 
circulateurs^  montrant  des  vipères  ou  des  serpents"',  par  lesquels  ils 
se  font  mordre,  et  neutralisant  aussitôt  les  effets  de  la  morsure  avec 
une  potion  ou  un  médicament  ^  qu'ils  vantent  aux  spectateurs  dans 
un  flux  de  paroles  impudentes  et  ridicules  ^  ;  des  oiseleurs  faisant 
voir  dans  des  cages  des  oiseaux  dressés  à  obéir  au  commandement'*; 
de  misérables  athlètes ,  se  battant  à  coups  de  poing,  brutalement  et 
sans  art,  pour  amuser  le  peuple  ";  enfin,  des  enfants  qui  jouent  dans 
les  rues  et  sur  les  places  publiques'-. 

L'univers  semble  s'être  donné  rendez-vous  à  Rome,  et  le  peuple 
qui  l'habite  est  si  nombreux  que  l'on  ne  peut  faire  im  pas  sans  ren- 
contrer un  obstacle  :  ici,  le  chemin  se  trouve  barré  par  une  machine 
qui  enlève  une  lourde  pierre,  ou  une  poutre  immense  ;  là,  ce  sont  des 
convois  funèbres  qui  s'embarrassent  au  milieu  des  chariots'^;  plus  loin, 
c'est  une  troupe  de  manœuvres  et  de  mulets;  c'est  un  chien  enragé 
que  l'on  poursuit,  ou  une  bande  de  pourceaux  qui  se  précipite  à  tra- 
vers la  foule  '*;  puis  des  charbonniers,  chassant  devant  eux  des  ânes 
chargés  de  charbon  '°;  des  muletiers  qui  dans  une  montée  un  peu 
rude ,  soulevant  à  l'épaule  la  partie  postérieure  de  leurs  chars,  pour 
soulager  leurs  mules,  viennent  à  plier  eux-mêmes  sous  le  fardeau  , 
et  reculent  en  renversant  dans  une  course  rétroactive  tout  ce  qui  se 
rencontre  derrière  eux  '*  ;  des  marchands  de  chair  ambulants",  qui, 
au  moyen  d'un  cercle  posé  sur  la  tête  '^  y  portent  en  équilibre  un 
morceau  de  tripes  pendantes,  un  poumon  rouge  et  sanglant'*,  dont 
ils  salissent  tous  ceux  qui  les  approchent.  Je  n'en  finirais  point 


1  Mait.  I,  42;  X,  5;  XII,  57.  =  2  M.  I,  12.  =  »  Ex  Circo  ludii.  Suct.  Aug.  74.= 
*  Pra-stigialores.  Senec.  Ep.  45. =5  Mart.  V,  12. =s  Ciiculatores.  Digest.  XLVU,  til.  11, 
Ifg.  11.=''  Ibid.  —  Mart.  1,  42.  =  »  Gels,  de  re  mcd.  V,  27.  — ,Elian.  de  animal.  V, 
2;  IX,  62.  —  9  Mart.  X,  5.=  10  Manil.  V,  v.  385.=  "  Suet.  Aug.  45.=  12  Xon.  Marcell. 
Y.  cxpiilsim.  =  l3Hor.  I,  S.  6,  v.  42. =1*  Id.  H,  Ep.  2,  v.  72. =15  Appian.  de  V.vW.  civ. 

IV,  p.  985.  =  le  Digest.  IX,  tit.  2.  Lcg.  52    §  2.  =  l'  Tit.-Liv.  XXII,  20.  =  '»  Fcst. 

V.  Ceslicillus   =  '9  Mart.  VI,  C4. 


•218  KOML  AL  ttIHXLL  D'AUGUSTE. 

si  je  voulais  décriie  seulement  hi  (lentiènie  partie  des  scènes 
de  ce  genre  qui  se  passent  continuellement  dans  les  rues  deRonie. 

11  m'a  fallu  payer  le  tribut  de  mon  inexpérience  à  me  mouvoir  au 
milieu  de  ce  monde,  à  me  garantir  de  ses  inconvénients  et  de  ses 
dangers.  Je  m'arrête  pour  voir  un  superbe  cheval  :  un  soldat  passe 
près  de  moi  et  m'écrase  le  pied  K  Je  me  retourne;  un  homme  por- 
tant une  pièce  de  bois  sur  l'épaule,  m'atteint  à  la  tète  et  ensuite  me 
crie  :  gare  !  —  «  l*ortez-vous  donc  encore  autre  chose,  »  lui  dis-je 
tout  en  courroux  -  ?  et  lui  de  s'éloigner  en  riant.  Ce  petit  accident 
me  sépare  de  Fontéius  :  je  veux  courir  après  lui,  mais  un  villageois 
ivre,  conduisant  toute  sa  famille  sur  un  chariot'  plaf^,  arrive  au  plus 
étroit  de  la  rue,  oii  déjà  setrouvail  un  autre  chariot  gémissant  sous 
le  poids  d'une  grosse  colonne  de  marbre,  et  péniblement  tiré  par 
des  bœufs*.  Chacun  veut  passer  le  premier;  les  chars  s'embarrassent, 
les  conducteurs  se  prennent  de  dispute,  échangent  mille  injures  ;  la 
circulation  est  interrompue  ^,  et  la  foule  de  voitures,  de  litières,  de 
piétons,  de  chevaux,  s'amasse  en  peu  d'instants,  et  retlue  sur  elle- 
même,  connue  un  torrent  dont  le  r;oursest  barré.  Je  cherche  une  issue 
pour  m'échapper  :  une  grêle  de  tuiles  détachées  du  toit  d'une  mai- 
son, tombe  à  mes  pieds.  Epouvanté,  je  me  jette  d'un  autre  côté  :  les 
débris  d'un  vase  rompu,  lancés  par  une  fenêtre,  mettent  le  comble  à 
mon  etîroi  ''.  Je  trouve  moyen  de  passer,  et  pour  plus  de  sûreté  je 
me  tiens  dans  le  milieu  de  la  rue  ;  mais  une  voiture  arrive  derrière 
moi  au  galop  ;  le  conducteur  m'avertit  par  le  claquement  de  son 
fouet  *;  je  ne  connaissais  pas  encore  ce  signal,  et  je  fus  sur  le  point 
d'être  renversé  aux  pieds  des  chevaux. 

Enfin ,  mon  cher  Induciomare,  on  ne  saurait  avancer  dans  cette 
ville  qu  à  travers  des  milliers  d'obstacles  de  tous  genres,  sans  cesse 
renaissants,  qu'à  force  de  coups  de  coudes  donnés  et  reçus,  qu'en 
luttant  et  criant  contre  la  foule  ^;  qu'en  se  battant  et  se  querellant, 
pour  peu  qu'on  soit  atïîigé  d'impatience  "*.  Je  t'avoue  que  l'impé- 
tueuse irascibilité  dont  je  ne  suis  pas  plus  maître  que  la  plupart  de 
nos  compatriotes  *'fut  ce  jour-là  souvent  mise  à  de  rudes  épreuves. 

II  n'y  a  pas  jusqu'à  ma  stature,  ordinaire  dans  notre  pays,  et  ici 


1  Juv.  s.  3,  V.  235.  =  2  Cic.  de  Oral.  11,  69.  =  Mibuil.  I,  11,  v.  51.=4Pl;;us- 
Irum.  Scliefr.  de  re  vehicul.  II,  19.  —  3  Tibull.  11,  6,  v.  25.  —  «  Juv.  S.  3,  v.236.  = 
'  Ibid.  V.  268.  =^  8  /d.  S.  8,  V.  153.=  ^  Lurlandum  in  (uiba  ;  facienda  injuria  laidis. 
Hor.  II,  S.  6,  V.  28.  =  •<>  Très  simitu  res  cscndje  sont  :...  el  ciirrendum,  et  pugn.in- 
dum,  el  aulem  jurgaiidum'st  in  \ia.  Plaut.  Mercat.  I,  1,  v.  8,  9.  :=  'i  Til.-Liv.  V,  37. 


LETTRE  11.  ÛW) 

comparativement  très-haute  '  ;  jusqu'à  ma  chevelure  blonde  et  (lot- 
tante^,  jusqu'à  la  blancheur  de  mon  teint'  (jui,  attirant  quchiuefois 
sur  moi  l'attention  de  ces  petits  Romains*  à  face  bridée,  ne  fussent 
aussi  un  obstacle  à  ma  marche. 

Nous  avions  laissé  nos  mules  gauloises  à  la  porte  de  la  ville,  et 
bien  nous  en  prit,  car  au  milieu  de  cette  coliue,  de  ces  mille  bruits 
qui  se  croisent,  meurent  et  renaissent  incessamment,  nos  pauvres 
bêtes  habituées  à  obéir  à  la  parole  n'auraient  pu  nous  entendre,  et 
comme  elles  ne  sont  point  bridées  %  nous  n'aurions  pu  en  être  maî- 
tres. Fontéius,  après  m' avoir  fait  traverser  je  ne  sais  combien  de  rues, 
de  places,  de  carrefours,  me  conduisit  à  la  maison  d'un  ancien  préfet 
des  ouvriers  dans  l'armée  de  César  ^  de  Mamurra,  chez  lequel  je 
voulus  prendre  l'hospitalité,  parce  que  mon  aïeul  Camulogène  la  lui 
avait  donnée  autrefois. 

Nous  entrons  dans  une  superbe  cour  entourée  de  portiques  en 
colonnade,  et  Fontéius  ordonne  à  un  jeune  gart^'on  d'aller  nous  an- 
noncer, formalité  à  laquelle  on  ne  saurait  manquer  sans  passer  pour 
incivil  ''.  Peu  d'instants  après,  Mamurra  vint,  au-devant  de  nous,  et 
nous  salua  *  en  portant  la  main  droite  à  sa  bouche,  et  contournant 
un  peu  son  corps  de  droite  à  gauche,  tandis  qu'à  la  manière  de  notre 
pays,  je  le  tournais  de  gauche  à  droite  '.  Nous  joignîmes  nos  mains 
droites  en  signe  d'amitié'",  puis  il  m'embrassa.  C'est  une  marque 
d'affection  que  les  Romains  prodiguent  à  leurs  amis  '*,  et  souvent  à  de 
simples  connaissances.  «  Vous  portez-vous  assez  bien  ?  »  nous  dit- 
il  '-,  information  d'usage  avec  des  amis.  Puis  m'adressant  directe- 
ment la  parole  :  «  J'ai  beaucoup  connu  votre  aïeul,  continua-t-il  en 
m'appelant  par  mon  nom,  ce  qui  est  encore  une  marque  de  poli- 
tesse'^  et  je  suis  charmé  de  recevoir  son  petit-fds.  Soyez  ici  comme 
chez  vous,  usez  de  ma  maison,  de  mes  esclaves,  et  de  tout  ce  que  je 
possède,  comme  bon  vous  semblera.  Dépenser  pour  une  femme 
méchante  ou  pour  un  ennemi,  c'est  perdre  son  argent;  mais  pour 
un  hôte  et  un  ami,  c'est  tout  gain'*.  Voici  Theure  où  la  chaleur  du 


1  Tit.-Liv,  V,  35.  —  Amm.  Marcell.  XV,  12.—  Diod.  Sicul.  V,  p.  305.  =  2  Tit.-Liv. 
XXXVni,  17.  —Amm.  Marcel!.  — Diod.  Sicul.  /ôjrf.- Sirab.  V,  p.  196;  ou  62,  tr.  fr.  = 
•i  Tii.-l.jv.  Id.  21.  — Amm.  Marcell.  —  Diod.  Sicul.  /éid.  =  *  Gallis,  pree  magniludine 
corporum  sacrum,  brevilas  nostra  conlenilui  esl.  Cees.  de  Bell.  Gall.  II,  50.  =  5  ciau- 
dlan.  Kpigr.  =  6  cic.  ad  Allie.  VII,  7.— Plin.  XXXVI,  6.  =  '^  Senec.  Kp.  43.  =  8  'ij|._ 
Liv.  VU,  5.  =9  Plin.  XXVllI,  2.=  i»  Cic  pro  reg.  Dfjot.  3.— Virg.  /Eneid.  III,  v.  83. 
=  11  Hor.  1,  S.  3,  V.  43.— Mari.  XI,  99;  XII,  59.  — Suet.  Tib.  10,  34;Ncro.  37.  =  12  Sa- 
tin' Salve.  Sali,  fragm.  II,  192,  édit.  Duiosoir.  =  "  pijn.  XXVllI,  2.  =  l*  Plaut.  Mil. 
glor.  111,  1,  V.  79. 


-2-20  KO.MK  Al  ,Sli:CLK  D'AUGlS'i'h:. 

jour  (Icvionl  accablanln  :  co  climat,  auquel  vous  n'êtes  pas  habitué, 
ot  la  fatigue  du  voyage,  doivent  vous  faire  sentir  le  besoin  de  reposer 
un  peu  :  je  vais  vous  conduire  à  la  cbambre  hospilaiicre  ',  réservée 
aux  hôtes  que  la  faveur  des  dieux  m'envoie  *.  » 

Quoique  l'hospitalité  soit  exercée  à  Rome  moins  libéralement  que 
chez  nous,  elle  y  est  cependant  en  très-grande  vénération  ;  les  Ro- 
mains la  mettent  sous  la  protection  des  dieux  ^,  et  surtout  du  plus 
grand  de  leurs  dieux,  de  Jupiter,  roi  du  ciel  *.  Un  hôte  devient  pour 
eux  une  personne  sacrée  :  ils  le  regardent,  suivant  son  âge,  comme 
le  père,  Tenfant,  le  membre  le  plus  chéri  delà  famille,  et  le  soignent 
chez  eux,  s'il  vient  à  y  tomber  malade  ^.  Ils  peuvent  avoir  tous 
ces'  soins,  toutes  ces  prévenances,  car  tandis  que  ce  serait  un  crime 
chez  nous  de  fermer  sa  maison  même  au  dernier  des  hommes  *,  on 
ne  devient  guère  l'hôte  des  Romains  à  moins  d'être  connu  d'eux,  ou 
tout  au  moins  de  leur  avoir  été  recommandé  *. 

Mais,  en  compensation,  l'hospitalité  établit  une  sorte  de  parenté, 
se  transmet  de  génération  en  génération,  résiste  aux  haines  et  aux 
ruptures  des  nations  entre  elles  ',  et  n'est  jamais  rompue  que  dans 
les  cas  les  plus  graves.  Une  petite  tablette  de  bois,  appelée  la  Tessère 
hospitalière,  et  que  tout  Romain  qui  donne  ou  reçoit  l'hospitalité 
partage  avec  son  hôte  avant  de  le  quitter,  sert  perpétuellement  de 
signe  de  reconnaissance  '.  Elle  porte  une  inscription  relatant  les 
noms  de  ceux  qui  se  sont  liés  d'hospitalité,  l'année,  le  mois  et  le  jour 
où  ils  contractèrent  cette  haison,  et  la  mention  qu'elle  a  été  faite  pour 
eux  et  leurs  descendants*.  Quiconque  devient  infidèle  aux  liens  hos- 
pitaliers, encourt  une  sorte  d'infamie:  «  Allez  chercher  quelqu'un 
qui  ait  en  vos  serments  plus  de  confiance  ;  vous  avez  rompu  la  tes- 
sère hospitalière;  »  voilà  des  paroles  que  j'ai  entendu  adresser  à  un 
violateur  de  cette  union  sacrée  '. 

Tuer  son  hôte  est  un  crime  '"  considéré  comme  un  vrai  parricide". 
Vers  le  temps  de  la  jeunesse  de  Rome  (et  l'anecdote  que  je  vais 
raconter  est  loin  d'être  unique  en  son  genre),  un  citoyen  de  cette 
ville,  nommé  T.  Quinlius  Crispinus,  avait  pour  hôte  et  pour  ami  un 
Campanien  nommé  Badins.  Capoue  s'était  révoltée  contre  Rome, 
et  les  Gampaniens  l'assiégeaient.  Radius  paraît  aux  postes  avancés, 


1  Hospitale  cubiculum.  Tit.-Liv.  I,  58.=2piaul.  Mil.  glor.  HI,  1,  v.  82. =3  V.  Max.  V, 
1,  5.  =  *  Virs;.  /Eneid.  1,  v.  753.  =  •'  V.  Max.  /éid.  =  6  jac.  Mor.  Germ.  21.= 
7  Til.-Liv.  VUI,  3.  =  s  l'Iaut.  INpr.-il.  V,  2,  v.  82.— Crufor.  p.  5G2,  563.  =  9  Plaut. 
Ciàtell.  U,  1,  V.  27.=  >0  Gall.  (.-k-:;.  1,  v.  78.=  'i  Ilor.  H,  (Kl.   13,  v.  7. 


LETTRE  11.  221 

fait  appeler  Cnspinus,  et  le  provoque  au  combat.  Ce  dernier  répond 
qu'ils  ont  assez  d'ennemis  contre  lesquels  ils  peuvent  éprouver  leur 
courage  ;  que  pour  lui,  quand  même  il  le  rencontrerait  dans  la  mê- 
lée, il  se  détournerait  afin  de  ne  pas  souiller  ses  mains  du  sang  d'un 
hôte  et  d'un  ami.  Le  C.ampanien  redouble  ses  provocations,  et  dit 
que  «  Si  la  rupture  des  traités  entre  les  deux  villes  ne  lui  paraît  pas 
sutlisante  pour  briser  les  liaisons  particulières,  Badins  de  Capoue 
signifie  à  T.  Quintius  Crispinus  de  Rome,  qu'il  renonce  hautement 
à  toute  relation  d'hospitalité.  »  Il  ne  fallut  pas  moins  qu'une  telle 
déclaration  pour  déterminer  Crispinus  à  accepter  le  combat.  Mais  le 
ciel  fut  juste,  et  le  violateur  du  saint  nœud  hospitalier  tomba  sous 
les  coups  de  celui  qu'il  avait  contraint  à  devenir  son  ennemi  '.  L'im- 
pitoyable Sylla  proscrivant  en  masse  tous  les  partisans  de  Marins  à 
Préneste,  et  ordonnant  le  massacre  de  douze  mille  de  ces  proscrits, 
en  excepta  un  seul  parce  qu'il  était  hé  d'hospitalité  avec  lui^ 

Un  Romain  n'attend  jamais  qu'un  hôte  réclame  ses  services,  il 
vient  les  lui  offrir  de  lui-même;  ses  ennemis  deviennent  les  siens 
propres,  et  en  cas  de  contestations  judiciaires,  il  se  porte  spontané- 
ment leur  accusateur^.  Mais  une  chose  bien  plus  belle,  bien  plus 
digne  de  la  majesté  du  peuple  romain,  c'est  que  les  liaisons  d'hos- 
pitalité ne  sont  point  circonscrites  entre  les  individus;  elles  s'éten- 
dent jusqu'aux  nations  \  Dès  qu'un  magistrat  romain  a  reçu 
l'hospitalité  publique  dans  un  pays,  dans  une  ville,  cette  ville  de- 
vient son  hôtesse  ;  alors  il  se  constitue  à  tout  jamais  son  protecteur 
auprès  de  ses  concitoyens,  et  se  charge  des  affaires  qu'elle  peut  avoir 
à  Rome».  Relativement  aux  liaisons  de  nation  à  nation,  je  ne  saurais 
mieux  te  citer  que  celle  qui  existe  depuis  tant  d'années  entre  le 
peuple  Romain  et  les  Éduéens,  nos  compatriotes  ^ 

Enfin  l'esprit  hospitalier  est  si  bien  dans  le  génie  de  la  nation, 
qu'on  a  fait  des  devoirs  qu'il  impose  nne  espèce  de  droit  des  gens  : 
tous  les  ambassadeurs  envoyés  à  Rome  y  reçoivent  l'hospitalité  pu- 
blique'', ceux  des  peuples  ennemis,  hors  de  la  ville;  ceux  des  na- 
tions alliées,  dans  la  ville  même  *.  Ils  sont  entretenus,  eux  et  leur 
suite,  aux  frais  de  la  république',  avec  tous  les  soins,  toutes  les  at- 


1  Tit.-Liv.  XXV,  18. -V.  Max.  V,  1,  3.  =2  piui.  Sylla,  32.  =  3  pijn.  m,  Ep.  h.  = 
''  Tit.-Liv.  I,  45;  VllI,  5.  =  ■'  Cic.  Calil.  IV,  11  ;  in  Verr.  IV,  6.5.  — Plin.  lU,  Kp.  h.— 
Miuini,  AUi  desli  Arvali,  p.  782,  785.  =  «  C;cs.  de  liell.  Gall.  I,  31.  =  7  Tii.-|,iv. 
XI.V,  20.  — Plul.  Quœsl.  roni.  p.  115.  =  «  Tit.-Liv.  XXX,  22;  XXXiU,  24.— Appiaii.  «le 
1!<'11.  llisp.  p   47fi.  =  9 '|i,_|,jv.  XWIil.  2'<. 


:222  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

tentions  do  l'hospitaliti''  privf'e  *,  et  souvent  on  fait  aux  ambassadeurs 
amis  des  présents  niaf^niliqiies*. 

Pour  achever  le  récit  de  la  réception  hospitalière  de  Mamurra,  un 
splondide  repas,  appelé  le  foslin  de  la  bien  venue,  anquol  furent  in- 
vités seulement  quelques  amis  choisis,  termina  la  journée  '.  Je  me 
plais  à  te  confirmer  ce  que  nous  ont  dit  souvent  à  Lutèce  beaucoup 
de  mar(;hands  :  Rome  est  la  ville  la  plus  polie,  la  plus  civile  du 
monde,  et  en  même  temps  la  plus  obligeante  envers  les  étrangers  *. 
Mon  arrivée,  en  qualité  d'hôte,  mit  toute  la  maison  en  mouvement; 
on  s'eflbrca  de  lui  donner  un  air  de  fête,  et  de  rendre  les  chambres, 
le  mobilier  plus  propres,  plus  l)rillants  encore  qu'à  l'ordinaire"*. 

Parlons  maintenant  de  Rome.  La  ville  est  bâtie  sur  un  sol  singuliè- 
rement inégal,  qui  renferme  sept  montagnes,  ou  plutôt  sept  collines, 
car  elles  n'ont  que  cent  vingt  à  cent  trente  pieds,  environ,  de  haut  ". 
On  les  nomme  l'Aventin,  le  Palatin,  le  Cœlius,  l'Esquilin,  le  Viminal, 
le  Quirinal,  et  le  Capitolin''.  Un  petit  fleuve,  à  peine  aussi  large  que 
le  grand  bras  de  la  Seine  à  Lutèce,  le  Tibre,  arrose  Rome;  il  coule 
à  l'occident  de  la  ville,  bâtie  tout  entière  près  de  sa  rive  gauche, 
et  ne  la  baigne  que  dans  un  court  espace,  au  moment  où  il  va  s'en 
éloigner.  Il  y  a  au  milieu  du  lleuve  une  île  fort  originale  :  elle  est 
bordée  de  quais  en  pierre,  dont  toute  la  partie  en  aval  est 
façonnée  comme  les  bordages  d'un  navire.  On  l'appelle  \ Ile  du 
Tibre  ou  \ Ile  Tibèrine^.  Deux  ponts  de  pierre,  l'un  nommé  Fa- 
bricius,  sur  le  bras  gauche  du  fleuve  *,  et  Tautre  Cestius,  sur  le 
bras  droit,  la  relient  à  la  ville  et  à  la  région  Transtibérine  "*.  Cette 
île  n'existe  que  depuis  l'expulsion  des  rois;  lorsque  Tarquin  fut 
chassé  du  trône,  le  peuple  ravagea  un  champ  de  blé  que  le  tyran 
avait  aux  portes  de  Rome,  et  en  jeta  la  moisson  dans  le  Tibre,  comme 
grain  impur.  Les  gerbes  s'arrêtèrent  non  loin  de  là,  au  milieu  du 
fleuve,  et  devinrent  le  noyau  d'atterrissements  que  le  temps  rendit 
assez  considérables  pour  leur  donner  la  consistance  d'une  île  ".  De- 
puis plus  de  deux  siècles  elle  était  demeurée  à  l'état  vague,  lorsqu'Es- 
culape,  dieu  de  la  médecine,  ayant  été  amené  à  Rome  sous  la  forme 
d'un  serpent,  pour  faire  cesser  une  peste  afï'reuse  qui  sévissait  contre 

1  PIul.  Ouscst.  rom.  p.  113.  =  2  /ôùf.— Tit.-Liv.  XXVIU,  39;  XXX,  17;  XLH,  6,  24; 
XLV,  20.  =  8  Plut.  Sympos.  VUl,  7.  =  *  D.  Halic.  I,  89.  =3  Plaut.  Slirh.  II,  2,  v. 
25.— Juv.  S.  14,  V.  59.— A.  Gell.  XYUI,  12.  =  «  Brorchi,  Suolo  di  Hoina,  p.  211.  = 
"^  Voy.  la  carte  du  Silc  el  des  Murs  de  Uotne.  =  *  Plan  et  Descript.  de  Kome,  n»  504. 
=  »  Ibid.  n"  308.  =  10  ibid,.  no  509.  =  H  Tii.-Liv.  11,  5.  —  D.  Halic.  V,  13.  —  Plut, 
Poblic.  8. 


LETTRE  II.  ^220 

los  Romains,  la  choisit  pour  son  refuge.  Dès  lors  elle  lui  fut  consa- 
crée ;  on  lui  bâtit  un  temple  à  la  pointe  de  Tile  où  il  était  descendu  ', 
à  l'endroit  où  est  le  joli  quai  dont  je  viens  de  parler,  et  dont  la  forme 
rappelle  la  translation  du  dieu,  apporté  à  Rome  sur  un  navire ^  de- 
puis Épidaure,  ville  du  Péloponnèse ,  où  une  ambassade  avait  été 
le  chercher^. 

Je  comparais  tout  à  l'heure  Rome  à  une  province  bâtie  :  c'était 
trop  peu,  et  je  devrais  plutôt  dire  que  ce  sont  trois  ou  quatre  pro- 
vinces l'une  sur  l'autre.  Les  maisons  y  sont  d'une  hauteur  si  prodi- 
gieuse que  dans  beaucoup  d'endroits  la  ville  se  trouve  triplée*, 
quadruplée  ^  sextuplée  même  S  sans  occuper  une  plus  grande  su- 
perficie de  terrain.  Tu  connais  cette  manœuvre  de  guerre  appelée 
la  tortue,  où  des  soldats  plaçant  le  bouclier  sur  leur  tète,  établis- 
sent un  ordre  de  bataille  vertical  pour  monter  à  l'assaut  d'une  mu- 
raille'': voilà  le  modèle  que  l'on  semble  avoir  pris  ici  dans  la 
construction  de  la  plupart  des  maisons;  les  habitants  de  Rome  sont 
perchés  les  uns  au-dessus  des  autres,  comme  s'il  voulaient  escala- 
der le  ciel.  Ce  qu'il  y  a  de  bien,  c'est  que  leurs  habitations  sont 
rangées  par  files  contiguës,  sur  la  lisière  des  chemins.  Presque 
toutes  sont  construites  en  briques  cuites*  ou  crues*,  avec  des  assises 
de  pierres  carrées  de  place  en  place,  ou  de  pierres  taillées  en  petits 
cubes  arrangés  en  losanges  les  uns  sur  les  autres,  de  manière  à  imi- 
ter la  forme  d'un  réseau,  ce  qui  est  assez  joli  ^  La  plupart  des  cou- 
vertures se  terminent  en  plate-forme  *°.  On  voit  cependant  aussi  des 
faites  en  pente,  munis  de  tuiles  enterre  cuite  ",  ou  bien  de  dalles  de 
couleur  ou  coloriées,  imitant  de  loin  le  plumage  du  paon  '^  Sur 
quelques  vieilles  maisons,  des  bardeaux^^,  petites  planches  de  chêne, 
de  hêtre,  ou  de  sapin,  remplacent  les  tuiles  ou  les  dalles  ^\ 

Pour  les  rues,  elles  sont,  en  général,  irrégulières,  tortueuses, 
étroites  *^  surtout  dans  les  anciens  quartiers  *^  et,  comme  de  juste 
sur  un  sol  aussi  accidenté,  montueuses  en  beaucoup  d'endroits, 
quelquefois   même  si  roides ,   qu'il  a  fallu   y  pratiquer  des  de- 

IV.  Max.  1,  8,  2.— Ov.  Metam.  XV,  v.  626.  — Plan  et  Descript.de  Rome  n"  305. =2 Con- 
jecture. =  s  V.  Max.  I,  8,  2.  — Ov.  Metam.  XV,  v.  643.  =  *  Tit.-Liv.  XXI,  62.  =  »  Cic. 
de  leg.  agrar.  Il,  35.— Vilruv.  II,  8.  — Tac.  Ann.  XV,  43.— Strab  V,  p.  233;  ou  210, 
Ir.  fr.  ;  XVI,  p.  257;  ou  221,  Ir.  fr.— Plut.  Crass.  2.  =  6  Strab.  V,  p.  233;  ou  210,  Ir. 
fr.  =  7  cœs.  de  Bell.  Gall.  Il,  6.  —  Dion.  XLIX,  30  =  »  Suet.  Aug.  28.  —  Diod.  Sicul. 
XIV,  p.  52.1.  =  9  Vilruv.  II,  8.  — Plin.  XXXVI,  22.  =  '"  Vilruv.  VII,  1.  — Plin.  XXXVI, 
23.  =  Il  Plin.  Id.  15.— Plut.  Svlla,  9.  =  '-  Plin.  lbid.=  '3  Scandula.  Plin.  XVI,  10.= 
1*  Ibid.  =  15  Cic.  de  leg.  agrar.  II,  33.— Juv.  S.  6,  v.  78.  — Suet.  Nero.  38.  =  i6  Suet. 
Ibid.  —  Tac.  Ann.  XV,  38,  45.  — Diod.  Sicul.  XIV,  p.  324. 


-22i  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

i;t(;s'.  r^os plus grandos sont  parli.gûfts  on  troissui'la  largeur: au milioii 
est  la  voie  proprement  dite,  pour  les  chars,  les  bêtes  de  somme,  les  li- 
tières; et  le  long  des  maisons,  un  sentier*  dallé,  de  deux  àquatre  pieds 
de  large,  pour  les  piétons.  La  voie  a  huit  pieds,  le  passage  de  deux 
chars  de  fronts  Dans  les  détours  elle  s'élargit  souvent  jusqu'à  seize 
pieds*.  L'étroitesse  des  rues,  et  la  grande  hauteur  des  maisons  font 
ressembler  Rome  à  une  ville  quasi  souterraine;  on  s'y  trouve,  la 
plupart  du  temps ,  plongé  comme  dans  des  défilés  profonds.  Si 
cette  disposition  n'est  pas  très-agréable  à  la  vue,  on  y  trouve  l'a- 
vantage que  le  soleil  pouvant  à  peine  descendre  dans  ces  ruelles  pro- 
fondes, il  y  règne  une  fraîcheur  très-favorable  à  la  salubrité  ^  Des 
autels  de  petites  divinités  dans  la  plupart  des  carrefours  ^  des  statues 
sacrées  ou  profanes,  en  très-grand  nombre'',  des  étalages  de  mar- 
chands barrant  presque  le  passage,  et  en  l'air,  des  élolfes  ou  des 
habits  pendus  au-devant  des  maisons  habitées  par  des  foulons, 
pour  sécher*,  complètent  l'aspect  des  rues  de  Rome. 

Mamurra  m'a  conduit  hier  au  lever  de  l'empereur,  ou  plutôt, 
conmie  on  dit,  à  la  salutation  de  César^.  Tout  le  monde  y  est  admis 
indistinctement,  jusqu'aux  dernières  classes  du  peuple*".  Il  y  avait 
foule;  cependant  on  ne  se  mêlait  point,  et  chacun  en  attendant  l'ar- 
rivée du  maître,  se  livrait  au  plaisir  de  la  conversation  sur  une  belle 
place  carrée  qui  précède  la  maison  impériale".  Tout  à  coup  on  an- 
nonça que  la  salutation  commençait'*.  Alors  la  multitude  se  forma 
d'elle-même  à  peu  près  en  colonne,  et  vint  défiler  devant  le  chef  de 
l'empire,  placé  sous  un  portique  de  la  façade  de  sa  maison,  où  il  se 
tenait  tantôt  debout,  tantôt  assis  *^.  Il  adressait  de  temps  en  temps 
quelques  paroles  aux  personnes  qu'il  reconnaissait,  et  recevait  les 
pétitions  qu'on  lui  présentait"*.  Il  avait  près  de  lui  un  grand  j)e7asf, 
coitfure  dont  il  ombrage  sa  tête  quand  il  sort,  parce  qu'il  ne  peut 
endurer  le  soleil,  même  le  plus  faible '^ 

César-Auguste  est  petit  de  taille  ,  mais  fort  bien  fait"  (");  on  dit 
qu'il  se  grandit  un  peu  au  moyen  de  sa  chaussure  '^  Il  a  les  cheveux 
légèrement  bouclés  et  tirant  sur  le  blond,  les  oreilles  moyennes, 

1  Suet.  Aug.  72.— Vilell.  15.— Fesl.  v.romanam  e<  larquiliae.=  2  via  cl  seniila.  Plaul. 
Currul.  H,  ô,  v.  8.— V.  Max.  V,  2,  l.i=  3  Descript.  de  Rome,  n»  2i,  §  XX,  cl  lïuiii.  île 
Pompei,  passim.  —  *  Digesl.  VUI,  lit.  3,  leg.  8.  =  5  Tac.  .\nn.  XV,  43.  =6  Ov.  FasI.  V, 
V.  129.  — Sud.  Aug.  31.  — n.  Halic.  IV,  li.—  7  Dion.  LX,  23.  =  8  Digest.  XLUI,  lit.  10, 
Icg.  1,  §tt.—  ^  Salulalio  Cœsaris.  A.  Gell.  IV,  1  ;  XX,  l.=  »0Suet.  Aug.  5:}.  =  ii  a.  Geil. 
Ibid.  —  Plan  cl  Descript.  de  llonic,  ii»  224.  =^  '^Nunlialum  est  Cansarem  jani  saluiari. 
A.  Cell.  XX,  1.=  '3  Dion.  LVl,  26.  =  1*  Suel.  Aug.  53.=  i»  7i/d.  82.  =  16  Suel.  Aug.  79. 
= '"/éi(/.  73.  =  (")  Il  avait  r>  pieds  9  pouces  romains  [1    mèlr.    773].  Suel.  Aug.    79. 


LETTRE  II.  22r. 

les  yeux  exlrêmement  grands  S  verdàlrcs  comnin  coiw  dos  che- 
vaux, et  si  brillants,  si  pleins  (h;  feu,  qu'il  est  dirticile  d'en  sup- 
porter l'éclat-;  des  sourcils  qui  se  joignent,  le  nez  a((uilin,  les 
dents  écartées,  courtes  et  rouillées,  et  le  teint  un  peu  brun.  Il 
est  dans  la  force  de  l'âge,  il  n'a  que  quarante-deux  ans.  Sa  voix 
est  douce  et  sonore '\  et  soit  qu'il  parle  ou  qu'il  garde  le  silence, 
son  visage  est  naturellement  tranquille  et  serein  *  («). 

L'empereur  demeure  au  mont  Palatin,  dans  une  petite  maison 
fort  modeste.  Les  portiques  en  sont  peu  spacieux,  et  l'on  n'y  voit 
que  des  colonnes  simplement  de  pierre.  L'intérieur,  que  Mamurra 
me  fit  visiter  pendant  que  la  salutation  s'achevait,  répond  à  la  mo- 
destie du  dehors,  et  n'égale  pas,  à  beaucoup  près,  la  demeure  do 
mon  hôte,  pour  la  richesse  et  la  somptuosité;  là,  pas  plus  que  dans 
les  portiques,  point  de  marbres,  point  de  pavés  précieux  ^  Je  vis  dans 
la  chambre  impériale  une  statuette  d'or  de  la  Fortune  de  l'empire  ^, 
la  seule  chose  un  peu  remarquable  qui  s'y  trouve  ;  car  le  mobilier  en 
est  si  simple,  que  le  maître  du  monde  l'Gpose  sur  un  petit  lit  bas  et 
couvert  de  housses  de  peu  de  valeur''.  Du  reste,  cette  simplicité  est 
générale,  et  tout  ce  que  j'ai  vu  dans  les  diverses  chambres  ou  salles, 
en  ameublement,  en  tables,  en  lits,  atteint  à  peine  à  l'élégance  d'un 
simple  citoyen  ^ 

Dans  une  ville  où  il  y  a  tant  de  belles  maisons,  il  serait  ditficile, 
pour  ne  pas  dire  impossible,  de  reconnaître  à  cette  habitation  la  de- 
meure du  chef  de  l'empire.  Une  chose  cependant  la  distingue,  c'est 
que  la  porte  en  est  surveillée  par  des  soldats  en  armes,  comme  celle 
d'un  camp^  et,  ce  qui  me  paraît  assez  singulier,  par  des  soldats  Ger- 
mains ;  ces  étrangers  composent  la  garde  particulière  de  l'empereur'". 

Je  ne  te  parlerai  aujourd'hui  ni  du  Forum,  ni  du  Capitale,  ni 
du  Champ-de-Mars,  ni  d'une  foule  de  magnifiques  monuments 
que  j'ai  déjà  visités  ;  dans  mon  avidité  de  tout  voir,  j'ai  passé 
rapidement  devant  ces  choses  admirables  ,  mais  j'y  reviendrai 
dans  mes  prochaines  lettres.  Je  finirai  celle-ci  en  te  disant  que 
les  Romains  ont,  comme  nos  frères  de  l'Aquitaine,  des  Soldu- 
riens  qu'ils  appellent  Clients  •*,  et  se  font  servir  par  des  esclaves. 

>  Suct.  Aug.  79.  =  2piin.  Xf,  37.— Serv.  in  .4=:nei(l.  VlII,  v.  680.  —A.  Vict.  Aug.  =; 
^Sucl.  Aug.  84.  =  4  Ibid.  79.  =  S  Ibid.  72.  —  6  Capitol.  Anio.  Pii.  12.  —  Sparlinii. 
Scver.  23.=''  Suet.  Aug.  75.^^1losi(Juis  loclis  alquc  moiisis,  quorum  pleraque  ^ix  pri- 
valiPelcganliœ  sinl.  Sud.  Ibid.=  ^  Fulgcnlil)us  aimis  ronspicuisposlcs.  Ov.  Trisl.  Hl,  1, 
V.  :5:î.  —  Sud.  Aug.  /.O.— Tac.  Ann.  I,  7,  2i  ;  XIl,  G9.  =  'o  Sut-I.  Aug.  -'«9.  =  ''  Ca-s. 
ilo  lîoll.  Call.  Ul,  22.  i")  Voy.  sur  lo  llcuron  (hi  liirc  dii  volunip  la  médaillo  d'Auguste. 

1o 


LETTRE  m. 


LE  FOIlt'M  ROMAIN. 


Le  climat  de  ce  pays  est  si  doux,  la  température  si  agréable,  que 
les  Romains  vivent  plus  en  plein  air  que  dans  l'intérieur  de  leurs 
maisons;  affaires  publiques,  affaires  privées,  assemblées  du  peuple, 
réunions  de  magistrats  pour  rendre  la  justice,  réjouissances,  jeux, 
plaisirs,  presque  tout  se  passe  sous  la  voûte  des  cieux.  Deux  endroits 
servent  plus  spécialement  que  d'autres  à  cette  vie  extérieure,  ce  sont 
le  Forum  romain  et  le  C/iamp-dc-Mars.  Je  vais  essayer  aujourd'liui 
de  te  faire  connaître  le  premier. 

Le  Forum  romain  est  une  grande  place  carrée,  presque  régulière, 
mais.moitié  plus  longue  que  large  :  elle  a  huit  cents  pieds  sur  quatre 
cents  environ  ("),  et  s'allonge  entre  le  mont  Palatin  et  le  mont  Capito- 
lin*.  Des  voies  pavées  la  bordent  à  l'orient,  à  l'occident,  et  au  septen- 
trion, encadrant  ainsi  sur  trois  côtés  son  aire  qui  est  munie  de  grosses 
pierres  plates  quadrangulaires,  de  couleur  un  peu  jaune.  Tout  autour 
s'élèvent  des  temples,  des  basiliques,  des  arcs  de  triomphe  ;  au  milieu, 
des  autels,  des  colonnes  statuaires,  et  surtout  des  statues.  C'est  sur 
cette  place  que  les  Romains  tiennent  la  plupart  de  leurs  assemblées 
poHtiques,  et  qu'ils  traitent  aussi  de  leurs  affaires  importantes*;  il 
faut  donc  que  tu  la  connaisses  d'une  manière  un  peu  détaillée:  cela 
n'est  pas  moins  indispensable  à  l'intelligence  des  milliers  de  choses 
dont  je  vais  avoir  à  t' entretenir  par  la  suite,  que  ne  le  serait  la  topo- 
graphie d'un  champ  de  bataille  pour  bien  comprendre  une  bataille. 

Je  te  fais  arriver  par  la  voie  Sacrée,  limite  du  Forum  au  septen- 
trion*. C'est  le  chemin  que  je  prends  quand  je  me  rends  sur  celte 
place  en  descendant  du  mont  Cœlius,  où  demeure  mon  hôte.  Un  bel 
arc  triomphal,  ['Arc  de  Fabius'',  à  cheval  sur  cette  voie,  forme 
comme  la  porte  du  Forum  à  l'orient. 

Une  autre  rue,  la  voie  Neuve^,  qui  borne  le  Forum  de  ce  côté, 
traverse  au  pied  de  l'Arc,  puis  immédiatement  au  delà  commence  la 

1  Voy.  le  Plan  de  Rome,  Ville  ,,;.g.,  et  la  Desrripl.  de  Rome,  p.  50.  =  2  D.  Halic. 
ni,  67.— Tir.-Liv.  —  Cir.  —  Sali.  — Flor.  —  Plut,  ctf.,  passim.  =  3  Plan  el  Descript.  de 
Rome,  n"  55.  =  *  Ibid.  n"  127.  =  ■'  Ihid.  n"  111.     "i  257  mélr.  OiO,  sur  118  m.  520. 


•iii-bi*'e.^ 


tmÇ  \  i 

M 


LETTRE  in.  227 

place  avec  ses  édifices.  On  trouve  à  droite,  sur  la  lisière  septentrio- 
nale de  la  voie  Sacrée  qui  se  présente  perpendiculairement,  d'abord 
le  temple  d'Ops-Consiva,  enclave  dans  la  liegia^  ou  maison  royale, 
habitation  d'un  prêtre  appelé  le  Roi  des  sacrifices. 

Après  la  Regia  sont  les  Tavernes*  neuves^,  maisonnettes  occupées 
par  des  comptoirs  de  banquiers  on  prêteurs  d'argent,  car  les  afiaires 
de  finances  se  traitent  également  au  Forum^  Les  Tavernes  neuves 
sont  adossées  à  la  Basilique  Argentaria. 

Une  basilique  est  une  vaste  salle  ordinairement  divisée  en  trois  ga- 
leries par  deux  rangs  de  colonnes.  L'ordre  d'architeclure  est  double 
sur  la  hauteur,  c'est-à-dire  que  les  colonnes  sont  superposées  de  ma- 
nière à  former  une  galerie  supérieure  au-dessus  des  parties  latérales, 
tandis  que  la  galerie  centrale  a  toute  la  hauteur  de  l'édifice.  Les  co- 
lonnes des  galeries  supérieures  posent  sur  un  petit  mur  assez  élevé 
pour  cacher  la  vue  des  promeneurs  aux  personnes  qui  sont  en  bas  *. 
Les  basiliques  servent  de  rendez- vous  d'affaires  pour  les  négociants  ^ 
de  lieux  d'intrigues  pour  la  politique*.  La  basilique  Argentaria  est 
particulièrement  affectée  aux  gens  qui  s'occupent  de  prêts  et  d'usure. 

La  Basilique  yEmilia  ou  de  Paulus,  se  présente  après  la  basilique 
Argentaria  '^.  C'est  fun  des  plus  magnifiques  monuments  de  Rome; 
toutes  ses  colonnes  sont  en  marbre  phrygien,  belle  pierre  blanche  à 
veines  violettes  (").  C'est  nous,  mon  cherinduciomare,  qui  avons  payé 
cette  magnificence  :  il  y  a  une  trentaine  d'années,  J.  César  voulant  se 
faire  proroger  dans  le  gouvernement  des  Gaules,  et  voyant  le  consul 
^milius  Paulus  opposé  à  ses  prétentions,  lui  ou\Tit  les  trésors 
pillés  dans  notre  malheureux  pays,  et  provoqua  sa  neutralité  par  un 
don  de  quinze  cents  talents  (*)  !  ^milius  se  servit  de  cet  argent  pour 
bâtir  ce  superbe  édifice, 

Devant  la  basilique  ^milia,  au  bas  de  la  pente  inférieure  du  mont 
Capilolin,  s'élève  la  fameuse  tribune  appelée  lesBostres^,  parce 
qu'elle  est  ornée  de  six  rostres  d'airain,  éperons  de  navires  conquis 
par  les  Romains  dans  une  bataille  navale  liwée  il  y  a  un  peu  plus  de 
trois  siècles  aux  Antiates,  petit  peuple  du  Latium  maritime.  Cette 
tribune  est  un  large  piédestal  en  pierre  de  taille,  un  peu  plus  haut 
qu'un  homme  de  stature  ordinaire.    Elle  a  la  forme  d'un  carré 


'  Plan  elDescript.  de  Rome,  n"  129.  =  2  Ibid.  n»  150.  =  3  Cic.  pro  leg.  Manil.  7.= 
*  Vilruv.  V,  1.— Mazois,  Ruin.  de  Pompei,  t.  3,  pi.  XVII.  —  Voy.  la  gravure  ci-ronlre. 
=  5  Plaul.  Curcul.  IV,  1,  v.  12.  —Vilruv.  V,  1.  =  "  Voy.  lettre  XXY  =  ^  Plan  et  Des- 
oripf.  de  Rome,  n"  131.  =  8  Ibid.  n"  85.  (")  I.e  paonaz/etlo.  C")  7,821,082  fr. 


2-28  UOMK  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

long.  On  y  monle  par  quelques  degrés  ménagés  sur  l'un  des  colés. 
Une  petite  enceinte  ou  parquet  formé  par  une  balustrade  en  pierre, 
défend  ses  abords  vers  le  Forum. 

Sur  la  gauche  de  la  Tribune,  un  peu  en  arrière  (nous  passons 
maintenant  à  la  partie  occidentale  de  la  place),  on  aperçoit  de  flanc 
le  temple  de  la  Fortune  '  ;  de  fiice  le  temple  de  Saturne,  où  est  le 
trésor  do  la  république  -;  ensuite  le  Tabularium  du  peuple^,  où  l'on 
garde  Tétat  civil  des  citoyens  ;  et  YArea  deSaturne  *,  petite  place  au 
centre  de  laquelle  est  un  Autel  consacré  à  ce  dieu. 

La  Basilique  Julia^  et  le  Temple  de  Jules-César*^  remplissent 
tout  le  côté  méridional  du  Forum  sans  le  fermer,  car  la  basilique  est 
séparée  de  TArea  de  Saturne  par  la  voie  du  vicus  Jugarius  '';  du 
temple  de  César,  par  une  autre  voie  dont  le  nom  m'échappe,  mais 
que  j'appellerais  volontiers  la  t^oî'e  c?e  Vertumne,  parce  quelle  conduit 
auprès  d'un  temple  de  ce  nom*;  enfin  du  côté  oriental,  par  la  voie 
du  vicus  Tuscus^. 

La  Basilique  Julia  est  un  grand  parallélogramme  oblong ,  com- 
posé de  galeries  en  arcades  formant  un  triple  rang  de  portiques  con- 
centriques. Elle  fut  commencée  par  J.  César,  dentelle  porte  le  nom 
de  race,  et  terminée  par  l'empereur,  :  •     ■':] 

Le  Temple  de  César  s'élève  à  l'endroit  où  le  peuple  fit  les  funérailles 
du  dictateur,  après  qu'il  eut  succombé  sous  les  coups  des  conjurés 
armés  contre  sa  tyrannie.  Il  est  entouré  d'une  colonnade  d'un  as- 
pect sévère,  à  simple  rang  sur  les  côtés  ainsi  que  derrière,  à  triple 
rang  sur  la  façade,  et  repose  sur  un  soubassement  auquel  on  monte 
du  côté  du  Forum  par  plusieurs  degrés.  Au  milieu  de  ces  degrés  il 
y  a  un  autel  érigé  longtemps  avant  le  temple,  dont  on  attribue  la 
construction  aux  triumvirs,  ou  mieux  à  l'empereur,  qui  fut  membre 
du  triuniAirat.  Au-dessous  de  cet  autel  sont  quelques  proues  de  na- 
vires pris  à  la  bataille  d'Actium.  On  les  appelle  nouveaux  Rostres, 
par  opposition  à  ceux  qui  ornent  la  tribune  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

En  passant  au  côté  oriental  du  Forum,  adossé  au  mont  Palatin, 
nous  trouvons  d'abord  l'A/r/wm  regiumet  le  Temple  rond  de  Vesta'^'^, 
dont  j'aurai  occasion  de  reparler;  ensuite  la  Fontaine,  ou,  comme  di- 
sent les  Romains,  le  Lac  de  Juturne  "  ;  puis  le  temple  de  Castor  et 
Pollux^^,  plus  ordinairement  appelé  tout  court  temple  de  Castor.  La 

1  Plan  pl  Descript.  de  Ronip,  n"  8G.  =  2  ji^id.  n»  88.  =  3  Ibid.  n»  89.  =  *  Ihid. 
n"  90.  =  5  Ibid.  n"  115.  =  6  Ihid.  11»  IIG.  =  '•  Ibid.  IV>  91.  =  ?  Ibid.  n"  114.  == 
^  Ibid.   n"  11:;.=  ^'>  lOid    11"  118.  —  I'  Ihid    n"   ItO.  =  >i  Ibid.   n"  120. 


't,  mo 


fis  leur  déni  : 
tmijc  ia  deiiiile  de  l'armée  laiiiu;,  et  dispavmuri.  ioin  le  i; 


necs.  bu  : 
.spacieuN 

0!i',  1 

Kîtt 

ensuite  p  »ur  hàtir  la  •  .irie  Jiilia 

Autreîi'       "    '• 
tilia,  so! 

Cdi. 
Juic: 

naiii 
Sur  la  a-Mh  ': 


KiUimêlies  »â9. 


p 


II 


LKTTRK  III.  :i>-20 

t'uiidation  de  et;  dcniici' t^^'(îiiic(^  se  rattaeiu^  à  rélablissciiiciU  d»;  la  li- 
l)('r(éàriomo:Tar(juin,(liass(''dii  trùno,  avait  soulevé lo  Latiuin contre 
les  Romains.  Pendant  une  bataille  livrée  auprès  du  lac  Kéyille,  dans 
la  Sabine,  l'an  de  Rome  deux  cent  cinquante-quatre,  l'armée  romaine 
commençait  à  plier,  quand  deux  jeunes  gens  d'une  taille  au-dessus 
de  l'ordinaire,  apparurent  au  général  des  Romains,  et,  montés  sur 
des  chevaux  blancs,  marchèrent  à  la  tête  de  la  cavalerie  et  mirent 
les  Latins  en  fuite.  Le  soir  même  de  cette  victoire,  remportée  à  plus 
de  treize  milles  de  Rome  *  ("),  deux  jeunes  hommes  d'une  taille  ma- 
jestueuse et  d'une  beauté  surprenante,  vinrent  en  costume  de  guer- 
riers sur  le  Forum,  et  se  baignèrent  dans  la  Fontaine  de  Juturne.  Une 
foule  de  citoyens  leur  demandant  des  nouvelles  du  camp,  ils  racon- 
tèrent la  défaite  de  l'armée  latine,  et  disparurent.  Tout  le  monde  se 
persuada  qu'ils  étaient  Castor  et  Pollux,  et  pour  prix  de  la  victoire 
à  laquelle  ils  avaient  contribué,  un  temple  leur  fut  élevé  à  l'endroit 
où  ils  s'étaient  fait  voir  -. 

Après  le  temple  de  Castor  on  rencontre  la  Curie  Julia  ^  monu- 
ment qui  n'est  consacré  spécialement  à  aucune  divinité,  et  dans 
lefjuel  le  sénat  tient  souvent  ses  séances.  Cette  Curie,  commencée 
après  la  mort  de  J.  César,  dont  elle  porte  aussi  le  nom  de  race,  comme 
la  Basilique,  fut  terminée  par  l'empereur,  il  y  a  une  vingtaine  d'an- 
nées. Sa  façade  présente  une  suite  d'arcades  élevées  sur  un  perron 
spacieux,  auquel  on  arrive'par  plusieurs  degrés.  Il  y  a  trente  ans,  en- 
viron, à  la  place  de  ce  monument  existait  l'ancienne  Curie  Hostilia, 
ouvrage  du  roi  Tullus  Hostilius.  Le  feu  la  détruisit  l'an  sept  cent  un. 
Elle  fut  remplacée  d'abord  par  un  temple  delà  Félicité,  qu'on  abattit 
ensuite  pour  bâtir  la  Curie  Julia. 

Autrefois  la  Tribune  du  peuple  romain  était  devant  la  Curie  Hos- 
tilia, sous  les  yeux  du  sénat,  pour  ainsi  dire,  qui  semblait  l'observer 
comme  pour  modérer  ses  fougues  et  la  contenir  dans  le  devoir  \ 
Jules-César,  dictateur,  la  transporta  au  lieu  qu'elle  occupe  mainte- 
nant ^. 

Sur  la  gauche  de  la  Curie  Julia  s'ouvre  une  petite  place  étroite, 
je  dirais  presque  un  passage ,  qui  communique  à  la  voie  Neuve. 
Ce  heu  très-illustre,  très-souvent  nommé  dans  l'histoire  romaine, 


1  Nibby,  Viaggio  antiif.  c.  18,  p.  251.  =  2  Til-Liv.  II,  i5.— n.  Halic.  VI,  13.  — Tlor. 
I,  11.— V.  :\!ax.  1,  8,  1.  — 3  l'Ian  et  Dcscript.  de  r.ome,  n"  122.  =  ^obsciti  Hoslra 
viiidfx  Icnicrilalis,  cl  niodoratrix  ollicii,  Curia.  (lie.  pio  Flacco,  2i.  =  ■' Uesciipl.  di* 
UoniP,  no  85,  §  Vil,  Vlll,  1\.  («)  19  Uilomètics  259. 


230  nOME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

est  \e  ConiilÎKniK  Là  so  réunissent  et  votent  certaines  assemblées 
polili(iii('s  (lu  iM'uplc. 

Le  vaste  édifice  périplère  sur  le  flanc  duquel  passe  la  voie  Neuve,  et 
dont  la  partie  postérieure  forme  le  coté  gauche  du  Comitiuni,  atteste 
la  grandeur  et  la  iiiagnilicence  du  peuple  Romain,  car  ce  n'est  (pi'un 
lieu  d'attente  pour  les  ambassadeurs  étrangers,  auxquels  le  sénat 
consent  à  donner  audience  dans  la  ville.  On  Tapelle  la  GrœcostaHe  -, 
comme  qui  dirait  la  station  des  Grecs,  soit  que  des  Grecs  y  aient  été 
reçus  les  premiers,  soit  pour  tout  autre  motif  que  j'ignore. 

Deux  petits  temples,  séparés  de  la  Grœcostase  par  la  voie  Neuve, 
et  dont  la  façade  regarde  cette  voie,  font  encore  partie  du  Forum  : 
l'un  est  consacré  à  liomulus  ^  et  l'autre  à  la  Concorde".  Ce  dernier, 
dont  la  forme  est  circulaire,  a  ses  murs  revêtus  de  lames  d'airain. 

Nous  voici  revenus  à  l'Arc  de  Fabius,  et  nous  avons  fini  le  tour  du 
Forum;  nous  ne  pouvons  cependant  le  quitter  vsans  jeter  un  coup- 
d'œil  sur  ses  petits  monuments.  Je  n'essaierai  pas  de  les  nommer 
tous,  tant  ils  sont  nombreux  ;  mais  quelques-uns  ont  trop  d'im- 
portance au  point  de  vue  historique ,  pour  que  je  n'en  parle  pas. 
Les  plus  intéressants  se  trouvent  auprès  de  la  voie  Sacrée,  sur  la 
gauche  de  cette  belle  voie,  dont  toute  la  droite  est  si  magnifiquement 
bâtie. 

On  voit  vis-à-vis  de  la  façade  de  la  Graecostase,  au  centre  de  la 
place,  un  grand  hémicycle  en  pierre,  qui  est  le  Tribunal  dupréteur^, 
principal  magistrat  justicier  de  Rome. 

Plus  près  du  même  édifice,  sur  la  droite  des  nombreux  degrés  qui 
montent  à  cette  magnifique  station,  il  y  a  une  petite  esplanade  décorée 
d'un  autel  en  forme  de  margelle  de  puits,  c'est  le  Puteal  de  Libon'^, 
l'un  des  endroits  les  plus  fameux  du  Forum.  Il  sert  de  rendez-vous 
aux  plaideurs  et  aux  emprunteurs  :  aux  plaideurs  qui  ont  atïaire  au 
tribunal  ;  aux  emprunteurs,  la  proie  des  banquiers  et  des  usuriers  des 
Tavernes  neuves  et  de  la  Basilique  Argentaria.  Tous  viennent  là  pour 
attester  les  dieux  de  leur  bonne  foi  et  de  leur  probité,  serment  qu'ils 
font  en  posant  la  main  sur  l'auteF.  Il  se  commet  bien  des  parjures 
dans  ce  petit  coin  du  Forum. 

Au-dessous  du  Tribunal  du  préteur ,  et  vis-à-vis  des  basiliques 
iïlmilia  et  Argentaria,  sont  deux  petits  arcs  carrés,  percés  de  quatre 


>  Plan  el  Descript.  de  Rome,  n»  123.  =  2  Ibid.  n»  12^.  =  3  ii,id.  n'>  125.  =  *  Ibid. 
n"  126.  =  s  Ibid.  n°  128.  =  "^  Ibid.  =  "  Si  aiam  Icncns  jurarct.  Cic.  pro  Flacco,  56. 


I 


LETTIΠ m.  251 

portes  dont  les  axes  m;  croisent ,  et  consacrés  à  .laniis ,  le  dieu  des 
portes.  On  ai)poile  Janus  supérieur  celui  qui  s'élève  devant  la  basi- 
lique Argentaria,  oXJanus  inférieur,  l'autre,  situé  devant  la  basilique 
^milia  '.  Ce  dernier  se  trouve  en  eft'et  dans  l.i  partie  basse  du  Fo- 
rum, tandis  que  le  premier  est  dans  la  partie  haute.  Tous  deux  sont 
le  rendez-vous  des  préteurs  d'argent  ^  Comme  ces  Janus  encadrent, 
pour  ainsi  dire ,  les  Tavernes  neuves,  on  en  a  pris  occasion  de  désigner 
quelquefois  ces  dernières  par  le  nom  général  de  milieu  de  Janus  ', 
appellation  qui  a  quelque  chose  de  sinistre  pour  les  Romains. 

A  gauche  des  deux  Arcs,  sur  le  bord  d'une  voie  qui  traverse  le  Fo- 
rum dans  toute  sa  largeur,  et  nommée  le  canal'',  on  voit  un  petitbou- 
quet  d'arbres,  composé  d'un  figuier,  d'une  vigne,  et  d'un  olivier 
sauvages.  Cette  touffe  de  verdure  porte  le  nom  de  Lac  Curtius  ^.  Tu 
auras  lu  sans  doute  dans  l'histoire  romaine  que  je  t'ai  envoyée,  que 
vers  lafinduIY''siècledeRome,ungouffres'étantouvert  au  milieu  du 
Forum,  des  devins  consultés  sur  ce  phénomène  répondirent  que  les 
dieux  étaient  irrités,  et  qu'il  fallait  qu'un  citoyen  courageux  se  sa- 
crifiât pour  apaiser  leur  colère.  Alors  un  certain  Curtius  se  dévoue; 
il  se  précipite  tout  armé ,  avec  son  cheval,  dans  le  gouffre  qui  se  re- 
ferme aussitôt.  En  commémoration  de  ce  dévouement ,  le  lieu  fut 
nommé  le  Lac  Curtius.  Aujourd'hui  l'endroit  est  encore  sacré.  On 
y  adressé  un  petit  autel  ;  et  le  peuple,  dans  un  sentiment  religieux, 
prend  soin  de  cultiver  les  trois  arbres  qui  sont  crûs  là  spontané- 
ment. 

La  voie  du  Viens  Jugarius ,  qui  passe  entre  la  basilique  Julia  et 
l'Area  de  Saturne,  débouche  sur  le  Forum  par  un  bel  Arc  de  triom- 
phe, érigé  jadis  en  Thonneur  de  l'empereur ,  après  la  fameuse  vic- 
toire d'Actium  ^ 

Il  faut  maintenant  que  je  dise  quelques  mots  des  colonnes  et  des 
statues.  Parmi  beaucoup  de  colonnes  honoraires,  six  surtout  sont 
dignes  d'être  mentionnées  :  La  première,  à  l'angle  septentrional  des 
vieux  Rostres,  sert  à  marquer  le  centre  de  la  ville,  et  de  là  a  reçu  le 
nom  d'Ombilic  de  Borne''. 

Deux  autres  sont  rost raies,  c'est-à-dire  ornées  sur  leur  lut  de 
proues  ou  rostres  de  navires,  parce  qu'elles  ont  été  érigées  à  la  suite 
de  victoires  navales.  On  les  voit  devant  la  basilique  .^î^milia  *  :  l'une 

•  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n^s  isg,  159.  =  -  Ov.  Uemcd.  anior.  v.  561.  =  *  Po>l- 
quam  res  mea  Janum  ad  médium  fiacla  est.  Hor.  H,  S.  5,  v.  18, 19.^^1'laii  et  Uescripl. 
de  Rome,  n»  liO.  =  ^  Ibid.n^  Ul.—  6  Ibid.  i\°  liô.=  "!  Ibid.  n"  »ô.—^lbid.n°  151. 


'i7)-2  HOMi:  Al  SIKCLt:  D'AUGUSTi:. 

est  consacrée  à  J.  César,  et  raiitro,  plus  ancienne,  à  Gains  Duilius, 
le  i)reniier  Romain  qui  battit  les  Carthaginois  sur  mer. 

Entre  le  temple  de  Castor  et  la  Curie  Julia,  la  Colonne  Menia  '  est 
célèbre ,  parce  que  c'est  là  que  des  magistrats  inférieurs ,  appelés 
Triumvirs  capitaux ,  jugent  les  délits  des  dernières  classes  du  peu- 
ple. Le  grand  tribunal  est  au  milieu  du  Forum;  le  petit ,  dans  un 
lieu  retiré  qui  convient  à  l'obscurité  de  ses  attributions  :  il  n'y  a 
même  pas  de  tribunal  proprement  dit,  car  les  juges  siègent  sur  des 
bancs  placés  à  terre  -. 

Non  loin  de  là,  devant  l'Atrium  regium  et  le  temple  de  J.  César', 
on  voit  une  petite  colonne  carrée ,  plus  vieille  que  tous  les  monu- 
ments qui  ornent  aujourd'hui  le  Forum.  Elle  fut  érigée  à  la  gloire 
du  vain(|ueur  des  Curiaces,  pour  porter  les  dépouilles  des  trois 
frères  Albains.  Le  temps  a  détruit  les  trophées,  mais  la  colonne, 
quoique  bien  endommagée  parles  siècles,  garde  toujours,  comme 
dans  l'origine,  le  nom  de  Pilier  Horatien'*. 

De  l'autre  côté  du  Forum,  devant  le  temple  de  Saturne,  est  la 
sixième  colonne  ^  et  en  même  temps  la  plus  nouvelle.  Aucun  souve- 
nir de  gloire  ne  s'y  rattache ,  mais  elle  se  distingue  par  un  caractère 
d'utilité  :  c'est  une  colonne  milliaire,  érigée  par  l'empereur  pourservir 
de  point  de  départ  aux  mesures  itinéraires  de  toutes  les  grandes 
routes  de  la  république.  Elle  a  douze  pieds  de  haut ,  environ ,  y 
compris  sa  base,  est  de  forme  cylindrique,  en  marbre  blanc  massif, 
et  terminée  par  une  boule  d'airain,  surmontée  d'une  pointe  conique 
triangulaire.  Cette  boule  est  dorée,  et  de  là,  les  Romains,  avec  leur 
vivacité  de  langage  qui  tend  à  l'exagération,  ont  appelé  la  colonne 
le  mille  d'or  ^. 

Il  y  a  littéralement  un  peuple  de  statues  sur  le  Forum  :  je  nom- 
merai quelques-unes  des  principales;  d'abord,  trois  statues  éques- 
tres en  bronze  ;  l'une,  dorée,  est  au  milieu  de  la  place,  et  représente 
l'empereur''.  Elle  Itii  fut  décernée  par  le  sénat  au  moment  où,  âgé 
de  vingt  ans,  il  partit  pour  combattre  Antoine.  L'érection  n'en  eut 
lieu  que  sept  ou  huit  ans  après,  vers  la  fin  des  guerres  civiles,  et  la 
flatterie  y  mit,  par  anticipation,  l'inscription  suivante  :  pour  avoir 

RÉTABLI,  APRÈS  DE  LONGUES  GUERRES  CIVILES,  LA  PAIX  SUR  TERRE  ET  SIR 
MER. 

'  Plan  cl  Dosnipt  de  Roiuf,  n"  1-21.  =  ^  Aspon.  in  Divinat.  p.  34.  =  ^M'Ian  i-l 
Dcsciipl.  (le  Rome,  n"  116.  =  *  Pila  lloralia.  Plan  el  Dcsciipt.  de  Rome,  n"  116.  = 
^  IbiJ,  n"  l'<5.  =  6  Milliarium  aunniin.  —  '  Plan  cl  Dcsciipt.  île  Uoine,  n»  142. 


LETTIΠ III.  235 

l)(\sd(mxiiu(ios  staliiosiVjuosliTS,  lapix^niiiTO,  iTii^V-eoii  llionneur 
de  Clclie,  r6laf:;o  du  roi  Porsenna,  est  en  haut  du  Forum,  près  de 
l'Are  de  Fabius';  la  seconde  devant  le  temple  de  Castor  :  cette  der- 
nière représente  Marcius  Tremulus^,  guerrier  qui  vers  le  milieu 
du  cinquième  siècle  défit  deux  fois  les  Samniles,  ces  redoutables 
ennemis  des  Romains, 

Les  côtés  des  vieux  Rostres^  sont  ornés  des  statues  de  deux  hommes 
qui  ont  joué  un  grand  rôle  dans  la  république  :  Sylla  et  Pompée. 
On  doit  à  César  le  rétablissement  de  ces  images  qui  existaient  avant 
sa  dictature,  et  qu'on  avait  renversées.  Il  semble  qu'il  les  ait  mises  là 
comme  deux  grandes  menaces  contre  le  peuple,  et  comme  un  témoi- 
gnage de  son  propre  pouvoir;  l'une,  en  effet,  rappelle  une  puissance 
vaincue  par  lui,  et  l'autre,  que  les  Romains  ont  déjà  subi  un  maître. 

Les  statues  sont  surtout  nombreuses  dans  ce  quartier.  11  y  a  là  en- 
core un  Hercule  vêtu  d'une  tunique  empoisonnée  qui  lui  donne  la 
mort;  Camille,  le  guerrier  qui,  dit-on,  combattit  Rrennus;  sept 
statuettes  érigées  à  la  mémoire  d'autant  d'ambassadeurs  Romains 
tués  en  violation  du  droit  des  gens  ;  enfin  un  simulacre  du  satyre 
Marsyas,  emblème  de  la  liberté  de  la  ville,  et  en  général  de  toutes 
les  villes  libres*. 

On  voit  encore  dans  le  même  quarfier,  devant  la  Basilique  JEm\- 
lia,  les  statues  des  trois  Sibylles  ou  des  trois  Parques  ^  ;  vis-à-vis, 
devant  la  Basilique  Julia®,  les  statues  dorées  des  douze  grands 
dieux  ;  devant  le  Comitium  '^  un  lion  de  pierre  sous  lequel  est  enterré 
le  berger  Faustulus,  père  adoptif  de  Romulus,  ou,  suivant  une  autre 
tradition,  Romulus  lui-même;  enfin  au  fond  du  Comitium,  sur  le 
bord  de  la  voie  Neuve,  à  l'angle  septentrional  de  la  Curie  Julia,  un 
antique  groupe  d'airain  qui  représente  la  fameuse  Louve  allaitant 
Romulus  et  Rémus.  Cette  triple  statue  est  ombragée  par  un  vieux 
figuier,  le  même  sous  lequel  les  fondateurs  de  Rome  furent  trouvés 
suçant  les  mamelles  de  leur  singulière  nourrice^.  L'image  d'airain  est 
la  reproduction  du  fait  même.  On  a  nommé  le  figuier  ruminai,  du 
vieux  mot  7'umen,  qui  signifie  mamelle.  Les  habitants  de  ce  quartier, 
par  un  saint  respect  pour  Romulus  et  Rémus,  ont  soin  d'élever  tout 
ce  qui  naît  dans  leur  maison  ^. 

Le  Forum  est  le  lieu  où  Rome  commença  à  prendre  quelque  im- 

1  Plan  et  nescript.  de  Rome,  n»  127.  =  2  Ibid.  n»  120.  =  3  Ibid.  n»  80.  =  '•  Si-iv. 
in  .Kncid.  Ul,  v.  20;  IV,  v.  58.— Macrob.  Saliini.  U!,  8.  =  S  pian  et  Descripl.  (k-  Uome 
no  loi.  =  fi  Ibid.  n"  113.  ='  Ibid.  n"  123.  =  s  Ibid.  =  9  l'Iul.  de  toit,  l'.om.  p.  271. 


234  ROME  AL'  SIÈCLK  1)  Al'GLSTE. 

poi'tance,  ;i  [Xinlrc  son  caraclrre  précaire  de  colonie  de  pâtres  et  de; 
brigands,  d«!  ropain;  de  r»-liigiés.  En  ellel,  les  paslenrs  de  lioniiiUis 
n'occupaienl  encore  qnn  les  hants  lieux  du  mont  Palatin,  lorsqu'une 
tribu  belliqueuse  de  Sabins,  vint  s'établir  vis-à-vis  d'eux,  sur  le  Qui- 
rinal'.  Roniulus  s'ellraye  de  ce  nouvel  établissement,  il  se  sent 
faible,  et,  dans  la  vue  de  se  fortifier,  fait  un  appel  à  tous  les  individus 
repoussés  du  sein  des  peuples  voisins,  condamnés,  débiteurs  insol- 
vables, esclaves  fugitifs  et  autres  ;  il  annonce  que  la  colonie  Palatine 
les  accueillera,  les  admettra  dans  sa  société,  leur  donnera  un  asile. 
Ce  cri  d'alarme  est  entendu  comme  un  cri  d'bospitalilé  ;  de  toutes 
parts  accourt  une  foule  impure  à  laquelle  Romulus  assigne  les  par- 
ties basses  du  mont  Palatiji,  et  un  poste  plus  avancé  sur  le  mont 
Capitolin,  dans  un  bois  qui  reçut  le  nom  de  Buis  de  V Asyle- . 

Mais  ce  nouvel  accroissement  ne  procurait  à  la  cité  naissante 
qu'une  force  momentanée,  car  les  réfugiés  manquaient  de  femmes. 
On  en  demande  aux  peuples  voisins,  au  Quirinal  même  :  tous  refu- 
sent. Alors  les  Palatins  recourent  à  la  violence  et  ravissent  les  épouses 
qu'on  ne  veut  pas  leur  accorder.  Tu  sais  la  réconciliation  qui  suivit 
ce  grand  attentat  dont  les  conséquences  pouvaient  amener  la  ruine 
de  la  petite  cité  de  Romulus ^  si  peut-être  elle  eût  été  placée  dans 
une  position  moins  inexpugnable*.  Enfin,  une  union  commencée 
par  le  rapt  fut  consacrée  par  l'alliance  solennelle  des  deux  peuples. 
Ils  la  jurèrent  dans  la  vallée  qui  est  maintenant  le  Forum,  à  l'en- 
droit où  fut  élevée  alors,  et  où  l'on  voit  encore  aujourd'bui  la  statue 
de  Yénus-Cluacine,  dans  la  voie  Sacrée,  devant  les  Tavernes  neuves  \ 
Cluacine  est  un  nom  tiré  du  verbe  cluere,  purifier,  parce  qu'aprsjs 
avoir  mis  bas  les  armes,  les  Romains  et  les  Sabins  furent  purifiés  sur 
le  lieu  même,  avec  une  branche  de  myrte. 

Lorsque  Romulus  et  Tatius  confondirent  leurs  deux  peuples ,  le 
Forum  était  en  partie  couvert  de  bois  et  occupé  par  un  marais  où 
les  montagnes  voisines  versaient  leurs  eaux,  Us  abattirent  les  bois, 
comblèrent  le  marais,  et  sur  ce  terrain  qui  avait  été  pour  eux  comm.e 
une  frontière  défensive,  ils  établirent  un  champ  destiné  aux  assem- 
blées du  peuple®.  Le  Forum  resta  ainsi  pendant  cent  trente  ans  à 
l'état  de  champ  vague.  Sous  Tarquin-l' Ancien  on  commença  à  le  bà- 


1  Niebuhr,  Hist.  rom.  t.  I,  p.  406,  ti.  fr.  =  2  pian  el  Descript.  de  Rome,  n"  72.  = 
3  Tit-Liv.  I,  11.— Flor.  1,  1.— 1).  H.ilir.  II,  50.— l'Iul.  Romul.  14,  elc.  =  *  Niebuhr, 
Hist.  rom.  t.  I,  p.  403,  ir.  fr.  =  3  plan  et  Descript.  de  Rome,  n"  130.  =  «  D.  Halic. 
II,  50. 


( 


LETTKE  III.  255 

tir:  le  roi  distnjjua  aux  ciloyeiis  les  terrains  environnants;  ils 
élevèrent  des  maisons,  des  portiques  avec  des  tavernes  pour  les  mar- 
chands, créèrent  un  nouveau  quartier;  telle  fut  l'origine  du  Forum', 
qui,  sans  sortir  de  ses  limites  primitives,  a  élé  embelli  de  siècle 
en  siècle,  et  particulièrement  depuis  une  quarantaine  d'années. 

Sur  cette  place  tout  est  monuments  ou  édifices  publics,  et,  chose 
assez  digne  de  remarque,  on  n'y  voit  plus  aujourd'hui  de  maisons 
privées ^  Aussi,  malgré  l'irrégularité  avec  laquelle  plusieurs  de  ses 
édifices  sont  plantés  relativement  les  uns  aux  autres,  peut-être  même 
à  cause  de  son  irrégularité  qui  ajoute  beaucoup  au  pittorescpie,  rien 
n'est  imposant  comme  son  aspect;  de  quelque  coté  qu'on  se  tourne, 
on  est  ébloui,  on  se  sent  ravi  d'admiration.  Mais  la  vue  d'ensemble 
paraît  plus  merveilleuse  encore,  parce  qu'elle  fait  saisir  toute  la  gran- 
deur du  tableau.  En  se  mettant  à  cinquante  pas  en  arrière  de  la  place, 
au  milieu  de  la  voie  Sacrée,  devant  un  petit  temple  des  Lares  situé 
au  point  culminant  de  cette  voie^  et  dominant  le  Forum  de  plus  de 
quarante-cinq  pieds  ("),  on  a  devant  soi,  en  premier  plan,  l'Arc  de 
Fabius  ^C*),  à  gauche,  en  deçà  de  l'Arc,  la  Porte  Romana  et  les  pre- 
miers degrés  du  mont  Palatin",  le  Vulcanal  ou  Area  de  Vulcain^  pe- 
tite place  derrière  le  temple  rond  de  la  Concorde,  avec  la  colonne 
statuaire  de  Ludius  et  deux  arbres  plus  vieux  que  Rome,  un  lotos  et 
un  cyprès.  Ils  forment  une  masse  de  verdure  au-dessus  de  laquelle 
se  montrent  la  Grœcostase,  avec  sa  belle  colonnade,  vue  de  profil, 
ainsi  que  le  sommet  de  presque  tous  les  édifices  de  la  partie  occi- 
dentale du  Forum,  vus  de  face. 

A  droite,  au  bord  de  la  voie  Neuve,  toujours  en  deçà  des  limites 
de  la  place,  la  basilique  Opimia"'  se  présente  la  première  ;  puis,  sur 
la  place,  après  l'Arc  de  Fabius,  le  temple  d'Ops-Consiva  et  la  maison 
du  Roi  des  sacrifices*,  la  basilique  Argentaria  avec  les  Tavernes 
neuves  ^  et  la  basilique  iEmilia'". 

Au  milieu  du  tableau  on  reconnaît  le  Tribunal  du  Préteur*',  les 
deux  Janus,  le  supérieur  et  l'inférieur  ^^  les  Rostres  •*;  et  derrière,  au 
pied  du  mont  Capitolin,  sur  l'extrême  limite  du  Forum,  la  Prison 
publique  "  et  les  Degrés  Gémonies  qui  y  conduisent;  le  Clivus  de  l'A- 
syle,  qui  monte  au  Capitole  ;  à  gauche  du  Clivus,  le  temple  de  la  Con- 

1  D.  Halir.  IH,  67.  —  Til.-Liv.  I,  35.  =  2  nesrript.  de  Rome,  p.  91.  =  ^  Jbid. 
n»  22.  =  ^  Ibid.  n"  127.  =  5  Ibid.  n"  199.  =  6  Ibid.  n»  18.  =7  Ibid.  n«  32.  =  8  Ibid. 
1)0  129.  =  »  Ibid.  n"  150.  —  1»  Ibid.  n»  131.  =  l>  Ibid.  n"  128.  =  1^  Ibid.  n»'  138, 
139.  =  13  Ibid.  n»  83.  =  i*  Ibid.  n«  82.  (»)  15  mèlr.  443.  (*)  Suivez  la  descript.  sur 
la  gravure  ci-conlre. 


256  nOMi:  AL  SIKCLL  DAUGUSTE. 

cordo',  puis  celui  (Ic.ltipitPr  Tonnant*;  ot  un  pou«'n  avant  do  ce  der- 
nier, tout  à  fait  au  bord  de  la  place,  le  temple  de  la  Fortune,  planté 
sur  un"  très-haut  soubassement  \  comme  si  c'était  im  end)lènie  rpie 
la  Fortune  romaine  domine  partout  où  elle  se  trouve. 

Le  mont  Capitolin  forme  la  dernière  li^ne  de  ce  tableau  gV-néral  : 
au  centre,  au-dessus  des  faîtes  des  temples  de  la  Concorde  et  de 
Jupiter-Tonnant,  adossés  au  mur  de  soutènement  de  la  monla<;nc, 
se  déploie  une  longue  galerie  en  arcades,  avec  colonnes  à  demi  en- 
gagées :  c'est  le  Tabularium''  ou  dépôt  des  lois. 

A  gauche  apparaît  une  partie  de  la  fameuse  Roche  Tarpéienne, 
avec  un  escalier  en  double  rampe,  nommé  les  Cent  marches^,  qui 
conduit  à  la  Forteresse  du  Capitole. 

A  droite,  sur  un  sommet  encore  plus  élevé,  la  vue  rencontre  une 
enceinte  de  grandes  et  belles  murailles  couronnées  de  nombreuses 
statues,  et  au-dessus,  le  temple  de  Jupiter-Capitolin",  majestueux 
édifice  qui  domine  tout,  et  semble  se  dresser  pour  promener  autour 
de  lui  des  regards  de  maître,  et  voir  au  loin  ce  qui  se  passe  dans 
l'univers. 

1  Plan  fl  Uesrript.  de  Rome,  n"  83.  =  ^  Hid.  n"  8  4.  =  3  Ibid.  n"  86.  =  '^Ibid.  a"  73. 
=  3  Ibid.  n»  59.  =  «  Ibid.  n»  81. 


LETTRE  IV. 

CONSTITUTION    DE    L\    SOCIÉTÉ    ROMAINE. — FOUMES    DU    GOUVERNEMENT. 

Le  peuple  romain  se  compose  de  trois  ordres  :  les  Patriciens,  les 
Plébéiens  elles  Chevaliers.  Les  Chevaliers  passent  avant  les  Plébéiens  : 
tu  verras  tout  à  l'heure  pourquoi  je  les  place  au  troisième  rang. 

Les  Patriciens  sont  des  citoyens  qui  seuls  peuvent  prétendre  à 
quelques  hautes  magistratures  ainsi  qu'à  certains  sacerdoces  '.  Il  y  a 
des  Patriciens  de  race,  et  des  Patriciens  de  création  :  ces  derniers 
sont,  et  furent  toujours  élevés  à  ce  rang  par  la  plus  grande  autorité 
de  la  république,  d'abord  par  les  rois  ^;  ensuite  par  le  peuple  ^  par 
les  dictateurs*;  aujourd'hui  par  l'Empereur'.  Le  patriciat  se  con- 
fère à  vie,  et  le  plébéien  qui  le  reçoit  fait  souche  d'une  race  nouvelle. 
Les  premiers  Patriciens  furent  les  sénateurs  de  Romulus,  appelés 
Pères  [patres]  d'où  l'on  a  dérivé  le  nom  de  Patriciens.  Leurs  des- 
cendants conservèrent  cette  qualité  ^  ;  mais  les  races,  par  un  efï'et  na- 
turel, diminuant  de  siècle  en  siècle,  les  besoins  de  la  magistrature  et 
du  culte  obligèrent  de  combler  par  des  créations  les  vides  trop  sensi- 
bles produits  par  les  extinctions''.  Les  choix  se  font  parmi  les  sé- 
nateurs", afin  de  rappeler  toujours  Tinstitution  à  son  origine. 

L'ordre  des  Plébéiens  comprend  tout  ce  qui  n'est  ni  patricien,  ni 
chevalier,  et  renferme  l'immense  majorité  du  peuple,  forme  le  corps 
de  la  nation.  Les  Plébéiens  peuvent  prétendre  à  tout,  dans  de  cer- 
taines conditions,  même  au  patriciat.  Ceux  qui  arrivent  aux  magis- 
tratures deviennent  nobles,  et  transmettent  ce  titre  à  leurs  descen- 
dants ^.  Les  distinctions  entre  les  Patriciens  et  les  Plébéiens,  très- 
tranchées  dans  les  premiers  siècles  de  l'ancienne  république,  où  les 
alliances  entre  les  deux  ordres  furent  prohibées  **^,  sont,  depuis  plus 
de  quatre  cents  ans,  plutôt  nominales  que  réelles. 

Autrefois  les  Chevaliers  éVàieni  l'élite  de  la  jeunesse  romaine",  qui 

iLelties  XXVI,  l.  II,  p.  4;  XXX,  p.  63  et  suiv.  ;  XXXI,  p.  85,  94,  97;  XLIX, 
p.  530;  LXXXV,  t.  III,  p.  563.  =  2  Tit.-Liv.  I,  50,  33.  —  Suet.  Aug.  2.  =  »  Tit.-Liv. 
IV,  4.-  Suet.  Tib.  1  ;  ?,'er.  1  ;  Vitell.  1.  —  U.  Halic.  III,  29.  =  4  Tac.  Ann.  XI,  23.  — 
Suel.  Cœs.  41.  — Dion.  XLIX,  43.  =  3  Tac.  76(d.  =  s  Cic.  de  Repub.  II,  12.— Tit.-Liv. 
I,  8.— D.  Halic.  II,  8.=:"Conjeclure.=  8ïac.— Dion.  Ibid.  =9  Cic.  in  Veir.  V,  li  ;  de 
Lege  agra.  II,  1.— Sali.  Jugurt.  85  —Tit.-Liv.  X,  7.— Ascon.  in  Tog.  cand.  p.  1 12.  = 
"3  Til.-Liv.  IV,  1,  6.  =  11  M.  I,  43  ;  II,  20  ;  XLII,  61.— D.  Halic.  IV,  18. 


^238  ROM!-:  AU  SII>XLK  D'AUGUSTE. 

formait  la  cavalerie  des  armées',  comme  chez  nous*.  La  république 
leur  foufriissait  un  cheval  '  et  la  somme  nécessaire  pour  l'entretenir  *. 
Les  Chevaliers  aujourd'hui  ne  font  plus  la  guerre  :  ils  s'occupent 
d'afï'aires  d'argent,  et  remplissent  les  fonctions  de  juges,- pour  admi- 
nistrer la  justice  *.  Il  y  a  bien  un  demi-siècle  qu'ils  ont  quitté  le  mé- 
tier des  armes,  sans  perdre  néanmoins  le  nom  de  chevaliers  *. 

Une  autre  bizarrerie,  c'est  qu'ils  n'ont  guère  commencé  à  former 
un  ordre  dans  l'État,  que  depuis  l'époque  où  ils  ont  déserté  le  plus 
noble  de  tous  les  services.  Ce  fut  un  magistrat  du  peuple,  C.  Grac- 
chus,  qui,  pour  mortifier  le  Sénat,  fit  des  chevaliers  un  ordre  séparé 
sous  le  titre  déjuges,  parce  que  les  fonctions  judiciaires  leur  furent 
alors  confiées®*.  Dès  les  premiers  siècles  de  Rome,  les  chevaliers, 
dont  l'institution  remonte  à  Romulus  ^  furent  très-considérés.  Cette 
considération,  qui  n'a  pas  cessé  de  les  entourer,  donna  sans  doute 
l'idée  d'en  faire  un  ordre  à  part  ;  mais  Gracchus  n'y  réussit  qu'im- 
parfaitement, car  ils  forment  plutôt  une  classe  qu'un  ordre  :  en  ef- 
fet, influents  par  leur  position,  leurs  richesses,  leurs  alliances,  ils 
n'ont  pas  de  puissance  légale,  et  comme  pouvoirs  politiques,  jamais 
on  ne  connut  que  le  Sénat  et  le  peuple  ;  l'ordre  équestre  se  confond 
dans  le  peuple. 

!  Du  temps  du  roi  Servius,  il  fallait  appartenir  aux  premières  fa- 
milles de  la  ville,  c'est-à-dire  aux  plus  riches  pour  être  admis  dans  la 
chevalerie*  ;  aujourd'hui  on  n'y  peut  entrer  à  moins  de  posséder^ 
quatre  cent  mille  sesterces  '"  ("),  et  d'être  Agé  de  dix-huit  ans  ", 

Les  deux  ordres,  ou  les  trois  ordres,  si  l'on  veut,  dont  se  compose 
le  peuple  Romain,  sont  divisés  en  trente-cinq  Tribus  **,  subdivisées 
elles-mêmes  en  Curies  et  Centuries.  Les  Tribus  sont  des  divisions 
politiques  et  topographiques  '^  ;  les  Curies  et  les  Centuries,  des  divi- 
sions politiques,  où  chaque  citoyen  se  trouve  rangé  suivant  son  âge 
et  la  quotité  de  ses  biens  "^.  Ainsi,  que  l'on  soit  patricien,  chevalier 
ou  seulement  plébéien,  on  appartient  d'abord  à  la  Tribu  et  à  la  Curie 


•  Tit.-Liv.  I,  45  ;V,  12  ;  XXIV,  52,  et  passim.— Cic.  Philipp.  I,  8.— Plin.  XXXIII,  1, 
2, etc.  =  2  Cœs.  de  Bell.  Gall.  VI,  15.=  3  Tit.-Liv.  V,  7.  =*  Fest.  v.  v.  Equestre,  llor- 
dearium,  hnpolilias.— Tit.-Liv.  I,  43.  =  s  Lettres  XXXIX,  l.  II,  p.  189;LXXXI1, 
t.  111,  p.  333.  =  8  Plin.  XXXIII,  2.  =  6  Tit.-Liv.  1,  13.  —  Fest.  v.  Celeres.  =  ^  Tit.- 
Liv.  I,  35  ;  II,  1  ;  IV,  52;  XXIV,  40;  XL,  54.  =  8  Cic.  de  Repub.  II,  22.  —  Til.-Liv. 
I,  45.— D.  Ilalic.  IV,  18.  =  9  Tit.-Liv.  V,  7.  — Hor.  ArL  poel.  v.  385.— Sue(.  Aug.  40. 
— Juv.  S.  14,  v.  322.  —  Dion.  LV,  15.  =  '«  Ilor.  1,  Ep.  1,  v.  38.  —  Plin.  XXXIII,  2.  = 
H  Dion.  LU,  20.  =  «2  Tit.-Liv.  1,45;  II,  21  ;  VI,  5  ;  Vlll,  17  ;  IX,  20;  X,  20,  et 
passim.  —  Plut.  Ti.  f.racc.  12.  —  Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  610,  etc.  =  13  cic. Tit.- 
Liv.  passim.— A.  Gell.  XV,  2T.  =  t^  Lettre  VIII,  p.  268.  {")  107,560  fr. 


LETTRE  IV.  250 

du  pays  ou  de  la  région  où  l'on  dcmeuro,  et,  dans  cette  tribu,  à  une 
centurie.  La  tribu  est  la  classification  fondamentale,  et  un  citoyen 
joint  à  son  nom  de  famille  celui  de  sa  tribu  '. 

Le  vêtement  joue  aussi  un  rôle  dans  cette  organisation  sociale  :  les 
citoyens  Romains  ont  un  liabit  qui  leur  est  particulier,  la  toge-: 
je  l'ai  déjà  dit,  je  crois  ;  c'est  une  grande  pièce  de  laine  blancbe\  tail- 
lée extérieurement  en  demi-cercle*.  Elle  se  porte  sur  l'épaule  gauche 
et  enveloppe  le  corps;  un  pan  traverse  devant  la  poitrine,  passe  sous 
le  bras  droit,  puis  revient  sur  l'épaule  gauche,  à  peu  près  comme  un 
J)audrier  ^  de  sorte  que  le  bras  droit  demeure  libre  *.  Les  citoyens 
ont  sous  la  toge  une  tunique  sans  manches  ",  qui  sert  à  distinguer 
les  trois  ordres  :  celle  des  plébéiens  est  tout  unie;  celle  des  patri- 
ciens et  des  chevaliers,  bordée  d'une  bande  de  pourpre  plus  ou  moins 
large,  qui  a  fait  donner  à  ce  vêtement  les  noms  de  laticlave  et  d'an- 
gusticlave  ''.  Le  laticlave,  décoré  d'une  large  bande,  est  l'insigne  des 
patriciens*,  et  l'angusticlave  ,  orné  d'une  bande  plus  étroite  ,  celui 
des  chevaliers^.  La  première  de  ces  tuniques  se  serre  sur  les  hanches 
avec  une  ceinture,  et  la  seconde  se  porte  sans  ceinture  '". 

Les  deux  ordres  privilégiés  ont  encore ,  pour  marque  de  leur 
rang,  un  anneau  d'or",  qu'ils  mettent  au  petit  doigt  de  la  main 
gauche.  Quelques  membres  de  Tordre  équestre  n'ont  qu'un  anneau 
de  fer,  comme  les  plébéiens  *^  mais  tous  ont  un  collier  d'or  ''.  Par- 
dessus l'angusticlave,  les  chevaliers  portent  une  trabée  '*,  toge  en 
pourpre  marine,  rayée  de  bandes  d'écarlate",  courte,  comme  il  con- 
vient pour  des  cavaliers  '^  Elle  s'agrafe  sur  l'épaule*''  droite  *^ 

Malgré  ces  divisions  hiérarchiques  du  peuple  romain,  la  liberté  est 
pour  tous ,  pour  le  dernier  plébéien  comme  pour  le  premier  patri- 
cien :  chez  un  peuple  libre,  tout  le  monde  devait  être  libre  au  même 
degré  *^ 

Deux  magistrats  annuels,  nommés  consuls,  régissent  etadminis- 

1  Cic.  Philipp.  IX,  7  ;  ad  Allie.  IV,  IG  ;  Ep.  famil.  VIU,  8  ;  IX,  15.  =  ^Virg.  ^neid. 

I,  V.  286.— Suel.  Aug.  40.  — Plin.  IV,  Ep.  11.— Juv.  S.  10,  v.  45.  — Lyd.  de  Magist.  I. 
32.i=3Lyd.  Ibid.  = '*  Quinl.  Inst.  Orat.  XI,  3.— D.  Halic.  III,  61.  =z  ^  Quinl.  Ibid. 
=  <>  Cic.  Fragm.  in  Clod.  et  Cur.— N'on.  Mareell.  v.  Tunica.  —  Lyd.  de  Mngist.  II,  52. 
=  ^  VaiT.  L.  L.  IX,  §  79.— Quint.  Ibid.  =  "*  Hor.  I,  S.  6,  ^  27.  — Ov.  Trist.  IV,  10,  v. 
35.  — Suet.  Aug.  58  ;  Tib.  55  ;  Claud.  24.— Acron.  in  Hor. tI^  S.  5,  v.  56.  =  9  Patcrcul. 

II,  88.  =  10  Quint.  Inst.  Orat.  XI,  5.— Suet.  Caes.  45.  =  n  Til.-Liv.  XXXIII,  12  ;  XLIII, 
16.  — Ov.  Amor.  UI,  8,v.  15.  — Hor.  II,  S.  7,  v.  53.— Plin.  XXXII!,  1.— Sil.  liai.  VIII, 
V.  675  ;  XI,  V.  534.  =  12  Plin.  Ibid.  =  '3  Plin.  XV,  4.— Til.-Liv.  IX,  46.  =  i'*  V.  Max. 
H,  2,  9.— D.  Halic.  VI,  13.  — Tac.  Ann.  III,  2.— Pers.  S.  3,  v.  29.  — Stat.  Svlv.  IV,  2, 
V.  52.  =  15  D.  Halic.  Ibid.  =  '6  Virg.  .ïneid.  VII,  v.  187.=  "  D.  Halic.'ll,  18.  = 
18  Colon.  Anio.  lab.  III.  =  «Tac.  Ann.  XIH,  27. 


'^i<>  ROMF  A(J  SIi^C^R  D'ArOUSTF. 

Iront  on  chef  la  répiibliqno\  Néanmoins,  ils  sont,  à  beaucoup  d'é- 
gards ,  sous  la  dépondance  du  sénat  -,  et  toujours  ils  lo  lurent,  au 
point  qu'autrefois  il  pouvait  les  faire  sortir  de  charge;  mais  cela  n'a- 
vait lieu  que  d'une  manière  indirecte ,  et  seulement  dans  des  circon- 
stances critiques  où  les  sénateurs  jugeaient  utile  au  bien  de  la  répu- 
blique que  tous  les  pouvoirs  fussent  concentrés  dans  une  seide 
main.  Alors  ils  ordonnaient  aux  consuls  de  se  démettre  de  leurs 
fonctions,  et  d'élire,  sous  le  nom  de.  dictateur^  ou  maître  du  peuple'*, 
une  espèce  de  roi,  investi  d'une  autorité  absolue.  Ce  souverain  se  fai- 
sait secon(l(>rpar  un  maître  de  la  chevalerie^,  qu'il  élisait  seul,  et  qui 
lui  restait  entièrement  soumise  La  dictature,  vraie  mise  en  interdit 
de  la  liberté,  ne  durait  que  six  mois  ^  Depuis  le  meurtre  de  J.  César 
elle  a  été  abolie  en  haine  de  la  tyrannie  *. 

Avant  cette  abolition,  lorsque  le  sénat  ne  voulait  point  recourir 
à  la  dictature,  il  armait  les  consuls  d'une  espèce  de  puissance  dicta- 
toriale par  un  simple  sénatus-consulte  qui  leur  ordonnait  de  prendre 
garde  que  la  république  n  éprouvât  aucun  dommage.  Ce  décret,  sans 
être  plus  explicite ,  conférait  aux  consuls  le  pouvoir  de  lever  des 
troupes,  de  faire  la  guerre,  de  contenir  dans  le  devoir,  par  tous  les 
moyens,  les  citoyens  et  les  alliés;  d'exercer  souverainement,  tant 
à  Rome  qu'au  dehors,  l'autorité  civile  et  militaire  '. 

Quand  les  affaires  suivent  leur  cours  ordinaire,  rien  d'un  peu  im- 
portant ne  se  fait  sans  le  concours  du  sénat  ou  du  peuple,  et  souvent 
de  l'un  et  de  l'autre  à  la  fois.  Le  peuple  jouit  d'un  pouvoir  immense  : 
non-seulement  il  est  consulté  sur  toutes  les  affaires,  soit  intérieures 
soit  extérieures,  mais  encore  il  élit  tous  les  magistrats,  tant  civils  que 
militaires,  et  même  les  prêtres  chargés  des  principales  fonctions  du 
culte.  Il  exerce  son  pouvoir  dans  des  Comices,  assemblées  générales 
où  il  se  réunit  tantôt  en  Tribus,  tantôt  en  Curies,  tantôt  en  Centu- 
ries, suivant  l'espèce  et  la  nature  des  affaires  ^^.  Néanmoins  le  pou- 

1  Ov.  Pont.  IV,  9,  V.  65.  —  Suet.  Calig.  26.  —  Plin.  Panegyr.  39.  =  ^  Cic.  pro  Sext. 
65.  =  3  YaiT.  L.  L.  V,  §  82.  — Cic.  de  Repub.  Il,  52  ;  de  Legib.  111,  3.— Tit.-Liv.  IV, 
13,  21,  20,  31  ;  VI,  58;  IX,  26,  elc.  —  D.  llalic.  V,  70,  —  Suel.  Tib.  2.  etc.  =  *  Cic. 
/*?(/.  — Scnec.  Ep.  108.=  3  Varr.  L.  L.  V,  §  81.— Tit.-Liv.  Il,  18;  IV,  13,  21,  31,  37; 
Vil,  12;  VIII,  12,  13,23;  XXYII,  53  ;  IX,  58.  — Senec.  Ep.  108.— Cic.  de  Legib.  111,3.— 
I).  Hàlic.  V,  73.  —Plu!,  r^  Max.  3;  Anto.  8.  =  6  Tit.-Liv.  Vlll,  32.  =  '  Cic.  de 
Legib.  111,  3.— Tit.-Liv.  II,  29;  1\,  5i,  etc.  —  D.  Halic.  V,  70;  X,  23.  —  Plut.  Camil. 
3I.-I)igesl.  I,  tit.  2,  11-.  Il,  §  18.-Dion.  XXXVl,  17  ;  XLU,  21.  =  »  Cic.  Pliilipp.  I, 
1.  —  Tit.-Liv.  Epilo.  CKVI.  —  Dion.  XLIV,  31.  —  Appian.  de  Bell.  civ.  III,  p.  880.  = 
"  Daieul  operam  coiisulcs  ne  quid  rcspublica  detrinienti  caperct.  Sali.  Calil.  29.  — 
Videret  [consul]  ne  quid  lespublica  dctrimenti  caperct.  Tit.-Liv.  III,  i.  —  Ut  \ideanl 
inagislralus  ne  quid  c>.  pciniciosis  consiliis  M.  Manlii  lespublica  delrimenli  capiat.  Jd. 
VI,  19.  ^  1"  V.  Lciiic  Vlll. 


J 


LETTRE  IV.  Ui 

voir  prépondérant  est  celui  du  sénat;  ses  attributions  balancent 
celles  du  peuple,  et  sont  véritablement  celles  d'un  roi  :  il  tient  dans 
sa  dépendance  et  sous  ses  ordres  immédiats  les  deux  ordres  de  ma- 
gistrats qui  représentent  la  puissance  romaine  au  dedans  et  au 
dehors,  les  Consuls  elles  Légats  ou  ambassadeurs  ;  suivant  sa  volonté, 
les  Consuls  peuvent  être  misa  la  tète  des  armées  *,  ou  renfermés 
dans  les  travaux  de  l'administration  intérieure^.  Les  Légats,  chargés 
de  défendre  les  intérêts  du  peuple  Romain  par  des  négociations,  et 
souvent  de  transmettre  aux  peuples  étrangers  ses  ordres  impérieux, 
n'existent  que  par  le  Sénat  :  c'est  lui  qui  les  nomme  ^;  ils  sont 
conrnie  ses  représentants,  car  il  les  choisit  dans  son  sein,  par  la  voie 
du  sort*,  et  leur  donne,  pour  les  missions  qu'il  leur  confie,  des  in- 
structions dont  ils  ne  doivent  pas  s'écarter  s. 

Je  te  parlerai  plus  tard  des  magistrats  secondaires,  chargés  de 
rendre  la  justice,  de  veiller  à  la  police  de  la  ville,  de  prendre  les  in- 
térêts et  la  défense  du  peuple,  d'administrer  les  finances,  de  gouver- 
ner les  provinces.  Je  reviens  au  peuple.  Il  y  a  dans  les  classes 
pauvres  des  plébéiens  une  espèce  de  quatrième  ordre,  que  je  ne 
qualifierai  pas  de  politique,  puisqu'il  n'agit  jamais  politiquement, 
mais  qui  néanmoins  tient  un  peu  de  cette  nature,  attendu  qu'il  est 
constitué  légalement,  et  qu'il  existe  en  vertu  de  sénatus-consultes  et 
de  constitutions  soit  de  l'Empereur,  soit  même  des  premiers  rois  de 
Rome.  Cet  ordre  se  compose  de  tous  les  artisans  réunis  en  corps  de 
métiers,  en  collèges  ®.  On  attribue  àNumacette  institution  fort  remar- 
quable. Le  désir  d'opérer  entre  les  Sabins  et  les  Romains  une  fusion 
complète,  qui  n'existait  pas  encore  lorsque  le  vœu  du  peuple  l'ap- 
pela au  trône,  lui  en  donna  l'idée.  11  y  avait  dans  Rome  deux  partis, 
deux  peuples  animés  l'un  coiitre  l'autre,  et  se  témoignant  une  aver- 
sion qui  souvent  dégénérait  en  querelles.  Numa  fit  disparaître  les 
distinctions  de  Romains  et  de  Sabins,  en  classant  tous  les  artisans 
par  corps  de  métiers  ;  en  les  réunissant,  suivant  le  genre  d'industrie 
de  chacun,  dans  des  collèges  de  musiciens,  d'orfèvres,  de  charpen- 
tiers, de  teinturiers,  de  cordonniers,  de  tanneurs,  de  forgerons  ^  de 
potiers  de  terre  ®  de  foulons,  ®,  de  pêcheurs  '",  d'ouvriers  en  ai- 

«  Cic.  in  Valin.  15.  —  Til.-Liv.  XXVI,  22;  XXX,  1,40;  XXXU,  8;  XXXVH,  l  ; 
XXXVIII,  58,  (le- Appian.  de  Btll.  riv.  I,  p  630  ;UI,  p.  909,  elr.  —  ?  Cir.  pro  riomo, 
9.  —  Sud.  Cœs.  19,  22.  =  »  Cir.  ad  Allio.  I,  18.  —  Til.-Liv.  XXXIX.  53.  =  *  Tac. 
Hisl.  IV,  8.  =  s  Til.-I.iv.  Ibiil.  =  "  l)if;csl  III,  lil.  4,  Ipr.  1,  <§  1.— i'.iuler.  p.  43,  261 
el  passim.  =  T'Iul.  Numa,  17.  — Gruler.  p.  45,  114,  261,  268.  =  "  l'Iui.— Giul. /ôirf 
—  IMin.  XXXV,  12.  =  9  l'iin.  XXXV,  17.  =  lo  Digesl.  111,  lil.  4,  leg.  1,  §  1. 

i.  16' 


2i'2  llO.Mi;  AU  .SIKCI.K  DWUGUSTK. 

raiii  ',  etc.,  qui  oublièrent  Unir  origine  pour  ne  plus  songer  qu'aux 
intérêts  de  la  comintniaulé  K  En  effet,  chaque  collège  d'artisans 
forme  une  petite  république,  qui  a  ses  finances,  et  nomrne  ^  à  la 
majorité  des  deux  tiers  des  voix  au  moins,  un  agent  ou  syndic  *, 
chargé  d'administrer  ses  affaires  et  de  veillera  tout  ce  qui  peut  inté- 
resser la  communauté  ^  Du  temps  de  l'ancienne  république,  on  se 
servait  souvent  de  ces  corporations  pour  agiter  le  peuple  dans  les 
intrigues  politiques  ". 

Mais  dans  ce  tableau  de  la  constitution  de  la  société  Romaine,  tu 
(>s  impatient  sans  doute  de  savoir  quel  rang  tiennent  les  femmes,  et 
si,  comme  nos  Gauloises,  elles  sont  consultées  sur  les  affaires  publi- 
(|ues,  prennent  part  aux  travaux  et  aux  dangers  des  hommes''?  Nul- 
lement :  loin  d'être  consultées  sur  les  affaires  de  l'Etat,  elles  n'ont 
pas  seulement  le  droit  de  traiter  seules  leurs  propres  affaires,  sans 
être  assistées  de  leur  père,  de  leur  mari,  ou,  si  elles  n'ont  plus  ni 
père  ni  mari,  d'un  tuteur,  légalement  constitué,  dont  elles  dépendent 
entièrement*.  Toutes  les  femmes,  même  celles  des  premières  classes, 
appelées  matrones  ou  mères  de  famille,  sontdans  cette  espèce  d'escla- 
vage permanent,  appelé  du  nom  de  tutelle  ^. 

Les  Romains  ont  cependant  le  plus  grand  respect  pour  les  femmes  ; 
ils  leurs  cèdent  le  sentier  dallé  dans  les  rues  ^"',  et  ne  prononcent 
jamais  une  parole  déshonnête  devant  elles  ''.  Bien  plus,  dans  le  but 
unique  de  protéger  davantage  leur  honneur,  et  afin  que  l'on  n'ait 
pas  même  le  prétexte  de  porter  la  main  sur  leur  personne,  une  loi 
défend  d'employer  la  violence  pour  les  faire  comparaître  en  justice 
lorsqu'elles  y  sont  citées  ^^  Ce  respect  va  si  loin,  que  personne  ne 
peut  obliger  à  descendre  de  char  un  homme  qui  s'y  trouve  avec  une 
femme  **. 

Autrefois  les  Romaines  ne  vivaiCTît  guère  que  dansl'intérieurde  leurs 
maisons.  Les  vieux  annalistes  rapportent  que  les  Sabins,  lorsqu'ils 
consentirent  à  laisser  leurs  filles  aux  Romains,  firent  promettre  à  ces 
derniers  qu'elles  ne  seraient  jamais  employées  qu'à  filer  la  laine  '\ 

1  Gruler.  p.  264.  ==  2  piut.  Numa,  17.  =  »  Digest.  UI,  lit.  4.  leg.  1,  §.  1.--  *  Ibid. 
leg.  5.  =  »  Ibid.  les.  1,  §  l-  =^  Uion.  XXXVIII,  13.  —  Naudel,  de  la  Police  rhez  les 
Hom.  p.  71,  I.  IV  des  mém.  de  l'Acad.  des  sciences  morales.  =  "^  Slrab.  IV,  p.  197  ;  ou 
66,  tr.  fr.  —  IMul.  de  Viil.  fem.  p.  12.  — l'oljaen.  Slralag.  VII,  33.  =  »  Llpian.  lit.  11, 
g  23,  27  ;  lit.  20,  §  13.  =  ^  Id.  lil.  11,  §  1.  —  Gaii,  I,  §  144.  —  Cic.  pro  Muren. 
12  ;  pro  Flacc.  34,  33.— Ïil.-Liv.  XXXIV,  2,  7.  — Dion.  XLIX,  38.  =  '«  Sanxil  Senalus 
uli  fcminis  semila  viii  cedercnl.  V.  Max.  V,  §2,  1.  =  "  Ibid.  —  Pliil.  Komul.  20. 
~  12  V.  Max.  II,  1,  5.  —  Fest.  v.  malionee.  —  Plut.  Ibid.  —  "  Fesl.  Id.  =  i'-  Plul. 
Komul.  19. 


LETTRE  IV.  2/k) 

Ce fiiteffectivommit là,  pondant plusionrs si(>clrs, loiir nroupation piin- 
cipale.  Renfermées  dans  la  partie  centrale  de  la  maison,  avec  leurs 
esclaves,  elles  les  faisaient  travailler  sous  leurs  yeux,  donnant  elles- 
mêmes  l'exemple  de  l'adresse  et  de  l'assiduité  ^  Elles  confectionnaient 
aussi  les  habits  de  leurs  époux.  Aujourd'hui  quelques  matrones,  quel- 
ques mères  de  famille,  surtout  dans  les  maisons  peu  riches^,  sont 
encore  fidèles  aux  anciennes  mœurs  ^;  mais  la  plupart  des  femmes 
dédaignent  ces  occupations  et  les  abandonnent  à  leurs  esclaves  *. 
D'autres  font  venir  de  Padoue  des  étoffes  toutes  confectionnées^; 
des  foulons  les  apprêtent®,  au  moyen  de  certaines  préparations 
crétacées ^  de  fumigations  de  soufre,  qui  les  rendent  plus  moelleuses 
et  plus  blanches*,  et  des  sarcinateurs^ ,  des  sarcinatrices  ^°  ou  ves- 
tifices  les  convertissent  en  vêtements  ",  sans  que  les  matrones  ou  les 
mères  de  famille  y  aient  seulement  mis  la  main.  Elles  ont  cepen- 
dant sous  les  yeux  un  illustre  exemple,  celui  de  la  famille  impériale  : 
l'empereur  ne  porte  jamais  chez  lui  que  des  habits  filés  par  sa 
femme,  sa  sœur,  sa  fille  ou  ses  nièces ^^, 

Que  font  donc  les  Romaines  ?  Elles  perdent  leur  vie  dans  des  fu- 
tilités :  elles  passent  le  temps  dans  les  festins,  dans  les  lieux  publics 
où  l'on  donne  des  fêtes,  car  elles  ne  sont  point  bannies  de  la  société 
des  hommes  ;  elles  reçoivent  chez  elles  des  visites  *^  sans  utilité,  s'oc- 
cupent beaucoup  de  leur  parure  ^*,  s'amusent  à  élever  de  petits 
chiens '^  des  oiseaux*®;  jouent  avec  des  nains  qu'elles  achètent";  se 
font  distraire  par  des  pantomimes**;  chantent  des  chansons  égyp- 
tiennes'^, dansent^",  jouent  aux  échecs  ou  aux  dés^S  ou  bien  encore 
travaillent  à  quelque  broderie  à  l'aiguille  ^^  et  font  des  lectures  prin- 
cipalement choisies  parmi  les  poésies  érotiques^^  Cette  vie  oisive  les 
rend  un  peu  indiscrètes-*.  Néanmoins  rien  de  plus  aimable  que  leur 
conversation  ;  tantôt  modeste  ou  délicate,  tantôt  libre,  suivant  leur 
âge  ou  leur  caractère,  elle  est  toujours  pleine  de  grâce  et  souvent 

»  Tit.-Liv.  I,  57.  —  Ov.  Fasl.  II,  v.  740.  -  Tlin.  VIII,  48.  =  2Yirg.  ^neid.  VIII,  v. 
408.  =  3  Hor.  II,  od.  18,  v.  8.— Columel.  XU,  prœf.  =  ^  Propert.  IV,  7,  v.  57.— Senec. 
Coiilrov.  Il,  7.— Pelron.  152.-  Columel.  Xll,  prœf.  =  »  Slrab.  V,  p.  215,  218;  ou  120, 
141,  tr.  fr.— Mart.  XIY,  145.  =  6  Digest.  XII,  lit.  7,  leg.  2.— Instit.  III,  lit.  25,  g  1  ; 
IV,  Ut.  1,  g  15.=  '^Plin.  XXXV,  17.  =8  /i,^.  et  15.  —^  Sarcinatores.  Instit.  Ibid 
=  ">  Sarcinatiices.  Gruler.  p.  580,  1117.  —  i'  Yeslificae.  Id.  p.  578.  =  12  Suet.  Aug. 
73.  =  13  c.  Nep.  praïf.  =  1*  V.  Max.  IX,  1,  5.— Columel.  XII,  prœf.  =  <5  Cic.  de  Divin. 

I,  46.— Propert.  IV,  5,  v.  55.— V.  Max.  I,  5,  3.— Plut.  P.  ^mil.  10.— Mart.  XIV,  198.= 
iscatul.  2,  3.  =!■'  Plin.  VII,  16.  =  1»  Plin.  VU,  Ep.  24.  =  i»  Ov.  Art.  am.  III,  v. 
315.  =20  Sali.   Catil.  25.  =  21  Plin.    VII,   Ep.  24.  =  22  Gall.  1,  v.  48.  =  23  Ov.  Trist. 

II,  v.  370;  Art.  am.  III,  v.  529.— Propert.  I,  7,  v.  11  ;  III,  1,  v.  48  ;  7,  v.  45.  =  2*  Plut. 
Cato.  maj.  9. 


244  ROMR  Alî  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

(ronjoiicmonl '.  En  raison  de  leur  vio  domostiquo,  commo  oUes  on- 
lendonl  moins  parler,  elles  conservent  mien\  que  les  hommes  la 
pureté  de  l'ancien  accent,  et  gardent  plus  facilement  leurs  premières 
habitudes  de  langage  -. 

Quoiqu'une  législation  injuste  et  bizarre  ait  banni  les  femmes  des 
affaires  publiques,  elles  ont  néanmoins  souvent  trouvé  moyen  d'y 
prendre  une  part  indirecte.  «  Les  autres  hommes  commandent  à 
leurs  femmes,  disait  le  vieux  Caton,  dans  le  siècle  dernier,  nous  à 
tout  le  reste  des  hommes,  et  nos  fenmies  à  nous\  »  Il  disait  vrai  en 
riant.  En  effet  les  Romaines  douées  de  quelque  force  de  tête,  de  quel- 
que vigueur  de  caractère,  se  sont  toujours,  sous  le  nom  de  leurs  ma- 
ris, immiscées  dans  le  gouvernement  de  la  république  :  Sylla,  ce 
vigoureux  despote,  avait  laissé  prendre  à  Métella  sa  femme  un  tel 
empire  sur  lui,  que  c'était  un  fait  public,  au  point  qu'un  jour  le 
peuple  de  Rome  appela  hautement  Métella  pour  qu'elle  obtînt  le 
rappel  des  bannis  du  parti  de  Marins  obstinément  refusé  par  Sylla''. 
Cicéron  se  laissait  diriger  par  sa  femme  Térentia;  ce  fut  elle  qui  le 
poussa,  dit-on,  à  faire  exécuter  les  complices  de  Catilina*.  Fulvie, 
épouse  d'Antoine,  était  l'âme  du  triumvirat  ^,  et  plus  d'une  fois  il  est 
arrivé  à  l'empereur  de  prendre  conseil  de  sa  femme  Livie  ''. 

Ces  exemples  sont  maintenant  plus  rares  qu'autrefois,  et  Ton  peut 
dire  des  femmes  d'aujourd'hui  qu'en  général  elles  mènent  un  genre 
de  vie  inutile  à  leurs  maris  et  à  leurs  enfants,  et  nullement  profitable 
à  la  république.  Leur  dédain  des  soins  domestiques,  l'éloignement  où 
on  les  tient  des  affaires,  sous  prétexte  de  la  faiblesse  de  leur  sexe*, 
sont  quelquefois  pernicieux  aux  mœurs  ;  beaucoup  d'entre  elles 
tournant  vers  les  passions  l'activité  de  leur  esprit,  oublient  leurs  de- 
voirs d'épouses  jusqu'à  former  des  liaisons  illicites.  Tl  y  en  a  qui  tra- 
fiquent pour  ainsi  dire  de  leur  affection,  et  cherchent  dans  une  cou- 
pable intrigue,  non-seulement  des  émotions  pour  leur  cœur  dépravé, 
mais  un  secours  généreux  pour  leur  luxe  et  leur  coquetterie  *. 

Ces  nobles  romaines^  qui  déshonorent  leur  stole  me  rappellent 
une  classe  de  femmes  dont  j'avais  résolu  d'abord  de  ne  pas  te  parlei-, 
parce  qu'elles  forment  dans  Rome  comme  une  population  étrangère  ; 
ce  sont  les  Courtisanes;  mais  en  les  laissant  de  côté,  le  tableau  que 
j'essaie  serait  plus  qu'incomplet,  il  serait  infidèle,  car  elles  sont  très- 

1  Sali.  Catil.  23.  =  -  Cic.  de  Orat.  UI,  12.  =  3  Plul.  Calo  maj.  8  ;  Apolliegm.  p. 
7'<8.  =  *  Jd.  Svll.  6.  =  5  fd.  Cic.  20.  =  «  Id.  Anlo.  10.  =  7  Sonro.  <Ip  r.lcmeni.  I,  9. 
—  SiK'l.  Aiiu'.  S'k  =  »  V.  M.1V.  1\,  I.  r..  =  ■'  Sali.  Calil.  25.  2'i. 


rKTTUt;  IV.  '2\:^ 

iiuinbi'ciises'.  D'ailKnas  la  position  de  ces  l'cmines  élan!  réglée  par 
lt!slûis,ellesappartiennentaussiàlaconstilu(ion  politique  de  la  société. 

Les  courtisanes  sont,  pour  la  plupart,  des  affranchies  ou  des  étran- 
gères^; à  ce  titre  elles  seraient  déjà  peu  considérées;  mais  leur  vie 
ignoble,  infâme,  leur  caractère  vil  et  intéressé*,  les  placent  au  der- 
nier degré  de  l'échelle  sociale,  et  ce  sont,  en  général,  les  créatures 
les  plus  méprisées  et  les  plus  méprisables.  Néanmoins,  dans  le  nombre, 
certaines  se  tirent  de  pair  par  leur  beauté  \  par  les  charmes  de  leur 
esprit,  par  leurs  talents;  beaucoup  savent  marier  leur  voix  aux  ac- 
cords d'une  lyre  qu  elles  font  résonner  elles-mêmes  %  et  déployer 
mille  grâces  dans  les  danses  les  plus  séduisantes^  Quelques-unes 
sont  comédiennes  ''.  Avec  ces  qualités,  elles  captivent  souvent  des 
personnages  distingués  ^  séduisent  des  poètes  qui  les  immortalisent 
sous  des  noms  empruntés  ^  et  se  font  aimer  par  les  jeunes  gens  des 
meilleures  familles"'.  On  recherche  leur  société  ;  elles  jouissent  des 
relations  de  leurs  amanis,  qui  souvent  le  soir,  après  les  affaires  du 
Forum,  viennent,  en  compagnie  d'amis,  causer  et  se  délasser  chez 
elles  ".  Cela  leur  procure  une  influence  réelle  dont  elles  usent  quel- 
quefois pour  protéger  ceux  qu'elles  aiment,  et  leur  faciliter  la  car- 
rière des  honneurs '^  Ces  liaisons  sont  si  ordinaires,  qu'il  semble  qu'un 
jeune  homme  doive  aux  courtisanes  les  prémices  de  son  cœur.  Parmi 
ces  misérables  femmes  dont  la  tendresse  mercenaire  n'est  nullement 
exclusive,  on  en  trouve  quel([uefois  qui  s'éprennent  sincèrement,  et 
portent  dans  leur  liaisons  illicites  une  délicatesse  dont  on  ne  croirait 
pas  leur  cœur  susceptible;  en  voici  un  exemple  assez  remarquable. 

Une  courtisane  nommée  Flore  aimait  passionnément  Pompée.  Un 
ami  de  ce  dernier  devint  amoureux  d'elle,  et  la  pressa  avec  tant  de 
persévérance  et  si  vivement  de  répondre  à  son  amour,  qu'elle  finit 


1  Plaut.  Trucul.  I,  1,  v.  45  =  2  Cic.  Philipp.  H,  2-4.  —  Ov.  Ait.  am.  UI,  v.  61.">  — 
l'iut.  Sylla,  2;  de  fort.  Rom.  p.  263.  — Serv.  iriVirg.  Eglo.  10,  v.  1.  =  3  Ov.  Amor.  1,  8, 
V.  10,  passim.  —  Hor.  1,  ep.  17,  v.  55.  —  l'iopeil.  11,  18,  v.  39  ;  UI,  11,  v.  1  ;  IV,  5, 
V.  19.— Plaut.  Asin.  I.  3,  v.  25;  Trucul.  prolog.  v.  12;  I,  1,  v.  10;  11,  1,  v.  14  ;  Cislell. 
I,  1,  V.  98.  — Tcreiit.  Kunuch.  V,  4,  v.  12.— Mart.  X,  73  ;  XI,  30  ;  Xll,  53.  — Fesl.  \. 
clecebiœ.  =:  *  Plut.  Lucull.  6  ;  Ponip.  2.  =  3  Hor.  Il,  od.  11,  v.  22  ;  111,  od.  9,  v.  9. 
—  Piopeil.  I,  2,  V.  27  ;  11,  1,  y.  9,  29;  20,  v.  21,  25.  —  Ov.  Art.  ani.  III,  v.  319  ; 
Uemed.  amor.  v.  533,  356.— Sali.  Catil.  25. =  6  i>,opert.  H,  2,  v.  27.  — Ov.  Art.  am. 
III,  V.  349;  Uemed.  amor.  v.  334.  — Sali.  Ibid.  =  1  Cic.  ad  Atlic.  IV,  13.  — Hor.  I,  S.  2, 
V.  55;  S.  10,  V.  76. -Serv.  in  Virg.  Eglo.  10,  v.  6.  =8Cic.  /(/.  X,  10  ;  Kp.  famil. 
IX,  26;  Philipp.  ]|,  21.—  Plin.  VIU,  16.— Plut.  Sylla,  2;  Lucull.  6;  Pomp.  2;  de  fort. 
15oin.  p.  265.  =  «  Hor.  —  Properl.  —  GM.  —  Caiull.  passim.  —  Ov.  Trist.  IV,  10.  — 
Serv.  in  Virg.  Eglo.  1,  v.  1.  —  Porphyr.  in  Hor.  Epod.  3,  v.  8.  —  Ov.  Amor.  I,  H, 
V.  10  ;  Art.  am.  III,  v.  535  ;  Trist.  Il,  v.  427;  IV,  10,  v.  60.  — -  i»  llor.U,  od.  8.  — 
Properl.  Il,  2,  V.  43.  =  iil'alul.  10.=::  npiul.  Svlla,  2;  Lucull. 6;dc  Fort.  Hom.  p.  265. 


246  HOME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

par  lui  dire  :  «  Que  Pompée  le  permette.  »  Pompée,  soit  pour  com- 
plaire à  son  ami,  soit  plutôt  qu'il  craignît  de  paraître  attacher  trop 
d'importance  à  l'amour  d'une  courtisane,  consentit,  et  Flore  céda. 
Elle  aurait  dû  deviner  que  son  illustre  amant  n'avait  permis  l'infi- 
délité que  parce  qu'il  se  croyait  assez  aimé  pour  être  désobéi;  mais 
la  malheureuse  pensa  avec  une  certaine  délicatesse,  qui  ne  peut,  il 
est  vrai,  se  rencontrer  que  dans  les  femmes  de  sa  condition,  que  la 
chasteté  du  cœur  devait  suflire  à  celui  qu'elle  préférait.  Pompée, 
quoiqu'ill'aimât  toujours,  la  regarda  désormais  comme  indigne  de 
lui,  et  cessa  même  de  lui  parler'.  Alors  la  pauvre  Flore  éprouva 
toute  la  vérité  de  cette  maxime,  que  l'amour  offre  la  douceur  du  miel 
miie  à  l'amertume  du  fiel  *.  L'indifférence  du  grand  citoyen  dont  elle 
avait  possédé,  et  trahi  naïvement  l'affection,  lui  causa  tant  de  dou- 
leur et  de  regrets,  qu'elle  en  fit  une  longue  et  dangereuse  maladie  ^. 

Je  ne  parle  ici,  mon  cher  Induciomare,  que  des  courtisanes  un 
peu  relevées,  des  Meretrices^.  11  y  en  a  d'autres,  véritables  Vénus 
plébéiennes ^  tellement  misérables,  tellement  dégradées*,  qu'il  fau- 
drait pour  les  trouver  s'enfoncer  jusque  dans  la  fange  des  rues  de  la 
ville'',  et  je  ne  m'en  sens  pas  la  force  :  J'ai  puisé  jusqu'à  la  lie',  mais 
il  ne  faut  pas  la  remuer. 

Au  surplus  cette  distinction  faite  par  l'usage,  par  les  mœurs,  si  ce 
n'est  profaner  un  tel  mot  que  de  s'en  servir  ici,  disparaît  devant  la 
loi  qui  tient  toutes  les  courtisanes  pour  infâmes.  Jugées  indignes  de 
protection,  elles  sont  sans  tuteurs,  ce  qui  les  empêche  de  faire  aucun 
acte  légal  ^.  Une  réprobation  perpétuelle  pèse  sur  elles,  et  dehors, 
afin  que  tout  le  monde  les  reconnaisse,  on  leur  interdit  la  coif- 
fure des  honnêtes  femmes '",  les  cheveux  longs",  ainsi  que  les  habil- 
lements de  leur  sexe  :  elles  doivent  porter  la  toge  comme  les  hom- 
mes'^  et  une  mitre '^  peinte  de  diverses  couleurs**.  L'espèce  de 
moralité  d'un  pareil  règlement  accuse  l'immoralité  des  mœurs; 
il  prouve  que  le  législateur  s'est  vu  contraint  de  tolérer  le  mal,  au 
lieu  de  l'attaquer  dans  sa  racine ,  en  chassant  de  la  république  les 
courtisanes  qui  la  déshonorent,  qui  la  souillent  et  la  pervertissent. 

1  Plut.  Ponip.  2.  =  2piaut.  Cistell.  T,  1,  v.  71.  =  »  Plut.  Ihiâ.  =  *  Non  Marcell.  v. 
flfierclricem.  =  ^  Mail.  U,  55.  =6  >;on.  Marcel.  Id.  —  Fosl.  v.  alicaria;  et  Diobolares. 
=  ■?  PropcMt.  II,  18,  V.  71.  =  8  II,  quklem  de  fœce  hauris.  Gif.  Rrul.  69.  =  '  Tit.-Liv. 
XXXIX,  9,  19.  =  i«  Ov.  Art.  am.  lU,  v.  485.  =  n  Plaul.  Moslcll.  I,  1,  v.  69.  =  12  Cic. 
Philipp.  II,  18.  —  Hor.  I,  S.  2,  v.  65,  82.  —  Juv.  S.  2,  v.  90.  —  Mart.  Il,  59  ;  VI,  64  ; 
X,  32,  =  li  Juv.  S.  5,  V.  66.— Sc'iv.  in  .Eacitl.  IV,  v.  216.  =  iM'icla  milia.  Juv.  Ibid. 


À 


LETTRE  V. 


LE     CUAMP-DE-MAnS. 


Voici  la  seconde  lettre  que  je  te  promis  sur  la  topographie  de 
Rome,  lorsque  je  t'ai  parlé  du  Forum  romain.  Je  le  répète,  il  est  très- 
important  pour  rintelligence  de  mes  récits  que  tu  connaisses  le 
Cliamp-de-Mars,  cet  autre  lieu  de  la  vie  publique  et  privée  des  Ro- 
mains, où  ils  agissent  presque  autant  que  sur  l'autre. 

A  l'occident  de  la  ville,  derrière  le  mont  Capitolin  et  le  mont  Qui- 
rinal,  en  dehors  des  murs,  on  trouve  un  immense  quartier  bas  et 
plat,  k  demi  enveloppé  par  le  Tibre,  et  appelé  la  région  du  Cirque 
FlaminiusK  Une  partie  seulement,  celle  qui  avoisine  le  Capitolin,  a 
des  constructions  ;  l'autre ,  baignée  par  le  fleuve,  est  à  l'état  de 
plaine:  c'est  le  Champ-de-Mars- .  Originairement  toute  la  région 
n'était  qu'une  prairie  où  l'on  élevait  des  chevaux,  et  dans  laquelle  la 
jeunesse  romaine  venait  s'exercer  au  maniement  des  armes,  aux  évo- 
lutions et  aux  rudes  travaux  de  la  guerre,  d'où  lui  vint  le  nom  de 
Champ-de-Mars  ^.  Quand  Rome  déborda  ses  murs,  ce  champ  sacré 
demeura  longtemps  intact;  mais  enfin,  un  peu  avant  le  milieu  du 
cinquième  siècle,  quelques  monuments  y  furent  élevés.  Celte  inva- 
sion continua  pendant  le  sixième  siècle,  et  prit  une  telle  extension 
pendant  le  septième,  et  surtout  de  nos  jours,  que  maintenant  la  plaine 
de  Mars  contient  un  magnifique  quartier*,  espèce  de  ville  neuve 
plus  belle,  plus  splendide  que  l'ancienne,  parce  qu'on  n'y  voit  que 
des  édifices  publics,  et  point  de  maisons  particulières*. 

La  région  du  Cirque  Flaminius  se  rattache  à  Rome  par  des  cou  - 
structions  qui,  bien  que  hors  des  murs,  appartiennent  à  une  région 
de  l'intérieur  :  ce  sont  le  Forum  Olitorium^  ou  marché  aux  légumes, 
au  bas  de  la  partie  méridionale  du  mont  Capitolin  ;  et  vis-à-vis,  trois 
petits  temples  contigus  consacrés,  l'un  à  Junon-Matute,  l'autre  à 
l'Espérance,  et  le  troisième  à  la  Piété®. 

Immédiatement  après  ces  temples  et  ce  Forum,  on  entre  dans  la 
région  Flaminienne.  Elle  s'annonce  par  une  série  de  monuments, 

1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  IX"  rég.  —^Ibid.  n"  196.  =  3'd.  Halic.  V,  13.  — 
*  Descript.  de  Rome,  p.  159.  =  5  Plan  et  Descript.  de  Hoinc,  n"  2C1.  =  "  Ibid.  n"  2C3. 


-ii.s  KoiMi:  AU  sikci.l:  d  auguste. 

un  llléAtrc  «iiii  porte.'  h;  nom  dtî  Marcellus',  neveu  de  I  (-nipeit.nr; 
deux  temples,  l'un  consacre  au  dieu  du  jour,  Ai)ollon  -,  l'autre  à  I5el- 
Ione\  déesse  de  la  guerre  ;  un  portique  appelé  du  nom  d'Octavie', 
sœur  de  l'empereur,  et  un  Cirque,  longue  lice  entourée  de  gradins 
de  pierre,  close  de  nnu's  à  plusieurs  étages  percés  en  portiques,  (yest 
le  Cirque  Flaminius  ^  auquel  la  région  doit  son  nom,  et  qui  lui- 
même  n'a  été  ainsi  appelé  que  parce  qu'il  s'élève  dans  un  ancien  pr(; 
du  consul  Flaminius. 

En  s' avançant  vers  l'occident  on  rencontre  deux  autres  théâtres 
comme  ci^lui  de  Marcellus  :  le  théâtre  de  Cornélius  Balhus^  et  celui 
de  Pomp(''('\  Il  y  a  aussi  le  Portique  de  Pompée*,  Vllecatonstylon 
ou  Portique  aux  cent  colonnes^,  le  Portique  corinlliien^'^ ,  et  d'autres 
encore. 

A  l'orient,  un  peu  au-dessous  du  Cirque  Flaminius,  on  voit  la 
\  illapuhlica^^,  grande  et  somptueuse  maison  avec  des  cours  entou- 
rées de  galeries.  Dans  cette  prétendue  maison  des  champs  le  peuple 
Romain  donne  l'hospitalité  aux  ambassadeurs  des  peuples  ennemis 
(|u'on  ne  veut  pas  admettre  dans  Rome.  La  Villa  puhlica  sert  aussi 
pour  certaines  réunions  du  peuple. 

Près  de  là  sont  les  Septa  Julia  '-,  immenses  portiques  particulière- 
ment destinés  aux  assemblées  populaires. 

Je  parcours  la  ville  Flaminienne  sans  presque  m'arréter;  je 
nonuue  seulement  en  passant  les  édifices  principaux  qui  peuvent 
servir  comme  de  jalons  dans  la  description  topographique  que  j'ai 
entreprise  ;  plus  tard  je  te  les  ferai  connaître  avec  quelque  détail  ; 
mon  but  n'est  aujourd'hui  que  de  te  donner  une  idée  générale  du 
Champ-de-Mars.  Je  ne  puis  cependant  m' empêcher  de  faire  une 
exception  pour  deux  ou  trois  monuments  qui  d'ailleurs  sont  encore 
de  véritables  guides  pour  ma  topographie. 

Le  premier  est  le  Panthéon^^,  magnifique  temple  que  je  nommerais 
volontiers  le  roi  du  Champ-de-Mars,  tant  il  surpasse  les  autres  mo- 
numents par  la  beauté,  la  masse  et  la  hardiesse  de  sa  construction. 
11  s'annonce  par  un  péristyle  de  cent  dix  pieds  de  largeur  sur  plus  de 
quatre-vingt  {")  de  profondeur,  composé  de  seize  colonnes  de  granit 
gris.  Elles  sont  d'un  seul  bloc,  et  ont  plus  de  treize  pieds  de  circon- 

1  Plan  et  Descript.  de  Uome,  ii"  lii.  =  '^  Ihid.  ii"  U9.  =  »  Ibid.  n"  148.  =  ''  Ibid. 
i^»  {oO.  =■'  Ihid.  U)3.  =  « //^iti.  Il'  \i(i.  ='' Ihid.  il»  156.  =  « //>if/.  li»  160.= 
w  Ibid.  n«  161.  =  1"  Ibid.  ii"  i:,\.  =  n  Ibid.  ii"  168.  =  '^  Ibi  !.  n"  177.  =  i*  Ibid. 
Il"  180.  (")  35  niètr.  50  sur  25  i!;t'ii-. 


férciiœ  siii'  (luuraiilc-scpl  au  moins  de  liaiiteiir  ("j,  y  compris  leurs 
bases  et  leurs  cha[)iteaux  en  marbre  blanc.  Les  chapiteaux  repré- 
sentent un  buisson  de  feuilles  d'acanthe  sortant  du  haut  de  la  coloime 
connue  d'un  tube.  Les  feuilles,  disposées  en  rangs  superposés,  se 
courbent  un  peu  par  leurs  extrémités,  dans  les  intervalles  les  unes 
des  autres,  comme  si  elles  fléchissaient  sous  le  poids  des  épistyles. 
C.ctte  décoration  gracieuse,  élégante  et  légère,  a  été  inventée  par  les 
Grecs;  on  l'appelle  ordre  corinthien.  Les  colonnes,  rangées  par  huit 
de  front,  et  trois  de  profondeur  pour  le  dernier  et  le  deuxième  avant- 
dernier  rang  des  extrémités  latérales,  supportent  un  majestueux 
fronton,  dont  le  tympan  est  décoré  d'un  bas-relief  en  airain,  le  faîte, 
d'un  quadrige  et  de  statues  de  même  métal,  et  la  frise,  de  l'inscrip- 
tion suivante,  en  grandes  lettres  saillantes,  également  en  airain  : 

M.    ACiRIPPA.    L.    F.    COS.    TERTIVM    FECIT. 

C'est-à-dire  :  Fait  par  M.  Agrippa,  fils  de  Lucius ,  consul  pour 
la  troisième  fois. 

Agrippa,  ministre  de  l'empereur,  bâtit  ce  temple  en  l'honneur  de 
Jupiter-Vengeur,  et  l'on  pourrait  dire  aussi  d'Auguste,  dont  il  dési- 
rait placer  la  statue  colossale  auprès  de  celle  du  roi  des  dieux  :  mais 
le  prince  ne  le  voulut  pas,  et  permit  seulement  que  son  image  fût 
mise  sous  le  péristyle.  On  l'y  voit  en  effet  dans  une  niche  à  droite 
de  la  porte  d'entrée,  en  parallèle  du  simulacre  d' Agrippa  lui-même, 
qui  occupe  une  pareille  niche  à  gauche.  La  statue  d'Auguste  tient 
une  lance  en  guise  de  sceptre. 

Traversons  Taire  dallée  qui  est  devant  l'édifice  ;  montons  les  sept 
degrés  qui  conduisent  au  péristyle  ;  franchissons  la  porte  dont  le 
double  battant  d'airain  ciselé  demeure  ouvert  à  tout  le  monde  : 
nous  voici  dans  le  temple.  Il  est  circulaire,  et  couvert  par  une  cou- 
pole dont  la  forme,  empruntée  à  la  voûte  céleste,  a  valu  au  monu- 
ment le  nom  de  Panthéon,  comme  destiné  à  être  la  demeure  de 
tous  les  dieux.  Ses  proportions  sont  celles  d'un  globe  :  il  a  cent 
quarante-six  pieds  C")  de  diamètre,  et  autant  de  hauteur.  Sa  cou- 
pole repose  sur  un  mur  de  vingt-cinq  pieds  d'épaisseur,  dans  lequel 
sont  ménagés  sept  édicules,  quatre  dont  le  fond  se  termine  carré- 
ment, et  trois  semi-circulaires;  la  porte  d'entrée  occupe  l'emplace- 
ment d'un  quatrième.  Une  statue  d'airain,  d'argent,  d'or,  ou  d'ivoire 


[")  l'«  iiR'Ir.  064.  Mesures  prises  sur  la  restauratron  de  M.  Isabelle,  L:difices  circu- 
/aires  cl  Dômes.  Home,  pi.  1-J-lG.  ('')  45  mèlr.  iOS. 


250  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

décore  chaque  édicule.  Jupiter  occupe  celui  qui  fait  face  à  la  porte, 
et  qui  est  un  peu  plus  ^land  que  les  autres. 

Deux  colonnes  en  marbre  jaune,  cannelées,  hautes  de  plus  de 
trente-sept  pieds  ("),  avec  des  chapiteaux  corinthiens  en  airain 
de  Syracuse ',  séparent  chaque  édicule  de  l'enceinte  circulaire  du 
tenq)le.  Elles  supportent  un  entablement  de  marbre  blanc,  qui 
rèp;ne  tout  autour  de  l'édifice,  et  que  rehausse  une  frise  de  por- 
pliyre.  Un  atlique  de  marbre,  dans  lequel  sont  quatorze  niches  car- 
rées, ornées  de  chambranles  et  de  frontons,  avec  des  cariatides 
d'airain  dans  leurs  intervalles^,  surmonte  cet  entablement.  De  là 
s'enlève  la  voûte,  au  centre  de  laciuelle  existe  une  ouverture  de 
trente-trois  pieds  ('')  de  diamètre,  par  où  l'on  aperçoit  le  ciel. 

Agrippa  n'a  rien  épargné  pour  rendre  le  Panthéon  d'une  magni- 
ficence achevée  :  à  l'intérieur  et  sous  le  péristyle  les  murs  sont 
revêtus  de  marbre  blanc,  et  partout  le  sol  est  dallé  de  carreaux  de 
marbre  jaune  et  de  marbre  blanc  veiné  de  violet,  et  de  grands  ronds 
de  porphyre  de  plus  de  huit  pieds  de  diamètre.  Il  a  prodigué  l'ai- 
rain et  au  péristyle,  et  à  la  voûte,  et  à  l'œil  de  la  voûte,  qui  est  garni 
d'un  cercle  de  ce  métal  doré,  façonné  à  son  bord  inférieur  comme 
une  grande  couronne  de  chêne.  Cent  quarante  rosaces  d'airain,  do- 
rées aussi,  brillent  dans  la  coupole,  et  décorent  cinq  rangs  de  cais- 
sons carrés,  dont  les  plus  grands  ont  près  de  quinze  pieds  sur 
treize  ('-). 

Le  dôme  est  couvert  de  lames  d'airain  doré^,  et  le  comble  du 
péristyle,  de  dalles  de  marbre.  Elles  reposent  sur  des  poutres  d'ai- 
rain, revêtues  en  dessous  de  grandes  tables  de  même  métal,  courbées 
en  voûte,  et  enrichies  d'une  multitude  d'ornements  d'argent  sur  un 
fond  d'or*.  L'un  des  entrepreneurs*  de  ce  merveilleux  monument 
m'a  assuré  que  l'airain  employé  au  péristyle  seulement,  formait  un 
poids  de  plus  de  quarante-cinq  millions  de  livres  *! 

Le  Panthéon  se  trouve  à  l'extrémité  septentrionale  de  la  partie 
bâtie  de  la  région  Flaminienne.  En  sortant  de  ce  temple  on  descend 
dans  le  Champ-de-Mars  proprement  dit,  où  les  regards  sont  attirés 
par  le  Gnomon"'  et  le  Mausolée^. 

Le  Gnomon,  qu'on  rencontre  d'abord  est  une  horloge  solaire  qui 
ne  marque  que  le  midi,  et  particulièrement  celui  des  solstices  d'hi- 

1  Plin.  XXXIV,  3.  =  2  Id.  XXXVl,  3.  =  3  Paul.  Diac.  V,  c.  2,  13.  —  Muratori, 
Clironic.  farfens.  el  Chronic.  cassiehs.  =  *  Rcdemptor.  =  s  Plan  et  Descripl.  de  Rome 
n»  194.  =  6  Ibid.  Il»  185.  («)  10  mclr.  930.  {>>)  8  môlr.  993.  (c)  h  m.  02,  sur  5  m.  87. 


LETTRE  V.  251 

ver  et  d'été,  celui  des  équinoxes,  et  la  longueur  comparative  du  jour 
:  et  de  la  nuit  à  ces  époques.  Il  se  compose  d'un  grand  obélisque  mono- 
lithe, de  soixante- treize  pieds  neuf  pouces  de  haut  (") ,  en  granit  rose. 
A  sa  base,  du  côté  du  septentrion,  s'étend  une  étroite  et  longue  espla- 
nade en  marbre  blanc,  dans  laquelle  sont  incrustées  des  règles  d'airain 
dorées,  servant  aux  indications  que  je  viens  de  dire,  quand  elles  re- 
çoivent l'ombre  de  l'obélisque,  fortement  accusée  par  un  globe  d'airain 
qui  le  surmonte.  Au  solstice  d'hiver,  l'ombre  atteint  l'extrémité  de 
l'esplanade;  le  jour  du  solstice  d'été  celle  du  globe  est  ramassée  sur 
elle-même,  et  l'obélisque  éclairé  sur  ses  quatre  faces.  Cette  gigan- 
tesque méridienne  est  un  ouvrage  tout  récent  de  l'empereur  ;  il  a 
fait  apporter  d'Egypte  Fobélisque  qui  sert  de  style,  et  dont  toutes 
les  parois  sont  sillonnées  de  figures  contenant,  dit-on,  l'interpréta- 
tion de  la  nature  selon  la  philosophie  des  Egyptiens.  Ce  monolithe 
repose  sur  un  piédestal  également  de  granit,  qui  a  près  de  quinze 
•pieds  de  haut,  et  autour  duquel  règne  un  banc  de  marbre  blanc. 

À  quelque  distance  du  Gnomon  s'élève  le  Mausolée  ',  tombeau  que 
l'empereur  a  fait  construire  pour  lui  et  sa  famille,  il  y  a  cinq  ou  six 
ans.  Représente-toi  une  grosse  tour  ronde,  d'environ  trois  cent  qua- 
rante pieds  ('')  de  diamètre  à  sa  base,  d'autant  de  hauteur,  et  repo- 
sant sur  un  soubassement  carré.  Elle  est  divisée  en  trois  étages  ou 
gradins  concentriques,  dont  les  diamètres  vont  en  diminuant.  L'es- 
pace laissé  par  chaque  retraite  forme  un  encaissement  rempli  de  terre, 
et  planté  de  cyprès  qui,  ne  dépouillant  jamais  leur  verdure,  font  un 
agréable  contraste  avec  les  murs  de  l'édifice,  partout  revêtus  de 
marbre  blanc.  Une  statue  d'airain,  représentant  l'empereur,  forme 
l'amortissement  du  dernier  étage. 

L'intérieur  du  Mausolée  contient  quarante-cinq  chambres  circu- 
laires, quinze  au  rez-de-chaussée,  et  autant  à  chacun  des  premier 
et  deuxième  étages.  Un  bel  escalier  en  spirale,  ménagé  au  centre  du 
monument,  dessert  ces  deux  étages  et  conduit  au  troisième,  qui  a 
la  forme  d'un  petit  temple  rond.  C'est  là  le  vrai  mausolée  impérial. 
Au  milieu  s'élève  un  fût  de  colonne  tronquée,  sur  lequel  reposeront 
un  jour  dans  une  urne,  les  restes  mortels  du  chef  de  l'empire.  Les 
autres  chambres  sont  réservées  à  ses  parents  et  à  ses  amis.  Il  veut 
ainsi  grouper  autour  de  lui,  après  sa  mort,  les  personnes  qui  l'auront 
aimé  pendant  sa  vie. 

'  l'ian  cl  Dcscripl.  île  Rome,  ii«  lb5.  («)  21  mèlrcs  850.  [}')  100  mùlrcs. 


-'-  isoML  Al  6\KaA-:  d'algustl:. 

iienière  le  iMausoIée  verdoie;  un  //ois  sacre  \  qui  l'oime  des  pro- 
iiionados  charnianh^s  oiivprtosiiii  j)<'iii)lc. 

l-n  peu  en  avant,  sur  la  droite,  est  une  grande  place  circulaire, 
destinée  aux  funérailles:  on  l'appelle  le  Bustum^.  Elle  est  plantée  de 
peupliers,  et  entourée  d'une  grille  en  fer  sur  un  mur  de  marbre 
blanc.  Vis-à-vis  se  trouve  une  maison  destinée  à  servir  de  refuge 
temporaire  aux  parents  et  aux  amis  appelés  à  célébrer  les  cérémo- 
nies funèbres'. 

Le  tombeau  de  l'empereur  n'est  pas  le  seul  qu'on  rencontre  dans 
le  Cliamp-de-Mars  ;  les  Romains  regardant  cette  plaine  comme  un 
véritable  sanctuaire,  y  ont  j)Iacé  les  monuments  funéraires  des  plus 
illustres  personnages  des  deux  sexes.  Du  temps  de  la  monarchie  c'é- 
tait un  honneur  qui  n'appartenait  qu'aux  rois;  d'illustres  person- 
jiag(>s  l'ont  partagé  depuis,  et  quelquefois  on  en  fait  une  récompense 
publique.  Parmi  ces  tombes  honorables,  on  remarque  celles  que  le 
sénat  décerna  au  père  et  à  l'oncle  du  dernier  Scipion  l'Africain  ;  cell(# 
de  Sylla  ;  et,  dans  des  temps  plus  rapprochés,  celle  de  Julie,  tille  de 
Jules-César  et  femme  de  Pompée. 

La  plupart  des  tombeaux*  bordent  la  voie  Flaminia^,  grande  et 
belle  route  qui,  après  avoir  traversé  le  Champ-de-Mars  dans  sa  par- 
tie orientale,  prend,  en  arrivant  aux  Septa-Jules,  le  nom  de  voie 
Lata,  et  pénètre  dans  la  ville  par  la  porte  Ratumène^  au  pied  du 
mont  Capitolin. 

Aux  environs  de  cette  porte,  sur  la  droite  de  la  route,  et  presque 
en  face  des  Septa-Jules,  on  trouve  un  quartier  qui  est  encore  en 
quelque  sorte  une  des  sections  du  Champ-de-Mars,  bien  qu'il  ne 
fasse  pas  partie  de  la  région  du  Cirque  Flaminius  :  c'est  le  Champ 
(l'Agrippa,  ainsi  nommé  d'Agrippa,  qui  Ta  décoré  de  5e/)/a  nouveaux' 
et  d'un  immense  bâtiment  appelé  Diribitorium^,  dans  lequel  on  dis- 
tribue la  paye  aux  soldats.  Ce  dernier  édifice  est  le  plus  vaste  qu'on 
ait  jamais  vu  couvert  d'un  seul  toit. 

Revenons  au  Chanqj-de-Mars  :  dans  sa  partie  la  plus  large,  où  le 
Tibre  commence  à  se  courber  pour  former  de  cette  plaine  connue 
une  presqu'île,  on  remarque  une  immense  toutFe  de  verdure,  ce  sont 
des  jardins,  séjour  de  plaisance  d' Agrippai  Un  peu  au  delà,  plus  près 


'  Plan  cl  Desciipl.  de-  Homp,  n»  186.  =  ^  Ihid.  i\o  187.  =  3  Jhid.  ii"  188.  =  *  Ibid. 
Il"  10.",.  —  5  Ibid.  iiJ  191.  —  6  Ibid.  il»  50.  =  ^  Ibid.  n»  iG.  —  »  Ibid.  n"47.  =  »  Ibid. 
ii«  1G9. 


r.KTTRE  V.  ^r^Ti 

(lu  neuve,  on  admire  un  monument  unique  à  Rome,  un  vaste  am- 
phithéâtre en  pierre,  construit  et  achevé  depuis  peu  de  temps  par  Sta- 
tihusTaurus*,  ancien  gouverneur  de  la  ville^ 

Je  me  bornerai  pour  aujourd'hui  à  celte  description  sommaire  de 
la  région  que  l'on  confond  souvent  dans  Tappellation  commune  de 
Cirque  Flaminius  ou  de  Champ-de-Mars.  Je  n'ai  pas  nommé  tous 
les  monuments  qui  décorent  cette  espèce  de  faubourg  moitié  ville  et 
moitié  champ;  je  le  répète,  j'aurai  plus  tard  de  fréquentes  occasions 
d'y  revenir.  J'ajouterai  seulement  que  dans  la  partie  bâtie  du  Champ- 
de-Mars,  qui  forme  à  peine  le  tiers  de  sa  superficie  totale,  on  compte 
un  cirque,  trois  théâtres,  un  amphithéâtre,  neuf  portiques  pour  la 
promenade,  et  vingt-deux  temples. 

Les  belles  constructions  réunies  dans  ce  Champ  qui  a  près  d'un 
mille (")  dans  sa  plus  grande  largeur,  sur  autant  de  longueur;  sa  pe- 
louse toujours  verte,  malgré  un  soleil  ardent  dont  les  feux  sont  com- 
battus par  la  fraîcheur  du  terrain  et  les  débordements  assez  fréquents 
fin  Tibre;  l'aspect  d'une  colline  couverte  de  jardins  qui  borne  cette 
prairie  à  l'orient,  derrière  la  voie  Flaminia,  et  se  courbe  en  cercle 
presque  jusqu'au  Tibre,  forment  un  spectacle  que  l'œil  embrasse  avec 
déhces  et  n'abandonne  qu'à  regret.  Sur  l'autre  rive,  le  mont  Vatican, 
et  la  colline  du  Janicule  avec  sa  Forteresse,  ses  longs  murs  et  ses  jar- 
dins, complètent  cet  ensemble  ravissant.  Un  étranger  qui  arrive  à 
Rome  par  la  voie  Flaminia,  ou  qui  regarde  le  Champ-de-Mars  du 
haut  de  la  Colline  des  Jardins^  {''],  s'imagine  qu'il  ne^ verra  plus  dans 
les  autres  quartiers  que  de  simples  faubourgs.  En  effet,  il  n'y  trou- 
vera rien  de  supérieur  ni  même  d'égal  à  ce  champ  que  l'on  pourrait 
appeler  la  ville  aux  monuments,  et  qui,  par  son  ensemble,  par  sa 
situation,  par  son  étendue,  présente  ce  que  Rome  a  tout  à  la  fois  de 
plus  séduisant,  de  plus  majestueux,  et  de  plus  admirable. 

1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n°  182.  =  2  Dion.  LIV,  19.  =  3  pian  el  Pesnipl.  de 
Rome,  n'>  189.  (")  1481  mùtr,  481.  [*<)  Aujourd'hui  le  Monte  Pincio. 


LETTRE  VI. 

DU  POUVOIR  DE  l'eMPEREIR. LES  CONSILS  ET  LES  TRIBUNS  DU  PEUPLE. 

La  pl6be  est  dans  les  transports  de  la  joie  la  plus  vive;  l'empereur 
vient  de  lui  faire  distribuer  un  congiarium  :  c'est  une  libéralité  en- 
tièrement gratuite,  pratiquée  depuis  longtemps  parles  gouvernants 
ou  les  ambitieux  comme  un  puissant  moyen  de  popularité.  Elle  se 
composait  autrefois  de  distributions  de  vin*  ou  d'huile^,  fîiites  par 
congés,  mesure  de  capacité  (")  pour  les  liquides,  d'où  le  nom  de  con- 
giarium. Plus  tard  on  substitua  l'argent  aux  denrées.  Jules-César 
recourut  souvent  à  ces  distributions  pour  capter  la  faveur  populaire', 
et  l'empereur  suit  l'exemple  de  son  père  adoptif  :  après  avoir  donné 
des  congiaria  de  trente  et  de  quarante  sesterces  C")  par  tête,  sa  géné- 
rosité a  été  une  fois  à  deux  cent  cinquante*  [^),  et  une  autre  fois  à 
deux  cent  soixante-quatre  ('') .  Aujourd'hui  il  s'est  encore  surpassé, 
il  a  distribué  par  tête  quatre  cents  sesterces  ^  [') ,  ce  qui  porte  la  lo- 
talité  de  la  distribution  à  cent  vingt-huit  millions  de  sesterces  C"),  car 
depuis  l'an  sept  cent  vingt-cinq*,  Auguste  faisant  participer  à  ces  li- 
béralités les  jeunes  fils  de  citoyens  qui  jadis  n'y  pouvaient  être  admis 
avant  l'âge  de  onze  ans'',  le  nombre  des  gratifiés  s'est  trouvé  de  trois 
cent  vingt  mille!  Au  surplus,  il  a  du  se  montrer  généreux,  il  payait 
pour  ainsi  dire  le  prix  de  l'empire  par  cet  énorme  congiarium  qui  a  eu 
lieu  à  propos  de  la  puissance  trihunitienm  que  le  sénat  vient  de  lui 
décerner '. 

Qu'est-ce  que  la  Puissance  Trihunitienne,  vas-tu  me  dire?  Ceci 
nous  ramène  justement  au  point  oii  nous  en  étions  restés  dans  ma 
dernière  lettre.  J'éprouvais  quelque  embarras  pour  définir  claire- 
ment le  pouvoir  de  l'empereur  :  le  sénat  vient  de  me  tirer  de  peine. 
Avant  de  l'expliquer  ce  nouveau  pouvoir  inventé  par  le  génie  servile 
des  sénateurs,  quelques  éclaircissements  historiques  préliminaires 
sont  indispensables. 

1  V\n.  XXXV,  2.  =  *  Tit.-Liv.  XXV,  2.  =3  Suet.  Caes.  27.— Cic.  Philipp.  II,  45.  = 
*  Suet.  Aug.  44.  =  5  piebei  romanac  virilim  pcrnumeravi.  Lapis  Ancyr.  roi.  5.  =*Dion. 
Ll,  21.  =  "  Suet.— Dion.  Ibid.  =  *  Lapis  Ancjr.  col.  5.  i")  5  litres  2.52.  {'')  8  fr.  07  c, 
et  10  fr.  76  c,  (')  67  fr.  23  C.  (d)  71  fr.  02  c.  (")  107  fr.  56.  (/")  54,410,000  fr. 


LETTIiK  M.  255 

Tu  le  rappelles  que  le  gouvernement  de  Rome  lut  oiiginairemenl 
monarcliujue.  Cette  forme  se  conserva  pendant  près  de  deux  siècles 
et  demi,  sous  l'empire  des  rois,  dont  le  dernier,  ayant  abusé  de  sa 
puissance,  provoqua  une  révolution  à  la  suite  de  laquelle  il  fut 
chassé  du  trône,  et  la  monarchie  abolie. 

Le  gouvernement  prit  alors  plus  spécialement  le  nom  de  Répu- 
blique,  mais  sa  forme  se  trouva  modifiée  plutôt  que  changée;  tout 
consista  à  partager  entre  deux  magistrats  le  pouvoir  suprême,  au- 
paravant réuni  dans  les  mains  d'un  roi,  et  à  rendre  ce  pouvoir  an- 
nuel, de  viager  qu'il  était,  afm  d'empêcher  désormais  qu'il  ne  se 
corrompît  par  l'unité  ou  par  la  durée  '. 

Du  reste,  les  Consuls  (  ces  nouveaux  magistrats  furent  ainsi  nom- 
més, atin,  dit-on,  qu'ils  se  trouvassent  avertis  de  ne  consulter  que 
l'intérêt  de  leurs  concitoyens'^),  les  Consuls,  dis-je,  héritèrent  de 
toutes  les  prérogatives  et  de  toutes  les  marques  extérieures  de  l'auto- 
.  rite  royale^.  Seulement,  pour  ne  pas  paraître  avoir  doublé  la  royauté, 
ils  ne  prirent  que  tour  k  tour  pendant  un  mois  ^  l'appareil  du  pouvoir 
souverain.  Il  consiste  surtout  en  une  troupe  de  douze  licteurs,  offi- 
ciers subalternes °  marchant  toujours  devant  le  Consul,  sur  une  seule 
file  en  long  ®,  vêtus  de  toges  courtes'',  et  armés  dans  la  ville  de  fais- 
ceaux de  verges  ^  de  bouleau  *  liés  avec  des  lanières  de  cuir  rouge'''. 
Vers  le  milieu  de  ces  verges  ils  attachent  une  hache  "lorsque  le  magis- 
trat sort  de  Rome".  Partout  les  licteurs  annoncent  son  arrivée*^,  quand 
il  va  dans  une  maison,  en  frappant  rudement  à  la  porte  avec  leurs 
faisceaux  de  verges  ''  ;  dehors,  en  invitant  tout  le  monde  à  se  décou- 
vrir, à  se  lever,  à  descendre  de  cheval,  ou  à  se  ranger  de  côté  *\ 
marques  de  respect  que  personne  ne  refuse,  et  que  l'on  rend  même 
sans  attendre  l'invitation  '^  Quand  il  est  chez  lui,  les  faisceaux  plan- 
tés de  chaque  côté  de  la  porte  annoncent  encore  sa  dignité  '^ 

Le  Consul  qui  n'a  point  les  fai.sceaux  est  suivi  de  ses  licteurs,  et 

'  Cic.  deRepub.  H,  32.  —  Til.-Liv.  I,  60.  —  Sali.  Catil.  6.  —  Flor.  I,  9.— D.  Halic- 

IV,  64.  =  2  Flor.  I,  9.  —  D.  Halle.  IV,  76.  —  Dit,'esl.  I,  lit.  2,  Icg.  2,  <?  16.  =  3  Til.- 
Liv.  Il,  1.  _  Cic.  de  Repub.  II,  52  ;  III,  18.  —  Flor.  I.  9.  —  D.  Halic.  IV,  76  =  *  Cic. 
de  Repub.  II,  31.  —  Til.-Liv.  II,  l  ;  VIll,  12.  —  Suel.  Cœs.  20.  —  A.  Gell.  H,  13.  — 
Dion.  LUI,  1.  =  3  Ov.  Pont.  IV,  9,  v.  i.  —  Senec.  de  ira,  III.  31.  —  Cic.  —  Til.-Liv. 
— Flor.  — D.  Halic.  cic,  passim.  =  «  Til.  Liv.  XXIV,  44.— V.  Max.  Il,  2,  4.  =  7  Togula- 
Cic.  in  Piso,  23.  =»  Til.-Liv.  XXIV,  9.  —  I).  Halic.  V,  19.  —  9  Plin.  XVI,  18.  = 
>o  Ljd.  de  Magist.  II,  32.  =  n  Til.-Liv.  XXIV,  9.  -  D.  Halic.  V,  19.  =  12  Suel.  Cœs. 
80.  =  13  Tit.-Liv.  VI,  34.  -Flor.  I,  26.  —  l'Un.  Vil,  50.  =  ^  Til.-Liv.  XXIV,  44.— 

V.  Max.  II,  2,  4.  — Serv.  in  .-Ivieid.  XI,  v.  500.— Sonec.  Ep.  64,  91.- ,\.  Cell.  Il,  2.  — 
'^  Senec.  Ibid.  =  16  Pclron.  30.  —  Claud.  in  quart,  consul.  Honor.  v.  410  :  In  consul, 
l'rob.  et  Olvb.  v.  322. 


256  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

précédé  seulement  d'un  héraut  '  ;  mais,  il  garde  le  costume  consu- 
laire, qui  est  celui  de  tous  les  j^^rauds  n)agistrats  en  général  *,  la  toge 
prétexte  ',  le  laliclave,  et  des  brode(|uins  blancs  *.  La  toge  prétexte 
n'est  autre  que  la  toge  ordinaire,  bordée  d'une  bande  de  pourpre  ^ 

Il  est  de  l'esprit  des  corporations  de  travailler  pour  soi  d'abord, 
même  dans  les  entreprises  dont  le  bien  public  parait  être  le  seul  but; 
aussi  les  Patriciens,  principaux  auteurs  de  la  révolution,  se  réservè- 
rent-ils le  consulat,  et  quoique  l'élection  en  appartînt  à  tout  le  peuple 
en  général,  ils  établirent  que  les  choix  ne  pourraient  jamais  se  faire 
que  dans  leur  ordre  *. 

Le  patriciat  demeura  ainsi  maître  de  la  république  par  le  consu- 
lat et  par  la  sénatorerie  ''.  Pendant  quinze  ou  seize  ans,  toutes  les 
magistratures  dépendirent  du  consulat;  mais  ensuite  il  s'en  éleva 
une  nouvelle  entièrenienl  indépendante,  qui,  peu  importante  d'a- 
bord, finit  par  devenir  formidable.  Dans  ce  temps-là,  tout  citoyen 
devait  à  la  république  le  service  militaire  sans  indemnité.  Beaucoup 
de  plébéiens  ne  subsistant  que  de  leur  travail,  se  trouvaient  obligés, 
par  suite  des  fréquents  appels  sous  le  drapeau,  de  s'endetter,  pour 
vivre  et  pour  servir  la  république.  Bientôt  les  dettes  s'accumulèrent; 
les  débiteurs,  devenus  insolvables  pour  la  plupart,  furent  tourmen- 
tés de  toutes  manières  par  leurs  créanciers.  Le  peuple  réclama  des 
sénateurs  un  adoucissement  à  son  sort  ;  il  n'obtint  rien.  Alors,  voyant 
ses  maux  au  comble,  il  abandonna  une  patrie  qui  ne  laissait  à  ses  dé- 
fenseurs, pour  prix  de  leurs  services,  que  l'indigence,  les  fers  et 
l'esclavage.  11  se  retira  sur  une  montagne  h  quelques  milles  de  Rome, 
et,  sans  commettre  aucune  hostilité,  attendit  qu'on  lui  fit  justice  sur 
ses  demandes*. 

Le  Sénat,  effrayé,  se  hâta  d'entrer  en  composition  avec  les  mécon- 
tents. Ils  exigèrent  d'abord  l'abolilion  des  dettes  et  l'élargissement 
des  débiteurs;  ensuite  la  création  de  cinq  magistrats  '  (  d'autres  di- 
sent de  deux'"),  âgés  de  trente  ans",  qui,  pris  exclusivement  parmi 
les  plébéiens,  devaient  les  protéger  contre  les  entreprises  des  riches. 


•  Suel.  Cccs.  20.  — ïhesaur.  Morell.  fatnil.  Junia,  tab.  1,2,  A.  —  Vaillant,  famil.  rom. 
Junia,  3,  i.  =  ^  Cir.  posl.  redit,  in  Senal.  3;  pro  Scxl.  69.  —  Tit.-Liv.  XXXIV,  7.  — 
Quint.  Derlum.  31 1.  — Manob.  Saiurn.  1,  6.  —  l'iul.  Cic.  19,  elr.  =  ^Ov.  l'ont.  IV,  9, 
V.  42.  —  Ki'Sl.  V.  lofraloium.  — L>(l.  de  .Ma);isl.  I,  32.  =  *  L\d.  Ih>d.  = -^  Marrob.  Sa- 
turn.  I,  6.  =  6  Y.  LiMln-  \\VI.  =  "^  Cir.  de  Ucpiib.  Il,  3-2.  =i  8  Tit.-IJv.  U,  23,  32.— 
D.  Halir.  VI,  21  el  ssq  — IMul.  Coriol.  6.  =  '  Tll.-I.iv.  Il,  53.— (.lie.  fra^m.  pio  Cornel. 
—  D.  Halir.  VI,  87.  89.  l'Iut.  Coiiol.  8.  —  '<•  Til.-I.iv.  H,  53.  — Lyd.  de  iMagisl.  1,  38. 
=  "  Acad.  des  Inscripl.  uouvel.  série,  l.  XIU,  p.  328. 


LETTRE  YI.  257 

les  usurpations  des  patriciens  et  des  nobles',  et  servir  de  contrepoids 
à  l'autorité  consulaire  -. 

Cet  événement  arriva  dix-sept  ans  après  l'institution  du  consulat  ', 
l'an  deux  cent  soixante  de  la  ville.  Les  magistrats  furent  choisis  dans 
l'armée,  parmi  les  chefs  de  corps  appelés  Tribuns  des  soldats,  et  re- 
çurent le  nom  de  Tribuns  du  peuple  *,  pour  rappeler  le  but  de  leur 
institution*.  En  même  temps  une  loi  établit  la  perpétuité  de  ce  nou- 
veau tribunal  ^  et  prononça  la  peine  de  mort  contre  quiconque  ten- 
terait de  l'abolir  ^ 

Les  Tribuns  du  peuple,  auxquels  la  loi  de  leur  institution  imposa 
l'obligation  de  tenir  leur  porte  ouverte  jour  et  nuit  aux  citoyens',  ne 
devaient  être,  et  ne  furent  d'abord  effectivement,  que  de  simples  pro- 
tecteurs *.  La  loi  les  considérait  si  peu  comme  des  magistrats,  que 
quand  on  créait  un  Dictateur,  et  que  toutes  les  autres  autorités  deve- 
naient nulles  devant  la  dictature,  le  tribunat  seul  subsistait  toujours^. 
Les  Tribuns  étaient  comme  de  simples  citoyens:  ils  n'avaient  ni 
marque  distinctive  dans  leur  costume,  ni  suite,  rien,  en  un  mot,  de 
ce  qui  annonce  l'autorité  magistrale  '*^.  Un  seul  viateur  les  accompa- 
gnait 'S  et  leur  pouvoir  expirait  aux  portes  de  la  ville  ^'^  \ 

Quoique  chargés  de  surveiller  le  Sénat,  ils  n'étaient  point  admis  à 
ses  séances  ;  assis  à  la  porte  de  ce  conseil  suprême ,  ils  attendaient 
que  les  Pères  leur  envoyassent  communiquer  le  résultat  des  délibé- 
rations. Tout  leur  pouvoir  consistait  dans  le  droit  d'opposition,  droit 
immense,  il  est  vrai,  puisqu'il  les  mettait  à  même  d'entraver  les  ma- 
gistrats dans  leurs  fonctions,  d'annuler  les  lois,  d'empêcher  la  tenue 
des  comices  *^  d'arrêter  la  levée  des  soldats  '* ,  et  d'invalider  les 
sénatus-consulles,  qui  ne  devenaient  obligatoires  qu'autant  qu'ils 
étaient  souscrits  de  la  lettre  T,  initiale  du  nom  de  Tribun  *\ 

Mais  le  tribunat  ne  tarda  pas  à  se  lasser  de  ce  rôle  passif;  dès  la 
seconde  année  de  son  institution,  une  famine,  suite  de  l'abandon 
où  le  peuple  avait  laissé  les  terres  lors  de  sa  retraite,  ayant  obligé  de 
faire  venir  du  blé  des  pays  voisins,  on  proposa  dans  le  sénat  de  l'of- 
frir au  peuple  à  bas  prix,  à  condition  qu'il  renoncerait  à  ses  Tribuns. 

*  Appian.  de  Bell.  civ.  1,  p.  599  =  2  Cic.  de  Legib.  III,  7.  =  3  Lyd.  deMagist.  I,  38. 
=  *  Varr.  L.  L.  V,  g  81.  =  3  Cic.  de  Legib.  III,  3.  =  «  Tit.-Liv.  HI,  55.  =  ^  Plut. 
Qua?st.  rom.  p.  Ul.—  «  Tit.-Liv.  II,  35.  — D.  Haiic.  VI,  87,  89.  =  9  Tit.-Liv.  VI,  38. 
— Poljb.  111,  18.— Plut.  Fab.  Max.  9;  Anlo.  8;  Quïst.  rom.  p.  141.  =  i"  Plut.  Quœst. 
rom.  p.  141.=i»V.  Max.  IX,  1,  18.— A.  Gell.  XIII,  12.  = '2  D.  Halic.  VIII,  87.— 
Appian.de  Bell.  civ.  II,  p.  736.— Dion.  LI,  19.  =  i>  Voy.  Lettre  XXXVI.  = '^  Tit.-Liv. 
IV,  1,  6,  53;  XXXIV,  .56.  —  D.  Halic.  VIII,  87;  XI,  64.  — Pion.  XXXIX,  39.  = '5  V 
Max.  II,  -2,  7. 

I.  17 


ioH  ROMF.  Ai;  SIKCLE  D" AUGUSTE. 

Un  sénalPiir  nomnu'!  Marciiis  Coriolan  appuya  fortement  cet  avis.  Le 
bruit  en  vint  jusqu'au  pfuplo  qui  ,  outr-j  do  colère,  fut  sur  le  point 
de  courir  aux  armes.  Les  Tribuns  citèrent  Coriolan  devant  le  peuple, 
et  cet  ajournement  suspendit  la  fureur  des  plébéiens,  chacun  se 
voyant  constitué  juge  et  maître  de  la  vie  et  de  la  mort  de  son  en- 
nemi. Quoique  Coriolan  refusa  de  pjtraître,  disant  que  l'autorité  des 
Tribuns  se  bornait  à  protéger  et  ne  s'étendait  point  à  punir ,  il  n'en 
fut  pas  moins  jugé,  et  condanméau  bannissement  perpétuel'. 

Ce  premier  pas  fait,  les  Tribuns  du  peuple  marchèrent  d'usurpation 
en  usurpation;  minant  sans  cesse  la  puissance  des  patriciens,  ils  de- 
mandèrent et  obtinrent  successivement  pour  leurs  protégés  le  con- 
sulat *  et  toutes  les  magistratures  religieuses  les  plus  importantes  ', 
sans  que  les  patriciens  aieiit  jamais  pu  occuper  le  tribunat,  ou'une  loi 
spéciale  leur  interdisait  *.  Bien  plus,  ils  rendirent  à  peu  près  indé- 
pendantes les  autres  magistratures  subordonnées  aux  consuls,  eh 
prêtant  leur  appui  à  tous  les  magistrats  qui  voulaient  résister  au  pou- 
voir consulaire  ^  Le  Sénat  né  fut  pas  à  l'abri  de  leur  omnipotence 
protectrice,  qu'ils  interposèrent ,  à  l'occasion,  entre  les  sénateurs 
eux-mêmes  '. 

Les  usurpations  àllèreni  si  loin,  que  les  protecteurs,  devenus  op- 
presseurs, finirent,  au  commencement  du  quatrième  siècle,  par  ab- 
sorber le  consulat  :  pendant  quatre-vingts  ans  environ ,  Rome  eut 
souvent  des  Tribuns  consulaires,  c'est-à-diré  revêtus  de  la  puissance 
des  consuls  '',  et  cela  indépendamment  des  tribuns  du  peuple  *,  car 
les  tribuns  consulaires  étaient  pris  parmi  les  tribuns  militaires  ^. 
L'usurpation  fut,  il  est  vrai,  souvent  palliée,  parce  que  les  patriciens 
trouvèrent  moyen  de  se  faire  élire  aussi  à  cette  magistrature  '**.  Néan- 
moins, quand  les  consuls  reparurent ,  les  tribuns,  toujours  absolus 
et  violents,  n'hésitèrent  pas  plus  que  par  le  passé  à  destituer  ces  ma- 
gistrats, à  les  faire  même  jeter  en  prison  lorsqu'ils  rencontraient 
en  eux  une  opposition  trop  prononcée  à  leurs  entreprises". 

Sans  m' arrêter  davantage  à  continuer  l'histoire  du  Tribunat,  qui 

»  Tit.-Liv.  II,  54,  55.— Plut.  Coriol.  16  et  ssq.  =  2  Tit.-Liv.  IV,  1,  7  ;  VI,  42  ;  VII,I; 
VIII,  12;  XXllI,  31. =3  Voy.  Lellre  XXX.=4Til.-Liv.  Il,  53;  XXX,  19.— Plul.  Cic.  34; 
Cal.  min.  53,  40.  —  Dion.  XXXVII,  51,  etc.  =  »  Cic.  de  Legib.  111.  7.  —  Tit.-Liv. — 
D.  Halir.  passim.  —  «  Tit.-Liv.  XXVII,  8.  — Tar.  Hisl.  II,  91.  —  Plin.  IX,  Ep.  13.= 
7  L'an  510.  Tit.-Liv.  IV   VI,  VII,  passim.— Digesl.  1,  til.  2,  leg.  2,  gl  25.  =  «Til.-Liy. 

IV,  56;  V,  9.=  9  Tit.-Liv.  IV,  VI,  VII,  passim.  —  Digcst.  Ibid.  =  'O  Tit.-Liv.   IV,  57; 

V,  12,  13,  17.- Diod.  Sicul.  XIV,  p.  300.  =  H  Til.-I.iv.  XLVlll,  LV,  Epito.  — Cic.  ih 
Valin.  9  ;  de  leg.  .\gra.  H,  57  ;  de  Legib.  111,  9.  —Plat.  Marias,  4  ;  Ti.  Grâce.  15.  — 
nion.  XXWII,  50  ;  XXXVIH,  6. 


T.ETTRE  Vr.  259 

fut  ruiné  par  Sylla  \  rétalili  par  Pompée  ^,  et  foulé  aux  pieds  par 
Julos-César  ^  je  reviens  à  la  Puissance  Tribuni tienne.  L'empereur 
avait  inventé  celte  dénomination  du  pouvoir  suprême  pour  éviter  de 
prendre  le  nom  de  Roi  ou  de  Dictateur  ,  tout  en  se  réservant  néan- 
moins un  titre  qui  dominât  les  autres  commandements*.  Auguste  ne 
peut  être  Tribun,  puisqu'il  n'est  point  plébéien  :  aussi,  par  respect 
pour  les  lois,  ne  lui  décerne-t-on  pas  le  tribunal  ^  ;  on  lui  en  donne 
seulement  tout  le  pouvoir  et  toutes  les  prérogatives,  c'est-à-dire  que 
sa  personne  sera  inviolable  et  sacrée  ^  et  qu'il  îiura  droit  d'empêcher 
que  l'on  fasse  rien  contre  sa  volonté,  ni  dans  le  Sénat  ni  dans  les  Co- 
mices ou  assemblées  du  peuple  ^  C'était  encore  trop  peu  :  on  le  dé- 
core, on  l'arme  de  privilèges  que  n'ont  jamais  eus  les,Tribuns  ;  il 
pourra  secourir  tous  les  citoyens  non-seulement  dans  l'enceinte  de 
la  ville,  mais  encore  au  dehors,  à  un  mille  (°)  de  distance;  rendre  la 
justice  quand  on  appellera  à  lui  ;  enfin  faire  grâce  aux  condamnés*. 

L'inviolabilité  des  Tribuns  cesse  dès  qu'ils  ne  sont  plus  en  charge; 
on  a  le  droit  alors  de  les  mettre  en  accusation ,  de  leur  demander 
compte  de  leurs  actes  '.  Mais  Auguste  n'aura  jamais  rien  à  craindre 
d'un  pareil  droit,  parce  que,  suivant  toute  vraisemblance,  il  se  fera 
perpétuellement  proroger  la  Puissance  tribunitienne'".  Il  peutcomj)- 
ter  sur  la  complaisance  des  sénateurs;  en  voici  une  preuve  :  le  même 
sénatus-consulte  qui  lui  confère  la  puissance  de  tribun,  ordonné 
qu'il  poilrra  faire  au  Sénat  des  rapports  sur  toute  espèce  d'affaires, 
quand  mêiiie  il  ne  sera  pas  consul  ". 

Pour  ne  point  paraître  détruire  les  formes  de  l'ancien  gouverne- 
ment, oh  continuera  toujours  à  élire  dix  tribuns  **,  (trènte-six  anà 
après  leur  création,  le  nombre  en  fut  doublé,  afin  que  chaque  classe 
en  eût  deux  '^  *  )  ;  à  créer  deux  consuls  ainsi  que  les  mêmes  magis- 
trats qu'autrefois.  Mais  il  est  tacitement  convenu  que  leur  autorité 
ne  devra  jamais  lutter  contre  la  Puissance  tribunitienne,  censée  tou- 
jours la  vraie  représentante  de  la  volonté  et  de  l'intérêt  du  peuple. 

1  Cic.  deLegib.  III,  9.— Tit.-Liv.  LXXXIX,  Epito.— Suel.  Caes.  S.— Appian.  de  Bell, 
civ.  I,  p.  688.  =  2  Cic.  de  Legib.  III,  9,  1 1  ;  in  Verr.  I,  15.  — Sali.  Calil.  38.  — Paiercul. 
II,  30.  — Plut.  Pomp.  22.— Ascon.  in  Uivinat.  p.  19.  =  »  Suet.  Caes.  79.  — Patercul.  II,  68. 
— Dion.  XLIV,  9.  =4  Tac.  Ann.  III,  56.  =  s  Dion.  LUI,  17.  =  «  Tit.-Liv.  II,  35;  III, 
55.  — Cic.  de  Legib.  III,  5  ;  Fragm.  pro  Tuliio.  —  V.  Max.  VI,  1,  7  ;  5,  4.  — D.  Halic.  VI, 
9  ;  X,  8  ;  XI,  13.  —Dion.  XLIV,  5.  =  7  Tit.-Liv.  XXXVIII,  43.  —  Polyb.  VI,  3.  — Caes. 
de  Bell.  civ.  I,  l.  —  Dion  LUI.  17.  =  »  Dion.  Ibid.  =  »  Cic.  in  Verr.  I,  60  ;  ad  Altic. 
VII,  9.  — Tit.-Liv.  V,  29.  =  10  Tac.  Ann.  I,  9.— Suel.  Aug.  27.—  Dion.  LUI,  17;  LIV, 
12  ;  LV,  12  ;  LVI,  28.  =  i'  Dion.  LUI,  52.  =  12  Cic,  de  Legib.  III,  10.  =  >»  Tit.-Liv. 
lU,  30,  54,  64  {")  1481  mètres. 


260  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

Ainsi,  voilà  lu  liberté  confisquée  au  nom  de  l'instiUition  inventée  pour 
la  défendre. 


Achèvement  (").  Ce  n'était  pas  la  première  fois,  comme  je  le  crus 
alors,  que  l'empereur  se  trouvait  investi  delà  Puissance  tribunitienne  ; 
elle  lui  avait  été  donnée  à  perpétuité  l'an  cinq  cent  vingt-six  ,  cinq 
ans  avant  mon  arrivée  à  Rome  '.  Le  sénatus-consulte  de  sept  cent 
trenle-et-un(date  de  la  lettre  ci-dessus)  ofi'raità  l'empereur  le  ^/fre de 
tribun  perpétuel.  César-Auguste  venait  de  se  démettre  du  consulat  en 
faveur  d'un  vieux  républicain*;  il  affectait  un  grand  dégoîit  pour  le  pou- 
voir et  ne  parlait  que  de  rentrer  dans  la  vie  privée.  Cette  modération, 
sincère  ou  feinte,  augmenta  l'affection  des  Romains  pour  lui  ;  on  vou- 
lut s' assurer  que  dans  le  cas  où  il  persisterait  à  quitter  les  affaires,  il 
garderait  au  moins  le  titre  et  l'exercice  de  la  Puissance  tribunitienne. 
Le  sénatus-consulte  de  sept  cent  trente-et-un  n'eut  pas  d'autre  but. 
Le  Sénat  ne  décerna  aucune  puissance  à  l'empereur;  cela  ne  pouvait 
être  fait  que  par  le  peuple  sur  les  droits  duquel  c'eût  été  empiéter  ;  il 
assurait  seulement  une  disposition  arrêtée  par  le  peuple ,  et  veillait 
à  l'exécution  de  la  loi  ^ 

Auguste  refusa  le  titre  de  tribun  perpétuel  *,  garda  l'empire ,  et 
feignit  de  n'avoir  accepté  la  Puissance  tribunitienne  que  temporaire- 
ment :  il  commença  par  demander,  tous  les  cinq  ans,  que  le  peuple 
la  lui  confirmât^  ;  puis  il  étendit  la  période  à  dix  années  ^  Il  semblait, 
par-là,  consulter  les  Romains  sur  son  administration  ,  prêt  à  quitter 
l'empire  si  l'on  n'était  pas  satisfait.  Dans  tous  ses  actes,  il  relatait 
qu'il  y  avait  tant  d'années  qu'il  exerçait  la  Puissance  tribunitienne'', 
soit  pour  rappeler  à  tous  le  pouvoir  dont  l'empereur  était  revêtu,  soit 
pour  se  glorifier  de  cette  marque  générale  de  confiance ,  et  puiser 
une  nouvelle  force  dans  sa  durée  même. 

1  Dion.  LI,  19.  —  Suel.  Aur.  27.  =  2  nion.  LUI,  51.  =  3  Acad.  des  Inscrip.  t.  XXV, 
p.  415  elsuiv.  =  4Dion.  LUI,  31.  =  5 /rf.  lIV,  12.  —  Suel.  Aup.  27.  =  «  Dion.  LV, 
12;  LVI,  28.  r=7pijn.  ni,  20.  —  Doissard.  Anliq.  rom.  pari.  III,  p.  53.  —  Gruler. 
p.  196  etssq.,  etc.  (")  Voyez  le  dernier  alinéa  de  Vlnlroduclion,  p.  208. 


LETTRE    Vil. 


UOME  ET  LA  VILLE.   LE  POMOERIUM. 


Depuis  mos  reconnaissances  du  Forum  et  du  Champ-de-Mars, 
j'ai  étendu  le  cercle  de  mes  excursions  topographiques  :  je  viens  de 
faire  le  tour  de  la  Ville,  et  d'explorer  Home  jusqu'à  ses  contins. 
La  Ville,  c'est  la  cité  légale,  qui  a  des  limites  fixes,  invariables  et 
marquées  ;  Home,  ce  sont  toutes  les  maisons  agglomérées  autour  de  la 
Ville,  sans  limites  fixes ,  de  sorte  qu'on  peut  être  dans  Rome  sans 
être  dans  la  Ville,  mais  l'on  ne  peut  entrer  dans  la  Ville  sans  en- 
trer dans  Rome  K  Les  limites  de  la  Ville  se  composent  de  deux  en- 
ceintes :  l'une  militaire,  formée  de  hautes  murailles  construites  en 
grosses  pierres  érjuarries,  de  tuf  lithoïde  grisâtre*,  dont  chacune  fe- 
rait la  charge  d'un  chariot-,  et  iîanquée  de  tours  carrées';  l'autre 
sacrée,  plutôt  fictive  que  réelle,  tracée  seulement  par  une  espèce  de 
grand  chemin  de  cent  soixante-six  pieds  (")  de  large*,  enveloppant  les 
murs  en  dehors,  et  nommé  Pomœrium  depost  mœrium  ou  murum, 
après  ou  derrière  le  mur*. 

L'enceinte  militaire  date  de  plus  de  six  siècles  et  demi  ;  elle  a  été 
construite  par  le  roi  Servius  ïuUius,  afin  de  faire  de  la  ville  une  place 
de  guerre.  Dans  ce  but,  on  a  profité  avec  habileté  des  accidents  du 
terrain  pour  rendre  les  murailles  plus  inexpugnables  en  les  faisant 
passer  partout  sur  des  lieux  élevés  ^  Elles  partent  de  la  rive  gauche 
du  Tibre  :  leur  première  base,  en  amont  du  fieuve,  est  la  Roche  Tar- 
péienne  et  le  montCapitolin  ;  de  là,  suivant  une  ligne  presque  droite 
entre  le  septentrion  et  l'orient,  elles  descendent  dans  une  gorge 
étroite  au  pied  du  Quirinal,  et  se  relèvent  aussitôt  sur  la  croupe  de 
ce  mont  dont  elles  suivent  la  ligne  un  peu  renflée.  A  l'extrémité  du 
Quirinal,  elles  se  replient  tout  à  coup  dans  la  direction  du  septen- 

1  Urbis  appellatio  mûris  :  Roniae  autem  conlincnlibus  œdifiriis  finilur,  quod  latins 
palet.  Digest.  L,  lit.  16,  leg.  2.  — Uibs  esl  Roma,  qua-  muro  ciiigeielur.  Koina  est  eliani 
(|ua  contincnti  a?(iificia  esseiil.  Nam  Roniam  non  muro  tenus  existimari,  ex  consuelu- 
(lino  ([uotidiana  posse  inlelligi,  cum  dircrcmus  Komani  nos  ire  cliamsi  extra  urbeni 
liabitaremus.  Ibid.  leg;  87.  =  2  It.  llaiic.  UI,  67.  =  3  Tj|..i jy.  \xv,  7.  —  Slrab.  V, 
|).  '23'<  ;  ou  -208,  Ir.  fr.  =  *  ^uod  erat  post  nununi,  l'oslniœrium  dirluni.  Varr.  L.  I,.  \, 
,^  li5.  —  l'ninœiium,  veibi  \ini  solam  intucntcs.  poslniœriuni  inlreprolantur  esse,  lil.- 
Liv.  I,  4i.— riut.  Uoniul.  10.  =  'i  V.  la  Carie,  Site  cl  Murs  de  Home.  {<•)  49  mclrcs  18:-. 


2b-2  UOME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

Irion  au  midi,  et  présentent  à  l'orient  une  longue  face  qui,  depuis  lu 
porte  Colline  jusqu'à  la  porte  Esquilinc,  confine  à  une  plaine.  Pour 
remédier  à  cette  position  désavantageuse,  le  roi  Servius  a  lait  creuser 
un  fossé  de  plus  de  cent  pieds  de  large  sur  trente  de  profondeur  ("); 
les  terres  rejetées  du  côté  de  la  ville  ont  formé  une  forte  levée  qu'il 
revêtit  d'une  muraille,  flanquée  de  tours,  et  dont  le  pied  est  dans  le 
fond  du  fossé  '  tandis  que  le  sommet  se  protile  avec  la  crête  des  murs 
établis  sur  l'Esquiîin  etsur  leQuirinal.  C'est  vraiment  un  formidable 
et  magnifique  ouvrage^  :  cette  muraille  également  en  grosses  pierres 
de  tuf  équarries,  a  près  de  cinq  mille  pieds  de  long^  ('j,  quinze  à  seize 
pieds  d'épaisseur*,  sur  environ  quatre-vingts  pieds  de  liauteur*('^). 
Les  terres  qui  la  renforcent  par  derrière  forment  comme  une  digue 
de  cinquante  pieds  de  large  ^  (''),  en  pente  vers  la  ville,  avec  un  che- 
min au  sommet  pour  permettre  aux  soldats  de  se  poster  derrière  le 
mur''.  On  appelle  Acjger  cette  immense  fortification;  elle  porte  le 
nom  de  Servius*,  et  quelquefois  aussi  celui  de  Tarquin-le-Superbe^ 
qui  la  termina  ou  l'augmenta  *. 

Les  murs  de  Rome,  dans  le  reste  de  leur  tracé,  passent  sur  le  mont 
Esquilin,  arrivent  en  tête  du  Cœlius,  longent  son  plateau  au  midi, 
sautent  sur  TAventin  où  ils  font  une  double  saillie  pour  envelopper 
les  deux  sommets  dont  se  compose  cette  colline,  et  se  terminent  au 
Tibre  après  s'être  repliés  le  long  de  la  falaise  escarpée  parallèle  à  la 
rive  gauche  du  fleuve. 

L'ensemble  de  cette  enceinte  dans  laquelle  sont  percées  vingl-deux 
portes,  a  une  forme  assez  irrégulière:  elle  s'allonge  beaucoup  du 
midi  au  septentrion,  et  se  rétrécit  d'une  manière  très-sensible,  d'o- 
rient en  occident.  Le  système  de  défense  est  complété,  sur  la  rive 
droite  du  Tibre,  au  moyen  d'une  forteresse  rehée  à  la  ville  par  deux 
longs  murs  qui  se  profilent  avec  ceux  de  la  rive  gauche  du  fleuve. 
Cette  Forteresse,  ouvrage  du  roi  Ancus  Marcius'",  est  bâtie  au  sommet 
(lu  Janicule,  montagne  haute  de  deux  cent  cinquante  pieds".  La  pe- 
tite enceinte  transtibérine  communique  avec  l'enceinte  principale 
par  deux  ponts,  l'un  de  pierre  nommé  Palatin,  de  sa  situation  vis- 

1  D.  Halic.  IX,  68.-Siiab.  V,  p.  234  ;  ou  208,  Ir.  fr.  —  l'Iiii.  111,  5.  =  ^  IiiIlt  prima 
(ipere  tiiirabili  IMin.  111,  5;  Tune,  senes  Aggeiis  vasium  spaliiim  niirabaiilur.  Id. 
NXXVl,  15.  =  3  1).  Ilalip.  IX.  68.  =  *  Vpnuli,  Anlicli.  di  Iloma,  part.  1,  r.  5.  =  »  Pro- 
mis. Anlirh.  di  Alba  Fuct-nsi-,  c.  7,  p.  88,  (ig.  =  •>  1).  Ilalir.  ibid.  —  '  l'ioniis,  Ihid. 
1=  »  Til.-Liv.  I,  U.  —  Slrab.  V,  p.  234  ;  ou  208,  Ir.  fr.  =  9  Agger  Tarquinii  Supcrbi. 
l'iin.  111,  5.  =10  Plan  et  Dt-scrlpl.  de  Rome,  n"  299.  —  "  Brocrlii,  Suolo  di  Koma, 
p.  211.  («)  29  mè(r.  630,  sur  8  iniHr.  889.  [^)  1481  mélr  '(81.  (S  4  mctr.  300,  sur 
23  môlr.  704.  C)  14  nu'tr.  815. 


LETTRE  Vl[.  263 

à-vis  du  mont  Palatin,  l'autre  de  bois,  appelé  ^wW/aws,  du  nom 
même  de  sa  matière  K 

J'ai  voulu  suivre  dans  leur  circuit  les  murs  de  la  villp,  mais  cela 
ne  m'a  pas  été  possible  ;  parce  qu'en  beaucoup  d'endroits  ils  sont 
encombrés  par  des  maisons  qui  s'y  appuient,  soit  en  dehors,  soit  en 
dedans,  de  sorte  que  souvent  ils  disparaissent  presque  tout-à-fait^. 
Depuis  que  les  Romains  n'ont  plus  à  redouter  la  guerre  chez  eqx, 
ils  ont  ainsi  laissé  envahir  les  fortifications  de  leur  métropole.  J'ai 
pu  cependant  apprécier  l'étendue  de  ces  murailles,  elle  n'est  guère 
que  de  huit  milles  pas'  (").  Ce  serait  beaucoup  pour  une  ville  ordi- 
naire, cela  paraît  peu  pour  Rome. 

L'enceinte  sacrée,  le  Pomœrium,  ne  m'a  pas  offert  d'obstacles  ; 
j'ai  pu  en  faire  le  tour,  et  même  d'une  manière  pompeuse.  Mais  quel- 
ques mots  d'explications  préliminaires  sont  indispensables.  Quand  les 
Étrusques  bâtissaient  une  ville,  ils  consacraient  toujours,  par  une 
auguration  solennelle,  une  certaine  étendue  de  terrain  autour  de  la 
muraille  qu'ils  se  proposaient  d'élever,  et  à  l'intérieur  de  la  ville  les 
maisons  ne  pouvaient  être  contiguës  à  ce  mur.  Les  Romains  qui  ont 
imité  beaucoup  de  choses  des  Étrusques,  ménagèrent  aussi  vmpoinœ- 
rium  autour  de  leur  cité.  C'est  sur  cette  enceinte,  qui  marque  les  li- 
mitesde  \aville  proprement  dite,  que  je  viens  de  faire  le  tour  de  Rome. 
L'excursion  fut  d'autant  plus  facile,  qu'un  principe  de  religion  veut 
que  le  Pomœrium  demeure  vague  et  inculte  ;  la  main  des  hommes  le 
profanerait  en  le  cultivante  En  effet,  il  a  été  établi  pour  y  prendre 
les  auspices  urbains^ ,  cérémonies  religieuses  par  lesquelles  les  prêtres 
consultent  la  volonté  des  dieux,  quand  un  magistrat  est  sur  le  point 
de  commencer  une  entreprise  dont  le  succès  importe  à  la  république. 

Le  Pomœrium  malgré  son  caractère  sacré,  ne  fut  jamais  im- 
muable; ses  limites  ont  été  changées  plusieurs  fois  pour  l'agrandis- 
sement de  la  ville,  d'abord  par  Romulus  et  Tatius*,  puis  par  Ancus'', 
par  Servius  Tullius*,  ensuite  par  Sylla,  l'an  six  cent  soixante-quatorze^ 
et  tout  récemment  par  l'empereur^"  *.  Les  deux  dernières  extensions 
ont  presque  fait  perdre  à  cette  enceinte  son  véritable  nom,  puisqu'elle 


1  Plan  el  Desciipl.  Je  Rome,  nos  305  el  296.  =  2  d.  Halic.  IV,  15.  =3  îSibby,  Mura 
di  Roma,  c.  3.  —  En  mesures  exactes  8,186  pas.  Danville,  Acadcm.  des  Inscript, 
t.  XXX.  —  4  Tit.-Liv.  \,  hh.—'i  Auspicia  uibana.  Vair.  L.  L.  V,  §  U3.— A.  Cell.  XUI, 
U.=  6  L).  Halic.  II,  50.  =  7  Flor.  I,  4.-Sliab.  V,  p.  -254;  ou  207  tr.  fr.  ==  »  1  it.-Li\. 
1,  hh.  —  D.  Halic.  V,  15.  —  Strab.  V,  p.  234  ;  ou  207,  Ir.  fr.-A.  Gell.  XIII,  14.  =  *>  A. 
(iell.  /6td.  — Senec.  de  brevit.  vil.  14.  =  '0  Tac.  Aiin.  XII,  25.— Dion.  LV,  6.— Vopisc. 
Aurelian,  21.— lîoissaid.  Aiiti(|.  vom.  part.  III,  lab.  o.H.  ^«)  12kilomètr    127nu'lr. 


-204  ROME  AU  SlKCr.K  D'AUGUSTE. 

se  trouve,  non  plus  immédiatement  derrière,  mais  à  une  immense  dis- 
tance des  murs,  qui  n'ont  point  été  reculés  depuis  Servius,  les  dieux 
n'ayant  plus  permis  leur  agrandissement  ',  de  sorte  qu'entre  les 
murs  et  le  Pomœrium  il  y  a  maintenant  des  quartiers  tout  entiers*. 

Rome  a  donc  une  étendue  vraiment  prodigieuse  ;  on  y  marche 
pendant  des  heures  entières  sans  revenir  sur  ses  pas,  et  sans  cesser 
de  voir  des  maisons  qui  se  touchent^  On  nomme  faubourgs  ou  plutôt 
suburbains  ces  espèces  de  villes  accessoires  qui  précèdent  la  véritable 
ville,  et  l'entourent  presque  de  toutes  parts. 

L'extension  du  Pomœrium  étant  en  quelque  sorte  comme  la  créa- 
tion d'une  cité,  la  fondation  d'une  colonie,  doit  être  d'abord  autorisée 
par  le  Sénat  ^,  et  l'on  y  procède  avec  toutes  les  cérémonies  pieuses 
usitées  en  pareille  circonstance.  J'ai  assisté  à  l'extension  qui  vient 
d'être  pratiquée  par  l'empereur.  Auguste  entouré  de  certains  prê- 
tres-devins appelés  augures'*,  et  suivi  d'une  innombrable  foule  de 
peuple,  se  rendit  à  l'extrémité  des  derniers  faubourgs  de  Rome,  vers 
le  midi*.  Là,  on  lui  présenta  une  charrue^  à  soc  d'airain  ^,  attelée  , 
à  gauche  ^  du  côté  qui  allait  être  l'intérieur  de  la  ville  ',  d'une  vache, 
et  à  droite  d'un  taureau^,  tous  deux  blancs  comme  la  neige'".  Cet  at- 
telage est  un  emblème  de  l'union  conjugale  d'où  toute  ville  doit  at- 
tendre sa  durée".  Il  arrangea  sa  toge  à  la  manière  gabienne,  c'est- 
à-dire  en  ramena  la  partie  supérieure  sur  sa  tête,  jusqu'aux  oreilles  ", 
tira  en  avant  le  pan  gauche  ordinairement  jeté  sur  l'épaule  droite,  et 
le  noua  sur  sa  poitrine  avec  un  pan  de  la  partie  inférieure  ".  Il  posa 
ensuite  la  main  droite  sur  la  charrue,  prit  de  la  gauche  un  aiguillon 
qu'il  allongea  sur  son  attelage'*,  et  commença  le  sillon  sacré.  Il  te- 
nait le  manche  de  la  charrue  incliné  de  manière  à  faire  tomber  les 
glèbes  dans  l'intérieur  de  l'enceinte  qu'il  traçait  '*.  Le  peuple  suivait 
pieusement,  et  prenait  soin  de  rejeter  aussi  en  dedans  toutes  les 
mottes  qui,  échappées  à  l'action  du  soc,  étaient  demeurées  en  de- 
hors'^  Au  droit  des  chemins,  l'illustre  laboureur  soulevait,  portait 

1  D.  Hr'.ic.  IV,  15.  =  2  Exspaliantia  lecta  multas  addidere  urbcs.  Plin.  HI,  5.  = 
3  Gruler.,  p.  196.  — Orelli,  Inscripl.  lat.  n"  1.  =  *  Fest.  v.  ponlificale.—  Gruter.  p.  198 
— Orelti,  Inscripl.  lat.  n»  811.  =  !>Seiv.  in  ^Eneid.  V,  p.  755.  =«  Plut.  Romul.  10. 
=  ■?  Varr.  L.  L.  V,  §  143.  — Serv.— Plut.  Ibid.  —  »  Lyd.  de  Mens,  IV,  50.  —  »  Varr.  — 
— Serv.  — Plut. /Ai"(/.  =  10  Ov.  F:ist.  IV,  v.  826.  =  n'isid.  OiIr.  \V,  2.  = '2  Tlicsaur. 
Morell.  faniil.  Aoilia,  lab.  I,  7,  I».  E;  Caninia,  5;  Cassia,  tab.  lll,  C.  ;  Claudia,  tab.  Il, 
E;  Cornelia,  tab.  VI,  I.  K.  M;  lab.  VII,  11;  Domilia,  tab.  II,  9;  Fabia,  lab.  III,  2, 
Pic.  =  lîServ.  in  yEneid.  V,  v.  755;  VII,  v.  612.—  Isid.  Orig.  XIX,  24.  —  Coinul.  iu 
Pars.  S.  5,  V.  51. — Winckelniann,  Uisl.  de  l'Art,  4,  5.  =  "•  Thesaur.  MorcU.  loc.  sup. 
cil,  =  15  Serv.  in  ^Eneid.  V,  v.  755.  =  '«^  Varr.  L.  L.  V,  §  Hô.  —  Plul.  Uoniul.  10.  — 
Lyd.  de  Mens.  IV,  50. 


I.ETTRK  Vil.  ->(iri 

sa  charrue  comme  on  iait  [)()iir  marquer  les  portes  d'une  ville  que 
l'on  fonde*'*. 

Le  tour  achevé,  les  Augures  prononcèrent  la  prière  suivante,  que 
redirent  tous  les  assistants  :  «  Dieux  tutélaires  de  la  ville,  faites  que 
ce  Pomœrium  ne  soit  ni  moins  ni  plus  grand,  mais  portez-le  jus- 
qu'aux limites  qui  viennent  d'être  tracées^.  » 

L'enceinte  du  nouveau  /'omor/j^m  fut  marquée  par  des  cip[)es^  ou 
bornes  de  pierre  hautes  de  trois  pieds  et  demi ,  larges  de  deux  pieds*('') , 
et  dont  la  partie  supérieure  est  renversée  en  forme  de  rouleau. 
Chaque  cippe  porte  une  inscription  relatant  qu'il  a  été  posé  en  vertu 
d'un  sénatus-consulte,  par  l'empereur  César- Auguste,  fils  d'un  dieu. 

Ces  agrandissements  de  la  ville  fiu-ent  toujours  soigneusement 
inscrits  tant  sur  les  bornes  qui  en  marquent  les  limites  ^  que  dans 
les  actes  publics  ®.  Le  droit  d'étendre  Tenceinte  sacrée  de  Rome  n'a 
jamais  appartenu  qu'au  citoyen  dont  les  conquêtes  avaient  agrandi  le 
domaine  du  peuple  romain''.  On  exigea  pendant  longtemps  que  ces 
conquêtes  fussent  faites  en  Italie  *,  et  jusqu'à  l'époque  de  Sylla  aucun 
de  ceux  qui  avaient  subjugué  de  grandes  nations  n'avait  exercé  ce 
droit  ^  ;  mais  depuis,  les  conquêtes  en  pays  étranger  furent  admises  "*. 

En  parcourant  le  nouveau  Pomœrium  j'ai  remarqué  qu'il  était 
interrompu  au  droit  du  mont  Aventin*,  bien  que  cette  montagne 
soit  comprise  dans  les  murs  de  Rome.  C'est  qu'au  moment  de  fon- 
der la  ville,  Rémus  ayant  pris  les  auspices  en  cet  endroit,  où  il  n'en 
reçut  que  d'inférieurs  à  ceux  de  son  frère,  on  a  cru  depuis  que  de 
celte  colline  on  ne  pouvait  avoir  que  des  auspices  funestes";  or  le 
Pomœrium  est  le  lieu  spécial  des  auspices  de  la  ville. 

Ce  motif  d'exclusion  te  paraîtra  peut-être  un  peu  superstitieux*; 
mais  tu  trouves,  j'en  suis  sûr,  qu'il  y  a  quelque  chose  de  singuliè- 
rement généreux  dans  la  loi  qui  ne  permet  qu'à  des  conquérants 
d'étendre  le  Pomœrium.  On  dirait  que  les  Romains  ont  voulu  rap- 
procher de  temps  en  temps  de  leurs  foyers,  maintenant  paisibles, 
une  espèce  de  simulacre  de  la  conquête,  comme  s'ils  avaient  craint 
que  loin  du  bruit  des  armes,  les  citoyens  oubliassent  que  leur 
ville,  comme  leur  empire,  ne  devait  s'accroître  que  par  la  victoire. 

1  Serv.  In  /Eneid.  V,  v.  755.  —Plut.  Romul.  10.  =  2  FpsI.  v.  ponlificale.  =  ^  Viur. 
L.  L.  V,  §  143.— Griller,  p.  196.  =  *  (Jruler.  Ibid.  =  SGruter.  /6»c/.— Boissard.  Antiq. 
rom.  part  Ul,  tab.  53  ;  pari.  V,  lab.  6,  11.  —  Spon.  Misrell.  p.  263.  —  OrcUi,  Insrripl. 
lat.  noM,  710.  =  6  Tac.  Ann.  XU,  ii.  —  ''  A.  Gcll.  MU,  11.  — Gruler.  p.  196.  =  "  Se- 
iicc.  do  Brevil.  vit.  \k.  —  9  Tac.  Anu.  XU,  23.  =  i»  Ibid.  —  Vospic.  Aurclian.  21.  — 
"  A  Cell.  XIU,  14.  («)  1  nuMre,  057,  sur  592  millimètres. 


LETTRE  YllI. 

DES  COUICES  EN  GÉNÉRAL,   ET  DES  UIVERSES  SORTKS  DE   COMICES. 

J'avais  commencé  quelques  recherches  sur  les  Comices  du  peuple 
romain,  lorsque  le  hasard  me  procura  sur  ce  sujet  un  petit  ouvra}J!«î 
d'autant  plus  intéressant,  qu'il  peint  une  époque  où  l'ancien  gou- 
vernement existait  dans  toute  sa  franchise.  Cet  ouvrage  est  l'œuvre 
d'un  de  nos  compatriotes,  M.  Antonius  Gniphon,  qui,  arraché  à  sa 
patrie  par  le  sort  de  la  guerre,  fut  envoyé  à  Alexandrie  en  Egypte, 
pour  y  étudier  les  lettres.  Il  revint  ensuite  à  Rome  ouvrir  une  école 
de  rhétorique,  d'abord  dans  la  maison  de  Jules-César,  ensuite  dans 
la  sienne.  Gniphon,  doué  d'une  mémoire  prodigieuse  et  des  plus 
heureuses  facultés  de  l'esprit,  parlant  également  bien  le  grec  et  hs 
latin,  obtint  des  succès  immenses  et  très-lucratifs.  Il  eut  l'honneiu' 
de  compter  Cicéron  parmi  ses  auditeurs  ^ 

La  réputation  de  Gniphon  me  donna  naturellement  le  désir  de  faire 
sa  connaissance.  J'allai  le  voir;  il  m'accueillit  comme  un  enfant  de 
la  Gaule,  et  me  prit  tellement  en  amitié,  qu'à  sa  mort,  arrivée  der- 
nièrement loin  de  Rome,  il  me  légua  tous  ses  manuscrits,  parmi 
lesquels  je  trouvai  l'original  d'une  correspondance  quMl  entretenait 
depuis  bien  des  années  avec  le  maître  à  l'école  duquel  il  étudia  en 
Egypte.  Ces  lettres,  auxquelles  je  ferai  de  temps  en  temps  quelques 
emprunts,  m'ont  fourni  le  morceau  que  je  t'envoie  aujourd'hui.  11 
y  est  question,  à  propos  des  Comices,  de  plusieurs  magistratures 
dont  je  ne  t'ai  pas  encore  parlé;  mais  cette  espèce  d'anachronisme 
ne  nuisant  point  à  la  clarté  de  la  narration,  je  n'ai  pas  cru  devoir 
charger  ces  pages  de  notes  qui  seraient  répétées  dans  quelques-unes 
de  mes  prochaines  lettres. 

Eidruit  du  Journal  de  Gniphon. 

«  Je  vais  vous  parler,  mon  cher  maître,  des  assemblées  poli- 
tiques du  peuple  romain,  de  ces  grandes  réunions  où  il  apparaît  dans 
toute  sa  majesté,  pour  exercer  la  puissance  élective,  législative,  et 

'  Sud.  (le  lllusl.  giamm;il.  7. 


LETTRE  VIII.  2(i7 

judiciaire.  On  appelle  ces  assemblées  Comices,  d'un  mot  qui  signifie 
se  rassembler,  se  réunir'.  Les  Comices  reviennent  à  des  époques 
périodiques,  mais  pas  positivement  à  jours  fixes,  car  il  faut  qu'ils  soient 
d'abord  autorisés  par  des  auspices  favorables,  ce  qui  ne  se  rencontre 
pas  toujours-.  11  suffit  même  qu'un  magistrat  observe  les  auspices, 
ou  déclare  qu'il  les  observera,  pour  empêcher  la  tenue  des  Comices 
ce  jour-là'.  Les  fêtes*,  ainsi  que  les  Niindines  ou  iours  de  marché, 
emportent  encore  interdiction  ^  :  les  fêtes  par  un  scrupule  religieux, 
et  les  Nundines  par  un  motif  de  convenances  privées,  parce  que  c'est 
l'époque  où  le  peuple  de  la  campagne  vient  à  la  ville  pour  ses 
affaires  particulières,  et  l'on  n'a  pas  voulu  l'en  distraire  par  le  soin 
des  affaires  publiques*^.  Hors  ces  exceptions,  on  peut  tenir  les  Co- 
mices indifféremment  tous  les  autres  jours,  qui,  à  cause  de  cela,  sont 
désignés  sous  le  nom  de  jours  comitiaux'^ .  Ils  remplissent  près  de  la 
moitié  de  Tannée*. 

«  Quand  ces  prescriptions  ont  été  observées,  les  Comices  peuvent 
encore  être  rompus  et  ajournés  s'il  vient  à  tonner  ou  éclairer  pen- 
dant la  durée  des  opérations  ;  d'après  le  droit  augurai,  il  n'est  point 
permis  de  traiter  d'affaires  avec  le  peuple,  quand  Jupiter  tonne  ou 
éclaire^.  Un  orage  subit",  un  citoyen  frappé  d'épilepsie  dans  l'as- 
semblée, sont  encore  des  motifs  d'ajournement  '*. 

«  Il  y  a  trois  sortes  de  Comices  :  les  Comices  par  Curies,  les  Co^ 
mices  par  Centuries,  et  les  Comices  par  Tribus. 

«  Les  Comices  par  Curies  sont  de  l'institution  de  Romulus.  Ce 
roi  partagea  tout  son  peuple  en  trois  Tribus^-,  subdivisées  chacune 
en  dix  Curies^^,  et  donna  à  ces  trente  curies  le  droit  d'élire  les  ma- 
gistrats, de  faire  des  lois,  de  connaître  des  affaires  de  la  guerre, 
quand  il  le  leur  permettrait.  Mais  comme  il  se  méfiait  des  lumières 
de  la  multitude,  il  la  mit  sous  la  tutelle  des  sénateurs,  en  ordon- 
nant que  les  décisions  des  Comices  par  Curies  ne  deviendraient 
obhgatoires  qu'autant  que  le  Sénat  les  aurait  confirmées'*. 


1  CoiTiitium  ab  co  quod  coibanl.  Varr.  L.  L.  V,  §  155.  =  ^  Voy.  Lettre  XWI.  = 
3  Cic.  ad  Allie.  IV,  3,16;  pio  domo  15.  —  Dion.  XXWIII,  13.  =  '  Vair.  L.  L.  VI, 
g  29.  =  3  Cir.  ad  Allie.  IV,  3,  16  ;  pro  domo.  13.  —  Plin.  XVIII,  5.  —  Maerob.  Salurn. 
1,  16.  =  6  Cic.  ad  Allie.  IV,  3.— l'iin.  /*/(/.  =  •?  Dies  eomitiaies.  Varr.  L.  L.  VI,  §  29. 
—  Ov.  FasI.  l,  V.  33.  —  Tit.-Liv.  XXIV,  7.  — Maerob.  Salurn.  I,  16.  —  »  Voy.  Lettre  XI. 
=  9  Cie.  in  Vatin.  8  ;  Pliilipp.  V,  5  ;  de  Divinat.  II,  18.  — Til.-Liv.  XL,  42.—  Tac.  Hist. 
I,  18.— IMul.  Cat.  min.  42.  =  10  Til.-Liv.  XXX,  39  ;  XL,  39.  =  "  Fesl.  v.  i)rohibere. 
=  '2  Varr.  L.  L.  V,  §  33. —Tit.-Liv.  X,  6.  —  U.  Halic.  H,  7.  — Plut.  HomuL  20.  == 
■•»  Til.-Liv.  1,  13.— D.  Halic.  II,  7.— Plut.  lbiii.=  l'Cic.  deUepub.  U,  52.— Til.- Liv.  I. 
22,  52.— D.  HaL  II,  14;  IX,  U. 


208  UOMi:  AU  SIKCI.E  D'AUGUSTE. 

M  Pendant  près  de  deux  siècles,  ces  Comices  furent  les  seules 
assemblées  politiques  du  peuple  romain.  Le  roi  Servius  Tullius 
voulant  rendre  plus  éj^tales  les  char}i;es  de  la  fçuerre  et  de  la  paix, 
jusqu'alors  réparties  par  tète,  établit  que  désormais  elles  le  seraient 
^iuivant  les  biens  de  eliacun.  Pour  arriver  à  ce  but,  il  partagea  les 
Romains  en  cent  quatre-vingt-treize  centuries,  dix-huit  pour  l'ordre 
équestre,  et  cent  soixante-quinze  pour  le  reste  du  peuple;  divisa 
ces  cent  soixante-quinze  centuries  en  cinq  classes  qui  prirent  rang 
suivant  leur  plus  ou  moins  de  richesse.  Quatre-vingt  formèrent  la 
première  classe,  dans  laquelle  il  n'admit  que  les  citoyens  dont  le 
cens  montait  à  cent  mille  as  ("i  au  moins;  vingt-deux  composèrent 
la  seconde;  vingt,  la  troisième;  vingt-deux  la  quatrième;  et  trente, 
la  cinquième. 

«  Le  cens  de  chacune  de  ces  classes  fut,  dans  leur  ordre  numé- 
rique, de  soixante-quinze  mille  as,  de  cinquante  mille,  de  vingt-cinq 
mille,  de  onze  mille  {'').  Tous  les  citoyens  qui  possédaient  moins  dt; 
onze  mille  as,  ainsi  que  ceux  qui  n'avaient  rien  formèrent  une  seule 
centuries  hors  classe,  et  furent  appelés />/'o/e7a/res  et  capHeccnsi  ; 
prolétaires,  parce  que,  exclus  de  la  milice  par  leur  pauvreté,  ils  ne 
peuvent  être  utilesà  la  république  qu'en  lui  fournissant  des  enfants-, 
et  capitecensi,  parce  que,  plus  pauvres  encore,  ou  entièrement  dé- 
nués, ils  ne  sont  portés  sur  les  recensements  que  pour  leur  personne'. 
«  Servius  divisa  aussi  chaque  centurie  en  deux  sections,  Yimedes 
plus  âgés  *,  comprenant  tous  les  citoyens  de  quarante-cinq  ans  à 
soixante  ^  l'autre  des  plus  jeunes  ^  *,  comprenant  tous  ceux  de  quinze 
ans  à  quarante-cinq  S  et  ce  fut  suivant  cet  ordre  qu'elles  furent  ap- 
pelées à  voter  dans  les  comices.  Il  y  avait  là  une  garantie  de  sagesse; 
mais  le  créateur  des  centuries  alla  plus  loin  :  fidèle  au  principe  politique 
qu'il  ne  faut  pas  que  les  plus  nombreux  soient  les  plus  puissants  *,  il 
établit  que  chaque  centurie  voterait  collectivement  ^  et  non  par  tète, 
comme  dans  les  Comices  par  Curies  *'*.  Or,  les  votes  se  recueillant 
suivant  Tordre  numérique,  les  centuries  des  riches  formaient  toujours 
une  majorité  suffisante  avant  qu'on  les  eût  épuisées  toutes,  et  les  af- 
faires étaient  décidées  sans  que  les  dernières  centuries  fussent  appe- 

1  Til.-Liv.  I,  42,  43.  —  Cic.  de  Repub.  II,  22.  —  P.  Halif .  IV,  16.  =  2  Cic.  Ibid.  — 
A.  Gell.  XVI,  10.  =  3  A.  Gcll.  Ibid.  =  *  St-iiiori'S.  Cic  de  Rcpub.  Il,  22  ;  Brut.  67.  — 
Tit.-Liv.  l,  42,  43.  — I).  Halic.  IV,  16.  =  =■  Ceiisor.  dédie  naiali,  14.  — Scrv.  in  .Jiiieid. 
V,  V.  233.  =  li  Junioies.  Cir.  —  'iil.-Liv.  Ibid.  =^  "  D.  llalir.  —  Serv.  — Censor.  Ibid. 
=  8  Cic.  de  Ilcpub.  Il,  22.  =  ^  Cic.  Ibid.  —  Til.-Li\.  I,  42,  43.  —I).  Halic.  IV,  16. 
=  ">  D.  Halic.  lbid.—.\.  Geli.  XV,  27.  («)  en\iiOti  1200  fr.  {<>)  900,  600,  500,  420  fr. 


LETTRE  VIII.  -  209 

lt';os  aux  suffrages,  siiituul  lu  centurie  des  capitecensi  et  des  prolé- 
taires ,  qui  renfermait  cependant  à  elle  seule  plus  de  citoyens  que 
toutes  les  autres  ensemble.  Du  reste,  il  n'astreignit  pas  à  l'approba- 
tion sénatoriale  ces  assemblées  qu'il  appela  Comices  par  Cen- 
turies *. 

«  Celte  espèce  de  fraude  politique  amena  l'institution  des  Comices 
par  Tribus.  Cette  division  territoriale  du  peuple  romain  avait  pris 
de  l'importance  en  même  temps  que  la  puissance  de  Rome  s'était  ac- 
crue ;  au  lieu  de  trois  tribus  primitives  ^  il  y  en  avait  trente,  dont 
vingt-six  de  la  création  de  Servius ,  appartenaient  à  la  campagne  ^. 
Lors  de  l'affaire  du  jugement  de  Coriolan ,  les  patriciens,  afin  de  fa- 
voriser ce  citoyen,  qui  faisait  partie  de  leur  ordre,  voulaient  que  le 
peuple  réuni  pour  le  juger  votât  par  centuries.  Mais  l'expérience 
avait  appris  aux  plébéiens  combien  ces  Comices  étaient  illusoires  ■ 
pour  eux.  Soutenus  par  leurs  tribuns,  ils  exigèrent  que  les  sufi'rages 
fussent  recueillis  par  Tribus,  et  les  patriciens  se  trouvèrent  obligés 
de  céder.  Ce  fut  là  le  premier  exemple  des  Comices  par  Tribus,  qui 
dès  lors  prirent  rang  parmi  les  institutions  de  la  cité  *.  L'avantage 
que  le  peuple  y  trouve,  c'est  que  toutes  les  affaires  s'y  termi- 
nent en  un  jour,  et  sans  qu'il  soit  besoin  qu'elles  aient  été  aupara- 
vant discutées  par  le  Sénat  *,  ni  la  réunion  autorisée  par  les  aus- 
pices ,  comme  cela  est  nécessaire  pour  les  deux  autres  sortes  d'as- 
semblées ®. 

«  L'établissement  des  Comices  par  Tribus  n'abolit  pas  ceux  par 
Centuries,  pas  plus  que  ces  derniers  n'avaient  aboli  ceux  par  Cu- 
ries .  ils  subsistèrent  et  subsistent  encore  tous  trois  simultanément, 
mais  avec  des  attributions  diverses. 

«  Dans  les  Comices  par  Curies,  où  ne  sont  admis  que  les  citoyens 
domiciliés  à  Rome  ou  dans  son  territoire  '^,  on  règle  tout  ce  qui  a 
rapport  à  l'état  civil  des  citoyens,  tel  que  :  les  testaments,  les  adop- 
tions *;  on  élit  certains  ministres  de  la  religion,  comme  les  Fia- 
mines,  les  Curions,  les  Pontifes  ^  ;  on  décide  toutes  les  affaires  rela- 
tives à  la  guerre  ^^  et  au  gouvernement  des  provinces  ".  Si  le  Sénat 
ordonne  aux  Consuls  de  nommer  un  Dictateur,  il  faut  que  cette  no- 


»  D.  Halic.  IV,  16.  —  Cic.  de  Repub.  II,  22.  —  Tit.-Liv.  I,  42,  43.  =  ^Tii.-Liv.  X,  6. 
— D.  Halic.  II,  7,  etc.  =  3D.  Halic.  IV,  l5.—'>lbid.  VII,  69.  —  Plut.  Coriol.  20. 
=  »  D.  Halic.  X,  41.  =  6  /fcid.— Tit.-Liv.  V,  52.  =  ^  A.  Gell.  XV,  27.  =  *  Voy.  Lettres 
LXVI  et  LXXXIV ,  =  9  V.  Lettre  XXXI.  =  '<»  Tit,-Liv.  V,  52  ;  IX,  58.  =  H  Voy.  Lettre 
L\X. 


-270  *ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

niinalion  soit  confirmée  par  les  Curies  '  ;  si  un  Consul  ou  un  Préteur 
est  chargé  d'une  guerre,  il  ne  peut  IT-tre  que  par  une  loi  Curiale  K 

«  Les  Comices  par  Curies  tenaient  autrefois  dans  leur  dépen- 
dance ceux  par  Tribus  ;  voici  comment  :  lorsqu'on  établit  les  Co- 
mices par  Tribus  malgré  les  patriciens ,  ces  derniers  voulurent  faire 
considérer  ces  assemblées  comme  illégitimes  ;  et  ce  n'était  pas  à  tort, 
puisque  l'on  y  violait  la  loi  fondamentale  qui  défendait  d'assembler 
le  peuple  sans  l'autorisation  du  Sénat ,  ni  sans  avoir  consulté  les 
auspices.  Les  plébéiens  sentirent  la  justesse  de  l'objection ,  et  pro- 
posèrent un  accommodement  auquel  les  patriciens  consentirent  :  ce 
fut  de  faire  confirmer  les  décisions  des  Tribus  dans  les  Comices  par 
Curies  ,  où  l'on  prenait  les  auspices  ,  et  qui  étaient  autorisés  par  le 
Sénat  '.  Mais  quand  les  sénateurs  se  furent  complaisamment  prêtés  à 
pallier  ainsi  la  violation  de  la  loi,  le  peuple  exigea  davantage,  et  dé- 
pouillant les  Pères  conscrits  de  leur  beau  nom  de  réformateurs  des 
Comices'',  les  força  d'en  confirmer  d'avance  le  résultat,  quel 
qu'il  fût  ^ 

«  Alors  les  Com,ices  par  Curies  tombèrent  d'eux-mêmes.  Je  viens 
de  dire  qu'ils  existaient  encore,  mais  ils  ne  sont  plus  réellement  qu'une 
vaine  formalité  ^  sans  pompe  comme  sans  dignité;  on  n'y  appelle 
pas  même  les  citoyens  :  seulement,  trente  licteurs,  réunis  par  l'ordre 
et  sous  la  présidence  des  Consuls  '^ ,  en  présence  de  trois  augures  *, 
viennent  représenter  les  trente  curies  du  peuple  romain  ^,  et  font 
d'une  assemblée  instituée  dans  le  motif  le  plus  sage  et  le  plus  reli- 
gieux, une  indécente  et  ridicule  momerie. 

«  Les  Comices  par  Centuries  passent  pour  les  plus  vénérables  de 
tous  '°;  aussi  la  constitution  leur  a-t-elle  confié  les  opérations  les  plus 
importantes ,  parce  que  le  peuple  ,  distribué  selon  le  cens  ,  l'ordre  , 
l'âge,  apporte  dans  la  délibération  plus  de  conseil  que  lorsqu'il  est 
confusément  convoqué  par  tribtis  ^K  C'est  dans  les  assemblées  par 
Centuries  que  \esLois  sont  proposées,  discutées,  et  adoptées  '-;  que 
Ton  décide  les  déclarations  de  guerre  *';  que  l'on  juge  les  crimes  de 
Perduellion  ou  haute  trahison  **  ;  que  Ton  prononce  sur  la  vie  des 

iTit.-Liv.  IX,  8.  =5Cio.  de  leg.  Agrar.  II,  12.  =  ^  Ibid.  11;  pro  Plane.  3.  = 
'•  Reprehensores  comitiorum.  Cic.  pro  Plane.  3.  =  3  jd.  Brut.  14.  —  Til.-Liv.  I,  17.  — 
D.  Halie.  II,  14.  —A.  Vicr.  de  Vir.  illusl.  33.  =  «Cic.  de  leg.  Agrar.  II,  11.  =T  Id. 
12.;  Ep.  famil.  I,  9.  =  »  IJ.  ad  Allie.  IV,  18.  —^Id.  de  leg.  Agrar.  II,  11,  12. 
n^io/d.  Posl.  redit,  in  Senal.  11.  =  »>  Id.  de  Legib.  III,  19.  —A.  Gell.  XV,  27.  = 
12  Voy.  Lellre  XX.WH.  =  's  Til.-Liv.  IV,  50  ;  XXXI,  6,  8  ;  XLII,  30.  =  "  Id.  VI,  20  ', 
XXXI,  6,  8.  —Cic.  de  Legib.  III,  4. 


f.ETTRE  Vin.  -271 

citoyens  ' ,  que  l'on  élit  les  grands  magistrats  de  la  république,  tels 
que  les  Consuls  '\  les  Préteurs  ^  les  Censeurs  *.  L'élection  des  ma- 
i^istrats  susceptibles  d'être  revêtus  du  pouvoir  militaire  a  besoin  d'être 
contirmée  une  seconde  fois  dans  les  Comices  par  Curies  '. 

«  C'est  au  Forum  pour  les  délibérations  législatives  et  judiciaires, 
et  hors  de  Rome  ,  au  Champ-de-Mars ,  pour  les  élections  des  ma- 
gistrats, que  ces  comices  se  rassemblent.  Je  vous  donnerai  plus  tard^ 
des  détails  surTépoque,  sur  la  manière  dont  ils  se  tiennent,  et  sur 
les  magistrats  qui  les  président. 

«  L'esprit  démocratique  qui  inspira  la  création  des  Comices  par 
Tribus,  a  fini  par  leur  faire  absorber  en  quelque  sorte  les  Comices  par 
Centuries.  Pendant  le  siècle  dernier  ("),  les  cent  quatre-vingt-treize 
centuries  de  Servius  ont  été  réduites  à  quatre-vingt-deux.  Douze 
composent  l'ordre  équestre'^,  et  soixante-dix  sont  réparties  par  deux 
dans  les  trente-cinq  tribus^*.  Les  cinq  classes  ontégîllement  disparu  : 
il  n'y  en  a  plus  que  deux  ,  celle  des  chevaliers  et  celle  des  simples 
citoyens.  La  suppression  du  cens  gradué  a  suivi  celle  des  classes,  et 
il  n'existe  plus  qu'un  seul  degré  de  cens,  celui  des  chevaliers. 

«  Cette  altération,  celte  destruction  de  la  loi  de  Servius  est  due  à  là 
révolution  produite  dans  les  fortunes  par  le  temps  ,  ait  nombre  tou- 
jours croissant  des  endettés  et  des  affranchis,  et  surtout  à  la  nécessité 
impérieuse  d'arrêter  l'épuisement  de  la  source  où  se  recrutent  les 
légions.  En  effet ,  le  cens  de  Servius ,  sagement  combiné  pour  le 
temps,  avait  pour  effet,  dans  l'état  actuel  delà  société,  de  produire 
beaucoup  de  capitecensi  ',  qui  sont  exclus  des  armées. 

«  En  répartissant  dans  les  tribus  les  centuries  qui  demeurèrent  tou- 
jours chargées  de  l'élection  des  grands  magistrats,  On  fit  en  même 
temps  un  règlement  pour  garantir  l'indépendance  des  Comices  :  il 
fut  ordonné  qu'à  chaque  réunion  le  sort  déciderait  laquelle  de  toutes 
les  centuries  donnerait  son  suffrage  la  première,  serait  ce  qu'on  à^- 
])e\\eAA  centurie  prérogative^'*.  Ce  règlement  était  vraiment  néces- 
saire parce  que  dans  tous  les  Comices,  Ih  prérogative,  qu'elle  soit  une 
centurie  des  plus  jeimes  ou  l'une  des  plus  âgées,  exerce  sur  les  autres 


1  Cic.deLegib.  III,  19;  de  Repub.  II,  36;  pro  Sext.  34.  =  2Voy.  Lettre  XXVI.  = 
nit.-Liv.  XXXIX,  32.— A.  Gell.  XlII,  14.  = '►  Cir.  de  leg.  Agrar.  II,  11  ;  adAtlic.  IV,  2. 
—  Tit.-Liv.  VU,  22  ;  XXIV,  10;  XXVII,  11.  =  S  Cic.  de  leg.  Agrar.  H,  11.  =  6  Voy. 
Lettres  XXVI  et  XXXVU.  =7  Cil-,  de  Repub.  II,  22.  =»  Tit.-Liv.  1,43.  =  9  jjiebuhr, 
Hisl.  rom.  t.  VI,  p.  6,  10.  1."),  trad.  de  M.  de  Golbéry.  =  i»  Cenluria  prœrogativa.  Cic. 
pro  Plane.  20  ;  pro  Murena,  18  ;  de  Uivinat.  II,  40.—  Tit.-Liv.  III,  31  ;  XXIV,  9;  XXVI, 
22.  {0)  Cela  fui  régie  par  la  loi  Mœnia,  l'an  467. 


27-2  ROME  AU  Slf:CLE  D'AUGUSTE. 

une  influence  morale  si  puissante,  que  son  votedevientordinairemenl 
celui  de  la  majorité'?  Or,  appeler  les  tribus  toujours  dans  leur  ordre 
naturel,  c'eût  été  abandonner  à  mie  seule  le  droit  de  fournir  la  cen- 
turie/^m-o</ff/H'e,  et  lui  donner,  défait,  la  prépondérance  sur  toutes 
les  autres. 

«  Les  Comices  purs  par  Tribus  ,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi ,  ont 
conservé  leurs  anciens  droits  ;  ils  confirment  ou  rejettent  les  séna- 
tus-consultes  qui  nomment  les  Proconsuls  ou  Propréleurs  *  (gouver- 
neurs des  provinces)  ,  ou  bien  prorogent  ces  magistrats  dans  leurs 
fonctions^  et  quelquefois  y  portent  des  citoyens  malgré  l'opposition 
du  sénat  *  ;  ils  décident  de  la  paix  à  conclure  avec  les  nations  bar- 
bares*; jugent  les  magistrats  mis  en  cause  ®,  en  un  mot,  font  les 
plébiscites  '.  Une  de  leurs  plus  belles  attributions  est  d'élire  tous  les 
magistrats  inférieurs  *,  et  surtout  les  fameux  tribuns  du  peuple  ^. 
Cette  dernière  élection  est  une  conquête  sur  les  Comices  par  Curies , 
à  la  nomination  desquels  appartenait  jadis  le  tribunat  du  peuple'",  ce 
qui  rendait  un  peu  illusoire  cette  magistrature,  puis  quelle  dépen- 
dait ainsi  des  patriciens,  contre  qui  elle  était  instituée".  C'est  une 
loi  PuUilia,  rendue  l'an  deux  cent  quatre-vingt-trois,  qui  leur  en- 
leva ce  droit  '^ 

«  La  présidence  des  Comices  par  Tribus  appartient  à  divers  ma- 
gistrats, suivant  les  affaires  qu'on  doit  y  traiter  :  pour  l'élection  des 
Tribuns,  un  des  Tribuns  en  place,  désigné  par  le  sort,  préside":  et 
pour  les  autres  magistrats,  souvent  c'est  un  Consul,  parce  que  nul 
magistrat  inférieur  ne  peut  présider  les  Comices  d'un  magistrat  qui 
lui  est  supérieur  **. 

«  C'est  à  la  fin  de  la  belle  saison,  le  iv«  des  Ides  de  décembre  ("), 
que  les  Comices  par  Tribus  se  tiennent  pour  l'élection  des  Tribuns 
du  peuple  '^  ;  et  en  été ,  vers  le  mois  de  sextilis  C")  '*,  pour  celle  des 
autres  magistrats.  L'endroit  où  on  les  réunit  varie  assez  souvent,  au- 
cune prescription  religieuse  n'obligeant  à  choisir  tel  lieu  plutôt  que  tel 
autre.  On  les  convoque  assez  ordinairement  soit  sur  la  place  du  Capi- 

1  Tit.-Liv.  XXIV,  7  ;  XXVII,  6. -Sali.  Ep.  ad  Cœs.  I,  12.  =  2  Til.-Liv.  X,  2i  ;  XXVI, 
2;  XXVU,  22;  XXX,  27.  =  3 /f/.  VMI,  23;  X,  22;  XXIX,  15.  = '»  Id.  XXVIII,  40, 
45.—  Suet.  Caes.  22.  =  5  Til.-Liv.  XXIX,  12  ;  XXX,  43;  XXXIII,  25.  =  « /d.  IV,  40, 
41;  XXXVIII,  54.  =  ■?  V.  Leltre  XXXVII.  =8a.  Gell.  XIII,  14.  =  »  Til.-Liv.  U,  36; 
57,  58.  — D.  Halic.  IX,  41,  43.— Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  612.  =  '<>  D.  Halic.  VI,  89; 
IX.  41.  =  11  Ti(.-Liv.  III,  30.  —  Ascon.  in  oiat.  pro  Cornel,  p.  138.  =:  12  Tit.-Liv.  II, 
56,  58.— D.  Halir.  IX,  41,  43.  = '3  i  il.-Liv.  III,  64.— Appian.  de  Bell.  riv.  I,  p.  612. 
=  '*Cic.  ad  Allie.  IX,  9  ;  Ep.  famil.  VII,  30.  —  A.  (lell.  XllI,  13.  =15  Tit.-Liv.  V,  11; 
XXXIX,  52.— n.  Halie    VI,  89.  =  iG  Cir.  ad  Allie.  I,  1.  (<»)  10  décembre.  (*)Aiigusle. 


[ 


LETTRE  VIII.  27r> 

lole'  dans  Yfntermont,  soit  au  Forum  romain-,  soit  dans  lo  Chanip- 
do-iMars,  au  Cirque  Flaminius'.  Il  sutlit  d'être  citoyen  romain  innw 
avoir  droit  de  sutirage  dans  une  trilm  *. 

«  Telle  est ,  mon  cher  maître  ,  la  constitution  qui  depuis  plus  de 
cinq  siècles  régit  la  république  romaine.  Aujourd'hui  cette  constitu- 
tion tombe  en  ruines,  et  l'on  peut  dire  que  ce  sont  les  Comices  par 
Tribus  qui  l'ont  détruite  en  partie.  Originairement,  il  y  avait  inégalité 
dans  les  pouvoirs  :  le  Sénat  délibérant  sur  une  atïaire  avant  de  la 
renvoyer  aux  assemblées  par  Curies,  le  peuple  n'avait  que  le  droit 
d'opposition.  Entièrement  frustré  dans  les  Comices  par  Centuries, 
il  demanda  les  Comices  par  Tribus,  dont  l'institution  parut  devoir  ré- 
tablir l'équilibre  des  pouvoirs  :  le  droit  d'initiative  appartint  au  peuple 
aussi  bien  qu'au  Sénat,  et  le  droit  d'opposition  fut  également  le  par- 
tage de  l'un  et  de  l'autre  ordre.  Vous  venez  de  voir  comment  cet  équi- 
libre fut  rompu.  Les  patriciens,  en  se  laissant  dépouiller  de  leur  droit 
d'opposition,  ouvrirent  le  précipice  où  devait  s'engloutir  la  liberté  pu- 
blique. Quand  le  peuple  fut  maître  souverain,  on  ne  s'occupa  plus  qu'à 
le  gagner,  surtout  lorsqu'on  avait  le  Sénat  contre  soi  ^  De  là  les  bri- 
gues, les  corruptions,  la  prépondérance  toujours  croissante  des  ri- 
chesses, l'indifférence  pour  le  bien  public,  pour  la  liberté  même,  la 
destruction  de  toute  morale,  les  guerres  civiles,  et  enfin  la  tyrannie. 

«  Il  est  si  vrai  que  ces  maux  furent  le  fruit  des  Comices  par  Tri- 
bus, que  Sylla,  lorsqu'il  voulut  violemment  rétablir  la  république, 
commença  par  supprimer  ces  assemblées  ^  Mais  à  peine  sa  main 
puissante  eut-elle  quitté  le  timon  de  l'État,  qu'elles  reparurent ,  et 
avec  elles  les  calamités  enfantées  par  la  nécessité  de  llatter  l'hydre 
populaire.  Ce  fut  alors  que  pour  avoir  mal  usé  de  la  liberté,  ce  peu- 
ple romain  qui  avait  proscrit  les  tyrans,  dompté  le  monde,  et  qui 
comptait  des  rois  parmi  ses  clients,  courba  à  son  tour  sa  tête  altière 
sous  le  joug  d'un  seul  homme. 

«  J'essaierai  dans  mes  lettres  suivantes  de  déployer  le  tableau  dont 
je  viens  de  vous  présenter  une  simple  esquisse,  en  vous  montrant  le 
peuple  élisant  ses  magistrats ,  faisant  des  Lois  et  des  Plébiscite!! ,  et 
rempUssant  les  fonctions  judiciaires.  « 

'  Tit.-Liv.  XXV,  5  ;  XXXUI,  25  ;  XLV,  36.  —  Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  612,  621.  = 
2  D.  Halic.  VII,  59.  —Appian.  Id.  111,  p.  885.  =  »  Tit.-Liv.  XXVII,  21.  —  Cic.  pro 
Plane.  22,  23.,=  *  Tit.-Liv.  XLV,  15.  =  s/(/.  XXVlll,  40,  45.  —  Suel.  Cœs.  22.  = 
«  Tit.-Liv.  LXXXIX,  Epito.— Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  650. 


48 


LETTRE   IX. 

COMMENT  SONT  LOGÉS  LES  RICHES,   OU   LA  MAISON  DE  MAMURHA. 


La  plupart  du  temps  nos  yeu\  ne  voient  qu'après  notre  esprit. 
Cette  assertion  qui  paraît  paradoxale  ,  n'en  est  pas  moins  exacte. 
Nous  sommes  aveugles  quand  nous  passons  devant  des  objets  sur 
lesquels  notre  attention  n'a  pas  été  appelée  d'avance;  tiolfe  œil 
i^lisse  dessus  sans  en  être  frappé,  et  nous  les  régardons  sanâ  les 
voir.  Mais  que  quelqu'un  nous  révèle  notre  ignorance,  il  semble 
qu'un  voile  tombe  aussitôt  de  devant  notre  vue,  qu'un  nouveau  sens  se 
développe  en  nous.  J'éprouve  souvent  cet  effet.  Quand  on  me  ques- 
tionne sur  ce  que  j'ai  vu  ,  j'apprends  presque  toujours  que  dans  ce 
que  je  crois  avoir  le  mieux  observé,  il  y  a  encore  une  foule  de  choses 
que  je  n'ai  pas  remarquées,  et  quand  je  retourne  poiu^  les  voir,  je  Suis 
tout  étonné  de  ce  qu'elles  aient  échappé  à  mon  attention.  Ces  jours-ci 
j'ai  pensé  qii'il  serait  nécessaire  de  l'introduiredans  la  maison  *  d'un 
homme  riche,  d'un  citoyen  important  par  son  influence,  par  la  po- 
sition élevée  qu'il  occupe  dans  la  société;  il  m'a  semblé  que  c'était 
le  complément  nécessaire  de  mes  descriptions  du  Forum,  du  Champ- 
de-Mars,  des  basiliques,  et  qu'après  t'avoir  fait  connaître  les  divers 
lieux  de  la  vie  publique ,  je  devais  te  montrer  aussi  celui  de  la  vie 
privée.  Alors  j'ai  songé  à  te  décrire  la  maison  de  mon  hôte.  Mais  dè.^ 
que  j'eus  tenté  cette  description ,  je  reconnus  que  cent  objets  frap- 
paient ma  vue  pour  la  première  fois,  quej'ignoraisjusqu'auxnomsde 
la  plupart  des  pièces  de  cette  maison  que  j'habite  depuis  mon  arrivée 
à  Rome,  et  que  les  termes  me  manqueraient  à  chaque  instant.  J'allais 
ajourner  mon  projet,  lorsque  VitruvePoUion,  architecte  de  Mamurra, 
vint  à  mon  secours.  «J'ai  promis,  me  dit-il,  à  Denys,  jeune  Grec 
d'Halicarnasse,  venu  ici  pour  étudier  les  antiquités  de  notre  nation*, 
de  lui  expliquer  demain  une  maison  romaine  ;  je  choisirai  celle  de  Ma- 
murra ,  puisque  cela  peut  vous  être  utile.  D'ailleurs  votre  hôte  étant 
à  la  campagne,  nous  aurons  plus  de  liberté  pour  visiter  sa  demeure.  » 
Vitruve  est  un  vieillard  *;  par  respect  pour  son  âge,  moi  et  I)e- 
nys  nous  allâmes  le  quérir  chez  lui.  Nous  voilà  tous  trois  en  route. 
Nous  gravissons  le  Cœlius,  <'f  nous  arrivons  sur  une  place  qui  pré- 


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I.KTTKF  IX.  57:. 

(H'do  la  maison  dr  Maniiirra.  Je  la  traversais  vivomonl  ot  me  diri- 
geais vers  la  porte,  lorsque  Vitrine  m'arrêtant  :  «  Ici  vont  commen- 
cer nos  explications  ,  me  dit-il  ;  ne  soyez  point  si  pressé,  Camnlo- 
gène.  Vous  avez  passé  bien  des  fois  sur  cette  place  ;  savcz-vons 
qu'elle  fait  partie  de  la  maison,  et  comment  on  l'appelle?...  C'est 
YArea  ou  le  Vestibidel")  * ,  conlinua-t-il  en  voyant  que  je  gardais 
le  silence.  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  apprendre  que  la  statue  qui 
s'élève  au  milieu  est,  suivant  l'usage,  celle  du  maître  delà  maison  ^ 
Celle-ci  est  d'airain  ^  et  représente  Mamurra  à  cheval',  en  habit  de 
préfet  des  ouvriers  de  l'armée  de  César.  Quand  nous  construisons 
une  maison  grande  et  vaste,  nous  avons  coutume  de  réserver,  entre 
la  façade  de  l'édifice  et  la  voie  publique,  une  partie  rentrante,  enca- 
drée soit  par  des  portiques  ,  soit  par  les  deux  maisons  voisines  *.  Le 
Vestibule  a  été  imaginé  afin  que  les  Clients  qui  viennent  le  matin  sa- 
luer leur  patron,  ne  soient  point  obligés  de  stationner  dans  la  rue,  lors- 
qu'ils arrivent  avant  le  réveil  des  esclaves  ^  Entrons  maintenant; 
nous  n'avons  plus  rien  à  voir  ici.  » 

Alors  il  s'approcha  de  la  porte,  dont  le  double  battant  ^  en  bois 
de  chêne  ^  encadré  entre  deux  pilastres  surmontés  d'une  élégante 
corniche*,  est  revêtu  d'airain®  et  orné  de  bulles,  gros  clous  à  tête 
ciselée  et  dorée  '",  Il  tit  tinter  une  sonnette,  destinée  dans  presque 
toutes  les  maisons  à  solliciter  l'ouverture  de  la  porte  ",  et  déjà  nous 
avions  le  pied  sur  le  seuil,  quand  Yostiarius  ou  portier,  sortant  de  sa 
cellule  *^  et  allongeant  devant  nous  une  longue  baguette  dont  il  est 
armé  *^  cria  :  «  Qui  êtes-vous  "?  »  Au  même  instant,  un  chien  posté 
près  de  lui  (les  Romains  en  placent  toujours  un  à  l'entrée  de  leurs 
maisons,  conmie  gardien  supplémentaire  ^^)  aboya  avec  une  telle 
violence  que  pendant  quelques  instants  il  nous  fut  impossible  de 
nous  faire  entendre  ^^.  Le  portier  nous  reconnut,  fit  taire  son  com- 
pagnon, et  nous  entrâmes  dans  un  couloir  pavé  en  petits  cubes  de 
marbre  blanc  entremêlés  de  points  carrés  en  marbre  noir  *. 

«  Vous  êtes  ici  dans  le  Prothyrum  (*)  '  '^,  nous  dit  Vitruve  :  ce  pas- 

1  Tac.  Ann.  XI,  53. —Dion.  XLIV,  18.  =*Dion.  XLVI,  55.  =3Juv.  S.  7,  v.  126.  = 
'■>  Cic.  ad  Allie.  IV,  3.  =  »  A.  Gell.  XVI,  5.— Macrob.  Saturn.  VI,  8.  =  «  Aperite  ambas 
fores.  Plaul.  Capliv.  IV,  2,  v.  51.— Lucan.  \\,  v.  533.— Mazois,  Ruin.  de  Pompei,  t.  II, 
pi.  1.  =  7  Ov.  Amor.  I,  6,  v.  28  ;  II,  1,  v.  28.  =  »  Mazois,  Ibid.  =  »  Plin.  XXXIV,  5 
=  1»  Plaul.  Asin.  Il,  4,  v.  20.  —  Cic.  in  Verr.  IV,  56.  =  n  Suel.  Aug.  91.  =  12  Ibid. 
Vilell.  16.  =  13  Virga.  Seneo.  de  Const.  Sapienl.  14.  —  Vigilet  cum  longo  fiisle.  Hor. 
II,  S.  3,  V.  112.  =  iManilor  :  Quis  tu?  Cir.  Philipp.  II,  31.  =  i^  Varr.  R.  R.  I,  13.  — 
Senec.  de  ira,  III,  37.— Suel.  Yiiell.  16.— Columel.  I,  prœf.  =  !«  Hor.  I,  S.  2,  v.  128. 
=»'?  ViUuv.  VI,  10.  («)  Voy.  le  Plan  de  la  Maison  de  Mamurra,  n<>  1.  (*)  Ibid.  n»  3. 


27(5  ROME  AU  S[KCLE  D'AUGUSTE. 

«  sago  conduit  à  la  porte  intérieure  '.  A  droite  et  à  gauche  sont  les 
«  loges  ou  cellules  du  portier  et  du  clii<!n  ^  (").  »  En  ce  moment  les 
aboiements  du  gardien  animal  lecommencèrent.  Le  portier  le  tira 
violemment  par  sa  chaîne,  et  lui  donnant  un  coup  de  pied,  le  fit  taire, 
et  le  renvoya  à  la  loge  *.  «  Il  paraît,  nous  dit  notre  guide,  que  les 
«  Molosses  vous  font  peur  (c'est  du  pays  des  Molosses,  en  Épire, 
«  que  viennent  ces  chiens'],  et  que  vous  vous  arrangeriez  mieux 
«  de  l'usage  où  l'on  est  dans  quelques  maisons  de  les  remplacer 
((  par  une  peinture  qui  les  représente,  et  au-dessus  de  laquelle  on 
«  inscrit  en  grosses  lettres  :  prenez  garde  au  chiex  '  *.  —  Oui,  répon- 
«  dit  Denys,  cela  est  moins  inquiétant  pour  les  visiteurs,  et  peut- 
«  être  aussi  pour  les  portiers,  qui  ne  doivent  pas  toujours  se  trouver 
«  bien  rassurés  avec  de  tels  voisins.  —  .Jamais  il  ne  leur  arrive  rien, 
«  repartit  Vitruve;  dès  que  l'on  met  un  nouveau  chien  près  d'eux, 
«  ils  lui  font  manger  une  grenouille  cuite,  et  l'animal  les  prend  en 
«  affection*.  » 

A  l'extrémité  du  Prothyrum,  qui  a  une  pente  sensible  vers  le  Ves- 
tibule*, est  une  porte  intérieure.  Elle  s'ouvre  sur  une  belle  cour 
carrée,  ornée  sur  toutes  ses  faces  d'une  colonnade  '  en  marbre  blanc*, 
formant  portiques  (*) . 

«  Nous  nommons  cette  cour  Atrium,  reprit  Vitruve,  d'.-1/r/a, 
a  ville  d'Étrurie  où  cette  disposition  architectonique  fut  inventée', 
a  N'est-ce  pas  une  heureuse  conception  que  ces  portiques  couverts 
((  adossés  à  la  maison  avec  laquelle  ils  communiquent  de  tous  côtés, 
«  et  sous  lesquels  on  peut  se  promener  à  l'ombre?  que  ce  bassin 
«  de  marbre  placé  au  centre ,  où  brille,  sur  de  jolis  carreaux  de 
«  marbres  blanc,  bleu,  et  rouge,  taillés  en  losanges,  une  légère 
«  nappe  d'eau  vive*,  qui  entretient  ici  une  agréable  fraîcheur'"? 
«  L'ensemble  àaX Atrium  s'appelle  Cavœdium^^.  Si  vous  voulez 
«  connaître  chaque  partie  par  son  nom  particulier,  l'on  nomme 
«  proprement  Cavœdia  les  portiques  adossés  à  l'habitation  {")  ;  Im- 
a  pluvium,  la  partie  vide,  tout  ce  qui  n'est  point  pavé,  la  cour  en- 
«  fin'"^('')  ;  et  Compluvium,  le  bassin  qui  en  occupe  le  centre'' (*■)*, 

1  Vitnn.  VI,  10.— Vair.  R.  P..  III,  2  Macrob.  Saluin.  Il,  13.  =  2  Ccllœ.  Petroii.  28. 
=  ^  Ibid.  64.  =*  Hor.  II,  S.  6,  v.  114.  =  »  Petron.  28,  29.— Non.  Marrcll.  v.  Piaebi- 
tio.  =  6  Varr.  R.  R.  II,  9.  =  ''  Viiruv.  VI,  3.  =  «  Plin.  XXXVI,  6.— Slrab.  V,  p.  222, 
on  156,  Ir.  fr.  =  ^  Van.  l.  |  .  y^  g  lei.  Fesl.  v.  Atrium.— Seiv.  in  .-Eneid.  1,  v.  730. 
=  1"  Mazois.  Ruin.  de  Pompei,  l.  II,  p.  3.5.  =  •'  Plin.  XVII,  21  ;  XIX,  1.  =  '"-  Cic.  in 
Verr.  1,  56.— Viiruv.  VI,  4.  -  Vair.  L.  L.  V,  §  161. -A.  Gell.  X,  15.  =  '^  Varr.  R.  R. 
I,  15.  —  Columel.  I,  6.  —  Isidor.  Orig.  XV,  8.  (")  Voy.  le  Plan  de  la  maison  de  Ma- 
muna,  n»  2.  {'')  Jbid.  n»  6.  (<)  Ibid.  n"  9.  («')  Ibid.  n»  8.  {^)  Ibid.  n°  7. 


MÏSibl 


^- 


J.ETTUi:  IX.  277 

«  parce  que  dans  les  maisons  jjrivées  d'eau\  vives  il  reçoit  les 
«  eaux  pluviales  versées  par  les  CavœdiaK 

«  L'Atrium  est  le  type  des  habitations  romaines  ^  la  pièce  obli- 
«  gée,  indispensable  pour  quiconque  a  des  Clients  :  il  faut  un 
«  Atrium  pour  les  recevoir  ^  Aussi  le  f>énie  des  architectes,  se 
«  prêtant  à  cette  nécessité,  a-t-il  inventé  des  Atria  pour  tous  les 
«  genres  de  maisons,  grandes  ou  petites,  somptueuses  ou  modestes; 
«  on  en  compte  cin({  espèces  :  le  Toscan,  le  Tétrastyle,  le  Corin- 
«  thien,  le  Displuviatum,  et  le  Tesludinatum. 

«  L'Atrium  Toscan  est  le  plus  ancien  *,  le  plus  simple,  le  plus 
«  fréquenmient  employé.  Voici  sa  forme,  poursuivit  Vitruve  en 
«  traçant  avec  le  doigt  quelques  lignes  dans  de  la  sciure  de  bois 
«  répandue  sur  le  pavé  pour  le  nettoyer^  :  il  se  compose  de  quatre 
«  poutres  croisées  à  angles  droits,  et  dont  les  extrémités  sont  scel- 
«  lées  dans  les  murs  de  l'édifice  ^.  Il  n'y  a  point  de  cour;  les  cavœ- 
«  dia  s'étendent  jusqu'aux  bords  du  compluvium'',  dans  lequel  ils 
«  vcEsent  leurs  eaux*. 

w  Le  Tétrastijle  a,  de  même  que  celui-ci,  quatre  poutres  qui  se 
«  croisent;  mais  conune  il  est  plus  grand,  on  le  supporte  par 
«  quatre  colonnes,  une  à  chaque  point  d'intersection,  d'où  le  nom 
M  de  Tétrastyle. 

«  On  nomme  6'orm^/i/eM  celui  où  nous  nous  trouvons.  Vous  voyez 
«  qu'il  verse  aussi  ses  eaux  vers  YImplucium.  C'est  le  seul  que  l'on 
«  puisse  employer  dans  les  grandes  maisons, parceque  les  nombreuses 
«  colonnes  qui  le  supportent,  tout  en  lui  imprimant  [ylusde  dignité, 
((  permettent  aussi  de  lui  donner  l'étendue  nécessaire  pour  recevoir 
«  un  peuple  de  Clients. 

«  Les  Cavœdia de l' Atrium  dispfuviat u)n  \eTsent\ems  eaux,  non 
«  vers  l'Impluvium,  mais  du  côté  de  la  maison;  de  là  le  nom  de 
«  Displuviatum.  Cette  espèce  d'Atrium  a  l'avantage  de  laisser  entrer 
«  plus  de  jour  sous  les  portiques,  et  par  suite  dans  les  pièces  qui 
«  sont  autour:  mais  d'un  autre  côté  on  a  le  désagrément  de  voir 
«  suinter  l'eau  sur  les  murs,  lorsque  les  canaux  du  toit  n'absorbent 
tf  pas  assez  vite  toute  celle  qui  s'y  ^end^  surtout  si  quelque  voisin  a 
«  le  droit  d'égout  sur  votre  maison,  C(;  qui  arrive  quelquefois  "*. 

'  Ma/.ois,  Huit),  de  l'onipci,  l.  Il,  p.  35.  =  - /6i"(/.  l'Iaiis  de  l'oiiipci,  ol  fragisiL-iiLs  du 
Plan  de  llonic  aiiti(|uc  dans  Bellori.  =  •' Hor.  I,  Kp.  5,  v.  31.  — Voy.  Leliif."  X.  = 
H'Iin.  V,  Ep.  6.  =  s  Hor.  M,  S.  4,  v.  81.— Juv.  S.  li,  v.  64.  =  "  Vilrux.  VI,  T..  = 
^  Mazois,  Ibid.  passini.  =  »  Viiiu>.  Ibtd.  —  '•>  Vitruv.  Ibtd.  —  '«  Uijji'sl  Vl||,  iji.  -j,  |rg. 
•>;  Irg.  17,  §  5;  It-g.  -20,  21. 


27H  UO.MK  AU  SIKCLK  IVAIGUS'IK. 

«  La  cinniiif'me  osp^co  fst  wlle  que  vous  avf/  vue  chez  nif)i  :  on 
«  ra|)j)olle  Testudinatum^,  parce  qu'il  est  couvert  m  entifr  parmi  toit 
tf  (|ni,  vu  d'eu  liaut,  rosseiuhle  un  ])f'U  \\  la  cara[)aoe  d'une  tortue  ^ 
«  Des  pilastres  érit-és  sur  le  faite  des  murs  de  X Atrium  soutiennent  (;e 
«  toit  et  relèvent  un  peu  au-dessus  des  bâtiments,  de  sorte  que  le 
«  jour  passe  dessous  pour  éclairer  la  cour,  qui  ne  forme  alors  qu'un 
a  ç,eA\\  ccuœdium^.  On  emploie  le  Testitiuiinéavec  succès  pour  un 
«  Atrium  de  peu  d'étendue*,  un  Atriolum^  comme  le  mien,  et  il  a 
«  cela  d'agréable  qu'il  augmente  les  espaces  dans  les  étages  supé- 
«  rieurs*,  en  permettant  de  faire  profiter  tout  le  bâtiment  de  la 
«  largeur  réservée  aux  portiques  dans  les  atitres  Atria. 

«  Remarquez  la  décoration  de  cet  Atrium  :  les  colonnes  sont  d'un 
«  seul  bloc"'  de  marbre  blanc  de  Luna*.  Le  pavé  est  du  même  mar- 
«  bre,  et  encadré  dans  des  filets  noirs,  pour  le  détacher  des  murs, 
«  dont  le  bas  est  aussi  en  marbre  blanc  jusqu'à  hauteur  d" appui,  et 
«  le  reste,  enrichi  de  peintures.  —  En  voici  de  bien  étranges,  dis-je 
«  à  Vilriive,  et  je  nie  suis  souvent  arrêté  à  les  considérer  sans  coni- 
«  prendre  ce  que  signifient  ces  figures  d'hommes  et  d'animaux  ter- 
«  minées  par  des  ornements  bizarres  et  capricieux  ;  ces  bustes  de 
«  femmes  avec  une  queue  de  dauphin  ;  ces  feuillages  développés  en 
«  volutes,  et  ces  fleurs  du  calice  (lesquelles  sort  toute  la  partie  anté- 
«  rieure  d'un  lion.  Il  faut  assurément  que  le  peintre  qui  a  décoré 
«  ces  portiques  soit  doué  d'une  bien  singulière  imagination.  —  Dite^-; 
«  bien  extravagante,  répliqua  notre  guide.  Autrefois  on  assoriissait 
«  les  peintures  au  genre,  à  la  position,  à  la  destination  de  chaque 
«  pièce;  mais  aujourd'hui  l'on  a  changé  tout  cela,  et  Mamurra  s'est 
«  laissé,  comme  un  autre,  entraîner  au  torrent  du  mauvais  goût,  en 
«  faisant  dernièrement  repeindre  son  Atrium  '.  » 

Nous  examinâmes  pendant  quelques  in.stants  ces  peintures;  le 
plafond  des  portiques,  incrusté  de  figures  moulées,  achetées  en 
(irèce  '°;  diverses  statues  d'airain  et  de  marbre,  chefs-d'œuvre  d'ar- 
tistes étrangers  ".  «  Remarquez  aussi  cette  courtine,  nous  dit  Yitruve 
«  en  nous  montrant  une  voile  de  lin  teinte  en  pourpre,  tendue  sur 
«  la  cour  ou  impluvium  pour  l'abriter  des  rayons  du  soleil.  Elle 
«  entretient  ici  une  telle  fraîcheur  que  la  mousse  y  peut  croître  '-. 

1  Vilruv.  VI,  3.  =  *  Varr.  I>.  !..  V,  §  161.— Non  Marcell.  v.  Tesludinps.  ==  'Conjrr- 
lure.  =  *  Vitmv.  VI,  3.  ^  s  q\c_  aj  Allir.  I,  10.  —  Sctipr.  Conirov.  I,  l'rotptii.  ;=  •>  \i- 
Iniv.  Jbid.  =  7  l'Iin.  XXXVl  ,  6.  —  Sirab.  V,  p.  222;  ou  156,  Ir.  fr.  =  s  Slrab.  Ibid. 
^^9  Vilruv.  VU,  5.— Guallaiii,  Monumcnli  inediti  per  i' anno  1783,  diccnibre,  lav.  II. 
^  10  Cir,  ad  Allir.  I,  10.  =  'i  Pii!i.  XXXV,  2.  z=  nji,  xi\,  1. 


«  Ces  grandes  voiles  ont  élé  inventéesen  Asie;  lorsqu'Alliile,  roi  do 
«  Porganie,  légua  son  royaume  au  peuple  Romain,  il  ya({uatre-vingl- 
«  dix  ans,  environ ,  on  trouva  de  pareilles  voiles  à  sa  cour,  et  c'est 
(f  de  là  qu'en  les  adoptant  nous  les  avons  appelées  cowtines  \  » 

Nous  dirigeâmes  ensuite  nos  pas  vers  trois  pièces  ouvertes  sur 
ÏAirium,  dont  elles  occupent  le  fond'. 

JjR  première,  située  sur  l'axe  du  Prolhyrum,  est  le  Tablinum  {"). 
Elle  contient  les  archives  de  la  famille-. 

Les  deux  centres,  placées  de  chaque  côté  de  celle-ci,  sont  les 
Ailes  {''],  Espèces  de  complément  des  archives,  elles  renferment  les 
portraits  de  famille',  exécutés  en  cire  et  rangés  chacun  dans  une 
armoire*,  au  bas  de  laquelle  une  inscription  rappelle  les  titres,  les 
honneurs,  les  belles  actions  de  celui  dont  elle  contient  l'image  ^  *. 

«  Procédons  par  ordre,  dit  Vilruve  :  avant  de  quitter  Y  Atrium, 
«  visitons  les  pièces  qui  l'entourent.  Commençons  par  les  Tricli- 
«  nia*  ('),  ou  salles  de  festin.  »  Il  ouvrit  successivement  plusieurs» 
portes,  et  nous  le  suivhnes. 

Les  7';-/c/mi'rt  brillent  par  un  luxe  d'ameublement,  par  mille  re- 
cherches ingénieuses  que  les  Romains  sont  fort  habiles  à  inventer 
pour  augmenter  leurs  jouissances.  Ces  salles  de  festin  sont  disposées 
et  multipliées  suivant  les  saisons  de  l'année®;  il  y  a  des  Triclinia 
d'hiver,  exposés  à  l'occident;  de  printemps  et  d'automne,  à  l'orient  ; 
d'été,  au  septentrion''.  Ils  sont,  en  général,  deux  fois  aussi  longs  que 
larges*,  et  portent  chacun  un  nom  particulier,  tel  que  le  Triclinium 
d'Apollon  ^  celui  de  Mercure  '°  çtc.  Tous  sont  dallés  en  marbre". 
Triclinium  signifie  proprement  une  salle  à  trois  lits.  Tu  ne  t'ima- 
gines pas  sans  doute  que  les  Romains  mangent  à  terre,  assis  sur  de  la 
paille**  ou  sur  des  peaux  de  loups  ou  de  chiens,  comme  dans  notre 
pays'';  cependant  tu  seras  surpris,  j'en  suis  sûr,  d'entendre  parler 
de  lits  dans  une  salle  de  festin.  Depuis  longtemps  les  Romains  ont 
renoncé  à  l'usage  qu'ils  tenaient  des  Laconiens  et  des  Cretois",  de 
s'asseoir  pour  prendre  leur  repas *^;  énervés  par  le  luxe,  ils  ont 
adopté  la  mode  des  Orientaux  qui,  pour  manger,  se  tiennent  à  demi 

1  Plin.  XXXV,  2.— Mazois.  Ruin.  de  Pompei,  t.  H,  p.  23.  =  2  pijn.  /ft,f».  =;3  Viliuv. 
VI,  4.  =4  Expressi  cera  vullus  sinfriilis  disponebanlur  arniarijs.  IMiii.  XXXV,  2.= 
■'  Tit.-Liv.  X,  7;  XXX,  45;  XXXVl,  40.  —  lac.  Aiin.  XVI,  7.  —V.Max.  IV,  4,  1;  5,  2  ; 
V,  8,  3.  — Ov.  Fast.  1,  V.  591.  =  6  Van-.  L.  L.  VUI,  §  29.  =7  Vitruv.  VI,  7.  =  ^  /i/,/. 
5.  =  9  Plul.  Lucull.  41.  =  10  Suot  Gland.  10.  ="  llor.  II,  S.  4,  v.  83.  =  <^  Sliab.  IV, 
p.  197  ;  ou  65,  tr.  fr.  =  '3  |)iod.  Sirul.  V,  p.  505.  =  '^  Scrv.  in  /Eneid.  VII,  v.  177. 
—  »  Ov.  Kasi.  VI,  V.  305.  {")  Plan  de  la  Maison,  n"  15.  ('•)  Ibid.  n"  16.  (^)  It.id.  n"  10. 


280  UOiMt:  AU  SIÏ'XLE  D'AUGUSTE. 

couchés,  le  corps  appuyé  sur  le  coude  '.  lis  portent  celle  habitude  de 
mollesse  jusque  dans  le  travail,  et  ils  s'étendent  aussi  sur  des  lits 
pour  lire  et  pour  écrire^.  Quand  on  n'est  pas  en  mouvcnicnl  il 
semble  qu'ici  l'état  naturel  soit  d'être  couché.  Le  langa^^e  usuel  ti';- 
moigne  de  cette  langueur  :  ainsi  les  Romains  disent  tel  citoyen  couche 
dans  toi  quartier,  pour  loge,  habite^. 

Pendant  longtemps  les  femmes  conservèrent  l'habitude  de  s'as- 
seoir à  table;  mais  aujourd'hui  elles  imitent  les  hommes*,  et  l'on  ne 
voit  plus  que  des  lits  dans  les  Triclinia.  Ils  sont  placés  à  l'une  de 
leurs  extrémités,  le  long  des  murs,  et  sur  trois  côtés  ^,  le  quatrième 
restant  vide  pour  le  service.  La  table  se  dresse  entre  les  trois  lits  ("). 

Chez  Mamurra,  les  lits  de  chaque  salle  sont  pareils^,  mais  ceux 
d'une  salle  ne  ressemblent  point  à  ceux  d'une  autre.  Dans  les  Tri- 
clinia d'hiver,  ils  sont  inscrustés  d'or  '  et  d'ivoire*;  dans  ceux  de 
printemps  et  d'automne,  ornés  de  plaques  d'argent*  ou  d'écaillé  de 
tortue  '°;  dans  ceux  d'été,  de  bois  d'érable  et  de  citre,  avec  les  en- 
coignures et  les  jointures  dessinées  par  des  baguettes  d'argent". 

Il  y  a  aussi  quelques  salles  de  festin  à  deux  lits  seulement,  et  que 
pour  cette  raison  l'on  nomme  Biclinia^^- .  Destinés  aux  réunions 
moins  nombreuses,  les  lits  en  sont  aussi  beaucoup  plus  simples  "  ; 
la  plupart  n'ont  que  quelques  ornements  d'airain  ;  les  plus  somptueux 
portent  sur  leur  chevet  la  tète  d'un  petit  âne  couronné  de  pampres, 
autour  de  laquelle  folâtrent  de  rustiques  enfants'*.  Les  moins  beaux 
de  tous  sont  des  lits  nommés  lits  Puniques. 

Dans  les  Biclinia,  la  garniture  des  lits  se  compose  de  peaux  de 
boucs,  comme  chez  les  gens  peu  riches  '*  ;  mais  dans  les  Triclinia  on 
trouve  des  matelas  rembourrés  de  laine  des  Gaules  '^,  de  plume''',  ou 
de  duvet  de  cygne'*;  des  coussins  recouverts  de  soie'^;  des  housses 
magnifiques,  les  unes  en  pourpre-'',  les  autres  brodées  de  différentes 
couleurs-',  d'autres  couvertes  de  dessins  représentant  des  chasses  et 

1  Ilor.  1,  Od.  27,  V.  8  ;  II,  S.  4,  v.  39.  —  Cic.  de  Senecl.  13.  =  «  Ov.  Trisl.  I,  10, 
V.  38.  —  Suet.  Aug.  78.  —  Lecluliis.  Hor.  I,  S.  4,  v.  133.=3Xrans  Tibcrim  longe 
rubat  is,  prope  C;psaiis  Hoiios.  Hor.  I,  S.  9,  v.  18.— Cubai  hic  in  colle  (Juirini.  Id.  Il, 
Ep.  2,  V.  68.  =  4  V.  Max.  Il,  1,  2.  =  5  Hor.  I,  S.  4,  v.  86.  —  Varr.  L.  L.  IX,  §  9.  — 
l'elron.  21.  — l'Iaul.  Slich.  III,  2,  v.  51.— Macrob.  Salur.  II,  9.  =«  Varr.  L.  L.  IX,  §  47. 
=  '?Plaul.  Stich.  II,  2,  v.  53. —Mari.  IX,  23.  =  8  Ploul.  /éid.  —  Varr.  L.  L.  VIII, 
(SJ  52.  —  Hor.  II,  S.  6,  v.  105.  =9Plin.  XXXIil,  ll.  =  i0Varr.  L.  L.  IX,  §  47.  — 
l'Iin.  IX,  11.— Juv.  S.  11,  V.  91.  =  <'Pliii.  XXXIIl,  ll.=  "Piaul.  Baccliid.  IV,  4, 
V.  69,  102.  =  1*  Plin.  XXXIV,  3.  =  li  Juv.  S.  1 1,  v.  91.=  '  *  Cic.  pro  Murcna,  56.— 
V.  Max.  Vil,  3,  1.  =  if  Plin.  VIII,  48  ;  XIX,  1.  —  Juv.  S.  7,  v.  221.  — M.irl.  XI,  .57; 
XIV,  139,  160.  =  '"Cic.  Tuscul.  lil,  19.  =1»  Mari.  XIV,  161.  =  •»  Id.  III,  82.  = 
-'«  /(/.  XIV,  147.  —  Hor.  II,  S.  4,  v.  84;  S.  6,  v.  102.—  Plut.  Lucull.  40.  =  «'  Cic. 
Tuscul.  V,  21.  v")  Voy.  sur  le  Plan  de  la  Maison,  les  Triclinia,  ii"  10. 


LETTRE  IX.  281 

loiit  leur  appareil'.  On  fait  venir  ces  housses  de  Babylone  ^  Vitruve 
nous  en  montra  une  que  Mamurra  paya  huit  cent  mille  sesterces  (*), 
il  y  a  quelques  années,  et  qui  vaudrait  beaucoup  plus  anjonrfj'liui  ^. 

Plusieurs  des  Tri clinia  sont  ornés  (\c  eoloinies*,  et  pavés  de  dalles 
de  marbre  incrustées  de  pièces  rapportées'^  représentant  toutes 
sortes  d'animaux  ^  Dans  d'autres,  le  pavé  se  compose  en  entier  de 
petits  morceaux  de  marbre  piqués  dans  un  mortier  très-solide.  La 
plupart  sont  blancs,  plusieurs  sont  noirs  et  disposés  de  manière 
à  former  des  dessins  et  des  ornements  variés.  Ce  dernier  genre  de 
pavé  s'appelle  lithostrate  ^•,  le  premier  se  nomme  gravé^  ou  vermi- 
culé^.  Des  tentures  en  étotïes  de  laine  brodée'"  décorent  les  murs, 
des  statues  dorées  servent  de  candélabres  pour  les  repas  de  nuit  ",  et 
des  voiles,  arrangées  en  forme  de  tente  militaire '^  pendent  au-dessus 
de  la  table  du  festin,  connue  pour  la  garantir  de  la  poussière  '*. 

Les  tables  ne  le  cèdent  ni  en  magniticence  ni  en  variété  aux  lits 
triclinaires  :  Elles  sont  rondes  '*,  portées  sur  un  seul  pied,  tantôt 
d'argent,  tantôt  d'ivoire  '*  ou  d'airain  '^  ou  des  bois  les  plus  rares  et 
les  plus  précieux,  enrichis  de  toutes  les  merveilles  de  la  sculpture*''. 

Le  principal  ornement  du  Trivlinium  ce&iY Abaque,  meuble  en 
airain  '*,  qui  se  place  du  côté  opposé  aux  lits,  et  sur  lequel,  les  jours 
de  réception,  on  étale  des  vases  précieux",  de  la  vaisselle  d'or  et 
d'argent,  ornée  de  dessins  en  relief,  enrichie  de  pierres  fines ^",  et 
portant  le  nom  du  maître,  et  même  le  poids  du  vase  ou  du  plat-'; 
en  un  mot,  tout  l'appareil  du  luxe  le  plus  éblouissant  ^^  Denys  ne 
pouvait  se  lasser  d'admirer  tous  ces  objets  d'art,  parmi  lesquels  il 
en  reconnaissait  beaucoup  venant  de  sa  patrie. 

En  sortant  des  Triclinia,  nous  allâmes  visiter  deux  autres  corps- 
de-logis  situés  aux  côtés  de  X Atrium,  et  qui  sont,  à  gauche  la  Cui- 
sine, * C"),  puis  les  Carceres  et  les  Equilia  {'),  remises  et  écuries^* ;  à 
droite  la  Pistrine  ('*),  heu  où  Ton  fait  le  pain'*,  et  des  logements 
d'esclaves  à  côté  {').  Nous  rentrâmes  ensuite  dans  Y  Atrium. 


1  relion.  40.  =  2  Pli,,.  YHI,  48.  — l'iaut.  Sticli.  H,  2,  v.  34.  =  3  pnn.  ibid.  =■  '>  .luv. 
S.  7,  V.  182.  =  S  Lucil.  fragm.  IV,  ex  incert.  Salyr.  lib.  — Plin.  XXXV,  l.  =  6pij„. 
Ihid.  ='' Lilhostroium.  M.  XXXVI,  23.  =  *  Srulpluralum.  Ibid.  =  ^  Vcrmiculalum, 
Ibid. ~Luc\\.  Ibid.  =  'o  V.  Max.  IX,  1,  5.  =  "  Lucrel.  II,  v.  24.  =  i^  Serv.  in  /Etieid. 
I,  V.  701.  =13  Hor.  III,  od.  29,  v.  13  ;  II,  S.  8,  v.  34.  -  Serv.  Ibid.  =  i'  Varr.  L.  L. 
V.  §  118.— Ov.  Trisl.  H,  v.  U5i.  =  i''iu\.  S.  11,  v.  117.  —Mari.  Il,  45;  IX,  23;  XIV, 
91.=iMMin.  XXXIV,  3.=''?Juv.  S.  11,  v.  122.=!»  Abarus.  Plin.  XXXIV,  3.  = ''Cir.  de 
l'inib.  II,  8. =50  pnp.  XXXIII,  11.— PIul.  Liirull.  40.  =21  Pclron.  51.=22(;if.  Tuseul. 
V,  21.-VaiT.  L.  L.  IX,  §  47  =  ^3  Viliuv.  VI,  10.  =  2V  cio.  in  V\<o.  27.  (")  1G3,  666  f. 
60  c.  {'')  Plan  de  la  Maison,  n"  13.  (<•)  Ibid.  u»  14    (<*)  Ibid.  n"  11.  (•')  Ibid.  11»  12. 


282  ItOMi:  AU  SIÈCLI-:  IJ'AUGLSTi:. 

«  Ce  qiifi  vous  venez  de  voir  jnsfjirk  pr«'!seiU,  nous  dit  Vitriivo, 
«  constitue  la  première  parlic',  la  parlio  piil)li(jue  de  la  maison, 
«  celle  où  les  Clients  ont  drcjit  do  pénc-licr,  à  l'excrption  peut-être 
«  des  Tridinia.  Nous  allons  niainlenanl  parcourir  lu  partie  privée, 
«  où  personne  ne  peut  entrer  sans  y  être  invité  -.  Passons  par  ces 
«  corridors  appelés  Fauces  ("),  ménagés  de  chaque  côté  du  Tahîi- 
«  num.  Nous  voici  dans  le  Péristyle  ['']. 

«  Ce  pnrticpie,  plus  long  que  large,  et  supporté  par  des  colonnes, 
«  rappelle  la  forme  de  YAlrium^.  Mais  ici  l'on  a  déployé  plus  de 
«  magnificence  et  de  recherche  :  une  statue  s'élève  en  avant  de 
((  chafjue  colonne*;  des  plutci  de  marbre,  creusés  en  caisses  où 
«  Ton  cultive  des  fleurs,  remplissent  une  partie  des  entrecolonne- 
«  ments*.  Le  centre  du  portique,  au  lieu  d'être  une  cour  comme  flans 
«  l'Atrium,  est  un  Xyste  {') ,  parterre  où  la  vue  se  repose  en  tout 
«  temps  sur  la  verdure,  car  ces  lauriers  que  vous  y  voyez  restent 
«  verts  pendant  la  plus  rigoureuse  saison*.  J'ai  placé  ici  une  fon- 
«  taine  de  marbre  i'^),  et  je  l'ai  faite  pyramidale  afin  d'augmenter  la 
«  fraîcheur  que  l'on  vient  chercher  dans  ce  Xyste";  les  eaux  jail- 
«  lissantes  sont  un  des  moyens  que  nous  employons  le  plus  volon- 
«  tiers  pour  cela*,  aujourd'hui  que  presque  toutes  les  maisons  ont 
«  de  l'eau  ^.  Rentrons  sous  les  portiques.  Les  murs  en  sont  revêtus, 
«  sur  toute  leur  hauteur,  de  tables  de  marbre  blanc  veiné  de  tha- 
«  SOS  '";  les  colonnes  sont  en  marbre  de  Scyros  et  de  Caryste,  dont 
a  les  couleurs  variées  font  mépriser  le  marbre  blanc";  le  pavé  est 
«  en  marbres  de  diverses  couleurs  ''-,  et  le  plafond  en  menuiserie  à 
«  compartiments '\ 

«  —  Pourquoi,  dis-je  à  Vitruve,  les  portiques  ne  sont-ils  pas  ré- 
«  guliers?  Sur  trois  cotés  il  n'y  a  qu'un  rang  de  colonnes,  et  j'en 
«  vois  deux  sur  le  quatrième.  —  Le  côté  où  les  colonnes  sont  dou- 
«  blées  se  trouve  à  l'exposition  du  midi  :  nous  avons  adopté  cette 
«  disposition  afin  que  dans  les  orages,  la  pluie  chassée  par  le  vent 
«  notus  ('")  ne  pénètre  pas  jusqu'aux  appartements.  '*  » 
Notre  guide,  en  disant  ces  derniers  mots,  nous  conduisit  à  l'extré- 


'  Pailem  domus  primoiem,  quam  \ulf;iis  Atrium  >ocal.  A.  Gell.  XVI,  3.  —  Mairob. 
Salurn.  VI,  8.  =  2  Vitiuv.  W.  S. —  i  ILid.  i  ;  UI,  1.  =  i  (".ic.  in  Verr.  1,  19.  = 
5  Yilruv.  IV,  4.  =  s  M.  VI,  10.—  l'Iin.  V.  Kp.  6.  =  '  Plin.  Ibid.  —  ShpI.  Auiî.  82.  = 
«Cic.  ad  Quint.  Frat.  111,  1.  =9  Slrab.  V,  p.  235;  ou  210,  tr.  fr.  =  1"  l'Iin.  XXXVl,  (5. 
=  "  Strab.  1\,  p.  437,  o\i  .513  tr.  fr.  =  '-  Ruines  de  Pompci,  passim.  =  '3  Viiruv. 
VI,  10.  =  U  Id.  V,  11.  (a)  Plan  de  la  Maison,  n"  17.  ('-;  IbiJ.  n"  18.  /■,  Ibid.  n"  19. 
(<*;  Ibid.  no  20.  (f  )  Vent  d'ouest. 


LETTUK  IX.  28." 

mite  occidenti^le  du  péristyle,  et  nous  introduisit  dans  plusieurs 
salles  ornées  de  colonnes  (").  «  Voici  Tapparlonient  des  femmes, 
H  nous  dit-il,  l'endroit  où  elles  se  tiennent  liabitiiellcment  pour  Ira- 
«  vailler.  On  nomme  ces  salles  Œci.  Examinons  d'abord  celle  oii 
«  nous  nous  trouvons,  qui  est  un  Œcus  corinthien.  Ses  colonnes 
«  sont  en  marbre  de  Luna,  seul  admis  dans  cette  niaison  avec  cet 
«  autre  beau  marbre  blanc  à  larges  ondulations  vertes,  que  nous  ti- 
«  rons  de  Caryste  ('')  :  Mamurra  les  préfère  à  tous  les  autres'.  La 
«  voûte  est  en  stuc. 

«  VŒcus  égyptien,  continua-t-il  en  gagnant  la  salle  suivante, 
«  dont  les  portes  étaient  revêtues  d'écaillés  de  tortue',  est  pareille- 
«  ment  orné  de  colonnes  détachées  des  murs  latéraux.  L'architrave 
«  de  ces  colonnes  et  les  murs  d'enceinte  supportent  une  terrasse 
t(  extérieure  qui  fait  le  tour  de  la  pièce.  Des  fenêtres  remplissent  les 
«  entrecolonnements  supérieurs  ■'  ;  devant  tombent  des  voiles  qui 
«  interceptent  le  froid  en  hiver,  et  garantissent  des  rayons  du  soleil 
«  en  été*;  elles  sont  en  outre  garnies  de  toiles  transparentes*  fixées 
«  sur  des  grillages  ou  treillis  °.  » 

La  Bibliothèque  suit  les  Œci  (')  ;  elle  est  placée  à  l'orient,  parce 
qu'on  travaille  ordinairement  ici  le  matin,  et  que  de  plus  cette  expo- 
.sition  a  l'avantage  de  préserver  les  livres  de  l'humidité  apportée  par 
les  vents  du  midi  et  du  couchant,  qui  font  éclore  les  vers  et  les 
autn-s  insectes  destructeurs  des  volumes  ^ 

«  L'on  réserve  la  position  du  couchant,  dit  Vitruve  en  nous  con- 
«  duisant  à  l'autre  bout  du  Péristyle,  pour  Y  F  xèdre''  ['^],  grande 
«  galerie'  où  Mamurra  reçoit  les  philosophes,  les  rhéteurs,  lesgram- 
0  mairiens,  et  les  poètes  qui  veulent  bien  Thonorer  de  leur  amitié ^ 
«  Les  uns  prennent  place  sur  les  sièges  qui  garnissent  le  pourtour 
«  de  cette  pièce "^  ;  les  autres  se  promènent,  et  chaque  groupe  s'oc- 
((  cupe  de  conversations  sérieuses  ou  plaisantes,  littéraires  ou  poli- 
«  tiques.  On  fait  souvent  des  Exèdres  carrés '^  Celui-ci  est  à  la 
«  greccpie  :  trois  fois  plus  long  que  large  '-,  forme  bien  mieux  appro- 
«  priée  à  sa  destination.  Cette  vaste  étendue  permet  aussi  au  déco- 
M  rateur  de  doimer  carrière  à  son  génie,  et  d'étaler  en  peinture, 

»  Plin.  XXXVT,  6.  =  2  Virg.  Georg.  H,  v.  462.  =  3  Viliuv.  VI,  3.  =  '■*  Digesl.  XXXUI, 
lil.  7.  leg.  12,  g,  16,  20.  =  5  Cato.  R.  R.  14.  —  Plaut.  Mil.  glor.  H,  4,  v.  26.  —  Pilt. 
d'Rrrol.  I.  1,  p.  229,  2G1.  =  «  Vilruv.  I,  2  ;  VI,  7.  =  ■?  hi.  VI,  10.  =  »  Ibid.  5.  = 
9  Cip.  de  Xal.  deor.  I,  6.  =  'O  Vilruv.  V.  M.  —  Cic.  Ibid.  =  "  Vilruv.  VI,  5.  =  '^  /rf. 
V,  11.  c)  Plan  de  la  Maison,  n"  21.  {'']  C'est  le  Cipollin.  (^j  Plan  delà  Maison,  n»  22. 
(rf)  Ibid.  no  24. 


!284  UOMK  AL  SlhiCLE  D'AUGUSTE. 

«  roimnc  on  fait  dans  cos  sortes  de  galeries,  tous  les  simulacres  de 
«  l'architeclure  la  plus  riche  '.  « 

Nous  n'arrivâmes  à  \  l'Jxèdre  qu'en  traversant  la  Basiliqur"), 
pièce  tout-à-fait  indispensable  dans  les  maisons  des  grands.  Celle-ci 
ressemble  pour  l'étendue  et  pour  la  magnificence  aux  basiliques  pu- 
bliques dont  j'ai  déjà  parlé*. 

La  crainte  de  répéter  ce  que  j'ai  dit  ailleurs,  surtout  le  désir  d'éviter 
des  descriptions  longues  et  diffuses  sur  les  pièces  si  nombreuses  qui 
composent  la  maison  de  3Ianmrra,  donnent  quelquefois  à  mon  récit 
le  caractère  d'une  nomenclature  assez  sèche;  cependant  comme  je 
ne  veux  rien  omettre,  je  continuerai  d'avoir  recours  de  temps  en 
temps  au  mode  abréviatif.  En  sortant  de  \ Exèdre  nous  allâmes  voir 
les  Bains  placés  à  l'occident^  C")  ;  des  Bains  nous  passâmes  dans  le 
Sphœristerium  {')  ou  Jeu  de  Paume,  qui  en  est  voisin*;  il  se  compose 
d'une  grande  pièce  où  l'on  joue  à  la  balle  trigonale,  et  de  plusieurs 
autres  petites  appelées  .4/mfona  ('')  destinées  aux  jeux  paisibles*.  De 
là,  revenant  sous  les  portiques,  nous  entrâmes  dans  un  petit  Atrium 
circulaire  autour  duquel  sont  les  Cubicula  ou  chambres  à  cou- 
cher" i'),  qui  servent  aussi  de  chambres  de  travail^,  et  dans  lesquelles 
on  trouve  des  hts  en  bois  de  citre*,  de  cèdre,  de  térébinlhe,  garnis 
de  coussins  de  plumes  enveloppés  dans  des  étoffes  de  soie,  pour  lire 
ou  écrire*;  d'autres  pour  dormir,  garnis  de  couvertures  en  peaux 
de  taupes^.  Yitruve  était  un  peu  fatigué  :  il  poussa  la  porte  de  la 
chambre  où  nous  venions  d'entrer,  rabattit  dessus  une  voile  en  étoffe 
de  couleurs  variées  ^*',  qui  se  met  sur  presque  toutes  les  portes  inté- 
rieures pour  en  compléter  la  fermeture'*,  s'assit  sur  un  lit  de  repos, 
et  commença  à  nous  parler  de  tous  les  embellissements  qu'il  avait 
faits  dans  cette  maison.  Puis,  s'interrompant  tout  d'un  coup  :  «  Ji; 
«  croyais,  dit-il,  que  nous  étions  au  bout  de  notre  visite  ;  j'oubliais 
«  \e  Sacrarium.  »  Alors  il  se  leva,  nous  ramena  sous  le  péristyle, 
nous  conduisit  au  milieu  du  portique  septentrional,  et  nous  fit  entrer 
dans  un  Atrioluni^-  [f],  composé  de  dix  colonnes,  et  au  fond  duquel 
s'élève  un  édicule  (»).  Dans  ce  sanctuaire  sont  quatre  statues  d'airain  : 

>  Vitruv.  vu,  5.  =  2 /rf.  VI,  8.-  Voy.  Leltre  UI.  =3  Vitruv.  I,  2;  V,  7,  10;  VI,  7. 
=  *  Plin.  II,  Ep.  17;  V,  Ep.  6.  —  l'i-lroii.  27.  =  5  V.  Leilre  XUI.  =  6  Cic.  Q.  I  r;il. 
III,  l.  =  T  Tac.  de  Oral.  2,  14.— Plin.  lU,  Ep.  1.  =  «  Hor.  Epod.  8,  v.  15.— l'roperl. 
ni,  5,  V.  63.— Peis.  S.  1,  v.  32.  =  9  Plin.  VIII,  58.  =  >»  Pollux.  OnomasI.  X,  7.  = 
J'  Vélum.  Sener.  Ep.  80.  — Juv.  S.  9,  v.  105.  —  Lamprid.  Ilelio^.  14  ;  Alex.  Se\er.  i. 
—  Pra-lenla  foiibus  vcla.  SiiPl.  Claud.  10.=  '-Suel.  Aup;.  92.  ")  Pian  do  la  .Maison, 
n"  23.  {!'<  Ibid.  n"  25  clsiii\.  f/)  /6ic/.  n"  56.  ^<')  tbid.  n"  37.  (')  ILid.  h"'  58. 
{!)  Ibid.  n"  59.  (9)  Ibid.  ii"  40. 


LETTRE  IX.  â.Sr. 

Denysen  reconnut  deux,  lu  première  un  Cnpidun,  el  la  seconde  ini 
Hercule,  pour  être  des  ouvrages  de  Praxitèle  et  de  Myron,  fameux 
sculpteurs  grecs.  Un  petit  autel  dressé  devant  ces  divinités  annonce 
la  sainteté  du  lieu. 

Les  deux  autres  statues  sont  de  moyenne  grandeur,  mais  d'une; 
beauté  parfaite.  A  leurs  traits,  à  leurs  vêtements,  on  reconnaît  dt; 
jeunes  vierges;  les  bras  élevés,  elles  portent  sur  la  tête  des  corbeilles 
sacrées  qu'elles  soutiennent  de  leur  doigts  légers'.  Ce  Sacrariuin 
sert  aussi  d'archives,  et  l'on  y  dépose  les  papiers  de  famille  les  plus 
précieux  -.  Il  jouit  d'une  certaine  célébrité  à  cause  de  sa  magnificence, 
et  peu  d'étrangers  quittent  Rome  sans  l'avoir  visité  :  c'est  un  monu- 
ment antique  de  la  piété  des  ancêtres  de  Mamurra',  et  de  celle  de 
Mamurra  lui-même. 

«  Il  nous  resterait  à  visiter  les  Cœnacula,  dit  Vitruve;  ce  sont  les 
«  étages  supérieurs*.  Nous  nous  en  dispenserons  :  il  n'y  a  rien  là 
«  de  curieux.  Mais  je  veux  vous  faire  voir  extérieurement  l'ensemble 
«  de  cette  maison  dont  vous  venez  de  visiter  l'intérieur.  Suivez -moi 
«  sur  le  Solarium  ;  vous  savez  sans  doute,  continua-t-il  en  se  tour- 
te nant  vers  moi,  que  c'est  une  terrasse"  qui  règne  sur  les  principaux 
«  corps  de  logis  de  la  maison,  et  sert  de  promenoir^;  c'est  là  qu'au 
«  printemps  et  à  l'automne,  on  vient  quelquefois  se  chauffer  aux 
«  rayons  bienfaisants  du  soleil".  Ne  vous  rebutez  pas  de  la  roideur 
«  de  ces  degrés  construits  contre  tous  les  principes  de  l'art  :  un  peu 
«  de  courage,  nous  voilà  arrivés.  » 

La  vue  générale  de  la  maison  de  mon  hôte  nous  jeta,  Denys  et 
moi,  dans  un  véritable  étonnement,  et  il  fallut  que  notre  guide  nous 
désignât  chaque  partie  de  l'édifice  pour  nous  convaincre  que  nous 
n'avions  pas  sept  ou  huit  maisons  sous  les  yeux.  «  Cette  demeure, 
«  nous  dit-il,  est  Tune  des  plus  grandes  de  Rome,  où  cependant  il  y 
«  en  a  beaucoup  qu'on  prendrait  pour  des  villes*.  —  Elle  surpasse 
«  en  étendue  le  champ  de  Cincinnatus*,  interrompit  Denys.  —11  le 
«  faut,  repartit  Yitruve,  sans  quoi  nos  riches  se  croiraient  logés  trop 
«  à  l'étroit^.  Je  dis  nos  riches,  attendu  que  la  maison  de  Mamurra 
<(  ne  forme  point  à  Rome  une  exception  unique;  depuis  longtemps 

1  Cir.  in  Verr.  V,  2,  5.  =  2  Suet.  Tib.  51.  =  3  Cic.  Ibid.  2.  =  4  Varr.  L.  L.  V, 
§  162.— Fest.  V.  cœnacula.— Instil.  IV,  lit.  5,  §  1,  2.  =5Plaut.  Mil.  glor.  II,  4,  v.  25. 
—  Suet.  Claud.  10;  Nero.  16.  =  ^  Macrob.  Salurn.  II,  4.  =  ^  Isid.  Orig.  XV,  5.— Pers. 
S.  4,  V.  18  el  35.  =  ^  Domos  in  urbium  modum  exsedificaïas.  Sali.  Calil.  12.  —  Uibis 
opus  domus  una  fuit  :  spatiumque  tenebal,  —  Quo  brevius  nuirisi  oppida  niulia  lenenl. 
Ov.  Fasi.  VI,  V.  C41,  42.  —  9  y.  Max.  IV,  4,  7. 


'2A0  ROMK  AU  SlVn.E  D'AUGUSTE. 

«  il  (Ml  (wislo  l)oau('()ii|)  d'aïUi't's  (jui  poiivciil  rivalisor  avoc  ollo,  (éliras 
«  que  celles  du  grand  Pompée,  dans  les  Carènes,  que  vous  pouvez 
«  voir  d'ici,  et  qui  maintenant  appartient  à  Tibère-Néron,  beau-fils 
«  de  l'empereiu''  ;  du  jurisconsulte  Caïus  Aquilius,  sur  le  mont  Vi- 
«  minai;  de  Q.  Catulus,  le  vain(|ueur  des  Cimbres;  de  l'orateur 
«  Crassus',  achetée  depuis  par  Cicéron,  et  possédée  maintenant  par 
«  Censorinus^;  de  Scaurus,  toutes  trois  sur  le  mont  Palatin*;  do 
«  Lépidus*,  et  de  bien  d'autres  encore.  —  J'ai  lu  dans  vos  vieilles 
«  annales,  interrompit  Denys,  que  les  plus  belles  maisons  des  an - 
((  ciens  Romains,  des  premiers  personnages  de  la  république,  étaient 
c(  fort  petites,  témoin  celle  du  consul  Valérius  Publicola,  qui  fut  abat- 
M  tue  en  un  jour^  —  Sans  remonter  aussi  haut,  vous  auriez  pu,  re- 
«  partit  notre  ami,  citer  la  famille  .'Elia,  qui,  composée  de  seize 
«  personnes,  habitait  une  petite  maison  à  l'endroit  où  sont  les  Mo- 
«  numentsMarianiens'^;  parler  de  ce  Caton  qui  n'a  pas  moins  illustré 
«  Utique  par  sa  mort  que  Rome  par  sa  naissance,  et  dont  la  de- 
«  meure  fort  exiguë  était  celle  d'un  sage  qui  compte  le  nombre  dé 
«  ses  amis  par  celui  de  ses  Clients*;  mais  .^lius  et  Caton  étaient 
«  gendresdu  grand  P.  Emile,  ce  vainqueur  de  la  Macédoine,  qui  trans- 
«  porta  à  Rome  tant  de  richesses  dont  il  ne  garda  rien  pour  lui  '. 

«  Ces  exemples  illustres  n'étaient  que  des  exceptions;  les  maisons 
«  durent  suivre  la  progression  d'agrandissement  de  l'empire,  et 
«  quand  Rome  eut  porté  ses  enseignes  victorieuses  dans  toutes  les 
a  contrées  de  l'univers,  quand  le  sénat  vit  des  rois  à  sa  porte,  quand 
«  de  simples  citoyens  en  comptèrent  parmi  leurs  Clients,  quand  les 
«  généraux  de  la  république  distribuèrent  des  royaumes,  alors  il  ne 
«  fut  plus  possible  k  un  citoyen  important  d'occuper  une  modeste 
«  demeure,  où  il  n'aurait  pu  ni  recevoir  ses  Clients,  ni  offrir  Thos- 
«  pitalité  aux  étrangers,  genre  de  libéralité  aussi  profitable  à  la  ré- 
«  publique  qu'elle  pouvait  l'être  à  eux-mêmes.  Rien  de  plus  facile 
«  que  de  déclamer  contre  le  luxe  et  la  somptuosité  des  bâtiments, 
M  mais  il  faut  examiner  avant  tout  si  ce  luxe  n'est  point  une  néces- 
«  site  de  position,  une  chose  de  force  majeure,  à  laquelle  il  y  a 
«  moins  d'inconvénients  à  se  soumettre,  qu'il  n'y  en  aurait  à  s'y  sous- 
«  traire.  —  Il  me  paraît  constant,  répliqua  Denys,  que  dans  les 


'  Plan  et  Descripl.  de  Rome,  n»  26.  =  2  pijn.  XVII,  1.  =  3  plan  et  Desrript.  de  Home, 
n»  234.  =*/6J"d.  n"  236.  —  Plin.  Ibid.  =  »  Id.  XXXVI,  6.  =  «  Plut.  Poblic.  10.  —  D. 
Hâlic.  V,  19.  =:  •?  V.  Max.  IV,  â,  8,  -  Plut.  P.  .flmil.  .î,  28.  =  »  V.  Max.  II,  10,  8.  = 
^  Plut.  P.  JEmil.  a. 


LKTTRE  IX.  2H7 

«  hoiuix  Ipiiips  de  la  république,  les  grands  hommes  logeaient  dans 
o  (le  petites  maisons  auxquelles  la  renommée  de  leurs  vertus  impri- 
«  niait  une  illustration  pour  ainsi  dire  sacrée,  tandis  qu'aujourd'hui 
«  c  est  la  maison  qui  t'ait  la  réputation  du  maître,  et  que  Ton  de- 
«  vient  célèbre  uniquement  parce  que  Ton  couche  sous  des  lambris 
«  dorés,  au  milieu  de  centaines  de  coloimes,  et  des  marbres  les  plus 
«  rares  et  les  plus  précieux  *.  » 

Nous  étions  descendus  du  Solarium,  après  avoir  admiré  la  vue 
magnifique  dont  on  jouit  du  haut  de  celte  belle  terrasse,  et  Denys, 
songeant  à  la  retraite^  se  dirigeait  vers  le  Prothyrum,  quand  Vitruve 
Ir  rappelant,  lui  dit  que  pour  nous  faire  connaître  toute  la  maison, 
nous  allions  sortir  par  un  passage  secret  nommé  Posticum,  porte  de 
derrière^,  ou  Pseudothyrwn^  {"],  situé  à  Topposite  du  Vestibule*. 

A  l'extrémité  des  couloirs  qui  mènent  aux  passages  secrets  (il  y  en 
a  deux),  nous  trouvâmes  un  portique  aboutissant  sur  une  longue  ga- 
lerie que  notre  ami  nous  désigna  sous  le  nom  de  Pinacothèque'^,  ou 
galerie  de  tableaux  {'').  C'est  encore  un  nom  grec  tel  que  ceux  de 
triclinium,  de  prothyrum,  de  xyste,  de  péristyle,  d'exèdre,  etc.  Les 
Grecs  étant  les  maîtres  des  Romains  en  architecture,  ces  derniers  ont 
emprunté  à  la  langue  hellénique  la  plupart  des  noms  en  usage  dans 
les  constructions.  Vitruve  ne  nous  fit  pas  entrer  dans  la  Pinacothèque 
parce  qu'elle  est  en  réparation  ;  mais  il  nous  dit  que  son  exposition 
tout-à-fail  septentrionale  avait  été  choisie  avec  intention,  la  lumière 
qui  vient  de  cette  partie  du  ciel  étant  toujours  plus  égale*. 

Nous  passâmes  donc  outre,  et  j'arrivai  le  premier  à  la  porte  se- 
crète. Comme  l'employais  toutes  mes  forces  pour  l'ouvrir  en  la  pous- 
sant devant  moi,  Denys  s'approcha,  et  la  tirant  à  lui  sans  etfort  : 
«  Vous  n'avez  pas  encore  remarqué,  me  dit-il,  qu'ici  toutes  les  portes 
«  des  maisons  s'ouvrent  en  dedans. —  J'avoue  répondis-je,  que  cela 
«  m'avait  échappé  jusqu'alors  :  je  crois  cependant  en  avoir  vu  qui 
«  se  développent  sur  la  voie  publique.  —  Oui,  une  seule,  au  bas 
«  du  mont  Palatin,  celle  de  Valérius  Publicola.  C'est  une  distinction 
«  unique  qui  fut  accordée  par  le  peuple  à  ce  grand  homme,  en  re- 
«  connaissance  des  services  qu'il  avait  rendus  à  la  république''.  — 
«  Denys  a  raison,  dit  notre  ami,  mais  il  faudrait  ajouter  que  le  fds  de 


iCic.  deOffic.  1,  59.— Plin.  XH,  I.  =  «  V.  Max.  V,  7,  5  ;  VI,  8,  6.  — Suet.  Claud.  18. 
=  3  cic.  posl  redit,  in  Seiiat.  6.  —  Peiron.  11.  =  *  Til.-Liv.  XXXIX,  .">1.  =  »  Viliuv. 
1,  2  ;  VI,  7.  =  6  Vilruv.  Ibid.  ='!D.  Halic.  V,  7^9.  —  Plut.  Pobiic.  20.—  Plin.  XXXVI, 
15.  {")  Plan  (le  la  Maison,  n»  42.  {'')  Ibid.  n»  /«l. 


288  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

«  Publicola  el  Fabius  Ma.viiiins  icciircnl  aussi  un  honneur  sem- 
«  l)lablo,  ot  qu'on  los  gralilia  inrino  do  cos  maisons  comme -réconi- 
«  penses  publiques.  8i  le  jour  était  nioins  avancé,  je  vous  propose- 
«  serais  d'aller  visiter  la  vénéral)le  demeure  de  Publicola,  où  vous 
<(  pourriez  prendre  une  idée  de  ce  (jue  Ton  appelait  jadis  une  belle 
«  maison.  3Iais  maintenant  la  seule  proposition  que  je  puisse  vous 
«  faire,  c'est  de  venir  souper  avec  moi.  » 

Nous  n'acceptâmes  ni  l'un  ni  l'autre;  Denys  était  invité  chez  l'un 
des  Consuls,  et  moi,  me  méfiant  de  ma  mémoire,  je  voulais  rédiger 
sur-le-champ  cette  relation  d'une  visite  dans  la  maison  de  Mamurra*. 


LETTRE  X. 


LES   CLIENTS. 


A  ce  nom  de  Clients,  tu  vas  peut-être  croire  qu'il  s'agit  de  servi- 
teurs dévoués  qui  s'attachent  à  un  homme  influent  par  son  caractère, 
ses  talents,  ses  richesses;  ne  l'abandonnent  jamais  dans  la  plus 
mauvaise  fortune^;  le  suivent  à  la  guerre,  et  n'hésitent  point  à  se 
faire  tuer  avec  lui  s'il  succombe  dans  les  combats,  ou  à  se  donner 
eux-mêmes  la  mort  s'ils  ont  le  malheur  de  lui  survivre^?  ce  sont  là 
ûe&Solduriens,  mon  cher  Induciomare,  et  il  n'y  a  point  de  Soldu- 
riens  à  Rome;  cet  honneur  n'appartient  qu'à  nos  Gaules.  Ici, 
comme  dans  notre  pairie,  les  hommes  influents  ont  bien  des  Clients,» 
mais  leurs  relations  mutuelles  se  bornent  aux  devoirs  civils. 

Ce  fut  Romulus  qui  régla  entre  les  grands  et  le  peuple  les  rap- 
ports de  patronage  et  de  clientèle  '\  Après  avoir  organisé  son  gou- 
vernement, il  recommanda  le  peuple  aux  Patriciens,  et  permit 
à  chaque  Plébéien  de  se  choisir  un  protecteur  parmi  eux.  Il  em- 
prunta, m'a-t-on  dit,  cette  institution  à  la  Grèce,  où  elle  était  depuis 
longtemps  en  usage  chez  les  Thessaliens.  La  condition  des  patronés 
ressemblait  alors  à  une  sorte  d'esclavage,  et  quoiqu'il  déguisât  cette 
servitude  de  fait  sous  les  noms  de  Patrons  et  de  Clients'',  le  pre- 
mier, dérivé  du  mot  patres,  pères,  et  le  second  du  participe  co- 
lentes,  honorant  ^  néanmoins  il  ne  parvint  à  l'adoucir  qu'en  ren- 
dant mutuellement  obligatoires  les  devoirs  respectifs  des  protecteurs 
et  des  protégés. 

Le  droit  de  patronage  qu'il  établit  alors  consistait  à  répondre  aux 
Clients  sur  la  justice  et  le  droit  civil,  dont  ils  n'étaient  point  instruits; 
à  prendre  soin  d'eux,  présents  ou  absents;  à  faire  pour  eux  tout  ce 
qu'un  père  fait  pour  ses  enfants,  tant  en  ce  qui  concernait  l'argent 
que  les  contrats  pécuniaires;  à  poursuivre  le  redressement  des  in- 
justices qui  pourraient  les  atteindre;  à  les  défendre  contre  leurs 

1  Cxs.  de  Bell.  Gall.  Vil,  40.  =  2  Ibid.  1,  2,  3,  4  ;  III,  22  ;  VI,  15.=  3  Cic.  de  P.epub. 
II,  9.  — Plut.  Romul.  13.— D.  Hjilic.  Il,  10.  =  '•  1).  H;ilir.  Ibid.  —  VUu.  Romul.  i:!.= 
=  Serv.  in  .•Eneid.  VI,  v.  G09. 

'•  .  19 


200  ROME  AU  SFKCLE  D'ALT.USTE. 

accusateurs;  en  un  mol,  à  leur  procurer  toute  la  tranquillité  dont 
ils  avaient  besoin  dans  les  affaires  publiques  ou  particulières. 

Les  Clients,  de  leur  coté,  devaient  aider  les  Patrons  à  marier 
leurs  tilles,  et. former  la  dot  si  les  pères  étaient  pauvres;  payer  leur 
rançon  et  celle  de  leu4's  enfants  quand  ils  devenaient  prisonniers 
de  guerre;  satisfiiire  pour  les  procès  qu'ils  perdaient,  et  acquitter 
les  amendes  qu'ils  encouraient;  aider  à  fournir  l'argent  nécessain; 
pour  leurs  magistratures,  honneurs,  et  autres  dépenses  publiques,  le 
tout  de  leurs  propres  deniel's,  comme  auraient  pu  faire  des  paretits. 

Il  était  également  défendu  aux  Patrons  et  aux  Clients  de  s'entre- 
accuser  en  justice;  ûc.  témoigner  l'un  contre  l'autre,  de  se  rendre  en- 
nemis l'un  deTautre'.  Si  quelqu'un  se  trouvait  convaincu  d'îtvoir  fait 
l'une  de  ces  trois  choses,  on  lui  appliquait  la  loi  de  Romulus  contre 
les  traîtres  :  sa  forfaiture  constatée,  le  premier  venu  pouvait  le  tuer, 
comme  victime  vouée  à  Pluton  ^ 

Ces  sages  règlements  maintinrent  pendant  plusieiirs  siècles 
l'union  des  Clients  avec  1rs  i\Ttrons  aussi  étroite  qu'entre  parents,  les 
pères  la  laissant  à  leurs  enfants  comme  par  tradition.  Les  familles 
noblestenaient  à  honneur  d'avoir  un  grand  nombre  de  Chents',  et 
les  Patrons  prenaient  soin,  non-seulement  de  conserver  la  clientèle 
venue  de  leurs  ancêtres,  mais  aussi  de  l'augmenter  par  leur  propre 
mérite  et  par  leur  vertu.  Il  régnait  entre  eux  une  rare  émulation 
pour  se  prévenir  d'amitié,  pour  se  rendre  de  bons  offices,  les  uns  crai- 
gnant de  ne  jamais  faire  assez,  les  autres  de  trop  recevoir,  tant  il  est 
vrai  que  leur  tempérance  était  à  l'épreuve  de  tous  les  plaisirs  de  là 
vie,  et  qu'ils  faisaient  consister  le  bonheur  et  le  souverain  bien  dans 
la  vertu,  et  non  dans  la  richesse  *. 

A  mesure  que  Rome  s'agrandit,  les  liens  de  patronage  et  dtî 
clientèle  se  relâchèrent  en  s' étendant;  la  famille  groupée  autour 
de  chaque  patron  devint  si  nombreuse,  qu'il  ne  fut  plus  possible  au 
chef  d'en  bien  connaître  tous  les  membres;  cela  prêta  à  une  dimi- 
nution d'aiîection  mutuelle,  parce  que  Ton  se  trouva  moins  en  vue 
l'im  de  l'autre.  Ensuite  la  délicatesse  où  la  fierté  des  Patrons,  qui, 
dans  la  suite,  refusèrent  comme  une  chose  honteuse  de  recevoir  au- 
cun secours  pécuniaire  de  leurs  Clients  ^  jeta  ces  derniers  dans  un 
état  très-grand  d'infériorité. 

1  Plut.  Romul.  15  ;  Marius,  5.  —  D.  Halic.  Il,  10.  =  «  D.  Halic.  Jbid.  —  Serv.  in 
iî:neid.  VI,  v.  609.  =  3  D.  Halir.  Ibid.  —  Plut.  Romul.  13  ;  Marius,  4.  =  *  Plut.  Ro- 
nnil.  15.  -  D.  Halic.  II,  10,  =  ?•  Plut.  Ibid. 


LETTRE  X.  201 

Aujourd'hui  les  Clients  peuvent  se  partager  en  deux  classes  :  les 
grands  et  les  petits;  car  ce  nom  est  aussi  poî-té  par  des  citoyens 
riches,  ayant  occupé  ou  occupant  des  magistratures  dans  la  ré- 
publique,  et  jouissant  par  eux-mêmes  d'un  grand  crédita  Par 
exemple,  tous  les  personnages  ciui  ont  recours  aux  Orateurs  ou  aux 
Jurisconsultes,  dont  les  fonctions  sont  bénévoles  et  gratuites,  de- 
viennent leurs  Clients^.  Pompée,  vainqueur  de  toute  la  terre  et  de 
Ift  mer,  s'avouait  sans  difficulté  client  de  roràteur  Hortensius  qui 
l'avait  défendu  en  plaidant  pour  lui*;  Marius,  après  avoir  rempli 
déjà  plusieurs  fonctions  publiques,  était  client  d'un  certain  C.  He- 
rennius*;  les  hommes  les  plus  honorables  l'étaient  de  Cicéron, 
lequel,  à  raison  de  ses  grands  talents  oratoires,  toujours  au  service 
de  quiconque  les  réclamait,  avait  mérité  le  beau  titre  de  Patron  de 
tout  le  monde^. 

La  clientèle  n'entraîne  aucune  idée  d'infériorité  pour  les  grands 
citoyens  que  l'on  pourrait  appeler  Clients-patrons,  cet  état  ne  les 
empêchant  pas  d'avoir  aussi  leurs  propres  Clients,  dont  ils  reçoivent 
les  hommages  tout  en  portant  eux-mêmes  les  leurs  à  d'autres  pa- 
trons ^  Néanmoins  quiconque  n'a  pas  occupé  une  magistrature  cu- 
rule,  c'est-à-dire  du  premier  ordre,  ne  peut  exercer  le  patronage, 
à  moins  qu'il  ne  soit  fds  ou  descendant  d'un  citoyen  ayant  satisfait  à 
cette  condition'';  car  encore  aujourd'hui,  comme  autrefois,  c'est  un 
droit  qui  se  transmet  de  race  en  race  ^. 

Il  est  d'usage  ici  que  chaque  matin  un  homme  un  peu  considérable, 
un  citoyen  qui  a  un  état  de  maison,  reçoive  chez  lui,  avant  d'aller  à 
ses  affaires,  ses  amis,  ou  du  moins  ceux  qui  se  disent  tels',  et  ses 
Clients,  et  qu'une  partie  reste  pour  l'accompagner  quand  il  sort  ^'^. 
On  a  distingué  par  des  dénominations  empruntées  à  leur  plus  ou 
moins  d'assiduité  ces  Chents  qui  viennent  ainsi  faire  leur  cour;  il 
y  a  les  salutateurs,  qui  se  bornent  à  la  simple  visite",  c'est  là  le  plus 
grand  nombre;  puis  les  précédeurs^'^ ;  les  conducteurs,  qui  sortent 
avec  le  patron  et  le  conduisent  peiidant  quelques  instants";  les 


1  Plaut.  Menœchm.  IV,  2,  v.  9.  =  2  Tac.  de  Orat.  6,  11,  13.  —  Cic.  Tuscul.  U,  20. 
=  3  Senec.  Controv.  VII,  2.  =  *  Plut.  Marius,  5.  =  s  Omnium  palronus.  Csecina,  in 
Cic.  Ep.  famil.  VI,  7.—  Optimus  omnium  palronus.  Calul.  46,  v.  7.  =  6  Cic.  pro  Cœlio, 
7.— Mart.  U,  18.  —^  Plut.  Marius,  5.  —»  Cic.  in  Verr.  III,  18.  —  D.  Halic.  II,  10.  — 
— Suel.  Aug.  17;  Tib.  6.  =  9  Cic.  ad  Allie.  I,  18.  =  lo  Voy.  Lettre  XXVII.  =  ^  Salula- 
tores.  Q.  Cic.  de  Petit,  consul.  9.  —  Tac.  de  Orat.  13.  —  Virg.  Georg.  II,  v.  462.  = 
12  Anteambulones.  Mart.  II,  18;  III,  7;  X,  74.  =  '»  Deduclores.  Q.  Cic.  Ibid.—  Hor. 
I,  S.  9,  V.  59.— Tac.  de  Oral.  9. 


20-2  ROME  AU  SIÈCLK  DAIGUSTE. 

uccompagneurs\  elles  suiceurs^*,  qui  rescortent  on  tons  lieux, 
et  ne  le  quittent  que  ((uand  il  est  rentre  eliez  lui\  Les  Romains 
trouvent  que  traîner  ainsi  après  soi  une  nombreuse  suite  de  gens, 
donne  une  grandeur  et  une  majesté  vénérables*;  ils  ont  raison  sans 
doute,  attendu  que  cbez  eux  la  multitude  est  portée  à  n'estimer  les 
hommes  grands  et  importants  que  par  le  fraeas  qui  les  entoure". 

Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  de  condition  plus  dure  que  celle  des 
Clients  du  dernier  rang  ;  bien  certainement  des  esclaves  sont  plus 
heureux  que  ces  hommes  prétendus  libres,  qui  n'ont  pour  ainsi 
dire  de  repos  ni  jour  ni  nuil^  Souvent  ils  se  lèvent  avant  l'aurore, 
pour  accourir  chez  le  Patron"',  et  devancer  la  foule  de  leurs  rivaux 
qui  se  contentent,  pour  la  plupart,  d'attendre  les  premiers  feux  du 
jour*.  Ils  ne  prennent  pas  même  le  temps  de  faire  leur  barbe®. 
Ont-ils  par  hasard  dormi  quelques  instants  de  plus  que  de  coutume, 
le  jour  commence-t-il  à  poindre  :  ils  se  réveillent  en  sursaut,  et  les 
voilà  courant  au  milieu  de  la  boue  du  matin  '",  à  moitié  chaussés  "  et 
vêtus  à  cru  de  la  toge  de  rigueur^-.  Le  Client  doit  toujours  être  en 
toge  pour  faire  honneur  à  son  patron,  avoir  l'air  d'être  un  citoyen 
d'un  certain  rang,  pour  se  distinguer  du  prolétaire,  qui  n'a  d'autre 
vêtement  qu'une  tunique'''  courte"^,  de  couleur  brune '^,  sans  man- 
ches '^  et  descendant  un  peu  plus  bas  que  le  milieu  des  cuisses'". 

Mais  ce  n'est  pas  tout  :  quand  ils  ont  ainsi  bravé  la  bise,  enduré 
la  pluie  ou  la  neige,  suivant  les  saisons'*,  le  plus  difficile  est  d'entrer 
chez  le  Patron.  S'ils  ne  sont  pas  dans  les  bonnes  grâces  du  portier, 
qui  d'un  œil  dédaigneux  et  vénal  choisit  ceux  qu'il  doit  laisser  en- 
trer, souvent  il  leur  arrive  de  rester  dehors  '^  et  de  s'entendre  traiter 
de  chiens  et  de  flatteurs  par  ces  gardiens  de  la  porte-".  Sont-ils  en- 
trés, ils  leur  faut  encore  essuyer  non-seulement  les  mépris  des  au- 


1  Asseclatores.  Q.  Cic.  dePelil.  consul.  9.— Senec.  deTranquil.anim.  12.  =*Proseou- 
lores.  Tac  de  Oral.  9.  —  Mart.  XI,  25.  =  3>iar(.  jj^  18  ;  lU,  7;X,  74.  ^^Tac.  de  Oral.  11. 
— Plul.  Ponip.  23.  =  5  Tac.  Agric.  40.  =  *>  Mart.  IX,  94.  ^=  "  De  nocle  domus  complealur. 
0-  Cic.  de  Pet.  consul,  12,  15.  —  Somnum  suum  rumpentibus,  ut  alienum  exspectent. 
Senec.  de  Brevit.  vit.  14.  —  Juv.  S.  o,  v.  19.  —  Officia  anielucana.  Plin.  111,  Ep.  12.  — 
Mari.  X,  82.  =  8  Mart.  XII,  26;  XIV,  123.  =  9  Id.  ÏU,  36.  =10  Matutinum  ferre  pa- 
tique  luluni.  Mart.  XII,  26.  =;  '^  Juv.  S.  3,  v.  20.  =  '^  Per  Forum  volilet  cum  raagna 
ceterva  togatoruni.  Cic.  pro  Sext.  Rose.  46.  —  Sportula  turbœ  rapienda  tog.ilff.  Juv. 
S.  1,  v.  93.  — Togalorum  couiitalus.  Tac.  de  Orat.  6.  —  Grex  togalus.  Mari,  f,  109;  II, 
37;  m,  46;  IX,  105;  X,  74,  82;  XI,  23.—  Suel.  Aug.  60.  =  ^3  Tunicalus  popcllus. 
Hor.  I,  Ep.  7,  V.  63. — Tunicatus  populus.  Tac.  de  Orat.  7.  =  >*  Xon.  Marcel,  v.  llphip- 
pium.  =  15  Pulliita.  Suet.  Aug.  44.— Ouint.  Instit.  Orat.  VI,  5.  —  Plin.  Vil,  Ej).  17.  — 
l'Icbeius  aniictus.  Lucan.  H,  v.  18.  =  is  Cic.  Calil.  II,  10.  = '"  Calo.  II.  R.  59.  — 
l'illur.  d'Ercol.  I.  111,  p.  227.  =  "*  Mari.  X,  82.  =  '»  Hor.  I,  S.  9,  v.  37.— Senec.  de 
(lonsl.  Snpienl.  li,   i3.  =  2"  l.uci.m.  Xiiirin.  22. 


LKTTIU:  X.  îî\)7, 

tros  esclaves,  qui  ne  (hiignent  pas  toujours  leur  n'poudi-e  fiuand  ils 
s'informent  si  le  Patron  est  éveillé  \  mais  aussi  provoquer  leur  eom- 
plaisance  en  la  payant^.  Les  pauvres  solliciteurs  s'adressent  au  cuhi- 
culaire,  esclave  de  la  chambre,  jouissant  souvent  d'assez  de  crédit 
auprès  du  Patron  ^,  et  surtout  au  nomendateur  *,  autre  serf  non  moins 
insolent^,  chargé  de  connaître  les  noms  de  toutes  les  personnes  qui 
viennent  chez  son  maître,  et  de  les  lui  souffler  à  l'oreille  à  mesure 
qu'elles  se  présentent  ou  qu'il  les  aborde*.  Comme  il  faut  pour  cela 
une  mémoire  prodigieuse ,  il  arrive  que  certains  nomenclateurs , 
quand  ils  ne  reconnaissent  pas  les  individus,  leur  appliquent  des 
noms  imaginaires,  pour  ne  pas  demeurer  courts'',  et  le  pauvre  Client 
se  voit  ainsi  frustré  d'une  partie  de  sa  peine,  on  ignore  qu'il  est  venu. 

Ce  Patron  tant  désiré,  dont  la  débauche,  l'orgueil,  ou  la  dureté  ont 
tenu  la  porte  close,  se  montre-t-il  enfin  ^  c'est  pour  accabler  ses  mal- 
heureux visiteurs  de  sa  politesse  outrageante^.  A  moitié  endormi,  et 
encore  tout  engourdi  des  excès  de  la  veille,  à  peine  daigne-t-il  pro- 
noncer avec  un  bâillement  dédaigneux  les  noms  mille  fois  soufflés  de 
ces  empressés  qui  ont  interrompu  leur  sommeil  pour  venir  attendre 
son  lever.  Trop  heureux  quand  ce  maître  superbe,  feignant  une  af- 
faire importante,  ne  passe  pas  au  milieu  d'eux  sans  leur  parler;  ou 
bien,  les  laissant  se  morfondre  dans  son  atrium,  ne  met  pas  leur 
patience  à  l'épreuve,  en  s' échappant  par  une  porte  secrète**'. 

Et  quel  est  le  prix  d'une  vie  si  misérable?  la  sportule^\  lepana- 
riolum^'^,  vivres  de  médiocre  qualité'',  que  chaque  jour  le  Pa(ron 
fait  distribuer  publiquement  sur  le  vestibule  de  sa  maison,  à  la 
foule  affamée  qui  assiège  la  porte  ^'*.  Le  Chent  accourt,  la  tète  char- 
gée de  ses  vases  culinaires  dont  la  plupart,  afin  sans  doute  de  trom- 
per la  libéralité  du  distributeur,  sont  d'une  dimension  à  effrayer 
la  générosité  du  maître  '^.  En  effet,  les  distributions  se  font  avec  une 
grande  parcimonie.  Dans  beaucoup  de  maisons,  au  lieu  de  vivres  on 
donne  quelques  pièces  de  monnaie  *®.  Certains  Clients  reçoivent  par 
jour,  vingt-cinq  as '''(''),  d' autres  jusqu'à  trois  deniers '*('')  ;  mais  ce 
sont  là  les  f\ivoris,  les  grands  figurants.  Au  commun  des  Clients,  au 

1  Columel.  I,  prœf.  :=  ^  Ho,-.  I,  S.  9,  v.  57.  =  '  Ci>.  ;id  AUic.  VI,  2.  =  '*  Luciun. 
meicede  conduct.  10.  =  s  Senec.  de  Const.  Sypicnl.  li.  =  "^  hl.  di;  Urovil.  vil.  1  i  ; 
de  lieiief.  1,  5;  VI,  25;  Ep.  27.  ="'  Ibid.\  et  de  Benef.  I,  3.  — Maciob.  SaUun.  II,  ^. 
—  ^  Senec.  de  Rrevit.  vil.  U.  =  »  Ibid.  F, p.  '(.  =  i'>  M.  de  lîrevit.  vil.  U  ;  f.onsol. 
ad  Marc.  10.— Airia  servanlem  poslieo  l'allc  rlienlem.  Ilor.  I,  Ep.  3,  v.  31.  =  "  Spoi- 
lula.  Mail.  XIV,  L2:j.  —  Juv.  S.  1,  v.  O.ï,  118;  S.  3,  v.  249,  clc.  =  l2]Mait.  V,  50.  == 
1^ /(i.  XUI,  123.=  li  Juv.  S.  1,  V.  93.  =ii/rf.  S.  3,  v.  230.  =  •"  Jlarl.  111,7;  X, 
75.  =  '"f  Id.  VI,  88.  =  18  Mari.  IX,  103.  («)  1  fr.  55  environ.  {^)  5  fr.  20. 


294  liO.ML  AU  SILCLL  D'AUGL'STi:. 

plus  grand  nombre,  la  sporfiilc  n<;  vaut  pas  plus  de  dix  sesterces  par 
mois  '  (")  *. 

Les  malheureux  réduits  à  subir  cette  sordide  libéralité  sont  appe- 
lés slipateurs^,  du  slijjs,  la  moindre  des  monnaies  d'airain  C")  avec 
laquelle  on  leur  paie  leur  sftlaire.  Lh  sporlule  est  l'unique  ressource 
des  Clients  pour  avoir  une  toge,  des  chaussures,  se  nourrir,  se  pro- 
curer du  feu,  et  s'éclairer  ^  Aussi  tu  ne  saurais  croire  à  quel  point  la 
rnisère  les  dégrade;  rien  de  plus  vil,  de  plus  rampant  que  ces  affa- 
més :  ils  prodiguent  aux  Patrons  les  termes  de  la  ilatterie  la  plus  ob- 
séquieuse, la  plus  outrée,  les  formules  de  la  plus  basse  servilité,  jus- 
que-là qu'ils  les  nomment  maîtres,  et  rr^ême  rois*,  titre  proscrit  à 
Rome  depuis  tant  de  siècles.  Ils  ont  si  bien  habitué  les  Patrons  à  s'en- 
tendre traiter  ainsi,  que  beaucoup  se  croiraient  offensés  s'ils  se  con- 
duisaient autrement^. 

Entre  ces  Clients  de  bas  étage  et  les  grands  Clients,  il  y  a  une  es- 
pèce d'ordre  intermédiaire  moins  assidu,  mais  plus  considéré  du 
Patron.  Ceux-là,  il  les  traite  avec  quelque  générosité  :  leur  sportule 
est  d'ordinaire  d'une  centaine  de  quadrants®  {'].  11  leur  témoigne 
mênie  une  apparence  d'amitié,  et  dans  ses  jours  de  bonne  humeur, 
lorsqu'il  lui  reste  quelque  place  vide  au  dernier  rang  de  sa  table,  il 
les  invite  à  souper''. 

Mais  pourquoi  les  riches  ouvrent -ils  leurs  maisons  à  de  pareilles 
gens?  Parce  que  cette  vile  plèbe  est  citoyenne  ;  qu'elle  a  des  suffrages 
à  donner  pour  les  élections  aux  magistratures*,  et  lesélections  revien- 
nent si  fréquemment,  qu'il  faut  toujours  choyer  ces  gens-là.  On  les  paie 
afin  d'en  avoir  beaucoup^  ;  on  les  nourrit  pendant  des  années  inutile- 
ment; mais  qu'un  jour  ils  poussent  leur  Patron  à  une  magistrature 
importante,  au  consulat  ou  au  commandement  d'une  armée,  par 
exemple,  les  voilà  pour  toujours  acquittés  des  bienfaits  qu'ils  ont  reçus. 
Le  Patron  s'indemnise  alors  par  ses  mains  des  avances  qu'il  a  faites; 
témoin  Jules-César  dans  nos  pauvres  Gaules  qu'il  a  tant  pillées'"! 

Du  moment  qu'on  soudoya  les  Clients,  ce  qui  n'avait  été  jusqu'a- 
lors qu'un  état,  qu'une  condition,  devint  une  profession.  Tous  les 


1  Mart.  lY,  26.  =5  Stipalores.  Cic.  in  Piso.  27.  —  Ilor.  T,  S.  3,  v.  158.  =  '  Juv.  S 
1,  V.  117.  — Senec.  Ep.  i.  =  Mior.  I,  Ep.  17,  v.  43.— Columel.  I,  prœf.— Mort.  I,  113; 
n,  18,  68  ;  UI,  7  ;  VI,  88  ;  X,  10.  =  '  Mari.  VI,  88.  =  «  /«.  UI,  7  ;  IV,  68  ;  VI,  88  ; 
X,  73.  =  7  M.  IV,  68;  XI,  25  ;  XII,  26.  —  Juv.  S.  5,  v.  16.  —  Cic.  in  Piso.  27.  = 
8Q.  Cic.  de  Pclit.  consul.  1,  9.  =  »  Cic.  pro  Murcna,  52.  —  Sali.  Jugurt.  72.= 
«o  Suet.  Ca?s.  54.— Appian.  de  lU-li.  civ.  II,  p.  715.  («)  2  fr.  63  en\iron.  (b)  Le  sd'ps 
vaul  un  peu  plus  d'un  dcmicenlime.  {'')  18  fr. 


LETTRK  X,  295 

pauvres  se  pressèrent  autour  des  riches  généreux  ;  la  clientèle  perdit 
son  caractère  do  fixité,  ûc  familiarité;  les  Patrons  n'eurent  plus  pro- 
prement leurs  Clients  :  cette  classe  devint  un  peuple  hanal  (pii  se 
donna  à  tout  h;  monde,  sans  s  attacher  à  personne*.  C'est  aujour- 
d'hui une  habitude,  une  vieille  coutume  ^  Rien  de  plus  commun 
que  de  voir  des  Clients  qui  ne  passeraient  pas  devant  une  porte  ou- 
verte sans  y  entrer;  qui  courent  chaque  matin  de  maison  en  maison, 
promener  à  la  vonde  leur  politesse  mercenaire  ^  et,  comme  disent 
les  Romains,  vont  faire  les  bourdons'',  c'est-à-dire  beaucoup  de 
bruit  sans  se  rendre  bien  utiles.  11  y  a  tels  de  ces  coureurs  de  spor- 
tules  qui  se  présentent  régulièrement  chez  les  dix  tribuns,  chez  les 
deux  consuls  ^  et  trouvent  encore  moyen  d'arriver  assez  tôt  chez  un 
dernier  Patron  pour  l'accompagner  au  Forum*'.  «  Il  faut  que  le 
«  maigre  se  frotte  au  gras"  »  me  disait  hier  un  de  ces  visiteurs  à  la 
course,  pour  me  faire  comprendre  qu'il  n'allait  bourdonner  que 
chez  les  riches.  Au  surplus,  ce  n'est  là  qu'une  activité  famélique  à 
laquelle  les  contraint  la  modicité  de  la  sportule.  En  cumulant  ainsi 
les  profits  journaliers  d,e  dix  ou  douze  de  ces  distributions,  ils  ont 
encore  bien  de  la  peine  à  vivre  et  à  s'entretenir  un  peu  décemment. 

La  vénalité  des  Clients  a  contribué  à  rendre  les  Patrons  encore 
plus  fidèles  à  leurs  devoirs  qu'autrefois,  si  cela  est  possible  :  ils  sont 
toujours  empressés  à  plaider  pour  eux  dans  les  plus  mauvaises 
causes,  et  devant  toute  espèce  de  tribunal  ;  toujours  aussi  soigneux 
d'éviter  de  porter  témoignage  contre  eux^;  les  devoirs  du  patronage 
viennent  immédiatement  après  ceux  de  la  parenté,  ceux  du  tuteur 
envers  son  pupille,  de  l'hôte  envers  son  hôte  ;  on  témoigne  en  justice 
pour  un  Client  contre  ses  proches,  et  jamais  pour  ses  proches  contre 
un  Client 'o.  Voilà  qui  te  donnera  d'un  seul  mot  une  idée  du  respect 
pour  les  devoirs  du  patronage  :  un  poëte,  dans  un  ouvrage  tout  nou- 
veau, place  aux  enfers  ceux  qui  pendant  leur  vie  ont  haï  leurs 
frères,  maltraité  leur  père,  ou  trahi  les  intérêts  d'un  Client  ^^  ! 

Un  autre  côté  par  où  le  patronage  se  montre  magnifique,  c'est  dans 
les  relations  de  Rome  avec  les  colonies,  les  villes  alliées  ou  conquises, 
les  nations  et  les  rois  barbares  qui  tous  viennent  chercher  des  Pa- 

'  Salutandi  plures.  Hor.  1,  S.  6,  v.  101.  —Mail.  VIII,  44  ;  IX,  94.  =2  0-  Cic.  de 
Petil.  consul.  9.  =  3  Per  diverses  domos  meriloriam  salulalioncra  circumtulciin(. 
Sencc.  de  lUevit.  vil.  14.  =''  Fucum  farcie.  Q.  Cic.  Ibid.  =  "'  Mail.  IV,  79.  =  ^  Hor. 
I,  S.  6,  V.  101.  =  ■^  Accèdes  siccus  ad  uiiclum.  Hor.  1,  Ep.  17,  v.  12.  =  8piaul. 
Meiiœclim.  IV,  2,  v.  IG.— Quint.  Itistil.  Oral.  VI,  3  = -M'iul.  Marius,  5.  =1"^^.  Gcll. 
V,  13.  —  1!  Virg.  .-Encid.  VI,  v.  000. 


29ti  HOME   AL   SILCLK  D  ALGlSii:. 

tronsdaiis  ccttt!  capitale  du  llK»n(l^^  Pour  rilcr  quclijiics  t-xciiiplcs, 
la  Sicilo  est  sons  lo  patronai;o  des  Marcclliis'-  ;  Cicéion  était  le  seul 
patron  de  tons  les  Capouans^;  Fabius  Sanga,  des  Allobroges  *  ; 
M.  Caton,  de  l'île  de  Cypre  et  du  royaume  de  Cappadoce*,  etc. 

Ce  patronage  n'est  pas  seulement  pour  la  forme  :  les  devoirs  ré- 
ciproques en  sont  religieusement  observés;  les  Patrons  défendent 
les  Clients  quand  ils  ont  quelque  affaire  à  Rome  ;  les  Clients,  de  leur 
côté,  portent  également  secours  à  leurs  protecteurs  dans  les  occa- 
sions critiques,  et  quand  ces  derniers  ont  quelque  affaire  judiciaire 
où  on  les  poursuit,  aussitôt  les  premiers  citoyens  des  pays  engagés 
sous  leur  patronage  accourent  témoigner  ou  solliciter  en  leur  faveur®. 
Les  lois  et  les  devoirs  de  la  clientèle  et  du  patronage  étrangers  sont 
si  respectés,  que  l'empereur  dispensa  les  Bolonais  de  prendre  parti 
pour  lui  dans  sa  guerre  contre  M.  Antoine,  parce  que  de  toute  anti- 
quité ils  étaient  dans  la  clientèle  de  la  famille  de  cet  ancien  triumvir  ''. 
Ajoutons  que  ces  relations  en  général,  forment  un  trait  de  la  politique 
romaine  :  conmie  il  n'est  permis  qu'à  des  citoyens  romains  d'intenter 
une  action  judiciaire  contre  d'anciens  gouverneurs  de  provinces  qui 
ont  abusé  de  leur  pouvoir  (et  cela  arrive  souvent) ,  force  est  bien  à 
toutes  ces  cités,  à  toutes  ces  nations,  à  tous  ces  rois  qui  ne  sont  point 
admis  à  l'bonneur  du  droit  de  cité  romaine,  d'avoir  des  Patrons  à 
Rome  pour  se  faire  rendre  une  justice  qu'on  leur  accorde  encore  as- 
sez ditiicilement*. 

Rien  ne  me  paraît  plus  glorieux  qu'un  tel  patronage  pour  les  ci- 
toyens romains,  qui  chez  eux  confondus  dans  la  foule,  deviennent  au 
dehors  des  personnages  importants,  auxquels  des  cités  et  des  nations 
entières  viennent  confier  leurs  plus  chers  intérêts,  et  presque  leur 
destinée.  Ce  protectorat  est  une  sorte  de  royauté  sans  diadème,  qui 
n'a  de  la  royauté  que  la  tâche  la  plus  noble  et  la  plus  belle,  celle 
de  faire  du  bien,  d'adoucir,  de  conjurer  des  maux,  et  de  les  réparer. 
Mais  pour  le  patronage  vulgaire,  celui  de  grand  à  petit  citoyen,  rien 
de  plus  avilissant  que  la  manière  dont  il  se  pratique  en  partie,  rien 
de  plus  ignoble  que  cette  troupe  famélique  qui  se  rassemble  autour 
d'un  homme  riche,  comme  au  bord  d'un  lac,  pour  y  puiser  et  le 
troubler^*. 

1  Ti!.-Liv.  I\,  20. —  n.  Halir.  H.  11.  — Cic.  Pliilipp.  M,  'il  ;  in  Vorr.  IV,  3.  —  Suol. 
Titi.  C— Tar.  de  Oral.  36.  —  Cnitcr.  p.  't'O.  =  ^  Cic.  in  Vcrr.  \\\,  18  ;  l)i\inal.  4.  = 
•^  Id.  in  l'iso.  11.=  ' Sali.  Calil.  41.  — Appiaii.  de  lîell.  civ.  Il,  p.  712.  —iC\r.  Ep.  famil. 
\V,  i.  =«(;ir.  pro  Sjlla,  21.="  Sud.  .^uj,'.  17.  =SCii-.  l)l\inal.  20.  —  Til.-Liv. 
XLllI,  2.  =  9  ScMCC.  Kp.  36. 


LETTRE  XI. 

DE  LA  NUMÉRATION  DU  TEMPS. —  KALENDRIEU  ROMAIN. 

Le  mode  de  la  numération  du  temps  est  la  première  chose  à  con- 
naître, et  cependant  je  m'aperçois  que  je  ne  te  l'ai  pas  encore  expli- 
qué. Je  me  hâte  de  réparer  aujourd'hui  cette  omission,  et  je  t'envoie 
la  copie  d'un  Kalendricr  ou  table  de  comput. 

Les  Romains  règlent  leur  année  sur  le  cours  du  soleil.  Elle  a  trois 
cent  soixante-cinq  jours,  répartis  dans  douze  mois  S  à  peu  près  tous 
égaux,  qu'ils  appellent  :  le  premier,  Januarius,  de  Janus,  dieu  qui 
chez  eux  ouvre  l'année  ^;  le  second  Fehruarius,  du  verbe  fcbruare, 
purifier,  parce  qu'en  ce  mois  on  pratique  certaines  purifications  en 
l'honneur  des  morts  *;  le  troisième,  Martius,  de  Mars,  dieu  de  la 
guerre;  le  quatrième  yl7:»n7 /s,  dérivé  d'aperire,  ouvrir,  parce  que 
c'est  l'époque  de  la  germination,  et  que  la  ferre  ouvre  son  sein  ;  le 
cinquième  Mains,  de  Maïa,  déesse  à  laquelle  on  offre  des  sacrifices 
à  cette  époque  %  ou  de  majores,  les  ancêtres,  à  la  mémoire  desquels 
on  sacrifie  également  alors  ^;  le  sixième,  Junius,  de  Junon,  reine  des 
dieux,  honorée  spécialement  dans  ce  mois  ®  ;  le  septième,  Julius,  du 
nom  de  Jules-César,  dont  il  ramène  l'anniversaire  de  naissance. 

Autrefois  Julius  s'appelait  QuintiUs  \  c'est-à-dire  le  cinquième, 
quoiqu'il  fût  réellement  le  septième.  Mais  cela  tenait  à  ce  que  origi- 
nairement l'année  étant  lunaire,  comme  la  nôtre  *,  et  se  partageant 
seulement  en  dix  mois,  commençait  à  Martius.  Le  roiNuma  la  porta 
à  douze  mois,  en  ajoutant  Januarius  et  Fehruarius,  qu'il  plaça  les 
premiers,  mais  sans  changer  les  autres  noms  ®,  de  sorte  que  les  der- 
niers mois  de  Tannée  nouvelle,  désignés  dans  l'ancienne  par  leur 
nombre  ordinal,  QuintiJis  le  cinquième,  Sextilis  le  sixième,  Septem- 
ber  le  septième,  October  le  huitième,  November  le  neuvième  et  De- 
cember  le  dixième^",  ont  gardé,  à  l'exception  de  QuintiUs,  des  noms 
que  la  force  seule  de  l'habitude  empêche  d'être  trompeurs. 

>  Consor.  do  Die  natal.  19,  20.  =  -  Ibid.  22.— Maorob.  Saturn.  1,  12.  =  3  Censor.— 
Macrob.  Ibid. —  Oy.  Fast.  Il,  v.  19.  —  Plut.  Quœst.  roni.  p.  Sa,  103.  =  *  Ccnsoi. 
Marrob.  Ihid.  =  ^  Ov.  Fasi.  V,  v.  417.  —  6  Censor.-^  Macrob.  Ibid.  ="  Manol).  Ibid. 
—  Dion.  XLIV,  5.  z=  »  Plin.  XVI,  44.  =  »  IMacrob.  Salurn.  I,  12,  13.— Lyii.  do  Mous.  I, 
16.  =  10  Macrob.  Ibid.  12.  — Censor.  de  die  nal.  22. 


298  HOME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

Sexlilis  a,  depuis  pou  de  l(!iiips,  été  appelé  Auguste,  du  nom  do 
rcMiippi-eiir.  Los  six  proiuiois  mois  do  l'aniuîc  portant  dos  noms  em- 
pruntés aux  dieux  ou  à  leur  culte,  c  est  une  très-grande  llatterie  pour 
le  prince,  qu'on  paraît  parla  mettre  aussi  au  rang  des  immortels  '. 

Chaque  mois  est  divisé  en  trois  parties  inégales,  nommées  les 
Kalendes,  les/rfcs,  et  les  Nones^. 

Les  Kalendes  sont  le  premier  jour  de  chaque  mois.  Ce  nom  vient 
du  verbe  kalare,  appeler,  parce  que  anciennement  les  mois  com- 
mençant toujours  avec  la  nouvelle  lune,  un  petit  pontife  était  chargé 
d'observer  le  moment  de  l'apparition  de  cet  astre.  11  convoquait  en- 
suite le  peuple  devant  la  curie  Kalahra,  sur  le  mont  CajHtolin'-,  et 
connne  les  computs  de  temps  étaient  soigneusement  dérobés  au  peu- 
ple, il  annonçait  l'intervalle  des  Kalendes  aux  Noncs,  en  répétant 
Kalo,  j'appelle,  autant  de  fois  que  cet  intervalle  comprenait  de  jours\ 

Les  Noues  sont  etîectivement  un  peu  mobiles,  et  reviennent  ou  le 
cinquième  ou  le  septième  jour  du  mois,  mais  neuf  jours  avant  les 
Jdes,  ce  qui  leur  a  fait  donner  le  nom  de  Nones. 

Les  Ides  varient  également  de  deux  jours  :  du  treizième  au  quin- 
zième. Leur  position  au  milieu  du  mois,  leur  a  valu  le  nom  qu'elles 
portent,  tiré  du  vieux  verbe  iduare,  partager  "". 

On  compte  isolément  les  jours  de  chaque  fraction  du  mois,  et  la 
numération  s'en  fait  en  rétrogradant;  ainsi ,  par  exemple,  après  avoir 
aimoncé  les  Kalendes,  si  l'on  se  trouve  dans  un  mois  oîi  les  Aones 
tombent  le  cinquiènpie  jour ,  le  second  jour  du  mois  est  appelé  iv<= 
avant  les  nones;  le  troisième,  m"  avant  les  nones;  le  quatrième,  n"* 
avant  les  nones,  ou  veille  ;  et  le  cinquième,  Nones. 

Il  en  est  de  même  pour  les  deux  autres  sections.  Mais  tu  compren- 
dras cela  beaucoup  mieux  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  les  tables  sui- 
vantes, qui  sont  proprement  Y  album  de  l'année  civile  et  religieuse 
des  Romains.  La  première  colonne  comprend  le  Kalendrier,  où  tous 
les  mots  sont  écrits  en  abrégé,  ce  qui  suffit  aux  Romains.  Dans  la 
deuxième  colonne  j'interprète  ces  abréviations,  et  souvent,  par  un 
nuiTjiéro  d'ordre,  je  renvoie  à  quelques  explications  détaillées  que  je 
donne  à  la  suite  du  Kalendrier,  sur  la  plupart  de  ses  fêtes  et  de  ses 
jours  anniversaires. 


1  WalckcnaiT,  llisl.  d'Horace,  liv.  XV,  ,§  ^.  =  2  Macrob.  Salurn.  1,  l.ï.  —  l'Iut. 
Quœst.  rom.  p.  92.  =  ^  Plan  cl  Dcscript.  de  Rome,  n»  61.  =  *  Vair.  L.  L.  VI,  g  27.— 
Macrob.  Ibid.  =  ">  Macrob.  Ibid. 


KALENDRIER  ROMAIN. 


lANVARIVS. 


A  K.  lAN.  F.  .EScvLAno.  veio- 

VI.  IN  ISSVLA. 

B  nii    F 
C   m      C 
D  PR     C 
E  NON.  F 
F  VIII    F 

G    VII       C  IMP.  CAESAR.     AVGVST. 

HIUTIO  ET  PANSA.  COSS. 

IMP.    ORBIS.     TERRARVM 

AVSPICATVR. TIRER. 

CAES.    VII.    VIR.     EPYL. 

CREATVS. 
H    VI        C  SIGSVM.  IVSTITI.E.    AV- 
(3)  GVST.E.  M.  APVLEIO  ET 

SILIO  COSS.  POSITVM. 

A  V      AGON. 
B  un    EN. 
C  III     KARM. 

D  PR.  C  lANVM  GEMINVM  CLAV- 
DIT  AVGVSTVS 

E  EID.  NP 

F  XIX  ENCORONA.  QVERNA.  EX. 
SEN'ATVS.  CONSVLTO. 
SVPERPOSITA.  EST. 

DOMVI.  IMP.  CESARIS. 
AVGVSTI.  ONERATAS. 
QVOD.  EO.  DIE.  RECE- 
PIT.  PROVINCIAS.  ET. 
PACATAS.  P.  R.  RESTI- 
TVIT. — DIES.  VITIOSVS 
EX.  S.  C.  OB.  EANDEM. 
CAVSAM.  QVAM.  POS- 
TRIDIE.  05INES.  KA- 
LENDAS. 

G  xiix  KAUiM.  N.  P.  FERi.E. 

CARMENTI.  OB.  EANDEM. 
CAVSAM.  OB.  QVAM. 
CARM.  A.  D.  III.  IDVS. 
HIC.  DIES.  DICITVR.  INS- 
TITVTVS.  A.  MAMERCO 
jEMILIO.  DICTATORE.  SI. 
FIDENAS.  EO.  DIE.  CE- 
PISSET. 


JANVIER. 


1  Kaleiulos  de  Janvier.  Faste.  —    Fêle   à 

Esculape  et  à  Véjovis,  dans  l'Ile  (1). 

2  F'aste. 

3  Comices. 

4  Veille  [des  Nones].  Coniices. 

5  NoNEs.  Faste. 

6  Faste. 

7  Comices.  —  L'empereur  Auguste,  Hirlius 

et  Pansa  étant  consuls,  jjrend  posses- 
sion de  l'empire  du  monde. 
Tibère  César  est  créé  Septemvir  Epu- 
lon  (2). 

8  Comices.    —   Statue  érigée  à  la  .luslicc 

d'Auguste,  M.  Apuleius  et  Silius  étant 
consuls  (4). 

9  Agonales  (5), 

10  Endotercisus,  c.-à-d.  jour  mixte  (6). 

11  Karmentales  (7). 

12  Veille  [des  Ides].  Comices.   —  Auguste 

ferme  le  temple  de  Janus-Geminus  (8). 

13  Ides.  Néfaste  d'abord. 

14  Endotercisus. — Couronne  de  chêne  mise, 

d'après  un  sénalus-consulle ,  sur  la 
maison  de  l'empereur  César-Auguste, 
parce  que,  ce  jour,  il  a  pris  les  pro- 
vinces eu  guerre,  et  rendu  au  peuple 
celles  pacifiées. 

Jour  déclaré  funeste  par  sénatus-consulte 
pour  le  même  motif  cpie  tous  les  len- 
demains des  Kalendes  (9). 

15  Karmentales.  Néfaste  d'abord. 

Fêtes  à  Carmente.  —  Jour  ainsi  nommé 

pour  la  même  cause  que  le  lu*^  d'avant 

les  Ides. 
Fête  instituée,  dit-on,  par  A.  Mamercus 

^Emilius,  dictateur,  si,   ce  jour  même, 

il  prenait  Fidènes. 


300 


HOMi:  AU  SIÉCLK  D'AUGUSTE. 


4ANVARIVS. 

JANVIER. 

II 

XVII 

C   IMPEn.  CESAR.  AVGVS- 

16  Comices.   — César,  empereur,   est  sur- 

TVS.      II'SO.      VU 

.        ET 

nomme  Auguste,  étant  consul  pour  la 

.AGKIPI'A  COS. 

septième  fois,  et  pour  collègue  ayant 
Agrippa  (10). 

A 

XVI 

C 

17 

Comices. 

B 

XV 

c 

18 

Comices. 

C 

XIIII 

C 

19 

Comices. 

D 

XIII 

c 

20  Comices. 

E 

XII 

c 

21 

Comices. 

F 

XI 

c 

22 

Comices. 

G 

X 

c 

23 

Comices. 

H 

VIIII 

c 

24 

Comices. 

A 

VIII 

c 

25  Comices. 

B 

vu 

c 

26 

Comices. 

C 

\'I 

c  .EDES  CASTORISET  POL- 

27 

Comices.  —  Le  temple  de  Castor  et  Pol- 

LVCIS  DEDICATA 

EST. 

lux  dédié  (II). 

D 

V 

C 

28 

Comices. 

E 

un 

F 

29 

Faste. 

F 

m 

NP     FERI.E.      EX. 

S.     C. 

30 

Néfaste  d'abord.  —  Fériés,  parce  qu'en 

QVOD.     EO.    DIE. 

ARA. 

ce  jour,  d'après   un  sénatus-consulte, 

PACIS.     AVGVST.l 

:.     IN. 

l'Autel  (le  la  paix  d'Auguste  fut  dédié 

CAMPO.   HARTIO. 

DEDI- 

dans  le  Chanip-de-Mars,  Drusus  et  Cris- 

CATA.   EST.    DRVSO.   ET 

pinus  étant  consuls  (12). 

CRISPINO.  COS. 

(i 

PR. 

C 

31 

Veille  [des  Kalcndes].  Comices. 

DlES 

HOR.  VIIIIS 

Jour  [k"  plus  court]  de  viiii  heures  et  demie. 

Nox 

IIOR.  XlIUS 

Nuit  [la  plus  longue]  de  xuii  heures  et  demie. 

LETTRE  XI. 


jOI 


FEBRVARIVS. 

FÉVRIER. 

11  K. 

FEB.  N 

1   Kalendes  de  Février.  Néfaste. 

A  IV 

N 

2  Néfaste. 

B  m 

N 

3  Néfaste. 

C     PR. 

N 

4  Néfaste. 

D    NON.     CONCORDI.E.     IN 

ARCE. 

5  Nones.  —  Fêtes  à  la  Concorde,  dans  la 

FERI/IÎ.  EX.  S.  C 

QVOD. 

Forteresse,  d'après   un    sénaliis-con- 

EO.     DIE.      IMPER  ATOR. 

sulte,  parce  que   ce  jour  reinpercur 

CJÎSAR.  PONTIFEX.  MA- 

César,  Pontife  Maxime,  investi  pour  la 

XIMVS.     TRIB.     POTEST. 

21'^  fois  de  la  puissance  tribunilieniie, 

XXI.     COS.     XIII 

A.    S. 

consul  pour  la  IS*^  fois,    a  été  appelé 

P.   Q.    ROMANO. 

PATER. 

parle  sénat  et  le  peuple  romain,  Père 

PATRLE.  APPELLATVS. 

de  la  patrie. 

E  VIII 

N 

6  Néfaste. 

F  VII 

N 

7  Néfaste. 

G  VI 

N 

8  Néfaste. 

H  V 

N 

9  Néfaste. 

A  IV 

N 

10  Néfaste. 

B  m 

N 

1 1   Néfaste. 

C    PR. 

N 

12  Néfaste. 

D  EID.NP 

1 3  Ides.  Néfaste  d'abord. 

E  XVI 

N 

14  Néfaste. 

F   XV 

LVPER.  NP 

13  Lupercales  (1).  Néfaste  d'abord. 

G  XIV 

EN 

16  Endotercisus,  ou  Jour  mixte. 

H  XIII 

QVIR.  NP 

17  Quirinales  (2).  Néfaste  d'abord. 

A  XII 

C 

18  Comices. 

B   XI 

C 

19  Comices. 

C    X 

C 

20  Comices. 

D  IX 

FERAL.  F 

21  Férales  (3).  Faste. 

E  VIII 

C 

22  Comices. 

F  VII 

TER.  NP 

23  Terminales  (4).  Néfaste  d'abord. 

G  VI 

REGIE.  N 

24  Regifuge  (o)  Néfaste  d'abord. 

H  V 

C 

25  Comices. 

A  IV 

EN 

26  Endotercisus,  ou  Jour  mixte. 

B  iii 

EQ.  NP 

27  Equiries  (6).  Néfaste  d'abord. 

C    PR. 

C 

28  Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

DlES 

HOR.  XS. 

Jour  de  x  heures  et  demie. 

Nox 

noR.  xins. 

Nuit  de  XIII  heures  et  demie. 

302 


ROME  AU  SfftCLE  D'AUGUSTE. 


MARTIVS. 

HI.4US. 

D   K.    MAR. 

1   Kalendes  de  Mars. 

E  VI     F 

2  Faste. 

F  V      C 

3  Comices. 

G  un    C 

4  Comices. 

H  m     C 

5  Comices. 

A  pn.     NPiioc.  DiEC.M.roNtiF. 

6  Veille  [des  Nones.]  Néfaste  d'abord.  — 

MAX.   tACT.   EST.    QVI- 

César  créé  Pontife  Maxime,  Quiriuiusel 

RINIO    ET    VALGIO  COS. 

Valgius  étant  consuls. 

B  NON.  F 

7  Nones.  Faste. 

C  vm    F 

8  Faste.                                                \ 

D  vu    C 

9  Comices. 

E  VI     C 

lO  Comices. 

F  V       C, 

1 1  Comices. 

G  lui    C 

12  Comices. 

H  m     EN 

13  Endotercisns,  ou  Jour  mixte. 

A  PR.    EQ.  NP 

\\  Veille  [des  Ides].  Equiries.  Néfaste  d'a- 
bord. 
IS  Ides.  Néfaste  d'abord. 

B  EID.  NP 

C  XVII  F 

16  Faste. 

D  XVI    LIE.  NP 

'IT  Libérales  (1).  Néfaste  d'abord. 

E  XV     C 

18  Comices. 

F  xiiii  QVIN.  N 

19  Qiiinquatries  (2).  Néfaste. 

G  xiii   C 

20  Comices. 

H  XII    C 

21   Comices. 

A  XI     C 

22  Néfaste. 

B  X       TVBIL.NP 

23  Tubilustrum  (3).  Néfaste  d'abord. 

C   viiii  Q.  REX  C.  F. 

24  Quand  le  Roi  s'enfuit  du  Comitium  (4). 

D  VIII    C 

25  Comices. 

E  VII     C 

26  Comices. 

F    VI        NP  HOC  DIE  CESAR  ALEÎ- 

27  Néfaste  d'abord. — Ce  jour  César  reprend 

AND.  RECEPIT. 

Alexandrie. 

G  V       C 

28  Comices. 

H  un    c 

29  Comices. 

A  m     C 

30  Comices. 

B  PR.    c 

31   Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

DiES.  HOR.  XII. 

Jour  de  xu  heures. 

NOX.   HOR.  XII. 

Nuit  de  XII  heures. 

LETTRE  XI. 


J03 


fvpr.iLis. 

AVRIL. 

C  K.  APR.  N 

1   Kalesdes  d'Avril.  Néfaste. 

D  ini 

Ci 

2  Comices. 

E  m 

C' 

3  Corliices. 

F    PR. 

C.  LVDI.  MATR.   MAC. 

4  Veille  [desNones].  — Comices. 
Jeux  de  la  Grande  Mère  (1). 

G  NON.  LVD. 

S  Nones.  —  Jeux. 

H  VIII 

NP  LVDI 

6  Néfaste  d'abord.  —  Jeux. 

A  VII 

N  LVDI 

7  Néfaste.  —  Jeux. 

R  VI 

N  LVDI 

8  Néfaste.  —Jeux. 

C   V 

N  LVDI 

9  Néfaste.  —Jeux. 

D  IV 

N  LVDI  m  CIRC. 

10  Néfaste.  —  Jeux  dans  le  Cirque. 

E  m 

N 

Il  Néfaste. 

F     PR. 

N  LVD.   CF.RERI 

1'2  Veille  [des  Ides].  Néfaste.   —    Jeux  à 
Cérès  (2). 

G  EID 

.  NP  LVDI 

1.3  Ides.  Néfaste  d'abord.  —  Jeux. 

H  xiix 

N  LVDI 

14  Néfaste.  —  Jeux. 

A  XVII 

FORD.  NP  LVDI 

15  Fordicides  (3).  Néfaste  d'abord.  — Jeux. 

R  XVI 

N  LVDI 

Ifi  Néfaste.  —  Jeux. 

C  XV 

N  L\DI 

1  7  Néfaste.  —  Jeux. 

D  XIV 

N  LVDI 

18  Néfaste.  —Jeux. 

E  XIII 

CER.   N  LVDI  IN  CIR 

19  Céréales  (4).  Néf. —  Jeux  dans  le  Cirque. 

F  XII 

N 

20  Néfaste.                                               | 

G  XI 

PAR.  NP 

21   Parilies  (5).  Néfaste  d'abord. 

H  X 

N 

22  Néfaste. 

A  IX 

VIN.  NP 

23  Vinales  (6).  Néfaste  d'abord. 

R  VIII 

C 

24  Comices. 

C  VII 

ROR.  NP 

25  Robigales  (7).  Néfaste  d'abord. 

D  VI 

F 

26  Faste. 

E  V 

C 

27  Comices. 

F  IV 

NPlvd.flor.feri.e 

.EX. 

28  Néfaste  d'abord.  — Jeux  floraux. 

s.  c.  qvod.   eo. 

DIE. 

Fériés,  d'après  un  sénatus-consulte,  par- 

iEDES.  ET.    VEST,î: 

IN. 

ce  que  ce  jour  un  temple  fut  dédié  à 

DOMO.      C.ESARIS. 

AV- 

Vesta,  dans  la   maison  de  César-Au- 

GVSTI.PONTIFICIS.MAX, 

guste  ,   Pontife  Maxime,  Quirinius  et 

DEDICATA.    EST.  QVIRI- 

Valgius  étant  consuls  (8). 

NIO.    ET.   VALGIO. 

COS. 

G  m 

C.   LVDI 

29  Comices.  —  Jeux.                    ' 

H    PR. 

C  LVDI 

30  Veille  [des  Kalendes].  Comices.  — Jeux. 

DiES 

.   HOU  XIIIS. 

Jour  de  xiii  heures  et  demie. 

Nox 

.  HOR.  XS. 

Nuit  de  x  heures  et  demie. 

304 


ROME  AU  SIÈCLE  D'ALGUSTE. 


MAIVS. 

AiAI. 

A  K.  MAI.  N 

4   Kalendes  de  Mai.  Néfaste. 

B     VI         F  COMP. 

2  Faste.  —  Cominlalcs  (>). 

C   V       C 

3  Comices. 

D  nu    C 

4  Comices. 

E  ni      C 

5  Comices. 

F  PR.     C 

6  Veille  [desNones].  Comices. 

G  NON.  N 

7  NoxEs.  Néfaste. 

H  VIII    F 

8  Faste. 

A  VII     LEM.  N 

9  Léiimrales  (2).  Néfaste. 

B  VI      C 

10  Comices. 

C   V      LEM.  N 

]  \   Léiimrales.  Néfaste. 

D    IV        NP  LVD.   MART.    IN  CIRC. 

12  Néfaste  d'abord.  — Jeux  Martiaux  dans 

1 

le  Cirque  (3). 

E  III     LEM.  N 

4  3  Lémurales.  Néfaste. 

F  PR.    C 

14  Veille  [des  Ides].  Comices. 

G  EID.  NP 

lo  Ides.  Néfaste  d'abord. 

H  xvn  F 

1 6  Faste. 

A  XVI    C 

17  Comices. 

B  XV     C 

18  Comices. 

C  xiiii  C 

19  Comices. 

D  xni    C 

20  Comices. 

E  XII    AGON.  NP 

21   Atonales.  Néfaste  d'abord. 

F  XI     N 

22  Néfaste. 

G  X      TVB.  NP 

23  TubiUistrum  (i).  Néfaste  d'abord. 

H  vuii  Q.  REX  C.  F. 

24  Quand  le  Roi  s'enfuit  du  Comitium. 

A  viii    C 

2o  Comices. 

B  VII     C 

26  Comices. 

C  VI      C 

27  Comices. 

D  V      C 

28  Comices. 

E  iiii    C 

29  Comices. 

F   m      C 

30  Comices. 

G  PR.    C 

31   Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

DlES.   HOR.  XIIIIS 

Jour  de  xim  heures  et  demie. 

Nox.  noR.  viius 

Nuit  de  Yiiu  heures  et  demie. 

LETTRE  XI. 


Ô0.% 


IVNIVS. 


H    K.  IVN.  N  MART.  CAR.  MONET. 


A 

un 

F 

B 

m 

C 

C 

PR. 

C 

D 

NON 

E 

vni 

N 

F 

VII 

N 

G 

VI 

N  MENT.    IN  CAPIT. 

H 

V 

VEST.  NP 

A 

IV 

N 

B 

III 

MAT.  N 

C 

PR. 

N 

D 

EID 

.  NP 

E 

XllX 

N 

F 

XVII 

FQ.  ST.  DEF. 

G 

XVI 

C 

H 

XV 

C 

A 

XIIII 

C 

B 

XIII 

c 

C 

XII 

c 

D 

XI 

c 

E 

X 

c 

F 

VIIII 

c 

G 

vin 

c 

H 

vu 

c 

A 

VI 

c 

B 

V 

c 

C 

ini 

c 

D 

m 

c 

E 

PR. 

c 

DlES 

.  HOR.   XV 

Nox 

HOR.  viin 

JUIN. 


1  KALENDEsde  Juin.  Néfaste.  —  Sacrifice  à 

Mars,  à  Carna,  à  Moneta  (1). 

2  Faslo. 

3  Comices. 

4  Comices. 

5  NONES. 

6  Néfaste. 

7  Néfaste. 

8  Néfaste.  —  Sacrifice  à  Mens  sur  le  Capi- 

tolin  (2). 

9  Vestalia  (3).  Néfaste  d'abord. 

10  Néfaste. 

1 1  Matrales  (-4).  Néfaste. 

12  Veille  [des  Ides].  Néfaste. 

13  Ides.  Néfaste  d'abord. 

1 4  Néfaste. 

1 5  Faste.  Quand  on  emporte  les  ordures  (o). 

1 6  Comices. 

17  Comices. 

18  Comices. 

19  Comices. 

20  Comices. 

21  Comices. 

22  Comices. 

23  Comices. 

24  Comices. 

25  Comices. 

26  Comices. 

27  Comices. 

28  Comices. 

29  Comices. 

30  Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

Jour  de  xv  heures. 
Nuit  de  vnii  heures. 


20 


ÔOO 


ROME  AU  SIKCLR  D'AUGUSTR. 


IVLIVS. 

JUILLET, 

F  K  IVL.  N. 

1   Kalendes  de  Juillet.  Néfaste. 

G  VI     N 

2,  Néfaste. 

H  V      N 

3  Néfaste. 

A  iiii    NP 

4  Néfaste  d'abord. 

B  m     POPVLIF.  NP 

5  Retraite  du  peuple  (1).  Néfaste  d'abord. 

C     PR.      N  LVDI   APOLLIN. 

6  Veille   [des  Noues].   Néfaste.    —    Jeux 

ApoUinaires  (2). 

D  NON.  N  LVDI 

7  NoNEs.  Néfaste.  —  Jeux. 

E    VIII     N  LVDI 

8  Néfaste.  —  Jeux. 

F     VII       N  LVDI 

9  Néfaste.  —  Jeux. 

G    VI        c  LVDI 

10  Comices.  —  Jeux. 

H  V       Ci.vDi 

Il   Comices.  — Jeux. 

A  un     NP  LVDI 

12  Néfaste  d'abord.  —  Jeux. 

B     III        c  LVD.   JN  CIRC 

1-3  Comices.  — Jeux  dans  le  cirque. 

c     PR.      c  MERK 

14  Comices.  —  Marclié. 

D    EID.    NP  MERK 

15  Ides.  Néfaste  d'al)ord.  — Marché. 

E     XVII    F  MERK 

1 6  Faste.  —  Marché. 

F     XVI     C  MERK 

17  Comices.  — Marché. 

G    XV       C  MERK 

18  Comices.  — Marché. 

H  XIV    LYCAR.  NP  merk 

19  Lucaries  (3).  Néfaste  d'abord. — Marché. 

A    XIII     C  LVD.   VICT.  CïSAR 

20  Comices.  —  Jeux  pour  la  victoire  de  Cé- 

sar (i). 

B  XII     LVCAR.  LVDI 

21   Lucaries.  —  Jeux. 

C     XI         C  LVDI 

22  Comices.  —  Jeux. 

D  X      NEPT.  LVDI 

23  Neptunales  (5).  —  Jeux. 

E    VIIII    N  LVDI 

24  Néiaste.  —  Jeux. 

F  VIII  FVRR.  NP  LVDI 

25  Furrinales  (6).  Néfaste  d'abord.  —  Jeux. 

G    VII       C  LVDI 

26  Comices.  —  Jeux. 

H  VI      Cm  CIRC 

27  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

A    V          C  IN  CIRC 

28  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

B   un     C  IN  CIRC 

29  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

C    III        C  IN  CIRC 

30  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

D  PR.    C 

31   Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

DiES.  HOR.  XIIIIS 

Jour  de  xiiii  heures  et  demie. 

NOX.  HOR.  VIIIIS 

Nuit  de  vini  heures  et  demie. 

LETTRE  XF. 


307 


AVGVSTVS. 

AUGUSTE  (1). 

E  K.  AVG.  NP 

1   Kalendes  d'Auguste.  Néfasto  d'abord. 

F  IV     Nfer. 

HOC  DIE  C.  CESAR 

2  Néfaste. —  Férales  (2).  —  En  ce  jour  C. 

vicn 

HISP.   VICIT 

César  soumet  l'Espagne. 

G  m      C 

3  Comices. 

H  PR.    c 

4  Veille  [des  Nones].  Comices. 

A  NON.  F. 

8  Nones.  Faste. 

B  VIII   F 

6  Faste. 

C   VII    C 

7  Comices. 

D  VI     C 

8  Comices. 

E    V         NP  HOC  DIE  C.ESAR  HIS- 

9  Néfaste  d'abord. — En  cejour  César  prend 

PALI 

Vie 

Hispalis  (3). 

F  IV     C 

10  Comices. 

G  III     C 

i  1   Comices. 

H  PR.    c 

12  Veille  [des  Ides].  Comices. 

A  EID.  NP 

13  Ides.  Néfaste  d'abord. 

B  XIX    F 

14  Faste. 

C  xiix  C 

15  Comices. 

D  XVII  C 

16  Comices. 

E  XVI    PORT. 

NP 

17  Portumuales  (4).  Néfaste  d'abord. 

F  XV     C 

18  Comices. 

G  xiiii  VIN.  F 

.P. 

19  Vinales  (5).  Fériés  publiques. 

H  xiii    C 

20  Comices. 

A  XII    CONS. 

NP 

21  Consualia  (6).  Néfaste  d'abord. 

B  XI      EN 

22  Jour  mixte. 

C  X      VOLC. 

NP 

23  Volcanales  (7).  Néfaste  d'abord. 

D  viiii  C 

24  Comices. 

E  VIII   OPIC. 

NP 

2S  Opiconsives  (8).  Néfaste  d'abord. 

F  VII    C 

26  Comices. 

G  VI     VOLT. 

NP 

27  Volturnales  (9).  Néfaste  d'abord. 

H  V      NP  H.  I 

).    ARA     VICTORI.E 

28  Néfaste  d'abord.  — Cejour,  Dédicace  de 

IN  CVRIA  DEDIC.    EST. 

l'Autel  de  la  Victoire  dans  la  Curie  (1 0). 

A    IIII      F 

29  Faste. 

B  m      F 

30  Faste. 

C    PR.     C 

31  Veille  [des  Kalendes]  Comices. 

DiES.  HOR  XIII 

Jour  de  xni  heures. 

NOX.  HOR.    XI 

Nuit  de  XI  heures. 

>()K 


ROMK  AL  SllXLK  D'AUGUSTE. 


SEPTEMUEU. 

SEPTEMBRE. 

D  K.  SEPT.  N  HOC  DIE  FEn.  xep 

1   Kalendes  de  Septembre.  Néfaste.  —  Ce 

jour,  Fériés  à  Neptune. 

E   iiii     N 

2  Néfaste. 

F  m     NP 

3  Néfaste  d'abord. 

G    PR.      C  LVDI  ROMAM 

4  Veille  [desNones].  Comices. — Jeux  Ro- 

mains (1). 

H    NON.    F  LVDI 

5  NoNES.  Faste.  —  Jeux. 

A     VIII     F  LVDI 

6  Faste.  —  Jeux. 

B     VII       C  LVDI 

7  Comices.  —  Jeux. 

C     VI         c  LVDI 

8  Comices.  —  Jeux. 

D     V          c  LVDI 

9  Comices.  —  Jeux. 

E     IV         C  LVDI 

10  Comices.  —  Jeux. 

F    III        C  LVDI 

1 1   Comices.  —  Jeux. 

G    PR.       N  LVDI 

12  Veille  [des  Ides].  Néfaste.  — Jeux. 

H  EID.  NP 

13  Ides.  Néfaste  d'abord. 

A    XUX    F.    EQVOR.  PROB. 

14  Faste.  —  Revue  de  la  cavalerie  (2). 

B     XVII    N  LVD.   ROM.    IN   CIRC 

\  0  Néfaste. —  Jeux  Romains  dans  le  cirque. 

C     XVI     C  IN  CIRC. 

1 6  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

D    XV       C  IN  CIRC. 

17  Comices.  — Jeux  dans  le  cirque. 

E  xiin  C  IN  CIRC. 

18  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

F    XUI      CiN  CIRC. 

1 9  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

G    XII       C   MERK. 

20  Comices. — Marché. 

H    XI         c   MERK. 

2 1   Comices.  —  Marché. 

A  X       Cmerk. 

22  Comices.  —  Marché. 

B     VIIII    NP  MERK.  H.   D.    AVGVSTI 

23  Néfaste  d'abord.  — Marché. 

.NATALIS  LVDI  CIRC. 

Journatal  d'Auguste.  Jeux  du  cirque. 

C     VIII     C 

24  Comices. 

D  VII     c 

2-3  Comices. 

E  VI      C 

26  Comices. 

F  V       C 

27  Comices. 

G  un    C 

28  Comices. 

H  III      F 

29  Faste. 

A  PR.    C 

30  Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

DiES.   HOR.   XII 

Jour  de  xii  heures. 

Nos.  HOR.  XII 

Nuit  de  xn  heures. 

LKTIIU:  M. 


500 


OCTOBER. 


B  K.  OCT.  N 


C  VI 
D  V 
E  un 
F  m 

G    PR. 

H  NON.  F 
A  vui   F 


B  vu 

C 

C  VI 

C 

D  V 

MED.  NP 

E  IV 

AVGVST.  NP 

F  III 

FONT.  NP 

G    PR. 

EN 

H  EIE 

.  NP 

A  XVII 

F 

B  XVI 

C 

C   XV 

C 

D  XIV 

ARM.  NP 

E  XIII 

C 

F  XII 

C 

G  XI 

c 

H  X 

c 

A  viiii 

c 

B  viii 

c 

C   vu 

c 

D  VI 

c.  LVDi  vicr. 

E  V 

C.   LVDI 

F  IV 

c.  LVDI 

G  m 

c.   LVDI 

H    PR. 

C.    LVDI 

DiF.S 

HOR.   XS 

Nox. 

HOR.   XUIS 

2 

3 

i 

5 

6 

7 

8 

9 

10 

II 

12 

13 

14 

!5 

16 

17 

18 

19 

20 

21 

22 

i.3 

24 

23 

26 

27 

28 

29 

30 

31 


OCTOBIIK. 


Kalendes  d'Octobre.  Néfaste. 

Faslc. 

Coniicps. 

Comices. 

Comices. 

Veille  [des  Nones].  Comices. 

NoNEs.  Faste. 

Faste. 

Comices. 

Comices. 

Méditiinalia.  (1)  Nélasle  d'abord. 

Augustales  (2).  Néfaste  d'abord. 

Fontanales  (3).  Néfaste  d'abord. 

Veille  [des  Ides].  Jour  mixte. 

Ides.  Néfaste  d'abord. 

Faste. 

Comices. 

Comices.  ' 

Armilustre  (4).  Néfaste  d'abord. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 

Comices. 


—  Jeux  de  la  Victoire  (8). 

—  Jeux. 

—  Jeu. 

—  Jeux. 


Veille  [des  Kalendes]  Comices.  —  Jeux. 


Jour  de  x  heures  et  demie. 
Nuit  de  xiii  heures  et  demie. 


510 


ROME  AU  SIÈCLE  D  ALGUSTE. 


NOVEMBER. 

NOVEMBRE. 

A  K.  NOVEM.  F 

1   Kalendes  de  Novembre.  Fasle. 

B  nu    F 

2  Faste. 

C  m     C 

3  Comices. 

D  PR.    C 

4  Veille  [des  Nones]  Comices. 

E  NON.  F 

5  Nones.  Fasle. 

F    VIU     F  LVDI 

6  Fasle.  —  Jeux. 

G    vu       C  LVDI 

7  Comices.  —  Jeux. 

H    VI         c  LVDI 

8  Comices.  —  Jeux. 

A    V          c  LVDI 

9  Comices.  —  Jeux. 

B     IV         c  LVDI 

10  Comices.  — Jeux. 

C     III        c  LVDI 

1 1  Comices.  —  Jeux. 

D    PR.       C  LVDI 

12  Veille  [des  Ides].  Comices.  —  Jeux. 

E    EID.   NP  EPVL.   IKDICT 

13  Ides.  Néfaste  d'abord.  — Banquet  sacré 

indiqué  (1) 

F    XIIX    F  EQVOR.  PROB 

14  Fasle.  —  Revue  de  la  cavalerie. 

G    XVII    c.   LVD.    PLEB.    I.N  CIRC 

1 3  Comices.  —  Jeux  Plébéiens  dans  le  Cir- 

que (2). 

H    XVI     C  IN  CIRC 

1 6  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

A    XV       C  IN  CIRC 

17  Comices.  —  Jeux  dans  le  cirque. 

B    XIIII    c  MERK 

18  Comices.  — Marché. 

C     XIII     C  MERK 

19  Comices. — Marché. 

D    XII       C  MERK 

20  Comices.  —  Marché. 

E  XI      C 

21   Comices. 

F  X       C 

22  Comices. 

G  IX      C 

23  Comices. 

H  VIII   C 

24  Comices. 

A  vu    C 

23  Comices. 

B  VI      C 

26  Comices. 

C   V       C 

27  Comices. 

D  un    C 

28  Comices. 

E  ui     F 

29  Faste. 

F  PR.    c 

30  Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

DiES.    HOR.    VIUIS 

Jour  de  viiii  heures  et  demie. 

NOX.  HOR.  XUIIS 

Nuit  de  xiiii  heures  et  demie. 

LKTTHE  XI. 


511 


DECRAIBER. 

DÉCËMIIRE. 

G  K.  DEC.  N 

1  Kalendes  de  Décembre.  Néfaste. 

H  mi    N 

2  Néfaste. 

A  III     N 

3  Néfaste. 

B  PR.    C 

4  Veille  [des  Noues].  Comices. 

C  NON.  F 

5  NoNEs.  Faste. 

D  Mil    F 

6  Faste. 

E  vu     C 

7  Comices. 

F  VI      C 

8  Comices. 

G  V      C 

9  Comices. 

H  un     C 

10  Comices. 

A  III     AGON.  NP 

Il   Agonalcs  (1).  Néfaste  d'abord. 

B  PR.    EN 

12  Veille  [des  Ides].  Jour  mixte. 

C  EID.  NP 

13  Ides.  Néfaste  d'abord. 

D   XIX  F 

14  Faste. 

E  xiix  CONS.  NP 

13  Consulia.  Néfaste  d'abord. 

F  XVII  C 

16  Comices. 

G    ÏVI     SAT.  FERI.B  SATVRN. 

17  Saturnales.  Fériés  de  Saturne  (2). 

H  XV     C 

18  Comices. 

A  xiiii  OPAL.  NP 

.19  Opales  (3).  Néfaste  d'abord. 

B  xiii   C 

20  Comices. 

C  XII    DIV.  NP 

21  Fête  de  la  Déesse  [Angerooia].  (4)  Né- 

faste d'abord. 

D  XI     C 

22  Comices. 

E  X      LAR.  NP 

23  Larentinales  (5).  Néfaste  d'abord. 

F  viiii  C 

24  Comices. 

G  VIII  C 

2o  Comices. 

H  VII    C 

26  Comices. 

A  VI     G 

27  Comices. 

B  V       C 

28  Comices. 

C   nu     F 

29  Faste. 

D  m      F 

30  Faste. 

E  PR.    C 

31  Veille  [des  Kalendes].  Comices. 

DiES.  HOR.   VIIII 

Jour  de  viiii  heures. 

Nos.  HOR.  XV. 

Nuit  de  XV  heures'. 

Sur  les  jours  et  les  fêtes  du  Kalendrier.  Je  suivrai  l'ordre  des 
mois,  en  répétant  en  tête  de  chaque  article  le  nom  du  jour  ou  de  la 
fête,  et  le  numéro  de  renvoi  inscrit  dans  les  tables  mensuelles. 

Janvier.  —  i .  Kalendes.  Faste.  Bien  que  tout  le  monde  soit  libre, 
il  y  a  néanmoins  des  jours  où  le  travail  est  interdit,  les  affaires  ar- 
rêtées, et  le  cours  ,  l'action  de  la  justice  suspendu.  Les  jours  sur 
lesquels  ne  pèse  aticune  de  ces  interdictions  sont  appelés  Fastes,  et 
ceux  qui  en  sont  frappés,  Néfastes^  ;  ces  derniers  sont  nonnnés  plus 

•  Ov.  Fasl.  I,   V.  47.  —  MafTob.  Salurn.  I,   16. 


312  UO.ML:  au  .SitCLK  D'AUGUSTE. 

bas.  Ce  l'ut  Ndiua  qui  iniai^iiia  cos  distiiiclions '.  Il  ne  les  ivvi'la  pas 
au  vuli^airo,  ot  pondant  loiif^lmips  les  prêtres  ot  les  jurisconsultes 
eurent  seuls  la  connaissance  des  jours  Fastes  cl  des  jours  .Xrfastcs; 
mais  depuis  trois  siècles  et  demi  environ,  elle  a  été  divulguée  à  tout 
le  monde  par  la  publication  du  Kalendrier-.  —  Vile  nonnnée  ici  est 
l'Ile  Tibérine,  où  Esculapc,  dieu  de  la  médecine,  et  Véjovis,  Jupiter 
enfant,  ont  chacun  un  temple  '. 

—  2.  L' Empereur  prend  possession  de  l'empire.  L'avènement 
d'Auguste  à  Tempire  est  de  l'an  sept  cent  dix. — Tibère  créé  Seplem- 
vir  Épulon.  Je  parlerai  plus  tard  des  Septemvirs  Epulons,  qui  sont 
des  prêtres  chargés  du  soin  de  certains  festins  sacrés'^. 

—  3.  A-H.  Cette  série  de  huit  lettres  sert  à  marquer  les  Nundines, 
dont  j'ai  parlé  dans  la  lettre  VIII,  et  qui  reviennent  tous  les  neuf 
jours.  L'A  des  kalendcs  est  le  point  de  départ;  tous  les  A  suivants 
indiquent  les  époques  nundinales,  parce  que,  après  les  avoir  comp- 
tés comme  neuvième  nombre  de  la  série  précédente,  on  les  compte 
encore  comme  premier  de  la  série  qu'ils  recommencent  *. 

—  4.  Statue  érigée  à  la  justice  d'Auguste.  Evénement  de  Tannée 
sept  cent  trente-trois. 

—  5.  Agonales.  Fête  en  l'honneur  de  Janus,  dieu  de  l'année,  et  à 
l'occasion  de  laquelle  un  prêtre,  appelé  le  Boi  des  sacrifices,  lui 
immole  un  bélier  ^ 

—  6.  Jour  mixte.  Variété  des  jours  Fastes  et  Néfastes  :  c'est  un 
jour  pendant  lequel  il  est  permis  de  rendre  la  justice  pendant  cer- 
taines heures  du  jour,  et  défendu  pendant  d'autres*  *. 

—  7.  Karmentales.  Fête  introduite  à  Rome  après  la  réunion  des 
Sabins  aux  Romains,  et  pendant  laquelle  on  sacrifie  à  Carmenta, 
déesse  qui  préside  à  la  naissance  de  l'homme  ''.  Suivant  une  autre 
tradition,  un  sénatus-consulte  ayant  défendu  aux  femmes  d'aller  en 
char  par  la  ville,  elles  se  brouillèrent  avec  leurs  maris,  et  se  con- 
damnèrent à  la  stérilité.  Mais  le  sénat  leur  rendit  l'honneur  dont  on 
les  avait  privées,  et  voulut  perpétuer  le  souvenir  de  cette  pacification, 
en  ordonnant  qu'un  double  sacrifice  serait' offert  annuellement  sur 
l'Autel  de  Carmente,  au  pied  de  la  Roche  Tarpéienne,  hors  de  la 
porte  Carmentale,,*  pour  la  conservation  des  enfants  de  chaque  sexe^. 

1  Ti(.-Liv.  I,  19.  —  Flor.  I,  ■2.=  '^  I-oltrc  LXXXV1I.=3  plan  elDosrripl.  de  Itonu', 
iio  50V,  505.  =  '*  Letlre  XXX,  ,<?  IV.  =,»  Varr.  L.  L.  VI,  §  12.  —  Ov.  Fasl.  (,  v.  517.— 
Fcst.  V.  A^'onium.  =  6  Maciob.  Saiurn.  I,  16.  =  "  l'Iul,  Romul.  21.  =  s  Plan  et  Ucs- 
eripl.  do  Uonu',  ii«  98.  —  »  Ov.  Fasl.  I,  v.  625.  —  l'iut.   Ouœst.   Rom.    p.  124. 


LKTTUE  XI.  515 

—  S.  Auy Utile  ferme  le  leniplc  de  ./anus  Geininus.  (iraiid  événe- 
nieiil  qui  annonçait  une  pacilicalion  complMe,  (•(?  toiii[)!(',  silné  hors 
do  la  porte  Cannentale  ' ,  restant  ouvert  en  temps  de  guerre,  et  ne 
devant  être  fermé  qu'en  temps  de  paix  '. 

—  9.  Couronne  de  chêne  mise  sur  la  maison  de  l'empereur.  C'est 
pour  indiquer  qu'il  est  le  sauveur  des  citoyens.  Je  parlerai  plus 
tard  des  couronnes,  et  de  l'administration  des  provinces*.  —  Jour 
déclaré  funeste  par  sénatus-consulte.  Les  jours  funestes  sont  en 
quelque  sorte  les  jours  Néfastes  de  la  religion.  Tous  les  lende- 
mains des  Kalendes,  des  Nones,  des  Ides  sont  funestes,  parce  qu'il 
fut  un  temps  où  l'on  remarqua  que  des  sacrifices  pour  se  rendre  les 
dieux  propices  au  moment  d'une  guerre,  offerts  l'un  de  ces  jours-là, 
n'avaient  jamais  atteint  le  but  qu'on  se  proposait*.  On  compte  aussi 
parmi  les  jours  funestes  ceux  à  l'époque  anniversaire  desquels  la  ré- 
publique a  essuyé  quelque  grande  perte,  éprouvé  quelque  grand 
dommage;  l'anniversaire  de  la  bataille  d' Allia,  par  exemple,  est 
encore  aujourd'hui  regardé  comme  un  jour  funeste  ^  ou  un  jour 
noir,  nom  qu'on  leur  donne  aussi®. 

— 10.  César,  empereur,  est  surnommé  Auguste.  Magnifique  sur- 
nom qui,  tiré  du  verbe  augere,  augmenter,  indique  l'agrandisse- 
ment de  l'empire  sous  le  principat  de  César-Octave,  et  dans  une 
seule  dénomination  comprend  toutes  ses  victoires ''.  C'est  de  la  flat- 
terie la  plus  raffinée,  et  les  sénateurs  qui  se  sont  mis  l'esprit  à  la 
torture  pour  4a  trouver  ^  disent  qu'il  ne  fallait  pas  moins  que  ce 
mot,  car  toutes  les  contrées  de  l'univers  ajouteraient  leurs  noms  à 
celui  de  César,  si  César  voulait  emprunter  ses  titres  des  peuples  qu'il 
a  soumis  par  ses  armes^  C'est  depuis  l'an  sept  cent  vingt-sept  qu'Oc- 
tave s'appelle  Auguste. 

— 11.  Le  temple  de  Castor  et  Pollux  dédié.  Il  s'agit  du  temple 
restauré,  car  il  y  a  longtemps  que  le  temple  de  Castor  existe.  C'est 
une  flatterie  pour  lebeau-flls  de  l'empereur,  pour  Tibère,  qui  a  foit 
cette  restauration  ^^. 

— 1*2,  Dédicace  de  l'Autel  de  la  paix  d'Auguste.  On  flatte  l'em- 
pereur sur  tous  les  tons,  et  pour  les  guerres  qu'il  fait,  et  pour  celles 
qu'il  ne  fait  pas.  Cet  Autel  de  la  paix  lui  a  été  élevé  l'an  sept  cent 

>  Plaa  el  Dcscii|)l.  de  Rome,  n"  99.  =  2  Lettre  XXXI,  §  XI.  =  3  Lettres  CXVI 
et  LXX.=  4A.  Gell.  V,  17.  =  S  Ov.  Rcmeil.  anior.  v.  2-20.  =<3  Dies  ater.  A.  CelL 
Ihid.  —  7  Ov.  Fast.  1,  v.  590,  599.  =  8'rit.-Liv.  Epilo.  CXXXIV.  —  Palcrrui.  II,  91. 
—  Suel.Aug.  7.  — Dion.  LUI,  16.  =  »  Ov.  Fast.  I,  v.  399.  =1»  IMan  elDescripl.  dcUome, 
n"  120. 


514  KOMK  AU  SIIXIJ':  irAK.lJSTK. 

qiiaraiile-qiicilre,  à  la  suite  de  la  pacification  de  la  Gernianio,  doiiii)- 
tée  par  les  armes  de  Tibère.  Il  est  près  du  Hois  de  Mars  K 

Février.  — 1.  Lupercales.  Je  parlerai  plus  fard  de  cette  fèl(î*. 

—  2.  Quirinales.  Fête  de  Romulus,  autrement  dit  Quirinua.  On 
l'appelle  aussi  fête  des  fours,  parce  que  ceux  qui  n'ont  pas  solennisé 
les  Fornacales,  ftHe  de  la  déesse  des  fours,  ou  qui  en  ont  ignoré  le 
jour,  rachètent  leur  faute  en  sacrifiant  à  Quirinus*. 

—  5.  Férules.  J'en  parlerai  à  propos  des  funérailles,  auxquelles 
cette  fête  se  rapporte  *. 

—  4.  Terminales,  y  en  traiterai  plus  tard,  comme  de  toutes  les 
fêtes  importantes  ^ 

—  5.  Itègifuge.  Commémoration  de  l' affranchissement  du  peuple 
Romain,  et  de  la  fuite  de  Tarquin-le-Superbe''. 

—  6.  Fquiries.  Fête  instituée  par  Romulus  en  l'honneur  de  Mars. 
Elle  consiste  en  courses  de  chevaux  qui  ont  lieu  sur  le  gazon  du 
Champ-de-Mars,  au  bord  du  Tibre'',  ou  bien,  quand  cette  plaine  est 
inondée,  sur  le  mont  Coelius^. 

Mars.  —  1 .  Libérales.  C'est  la  fête  de  l'émancipation  des  enfants. 
J'y  reviendrai '. 

—  2.  Quinquatries.  Fête  de  Minerve.  A  raconter  plus  tard  '°. 

—  3.  Tuhilustrum.  Purification  des  trompettes  "  guerrières.  Mi- 
nerve ou  Pallas  étant  déesse  de  la  guerre,  le  jour  de  sa  fête  a  été 
choisi  pour  la  purification  de  ces  instruments  guerriers  ^^ 

—  4.  Quand  le  Roi  s'enfuit  du  Comitium.  Le  roi  dont  il  s'agit  ici 
est  le  Roi  des  sacritices.  C'est  une  cérémonie  singuHère  dont  il  sera 
plus  à  sa  place  de  parler  ailleurs  *^ 

Avril.  —  1.  Jeux  de  la  grande-Mère.  J'en  traiterai  dans  ma  lettre 
sur  les  jeux*\ 

—  2.  Jeux  de  Cérès.  Même  observation  qu'à  l'article  précédent '^ 
~  3.  Fordicides.  Ce  sont  des  sacrifices  institués  par  Numa,  en 

l'honneur  de  Tellus  '^  ou  de  Cérès,  pendant  une  stérilité  commune 
aux  campagnes  et  aux  bestiaux.  Ils  s'accomplissent  au  Capitole,  au 
temple  de  Jupiter  ^\  dans  les  trente  Curies  *S  et  dans  les  campagnes'^. 

1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n"  170.  =  2  Lettre  XXX,  §  IV.  =  3  Plut.  Quaest.  rom. 
p.  150.—  Fcsl.  V.  Quirinalia.  =  '■*  Lettre  CIV.  =  5  Lettre  XXXIV,  §  XI.  =  ^  Fesl.  v. 
Uegifusium.  =  "^  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n'>  197.  =  *  Varr.  L.  L.  VI,  §  13.  —  Ov. 
Fast.  11,  V.  859  ;  111.  v.  517.  —  TerlulL  de  Spect.  5.  —  9  Lettre  LXVllI.  =  lû  Let- 
tre LVl.  —  11  Ov.  Fasl.  III,  V.  849.  =  '2  Conjecture.  =  «  Lettre  XXXI,  §  VllI.  = 
i^Lellre  CXV,  §  I.  =  is  Ibid.  <?  111.  =  16  Varr.  L.  L.  VI,  §  13. -Ov.  f-ast.  IV,  v.  629.  = 
"  Lyd.  de  Mens,  IV,  49.  =  i»  Ibld.  —  Varr.  Ibid.  —  19  Varr.  Ibid. 


LETTUIi;  Xi.  315 

On  n'immole  que  des  vaches  pleines,  fordœ,  d'oii  le  nom  de  /ù>r- 
dicides^. 

—  4.  Céréales.  Fêtes  de  la  déesse  des  moissons.  J'en  parlerai  plus 
tard,  avec  les  développements  qu'elle  mérite  ^ 

—  5.  Parilies,  ou  Palilics.  C'est  l'anniversaire  de  la  fondation  de 
Rome.  Je  consacrerai  à  cette  fête  une  lettre  spéciale  ^ 

—  6.   Vinales.  Quand  je  parlerai  des  vendanges  *. 

—  7.  Bobigales.  Quand  je  traiterai  des  fêtes  agrestes  ^ 

—  8.  Jeux  Floraux.  Très-célèbres.  J'en  traiterai  spécialement  ^ 
—  Le  Temple  de  Vesta  est  dans  la  maison  de  Tempereur,  sur  le 
mont  Palatin,  et  fut  dédié  l'an  sept  cent  quarante-un  \ 

Mai.  —  1.  Compitales.  Aux  jeux  concernant  la  ville  ®. 

—  2.  Lemurales.  Aux  funérailles^ 

—  3.  Jeux  Martiaux.  Tableau  réservé  pour  la  lettre  sur  les  jeux 
périodiques  ou  solennels  *". 

—  4.  Tubilustrum.  Autre  fête  que  celle  dont  j'ai  parlé  en  mars, 
bien  que  du  même  nom.  Celle-ci  est  la  purification  des  trompettes 
de  sacrifices.  Elle  est  consacrée  à  Yulcain,  dieu  qui  a  enseigné  à 
travailler  les  métaux,  et  célébrée  dans  l'Atrium  Sutorium^K  Le  sa- 
critice  est  des  plus  modestes;  il  consiste  dans  l'immolation  d'une 
brebis  '^ 

Juin.  —  4.  Sacrifice  à  Mars,  à  Carna,  à  Moneta.  Lorsque  Junius 
Brutus  conçut  le  dessein  de  chasser  Tarquin  du  trône,  il  s'adressa 
à  Carna,  déesse  qui  préside  aux  viscères  du  corps  humain,  afin 
qu'elle  lui  donnât  la  force  de  dissimuler  ce  qu'il  avait  dans  le  cœur, 
c'est-à-dire  de  feindre  l'imbécillité.  Il  lui  promit  en  même  temps  un 
temple  et  un  sacrifice  s'il  réussissait  dans  sa  grande  entreprise.  Ce 
fut  le  jour  des  kalendes  de  juin  que  le  tyran  tomba ,  et  le  lende- 
main, Brutus  offrit  un  sacrifice  à  Carna,  sur  le  mont  Cœlius,  à 
l'endroit  où  depuis  il  lui  bâtit  un  temple '^  Le  sacrifice  s'adressa 
aussi  à  Mars  et  à  Moneta;  à  Mars,  comme  dieu  de  la  guerre,  à 
Moneta,  comme  déesse  de  l'avertissement.  Ce  sacrifice  a  quelque 
chose  de  la  simplicité  des  mœurs  antiques  :  il  se  compose  de  purée 
de  haricots  et  de  lard,  parce  que,  dit-on,  ces  aliments  restaurent 
puissamment  les  forces  humaines^'*. 

1  Varr.  L.  L.  VI,  §  15.  — Ov.  Fast.  IV,  v.  631.  =  2  Lettre  CXV,  §  UI.  =»  Lettre  LXl. 
=  '^  Lettre  CVII.  =  «  Lettre  XXXIV,  §  X.  =6  Lettre  CXV,  §  IV.  =  "?  Plan  et  Descripl. 
de  Rome,  iv>  216.  =  8  Lettre  XLVL  =  9  Lettre  CIV.  =  io  Lettre  CXV,  §  V.  =  n  Varr. 
L.  L.  VI,§U.— Fest.  V.  Tubilustria.  =  12  ov.  Fast.  V,  v.  725.— Varr.— Fest.  Ibid.  = 
13  Plan  et  Descripl.  de  Rome,  n»  9.  =  1*  Jlacrob.  Salurn.  I,  12. 


r>l«i  UU.ML  ALI  SIKCI.K   I)  Al  CL'STE. 

—  -2.  Sacrifice  à  Mens.  Mens  est  la  déesse  de  l'iiitelli}f«;iice.  Cn 
t(in[)lo  et  un  sacrifice  lui  furent  voués  par  le  Sénat,  après  la  bataille 
de  Trasimène,  au  moment  où  ce  pirand  désastre  consternait  tous  les 
esprits'.  Le  temple  est  sur  le  mont  Cnpitolin^. 

—  3.   Vestalia.  Fête  de  Yesta,  déesse  du  feu  *. 

—  4.  MalraJcs.  C'est  la  fête  de  Matute,  qui  passe  pour  avoir  été 
la  nourrice  de  Bacchus.  Elle  a,  près  de  la  porte  Carmentale*,  un 
temple  où  les  matrones  romaines  viennent  offrir  des  vœux  pour  les 
enfants  de  leurs  frères,  n'osant  prier  pour  les  leurs,  tant  cette  déesse 
fut  malheureuse  en  enfants.  Elles  déposent  sur  son  autel  des  gâ- 
teaux cuits  au  four.  L'entrée  du  temple  de  Matute  est  sévèrement 
interdite  aux  femmes  esclaves*^. 

—  5.  Quand  on  emporte  les  ordures.  Ce  sont  les  cendres  du  feu 
entretenu  dans  le  temple  de  Vesta.  Pendant  toute  l'année  on  va  les 
déposer  dans  une  impasse  située  vers  le  haut  du  Clivus  Capitolin, 
et  fermée  par  une  porte  appelée  stercoraire^.  Le  xvii  deskalendes 
de  Julius  elles  sont  enlevées  de  là,  et  jetées  dans  le  Tibre"'. 

Juillet.  —  1,  Retraite  du  peuple.  Il  y  a  deux  traditions  sur  l'ori- 
gine de  cette  fête  :  l'une  rapporte  qu'elle  a  été  établie  en  commé- 
moration de  la  disparition  de  Romulus,  au  fameux  Marais  de  la 
Chèvre',  laquelle  disparition  causa  tant  de  désordre  et  d'effroi,  que 
le  peuple  prit  la  fuite ^. 

Suivant  l'autre,  après  Texpédition  des  Gaulois  contre  Rome,  les 
peuples  voisins,  voulant  profiter  de  l'affaiblissement  des  Romains 
pour  les  asservir,  se  liguèrent,  et  exigèrent  qu'ils  leur  livrassent 
leurs  femmes  et  leurs  filles,  menaçant,  s'ils  n'obtempéraient  pas  à 
cet  ordre,  de  détruire  ce  qui  restait  de  la  ville.  Le  Sénat  délibérait 
sur  une  si  pressante  injonction,  quand  les  servantes  s'offrirent  pour 
remplacer  leurs  maîtresses,  en  prenant  leurs  habits.  On  accepta  la 
proposition,  et  on  les  conduisit  au  camp  des  Latins.  Elles  feignirent 
une  grande  joie  en  arrivant,  enivrèrent  leurs  hôtes,  et  dès  qu'ils 
furent  endormis  et  que  le  jour  eut  fait  place  à  la  nuit,  elles  don- 
nèrent un  signal  aux  Romains  qui  accoururent,  surprirent  leurs  en- 
nemis, et  les  taillèrent  en  pièces'\  Le  sénat,  en  reconnaissance  d'un 


1  Ov.  Kast.  VI,  V.  241.  — lii.-Liv.  XXII,  0,  10.  =2  pian  el  Descript.  de  Rome,  n» 77. 
=  3Leltre  LXXXVI.  =  M'lan  cl  Uesrripl.  de  Home,  n»  96.  =  5  0v.  Fast.  VI,  v.  477. 
—  Plut.  Ciimil.  .').  =  "  IMan  cl  Dcsrripl.  de  Rome,  n»  58.  =  '  Ov.  Fasl.  VI,  v.  713.  = 
«Plan  et  Ucscript.  de  Home,  n"  1C9,  §  Vl.r=9  piui.  Homul.  29;Camill.  55.  ^'OMacrob. 
Saluin.  I,  11.  — l'Iul.  Camill.  35.  — l'ol\«ii.  Slralag.    VIII,  30. 


LETTRE  XI.  017 

si  grand  service,  dt'créta  que  l'on  ferait  annuellement  un  sacritice 
pour  en  perpétuer  la  mémoire. 

Cette  fête  est  très-célèbre^  :  ce  jour  là  les  citoyens  sortent  en  foule 
de  la  ville  en  criant  à  haute  voix  plusieurs  noms  romains  les  plus 
ordinaires,  tels  que  Caïus,  Marcus,  Lucius,  et  autres  semblables. 
Ils  imitent  par  là  cette  sortie  précipitée  que  tirent  les  soldats  en  s'ap- 
pelant  les  uns  les  autres  pour  se  ruer  sur  les  Latins^.  Ensuite,  des 
femmes  esclaves,  parées  de  stoles  de  matrones  '\  se  promènent  par  la 
ville  en  folâtrant  et  lançant  des  brocards  à  tous  ceux  qu'elles  ren- 
contrent. Elles  se  livrent  aussi  entre  elles  une  sorte  de  combat,  pour 
marquer  la  part  qu'elles  eurent  à  celui  de  leurs  maîtres  avec  les 
Latins.  Enfin  on  les  fait  asseoir  sous  des  rameaux  de  figuiers  sau- 
vages, dont  le  lait  a  servi  dans  le  sacrifice  qui  ouvre  la  fête,  et  on 
leur  donne  un  grand  repas*.  Cette  solennité  s' appelé  aussi  les  Noues 
Caprotines,  du  mot  caprificus,  figuier,  arbre  d'où  fut  donné  le  si- 
gnal à  l'armée  romaine  ^ 

—  2.  Jeux  Apollinaires.  Grande  fête  en  l'honneur  d'Apollon.  J'en 
parlerai  en  traitant  des  Jeux  solennels*'. 

—  5.  Lucaries.  Fête  qui  rappelle  la  prise  de  Rome  par  nos 
ancêtres.  Les  Romains,  battus  de  tous  côtés,  se  réfugièrent  dans  un 
grand  bois,  entre  la  voie  Salaria  et  le  Tibre,  où  cette  fête  se  célèbre 
aujourd'hui''. 

—  4.  Jeux  pour  la  victoire  de  César.  Anniversaire  de  la  célèbre 
bataille  de  Pharsale  *. 

—  5.  Neptunales.  Fête  des  mariniers  du  Tibre.  Les  jeux  ont  lieu 
dans  des  nacelles,  sur  le  fleuve^ 

— 6.  Furrinales.  Fête  deFurrina,  déesse  à  peine  connue^'*,  à  la- 
quelle on  sacrifie  dans  un  bois  où  elle  a  un  temple,  sur  la  rive  droite 
du  Tibre,  près  du  pont  Sublicius  ". 

Auguste.  —  1.  Les  flatteurs  qui  inventèrent  le  nom  d'Auguste  en 
faveur  du  chef  de  l'empire,  ne  devaient  par  s'arrêter  en  si  beau  che- 
min; ils  ont  voulu  immortaliser  leur  flatterie  en  l'inscrivant  dans  le 
Kalendrier  :  Sextilis,  mois  qui  suit  Julius,  a  dû  perdre  son  nom 
pour  prendre  celui  d'Auguste,  qui  est  définitivement  celui  de  l'em- 


^  Plul.  Catnill.  53.— Macrob.  Saturn.  I,  11.  =  2  piu!.  Romul.  29  ;  Camill.  35.  =»/</. 
Camill.  35.— Auson.  Eglo.  14,  v.  10.  — '^  Plul.  -r  Marrub.  lbi<i.=  5  Van-.  L.  L.  VI,  § 
18.  —  Plul.  Cami\l.  55.  =  6  Lellre  CXV,  g;  VII.  —  "^  l'aul.  ap.  Fosl.  v.  Lucaria.  =^ 
'^Suel.  Aug.  10.  =  ■>  Auson.  Efîlofî.  17.  =  '"  Varr.  I..L.  VI  §19.  =  >'  Plan  cl  Desnipl. 
de  Kome,  n»  301. 


7)18  ROME  AU  SIKCF>E  D'AUGUSTE. 

pn'oiir'.  Cet  heureux  changement  a  en  lien  en  vertu  d'un  sénatus- 
consnlte  lenthi  il  y  a  cinrj  ans  environ,  et  ainsi  eoneu  :  «  César  Au- 
a  li^uste,  empereur,  ayant  été  nommé  consul  pour  la  première  fois 
«  dans  le  mois  de  Sextilis;  ce  mois  l'ayant  vu  triompher  trois  fois 
«  dans  Rome,  et  descendre  du  Janicule  à  la  tète  des  légions  mar- 
«  chant  avec  confiance  sous  ses  aus[)ices;  de  plus,  ayant  dans  le 
«  cours  du  même  mois  soumis  l'Egypte  à  la  domination  du  peuple 
«  romain,  et  mis  fin  aux  guerres  civiles;  d'après  ces  causes,  qui  ont 
«  rendu  et  rendent  le  mois  de  Sextilis  très-heureux  pour  l'empire 
«  romain,  il  a  plu  au  Sénat  que  ce  mois  fût  appelé  Auguste.  »  Ce 
sénatus-consulte  fut  confirmé  par  un  plébiscite^*. 

—  2.  Férales.  J'en  parlerai  en  traitant  des  funérailles  *.  C'est  aussi 
l'anniversaire  de  la  bataille  de  Munda,  gagnée  par  César. 

—  5.  Cémr  prend  Hispalis.  Hispalis  s'était  révoltée,  et  avait  égorgé 
sa  garnison  Romaine.  César  attira  les  habitants  dans  une  embuscade, 
et  reprit  la  ville  *. 

—  4.  Portumnahs.  Fête  du  dieux  des  ports  '. 

—  5.  Vinales.  J'en  parlerai  en  traitant  des  vendanges'. 

—  6.  Consualia.  Fête  de  Consus.  J'y  reviendrai  dans  le  récit  des 
Jeux  publics  ', 

—  7.  Volcanales.  Fête  de  Vulcain,  dieu  du  feu.  On  lui  immole  un 
veau  roux  et  un  verrat  ^  Le  peuple  jette  dans  le  feu  des  animaux, 
pour  acheter  ainsi  son  propre  salut  '. 

—  8.  Opiconsives.  Fête  d'Ops  ou  la  Terre,  surnommée  Consiva 
parce  qu'alors  on  commence  diverses  semailles.  Le  temple  de  cette 
déesse  est  dans  la  Regia,  vers  le  haut  de  la  voie  Sacrée  •''. 

—  9.  Volturnales.  Fête  en  l'honneur  de  Volturne  ou  Vulturne, 
dieu  du  Tibre". 

—  10.  Dédicace  de  l'Autel  de  la  Victoire  dans  la  Curie.  Il  s'agit  de 
la  Curie  Julia,  où  l'empereur  a  consacré  une  statue  de  la  Victoire,  ap- 
portée de  Tarente*^ 

Septembre.  —  1.  Jeux  Romains.  Cérémonie  magnifique,  dont  je 
traiterai  dans  une  lettre  spéciale  *^. 

—  2.  Revue  de  la  cavalerie.  C'est  la  réformation  de  la  liste  des 
chevaliers.  J'en  parlerai  aussi  plus  tard'*. 

,  1  Tit.-Liv.  Epilo.  CXXXIV.  —  Suet.  Aug.  31.  —  Dion.  LV,  6.  =  2  Macrob.  Salurn.  I, 
12.  =  3  Leltrc  CIV.  =  *  Dion.  XLHI,  39.  =  »  Fest.  v.  Porlumnus.  =  «  Lettre  CMI. 
=  7  Lettre  XLVHI.  =  Scruter,  p.  61.  =  9  Varr.  L.  L.  VI,  §  20.  =  ^  Plan  et 
Descripl.  de  Rome,  n»  129.  =  n  Varr.  L.  L.  V,  g  29.  =  '«  Dion.  LI,  22.  =  »'  Lettre 
XLVin.    =  H  Lettre  XIX. 


LETTRE  XI.  519 

Octobre.  —  l.  Meditrinalia.  Fêle  dii  lu  dé^uslal\on  du  viii  nou- 
veau, considéré  comme  remède  utile  à  la  santé  '. 

—  2.  Auguslales.  Fête  instituée  pour  perpétuer  le  souvenir  du 
retour  de  l'empereur  Auguste  à  Rome,  après  qu'il  eut  pacifié  la 
Sicile,  la  Grèce,  la  Syrie,  l'Asie  et  les  Par  thés.  On  éleva  à  cette  occa- 
sion un  autel  à  la  Fortune  qui  ramène,  et  ce  jour  fut  mis  au  rang 
des  fériés  sous  le  nom  d' Augustales  ^ 

—  3.  Fontanales.  Fêtes  des  fontaines.  J'en  parlerai  lorsque  je 
traiterai  des  eaux  de  Rome  '. 

—  4.  Armilustre.  Fête  pour  la  purification  des  armes  et  pour  la 
prospérité  des  armées.  Ceux  qui  sacrifient  sont  en  armes,  et  sonnent 
de  la  trompette  pendant  le  sacrifice  *. 

—  V).  Jeux  de  la  Victoire.  Il  en  sera  traité  dans  le  tableau  des 
jeux  périodiques  ou  solennels  ^ 

No>t:3ibre.  —  1,  Banquet  sacré  indiqué.  Il  s'agit  de  repas  donnés 
aux  frais  de  la  République.  J'en  parlerai  ailleurs  ^ 

—  2.  Jeux  plébéiens.  Appartient  au  tableau  des  jeux  périodiques  '. 
Décembre.  — Agonales-  C'est  la  répétition  de  la  fête  du  même 

nom  célébrée  en  janvier. 

—  2.  Saturnales.  Fête  très-célèbre,  pendant  laquelle  toutes  les  lois 
de  la  hiérarchie  sociale  sont  momentanément  interverties.  J'en  par- 
lerai spécialement  *. 

—  3.  Opales.  Fait  partie  des  Saturnales. 

—  4.  Fête  de  la  Déesse  [Angeronia].  Angeronia  est  une  déesse  qui 
délivre  des  inquiétudes  et  des  chagrins  poignants  ceux  qui  se  la 
rendent  propice.  Sa  statue,  représentée  la  bouche  couverte  d'un 
bandeau  et  scellée,  est  sur  l'autel  de  Volupia  ^,  déesse  de  la  volupté, 
parce  que  ceux  qui  sont  assez  patients  pour  dissimuler  les  peines  et 
les  tourments  de  leur  esprit  finissent  par  éprouver  les  sensations  les 
plus  agréables.  On  raconte  que  le  peuple  Romain  attaqué  d'une  ma- 
ladie appelée  Angine,  se  lia  envers  Angeronia  par  un  vœu,  et  qu'aus- 
sitôt fépidémie  cessa.  Telle  est  forigine  du  culte  de  cette  déesse^". 

—  5.  Larentinales.  C'est  la  fête  d' Acca  Larentia,  suivant  les  uns 
femme  du  berger  Faustule  et  nourrice  de  Rémus  et  de  Romulus  ; 
suivant  d'autres,  riche  courtisane  en  f  honneur  de  laquelle  le  roi 
Ancus  établit  un  sacrifice  annuel,  parce  qu'elle  avait  institué  le 

1  Varr.  L.  L.  VI,  §  21.  =  >  Dion.  LIV,  10.  =  3  Lettre  LXVII.  =  *  Varr.  L.  L.  VI, 
§  22.  =  s  Lettre  CXV,  §  X.  =  «  Lettre  XXX,  §  IV,  =7  Lettre  CXV,  §  XI.  =  8  Lettre 
LXXI.  =9pian   et  Descript.   de  Rome,  n»  20.  =  io  Macrob.  Saturh.  I,  10. 


320  ROME  AU  SfKCLE  D'AUGUSTE. 

peuple  Romain  son  héritier.  Quoi  qu'il  en  soi!,  le  sacrifice  fondé  en 
son  honneur  dure  encore;  il  se  célèbre  sur  un  aulel  dans  le  Vélabre 
majeur,  à  l'endroit  où,  dit-on,  cette  femme  fut  enterrée'.  La  fête  est 
aussi  consacrée^  à  Jujjiter,  et  c'est  un  prêtre  de  Romulus  ou  Quirinus 
qui  préside  à  la  cérémonie.  Le  sacrifice  consiste  simplement  en 
libations  de  vin  et  de  lait,  otïertes  aux  mânes  d'Acca  Larentia'^ 

Je  termine  ici  cette  nomenclature,  dont  je  crains  bien  que  Tuti- 
lité,  l'intérêt  historique  et  religieux  ne  compensent  pas  suffisamment 
la  sécheresse.  Cependant  ce  ne  sont  pas  encore  là  toutes  les  fêtes 
romaines,  parce  qu'on  n'a  pu  incrire  sur  le  Kalendrier  que  les  fêtes 
Slatives,  c'est-à-dire  les  fêtes  fixes,  et  il  y  a  encore  \esconceptives  et 
les  impératives. 

Les  fêtes  conceptives  reviennent  aussi  périodiquement.  Les  magis- 
trats ou  les  pontifes  indiquent  leur  célébration,  mais  peu  de  jours 
à  l'avance  *.  Les  impératives  sont  des  fêtes  occasionnelles,  comman- 
dées par  les  consuls,  ou  par  les  préteurs  *,  magistrats  qui,  dans  la 
hiérarchie,  viennent  après  les  consuls.  Afin  que  la  férié  soit  plus 
complète,  ou  plus  saintement  accomplie,  l'annonce  commence  par 
cette  formule  :  «  Abstenez-vous  de  procès  et  de  querelles  ^  » 

J'ajouterai,  pour  compléter  le  système  de  numération  du  temps, 
que  les  Romains  comptent  les  années  à  partir  de  la  fondation  de  leur 
ville.  Néanmoins,  dans  le  langage  usuel,  et  même  dans  tous  les 
actes  publics,  on  substitue  à  renonciation  numérale  de  Tannée  les 
noms  des  consuls  de  cette  année,  et  l'on  dit  :  «  Sous  le  consulat  de 
tel  citoyen,  »  pour  dire,  «  En  telle  année  *■•.  »  C'est  une  sorte  d'hom- 
mage aux  premiers  magistrats  de  la  république,  et  comme  une  con- 
sécration de  leur  règne  annuel. 

En  jetant  un  dernier  coup  d'œil,  avant  de  fermer  ma  lettre,  sur  le 
Kalendrier  ci-joint,  une  chose  m'a  frappé  :  c'est  que  les  tables  Ka- 
lendairesnesont  plus  uniquement,  comme  jadis,  les  fastes  de  l'année 
civile  et  religieuse,  mais  tendent  à  devenir,  en  même  temps,  le  mé- 
morial perpétuel  de  la  gloire  de  Tempereureide  sa  famille.  Vois  com- 
bien de  choses  qui  ne  se  rapportent  ni  à  l'ordination  de  l'année,  ni  à 
l'indication  des  sacrifices  ou  des  fêtes,  s'y  trouvent  introduites:  que 
sert  à  ceux  qui  viennent  journellement  consulter  ces  tables  pour 


1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n"  238.  =2  Varr.  V!,  §  23.— Macrob.  Salurn.  1,  10.  = 
^  Varr.  Ibid.  §  26.  — Macrob.  Ibid.  16.  =  *  Marrob.  Ibid.  =  5  cic.  de  Divinal.  I,  43. 
=  6  Ov.  An.  aiti.  H,  V.  G63.— Sener.  de  Benef.  Ml.  16.- Cir.  — Sali.  —  Tit.-Liv.- 
Flor.— Patereul.— Tar.— I).  Halie.— Dion.— Plut.,  etr.  passini. 


LETTRE  XI.  Ml 

savoir  ce  qu'ils  peuvent  entreprendre  ou  ce  dont  il  doivent  s'abste- 
nir, à  quoi  leur  est  utile,  dis-je,  de  trouver  à  côté  du  renseignement 
qu'ils  cherchent,  que  ce  jour-là  l'empereur  a  pris  jadis  possession  de 
l'empire,  ou  qu'une  couronne  de  chêne  a  été  attachée  à  sa  maison; 
un  autel  de  la  Victoire  dédié  par  lui  dans  la  curie  ;  un  temple  de 
Vesta  consacré  dans  sa  demeure  ;  que  le  Sénat  a  donné  à  César-Oc- 
tave le  surnom  d'Auguste;  qu'il  l'a  appelé  Père  de  la  Pairie  ;  qu'il  a 
fait  ériger  dans  le  Champ-de-Mars  une  stafue  à  la  Paix  d'Auguste;  que 
Tibère  a  été  élu  prêtre  Epulon  ;  ou  que  Jules-César  a  gagné  une 
grande  bataille  en  Espagne,  et  saccagé  la  ville  d'Hispalis?  Si  ces 
commémorations,  plus  ou  moins  historiques,  embrassaient  toute 
l'histoire  du  peuple  Romain,  je  les  comprendrais,  car  il  y  a  toujours 
profit  à  rappeler  incessamment  à  un  peuple  sa  propre  gloire  ;  et  pour 
cela,  je  l'avoue,  les  tables  du  Kalendrier  me  paraissent  bien  choisies. 
Mais  l'on  n'y  voit  aucun  des  grands  faits  de  l'histoire  antérieure  ;  on 
y  chercherait  vainement,  par  exemple,  le  combat  fameux  des  Horaces, 
l'abnégation  héroïque  du  premier  Brutus,  l'action  de  Coclès,  celle  de 
Scaevola,  le  dévouement  de  Décius,  la  célèbre  victoire  navale  de  Duil- 
lius;  et  dans  des  temps  plus  rapprochés,  la  défaite  des  Cimbres  et  des 
Teutons,  la  conquête  de  la  Sicile,  de  la  Grèce,  de  l'Orient;  la  prise  de 
Corinthe,  la  défaite  de  Mithridate,  celle  de  Jurgurtha,  la  ruinede  Car- 
thage,  et  cent  autres  faits  capitaux  qui  devraient  figurer  dans  ces  éphé- 
méridesde  la  gloire.  C'est  que  le  passé  du  peuple  Romain  intéresse  peu 
rempereur;je  crois  au  contraire  qu'il  voudrait  le  faire  oublier.  Son  but 
est  de  concentrer  toute  l'attention  publique  sur  lui  et  sur  sa  famille; 
d'habituer  les  citoyens  à  croire  que  lui  et  les  siens  ont  été,  et  sont 
comme  les  dieux  tutélaires  de  l'empire.  Auguste  voudrait  une  répu- 
bhque  monarchique,  et  le  peuple  paraît  accepter  cette  forme  de  gou- 
vernement, vers  laquelle  on  lui  a  déjà  fait  faire  de  grands  pas.  Tu  vois 
que  le  Kalendrier  Romain  d'aujourd'hui  a  beaucoup  d'importance 
morale;  pour  les  gens  qui  réfléchissent,  il  est  un  grand  enseigne- 
ment sur  les  vues  secrètes,  sur  les  tendances  politiques  et  surtout  les 
désirs  despotiques  de  l'empereur. 


21 


LETTRE    Xïl. 

LES  BAINS  PRIVÉS  ET  LES  BAINS  PUBLICS. 

Il  est  un  genre  de  luxe  que  je  vois  croître  et  se  développer  tous 
les  jours,  c'est  celui  des  Bains.  Le  bain  est  non-seulement  une  jouis- 
sance, mais  un  besoin  dans  ce  pays  où  il  fait  si  chaud  que  le  corps 
se  trouve  dans  une  transpiration  pour  ainsi  dire  continuelle.  Aussi, 
riches  et  pauvres,  grands  et  petits,  tous  se  baignent,  et  se  baignent 
chaque  jour.  Il  y  a  environ  dix  ans.  Agrippa,  gendre  et  ministre  de 
l'empereur,  faisant  exécuter  une  foule  de  travaux  et  de  monuments 
pour  l'agrément  et  l'utilité  du  peuple,  établit  entre  autres  cent 
soixante-dix  Bains  publics,  où  pendant  une  année  le  peuple  fut  ad- 
mis gratuitementMVIaintenant,  excepté  les  enfants,  qui  jouissent  en- 
core de  leurs  entrées  franches ^  tout  le  monde  paye  à  la  porte  la  ré- 
tribution d'un  quadrant^  {"),  petite  monnaie  d'airain.  Pour  cette 
modique  somme,  on  peut  prendre  bain  froid,  bain  tiède,  bain  chaud, 
et  bain  de  vapeur.  C'est  ce  que  font  la  plupart  des  baigneurs,  car,  d'a- 
près les  habitudes  générales,  se  plonger  dans  l'eau  froide  ou  dans  l'eau 
chaude,  ce  n'est  pas  se  baigner  *. 

Autrefois  les  Bains  n'étaient  que  de  simples  piscines  où  l'on  venait 
nager,  s'exercer*,  se  laver  surtout,  comme  le  prouve  leur  ancien 
nom  de  lavatrina^.  Vers  la  fin  du  dernier  siècle,  du  temps  de  Pom- 
pée, il  y  avait  fort  peu  d'établissements  de  ce  genre,  particuliers  ou 
publics,  bâtis  avec  soin  et  pourvus  des  recherches  qu'on  y  trouve 
communément  aujourd'hui  ^  La  description  suivante  te  donnera  une 
idée  des  Bains  actuels  ;  bien  que  ce  soit  celle  des  Bains  de  Mamurra, 
auxquels  je  voulais  consacrer  une  lettre  spéciale  ,  cependant  elle 
convient,  sauf  quelques  détails  d'ornementation,  à  tous  les  Bains  en 
général  :  les  mêmes  besoins  ont  commandé  partout  les  mêmes  dis- 
positions. 

Les  Bains  de  mon  hôte  sont  auprès  de  la  Basilique,  de  l'Exèdre, 
et  du  Sphœristère;  ils  ne  s'en  trouvent  séparés  que  par  une  petite 
cour  pavée  en  mosaïque'',  entourée  d'un  péristyle  en  colonnes  octo- 

1  l'iin.  XXXVl,  13.  —Dion.  XLIX,  43.  =  2juv.  S.  2,  v.  132.  —  Schol.  in  Ibid.  — 
3Cic.  pro  Cœl.  26.  —  Hor.  I,  S.  5,  v.  157.  —  Senec.  Ep.  86.  —  Juv.  S.  6,  v.  447.  = 
4  Fest.  V.  Piscina?.  —  3  Varr.  L.  L.  IX,  g  68.  =  6  Galen.  iX,  10.  =  "^  Mazois,  Ruin.  de 
Pompei,  t.  li.  («)  20  cenlimes. 


LETTRE  XH.  527^ 

gones,  et  à  l'entréo  de  laquelle  est  un  Daptiatère,  grand  bassin  où 
l'on  prend  qiiclqnefois  le  bain  froid  en  commun^  (").  Un  toit  léger, 
supporté  par  deux  colonnes  en  avant-corps,  couvre  le  Baptistère. 
Des  peintures  représentant  des  arbres  chargés  de  fruits,  des  rivières 
où  toutes  sortes  de  poissons  semblent  nager  dans  la  profondeur  des 
eaux,  ornent  les  parois  desportiques^ 

La  première  pièce  où  l'on  entre  en  quittant  la  cour  est  une  salle 
nommée  Apodytère  (*),  nom  formé  d'un  mot  grec  qui  signifie  dé- 
pouiller, parce  que  c'est  là  que  l'on  dépouille  ses  vêtements^ 

De  r  Apodytère  on  passe  dans  le  Frigidaire  {'),  autre  salle  où  l'on 
trouve  encore  un  Baptistère  pour  le  bain  froid,  quand  on  ne  veut 
point  le  prendre  en  plein  air*.  L'une  des  extrémités  du  Frigidaire 
se  termine  par  un  hémicycle  au  centre  duquel  gît  la  cuve  du  bain, 
Lahrum^  ou  Solium^,  entourée  d'un  petit  espace  clos  par  un  Plu- 
teus  ''  ou  mur  d'appui.  Des  pilastres,  des  niches,  des  statues  décorent 
le  pourtour  de  l'hémicycle,  dont  le  soubassement,  formé  par  un 
double  rang  de  gradins*,  s'appelle  Schola,  l'école,  parce  que  c'est  là 
que  ceux  qui  assistent  aux  Bains  sans  y  prendre  part,  ou  qui  atten- 
dent qu'il  y  ait  place  dans  la  cuve,  viennent  s'asseoir  pour  converser. 
Entre  l'École  et  la  cuve,  il  reste  un  chemin,  Alveus,  pour  circuler 
autour  des  baigneurs.  Le  Frigidaire  reçoit  son  jour  par  en  haut, 
de  sorte  que  les  corps  n'y  projettent  point  d'ombre. 

Le  Bain  tiède,  Tepidaire  [^)  *,  suit  immédiatement  le  Frigidaire. 
A  peu  près  carré,  et  terminé  aussi  par  une  École,  il  est  muni  de 
deux  grands  bassins  si  larges,  que  Ton  pourrait  aisément  y  nager**'. 
Comme  on  n'entre  guère  dans  le  Tepidaire  que  pour  s'y  baigner, 
son  École  sert  essentiellement  aux  baigneurs,  soit  pour  s'essuyer 
lorsqu'ils  se  contentent  du  bain  tiède,  soit  pour  se  reposer  "  en  sor- 
tant de  la  pièce  suivante  où  Ton  prend  le  bain  de  vapeur ,  et  que 
pour  cette  raison  l'on  nomme  Sudatoire^^,  ou  Caldaire^^  («). 

Le  Sudatoire  est  circulaire,  entouré  de  trois  gradins,  et  garni 
tout  à  l'entour  de  niches  étroites,  contenant  chacune  un  siège**.  Un 
réservoir  d'eau  bouillante  occupe  le  milieu  de  la  salle  *^  Il  fournit  des 

»  Plin.  n,  Ep.  17.  =  2  Mazois,  Ruin.  de  Pompei,  t.  II.  =  3  pHn.  V,  Ep.  6.  =  *  M.  II, 
Ep.  17.  =  5  Vitruv.  V,  10.  =6  Senec.  Ep.  86.— Plin.  XXXIII,  12.— Pallad.  I,  40,  41. 
—Mail.  II,  42  ;  VI,  81.— Petron.  73,  92.  =7  vitruv.  V,  10.=  8  Peinture  des  Bains  de 
Titus,  publiée  par  Galliani.  =  9  Vitruv.  Ibid.  —  Gels,  de  Re  medic.  I,  3,  5.  =  i»  Plin. 
II,  Ep.  17  ;  V,  Ep.  6.  =  n  Peinture  des  Bains  de  Titus.  =  i^  Sudatorium.  Vitruv.  V,  10. 
—  Senec.  de  Vit.  beat.  7.  =  isCaldarium.  Vitruv.  Ibid.  =  i*  Peinture  des  Bains  de  Ti- 
tus. —  Maiois,  Ruin.  de  Pompei,  t.  II.  =  '»  Mazois,  Ibid.  («)  Plan  de  la  Maison  de 
Mamurra,  n»  25.  (f-)  Ibid.  n»  26.  (c)  Ibid.  n"  27.  (d)  Ibid.  n»  28.  («■)  Ibid.  n"  29, 


7,U  ROME  AL  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

lourbillons  d'une  vapeur  qui  se  répand  partout,  monte  en  nuages 
épais  vers  la  voûte,  de  forme  hémisphérique,  recouverte  en  stuc',  et 
s'y  engouffre  avec  violence.  Elle  s'échappe  au  sommet  par  une  ou- 
verture étroite,  fermée  avec  un  bouclier  rond,  en  airain,  qui  se 
manœuvre  d'en  bas,  à  l'aide  d'une  chaîne  ;  on  l'ouvre  comme  une 
soupape  quand  la  chaleur  devient  trop  suffocante^. 

Je  n'oublierai  de  ma  vie  la  première  fois  que  je  suis  entré  dans 
un  Sudatoire  :  saisi  par  les  flots  de  la  vapeur,  haletant,  palpitant 
poussant  de  gros  sanglots,  je  crus  que  j'allais  étouffer.  L'air  mêlé  de 
feu  et  d'humidité  que  l'on  respire  en  ce  lieu  ne  laisse  pas  un  seul 
endroit  du  corps  en  repos  ;  il  le  secoue,  il  le  remue  jusque  dans  ses 
moindres  parties'  ;  on  se  croirait  presque  dans  le  foyer  d'un  incen- 
die; la  température  de  ce  Bain  est  si  brûlante,  que  l'on  pourrait 
condamner  à  être  baigné  vif  un  misérable  convaincu  de  quelque 
crime**. 

Le  Sudatoire  et  sa  cuve  sont  chauffés  par  un  fourneau  extérieur , 
nommé  Laconinum  {") .  Ses  flammes  circulent  sous  le  pavé,  qui  est 
porté  sur  une  multitude  de  petits  piliers,  et,  au  moyen  de  canaux 
conducteurs,  jusque  dans  l'épaisseur  des  murs^*. 

Un  Fleothèse  ou  L'nctoire^  {''),  lieu  dans  lequel  se  déposent  les 
parfums,  complète,  avec  quelques  autres  petits  cabinets  ('^),  et  avec 
le  Sphaeristère  dont  j'ai  parlé  dans  ma  lettre  précédente,  l'ensemble 
des  Bains  de  Mamurra. 

Il  faudrait  être  bien  difficile  pour  ne  pas  trouver  ces  Bains,  si  élé- 
gants et  si  riches,  dignes  de  la  somptueuse  demeure  de  mon  hôte  ;  ce- 
pendant ils  sont  surpassés  de  beaucoup  par  ceux  de  Mécène,  et  sur- 
tout d' Agrippa:  le  premier  possède  un  Bain  avec  des  bassins  d'eau 
chaude  si  vastes  qu'on  peut  y  nager'';  et  le  second,  qui  en  fait  de 
constructions  et  de  travaux  d'art  n'a  que  de  grandes  idées,  s'est 
construit  les  Bains  les  plus  spacieux,  les  plus  beaux,  les  plus  somp- 
tueux qu'on  ait  jamais  vus  à  Rome.  Agrippa  loge  au  Palatin  ;  mais 
il  n'y  avait  pas  sur  cette  montagne  un  espace  suffisant  pour  lui  ;  il 
s'est  donc  transporté  au  milieu  du  Champ-de-Mars,  qu'il  avait  déjà 
embelli  parle  Panthéon,  et  là,  derrière  et  joignant  ce  temple,  il  a 
construit  son  édifice  qui  occupe  une  superficie  de  terrain  presque 


1  Vitruv.  V,  10.  —  Pallad.  I,  40.  =  2Vitruv.  76id.  =  3  Plut.  Sympos.  VIII,  9.  = 
*  Senec.  Ep.  86.  =  s  vitruv. /iii.— Senec.  Ep.  90.— Pallad.  itid.  — Monlfauc.  Anliq. 
espliq.  t.  5,  part.  2,  pi.  122.  =  «  Eleotesium  et  Unclorium.  Vilruv.  V,  11.  =  '  Dion. 
LV,  7.    C)  Plan  de  la  Maison  de  M."muiia,    n"   51.    **     Ibid,  n»  33.    (<")   Ibid.  n»   3*. 


LETTIiK   Mi.  ô-i.) 

(îj^alc  à  lu  nioitic  de  celle  de  la  nioiilayiie  Palaliuc;   il  (;st  élevé  sur 
un  carré  de  six  cent  cinquante  pieds  en  tous  sens'  ("). 

Les  Bains  d' Agrippa  sont  construits  à  Timitation  des  Palestres 
ji;recques;  on  y  trouve,  outre  les  salles  destinées  aux  diverses  lotions, 
des  galeries  pour  les  exercices  de  la  paume,  de  la  lutte  et  des  autres 
jeux  gymniques.  La  plupart  sont  autour  de  grandes  cours  entourées 
de  portiques  pour  la  course  ou  la  promenade. 

Dans  les  Bains  proprement  dits,  tous  les  murs  sont  revêtus  de  stuc 
ou  peints  à  l'encaustique ^  et  le  Sudatoire  est  orné  de  tableaux  en- 
cadrés de  marbre. 

L'agrément  de  cet  édifice  vraiment  royal  est  encore  augmenté  par 
un  jardin  qui  s'y  trouve  joint,  et  qu'Agrippa  a  créé  tout  exprès^  Il  y 
avait  là  un  marais,  le  fameux  Marais  de  la  Chèvre,  près  duquel  Ro- 
mulus  disparut  pour  devenir  immortel  ;  Agrippa  convertit  le  marais 
en  étang  alimenté  par  des  eaux  vives,  planta  autour  des  jardins  dé- 
licieux, et  s'y  bâtit  une  habitation  de  plaisance  où  il  peut  se  reposer 
après  le  bain,  souper,  et  passer  la  nuit  au  milieu  des  frais  ombrages, 
jusqu'à  ce  que  le  retour  du  jour  le  rappelle  à  Rome,  et  ramène  pour 
lui  le  tracas  et  les  soucis  des  affaires. 

Ceux  qui  ne  sont  pas  assez  riches  pour  avoir  des  Bains  à  eux  (et 
le  nombre  en  est  grand),  vont  aux  Bains  pubhcs.  Personne  ne  dé- 
daigne ces  établissements  ;  à  côté  du  pauvre  plébéien,  on  y  voit  d'il- 
lustres citoyens  et  des  riches  de  second  ordre  :  seulement  ces  der- 
niers s'y  rendent  accompagnés  de  leurs  clients*.  L'heure  générale 
est  depuis  midi  jusqu'au  soir  ^ 

Aller  aux  Bains  est  plus  qu'un  besoin,  c'est  une  mode  ;  des  mil- 
liers de  personnes  y  vont  par  désœuvrement,  par  curiosité,  pour  y 
rencontrer  leurs  connaissances  ou  leurs  amis.  Là,  certains  riches 
quêtent  des  convives  pour  souper* ,  et  une  foule  de  pauvres  hères, 
un  souper  pour  leur  ventre  affamé ''. 

Les  femmes  fréquentent  les  Bains  dans  un  but  moins  innocent  : 
elles  en  font  des  lieux  d'intrigues  ^;  aussi  aiment-elles  ces  établisse- 
ments avec  passion'.  C'est  pour  elles  comme  un  terrain  de  liberté, 
où  la  tromperie  est  d'autant  plus  facile  qu'elle  se  passe  dans  la  foule, 
et  se  cache  sous  les  apparences  d'une  démarche  commandée  au 
moins  par  l'usage,  sinon  par  la  santé. 

*Plw  «  As«es({)!k  ie^ftw^,  «tri^:*.  =  **lin.  XXXVl,  25.  =  ^  IMan  et  Dcsiript.  de 
Konie,  n"  169.  =  *  Mail.  Hl,  36.  =  s  Maxime  tcmpus  lavandi  a  meridiano  ad  Yrspeiuni 
fsl  consUtulura.  Vilruv.  V,  10.  =  «  Mart.  I,  2'<;  11,  U.  =  "^  hl.  V,  45;  XII,  8'i.  — 
«Digesl.  XLVIH,  lit.  5,  leg.  9,  §  1.  =  »  Mail.  XI,  48.  («)  190  mélies. 


320  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGLSTE. 

Un  citoyen  qui  n'appartient  pas  à  la  plèbe  se  fait  suivre  au  bain 
par  un  ou  plusieurs  esclaves  qui  portent  son  linge,  gardent  ses  ha- 
bits*, le  retirent  de  l'eau,  le  souliennont  (juand  il  marche,  Taident  à 
s'avancer  dans  la  foule*,  en  un  mot  lui  rendent  tous  les  services  dont 
il  peut  avoir  besoin.  Celui  qui  n'a  point  d'esclave  trouve  là  des  gens 
pour  lui  en  tenir  lieu;  ces  serviteurs  bénévoles  n'appartiennent  point 
à  rétablissement  dont  tout  le  personnel  se  compose  d'un  baigneur, 
gardien  du  bain^  d'un  chauffeur  ou  fournier*,  et  de  quelques  au- 
tres esclaves  condamnés,  comme  criminels,  aux  travaux  publics  ^; 
mais  ils  n'en  sont  que  plus  empressés  :  stimulés  par  leur  intérêt 
privé,  ils  parcourent  toutes  les  salles,  et  se  montrent  toujours  prêts 
à  courir  au  moindre  signe  des  baigneurs.  Les  principaux  sont  d'a- 
bord les  Capsaires^,  qui  portent  une  cassette'' pour  serrer,  moyen- 
nant une  petite  rétribution,  les  habits  qu'on  leur  conlie  en  garde'; 
les  Aliptes  ^  ou  les  Oigneurs  ***,  qui  font  des  onctions  de  parfums  ; 
les  AUpiles,  épileurs";  et  les  Masseurs^^,  le  bain  étant  toujours  ac- 
compagné de  frictions  nombreuses  et  multipliées,  que  les  Romains 
recherchent  avec  délices. 

Au  sortir  de  la  cuve  ou  du  sudatoire,  le  baigneur  s'étend  sur  une 
espèce  de  lit  de  repos,  et  un  jeune  masseur  (ce  sont  des  enfants  ou 
des  eunuques  qui  remplissent  ces  fonctions,  surtout  pour  les  ci- 
toyens qui  ont  des  esclaves'^)  ;  un  masseur,  dis-je,  commence  par  lui 
presser  tout  le  corps,  par  lui  masser,  lui  pétrir,  pour  ainsi  dire  la 
chair,  par  lui  assouplir  les  articulations**.  Ensuite  il  passe  aux  fric- 
tions :  la  main  armée  d'un  Strigile,  grattoir  de  corne  ou  d'rvoire, 
ou  d'un  métal  plus  ou  moins  précieux*^,  creusé  en  cuillère  et  cintré 
de  manière  à  s'appliquer  aisément  sur  la  rotondité  des  membres  *^  il 
frotte  vivement  la  peau,  et  détache  toutes  les  impuretés  que  la 
transpiration  a  pu  y  faire  amasser  *''.  Ces  frictions  durent  assez  long- 
temps, et  pour  qu'elles  ne  deviennent  pas  douloureuses,  il  faut  que 
le  frictionneur  soit  doué  d'une  certaine  habileté.  Cette  opération  est 
suivie  de  la  dépilation  des  aisselles,  que  l'Alipile  ou  le  Parfumeur 


1  Ov.  Art.  am.  III,  v.  639.  — Mart.  XI,  6i  ;  XII,  71.  =  2  Lucian.  Nigrin.  34.  =  3  Cic. 
pro  Ctelio,  26.  —  Digest.  XXXIII,  lit.  7,  leg.  13,  14,  17.=  *  Balnealor  el  fornicator. 
Cic.  Philipp.  XIII,  12.— Lamprid.  Commod.  1.—  Digest.  Ibid.  =  ^  Plin.  X,  Ep.  41.  = 
^Capsarii.  Pelron.  92.— Digest.  I,  til.  13,  leg.  5,  §0.  =  ''  Conjecture.  =  *  Digest. /6id. 
=  9Alipta'.  Scnec.  Ep.  36.— Juv.  S.  3,  v.  76.  =  '»  Lnrtores.  Mart.  VII,  31  ;  XII,  71. 
=11  Alipili.  Seuec.  Ep.  36.  =  i2  Traetatores.  Mart.  111,  82.  =  i3  Senec.  Ep.  66.=  i*Ma- 
laxare  articulos.  Senec.  Ibid.—iaw  S.  6,  v.  422.  =  15  Plut.  Stich.  I,  5,  v.  77.  —Mari. 
XIV,  51.  =  16  Juv.  S.  5,  V.  263.  —  Pers.  S.  5,  v.  126.  —  Pignor.  de  Serv.  p.  119.  = 
17  Suet.  Aug.  80.— .Mari.  XIV,  31.  — Spartiun.  Hadrian.  17. 


1 


LETTRE  Xll.  527 

pratique  soit  au  moyen  de  petites  pinces',  soit  à  l'aide  d'un  on- 
guent composé  de  graine  de  saule  noir  amerain,  avec  (;gal  poids  de 
lilharge-.  L'onction  suit  les  frictions  :  le  patient  est  légèrement  oin 
d'abord  avec  un  Uniment  de  saindoux  et  d'ellébore  blanc,  qui  a  la 
vertu  de  faire  disparaître  les  démangeaisons  et  les  échauboulures  "  ; 
puis  avec  des  Imiles  et  des  essences  parfumées  '',  contenues  dans  de 
petites  ampoules^  de  cornes  de  taureau*  ou  de  rhinocéros ^  On 
l'essuie  ensuite  avec  des  étoffes  de  lin,  ou  d'une  laine  fine  et  douce, 
et  tout  est  fini.  Alors  il  s'enveloppe  dans  une  gausape  d'écarlate, 
espèce  de  grande  toge  '  velue  en  dedans'  ;  ses  esclaves  viennent  l'en- 
lever, le  mettent  dans  une  litière  fermée,  et  le  rapportent  chez  lui  -. 
voilà  pour  les  riches '^  ou  les  demi-riches. 

Les  pauvres  se  contentent  d'une  simple  friction  avec  la  main"; 
ou  bien  d'une  autre,  plus  économique  encore,  qu'ils  s'administrent 
eux-mêmes,  en  s' aidant  des  murailles  contre  lesquelles  ils  se  frottent 
les  parties  du  corps  que  leurs  mains  ne  sauraient  atteindre  facile- 
ment '^;  cela  suflît  à  ces  petits  plébéiens,  qui  ne  sont  pas,  en  général, 
d'une  propreté  fort  recherchée,  et  dont  la  plupart  ont  pour  habitude 
de  se  moucher  sur  le  bras  ". 

On  se  prépare  aux  frictions  par  des  jeux  et  des  amusements  vio- 
lents, qui  provoquent  une  sueur  abondante ''^^  :  les  uns  s'exercent  à  la 
lutte,  ou  balancent  leurs  bras  chargés  de  masses  de  plomb  ;  les  autres 
jouent  à  la  paume  '■'';  d'autres,  les  mains  liées,  montrent  leur  adresse 
à  ramasser  des  anneaux,  ou  bien,  mettant  un  genou  en  terre,  se 
renversent  en  arrière,  jusqu'à  ce  qu'ils  touchent  avec  leur  tète  l'ex- 
trémité de  leurs  pieds  '^ 

Les  sexes  sont  séparés  dans  les  Bains  publics  ''',  mais  tout  le  monde 
est  entièrement  nu'*.  Ici  où  le  vêtement  forme  comme  une  partie  de 
la  condition,  cette  nudité  établit  une  sorte  d'égalité  dont  personne 
ne  se  fait  faute  ;  aussi  rien  de  plus  bruyant  qu'un  Bain  :  figure-toi 
toute  espèce  de  cris,  de  clameurs  ou  de  bruits  qui  peuvent  impor- 
tuner, fatiguer,  déchirer  les  oreilles.  Là,  ce  sont  les  gémissements 


1  Senec.  Ep.  56.  — Juv.  S.  11,  v.  157.  =  2  pun.  XXIV,  9.  =^Id.  XXVH!,  9,= 
4  Petion.  28.  =  5  plut.  Slich.  I,  3,  v.  77.  =  6  jjart.  XIV,  52.  =T  Ibid.  53.— Juv.  S.  7, 
V.  130.  =  scoccina  gausapa.  Petron.  28.  =  9  Plin.  VUl,  48.  =  ">  Petron.  28.= 
11  Senec.  Ep.  56.  =  '2  Sparliaii.  Hadrian.  17.  =  13  Suel.  Iloiat.  Vita.  — Cirt  ad  llerenn. 
IV,  54.  =  1*  Juv.  S.  6,  V.  419.— Mart.  VU,  31.  =  is  Senec.  Ep.  56.  — Mari.  XU,  84.= 
"■'  Pclron.  73.  =  "  Varr.  L.  L.  IX,  g  68.— Vilruv  V,  10.— Petron.  92.  =  '»  V.  Max. 
Il,  1,7.  —  Sud.  Avig.  94.  —  Senec.  Nat.  Qua-st.  I,  16.  —  Mari.  XII,  71.  —  Juv.  S.  6, 
v.  374.  — Plut.  Calo  maj.  20,  elc. 


528  KOMIi  AU  fSIKCLK  DWUGUSTE. 

naturels  ou  imités  de  cou \  (pii  se  livrent  aux  exercices  violents;  leurs 
sifllonienls  et  leurs  soupirs  profonds  (juaiid  ils  laissent  éeliapper  leur 
haleine  longtemps  retenue;  les  exclamations  des  joueurs  de  paume 
comptant  leurs  balles  '  ;  plus  loin,  des  baigneurs  qui  s'amusent  à 
courir  autour  de  la  cuve,  en  se  tenant  par  les  mains,  et  se  les  cha- 
touillant de  manière  à  provoquer  les  éclats  de  rire  les  plus  per-çants^  ; 
d'autres  qui  lisent  à  haute  voix,  ou  déclament  des  vers';  d'autres, 
chanteurs  impitoyables,  ne  trouvant  leur  voix  belle  que  dans  le  bain, 
qui  se  mettent  à  chanter  jusqu'à  faire  trembler  les  voiites  de  l'édi- 
fice*. Des  Alipiles,  pour  se  faire  mieux  remarquer,  venant  aussi  se 
joindre  à  ce  discordant  concert,  crient  d'une  voix  grêle  et  glapis- 
sante, et  ne  se  taisent  pas  qu'ils  n'aient  trouvé  des  aisselles  à  épiler, 
des  patients  à  faire  crier  à  leur  place.  Ajoute  à  ce  vacarme,  qui  se- 
rait insupportable,  n'eût-il  que  l'inconvénient  d'être  renfermé,  le 
bruit  des  frictions  plébéiennes,  que  l'on  entend  résonner,  suivant 
que  la  main  du  frictionneur  frappe  du  creux  ou  du  plat;  les  filous ^ 
pris  à  voler  les  habits®;  les  ivrognes,  les  marchands  de  comestibles 
et  de  boissons  '',  car  beaucoup  de  personnes  boivent  et  prennent 
quelques  aliments  légers  en  sortant  de  Teau®;  les  marchands  de  gâ- 
teaux, les  vendeurs  de  boudin,  les  confiseurs,  qui  tous  ont  leur  mo- 
dulation particulière  pour  crier  leur  marchandise;  figure-toi  tout 
cela,  dis-je,  et  tu  auras  une  légère  idée  de  fintérieur  d'un  Bain 
public  ^.  La  seule  loi  de  décence  qu'on  y  observe,  c'est  que  jamais  un 
père  et  un  fils  ne  se  baignent  l'un  devant  l'autre  *",  ni  même  un  beau- 
père  devant  son  gendre  ^K 


Achèvement.  Depuis  quelques  années,  se  baigner  n'est  plus  seu- 
lement un  besoin,  mais  une  passion.  On  prend  le  bain  plusieurs  fois 
par  jour'^  Les  Bains  publics,  ou  plutôt  les  Thermes,  nom  que  Ton 
commence  à  leur  donner**,  sont  devenus  d'immenses  monuments, 
où  Ton  a  réuni  tous  les  genres  de  jouissances,  en  y  plaçant  jusqu'à 
des  bibliothèques  '*.  Un  luxe  effréné  gagne  aussi  les  Bains  privés,  qui 

1  Scncc.  Ep.  56.  =2  Petron.  73.  =  ^  Id.  91,  92.  —  Hor.  1,  S.  4.  v.  75.  —Mail.  III, 
44.  =  *  Senec.  Ibid.  —  Pelron.  73.  =  3  Senec.  Ibid.  =  «  Plaul.  P.ud.  II,  3,  v.  51.  — 
Pction.  92.  =  7  Senec.  /i(rf.  =  »  Mart.  XII,  19,  71.  =  9  Senec.  lbid.  —  ^«  Capitol. 
Cord.  Ir.  2.  =  n  Plut.  Calo  maj.  20.=  '2  Suct.  de  lllust.  grammal.  23.  —  '^  Senec. 
—  Mail.— Suet.  — P.  Vict.  de  Ucg.  uib.  Kom.  passim.  =  ''  Senec.  de  Tranquil.  aniui.9. 


I.ETTKE  XII.  5^2'J 

conservent  toujoiii's  le  nom  de  Balnea  ou  Balhtea\  Avec  la  pro- 
pension des  Romains  à  tout  porter  à  l'extrême,  je  ne  sais  pas  où 
cela  s'arrêtera.  La  lettre  suivante  de  quelqu'un,  qui  vient  d'acquérir 
une  maison  auprès  de  Literne,  en  Campanie,  petite  ville  où  le  i)re- 
mier  Africain  finit  ses  jours  dans  l'exil,  te  fera  connaître  l'état  des 
Bains,  tant  privés  que  publics,  longtemps  après  le  principal  d'Au- 
guste. 

«  C'est  de  la  villa  même  de  Scipion-rx\fricain  que  je  vous  écris 
«  cette  lettre,  après  avoir  rendu  hommage  aux  mânes  de  ce  grand 
«  homme,  sur  un  autel  que  je  soupçonne  être  son  tombeau.  L'âme 
«  de  ce  héros  était  descendue  du  ciel,  et  elle  y  est  remontée,  je  n'en 
«  doute  point;  non  parce  qu'il  a  commandé  de  grandes  armées, 
«  avantage  dont  a  joui  comme  lui  ce  furieux  Cambyse  dont  la  fré- 
«  nésie  eut  de  si  heureux  succès,  mais  à  cause  de  sa  rare  modéra- 
«  tion  et  de  sa  piété,  bien  plus  admirable  quand  il  quitta  sa  patrie 
«  que  quand  il  la  défendit.  Il  fallait  que  Rome  perdît  Scipion  ou  sa 
«  liberté.  «  Je  ne  veux,  dit-il,  déroger  à  nos  lois  ni  à  nos  instilu- 
«  tions;  la  justice  doit  être  égale  pour  tous  les  citoyens.  Jouis  sans 
«  moi,  ô  ma  patrie,  d'un  bien  que  tu  me  dois  :  j'ai  été  l'instrument 
«  de  ta  liberté,  j'en  deviendrai  la  preuve.  Je  pars,  si  je  suis  plus 
«  grand  que  ton  intérêt  ne  le  demande,  »  — Il  se  retira  à  Li- 
ft terne,  rendant  son  exil  volontaire  aussi  honteux  pour  Rome  que 
«  glorieux  pour  lui-même. 

«  J'ai  vu  sa  villa,  bâtie  en  pierre  de  taille,  environnée  d'un  mur 
«  qu'entoure  une  forêt,  et  flanquée  de  tours  lui  servant  de  fortifi- 
«  cations.  Au  bas  de  la  maison  et  des  jardins  se  trouve  une  citerne 
«  qui  suffirait  pour  l'usage  d'une  armée  entière.  Le  Bain,  fort  petit, 
«  est  obscur,  selon  la  coutume  de  nos  ancêtres  :  ils  ne  trouvaient 
«  un  Bain  chaud  que  quand  on  n'y  voyait  pas  clair.  Ce  fut  un  grand 
«  plaisir  pour  moi  de  comparer  les  mœurs  de  Scipion  avec  les 
«  nôtres.  Dans  ce  réduit,  ce  héros,  la  terreur  de  Carthage,  à  qui 
«  Rome  doit  de  n'avoir  été  prise  qu'une  seule  fois,  baignait  son 
«  corps  fatigué  des  travaux  de  l'agriculture;  car  il  s'exerçait  à  ce 
«  genre  de  travail,  et,  selon  la  coutume  des  vieux  Romains,  cultivait 
«  son  champ  lui-même.  Voilà  donc  la  chétive  demeure  qu'il  habi- 
«  tait!  le  vil  pavé  que  foulaient  ses  pas  vénérables!  Qui  voudrait 
«  aujourd'hui  se  baigner  à  si  peu  de  frais?  On  se  regarde  connue 

1  Varr.  L.  L.  IX,  §68.  — Cic.  pro  Scxt.  Rose.  7.  — Plin.  XXXVI,  13.— P.  Vict.  de  Reg. 
urb.  Romœ,  passim  ;  elc. 


550  ROME  AU  SIÈCLE  D  AUGUSTE. 

«  pauvre  et  misérable,  si  les  pierres  les  plus  précieuses,  arrondies 
«  sous  le  ciseau,  ne  resplondissonl  de  tous  côtés  sur  les  nuu's;  si  les 
«  marbres  d'Alexandrie  ne  portent  des  incrustations  dt;  marbre  de 
«  Numidie  ;  si  à  l'entour  ne  règne  pas  une  bordure  de  pierres  dont  les 
«  couleurs  variées  imitent  à  grands  frais  la  peinture;  si  les  plafonds 
«  ne  s(jnt  lambrissés  de  verre;  si  la  pierre  d(!  Tliasus("),  magnifi- 
«  cence  que  montraient  à  peine  autrefois  quelques  temples,  ne  gar- 
ce nit  les  piscines  où  nous  étendons  nos  corps  épuisés  par  une  ex- 
«  cessive  transpiration;  si  l'eau  ne  coule  de  robinets  d'argent.  Et  je 
«  ne  parle  encore  là  que  de  Bains  destinés  à  la  plèbe  :  que  sera-ce 
«  si  je  viens  à  décrire  ceux  des  affranchis  ?  Combien  de  statues, 
«  combien  de  colonnes  qui  ne  soutiennent  rien,  mais  prodiguées 
«  par  le  luxe  pour  un  vain  ornement  !  Quelles  masses  d'eau  tombant 
«  en  cascades  avec  fracas!  Nous  sommes  parvenus  à  un  tel  point 
«  de  délicatesse,  que  nos  pieds  ne  veulent  plus  fouler  que  des 
«  pierres  précieuses.  Dans  le  Bain  de  Scipion,  on  trouve  des  rayèrcs 
«  plutôt  que  des  fenêtres,  pratiquées  dans  un  nnn^  de  pierre  pour 
a  introduire  la  lumière  sans  nuire  à  sa  solidité.  Maintenant,  on  ap- 
te pelle  les  Bains  des  cachots,  s'ils  ne  sont  pas  disposés  de  manière 
«  à  recevoir  le  soleil  pendant  toute  la  journée,  par  d'immenses  fe- 
«  nôtres;  si  l'on  ne  s'y  hàle  en  même  temps  qu'on  se  baigne  :  si  de 
«  la  cuve  on  n'aperçoit  les  campagnes  et  la  mer**;  si  la  cuve  n'est 
0  en  argent-.  Aussi  les  Bains,  qui  lors  de  leur  dédicace  avaient 
«  attiré  la  foule  et  excité  Tadmiration,  sont  méprisés  comme  des 
«  antiquailles  depuis  que  le  luxe  est  venu  à  bout  de. s' écraser  lui- 
«  même  sous  les  nouveaux  ornements  qu'il  a  fait  inventer. 

«  On  ne  comptait  autrefois  qu'un  petit  nombre  de  Bains,  et  ils 
«  étaient  sans  aucune  décoration.  A  quoi  bon  décorer  des  lieux  où 
«  tout  le  monde  pouvait  entrer  pour  un  quadrant,  des  lieux  desti- 
«  nés  non  pas  à  Tagrément,  mais  au  besom?  On  n'y  voyait  point, 
«  comme  aujourd'hui,  Teau  couler  avec  abondance  et  se  renouveler 
«  perpétuellement,  comme  le  jet  d'une  source  chaude  ;  on  ne  regar- 
«  dait  pas  comme  un  point  essentiel  la  transparence  de  l'eau  dans 
«  laquelle  on  déposait  sa  malpropreté.  Mais,  bons  dieux,  quel  plaisir 
«  d'entrer  dans  ces  Bains  obscurs  et  dont  les  murs  étaient  giossiè- 
«  rement  enduits,  quand  on  savait  qu'un  édile  comme  Caton, 
«  comme  Fabius  Maximus,  ou  l'un  des  Cornélius  en  avait  lui-même 

'  SentT.  Ep.  86.  =  -  IMin.  XXXIU,  12.  (")  iMuibrc  blanc  macule,  de  ïliasos,  l'une 
di'S  Cj'cladcs.  l'iin.  XXXVI,  6. 


LETTUE  Xll.  531 

«  réglé  la  température!  Ces  nobles  édiles  s'acquittaient  de  ce  de- 
ce  voir;  ils  visitaient  ces  lieux  fréquentés  par  le  peuple,  veillaient  à 
c(  leur  propreté,  et  à  ce  qu'on  y  entretînt  une  chaleur  utile  et  sa- 
«  lubre,  différente  de  celle  que  l'on  a  depuis  peu  imaginée,  qui 
«  ressemble  à  un  incendie.  Combien  ne  trouve-t-on  pas  Scipiou 
«  grossier  de  n'avoir  point  ouvert  son  caldarium  à  tous  les  rayons 
«  de  la  lumière,  de  ne  s'être  pas  cuit  au  grand  jour  S  de  ne  s'être 
«  pas  proposé  de  digérer  dans  le  bain.  Oh  !  l'infortuné!  qu'il  savait 
((  peu  vivre!  L'eau  dans  laquelle  il  se  baignait,  loin  d'être  reposée, 
«  était  souvent  trouble,  et  même  presque  bourbeuse  pendant  les 
«  grandes  pluies.  Mais  il  ne  s'en  embarrassait  guère  :  il  venait  y 
«  laver  sa  sueur  et  non  ses  parfums.  «  Je  n'envie  pas  le  sort  de 
«  Scipion,  dirait-on  aujourd'hui  ;  c'est  être  vraiment  en  exil  que  de 
«  se  baigner  de  cette  manière.  »  Mais  je  vous  dirai  plus  encore  :  il  ne 
«  se  baignait  pas  quotidiennement,  car,  au  rapport  des  écrivains 
«  qui  nous  ont  transmis  les  anciens  usages  de  la  ville,  on  ne  se  lavait 
«  tous  les  jours  que  les  bras  et  les  jambes,  auxquels  les  travaux 
«  avaient  pu  faire  contracter  quelque  souillure  ;  l'ablution  du  corps 
«  entier  n'avait  lieu  que  tous  les  neuf  jours,  à  l'époque  des  mar- 
«  chés-,  ainsi  que  cela  se  pratique  encore  pour  les  esclaves  de  nos 
«  villas  ^  «  On  était  donc  bien  sale,  me  répondra- t-on  !  »  —  Depuis 
«  l'invention  des  bains  de  propreté,  on  est  devenu  plus  dégoûtant. 
«  Que  dit  le  poëte  Horace  pour  peindre  un  homme  décrié  et  noté 
«  par  l'excès  de  son  luxe?  Qu'il  sent  les  parfums.  Du  temps  de  Sci- 
«  pion,  les  Romains  sentaient  la  guerre,  le  travail,  le  héros*:  le- 
«  quel  préférez-vous?  » 

1  Quod  non  in  multa  luce  decoquebatur.  Senec.  Ep.  86.  =^  ^  Ibid.  =  3  Columel.  I, 
6.  =  *  Senec.  Ibid. 


LETTRE  XIII. 


LES    REPAS. 


Quatre  fois  de  suite  le  coup  du  chien,  et  mon  adversaire  trois  fois 
le  coup  de  Vénus!  décidément  je  renonce  aux  tesscres,  ce  jeu  me  ruine. 
C'est  dans  le  Sphéristère  môme  de  Manuirra,  mon  hôte,  que  j'é- 
cris cette  lettre  pour  me  consoler  un  peu  de  la  mauvaise  chance  que 
je  viens  d'essuyer.  Vois  si  ce  n'est  pas  une  vraie  fatalité  :  le  jeu  des 
tessères  se  joue  avec  trois  petits  cubes  '  d'ivoire  '^  portant  sur  leurs  six 
faces  une  série  de  points  qui  commence  par  un  et  s'augmente  succes- 
sivement à  chaque  face  par  unité,  jusqu'à  six  '.  On  jette  les  dés  dans 
un  cornet  *,  on  les  agite,  on  les  verse  sur  une  table  creuse  ®;  quelque- 
fois c'est  dans  une  petite  tour"  posée  sur  le  bord  delà  table  de  jeu,  sur 
laquelle  ils  roulent  après  avoir  parcouru  une  foule  de  ressauts  dont 
la  tour  est  garnie  intérieurement''.  Les  trois  faces  qui  se  montrent 
en  l'air  forment  le  point.  As  partout  fait  perdre,  c'est  le  coup  du 
chien*;  on  gagne  au  contraire  avec  six  partout,  qui  est  le  coup  de 
Vénus^. 

Après  avoir  écrit  ces  quelques  lignes,  je  fus  forcé  d'interrompre  ma 
lettre,  tant  j'étais  distrait  et  dérangé  par  tout  ce  qui  se  passait  dans  le 
Sphéristère,  et  dans  les  Aleatoria,  petits  réduits  qui  sont  à  lasuite(''). 
On  jouait  partout  :  au  milieu,  à  la  paume  trigonale  ;  ailleurs,  aux  Duo- 
decimscnpta,  aux  Latrunculi,  aux  Lapilli,  à  la  Mica,  à  Pair  ou 
A'^071,  et  surtout  aux  Dés  et  aux  Osselets.  Ce  n'étaient  que  conversa- 
tions à  haute  voix,  exclamations,  cris,  ou  rires  éclatants. 

Les  Buodecimscripta^'^ seiouent  sur  une  petite  table  creuse,  peinte 
perpendiculairement  îi  ses  faces  de  douze  lignes  alternativement 
blanches  et  noires.  Chaque  joueur  range  sur  plusieurs  de  ces  hgnes 

1  A.  Gell.  I,  20.  — Isid.  Oiig.  XVIII,  63.  =  2  Ov.  Art.  am.  H,  v.  125.— Propert.  II,  18, 
V.  61.  —  Mait.  XIV,  14.  =  3  Isid.  Oiig.  XVIII,  65.  —  Monlfauc.  Antiq.  expii-i.  t.  III, 
part.  2,  pi.  186.  =  4  Phinius.  Hor.  Il,  S.  7,  v.  17.— Frilillus.  Senec.  Apokolok  in  fin. 
— Juv.  S.  14,  V.  5.  — Schol.  in  Ibid.  =  s  Aiveolus.  A.  Gell.  I,  20.=  «  Tuiiieula.  .Mari. 
XIV,  16.  =  "  Ficorini,  I  tali  lusoii  degli  anli.  Hom.  p.  131.  =  *•  Pers.  S.  3,  v.  49. — 
Suel.  Aug.  71.  —  Ov.  An.  am.  Il,  v.  206  ;  Trist.  Il,  v.  474.  —  Propert.  IV,  8,  v.  46.  = 
9  Piaut.  Asin.  V,  2,  v.  34.  —  Suet.  Ang.  71.—  Pers.  S.  3,  v.  48.  =  ic  Ov.  Art.  am.  III, 
Y.  303.  —  Bulenger.  de  lud.  vclor.  lîom.  60.  ["]  Voy.  Lettre  l.X,  le  Plan  de  la  Maison 
de  Mamurra,  n"  57. 


LETTRE  XIII.  355 

cinq  petits  disques,  et  les  y  promène  tour  à  tour,  suivant  les  indica- 
tions données  par  des  dés  qu'il  jette  sur  la  table,  après  les  avoir 
agités  dans  un  petit  cylindre  de  corne  S  plus  large  à  sa  base  qu'à  son 
orifice  *. 

On  retrouve  une  image  de  la  guerre  dans  le  jeu  des  LutruncuH^: 
le  champ  de  bataille  est  une  table  divisée  en  carreaux  alternative- 
ment blancs  et  noirs  *,  sur  laquelle  chaque  joueur  range  son  armée, 
composée  de  pièces  de  verre  d'une  couleur  pour  l'un,  et  d'une  cou- 
leur différente  pour  l'autre.  La  principale  manœuvre  consiste  à  res- 
serrer entre  deux  pièces  une  pièce  de  son  adversaire,  pour  acquérir 
ainsi  le  droit  de  l'enlever  ^. 

Les  Lapilli  se  jouent  également  sur  une  table  quadrillée.  On  a 
deux  séries  de  calculs,  blancs  pour  un  joueur,  noirs  pour  l'autre,  et 
la  victoire  consiste  principalement  à  les  conduire  au  fond  du  jeu  de 
son  adversaire  ®. 

Le  jeu  le  plus  bruyant  après  la  paume,  c'est  la  Mica"^  ou  Mourre. 
Il  ne  faut  ni  table,  ni  ustensiles,  ni  appareil  d'aucun  genre  :  deux 
personnes  se  placent  debout  l'une  devant  l'autre,  le  bras  droit  replié 
vers  l'épaule.  Elles  l'abaissent  simultanément  en  étendant  un  ou  plu- 
sieurs doigts  de  la  main  et  criant  un  nombre  qui  ne  dépasse 
jamais  dix.  Cette  énonciation  est  une  divination,  ou  plutôt  une  con- 
jecture sur  la  somme  totale  des  doigts  ouverts  de  chacun  des  deux 
joueurs  :  on  gagne  quand  on  a  rencontré  juste.  Le  hasard  seul  décide, 
attendu  que  des  deux  côtés  la  parole  est  aussi  prompte  que  le  geste 
et  devance  le  regard.  La  Mourre  se  joue  en  cinq,  et  quelquefois  en 
sept  parties  liées.  Comme  on  jette  très-vite  [jeter  est  le  terme  con- 
sacré), chaque  joueur  compte  ses  victoires  partielles  en  élevant  un 
doigt,  deux  doigts,  etc.  de  la  main  gauche  qu'il  tient  immobile  et 
perpendiculaire  à  la  hauteur  de  son  épaule  *. 

Il  n'y  a  que  le  jeu  de  Pair  ou  Non  *  qui,  par  le  bruit,  se  rapproche 
un  peu  de  la  Mica  ou  Mourre. 

Les  Tali  ou  Osselets  se  jouent  comme  les  tessères,  mais  avec  quatre 
osselets  ®,  qui  n'ont  de  marques  que  sur  quatre  faces  *.  Là  aussi  il 
y  a  le  coup  de  Vénus  et  le  coup  du  chien  :  le  premier  se  compose 

*  Bulenger.  de  lud.  veter.  Rom.  60.  =2  pers.  S.  5,  v.  50.  =  s  Ov.  Art.  am.  H, 
V.  207  ;  UT,  V.  557  ;  Trist.  U,  v.  477.  —  Senec.  Ep.  117  ;  de  Tranquil.  anim.  14.  — 
Mart.  VU,  71  ;  XIV,  20.  —  Plin.  XXXVI,  20.  =  '»  Varr.  L.  L.  X,  22.  =  5  Ov.  Art.  am. 
UI,  V.  358  ;  Trisl.  U,  v.  478.  —  Mail.  XIV,  17.—  Pollux.  Onomast.  I\,  7.  =  «  Potion. 
53.  =7  Cic.  de  Divinat.  H,  41  ;  de  Offic  UI,  19.  —  M.  Aurel.  et  Front.  Ep.  I,  2.  = 
»  Suet.  Aug.  71.  =  9  Isid.  Orig.  XVUI,  64. 


53i  ROMK  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

de  quatre  nombres  différents  ';  le  seeond,  de  quatre  as.  Les  autres 
coups  sont  le  coup  du  char,  quatre  points  pareils  ^;  le  coup  royal  ou 
()l  Hercule,  deux  points  semblables  et  deux  différents;  et  le  coup  du 
vautour,  trois  points  pareils  \  Aux  tesscres,  tous  les  coups,  autres 
que  celui  du  chien  et  celui  de  Vénus,  se  désignent  par  le  nombre 
des  points  amenés. 

Le  plus  paisible  des  amusements  consiste  à  former  un  tissu  de  nœuds 
compliqués,  que  l'on  donne  à  défaire  à  ceux  qui  en  ignorent  la  texture  *. 

L'invitation  de  passer  au  Bain  fit  déserter  le  Sphéristère  et  les 
Aleatoria ,  et  bientôt  on  quitta  le  Bain  pour  entrer  au  Triclinium. 
Mais  j'oublie  de  te  dire  que  sont  les  préludes  du  souper  dans  une 
grande  maison,  que  je  viens  de  te  conter  là.  Mon  dépit  de  joueur 
malbeureux,  peut-être  aussi  mon  goiit  pour  le  jeu,  m'ont  conduit 
à  te  donner  ces  détails;  car  le  but  principal  de  ma  lettre  d'aujour^ 
d'hui  est  de  parler  des  repas.  On  en  fait  quatre  par  jour  :  le  déjeu- 
ner, Jentaculum;  le  dîner,  Prandium;  le  souper,  Cœna;  et  la  Col- 
lation, Comissatio^. 

Le  Jentaculum,  premier  repas  de  la  journée  ®,  mérite  à  peine  le 
nom  de  repas  :  pour  les  gens  frugaux,  c'est  un  peu  de  pain  trempé 
dans  du  vin  '^,  ou  de  pain  et  de  fromage  *,  ou  simplement  du  vin  ' 
dans  lequel  on  mêle  une  plante  aromatique  nommée  Silum  ("),  ce 
qui  fait  donner  quelquefois  au  déjeuner  le  nom  de  Silatum  *".  Pour 
les  enfants,  ce  sont  de  petits  gâteaux,  que  les  pâtissiers  mettent  en 
vente  dès  l'aurore  '^ 

Vers  le  milieu  du  jour  *^  à  la  sixième  heure  C")  •^  a  lieu  le  Pran- 
dium ou  dîner,  repas  léger,  d'un  facile  apprêt**,  que  l'on  prend 
souvent  seul  '%  et  pour  se  sustenter  un  peu  jusqu'au  soir.  Barement 
on  y  sert  quelque  chose  de  chaud  ^^,  et  même  bien  des  personnes  ne 
se  mettent  point  à  table  et  se  contentent  d'un  morceau  de  pain 
sec".  Autrefois  le  dîner  s'appelait  J/ere^rfa,  demeridies,  midi'*.  La 
ressemblance  entre  le  dîner  et  le  déjeunera  fait  appeler  quelquefois 
ce  dernier  Prandiculum,  le  petit  dîner  *^ 

1  Cic.  de  Divinat.  T,  13;  11,  21.— Mari.  XIV,  14.— Lucian.  Amor.  p.  538.  =  2  Cornul. 
in  Peis.  S.  3,  v.  49.  —  3  piaut.  Curcul.  U,  3,  v.  78.  =  *  Senec.  de  Benef.  V,  12  ;  Ep. 
4:;,  117.  =  3  Suet.  Vilell.  15.  =  6  /j,v/.  _  Allienœ,  I,  p.  11.  —  Isid.  Orig.  XX,  2.  = 
•J  Alhenœ.  I,  p.  11.  —  Plut.  Sympos.  VJU,  6.  =  8  Mart.  XUI,  31.  =  9  Horace  appelle 
siccus  un  homme  k  jeun.  11,  S.  3,  v.  281.  —  Piin.  XXXIIl,  1.  =  to  Paul.  ap.  Fest.  v. 
Silalum.  =  i>  Mart.  XIV,  223.  —  12  Suel.  Claud.  34.  =  i^  Cic.  Ep.  famil.  VII,  50.  = 
14  Plin.  III,  3.  =  13  Plul.  Sympos.  VIII,  6.  =  '«  Plaut.  Pœaul.  III,  5,  v.  14.  —  Mart. 
Xill,  50.  =  17  Senec.  Ep.  85. -Plut.  M.  Cato.  4.  =  i»  Paul.  ap.  l'est,  v.  Merenda.  = 
19  Fest.  V.  Prendicula.  {")  Séséli,  espère  de  fenouil.  (*)  Midi. 

i 


LETTRE  XIII.  53r> 

Lo  souper,  Cœna,  fut  toujours  le  principal  ropns,  on  pourrait 
même  dire  le  seul  repas.  Cela  se  conçoit  :  il  se  prend  lorsque  le  soleil 
est  à  son  déclin  S  quand  les  affaires  sont  terminées,  la  journée  finie, 
c'est-à-dire  à  la  neuvième  ^  ou  dixième  heure  M  "  )•  Ceux  qui  se  met- 
tent à  table  avant  le  soir  *,  ou  dès  la  huitième  heure  (*)  passent  pour 
des  gens  d'une  conduite  peu  régulière  ^. 

Ce  sont  ces  gens-là  qui  font  la  Collation,  Comissatio  ^;  en  sortant 
de  souper  dans  une  maison  ils  vont  coUationner  dans  une  autre  ', 
et  prolongent  ce  dernier  repas  jusqu'au  milieu  de  la  nuit  ^  Rigou- 
reusement la  Collation  n'est  point  un  repas  ;  c'est  plutôt  une  partie 
de  débauche  ^,  une  orgie  pratiquée  par  les  jeunes  gens  et  les  cour- 
tisanes **^. 

Le  vrai,  l'unique  repas,  c'est  le  Souper.  On  invite  à  souper,  et  jamais 
à  dîner,  et  ce  repas  du  soir  a  presque  rang  parmi  les  institutions  de  la 
cité.  Tu  te  plains  quelquefois  de  ce  que  chez  nous  les  affaires  sont 
toujours  des  festins  ;  de  ce  que  l'on  passe  des  jours  et  des  nuits  à 
boire  ;  de  ce  que  c'est  à  table  qu'on  traite  des  réconciliations,  des 
mariages,  de  la  paix,  de  la  guerre,  et  de  l'élection  des  chefs  ";  il  en 
est  presque  de  même  à  Rome,  et  l'on  n'y  voit  guère  de  cérémonie 
publique  ou  privée  qui  ne  soit  suivie  d'un  ou  de  plusieurs  festins  *^ 
Ceux  que  les  citoyens  se  donnent  entre  eux  en  enlrament  d'autres, 
l'usage  étant  que  chaque  convive,  chef  de  maison,  rende  le  repas 
qu'il  a  reçu,  et  le  rende  pareil,  autant  que  possible,  à  celui  qu'on  lui 
a  offert  '\ 

Voici  maintenant  sur  ce  repas  fondamental  les  détails  que  je  t'an- 
nonçais tout  à  l'heure.  Je  reprends  les  choses  où  je  les  avais  laissées. 

En  sortant  du  bain,  où  l'on  reste  une  heure  environ**,  chaque  con- 
vive revêt  une  synthèse  ^^,  habit  de  festin**,  tunique*'' blanche**  sans 
ceinture*',  fournie  par  le  maître  de  la  maison-",  puis  on  passe  dans 
le  Triclinium. 


1  Supremo  sole.  Hor.I,  Ep.  5,  v.  5.  =  2  Cic.  Ep.  famil.  IX,  26.— Hor.  I,  Ep.  7,  v.  71 . 
—Mari.  IV,  6;  XI,  55.  =3  cic.  ad  Herenn.  IV,  51.— Hor.  Ibid.  =  *  Calul  U.  = 
s  De  medio  polare  die.  Hor.  II,  S.  8,  v.  3. — .luv.  S.  1,  v.  49.  —  Schol.  in  Ibid.  =6  Suef. 
Vitell.  13  ;  Domit.  21.— A.  Gell.  IV,  U.  =  ^  Plaut.  Mosteli.  I,  4,  v.  5.— Tit.-Liv.  XL, 
7.  =  8  suet.  Tit.  7.— A.  Gell.  IV,  14.  =  »  Cic.  Pro  Murena,  6  ;  pro  Cœl.  15  ;   in  Catil. 

11,  5.— A.  Gell.  Ibid.=  10  Senec.  de  Benef.  VI,  32. -A.  Gell.  Ibid.—  n  Tar.  Germ.  22, 
=  »2  Voy.  Lettres  XXVIII,  XXXIV,  XLIX,  LVIII,  LXXI.  =  ispiaut.Captiv.  III,  1,  v.  13. 
— Mart.  XII,  48,  104.=  '^Lamprid.  A.  Sever.  30.=  13  Sjnlhesis.  Mart.  V,  80.— Suet. 
Nero.  51. —  Marini,  Atti  degli  Arvali,  lav.  XXIV,  2.  =  '^  Veslis  cœnatoria.  Pelron.  36. 
—  Capitol.  Max.  jun.  4.— Mart.  XIV,  133.  =  "  Mart.  Ibid,  141.  =  1*  Cic.  in  Valin.  12, 
13.  —  Marini,  Aui   degli  Arvali,    lav.  XLI.  =  >9  Suet.  Nero.    31.  =  20  Cic.  in    Vatin, 

12,  15.  («)  5  on  4  heures  après  midi,  C")  2  h.  après  midi. 


550  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

Je  t'ai  dit  que  les  Romains  mangent  à  demi  couchés  sur  des  lits'  ; 
j'ajouterai  que  les  trois  lits  d'un  Tricliniuni  ne  sont  pas  indistincte- 
ment occupés  par  les  convives,  et  que  même  sur  ces  lits  il  y  a  des 
places  désignées  pour  chaque  personne,  suivant  son  rang,  sa  richesse, 
ses  relations  d'estime  ou  d'amitié  avec  le  maître  de  la  maison. 
Parmi  les  lits,  (jui  sont  rangés,  comme  tu  t'en  souviens,  sur  les  trois 
côtés  d'un  carré  dont  le  quatrième  reste  vide  pour  le  service,  celui 
du  milieu  est  le  plus  honorable ^  on  l'appelle  le  lit  du  haut^.  Le 
maître  de  la  maison  s'y  met,  et  prend  la  première  place  du  côté  de 
l'intérieur  du  carré.  Près  de  lui  se  range  sa  femme,  ou  ses  enfants 
s'ils  ne  sont  pas  trop  jeunes*.  Dans  ce  dernier  cas,  ils  mangent  assis 
sur  des  chaises  à  côté  du  lit  ^  La  troisième  et  dernière  place,  vers  le 
dehors  du  carré,  s'offre  toujours  au  plus  honorable  personnage  de  la 
société.  On  la  nomme  place  consulaire,  parce  que  ([uand  un  Consul  est 
parmi  lesconvives,  jamais  il  ne  se  metautre  part,  afin  que  l'on  puisse 
lui  parler  plus  commodément  s'il  survient  quelque  affaire  dont  il  ait 
besoin  d'être  informé  sur-le-champ^  Les  convives  de  ce  lit  ont  la 
figure  tournée  du  côté  du  lit  de  gauche''  qui  est  le  second  plus  hono- 
rable. Celui  de  droite  auquel  les  convives  du  centre  tournent  à  peu 
près  le  dos,  est  assigné  aux  convives  les  moins  considérés,  et  pour  ce 
motif,  on  rappe41e  le  lit  inférieur^.  S'il  y  a  plusieurs  femmes  au 
festin,  elles  se  mettent  toutes  ensemble^*. 

On  est  ordinairement  trois  sur  un  lit'",  quelquefois  quatre'S  quel- 
quefois cinq,  six,  et  plus,  quand  les  invités  sont  nombreux;  mais 
cela  n'est  pas  de  bon  goùt^^. 

Il  arrive  néanmoins  de  temps  en  temps  qu'un  maître  de  maison 
se  trouve  forcé  de  manquer  malgré  lui  de  ce  bon  goût  ;  car  bien  que 
les  invitations  se  fassent  habituellement  par  écrit  •^  et  que  souvent 
l'on  y  marque  combien  l'on  pourra  amener  de  personnes  avec  soi  **, 
il  est  assez  rare  de  savoir  au  juste  le  nombre  de  convives  qu'on  aura, 
grâce  à  la  coutume  qui  permet  à  chacun  de  se  présenter  avec  quel- 
que ami.  On  donne  à  ces  amis  inattendus,  ou  invités  indirectement, 
un  nom  assez  plaisant  :  on  les  appelle  Ombres,  comme  s'ils  étaient 

1  Voy.  Lettre  IX.  =  2  Senec.  de  Consl.  sapienl.  9.  —  Plut.  Brut.  34.  =  'Summus 
lectus.  Hor.  U,  S.  8.  v.  20.  =  *  Plut.  Sympos.  I,  3.  =  ^  Sedentes  vesci.  Tac.  Ann. 
XIII,  16.  —  Suet.  Claud.  52. — Pueri  in  cathedris  consederunt  et  epulati  sunt.  Marini, 
Alti  degli  Arvali,  tav.  XLI.=  6  p1q(.  Sympos.  I,  3.  =  "  On  s'appuyait  sur  le  coude  gau- 
che, du  côté  de  la  table.  =  *  Inii  convivae  lecli.  Hor.  II,  S.  8,  v.  40.  =  9  Macrob.  Sa- 
turn.  II,  9.  =  to  Horat.  II,  S.  8,  v.  22.— Plaul.  Stich.  III,  2,  v.  51.  =  >'  Hor.  I,  S.  i, 
V.  86.=  12  cic  inPiso.  27.— Macrob.  Salurn.  II,  9.=  "Hor.  I,  Ep.  5.— Mart.  XI,  55. 
=  14  Hor.    Ibid. 


LKTTHE  Xm.  .V.7 

l'ombre  du  corps  de  ceux  qui  les  présentent.  11  est  cependani  de  la 
politesse  d'amener  peu  à'Ombres  ',  de  ne  le  faire  qu'autant  que  ce 
sont  des  amis  avec  lesquels  on  n'aurait  point  d'occasion  favorable  de 
se  trouver,  soit  qu'ils  arrivent  d'un  lointain  voyage,  soit  qu'ils  par- 
tent, ou  bien  encore  quand  on  désire  leur  faire  faire  connaissance  * 
avec  le  Père  du  festin,  c'est-à-dire  avec  la  personne  qui  reçoit  ^     f. 

Une  autre  espèce  de  convives  que  l'on  ne  refuse  guère,  mais  avec 
lesquels  on  ne  se  gêne  pas  beaucoup,  parce  qu'ils  font  métier  de  cou- 
rir les  festins  et  de  vivre  aux  dépens  d'autrui,  ce  sont  les  Parasites. 
Quand  il  n'y  a  plus  de  place  sur  les  lits,  ils  se  mettent  sur  des 
bancs*,  et  là  on  leur  fait  payer  par  toutes  sortes  d'ignominies  les 
repas  qu'on  prétend  leur  donner,  et  qu'ils  ont  sollicités  .  Je  revien- 
drai plus  tard  sur  ce  sujet  ("). 

D'après  la  disposition  et  l'ameublement  des  Triclinia,  tu  peux 
voir  que  les  Romains  n'aiment  pas  les  nombreuses  réunions;  il  n'y 
a  réellement  de  place  dans  leurs  salles  de  festin  que  pour  neuf  per- 
sonnes, et  habituellement  ils  n'en  ont  pas  davantage  '.  Le  nombre 
des  convives  ne  doit  pas  être  moins  grand  que  celui  des  Grâces,  a  dit 
un  de  leurs  écrivains,  ni  excéder  celui  des  Muses  *,  prescription  qui  a 
été  traduite  dans  le  proverbe  suivant  :  Sept  convives,  repas;  neuf 
convives,  fracas  ''. 

Dans  les  grandes  maisons,  dès  que  l'on  a  pris  place  sur  les  lits, 
après  avoir  d'abord  quitté  sa  chaussure  *,  de  jeunes  esclaves  s'empres- 
sent autour  de  vous;  les  uns  vous  versent  de  l'eau  fraîche  sur  les 
mains*  et  sur  les  pieds,  tandis  que  les  autres  vous  nettoient  les  ongles 
des  orteils  avec  une  surprenante  dextérité  "*.  Cela  est  nécessaire, 
puisque  l'on  va  toujours  les  jambes  et  les  pieds  presque  nus. 

Cette  opération  terminée,  et  la  table  servie,  le  Père  du  festin 
adresse  une  prière  aux  dieux  avant  de  toucher  aux  mets  ",  et  fait,  au 
son  de  la  tlùte,  quelques  libations  de  vin.  On  distribue  ensuite  des 
couronnes  de  tleurs  ou  de  feuillage,  que  les  convives  gardent  sur 
leur  tête  pendant  toute  la  durée  du  repas '^  et  d  autres  plus  grandes, 
qu'ils  se  passent  autour  du  cou''.  Ces  couronnes,  tressées  d'ache  et 

1  Umbrae.  Hor.  11,  S.  8.  v.  22;  I,  Ep.  5,  v.  28.— l'iul.  Syinp.  Vil,  6.  =  2  piui.  Ibiil. 
=:^  Cœnœ  paler.  Hor.  11,  S.  8,  v.  7  =  ^Sener.  de  Consl.  Sapient.  13.  —  Plaut.  Slich.  lU, 
2,  V.  52.  =  3  piaui.  Ibid.  V.  51.  =  «  A.  Goll.  Xlll,  11.— Macrob.  Salurn.  l.  7.  =  "  Sep- 
lein  Convi\iuni,  novem  Convicium.  Capitol  Ver.  5.  ^  ^  Hor.  II,  S.  8,  v.  77. — Pliii.  l.V, 
Ep.  19.— PeIrOH  65.  — Mari.  111,  30;  V.  97.  =  9  Plaut.  Moslell.  1,  3,  v.  130  ;  Pers.  V, 
1,  V.  17.  — Vir2.  .Enciil  1,  v.  705.  = 'O  Pclron.  31.  =  "  Hor.  Il,  S.  C  ;  v.  66.— lil.- 
Liv.  XXXIX,  43  =  12  Hor.  IV,  od.  Il,  v  4.  — Plul.  Svaipos.  V!l,  <î.=  D  Hor.  U,  .'^.  5, 
>.  2.16.-0^.  Fasi.  II,  V.  759.  :«)  Voy.  Lellie  XXVIil. 


338  ROMK  AU  SIIXIJ:  D'AUGUSTE. 

(le  licri'o',  on  d'acln;  cl  (!o  lis,  ou  (l(!  iiiyilc  cl  d'aclic  enlremélés*; 
cl  le  plus  souvent  do  roses  ■',  de;  violcllcs  '*,  (\o  safran  \  ou  do  nard  , 
ou  encore,  bizarre  redierche  !  composées  do  feuilles  de  roses  cou- 
sues ensennble®  sur  des  écorces  de  tilleul  ornées  de  petits  bas-re- 
liefs'', ces  couronnes,  dis-je,  sont  des  préservatifs  contre  l'ivresse. 
L'odeur  des  (leurs,  ouvrant  les  pores,  donne  au  vin  moyen  d'évapo- 
rer ses  fumées,  et  repousse  les  vapeurs  qui  montent  au  cerveau*. 
C'est  encore  pour  le  même  motif  qu'on  se  fait  parfumer  les  cheveu\' 
avec  des  essences  de  nard  '",  de  safran",  de  balanus'^  *,  et  d'autres 
substances  odorantes  que  le  maître  fournit  chez  les  riches,  mais  que 
les  convives  apportent  eux-mêmes,  chez  les  personnes  d'une  fortune 
médiocre '^ 

L'hiver,  quand  toute  végétation  est  éteinte,  on  a  des  couronnes 
d'amarante  d'Egypte,  fleur  qui  se  garde  cueillie,  et  conserve  la  pro- 
priété, lorsqu'elle  est  desséchée,  de  reprendre  sa  première  fraîcheur 
dés  qu'on  la  met  dans  l'eau  ^*.  On  fait  également  usage  de  fleurs  ar- 
tificielles, composées  soit  avec  oes raclures  de  corne**,  soit  avec  de 
l'étoffe  de  soie  de  diverses  couleurs.  Pour  achever  de  rendre  l'imita- 
tion parfaite,  ces  couronnes  sont  imprégnées  du  parfum  des  fleurs 
qu'elles  représentent'^. 

Un  souper  en  règle,  ce  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  Ccena 
recta^'^,  se  compose  de  trois  services,  et  quelquefois  de  six",  c'est-à- 
dire  do  trois  ou  de  six  petits  soupers  à  la  suite  les  uns  des  autres. 
On  commence  par  manger  des  œufs  '^  ou  des  laitues^"*,  des  olives  *', 
des  figues,  quelques  fruits  et  dos  mets  légers,  pour  se  mettre  en 
appétit  ;  aussi  ce  premier  service  est-il  nommé  Gustatio,  du  mol 
Gustus,  goût'^^ 

Au  deuxième  service  brille  tout  l'art  des  cuisiniers  :  on  sert  des 
ragoûts  en  grand  nombre^*,  parmi  lesquels  est  toujours  un  morcpau 
de  veau  rôti  ^*. 

Au  troisième  service,  qui  n'est  réellement  que  la  continuation  du 

1  Hor.  IV,  Od.  11,  V.  5.-2  Id.  I,  Od.  36,  v.  15;  U.  Od.  7,  v.  24.  =  '  Propert.  IV, 
6,  V.  72.  =  4  Plut.  Sjmpos.  III,  1.  =:  ^  i>|in.  XXi,  5,  20.  =  6  Ibid.  3.  —  Mail.  V,  65  ; 
IX,  92,  95.  =  ■'  Plin.  Ibid.  —  Hor  I,  Od.  58,  v.  2.  =  «  Plin.  XXI,  20.—  Plut.  Sj!Dpos. 
III,  1.— Alhensp.  XV,  p.  675.  =  *Piopeii.  IV,  6.  v.  74.  — Gall.  eleg.  v.  90,  edil.  Barbou. 
=  •«  Hor.  IV, od.  12.  v.  21.=  "  Plin.  Id.  3.— Propert.  Ibid.—  «^  Hor.  UI,  od.  29,  v.  4. 
=  13  1(1.  IV,  od.  12,  V.  21.  =  i'>  Plin.  XXI,  8  =  <5  /i,rf.  2.  —  >s  Ibid.  3.  =  '"  Mari.  Il, 
69;  VU,  19  ;  VllI,  50.  :=  '8  Suet.  Aug.  74.  —  '9  Hor.  I,  S.  3,  \ .  6.  — Cic.  Kp.  Famil.  IX, 
20.  — Plin.  I,  Kp.  15. -Mari.  V,  79;  XI,  53  ;  XIII,  14.  —  OMart.  III,  50  ;  X,  48  ;  XI,  53; 
XIII,  14.  — Plul.  Sjmpos.  VllI,  9.  =  «i  Mari.  XIII,  36.  =  ^-  PetroD.  31,  53,  34.— Acron. 
fi  Porphyr.  in  Hor.  1,  S.  3,  v,  6.  =  «3  peiron,  55,  56.  =  **  Cic.  Ep.  Famil.  IX,  20. 


LETTRE  XIII.  539 

deuxième,  puisqu'on  le  désigne  sous  le  nom  de  second  service',  ce 
sont  des  confitures*,  du  mieP,  ou  de  la  graine  de  pavot  blanc  rôtie 
assaisonnée  dans  du  miel*,  des  pâtisseries,  des  fruits*  servis  dans 
de  larges  corbeilles  de  jonc  et  quelquefois  de  baguettes  d'or  tressées 
comme  du  jonc*.  Ces  mets  sont  désignés  sous  le  nom  général  de 
Bellaria'',  et  avec  eux  arrivent  aussi  des  parfums*. 

Je  passe  sur  les  détails  :  j'ai  commencé  à  recueillir  sur  le  luxe  des 
repas  quelques  notes  que  je  t'enverrai  dès  qu'elles  seront  complctesf"); 
pour  aujourd'hui,  je  t'entretiendrai  seulement  de  la  manière  dont  se 
fait  le  service. 

Les  personnes  qui  se  piquent  de  quelque  élégance  ont  soin  de 
n'avoir  que  des  esclaves  jeunes',  beaux",  et  tous  du  même  âge", 
surtout  pour  servir  à  boire*'.  Ils  sont  vêtus  d'une  petite  tunique'*, 
descendant  un  peu  au-dessus  du  genou  '*,  ont  les  cheveux  bien  ar- 
rangés '*,  et  portent  à  leur  ceinture  un  linge  dont  ils  se  servent  pour 
la  propreté  du  service  '®.  Attentifs  à  prévenir  les  désirs  des  convives, 
on  n'a  pas  besoin  de  leur  parler;  un  signe  suffît'^ ,  et  en  faisant  seu- 
lement claquer  le  pouce  avec  l'index,  ils  accourent  aussitôt'*. 

Tous  les  esclaves  qui  concourent  à  l'apprêt  et  au  service  des  fes- 
tins ont  chacun  leur  grade  et  leurs  fonctions  :  le  Promuscondus  estlç 
cellérier,  le  pourvoyeur  de  l'office  ",  et  l'inspecteur  du  cellier  au 
vin*";  Y Archimagirus  est  le  chef  de  la  cuisine  ^',  il  ordonne  le  repas"  ; 
\eStructor  le  sert,  met  sur  table'*,  et  range  les  mets  dans  un  ordre 
étudié  et  symétrique,  car  il  ne  suffit  pas  de  contenter  le  goût,  il  faut 
encore  plaire  aux  yeux;  le  Scissor  découpe,  et  son  habileté  est  si 
grande  -*,  qu'il  a  aussi  vite  dépecé  une  voIajUe  qu'un  autre  l'a  regar- 
dée ". 

Après  ceux-ci  viennent  une  foule  d'autres  serviteurs  dont  Ie3 

iHor.  II,  s.  2,  V.  121.  —  Plin.  XIX,  8.  —  Peiron.  68.—  A.  Gell.  X,  11.  —  Macrob. 
Salurn.  Il,  8.  =  2  |>|ut.  Lucull.  40.  — Secunda  niensa  bellarioium.  Marini  Alti  degli 
Arvali,  lav.  XLI,  a.  =  ^  Mel  in  secunda  mensa  adminisiralur.  Varr.  R.  R.  III,  16.  = 
*  Hor.  Ail.  poet.  v.  375.-Pin.  XIX,  8.  =  5  Hor.  I,  S.  3,  v.  7  ;  II,  S.  2,  v.  121  — Ov.  Nux. 
V.  171.— Cic.  Ep  famil.  XVI,  21.— Virg.  Goorg.  II,  v.  101.  —Plin.  XII,  1.  —Mari.  V, 
79.  =  6  Ov.  Melam.  VllI,  v.  673.— Alhen*,  VI,  p.  229.  =  ^  a.  Gell.  XIII,  2.— Macrob. 
Salurn.  II,  8.  =  «Plut.  Sjmpos.  VII.  8.  =  9  Pueri.  Hor.  II,  S.  8,  v.  10,  70,  81,  86.  = 
1"  Cie.  in  Piso.  27  ;  de  Finib.  II,  8.  =  "  Virg.  .Eneid.  I,  v.  709.  =  '2  Calul.  24.— Wart. 
X,  96.  =  13  Puer  aile  succiuclus.  Hor.  II,  S.  8,  v.  10,  70.  =  '*  Succincius.  Hor.  II, 
S.  6,  V.  107.  —  Pitl.  d'Errol.  t.  IV,  lav.  45.—  Monlfauc.  Aniiq.  expliq.  t.  III,  part.  J, 
pi.  39,  60.  =  13  Pneii  compli.  Hor.  II,  S.  8,  v.  70.  =  "5  Suet.  Calig  26.  —  Monlfauc. 
Ibid.  pi.  59.  =  il  Cic.  Tuscul.  V,  21.  —  Senec.  de  Vit.  beal.  12.  =  '»  Peiron.  27.  — 
Mari.  III,  82  ;  VI,  89  ;  XIV,  119.  —  '9  Plaut.  Pseudol.  II,  2,  v.  14.  =  20  Hor.  II,  S.  2, 
V.  16.=  21  Jav.  S.  9,  V.  109.  =  22  plut.  Lucull.  41.  =2J  Juv.  S.  3,  v.  120.=2i/é/d 
V.  12l.-Petron.  36.  =23  Senec.  Ep.  47.  (")  Voy.  I.cltre  XQI. 


".40  ROMK  AL  SliXLK  D'AUGUSTE. 

noms  Mi't'cliappent.  Us  sont  sous  l'inspoclion  du  Tridiniarque.  es- 
clave chargé  de  veiller  au  service  du  Triclinium  '.  Les  uns  offrent  du 
pain  dans  dos  plats  (rargont*,  ou  dans  des  corbeilles^;  les  autres 
versent  à  boire**,  et  chaque  convive  en  a  un  près  de  soi'';  d'autres, 
plus  jeunes,  veillent  à  la  propreté  du  Triclinium,  essuyent  sur  h; 
pavé  les  traces  de  la  nialpropreté  ou  de  l'ivresse  des  convives^;  leur 
présentent,  sur  le  lit  même,  le  vase  indispensable  à  tous  ceux  qui  ont 
bu  avec  un  peu  d'excès  '';  ramassent  à  terre,  à  chaque  changement 
de  service,  tout  ce  qui  pourrait  choquer  la  vue  ou  l'odorat;  net- 
toient la  table  avec  un  torchon  de  pour{)re^,  ou  une  éponge  légère- 
ment mouillée®,  lorsqu'elle  n'est  pas  couverte  d'une  pièce  de  linge 
nommée  Mentile,  usage  qui  commence  à  s'introduire'";  entretien- 
nent les  lampes  d'une  huile"  mélangée  de  parfums  •*.  D'autres  font 
des  aspersions  avec  une  infusion  de  verveine  et  d'adiante,  pour  exci- 
ter la  gaîté  des  convives *\  et,  au  moment  du  dernier  service,  répan- 
dent sur  le  sol  de  la  sciure  de  bois  **  *. 

Outre  tout  ce  monde,  on  a  encore  son  propre  esclave,  qu'il  est 
assez  d'usage  d'amener,  et  qui  se  tient  debout  au  pied  du  lit  où  l'on 
se  trouve  *^  En  été,  par  un  raffinement  de  luxe  et  de  mollesse,  on 
joint  à  ce  troupeau  de  serviteurs  un  certain  nombre  de  petits  en- 
fants et  de  jeunes  et  jolies  fdles  :  les  premiers,  armés  d'une  baguette 
de  myrte,  sont  chargés  de  chasser  les  mouches  qui  importunent  les 
convives*®;  les  secondes  les  rafraîchissent  en  agitant  devant  eux  un 
éventail  ^"^  de  verdure '*  ou  de  légères  feuilles  de  bois  ". 

Les  Romains,  qui  ont  fabriqué  une  foule  d'ustensiles  pour  tous  les 
usages  de  la  vie,  en  ont  inventé  fort  peu  pour  les  festins;  ainsi  l'on 
a  des  couteaux  pour  couper  les  viandes  ^",  des  cuillères  pour  manger 
des  œufs^*  ou  quelques  aliments  sans  consistance''-,  des  tuyaux  de 
plume  ou  des  brins  de  lentisque  pour  se  curer  les  dents  ^\  et  voilà 
tout  :  quand  les  aliments  solides  sont  dépecés,  on  saisit  les  mor- 
ceaux avec  les  doigts^*;  aussi  ne  va-l-on  jamais  souper  dehors  sans 


1  l'elron.  22.  =  ^Id.  33.  =  3  Canislrum.  Virg.  .Eneid.  I,  v.  706.  —  Hor.  H,  S.  6, 
V.  103.  =  4  Hor.  I,  Od.  29,  v.  8.— Senec.  Ep.  kl.  =  «  Plut.  Sjmpos.  VU,  8.  =  «  Sener. 
/(/.  ;  de  Brevil.  vil.  12.=  "^  l!or.  I,  S.  3,  v.  90.  —Senec.  de  Benef.  UI,  26.  =  »  Hor. 
H,  S.  8,  V.  10.  =  9  I\lart.  XIV,  l'<4.  =  »»  Ibid.  138  ;  XII,  29.  =  'i  Peiron.  22.  = 
lîMart.  X,  38.  — Petron.  70.  =  13  pim.  Sympos.  I,  1.  =  >*  Hor.  H,  S.  4.  v.  81.— 
Peiron.  68.  =  '5  Sener.  Ep.  27  ;  de  Benef.  lU,  27  — Mart.  XII,  89.  =  ï6  Mari.  UI,  82. 
=  "  Ibid.  —  Tereiil.  Eunurli.  UI,  6,  v.  47.  =  '8  Mari.  Ibid.  —  19  Ov.  Amor.  Ill  => 
V.  57.  =2opeiron.  70.  -  Juv.  S.  11,  v.  133  =  2i  l'Iin.  XWUI,  11.— Peiron.  34  - 
Mari.  XIV,  121.  —  22  Calo.  H.  U.  84.  =  23  Mari.  UI,  82;  VI,  74;  XIV,  22.  =  24  Ov. 
.\rl.  ani.  I,  n.  ^70;  III,  \.  7."3.— Ilnr.  I,  Ep.  IG,  \.  23.  — Mari.  V,  79. 


I.KTTHK  XIII.  -,il 

[)urtei-  ave(!  soi  uno  pit^ce  do  linye  nommée  A//t/m'  ou  Mapjia', 
pour  s'essuyer  en  mangeante  Outre  cela,  les  esclaves,  après  chaque 
service,  viennent  donner  à  laver  aux  convives*  en  leur  versant  sui- 
les  mains,  avec  un  vase  à  col  étroit,  de  l'eau'' qu'ils  reçoivent  dans 
un  bassin  qu'ils  tiennent  de  la  main  gauche  *. 

Aussitôt  cette  lotion  terminée,  des  échansons  chargés  de  plusieurs 
sortes  de  vins^  s'empressent  d'offrir  à  boire  à  la  ronde*.  Le  vin  est 
dans  des  cratères,  vases  à  large  ouverture,  oîi  ils  puisent^  avec  une 
petite  mesure  appelée  cyathe  "\  Chacun  en  tendant  sa  coupe,  son 
calice",  dit  combien  il  veutde  cyathes  soit  de  vin,  soit  d'eau  '"^  Pen- 
dant ce  temps,  à  un  signal  du  maître,  le  service  se  renouvelle  "  ;  on 
rapporte  d'une  seule  fois  sur  un  Ferculum^''  ou  Bepositorium, grand 
plateau  d'argent  ou  revêtu  d'argent '^  qui  couvre  toute  la  table  et  en 
forme  comme  le  dessus,  de  sorte  que  l'on  dit  la  première  Table,  la 
seconde  Table,  etc.,  pour  le  premier  service,  le  second  service'*. 
Les  plats  sont  tout  arrangés  sur  le  Ferculum,  et  quelquefois  posés 
sur  de  petits  réchauds,  afin  que  les  mets  ne  se  refroidissent  point'\ 

Chez  beaucoup  de  citoyens  riches,  on  ne  se  contente  pas  de  flatter 
le  palais  par  les  saveurs  les  plus  exquises;  on  cherche  encore  à  ré- 
jouir les  oreilles  par  des  concerts  de  musique  '*,  à  occuper  les  yeux 
par  des  spectacles  pleins  de  charme  ou  d'intérêt  '^  A  la  fin  du  festin, 
quand  chacun  a  cessé  de  boire  et  de  manger,  on  introduit  de 
jeunes  garçons  et  de  jeunes  filles  qui  exécutent  des  danses  volup- 
tueuses-*, et  chantent  des  poésies  erotiques  grecques  ou  latines,  un 
quelques  nouvelles  élégies  des  poètes  modernes-^  Les  Gaditanes  sont 
surtout  renommées  pour  les  danses--,  qu  elles  exécutent  en  s' accom- 
pagnant avec  des  crotales'-''. 

I  Calul.  12.— Mail.  XH,  29.=  2  ifor.  H,  S.  î,  v.  81  ;  S.  8,  v.  63.  —  Virg.  .€neid,  I, 
V.  706.— Varr.  L.  L.  IX,  §  47.-Mart.  VUl,  .'59.  =  3  Virg.  yEneid.  I,  v.  706.  — Serv.  in 
Virg.  loc.  cit.  =:  *  Senec  Ep.  83.  — Peiron.  5i. — Lamprid.  Heliog.  25.  =  ^  Paul.  ap. 
Fesl.  V.  GuUurniuin.  ^  ^  Polubium,  Trullum.  Non.  Marcell.  h.  verb.  —  Fiilis.  Varr. 
L.  L.  V,  g  I19.-A(|uiminarium.  Digest.  XXXIV,  (il.  2,  leg.  21,  g  2.  =  "  Hor.  U,  S.  8, 
V.  13.— Peiron.  54,  59.  ==»  Hor.  Ibid.—  Lamprid.  Heliog.  25.  —  '•>  Ov.  Melam.  VUl, 
V.  679.  =  '0  Plaut.  Menœchm.  U,  2,  v.  28.  =  "  Calires  poscit  majores.  Hor.  II,  S.  8, 
V.  35.  =  12  Hor.  UI,  od.  19,  v.  10.  —  i»  Senec.  de  Brevil.  vil.  12;  Ep.  93.=  "^  Hor. 
H,  S.  6.  V.  104.— Mart.  III,  50.  — Plin.  XXVIU,  2.  =  ''^  Piin.  XXXIII,  11.=  '6  Prima 
mensa.  Serv.  in  .£neid.  I,  v.  754.  —  Fercula  prima.  Mart.  III,  50.  —  Mensa  serunda.  Cic. 
Ep.  famil.  XVI,  21. —  Hor.  II,  S.  2,  v.  121.— Ov.  Melam.  VllI,  v.  675.  — Plin.  Xll,  1. 
—  .'.larl.  III,  17,  30.=  l-'Tumullus  coquorum  ipsos  cum  obsoniis  focos  Iransferenlium. 
Senec.  Kp.  78.  =  '*  Hor.  Art.  poel.  v.  574.  — Senec.  de  Vil.  beat.  11. — Plin.  I,  Kp.  13. 
—Plut.  Lucull.  40.=  19  Senec.  Ibid.  =  2»  Propert.  IV,  8,  v.  39.  — Sali.  Jugurt.  83.— 
Plin.  IX,  Ep.  17.— A.  f.ell.  XIX,  9.  —  Plut.  Lucull.  40  ;  S\mpos,  VII,  8.  =  21  A.  Getl. 
/6id.  =  22  Mart.  V.  79;  VI,  71.  —  Plin.  1,  Ep.  l.=i.  —  Juv.  S.  Il,  \.  162.  =  "Mari 
/6td.— Propcrl.  IV,  8,  v.  39. 


542  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

Qiu'lquelbis  ce  sont  dos  baladins  (jni  font  des  tours  de  force'  :  ils 
dansent  au  sommet  d'une  échelle  qu'ils  tiennent  eux-mêmes  dans 
une  position  verticale*,  passent  au  milieu  de  cerceaux  entlammés, 
portent  une  amphore  (")  avec  les  dents ^,  et  assaisonnent  ces  exer- 
cices de  plaisanteries  grossières,  et  souvent  indécentes'. 

D'autres  fois,  des  scènes  sérieuses  remplacent  ces  jeux  futiles  :  des 
acteurs  appelés  Homéristes,  et  armés  en  guerriers,  jouent  des  épi- 
sodes tirés  de  \ Iliade'';  ou  d'autres  acteurs,  dos,  pantomimes,  re- 
présentent des  drames  dont  toute  l'action  s'exprime  par  des  gestes*. 

Ces  spectacles  sont  le  perfectionnement,  ou  plutôt  la  corruption 
d'un  usage  fort  louable  des  anciens  Romains,  chez  lesquels  de 
jeunes  enfants  chantaient,  avec  foute  la  modestie  de  leur  âge,  et 
simplement  au  son  d'une  flûte,  les  exploits  et  les  vertus  des  grands 
hommes  '. 

Grâce  à  l'humeur  querelleuse  de  nos  compatriotes',  souvent  nos 
festins  sont  ensanglantés,  et  des  convives  se  lèvent  pour  aller  ter- 
niiner,  le  glaive  à  la  main,  une  discussion  entamée  la  plupart  du 
temps  sur  des  sujets  frivoles ^  Cette  lutte  sanglante,  qui  dans  noire 
patrie  n'est  jamais  qu'un  accident  déplorable,  les  Romains  en  ont 
une  image  dans  leurs  repas  :  ils  introduisent  dans  la  salle  du  festin 
des  esclaves  qui  combattent  avec  des  armes  émoussées,  et,  dans  une 
lutte  prolongée,  récréent  les  convives  par  le  simulacre  d'un  com- 
bat à  outrance  ^.  Ce  spectacle  est  aussi  très-ancien  :  il  a  été  inventé  par 
les  Campaniens,  qui  conmiettaient  ensemble  des  combattants,  ap- 
pelés Samnites  en  commémoration  d'une  victoire  remportée  par  eux 
sur  le  peuple  de  ce  nom  '".  Mais  en  Campanie  c'était  un  combat  réel 
avec  des  armes  véritables,  et  les  coupes  et  la  table  étaient  arrosées  de 
sang". 

Les  hommes  graves  et  studieux  mettent  le  temps  du  souper  mieux 
à  profit  :  ils  font  faire  une  lecture  à  haute  voix  '^  dans  quelque  auteur 
Grec  ou  Latin '^  et  cela  dès  que  la  table  est  servie''*.  Quelquefois 
après  souper,  il  y  a  concert  et  comédie  '". 

Dans  les  repas  donnés  à  l'occasion  des  fêtes,  on  s'amuse  assez 

'  Sud.  Aup;.  74.  =  2  Pelron.  53,  —  Manil.  V,  ^.  '(42.  =  3  pHp.  IX,  Ep.  17.  —  FMul. 
Sjinpos.  VII,  8.  z= '•  Pelron.  59.  =  ^  >larrob  Salur.  II,  7.  =  ^  Cir.  Tiiscul.  (,  2  ;  IV, 
2  ;  Uni!.  19.  — Non.  Marcell.  v.  assa  —V.  iMa\.  Il,  1,  ÏH.  —  ''  Slrab.  IV,  p.  199  ;  ou  74, 
tr.  fr.  =  8  Diod.  Sicul.  V,  p.  306.  =  9  Hor.  Il,  Ep.  2,  v.  98.  = '"  Tii.-Li\.  IX.  40.  = 
11  Ibid. —  Suah.  V,  p.  230  ;  ou  280,  Ir.  fr.  —  .Mlienœ.  IV,  p.  233.  — Sil.  liai.  XI,  v.  51. 
=  '2  Cic.  ad  Atlip.  XVI,  2.  —  C.  Nep.  Allie.  14.  —  l'Iin.  I.  Kp.  15  ;  Ul,  Kp.  5  ;  IX,  Ep. 
56.  =  13  Juv.  S.  11,  V.  477.  —  A.  Gell.  II,  22.  =  i'  A.  Gell.  III,  19.  =:  15  Plin.  IX,  Ep 
36.  C;  Vase  de  Icrre  cuile  de  la  rnntcnanrc  de  26  lilics  012. 


LETTRE  Mil.  T^i^ 

habiluelleinent  à  élire  un  /loi  du  festin^.  Le  sort  le  désigne;  on  ap- 
porte une  petite  table,  des  dés*,  et  le  convive  qui  amène  le  coup 
de  Vénus  est  déclaré  roi'.  Les  autres  sont  tenus,  sous  peine  d'a- 
mende, d'exécuter  les  ordres  de  ce  souverain  S  qui,  bien  que  revêtu 
d'un  pouvoir  despotique,  néanmoins  l'exerce  toujours  d'une  manière 
assez  raisonnable  ;  il  se  contente,  pour  l'ordinaire,  de  fixer  à  chacun 
le  nombre  des  coupes  qu'il  doit  vider  ^,  et  leur  grandeur^  de  régler 
la  conversation,  de  veiller  sur  les  jeux,  et  de  défendre  ceux  qui  pour- 
raient causer  du  désordre.  11  s'occupe  aussi  du  plaisir  de  ses  sujets, 
conmiande  à  ceux  qui  ont  de  la  voix  de  chanter ,  aux  rhéteurs  de 
déclamer,  aux  philosophes  de  résoudre  quelque  diftîcullé,  et  aux 
poètes  de  réciter  leurs  vers',  ou  d'en  improviser'  :  on  ne  saurait  être 
meilleur  roi. 

Mais  comme  il  est  difficile  qu'une  souveraineté  absolue  se  tienne 
toujours  dans  des  bornes  raisonnables,  qu'il  n'existe  point  de  des- 
pote qui  n'ait  de  temps  en  temps  ses  petits  accès  de  tyrannie,  ne 
fût-ce  que  pour  éprouver  son  pouvoir,  le  Roi  du  festin  commande 
quelquefois  à  ses  sujets  des  choses  contraires  à  leur  caractère 
connu  ;  il  se  fait  un  malin  plaisir  de  les  embarrasser  par  des  ordres 
contre  lesquels  personne  n'a  jamais  osé  se  révolter',  depuis  l'éta- 
blissement de  cette  royauté  qui  est  fort  ancienne  '".  Un  roi  dé- 
bonnaire laisse  boire  chacun  à  son  gré",  sans  obliger  personne  à 
égoutter  sa  coupe  sur  le  pavé  après  avoir  bu,  pour  faire  voir  que 
l'ordonnance  bachique  a  été  remplie'-.  Quand  on  est  libre,  vers  le 
milieu  du  festin  *^  on  commence  à  se  porter  des  santés  '* ,  on  échange 
sa  coupe  avec  la  personne  à  laquelle  on  s'adresse'^,  on  boit  autant 
de  coups  qu'il  y  a  de  lettres  dans  son  nom  '^  et  l'on  se  souhaite  mu- 
tuellement autant  d'années  que  l'on  vide  de  coupes  ". 

Il  arrive  aussi  que  ces  repas  sont  égayés  par  une  loterie  :  on  fait 
circuler  à  la  ronde  une  coupe  remplie  de  petites  tablettes,  chaque 
convive  tire  son  lot,  et  un  jeune  esclave  proclame  à  haute  voix  la 
décision  du  sort  '®.  Le  piquant  de  ce  jeu,  c'est  que  certaines  tablettes 
contiennent  des  objets  d'une  valeur  réelle,  tels  qu'un  habillement,  de 
l'or,  de  l'argent,  des  monnaies  étr.ingères;  tandis  que  d'autres  don- 

»  Tac.  Ann.  XIH,  15.  =  2  Hor.  1,  Od.  i,  v.  18.  —  Plaul.  Mostcll.  I,  5,  v.  150.  = 
^  Hor.  U,  Od.  7,  V.  25.  — l'iul.  Calo.  min.  6.  =  ^  Plut.  Svmpos.  I,  4.  =  S  Hor.  1,  Od.*. 
V.  27.  —  l'Iaul.  Slich.  V.  i,  v.  20.  —  «  Ilor.  U,  S.  6,  v.  68.  =  "  Plui.  Synipos.  I,  4. 
=  *  .Mari.  IX,  91.  =  «  Tac.  Ann.  Mil  15.  =  '"  Cic.  de  Scncct.  14.  =  n  flor.  Ihid.  — 
Plut.  IhiA.  =  12  Cic.  Tuscul.  1,  40.  —  Plin.  XIV,  22.  —  »3  Plul.  M.  Biut.  24.  =  '*  Plaul. 
Pers.  I,  1,  V.  20  ;  Slich.  V,  4,  v.  27.  =  is  Cic.  Ihid.  —  Juv.  S.  5,  v.  127  =  '6  Tibull. 
II,  1,  V.  51.  — Mail.  1,  72  ;  VUI,  51  ;  XI,  57.=  i"  Ov.  Fast.   111,  v.  551.  =  i»  Pelron.  50. 


ôii  IJOMK  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

nf?nt  unn  tunique  de  poil  de  chèvre,  une  éponge,  une  pelle  à  four, 
des  pinces,  ou  des  lots  encore  plus  bizarres'. 

Mais  la  loterie  la  plus  amusante  est  celle  où  la  plupart  des  l(jts  ne 
sont  point  conformes  à  renonciation  de  la  tablette,  de  sorte  qu'ils 
deviennent  une  déception  pour  celui  qui  les  reçoit.  Cette  innocente 
tromperie,  bien  que  prévue,  excite  toujours  la  gaieté  par  sa  bizarre- 
rie ,  sa  soudaineté,  et  souvent  sa  signification  satirique.  Derniè- 
rement je  pris  une  tablette  dont  la  devise  philosophique  semblait  me 
promettre  un  beau  cadeau  ;  le  petit  crieur  avait  lu  :  argent  scélérat! 
Aussitôt  on  m'apporta  un  jambon  sur  lequel  était  une  burette  à  vi- 
naigre. Parmi  les  autres  lots  tirés  il  y  eut  absinthe  et  affront,  qui 
valurent  au  convive  des  fraises  sauvages,  une  perche  et  une  pomme; 
des  poireaux,  et  une  persique  («),  excellent  fruit,  se  trouvèrent  être 
un  fouet  et  un  couteau  ;  des  passereaux  et  un  chasse-mouches,  des 
raisins  secs  et  du  miel  ;  une  toge  de  festin  et  une  toge  de  Forum,  un 
morceau  de  pâte  crue  et  des  tablettes  ;  un  tuyau  et  un  pied  (mesure) 
firent  paraître  un  lièvre  et  une  sandale  ;  une  murène  (poisson  rare) 
et  une  lettre  devinrent  une  botte  de  poirée  et  un  rat  lié  avec  une 
grenouille;  enfin  un  oreiller  fut  une  corde  à  étrangler^. 

Les  Romains  ont  un  singulier  moyen  d'engager,  au  milieu  des  fes- 
tins, leurs  convives  à  jouir  des  plaisirs  de  la  vie,  moyen  qui,  tout 
philosophique  qu'il  soit,  ne  me  plaît  guère  :  c'est  de  faire  placer  sur 
la  table  même  un  squelette  humain.  J'en  ai  vu  un  construit  en  argent 
et  disposé  de  manière  à  ce  qu'au  moyen  d'une  petite  chaîne  de 
même  métal,  on  mettait  en  mouvement  toutes  ses  articulations.  Le 
maître  de  la  maison  l'animait  ainsi  de  temps  en  temps,  puis  s'écriait 
ensuite  :  «  Combien  Thomme  est  peu  de  chose  !  la  vie  ne  tient  qu'à 
un  fil  !  voilà  ce  que  nous  serons  quand  l'enfer  nous  aura  engloutis^  ; 
parfumons  nos  cheveux,  couronnons-nous  de  roses,  la  mort  ap- 
proche, hâtons-nous  de  vivre*.  » 

La  plupart  des  soupers  se  terminent  par  le  partage  aux  convives 
des  restes  du  dernier  service.  Chacun  choisit  ce  qu'il  veut  pour  en- 
voyer à  ses  parents  ou  à  ses  amis^.  Les  Mappœ  servent  à  envelopper 
ce  butin  friande 

Les  dieux  de  la  maison  ne  sont  point  oubliés  dans  le  partage  : 
deux  petits  esclaves,  en  tuniques  blanches,  les  apportent  et  les 

1  Suel.  Aug.  75.  =  2  Petron.  .'•.6.  =  3  Id.  5i.  =  *  Mart.  V,  65.  =  s  Senec.  Ep.  77. 
— Petron.  60.— Spariian.  Caracal.  5.  — Capitol.  Peilin.  12.  =«  Mart.  VU,  19.  (")  Pêche, 
iiommi^p  Persique,  parre  qu'elle  est  oiii.'inaire  de  la  Perse. 


LETTRE  Xlli.  545 

posent  sur  la  table,  autour  de  laquelle  un  troisième  promène  une 
coupe  de  vin,  en  disant  k  haute  voix  :  «  Que  ces  dieux  nous  soient 
propices'!»  Ensuite  on  leur  offre  des  mels,  on  leur  fuit  des  libations', 
on  mêle  à  leur  nom  le  nom  de  l'empereur ',  et  l'on  prie  le  ciel  de 
combler  le  prince  de  félicités*,  sans  oublier  de  faire  des  vœux  pour 
soi-même ^  Alors,  si  Ton  ne  veut  pas  prendre  le  bain  une  seconde 
fois,  usage  qui  commence  k  s'introduire  \  on  demande  ses  chaus- 
sures'' à  l'esclave  qu'on  a  amené  avec  soi,  et  qui  a  dû  en  prendre 
soin  ® ,  on  lui  crie  d'allumer  la  torche®,  et  l'on  se  quitte  en  se  sou- 
haitant réciproquement  la  santé  du  corps  et  de  l'esprit'". 

Voilà,  cher  Induciomare,  quels  sont  les  repas  chez  les  Romains. 
Si  j'avais  uniquement  voulu  t' éblouir,  l'étonner  par  des  choses 
extraordinaires,  je  t'aurais  parlé  d'un  souper  qui  a  eu  lieu  dernière- 
ment, et  dans  lequel  on  a  déployé  toutes  les  ressources  de  l'art  du 
mécanicien  joint  à  celui  des  cuisiniers,  pour  offrir  un  spectacle  aussi 
dispendieux  que  magnifique.  On  imagina  de  disposer  la  voùle  du 
Triclinium  de  manière  à  ce  qu'elle  s'ouvrît  en  deux  parties.  Au  mo- 
ment du  dernier  service,  on  l'entendit  craquer  tout  d'un  coup;  les 
convives,  qui  n'étaient  point  prévenus,  voulurent  prendre  la  fuite, 
croyant  que  la  maison  s'écroulait,  (piand  aussitôt  ils  virent  descendre 
au  milieu  d'eux  un  cercle  immense,  autour  duquel  pendaient  des 
couronnes  d'or  et  de  petites  boîtes  d'albàlre  pleines  de  parfums, 
I)résenls  que  le  Père  du  festin  leur  offrait.  En  même  temps  la  table 
se  garnissait  d'un  service  complet,  composé  de  quantité  de  fruits  et 
de  pâtisseries  qui,  dès  qu'on  les  touchait,  répandaient  une  odeur 
parfumée  de  safran  " . 

Mais  ce  caprice  d'un  dissipateur  ne  pouvait  figurer  dans  un  récit 
où  j'ai  voulu  peindre  la  coutume  générale;  si  je  t'en  parle  ici  c'est 
afin  que  si  jamais  ce  récit  arrivait  jusqu'à  toi  par  une  autre  voie  que 
la  mienne,  tu  ne  t'imaginasses  pas  que  je  t'ai  fait  un  tableau  incom- 
plet des  habitudes  des  gens  riches  de  Rome  *. 

iPetron.  60.  =2  Ov.  FasI.  H,  v.  631.  —Hor.  H,  S.  6,  v.  66.— Tit.-Liv.  XXXIX,  45. 
=  ^  Ov.  Ibid.  637.  — Hor.  IV,  Od.  .5,  v.  29.  —Dion.  LI,  19.  =  *  Dion.  Ihid.  —  Pelron. 
60.  =  5  Tit.-Liv.  XXXIX,  43.  =  «  Pelron. 70.  —  Juv.  S.  1,  v.  142.  =  T  Hor.  U,  S.  8,  v. 
77.  —  Plin.  IX,  Kp.  17.  —  ^  Mari.  XU,  89.  =  »  Plut.  Sympos.  VII,  7.  =  J»  Petron.  61. 
—  Macrob.  Salurn.  II,  4.  =  *'  Pelron.  60. 


LETTRE  XIV. 


LES  TAVERNES. 


L'immensité  de  Rome  est  lotijoiirs  pour  moi  une  chose  merveil- 
leuso,  et  quand  du  haut  du  ianicule,  0(1  j'aimo  à  m'aller  promener, 
je  contemple  cette  prodigieuse  agréf^ation  de  maisons,  j'ai  peine  à 
me  persuader  que  ce  soit  une  seule  ville.  Les  Romains  eux-mômes 
paraissent  être  dans  cette  id('e,  car  ils  ont  divis»^  Rome  en  quatorze 
villes  contiguës  qu'ils  appellent  Régions,  et  subdivisé  ces  régions  en 
l)rès  de  deux  cents  Quartiers.  Chaque  région  a  un  numéro  d'ordre 
et  un  nom  emprunté  soit  à  quelque  monument,  soit  à  la  localité 
principale  de  sa  circonscription,  soit  encore  à  sa  situation  topogra- 
phique. Quatre  régions  sont  à  l'orient,  une  au  septentrion,  cinq  à 
l'occident,  deux  au  midi,  et  deux  au  centre  des  autres  ("), 

Les  régions  orientales  sont  la  V^,  dite  Porte  Capène;\a.  II*,  Mont 
Cœlius;  la  111%  /sis  et  Sérapis  ;  etla  V*,  Fsquiline. 

Celle  du  septentrion  est  la  Vl%  appelée  Alla  semita,  le  Haut 
chemin. 

Les  cinq  de  l'occident  portent  les  numéros  YII,  VIH,  IX,  XI  et 
XIV,  et  sont  désignées  sous  les  noms  de  Voie  Lata,  Forum  ro- 
main, Cirque  Flaminius,  Cirque  maxime,  et  Transtihèrihe. 

Les  deux  régions  dites  Piscine  publique,  XII%  et  Aventine,  XII1% 
sont  celles  du  midi. 

Enfin  les  deux  du  centre,  situées  entre  les  II*  III*  V*  VI*  VIII*  et 
XI%  sont  la  Palatine,  qui  est  la  X*,  et  la  Voie  Sacrée,  la  plus  centrale 
de  toutes,  qui  est  la  IV*. 

Les  quartiers  n'ont  point  de  numéro  d'ordre,  mais  seulement  un 
udin,  pris  d'un  magistrat  ou  d'un  monument',  et  souvent  encore  tiré 
du  genre  d'individus  qui  les  habitent.  Il  serait  supertlu  de  te  dire  les 
deux  cents  noms  de  ces  subdivisions  de  Rome ,  mais  je  m'arrêterai 
à  quelques-uns  qui  sont  une  vraie  topographie  morale  de  la  ville, 
et    prouvent   que  dans   ce   monde  de  maisons  il  s'est  établi  une 

'  p.  Vicl.  — Sext.  Kuf.  (le  reg.  Urb.  Roinœ,  passim.  (")  Voy.  Lettre  U,  la  carte  Site  et 
Murs  de  Rome. 


LETTRE  XIV.  5i7 

espèce  d'ordre  qui  ressemble  un  peu  aux  classifications  du  peuple. 

Au  centre,  les  quartiers  qui  avoisinent  le  Forum  romain  sont 
particulièrement  habités  par  les  riches,  par  les  nobles,  et  par  les 
industries  qui  vivent  aux  dépens  de  ces  deux  classes.  La  plèbe  oc- 
cupe les  extrémités,  ce  sont  les  manœuvres  et  les  ouvriers  :  ainsi, 
au  boutduCœlius,  dans  la  IP  région,  on  trouve  les  quartiers  des  con- 
structeurs, des  loueurs  d'ânes,  des  ourriers  en  laine  ';  dans  la  V" 
région,  sur  TEsquilin,  il  y  a  ceux  des  brûleurs  de  cadavres,  et 
des  frottcurs  de  parfums  2,  genre  de  professions  qui  vont  ensem- 
ble ;  dans  la  Vil",  au  pied  du  Quirinal,  vers  la  Colline  des  Jardins, 
habitent  les  éleveurs  de  chèvres,  les  herbagers,  les  affranchis,  les  pé- 
cheurs, les  ciseleurs,  les  constructeurs  de  litières,  les  tabletiers  *  *; 
les  marchands  ambulants  peuplent  la  région  Transtibérine,  la  XI V"  '*. 
Là  aussi  sont  les  porteurs  de  litières  au  service  des  citoyens  qui  n'ont 
ni  une  litière  ni  des  porteurs  à  eux.  Le  quartier  qu'ils  occupent  est 
appelé  camp  des  lecticaires^,  du  peu  d'importance  de  ses  habitations, 
qui  ne  valent  guère  mieux  que  des  tentes  ". 

Une  fois  que  ces  ditïerentes  nuances  du  grand  tableau  que  j'ai  sous 
les  yeux  me  furent  connues,  je  me  livrai  à  l'examen  de  quelques  par- 
ties, et  les  tavernes,  étroits  locaux  dans  lesquels  les  petits  marchands 
font  leur  négoce  ou  exercent  leur  industrie,  attirèrent  d'abord  mon  at- 
tention. Dans  une  société,  ainsi  que  dans  une  immense  forêv,  on  aper- 
çoit aisément  les  sommités,  mais  il  est  ditTicile  de  voir  ce  qui  est  au 
bas.  Or,  les  tavernes  sont  dans  ce  cas-là  :  c'est  dans  les  tavernes  que 
vivent  les  petites  gens,  la  plèbe,  toute  cette  foule  de  travailleurs  qui 
sont  les  agents,  les  fabricateurs,  et  comme  la  matière  première  du 
luxe,  de  la  grandeur  éblouissante,  de  la  magnificence  qui  fait  de 
Rome  la  merveille  du  monde.  Les  tavernes  donnent  à  la  ville  une 
physionomie  toute  particulière,  un  aspect  très-pittoresque,  très- gai, 
très-animé.  Elles  se  composent  pour  fordinaire  d'une  chambre  de 
neuf  à  dix  pieds  carrés  environ,et  d'un  petit  étage  au-dessus  où  loge 
le  marchand  ''.  La  devanture  est  occupée  par  une  large  baie  ouverte 
pendant  le  jour,  et  fermée  la  nuit  au  moyen  de  planches  glissant 
dans  deux  rainures,  l'une  au  linteau  du  plafond,  l'autre  sur  le 
seuiP,  *  et  assujetties  ensuite  avec  une  chaîne  ^ 

'  viens  Slniclovum,  —  AscUus,  —  Laiiarius.  =:  2  Vicus  Usiriiius,  —  Uiignenlarius.  = 
'^  Virus  Ca|)raiiu<;,  — Hcrliaritis, — Liberforum,— Pisrariu?,— Cœlatus,—  Srllaritis,— Ta- 
bcllaiius.  \K  Vict.  el  Si'xl.  Huf.  de  reg.  urb.  Homœ,  passiin.  =  *  Mail.  I,  42.  —  ^  Castra 
leclicariorum.  P.  Virt.  de  rcg.  urb.  Romae,  XIV.  =  6  Conjecture.  =  ''  I).  Halir.  Ul,  68. 
=  8Maz(Jls,  Uuin.  de  Pompeï,  l   H,  p.  '«5.  ='■»  .luv.  S.  5,  304. 


r>'(K  ROME  AU  SltCLI-:  D'AUGUSTE. 

Il  va  dos  tavernes  dans  de  simples  har.Kiiics  de  bois  converles  en 
planches  et  adossées  à  nne  maison  ';  mais  en  pénéral  les  tavernes 
t'ont  partie  d'nne  iU-,  dont  elles  bordent  la  lisière  au  rez-d<'-cbanssée. 
C'est  si  bien  là  leur  place  habituelle  que  le  nom  leur  en  est  resté,  et 
que  souvent  on  dit  une  Ile  pour  une  larerne*.  Quoique  dans  ces  étroits 
locaux  on  mesure  pour  ainsi  dire  l'air  et  le  jour  à  ceux  qui  les  habi- 
tent, quoique  j)lusieurs  n'aient  point  de  logement  pour  le  marchand 
et  sa  famille,  qui  sont  obligés  d'aller  coucher  au  faîte  de  la  maison, 
dans  des  cœtincula  *,  cependant  ces  cases  se  louent  fort  cher,  surtout 
dans  les  quartiers  du  centre  ;  le  produit  en  est  si  avantageux,  que  de 
riches  propriétaires  en  font  entourer  leurs  somptueuses  et  vastes 
demeures,  pour  se  créer  par  là  un  revenu  quelquefois  très-considé- 
rable \ 

On  trouve  des  tavernes  dans  toutes  les  rues,  mais  principalement 
sur  les  places  publiques  *  et  sous  les  portiques  ^.  Le  même  instinct, 
ou  la  même  nécessité  qui  a  conduit  telles  classes  de  citoyens  ou 
d'habitants  de  Rome  à  se  loger  dans  tel  quartier  plutôt  que  dans  tel 
autre,  a  de  même  réglé,  en  quelque  sorte,  la  distribution  des  taver- 
nes dans  les  divers  quartiers  de  la  ville,  suivant  leur  nature  et  leur 
genre  ;  car  il  y  a  des  tavernes  de  toutes  sortes,  depuis  celles  où  l'on 
trouve  les  objets  du  luxe  le  plus  recherché,  jusqu'à  celles  où  l'on 
vend  à  la  plèbe  les  aliments  conmiuns  dont  elle  se  nourrit. 

Les  endroits  où  il  existe  le  plus  de  tavernes  de  haut  étage,  sont  d'a- 
bord la  voie  Sacrée,  qui  passe  au  milieu  des  plus  opulentes  régions; 
ensuite  le  quartier  situé  au  midi  du  Forum  romain,  et  le  Champ- 
de-Mars.  La  voie  Sacrée,  depuis  Tangle  oriental  du  mont  Palatin  jus- 
qu'à l'Arc  de  Fabius^  est  peuplée  de  tous  les  fournisseurs  des  mille 
bagatelles  brillantes  qu'on  olYre  en  présent  aux  femmes  \  telles  que 
des  éventails  en  plumes  de  paon,  des  boules  de  cristal,  des  osselets 
d'ivoire*,  des  tablettes  à  écrire,  des  coffrets  de  bois  précieux,  des 
dés,  des  tables  à  jouer,  et  cent  autres  coliHchets  semblables  ".  Il  y 
a  encore  dans  cette  rue  des  marchands  de  drogues  médicinales  *",  et 
des  ciseleurs". 

A  partir  de  l'Arc  de  Fabius,  dans  toute  la  traversée  du  Forum  on 
ne  trouve  plus  sur  la  voie  Sacrée  que  quelques  tavernes  de  ban- 


1  Isid.  Oiip.  XV,  -2  =  i  Di^ipst.  XWUI,  lit.  7,  log.  7.  =s  Cic.  ad  Allie.  I,  14  ;  XU, 
32  ;  XIV,  9.  ^  »  Tit.-Liv.  XNXV,  40.  =  •'•  D.  Halic.  UI,  68.-  Mari.  X,  87.  =  «  Plan 
et  Descripl.  de  Rome,  n»  127.  =  ■?  Ov.  Amor.  I,  8,  v.  100.  =  8  Properl.  H,  18,  v.  59. 
=  »  Mari.  XIV,  passim.  =  '»  Van.  H.  11.  Hl,  Ifi.  =  i>  C.rutcr.  p.  622. 


LETTRE  XIV.  TAW 

quiers  '.  En  effet,  le  Forum  est  le  centre  des  affaires  sérieuses;  on 
n'y  vient  que  pour  s'occuper  de  procès,  d'intrigues  politicjues,  de- 
nouvelles,  de  ventes,  de  prêts,  d'usures  d'argent,  de  rembourse- 
ments, etc.;  on  n'a  pas  le  temps  d'y  penser  aux  futilités  ;  voilà  pour- 
quoi les  marchands  se  sont  réfugiés  en  deçà  delArc  de  Fabius,  quar- 
tier moins  bouillant ,  moins  agité,  où  les  passants  peuvent  s'arrêter, 
voir,  et  se  laisser  tenter. 

Si  le  Forum  est  comme  un  lieu  mort  pour  les  vendeurs  d'objets 
de  luxe,  en  revanche  les  taverniers  l'ont  comme  cerné,  car  à  l'autre 
extrémité,  au  midi,  dans  le  Vélabre,  Vicus  Tuscus  est  habité  par 
les  marchands  de  soieries  ^  La  soie  est  une  espèce  de  laine  très- 
tine,  que  les  Sères,  peuple  d'Asie,  récoltent  sur  les  feuilles  des  arbres 
de  leurs  forêts  ^  *.  11  y  a  encore  dans  ce  quartier  des  parfumeurs* 
et  des  pigmentaires.  Ces  derniers  sont  des  débitants  de  drogues, 
telles  que  la  ciguë,  la  salamandre,  l'aconit,  les  chenilles  de  pin,  la 
buprestis,  la  mandragore,  les  cantharides  °,  etc. 

Vis-à-vis,  ou  plutôt  en  parallèle,  au  pied  du  mont  Capitolin,  der- 
rière le  temple  et  le  Trésor  de  Saturne,  le  quartier  d'xirgilète  est 
peuplé  de  marchands  de  chaussures  ^  élégantes,  dont  les  jeunes  gens 
et  les  femmes  se  font  une  parure. 

Les  taverniers  sont  encore  très-bien  placés  dans  ces  deux  en- 
droits :  non-seulement  ils  se  trouvent  aux  deux  débouchés  du  Forum 
de  ce  côté,  mais  encore  en  partie  sur  le  chemin  du  Champ-de-Mars, 
quartier  très-fréquenté,  lieu  de  récréation  et  d'affaires  pour  la  ville, 
rendez-vous  quotidien  des  riches  bien  plus  encore  que  des  pauvres. 
En  se  reliant  ainsi  au  Champ-de-Mars,  leurs  tavernes  font  comme 
une  longue  traînée  de  luxe,  car  dans  cette  ville  aux  monuments, 
plusieurs  des  beaux  portiques  qui  la  décorent  servent  encore  de  re- 
fuge à  tous  ces  pourvoyeurs  de  l'opulence,  et  c'est,  par  exemple  au 
portique  des  Argonautes  ou  de  Neptune  («),  livès  des  SejJta  Julia, 
qu'on  trouve  les  marchands  de  riches  habits^. 

Les  environs  des  Théâtres,  des  Cirques,  des  Bains,  et  générale- 
ment de  tous  les  lieux  où  le  peuple  se  réunit  en  masse,  sont  envahis 
par  les  marchands  de  vins,  les  débitants  d'aliments  cuits**,  les 
salsamentaires,  vendeurs  de  porc  salé^  et  les  bolulaires,  vendeurs 

»  Til.-Liv.  1,  55  ;  IX,  7  ;  XXVI,  11.—  Vilruv.  V,  1.—  Flor.  H,  6.—  D.  Halic.  HI,  68. 
—  Plan  et  Desrript.  de  Rome,  n»  130.  =  '^  Mail.  XI,  28.  =  *  Viig.  Georg.  II,  v.  121.— 
Plin.  VI,  17.  ='»  Hor.  II,  S.  5,  v.  226  ;  II,  Ep.  1,  v.  269.  =  s  Digesl.  XLVIII,  lit.  8, 
Icg.  2,  §3.  =  6  Mart.U,  17.  =  T /rf.  x,  87.  =»  Plaul.  Pœnul.  piolog.  v.  41. —  Hor.  I, 
F.p.  14,  V.  21.- Mari.  V,7I.  =  «  Snlsamentaiii.  Siiei.  Hor.  \  il.  ("Plan  de  Rome,  n"  170. 


350  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

de  boudins ^  Dans  le  Vélabro  majetu*,  j)i('s  du  Fornni  Piscanum("], 
on  trouve  les  pàlissiors,  les  boucliers^,  i:l  les  niarcjiands  d'huile'. 

Après  le  choix  de  l'enj placement,  il  y  a  encore  deux  choses  très- 
importantes  observées  par  les  marchands  pour  faire  distinguer  leurs 
tavernes  entre  elles,  c'est  l'enseigne,  et  Y nculifère ou  étalage*.  L'en- 
seigne se  compose  ordinairement  d'un  tableau  peint  à  la  brosse,  avec 
de  la  cire  rouge,  et  représentant  soit  quoique  combat  *,  soit  quelque 
figure  hideuse*.  C'est  encore  quelquefois  un  petit  bas-relief  en  terre 
cuite,  dont  le  sujet  est  relatif  à  la  profession  du  tavernier"'.  L'oculi- 
fère,  supplément  ou  complément  de  l'enseigne,  consiste  dans  une 
exhibition  ingénieusement  arrangée,  des  marchandijies  en  vente. 
Afin  de  mieux  frapper  la  vue  des  passants,  de  séduire  les  curieux, 
de  tenter  les  acheteurs,  on  leur  barre  pour  ainsi  dire  le  passage  en 
formant  cet  étalage  sur  la  façade  de  la  taverne  *,  en  dehors  de  la 
porte,  et  quelquefois  empiétant  sur  la  voie  publique. 

Les  états  de  luxe  sont  naturellement  ceux  auxquels  cela  réussit 
le  mieux  ;  cependant  les  autres,  même  ceux  qui  paraissent  se  prêter 
le  moins  à  ce  genre  de  séduction,  ont  aussi  leur  montre  :  le  mar- 
chand de  vin  étale  des  bouteilles,  enchaînées',  pour  les  garantir 
contre  les  voleurs'",  et  suspend  à  sa  porte  un  rameau  de  lierre^';  le 
boucher  expose  sa  viande  en  dehors'^,  et  quand  c'est  de  la  chèvre, 
la  pare  avec  quelques  petits  rameaux  de  myrte  '^  indice  que  l'animal 
dont  elle  provient  a  été  élevé  dans  un  pâturage  planté  de  cet  arbuste, 
et  que  la  chair  en  sera  plus  tendre;  le  marchand  d'aliments  cuits 
place  des  vulves  de  truie,  des  foies,  des  œufs,  et  en  général  un  échan- 
tillon de  tous  les  menus  mets  qu'il  débite,  dans  des  vases  de  verre 
pleins  d'eau,  où,  par  un  effet  d'optique  assez  simple,  ils  paraissent  plus 
gros  qu'ils  ne  sont  en  effet'*;  dans  la  taverne  du  salsamentaire,  des 
centaines  de  jambons  ou  de  pièces  de  lard  pendent  du  plafond;  dans 
d'autres  on  voit,  accrochés  aux  murs,  des  bottes  de  légumes,  ou  des 
fromages  ronds  traversés  dans  leur  centre  par  un  brin  de  genêt '^*. 
Grâce  à  cette  coutume  des  petits  commerçants,  Rome  ressemble  à 
une  taverne  immense  '*. 

Chaque  espèce  de  taverne  à  son  nom  propre  :  on  nomme  Popinœ 

1  Botularii.  Senec.  Ep.  56.  =2  pjaut.  Curcul.  IV,  1,  v.  6,  21.  =  '  W.  Captiv    III,  1, 

V.  29.  — l'ian  et  Ûesciipt.  de  Home,  n"  100.  =  '■  Oruliferium.  Senec.  Ep.  33.  —  -^  Cic 
ad  Allie.  XVI,  11.  —  Hor.  Il,  S.  7.  v.  97.  =«  Cic.  de  Oral.  II,  66.  —  Quinl.  Insl.  Oral. 

VI,  5. — Pliii.  XXXV,  4.  =  ■<  Mazois,  Ruin.  de  l'ompei,  t.  II,  pi.  46.  =  8  Senec.  Ep.  55. 
=  9Marl.  VII,  60.=  ">  Conjecluie.  —  n  P.  Syi.  Scnlenl.  =  12  Maii./éirf.  =  1  >  Alhenae. 
XIII,  p.  568.  =  14  iMacrob.  Saliiin.  VU,  U.  =  13  Virg.  iMor.  v.  56.  =  16  Roma  magna 
taberna  fuit.  Mart.  VII,  60.  {<*)  Plan  de  Rome,  n"  101. 


LETTRE  XIV.  551 

celles  où  l'on  vend  des  aliments  cuits*.  Ce  nom  vient  de  la  manière 
dentelles  s'approvisionnent  ordinairement  :  ks popes,  sacrificateurs 
viclimaires,  vendent  aux  taverniers  leur  part  des  victimes,  (h;  là  le 
nom  de  Popinœ  donné  aux  petits  établissements  où  se  débitent  ces 
viandes-.  Les  taverniers  s'approvisionnent  encore,  mais  sans  trop 
s'en  vanter,  avec  les  chairs  des  sangliers,  des  cerfs,  et  des  ours, 
que  l'on  fait  combattre  contre  des  hommes  dans  certaines  fêtes 
publiques.  On  ne  peut  songer  sans  frémir  qu'un  homme  qui  mange 
de  l'ours,  e^chale  ensuite  l'odeur  de  cette  viande  nourrie  du  sang  et 
repue  de  la  chair  d'un  autre  homme'  ! 

C'est  dans  les  Popinœ  que  se  prépare  la  nourriture  du  peuple, 
des  esclaves*  et  des  artisans.  On  y  trouve  tous  les  comestibles  dont 
ils  composent  ordinairement  leurs  repas  :  des  lupins^  pois  cuits  à 
l'eau,  et  qui,  mangés  froids,  nourrissent  et  désaltèrent  tout  en- 
semble^; des  ciçers'',  autre  sorte  dp  pois  qu'on  vend  bouillis^  ou 
frits®;  des  fèves  '"  avec  leurs  cosses  ",  ou  des  choux  crus,  et  quelques 
autres  légumes  assaisonnés  dans  du  vinaigre  '-;  des  noix'';  ûe.Và  po- 
lenta de  farine";  des  bettes *%  dont  la  fadeur  naturelle  disparait  dans 
une  sauce  composée  de  vin  et  de  poivre*^;  des  têtes  de  moutons 
bouillies''^,  et  surtout  de  la  viande  de  porc'*  et  des  saucisses'^  dont  ils 
sont  grands  amateurs*,  le  tout  avec  force  ail,  force  ciboule-",  et 
autres  ingrédients  extrêmement  relevés-',  et  accompagné  d'un  pain 
grossier--  de  froment  ou  d'orge-^  que  Ton  nomme  pain  plébéien-''. 

Les  petites  gens  trouvent  à  se  rassasier  dans  ces  tavernes  pour 
deux  as  environ-^  (").  Les  aliments  y  sont  toujours  prêts,  et  en  cuisson 
perpétuelle  et  publique.  Une  espèce  de  table  en  maçonnerie,  dans 
laquelle  sontscellés  quatre  ^^  urnes  "('') ,  grands  vases  de  terre  cuite,  qui 
servent  à  conserver  les  comestibles  *,  occupe  presque  toute  la  devan- 
ture de  la  taverne.  En  retour  d'équerre  est  un  fourneau  {')  où  une 


1  Macrob.  Salurn.  VU,  14.— Hor.  II,  S.  A,  v.  62.— Juv.  S.  11,  v.  81.  etc.  =2Propeit. 
VI,  3,  V.  62.  — Serv.  in^neid.  ni,  V.  231.  =  ^ierluli.  Apolog.  9.=  iHoi'.  I,  Kp.  14,  v. 
21.  —  Cic.  in  Milo.  24.  —  Columel.  1,  8.  —  Senec.  Ep.  18.  =  3  Hor.  Il,  S.  5,  v.  182. 
=  6  piin.  XXXV,  10.  =  "  Hor.  Ibid.  —  Pers.  S.  5,  v.  177.  =»  Madidum  Cicer.  Mari. 
1,  42.  =  9  Hor.  Art.  poet.  v  249.  =  i»  Id.  U,  S.  3.  v.  132.  —  Columel.  X,  v.  113.  — 
Juv.  S.  3,  V,  292.  — Mail.  X,  48.=  >i  Juv.  Ibnl.  =  12  /6id.— Plin.  XIX,  4.=  »*  Hor.  Art. 
poel.  V.  249.  =  14  Senec.  Ep.  18.  =  i^  Mart.  XIII,  15.  — l'ers.  S.  5.  v.  115.  =  '6  .Mart. 
Ibid.  =  "Juv.  S.  5,  v.  294.  =  18  varr.  P..  H.  Il,  4.— Polyb.  Il,  5.— Sirab.  V.  p.  217; 
ou  140,  Ir.  fr.=  i9  Mari.  1,  42.=  i»  Plaul.  Pœiiul.  V,  .=>,  v.  53.=2iIlor.  Il,  S.  4,  v.  62  = 
2^  Pers.  S.  3,  v.  112  =  *3  Senec.  Ep.  18.  =  -*  Panis  plebeius.  Senec.  Ep.  119.  = 
2°  Uipondio  Satur.  Senec.  Ep.  18.  =  ^6  Jlazois,  Kuin.  de  Pompei  ,  l.  II,  pi.  45.= 
-'•  Digcsi.  XXXIII,  lit.  7,  leg.  15.  (")  12  ccnlimes.  ('')  Vase  de  la  contenance  de  13  Jiues 
00r>.  (<  )  Voy.  Lettre  IX,  le  Plan  de  la  Jlaison  de  Mamurra,  n»  5. 


552  HOME  AU  SIÈCLE  D'AUGLSTE. 

femme*  fait  la  cuisine;  et  derrière  le  fourneau,  trois  gradins  couvert;, 
(le  diverses  petites  mesures  de  capacité  ^ 

Ces  humbles  établissements,  où  il  fait  une  chaleur  étoufiante*, 
et  dans  lesquels  règne  une  malpropreté  extrême*,  sont  les  asiles  de 
la  joie,  le  rendez-vous  des  esclaves ^  qui,  pendant  que  leurs  maîtres 
soupent  en  ville,  ou  se  récréent  à  quelque  fêle  publique  où  ils  les  ont 
conduits,  viennent  les  attendre  dans  ces  endroits •,  Assis  sur  des 
bancs  ^  ils  y  passent  le  temps  à  boire  du  vin  ',  surtout  du  vin  cuit  de 
l'île  de  Crète  **,  ou  de  Yalica,  boisson  de  grains  fermentes  '";  à  manger 
des  gâteaux",  à  jouer  aux  dés'-,  à  raconter  tout  ce  qui  se  passe  dans 
la  maison  dont  ils  font  partie,  et  à  médire  de  leurs  maîtres,  pour  se 
venger  des  mauvais  traitements  qu'ils  en  endurent'*.  Une  servante 
du  lieu  récrée  aussi  quelquefois  ces  hôtes  passagers  par  une  danse 
lascive  qu'elle  accompagne  du  bruit  des  crotales'*  :  c'est  une  petite 
imitation  de  ce  qui  se  passe  chez  les  riches.  Souvent  une  misérable 
courtisane  prend  une  flûte,  et  la  troupe  servile  se  meta  bondir'*  en 
faisant  retentir  l'air  de  paroles  assorties  à  la  scène  de  ces  ébats'*. 

Les  Popinœ  sont  le  repaire  de  tout  ce  que  Rome  a  de  plus  vil,  de 
plus  misérable,  de  plus  abject  :  on  y  trouve  souvent  des  voleurs,  des 
assassins,  des  marmiers,  des  esclaves  fugitifs,  parmi  des  bourreaux, 
des  faiseurs  de  cercueils,  et  des  prêtres  de  Cybèle  étendus  et  ron- 
flant à  côté  de  leurs  muettes  cymbales''',  qu'ils  vendent  quelquefois 
pour  satisfaire  leur  intempérance  ''.  Les  maîtres  de  ces  tavernes  ne 
paraissent  pas  d'une  condition  plus  relevée  que  ceux  qui  les  fréquen- 
tent, si  j'en  juge  par  leur  tenue  :  ils  sont  ordinairement  nus,  avec  un 
simple  caleçon  '^;  les  moins  misérables  ont  une  tunique  de  lin  -**. 

11  y  a  un  autre  genre  de  tavernes  pour  les  gens  d'une  condition 
un  peu  plus  relevée,  quoique  encore  inférieure  :  ce  sont  les  Thenno- 
poles.  On  y  vend  des  boissons  chaudes,  du  vin  cuit,  du  vin  doux,  de 
l'hydromel  et  du  miel-'.  Les  habitués  des  Thermopoles  sont  ])articu- 
lièrement  des  Grecs,  espèce  de  faux  philosophes  qui,  enveloppés  de 
leur  Pallium,  se  couvrant  soigneusement  la  tète,  et  chargés  de  livres 
et  de  sportules,  s'arrêtent  pour  discourir  entre  eux  à  la  dérobée, 

*  On  l'appelait  Facaria.  DigcsI.  XXXIII,  til.  7.  =  *  Mazois,  Ruin.  de  Pompcï,  til.  H, 
pi.  13.  =  3  Juv.  S.  11,  V.  81.  =  ♦  ImmundcT  popinae  Hor.  U,  S.  4,  v.  62;  L'nria  po- 
popiiia.  M.  1,  Ep.  14.  V.  21.  =  s  Ibid.  — Cic.  in  Milo  2-4.  —  Columel.  I.  8.  =::  C  Plaut. 
Pœnul.  prolog.  v.  41.  ="  Mari.  V,  71.  =;  »  Hoi.  I,  Kp.  14,  v.  21.  =»  Mari.  MM,  106. 
—  1"  Ibid.  6.  —  11  Plaul.  Ibid.  — Wov.  11,  S.  7,  v.  102  =  I2  Mari.  V,  83.  —  lî  Juv.  S. 
9,  V.  105.  =  14  Virg.  Cop.  v.  1.  =  '5  Hor.  1,  Ep.  14,  v  25.  —  ^^  Id.  .\il.  poel.  v.  229. 
=  17  Juv.  S.  8,  V.  172.=  18  Mail.  XIV.  204.=  i9  Pliilost.  vil.  Apollon.  IV,  42.=  20  /rf. 
Fpisl.  2:i.  =  il  Plaul.  Pspudol.  11,  4,  v.  .52:  Uud.  11,  6,  v.   46. 


LKTTRR  \iv.  r>:u> 

vous  ferment  le  passage,  et  vous  assomment  de  sentences.  Ont-ils 
enlevé  ou  amassé  quelque  chose,  ils  boivent  chaud,  en  couvrant  leen- 
tête  légère,  et  quand  ils  ont  bien  bu,  s'en  retournent  à  demi  ivies, 
dissimulant  leur  ivresse  sous  un  air  mélancolique  '. 

Les  Tavernes  Vinariœ  sont  celles  où  des  marchands  détaillent 
aux  personnes  qui  n'ont  point  de  provisions  chez  elles^  des  vins  de 
toutes  qualités^  qu'assez  ordinairement  ils  mélangent  d'eau,  pour 
augmenter  leur  bénétice*,  ce  que  le  peuple  de  notre  pays,  si  pas- 
sionné pour  le  vin*,  regarderait  comme  un  véritable  empoisonne- 
ment®. Elles  sont  fréquentées  par  la  plèbe,  qui  souvent  même  y  passe 
la  nnif. 

Un  endroit  que  je  n'ai  point  mentionné,  et  où  l'on  trouve  encore 
beaucoup  de  belles  tavernes,  surtout  pour  les  objets  d'art  et  de  luxe, 
c'est  la  Villa  publica,  particulièrement  du  côté  de  la  place  des  Septa 
Julia  *.  Les  curieux,  les  amateurs  s'y  portent  en  foule,  et  la  réunion 
de  ces  tavernes,  où  Rome  étale  les  trésors  de  son  opulence,  provoque 
bien  des  tentations,  éveille  bien  des  désirs,  et  double  les  regrets  de 
celui  que  la  modicité  de  sa  fortune  force  de  passer  devant  tant  de 
belles  choses  sans  pouvoir  rien  acheter. 

Ce  fut  dans  une  de  ces  tavernes  que  j'appris  à  connaître  la  pourpre, 
sur  laquelle  lu  me  demandes  quelques  détails.  Cette  étoffe  précieuse 
est  foncièrement  rouge,  mais  d'un  rouge  qui  varie  depuis  la  teinte  la 
plus  éclatante  jusqu'à  la  plus  sombre.  Au  commencement  de  ce 
siècle  on  préférait  celle  qui  tirait  sur  le  violet  ;  puis  Técarlate  devint 
en  honneur*.  Maintenant  on  considère  comme  la  plus  belle  celle  qui 
a  la  couleur  du  sang  flgé^  paraît  noirâtre  de  face,  et  brillante  re- 
gardée devant  le  jour  '".  Cette  belle  pourpre  s'expédie  de  Tyr,  ville 
d'Asie '^  Elle  est  de  beaucoup  supérieure  à  l'écarlate  qui  se  fabrique 
en  Italie  môme,  à  Tarente*^  La  pourpre  lyrienne  est  teinte  dâusune 
liqueur  qui  vaut  plus  de  mille  deniers  (")  la  livre  "  ;  c'est  une  véritable 
essence,  obtenue  par  la  cuisson  jusqu'à  évaporation  de  quinze  par- 
ties de  liquide  sur  seize'*.  Un  poisson  de  mer,  appelé /jowrjore,  fournit 
cette  riche  teinture'^;  il  la  porte  dans  une  petite  veine  blanchâtre 

'  Plaut.  Curcul.  II,  5,  v.  9.  =iC\c.  in  Piso,  27.  —  Plul.  Marins,  ii.  —  Appian.  de 
Bell.  civ.  I,  p.  662.  =  3  Varr.  ),.  L.  VUI,  g  53.  —  Non.  Marcell.  v.  tabernas.  —  '*  Mart. 
I,  S7;  III,  57.  =  s  Amm.  Marcell.  XV.  12.  — Uiod.  Sicul.  V,  p.  504.  —  Polya>n.  Slra- 
lag.  Vlil,  25.  =  "Quodilli  venenum  esse  aibitrabanlur.  Amm.  Marcel!.  Ihid.  ='  Id. 
XIV,  6.  =  8  piin.  IX,  39.  =  9  Ihid.  38.  =  lûyiirf.—Macrob.  Satur.  Il,  '..  =  n  Macrob. 
Ibid.  —  Hor.  I,  Kp.  10,  v.  26  ;  II,  S.  i,  v.  84.  —  Tibull.  II,  4,  v.  28  ;  IV,  2  v.  11.  — 
Plin.  Id.  56,  38,  39.  =:  12  Plin.  Id.  38.=  13  Ihid.  39.=  i^  Ihid.  38.  =is  Ibid.  36. -Vi- 
liuv.  Vil,   15.   :«)  776  f.  50  r, 

I.  ;23 


:,:,\  ROMi'  Ail  .sii:c[.r  dwikuiste. 

sitiK'O  an  niilioii  do  son  i-iisici",  et  su  coiilein-  naturelle  est  un  rose 
«il).seur.  Los  pêchenrs  làclienl  do  piondro  les  pourpres  vivantes, 
parce  que  ce  n'est  qu'au  moment  de  mourir  quelles  dégorgent  leur 
suc.  On  tire  les  grandes  de  leur  conque  pour  le  leur  enlever^  ;  les 
petites  sont  éoraséos  dans  la  conque  n)ènie,  et  d'un  seul  coup,  sans 
cpioi  la  liqueur  tinctoriale  ne  vaudrait  rien  ^.  La  belle  pourpre,  qui 
est  une  nuance  combinée  du  violet  et  de  l'écarlaie,  s'obtient  par 
un  mélange  do  deux  tiers  de  suc  de  buccin,  autre  poisson  de  mer, 
avec  la  véritable  pourpre  ^  On  imite  cette  teinture  à  Aquinum, 
ville  du  Latium*^;  mais  un  connaisseur  un  peu  exercé  reconnaît 
aisément  l'imitation^. 

La  Yilla  publica  fait  le  malheur  de  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  assez 
raisonnables  pour  régler  leurs  désirs  sur  leur  bourse.  J'y  ai  vu  des 
amateurs  arrêtés  devant  des  coupes  de  myrrhe  jaspées,  devant  de 
jeunes  esclaves,  devant  des  meubles  de  bois  de  citre,  verser  dos 
larmes  de  regret  de  ne  pouvoir  les  acquérir  ^ 

Un  autre,  c'est  Albius'',  après  avoir  passé  tous  les  étalages 
en  revue,  les  avoir  mangés  des  yeux",  rassasié  de  cet  examen, 
entre  enfin  dans  une  des  plus  riches  tavernes.  Il  examine  des 
tables,  des  vases  couverts,  et  des  patelles  en  jolie  terre  rouge, 
fabriquées  à  Cumes^;  des  coupes  d'argile  de  Sagonte"*  ou  de  Sur- 
rente  ^\  demande  un  riche  meuble  d'ivoire  placé  tout  en  haut  de 
la  montre,  prend  jusqu'à  quatre  fois  la  mesure  d'un  Hexaclinon  (lit 
de  festin  à  six  places)  enrichi  d'écaillé,  et  se  désole  de  ne  le  point 
trouver  assez  grand  pour  sa  table  de  citre.  Il  consulte  son  nez  '^  pour 
savoir  si  des  vases  d'un  vert  clair  ^'  sont  vraiment  d'airain  do  Corin- 
the*,  matière  plus  précieuse  que  l'or^*  (on  a  vu  un  vase  de  cet  airain 
vendu  aussi  cher  qu'un  fonds  de  terre'^)  ;  il  critique  des  statues  de  Po- 
lyclète^"  dos  plats  de  la  main  d'Évandre''' ;  se  plaint  de  ce  qu'on  a 
gâté  la  pureté  du  cristal  par  l'alliance  d'un  verre  de  moindre  valeur. 
Cependant  il  a  mis  à  part  dix  coupes  de  Murrhe  '" ,  et  il  considère 
sous  toutes  les  faces  ces  vases  fragiles,  que  les  Romains  aiment  avec 
passion  et  font  venir  de  TOrient  et  surtout  du  royaume  des  Parlhes*', 
où  on  les  fabrique  avec  une  matière  cuite  au  feu^",  dont  on  ignore 

iPlin.  IX,  36.  =  2  7è,d._^lian.  de  animal.  XVI,  1.  =3piin.  /</.  38.  =  *  M.  III,  11. 
—  Sil.  liai  VIII,  V.  402.  =  «Hor.  I,Ep.  10,  v.  26.  =  6Mart.  X,  80  =  ^  Hor.  I,  S.  4.  v.  28. 
=  8  0culis  comedit.  Mari.  IX,  60.=  9  Tibull.  II,  6,  v.  50.  —  Mart.  XIV,  lU.  =  1»  Mari. 
/(/.  108;  VIII,  6.  =  1»  Id.  XIV,  102.  =  i2  Hor.  I,  S.  3,  v.  90.  =  «3  Pausan.  XXXVII, 
p.  55.  =»^  Slal.  Sylv.  II,  2,  v.  68.  =  '3  cic.  pro  Sext.  Rose.  46.  =  i»  Mari.  IX,  60. 
=  "Hor.  Ibid.  =i8Mart.  Ibid.  =  19  Propert.  IV,  5,  v.  26.  —  Plin.  XXXVII,  2.  = 
2»  Propert.  Ibid. 


LETTRE  XIV.  355 

la  composition.  H  les  tlaire,  car  un  de  leurs  mérites  est  d'être  odo- 
rants; il  se  mire  dans  leurs  parois  plutôt  luisantes  qu  éclatantes;  il 
fait  admirer  à  plusieurs  personnes  qui  l'entourent  comme  ces  déli- 
cieux calices'  sont  mélangés  de  taches^  purpurines  et  blanches,  en- 
tremêlées d'une  troisième  couleur,  nuance  des  deux  autres,  et  où 
Ton  voit  la  pourpre  tirant  sur  le  feu,  et  le  blanc  prenant  une  teinte 
rouge;  il  vante  dans  les  uns  les  bords  chatoyants  et  certains  reflets 
pareils  à  ceux  de  Tarc-en-ciel  ;  dans  d'autres  des  points  glaceux^;  il 
fait  observer  que  dans  tous  il  n'y  a  rien  de  transparent*,  rien  de  pâle, 
et  que  nulle  part  la  pâte  n'est  déshonorée  soit  par  des  grains,  soit 
par  des  inégalités  en  creux*.  Il  aperçoit  une  de  ces  coupes  plus 
grande  que  les  autres,  et  de  la  contenance  des  trois  Sextarii  (")  ;  il 
la  reconnaît  pour  avoir  appartenu  à  un  consulaire,  qui,  par  un  excès 
de  passion,  en  a  rongé  les  bords  ^.  Ces  objets  de  luxe  acquièrent  de 
la  célébrité,  et  par  conséquent  du  prix,  lorsqu'ils  ont  été  possédés 
par  une  succession  d'amateurs  de  bon  goût®.  Il  marchande  le  pré- 
cieux morceau,  qu'en  raison  de  cette  circonstance  on  lui  fait  la 
somme  énorme  de  soixante-dix  talents  [^)  !  «  Ce  n'est  point  trop, 
dit-il,  elle  vaut  "au  moins  cela'^.  »  Le  marchand  ne  se  sent  pas  d'aise  de 
voir  un  amateur  si  facile  ;  il  a  peine  à  respirer  tant  il  éprouve  de 
contentement,  et  lâche  un  peu  la  ceinture  qui  tient  sa  tunique  re- 
troussée*; un  mouvement  machinal  lui  conduit  aussi  la  main  à  la 
bourse  qu'il  porte  pendue  au  cou'.  Mais  Albius  passe  à  d'autres 
cratères  admirablement  ciselés  "*,  il  en  prend  deux  qui  ont  appartenu 
à  Lucius  Crassus  auquel  ils  coûtèrent  cent  mille  sesterces  "  {'■)  ;  il  s'ar- 
rête ensuite  à  des  pendants  d'oreille  dont  il  compte  les  émeraudes 
enchâssées  dans  un  fdigrane  d'or;  il  cherche  sur  chaque  tablette  de 
véritables  sardoines,  et  met  un  prix  aux  jaspes  de  la  plus  grande  di- 
mension. Enfin,  excédé  d'une  visite  qu'il  prolonge  jusqu'à  la  onzième 
heure  if),  il  achète  deux  calices  qu'il  paie  un  as  ("),  et  se  retire  en  les 
emportant  avec  lui*^ 

Tous  ces  petits  marchands  qui  occupent  les  tavernes,  tous  les  ar- 
tisans qui  travaillent  dans  une  officine,  sont  ici  fort  méprisés.  Ce 
mépris  s'étend  plus  ou  moins  sur  la  race  des  commerçants  en  géné- 


»  Plin.  XXXVn,   2.  =  2Plin.  Ibîd.—Uan.   X,    80.  =  »  Plin.  Ihid.  =  <*  Ibid.  —  Mart. 

IV.  86.  =  5  Plin.  Ibid.  —  6  Senec.  de  Tranquil.  anira.  1.  =  '^  Plin.   Ibid.  =  »  Ov.  Fast. 

V,  V.  675.  =9  Plaul.  Trucui.  III,  1,  v.  7.  =  loPropert.  1,  14,  v.  2.  — Mart.  IX,  60.  = 
•1  Plin.  XXXIII,  11.  =  12  Mari.  Ibid.  («)  1  litre  62  centilitres.  C")  S6.Ï.167  fr. 
.')  19,400  fr.    {<i)  7  heures  du  soir.  ['■)  6  centimes. 


5r.n  ROMIC  AU  S,\\XIE  D'AUGUSTE. 

rai;  celui  qui  trafique  en  grand',  le  Négociant,  comme  on  l'appelle*, 
qui  exerce  une  industrie  profitable  à  la  république,  n'est  pas  encore 
complètement  estimé  \  Voilà  sans  doute  pomYjuoi  il  n'y  a  j^uère  à 
Rome  d'autre  commerce  que  celui  de  consommation,  celui  des  ob- 
jets à  l'usage  journalier  de  la  vie  *.  Les  citoyens  qui  veulent  com- 
mercer en  grand  et  d'une  manière  lucrative,  le  font  dans  les  pro- 
vinces, en  Ligurie  °,  dans  la  Gaule  ^  en  Espagne  '',  dans  la  Sicile  ^ 
en  Egypte  *,  en  Afrique  '",  en  Asie  "  et  jusque  dans  les  Indes  '^ 
Mais  ceux  qui  se  livrent  à  ce  négoce  sont  en  quelque  sorte  répudiés 
par  leur  patrie,  et  comme  si  on  ne  voulait  plus  voir  en  eux  des 
citoyens  Romains,  mais  des  étrangers  ",  on  les  appelle  Fspagnoh, 
Siciliens,  etc.,  suivant  la  contrée  où  ils  trafiquent'*. 

«  Je  fais  cas  d'un  marchand  actif  qui  travaille  à  agrandir  sa  for- 
tune'*,  »  a  dit  le  vieux  Caton;  on  se  tromperait  beaucoup  si  l'on 
prenait  cette  parole  pour  l'expression  d'une  opinion  générale,  car 
de  tout  temps  les  Romains  ont  eu  le  commerce  en  aversion  *.  Le 
peu  d'estime  qu'ils  en  font  tient  à  leur  origine,  et  par  suite  à  leurs 
mœurs.  La  petite  bande  de  pâtres  fugitifs  qui  vint  fonder  Rome  sur 
le  mont  Palatin,  était  habituée  à  vivre  de  violence  et  de  rapine. 
Lorsque  la  ville  fut  constituée  en  corps  d'État,  Romulus  voulant  en- 
tretenir chez  ses  sujets  cet  instinct  guerrier,  leur  défendit  toutes 
les  professions  qui  tendaient  à  les  détourner  du  métier  des  armes,  et 
notamment  le  commerce  et  les  arts  mécaniques'^.  Le  règne  pacifique 
de  Numa  ne  fut  qu'une  trêve,  après  laquelle  les  agitations  de  la 
guerre  reprirent  avec  une  nouvelle  ardeur.  Rome  était  trop  petite 
encore  ;  il  lui  fallait  ou  s'agrandir  ou  succomber,  et  par  nécessité, 
elle  devint  envahissante.  Tu  sais  comment  d'exploits  en  exploits,  et 
de  conquête  en  conquête,  la  vie  de  la  nation  romaine  ne  fut,  pour 
ainsi  dire,  qu'un  long  duel  successif  avec  tous  les  peuples  de  la  terre. 
La  guerre  devint  la  pensée  constante,  l'occupation  perpétuelle  de 
Rome,  et  quelquefois  presque  un  moyen  de  gouvernement  à  l'inté- 
rieur. Carrière  ouverte  à  tous,  commandée  même  par  les  lois  sur  le 

•  Cic.  de  Offic.  1,  42.  =  2  Xegoliator.  Id.  pro  Font.  4  ;  pro  Plane.  26  ;  pro  Place.  29; 
in  Verr.  H,  3  ;  in  Valin.  5,  ele.  =  ^  Id  de  Olfie.  I,  ki,—  *Calo.  R.  R.  135.— Mart.  XIV, 
143.=  ^Slrab.  V,  p.  217;  ou  140,  Ir.  h.=^Id.  IV,  p.  121;  ou  16,  tr.  fr.— Caes.  de  Bell, 
r.all.  VU,  3.— Cic.  pro  Font.  4.  =  "  Sirab.  111,  p.  144;  ou  409,  Ir.  fr.  —  Paul  ap.  Fest. 
V.  Corinlhienses.  ^  *  Cic.  in  Verr.  Il,  3  ;  IV,  20;  pro  Plane.  26.  =  ^  Sirab.  XVH, 
p.  793;  ou  334,  tr.  fr.  =  toPateicul.  II,  11.  —  Appian.  de  Bell.  civ.  V,  p.  1128.  = 
1"  Cie.  pro  Place.  29.=  »2  Hor.  I,  Ep.  1,  v.  43.— Virg.  Georg.  1,  v.  57.  —  Pers.  S.  5, 
V.  134.=  13  cjp.  pro  Place.  29.  =  1*  Paul.  ap.  Fest.  v.  Corinlhienses.  =  15  Caio.  R. 
H.  proœm.  =  '«!).  Halic.  H,  28  :  IX,  2.".. 


I.I<;TTKE  XIV.  557 

service  militaire,  on  s'y  jetait  avec  d'autant  plus  d'ardeur  qu'un  ('tait 
encouragé  par  des  succès  toujours  nouveaux.  x\u  milieu  de  cet  en- 
traînement général,  le  commerce  fut  et  dut  être  délaissé;  ceux  qui 
s'y  livraient,  être  méprisés  par  leurs  concitoyens,  passer  à  leurs  yeux 
pour  des  gens  à  sentiments  bas,  sans  énergie  comme  sans  noblesse 
dans  le  caractère  ;  enfin  pour  des  bonnnes  qui  dans  leurs  relations 
acceptaient  une  position  d'égalité  ou  d'infériorité,  au  lieu  de  recher- 
cher celle  du  conquérant  et  du  maître,  de  préférer  une  profession 
qui  non-seulement  illustrait  la  patrie,  mais  pouvait  donner  en  mémo 
temps  la  gloire  personnelle,  l'aisance,  la  richesse,  et  jusqu'à  la  plus 
splendideopulence.Eneiiét  si  l'on  veut  examiner  l'origine  des  grandes 
fortunes  de  Rome,  on  verra  qu'elles  ont  été  toutes  acquises  à  la  guerre 
ou  dans  les  commandements  des  provinces.  Les  moyens  employés 
pour  amasser  ces  richesses  sont,  il  est  vrai,  indignes,  souvent  aftreux, 
et  presque  toujours  déshonorants;  mais  à  Rome  ils  ne  choquent  per- 
sonne, excepté  peut-être  quelques  moralistes.  On  trouve  tout  naturel 
que  les  généraux  étant  conquérants,  ou  envoyés  pour  régir  des  pays 
conquis,  en  regardent  les  peuples  comme  leur  proie,  comme  leur 
butin.  Tant  que  ces  peuples  ne  sont  point  citoyens  Romains,  il  sont 
citoyens  conquis,  et  traités  comme  tels  de  génération  en  généi'ation, 
sans  prescription  ;  Rome  est  toujours  prête  à  répondre  à  leurs  plain- 
tes par  cette  fière  parole  que  nous  lui  avons  apprise  :  Malheur  aux 
vaincus  ! 


LETTRE  XV. 

LES  TONDECaS. 

Il  existe  ici  un  singulier  usage,  c'est  que  les  jeunes  gens  portent 
leur  barbe,  et  que  les  bommes  faits  se  la  coupent  '.  Il  semble  qu'en 
arrivant  à  Tàgc  mûr,  un  citoyen  doive  mettre  tous  ses  soins  à  cacher 
cette  preuve  de  virilité,  cette  enseigne  de  l'expérience  et  de  la  sa- 
gesse ;  en  un  mot,  que  les  vieux  doivent  paraître  jeunes,  et  les  jeunes 
vieux. 

Jusqu'à  l'Age  de  vingt  ans  ^  ou  vingt-cinq  au  plus'',  un  Romain 
laisse  croître  sa  barbe,  et  pousser  sa  chevelure,  qui  flotte  en  longues 
boucles  sur  ses  épaules,  ou  qui  est  relevée  sur  le  devant  de  la  tète  *. 
Une  fois  la  virilité  arrivée,  il  les  coupe  l'une  et  l'autre.  Cette  opéra- 
tion, qui  constate  la  sortie  de  l'adolescence,  forme  une  époque  mé- 
morable dans  la  vie  :  on  en  fait  un  sujet  de  fête  et  de  réjouissances; 
les  amis  et  les  clients  y  prennent  part,  et  signalent  leur  joie  par 
quelques  présents  qu'ils  envoient  au  nouvel  homme  *. 

Quand  l'empereur,  alors  le  jeune  Octave,  déposa  sa  barbe,  comme 
disent  les  Romains  ®,  il  célébra  cet  événement  par  une  fête  splen- 
dide,  et  donna  un  repas  à  tout  le  peuple  ''. 

Un  jeune  homme,  en  déposant  sa  première  barbe  et  ses  premiers 
cheveux,  les  recueille  soigneusement  et  les  enferme  dans  une  petite 
boite  plus  ou  moins  riche,  suivant  son  état  de  fortune  '.  11  consacre 
ces  singulières  prémices  à  quelque  divinité,  soit  Apollon  *,  soitBac- 
chus'",  soit  même  Jupiter  Capitolin  ",  ou  bien  il  les  conserve  auprès 
de  ses  dieux  personnels,  que  Ton  appelle  Lares  '^. 

Autrefois  les  Romains  de  tout  âge  portaient  leur  barbe  et  leurs 
cheveux  *^  L'an  quatre  cent  cinquante-quatre  de  la  fondation  de  la 
la  ville,  un  nommé  P.  Ticinius  Menas  eut  l'idée  d'amener  de  Sicile  à 

1  Cic.  ad  Adic.  I,  14.— Juv.  S.  6,  v.  213;  S.  8,  v.  166.  — Dion.  XLVUl,  54.=  2  Suel. 
Calig.  10.  — Mari.  IX,  78.  =  »  Dion.  Ibid.  =  *  llor.  H,  od.  3.  v.  25  ;  UI,  od.  20,  v.  14  ; 

IV,  od.  10,  V.  5;  Epod.  11,  v.  42.  =  »  Mari.  III,  6.— Juv.  S.  3,  v.  186.— Pelron.  73. 
=  6  lîyrbam  ponere.  Suet.  Califi.  10  ;  Noro.  12.— .luv.  S.  3,  v.  186.  =  '  Dion.  XLVUI, 
34.  =  »Su(>l.    Nero.    12.  —  Xipliil.  Nero.    19.  =  »  Mart.  I.   52.  —  Slal.    Tlu-baid.  VIII, 

V.  495.  =  ">  Stal.  Ibid.  =  ^  Suct.  Nero.  12.  =  '2  l'elron.  29.  =  «3  Til.-Liv.  V,  41.— 
Cic.  pro  Cœlio,  14;  de  Finib.  IV,  25.— Ov.  KasI.  Il,  v.  30.— Hor.  il,  od.  l.">,  v.  11.— 
Juv.  S.  16,  V.  51.— Varr.  R.  R.  Il,  11. 


LLTTllE  XV.  ô.'iO 

Uonie  des  harbiors,  ou  pour  parler  plus  exacleiniîiit,  des  J'ondcurs, 
parce  qu'ils  coupaient  également  la  barbe  et  les  cheveux  ',  comme 
encore  aujourd'hui  ^  La  mode  d'avoir  le  menton  ras  et  les  cheveux 
courts  régnait  depuis  longtemps  en  Grèce,  d'où  elle  avait  passé  en 
Sicile.  Elle  devint  bientôt  générale  à  Rome,  et  Scipion,  le  second 
Africain,  se  fit  couper  la  barbe  tous  les  jours  '.  Il  avait  alors  quarante 
ans,  et  son  exemple  fut  suivi  par  les  citoyens  les  plus  distingués''. 

On  prétend  que  dans  l'origine,  les  Tondeurs  commencèrent  par 
exercer  leur  industrie  en  plein  vent,  comme  ils  le  pratiquent  encore 
pour  la  plèbe  et  pour  les  esclaves  °  ;  mais  bientôt  ils  eurent  des  ta- 
vernes que  l'on  appela  tonstrines,  et  qui  finirent  par  devenir  ce 
qu'elles  sont  maintenant  des  lieux  de  réunion  pour  les  oisifs,  les  fai- 
néants et  les  nouvellistes,  qui  s'y  rassemblent  dans  le  but  de  causer 
et  de  passer  le  temps  ^. 

Les  tonstrines  sont  très-nombreuses;  on  en  trouve  dans  tous  les 
quartiers,  dans  les  plus  beaux  comme  dans  les  plus  vilains,  parce 
que  l'immense  majorité  des  citoyens,  à  l'exception  des  riches  qui 
ont  chez  eux  des  esclaves  tondeurs  "',  se  sert  des  tondeurs  publics, 
et  vient  à  la  tonstrine  *. 

Ce  genre  de  taverne  s'annonce  par  un  étalage  de  rasoirs,  de  petits 
couteaux  et  de  miroirs,  étalage  plus  ou  moins  simple,  suivant  la  répu- 
tation et  l'habileté  du  Tondeur.  I^esplus  habiles  laissent  voir  quelques 
petits  couteaux,  avec  un  seul  miroir  assez  étroit;  ceux  au  contraire 
qui  n'ont  aucune  adresse  véritable,  exposent  aux  regards  des  passants 
une  foule  de  petits  couteaux  et  de  grands  miroirs.  Ce  luxe  d'instru- 
ments n'empêche  pas  leur  inhabileté  d'être  connue,  et  ne  tente  per- 
sonne :  on  vient  se  mirer  dans  leurs  miroirs ,  mais  en  sortant  de 
faire  faire  sa  barbe  et  ses  cheveux  chez  leurs  voisins^. 

Les  tonstrines  des  gens  d'un  rang  un  peu  relevé  sont  sur  le  Forum, 
auprès  de  la  Gra3Costase^'',  c'est-à-dire  adossées  au  soubassement  de  cet 
édifice  '\  et  dans  le  beau  quartier  des  Carènes  '^;  celles  du  petit 
peuple  dans  la  voie  Subui'ane.  Souvent  dans  ces  dernières  c'est  une 
femme  qui  fait  l'oftice  de  tondeuse  ".  Ces  tavernes  sont  fréquentées 
par  tout  ce  que  la  ville  renferme  de  plus  ignoble,  des  esclaves  venant 

1  Tonsores.  Plin.  Vil,  59.  —  Vair.  R.  1!.  U,  11.  —  Mart.  VI,  52.  =  2  Hor.  I,  Ep.  I, 
V.  94.z=  3  Plin.  /*(•(/.  =  4  A.  Gell.  III,  4.  —  5  Digest.  IX,  lit.  2,  Icg.  ll.=  6Hor.  I, 
Ep.  7,  V.  50.— l'iiiul.  Asinar.  II,  2,  v.  94.  —  Poljb.  Hl,  5.  =  1  l'iul.  f.a-s.  49.  —  Mari. 
VT,  52;  VIII,  52;  XI,  59.  =8Plul.  Aulul.  IV,  2,  v.  52.— Hor.  I,  Ep.  1,  v.  92.  — Sener. 
de  Bievii.  vil.  12.  i^  9  Lucian.  Advers.  indorl.  29.=  '"  Plul.  De  Polert.  animal,  p.  33. 
=  "  Conjerliue.  =  '2  Hor.  l,Ep.  7,  v.  50.  =  13  Toiislrix.Mart.  Il,  17.— CriUer.  p.  394. 


'.(iO  HOML  AU  SikCLE  D  AUGUSTE. 

aUendre  là  les  enfants  quiis  ont  condnits  à  l'école',  des  voleurs,  qui  " 
en  font  le  centre  de  leurs  trames  et  de  leurs  criminelles  intrigues  *. 
Des  femmes  de  la  plèbe  s'y  rendent  aussi  pour  s'y  faire  coiffer*. 

Tous  les  Tondeurs  sont  curieux  et  bavards  ;  pas  un  événement  ne 
se  passe  dans  leur  quartier  qu'ils  ne  soientles  premiersà  le  connaître, 
les  premiers  à  le  répandre*.  On  reconnaît  dans  ce  caractère  Fin- 
fluence  de  la  société  singulièrement  mélangée  qui  se  rassemble  dans 
leurs  tavernes,  et  peut-être  aussi  le  besoin,  la  nécessité  où  ils  se 
trouvent  d'amuser  les  gens  qui  viennent  réclamer  leur  ministère.  Un 
jour  quelqu'un  entre  chez  un  Tondeur,  et  ce  dernier  lui  demande 
comment  il  veut  qu'on  lui  fasse  la  barbe  :  —  «  Sans  parler,  »  lui  ré- 
pond-il ^  C'était  demander  une  chose  presque  pénible. 

Voici  comment  se  pratique  le  service  de  Tondeur  :  il  commence 
par  vous  olîrir  un  siège  ^,  il  faut  que  vous  soyez  assis  pour  qu'il 
puisse  opérer  plus  sûrement,  et  vous  met  autour  du  cou  une  pièce 
de  linge  qui  retombe  sur  les  épaules  pour  garantir  vos  habits  \  Puis, 
avant  de  s'embesoigner,  il  vous  adresse  la  question  d'usage,  et  vous 
donne  à  choisir  entre  les  ciseaux*,  le  rasoir^,  elles  pinces"*,  parce 
qu'il  y  a  des  personnes  qui  se  font  tondre,  d'autres  raser,  d'autres  ar- 
racher la  barbe  ",  quoique  cette  opération  soit  fort  douloureuse  '^ 
Beaucoup  se  font  tondre  ou  raser  certaines  parties  du  \  isage,  et  épi- 
1er  les  autres''.  On  se  sert  aussi  pour  cette -dépilation  d'une  pâte 
appelée  Dropax^''  ou  Psilothrum,  dans  laquelle  il  entre  de  la  résine, 
et  qui  fait  tomber  le  poil  sans  douleur  '^ 

Donnez-vous  la  préférence  au  rasoir,  aussitôt  1" instrument  esi  tiré 
de  son  étui  **;  on  vous  présente  un  bassin  plein  d'eau,  vous  vous 
mouillez  la  barbe  pour  l'attendrir  '^  puis  l'opérateur  promène  sur 
votre  visage  sa  lame  d'acier,  qu'il  essuie  de  temps  en  temps  sur  un 
sudarium  (petite  pièce  de  linge),  pour  la  débarrasser  de  la  moisson 
barbue  qu'elle  a  fauchée  '*. 

Quand  on  veut  se  faire  parer  complètement,  le  tondeur  passe  de  la 
barbe  (c'est  toujours  par  là  qu'il  commence  '')  à  la  chevelure.  Armé 
d'un  peigne  et  de  ciseaux  -",  il  retranche  tout  ce  qui  lui  paraît  super- 

'  Terenl.  Phorm.  1,  2,  v.  39.  =  2  Plaut.  Asinar.  U,  2,  \.  94.  =  3  DJon.  XLIX,  43. 
=  4  Hor.  I,  S.  7,  V.  1.  =  ô  Plut,  de  Garrulil.  p.  25.  —  «  Digest.  IX,  lit.  2,  le^i.  11.  = 
■^Plaul.  Captiv.  II,  2,  v.  16  ;  Curcul.  IV,  4,  v.  24.  — Plut,  de  C.arulil.  p.  25.  =  »  .\xicia'. 
Plaul.  Curcul.  Ibid.  =  ^  Cullrum.  Pliii.  Vil,  39.  — Xovacula.  Petron.  94.  —  >«  Volsellae, 
Plaut.  Ibid.  V.  23.— Mart.  IX,  28.  —  i'  Siiet.  Aug.  79,  83.  — Mart.  VII,  82  ;  Vlll,  47.— 
Senec.  Ep.  114. -A.  Gell.  VII,  12  = '^  Mari.  IX,  28.  :=Ji/(/.  VIII,  47.=»*  M.  X,  63. 
=  is  Id.  m,  74.  =  16  Id.  XI,  59.  =  ■''  Plut.  Anton.  1.  =  i«  .Mari.  XI,  40.  =  i»  Id 
VIII,    52.  =  20  piaul.    Cuirul.  IV,  4,  \.  21. 


LETTIΠ W.  .-(>| 

flu.  Après  celte  opération  il  vous  frise  avec  un  fer  chaud  *,  et  vous 
parfume  '.  Puis  il  arrive  aux  sourcils  qu'il  peigne,  qu'il  lisse  ';  aux 
narines  qu'il  épile  *;  aux  bras  et  aux  jambes  qu'il  traite  d(;  même  % 
ou  bien  dont  il  brûle  les  poils  à  la  flamme  d'une  noix  ardente  *,  et 
•  qu'il  polit  ensuite  avec  une  pierre  ponce  ^  Il  finit  en  vous  faisant  l(;s 
ongles  *.  On  se  charge  quelquefois  soi-même  de  cette  dernière  opéra- 
lion,  mais  dans  la  taverne  même  du  Tondeur  ^,  et  avec  ses  petits 
couteaux"^  que  l'on  affûte  sur  une  pierre  mouillée  avec  de  la  s.ilive  ". 

Pendant  que  le  maître  de  la  tonstrine  s'évertue  sur  votre  barbe  ou 
votre  chevelure,  vous  suivez  ses  div<,'rses  opérations  dans  un  petit 
miroir  qu'il  vous  a  mis  à  la  main  avant  de  commencer  ;  vous  appelez 
son  attention  tantôt  d'un  côté,  tantôt  de  l'autre,  et  vous  le  faites  re- 
venir sur  les  parties  qui  vous  semblent  oubliées  ou  négligées  ^^. 

Les  Tondeurs  sont  aussi  prompts  qu'habiles  dans  leur  service,  et 
manient  le  rasoir  avec  une  dextérité,  une  hardiesse,  et  une  légèreté 
de  main  étonnante  ''.  Il  est  vrai  qu'ils  font  un  apprentissage  avec  un 
fer  émoussé,  longtemps  avant  de  pratiquer  '*, 

Depuis  que  l'on  ne  porte  plus  sa  barbe  ni  sa  chevelure,  les  Ton- 
deurs sont  devenus  des  personnages  indispensables  pour  tout  le 
monde  ;  aussi,  il  y  a  quelques  années,  Agrippa  voulant  plaire  au  peu- 
ple, fournit  gratis,  pendant  un  an,  des  Tondeurs  pour  les  hommes 
et  pour  les  femmes  ^^  Ce  genre  de  libéralité  a  depuis  été  imité  par 
l'Empereur  '^ 

Mais  entrons  chez  Licinius,  l'un  des  plus  célèbres  Tondeurs  de 
Rome  '^  Sa  tonstrine,  située  au  pied  de  la  Grwcostase,  est  toujours 
entourée  de  monde,  parce  qu'on  y  voit  une  pie  qui,  d'elle-même  et 
sans  avoir  été  dressée,  contrefait  la  parole  des  hommes,  la  voix  ou 
le  chant  des  bêtes,  et  jusqu'au  son  des  instruments^*.  A  l'intérieur, 
cette  taverne  est  le  rendez-vous  des  efféminés  qui  y  passent  des 
heures  entières  pour  se  faire  arracher  les  moindres  poils  qui  ont  pu 
croître  la  nuit  précédente  ;  pour  tenir  conseil  sur  chaque  cheveu  ;  soit 
pour  qu'on  relève  leur  coiffure  abattue,  soit  pour  qu'on  ramène  sur 

1  Ov.  Art.  atn.  I,  v.  505.  ~  2  Cic.  Catil.  H,  10;  Pro.  Sext.  Rose.  46;  in  Piso.  11.— 
A.  Gell.  VU,  12.  =3  A.    Gell.   Ïhid.  —  C\r.   pro  Rose,  comœd.  l.='>0\.   Art.  am.  I, 

V.  520.  =  MIart.  V,  62;  IX,  28.  =  6  Suet.  Aug.  68.  =''0v.  Art  am.  I,  v.  306.— 
Manil.  V,  v.  150.  —  »  Tibul.  I,  9,  v.  11.  —  Mart.  lU,  74  ;  XIV,  56.  —  Plaul.  Aulul.  U, 
5,  V.  52.— Plut.  Brut.  15.  =9  Hor.  I,  Ep.  7,  v.  51.  =  i»  Mart.  XIV,  36.— V.  >!ax.  III, 
2,  13.=  11  Plin.  XXXVI,  22.  =12  Mari.  VIII,  52.— Senec.  de  Brevit.  vit.  12.  =  '3  Mari. 

VI,  12.  —  14  Petron.  94.  =  is  Pendant  son  édililé,  l'an  720.  Dion.  XLIX,  43.  =  '6  A  la 
suite  de  ses  triomphes,  l'an  723.  Dion.  LIV,  2").  =  i'?  Hor.  Art.  poet.  v.  301.  =  '*  Plut, 
de  Solerl.  anim.  p.  33. 


T^irl  KO.ME  AU  SIKCLE  D'AIJGUSTK. 

leur  Iront  dépouillé  les  cheveux  de  droite  et  de  gauche,  (iomme  ils  se 
mettent  en  colère  s'ils  croient  Licinius  coupable  de  négligence  ! 
Comme  ils  pâlissent  do  ronrroiix  s'il  a  mal  coupé  la  moindre  parcelle 
de  cette  précieuse  crinière,  si  quelques  cheveux  dépassent  les  autres; 
si  tous  ne  tombent  pas  en  boucles  bien  égales  !  Pas  un  de  ces  effé- 
minés qui  n'aimât  mieux  voir  la  répu])li((ue  en  désordre  que  sa  che- 
velure; qui  ne  soit  plus  soucieux  de  l'ajustement  de  sa  tète  que  de 
sa  santé;  qui  ne  préférât  être  bien  coiffé  plutôt  qu'honnête  homme. 
La  chevelure  de  ces  gens  perpétuellement  occupés  entre  le  peigne  et 
le  miroir  '  une  fois  arrangée  à  leur  goût,  devient  pour  ainsi  dire 
sacrée  pour  eux;  craignant  d'y  porter  la  main,  ils  n'y  touchent  plus 
que  du  bout  du  doigt  ;  aussi  les  Romains,  pour  désigner  les  luxurieux 
et  les  efféminés,  disent-ils  :  C'est  un  homme  qui  se  grade  la  tête  d'un 
doigt  ^. 

Je  t'entends  déjà  me  dire  :  «  El  toi,  as-tu  conservé  tes  cheveux  et 
la  barbe  ?  »  Dans  les  commencements,  j'ai  résisté  à  la  mode  du  pays  ; 
mais  enfin  il  m'a  fallu  céder  aux  instances  de  mes  nouveaux  amis  :  ma 
chevelure  qui,  relevée  sur  le  front,  s'élançait  vers  le  ciel,  est  tombée 
sous  les  ciseaux  du  Tondeur,  et  ma  moustache  sous  son  rasoir^.  Un 
philosophe  cynique,  en  me  voyant  sortir  de  la  tonslrine  la  figure 
ainsi  dégarnie,  me  cria  dans  son  brusque  langage  :  «  Tu  fais  donc  un 
crime  à  la  nature  de  ce  qu'elle  t'a  fait  homme,  au  lieu  de  te  faire 
femme  *?  »  Et  je  crois  que  le  cynique  avait  raison. 

En  (jormanie  et  particulièrement  chez  les  Catles,  les  jeunes  gens 
sont  dans  l'usage,  comme  à  Rome,  de  se  laisser  croître  les  cheveux 
et  la  barbe  dès  qu'ils  sont  adultes,  et  par  un  vœu  qui  les  enchaîne  à 
la  valeur,  ils  ne  les  coupent  qu'après  avoir  tué  un  ennemi.  C'est  sur 
son  sang  et  sur  ses  dépouilles  qu'ils  se  découvrent  le  front.  De  ce 
moment  seulement  ils  prétendent  avoir  payé  le  prix  de  leur  naissance, 
être  dignes  de  leur  patrie  et  de  leur  père.  Les  lâches,  et  ceux  qui 
ne  vont  point  à  la  guerre,  gardent  toute  leur  vie  une  barbe  et  une 
chevelure  hideuses  ^.  Combien  cette  coutume  de  nos  frères  n'est-elle 
pas  plus  noble  que  celle  des  Romains,  basée  seulement  sur  un  vain 
caprice,  ou  une  misérable  recherche  de  parure  ? 

'  Inler  peclinem  speculumque  occupati.  Senec.  de  Brevil.  vit.  12.  =  ^  li.o  digito 
tdpul  scalpcns.  Senec.  Conirov.  X,  I;  Ep.  52.  — Plut.  Pomp.  48;  deCapiend.  ex  l.oslib. 
ulilit.  p.  335.  =  3niod.  Sicul.  V,  p.  503.  =  4  Atlienae,  XUl,  p.  565.  =  6  Tac.  Mor. 
(Jeira.  31;  Hisl.  IV,  61. 


LETTRE  XVI. 

MON  EMMÉNAGEMENT.  —  LES  MAISONS  A  LOYER.  —  UNE  MAISON 
DE  LA  VOIE  SUBURANE. 

«  Quelle  que  soit  l'amitié  de  l'hôte  qui  vous  donne  l'hospitalité, 
«  vous  êles  à  charge  au  bout  de  trois  jours.  Ne  demeurez  jamais  dix 
«  jours  de  suite,  carie  maître  s'en  accommodât-il,  les  esclaves  mur- 
«  murent  *.  » 

Cette  sorte  d'adage  répandu  à  Rome  m'a  servi  de  règle  de  con- 
duite. Chez  nous,  quand  nos  provisions  sont  consommées,  nous 
conduisons  notre  hôte  au  voisin,  qui  lui  fiiit  bon  accueil,  même  sans 
le  connaître^;  ici  la  maxime  est  tout  pour  soi;  et  bien  qu'il  n'y  ait 
guère  que  les  riches  qui  exercent  l'hospitalité^,  et  qu'on  ne  puisse  pas 
craindre  d'épuiser  leur  maison,  il  ne  faut  user  de  leur  générosité 
qu'avec  beaucoup  de  réserve.  Je  ne  dis  point  cela  pour  Mamurra;  si 
je  l'écoutais,  son  hospitium  serait  ma  demeure  perpétuelle;  je  parle 
en  général,  je  constate  un  esprit  d'égoïsme  rappelé  et  résumé  dans 
la  sentence  qui  forme  le  début  de  cette  lettre,  sentence  que  je  n'ai 
point  prise  dans  son  sens  rigoureux,  puisque  voilà  plusieurs  mois 
que  j'use  de  l'hospitalité  de  mon  hôte.  Cependant,  malgré  ses  in- 
stances pressantes  pour  me  retenir,  je  me  suis  mis  à  la  recherche  d'un 
logement. 

A  Rome  chaque  famille  n'a  pas  sa  maison,  comme  dans  notre  petite 
Lulèce;  les  riches  seuls  jouissent  de  cet  avantage  :  la  plupart  ont  en- 
vahi les  hauts  lieux  de  cette  ville*,  dont  le  sol  inégal  semble  une 
image  de  la  société  qui  l'habite.  Mais  à  côté  de  ces  belles  et  spa- 
cieuses demeures,  on  trouve  dans  les  vallées  des  sept  collines  beau- 
coup de  maisons  collectives,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  non  moins 
considérables,  et  dans  lesquelles  la  foule  urbaine,  qu'on  appelle  le 
peuple-roi,  s'entasse  pour  passer  les  quelques  heures  de  jour,  et  sur- 
tout de  nuit,  où  elle  n'est  pas  dehors,  dans  ce  pays  où  l'on  vit  tant 
dehors.  Quiconque  a  peu  de  biens  occupe  un  dixième,  un  vingtième, 
souvent  moins  encore,  d'un  de  ces  grands  domaines,  moyennant  une 

'  l'Iaut.  Mil.  glor.  HI,  1,  \.  146.  =  ^  Tac.  nior.  Geim.  -21.  =  *(;ic.  de  Ullic  M,  18. 
=  *Senec.  Ep.  84. 


564  KOMt:  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

potite  rétril)utioiien  ai't;ftnt;  on  n'a  (|iie  son  mobilier  à  fournir.  Il  y  a 
même  certaines  de  ces  maisons  où  l'on  trouve  un  mobilier  tout  en 
place;  le  prix  de  l'usage  en  est  compris  dans  le  loyer.  Ces  logements 
garnis  soni  particulièrement  occupés  parles  capitcccnsi  et  les  prolé- 
taires, qui  ne  sauraient  avoir  de  demeure,  de  lare  fixe^,  comme  on 
dit,  parce  qu'ils  vivent  au  jour  le  jour,  que  ne  possédant  rien,  ils  ne 
liennent  à  lien,  et  par  suite  ont  l'esprit,  le  caractère,  et  les  goûts  un 
peu  vagabonds. 

Entre  ces  pauvres  citoyens  et  les  riches,  il  existe  une  classe  moyerme 
qui  tient  à  n'habiter  que  dans  un  logement  à  soi,  qu'elle  possède  en 
propriété  ^  regardant  comme  une  honte  d'être  ce  qu'on  appelle  in- 
quilinus^,  locataire.  Afin  d'éviter  cette  note,  ces  demi-riches  se 
réunissent  trois,  quatre  ensemble,  plus  ou  moins,  pour  simuler  les 
opulents  :  ils  bâtissent  ou  ils  achètent  à  frais  communs  une  maison 
dont  ils  se  divisent  la  propriété  ;  l'un  a  le  rez-de-chaussée,  l'autre  le 
premier  étage,  un  autre  le  deuxième,  et  ainsi  de  suite*. 

Ces  demi,  ces  tiers,  ou  quarts  de  propriétaires  sont  néanmoins 
encore  en  petit  nombre  comparativement  au  reste  des  habitants  de 
Rome,  et  l'immense  majorité  des  citadins  est  sinq)îement  locataire. 
Les  maisons  à  loyer  sont  une  spéculation,  un  placement  d'argent 
très-avantageux,  et  il  est  tel  riche  dont  elles  forment  presque  tout  le 
revenu^.  Le  nombre  de  ces  maisons  et  des  logements  qu'elles  ren- 
ferment est  très-considérable;  aussi  les  propriétaires  ont  soin  de 
solliciter  la  préférence  des  infjuilini  en  inscrivant  en  grosses  lettres, 
sur  les  murs  de  leurs  maisons®,  l'annonce  des  logements  qui  y  sont 
à  louer,  leur  plus  ou  moins  d'importance,  et  jusqu'à  l'indication  du 
fondé  de  pouvoirs  auquel  il  faut  s'adresser  pour  entrer  en  arrange- 
ment. Voici  deux  de  ces  annonces  peintes  sur  des  maisons  voisines 
de  celle  de  Mamurra. 

DANS  L'HÉniTAGE  DE  JVLIA,   FILLE  DE  SPVRIVS  FÉLIX, 

SERONT  LOVÉS 

VN  BAIN,  VN  VENERIVM  ET  NEVF  CENTS 

TAVERNES,   DES  TREILLES 

DES  COENACVLA,  DV  PREMIER  DES  IDES  d'AVGVSTE 

jvsqv'av  six  des  ides  d'avgvste  (o) 


*  Lare  cerlo.  Hov.  I,  Ep.  7.  v.  58.=  ^  Palercul.  IF,  128.— Senec.  Ep.  70.— .^ppian. 
de  Bell.  eiv.  11,  p.  710.  =  3  Paterriil.— Senec.  /ft/rf.  — Digest.  Vil,  lil.  8.  leg.  2,  g  1,  4. 
=  4  D.  Halie.  X,  32.—  Digcst.  Vlll,Ut.  1,  leg.  2.—  Cod.  Justin.  Vlll,  X,  4,  5.=»  Cic. 
ad  0.  Fiat.  11,  3;  Ep.  fainil.  XIII,  2.  =  <>  ^jazois,  Ruin.  de  l'ompei,  t.  II,  p.  1.  = 
(")  Du  13  au  8  Auguste. 


4 


LETTRE  XVI.  305 

POVR  CINQ  ANNÉES   CONSÉCVTIVES. 

QVE  CF,1,V1  QVI  NE  CONNAITRAIT  PAS  LA  MAITRESSE    DE  CE  I.IEV 

AILLE  TROVVER    SVETTIVS  VERVS  ÉDILE '. 

DANS  l'île  ARRIANA 

POLLIANA  DE  GN.   ALIFIVS  NIGIDIVS  l'aINÉ  , 

SERONT  LOVÉS  DV  I  DES  IDES  DE  JVLIVS  (")  DES  TAVERNES 

AVEC   LEVRS  TREILLES  ET  DES  COENACVLA 

ÉOVESTRES.   QVE  LE   LOCATAIRE  DE    LA  MAISON 

s'adresse  d'abord  a  l'esclave  DE  GN.   ALIFIVS  NIGIDIVS  l'aINÉ-. 

Les  locations  étant  de  véritables  aliénations  temporaires  de  pro- 
priétés, ne  se  font  jamais  que  pour  une  durée  déterminée,  soit  de 
plusieurs  années,  soit  seulement  de  six  mois  ■\ 

Tout  logement  \acant  peut  être  loué  n'importe  quand  ;  cependant, 
comme  il  a  paru  commode,  nécessaire  même,  que  les  volontés  de 
ceux  qui  laissent  et  de  ceux  qui  cherchent  des  logements  puissent 
coïncider,  l'usage  a  établi  une  périodicité  dans  les  mutations,  a  régle- 
menté, en  quelque  sorte,  l'humeur  changeante,  les  caprices,  les  vou- 
loirs et  les  impatiences  de  chacun  :  ainsi  les  Kalendes  de  Quintilis  {''), 
qui  tombent  dans  la  belle  saison,  sont  l'époque  généralement  choi- 
sie pour  les  locations  et  les  déménagements"^.  Alors  il  y  a  dans  la 
ville  pendant  quelques  jours  un  redoublement  d'activité.  L'empres- 
sement de  chacun  à  profiter  de  l'époque  fatale  pour  se  pourvoir, 
fait  hausser  momentanément  le  prix  des  loyers.  Afin  d'éviter,  pour 
mon  compte,  cet  inconvénient,  je  voulus  commencer  mes  recherches 
quelques  jours  à  l'avance.  Je  m'informai  quel  était  le  quartier  le  plus 
proche  du  mont  Cœlius  où  je  pourrais  me  loger  à  meilleur  marché, 
et  l'on  m'indiqua  \?ivoie  Suburane,  qui  s'en  trouve  effectivement  peu 
distante  :  elle  fait  suite  à  la  voie  Sacrée,  et  s'étend  jusque  sur  le 
mont  Esquilin^.  J'aurais  bien  aimé  loger  dans  les  environs  du  Fo- 
rum, mais  tous  les  quartiers  qui  avoisinent  cette  place  sont  envahis 
par  les  magistrats,  par  les  citoyens  qui  poursuivent  les  honneurs  ou 
s'occupent  d'affaires  publiques  ^  et  le  petit  nombre  de  logements  à 
loyer  qu'on  y  pourrait  trouver  sont  fort  chers.  Cette  considération 
calma  mon  désir,  et  je  descendis  vers  Subure. 


1  Mazois.  Ruin.  de  Pompei,  t.  H,  p.  1.  —  Orclli,  Insnipt.  lai.  n»  4323.  =  ^  Mazois, 
7éjrf.  — Oielli,  Ibid.  no4324.  =  3  Djgesl.  XLMI,  lit.  32,  leg.  1,  g  4.=  ^  Cic.  ad  Q.  Frai. 
n,  3  ;  Ep.  famil.  XUI,  2.  — Suef.  Tib.  55.— Mart.  XII,  32.  — Digest.  XIX,  til.  2,  leg.  60. 
=  î»  Plut.  Mar.  52  ;  CfPS.  42;  Pomp.  66.  —  Sali.  Catil.  40.  =  «  Desnipt.  de  Rome. 
p.  92,  93.  f")  1.5  juillet,  (fc)  1er  j„iiip(. 


3(îfi  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

L'aspocl  du  qiKirtifii"  n'a  rion  du  tout  do  séduisant  :  dès  l'abord 
on  y  trouve  dos  tondeurs,  des  cordonniers,  et  des  marchands  de  fouets 
à  châtier  les  esclaves  ^  La  rue  «Uroite,  sale,  mal  pavée,  fangeuse, 
monte  sur  TEsquilin  par  une  pente  escarpée  ^  Je  fus  sur  le  point  de 
revenir  sur  mes  pas;  mais  une  espèce  d'instinct  d'observateur  qui 
semblait  me  dire  :  «  Au  moins  il  faut  voir,  »  me  poussa  en  avant. 
Dès  que  je  me  fus  engagé  dans  ce  misérable  défilé,  les  aboiements 
d'une  multitude  de  chiens  saluèrent  mon  entrée  ^,  et  quelques  pas 
plus  loin  je  faillis  être  renversé  par  de  longues  files  de  mulets  tirant 
à  force  de  cordes  un  énorme  bloc  de  marbre  *.  Cependant  à  travers 
mille  aboiements  sans  tin,  mille  bruits  qui,  plus  éclatants  qu'ailleurs 
en  raison  de  l'étroitesse  de  la  rue,  lui  ont  valu  la  désignation  de  Su- 
bure  la  criarde,  la  bouillante  Subure  ^  j'arrivai  devant  un  large  écri- 
teau  de  location  peint  sur  une  de  ces  vieilles  maisons,  où,  dans  une 
hauteur  de  plus  de  soixante-dix  pieds  (°),  six  ou  sept  étages  sont  mon- 
tés les  uns  au-dessus  des  autres®. 

Le  genre  d'habitants  qui  l'occupaient  n'était  guère  propre  à  dé- 
truire l'impression  défavorable  que  le  quartier  m'avait  inspirée;  c'é- 
taient, pour  la  plupart,  des  courtisanes,  dont  cette  rue  est  infestée  ^; 
puis  un  maître  découpeur,  chez  lequel  les  esclaves  viennent  appren- 
dre à  dépecer  les  viandes.  Il  leur  montre,  axec  un  fer  sans  tranchant 
et  sur  des  modèles  de  bois  représentant  des  lièvres,  des  sangliers,  des 
gazelles,  des  oiseaux  de  Gétulie,  à  les  découper,  à  en  séparer  propre- 
ment toutes  les  parties.  Le  moindre  manque  d'attention  ou  d'adresse 
est  aussitôt  puni  par  les  verges  et  les  fouets,  de  sorte  que  son  école 
est  un  véritable  enfer  ^  Plus  haut ,  dans  un  bouge  ',  je  trouvai  un 
malheureux  qui  fait  profession  de  mendier  un  festin,  d'y  dérober  le 
plus  de  mets  qu'il  peut,  et  de  les  accumuler  chez  lui  pour  revendre 
le  lendemain  ses  larcins  de  la  veille  *'*.  Le  dispensateur  de  Mamurra 
(affranchi  chargé  des  comptes  de  recette  et  de  dépense)  m'accompa- 
gnait :  «  Que  viens-je  faire  ici?  lui  dis-je  presque  en  courroux,  et  en 
m' éloignant,  repoussé  par  l'odeur  qui  s'échappait  de  ce  bouge  :  vous 
raillez-vous  de  moi? — Cette  maison  est  à  mon  patron,  se  hâta-t-il 
de  répliquer;  plusieurs  des  logements  vont  être  libres  aux  Kalendes 
prochaines,  et  j'ai  pensé  que  vous  seriez  bien  aise  de  profiter  de  cette 

1  Mail,  n,  17.  =  -Alla  Suburiani  vincenda  esl  semita  clivi.  Mail.  Y,  23.  =3  Hor. 
Epod.  5,  V.  58.  =  ^  Mail.  Ibid.  =  ■>  Clamosa  Subura.  Mart.  XII,  18. — FerNens  Subuira. 
Juv.  S.  11,  V.  51.  =  6  Sliab.  V,  235;  ou  210,  tr.  fr.  —  '  xAIarl.  VI,  60  ;  XI,  62,  79.  = 
8  Juv.  S.  11,  V.  136.  =  9  Gurguslium.  Suet.  de  Illust.  gramm.  11.  — Paul.  ap.  Fest.  h.  v. 
=>OMart.  VU,  19.  (")  20  mènes  741. 


f.ETTRE  \V1.  r,(i7 

circonstanco  pour  voir  un  spoctaclo  (|iio  vous  n'aurez  pas  s<»uv('iit 
occasion  de  rencontrer. — Ace  compte,  dis-je,  en  nw,  radoucissant, 
continuons  notre  visite.  » 

Je  montai  encore,  et  en  entrant  dans  un  logement  un  peu  moins 
misérable,  j'entendis  des  cris  de  douleur.  C'étaient  ceux  d'une  grosse 
et  robuste  Syrienne  ou  Égyptienne  que  l'on  battait.  Une  esclave  de 
cette  sorte  sait  fder,  et  tra\ailler  en  linge;  elle  moud,  fend  du  bois, 
nettoie  la  maison,  apprête  cliaque  jour  à  manger  pour  toute  la  l'a- 
mille,  et  compose  ordinairement  à  elle  seule  tout  le  domestique  d'un 
petit  ménage  '.  J'ignore  la  faute  de  la  malheureuse,  mais  notre  pré- 
sence n'interrompait  pas  les  sévices  qu'on  exerçait  contre  elle;  je  me 
hâtai  de  me  retirer,  car  ici  personne  n'a  rien  à  dire  à  quiconque  mal- 
traite son  esclave. 

J'entrai  dans  une  chambre  située  sur  le  même  palier.  Là  je  trouvai 
le  tableau  d'une  affreuse  misère  :  un  grabat  plein  de  punaises,  cou- 
vert d'une  natte  en  guise  de  matelas  ^  un  coffre  '  et  une  tasse,  for- 
maient à  peu  près  tout  le  mobilier  de  ce  chétif  logis  *.  C'était  la 
demeure  d'un  grammairien  que  sa  science  ne  peut  tirer  de  la  pau- 
vreté ^  et  qui  mange  du  pain  noir  et  boit  de  la  piquette.  Pour  tout 
vêtement  il  n'avait  qu'une  toge  qui  lui  sert  la  nuit  et  le  jour  ^  et  sur 
laquelle  il  dort  \  Un  ami  cependant  adoucissait  son  infortune  en  la 
partageant  :  c'était  son  chien  ^  J'avais  déjà  monté  deux  cents  de- 
grés'; je  ne  voulus  pas  aller  plus  haut,  et  je  bornai  là  ma  visite  dans 
cette  maison. 

En  sortant  je  rencontrai  le  déménagement  d'une  de  ces  familles 
du  bas  peuple  qui  composent  essentiellement  la  population  de  la  voie 
Suliurane'".  Trois  femmes  au  teint  couleur  de  buis,  dont  l'une  rousse, 
l'autre  d'une  taille  de  géant,  et  la  dernière,  à  tète  chauve,  qui  parais- 
sait être  leur  mère,  transportaient  à  elles  seules  tout  leur  mobilier. 
On  voyait  un  grabat  à  trois  pieds,  une  table  qui  n'en  avait  que  deux, 
une  lampe,  une  tasse  de  corne,  un  vieux  vase  de  nuitébréché.  La 
plus  grande  portait  sur  la  tête  une  amphore  surmontée  d'un  foyer. 
L'odeur  empoisonnée  qui  s'exhalait  de  cette  amphore,  annonçait  la 
présence  de  quelques  vieilles  bribes,  de  restes  dégoûtants  doués  du 
parfum  de  la  marée  puante.  Ces  provisions  étaient  accompagnées  d'un 
quart  de  fromage  de  Toulouse,  d'un  chapelet  de  pouliot,  que  quatre 

1  Plaul.  Meicat.  H,  5,  v.  62.  =  "mari.  XI,  57.  =  3  Catul.  20,  21.  =  *  Mari.  Ibid. 
= '°  Suet.  de  l\lusl.  grammat.  9.  =  6  Mart.  XI,  .j7.  = ''/iid.  — Lucrel.  H,  v.  55.= 
8  Mari.  XI,  33.  =  9  H.  VII,  19.  =  '<>  Plut.  C.  Grarch.  12. 


368  ROMK  AU  SlflCLE  D'AUGUSTE. 

années  ciii  moins  avaient  noirci,  «-t  d  une  },Miirlande d'oignons,  d'ail  et 
de  poireaux'.  Une  autre  portail  à  l'épaule  un  filet  rempli  de  pain^  et 
la  troisième  tenait  entre  ses  bras  deux  corbeilles  de  jonc,  dans  lesquel- 
les le  peuple  met  ordinairement  son  blé^  Enfin,  un  vieux  pot  rempli 
d'une  résine  malpropre  destinée  à  servir  de  remède épilatoire,  aclievait 
de  donner  à  ce  déménagement  un  air  tout  à  fait  respectable  *. 

En  rentrant  je  contai  mon  espèce  de  mésaventure  à  Mamurra. 
—  «Si  j'avais  connu  vos  intentions,  me  répondit-il,  je  vous  aurais 
«  détourné  d'aller  dans  ce  quartier,  où  vous  ne  pouviez  rencontrer 
«  rien  de  convenable.  —  On  m'a  cependant  assuré  que  Jules-César  y 
«  avait  occupé  unepetite  maison.  — Qu'il  babita  même  jusqu'à  l'épo- 
a  que  où  il  fut  élu  pontife  maxime,  c'est  vrai^;  et  l'on  aurait  pu  vous  dire 
«  encore,  que  l'un  des  Gracchus  quitta  le  mont  Palatin  pour  venir  y 
«  loger  aussi,  afin  de  se  rendre  plus  populaire^;  mais  ce  qui  détermina 
«  Graccbus,  qui  voulait  se  fourrer  au  milieu  delà  plèbe  dont  il  avait 
«  besoin  chaque  jour,  dont  il  faisait  sa  milice,  devailau  contraire  vous 
«  détourner  de  cette  rue. — Elle  ne  m' éloignait  point  trop  de  vous,  voilà 
«  ce  qui  me  poussa  de  ce  côté.  —  La  meilleure  manière  serait  de  rester 
«  ici  ;  puisque  je  ne  puis  gagner  cela  sur  vous,  laissons  passer  huit 
«  ou  dix  joints,  puis  nous  chercherons  ailleurs.  —  Est-ce  que  les  Ka- 
«  lendes  n'arrivent  pas  après-demain?  —  Justement.  Vous  savez  que 
«  l'empressement  général  fait  alors  monter  les  prix  ;  plus  tard  ils 
«  diminueront.  Cette  baisse  est  tellement  infaillible  et  ordinaire,  que 
«  beaucoup  de  gens,  qui  déménagent  au  terme,  vont  habiter  pro- 
«  visoirement  dans  des  jardins  pour  laisser  passer  les  Kalendes  ■■. 
«  Je  ne  vous  parlerai  pas  d'aller  demeurer  à  la  campagne,  où,  pour 
«  le  prix  que  coûte  ici  un  logement  ténébreux,  vous  auriez  une 
«  maison  tout  entière  avec  un  petit  jardin  *,  car  pour  n'avoir  dans 
«  la  ville  qu'un  local  assez  modeste,  et  encore  à  un  étage  supérieur, 
«  il  vous  y  faudra  mettre  au  moins  deux  mille  sesterces  ("),  et  trois 
«  mille  si  vous  voulez  demeurer  en  bas  {'')  ^.  » 

Au  jour  dit,  je  rappelai  à  Mumurra  sa  promesse,  et  nous  par- 
tîmes en  nous  dirigeant  vers  la  région  transtibérine,  habitée  aussi 
par  beaucoup  de  petit  peuple  '",  mais  que  je  préférai  parce  qu'elle  se 
trouve  sur  la  route  de  notre  patrie.  Chemin  faisant  nous  entrâmes, 
par  curiosité,  dans  toutes  les  maisons  sur  lesquelles  il  y  avait  écriteau, 

1  Mari.  XII,  32.  =  2  Hor.  1,  S.  1,  v.  47.  =  3  Cuniera.  Ibid.  v.  53.  =  ^  Mari.  Ibid. 
=  8  Suet.  Cœs.  46.  =  6  piui.  c.  Grâce.  12.  =  7  Suel.  Tib.  33.  =  »  Juv.  S.  3,  v.  22i. 
=  »  Pliil.  Sulla,  1.  =  ">  Mari.  I.  12.  {")  588  fr.  ir>  c  (^^  .-,82  fr.  2.">  r. 


LETTRE  XVI.  SOO 

même  dans  celles  dont  la  somptuosité  annonçait  ne  pas  devoir  nous 
convenir.  Ainsi  nous  vîmes  des  logements  de  six  mille  sesterces  ("), 
un  entre  autres  qu'un  sénateur  venaitde  quitter,  nous  dit-on,  et  qui 
nous  parut  bien  modeste  pour  un  homme  de  ce  rang  *;  d'autres  de 
dix  mille  (*),  qui  n'avaient  rien  d'extraordinaire;  plusieurs  de  trente 
mille  (*'),  mais  fort  beaux,  et  convenables  pour  des  magistrats  ou  des 
aspirants  aux  magistratures  ^  En  général,  le  taux  moyen  de  la  plu- 
part des  loyers  est  de  deux  mille  sesterces  environ  '. 

Nous  trouvâmes  au  sommet  du  Janicule  une  petite  maison  isolée, 
modeste  et  jolie  tout  à  la  fois,  à  laquelle  sa  situation  dans  un  quar- 
tier un  peu  tranquille,  et  sa  position  admirable  me  déterminèrent  à 
m'arrêter.  Elle  est  située  tout  près  d'une  antique  forteresse,  bâtie 
parle  roi  Ancus,  pour  protéger  la  navigation  du  Tibre  \  De  là,  je  vois 
Rome  à  près  de  trois  cents  pieds  au-dessous  de  moi  ^  :  vers  la  droite 
c'est  le  Capitole,  quelques-uns  des  grands  édifices  du  Forum  romain, 
et  tout  le  mont  Palatin.  Au  milieu  de  cet  amas  de  constructions 
vraiment  prodigieux,  quelques  touffes  de  verdure,  indiquant  les 
maisons  des  riches,  rompent  la  monotonie  du  tableau  et  récréent  la 
vue.  A  gauche  s'étend  le  Champ-de-Mars.  Je  vois  entrer  le  Tibre 
dans  Rome,  et  je  l'en  vois  sortir  à  replis  sinueux,  comme  s'il  quittait 
à  regret  la  belle  reine  de  l'univers.  Cette  vue  est  bornée  par  un  im- 
mense hémicycle  de  montagnes  verdoyantes,  dont  les  plus  éloignées 
apparaissent  environnées  d'une  légère  brume  bleuâtre,  qui  les  har- 
monise avec  l'horizon  :  c'est  la  chaîne  des  Apennins.  Leurs  der- 
nières cimes  étalent  de  place  en  place  des  tapis  de  neige  qui  brillent 
sous  les  rayons  du  soleil,  et  bravent  jusqu'aux  chaleursdu  printemps' . 
Tout  me  plaît  dans  ma  nouvelle  demeure,  même  son  isolement.  Là, 
du  moins  on  est  vraiment  chez  soi,  tandis  que  dans  ces  hautes  mai- 
sons des  quartiers  du  centre,  non-seulement  on  est  dérangé  par  les 
bruits  de  ceux  qui  demeurent  au-dessus  ou  au-dessous  devons,  mais 
encore  les  vis-à-vis  voient  les  uns  chez  les  autres  *,  et  peuvent,  de 
leurs  fenêtres,  se  parler,  et  souvent  se  donner  la  main  ''.  Je  serai 
bien  logé,  mais  il  m'en  coûtera  un  peu  plus  cher  :  mon  loyer  est  de 
dix  mille  sesterces  *  ('*). 

Enfin  me  voilà  chez  moi,  avec  un  mobilier  un  peu  plus  nombreux 

1  Palercul.  H,  10.  =  2  Cic.  pro  Cœl.  7.  =  3  Dion.  XLII,  51.  =  *  Tit.-Liv.  I,  53.  — 
D.  Halie.  Hl,  43.— Plan  el  Dcsrn'pt.  de  Rome,  n»  299.  =^  Drocclii,  Suolo  di  Roiiia,  p. 
212.  =  6  Patercul.  Il,  14.  —Plut.  Reipub.  gerendae  pra>cepl.  p.  19-J.  =  7  Mail.  I,  87. 
=  s  CAr.   Ihid.  {")  I  10'.  U:   '(.".  c.  ('"  19V0  f  1 .  70  '<•)  .",82-2  fr.  C)  1940rr.  70. 

I.  ?'. 


370  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

que  je  n'aurais  voulu;  c'est  une  magnificence  obligée,  réglée  par 
l'importance  de  la  location,  attendu  que  les  meubles  doivent  servir 
de  caution  au  propriétaire,  qui  a  droit  de  s'en  emparer  si  ou  ne  le 
paie  pas  *,  petit  accident  encore  assez  fréquent  ^  Dans  l'endroit  le 
plus  apparent  de  ma  demeure,  brille  la  coupe  de  corne,  garnie  en 
argent  sur  les  bords,  seul  objet  que  j'aie  emporté  de  Lutèce.  Ce  fut 
loi  qui  en  ravis  la  matière  au  front  d'un  Urus,  dans  une  de  ces 
chasses  auxquelles  s'endurcit  la  jeunesse  Gauloise  ^  ;  je  la  conserve 
comme  un  précieux  souvenir  et  de  ton  amitié  et  de  notre  patrie. 

Hier,  je  pris  congé  de  Mamurra.  —  «Mon  cher  hôte,  lui  dis-je,  il 
«  existe  dans  notre  pays  un  usage  ou  plutôt  un  droit  de  l'hospita- 
«  lité  que  vous  connaissez  sans  doute  :  lorsqu'on  quitte  un  toit 
((  hospitalier,  si  vous  demandez  quelque  chose  à  celui  qui  vous  a 
«  reçu,  il  ne  vous  le  refuse  jamais.  En  même  temps,  par  cette  de- 
«  mande,  il  acquiert  les  mêmes  droits  sur  vous  \  Voici  un  anneau 
«  d'or  qui  m'a  été  légué  par  mon  aïeul,  voudriez-vous  l'accepter  et 
«  me  donner  le  vôtre?  —  Volontiers,  me  répondit-il;  cet  échange 
a  m'est  d'autant  plus  agréable  que  la  bague  que  vous  m'offrez  m'a 
«  appartenu  autrefois.  Je  l'avais  donnée  moi-même  à  votre  aïeul 
«  dans  une  circonstance  semblable,  lorsque  je  traversai  le  pays  des 
«  Aulerciens  (").  Qu'elle  soit  désormais  notre  tessère  hospitalière, 
«  quelle  achève  de  serrer  les  nœuds  de  l'amitié  que  nous  venons  de 
«  former.  J'espère,  jeune  homme,  que  malgré  la  distance  du  Jani- 
«  cule  au  Cœlius,  vous  nous  dédommagerez,  par  vos  fréquentes  vi- 
ce sites,  du  trop  court  séjour  que  vous  avez  fait  au  milieu  de  nous. 
«  Je  veux  qu'avec  le  temps  nous  devenions  amicissimes  '.  »  Je  le  lui 
promis  après  l'avoir  pressé  dans  mes  bras,  suivant  notre  manière 
cordiale  '.  Il  me  reconduisit  jusque  sur  le  vestibule  de  sa  maison. 
Là,  il  me  serra  la  main  droite,  et  en  me  quittant,  me  laissa,  suivant 
l'usage  des  Romains,  un  souhait  impératif  de  bonne  santé  '. 

1  Mart.  XTI,  32.-Digest.  II,  lit.  14,  leg.  4;  XIII,  lit.  7,  leg.  11,  g  5  ;  XLIII,  lit.  52. 
=  *Mart.  /6td.— Dion.  XLII,  22.  =  3  Caes.  de  Bell.  Gall.  VI,  28.=  *  Tac.  Mor.  Germ. 
21.  =  5  Amicissimus.  Cic.  Brut.  71.  =  «  Caes.  de  Bell.  Gall.  I,  20.  =  7  Vale.  Occupât, 
et  salverejubet  prier.  Hor.  I,  Ep.  7,  v.  66.  (»)  Il  y  avait  trois  peuples  de  ce  nom  qui 
occupaient,  en  totalité  ou  en  partie,  les  départements  de  la  Mayenne-,  de  la  Sarlhe,  de 
l'Orne,  ù' Eure-et-Loir,  et  de  VEure. 


LETTRE  XVII. 


DU    DROIT    DE    CITE     ROMAINE. 


Il  ne  suftit  pas  de  vivre  à  Rome  pour  être  citoyen  Romain  ;  il 
faut  encore  avoir  ce  qu'on  appelle  la  cité  Romaine,  c'est-à-dire  la 
jouissance  d'une  douzaine  de  droits  particuliers  qui  sont  :  le  droit 
de  race  et  de  famille,  ceux  de  milice,  de  suffrage,  dltonneurs,  de 
liberté,  de  cens,  de  mariage,  de  testament,  d'héritage;  le  droit  pa~ 
ternel,  celui  de  propriété  légitime,  et  celui  de  tutelle. 

Le  droit  de  race  et  de  famille  est  comme  la  base  et  le  résumé  de 
tous  les  autres.  Il  date  de  l'origine  de  la  ville  et  formait  jadis  deux 
droits  très-distincts  :  le  droit  de  race  appartenait  aux  seuls  fondateurs 
de  Rome.  Ceux  qui  en  jouissaient  concouraient  à  l'élection  des  ma- 
gistrats, pouvaient  occuper  les  magistratures,  être  chargés  du  culte 
public  des  Dieux  *,  et  môme  avoir  ou  fonder  des  sacrifices  particu- 
liers, transmissibles  de  génération  en  génération  -.  Chez  eux,  ils 
avaient  le  pouvoir  conjugal  et  le  pouvoir  paternel  ;  mais  le  premier 
n'était  point  absolu,  et  le  second  s'évanouissait  pour  les  fils  à  un 
certain  âge,  et  pour  les  filles  quand  on  les  mariait  ^ 

Le  droit  de  famille  fnt  créé  pour  la  deuxième  population  de  Rome, 
pour  les  fugitifs  qui  vinrent  peupler  VAsyle  et  le  bas  du  Palatin  *.  Ils 
ne  reçurent  qu  une  partie  de  la  cité  Romaine,  le  droit  de  concourir 
à  l'élection  des  magistrats,  sans  pouvoir  devenir  magistrats  eux-mê- 
mes ^.  Leurs  mariages,  ou  plutôt  leurs  unions,  produit  du  rapt  et 
de  la  violence,  n'eurent  aucun  caractère  légitime.  Leurs  femmes, 
vrai  butin  de  guerre,  n'étaient  que  des  esclaves,  et,  par  suite,  leurs 
enfants  naissaient  esclaves  ^  Enfin,  dans  la  haute  ville,  liberté  pour 
tous,  filiation  reconnue  et  consacrée  par  le  nom  même  de  patriciens, 
pris  par  ces  citadins  exclusivement,  et  qui  signifiait  alors  que  ceux 
qui  le  portaient  pouvaient  nommer  leurs  pères  ^  ou  peut-être  jouis- 
saient seuls  du  véritable  pouvoir  paternel  *.  Dans  la  ville  basse,  au 
contraire,  esclavage  pour  tous  ou  presque  tous  ;  un  maître  dans 

iD.  Halic.  n,  9.=  2Voy.  Lettre  XXXMI.  =  3  Guérard,  Droit  privé  des  Romains, 
liv.  ni,  c.  1  et  16.  =  »  Voy.  Lettre  IH.  =  5  d.  Halic.  U,  8,  9.  =  «  Guérard,  Ibid.  c.  2. 
=  7  D.  Halic.  II,  8.— Plut.  Romul.  13.  =8  Plut.  Ibid. 


572  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

chaque  maison,  et  des  esclaves,  famuli  :  on  lornies plus  précis,  une 
famille  ot  un  père  de  famille  *.  L'ensemble  de  cette  population,  ra- 
mas d'individus  sans  parenté,  sans  père  qu'ils  pussent  nommer,  est 
appelé  plèbe,  et  plébéiens  ^. 

Cette  séparation  de  Rome  en  deux  peuples  et  comme  en  deux  ci- 
tés ne  dura  pas  longtemps;  Romulus  lui-même  l'abolit,  soit  parce 
que  les  moins  favorisés  étaient  les  plus  nombreux  et  les  plus  forts, 
soit  plutôt  parce  que  l'inégalité  des  droits  privait  son  petit  Etat  de 
l'unité  qui  devait  en  faire  la  force.  Alors  le  droit  de  race  fut  com- 
muniqué aux  familles,  et  celui  de  famille  aux  races.  Les  patriciens 
gagnèrent  le  pouvoir  paternel  absolu  et  la  tutelle  complèle  de  leurs 
épouses  ;  les  plébéiens  le  droit  d'admission  aux  magistratures,  et 
une  sorte  de  légitimité  pour  leurs  unions  conjugales.  Désormais  les 
deux  droits  n'en  formèrent  plus  qu'un  seul  ^. 

Cependant  l'égalité  juridique  ne  put  faire  oublier  l'inégalité  des 
origines;  les  gens  de  race  maintinrent  les  noms  de  patriciens  et  de 
plébéiens'',  dont  peu  à  peu  la  signification  primitive  s'oublia;  mais 
ils  en  acquirent  une  autre,  inspirée  encore  par  l'esprit  de  distinction, 
c'est  celle  dont  j'ai  déjà  parlé,  c'est-à-dire  que  les  patriciens  sont  les 
membres  du  Sénat  ou  des  familles  sénatoriales,  et  les  plébéiens  le 
reste  du  peuple  *.  Le  temps  a  introduit  aussi  une  légère  modification 
dans  les  termes  de  race  et  de  famille,  que  le  décret  de  Romulus 
avait  rendus  parfaitement  synonymes  :  aucune  idée  d'infériorité 
réelle  ne  s'attache  à  l'un  ou  à  l'autre  ;  mais  on  se  sert  volontiers  au- 
jourd'hui du  mot  famille  pour  désigner  une  branche  de  la  race  ".  Le 
mot  race  s'emploie  toujours  de  préférence  pour  indiquer  une  ori- 
gine libre,  et  l'on  dit  d'un  citoyen  d'une  naissance  obscure  ou  igno- 
ble -.c'est  un  homme  sans  race"^.  Le  vieux  mot  aristocratique  a  survécu 
à  la  chose  ;  il  se  montre  encore  dans  le  nom  qui  désigne  tous  les 
membres  des  familles  issus  d'un  auteur  commun,  qui  sont  appelés 
gentils^,  de  gens,  race.  Néanmoins,  le  nom  de  pères  de  famille 
s'applique  aussi  bien  aux  patriciens  qu'aux  plébéiens. 

Depuis  dix-sept  ans  jusqu'à  quarante-cinq,  tout  citoyen  romain 
peut  être  appelé  à  faire  partie  des  légions  :  c'est  là  le  droit  de  milice^. 

1  Paul.  ap.  Fest.  v.  Famuli.  =  ^  D.  Halie.  U,  8.  =  3  Guérard,  Droit  privé  des  Ro- 
mains, liv.  ni,  c.  5.  =  4  Tit.-Liv.  H,  24i,  27,  33,  53,  39,  elc.  =  ï  Plul.  Homul.  13.= 
"Suet.  Tib.  12  ;  Nero,  1.  —  Paul.  ap.  Fcst.  v.  (ions.  —  Anlo.  Aug.  —  Fulv.  Lisin.  — 
Morell.—  Ch.  Patin,  passim.  =  ^  Sine  génie.  Hor.  U,  S.  5,  v.  13.  =  *  Gentiles.  Cip. 
Topic.  6.— Paul.  ap.  Fesl.  v.  Genlilis.=  9  Tit.-Liv.  XXV,  5;  XXVH,  11  ;  XLIH,  14.— 
Polyb.  VI,  4.  — n.  Halic.  IV,  16.  — Plul.  C.  Grarr.  2,  .5.  — A.  Gell.  X,  28. 


1 


LETTUli  XVil.  375 

L'âge  est  aussi  requis  pour  le  droit  de.  suffrage  et  pour  celui  d'hon- 
neurs :  c'est  encore  dix-sept  ans  pour  le  premier*,  et  vingt  ans  pour 
le  second,  dans  les  magistratures  inférieures;  il  faut  pour  les  hautes 
magistratures  un  âge  plus  élevé,  gradue  suivant  leur  importance-. 
Par  une  exception  unique,  il  est  aussi  un  âge  où  ces  deux  droits  se 
perdent,  parce  que  la  république  romaine  fut  organisée  pour  être 
toujours  jeune  et  vigoureuse  :  ses  magistratures,  presque  toutes  an- 
nuelles, donnent  une  énergie  singulière  au  gouvernement;  les  ci- 
toyens qui  ne  font  que  passer  au  pouvoir,  sont  empressés  de  se  si- 
gnaler pour  mériter  d'y  rentrer  un  jour,  et  il  n'y  a  pas  un  moment 
de  perdu  pour  l'ambition '.  Afin  que  rien  ne  périclite  dans  un  aussi 
beau  système ,  tout  citoyen  âgé  de  quarante-cinq  ans  accomplis  est 
regardé  comme  trop  peu  valide  pour  combattre  à  l'armée,  et  à 
soixante  ans  trop  vieux  pour  voter  dans  les  comices*;  le  législateur  a 
craint  Tengourdissement  de  l'âge,  même  pour  cette  milice  pacifique. 

Le  droit  de  liberté  consiste  dans  l'inviolabilité  de  la  personne.  Un 
Romain  ne  doit  jamais  être  battu  de  verges,  jamais  réduit  en  servi- 
tude, jamais  mis  à  mort,  en  principe  du  moins  *.  Je  dis  en  principe, 
parce  que  les  délits  ou  les  crimes  ne  pouvant  être  réprimés  ou  punis 
que  par  une  atteinte  à  la  liberté  ou  par  la  privation  de  la  vie,  Fin- 
violabilité  absolue  du  citoyen  n'est  que  fictive.  En  effet,  dès  qu'un 
Romain  s'est  rendu  coupable  d'un  crime  digne  de  mort,  on  suppose 
que  par  là  même  il  devient  serf  de  la  peine,  et  c'est  comme  tel  qu'il 
subit  le  châtiment  qu'il  a  mérité  ^  S'est-il  refusé  à  servir  dans  la  mi- 
lice, il  est  vendu  comme  serf^,  parce  que  celui  qui  n'a  pas  voulu  s'ex- 
poser au  péril  pour  conserver  sa  liberté,  n'est  point  réputé  libre  *. 

S'agit-il  de  l'exil ,  une  autre  fiction  rend  encore  l'inviolabilité  illu- 
soire ;  car  au  lieu  de  condamner  directement,  on  interdit  au  coupable 
le  feu  et  l'eau  dans  sa  patrie  ®,  et  on  le  force  ainsi  à  s'expatrier.  La 
seule  inviolabilité  bien  véritable  est  celle  de  la  vie,  parce  que  tout 
citoyen  peut,  en  s'exilant  lui-môme,  éviter  une  condamnation  à 
mort  ".  L'exil  lui  est  proprement  un  port,  un  asile  pour  se  dérober 
au  supplice  ". 

1  Conjecture.  =  *  Sali.  Fragin.  UI,  §  254,  édit.  Durosoir.  —  Voy.  Lettres  XXVI, 
XXXIX,  LXX.  =  3  jiontesq.  Cirand.  et  décad.  des  Romains,  e.  1.  =  *  Macrob. 
Salurn.  1,  5.  =  s  Tit.-Liv.  X,  9.  —  Cic.  pro  Rabir.  3,  4  ;  in  Verr.  57,  62,  65.  —  Sali. 
Catil.  51.  — Appian.  de  Bell.  civ.  Il,  p.  TSi.^^Servus  pœnœ.  Diftest.  XXIX,  lit.  2, 
leg.  25,  §  3  ;  XLVUl,  lit.  19,  leg.  1  et  17.—  Instil.  tit.  16,  ,§  1.  =  ''  V.  Max.  VI,  3,  h. 
—Non.  Marecl.  v.  Nebulones.— Digest.  XLIX,  tit.  16,  leg.  4,  §  10.  =  *  Cio.  pro  Cœci. 
34.  =  9  Digest.  XLVIII,  tit.  19,  leg.  2,  §  1.  — Gaii,  I,  %  128.  — Instil.  I,  til.  16,  §  2.  = 
'0  Cic.  pro  Cseci.  34.  — Sali.  Catil.  51.— Appian.  de  Dell.  civ.  IV,  p.  1051.  =  'U;ic./ijrf. 


374  UO.ML  AU  SlÉCLIi  D'AUGUSTE. 

Le  droit  de  liberté  n'est  complètement  respecté  que  dans  le  peuple 
en  masse  :  tout  ce  qui  peut  porter  atteinte  à  la  liberté  publique  est 
soifAneusement  évité,  jusque-là,  qu'une  armée  ne  peut  entrer  dans 
Rome  à  moins  d'une  autorisation  expresse  des  comices,  et  que  cette 
interdiction  existe  même  pour  un  seul  citoyen,  s'il  est  revêtu  d'un 
commandement  militaire  *  ! 

La  cité  Romaine  est  une  chose  si  recherchée,  qu'une  foule  de  gens 
essaient  de  l'usurper;  mais  afin  d'obvier  autant  que  possible  à  ces 
larcins  politiques,  des  listes  publiques  sont  ouvertes  où  les  Romains 
de  condition  libre  ont  droit  de  se  ftiire  inscrire.  Cette  inscription,  con- 
trôlée par  des  magistrats,  donne  la  jouissance  de  tous  les  autres 
droits,  elle  est  la  constatation  légale  de  l'état  de  citoyen.  C'est  là  ce 
qu'on  appelle  le  droit  de  cens  ^. 

Depuis  que  le  droit  de  mariage  appartient  aux  plébéiens  comme 
aux  patriciens,  à  tout  le  peuple  en  un  mot,  il  a  été  soumis  à  certai- 
nes restrictions;  ainsi,  un  citoyen  Romain  ne  doit  épouser  qu'une 
Romaine  libre  :  il  ne  peut  se  marier  ni  avec  une  esclave',  ni  avec  une 
atlranchie  S  ni  avec  une  étrangère*;  totite  union  avec  une  autre  qu'une 
Romaine  n'a  aucun  caractère  légitime®,  et  n'est  considérée  que  comme 
une  simple  cohabitation  ^  Il  fut  un  temps  où  les  alliances  entre 
les  patriciens  et  les  plébéiens  étaient  défendues;  mais  cette  prohibi- 
tion, établie  par  la  loi  des  XII  Tables/,  ne  dura  guère  que  six  ou 
sept  ans,  et  fut  abolie  par  une  loi  du  tribun  du  peuple  Canuléius  ^ 

Le  droit  de  testament  consiste  à  pouvoir  disposer  de  ses  biens 
après  soi;  celui  ^héritage  rend  apte  à  recueillir  toute  sorte  de  suc- 
cessions *". 

Le  droit  paternel,  que  Romulus  rendit  commun  aux  patriciens  et 
aux  plébéiens,  permettait  aux  pères  de  mettre  leurs  enfants  en  pri- 
son, de  les  faire  battre  de  verges,  de  les  charger  de  fers,  de  les  relé- 
guer à  la  campagne  pour  y  travailler  à  la  terre,  et  de  leur  ôter  la  vie 
quand  même  ils  seraient  revêtus  des  premières  charges,  quand  même 
ils  auraient  rendu  à  la  république  les  services  les  plus  signalés.  Ce  fut 
en  vertu  de  cette  loi  que  d'illustres  personnages,  haranguant  sur  la 
tribune  en  faveur  du  peuple  contre  le  Sénat,  en  ont  été  arrachés  par 


1  l'Iul.  l'omp.  58.  —  Lellrc  LWI.  =  2  Lellre  XIX.  =  >  Paul.  Sentent,  rcrcpl.  Il, 
lit.  19,  §  e.-Llpian.  lit.  5,  §  5.  =  *  Til.-Liv.  XXXIX,  9.  =  S  Id.  XXXVIll,  ÔC.-llor. 
m,  otl.  5,v.  5.  =6  Lllpian.  lit.  5,  §  9.  —  Paul.  Sentent,  recept.  11,  tit.  19,  §  6.  =; 
"  Contuberuiunj.  Paul.  Ibid.  —  ^C\c.  de  Uepub.  Il,  37.  —  Tit.-Liv.  IV,  l,  /«,  6.  — 
D.  Halic.  X,  13.=  9  Cie.— Til.-Liv.  ïbid.—Y\o\\  I,  25.  =  10  LeUre  LXXV. 


LETTRE  XVII.  375 

leurs  pères,  dans  le  temps  même  qu'on  applaudissait  à  leurs  discours, 
pour  subir  la  punition  à  laquelle  ils  jugeaient  à  propos  de  les  con- 
damner. Ils  les  conduisaient  à  travers  le  Forum,  sans  que  personne 
pût  les  arracher  de  leurs  mains,  ni  consul,  ni  tribun,  pas  même  le 
peuple,  en  faveur  duquel  ils  avaient  parlé,  et  qui,  dans  toute  autre 
occasion,  ne  connaissait  aucune  autorité  égale  à  la  sienne  ^ 

Romulus  permit  encore  aux  pères  de  vendre  leurs  enfants  comme 
des  esclaves,  qu'il  fussent  mariés  ou  non  mariés.  Numa  modifia  cette 
dernière  loi  en  établissant  que  les  citoyens  mariés  avec  le  consente- 
ment de  leurs  parents  ne  pourraient  plus  être  vendus^;  mais  les 
autres  dispositions  du  fondateur  de  Rome,  confirmées  depuis  par  la 
loi  des  XII  Tables  ^  sont  encore  toutes  en  vigueur,  jusqu'à  ce  ter- 
rible droit  de  vie  et  de  mort,  qu'un  père  peut  toujours  exercer, 
même  pour  punir  des  crimes  contre  l'Etat,  et  en  réclamant  l'hor- 
rible privilège  de  se  faire  l'agent  de  la  justice  publique*.  Ce  fut 
comme  père,  et  non  comme  consul,  que  le  premier  Brutus  fit  mou- 
rir SCS  fils  s;  l'auteur  de  la  première  loi  agraire,  Cassius,  fut  mis  à 
mort  par  son  père  pour  avoir  proposé  cette  loi®;  et  dans  des  temps 
moins  éloignés,  plusieurs  complices  de  Catilina  subirent  cette  peine 
par  suite  de  semblables  condamnations  domestiques'^. 

Aujourd'hui  cependant,  l'odieux  d'une  pareille  justice  doit  être 
adouci  par  des  circonstances  qui  commandent  d'en  user,  et  Topi- 
nion  publique  se  soulève  contre  ceux  qui  en  font  abus;  j'ai  vu  le 
peuple  percer  à  coups  de  stylets  un  chevalier  romain  qui  avait  fait 
périr  son  fils  sous  le  fouet;  Tautorité  de  l'Empereur  ne  put  l'arra- 
cher qu'avec  peine  aux  mains  acharnées  des  pères  et  des  enfants*  *. 

Le  droit  paternel  s'étend  sur  tous  les  descendants,  non-seulement 
enfants ,  mais  petits-enfants  et  arrière-petits-enfants'.  Il  ne  se  perd 
que  par  la  fibre  renonciation'",  ou  par  suite  d'une  condamnation, 
soit  du  père,  soit  du  fils,  à  l'interdiction  du  feu  et  de  l'eau",  à  la  dé- 
portation'', ou  à  la  peine  de  mort". 

Pour  les  citoyens  âgés  de  moins  de  vingt-cinq  ans ,  le  pouvoir 
paternel  survit  à  ses  auteurs  '*  sous  le  nom  de  tutelle,  au  moins  dans 
tous  ses  effets  civils. 

ID.  Halic.  II,  26,  27.  =  2 /è,d.  27.  —  Plut.  Numa,  17.  =  3  D.  Halic.  7éid.  27.= 
4  76»d.— Tit.-Liv.  LIV,  Epito.—  V.  Max.  V,  8,  5.  =  »  Plut.  Poblic.  6.  =  6  Tit.-Liv.  11, 
41. -D.  Halic.  VllI,  79.— V.  Max.  V,  8,  2,  5.— Plin.  XXXIV,  14.  =  '  Sali.  Catil.  59.— 
V.  Max.  Ibid.  2,  5.  =  »  Senec.  de  Clément.  I,  14.  =  9  Gaii,  I,  §  128.  — Instit.  II,  tit.  9, 
g  5.  =  10  Lettre  LXVI.  =  "  Gaii  Zfttd.— Ulpian.  tit.  10,  §  5.  =  12  jnstit.  1,  lit,  12,  §  1. 
=  13  /Jid.  §  5.  =  14  En  vertu  de  la  loi  Plœloria.  Mazzochi,  lab.  Heracl.  lat.  part.  Il, 
p.  429,  note  78.— Acad.  des  Inscvipt.  nouvel,  série,  t.  XIII,  p.  296. 


570  HOME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

La  tutelle  est  la  force  et  l'autorité  sur  une  tête  libre  pour  protéger 
la  personne  qui,  à  raison  de  son  âge  '  ou  de  sa  légèreté  d'esprit  ^  ne; 
peut  se  défendre  soi-même.  Par  la  raison  que  la  puissance  paternelle 
est  absolue  et  ne  peut  se  prescrire,  un  père  a  le  droit  de  hi  léguer 
par  testament  à  un  autre  citoyen^.  C'est  presque  un  devoir  pour  lui 
d'en  agir  ainsi,  s'il  a  des  enfants  en  bas  âge;  néanmoins,  lorsque, 
par  impossible,  ou  par  tout  autre  motif,  il  n'a  rien  disi)osé  à  cet 
égard,  la  tutelle  des  mineurs  ne  périclite  pas,  et  des  tuteurs  leur 
sont  donnés  soit  par  la  majorité  des  tribuns  du  peuple,  soit  par  le 
Préteur  urbain  *,  magistrat  justicier  dont  je  parlerai  plus  tard. 

Un  fils  de  famille  majeur  de  vingt-cinq  ans  est  affranchi  de  la  tu- 
telle par  la  mort  de  ses  ascendants  directs  ;  il  n'en  est  pas  de  même 
d'une  fdle  ou  d'une  femme  mariée  :  pour  elles,  ainsi  que  je  l'ai  déjà 
dit,  la  tutelle  est  à  perpétuité.  Mais  la  tutelle  de  la  femme  ma- 
riée est  très-mitigée  par  la  manière  dont  est  choisi  son  tuteur'  :  sou- 
vent le  mari  laisse  par  testament  à  sa  femme  non-seulement  la  fa- 
culté de  le  choisir  elle-même*,  mais  aussi  d'en  changer  une  fois,  si 
le  premier  qu'elle  a  pris  ne  lui  convient  pas''.  Certains  maris  vont 
encore  plus  loin  :  ils  ne  fixent  aucune  limite  à  ce  changement*,  de 
sorte  que  la  femme  pouvant  toujours  quitter  un  tuteur  qui  la  gêne 
ou  qui  lui  déplaît,  n'est,  en  réalité,  sous  la  tutelle  de  personne. 

Il  n'y  a  que  les  gens  libres  qui  puissent  posséder  légitimement, 
jouir  du  droit  de  propriété .  Et  par  libres  je  n'entends  pas  seulement 
ceux  qui  sont  nés  hors  des  liens  de  l'esclavage,  mais  ceux  qui  ne 
dépendent  de  personne,  qu'aucun  pouvoir  domestique  ne  domine. 
Ainsi  un  citoyen  sous  la  puissance  paternelle  n'a  pas  le  droit  de 
propriété  légitime,  parce  que  sa  condition  l'assimile  aux  esclaves  pour 
tous  les  actes  de  la  vie  civile ,  que  la  propriété  qu'il  acquiert  est 
de  même  nature^  que  celle  acquise  par  les  esclaves'",  et  que  son 
père  peut  en  disposer  comme  de  la  sienne  propre  et  particulière". 

Le  Droit  de  Cité  Romaine  est  exclusif  de  tout  autre  droit  de  cité  : 
le  citoyen  Romain  est  trop  élevé  pour  pouvoir  obéir  à  d'autres  lois 
qu'à  celles  de  son  pays.  Il  demeure  libre  de  choisir  une  autre  patrie 
s'il  veut,  mais  en  renonçant  à  la  première  '^  et  dès  qu'il  a  été  reçu 


»  InSlit.  I,  lit.  13,  §  l.=*Gaii,  I,  g,  144,  190.  =  3  Ibid.  g  lU.  -  Llpi;in.  til.  11, 
§  14,  15.  =  4Gaii.  I,  §  185.  — Ulpiaii.  Ibid.  §  18,  20.  =  5  cic.  pro  Miirciia,  12.  = 
«  Til.-Liv.  XXXIX,  19.-  Gaii.  Ibid.  §  150.  =  "  Gaii.  Ibid.  g  l.ïl,  152,  155.  =  »  Ibid. 
155.  =9  Til.-Liv.  11,  41.  =  l"  Inslil.  IV,  lit.  6,  §  36.=  H  Ibid.  Il,  lit.  9,  g  1;  lil.  12. 
=  '-Cic.  pro  Daibo,  il,  12,  15  ;  pro  GiLi'iii.  54.— C.  Ncp.  Allie.  5. 


LETTKE  XVll.  577 

citoyen  dune  ville  étrangère,  il  perd  sa  cité  Romaine'  :  il  ne  doit 
plus  môme  porter  la  toge^. 

Ce  droit  ne  peut  cependant  être  enlevé  à  un  citoyen  malgré  lui, 
aucune  puissance  ne  saurait  l'en  priver,  hors  les  cas  de  condanma- 
tions  judiciaires  rapportés  plus  haut.  On  a  plusieurs  fois  tenté  de  le 
faire,  et  toujours  inutilement  ^  Une  des  plus  formidables  puissances 
qui  aient  pesé  sur  le  peuple  Romain  y  échoua  comme  les  autres  : 
sur  la  proposition  de  Sylla,  dictateur,  les  grands  Comices  du  peuple 
avaient  ôté  à  quelques  villes  d'Italie  le  droit  de  cité  Romaine  dont 
elles  jouissaient,  et  leur  avaient  confisqué  une  partie  de  leur  terri- 
toire. Cette  dernière  disposition  est  restée  :  le  pouvoir  du  peuple 
s'étendait  jusque-là;  mais  la  première  ne  dura  pas  même  autant 
que  la  dictature  de  Sylla,  et  ce  général,  qui  venait  de  conquérir  la 
république,  ne  put,  quoique  appuyé  par  les  Comices,  ravir  le  droit 
de  cité  aux  Volaterrans,  qui  avaient  encore  les  armes  à  la  main  contre 
Rome*. 

Quand  un  citoyen  a  perdu  sa  cité  Romaine  par  un  cas  de  force 
majeure  non  légale,  telle  que  l'absence  suite  d'un  esclavage  comme 
prisonnier  de  guerre ^  il  peut  la  récupérer  au  moyen  d'un  autre 
droit  appelé  de  Postliminie,  que  l'on  conserve  toujours,  et  qui  n'est 
autre  que  le  retour  dans  la  patrie  naturelle,  où  l'on  vient  reprendre 
son  domicile.  Un  citoyen  ne  peut  user  du  droit  de  'Postliminie  que 
dans  le  cas  où  il  n'a  pas  été  banni  juridiquement®. 

Si  le  peupleRomainnepeut  enlever  à  quelqu'un  son  droit  de  cité, 
en  revanche,  il  est  tout-puissant  pour  l'accorder,  et  il  l'accorde  en 
effet  à  ceux  qui  lui  rendent  des  services  publics  importants''.  Ses  géné- 
raux peuvent  aussi  faire  un  tel  octroi  en  son  nom,  et  jamais  aucun 
des  peuples  ou  des  individus  qui  ont  ainsi  reçu  ce  bienfait,  ne  furent 
inquiétés  comme  ne  le  possédant  pas  bien  légitimement  ^  Il  est  vrai 
que  pour  constater  la  légitimité  de  la  concession,  on  la  fait  ratifier 
d'une  manière  solennelle  sous  la  forme  d'une  loi  votée  dans  les  Co- 
mices par  Tribus®.  Les  noms  des  gratifiés  sont  ensuite  inscrits  sur  la 
liste  des  citoyens  Romains,  tenue  par  le  Préteur  de  la  ville  '"  ;  cette 


1  Cic.  pro  Caecin.  54.  =  ^  pijn.  iv,  Ep.  ll.=  3Cic.  Ibid.  33.  3i  ;  pro  domo.  29. 
—  ''  Id.  pro  Ceecin.  35  ;  pro  domo.  30.  =  5  Gaii  I,  §  129.  —  Ulpian.  lit.  23,  §  5.  — 
Instil.  I,  lit.  12,  g  5.=  6  Cic.  pro  Caerin.  34  ;  pro  Baibo,  11,  12  ;  de  Oral.  1,  'lO;  Topic. 
8.— Digcsl.  XLIX,  tit.  15.— Fesl.  v.  Poslliminium.—  Ulpian.  lit.  10,  §  i.  —  Inslil.  Ibid. 
=  7  010.  pro  Balbo,  9,  13.  =  » /ôtrf.  23,  2'<  — V.  Max.V,2,  8  —Dion.  XLI,  2'..  =  a|)ioii. 
Ibid.— CÀc.  ad  Allie.  XIV,  12.  — Til.-Liv.  XXVU,  3  ;  XXXVIII,  36.  ^  i"  Cic.  pio  Arciiia, 
3,  4,  12. 


378  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

inscription  forme  leur  titre  véritable,  en  cas  de  contestation*.  Les 
tables  censorialcs  n'ont  point  la  même  valeur  kyale;  elles  prouvent 
seulement  que  ceux  qui  y  sont  portés  se  donnaient  alors  pour  ci- 
toyens Romains,  mais  non  pas  qu'ils  l'étaient  réellement ^ 

L'Empereur,  tout-puissant  dans  la  république,  concède  aussi  la  cj^é 
Homaine,  mais  il  n'use  de  son  pouvoir  à  cet  égard  qu'avec  infini- 
ment de  retenue,  afin  de  conserver  le  peuple  pur  de  tout  mélange  de 
sang  étranger  ou  esclave'.  Tibère  son  fils  sollicitant  un  jour  ce  droit 
pour  un  (jrec  son  client  :  «  Je  ne  vous  accorderai  votre  demande, 
répondit-il,  qu'autant  que  vous  m'en  aurez  démontré  la  justice.  »  Il 
refusa  également  à  Livie  sa  femme,  qui  jouit  cependant  d'un  grand 
empire  sur  lui,  le  même  droit  pour  un  Gaulois  tributaire;  il  ofirit 
de  le  décharger  de  son  tribut,  aflirmant  qu'il  soufiVirait  plus  volon- 
tiers que  l'on  fit  perdre  quelque  chose  au  fisc,  que  de  prodiguer  le 
droit  de  cité  Romaine '*. 

La  législation  a  \e\\\é  avec  un  soin  extrême  à  maintenir  la  pureté 
du  sang  Romain;  ainsi,  dans  l'état  de  mariage  légitime,  les  enfants 
naissent  dans  la  condition  du  père:  s'il  n'y  a  que  concubinage,  ils 
suivent  la  condition  de  leur  mère:  l'enfant  d'une  Romaine  et  d'un 
étranger,  est  étranger^;  celui  d'un  citoyen  Romain  et  d'une  Latine, 
est  Latin;  celui  d'un  citoyen  Romain  et  d'une  esclave,  est  esclave*. 

Le  Droit  de  Cité  Romaine  est  la  faveur  la  plus  insigne  que  des 
étrangers  puissent  recevoir.  Le  peuple  en  a  une  si  haute  idée,  qu'il 
forme  à  ses  yeux  une  sorte  de  royauté  qui  rend  le  citoyen  Romain 
respectable  à  tous  les  peuples  de  la  terre.  La  simple  exclamation  : 
Je  suis  citoyen  Romain!  doit  arrêter  toute  persécution,  tout  attentat 
contre  l'inviolabilité  personnelle.  C'était  le  cri  des  victimes  du  fa- 
meux Verres'';  et  avec  ces  pirates  que  Pompée  fut  chargé  de  dé- 
truire ,  c'était  encore  ainsi  que  les  citoyens  capturés  réclamaient 
hautement  la  liberté  qu'on  leur  ravissait,  cherchaient  à  se  faire  res- 
pecter, et  croyaient  sauver  leurs  jours  ^. 

•  Cic.  pro  Archia,  V2.—  '^Ibid.  5.  =  »  Suet.  Aug.  40. —Dion.  LVI,  53.  =*  Sud. 
/6jd.=:Suipian.  lit.  5,  §8.  =^lUd.  §  9,  =  7cic.  in  Verr.  IV.  57,  62.=  «Plut, 
l'omp.  24. 


LETTRE  XVIII. 


LES    PROMENADKS     DE    LA     VILLE. 


Il  y  a  un  quartier  de  Rome  que  je  préfère  à  tous  les  autres,  pour 
lequel  j'ai  une  prédilection  qui  date  du  premier  jour  où  je  l'ai  vu, 
c'est  le  Champ-de-Mars.  J'y  vais  très-souvent,  j'y  vais  presque  tous 
les  jours.  Mon  admiration,  et  l'habitude  générale  d'aller  s'y  prome- 
ner l'après-midi  pendant  une  heure  ou  deux,  m'y  attirent  constam- 
ment. Les  Romains  sont  grands  promeneurs;  ils  font  de  la  prome- 
nade un  délassement  et  un  spectacle;  ils  vont  se  promener  pour  voir 
et  pour  être  vus  :  aussi,  au  lieu  de  se  disséminer,  de  chercher  les 
endroits  les  plus  vastes,  les  plus  spacieux,  ils  se  portent  tous  sur  les 
mêmes  points.  La  partie  bâtie  du  Champ-de-Mars  est  leur  rendez-vous 
ordinaire,  parce  qu'ils  trouvent  là  de  beaux  portiques  où  ils  se  pro- 
mènent à  l'ombre  ^  Il  faut  sentir  l'ardeur  du  soleil  comme  on  la 
sent  ici,  seulement  quatre  ou  cinq  heures  après  le  lever  de  cet 
astre,  pour  comprendre  tout  le  charme  qu'il  peut  y  avoir  à  se  pro- 
mener à  l'ombre.  Le  peuple  apprécie  fort  cette  jouissance,  et  depuis 
longtemps,  les  grands,  les  riches,  les  ambitieux,  en  un  mot  les 
puissants  courtisans  de  la  plèbe  Romaine  se  sont  efforcés  de  la  lui 
procurer;  ce  fut  un  des  moyens  employés  pour  capter  sa  faveur. 
L'Empereur,  'si  jaloux  de  plaire  au  peuple,  a,  dans  ce  but,  fait  bâtir, 
au  Champ-de-Mars,  le  Portique  d'Octavie^  et  maintenant  il  ter- 
mine, au  mont  Esquilin,  un  autre  Portique  non  moins  beau,  qui 
portera  le  nom  de  Livie^. 

Voici  quels  sont,  au  Champ-de-Mars,  les  Portiques  otferts  à  l'em- 
pressement des  promeneurs;  je  les  nommerai  par  ordre  topogra- 
phique, en  arrivant  par  la  voie  Triomphale  et  le  théâtre  deMarcel- 
lus  :  Le  Portique  d'Octavie  et  celui  de  Philippe'',  situés  côte  à  côte; 
vis-à-vis,  le  Portique  de  Minucius^ ;  sur  la  droite,  celui  d'Octavius, 
appelé  aussi  Portique  Corinthien  ®  ;  derrière  la  scène  du  théâtre  de 


'  Ilor.  I,  Ep.  1,  V.  71  ;  6,  v.  26.  —  Ov.  Amor.  U,  2,  v.  5;  Remed.  amor.  v.  627. 
ViUuv.  III,  2.  —  Mari.  Vil,  96;  XI,  48,  etc.  =  2  plan  et  Descript.  de  Rome,  n"  150. 
»  Ibid.  no  16.  =  4  Ibid.  n"  153.  =  s  ibid.  no  145.  =  «/itd.  n"  154. 


580  ROMI-   AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

Pompée,  le  Portique  de  Pompée^  et  Y Nécatonstylon- ;  entre  les 
Jardins  d'Aptrippa  et  le  Panth(';on^  le  Portique  du  linn  Evénement'*', 
enfin,  presque  en  parallèle,  au  bord  de  la  voie  Flaniinia,  le  Portique 
de  Neptune  ou  des  Argonautes'^.  Je  ne  compte  ici  ni  les  Septa 
Julia^,  ni  les  Septa  Agrippiana'',  les  plus  vastes  de  tons  les  Por- 
tiques, parce  qu'ils  n'ont  pas  été  bâtis  spécialement  pour  servir  de 
promenades. 

Je  vais  essayer  maintenant  de  te  donner  une  légère  idée  de  la 
niagnilicence  de  ces  ouvrages. 

Le  Portique  d'Octavie  est  un  grand  parallélogramme  de  plus  de 
quatre  cents  pieds  de  long,  sur  deux  cent  soixante-dix  de  large  (") ,  en- 
viron, composé  de  quatre  galeries  en  double  colonnade  à  jour.  Elles 
cnv(^lo[)pent  deux  temples  dédiés  l'un  à  Jupiter,  l'autre  à  Junon,  situés 
au  milieu  de  cette  belle  enceinte,  et  séparés  par  une  voie  de  soixante- 
douze  pieds  de  large  C").  Cette  voie  répond  à  une  espèce  de  pronaos 
ou  de  porche  composé  d'une  double  file  de  grandes  colonnes  sur- 
montées d'un  fronton,  et  formant  l'entrée  du  Portique  du  côté  du 
théâtre  de  Marcellus.  Elle  aboutit,  par  son  autre  extrémité  à  un 
autre  temple  situé  en  dehors  des  galeries,  et  qu'on  nomme  la  Curie 
Octavienne^  :  c'est  un  monument  destiné  aux  réunions  du  Sénat. 
Les  temples  de  Jupiter  et  de  Junon,  ainsi  que  tout  le  porche  sont  en 
marbre  blanc.  Le  toit  et  la  partie  supérieure  des  portiques  sont 
aussi  du  même  marbre,  mais  les  colonnes  sont  alternativement  en 
granit  rose,  et  en  marbre  phrygien,  blanc  veiné  de  vert('").  Un  hémi- 
cycle ,  adossé  à  la  partie  postérieure  des  temples ,  forme  devant  la 
Curie  une  petite  place  appelée  l'Ecole  des  Portiques,  parce  qu'elle 
ressemble,  par  sa  forme  demi-circulaire,  à  l'École  d'un  bain^. 

C'est  l'Empereur  qui  a  bâti,  il  y  a  une  dizaine  d'années,  ce  magni- 
fique Portique  auquel  il  a  donné  le  nom  de  sa  sœur  Octavie.  Les 
temples  de  Jupiter  et  de  Junon  sont  beaucoup  plus  anciens  :  on  les 
doit  à  Métellus  le  Macédonique  ;  mais  Auguste,  en  les  enclavant 
dans  sa  construction  nouvelle,  leur  a  donné  une  plus  grande  splen- 
deur. Le  portique  est  décoré  de  statues,  et  l'École,  de  superbes 
tableux  peints  par  des  artistes  grecs. 

Le  Portique  bâti  par  Philippe  '",  dont  il  porte  le  nom,  présente 


<  l'ian  cl  Dcscripl.  lio  nonu',  n"  160.  —  ^  Ibid.  n<>  161.  =  3  Ihid.  nos  169  cl  180.  = 
*  Ibid.  Il"  181.  =  s  Jhid.  n»  179.  =  "  Ibid.  n"  177.  =  "  Ibid.  n"  46.  =  »  Ibid.  n"  loi. 
=  3  Voy.  LctlreXlI,  p.  523.  =  loi'laii  cl  Dcfcripl,  de  Komc,  n»  155.  C)  120  moires 
sur  85.  C»)  -21  mtHres  .'iO.  ['^)  Le  cipolliii. 


•*)\t  antii 


LE   PORTIQUE  D    OCTAVIE 

t  la  bibliolbc(]ai;   OcUvionne . 


LETTRE  XVIII.  384 

h  peu  près  la  même  disposition  et  la  même  étendue.  Il  y  a  au  centre 
un  temple  consacré  à  Hercule  Musagète. 

Le  Portique  de  Minucius^  est  peu  important,  mais  celui  <ÏOc- 
tavius-  l'est  beaucoup  :  c'est  un  des  plus  anciens  monuments  de  ce 
genre ,  et  le  premier  qui  fut  fait  à  double  colonnade,  Octavius,  per- 
sonnage consulaire,  le  construisit  vers  la  fin  du  sixième  siècle.  Il  le 
disposa  de  manière  à  en  faire  une  promenade  d'été  et  d'hiver  tout  h 
la  fois,  en  orientant  les  deux  grands  côtés  de  son  monument  au 
midi  et  au  nord,  et  le  coupant,  dans  le  sens  de  sa  longueur,  par  un 
massif  qui  intercepte  les  rayons  solaires  vers  le  nord,  et  les  retient 
vers  le  midi.  Le  massif  est  décoré  de  niches,  de  pilastres,  et  contient 
cinq  salles  circulaires.  Rien  de  mieux  entendu  que  ce  Portique,  l'un 
des  plus  agréables  de  Rome,  bien  que  son  heureuse  disposition  soit 
maintenant  en  partie  annulée  par  le  théâtre  de  Corn.  Ralbus,  qu'on 
vient  d'élever  sur  son  côté  méridional.  Les  colonnes  sont  d'ordre  co- 
rinthien, avec  des  chapiteaux  en  airain,  si  beaux  qu'ils  ont  valu  au 
monument  le  second  nom  de  Portique  Corinthien. 

On  donne  ordinairement  la  forme  d'un  carré  allongé,  comme  la 
plus  favorable,  aux  galeries  destinées  à  la  promenade;  c'est  aussi 
celle  du  Portique  de  Pompée^,  le  plus  vaste  de  tous  en  même  temps 
que  le  plus  agréable.  Il  se  développe  autour  d'une  aire  de  cinq  cent 
soixante-dix  pieds  de  long  sur  trois  cent  cinquante  pieds  de  large  ("), 
avec  deux  rangs  de  galeries  en  colonnades  sur  chaque  face.  Une 
troisième  galerie,  également  en  colonnade,  divise  dans  sa  longueur 
l'aire  centrale,  qui  est  très-vaste,  et  en  forme  comme  deux  cours, 
chacune  ombragée  par  une  avenue  de  platanes,  ornée  de  statues 
d'animaux,  et  rafraîchie  par  des  fontaines  jaillissantes.  Des  murs,  dans 
lesquels  on  trouve  de  place  en  place  de  petits  hémicycles  avec  des  bancs 
pour  les  promeneurs  fatigués,  ferment  les  galeries  de  ceinture.  Les 
parties  droites  de  cette  clôture  sont  enrichies  de  tableaux  des  plus  fa- 
meux peintres  de  la  Grèce.  Des  voiles  en  étoff'es  attaliques,  tissus  de 
laine*  peints  à  l'aiguille^  et  brochés  d'or  ^  descendent  à  volonté  dans 
les  entre-colonnements  pour  garantir  les  promeneurs  des  ardeurs  du 
soleil.  Toutes  les  colonnes,  au  nombre  de  plus  de  trois  cents,  sont  en 
granit  rose. 

Ce  portique  déjà  si  grand  est  mitoyen  avec  \ Hécatonstylon,  ga- 

>  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  145.  =  2  Ibid.  n»  154.  =  3  jn^,  „<>  160.  —  *  Sid. 
Apoll.  carm.  22.  =  8  Sil.  liai.  XIV,  v.  659.  =  «  Plin.  VIIF,  48  ;  WXlll,  S.  («)  168  mi- 
tres 720,  sur  105  mètres  600. 


382  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

lerie  étroite  et  longue,  qui  en  fait  presque  partie,  et  n'a  pas  moins 
de  cent  colonnes,  ainsi  que  l'indique  son  nom  d'Hécatonstylon. 

Le  Portique  du  Don  L'vénemenl  et  celui  de  Neptune  ou  (tes  An/o- 
nautes,  sont  encore  autour  de  temples,  comme  celui  de  Philippe. 

Toutes  ces  galeries  se  trouvent  situées  à  peu  près  sur  la  lisière  de 
la  partie  Mtie  du  Champ-de-Mars,  de  sorte  qu'on  peut  faire  le  tour 
de  ce  quartier  en  passant  de  l'une  à  l'autre,  et  franchissant  seule- 
ment de  petits  intervalles;  du  portique  d'Octavie  on  passe  au  por- 
tique de  Philip|je  ;  de  celui-ci  an  portique  Corinthien  ;  du  portique  Co- 
rinthien au  portique  de  Pompée  et  à  l'Hécatonstylon  ;  puis,  longeant 
les  Jardins  d' Agrippa,  au  portique  du  Bon  Événement;  de  là  enlin, 
après  avoir  traversé  la  place  du  Panthéon,  au  portique  de  Neptune. 

Presque  en  face  de  ce  dernier,  de  l'autre  côté  de  la  voie  Lata, 
Agrippa  a  commencé,  sous  le  nom  de  sa  sœur  Pola,  un  nouveau 
Portique,  qui  allongera  encore  cette  merveilleuse  promenade ,  sans 
en  déranger  la  symétrie  presque  circulaire  *. 

Ces  galeries,  vraiment  dignes  de  la  majesté  romaine,  deviennent  des 
lieux  d'intrigues,  à  l'heure  de  la  promenade,  à  cause  de  l'affluence  de 
promeneurs  et  de  promeneuses  qui  s'y  portent  ^  Un  homme  recher- 
che-t-il  l'affection  d'une  femme  :  il  commence  par  s'informer  des  por- 
tiques qu'elle  fréquente,  et  il  l'y  suit  assidûment  ^  Les  amants  sont-ils 
déjà  d'accord,  c'est  aux  portiques  qu'ils  viennent  se  rencontrer*  :  tous 
accourent  dans  ces  beaux  endroits  pour  y  briller,  pour  y  faire  assaut 
d'élégance  et  de  grâces".  Les  petites  ruses  de  l'amour  ou  de  la 
jalousie;  les  manèges  delà  coquetterie  la  plus  ingénieuse,  la  plus 
timide,  et  quelquefois  aussi  la  moins  déguisée,  sont  constamment 
mises  en  œuvre.  Là,  c'est  une  femme  qui  dans  sa  démarche  dessine 
les  contours  d'une  taille  élégante;  qui  pour  montrer  une  peau 
blanche  comme  la  neige,  permet  au  zéphire  de  se  jouer  dans  sa  tu- 
nique, de  découvrir  de  temps  en  temps  son  épaule  et  une  partie  de 
son  bras®.  Plus  loin,  une  autre,  vêtue  de  manière  à  laisser  voir  im 
sein  d'albâtre''  s'avance  entourée  de  servantes  vieilles  ou  laides, 
ombres  qu'elle  met  à  sa  beauté^,  ce  qui  lui  est  d'autant  plus  facile 
que  les  femmes  ne  sortent  jamais  seules  ^  et  se  font  accompagner 


1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n"  49.  =  2  Ov.  Art.  am.  I,  v.  67  ;  HI,  v.  387  ;  Remed. 
amor.  v.  627  ;  Tiisl.  U,  v.  285.  —  Hor.  I,  Ep.  6,  v.  26.  —  Mart.  XI,  48.  —  Tac.  Aa;rirol. 
21.  =  3  0v.  Amor.  n,  2,  v.  3.—  Properl.  Il,  18,  v.  53.  =4  0v.  Trisl.  II,  v.  285.= 
8  Propert.  IV,  8,  v.  75.  =  6  0v.  Art.  am.  III,  v.  301.  =' Propert.  II,  18,  v.  8.= 
8  Mart.  VIII,  79.  =  9  Plaut.  Casin.  II.  2,  v.  i. 


LETTRE  XVIII.  585 

assez  volontiers  par  des  esclaves  ou  des  affranchies  qui  les  ont  allai- 
tées dans  leur  enfance*.  D'un  autre  côté,  c'est  un  jeune  hounne  qui 
se  presse  sur  les  pas  d'une  dame  jusqu'alors  insensible  à  son 
amour  ^  :  tantôt  il  la  devance  pour  attirer  ses  regards  ;  tantôt  il  quitte 
la  fde  des  promeneurs,  qui  marche  toujours  lentement*,  et  vient  la 
reprendre  auprès  d'elle*. 

Les  femmes  qui  se  font  remarquer  par  leurs  agaceries  sont  presque 
toutes  des  courtisanes"*;  les  matrones,  plus  sages  ou  plus  retenues, 
ne  viennent  aux  portiques  que  pour  le  plaisir  de  la  promenade. 
A  l'exception  de  la  figure,  elles  sont  presque  invisibles  :  une  longue 
Stole  leur  descend  jusque  sur  les  pieds  ^,  et  en  outre  une  Palla, 
ample  manteau,  les  enveloppe  et  ne  permet  point  de  voir  leur  taille. 
Une  troupe  de  gardiens  et  de  femmes  les  suit  et  les  entoure, 
de  manière  à  empêcher  la  foule  d'approcher  d'elles''.  C'est  tout  au 
plus  si  dans  les  gestes  multipliés  dont  les  personnes  de  leur  sexe 
accompagnent  toujours  la  conversation,  elles  se  permettent  l'inno- 
cente coquetterie  de  montrer  une  jolie  main,  de  laisser  voir  des 
doigts  gracieux,  brillants  d'ongles  rosés  ^. 

La  plupart  des  femmes  portent  des  voiles  qui  leur  cachent  à  moilié 
le  visage,  moins  pour  se  conformer  à  l'ancienne  coutume  qui  dé- 
fendait aux  Romaines  de  sortir  la  figure  découverte  ^  que  pour  irriter 
la  curiosité,  et  prêter  à  leur  beauté  le  charme  d'un  demi-mystère  '°. 
Beaucoup,  par  une  recherche  toute  voluptueuse,  tiennent  dans  les 
mains,  pour  se.  les  entretenir  fraîches,  des  boules  soit  de  cristal, 
espèce  de  glace  naturelle  infusible *S  soit  d'ambre  jaune,  matière 
qui  donne  d'abord  une  fraîcheur  douce,  remplacée  par  un  parfum 
des  plus  suaves  quand  elle  est  échauffée  *^  Il  y  en  a  qui  s'enlacent 
autour  du  col  des  petits  serpents  privés,  qu'elles  laissent  flotter  sur 
leur  sein  comme  des  colliers,  pour  se  rafraîchir  par  le  contact  de  ces 
animaux  à  sang  glacial  **. 

C'est  encore  aux  portiques,  et  particulièrement  à  celui  de  Pompée, 
affectionné  parla  plus  brillante  société  de  la  ville**,  qu'il  faut  se 
rendre  pour  rencontrer  des  hommes  non  moins  curieux  de  leur 


1  Ov.  Remed.  amor.  v.  637.— Propert.  IV,  7,  v.  75.  — Juv.  S.  6,  v.  350.  =  2  Ov.  Art. 
am.  I,  V.  71  ;  UI,  v.  301.  =  s  Pompeia  lenlus  spatiare  sub  umbra.  Ov.  Art.  am.  I,  v.  67 
=  '*  Ibid.  V.  493.  =  8  ibid.  V.  50.  —  «  Ibid.  v.  32.— Hor.  I,  S.  2,  v.  29,  94.  =  7  Hor. 
Ihid.  V.  98.  =  8  Ov.  Ihid.  HI,  v,  275.  =9  V.  Max.  VI,  3,  10  —Plut.  Quœst.  Rom.  p.  82. 
10  Tac.  Ann.  XIU,  45.  =  "  Plin.  XXXVIH,  8.— Propert.  II,  18,  v.  60.  =  i2Mart.  XI,  9. 
=  1»  Mart.  VU,  86.  =  i*  Ov.  Art.  am.  I,  67  ;  lU,  587.  —  Propert.  II,  25,  v.  45  ;  IV,  8, 
V.  75.— Catul.  52,  V.  6.— Mart.  V,  10  ;  XI,  48. 


384  ROME  AU  SIÈCLE  DAUGUSTE. 

parure  et  de  leur  beauté  que  des  IVnimes.  On  les  appelle  des 
Beaux  '.  Vous  reconnaissez  un  Beau  à  ses  doigts  ornés  de  ba^^ues^; 
presque  toutes  les  articulations  en  sont  chargées';  il  en  a  quelque- 
fois six  à  chaque  doigt*,  et  davantage*.  En  hiver,  ces  anneaux  sont 
d'un  poids  énorme';  en  été,  d'une  extrême  légèretés  Vous  le  recon- 
naissez encore  à  ses  mains,  à  ses  bras  et  à  ses  jambes  polis  à  la 
pierre  ponce*,  et  dont  pas  un  seul  poil  n'altère  la  blancheur';  à  sa 
chevelure  soigneusement  peignée,  et  parfumée  '•*  de  nard",  de  baume 
ou  de  cinnamome^-;  à  son  menton  [imberbe,  ou  couvert  d'une  barbe 
touft'ue  ",  dans  ce  pays  où  aucun  homme  ne  porte  sa  barbe;  à  la  lon- 
gueur de  sa  tunique  et  aux  manches  qui  couvrent  ses  bras  et  même 
sa  main  presque  entière'*;  enfin  à  l'éclat  de  la  pourpre  et  à  la  finesse 
du  tissu  de  sa  toge  '*,  qui  se  fait  aussi  remarquer  par  son  ampleur 
exagérée  '*.  Quelquefois  il  se  drape  dans  un  lacernahvuw  '",  vêtement 
militaire'*  qu'un  reste  d'habitude  des  guerres  civiles  a  mis  en  usage, 
et  que  beaucoup  de  citoyens  portent  de  préférence  à  la  toge  '*.  Enfin 
un  Beau,  à  ne  le  considérer  que  dans  sa  parure,  est,  pour  me  servir 
d'une  expression  romaine,  un  homme  fait  à  l'ongle-'^,  c'est-à-dire 
parfait. 

Barrus  est  le  type  de  cette  espèce  :  il  a  une  célébrité  dans  son 
genre,  et  dès  qu'il  paraît,  les  regards  des  jeunes  filles  se  dirigent 
sur  lui^'.  Barrus  parle  d'un  ton  mou  et  languissant -S  et  grasseyé  en 
parlant *^  Aussi  à  son  aise  en  public  que  chez  lui,  il  fredonne  les 
voluptueuses  chansons  de  Cadix  et  du  Nil.  Ses  gestes  semblent  réglés 
par  la  musique.  Assis  en  désœuvré  pendant  tout  le  jour  au  milieu 
d'un  cercle  de  femmes,  il  a  toujours  quelques  mots  à  leur  dire  à  l'o- 
reille. Il  reçoit,  il  écrit,  il  expédie  de  tous  côtés  de  tendres  missives. 
Il  sait  l'amant  aimé  de  chaque  femme,  court  les  soupers,  et  récite 
de  mémoire  la  généalogie  des  plus  fameux  coursiers  du  cirque  ". 
Barrus  a  toujours  une  chaussure  dont  la  peau  lui  presse  bien  le  pied". 


1  Tîellus  liomo.  Mart.  III,  63  ;  XII,  39.  =  *  Ov.  Art.  am.  III,  v.  446.  —  Hor.  IF,  S.  7, 
V.  9.— Mart.  V,  62.  ==  3  Plin.  XXXIII,  1.  —  Senec.  Xal.  Quœst.  VII,  31.  =*  Mart. 
XI,  60.  =  5  Quint.  Inst.  orat.  XI,  3.=  «  Plin.  XXXIII,  1.  =  7Juv    S.  1,  v.  28.  =  «Mart. 

V,  42.— Maiiil.  V,  130.  =9  Mart.  III,  65;  V,  62.  =  10  Cie.  Calil.  II,  10  ;  in  Piso.  11  ; 
pro  Sext.  Hosr.  i6.  — Ov.  Ait.  am.  III,  v.  443.— Mart.  XII,  58.  =  "  Ov.  Ibid  —  i^Mart 

VI,  53;  XII,  58.=  isr.ene  barbalus.    Cic.  in   Catil.    II,   10.  =  iiCic.   Ibid.— A.  Gcll. 

VII,  12.  =  >3  Cic.  in  Calil.  Il,  10  ;  Pro  Sext.  Rose.  46.  —  Ov.  Art.  am.  III,  v.  443.— 
Mart.  XII,  38.  =  »8  Hor.  Epod.  4,  v.  8.  — Suet.  Aug.  75.  =  i"  Suel.  Ibid.  50.  — Mart.  IV, 
2.=  18  Ov.  Fasl.  Il,  V.  745.  — Propert.  IV,  3,  v.  18.- Patercul.  II,  80.=  '^Suet.  Aug. 
50.  =  20  Ad  ungucm  faclus  homo.  Hor.  I,  S.  3,  v.  32.— Acron.  in  Hor.  loc.  cil.=  2iHor. 
I,  S.  6,  V.  50.  =22  Sener.  Ep.  114.  =  33  Mart.  X,  63.  ="  Id.  111,65.  =^^  Ov.  Art. 
am.  I,  V.  fil6. 


LETTRE  XVIH.  S85 

II  change  plusieurs  fois  de  laticlave  dans  la  même  journée  ',  et  se 
croirait  presque  déshonoré  si  sa  toge  n'était  bien  hislrée  par  le  fou- 
lon ^  Jamais  il  ne  sort  sans  l'avoir  arrangée  devant  un  miroir  ',  sans 
en  avoir  drapé  largement  le  sinus  *,  partie  croisant  sur  la  poi- 
trine *,  et  chaque  soir  ce  précieux  manteau  est  remis  en  presse  • 
pour  lui  conserver  des  plis  si  savamment  étudiés  ''.  Dehors,  il  évite 
avec  soin  le  coude  importun  des  passants^.  Un  Jour  ayant  eu  la  struc- 
ture laborieuse  de  sa  loge  dérangée  par  quelqu'un  qui  le  heurta  dans 
un  passage  étroit,  il  en  fut  si  irrité  qu'il  lui  intenta  une  action  d'injure*. 

On  donne  encore  un  autre  nom  aux  Beaux,  on  les  appelle  7'ros- 
sules^^,  de  Trossula,  ville  d'Étrurie  que  les  chevaliers  Romains  lors- 
qu'ils servaient  dans  les  légions,  emportèrent  d'assaut  sans  le  secours 
de  l'infanterie,  ce  qui  leur  valut  le  glorieux  surnom  de  Trossules  '^ 
Tant  qu'ils  n'abandonnèrent  point  la  milice,  cette  dénomination  leur 
fut  appliquée  dans  ce  sens;  mais  dès  que  quantité  de  chevaliers 
vieillirent  à  Rome  sans  voir  les  armées,  on  ne  prit  plus  l'expres- 
sion que  dans  un  sens  ironique,  comme  une  contre-vérité,  et  c'est 
ainsi  qu'on  l'emploie  toujours  maintenant  ^^ 

Ces  chevaliers  Jrosmles  ne  sont  pas  moins  ridicules  que  les 
Beaux  :  Rufus  se  farde,  et  marche  gravement  à  pas  mesurés,  afin 
d'étaler  sa  beauté  comme  un  paon  qui  fait  la  roue  ".  Cotilus,  au 
contraire,  s'avance  en  sautillant,  se  balance  sur  ses  jambes,  se  porte 
sur  la  pointe  du  pied,  afin  de  se  donner  une  taille  avantageuse  '*. 

Mécène  (le  ministre  de  l'Empereur)  se  couvre  la  tête  d'im  Pallium, 
petit  manteau  grec  qui  laisse  paraître  ses  deux  oreilles  '\  A  peine 
habillé,  en  tunique  tramante,  et  sans  ceinture'*,  comme  tous  les 
efféminés  ou  les  débauchés*'^,  (on  ne  quitte  jamais  la  ceinture  que 
chez  soi'^)  il  se  fait  accompagner  partout  de  deux  eunuques,  assuré- 
ment plus  hommes  que  lui. 

Sabellus'*  se  montre  avec  une  barbe  coupée  par  parties  :  la  lèvre 
supérieure  rasée,  et  tout  le  reste  dans  l'état  naturel.  Ses  habits  sont 
d'une  couleur  bizarre.  11  porte  une  toge  transparente,  et  fait  tout 
pour  attirer  les  regards;  qu'on  le  ridiculise,  qu'on  le  blâme,  Sabel- 
lus  sera  content  si  on  le  regarde  ^'*. 

'  Ilor.  H,  s.  7.  V.  IO.=  ^Sfnec.  do  Tranquil.  anim.  1.  =  ^  Maciob.  Saiur.  Il,  9.=r: 
*  Ov.  Uemed.  anior.  v.  680.  =  •HSuinl.  Instil.  oral.  \1,  3.  =  B  IMaii.  U,  46.  =  "  Terlul. 
de  Pall.  .-..  =  s  .Mail.  II!,  63.  —  ^  .Mac:ob.  .Saliir.  II,  9.  =  m  Trossiili.  Senec.  Fp.  87. 
=  "Plin.  XXXIII,  2.  — Fesl.  v.  Tiossuli.=  12  Scncr.  — Plin.  lbid.=  13  Peirori.  126.= 
I*  Seiier.  Kp.  111.  =  15  /J.  Ep.  114.  =  '«  76-^7.  —  !Ior.  Kpod.  1,  v.  34.  -  Pcrs.  S.  3, 
V.  31.  =  IV  lior.  1,  S.  2,  V.  2;;.— M.iciol).  }iL  11,  .'.  =  '»  l'ers.  — Senoc  —  Hor.  ïbid.\  el 
II,  S.  I,  V.  73.  — Sui^l.  (>;.  ;.-i.  =  '■•  Mail.  \il,  5'J.  --.  20  Scskt,   Kp.  Il  1. 


586  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

Le  Champ-de-Mars  est  le  rendez-vous  général  des  promeneurs  à 
pied;  les  promeneurs  à  cheval,  en  char  ou  en  liliùre,  vont  sur  la 
voie  Appienne  *,  en  dehors  de  la  porte  Capène.  Ce  lieu  situé  au  midi 
de  la  ville  est  séparé  du  Champ-de-Mars  par  la  onzième  région.  On 
traverse  le  quartier  des  Vélabres,  tout  le  Cirque  Maxime,  et  à  deux 
ou  trois  cents  pas  de  ce  monument,  on  trouve  la  porte  Capène  qui 
débouche  immédiatement  sur  la  voie  Appienne  *.  C'est  là,  sur  cette 
belle  route,  que  les  Trossules  viennent  montrer  leurs  brillants  équi- 
pages^ attelés  de  mules  luisantes  d'embonpoint,  bien  appareillées 
pour  la  taille  ainsi  que  pour  la  couleur,  parées  de  riches  housses  de 
pourpre  et  de  harnais  couverts  d'or*  ;  leurs  voitures  garnies  de  ta- 
pis précieux"*,  ornées  d'ivoire,  d'airain  ®.  quelquefois  même  d'argent 
ciselé'',  et  dont  les  noms  sont  aussi  variés  que  les  formes  :  ce  sont 
des  Petorrita^,  chars  à  quatre  roues*,  imités  de  ceux  de  notre 
pays'";  des  Cisii,  équipages  légers"  auxquels  cependant  on  attèle  trois 
mules'-;  des  Covini,  voitures  entièrement  couvertes,  que  l'on  con- 
duit soi-même'^;  des  Rhedœ,  autres  chars  à  quatre  roues'*,  où  l'on 
lient  deux  personnes''*;  des  Caruccœ^^,  voitures  élevées ''';  des  Es- 
seda^^,  chars  légers '^  des  Vehkula'^^ ;  d'autres  encore  dont  j'ignore 
les  noms,  et  qui  presque  toutes  sont  dirigées  par  un  esclave^*; 
Les  plus  belles  voitures  sont  attelées  de  quatre  chevaux-^ 

La  plupart  de  ces  promeneurs  se  font  précéder  par  une  troupe  de 
cavaliers  Numides  qui  soulèvent  des  flots  de  poussière,  et  font  écar- 
ter la  foule  sur  leur  passage -^  On  croirait  qu'ils  courent  à  quelque 
affaire  pressée,  ou  qu'ils  volent  à  la  conquête  d'une  province.  Les  plus 
modestes  se  contentent  de  lancer  devant  leurs  chars-*  rapides^*  un 
seul  coureur  à  tunique  courte^*,  ou  bien  une  troupe  de  chiens  mo- 
losses parés  de  colhers". 

Les  élégants  qui  se  montrent  en  litière  sont  élevés  sur  les  épaules 
de  six  et  huit  lecticaires  ou  porteurs^',  tous  beaux  hommes^',  vêtus 

1  Hor.  Epod.  4,  v.  U;  I,  Ep.  6,  v.  26.  =  2  pian  ot  Descript.  de  Rome,  n"  4.  = 
3  Hor.  1,  Ep.  6,  V.  26.  =  ''  Senec.  Ep.  87.  =  S  DiResl.  XXXIII,  tit.  10,  leg.  5,  §  1.— 
Propert.  lY,  8,  v.  23.  =  6  Vospic.  Aurel.  46.  ='  Ihid.  —  l'Un.  XXXlll,  ll.  =  8  Hor.  I, 
S.  6,  V,  104.=  3  Fesl.  v.  Peloritum.  =  i»  A.  Gell.  XV,  30.=  ''  Cic.  pro  Sext.  Hosc. 
7;  Philipp.  H,  31.— Senec.  Ep.  72.—  Virg.  Caialect.  8.  =  i'-  Auson.  Episl.  VUl,  5.  = 
13  Mart.  XU,  24.  =  il  Isid.  Orig.  XX,  12.=  13  Cic.  pro  Milo.  10  ;  ad  Attic.  V,  17.  — 
Hor.  Il,  s.  6,  V.  42.  =  16  Suel.  Ncro.  30.— Plin.  XXXUI,  11.— Mart.  XII,  24.  =  1'' Amm. 
ftlarcell.  XIV,  6.=  18  Cir.  Philipp.  II,  24  ;  ad  Allie.  VI,  1.  —  Suet.  Calig.  26;  Galb.  G, 
8.  — Mari.  XII,  24.  =  i»  Ov.  Ponl.  II,  10,  v.  3'(.  =  2o  Varr.  L.  L.  V,  ,§  140.— Plin.  VII, 
Ep.  21.— A.  Gell.  XV,  4.  =  *'  Mari.  Ibid.  =  22  Hor.  I,  Ep.  11,  v.  29.  =  23  jiarl.  X,  13. 
—  Senec.  Ep.  87  et  123.  =  2'*  Mart.  XU,  24.  =  2»  Qv.  Pont.  I,  8,  v.  68.  =  ««  Mari. 
Ihid.  =  2v  Properi.  IV,  8,  v.  24.  =  2»  Senec.  de  Const.  Sapient.  14.  29  M.  Ep.  MO. 


LETTRE  XVIII.  387 

de  magnifiques  Penulœ^,  espèce  de  tunique  fermée  de  toutes  parts 
avec  des  ouvertures  pour  la  tète  et  pour  les  bras  2,  et  ornée  par  en 
bas  de  longues  franges*.  C'est  un  habit  porté  par  les  citoyens  en 
voyage*,  et  les  Trossules  ne  craignent  pas  de  le  prostituer  à  des  es- 
claves *.  Rien  ne  leur  coûte  pour  llatter  leur  vanité  :  ces  magnifiques 
marcheraient  volontiers  sur  la  face  de  leurs  concitoyens  ^ 

Les  femmes  viennent  également  embellir  cette  promenade  ;  mais  là 
comme  ailleurs  les  rangs  sont  fort  mêlés  ;  il  n'est  pas  rare  d'y  rencon- 
trer des  femmes  galantes',  des  courtisanes,  qui  dans  tout  l'éclat  de  la 
jeunesse  ou  de  la  beauté^  et  montées  sur  des  chars  ornés  de  soie,  dont 
elles-mêmes,  penchées  sur  le  timon ,  dirigent  les  rapides  coursiers, 
semblent  conduire  en  triomphe'  Tamant  qu'elles  sont  en  train  de  rui- 
ner *".  On  ne  se  douterait  pas  en  voyant  de  pareilles  scènes,  qu'il  y  eut 
autrefois  une  loi  qui  défendait  aux  femmes  de  se  servir  de  chars, 
quand  elles  ne  s'éloignaient  pas  à  plus  d' un  mille  (")  de  la  ville,  à  moins 
que  ce  ne  fût  pour  aller  à  un  sacrifice  "  ;  ni  qu'il  y  a  moins  de  quarante 
ans ,  Jules-César  interdit  les  litières  à  celles  qui  n'avaient  ni  mari 
ni  enfants,  à  moins  qu'elles  ne  fussent  âgées  de  quarante-cinq  ans*^. 

L'équipage  des  Matrones  a  quelque  chose  de  plus  majestueux,  et, 
sans  faire  autant  de  fracas,  annonce  cependant  le  train  d'une  grande 
maison.  Une  matrone  se  fait  promener  soit  dans  un  Carpentum, 
char  à  quatre  roues  dont  les  femmes  de  son  rang  ont  seules  droit  de 
se  servir'* ,  ou  bien  dans  une  chaise  découverte,  où  elle  est  étendue  *^, 
le  corps  un  peu  relevé  sur  le  bras  gauche*^  qui  foule  un  coussin  de  soie 
rempli  du  plus  moelleux  duvet  *^  Dans  le  cortège  qui  l'accompagne, 
il  y  a  deux  esclaves  qui  ne  quittent  pas  ses  côtés:  l'une,  la  suivante", 
porte  un  parasol  de  toiles  tendues  sur  de  légers  bâtons  *^  à  l'extré- 
mité d'un  long  roseau  des  Indes;  au  moindre  signe,  elle  dirige  sur 
sa  maîtresse  l'ombre  du  mobile  abri*^  La  seconde,  la  porteuse  d'é- 
ventail^^, tient  une  espèce  de  palme  en  plumes  de  paon-^  qu'elle 

»  Senec.  de  Benef.  lU,  28.  =  2  Dotlari,  Muse. Capitol.  3,  fol.  9i.  — Ferrer,  de  Re  vest. 
il.  7,  part.  2.  =  3  Cornut.  in  Pers.  S.  1,  v.  54.  —  Isid.  Orig.  XIX,  24.  =4  Cic.  pro 
Mile.  10  ;  ad  Atlie.  XUI,  33.  —  Suet.  Nero.  48,  etc.  —  s  Senec.  de  Benef.  III,  28. ;  = 
6  Incedunt  per  ora  vestra  magnifici.  Sali.  Jugiut.  31.  —  Ùua  quisque  per  ora  cederet. 
Hor.  II,  S.  1,  V.  64.  ='  Cic.  pro  Cœlio,  14.  =  »  Propert.  II,  23,  v.  44.==  9  Id.  IV, 
8,  V.  17.  =  10  Ibid.  —  Hor.  I,  S.  1,  v.  53.  ^  "  V.  Max.  IX,  1,  3.  —  Gros.  IV,  20.  = 
12  Suet.  Cœs.  43.  =  i3  Tit.-Liv.  V,  25.— Suet.  Tib.  2.—  Fest.  v.  pilenlis.  =  i'»  Senec. 
de  Benef.  I,  9.  =  13  Ov.  Art.  am.  I,  v.  491.  —  i^  Senec.  Consol.  ad  Marc.  16.  — .luv, 
S.  1,  V.  139  ;  s.  6,  v.  353.  =  n  Pedisscqua.  Plaut.  Asin  I,  5,  v.  31.  — Juv.  S.  6,  v.  3.-.4. 
— Digest.  XL,  leg.  59.  —  18  Ov.  Art.  am.  Il,  v.  209.  =  i»  Paciaudi,  de  Umbell.  gestat.  7. 
—  -"  Flabellifera.  Plaut.  Trinum.  II,  1,  v.  22.  =  21  Pitt.  d'Ercol.  t.  III,  lav.  35.  !-  Pro- 
pert. II,  18,  V.  59.— Montfauc.  Antiq.  Expliq.  «iupplém.  I.  1.  pi.  12.   ")  liSl  nuMres. 


388  nOMK  AU  SIÈCLE  D'AUCUSTK, 

agitfi  devant  la  danio,  afin  de  lui  procurer  de  la  fraîcheur  et  d'écarter 
les  mouches  importniios.  Quatre  coureurs'  noirs  ,  indiens^  ou  afri- 
cains', précèdent  la  litière.  Un  tissu  de  la  toile  la  plus  fine  et  la  plus 
blanche  d'Egypte  leur  entoure  les  reins*,  et,  pour  faire  ressortir 
encore  mieux  l'ébène  de  leur  peau,  ils  ont  sur  la  poitrine  despha- 
lères'^,  plaques  d'argent  poli  en  forme  de  croissant  ^  et  autour  des 
bras  des  anneaux  de  même  métal'.  Deux  esclaves  blancs,  ordinaire- 
ment des  Liburniens',  marchent  derrière  la  chaise,  tout  prêts,  quand 
elle  s'arrête,  à  placer  de  chaque  côté  un  petit  marchepied  ,  afin  que 
la  dame  n'ait  pas  même  besoin  de  faire  un  signe  pour  indiquer  de 
quel  côté  elle  veut  descendre.  Quelquefois  c'est  un  ami  de  la  dame 
qui  tient  son  ombrelle  ^ 

L'éclat  de  ce  tableau  si  animé  est  encore  augmenté  par  les  départs 
ouïes  arrivées  des  gouverneurs  de  provinces.  La  voie  Appienne  abou- 
tissant à  Brindes,  point  de  communication  avec  la  Sicile,  la  Grèce  et 
beaucoup  de  pays  d'outre-mer  '",  est  très-fréquentée  par  ces  illustres 
envoyés.  Une  nombreuse  suite  les  accompagne",  et  se  trouve  grossie 
par  la  foule  des  citoyens  accourus  au-devant  d'eux  s'ils  rentrent  à 
Rome,  ou  sortis  pour  les  conduire  à  quelque  distance  s'ils  par- 
tent'*. Les  Ucteurs  marchent  en  avant  de  ces  groupes '^  Cependant, 
excepté  cette  espèce  de  voyageurs  ou  de  promeneurs,  il  ne  faudrait 
pas  juger  par  l'apparence  de  tous  ceux  qui  brillent  sur  la  voie  Ap- 
pienne: on  risquerait  fort  de  se  tromper;  souvent  les  personnages 
qui  font  le  plus  de  bruit,  qui  étalent  le  luxe  le  plus  élégant,  sont  de 
misérables  affranchis  tout  cicatrisés  de  coups,  et  dont  l'opulence  est 
un  scandale  publie. 

Hier  je  fus  témoin  de  la  mésaventure  d'un  de  ces  beaux  prome- 
neurs: il  avait  un  équipage  presque  royal;  sa  main  brillait  de  l'éclat 
d'une  sardoine'*;  rien  n'égalait  la  blancheur  de  sa  toge,  et  par  des- 
sus, il  portait  un  lacerna,  espèce  de  manteau  qui  s'agrafe  sur  l'é- 
paule gauche  '%  et  qui  était  en  poiu'pre  lyrienne.  Les  ])lus  suaves 
parfums  embaumaient  sa  chevelure;  ses  bras  étaient  soigneusement 
polis  et  épilés;  Tagrafe  de  sa  chaussure  se  pliait  en  forme  de  crois- 
sant, comme  celle  des  sénateurs,  et  son  pied  reposait  sur  un  bro- 

1  Pciron.  2S.  =  2  Tilmll.  U,  6,  v.  57.  =  ^  Mai  r.  X,  C.  =  *  Ibid.  ;  XII,  24.  =  ■■>  IV- 
iron.  28.  —  Sil.  liai.  XV,  v.  2.">."..  =  «  F;il>i(l(i,  Colur.in.  Traj.  p.  221.  —  Visroiili, 
Musco  l'io-CIcmonl.  I.  V,  p.  8.  =  "  Sud.  Niro.  50.  =  ^  Juv.  S.  5,  v,  2i0.  =  s  0\. 
Alt.  am.  Il,  V.  209.  =  I".  Voy.  Lellre  I.V.  =  n  Cic.  in  Piso.  25.  —  Ti!.-J.iv.  XXVIl, 
40.=  '2  Hor.  Epofl.  H.  =  i >  Cic.  ad  0.  Froi.  ï,  1.— Suet.  Cop?.  7t.  =  »'•  Mari.  II.  29. 
—  is  Fpiiar.  d?  T?c  v<"=l.  U,  1,  2",. 


LETTRE  XVIII.  389 

dequin  d'écaiiale.  Enfin,  pour  compléter  sa  parure,  il  avait  collé 
sur  son  visage  de  petites  mouches,  avec  lesquelles  les  élégants  croient 
ajouter  à  la  grâce  de  leur  figure.  Une  de  ces  mouches  vint  à  tomber  : 
que  vit-on  ?  le  honteux  stigmate  dont  on  marque  les  esclaves  fugitifs  '  ! 

J'ai  dit  en  commençant  que  les  Komains  font  de  la  promenade  un 
délassement  et  un  spectacle;  les  plus  jiraves  en  font  aussi  une  af- 
faire. Dans  cette  ville  où  Ton  ne  peut  être  quelque  chose  qu'à  force 
de  se  mettre  en  avant,  qu'en  ouvrant  sa  maison  à  tout  le  monde, 
qu'en  descendant  tous  les  jours  au  Forum,  la  promenade  devient  le 
complément  et  l'auxiliaire  de  cette  vie  de  fracas,  d'importance  et  de 
brigue.  Un  homme  qu'on  ne  verrait  pas  dans  les  endroits  de  délas- 
sement où  se  rend  indistinctement  toute  la  société ,  serait  à  demi 
oublié:  une  partie  de  la  ville  ne  le  connaîtrait  point,  car  les  femmes 
ne  vont  ni  aux  salutations,  ni  au  Forum,  et  cependant  elles  n'en 
jouissent  pas  moins  d'une  très-grande  influence.  Il  faut  donc  que  le 
citoyen  politique,  si  je  puis  ainsi  parler,  se  montre  dans  ces  lieux 
d'oisiveté,  pour  lui  lieux  d'affaires,  parce  qu'en  s'y  promenant  il  pra- 
tique de  fait  une  sorte  de  petite  candidature  générale  auprès  des  oi- 
sifs et  des  futiles,  partie  notable  de  ce  public,  de  ce  peuple,  sans  le- 
quel on  n'arrive  à  rien.  Les  promenades  sont  un  terrain  neutre,  où 
par  la  raison  qu'on  y  rencontre  toute  la  ville,  on  peut,  sous  les  ap- 
parences de  simples  politesses,  préparer  de  sérieuses  candidatures, 
habituer  tout  le  monde  à  soi,  et  soi  à  tout  le  monde.  Le  temps  que 
beaucoup  de  gens  sérieux  paraissent  y  perdre  est  donc  mieux  em- 
ployé qu'on  ne  croirait. 

Il  m'a  fallu  bien  des  petites  observations  personnelles,  bien  des 
révélations  indiscrètes  ou  malignes  de  mes  amis  avant  que  je  sois  ar- 
rivé à  comprendre  cela.  Mamurra  me  racontait  un  jour  que  dans  la 
campagne  qu'il  fit  en  Espagne  avec  César,  des  Vettons,  nation  voisine 
des  Celtibères,  étant  venus  pour  la  première  fois  au  camp  des  Ro- 
mains, et  voyant  quelques  officiers  qui  allaient  et  revenaient  sur  leurs 
pas  pour  le  plaisir  de  la  promenade,  les  prirent  pour  des  insensés,  et 
offrirent  de  les  reconduire  à  leurs  tentes.  En  vérité,  avant  de  con- 
naître les  mœurs  des  Romains,  j'aurais  volontiers  fait  comme  les 
Vettons,  car  j'avais,  comme  eux,  quelque  peine  à  m' imaginer  qui; 
dès  qu'il  ne  s'agissait  plus  de  combattre,  on  pouvait  mieux  faire  que 
de  rester  en  repos  ^. 

'  Mail.  U,  -29,  =  2Stial).  111,  j..  lC->,   16i;  ou   IVi,   ISl  Ir.  fr 


LETTRE  XIX. 


LES  CENSEURS.  —  LA  REVUE  DU  SENAT,  DES  CHEVALIEhS, 
ET  PU  PEUPLE. 


La  plèbe  Romaine  a  un  caractère  bien  remarquable,  celui  d'une 
extrême  impressionnabilité,  qui  en  fait  un  être  rempli  de  contrastes, 
susceptible,  en  même  temps,  de  tous  les  sentiments  nobles  et  élevés, 
et  tributaire  des  plus  déplorables  passions  ;  ferme,  généreux,  spiri- 
tuel,  plein  de  sens  *  ;  puis  faible,  fantasque,  injuste,  superstitieux 
jusqu'à  la  stupidité,  cruel  jusqu'à  la  férocité  *.  Je  l'ai  vu,  il  y  a  quel- 
que temps,  dans  les  transports  de  la  joie  la  plus  immodérée  à  propos 
de  la  puissance  tribunitienne  décernée  à  l'Empereur.  Ces  jours-ci 
peu  s'en  est  fallu  que  cette  même  plèbe  ne  se  portât  aux  plus  sangui- 
naires violences  contre  le  conseil  suprême  de  la  république  :  elle  a 
cerné,  assiégé  la  maison  du  Sénat  ;  elle  a  tenu  les  sénateurs  enfermés 
dans  la  curie,  en  menaçant  de  les  y  brûler  s'ils  ne  décernaient  à  l'Em- 
pereur la  Dictature,  abolie  depuis  plus  de  vingt  ans!  Comment  tenir 
contre  une  aussi  terrible  sollicitation  ?  Le  Sénat  a  cédé.  Le  décret 
rendu,  cette  plèbe  s'est  portée  au  Palatin  pour  y  tenter  contre  Au- 
guste une  autre  scène  de  violence  :  «  César,  »  lui  crièrent-ils,  en  pous- 
sant devant  eux  vingt-quatre  licteurs  qu'ils  avaient  ramassés  à  lahâte, 
«  César,  nous  t'apportons  la  dictature  ^  »  Le  chef  de  l'empire,  soit 
respect  pour  la  légalité,  soit  plutôt  parce  que  ce  titre  pouvait  le  rendre 
odieux  aux  citoyens,   sans  lui  donner  plus  de  puissance,  répondit 
qu'il  n'accepterait  jamais  une  magistrature  qui  avait  été  abolie  comme 
hostile  à  la  liberté.  Ses  paroles  produisant  peu  d'effet  et  se  perdant 
au  milieu  des  cris  de  la  foule,  il  prit  une  posture  suppliante,  mit 
un  genou  en  terre,  ouvrit  sa  tunique,  et  découvrant  sa  poitrine,  fit 
signe  qu'il  se  laisserait  tuer  plutôt  que  de  céder  *. 

Tu  seras  bien  surpris,  cher  Induciomare,  quand  je  te  dirai  l'ori- 
gine de  cette  horrible  émeute  de  servilité  :  depuis  la  fin  de  l'an  der- 


1  Plut.  Calo  maj.  16,  19;  P.  ^Emil.  il.— Tit.-Liv.m,  41  ;  IV,  6.— V.  Max.  HI,  7,  5, 
8.  — D.  Halic.  XI,  66.  — Appian.  de  Rell.  civ.  IV,  p.  976,  986,  etc.  =  2  Plut.  lîrut.  20. 
—  Dion.  XL,  49.  —  Appian.  Id.  U,  p.  628,  847,  857,  etc.  =  3  Dion.  LIV,  1.  =  *  76îd. 
— Suet.  Aug.  52. 


LETTRE  XIX.  391 

nier,  une  peste  sévit  en  Italie  et  dans  plusieurs  payfr  étrangers.  Elle 
a  fait  tant  de  ravages,  que  les  bras  ont  manqué  pour  la  culture  des 
terres,  et  il  y  a  cherté  de  vivres.  Le  peuple  ne  s'est-il  pas  imaginé 
que  ces  maux  ne  l'affligent  que  parce  que  l'Empereur  n'est  pas  con- 
sul '!  Croyance  extravagante,  sortie  sans  doute  de  quelque  cerveau 
frappé  par  la  maladie.  3Iais  comme  ici  les  masses  agissent  par  en- 
traînement plus  que  par  raisonnement,  souvent  d'après  l'exemple  de 
quelques-uns,  à  l'instar  d'un  troupeau  de  moutons  S  le  peuple  s'est 
persuadé  que  les  fléaux  dont  il  souffre  cesseraient  leurs  ravages  dès 
que  l'Empereur  occuperait  une  magistrature.  Or  le  consulat  étant 
rempli,  ces  farouches  solliciteurs  se  sont  rejetés  sur  des  magistra- 
tures tombées  en  désuétude,  et  ils  ont  offert  impérieusement  à  leur 
héros  tutélaire,  non-seulement  la  Dictature,  mais  encore  la  Censure 
perpétuelle,  et  l'intendance  générale  des  vivres.  Auguste  a  pris  cette 
dernière  charge,  qu'il  lui  était  bien  difficile  de  refuser  dans  un  temps 
de  disette,  mais  il  n'a  voulu  ni  de  la  Dictature,  ni  de  la  Censure,  et 
ces  furieux  à  demi  satifaits  ont  fini  par  s'apaiser  ^  {"]. 

La  Censure  est  une  magistrature  dont  je  ne  t'ai  pas  encore  entre- 
tenu.Elle  joueun  assez  grand  rôledans  l'histoire  de  Rome  pour  que  je 
te  la  fasse  connaître.  Le  roi  Servius,  en  modifiant  et  perfectionnant 
l'organisation  politique  du  peuple  Romain,  établit  une  coutume  par- 
faitement en  harmonie  avec  l'ordre  qu'il  avait  introduit  dans  les  di- 
verses classes,  et  qui  contribua  tant  au  maintien  ainsi  qu'à  l'affer- 
missement de  cet  ordre  :  je  veux  parler  du  Cens  ou  dénombrement 
général  des  citoyens.  Il  ordonna  que  ce  dénombrement  aurait  lieu 
tous  les  cinq  ans^,  et  il  en  chargea  la  royauté.  On  en  compte  quatre 
faits  par  lui-même  *. 

Les  Consuls  %  et  les  Dictateurs  qui  les  remplaçaient  quelquefois, 
héritèrent  de  cette  fonction  en  héritant  du  pouvoir  royaP;  mais  ab- 
sorbés par  leurs  nombreuses  occupations,  il  leur  arriva  fréquemment 
d'omettre  le  Cens.  Cette  omission  s' étant  une  fois  prolongée  pendant 
dix-sept  ans  "',  les  Consuls  de  Tannée  trois  cent  douze,  convaincus 
de  l'impossibilité  pour  le  Consulat  de  s'acquitter  désormais  avec 
quelque  exactitude  d'une  opération  si  importante,  représentèrent 
au  Sénat  que  les  détails  où  elle  entraînait,  trop  pénibles  par  eux- 


1  Plut.  Calo.  raaj.  8.  =  2  nion.  LIV,  1.  =3  Tit.-Liv.  1,  42,  44  ;  IV,  4.— Flor.  I,  6  — 
n.  Halic.  IV,  i:;.— A.  Vicl.  de  Vir.  illust.  7.— Eusi-b.  Chron.  p.  50.  =  *  V.  Max.  MI,  4, 
3.  1=  STil.-Li\.  ni,  3,  2i>,  24.— U.  Halic.  V,  20  ;  VI,  96  ;  IX,  56.  — Plul.  Pohlic.  13.— 
Eutrop.  I,  16.  =  «  D.  Halic.  V,  75.  =  "  Id.  XI,  65.  C)  l'an  752. 


592  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

mêmes,  et  d'ailleurs  pou  consulaires,  exigeaient  une  magistrature 
spéciale  qui  s'y  dévouât  exclusivement;  ils  proposèrent  la  création 
de  magistrats  sous  les  ordres  desquels  on  placerait  le  corps  des  scri- 
bes ,  et  qui  pour  attributions  auraient  la  garde ,  le  contrôle  des 
registres  de  recensement,  et  la  décision  de  toutes  les  contestations 
relatives  à  l'état  des  citoyens. 

Ces  magistrats  devaient  être  patriciens,  et  de  plus  avoir  passé  par 
le  consulat  et  par  la  préture  *.  Le  Sénat  accueillit  donc  avec  empres- 
sement une  proposition  qui  tendait  à  multiplier  le  nombre  des  magis- 
tratures patriciennes.  Peut-être  aussi  se  persuada-t-il,  comme  il  ar- 
riva en  efïet,  que  le  crédit  personnel  de  ceux  qui  seraient  revêtus  de 
cette  place  saurait  lui  donner  du  lustre  et  de  la  dignité.  Les  Tribuns 
du  peuple,  d'un  autre  côté,  ne  lui  voyant  que  des  attributions  plus 
utiles  que  brillantes,  ne  firent  aucune  réclamation,  et  l'on  élut  deux 
magistrats  ^  qui  prirent  le  nom  de  Censeurs,  du  nom  des  fonctions 
qui  leur  devaient  être  confiées  ^. 

Mais  la  Censure,  que  les  principaux  patriciens  commencèrent  par 
dédaigner,  à  cause  du  cercle  étroit  où  sa  loi  d'institution  la  renfer- 
mait, s'augmenta  peu  à  peu,  comme  tous  les  pouvoirs  non  contes- 
tés; elle  finit  par  obtenir  la  surveillance  générale  des  mœurs  et  de  la 
discipline  de  Rome,  f  inspection  sur  le  Sénat  et  sur  les  chevaliers. 
Sa  juridiction  s'étendit  dans  tous  les  endroits  publics  et  privés  *;  les 
Censeurs  furent  chargés  de  l'adjudication  et  de  la  réception  des  tra- 
vaux publics  ^  monuments,  routes,  aqueducs,  cloaques,  tant  à  Rome 
que  dans  l'Italie  ^;  de  la  mise  en  ferme  \  de  la  levée  et  de  la  répar- 
tition de  beaucoup  d'impôts  ';  de  l'estimation  des  biens  sur  lesquels 
étaient  basés  les  impôts^;  de  rétablissement  des  taxes  qu'ils  jugeaient 
nécessaires";  de  l'administration  du  trésor  de  la  république";  en- 
fin de  la  surveillance  des  écoles  '-.  Quand  la  Censure  fut  devenue  si 
importante,  elle  éveilla  aussi  l'ambition  des  plébéiens,  qui  voulurent 
y  être  admis  comme  ils  l'avaient  été  au  Consulat.  Dans  les  premières 
années  du  cinquième  siècle  ils  y  portèrent  un  membre  de  leur  or- 

1  Tit.-Liv.  XXVll,  G.  — l'iul.  M.  Calo.  16.  =:  ^Tit.-Liv.  IV,  8.— Digesl.  I,  ti(.  2,  leg.  2, 
§  17.  =  3  Til.  Liv.  Ibid.  —  Vair.  L.  L.  V,  §  81 .  =  *  Til.-Liv.  IV,  8.  =  »  Id.  l\,  29  ; 
XXIV,  18  ;  XXIX,  37  ;  XXXIV,  ii  ;  XXXVI,  36  ;  XLllI,  16.  —  V.  Max.  V,  6,  8,  el".  ^ 
6  Tit.-Liv.  IX,  29;  XXXVUI,  8;  XXXIX,  4i;XL,  31;  XLI,  27,  et  passim.  — Cir.  de  Legib. 
III,  3.— V.  Max.  V,  6,  8;  VI,  5,  3.  —  Polji).  VI,  3.  —  Plut.  M.  Calo.  19,  etr.=  7  pim. 
Ibid. -J\l.-L\\.  XXVll,  11;  XXXIl,  7  ;  XXXIX,  44.  ==  «  lit.  Liv.  IV,  8;  XLIII,  16.  = 
9/d.  XXXIX,  44. —Plut.  M.  Calo.  18.=  '« Tit.-Liv.  XXIX,  37;  XL,  46,  31.  = '•  1,1. 
XXIV,  18  ;  XLUI,  16.-Clc.  de  Lc?ib.  111,  3.— V.  Max.  X,  6,  8.  =  >2  Cic.  de  Orat.  lU, 
2l.-Suet.  de  Clar.  vliPt.l.  — A.  Cell.  XV,  11. 


LETTRE  XIX.  393 

dre  *.  Les  patriciens  le  souffrirent  avec  peine  ;  mais  ils  durent,  comme 
toujours,  plier  sous  l'inflexible  volonté  du  peuple,  et  peu  d'années 
après  ("),  un  dictateur,  Publius  Philon,  porta  une  loi  qui  assurait  aux 
plébéiens  l'une  des  deux  places  de  Censeur*.  Les  patriciens,  jaloux 
de  ce  partage,  cberchèrent  souvent,  dans  les  comices,  à  faire  oublier 
au  peuple  cette  disposition  législative  ^  et  souvent  y  réussirent.  On 
mit  fréquemment  aussi  en  oubli  la  condition  de  ne  choisir  que  des 
hommes  consulaires  ou  prétoriaux  *. 

Les  Censeurs  étaient  réellement  les  maîtres  de  l'ordre  social  :  tous 
les  cinq  ans,  ils  arrêtaient  la  liste  des  sénateurs,  revisaient  celle  des 
chevaliers,  remaniaient  la  distribution  du  peuple  dans  les  tribus,  les 
classes  et  les  centuries  ^  enfin  régularisaient  la  hiérarchie  civile  en 
introduisant  dans  une  classe  plus  élevée  les  citoyens  qui,  pendant 
l'intervalle  d'une  Censure  à  l'autre,  avaient  acquis  les  conditions 
d'admissibilité  dont  j'ai  parlé  plus  haut  C"),  en  abaissant  ceux  qui, 
par  la  diminution  ou  la  perte  de  leurs  biens,  devaient  descendre  dans 
une  classe  inférieure. 

C'était  là  de  la  justice  administrative,  la  constatation  d'un  fait, 
l'accomplissement  de  ses  conséquences.  Mais  les  Censeurs  suivaient 
encore  le  citoyen  dans  ses  relations  sociales,  dans  sa  vie  privée,  dans 
tous  ses  devoirs  comme  fils,  comme  époux,  comme  frère®,  pour  l'em- 
pêcher de  s'écarter  du  chemin  de  la  vertu,  et  de  transgresser  les  or- 
donnances et  coutumes  de  la  république^;  ils  punissaient  tout  man- 
quement à  rhonneur,  à  la  probité  ou  à  la  décence.  Il  n'y  avait  pour 
ces  cas  qu'une  seule  pénalité  :  l'exclusion  du  citoyen  de  sa  centurie 
par  son  inscription  sur  tes  tables  des  Cérites.  Les  Cérites  étaient  un 
peuple  d'Etrurie^qui  donna  asile  aux  choses  sacrées  que  les  prêtres 
emportèrent  de  la  ville,  lors  de  la  prise  de  Rome  par  Brennus(').  Ils 
reçurent  en  récompense  le  droit  de  cité  Romaine  sans  celui  de  suf- 
frage ^  Pour  le  véritable  Cérite  cest  un  avantage,  mais  une  grave 
pénahté  pour  le  Romain,  qui,  en  perdant  l'un  de  ses  plus  précieux 
privilèges,  n'en  continue  pas  moins,  en  qualité  de  citoyen,  de  contri- 
buer aux  charges  de  la  cité  "^;  aussi  dit-on  indifféremment  inscrit 

'  Til.-Liv.  VU,  22.  =  ^  /</.  Vlll,  12.  =  •«  l'Iut.  M.  Culo.  IG.  =  '  Ïit.-Liv.  XXVU,  G, 
11.  =  ^Cic.  iii  Piso.  15;  de  Legib.  III,  5.— IMut.  Calo.  niaj.  16;Ciass.  13.— Tit.-Liv. 
XLV,  15.— A.  Vicl.  de  Vir.  illust.  57.  =  «  I).  Ilalic  Kragm.  Mai,  XVIII,  19  ;  XX,  3.  = 
■'  Cic.  de  Legib.  Ul,  3.  — Plul.  Calo.  niaj.  16.—  Dion.  XL,  37.  =  »  Pliii.  UI,  5.  — Strab. 
V,  p.  220  ;  ou  U8,  Ir.  fr.  =  9  Tit.-Liv.  XLV,  15.  =  'O  A.  GelL  XVI,  13.  —  Ascoii.  in 
Uivinal.  p.  20.  («)  L'an  il6.  C»)  Voy.  Lellre  VUI.  {'-)  Géré,  aiij.  Cervelii,  à  18  ou  20 
niille.s  ^environ  24  kilomètres)  à  l'O.  de  Ronu-. 


394  ROME  AU  SIÈCLE  D' AUGUSTE. 

sur  les  tables  des  Cérites,  ou  fait  contrihuuhle  ',  reporté  dans  les 
contrihuahles'^ ,  c'est-à-dire  parmi  ceux  qui  sont  uniquement  contri- 
l)uablcs. 

La  punition  des  sénateurs  et  des  chevaliers  consistait  dans  Texclu- 
sion  de  leur  ordre.  Alors,  suivant  leur  plus  ou  moins  de  richesse,  ils  ' 
retombaient  naturellement  dans  une  classe  plus  ou  moins  élevée  des  , 
centuries.  Souvent  les  Censeurs  ne  se  bornaient  pas  à  cette  simple  ' 
radiation  :  ils  portaient  aussi  les  exclus  sur  les  tables  des  Cérites. 
Aucune  considération,  pas  même  celle  de  parenté,  soit  de  frère  à 
frère^  soit  de  descendant  à  ascendant*,  ni  celle  du  grand  nombre  des 
coupables,  n'arrêtait  la  sévérité  censoriale.  Au  commencement  du 
sixième  siècle,  quatre  cents  chevaliers,  commandés  en  Sicile  pour 
aller  creuser  un  retranchement,  s'y  étant  refusés,  furent  privés  de 
leur  cheval  et  faits  contribuables \  La  même  peine  fut  infligée,  une 
quarantaine  d'années  plus  tard,  à  un  questeur  et  à  beaucoup  de  che- 
valiers qui  avaient  juré  d'abandonner  l'Italie.  On  flétrit  également 
d'une  note  infamante  ceux  des  prisonniers  Romains  qui ,  après  la 
fameuse  journée  de  Cannes,  députés  par  Annibal  auprès  du  Sénat 
pour  traiter  de  l'échange  des  captifs,  étaient  restés  à  Rome,  quoi- 
qu'ils eussent  promis  de  retourner  au  camp  du  vainqueur®.  Les  Ro- 
mains ont  toujours  voulu  que  le  serment  fût  le  lien  le  plus  solide 
pour  enchaîner  la  foi,  et  jamais  les  notes  d'infamie  et  les  punitions 
infligées  par  les  Censeurs  ne  furent  plus  rigides  que  quand  il  s'a- 
gissait d'une  violation  de  la  foi''. 

Néanmoins,  comme  ces  magistrats  jouissaient,  dans  leurs  attribu- 
tions, d'un  pouvoir  absolu,  qu'ils  prononçaient  sans  jugement  préa- 
lable, sans  contrôle,  sans  appel,  il  arriva  souvent  qu'ils  sévirent 
contre  des  fautes  d'une  médiocre  gravité.  P.  Scipion  Nasica,  passant 
la  revue  des  chevaliers,  en  remarqua  un  dont  le  cheval  était  maigre 
etchétif,  tandis  que  l'homme  était  gras  et  brillant  de  santé  :  «  Pour- 
quoi, lui  dit-il,  avez- vous  si  bonne  mine,  et  votre  cheval  est-il  en  si 
pauvre  état?  —  Parce  que,  répondit  le  chevalier,  je  me  soigne  moi- 
même,  et  que  mon  esclave  soigne  mon  cheval.  »  Cette  réponse  pa- 
rut trop  peu  respectueuse,  et  le  che\alier  fut  rejeté  dans  la  classe 
des  contribuables ^  L'an  quatre  cent  soixante-dix-huit,  Rafinus, 


1  ^rarius  factus.  Tit.-Liv.  XLIV,  16  ;  XLV,  15.  =  2  In  ferarios  relalus.  Id.  XXIV,  18. 
—A.  Gell.  IV,  20.  —V.  Max.  11,  9,  8.  =  ^  Patercul.  I,  10.  =  '■*  Cic.  pro  domo.  5-2.  = 
■^  V.  Max.  U,  9,  7.—  Fionl.  Siralag.  IV,  1,  22.=  «  Til.-Liv.  XXIV,  18.  — V.  Max.  Il,  9, 
8.— A.  Gell.  Vil,  18.  =7  Cic.  de  Offic.  III,  51.  =  **  A.  Gcll.  IV,  20. 


LETTRE  XIX.  395 

ancien  dictateur  et  deux  fois  consul,  fut  exclu  du  Sénat  pour  avoir 
possédé  dix  livres  {«)  d'argent  travaillé,  à  l'usage  de  la  table  ^  l'an 
six  cent  quarante-six,  C.  Junius  Bubulcus  encourut  la  même  peine, 
parce  qu'il  avait  répudié  sa  jeune  épouse  sans  prendre  conseil  de 
ses  amis^;  dix  ans  après,  Duronius,  parce  qu'étant  tribun  du  peuple, 
il  abrogea  une  loi  contre  le  luxe  des  repas^.  Le  vieux  Caton  raya 
aussi  de  la  liste  des  sénateurs  un  certain  Manilius,  que  l'opinion  pu- 
lique  désignait  pour  le  consulat,  parce  qu'en  plein  jour  il  avait 
donné  à  sa  femme  un  baiser  en  présence  de  sa  fille*. 

La  Censure  était  une  véritable  dictature  morale  et  civile  ;  elle  n'a- 
vait pas  le  droit  formel  de  toucber  aux  bases  fondamentales  de  la 
constitution  de  la  république,  de  détruire  ni  les  classes,  ni  le  sénat, 
ni  l'ordre  équestre,  bien  que  tous  les  membres  fussent  individuelle- 
ment soumis  à  son  pouvoir;  mais  la  formation  des  listes  civiques, 
mais  le  classement  des  citoyens,  entièrement  remis  à  l'arbitraire 
des  Censeurs,  les  rendaient,  de  fait,  maîtres  des  Comices,  rien  ne  se 
faisant  que  dans  ces  assemblées. 

L'heureuse  fortune  du  peuple  Romain  a  voulu  qu'il  ne  se  soit  ren- 
contré qu'un  seul  Censeur  qui  ait  tenté  ce  bouleversement  poli- 
tique: vers  le  milieu  du  quatrième  siècle,  Appius  Claudius,  renver- 
sant l'ordre  établi,  répandit  dans  toutes  les  tribus  indistinctement, 
la  classe  la  plus  infime  du  peuple,  jusqu'alors  renfermée  dans  les 
dernières  centuries,  de  sorte  que  Rome  fut  divisée  en  deux  partis, 
l'un  des  citoyens  honnêtes,  et  l'autre  de  cette  faction  du  Forum.  La 
scission  dura  cinq  ans,  jusqu'à  la  Censure  de  Q.  Fabius  et  P.  Décius. 
Fabius,  pour  rétablir  la  concorde,  et  que  les  Comices  ne  fussent 
plus  dans  les  mains  de  ce  que  Rome  renfermait  de  plus  abject, 
écuma  toute  cette  lie ,  et  la  rejeta  dans  quatre  tribus  uniques,  ap- 
pelées Tribus  urbaines  ^. 

Un  pouvoir  si  étendu,  tout  à  la  fois,  et  si  absolu,  vis-à-vis  duquel 
les  fautes  ne  se  prescrivaient  jamais  *,  ne  devait  pas  demeurer  entiè- 
rement sans  frein:  afin  de  prévenir  l'abus  qu'on  serait  tenté  d'en 
faire,  la  loi  commença  par  régler  que  personne  ne  pourrait  occuper 
la  Censure  deux  fois''  ;  qu'une  élection  ne  serait  valable  qu'après  un 
double  vote  des  Comices  par  centuries  ^;  qu'en  entrant  en  charge  les 

1  A.  Gell.  IV,  8;  XVU,  21.  — Tit.-Liv.  XIV,  Epilo.— V.  Max.  H,  9,  4.  — Tlut.  Sjlla, 
1.  =  2  V.Max,  n,  9,  '2.  =  ^lbid.  5.=  *  Plut.  Calo.  maj.  17;  Conj.  praecept.Jp.  527. 
=  s  Til.-Liv.  IX,  46.  —  V.  Max.  U,  2,  9.  =  6  Cic.  de  Senect.  12.  —  ">  V.  Max.  IV,  1, 
3.  —  A.  Vict.  de  Vir.  illust.  32.  —  Plut.  Coriol.  1.  =  ^Cic.  de  leg.  Agrar.  H,  11.  (")  5 
kilogrammes  263. 


39»i  R03IE  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

élus  jureraient  que  leur  conduite  serait  toujours  basée  sur  la  vérité, 
la  justice  et  l'impartialité'  ;  (|u'en  sortant  de  charge,  ils  prêteraient  un 
nouveau  serment  pour  allirmer  (juils  n'avaient  rien  fait  de  contraire 
aux  lois';  que  le  pouvoir  censorial  serait  collectif  pour  sévir,  et 
qu'une  condamnation  prononcée  par  un  seul  des  deux  Censeurs 
pourrait  être  aimulée  par  l'autre';  que  dans  le  cas  où  l'un  de  ces 
magistrats  viendrait  à  décéder  avant  l'expiration  de  sa  magistrature, 
l'autre  serait  obligé  d'abdiquer*,  parce  que  les  Romains  attachent 
des  idées  sinistres  au  remplacement  d'un  Censeur*. 

Par  une  sorte  de  raffinement  de  sévérité  assez  bien  placée,  et 
sans  doute  afin  que  personne  ne  se  trouvât  à  l'abri  de  la  Censure, 
chaque  Censeur,  pris  isolément,  devenait  tout-puissant  dès  qu'il  s'a- 
gissait de  punir  son  collègue.  Il  y  a  deux  siècles  environ,  Livius  Né- 
ron et  Claudius  Salinator  étant  Censeurs,  se  trouvaient,  par  une 
rencontre  singulière,  avoir  chacun,  en  qualité  de  chevaliers,  un  che- 
val entretenu  aux  dépens  du  public.  Us  passaient  en  revue  les  cen- 
turies équestres,  dont  leur  âge  et  leur  forte  constitution  leur  permet- 
taient encore  de  faire  partie.  Quand  on  en  fut  à  la  tribu  Pollia,  le 
crieur  voyant  sur  la  liste  le  nom  de  Salinator,  s'arrêta,  incertain 
s'il  devait  l'appeler.  Néron  comprit  son  embarras  :  non-seulement 
il  lit  citer  son  collègue,  mais  encore  il  lui  commanda  de  vendre  son 
cheval,  pour  avoir  été  condamné  par  un  jugement  du  peuple. 

Lorsque  vint  le  tour  de  la  tribu  yurniu,  et  le  nom  de  Livius  Né- 
ron, Salinator  lui  rendit  la  pareille,  pour  deux  raisons  :  la  première, 
pour  avoir  porté  contre  lui  un  faux  témoignage  ;  la  seconde  pour  ne 
s'être  pas  réconcilié  sincèrement  avec  lui.  Rien  de  plus  blâmable 
sans  doute  que  cet  assaut  de  notes  infamantes  entre  deux  Censeurs, 
mais  du  moins  rien  de  plus  digne  de  cette  magistrature  et  de  la  sé- 
vérité de  ce  temps-là^ 

Originairement,  la  durée  de  la  Censure  était  de  cinq  années', 
espace  d'un  dénombrement  à  l'autre.  L'an  trois  cent  soixante-qua- 
torze, Mamercus  ^-Emilius,  ayant  été  créé  Dictateur  dans  l'attente 
d'une  guerre  qui  n'eut  pas  lieu,  voulut,  à  défaut  d'exploits  militaires, 
marquer  sa  dictature  en  abaissant  le  pouvoir  des  Censeurs,  soit  qu'il 
le  jugeât  trop  excessif,  soit  que  ses  préventions  se  portassent  princi- 

'  Zonar.  VU,  p.  349.  =  ^  Tit.-Liv.  XXIX,  57.  =  »  Id.  XLH,  10  ;  XLV,  15.— Cic.  pio 
Clueiil.  45.  — V.  Max.  VI,  4,  2.— A.  Vicl.  de  Vir.  illusl.  38.  — Dion.  XXXVH,  9.— Appian. 
de  15c!l.  civ.  I,  p.  G24.  =  *  Til.-Liv.  VI,  27  ;  IX,  34  ;  XXIV,  43  ;  XXVII,  6.  — IMul.  Quœsl. 
rom.  p.  119.  =  3  Til.-Liv.  V,  51  ;    VI,  27.  =  6  /rf.  XXIX,    57.  —  V.  Max.  II,  9,  6.  = 

'Til.-Li^.  IV,  i\  ;  IX,  5i.  — Ascon.  iii  I)i\iii.  y.  20. 


LETTRE  XIX.  3l>7 

paiement  sur  la  durée  de  cette  magistrature.  Il  représenta  au  peuple 
que  la  meilleure  sauvegarde  de  la  lilieilé  était  la  eourle  durée  des 
grandes  charges,  et  qu'il  fallait  limiter  par  le  temps  celles  dont  on  ne 
pouvait  limiter  le  pouvoir;  que  les  autres  dignités  se  renouvelaient 
tous  les  ans  ;  que  la  Censure  seule  en  durait  cinq,  et  qu'il  était  fâ- 
cheux de  rester  une  grande  partie  de  sa  vie  dans  la  dépendance  des 
mêmes  personnes;  il  proposait  donc  de  réduire  la  Censure  à  dix- 
huit  mois. 

Cette  loi  passa  le  lendemain,  d "un  consentement  presque  unanime. 
Mais  Mamercus  paya  le  succès  de  sa  proposition  ;  car  les  Censeurs 
voyant  avec  peine  cette  diminution  de  leur  puissance,  le  chassèrent  de 
sa  tribu,  le  réduisirent  au  nombre  des  contribuables,  et  imposèrent 
sur  ses  biens  une  taxe  huit  fois  plus  forte  que  celle  qu'ils  compor- 
taient ^  Depuis  ce  temps,  la  Censure  n'en  demeura  pas  moins  bor- 
née à  dix-huit  mois.  ^. 

Un  autre  frein  qui  a  dû  retenir  plus  d'une  fois  les  Censeurs  tentés 
d'abuser  de  leur  autorité,  c'est  la  crainte  d'être  appelés  en  justice  . 
pendant  leur  magistrature  même,  par  les  tribuns  du  peuple  %  ou 
bien,  après  être  sortis  de  charge,  par  les  citoyens  qu'ils  avaient 
notés,  et  qui  tâchaient,  à  leur  tour,  de  les  faire  condamnera  Leurs 
actes  pouvaient  être  invalidés  soit  parleurs  successeurs ^  soit  par  le 
peuple  ^  soit  par  le  Sénat  seulement,  suivant  la  nature  des  affaires". 

Une  dernière  garantie  assez  remarquable,  quoique  non  inscrite 
dans  les  lois,  c'était  le  peu  de  portée  morale  des  censures  ;  jamais 
on  ne  les  qualifia  de  jugements;  jamais  on  ne  les  respecta  à  l'égal 
de  la  chose  jugée;  en  un  mot,  jamais  les  édits  des  Censeurs  n'eu- 
rent l'autorité  d'une  sentence  juridique  ".  Aucune  des  lois  qui  dé- 
terminent en  quel  cas  on  ne  saurait  exercer  une  magistrature ,  on 
siéger  sur  un  tribunal,  ou  se  porter  accusateur,  n'a  fait  de  ces  notes 
une  cause  d'indignité";  on  les  regarde,  il  est  vrai,  comme  ignomi- 
nieuses, mais  non  pas  connue  intames'".  Voilà  pourquoi  eu  tout 
temps,  dès  qu'il  fallut  de  grandes  vertus  pour  relever  la  fortune  pu- 
blique, sans  s'inquiéter  des  llétrissures  censoriales  on  alla  plus 
d'une  fois  replaeer  l'autorité  suprême  sur  une  lêfe  qu'elles  avaient  dé- 


'  Til.-T.iv.  IV,  i5,  -21;  1\,  5.",  51.=  ^  1,1.  W,  ",;  X!.V,  I.".  =  •./(/.  \\IV,  .'.S; 
NLUl,  16.— V.  Max.  VI,  3,  5.  =  >  Til-Li\.  X\V,  ir,.— V.  M;!\.  Ihid. —  VWn.  VU,  44.— 
A.  Virt.  (|p  Vir.  illiisl.  ."j".- A.  Coll.  111, /l.— l'Itil.  .M.  Calo.  19.  =  scir.  pio  Cluenl.  45. 
=  8  V.  Max.  V,  5,  l.—Plut.  M.  17.— ïit.-l.iv.  I\,  50.  =  "I>Iut.  M.  19;  Flamiii.  10.=; 
*  C.ic.  pro  Cluenl.   42,  45,  .4r>.  =:  »  Ihid.    4".r=i"  Non,  M.titpII.  v.  iîrnoininia. 


598  ROME  AU  SlflCLE  D'AUGUSTE. 

gradée  *.  On  a  vu  des  citoyens  exclus  du  Sénat  par  des  Censeurs  y 
rentrer  en  passant  de  nouveau  par  les  niîi^islratures  curules*,  être 
élevés  à  la  Censure,  et  ceux  dont  une  note  avait  flétri  les  mœurs,  se 
trouver  à  leur  tour  juges  des  mœurs  et  des  citoyens  mêmes  qui  les 
avaient  censurés  ^  Non  que  ces  condamnations  fussent  toutes  in- 
justes, mais  c'est  que  cette  magistrature  était  établie  pour  inspirer 
une  crainte  salutaire,  et  nullement  pour  infliger  des  supplices  aussi 
longs  que  la  vie''. 

La  Censure,  malgré  ces  restrictions  morales,  n'eu  était  pas  moins 
une  très-grande  dignité,  et  pour  ainsi  dire  le  comble  et  le  couronne- 
ment de  tous  les  honneurs  auxquels  un  citoyen  pouvait  prétendre''. 
Pendant  longtemps  elle  plut  beaucoup  au  peuple,  qui  sut  si  bien 
apprécier  les  services  qu'elle  rendait,  que  M.  Caton  se  fit  porter  à 
cette  charge  en  menaçant  publiquement  ceux  qui  avaient  mal  vécu, 
criant  que  la  ville  avait  besoin  d'une  grande  épuration,  et  conseillant 
au  peuple  d'élire,  non  les  plus  doux,  mais  les  plus  sévères  médecins, 
comme  il  en  était  un.  Sa  conduite  fut  conforme  à  ses  discours,  et  le 
peuple  lui  donna  un  témoignage  éclatant  de  satisfaction  en  lui  éri- 
geant dans  le  temple  du  Salut*  une  statue  avec  cette  inscription  : 
Pour  avoir ,  par  une  sévère  discipline,  par  des  prescriptions  et  des 
établissements  sages,  relevé,  dans  sa  Censure,  la  république  Romaine, 
que  l'altération  des  mœurs  avait  mise  sur  le  penchant  de  sa  ruine''. 

Dans  la  suite,  l'extrême  sévérité  des  Cfenseurs,  ou  plutôt  la  corrup- 
tion générale,  finit  par  inspirer  au  peuple  une  telle  aversion  pour  la 
Censure,  qu'il  en  prit  en  haine  jusqu'au  nom*;  si  bien  que  Sylla, 
pour  se  rendre  populaire,  la  supprima  tout-à-fait^  On  la  rétablit 
après  lui  ;  mais,  comme  elle  était  toujours  un  objet  de  haine,  Clo- 
dius ,  tribun  du  peuple  Tan  six  cent  quatre-vingt-seize ,  voulant 
aussi  se  concilier  la  faveur  populaire,  interdit  aux  Censeurs  de  priver 
aucun  magistrat  de  sa  magistrature,  ou  de  noter  quelqu'un  d'infa- 
mie avant  qu'il  eût  été  d'abord  convaincu,  par  un  jugement  public, 
de  l'avoir  mérité*".  Pompée,  Consul  l'an  sept  cent-deux,  abrogea  les 
dispositions  de  la  loi  Clodia,  et  rendit  à  la  Censure  son  ancienne 
indépendance.  Mais  pendant  les  six  années  de  son  esclavage,  il  s'é- 


1  Tit.-Liv.  IV,  51.  —  Cic.  pro  Clupjit.  42,  — V.  Max.  il,  9,  9.  =  2  Cic.  Ihid  —Dion. 
XXXVII,  30.— Plut.  Cic.  17.=:  5  Dion.  XXXVI,  21  ;  XLU,  52.  =  4  Cic.  pro  Cluenl.  43. 
=  s  Plut.  M.  Cale.  16;  Flamin.  18.  =  ^  M.  M.  Calo.  16.  —  Plan  et  Dcscripl.  de 
Home,  no  57.  =  ^  piut.  Id.  19.  =  8  Cic.  Divinat.  3.  =  9  Ascon.  in  Divinai.  p.  20.  = 
1"  Cir.  in  Piso  4  ;  dp  Arusp.  Rpsp.  27 Pion.  XXXVUI,  13, 


LETTRE  XIX,  309 

tait  introduit  tant  de  gens  de  la  plus  misérable  condition  dans  le 
Sénat  et  dans  l'ordre  Equestre,  que  les  Censeurs,  rétablis  dans  leur 
pouvoir  primitif,  n'osèrent  tenter  cette  épuration,  et  que,  même 
pour  cette  raison  ,  aucun  homme  prudent  n'osa  plus  dès  lors  de- 
mander la  Censure  ^ 

Les  Censeurs  se  trouvaient  ainsi  à  peu  près  paralysés  et  placés 
dans  la  plus  fausse  des  positions,  puisqu'ils  étaient  investis  [d'une 
puissance  dont  ils  n'osaient  user,  quand  les  dissensions  de  César  et 
de  Pompée  commencèrent  à  éclater,  et  à  remplir  la  république.  Une 
fois  la  guerre  civile  allumée,  tu  penses  bien  qu'il  ne  fut  plus  question 
de  Censure,  et  que  Y  Antique  gardienne  de  la  modestie  et  de  lapudeu?', 
comme  on  l'appelait^,  dut  se  voiler  dans  ces  temps  de  perfidie,  de 
trahison  et  de  crimes.  Il  n'en  fut  plus  question  qu'après  le  dénoue- 
ment de  ce  drame  terrible,  et  seulement  pour  flatter  le  despotisme 
du  vainqueur.  Entre  autres  honneurs  dont  alors  on  accabla  Jules- 
César,  il  reçut  pour  trois  ans  le  titre  de  Préfet  des  mœurs  ^  comme 
si  celui  de  Censeur  n'était  pas  encore  assez  beau.  On  en  revint 
plus  tard  à  ce  nom,  mais  toujours  pour  César,  auquel  la  Censure 
fut  décernée  à  perpétuité  *. 

Après  lui ,  la  nouvelle  période  de  guerres  civiles  par  lesquelles  la 
république  passa,  tit  encore  une  fois  éclipser  cette  magistrature; 
elle  ne  reparut  que  quand  l'empire  se  trouva  de  nouveau  pacifié  ^ 
Alors  l'Empereur  reçut,  collectivement  avec  son  ministre  Agrippa, 
le  titre  de  Directeur  perpétuel  des  mœurs  ^. 

Je  reprends  maintenant  mon  récit  où  je  l'ai  laissé  vers  le  commen- 
cement de  ma  lettre.  L'Empereur,  pour  se  garantir  désormais  des 
farouches  obsessions  de  la  plèbe,  s'est  hâté  de  faire  remplir  la  Cen- 
sure, puisqu'elle  n'est  pas  abolie.  Les  comices  ont  été  convoqués, 
et,  sur  la  présentation  d'Auguste,  le  peuple  a  élu  deux  candidats 
improvisés,  L.  ^milius  Lépidus,  ancien  proscrit  des  Triumvirs,  et 
L.  Munatius  Plancus,  frère  d'un  proscrit  de  la  même  époque  '. 
Octave  veut  faire  oublier  le  passé ,  mais  ses  choix  ne  sont  guère 
heureux  :  des  deux  élus,  l'un  n'a  ni  force  ni  talent;  l'autre  n'a  point 
de  mœurs  ^  Néanmoins,  dès  qu'ils  furent  installés,  ils  s'occupèrent 
des  devoirs  de  leur  charge,  préparèrent  tous  les  éléments  du  cens, 
firent  publier  que  tous  les  citoyens  Romains  qui  se  trouvaient  hors 

•  Dion.  XL,  57.  =  ^  Illa  magislra  pudoris  et  modesHiie  severilas  censoria.  C'w.  in 
Piso.  4.  =»Pr8efectus  moruni.  Suet.  Caes.  76.  —Dion.  XLUl,  15.  =  *  Dion.  XHV,  5. 
=  ^  Suet.  Aug.  57.  =  6  Rerepit  morum  resimen.  Suet.  Ans;.  27.  —  ^  Dion.  MV,  2,  = 
*  PatiMTul.  U.  03. 


400  ROMK  AL  SIKCLE  D'Ai'GUSTE. 

de  l'Italie  oiissont  à  y  ronlivr  ',  cl  cnvoyt'rf'nl  aux  armées  recenser 
ceux  (}ui  sont  retenus  par  le  service  militaiie  -.  Enfin  ces  jours  der- 
niers ils  ont  procédé  à  la  revue  du  Sénat,  des  chevaliers,  et  du  peuple. 

La  Revue,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  l'élection,  le  choix 
du  Sénat,  ',  se  passe  dans  un  temple.  L'un  des  Censeurs  désignés 
j)ar  le  sort*  (ce  futrEniilius)  lut  à  haute  voix  la  liste  des  Sénateurs, 
en  omettant  les  noms  de  ceux  jugés  indignes  de  faire  partie  de  ce 
corps  illustre'^;  c'était  ainsi  qu'il  indiquait  leur  exclusion*.  Autre- 
fois le  Censeur  nommait  les  exclus,  en  disant  les  motifs  de  sa  sévé- 
rité à  leur  égard,  ce  qui  rendait  la  Cf'rémonie  plus  imposante  et  plus 
majestueuse  '';  souvent  il  se  contentait  d'inscrire  son  hlâme  sur  la 
liste  définitive  des  sénateurs  au-dessous  des  noms  qu'il  avait  rayés  *. 
yEmilius  trouva  prudent  de  procéder  ainsi. 

Dans  l'ancienne  répuhlique,  la  Revue  des  chevaliers^  se  faisait  avec 
une  pompe  toute  militaire.  Elle  avait  lieu  pendant  la  belle  saison, 
aux  Ides  de  Quintilis,  appelé  maintenant  Julius  '"  (°),  et  c'était  vrai- 
ment un  spectacle  magnifique.  L'Empereur  en  a  fait  revivre  la  cou- 
tume ".  La  simple  annonce  de  cette  fête  interrompue  depuis  long- 
temps '-,  depuis  vingt  ans,  je  crois,  a  produit  une  sensation  d'autant 
plus  vive,  que  tout  spectacle,  même  connu,  excite  toujours  ici  une 
curiosité  et  une  émotion  générales. 

Le  matin,  de  bonne  heure,  les  chevaliers  se  rendirent  isolément 
à  un  temple  de  Mars"-Gradiviis''*,  situé  sur  une  colline,  proche  et  à 
droite  de  la  voie  Appia,  à  un  mille  (*)  de  la  porte  Capène  '*..Là,  ils  se 
partagèrent  par  tribus  et  par  centuries,  prirent  leurs  rangs  comme 
s'ils  revenaient  du  combat,  et  se  mirent  en  route  pour  Rome  :  ils 
formaient  une  troupe  de  cinq  mille  hommes  environ.  Reaucoup 
portaient  sur  ler.r  Irabée  de  pourpre  des  insignes  militaires,  récom- 
pense de  la  valeur  '®  ;  tous  étaient  com^onnés  de  branches  d'olivier  '' 
et  montés  snr  des  chevaux  blancs.  Arrivés  à  la  porte  Capène,  devant 

'  Paterciil.  1!,  15.=  5Til.-Liv.  XXIX,  37.  =  3  Senalus  Icclio.  Tit.-Liv.  XXVU,  11. 
— SenaUis  légère.  Jd.  XXXU,  7  ;  XL,  46;  XLI,  27.  =  *  Id.  XXVU,  11.=  5  Senaliini 
rerilare.  Id.  XXIX,  ^57.  =  ^  I'i?p|erire  in  reeilando  senatu.  Cic.  pro  domo.  32. — Pra>te- 
liip.  Tii.-Liv.  XXVU,  Il  ;  XXXIV,  44  ;  XXXVIII,  28.  =  "J  Cic.  de  Senect.  12.  —Tit.- 
Liv.  XXXIX,  42.  —  V.  Max.  U,  9,  ô.  —  l>iul.  Klamin.  19;  M.  Calo.  17.  =  «  Subsrrip- 
liones  rençorum.  Cio.  pro  C.luenl.  4  2,  4ô.  —  Causani  nola»  subscribere.  A  (icil.  XV H. 
21.  =  ?  Hciuonim  rcretisio.  Til.-Liv.  XL,  46.  =  '«Tit.-Liv.  IX,  46.  — V.  M.i\.  Il,  9.— 
D.  llalir.  VI,  1".  —  l'Un.  XV,  4.  —  A.  Vicl.  de  Vir.  iliust.  55.  =  n  Suel.  Aug.  58.  — 
n.  llaliP.  Ihid.  =  12  Suel.  Ibid.  =  i!  Til.-Liv.  VII,  25.  —  Ov.  FasI.  VI,  v.  191.  — 
n.  Ilalic.  !bi,l.  =  ''  S(Mv.  in  .¥.t\P\d.  1,  v.  206.  =  i»  Til.-Liv.  VU,  25.  —  Ov.  FasI.  VI, 
\.  191.  — r.ruler.  p.  152.  —  Venuti,  Aiilieh.  llom.  pail.  Il,  p.  1.  —  Fabrelli,  de  Aqu.Td. 
disseil.  1,  p.  32.  —  Firoroni,  Uoma  aniira,  1,  24.  =  ""'  IL  Ilalic.  VI,  13,  =  '"  Ib>d.  — 
JMIii.  XV,  '4.  {")  1."  juillet.  ''■']  14ni  nii'lres. 


LETTRE  XIX.  40 J 

le  lemple  de  l'Honneur  et  de  la  Veilu  \  ils  s'arrêtèrent  pour  refor- 
mer leurs  rangs  ^  puis  entrèrent  en  ville.  La  cavalerie  traversa^  le 
Cirque  Maxime\  rempli  de  spectateurs  accourus  pour  lavoir,  le  Fo- 
rum Boarium,  le  Tuscus  vicus,  et  vint  déboucher  sur  le  Forum 
romain  par  la  voie  qui  passe  sur  le  flanc  gauche  du  temple  de 
J.  César  ^  En  entrant  sur  le  Forum,  près  du  Bois  de  Vesta^  chaque 
chevalier  mettait  pied  à  terre,  et  venait  délilerseul  devant  les  Cen- 
seurs, assis  sous  le  portique  du  temple  de  Castor  ''.  Il  conduisait  par 
la  bride  son  cheval  *  sans  housse  et  sans  selle,  afin  que  les  magistrats 
pussent  voir  dans  quel  état  il  était.  Des  scribes  se  tenaient  derrière 
les  Censeurs  pour  transcrire  leurs  décisions  ^.  Un  peu  en  avant,  un 
nomenclateur  censorial  '°,  héraut  ou  crieur  public,  appelait  chaque 
chevalier  par  son  nom  *^  Le  cité  s'avançait  :  «  Emmène  ton  cheval  •^,)) 
lui  disaient  les  Censeurs  s'ils  le  croyaient  pur  de  tout  reproche,  et  il 
passait  outre  ^^  Dans  le  cas  contraire,  ils  consultaient  leurs  notes, 
provoquaient  les  dépositions  des  assistants  ou  recevaient  leurs  accu- 
sations spontanées  **,  interrogeaient  le  chevalier  sur  sa  conduite 
passée,  et,  lorsque  ses  réponses  n'étaient  point  satisfaisantes,  lui  or- 
donnaient de  vendre  son  cheval  *^,  le  chassaient  de  sa  centurie,  l'ins- 
crivaient parmi  les  Cérites  ^®. 

On  voyait  de  temps  en  temps  passer  un  cheval  conduit  par  un 
esclave  ;  le  cavalier  cité  sortait  de  la  foule  du  peuple.  C'était  un  ci- 
toyen vieux  ou  infirme  qui  venait  demander  son  congé,  et  rendre 
aux  Censeurs  le  cheval  de  la  république  ".  Autrefois,  sauf  les  cas 
d'infirmités,  nul  chevalier  n'était  libéré  de  la  milice  avant  d'avoir 
servi  pendant  dix  ans  ^*.  L'Enipereur  a  modifié  ce  règlement  en  dé- 
clarant que  tout  chevalier  rangé  dans  la  catégorie  des  plus  âgés  **, 
c'est-à-dire  âgé  de  quarante-cinq  ans,  aurait  droit  au  congé. 

Lejourdela^et'Me,  tous  les  magistrats,  même  les  grands  magistrats, 
sont  soumisau  contrôle  et  au  pouvoir-"  des  Censeurs.  Voici,  entre  au- 
tres, un  mémorable  exemple  de  cette  omnipotence  censoriale.  L'an 

1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  2.  =2  \_  vid.  je  Vir  illust.  32.  =  3  Equilum  trans- 
veclio.  Tit.-Liv.  IX,  46.  =  *»  Plan  el  Descript.  de  Rome,  n»  241.  =  5  Ibid.  n°  116.  = 
6  Ibid.  n»  117.  =  ''  Ibid.  n»  120.  =  l).  Halic.  VI,  13.  =  »  Plul.  Pomp.  22  ;  Apoihegm. 
Rom.  p.  767.  =  ^  Conjecture.  =:  '"  Nomenclator  censorius.  Grut.  p.  14.  =  "  Tii.-Liv. 
XXIX,  57.  —  Suet.  Aug.  38.  —V.  Max.  II,  9,  6.  =  i^  Traduc  equum.  Cic.  pro  Cluent. 
48.— V.  Max.  IV,  1,  10.  =  '3  Ov.  Trist.  II.  v.  89,  .542.  =:liCic.  —  V.  Max.  Ibid.  = 
1^  Equum  vendere.  Tit.-Liv.  XXIX,  57;  XLV,  15,  etc.  — V.  Max.  II,  9,  6,  7. — Equum 
adimere.  Cic.  de  Oral.  II,  71.  —  Tit.-Liv.  XXVII,  11.  =  16  V.  Max.  II,  9,  7.  -Front. 
Stratag.  IV,  l,  22.  —  '■?  Plul.  Pomp.  22.  —Non.  Marcell.  v.  caballus.  =«  '*  Polyb.  VI, 
4.— Plut.  C.  Grâce.  2.  5.  =  «  Senium.  Snel.  Aug.  58.- Vov  Lettre  VUI.  =  î»  Tit.-Liv. 
WIV,  18,  45.— V.  Max.  II,  9,  8. 

I.  26 


i02  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

six  cent  quatre-vingt-quatre,  les  censeurs  Gellius  et  Lentulus  procé- 
dant, sur  leur  tribunal,  à  la  revue  des  chevaliers,  Pompée,  alors  con- 
sul, mais  qui  n'avait  jamaiscessé  d'appartenir  à  l'ordre  Équestre,  vint 
se  présenter  à  ces  magistrats.  On  le  vit  de  loin,  précédé  de  l'appareil 
consulaire,  descendre  du  haut  de  la  voie  Sacrée  vers  le  Forum,  en 
menant  lui-même  son  cheval  par  la  bride.  Quand  il  fut  assez  près 
pour  être  reconnu  des  Censeurs,  il  commanda  à  ses  licteurs  de  s'é- 
carter, et  vint  approcher  son  cheval  du  tribunal  des  magistrats.  Le 
peuple,  saisi  d'étonnement,  gardait  le  silence,  et  les  Censeurs,  à  cette 
vue,  montraient  une  joie  mêlée  de  respect.  Le  plus  ancien  lui  adres- 
sant la  parole  :  «  Pompée  le  Grand,  lui  dit-il,  quelles  campagnes 
«  avez-vous  faites?  —  Toutes  celles  ordonnées  par  la  loi,  répondit 
Pompée  à  haute  voix,  et  je  n'ai  jamais  eu  que  moi  pour  général.  » 
A  ces  mots  le  peuple  poussa  de  grands  cris,  et,  dans  les  transports 
de  sa  joie,  il  ne  pouvait  mettre  fin  à  ses  acclamations.  Les  Censeurs 
se  levèrent  alors  et  reconduisirent  Pompée  chez  lui,  pour  plaire  à  la 
foule  des  citoyens  qui  le  suivaient  avec  de  grands  applaudissements  '. 

Après  que  les  chevaliers  avaient  passé  devant  les  Censeurs,  ils  al- 
laient se  reformer  un  peu  plus  haut  sur  le  Forum,  et  la  cavalcade, 
continuant  sa  marche,  tournait  à  gauche,  par  le  Clivus  Capitolin,  et 
montait  au  Capitole,  où  les  chevaliers  allaient  rendre  des  actions  de 
grâces  et  offrir  un  sacrifice  à  Jupiter^.  Celte  cavalcade  des  chevaliers, 
si  heureusement  rétablie  par  l'Empereur,  fut  instituée,  il  y  aura  bien- 
tôt trois  siècles,  par  l'illustre  Fabius  Maximus  ^. 

La  Revue  du  peuple  a  été  faite,  suivant  l'ancienne  coutume,  an 
Champ-de-Mars,  dans  la  Villa  puWca''.  Cette  opération ,  qui  est  le  cens 
proprement  dit  ^,  a  lieu  aussi  au  moyen  d'un  défilé  devant  les  Censeurs. 
C'est  la  cérémonie  de  l'examen  du  peuple,  et  non  l'examen  même, 
toujours  préparé  et  fait  d'avance,  et  qui  ne  pourrait  s'exécuter  ainsi 
à  l'improviste  sans  des  délais  infinis,  tant  on  exige  des  citoyens  de 
renseignements  sur  eux-mêmes.  En  etfet,  chacun  doit  dire  ses  noms 
et  prénoms  ^,  déclarer  s'il  est  veuf  ou  célibataire;  chaque  père  de 
famille,  fournir  un  état  de  ses  biens  '',  de  l'étendue,  de  la  situation 


1  Plut.  Pomp.  22  ;  Apolliep;m.  lom.  p.  767.  =  2  A.  Virt.  de  Vir.  illusf.  32.  =  3  l'an 
^49.  /6/(i.— Til.-I.iv.  IX,  ^6.— V.  Max.  U,  2,  9.  =  ^  Varr.  R.  R  HI,  2.— Til.-Liv.  IV, 
22. — Plan  ri  Dcscript.  de  Rome,  n"  168.  =s  Lefralis  senatiim,  cquites  rerensealis, 
açalis  censuni. — Til.-Liv.  XL.,  46.  =  ^  Maz/.ocrlii,  lab.  Heracla'.  lai.  1,  v.  72  ;  p.  XI. 
[>^.  457.  =  7  Cir.  de  Legib.  111,  5.— Til.-Liv.  VI,  27;  VU,  22.— Flor.  I,  6.  — D.  Halir. 
IV,  15;  V,  75;  IX,  36;  XI,  65.  —  Mazzocchi,  tab.  Hcraci».  lat.  I,  v.  72  et  ssn. 
c.  XI,  p.  457. 


LETTRE  XIX.  407> 

de  ses  propriétés  territoriales,  de  leur  revenu  pendant  les  deux  lus- 
tres précédents,  et  de  la  manière  dont  elles  sont  exploitées  K  II  faut 
encore  qu'il  fasse  connaître  son  rang,  sa  profession,  sa  demeure,  son 
Age,  l'âge  et  le  nombre  de  ceux  qui  composent  sa  famille  '\  y  com- 
pris les  esclaves  ',  le  pays  de  ces  derniers  et  quel  état  ils  savent  *. 
Ce  cens  romain  est  une  image  assez  fidèle  de  celui  auquel  l'Empe- 
reur a  soumis  nos  Gaules,  trois  ou  quatre  ans  avant  mon  départ  *; 
bien  que  très-détaillé,  il  est  en  général  exact,  parce  que  des  peines 
très-sévères  existent  contre  ceux  qui  voudraient  s'y  soustraire  ou 
tromper  les  magistrats  ;  le  roi  Servius  avait  prononcé  la  confiscation 
des  biens,  la  flagellation,  la  réduction  en  esclavage^-,  la  prison,  et 
la  morf  :  aujourd'hui  c'est  l'esclavage  *. 

Mais  indépendamment  des  causes  légales  et  naturelles  d'abaisse- 
ment, il  y  a  encore  la  punition  pour  faute  morale  ;  le  Censeur  la  dé- 
clare publiquement  au  citoyen  qui  Ta  encourue  :  elle  consiste  à  être 
renvoyé  de  sa  tribu  et  rejeté  dans  une  tribu  inférieure^. 

A  l'époque  du  cens,  les  provinces  font  la  même  opération  chez 
elles,  et  dans  un  espace  de  soixante  jours,  pour  tout  délai,  les  ma- 
gistrats doivent  en  envoyer  à  Rome  le  résultat  consigné  dans  des  regis- 
tres. Une  députation  spéciale  les  apporte  à  Rome  et  les  remet  aux 
Censeurs,  qui  les  déposent  dans  le  lieu  où  sont  conservées  les  tables 
du  cens  *",  c'est-à-dire  au  Tahularium  du  peuple  ". 

La  Revue  du  peuple  se  termine  ordinairement  par  une  cérémonie 
appelée  laClôture  dulustre^'^,  qui  consiste  dans  un  sacrifice  purifica- 
toire de  tout  le  peuple.  Mais  ce  sacrifice  ne  devant  jamais  se  faire 
que  dans  des  circonstances  heureuses '^  ne  put  avoir  lieu,  à  cause  des 
calamités  qui  ont  affligé,  et  qui  affligent  encore  Rome  et  l'Italie. 


Achèvement.  Lorsque  TEmpereur  eut  rétabli  la  Censure,  il  n'en 
conserva  pas  moins  le  titre  et  les  attributions  de  directeur  perpétuel 
des  mœurs;  mais  soit  qu'il  reconnût  finutilité  des  deux  pouvoirs, 
qui  avaient  presque  les  mêmes  attributions,  soit  qu'il  jugeât  laCen- 

>  Digest.  L,  lit.  13,  leg.  3,  4.  =  2  Ibid.  §  3.  —  Cic.  de  Legib.  HI,  5.  —  Tit.-Liv.  VI, 
27;  VIT,  22.— D.  Halic.IV,  13  ;V,  75,  etc.  =  »  Cic— Digesl.  /ftjii. —Til.-Liv.  XXXIX, 
44.  =  4Digesi.  /6;i.  =  5  L'an  727.  Dion.  LUI,  22.  —  Tit.-Liv.  Epilo.  CXXXiV.  = 
*  D.  Halir.  Ibi  l.  = ''  \'a.-L\\.  I,  41.  =S(;ic.  pro  Cx'ri.  3i.  =  9Tiibu  nioveie.  Cif 
pro  Cluent.  45;  de  Orat.  Il,  67.  =  i»  .Mazzoerhi,  tab.  Heracise.  lat.  I,  v.  69  el  sqq. 
r.  XL=  i>  Plan  ei  Deseripl.  de  Kome,  n»  89.  =  12  'rit._LJv.  XL,  46.  —  Voy.  Lellrw 
LXXIII.  =13  Tit.-Liv.  m,  22. 


40 i  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

sure,  magistrature  essentiellement  despotique,  incompatible  avec  le 
pouvoir  absolu  dont  il  jouissait  lui-même  sous  le  titre  de  puissance 
tribunitienne,  il  ne  fit  point  réélire  d'autres  Censeurs  lorsque  Mu- 
natius  et  Lépidus  sortiront  do  charge  K  Auguste  était  directeur  des 
lois  en  même  temps  quo  directeur  des  mœurs  ^,  il  laissa  tomber 
dans  l'oubli  la  loi  sur  la  Censure,  et  il  eut  raison  puisque  le  peuple 
ne  réclama  pas. 

Tibère,  en  héritant  de  l'empire,  n'eut  garde  do  répudier  aucun 
des  pouvoirs  envahis  par  son  prédécesseur.  Le  Sénat  ayant  un  jour 
essayé  de  lui  faire  pressentir,  à  propos  du  luxe  excessif  qui  ravageait 
Rome,  qu'il  serait  peut-être  utile  de  rétablir  la  Censure,  il  répondit 
qu'elle  était  trop  austère  pour  les  temps  actuels,  et  que  si  les 
mœurs  périclitaient  réellement,  il  se  trouverait  une  autorité  pour  les 
corriger^.  Cette  réponse  à  la  fois  évasive  et  très-significative  fut  le 
seul  fruit  quo  les  sénateurs  tirèrent  de  leur  timide  insinuation.  Elle 
apprit  aux  moins  clairvoyants  que,  dans  une  république  asservie, 
toute  institution  de  liberté  tombée  en  désuétude  équivalait  à  une 
institution  morte;  que  personne  ne  devait  plus  prétendre  à  exercer 
une  puissance  suprême  quelconque,  et  que  la  Censure  était  engloutie 
à  jamais  dans  le  monstrueux  assemblage  de  pouvoirs  que  l'audace  et 
l'astuce  d'une  part,  la  lâcheté  et  la  servilité  de  l'autre,  ont  réunis,  li- 
vrés, abandonnés  dans  les  mains  de  l'Empereur  perpétuel  de  la 
république  romaine. 

'  Dion    LIV,  2.=  ^  Moruoi  legumque  regimen.  Suet.  Aug.  27.  =  ^  Tac.  Ann.  H,  3S. 


LETTRE  XX, 


LA  POLICE  DE  ROMK, 


Dans  une  ville  qui  ressemble  à  un  monde,  où  des  milliers  d'inté- 
rêts, de  passions  bonnes  et  mauvaises,  d'industries  de  toute  espèce 
sont  en  contact  perpétuel,  où  la  population,  prodigieuse  en  nombre, 
ne  l'est  pas  moins  en  diversité,  la  preniière  condition  d'existence 
sociale  était  un  gouvernement  particulier,  chargé  de  prévenir  les  trop 
grands  froissements,  de  régler,  pour  ainsi  dire,  l'action  relative  de 
chacun,  de  surveiller  toujours,  de  s'interposer  quelquefois,  de  répri- 
mer et  de  punir  au  besoin;  ce  gouvernement  domestique,  c'est  la 
Police  de  Borne. 

De  même  que  la  république  a  des  consuls,  des  proconsuls,  des  pré- 
teurs, etc.,  pour  la  régir  au  dehors,  Rome  a  des  magistrats  spé- 
ciaux pour  la  gouverner,  la  défendre,  la  protéger,  veiller  à  sa  sûreté, 

sa  tranquillité,  à  son  bien-être,  non-seulement  pendant  le  jour, 
mais  aussi  pendant  la  nuit  :  ces  magistrats  sont  le  Préfet  de  la  ville. 
les  Ediles  curules,  les  Ediles  plébéiens,  et  le  Préfet  des  Vigiles.  Ils 
ont  sous  leurs  ordres  une  foule  de  délégués  et  d'agents  répandus, 
postés  ou  circulant  sur  tous  les  points  de  la  cité,  où  ils  font  sentir 
incessamment  l'action  salutaire  d'un  pouvoir  protecteur,  'qui  em- 
piète bien  un  peu  sur  la  liberté  absolue  de  chacun,  mais  pour  mieux 
assurer  celle  de  tous. 

Le  Préfet  de  la  ville  est  le  principal  magistrat  de  ce  gouverne- 
ment :  il  embrasse  en  grand,  sans  descendre  dans  les  détails,  tout 
ce  qui  intéresse  la  sûreté  et  la  tranquillité  de  Rome  ',  et  jouit  d'un 
tel  pouvoir,  qu'il  a  droit  de  bannir  de  la  ville  tout  individu  dont  la 
présence  lui  semble  nuisible  ou  dangereuse^;  il  doit  veiller  aussi  à 
ce  qu'aucun  culte  étranger  ne  soit  introduit  dans  la  cité  \  ce  qui 
pourrait  produire  des  sujets  de  troubles  et  de  discordes.  Son  pou- 
voir s'étend  jusqu'à  cent  milles  (")  à  la  ronde  **.  La  préfecture  urbaine 
est  une  grande  magistrature,  une  magistrature  curule.  Celui  qui  en 

'  Senec.  Ep.  84.  =  2  Digesl.  I,  lit.  12.  leg.  1,  ,§  3.  =  ^  Dion.  LIV,  0.  =  '  Uincsl.  I, 
lit.  12,  Ifg.  I,  <§  4.  («)  148  kilomélr.  150  mtHies. 


Um  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

est  revêtu  porte  la  toge  bordée  de  pourpre,  et  il  a  deux  licteuis  '.  l.e 
monarchisme  de  la  puissance  impériale  éclate  dans  l'institution  du 
Préfet  :  il  est  nommé  directement  par  l'Empereur,  et  pour  un  temps 
illimité. 

L'Édilité,  qui  vient  après  la  Préfecture  urbaine,  s'occupe  des  dé- 
tails de  l'administration,  des  affaires  courantes  de  la  vie  de  chaque 
jour.  Il  y  a  deux  sortes  d'Edilité,  la  curuleel  \à  plébéienne,  et  quatre 
édiles,  deux  pour  chaque  magistrature.  La  ville  est  divisée  en  quatre 
circonscriptions,  que  ces  magistrats  se  partagent  ou  tirent  au 
sort  dans  les  cinq  jours  qui  suivent  leur  élection"*,  laquelle  se  fait  tou- 
jours un  an  à  l'avance.  Les  Édiles  ont  dans  leurs  attributions  tout  ce 
qui  tient  au  bien-être  de  la  ville  ^;  ils  inspectent  les  marchés,  veillent 
à  ce  que  le  volume  du  pain  soit  en  rapport  avec  son  pris.  *,  ainsi  qu'à 
la  bonne  qualité  de  tontes  les  denrées  mises  en  vente'  ;  ils  font  jeter* 
dans  le  Tibre ''celles  qui  leur  semblent  avariées.  Leur  surveillance  sur 
ce  point  est  très-sévère,  et  ils  peuvent  aller  jusqu'à  interdire  la  ventede 
telle  ou  telle  denrée  '.  Ces  magistrats  font  des  éc? «7s  ',  espèce  de  petites 
lois  qui  n'ont  besoin  pour  être  valides  que  d'être  promulguées  de 
l'autorité  collective  des  deux  ou  des  quatre  membres  de  leur  magis- 
trature '". 

La  bonne  foi  et  la  sincérité  dans  les  transactions  sont  aussi  l'objet 
de  la  surveillance  des  édiles.  Il  vérifient  les  poids  et  les  mesures,  et 
font  briser  ceux  qui  leur  paraissent  frauduleux'^  et  non  conformes  à 
certains  étalons  publics  gardés,  pour  les  poids  dans  le  temple  d'Ops, 
pour  les  mesures  de  capacité  dans  le  temple  de  Jupiter  Capitolin,  et 
pour  celles  de  longueur  dans  le  temple  de  Junon-Moneta  *.  Ils  ont 
encore  l'inspection  des  bains,  des  tavernes  *^  et  des  auberges;  ils 
obligent  les  maîtres  de  ces  derniers  établissements  à  tenir  note  des 
personnes  qui  viennent  loger  chez  eux,  et  à  déclarer  leurs  noms  à 
des  licteurs  envoyés  chaque  jour  pour  les  transcrire  sur  des  registres 
publics  ^^ 

Les  mœurs  des  femmes  sont  également  sous  leur  surveillance  **, 
et  les  courtisanes  dépendent  tout  à  fait  de  ces  magistrats  ;  ils  tiennent 


'  Thesaur.  Morell.  famil.  Livineia,  tab.  I,  5.  =  ^  Mazzocclii,  tab.  Heracl.  lat.  v. 
21,  25,  30.  =  3  Cir.  in  Verr.  V,  14;  de  Legib.  UI,  3. —  Dion.  XI.IX,  43.  =  4  Pelron. 
44.  =  5  l'Iaut.  Capliv.  IV,  2,  v.  42  ;  Rud.  H,  5,  v.  42.  =  6  Plant.  Kud.  Ibid.  =  ">  Con- 
jecture. =  ^  Suet.  Tib.  34  ;  Claud.  38.  =  '  Inslit.  I,  tit.  2,  7. — Arad.  des  Inscript, 
t.  42,  p.  202.  =  10  Acad.  des  Insrripl.  t.  42,  p.  186.  =  '••  Juv.  S.  10,  v.  101.— Pers.  S. 
i,  V.  131.  -Uigesl.  XIX,  lit.  2,  leg.  13,  §  8.  =  '^  Cic.  Ep.  famil.  VIII,6.— Mart.  V,  83. 
— Suet.  Claud.  38.  =  «  Pdron.  l.ï.  =  >*  Tit.-Liv.  VIII,  18;  X,  31. 


LETTRE  XX.  i07 

la  liste  de  toutes  celles  qui  habitent  dans  leur  lessort,  et  nulle  ne 
peut  exercer  son  infâme  métier  sans  en  avoir  fait  au  préalable  la  dé- 
claration devant  eux  et  chez  eux  ',  car  entrer  dans  le  repaire  de  ces 
femmes  de  mauvaise  vie  leur  est  interdit  ^  ;  gardiens  de  la  morale 
publique,  ils  se  souilleraient  dans  ces  lieux  impurs. 

La  propreté,  la  sûreté,  la  liberté  et  la  conservation  des  rues  de 
Rome  sont  aussi  confiées  aux  Ediles*  ;  ils  en  font  enlever  la  boue,  les 
immondices  et  les  décombres,  qui  ne  s'y  amassent  toujours  que 
trop  *.  Cette  dernière  partie  de  leur  tâche,  qu'ils  partagaient  jadis 
avec  quatre  olliciers  spéciaux  appelés,  de  leur  nombre,  Quatuor- 
virs  ^,  exige  une  grande  surveillance,  parce  que  beaucoup  de  rues 
n'étant  point  pavées,  rien  n'en  fixe  le  niveau,  de  sorte  que  les  ci- 
toyens profitent  de  cette  incertitude  pour  répandre  sur  la  voie  pu- 
blique des  décombres  qui  finissent  par  relever  le  sol  d'une  manière 
très-sensible  *.  Relativement  à  la  propreté  et  à  l'entretien  des  rues 
pavées,  les  habitants  leur  servent  d'auxiliaires,  mais  d'auxiliaires 
forcés;  ils  sont  tenus  de  balayer,  d'enlever  les  ordures  ^  et  d'arro- 
ser '.  Dans  les  rues  pavées,  ils  doivent  entretenir,  devant  leurs  mai- 
sons, le  pavé,  et  les  inarges  ou  sentiers  dallés  pour  les  piétons  qui 
bordent  la  plupart  des  voies  publiques,  et  de  les  maintenir  unis  de 
manière  à  ce  que  l'eau  n'y  séjourne  pas  ^.  Lorsqu'une  maison  se 
trouve  vis-à-vis  d'un  temple,  d'un  autre  édifice  ou  lieu  public,  la 
moitié  de  la  servitude  reste  à  la  charge  du  trésor  de  l'État^.  Les  rive- 
rains, soit  dans  la  ville,  soit  dans  les  faubourgs  *,  doivent  exécuter 
les  réparations  dès  que  l'Édile  les  juge  nécessaires;  s'ils  ne  les  font 
pas,  le  magistrat  les  adjuge  à  un  entrepreneur.  Mais,  comme  on 
veut'ménager  même  les  récalcitrants,  il  annonce  l'adjudication  au 
moins  dix  jours  à  l'avance,  par  aflîche  posée  dans  le  Forum,  devant 
son  tribunal.  Cette  affiche,  qui  contient  la  désignation  des  lieux  à 
réparer  et  la  mention  du  jour  où  les  travaux  seront  criés  pour  être 
adjugés,  est  dénoncée  devant  la  maison  du  propriétaire  en  défaut, 
ou  de  ses  procurateurs  s'il  est  absent.  L'adjudication  a  lieu  publique- 
ment, sur  le  Forum,  par  un  magistrat  chargé  du  trésor.  La  somme 
estimative  des  travaux  est  portée  sur  les  livres  d'impôts  à  recouvrer, 


1  Tac.  Ann.  Il,  85.  —  2  A.  Gell.  IV,  U.  =  3  Plauf.  Slicli.  II,  2,  v.  27.-Suet.  Vesp. 
5.— Dion.  LIX,  12.  =  4  oigcsl.  XVIII,  lil.  16,  leg.  12;  XLIII,  lit.  10.  =  ^  Mazzorchi, 
lab.  Heracl.  lai.  v.  50,  55.  =  ^  Plaul.  Tiucul.  li,  7,  v.  6.  =  "?  Id.  Slich.  U,  2,  v.  27. 
=  8  Digesl.  XLllI,  til.  10,  leg.  I,  §  3.  —  Mazzocclii,  lab.  Heracl.  lat.  v.  22,  25.  = 
9  Mazzocclii,  Ibid.  v.  29-31. 


i08  UOMi:  AU  SIKCLK  DALGUSTE. 

f t  si  le  pi'opriétaire  ou  son  prociiratour  no  l'a  pas  verséf!  filtre  les 
mains  de  l'adjudicataire  dans  un  délai  de  trente  jours,  ou  s'il  n'a  pas 
fourni  caution,  il  est  condamné  à  payer  le  double,  et  passible  de  con- 
trainte judiciaire  à  la  requête  de  son  créancier  '. 

Certaines  malpropretés  qu'aucune  autorité  ne  saurait  empêcher, 
ont  fait  imaginer  quelques  mesures  préventives  qui  les  dissimu- 
lent un  peu,  ou  du  moins  en  sauvent  l'inconvénient.  Par  exemple,  il 
y  a  dans  beaucoup  d'endroits  des  latrines  publiques^,  et  dans  presque 
tous  les  carrefours,  des  tonneaux  sciés',  ou  de  larges  amphores  où 
les  passants  peuvent  se  débarrasser  de  la  surabondance  du  fluide  qui 
les  tourmente  *.  Malgré  ces  précautions,  les  édifices  publics,  les 
temples,  ne  sont  pas  toujours  à  l'abri  d'impures  aspersions.  Pour 
les  en  garantir  on  fait  peindre  sur  les  murs  deux  serpents;  cette 
image  avertit  les  gens  distraits  de  la  sainteté  du  lieu,  et  leur  sert 
d'avis  tacite  de  se  porter  ailleurs  ^  Les  taverniers  ont  les  premiers, 
dit-on,  inventé  ce  moyen  pour  épouvanter  les  enfants  qui  venaient 
souiller  les  angles  extérieurs  de  leurs  tavernes  ^.  Il  y  a  des  prêtres 
qui  ne  se  contentent  pas  de  cet  épouvantail  symbolique;  dans  une 
inscription  en  toutes  lettres,  ils  n'invoquent  rien  moins  que  la  colère 
des  douze  grands  dieux,  et  nominalement  celle  de  Diane  et  de  Jupi- 
ter, très-bon,  très-grand,  n'oublient-ils  pas  d'ajouter,  contre  les 
gens  grossiers  qui  oublieraient  au  pied  de  leur  temple  qu'ils  ne  sont 
ni  devant  des  tonneaux  ou  des  amphores  de  carrefour,  ni  dans  les 
lieux  plus  secrets  réservés  pour  d'autres  besoins  ^. 

Il  faut  une  surveillance  incessante  pour  tout  ce  qui  tient  à  la  sûreté 
et  à  la  liberté  des  rues.  Cette  surveillance  consiste  à  empêcher  que 
personne  ne  laisse  courir  dehors  aucun  animal  dangereux,  tels 
qu'un  chien  enragé,  ou  bien  un  sanglier,  un  lion,  un  ours,  une  pan- 
thère',  accidents  qui  peuvent  se  produire  d'autant  plus  aisément, 
qu  ily  a  toujours  ici  de  ces  animaux  étrangers  amenés  pour  certains 
jeux  publics.  Il  est  aussi  défendu,  sous  peine  de  punition,  de  rien 
répandre  ou  jeter  sur  les  passants  ^ 

Quant  à  la  liberté,  non-seulemeni  des  rues,  mais  des  places  et  des 


1  Mazzocclii,  lab.  Heracl.  lat.  v.  52-49.  =2  >iar(.  Xn,  62.  —  Suet.  Lucan.  vit.  = 
3  Dolia  curta.  Luciet.  IV,  v.  1020.  =  *  Mart.  Xll,  48.  —  Macrob.  Salurn.  H,  12,  = 
i»  Pinge  duos  angui-s  ;  pueri,  sacer  est  lopus,  extra  megite.  Pers.  S.  1.  v.  13,  l-l.  = 
^  Coinul.  in  Pers.  loc  sup.  cit.  =;  "  Duodecim  Deos  et  Dianam  et  Jovem  Opiumum 
Maxumum  habeal  iratos  quis'(uis  tiic  minxerit  aut  cacaverll.  Inscript,  de  Pnmpéi,  sui- 
tes murs  d'un  temple.  —  »  Uigesl  NXI,  lit  1,  leg.  40,  41,  42.  — Inslit.  IV,  lit.  10,  g  1. 
=  9  Diij;est.  IX,  lit.  5. 


LETTKE  XX.  iOft 

portiques  ',  on  l'entend  d'une  manière  un  peu  plus  large  :  lomot  de 
voie  publique  est  pris  à  la  lettre  par  les  citoyens;  les  riverains  la 
considèrent  comme  leur  appartenant  en  partie,  et,  à  ce  titre,  s'en  met- 
tent en  possession  :  ainsi  le  foulon  étend  ses  étoffes  humides  au-des- 
sus de  la  rue,  le  charron  expose  des  chars  à  sa  porte,  et  n'est  point 
en  contravention  tant  que  son  étalage  laisse  le  passage  libre  pour 
une  voiture  ^. 

La  liberté  de  la  circulation  est  essentiellement  pour  les  gens  de 
pied,  et  sur  ce  point  on  leur  sacrifie  tout  ce  qui  pourrait  les  gêner 
ou  leur  nuire.  En  vertu  d'un  édit  sur  la  matière,  les  rues  de  la 
ville  et  celles  des  feubourgs  sont  interdites  pendant  toute  la  journée 
aux  chariots  pesamment  chargés;  ils  ne  peuvent  y  circuler  qu'après 
la  dixième  heure  du  jour  ("),  jusqu'au  lever  du  soleil  du  jour  suivant. 
L'édit  n'admet  d'exception  que  pour  le  transport  des  matériaux  né- 
cessaires à  la  construction  d'un  temple  ou  d'un  édifice  public,  ou 
poiu'  enlever  d'un  lieu  public  des  matériaux  de  démolition  ;  encore 
faut-il  obtenir  une  autorisation  préalable  ^  La  plupart  des  rues 
sont  si  étroites,  le  sol  de  la  ville  est  si  montueux,  qu'une  circulation 
un  peu  active  de  ces  pesants  chariots  serait  vraiment  dangereuse  pour 
les  passants,  et  qu'il  a  fallu  la  diminuer  autant  que  possible.  Vers  la 
fin  de  l'ancienne  république,  il  ne  pouvait  paraître  dans  les  rues 
de  la  ville  de  voitures  d'aucune  espèce,  excepté  celles  des  Vestales, 
du  Roi  des  sacrifices,  des  Flamines  ;  excepté  aussi  les  chars  qui 
figurent  dans  certaines  cérémonies  religieuses,  et  dans  les  pompes 
triomphales  *  *. 

Les  Ediles,  tu  viens  de  le  voir,  exercent  une  surveillance  générale; 
mais  comme  ils  sont  trop  peu  nombreux,  l'action  potentielle,  qui  doit 
agir  sur  tous  les  points  à  la  fois,  est  en  partie  déléguée  à  un  autre 
ordre  de  magistrats,  secondés  eux-mêmes  par  des  officiers  subalter- 
nes. Les  quatorze  régions  de  la  ville,  qui  sont  une  création  de  l'Em- 
pereur *  (auparavant  il  n'y  en  avait  que  quatre^),  forment  comme 
autant  de  petits  gouvernements  régis  par  sept  cent  cinquante-six 
chefs  hiérarchiques,  ainsi  nommés  et  répartis  :  deux  Curateurs  à  la 
tête  de  chaque  région'',  et  quatre  Procurateurs^  ou  Maîtres  de  quar- 


'  Maïzocclii,  tab.  Heracl.  lat.  v.  68,  72.  =  2  niftost.  XLUI,  lit.  10,  §  4.  = '^  Maz/or- 
clii,  tab.  Herarl.  lat.  v.  .ï6,  61.  =  *  Ibid.  v.  62,6.").  =5  L'an  7i7.  Suet.  Aup.  30.  — 
Dion.  LV,  8.  =  B  Nardini,  Roma  aniica,  lib.  Il,  c.  5.  p.  118  et  119,  édil.  Nibby.  = 
■'  P.  Vicl.  —  SexI.  Ruf.  de  Reg.  urb.  Romoe,  passim.  —  Gruter.  p.  250.  —  Orclli,  1ns- 
fijpt.  lat.  n»  ,').  =  8  Procuiator  insulîe.  Petron.  96.  (")  -ï  lioiics  après  midi. 


410  ROME  AU  SIÈCI-K  D'AUGUSTE. 

tiem  '  dans  cliaque  quartier,  dont  lo  nombre  total  est  de  cent 
soixante-seize  *  *.  Les  j)remiers  veillent  particulièrement  à  la  rentrée 
ftà  l'équitable  perception  des  impôts  *;  les  seconds  sont  charjîés  de 
maintenir  la  tranquillité  et  la  sûreté  de  la  voie  publique  *.  Le  peuple 
élit  les  Procurateurs  parmi  les  habitants  du  quartier,  pourvu  qu'ils 
soient  plébéiens  *.  Leurs  fonctions,  bien  qu'assez  humbles,  sont  ho- 
norées; ils  ont  droit,  à  certains  jours,  de  porter,  dans  leurs  quar- 
tiers, la  toge  prétexte  des  magistrats,  et  de  se  faire  précéder  par  deux 
licteurs  ®. 

Les  Curateurs  sont  élus  au  sort  parmi  les  Procurateurs,  les  Tri- 
buns du  peuple,  les  Préteurs,  et  les  autres  magistrats  annuels.  Le 
sort  aussi  leur  assigne  la  région  qu'ils  doivent  avoir  à  gouverner  '. 
Us  ont  pour  insigne  d'autorité  un  otlicier  nommé  Dénonciateur,  qui 
les  accompagne  en  tous  lieux  *. 

J'ai  pour  habitude  (et  je  crois  que  cela  jette  quelque  intérêt  dans 
mes  récits)  de  ne  point  me  borner  strictement  au  tableau  placé  sous 
mes  yeux,  mais  de  te  faire  aussi  un  peu  l'historique  des  institutions; 
je  dois  donc  te  dire  quelques  mots  sur  l'origine  de  la  Préfecture  ur- 
baine et  de  l'Édilité.  La  Préfecture  date  du  temps  de  la  royauté  '  : 
lorsque  les  rois  s'absentaient  de  Rome,  pour  que  la  ville  ne  restât 
pas  sans  chef  ils  nommaient  un  magistrat  temporaire  *"qui,  sous  le 
litre  de  gardien  de  la  ville,  rendait  la  justice  à  leur  place,  et  remé- 
diait aux  accidents  imprévus''. 

Les  Consuls,  héritiers  du  pouvoir  royal,  se  firent  aussi  suppléer, 
mais  perpétuellement.  Les  Tribuns  du  peuple  se  chargèrent  de  les 
remplacer  dans  les  affaires  domestiques;  puis,  trop  occupés  eux- 
mêmes,  le  peuple  demanda  au  Sénat  l'autorisation  d'élire  annuelle- 
ment deux  plébéiens  pour  soulager  ses  Tribuns  dans  toutes  les  choses 
où  ils  auraient  besoin  d'aide,  juger  les  causes  que  ces  derniers  leur 
renverraient,  avoir  soin  des  édifices  sacrés,  inspecter  les  édifices  pri- 
vés, veiller  à  la  commodité  des  vivres,  et  fixer  le  prix  des  denrées. 
Les  Sénateurs  ayant  consenti  à  cette  nouvelle  demande,  l'an  deux 
cent  soixante  on  créa  deux  magistrats  qui  furent  appelés  Ediles  '^  de 


1  Magistii  vironim.  Tit.-Liv.  XXXIV,  7.  — Gruler.  p.  40,  7i,  79.  — Orelli,  Inscripl. 
hil.  Il"  5.  —  Vicomagislri.  P.  Vict.  — SexI.  Ruf.  de  res;.  urb.  Romœ,  passim.  =  ^  p. 
Vict.  —  Sext.  Ruf.  IbuL  =  3  Capitol.  M.  Anio.  11.  =  *  Peiron.  96.  =  ^  Suel.  Âug.  30. 
—  Dion.  LV,  8.  =  "^  Dion.  Ibid.  —  '<  Suel.  Aug.  30.  -  Dion.  Ibid.  —  ^Y>.  Vict.  — SexI. 
Ruf.  Ibid.  —  9  Tue.  Ann.  VI,  11.  — Ljd.  de  Jlens.  I,  19.  =  '«  Tac.  Ibid.  —  n  Urbis  cus- 
tos.  Seuec.  Ep.  83.  —  Patercul.  II,  88.  —  Lvd.  de  Mens.  I,  19,  54,  38.  =  i^  d.  Halic. 
VI,  90. 


LETTRK  XX.  441 

celles  de  leurs  fonctions  consistant  à  prendre  soin  des  édifices  '.  Ils 
(lurent  être  pris  parmi  d'anciens  questeurs,  âgés  de  vingi-sept  ou 
vingt-huit  ans,  c'est-à-dire  plus  jeunes  que  les  tribuns  du  peuple  ^ 
On  leur  donna,  comme  aux  Tribuns,  un  viateur  pour  marque  de 
leur  pouvoir  ^. 

Environ  cent  trente  ans  après  la  création  de  ces  Ediles,  deux  autres 
Curent  institués  qui ,  pris  parmi  les  patriciens \  n'eurent  d'abord 
d'autres  attributions  que  de  faire  célébrer  certaines  fêtes  religieuses". 
Ensuite  quelques  fonctions  de  judicature  et  de  police  leur  furent  dé- 
léguées ";  et  par  la  force  des  choses,  par  une  sorte  de  loi  qui  fait  que 
tout  pouvoir  nouveau  non  contesté  devient  envahissant,  ils  finirent 
par  effacer  presque  les  édiles  plébéiens  leurs  aînés,  à  les  réduire  à  n'être 
plus  guère  que  leurs  auxiliaires.  Ces  nouveaux  Édiles  furent  appelés 
curules,  parce  qu'en  raison  de  leur  noble  origine,  ils  étaient  assimi- 
lés aux  grands  magistrats.  On  ne  pouvait  les  prendre  que  parmi  les 
citoyens  âgés  au  moins  de  trente  ans  ^. 

L'envahissement  de  l'Édilité  curule  rencontra  peu  d'obstacles, 
parce  que  dès  la  seconde  année  de  son  établissement  les  plébéiens 
y  purent  être  admis^.  Néanmoins  l'Édilité  plébéienne  garda,  comme 
elle  garde  encore,  la  marque  originelle  de  son  infériorité  :  les  citoyens 
qui  l'occupent,  créés  pour  être  les  lieutenants  des  Tribuns  du  peuple, 
n'ont,  à  l'instar  de  ces  derniers,  ni  la  toge  prétexte  ^  ni  la  chaise 
curule  ^'*. 

Pendant  que  les  deux  Édilités  se  partageaient,  bien  que  d'une  ma- 
nière inégale,  l'administration  de  la  ville,  la  Préfecture  urbaine  s'a- 
moindrissait, et  finit  par  s'éclipser  entièrement  lorsqu'on  eut  achevé 
de  diviser  des  attributions  devenues  trop  importantes  pour  pouvoir 
êtres  cumulées  ;  je  veux  parler  des  attributions  purement  judiciaires, 
pour  lesquelles  deux  magistrats  spéciaux  nommés  Préteurs,  dont  je 
parlerai  plus  tard  '',  furent  institués. 

Il  y  avait  trois  siècles  qu'on  ne  nommait  plus  de  Préfet  de  la  ville, 
lorsque  pendant  les  dernières  guerres  qui  déchirèrent  la  république, 
l'Empereur  confia  l'administration  générale  de  Rome  et  de  l'Italie  à 
Mécène  son  ministre ''^.Depuis,  devenu  maître  de  l'empire,  etcon- 

>  D.  Halic.  VI,  90.  —  Varr.  L.  L.  V,  ,§  81.  =  2  Acad.  des  Inscript,  nouvel,  série, 
I.  XIII,  p.  237.  =  3  Til.-Liv.  XXX,  59.  —  Grul<M.  p.  94.  =  *  Til.-Liv.  VI,  42  ;  VU,  I. 
=  5  Voy.  LcUre  XLVllI.  =  «  Tit.-Liv.  VIII,  18,  22.— V.  Max.  VI,  1,  7.— Plin.  XVlll,  6. 
=  ■'  Acad.  des  Insriipl.  Ibid.  p.  550.  —  «  Til.-Liv.  VII,  1.  =»  Ibid.—  D.  Halle.  VI, 
93.  =  10  Palin.  famil.  rom.  p.  96,  109,  172.  =  n  Voy.  Lellie  XXXVIII.  =  *^  Tac. 
Ann  .VI,  11.— Palercul.  II,  88. 


il-2  HOME  AU  SIECLE  D" AUGUSTE. 

sidérant  la  grande  population  do  Kome,  la  lenteur  des  secours  qu'on 
trouve  dans  les  lois,  il  chargea  un  consulaire  de  contenir  les  esclaves, 
et  cette  partie  du  peuj)|p  dont  l'esprit  turbulent  et  audacieux  ne 
connaît  de  frein  que  la  crainte.  Telle  fut  la  manière  dont  il  ressus- 
cita la  Préfecture  urbaine  ^ 

Une  institution  non  moins  utile,  et  qu'on  doit  encore  à  l'Empereur, 
c'est  l'établissement  d'un  corps  spécial  pour  combattre  les  incen- 
dies ^  cet  éternel  fléau  de  Rome  ^  malgré  la  déesse  Stata.  qui  a  des 
statues  dans  tous  les  quartiers,  parce  qu'elle  est  censée  arrêter  les 
ravages  du  feu\  Autrefois,  tous  les  magistrats  de  police,  sans  excep- 
tion, jusqu'aux  Tribuns  du  peuple,  intervenaient  dans  ces  cruelles 
circonstances.  Ces  malheurs  ont  même  toujours  été  si  fréquents  que 
les  moyens  publics  de  répression  ne  suffisant  pas,  il  s'était  établi,  à 
côté  de  l'autorité  publique,  des  entreprises  particulières  pour  com- 
battre les  incendies,  soit  à  prix  d'argent,  soit  gratuitement  ^  Au- 
guste comprit  que  là,  comme  ailleurs,  la  direction  unique  d'une  ad- 
ministration spéciale  aurait  plus  d'activité  et  d'énergie.  Il  chargea 
donc  d'abord  les  quatre  Édiles  de  ce  soin  important  *;  puis  il  le 
confia  aux  seuls  Ediles  curules,  auxquels  il  donna  un  corps  de  six 
cents  esclaves^,  afin  que  n'ayant  besoin  de  l'aide  de  personne,  ils 
pussent  porter  des  secours  immédiats  partout  où  il  le  faudrait. 

Longtemps  après,  la  ville  ayant  souffert  de  plusieurs  incendies 
qui  éclatèrent  le  même  jour*,  il  établit,  pour  combattre  le  feu,  un 
corps  d'aff'ranchis  ^  divisé  en  sept  cohortes^**,  qui  non-seulement 
veillent  de  jour,  mais  encore  font  des  rondes  pendant  la  nuit".  Elles 
sont  stationnées  vers  les  murs  et  les  portes  de  la  ville'*,  position  cen- 
trale à  cause  de  l'immensité  des  faubourgs,  et  placées  de  manière  à 
ce  qu'une  seule  cohorte  peut  défendre  deux  régions.  Chaque  cohorte 
est  commandée  par  un  tribun  ^^  et  se  subdivise  en  quarante-deux 
centuries,  qui  campent  isolément*'^,  afin  que  leur  surveillance  soit 
plus  active.  Le  corps  entier  a  pour  chef  un  chevalier  romain  *^  avec 
le  titre  de  Pre/*^?  des  Vigiles^^.  Les  Vigiles  ne  devaient  être  d'abord 
que  temporaires  ;  mais  ils  rendirent  tant  de  services,  que  l'Empereur 
ordonna  la  conservation  perpétuelle  de  cette  milice  de  l'incendie'^. 

«  Tac.  Ann.  VI,  11.  — Suel.  Aug.!57.  =  2  Suet.  Ibid.  30.  =  3  Sliab.  V,  p.  253  ;  ou 209, 
U-.  fr. — Front.  Aquœd.  18.  =*  Fesl.  v.  Slalœ.  =  »  Digest.  I,  til.  15,  leg.  1.  =  «  Dion. 
LUI,  24.  —  "L'an  752.  Dion.  LIV,  2.  =  «  Digest.  I,  lit.  15,  leg.  1,  2.— Dion.  LV.  26. 
=  9Strab.  Ibid.  —  Suel.  Aug.  25.  =  10  Dion.  Ibid.  —  Digest.  Ibid.  leg.  3.  —  •>  Suel. 
Aug.  30.  =  12  Digest.  Ibid.  leg.  1.  =  i' /6irf.  leg.  ô.  =  '*  Dion.  LVM,  19.  =  13  W. 
l.V,  26.  —  16  Prœfectus  Vigilum.   Digest.  I,  til.   15,  leg.  5.  —  ''  Dion.  Ibid. 


LETTRE  XX.  41  ô 

Il  lui  concéda  même  quelques  privilèges  pour  l'encourager  :  donna, 
par  exemple,  le  droit  de  cité  Romaine  à  tout  affranchi  latin  qui  au- 
rait servi  six  ans  dans  ces  cohortes  nocturnes'. 

Par  suite  d'un  usage  antique,  les  magistrats  ne  peuvent  paraître 
en  public  après  le  coucher  du  soleil^.  Créés  pour  s'occuper  des  af- 
faires du  peuple,  et  toutes  cessant  à  la  chute  du  jour,  ils  n'ont  plus 
alors  de  pouvoir  légal,  et  rentrent,  de  fait,  dans  la  classe  des  simples 
citoyens^.  Cet,  usage  qui  fut  sans  doute  établi  dans  Tenfance  de 
Rome,  ne  pouvait  subsister  sans  de  graves  inconvénients  quand 
l'importance  de  la  ville  et  son  opulence  en  eurent  fait  le  rendez- 
vous  d'une  foule  de  gens  sans  aveu,  vivant  de  larcins  et  de  vols,  et 
souvent  employant  la  violence  comme  auxiliaire  de  leur  astuce.  Ce- 
pendant les  Romains  ayant  un  grand  respect  pour  leurs  coutumes, 
n'abolirent  pas  celle-ci,  mais  la  neutralisèrent  en  instituant  trois 
magistrats  chargés  de  faire  des  rondes  de  nuit.  Cette  surveillance  in- 
cessante était  d'autant  plus  nécessaire,  que  le  port  d'armes  ayant 
toujours  été  défendu  dans  la  ville  *,  le  citoyen  ne  peut  se  protéger 
lui-même.  On  appela  les  nouveaux  magistrats  Triumvirs  nocturnes^; 
ils  eurent  huit  licteurs*,  et  de  plus  on  mit  sous  leurs  ordres  cinq 
citoyens  ou  Quinquevirs  pour  les  suppléer  dans  les  quartiers  tant  au 
delà  qu'en  deçà  du  libres  Ils  veillaient  aussi  aux  incendies*,  avec 
une  troupe  d'esclaves  publics  pour  ce  service  spéciale 

Le  Préfet  des  Vigiles  avec  ses  cohortes,  ses  tribuns,  ses  centu- 
rions, a  remplacé  sans  désavantage  les  Triumvirs  nocturnes  et  les 
Quinquevirs,  car  en  faisant  des  rondes  perpétuelles  avec  sa  bande 
d'affranchis,  armés  de  tout  l'attirail  nécessaire  à  l'extinction  du  feu'", 
il  exerce  aussi  sa  surveillance  sur  les  malfaiteurs.  Aussi  l'Empereur 
l'a-t-il  investi  d'une  certaine  juridiction  :  il  juge  les  voleurs  simples, 
les  voleurs  avec  effraction  ou  violence,  et  les  receleurs,  à  moins  que 
l'infamie  attachée  au  délinquant  ne  le  rende  justiciable  du  Préfet  de 
la  ville.  Mais  les  incendiaires  sont  principalement  l'objet  de  ses  re- 
cherches, même  les  incendiaires  par  imprudence  ou  par  incuries  :  il 
peut  faire  fustiger*  les  individus  qui  ont  eu  la  négligence  de  laisser 
du  feu  allumé,  ou  leur  adresser  une  sévère  réprimande,  s'il  leur  re- 
met la  punition*'.  Les  incendies  arrivant  presque  toujours  par  la  faute 

'  Ulpian.  lit.  5,  §  5.  =  -  Digest.  I,  lit.  2,  leg.  2,  g  31.  =  3  Conjecture.  =  ''  Cic.  ad 
Atlic  11,  24.  =  STriumviri  noctuini.  Til.-Liv.  IX,  46.— V.  Max.  VIII,  1,  3,  6.— Digesi. 
1,  lit.  15,  leg.  1.  —  6  Plaul.  Amphy.  I,  1,  v.  17;  Asin.  III,  2,  v.  28.  =  ^  Til.-Li\. 
XXXIX,  14.  —  Digest.  I,  til.  2,  leg.  2,  §  51.  =  »  V.  Max.  /iiri.— Digest.  Jbid.  =  »  Di- 
gest. I,  tit.  1.^,  leg.  1.  =  10  Ibid.  lee;.  5,  §;  5.  =  "  /AiV/.  lit    l.n,  leg.  5,  ,^  1. 


4U  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

des  habitants,  il  les  avertit  d'être  vigilants  pour  le  feu,  et  leur  com- 
mande de  tenir  toujours  de  l'eau  dans  le  haut  de  leurs  maisons'. 

Cependant  il  y  a  une  garde  spéciale  pour  protéger  lesciloyens;  c'est 
un  corps  do  six  mille  soldats,  divisé  en  quatre  cohortes  ^  dont  trois 
sont  toujours  dans  la  ville  \  réparties  dans  quatorze  excuhitoria  ou 
corps-de-garde  \  un  par  région. 

Voilà  tout  le  gouvernement  de  Rome,  sauf  deux  ou  trois  magis- 
tratures pour  l'approvisionnement  et  la  vente  du  blé,  la  distribution 
des  eaux  vives,  et  l'administration  de  la  justice.  Je  nelesconnais  pas 
encore  assez  pour  l'en  parler  aujourd'hui  ;  elles  mériteront,  je  crois, 
d'être  traitées  à  part.  Ce  que  nous  venons  de  voir  de  la  Police  est 
un  assez  vif  reflet  du  gouvernement  de  l'empire  :  l'esprit  d'un  seul 
la  domine.  En  eft'et,  le  Préfet  de  la  ville  et  celui  des  Vigiles  sont  les 
(Téatures  de  l'Empereur,  et  l'on  peut  en  dire  à  peu  près  autant  des 
Édiles,  bien  qu'élus  dans  les  comices  par  tribus  ^  parce  que  les  co- 
mices ne  font  guère  qu'obéir  au  chef  de  l'empire.  Mais  ce  dernier 
simulacre  de  liberté  pourra  disparaître  aussi  bientôt,  car  l'Édililé 
tend  à  s'abolir  elle-même  :  autrefois,  c'était  le  premier  degré  pour 
arriver  au  consulat  et  au  commandement  des  armées*  ;  certains  jeux 
publics  que  les  Édiles  doivent  donner  au  peuple  leur  en  frayaient  le 
chemin,  alors  que  le  peuple  était  tout-puissant.  Depuis  que  la  seule 
grande  influence  est  celle  de  l'Empereur,  l'Édilité  est  devenue  une 
charge  sans  proftt;  aussi  dernièrement  les  comices  devant  élire  de 
nouveaux  édiles  pour  l'an  prochain,  il  ne  s'est  pas  présenté  de  can- 
didats''. C'est  un  fait  phénoménal  dont  on  n'avait  encore  vu  qu'un 
exemple  pendant  la  désastreuse  époque  du  Triumvirat*.  Cependant 
l'Empereur  voulait  des  édiles,  et  pour  en  avoir  il  n'a  rien  imaginé 
de  mieux  que  de  réunir  d'anciens  questeurs  ou  tribuns  du  peuple, 
et  de  les  faire  tirer  au  sort  pour  en  condamner  quatre  à  l'édilité. 
Autrefois  c'eût  été  là  un  événement  énorme  :  aujourd'hui  on  n'y 
fait  presque  pas  d'attention  ;  seulement  les  gens  qui  l'ont  remarqué 
en  ont  tiré  la  conclusion  que  désormais  le  sort  devra  souvent  tenir 
lieu  des  comices  édilitiens  ^. 

«Digest.  1,  lit.  15,leg.  5,  §  i.  ='îDioti.  LV,  24.=  ^  Tac.  Ann.'IV,  5  — Suet.  Aug.  49. 
=  *  P.  Vicl.  de  res;  uib.  Romop,  in  fin.  =  s  Varr.  H.  U.  VU,  17. —  Cic.  pio  Plane.  22. 
— Tit.-Liv.  II,  37,  38;  IX,  46.— U.  Halic.  IX,  11.— Appi.in.  de  Bell.  civ.  I,  p.  611,  elc. 
=  6  cir.  de  Legib.  111,  5.  =  "^  Dion.  LV,  2».  =  «  fan  718.  Id.  XLIX,  16.  =  »  Id. 
I.V,  24. 


LETTRE  XXL 


DU    GOUVERNEMENT   DE    L  ITALIE. 


Il  y  a  vingt  ans  environ,  l'Italie  s  étendait  depuis  le  golfe  de  Tarente 
jusqu'au  petit  fleuve  du  Rubicon,  vers  la  mer  Adriatique,  et  jusqu'à 
Luna,  du  côté  de  la  mer  Tyrrhénienne  '.  Maintenant  elle  va  jusqu'aux 
Alpes  et  comprend  toute  la  Gaule  Cisalpine^.  Cette  réunion  fut  faite 
peu  d'années  après  la  mort  de  César,  lors  de  la  rupture  du  triumvirat, 
au  moment  où  l'Empereur,  alors  Octave,  s'apprêtait  à  marcher 
contre  Antoine.  Il  trouva  dangereux  de  laisser  exister  aussi  près  de 
Rome  une  province,  c'est-à-dire  un  pays  avec  un  proconsul  et  une 
armée,  et  il  en  prononça  la  réunion  à  la  péninsule  italique^.  Indé- 
pendamment de  toute  autre  considération,  donner  les  Alpes  pour 
limites  à  cette  dernière  conti'ée,  c'était  lui  assigner  ses  frontières  na- 
turelles. Mais  je  ne  saurais  t' exposer  la  condition  politique  actuelle 
de  ritalie  sans  te  parler  d'abord  de  sa  condition  ancienne. 

L'Italie  se  composait  autrefois  de  douze  provinces  indépendantes*. 
Chacune  renfermait  plusieurs  petits  peuples  *  qui  tous  avaient  leurs 
lois,  leur  gouvernement,  leurs  magistrats  particuliers,  et  formaient 
autant  d'Etats  séparés,  dont  quelques-uns  ne  se  composaient  uni- 
quement que  de  bourgs  :  tous  ensemble  n'appartenaient  à  aucun 
corps  de  nation  ^ 

La  fortune  de  Rome  voulut  que  ce  fut  au  milieu  de  ces  petites 
peuplades  que  la  future  ville-reine  fût  fondée.  Admirablement  pla- 
cée pour  se  créer  un  État  et  un  territoire  aux  dépens  de  voisins 
faibles  qu'aucune  ligue  ne  réunissait,  elle  devint  conquérante  d'a- 
bord par  nécessité,  puis  par  caractère.  Dès  les  premiers  temps  elle 
mit  en  pratique  la  grande  maxime  politique  que  depuis  elle  a  con- 
stamment suivie  :  diviser  pour  régner. 

Comme  elle  respecta  les  lois  et  les  usages  des  pays  conquis; 
qu'elle  fut  assez  sage  pour  ne  point  vouloir  faire  la  guerre  aux 
mœurs,  il  arriva  que  chaque  peuple,  chaque  province,  put  conser- 
ver son  gouvernement.  Elle  se  contentait  de  dire  aux  vaincus  ;  Je 

1  Plin.  III,  5,  15.  =2  Tac.  Ann.  XI,  24.  =:  »  Dion.  XLVIII,  ^2.  ■=.  *  Pliii.  III,  5.  = 
»  Strab.  V,  p.  228;  ou  185,  tr.  fr. 


il6  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

pourrais  vous  imposer  mes  lois*,  je  vous  laisse  libres,  soyez  mes 
alliés  à  telle  condition.  Dans  h^s  premiers  temps,  elle  avait  été  obli- 
gée d'absorber  plusieurs  peuples  pour  se  donner  à  elle-même  quel- 
que force  et  quelque  consistance  ;  mais  une  fois  ce  but  atteint,  su 
conduite  fut  toujours  telle  que  je  viens  de  le  dire. 

La  liberté  laissée  aux  peuples  conquis  était,  à  la  vérité,  bien  pré- 
caire, car  Rome  les  plaçait  sous  sa  dépendance,  en  leur  défendant  de 
contracter  entre  eux  ni  alliances  politiques,  ni  alliances  privées,  sans 
sa  permission^  ;  en  leur  ôtant  quelquefois  une  partie  de  territoire, 
pour  y  fonder  çà  et  là  des  colonies,  véritables  armées  permanentes 
en  observation  ',  renfermant  de  la  cavalerie  et  de  l'infanterie*  ;  enfin, 
en  leur  imposant  des  tribus  en  hommes  et  en  argent^. 

L'expérience  ayant  démontré  la  bonté  de  ce  principe ,  il  fut  tou- 
jours pratiqué  depuis;  César  l'employa  contre  nos  Gaules*;  l'Empe- 
reur l'a  imité"',  en  fondant  des  colonies  sur  le  Rhin,  afin  d'assurer 
cette  frontière  contre  nos  frères  les  Germains  *. 

La  tolérance  politique  envers  les  vaincus,  quoique  bien  entendue 
en  général,  eut  cependant  ses  inconvénients  :  c'est  que  ces  peuples, 
jouissant  toujours  de  leurs  gouvernements,  trouvèrent  plus  de  faci- 
lités pour  se  révolter  contre  une  alliée  aussi  exigeante  que  Rome,  et 
profitèrent  souvent  des  occasions  qui  se  présentèrent. 

Cet  état  de  guerres  incessamment  renaissantes  fit  un  peu  mitiger 
la  politique  romaine,  et  Rome  mit  les  rigueurs  et  les  bienfaits  au 
nombre  des  moyens  propres  à  retenir  ses  vaincus  dans  l'obéissance. 
Elle  concéda  divers  droits  aux  peuples  qui  se  montrèrent  les  plus 
fidèles,  et  sévit  contre  ceux  qui  l'irritèrent  par  des  révoltes  ou  des 
trahisons.  La  privation  de  la  liberté,  pour  un  premier  manquement 
à  la  foi  des  traités;  la  destruction  de  la  ville,  fa  confiscation  d'une 
partie  du  territoire,  ou  même  la  déportation  de  tous  les  habitants 
hors  de  leur  pays,  furent  la  punition  des  récidives  plus  ou  moins 
sérieuses  ^. 

Le  système  des  bienfaits  pour  récompenser  la  fidélité,  et  des  ri- 
gueurs pour  punir  la  trahison,  donna  naissance  aux  Municipes  ou 

1  Tit.-Liv.  VUI,  U.  =^Ibid.;  IX,  45.  =  ^  M.  1,  55;  H,  54;  IV,  11;  V,  29;  VUI, 
25;  X,  10,  21.— Cic.   pro  Font.  4  ;  de  Leg.    agra.  H,  27.—  Tac.  Hisl.  HI,  54.— Slrab. 

IV,  p.  205  ;  ou  95,  Ir.  fr.— Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  604  ;  II,  p.  840.— Hor.  11,  S.  1, 

V.  55.  =4  Tit.-Liv.  XXXV,  9.— .\scon.  in  Piso.  p.  136.  =  3  Tit.-Liv.  II,  41  ;  VUI.  H, 
12,  14  ;  X,  5  ;  XXXVIII,  56  ;  XLI,  8,  9,  14.  =  6  Suel.  Tib.  4,  =  "^  Ibid.  —  Plin.  III,  4. 
=  8  Acadeni.  des  Insoript.  t.  XIX,  p.  501.  —  »  Til.-Liv.  II,  40,  41  :  VIII.  1.  5,  11,  12. 
1  4,  21  ;  IX,  45  ;  X,  5.— Diod.  Sinil.  XX,  p.  817. 


LETTRE  XXr.  417 

villes  municipales,  aux  villea  Jjilines,  aii\  villes' Fœdérées,  et  aux  Pré- 
fectures. Ces  diverses  coiidilions  n'étanl,  en  résumé,  que  celle  des 
Colonies  Romaines,  plus  ou  moins  altérée,  plus  ou  moins  incom- 
plète, il  faut  que  je  te  fasse  connaître  d'abord  cette  dernière. 

Les  Colonies  /domaines  fiu^ent  comme  autant  de  petites  images, 
de  copies  de  Rome  leur  métropole.  Elles  observèrent  les  mêmes 
lois,  la  même  jurisprudence,  la  même  religion,  les  mêmes  fêtes'  ; 
elles  eurent  aussi  deux  Consuls  et  un  Sénat  "-  de  cent  membres  *,  les 
Consuls  appelés  Duumvirs,  de  leur  nombre,  et  les  sénateurs.  Décu- 
rions'', parce  que  dans  la  fondation  d'une  colonie  on  décimait  les 
colons  pour  composer  le  conseil  public^.  Les  Duumvirs,  au  lieu 
d'être  annuels  comme  les  Consuls,  furent  nommés  pour  plusieurs 
années  ^  Ils  eurent  exactement  le  pouvoir  qu'ont  les  Consuls  à 
Rome,  et  de  plus,  leurs  fonctions  ne  les  absorbant  pas  autant,  ils 
rendirent  la  justice'^.  Les  colons  jouissaient  de  tous  les  privilèges  de 
la  cité  Romaine,  excepté  du  droit  de  Suffrage  et  du  droit  lï Honneurs 
à  Rome  *.  Ces  colonies,  établies  pour  surveiller  et  contenir  des  peu- 
ples conquis,  auraient  manqué  au  but  de  leur  institution  si  Ton 
avait  donné  à  leurs  citoyens  ces  deux  droits,  qu'ils  ne  pouvaient  ve- 
nir exercer  qu'en  abandonnant  leur  poste.  Ils  y  furent  même  comme 
enchaînés  pendant  une  grande  partie  de  leur  vie,  et  la  loi  ne  per- 
mit aux  colons  primitifs  de  revendre  le  lot  de  terre  qu'ils  avaient 
reçu,  que  vingt  ans  après  la  prise  de  possession  ''. 

Passons  maintenant  aux  villes  qui  n'étaient  point  romaines  d'ori- 
gine. Les  Municipes,  qu'il  faut  placer  en  tête,  étaient  des  villes  de 
pays  conquis.  Par  une  faveur  toute  spéciale,  Rome  les  gratifia  des 
droits  de  cité  Romaine^,  don  magnifique,  incessamment  rappelé  par 
leur  nom  même,  tiré  de  munus,  présent  '".  Leur  constitution,  assez 
semblable  à  celle  des  colonies  romaines,  ressemblait  surtout  à  celle 
de  la  grande  métropole.  En  effet,  les  Municipes  eurent  leurs  trois 
ordres,  le  sénat,  les  chevaliers,  et  le  peuple"  ;  leurs  consuls  et  leurs 
tribuns,  les  premiers  appelés  dmunvirs^',  comme  dans  les  colonies, 
ou  quatuorvirs  *''  quand  ils  étaient  quatre,  et  les  seconds,  défenseurs 

1  A.  r.ell.  XVI,  13.  =2Tit.-Liv.  VHl,  li.— Cic.  pro  Sext.  4;  in  Piso.  11;  de  Leg. 
agrar.  H,  54,  55.  —  Caes.  de  lîell.  civ.  1,  23.  —  Macrob.  Saliir.  II,  5.  =  ^  CAc.  de  Lep. 
agrar.  U,  35.  =  *  Cic— Tit.-Liv.  — Os.  Ihid.  —  ^  Oigesl.  L,  lil.  16.  lep.  239,  g,  5.  = 
«  Cir.  Wà.  34.  =  '  Suel.  de  Clar.  rliet.  6.  —  Digcsl.  XXXIX,  lit.  2,  lep.  4.  jS  3.  h.  — 
8  Cic.  proCa-cin.  33.  =  »  là.  in  Vcrr.  V,  62.  —  Tit.-Liv.  XXXVIll,  56.  =  i"  A.  (loll. 
XVI,  15.  =  11  Tit.-Liv.  VIII,  11,  14.  =  l2Cir.  de  Leg.  agrac.  Il,  54.  —  C.ts.  de  Bell, 
riv.  1,23.  —  Mazzocchi,  tab.  Heracl.  lat.  c.  V  et  ss((.  passim.  =  '^  Mazzoeelii.  Ihid. — 
Cic.   pro  Cluent.    8  ;  Ep.   famil.  Xlll.  76  :   ad  Allie.   X.    13, 


i. 


o- 


418  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

de  la  cité  ^  ;  les  sénateurs  turent  également  désignés  sous  le  nom  de 
décurions  ^.  Comme  à  Rome,  on  y  élut  les  magistrats  et  on  y  sanc- 
tionna les  lois  dans  des  assemblées  populaires  *.  Elles  purent  pos- 
séder des  terres  dont  elles  se  firent  un  revenu,  soit  en  les  cultivant 
elles-mêmes,  soit  en  les  affermant,  et  il  n'y  eut  pas  nécessité  que  ces 
terres  fussent  en  Italie  *.  Cette  ressemblance  de  leur  constitution 
avec  celle  de  la  grande  république  doit  d'autant  moins  étonner,  que 
beaucoup  de  Municipes  adoptèrent  la  législation  romaine  ^  devin- 
rent ce  que  l'on  appelle  peuples  fundi  *.  Ce  ne  fut  pas  là  cepen- 
dant une  condition  de  rigueur  pour  obtenir  la  municipalité,  et  d'au- 
tres villes  gratifiées  de  ce  droit  conservèrent  leur  gouvernement 
indigène,  leurs  lois,  leurs  sacrifices,  leurs  fêles  '' ,  comme  Massilie, 
par  exemple,  dans  la  Gaule  Narbonnaise  *.  Un  point  sur  lequel  les 
Municipes  l'emportèrent  sur  les  Colonies,  c'est  qu'on  leur  accorda 
quelquefois  le  droit  de  suffrages  ®  et  celui  d'honneurs  '^. 

Lorsque  Rome  eut  conquis  le  Latium,  elle  ne  voulut  pas  admettre 
les  Latins  à  ses  droits  de  cité  :  ainsi  elle  ne  leur  reconnut  ni  le  pou- 
voir paternel  absolu  ",  ni  le  droit  de  tutelle  *^  ni  le  droit  de  testa- 
ment, ni  celui  d'héritage  envers  un  citoyen  Romain  **.  Les  traitant  en 
vaincus,  elle  leur  défendit  de  se  marier  hors  de  leur  territoire  ^*,  et 
ne  leur  accorda  pas  l'inviolabilité  personnelle  ;  ils  purent  être  battus 
de  verges  et  mis  à  mort*^.  Mais  voulant  néanmoins  s'attacher  les  ha- 
bitants d'une  province  qui  s'étendait  jusqu'à  ses  portes,  elle  déclara 
que  tout  citoyen  Latin  qui  aurait  rempli  une  magistrature  dans 
son  pays  deviendrait  de  droit  citoyen  Romain  '^  et  que  celui  qui  n'au- 
rait pas  été  magistrat  pourrait  encore  se  faire  inscrire  parmi  les  ci- 
toyens Romains  pourvu  qu'en  abandonnant  sa  patrie  il  y  laissât  une 
postérité  mâle",  un  fds  âgé  d'un  an'*.  L'ensemble  de  ces  restric- 
tions et  de  ces  privilèges  reçut  le  nom  de  Droit  de  Latium.  On  le 
concédait  comme  une  faveur  du  deuxième  ordre  à  d'anciennes  villes 
conquises,  et  quelquefois  à  de  nouvelles  colonies. 

1  Brisson.  de  Verb.  significat.=  ^cic.  pro  Sext.  Rose.  59;  pro  Q.  Rose,  h  ;  Ep.  famil. 
VI,  18  ;  ad  Attic.  X,  13  ;  —  .Mazzocclii,  lab.  Heracl.  lat.  c.  V,  et  ssq.  passim.  — Suel. 
Aug.  .'(C.  =  3  cic.  pro  Cœlio,  2  ;  de  Legib.  III,  16.  —  Mazzocclii,  Ibid.  c.  VU.  —  Fesl. 
V.  Municeps.  =  4Cic.  Ep.  famil.  XUI,  7,  il.— Patercul.  H,  81.  =  3  yit.-Liv.  IX,  45. 
— Cic.  pro  l'Ianc.  8,  9.  —  Fest.  v.  .Municeps-  =  ^  Cic.  pro  Daibo,  8,  21.  =  '  Til.-Liv. 
VIll,  14.  =  8  Slrab.  IV,  p.  181;  ou  15  Ir.  fr.  —  »  Til.-Liv.  VIII,  17;  XXXVIII,  36.— 
Patercul.  I,  14.— A.  Gell.  XYI,  13.  =  '«Cic.  pro  Plane.  8.  9.— Fesl.  Ibid.  —  n  Gaii, 
I,  §  67— i;ipian.  til.  22,  §  3.  =  i-'  Gaii,  I,  g  23,  24.  =  13  /éid.-Instil.  I.  lit.  22,  §  5. 
— Ulpian.  til.  20,  §  14.  =  i^  Tit.-Liv.  VIII,  14  ;  IX,  43.  =  »3  Sali.  Jugurt!  69.  —  Plut 
C.  Grâce.  9.— Appian.  de  Bell.  civ.  II,  p.  730.  =  '^  Slrab.  IV,  p.  187  ;  ou  30,  Ir.  fr.  — 
Appian.  /Wd.— Ascon.  in  Piso.  p.  156.  =  l^  Tit.-Liv.  XLI,  8.  =  l»  Gaii,  I,  g!  29. 


ILETTRE  XXI.  419 

Les  villes  qui  n'étaient  liées  avec  Rome  que  par  un  traité  d'alliance 
offensif  ou  défensif  réciproquement  \  ou  qui  leur  interdisait  de  faire 
la  guerre  ou  même  de  se  défendre,  Rome  se  chargeant  de  pourvoir 
à  leur  sûreté^,  étaient  nommées  Fœdèrées,  du  mot  môme  de  traité, 
fœdus,  qui  rappelait  leur  condition  \  Elles  conservaient  leur  gouver- 
nement, leurs  lois  *,  et  contribuaient  plus  ou  moins,  suivant  la  con- 
dition de  leur  traité^  au  service  militaire^  et  à  l'entretien  des  armées'^. 

Ces  mêmes  charges  pesaient  aussi  sur  les  Colonies  romaines*,  les 
Municipes^  les  Colonies  et  les  villes  Latines^";  les  Colonies  maritimes 
étaient  seules  dispensées  du  recrutement  ^^  :  gardiennes  des  côtes, 
en  appelant  leurs  citoyens  ailleurs  c'eût  été  affaiblir  l'État. 

Les  villes  Municipales  ou  Fœdèrées,  qui,  à  la  suite  de  révoltes  ou 
de  trahisons,  avaient  été  privées  de  leurs  droits  de  cité  et  de  leur 
gouvernement,  reçurent  de  Rome  un  magistrat  ^'^  ou  plusieurs  (quel- 
quefois quatre),  élus  par  le  peuple  pour  certaines  villes,  et  pour 
d'autres  par  le  Préteur  urbain  ^\  Ils  étaient  envoyés  pour  y  rendre 
la  justice  ^*,  ce  qui  de  fait  soustrayait  ces  petites  républiques  à  leur 
propre  gouvernement.  On  les  nomma  Préfectures,  du  nom  du  ma- 
gistrat qui  les  gouvernait. 

Aucune  des  constitutions  dont  je  viens  de  parler,  pas  même  celle 
qui  porte  le  nom  de  Droit  de  Latium,  n'était  particulière  à  une  pro- 
vince ou  région  spéciale  de  l'Italie,  et  l'on  rencontrait  souvent  les  unes 
auprès  des  autres  des  Colonies,  des  villes  Fœdèrées,  des  Municipes,  des 
Préfectures  ;  mais  tous  ces  petits  Etats  ne  formaient  qu'un  faisceau 
sous  l'influence  de  la  forte  république  romaine,  à  laquelle  ils  tenaient 
par  des  liens  de  société,  de  fédération  ou  de  servitude,  et  dont  le 
Sénat  pouvait  faire  comparaître  devant  lui  les  principaux  magistrats, 
pour  les  juger  s'ils  ne  se  conduisaient  pas  avec  loyauté  et  fidélité  '^ 

Ce  fut  ainsi  que,  sans  se  constituer  nominalement  souveraine  de 
l'Italie,  Rome  parvint  à  s'en  rendre  maîtresse.  Les  subsides  qu'elle 
exigeait  de  ses  alliés  devinrent  si  considérables,  quand  elle  com- 
mença à  porter  la  guerre  au  dehors,  qu'enfin  ces  peuples  ouvrirent 
les  yeux;  ils  virent  que  leur  état  était  une  servitude  réelle,  puisqu'à 

>  Til.-Liv.  VllI,  3  ;  XXXMII,  11.  =  î  Id.  II.  30  ;  III,  19  ;  VUI,  2,  4  ;  X,  11.  =  »  Id. 
VIII,  19,  25;  X,  11,  12.  ^^  Cic.  pio  Balbo,  8,  23.  =  »  Id.  in  Verr.  V,  19,  22.  —  Tit.- 
Liv.  VII,  12;  MU,  23;  XXI,  17;  XXVI,  28;  X.\.V11I,  43.  =  «  W.  Ul,  22  ;  VllI,  2, 
4,  3  ;  XXI,  17;  XXVl,  28.  — Sali.  Jugurl.  93.  =  ^  V.  iMax.  VII,  6,  1.  =  »  Tit.-Liv.  III, 
22;  VU,  12;  XXVU,  9,  10;  XN.IX,  13;  XLI,  8,  9,  14.  =  »  Fest.  v.  Municeps.  = 
i«  Sali.  Jugurl.  69,  93,  103.  — Til.-Liv.  Ibid.  —  >i  Til.-Liv.  XXVII,  88.  =  ^^  Id.  X.\.VI, 
10.  — l'aieicul.  Il,  44.  =  li  Fest.  v.  prœfecluriP.  =  ^'*  Til.-Liv.  —Fest.  Ibid.  —■  »^  Tit.- 
Liv.  m,  4  ;  XXVII,  38  ;  XXIX,  13. 


/tO(»  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

chaquo  giierro  et  tons  losans,  ils  fournissaient  un  double  contingent 
do  troupes  à  pied  ou  h  cheval;  que  véritables  défenseurs  de  Rome, 
cette  ville  avait  acquis  par  leur  puissant  secours  la  grandeur  dont 
elle  était  fière  ;  et  cela  sans  dédommagement  pour  eux-mêmes  des 
charges  qui  les  accablaient,  presque  aucun,  par  le  fait  de  la  privation 
des  droits  de  cité  Romaine,  et  des  droits  de  suffrage  et  d'honneurs, 
n'ayant  d'influence  sur  ce  gouvernement  central,  qui  commandait  la 
guerre  et  seul  en  relirait  tout  le  profit  '. 

En  efî'et,  jusqu'à  Tan  six  cent  cinquante-neuf,  le  nombre  des  villes 
Municipales  de  l'Italie  s'élevait  à  peine  à  vingt,  sur  lesquelles  un  peu 
plus  de  la  moitié  environ  jouissaient  du  droit  de  suffrage  joint  au 
droit  de  cité;  et  encore  la  presque  totalité  était-elle  des  villes  du 
Latium.  Déjà  cette  iniquité  avait  été  remarquée  :  C.  Gracchus  tenta 
delà  faire  disparaître,  en  proposant  de  donner  le  droit  de  suffrage  à 
tous  les  Latins,  ainsi  qu'à  tous  les  peuples  fœdérés  de  Tltalie  ^  Il 
échoua.  Le  Tribun  Livius  Drusus  reprit  ce  projet  et  en  obtint  l'a- 
doption; mais  il  paya  de  sa  vie  un  instant  de  réussite,  et  le  vote 
d'une  loi  qui  ne  fut  point  exécutée  après  lui  '. 

Ces  tentatives  augmentèrent  la  convoitise  des  peuples  pour  le  droit 
de  suiïrage  :  un  grand  nombre  de  Colons  et  de  Fœdérés  s'en  empa- 
rèrent par  fraude,  en  se  donnant  pour  citoyens  Romains.  Une  loi  (la 
loi  Licinia-Mucia)  fut  rendue  l'an  six  cent  cinquante-huit  pour 
arrêter  et  réprimer  ces  usurpations.  Elle  indisposa  violemment  les 
principaux  peuples  de  l'Italie,  et  devint  la  principale  cause  d'une 
guerre  terrible  (la  guerre  Sociale),  qui  éclata  trois  ans  après  *.  La 
plupart  des  peuples  de  la  partie  orientale  de  l'Italie  se  liguèrent  en- 
semble, et  réclamèrent,  d'abord  par  une  ambassade  au  Sénat,  qui 
l'accueillit  avec  auteur  ^,  puis  les  armes  à  la  main,  ces  privilèges  de 
cité  Romaine,  ou  pour  mieux  dire,  ce  droit  de  suffrage  qui  leur 
était  si  bien  dû  ^  et  que  d'ailleurs  on  leur  avait  promis  ''.  Ils  succom- 
bè'rent  dans  une  lutte  opiniâtre  qui  dura  trois  ans,  fit  perdre  à  l'Italie 
plus  de  trois  cent  mille  hommes,  la  fleur  de  sa  jeunesse,  et 
mit  Rome  dans  le  plus  grand  danger  :  néanmoins  ils  obtinrent, 
après  leur   défaite  et  leur  soumission  ,    les  privilèges   vainement 

1  P.nleiT.  H,  15.— Flor.  Hl,  18.  — Appian.  de  Boll.  riv.  I,  p.  6S0.  =  ^  Appian.  Ibid. 
p.  619.  — l'hil.  C.  Grâce.  5.  9.  =  3  Klor.  lU,  17.  —  Patercul.  H,  IS,  U,  1.").  —  Appian. 
Ibid.  p.  652.  —'>C\v.  pio  Balbo,2l  ;  de  Olfir.  MI.  11.—  Palorcul.  U.  15. —  Flor.  Ul. 
17.  —  ,\scoii  pio  Cornel.  ]).  150.  =s  .\ppiaii.  Ilnd.  p.  655.  65i.  —  Miab.  V.  p.  241  ; 
ou  242.  Ir.  fr.  =  "  Til.-l.iv.  i:|)ilo.  LXXll  ;  I.XXUI  :  I.XXIV. —  Kiilrop.  v.  -  _  Oros.  V, 
jH,  _.  Appian.  Ibid    =  7  Til.-l.iv.  l'.pilo.  (.X\I, 


LETTHE  XXI.  Wl 

réclamés  avant  la  gueire  ' ;  le  peuple  Komaiii  uiiua  mieux  les  leur 
accorder  lors({u'ils  furent  ai)atlus  et  désarmés,  que  lorsqu'ils  étaient 
puissants  et  ligués-.  Néanmoins,  les  populations  restées  fidèles  les 
reçurent  les  premières,  connue  réconqjense  de  leur  fidélité  :  la  loi 
Julia,  rendue  fan  six  cent  soixante-trois,  par  le  préteur  Sext. ,  Julius 
César,  qui  avait  été  l'un  des  consuls  chargés  d'abord  de  combattre 
les  révoltés  ',  les  leur  conféra  *.  On  n'admit  les  rebelles  ;iu  droit  de 
cité  Romaine  que  trois  ans  après,  en  vertu  de  la  loi  Pompeia^,  por- 
tée par  le  père  du  grand  Pompée  ^ 

Les  Romains  eurent  raison  de  n'accorder  à  toutes  ces  provinces 
le  droit  de  cité  Rétmaine  que  le  plus  tard  possible,  et  seulement  après 
qu'une  longue  domination  les  eut  identitiées  avec  la  grande  république 
centrale.  J'ai  fait  voir  combien  il  est  important  de  ne  point  déranger 
les  colons  de  chez  eux  ;  l'était-il  moins  de  ne  pas  attirer  dans  la  ville, 
par  le  droit  de  suffrage,  qui  ne  peut  s'exercerqu'à  Rome"',  une  multi- 
tude de  peuples  nouvellement  conquis,  et  mécontents  encore  de  leur 
défaite?  de  leur  fournir  ainsi  l'occasion  de  se  compter,  de  comparer 
la  supériorité  numérique  de  leurs  forces  réunies ,  de  les  mettre  à 
même  d'attaquer  les  vainqueurs  au  sein  de  leurs  foyers,  ce  qui  eût 
été  facile,  surtout  dans  les  grands  Comices,  où  les  citoyens  sont  tou- 
jours venus  en  armes  ?  Voilà  pourquoi  les  droits  de  cité  Romaine  fu- 
rent si  souvent  accordés  sans  le  droit  de  suffrage. 

Une  autre  crainte  arrêtait  encore  les  Romains,  celle  de  se  trou- 
ver à  la  merci  de  ces  peuples,  et  de  les  rendre  maîtres  des  Comices. 
Quand  ils  se  virent  contraints  de  leur  concéder  le  droit  de  suffrage, 
ils  y  mirent  une  condition  qui  empêcha  beaucoup  de  l'accepter  :  c'é- 
tait que  ceux  qui  voudraient  jouir  de  la  cité  Romaine  renonceraient 
d'abord  à  leurs  propres  lois  et  se  feraient  fundi  *.  Ensuite  ils  trouvè- 
rent moyen,  pour  les  étrangers  qui  se  soumettraient,  de  rendre  à  peu 
près  illusoire  le  privilège  capital  de  leur  nouvelle  position  :  l'inscription 
dans  une  tribu  constituant  le  droit  de  suffrage  ®,  ils  concentrèrent  "^ 
ces  nouveaux  citoyensdans  huit  tribus,  sur  les  trente-cinq  dont  se  com- 
posait l'agrégation  politique  du  peuple  Romain,  afin  qu'ils  ne  devins- 
sent pas  plus  puissants  que  ceux  qui  les  avaient  admis  à  l'isopolitie  '. 

1  Palercul.  11,  15.  —  Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  654.  =  2  Palercul.  H,  17.  =  »  Ibid. 
13.  — Appian.  Ibid.  =  '*  Cic.  pro  Balbo,  8.  — Appian.  Ibid.  p.  6-J'*.  — Flor.  Hl,  18.  — Pa- 
lercul. II,  16,  17.  —  Strab.  Y,  p.  241  ;  ou  242,  Ir.  fr.  —  Eulrop.  V,  3.  —  »  Pliii.  111, 
20.  =  8  Ascon.  in  Piso.  p.  156.  =  T  Cic.  pro  S^lla,  7  ;  do  Letî.  a^rar.  II,  53.  —  Suel! 
Aug.  46.  =  8  Cic.  pro  Balbo,  8.  =  9  Tit.-Liv.  "XXXVUI,  36,  "—  ^o  Palercul,  H.  20.  — 
Appian.  de  Bell.  civ.  II,  p.  645. 


422  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

La  loi  Julia  n'avait  donné  le  droit  de  cité  Romaine  qu'aux  pro- 
vinces de  l'Italie  proprement  dite  '  ;  la  loi  Pompeia  l'étendit  jusqu'à 
la  Gaule  Cispadane-,  et  Jules-César,  l'an  sept  cent  cinq,  y  admit  la 
Gaule  Transpadane,  qui  avait  été  sous  son  commandement^.  Cette 
concession  facilita  plus  tard  la  réunion  de  la  Cisalpine  *,  réunion 
dont  j'ai  parlé  au  commencement  de  cette  lettre. 

L'Italie,  encore  aujourd'hui,  comme  avant  la  guerre  Sociale,  a  des 
Muniripes,des  villes  Fœdérées,  des  Colonies,  des  Préfectures''.  Cepen- 
dant l'Empereur,  soit  pour  effacer  d'anciennes  divisions  territoriales 
rappelant  la  conquête,  soit  dans  des  vues  d'une  meilleure  administra- 
tion, a  soumis  toute  cette  contrée  à  une  sorte  d'uniformité  politique 
en  la  partageant  en  onze  régions,  désignées  seulement  par  un  numéro 
d'ordre  *.  Il  a  en  outre  établi  que  dans  les  Municipes,  les  Colonies 
et  les  Préfectures,  tout  citoyen  âgé  de  vingt-deux  ans  pourrait  oc- 
cuper une  magistrature  inférieure  '^.  Auparavant,  l'âge  magistral 
était  de  trente  ans,  et,  par  exception,  de  vingt-trois  et  de  vingt-six 
ans  pour  les  citoyens  qui  avaient  fait  trois  campagnes  dans  la  cavale- 
rie légionnaire,  ou  six  dans  l'infanterie  du  même  corps  *. 

L'Empereur  a  introduit  aussi  une  autre  réforme  assez  heureuse 
dans  l'exercice  du  droit  de  suffrage,  à  peu  près  abandonné  par  les 
citoyens  des  provinces  ou  des  régions,  dans  l'impossibilité  où  ils 
sont  de  quitter  leur  pays  plusieurs  fois  par  an  pour  venir  voter  à 
Rome  dans  les  Comices;  il  a  permis  aux  Décurions  des  colonies  de 
prendre  part  à  l'élection  des  magistrats  de  la  ville,  en  envoyant  à 
Rome,  le  jour  des  Comices,  leurs  bulletins  cachetés  **. 

Ainsi  donc,  en  nous  résumant,  l'Italie  forme  une  agrégation  de 
petites  républiques  qui  toutes  ont  leur  gouvernement  particulier,  les 
unes  régies  par  leur  propre  législation ,  le  plus  grand  nombre  par 
la  législation  Romaine,  mais  toutes  dépendant  de  Rome,  contribuant 
à  ses  charges  de  guerre,  et  ne  pouvant  ni  rien  entreprendre,  ni  rien 
faire  au  dehors  sans  son  consentement  préalable. 

1  riin.  ni,  15.=  2  Cic.  ad  Allie.  I,  1.— Ascon.  in  Piso.  p.  156.=  3  Dion.  XLI.  36.= 
*  Id.  XLVIH,  12.  =  5  Cic.  in  Piso.  22.  —  Sud.  Aug.  46.  —  Plin.  UI,  5.  =  «  Plin.  Ibid. 
=  "^  Plin.  X,  Ep.   83.  =  »  Mazzocchi,  lab.   Heracl.  lat.  c.  V,  v.  15,  IC,  17.  =  »  Saet. 

Aug.  46. 


LETTRE  XXII. 


LES   MAQUIGNONS   ET   LES   ESCLAVES. 


Je  passais  il  y  a  peu  de  jours  sur  le  Forum  romain,  en  me  diri- 
geant vers  Tuscus  Viens,  lorsque  je  vis  une  grande  foule  rassemblée 
auprès  du  temple  de  Castor  *  (") ,  devant  une  taverne  en  planches, 
adossée  au  soubassement  de  l'un  des  côtés  du  temple  *.  Je  m'appro- 
chai, toujours  curieux  d'observer,  et  je  vis  sur  quelques  échafauds 
des  hommes,  des  femmes,  des  jeunes  garçons  et  des  jeunes  filles  *. 
Tous,  dans  un  état  presque  complet  de  nudité  ^  avaient  un  petit 
écriteau  pendu  au  cou  *;  quelques-uns  étaient  coiffés  d'un  bonnet  ' 
de  laine  blanche  *  tout  uni,  prenant  la  forme  du  haut  de  la  tête  ''  ; 
d'autres  d'une  couronne  de  feuillage  *  ;  un  plus  grand  nombre 
avaient  les  pieds  nus  et  frottés  de  craie  ^  ou  de  gypse  *". 

Un  homme  d'une  figure  ignoble,  à  l'air  brutal  et  grossier",  se  pro- 
menait devant  les  échafauds,  et  s' adressant  à  la  foule  avec  une  volubilité 
et  une  assurance  imperturbables  *^  :  «  Rien  ne  me  presse  de  vendre, 
«  citoyens  ;  je  suis  pauvre,  mais  je  ne  dois  rien.  Un  autre  ne  vous  les 
«  laisserait  pas  à  ce  prix,  et  moi-même  je  ne  les  donnerais  pas  à  d'au- 
«  très  qu'à  vous,  illustres  Romains.  Voyez-moi  cela,  continua-t-il  en 
«  désignant  un  jeune  homme  exposé  près  de  lui  ;  examinez  comme 
«  il  est  blanc!  comme  il  est  beau  de  la  tête  aux  talons  *'  !  admirez  ses 
«  yeux  noirs,  sa  belle  chevelure  noire  **.  Il  entend  parfaitement  de 
«  ses  deux  oreilles,  il  voit  très-bien  de  ses  deux  yeux  '%  il  est  sain  de 
«  corps  et  sain  d'esprit  **.  Je  vous  garantis  sa  frugalité,  sa  probité, 
«  sa  docilité*'';  il  obéit  au  moindre  signe  :  c'est  une  argile  humide  ; 
«  on  en  fait  tout  ce  qu'on  veut.  Il  sait  un  peu  de  grec,  il  chante 

1  Senec.  de  Const.  «apient.  15.  =  2  pHn.  XXXV,  18.  —  Pcrs.  S.  6,  v.  77.  —  TibuU. 
II,  6,  V.  42.  —  Suet.  de  Illust.  grammat.  13.  —  Slat.  Sjiv.  Il,  1,  v.  72.  =  *  Suet.  Aug. 
69.  — Senee.  Controv.  I,  2.  = '^  Tiopert.  IV,  5,  v.  51.  — Senec.  Ep.  47.— Petron.  29.— 
A.  Gell.  IV,  2.  =3Pileiim.  A.  Gell.  VII,  4.  =  6  Xit.-Liv.  XXIV,  16.  = '' Thesaur. 
Morell.  famil.  Plaetoria,  tab.  2,  1  ;  Nummi  consul,  tab.  XI,  2.  =  *  A.  Gell.  VII,  4.  = 
9  Plin.  XXXV,  17.— Juv.  S.  1,  v.  111.  =  '*»  Ov.  Anior.  I,  8,  v.  64.  =  "  Plaut.  Pseudol. 
I,  2,  V.  1.  =  12  j(j,  Curcul.  IV,  2,  v.  8.  =  1*  Talos  a  veitice  pulcher  ad  imos.  Hor.  II, 
Ep.  2,  V.  3.  =  1*  Hor.  I,  od.  32,  v.  11.  —  Acvon.  in  Hor.  Jbid.  =  is  Hor.  II,  S.  3, 
V.  284.— Porphjr.  in  Hor.  Ibid.—  i«  Porphyr.  /éirf.  =  "  Digest.  XXI,  tit.  1,  leg.  19. 
(n)  Plan  et  Descript.  de  P.ome,  n»  120. 


AU  ItOMK  AU  SIÈCLE  D'ALGLSIE. 

«  quoiqu  il  ii'ail  point  de  musique,  et  peut  égayer  un  festin  '.  C'est 
«  un  enfant  des  bords  du  Nil.  »  Puis  s' approchant  davantage,  et  le 
frappant  légèrement  sur  les  joues  avec  le  revers  de  la  rnain  :  — 
«  Entendez-vous  connue  cela  résonne?  Quelle  chair  ferme  ^î  la 
«  maladie  n'aura  jamais  prise  là-dessus.  Pour  huit  mille  sesterces  (•) 
«  il  sera  bien  à  vous  •'.  Est-ce  cette  jeune  tille  que  vous  voulez?  Je 
((  vous  garantis  son  innocence.»  —  Et  la  tirant  à  lui,  il  lui  donna 
trois  ou  quatre  baisers  :  —  «  Voyez  comme  elle  rougit  !  ajouta-t-il  : 
«  quel  meilleur  témoignage  de  sa  vertu  et  de  sa  modestie  *?  » 

Passant  ensuite  à  un  jeune  enfant  à  la  peau  d'ébène  :  « —  Allons, 
«  toi,  lui  dit-il,  fais  voir  ta  gentillesse  aux  maîtres  du  monde.  »  — 
Et  l'enfant  de  sauter,  de  tourner,  de  gambader  sur  ses  planches,  de 
débiter  mille  plaisanteries,  de  faire  mille  agaceries  lascives  pour  ten- 
ter la  foule  qui  le  regarde  ^  :  —  «  Est-il  leste  !  est-il  joli  1  est-il  mi- 
«  gnon  !  ajouta  l'homme.  Mais,  citoyens,  entrez  dans  ma  taverne, 
«  vous  verrez  mieux  que  tout  cela  :  ce  n'est  ici  que  mon  étalage  ; 
«  tout  ce  que  j'ai  de  plus  rare,  de  plus  beau,  de  plus  délicat,  de  plus 
«  séduisant,  de  plus  admirable,  est  sur  les  échafauds  intérieurs*; 
«  veuillez  entrer,  citoyens,  veuillez  entrer.  » 

Plusieurs  personnes  cédèrent  à  l'invitation,  et  pendant  ce  temps, 
le  marchand  d'esclaves  (  tu  as  déjà  reconnu  qu'il  s'agit  d'un  de  ces 
trafiquants  )  fit  commencer  une  enchère  ''  par  un  héraut  devant 
lequel  étaient  une  table  et  une  balance  *.  Le  jeune  esclave  qui  avait 
fait  mille  gambades  fut  porté  par  divers  spectateurs,  qui  s'informè- 
rent d'abord  de  son  âge  et  de  son  pays',  à  quatre  mille  sesterces 
d'abord,  puis  à  six  mille,  et  enfin  à  huit  mille.  L'acquéreur  sortit  de 
la  foule,  et  tenant  un  as  (*)  à  la  main,  prononça  la  formule  suivante  : 
«  Je  dis  que  ce  jeune  garçon,  d'après  le  droit  des  Quirites,  est  à  moi, 
«  et  que  je  l'ai  acheté  avec  cette  monnaie  et  cette  balance  '".  »  Il  fit 
sonner  la  pièce  d'airain  dans  la  balance,  compta  le  prix  convenu  ", 
puis  l'esclave  lui  fut  remis  :  ainsi  se  passent  la  vente  et  l'acquisition 
des  esclaves.  J'en  vis  vendre  quelques  autres  encore,  qui  ne  furent 
payés  que  deux  mille  à  deux  mille  deux  cents  sesterces  environ  '-  {"), 
qui  me  parut  être  le  prix  moyen  ordinaire. 

•  Hor.  n.  Ep.  2,  V.  2.  =  2  Pers.  S.  6,  v.  77.  =  3  Fiet  eiitque  luus.  Hor.  Ibid.  = 
i  Mart.  VI,  66.  =  5  Stat.  Svlv.  H,  1.  v.  7-2.  =  «  Mail.  IX,  60.  —  Sener.  Ep.  47.  = 
■f  Plaul.  Cuicul.  I.  S.  V.  57."=  »  IMin.  XXXIU.  ô.  —  ^  Apulœ.  Melam.  VMI.  =  '"  Piiii. 
Ibid.  — Gaii,  I,  §  119,  120.  —  "  Plin.  — Gaii,  Ibid.  — Mot.  II,  Ep.  2,  v.  158.  =  i^Quin- 
genlis  empto  diaclimis.  Hor.  Il,  S.  7,  v.  43.  ("}  2,151  fr.  (*)  Environ  6  centimes. 
("jSS?  fr.  ou  591  fr. 


LETTRE  XXII.  42o 

A  Rome,  où  tout  est  si  bien  organisé,  où  il  y  a  de  grands  centres 
dans  lesquels  on  trouve  réunies  par  espèces  les  diverses  choses  dont 
chacun  peut  avoir  besoin  pour  la  vie,  où  les  industries  secondaires 
se  sont  à  peu  près  agglomérées  dans  tels  où  tels  quartiers,  je  m'ima- 
ginais qu'il  y  avait  aussi  un  marché  aux  esclaves;  je  me  tronipais,  il 
n'existe  aucun  établissement  de  ce  genre,  et  tout  cet  immense  trafic 
se  fait  dans  des  tavernes,  et  plus  souvent  à  domicile,  par  des  mar- 
chands qui  ont  toujours  provision  de  cette  espèce  de  marchandise 
humaine  *. 

Mais  je  me  sers  à  tort  des  termes  de  marchands  et  de  marchan- 
dise; les  hommes  ne  sont  point  réputés  marchandise*,  bien  qu'on 
les  vende,  et  ceux  qui  en  trafiquent  ne  sont  point  appelés  marchands, 
mais  Maquignons,  Fsclaviers^-.  Le  nom  de  maquignon  vient,  dit-on, 
d'un  mot  grec  qui  signifie  prestige,  ou  d'un  verbe  qui  veut  dire 
tromper  par  des  prestiges,  arranger  avec  art  '  ;  il  est  tout  à  la  fois 
une  désignation  et  une  définition.  En  effet,  il  ne  se  fait  pas  de  trafic 
où  l'on  soit  plus  exposé  à  être  trompé,  ni  de  trafiquants  plus  voleurs 
et  plus  astucieux  que  les  Maquignons,  qui,  du  reste,  sont  les  plus 
méprisés  et  les  plus  méprisables  des  hommes.  Comme  le  parjure  ne 
leur  coûte  rien,  et  qu'ils  se  jouent  de  tout  respect  humain  ou  divin  **, 
il  a  fallu  que  la  loi  leur  imposât  une  sorte  de  pi'obité  forcée,  de  la- 
quelle ils  ne  peuvent  se  départir  sans  encourir  certains  dommages 
ou  certaines  punitions  ;  ainsi  un  édit  des  Édiles  curules  les  oblige  à 
pendre  au  cou  des  esclaves  qu'ils  mettent  en  vente  un  écriteau  rela- 
tant d'une  manière  très-intelligible  les  maladies  ou  les  vices  de  cha- 
cun, faisant  connaître  s'il  est  fugitif,  vagabond  ;  s'il  est  libre  de  toute 
espèce  de  lien  ^  c  est-à-dire  s'il  n'a  pas  commis  quelque  défit  qui 
pourrait  donner  lieu  à  une  poursuite  en  dommages  et  intérêts  ;  s'il 
est  novice  ou  s'il  a  déjà  servi,  car  on  préfère  les  novices,  parce 
qu'on  les  croit  plus  simples,  et  surtout  plus  propres  à  être  employés 
à  toutes  sortes  de  fonctions  ^ 

Si  l'acheteur  découvre  un  défaut  qui  ne  lui  ait  pas  été  annoncé,  il 
a  droit  de  rompre  le  marché,  et  de  rendre  l'esclave  à  celui  qui  le  lui 
a  vendue  Le  Maquignon,  pour  avoir  essayé  de  tromper,  est  passible 

1  .Mercis  appellatioiie  liomines  non  conliiieri.  Digesl.  L,  lit.  16,  leg.  207.  =  *  Man- 
goiies,  venaliciarii.  Ibid.  —  ■*  Miy/a-sv  et  Msîyyy.vfOw-  =  *  l'Iaul.  Curcul.  IV,  2,  v.  8  ; 
Uud.  in,  5,  V.  16.  =s  Qujs  fuuilivus,  errove  sil,  noxave  solutus  non  sil.  A.  Gcll.  IV,  2. 
—  Digesl.  XXI,  lit.  1,  leg.  1,  §  1,  2.  =  «  DIgosl.  Ibid.  leg.  57.  =:  "^  Ibid.  lit.  1,  leg.  1 
et  passim;XXIl,  lit.  3,  leg.  4.  — Cic.  de  Olfic.  111,  17,  23.  — Hor.  II,  S.  3,  v.  284.  —  A. 
Gell.  IV,  2.— Fest.  v.  receplicium. 


426  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

d'une  peine  corporelle*,  ou  d'une  amende  pécuniaire,  basée  sur  les 
conditions  du  marché,  et  pouvant  s'élever  quelquefois  au  double  du 
prix  de  l'esclave  -  dont  les  défauts  ou  les  vices  non  patents'  donnent 
lieu  au  cas  rédhibitoire*.  La  non-déclaration  du  pays  de  l'individu 
vendu  est  aussi  un  de  ces  cas  ^  Quelquefois  on  transige,  et  l'acqué- 
reur qui  n'est  qu'à  moitié  trompé,  au  lieu  d'user  de  toute  la  rigueur 
de  son  droit,  se  contente  d'une  simple  réfraction  sur  le  prix  de  la 
vente  •. 

Pour  assurer  ces  indemnités  fortuites,  soit  bénévoles,  soit  forcées, 
le  vendeur  donne  des  cautions  ".  Ces  dispositions  fort  prudentes  sont 
gâtées,  suivant  moi,  par  une  autre  bien  singulière  :  c'est  que  la  res- 
ponsabilité du  Maquignon  cesse  s'il  peut  prouver  qu'il  a  indiqué  le 
défaut  ou  la  maladie  de  l'esclave  seulement  par  signes,  ce  qui  arrive 
assez  souvent*;  ou  bien  s'il  s'est  contenté  de  vanter  ses  qualités, 
mais  sans  les  garantir  formellement,  chose  qui  ne  prête  pas  moins  à 
la  fraude,  tout  le  monde  ne  songeant  pas  à  cette  distinction  entre 
dire  et  promettre,  la  promesse  seule  étant  un  engagement'. 

Ces  règlements  s'appliquent  aussi  aux  citoyens  qui  vendent  des 
esclaves  sans  en  faire  métier  ;  seulement  ils  sont  dispensés  de  garan- 
tir ceux  provenant  d'un  héritage:  on  suppose  que  le  vendeur  ne 
connaît  pas  leurs  défauts'». 

Le  cas  de  garantie  pour  la  santé  n'est  applicable  pour  personne 
aux  esclaves  femelles  enceintes  ".  Quand  les  Maquignons  ne  veulent 
prendre  aucune  responsabilité,  ils  doivent  l'indiquer  en  coiffant  d'un 
bonnet  de  laine  blanche  les  individus  qu'ils  rangent  dans  cette  ca- 
tégorie. L'acheteur  se  trouve  averti  par  là  de  se  tenir  sur  ses  gardes'-. 

La  couronne  sur  la  tète  indique  le  prisonnier  de  guerre  ",  et  les 
pieds  frottés  de  gypse  ou  de  craie,  les  esclaves  venus  d'outre-mer'*. 
Ainsi,  du  premier  coup-d'œil,  on  connaît  l'origine,  les  défauts  et  les 
qualités  de  chacun. 

Mais  les  jeunes  esclaves  de  luxe  étant  très-chers  et  très-recher- 
chés, les  Maquignons  (  et  c'est  par-là  surtout  qu'ils  méritent  leur 
nom)  ont  inventé  des  sophistications  pour  tromper  tout  à  la  fois  et 

1  Hor.  II,  s.  5,  V.  284;  IT,  Ep.  2,  v.  17.  =  2  Varr.  R.  R.  U,  10.— Digpst.  XXÎ,  fit.  1, 
leg.  31,  ,§  20.  =  3  Digcst.  Ibid.  legg.  3,  4  ;  et  11,  ,§  10.  =  ^  Fcs'.us.  v.  Receptirum  = 
5  Digest. /iîrf.  Ipg.  31,  §  21.  =  6  Ibid.  log.  18.  =  "  Ibid.  tit.  2,  leg.  37.  =  *<  Ibid.  lit. 
1,  leg.  1.  ,§  6.  =  3  Dieluma  promisso  discernitur. /Airf.  leg.  19,  §  2;  ea  aulem  sola  dicta 
sive  promissa  admillenda  suni,  quaecunque  «ic  dicuntur,  ut  prseslentur,  non  ut  jaclen- 
tur,  §  3.  =  10  Cic.  de  Offic.  111,  17.  =  n  Vitruv.  Il,  9.  =  12  A.  Gell.  VII,  4.  =  13  Tit.- 
Liv.  II,  17  ;  XXIV,  42  ;  XXXVUI,  29,  etc.  —  Varr.  R.  R.  II,  10.  —  Tac.  Ann.  XIII,  29. 
—  A.  Gell.  Ibid.  =  i*  Plin.  XXXV.  17.  —  Tibull.  II,  6,  v.  42.— Juv.  S.  1,  v.  111. 


LETTRE  XXII.  -487 

les  magistrats  et  la  nature  ;  au  moyen  de  certaines  plantes,  telles 
que  le  vaciet*,  ou  la  racine  d'hyacinthe  infusée  dans  du  vin  doux, 
et  employée  en  frictions,  ils  retardent  chez  les  jeunes  sujets  les  signes 
de  la  puberté,  ou  les  dissimulent-.  En  ont-ils  dont  les  formes  soient 
trop  fluettes,  trop  délicates,  ils  leur  frottent  tout  le  corps  avec  de  la 
térébenthine,  pour  corriger  leur  maigreur  en  élargissant  les  pores 
de  la  peau,  et  les  rendre  capables  de  contenir  beaucoup  d'aliments'. 
D'autres,  afin  de  leur  conserver  les  formes  juvéniles,  vont  jusqu'à 
leur  retrancher  la  virilité,  la  force  des  muscles  et  des  bras,  le  poil  et 
la  barbe  (jue  la  nature  a  donnés  aux  mâles  étant  sans  grâce  pour 
eux*,  comme  pour  beaucoup  de  maîtres  qui  préfèrent  le  service  de 
ces  esclaves  mutilés  ^  En  un  mot,  ils  emploient  tous  les  moyens  de 
faire  valoir  et  de  parer  les  malheureux  objets  de  leur  trafic,  et  ils  ont 
continuellement  à  la  main  les  pinces  épilatoires,  le  peigne,  le  miroir, 
les  ciseaux,  et  le  fer  à  friser®. 

Voici  une  petite  anecdote  qui  pourra  te  donner  une  idée  de  l'ef- 
fronterie et  de  l'impudence  de  ces  misérables.  L'un  d'eux  nommé 
Thoranius,  fameux  dans  sa  profession  '',  avait  vendu  au  triumvir  An- 
toine deux  enfants  d'une  rare  beauté,  et  si  ressemblants,  qu'il  les 
avait  fait  passer  pour  jumeaux,  quoique  l'un  fût  né  en  Asie  et  l'autre 
au  delà  des  Alpes.  La  différence  des  idiomes  trahit  bientôt  la  fraude. 
Antoine  entre  soudain  en  fureur,  fait  venir  le  Maquignon,  et,  l'acca- 
blant d'injures,  lui  reproche,  comme  principal  grief,  la  somme  exor- 
bitante qu'il  avait  exigée  ;  elle  n'allait  pas  à  moins  de  deux  cent 
mille  sesterces*  (")  !  «  Pourquoi  vous  irriter  en  enflant  les  deux 
joues  '  ?  répond  Thoranius  sans  s'eff'rayer  :  ces  enfants  ne  vous  plai- 
sent plus;  ne  cherchons  point  un  nœud  dans  un  jonc"*,  je  les  re- 
prends. Le  prétendu  défaut  dont  vous  vous  plaignez  est  au  contraire 
ce  qui  fait  leur  plus  grand  mérite  ;  une  ressemblance  entre  deux  ju- 
meaux n'aurait  rien  de  merveilleux  ;  mais  la  trouver  complète 
entre  deux  sujets  nés  dans  des  contrées  si  différentes,  cela  n'a  point 
de  prix,  et  au  lieu  de  me  réprimander,  vous  devriez  au  contraire  me 
remercier.  » —  Cette  réponse  obtint  un  plein  succès;  le  triumvir 
passa  tout  d'un  coup  de  la  rage  d'avoir  été  pris  pour  dupe,  à  l'admi- 
ration la  plus  passionnée  pour  son  acquisition,  qu'il  voulut  garder, 

1  Plin.  XYl,  18.  =  2  jd.  XXI,  26.  =  3  M.  XXIV,  6.  =  4  Quint.  Instil.  Oral.  V,  12.- 
Marl.  IX,  7.  =  s  Ma,t.  Ibid.  et  lU,  82.  =  «  Plaut.  Curcul.  IV,  /«,  v.  21.  =  ^  Suet.  Aug. 
69.  =8  Plin.  vu,  12.  —  Solin.  4.  =  9  Ambas  iralus  buccas  inflet.  Hor.  I,  S.  1,  v.  20. 
'"  Xodum  in  scirpo  qu<çris.  Terent.  Andr.  V,  4,  v.  59.  (")  55,890  fr. 


428  HOME  AU  SIKCLK  D'AUGUSTE. 

l'estinianl  des-lois  cuninie  plus  précieuse  que  tout  ce  qu'il  possédait'. 

Les  tavernes  de  ces  trufuiuunts  de  chair,  coinnie  on  les  aj)pelle-, 
sont  alimentées  en  partie  par  la  {guerre.  De  tout  temps  les  Homaiiis 
ont,  conmie  nous'',  vendu  leurs  prisonniers.  Les  Maquignons  les 
achètent  de  la  répul)li(jiie\  ou  des  suidais  auxquels  les  }j;énéraux  les 
donnent  connue  part  de  butina  On  n'épargne  ni  les  feuunes,  ni  les 
enfants*,  et  la  victoire  se  fait  la  pourvoyeuse  de  la  servitude.  C'est 
iiiémc  de  là  que  viennent  les  noms  de  Servus  et  de  Mancipium,  j)ar 
lesquels  on  désifîne  les  esclaves,  parce  qu'ils  sont  conservés,  sercuti, 
par  la  guerre'',  et  qu'on  les  prend  avec  la  main,  manu capiunlur^ . 

La  piraterie  fournit  aussi  Rome  d'esclaves.  Après  la  destruction 
de  Cartilage,  les  Romains  devenus  riches  s'accoutumèrent  à  un  nom- 
breux domestique;  les  pirates,  saississant  cette  occasion  que  leur 
fournissait  le  luxe,  se  mirent  en  course  pour  piller,  et  priver  de  leui- 
liberté  ceux  qu'ils  rencontraient  9. 

Les  Romains  ayant  organisé  leur  personnel  domestique  avec  toute 
la  prodigalité  d'une  prodigieuse  opulence,  ont  établi  dans  sa  plus 
grande  extension  la  division  du  service  ;  chez  les  riches ,  non-seu- 
lement un  esclave  ne  remplit  jamais  plusieurs  offices,  mais  souvent 
il  y  a  plusieurs  esclaves  pour  un  même  otiice  :  ce  sont  les  atrienses, 
chargés  de  l'entretien  de  l'atrium  ;  les  cidjiculaires,  pour  le  service 
de  la  chambre  à  coucher;  les  secrétaires,  pour  écrire  les  lettres;  les 
lecteurs;  les  introducteurs;  les  nomenclateurs;  le  dispensateur  ou 
intendant;  les  caissiers;  lescommentariaires,  ou  teneurs  de  comptes; 
les  vélaires,  pour  les  voiles  des  portes;  les  conservateurs  de  la  vais- 
selle d'argent  ;  ceux  des  ornements  d'argent  et  d'or  ;  ceux  du  mobilier , 
des  portraits  ou  images  de  famille  ,  des  statues ,  des  tableaux  ;  les  bai- 
gneurs; les  parfumeurs;  les  cuisiniers;  les  dresseurs  ;  les  serveurs; 
les  dégustateurs;  les  échansons  ;  les  portiers;  les  palefreniers  ;  les  nui- 
letiers;  les  lecticaires  ;  les  coureurs  ;  les  tabellaires ,  etc,  etc. 

Dans  une  grande  maison  la  femme  du  maître  a  aussi  son  service 
à  part;  ce  sont  ses  portiers;  ses  aguayeurs  ou  porteurs  d'eau;  son 
accoucheuse  ;  ses  coiffeuses  ;  ses  distributeurs  de  laine  ;  ses  ouvrières 

1  Plin.  vu,  12.  —  Solin.  4.  =  2  Carnificinam  facere.  Plaut.  Captiv.  K  2,  v.  29.  = 
3  Caes.  de  Bell.  Gall.  1,  11.=  *  Ibid.  I!I,  16.  — Cic.  ad  Altic.  IV,  16  ;  V,  20.— Til.-Liv. 
II,  17  ;  V,  22  ;  VI,  k  ;  VllI,  37.— Tar.  Hist.  III,  34.— Ilor.  1,  Ep.  16,  v.  68.— Slrab.  IV, 
p.  205  ;  ou  95,  tr.  fr.  ;  V,  p.  224  ;  ou  163,  tr.  fr.  -Plul.  P.  .-Emil.  29,  etc.  =  ^  Cws.  de 
Bell.  Gall.  VII,  89.— I).  Halic.  IV,  ik.—  ^  C;fs.  Ihid.  111,  16.  — Plut.  M.  Calo.  21,  Ptc.= 
"  Isid.  Orig.  IX,  4.  —  Digest.  1.  til.  5,  leg.  4,  <S  2  ;  L.  leg.  239,  §  1.— Inslil.  I,  lil.  3, 
§  3.  =  8  (Jic.  ad  Altic.  V,  20.  — Digesl.  I,  til.  5,  leg.  '..  §  3.— Varr,  L.  L.  VI,  §  8.j.  = 
9  Slrab.  XIV,  p.  668  ;  ou  367  tr.  fr. 


LETTRE  XXII.  429 

en  Yctemeiils;  son  esclave  de  la  chaise  ;  sa  porteuse  d'éventail;  sa 
porteuse  d'ombrelle;  ses  suivantes;  sa  gardeuse  de  chienne;  sa  nour- 
rice, et  bien  d'autres  encore.  Il  deviendrait  fastidieux  d'épuiser  cette 
liste*  ;  d'ailleurs  j'ai  déjà  parh'  en  son  lieu  de  quelques-uns  de  ces 
nombreux  esclaves,  et  j'aurai  plus  d'une  fois  encore  l'occasion  d'y 
revenir,  suivant  le  besoin  de  mes  récits.  J'ajouterai  seulement  ici, 
qu'il  y  a  plus  de  cent  vingt  emplois  divers,  uniquement  pour  les  es- 
claves de  la  villeM  Ils  sont  si  nombreux  qu'on  les  appelle  \n plèbe 
de  la  maison^ ;  que  beaucoup  ne  voient  jamais,  ne  connaisseni  pas 
même  leur  maître  *,  et  que  les  maîtres  ne  pouvant  connaître  tous 
ceux  attachés  à  leur  service,  sont  obligés  d'avoir  un  esclave  spécial 
pour  les  leur  nommer  au  besoin  ^.  Il  y  a  telle  maison  dans  Rome  où 
l'on  trouve  quatre  cents  ^,  cinq  cents  esclaves"^,  et  plus.  Un  certain 
Cécilius  Isidorus,qui  vient  de  mourir,  en  a  laissé,  tant  à  la  ville  qu'à 
la  campagne,  quatre  mille  cent  seize  ^*  ! 

La  plèbe  domestique  est  divisée  comme  une  armée,  par  décuries. 
Chaque  décurie  a  un  chef  ou  décurion  ',  et  ses  fonctions  fixes,  sa 
province^",  comme  on  dit,  en  empruntant  nne  expression  à  un  ordre  de 
choses  plus  élevé.  Les  esclaves  attachés  au  service  personnel  sont  as- 
sortis par  âge"  et  par  couleur^^.  Enfin  les  serviteurs  d'une  grande  mai- 
son sont  si  nombreux,  que  le  maître  peut  n'avoir  à  demander  aucun 
service  du  dehors  pour  les  besoins  de  la  vie  les  plus  vastes  et  les  plus 
multipliés.  Il  ne  paraîtrait  pas  moins  honteux  à  un  riche  de  ne  pas 
être  ainsi  en  état  de  se  passer  de  tout  le  monde,  étranger  à  lui,  que 
d'habiter  dans  une  maison  à  loyer  («).  Il  y  a  de  la  grandeur  dans  cette 
manière  d'envisager  les  choses  ;  rien  n'est  plus  dispendieux,  à  vrai 
dire  ,  mais  suivant  les  Romains  ,  une  maison  n'est  opulente  qu'au- 
tant qu'on  y  trouve  de  tout  en  prodigalité  '\ 

Cependant  il  y  a  certains  calculs  économiques  habituellement 
pratiqués,  et  il  faut  que  je  te  dise  comment  un  aussi  nombreux  do- 
mestique n'est  pas  ruineux  pour  les  maîtres,  et  surtout  comment  ils 
le  maintiennent  dans  le  devoir  et  dans  l'obéissance. 

Un  philosophe  a  défini  les  esclaves  des  mercenaires  perpétuels  **. 

'f.niler.  passini,  cl  indir.  c.  IV.  =  ~  Ibid.—Vi^nor.  de  Serv.  passim.  =  •'  Pobs  do- 
mus.  Mari.  VI,  29.  =  '*  l'elron.  37.  =  ^  Scnec.  de  Vit.  beat.  17.—  Pli»  XXXIII,  1.  = 
fi  Tac.  Ann.  XIV,  44.  =  ■?  Plut.  Crass.  f2.  =  »  L'an  745.  Pliti.  XXXIII,  10.  =  »  Piranesi, 
Anlicii.  loni.  t.  III,  lav.  .33.  =  "'  Proviiicia.  Plant.  Capliv.  III,  1,  v.  14  :  Pseudol.  I,  2, 
V.  15  ;  Slirli.  V,  4,  v.  16.  —  ïorent.  Pliorm.  I,  2,  v.  22.  —  Waoïob.  Salurn.  I,  7.  = 
"  Tac.  Ann.  XV,  69.  =  '2  Scnec.  de  Brevil.  vit.  12.  =  13  Rxilis  donius  est  ubi  non  et 
mulla  supersunl.  Hor.  I,  F.p.  6,  v.  4.5.  =  '*  Servus  pcipetuus  mevcenarius  est.  Sencr. 
(le  Benef.  111,  22.  («)  Voy.  Lettre  XVI,  p.  563,  364. 


430  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

Telle  estetïectivcinenl  leur  condition,  avec  cette  différence  cependant 
qu'ils  reçoivent  leur  salaire  t;n  nature;,  c'est-à-dire  que  leur  maître 
les  loge,  les  nourrit  et  les  habille  '.  Une  grande  parcimonie  préside 
surtout  à  leur  nourriture  ;  les  malheureux,  ne  sont  nourris  que  de 
pain,  qu'ils  assaisonnent  d'un  peu  de  sel  *,  et  ne  boivent  que 
de  l'eau  '^  Ils  reçoivent  leur  ration  en  blé,  à  raison  de  cinq  mo- 
dii  (")  par  mois  '^  ',  qui  leur  sont  distribués,  soit  en  une  fois  sous  le 
nom  de  demensum  *,  soit  quotidiennement  sous  le  nom  de  diarium'^. 
Cette  nourriture  est  si  insutiisante,  ([ue  les  esclaves  qui  servent 
dans  les  festins  dérobent  toujours  quelque  chose  des  plats  qu'ils  en- 
lèvent de  la  table  pour  les  porter  à  l'otlice  ®. 

Chez  les  gens  qui  calculent,  et  font  passer  leur  intérêt  avant  leur 
vanité,  les  esclaves  peuvent  être  un  revenu  plutôt  quune  dépense. 
Certains  maîtres  les  organisent  en  corps  de  métiers,  et  soit  qu'ils  les 
fassent  travailler  pour  eux,  soit  qu'ils  louent  leur  travail  à  d'autres, 
ils  en  tirent  un  bon  produit  '. 

L'âge,  les  accidents,  les  maladies,  tendent  à  diminuer,  à  détruire 
une  bande,  un  personnel,  une  famille  d'esclaves.  C'est  donc  une 
propriété  d'une  valeur  naturellement  décroissante.  Cependant  cette 
chance  de  perte  est  efficacement  combattue  par  le  contubernium. 
On  nomme  ainsi  un  sinuilacre  de  mariage  que  les  maîtres  permet- 
tent, comme  récompense*,  entre  leurs  esclaves  des  deux  sexes".  Tous 
les  enfants  qui  naissent  de  ces  unions  leur  appartiennent  »•>,  et  rem- 
placent, en  partie  du  moins,  les  vides  produits  par  la  mort.  Ce  croît 
delà  famille ïovme  une  race  d'esclaves  qu'on  appelle  ceniœ^^,  parce 
qu'ils  ont  commencé  à  vivre  dans  la  maison  *^. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'entrer  dans  de  longs  détails  pour  te  faire 
connaître  la  condition  civile  des  esclaves  ;  qui  dit  esclave,  dit  tout  : 
c'est  un  individu  qui  n'a  ni  droit  d'aucune  sorte  ^*  ni  aucune  volonté 
permise,  qui  ne  jouit  d'aucune  protection  légale,  qui  est  la  propriété, 
la  chose  de  celui  qui  le  possède,  et  qui  lui-même  ne  peut  rien  pos- 
séder. Mais  de  même  qu'on  permet  aux  esclaves  un  simulacre  de  ma- 
riage, de  même  on  leur  laisse  un  simulacre  de  propriété,  on  leur 

1  Senec.  de  lîcnef.  III,  21  ;  de  Tiauquil.  anim.  8.  =  2  Ov.  Amor.  I,  6,  v.  26.  — 
Petron.  71.:= -Senec.  Ep.  80.  =  *  l'Iaut.  Slicli.  I,  2,  v  .  5.  —  ïerent.  l'horm.  1.  1, 
V.  9.  =  5  llor.  1,  lip.  14,  V.  40.  —  Mari.  XI,  109.  =6  Hor.  I,  S.  3,  v.  80  ;  U,  S.  4, 
V.  79.  =  7  Plut.  Ciass.  2.  =8  Varr.  R.  U.  1,  17.  =  »  Uigesl.  XL,  lit.  4,  leg.  59  ;  lit.  5; 
leg.  41,  §  la.  —  Boël.  in  Cie.  Topic.  4.  =  '«  Columel.  I,  8.  —  Oigest.  I,  lit.  5,  leg.  5, 
g  1.=  11  Mail.  VI,  29.— t'est,  v.  Vernœ.  =  J^  V.  Max.  III,  4,  3.  —  Vernae,  qui  in  villis 
verc  nati.  Fesl.  h.  v.  ~  13  Plaut.  Casin.  Prolog,  v.  68.—  Plin.  IV,  Ep.  10  ;  VIII,  Ep.  10. 
(")  43  litres  553,  pesant  environ  41  kilogrammes  600. 


LETTRE  XXII.  431 

accot'de  la  permission  d'avoir  quelques  petites  sommes  en  biens 
meubles  ou  immeubles  :  c'est  ce  qu'on  nomme  un  pécule  K  Ce  n'est 
qu  à  force  de  patience,  de  sobriété,  en  économisant  sur  sa  ration  de 
vivres,  aux  dépens  de  son  estomac,  qu'un  esclave  vient  à  bout  de 
commencer  un  pécule^.  Le  premier  emploi  qu'il  en  fait  est  ordinai- 
rement d'acheter  un  ou  deux  vicaires  *  ou  suppléants,  pour  le  sou- 
lager dans  une  partie  de  son  service  *,  et  lui  laisser  le  temps  de 
grossir  lui-même  son  petit  avoir,  11  est  assez  singulier  que  des  esclaves 
aient  des  esclaves  ;  mais  les  maîtres  permettent  cela  d'autant  plus  fa- 
cilement, qu'ils  y  trouvent  leur  intérêt,  parce  que,  suivant  la  loi,  tout 
ce  qui  est  acquispar  l'esclave  est  acquis  au  maître^  :  ainsi  les  vicaires, 
et  loutle  pécule,  quel  qu'il  soit,  l'esclave  n'en  est  que  l'usufruitier  à 
titre  précaire  :  le  maître  peut  s'en  emparer,  le  retenir  pour  lui,  soit 
qu'il  vende  son  esclave,  soit  qu'il  le  lègue,  soit  qu'il  l'affranchisse  ®. 
Cette  propriété  appartient  si  peu  au  malheureux  qui  l'a  gagnée,  qu'il 
n'en  saurait  avoir  la  gestion  sans  le  consentement  formel  de  son  maî- 
tre^  et  que  si  dans  la  vente  ou  le  legs  d'un  esclave  elle  n'est  pas  ex- 
pressément mentionnée,  elle  ne  suitpasla  condition  de  cet  esclave  ^, 
et  reste  au  vendeur  ^.  Le  pécule  est  donc  un  capital  pour  les  maî- 
tres, ou  tout  au  moins  un  fonds  de  revenus  pour  ceux  qui  croient 
devoir  le  respecter,  parce  qu'alors,  à  certaines  époques  solennelles, 
telles  que  l'anniversaire  de  leur  naissance,  le  mariage  de  leurs  en- 
fants, les  couches  de  leurs  filles,  ils  exigent  que  les  esclaves  leur 
fassent  des  présents  '". 

Je  ne  sais  pas  s'il  est  exact  de  dire  que  l'on  méprise  ce  que  l'on 
craint  ;  cependant  les  Romains  sont  animés  de  ce  double  sentiment 
pour  leurs  esclaves  ;  ou  mieux,  ils  craignent  l'espèce  en  général,  et 
méprisent  les  individus.  Les  esclaves  sont,  à  leurs  yeux,  tout  au  plus 
une  seconde  espèce  humaine^\  ou  même  moins  que  des  hommes  ^-.  Les 
citoyens  chez  qui  les  lumières  de  la  philosophie  sembleraient  devoir 
développer  des  sentiments  d'humanité  ne  se  montrent  pas  moins  im- 


1  Peculium.  Digest.  XV,  lit.  1,  leg.  5,  §  5  ;  leg.  7,  g  4,  5,  6.  =  2  Senec.  Ep.  80.— 
Terent.  l'horm.  I,  1,  v.  9.  =  3  Vicarius.  Cic.  in  Verr.  I,  36  ;  Uï,  58.— Senec.  de  Trau- 
quii.  aiiimi,  1.  —  Digest.  X,  lit.  3,  leg.  23  ;  XV,  lit.  1,  passim.  =  *  Plaut.  Asin.  H,  4, 
V.  28.  — Hor.  U,  S.  7,  v.  78.—  Mait.  H,  18.  =  ^  (juodcumque  per  servum  adquiiitur, 
id  domino  adquirilur.  Gaii,  I,  §  32.  —  Instil  I,  (il.  8,  g!  31.  =  ^  cic.  in  Verr.  I,  36.  — 
Senec.  de  Benef.  VII,  4.  —  Digest.  XXXIII,  lit.  8,  passim.  =  ^  Varr.  R.  R.  II,  10.  — 
Digest.  XV,  lit.  1,  leg.  3,  §  4.  =  »  Digest.  L,  lit.  17,  leg.  118.  =  ^  Id.  XXI,  lit.  2,  leg. 
3,  5;  XL,  lit.  1.  leg.  4,  g  1.  =  i»  Plaut.  Pseudol.  III,  1,  v.  1.  —  Tei-ent.  Phorm.  I,  1, 
V.  7.  =  11  Per  forlunam  in  omnia  obnoxii  [servi],  lamen  quasi  secundum  hominuni  ge- 
nus  sunl.  Flov.  III,  20.  =  i^  0  démens  !  ita  servus  homo  est  ?  Juv.  S.  6,  v.  222. 


Ar)2  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

pitoyables  que  les  autres  :  Caton  l'Ancien  voulait  que  l'en  vendit  ses 
esclaves  quand  ils  étaient  vieux,  afin  de  ne  point  nourrir  des  êtres 
inutiles'  ;  j'ai  vu  une  lettre  de  Cicéron,  dans  laquelle  il  écrit  à  l'un  de 
ses  amis  :  «  Je  viens  de  perdre  Sosithée,  qui  me  servait  de  lecteur, 
et  j'en  suis  plus  aftligé  qu'on  ne  devrait,  ce  me  semble,  l'être  de  la 
mort  d'un  esclave  ^  »  Singulière  honte!  qui  regarde  comme  une 
faiblesse  un  mouvement  d'humanité  ! 

On  ne  fait  pas  plus  d'attention  à  un  esclave  qu'à  un  cliieii. 
Croiras-tu  que  dans  les  grandes  maisons  le  portier  est  attaché  au- 
près de  sa  porte  ^  avec  une  longue  chaîne  *  reliée  à  un  anneau  de 
fer  rivé  à  chaque  jambe  ^  !  Souvent  on  le  vend  avec  la  maison  quand 
elle  change  de  maître  ^  comme  s'il  tenait  invinciblement  à  la  mu- 
raille où  sa  chaîne  est  scellée,  comme  s'il  faisait  partie  intégrante  de 
sa  construction  ! 

Par  suite  du  profond  mépris  qu'inspirent  les  esclaves,  les  maîtres 
n'osent  pas  les  employer  dans  bien  des  circonstances  où  ils  le  pour- 
raient avec  succès  :  «  Si  l'un  de  vos  esclaves  s'est  distingué  par  une 
«  fidélité  exemplaire,  écrivait  encore  Cicéron,  il  y  a  quelques  an- 
«  nées,  à  son  frère  Quintus,  employez-le  dans  vos  affaires  domes- 
((  tiques  et  privées  ;  mais  pour  ce  qui  lient  au  devoir  de  votre  em- 
«  pire  et  aux  intérêts  publics,  qu'il  n'y  porte  jamais  la  main.  Un 
0  esclave  fidèle  pourrait  s'acquiter  avec  succès  de  bien  des  emplois, 
«  que  cependant  il  ne  faut  pas  lui  confier,  pour  éviter  les  discours 
«  et  le  blâme  \  » 

Un  édit  consulaire,  rendu  il  y  aune  quinzaine  d'années,  a  défendu 
de  les  choisir  pour  licteurs  ^  ;  et  cela  se  conçoit  quand  on  réfléchit 
qu'un  licteur  peut  être  appelé  par  les  devoirs  de  sa  charge  à  porter 
la  main  sur  un  citoyen  Romain.  11  y  a  cependant  des  esclaves  qui, 
sous  le  nom  d'esclaves  jmbi les  du  peuple  Romain,  sont  employés  à 
des  fonctions  très-subalternes  auprès  de  quelques  prêtres  et  de  divers 
magistrats  ®.  Ils  reçoivent  un  salaire  annuel  sur  le  trésor  public  '"  ; 
ils  ont  aussi  le  privilège  de  pouvoir  acquérir  en  propre,  et  celui  de 
disposer  par  testament  de  la  moitié  de  leurs  biens  ". 

iMais  pour  les  esclaves  privés,  ils  sont  si  méprisés,  surtout  ceux  em- 

1  Plut.  M.  Cato.  A.  =  '  Cie.  ad  Allie.  I,  12  =  »  Ov.  Amor.  I,  6,  v.  1.— Suel.  de  riar. 
Rhet.  3.  — Columrl.  1,  pral.  =  *0v.  Ibid.  v.  1  el23.  =  5Mart.  Ml,  29.  —  ^  Appian.  de 
Bell.  civ.  IV,  p.  971.=  "  Cie.  ad  (J.  Frai.  I,  1.  --=  »  Dion.  XLVIU,  43.  =  ■'  iit.-Li\. 
XXVl,  47  ;  XI, lU.  16.  — l'iin.  X,  F.p.  30,  40.-0.  Haiie.  I.  40.  — Front.  Aqufed.  96,  116, 
117.— Serv.  in  .+:neid.  VIII,  v.  269.— A.  Geil.  XUl,  15.  =  '"  f'Iin.  X,  Ep.  40.  — Front. 
Aquœd.  118.  =  "'  llpian.  lit.  20,  §(  16. 


LETTRE  XXIf.  A7k, 

ployés  au  service  domestique,  qu'il  est  des  maîtres  qui  la  plupart  du 
temp&ne  daignent  pas  même  leur  parler  :  ils  leur  commandent  par 
signes,  par  un  geste  de  la  main,  les  appellent  par  un  bruit  des  doigts^ 
Quand  il  faut  plus  d'explication,  certains  poussent  l'orgueil  jusqu'à 
écrire,  de  peur  de  prostituer  leurs  paroles  ^  !  D'autres  évitent,  autant 
que  possible,  que  leurs  esclaves  leur  parlent  ;  ils  leur  permettent 
seulement  de  répondre  aux  questions  sans  y  ajouter  un  seul  mot. 
Je  me  trouvais  hier  à  souper  chez  un  orateur  nommé  Publius  Pison. 
Les  conviés  étaient  arrivés,  à  l'exception  d'un  seul.  Pison  envoie  l'es- 
clave qu'il  charge  ordinairement  de  ses  invitations,  s'informer  s'il  ne 
viendrait  pas.  Cependant  nous  attendons  toujours  et  l'heure  se  passe. 
Enfin,  quand  il  fut  si  tard  qu'il  n'y  eut  plus  d'apparence  que  l'on  pût 
compter  sur  le  retardataire  :  — Tu  as  été  l'inviter,  dit  Pison  à  son 
esclave  ? —  Oui.  — Pourquoi  n'est-il  pas  venu  ?  Que  t'a-t-il  répondu? 
—  Qu'il  ne  viendrait  pas.  —  Que  ne  nous  le  disais-tu  donc  ?  —  Vous 
ne  me  l'avez  pas  demandé  ^. 

Enfin,  la  législation  ne  fait  aucune  différence  entre  les  esclaves  et 
les  bêtes  ;  une  loi  condamne  à  la  même  peine  l'individu  qui  aura 
tué  l'esclave  ou  la  bête  de  somme  d'autrui  ;  il  doit  en  payer  le  prix*, 
qui  varie  suivant  que  l'esclave  était  infirme  ou  valide  *,  suivant  le 
plus  ou  moins  de  dommage  causé  au  maître  par  sa  mort  *. 

Les  Romains  abusent  avec  une  effroyable  dureté  du  pouvoir  ab- 
solu, de  là  puissance  sans  frein  que  la  loi  donne  au  maître  sur  ses  es- 
claves :  ils  les  traitent  littéralement  comme  des  animaux.  L'immensité 
de  la  population  servile  de  Rome  fait,  dit-on,  une  nécessité  d'une 
pareille  conduite;  la  douceur,  ou  seulement  l'équité  compromettrait 
tout.  11  y  a  plus  de  quatre  cents  ans,  déjà  le  nombre  des  esclaves  était 
assez  considérable  pour  inquiéter  la  ville  ''.  Les  anciens  Romains  re- 
doutaient le  génie  de  l'esclavage  même  dans  le  temps  où  les  esclaves, 
moins  nombreux,  et  naissant  dans  les  mêmes  champs,  sous  les 
mêmes  toits,  puisaient  avec  le  jour  l'attachement  pour  leurs  maîtres. 
Ils  les  contenaient  alors  par  une  terreur  profonde  *,  poussée  jusqu'à 
la  cruauté  la  plus  inique.  Brutus  affranchit  comme  sauveur  de  la  pa- 
trie l'esclave  qui  vint  lui  dénoncer  la  conjuration  de  ses  fils  en  fa- 

1  Digiliis  concrepare.  Cic.  de  OfGc.  III,  19.— Pelron.  27.  — Crepitu  digitorum.  Mari. 
111,  82;  XIV,  119.  — Nunquam  se  domi  nisi  nutu  aut  manu  significasse.  Tac.  Aiin.  XUI, 
23.  =  2  Si  plura  demonslranda  essent,  scriplo  usum,  ne  voeem  consoriaret.  Tac.  Ibid. 
=  3  Plut,  de  Garrulil.  p.  34.  =  *  Gaii,  III,  §  210.  —  Digesl.  IX,  lit.  2,  leg.  2,  §  l, 
2.  —  Instit.  IV,  til.  5.  =  »  nigesl.  XXIX,  lit.  2,  leg.  24,  §  5.  =  «  Gaii,  III,  §  212.  = 
'  L'an  336.  Til.-Liv.  IV,  45.  =  »  Cic.  fragm.  pro  Tullio.— Tac.  Ann.  XIV,  44. 

I.  28 


434  ROME  AU  SifcCLE  D' AUGUSTE. 

veur  de  Tarqiiin,  et  le  fit  ensuite  crucifier  comme  délateur  de  ses 
maîtres  ^  Dans  le  siècle  dernier ^  Sylla  répéta  à  peu  près  l'actioft  dé 
Brutus  :  ayant  promis  la  liberlé  aux  esclaves  des  proscrits  qui  décè- 
leraient leurs  maîtres,  un  esclave  vint  lui  révéler  l'endroit  oli  le  sien 
se  tenait  caché.  Sylla,  pour  demeurer  fidèle  à  sort  édit,  affranchit 
ce  parricide,  mais  dès  qu'il  fut  libre,  il  le  fit  précipiter  de  la  Roche- 
Tarpéienne  pour  crime  de  trahison  envers  son  maître  ^ 

La  plus  sévère  cruauté  vis-à-vis  des  esclaves  est  une  tradition,  et 
comme  un  principe  que  les  Romains  n'ont  jamais  oublié;  l'Empe- 
reur en  a  fourni  un  mémorable  exemple  :  il  y  a  douze  ou  quatorze 
ans,  il  fit  ari-éter  tous  les  esclaves  qui  pendant  les  guerres  civiles 
avaient  été  enrôlés  dans  la  milice,  La  liberté  leur  avait  été  accordée 
par  le  Sénat,  sur  la  demande  de  Sextus  Pompée,  et  garantie  par  des 
traités;  mais  des  esclaves  ne  doivent  pas  être  dans  le  droit  comniun, 
ni  les  engagements,  ni  les  promesses  les  plus  authentiques  ne  sont  vala- 
bles avec  eux  :  l'Empereur  envoya  donc  un  ordre  dans  chacune  des  ar- 
mées de  la  république  pour  que  tous  les  soldats  esclaves  fussent  saisis 
le  même  jour  *.  Il  y  en  eut  trente  mille  de  pris  *.  Amenés  à  Rome, 
tous  ceux  (|ui  purent  être  réclamés  furent  rendus  à  leurs  niaîlres,  ou 
aux  héritiers  de  leurs  maîtres,  soit  de  la  ville,  soit  de  l'Italie.  La  même 
restitution  eut  lieu  à  l'égard  des  propriétaires  de  la  Sicile.  Ceux  que 
personne  iiè  revendiqua  furent,  par  ordre  de  l'Empereur,  égorgés 
dans  les  villes  d'où  ils  s'étaient  évadés*,  ou  mis  en  croix,  et  le  nom- 
bre ne  s'en  éleva  pas  à  moins  de  six  mille  ®  ! 

Les  anciens  Romains  défendaient  à  leurs  esclaves  lOùtë  relation 
avec  des  étrangers  '',  et  de  plus  prenaient  soin  d'entretenir  couver- 
tement  la  mésintelligence  entre  eux,  tenant  leur  amitié  et  concorde 
pour  suspectes  et  redoutables  '.  Depuis  qu'un  maître,  à  moins  de 
conrtaîti'e  toutes  les  langues,  ne  peut  plus  parler  à  ses  esclaves  sans 
un  interprète  '  ;  depuis  que  Rome  voit  dans  ses  foyers  toutes  les 
nations  ensemble  ^"  de  mœurs  si  opposées,  de  religions  si  Ijizarres, 
souvent  même  n'en  ayant  point,  il  ne  faut  pas  moins  qu'une  telle  loi 
pour  imposer  à  ce  ramas  de  barbares  ",  et  encore  Rome  tremble-t- 
elle au  moindre  bruit  d'iine  révolte  d'esclaves  *^ 


1  Schol.  in  Juv.  S.  8,  v.  267.  =  2  v.  Max.  VI,  3,  7.  —  Tit.-Liv.  Èpito.  LXXVII.  — 
Plut.  SuUa,  10.  =  3  Appian.  de  Bell.  civ.  V,  p.  1178.  —  *  Gros.  VI,  18.  =  5  Appian. 
Ibid.  =  6  Gros.  Ibid.  =  "J  Til.-Liv.  Y,  3.  =  »  Plut.  M.  Calo.  21.  =  9  Tibull.  Il,  6, 
V.  37.— Tac.  Ann.  XIV,  42,  43,  44.— Juv.  S.  9,  v.  142.— Peis.  S.  6,  v.  77.— Seiiec.  Ep. 
93.  =  lopostquam  vero  naiiones  in  faniiliis  habemus.  Tar.  Ibid.  44.  —  Juv.  S.  11,  v. 
147.  =  11  Tac.  Jbid.  =  12  Jbid.  IV,  27. 


LETTRE  XXII.  435 

Je  conçois  la  dureté  politique  des  Romains  envers  la  race  serve  , 
et  j'admets  qu'elle  puisse  être  une  nécessité  ;  mais  elle  a  un  grand 
défaut,  c'est  d'habituer  les  esprits  à  ces  sentiments  inhumains,  de 
sorte  que  la  conduite  privée  de  bien  des  maîtres  avec  leurs  esclaves 
est  vraiment  féroce.  Je  te  disais  tout  à  l'heure  que  les  esclaves  ne 
peuvent  ouvrir  la  bouche  devant  leurs  maîtres  ;  j'ajouterai  qu'ils  doi- 
vent être  complètement  silencieux*:  un  accès  de  toux,  un  éternu- 
ment,  un  hoquet,  un  souffle,  sont  autant  de  crimes  suivis  du  châti- 
ment^. Les  pkis  légefs  manquements  au  service  ne  sont  pas  moins 
sévèrement  punis  :  on  m'a  cité  un  homme  qui  souvent  frappe  ses 
esclaves  sans  qu'ils  aient  failli,  uniquement  de  peur  de  n'avoir  pas  le 
temps  de  sévir  quand  l'occasion  s'en  présenterait  ^  ! 

Les  châtiments  les  plus  horribles  et  les  plus  barbares  sont  infligés 
aux  esclaves.:  la  fourche,  le  fouet,  leS  verges,  la  torture,  la  marque, 
les  chaînes,  la  prison,  la  mort!  Je  ne  compte  point  parmi  les  châti- 
ments les  coups  qu'on  leur  donne  sur  la  bouche,  de  manière  à 
leur  ébranler  les  dents  *,  ou  bien  sur  la  figure,  et  pour  lesquels  ils 
sont  obligés  de  venir  tendre  la  joue  et  de  la  gonfler,  afin  que  le  souf- 
flet soit  mieux  appliqué  ^;  cela  arrive  si  fréquemment,  que  c'est  tout 
au  plus  une  simple  punition. 

La  Fourche  est  une  pièce  de  bois  fixée  sur  la  poitrine  et  aux 
épaules,  et  s' étendant  jusqu'aux  extrémités  des  deux  bras,  qui  sont 
attachés  dessus.  Le  condamné  ainsi  garrotté,  est  promené  par  le  mi- 
lieu des  places,  des  rues  les  plus  fréquentées  de  la  ville,  et  battu 
de  verges,  pendant  toute  cette  promenade  ®,  par  d'autres  esclaves, 
ses  compagnons  ^  après  avoir  été  préalablement  dépouillé  de  ses 
habits  *.  Un  écriteau  pendu  sur  sa  poitrine  révèle  la  faute  pour  la- 
quelle il  est  châtié  ®.  Quelquefois  le  pauvre  patient  est  obligé  de  la 
confesser  lui-même  à  haute  voix  *". 

Le  Fouet  se  compose  de  plusieurs  cordes  **  à  double  tresse  *S 
Ou  de  lanières  de  cuir*^  garnies  de  balles  de  plomb  et  de  nœuds'*. 
Le  malheureux  qui  subit  ce  supphce  est  nu,  garrotté,  suspendu  à 
une  poutre  au  moyen  de  cordes  qui  lui  passent  sous  les  aissel- 

1  Senec.  de  Ira,  III,  55  ;  =:  2  Et  ne  forluita  quidem  excepta  sunl,  tussis,  sternula- 
menta,  singultus.  Id.  Ep.  47.  =  3  Acron.  in  Hor.  Il,  S.  2,  v.  67.  =  *  Mari.  XIV,68.  = 
5  Burman.  in  Pelron.  44.  =  «  Tii.-Liv.  II,  56.— Cic.  de  Divin.  I,  26.  — Propert.  IV,  5, 
V.  51.  —  V.  Max.  I,  7,  4.  —  D.  llalic.  VII,  69.  —Plut.  Quœst.  rom.  p.  152.  =  ''  Plut. 
Coriol.  24.  =  8  Suet.  Nero.  49.  =  9  Propert.  IV,  5,  v.  51.  —  Dion.  LIV,  5.  =  i»  Do- 
nat.  in  Terenl.  Andr.  III,  5,  v.  12.  =  "  Hor.  Epod.  4,  v.  12.  =  »*  Ficoroni,  Masch, 
scen.  lav.  II.  =  13  Lora.  Hor.  I,  Ep.  16,  v.  47;  —  Macrob.  Salurn.  VII,  3.  —  Habense. 
Hor.  II,  Ep.  2,  V.  13.  =  wCaylus,  Recueil  d'anliq.  t.  YII,  p.  57. 


450  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

los',  nt  un  poids  de  cent  livres  atladuî  à  ses  jambes  l'empêche  de  re- 
muer ^  Le  fouet  est  l'un  des  châliments  les  plus  prodigués:  aussi 
voit-on  beaucoup  d'esclaves  qui,  à  force  d'avoir  été  fouettés,  ont  des 
cal  us  sur  les  reins  ^ 

Pour  mettre  à  la  Torture  on  étend  le  patient  sur  un  chevalet,  on  le 
déchire  à  coups  de  verges,  et  on  le  brûle  avec  des  lames  de  fer  ardent*. 
On  répèle  quelquefois  celte  cruelle  opération  jusqu'à  six  et  huit  re- 
prises de  suite^.  Les  maîtres  s'y  prêtent  sans  difficulté,  pourvu  qu'on 
s'engage,  lorsque  ces  tortures  sont  appliquées  par  suite  d'une  affaire 
judiciaire,  à  leur  payer  les  sujets  qui  périraient  pendant  le  supplice®. 

La  Marque  a  quelque  chose  de  plus  affreux  peut-être,  en  ce  que 
ce  châtiment  est  pour  ainsi  dire  perpétuel  :  on  rase  la  tête  et  les 
sourcils  du  coupable  ;  ensuite,  à  l'aide  d'un  fer  chaud,  on  lui  imprime 
un  stigmate  sur  le  front  ^ 

Les  Chaînes  et  la  Prison  ne  sont  qu'une  même  chose,  tous  ceux 
qui  sont  jetés  en  prison  y  étant  enchaînés  '. 

La  3fort  a  lieu  par  le  crucifiement  ^.  On  attache  sur  la  poitrine 
du  condamné  un  écriteau  indicateur  de  son  crime  '",  et  on  le  conduit 
à  travers  le  Forum  ^\  en  le  battant  de  verges  *^,  jusqu'en  dehors  de 
la  porte  Esquiline,  sur  une  place  nommée  Sestertium  '',  destinée  au 
supplice  des  esclaves  ^*.  Là  il  est  cloué  sur  une  croix  '^,  par  un  bour- 
reau à  qui  le  séjour  et  même  l'entrée  de  Rome  sont  interdits  *.  On 
le  laisse  mourir  de  faim  et  de  souffrances  sur  l'instrument  du  sup- 
plice^', où  son  corps  est  abandonné  en  pâture  aux  corbeaux  ^''  et  aux 
autres  oiseaux  de  proie. 

Si  tu  savais  pour  quels  légers  délits  ces  horribles  châtiments  sont 
prodigués!  Jules-César  fit  mettre  aux  fers  un  esclave  qui  avait  servi 
à  ses  convives  un  pain  différent  du  sien  ^*.  Caton  l'Ancien,  que  j'ai 
déjà  cité,  fouettait  lui-même,  aussitôt  après  le  souper,  ceux  de  ses 


1  Plaut.  Amphit.  I,  1,  v.  122;  Pœnul.  I,  1,  v.  18;  Moslell.  V,  2,  v.  45.  —  Terent. 
Phoim.  I,  5,  V.  2.  —  Acron.  in  Hor.  H,  Ep.  2,  v.  15.  =:  *  Nudus  vinclus  cenlum  pondo 
es,  quando  pendes  per  pedes.  Plaut.  Asin.  H,  2,  v.  55.  =  3  Latera  ronteiam  tua,  quœ 
obralluere  plajjis.  Plaut.  Asin.  H,  i,  v.  13.=  *  V.  Max.  VI,  8,  1.  —  Quint.  Déclamai. 
VU,  11,  12  ;  XIX,  15.  =  5  V.  Max.  VIII,  4,  2.  =  «  Paul.  Recepl  Sentent.  V,  til.  16, 
g  15.  =  "^  Plaut.  Casin.  II,  6,  v.  49.— Cir.  pro  Q.  Hosc.  7.— V.  Max.  VI,  8,  7.— Pelron. 
103,  106.— Juv.  S.  14,  V.  18.— Piin.  WIIl,  3.  —  Macrob.  Satuin.  I,  11.  =  «  Colnmel. 
I,  6.  =  9  Hor.  I,  Ep.  16,  v.  48.  —  V.  Max.  VllI,  4,  2.  —  Dion.  LIV,  3.  —  Appian.  de 
Bell.  civ.  111,  p.  857.  —  '«Dion.  Jhid.  —  Suel.  Calip.  31.  =  i'  Dion.  Ibid.  —  '^  Plaut. 
Mostell.  I,  1,  V.  50.  =  13  Plut.  Galba,  28.  —  Voy.  t.  I,  la  Carte  Site  et  Murs  de  Home. 
=  "•  Plaut.  Pseudol.  I,  5,  v.  97.  —  Hor.  Epod.  5,  v.  99.  —  Suel.  Claud.  25.  —  Tar. 
Ann.  II,  52.  =  15  Senec.  de  Vit.  beat.  19.  =  »6  Plant.  Mil.  glor.  11,  4,  t.  19.  =  "  Hor. 
Epod.  5,  V.  99.  ;  I,  Ep.  16,  v.  48.  =  18  Suet.  Cœs.  48. 


LETTUE  XX II.  457 

serviteurs  qui  avaient  servi  négligenunont  ou  mal  apprêté  quelques 
mets*.  Qu'un  pauvre  esclave  dérobe  la  moindre  chose ^;  qu'en  des- 
servant il  touche  à  un  reste  de  poisson  ou  de  ragoût,  c'est  assez  pour 
qu'un  maître  cruel  le  fasse  crucifier'.  Que  trop  justement  épouvanté 
de  sa  condition,  il  prenne  la  fuite,  s'il  est  repris  (et  il  est  rare  qu'il 
ne  le  soit  pas,  car  toutes  les  facilités  sont  fournies  à  son  maître  pour 
le  retrouver  et  le  ressaisir  *)  ;  s'il  est  repris,  dis-je,  on  le  marque  ^ 
et  la  lettre  F,  initiale  du  crime  dont  il  s'est  rendu  coupable*,  le  dés- 
honore à  jamais  du  signe  visible  de  l'esclavage. 

Qu'un  maître  soit  atteint  par  une  accusation  publique'',  ou  qu'un 
vol  ait  été  commis  dans  la  maison,  aussitôt  on  applique  tous  ses  es- 
claves à  la  torture  *. 

Chez  les  anciens  Romains,  la  condition  des  esclaves  était,  je  ne 
dirai  pas  moins  dure,  mais  douce  :  leurs  maîtres  vivaient  et  tra- 
vaillaient avec  eux  ®.  Ils  appréciaient  d'autant  mieux  leurs  services, 
qu'ils  n'avaient  tout  juste  que  le  nombre  de  serviteurs  nécessaires, 
ainsi  que  le  prouvent  les  noms  de  Quintipore,  Marcipore,  Lucipore, 
qu'on  leur  donnait,  c'est-à-dire,  Marci-puer,  Luci-puer,  esclave  de 
Marcius,  esclave  de  Lucius  *",  remplacés  aujourd'hui  par  des  déno- 
minations empruntées  aux  pays  divers  d'où  on  les  tire,  tels  que 
Cappadox,  Syrus,  le  Cappadocien,  le  Syrien",  Hydaspes*^  etc. 
Loin  de  s'étudier,  pour  ainsi  dire,  à  les  avilir,  on  cherchait  au  con- 
traire à  sauver  l'odieux  de  la  servitude,  en  donnant  aux  maîtres  le 
nom  de  Pères  de  famille,  et  aux  esclaves  celui  de  Familiers  ".  On  se 
sert  bien  encore  de  ces  désignations**;  mais  depuis  longtemps  elles  ont 
perdu  leur  douce  signification,  et  ne  sont  plus  qu'une  contre-vérité. 

En  effet,  pour  en  revenir  aux  punitions ,  les  maîtres  ne  sévissaient 
alors  qu'en  vrais  pères  de  famille,  et  l'une  des  plus  grandes  peines 
qu'ils  faisaient  subir  à  leurs  familiers  était  de  leur  mettre  un  bois 
fourchu  sur  la  nuque,  et  de  les  promener  ainsi  par  la  ville  *^  Très- 
rarement  fouettait-on  un  esclave,  et  plus  rarement  encore  le  faisait- 
on  mourir  *^  Je  ne  crois  pas  qu'alors,  ainsi  que  cela  a  lieu  aujour- 
d'hui, le  fouet,  ce  terrible  instrument  de  supplice,  demeurât  perpé- 

>  Plut.  M.  Cato.  21.  =  2  Juv.  s.  14,  V.  18.  =  '  Hor.  I,  S.  3,  v.  80.  =  *  Digesl.  X), 
lit.  4.  =  S  Petron.  103.— Columel.  X,  v.  125.  =  6  Pigiior.  de  Serv.  p.  20.  =  "?  V.  Max. 
Vlll,  4,  2.  =  8  Plut.  Anlon.  1.  =  9  Plut.  Coiiol.  24.  =  i»  Plin.  XXXlll,  1.— Quinl. 
Instit.  Oral.  1,  4.  — Fest.  v.  Quintipor.  =  i'  Terenl.  — Plant,  passim.  =  12  Uor.  II,  S.  8, 
V.  14.  =  lasenec.  Ep.  47.  — Macrob.  Salurn.  1,  11.  =  1*  Digesl.  XLIU,  lit.  16,  ie^.  1. 
§  16,  17,  18=13  Plut.  Coiiol.  24  ;  (Jusesl.  lom  p.  152.— Uonal.  in  Terciil.  Andri.  111,3. 
=  '8  Plul.  Coriol.  23. 


438  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

tuellement  en  évidence  au  milieu  de  la  maison  comme  un  épouvan- 
tail  toujours  menaçant*. 

Les  maîtres  d'aujnurd'liui  semblent  raffiner  de  cruauté.  Je  t'en  ai 
cité  tout  à  l'heure  quelques  exemples,  parmi  lesquels  j'ai  oublié  ce- 
lui d'un  Minucius  Basillus,  qui  vient  d'être  égorgé  par  ses  esclaves 
pour  avoir  voulu  faire  infliger  à  quelques-uns  d'entre  eux  le  supplice 
de  la  castration^.  Mais  voici  qui  surpasse  tous  ces  traits  de  férocité. 
Il  y  a  quelque  temps,  l'Empereur  étant  en  Campanie  soupait  à 
Pausylippe,  près  de  Naples,  chez  Védius  PoUion,  riche  chevalier 
romain  ^  Un  esclave  casse  un  vase  précieux;  Védius  fait  aussitôt  sai- 
sir le  maladroit,  et,  comme  s'il  avait  commis  le  plus  énorme  des  cri- 
mes, le  condamne  à  un  supplice  extraordinaire,  à  être  jeté  vivant  à 
de  grosses  murènes,  espèces  de  serpents  aquatiques  qu'il  nourrit 
dans  une  piscine ,  moins  pour  satisfaire  sa  gourmandise  que  pour 
assouvir  sa  cruauté.  L'esclave  s'échappe  et  vient  se  jeter  aux  pieds 
d'Auguste,  demandant,  non  qu'on  lui  fit  grâce  de  la  vie,  il  connaissait 
trop  bien  son  maître,  mais  à  périr  d'une  autre  manière,  et  à  n'être 
pas  mangé  par  ces  poissons  cruels.  L'Empereur  s'abaisse  jusqu'à  im- 
plorer la  pitié  de  Pollion,  qui  demeure  inexorable;  alors,  ému  d'in- 
dignation et  de  colère,  il  accorde  d'abord  grâce  complète  au  coupable , 
puis,  se  faisant  apporter  tous  les  vases  pareils  à  celui  dont  la  perte  avait 
si  fort  irrité  Védius,  il  les  brise  lui-même  sur-le-champ.  Non  con- 
tent de  cela,  il  commande  de  combler  l'infâme  piscine*  dans  laquelle 
ce  Védius,  de  race  d'affranchi  ^  se  donnait  le  spectacle  d'un  homme 
vivant  dépecé  et  dévoré  en  un  instant  par  les  monstres  marins  qu'il 
engraissait  de  chair  humaine  ^  *. 

L'Empereur  était  apparemment  en  veine  de  bonté  ce  jour-là,  car 
il  y  a  peu  de  temps  il  a  foit  crucifier  un  de  ses  esclaves  pour  avoir 
rôti  et  mangé  une  caille  qui,  dans  les  combats  de  ces  petits  animaux, 
battait  toutes  les  autres  et  s'était  jusqu'alors  montrée  invincible  ''. 

Aucune  loi  ne  protège  les  esclaves  :  la  législation  ne  s'est  occupée 
d'eux  que  pour  les  châtier.  Ainsi,  quand  un  crime  public  a  été  com- 
mis, quand  un  maître-aété  assassiné  chez  lui,  la  loi  condamne  à  pé- 
rir par  le  supplice  de  la  croix  '  tous  les  esclaves  indistinctement  qui 
se  sont  trouvés  sous  le  même  toit  au  moment  du  crime.  Voici  le  rai- 


lAcron.  in  Hor.  U,  Ep.  2,  v.  15.  =  2  Appian.  de  Bell.  oiv.  UI,  p.  931.  =  3  Dion. 
LIV,  23.  =  '»  Sencc.  de  Ira,  III,  iO.  — Dion.  Ibid.  =  5  Dion.  Ibid.  =  «  l'iiu.  IX,  23.  — 
Senec.  de  Clennenl.  1,  18.  =  ■<  Plut.  Apolliegm.  Uora.  p.  779.  =  ^  Hor.  I,  Ep.  16,  v. 
-48. -V.  Max.  Vni,  4,  3.— Dion.  LIV,  23.— Appian.  de  Bell.  civ.  III,  p.  837. 


LETTRE  XXÏI.  450 

sonnement  sur  lequel  on  appuie  cette  disposition  si  rigoureuse  :  un 
esclave  forme  rarement  le  projet  de  tuer  son  maître  sans  que  la  moin- 
dre menace  lui  échappe,  sans  que  la  moindre  indiscrétion  le  trahisse; 
en  supposant  même  que  son  dessein  demeure  impénétrable,  qu'il  pré- 
pare ses  armes  sans  qu'on  le  sache,  il  ne  peut  franchir  la  garde  de  nuit, 
enfoncer  les  portes,  consommer  le  meurtre  sans  que  personne  l'a- 
perçoive *.  En  effet,  les  maîtres  ont  tant  de  motifs  de  crainte,  que  tou- 
jours quelques  esclaves  veillent  la  nuit  à  la  porte  de  leur  chambre^. 

Ce  serait  peut-être  ici  le  lieu  de  parler  des  esclaves  employés  à  la 
pampagne,  malheureux  accablés  de  travaux  pénibles,  et  qui,  bien  que 
n'étant  pas  en  rapport  perpétuel  avec  dos  maîtres  durs  et  cruels,  n'ont 
pas,  connue  ceux  de  la  ville,  de  petits  sujets  de  distraction,  n'ont 
pas  h  taverne ,  où ,  de  temps  en  temps ,  ils  trouvent  moyen  de 
venir  chercher  dans  de  grossiers  plaisirs  l'oubli  momentané  de  la 
servitude  ■^;  mais  je  n'aime  à  parler  que  de  ce  que  j'ai  sous  les  yeux, 
/Bt  plus  tard  je  trouverai  l'occasion  de  voir  aussi  les  esclaves  rusti- 
ques (").  Aujourd'hui  je  compléterai  mon  tableau  des  esclaves  ur- 
bains en  te  faisant  connaître  deux  classes  qui  ne  sont  soumises  habi- 
tuellement ni  aux  mépris,  ni  aux  punitions  corporelles  infligés  à  leurs 
compagnons  de  servitude,  bien  que  rien  ne  les  en  garantisse  endroit; 
mais  parce  que  leurs  fonctions  les  rendent  les  favoris  de  leurs  maîtres. 

La  première  classe  se  compose  des  pédagogues  *  :  ce  sont  de  jeunes 
enfants  beaux,  bien  faits,  et  que  les  Romains  attachent  plus  spéciale- 
ment au  service  de  leur  personne.  Ils  les  tirent  d'Egypte,  et  particu- 
lièrement d'Alexandrie  ^  H  y  a  là  des  maquignons  qui  élèvent  cette 
jeunesse  pour  la  société  et  les  plaisirs  des  conquérants  du  monde, 
qui  lui  font  enseignera  répondre  avec  finesse,  maUce  et  promptitude, 
et  à  jaser  agréablement^  ;  aussi  les  doctes  enfants  du  Nil,  comme  on 
les  appelle  ^  sont-ils  très-recherchés.  Les  Romains  leur  réservent 
principalement  les  fonctions  d'échansons  dans  les  festins,  et  s'en 
servent  pour  satisfaire  tout  à  tour  leur  ivrognerie  et  leur  impudicité*. 
Ces  enfants,  au^-quels  on  donne  de  jolis  noms,  tels  que  Hyacinthe , 
Achille,  l^arcisse  ^,  sont  toujours  bien  parés  '";  on  soigne  leur  beauté 

1  Tac.  Ann.  XIV,  42,  45,  kk.  =  2  Ibid.  44.— Ov.  Art.  am.  II,  v.  260.— D.  Halic.  IV, 
64.  —  Appian.  de  Bell.  çiv.  II,  p.  800.  =  3  Hor.  I,  Ep.  14,  v.  21.— Plaut.  Pœnul. 
prolojï.  V.  41.  —  Columel.  I,  8.  =  *  Paedagogi.  Senec.  de  Vit.  beat.  17.  —  Digest. 
XXXIII,  tit.  7,  leg.  12,  (?  32.  =  5  Petron.  31.— Stat.  Sjiv.  V,  5,  v.  6fi.  — Mart.  IV,  42. 
=  6  Senec.  de  Consl.  Sapient.  11.  — Slat.  Sjlv.  Ibid.  =  '^  Doctum  su!  convicia  Mil  in- 
fantem.  Stat.  /6id.— Mait.  Ibid.  =  »  Senec.  Ep.  47,  95.  —  Mart.  VIII,  36  ;  X,  98  ;  XI, 
57.  —  9  Lucian.  Chronosol.  p.  78.  =  10  Senec.  Ep.  47, 110.  («)  Voy.  Lettre  LXXXI. 


440  ROME  AU  SIÈCLE  DAUGUSTE. 

à  ce  point  que,  quand  on  les  emmène  en  voyage,  non-seulement  on 
les  place  toujours  sur  des  chars  ' ,  mais  encore  on  leur  enduit  la  figure 
de  graisse,  de  peur  que  le  soleil  n'endommage  leur  peau  douce  et  déli- 
cate, et  n'altère  la  fraîcheur  de  leur  teint  ^ 

La  seconde  classe  est  formée  d'individus  plus  sérieux  :  ce  sont  des 
hommes  ou  de  jeunes  hommes  instruits  dans  les  lettres,  et  qui  à 
cause  de  cela  sont  appelés  à  faire  en  quelque  sorte  partie  de  la  so- 
ciété de  leurs  maîtres  ;  ils  leur  servent  de  secrétaires,  de  copistes,  de 
lecteurs.  Les  uns  sont  pour  les  lettres  grecques ,  les  autres  pour  les 
lettres  latines.  Il  y  a  des  citoyens  qui  achètent  ces  esclaves  savants  par 
spéculation,  dans  la  vue  de  tirer  parti  de  leur  savoir*,  comme  d'au- 
tres spéculent  avec  des  esclaves  dressés  aux  métiers  de  maçon,  de 
charpentier,  ou  de  forgeron  *.  Ils  leur  font  copier  des  livres  pour  les 
vendre,  les  mettent  à  la  tète  d'une  école,  ou  leur  font  faire  quelque 
éducation  privée  ^ 

Certains  riches  possédés  delà  manie  d'une  instruction  qu'ils  n'ont 
jamais  pu  ou  su  acquérir ,  et  que  néanmoins  ils  voudraient  pos- 
séder, les  ont  pour  leur  en  tenir  lieu.  Savant  par  procuration,  par 
la  tête  et  par  l'esprit  d'un  autre  !  voilà  qui  paraît  bien  bizarre.  Il  est 
cependant  très-vrai  qu'il  y  a  de  ces  gens-là  à  Rome  ;  mais  que  ne 
Irouve-t-on  pas  dans  cette  ville  !  Je  connais  un  riche  nommé  Cal- 
visius  Sabinus  qui  porte  au  plus  haut  degré  cette  étrange  passion  de 
science  sans  savoir.  Affligé  d'une  mémoire  si  malheureuse  qu'il  ou- 
blie par  instant  jusqu'aux  noms  qu'il  sait  le  mieux,  il  a  voulu  néan- 
moins se  créer  une  réputation  d'homme  très-versé  dans  la  belle 
littérature  de  la  Grèce  ,  persuadé  qu'avec  de  l'argent  rien  n'est 
impossible.  Il  a  donc  acheté  à  grands  frais  une  bande  d'escla- 
ves dont  tout  le  service  consiste  à  savoir  par  cœur  les  principaux 
poètes  grecs.  Chaque  genre  de  poésie,  ou  plutôt  chaque  auteur  a  son 
homme  :  les  lyriques,  par  exemple,  sont  autant  de  départements  as- 
signés à  neuf  mémoires  différentes.  Ne  t'étonne  pas  qu'il  ait  pu  ré- 
unir une  pareille  collection  :  il  l'a  commandée,  on  la  lui  a  faite 
exprès,  on  la  lui  a  dressée,  et  elle  ne  lui  coûte  pas  moins  de  neuf 
cent  mille  sesterces  (")  !  Avec  cette  troupe,  Sabinus,  sûr  de  lui-même, 
ne  doute  plus  de  rien  ;  il  la  traîne  partout  avec  soi,  tantôt  les  uns, 
tantôt  les  autres,  et  dans  les  soupers,  ces  lieux  de  conversation,  il  se 

•  Mart.  X,  13.  —  2  Psedapogia  oblila  facie  vehunlur.  Senec.  Ep.  123.  =  ^  Cic.  ad  Al- 
tir.  IV,  16.— C.  Nep.  Altic.  13.  — Suit,  de  llliistr.  gramm.  3.  =  *  l'iul,  Crass.  2.  = 
=  Voy.   Lellres  LV   et   LXXXIX.  (")  228,737  fr. 


LETTRE  XXII.  UI 

niel  à  harceler  ses  convives  :  veut-il  citer  un  vers,  il  trouve  à  ses  pieds 
à  qui  le  demander  dans  l'esclave  qui  le  sert,  et  qui  est  censé  n'être  là 
que  pour  le  service  matériel  de  son  maître.  Le  mallieur,  c'est  que 
Calvisius  n'a  pu  se  faire  disposer  aussi  une  mémoire  moins  fugitive, 
de  sorte  qu'il  interroge  quelquefois  le  département  du  tragique  ou 
de  répique  quand  il  n'a  amené  que  le  lyrique,  ou  que  d'autres  fois  sa 
mémoire  se  montre  tellement  rebelle,  qu'il  oublie  une  partie  de  la  ci- 
tation à  l'instant  même  où  elle  lui  vient  d'être  soufflée,  et  ne  parvient 
qu'après  deux  ou  trois  tentatives  pénibles  à  redire  quelques  vers  qu'il 
estropie.  Ses  convives  rient  de  lui;  mais  il  ne  s'en  aperçoit  pas,  tout 
occupé,  tout  inquiet  qu'il  est  de  la  science  vivante  dont  il  s'envi- 
ronne. Un  jour  l'un  de  ces  hommes  dont  Rome  abonde,  qui  vivent 
aux  dépens  des  riches  stupides,  leur  sourient  et  se  moquent  d'eux,  lui 
disait  :  «  Vous  devriez  avoir  aussi  une  collection  de  grammairiens. — 
Savez-vous,  répondit  Sabinus,  que  chaque  esclave  me  revient  à  cent 
mille  sesterces  {")  ?  —  Vous  auriez  eu  les  livres  à  moins  ,  repartit  le 
railleur.  »  Sabinus  croit  de  bonne  foi  savoir  tout  ce  qu'on  sait  dans  sa 
maison.  Il  est  maigre,  pâle,  infirme.  «  Exercez-vous  à  la  lutte,  lui  dit 
quelqu'un,  cela  vous  fera  du  bien.  —  Et  le  moyen?  à  peine  ai-je  la 
force  de  vivre.  — Ne  dites  pas  cela,  je  vous  prie  :  voyez  donc  cette 
foule  d'esclaves  bien  portants  qui  vous  appartiennent  ^  » 

Mais  en  voilà  assez  sur  ce  vieux  fou  :  je  vais  maintenant  me  pré- 
parer à  te  parler  dans  ma  prochaine  lettre  des  affranchissements  et 
des  affranchis. 

»  Senec.  Ep.  27.  («)  25,420  fr. 


LETTRE  XXIII. 

DES  AFFRANCHISSEMENTS  ET  DES  AFFRANCHIS. 

Parmi  les  droits  do,  elle  Romaino,  il  on  oxislc  un  trùs-véritahlf! , 
très-capital,  que  je  ne  sais  néanmoins  coninienl  nommer,  parce  qu'il 
n'est  point  formulé  d'une  manière  spéciale  dans  la  loi,  c'est  celui  de 
faire  des  citoyens  Romains  par  l'affranchissement  des  esclaves.  Ce 
droit  anonyme,  qui  me  paraît  la  conséquence  du  droit  paterpel  et  du 
droit  de  propriété  légitime,  est  vraiment  exorbitant,  car  il  donne  à 
un  Romain  le  pouvoir  de  faire  pour  son  esclave  ce  qui  ne  peut  «''tre 
fait  pour  des  étrangers  qu'avec  toute  la  puissance  du  peuple.  Il  y  a 
cependant  une  différence  entre  ces  deux  espèces  de  citoyens  :  ceux 
du  peuple  jouissent  de  prime  saut  de  toute  la  considération  désira- 
ble ;  les  autres,  au  contraire,  forment  comme  une  classe  à  part  dont 
la  position  est  équivoque  ;  ils  gardent  quelque  chose  de  l'esclavage 
dont  ils  sortent,  et  font  comme  une  taqhe  dans  la  société  Romaine  : 
on  ne  méprise  pas  l'affranchi  comme  un  esclave,  on  ne  l'estime  pas 
non  plus  à  l'égal  d'un  vrai  Romain,  et  sa  qualité  de  citoyen  parvenu 
à  la  liberté,  incessamment  rappelée  dans  le  nom  d'affranchi,  lui  laisse 
une  marque  de  la  servitude  qui  le  place  dans  un  véritable  état  d'infé- 
riorité civile. 

La  réprobation  publique  a  réagi  jusque  sur  la  condition  légale  de 
ces  libérés  de  l'esclavage  ;  ainsi  ils  ne  jouissent  pas  du  plein  exercice 
du  droit  de  cité  Romaine  :  le  droit  de  suffrage  est  presque  annulé 
pour  eux,  en  ce  que  les  affranchis  sont  toujours  inscrits  dans  l'une  des 
quatre  tribus  urbaines  S  dont  les  suffrages  dans  les  Comices  se  comp 
lent  toujours  collectivement^;  le  droit  d'honneurs  leur  demeure  in- 
terdit-' ainsi  que  le  droit  de  milice,  hormis  dans  des  circonstances 
extraordinaires,  et  par  exception*;  on  les  relègue  habituellement  dans 
le  service  de  la  marine  °.  Enfin  le  droit  de  mariage  ne  leur  est  pas  non 
plus  concédé,  car  ils  ne  peuvent  s'allier  aux  familles  libres  d'origine , 

1  Cic.  de  Petit,  consul.  8.— D.  Halir.  IV,  23.  —  Tit.-Liv.  X,  4  6  ;  \L\,  Epilo.  etc.  = 
2  Lettre  VIU.  =  3  Tac.  Ann.  XI,  24.  —  Suet.  Claud.  24.  =  *  Tit.-Liv.  X,  21  ;  XXU, 
11,  etc.  —  Flor.  U,  6.  —  Appian.  de  BeU.  civ.  I,  p.  603,  608,  641.  =  5  Tit.-Liv.  XXVI, 
47;  XL,  18  ;   XLII,  27. 


LETTRE  XXIII.  445 

tant  les  Romains  tiennent  à  la  pureté  de  leur  sang  M  Dès  leur  origine 
ils  eurent  cette  fierté,  comme  s'ils  avaient  déjà  le  pressentiment 
qu'un  jour  ils  seraient  le  peuple-roi. 

A  la  seconde  génération  ces  exclusions  presque  injurieuses  s'étei- 
gnent, et  le  fils  d'un  affranchi  est  admis  au  droit  d'honneurs^.  Ce- 
pendant il  ne  jouit  pas  encore  de  toutes  ses  conséquences  :  ce  droit 
conduit  le  citoyen  de  race  au  Sénat,  par  l'exercice  d'une  magistrature 
curule  ;  le  fils  d'affranchi,  au  contraire,  eut-il  été  consul,  ne  peut 
jamais  devenir  sénateur^;  il  n'y  a  qu'à  la  troisième  génération  que 
cette  exclusion  disparaît*.  Il  résulte  de  toutes  ces  interdictions  que 
les  affranchis  n'ont  véritablement  qu'une  demi-civilité,  si  je  puis 
m'exprimer  ainsi  ;  qu'ils  font  souche  de  citoyens,  plutôt  qu'ils  ne 
sont  citoyens  eux-mêmes  dans  toute  la  vérité  du  terme. 

L'exercice  du  droit  de  testament  et  d'héritage  n'est  pas  non  plus 
sans  plusieurs  restrictions  pour  les  affranchis;  mais  je  dirai  comment 
tout  à  l'heure  :  j'ai  hâte  de  reprendre  ma  lettre  plus  à  son  origine,  car 
il  me  semble  que  je  ne  l'ai  point  commencée  par  le  conmiencement. 

Le  plus  grand  allégement  que  les  esclaves  puissent  avoir  dans  leur 
misérable  condition,  c'est  l'espoir  de  l'aflianchissement.  Cette  libé- 
ration, qui  quelquefois  tarde  à  se  réaliser ,  ne  se  fait  attendre  le 
plus  ordinairement  que  peu  d'années.  Les  esclaves  ont  deux  moyens 
presque  certains  d'y  arriver,  soit  par  leur  bonne  conduite,  soit  par 
la  générosité  de  leurs  maîtres.  Ce  dernier  mode  était  autrefois 
à  peu  près  le  seul^  Aujourd'hui  les  serfs  peuvent  se  racheter,  sans 
que  ce  soit  néanmoins  un  droit  pour  eux^;  ils  conviennent  du  prix 
de  leur  liberté  '',  et  en  moins  de  six  ans*,  s'ils  sont  frugaux  et  labo- 
rieux, ils  peuvent  amasser  un  pécule  assez  fort  pour  la  payer'.  Les 
maîtres  se  montrent  d'autant  plus  faciles  à  faire  ces  marchés,  que 
c'est  vraiment  pour  eux  un  moyen  d'entretenir  sans  frais,  ou  même 
avec  avantage,  ]eur  famille  toujours  jeune  et  vigoureuse,  en  rempla- 
çant les  affranchis  par  de  jeunes  sujets. 

Il  existe  quelquefois  des  empêchements  invincibles  à  ce  que  les  es- 
claves arrivent  aussi  prompiement  à  la  liberté  :  c'est  lorsque  les  ven- 
deurs ont  spécifié  qu'ils  ne  pourraient  être  affranchis  avant  un  certain 
nombre  d'années  '".  Les  infortunés  n'ont  qu'un  seul  maître,  et  la  ty- 

1  Til.-Liv.  XXXIX,  9,  19.  =  2  Tan.  Ann.  XI,  24.  =  3  Cic.  pio  Clucnl.  i7.  —  Tit.- 
Liv.  IX,  46.  =  *Suet.  Claud.  21.  =  3  £>.  Ilalir.  IV,  25,  24.  =6  Tac.  Ann.  XIV,  42. 
— Quiiil.  Iiisiit.  Orat.  VU,  ô.  =  ^  VUn.  VU,  59. —Tac.  Ibid.  =  8  Cic.  Pliilipp.  VIII,  11. 
=  9  Ibid.  —  Senec.  Ep.  80.  —  D.  Halir.  IV,  24.  =  '«  Tit.-Liv.  XLI,  8.  —  Digcst.  I,  lit- 
5,  leg,  22  ;  XII,  lit.  4,  leg.  5,  §  l  ;  XVIII,  lit.  7,  leg.  3,  6. 


iii  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

raniiie  de  plusieurs  pèse  sur  eux  1  Quand  l'Empereur  eut  dompté  les 
Salasses,  petit  peuple  des  Alpes  qui  s'était  rendu  redoutable  aux 
Romains,  tous  les  prisonniers  de  guerre,  au  nombre  de  quarante- 
quatre  mille  ',  furent  vendus  avec  la  condition  qu'aucun  ne  pourrait 
être  affranchi  avant  un  espace  de  vingt  ans^.  Auguste  élève  ce  temps 
d'esclavage  obligé  à  trente  ans,  pour  les  captifs  faits  sur  des  peuples 
signalés  par  leurs  révoltes  fréquentes  *.  II  y  joint  aussi  la  condi- 
tion qu'on  les  emmènera  au  loin*,  et  qu'on  ne  les  emploiera  pas 
dans  un  pays  voisin  *.  Certains  vendeurs,  enchérissant  encore  sur  la 
dureté  de  telles  prescriptions,  ajoutent  que  les  acquéreurs  seront 
obligés  détenir  ces  esclaves  aux  fers,  et  de  les  occuper  à  un  travail  des 
plus  rudes  *;  d'autres,  qu'ils  ne  pourront  jamais  les  affranchir''.  Ce 
qu'il  y  a  de  plus  révoltant,  c'est  que  de  pareilles  conditions  sont  quel- 
quefois insérées  dans  les  testaments,  par  des  maîtres  vindicatifs  qui 
veulent  sévir  du  fond  de  leur  tombeau  contre  des  esclaves  qui  les  ont 
mal  servis.  Bien  rarement  trouve-t-on  dans  les  contrats  de  vente  des 
dispositions  feivorables  aux  esclaves;  il  y  en  a  cependant,  et  j'ai  vu 
vendre  des  esclaves  femelles  avec  la  condition  qu'on  ne  les  prosti- 
tuerait jamais^,  et  que,  dans  le  cas  contraire,  elles  deviendraient  li- 
bres de  plein  droit ^. 

Quels  que  soient  les  motifs  d'affranchissement,  il  y  a  trois  manières 
légales  d'y  procéder  :  ou  par  la  Baguette,  ou  par  le  Cens,  ou  par  Tes- 
tament. 

L'affranchissement  |?ar  la  Baguette  se  pratique  ainsi  :  le  maître 
conduit  devant  un  magistrat,  soit  un  Préteur  i°,  soit  un  consul  ou  un 
proconsul  ",  l'esclave  qu'il  veut  rendre  à  laliberté,  et  lui  posant  la  main 
sur  la  tète,  qu'il  a  fait  préalablement  raser '^  ou  sur  quelque  autre 
partie  du  corps,  il  prononce  ces  paroles  :  a  Je  veux  que  cet  homme 
soit  libre,  et  jouisse  des  droits  de  cité  Romaine  .  »  Alors  il  le  lâche. 
Le  magistrat  touche  trois  ou  quatre  fois  avec  une  baguette  la  tête  de 
l'individu  présenté  à  l'affranchissement  ^'^  ;  son  maître  le  saisit  ensuite 
par  le  bras,  le  fait  tourner  sur  les  talons  **,  lui  donne  un  léger  coup 

1  Slrab.  IV,  p.  205  ;  ou  95,  tr.  fr.  =  ^  Dion.  LUI,  23.  =  '  Suet.  Aug.  21.=  *  Digesl. 
XVni,  tit.  7,  lep.  1,  2,  5,  7.  =  »  Suet. /éid.  =  "  Digest. /éid.  leg.  6.  = '^ /éid.  ;  XL, 
lit.  1,  Icg.  7.  z=  8/iîrf.  XVni,  tit.  7,  leg.  6.  =  9  Jbid.  leg.  9;  XXI,  tit.  2,  leg.  54,  etc. 
=  10  Ibid.  XL,  tit.  2,  leg.  13,  §  2.—  Ulpian.  tit.  1,  §  7.  =  n  Ulpian.  Ibid.  -Instit.  I, 
tit.  5,  .§  2.  —  Gaii,  I,  §1  6.  =  12  Tit.-Liv  XLV,  kh.  —  Juv.  S.  5,  v.  171.  —  Serv.  in 
yEneid.  VllI,  v.  564.=  1*  Ter  vindicta  quaterque  imposila.  Hor.  II,  S.  7,  v.  75.  — Acron. 
in  Hor.  loc.  cit.— Pers.  S.  5,  v.  88,  125.— Fest.  v.  Manuraitli.  — Vindicta  manumittere. 
Digest.  IV,  lit.  3,  leg.  32;  XL,  tit.  1,  leg.  14,  g  1.  =  i*  Una  Quiritem  veitigo  facil. 
Pers.  S.  5,  v.  75.  — Cornul.  in  Pers.  /6id.— Appian.  de  Bell.  civ.  IV,  p.  1068. 


LETTRE  XXIK.  AAr> 

sur  la  joue,  \e,  voilà  libre*.  Cette  cérémonie  peut  se  faire  partout, 
dans  la  rue,  à  la  campagne,  à  la  promenade.  11  n'est  pas  nécessaire 
que  le  magistrat  siège  alors  sur  son  tribunal,  ni  qu'il  ail  l'ajjpareil  de 
sa  dignité  ^ 

L'affranchissement ;)«;•  le  Cens  est  beaucoup  plus  simple  :  il  suffit 
que  d'après  l'ordre  de  son  maître,  l'esclave  ait  fait  inscrire  son  nom 
sur  les  rôles  publics  des  citoyens  Romains  pour  sortir  des  liens  de 
l'esclavage  *. 

La  liberté  acquise  par  Testament  se  confère  soit  directement,  soit 
pnvfidéicommis.  Elle  est  directe  si  le  maître  affranchit  son  esclave  en 
ces  termes  :  «  Que  Stichus,  mon  esclave,  soit  libre.  »  S'il  se  sert  au 
contraire  de  Tune  des  formules  :  «  Je  prie ,  je  supplie  ,  je  confie  à 
votre  foi,  »  alors  la  liberté  de  l'esclave  ne  dépend  plus  de  la  volonté 
du  maître,  mais  de  la  bonne  foi  de  celui  qu'il  a  institué  son  héritier  *. 

Un  autre  manière  d'affranchissement  direct  consiste  à  instituer  un 
esclave  héritier  ;  son  maître  est  alors  censé  lui  avoir  donné  la  liberté. 
Cela  arrive  principalement  lorsqu'un  homme  prévoit  que  ses  créan- 
ciers, après  sa  mort,  s'empareront  de  ses  biens  pour  les  vendre  à 
l'encan*,  ce  que  les  Romains  regardent  comme  une  tache  à  leur  nom*. 
Pour  éviter  cette  honte,  ils  instituent  un  esclave  leur  héritier  univer- 
sel, et  les  biens  du  défunt  se  vendent  au  nom  de  cet  esclave'',  que  Ton 
nomme  l'héritier  nécessaire,  parce  qu'il  ne  peut  refuser  cette  espèce 
d'héritage,  et  qu'au  besoin  même  la  loi  le  contraint  à  l'accepter". 

On  compte  encore  un  troisième  mode  d'affranchissement;)rtr  Tes- 
tament, c'est  lorsqu'un  maître,  dans  cet  acte  de  sa  volonté  posthume, 
a  laissé  la  liberté  à  son  esclave',  soit  sous  la  condition  qu'il  paiera  une 
certaine  somme  à  l'héritier  ou  à  un  étranger*",  soit  gratuitement, 
mais  à  une  époque  marquée  plus  ou  moins  éloignée.  Dans  ce  der- 
nier cas,  la  condition  de  l'esclave  est  la  même  que  celle  de  tous  les 
autres  ;  il  reste  esclave  de  l'héritier*',  tant  que  son  terme  d'affran- 
chissement n'est  point  arrivé,  et  peut  être  vendu  et  passer  en  d'au- 

1  Phœd.  n,  5.— Cornuf.  in  Pers.  S.  5,  v.  75.  —  Digest.  XL,  lit.  2,  leg.  5.  =  2Digest. 
Ibid.  leg.  7,  8.  — Inslit.  I,  lit.  5,  g  2.  — Gaii,  1,  g  20.  =  3  Cic.  de  Oral.  I,  40  ;  pro  Cae- 
cina,  34  ;  Topir.  2.  —  Uipian.  lit.  1,  g  8.  =  *  Cic.  Topic.  2.  —  Gaii,  H,  §  263  et  ssq.  — 
Uipian.  lit.  1,  §  22  ;  lit.  2,  §  7. —  Digest.  IV,  lit.  4,  leg.  31  ;  XL,  lit.  4,  leg.  11  ;  lit.  5 
passim  ;  lit.  7,  leg.  1.—  Inslit.  II,  lit.  24,  §  2.  —  s»  Digest.  XXVIII,  lit.  ".,  leg.  42; 
XXIX,  lit.  2,  leg.  57,  g  2  ;  leg.  58  ;  XL,  lit.  4,  leg.  27.  —  Iiistil.  I,  lit.  6,  §  1,  2  ;  II, 
lit.  19,  g  1.— Gaii,  I,  §  21  ;  II,  g  152,  153,  154.  =  6  Cic.  pro  Quint.  15.  — Instil.  Ibid. 
g  1.  — Gaii,  II,  §  154.  =  ■?  Digesl. -Inslit.  Ibid.—  Gaii,  I,  II,  Ibid.  =  »  Hères  necessa- 
rius.  Gaii.  —  Inslit.  —  Digest.  Ibid.  —  Uipian.  lit.  22,  g  24.  —  a  Uipian.  lit.  2,  g  1.  = 
1»  Digest.  1,  lit.  5,  leg.  15;  V,  lit.  3,  leg.  13,  g  6;  XII,  lit.  4,  leg.  3,  g  7,  8;  tit.  6, 
leg.  55,  67.  ="  Uipian. tit.  2,  g  2. 


44G  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

trcs  mains;  mais  sa  condition  le  suit  chez  son  nouveau  maître,  et 
lorsque  Tépoquc  fixée  arrive,  il  devient  libre  de  plein  droit.  Il  peut 
même,  en  cas  de  vente,  recouvrer  sa  liberté  avant  l'époque  fixée,  en 
payant  à  celui  qui  raclicte  du  citoyen  dans  Théritag^  duquel  il  .se 
trouve  la  somme  qu'il  aurait  dû  payer  à  ce  citoyen  avant  de  recou- 
vrer la  liberté*.  On  appelle  cet  esclave  statuUbre,  c'est-ii-dire  libre  à 
une  certaine  condition  posées  Le  statulibre  n'est  reconnu  tel  qu'au 
moment  où  le  testament  qui  le  constitue  en  cet  état  a  été  accepté  au 
moins  par  l'un  des  héritiers  institués  '. 

Un  esclave  nommé  tuteur  des  enfants  de  son  maître  arrive  aussi  à 
la  liberté  par  le  fait  seul  de  cet  acte,  qui  le  fait  considérer  comme 
ayant  été  affranchi  directement*. 

L'affranchissement  effectué  de  l'une  des  manières  ci-dessus  procure 
la  liberté  juste^,  dite  aussi  lu  grande  liberté,  par  opposition  à  une 
autre  liberté  appelée  inférieure^,  parce  qu'elle  n'est  que  provisoire, 
qu'elle  manque  de  sanction  légale,  et  peut  être  annulée.  Ce  simulacre 
de  liberté  (qu'est-ce  autre  chose  puisqu'elle  tient  encore  à  la 
servitude'?)  se  confère  aussi  de  trois  manières  entre  amis,  par  la 
table,  et  par  lettre^. 

L'affranchissement  entre  amis  ^  se  pratique  en  présence  de  cinq 
témoins,  devant  lesquels  le  maître  déclare  qu'il  donne  la  liberté  à  son 
esclave  ^°.  Cet  affranchissement  peut  être  sanctionné  plus  tard  par  les 
modes  légaux  précédemment  mentionnés  ''. 

Un  esclave  que  son  maître  fait  manger  avec  lui  devient  aussitôt 
libre,  parce  qu'un  maître  ne  s'abaisse  jamais  jusqu'à  manger  avec 
ses  esclaves.  Il  lui  donne  acte  de  cette  marque  d'honneur,  et  il  est 
alors  libre  par  la  table. 

Pour  consommer  l'affranchissement  par  lettre,  il  suffit  que  le 
maître  écrive  à  son  esclave  qu'il  lui  rend  la  liberté,  et  que  le  texte 
même  de  la  cartouche  du  congé  ou  la  suscription  porte  la  signature 
de  cinq  témoins  qui  puissent  en  assurer  la  sincérité  ^^ 

On  appelle  m«?iîiwîss/ow  l'affranchissement  en  général  '',  parce 
que  tout  esclave  est  sous  la  puissance,  sous  la  main  de  son  maître,  et 

1  Ulpian.  lit.  2,  §  4.  =  2  Statuliber.  Digesl.  XIX.  lit.  1,  leg.  42  ;  XXI,  lit.  2,  leg.  46, 
g  5  ;  leg.  69,  ,§  1,  2  ;  XXXV,  passim.— Ulpian.  Ibid.  §  5.— Fest.  v.  Staluliber.  =  s  Di- 
gesl. XL,  lit.  7,  leg.  2.  =  i  Inslil.  1,  lit.  14,  §  1.=  5  Jusla  liberlas.  Senec.  de  Vil.  beat. 
24.  —  Suet.  Aug.  40.  — Gaii,I,  <Ç  17.— Uipian.  lit.  1,§  23.  =  ^  Major  liberlas,  inferior 
liberlas.  Inslit.  1,  lil.  5,  §  5.  =7  Tac.  Aiin.  XIIl,  27.  =  8  i„stii.  i^id.  §  1.  =  »  Senec. 
/éid.  =  loCod.  VU,  lit.  6,  de  lai.  lib.  lollenda.  =  n  Plin.  Vil,  Ep.  16,=l2Cod.  Ibid. 
=  13  Gaii,  I,  §  16.— Digest.  XL,  Ut.  l,  leg.  14,  §  1.— Inslit.  I,  lit.  5,  etc. 


LETTRE  XXIII.  447 

que  raffranchissement  le  libère  de  la  puissance  *.  L'Empereur  seul  a 
le  droit,  qu'il  s'est  donné,  d'affranchir  ses  esclaves  sans  aucune  des 
formalités  exigées  par  les  autres  citoyens  ^ 

Les  maîtres  conservent  encore  certains  droits  sur  leurs  anciens 
serfs,  même  sur  ceux  dotés  de  la  grande  liberté,  libérés  par  raffran- 
chissement irrévocable.  D'abord  ils  deviennent  leurs  patrons  ■'  :  il 
n'y  a  là  rien  que  de  naturel,  tous  les  citoyens  d'un  état  médiocre 
s' abritant  sous  le  patronage  des  puissants,  les  esclaves  doivent  être 
les  clients  des  maîtres  qui  les  ont  faits  citoyens  ;  mais  c'est  pour 
eux  un  patronage  obligé,  et  dans  lequel  il  y  a  encore  un  peu  de  la 
servitude  :  ainsi,  en  cas  de  mécontentement,  les  patrons  peuvent  les 
chasser  de  la  ville,  les  reléguer  à  vingt  milles  ("j  de  Rome,  sur  les 
côtes  de  la  Campanie  *.  Si,  de  son  côté,  l'affranchi  a  des  sujets  de 
plainte  contre  son  patron,  s'il  veut  lui  intenter  une  action  judi- 
ciaire qui  pourrait  atteindre  l'honneur  de  cet  ancien  maître,  il  ne 
peut  le  faire  sans  une  autorisation  préalable  du  juge,  et  rarement 
elle  lui  est  accordée^. 

Relativement  aux  biens,  les  patrons  ont  aussi  des  droits.  Jadis,  lors- 
qu'un affranchi  mourait  intestat  sans  laisser  detils,  et  que  son  patron 
ou  le  fils  de  son  patron  lui  survivait,  alors,  en  vertu  de  la  loi  des 
Xll  Tables,  la  succession  passait  de  droit  de  la  famille  de  l'affranchi 
au  patron  ou  au  plus  proche  parent  de  ce  dernier  ®.  Cette  législa- 
tion reconnaissait  donc  implicitement  le  droit  de  testament  aux  af- 
franchis. La  cupidité  romaine  finit  par  trouver  exorbitant  qu'un 
maître  piît  ne  rien  avoir  de  la  succession  de  son  ancien  esclave,  et 
les  Préteurs  réformèrent  un  état  de  choses  regardé  comme  abusif  ; 
ils  créèrent  une  nouvelle  jurisprudence  qui  régit  maintenant  la  ma- 
tière, et  qui  est  celle-ci  :  si  l'affranchi  mort  intestat  laisse  un  enfant, 
mais  seulement  adoptif,  ou  bien  une  épouse,  le  patron  est  encore 
admis  contre  de  semblables  héritiers  à  succéder  à  la  moitié  des 
biens  de  celui  qui  fut  son  affranchi  '^.  Si  ce  dernier  n'a  rien  légué  au 
patron,  ou  ne  lui  a  légué  que  la  moitié  de  ses  biens,  un  tel  oubli,  vo- 
lontaire ou  non,  ne  nuit  pas  aux  droits  de  celui-ci,  qui  prélève  tou- 
jours sa  moitié  *.  11  ne  peut  être  exclu  de  cet  héritage  que  par  les 

Unslit.  I,  lit.  5.=  2  Digesl.  XL,  lit.  1,  leg.  U,  S  1.  =  3  Tac.  Ann.  XIU,  26, 
27.  — Suet.  Claud.  25.  =*  Tac. /6td.  26  =  5  Digesi.  XLVIU,  lit.  5,  leg.  38,  §9.= 
6  Cic.  de  Oral.  I,  39.  —  Ulpian.  lit.  27,  §  1  ;  29,  §  1.  —  Instit.  I,  lit.  17  ;  III,  lit.  7.  = 
''  Gaii,  Ul,  §  41.— Ulpian.  lit.  29,  §  1.— Paul.  Seiile&t.  recept.  III,  tit.  3,  §  1.— Iiislil. 
m,  lit.  7,  §  1.  =  8  Ulpian.  /èid.— Paul.  Ibid.  I,  §  l.-Digest.  XXXVIII,  tit.  2,  passim. 
— Inslit.  Ibid.  t»)  29  kilom.  650. 


U8  ROME  AU  SIÈCLE  D' AUGUSTE. 

enfants  véritablos,  nt  oncorp,  pourvu  que  roux-ci  aient  été  institués 
héritinrs,  ou  aient  réclamé  la  possession  des  biens;  autrement  on  les 
regarde  comme  déshérités  '. 

Ces  dispositions  sont  pour  les  affranchis  hommes.  Les  femmes, 
sans  distinction  d'état,  se  trouvant  dans  une  minorité  perpétuelle, 
les  anciens  maîtres  des  esclaves  femelles  deviennent  leurs  tuteurs 
légitimes.  Il  s'ensuit  qu'elles  ne  peuvent,  sans  leur  autorisation,  ni 
tester,  ni  se  mettre  en  pouvoir  de  mari  ;  aussi  ne  sont-ils  jamais 
frustrés  des  biens  de  leurs  affranchies  *. 

La  loi  sur  le  patronage  et  la  clientèle  s'applique  aux  affranchis- 
chents  plus  rigoureusement  encore  qu'aux  autres  citoyens;  non-seu- 
lement ils  doivent  prendre  soin  de  leurs  patrons  s'ils  tombent  dans 
l'indigence,  les  nourrir  au  besoin,  mais  ce  devoir  s'étend  jusque  sur 
les  ascendants,  pères  et  mères  de  leurs  patrons  malheureux  '\  Si  la 
prospérité  ne  cesse,  au  contraire,  d'accompagner  les  patrons,  leur 
clientèle  affranchie  peut  devenir  pour  eux  une  nouvelle  source  de 
prospérité,  car  on  a  vu,  et  l'on  voit  chaque  jour  d'anciens  esclaves 
arriver  à  Topulence'^,  et  une  part  de  cette  opulence  revient  au  patron 
et  à  sa  famille,  en  vertu  du  droit  d'héritage  ci-dessus  mentionné. 

Si  les  affranchis  sont  pauvres,  le  patron  en  tire  encore  quelque 
chose,  car  ils  lui  doivent  des  journées  de  travail  comprenant  toute 
espèce  de  service,  suivant  leur  capacité.  L'exigence  des  patrons  n'a 
presque  aucunes  bornes,  et  souvent  ils  font  participer  leurs  enfants 
à  ces  droits  d'ancien  servage  *.  Quelquefois  un  père  de  famille  cède 
tout-à-fait  des  affranchis  à  ses  enfants  ^  et  cette  cession  a  tous  les 
effets  d'une  aliénation  irrévocable  ''. 

Les  droits  de  patronage  nominal  et  de  quasi-propriété  sur  le  libéré 
de  la  servitude  sont  comme  marqués  par  un  usage  qui  veut  qu'un 
affranchi  fasse  précéder  son  nom  du  nom  de  son  ancien  maître  '. 
En  public,  l'affranchi  porte  un  signe  qui  fait  incessamment  recon- 
naître sa  condition  ;  c'est  une  petite  coiffe  tout  unie,  en  laine  blan- 
che, dont  il  se  couvre  la  tête  ^ 

Les  Romains  furent  environ  deux  siècles  avant  d'admettre  qu'un 


1  Gaii,  III,  §  41.— Ulpian.  lit.  29,  g  1,  2.  —  Instit.  III,  lit.  7,  §\.  =  ^  Ulpiati.  Tbid. 
§  2.  =  3Djgest.  I,  lil.  12,  le?.  1,  §  2;  XXV,  lit.  3.  leg.  .5,  §  18,  19,  26  ;  le?.  61,  §  1; 
leg.  9.  :=  *  (2ic.  de  Legib.  111,  13. —  Senec.  de  Tranquili.  animi,  8.  —  IMin.  \XXV,  18. 
— Macrob.  Saium.  II,  4.  — l'Iut.  Pomp.  2.==  =  Digest.  XXXVIU,  lil.  1,  passim.= 'Mnslil. 

III,  lil.  9.  =  ''  Digesl.  XXXVII,  til.  14,  leg.  9.=  »  Cic.  Kp.  famil.   XIU,  60;   ad  Allie. 

IV,  1.5.  —  Plin.  XXV,  2;   XXXI,   2,   elc.  =  9  Tit.-Liv.  XXIV,  16;   XLV,  44.— Plaut. 
Amphit.  I,  1,  V.  301.— Serv.  in.iEneid.  VIII,  v.  564,  ete. 


LETTRE  XXIII.  449 

esclave  pût  jamais  sortir  de  sa  condition.  Le  roi  Servius  Tullius,  qui 
lui-même  n'était  point  d'origine  libre,  le  premier  affranchit  des 
esclaves  et  les  éleva  au  rang  de  citoyens.  Il  ne  crut  ni  honteux  pour  la 
république,  ni  préjudiciable  à  ses  intérêts  de  rendre  la  liberté  et  une 
patrie  à  des  gens  qui  avaient  perdu  Tune  et  l'autre  par  suite  des  ri- 
gueurs de  la  guerre.  Alors  on  était  sûr  que  ces  affranchis  seraient 
bons  citoyens,  car  la  plupart  revenaient  à  la  liberté  en  considération 
de  leur  bonne  conduite,  de  leur  probité,  et  sans  qu'il  leur  en  coûtât 
rien.  Très-peu  se  rachetaient  au  moyen  du  pécule. 

Aujourd'hui  le  désordre  est  si  grand,  la  probité  a  tellement  dégé- 
néré, on  se  montre  si  peu  sensible  au  déshonneur  et  à  l'infamie,  que 
les  esclaves  paient  leur  liberté  avec  un  argent  gagné  par  mille  voies 
illégitimes  ;  les  brigandages,  les  vols,  la  prostitution,  tous  les  genres 
de  crimes,  sont  les  moyens  qu'  ils  emploient  pour  sortir  de  servitude  et 
devenir  citoyens  Romains.  Les  uns  reçoivent  la  liberté  pour  avoir  été 
complices  des  abominations  de  leurs  maîtres,  de  leurs  homicides,  de 
leurs  empoisonnements,  et  autres  attentats  contre  les  dieux  et  contre 
la  république  ;  les  autres  ne  sont  affranchis  que  pour  recevoir  cer- 
taines rations  de  blé  que  l'on  distribue  gratuitement  tous  les  mois, 
pour  mendier  les  libéralités  des  grands  aux  pauvres,  afin  de  porter 
cette  récolte  à  ceux  qui  les  ont  faits  libres. 

D'autres  enfin  ne  sont  délivrés  d'esclavage  que  par  la  légèreté  des 
maîtres,  qui  par  là  cherchent  à  se  ftiire  honneur.  J'en  sais  qui  dans 
leur  testament  ont  affranchi  tous  les  esclaves  qu'ils  possédaient,  afin 
de  passer  après  leur  mort  pour  de  bons  maîtres,  et  que  leur  pompe 
funèbre  fût  suivie  d'un  nombreux  cortège  d'affranchis.  On  a  vu  dans 
les  funérailles  certains  scélérats  nouvellement  sortis  de  prison,  et  qui 
méritaient  les  plus  horribles  supplices  pour  les  crimes  énormes  qu'ils 
avaient  commis.  La  plupart  des  gens  de  bien  qui  voient  ces  infâmes 
affranchissements  ne  peuvent  s'empêcher  de  faire  éclater  leur  indi- 
gnation ^ 

On  dit  que  cet  abus  d'une  institution  sage  en  elle-même,  que  cette 
prostitution  du  titre  de  citoyen  commence  à  préoccuper  l'Empereur, 
si  jaloux,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait  voir  (°),  de  la  dignité  romaine.  Il 
prépare,  dit-on,  de  notables  changements  dans  la  législation  qui 
régit  cette  matière.  Sans  doute  il  modérera  les  affranchissements, 
mais  il  ne  les  supprimera  pas,  parce  qu'on  ne  saurait,  sans  dommage 

»  D.  Halic.  IV,  24.  («)  Lettre  XVII,  p.  578. 

I.  99 


>150  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

véritable,  réduire  la  république  à  se  soutenir  avec  les  seuls  citoyens 
nés  dans  la  liberté. 


Achèvement.  Ce  qui  n'était  qu'un  bruit  de  ville  quand  je  t'écrivis  la 
lettre  qui  précède,  est  devenu  un  fait,  et  l'Empereur  Auguste  a  seu- 
lement limité,  comme  je  le  pensais,  la  puissance  d'affranchir,  en 
Tentourant  de  beaucoup  de  difficultés,  surtout  pour  la  pleine  liberté*. 
L'an  sept  cent  cinquante -un,  il  fit  rendre  la  loi  Furia-Caninia,  qui 
restreignit  les  affranchissements  par  testament  *;  sur  trois  esclaves, 
on  n'en  put  affranchir  que  deux;  jusqu'à  dix,  il  fut  permis  d'en 
libérer  la  moitié  ;  de  dix  à  trente,  le  tiers  ;  de  trente  à  cent,  le  quart; 
de  cent  à  cinq  cents,  le  cinquième  ;  le  nombre  de  cent  ne  dut  jamais 
être  dépassé  ^.  Tous  les  esclaves  qu'on  voulait  rendre  à  la  liberté  de- 
vaient être  désignés  nominalement  *  ;  une  désignation  de  nombre 
pure  et  simple  devenait  nulle  ^  Si  un  testateur  avait  dépassé  le  taux 
légal,  les  esclaves  inscrits  les  premiers,  et  jusqu'à  concurrence  de  la 
quantité  permise,  étaient  seuls  déclarés  libres;  les  autres,  au  delà  de 
ce  nombre,  demeuraient  en  servitude". 

Cette  loi  ne  parut  pas  suffisante  à  l'Empereur;  quatre  ans  après, 
il  en  porta  une  autre  qui  fixa  un  âge  avant  lequel  les  maîtres  ne  pour- 
raient affranchir  d'esclaves,  ni  les  esclaves  être  affranchis  \  D'après 
cette  loi,  appelée  j^lia-Sentia,  le  maître  doit  être  âgé  de  vingt  ans 
révolus  pour  affranchir  par  la  baguette,  et  il  ne  peut  le  faire  que  sur 
un  motif  légitime  *,  jugé  tel  par  un  conseil  ^  composé  de  cinq  séna- 
teurs et  de  cinq  chevaliers  Romains  *".  L'affranchi  doit  avoir  trente 
ans  pour  devenir  citoyen  Romain"  ;  au-dessous  de  cet  âge,  il  n'est  que 
citoyen  Latin  *^  L'état  de  citoyen  est  interdit  à  l'affranchi  marqué, 
ou  qui  a  subi  la  torture,  ou  qui  a  combattu  dans  les  jeux  publics  *^ 
Ces  derniers  affranchis  forment  une  classe  à  part  qu'on  nomme  des 
déditices  **,  c'est-à-dire  de  la  condition  des  peuples  vaincus  qui  se 
.sont  rendus  à  discrétion.  Ces  malheureux,   traités  ^en   ennemis, 

1  Suet.  Aug.  40.  —  Dion.  LV,  15.  =  2  insiit.  I,  tit.  7.  —  Gaii,  I,  §  42,  44.  =  '  Gaii, 
I^  g  45.— Ulpian.  lit.  1,  §  24.— Paul.  Sentent.  rerept.IV,  tit.  14.— Vospic.  Tacit.  10.= 
*  Gaii,  I,  §  46.-ripian.  IbiA.  §  23.  —  Paul.  Ibid  =  5  Gaii,  I,  §  45.  =  «  Ibiâ.  g  46, 
et  Epilome.—  Gaii,  in  Icg.  roni.  Visigot.  1,  2,  §  5,  4.  =  "  Dion.  LV,  15.  =  »  Gaii,  I, 
g  17,  18,  58.  —  Insiit.  I,  fit.  6,  g  4,  7.  =  »  Gaii.—  Fnstit.  Ibid.  —  Ulpian.  tit.  1,  g  12, 
15.  =  '0  Gaii,  I,  §  20.—  Ulpian.  lit.  1,  §  15.  =  n  Gaii,  I,  g  17.—  Ulpian.  lit.  1,  g  12- 
=  12  Gaii,  Ibid.  ^  '3  Gaii,  1,  g  15.  —  Ulpian.  tit.  1,  g  11.—  Suet.  .\ug.  40.  =  l*  De- 
diticii.  Gaii,  I,  §  14, 15.-Ulpian.  lit.  1,  g  11.— Instit.  I,  tit.  5,  g  3. 


LETTRE  XXIII.  451 

non-seulement  ne  peuvent  résider  à  Rome,  mais  pas  même  à  moins 
de  cent  mille  (")  à  la  ronde,  sous  peine  de  perdre  de  nouveau  la  li- 
berté, d'être  vendus  eux  et  leurs  biens  *. 

Sous  le  principal  de  Tibère,  une  autre  loi,  la  loi  Julia-Norhana, 
rendue  l'an  sept  cent  soixante-douze,  imposa  de  nouvelles  entraves 
au  droit  d'affranchissement  :  elle  établit  que  tout  esclave  vendu  par 
un  citoyen  Romain  à  un  autre  citoyen  Romain,  et  non  livré  soit 
avec  la  formalité  de  la  mancipation,  soit  par  une  cession  juridique, 
ou  bien  qui  n'appartiendrait  pas  depuis  un  an  à  son  nouveau  maî- 
tre, n'acquerrait  par  l'afïVanchissement  que  les  droits  de  Latium  ^ 
Ces  affranchis,  appelés  Latins'^,  ou  Latins-Juniens '' ,  étaient  censés 
retomber  dans  l'esclavage  en  mourant,  et  leurs  biens  restaient 
comme  un  pécule  à  ceux  qui  les  avaient  rendus  libres  ^  ou,  à  leur 
défaut,  au  peuple  ®.  Un  chef  de  cette  loi  permet  cependant  à  tout 
Latin  qui  a  épousé  une  Romaine  ou  une  Latine,  libres,  de  devenir 
citoyen  Romain,  en  prouvant  devant  le  préteur,  ou  devant  le  gou- 
verneur de  la  province,  qu'il  a  un  fils  ou  une  fille,  et  qu'il  est  marié 
depuis  un  an.  Par  cette  déclaration,  son  fds  ou  sa  fdle,  ainsi  que  sa 
iÇemme,  acquièrent  aussi  le  droit  de  cité  Romaine  ^ 

Cette  libéralité  étendue  à  la  femme  et  à  la  fille  de  l'affranchi  te 
paraîtra  peut-être  extraordinaire  ,  mais  la  législation  de  cette  époque 
n'a  jamais  été  dirigée  que  contre  les  esclaves-hommes,  parce  qu'on 
les  craignait  en  raison  de  leur  grand  nombre,  et  surtout  qu'on  ne 
voulait  pas,  en  leur  concédant  trop  de  droits,  risquer  d'avilir  la  con- 
dition de  citoyen  Romain.  11  n'en  était  pas  de  même  des  esclaves- 
femmes  :  du  vivant  de  l'Empereur  Auguste,  la  loi  Papia-Poppœa, 
rendue  l'an  sept  cent  soixante-deux,  donna  aux  affranchies  mères 
de  quatre  enfants  le  droit  de  tester  librement,  et  sans  rien  léguer  à 
leurs  patrons.  C'était  là  une  grande  innovation.  Cependant,  pour  ne 
pas  détruire  complètement  le  lien  du  patronage  ,  on  permit  au  pa- 
tron de  prétendre  sur  la  succession  de  son  ancien  esclave  une  part 
égale  à  celle  de  chacun  des  enfants  survivants  ^ 

Les  législateurs  se  sont  toujours  fort  préoccupés  de  ces  questions 
d'héritages.  J'ai  dit  dans  ma  lettre  que  les  enfants  des  affranchis  hé- 
ritaient au  préjudice  des  patrons;  la  loi  Papia-Poppœa  modifia  cette 

1  Gaii,  I,  §  27.  =  2  Ulpian.  lit.  1,  §  16.  =  »  Instit.  I,  lit.  5,  §  3.  —  Ulpian.  Ibid.  = 
*  Latini  Juniani.  Gaii,  1,  §  22  ;  HI,  §  56.  —  Ulpian.  lit.  1,  §  5.  =  s  Gaii,  UI,  §  56.  — 
Inslil.  111,  lit.  8,  §  4.  =  6  Gaii,  Ul,  g  62.  =  '^  Ulpian.  lit.  3,  §  3.  =  8  /j,rf.  tit.  29,  g  3. 
—Gaii,  III,  §  42,  44.— Suet.  Claud.  19.  (<»)  148  kilom.  150. 


452  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

disposition  :  elle  décida  que  les  patrons  ne  seraient  plus  exclus 
qu'autant  que  leur  affranchi  laisserait  trois  enfants,  ou  bien  quand 
sa  succession  ne  s'élèverait  pas  à  cent  mille  sesterces  (").  Mais  lors- 
qu'elle atteignait  cette  somme,  et  qu'il  y  avait  moins  de  trois  enfants, 
le  patron  avait  droit  à  une  part  virile ,  c'est-à-dire  à  la  moitié  ou  au 
tiers  de  la  succession  ^ 

Maintenant  que  je  suis  loin  de  Rome,  de  ce  brillant  tourbillon  qui 
m'enivrait,  et  qui  peut-être  a  faussé  mon  jugement  sur  bien  des 
points,  je  ne  puis  encore  réfléchir  de  sang-froid  à  cette  singularité 
d'une  nation  tout  entière  servie  par  un  peuple  d'esclaves,  sans  admi- 
rer le  dédain  des  soins  domestiques,  la  fierté  qui  empêchent  un 
citoyen  Romain  de  se  livrer,  au  profit  d'un  tiers,  à  des  fonctions  ser- 
viles.  Celte  coutume  qui  est  pour  ainsi  dire  dans  le  sang  Romain,  et 
que  rien  ne  saurait  détruire,  flatte  singulièrement  l'orgueil  national, 
car  la  foule  d'esclaves  de  toutes  les  nations  qu'elle  rend  nécessaires, 
et  dont  Rome  est  encombrée,  semblent  dans  cette  ville  les  repré- 
sentants de  la  servitude  de  l'univers. 

»  Gaii,  I,  8  41,  42.  —  Digest.  XXXVII,  tiU    14,   leg.  16   —  Inslit.  IH,  tit.  8,  §  2, 
(•)  26,891  fr. 


LETTRE  XXIV. 


LES   VOLEURS. 


Sans  le  chercher,  et  presque  sans  le  vouloir,  je  me  mets  à  la  mode 
romaine  :  j'ai  quitté  mon  sayon  pour  la  toge,  je  me  coupe  la  barbe, 
je  crois  même  que  je  me  suis  fait  épiler  les  bras  et  les  jambes.  Voilà 
maintenant  que  je  porte  un  anneau.  Mais  ceci  est  moins  une  affaire 
de  caprice  qu'une  chose  de  nécessité.  Les  Romains  écrivent  beau- 
coup, tiennent  beaucoup  de  comptes,  correspondent  fréquemment 
avec  leurs  amis,  et  pour  authentiquer  leurs  écrits,  en  assurer  l'exac- 
titude, faire  reconnaître  leurs  lettres,  ils  apposent  au  bas  une 
empreinte  particulière  fixée  à  un  anneau  '  qu'ils  portent  au  petit 
doigt  de  la  main  gauche  ^.  C'est  ce  qu'ils  appellent  un  symbole^. 
L'image  qu'on  y  fait  graver  est  tout-à-fait  de  fantaisie;  quelquefois 
c'est  le  portrait  d'un  aïeul  *,  ou  un  souvenir  de  gloire  :  par  exemple, 
Sylla  signait  avec  un  symbole  où  l'on  voyait  Bocchus  qui  lui  livrait 
Jugurtha  ',  et  le  symbole  de  Pompée  représentait  trois  trophées  *, 
emblème  de  ses  triomphes  sur  l'Europe,  l'Asie,  et  l'Afrique. 

L'usage  des  symboles  ne  date  que  du  milieu  du  cinquième  siècle ^ 
Le  droit  d'en  porter  fut,  comme  encore  aujourd'hui,  réservé  aux 
hommes  libres.  Quoi  de  plus  convenable,  en  effet,  que  les  moyens 
de  signer  ne  soient  donnés  qu'à  ceux  qui  peuvent  engager  leur 
parole  ! 

La  manie  de  briller  a  fait  de  cet  objet  d'utilité  une  parure  de  luxe 
en  même  temps.  Autrefois,  l'anneau,  qu'il  fût  de  fer  ou  d'or,  por- 
tait la  signature  sur  lui-même  :  on  a  imaginé  depuis  de  la  graver 
sur  des  pierres  précieuses.  Dès  lors  se  perdit  la  vieille  coutume  de 
mettre  l'anneau  à  la  main  droite,  qui  est  la  main  d'action;  on  le 
transporta  à  la  main  gauche,  qui  demeure  oisive,  parce  que  les  élé- 
gants craignirent  que  le  mouvement  continuel  de  la  main  droite 
n'endommageât  leur  anneau  ^.  Les  hommes  ont  fini  par  avoir  des 

1  Tit.-Liv.  XXVII,  28.  —  Macrob.  Saturn.  VII,  15.  =  2  Plin.  XXXIII,  1.  =  3  Ibid.  — 
Plaul.  Pseudol.  I,  1,  v.  55  ;  Slich.  111,  1,  v.  54.  —  Tercnt.  Andr.  1,  1,  v.  61.  =  *  Cir. 
Calil.  111,  5.  =  5  Plin.  XXXVII,  1.— V.  Max.  VHI,  U,  4.  —Plut.  Mur.  13;  Sulla,  4.= 
«  Dion.  XLII,  p.  218.  =  7  Plin.  XXXIII,  1.  =  »  Macrob.  Saturn.  VU,  13. 


ir;i  UOME  AU  SIÈCLE  D  AUGUSTE. 

Duc(]ilioihl'iiues,  ou  boîtes  à  baj^uos,  tant  ils  pousseront  loin  lo  luxe 
de  cfitlo  parure,  et  l'on  rite  S(;aurus,  beau-fils  de  Sylia,  pour  avoir, 
le  premier  à  Rome,  possédé  une  boîte  de  ce  genre  '. 

Les  anneaux  servent  aussi  à  garantir  des  vols  domestiques  :  on 
met  sous  leur  empreinte  tous  les  objets  qu'on  veut  sauver  du  lar- 
cin, les  aliments,  les  boissons,  exposés  à  la  gourmandise  ou  à  l'i- 
vrognerie des  esclaves-,  de  menus  meubles,  des  ustensiles^.  Divers 
vols  de  ce  genre,  commis  chez  moi,  me  donnèrent  l'idée  d'avoir  aussi 
mon  anneau-symbole. 

Ces  petits  actes  d'infidélité,  assez  fréquents  malgré  les  pré- 
cautions prises  pour  les  prévenir,  ne  sont  rien  en  comparaison  des 
vols  de  tous  genres  qui  se  commettent  au  dehors.  Je  dois  le  dire,  car 
j'en  suis  certain  maintenant,  Rome  est  un  pays  de  voleurs.  Danscette 
ville  immense,  qui  est  comme  la  cloaque  où  viennent  se  rendre  et  se 
grossir  tous  les  égouts  de  l'univers  *,  certains  individus,  bravant  et 
les  lois  et  les  magistrats,  font  consister  leur  industrie  dans  le  vol. 

Depuis  des  siècles,  la  race  des  voleurs  infecte  Rome  et  l'Italie, 
mais  Rome  particulièrement.  De  nombreuses  distributions  de  blé 
que  l'on  fait  dans  la  ville,  et  qui  de  toutes  parts  y  attirent  des  pares- 
seux et  des  fainéants  ';  les  somptueuses  demeures  qui  l'embellissenl; 
les  innombrables  et  riches  présents  qui  décorent  ses  temples,  qui 
remplissent  ses  tavernes,  sont  un  appât  pour  la  cupidité,  et  font  de 
cette  capitale  comme  la  patrie  des  voleurs  ^  Les  guerres  civiles  du 
commencement  de  ce  siècle  ont  encore  fait  pulluler  cette  engeance  ; 
une  foule  de  mauvais  sujets,  ayant  contracté  dans  ces  temps  désas- 
treux leshabitudes  d'une  vie  de  pillage,  de  débauche  et  de  prodigalité, 
réduits  à  la  misère  par  le  rétablissement  de  l'ordre,  incapables  d'exer- 
cer une  profession  honnête,  se  sont  faits  voleurs  pour  exister. 

A  l'époque  où  l'Empereur  resta  seul  maître  de  la  république,  ces 
brigands  infestaient  non-seulement  Rome,  mais  l'Italie  et  la  Sicile. 
Ils  les  dévastaient  publiquement,  et  leurs  ravages  ressemblaient  plu- 
tôt à  des  pillages  audacieux  qu'à  de  secrètes  rapines.  Les  voyageurs 
libres,  les  esclaves,  étaient  enlevés  sur  les  routes  et  retenus  dans  des 
Frgastulaires  ou  prisons  d'esclaves.  Le  prince  chargea  l'un  de  ses 
lieutenants  de  réprimer  ces  attentats  :  des  gardes  furent  mis  aux 
endroits  suspects  ou  dangereux,  on  visita  les  Ergastulaires  ,  un  grand 

i  Plia.  XNXVU,  1.  =  2  Id.  XXXllI,  1.— Tlaut.  f.asin.  II,  1,  v.  1.  —  Cic.  Ep.  famil. 
XYI,  26.  =  S  Cic.  Ibtd.—Tac.  Atin.  Il,  2.  =  *  Ibid.  XV,  44.  =  5  Appian.  de  Bell.  civ. 
II,  p.  820   =6  Juv.  S   13,  V.  147. 


LETTIΠ XXIV.  455 

nombre  de  coupables  furent  suppliciés,  et  en  moins  d'une  année  la 
sûreté  se  trouvait  rétablie  partout  '.  On  {)rétend(iue  ces  circonstances 
inspirèrent  l'idée  d'établir  des  rondes  de  nuit  comme  cela  se  prati- 
que maintenant  ^. 

Les  voleurs  de  grands  chemins,  que  l'on  appelle  grassateurs^, 
sont  beaucoup  moins  nombreux,  grâce  à  cette  surveillance  conti- 
nuelle, sans  que  leurs  bandes  soient  complètement  détruites.  II  y  a 
certains  lieux,  aux  environs  de  Rome,  où  il  n'est  pas  prudent  de 
passer  le  soir;  je  le  sais  par  expérience,  et  dernièrement  j'ai  man- 
qué d'être  volé  sur  la  voie  Appia,  à  peu  de  distance  de  la  ville,  dans 
un  lieu  dit  le  tombeau  de  Basilus,  depuis  longtemps  célèbre  par  ce 
genre  d'expéditions  criminelles*. 

Si  la  vigilance  de  la  police  tient  éloignés  de  la  ville  la  plupart  des 
voleurs  en  grand,  avec  effraction  et  violence,  Rome  n'en  reste  pas 
moins  leur  point  de  mire,  et  de  temps  en  temps  ils  y  font  des  incur- 
sions. Atin  de  pouvoir  profiter  de  tous  les  instants  favorables,  ils  ont 
été  se  postera  une  distance  moyenne  de  cette  belle  proie,  assez  loin 
pour  être  à  l'abri  des  atteintes  quotidiennes  des  vigiles,  pas  assez 
pour  perdre  la  ville  de  vue.  C'est  dans  la  Campanie  qu'ils  se  sont 
réfugiés,  et  comme  ils  ne  pouvaient  vivre  que  dans  un  grand  centre 
de  richesses,  ils  ont  choisi  les  environs  de  Cumes  et  de  Baies,  contrée 
où  les  Romains  ont  de  somptueuses  maisons  de  plaisance.  II  y  a  là, 
sur  le  bord  de  la  merThyrrhénienne,  une  forêt  nommée  Ca^/moire^, 
qui  leur  sert  de  repaire  habituel.  De  ce  lieu  ils  poussent  des  reconnais- 
sances dans  les  environs,  et  s'avancent  jusqu'aux  Marais  Pontins^  à 
moitié  chemin  de  Cumes  et  de  Rome.  C'est  pour  eux  une  excellente 
embuscade  pour  attendre  les  voyageurs  de  la  voie  Appia;  ils  les 
laissent  s'engager  assez  avant  sur  cette  voie,  qui  n'est  qu'une  étroite 
chaussée  en  plein  dans  les  marais '',  puis  ils  les  attaquent  avec  d'au- 
tant plus  de  sécurité  que  la  traversée  ayant  plus  de  dix-huit  milles  (") 
de  long,  les  voyageurs  ne  peuvent  appeler  du  secours  dans  ce  lieu 
désert,  et  moins  encore  en  recevoir  ;  ou  si  par  hasard  il  survenait 
quelque  troupe  de  soldats,  ou  d'autres  voyageurs,  comme  la  route 
est  toute  droite,  les  agresseurs,  les  voyant  venir  de  loin ,  auraient  le 
temps  de  fuir  en  sens  contraire,  ou  bien  de  se  jeter  dans  des  bar- 

1  Suet.  Aug.  32.  —  Appian.  de  Bell.  civ.  V,  p.  H78.  =  2  Appian.  Ibid.  p.  1179.  = 
^jGrassatores.  Suet.  Cœs.  72;  Aug.  32,  43.  —  Manil.  V,  v.  646.  —  Juv.  S.  3,  v.  305.  = 
*  Cic.  ad  Attic.  VU,  9.  —  Ascon.  in  Milo.  p.  201.  =  8  juv.  S.  3,  v.  307. — Sliab.  V, 
p.  243  ;  ou  235,  tr.  fr.  =  «  Juv.  IMd.  =l>  Lettre  XLIH.  (<•)  26  kilomètres  667. 


486  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

ques,  et  de  gagner  le  large  ',  les  Marais  étant  couverts  d'eau,  et 
coupés  de  canaux  en  communication  directe  avec  la  mer. 

Une  pensée  toute  simple  vient  en  lisant  ces  détails  :  puisque  l'on 
sait  où  sont  les  repaires  de  voleurs,  pourquoi  ne  les  détruit-on  pas? 
Probablement  c'est  que  cela.n'est  pas  possible,  ou  que  le  mal  ne  pa- 
raît pas  assez  intolérable.  Dans  les  affaires  de  ce  genre,  les  Romains 
attendent  toujours  la  dernière  extrémité  ;  il  a  fallu  que  les  esclaves 
de  Spartacus  fussent  organisés  en  armée  pour  qu'on  songeât  à  les 
combattre  ;  Pompée  ne  fut  envoyé  contre  les  pirates  de  la  Méditer- 
ranée que  lorsqu'ils  affamèrent  Rome,  en  arrêtant  les  convois  de  blé 
envoyés  du  dehors  pour  sa  subsistance  ;  enfin  de  nos  jours  on  s'oc- 
cupa de  réprimer  les  brigandages,  quand  les  brigands  étaient  maîtres 
du  pays.  Il  semble  que  les  Romains  craignent,  ou  dédaignent  d'em- 
ployer la  force  militaire  pour  les  affaires  domestiques.  Vois  pour 
Rome,  dont  la  tranquillité  leur  importe  tant,  combien  est  récente  l'in- 
stitution du  corps  des  vigiles  *;  à  plus  forte  raison  ce  qu'on  fait  à  si 
grand'peine  pour  la  ville,  ne  le  ferait-on  point  pour  une  province, 
bien  que  cette  province  soit  pour  ainsi  dire  à  la  porte  de  Rome. 

Cependant  je  crois  que  l'on  commence  à  sentir  la  nécessité  d'une 
répression  ;  de  temps  en  temps  la  force  armée  vient  faire  des  re- 
cherches dans  les  Marais  Pontins  et  dans  la  forêt  Gallinaire  ^  Alors 
les  voleurs  déguerpissent  au  plus  vite,  et,  mettant  à  profit  cette  re- 
cherche même,  gagnent  la  mer,  se  jettent  dans  des  barques  de  pê- 
cheurs*, et  se  replient  sur  Rome,  où  ils  se  glissent  à  la  faveur  de  la 
nuit.  Ils  y  accourent  comme  des  chasseurs  dans  un  lieu  bien  peuplé 
de  gibier*,  et  s'y  précipitent  d'autant  plus  audacieusement,  qu'ils  la 
savent  dégarnie  d'une  partie  de  ses  gardes. 

Les  voleurs,  toujours  à  l'affût  des  occasions  propices,  affluent  en- 
core dans  la  ville  lorsqu'on  y  donne  des  spectacles  publics.  Dansées 
circonstances  tout  le  monde  est  dehors ,  la  population  entière  se 
porte  aux  théâtres  ou  aux  Cirques,  les  maisons  sont  abandonnées 
de  leurs  habitants,  et  Rome  devient  si  déserte,  qu'il  serait  dangereux 
de  s'aventurer  seul  dans  ses  rues,  bien  qu'en  plein  jour,  si  l'Empe- 
reur n'avait  toujours  soin  alors  de  poster  de  place  en  place  des  corps 
de  garde  pour  veiller  à  la  sûreté  des  citoyens  *. 

Les  voleurs-grassateurs  sont  les  plus  dangereux,  parce  qu'ils  por- 


'  CoDjeclure.  =  »  Lettre  XX.  =  »  Juv.  S.  3,  v.  303.  =  »  Conjecture.  =  »  Tanqnam 
ad  vivaria  currunt.  Juv.  S.  5,  v.  508.  =;  6  Suel,  Aug.  45, 


i 


LETTRE  XXIV.  457 

lent  toujours  des  épées',  pour  attaquer,  se  défendre,  assassiner  au 
besoin'^,  et  des  leviers  et  des  pinces  pour  enfoncer  les  portes  ou  per- 
cer les  murs  ^  Ils  vont  par  troupes  *,  reconnaissent  dos  chefs,  et  ob- 
servent entre  eux  certaines  lois  pour  le  partage  du  butin.  Il  n'est 
pas  rare  de  trouver  ici  des  esprits  faibles  ou  inconséquents,  qui,  tout 
en  s' abandonnant  à  de  mauvaises  passions ,  conservent  des  senti- 
ments religieux,  et  sont  assidus  aux  pratiques  du  culte.  Les  voleurs 
ont  un  peu  de  cette  singulière  dévotion;  ils  adorent  une  certaine 
déesse  Laverna'^  quWs  regardent  comme  leur  protectrice,  et  dont  le 
temple  se  trouve  aux  portes  mêmes  de  de  Rome,  dans  un  bois  situé 
au  midi  delà  ville,  sur  la  voie  Salaria^.  C'est  une  superstition  plu- 
tôt qu'une  dévotion,  car  le  sentiment  religieux  est  si  étranger  au 
cœur  de  ces  misérables  qu'ils  traitent  les  autres  dieux  ou  déesses  à 
l'égal  des  hommes  :  non-seulement  ils  ne  se  font  pas  scrupule  de 
piller  leurs  temples  quand  ils  peuvent,  mais  ils  vont  jusqu'à  s'atta- 
quer à  l'image  même  de  la  divinité,  remportent  si  elle  est  d'un  mé- 
tal précieux,  ou  la  grattent  lorsqu'elle  n'est  que  dorée '^. 

Le  métier  de  voleur,  même  de  celui  qui  ne  recourt  pas  à  la  vio- 
lence, présente  de  très-grands  dangers  :  la  loi  des  XII  tables  permet 
de  tuer  le  voleur  de  nuit  pris  en  flagrant  délit,  et  le  voleur  de  jour, 
s'il  se  défend  avec  une  arme  quand  on  veut  l'arrêter;  mais  celui  qui 
le  tue  doit  crier  et  appeler  les  citoyens*,  sage  précaution  dans  une 
loi  qui  permet  de  se  faire  justice  soi-même  :  c'est  le  cri  de  l'inno- 
cence qui,  dans  le  moment  de  l'action,  appelle  des  témoins,  appelle 
des  juges.  Il  faut  que  le  peuple  prenne  connaissance  de  laction,  et 
qu'il  en  prenne  connaissance  dans  le  moment  qu'elle  a  été  faite, 
dans  un  temps  où  tout  parle,  l'air,  le  visage,  les  passions,  le  silence, 
et  où  chaque  parole  condamne  ou  justifie.  Une  loi  qui  peut  devenir 
si  contraire  à  la  sûreté  et  à  la  liberté  des  citoyens,  doit  être  exécutée 
en  la  présence  des  citoyens'.  Crier  ainsi  publiquement,  c'est  quiri- 
ter,  c'est-à-dire  appeler  les  Quirites,  les  citoyens  '". 

La  même  loi  statuait  que  les  voleurs  dont  le  crime  aurait  été  com- 
mis en  plein  jour,  sans  qu'ils  eussent  entrepris  de  se  défendre,  seraient 
fustigés  et  livrés  à  celui  qu'ils  auraient  volé,  pour  lui  rendre  tous  les 

1  Juv.  s.  3,  V.  303.  =  2  Hor.  I,  Ep.  2,  v.  32.  =  3  Paul.  ap.  Fest.  v.  veclicularia.  = 
*  Decidil  acrem  prœdonum  in  turbani.  Hor.  I,  S.  2,  v.  42.  =  5  Hor.  I,  Ep.  16,  v.  60. 
—Non.  Marcell.  v.  Laverna.  =  *  Acron.in  Hor.  I,  Ep.  16,  v.60.  = ''  Juv.  S.  13,  v.  liô. 
=  «Cic.  proMilo.  3;  fragm.  pro  Tullic— A.  Gell.  XI,  18;  XX,  1— Uigest.  IX,  tit.  2, 
leg.  4,  §  1  ;  XLVII,  lit.  2,  leg.  56,  g  2.  =  9  Monlesq.  Esprit  des  lois,  XXIX.  15.  = 
1"  Quirilare.  Varr.  L.  L.  YI,  g  58. 


458  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

services  d'un  esclave,  s'ils  étaient  d'une  condition  libre.  Quant  aux 
esclaves  convaincus  de  larcin,  ils  étaient  battus  de  verges  et  préci- 
cipilcs  de  la  roche  Tarpéienne.  Les  impubères,  coupables  du  même 
crime,  devaient  être  châtiés  par  ordre  du  préteur,  et  réparer  hî  dom- 
mage qu'ils  avaient  causé  K 

Le  temps  a  beaucoup  modéré  la  sévérité  de  la  loi  décemviralo,  et 
aujourd'hui  le  voleur  n'est  plus  condamné  qu'à  la  restitution  du 
quadruple,  si  le  vol  est  manifeste^  ;  du  triple,  s'il  est  prémédité;  et 
du  double  seulement  s'il  n'est  point  manifeste',  tout  cela  comme 
amende,  indépendamment  de  la  restitution  de  l'objet  volé*. 

Un  vol  est  manifeste  quand  on  prend  le  voleur  sur  le  fait,  dans  le 
lieu  même,  ou  quand  on  le  trouve,  dans  un  lieu  public  ou  particu- 
lier, tenant  encore  la  chose  volée.  S'il  l'a  portée  chez  lui  ou  chez  un 
receleur,  le  vol  n'est  plus  manifeste  ^  mais  recelé.  Autrefois  on  pro- 
cédait à  la  recherche  d'un  recel  par  une  perquisition  domiciliaire*, 
qu'en  terme  légal  on  appellait  par  le  bassin  et  la  ceinture''.  Cette  per- 
quisition se  faisait  avec  l'autorisation  du  Préteur  urbain,  sur  la  re- 
quête de  la  personne  volée,  qui  devait  jurer  par  les  dieux  que  la 
ivisite  qu'elle  réclamait  n'avait  d'autre  but  que  de  retrouver  son 
bien.  Le  plaignant  lui-même,  ou  plus  souvent  l'un  des  licteurs  du 
magistrat,  fouillait  la  maison  suspecte. 

Afin  de  prévenir  toute  fraude  et  d'empêcher  que  Ton  n'abusât  de  ce 
moyen  pour  nuire  à  des  personnes  innocentes  en  introduisant  chez 
elles  (les  objets  qu'on  les  accuserait  d'avoir  volés,  et  que  l'on  fein- 
drait d'y  trouver,  celui  qui  faisait  la  perquisition  dépouillait  ses  vê- 
tements avant  d'entrer  dans  la  maison,  et  revêtait  seulement  une 
simple  ceinture,  par  respect  pour  les  mères  de  famille  et  les  jeunes 
filles*;  de  plus,  il  portait  devant  lui  un  bassin,  dans  lequel  il  mettait 
d'abord  la  permission  écrite  autorisant  la  visite  domiciliaire,  puis 
l'objet  retrouvé,  s'il  pouvait  tenir  dans  ce  bassin,  pour  le  porter  au 
Forum  devant  le  magistrat  ^  *. 

Ce  mode  de  perquisition  domiciliaire  est  aboli  depuis  plus  d'un 
siècle,  soit  qu'on  le  regardât  comme  attentatoire  à  la  liberté  des  ci- 
toyens, soit  plutôt  qu'on  se  fût  convaincu  de  son  inutilité,  les  re- 

1  A.  Gell.  XI,  18.  — Gaii,  UI,  g  189.  =  2  caii.— A.  Gell. /6id.— Instil.  IV,  lit.  1,  §5; 
lit.  6,  §  25.— Cic.  frasim.  pro  Tullio,  2.  —Quint.  Insiit.  oral.  VU,  4,  6.  =  3  Gaii,  111, 
g  191.  — Instil.  IV,  lit.  1,  §  3.  —A.  Gell.  Ibid.  =  *  Paul.  Sentenl.  rerept.  II,  lit.  31, 
I  14.  =  5  Gaii,  111,  §  184,  186.  — Inslit.  IV,  lit.  1,  §  3.  =6  1nslil.  Ibid.  g  4.  =  ''Ver 
lance  et  licio.  =  »  Gaii,  III,  g  192.  —  Paul.  ap.  Fest.  v.  Lance.  =  »  Gaii,  III,  g  192, 
193.— Petron.  97. 


LETTRE  XXIV.  459 

cherches  ne  pouvant  guère  avoir  de  résultat.  C'est  le  voleur  qu'on 
cherche  à  saisir,  et  quand  on  y  peut  parvenir,  on  atteint  quelquefois 
le  double  but  de  la  récupération  de  l'objet  volé,  et  de  la  punition  du 
délit: 

Les  vols  de  nuit,  avec  effraction  et  violence,  sont  punis,  soit  de  la 
relégation,  soit  d'une  condamnation  temporaire  aux  mines  ou  aux 
travaux  publics  K 

Parmi  les  voleurs  de  la  ville,  beaucoup  ne  sont  pour  ainsi  dire  que 
des  volereaux,  et  ne  se  livrent  qu'à  des  vols  légers,  qui  n'exigent 
qu'un  peu  d'effronterie  et  d'adresse  :  ils  se  contentent  de  dérober 
les  habits  dans  les  bains  publics  ^  de  l'encens  et  des  parfums  sur 
les  lits  funéraires  et  sur  les  tombeaux  '',  des  serviettes  dans  les  repas*, 
des  bourses  aux  passants.  On  appelle  cette  classe  de  voleurs  du  der- 
nier ordre  Manticulaires,  de  manticula,  bourse  ^,  et  Derectaires, 
parce  qu'ils  se  dirigent  dans  les  maisons  pour  y  faire  leur  main  ^. 

Les  voleurs  de  grande  route  ont  un  peu  de  la  générosité  des  con- 
quérants :  Palœmon,  célèbre  grammairien  du  jour,  m'a  raconté 
qu'étant  une  fois  tombé  dans  une  embuscade  de  grassateurs,  ils  le 
laissèrent  aller  sain  et  sauf  dès  qu'il  se  fut  nommé,  à  cause  de  sa  ré- 
putation littéraire.  Je  dois  ajouter  que  ce  Paltemon  est  l'homme  le 
plus  orgueilleux  qu'il  soit  possible  de  rencontrer  '^. 

Un  autre  trait  plus  singulier,  et  dont  l'authenticité  ne  peut  être 
révoquée  en  doute,  est  celui-ci  :  un  certain  Corocotta  désolait  l'Es- 
pagne par  ses  brigandages.  L'Empereur,  irrité,  promit  un  million  de 
sesterces  (")  à  celui  qui  le  lui  amènerait.  Corocotta  saisit  l'occasion 
de  cette  menace  pour  en  faire  sortir  son  pardon  ;  il  eut  l'audace  de 
venir  se  présenter  lui-même  à  l'Empereur,  qui  lui  fit  délivrer  la  ré- 
compense promise  *,  sans  doute  sous  bonne  caution  pour  l'avenir. 

Je  viens  de  te  peindre  un  petit  coin  des  misères  sociales  de  Rome, 
des  mœurs  de  la  plus  mauvaise  partie  de  la  plèbe,  et  des  dernières 
classes  sinon  de  la  société,  au  moins  de  la  population  de  la  ville. 
Mais  pour  te  faire  connaître  tous  les  voleurs  et  toutes  les  sortes  de 
vols,  il  me  faudrait  remonter  jusqu'aux  classes  les  plus  élevées  ;  car 
ici,  où,  après  le  glaive,  la  première  puissance  est  l'argent,  il  n'y  a 
sortes  de  moyens  qu'on  ne  mette  en  œuvre  pour  s'en  emparer.  Les 

»  Digesl.  XLVn,  lit.  11,  leg.  7;  til.  17,  leg.  1,  2.— Appian.  de  Bell.  civ.  IV,  p.  967. 
2  Plaul.  Kud.  n,  3,  V.  51.  —  Calui.  30.  =  3  Mart.  XI,  55.=  *  Catul.  i2.  =  3Fest 
V.  Maiilicularum  =  "Digest.  Ibid.  til.  11,  leg.  7.  =  ■<  Suet.  de  Ulust.  grammat.  25.  = 
8  Dion.  LVl,  45.  {")  268,900  fr. 


160  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

principaux  sont  l'usure,  vol  pacifique  et  sans  danger;  le  pillage,  vol 
en  grand  et  à  main  armée  ;  la  perception  des  impôts,  vol  multiple, 
le  plus  productif  et  le  plus  sûr  de  tous,  parce  qu'il  s'abrite  derrière 
la  légalité;  la  vénalité  soit  dans  les  tribunaux,  soit  dans  les  comices, 
autre  espèce  de  vol  non  moins  réel,  et  plus  infâme  peut-être  parce 
qu'il  peut  ravir  la  considération  et  l'honneur  à  ceux  qu'il  choisit 
pour  victimes;  l'infidélité  dans  les  comptes  de  finances;  la  tromperie 
sur  l'évaluation  et  l'exécution  des  travaux  publics;  les  fausses  dé- 
clarations de  cens,  et  cent  autres  choses  semblables.  Je  ne  renonce 
pas  à  t'entretenir  de  toutes  ces  turpitudes  qui  tiennent  si  intime- 
ment au  tableau  des  mœurs  de  Rome,  mais  je  me  contenterai  de  les 
mentionner  aujourd'hui,  parce  qu'elles  appartiennent  à  des  sujets 
spéciaux  que  je  trait<'rai  plus  tard  (").  Bien  que  la  société  en  masse  se 
montre  très-tolérante  pour  ces  mille  manières  de  s'emparer  du  bien 
d'autrui,  cependant  il  se  trouve  encore  des  gens  honnêtes  qui  ne  se 
font  pas  faute  de  les  flétrir  hautement  ;  le  vieux  Caton  si  renommé 
pour  sa  vertu,  se  plaignant  de  la  licence  et  de  l'impunité  du  péculat, 
ne  craignit  pas  de  dire  et  d'écrire  :  «  Les  voleurs  privés  passent 
leur  vie  dans  les  fers  et  dans  les  chaînes;  les  voleurs  publics,  dans  l'or 
et  dans  la  pourpre'.  »  Le  mot  de  Caton  est  resté,  mais  la  chose  aussi, 
malheureusement  pour  les  Romains. 


'  A.   Gell.  XI,   18.  (")  Voy.  Lettres  XXVI,  XLÏ,  LXVII,  LXX,  LXXXII,    LXXXIII, 
XCVIII. 


LETTRE  XXV. 


MA    SECONDE   VISITE    AU   CAPITOLE, 


Je  sors  du  Capitule.  Je  l'avais  déjà  vu  sommairement  ;  mais  cette 
fois  je  l'ai  visité  en  détail ,  exploré  dans  toute  son  étendue.  On 
appelle  souvent  Capitole  un  superbe  temple  de  Jupiter  bâti  sur 
le  mont  Capitolin  ;  c'est  une  désignation  abrégée,  une  dénomina- 
tion adjective  :  le  Capitole  est  proprement  toute  cette  colline,  la 
plus  petite  des  sept,  située  à  l'occident  de  la  ville,  entre  le  Forum  et 
le  Champ-de-Mars.  C'est  une  espèce  de  petite  ville  dans  la  grande, 
avec  ses  murailles  et  ses  portes ,  un  quartier  sans  maisons  et  sans  ha- 
bitants, attendu  qu'il  n'est  permis  à  aucun  citoyen  d'y  demeurer. 
Au  dehors,  il  présente  l'aspect  d'un  rocher  inexpugnable,  beaucoup 
plus  long  que  large,  et  un  peu  courbé  vers  l'une  de  ses  extrémités  ; 
à  l'intérieur,  son  sommet  se  partage  en  deux  petites  collines,  l'une 
au  midi,  l'autre  au  septentrion  *. 

Un  homme  que  je  vois  souvent  chez  Mamurra,  Petillius,  gardien 
en  chef  du  temple  *,  m'a  guidé  dans  la  visite  que  je  viens  de  faire. 
Hier,  il  est  arrivé  chez  moi  :  «  Depuis  longtemps,  me  dit-il,  je  vous 
promets  de  vous  montrer  notre  Capitole;  je  viens  vous  prendre  pour 
m'acquitter  de  ma  promesse.  —  Partons,  répondis-je.  »  Et  nous 
voilà  cheminant  ensemble.  Nous  suivons  les  longs  murs  du  Janicule, 
nous  traversons  le  Tibre  sur  le  pont  Palatin  ;  puis,  avançant  à  travers 
les  Vélabres,  le  viens  Jugarius,  toute  la  longueur  du  Forum,  nous 
arrivons  jusqu'au  temple  de  la  Fortune  '  et  aux  Rostres  *,  où  abou- 
tissent les  chemins  qui  conduisent  sur  le  Capitole.  Je  ne  sais  quelle 
espèce  d'instinct  vague  me  fit  prendre,  à  droite  des  Rostres,  la  voie 
qui  monte  presque  vis-à-vis  du  temple  de  la  Concorde  ^  puis  celle 
qui  s'infléchit  à  gauche  devant  cet  édifice,  et  passe  entre  les  temples 
de  Jupiter-Tonnant^  et  de  la  Fortune  :  «  Vous  cherchez  le  chemin  des 
Gaulois,  me  dit  Petillius;  justement  je  vous  y  conduisais.  — Ne 
sommes-nous  pas  dans  le  clivus  Capitolin?  repartis-je.  Les  enfants 

1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  Ville  rég.  =  *  Hor.  Il,  S.  i,  v.  94. — Acron.— Porphyi . 
in  Hor.  loc.  cil.  =  3  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  86.  =  *  Ibid.  a»  83.  =  *  Ibid. 
no  83.  =  «  Ibid.  n»  84. 


462  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

do  la  Gaule  prirent  une  route  moins  facile  :  la  roche  Tarpéienne  ne 
les  effraya  point.  — Ce  clivus  nous  y  mène,  repartit  mon  guide; 
nous  allons  escalader  aussi  le  rocher  de  Tarpéia,  mais  par  une  route 
plus  commode  et  plus  sûre  que  celle  de  vos  ancêtres.  » 

Un  peu  au-dessus  du  temple  de  la  Fortune,  le  clivus  détourne 
toul-à-coup  à  droile  et  monte  presque  directement  au  Capitole.  A  peu 
près  au  milieu  de  cette  montée,  Petillius  me  fit  entrer  à  gauche  dans 
une  voie  de  vingt-cinq  pieds  de  large  (")  environ,  partagée  en  deux 
rampes,  dans  lesquelles  sont  taillés  de  larges  degrés  très-inclinés, 
avec  de  petits  paliers  de  place  en  place  :  «  C'est  l'escalier  de  la  ro- 
che Tarpéienne,  continua-t-il,  ce  que  nous  appelons  les  Cent  mar- 
ches '.  Il  faut  que  vous  visitiez  tout  le  Capitole,  et  nous  commence- 
rons par  la  Forteresse, 

La  montagne  capitoline  se  divise  en  trois  quartiers  bien  distincts: 
la  Forteresse,  le  Temple  de  Jupiter,  et  \ Intermont.  La  Forteresse 
occupe  la  colline  méridionale  ;  le  Temple,  la  colline  septentrionale; 
et  rintermont,  l'espace  entre  ces  deux  monticules,  ainsi  que  son 
nom  l'indique. 

Nous  entrâmes  dans  la  Forteresse  ^  après  avoir  franchi  deux  portes, 
l'une  au  bout  de  la  première  rampe  des  Cent  marches,  l'autre  au 
sommet  de  la  deuxième,  où  cette  voie,  qui  va  toujours  en  se  rétré- 
cissant, n'a  plus  guère  que  dix  pieds  ['')  de  large.  La  Forteresse  ne  se 
compose  pas  uniquement  d'une  enceinte  de  murailles  crénelées  et 
munies  de  tours,  avec  quelques  logements  pour  les  soldats  ;  on  y 
trouve  six  temples  et  divers  autres  monuments.  En  arrivant  par  la 
porte  des  Cent  marches,  on  débouche  sur  une  petite  place,  où  trois 
temples  frappent  d'abord  les  regards  :  ce  sont  la  Curie  Kalahra  ', 
le  temple  de  Junon-Moneta  *,  et  le  temple  de  Jupiter-Férétrien^ . 

La  Curie  Kalahra,  dont  j'ai  déjà  parlé  {")  est  le  premier  édifice 
du  côté  des  Cent  marches. 

Le  temple  de  Junon-Moneta,  en  parallèle  et  tout  proche  de  la  Cu- 
rie, fut  construit  dans  les  premières  années  du  cinquième  siècle  de 
Rome;  Camille  le  bâtit  sur  l'emplacement  de  la  maison  de  Manlius. 
Originairement,  la  divinité  à  laquelle  il  est  consacré  n'avait  point  de 
surnom  ;  mais  un  tremblement  de  terre  (phénomène  trop  ordinaire 
ici)  ayant  épouvanté  la  ville,  on  entendit  sortir  du  temple  une  voix  ^ 

1  Plan  et  Descripl.  de  Rome,  n"  59.  =  2  ibid.  n°  60.  =  3  Ibid.  n"  61.  =  *  Jbid. 
ho  62.  =  ^lbid.  n»  68.  =  6  Cic.  de  Divinat.  I,  45  ;  II,  32.  (o)  5  moires  926.  {'')  2 
mètres  965.  («)  Lettre  XI,  p.  298. 


LETTRE  XXV.  4G5 

qui  conseillait  d'immoler  une  truie  pleine  en  expiation  du  prodige. 
Dès  lors  Junon  fut  appelée  Moncta,  c'est-à-dire  conseillère,  et  bien 
que  depuis  elle  soit  demeurée  muette,  le  surnom  lui  est  demeuré  ^ 

Sur  la  droite  de  la  place  s'élève  le  temple  de  Jupiter-Férétrien,  le 
plus  ancien  des  édifices  du  Capitole,  et  même  de  Home.  Rouuilus  le 
construisit  à  la  suite  d'une  victoire  qu'il  remporta  sur  les  Céninates.  Il 
tua  leur  roi,  rapporta  lui-même  h  Home  les  dépouilles  de  cet  ennemi  ^ 
en  dressa  un  trophée  sur  le  mont  Capitolin,  et  plus  tard,  érigea  au 
même  endroit  un  temple  où  il  ordonna  que  les  dépouilles  des  géné- 
raux ennemis  seraient  désormais  consacrées  ^.  Ce  n'est  qu'un  édi- 
cule;  à  peine  a-t-il  quinze  pieds  (")  dans  sa  plus  grande  longueur.  Il 
est  rempli  de  dépouilles  opimes,  de  ces  dépouilles  que  le  chef  d'une 
armée  romaine  a  conquises  en  tuant  de  sa  propre  main  le  chef  d'une 
armée  ennemie*.  Elles  sont  arrangées  en  trophées,  au-dessous  des- 
quels une  inscription  indique  le  nom  du  vainqueur.  Le  trophée  de 
Romulus  s'y  voit  encore  :  on  l'appelle  la  Première  opime  ". 

Ce  petit  temple  finit  par  devenir  insuffisant  ;  le  roi  Ancus  Mar- 
cius,  à  la  suite  de  plusieurs  guerres  heureuses,  l'agrandit  par  l'ad- 
jonction de  deux  ailes. 

Devant  le  temple  de  Jupiter-Férétrien  et  la  Curie  Kalabra ,  une 
petite  cabane  ronde  ^  couverte  en  roseaux,  atlirelles  regards  par  son 
humble  apparence  :  c'est  le  berceau  de  Rome,  l'habitation  de  Romu- 
lus au  temps  où  ce  fils  adoptif  de  Faustule  vivait  comme  un  berger. 
Cette  chaumière,  que  le  fondateur  de  Rome  construisit  de  ses  mains 
et  qui  porte  encore  son  nom'',  est  conservée  avec  une  sorte  d'orgueil. 
Les  Romains  la  vénèrent  comme  un  lieu  saint  ;  des  gardiens  spéciaux 
sont  chargés  de  l'entretenir  et  de  veiller  à  ce  que  la  même  forme  et 
le  même  aspect  lui  soient  conservés  toutes  les  fois  qu'elle  a  besoin  de 
réparations  ^  Rome  veut  qu'on  voie  d'où  elle  est  partie  pour  arriver 
à  l'empire  du  monde. 

Une  statue  en  airain  doré,  représentant  la  Louve  allaitant  Romulus 
et  lUmiis,  illustre  encore  la  place  de  la  Curie  Kalabra^  d'un  autre 
souvenir  de  l'origine  de  Rome. 

Dans  le  même  lieu,  auprès  de  la  Cabane  de  Romulus,  on  voit  un 
trophée  de  victoire,  rapporté  d'ApoUonie,  ville  de  Pont,  par  M.  Lu- 

1  Cic.  deDivinat.  II,  52  =  «  Tropert.  IV,  10.  — Plut.  Romul.  16.  =3Tit.-Liv.  I,  10.— 
D.  Halic.II,  34.=4Propert.  IV,  10,  V.41.  — Flor.  II,  4.— Serv.in.Eneid.VI,  V.855.  — Fest. 
v.Opima.— Plut.  Romul.  16;MarcelI.  8.— Dion.  XLIV,  4.  =  sprima  Opima.  Til.-Liv.  IV, 
20.=  6  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  60.  =  ''  Casa  Romuli.  Vilruv.  II,  1.— Macrob.  Sa- 
turn.  1, 15.  =  8  D.  Halic.  I,  79.  =  9  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  62.   («)  H  mètr.  444. 


464  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

cuUus,  c'est  une  statue  colossale  d'Apollon^ ;  elle  n'a  pas  moins  de 
trente  coudées  (")  de^haut. 

Non  loin  du  colosse  d'Apollon,  on  remarque  deux  autels* :  l'un, 
consacré  h.  Jupiter- Pisteur  (faiseur  de  pain),  parce  qu'il  avait  inspiré 
au  Romains  assiégés  par  nos  ancêtres  de  jeter  des  pains  dans  leur 
camp  afin  de  faire  croire  que  la  Forteresse  était  bien  approvisionnée, 
et,  par  cette  ruse,  de  les  dégoûter  du  siège  ;  l'autre  à  Jupiter-Soter 
ou  sauveur,  autel  sur  lequel  les  Romains,  après  le  départ  de  Rrennus, 
brûlèrent  le  reste  des  cuirs  et  des  vieilles  chaussures  qui  leur  avaient 
servi  de  nourriture  vers  la  fin  du  siège. 

Les  autres  édifices  de  la  Forteresse  sont  ï Atelier  des  monnaies, 
derrière  le  temple  de  Junon-Moneta';  les  logements  des  soldats'',  tour- 
nés vers  l'occident  ;  du  même  côté,  les  temples  de  la  Fortune  Primi- 
génie  et  de  la  Fortune  Obsequens^,  fondations  du  roi  Servius;  enfin, 
derrière Jupiter-Férétrien,  leteïm^le  de  Jupiter-Prœdator*^,  dieu  qui 
préside  au  butin. 

Dans  cette  tournée  rapide,  Petillius  me  fît  remarquer  un  puits''  dont 
le  fond  atteint  le  niveau  des  plus  basses  parties  de  Rome.  Il  est  fort 
ancien,  car  ce  ne  fut  que  dans  le  dernier  siècle,  l'an  six  cent  vingt- 
sept,  qu'on  amena  de  l'eau  vive  sur  la  montagne  du  Capitole  ('). 

Nous  étions  revenus  près  de  la  Cabane  Romulus  ,  lorsque  je  vis 
ouvrir  la  porte  des  Cent  marches  et  s'avancer  une  procession  sacrée, 
suivie  d'une  foule  de  peuple.  Les  prêtres  de  Junon,  qui  semblaient 
présider  à  cette  cérémonie,  escortaient  une  litière  couverte  dans  la- 
quelle se  pavanaient  gravement  quelques  oies  vêtues  d'un  lambeau  de 
pourpre  rehaussé  d'or  *.  La  procession  s'arrêta  devant  le  temple,  dans 
lequel  les  prêtres  firent  entrer  les  oies;  puis,  du  haut  du  portique, 
un  de  ces  ministres  congédia  le  peuple.  Quand  la  foule  se  fut  écoulée, 
Petillius  m'apprit  que  les  oies  que  je  venais  de  voir,  non  sans  sur- 
prise, traitées  avec  tant  de  vénération,  appartenaient  à  Junon  ;  qu'on 
les  nourrissait  dans  le  temple  de  la  déesse,  aux  frais  du  pubhc^  comme 
les  descendants  de  ceux  qui,  par  leurs  cris,  sauvèrent  le  Capitole  de 
l'escalade  des  Gaulois.  Il  ajouta  qu'à  l'époque  anniversaire  de  ce  jour 
mémorable,  le  m  des  nones'°  d'Auguste*' ('^j,  on  répétait  la  procession 
dont  je  venais  de  voir  le  dénouement;  puis  me  conduisant  sur  l'une 

>  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  61.  =  î  Ibid.  n»  63.  =  3  Ibid.  n"  62.  —  *  Ibid. 
1)0  67.  =  5  Ibid.  nos  65,  66.  =  ^  /fc,rf,  n»  69.  =  ^  Ibid.  n"  67.  —  »  Serv.  in  .€neid. 
VUl,  V.  652.  =  9  Tit  -Liv.  V,  47.— Plut.  Camil.  27  ;  de  fort.  Rom.  p.  288.  =  ">  Lyd. 
de  Mens.  111,  40.  =  "  Ibid.  —  Saii.  v.  isi'jûoiifjix;.  (a)  13  mélr.  50.  (')  Par  l'aqueduc  de 
la  Tepula.  Voy.  Lettre  LXVII.   («)  le  3  Auguste. 


LETTHI':  XX.V.  Av.r, 

des  tours  méridionales  de  la  Forteresse  :  «  Regardez  à  vos  pieds,  con- 
tinua-t  il,  près  du  pont  Palatin,  entre  les  temples  de  la  Jeunesse  et  de 
Summanus  ^ — J'aperçois  quelques  croix  sur  lesquelles  sont  attachés 
des  quadrupèdes... — Des  chiens,  les  chiens  du  Capitole^ — Comment? 
—  Oui;  par  la  raison  qu'on  récompense  la  vigilance  des  oies,  que 
nous  appelons  toujours  les  gardiens  de  la  forteresse  Tarpéienne^,  on 
punit  dans  les  chiens  la  qualité  contraire;  vous  savez  qu'ils  s'endor- 
mirent au  lieu  de  veiller.  Ces  animaux  ont  été  portés  dans  la  pro- 
cession sur  l'instrument  de  leur  supplice*.  Il  est  bon  de  perpétuer 
dans  le  peuple  le  souvenir  que  les  Barbares  ont  échoué  contre  notre 
Capitole.  — Et  si  cela  n'était  pas  vrai,  dis-je  en  me  redressant  fière- 
ment?—  Il  faut  que  cela  soit,  repartit  Petillius  en  souriam;  mais, 
ajouta-t-il,  ni  moi  ni  vous  ne  sommes  obligés  de  le  croire.  » 

En  effet,  les  Gaulois  renversés  du  Capitole;  la  Forteresse  voulant 
capituler  et  faisant  offrir  aux  assiégeants  mille  livres  pesant  d'or  (")  ; 
Camille,  dictateur,  rompant  le  traité  par  cette  parole  superbe  :  «  Les 
Romains  se  rachètent  par  le  fer,  non  par  Tor»  ;  enfin  Brennus  battu 
par  Camille,  les  Gaulois  taillés  en  pièces  et  Rome  sauvée  par  cette 
victoire,  tout  cela  n'est  qu'un  conte  populaire*.  Nos  ancêtres  ont  été 
maîtres  de  la  Forteresse  romaine  ;  ils  n'ont  quitté  Rome  que  char- 
gés d'or  et  de  butin  ^  et  jamais  la  rançon  de  la  ville  ne  nous  a  été 
arrachée  par  la  présence  de  Camille,  ni,  comme  on  le  dit,  enfouie 
sous  le  trône  même  de  Jupiter',  place  bien  choisie  pour  soustraire 
ce  trésor  aux  regards  de  ceux  dont  une  curiosité  indiscrète  aurait  pu 
porter  atteinte  à  la  crédulité  publique. 

Il  y  a  cependant  dans  la  Forteresse  même  un  témoignage  de  notre 
victoire  :  c'est  une  porte  Pandana^,  c'est-à-dire  ouverte,  parce  qu'elle 
n'a  point  de  fermeture.  Brennus,  en  dictant  les  conditions  de  sa  re- 
traite, fit  engager  les  Romains  à  laisser,  lorsqu'ils  rétabliraient  leur 
ville,  une  porte  perpétuellement  ouverte,  en  souvenir  de  l'occupation 
gauloise.  Ils  le  promirent  sous  la  foi  du  serment  ;  mais  pour  rendre 
illusoire  l'effet  de  cette  promesse,  ils  placèrent  la  porte  Pandana  dans 
un  lieu  inaccessible,  en  haut  du  roc  Tarpéien.  On  la  voit  auprès  du 
quartier  des  soldats. 


1  Plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  259,  260.  =:*Plin.  XXIX,  h.  —  Serv.  in  ^Eneid. 
VIII,  V.  632.  =  3  Tarpeiœ  cusios  arcis.  Nemes.  de  Aucup.  v.  24.  =  *  Plin.  Ibid.  =- 
»  Til.-Liv.  V,  48,  49.  — Diod.  Sicul.  XIV,  p.  324.  =  6  Suel.  Tib.  3.  — Polvb.  I,  1  ;  II,  4. 
— Sirab  V.  p.  220;  ou  148,  Ir.  fr.— Justin.  XXVIII,  2;  XXXVlil,  4.— Diod.  Sicul.  Ibid. 
=  ï  Til.-Liv.  V,  50.— Plin.  XXXIII,  1.  =  »  Plan  et  Descripl.  dp  Kome,  n"  64.  (")  326 
kilogr.  340  grammes. 

I.  3U 


400  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

Une  large  montée  en  escalier  à  cordons,  comme  les  Cent  marches, 
descend  de  la  Forteresse  dans  Y  Intermont  '  (") .  Cette  petite  vallée  peut 
être  regardée  comme  le  second  berceau  de  Rome  :  on  y  trouve  le  fa- 
meux Asyle^  oiwcrl  par  Romulus  pour  attirer  des  habitants  à  sa  ville 
nouvelle;  c'est  un  petit  bois  de  chênes  toujours  respecté,  quoiqu'il 
ne  serve  plus  d'asyle.  Jadis  il  était  fermé  par  un  mur;  maintenant  il 
n'a  plus  d'autre  clôture  qu'une  haie  vive.  Il  occupe  presque  toute  la 
largeur  du  vallon  du  côté  du  Champ-de-Mars,  environ  un  tiers  de 
sa  profondeur,  et  se  trouve  comme  séparé  en  deux  bois  par  un  tem- 
ple consacré  à  Véjovis  '  ou  Jupiter  enfant. 

Sous  le  rapport  monumental,  1' //i^ermon^  ne  le  cède  pas  à  la  For- 
teresse ;  il  offre  même  un  plus  bel  ensemble  :  devant  le  temple  de 
Véjovis  s'ouvre  une  belle  place  dallée  qui,  à  partir  de  l'Asyle,  remplit 
presque  toute  la  vallée  *.  Elle  est  encadrée,  à  l'orient,  par  la  conti- 
nuation du  clivus  Capitolin,  qui  la  traverse  dans  toute  sa  largeur;  au 
midi  et  au  septentrion  par  deux  bouts  de  voie  aboutissant  à  des 
temples.  Un  Arc  de  triomphe,  deux  Fontaines  jaiUissantes,  en  mar- 
bre, deux  Colonnes  monumentales,  et  diverses  statues,  dont  plu- 
sieurs équestres,  et  en  airain  doré,  décorent  cette  place.  L'ylrc,  qui 
porte  le  nom  de  Scipion-V Africain,  son  fondateur,  fait  face  au 
temple  de  Véjovis  ;  il  est  flanqué  par  les  Fontainesjaillissantes,  ouvrage 
aussi  de  Scipion.  Les  colonnes,  dont  l'une  surmontée  de  la  statue 
du  roi  des  dieux,  est  appelée  Colonne  de  Jupiter,  et  l'autre,  qui  est 
une  Colonne  rostrale  érigée  par  un  certain  iî^milius,  s'élèvent  aux 
parties  latérales  de  la  place,  près  des  deux  Bois.  Deux  Statues  éques- 
tres ornent  les  angles  de  la  place,  sur  le  bord  du  cliyus  Capitolin  ; 
d'autres  sont  disséminées  çà  et  là. 

Au  delà  de  la  voie  transversale,  vis-à-vis  de  l'Arc  de  l'Africain,  Sci- 
pion-Nasica  a  fait  construire  un  Portique  spacieux  s.  Ici  où  la  cha- 
leur du  jour  est  si  forte  pendant  une  grande  partie  de  l'année,  l'om- 
bre et  l'eau  sont  des  choses  délicieuses,  et  comme  les  Comices  se  tien- 
nent quelquefois  dans  l'Intermont,  les  deux  nobles  Scipion  ont  voulu 
faire  une  chose  agréable  au  peuple,  l'un  en  lui  donnant  des  fontaines 
alimentées  par  l'eau  la  plus  pure,  la  plus  transparente',  la  meilleure  à 
boire  de  toutes  celles  de  Rome  ',  et  l'autre,  en  lui  ménageant  un  su- 
perbe abri  contre  les  feux  accablants  du  soleil. 

1  Plan  et  Descripl.  de  Rome,  n»  70.  =  2  md,  no  72.  —  3  Jhu,  n<>  75.  —  *  Jhid. 
et  no  70.  =  5  Ibid.  n"  74.  =  6  Mari.  VI,  42.  =  ^  La  Marcia.  Slrab.  Y,  p.  240  ;  ou  ^31, 
tr.  fr,  voy.  Lettre  LXVII.  (")  Yoy.  la  gravure  ci-contre. 


400 

Une  large  m 
descend  de  la  ' 
être  regarder 
meux  Asylf 
nouvelle  ; 
ne  serve 
n'a  plus 
largeur 
sa  prr 
pie  f 

ter 
V 


Fontaiîi 


LETTRE  XXV.  ACû 

Ce  bel  ensemble  est  complété  par  le  Tahularium  ',  grande  galerie 
011  sont  les  archives  de  la  république,  et  qui  ferme  en  quelque  sorte 
rintermont  derrière  le  Portique  de  Scipion-Nasica.  Dans  le  Tahula- 
rium, sont  conservés,  sur  des  milliers  de  tables  d'airain,  les  traités 
anciens  et  nouveaux  avec  les  nations  étrangères  et  les  peuples 
vaincus,  ainsi  que  les  lois  et  ordonnances  du  peuple  Romain.  Expo- 
sés là,  ces  actes  deviennent  pins  respectables,  et  sont  des  monu- 
ments authentiques  consacrés  par  la  garantie  des  dieux  mêmes  ^. 

La  vallée  Capitoline  renferme  encore  quatre  temples,  l'un  con- 
sacré à  la  Foi  ^  sur  la  droite  du  grand  escalier  à  cordons  qui  con- 
duit au  temple  de  Jupiter  Capitolin  ;  deux  autres,  à  Mens  et  à  Vénus 
Erycine'',  entre  cet  escalier  et  le  Bois  de  l'Asyle;  et  le  quatrième, 
au  pied  de  la  Forteresse,  vers  la  gauche  de  l'Asyle,  à  Mars  Bisultor* 
ou  deux  fois  vengeur.  Ce  dernier  est  un  petit  édifice  circulaire,  bâti 
par  l'Empereur,  il  y  a  peu  d'années,  lorsque  Phraates,  roi  des  Par- 
thes,  renvoya  les  enseignes  et  les  prisonniers  jadis  perdus  par 
Crassus.  Auguste  en  éprouva  tant  de  joie,  qu'aussitôt  il  décréta 
l'édification  de  ce  temple,  et  voulut  que  désormais  on  y  consacrât 
les  enseignes  récupérées. 

Montons  maintenant  au  Temple  de  Jupiter  ^.  11  se  présente  sous 
l'aspect  le  plus  imposant  :  bâti  sur  une  esplanade  ceinte  d'une  mu- 
raille décorée  de  pilastres  et  surmontée  de  statues,  il  domine  ma- 
jestueusement rintermont,  la  Forteresse,  et  la  ville,  dont  on  embrasse 
de  là  presque  toute  l'enceinte  :  c'est  une  position  toujours  choisie 
pour  le  temple  des  dieux  tutélaires  de  la  cité  ''.  On  arrive  à  l'espla- 
nade par  le  grand  escalier  à  cordons  que  j'ai  nommé  tout-à-rheure, 
au  sommet  duquel  est  un  petit  portique  en  colonnade  *,  unique  en- 
trée de  cette  enceinte  élevée,  qu'on  appelle  XArea  ^.  Elle  est  remplie, 
et  presque  encombrée,  d'une  foule  de  petits  monuments,  et  surtout 
de  statues,  parmi  lesquelles  il  y  en  a  deux  colossales;  l'une,  à  gau- 
che du  temple,  est  un  Hercule  en  airain,  trophée  de  victoire  de 
Fabius  Maximus,  qui  l'enleva  de  la  citadelle  de  Tarente  lorsqu'il  la 
reprit  aux  Carthaginois,  Fabius  s'est  dressé  à  lui-même,  tout  auprès, 
une  statue  équestre,  également  en  airain.  L'autre,  de  même  métal, 
et  placée  en  parallèle  d'Hercule,  est  un  Jupiter.  Cette  statue  avait  été 

*  Plaa  elDescript.  de  me,  n»  7S.  =  s  Cic.  Philipp.  Il,  57.  —  Tif.-Liv.  XXVI,  24; 
XXXVUI,  53.  —  Suet.  Vesp  8.  —  Dion.  XXXIX,  21.  —  Joseph.  Antiq.  jnd.  XIV,  17, 
g  25.  =3  Plaa  el  Descripl.  de  Kome,  n°  76.  =*  Ibid.  n"  77.  =  *  Ibid.  n"  71.  =  « /6td. 
n»  81.  =  7  Vitruv.  I,  7.  =  8  Plaa  el  Descript.  de  Rome,  n"  78,  =  »  Ibid.  vfl  79. 


i(i«  HOMC  AU  SIIXLF  D'AIJCL'STF. 

orifçinairfrnont  fabriqiiéft  avoc  les  casques  et  les  cuirasses  des  Sam- 
nites  vaincus  par  Spurius  Carvilius,  vers  le  milieu  du  cinquième  siècle  ; 
mais  il  y  a  «ne  quarantaine  d'années  on  l'a  refondue.  Le  Capitole 
avait  été  frappé  de  la  foudre  en  plusieurs  endroits;  les  Aruspices  fce 
sont  des  devins)  appelés  de  tous  les  cantons  de  l'Étrurie  annoncèrent 
que  les  temps  approchaient  où  Ton  verrait  des  massacres,  des  in- 
cendies, la  subversion  des  lois,  la  guerre  civile  et  domestique,  la  chute 
de  Rome  et  de  l'empire,  si  les  dieux,  apaisés  à  tout  prix,  ne  faisaient 
fléchir  sous  leur  puissance  la  puissance  même  des  Destins.  Ils  ordon- 
nèrent d'ériger  au  roi  du  ciel  une  statue  plus  grande  que  la  pre- 
mière, et  de  la  placer  sur  une  base  élevée,  la  face  tournée  en  sens 
contraire,  c'est-à-dire  vers  l'orient.  Ils  espéraient  que  quand  cette 
image,  qui  fut  érigée  peu  de  temps  avant  la  conjuration  de  Catilina, 
regarderait  à  la  fois  l'aurore,  le  Forum,  et  la  Curie  Hostilia,  alors  se- 
raient mis  au  grand  jour,  et  dévoilés  au  Sénat  et  au  peuple,  les  com- 
plots tramés  dans  l'ombre  pour  la  perte  de  Rome  et  de  TEmpire  '. 

Au  pied  de  ce  Jupiter  on  voit  la  statue  de  Spurius  Carvilius,  qu'il 
se  fit  faire  avec  les  seules  ciselures  qui  sortirent  du  colosse  primitif. 

On  remarque  encore  sur  l'Area  du  Capitole  une  Minerve  dite  ca- 
tulane,de  Catulus  quil'érigea^;  une  statue  du  Bon  Événement  ;  une 
autre  de  \a.  Bonne  Fortune^;  quelques  statues  équestres,  dorées, 
parmi  lesquelles  celle  de  Scipion-l' Africain  *  ;  des  Séjuges  et  des 
Quadriges  dorés  s  *. 

Au  milieu  de  l'Area,  sur  un  soubassement  de  trois  degrés,  s'élève 
le  temple.  Sa  forme  est  celle  d'un  parallélogramme  presque  carré, 
de  deux  cents  pieds  de  long  sur  cent  quatre-vingt-dix  de  large  (»), 
environ,  entouré  de  trois  côtés  d'une  superbe  colonnade  en  marbre. 
Sa  façade,  tournée  entre  l'orient  et  le  midi,  se  compose  d'un  péri- 
style de  trente-six  colonnes  corinthiennes,  douze  de  front  sur  trois 
de  profondeur.  Elles  supportent  un  majestueux  fronton,  surmonté 
de  statues  d'airain  doré,  et  terminé  par  un  quadrige  de  même  matière, 
dans  lequel  est  la  statue  de  Jupiter.  Les  colonnades  latérales  forment 
chacune  un  portique  à  double  rang  seulement.  Un  mur  ferme  toute 
la  partie  postérieure  du  temple,  et  le  faîte  de  ce  côté  est  orné  de  la 
tatue  de  Summanus,  dieu  des  enfers*. 

Cet  édifice  paraît  d'autant  plus  imposant,  qu'il  y  a  peu  de  recule- 

1  Cic.  Calil.  III,  8. —  Dion.  XXXVII,  34.=:îpiin.  XXIV,  8.=  3  7d.  XXXVI,  5.= 
♦  Cic.  ad  Attic.M,  1.=  ^  pun.  XXIX,  38;  XXXVUI,  35.=  «Plan et  Descript.  de  Rome, 
n"  81  et  g  XIH-XXI.  '")  59  mèlres  260,  sur  56  mèlres  297. 


LKTTIIE  \XV.  im 

nient,  peu  d'espace  tout  autour,  de  sorte  que  le  spectateur  saisit  ses 
proportions  pour  ainsi  dire  corps  à  corps.  Son  aspect  annonce  le 
temple  orgueilleux  d'où  le  peuple  Romain  lance  la  foudre  (c'est  tou- 
jours au  Capilole  qu'on  délibère  sur  la  guerre');  où  la  victoire  a 
réuni  son  arsenal  :  aux  colonnes,  aux  frises  du  péristyle,  au-dessus 
des  portes  pendent  des  trophées  militaires  ;  ce  sont  des  armes  de 
généraux  ennemis,  des  haches  meurtrières,  des  boucliers  criblés  de 
coups,  des  enseignes  de  toutes  les  nations  *,  des  épées  rouillées  de 
sang'.  Là,  on  voit  des  rostres  de  navires  carthaginois,  des  casques 
Sénonais,  une  épée  redoutable,  qu'on  dit  être  celle  deBrennns  ;  plus 
loin,  les  dépouilles  de  Pyrrhus,  les  étendards  des  Epirotes,  les  cônes 
hérissés  des  Liguriens,  les  parmes  grossières  des  Espagnols,  les  gèses 
des  habitants  des  Alpes  *  *. 

«  Autrefois,  me  dit  Petillius,  on  admirait  dans  la  frise  du  fronton 
«  une  suite  de  boucliers  votifs  dorés,  que  les  édiles  M.  .^milius 
«  et  L.  /Emilius  Paulus  avaient  ftiit  faire  avec  le  produit  d'une 
«  amende  imposée  à  quelques  fermiers  des  pacages  publics  s,  et 
«  au-dessus  de  la  porte  du  temple  de  Jupiter,  le  bouclier  marcien, 
«  ou,  pour  parler  plus  clairement,  le  bouclier  d'or  d'Âsdrubal,  pris  par 
«  Marcius,  vengeur  des  Scipions  en  Espagne,  lorsqu'il  força  le  camp 
«  du  général  Carthaginois  ®.  Mais  ces  belles  décorations,  et  mille 
«  autres,  ont  été  perdues  à  jamais  dans  le  terrible  incendie  qui  dé- 
«  vora  notre  temple,  il  y  a  soixante  et  quelques  années  ("),  quand 
«  Sylla  et  Carbon  déchiraient  la  patrie  et  se  disputaient  l'empire. 
«  On  dit  que  Carbon  en  fut  l'auteur  ;  d'autres  en  accusent  les  con- 
«  suis  L.  Scipion  et  C.  Norbanus  ;  d'autres,  les  partisans  de  Sylla  ''  : 
«  ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  qu'on  n'en  a  jamais  pu  connaître  la 
«  cause  ®.  Ce  malheur  arriva  la  veille  des  nones  de  Quintilis®  {''). 
«  J'étais  bien  jeune  alors,  mais  jamais  je  n'oublierai  l'impression 
«  profonde  de  terreur  causée  dans  Rome  par  la  ruine  d'un  temple 
«  qui  existait  depuis  quatre  cent  vingt-cinq  ans  ! 

«  Dès  l'année  suivante,  Sylla  entreprit  de  le  reconstruire  tel  que 
«  vous  le  voyez.  Tout  heureux  qu'il  était,  il  ne  put  l'achever,  et  mou- 
«  rut  cinq  ans  après  avoir  commencé  les  travaux,  qui  durèrent  qua- 
«  torze  ans.  Lutatius  Catulus  dédia,  il  y  a  un  demi-siècle,  le  nouvel 


»  Appian.  de  Bell.  Punie,  p.  68.  =  ^  Sil.  Ital.  I,  v.  C17.  =  3  Ibid.  v.  620.  —  l'Iut. 
Marrell.  21.  ='^  Sil.  liai. /rf.  V.  620.  =  5Tii.-Liv.  \X\V,  10.  =«/rf.  XXV,  9.— l'iiii. 
XXXV,  3.=  ■'.\ppian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  671.;— l'Iut.  Poblic.  1.5.  =  8,xppjan.  Ibitl.  — 
»  Plul.  Sulla,  57.   ;«j  Lan  670.  ,'')  le  6  juillet. 


^70  KOME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

«  édifice,  qui  est  reconstriiil  sur  les  mômes  fondations  que  f  ancien. 
«  Il  n'en  diffère  que  par  la  beauté  des  matériaux  (le  premier  était 
«  de  pierre,  celui-ci  est  de  marbre),  et  surtout  par  la  magnificence 
«  de  ses  riches  ornements;  l'ininiense  fortune  du  peuple  Romain 
«  n'a  pu  qu'ajouter  à  sa  richesse  et  non  à  sa  grandeur  *.  Les  orne- 
«  ments  en  dorure  qui  brillent  sur  ses  tuiles  d'airain,  que  vous  ne 
«  pouvez  voir  d'ici,  sont  dus  à  Catulus.  C'est  une  magnificence  dis- 
«  pendieuse,  qui  fut  blâmée  par  beaucoup  de  monde^*.  Ces  belles 
«  colonnes  en  marbre  deParos  viennent  d'Athènes;  Syllales  ravit  au 
«  temple  de  Jupiter  Olympien  ^  comme  s'il  avait  voulu  que  son  Ca- 
«  pitole  fût  pour  Rome  et  pour  lui  un  perpétuel  trophée  de  victoire.» 

Le  vaste  péristyle  qui  précède  l'entrée  du  temple  proprement 
dit  est  orné  de  neuf  statues  d'airain,  placées  dans  les  espaces  du 
premier  rang  de  colonnes;  sept  représentent  les  anciens  rois  de 
Rome  *;  la  huitième  est  celle  de  Brutus,  le  vainqueur  de  la  tyran- 
nie; et  la  neuvième,  image  de  J.  César,  lui  fut  décernée  après  la 
fameuse  victoire  de  Miinda,  par  les  sénateurs,  sur  la  proposition 
de  Decimus  Brutus,  qui  voulait  par  là  tendre  un  piège  à  l'oppres- 
seur de  la  liberté.  Par  un  hasard  qui  a  quelque  chose  de  fiUal,  la 
statue  de  César  se  trouve  auprès  de  celle  de  l'ancien  Brutus  ^  qui, 
pour  avoir  chassé  les  rois,  est  représenté  une  épée  nue  à  la  main^. 
N'était-ce  pas  une  menace  au  dictateur,  un  avertissement  qu'à 
Rome  il  se  trouverait  toujours  un  Brutus  pour  abattre  la  tyrannie? 

L'intérieur  du  Capitule  n'est  pas  moins  imposant  que  l'extérieur  : 
ce  temple ,  le  plus  vaste  de  tous  ceux  de  Rome,  est  divisé  en  trois 
nefs  par  une  double  colonnade  composée  de  deux  rangs  de  colonnes 
superposés  {").  Chacune  des  trois  nefs  est  terminée  par  unédicule'^, 
(;ar,  bien  que  le  Capitole  soit  consacré  spécialement  à  Jupiter  Très- 
bon,  Très-grand  *,  très-bon  pour  ses  bienfaits,  très-grand  pour  sa 
puissance^,  néanmoins  on  y  vénère  aussi  Junon-reine  et  Minerve"^. 
Jupiter  occupe  l'édicule  du  milieu  ;  à  sa  droite  est  celui  de  Minerve, 
à  sa  gauche  celui  de  Junon  :  le  père  des  dieux  se  trouve  ainsi  entre 
sa  femme  et  sa  tille. 

Trois  larges  portes  d'airain,  avec  des  seuils  de  la  même  matière  ", 


1  Tac.  Hist.  ni,  72.  =  2  pijn.  XXXIU,  5.  =  3  Id.  XXXVI,  6.  =  »  M.  XXXIV,  3.— 
Dion.  XLHI,  '(3.  — Appian.  de  Bell.  civ.  I,  p.  614.  =  3  Dion.  Ibid.  —  «  Plul.  I5rul.  1.  = 
7  Plan  l'I  Descripl.  de  Rome,  n»  81.  =  *  Cic.  de  Uepub.  II,  20.  — Til.-Liv.  — Tac  — Flor. 
etc.  passim.  =  9  Cic.  pro  domo,  57.  =  i»  Til.-Liv.  VI,  16.— Serv.  in  yEncid.  II,  v.  224. 
=  ti  Tit.-Liv.  X,  23.  («)  Voy.  la  gravure  ci-dessus. 


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injosaj  II  '  inj  09ah  sb(I  îuossi'oSl'mbcI  9i  au  xiiaip  sajint?  soi  onb  ja  » 
'aaiidnf  jiiod  jatjua  inoj  aAjasaa  inj  îuamaoiî[duia  j  anb  uijb  '(,  md  » 
-moooB^l  s|y-inad  apa  'naoA  aj  îrejîiuAB|nan;,])  a|piuBjap  la  auSaj  » 
nos  ap  juaiunuoiu  un  ammoa  jassnî[  jiB{noA  {i  nb  'aïojideQ  np  » 
iiOj]FJij!pa^{  V,  luaiuasnauas  «aSuos  aqjadn§-ai-uinbjBX  anbsjcj  » 
:  «jnofe  \\  'suoiisanb  sain  ]UL'uaAaad  ja  'asudans  bui  lUBnbauuiaj  sinj 
—  «  *na|p  d\  }d  laiHBj  sioj  «[  «ino}  ]sa  o  :  aapaueqo  iuk^oa  aui  ua  » 
îiiiïnos  am  inb  uanjipa  un  jip  aui  'auuax  }sa^3  »  -aajaid  assoaS  aun 
Tî}jnai{paid  uoui  'uœoijjYj-uoidiog  ap  anju^s  iî[ap  aauyjsip  aubpnb 
B^nbsjoi  'ajjaAUoaap  jau  apuLM.u  v.\  jcd  juussçd  ua  anaijajxa  a^i^isu^d 
9\  sjaA  sii^aSiJip  aui  af  ^a  'aAjau!i\[  ap  apiaipa j  aninb  suoiau  sno]^ 

«  -(usaiduia}  sou  ap  aaAa[ua  juauiaAijanj  aja  h  ao^p  auuoj  » 
-noo  9unp  sn[d  la  'sjoa  sanb[anb  ajooua  ^auiuioo  as  ji  'suGutiBO  » 
-aad  sao  9j8pî[\[  •gassajauDj  q  suup  luaipaA  saio  sap  ja  'jajidtif  ap  » 
ajduia;  np  ajuiaoua j  suup  itnu  b\  saqayi  juos  suaiqa  sap  '9Jjno  ug;  » 
•gassajaiJojBi  ap  sapauS  'sQqnouvsdip  'iSaiduiajsap  sapaeS  'su9n}  » 
-ip3)Sdp  îgXnejauaS  sapaeS  'sdjnidjnt  sap  suoah  snou  :  9U.8biuoiu  » 
«1  9)no}  ans  gasiuiîSao  isa  aAiiou  snjd  m\  d:)nTd\\\d.vm's  l'^  -jnoj  ap  » 
aiqesuodsaa  sins  af  lupuaiureui  ja  \  p\  leauiaj  anbsao[  siiuaa  » 
a]a  Tî  ua^ui  aqœiap  aaiiuuaAui  un  î  doaj  anb  sibs  ai  au  af  —  'anjA  » 
v\  suwp  sauimassjp  saiduiaj  saaine  sa^  sno;  anb  sassaqoui  ap  siqd  » 
îuauiaajuaj  'snji[|]9tj  b  af-sip  'snSpuoa  sajduiaj  sjpad  sjoa^  sa^  » 
\9mo}[  ap  aoijfj^joud 9ajdiiij\[  n  :  uoiîdiaosui  ajiao  \\m  k  \\  qjxa  ua 
îijaud  p,nbsao[  naq  9:>  suFp  vîaoBsuoa  [i  nb  ^a  'uoaaoïQ  e  luiiaedde 
inb  'aAaaujj\[  ap  9nji3]s  9un  'aajnej  ap  îg  saqonoo  ua  samiuaj  sap  S9]iu 
-lAip  'nx!\[  xnaip  sd\  luos  aa  :  xnouaS  sana^  ans  saaqdaa  sanjejs  S|oa) 
'ajoo  un  p  'aAaauijç  ap  a[duiaj  np  aipaS  ^  jUBAap  anbauuiaa  UQ 

•5  saaquiou  sap  aauessiBuuoa  q  assagp  d^ido  v.  jiop  uo,i  anb 
aoaed  'aiuomaaaa  a^ao  ap  uoijniijsui.p  io|  v\  aAaauii\[  ap»//93  Lqsutîp 
apaBS  uQ  'saauuB  sa^  aanbaeui  v  luaaivaassnop  sai  'anuuoa  nad  saoïe 
jUBia  aaniiaaa  I  :  sduiaj  np  ^nduioa  nu  issue  aanbqddu  ;n}  '  a[[anu 
-UB  anuaAap  juuja  ',  aqiA  ^  ]uaiBa.c5qyu  inb  xneui  sap  aassaa  aaïKj 
anod  aaioiL'idxa  ua;(oiu  auuuoa  'luaiuaqajuapiaau  paoqe^p  aanbjî 

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'OA,iau!iv[  op  ajdiuoj  iip  oq;^!!!?^  ajoD  m?  nop  un  ujoqoy  anbqqndo.i 
«I  ap  ibjjsiSl'ui  joiiua.id  9]  '(„)  9jqiU9}dys'  ap  sapi  xiib  'sue  s9i  snoj 
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xnoiJiiD  un  nB9jqin  ao  9p  said  b  j(  i|  -g  auidjasojj  ap  luauiaAOïuaj 
ÎUBUiasojdaj  UBaïqBi  un  issub  ajjiupB  X  uq  "g  Qjd^Sg^p  aupj  'aJiçd 
-0913  9p  sjuomauao  sop  ïJBdnjd  bj  'soiiaio  sa.uanS  saj  suBp  jnaaadiugj 
jBd  ijBj  uijnq  ap  dnoonBaq  luuBd  'juaiiuoa  aAJ9U!i\[  ap  »;pj  Bq 

\  aj9]  jn9i  jns  luapuodaj  ua  suaip.iB8  sa[  aijqnd  )ipa  un  p  nyaA 
ua  nb  ja  'xud  ap  s.ioq  giuujoo  nBaojoui  aa  ajapisuoD  uoj  9nb  'jibj 
-JBd  is  jiBAiîJi  unp  'aiBJA  is  ajAnao  'ajnssaiq  bs  lUBqoaj  uaïqa  un  ]a 
tjSiopiB^  S9{  9JJU00  auiJBiB^p  si-io  sjauuajd  saj  Biaf  inb  a||aa  ap  jnau 
-uoqj  ua  aaSija  'luaSJHj)  910  aun  uounf  ap  mpo  suBp  'saajnB  9J}ua 
'}ioA  uo  îxnaioajd  yB^p  sjafqo  sjaAip  issub  luaiujajuaj  saiduiai  sa^ 

•aiuBdaj  ap  jnajUBq  b[  b  aaAap  aqanB^ 
uiBiu  BS  a9UB[  aun  ans  aindds  aJiUBj  ja  aun,^  'a|ia,p  saadnB  uoBd 
un  oaAB  'auiaj  ua  uounf  ispajd  sas  b  ajjanoqa  aun  09ab  'ajau.ianS 
ua  aAJ9Uîi\[  'sjaqnaiiaBd  sjnqiJijB  s.inai  ooab  ja  auin]soa  jna[  suBp 
'jnoqap  s99}U9sajdaa  juos  i  sassaap  xnap  saq  'jaiidnf  ap  infao  anb 
spuBjS  suioiu  nad  un  luos  uounf  ap  ja  aAjauijç  ap  sapiaipa  saq 

«  \a|ojîd  » 
-B3  np  aipuaouij  b  addsqoa  b  *  apBJiiu  ajqBiijaA  un  JBd  'p-aip3  » 
•jSjaAiunj  suBp  J0]BJ9dui;  jojidnf  ap  sanjBjs  siojj  anb  ajsixa,u  » 
Ij.nb  'asnapaid  snjd  îubjub  p  la  'ajiBjJBd  ajAuao  aun  ]sa,3  'sniu  » 
-luiBij  JBdau!opa9B[^ bi  apaajJoddB  'uopipaj]  ajjnBaun]UBAins  'no  » 
%sni]uinQ  snnx  jnajBpjp  aj  ,iBd  'sapais  9JjBnb  apsaid  b  jC  n  '9]S9U  » 
-aaj  ap  aaAaiua  jnj  ajjg  \ .io)VJ9dun  jajidnf  ap  aqaa  isa  aqansSap  » 
9n}B)s  Bq  '^naip  aaap  spj  uo-JiBsip  ai  issub  tuqoiidB^  jaiKlnf  ap  » 
sajdnB  uoiïBjipam  bi  b  .lajAq  as  nuaA  lUBAB.iBdnB  aaja  subs  s99Ai.id  » 
no  sanbqqnd  sajiBjjB^p  ajpua.idajjua  siBuuîf  au  ap  aiuiuoq  puBjS  » 

90  ap  apnnqBq  aun  'ajsa.i  ub  '}ibi9^3  -ignbqqndai  bi  9p  s9jibjjb  » 
S9I  JUS  xnaip  sap  lOJ  ai  oavB  jiBjaqqap  ij^s  aiuiuoa  'inas  sduiajâuoi  » 
liBjnauiap  i  }o  'jiJAno  îibsjbj  as  ij  nb  njjQO  d]yeo  suBp  '9inasnd9ja  » 

91  îUBAB  'nnu  BI  ap  uii  BisjaA  JJU9A  ap  amnjnoo  jibab  uojdpç  'sq  » 

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'sixngip  sap  lOJ  np 
aoujnoii  Te\  ap  9.c?biui j  9Jj9  jip  9ui  p  nb  'uicjib  U9  9JA9q9  9un  ]9  %, 09J§ 
jngjdinas  gaqajgo  un,p  gSBXvno  'sanbijiu2«ai  s9sba  saiigisnid  'g,  S'Jbj\[ 
9p  9nbsB9  91  19  jgjidiif  9p  gjjdgos  9[  jioa  9joou9  jij  9iu  sniipiaj 

«  's,  9ajo\i  9p  suisioA  S9idiiad  spjad  sai  a.ijuoo  » 
S9nu9inos  s9Aiss93ons  sajjanS  sio.u  suep  '91111UB3  aud  sjmj  sjgiu  » 
-uosud  S9p  9]U9A  ^  9p  impojd  np  giiJed  aun  Odxis  sggnbuqej  'jo,p  » 
s9J9]Kd  S9qjadns  siojj  »/p3  ajiao  su«p  aaooua  jiujiuipB  uo  'nS9A  0 
-nus  9)9  juo  si9fqo  S90  9p  san9isnid  luop  'aipuaouj  j  juBAy  ;  („sa|ja.i  » 
-J9id  9p  19  s9iJ9d  ap  (j)  S99J91S9S  9ipui  1U90  buio  jnod  19  '(p)  JO.p  » 

SaJVq   9[||lll   9Z|9S   J9^0AU9  SnOU    9p  1U9|A    'J91|dnf  SJ9AU9    91UIU9J   » 

BS  9nb  xn9a9U9S  snioiu  .i9jiuoui  9s  ninoA  s«d  vu  uib  'an9J9diu3[,q  » 

•69IAn  JBd  'gSUWlUO}/  Sdp  dSS9DUlud  V.\  JBd  9UU0p  919  B  \\  î  (,)  S9JAII    » 

aiUBnbuio  ap  saad  asad  inb  |Bisua  ap  nBaojoui  un  p\o\  \  uoji  » 
-BU  aiuam  v.\  ap  loa  aJiuB  'ajpuBxa[y,p  mou  ai  aijod  uoiiduosujj  » 
anbionb  'aaduioj  b  bâoau9j  'çjnif  sap  loj  'apiqoisKiy  •(«)  siuajBi  » 
buio-i§u{A  auSjA  B[  aiupsa  uq  qBiaiu  auigiu  ap  uipjBf  no  9uâfA  » 
91199  la  'jo  p  auuoanoa  9uiJ0U9  9ii90  %  9iBpîjqi![\[  lo.i  ne  nuaiJBd  » 
-dB  luo  inb  'xnofiq  S99  'siu9iu9UJ0  S99  'uuaa  lao  9iib  isuib  'ssguujj  » 
-jnui  s9dno9  S90  la  sajjajd  saa  lOi  Bjpap  9adiuoj  puBjS  aq  %uibiu  » 
-o\I  9|dn9d  np  9q[B  19  iujb  gjBpgp  in9,i  ibu9S  9[  9nb  saado  'ajBqjBq  » 
lOJ  90  9p  9puBJjjo  'snqooog  .iBd  v.\\li^  b  ajAq  BqianSnf  lUBiuasaadaa  » 
'[Biaui  aiuaui  ap  adnoaS  un  la  'saaqdoai  9p  s99âjBqo  'ao^p  saaioi  » 
-OJA  saiiaAnou  ap  9ioo  90  ap  pio^  'g  iBua^  nB  nj  'osnoBa^g  ap  loj  » 
'uoagjH  9nb  luasaad  unisap  :  (o)  saaAq  iSuia  luao  sioai  asad  'i|-l!P  » 
aui  \  ao,p  aa|oiO!\  ana^  »  :  aaaimpB  oaiBj  au»  Iibijb  apinS  uoiu  anb 
sassaqoij  sap  aiiaBd  aapuiom  b[  anb  b[  aaooua  ijBia.u  ao  sibiu  î,s^Bd 
aaioH  9p  gjduiai  un  suBp  gnbsaad  snao  aui  al"  'ao.p  iuki  ap  anA  bj  y 


•uie.i9  zn  'Soin  £8  (<i) 
•uiimS  z,I£  -Jacin  9T  (»)  -LZ  'lIXXX  T/  8  =  'CS  'lAXXX  T/  i  =  '9  'IIIIX  •An-'Hi  9  = 
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'igou'otuouap  idujsou  -ciBJnuu!  ciJeonbeT  ,  =-xiXX\-IA\XX 'IXXX 'XXX 'lIAXX  S! 
'iS  oU  'aiuou  op  'iduosaQ  —  •;;  'api  'ai  "i  'ouiiu.huji'j-oj,!  03sn|v'{;='6  'Al  '!<>(1 
•)tA!3  ap  'ânv  'S  — "S  'linx  'JS^f  s  =  "55  'lAXXX  "lld  "luninanidiBos  uininatuuBj  i 

'g  QI'îllV  PJ  np  uop  '(,)  xis-o]UBnbuio  juao  xnap  op  am^isiojj  9un  ja 
i  t  ouiop90Bi\[  ap  loj  'addi[|q(i  jBd  89^oau9  'juoo  ap  opuooas  aun 
îjSua|puL'qp[Y  s'0|  jnd  ajjajjo  '(„)  sojai^  ejumibuio  ap  spiod  np  'sajjne 
ajjua  'aun  taajidnf  ap  nipo  Te\  suwp  xud  puBjS-sajj  un^p  sjnaisnid 
Tîj;uom  ua,ui  snim^aj  •ao.p  sanjBjs  ua  ^a  sauuojtioo  ua  ]uauiapîd[o 
-uud  luaisisuoo  inb  'sapuHjjjo  saïqqqiuas  op  aiiduia.i  isa  (  sapioipa 
no)  3)]pj  sioj}  sap  aunoBio  "j  sjuosojd  saqou  ap  jasodap  K  ja  'aajo 
-es  aanauiap  ajiao  suep  saoïjiJOBs  sap  J|JJJ0  sapiîssBquiiî  sap  juaioAua 
sj!  'saoans  sana^  ans  jajjanaj  saj  luamainas  no  'su5a,i  luo  ua  s\\j\h 
saSejuiîAB  sap  anod  aouBssiuuuooaj  anaj  apuoui  np  sa.iiiBui  sao  «  jauS 
-louio}  iiiapiaA  su  puunb  \d  'ureiuo\iaidnad  np  aaieniaiius  ai  amiuoo 
juapJBSaj  a[  s[i  i  apijdiî^  a^  dnoanuaq  luajauaA  sjaSuBjja  sa^ 

*i,suossiBO  sap  jaiu 
-joj  V  ajaiuttiu  ap  'sjiojp  saiSuB  b  luasioja  as  mb  sioq  ap  sojjnod  ap 
asodiuoo  'ajop  luaiuaqau  puojuid  un  Jiîd  saïjaAnoo  luos  'uounf 
ap  }d  aAjauii\[  ap  sa^duiai  sd\  iu9Anoj;  as  no  'saieja^î?!  sjau  sa-^ 

•aSijpBnb  un,p  ajuouuns  uo]uojj  un  aaAB 
'puçjS  9\  suyp  9|dui9i  ipgd  un  9jn.§ij  ajaBpuuis  anbijiuSeiu  ao  aSajs 
no  ainaipa^q  \  sdaoa  np  aanauajui  aiijed  ts\  luama^nas  aj|OA  ini  jo.p 
suoinay  ap  aassnuqaa  aadjnod  ap  aSo]  aun  ja  'uo|[|UKiaA  ua  aiuiad 
jsa  ainSij  us  '.  aaipea  'jo^p  auuoanooaun  ajaj  v\  ans  v.  \\  -ao^p  aapnoj 
un  juan  'xnouaS  sas  ans  aasod  'aîioap  utbui  ^îs  la  'g9is9i9a  ajauiBaaA 
-nos  Bs  ap  auo[S  'aajdaos  ap  ]Ads  in|  inb  aand  aou^i  aun  ans  aAa^a  s  aqo 
-nuS  SBaq  nos  i  sissc  isa  naip  aq  -ajino  aaaa^  ua  iiuja  d\\d  'BJl'^S  iu«-^^ 
îaaioAi  ua  jsa  a^g  -aajidnf  ap  aiBssopa-imap  aniwjs  v.\  îioôaade  uo 
*j  sadiiooap  saaqaem  ua  aaAïd  jsa  iiib  'ajaaAUOoap  jou  ajjaa  ap  ajjui 
-aaixaj  y  'siaqiuHi  saqoia  snid  sa|  snos  anb  'xnaiSijaa  luauiaijaaa 
snjd  ap  'puuaS  siqd  ap  asoqa  anbjanb  b  pia  np  ajnoA  v,\  snos  npuaa 
9i|no  93  ;xnaip  sap  loa  d\  anod  aiqb'uaAuoa  îuauiasnaniaAaaiu  sud  aip 
-îsa,u  uoijisodsip  a^aaiid  du[\  'jaaAuo  \dp  e  isa  a|ia  'subosoj  sa[d 
-uiaj  sai  snoj  aiuuioo  !  puojiqd  ap  juiod  v.u  jau  anaa  anb  aoand  'sanb 
-[jaod  ap  aanbuL'y  anoa  aun  suçp  'mnijjv  un  suep  aaaiua  paoqfc\p 
11013  uo  'apîaïuaa  ajaod  ^  jvd  oDijipaj  suBp  luuaiaugd  ug  •9|noîp9 
no  ojduiaj  anb^qa  b  ui9puods9aaoa  i9  'a|iÇ;siaad  aj  snos  jugaAUo^s 

iLf/  Axx  aniiai 


LETTRE  XXV.  475 

«  Talius.  Les  augures  furent  consultés,  comme  on  l'avait  fait  pour 
a  la  consécration,  et  les  dieux  annoncèrent,  par  des  signes  éclatants, 
«  la  puissance  de  l'Empire.  En  effet,  les  auspices  autorisèrent  la 
«  translation  des  autres  divinités,  mais  se  montrèrent  constamment 
«  opposés  à  celle  des  dieux  Terme  et  Mars,  et  de  la  déesse  Jeunesse. 
«  Ce  refus  opiniâtre  parut  aux  devins  d'un  bon  présage  :  il  annon- 
«  çait  une  puissance  inébranlable  et  éternelle  ;  on  les  conserva  donc. 
«  Mais  ce  qui  sembla  plus  étrange  encore,  c'est  qu'en  creusant  les 
«  fondations  de  l'édifice  on  trouva  une  tète  d'homme  qui  semblait 
«  fraîchement  coupée  *.  Plus  de  doute,  Rome  devait  être  le  siège  de 
«  l'Empire  du  monde  et  comme  la  tête  de  l'Univers  :  telle  fut  l'expli- 
«  cation  que  donnèrent  les  devins,  tant  ceux  de  Rome,  que  ceux 
((  d'Étrurie  mandés  pour  interpréter  ce  prodige  *.  Des  anciens  au- 
«  tels  conservés,  celui  de  Terme  est  à  vos  pieds.  Il  se  trouve  placé  là 
«  parce  qu'on  ne  sacrifie  jamais  à  ce  dieu  qu'en  plein  air  *.  Quant  à 
«  ceux  de  la  Jeunesse  et  de  Mars,  l'un  est  dans  le  temple  même  de 
«  Minerve,  près  de  la  statue  de  la  déesse;  l'autre  sous  le  péristyle  du 
«  temple.  Vous  ne  les  avez  probablement  pas  remarqués,  parce 
«  qu'ils  sont  si  peu  considérables ,  que  bien  des  personnes  passent 
«  auprès  sans  les  voir,  et  que  même  les  savants  les  connaissent  à 
«  peine  '.  » 

En  descendant  au  temple  de  Jupiter,  je  voulus  faire  encore  une 
fois  le  tour  de  l'Intermont.  Revenu  au  bas  de  l'escalier  de  la  Forte- 
resse, je  me  trouvai  auprès  d'une  porte  dans  laquelle  aboutit  le  Cli- 
vus  Capitolin.  Nous  descendîmes  par  là,  et  arrivés  vis-à-vis  des  Cent 
marches,  Petillius  me  fit  entrer  dans  une  longue  galerie  en  portiques 
qui  forme  la  partie  inférieure  du  ïabularium-  A  l'extrémité,  nous 
trouvâmes  le  Clivus  de  l'Asyle  '*,  voie  parallèle  à  celle  que  nous  ve- 
nions de  quitter.  Nous  le  descendîmes  en  passant  derrière  la  Prison 
publique  ^  ;  puis,  suivant  la  voie  du  Forum  de  Mars  ^  et  sortant  par  la 
porte  Ratumena'',  nous  doublâmes  l'extrémité  septentrionale  de  la 
montagne.  Mon  guide  me  fit  ainsi  visiter  les  substructions  du  Capi- 
tole,  l'un  des  ouvrages  les  plus  étonnants  de  cette  colline,  qui  ren- 
ferme tant  de  choses  merveilleuses.  Le  sommet  sur  lequel  Tarquin 
voulait  bâtir  le  temple  qu'il  avait  voué  au  roi  du  ciel,  était  escarpé 
et  terminé  en  pointe;  il  l'environna  de  hautes  et  fortes  murailles. 


«  Tit.-Liv.  I,  55.— Flor.  I,  7.  =  «  Descript.  de  Rome,  n"  81,  g  XL,  XLIV.  =  3  fbid. 
§  XLI,  XLUI,  XLlV.  =  *  Ibid.  no  36.  =  »  Ibid.  u»  82  =  «  Ibid.  n»  136.=  ^  Ibid.  n»  50. 


476  ROMK  AU  SIKCLK  b  ALGLSTK. 

rapporta  des  terres  et  créa  l'esplanade  sur  laquelle  le  nionuinenl  est 
assis.  Le  mont,  qui  s'appelait  auparavant  Saturnien,  prit  alors  le 
nom  de  Capitolin  *. 

Ces  travaux,  exécutés  par  des  ouvriers  mandés  de  toutes  les  par- 
ties de  l'Étrurie,  et  payés  sur  le  trésor  public*,  furent  l'œuvre  de 
plusieurs  années;  ils  absorbèrent  quarante  talents  («)  suivant  les  uns, 
et  suivant  d'autres,  la  somme  énorme  de  quarante  mille  livres  d'ar- 
gent' (*).  Cette  dernière  évaluation  ne  paraît  pas  exagérée  à  ceux  qui 
ont  vu  ces  substructions  en  grosses  pierres  de  taille  ajustées  et  po- 
sées sans  ciment,  et  remarquables  encore  au  milieu  de  la  magnifi- 
cence actuelle  de  Rome.  Les  Romains,  habitués  aux  choses  extraor- 
dinaires, les  appellent  les  Substructions  insensées  du  Capitale''. 
Elles  sont  en  pierre  grise  ou  tuf,  et  forment  une  muraille  qui  n'a 
pas  moins  de  dix-neuf  à  vingt  pieds  d'épaisseur  *  (')  *.  Rome, 
empire  naissant,  n'était  point  en  état  de  supporter  une  pareille 
dépense,  et  dans  cette  entreprise  Tarquin  semblait  poussé  par  une 
sorte  de  pressentiment  que  ce  temple  recevrait  un  jour  les  vœux  de 
toute  la  terrée  Mais  les  Romains  étaient  habitués  à  demander  des 
ressources  à  la  victoire  :  les  dépouilles  de  Suessa-Pometia"',  d'Apio- 
les^,  d'Ardée,  de  Gabies,  d'Ocriculum  furent  consacrées  à  ces  im- 
menses travaux®;  on  exigea  des  contributions  des  villes  alliées*"; 
enfin,  comme  c'était  une  œuvre  nationale,  on  fit  travailler  les  arti- 
sans et  les  autres  ouvriers  sans  leur  payer  de  salaire  ". 

Tous  ces  efforts,  toutes  ces  ressources  accumulées  pendant  plu- 
sieurs années,  suffirent  à  peine  pour  achever  le  terre-plein,  et  la  mort 
surprit  Tarquin-l' Ancien  avant  qu'il  eût  jeté  les  fondements  du  tem- 
ple. ïarqiiin-le-Superbeeut  cet  honneur;  il  éleva  même  une  grande 
partie  de  l'édifice,  mais  il  ne  put  le  finir  ;  la  gloire  en  était  réservée  à 
la  liberté  :  le  Temple  de  Jupiter  fut  terminé  sous  les  consuls  annuels, 
la  troisième  année  après  l'expulsion  de  Tarquin'-,  et  dédié,  aux  ides 
de  septembre"  ('^),  par  le  consul HoratiusPulvillus'*. 

Les  Romains  sont  fiers  de  leur  Capitole  ;  ils  rappellent  la  cita- 

»  Varr.  L.  L.  V,  <Ç  41,  42.  — U.  Halic.  U,  1.  — .lust.  XLHI,  l.  =  2  Tit.-Liv.  I,  53.  = 
' /ôi'rf.  —  Plut.  Poblic.  15.  =  ^  Subslructioncs  iiisanas  Capilolii.  Plin.  XXXVI,  13. — 
Plan  et  Desciipt.  de  Rome,  ii»  79,  §  VII.  =  »  Elat  actuel.  Vov.  aussi  Descript.  de  Home, 
no  60,  <S  IV,  V.  =  6  Tit.-Liv.  I,  58.—  Tac.  Hist.  III,  72.  =  7  TIt.-LIv.  1,  33.  —  Flor.  I, 
7.  —  Tac.  Ibid.  =  »  Plin.  III,  5.  =  9  KIor.  Ibid.  =  i»  Tit.-Liv.  I,  38.  —  Tac.  Ibid.  = 
11  Cic.  in  Verr.  V,  19.— Tit.-Liv.  I,  55.—  D.  Halic.  IV,  61.  =  li  Tac.  Ibid.—  D.  Halic. 
III,  69.  =  i-i  Plut.  Poblic.  U.  =  '4  Plut.— Tac.  Ibid.  —  Tit.-Liv.  11,8.—  V.  Max.  V,  10, 
1.  —  D.  Halic.  V,  33.—  Polyb.  ill,  5.  (")  208,666  francs.  {>>]  26,085,273  fr.  f  )  5  à  6 
mélres,  (<*)  Le  13  septembre. 


I.ETTllK  XXV.  477 

délie  de  toutes  les  nations  \  le  domicile  terrestre  de  Jupiter^,  sa  se- 
conde demeure  après  le  cieP.  Pour  moi  c'est  lu  merveille  de  Rome, 
c'est  tout  ce  que  l'esprit  humain  a  pu  inventer  de  pins  imposant*.  Je 
ne  m'en  éloignai  qu'à  regret;  il  me  semblait  toujours  que  je  ne  l'a- 
vais pas  assez  vu.  Pour  rentrer  chez  moi  par  la  voie  la  plus  courte,  je 
longeai  la  partie  de  la  région  Flaminienne  qui  confine  au  mont  Capito- 
lin;  je  passai  près  du  Cirque  Flaminius  ^  du  temple  de  Belione^  du 
temple  antique  d'Apollon'^,  du  Portique  d'Octavie',  du  théâtre  de 
Marcellus';  je  traversai  l'île  du  Tibre  sur  les  ponts  Fabricius  et  Ces- 
lius,  et  de  tant  de  magnifique  monuments,  pas  un  seul  n'attira  mon 
attention  :  je  rêvais  du  Capitole.  Je  me  retournai  pour  le  voir,  et  à 
plusieurs  reprises,  dès  que  je  fus  arrivé  sur  les  premières  pentes  du 
Janicule.  Mon  œil  se  promenait  du  Temple  à  l'Intermont,  de  l'Inter- 
mont  à  la  Citadelle,  et  s'abaissait  de  la  Citadelle  sur  le  roc  Tarpéien. 
Cet  ensemble  m' apparaissait  comme  l'aire  de  la  gloire  et  de  la 
puissance  romaines.  Alors  de  graves  souvenirs  me  roulaient  dans  l'es- 
prit; un  profond  sentiment  de  tristesse  me  serrait  le  cœur  :  «  Là,  me 
disais-je,  est  le  joug  de  l'univers,  »  et  je  versais  des  larmes  en  son- 
geant à  notre  patrie. 

1  Arcem  omnium  genliuni.  Cic.  de  leg.  Agrar.  I,  6.  =  2  jn  Capitolio,  id  est  in  terres- 
Iri  domicilio  Jovis.  Id.  in  Veir.  IV,  58.  =  3  Secundam  a  cœlo  sedem.  Si!.  Ital.  X,  v. 
432.  =  *  Capiloiia  ceisa  conscendere,  hoc  est  humana  ingénia  superala  vidisse.  Cas- 
siod.  Vaiiar.  VU,  6.  =  s  plan  et  Descript.  de  Rome,  n»  165.  =  ^  Ibid.  n"  U8.  ='^  Jbid. 
n"  149.  =  8  Ibid.  n»  150.  =  9  Ibid.  n»  144. 


NOTES 

ET 

EXPLICATIONS  SUPPLÉMENTAIRES. 


N.  B.  Ces  noies  ne  sont  que  des  justilications  plus  développées  de  certaines  opinions  que  j'ai 
adoptées  dans  le  texte  de  mon  ouvrage  ;  elles  ne  doivent  point  interrompre  le  cours  du  récit,  et 
ne  s'y  rallaclient  uniquement  que  comme  pièces  justificatives.  Il  n'y  a  donc  que  tes  lecteurs 
qui  voudront  discuter,  étudier  avec  l'auteur,  qui  les  liront,  et  il  faudra  que  ce  soit  en  refeuil- 
ietant  la  Lettre  ou  le  volume.  Voilà  pourquoi  je  renvoie  de  ces  notes  au  texte,  sans  avoir  jamais 
renvoyé  du  texte  à  ces  notes.  Seulement  pour  avertir  le  lecteur  des  endroits  discutés,  et  lui  fa- 
ciliter le  rapprochement  de  ces  endroits  avec  les  notes,  j'ai  mis  dans  le  texte  des  Lettres  un 
astérisque  (*)  aux  passages  annotés. 


LETTRE  I. 

Page  212.  Sur  la  couleur  des  porcs  dans  la  Gaule  Cisalpine.  Je  me  suis 
permis  d'ajouter  que  ces  porcs  étaient  noirs,  parce  que  telle  est  encore  leur 
couleur  dans  ces  mêmes  provinces,  et  que  probablement  la  race  antique  se 
sera  perpétuée  jusqu'à  nos  jours.  Cette  remarque  est  une  minutie,  sans  doute; 
cependant,  ce  sont  ces  petits  détails  qui  donnent  de  la  vérité  à  un  tableau,  et 
j'ai  cru  que  je  ne  devais  pas  les  négliger. 

Page  213.  Sur  la  voie  Aurélia.  «  A  peine  hors  des  glacis  de  Cività-Vec- 
chia,  on  entre  tout  d'un  coup  et  sans  transition  dans  le  désert  ;  ce  côté  de  la 
campagne  de  Rome  est  le  plus  désolé  peut-être  et  le  moins  visité  parles  voya- 
geurs ;  je  ne  sache  même  pas  qu'il  ait  été  décrit.  La  contrée  était  jadis  traver- 
sée par  la  via  Aurélia,  qui  allait  de  Rome  à  Arles  dans  les  Gaules,  tout  le 
long  du  littoral  de  la  Méditerranée.  Celte  œuvre  gigantesque,  l'une  des  vingt 
roules  qui  parlaient  de  Rome  pour  l'Euphrate,  la  Cljde,  le  Tage,  avait  été  en- 
treprise par  un  simple  particulier  nommé  Aurelius.  La  route  moderne  ne  se 
distingue  pas  de  la  voie  ancienne,  dont  elle  suit  servilement  les  sinuosités  et 
les  ondulations.  Charles  Didier,    Campagne  de  Rome,  2*  édit.,  in-S",  p.  23. 

Page  214.  Sur  le  computdu  temps  chez  les  Gaidois.  «  Les  Gaulois,  dit  César 
(  de  Bell.  Gall.,  YI,  18  ),  mesurent  le  temps,  non  pas  par  le  nombre  des  jours, 
mais  par  celui  des  nuits  ;  les  jours  de  naissance,  le  commencement  du  mois, 
celui  des  années,  sont  toujours  comptés  de  manière  que  le  jour  n'entre  dans 
le  calcul  qu'après  la  nuit.  » 


LETTRE  IL 


E  21 6.  Sur  l'apparition  de  Rome.  «  A  dix  milles  de  Rome  environ  je  com- 
iii^iiydi  à  découvrir  le  gigantesque  dôme  (  du  Vatican  )  ;  mais  je  le  perdis  aus- 
sitôt, et  ne  le  ressaisis  l'instant  d'après  que  pour  le  perdre  encore.  Ces  alter- 


Page 
niençai 


iSO  UOMK  AU  SIKCI.K  D  ADGl'STE. 

natives  durèrent  quelque  temps,  à  cause  des  inégalités  volcaniques  du  sol,  qui 
s'accidente  et  se  brise  aux  approches  des  sept  collines  ;  la  ville  elle-même,  ca- 
chée dans  les  replis  du  lorrain,  en  sortit  lentement;  ses  coupoles  et  ses  clo- 
chers semblaient  naître  un  à  un  sous  la  baguette  invisible  d'un  enchanteur.  » 
Charlks  Didier,  Campagne  de  Home.  2"  édit.,  in-8»,  p.  59.  —  La  vue  dont  il 
s'agit  dans  cette  citation  est  prise  de  la  voie  Aurélia. 

Page  220.  Sur  le  rapport  de  mœurs  qui  exiatait  entre  les  Germains  et  les 
GauloJa.  J'emprunte  ici  plusieurs  traits  aux  mœurs  des  Germains  ;  mais  je  m'au- 
torise du  passage  suivant  de  Slrabon  :  «  Les  Germains  ne  diffèrent  des  Gau- 
«  lois  qu'en  ce  qu'ils  sont  plus  grands,  plus  blonds  et  plus  féroces  ;  pour 
«  tout  le  reste,  It'ur  ligure,  leurs  mœurs  et  leur  manière  de  vivre  sont  telles  que 
«  nous  les  avons  dikrites  en  parlant  des  Gaulois,  et  c'est  ajuste  titre,  je 
«  pense,  que  les  Romains  leur  ont  donné  le  nom  de  Germains,  comme 
'<  s'ils  voulaient  dire  véritables  Gaulois,  car  c'est  ce  que  signifie  ce  nom  dans  la 
«  langue  des  Romains.  »  Liv.  VII,  p.  4,  tr.  fr.  ;  ou  p.  290,  texte  grec,  édit.  de 
Casaubon,  in-folio,  1620. 

Page  220.  Tessère  d'hospitalité  publique.  On  trouve  dans  Maffei  (  Mus. 
Veron.,  p.  472  )  une  tessère  hospitalière  d'une  ville  et  d'un  citoyen  romain  ; 
elle  est  en  bronze  et  porte  l'inscription  suivante  : 

M.   CRASSO  FRVGI.    L.   CALPVRMO 

PISONE.  COS. 

III.  NON.   FERR. 

CIVITAS  THEMETRA   EX  AFRICA  HOSPITIVM 

FECIT   CVM  C.   SILIO.    C.    F.    FAB.   AVIOLA   CVM 

LIBEROS  POSTEROSÛVE  EIVS.   SIBJ    LIBERIS 

POSTERISaVE  SVIS  PATRONVM  COOPTAVE 

RVNT. 

C.    SILIVS  C.  F.    AVIOLA  CIVITATEM  THEME 

TRENSEM  LIBEROS  POSTEROSQVE  EORVM 

SIBI  LIBERIS    POSTERISUVE  SVIS  IN  FIDEM 

CLIENTELAMQVE  SVAM  RECEPIT 

EGERVNT 

BANNO  HIMILIS  F.   SVFES 

ASDRVBAL.    BASILIECIS.    F.  ,_. 

IDDIBAL.  BOSIHARIS  F. 

Voyez  aussi  deux  autres  inscriptions  conçues  presque  dans  les  mêmes  ternies, 
dans  Marini,  Atti  e  monumenti  degii  Arvali,  p.  782,  783;  l'une  est  de  l'an  de 
Rome  742,  l'autre  de  l'an  760;  et  dansGruter,  Inscript,  antiq.  p.  470,  égale- 
ment deux  autres  inscriptions  du  même  genre. 

Page  223.  Sur  les  maisons  construites  en  briques  crues.  On  ne  trouve  ce  fait 
énoncé  positivement  nulle  part,  mais  il  résu'te  de  ce  que  raconte  Dion  Cassius 
que  dans  un  débordement  du  Tibre,  arrivé  l'an  700,  les  maisons  de  briques 
s'écroulaient  ;  or  ce  ne  pouvait  être  que  des  maisons  de  briques  de  nature  à 
être  détrempées  parl'eau.  Voy.  DioN,  XXXIX,  61 .  Cela  résulte  aussi  de  ce  que 
dit  Vilruve  sur  la  manière  de  fabriquer  les  briques  (II,  3),  et  Palladius 
(  De  re  rust.,  VI,  12  ),  qui  recommande  de  ne  les  faire  qu'en  été,  et  de  mêler 
de  la  paille  dans  la  pâte.  Voyez  aussi  Uggeri,  Journées  pittoresques  des  édifices 
de  Rome  ancienne,  t.  III,  art.  1 . 

LETTRE  IV. 

Page  238.  Sur  le  nom  de  Chevalier.  Du  temps  d'Auguste,  on  disait  e^t/^'s/res 
et  non  plus  équités  :  «  Nam  Divus  Augustus,  apud  eqtiestres  qui.iEgypto  praes- 
siderent,  etc.  »  Tac.  Ann.  XII,  60. 


NOtES.  — LKTTRF']  !V. 


Ifil 


Page  238.  Sur  Vépoqncon  les  chevaliers  oui  censé  d'iulr.'rdans  In  cavalerie  ih  s 
légions.  On  ne  saurait  îixor  l'époque  précise  où  les  clievaliorsonl  cessé  d'enlror 
dans  la  cavalerie  des  légions.  Ce  changement  se  lit  peu  à  peu,  comme  les  abus 
qui  altèrent  par  degrés  la  discipline  des  États,  .le  crois  qu'il  faut  donner  à 
celte  séparation  toute  l'étendue  de  temps  qui  s'écoula  depuis  la  loi  de  Gracchus 
(  an  63 1  )  jusqu'à  la  conquête  des  Gaules,  vers  l'an  700.  Tous  les  événements 
compris  dans  cet  intervalle  conlrihuèrent  à  détacher  les  chevaliers  du  service 
des  légions  :  les  jugements  qui  leur  lurent  donnés  par  Gracchus,  l'admission 
par  Marins  des  prolétaires  dans  les  légions,  le  droit  de  cité  accordé  à  toute 
l'Italie,  et  enfin  les  richesses  gagnées  dans  les  fermes  des  impôts  publics. 
Voy.  Académ.  des  Inscript.,  t.  XX VIII,  p.  45  et  suiv. 

Page  239.  Sur  la  Toge.  «  Douze  auteurs  au  moins  ont  écrit  sur  la  toge,  et 
aucun  ne  dit  avoir  fait  couper  une  draperie  sous  la  forme  de  ce  manteau. 
Quant  à  moi,  j'ai  examiné  avec  attention  la  toge  de  notre  premier  acteur  tragi- 
que, M.  Talma.  Je  l'ai  vue  placée  sur  lui  dans  plusieurs  tragédies  ;  je  lui  ai  donné 
tous  les  jets  que  présentent  les  statues  romaines,  et  je  l'ai  ramenée  sur  la 
tête,  comme  la  portaient  les  sacrificateurs  ;  elle  m'a  paru  avoir  la  forme  et  les 
dimensions  des  toges  les  plus  amples. . .  Elle  est  composée  d'un  demi-cercle,  plus 
d'un  segment  de  cercle,  qui  a  pour  corde  le  diamètre  du  demi-cercle,  et  pour 
hauteur  environ  le  quart  de  ce  diamètre.  Deux  glands  sont  placés  aux  extré- 
mités de  ce  même  diamètre,  qui  a  de  longueur  4  mètres  873  millimètres 
(  15  pieds),  et  qui  forme  la  largeur  de  la  toge,  largeur  triple  de  la  hauteur 
d'un  homme  de  petite  taille.  Sa  hauteur,  composée  du  rayon  du  demi-cercle 
et  de  la  hauteur  du  segment,  est  de  3  mètres  656  (  11  pieds  4  pouces  ),  plus 
du  double  de  la  hauteur  d'un  homme  de  taille  moyenne.  Un  ancien  scholiaste 

de  Perse  {sai.  5,  v.  1 4)  donne  à  la  toge  six  ulna  de  hauteur Servius  (m  Virg. 

Eglo  3,  V.  '1 05)  dit  :  «  Ulna  proprie  est  spatium  in  quantum  utraque  exlendilur 
manus  :  «  Vulna  comprend  l'espace  couvert  par  les  deux  mains  étendues.  » 
Cette  longueur  est  d'environ  0,  mètres  406  (15  pouces)  :  ainsi  les  six 
iilna  sont  égales  à  2  mètres  409  (7  pieds  5  pouces),  ou,  à  0  mètre  027 
près  (un  peu  moins  d'un  pouce),  égales  au  rayon  du  demi-cercle  de  notre 
toge  qui  est  de  2  mètres  437  (7  pieds  six  pouces  ).  »  Mongez,  Recueil  d'anti- 
quités, II*  partie,  costumes  civils,  §  III. 

Forme  de  la  toge  déployée.  (Même  recueil,  t.  II,  pi,  380.) 


(and 


Page  244.  Sur  les  Afœrirs  des  femmes.  Ce  que  rapporte  Sallnsle  autorise  à 
pen?er  qu'Horace,  Ovide.  Tibulle,  Propevce  ne  parlent  pas  exclusivenu'ut  des 


31 


^ 


482  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

courlisanos  dans  les  diverses  parties  de  leurs  poésies  où  ils  se  plaignent  de 
rineonslaiicc,  des  coqiielleries  et  des  trahisons  des  femmes.  Les  mo-urs  de 
Jidie  peuvent  être  un  témoignage.  Voy.  aussi  Cicéron  {aii  AU.  VI,  1),  qui 
nous  appiend  qu'on  trouva  dans  le  bagage  de  P.  Védius,  ami  de  Pompée,  les 
poriraiisde  einq  matrones  des  plus  hautes  familles  de  Home. 

LETTRE  V. 

Page  247.  Sur  l'époque  où  l'on  commença  à  bâtir  dans  le  Champ-de-Mars. 
Le  lem|)IedeBellone  fut  bâti  l'an  4-^7  ;  le  cirque  Flauîinius,  l'an  o33  ;  le  temple 
de  l'Espérance,  l'an  495;  celui  de  Junon-Matute,  l'an  'Ï-JS  ;  ceux  de  Junon-reine 
l'an  565,  d'Hercule  aux  Muses  l'an  564,  des  Lares  marins,  l'an  573.  Presque 
tous  les  autres  édifices,  situés  dans  la  partie  qui  forme  plus  particulièrement  le 
Champ-de-Mars,  sont  du  temps  de  Pompée,  de  César  ou  d'Auguste.  Voy.  la 
Description  de  Rome,  u°^  148,  Î63,  263,  165,  153,  147,  etpassim,  IX^  région. 

Page  250.  Sitr  la  description  du  Panthéon.  Pour  cette  description,  j'ai 
suivi  Serlio  {libro  terzo  de  le  Anliquita,  p.  8,  10),  Venuti  {Anlicliilà  di 
Roma,  part.  II,  c.  3),  Viranesi  {Antichità  romane,  tav.,  15  ),  et  la  restauration 
de  M.  Isabelle  {les  édifices  circulaires  et  les  dômes,  Rome,  pi.  12-16  ).  Dans 
la  description  intérieure,  je  donne,  d'après  Pline,  des  chapiteaux  d'airain  aux 
colonnes;  ceux  qui  existent  maintenant  datent  de  la  restauration  de  Sévère. 

On  croit  que  les  cariatides,  qui  n'existent  plus,  occupaient  l'Altique 
(  Voy.  Winckelmann,  Stor.  del  arle,  t.  II,  p.  332,  et  t.  III,  p.  95,  trad. 
ital.  ).  Le  motif  de  leur  suppression  est  inconnu.  Il  y  a  apparence  que  cette 
mutilation  du  monument  eut  lieu  lorsqu'il  fut  converti  en  église,  et  que  les 
cariatides  furent  enlevées  avec  les  statues  des  divinités  païennes  par  des  icono- 
clastes chrétiens,  qui  les  auront  prises  pour  des  déesses  (  Voy.  Académie  des 
Inscript.,  t.  XXV,  p.  331  ). 

Les  antiquaires  conjecturent  que  le  bas-relief  du  fronton  représentait  le 
triomphe  d' Agrippa,  parce  que  dans  le  quinzième  siècle,  sous  le  pape  Eugène  IV, 
en  faisant  des  fouilles  devant  le  portail  du  Panthéon,  on  trouva  une  tète 
d' Agrippa,  un  pied  de  cheval,  et  un  fragment  de  la  roue  d'un  char  (Mostfal- 
CON,  Diarium  llalicum,  17  ). 

Page  250.  Sur  le  poids  du  bronze  employé  un  Panthéon.  Cette  évaluation  est 
plutôt  au-dessous  qu'au-dessus  de  la  vérité.  L'an  663  de  J.-C,  l'empereur 
Constance  II  enleva  les  tuiles  d'airain  doré  qui  couvraient  la  coupole,  et  quand 
le  pape  Urbain  VIII  fit  détacher  tous  les  bronzes  du  portique  pour  faire  le 
baldaquin  de  Saint-Pierre,  on  en  trouva  45,000,250  livres.  {Voy.  Winckelmann, 
Storiadel  arle,t.  III,  p.  408  et  sqq.,  trad.  ital.  ;  C.  Fea,  Dissert,  sullerovine 
di  Roma.  Venuti  (  Anlichilà  di  Roma,  part.  II,  c.  3),  parlant  de  la  spoliation 
d'Urbain  VIII,  en  1 626,  dit  :  «Nelle  memorie  délia  fabbrica  di  S.  Pielro  si  trova 
che  tutti  i  chiodi  pesavano  9,374  libre,  e  i  metallini  tutto  pesarono  45,000,250 
libre.  »  La  livre  romaine,  valant  339,1  grammes,  on  voit  que  notre  évaluation 
est  très-modérée. 

Serlio  {loc.  cit.)  et  Palladio  {Architelt.,  IV,  20)  parlent  non-seulement 
des  ornements  de  bronze  de  la  voûte  et  des  poutres  creuses  de  même  métal 
au  péristyle,  mais  aussi  d'ornements  d'argent  parmi  ceux  de  bronze. 

LETTRE  VL 

Page  255.  Sur  la  manière  dont  la  hache  était  placée  dans  les  faisceaux  con^ 
sulaircs.  Elle  ne  surmontait  point  les  faisceaux,  comme  on  le  voit  dans  la  plu- 
part des  représentations  modernes,  mais  elle  y  était  attachée  à  moitié  ou  aux 


NOTES.  — LETTRE  VII.  483 

deux  tiers  de  leur  li.anteur.  Voy.  Wixckelmann,  Monitmenti  anlichi,  n»  178  ;  le 
célèbre  toiiil)efiii  consulaire  de  Palazzola,  dans  Angklini  et  A.  Vc3,  Monitmenti 
fia  msifjni  dcl  L<tzio,  tav.  XXXI;  Thesaiir.  MorcU.  fainil.  Furia,  4;  Mont- 
faucon,  Anii(j.  expliquée,  t.  III,  pi.  14;  etc.  etc. 

Page  237.  Sur  le  nom  de  Tribun-  du  peuple.  II  aurait  fallu  dire  tribun  de  la 
plèbe,  ainsi  que  le  voudrait  M.  Ortolan  {Histoire  de  la  técjislntion  romaine, 
11'^  époque,  §  I,  n°  18),  car  tous  les  auteurs  ont  écrit  tribiinas  pleins  et  non 
tribiinits  jwpuii,  le  peuple  comprenant  l'universalité  des  citoyens,  tandis  que 
la  plèbe  ne  comprend  que  ceux  qui  ne  sont  ni  patriciens,  ni  chevaliers.  Mais 
tribun  du  peuple  est  une  expression  consacrée. 

Page  257.  Sur  les  limites  territoriales  de  la  puissance  des  Tribuns.  Dion  (LI, 
19),  parlant  du  privilège  donné  à  César  d'exercer  la  puissance  tribunitienne  à 
huit  stades  et  demi  de  Rome,  ou  plutôt,  suivant  Casaubou  [in  Suet.  Aiuj.  26], 
à  sept  stades  et  demi,  qui  valent  un  mille  romain,  Dion  met  ce  privilège  au 
nombre  de  ceux  que  n'avait  jamais  possédés  le  tribunal.  Cependant  Tile-Live 
(III,  20)  en  parle  sous  l'année  294,  comme  d'un  droit  déjà  existant.  Tite-Live, 
qui  écrivait  du  temps  d'Auguste,  n'aurait-il  pas,  par  inadvertance,  confondu  le 
droit  du  tribun  impérial  avec  celui  des  anciens  tribuns  populaires  ? 

Page  239.  Sur  le  nombre  des  classes  du  peuple  Romain.  On  verra  dans  la 
Lettre  VIII  que  Servius  divisa  le  peuple  en  cinq  classes,  plus  une  centurie 
composée  des  indigents  et  des  capitecensi.  Les  passages  de  Tite-Live  cités  en 
note  prouvent  qu'il  n'y  avait  que  cinq  classes.  Salluste  (  Epist.  ad  Cœs.  I,  10) 
ne  parle  non  plus  que  de  cinq  classes.  Voy.  aussi  Cicéron,  de  hepub.  II, 
22;  A.  Gell.  X.  28. 

LETTRE  MI. 

Page  261 .  Sur  la  matière  des  murs  de  Rome.  «  Sous  la  maison  de  la  vigne 
Barberini,  on  remarque  des  restes  des  murs  de  Servius  Tullius,  construits  de 
blocs  carrés  de  tuf  grisâtre.  »  Nibby,  Itinéraire  de  Rome,  t.  I,  p.  214. 

Page  261 .  Sur  la  largeur  du  Pomœrium.  On  sait  que  les  Romains  marquaient 
ordinairement  les  mesures  agraires  sur  les  bornes  des  champs,  et  la  superficie 
du  terrain  d'un  tombeau  sur  le  tombeau  même;  ils  suivaient  aussi  cette  cou- 
tume pour  leur  Pomœrium,  on  en  a  la  preuve  dans  l'inscription  suivante  d'un 
cippe  du  Pomœrium  : 

IMP.CiESAR.DIVI.F 
AVGVSTVS 
.^  POXTIFEX.MAXIMVS 

TRIBVNIC.POTEST.XVII 

EX.S.C.TERMINAVIT 

R.R.PROXIM.CIP.P.PED 

CLXVI 

BoissARD,  Aniiq.  rom.  part.  III,  tab.  55. —  Grvter.  p.  196. 

Si  le  Pomœrium  avait  été  formé  d'une  simple  ligne  de  cippes,  on  n'aurait 
pas  défendu  de  bâtir  dessus  ou  de  le  cultiver,  comme  il  est  dit  un  peu  plus 
bas;  ces  deux  défenses  indiquent  donc  qu'il  devait  avoir  une  assez  grande 
largeur. 

Page  262.  Sur  l'Agger  de  Servius  et  de  Tarquin.  Nous  avons  à  peu  près 
tranché  la  question  de  deux  Aggeres  dans  notre  texte  ;  cependant  les  anti- 
quaires et  les  archéologues  pensent  assez  volontiers  qu'il  y  avait  VAgger  de 
Servius  et  celui  de  Tarquin.  Voy.  sur  cette  question,  Venuti,  Anticliila  di 
Roma,  part.  I,  c.  5;  N.\rdin'i,  Roma  a7itica,  t.  II,  p.  15,  50,  édit.  Nibby,  in-8; 


i8i  ROMf-:  AU  SIÈCLE  D'AIGIJSTE. 

NiiiBY,  Mnriidi  Ruina,  p.  109,  121,  217;    M.  Dihkau-Dklamaixi;,  Écmwmie 
poUliqne  des  Homains,  t.  I,  p.  3i9. 

Pack  203.  SiJ.  César  recala  la  Pomœrium.  Dion  Cassius  (XLIII,  49)  et  A. 
Gelle  (XHf,  14)  parlent  d'une  extension  du  Poma'rium  faite  par  César;  mais 
ce  n'était  pro!)aljl('nient  qu'un  des  nombreux  projets  qu'il  avait  formés,  et  que 
les  Ides  de  Mars  l'empèclièrent  d'exécuter,  car  Tacite,  dont  j'ai  cité  l'autorilé, 
n'en  dit  rien  ;  parlant  de  l'extension  du  Pomœrium  par  Claude,  et  du  droit 
qii'avaient  d'agrandir  les  limites  de  la  ville  tous  ceux  qui  avaient  agrandi 
l'empire,  il  ajoute  :  «  Cependant  aucun  des  généraux  Romains,  même  après 
avoir  subjugué  de  grandes  nations,  n'avait  exercé  ce  droit,  si  ce  n'est 
L.  Sylla  et  le  divin  Auguste.  »  Nec  tamen  duces  romani,  quanquam  macjnis 
nationibus  subaclis,  iisurpaverunt ,  nisi  L.  Sylla  et  divus  Aunustits.  Ann. 
XII,  23. 

Page  264.  Sur  la  faculté  d'étendre  le  Pomœrium  sans  toucher  aux  murs  de  la 
ville.  Les  limites  de  la  ville  étaient  marquées  par  le  Pomœrium;  Tacite  le  dit 
positivement  {Ann.  XII,  23).  On  pouvait  reculer  le  Pomœrium  sans  toucher 
aux  murs,  et,  ce  qui  paraîtra  plus  extraordinaire,  étendre  les  murs  sans  recu- 
ler le  Pomœrium;  c'est  du  moins  ce  que  fît  Aurélien,  qui  agrandit  d'abord  la 
ville  et  quelque  temps  après  le  Pomœrium.  Voy.  Vopisc.  Aurel.  21. 

Page  264.  A  quel  endroit  on  commençait  le  tracé  du  Pomœrium.  Le  côté  que 
j'indique  est  celui  du  mont  Aventin.  Cette  colline  n'étant  point  comprise  dans 
les  limites  du  Pomœrium,  comme  je  le  dis  plus  bas,  ce  devait  être  après  ce  lieu 
funeste  que  l'on  commençait  le  tracé  de  l'enceinte  des  auspices  de  la  ville.  Il 
fallait  d'ailleurs  que  ce  fût  au  midi,  puisque  c'était  toujours  vers  ce  point 
qu'on  se  tournait  pour  observer  les  présages  du  ciel.  Varr.  L.  L.  VII,  §  7. 

Page  265.  Sur  les  cérémonies  de  l'extension  du  Pomœrium,  Je  n'ai  point 
d'autorité  positive  à  citera  l'appui  de  l'opinion  que  ces  cérémonies  étaient  les 
mêmes  que  celles  de  la  fondation  d'une  ville  ;  cependant  ce  fait  se  déduit  na- 
turellement de  la  chose  même,  puisque  reculer  un  Pomœrium  était  en  quelque 
sorte  créer  une  nouvelle  ville.  Au  surplus  l'opération  de  rejeter  la  terre  en 
dedans  de  l'enceinte  tracée  par  le  sillon  est  indiquée  dans  l'inscription  du  cippe 
rapportée  plus  haut  (p.  483).  A  l'avanl-dernière  ligne  r.  r.  proxim.  cipp.  abré- 
viation de  ruderibus  rejectis  proximo  cippo,  signifie  qu'on  rejeta  la  terre  vers 
le  cippe  le  plus  proche,  c'est-à-dire  l'ancien  cippe,  celui  qui  marquait  les  limites 
du  précédent  Pomœrium,  et  par  conséquent  la  partie  intérieure  de  l'enceinte 
nouvellement  tracée. 

Page  265.  Sur  l'interruption  du  Pomœrium  au  droit  du  mont  Aventin.  Je  ne 
vois  pas  d'autres  moyens  d'expliquer  le  tracé  du  Pomœrium,  car  il  n'est  guère 
vraisemblable  que  cette  espèce  de  grande  voie  sacrée  entrât  dans  l'enceinte 
des  murs  de  la  ville,  qui  enveloppait  aussi  le  mont  Aventin,  pour  ressortir  en- 
suite afin  d'aller  regagner  l'extrémité  des  faubourgs. 

Page  263.  Sur  l'exclusion  de  V Aventin  de  l'enceinte  du  Pomœrium.  J'attri- 
bue ce  motif  à  un  peu  de  superstition,  et  les  Romains  pai-aissent  avoir  eu  cette 
idée,  puisque  quand  Claude  recula  les  limites  du  Pomœrium,  il  y  comprit  le 
mont  Aventin.  Voy.  A.  Gell.  XIÏI,  14. 

Ce  fut  probablement  alors  que  fut  instituée  la  fête  appelée  Septimonlium, 
en  mémoire  de  ce  que  la  septième  montagne  avait  été  enfermée  dans  l'enceinte 
de  la  ville.  Je  fonde  ma  conjecture  sur  ce  que  celte  fête  qui  se  célébrait  le  III 
des  Ides  de  décembre  (11  décembre)  ne  se  trouve  pas  sur  le  Kalendrier  que 
je  donne  dans  la  lettre  XI,  et  qui  est  du  temps  d'Auguste.  On  ne  le  rencontre 
que  dans  un  Kalendrier  postérieur,  connu  sous  le  nom  de  Kalendrier  de  Constant. 


NOTES  —  LETTKK  IK.  iS:. 

E(!  Scptimoiilium  .se  célébrail  pai'  des  saorilicos  laits  dans  sept  eiidroils  dil- 
féronls,  au  Palatin,  sur  le  mamelon  appelé  Vélia,  à  Fagutal,  à  Germains,  aux 
monts  Cœlius,  Oppius,  Cispius,  et  à  Subuie  '.  Ce  jour-là  il  était  défendu  à  (|ui 
que  ce  soit  d'aller  en  voiture.  Plularque  conjecture  ([ue  c'était  afin  (juc  per- 
sonne n'abandonnât  la  ville  2.  C.e  motif  paraît  assez  puéril.  Les  Empereurs  em- 
ployaient un  moyen  beaucoup  plus  efficace  ;  nous  lisons  dans  la  vie  de  Domi- 
tien  ^  que  ce  prince  donnait  des  jeux  à  l'occasion  du  Septirnonlmm,  distribuait 
des  sportules  au  peuple,  aux  Sénateurs  et  aux  Chevaliers,  et  faisait  jeter  dans 
le  théâtre  des  présents  et  des  billets  de  loterie  parmi  les  spectateurs. 

LETTRE  VIII. 

Page  268.  Srir  les  mots  Seniores  et  Juniores.  Les  traducteurs  rendent  ordi- 
nairement ces  mots  pai-  les  vieillards  et  les  jeuiws  gens.  C'est  une  erreur,  par- 
ce que  dans  les  idées  des  Romains  la  jeunesse  comprenait  l'époque  de  la  vie 
entre  45  et  60  ans,  et  la  vieillesse  depuis  60  ans  et  au-delà.  Or  les  vieillards 
n'étaient  plus  admis  dans  les  comices. 

Page  271 .  Sur  l'époque  où  les  centuries  furent  répandues  dans  les  tribus. 
Les  archéologues  ne  s'accordent  pas  sur  l'époque  à  laquelle  eut  lieu  ce  chan- 
gement; Niebuhr  pense  que  ce  fut  l'an  359,  lors  de  la  création  des  tribuns 
consulaires  {Hist,  Rom.  t.  YI,  p.  29).  Un  savant  allemand,  M.  Huschke,  lui 
assigne  l'an  259,  et  l'un  de  ses  compatriotes,  M.  Gœtteling,  descend  jusqu'au 
sixième  siècle.  M.  de  Golbéry,  examinant  ces  opinions  si  diverses  {Hist.  Rom. 
de  Niebuhr,  t.  VI,  p.  277  et  suiv.)  croit  que  la  répartition  des  centuries  dans 
les  tribus  eut  lieu  plus  tard  encore.  11  se  fonde  sur  ce  passage  suivant  de  De- 
nys  d'Halicarnasse  (,1V,  21)  :  «  Ces  lois  (de  Servius)  se  conservèrent  pendant 
«  une  longue  suite  de  générations  ;  mais  de  nos  jours  des  raisons  impérieuses 
«  les  ont  fait  changer,  et  elles  sont  devenues  plus  démocratiques.  Néanmoins 
«  les  centuries  ne  sont  pas  abrogées,  seulement  on  ne  les  appelle  ])lus  selon 
«  la  même  règle,  ce  que  j'ai  pu  remarquer,  ayant  souvent  assisté  à  leurs 
«  élections.  »  J'ai  suivi  l'opinion  du  savant  traducteur  de  Niebuhr,  et  je  l'ai 
précisée  un  peu  plus  en  plaçant  au  septième  siècle  le  grand  changement  poli- 
tique dont  on  ne  connaît  ni  l'époque  exacte,  ni  l'auteur. 

LETTRE  IX. 

Page  274.  Sur  le  mot  Maison.  Je  me  sers,  et  je  me  servirai  toujours  du  mot 
Maison,  quoiqu'en  français  le  vrai  nom  des  demeures  somptueuses  soit  Hôtel 
ou  Palais.  Hûlel  est  un  mot  moderne  qui  ne  serait  point  dans  la  couleur  du 
sujet.  Palais,  le  mot  latin  Palalitim,  désignait  une  maison  sur  le  mont  Palatin, 
et  plus  tard,  la  Maison  des  Empereurs,  quand  elle  eut  envahi  presque  toute  la 
montagne.  Dans  le  Bas-Empire  on  donna  aussi  ce  nom  à  la  demeure  des  Em- 
pereurs à  Constantinople  (Procop.  passim);  mais  sous  Auguste  et  ses  succes- 
seurs à  Rome,  on  ne  connut  que  deux  mots  pour  désigner  tous  les  genres  de 
maisons,  Domus  ou  Insula,  j'ai  cru  devoir  conserver  cette  uniformité  d'expres- 
sion, image  de  l'égalité  républicaine,  qui  du  moins  exista  toujours  de  nom,  si 
elle  n'exista  jamais  entièrement  de  fait.  Ovide  {Fast.  VI,  v.  640),  parlant  de 
la  magnifique  demeure  que  Védius  Pollion  possédait  auprès  du  Forum,  l'appelle 
immensa  Domus.  On  pourrait  multiplier  les  citations  de  ce  genre. 

Page  274.  Sur  l'époque  à  laquelle  Dcnys  d'Halicarnasse  vint  à  Rome.  Ce  fut 

1  Fest.  V.  Seplimonliuiu  et  Sfitiimonlio.  =  ^  l'Iul.  Quœst.  roni  p.  151.  =  s  Sticl. 
Doniit.  -'(. 


486  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

dans  le  tomps  (ju'Aiii^uslc  iiiil  fin  à  la  giicrro  civile,  et  il  y  resta  vingt-deux 
ans,  travaillant  aux  recherches  pour  ses  Antiquilcs  romaines.  Voy.  D.  IIalic. 
antiq.  rom.  I,  prsef. 

Page  274.  Sur  l'époque  où  vivait  Vilruve.  Vitruve  était  vieux  quand  il  ter- 
mina son  Traité  d'Architecture  et  le  présenta  à  Auguste  (Vitbuv.,  1,  proef.).  On 
croit  que  cette  présentation  fut  faite  vers  l'an  725. 

Page  273.  Sur  les  mots  Area  et  Vestibuldm.  Dos  archéologues  ont  cru  que 
YArea  et  le  Veslibulum  étaient  deux  endroits  différents;  on  pourra  se  con- 
vaincre, parles  passages  des  auteurs  indiqués  ci-dessous,  que  YAren  elle  Vcsti- 
huluin  sont  la  même  chose;  qu'un  Area  ou  un  K<'.s<i7^u/um  n'était  hicn  réelle- 
ment qu'une  place  laissée  devant  une  grande  maison ,  et  qui  se  trouvait  enca- 
drée, à  droite  et  ii  gauche,  soit  par  des  portiques,  soit  par  les  deux  maisons 
voisines.  {Voy.  Varr.,  L.  L.  V,  §  38;  VII,  §  81.  —  A.-Gell.  ,  IV,  i;  XVI,  5; 
XX,  I. — TiT.-Liv.,  II,  49. — Cic,  pro  Cœcina,  \%;adAtiic.,  lY,  3. — Tac, 
Ann.,  II,  31.  — Macrod,  Saturn.,  VI,  8.  —  Isidor.,  Orig.,  XV,  7,  etc.,  etc. 

Page  275.  Sur  les  pavés  de  mosaïque.  J'ai  recueilli  dans  plusieurs  visites  à 
Pompei  ce  que  j'ai  dit  de  ce  pavé  de  mosaïque,  et  tout  ce  (pie  je  dirai  sur  ce 
sujet  dans  le  cours  de  celle  lettre.  Chaupy,  dans  .sa  Découverte  de  la  maison  de 
campagne  d'Horace,  III'-'  partie,  page  354,  a  prouvé  que,  du  temps  d'Auguste, 
on  faisait  un  grand  usage  de  mosaïques  dans  le  genre  de  celles  de  Pompei. 

Page  276.  Sur  l'image  du  chien  peint  à  l'entrée  des  maisons.  On  a  trouvé 
aussi  à  Pompei  cette  image  de  chien  avec  son  incription  :  c'est  une  mosaïque 
noire  sur  un  fond  blanc.  Elle  se  voit,  non  pas  sur  le  mur,  mais  sur  le  seuil,  ou, 
pour  mieux  dire,  immédiatement  après  le  seuil  du  prothyrum  de  la  maison  dite 
du  poète  tragique. 

Page  276.  Sur  les  pentes  du  Prothyrum.  A  Pompei,  le  Prothyrum  est  ainsi 
toujours  en  penle  quand  le  sol  de  V Atrium  est  plus  haut  que  la  rue;  on  préfé- 
rait ces  pentes  à  des  marches.  Les  montées  à  cordonata  de  Rome  moderne  ])a- 
raissent  être  une  tradition  de  cet  usage  :  sous  le  ciel  de  l'Italie,  où,  pendant 
une  grande  partie  de  l'année,  la  chaleur  du  climat  fait  que  le  mouvement  est 
une  fatigue,  on  a  dii  éviter  les  montées  en  escaliers,  toujours  si  pénibles. 

Page  276.  Sur  les  bassins  d'Atrium.  Les  bassins  d'Atrium  de  Pompei  n'ont 
que  quinze  ou  seize  centimètres  de  profondeur  :  beaucoup  sont  dallés  en 
marbre  blanc  ;  j'en  ai  remarqué  un  pavé  en  carreaux  de  marbre  de  diverses 
couleurs. 

Page  276.  Sur  la  distinction  entre  /'Impluvium  et  le  Compluvilm.  Je  suis  ici 
en  désaccord  avec  plusieurs  archéologues  qui  prétendent  que  Y  Impluvium  est 
le  bassin,  et  le  Complnviumla.  cour.  Suétone  {Aug.,  92)  dit,  il  est  vrai,  qu'Au- 
guste fit  transporter  dans  le  Compluvium  du  temple  des  Pénates  une  palme 
poussée  devant  sa  maison  ;  mais  cela  ne  détruit  pas  mon  assertion,  appuyée 
d'ailleurs  sifi-  de  bonnes  autorités,  car  il  serait  possible  que  quand  un  Atrium 
n'avait  pas  de  bassin,  le  centre  de  la  cour  gardât  toujours  le  nom  de  Complu- 
vium. Voici,  du  reste,  encore  une  autorité  à  l'appui  de  cette  opinion;  un  per- 
sonnage d'une  comédie  de  Térence  dit  :  «  L"n  serpent  est  tombé  du  toit  par 
mon  impluvium  : 

Anguis  per  impluvium  decidit  de  tegulis. 

riwrm.  \V,  i,  V.  27. 

Page  279.  Sur  les  Courtines.  Servius  {in  Georg.,  III,  v.  2-5)  dit  :  «  Dédit 
etiam  [Auguslus]  aulioa,  id  est  velamina  in  quibus  depixerat  victorias  suas... 
Aulœa  aulem  dicta  sunt  ab  aula  Atlali,  in  qua  p'rimum  inventa  sunt  vêla  ingen- 


NOTES.  — LETTRK  iX.  487 

tia,  posUiiimii  is  populiini  romannin  scripsit  lueredein.  »  — J'iii  tâché  (le  ren- 
dre par  Cour  et  Courtine  le  rap[)roclieitieiit  qui  existe  entre  Axtla  et  Aulœa. 

Page  279.  Sur  la  dispomlion  des  salles  nommées  Ailes,  et  sur  les  inscriptions 
des  armoires  à  porlraits.  Sénèqiie  {Ep.  44)  dit:  «  Atrium  plénum  fumosis  ima- 
ginihus,  ce  qui  prouve  que  les  Ailes  n'étaient  point  fermées,  car  on  verra  plus 
bas  que  la  cuisine  donnait  sur  V Atrium,  et  probablement  c'était  par  la  fumée 
qui  s'en  échappait  que  les  images  étaient  noircies. 

Pour  représenter  les  choses  avec  une  vérité  scrupuleuse,  il  fallait  spécifier  si 
les  inscriptions  se  trouvaient  en  haut  ou  en  bas  des  armoires ,  je  dis  qu'elles 
étaient  en  bas ,  mais  simplement  par  conjecture,  car  le  texte  d'aucun  des  au- 
teurs que  je  cite  en  note  ne  peut  faire  soupçonner  la  place  de  ces  inscriptions. 

Page  279.  Sur  la  place  des  Triclinia.  Vitruve  (VI,  3)  dit  en  parlant  du  Ca- 
vœdium  displuviatum,  que  cette  forme  est  surtout  agréable  en  hiver,  parce 
que  ces  toits  relevés  ne  s'opposent  point  au  passage  du  jour  qui  doit  éclairer 
les  Triclinia.  C'est  une  preuve  que  ces  pièces  étaient  autour  àeY  Atrium.  Cela, 
d'ailleurs,  se  rapporte  encore  avec  la  position  de  la  cuisine. 

Page  281.  Sur  la  position  delà  Cuisine.  Servius  {in  jEneid.,  I,  v.  730)  tire 
l'une  des  étymologies  du  mot  Atrium  de  ce  que  celte  pièce  renfermait  la  cui- 
sine, quod  atrum  erat  ex  fumo.  Le  passage  de  Sénèque,  cité  ci-dessus  dans  la 
seconde  note  sur  la  page  279,  confirme  et  cette  étymologie  et  mon  assertion 
que  la  cuisine  était  voisine  de  V  Atrium.  Cicéron  dit,  en  parlant  des  portraits 
de  famille  :  Commendatione  fumosarum  imaginum,  quarum  simile  habes  nihil, 
prœler  colorem  (in  Piso,  1);  et  Juvénal  (S.  8,  v.  8.), 

Fumosos  equitutn  cum  dictatore  magistros. 

Page  283.  Swr  la  position  des  salles  de  travail  des  femmes.  Tite-Live  (I,  57) 
racontant  l'aventure  de  Lucrèce,  dit  que  cette  jeune  fille  avait  passé  une  partie 
de  la  nuit  à  filer  avec  ses  esclaves,  dans  la  partie  centrale  de  la  maison.  — 
Nocte  sera  deditam  {Lucretiam)  inter  lucubrantes  ancillas  in  medio  jedium,  se^^ 
dentem  inveniimt. 

Vitruve  (VI,  10)  rapporte  que  dans  les  maisons  grecques  les  OEci  sont  dans 
le  péristyle,  et  servent  de  salles  de  travail  aux  mères  de  famille. 

En  rapprochant  ces  deux  passages,  dont  le  premier  me  paraît  une  espèce  de 
commentaire  du  second,  j'ai  cru  pouvoir  assigner  les  OEci  comme  les  salles  de 
travail  des  dames  romaines.  Cependant,  pour  ne  rien  dissimuler,  je  dirai  que 
Cornélius  Népos  indique  un  endroit  moins  retiré,  et  qui  pourrait  être  près  de 
r Atrium. — Mater  familias  (dit-il  dans  sa  préface),  primum  locum  tenet  cedium, 
atque  in  celebritate  versatur. 

Mazois,  dans  son  petit  ouvrage  intitulé  le  Palais  de  Scaurus,  donne  aux 
femmes  un  appartement  particulier  et  complet.  N'ayant  point  d'autorité  à  citer 
à  l'appui  de  son  opinion,  et  s'élayant  seulement  sur  Vitruve,  à  l'endroit  où  cet 
écrivain  décrit  la  maison  grecque,  il  ajoute  en  note  :  «  Les  Romains  imitèrent 
«  des  Grecs  beaucoup  de  choses  qui  tenaient  au  luxe  et  aux  commodités  de  la 
«  vie  :  aussi  chaque  palais  romain  eut  ungynaeceum  (cbap.  vni).  «  —  Sa  conclu- 
sion nie  semble  peu  fondée,  d'abord  parce  que  Vitruve,  qui  parle  de  cet  appar- 
tement dans  la  maison  grecque,  ne  l'aurait  point  passé  sous  silence  dans  la  maison 
romaine,  dont  il  aurait  formé  une  division  importante  s'il  y  eût  existé  ;  et  en- 
suite parce  que  cette  distinction  n'était  point  dans  les  mœurs  des  Romains,  qui 
vivaient  avec  les  femmes,  les  admettaient  dans  leurs  festins,  et  ne  les  reléguaient 
pas  dans  leur  intérieur,  comme  faisaient  les  Grecs. 

Page  283.  Sur  la  garniture  des  croisées.  Ce  que  je  dis  de  toiles  servant  de 


\m  nom:  au  siècle  daugiste. 

vili'ps  n'est  turuuo  cimjt'cUirp  (raut;iiit  plus  vraisemblable,  (lu'ou  iic  coniiais- 
sail  pas  alors  de  malière  plus  propre  à  cet  usage;  car  au  siècle  d'Auguste  le 
verr(!  à  vitre  n'était  j»as  encore  inventé,  ni  la  pierre  spéculaire  découverte. 
Cette  pierre,  qui  se  débitait  en  l'euilles  minces  au  moins  aussi  transparentes 
<[ue  du  verre  ou  même  du  cristal  (Plin.,  XXXV,  10),  et  qui  avaient  le  mal  et 
le  gris  de  l'alun  de  roclie  {Id.,  IX,  35  ;  XXXVI,  22),  ne  fuldécouverte  que  du 
temps  de  Sénèque  (/cL,  XXXIII,  22.  —  Senec,  Ep.  90).  Elle  se  tirait  d'Es- 
pagne, de  Cypre,  de  Cappadoce,  de  Sicile  et  d'Afrique;  il  y  en  avait  aussi  en  Ita- 
lie aux  environs  de  Bologne.  Les  pierres  spcculaires  d'Espagne  étaient  les  meil- 
leures; la  Cappadoce  fournissait  les  plus  grandes  lames  (Fus.  XXXVI,  21, 22). 

Page  284.  Sur  le  bois  de  Cilre.  Ce  bois  a  quelquefois  été  confondu  avec  le 
citronnier  ;  mais  des  recherches  faites  par  M.  Mongez  et  consignées  dans  un 
Mémoire  qu'il  a  lu  à  l'Institut  en  1807,  démontrent  que,  suivant  toute  vraisem- 
blance, le  Cilre  était  l'espèce  de  genévrier  connu  sous  la  dénomination  de 
Juniperus  hispanica.  (Voy.  Acad.  des  /nscnpt. ,  nouvelle  série,  t.  III,  p.  31.) 

Page  285.  Sur  l'éleudue  du  champ  de  Cincinnalus.  Ce  champ  avait  sept/«- 
gcru  {Voij.  Max.  IV,  4,  7),  qui  valent  1  hectare  7G  ares  99  centiares,  ou  plus 
de  3  arpents  1/4,  à  100  perches  de  22  pieds  par  perche. 

Page  288.  S'il  y  avait  un  Ilospitium  et  un  Venereum  dans  la  maison  ro- 
maine. J'ai  omis  dans  ma  description  deux  pièces  dont  Mazois  parle  dans  la 
description  d'une  maison  romaine  intitulée  le  Palais  de  Scaurus,  et  qui,  je 
pense,  n'existaient  point.  La  première  est  VHospilium.  Rien  ne  nie  paraît 
moins  certain  qu'il  existât  dans  la  maison  romaine  un  appartement  séparé, 
pour  servir  uniquement  à  donner  l'hospitalité.  Vitruve,  qui  parle  de  YHospi- 
tium  dans  la  maison  grecque  (VI,  10),  n'en  dit  pas  un  mot  dans  la  maison  ro- 
maine. Quintus  Cicéron,  qui  dans  son  petit  traité  Sur  la  Demande  du  Consulat, 
recommandant  à  son  frère  de  rechercher  les  hommes  influents  des  villes  muni- 
cipales et  de  toute  l'Italie,  de  se  lier  avec  eux,  de  s'en  faire  des  partisans 
(Q.  Cic,  de  Petit.  Consul,  8),  n'en  parle  pas  non  plus.  Il  me  semble  que  sa 
première  parole  devait  être  :  Ouvrez-leur  voire  Hospilium.  Tile-Live  (H,  14) 
dit  bien,  en  parlant  des  Etrusques  venus  à  Rome,  qu'ils  furent  excepti,  divisi- 
que  in  Hospitia.  Dans  un  autre  endroit  (I,  58)  il  parle  de  la  chambre  hospita- 
lière, Hospitale  cubiculum.  Valère-Maxime  (V,  1,1)  racontant  que  le  roi  Pto- 
lémée  était  venu  prendre  l'hospitalité  à  Rome  chez  un  peintre  d'Alexandrie, 
dit  :  Se  in  Hospilium  Alexandrini  picloris  contulerat,  et  Suétone  {Tib.,  37), 
parlant  des  cohortes  prétoriennes  réparties  chez  les  citoyens  avant  d'être  lo- 
gées dans  un  camp,  les  déclare  per  Hospitia  dispersée.  Malgré  ces  espèces  d'au- 
torités, non  citées  par  Mazois,  je  crois  que  les  Romains  n'avaient  pas  d'appar- 
tement spécialement  consacré  à  l'hospitalité,  et  que  V Hospilium  ne  formait  pas 
une  des  distributions  de  leurs  maisons  ;  la  chambre  où  on  logeait  un  hôte  de- 
venait, était  appelée  Hospilium,  mais  momentanément. 

La  seconde  pièce  est  le  Venereum,  esj)èce  de  petit  boudoir  erotique  dont 
Mazois  a  cru  trouver  un  modèle  à  Pompei  dans  la  maison  dite  d'Actéon,  et 
qu'il  a  reproduit  dans  le  Palais  de  Scaurus  (chap.  vu).  Son  interprétation  est 
incontestablement  fort  ingénieuse,  et  il  l'a  mise  en  œuvre  de  la  manière  la  plus 
adroite  et  la  plus  séduisante;  mais  je  crois  qu'il  s'est  trompé,  et  qu'il  n'existait 
point  de  Venereum  dans  les  maisons  romaines.  Ce  mot  même,  dansla  signilica- 
tion  qu'il  lui  a  donnée,  n'existe  pas  en  substantif  dans  la  langue  latine  :  on  ne  le 
trouve  ni  dans  Vitruve,  ni  dans  aucun  des  poêles  erotiques  tels  que  Properce 
Galius,  Ovide,  Tibulle,  Horace,  auxquels  bien  certainement  il  se  serait  pré- 
senté quelquefois  dans  les  scènes  d'amour  dont  leurs  ouvrages  sont  i-emplis. 
Le  peu  de  passages  d'auteurs  anciens  dont  Mazois  sendjie  s'ajviniyer  dans  la 


NOTES.  — L m  THE  X.  480 

description  de  son  \'cnpreum,  fournissonl  au  contraire  dos  iirciivcs  contre  lui, 
car  aucun  de  ces  passages  ne  s'applique  directement  ni  spécialement  au  genre 
de  boudoir  (»u  de  cabinet  dont  il  ])arle.  i'ar  exemple,  les  voUes  de  la  porte 
étalent  conununs  à  tous  les  apparlements  intérieurs;  la  petite  cour  et  le  porti- 
que vitré  ne  sont  nullement  donnés  par  Pline  comme  i'aisant  partie  d'un  ap- 
partement destiné  aux  folâtres  jeux  de  Venus;  le  reste  est  emprunté  à  la  des- 
cription de  la  Maison  d'Actéon,  et  interprété  suivant  les  besoins  de  l'auteur. 
Quant  aux  détails  de  luxe,  de  décoration  et  d'ameublement,  ils  sont  pris  dans 
divers  écrivains  ou  poètes  qui,  nulle  part,  ne  les  donnent  comme  a[)partenant 
à  ce  que  Mazois  appelle  un  Venereum.  La  seule  autorité  dont  il  s'a|)puii!  est  lui 
ancien  écriteau  de  location  trouvé  à  Pompei,  et  que  je  rapporte  plus  bas,  dans 
la  lettre  XVI,  p.  364.  Si  le  mot  Venereum  avait  été  reçu  dans  la  langue  la- 
tine, Ovide  l'aurait  sans  doute  employé  dans  le  passage  de  ses  Tristes  (II,  v.  523) 
où  il  parle  des  figures  de  Vénus  que  l'Empereur  avait  dans  la  partie  privée  de 
sa  maison.  II  appelle  cet  endroit  secret  simjdemenl  aliquis  locus. 

Je  tei'ininerai  en  disant  que  les  maisons  de  Rome  ne  peuvent  être  compa- 
rées, pour  l'étendue,  à  celles  de  Pompei .  Elles  étaient  vastes,  Cicéron  le  dit 
positivement  :  In  domo  clari  bominis,  in  quam  et  bospites  multi  recipiendi,  et 
admittenda  boniinuni  cujusque  modi  multitude,  adhibenda  est  cura  laxitatis 
(  De  Of[ic.,  I,  39).  Pline,  en  rapportant  que  les  colonnes  de  Vatrium  de  Scau- 
rus  avaient  38  pieds  de  haut  (11  mètr.  2.59  centim.  ),  nous  indique  que  cette 
cour  et  ses  portiques  avaient  de  grandes  dimensions  (Pline,  XXXVI,  2). 

LETTRE  X. 

Page  292.  Sur  la  irodMCiio?),  des  mois  Anteambulones,  assectatores,  etc.  J'ai 
dû  forger  les  mots'  français,  car  n'ayant  pas  la  chose,  nous  ne  {'pouvons  avoir 
le  terme  correspondant. 

Page  294.  Sur  la  valeur  de  la  Sportule  en  numéraire.  Martial,  donnant  seul 
les  nombres  de  la  Sportule  en  numéraire,  j'ai  tâché  d'arriver  à  une  valeur 
exacte  pour  mon  époque,  en  prenant  la  moyenne  de  la  valeur  du  Sesterce  et 
de  l'As  entre  Auguste  et  Domitien.  J'ai  trouvé  ainsi  qu'un  client  de  bas  étage 
recevait  environ  9  centimes  par  jour  dans  dix  ou  douze  maisons.  Cette  mo- 
dique paie  lui  suffisait,  puisque  les  gens  de  la  plèbe,  ainsi  que  nous  le  disons 
plus  bas  (Lettre  XIV,  p.  351),  pouvaient  pour  deux  as  (environ  13  centimes) 
dîner  à  la  taverne.  Quant  au  terme  de  stipateurs,  employé  dans  la  phrase  sui- 
vante, c'est  évidemment  un  terme  de  mépris  qu'il  ne  faut  pas  prendre  à  la 
lettre.  D'ailleurs  les  clients  devaient  être  payés  avec  le  slips,  l'os,  qui  valait 
6  3/4  centimes,  ne  pouvant  servir  à  former  une  quantité  juste  de  9  centimes. 

Page.  296.  Sur  la  bassesse  des  Clients.  La  plupart  des  traits,  et  surtout  les 
plus  forts,  dont  j'ai  peint  la  bassesse  des  clients,  sont  puisés  dans  des  écrivains 
un  peu  postérieurs  à  mon  Voyage,  et  pourront  peut-être,  au  prenner  coup 
d'œil,  paraître  former  un  anachronisme  ;  car  à  l'époque  oii  écrivaient  Sénèque, 
Juvénal,  Martial,  l'altération  complète  delà  constitution,  en  retirant  tout 
pouvoir  au  peuple,  l'avait  mis  dans  l'impossibilité  d'être  réellement  utile  à  ses 
patrons  :  de  là  leur  avilissement.  Cependant,  en  réllécliissant  que  du  temps 
d'Horace  les  clients  traitaient  déjà  leurs  patrons  de  Rois,  le  lendemain,  pour 
ainsi  dire,  du  jour  où  ce  nom  avait  fait  tuer  César,  on  peut  penser  que  de  telles 
gens  n'avaient  des  sentiments  ni  très-nobles  ni  très-relevés,  et  qu'ils  étaient 
bien  capables  de  toutes  les  bassesses  rapportées  par  les  écrivains  postérieurs 
à  Horace. 


490  KOxME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

LETTRE  XI. 

Page  31 1.  Sur  le  Kulendrier  romain.  Ce  Kalendiier  est  copié  d'un  marbre 
anli(iue  trouvé  à  Uoine  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  et  connu  sous  le  nom  de 
Kalendarinm  Muffœiorum.  Il  est  complété,  pour  les  nombres  ordinaux  de 
chaque  fraction  de  mois,  avec  un  fragment  de  kalendrier  antique  appelé  Ka- 
lendarinm Prœncfitinum.  Ou  les  trouve  l'un  et  l'autre  dans  Gruter,  p.  133 
et  sqq  ;  dans  le  Thcsaurus  de  Grievius,  t.  VIII  ;  et  dansOrelli,  Inscrip.  lai., 
t.  II,  p.  382  et  sqq.  On  s'accorde  généralement  à  reconnaître  le  premier,  (pii 
est  presque  complet,  comme  étant  du  siècle  d'Auguste.  Le  marbre  original 
ne  fournissant  aucune  indication  pour  le  4  novembre,  les  2,  3,  4  et  6  décem- 
bre, j'ai  comblé  cette  lacune  par  un  emprunt  fait  à  un  autre  monument 
antique,  connu  sous  le  nom  de  Kalendrier  d'Ainilerne.  Jai  également  emprunté 
à  un  autre  kalendrier,  appelé  Hustique,  la  longueur  des  jours  et  des  nuits  de 
chaque  mois,  qui  est  si  utile  pour  connaître  l'étendue  des  12  heures  du  jour 
qui  partageaient  invariablement  chacjue  journée  romaine,  du  lever  au  coucher 
du  soleil  [Voy.  Lettre  XXVlIj.  Le  Kalendrier  Rustique  se  trouve  dans  Gruter, 
p.  137,  etdansOreUi,  t.  Il,  p.  380. 

Page  312.  Sur  l'interprétation  des  lettres  nundinales  du  Kalendrier.  Celle 
interprétation  est  de  Scaliger  (  de  veter.  anno  Rom.  ).  La  justesse  en  a  été  con- 
testée, parce  qu'il  n'y  a  que  huit  lettres,  a-t-on  dit,  et  qu'il  en  aurait  fallu  neuf, 
les  Xundines  revenant  tous  les  neuf  jours.  Cette  objection  tombe  d'elle-même 
en  observant  la  numération  kalendaire  des  Romains,  où  les  jours  qui  com- 
mencent une  période  sont  comptés  deux  fois  :  par  exemple,  le  troisième 
jour  avant  les  noues  est  marqué  IV,  le  jour  même  des  nones  entrant  dans  le 
calcul  de  précession.  Il  en  est  de  même  pour  les  ides  et  pour  les  kalendes. 
Une  autre  objection  qui  pourrait  sembler  plus  sérieuse,  c'est  la  coïncidence 
très-fréquente  des  jours  des  Comices  avec  ceux  des  Nundines,  puisqu'il  est 
bien  certain  qu'un  jour  nundinal  ne  pouvait  jamais  être  un  jour  comitial 
{voij.  Lettre  VIII,  p.  267)  ;  mais  cette  objection  doit  s'évanouir  comme  la  pré- 
cédente en  observant  que  l'ordre  des  Nundines  étant  régulier,  jamais  elles 
ne  tombaient  deux  années  de  suite  aux  mêmes  jours.  Les  jours  comitiaux,  au 
contraire,  étant  portés  toujours  aux  mêmes  places  sur  le  kalendrier,  il  faut 
admettre  que  leur  indication  immuable  n'était  valable  qu'autant  qu'il  n'y  avait 
pas  rencontre  avec  une  Nundine  ;  dans  ce  cas,  le  jour  comitial  devenait  nul. 
Quant  aux  quelques  jours  de  marché  indiqués  en  juillet,  septembre  et  novem- 
bre, c'étaient  des  réunions  extraordinaires,  et  non  pas  des  Nundines. 

Page  312.  Sur  les  jours  moitié  néfastes  et  moitié  fastes,  ou  mixtes.  Boulan- 
ger, après  avoir  rappelé  que  tous  les  anciens  peuples  commençaient  le  jour 
le  soir  pour  le  terminer  au  soir  suivant,  ajoute  :  «  C'est  par  cette  division  des 
«  jours  qu'on  voit  chez  les  Romains  des  fêtes  qui  n'occupaient  plus  que  la 
«  moitié  d'un  jour,  et  surtout  la  moitié  du  matin.  Cette  portion  de  fête  avait 
«  originairement  fait  partie  d'une  fête  complète,  commençant  la  veille  au  soir  ; 
«  mais  cette  première  partie  avait  peut-être  été  anéantie  parce  qu'elle  était 
«  funèbre.  »    {L'Antiquité  dévoilée  par  ses  usages,  l.lU,psige\'6o.) 

Page  318.  Sur  l'époque  où  le  mois  Sextilis  fut  nommé  Auguste.  Je  commets 
ici  un  anachronisme  de  quelques  années  :  cette  mutation  n'eut  lieu  que  l'an 
746,  lorsqu' Auguste  réforma  l'année  Julienne. 


NOTES. —LETTRE  Xl(.  401 

Page  318.  Sur  l'Autel  de  la  Victoire.  C'est  l'Aulel  si  célèbre,  qui  fut  dé- 
truit du  temps  de  Théodose  et  d'Arcadius,  et  contre  la  destruction  duquel 
Symmaque  réclama  avec  éloquence.  Voy.  Symsi.  Epût.  X,  Ci  ;  Beugnot,  de 
la  Destruction  du  paganisme  en  Occident,  t.  I,  p.  410-417. 

LETTRE  XII. 

Page  322.  Sur  l'usage  salutaire  du  Bain  chaud.  Voici  ce  que  Plutarque, 
traduit  par  Amyot,  dit  de  l'usage  du  bain  ciiaud  :  «.  Après  l'exercice  il  fault  en- 
trer dedans  l'estuve,  là  où  se  laver  d'eau  froide  est  plus  fait  en  jeune  homme 
qui  veut  monstrer  sa  bonne  disposition  qu'il  n'est  convenable  à  la  santé  :  car 
le  bien  que  tel  lavement  peut  apporter,  c'est  qu'il  semble  endurcir  le  corps, 
et  le  rendre  moins  subject  à  eslre  offensé  des  qualitez  de  l'air ,  mais  cela  fait 
plus  de  mal  au  dedans,  qu'il  ne  fait  de  bien  au  dehors,  d'autant  (ju'il  resserre 
les  pores,  et  fait  grossir  et  espessir  les  humeurs  et  vapeurs  qui  se  voudroient 
évaporer  et  résoudre  continuellement  :  davantage  il  est  force  que  ceux  qui 
usent  de  se  laver  d'eau  froide,  tombent  en  la  subjcction  de  celle  trop  exquise 
et  estroilte  diele  que  nous  fuyons,  ayant  tousjours  l'œil  fiché  à  n'en  oultrepas- 
ser  jamais  un  seul  poinct,  d'autant  que  la  moindre  et  plus  légère  faute  du 
monde  est  incontinent  chastiée  bien  asprement  :  là  où, au  contraire,  se  laver  d'eau 
cliaulde  nous  pardonne  beaucoup  de  choses,  car  elle  n'oste  pas  tant  de  force 
et  roideur  au  corps,  comme  elle  nous  apporte  de  profit  pour  la  santé,  ache- 
minant et  accommodant  tout  doulcement  les  humeurs  à  la  concoction  :  et  si 
d'advanture  il  y  en  a  qui  ne  se  puissent  pas  bien  cuyre,  pourveu  qu'elles  ne 
soient  pas  totalement  crues,  et  qu'elles  ne  flottent  pas  au-dessus  de  l'estomac, 
elle  les  fait  dissoudre  et  exhaler  sans  aucun  sentiment  de  douleur,  et  recon- 
forte, et  fait  esvanouir  les  secrettes  fouleures  et  lassitudes  des  membres  :  tou- 
tefois là  où  nous  sentirons  que  le  corps  sera  en  sa  disposition  naturelle,  assez 
fort  et  robuste,  il  vaudra  mieulx  entremettre  (omettre)  l'usage  du  baing,  et 
sera  meilleur  se  faire  huyler  et  frotter  devant  le  feu,  là  où  le  corps  aurabesoing 
d'estre  réchauffé  »  (  Plltarqce,  Les  règles  et  préceptes  de  sanlé,  33  ). 

Page  324.  Sur  les  cdnaux  de  chaleur  dans  les  Bains.  Le  Sudatoire  des 
thermes  de  Pompei  présente  une  partie  des  dispositions  que  je  viens  de  dé- 
crire. Le  sol  en  est  soutenu  par  de  petits  piliers,  dans  l'intervalle  desquels 
circulaient  la  flamme  et  la  fumée;  il  y  a  dans  les  murs  une  foule  de  canaux 
destinés  au  même  usage,  et  formés  par  des  tuiles  creuses,  à  rebords  carrés  ; 
le  dos  de  la  tuile  compose  la  paroi  du  mur  du  bain,  et  se  dissimule  sous  un  enduit 
de  stuc  blanc.  Ces  dispositions  du  sol  de  l'étuve  et  des  conduits  dans  les  murs 
a  été  retrouvée  aux  thermes  d'Agrippapar  Flaminius  Yacca  {Memorie,  n"  oi). 

Page  330.  Sur  les  Bains  suspendus.  Voilà,  je  crois,  ce  qu'il  faut  entendre  par 
ces  bains  suspendus,  pensilia  balnea,  dont  Sergius  Orata  fut  l'inventeur, 
l'an  636  (V.  Max.  IX,  1,4.;  Macrob  ,  Saturn.,  II,  1 1),  et  qu'il  construisait 
dans  des  villas  qu'il  revendait  ensuite  par  spéculation,  après  y  avoir  disposé 
ces  nouvelles  recherches  de  la  volupté  (Pline,  IX,  54).  On  a  prétendu  que 
c'étaient  des  baignoires  suspendues  avec  des  chaînes,  et  dans  lesquelles  on  se 
balançait  en  se  baignant.  Ce  que  dit  Pline  de  la  spéculation  d'Orata  indique, 
il  me  semble,  qu'il  s'agit  de  constructions  de  quelque  importance,  et  d'appa- 
reils pour  élever  l'eau  à  une  grande  hauteur  ;  car  quelques  cuves  accrochées 
à  des  chaînes  n'auraient  ajouté  qu'une  bien  mince  valeur  à  une  villa  ;  de  telles 
dispositions  d'ailleurs  devaient  être  trop  peu  dispendieuses  pour  (jue  chacun 
ne  pût  pas  eu  adopter  de  semblables  chez  soi.  En  admettant,  au  contraire,  ma 
conjecture,  on  voit  que  la  spéculation  d'Orata  était  bien  entendue,  car  il  fal- 


i'.l^2  HOME  AU  SIKCLK  D'AUGUSTE. 

lait  pour  cela  posséder  un  endroit  où  il  y  eût  de  la  vue,  et,  sous  ce  rapport, 
quel  lieu  était  préférable  à  Baïes? 

.r.ijoutcrai  néanmoins  qu'il  y  avait  aussi  des  baignoires  réellement  suspen- 
dues; mais  ce  fut  un  moyen  curatif  employé  par  le  médecin  Asclépiade 
(  Voji.  Lettre  XCIIl  ).  Sénèque  {Ep.  90  )  parle  aussi  des  suspensoirs  des  bains, 
suspcnsiirœ  baineorum. 

LETTRE  XIII. 

Page  333.  Sur  le  jeu  de  la  Mica  ou  la  Mourre.  Cicéron  et  Fronton  en  par- 
lent d'une  manière  si  obscure,  qu'elle  est  inintelligible  quand  on  ne  connaît 
pas  la  cboso.  l)(!s  archéologues,  commentant  le  texte  de  Cicéron,  ont  dit  que 
pour  jouer  à  la  mourre  il  fallait  tenir  une  main  fermée  derrière  soi,  puis  éle- 
ver un  certain  nombre  de  doigts,  que  la  personne  avec  laquelle  on  joue  doit 
deviner  pour  gagner.  J'avais  d'abord  adopté  cette  interprétation,  sansrélléchir 
que  ce  que  dit  Cicéron  :  On  jouerait  avec  lui  à  la  mourre  dans  les  ténèbres, 
proverbe  cité  aussi  par  Pétrone  {Satyric,  4i  )  ne  la  rendait  pas  vraisemblable, 
])uisqu'elle  indi(iue  évidemment  que  l'on  voyait  toujours  la  main  des  joueurs, 
et  que  d'ailleurs  jouer  la  main  derrière  le  dos,  ou  jouer  dans  les  ténèbres,  eût 
été  à  peu  près  la  même  chose.  Je  reconnus  la  fausseté  de  cette  observation 
en  voyant  dans  les  rues  de  Rome  des  gens  du  peuple  jouer  à  la  mcru,  la  mica 
ou  la  mourre  des  anciens,  et  c'est  d'après  eu\  que  j'ai  tracé  la  description 
qui  est  dans  mon  texte.  Quiconque  a  visité  la  capitale  du  monde  chrétien,  peut 
se  souvenir  d'y  avoir  vu  la  plèbe  chrétienne  jouer  à  la  mora,  debout,  au  coin 
d'une  rue,  avec  une  vivacité,  un  feu,  une  action  extraordinaires.  Abaissant  en- 
semble l'avant-bras  vers  la  cuisse,  ils  crient  le  nombre  conjecturé  avec  une 
force  de  poumons  qui  fait  croire  d'abord  aux  étrangers  qu'ils  se  disputent 
plutôt  qu'ils  ne  jouent.  Pour  ceux  qui  savent  comment  se  joue  la  jjiica,  voici 
un  passage  de  Varron,  conservé  par  Nonius  Marcellus  (  v.  micare  ),  où  l'on 
peut  en  reconnaître  une  description  assez  fidèle  :  Micandum  erit  cura  grœco, 
ntrum  illius  numeritm,  an  ille  mevm  sequaliir. 

J'ai  dit  dans  mon  texte  que  les  joueurs  abaissaient  simultanément  le  bras  au 
lieu  de  dire  Vuvanl-bras  ;  j'ai  préféré  la  première  expression  comme  plus  dans 
la  couleur  du  latin.  En  elfet,  suivant  l'observation  du  savant  Burnouf  (  notes 
sur  le  chap.  17  des  Mœurs  des  Germains,  de  Tacite),  brachium  est  propre- 
ment le  bras  depuis  la  main  jusqu'au  coude,  lacertus  depuis  le  coude  jusqu'à 
l'épaule. 

Page  333.  Sur  les  Osselets  ou  Tali.  Ou  voit  dans  Montfaucon  (  Antiq.  expl., 
t.  III,  part.  II,  ]d.  186  )  et  dans  Caylus  {Recueil  d'anliq. ,  t.  I,  pi.  93),  des 
osselets  absolument  semblables  à  ceux  dont  on  se  sert  aujourd'hui,  sans  mar- 
«pies  sur  leurs  diverses  faces.  iT  est  certain  cependant  qu'on  en  a  trouvé  à  Her- 
culanum,  de  ponctués  comme  des  dés.  {Voy.  Wisckelmann,  Lettres  sur  les  dé- 
couvertes faites  à  Herculamim.  ) 

Page  336.  Sur  la  position  des  Convives  sur  les  lits.  Quelques  antiquaires 
disent  que  les  convives  étaient  à  demi  couchés  les  uns  au  bout  des  atUres 
sur  une  seule  iile.  Cette  assertion  ne  soutient  pas  l'examen,  car  s'il  en  eût  été 
ainsi,  il  n'aurait  pas  été  possible  d'augmenter  le  nombre  des  convives  sur  un 
lit,  c'est-à-dire  d'en  mettre  (pielquefois  quatre,  cinq,  six  et  plus,  au  lieu  de 
trois.  On  comprend  qu'on  pouvait  se  presser  sur  la  largeur  du  lit,  mais  qu'il 
n'eût  pas  été  possible  de  faire  tenir  une  personne  de  plus  si  les  convives 
avaient  été  les  uns  au  bout  des  autres.  D'ailleurs  les  triclinia  trouvés  à  Pom- 
pei,  et  particulièrement  celui  de  la  maison  d'Arius  Diomède,  démentiraient  au 
besohi  cette  assertion. 


NOTKS.  — LETTRE  XIV.  ï\)7, 

Page  338.  Sur  h-  lialanvs.  Le  Bulanns,  appelé  aussi  MyrubuUtnus  (  Mak- 
TiAL,  XIV,  57),  était  une  espèce  de  ghiud  à  parfum  :  c'est  inême  ce  que  signi- 
fie en  grec  le  nom  de  mijrohalanos.  Il  était  de  la  grosseur  d'une  aveline,  et  se 
tirait  de  la  Haute-f-gyptc,  de  l'Arabie  et  de  rÉtliiopic.  Le  nioillenr  venait  de- 
là ville  de  Petra.  Les  parfumeurs  en  extrayaient  une  liuile  très-rechcrcliée,  et 
qui  composait  un  parfum  fort  agréable.  (  Voy.  Punk,  XII  ,21).  La  livre  s'en  ven- 
dait deux  deniers  (  1  fr.  40  c.  )-(  Ihid.,  22).  Le  lialanus  est  le  Morvuja  ara- 
bica des  botanistes  modernes. 

Page.  338.  Sur  l'usage  de  la  laitue  dans  les  repas.  Quoiqueles  passages  de 
Martial,  auxquels  je  renvoie,  indiquent  positivement  que  l'on  mangeait  des 
laitues  au  commencement  du  repas,  cependant  on  peut  conjecturer,  d'après 
Horace  (II,  S.  4,  v.  58),  que  du  temps  d'Auguste  on  finissait  par  les  laitues. 
On  croyait  que  ce  légume,  naturellement  froid,  combattait  avec  avantage  les 
fumées  du  vin. 

Page  340.  Sur  la  poudre  répandue  sur  le  pavé  du  Triclinium.  J'avais  d'abord 
mis  dans  mon  texte  que  la  poudre  était  teinte  en  safran  et  en  minium,  et  mé- 
langée avec  de  la  pierre  spéculaire.  Mais  en  revoyant  le  passage  de  Pétrone 
(c.  68),  où  j'avais  puisé  ce  fait,  je  reconnus  qu'il  n'était  rapporté  que  comme 
un  trait  de  la  magnificence  ridicule  de  Trimalcion,  et  que  le  quod  nunqitam 
ante  videram  du  narrateur,  prouvait  que  cela  n'était  point  en  usage  au  temps 
dont  je  parle.  Il  y  eut  cependant  du  temps  de  Métellus  Pius,  l'an  673,  quelque 
chose  d'à  peu  près  semblable;  mais  ce  n'était  encore  là  qu'une  exception. 
{V.  ci-dessous  la  noie  sur  la  p.  345.) 

Page  342.  Sur  \m  faiseur  de  tours  de  force.  Le  passage  de  Pétrone  auquel 
je  renvoie  est  peut-être  un  peu  obscur,  parce  qu'il  parle  d'un  tour  de  force 
et  d'adresse  vraiment  extraordinaire.  Voici  ce  passage  textuellement  :  Pe- 
tauristarii  auteni  tandem  venerunt:  haro  insulsissimus  cum  scalis  conslitit^ 
puerurnque  jitssit  per  gradus,  et  in  summû  parle  odaria  saltare.  Voilà  main- 
tenant ce  que  j'ai  vu  faire  à  un  jeune  danseur  :  Il  prenait  une  échelle  de  9  ou 
10  pieds  de  long,  la  tenait  debout  devant  lui,  puis  y  montait  échelon  par  éche- 
lon, en  la  balançant  légèrement ,  sans  jamais  perdre  l'équilibre.  Arrivé  à 
l'avant-dernier  échelon,  il  passait  une  jambe  par-dessus  l'échelle,  se  croisait 
les  bras,  et  restait  quelque  temps  dans  cette  position;  puis  il  descendait,  eu 
tournant  le  dos  à  l'échelle,  et  avec  autant  d'aisance  et  de  facilité  que  si  elle 
eût  été  scellée  en  terre.  Quelquefois,  au  lieu  de  descendre  ainsi,  il  s'arrêtait 
sur  l'échelon  supérieur,  puis  laissant  incliner  un  peu  l'échelle  en  avant,  il  la 
repoussait  violemment  au  fond  du  théâtre,  et  s'élançait  jusque  sur  l' avant-scène, 
où  il  venait  tomber  légèrement  sur  la  pointe  des  pieds. 

Page  345.  Sur  un  Festin  extraordinaire.  J'ai  cru  pouvoir  supposer  que  mon 
voyageur  avait  été  témoin  d'un  souper  pareil  à  celui-ci,  que  l'on  attribue  à 
Néron.  Je  me  suis  appuyé  pour  cela  du  fait  suivant.  «  Métellus  ayant  gagné  une 
«  bataille  contre  Sertorius,  se  laissa  couronner  de  fleurs,  et  fêter  partout  oii  il 
«  passa.  Dans  un  banquet  qu'il  reçut  entre  autres,  la  terre  était  couverte  de 
«  safran,  on  vit  des  images  de  Victoire  qui  descendaient  dans  la  salle  du  festin 
«  par  des  mouvements  secrets,  et  portaient  des  trophées  d'or  et  des  couronnes 
«  de  triomphe  «  Voy.  Macrob.  Saturn.  Il,  9;  V.Max.  IX,  I,  5;  Put.  Ser- 
torius, 22. 

LETTRE  XIV. 

Page  347.  Sur  les  noms  des  Quartiers.  Je  n'ai  pas  besoin  d'avertir  que  ces 
interprétations  sont  conjecturales,  de  même  que  la  traduction  de  quelques 


AU  ROME  AU  SI^XLE  D  AUGUSTE. 

noms  donn(''S  par  les  légionnaires,  et  qui  sont  d'un  latin  barbare  dont  le  sens 
ne  se  devine  que  par  analogie,  tels  que,  par  exemple:  sellaritts  et  tabellarius. 

Pagf,  347.  Sur  la  cjrandeuv  des  boutiques  ou  Tavernes.  Les  tavernes  retrou- 
vées dans  des  liéniicytles  du  Forum  de  Trajan  ont  -l  mètres  de  large  sur  2  mè- 
tres 90  coulimèlrcs  de  profondeur.  La  porte  d'entrée  avait  80  centimètres,  et 
le  resle  de  la  faç^'ade  était  ré.s('rvé  pour  l'étalage,  tpii  se  faisait  sur  des  tablettes 
de  bois,  dont  on  voit  encore!  des  traces.  De  grandes  rainures,  pratiquées  dans 
les  ciiandiraides  de  la  baie  de  ces  boutiques,  indiquent  fju'elles  se  fermaient  avec 
des  feuilles  mobiles  de  volet.  Selon  Ulpien,  ce  serait  de  ce  mode  de  fermeture 
qu'on  aurait  dérivé  le  mot  taberna.  On  entend  par  tabcrna,  dit-il,  tout  logis 
{omne  œdificium)  propre  à  être  liabité,  car  ce  mot  vient  de  ce  que  la  fermeture 
se  fait  avec  des  planches,  nempè  ex  eo  qnod  tabulis  claudilur  {Digesl.  L,  tit. 
XVI,  leg.  183).  La  plupart  des  tavernes  de  Pompei  ne  sontpas  plus  grandes  que 
celles  du  Forum  de  Trajan,  et  leur  fermeture  était  disposée  de  même.  {Voy. 
Mazois,  Ruines  de  Pompei,  et  Bibe.nt,  Plan  de  Pompe'iu). 

Page  348.  Sur  la  dénomination  d'Inis  donnée  aux  Tavernes.  M.  Dureau- 
Delamalle  a  discuté  à  fond,  et  prouvé,  la  synonymie  des  mots  insula  et 
taberna,  dans  son  savant  ouvrage  sur  V Economie  politique  des  Rontains, 
liv.  Il,  c.  12.  Nous  avons  essayé  d'expliquer  l'origine  de  cette  synonymie 
qu'il  s'est  borné  à  constater.  Nous  ajouterons  l'observation  suivante  "aux 
preuves  qu'il  a  réunies  :  P.  Victor  et  la  Notice  de  l'Empire  comptent  2643 
insukii  sur  le  mont  Palatin,  et  88  domus.  11  est  de  toute  impossibilité 
qu'une  région  aussi  petite  que  celle  du  mont  Palatin,  occupée  d'ailleurs  dans 
une  notable  partie  de  sa  surface  par  la  demeure  des  empereurs,  contînt  un 
aussi  grand  nombre  d'ilôts  de  maisons,  et  ce  fait  seul  prouverait  que  le  mot 
insulœ  désigne  des  tavernes  ou  boutiques.  Nous  devons  cependant  ajouter  que 
le  mot  insula  pour  désigner  un  quartier,  une  île  de  maisons,  ne  tomba  pas 
tout  à  fait  en  désuétude,  car  ou  le  trouve  employé  dans  cette  acception  par 
Pétrone  :  procuralor  insulœ  Barcjates.  (Satyr.  96). 

Il  serait  possible  que  dans  le  passage  de  Tacite,  sur  la  reconstruction  de  Rome 
après  l'incendie  de  Néron  :  Additisque  porticibus  quaî  froutem  insulai'um  pro- 
tégèrent {Ann.  XV,  43),  insula  signifiât  taverne. 

Page  349.  Sur  la  récolte  de  la  Soie  et  l'interprétation  du  mot  Sera.  Il 
paraîtrait  que  chez  les  anciens,  dans  les  pays  asiatiques  producteurs  de  la  soie, 
le  ver  qui  la  file  était  abandonné  sur  l'arbre  même,  ainsi  que  cela  se  pratique 
encore  en  Chine,  et  que  c'est  là  ce  qui  a  fait  croire  aux  Romains  que  la  soie 
était  le  produit  de  certains  arbres  des  feuilles  desquelles  on  l'arrachait.  11  y 
a  une  autre  opinion  sur  la  traduction  des  passages  de  Virgile,  et  surtout  de 
Pline  :  d'après  cette  opinion  il  ne  s'agirait  pas  de  la  soie,  mais  du  coton,  pro- 
duit par  le  cotonnier  herbacé  de  la  Chine,  dont  la  bourre  n'est  point  renfer- 
mée dans  mie  capsule,  connue  au  cotonnier  ordinaire,  mais  fait  partie  du  corps 
de  la  feuille,  avec  laquelle  elle  forme  un  seul  et  même  tissu.  Sans  citer  ici  tous 
les  passages  d'auteurs  où  le  mol  sera  désigne  bien  évidemment  la  soie,  nous 
nous  contenterons  de  faire  observer  qu'un  tissu  de  colon  n'aurait  jamais  paru 
préférable  au  lin,  alors  généralement  en  usage,  ni  surtout  être  d'un  prix  assez 
excessif  pour  se  vendre  au  poids  de  l'or. 

Page  349.  Sur  la  situation  des  Tavernes  des  marchands  de  vin  et  des  mar- 
chands d'aliments  cuits.  La  boutique  ou  taverne  du  marchand  de  comestibles 
décrite  dans  les  Ruines  de  Pompei  par  Mazois  (t.  II.  p.  43),  se  trouve  en  face 
d'un  passage  qui  conduit  au  théâtre  de  l'Odéon. 

Page  350.  Sur  un  étalage  deTaverne.  Bien  que  dans  la  description  que  j'em- 


NOTES.  — LETTRE  XIV.  49") 

prunto  ici  h  Virgile,  il  s'agisse  d'une  maison  partiinlièrn,  cependant  ces  petits 
étalages  sont  trop  naturels  pour  n'avoir  pas  été  en  usage  dans  les  tavernes. 

Page  351 .  Sur  le  (joùt  des  Romains  pour  la  chair  do  porc.  Les  Romains  ai- 
maient tant  le  porc,  qu'ils  avaient  crôé  un  collège  (rélcvcurs  de  porcs,  coHctjium 
snariorum  (Guuter.  p.  361),  et  qu'une  des  fonctions  du  préfei  do  la  ville  con- 
sislait  à  veiller  à  l'approvisonnement  du  marché  aux  porcs.  {Voij.  Ulpun.  in 
Dujcst.  l,  tit.  12,  leg.  1,  §  11. 

Page  35-1 .  Sur  la  disposilion  des  Tavernes  des  marchands  de  comestibles.  «  A 
Rome,  les  débitants  mettent  ainsi  l'huile  dans  des  vases  scellés  au  centre  d'un 
comptoir  en  maçonnerie.  A  Naples  et  aux  environs,  on  voit  encore  une  quan- 
tité de  petite  cuisines  publiques,  où  le  peuple  trouve,  deux  fois  par  jour,  son 
repas  habituel  tout  préparé.  Une  peinture  d'Herculanum  {l'iUure  anliched'Kr- 
colano,  t.  m,  tav.  43)  représente  une  cuisine  and)ulante,  telle  qu'on  en  voit 
encore  à  Naples,  et  de  pauvres  gens  groupés  à  l'entour,  comme  les  Lazaroni 
le  sont  auprès  de  la  chaudière  du  vendeur  de  macaroni.  »  (Mazois,  Ruines  de 
Pompei,  t.  IL  p-  43).  Il  serait  très-possible  que  ce  fût  aussi  du  macaroni  que 
l'on  préparait  dans  ces  tavernes  de  l'ancienne  Rome,  car  nous  voyons  dans 
Martial  (XIII,  32,33)  que  ce  mets  était  connu  des  Romains. 

J'ai  mis  des  urnes  sur  le  fourneau  de  la  taverne,  et  non  des  doUa,  parce 
que  ces  derniers  vases,  qui  contenaient  520  litres  246  millilitres,  ne  pouvaient 
être  dans  cet  endroit-là;  ils  eussent  été  trop  grands. 

Les  vases  d'une  laberna  caiiponia  étaient  les  dolia,  vasa,  ancones,  calices, 
trullœ,  urnœ  areœ,  congiaria,  sexlaria.  {Digest.  XXXIII,  tit.  7,  leg.  13). 

Mazois,  dans  son  ouvrage  sur  Pompei  (t.  11,  figure  4.  pi.  VIII),  a  fait  la  res- 
tauration d'une  boutique  de  comestibles  et  de  son  étalage  ;  on  y  voit  une  guir- 
lande ondulée  de  feuillage,  décorant  le  portail  de  la  devanture  ;  de  place  en 
place  pendent  de  cette  guirlande  des  paquets  de  volailles,  de  poissons,  de  fruits 
et  autres  denrées.  Dans  l'intérieur  on  voit  aussi  diverses  provisions,  telles  que 
lièvres,  jambons,  etc.,  accrochés  aux  murs.  Sur  le  devant,  en  dehors,  d'un 
côté  un  plat  rempli  de  poissons  morts,  jetés  pêle-mêle,  de  l'autre  une  grande 
corbedle  pleine  de  légumes,  et  des  melons,  des  choux,  des  ananas,  etc.  Quoi- 
que celte  restauration  soit  composée  avec  diverses  peintures  trouvées  à  Pom- 
pei, elle  ne  m'a  pas  paru  assez  complètement  authentique  dans  son  agencement, 
pour  m'engager  à  en  faire  usage  dans  mon  texte. 

Page  353.  Sur  les  Tavernes  de  la  Villa  Publica.  Martial  (IX,  60)  nous  repré- 
sente un  amateur  d'objets  de  luxe  visitant  des  tavernes  m  Septis.  Ces  mots 
s'appliquent  aux  Septa  Julia,  et  ne  peuvent  désigner  cjuedes  tavernes  situées 
près  des  Septa,  au  rez-de-chaussée  de  la  Villa  Ihiblica,  les  Septa  étant  des 
portiques  sans  tavernes. 

Page  354.  Sur  l'airain  de  Corinthe.  Voici  ce  que  rapportent  Pline,  Florus 
et  Strabon,  sur  l'airain  de  Corinthe  et  sur  les  amateurs  de  ce  métal. 

«  De  tous  1^  airains  célèbres  de  l'antiquité,  le  plus  vanté  est  celui  de  Co- 
«  rinthe.  Le  hasard  fit  l'alliage  dans  l'incendie  de  cette  ville,  lorsqu'elle  fut 
prise  par  les  Romains.  Bien  des  gens  l'ont  recherché  avec  une  passion  ex- 
trême. Verres,  queCicéron  avait  fait  condamner,  ne  fut  proscrit  par  Antoine 
que  pour  avoir  refusé  de  lui  céder  ses  vases  corinthiens.  Mais  je  crois  que 
la  plupart  de  ces  connaisseurs  ne  cherchent  qu'à  se  distinguer  du  commun 
des  hommes,  et  qu'ils  ne  sont  ni  plus  habiles  ni  plus  instruits  que  les  autres. 
Il  suffira,  pour  le  prouver,  de  dire  que  Corinthe  fut  prise  la  troisième  année 
de  la  158«  olympiade,  l'an  608  de  Rome.  Or  ces  fameux  arl-sles,  aux  ouvra- 
ges desquels  ils  donnent  le  nom  de  corinthiens,  ont  cessé  de  vivre  plusieurs 
siècles  avant  cette  époque Les  seuls  vases  corinthiens  qui  existent  sont 


iOG  HOMK  AU  SIÈCLK  D'AUGUSTE. 

«  ceux  que  les  amateurs  du  luxe  Iransforinenl  en  plais,  en  lampes,  ou  inênie 
n   eu  bassins,  car  rien  ne  répugne  à  notre  délicatesse. 

«  Ou  distingue  trois  sortes  d'airain  de  Corintlie  :  le  blanc  par  son  éclat 
«  approche  de  l'argent,  et  l'argent  y  domine.  Le  second  nous  ollre  le  jaune  de. 
«  l'or.  Dans  le  troisième  les  trois  métaux  sont  mêlés  à  proportions  égales.  Il 
n  en  est  encore  une  quatrième,  mais  les  projjorlions  de  l'alliage  ne  sont  pas 
«  connues.  La  t'ortune,  secondant  l'artiste  qui  travaillait  pour  elle,  a  produit 
«  pour  ses  propres  statues  cette  nouvelle  cond)inaison,  précieuse  par  sa  cou- 
«  leur,  qui  lire  sur  le  l'oie,  d'où  on  l'a  nonunée  Uèpnliqne.  Au  reste,  cet  airain 
«  est  bien  inférieur  à  celui  de  Corintlie,  quoiqu'il  l'emporte  de  beaucoup  sur 
«  ceux  d'Egine  et  de  Délos,  qui  ont  été  longtemps  les  premiers.  »  (Plin. 
XXXIV,  2.) 

«  Tout  ce  qu'il  y  a  aujourd'hui  d'airain  tant  vanté  de  Corintlie,  fut  le  pro- 
«  duit  de  l'incendie  de  celte  ville.  Dans  la  catastrophe  qui  détruisit  une  cité 
«  si  opulente,  des  statues  et  des  simulacres  sans  nombre,  fondus  par  le  feu, 
«  coulèrent  en  longs  ruisseaux  d'airain,  d'or  et  d'argent,  et  de  leur  fusion  se 
«  forma  ce  précieux  métal.  »  Fton.  II,  16. 

«  Sous  Auguste,  lorsque  ce  prince  eut  rebâti  et  repeuplé  Corinthe,  il  y  eut 
«  les  Nécrocoriiithia,  vases  de  bronze  et  de  terre  cuite  chargés  de  bas-reliefs 
«  que  les  nouveaux  habitants  trouvèrent  en  remuant  les  ruines  et  creusant  les 
«  tombeaux  de  cette  cité.  Frappés  de  la  beauté  de  ces  ouvrages,  ils  en 
«  remplirent  Rome  en  les  vendant  fort  clif  r.  Le  nom  de  Nocrocorinlhia  était 
«  particulièrement  donné  aux  vases  de  terre  cuite.  Ils  furent  d'abord  estimés 
«  et  mis  au  même  rang  que  ceux  de  bronze,  fabriqués  dans  la  même  ville; 
«  mais  on  cessa  dans  la  suite  de  les  rechercher,  non-seulement  parce  qu'ils 
«  étaient  épuisés,  mais  parce  que  la  plupart  de  ce  qui  en  restait  n'étaient  pas 
'<  d'un  travail  aussi  parfait  que  les  premiers.  >>  Strab.  VIII,  p.  381;  ou 
261,  tr.  fr. 

Page  35S.  Sur  la  matière  des  vases  Murrhins.  On  a  longuement  disserté 
pour  connaître  la  matière  des  vases  Murrhins;  mais  il  n'y  a  guère  que  deux 
opinions  qui  aient  vraiment  partagé  les  savants  :  ce  sont  celles  d'après  les- 
quelles ces  vases  auraient  été  ou  de  la  porcelaine  de  la  Chine,  ou  une  sorte 
d'agate.  Winckelmanu  prétend  que  c'était  une  agate  semblable  à  celle  appe- 
lée sardomjx,  pai'ce  qu'elle  contient  beaucoup  de  sardoine.  Cette  dernière 
opinion  a  prévalu,  et  il  paraît  constant  que  la  matière  des  vases  Murrhins  ap- 
partenait au  genre  des  onyx.  [Voy.  Mém.  de  l'Acad.  des  Inscriptions,  t.  XLIII, 
page  217  et  suiv.) 

Page  356.  Sur  l'aversion  des  Romains  pour  le  commerce.  On  ne  voit  jamais 
dans  les  auteurs  anciens  un  seul  personnage  honorable,  dans  le  sens  des  Ro- 
mains, cité  pour  ses  richesses  acquises  dans  le  commerce,  ou  autres  spécula- 
tions industrielles.  Plutarque  parle  bien  des  spéculations  deCrassus  sur  les  mai- 
sons incendiées  ;  mais  ce  fait  est  peut-être  unique  d'un  citoyen  cité  pour 
s'être  enrichi  ailleurs  qu'à  la  guerre  ou  dans  les  gouvernements  de  provinces. 
Le  préjugé  contre  le  commerce,  et  surtout  le  petit  commerce,  ne  s'effaça  ja- 
mais :  Constantin  assimilait  aux  professions  infâmes  l'état  des  marchands  en 
boutique.  {Cod.  de  repud.  etjudicio  de  morib.  sublalo.Y,  tit.  xxvii.) 

LETTRE  XVI. 

Page  369.  Sur  Rome  vue  diUtuut  du  Janicule.  Les  personnes  qui  ont  visité 
la  ville  éternelle  reconnaîtront  facilement  que  notre  description  est  la  vue  dont 


NOTES.— LRTTRF.  XX.  U)7 

on  jouit  du  pied  de  la  Itelle  fontaine  l'aollua.  (le  itauorani;!  ot  indiqué  dans 
Martial  (IV,  64);  je  n'ai  eu  (\uo.  ma  mémoire  à  consulter  pour  le  coniplélei'. 
loi/,  aussi  sur  ce  sujet  une  petite  Ijrocluire  de  Pierre  Visconli,  intitulée  : 
Aperçu  sur  l'orUjine  et  les  antiquités  de  Rome ,  pour  servir  d'indication  au 
Panorama  de  la  tour  du  Capilole.  Rome,  1826,  in-12. 

LETTRE  XVII. 

Page  375.  Sur  le  droit  de  vie  et  de  mort  des  pères  sur  leurs  enfants.  Ce 
droit  tomba  en  désuétude  ou  fut  aboli  sous  les  empereurs.  On  n'a  rien  de  cer- 
tain sur  l'époque  de  son  annulation  de  fait;  néanmoins  l'anecdote  rapportée 
par  Sénèque  {de  Clément.,  I,  15)  d'un  père  jugeant  son  fds,  prouve  qu'il  était 
encore  en  vigueur  du  temps  d'Auguste. 

LETTRE  XIX. 

Page  400.  Sur  la  situation  dit  teinple  de  Mars  Gradivus.  Voici  les  deux  vers 
d'Ovide  {Fast.  VI,  v.  191,  192)  où  cette  position  est  donnée. 
Lux  eadem  Marti  fesia  est  ;  quem  piospicit  extra 
Adposilum  leclœ  porta  Capena  vise. 

Bien  que  toutes  les  éditions  portent  tectœ  au  second  vers,  il  est  certain  qu'il 
faut  lire  dextrœ;  cette  correction  est  justiflée  par  l'examen  des  lieux  et  par 
l'opinion  des  antiquaires  que  nous  citons  en  note.  Voy.  aussi  G.  Fea,  Pro- 
dromo  di  nuove  osservazioni  e  scoperte  fate  nelle  antickità  di  Roma.^  etc. 
p.  32,10-8°.  Roma,  1816. 

LETTRE  XX. 

Page  405.  Sur  les  attributions  du  Préfet  de  la  ville.  On  trouve  dans  Ulpien 
{Digest.  I,  fit.  12,  leg.  1,  §  1 1)  et  dans  Ammien-Mareellin  (XXVIII,  4)  que  le 
Préfet  de  la  ville  veillait  à  l'approvisionnement  des  marchés,  et  qu'il  inspectait 
les  tavernes  et  les  bains  ;  mais  je  crois  que  ces  attributions ,  qui  furent  d'a- 
bord celles  des  Édiles,  ne  passèrent  au  Préfet  que  beaucoup  plus  tard,  car  Ul- 
pien et  Ammien  nous  en  parlent  comme  de  choses  de  leur  temps. 

Page  406.  Sur  le  partage  des  attributions  des  Ediles.  La  loi  rapportée  par 
Mazzocchi  ne  parle  du  partage  de  la  ville  entre  les  Édiles  que  pour  l'entretien 
des  rues  ;  mais  ce  partage  devait  embrasser  aussi  les  autres  attributions,  afin 
d'éviter  des  conflits  d'autorité. 

Page  406.  Sur  l'étalon  des  poids  publics.  On  trouve  dans  Montfaucon 
{Antiq.  expl.,  t.  III,  pi.  93)  un  poids  antique  avec  cette  inscription  :  Templo 
Opis  Aug.  — La  phrase  suivante  de  J.  Capitolin  {Maxim,  duor.  4)  :  «  Bibisse 
in  die  vini  capitolinam  amphoram  » ,  indique  que  les  mesures  de  capacité  se 
conservaient  au  Capitole.  Les  deux  vers  suivants,  attribués  par  Priscien  {de 
ponderibus  et  mensuris)  à  Rhemnius  Palémon,  en  sont  une  nouvelle  preuve  : 

Amphora  fit  cubus,  quem,  ne  violare  iiceret, 

Sacravere  Jovi  Taipeio  in  monte  Quiiiles. 

Evrard  Otto  (de  J^dil.  colon.,  c.  x,  p.  350)  nous  apprend  que  les  mesures 
de  longueur  étaient  gardées  au  temple  de  Junon-Moneta. 

Page  407.  Sur  l'exhaussement  du  sol  par  les  décombres.  Frontin,  parlant  du 
niveau  des  collines  de  Rome,  dit:  «  Nam  et  colles  si  sint,  propter  frequentiam 
incendiorum  excreverunt  rudere  »  {de  Aqucpd.,  18).  Cette  phrase  prouve  que, 
juème  du  temps  de  Trajan,  beaucoup  de  mes  n'étaient  point  pavées,  et  qm-, 

I.  .32 


4Ô8  ROME  AU  SIÈCLE  D'AUGUSTE. 

dans  la  Rome  moderne,  les  exhaussements  du  sol  par  les  ruines,  qui  uni  tant 
changé  l'aspect  géologique  de  la  ville,  sont  une  sorte  de  tradition  (le  l'antique. 

Page  407.  Sur  l'ohligutian  des  hnhildnls  des  (nuloiinja  (Venir elcn'.r  lu  voie 
publique.  La  loi  dit  :  "  Qu;e  vise  in  urhe  Ronia  propiusve  urhem  Romani  passus 
mille.  »  —  l'rbs  lionin,  c'est  la  ville,  ceinte  de  murs;  les  habitations  à  moins 
d'un  mille  désignent  les  faubourgs. 

Pagk  4  09.  Sur  l'inlerdiciion  de  Ut  drndation  des  clmrs  dans  Home.  J.  Cé- 
sar ayant  iiilerdil  les  voilures  aux  femmes  dans  la  ville  (Slet.,  C(P.<i  43),  on  doit 
conclure  de  là  qu'on  se  servait  généralement  de  voilures  pour  le  transport  des 
individus,  et  que  la  vieille  loi  de  la  république  était  tombée  en  désuétude  pour 
ce  genre  de  voilures.  Les  embarras  de  chariots  dont  parle  Horace  (l,  sol.  6, 
V.  42; — II,  Ep.  2,  v.  72),  ainsi  que  ceux  dont  se  plaint  Juvénal(saf.  3,  v.  2o5) 
peuvent  s'entendre  des  chars  rtiilorisès  à  clrruhr  pendant  le  jour.  Il  devait  y 
en  avoir  beaucoup  du  temps  d'Horace,  époque  où  Ion  éleva  tant  de  monuments 
publics,  où  tant  de  lem|»l('s  furent  bâtis  ou  restaurés.  L'édit  d'.Adrien  (Spar- 
TiAN.  Hitdr.  22)  qui  délendil  d'enirerdans  Romeavec  de  grands  fardi'aux,  cum 
ingenlibus  surciiits,  prouverait  tout  au  plus  qu'alors  la  loi  était  violée. 

Page  410.  Sur  le  nomlr-j  des  Procura  leur  a  de  chaque  qunrliir.  On  trouve 
dans  P.  Victor  une  dérogation  au  nombre  quartenaire  pour  les  régions  III,  IV 
et  XIII;  mais  ces  différences  sont  évidemment  des  erreurs  de  copiste.  Nous 
ajouteron-i  que  la  division  de  Rome,  telle  que  nous  venons  de  l'exposer,  ne 
fut  faite  que  l'an  747. 

Page  413.  Sur  lu  peine  de  Bnutnnnade  appliquée  aux  citoyens.  Le  juriscon- 
sulte Marcellus  {D'Çjeal.  III,  lit.  2,  leg.  22)  nous  apprend  que  la  condamnation 
aux  coups  de  bâton  n'emportait  point  infamie,  mais  la  cause  seulement  qui 
avait  donné  lieu  à  cette  condamnation  ,  si  elle  était  de  nature  iufanumte. 

LETTRE  XXI. 

Page  415.  Nombre  deii  peuples  de  l'Elrurie  et  du  Lntium.  L'Élrurie  com- 
posait douze  peuples  qui  furent  soumis  par  Tarquin-l'Ancien  (  Titk-Live,  1,8; 
Flor.,  I,  5).  Pline  (  III,  5)  disait  que  de  son  lemps  il  avait  disparu  de  l'an- 
cien Lalium  cinquanle-lrois  peuples  dont  il  ne  restait  plus  aucun  vestige. 

Page  417.  Sur  la  loi  qui  fixail  à  vingt  ans  de  durée  la  possession  d'une 
terre  dans  les  colonies  avant  de  pouvoir  la  vendre.  Je  ne  suis  pas  certain  que 
la  loi  dont  je  parle  ici  remontât  aux  premières  années  de  Rome,  car  Appien 
{de  fiell.  civ.,  III,  p.  856),  auquel  j'emprunte  ce  fait,  dit  que  Cassius  et  M.  Bru- 
lus,  pour  se  concilier  les  vétérans  de  César,  leur  [Permirent  de  vendre leurslots 
dans  les  colonies  au  mépris  de  la  loi,  qui  exigeait  préalablement  une  posses- 
sion de  vingt  années.  Il  pourrait  se  faire  qu'Appien  ne  parlai  dans  cet  endroit 
que  d'une  disposition  de  la  loi /«//a;  mais  il  serait  aussi  très-possible  que 
cette  disposition  existât  dans  les  premières  lois  sur  la  fondation  des  colonies, 
et  qu'on  la  reproduisît  dans  toutes  les  lois  sur  la  même  matière. 

Page  421.  Sur  le  nombre  des  Tribus  romaines.  Je  me  range  à  l'avis  du 
savant  M.  Gœltling,  qui  prouve  que  jamais  les  Romains  ne  dépassèrent  le 
nombre  de  trente-cinq  Iribus,  malgré  l'admission  des  peuples  Italiens  à  la  cité 
Romaine.  C'est  donc  à  tort  qu'Appien  (de  Bell,  civ.,  I,p.  6il)  dit  qu'on  créa 
de  nouvelles  Iribus  pour  les  recevoir.  Vov.  Niebihr  ,  Hist.  Rom.,  trad.fr., 
de  M.  deGolbéry,  t.  VII,  p.  265,  in-8»,  Paris,  1840. 

Page  422.  Sur  le  vote  des  Décurions  coloniaux  pour  l'élection  des  magistrats 


NOTES.  — LETTRE  XXIÎ.  499 

de  Rome.  Voici  le  texte  de  Suétone  sur  le  règlenionl  d'Auguste  :  «  Etiam  jure 
ac  dignatione  Urbi  quodaiii  modo  pro  parte  allcjua  adspquavit  :  excogilato 
génère  suHragiorum,  quae  de  niagistratibus  Urbicis  decuriones  coionici,  in 
sua  quis(iue  colonia  ferrent,  et  sub  dioni  coniitioruni  ol)signata  Roniam  niilte- 
rent.  »  Bien  que  ce  passage  paraisse  assez  l'oiniel,  cependant  des  commenta- 
teurs voudraient  qu'il  s'agît  ici  de  votes  portés  par  tous  les  colons,  et  trans- 
mis à  Rome  par  les  décurions.  S'il  y  avait  vraiment  doute,  il  me  semble  que 
ce  que  fit  plus  tard  Tibère  en  transportant  les  comices  de  Rome  dans  le  sénat 
[voy.  t.  11,  Lettre  XXVI,  à  la  fin)  devrait  le  dissiper.  Tibère  aura  appliqué  à 
Rome  ce  qui  existait  déjà  pour  l'Italie,  les  décurions  étant  les  sénateurs  colo- 
niaux. ' 

LETTRE  XXII. 

Page  423.  Sur  les  Tavernes  adossées  aux  temples.  Nous  avons  fait  voir, 
d'après  notre  Plan  de  Rome,  qu'il  n'existait  pas  de  tavernes  du  côté  du  templ© 
de  Castor;  cependant  l'indication  de  Scuèque  étant  positive,  nous  concluons 
que  ce  ne  pouvait  être  que  des  tavernes  en  planches,  des  échoppes  adossées 
aux  édifices,  comme  celles  dont  parle  Pline  :  «  Tiberio  principe,  ex  fœtu  supra 
Castorum  sedem  genito  puUus,  in  oppositam  sutrinam  devoiavit.  »  (  X,  43.) 

Page  425.  Sur  les  lieux  du  trafic  des  Esclaves.  On  ne  trouve  dans  aucun 
auteur  qu'il  y  eut  à  Rome  un  marché  aux  esclaves  ;  Sénèque  nous  apprend 
qu'ils  se  vendaient  dans  des  tavernes  privées  :  «  Aliquis  ex  liis  qui  ad  Castoris 
negotiantur,  nequam  mancipia  ementes  vendentesque,  quorum  labernae  pessi- 
morum  servorum  turba  refertœ  sunt.  »  {de  Const.  sapieiU.,  13.) 

Page  425.  Sur  la  moralité  des  Maquignons.  Je  cite  Piaule  à  l'appui  de  mon 
opinion  ;  je  dois  néanmoins  déclarer  que  le  passage  de  Piaule  s'applique  aux 
lenones  (  prostituteurs  )  ;  mais  il  est  évident  que  cette  race  et  celle  des  maqui- 
gnons éiSik  la  même.  Voy.  plus  bas,  p.  427,  l'anecdote  de  Thoranius  comme 
preuve  de  l'immoralité  des  maquignons. 

Page  429.  Sur  la  multitude  des  Esclaves  des  Romains.  Je  ne  parle  dans  mes 
énoncialions  ni  des  dix  mille,  ni  des  vingt  mille  esclaves  attribués  par  Athé- 
née (VI,  p.  272)  à  certains  citoyens  Romains;  M.  Letronue,  dans  son  Mé- 
moire sur  la  population  de  l'Altique  (  Académ.  des  Inscript.,  nouvelle  série, 
t.  VI  ),  a  fort  bien  démontré  l'absurde  exagération  de  ce  fait. 

Page  430.  Sur  la  nourriture  des  Esclaves.  Je  prouverai  ailleurs  (  Lettre 
LXXXI)  que  ni  la  viande,  ni  le  vin  n'entraient  dans  la  nourriture  des  es- 
claves. En  parlant  de  là  ,  il  est  facile  de  tirer  la  conclusion  qu'Horace  (  II, 
S.  2,  V.  17,  18)  désigne  la  nourriture  des  esclaves  quand  il  dit  d'un  gour- 
mand que  s'il  attendait  la  faim,  la  plus  vile  nourriture  le  rassasierait  avec  dé- 
lices : 

Cum  sale  patiis 
Lalranlem  slomaclium  leniet.... 

Page  430.  Sur  la  ration  mensuelle  des  Esclaves.  Donat  (in  Terent.  Vhorm.y 
I,  V.  1 0  )  réduit  cette  ration  à  quatre  modii  :  «  Servi  quateruos  modios  acci- 
piebant  frumenli  in  mensem,  et  id  (it'mensum  dicebatur.  »  J'ai  préféré  l'auto- 
rité de  Sénèque,  comme  étant  plus  vraisemblable.  Pour  la  chose  en  elle-même, 
voy.  les  notes  de  la  Lettre  LXXXI. 

Page  436.  Sur  le  Bourreau  des  esclaves.  «  Jamais  Gracchus  n'aurait  intro- 
<i  duit  le  bourreau  dans  l'assemblée  de  ses  concitoyens,  lorsque  les  lois  censo- 
«  riales  (  de  M.  Caton  )  interdisent  au  bourreau  non-seulement  l'entrée  d© 


ROO  ROME  AU  SIKCLE  D'AUGUSTE. 

'i  Rome,  mais  Ifi  jour  cl  r.iir  que  Ton  rospiic  on  ers  lioiix.  cl  le  scjoiir  do 
«  Home.  »  Cic.  pro  lUibirin,  '■'}.  Il  csl  ln's-|>n)li;ililc  (ju'il  s':if^it  ici  du  houiToaii 
(les  esclaves,  car  ou  exécutail  les  citoyoïis  dans  la  vdle,  connue  nous  le  verrons 
ailleurs,  Lettre  XL. 

Pagk  438.  Sur  la  Murène.  Ce  poisson  a  conservé  son  nom  anfKjue  :  c'est  la 
murœnn  hclcna  de  Linnée.  La  murène  esl  une  sorte  d'anguille  qui  mesure 
communément  1  mètre  de  loni,'ucur,  et  quelquefois  atteint  jusqu'à  1  mètre  30  et 
1  mclre  60.  Elle  est  pourvue  de  dents  très-aiguës.  Le  fond  de  sa  couleur  est 
jaunâtre  marbré  de  brun.  Elle  abonde  encore  aujourd'hui  dans  la  Méditerra- 
née, surtout  sur  les  côtes  de  la  Sardaigne. 

LETTRE  XXIV. 

Page  458.  Sur  l'abolition  de  la  recherche  cum  lance  et  licio.  La  loi  qui 
abolit  ce  mode  de  recherche  est  la  loi  JEbutia,  sur  laquelle  on  ne  sait  rien  de 
bien  certain  ;  on  croit  qu'elle  fut  portée  l'an  610  par  les  tribuns  du  peuple  C. 
et  T.  iEbulius.  La  coutume  qu'elle  a  abolie  n'a  jamais  été  bien  connue  non  plus, 
et  la  formule  même  de  désignation,  ciim  Lance  et  Licio,  a  fort  exercé  la  saga- 
cité des  archéologues,  et  formé  un  grand  sujet  de  discussion  parmi  eux.  Sui- 
vant les  uns,  elle  vient  de  ce  que  les  voleurs  qui  s'introduisaient  dans  une 
maison  prenaient  ordinairement  la  précaution  de  porter  avec  eux  un  cordon, 
Licium,  dont  ils  se  servaient  pour  lier  ensemble  les  effets  qu'ils  dérobaient,  et 
un  bassin,  Lanx,  qu'ils  mettaient  devant  leur  visage  pour  n'être  point  re- 
connus. 

D'autres,  disant  que  le  Lanx  était  un  bassin  sur  lequel  les  ministres  des 
dieux  portaient  aux  autels  les  choses  préparées  pour  les  sacrifices,  et  où  ils 
déposaient  les  petites  pièces  de  monnaie  qu'ils  avaient  été  quêter  de  porte  en 
porte,  soutiennent  que  les  furta  per  Lancem  et  Licium  concepta,  n'étaient 
autre  chose  que  les  larcins  commis  par  des  imposteurs  qui,  se  couvrant  du 
manteau  de  la  religion,  et  ceints  d'une  écharpe,  Licium,  comme  s'ils  étaient 
prêtres,  allaient  de  porte  en  porte  faire  la  quête  avec  un  bassin,   Lanx,  sous 

{(rétexte  de  subvenir  aux  frais  des  sacriûces,  et  volaient  tout  ce  qu'ils  recueil- 
aient  à  l'aide  de  cette  imposture. 

Par  respect  pour  la  patience  du  lecteur,  je  ne  rapporterai  pas  toutes  les 
autres  interprétations  singulières  ou  bizarres  données  par  les  commentateurs  ; 
je  dirai  seulement  que  ces  interprétations  sont  au  nombre  de  neuf,  produites, 
adoptées  ou  commentées  par  quinze  ou  seize  savants  et  archéologues.  Les 
personnes  qui  seraient  curieuses  de  les  lire,  les  trouveront  réunies  et  réfutées 
presque  toutes  dans  Bouchaud,  Commentaire  sur  la  loi  des  XII  Tables,  t.  I, 
p.  368,  2  in-4",  Paris,  an  xi. 

LETTRE  XX Y. 

Page  468.  Sur  les  objets  d'art  placés  sur  l'Area  du  Capitale.  On  sait,  d'une 
manière  certaine  qu'il  y  avait  beaucoup  de  statues  sur  Varea  du  temple  de  Ju- 
piter Capitolin  ;  mais  la  plupart  du  temps  les  auteurs  qui  parlent  des  statues  et 
des  objets  d'art  placés  dans  cette  enceinte  sacrée,  se  servent  du  terme  in 
Capitoiio,  vague  pour  nous,  mais  très-intelligible  pour  les  Romains,  qui  à  l'in- 
star de  ce  qui  se  pratiquait  en  Grèce,  dont  ils  imitèrent  tant  de  choses,  assimi- 
lèrent Yarea  de  leur  Capitole  à  l'enceinte  du  temple  de  Delphes,  qui  était 
remplie  de  statues,  de  chars,  de  boucliers,  etc.  Voy.  Barthéi.f.mv,  \'oyagp  du 
jeune  Anacharsis  en  Grèce,  c.  XXll. 


NOTKS.— LKTilU:  \\V.  501 

lVu;i-;  i69.  Sur  les  Irophres  (ipjwiulKs  au  Capitole.  Siliiis  Italiens,  que  j<; 
lilc,  dit  seulement  que  ces  trophées  décorent réflifice  oii  s'.'issemhle  le  Sénat; 
il  ne  nomme  pas  le  Capitole,  mais  il  décrit  ce  ([ui  existait  à  Home  dans  la  plu- 
part des  temples.  Celui  de  Jupiter-Capitolin  avait  de  semblables  décorations; 
je  le  dis  dans  l'alinéa  suivant. 

Page  470.  Sur  la  dorure  du  toit  du  Capitule.  Pline  (loc.  cit.)  dit  :  «  Onum  sua 
;etas  varia  de  Catulo  existiinaverit,  quod  tegulas  '<ereas  Capitolii  inaurassel 
priinus.  «  Je  crois  qu'il  faut  traduire  iwturai'c  par  orner  d'or,  et  non  pas  do- 
rt'/', qui  signifierait  doré  en  plein.  Cicéron  ('/(/  Herem  IV,  47)  parlant  de  la  palla. 
espèce  de  toge,  brochée  ou  brodée  d'or,  dit  :  «  Palla  inaurata  indutiis.  »  Si 
Pline  avait  voulu  exprimer  l'idée  d'une  dorure  en  plein,  il  me  semble  qu'il 
aurait  employé  de  préférence  le  mot  aurore. 

Au  surplus,  il  n'est  pas  vraisemblable  (jue  le  toit  du  Capitole  ait  été  doré 
en  plein,  parce  qu'il  était  dans  les  habitudes  des  anciens  d'employer  l'or  en 
figures  d'ornements,  et  même  avec  une  certaine  parcimonie,  plutôt  qu'en 
fonds  plats.  On  faisait  pour  les  tuiles  en  terre  cuite,  ou  en  marbre,  un  grand 
usage  des  arts  du  dessin  (voy.  le  bel  ouvrage  de  M.  Hittorif  sur  les  monu- 
ments de  la  Sicile) .  On  conserve  au  musée  de  Catane  une  tuile  en  terre  cuite, 
provenant  d'un  temple  de  Syracuse,  et  dont  la  face  extérieure  est  décorée 
d'une  suite  d'enroulements  eu  blanc  et  en  noir  émaillé,  relevés  à  leur  centre 
par  de  petites  rosaces  dorées.  Ce  système  de  dorure  était  sans  doute  celui  du 
Capitole. 

J'avais  pensé  un  instant  pouvoir  évaluer  par  analogie  le  prix  de  la  dorure 
commandée  par  Catulus,  en  me  servant  d'un  passage  de  Plutarque,  dans  la  vie 
de  Publicola  (n"  IS,  édit.  Reiske),  où  il  dit  (jue  la  dorure  du  Capitole  rebâti 
par  Domitien  coûta  12,000  talents,  qui  équivalent  à  62,239,860  fr.  ;  mais  je 
ne  tardai  pas  à  reconnaître  que  cette  évaluation  était  exagérée  jusqu'à  l'im- 
possibilité, et  qu'eu  réalité  la  dorure  du  Capitole  ne  peut  pas  avoir  coûté 
seulement  la  140"  partie  de  cette  somme.  Le  Capitole  avait  environ  39  mè- 
tres sur  36;  on  peut  évaluer  la  surface  du  toit  à  3,300  mètres  ;  en  supposant 
à  peu  près  le  double  de  cette  superficie  pour  les  plafonds,  parce  qu'ils  étaient 
en  caissons,  l'on  arriverait  à  peine  à  10,000  mètres  carrés. 

Les  procédés  de  dorure  des  anciens,  décrits  par  Pline,  étaient  les  mêmes  que 
les  nôtres,  un  mordant  sur  lequel  on  appliquait  la  feuille  d'or,  et  quelquefois 
le  mercure.  Aujourd'hui  une  dorure  de  ce  genre,  bien  exécutée,  en  or  fin, 
revient  au  pins  à  100  ou  123  fr.  le  mètre  carré.  En  supposant  que  les  anciens 
dorassent  plus  épais,  et  que  leur  prix  de  revient  s'élevât  à  130  fr.,  ou  même 
à  200  fr.,  on  n'arriverait  pour  le  Capitole,  qu'à  une  somme  de  1  million  à 
1200,000  fr.,  parce  que  la  dorure  n'étant  pas  l'aile  en  plein,  il  faut  réduire  au 
moins  d'un  tiers,  et  peut-être  de  moitié,  les  surfaces  évaluées  ci-dessus.  Le 
texte  de  Plutarque  est  donc  complètement  altéré  dans  cet  endroit,  et  ne  peut 
fournir  aucun  renseignement  utile  ou  raisonnable. 

Page  473.  Sur  la  statue  de  Jiipiter-lmperator,  et  sa  place.  Il  fallait  bien  cpie 
cette  statue  eût  échappé  à  l'incendie  du  Capitole,  ou  qu'elle  eût  été  refaite, 
puisque  Pline-le-Jeune  en  parle  comme  existant  encore  de  son  temps.  Le 
passage  de  cet  auteur,  rapproché  de  celui  de  Tite-Live,  fixe  la  place  de  cette 
statue  au  fond  de  la  nef  centrale,  puisqu'on  la  voyait  de  la  porte. 

Le  véritable  surnom  de  ce  Jupiter  dont  il  n'existait  que  trois  statues  dans  le 
monde,  était  Jupiter  ouîcî,-  c'est-à-dire  le  dispensateur  d^.s  vents  fitv(>r:!btes  : 
l'un  était  dans  un  temple  bâti  à  l'endroit  le  plus  étroit  du  Bosphore  de  Thrace, 
l'autre  à  Syracuse,  et  le  troisième  à  Rome.  On  conjecture  que  Flaminius,  sans 
avoir  égard  au  surnom  grec,  voulant  r.ipporter  à  la  protection  des  dieux  les 


502  ROME  AU  SIÈCLE  D  AUGUSTE. 

succès  qu'il  avaiteusen  Macédoine,  consacra  sous  le  nom  de  Jupiter  Imperator 
cette  statue,  l'un  des  trophées  de  sa  victoire.  Voy.  Académ.  des  [nacript.  l.  VI, 
p.  566,  anc.  série,  un  méni.  de  l'abbé  Fraguier  sur  lu  yalcrie  de  Verres. 

Page  474.  Sur  ht  parenté  de  Tarquin-le-Superbe  avec  Tarquin-l' Ancien. 
Tite-Live  et  Cicéron  disent  que  le  second  Tarquin  était  fils  du  premier;  mais 
je  suis  l'opinion  de  Pison,  rapportée  par  Denys  d'Halicarnasse,  qui  fait  Tar- 
quin-le-Superbe  petit-fds  de  l'Ancien,  parce  que  c'est  la  seule  vraisemblable. 
Voy.  aussi  sur  ce  sujet  Beaufort,  Disnerlalion  .si/r  l'inceriilnde  des  cinq  premiers 
siècles  de  l'Histoire  Ronutine,  i"^"  part.,  cbap.  XI,  et  2"  part.,cliap.  V. 

Page  475.  Sur  l'origine  dnnnm  de  Capitole.  Arnobe  nous  apprend  que  la 
tête  trouvée  en  creusant  les  fondations  du  Capitole  était  celle  d'un  certain 
Tolus  de  Vulcia,  lequel,  mis  hors  la  loi,  avait  été  tué  par  les  esclaves  de  son 
frère.  Sa  tète  ne  pouvant  être  inhumée  sous  le  ciel  de  sa  patrie,  le  fut  au  delà 
du  Tibre,  sur  le  territoire  Romain.  {Advers.  gentcs.) 

Un  antiquaire  moderne,  M.  Orioli,  partant  du  fait  fourni  par  Arnobe, 
a  découvert  que  ce  Tolus,  dont  le  nom  s'écrivait  Tliulu  ou  Thiil  en  Étrusque, 
appartenait  à  la  famille  Thuilius,  originaire  de  Vulcia,  en  Étrurie,  et  qui  régna 
à  Veïes.  Tolus  tenta  d'usnper  la  souveraineté  à  Vulcia  ,  sa  tète  fut  mise  à  prix, 
et  coupée  par  les  esclaves  de  son  frère.  On  inscrivit  son  nom  sur  son  front, 
suivant  l'usage  des  Etrusques,  et  on  l'exposa.  D'après  la  conjecture  de 
M.  Orioli,  Servius  Tu'lius  serait  fils  de  Tolus,  et  ce  roi  aurait  rendu  secrète- 
ment les  honneurs  funèbresaux  restes  de  son  père,  sur  le  mont  Saturnien.  Il  ne 
faut  pas  prendre  h  la  lettre  le  dire  des  historiens  latins,  que  la  tète  trouvée  en 
creusant  les  fondations  du  temple  de  Jupiter  était  fraîchement  coupée  ;  il  faut 
admettre  seulement  qu'elle  était  bien  conservée,  ce  qui  d'ailleurs  n'a  rien 
d'invraisemblable  en  rélléchissant  que  Tarquin-le-Superbe  succéda  immédiate- 
ment à  Servius.  Le  lecteur  comprendra  facilement  pourquoi  je  n'ai  pas  fait 
usage  de  celte  conjecture  qui  réunit  tous  les  caractères  de  la  vérité;  j'ai  dû 
suivre  l'opinion  répandue  à  Rome,  celle  des  historiens,  qui  probablement  n'en 
savaient  pas  sur  ce  point  aussi  long  que  M.  Orioli.  L'ouvrage  de  ce  savant  est 
intitulé  :  Conçjhielliire  .fopra  t'diiliva  lerjtjenda  del  capo  trovato  nclle  fonda- 
menla  dil  Cainpidoglio.  Roma,  1832. 

Page  476.  Sur  les  subslruclions  du  Capitole.  Le  grand  mur  du  Tabuhrium, 
sur  lequel  est  la  partie  postérieure  du  Palais  du  Sénateur,  vers  le  Campo 
Vaccino,  est  un  veste  de  ces  subiruclions  II  est  en  pierre  de  taille  de  péperin 
(pierre  d'Albe)  de  I  mète  16  de  longueur  sur  56  à  60  centimètres  <le  hauteur. 
Ces  pierres  sont  posées  sans  ciment,  et  d'un  appareil  si  parfait,  qu'à  une  très- 
petite  distance  on  distingue  à  peine  les  assises.  Ce  mur  a  encore  io  ou  16  mè- 
tres de  hauteur.  Voy.  aussi  sur  les  subslruclions  du  côté  occidental,  Descrip- 
tion de  Rome,  n»  60,  §  IV  et  V. 


EXPLICATION  RAISONNÉE 

DES  PLANCHES  DU  TOME  I, 

avfic  l'indication  des  Lcllrcs  auxquelles  elles  se  rapportenl. 


Fleuron  du  titre  de  l'ouvrage.  —  Médailles  d'Aurjusle  et  de  Tibère.  Elles 
reproduisent  la  ressemltlance  exacte  de  ces  deux  Empereurs.  La  couronne 
radiée  qui  orne  la  tête  d'Auguste  est  le  signe  de  son  apolhéose,  rappelé  d'ail- 
leurs parle  mot  divus  de  la  légende.  Jupiter,  Apollon,  et  d'autres  grands  dieux 
étaient  souvent  représentés  avec  une  semblable  couronne.  Les  Empereurs 
vivants  portaient  la  couronne  de  laurier. 

Ouvrages  principaux  où  l'on  trouve  ces  deux  médailles  :  Augnale  :  dans  le 
Thésaurus  MoreUùiniis,  Numismata  XII  priorum  imperat.  Romanorum,  t.  I, 
p.  173,  Auiiusl.  tab.  VIII,  n'*267,  268;  et  dans  le  Trésor  de  nitmismatique, 
Iconographie  romaine,  AïKjiisk',  pi.  III,  n"  II. 

Tibèrn  :  dans  le  Thésaurus  Morcllianus,  déjà  cité,  t.  I,  p.  543,  tab.  I,  n°  19; 
et  dans  le  Trésor  de  numismatique,  également  déjà  cité,  pi.  10,  n°^  Il  et  16. 

PLANCHE  I. 

(Doit  servir  pour  loul  l'ouvrage.) 

Plan  de  Rome  aux  ÉpogrEs  d'Aucuste  et  de  Tibère.  — Voyez  la  Description 
de  Borne  au  commencement  du  volume,  et  VAvunl-i^ropus  qui  la  précède,  page 

XIII. 

PLANCHE  IL 

(Lettre  II.) 

Site  et  murs  de  Rome. —  Ce  petit  plan  embrasse  toute  la  circonférence  de 
Rome  et  des  lieux  adjacents.  Il  donne  : 

]"  L'enceinte  de  murailles  faite  par  Servius,  enceinte  qui  ne  fut  point  chan- 
gée jusqu'au  temps  d'IIonorius  ou  d'Aurélien  ; 

2"  Les  sept  collines  de  l'intérieur  de  la  ville,  et  le  Janicule  ainsi  que  la  col- 
line des  jardins,  situés  hors  des  murs; 

3°  La  circonscription  des  XIV  régions  de  la  ville. 

C'est  comme  un  sup|)lément  à  notre  grand  Plan  ])artiel,  car  on  trouve  ici 
des  localités  que  l'échelle  du  grand  Plan  a  forcément  jetées  hors  de  son  ca- 
dre, et  qui  sont  nommées  dans  le  cours  de  nos  Lettres,  telles  que  Y Aijçjer  de 
Servius,  le  Champ  Seslerlium,  le  Camp  des  Prétoriens,  et  toutes  les  Portes  de 
la  ville. 

Le  site  a  été  tracé  particulièrement  d'après  la  Carta.  fisira  d<l  Suolo  di 
Roma,  de  G.  Brocchi,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Dello  slalo  fisico  del  Suolo  di 
Roma,  1  vol.  in-8,  Roma,  1820  ;  elles  murs,  d'après  Bufalini,  Planta  di  Roma; 


r  1 


:m  KOML  AU  sifXLt:  dauguste. 

Biancliiiii,  Délie  porle  e  mura  di  Roma,  iii-4»,  1747;  Danville,  Mémoirea  de  l'A- 
endémie  des   Inscriptions,  t.  30;  Nardini,  Roimi  andcn,  éflit.  Nibby.  4  iii-8, 
Roma,  \H\H;'So\\i,  Naova  lojxujrafid  di  Roma,    32  fciiillt-s  in-fbiro,  liorna, 
1748;  et  Niljhy,  Le  Mura  di  Roma  diseynate  da  sir  iVilliam  (Jell,  1  vol  iii-8 
fil,'.  Roma,  1820. 

Pour  YAijger,  qui  existe  encore,  mais  informe  et  ruiné,  nous  avons  suivi  les 
conjectures  de  Carlo  Promis  dans  l'ouvrac^e  intitulé  :  Le  antichila  di  Alba 
Fueense  negli  K(pu\  \  vol.  in-8",  Roma  I8.'5(),  cap.  vu,  p.  188  et  tav. 

Relativement  à  la  situation  des  Portes  de  la  ville,  elle  est  souvent  discutée  et 
bien  élablie  par  Nibby  dans  son  ouvrage  sur  les  Murs  de  Home,  cité  plus  haut; 
nous  y  renvoyons  donc  le  lecteur. 

PLANCHE  III. 

(Lettre  III.) 

Le  Foblm  romain. — La  vue  est  prise  du  haut  de  la  voie  Sacrée,  vis-à-vis  du 
(emple  des  Lares  (  P/(f«  de  Rome,u°  2'2).  Toutes  les  parties  en  sont  justifiées 
dans  notre  Description  de  Rome.  La  plupart  des  matériaux  sont  tirés  de  la 
grande  restauration  du  Forum  romain  faite  par  M.  Léveil  en  '1836,  et  main- 
tenant déposée  dans  les  archives  de  l'Institut. 

La  lin  de  la  lettre  III,  p.  233,  236,  résume  ce  tableau;  cependant  pour  en 
faciliter  au  lecteur  la  comparaison  avec  le  Plan,  je  vais  donner  une  indication 
avec  le  numéro  de  renvoi  à  ce  Plan  et  à  la  Description  de  Rome. 

Longue  voie  traversant  tout  le  Forum  et  perpendiculaire  au  spectateur, 
voie  Sacrée  (n"  35)  ; 

Sur  la  voie  Sacrée,  Arc  de  Fabius  (n»  1 27)  ; 

Voie  passant  transversalement  flerrière  et  au  pied  de  l'Arc  de  Fabius,  i^ic 
Xeuve  (n»  1 1l); 

A  droite,  sur  le  devant  du  tableau,  en  deçà  de  la  voie  Neuve,  Basilique 
bpimia  (n«  32); 

A  la  suite,  au  delà  de  la  voie  Neuve,  temple  d' Ops-Consiva  et  Maison  du 
Roi  des  Sacrifices  (n"  129); 

Au-dessus  immédiatement  de  la  Maison  du  Roi  des  sacrifices,  Ba&ilique  Ar- 
(jenlaria  avec  les  Tavernes  neuves  devant  (n"  130); 

Après  et  joignant  la  Basilique  Argentaria,  Basilique  ^Emilia  (u"  131); 

Ensuite,  au  pied  du  mont  Capitolin,  Prison  publique  (n°  82); 

Derrière  ,  Substructions  du  Capitole; 

Au-dessus  ,  Temple  de  la  Foi  (n»  76); 

Plus  haut,  Enceinte  de  VArea  et  temple  de  Jupiter-Capitolin,  et  Statue  co- 
lossale de  Jupiter  (n"^  79,  81); 

Sur  la  gauche  du  tenqile  de  la  Foi,  Tabularium,^  par-dessus  lequel  on  aper- 
çoit le  sommet  du  Bois  de  l'Asyte  (n"^  73,  72); 

Au  bas  du  Tabularium,  à  droite,  temple  de  la  Concorde  sur  le  bord  du  C^j- 
vus  de  l'Asyle  (n"*  83,  56)  ; 

A  gauche  du  temple  de  la  Concorde,  temple  de  Jupiter-Tonnant  (n»  84); 

Un  peu  en  avant  de  ce  temple,  et  de  liane,  temple  de  la  Fortune  (n"  86), 

Après  le  temple  de  la  Fortune,  Arc  de  Tibère  (n»  87)  ; 

A  la  suite  de  l'Arc,  temple  de  Saturne,  et  Trésor  public  (n»  88); 

Derrière,  Escalier  des  Cent  marches,  Roche  Tarpéienne,  et  Forteresse  du 
CapUolc  (n°s  59,  64.  60); 

Au-dessus  des  murs  de  la  Forteresse,  Statue  colossale  d'Apollon  (n"  61)  ; 

A  gauche  du  tableau,  tout-à-fait  en  avant.  Porte  Romana  (i\°  199)  ; 

Ensuite,  temple  et  Atrium  des  Pénates  publics,  avec  un  petit  Bois  d'oliviers 
(n»  1 9) ; 


EXPLICATION  DES  PLANCHES.  50.) 

Sur  la  (Iroilc  de  l'Alriuiii,  A)-ca  cl  Tcm])\c  rond  Je  Vakain,  avt-c  la  Colonne 
de  Ludius,  ol  un  Ci/près  plus  vieux  que  Rome  (u"  1(S)  ; 

A  gauche  du  Temple  (le  Vuleaiu,  Lotos,  aulrc  arbre  plus  vieux  <[ue  Rome, 
el  Taiiplc  do  Roviulus,  vu  par  derrière  (n"  i2-i)  ; 

Au-dessus  du  temple  de  Romulus,  Grœcnstase  (u"  124)  ; 

Dans  le  lointain,  à  gauche  de  la  Roche  Tarpéienne,  Théâtre  de  Marcellus 
(u»l44); 

Centre  du  tableau  :  sur  le  devant  :  Sacrifice  sur  un  petit  autel  portatif; 

Derrière,  presque  au  bord  de  la  voie  Neuve,  Tribunal  du  Préteur  {n°  128)  ; 

A  gauche  du  Tribunal,  Putéal  de  Libon  (n"  i28)  ; 

A  gauche  de  l'Arc  de  Fabius,  Statue  équestre  de  Clélic,  et  Statue  de  Fa- 
bius {n"  \  27)  ; 

Au-delà  de  la  voie  Neuve,  à  gauche  de  la  voie  Sacrée,  Arcs  de  Janus  supé- 
rieur et  de  Janus  inférieur  (n»^  138,  139)  ; 

Presque  au  pied  du  mont  Capitoliu,  et  sur  le  petit  axe  du  Forum,  les  Rostres, 
avec  VOmbilic  de  Rome  sur  leur  angle  droit  (n"  85); 

Voie  transversale  entre  la  Gnccostase  et  le  temple  de  la  Fortune,  le  Canal 
(n«  I  40) ; 

A  gauche  du  Canal,  sur  1»  gi-and  axe  du  Forum,  buisson  appelé  le  Lac 
Curtius  (n"  141); 

Statues  diverses  et  Colonnes  statuaires  répandues  çà  et  là. 

J'ai  choisi  ce  côté  pour  faire  voir  le  Forum  parce  que  là  les  grandes  masses 
du  tableau  sont  parfaitenuMit  authentiques,  et  qu'il  reste  des  ruines  des  prin- 
cipaux monuments  qu'on  aperçoit;  ainsi  le  mont  Capitolin  et  la  roche  Tar- 
péienne peuvent  être  facilement  retrouvés  au  milieu  des  constructions  mo- 
dernes qui  les  masquent  et  les  défigurent  actuellement  ;  tout  l'étage  inférieur  du 
Tabularium  existe  encore  ;  il  reste  des  arrachements  de  murailles  de  touf^ 
l'enceinte  du  temple  de  la  Concorde,  et  beaucoup  de  fragments  de  son  archi- 
tecture, retrouvés  dans  les  fouilles,  sont  conservés  au  Musée  Capitolin.  Trois 
colonnes  du  temple  de  Jupiter-Tonnant  sont  encore  debout  avec  le  soubasse- 
ment de  l'édiiice;  dix  d»  temple  de  la  Fortune;  trois  de  laGrœcostase;  et 
la  façade  de  la  basilique  /Emilia  est  occupée  par  celle  de  l'église  de  saint 
Adrien. 

Quant  à  la  voie  Sacrée,  on  en  a  retrouvé  des  restes  au  bas  du  mont  Capi- 
tolin, et  devant  le  temple  d' Antonin  et  Fauslinc,  qui  ne  figure  point  sur  notre 
Plan,  parce  qu'il  est  postérieur  à  notre  époque.  Au  pied  de  la  Colonne  de 
Phocas,  qu'on  ne  voit  pas  non  plus  ici  par  le  même  motif,  on  reconnaît  en- 
core le  Canal,  celte  voie  qui  coupe  le  Forum  transversalement. 

PLANCHE  IV. 

(Lcllrelll.) 

Imékikuu  d'unk  basilique.  —  L'artiste  s'est  attaché  à  reproduire  la  basilique 
décrite  par  Yitruve,  dont  j'ai  donné  une  description  sommaire  dajisla  lettre  III, 
p.  227,  à  huiuelle  celte  planche  se  rapporte.  Le  spectateur  est  placé  à  l'en- 
trée de  la  basilique,  dans  une  espèce  de  vestibule  couvert  ipii  précède  les  ga- 
leiies.  On  reconnaît  facilement  les  galeries  latérales  avec  le  nuir  élevé  qui 
porte  le  second  ordre  d'architecture,  et  dérobe  aux  promeneurs  du  bas  la 
vue  des  promeneurs  du  haut. 

Derrière  les  colonnes  du  fond,  est  l'abside,  orné  de  niches  avec  des  sta- 
tues; là  était  le  tribunal  du  Préleur. 

La  nef  principale  est  ornée  de  statues  lionorilitpies,  curules  el  pédestres,  el 


50G  ItOMK  AU  SIKCrJ-:  D'AUGUSTE. 

(1(>  son  plafond  iicndcnl   des  rostres  de  vaisseaux,  et  des  boucliers,  trophées 
de  victoire. 

11  y  avait  aussi  dos  entrées  latérales  pour  faciliter  la  circulation.  L'une  de 
ces  entrées  est  indiquée  vers  le  milieu  de  la  galerie  de  droite,  par  un  rayon 
de  lumière  qui  y  pénètre  du  dehors. 

PLANCHE  V. 

{ Lettre  V.  ) 

Le  Champ-dk-Mars.  —  C'est  encore  d'après  le  grand  Plan  que  cette  vue  à 
été  restaurée.  Kilo  est  prise  du  bas  de  la  Colline  des  Jardins. 

Le  spectateur  a  (levant  lui,  à  ses  pieds,  la  Maison  funéraire  des  Césars 
(Plan  cl  Description  de  Rome,  no  ]88),  ensuite  la  voie  Flaminia  (n"  191) 
bordée  de  tombeaux. 

Inimédiatenicnt  au-delà  de  cette  voie,  vis-à-vis  de  la  Maison  funéraire  des 
Césars,  lenceinte  circulaire  plantée  de  peupliers,  est  le  Bustiim  pour  les  fu- 
nérailles des  empereurs  (u"  187)  ; 

Après  le  Bustum,  un  peu  sur  la  droite,  on  voit  le  Mausolée  d'Auguste  (n» 
18."i)  avec  un  Bois  sacré  derrière  (n"  186); 

Plus  au  fond,  est  VAmphiléûtre  de  Statilius  Taurtts  (n»  482)  ; 

Et  vers  l'horizon,  on  aperçoit  le  Tibre  qui  enveloppe  le  Cbamp-de-Mars. 
La  vue  est  bornée  par  le  monl  Vatican  sur  la  droite,  et  sur  la  gauche  par  le 
mont  Janicide  et  sa  Forteresse  (n0  299). 

En  revenant  sur  le  devant  du  tableau,  tout-à-fait  à  gauche,  on  a  les  Sepla 
Triqaria  (n»  190); 

Vis-à-vis,  au-delà  de  la  voie  Flaminia,  le  Portique  des  Argonautes  avec  le 
temple  de  Neptune  (n»  179)  ; 

Puis  le  Panthéon  (n»  180),  et  les  Bains  d' Agrippa  derrière  (n°  171); 

Sur  la  droite  du  Panthéon,  ou  voit  le  temple  et  le  Portique  du  bon  Evéne- 
ment (n»  181),  et  ensuite  les  Jardins  d' Agrippa  (n"  169). 

Devant  le  Panthéon  est  V Autel  de  Mars  (n"  1 93)  ;  et  un  peu  au-dessous,  le 
Gnomon  (n"  194). 

PLANCHE  VI. 

(Lettre  IX.  ) 

La  maison  dk  Mamcrra.  —  Ce  plan  est  une  espèce  de  mosaïque,  composée 
avec  des  fragments  de  maisons  de  Pompei,  qui  ressendilent  tout-à-fait  au  peu 
de  maisons  romaines  que  l'on  trouve  sur  les  restes  du  Plan  antique  de  Rome, 
conservé  au  Musée  Capilolin,  et  gravé  dans  Bellori  {konographia  veteris 
Romœ  XX  tabiilis  coniprchensa,  cum  notis,  etc.  Romœ,  1764,  in-folio). 

J'ai  pris  mon  cadre  général  dans  le  Palais  de  Scaurus,  de  Mazois  (I  vol. 
in-8",  2*^  édit.,  Paris,  1822);  Mazois  s'est  lui-même  évidemment  inspiré  d'une 
restauration  conjecturée  donnée  par  Palladio  {Archiltctt.,  liv.  Il,  c.  4, 
pi.  XIX).  Les  changements  que  j'ai  faits  au  Plan  de  Mazois  sont  justifiés  dans 
les  notes  sur  la  Lettre  IX,  p.  488.  L'un  dos  plus  importants,  sous  le  rapport 
de  la  vérité  historique,  et  que  je  n'ai  point  discuté  dans  mes  notes,  est  la  sup- 
|)ression  do  deux  grandes  pièces  ou  galeries,  à  droite  et  à  gauche  de  la  |)orlo 
d'entrée,  et  que  Mazois  indi(]ue  comme  salles  d'attente  des  visiteurs  du  rnatin. 
De  pareilles  salles  ne  devaient  point  exister;  les  riches  Romains  méprisaient 
trop  leurs  petits  clients  pour  avoir  l'allenlion  de  leur  ménager  de  tels  abris  ; 
et  puis,  comme  c'était  un  honneur  d'avoir  une  foule  nondirouse  à  sa  porte, 
que  l'on  y  mettait  de  l'amour-proprc,  nécessairement  des  salles  d'attente  au- 
raient fait  perdre  cette  satisfaction  de  l'orgueil.  Quand  aux  clients  d'un  rang 


EXPLICATION  DES  PPANCIIES  507 

|)liis  relevi'",  ils  ne  slalioiinaient  point  ainsi  on  plein  air,  et  l'on  verra  dans  la 
Lettre  X  ([u'ils  avaient  leurs  (,i'(ind('S  on  leurs  jj('<//t'.s  entrées. 

Maintenant,  en  se  rappelant  rexit^uïlé  des  maisons  de  Pompci,  peut-«*lre 
deniandera-t-on  si  les  riciies  Romains  avaient  bien  réellement  des  maisons 
aussi  grandes.  Oui,  répondrai-je,  et  loin  de  me  paraître  prublémaiitpie,  cela 
nie  semble  au  contraire  incontestal)Ie.  Il  ne  faut  pas  plus  jui^er  de  l'étendue 
des  maisons  de  Rome  d'après  celle  des  maisons  de  Pom|)ei,  que  l'on  ne  juge- 
rait des  hôtels  de  Paris,  on  de  tonte  autre  i^rande  capitale,  d'après  les  maisons 
d'une  petite  ville  de  province.  Le  prix  énorme  des  belles  demeures  de  Rome 
(voy.  Lettre  Cil,  t.  IV);  le  prix  et  la  proportion  des  colonnes  de  certains  atria  ; 
ce  que  dit  Ciccron  de  la  splendeur  obligée  des  maisons  des  citoyens  impor- 
tants {Ibid.)  ;  l'expression  de  Salluste  (citée  dans  notre  Lettre  IX,  p.  28o, 
note  8)  qui  les  compare  à  des  villes  ;  les  indications  de  Vitruve,  et  cent  autres 
que  l'on  trouvera  répandues  dans  le  cours  de  cet  ouvrage,  prouvent  qu'à  Rome 
les  maisons  des  riches  étaient  fort  grandes.  Je  citerai  encore  conune  dernier 
témoignage  les  Bains  d'Ayrippa  {PUm  de  Rome,  n"  171):  ils  furent  bâtis 
pour  son  usage  particulier,  et  il  ne  les  légua  au  peuple  qu'à  sa  mort  ;  cepen- 
dant, ils  ne  renferment  aucun  logement  proprement  dit,  malgré  leur  immensité. 

J'irai  au-devant  d'une  objection  qu'on  pourrait  me  faire,  c'est  que  la  Mai- 
son d'Auguste,  sur  le  mont  Palatin  {Plan  de  Rome  n"  223),  et  dont  le  plan  est 
parfaitement  authentique,  est  près  de  moitié  moins  grande  que  ma  Maison  de 
Mamurra  :  cette  diftërence  est  encore  un  argument  en  ma  faveur,  car  la  Mai- 
son d'Auguste  était  regardée  comme  une  maison  presque  petite  :  Ncque  laxi- 
tate,  ncque  cullu  conapicuis  (œdibus),  dit  Suétone  {Aucj.  72),  en  parlant  de 
cette  maison.  Auguste  ne  recevait  pas,  comme  les  citoyens  de  l'ancienne  ré- 
publique, de  nombreuses  réunions  chez  lui;  ou,  quand  il  lui  fallait  le  faire, 
il  se  servait  du  temple  et  dit  Portique  d'Apollon-Palalin^  contigus  à  sa  maison 
{Plan  de  Rome,  n"  217). 

PLANCHE  VII. 

(Lettre  IX.) 

Un  Atritîm  corinthien.  —  Tracé  d'après  les  descriptions  de  Vitruve,  et  les 
maisons  de  Pompei.  On  voit  comment  les  portiques  qui  entouraient  la  cour 
ou  impluvium,  communiquaient  aux  appartements  disposés  autour.  La  des- 
cription de  cette  partie  importante  de  la  Maison  romaine  se  trouve  donnée 
eu  détail  dans  la  Lettre  pour  laquelle  cette  vue  a  été  restaurée,  p.  276,  277 
du  volume. 

PLANCHE  VHI. 

(Lettre  XVIIl.) 

Le  PoRTiQi'E  d'Octavie  et  la  birliothèque  octaviense.  —  La  vue  est  prise 
par  une  des  arcades  de  l'étage  supérieur  du  Portique  de  Minucius  (  Plan  et 
Descript.  de  Rome,  n"  14o),  situé  presque  vis-à-vis  du  Portique  d'Octavie. 

On  découvre  presque  en  entier  la  grande  enceinte  carrée  qui  forme  le  Por- 
tique même  {Plan  et  Descript.  de  Rome,  u"  liiO),  avec  ses  colonnes  alternati- 
vement en  granit  rose,  et  en  marbre  de  carysle,  ou  phrygien  (cipollino),  tel 
qu'il  a  été  décrit  à  la  page  380  de  ce  volume.  Un  peu  vers  la  droite  du  tableau 
s'élève  le  grand  porche  en  colonnade  formant  l'entrée  principale  du  Portique. 

Au  centre,  sont  les  deux  temples,  à  droite  celui  de  Jupiter,  à  gauche,  celui 
de  Junon. 

Ces  temples,  les  portiques  et  le  porche  d'entrée,  sont  couverts  en  tuiles  de 
marbre  blanc. 


508  KOMI^  AU  SIÈCLE  D'ALGUSTE. 

Dcrriùrc  les  U-iiiplcs  s'élèvo  l:i  liihliollirquc  Oc  lut  i  cane  in"  l.'il),  soiis  l;i- 
quollc  l'sl,  dans  l'axe  loiigiludiual  du  l'orliiiue,  un  à  jour  (jui  corrcs|»ond  a  l:i 
larade  de  la  Curie  Octaricniie  (n"  I  •">-),  dont  on  apereoit  un  peu  le  laile,  an- 
dessus  du  loil  d(!  la  BihlioUièciue. 

Eu  dehors  du  Poiiiciue,  à  droite,  on  voit  le  temple  anliqiic  d'Apollon 
(n"  149)  ;  —  un  peu  au-dessus,  les  petits  temples  de  Diane  et  de  Jiinoii-reine 
(n*»  'l()4,  l()o)  ;  et  plus  haut  encore,  au  fond  du  tahleau,  rextréuiité  seplcu- 
trionale  ilu  nionl  Capitolin,  avec  le  Temple  de  Jupiter  (n»  81). 

Au-delà  de  la  Bihliothècjue,  inmiédialenient  derrière,  apparaît  la  partie  supé- 
riuurc  du  Cirque  Flaminius  (n"  163),  et  à  l'horizon,  le  inout  Quirinal  avec  ses 
ûdillces. 

PLANCHE  IX. 

(Lettre  XXV.) 

L'Inïekmo.nt  kt  le  temple  de  Jl'piter-Capitolin. — Cette  vue  est  décrite  daiij 
la  Lettre  à  laquelle  elle  se  rapporte,  p.  iG6.  Elle  est  prise  du  Las  de  V Escalier 
à  cordons  qui  monte  à  la  Forteresse.  {Plan  et  Description  de  Home,  u»  70.) 
Ordre  de  la  vue  : 

A  gauche,  Colonne  de  Jupiter  surmontée  de  la  statue  du  dieu  ; 

Derrière,  Bois  de  l'Asijle  et  Temple  de  ['éjovis; 

Au  fond.  Colonne  Rostrale  d'/Emilius; 

Devant  le  temple  de  Véjovis  :  Arc  de  Scipion  et  Fontaines  jaillissantes,  à 
droite  et  à  gauche  de  l'Arc  (n°  73); 

x\u  fond  du  tableau,  au  point  le  plus  élevé,  Temple  de  Jupiter-CapUoUn  sur 
son  Area,  et  entouré  des  murs  qui  fermaient  cette  enceinte    (n"»  79  et  SI). 

A  gauche  du  grand  escalier  à  cordons  qui  conduit  de  l'intermont  à  l'Area 
de  ce  temple,  Temple  de  l'énus  Erijcine  (n»  77)  ; 

A  droite  du  même  escalier.  Temple  de  la  Foi  {n°  76)  ; 

Dans  l'angle  droit  du  tableau,  Portique  de  Scipion  Nasica  (n"74).  —  Pour 
le  détail  des  statues,  voy.  n°  70. 

\S Intermont  servant  souvent  de  lieu  de  réunion  pour  les  assemblées  du 
peuple,  nous  avons  mis  sur  le  mur  latéral  de  l'escalier  de  l'Area  du  temple 
de  Jupiter  un  Album  où  l'on  alYichait  les  lois.  Les  buissons  d'arbres  qui  sont  à 
droite,  vers  la  façade  du  tenq)le  de  la  Foi,  sont  une  conjecture  ;  mais  les  Ro- 
mains respectaient  la  végétation  partout  où  elle  se  inanilestait,  et  il  devait  y  en 
avoir  sur  le  faîte  des  subslruclions  du  Capilole.  Voy.  Lettre  XXXIII,  t.  II, 
p.  124,  sur  le  respect  et  le  goût  du  peuple  pour  la  végétation. 

PLANCHE  X. 

(Lettre  XXV.) 

Intérieur  du  temple  de  Jupiter-Capitolin. — Tout  est  décrit  et  justifié  dans 
la  lettre,  p.  470,  et  suiv.  La  vue  est  prise  sous  le  grand  péristyle  de  la  façade, 
sur  l'axe  de  la  nef  centrale,  à  travers  la  grande  porte  du  temple. 

Les  nefs  latérales  sont  indiquées  par  le  jeu  de  la  lumière,  et  par  les  portes 
des  temples  de  Junon,  à  droite,  et  de  ^Minerve,  à  gauche. 

Nous  avons  adopté  pour  cet  intérieur  deux  ordres  de  colonues  superposées, 
disposition  imitée  du  tenqde  de  Jui)iter-01ympien,  d'Athènes,  des  temples  de 
Pœsluni,  et  de  plusieurs  autres  tenqdes  antiques. 


FIN    DU    rO-ME    PREMIEIl. 


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La  EMblioth^que 
Université  d'Ottaw« 
Ech^Sance 


The  Library 
Univers!  ty  of  Ottawa 
Date  Due 


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•05  1846  VOOl 

COO    DEZOBRY,  LGU  ROME  AU  SI 

ACC#  1439621