Jf
ROME
AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
« l'ay seulement faict icy un amas de fleurs
eslrangieres, n'y ayant fourny du mien que
le fîlet à les lier. »
Montaigne, Essais, liv. III, c. 12
Cl
AU SIECLE D'AUGUSTE
VOYAGE D'UN GAULOIS A ROME
A L'ÉPOaUE DU RÈGNE D'AUGUSTE
ET PENDANT UNE PARTIE DU RÈGNE DE TIBÈRE,
■précédé
D'UNE DESCRIPTION DE ROME
aox époiiiies d'Anjnste et de Tibère,
PAR CH. DEZOBRY.
revue, augmeutée
ET ORNÉE D'UN GRAND FLAN ET DE VUES DE ROME ANTIQUE.
TOME I.
PARIS.
DEZOBRY, E. MAGDELEINE ET C'^ LIBR.-ÉDITEURS,
1, RIIR DES MAÇONS-SORBONNE, 1.
I8i.(j
BIBLIOTHECA J
y ^ j"^ F(é
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V.
Imprimerie Dccessois, 55, qnai des Angaslin».
. ?^HTO:
TABLE
DES MATIÈRES ET DES Ï>LANCHES
DU TOME PREMIER.
Avertissement sur cette nouvelle édition Vff
Prolégomènes XI
— Avant-Propos XIII
— Desciiption de Rome sous Auguste et soas Tibère t
— Table alphabétique de la Description de Rome 197
Introduction au voyage a Rome 2 (H
Lettre I. Le Voyage. — Les Gaules. — L'Italie 209
— II. Arrivée à Rome. — Aspect de la ville. — L'Hospitalité. -^
L'Empereur. — La maison Palatine îl4
— III. Le Forum Romain 226
— IV. Constitution de la Société romaine. — Formes du Gouver-
nement Sl37
— V. Le Champ de-Mars 247*
— VI. Du pouvoir de l'Empereur. — Les Consuls et les Tribuns du
peuple 254
— VII. Rome et la ville. — LePomœrium 2fll
— VIII. Des Comices en général, et des diverses sortes de Comices. 266
— IX. Comment sont logés les riches, ou la Maison de Mamurra . 274
— X. Les Cliems 289
— XI. De Id numération du temps. — Ka'.endrier romain . . . 297
— XII. Les Bains 322
— XIII. Les Repas 332
— XIV. Les Tavernes 3 46
— XV. Les Tondeurs 358
— XVI. Mon Emménagement. — Les maisons à loyer. — Une mai-
son de la voie Suburane 363
— XVII. Du droit de cité Romaine 371
— XVIII. Les Promenades de la ville 379
— XIX. Les Censeurs. — La Revue du Sénat, des Chevaliers, et du
Peuple 390
— XX. La Police de Rome ., 405
VI TABLL DKS MAIIKI'.KS lii DKS ll.ANCUKS.
LelUu XXI. Du GouvernemeiU ilo riliilii.- 4 15
— XXII. Les Maquignons et les Esclaves 42H
— XXIII. Des Affranchissements et des Affranchis 442
— XXIV. Les Voleurs 453
— XXV. Ma seconde visite au Capitolc 461
Notes et Explications supplémentaires .•... 479
Eocplication raisonnée des planches du tome 1 503
LISTE ET CLASSEMENT DES PLANCHES.
Pian de Rome antique aux époques d'Auguste et de Tibère, par M. Léveil. —
A la fin du volume.
Site et Murs de Rome (Plan). — En regard de la page 215.
Intérieur d'une Basilique, par M. Hittorff. — En regard de la page 227.
Le Forum Romain, par M. Léveil. — En regard de la page 215.
Le Champ-de-Mars, par le même. — En regard de la page 247.
La Maison de Mamurra (Plan). — En regard de la page 275.
Un Atrium corinthien, par M. Viollet-Leduc. — En regard de la page 276.
Le Portique d'Octavie, par M. Duban. — En regard de la page 380.
L'Intermont elle Temple de Jupiter-Gapitolin, par M. Léveil. — En regard de
la page 466.
L'Intérieur du Temple de Jupiter-Gapitolin, par le même. — En regard de la
page 470.
AVIS AU RELIEUR. — Une ligne tirée tantôt en haut tantôt en bas de la gravure indique de
quel côté doit être pris l'onglet, atin que le volume étant ouvert, la gouttière tournée vers le lec-
teur, toutes les planches se présentent toujours dans le même sens.
AVERTISSEMENT
SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.
Après dix années de nouvelles études, j'oft're au public un ou-
vrage qui ne lui est pas tout à fait inconnu. L'extrême bienveillance
avec laquelle il l'a d'abord accueilli ne fut pour moi qu'un encoura-
gement à mieux faire; je me suis remis à l'œuvre presque immédia-
tement, et cette édition nouvelle est plus qu'une révision, c'est, en
grande partie, une refonte de mon livre. On y trouvera beaucoup
de changements, des additions quelquefois assez considérables : j'ai
revu, corrigé toutes les Lettres avec un soin extrême, et souvent je
les ai récrites soit en partie, soit en totalité, tantôt sur un plan
nouveau, tantôt d'après des matériaux plus récents ou plus nom-
breux. J'en ai changé aussi un peu la classification générale pour la
rendre plus rigoureuse et plus méthodique , suivre, autant que
possible, l'ordre exact des temps, et surtout n'aller jamais dans mes
tableaux que du connu à l'inconnu.
Enfin j'ai comblé quelques lacunes importantes par la compo-
sition de cinq Lettres nouvelles intitulées : Tihur. L' Empereur
Auguste et le poëte Horace; — Home pinacothèque; — La nou-
velle Maison Palatine; — Les Statues; — et Le temple de Junon-
Moneta.
Il manquait à mon voyage, pour le rendre plus intéressant et plus
clair, une partie pittoresque. En effet, il est, dans les narrations de
ce genre, des choses qui ne peuvent être bien comprises sans le se-
cours du crayon, et dont les seules descriptions écrites, même les
plus détaillées, ne donnent jamais qu'une idée confuse. Un Plan
topographique est donc indispensable pour expliquer les diverses
parties d'une ville comme Rome, pour y suivre un voyageur; des
Vues pittoresques pour en faire connaître les quartiers principaux
et les monuments. Je me suis décidé à donner ce double complé-
ment à mes récits. D'habiles artistes, qui tous ont longtemps sé-
journé à Rome, et qui par leurs études spéciales, leur talent, le goùl
viii AVEUTISSKMENT
et la connaissance de l'antiquité, l'amour de l'art qui les distingue,
pouvaient le mieux me comprendre, ont bien voulu me prêter leur
concours. Ils l'ont fait avec un empressement et une bonne grâce
dont je ne saurais trop les remercier.
Le Plan de Rome a été dessiné avec la sévérité que réclame l'his-
toire. L' Avant-propos placé après cet Avertissement dira la marche
que nous avons adoptée pour atteindre ce but, ou du moins pour le
poursuivre.
Les Vues de Rome et de ses monuments sont étudiées avec le
même soin que le Plan, et restaurées dans le môme esprit de vérité
et de fidélité historiques. Si quelques esprits légers n'y voulaient voir
que de jolis tableaux spirituellement composés et dessinés élégam-
ment, les hommes de savoir et de science y reconnaîtront de véri-
tables restaurations, y retrouveront les principales parties de Rome
ancienne dans toute la splendeur révélée par les ruines, et, à leur dé-
faut, par les historiens ou les poêles, et qu'eux-mêmes, écrivains ou
artistes, ont dû souvent rêver.
Mon tribut particulier dans cette double restauration a été une
Description de Rome aux époques d'Auguste et de Tibère, longue
étude historique que Ton trouvera à la suite de cet Avertissement
sous le titre de Prolégomènes, parce que ce sont en effet les prolégo-
mènes nécessaires de mon Voyage. Le lecteur verra peut-être dans
cette Description, qui m'a coulé plusieurs années de travail, un
témoignage du soin scrupuleux que j'ai constamment apporté dans
mes autres recherches.
Je répéterai ici ce que je disais dans l'Avertissement de ma pre-
mière édition : l'époque de mon voyage me paraît l'une des plus
intéressantes de l'histoire Romaine; celle société encore tout émue
des bouleversements qui l'ont tourmentée, et dans laquelle on ren-
contre à chaque pas des partisans et des combattants de l'ancienne
république face à face avec les fondateiu's du nouvel ordre de
choses, prêle à des contrastes intéressants, et fournit l'occasion
toute naturelle de peindre l'ancien gouvernement, et de faire res-
sortir les avantages et les inconvénients de l'empire ou principat.
Placé comme sur les confins de l'un et de l'autre, on a le passé, le
présent, et jusqu'à un certain point l'avenir sous les yeux. Plus
tard, on perdait les débris vivants de l'ancienne république; plus
tôt, on n'avait pas la nouvelle ; en outre, une foule de détails de
mœurs, de luxe public ou privé, fruit des loisirs de la paix, ou du
SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION. ix
besoin d'amuser un peuple à peu près banni du Forum, de l'occu-
per, de lui plaire, demeuraient interdits, sous peine d'anachronismes
presque perpétuels.
J'ai pris, disais-je dans le même Avertissement, la forme épisto-
laire comme se prêtant mieux à l'actualité, étant susceptible, par
conséquent, de communiquer plus d'intérêt et de chaleur aux récits;
j'ajouterai encore : parce qu'elle comporte tous les tons, admet tous
les genres de récits, et supporte mieux les détails.
En me décidant à écrire un voyage plutôt qu'un livre d'archéolo-
gie toute pure, en cherchant à parer un peu la science pour faire
revivre une époque avec plus de vérité, je n'ai pas voulu faire du ro-
man, non pas que je méprise cette forme, mais parce qu'elle ne me
paraissait pas à sa place ici. Celle que j'ai choisie devait être unique-
ment, ainsi que l'annonce mon épigraphe, comme un filet à lier
les fleurs estrangieres que j'avois amassées; aussi, excepté le narra-
teur imaginaire et semi-historique qui écrit mes Lettres, je me suis
interdit toute création d'autres personnages.
Il est encore un point sur lequel, avant de finir, il faut que je ré-
clame l'indulgence : j'ai pris quelquefois la liberté de ramener cer-
tains mots à leur signification antique, de mettre en œuvre quelques
locutions qui, bien que traduites, pourraient encore passer pour
des latinismes ; mon but a été de reconstruire à neuf avec les ruines
et la poussière de l'antique monument, suivant la vive expression
d'un célèbre critique'. Si le lecteur ne m'approuvait pas complète-
ment, j'espère du moins qu'il me pardonnera ces courts écarts
d'archéologue; à l'exemple de l'historien latin, en écrivant des
choses antiques, mon esprit involontairement a pris la couleur an-
tique^. Ces espèces d'abstractions paraîtront peut-êlre plus excu-
sables quand oh saura que j'ai commencé mon livre en 1819, et
qu'après m'en être occupé constanmient jusqu'à ce jour, je me
trouve y avoir consumé déjà plus de la moitié de la vie que j'ai
vécu.
Paris, le 23 mai 1846.
• ViLLEMAiN, Tableau de la Littérature au XVlle siècle, 18^ leçon. = 2 Et miiii ve-
tuslas res scribenli, nescio quo paclo anliquus fil animus. Tit.-Liv. XLUI, 13.
PROLEGOMENES.
DESCRIPTION
DE ROME ANTIQUE
iCX ÉPOQUES D'ACGUSTE ET DE TIBÈRE,
ou
EXPLICATION MÉTHODIQUE,
Actompapée de Botes jastificatoes,
Dq PLAN DES PRINCIPALES RÉGIONS DE CETTE VILLE
dressé et dessiné
PAR J.-A. LÉVEIL,
Architecte, ancien pensionnaire de l'Académie de France
à Rome.
AVANT-PROPOS.
Je yais rendre compte, en peu de lignes, du Iravail que l'on trou-
vera ci-après ; mais qu'il me soit permis d'abord de commencer par
un petit conseil préliminaire ; si le lecteur connaît Rome ancienne,
ma Description lui sera peu utile; s'il ne la connaît pas, et qu'il man-
que, soit de temps, soit de volonté pour faire une courte élude, qu'il
passe ces Prolégomènes, qu'il les considère comme un répertoire à
consulter lorsqu'il voudra s'éclairer tantôt sur un point topographique,
tantôt sur une description de monument en lisant mon livre ou tout
autre ouvrage qui traite de Rome ancienne.
La matière est cependant belle, riche, intéressante ; je l'ai traitée
comme si j'avais été interrogé par des artistes qui, plus habiles que
moi, pourraient faire revivre par le pinceau la vieille Rome, morte au-
jourd'hui dans les lieux qui virent sa splendeur, mais étalant une autre
cité au milieu d'une partie de ses ruines, comme pour protester contre
les coups du temps, et conserver son nom de ville éternelle. Jusqu'à
présent on s'est borné à représenter les débris de cette antique métro-
pole ; pourquoi ne pas essayer enfin de la ressusciter, de nous la mon-
trer dans toute sa splendeur? c'est une entreprise qui me paraît plus
séduisanteque jamais lorsque je considère les restaurations pittoresques
dont quelques architectes distingués ont bien voulu enrichir le livre
dans lequel j'ai essayé de faire revivre la société Romaine. Le peintre
qui prendrait une aussi belle tâche, y trouverait un double avantage :
d'abord d'éviter une route battue depuis des siècles, où tout a été ex-
ploré, et souvent très-bien ; ensuite de rencontrer la matière d'une série
de tableaux qu'on pourrait certes appeler historiques, et qui formeraient
comme un panorama multiple, joignant le charme et l'intérêt des
souvenirs à l'attrait toujours si puissant de la nouveauté.
Mais je m'écarte du sujet que je dois traiter ici, j'y reviens et je l'a-
borde.
Le Plan de Rome que je vais expliquer et justifier a été fait pour les
époques d'Auguste et de Tibère, Il comprend tout ce que la ville avait
Mv AYANl-PKOPOS.
alors de plus important et de plus historique sous le rapport des monu-
ments et de la topographie. Les parties laissées en dehors du cadre sont
presque vides, ou n'ont que quelques grands édifices d'une époque pos-
térieure à celle de notre restauration. On sait qu'Auguste avait par-
tagé Rome en XIV régions ; huit comprenaient véritablement la ville :
c'étaient les VI% VII% V1II% 1X% X% XI% XI1I« et XH*. Notre Plan
les donne en entier, avec quelques parties seulement des P*, IP, IIP,
VP et XIP régions.
Cette restauration, bien que n'embrassant pas la surface entière de
Rome, peut suffire néanmoins pour suivre tous les récits, en général,
des écrivains de l'histoire Romaine, soit Latins, soit Grecs ; elle a de
plus l'avantage de nous placer dans des limites où, pour les points ca-
pitaux, il y avait le moins à donner aux conjectures.
Cependant pour suppléer à ce qu'elle pourrait avoir quelquefois d'in-
complet topographiquement , nous l'avons fait suivre d'un petit plan
général du Site et des Murs de Rome, où l'on trouvera l'enceinte com-
plète de la ville, ses murs, ses portes, ses montagnes, et la circonscrip-
tion de ses XIV régions.
^ Nous nous sommes efforcés de donner à notre grand Plan un carac-
tère historique, et antique ; historique, en reproduisant avec fidélité
les monuments et la topographie d'après des études comparées faites
sur les lieux et dans les auteurs de l'antiquité profane ou sacrée; anti-
que, en adoptant pour système de dessin celui du célèbre Plan de Rome
ancienne, gravé sur marbre, dont les précieux fragments ornent le
grand escalier du musée Capitolin. On sait que les monuments publics
et les maisons particulières sont représentés sur ce Plan, auquel nous
avons fait de fréquents emprunts, avec les détails de leur distribution
intérieure. C'est l'enfance de l'art topogi'aphique, et peut-être aussi sa
perfection, puisque c'est la manière qui peint le mieux.
Quant à l'esprit général qui nous a guidés, le voici : Nous avons
voulu faire vrai avant tout, restaurer en historiens, sans nous préoccu-
per outre mesure d'arranger de belles lignes, d'usurper en quelque
sorte les fonctions de voyers, et de faire ce qu'en termes d'école on ap-
pelle du plan. La disposition la plus conforme aux témoignages ou aux
simples indications de l'histoire a toujours été choisie de préférence à
celle qu'auraient pu donner quelquefois les principes du beau idéal en
architecture. Cette dernière manière a bien ses séductions, mais elle
nous eût jetés dans une fausse route, où plus d'un habile artiste s'est
égaré sur les pas de Piranpsi.
AVANT- PROPOS, XV
Cependant notre Plan n'est pas une simple reproduction des choses
connues depuis longtemps ; il en contient beaucoup d'autres dont on
n'avait pas encore retrouvé ou tenté la restauration : aucun plan ne
donne, par exemple, les Jardins de Pompée, ni ceux de César, ni ceux
de Lucius et de Ca:ius, auxquels nous restituons leur deuxième nom de
Bois des Césars, faussement appliqué ailleurs; le tracé delà région
Transtibérine, en généi'al, nous appartient complètement. Nous récla-
mons le même privilège de primauté pour une partie du Champ-de-
Mars, pour le Champ d' Agrippa, pour de notables portions du Forum
Romain et du Forum de César, pour le Forum d'Auguste, pour Vile Ti-
bérine. Ces importants fragments de notre ensemble, ainsi qu'une foule
de détails nouveaux répandus partout, témoigneront des recherches qui
ont été faites pour rendre notre restauration aussi complète que pos-
sible, sans néanmoins sortir des limites du vraisemblable historique.
La Description qui accompagne le Plan est tout à la fois l'inventaire
et la justification raisonnée de ce qu'il contient, La marche en est des
plus simples : je dis la position absolue et relative de chaque monu-
ment; sa forme, ses proportions, les détails d'ornementation inhérents
à son plan, et souvent à son élévation, chaque fois que cela m'a été
possible ; à quelle époque et par qui il fut fondé, dédié, ou restauré.
Ensuite, afin de mettre le lecteur à même de contrôler mes assertions,
je rapporte textuellement les passages d'auteurs, soit anciens, soit mo-
dernes, sur lesquels je m'appuie. Toutes les fois que nous avons fait
un emprunt au Plan de marbre, ou que nous nous sommes inspirés de
quelque témoignage de numismatique, une réduction fidèle du fragment
emprunté, ou une copie de la médaille, a été donnée dans le texte de
l'explication.
Nous avons également étudié et mis à profit tous les travaux de quel-
que valeur qui ont été publiés sur Rome, depuis le moyen âge jusqu'à,
nos jours. Les antiquaires, les archéologues, les artistes contemporains,
étrangers ou nationaux, et parmi ces derniers, les architectes pen-
sionnaires anciens ou actuels de notre Académie de France à Rome,
trouveront ici quelques-unes de leurs recherches mêlées, mais non
confondues, avec les nôtres; car nous nous sommes fait un plaisir, en
même temps qu'un devoir, d'indiquer exactement ce qui appartient à
chacun dans cette espèce de vaste mosaïque. Des antiquaires et des ar-
tistes qui ont travaillé sur la même matière que nous ont négligé, ou
peut-être oublié de prendre le même soin, de sorte qu'en insérant dans
leurs essais de restaurations des travatjx souvent fort remarquables (\c
XVI AYANT-PROPOS.
leurs devanciers, ils se sont exposés à se les faire quelquefois attribuer
h eux-mciT!es.
Je ne me suis pas dissimuld, en composant ces Prolégomènes, qu'ils
seront peut-être d'un faihie intérêt pour beaucoup des lecteurs de mon
"Voyage supposé. J'aurais dû m'arrêter devant une aussi puissante con-
sidératiou , je ne l'ai point fait, d'abord parce que je pense comme
Gaïus qu'un ouvrage n'est acbevé qu'autant qu'il est composé de toutes
ses parties*, ensuite parce que j'ai songé aux gens de lettres et aux ar-
tistes, adeptes de la confrérie romaine, suivant l'heureuse expression de
M. Charles Didier, littérateur et voyageur qui a bien vu et bien senti
ce qu'il a raconté de la vieille terre d'Italie. « Les voyageurs, dit-il
« dans la préface de son intéressant ouvrage intitulé Campagne de
« Rome^, les voyageurs qui ont habité, qui ont compris Rome for-
<( ment entre eux une espèce de confrérie qui a ses mots consacrés
« et ses signes de ralliement. Se rencontrent-ils quelque part, ils se
(( reconnaissent aux premières paroles, ils s'entendent, ils s'aiment
« presque ; on dirait de vieux amis, et pourtant ils ne se sont jamais
« vus. Mais leurs souvenirs les unissent, cl quel lien plus puissant que
« celui des souvenirs? Je confesse que le présent ouvrage [Campagne
« de Rome] a été publié en vue principalement des adeptes de la con-
« frérie romaine à laquelle je me fais gloire d'appartenir. Je les re-
(( connais pour mes seuls juges compétents; que j'obtienne leur suf-
« frage, leur sympathie, le jugement des profanes m'est au fond assez
(( indifférent. »
M. Charles Didier a rendu ma pensée avant moi, à propos d'une
œuvre assez différente de la mienne ; je n'ai donc pas cru pouvoir
mieux faire que de lui emprunter son expression. Bien que dans mes
idées tout lecteur un peu sérieux cesse d'être un profane, néanmoins
j'offre ces Prolégomènes principalement aux gens de lettres et aux ar-
tistes, membres de la confrérie romaine ; je les leur dédie, et je les
mets sous leur protection.
^ Farturus legum vetustarum interpretationem, necessario prius ab Urbis initiis re-
repetendiim exislimavi : non quia velira verbosos commentarios facere, sed quod ia
omnibus rébus animadverlo id pcrfeclam esse, quod ex omnibus suis partibus con-
staret. Gaius, in Digesl. I, lit. 2, leg. 1.
* Un vol. in-8, deuxième édition, Paris, 1844.
DESCRIPTION DE ROME
. SOIS AIGISTE ET SOIS TIBÈRE.
OBSERVATION ESSENTIELLE. Los numéros en chiffres aralt^s on tôle de chaqne article
renvoient à notre Plan de Rome antique, sur lequel ils sont repétés, de sorte que, soit qu'on
veuille recourir des explications au Plan, ou du Plan aux explications, il sera toujours facile
de trouver le point cherché dans l'un ou l'autre ouvrage.
Toutes les fois que je cite quelque quartier ou monument de Rome moderne, pour tixer ou
pour désigner la position d'un quartier ou d'un monument ancien, je me sers tout à la fois du
grand Plan de Rome de Noili, en 52 feuilles in-f", dont l'exactitude est hien connue ; et du Plan,
non moins exact, sur une feuille grand-colomliier, dressé par M. Letarouilly, en 184il. Le pre-
mier, puhlié en 1748, contient queliincs édifices qui n'existent plus aujourd'hui ; le second repro-
duit tons les édilices érigés, et toutes les découvertes faites depuis Nolli.
REGIOiX I.— -PORTE CAPENE.
La porto Capèno, ouverte dans le mur d'enceinte de la ville, don-
nait son nom à cette l'égion, Tune des moins grandes et des moins im-
portantes de Rome, et dont notre Plan ne montre que le commence-
ment. Elle se trouvait en dehors des murs, qui la séparaient au N.
de la II'' région, et à TO. de la XP. Au S. sa limite était la voie
Appia, qui passait entre elle et la XIP région.
1. Voie Appia et porte Capène. La voie Appia commençait à la porte Ca-
pène. Elle avait 14 à 15 pieds de large, était pavée, et fut construile par
Appius Claudius, censeur l'an de Rome 442. — La porte Capène se trouvait
vers l'extrémité orientale de la vallée qui sépare le mont Aventin du mont
Cœlius.
I. Et censura clara eo anno Âppii Claudii et C. Pbutii fuit : memorix lamen feiicio-
ris ad posteros nomen Appii, quod viam munivit, et aquam in Urbem duxit, eaque
unus perfecit. [An. 442.] TiT.-Liv. IX, 29.
II. NMam Appiam a porta Capena usque ad urbem Capuam muniendam curavlt
[Appius Claudius Ca?cus]. Front. Aquwd. 5.
III. Iiiitium est principium ; sed aliâs que quid inripial, ut vix Appix porta Capena.
Fest. V, inilium.
IV. Eo tempore Appius Claudius censor aquam Claudiam induxit, el viam Appiam
siravit. Eijtrop. Il, 9.
V. KxT« oî X'JMT'^ tZ^ y.'S ivMToZ ■/.'Kffli'i.Tr,: ^-r.my-i oC'j'j ri TÙiio-* fif-Oî 'liO'jii -.Ttfî'Ai
1. 1
2 DESCRIPTION DE ROME
xu.ré<!Tpu'7sv ànb Pw.wïjs f-éxpi Ka:ri/;;, ovroî to'j oiy.irriiJ.'jxoi crz'J'twv 7T>£(dvwv â yj-
Mu-i. Diou. SicuL. XX, p. 77:1 1.
VI. APl'IVS CLAVDIVS
C. F. C.BCVS
CENSOU COS. BIS DICT. INTERIIEX III. P. R. MT). CVR. II.
0. TR. MIL. III. COM
l'LVnA OI'l'IDA IJE SAMMTIBVS CEPIT
SARINUUVM ET TVSCOUVM EXERCI
TVM FVDIT PACEM FIERI CVM PYRRUO
REGE l'KOllIBVlT IN CENSVRA VIAM
APPIAM STRAVIT ET AQVAM IN
VRBE.M ADDVXIT .-EDEM BELLOX.E
FECIT.
Coni, Elrusc. l. Il, p. 257.— Chuter, p. 389.— Orelli, Inscript. lat. n" 539.
VII. Icunoyraphie. Itai poclil uvaii/zi rlie d' essa fvia Appia] restano si riceva clip
aveva Ira i tredici e quinilici pit'di ; di (rcdifl piedi liovasi quel residuo lulloia
margiiialo ai di là de! Sepolcro di (À'cilia Melelia. A. Fea e A.ngkli.m, Monunienli pià
■insi(/ni (lel l.azin, I, via Apjiia, p. 1.
Vlil. l'orlc Caphic. — (Juindi si giunge ail* angolo dcl Celio, dove questo rivolge, e
lascia uiia vaile, clie lo si'paia dall' Aveiitino, sopra il quale torreggia la rliirsa di
S. Dulbina [Nolli , 11" lOCO; Lelarouiily, rioii. XII, 59]. Sotlo 1' angolo di esso,
nella villa Maltoi i^Nolli, n" 9-4'i ; Lelarouiily, rion. X, 58J, e nella pianura, fu la porla
Capeiia. Xiiiijy, Le mure di Roma, c. IV, p. 181.
2. Temple de l'Honneur et de la Vertu. — Devant : Acteldela Fortune
CONSERVATRICE. Lo Icmplc était à droite de la voie, avant d'arriver à la porte
Capèiie. Il fut voué par Marcellus, l'an -330, pendant une t^uerre contre les
Ligures, et dédié par son lils l'an o47. C'étaient deux temples en un, et l'en-
seinble i'aisait un éditice périptère. — VAulcl de la Fortune conserealrice s'é-
levait sur le vestibule du temple. Il fut érigé en l'honneur d'Auguste, l'an 741 ,
par ordre du sénat.
I. Maroellum aliaî alque aliœ objectaî animo religioncs tenebanl: in quibus, quod
quuni bello gallico ad Clastidium tcdom Ilonori et Virluli vovisset, dediralio ejus a jioii-
lifiribus impediebatur ; quod negabanl unam Pcllam duobus recle di-dicari, quia si de
ca'Io lacla, aut prodigii aliquid in ea factum esset, difficilis proruralio forci ; quod ulri
Deo rc's divina fioret, sriri non possct; neque enim duobus, nisi cerlis, Dois rite uiia
tioslia fieri : ila addila Virlulis a'des approperato opère; neque tatnen ab ipso œdes
ea' dedicalœ sunt. (An. 344.] Tit.-Liv. XXVH, 23.
II. Cum Maroellus quinlum consulalum gérons lemplum Honori et Virluli, Claslidio
prius, deinde Syrarusis potilus, nuncupalis votis debilum consecrare vellol, a collegio
pontificum impedilus esl, negante unam cellam duobus Diis recto dirari. Fulurum cnint,
si quid ])rodigii in ea accidisset, ne dignoscerclur ulri rem divinam fieri oporlerel : ncr
duobus nisi cerlis Uiis una sacrificari solere. Ea ponlificuni admonilione cfTcciuin
est, ul Marcellus, separalis aedibus, Honoris ac Virlulis simulacra slalucrel. V. Max.
I, 1, 8.
III. LTTstTK vaiv âz Twv 2t/.£>.£/ôJv \-jio'jpm.> Ù7.oSoij.riij.ij>3-j -jt:' a.jTO\j'\ù^r,i /.xi ii,c--Y,;
AuOiipôiGci.i, fiov}~i/jiî-JOi, y.y.i xcoÀi/^îl; utz'o tcôv itpiorj, oùy. «ÇwJvt&jv évl vkôj ojo Stol;
TZipiiyizOv.i, -&:>£v r,p^xT) —po(70i>ioo'>p.-Vj £T£,iov. Plut, ilarcell. 28, édil. Reiske^. —
Ceci se passa sous le cinquième consulat de Marcellus (Plut. Ibid. 27), l'an 547.
IV. U/iôv èîrtv A'^sTvj,- iv P&j,<//; ■zijj.'lt'j.viov, o OJïpTOUTt? aJToi xx^otiiiv, àX/' è'p'z kuX
jj.itù-noWo'ji ypà-Joui'iop-jB'v^ in:à Ma/szîXXsu tsû 2uy!axaÙ55Cs é^ôvtoj. Plu.". De fort.
Rom. p. 277, édil. IteiskeS.
V. Vides Virlulis tcmplum, vides Honoris a M. Marcello renovatum ; quod mullis
* Deinde inaxiiiiam vix partem, qiia3 Appiœ nomen ab ipso refort, a P.oma Capuani iisque
prr stadiorum mille amplius intcrvallum, dure lapide constravit. = - Ouum aedis ex prasda
Sicilieusi localas, quaiii Ilunori et Virtuti voverat, impediretur a pontificibus dediealio, quod
ncgarent unam ceilain duobus Diis recle dedicari ; ita cœpit addere alleram. ^^ Templum
Virlulis est Pionia.',sed sero couditum mullis ab Urbisiaitioaunis, a Marcello qui Syracusascepit,
RÉGION I.— PORTE CAPÈNE. 3
anie annis eral bello Ligustico a (J. Maximo dcdicalum. Cic. de Nal. Denr. II, 23
VI. Erat enim illa [sph;era] venuslior el nobilior in vulgus, quam al) eodcm Aiclii-
mede fartam posuerat in lemplo Virlutis Marccllus idem. Cic. de Repub. I, 14.
VII. .VAçm Virtulis eo anno ^547' ad porlam Capenam M. Marccllus dcdiravjt, sep-
limo ducimo anno poslquam a paire ejus primo consulalu vola in Galiia ad (^laslidium
fucral. Tiï.-Liv. WIX, 11.
VIII. Nec lamen a Cossullo solum de his rébus scripla sunl desideranda, scd eliam a
C. Mulio, qui magna seienlia conlisus œdes Honoris et Virtulis Marcellianœ eclla;, ro-
lumnarumque el epislyliorum symmetrias legitimis arlis iuslilulis perfecit. Vitruv. Vil,
prœf.
IX. Cicéron fait allusion à ces temples dans le passage suivant : — Quum venissem
ad porlam Capenam, gradus lemplorum ab infima plèbe compleli eranl. Cic. ad Allie.
1, Ep. 1.
X Bene ac sapienler majores noslri, ul sunt alia œtalis illius, redes Honori alque
Virluli gemellas junctim locarunl commenli quod in te vidimus ibi esse prœmia honoris,
ubi sunl mérita virtulis. Sïmmach. Epist. I, 20.
XI. Iconographie. Periplcros aulem eril, quae habebit in Ironie et poslico senas co-
lumnas, in laleribus cum anguiaribus undenas, ila ut sint hœ columnœ collocatiB, ul
inlercolumnii latiludinis inlervallum sil a parietibus circum ad extremos ordines co-
lumnarum, habetque ambulalionem circa ceilam a'dis, quemadmodum est in porlicu
Melelii, Jovis Slaloris Hermodi , et Marcelli Honoris et Virtulis, sine poslico a Mulio
(aria. V'itruv. III, 1.
XII. Il existe, en dehors de l'ancienne porte Capène, un temple de forme quadrangu-
laire, mais avec une seule cella, qu'il a plu à Piranesi d'appeler le temple de l'Honneur
et de la Vertu. Il n'apporte aucune preuve à l'appui de son opinion, et l'ancien nom do
temple de Dacchus et des Muses, donné à cet édifice par d'autres antiquaires, est tout
aussi vraisemblable.
XIII. Autel de la Fortune conservatrice. — P. Svlpicio, C. V^algio consvlibvs [an.
741] ARAM FORTVN.E SEKVATRICIS IN VESTIBVLO .CDIS HONORIS ET VIRTVTIS AD MEMORIAM
REDiTvs MEi IN YRBEM SENATVS coNSACBAViT. L.\I'. ANCYK. col. 2, édit. de M. E. Egger,
dans VExamen critique des historiens anciens de la vie et du règne d'Auguste.
3. Tombeau de la race Marcella, et statues. Auprès du temple de l'Hon-
neur el de la Vertu.
I. Idem [Marccllus" , cum statuas sibi, ac palri, itemque avo poneret in monumentis
avi sui ad Honoris el Virlutis oîdem, subscripsit, III. Marcelli novies coss. ascon. in
Piso. p. 163.
4. Tombeaux divers, sur les côtés de la voie Appia.
I. Princeps Horalius ibal, Icrgemina spolia pra? se gerens; cui soror virgo, quœ de-
sponsa uni ex Curialiis fuerat, obvia ante porlam Capenam fuit Stricto ilaque gla-
dio [Horalius],... Iransfigit puellam Horati;e sepulcrum , quo loco corruerat icla,
construclum est saxo quadrato. Tit.-Liv. I, 2G.
II. Uomae extra porlam Capenam in Scipionum monumento très slaluae sunt: qua-
rum duae P. et L. Scipionum esse, terlia poeuc Ennii. ïiT.-Liv. XXXVIII, 56.
m. Prior Africanus Q. Ennii slaluam sepulcro suo imponi jussii: ciarumque illud no-
men , inimo vero spolium ex terlia orbis parte raplum, in cinere supremo cum poelaj
lilulo legi. Plin. YII, 30.
IV. Superior Africanus Ennii poelae elTigiem in monumenlis Corneliœ gentis collocari
voluit, quod ingenio ejus opéra sua iilustrata jiidicarel. V. Max. VIII, 14. 1.
V. An tu egressus porta Capena, quum Calalini , Scipionum, Serviliorum , Melello-
rura scpulcra vides, miseros pulasillos? Cic. Tuscul. I, 7.
DESCRIPTION m ROMF..
REGION H. — MONT COELIUS.
La région du Cœlius était peu importante à notre époque. Ce que
nous en donnons ici ne forme pas le tiers de son étendue totale, dette
partie confine au N. à la lll'' et à la IV*' région, est bornée à TE. et
au S. par les murs de la ville et une rue qui descend jusqu'à la voie
Triomphale, au pied du mont Palatin, et à TO. par la voie Triom-
))liale.
li. Temple de la Félicité. A rextri''r»ilc oriontale du uiont Cœlius. Il avait
été bâti vers l'an fiOG par Luculliis. On voyait devant les Muses de Thespies et
nne Vénus, célèbres statues tle Praxilèles.
I. C'est par conjecture que nous plaçons ce temple ici, el sur une indication asspi
vague d'un fragment du plan de marbre rapporte ci-dessous, n» 6 , g 11. Dans
l'angle inférieur de gauche, on voit l'indication d'un area de temple asse?. vaste.
Il (>ur denique tam sero tiuic Felicilalij tantœ Deœ posl tôt Itomanos principes Lu-
cullus consliluil? S. Arc. de Civil. Dei, IV, 23. — Lucullus fui consul l'an 66C.
III. Ita(|ue ille L. Mummius, quuni iliespiadas, quœ ad icdem Felicitatis sunt, cete-
raque profana ex illo oppido [Tliespia] signa tolleret, etc. Cic. in Verr. IV, 2.
IV. j'raxiteles cpioque marmore felicior... fuit ex aère pulclierrima opéra : ... signa
qua' anle Felicitatis a'dem fuere, Venerenique, quae cum ipsa lede incendio cremata est,
Claudii principatu. Plin. XXXIV, 8.
V. Sila; fuete et Tliespiades ad œdem Felicitatis, quarum unam adamavit cqucs Ro-
manus Junius Pisciculus, ut tradil Varro. Plin. XXXVI, 5.
(î. ^Iansions des Albains. Vers le milieu du Co-lius. On nommait propre-
ment mansion une station, un lieu d'étape pour les troupes romaines en voyage.
Quand les Albains furent transportés à Rome, le mont Cœlius leur fut as-
signé pour demeure. Les citoyens qui formaient l'armée occupèrent sans doute
ce quartier, auquel Us donnèrent leur nom.
I. Mansiones Albana-. P. Vict.— Sext. Rit. de Reg. urb. Romœ. II.
II. Nella parle superiorc degli orli attenenli al monastero di S. Gregorio [\olli, n" 95i ;
Leiarouiliy, rion. X, 52] vi limangono trace di un longo muro di costruzione re-
licolata , che va ad uniisi con altri resli di mura siluaie sotto la villa già dei Mattei
verso r Aventino, i quali essendo di egual costruzione fanno credcre che abbiano
appartenuto ad una stcssa fabbrica. La disposi/.ione che tali resti presentano, si trova
confronlare in certo modo con cio
che si vede scolpito in un fram-
mento délia arnica pianta Capilo-
lina rappresenlante un grande fab-
bricaio con un cortile nel mezzo
circondato da porlici. (Jueslo fab-
ii\bricato, poslo in taie situazione,
3. sembra potersi stabilire essere
stato addetto agli ailogiamenti
degli Albani, che si trovano re-
gistrali qui\i dai regionari. Cam-
^•A , RoMa anlica, reg. II, p. 46.
III. Iconographie. .-Vdoptant les
conjectures de M. Canina, nous
donnons ici le fragment du plan do marbre qui a servi de type à notre res-
tauration. Ce fragment se trouve aus-ii dans r.i'llon 'îrnnnf/raphia releris R:>m(P,
l.ib. IXl.
UEGIO.N 11.— MOM ÇŒIJLS. 5
7. CcRiKS viFiixKs, Cluies NOtiVELLKS. Les Vieilles se Uoiivaicnl vers Panj^lo
S. E. (Ui Palatin, et les Nouvelles à la suite, le long di; la voie Tiidinpliali!.
C'étaient des lieux où le peuple se réunissait à certains jours pour faire ries
sacriliees et prendre part à des festins publics. L'établissement de ces Curie;;
renionlail au temps de Homnbis et de Talius.
I. Cuiiie fluoruni gencrum, iiam cl ubi curaient saccrdotes res divinas, ul Curiic ve-
leres, etc. Varr. L. L. g 15.5.
H. 'S.-jjzBjô-^ t£ zcTii iipî'j'jVJ ai ppc/.Tp,ut ft, tk, v.~'3y.spi<j9sl<;cti ujro'ii Oj-h.^ , xyx
5;/V£i5Ttô)vT5 /.y.ri rà,- hr^zy.i cTtI tv^j ff.ç/L-f.i^y.rn ésTt'it; • kariu.TÔpfj-j yy.p rp /.'j-izf.ijy.-
a/xi-jo-^ k/.y.oTfi fjiv.zpa.' /.aX tj'j aJTW za^ojctcoro zii, Siz~tfi £v r^îj c//v)vt/.'^ïj npjTy.yzhu,
éîTt'a X5iv/i Twv p^KT/îtôiv 'ù'joiji'y. âî Toii hriv-of.ioii tiJ oTCsp txï; f^pv-pcti, k.oupîv.t, /.-jx
[léypii riiMyj oiirw /.s^/oîivtk!. D. IIalic. II, 251.
III. Inde cerlis spaliis inlerjecti lapides, per ima monlis Palalini ad Arain Consi ,
mox ad Cuiias velcres, tum ad Sacclluni Larium Konimque romanum. Tac. Ann. Xll, 24 .
IV. ILv v-r}i;yt- -.- ^a(- /^o'jpl'j.i; H poi Tpxnz'Ç'Xi ëOszo Kuptria. "i.iyoïj.v/r,, a.î xai s!,-
rà'Ji xpô-^oj ■/.û.'Txi. D. Halic. II, 50^.
V. Novae CuriiC proximœ compilum Fabricium a-dificatiE sunl, quod parum amplai
cianl velercs a lîomulo factœ, ubi is populum et sacra in partis triginta distribuerai ,
ul in iis sacra cuiarcnl. Fest. v. novœ.
8. HoRUEiM ou ^Iagasin public. Au bas du Cœlius, sur le bord de la voie
Triomphale. C'était un lieu où les citoyens venaient mettre en dépôt l'argent cl
les objets précieux qu'ils ne croyaient pas en sûreté chez eux.
I. Localor horrei proposilum liabuit se aurum, argenlum, margarilam non reci-
pcre tuo periculo : deinde cum scirel lias res inferri, passus est. Deinde eum fuluruni
tibi obligatum di\i, ac si proposilum fuit remissum videlur. Labeox, in Digest. XIX,
Ul. 2, /eg. 60, §; 6.
II. EfTraclurœ fiunl plerumque in insulis, in borreisque ubi homines preliosissimam
partem forlunarum suaruni reponunl : cum vel celia effringitur, vel armaiium, vcl
arca : et custodes plerumque puniunlur. El divus Anioninus Erjcio claro rcscripsil:
ail enim, posse eum hnrreis ejfraclis quœslionem hahcre de servis cuslodibus. I'al-
Ll's, in Dir.EST. I, Ul. 15, le'g. 3, ,§ 2.
III. Horrea in omnibus regioiiibus publica fecil [Alex. Sevcrus , ad qux conferrenl
bonaii, qui privatas cuslodias non habcrenl. Lamprid. Alex. Sever. 39. — L'horreutn
que nous indiquons ici n'esl qu'une simple conjecture.
9. Temple de la déesse Carna. Érigé par le premier Brutus sur le mont
Co'lius. Carna, déesse peu connue, présidait aux parties vitales de l'homme,
telles que le foie et le cœur.
I. Nonnulli putaverunt Junium mcnsem a Junio Bruto, qui prinius Romte consul
faclus esl, nominatum, quod boc mense, id est kalendis .luuiis, pulso Tarquinio, sa-
crum Carnœ Dca- in Cœlio monte voti reus feceril. Haiic Deam ^i^alibus liunianis prœ-
essc credunt. Ab ea denique pelilur, ul jecinora el corda, (}u;eque sunt inlriusecus vis-
cera, salva conservet. El quia cordis benelicio, cujus dissinuilalione Brulus liabebalui ,
idoneus cmendalioni publie! slalus exslitil, banc Ueam, quie \ilalibns pricesl , icmplo
sacravit. Cui pulle fabaria el larido sacrilicalur, quod bis maxime rébus vires corporis
roborenlur. Macrob. Saturn. I, 12.
10. Dellbrim et temple de Minerve captive. — Sur la gaiche : maison
DE Mamirra. Un dclabrum était ou un temple, ou une place devant un
temple. On ne sait rien de précis ni sur l'origine, ni sur l'époque de la (on •
dation de ce petit temple de Minerve. Nous conjecturons, d'après Ovide, qu'il
• Curi.-c ciiiin mm saceiilolil)Us sncrilicia sibi atlribiita f;i<ii b.iiit , it iin<> cpulilMnliiî
diubus fostis in curiali tlomo j cœiiaruliim enim siiiyulis Ciuiispral oxsnuclmii; cl pr.i'ii'i- id
cousecrata erat (juic.lain (ul apud Graecos PrylHnca) domus coiiimuiiiA omnihiis (airiis: ips.i-
qtie cœnacula Cuiix vocahaniur , el ad liauc iisque ;elatem ita appcllaiitur. = - In oninibii>
Ùuv'ih Junoni Qiiiritiœ niensas dicavit, quaj ad banc iisquc œlateni cxstanl.
6 DESCRIPTrON DE ROME.
lui bâli vers l'époque do la prise de Falisque, l'an de Rome 3G1, Il existait
encore du tomps d'Ovide, et se trouvait sur la pente du mont Ctelius, du
côU'. do la vallée Tdliernnla, o'ost-à-diro au nord de la ninnlagno.
I. Di'lubra voro icmpla esse, liic alilor oslendil Tullius, aliter rum dicil tcmplis
at(|ue (Irlubris : cl suiil (|ui (cmpla esse dicanl sitigulorum Iliis attributorum lororum ,
dclubra niullarum a'dium sub urio terlo a diluvio pluviic inunitarum. Alii delubra di-
runt ea leinpla in qiiibus sunl labra rorporum al)luendorum , morluorum, ut DodoniRi
Jovii», aut Apollinis Delpiiiri, in quorum delubris lebctes Iripodcsque visuntur. AscoN.
tw Divinal., p. 17.
II. Dclubiuni dicitur quod uno tecto plura romploctitur numina , quia uno lerto
diluitui- : ut Capitolium in quo est Mincrva, .lupiter, .luno. Alii, ut Cincius, delubrum
esse ioruni aille templum, ubi aciua currit a diluerido. Serv. m JEneid. Il, v. 2ii. —
Delubrum autem diclum propler larum in quo manus abluuntur... In secundo libro de
singulis speciebus delubri juxta Varronem relatum est , in quibus est speries delubri
talis, ut prœler œdem arca sit adsumpla Deiim rausa, id est spalia relinquanlur juxta
aras ministerii causa, ad sacrificia pora^^enda. luii). IV, v. .")8. — Macuob. Salurn. III,
4. — Il paraît qu'on prenait le mot de/w6r«w tantôt dans le sens de temple, \a parliepour
le tout (voy. le g suiv.),lantôtdans le sens rigoureux d'arca. (Yoy. noi49, § XII.)
m. Cœlius ex alto (jua mons descendit in œquum :
Hic ubi non plana est, sed prope plana via est:
l'arva licel videas Captx delubra Hliiieryne.
Ov. Fnst. III, V. 835-837.
IV. Iluic [Cœlio] junclfe Carina;, cl inlcr eas quem locum Ceriolensem appcllalum
apparet, quod prim.T regionis (juartum sacrarium scriptum sic est:
Ceriolensis, quarliccps cirea Minervium qua e
Cœlio monte iler in Tabernola est.
Varr. L. L. V, § 47.
V. Maison de Mamurra. On n'en voit ici que le vestibule. — Primum liomac pa-
riâtes crusta marmoris operuisse toiius domus suic in Cœlio monte Cornélius .\epos Ira-
didit Mamurram Formiis natum, equitem Romanum , pr<Efeclum fabrum C. Cœsaris in
Galiia... Adjecit idem Nepos, eum primum lotis œdibus nullam nisi e marmore colum-
nam babuisse, omnes solidas e carystio aut lunensi. Plin. XXXVI, 6.
11. Macellum magnum. Devant les Mansions des Albains [n" G].
1. Les restes qu'on voit sur la place devant l'église de S. Jean et S. Paul iXolli,
n» 958 ; Letarouilly, rion. X, 55] font probablement partie de l'ancien Macellum
maynum, grand marché de viande et de poisson, qui était dans le quartier de Cœlius :
une tradition vulgaire en a conservé lesouvenir en l'appelant Pescaria veccMa. Nibbv,
llinéraire de Rome, t. I, p. 129.
12. Castra peuegrina. Logements vers la partie orientale du mont Co'lius.
Peut-être était-ce le quartier des soldats Germains qui formaient la garde
particulière des empereurs.
I. Castra peregrina. Sext. Ri;f. — P. Vict. de Reg. urb. Romœ, II.
II. Les inscriptions suivantes, trouvées dans les environs de l'église S. M. in Dom-
nica délia Navicella [Noili, n» 942 ; Letarouilly, rion. X, 57], sur le Cœlius, ont fail
conjecturer, avec beaucoup de vraisemblance, que là étaient les Castra peregrina.
cocceivs
patrvinvs
princ
PEREGRl
NORVM,
Nardini , Rama anlicn, lib. IIl, c. 7.
GENIO SANCTO
CASTRORVM
PEREGRINORVM, Ctc. NiDCV, in ÎS'ardini , loc. cil.
III. Compulsus ad ullimos melus iCiionodomarius) ultro se dédit Et diebus pos-
lea paucis duclus ad comilatum imperaloris, missusquc exinde Uomam, in Caslris pere-
grinis, quaî in monte sunl Cœlio, morbo veterniconsumptusesl. Amm.Marcell. XVI, 12
RÉGION m. — ISIS ET SERAPIS.
REGION III.— ISIS ET SERAPIS.
Nous ne (luinioiis qiip. roxircmilc occidentale de cette région, située
h l'E. de la IV", dont elle est séparée au S. 0. par le vicus Cyprins, et
au S. par Textrémilé orientale de la ro?e Sacrée et par Subure. Elle
est presque entièrement vide de monuments de notre époque, bien
qu'assez étendue.
13. Subure. Voie et quartier faisant suite h la voie Sacrée, et situés sur le
pencliant du mont Esquilion.
I. Caput Subur.T. Sext. Uuf. de Reg. urb. Rnmœ, 111.
H. Subura. 1'. Vict. Ibid.
III. In Suburan;p ri'sionis parte piinccps osl Ctrlius mons. Vai\r. L. L. V, g 46.
IV. Eidemrcgioni atlribula Subura, quoil sub muro lerrco Carinarum : in ca est Ar-
gcorum saoellum scxluni. Subura Junius scribit ab co, quod fueril sub antiqua Urbe :
quoi teslinionium potesl esse, quod subesl ei loco qui Terreus murus vocatur. Vark.
L. L. V, gi8.
V. Alla Suburrani vinccnda est semita clivi. Mart. V, 25.
VI. Altum vinccrc Iramilem Suburriv. ID. X, 18.
Vil. Sur la situation de la voie Suburane au bout de la voie Sacrée, voyez plus bas
no 24, g XIV.
VIII. La [)osition du quartier de Subure a clé fort controversée parmi les anti-
quaires el les arrliéolo!,'ues, parce que la plupart ont voulu aller cliercher ce quartii-r
du côté de la Subura moderne, c'est-à-dire entre les monts (Juirinal el Viniinal [Nidli,
n" IM ; Lelarouilly, rion. I, 58]; mais ils se trompent, car cela rcjeterait la Subure
antique bien loin de la 111*^ région, à laquelle elle appartenait bien certainement. Nar-
dini a discuté toutes les opinions à cet égard. Voy. Rotna antica, lib. 111, c. (5.
14. Bûchers Gaulois. Quartier ou place situé dans la vallée entre le mont Es-
quilin el le mont Cu'lius, à |)eu près à la naissance de la voie Sacrée. Lors(iiie
les Gaulois prirent Rome et assiégèrent le Capitole , ils brûlèrent leurs moits
en monceaux dans cet endroit, et depuis, le nom de Busta gallica, Bûchers
ijdiilnis, lui demeura.
I. l'igritia singulossepelienili, promiscue acervatos cumulos liominum urebanl Tialli],
l'.ustorum inde (lallicorum nomine insignem locum fecere. TiT.-Liv. V, 48 [an. St}.")).
II. lllo ipso die, média in Urbe, qua nunc Dusta gallica sunt, el poslero die citra tia-
bios cecidii Galiorum legiones [Camillus]. Tit.-Liv. XXII, 14.
m. Locus ad Busla gn/lira, quod l'.oma rccuperala Galiorum ossa, qui possederunt
Urbem, ibi coacervata ac consepta. Vakr. L. L. V, § l.")7.
IV. Inter liortos nunc S. Maria? Novic, Colosseuni , et Ksquilias fuerunl olim Husla
gallica, qui locus liodie ab imperilo \ulgo dicilur corruplo vocabulo l'orlus (lallus, ex-
stat rei lestimonium Turris et cèdes S. .Mari;p et S. Andreae in l'ortu Ciallo. Krudiliores
aulem Busla Gallica appellant, ita dicta quod illic Galli Senoncs sepniti dicunlur. I'cl-
virs, de Urb. antiquilaltbus, lib. V, p. 558.— .S. Maria Nora est l'église qu'on appelle
aujourd'hui 5. Francesca Rnmana [Xolli, n" 72; Lelarouilly, rion. I, 84|, et ([ui se
trouve en avant du temple de Venus et Rome, prés de la Basilique de Constantin.;
llî. Marché aux fruits. En haut de la voie Sacrée, près de Subure.
1. Hujusce, inquam, pomaria summa Sacra via, ubi poma veoeunt, contra aurcam
imaginem. Varr. B. R. I, 2.j
8 DtSClUPTION DE HUME.
II. Adrcriil in rnlallio nislira doua punr.
Hure suliiii'baiia poloris til>i (lircii- rnissa ,
llla vel in Saria siiil lim cmla \ia.
Ov. Arl. am. II, v. -iGi-ieG.
III. Apres une énumcration de fruits et de volailles, le poiUe dil:
Id tota mihi nascitur Suburra.
Maht. Vil, SI.
IV. HcTC igltur, média quae sunt mihi nala Suburra
Miltimus aulumni ccrea poma niei.
Mart. X, 9'«.
16. PoRTiQiE DE LiviE. Bâti par AngiislP, sur rniiplaccinoiil (l'une inyisoii
magnilique (|ue lui léj^iia Védius Pollion, l'an 7:59, el qu'il roiivcih.a. Au-
guste coustruisil ce porliquc au nom de ses iils ad()|)lifs Lucius el Caïus, (.-l le
dédia ran7()->. Il s'élevailsur le nioiil Es(|uiliii, dans les environs de Sid)ure,
el se raccordait avec le lenij)le de la Concorde marlUilc, siliu- néanmoins sur la
IV* Région. Ces deux monuments étaient fort beaux. On remarquait dans le
Portique un cep de vigne extraordinaire, qui l'emplissait de son ombrage.
I. Porlicus Li\ia.
Castra Misenatium.
Subura. I*. Vict. de Reg. urb. Hom(P, III.
II. Toiciûroi ou-i or, -zii h ll£.j//iwv wv, Iiù.vj-:i\'jv>' i//5t> tî tto/'/îï; TTî/Xi, /k'c teT»
Aûyîùsr&i t5Û tî /.>/j|Cou sjj^viv jj.if,oi, xat rb l\a.\)'j'ù.jnov, vb ;jw/tîîv -à //.eralù rÔi ts
aASJTii, on'j>i ;j-i)^ï-j <ri-r,p.'j(su->o-j ï> t-^ tto/îi éx(l, zaT«Ça),t.iv, — s: îsTwsv &Jx'ooJ//vjîaT5, /.vl
oj TÔ o-joyarb -zoli llojiéwvos, «>),« to ta; Atojtz, i-i/iia.'p-:. DioN. LIV, 25', cdit. Kei-
mar. Voy. aussi n" 27, § I, II.
III. t}'J«<lam etiam opéra sub nomine aliène, nepolum scilicet el uxoris sororisquu
fecil : ut Porticum ISasiiicamque Lucii et Caii : item Porticus Liviae. Suet. Aug. 29.
IV. H T£ CToif. y) Soj'iu. /.yJOJli.vrr, 'Jy^ooirr/lr, t£ ci Ti^ir^J ~'jI) Tî TaiSii /.M to'j Knu/.i^j
l'jyj Ky.ay.f.OiJ, y.vX ziri /'xBuiy'jiOr,. Dion. \1V, 27 *.
V. L'na vitis llomee, in Livie-p portiribus subdiales inambulaliones umbrosis purgulis
opacal, eadcni duodenis musli amphoris ferunda. Plin. XIV, 1.
17. Autel de la Foktune mauvaise et maudite. Sur le mont Esqullin , el
probablement érigé par le roi Servius.
I. Araque vêtus slai in Palatio Febris ; et altéra Esquiliis, Malae Forlunac Dclestata:-
que. Cic. de Legib. Il, 11.
II. Ara [dicata est] Mala; Korlunse Esquiliis. Plin. II, 7.
m. IlK^i rjs tï;v Mîi/T/wjav zxXîivyê'vviv /.f,r,-jr,j £T( napOi-JOU zù/ri^ iîf/iv èarfj Îj
\Sr,'7A'jij.u.ii km-JTpv^ou.vjri;. Pliit. De fort. Rom., p. 279-'. — A'6y,5/j//ati est un mol
inintelligible, el auquel il faut subslilucr li's/vXivsv, Esquilles, quoique, lopographique-
nienl, cela ne fasse pas encore un Irès-bon sens.
' Vcdius Pollio, qui liiin mortuus, multa inultis legnvit ; Auyiislo autcm ma(;nani li«redi-
latis partein, et Pausilyputn villam iiiter Neapolis el l'iitrolos jacc/ilem, jussilquc ni is po-
pulo aliqtio<l .splendiduin opus faceret. Ejas operis causa facieiidi , vorbo, re autcm , ne qiiod
Vcdii in UiIjc cxstaret monumcntuiii, xcles Polliouis fun<litus cverlit Ainjuslus ; Porticus ilii
ciriumilucla, non l'(illioMi<:, scd Liviae nomen inscrip^it (an. 73;)]. =- l'orliciis Li 'isp, in lio-
lioreni (;. et L. (>;p.-,aris sedificata, tum [an. ydS] dedicala fiiil. =^ Ad fontcm qui .Mu»cO!.u;
Uiciiur, Vir(;iniï udliuc rortniix fanuni est, in blsquiliis vers^iutis.
ULGIO.N IV — VUIL: SACKLi:.
REGION IV. — VOIE SACREE.
La IV^ région, ruiic des plus petites de Rome, a pour bornes au
N. E. le vicus Sceleratus; à TO. la voie Neuve; au S. le tnont Palatin,
à partir du Vulcanal [n" 18], et en suivant le vicus Curiarum, sur le
penchant de la montagne, |)uis descendant le long du vestibule de la
maison de Scaurus [n" 3!57] ; enfin à TE. la 111^ région, commençant
au Marché aux fruits [n" 15] et au Portique de Livie [n" 10] .
18. VCLCANAL ou ArEA DE VVLCAIX. LoTOS ET CVPRKS EXTRAORDINAIRES.
Colonne de Lvdus. — Statue d'Horatus Coclès. En haut du Forum, sur le
bord delà voie Neuve, entre la voie Sacrée et l'angle N. 0. du mont Palatin,
on trouvait le Vulcanal, appelé aussi Area de Vidcain, petite place sur laquelle
on remarquait un Lotos et un Cyprès aussi vieux que Rome, et très-forts. Elle
était décorée d'un petit temple rond dédié à la Concorde, mais qui ayant son
entrée sur la voie Neuve, appartenait à la YIIl'^ région [Voy. n° 126]. On y
voyait aussi une colonne surmontée de la Statue de Ludius, et la Statue pé-
destre d'Horatius Coclès.
I. Volcanal. Sext. Rit. de Reg. urb. Romœ, IV.
II. .\rpa Viilcani cuni Vulcanali, ubi lolus a Itomulo sala, in qua aica sanguine per
biduum plull. P. Vici. de He;/. urb. Romm, IV.
m. In Aiea Vulcani t-l Conrordit-e sanguinem pluil. Tix.-Liv. XL, 19.
IV. Altéra lotos in Vulcanali, quod Komulus consliluit px Victoria de dccumis ,
wquaeva Urbi inteiligitiir... Uadices cjus per Slaliones municipiorum pénétrant. Kuil
fum ea Cupressus ioqualis ;.circa suprema Neroiiis principis prolapsa atque neglecla.
Plin. XVI, 44. —Ce lotos est probablement le Diospyros lotus qui rroîl de lui-même
dans l'Italie méridionale et septentrionale. Voy. Brocchi, Suolo di Roma, p. 34.
V. k'/o^yi/:) ^/.'jToOi >ry.7;7Ty;7s:vT5, v^ za't vOv ert yp'Jty.ViOi V 'j><jm'Jl oix-ù.ol/of y.x'i zxi
«75/55,-. D. Halic. II, 50'.
VI. E'fvjîiav i-'i TTii r},yof,m 'j~v.ioyo)fi'y\)jxivfi;i i/. 7ro).).v5; £Tt vliktîj ximsx'^ ^X^V T^cv-
è7riTî/5îv... D. Halic. VI, 67 ^.
VII. n^oÛTaj. . . y.xziSxfj; y.-z aOrôiv si,- t/;v àyî^càv /.où tT/oIv ïj/xs'/sav '/xy.TT i:x-j y-.'d^Oy.i
y.a.Tnù.ciSày.î.'Oi zb HpatTTîtîv, é'vO'jt. ov sOoi xjto'iï i////î'7î5'.Çî(v, è/.i'Ao-jv y.'-v sii ixxÀ/j5tzv
T5V on'j.0.1. D. Halic. VII, 7. *
VIII. Colonne de Ludius. Statua est Ludi [ou Ludii] ejus, qui quondam fulmine ictus
n Circo, sepullus est in Janiculo ; cnjus ossa poslea ex prodigiis oraculorumquc re-
sponsis senatus decreto inira frbem relata in Volcanali, quod est supra Comitiuni,
obruta sunt, superque ea coiumna, cum ipsius effigie, posila est. Fest. v. Slalua.
IX. Lupercal virginis.
G TcTcostasis.
Coiumna cum statua .M. Ludii. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, VIII.
— P. Victor a été trompé par le voisinage des lieux ; la désignation de Fcstus est
plus positive.
X. Statue d'Horatius Coclh. Grata erga tantam virlutem civitas fuit: statua in Co-
mitio posila [Coclitij. Ïii.-Liv. Il, 10.
' Forum constitncrunt fUomulu-> n T,iiiu>], quo ad hanc usque diem Romani iituntiir. Ft
liio liabtbaiit concilia in Vnicani tcinplu, (inod |iaruni snpr.t Forum cniinct, de rébus ad reni-
pnlilieam peniuenlibus a(;cnte.s. = - Anic solis orlum et siiinmo nianc in Forum, oniiiis (jcnc-
ris lurba referUnn , prodierunt. Kt (juum in Vnicani a'deni veuisscnl fconsulesj, ubi roocioiics
liabere solel).int, etc. = ^ Puulus.... runi illis in Forum descendit, etanleclaram luccm
oecupata Vulcani iedc, ubi coucjones liabcri solcbaiit, plebeni ad concioiiem vocavit.
10 DESCRIPTION DE ROME.
XI. Fuit et lleimodoii Eplicsii in Comilio >Uiliia; Alia rausa, alia auctorilas
IM. lloralii Coclilis statua", (|u;n durai liodioqui', (|iiuin lioslcs a ponte Sublicio solus ar-
ruissel. l'i.iN. XXXIV, 5.
XII. Ltxiva j^a//.7,v «vott/ov à oô/JOç ïi-yi^vj v.jtov, t^î v.yof.v.i èj T'7i /.[iy-liT'ji.
l). Hamc. V, 2.5 i.
Mil. Statua quoque ei [Corlili] in Vulcanali posita. A. VicT. de Vir. illutt. 11.
XIV. Uf,bio'- ~oi/-oii, d/.o-Ja. yr).'i/:7,.i é'7T/,7av aJTôi Èv tô> i•.p''^> ■z'i'j Hf'V.hzoj. l'Ll'T.
Poblic. 16*.
XV. Statua Uoma> in Comilio posita Horatii Coclitis rorlissimi viri de rœlo taclaest...
Constilit caiti slaluain, pioinde ul venc rationcs posl romporta; monebanl, in lorum
(MJiium subdurcndatn, al(|uc ita in Area Volfani sublimiori ioco stalueiidam : caque ri'S
bene et prospère reipul)liea! eessit A. 0,1,1.. IV, .'>.
— Tite-Live (§ X) et Pline [% XI] parlent du lieu où fut d'abord plaeée la statue ;
Aulu-Gellc indique sa piaee déliniiive.
19. Temple des Pénates. Dans le «iiiarlicr de Yôlia, an bas du mont Pala-
tin, sur le bord do la voie Sacrée. 11 était au fond d'un atrhim dont les abords
se trouvaient ondjragés par des oliviers. On ignore à (luoUe époque et par qui
il fut fondé ; on sait seulement qu'il existait encore du temps d'Auguste qui
l'avait réédilié.
I. Mdkh Devm Pen.\tivm in Velia... feci. LAPTS ANCYR. col. U et 6.
II. /Kdes Ueorum l'enalium in Velia de eœlo lacla est. Tit.-Liv. XLV, 16.
III. Varro de vila populi Uouiani lib. 1, Tullum llostilium in Velis, ubi nunc est
,Tdes Deum Penatium [habitasse]. Non. Marcei.l. v. Sccundum.
IV. TuUus liostilius in Velia, ubi postea Ueum Penatium a'des facla est,. . . obiit.
SonN. 2.
V. Nsws èvt'ciii/.-/i ^cixvvTa.1 rfji âr/opv.i ov -apoiM, xktk tv;v IttI Kcr.piva; y£poiiau\t è~i-
ZO/J.OV ôcov, iiTZspOy^YJ czîTîtvô? icpop.s-jo; oj //.$•/«;• 'i.iys-a.i <?£ xarà Tr,y è-.iyùpiO'j y/WT-
Tav, YTTï^atV.!, TÔ y/jipio-j. D. Halic. I, 68 3. — P. Victor nomme un temple des Vieux
Pénales dans la Ville région ; cependant l'indication de Denys d'Ilalicarnasse ne per-
met pas de placer ce temple ailleurs qu'où nous l'avon^s mis, parce que c'est ià réel-
lement le chemin pour aller du I'"orum aux Carénés. Le quartier (le Vélia, où il se
trouvait, touchait à celui de Germains, et ce dernier se trouvait auprès du Figuier
Ittiminal, situé auprès d>i fnmilium et vers l'angle N. 0. dûment Palatin. Yoy. ci-
dessous, n" 201, § l.\. la situation de Germalum et de Velia.
\l. Knatam inter juncturas lapidum anle domum suam palmam, in compluvjum
Deonini Penatium translulit [Augustus. Slet. Awj. 92. — Le compluvium était le mi-
lieu, la cour d'un atrium.
20. Temple de Voliplv. Au bas du mont Palatin, du côté de la porte Ro-
mana [n" 199J. Ce temple était petit; on ignore l'époque de sa fondation cl
le nom de son Ibndateur. On y lionorait Angerona, déesse du silence, dont le
culte avait pour objet le silence du nom mystérieux de Rome.
I. Intra muros video portas dici. In Palatio .Mucionis a mugitu, quod ea pecus in
bucila circum anti(|uuni oppidum exigebant. Alteram Romanulam ab Uoma diclam ,
quiB liabet gradus in Xova via ad Volupiaî saeellum. Varr. L. L. V, §164. — In nova
via ne s'accorde pas loul-à-fait avec la position de la porte Romanula ou Homana ;
nnva via est une correction de Sealiger. (In lisait auparavant in navalia qui fournis-
sait un sens encore plus mauvais, sous le point de vue lopographique.
II. Non alienum videlur inserere hoc Ioco exemplum religionis anliqua", ob hoc
maxime silentium [nominis Roma»] instiluta" : namque diva Angerona , cui sacrilicatur
ad diem XII cal. .lanuarii, ore obligato obsignaloque simulacrum liabct. Plin. UI, 5.
III. Duodecimo vero ferin' sunt diva; Angeronia;, cui pontifices in sacello \olupi;c
sacrum faciunl. Macrod. Salurn. I, 10.
* Popuius SPiieam rjus [Coclilis] stntunm armatnm erexit, in maxime conspiciio Fori loro.
= - Ad Ikcc statuam .Tneam ci [Coclili] in a'de Vulc:ini posiicrunt. =^ llomse templuiii
monsiriitur non procul a Foro, in co vige compendio quod fert ad Carinas, supra modum ohs-
curum nec maynam structura ; et vcrnacula geniis linjjua locus is mb o/ivi'j vocalur.
RÉGION IV.— VOIE SACRÉE. U
2 1 . IIoRREA cnARTARiA. — Av CENTRE : AUTEL n'ORiiONE. Eiilrc Ic bas (lu mont
Palatin et la voie Sacrée.
1. Les llorrea chartaria étaient des magasins il papyrus, malii^re qui faisait l'objet
d'un grand commerce; il se vendait publiquement. Cela nous a déterminés à donner
la forme d'un forum à ces magasins, dont, au reste, aucun anliiiuaire ne s'est occupe.
M. Horrca chartaria, vel testaria. P. Vict. de Reg. urb. linmœ, IV.
III. llorrea testaria. Sext. IUf, Ibid.
— Testaria vient sans doute de ce qu'on polissait le papier avec une coquille, Icsla.
IV. Horrea chartaria. JS'otil. imjterii.
V. Autel d'Orbone. Febris autem faiium in Palalio, et Orbonai ad œdem Larum,....
consecralam videmus. Cir.. de Dtvinat. III, 2.").
VI. Publiée Febris fanum in Palatio diratum est, Orbonœ ad œdem Larium. Plin.
H, 7.
— Voyez le numéro suivant pour le temple des Lares.
22. Area de la Victoire. — Au centre : Temple bes Lares. — Tavernes de
RoiQUETiÈREs. L'Area de la Victoire était en haut de la voie Sacrée. Au uiènie
endroit se trouvait le temple des Lares, bâti ou restauré par Auguste, l'an 74 'J.
î. LARIBVS PVBLICIS SACRVM
IMP. CESAR DIVI F. AVGVSTV3
PONTIFEX MAXIMVS
TRIBVNIC. POTESTAT. XVIII
EX STIPE QVAM POPVLVS El
CONTVLIT K. JANVAR. APSENTI
C. CALVISIO SABINO
L. PASSIENO RVF. COS.
GP.UTER, p. 106, qui y met cette note : Reperlum in via Sacra. — ORELLI, Inscrijil.
lat. n. 1668. — Le consulat ci-dessus répond à l'an 749.
H. iÏDEs Larvm in svmma. sacra via... feci. lapis ANCVR. Col. 4 et 6.
III. Ancus Martius in summa Sacra via [habitavilj, ubi eedes Larium est. Solin. 2.
IV. Tacite donnant le tracé du Pomœrium de Romulus, dit : A Foro lîoario, ubi
cPreum tauri simulacrum adspicirnus,... sulci designandi oppidi cœptus, ui magnani
Herculis aram amplecteretur. Inde cerlis spatiis interjecti lapides, per ima monlis
Palalini ad aram Consi, mox ad Curias veteres, tum ad Sacellum Larium, Forum(|uc
Romanum. Tac. Ann. XII, 24. — L'aulel de f'nnsus était dans le Cirque Maxime, e(
les furies vielles s'élevaient dans la vallée qui séparait le mont Cœlius du mont Pa-
latin [Voy. plus haut n^ 7] ; l'itinéraire indiqué par Tacite est parfaitement clair, et
justifie la position que nous avons assignée au temple des Lares.
V. Taverne de bouquetières.
Lucifero subeunte Lares delubra tulerunt,
Hîc ubi fit docta multa corona manu.
Ov. Fasl. VI, V. 790-791.
25. Temple et Bois de Strenia. A rextrémité de la voie Sacive, au pied
du mont Cœlius. Ce temple était très-ancien, et durait encore dans les der-
niers temps de l'Empire.
I. Sacellum Deae Strcnuœ. P. Vict. de lîeg. urb. Romw, IV.
II. Sacellum Slrenuee.
Horrea testaria. Sext. Rif. Jbid.
III. Sur la position du temple de Strenia au bout de la voie Sacrée, Voy. ci-des-
sous, n" 24, g II et VII.
IV. Strenarum usus adolevit auclorilate Talii régis, qui verbcnas felicis arboris ex
Luco Slreniœ anni novi auspices primus accepit. Svmmach, \, Ep. 28.
V. TOTA. SACRA. VIA
EX.iDIBVS...VSQVE.AD.CARI\AS.ET.SACELLVM.STRENI.E
M AGIT A . CONSTERN ATIONE . VICINOR VM .
MURATORI, Nov. thesaur. inscripl. t. II, p. G 10.
12 DLSCUIl'TION Dl-: KOML.
24. VoiK Saciikk ).t Taviiines. La voie Sacrée coninieii<;ail dans celle ré-
gion à l'angle N. K. (lu l'aialin. Kllc montait, par une ponte assez roide jnsfuie
devant le temple de Tellus |n"2"JJ. De cet endroit, cpii était son point cnlmi-
iiant, et que pour celle cause on appelait suiiima Sdcrii l'ia, elle dcsccndiiil à
travers la I\ '' rt'gion par inie pente rapide cpii Unissait ;i l'Arc de Kaitiiis
[n° 127] et à la roir Nntvc. Là idle entrait dans le Forum, dont elle suivait la
lisière septentrionale, sur un plan à peu près de niveau, et venait se terminer
vis-à-vis du templ<' delà ("oncorde fn" 83J, au Clivus Capilolin. La voie Sacrée
date de Romuhis et de Tatins. On la nonnnail ainsi parce que ce fut sur son
emplacement que les deux rois jurèrent alliance, après la réconciliation (|ni
suivit l'enlèvement des Sal)ines. 11 est plus que vraisend)Iai)lc qu'on ne la pava
qu'il une épo(pn> hien postérieure à ces deux rois. Son pavé, conq»osé de,
grands p(»lyi,'ones irréi^nliers de lave basalticpie , avait un ])eu moins de 20
pieds romains d(! lari^e. Du point le plus haut de la voie au point le jjIus bas,
il y avait une pente de 56 pieds environ, à '296 millimètres le pied.
I. Via Sacra. P. Vict. de Re;/. urh. Romœ, IV.
II. Huic [Cœlio] juncla* Caiina; et inler eas quem hoc locum Ccrolicnscm appclla-
luin apparet Cerolensis a Carinarum junctu diclus Carinac, postea Cciolia, quod
hinc oiitur caput Sarrœ via- ab Slrcniae sacello, quae peilinet in Airem, qua sacra
quotquot mensibus feruntur in Arcein, el per quam augures ex Arce profccli soient
inaugurare. Hujus Sarrœ vicB pars sola volgo nota, quœ est a Foro eunti priniore ciivo.
Varr. L. L. y g 47.
m. Equideni si quando, ul fil, jaelor in turba, non illum aceuso qui est in summa
Sacra via, quum ego ad Fabiuni forniccm impellor, sed cum qui in me ipsum incur-
rit atque incidil. Cic. pm l'/anc. 7.
IV Si libi ni! dederil. Sacra roganda via est.
Cum niulla absluleris : ut non tamen omnia donet,
(Juod numquani rcddas, conimodel usque roga.
Ov. Àmor. I, 8, v. 100-102.
V lloncines majore poêla plectro
Ctesarem, quandoque Iraliel féroces
Per Sacrum ciivum, merila decorus
Fronde Sirambros. Hou. IV, Od. 2. v. 33-36.
VI. liilaclus aut Drilannus ut dcsceiideret
Sacra calenalus via. Hor. Epod. 7. v. 7-8.
VII. Sacram viam, quidam appelialam esse exislimanl, quod in ea fœdus irlum sit
inler Uomulum ac Talium ; quidam, quod eo itinere ulanlur sacerdoles idulium sacro-
rum conficiendorum causa. Itaque ne eatenus quidem.ut vulgus oi)inatur. Sacra appel-
landa est a Hegia ad domum Hegis sacrificuii, sed eliani a Uegis domo ad Sacelium
StreniiP, et rursus a Regia usque in Arcem. Fest. v. Sacram. — Dans ce passage,
Kegia désigne la Basilique Almilia, située presque au pied du mont Capilolin .Voy.
n» 151], et qu'à cause de sa magnificence toute royale, on appelait quelquefois Heijia
Panli. Voy. ci-dessous n" 151, Basilique JEmilia, § VI.
VIII. Diclalor Cœsar lotum Forum inlexil Iveiisj, \iamque Sacram ab doino sua ad
Ciivum usque Capilolinuni. Plin. XIX, 1. — César habitait alors Reyia, en haut de la
voie Sacrée, parce qu'il était grand-pontife. Voy. ci-dessous, n" 129, § V.
IX. Cum Sacra via descenderem Cic. ad AUic. IV, 3.
X. Caïus Scipio Nasica, qui optimus a senatu appellatus est : cui etiam publiée
domus in Sacra via data est, quo facilius consuli possel. Digest. I, lit. 2, leg. 2,,§ 57.
XI. Seminudus in Forum Iraclus est [Viteliius]... per totum vite Sacrae spatium.
SiiET. Vilell. 17.
XII. O'/.raîL/ïs; zaTï'Satvî o ta r^^ Up&i câoXi /jlstx ttuxvsû Trâvu ii'/.riOo'Ji, /.xi oix y_ii-
fj.'j.ppoui li T/,v à.yopy.-J i.'/TT-j&iv, disarc jUtkv otà /xs'swv twv ci^vîstwtwv, zat cîîit/'.î'jv aj-
■zoiii- ôii o; v.v.-i-'irX=.' ii to tô)v iws/ijjîwv iipb;> iia.pril.dî. Al'l'IAN. De liclt. civ.
1, p. 655, édit. Tolliusi.
• Oftavius per Sacr:im vi.iin derurrit cum globo conferlissimo, et torrenlis more in l'oruin
irrumpens, prolrusis ol)viis per mcdios vadens disjecil niutliliidincm, pcrlerritisque advers,»-
liis pcliil ,T(lcm C:\s!o;niii.
RÉGION IV. — VOIE SACRKE. I"
XIII. Aùm; t; yip Cià T/j,- U/sSj b^iZ ii zr,j y.yopy.-^ I'j-îtJi-^. Dion, LIV, 19 •.
XIV. i(s< TtTaïj ^s/.tuSpi'xt; dùni irzTTorjp'jy.iu; '/v>ou.i-Jr,i, h vwvjsa, c?î?(à,- ts/iij A/îit
^vîTXf, zsà T/;v//£v o'j(iù:j à.TZO/.i'pv.; Tt, sttI tïjv Priyztvu.-Jxu}^ciUfÂ.évr,v y.Ojj.i^n,/M ràv .3i)'/àv
^/)^ ■/.u-vAi.-jrîi âty.iJv.yoj-:M-. Plut. Quœst. Rom. p. 1542 .
XV. Ot /ukv ÔT),i7at i^m.psOhT-i iç rx ny^c/.yix t^j cd^îu zat t/;,- v.yopv.;, lr,;yûpou-j '/.
rwv îTïvoj-'iv, zat T5V iv7Li;^ovT5( t/yripo-j-j. Appian. De Bell. civ. V, p. 1129'.
XVI. ri/î'jJTîv £/. Ila/XT(5y TrayîaÀy.Çàiv tôv A£vr).5v, -^yc o^ti Tr,^ npy.i ôaîû, zat t/Jj
O.yopy-i ys<!/)i Aîî/^wv o"î Tr,-J y.yopxv. yA yz-JOiJ-i-JO^ ~p'oi T'7> ori'7(JMTr,pi'j),
TraoîcT&jzî -iv As'vt^îv -(,> oviy.iy, xcil ~p^i-7u^-v i->ùsl>. Pli't. fie. 22 *.
XVII. Tutti gli antiquarj, che hanno sciitto prima de) Nardiiii, quanti mai ho polulo
linlraceiarne, coininciando da Bernardo Ruccellai *, che sciisse ne! fine del secolo XV,
dal rilaloVoitenano, poi venendo a C.amucri, Fabiicio, Lurio Fauno, Lucio Mauro fino
ad P. Ponati poco prima del Nardini, tutti mettono che la via Sacra passava negli
(»rti di S. Francesca romana [Nolli. n» 72; Leiaiouilly, lion. I, 84], verso il tenipio
délia Pace [Nolli, n» 74; Letarouilly, rion. I, 82; ; e il Marliaiii *î ne da per prova la
selciata, quale ancora si vedeva al suo tempo, intorno al 1.^40. Di falti questa selciala
si i^ Irovala ncgli ultimi scavi sul più alto dclla vetia altuale, che corris[)onderebbc
(|uasi alla somma Sacra via antica; ed 6 tuttora visibile. G. Fea, Prodomo di nunve
osservazioni e scoperle faite nelle antichild di Roma da varj anni addielro, p. 21,
22. Roma, in-80, 1816.
XVIII. Ora è cosa évidente, convenuta in oggi fra lopografi eruditi che la via .Sacra
délia Rocca, in cui Varrone e Feslo ne pongono il termine, discedendo pel Clivo Ca-
pitolino, e passando solto l'Arco di Seltimio Severo, avanti Satito Adriano [Xolli,
no 94 ; Letarouilly, rion. I, 73] (che chiesa posta in via Sacra si dice da Anastasio
Léo. m, § xcij) continuasse dritta sino al tempio di Faustina [Nolli, n" 81 ; Leta-
rouilly, rion. I, 80] : avanti ti gradi del quale si rinvennerogli avanzi délia via Sacra
negli ultimi scavi, ed ivi Irapassando sotte l'Arco Fabiaiio, proseguisse avanti de'
SS. Cosma e Damiano [Nolli, n"7(;8; Letarouilly, rion. 1,81], (aitra chiesa dallo
stesso Anastasio detta in via Sacra [Félix IV, g ii]) ; d' onde poi torcendo a destra e
salendo pel clivo sagro fiiio ail' Arco di Tito [Nolli, n^ 73 ; Letarouilly, rion. I, 85]
posto nella summa Sacra via, trovava ivi la porta Mugonia. Piale, délia Basilica
Giulia, etc. Visserlaziouc,' p. 6. in-4'*, Roma, 1833.
XIX. Anastasio nella vila di Felice IV, che fu falto Papa nel 526 : Hic fecit basili-
cam sanctorum Cosma et Damiani in urbe Roma, in loco qui appellalur via Sacra
juxta tcmplum Romnii. Nibdv, foro Romano c. Il, p. 186, note 1.
XX. l'n texte du XVK' siècle indique la direction de la voie Sacrée sans la nommer
positivement : — « Laonde Marco Guazzo descrivcndo l'entrata dell' imperadore
[Carlo V] nella cilla di Roma seguila il di 3 aprili 1536, narra che a uscciido per
l'Arco di Tito, per una strada a filo tirata per mezzo di Foro romano antico, passo
air Arco di Seltimio Severo [Nolli, n» 96 ; Letarouilly, rion. I, 70]. F. Casimip.o, Me-
mnrie istorice delta chiesa e covento di S. Maria in aracœli di Roma, c. XVI, p. 441.
XXI. Iconographie. Plusieurs parties de la voie Sacrée existent encore devant l'Arc
de Seplinie Sévère, devant la basilique de Constantin (appelée ci-devant temple de la
Paix), sous r.Vrc de Titus et au-delà. Au bas de la Colonne de Phocas, on voit une
partie intacte de la voie que nous avonsappelée le (.'anal [voy. plus bas, rfi 140], avec
son pavé ; elle a 7 mètres 65 centimètres entre ses marges, lesquelles sont formées
chacune par un parpaing de 65 centimètres, qui servait de trottoir, ce qui fait 9 mètres
au plus, pour la largeur totale de la voie. Cette mesure, qui est celle des voies ro-
maines en général, devait être aussi celle de la voie Sacrée. M. Léveil a relevé la
pente de celte dernière voie depuis «wmma Sacra viaioù est maintenant l'.Vrc de Titus),
jusqu'à l'Arc de Sept. Sévère, et il a trouvé un produit de 16 nièlres 39 cenlinièlreSi
* Lupus via Sacra iii Forum irruerat. = - Cur idihus decembribus exliibitis equestribus
liidis, dextcr equus victor Jlarli sacer imniolabatnr, et caudam aliquis amputatam fert ad lo-
ciini , cui l'.e{;ia nonic-n, aramquo crucutat de capite alii a Sacra via, alii a Subiirra desoeiidcn-
Ips dcpugnanl ? = ^ iMililos divisi ab mroipie via» [Sacr.ej Forique latero per aii;;iporlu.s irrue-
bant steniuntfs obvins.='* Primuiii ex l'alatio Lcntuluni aceepit [(acero], <)Ui.-m Sacra via me-
dioquc Foro dcdiixit Ut medio Foro ad CarcerL-m accessit, tradidit Lentuliiin carnitici
iiccandum. = 5 Bernard Oricullarius, de urbe Roma, apnd Tar(ii). Uer. Italie. Sui/it. t. If, col.
S55. = '^ Uritii linnite topnijvajihiti, lil). III, C. ?.6.
U DESCRIPTION DE ROME.
2i>. Temple de Tellus et Carènes. Le temple do Telliis, vou('' l'an 484, par
Seinpronius, s'élevait sur nue jjlace eiilourée (rédilices eu forme de carènes,
d'où le quartier prenait son nom. Ce »|uarlif'r se li'ouvait au bas du uiont Cœlius,
le l(ni{^f (le la voie Sacrée. Ouaiit au temple il était assez spacieux pour (ju'on
y |)ût réunir le sénat.
I. Doniili crgo Piccnlos, cl rapul Renlis Asrulum, Sempronio (\acp, qui, lremenl<.'
iiilcr piiflium ranipo, 'If Huit m Deani promissn a-de plaravit. Flor. I, 19.
II. Scnalus cnini, popiilus(iue lîomaiius, non oontcnlus capilali fSp. Cassium] sup-
piicio afiiccic, inlcicinplo rlomum supi'rjerit, ut l'enalium quoque strago punirelur.
In solo aulcm iedcm iciluris fccit. V. Max. VI, 3. 1.
III. Sp. Cassii donius ob camdcm causam cvcrsa; atquc in codem loco eedes poslla
Telluiis. (;ii;. prn Domo, :t8.
IV. Diruias publiée «"des [Sp. Cassii], ea est area anle Tclluris œdem. Tit.-Liv. II,
41 [an. 268].
V. MîTà riv Çcivarov roli Kai^tou ;^ t' ol/.ia z«Tï5z«pv7, zstl /J-iypt toî/Ô'j «vsïrsct à ri-
TTOi ajT'ôb cïOfyioç, eÇw toû v-ù tv;; l'-^j, ôv b^répoii yj Tri),(s xarîî/ïûasï ypivoii iv nipil
Ttvl aûr/;>, xaT« Tyjv è.m Ky.ph(/.; pî'^auoav boôv. D. Halic. YIII, 79*.
VI. YiyJOlJ.i'JWJ c?î ToiiTOjv o'txyyîauy.a vu/xoç «VcyfyvcJTXîTO XvTwvioi./ t/;v ^o\i\'f,-i 'juy/.'j.-
v/oj. AiM'iAN. t/e iie//. cit). II, p. 824*. — Celte maison d'Aiiloine était celle qui avait
appartenu à Pompée. Voy. ri-dessous, n<* 26.
VII. Tcmplum Veneris
Templum Telluiis. Sext. Rit., de Iteg vrb. Tlnmcp, IV.
— Ce temple de Vénus est celui qui était miloycn avec le temple de Hume, bâti
par Adrien [Noili, n" 71 ; Lelarouilly, rion. I, 86].
VI II. Templum Veneris.
Templum Faustinae,
ïemplum Telluris.
Via Sacra. 1'. Vict. de lieg. urh. Romœ, IV.
IX. Telluris templum.
Area carlaria. Notit. imperii.
X. Carènes. Iluic [Ca-lio] conjunrla? Carinœ, et inter eas quem locum Ceriolenscm
appellatum apparet, quod primœ regionis quarlum sarrarium scriptum sic est : Ce-
riolensis, quarliceps circa Minervium qua e Cœlio monte iler, in Tahernola etl.
Cerioleiisis a Carinaruin junrlu diclus Carinœ, poslea Cernlia, quod liinc oritur
caput SacriE via>, ab Streniae sacello, qu;c pertinel in Arcein, qua sacra quotquot
mensibus ferunlur in Arceni, et per quam augures ex Arce profecti soient inaugurare.
Varron. L. L. V, § 47.
XI. Meta sudans.
Carinœ caput.
Domus Pompeii. Sext. Rcf., de Reg. urb. Romœ, IV.
XII. Meta sudans.
Carinœ.
Domus Pompeii. P. Vict. Ibid.
XIII. Fulvius Flaccus porta Capcna cum exercitu Romam ingressus, média urbe
per Carinas, Esquilias coiileiulit : inde egressus, inter Esquilinam Collinamque por-
tam posuil castra. Tir.-Liv. XXVI, 10.
XIV. Uomanoque Foro et lautis mugire Carinis.
ViRG. , JEneid. VIII, v. 361.
Carinœ sunt œdificia facta in Carinarum modum, quœ erant circa templum Tel-
luris. Lautas autem dixil aut prœter elegantiam œditiciorum, aut propter ,\uguslum
qui nalus in lautis Carinis. Alii dicunt Carinas montera nominalum, quod ager subur-
banus ante portas Cariis erat. Serv. , in JEneid. loc. cit.
XV. Nous plaçons les Carènes au pied du mont Esquilin, bien que Nardini les
* Post Cassii mortem et redes solo oequate, et ad liane iisque diem earutn area vacua sub
dio relicta est extra Telluris aïdem, quam postea populiis Romanus in quadam ej us parte ex-
sh'iixit, in via quœ ad Carinas fert. = * Ante luoeiu edicto ejus [Anionii], senatus in xdcm
Telluris convocatus est, propinquam domo iptiius.
RÉGION IV. — VOIE SACRÉE. 15
mollii vers le Forum de César; nous nous fondons sur les paroles de Varron : huir
Cwlin conjunclœ Carinœ [g X] et sur le passage de Ïile-Live '§ Mil] dû il esl dit
que Fulvius arriva par la porte Capùne et monta à l'Ksquilin par les Carènes.
2C. Maison de PoMPiit, puis d'Antoine et de Tibcre. Pompée, à l'époquo de
son troisième consulat, l'an 701 , se lit bâtir une belle maison dans le (juarlier
des Carèties, auprès du temple de Tellus. Après la mort de Pompée, César
ayant fait vendre les biens de tous ceux qui avaient péri dans les guerres ci-
viles, Antoine acheta cette maison, qui, dans la suite, appartint à Tibère, sans
perdre néanmoins son nom primitif. Le vestibule était décoré de rostres et de
li'upliées.
I. Sur la situation de celte maison en tète du quartier des Carènes. Voy. ci-dessus
nO 25, § XI, XII.
II. Leneus Pompeii magni libertus,... schola se sustentavit , docuitque in Carinis
ad Telluris aidem, in qua regione Pompeianorum domus fueral. Suet., de illusl.
(jrammat. 1.5.
III. Uomam reversus [Tibcrius], deduclo in forum filio Druso, stalim e Carinis ac
l'ompeiana domo, Esquilias in liorlos ma'cenalianos Iransmigravil. Siet. Tib. 1.5.
IV. Quum in navi Ctesarem et .Vntonium cœna exciperet, dixit Sext. Pompcius'' :
in Carinis suis se cœnam dare ; referens hoc dictum ad loci nomen in quo palerna
domus ab Antonio possidebatur. Patercul. II, 77.
zr,ï Paiy.a.io)-j tt&Àîcoî oûzo) xcùoii u.Bvoi èarfJ. DioN. XLVIII, 381.
VI. ll/ssi-^v oî T-^ zo£v>j y.'^y.ooo^icf rb J«à t/;v oi/.ixv oj y.ixpo-^ y-'t-<iOi, ^y oixec, ïlOfi.TCr,iov
T5J Mv/aiiOU yîv5y.îv>jv. Plut. Ânto. 21 2.
VII. KaiVsi n3,i/7ï»iÏ5j ajTÔ, ^^ypi -où rpizou Opiû./j.?^u fj^irpioii koù à-jclûi &iz/;jsv
Cisrspo'J os Pùifj.xioi.i Tiôzo or, zb xot.Vo-^ xat TniiiSirjZOv i-juTà; OéxTpo-j, S>-Tc-p sbi/xtôv
ri, ■K'j.ptzt/.ZYiJu.'zo \a.;j.7zpo-:éf^y.-^ ixsh-fji oIxL'jlj, «■'Sizifdo-.'O-J ok xxi zoi.jzr,j- ô't-zs z'o-j ■/■-
■jô/j.ivo'J ô'î7;riT/]V aJryjs yszv. nî'A-y/tjv, shù.Oiyzx Oxj/jc/.^zi-.' av.' TZu-jOy.-JS'^Oy.i, t.o'j TIî'/-
-riloi Uùyjo^ àod-v;i. Plut. Pomp. iO'^. — Donat a démontré qu'il faut entendre que
Pompée se Gt bâtir cette maison dans les Carènes et non auprès de son théâtre. Voy.
Nardim, Roma anlica, lib. VI, c. 3, t. III. p. 40, édit. Nibby.
VIII. Hv 0 oSjZo'j oi'jpj'Avi... X'A p.id'j'ji-j XvTojvioj, xat Kocpivi-î, t/jv \lo iJ.-r,ioj ïxîjcj-
pii/lj.-:ioi ol/i'jLJ ■/.v.ï ij.iz 01x00 oij.w, 6>i ixv.jrij ojx oj-:'j.-j. Plut. Cw%. 51 '*.
IX. Extat silva ejus memorabilis, quie picla esl in domo rosirala Cn. Pompeii,
quœ ipsius et palris ejus et proavi fuil; quam Philippi temporibus vesler fiscus inva-
sil. Capitol. Gord. tr. 2.
X. Sur la vente des biens de Pompée, et leur acquisition par .\ntoine voy. Cic.
Philipp. M, 26. Malgré l'acquisition d'Antoine, la maison conserva le nom de
maison de Pompée; Cicéron reprochant à Antoine d'habiter cette maison, lui
dil : Al tu illa in veslibulo rostra an spolia quum adspexisti , domum tuam te
introire putas"? Philipp. Il, 28.— Du temps des Gordiens, vers l'an 1000 de Rome,
la maison de Pompée conservait encore le nom de son maître primitif. J. Capitolin
dit de Gordien l'aîné : Ipse consul dilissinms ac potenlissimus, Komae Pompeianam
diimum possidens, etc. Capitol. Gord. ir. 1.
27. Temple de la Concorde maritale. Il tenait au Portique de Livie [IIl*^
rég. n" 16], et en faisait pour ainsi dire partie. Nous pensons que ce temple
1 Carinx loci nomen est Roma;, quo in loco Pompeius ma^'nus œdes habuerat, quas lum
temporis [an. 715] Anionius possidebat. = ^ Accessit ad comniunem illius inFainiam non
médiocre odiuni ex ea, io (|ua liabitabat [.\ntonius] domo, quœ fuorat Mayni l>ompei.=
^ . . . (Juiiiu usque ad tertiuoi triumphum Ponqjcius modicam et civilem doiiium lialicret.
Post populo Uomano eximium illud et celebratum exstruxit, et juxta velutappeudiceni aeditîca-
vit donmni piiore splendidiorem, sed ne liane quidem invidiosain, ut ille, cpii domiims ejus
post Pompeiiim fuit, eam iuyressusobstupesceret, et quaereret ubiuaui Pompeius magnus coe-
nasset. ^ * Vitio ei [CœsariJ dabatur... ebrietas Antonii, et Coruificius, sector Pompei, domum
ejus muians, qua&i non satis ainplam.
-10 DESCniPTlON DR ROME.
lut construit par Auguste, en mr-nie temps qjie le Portique de Livie; cepen-
dant Ovide f:iit lionneiir de cette édification à Livie : c'est probaldement une
II:itterie du pofUe.
1. Li- rcgionaiic Si'xt. Rufus énonce le temple de la Concorde dans la 111*
région :
Porlirus Liviac,
Templum Coiirordiœ.
Mais c'est une erreur CNidcnte produite par la jonction complète des deux édifices,
car lui-même nomme ensuite le temple de la Concorde dans la IV* région, el dit :
Templum Concordi;e in porliou LiviiC.
Il 'le quoque magnifira, Concordia, dedicata sede
Livia, quam caro prsestitit illa viro.
Disee lamen, Ncniens aelas, ubi Li>ia nunc est
Porticus, immensae leela fuisse domus.
Ov. Fasl. VI, V. 657-6i0.
28. Vices Cypbius. Conduisait aux Carènes et se rencontrait avec le vicus
Srchraltts.
I. Vicus Cyprius a Cypro, quod ibi Sabini cives additi consederuni, qui a bono
omine id appellarunt ; nam cyprum Sabine bonum. Prope hune Virus Sci leralus, die-
iiis a Tullia Tar(iuini Superbi uxore, quod ibi, quom jaceret paler occisus, supra euni
rarpenlum mulio ut inigeret jussit. Varr. L. L. V, g 159. — Voy. plus bas n" 35, g I.
29. AlTEL DE JUNON. AlTEL DE JaNCS-ClRACE. SoLlVEAU DE LA SOEUB. LeS
autels avaient été érigés vers l'an 8G de Rome pour y pratiquer les sacrifices
expiatoires du meurtre comiuis par Horace, le \ainqueur des Curiaces, sur sa
sœur. Ils étaient situés dans une rue débouchant des Carènes dans le Vicus
Cypriits. Une poutre scellée au dessus, en travers delà rue, formait un joug
nommé le Solloeau de la sœur, sous lequel on avait fait passer le meurtrier.
Ces Atilels et ce Soliveau, toujours entretenus et réparés, existaient encore
du temps d'Auguste.
I. Sororium Tigillum.
Colossus allus pedes en senis, etc.
Meta sudans.
Carina*. P. VicT. , rfe lieg. uib. Bom(e, IV.
II. Sororium Tigillum.
.Mcla sudans.
Carinae eaput.
Domus Poiupeii. Sext. Rit. Ibid.
III. Is [Uoratiusl quibusdam piarularibus sacrificiis faelis, qua* deinde genli llo-
laliiE tradita sunt, transmisse per viam tigilio, capite adoperlo, velut sub juguni misit
juvenem. Id liodie quoque publiée semper refei tum manct : Sororium tigillum voranl.
TiT.-Llv. I, 26. [An. 86.1
IV. Denis d'Halicarnasse, après avoir raconté l'aventure d'Horace, dit du lieu où se
fit l'expiation : Ett( o" iv tw Trïvojrôi tw jiî'yuvrt y.r.b Kactvy;ç xktw z'A; ir:l riv kJTT/inv
TîTaTat oji\ Tst, «vTt//Jy ù'ùrîi.wi r'jiy/>ii hf,f';j.ooij.i.io-J, o yhzzui toi; ^;(5Îi;tv i/Ttè/i /«-
çy'/yoc5; ro'j àvo'cô, a-./r.y.zl'iv tjT?,~6lîi é'rt çîii).âTT£(, Ôjsîatj ■/■cciLif:iij--J(i-j jTzb Vo>;j.'X'.wj
/aV Exaorov èHuiriJ. D. Halic. IJI, 22 i '
V. Sororium Tigillum appellalur hac de causa.... [Aventure d'Horare]. Provocavit
ad populum, eujus judicio viclor, duo tigilla tertio superjecto, qua- pater ejus f-onsti-
lucrat, velul sub jugum missus subit, consecralisque ibi Aris Junoni sororise et Jano
* Est aulcm in angiporto, quod furt i Carinisdeorsiim eos qui ;ul Cypriiiiii au(;iporUiin cunt,
ubi arae tune ciecl;e slani, et li(;iiiim supra cas tr;insversum iiilixuui diioLus p;iric'lil)us inler
Ro adversis, quod c:ipiti exeunliuin inimineret, et sei moue roinano Tigillum iuiorium vncatiir.
In iioc igilur loco calamitaiis illiu^ viri iiionumcntiiin in LtIjc servalui', quod annivcrsariis
surihciis populus iotr.anu< iionoiat.
RÉGION IV.— VOIE SACRIFIE.
17
Turialio, liberatus omni noxia sceleiis esl, auguriis adijroliaiilibus ; ex ijuo Soioiiuiii
id Tigillum esl appellalum. Fkst. v. Sororium.
30. Forum Cipedinis ou Macelu:m. Marclu'' aux coiuesllhles et aux Iriiils,
situé vers lo haut de la voie Sacrée. Une partie était décorée avec des |)oili(iucs
eu eolounade. Ou ii;iiore quand et par (|ui il fut éiabli; on sait seulement (pTil
existait déjà du temps de Jules-César.
I. Inicr Suciam \\iim cl Marcllum t-diluiii, Coniela a coineis, qui abscissa; loco re-
liqucrunl nonicn. Varr. L. L. V, § 132.
II. Ad Corncla Foiuin Cupedinis a Cupedio; quod mulli Forum Cupedinis a cupidi-
lale. Hier omnia posteaquam conlraola in ununi~1ocum , quu; ad victum perlinebanl ,
el sedifiralus locus, appellalum Macelium. IniD., § 14G-147.
III. Cupes el rupedia aniiqui laulioies cibos numiuabaïU. Inde Macelium Forum Cu-
pedinis appellabant. Fest. V. Cupes.
IV. Macelium locus Uomœ ubi viclualia dislrahenles ficquenlabant. Acp.on. in Ilor.
Il, S. 5, V. 228.
V. Diim ha>c loquimur, intoroa loci ad Macelium ubi advenimus,
Concununl la?ti mi obviam ciipedinaiii omnes,
Celarii, lanii, coqui, farlores, piscatores, aucupes, etc.
Terent. Euuuch. II, 5, v. 24-26.
Yl. In vernaculis... lam asper, ul servi illumsui
non Marrinum dicercnl, sed Maceilinuin, ((uod Ma-
celli specie domusejus ciucnlarelui' sanguine ver-
nulaium. J. Cai'ITol. Macrin. 13.
VII. AïK Ti y.çî'^-dùdv. Mà./.ùJ.v. /y.\ ij.v./.silx;
y.'j't.oxtni ; iy. ai "zw' yjyr.ij'y.t'jf^ kjtîj or.tj.i'jioj
Oly.'iojjj:rfir,-/v.l z^îw~w"/£5v y.T! ix.ibjou y.TriZÙ.ij.v/OJ
T/;v -/ySîViyo^îtav. Pi.uT. Qu(psl. Rom. p. 122 1.
YIII. Iconographie. La figure ci-contre est une
vue du Macelium. Nous l'empruntons au revers
d'une médaille de grand bronze de Néron, tiré
de MoKELL. Numismat. XII imp. rom. Nuni.
Ncronis, l. H, lab. l.\, n» 20; lab. X, n"s n,
18, 19.
31. Temple de Remis. Nous ignorons à quelle époque fut construit ce tem-
ple, qui se trouvait sur la voie Sacrée, à droite eu allant au Forum, au-dessus
du ^]<tcrUum, n° HO.
I. Templum Paris.
Templum Itenii.
Templum Uiva- Faustiiiee. Se.kt. Uif. de Reij. tirb. Romœ, IV.
II. Templum Rémi.
Templum Romaî.
Templum Veneris.
Templum Fausiinte. P. VicT. Ibid.
III. Anasiase, dans la vie du pape Félix IV, disant que ce pontife fit bâtir l'église de
S. Come el S. Damien [NoIli, n° 80; Leiarouilly, rion. I, 81 , en indique ainsi rempla-
cement : In loco qui appelialur via Sacra, juxta templum urbis Itomw.
32. Basilique Opimia. On est réduit à des conjectures sur l'époque de la
construction de celte Basilique, et même sur son l'ondaieur. Nous pensons que
ce l'ut Opiiiiius, celui qu'on opposa aux Gracijues, et (jui l'ut consul l'an G33 (le
Uome. Elle élait en liant de la voie Sacrée, prés delà partie de la voie Neuve
(pii sé[)arait la IV'' région de la Vlll*'.
I. Les régionnaires Se\(. Uufus cl I'. Victor ont omis la Rasilique Opimia dans leui s
* Cur locus, ubi rames piiMioi; vondunmr, Macelluin diciuir? . .
carnibus publioc vendcudisx'diticalus fucril,noiiii-n .ib ipso liabcus.
ICv pccimia i-jui It:
18 DESCRIPTION DE ROME.
nomenclalures. Panvini , on ri^paranl leur omission , place ce monumenl dans la VIII*
région. Xous croyons qu'il so Irompc, cl que la ltasili(|iie Opimia devait se trouver dans
la IV*. Le passade de Varron, cité ci -dessous, le prouve, car le temple de la Concorde
qui y est nommé, est évidemment celui du Vulcanal. [Voy. plus haut, n" 18', qui ser-
vait aussi de lieu de réunion pour le sénat.
II. Senaculum supra Grxcoslasin, ubi œdisConcordix et Basilica Opimia. Varr. L. L.
V, § 156.
III. Cornela. Lieu auprès de la basilique Opimia. Voy. ci-dessus n» 50, g I, II.]
33.-34. Tkmple du Soleil et temple de la Lune. Derrière la basilique Opi-
mia [n" 32].
1. Nous plaçons ici ces deux temples mentionnés par les régionnaires. Du reste, nous
ne savons rien ni sur leur Corme ni sur leur origine. Pendant longtemps on a tlonné
ce nom aux ruines de doux lem|)lcs adossés, situés après VArc de Titus, à gauche de
la voie Sacrée, en descendant au Colysée; mais maintenant les antiquaires s'accordent
à reconnaître dans cette ruine les temples de Vénus et de Rome, bâtis par Adrien,
qui en fut aussi l'architecte [XoUi, n" 71 ; Letarouilly, rion. I, 86].
II. 'l'cmplum Telluris.
Templum Solis.
Templum Lunœ. Sext, Rlf. de Reg, xirb. Romœ, IV.
III. Templum Urbis Romœ.
Templum Solis et Lunœ. P. Vict. Ibid.
3o. DiANiuM, ou temple de Diane. A la rencontre du vicus Cyprins et du
Sceleratus vicus. Nous ignorons le nom de son fondateur et l'époque de sa
fondation, mais il existait du temps d'Auguste.
1. Quum se domum reciperet [Tullia] , pervenissetque ad summum Cyprium vicum ,
ubi Dianium nuper fuit, fleclenle caipentum dextra in Virbium ciivum, ut in collem
Rsquiliarium eveheretur, reslitil pavidus atque inhibuil frenos is qui jumenta agebat ,
jacentemque dominœ Servium trucidatum ostendit. Fœdum inhumanumque inde Iradi-
lur scelus, monumentoque locus est (Sceleratum vicum vocant) que amens. . . Tullia
per palris corpus carpentum egisse ferlur. Tii.-Liv. I, 4 8.
3G. Vicus Sceleratus. Il conimuni([uait avec la voie Neuve venant du Forunï
romain, et montait à l'Esquilin.
I. Vicus Sceleratus. Sext. Rlf. de Reg. urb. Romœ, IV.
II. Sur la position du vicus Sceleratus, voy. le n" précédent.
III. Ipse* sub Esquiliis, ubi erat sua regia, cœsus
Concidil in dura sanguinolentus humo.
Filia carpento patries initura Pénates,
Ibat per médias alta feroxque vias.
Corpus ul adspexil, lacrymis auriga profusis
Restilit; hune lali corripit illa sono:
Vadis? an exspeclas pretium pielatis amarum?
Duc, inquam, invitas ipsa per ora rotas.
Certa lides facti ; dictus Sceleratus ab illa
Vicus, et œterna res est pressa nota.
Ov. Fast. VI , V. 600-609.
Servius Tullins.
RÉGION VI.— ALTA SEMITA. 19
REGION V. — ESQUILINE.
Celte région était l'une des plus vastes de la ville; mais comme, excepté le
Marché de Livie {Mucelluni Lwi(mum), les Jardins do Mécène, et VAgger de
Servius, elle ne contient rien autre chose de notre époque, nous ne l'avons
pas comprise dans le cadre de notre Plan ; nous n'avons donc point à nous en
occuper ici. VAgger de Servius, qui pouvait nous intéresser surtout , se
trouve sur notre petite carte du Site et des murs de Rome.
REGION VI. —ALTA SEMITA.
Voici encore une région fort peu importante à notre époque, sous le
point de vue des établissements publics, bien qu'elle soit aussi l'une des
plus étendues de Rome. Les limites de ce fragment sont, à l'O. les
murs de la ville ; au S. le viens Sceleratus du coté de lalV^ région; et du
côté de la Ville le prolongement de ce viens jusqu'à la porte Catulaj'ia.
57. Temple du Salut. Auprès de la porte Salularis. Il fut voué par C. Ju-
nius Bubulcus, consul l'an 447, et dédié par le même l'an 451.
I. Collis Snlularis, quaiiiceps, advorsum est Apollinar, cis sedem Salutis. Varr.
L. L. V, § 52.
II. Eodem anno [447] aedes Salulis a C. Junio Bubulco censore locata est, quam
consul bello Samnilium vovcral. TiT.-Liv. IX. 43.
III. /Edem Salulis, quani consul voveiat, censor locaverat, dictalor dedicavit [C. .Tu-
nius Bubulcus, an. 4.'>11. Tn.-Liv. X, 1.
IV. Qui [Fai)ius] cum in a>de Salulis quam C. Junius Bubulcus dedicaverat, parietes
pinxisset, nomcn his suum insciipsil. V. Max. VIII, |4. 6.
V. Salularis porta appellala est ab eede Salutis, quod ei proxima fuit. Fest. v. Sa-
lularis.
VI. Templum Salutis. Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ, VI.
VII. Templum Salulis in colle Quirinali. P. Vict. Ibid.
VIII. SALVTI. IN. COLLE. QVIUINALE.SACRIFICIVM.PVBLICVM.
GRUTER, p. 134. — ORELLI, Inscripl. lai., t. II, p. 596.
38. Temple des Saliens Collins. Sur le mont Quirinal. Il était précédé
d'un Area. Sa fondation remontait au roi Tullus Hostilius.
1. Ot //;v yy.f) Aycova),;!;-, j-i oé t(vwv xcà.o-jy.i-joi KoX/.\joi 'jàliot, wv to 'ii/:o'f'j'>,û/.iâv
isTfv irr't toÏi Ko'ù.hoj \b-^o-j, (j.i-v. 'Sojj.y.j v.r.z.oi'r/'iTtZU.-j -j-o /îast/îDj O^-ùlioj. D. Hal.
11,701.
* Agonales [Salii], qui a nonnullis Gollirri Salii vocantur, quorum Sacrarium est in Collino
tumulo, post Numse obitutn a rege lloslilio inslituli fueraiit.
'10 DESCRIPTION DE ROME.
II. Ilorum niimoriim llosliliiis addidil: nam duo suni Roncra Saliorum, sirut in s.i-
linribus r:irniitiil>us iiivenilur, Collini cl IJuiiiiialcsn Niiiiia instiluli; ab lloslilio vero l'a-
\oii l'I l'alloii inslituli. Sekv. in yEiieid. Vlll, v. as.*.
Sî). Tf.mpi-e dk la Fohtim; Piiimigkme. La FortiiiK! l'rimigrnic pirsido ii I.-»
naissance. Ca^ U'ni[il(' lui lui voui' l'an oiH par le consul Scuipionius, et dédie''
dix ans après, l'an î)'-')H. Situé sur la ponh^ méridionale du inoiil (juirinal, du
côté de la porte Sancpialis, il est [)récédé d'un arca.
I. Consul 1'. Scmpioiiiiisi pii(ici|)io pugna' icdcm Forluriiu l'i-imiKCnia* vovit, si co
(lie liosles fudisst'l : comijosciue cjus voti fuit. [An. ii'iH . Tit.-Liv. WIX, 36.
II. .Kdcni I-'orluna" l'ilniif^cnia! in colle Quirinali dedicavii Q. Marcius Italla, duuiii-
vir ad idipsum crcalus. Vovcial cam deccin annis anle Punico belle P. Scmpronius So-
plius : locavciat idem ccnsor. Trr.-Liv. XWIV, 53.
III. Inuibe Honia duo a-dilui nunciarunt , aller, in a'dc Koiiuna; angucm Juhalum
a ponipluribus visum esse; aller, in .rde Prinii};enia> Korluna', ((u.t- in Colle csl, duo di-
veisa prodijjia : palniam in area enalam, cl sanguine inlerdiu pluisse. Tit.-Liv.
\LIII, 15.
IV. On ne sait rien sur la position réelle de ce temple de la Fortune. Comme sa ron-
struriion dura dix ans, nous conjeclurons qu'il était sur la pente de la montagne, où
il avait fallu faire des travaux considérables de substruclion.
40. ÏKMPLE DE LA FoRTiNE pifiLiijiE. Duns la valléc du Quirinal,ou peul-éire
sur le mont Quirinal.
I. Ailles Forluiin' publicop in Colle. Sext. Rlf. de Reg. urb. Bnmw, Yl.
il. Korluna publica in Colle. P. Vk.t. Ibid.
III. (,»ui dicci, (luoiulam sacrala est Colle Quiriiii
Hac Foriuna die Publica, verus erit.
Ov. Fnsl. IV, v. 575-376.
— Des édiiions porleni, au vers Ô7.ï : sacrala in vu/le (Juirini.
lîliGlOiN Vi!. — VOIi: J.ATA. 21
REGION VII.— VOIE LATA,
Les liniitos de celle région sont, à TO. la voie Lata, (jiii Ixjrde mie
partie du Champ-de-Mars, le long des Sepla Julia; au S. les uuus de
la ville, depuis la porte UaUimena jusqu'à la porte Sancpiniis; à TK.
encore les nuu's de la ville, de la porte Sanqualis jusqu'au delà de la
porte Piacularis; au >'. eulin les arcs de rA(|ueduc de la Virgo, qui
vont joindre la Colline des Jardins.
41. Voie Lata. Cette voie, à laquelle tonte la ivyioii enqnuDtait son nom,
n'était que la continuation de la voie Flaniinia, qui tinissail aux arcs de l'A-
queduc de la Viryo ; de là jusqu'à la porte Ratmnena, au pied du nionlCapitolin,
elle portait le nom de voie Lu ta.
I. Gli aquedoUi (IflT Arqua Vcrpine, romminciarano soUo il colle degli Orluli, c
dixidevano la Via Lala dalla Flaminia ed una sirada che dal Quirinale condurc\a ad
l'antlicoii. Fertnandosi per lanto dagli antiqiiaij che i'AcquedolU non procedessero
piùavaiiti dalla Piazza di S. Ignazio iNolli, n" 847; Letarouillv, lion. IX, i], il che viene
comprovato da alcuiii lubi di condoUo di piombo, che lurono ritrovali iiel farsi i fon-
(lamenli délia facciala délia sopradelta chiesa di S. Igiiazlo. Venuti, Anlichilà di
llntna, pari. 11, c. 5.
II. L'église de S. Maria in via lala [Nolli, n" 851 ; Lclarouilly, rion. IX, 18\ qui
emprunta son nom au nom ancien de la localité, est un témoignage en laveur de notre
opinion, car elle se trouve vers le milieu de nos Septa Ju/ia, bàlis eux-mêmes le long
de la voie Lata.
42. Champ d'Agrtppa. On noiuinail ainsi toute la partie de celte réi^ion si-
tuée entre la voie Lata et les murs de la ville. C'était un champ dans lequel
Agrippa lit b.îlir trois monuments importants dont nous allons [)arler sous lc>
numéros 46, 47, et 49.
I. Campus Agrippœ. Sext. Rif. de Reg. urb. Romœ, VII.
II. Campus Agrippée. 1*. Vict. Ibid.
m. Campi vin : Viminalis, Exquilinus, Agrippa?, Marlis, etc. P. Vict. de Reg. urb.
Rnmœ, in lin.
IV. Via Lata conlinet.... Campum Agrippae. Notit. imperii.
V. Laxandi levandique animigratia, in Agrippœ Campo deambulabam. A. Cell.
XIV, 5.
43. Tombeau de G. Poblicus Bibilis. Un petit tombeau de 6 à 7 mètres de
long sur autant de hauteur, décoré de pilastres doriques et d'une Irise en bas-
reliefs, représentant des guirlandes de fruits accrochées sur des^)uerànes, tel
est le monument de Bibulus. 11 est situé hors des nuu's, au pied de l'extré-
mité septentrionale du mont CapitoHn, à gauche en arrivant par la porte Ha
tiunena. Nous ignorons quand ce monument fut construit; mais sa matière,
qui est le travertin, indique l'époque de la républicpie.
I. Epitaphe gravée sur le soubassement du tombeau de Bibulus :
G.P0BLlC10.L.F.BlBVL0..ED.rL.H0N0RlS
viutvtisqve.cavssa.senatvs
consvlto . popvliq ve . ivssv . loc vs
MONVMENTO.QVO.U'SE.POSTERKKJVE
EIVS.IM'ERBENTVU.PVBLICE.DATVS.EST.
CIU'TKU, p. i55. — OltKLLl, Inscripl. lai. n» 4698, etc.
II. Iconographie. — Le tombeau de Bibulus existe encore presque en entier dans la
22 DESCRIPTION DK ROME.
via di Marfnrin. Celle ruine csl repiésontce dniis l'irancsi, Anlichilà Romane, l. II,
tav. 4, 5, et dans Nanlini, Roma antica, lib. I, c. 7, édit. Nibby.
44. Temple de Gémis Sangis. Ce tomplc existait dès le cominencement du
cinquième siècle. Il était |)iès de la porte Catularia.
I. Teinplum iiovuni Quirini.
Saeelluni Ocnii Sanfji. Sext. Rlf., de Rcij. urh. Romœ, VII.
II. Teinphini novum (juiiini.
Sarelluni Genii Sangi. P. Vict. Ibid.
III. BonaSemoni Sanjio rensuerunt consccranda. Quodque acris redactum csl, ex eo
orbes acrci facii, posili in sacello Sangi, versus fcdem Quirini. [An. 4261 Tit.-Liv.
VIII, 20.
4o. Temple (nouveau) de Quirixus. Près du temple de Genius Sanaus
[n» 44].
I. Nous ne savons rien ni sur l'origine, ni sur la place exacte de ce temple, sinon
qu'il était dans la Vile région. Yoy. le n» 44.
4G. Septa AcnippiANA. Ce monument, lout en portiques, était un ouvrage
d'Agrippa. Il s'élevait le long delà voie Lata.
I. 11 paraît certain ([ue les Septa Julia n'étaient pas suffisants pour abriter le peuple
pendant les jours de comices, car du temps de Varron, c'est-à-dire de Jules-César, les
candidats faisaient dresser des tentes dans le T.liamp-de-Mars pour leurs partisans, et
les citoyens cherchaient un abri sous les porli(|ues de la Villa pubtica [Varr. R. T!.
III, 2]; Agrippa aura voulu remédier à cette insuffisance en construisant vis-à-vis des
Sepla Julia d'autres scpla presque aussi spacieux.
II. Dasilicam Alexandrinam insliluerat inter Campum Marlium et Sepla Ar/rip-
piana, in latum pedum cenlum, in longum pedum mille, ila ut tola columnis penderel:
quam efficorc non potuil, morte preventus. Lampriu. Alex. Sever. 26. — Inlcr Cam-
pum Martium et Septa Agrippiana doit s'entendre de la partie de terrain située au-
près de notre Portique de Pola [n" 49] , entre la voie Lata et le mont Quirinal. Le
Champ-de-Mars proprement dit faisant hache en deçà de la voie Lata pour s'étendre
jusqu'à la Colline des Jardins, ta Basilique projetée par Alexandre Sévère aurait été
bien réellement entre le Champ-de-Mars et les Septa Agrippiana.
III. Va spargat in a;de
Isidis, aniiquo quœ proxima surgit Ovili.
Jtv. Sal. 6, V. 528-529.
— Aniiquo Ovili désigne les Sepla Julia, vis-à-vis desquels était le temple d'isis
[n" 172]. Par l'épilhète d'antiquo Juvénal n'a-t-il pas voulu distinguer les sepla de Cé-
sar de ceux, moins anciens, bâtis par Agrippa?
IV. Iconographie. 11 ne reste aucuns vestiges des Septa Agrippiana. Nous les avons
tracés d'après les Septa Julia, puisqu'ils étaient destinés au même usage.
47. DiRiBiTORiuM. Le plus vaste édifice qu'on eût encore vu couvert d'un
seul toit existait'auprès des Septa Aggrippiana : c'était le Diribitorium, monu-
ment où l'on faisait la paye des soldats, et qui avait emprunté son nom à celle
destination. Agrippa le commença, on ignore à quelle époque, et Auguste le
termina l'an 747. Le Diribitorium, était carré, avec une partie sortante ter-
ininée en hémicycle.
I. TÔ TTSoh-J TÔ Âyyl(7r— c£5V TT),/iV T^5 aZÙX^, KOÙ TO Act/S(ê(TW/î£5V, «JtÔ, Ô hiJyOlKSTOi
àSrilJ.O!iUi>n~.. 'ToxjTO //sv yy.p (vjv oi oT/.Oi /iiytaroi twv ttwttots //wv àpopy;:/ ayôvz'jiv vî-v
£3TJv) S, T£ Aypi~r.ai oi/.O'-jo/j.'iïtusvov y.xzîAt-s, xx'i -zozz cuvîTiZ-V^/;. DlON. LV, 8 '.
1 Oanipum autem A{;ripp3E, porticu fPol.f] excepta ac Diribitorium, ipse Aiigiislus puMico
iisui dedicavit [an. •;!\-\. Dirihiloriiim erat domus omnium earum qua; unquam uiio culmine
fuissent maxima» (nunc omni ejus tecio diruto,quia rursus commilti inter se non poluit, aperio
fasligio conspicitur) Agrippa imperfectum reliquerat, lune vero ad fincm perductum erat opus.
RÉGION Vil.— VOIE LATA. 25
II. Fuit nu-moria nostra et in porlicibus Seplorum a M. Agrippa iclinla, icquc mi-
laculi causa, quiP Uiribilorio supcrfuerul, X\ pcdibus brevior [p\\is courlo qu'une
autre qui avait 120 pieds], scsquipiulali rrassiludiiie. i'i.iN. XVI, 40.
m. Kc.'t -/àp rb ilî^^aTTïT'/V, km t'o iaîtîv, zv. ts liTizà., /ai zb U'jcito'c.ivctov, to, Tc ftx-
Xavjtjv TÔ Tou tiyfA-mz'j-j, //A t'o Uiy.->Oiioj, ri, zs \r.ipi^izdir.io-J, y.vX to zo'j Bà/ôîj Oéa-
Tf.ov, KM zr^-j zoli Uo/j-Yiîoo ozïjvïjv, zat zà O'/.za.oiiïx olxnfj/xzcc /cà /J.izà zwj /3;Ç>>£0)v, z6-j
zi -js'jfj zoïi ^loi zoïi KKTïiT&jÀtvîu fj£zy. zôiv 1MVW.W) olùzoÎi K'j.zi/.y.u-jv.) . Dion LWI, 2'« '.
— Dans le passage précédent z'/u KaT:tT&j)tvoti est une interpolation de quelque co-
piste ignorant, ou une erreur de Dion ; le temple de Jupiter dont il s'agit ici est celui du
Tonique d'Uclavie [Voj. plus Das n" 150] et non celui de .lupiter-Capilolin, qui, situé
plus de cent pieds plus haut que les lieux désignés ici comme ravages par le feu, n'en
put être atteint.
IV. Ta T£ TT^sizfçjK/afa zoii jio'Asozoûi, ot:o)ç y.yj ènï yjy.yG>v rwv aavt'ûcov /.xOi'icoJzat,
TTpOtzov zôzs i/TTszEÛ-f]' XKt TzD.O'Ji dfl'ji tôv &!.zzoùdy.hi> zpoTZOV lî zà. OsxzpK fipÛ-J, Ïj'J.
lJ.r\ zrj ■ri)ud'7SL Z(xla.i.T:ci)pO)-jzciC, ènszpc/.TT-ri. Kocl et yt Tioze èi 'JTïS^cêî^vjv îtîs'jjXîI's, tm \stpc-
êizupijj àvzi zoXt f)î'J-po\t l/.pi'j>ij.ij(it iypôiyzo. DioN. LIX, 7 2.
V. Iconographie. On ne sait rien de certain ni sur la forme, ni même sur l'é-
tendue du biribilorium. Le fait rapporté dans le paragraphe précédent pourrait faire
conjecturer que cet édifice avait quelque ressemblance avec un théâtre. Pirro Ligorio,
qui peut-être en avait vu quelque ruine, l'indique ainsi sur son plan cavalier de
Uome. Quant à l'étendue, il parait évident, d'après l'observation de Dion, que ce mo-
nument était plus vaste que le Panthéon.
48. Vicus JÎMiLiANUS, ou tEmiliana. Quartier situé aux environs du Diribi-
torium.
I. Nam quod extra Urbem est a^dificium niliilo magis idco est villa quam eorum
œdificia qui habitant extra porlam Flumentanam, aut in vllmilianis. Vaup. R. R. 111, 2.
II. Cum /Emiliana pertinacius ardèrent, in Diribitorio duobus noclibus mansil.
StiET. Claud. 18.
49. Portique dm Pola. Dans le Clianip d'Agrippa. Il fut commencé par
Pola, sœur d'Agrippa, après la mort de son frère arrivée l'an 742, et sur des
mémoires laissés par lui. Auguste l'acheva, y fit graver un plan de l'Univers,
et le dédia vers l'an 747.
I. H ok è'J TÔ) TïcQtw czoy., yjv rj nw),a ri v.'ii'k^Yi aùzoî/, v) /.xi zc/ôî êpô/j.oiii rjLxyo'jjj./i'7y.GO,
èlioui, ojosTio> i^iipyx^zo. DiON. LV, 8 3.
II. Agrippam quidem in tanta viri diligenlia, pra-tcrque in hoc opère cura, orbem
quum terrarum orbi speclandum propositurus esset, errasse quis credat, et cum eo
divum Augustum? Is namque complexam eum porticum ex dcstinatione et commen-
tariis M. Agrippœ a sorore sua inchoalam peregit. I'lin. III, 2.
m. On ignore la place exacte du portique de Pola. Nous l'avons orienté de ma-
nière à en faire un portique d'hiver et un portique d'été. Comme il n'avait fallu que
((uatre ou cinq ans pour le construire, on peut conjecturer qu'il n'était pas fort grand,
car à Rome l'édification des monuments publics était menée fort lentement.
50. Porte Ratumesa. Au bas de l'extrémité septentrionale du mont Capi-
tolin.
I. Ralumena porta a nomine ejus appellala est, qui ludicro cevlamine quadrigis Vic-
tor, Etrusci generis juvenis Veiis conslernatis equis excussus Romse periit, (|ui equi
ferunlur non ante conslilisse, quani pcrvenirent in Capitolium, conspectumque ficti-
lium quadrigarum quae eranl in fasligio Jovis templi, etc. Fest. v. Ralumena.
* Serapidis faniim, faniim Isidis, Sepla, templum NrpUini, Balneum Agrippa», Panllicoii,
Diribitoiium, tlicatruni Baibi, scena Ponipeii, Ortaviaiia a-dificia ima cum libris, lenipliiiii
.lovis Capilolini cum proxiniis templis i{;ni consunipta sunt [an. 833J. = - Tune prinium [Ca-
lipula] senatoribns, ne nudis asseribus insidereut, piilvinaria subdita, usufque pileoriim Tlies-
salicorum coiicessus in ihealris, ne solis aidore laborarcnt : qui sicubi esset vehcmentior, 1)1-
ril)ilorio tabiilatis instrufto, pro tbeairo ulebanuir. = ^ Poniciis inCainpo, quam parabal
ejus [Agrippae] soror Pola, quae etiam dromos ornale dislinclos condidit, absoluta noudum
erat.
24 DKSCHIPTION DK liOME.
II. l'iulaïquc aprc's avoir rapporic l'avonliirc <lu cliariol rfc Vi-'ips ,voy. le g précc-
dcnl], ajoule : iU o'sjojv-^v cpyoj a.j-c'j /.scTarstvjvTO;-, ojiiï nxf.Y,y^f.ouyTOi, c/ji' /jf,-
s/.inoj h-za.'jOcii. nif.ï rr,-.' TJjrr;j, r,-j vûv P>:t'>v//;'vxv /.a).^v7i. I'mt. Pnhiir. IS '.
III. Soliii ■'lyaiil rarontf'ravcnluii' du rninliiclcui- (!(> rliar Voïcii, lin il ainsi : — Kvcimso
(|uo(|U(' aiiji),'a, i|iii'ni Kaluniciwini notiii[ial)aiit, rcliclo ciTlainim- ad (lapilolinin (pia-
dii;;a [nosiluil, ni'c anic siil)slilil, (jiiaiiiiilx'l ob\iis occursibus inijiudila, (juani iai-
])ciiiin .lovcni Icrna dcxlralioiic luslrassd. Solin. ^G.
IV. Majus au(,'uiium ajiud priscos, plcbeiis riicensibus excusso aiiriga, ila ni si slari-t,
il) Capitoliiim ciiruriisso e(]uos, irdcmque 1er lustrasse : maximum vcio eotlem pi-r-
xi'iiisse ab Veiis cum |)alma et coroiia, cITuso Uatuniena qui ibi virerai : unde poslea
iionicti porlœ est. I'lin. VIII, M.
IM. PonTF, CATiLAni.v. Au-dessous do la porte Raluniona [u" 50J, sur le
iiioul (Juii'inal.
I. On a peu de rensciRncmenls sur la place de rcKc porte; nous avons suixi le sen-
timent de Nibby : — L'allra porta, ehe dovea slare presso il (juirinale, probabilmenle
nella siessa linea di quesla Ualumenal, fu la poila Oaluiaria laiito coiilraslala da;;li
aiitiquarj, alcuni de' (|uali, maie inleiuiendo un passo di ()\ idid, l'Iiaimo Irasporlala
suir argine di Servio 'l'ullio, verso la l'orla l'ia ,au N. K. de la \ille , eonlro l'aulorilà
as.sai cliiara degli anliclii scrillori, c de' monumenti. Nibbv, Le mura di Jioma,
c. IV, p. 156
i>2. Porte Svnqialis. — îî.". Portk Salttaris. — o4. Porte Piacilaius.
Toutes trois sont sur le Quirinal, dans le nuu* oeeidental de l.i ville.
t. lei, eotnme dans le numéro précédent, nous suivons encore les indications de
Mliby, dont voici les paroles : — Vcnendo al secondo accesso, clie era nel vicinan/.e
ilclia odierna salita di Monlecavallo, ivi probabilmenle fu la porta Sanqua/e, la quale
liaeva nome dal sacello o dalla capella di Sango E siccome cpiesto sacello si
nioslra nelle vicinanze del lenipio di (Juirino, perciô essendo il tempio di Quirino non
lungi dalla chiesa odierna di S. Andréa de' (iesuili [Molli, n" 177; Leiarouilly, rion. I,
M', la porta Sanquale sarà stata nelle \icinanze dell' odierno palazz.o Papale [Noili,
n" 250; Leiarouilly, rion. Il, 53].
L'allra saliia, o quella délie Qualro Fontane [NoIli, n" 181 ; Leiarouilly, rion. Il,
25], portava alla porta Salulnre situala presso il tempio délia Salule, anclie esso posto
non lungi dal tempio di (Juirino
La lerza porta sul Quirinaie era sul clivo che conduce a S. Maria délia ViUôria, e
elle dicesi via di S. Susanna [.\olli, n» -207; Leiarouilly, rion. Il, 10 . Di quesla non
possiamo assegnare il nome, seppure non la porla J'iacolarc cilala da Feslo, la quale
non sapremmo situarc altrove. Nibbv, le mura di Homa. c. IV, p. U2 et seqcj.
• Nec quicquam adducendis lia1)enis,vel deiiuilcendis profecil equis, verum arripuerunl
VI vittum et ablatum, duin juxla Capilolium ad poruim quam nunc K.ituineuaiu vocant, cffu-
''.cruut eum.
RÉC[OiN VIII. — l'OUlJM UOMAIN.
REGION VllI— FORUM ROMAIN.
(Iclle région a pour l)orncs, à TE. la voie Ncuvo, au [)ii'(l du ukhiI
Palatin ; au S. la voie (jui part de Tangic septentrional du (lircpie Mii-
\inie, passe par la porte Scélérate, à l'extrémité méridionale du mont
(lapitolin, et va aboutir au temple de Janus-Geminus [n" 99|. De là
son circuit se continue à TO. par la voie qui, après avoir traversé de-
vant le temple de Janus, se replie sur rim de ses flancs, suit le |)ied du
mont Capitolin, puis les nuu'S de la ville jusqu'à la porte (jalularia.
De cette porte, ses limites au N. sont tme rue qui passe deri'ière le
Forum de Gésar [n" 135], et va rejoindre la voie Neuve.
J>i>. Voie Sacrée. Nous avons parlé dans la description de la IV<' région,
n" 24, de cette voie, la plus célèbre de toutes celles de la ville. Nous ajoute-
rons ici qu'en passant sur la lisière septentrionale du Forum, elle ne taisait pas
jicnlrc son nom à cette place, et que tous les édifices situés à droite de la voie
Sacrée, en allant au Capitule, étaient considérés comme étant sur le P'oruni
même.
i>G. Clivus de l'Asvle. — Maison d'Ovide. Le ch'mis partait de la jonction
(le la voie Sacrée au clivus Capitolin, entre la Prison pnblicpie [n" 82 1 et le
temple de la Concorde \n° 83], et conduisait droit sur le mont Capitolin. A
droite, vers le liant, était la maison du poète Ovide.
I. Tum diverses Capilolii fidilus invadunt juxta Lucum Asyli, et qua Tarpeia rupes
ccnlum gradibus adilur. Tac. Hisl. III, 71.
II. Iconoyraphie. Cette voie existe encore; c'est la montée a cnrdonata qui fait face
à l'Arc de Seplime-Sévérc ;Nolli, n» 96 ; Leiarouilly, rion. I, 70|.
III. Maison d'Ovide. Elail voisine du Capilolc. IMacée ici par conjecture :
Haiic ego suspiciens, cl al) hac Capitolia cernens,
Quœ nosiri frustra juncia fuero Lari :
Xomina viciais habitanlia sedibus, inquam, etc.
Ov. Trist. I, 3, v. 29-31.
S7. Ciivrs CAPITOLIN. Commençait au bout delà voie Sacrée, devant le tem-
ple de la Concorde [n" 83], passait entre les lenq)les de Jupiter-Tonnant [n" 84],
et de la Fortune \n° 86] , se détournait à droite et montait au Capitole, en
paridlèle du Clivus de l'Asyle.
I. Voy. ci-dessus n" 56 <§ I.
II. Censorcs eo anno [.578] Clivum Capitolinum silice sternendum curaverunt. Tit-
Liv. XI.I, 27.
III. Domus in Clivo Capilolino sentis referla . Cic. Prn Hfiln. 2i.
IV. Iconot/rapliic. Touie la parlie inférieure de ce Clivus existe encore devant les
l^'niples de la Fortune cl de Jupiler-Tonnant, avec son pavé anlique compose de
grands polygones irréguliers de lave basaltique. On l'a retrouvée en 1817, à la suite de
fouilles exécutées par le comte de Funclial, ambassadeur extraordinaire de S. M. por-
tugaise. La parlie supérieure est occupée par la voie moderne.
îiîî. Premières portes du Capitole. — A gauche : Porte Stercoraria et Anci-
poRTUM. Les prrmirrcft pork'a du Ciii)H')\e étaient au dcitouciié du Clivus Capi-
tolin et du Clivus de l'Asyle dans rinlerniont. — La Vnrli: Slerconirid se
trouvait vers le milieu du Clivus Capitolin, à gauche eu montant. Elle l'erinail
26
DESCRlPTlOiN l)i: UOMK.
une impasse aiipclrc AïKjiporlinn, ofi l'on déposail les ceudros du fuu eiilrc-
lemi sur l'aulol de Vcsta.
I. Krijjunl acicm ppr advcrsum collcm, usquo ad primas Capi(olin<T Arcis fores.
Eratit aiili(|ui(us poilirus in laU-re Clivi, dt-xtriP subcunlibus. Tac. Ilisl. III, 71.
II. Dics ((ui vocatur : quando slercum dclalum, fas, ab co apprllalus (|uo(l co die i-x
jcdi! Vcsiir sloiTUS everiilur, elpt-r Cu|>itoliriuin clivum in locuni defertur ccrlum. Vai;i;.
L. L. M, g; 52.
III. StciTus ex it'dc VeslaB XVIl Kal. Jul. deferlur in Ansiportum mcdium fcrc (•li\ i
(;a|)il()liiii, nui locus clauditur jjorla Slcrcoraria. Fest. v. S<ercu«.
i>{). Lks Cknt marches. Escalior sur lo (lanc oriental du mont Capitolin, ii
yauclie du divus Capilolin. 11 comnieneait au bas de ce dernier clivus, et s'é-
levait, par uih; doul)le rampe, taillée en salile à cordons, juscpi'à la liauleui'
de la Fortoresse, où il alioutissait. Au milieu de la seconde rampe il y avait
une première porte.
I. Voy. ci-dessus n" .'jG, ,§ I.
II. Ic(inn(/rapliie. — \.cs Cent marches sont tracés d'aprùs le frag-
ment ri-joint du i)lan de Home anti(iue, gravé dans Bcllori, lab. IV.
Kesté inconnu et sans explication, même conjecturale, depuis la di'-
couverle du Plan sur marbre de l'ancienne Home, d'où il est extrait, il
a été interprété el ajusté, d'après des éludes sur les lieux, par M. L.
Canina, architecte, et atiliquaire habile et ingénieux. Cette restitution,
dictée par l'inspiration la plus heureuse, a donné en même temps
l'emplacement de la Curie Jialabra cl du Temple de Junon-Monela.
La partie du Ca])ilole où aboutissaient les Cent marches était élevée
de 89 [lieds environ au-dessus du sol. On trouvera peut-être que c'est beaucoup pour
cent marches ; mais, outre qu'il n'est pas démontré que ce nombre doive èlre pris à
la lettre, nous ferons observer que l'escalier était en salite à cordons (le plan de
marbre l'indiijue clairement), dont les girons ont toujours une inclinaison ascen-
dante tr('S-])rononcée ; cent degrés ainsi construits peuvent conduire à une hauteur
bien plus considérable que cinquante pieds, au-ilelà desquels on ne va guère avec un
escalier ordinaire. Nous citerons, sur la hauteur du mont Capitolin à l'endroit de la
forteresse, le témoignage suivant: Brocchi [Suolo di Roma, p. 210-211] donnant, en
pieds de Paris, valant 53 centimètres, la hauteur de divers points de Rome rapportés au
niveau de la Méditerranée, s'exprime ainsi : Campidoglio. AU' angolo occidentale délia
rupe Tarpea, lit pieds 8 p. — Piano antieo del clivo Capitolino ail 'angolo del tem|iio
di Jiove louante, 52 pieds 1 p. — Remarquez, que l'angle du temple de Jupiter-Ton-
nant est juste l'endroit où commençaient les Cent marches. La différence du côté
oriental de la Hoche Tarpéienne, qui est notre situation, d'avec le côté occidental,
énoncé dans Brocchi, ne doit être comptée poiir rien.
(ïO. FouTEREssE DU Capitole. — Cabane DE RoMULUS. La Forteresse occupait
le sommet méridional du mont Capitolin, près des Cent marches. D'épaisses
murailles llanipiées de tours renvelojtpaienl de toutes parts. — La Cabane de
liomiiliis se trouvait devant le temple de Junon-Monela et la Curie lùilalni
[n"* 6 1 , ()2 1 . Elle avait la forme circulaire de toutes les chaumières de ce temps-lii
I. Forteresse. Plusieurs archéologues, el entre autres I5jcqius, Donat, Venuli , et
parmi nos contemporains, M. Bunsen, placent la Forteresse à l'autre extrémité du Ca-
pilolin, sur l'emplacement de l'église d'Ara-Cœli , el mellent le temple de Jupiter à
l'endroit où nous indiquons la Forteresse. La découverte de l'escalier des Cent marches
el de la Curie Kaiabra, dont nous avons parlé à l'article précédent, ruine loul-à-fait
cette conjecture fort hasardée : t" [larce que les Cent marches étaient du côlé du Fo-
rum; 2" parce qu'en voulant les ajuster au flanc occidental du Capitolin, elles se
trouveraient tournées vers le Champ-de-Mars, ce qui serait une fausseté historique;
5° jiarce qu'en les tournant ainsi on placerait à rebours la Curie Kaiabra, jointe à ces
Cent marches sur le fragment ci-dessus rapporté, laquelle regardait vers l'orient, puisque
c'était de là que les pontifes observaient le lever de la nouvelle lune ; 4" parce que le
temple de Jupiter-Capitolin regardant entre l'orient et le midi, sa façade eût tourné
le dos à rinlcrmont, seul côlé par où on y arrivait, ce qui n'est pas possible ; 5** cnGn,
RÉGION VIII.— FORUM ROMAIN. 27
parce que le nom de S. Maria in Capilolio, donné jadis à ré;;lisc appelée aujourd'hui
S. Maria in Ara cœii, indi(|ue qu'elle élail b.'ilie ou prorlic de rcniplarcnK'nt , ou sur
reniplacemenl du temple de Jupiter-Ca])ilolin, souvent appelé, par abrévialion, le Cn-
piiole. Voy., pour ce dernier fait, n» 81 ci-après. Temple de Jupiter, § XI.
II. Sur le voisinage des Cent marches el de la Roche Tarpéienne, voy. plus haut
no56, §1.
III. L'établissement de la Forteresse par Romulus est prouvé par l'aventure de ïar-
péia. Voy. Tit.-Liv. I, 11.
IV. Iconographie. — Campidoglio. Nel palaz/.o de' Caffarelli, posto in Campidoglio,
dalla parte che riguarda la piazza Montanara, si é per ordine delli padroni del luogo
disfatia quantilà grande di mura smisurate, di grossezza quasi di 25 palmi ' , di uiia
specie di peperino lavoralo di grossi pcz.zi, lunghi palmi... alli..., delli quali si sono
ser\iti nel fare alcune fabbriche in monte Caprino, o sia rupe Tarpea , ad uso di lufo,
e pislati in cambio di pozzolana : laquai fabbrica si credc che fosse la Hocca dell' istesso
Campidoglio fabbricalavi con modo religioso ; perché si vede, che stimando li Romani
il luogo, ovvero monte come cosa sacrosanta, non ardivano di muiargli forma, ma solo
fare nell'orlo délia rupe lanlo di piano, quanto servisse di letto aile prime piètre : cosi
rientrando in dcntro aile seconde, e terze, sino che arrivano a compire a tulta la gros-
sezza delerminata. Vi erano nelia grossezza alcuni spazj, come piccole siatizole, mollo
diligentemenle faite, come avessero dovuto servire a qualclie cosa; ma per nulla po-
tevano essere buone , perciocché da lutte le parti erano ehiuse : e talune anche
avevano pozzi, ovvero sfiatatori, che si fossero; ma nel fonde pero non si vedeva segno,
che vi fosse stata mai acqua. S. Rartoli , Memorie. n" 111.
V. Tornando alla Rocca, dietro li rimesse e stalle del palazzo Caffarelli, ancora vi
è un avanzo délie mura dell' Arce, composte di pezzi di peperino di lungezza di palmi
CXIV2, d'allezza non più che XIII s, e dove più e dove meno, cssendo il di sopra mura
moderno, e il disotto ricoperto da rovine. L'angolo che ritorce ad uso di muro di for-
tezza e lungo palmi XIII, e ciascuno pezzo di peperino è lungo palmi IV e alto I '*
Fa vedere ancora le allre aniichissime mura di peperino brugiate dal fuoco, con li
avanzi délie volte de' corridor! , quali veggonsi nell' orticello dietro le stalle del sud-
detto palazzo, e fa vedere l'avanzo di due torricelle che altaccano al suddetto muro.
Veniiti, délie anUchilà di Itôma, part. I, c. 3. — Dans Tiranesi , Ànlichitd Romane,
t. I , lav. XLIV, fig. 2, on voit ces restes de murailles et de tours, qu'il indique solto la
Scuderia del Palazzo Caffarelli. Les murs sont en péperin.
VI. Memoria lenelis. Colla et Torquato consulibus, complures in Capitolio turres de
cœlo esse percussas. Cic. in Caiil. III, 8.
VII. Cabane de Romulus. Item in Capitolio commonefacere potest, et significare
mores velustatis, Romuli Casa in Arce sacrorum stramentis tecta. Vitruv. II, 1. — In
Arce sacrorum désigne l'enceinte de la citadelle où était la Curie Kalabra.
VIII. Quœ fueril nostri , si quœris, regia nati ;
Adspice de Canna straminibusque domum. Ov. Fast. III, v. 185-184.
IX. Romuleoque recens horrebat regia culmo.
ViRG. JEncid. VIII, v. 654.
X. Colil etiamnum in Capitolio Casam victor omnium gentium populus, cujus lan-
lam felicitatem nemo miratur. Senec. Conlrov. II, 1.
XI. Sacrificio a rege et minore Pontifiee celebrato, idem ponlifex, calata , id est vo-
cata in Capitolium plèbe, juxla Curiam Calabram , qua; Casa Romuli proxima est. Ma-
CROB. Satur. I, 15.
XII. Vtioi o" x'jTo'Li v^v j3ou-/.oïr/.0î, /.al mv.izxi xjrovp-/iç, i-j of,-Qi zà Tro/Àà T:r,^u/xivot:
ôià. iii'Mjy^ xa't y.vly.jJAiv sxvjvàj auzopàooui' &jv tri zai £t; ifj.'s. -ii'j Tti t< zoû nxlcf^TiOJ i~l
z7iî Trpbi t'ov in-ôâfyOjj.o-J arpipoùar,; y.xyovoç, Pco/xù>5u Xr/o,«£vvj. D. Halic. I, 79^.
— Vitruve, Sénéque et Macrobe disent que la Cabane de Romulus était sur le mont
Capilolin; mais l'emplacement indiqué par Denys d'Halicarnasse étant beaucoup plus
vraisemblable, il faut admettre qu'on aura démonté cette Cabane pour la porter au Ca-
pitole, où elle pouvait être mieux conservée.
1 5 met. S8.= - 3i met. 22. ^ ^ 2 met. 90. = •* 892 millim. sur 223. = 5 Vitamaiitem de
Çchant pastnriciam [Romulus et Pienius] et viclum slbi manilius para1)ant, in tnontibus ple-
ruuique couip ingénies ex lignis et arundine sine ulla contignalionecasulas. (Jiiarum una ad
mca usque tempera exstabat, ad latus quod a Palatio ad Circum ducil, qua) Honiiili vncutur.
28 DliSCIUl'TlUN l)i; KOMi:.
Mil. Irnnnfjrn/iliii'. — A/te rrorclle nrtua \'\mrs une riiL>;mc do cliiiiinH', b;'i(ic m
loiondc, loniinc les li;iiilcs cl.iblcs «/^r lahiihi . i\r l'Ili; d'Apollon d.iiis ji' Tibre, à
(Islic . Cf'lli- S|);i(ii'iisi' cli.iiiiiiii'ïc ircliiil cci l.iini'tiH'i!! p;is une iinciilioii niodi'iiii'...
Uuuiiil on rrMi'cliJt (|ue clif/. (oulcs b-s nations la nianlric di; l).'ilir dans les \illa;;cs
«■l surtout dans les lieux éearics, eonservc toujours i)ue|i(ue ejiosc de sa forme anlMfui^
el primitive, je ne puis plus douter que ces rabanes du Latiuin iw soient les mod'-les
de celles de Virgile. IJdnstkttkn , Voyage dans le Lalium , p. 220. — .Nous avons traec
la cabane de Homulus d'après cette observation.
61. Curie KAtAiinA. — Dkvant : Statie colossai.k d'Apollon. La Curie I\<i-
Inbra était aupW-s des Cent niaiclies. Sa façade rpi,'ardait vers roricnt. Ce nio-
uuinent avait la foiiiie d'un petit temple terminé en abside. Il datait des
j)i'emiei\s temps de Uome, peut-être du régne de Xnma. — La Sliilite liAiiollon,
placée devant la Cnrie Kalabra, avait 30 coudées [13 méires oOJ de haut. l'Ile
avait été apportée d'Apollonie à Konie par Lucullus.
I. Capiloliuni riiiii Arre.
Curia Caiabra. Skxï. IU f. de Reg. urb. Rnnup, VIK.
II. Primi dies nieiisiuni noniinati rnlend(P ah eo quod liis die))us calanlur ejus niensis
.Nonse a pontifiribus, (juintana- an seplinianir sint futura', in Capilolio in t'-uria Caiabra
sic : Dies le quinque caln Jiino Cnvella. Vark. L. L. VI , § 27.
III. Horrebnl rcijia culmo. Luriani Caiabrani dirit, (|uani liomulus lexerat culmi-^.
Ideo autcm Caiabra ([uod quuni incerlœ essenl Calend;r aul Idus, a Itomulo conslitu-
lum est, ut ibi patres vel po|)ulus calarentur, id est \ ocarenlur, etc. Seuv. in Virtj.
^£neid. VIII , v. «.-ii. — Vov. aussi ci-dessus n» 60, ,§ X.
IV. Curia Caiabra, ubi pontil'ex niiiior dies pronuntiabat. P. VicT. de Reg. urb.
Romœ, Vlll.
V. yuuni in Arro ausurium aup;ures acturi essent , jussissenique T. Claudium C'^nlu-
maluni, qui anies in Cu-lio monie lial)ebat, démolir! ea, quorum allitudo oITicercl aus-
fiiriis : Ciaudius proscripsil iiisulam , vendidil : eniit 1'. Caipurnius l.anarius. Cic. de
O/fic. III, 10. — Arce augurium désigne ici la Curie Kalabra, dans la rorlcresse. Kn
elTel, de cette curie on voyait la lune se lever derrière le mont Cnclius.
VI. Iconographie. — Pour la position de la Curie Caiabra près des Cent marclics,
cl sa forme, \oy. plus liaut w ."i'.t, ,§ II.
VII. Sliiti'c ti Ajiollon. Citra Istrum .Vpolloniatarum una finsula ... ex qna M Lu-
cullus Capitolinum .\pollinein advexil. Plin. IV, 13.
VIII. iMok-s quippe excogitatas videmus slatuarum , quas coloss<'as vorant , Imribus
parcs. Talis est in Capilolio .Vpollo translatus a M. Lucullo Ai)ollonia Ponli urbe X.XX
cubiloruiii, quingentis lalentis lactus. Plin. X\.XIV, 7.
IX. Apollo Irapslalus ex Apollonia a Lucullo XXX cubitùni. P. Vici. de Reg. urb.
Romœ, VUl.
X. Faute d'indication précise, nous avons mis cette statue dans la Forteresse, comme
un tropliée de victoire.
62. Temple de Jinon-Moneta. — Statie douée de la Loive. — Atelier des
monnaies. — Bois. Le temiilv était à côté de la Curie Kalabra [n" 61], à droite.
Voué par Camille l'an 410, il fut bâti vers la même époque. VAlcIitr des mon-
naies s'élevait derrière le temple, et un petit Bois couvrait les lianes des
doux éditices. Devant le temple on voyait la Statue dorée de la Louve allaitant
Romulus et Réunis. C'était un ouvrage fort ancien.
I. Inler ipsam diniicationem an. -iio;, a'rtem .linioni .Monelap vovil Camillus ; cujus
damnatus voli quum \ictor Uomam reverlisset, diclalura seabdicavil. .Senatus duum-
viros ad eani sedcm pro ampliludine |>opuii Roniani faciendam creari jussil : lo( us in
arce dcstinalus, quic area wdiuni M. Maniii Capilolini l'uerat Tii.-Liv. VU, 28.
II. AdjcctPe morluo 'Maiilio; nota- sunt : ])ubli(a una quod, quum domus ejus fuissel,
ubi nunc .Jides atque Oflicina .Innonis Monet.-p est, lalum ad populum est, ne quis
palricius in Arce aut Capilolio liabitaret. Tit.-Liv. VI, 20 an. 37i .
III. l'ropler illuni Manliuni enim lege sanciri placuit ne quis palricius in Arce aul
(^ipilolio liabitaret, quia domum eo loci habuerai, ubi nunc itdem Monetib videmus.
V. .M.4X. VI, 3, 1.
iV. Vocem ab .Ede Junonis ex Arce cxstitisse. Ctc. de Diiinal. l, 13.
RÉGION Vin. — FORUM ROMAIN. 29
V. Manlius... rognum appelisse est judiralus : crgo ejus donium cvcrsam duobus
luris oonveslilam viilelis. (lie. pro Domn, 38.
VI. Arre (luonuc iti suninia Junoiii U-nipla Moiielie
Ex volo momoranl facta, Camille, luo.
Aille doiiius Maiili fueraiil, elc. Ov. Fasl. VI, 183-185.
VII. ()1'jÏP'j>;j./.1'jL T/-.V oUl'xv y.jzciZi ■xy.TX'/M'pcivTSi, Upb.1 iopiiaoi.yTO Wcà;, /iv Mov/j-
TKv /a/'/^7f. Put. Catnill. 36 i.
VIII. ïalius in Aire [habilavitl ubi nunc est ffdes Juiionis Moiieta». Solin. 2.
IX. .Memoria lenelis Cotla el Torqualo ronsulibus, complares in Capitolio turres de
(■«l'Io poiTussas, quuni el simulana deorum immoitalium depulsa sunt, el slaluae ve-
leiuni lioniiiium dcjoclae, et Icgum ara liiiuofacta. Tarlus est eliam ille, qui hanr, ur-
beni eoiididit , lîoniulus: quem inauratum in Ca[iitolio parvum alque larlentenri, ube-
libiis lupinis iiiliianlein fuisse. Cic. Catil. 111, 8. — Le consulal de Colla el de Toi-
(|ualus esl de l'an G89.
\. El Capitolinis injecil sedibus ignés.
Hic silvestris erat, romani nominis allrix ,
Mailla, quœ parvos Mavortis scmine nalos
l'beribus gravidis vitali rore rigabal :
Qmv tuin cum pueris flammato fulminis iclu
Concidit, alque avulsa pedum vesligia liquit.
Cic. Fragm. de sito Consulalu, 11, v. 38, 42-46; ou de Divinat. I, 12.
XI. E'v '/àp Tw Ky.7:t7c-J/£W y.-j^pi'yyzîi tî t: o/).ot 'j~b zs^cajvwv c\j-^zy'jtniidf,':cfj, /.'A
y.cd 5Jv Tw Pwv.ù^w îtT^Uji/s'vïj ettstî. tk t£ ■/y}ijuy.-:oi tojv 5T-/i).wv, li âj ot yô^ot ioïyyiK-
'j(SVT5, ijjJiyyBo y.cù à.y.-ji^pv. b/i-n-ci. Dion. XXXVll, 9 2.
XII. Bieniiio anle "an. 09r in Capilolio Lupam Uemi et Itomuli fulmine ictam, sig-
num(|ue Jovis cum columna disjeclum. OBsr.a- de Prodifj. 122.
XIII. Iconographie. — La citation de Tite-Live au §, 1, en nous apprenant que \c
temple de Junon-Monela était grand, nous le fait reconnaître dans l'édifice carré situé
à droite de celui qui touche aux Cent marches. Voy. plus haut n" 59, § 11.
XIV. La Statue dorée de ta Louve existe encore à Home ; on la voit dans le Palais
des Conservateurs. C'est un ouvrage étrusque d'une haute antiquité. Elle est en airain.
03. ài:tf.ls dk Jl-piter-Pistei-r et de Jupiter-Soter. Érigés dans la Forle-
l'osse pour vemcvoier Jupiter de l'avoir sauvée des Gaulois.
I. Nomine, quam pretio celebralior, arce Tonantis
Dicani Pistoris quid velit .\ra Jovis.
Ov. Fast. VI, V. 349, 350.
— Ovide faisant donner aux Romains, par Jupiter, le conseil de jeter du pain dans le
camp (les Gaulois, pour qu'ils ne soupçonnassent pas que le Capilole commençait à
nianquer de vivres, met ces paroles dans la bouche du roi des dieux :
« Surgite, el medios de summis Arcibus hosles
Wiltite, quam minime Iradere vultis, opem. »
Hosle repulso
Candida Pistori ponitur Ara Jovi.
Ibid. V. 387, 388, 593, 594.
II. Eodem lempore Jovi quoque Pistori .\ra apposita est, quod eos in quiète mo-
niiisset ut ex omni frumento quod haberenl panem facerent, et in hostium castra jac-
tarent. Lactam. Insiit. divin. 1, 20.
III. In tantam autcm cibi penuriam redacli erant in obsidione [Capitolii], ut coriis
niadcfaclis et poslea friclis vescerentur, cujus rei argumentum est quod hodieque Ara
' Populiis romanusdomum ejus [.Manlii] démoli tus, in areasedemde.ie, quam Monetam vocanr,
af'.lificavit.=:''' In Capitolio enim multx statu;« de cnelo taclae liquefact;pque tluxerant [an. 690J :
dojeetaquL' erant cum alia simulacra, Inni Jovis roininn.T insisiens : piaterca imn;;o Lup.i' i-iiiii
lîi'iiio ;ic lîoinulo c'ousecrata cecideral. I.illiia: i.li.im in cfiluinnis, iiuilmt, li'[;e.< iii>cril)clj.iiiliir,
• ■unfusa; aiqiu' ol)literal;u erant.
30 DESCRIPTION DE ROME.
in Capitolio est Jovis Solcris, in qiia libéral! obsidione, coria et sola vetera concrema-
verunt. Serv. ïn Mneid. Mil, v. 652.
G4. Porte Panuana et Roche Tarpéiennk. La Roche Tnrpéienne formait l'ex-
Irémilé méridionale du mont Capilolin, vers le Tibre. La Porte Patubina, porte
dérisoire, était ouverte au-dessus de la Roche Tarpéienne même , et par
conséquent ne conduisait nulle part.
I. l'onllus Comitiius,... secundo Tiberi ad Urbem deferlur; inde qua proximum fuit
a ripa, i)fr prxrupluni eoque neglectum hoslium cuslodiai saxum, in Capilolium CNadit.
TiT.-Liv. Y, 40.
II. Noir angoloorcidcnlale délia piaz/.a délia Consolazione [Xolli, n" 966; Lelarouilly,
rion. X, 50], la rupe Tarpoja (^ ancora visibile. Xibby, Foro Romano, c. I, p. lOi.
ajr/;v OfJjlOi h T0& K5t7TtTw).i5W \69Oi «VSSTVÎZS, XSti TTcT/îa XÛZ).Î;» TTO/).-^ KvX If^'J-'/d'/. T.îf>l-
T.iy'jy.e. Pllt. Camill. 20'.
iv. At((uc iil ila muiiila Arx cirrumjertu arduo et quasi cirrumciso saxo niterelur,
ul eliam in iila tenii)estale horiblli gallici advcntus incolumis alque intacla permanse-
ril. Cic. , rfe liepub. Il, 6
V. Muniiissimam Capitolii Arcem, et ne magnis quidem exercilibus expugnabilem.
Tac. llist. III, 78.
VI. Aiiliquuni oppidum in hoc fuisse Saturnia scribitur. Ejus vesligia eliam nunc
manenl Iria : quod Salurni faiium in faucibus; quod Saturnia porta, quam Junius
scribil ibi, quam nunc vocanl Pandanam ; quod post œdem Salurni, in aedificiorum
legibus privalis parieles poftici mûri sunt scripli. Varb. L. L. V, § 42.
VII. Monlem (^apilolinum Saturnium nominaruni, caslelli quoque, quod excilarant,
portam .ippellarunl Salurniam, quiE poslea Pandana vocilata est. Solis. 2.
VIII. Pw//ai5(, hî/Tûv T/-,v —6'/.Ly Xaêivraiv, zj-^Ory.x; ~pbi a.j-:o<j; t/pxpx-j'zo, fopoj;
TÙsï-J, ~ii).r,-j ■}}-jzuyy.-yr,v —ctf^àytl:/ oix — avTo;, Jtat y^v iy/y.aiti'j-j. Ts.ù-ol akv sîTt TOXjTCili
kaTpu.TO-éii-j'j-j- Poiy.câ'yi oi ôi; '^Ooti Iîvjk 7ro/).« £-£/«iav, /.où îîv5v 77ia:ro/'jv oi jîâp-
€9.f,ov ^•jasi o'z t'o KSATi/.bj •j~i(:ofJO-j' tts/.Jv àpjSK/jtïvot -iv oho-j, jTzb p.iOr,i t/îiy-O'
V<j>y.xl-ii ok £7Tî/^ivT-î;, â-av-raj /.arEz^'^av i'va oz y.xrx zceç G-j-^Or,KXi x-u-j-y. T.rn7,-7.i.
ooK-'Aî-j, èrd rAxpxi à-po'j^y.-zoït ~iiy-r,v },-JîOiijiSv/i-j zxTîJXîvaïav. P0LÏ.EK. Slralcuj.
VIII, 252.
IX. n).sùîK5 oï âià. Toû Ti^épsui Tzozayoû, TipOGéayj t-^j Pcâyr, xx-y. Tyyzo rb yraph-j
é'vOx TÔ Ka-trcJ/tiv sîtiv, oj'j' cao-j ctks'wv v.iziyo-j roî/ ~otcil'j.oû' yjJîcv oî //.îTatTïîvt/.xî/TK
vûzTîj, xjtt TTo),/vj za9' c/.r,-J tvjv Tri/tv ïjîy^^îa' r,-^ si/vôcyr.» ),aÇ(>iv, è^sSiox^t Toiii Kvdysaj
ZaTK (îiTî!>(?^V, AXl Oly. TWV !Xz).£t5TWV T:ùi).WV ttîl Y^P TIVîJ ïipy'l — •j/.aj TOÛ RaTTJTOJ/tîJI
zarâ ~l Oé-ifC/Lroy àvît^al'vaf Ka/î//5vrivKj OLj-zà^ »«>,^û:(v àvactëàTaj t»;v o'j-J7.;j.VJ,-ziyi 10
QfJdiiciO'.i.'Éy.ii'ivj 0 èr.'fzir,-} y.Apxj Oizà.jxiyoi' ï^zi 0: tw Ky.-trcuÀtw ~pozîyr,i- xàxîhr,;
i/v/ô-/ti Kvpioi. D. Halic. X, 14 3.
— Je crois que Denys d'IIalicarnasse veut parler ici de la Porte Pandana qu'il
confond avec la Porte Carmentale. Le Uécit de Polya?n esl plus vraisemblable que
celui de Denjs.
X. Iconographie. Sénèque décrit ainsi la Roche Tarpéienne : Erat prceruptus locus
et immcnsaî alliludinis... Slal moles abscissa in profundum, frequentibus cxasperala
saxis, quœ aul elidanl corpus, aul de inlegro gravius impellanl : inhorrenl scopulis
* Pervenit ad Portam Carmentalem [Ponlius Cominius], ubi silentium cral majus, qua collis
Capitolinus maxime abscissus est, frequtnli<|ue alque aspero undique assurgit saxo- = * Galli
Urbem ceper.int : Romani fœdus tum eis fccerunt his conditionibus, ut tiibuta eis penderent,
portamque apertam omni teuipore priebereut, et lerram ad culturam couccdereut. Ilis Factis,
Galli caslramelabanlur : Uomani tanquam amici, multa hospilalia munera miserunt, vinique
magnam copiam. ISarbari (nalura aulc-m Cellica gens ad vinum proclivis est) hausto vino, prœ
nimia ebrietate prosirali jacebant. Uomani impetu facto, eos omnes occideruut. Ut outom ex
fœderuni conditionibus omnia viJerentur agerf, iu saxo inaccesso portam apertam ajdificarunt.
= •5 Confecto cursu per tlumcn TIberim, appulit ad eam Romae partem ubi esl Capilolium,
quod ne integrum quidem stadium a tluniiue abest. Tune autem crat média uox, et alta tota
urbequics, cujus auxilio fesliuanter exscensionem fecit, et per portam apeitam (est enim quae-
dam sacra Capitolii porta ex oraculo quodam patens, quam Carmentalem vocant) cum suis
copiis ingressus Capitolium occupavit, inde ad Arcem Capitolio contiguam progressas, cam
quoque in suam poleslatem redegit.
RÉGION YIIl. — FORUM ROMAIN. 31
enascentibus latcra et immensae allitudinis trislis aspectus, cleclus polissimum locu«,
ne damnali soepius dojicianlur. Senix. Conlrov. I, 5.
Go. — 60. Temples de la Fortune primigéxie et de la Fortune obsequens.
Fondés par le roi Servius, sur le mont Capitolin, dans la Forteresse.
F. l^pii^ccro o" ovv Tvy-o; i-pb-J iv KaTTtTW/t'w, tô tyj; Tipty-iys-j-iccî 'Kzyou.i.ir,^, S —p^uTO-
•/'j-ioXt-) Tig Kv i,c/jf/jv£Ù3££î- k'jX-:o tô; o'psuo'jsvT-m. Plut. De fort. Rom. p. 279'.
— Nous avons mis ces temples dans la Forteresse, qui était l'endroit le plus sacré
(lu mont Capitolin.
II. Fortunaque sil vel flujusce diei, nam valet in omnes dies ; vel Respirienê, ad
opem ferendam ; vel Fors, in quo incerti casus significantur magis ; vel Primigenia,
a gignendo. Cic. de Legib. Il, 11.
G7. Logement des soldats. — Puits. Il y avait nécessairement des logemenls
pour les soldats, et un ou plusieurs puits pour approvisionner d'eau la Forte-
resse. En efl'et, en parlant de l'exlréniité où cette Forteresse fut réduite par les
Gaulois, les historiens nomment tous la famine, mais aucun ne parle du
manque d'eau.
I. Mi ricordo ancora che in dello Tarpejo dalla banda délia chiesa délia Consola-
zione,... vi trovarono nella costa del monte molli frammenli, di marmi, quadri, ch'
erano dirupali da quell' altezza. Vi si scoprirono anche molli pozzi fatti dagl' an-
liclii nel tufo, lanto cupi, che reslano al piano di Roma Di quesli pozzi vi sono due
opinion! , la prima, di averli falti fare li Homani nel tempo degli assedj ; e Taltra, di
l'ssere stati falti per l'esalazione de' terremoli. Flam. Vacca, Mvtnorie, n° 65.
II. Iconographie. Pour les Logemenls, nous nous sommes inspiré du quartier de»
soldats, à Pompeï.
C8. Temple de Jupiter-Férétrien. Bâti par Ronmlus l'an 4 de la fondation
do Rome, dans la Forteresse. Il était petit, et avait la forme d'un carré un
peu allongé, long d'un peu moins de quinze pieds [4 mèlr. 44i]. Le roi Ser-
vius l'agrandit en le Ilanquant de deux galeries en portiques, et l'empereur
Auguste le réédifia presque entièrement. Ce fut le premier temple construit à
Rome.
I. Les textes indiquent vaguement ce temple in Cnpilolio, c'est-à-dire sur le mont
Capitolin. Tite-Live racontant le relour do Romulus à Rome, après qu'il eut tué le roi
des Céninates, dit : — Spolia duris lioslium caesi suspensa fabricalo ad id anle ferculo
gcrens, in Capitolium ascendit : ibique ea quum ad quercum pasloribus sacram depo-
suissel, siniul cum dono dcsignavit lemplo Jovis fines, cognomenque addidit deo :
« Jupiter Ferelri, inquil, hœc tibi victor Romulus rex régis arma fero, lemplumque lis
regionibus, quas modo animo melatus sum, dediro, sedem opimis spoliis, quœ, regi-
bus ducibusque hoslium cœsis, me auclorem sequenles posleri ferent. » Ila-c templi
est origo, quod primum omnium Romœ sacralum est. Tii.-Liv. I, 10.
II. Ex quo accidit, quum aedes Jovis Feretrii, in Capitolio ab Romulo conslitula, ve-
luslale atque incuria délecta prolaberetur, ut Altici admonilu, Cœsar eam reficiendam
curavil. C. Nep. Attic. 20.
m. Hoc ego quum Augustum Caesarem, templorum omnium condilorem aut resti-
lulorem, ingrcssum œdem Ferelrii Jovis, quam velustale dilapsam refecil, seipsum in
liiorace linteo scriptum legisse audissem, etc. Tit.-Liv. IV, 20.
IV. Nî'jjv xaraîz-LiKîa, b Pcij/JiiiKOi èm T/j; y.o pjfr^i tîû Ka7:£7wÀt5:> \ôfo\j Atàî ôv î-(-
zzXsûî! Vcttij-vloi 'i>ipîTpto-j, O'j /;ts'yav £T£ -fy.p aJTOÛ acoÇîTat àpy%io-J ïyyoi, èly.TTO-^Ui ri
— £VT£ TTSo'wv xcà or/.x ràj /j.îi!^o'jç rù.upv.i i'/wr iv to'Jtw M.xBupSt'S'J.L rà szûxa t5v \\'j.i-
viTwv ^ccjùiui, Q-J a'jToystpix y.ocz£tp-/6'.sxzo, âiiyvoi. D. Halic. II, 34 2,
V. Ceeninensium caplum ac dirutum est oppidum. Spolia insuper opima de rege, Fe-
retrio Jovi manibus suis rex [Romulusj reporlavit. Flor. I, 1.
* Is [Serv. Tullius] Fortunœ templa posuit, Primigenias in Capitolio et Obsequentis. :^ ^ Ro-
mulus, quum in vcrtice collisCapitoiini lemplum non magnum Jovi aedificasset, quem Romani
Ferelrium vocant (adhuc enim exstat ejus vestigium vêtus, iiabens l.itera majora vix quindecim
pedum longiiudinis) in lioc spolia régis Cfciiinensium, quem propiia manu confccerat, conse-
crare slatuit.
52
DESCRIPTION DE HOME.
VI. Efçrppip ipI)UR hoUo (jeslis, a-dcs Josis rcrclrii .implifirata [jIj Anro Mairio .
TiT.-l.iv. I, 55 (an 120;.
— DcriYS (rilalicaniassp, qui ("'fiivail à ISomc du temps dWiiguslc, disant que li'
Icmplo de Jupiter l'érétrien était si petit, il est évident que l'agrandissement de rel
édilire par Aiieus iMarcius doit s'entendre de constructions faites auprès el autour de
l'édifice.
Vil. ,€dES I.N CAl'lTOLIO JOVIS FERETRI ET JOVIS TONANTIS FECI. LAP. ANCYU.
col. i. 6.
VIII. Bien qu';iucun texte ne dise posilivemenl (pie le temple de Jupiter Férélrim
était dans la Forteresse, nous l'y avons néanmoins placé, 1» parce (|ue l>ei!i|S d'Ilaii-
carnasse dit que Homulus bâtit ce temple sur le smiiitiet du mont Capitol in, i~i t>,,'
xnr,uyrti zoli Kv.-iz'jù.ioii, et que ces mois ne pt'uvttil s'appliquer (ju'au soninii'l où
s'élevait la Forteresse : en elTcl l'autre sommet élail si escar|ié, que ianpiin fut obli(;f
di' l'enlourer d'un mur de terrasse el d'y pratiquer un terre-plein pour pouvoir y bAlir
le leniple (le Jupiter iVoy. ci-dessous n** 79, §1 cl IV | ; il" parce que (juaiid Tarquin
voulut commencer ce dernier temple on rapporte bien que quelques endroits de la
montagne étaient consacrés à Mars, A la Jeunesse, el à Terme, mais on ne parle pas de
Jupiter Férétricn ; 5" enfin parce que Tertullien iio\is apprend que lton;i'!us institua
sur le mont Tarpèien des jeux en l'honneur de Jupiter Féie-
Irien : Homulus Jovi Feretrio ludos insliiuit in Tarpeïo, quos
Tarpeios dictosel Capilolinos Piso tradit. 'de Speclac. :>.)
I.\. Iconographie. Le temple de Jupiter Férétricn est re-
présenté ici sur le revers d'un denier d'argent de la famille
Claudia. Nous voyons que ce temple avait quatre colonnes
sur sa façade. Le personnage est Marcellus, celui qui fut cinq
fois consul et conquit la Sicile. Il porte au temple les dé-
pouilles de Viridomarus, roi des Insubriens, qu'il tua lui-
même. Thesaur. Morell. famil. Claudia , lab. 1, n" 1;
famil. Cornclia, lab. 3, n"^ 3, i.
09. Temple de Jupiter Pr^edator. Dans la Forteresse, près du temjile de
.lu piler Férétrien [n" G8].
I. Uomani moris fuit ut, bella gesturi, de parle pra-dîE aliquid numinibus pollice-
renlur, adeo ut Hom:v fuerit uiium templum Jovis pnedatoris, non (piod pra-da' prœ-
esl, sed quod ei aliquid ex pra-da debeatur. Seuv. in jFneid. III, v. ■2-2-2.
II. Nous avons mis ce temple dans la Forteresse, à défaut d'indication plus précise,
pensant que le Jupiter du butin devait être prés du Jupiter Férétrien.
70. Intermont, et escalier a cordons de l'area du Capitole. Le Capitole
avait deux soniniets, l'un au S., occupé par la Forteresse, Tautre au X., par
le temple de Jupiter. La vallée qui les séparait s'appelait Vlnlcnnont. 11 n'y
avait d'accès à la Forteresse ainsi qu'au Temple que par cette vallée, et c'était
au moyen d'escaliers en aalite a curdonata.
I. (Juum commotus ira se ab vestibulo icmpli [Jovis Capitolini] citato gradu prori-
perct, lapsus per gradus, capile graviter offenso, impactus imo ita est saxo, ut sopi-
retur.TiT.-Liv. VIII, 6.
II. Suum quoque fastigium Agrippina extollere allius : caipcnto (lapiloliorn ingreili,
qui nios, sacerdolibus et sacris antiquitus concessus, vcnerationem augebal femina'.
1 AC. Ann. XII, -42. — Voy. aussi ci-dessous n» 7(>, § VI, VII.
III. A droite de l'escalier qui monte à la Forteresse, nous avons ajusté le
fragment ci-contre du plan de marbre où on lit un reste de devise indiquant
•^^^ qu'il reproduit un coin de Vlntennoul. Ce fragment esl aussi gravé dans Bel-
LoRi, Icuuoijr. veleris Rom(r, lab. \IV.
IV. Iconographie. Nous avonsfiguré en salitcsacordonala lesdc uxesçalicrsdel'lnter-
monl au Temple et à la Forteresse, parce qu'ils ser\ak^nt d'une part au passage des viciinies
petites ou grandes, des chars de certains prêtres et de certaines prêtresses ; de l'aulre,
à la circulation des mulets pour le service de l'oflieine des monnaies dans le temple de
Junon. l'ue disposition en degrés simples était donc impossible. K'ailleurs nous nous
sommes inspiré des Cent marches, qui étaient ainsi taillées. Voy. plus haut n'^ o9, g II.
RÉGION VIII. —FORUM ROMAIN.
35
71. Temple de Mars Bisiltor. A droite de l'escalier à oordons qui monte à
la Forteresse, dans le renfoncement entre cette partie du Capitole et le Bois de
l'Asjie [n" 72]. Ce temple était de forme circulaire. Il avait été construit par
Auguste, vers l'an 732 ou 733, pour y conserver les enseignes romaines jadis
perdues par Crassus, et renvoyées par Pliraates, roi des Parlhes.
I. O *^aàT/iç, fd^j-fflûi fJY] xal srriîT/caTîJj/j ot, on /j./ioît:o> twv c-j'/xsiy.ij'jiv èttîtioc/j-
/.;{ T£, T« TE 'jc/j-zIu XJTôi xcù zoiii alyjJi'jù'jiZO'Ji, 7t)./;v à'kiy'jij, oî V7t' cihyij-jYii cjizj éjiOci-
pu.J, Ti /.où y.oLTv. /&J;i«v /aÇovTcj ï/J.siva.v, «Tr£7Tê//'/'î* xal aJToiiî lAÛ^Oi, wj zaj 7TOA£//.oj
tl'À zbv nûf^Oov v£v£/.r,xwj siaSs «//£/•£ zal Ouct'a; in' ujt'A^, /.al •jsitj Apio?,
Ti/jLO}pou cv Tû KaTTlT&j/tw, xaTK TÔ TOÛ Aiàj roïi 'l'spz'pioj Ç/j/&;//a, TZpbî t/jv tôiv ari/j-siuv
«vàOîfffv, zat '\lir,'fi(s07,-jcin àxélsozs, y.çiï snoinas. Dio.N. LIV, 8 •, édit. Slurz.
II. Ovide rapporte le vœu fait par le jeune César Octave de bâtir à Mars le temple
qui fui depuis érigé dans le Forum d'Auguste :
« Templa feres, et, me viclore, vocaberis Ultor. »
Voverat : et fuse laetus ab liosle redit.
Née salis est nieruisse seniel cognomina Marti :
Peisequitur Partlia signa relenta manu...
Rite Dec templumque datum, nomenque bis ulto.
Ov. Fasl. V, V. 577-580 et 595.
III. Dion nous apprend seulement que ce temple était sur le Capitole; c'est donc
par conjecture que nous avons choisi son emplacement. Ayant été construit pour ri-
valiser avec le temple de Jupiter-l'érétrien, nous l'avons placé du côté de ce dernier.
IV. Iconographie.— On trouve l'image du temple de Mars
vengeur sur le revers d'un aureus d'Auguste. On voit dans les
enlre-colonncments les enseignes rappelant la destination de
cet édifice. La devise MAH VLT a induit en erreur quelques
antiquaires qui ont cru que ce temple était celui du Forum
d'Auguste; ils ont oublié que le temple de Mars-Uisultor,
construit pour recevoir les enseignes romaines rendues par
IMiraates, est appelé simplement de Mars Ullor par Dion Cas-
sius. Pour le dessin , voy. Morell. Numismal. XII, Imp. rom.,
t. I, Xum. Aug. lab. XI, n» 20; lab. XYII , n» 21.
72. Bois de l'Asyle. Au milieu de l'Intermont, dans la partie occidentale
de la montagne, c.-à-d. vers le Champ-de-Mars, était le fameux Asyle ouvert
par Romulus. Il se composait d'un Bois, presque divisé en deux par un temple
de Véjovis, et fermé d'une clôture en buissons épais.
I. Asylum. Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ, VIII.
II. Locum, qui nunc septus densis sentibus inler lucos est, Asylum aperil [Romulus].
TiT.-Liv. 1,8. — Nous lisons densis sentibus, avec l'édition Elzévirienne, au lieu de
descendentibus que portent les autres éditions.
III. Ta yy.p //îTaj'ù y'jipiov 700 zi KarrtTcoXiot/ /.xi z7ti v./pxç, 0 /.x>.iizu.i vîjv zarà t^v
Pùiy.xiuy oi.xKz/.-0-j iJ.iGopLOv Sjovj àp'jp.d-^, xaZ r/V tots zoxj cj/j.?sSr,/QZOi inù-juixo-J, ulxi^
à.fj.fùapi'71 K.o(.z' c/.ij.^oTS,pxi ri:; o-jyxTnoùax; zo'ii lofoiç Ixyivxi èniaKiov, ï-.po-j cxvet,-
v.iSkov iKzzxiç, Kxl vzôv iTTi zoù~oi xKT«îXîi;Kîâ//.cvo j' ozo> ok cipx Qiv'J 0 (?at,u.iv«ov, ojX
syoi TO capjj dixii-j- zo'ii /.xzx'fîliyojzvj dïzoïiro zb ispbv i/.ézxiç, zoli zs p.rioïv xxy.bv im
èyOpûv.-nxOîïv éy^u/i-.rii èyhszo, zôi £?; TÔ Qîlov e'j^iÇîixi npo'fàtJSL. D. H.\Lic. II, 15*.
* Pliraates, quia nilii! dum eorum, qu.T pnctus fucrat, pcrfecisset, veiiîus ne Lello ab Au-
pusto impcterelur, siyna ei militaria, cl captives onincs, paucis dcmptis, qui se ipsos pudore
nioti inteieinerant, aut in Parthia occulte remanscrant, remisit, eosque Au{;ustus, quasi bello
ali(iuo Partliuin \icisset, acccpit... Saciificia ejiis rti causa, et templum Marlis Ultoris in Capi-
tulio, ad imitationcm Jovis Feretrii, ubi siyna ea militaria suspouclcreiilur, dccerni jussil, ac
deinde pcifecit [m. 734]. = - Locum inter Capilolium et Arcem médium (qui liodie romana
liiH;ua Iiitor duos lucos dicitur, et qui tune a rc ipsa id nomen liabebat, ab niroque scilicet la-
tore quo cos colles altinyit condensis opaciis arboribus) consecravit [Romulus], et Asylum sup-
plicibtis aperuit : et ilii exstructo tecuplo (seil cui deorum aut yenioiuni, niliil ceiti babeo quod
afferam) confujjieniibiis iu lioc teuiplum stipplicibus, par siiccieui pictalis in Ucuin, spopoudit
foie ul nullam ab iniiuicis injuriaiii palerentur.
34 DESCRIPTION DE ROME.
IV. Msrà àï t/jv xtisiv à-^Ojiomoui suy/j/i/ôa; 6 Pw//.ù>.9s yjO/iotÇîv, ù.noSiliu.i «'w>ôv t'
T^//£V04 fj.src/.^\j tJ)î iizyia,- xai tsû Wutut'ji'ùo'j. Stuab. V, p. 230 '.
V. Ouaiiquam jain Asylo facto iiUer duos lufos, auxil [L'ibem Uomulusl. I'aterc. I, 8.
VI. liiia;;inem urbis niaf;is (|iiatn iirbcm f<.'CC'ial : incolœ dccraiil. Eral in proximo
lucus; hune Asj'Iuin faril illoniiilus;. I'lor. I, 1.
Vil. Tum (|uo(|ue viciiii lucus relcbrniur Asyli ,
(Jua pelil ecquoreas advcna Tibris aquas.
Ov. Fast. II, V. 67, 68.
Una nota csl Marti : nonis sacrata quod illis
ïempla putanl luros Vcjovis ante duos.
Romulus ul saxo lucuin ciicumdcdit alto :
Cuilibct, liur, iiuiuil, roiifuse ; lulus eris. Ibid. III, v. 429-432.
— La clôture en pierru dont parler Ovide élait de l'époque de Romulus; la fermeture
en buissons ëpais mentionnée par Tile-Live [§ 11] était celle de son temps, c'est-à-dire
du temps d'Auguste.
VIII. n)./iv TÔJv ira TOÛ V'caij.iù.ov •/îvo/z^vov, è^iâc/ix-aw -A'Atoi km i/.v.-jo io yfOif,lov
èvoy.xTi lir^-i ù.Qj}X%-i, jj-i-y. zr,-j Twv àvôyifiiv v.Bpai'jtv, àiviu roïi ëpyoïi (Xjzrii, ïriyvi. oùro»
yà:p ■nipivjipà.xO'o, t/'jiTs /j.r,oivcc éVt ■zoTia.pÙTtv.v ècùOsiv i, KJrb ôj-jrfl7i,i'j.i.. Dion.
XLVII, 19 2.
IX. Iconographie. — Le querce del Campidoglio appartenevano verosimilmcnlc aile
spezie délia quercus cerris e délia quercus robur, communi sulle colline incolte ne'
contorni di Uoma. IJnoccHi, // suolo di Roma, p. 27.
73. Temple DE Véjovis. — Area. — Arc de Scipion. — Fontaines. — Staties.
— Colonnes rostrales. Le Temple de Vcjovis séparait en deux le Bois de l'A-
syle. Il était d'ordi-e toscan. On ignore quand et par qui il fut construit. —
Devant était une place ou Arca, sur laquelle on voyait, vis-à-vis du temple,
un Arc de Triomphe bâti par Scipion l'Africain, Tan 362. — Scipion décora aussi
cette place de statues dorées et de deux bassins ou fontaines en marbre. — Il
y avait encore d'autres statues qui furent placées du temps de la république et
de l'empire ; une Colonne rostrale, érigée par Jîniilius, consul, l'an 498, et
une autre Colonne surmontée de la statue de Jupiter.
I. .iEdes Vejovis inter Arccm et Capilolium, prope Asjium. P. ViCT. de Reg. urb.
Romœ, VIIL
II. Templa putant Lucos Vejovis ante duos.
Jupiter est juvenis, juvéniles adspice vultus
Adspice deinde manum ; fulmina nulla tenet.
Ov. Fast. III, v. 430, 437, 458.
m. Est etiam œdes Vejovis Romœ inter Arcem etCapitolium. A. Gell. V, 12.
IV. Nonne simulacrum Vejovis in Arce e cupresso durât a condita Urbe DCLXI anno
dicatum? Plin. XVI, 40.
V. Arc et Fontaines. P. Cornélius Scipio .Vfricanus, priusquam proficisceretur [ad
bellum adversus Antioclium gerendum] Fornicem in Capltolio adversus viani qua in Ca-
pitolium adscendilur, cum Signisseptem auralis, duobus Equis, et marmorea duo Labra
ante Fornicem posuit. ïit.-Liv. XXXVII, 3 [an. .')62]. — Adversus signifiant devant et
vis-à-vis, nous avons compris que l'Arc n'était pas sur la voie, mais à coté. Qua in
Capilolium adscendilur désigne la voie qui, traversant l'Intermont devant le temple
de Véjovis, conduisait à l'escalier de l'Area du temple de Jupiter. Le membre de phrase
que nous venons de citer ne peut s'entendre ni du Clivus capitolin, ni du Clivus de l'A-
syle, parce qu'alors Tite-Live aurait certainement nommé l'un ou l'autre, attendu que
l'Arc n'aurait pu être que devant l'un des deux.
VI. Statues diverses. Romœ Praxitelis opéra sunt,... Boni Eventus et Bonœ For-
tunœ simulacra in Capitolio. Plin. XXXVI, 5.
1 La ville bâtie, Romulus, pour y attirer de toutes parts des habitants, y ouvrit aux malfai-
teurs un Asyle, dans un boca^;e situé entre la Citadelle et le Capitule. P. i8f) de la Irad. =
- Quanquam id Uomuli Asyiuni, etiani postquam is nuiliiiudiuem virorum ejus nomine colle-
git, deinde tituluni tautum loci sancti iuviolatique liabuil, non rem : ita quippe osbeptum ut
nemo omnino in id amplius possct intrare.
RÉGION VIII.— FORUM ROMAIN. 35
VIF. Cur et faspinalionibus adoralione peculiari oceurrimusalii, graîcam Nemesin in-
vocantes, cujus ob id Uomœ simulacrum in Capilolio est, quamvis latinum nomen non
sil? Plin. XX.V111, 2.
VIII. Quid, quum in Capilolio ictus Cenlaurus e cœlo est? Cic. de Dwinal. I, -43.
IX. .■Emilius Lepidus puer cliam lum progressus in aciem, liosicni inlcieniit, civem
scrvavil. Cujus (a m memorabilisoporis index est in Capilolio Statua buliala, et incincla
prœlexla S.C. posila. V. Max. 111, 1. 1.
X. Rulrum lenciilis juvenis est cfligies in Capilolio epliebi, more Grœcorum liarenani
ruenlis, exercitalionis gratia. Quod signum Ponipeius Bilhjnicus ex Bilhynia supellec-
tilis régla? Romam dcportavit. Fest. v. Butrum.
XI. Al mehercule ego quum in turma inauratorum equeslrium , quas hic [Mctellus]
in Capilolio posuit, ariimadvertissem in Serapionis suliscriplione Africani imaginem, er-
ratum fabrile putavi ; nunc video Melelli. Cic. ad Allie. VI, 1.
XII. Colonne de Jupiter. Voy. plus haut n" 62, g XI.
XIII. Colonne roslrale d'Mmiiius. Elle est indiquée seulement in Capilolio. —
Noclurna tempestale Columna rostrala in Capilolio bello Punico [priore posila a M.
iEmilio] consule, cui collega Ser. Fulvius fuit [an. 498], Iota ad imum fulmine discussa
est [an. 580]. Tit.-Liv. XLII, 20.
XIV. Iconographie. — Wlruve s'exprime ainsi dans le chapitre où il traite des tem-
ples toscans : — Item generibus aliis constiluuiilur a-des ex iisdcm symmetriis ordinata;,
et alio génère disposiliones habenles, uti est in Casloris in Circo Flaminio, et inler duos
lucos Vejovis. Vitruv. IV, 7,
74. Portique de Scipion Nasica. En face du Bois de l'Asyle et du temple de
Véjovis. Il occupait tout le côté oriental de l'Intermont, entre le Clivus de
l'Asyle et le Clivus capitolin. Il fut bâti par Scipion Nasica, censeur, dix ans
avant la ruine de Cartliage, c'est-à-dire vers l'an o96,
I. Remoto Carthaginis melu, ... velus disciplina déserta.... Tum Scipio Nasica in Ca-
pilolio Porticus; lum quas praediximus, Wetellus; tum in Circo Cn. Oclavius multo
amœnissimam, molili sunl. Patercul. Il, 1.
H. Tum P. Scipio Nasica, ejus, qui oplimus vir a senatu dijudicatus erat, nepos ;
ejus qui censor Porticus in Capilolio, filius, etc. Ibid. 3. — Scipion avait été censeur
avec Popilius Lenas, l'an 596, dix ans avant la troisième guerre punique, alors que
Cartilage, bien que debout encore, n'était déjà plus pour Rome un objet de crainte.
III. Oc7S 6pc.(iiiTV.-:oi tûv â-/];i6ro3-J «jts'ï; G-j-Jslc/.fj.?x:iov, èyyjtpiàix jis'ysovTîî èj to
Kv.TTiTùùyio-J, ou Tî£/;l T/)? C'.ûotzîa, èxzXï;i7Jc<c7îw e/Aî//ov ïj'oV) (?k roô o-^y.ou avvslsiy/j.s-^ou,
/.où ^oiAëiou Tt mpi toùtwv àpy^o ijà-wj léyzi-j, b rpàxyoç dviêxivsv «t, to Ka7r£Tw).(îv,
iiTsb Tôiv 5Liv9î^(/£vwv âopvfopoù;j.v.>rjî' è'.'oxïoù/j.îvoî âk i/izo toû Guvsiâôzoi Wj è~ï «llo-
y.ôxoii fioiAthiJ.oLGi, Tvjv jj-vj <s'jvtSo^ tvî, i/.y'k(Yj[ixi v.-é/livsv, di âï tv/v arsàv T:xps\Oùii>
è?c/Ji^-'j, içî^psùoiv Tzccpsl^o/jiVJOi;. Appian. de Bell. civ. I, p. 621 '.
— Le portique dont il s'agit ici ne peut être que celui de Scipion Nasica. Celle scène
se passa l'an 622.
IV. Jîldilis [Ca?sar], prceler Comitium ac Forum, basilicasque, etiam Capilolium or-
navit porlicibus ad lempus exslruclis. Slet. Cws. 10.
V. Iconographie. — Nous avons pris le Portique de Nasica dans une partie de ce
qu'on appelle généralement le Tabularium. Plusieurs antiquaires assignent au Tabu-
larium toute la subsirurtion antique sur laquelle repose le Palais moderne du Séna-
teur de Rome [Nolli, 920; Letarouilly, rion. X, 16], et placent le Portique de Sci-
pion dans le milieu de l'Intermonl. Celle conjecture n'est appuyée d'aucune autorité;
celle que je propose a été adoptée sur ce motif, que l'Intermont servant de lieu de
réunion pour les assemblées du peuple, cette place, déjà médiocrement étendue, ne
devait pas être encombrée de monuments qui l'auraient rendue impropre à conte-
nir une grande foule. Un témoignage de l'existence de celte place, c'est que César,
pendant son édililé, y fit élever des portiques temporaires. Voy. le § précédent.
* His audacissimus quisque e plèbe favebat, cum sicis peteules Capitolium, que tribus vooa-
bantur suffrayiis ferendis de colonia; et jain populus convenerat, quum, Fulvio concionari
exorso, Graccluis in ;edein Jovis Capitolinam ascendebat, stipalus suis ex composite. Sed impo-
diius ab iisqui non ignorabant hominem res noyas moliri,vilato comilio detlectens in Porlicum
iusidiabalur ibi adversariis.
36 DESCRIPTION DE ROME.
7o. Tabi-laricm. DerriiTc le |toiti(iue Je Stipion Xasica. Il occupe toute la
partie extérieure de rinlennonl, du côté du Foniui. Le Tahularium se com-
pose de salles à rez-dc-cliaussée, auxquelles on arrive par le Portique de Sci-
pioii ; d'une galerie supérieure, dominant ce portique, et d'une galerie infé-
rieure, ouverte li ses deu\ extrémités sur le clivus Capilolin et sur celui de
l'Asyle. Ces galeries étaient en arcades, avec pieds-droits décorés de colonnes
doriques engagées, et construites partie eu pierre liburtine (travertin), et partie
en tut' noir (pépérin). Elles servaient d'arcliives publicpies.
I. Cicéron, pailanl des lois supposées par Antoine, et gravées sur l'airain, dil : —
Earumquc reruin falsii; tabula;, geincnle populo, tolo Capitolio figebanlur. Cic. Phi-
lipp. V, 4.
Pli:t. Cic. 341.
III. F.'TTî't oz K(xe'/5wv ix Tjjî puy^î, ^v ëfuyîv hnh Kl'jioiou, xoiTskOûv, xal âu-./ù/J.rJO;
fj.éycc, tk; 5i]ux/.pyiYMi êCkroxii, &i b KÀwîoj èO/jXîv «vay^Kia; sic rb KaTTirciAiov, ùné-
anuss piu xaJ ■xa.èfCkt rou K\'jiâlo-j ,iJ.yi -apàvzo;. Plut. Calo min. 40 2.
— On croit que dans les trois § ci-dessus il est question du Tahularium.
IV. /conojfJ'rtp/iH'. Dietro quesli tre tenipj [de Jupiter-Tonnant, de la Concorde eldela
Fortune], sierpe rimpetloalForo, sopra un' alla sostruzione dirnassiquadrilalcri di pietra
albana , un portiro dorico, del quale csleriormente, oltre la sostruzione, non si rav\i-
sano clie i capitelli délie mezze colonne clie lo decoravano, e l'architrave, le quali
parii sono di traverlino La fabbrica sorgeva isolata anclie ne' fiunchi, e nel fianclio
occidentale era l'ingresso, poiché di frontc non polea avère : da un lato era costeggiata
dal Clivo Capitolino; dall' allro dal Cli\o deU'Asilo : essa occupava lulto lo spazio che
oggi serve di palazzo al Senalore di Roma , et oUre il portico nienzionato di sopra,
v'erano diclro di csso sale c corridori , l'uso de' quali ben presto vedrassi. In queslo
portico stesso esisteva fino due secoli fa la iscrizione seguente, la quale oggi più non
si vede, e che mostrava a chiare note esse queslo il Tabulario fatto insieme colla sos-
truzione a preprie spese da Quinto Lutazio figliuolo di Quinto Catulo :
Q. LYTATIVS Q. F.
Q. N. CATVLVS COS
SVB5TRVCTI0NEM ET TABVLARIVM S. S. FACIVND. COERAVIT.
Questo Q. Lutazio Catulo é lo stesso che fu console l'anno di Homa 674 , e che de-
dicô il tenipio di Giove Capitolino rifallo da Silla.... Le tavole délie leggi doveano es-
sere parle sotto il portico in bello ordine disposte, parte nelle salle e ne' corridori,
altrimenti non vi sarebbe luogo per situarle; ivi ne' lempi bassi erano, corne anche
oggi sono, le prigioni ; anzi io credo che fossero prigioni que' vani, che esistono den-
tro la sostruzione, sotto il portico, ed a tal cfTetto si fecero nella sostruzione slessa
quella aperlure quadrate irregolari, in alcuna délie quali vedesi indizio di ferrate.
INiBBV, Foro Romano, c. I, p. 148. — Nous avons emprunté cette description à Mbby,
après en avoir nous-même reconnu sur les lieux la parfaite exactitude. L'inscription
du Tabularium est rapportée dans Donal [de Urbe Roma, II, 9] ; dans Nardini [Roma
antica, lib. V, c. 13] ; dans Gruler [p. 170], et dans Orelli [Inscripl. lat. , n" 31J.
On se rappelle que Coeravit pour curavit, indique que dans ce mot u est long.
76, Temple de la Foi. Au bas, et sur le côté droit de l'escalier qui conduit
à TArea du temple de Jupiter. C'était un édifice assez spacieux, puisque le
sénat s'y réunissait quelquefois. 11 avait été dédié par Atlilius Calalinus, qui
fut consul l'an 49o.
I. Oui jus igitur jurandum violai, is Fidem violai, quam in Capitolio vicin.im Jovis
Oplimi Maximi (ut in Catonis oratione est; majores nostri esse voluerunt. Cic, de Offic.
III. 29.
* Quum captasset opportunitalem Cicero per absentiam Clodii, magna frequcntia scandit
in Capiloliuni, tabulasqiie, q\ia! ncla continebant Clodii iribunalus, revulsit cornipitque. =
- Posiquam Cicero ab cxsilio, quod ei irrof;atuiii fueral a Ciodio, rediit, luultuiiique pollens,
tabulas tribuuilias, quas publiée Clodius in Capitolio fixerai, vi absente revulsit et detraxit
Clodio.
RÉGION VIII. — FORUM ROMAIN. 57
Il Ut Fides ut Mens : quas in Capitolio dedicalas vidcmus proximc a
]VI. /Emilio Scauro ; ante aulem ab Auilio Calalino erat Fides consecrala. Cic. de Nal.
Deor. II, 23.
III. DESCRIPTVM.ET.RECOGNITVM.EX.TABVLA
.ÏNEA . QV.E . FIX A . EST . ROM .E . IN . C API
TOLIO . -EDIS . FIDEI . POP VI,I . ROJI AM
PARTE. DEXTERIORE.
Martini, Acadetn. Ercol. anliq. monum. sylioge altéra, p. 101. — Marini, Àlli e
monumenli degli Àrvali, t. II, p. 440, a. 448.
ROM,E. IN. CAPITOLIO. POST.TROP.EA
AD..EDEM.FIDE!.P.R.
Marini, Atti e monumenli dcgli Arvali, t. Il, p. 4f>7.
IV. Speelala est in œde Fidei in Capitolio imago senis cum lyra pueium docentis.
l'LiN. XXXV, 10.
V. Cum Ti. Gracchus in tribunatu profusissimis largitionibus favorc populi orrupato
icmpublicam oppressam tencret,... in œdem Fidei publire convocati Patres conscripti
a consule Mucio Scœvola, quidnam in tali tenipeslate facienduni esset, deiiberabanl.
V. Max. m, 2, 17. — Quoique Valère-Maxime ne dise pas que le temple de la Foi
était sur le Capilole, cela résulte de la narration du même fait raconte par raterculus.
au ,§ suivant.
VI. P. Scipio Nasica,... quum esset consobrinus Tib. Gracchi, patriam cognationi
prœferens,... circumdata leevo brachio loga' lacinia, ex superiore parle Capitolii, sum-
mis gradibus insislens, horlatus est, qui salvam vellent rempublicam se sequerentur.
Tum optimales, senalus, alque equestris ordinis pars melior et major, cl intacla per-
niciosis consiliis plebs, inruere in Gracchum, stantem in Area cum catcrvis suis, et
roncientem pêne tolius Italiœ frequenliam. Is fugiens, decurrensque Clivo Capilolino,
fragmine subsoUii iclus, vitam, quam gloriosissime degere poluerat, immalura morte
finivit. Patkrcil. H, 3.
Vil. Scipion avait interrompu la délibération du sénat dont nous avons parlé au
<§ V, en disant aux sénateurs : « Egomel privalus volunlali veslrœ me ducem offero »;
ac deinde lœvam manum aper-lce logœ circumdedit, sublalaque dexlra proclamavit :
« Qui rempublicam salvam esse volunt, me sequanlur. » V. Max. III. 2, 17. Alors,
en complétant ce récit par celui de Paterculus, il sortit du temple de la Foi, monta au
haut de l'escalier du Capilole [summis gradibus) alin de haranguer le peuple et d'être
AU de la foule qui était dans rintermont (in Area). Gracchus se sauva par le Clivas
Capilolinus, parce que c'était l'issue opposée et à l'escalier du Capilole, où Scipion
se tenait avec ses partisans, et au temple de la Foi auprès duquel étaient sans doute
groupés les sénateurs.
77. Temples de Vénus Erycine et de Mens. Au bas, et à gauche de l'escalier
à cordons conduisant à TArea du temple de Jupiter Capitolin, proches l'un de
l'autre et séparés par un sentier. Tous deux furent voués l'an 535, le premier,
par Fabius Maximus, dictateur; le second, par le préteur T. Olacilius, à la
suite de la bataille de Trasiinène, et dédiés deux ans après, ce qui prouverait
que c'étaient de petits temples, puisqu'ils furent si prompteinent achevés.
Amilius Scaurus restaura le temple de Mens vers l'an GiO.
I. Tum [an. 53.'51 œdes vout. Vcneri Erjcina> a-dcm Q. Fabius Maximus diclalor vo-
vit. ... Menti œdem T. Olacilius preelor vovit. Tii.-Liv. XXII, 10.
II. Duumviri creaii sunt Q. Fabius Maximus et T. Olacilius Crassus, aedibus dedi-
candis. Menti Olacilius, Fabius Veneri Erjcinœ. Utraque in Capitolio est, canali une
discreta?. Tit.-Liv. XXXUI, 31 [an. 557].
m. Ta t-;î5 Me'vTiî xaÂ5u//.svï;j (yvci//./),- àv ■JO^il^otro) 'Zy.ocîipoi Alyv^^toç, tt- fA tk Kta-
Cpt/.y.Tolî ypô-^oii y-yojcii;. Pllt. De fort. Rinn. p. 264'. — Les guerres Cimbriques
éclatèrent pour la première lois l'an 640 de llomc.
* Mentis [fanum] dcdicavit /Eniilius Sraurus, qui bclli CiinlMici teinpore vixit.
58 DESCRIPTION DE ROME.
lAyXi (:oi .\liJ.'juoi izsfA tk Kiix^oi/y. t9Ïj ypàvoiç yîyîviis /.xOtipoiis-J. Put. De fort. Rom.
p. 278 1. — Voy. ci-ilcssus, n" 76, g II.
V. Mknt. in CAPiT. (;iU'TKIt. p. 135. Kalcnd. anliq. mois de juin, VI des ides. —
Orelli, Inscript lai. l. Il, p. 59:2. 393.
VI. Mens (|iio(iue nunien habct. Menli delubra videmus
Vola mclu bclli, perfide Pœne, lui.
Pœne, rebellaïas : el leto ronsulis omncs
Allonili Mauras perlimuere manus.
Spem metus expuleral ; cum Menti vola senatus
Suselpil; el meiior protinus illa venil.
Adspiril inslanles mediis sex lucibus idus
Illa dies, qua sunl vola solula l)ea>.
Ov. Fast. VI, V. 241-248.
78. Escalier a cordons, et Porte de l'Area du temple de Jipiter.
I. Sur l'exislence de cet escalier, voy. plus haut n" 70, et n» 76, g VI, VU.
II. Iconographie. Nous avons placé au sommet une porte ornée servant d'entrée à
VÀrea, disposition empruntée aux Propylées d'Athènes.
79. Area du temple de Jupiter. — Statues colossales en airain de Jupiter et
d'Hercule. — Statues diverses. L'Area était une place qui environnait le tem-
ple. Elle dominait l'Interinont de 20 pieds romains environ , et le plateau de
la Forteresse de 12 pieds. Une muraille la défendait de toutes parts, non-seule-
ment pour la sûreté du temple, mais aussi pour garantir une Joule de statues
et d'objets d'art qu'on y avait consacrés. L'Area était un ouvrage de Tanjuin
l'Ancien, un terre-plein fait pour y bâtir le temple de Jupiter, et qu'on n'avait
pu exécuter qu'à l'aide d'énormes murs de terrasse. — La Statue colossale de
Jupiter fut érigée l'an 4-39, par Sp. Carvilius. Elle était en airain, dominait les
murs d'enceinte de l'Area, et regardait vers le Forum et l'orient. — La Statue
colossale d'Hercule, en parallèle de celle de Jupiter, du côté du Cliamp-de-
Mars, était aussi en airain, et fut apportée de Tarente par Fab. Maximus,
lorsqu'il eut pris cette ville l'an 543.
I. Aream ad sedem in Capitolio Jovis, quam vovcrat bcllo Sabino, jam priTsagienle
animo futuram olim ampliludinem loci, occupât fundamentis [Tarquinius Priscus]. TiT.-
Liv. I, 58.
II. Eodem anno [367],... Capitolium quoque saxo quadrato substructum est; opus
vel in bac magnificentia Urbis conspiciendum. Tii.-Liv. VI, i.
III. Sed tune [avant le temps de Milon et de J. César] senes aggeris vaslum spa-
tium, et Subslructiones insanas Capitolii mirabantur. Plin. XXXVI, 13.
IV. 'inyiiryri'jî ôï /.'A riv vsàiv xaTcîzî'JaÇîtv toD tj ùho; xai t/j, H/saj xat t^j Â.Or,-Jxi,
0 lîo'.'jù-ùi o\)-oi SJyr,'J ànooLooiii, rrJ~îp iTtoivi'jy.-o Toii ©sîïî, h tt, -slîuzaiy. Ttpoi Za-
êho'j; iw.yrc TÔv .wîv svv >ôp5v, ip' ou TÔ tî/sàv ïij.iù.vj ïâpxj'O'Xi, TtoYj.rii os6fi.-:>o:> T.pv.-
•mxTzicç' o'j-- yy.p iÙTzpôaoàoç ■?,:>, O'jrs b/j-MÔ;, d'Û' ànù-o/x'ii y.xl di x^pu-^f/v îjvxys^uïvoj
à^slx-j- àvxlri'j/j.x'^iv 'jpr)io1i ■RoiX'xyô^v) T:ipù.a.?w, /.où ttîVjv yoli-j sic zb-j fjLSTa^ù twv
TS àva)iYî//,uàT!>jv /.où tvî; >iopi/j:7,i tottov è'j.-p'iprp'j.ç, ryijrùr) ■/îjs.zBv.i iia.ptT/.iitst.^-, -/.xi
npo;inzoâoyr,-j Upw è-VTrÀîiÔTXZO'K D. Halic. III, 69 2.
V. E'zîtv5j yypi ^'■' "^'^ Ts'jiîjzxiu ii'AiiJ.'jt p.'xyiii.î-iOi nphi IxCho'j;, s'j^y.ro t5> Att'xa't
TïJ UpV. Xxl Tfi ^OO'X, £Ci-J •HXTiTiy» zf, /W/.^/I, vaS jj aJTOt, XaTaîXÎU7«5ctV Xxl TOV p.ÏJ z/.i-
Tislov È'v^a iopù^z^èui E,a£/>£ TSyj Oîoùi, àyxMiJ-ixxoi tî kv.i yùix7.zi /*r/yÀi{; i^îipyc/.-
aono. D. Halic. IV, 59 3.
1 Estetiam Mentis [templum] ; sed id dedicavit Scaurus ^milius, qui bello Cimbrico vixit.
= 2 Atjgressus est cliaiii rcx iste [Tarquinius l'riscus] aedificare tcniplum Jovi, Junoni, et Mi-
iicrva-, ut vota persolveret quae iis fecerat in poslrenio pr.-eiio cum Saliinis cominiNSO. Colluin
igilur, ul)i templum erat fundaturus, laWoriosa eyentem opéra (neqiie eniiu aditu facilis, neque
planiis erat, sed pra;ruptus et fastij;iatiis) multis ex partibus stidibus circumdedit ; alque spa-
tium quod erat inler ipsas sudes et collis verticem, a[;(;esta ninlta terra, pleiuijii cffecit, el ad
excipicndas sacras :pdcs .iplissimuni. = ^ Ule [Tarquinius] in ultinio bello cum Sabinis dimi-
cans, Jovi et Junoni et Minerva?, si ex piaîlio victor discessissct, teinpia se Gedilicaturum vove-
rat : ac rupem, ubi deoruui fuudalui us erat, cclsis subslructiooibus maguisquc aggertbus
complanavit.
RÉGION VIII. — FORUM ROMAIN. 39
VI. Hrocchi [Suolo di Roma, p. 211] donnant, en pieds do Paris, In hauteur des di-
vers points de liome, rapportés au niveau de la Méditerranée, s'exprime ainsi :
Campidoglio. AU' ani;olo occidentale délia rupe Tarpea, Hl, p. 8.
— Piano délia cliiesa di Aracœli, 151 p. — Le même écrivain indique la hauteur
moyenne du Tibre A 20 pieds au-dessus du niveau de la Méditerranée ; or 1 Inlermont
étant arrosé par l'aqueduc de la Marcia, dont les eaux, suivant Piranesi, ne s'élevaient
pas plus haut que 112 pieds, le sol de l'Inlermont était donc 19 pieds plus bas que
VArea du temple de Jupiter.
VII. Uesles des murs de terrasse de l'Area. — Di queslo auç;usto tempio 'C.apiiolio]
non vi restano altre meniorie che grandiose sostruzzioni, le quali si vedono dalla parte
délia cordonala che dalla chiesa del Gesù [Nolli, n» 902 ; Letarouilly, rion. IX, 37]
porta in Campidosilio, e che si estendono sotio quelle abitazioni che occupavano il
vicolo dclla Pedacclua,\e quali in parte ancora si vedono, benché con timoré da i fo-
resiieri, e fanno in parte conciperne qualche idea. Venuti, Délie antichità di Roma,
part. I, c. 5.
VIII. Statues. Statuas virorum illustrium ab Augusto ex Capitolina Area propter an-
guslias in Martium Campum colloeatas, ita subvertit atque disjecit, ut restitui salvis
titulis non valuerint. Slet. Calig. 54.
IX. Statue colossale de Jupiter. Quoquidem tempore [an. 689] , quum aruspices
ex tota Etruria eonvenissent, jusserunt Simulacrum .lovis faeere majus, et in excelso
coUocare, et contra, atque ante l'uerat, ad orienlem convertere ; a se sperare dixerunt,
si illud Signum, quod videtis, solis ortum, et Forum, Curiamque conspicerct, fore ut
ea consilia, quae clam essent inita, contra salutem Urbis, etc. Cic. , in Catil. III, 8.
X. Cicéron, après avoir rapporté le même fait que dans le § précédent, dit :
Ni post, exceisum ad columen formata décore,
Sancta Jovis species claros spectaret in ortus.
Tum fore, ut occultes populus, sanctusque senatus
Cernere conatus posset, si solis ad ortum
Conversa, inde palrum sedes, populique videret.
Cic. de Divinat. I, 12.
XI. Fecit et Sp. Carvilius Jovem qui est in Capitolio, viciis Samnitibus sacrata lege
pugnantibus, e pecloralibus eorum, ocreisque et galeis. Amplitude lanta est, ut con-
spiciatura Laliari Jove. lieliquis lim» suam Slatuam fecit, qu;e estante pedes simulacri
ejus. Plin. XXXIV, 7. — La défaite dont il est question ici eut lieu l'an 459, et les
Samniles y perdirent plus de 40,000 hommes. Voy. Ïit.-Liv. X, 39 et sqq.— Le Jupiter
Latiar était sur le mont Quirinal, qui avait un mamelon appelé Cotlis Laliaris.
Voy. Varr. L. L. V, § 51.
XII. Statue colossale d'Hercule. Position conjecturée, il-j knziy.vX b iîfxxy.yZi ^'■' "w
Tï)v -i/£v. Strab. VI, p. 2781.— La reprise de Tarante par Fabius Maximus est de l'an
.543. Voy. Tit.-Liv. XXVII, 16.
XIII. Aâ'/STat TÔv y^cay.^uaTî'a TTU^s'sÇai -zoû ^ocSiou TCspl twv 0cWv t£ Kslsùst, ràj ypx-
fàs O'JTOJ T.po'jO.y'^pi'jia.-j'zx /ai -zoxji àvd'^tâvTK;- tov oyv «tâSov ei-sïv Ano\-lT.'jijj.vJ Toù;
0£OÙî Tv.pccvThoii y.syo'XxfjLi-.'O'j;. où yvjv a/.ïà: riv /.o1os^o-j toû Hpx/.ïéov? [i.î-:oi./.oiJ.iaxç
i/. Tà,oavr5^, toir,^VJVJ KK-iTCo^t'j) ical TrX-/îatov é'ptûûsv ïcxivz yyl/.rfj Ikjtsû. Plut. Fab.
Max. -22^.
XIV. Non attigit eum Fabius Verrucosus, quum Herculem qui est Capitolio inde [Ta-
rento] Iransferret. Plin. XXXIV, 7.
XV. Ivat //s'xiTîat iv rôj Ka7rtrcj/i'j> Tixpy. tôv licxAsx i^pi)0r,'jx-j. Dion. XLII, 26 3.
XVI. Nous nous sommes inspirés, pour la position de ces deux Statues colossales
(celle de Jupiter et celle d'Hercule) d'une médaille de Titus, représentant la façade
du Capitule, et où ces deux statues nous paraissent ûgurées. Voy. ci-dessous n° 81,
g XXVII.
1 Telle est la St.ilue colossale d'Hercule, travaillée par Lysippe et fondue en airaiu, que Fa-
liius Maximus consacra dans le Capitole, quand il eut repris Tarente. P. 2()o de la trad. =
- Tradilur interro;;auti scribae, quid lieri de diis vellet, tabulas et sii;nasi(;niHcanti, respondisse
Fahius : « Deos iralos Tarentinis lelinquanuis. » lierculis tamcn Siynuni inyentis niagniuuli-
nis Tarento avectmn posuit in Capitolio, juxtaque 8tatuam equestrem suam ex aerc. = •' Apcs
quoque in Capitolio, juxta Uerculis Statuam, sedeni oecupavcre [au. 706J.
M DESCRIPTION DE ROME.
XVK. Statue de farvilius. Aux pieds de la Statue colossale de JupiU r. Kilo avait tM<'
fuili! avoc les riscluros de celle deriiii^re statue. Voy. ci-dessus § \l.
XVlll. Statue èqueilre de Fabius Maximus. Auprès de la statue d'Hercule. Voy.
ci-dessus § XIII.
80. LoGF.MENTs DF.s Editiens, ET Enthée DES pAviss.E. Los édituons oti g.nr-
dicns du Icinplc do Jupiter, cxeiraul une surveillance de jour et de nuit, de-
vaient être loi^és (ians 1 enecinlc du temple. Nous avons placé leurs logeruenls
vers la porte de l'Area, et près de la partie la plus accessible des nnirs de
clôture. Nous conjecturons que l'entrée des caveaux du Capilole, appelés Fn-
vissœ, était dans les logements des édituens.
I. Varro rescripsil, iii meirioria sibi esse, quod Q. Calulus curator restiluendi Capi-
tolii dixisscl, voiuisse se Aronm capilolinam deprimere, ut pluribus (;radlbus in apdem
consccnderetur, suggcstusque pro faslif,'ii magniludine ailier fieret : sed facere id non
quissc, quoniani Favissa; impcdissent. Id esse collas quasdam et cisternas, qua in
Area sub terra esseni, ubi reponi scièrent sl|?na vêlera, qurc ex eo lemplo eollapsa
essent, et alia qua-dani religiosa e donariis ronsecralis Conjectare igitur Favis-
sas esse dictas relias quasdam et spccus, quibus œditui capilolini utcrentur ad cuslo-
diendum rcs vetercs reiigiosas. A. Gkll. II, 10.
H. Tacile parlant de la prise du Capitole par les Vitclliens, dit : Domilianus, prima
irruptione apud œdiluum orcullatus, etc. T.\c. Uist. III, 74.
81. Temple de Jupiter Capitolin. — Derp.ière : Fontaine. Le temple occu-
pail le milieu de l'Area et l'on y montait par trois degrés. Il était d'ordre do-
rique cl presque carré, ayant environ 200 pieds de long sur I H'-'i de large. Sa
fa(;ade regardait entre l'orient et le midi. Un portique de douze colonnes de
front sur trois de profondeur la décorait; elle était couronnée d'un fronton
surmonté de statues. Deux autres portiques, également en colonnade, mais à
douille rang seulement, couvraient ses parties latérales, et aboutissaient sur une
muraille qui régnait dans toute la largeur de l'édifice et en fermait le fond.
L'intérieur du temple se composait de trois nefs à l'extrémité desquelles se
trouvaient trois édicules parallèles, séparés par des murs mitoyens, et ouverts
sur le devant: celui du centre était consacré à Jupiter, celui de droite à Junon,
et celui de gauche à Minerve. Les édicules prenaient à peu près un quart et
les nefs les deux tiers de la longueur totale du temple. La forme de l'édifice
étant celle d'un temple toscan, la nef du milieu était à ciel ouvert. Le temple
de Jupiter Capitolin fut commencé par Tarquin-le-Superbe, qui l'éleva en
grande partie; mais il ne fut terminé que trois ans après l'expulsion de ce roi,
l'an iV-i, et dédié par le consul Horatius Pidvillus. Un incendie le détruisit
l'an 670. Sylla en entreprit la reconstruction, qui dura quatorze ans, et la dé-
dicace eut lieu l'an 68o, par le ministère du consul Lutatius Catidus. Auguste
restaura ce temple. Derrière était une fontaine pour le service du culte.
I. Toùj oï 6îrj.-\bjç o'jy. ep^scTî ^îïvat to'j v-w, ypo-joj i-iSi'^i'y.ç /j.-tx t/jv xarâ/us-tv
vwi,0T7ii àpyy-; èxr: s-jw , roùg zs Os/J-ùiou; /.utî^kI-to, x.où -r/ji oizso'î^-^j zx T:nYiù.
tlpyi.ij'X.TO- oJf/j.r}-j iT£>î['&j7î tô è'p-/yy oùo' txj-o;, «/X' è~l -zCi-J Ijvxmiw) y.pyjj-nwj tmv
xstTà T9V zpiTov èvtxjrbv iinarsi/ci.'zuv, zt,-j 'iWizéltiT.-j è/.aSîv à vîoj,. D. Halic. lll, 69 *.
II. .\d negotia urbana animum convertit [Tarquinius Superbus; ; quorum eral pri-
' Templi [.lovis C:ipilo!ini] aiucm fundament.i jncore non poliiit [T.irquiniiis Prisons], (juod
post bellum confectum qua(lrii;iii)liiin tanluiu vixi^sel. Sed muhis posl aniiis Taïquinius, qui
tertius ab illo re(;navit, et qui regno expulsas fuit, fundanicula Jecit, et niaynani illius .-cdificii
parlera fecil. Vernmtamen ne ipse qiiidem illiid opiis absolvit,sed annoruin mnyislratuum Icm-
pore, qui terlio posl anno consul, ilinn (josscrunt, id tcmplum ab.solntuni csl.
RÉGION YIH. — FORUM ROMAIN. il
muni, ut .lovis Templum in monlo Tarpcio, monumcntum ri-gni siii nominisquo rclin-
quorcl. TiT.-Liv. I, 55.
III. Noiidum dcdiralacrat in Capitolio Jovisscdcs. Valcrius Horatiusque consules sor-
soriiii uler dedicarel. Horatio sorte evenil. Publicola ad Veientium bellum profcctus.
TiT.-Liv. II, 8 [an. 245].
IV. Tôv ëï -nifJ Toû K'j.T:vz(i)\ioD Atàç s'j^octo //îv àva^vJTîtv Txpxiivto? h \r,ij.<xf,v.zo'j,
Tr5)«£//'j)v IxSi'JOlî, ùy.ooôy.r,7S (îk 'Tapy.b-Jioi o loÙTisp^Ci, uib; wv ri utojvàj toîi s'j^djj.i-JO'j'
y.v.Oup'ji'JM â' ojx È'p(/ajîv, «/).« fMxpbv àTTS^ïî'rrîTO tsû ts'/o,- s^si-j, ots Ta/j/ùvjsj ifg.
TTtTTTcV WJ oOv t/.T:sîpyCi7T0 TÙécii, /.«.l T5V T[pO'j-r,X.OV-U X5ff//5V àTïcï^^îV, -^V TÔ) n5,T>i(zi/(/
yû^Tt/j.ix TTpbç v.yfiiipfji'^vi Ts-JO/j.é-rr,i o'j'j tw lion^d/.i'/^x ^rpv.zeiu^ </.-JCii.y/.7.iy.î, ■pwi-
cK//cvot TÔV fiyiàTiov y.o.Oupoxj-J. Plut. Poblic. 14 *.
V. Tàv//àv yàys TzpSfzov, oj; s'{pr,TCi, Tocpiuviou xxzcusiisuânx'JTOi, ilpccziov a; Kyfii-p'Jt-
javTO;, £v Tol; è;/.j3o'>~ht^ itoïé/ÀOii nôp ànoiXsnî' tôv d'à o^ûtî/sov «Vï'aryjTS /aîv 2i///czj,
iTii'/pàffj Sï Tj) y.'xdi-pià-jsi Kàrouloç, Ziillv. r^oîaTro^avôvTs;. Plut. Poblic. 15 2.
VI. Et 0£ /ji/j 577î'J5î£v, è[J.~;T:p/i'7z';0ui rh K:«tïîtcj/hv o xkJ 7D//.w,va( t-^; riij.ipv.i i/.tl-
'■''fii, 'lii 0 y.vOpuno^ ■Kporr/opvj'sz'y r;i àï airv) n^à //tS; vavwv KtvTÙtwv, âj vûv lou^t'aj
xxloï/p.sv. Plut. Sulla, 27'.
VII. nàvLi Pw/zKt'jjv i'vTCjv if rà Tot^ura jixpsvspyStv, tô ts Kkî7£Tw),(ov ûttô twv fîv.7t-
y.iorj ■ztzpy.y.oaioii -cj TipàiOv^ sVsîî •/v.>6jj.vjQ'J hmp-n'jO-ri, xat t'/;v atTi'av oiâdi èmvisc.
Appian. de Bell. civ. I, p. 671 *.
VIII. Voverat [Capitolium] Tarquiniiis Prisrus rcx, bello Sabino, jeceratque funda-
menta Mox Servius Tuilius, sociorum studio; dcindc ïarquinius Superbus, capta
Suessa Pometia, hostium spoliis, cxslruxcre. Scd gloria operis iibcriati rescrvata : pulsis
regibus, Horalius Puivilius, iterum consul, dedicavil ea magnilicenlia , quam immensse
postea populi romani opes ornarent potius quam augerent. lisdcm rursus vcstigiis si-
tum est, postquam intcrjecto quadringentorum viginti quinquo annorum spatio, L. Sci-
pione, C. Norbano consulibus, Ilagravcrai. Cuiam viclor Sulla susccpit noque lamen
dedicavit; hoc solum felicitati ejus fuit negalum. Luialii Catuli nomen, inter tanta Cœ-
sarum opéra, usque ad Viteilium mansil. Tac. Hist. III, 72.
IX. 'l'emplum Jovis in Capitolio, quod incendio consumpium ac refectum erat, à Q.
Calulo dedicalum est. Tit.-Liv. Epilo. XCVIII.
X. CaPITOLIVM et Pû.MPElVM THEAÏUVM, YTRVJiaVE OPYS IMPENSA GUANDI, P.EFECI , SINE
VLLA INSCRIPTIONE NOMINIS MEI. LAI'. ANCYH. Col. 4.
XI. Capitolium illud templis tribus illustratum, palernis at((ue etiam liujus amplissi-
misdonis ornaliaditus J. 0. M., Junonis Ilegina", Alinerva;, etc. Cic. Frayrn. prn Scatirn.
XII. L'emplacement du temple de Jupiter est occupé maintenant par l'église et le
couvent de VAra-cœli. Des bulles du treizième siècle désignent ainsi ces édilices : —
Monasterium S. Mariœ de Capitolio. Voy. Casuiiro, Memorie islorice délia chicsa e co-
venlo di S. Maria in Ara-ca>li di lioma, c. III, p. 15 et sqq.
XIII. Iconographie. V.~ovoOr, o" i-l icp-o~i'hi j/^ï;//;, /Sîéyj/.'jjj, ôy.Ty-.TzlîOpoi Tr,-J 7Tî-
piooov, ^v/.yo'ji-jyt T^o^w i'y/tTTa t/;v TÙîupy.-j iyw' éxàiT'/iV (J/£-/2v oi -zi rà o'ta>âT75v
eCpoirli â.! z'ôi imspoyvii roi) jj:fiy.ou; —xpi: rb Tï/irsç, oùo' oK'jtj tzs-jz sy-cKi^hnx nooùi-j'
ènlyy.p tsï; ciù-ol; Oipùloiç b iJ.fzy. Tr,'J ë/x—pri'ji-j oly.nCoiJ.rflili xarà Toùj nxTspxi riy-OiJ
ejpéO-/), T/j noAUTsl-ix tv}? û^-zj^ ij.o-jo'J oiu.\y.zT'jyj zoli ùpyMoii, Ik y'-v zoû y.uzx — c5ïc.j~ov
pApo-ji -pbi iJ.sTrip.^pix-j jî'/^éTToy-oç, TyCt7î).co ~eptXy.;j.$'j.yô/iivoî nrlyot y.t.b-jwj, ix. (?î tôjv
■Kkxyi'jy), oc-^ôj- £V ô'z «jtw, Tyist; sv££7£ ij-ry.'A T^xpx)X-i{)^oi, KOVji/.i ïyo-.'zs; Tïli Jpxi- pi'jOi
p.-v, b TOÏi Afij- -nxp' syMTspo-j ai ~b /-n-époî, o, zi zr,; Hpx;, y.xl b t'/jj AOr,JXi, ûp' ivàj
<y.szoû /.XL juv.i (jziym y-xM?rzôyz:ioi. D. Halic. IV, 61'''.
' Templum Jovis Capitolini Tarquinius, Demarati filins, in bcllo quod {;essit cuni Sabinis
voverat. Id Tarquinius Superbus, ejus, qui voverat, filins vel nepos, exsiruxit ; non dedicavit
tamen, sed erat pcne absolutum, quum Uoma pcUeretur. Ut jam niidef|uaqae perf;cMim et de-
lenti specie fuit exslructum, affeclavit id Poblicola dcdicare ^)uuni autem Poblicol.p
nécessitas incumlicret cxpedilionis, concessa ex plébiscite Iloralio dedicatio est. = - l'riniuni
[Capitolium] quod Tarquinius (nt jain diclum est) condidit, et dedicavit Iloraiius, inccndiiini
liellis civililius absunipsit. Secundum cxcitavit Sylla, sed Catulus, Sylla falo pr:pvonto, est dc-
dicatiotii pra>sciiptus. =: 5 Ouod ni maluraret [Sylla], (;apitoliuni conHa(;raturniii ; iilqiie
eodeni evenisse, que ille pra^dixerat, die, qui fuit pridie Non. Oiuniiles, quas nune vocanins Ju-
li,is.^*Quamvis senalus populique romani cura minime cesset in rébus lalibns, lamen (Capito-
lium inccrta causa condajjravit, a recilms aiite C(X'X'j annos coudilum. = ^ ICxsiriicluni ac
fundatum super crepidinc alta, octo pletliros ambilu, peduiu ferme ducenlorum sinyala latera
42
DESCRIPTION DE HOME.
XIV. Ni texte, ni ruines ne nous apprennent combien le temple avait de rolonnes
sur sa façade, ni (nicj ('lail son oidre d'arriiitcrturc. Les monnaies ou méilailles n'of-
frent i\ cet éRard ()ii(' des secours inconi[)l('ts, siirlout pour le nombre des roloniies.
Deux revers de deuii-rs d'argent, que nous copions ri-dessous, et qui représentent le
temple de Jupiter-Capiiolju , lui donnent lanlôl (pialre rolonnes, tantrtl six. Or, relie
disposition était matériellement impossible, \\i la grande largeur de l'édifiée, qui n'élail
pas moindre de 18.") pieds romains, équivalant à prés de .55 métrés, ee (jui, pour six
colonnes, donnerait des entre-eolonnements de plus de 9 métrés, portée beaucoup trop
grande même pour des éi>islyk's en charpente. Nous disons en charpente, parce qu'en
donnant douze colonnes au temple, les entre-eolonnements ont encore 4 A 5 métrés,
espacement l)eaucoup trop considérable pour des épisljles en marbre, qui se faisaient
toujours en blocs d'un seul morceau, taillés comme des poutres, sans aucune armatute
ni en fer ni en bronze, et jamais en plaies-bandes, comme dans nos constructions mo-
dernes. 11 est donc certain que ce temple, réédifié avec tant de magnificence par Sylla,
qui employa à sa construction les colonnes de marbre d'un temple de Jupiter Olyni|)i(!n,
commencé A Athènes fvoy. le § suivani], avait des épistyles en charpente. On doit at-
tribuer A ce| em|)loi du bois les incendies (jui ruinèrent le Capilole A diverses époques,
et notamment celui dont nous nous occupons, que le feu dévora du temps de Vitellius.
Nous n'avons pas tenu compte du dessin des deniers ci-
contre pour le nombre des colonnes, la logique ne le per-
mettant pas; mais nous y avons eu égard pour l'ordre d'ar-
chitecture qui, d'ai>rés ces mêmes dessins, serait dorique. C'é-
tait l'ordre du Capilole primitif, et comme en réédiliant ce
temple, on s'attacha A ne rien changer ni A sa forme ni A ses
proportions, il nous paraît A peu près certain qu'on y con-
serva l'ordre dori(iue.
La première figure est le revers d'un denier d'argent de la
famille Voltcia, et la seconde de la famille Pclillia. Ces de-
niers ont été frappés du temps d'Auguste. On voit sur le pre-
mier denier qu'on montait au temple par trois degrés. Voy.
Thesaur. Morelt., fainil. Pelillia, 1, 2; et Vnlteia, 1. —
Vaillant, famil. loni. l'etillia,-2. Voy. aussi ci-dessous § XXVIl
la figure, pour la position parallèle des trois temples.
XV. Sic est inclioatum Alhenis lem|dum .lo\isOlympii,ex quo
Sulla capilolinis a^dibus advexerat eolumnas. Plin. XXXVI, 6.
XVI. Nam cpium esset habita ratio , quemadmodum e\
utraque tecti parle aqua delaberelur; utilitatem fasiigii rempli
dignitas conseeula est: ut, etiamsi in cœlo Capilolium sta-
tueretur, ubi imber esse non potest, nullam sine fastigio di-
gnitalem habiturum fuisse videalur. Cic. de Oral. III, 46.
XVII. î\!ox sustinenles fastigium [Capitolii] aquilee, vetere ligne, traxerunt flammam,
alueruntque. Tac. Uist. III, 71.
XVIII. Ornantque signis fictilibus aut sereis inauratis earum [aedium] fasligia Tusca-
nico more, uli est ad Circum Maximum Cereris et Herculis Pompeiani , item Capitolii.
VlTRliV. III, 2.
XIX. Bonis muictatis, ex eo quod in pul)licum redactum est, œnea in Capilolio li-
mina,... Jovemque in culmine cum quadrigis... posuerunt. Tit.-Liv. X, 23 [an. 436].
XX. Fictilcs in fastigio templi [Capitolii] ejus [Tarquinii] quadrigas. Plin. XXXV, 12.
XXI. (juuni Summanus in fastigio .lovis Optimi Maximi, qui lum erat lictilis, e cœlo
ictus esset, ncc usquam ejus simulacri cai>ut invenirclur, aruspices in Tiberim id de-
pulsum esse dixerunt, idque inventum est co loco. Cic. de Divinal. 1, 10. — Ceci
prouverait encore que le temple était à la pointe septentrionale de la montagne, c'est-
habens : pari fere longiludine ac latiludine , ne qnindccim quidcm inte-ïrorum pedura dif-
ferenlia. Etenim icmplum quod supr;i eadem fundamenta pairum nosiroriun a;lale post inccn-
diuni fuita-dificalum, solo luxu ac materire ma(;nificentia a prisco differt, ut comperhun est.
A parle enini frontis vcrjjculis ad nieriditni tripliccm columnarum ordineui habct, a lalcril)us
dupliconi : et in ipso tria sont délabra, qua* recta série sunt exstiucta, et ita intcr se conjuncta
ut communia haheaut latera. Ac médium quidem est Jovis; ab utraque parte, Juuonis et Mi-
nerv;c, sub iisdem pinnaculis el iisdeni tectis.
RÉGION VIII. — FORUM ROMAIN.
45
à-dire à l'endroit lo plus éloigné du Tibre, car à l'autre extrémité, il n'y etU eu rien
d'extraordinaire à ce que la tétc de Summanus eût roulé dans le fleuve.
XXII. Suétone, racontant les funérailles de César, dit qu'une parliez du peuple vou-
lait brûler le corps du diclaleur dans le temple de Jupiler-Caiiitolin : — (Juem quum
pars in Capitolini Jovis cella cremare, pars in Curia l'ompeii destinarel, elc. Siet.
Cff'S., 84. — Ceci prouve que le temple de Jupiter était à ciel ouvert, car on ne peut
pas supposer que le peuple voulût incendier le temple le plus auguste de Home. Il
est permis de lui prêter cette intention pour la Curie de Pompée, où César avait été tué.
XXIII. Comitia quum ambitiosissime fièrent, et ob hoc senalus in Capilolio haberetur,
milvus volans, mustelam raptam de cella .lovis in medio consessu patrum misit. Obseq.
de prodig. 71 [an. 588.]— Ce fait indique encore une nef à ciel ouvert.
XXIV. Cum inler alia prodigia fulmine dejectum esset in Capitolio Jovis signum, ca-
put ejus per aruspices inventum est. Tit.-Liv. Epitom. XIV [an. 47.5].— Autre preuve
que ia nef était à ciel ouvert.
XXV. Lepidus Censor,... œdcm Jovis in Capitolio columnasque circa poliendas albo
locavit : et ab his columnis, quœ incommode opposita videbantur, signa amovil : cly-
peaque de columnis, et signa militaria affixa omnis generis dempsit. TiT.-Liv. XL, 51
[an. 575]. — Ces courts renseignements sur le Capitole primitif ont leur valeur; on
voit que ce temple n'eut d'abord que des colonnes de pierre que Lépidus fit couvrir de
stuc; que des trophées militaires étaient attachés à ces colonnes, et que sous le pé-
ristyle il y avait beaucoup de statues. Pline [XXXIV, 5] et Dion Cassius [XLllI, 45] nous
apprennent que parmi ces statues on voyait celles en airain des Rois de Rome.
XXVI. Intérieur du temple. — Nefs latérales. Elles étaient couvertes par un plafond
encaissons, doré. — Laquearia, quîe nunc et in privatis domibus auro leguntur, post
Carthaginem eversam primo inaurata sunt in Capilolio, censura L. Mummii. Inde tran-
sierc in caméras quoque et parictes, qui jam et ipsi tanquam vasa inaurantur : quum
sua œlas varia de Calulo exislimaverit, quod tegulas œreas Capitolii inaurasset primus.
Pi.iN. XXXlll, 3. — Laquear et Lacunar sont synonymes. Winckelmann dérive, avec
raison, Lacunar de Lacus. C'est proprement ce que nous nommons des caissons. Voy.
Remarq. sur l'Architecture des anciens, cl, p. 68, in-8".
XXVII. Les cellw. Sur les trois cellœ parallèles,
voy. ci-dessus § XIII. — Lex velusta est priscis
litteris verbisque scripta , ut qui ])rœlor maximus
sit, idibus septembribus clavum pangat. Fixa fuit
dextro laleri »dis Jovis Optimi Maximi, ex qua pâ-
tre Minervœ templum est. Tit.-L[v. VII, 3. — Le
côté gauche du temple de Jupiter doit s'entendre
de la gauche du spectateur. La figure ci-contre,
représentant le Capitole reconstruit par Vespasien,
en fournit la preuve. Voy. Morell. Numismat.
XII Imp. rom., t. II, Num. Titi Vesp. ex aère ma-
gno, tab. X, n" 9. Voy. aussi Num. Vesp. ex îere
magno, tab. XIII, n" 25; et deux médailles d'ar-
gent de Domitien. Ibid. Num. Domit., tab. L\,
n» 1 ; tab. XIV, n" U.
XXVIII. Judicia in fœneratores eo anno [560] multa severe facta sunl... De muleta
damnatorum quadrigee inauratœ in Capitolio posita; in Cella Jovis supra fastigium aidi-
culœ, et duodccim clypea inaurata. Tit.-Liv. XXXV, 41.
XXIX. Rom<E scaipluratum [pavimenlum] in Jovis Capitolini eede primum factum est,
posl tertium Punicum bellum inituni. Plin. XXXVI, 25 [de l'an 603 à 604].
XXX. La figure ci-conire représente la cella de Jupiter-
Capitolin avec la statue du Dieu. C'est le revers d'un denier
d'argent gravé dans le Thésaurus Morell., incerta, tab. I, 1
B, et dans Vaillant, famil. Rom., incerta, tab. CL, 1. Ou
reconnaît que la cp//a avait des colonnes corinthiennes. Le
Dieu tient de la main gauche une haste pure, c'est-à-dire sans
et un foudre de la droite. Il est encore ainsi représenté, et
le corps nu Jusqu'à la ceinture, sur le revers d'une médaille de
J. César. Voy. Morkll. numismat. XII, -imp. rom., Num. Ca-s.
tav. VI, n" 4; et Thesaur. Motdl., famil. Julia, tab. 8, 1.
XXXI. Statue. — Voy. le § précédent, pour sa position.
Outre cette autorité pour prouver qu'elle était assise, on peut encore invoquer les deux
44 DESCRIPTION DE ROME.
passages suivants de Josî-phe cl de Dion Cassius : l'h roi/ro âe •nfio-jîr, tô jj'x-JiMit aùrû,
Oiirt or, y.y.'i Ooyy.TfJOi a'jrOi yîv'5//îvv;5, c^vk/îz/'ik; irc'i ro Kv.TH-z'Jt'Ki'i-j lui r<)ï<; •/b-iv-il xa-
zatiOszat zo'j v.-/û'//j.7.T0i... JosF.iii. Ànliq. jud. MX, 1, § 21. cdil. Dindnrf.
XXXII. Dion raconlarit le retour d'Au^tusle à Home, après ses triomphes, l'an 741,
s'exprime ainsi ; Kai i; tî KaTitroJ/iov c/.-JÙ.Oo'rj, t/;vtî ÇKjiv/;và7:i twv pùSC'jiv v.spifù.î,
/«i ii -Z'J. ro'j Afij yivara /v.riOi-o. DioN. I-IV, 25 î.
XXXIII. Ovide, parlant des premiers temps de Rome, dit :
Jii|iiler aiif,'usta vix tolus slabat in a-de,
Iricine .lovis dextra lictile fulmen erat.
OwFasl. I, V. 201, 202.
— Ce passade, rapproclié des deux suivants, nous a fait conjecturer que le foudre de
Jupiter était d'or.
XXXIV. Se((ucnti nocleslatim videre visuscsl filium morlali si)ecic ampliorem, cuin
fulmine cl sccplro, cxuviisiiuc Jovis Opt. Max., ac radiata corona super laureatum
currum, bis senis equis candore exiniio tralicntibus. Slet. Aug. 94.
X.WV. Nam nunc ejjo si te subripuisse suspicer
Jovi coronam de capite, e Capitolio,
Quod in culmine adstal summo :
Plaît. Trinum. T, 2, v. 47-40.
— Ces vers où il s'agit d'un vol, font connaître la matière précieuse de la couronne.
XXXVI. Matière de la slalue. — l'iine (X.XXIV, 7j dit que jusqu'^à la conquête de
l'Asie toutes les statues des dieux, dans les temples, furent de bois ou de terre cuite,
<'t Varron, contemporain de J. César, nous apprend, dans un passade conservé par
Nonius Marcellus, que de son temps il y avait des statues de Jupiter en marbre, en
i\oire, et même en or : — Pnuperlales nove posilum numéro plur^li. Vairo défila
popuii Uoiiiarii Mb. XI : Quid inter hos Joves intersit, et eos qui ex marnrore, ebore,
auro nunc fiunt, potes animo advertere, et horum temporum di\itias et illorum pauper-
tates. Non. Marcell. v. l'aiipertales. — Nous crojons que la statue de Jupiter du
Capilole de Sjlla était en ivoire, à rimilalioii du Jupiter Olympien d'Athènes. Le marbre
était une matière trop peu précieuse, et l'or une matière moins disliuRuée que l'ixoire.
On avait déjà à Rome un exemple de statue d'ivoire au temple de Jupiter bâti par
Métcllus, plus de soixatite ans auparavant. Voy. plus bas n" 150, § IX.
XXXVil. Enumerai auclores Verrius, (juibus credere sit necessc, Jovis ipsius simu-
lacri faciem diebus feslis minio illini solilam, Iriumphanlumque corpora : sic Camillum
triumphasse. Hac reli;;ione etiam nunc addi in uns^uenta cœnœ Iriumphalis, et a cen-
soribus in primis Jovem miniandum locari. Plin. XXXIll, 7.
XXXVIll. Quod quum ita se habeat, cui LIcorum hominumve indi|inum videri potest,
inquit, eos viros, quos vos scUis curulibus, loga pr;etexla, tunica palmala, et toga
picta, et corona triumphali, laureaque lionoraveritis, quorum domos spoliis hosliuin
alFixis insignes inter alias feceritis, pontificalia atque auguralia insignia adjicere? Qui,
Jovis ()i)limi Maxinii ornatu dccoratus, curru aurato per Urbem vectus in Capitolium
ascenderil. TiT.-Liv. X, 7.
XX.XIX. Quid, si vidisset prretorem in curribus altis
Exslantem, et medio sublimem in pulvere Circi
In tunica Jovis, et pictœ Sarrana fcrentem
Ex liumeris aulœa tog;c, etc. Jiv. S. X, v. 36-39.
XL. Aitlels de Terme, de la Jeunesse, et de Mars. Ces trois Autels, plus anciens
(pie le temple de Jupiter, furent conservés, par un point de religion, lorsqu'on bâtit
ce temple. Celui de Terme était devant la cella de Jupiter, dans la nef découverte;
celui de la Jeunesse dans la cclla de Minerve, et celui de Mars sous le péristyle du
temple. Tous trois étaient fort petits et à peine apparents.
XLI. Lorsqu'on voulut exaugurer divers autels qui se trouvaient sur la partie du mont
Capitolin, où l'on de\ait bâtir le temple de Jupiter : ()t //kv &i/v k»oi Ssoi tê xal oat-
//9vîj è~îTpîj/y.-j aJTil; sU êz-pu y/jipix zo'jç /iufj.O'Ji /;tîTKpc,oîtv ot oh ro'j Tép/jiovoî vyx
■XTii "SlbZTiTOi Hrj'Ù.V. -KV.pM-ZOXJll.i-JOli TOlî ll.'J.i-ZfJl /.'A li-'x.poliiv} o'j/. ènd<jOr,f:x-) , ojo"
1 Eo autem insani.Tproressit [C.ili(;ida] iit, qinini filii ri nnla esspt, eam in Capitolium de-
I.Uam in siniidiirri yenna drpoiicrct. ^ - In CMpiioliiiin ascciuleus, laurcMUi fascil'us detraxit,
iic ad Jovis eani jjonua deposuit.
RÉGION Vin.— FORUM ROMAIN. 45
-ro) 5/;/';> 7r)./;5t'<5v t5u ïoo-ji. D. Halic. III, 69 i.
— Malgré i'asserlioii de Deiiys d'IInlicarnasse, l'Aulel ou la statue de Terme était dans
la nef du temple de Jupiter, parce que cet endroit était à ciel ouvert. Denys, en l'in-
diquant dans le temple de Minerve, aura pris V Aulel de Mars, dont il ne parle pas, pour
celui de Ternie. Les vers suivants indi(|uent cette communauté avec Jupiter :
Quid, nova cum lièrent Cupilolia? nempc Deorum
Cuncta Jovi cessit turba, iocuinque dédit.
Terminus (ut veteres memorantj conventus in œde
Ilestitit, et magno cum Jove templa tend.
Nunc quoque, se supra ne quid nisi sidéra cernât,
Exiuunm lempli tecta foramen habent. Ov. Fast. I, v. 667-672.
XLII. Pinxil hic [Nicomaclius] rajjtum l'roserpin.T, qua" tabula fuit in Capitolio, in
Minervœ delubro super a?diculam Juventatis. Plin. XXN.V, 10.
XLIII. Exauguralion de divers petits temples sacella] pour bâtir le Capilole. — Cum-
que omnes dii libenter inde migrassent, Terminus solus, hoc est limitum deus, descen-
dere noluit, sed illic remansit... Unde in Capitolio prona pars tecti patet, qua> lapidem
ipsum Termini speclat, nam Termino non nisi sub clivo sacrificabatur. Serv. in
JEneid. IX, v. iiS.
XLIV. Exauguration des divers .\utels. — Atque ipsi inde cedere omnes voluerunl,
prteter illos quos memoravi, Martem, Terminum, Juventatem ; atque ideo Capitolium
ila constructum est, ut etiam isti très essent tam obscuris signis, ut hoc vix homines
doclissimi scirent. S. AiG. de Civil. Dei, IV, 23.
XLV. Fontaine. Rivis hic, et opère supra terram, in Capitolium eam aquam duxit
[Marcius anno dcviii], cui ab auctore Murcia^ nomen est. Fro.nt. Aquœd. 7.
XLVI. Scrvilius Cœpio et L. Cassius Longinus, censores,... anno post L'rbem con-
ditam Dcxxvii,... aquam quœ vocatur Tepula,... in Romam et in Capitolium adducen-
dam curaverunt. Ibid. 8.
XLVII. Ta Kaû£7co).£ov y.xzi/.ot.ë-. y.'jX ajrîjç Tôj (i'^Sir,: v.-^MpîOr,-j'jn ^r,'^i'7y.ij.i-j-/-iç, à
èruppiov è; rà i-zpbv oîstî/juv. Appian. de Bell. civ. I, p. 628 2.
82. Prison publique et Degrés gémonies. Sur la pente Inférieure du mont
Capitolin, à l'angle du Clivus de l'Asyle et de la voie du Forum de Mars. Son
entrt>e regardait la montagne: on y arrivait par un chemin détaciié du Clivus
de l'Asyle, et conduisant sur un petit vestibule qui entourait l'édifice. Un es-
calier descendait de ce vestibule vers le Forum romain : c'étaient les Degréa
(jémonies. La Prison fut bâtie par le roi Ancus Marcius. Elle était couverte par
nue voûte conique. Le roi Servius TuUius augmenta la Prison d'un cachot sou-
terrain appelé THlUatuim , qui se trouvait immédiatement au-dessous de la
prison primitive, dont il n'était séparé que par de fortes dalles, et avec laquelle
il communiquait au moyen d'un trou rond percé au centre de ces dalles, et
juste d'un diamètre suffisant pour passer le corps d'un homme. Ce cachot n'a-
vait aucune autre ouverture. La Prison, bâtie en grosses pierres de taille de
Tibur (travertin), posées et ajustées sans ciment, fut restaurée sous Tibère,
l'an 77-3, par les consuls subrogés C. Yibius Rufînus et M. Cocceius Xerva.
I. Carcer ad terrorem increscentis audaciœ, média L'rbe, imminens Foro, acdificatur
[Ancus Marcius]. Tit.-Liv. I, 53. [an. 11-4-120].
II. Carcer imminens Foro a Tullo Hoslilio aedificalus média Urbe. P. Vict. de Heg.
urb. Rnmcp, VIII.
II(. Ky-pojoix -//jîtîv z'j'j ol/.r,ij.xToç Èv tw Oy.îvoît'w. DiON. LVIII, 11-^.
* Céleri ijjiuir dii et gciiii permiserunl iilis ut Aras in ali:i loca transferrent : sed Terminus
et Juventas nullis aujjurum precibus aiit deprecationihus flecti potiierunt, neque loco cedere
voluerunt. Itaque corum Ara: templi amltilu conipreliensK fueruut, et nune altéra sila est in
Minerva; vestibulo, allera iu ipso temple, ipsius Dca; simulacre proxima. = - Capitolium oc-
cupât : quuraque senalus liostes eos judicassel, Maiius pravalim quidem, armât lamen non
nulles, idque cunctanter : alii, morarum periKsi, tubos in templum aquam ducentes inter-
cidunt. =; 5 Prope Garcerem in a_>dem Concordia; convenit Scnatus.
40 DESCRIPTION DE ROME.
IV. Conjcclo in Carcerem Manlio, salis constat magnam parlcm plebis veslem mu-
tasse, multos mortales rapilium ar harbam promisisse, obvcrsatamque vcstibulo Car-
ceiis mœstam turban. TiT.-Liv. VI, IG.
V. Palcfaclo dcin sccieie, delegalum in Tuliianum ex scnatusconsulto. TiT.-Liv.
XXIX, 22.
VI. IMeminius in infciioiem demissus Carcerem est, necalusque. TiT.-Liv. XXXIV, H\.
VII. ÏL'vîlor, Tî za't èv Tôt Ky.-i7'j)'/iot 0\jC!Xi, èi zy,'J àr/or.'j.j /.%-f,ti, 01 Ctly.zrat a.jzoï/ oi
èop\j'fOf.oi, civ. re -zr^i booli 7r,i ii tô otcfi'ji-ripio'^ «70Ù07;; içeT/5«r:ovT5, /J.y, ovvr/OsvTs;
uùrCi iiTcb T5Û «J^^/ol» è'ncty.oy.ouO-Zsui, y.xi zarà twv 6!vaëa7yUi5Jv, xaô" wv oi ot/.ct.ioù/J.s-^oi
è/J/stTTTSûvTO, xartivreç, u/.ioOciv y.'A za-eTrêcîv. Uios. LVIII, 5 *.
VIII. E j T£ -/c/.p TÔ (3S5/*'jjT/;/itov 6 SaÊïvoî v.'jBr,jj.if,'o-J ycn-TéO-zi, za't //.srà roûro «z/Jt-
Tw; è-fôc/.pr,- 16, Tî uôiyw-a aJTOû y.xrx zdiv c^vkSscj/ji'Jjv èppi-jir,, xat Iç tÔv 7:9T«//iv ^^î-
É>/,^/;. DiuN. LVIll, l 2.
IX. Corpus contunielia Carceris et detcstanda Gemoniarum scaiarum nota Tœdavit.
V. Max. VI, 3. 3.
X. In publiris vinculis spiritum déposait, corpusqne ejus funesti carnincis manibus
laceralum in scaiis Gemoniis jacens, magno cum honore totius Fori Romani conspeclum
est. Ibid. 9. 15.
XI. Carrer a coercendo, quod exire prohibcnlur. In Iioc pars quaR sub terra, Tul-
iianum, ideo quod addilum a Tullio rege. Quod Syracusis, ubi deiicti causa cuslodiun-
tur, vocanlur Latomiœ, inde Lalnmia iranslaium, vel quod Iiic quoque in eo loco la-
pidicinœ fuerunl. Varh. L. L. V, g 1.51.
XII. Est locus in Carcrre, quod Tuliianum appellalur, ubi paululum ascenderis ad
laevam, circiter duodeciin pedes liumi dcpressus. Eum muniunl undique parietes, atque
insuper caméra lapideis fornicibus vincta ; sed incuilu, tenebris, odore, fœda atque
terribilis ejus faciès est. Sall. Calil. '6o.
XIII. Le Tuliianum s'appelait aussi Rnbur : — Quod ex bonis redigi non possil, ex
corporc et tergo per vexalioncm et conlumelias L. Scipionis ptliluros inimicos : ut in
Carcerem inter fures nocturnes et ialrones vir clarissimus includalur, et Uobore et te-
nebris exspirel. Tit.-Liv. XXXVllI, 39.
XIV. Carcer, et liorribilis de saxo jactus deorsum
Verbera, carnifices, Robur, pix, lamina, tœda'.
LicRET. 111, V. 1029, 1050.
— Robus quoque in Carcere dicitur is locus quo prœcipilalur maleficorum genus,
quod ante arcis robusleis includebatur. I'aul. apud Fest. v. Robum.
XV. Dielro l'Arco di Scttimio suite ultime falde del Canipidoglio quasi nell' imbocco
del vico Mamertino e del clivo deil' Asilo esisle ancora il Carcere, che dal suo fon-
datore Anco Marzio ebbe nome di Mamcitino Erano due le parti del Carcere, una
superiore ed originale detta Mamerlina formata in un' antica cava di piètre; l'allra
sotto di questa scavata nella rupe, e chiamala Tuliiana. Questa parte inferiore, nella
quale discendevasi per un forame rotonde capace di un uomo, era cliiamata anche
Robur, perché ne' tempi più antichi coloro che ivi dentro gitlavansi, si rinchiudevano
in arche di quercia, dette in lalino robuslœ La descrizione che ne fa Sallustio è
cosi \iva e terribile, che senibra vedersi, e quando >i si scende si trova esaltissima
Il Carcere superiore.... doveva assere più grande di quelle che non é la caméra supe-
riore ancora esistente ; esse dovè essere di\iso in piu camere, ed estendersi dietro la
chiesa attuale di S. Giuseppe; e forse la caméra che esiste era la piii terribile, corne
quella che è piu \icina al Carcere Tulliano, e al luogo del supplizio. In questa caméra,
che é tutla ceslrutta di grandi massi quadrilaleri di pietra albana o peperino, unili
jnsieme senza caice, e che é alta 13 piedi, larga 18, e lunga 23, si discendevano i
rei pel forame che si vede nella volta ; le scale per le quali oggi vi si scende sono mo-
derne ; essa era chiusa tutla d'inlorno da mura, e solo riceveva lume da piccole feri-
toie oblenghe, che oggi più non si veggono. Sulla faccia esterna in una fascia di tra-
^ Quum in Capitolio sacrificasset, ac iode in Forum dcscenderet, servi ejus stipalores, quod
proptor turbam cum sequi non posseut, in viam quœ ad Carcerem ducit diverierunt, ac per
scalas Genionias, in quas eos, de quibus suintum est supplicium mos est abjiccre, descenden-
tes, lapsi Ueciderunt. = ^ Ea ipsadie in Carcerem conjectus est Sabiuus, deinde indicia causa
necatus, corpus ejus inGemonias projectum,ac post in tlumea missum.
RÉGION VIII. — FORUxM ROMAIN. 47
verlino legfîonsi in lettcre quasi oubitali i nomi di Cujo Vibio Itufino (igiio di Cajo, c
Marco Cocccjo Nerva, clie furono oonsoli surrogali l'anno 775 di Itoma, che fecero per
oi'dine dcl Senalo quairlie ristauro, o accrescimenlo ail' edilicio :
C.VimVS.C.F.RVFlNVS.M.COCClilVS.NERVA.EX.S.C.
La farciata neile quaie Icggcsi qucsia isciizione, e che slando verso il Foio, moslra
essere slata la fronie principale del Carcere, non ha pii'i di 26 picdi di larghezza. Solto
la caméra superiore testé descritla esisle il Carcere Tulliano La Caméra ù molto
bassa non avendo que sei piedi di altezza, ne ha nove di larghezï«, ed il doppio di
lunghezza ; anche essa é rivcstila di massi quadrilalcri di pietra albana, corne la caméra
superiore, i quali a misura che vanne verso la voila sporgono più in fuori, onde puô
in ccrta guisa diisi la caméra avère la forma di un cono ironcato — Forse anticamente
la caméra lu più profonda, ed il livello é stalo alzato nel ridurlo a sito sacro per pre-
servarlo il più che fosse possibile dalle inondazioni. Xibbv, Foro Romano, c. I, p. 127
et ssq. — Nous avons nous-mèmc reconnu l'exactitude de cette description donnée par
Nibby.
XVL Origine du nom de Prison Mamerline : Mamercus prœnomen est oscum, co
quod hi Martem Mamertem appellanl. Pall. apud Fest. v. Mamercus.
— Mamers forte cxierat, qui lingua Oscorum Mars significalur. Fest. v. Mamerlini. —
Il est presque inutile de rappeler que Marcus est une contraction de Mamercus.
83. Temple de la Concorde. Adossé aux substructions du Capitole, un peu
en arrière de la Prison, à gauciie du Clivus de l'Asyle, en montant. Sa façade,
composée en grande partie d'une forte saillie en avant-corps, avec un portique
de six colonnes supportant un fronton décoré de statues, regarde la partie
orientale du Forum. Le temple de la Concorde , voué par Camille l'an 388,
fut restauré par Germanicus, puis par Tibère, l'an 764. Il était en marbre
blanc, et d'ordre corinthien avec colonnes cannelées.
L Senacula tria fuisse Homœ, in quibus Senatus haberi solitus sit,... unum, ubi nunc
est œdis Concordiœ, inter Capilolium et Forum, in quo solebanl magistratus duntaxat
cum senioribus deliberare. Fest. v. Senacula.
M. Voisin de la l'rison publique. Voy. ci-dessus n" 82, § ML
IIL Candida te niveo posuil lux proxima templo,
Qua fert sublimes alta Moneta gradus.
Nunc bene prospicies Latiam, Concordia, lurbam,
Nunc te sacralœ restiluere manus.
Causa recens melior; passos Germania crines
Porrigit auspiciis, dux venerande, tuis.
Inde Iriumphala; libasti munera gentis,
Templaque fecisli, quam colis ipse, Deœ. '
Ov. Fasl. I, v. 637-640 et 643-6/(8.
— Tibère consacra à la reconstruction du temple de la Concorde, bâti du temps de
Camille [Ov. Ibid. v. 641] le butin fait dans la guerre d'illyrie. 11 entre cependant un
peu de flatterie dans ce que dit Ovide à ce prince, au sujet de la Germanie ; envoyé dans
ce pays après la conquête de l'IUyrie, il empêcha seulement les Germains de se joindre
aux Pannoniens [Dion. LV, 34]. Le triomphe de la Germanie fut réservé h Drusus, fils
adoplif de Tibère [Dion. LVJ, 18]. Ce dernier, à son retour d'illyrie, dédia le temple de
la Concorde et plaça, dans l'inscription de dédicace, son nom et celui de Drusus son
frère, tué quelques années auparavant sur les bords du Rhin. Voy. le § suivant.
IV. Tô» àï £?-^a- STct ri, Tî *5;J.0-jiU0-J 'JV^O Xoll TlèzpioU XC(.dlSp(ij3r„ /.'A aJT'j) TÔ, zs c/.si-
vo'j rnoii-v., xal T5 ToX) \p'jii'70-j ■zoli 'liù'fo'j /M x-.djr,7.i-zoç ir.v/f.à'Y-ri. DioN. LVI, 25 •.
V. A Germania in Urbem posl biennium regressus, triuraphum quem distulerat egit...
[Tiberius)... Dedicavit et Concordiaj aedem : item Pollucis et Casloris, suc fratrisque Do-
mine, de manubiis. Suet. Tib. 20.
VI. ï-^ o" b'jTzpc/.icf oi/vî/^ivTî; ii/Y;picxvT5 T/;, //,iV O/jtsvotaj t£/DÔv, oisTiîp yjJlaro â
Kx;/.ÙJ.Oi, dç tï;v àyopxv xoù di Tviv è/<z)./;îi«v cinomov, è-i tsîs •/r/îv/;//svo(; iopù^xsdxi.
Plut. Camill. 42 2.
* Aono scquenti Tiberius .-cJem Concordias sacravit, iuscriptis suc et fratris Drusi, quamvis
vita functi, nominibus, = ^ Insequenti die coacto populi concilio, sciscitur ut sedes Concor
48
DESCRIPTION DE ROME.
Vn. Fra il Carccre ed il lompio detto di f.iove Tonanle, il Tabuinrio c l'Arco di Sel-
limio, npl cslale dcH' atiiio 1817, fu trovala la cclla, cou quallio iscriziuiii, tulle volivc,
iii lie délie quali le|,'f;evasi il nome délia Coiirordia- La relia (çiaee solto la torre
aiij;olai(' del Campidotîlio presse la cordoiiala ; ma i miiri lalerali sono ta^liali iii tçuisa
elle ))Oco pii'i di i)uakli(! |)it"de si ahano da leira ; da rio pero clie si scopri fu osservalo
die essa era riveslila di niarnio numidico e fii^io; de' quali é pure laslriralo il pavi-
niento, rlic inclue è roperlo pure di quella pielra délia volgarmcnle marmo affricano.
Nlliliv, Fnro Romano, c. I, p. 139.
VIII. Nil)by a oublié d'ajouter, dans le g précédent, qu'on trouva, incrusté dans lo
seuil de marbre de la porte du temple, un petit caducée de bronze, symbole de la
concorde. Nous avons nous-nième reconnu cette incrustation dans ce seuil, qui est
encore en place. M. Le Fuel, archilecle pensionnaire de l'Académie de France à Itome,
en a donné un dessin dans ses Etudes des monuments au bas du Capilole, exposées à
l'uris, au Palais des Beaux-Arts, en octobre 1845.
IX. Iconoyraphie. — In a'de Concordiie Victoria (|ua> in culmine cral, fulmine icla
dccussaque, ad Viclorias qua; in anlefixis erant, lucsit, ncque inde procidil. ïit.-Liv
XXVI, 25 [an. 511].
X. Des deux figures ci-contre,
la première est un petit fragment
du plan de marbre, sur lequel on
>oil retracé un coin du temi)le do
la Concorde ; ce fragment est gra-
vé dans Bellori, tab. IX. L'autre
est le revers d'une médaille de
grand bronze, de Tibère, repré-
sentant la façade d'un temple
dont l'aspect et le plan sont d'ac-
cord avec les descri|)lions écrites
et les fouilles. Voy. Moreul. Nu-
mismat. XII imp. rom. t. I, Num.
Tiberii, tab. V, nO 18.
IN PRONAO .«DIS CONCORDI^ FRATRES ARVALES
SACRIFICIVM DE.E DLE INDIXERV.NT.
WARINI, Atli e monumenli degli Àrvali, tav. XXIV, XXVIII.— Voilà bien l'indication
de l'avant-corps du temple.
dia», quani vovenit Caniillus, qure Foro et concioiii imniineret, ob sedatum exslruerctur
niulluni [an. 76^]. = * Le iscrizioni dicono :
M.ARTORIVS.GEMINVS
LEG.CAESAR.AVG.PRAEF.AERAU.MIL.
CONCÛRDIAE.
I
/VSITAMAE
/jro. S ALVTE.TI.CAESARIS
AYGVSTI.OPTIMI.AC
IVSTISSIMI.I'RINCIPIS
concordiae
avrI.p.v
argentI.p.x.
La prima di (jucsle tre è la più conservât:» di lutte, eti .ipparliene ail' cpoca di Au[;uslo, del
quale fu Icyalo (juel M. Arlorio (Icmino, clie fu anche prcfclto dell' Erario niililaru isUluilo
dullo siesso Augusto.
RÉGION Vni. — FORUM ROMAIN.
49
84. Temple de Jupiteb-Tonnant. Tout à côté du tomple de la Concorde
dont il n'est séparé que par un étroit sentier. Sa façade regarde aussi vers le
Forum. Ce temple, bâti en marbre blanc massif, fut érigé par Auguste qui le
dédia l'an 7321. Comme il se trouvait resserré entre le mur du Tabulariuni et le
Clivus Capitolin, on n'avait pu établir sur sa façade une file suffisante de de-
grés, et il avait fallu les prolonger jusque dans les entre-colonnements. Devant
le temple on voyait les statues de Castor et de PoUux. Le temple était d'ordre
corinthien avec colonnes cannelées. La statue du dieu était en airain de Délos.
I. ^des Jovis Tonanlis ab Augusto dedicala inClivo Capilolino. P. Vict. de Reg. urb.
Rom. MU. Voy. ci-desus n" 85, g VII.
II. Cum dedicalam in Capilolio œdem Tonanti Jovi assidue frequentaret [Auguslus],
somniavil queri Capitolinum Jovem cultores sibi abduci, seque respondisse : Tonan-
tcm pro janitore ei apposilum ; ideoque mox lintinnabulis fasligium œdis redimivit,
quod ea fere januis depcndebant. Suet. Àug. 91. — Voy. plus haut n" 68, g Vil.
III. Publica opéra plurima cxslruxit [Auguslus], œdcm Tonanlis Jovis in Capi-
lolio. Ibid. 29.
IV. Hoc frit exemplar... deliaci [aeris] Jupiter in Capilolio in Jovis Tonanlis œde.
Plin. XXXIV, 2.
V. Marmoreas parieles habuit scena M. Scauri, non facile dixerim sectos an solidis
glebis posilos, sicuti est hodie Jovis Tonanlis œdes in Captolio. Id. XXXVI, 6.
VI. Hegiœ Minerva laudalur,... et Caslor et PoUux ante œdem Jovis Tonanlis. Id.
XXXIV, 8.
Vil. La colonna più distante dal Carcere, avea eonservalo inliero il suo basamento
di marmo, e nel masse che lo compone, si veggono indicali i segni de' cinque gradini
pcr i quali si saliva dal ripiano nel tempio [di Giove Tonanle]. Quesli gradini per man-
canza di spazio eransi dovuli fare nel inlercolunnio. Nibby, Foro Romano, c. I, p. 134.
VIII. Kat TÔv Toû âiib; tsû ByîOvTWvr^î èTZC/.ccloit/Asvotj vaiv xu9(.zpu7sv nspt ou S!jo
Taura TraysafiVdoTat, on totc tï iv rvj hpoupyicf. fipo'.ncà èyévo-jTO, x«l //£t« Txûtx ovxp
Tw Aùyoùaru zoiô-jâ- inécTvj. Twv yyp àvdpo'nzorj, xà //.s'y zi, TtpOi to fsvov xat toû ovojxoi-
TOî «jTtû xat Toû z'iooui, rà as /ai, cti bnb zoxj Auyoiiazou Ïâp-JTO, p.iyizTO-j as, &ri Tzpùrot
o't à-no-nii ig tô Kv.nnay-i.o-> i-JizbyyçtJO-J, -poQipyop.i'iw/ tî «^tw zal o^êovxwv, t^o\i
TÔv bÀT. Tov b) TÛ p-iyùX'ji vaw ovt«, op^yrc' ^i ^^^ '^'^ âeÙTspa. xjtoIi ipspàp.îvov Troislidcc^
xa't sx zoiiTOu ixîho} zs giTTclv [d>î Ëlsys'j) on TzpofiiloiAX riv HpovrÔiJTX iyov xat InnSfi
■r,lj.ipv. iyi-jzzo, xoJic-jva ajTw TT£p(.ri<p-, /Siêatwv t/;v ô-jEtpu'(iv Diox. LIV, 4 *.
IX. Iconographie. H existe encore, au bas du mont Capilolin, du côté du Campo
Vaccino, une ruine du temple de Jupiter Tonnant, consistant en trois belles colonnes
cannelées, en marbre blanc, surmontées d'un reste d'entablement, également en
marbre blanc, dans la frise duquel on voit, parmi quelques instruments de sacrifice,
un casque de flamine-dial avec un foudre sur le frontail, emblème du culte de Jupiter.
Piranesi a donné une vue de cette ruine. Voy. Anlichilà romane, t. I, tav. XXXIl,
fig. 2. — Les trois colonnes, jadis enterrées jusqu'au chapiteau
ne furent déblayées, el les marches du temple mises à décou-
vert, que de l'année 1816 à 1817. Voy. Caristie, Plan et coupe
d'««e partie du Forum romain, etc. gr. in-folio. Paris, 1821.
Revers d'un denier d'argent d'Auguste représentant le temple
de Jupiter-Tonnant. On reconnaît qu'il est d'ordre corinthien.
Le dieu, debout, est nu, la main gauche appuyée sur une haste
pure, el la droite armée de la foudre. Morell. numismat. XII
imp. rom. l. I, Num. Aug. tab. XVII, no 39. — Ibid. Aureus,
tab. XI, no4.
1 Jovis ctiam Tonantis lemplum dedlcavit [Auguslus an. 732]. De qua re duo haîc comme-
moraiilur, et in ipso tune sariificio tonitrua extitisse, et somnium deinde Augusto laie obla-
lum. Quu'm proptcr nominis ac forma» ejus Jovis novitatem, et quod ab Aujjusto is conse-
cratusesset, maxime autem, quod adscendentes in Capilolium, ad eum primo pervetiiebaut,
ab omnibus Jupiter Tonans frequentareiur ae coleretur; imaginatus est in somnis Auguslus
Jovem Capitolinum secum exspostulare, quod secundo jam ipse loco haberelur, seque respon-
disse excubiiorem hune Tonantem ei Capilolino a se esse positum : ideoque orta die,lintiunai
hula Jovi Tonanti appendit, somnii confirmandi causa. _
4
50 DESCRIPTION DE ROME.
Place du FonuM romain. Le mont Capitolin ?i l'O. ; la Basilique Jiilin au S.
[n" 1 1 f)J ; la voie Neuve, au bas du inoul Palatin à TE., jusqu'à l'Arc de Fabius
[n° 127], et la voie Sacrée au N., foi niaient ses limites. Elle était dallée en
pierre de Tibur (travertin). Nous coiniuencerons la description par le côté si-
tué au bas du mont Capitolin.
I. Profondandosi lo sravo nel 1818, si rilcv6 che il piedeslallo [délia Colonna di
Foca] s'inalzava su di 11 sraglioni di marmo, clie pianlavano su! piano dcl Foro laslri-
calo di travertini. C. Fea, Vescri^. di Roma antica emoderna, l. II, p. 272.
8o. Les Rostres. — L'Ombilic de Rome. — Statie de Mabsvas, et aitres
STATUES. On sait que les Rostres étaient la tribune du peuple romain. Nous v^no-
rons quand fut établie cette tribune; son installation doit remonter au moins
aux premiers temps de la république. Dès l'an 41 C ou 417 on la décora de six
éperons en airain {rosira) de navires pris sur les Antiates, et celte décoration
liéroïque lui valut le nom de Rostres. La tribune était originairement, prés du
Comitium [n'^ 12'^], devant la Curie Hostilia [n° 122]. L'an 710, César la
transporta devant le temple de la Fortune fn" 86], comme dans l'endroit le
plus central du Forum. En effet, de là les Rostres sont vus de toutes les parties
du Forum, de la partie oi'ientale, qui leur fait face, comme de la partie méri-
dionale qu'ils ont de côté. Cette tribune était un vaste piédestal en pierre,
adosse à la branche du Clivus Capitolin passant entre les temples de la Fortune
et de Jupiter-Tonnant. Du côté du Forum elle présentait une partie circulaire
sortante, haute de six ou sept pieds, au bas de laquelle se trouvait une petite
place quadrangulaire, défendue par une balustrade en pierre, et formant un
véritable parquet, où se tenait l'accusé dans les affaires de jugements publics.
— V Ombilic de Rome était une colonne placée à l'angle droit de la Tribune, et
qui marquait le centre de la ville. — A gauche, sur la place même, était la
SUilue du satyre Marsyas, et du même côté ainsi qu'à droite, diverses slatiics.
I. Rostra populi Romani II. Sext. Ruf. de Reg. urb. Rnmw, VIII.
— Le Régionnaire, par le nombre II, désigne ici les Vieux Rostres cl les Nouveaux
Rostres. Les vieux sont ceux dont nous nous occupons; nous parlerons ailleurs des
nouveaux. Voy. plus bas n'^ 116, g IX.
IL Rosira populi Romani. P. Vici. de Reg. urb. Romœ, VIII.
III. Kal zaTs'o/iJav etç ùyopiv ûs oxj'j èTzmy.ç b Kàrwv y.axûis rh:i vcùv Tîiv
os /.udy;/j.s\iO'j Kvw fj.-zà Kubuf^Oi TÎv MinX/ov, i-i'^-f^v^xi Tipoç -oxjî fUoji. Plut. Cat.
min. 27. — ETTci oï xarcïJ'îv o MeVî^^o; i/5ïj,atav trsp'i zb jiny-x zat fuyvjv cY àyop^.ç T'iv
èva-jTiov/j.év'M-j, Tïc.-JTxKWjt Ttsmdùi /.pxTslv Jbid. 28 '.
IV. Speculalur atque obsidet Rosira, vindex lemerilatis et moderalrix officii Curia.
Cic. pro Flacco, 24.
V. Cum senalus ad eum [Drusum] misisset, ul in Curiam veniret : « Quare non po-
tius, inquit, ipse in Hosliliam propinquam Rostris, id est, ad me venil? » V. Max. IX,
5. 2. [an. 662].
VI. Cun* duorum generum,... ut Curia Hostilia, quod primus aedificavil Hostilius rex.
Ante hanc Rostra. Varr. L. L. V, g 155.
VIL Rat 70 /5-/;//a, £v /jlî<3'ji tio-j TtpÔTcpo-J r^i àyopSi ôv, 1, tôv vOv tottov, ù-.'EyoipicO-^y
xal xJT'jt V) ToZi X'Alou -où T£ Woii.-KfXrtxt tiy.'ji-i àrusdiOTi- DiON. XLIII, 49 *.
— Le mol fir,ij.u., signifie également tribunal ou suggeslum. Pline, d'ailleurs, donne
aussi aux Rostres le nom de tribunal : — Antea rostra navium tribunali preefecla Fori
derus erant. Plin. XVI, 4.
VIII. Eranl enim tune Rostra non in eo loco quo nunc sunt, sed ad Comitium,
* In Forum descendit [Cato] Ut iyitur resistens Cato .-edem Castoris conspexit ar-
matis septam, insessos a gladialoribus gradus, ipsum ïictelliim edito loco cum C.-Bsare
conspexit consiJenlein, in amicos versus: etc. — Ut solltudinem jMctclliis in Rostris vidli, et
fu;;:im in Foro advcrsariorum existinians, etc. = ^ Tum tribunal quoque, (jaum ante medio in
Foro positum csset, in eum, quo nunc est, locum translaium est : restitutœque sunt juxta illud
Syllaî ac Ponipeii statuae [an. 710].
RÉGION Vril.— FORUM ROMAIN. 51
propo juncla Curi.-c, AscoN. in Milo. p. 195. — Tune di^signe l'époque des funérailles
(le Clodius, l'an 701, et 7iunc, le temps où écrivait Ascunius, c'est-à-dire sous le
principal de Tibère.
I\. Dans le passage suivant de Sénèque, les Rostres sont mis en opposition avec l'Arc
de Fabius. — Tibi indignum vidcbatur, quod... a Uostris usque ad Arcum Kabianum
per scdiliosae factionis inaiius Iraclus, voces improbas, et spula, et omnes alias insanae
mulliludinis contumelias pertulissct [M. Calo]. Se.nec. de Const. Sapienl. 1.
X.... Loculurumque inde nobiscum de locosuperiore ; nec lantulo superiore, quanto
Rostra Foro et Coniilio excelsiora sunt ; sed quanto aitiores anlenuae sunt prora vel
potius carina. Fkunt. Epist. ad M. Anlo. I, 2.
XI. ()t T/jV ù.y/r,' naryjJ.'X'j-j-Jxs.i, ï-i rov Ki/.époi-joç -hy.ipxi (5).iyaj v.pxo'JTOç, oj/. si'ov
Si;/j.-/}yopû-j x'jTÔ-J, àlX uT^ïp T'iv à/j-SHoiv jiy/Jpx OévTzi, oj TTa^tcffXV, ojà" èTléTpîTïO-^
/s'yîtv. Pllt. Cic. 23 '.
XII. Parquet des Rostres. Tite-Live, parlant de Scipion qu'on voulait mettre en ac-
cusation devant le peuple, dit: — Et sub Uostris reum siare, et prcebere aures adoles-
centium conviciis. Tn.-Liv. XXXVllI, 33. — Et plus haut, de Scipion le premier Afri-
cain , mis en accusation devant le peuple : — Cilalus reus, magno agmine amicorum
clientiumque per mediam concionem ad Rostra subiil. Ibid. 51.
XIII. Naves Antialium, partim in Navalia Romœ subduclne, partim incensœ, roslrisque
earum Suggeslum in Foro cxstructum adornari placuit; Rostraque id templum appelia-
tum [an. 417]. Tit.-Liv. VUl, 14.
XIY. Exstant et parla de Antio spolia, quae Mœnius in Suggestu Fori, capta hostium
classe, sulllxit; si lamen illa ciassis, nam ses fuere rostratœ. Flor. I, 11.
XV. Eodemque in consulatu [C.Maenii] , in Suggestu rostra devictis Anliatibus fixerat,
anno UrbisCCCCXVI. Phn. XXXIV, 5.
XVI. Iconographie. On a retrouvé à l'angle méridional de l'Arc de Septime-Sévère,
[Xolli, no 9G ; Lelarouilly, rion. 1, 70], un massif avec revôtement en marbre blanc,
qui s'étend vers le temple de la Fortune. Il a la forme semi-circulaire extérieurement,
et au pied on a reconnu aussi une petite place carrée, dallée en pierre, à laquelle
nous avons donné le nom de Parquet des Rostres.
La Cgure ci-jointe représente les Rostres, avec leur forme
demi-circulaire et les éperons de navire qui décoraient leur
base. C'est le revers d'un denier d'argent de Palicanus, qui fut
tribun du peuple l'an C82. Voy. Thesaur. Morell. , famil.
Lollia, 1. Voy. aussi Vaillant, famil. rom. Lolita, 4. —
Pendant le seizième siècle, on a trouvé dans cet endroit des
fragments de Rostres: — Arcus vero Septimii ad dimidiam
fere parlem alliludinis terra obrutusest.Et tamen locus adliuc
ab illo, ad hune totus acclivis est. Sed aiunt vestigia quœdam
rostrorum ibi reperla fuisse, quum inde aliquando terra effo-
deretur, et ego quoquc non negarim ibi fuisse Rostra vê-
lera. Demûxtios. Gallus J^^mœ hopes, part. 5, p. 3. Rome 1383.
XVII. Ombilic de Rome- Umbilicus urbis Romœ. P. ^ICT. de Reg. urb. Romœ, MU.
XVIli. Umbilicum Romœ- -"^otit. Imper, reg. Vlll.
XIX. L'Ombilic de Rome a été retrouvé dans les ruines dont nous avons parle ci-
dessus § XVI. Ce lieu était considéré par les Romains comme le centre de la ville, bien
qu'il soit réellement vers une des extrémités; c'est que le Champ-de-Mars, quoique silué
hors des murs, faisait partie intégrante de Rome. Tite-Live parlant de la Prison publi-
que, et se reportant sans s'en apercevoir à l'époque où il écrivait, ou tout au moins à
une époque postérieure aux rois, dit qu'elle lut bâtie par Ancus Media urbc, immi-
nens Foro [I, 53]. , . j n
XX. Statues devant et auprès des Rostres. Slalue de Marsyas, à gauche des Ros-
tres. Elle avait une main levée.
Deinde eo dormitum, non soUicitus mihi quod cras
Surgendum sit mane, obeundus Marsya qui se
Vultum ferre negat Noviorum posse minoris.
HOR. I, S. 6, V. 119-121.
* Qui, inito magistratu, quum psuci adhuc dies Ciceroni consulatus superessent, non fe-
cerunt ei copiam concionis habendœ : sed positis pro Roslris subselliis, non fecerunt ei jus,
neque potestatem dicendi.
r;2 DESCRIPTION DE ROME.
— Noviiis (•lait un fônéralour [Mon. Ibid., v. 40] ; la statue de Marsvas devait donc se
trouver du eôlé de l'un des deux Janus, rendez-vous de ces sortes de t;cns.
XXI. IMarsya statua erat in Uoslris, ad (|uani solebant iiomines illi cotiveniro, qui
inter se iites atque ne^olia coniponebant. Nam et a statua nomcn iocus acceperal, in
quo solebant esse aecusalores. AciioN. in llor., 1 , S. 6, v. 120.
XXII. Marsyas avait une main levée.— Novii fratres fuerunt, quorum niinor ad lo-
cum, qui appellatur Marsya, fœiierari consueverat. Ili aulem Novii fuerunt arerrimi fœ-
neratores, et jocalur de liac re lloralius; ideo ail Marsyam unam erectam manum lia-
bere, quod illorum fu-neralorum impudentiam non potesl sustinere ; deinde quod ad
statuam Marsya; vadimonium statuebalur. AcnoN. et Poni'Hvn. in llnr. I, S. C, v. 121.
XXIII. Sénèque, racontant les débauches de Julie, fille d'Auguste, dit: — Forum ip-
sum ac Rosira, ex quibus paler legem de adulteriis tuleral, Gliœ in slupra placuisse, quo-
lidianum ad Marsyam concursum, ... jus omnis licenliœ sub ignolo adullero peteret.
Senec. de Benef. VI, 32.
XXIV. Patrique Lywo. Qui, ut supra diximus, apte urbibus liberlatis est deus. Unde
ctiam Marsyas ministcr ejus per eivitates in foro posilus liberlatis indicium est : qui
erecta manu teslalur niliil urbi déesse. Serv. in JEncid. IV, v. 58.
XXV. Statues de Rnmulus et de Camille. — Ex his Romuli est [statua] sine lunica,
sicut et Camilli in Rostris. Plin. XXXIV, 6.
XXVI. Statuettes de quatre ambassadeurs romains. — C. Fulcinium, Clœlium Tul-
lum, Sp. Ancium, L. Roscium, legatos Homanos... interfecerunl [Veienles]... Legalorum
qui Fidenis ca>si erant, slatuœ publiée in Rostris posilœ sunl [an. 518]. Tit.-Liv. IV, 17.
— Lar Tolumnius, rex Veientium, quatuor legatos populi Romani Fidenis interemit:
quorum stature in Rosiris steterunt usque ad nostram memoriam... Cn. Oclavii, clari et
magni viri, qui primus in eam familiam, qua? postea viris fortissimis floruit, attulit con-
sulatum, statuam videmus in Rostris... Quum esset missus a senalu ad animos regum
perspiciendos libcrorumque populorum, maximeque ut nepotem Antiochi régis, ejus,
qui, ciim rnajoribus noslris bellum gesserat, classes habere, elepliantos alere prohi-
beret, Laodicea; in gymnasio a quodam Leptine est inlerfectus. Cic. Philipp. IX, 2.
XXVII. Inter antiquissimas sunt [statuas] et Tulli Clœlii , Lucii Roscii , Spurii Naulii ,
C. Fulcinii in Rosiris, a Fidenatibus in legatione interfectorum. Hoc a republica Iribui
solebat injuria csesis, sicut et P. .lunio, et Tito Coruncanio, qui ab ïeusa Illyriorum re-
gina interfccti erant. Non omillendum videtur, quod annales adnotavere, tripedaneas
his statuas in Foro statulas. Ilœc videlicet mensura honorata tune erat. Non prœteribo
Cn. Oclavium ob unum scilicet verbum : hic regem Antiochum, daturum se responsum
dicentem, virga quam tenebat forte circumscripsit, cl priusquam egredcretur circule
illo, responsum dare coegit. In qua Icgalionc interfcclo, senalus statuam poni jussit
quam oculalissimo loco in Rostris. Plin. XXXIV, 6.
XXVIII. Statues de Sylla et de Pompée. Rétablies par J. César l'an 710. Voy. ci-
dessus § VII.
86. Temple de la Fortune. — Sur le coté : Schola Xantha. Le toiiiple était
situé au bas du mont Capilolin, le flanc droit tourné vers le temple de Jupiler-
Tonnant, qu'il masquait en partie, et dont le clivus le séparait. Le flanc
gauche donnait sur le Forum. Ce temple était un pseudodiptère ionique. Ou
ignore quand et par qui il fut bâti. La Schola Xanlha se composait de trois ta-
vernes situées sur le Forum, au pied du soubassement du temple de la For-
lune. C'étaient des tavernes d'écrivains pour les actes publics.
I. Ce monument a été appelé Temple de la Concorde, jusqu'à la découverte, faite
de nos jours, du véritable temple de la Concorde. Une inscription trouvée à Prénesle,
et au commencement de laquelle il est question d'un Temple de la Fortune, voisin de
Jupiter-Tonnant, lui a fait donner le nom qu'il porte aujourd'hui. Voici le fragment
de cette inscription qui nous concerne:
TV.QV.E.TARPEI0.C0LERIS.V1CINA.T0XANTI
VOTORVM.YINDEX.SEMPER.FORTVNA.MEOnVM, CtC.
BOISSARD,/!»!/;?. rom., VI pars. 81 ; MARLIAN. Topngr. Rnmœ, c. XI; GRrTER,p.72.
II. Qui presso a questo tempio [della Forluna] caxendosi profondamente non é gran
tempo, si trovù come un portico, o come tre bolteghe dove sta\ano gli scrittori degli
atti publie! , o notai che diciamo, come dalle iscrizioni che vi erano si potea congiel-
lurare; perciocché nella fascia o architrave di marmo, che cingeva quesla opéra, la
RÉGION Vlll.—l'OUUM ROMAIN. 53
qujilc *' sta(a a' tcnipi noslri rovinata lutta affalto, c portatcnc via le piètre ; si leggc-
vano dalla parle di dentro su le entrate qucslo parole :
C. AVILIVS LICINIVS TUOSIVS CV
HATOU SCIIOLAM DE SVO FECIT BE
BRIX AVG. L. DnVSIANVS A FABIVS
XANTHVS CVR. SCRIBIS LIBRARIIS
ET PRJ2C0NIBVS .ED. CVR. SCHO
LAM AB INCHOATO REFECERVNT
MARMORIBVS ORNARVNT VICTO
RIAM AVGVSTAM ET SEDES ^NEAS
ET CETERA ORNAMENTA DE SVA
PECVNIA FECERVNT.
Nel medesimo fregio da la parle di fuori, che era di opéra dorica, lavoraio pcrô
schiellamenle, si leggevano quesle altre :
BEBRIX AVG. L. DRVSIANVS A. FA
BIVS XANTHVS CVR. IMAGINES AR
GENTEAS DEORVM SEPTEM POST
DEDICATIONEM SCHOL.E ET MV
TVLOS CVM TABELLA .ENEA DE
SVA PECVNIA DEDERVNT.
LUCIO FAUNO, Antichità di Roma, lib. II. c. 10.
m. Cavendosi pavimente qui apprcsso [le temple de la Fortune, pris alors pour celui
de la Concorde], non 6 molto tempo, si ritrovarono come Ire botleglie, che dal (itolo,
che vi era, si è congetturato che fosscro curie di notari. Aldroandi, Memorie, a" 2.
IV. Schola Xantlia. Skxt. Wvf. de Reg. urb. Romœ, VUI.
V. Iconographie. Il reste encore du temple de la Fortune dix colonnes ioniques, en
granit gris, avec leur architrave et une partie de fronton. Palladio [Àrchilelt., lib. IV,
c. 30, tav. 95, 96, 97], a donné une restauration complète de ce temple. On en trouve
aussi une vue dans l'iranesi [Antichità Romane, t. 1, tav. XXXII, fig. 1]. Tous deux
le nomment temple de la Concorde.
87. Arc de Tibère. Entre le temple de la Fortune [n" 86] et celui de Sa-
turne [n» 88], vis-à-vis de la branche du Clivus Capitolin qui descendait sur la
partie méridionale du Forum. L' an 768, Germauicus ayant retrouvé en Ger-
manie une aigle jadis perdue par Varus, un Arc de triomphe fut voué, sans
doute par le sénat, en l'honneur de Tibère, sous les auspices duquel Germa-
nicus avait combattu. Il fut dédié vers la fin de l'année 769.
I. Fine anni [769] Arcus propter œdem Saturni, ob recepta signa cum Varo amissa,
ductuGermanici, auspiciisTiberii, et œdesFortis Forlunœ... dicantur. Tac. Ann. 11, 41.
II. Nel rifarsi, nel secolo XVII, l'ospedale délia Consolazione [Nolli, n" 969 ; Lela-
rouilly, rien. X, 50] per le donne ferite, si rinvennero i fondamenti di travertino di una
fabbricha che si crede appunto l'Arco di Tiberio ; è certo perô che se non è, non dovù
starne molto lungi. Nibbv, Foro Rnmann, cl, p. 110.
III. Iconographie. Cet Arc construit en un an, dans un pays où l'édificalion des mo-
numents était fort lente, prouve qu'il était peu important.
88. Temple de Saturne et Trésor public. Au bas du mont Capitolin, du
côté de la Roche Tarpéienne, au débouché du ClivusCapitolin sur le Forum. Ce
temple fut probablement bâti par le roi Tullus HostUius, et dédié l'an 25o ou
259 de Rome. Mais avant sa dédicace, Publicola, consul l'an 245 ou 216, y lit
établir le Trésor public. Le temple de Saturne fut réédilié du temps d'Au-
guste, par Munatius Plancus, l'un des consuls de l'an 71 1 . Nous avons in-
diqué derrière diverses pièces qui étaient le Trésor proprement dil.
1. TuUum Ilostilium, cum bis de Albanis, de Sabinis tertio Iriumphasset, invenio Fa-
num Saturne ex volo consecravisse, et Saturnalia tune primum Homae inslitula : quani-
vis Varro libre Sexto, qui est de sacris œdibus, scribal sedem Saturni ad Forum fa-
ciendam locasse L. Tarquinium regcm ; Tilum vero Larlium dictatorem Saturnalibus
54 DESCRIPTION DE ROME.
eam dcdicnssc. Ncc me fugit r.ellium srriberc scnatum decresse ut œdes Saturni ficret:
ci rei L. Furium tribunum militum praeruisse.... ^dem vero Saturni acrarium Romani
esse voluorunt. MAriuiii. Satur., I, 8.
II. Consulcs y. Cla-lius et T. Lartius. Inde A. Sempronius et M. Minucius : liis ronsu-
libus [an. 25.5] œdes Salurno dedicata : Saturnalia inslitutus festus dies. Tit.-Liv. II, 21.
III. liû't Toircov paît Twv iirTKTCijv riv vsoij ■/.'xOtîp'j>0?i':ui rOi K.^ivw, zxrà tjjv y.jooo-j
TirfJ eUrb KaTTiroi^io-j féf.oo'ju.-j è/. rr,i à./Of.y.i. D. Halic. VI, 1'.
IV. Sur la position du temple de Saturne, voy. plus haut n» 64 jÇ VI.
V. Oresiis vero ossa, ab Ariria Ilomani translata sunt, et condila ante templum Sa-
turni, quod est anle Clivum Capitolini, juxla Concordiae templum. Serv. in JEncid., Il,
V. \\r^.
VI. In parlem est admissus imperii [Saturnus], et sibi oppidum fecit, sub Clivo Capi-
tolino, ubi nuno ejus /Edcs videlur. Idid. VIII, v. 319.
VII. Aeceplœ a populo leges in i^irario claudebanlur, quoniam Jirarium Saturno di-
caluni erat, ul hodieque iErarium Saturni dicilur. Iiud. VIII, v. 322.
VIII. Ta//£'(îv /y.5v «TiMStl^s Tsv Toû Kysévou vaiv, w ftéx(iL vïjv xpùift-fJOi Qiurùoï/m.
rniT. Poi/ic. 12 2.
IX. Tô) ik zoû Kpôvou v«w appxyi^xi iJia; sTtsêa^sv, è'TTwj oi zoifi.lv.1 iMr,àïv l| ciùroû
^u.jj.Oy.-Joivj, fj.rfi' stspe'/îotîv. Plut. Ti. Grâce. 10 3.
X. Aià Tt Tw Tîû K/îovov vaw ypCivzcii Tot.ii.iio) zG>-J â/)ij.o^i'j>-j ypr.iJ.'Xzofj, «//« Oî /at
t^>j>'x/.zr,fA'^ Tôjv ajaé'//.ui'j>-j. Pll'T. Quœst. rom. p. 112*.
XI. Templum Saturni. Sext. IIif. de Reg. urb. Bomœ, VIII.
XII. Areus interdiu sereno rœlo super aedem Saturni in Foro Romane, intus, et très
simul soles effulserunt. ÏIT.-Liv. XLl, 21.
XIII. Censores, ... locaverunt... porticum ab aede Saturni in Capitolium ad Senacu-
lum, ac super id curiam. Ihid. 27.
XIV. I.ucain, parlant du temple de Saturne que César se fit ouvrir au commencement
de la guerre civile, dit :
Prutinus abducto paluerunt templa Melello.
Tune rupesTarpeia sonat.... Lucax. III, v. 153, 154.
XV. Ceteros principes viros ssepc hortalus est [Augustusj ut pro farullale quisque mo-
numentis vel novis, vel refectis, cl excultis Urbem adornarent. Mullaque a multis cx-
slrurta sunt, sirut a Hlarcio Philippe œdes Ilerculis Musarum ; a L. Cornificio a;des
Dianaj; ab Asinio Pollione Atrium liberlatis; a Munalio l'ianco œdes Saturni ; a Cornelio
Balbo Thealrum ; a Slatilio Tauro Amphitheatrum ; a -AI. vero Agrippa, complura et cgrc-
gia. SiET. Autj., 29.
XVI. /Edcs quoque sub Clivo Capilolino, in quo pecuniam conditam habebal, .lEra-
rium Saturni hodieque dicitur. A. Vict. Orig. gent. rom.
XVII. Iconographie. Il ne reste plus rien du temple de Saturne ; mais les cours que
nous avons plarccs sur les deux lianes de l'édifice nous ont paru indiquées par le mol
cavea de la citation suivante d'une antique loi sur les appariteurs : qvas in decvrias
viatoriji pryeconvm consvl ex hac lege viatores pr^ecoxes legerit, qvorvm viatorvm
pr.î;convm komixa in eis decvrieis ad vEdem satvrni in pariete intra caveas proxvme
ANTE HANC LEGEji... SIGON. de aiiUq. jure civi. rom. II, 9 et 15, et apud Egger, Lat.
serm. velusUor. reltq. XLVI, p. 287.
XVIII. Devant le temple de Saturne : Statue de Sylvain. Fuit étante Saturni a?dera
Urbis anno ccix sublata [ficus]... cum Sylvani simulacrum subverteret. Plin. XV, 18.
89. TABi'LAiiiiM DU PEUPLE. Edificc voisiu du temple de Saturne, et qui on
faisait partie. Il servait de dt'pôt pour les actes el les registres de l'état civil.
I. Populi Tabularia ubi acius continentur. Significat aulem templum Saturni, in
quo .^rarium fuerat, el ubi reponebantur acta quœ susceplis liberis faciebant parcolcs.
Serv, in Georg. II, v. 502.
* Ilis consiililnis [Aulus Sempronius Airatinus ctMarcus Minucius, an. 262] furunt Saturno
templum consccralum fuisse in clivo Cnpitolino, qua e Foro ascenditur. = - Attribuit aîrario
[Poblicola] templum Saturni, quo ad nostram usque aîtatem utuntur. = ^ Templum Saturni
aunulo suc consipuavit, ne quid qua^stores inde vel sunierent, vel inferrent. = * Cur Saturni
templo utuutiu' loco iErarii ibidemque comractuum muuimenta adservant.'
IIÉGION Vlll. — FORUM ROMAIN. 55
II. Tollis cnim, et libris actorum spargere gaudes,
Argumenta viri. Juv. S, 9, v. 84. 85.
— Libris actorum pioplt-r profc-ssionem srilifcl, ([uia apud /Erarium patres nalorum
deferebaiitur filinrum. Vel noinirium noiitiam dovulpare conleslalione publica. Vet.
ScHOL. in Juv. loc. sup. cit. — Voy. aussi ci-dessus n" 88, § X.
90. Ani-A ET AUTEL DR Saturn'e. V Aren est une petite place située à la
suite et tout près du Tabulariiim du peuple, à l'entrée du vicus Jugarius. Au
centre s'élève VAuld de Sftturnc
I. Ara Saturni. Sf:\t. Ulk. de Rcy. urb. Rnmœ, VIII.
II. iCdes Opis et Saturni in vico Jugario. P. YicT. Ibid.
III. Kai -riv jîoifjih-j -Ô> Kyîov&j zoù; E'ttîoù,- iopùzasOui fjLzff H^sazXsîUi ôj éVt xcà vûv
tàiy.y.sysiTïv.fy'y.zn pii^-/] Tiû /ipsy y.xzx t>;v x-joo-yv r/jv ùnb tri; v.yof^v.c ■^éf^o-joxj di t'o
l\U.~lTdl\lO\l- Tri-J Tî Oj'j'a.-J, ri-J /M £7:' èy.OÎ/ V'jlUCÛOL zOjO'J, ^uly.zzo-^zsi TÔV é^Xï)vj/.àv vi-
/*ov, sxîtv^-j, ïtvKi Tîù; zaraiTïîia/uiivoj,-. [). Uai.ic. I, 34 ^.
IV. Salurnii dicebantur qui castrum in imo Clivo Capitolino incolebanl, ubi Ara di-
cala ei deo ante bellum Trojanum vidctur, quia apud eum supplicant aperlis capitibus.
Fest. V. Saturnia.
V. X'jlw'j ôï zscraj/fivrî; P'jtuv.iou:, ïyf,rizî-i h nû9(5; ^cj»y;(jc£v, iy:i iXà.y.z'jri-v.L zoli
Y>.pà-joxi Tr,-i ijr^-n-j , /.xï 75Vi ov.ijj.oya.i tôjv c/yiu'jJi ù.~'j'i.'JiJ.ijoyi. Ko'^-y.-iOi oï Kâr)!,,
à-jir,p, r(,yj lT:iTr,y.'irj, zaTZTXsvczîî TO) O-'ti Tc/;iîv5j rh xsiy.vjo-; t/ûvr/yjj toû TcottyXoj
opovi, /'A -zVj -l-^j) /5oj;jtîv co")îJja75 rîT^a-oicw-îv. Plut. Parallcl. p. 225 2.
VI. Icnnographie. Un fragment du plan de marbre, qui se raccorde avec la Basi-
lique Julia [Voy. plus bas n» ll.ï, Basilique Julia, § VI] et sur leiiuel on lit ce reste
d'inscription : VP.NI, prouve que l'Area de Saturne était à l'une des extrémités de la
Basilique Julia.
91 . Lac ou fontaine de Servilius. Fontaine située au commencement du
vicus Jugarius et près de la Basilique Julia. Elle était ornée d'une statue de
l'Hydre do Lerne.
I. Servilius Lacus appellabatur eo, qui eum faciendum curaverat, in principio Vici
Jugari, continens Basilic;e Julia-, in que loco fuit effigies llydrœ posita a iM. Agrippa.
Fest. v. Servilius.
II. Vidcant largum in Foro sanguinem, et supra Servilium Lacum (id enim proscrip-
lionis Sullanœ spoliarium est) senalorum capila. Senec. de Provident. 5.
92 iEQUiMELiUM. Area situé au bas du mont Capitolin, auprès du Lac Ser-
vilius, dans le Jugarius vicus et non loin de la Porte Caruieutale. C'était un
marché où l'on vendait de petites victimes pour les sacrifices.
I. Romee fcpdum incendium per duas noctes ac diem unum tenuit : solo eeqnata om-
nia inter Salinas ac Portam Carmenlalem, eum ^■Equimclio Jugarioque vico. Tit.-Liv.
XXIV, 4 7.
II. Lupus ^squilina porta ingressus, frequenlissima parte Urbis, eum in Forum de-
currissel, Tusco vico atque inde Melio, per porlam Capenam prope intaclus evaserat.
TiT.-Liv. XXXllI, 26.
III. Subslructionem super .Equimclium in Capitolio... locaveruat [censores, an. 565].
TiT.-Liv. XXXVIII, 28. — Snbstructio désigne sans doute ici un des murs de soulène-
nrienl de l'escalier des Cent marches.
IV. In iEquimelium misimus, qui afîerat agnum, ciuem immolemus. Cic. de Divinal.
U, 17.
V. Mélius ayant aspiré à la royauté, fui puni de mort et sa maison rasée. — Domum
* Et Epeos una eum Hercule Saturno Arani statuisse, qua' iiunc eliain durât, sila ad coUis
radiées, juxl.i viani qua ex Foro in C.apiloliuni aseemliiur ; el saerificiiini, (|uod mea i tiam
a^tate Romani ritil)us (;ra;eis observatis faeiebani, al) illis iustilulum feriint. = - Cum autim
Romani pe>tilent'a invasisset, respondil ApoUo Pylliius fineni inali fore, si t'aturni iraiii pla-
çassent, e l j;enios injuste 0C( isorum. Itaqiie Lutalius Catulus, unus de prineipibus viris, Sa-
turno tempium prope Tarpeium niontcm condidit, Aranique in eo collocavit quuiuor liaben-
tem faciès.
56 DESCRIPTION DK UOML.
dsindc, ut monumcnto area cssel opprcss.B nefaria> spei, dirui exlemplo jussil; id
^quimclium appcllalum est. Tit.-Liv. IV, 16 [an. 316].
95. Autels d'Ops et de Cérès. Sur un petit area, à la suite d'.£quime-
lium fn" 92].
I. Vicus Jugarius idem et Thurarius, ubi sunt Ara; Opis el Cereris cum signo Vor-
lumni. P. VicT. de Heg. urb. liomœ, VIII. — Voy. ci-dessus n» 90, g M.
II. Addila et unum dicm supplicalio est ex decrelo pouUncum, quod œdes Opis in
Capitolio de cœlo tacla erat. TiT.-Liv. XXXIX, 22.
III. AR^ Opis et Cereris in vico Jycario cosstitvT/E svkt. GRUTER. p. 134. —
Orelli, Inscript, lat. t. II, p. 596.
IV. In capitolio in jzw.-a opis sacerdotes convenervnt, ad vota nvncvpanda ad
RESTITVTIONEM et DEDICATIONEM CAPITOLII AB IMPERATORE TITO CXSARE VESPASIANO
AvcvsTo. MARIM, AUi e monumenli degli Arvali, lav. XXIII.
04. Vicus JcGARics. Quartier qui commençait auprès de la Basilique Julia
[n° 113], et s'étendait jusqu'à la Porte Carinentale.
I. A porta [Carmentali] Jugario vico in Forum venere. TiT.-Liv. XXVII, 37.
H. Saxum ingens... labefactum, in Vicum Jugarium ex Capitolio procidit. TiT.-Liv.
XXXV, 21.
m. Voy. ci-dessus no 90 g II ; n» 91 g I ; n» 93 § I ; n» 9C § III.
95. Argilète. Quartier au bas de l'extrémité S. E. du mont Capitolin. Il
se prolongeait jusqu'en dehors de la porte Carmcntale ou Scélérate. On y
trouvait beaucoup de tavernes (boutiques), et particulièrement des tavernes
de librairies.
I. Sur la position d'Argiléle, voy. ci-dessous n" 99 g I, III.
II. Quinlus fraler, qui Argiletani œdificii reliquum dodrantem émit H-S dccxxv,
Tusculanum venditat. Cic. ad Atlic. I, 14.
III. Ciccron pariant d'une pension qu'il faisait à son fils, dit : Accommodcl ad mer-
ces Argiletani et Aventini. Cic. ad AUic. XII, 32.
IV. Ad lihrum suum.
Argiletanas mavis habilare tabcrnas.
Cum tibi, parve liber, scrinia noslra vacent. JIart, I, 4.
V. Vertumnum Janumque, liber, spectare videris,
Scilicet ut prostes Sosiorum pumice mundus.
HoR. 1, Ep. 20, V. 1.2.
VI. SiGiLL\RiA. Aulu-Gelle seul cite ce quartier sans dire où il ciail : « Apud SIgillaria
forte in libraria... consederamus. n A. Gei.l. V, 4. — Comme il renfermait aussi des
tavernes de libraires, nous le mettons à la suite d'Argilète; mais c'est une bien faible
conjecture.
96. Temples de Matute et de la Forti-ne-virile. — Devant : Arc de Ster-
Tixius. Les deux temples étaient auprès de la Porte Carmentale, dans le voi-
sinage du Jugarius vicus et d'/Equimelium. Le roi Servius les bâtit ; l'an
359 on réédifia le premier, et l'an 546 le second. Devant ces deux édifices
se trouvait un Arc de triomphe érigé par L. Stertinius, l'an oo6.
I. 'TaXira. &£a7Ty:açK//ev5î i-j dfy/i-Jfj zs y.'A xarà T.o\iii.o\)i, /.a.1 vasùj oùo zaTac/.î'jKsâ-
p.vJOi T'j}(r,ç,... TÔv fj.'-v £v à.yof.v. zf, za/«!;//.c'vr) lioafAx, ràv ô" êrspov Itti toij riiôsi toÎi
'TiÇifAOi, fjv ùy5c.-,['j.-) T.prxir^yocz'jovJ, w; xat vyv ijTio PoipMorj xstXnrxt. D. Halic. IV,
271.
II. Ludos magnos ex senatusconsulto vovit [Camillus] Yeiis captis se faclurum :
œdemque Matuiee Malris refeclam dedicalurum, jam ante ab rege Servie Tullio dedi-
catam [an. 359]. Tit.-Liv. V, 19.
III. H 05 5Ù-/X//IT0; siî rb âéxxrov è'roi toû ttoàs/usu xxzcàiioxax ràj ii'/.'Xxî ^p'/.^-i, ^<-'^-
* Quum igiliir hnec domi militi.-eque -jessisset [Servius], et duo templa Cï'ilruxissct For-
tunae, . . . (allerum quidem in foro Boario, alteram vero ad ripam Tiberis) quam virilem
appellavit, ut nunc ctiam a Romanis nuucupatur.
IIÉGION Vlil.— lOKlJM ROMAIN. 57
6ovT( Tizî iJLt/àla.i ©ci; k;î(v, y.A vîtijv Oîzj, r,v iM/,T£^a MafoÛTKv /.«Xsûii P'j)jj.iiioi,
■^'xfiiî.p'^ntit . Plut. Camil. 5 '.
IV. Romae fœdum inccndium per duas nocles ac diem ununi tenuil : solo îcquala
omnia inler Salinas ac poilam Carmenlalem, cum yEquinielio Jugarioquc vico : in
templis Forlunaî ac Malris Malulœ, et Spei extra porlam, laie vagatus ignis sacra pro-
fanaque mulla absumpsit [an. 539]. Tn.-Liv. XXIV, 47.
V. Comitia a pra-tore urbaiio de senatus scntcntia plebisquc scitu sunt habita
[an. 540], quibus crcali siinl quinque viri mûris, turribusque reficiendis; et Iriumviri
bini, uni sacris conquirendis, donisque persignandis; alteri, reficiendis aedibus Fortunaï
et Malris Matutœ inlra portain Carmenlalem, sed cl Spei extra porlam, quo; priorc
anno incendio consumpla; fuerant. Tit.-Liv, XXV, 7.
VI. Poiilibus et magno juncla est celeberrima Circo
Area, quae posito de bove nomen liabet.
Hac ibi luce ferunt Matutœ sacra parenti
Sceplriferas Servi lempla dédisse manus.
Ov. Fasl. VI, V. 477-480,
VII. Forum Piscarium.
iEdes Matulœ
Vicus Jugarius. P. ViCT. de Reg. urb. Rnmœ VIII.
VIII. Piutarque attribue au roi Ancus Marcius la fondation du temple de la Fortune-
virile, sans désigner dans quelle région était ce temple ; mais nous avons préféré l'au-
torité de Tite-Live et d'Ovide à celle de l'illustre biographe de Chéronée. Voy. Plut.
de fort Rom. p. 263. 278.
IX. Arc de Slertinius. L. Stcrtinius "de manubiis duos Fornices in Foro Boario
ante Fortuna^ œdem et Malris Malutaî, unum in maximo Circo fecit : el his Fornicibus
signa aurata imposuit [an. 556], Tit.-Liv, XXXllI, 27,
97. Porte Carmemale ou Scélérate. Au nikli du mont Capilolin, près de
la Roche Tarpéienne. Elle avait deux ouvertures.
I. Porta Carmentalis versus Circum Fla'minium.
Templum Carmeiita;.
Capiloiium. P. ViCT. de Reg. urb. Romœ, VIII.
II. Sur la position de la Porte Carmenale voy. plus haut n" 64, § III.
III. Bw/y.îùi i9zza(/./j.r,y iopuy.vjo'Ji, Kxpy.svTr, jj.''.-.), imb tw /.sàojfj.z.'Oi Ka;TtTw).t«;J 7ra/;à
TC.t, Ky.pfj.î-Jri'ji izÙMti- V.jc/yâp',) oï nphi kzip'j) zw 'i.O'f'jfJ, AvsvTtvw 'l,vp;ii'"j}., 'Ôi 'fpt-
oiijj.'>-j rJArii oj r^pit'O). D. Halic. I, 32 2.
IV. Pars autem Capilolini montis infima, habitaculum Carmenlse fuit, ubi Carmentis
nunc fanum est, a qua Carmcntali portœ nomen dalum est. Solix. 2.
V. Tite-Live parlant du départ des Fabiens, dit : — Infelici via, dexlro Jano porlœ
Carmenlalis profecli, etc. Tit.-Liv. Il, 49.
VI. Carmentis portoe dextro via proxima Jano esl.
Ire per banc noli, quisquis es ; omen habet.
nia fama refert Fabios exisse trecentos.
Porta vacal culpa ; sed lamen omen habet.
Ov. Fasl. II, v. 201-204.
VII. Cffsi apud Crcmeram trecenti, patricius exercilus, et sceleralo signala nomine,
quee proficiscentes in prœlium porta dimisit. Flor. I. 12.
VIII. Porta qua profecli fuerant [Fabii], Scelerata est appcUata. A, Vict. de vir.
Illust. 14.
JX, Haec Ara [Carmentis] juxla porlam qua; primo a Carmente Carmenlalis dicta esl;
posl Scelerata a Fabiis ccc sex qui per ipsam in bellum profecli, non sunt reversi. Serv.
in Mneid. VIII, v. 337.
• Decinio liiijus belli [Veieiitana'] anno reliqui'i abroy ilis niagislr.ililnis, diclalor al) scnatu
Camillus dictus, mat;istrum oquilum dixit Corncliiiin Scipioncni. Inde pro imperio vota nuu-
cupavit, si liujuscc belli faustum exitum Dii dédissent, liiilos inagnos se faetnrum, sedemqnc
Dca;, qiiam Matutani matrein vocant l'ioinani, dedicatiirnni. =- Vidi etiani Aras crectas,
aiteram Carmenla:', ad portain Cannentalorn, sut) co eolle qui Capitoliniis vocatur; allcram
Evandro, ad alleruui çollcm qui Avcutinus vocaluc, non prociil a jwrla Trijjemina,
88 DESCIUPTION DE ROME.
X. Scclerata porta eodcm appellutur a quibusdnm quae cl Carmcntalis dicitur, quod
ci proximum Carmcnla; sacellura Tuil. Fest. v. Sceterala.—\o^. ci-dessous n" 98, g IV.
98. Autel de Carmente. Au pied de la Roclie Tarpéienne, en dehors de la
porte Carmcntale, au centre d'un petit area. On y arrivait par quelques de-
grés. Son éditicatioii remontait aux tein[)S fal)uleux de Rome.
I. Sur la position de; l'Autel de (Carmente voy. ri-dessus n" 07, g 1, III, IV, IX, X.
II. Ovide parlant du culte rendu :\ Carmenle, dit :
Srorlea non illi fas est inferre sarello. Ov. Fast. I, v. 629.
m. Les mots fnnum et mr.elhtm employés par Solin, Festus [n» 97 § IV, X.] et Ovide,
désignent Ynrea sur lequel était l'Autel. — Fabius srribil,... in ca pugna Jovis Statoris
sedeiti votam, ut Romulus antc vovural : sed fanum tanlum, id est lorus templo efl'atus
fiacralus fuerat. Tix.-Liv. X, 57. — Sacellum est locus parvus dco sacralus cum ara.
A. Ckll. VI, 12.
IV, Vix ea dicta : deliinc progressus, monstrat et Aram,
El Carmentalem Homano noniine portam.
ViRG. Mnrid. VIII, v. 3S7, 338.
— Monstrat et aram. Aut quam Evander matri feeit exslinctœ : aut aram pro monu-
mento, aul ideo aram quia ibi sepulla est, et [)OSl exeessum dca crédita : hœc Ara juxla
portam qua; primo a Carmente Carmenlalis dicta est; posl Scelerala a Fabiis ccc scx,
qui per ipsam in belium profectl, non sunl reversi. Serv. loc. sup. cit.
99 Temple de Jams Geminus. En dehors de la porte Carnientale, au bas de
l'extrémité S.-O. du mont Capilolin, presque vis-à-vis du théâtre de Marcel-
lus [n» 144]. Numa hàlitce temple vers l'an 39 de Rome; Duillius le restaura
l'an 494, et Tibère l'an 770. La simplicité de cet édihce rappelait celle des
premiers temps de la ville : il était quadrangulaire, sans portiques ni colon-
nade. Numa le fonda pour qu'il servît à indiquer si Rome était en guerre, si
elle était en paix : dans le premier cas, les portes du temple demeuraient ou-
vertes; dans le second, elles restaient fermées. La disposition architeclonique
était conçue d'après cette destination, et de larges ])ortes remplissaient pres(pie
entièrement ses deux façades. Néanmoins, l'élendue du tenqile permettait au
sénat de s'y assembler. On voyait au milieu la statue de Janus à double face.
I. Janum ad infimum Argilelum, indicem pacis bellique fecit [Xuma an. 39] apertus.
ut in armis esse civilalera ; clausus, pacatos circa omncs populos significaret. Tit.-
Liv. I, 19.
II. ïheatium Marcelli ubi cral aliud tcmplum Jani. P. VicT. de Rerj. urb.
Romœ, IX.
III. Sacrarium hoc [Jani] Numa Pompilius fecerat circa imum Argilelum, juxta Ihca-
Irum Marcelli : quod fiiii in duobus brevissimis templis, duobus autem propter Janum
bifrontem. Skrv. in Jîineid. Vit, v. 607.
IV. lieligioni est quibusdam Porta Carnvntali egredi, el in œde Jani, quse est extra
eam, senatum liaberi, quod, etc. Fest. v. Ueliyioni.
V. Jano ad theatrvm Mabcelh. GRLTEU. p. 134. — ORELLl, Inscript, lai. l. II.
p. 396.
VI. Lautolaî a lavando, quod ibi ad Janum Geminum aqua; calida; fucrunt. Ab eis
palus fuit in minore Vclabro. Vaur. L. L. V, § 156.
VII. llle [Numa] Janum Geminum, fidem pacis ac belli, etc. Flor. I, 2.
VIII. l';jT£ o" aJTîû y.xï vcijs i-j Vdi/Jr, oiOjfiOi, Sv ttoas/àîu r.UAr/j zx>5Î/t£- -jo/jJ^-tui
yy.p, c/.JiCyxOxi /akv aJTOv, ozx-j ^ t:ô1z,<j.05, /;/.),£Ï59at o" sipr,vr,i ysvopéyr,i- b Or, y%\î~oy,
r, zai cTïxviojs ■/i./ôij.vjov. Pldt. Num. 20 '.
l.X. Oirœ ferro et compagibus arclis
Claudentur belli porta-. Viuc;. ^f/ic/rf. I, v. 293, 29'»
X. Sunt gemina> belli porlœ sic nomine dicunt)
Relligione sacrœ et sajNi formidine .Martis. /ôïd.VlI, v. 607, 608.
* Est ejus [Jani] templura Roni.T; biforo, quod Iclli jaiiuam vocant. Hoc apcriri bullo, et
claudi pace composila, solennc est.
RÉGION VIII.— FORUM ROMAIN.
59
XI. lisdcm tcmporibus [an. 770], deum acdcs velustateaut ignoabolitas, rœplasquc
ab AuRuslo, dfdicavit... [Tibcrius] ; Jaiio tem-
pluin, (|uod apud Forum Olilorium C Duillius
struxeiat. Tac. Ànn. II, 49. — La construction
d(! Duillius ne pouvait être qu'une récdifica-
lion du temple bâti par Numu. Duillius la fit
exécuter en qualité de censeur l'an 494. Cette
réédification est d'autant plus vraisemblable que
les Humains n'avaient pas pour habitude d'en-
rtetenir les monuments publics, et d'ordinaire
les laissaient lilléralemenl tomber en ruines.
XII. Iconographie. Vue du temple di; .lanns,
prise sur le revers d'une médaille de grand J)ronze
de Néron. Voy. Morell. Numismnt. XII imp.
rom. t. II, Num. Xeronis, tab. IX, n» 18. X,
nos i3j 14^ 15.
100. Forum Olearilm. Marché à rimile situé dans le Vélabre.
I. Cette position est toute conjecturale, el fondée sur le vers suivant de Piaule,
Capliv. III, 1, V. 29 :
Omnes compacto rem agunt, quasi in Yelabro olearii.
101. Forum Piscarium. Marché au poisson, situé près du Tibre et de l'Arc
de Janus quadrifroiis du Forum Boariuni [n" I06J.
I. Secundum Tibcrim ad Janum Forum l'iscarium vocanl. Varr. L. L. V, g 14G.
II. Jides Ilerculis victoris.
Forum l'iscarium.
JEdes Matutœ. I'. Vict. de Reg. urb. Roma; VIII.
III. Templum Jani.
Forum l'iscarium. Sext. Rif. Ibid'.
IV. Viens Piscarius. Ibid. XI. — Ce viens de la Xle région confinait probablement au
Forum Piscarium, dont il aura emprunté son nom.
102. Les Vélabres. Quartier qui s'étendait de la rive gauche du Tibre,
dans la Xl^ région, jusqu'au Forum romain, dans la Vill**, derrière la Basi-
lique Julia [n" 1 13]. On le distinguait en \^élabre majeur et Vêlabre mineur;
le mineur était dans le voisinage du Ueuve. La voie Cai-menlale formait la limite
entre les deux Vélabres.
I. Aventinum aliquot de causisdicunt Ego maxume puto, quod ab advectu ; nam
olim paludibus nions erat ab reliquis disclusus, itaque eo ex Urbe advehebanlur rati-
bus : quoius vesligia, quod ea, qua tum vehebantur, etiam nunc dicitur Velabrum,
et, unde escendebanl, ad infumam Novam viam saccUum Velabrum. Vaur. L. L. V,
§ 45.
H. Laulolœ a lavande, quod ibi ad Janum geminum aquai caldœ fuerunt. Ab bis
palus fuit in minore Vclabro, a quo, quod ibi vehebantur linlribus, Velabrum, ut illud
majus de quo supra dictum est. Varr. L. L. V, g 156.
m. Hoc sacrificium fit in Velabro, qua in Novam viam exilur, ut aiunt quidam, ad
sepulcrum Accœ. Varr. L. L. VI, g 23.
IV. Velabrum majus. Sext. Rif. et P. VicT.de Reg. urb. Romœ,\l.
Y. Qua Velabra soient in Circum ducere pompas.
Ov. Fasl. VI, V. 405.
— Ovide dit les Vélabres [Velabra), preuve qu'il y en avait plusieurs.
VI. Ab a;de Apollinis boves fœmiiiœ albae duœ porta Carmentali in l'rbem ducla;
A porta Jugario vico in Forum venere Ind-e vicoTusco, Velabroque, pcr Roarium
Forum, in clivum Publicium, atque œdem Junonis Reginœ perrcctum. TiT.-Liv.
XXVII, 37.
Vil. Venit [Hercules] ad inviclos pecorosa Palalia montes,
El slaluit fessos fessas el ipse boves,
60 DLSCIUI'ÏIUN DL IkOME.
(Jua Vclabra suo slagnabant numinp, quaquc
Naula pcr urhaiias velincabal aquas.
Arvaquc mujiitu suncile Boaria longo :
Nobile cril Koma" pasfua vestra Forum.
l'HOPEdT. IV, 9, V. 5-6. 19-20
VIII. Ka).îÏTa( oï vûv b rànoi li/jÀai/^îv, on io\j ■ko-zxjj.'ixj ■noVi.'/./.ii ImsfiXzO/j.é-JOu, dV«-
Tt£puiov:izo nopOfj.-ioiç xk7« toÎito t'o y'j>[Àoj ûi à-/5,cî'.v t»;v i\ ■nof.OiJ.ù'j.-j, /Svaroù^av
xaloîj'jiy Ë-Ji'ii ô'î \iyo\j-i rr/j îJ, ràv irr-ioys5//«v pépow^xv oC à.yopv.; tïk/^o'Jîv ï'sii'jiî
zKTanïTSîvvùvai TOÙj tj^v Weav T.'J.f,tyo-i-'j.i, vi-viiOi-i ù.py_oij.vJOU:. Vi/iu.'y.ïzrl o'î TÔ liriov
/5/î/îv àvo/xy.l^oiizi. I'lit. Romul. 5 '.
105. FonuM BoAHiiM. Il fonuait tout à la fois une place et un quartier dans
la Vill'^ région. Situé au pied du mont Palatin, vers l'angle S. 0. de eelte
monlagne, il avait pour limites la voie Triomphale au S. ; la Basilique Julia
[n" 1 loj au N. ; et le Cirque Maxime et le mont l'alaliu à l'E. Le Forum pro-
prement dit était peu spacieux ; on y trouvait trois temples, une basilique,
un Arc de Janus, et la statue d'un taureau en airain.
I. Gladialoiummunusprimuni Hoiiix dalumesl in Foio Boario, App. Claudio, M. Tul-
vio Coss. [an. 489]. Dederuat M. et D. Bruti, funebri memoria palris cineres honorando
V. Max. Il, i. 7.
II. Dans riiisrriplion de dcdirare du petit arc vulgairement appelé Arc des or-
fèvres, qui existe encore dans le Forum Boarium [Nolli, n" lO.ïi ; Lclarouilly, rion.
XII, 13], on iil : Arge.ntakii et .negotiantes Boarm bvjvs. Voy. Nardim, Roma anlica,
lib. V, c. 10, t. Il, p. 255, edil. Nibbj'.
104. Basilique Semproma. Construite vers la (in du sixième siècle par le
censeur Ti. Sempronius. Elle était perpendiculaire au côté occidental de la
place du Forum Boarium.
I. Ad opéra publica facicnda rum [censoribus] dimidium ex vectigalibus ejus anni
[583] atlributnm ex senalusronsullo a quipsloribus esset, Ti. Sempronius ex ea peeunia
quœ ipsi allribula eral, <edes P. Africani pone veleres ad Vorlunini signum, lanienas-
que et tabernas conjunrlas iii publirum eniil, Basiiicamque faciendam curavil, qua;
poslea Scm(ironia appeliala est. TiT.-Liv. XLIV, 16.
il. S. Gioryio in Yelabrn [Nolli, n" 1055; Letarouilly, rion. XII, \h]. È quesla
una délie più antiche eliiese di Borna Yuoisi œdilicata sul principio del VI secolo e
chiamassi anrora Basitica Scmpronia poicliè era stala edificala sopra le rovine dl
quclla. MELCHioRni, Guida melodica di Roma, p. 501, in-12.
lOo. Statie du Taureau d'airain. Dans le Forum Boarium, à droite en
avant de la Basilique Sempronia [n" 104]. Cette statue était Tort ancienne.
I. Proxinia Inus a^ginetico [œre] fuit. Insula et ipsa nec œs gignens, sed oflieinarum
temperatura nohilitata. Bos œreus inde captus in Foro Boario est Bornée. I'lin.
XXXIV, 2.
II. Ponlibus et magno juncta est eeleberrima Circo
Area, qua- posilo de bove nomcn habet
Ov. Fasl. VI, v. 477, 478.
III. Sed inilium condendi, cl quod Poniœrium Bomulus posuerit, noscere haud ab-
surdum reor. Igitur a Foro Boario, ubi a-rcum Tauri simulaerum adspicimus, quia id
genus aiiimaliuni aratro subditur, sulcus designandi oppidi cœptus, ul magnam Uer<:ulis
Arani amplccterelur. Tac. Ann. XII, 24.
' Vclabruni nuiic vocaiit ex eo, qiiod in crebiis fluvii exiind.itionilms trHJectus eo loco in
Fnrum cssol. Tnijeclum vclaUirain vocant. Alii dcUicimt a vcio : quod qui muuus populo cx-
liibtnl inde vtlis viam, (jua; a Foro fcrl in Circuni maximum, adumbrunt.
RÉGION VKI.— FORUM ROMAIN. 61
100. Arcdk .Ian'us 01 adrifrons. D:ins lo Forum Bo.'tiiuni, .^ g.iuolio on avant
(lo la Basili((iio Senipronia (n" IOi|. Il csL eu marlin; hiano, carn'', cl percé
(le quatre portes dont les axes se eroisenl. Chaque face du nionuinent est dé-
corée de douze niches semi-circulaires disposées sm- deux rangs de hauteur.
A l'époque de l'équinoxe, le soleil levant elle soleil couchant lance ses rayons
juste dans les deux portes tournées de ces côtés.
I. Cet Arc existe encore [Nolli, n» 1053; Letarouilly, rion. XII, 13]. On ignore
qui l'a construit. Sa matière indique évidemment un édifice du temps de l'Empire.
Quelques antiquaires veulent en faire lionneur à Domilien. Leur conjecture est fondée
sur une bien vague autorité, sur le passage suivant de Suétone : — Janos arcusque cum
quadrigis et insignibus triumpliorum pcr regiones llrbis, tantos ac tôt exstruxit [Domi-
lianus], ut cuidam grœce inscriptum sit alicui : APXEI. Sukt. Domil. 13. — Cependant,
à propos du vers suivant d'Horace [I, Ep. 20, v. 8] :
Vertumnum Janumque, liber, spectare videris.
Porphyrion [in Hor. loc. cit.] indique l'existence de l'Arc de Janus du temps d'.\uguste :
— Janus quoque Vicus est ab Jano gemino sic appellatus, qui in eo Arcum habet sibi
consecratum, perque deos significat loca in quibus cum ceteris rébus eliam libri vé-
nales erant.
II. Iconographie. Pirancsi [Àntichilà Romane, t. I, lav. 21 fig. 2] donne une vue
des ruines de cet arc, qu'il appelle Arc de Stertinius, mais à tort, cet Arc étant en marbre,
et l'Arc de Stertinius datant du temps de la république [Voy. n" 96, § IX], époque oi'i
l'on ne construisait encore qu'en pierre.
III. Tota structura ita posita est, ut tempore œquinoxiorum ex binis porlis quœ ex
adverso sitae sunt, altéra orientem solem excipiat, altéra excludat occidenlem, Demo.n-
Tios. Gallus Romœ hosp. part. I, p. 15.
107. Temple de la Pudicité patricienne. Au fond du Forum Boarium dans
la partie adossée au mont Palatin et au Cirque Maxime. C'était un petit temple.
On ignore par qui et quand il fut fondé, mais il existait déjà l'an de Rome 436.
I. Forum Boarium.
Sacellum Pudiciliaî patriciœ.
JEdes llerculis Victoris duœ, altéra ad portam Trigeminam, altéra in Foro Boa-
rio cognomine rotunda, et parva. P. VicT. de Reg. urb. Ro7nœ, VIII.
II. Insignem supplicationem fecit certamen in Sacello Pudicitiœ patricia>, quœ in Foro
Boario est ad a?dem rotundam Herculis, intcr matronas orlum. TiT-Liv. X, 23 [an./(56].
108. Temple d'Hercule VAiNQUEL'R. Dans le Forum Bo.arium, auprès du tem;
pie de la Pudicité patricienne [n° 1 07]. 11 était rond, petit, et fort ancien. Il fut
bâti parmi certain Octavius Hersennus.
I. Sur la position et la forme de ce temple, voy. ci-dessus n» 107, § I, II.
II. Bomœ in œdcm Herculis in Foro Boario, nec muscœ, nec canes intrant. Plix.
X, 29.
III. Proxima eelebrata est, in Foro Boario œdo Herculis, Pacuvii poetae pièlura.
Plin. XXXY, i.
IV. Romœ autem Victoris Herculis a>des duœ sunl; una ad portam Trigeminam, al-
téra in Foro Boario. Macrob. Saturn. III, 6.
V. Romœ Victoris Herculis œdes dute sunt, una ad portam Trigeminam, altéra ad i
Forum Boarium cujus commenli causa hœc exponitur : Marcus Octavius Hersennus in
prima adolescentia tibicen, postquam arti suœ dilTisus est, mercaturam instituit, bene
re gesta decimam Herculi dicavit, postea cum navigans hoc idem ageret a pra.'donibus
circumvenlus forlissime pugnavit et victor recessit, quem in somnis Hercules docuit sua
opéra servatum, cui Octavius impetrato a magistratibus loco, œdem cum signo sacravit,
et victorem incisis litleris appellavit. Serv. in jEneid. VUl, v, 563.
VI. Sacellum Herculis in Foro Boario est. Solin, 2.
109. Temple de la Fortune vierge. Dans le Forum Boarium, et bâti par le
roi Servius Tullius.
I. Ovide, après avoir parlé du temple de Mainte, qu'il dit i'-tre situé dans le Forum
62 DESCRIPTION DE ROME.
Boarium [voy. plus haut n» 96, <§ VI], ajoute, plus bas, que le temple de la Fortune a été
consacré dans le môme temps et dans le même lieu :
Lux eadem, Fortuna, tua est, auctorque locusque.
Ov. Fast. VI, V. 569.
11. Où yàp /j.o-^ov TÙy//iç sjéïnK^oi xal àTTOTpo-xlou xai iJ.iikr/_lxi xaJ Tipuroyivilai xat
cipps'jOi Upà xaTETXsÙKTev, ùlX iiTiv lâlcci tù^Ij upô-j, sTspo'J à" èT:LUTpsfoy.évr,i, «7>o
(?' sùÛTnooî, vllo Tcxpdivoo. Plut. Quwsl. rom. p. 155*.
110. Fontaine Muscosus. Derrière le Forum Boarium, au pied du mont
Palatin. Nous ignorons quand et par qui elle fut établie.
I. Plutarque nomme celte fontaine, sans dire où elle était située [voy. plus haut,
n" 17 § 111] ; nous la plaçons ici à cause du voisinage du temple de la Fortune vierge,
et de la grande conserve d'eau située sur le flanc méridional du mont Palatin, n" 209.
m. Voie Neuve. Elle s'étendait depuis le Forum Boarium jusqu'à la voie
Sacrée, en suivant le pied de la partie occidentale du mont Palatin, derrière les
édifices du Foruiu romain.
I. Hoc sacrificium fil in Velabro, qua in Novam viam exitur, ut aiunt quidam ad Se-
pulcrum Acca;. Varr. L. L. VI, § 24. — Voy. aussi plus haut n° 102, g I.
112. Autel d'Aius Locutius. Au bas de la voie Neuve, près du Bois de
Vesta, et enfermé dans une enceinte. Son établissement remontait au IV® siècle
de Rome; Camille l'édifia.
I. Non multo post anle Urbem captam exaudila vox est a Lnco Vesfœ, qui a Palatii
radice in Novam viam devexus est : « Ut mûri et portœ reficerentur ;... » quod neglec-
tum, quum caveri poterat, post acceptam illam maximara cladem explicalura est. Ara
enim Aio Loqucnti, quam septam videmus, exadversus eum locum consecrata est. Cic.
de Divinat. I, 45.
II. Audita vox est monentis, ut providcrent, ne a Gallis Roma caperetur;ex eo Aio
Loquenli Aram in Nova via consecralam. Cic. Ibid. II, 32.
111. M. Cfpditius de plèbe nunliavit tribunis se in Nova via, ubi nunc sacellum est,
supra iEdem Vesta;, vocem noclis silenlio audîsse clariorem humana, quae magislra-
tibus dici juberet, Gallos advenlare. Tit.-Liv. V, 32.
IV. Expiandœ etiam vocis nocturnsp, quœ nuntia cladis ante bellum gallicum audita
neglectaque essel, mentio illata, jussumque templum in Nova via Aio Locutio fiori.
TiT.-Liv. V. 50 [an. 365].
V. Aio Locutio Templum, propter cœlestem vocem exauditam in Nova via, jussimus
fieri. Jhid. 52.
VI. Sicut Aius, inquit, deus appellalus, Araque ei statuta est, quaî est infima Nova
via, quod in eo loco divinitus vox édita erat. A. Gell. XVI, 17.
Vil. Èjj>; yùp h Tri TiV.prj>xriiJ.évf] vuxTt xaO' hobv jiaâi^'ji'J , rjv xajv/,v ôvo//.(iÇouîf, xV/i^îïj
ùttô Ttvos, X. T. >. Plut. Camill. 14. — Aùtô; tî' iSpiicot.ro vsiiv <l>v)//.-/;j xac K),vj'J'ovoî, «vsu-
owv i-ASivov TÔv zÔTTOV, èv o> •.iiixro>p rj xc.rc-y/éllowjx t/jv twv jiapëd'.pojv ar/iariav Ia &sou
zo> K£(?!xîc.) Mùp/.oi f'jyj-/] TzpoijéTTSTs. Ibid. 30 2.
113. Vicus Tuscus ou Thurarius. Partie du quartier situé au pied du mont
Palatin, entre le Forum Romain et le Forum Boarium. 11 devait son nom de
Tuscus aux Tusci ou Toscans, qui l'avaient originairement habité, et celui de
Thurarius aux marchands de parfums qui y demeuraient.
I. Le mont Cœlius ayant été donné aux Toscans pour l'habiter : — Magnas copias
per plana etiam ac Foro propinqua habitasse, unde Tuscum vicum, e vocabulo advena-
rum dietum. Tac. Ann. IV, 65.
II. oTs é'J&jxsv ïj [iù-j\-/i yj^po^-i Tîïj Tzokt'jic,, s'vÔa oJxws ïp-tù^o-i xaTaaxjuâsacOat, tov
* Non enim Fortunae duntaxalBonse spei, Averruncae, Blandas, Primigeniae, et Virilis templa
condidit[Servius], seJ et Proprire Forlunae œdes est, et Convertcntis, et Bene speranlis, et Vir-
ginis.= ** Ait, nocte ex via, quam Novam vocant, quum a qiiopiam alta voce appellaretur, etc.
— Novum etiam templum exstruxil Aio Loquutio, quo loco nuntiam cœlitus barbarorum ad-
ventus vocem audierat M. Caedilius.
RÉGION VIIF. — FORUM ROMAIN. 65
aj),Mva* êi y.cà p-Èypi? ip.ri'ij Tv^pr,-jS)v (iïy.r,<:ii 'jtio Po>y.c.i'j>'J y.cùÛTXt /.xrù t/jv litiyùpiov
mùjîy-O'J, 0 fépob(jx ^iod'ji à.Ttb tvj,- ùyjpy.i ira riv ij.v/v.-) ïtijt'jSpop.'i-i. D. IIalic. V, 36 '.
III. Inde [a Foro Romano] viro Tusco, Vclabroque, per Boarium Forum in clivum
Publicium atque œJem Junonis Reginse poiTeclum. Tit.-Liv. XXVIl, 37.
IV. Tusci, aliquando pulsi, conlulerunt se Romam, et vicum, qui modo Thurarius
dicitur, babitaveiunf, et ei suum nomen dederunt. Alias, Tusci vici ideo, quia ubi nunc
vicus Thurarius, dicilur Tusci vicum acceplum babifarunt. Inde nomen est vico. Acron.
m Uor. 11, S. 5, v. 227.
V. Tuscus dicitur vicus qua itur in Velabrum.... ubi unguentarii consislunt. Porphyr.
in Hnr. loc. sup. cit.
VI. Voy. plus haut n» 92, § II ; 93, g I.
VII. Vicus Jancs. Derrière la Basilique Julia [noil5] et confinant au vicus Tuscus.
— Voy. plus haut n» 106, g I ; et ci-dessous n» lU, § 111.
\\\. Temple et statue de Vertumne. Sur la droite du Tuscus viens, entre
Tangle septentrional du Forum Boarium et le temple de Jules-César [n" 116].
Auprès sont des tavernes de libraires. On ignore le nom du fondateur et l'é-
poque de la fondation de ce temple, mais Lien certainement il existait déjà du
temps de Cicéron. C'était un édilice de petites proportions.
I. Quis a signo Vortumni in Circum maximum venit , quin is in uno quoque gradu de
avarilia tua commonerelur. Cic. in Yerr. 1, 59. — Signum Vortumni in ultimo vico
Thurario est, sub Basiiicœ angulo lloclenlibus se ad postremam dextram partem. AscoN.
in Yerr. I, p. 107. — V. aussi n" 93, § 1.
II. Ab eis [Tuscis] diclus \icus Tuscus, et ideo ibi Vorlumnum stare, quod is deus
Elruri.T princeps. Varr. L. L. V, §'<6.
III. Verlumnus autem dcus est prœses vertendarum rcrum, hoc est emendarum ac
vondendarum, qui in vico Tliuvario saceilum liabuit. Janus quoque similiter vicus est
ab Jano gcmino sic appellalus, qui in eo Arcum liabetsibi consecratum. Per quos deos
significat loca in quibus cum ca;teris rcbus eliam libri vénales erant. Porphyr. in Ilorat.
I, Ep. 20, V. 1.
IV. Verlumnus et Janus dii sunt qui prœsunt negotiis ementium et vendentium, ante
quorum templa erant loca in quibus, cum caeteris rébus, eliam libri vénales erant.
Acron. in Uor. I, Ep. 20, y. 1.
US. Basilique Julia. — Devant : Statues dorées des Douze grands dieux. —
A DROITE, DANS LE VICUS JUGARius : Arc d'Auguste. La Basilique Julia occupait
presque tout le côté méridional du Forum, à partir du vicus Jugarius. Sa
forme était celle d'un parallélogramme deux fois aussi long que large. Ses
murs étaient percés d'arcades au rez-de-chaussée, et décorés de niches avec
statues au premier étage. Cette basilique fut commencée par J. César et ter-
minée par Auguste. Un incendie l'ayant détruite vers la fin du règne de ce
prince, il en entreprit la réédificalion sous le nom de ses neveux Lucius et
Caïus. Il mourut avant d'avoir lini cet ouvrage, qui fut terminé par ses héri-
tiers, à une époque postérieure à l'an 765, mais dont on ignore la date. Mal-
gré le désir d'Auguste, le nom de Basilique de Lucius et Caïns ne put préva-
loir contre celui de Basilique Julia. — L Arc d'Auguste fut dédié l'an 7i4, en
l'honneur de la victoire d'Actium.
I. Sur la position de la Basilique Julia près du vicus Jugarius, voy. n» 91, g I.
H. FORVM JVLIVM, ET BASILICAM
QV.E FVIT INTER iEDEM CASTORIS ET JEDEM SATVRNI, COEPTA PROFLIGATA
QVE OPERA A PATRE MEO PERFECI ; ET EANDEM BASILICAM CONSVPTAM IN
CEXDIO, AMPLIATO EIVS SOLO, SVB TITVLO NOMINIS FILIORVM [mCOrum] INCO
HAVI, ET SI VIVTS NON PERFECISSEM, PERFICI AB H.ERIDIBVS [mcis JUSSÏ].
LAPIS ANCYR. col. i et 6.
' Quibus [K(ruscis] senatus locum Urbis dédit, convallem illam quse inter Palatium et Ca-
pitoliiimad quatuor ferme stadiornm longitudinem exporrigitiir, ubisede» exstruerent : qui ad
mea usque tempera vicus Tuscus a Romanis sua lingua appellatur, qua transitur a Foro ad
Circum maximum.
64
DESCRIPTION DE ROME.
m. Quacdam cliam opoia suit noniinc nlicno, nf|)olum sriliret et uxoris sororisque
fecil [Aii^ustus] : ul l'orlirum, liasIlicaiiKiiic l.ucii et (laii. Siet. Aug. 29.
IV. Licinius ex Geiinania puer rapliis...., non niiillo posl manumissus est, dein
curalioni (ialliarum ab AuRusto pia'posidis, eas spoliavil : et cum flai;raret invidia,
basilicam sub nomine C. Jalii (",a>saris .Tilificavit. Vkt. Sciiol. in Juv. S. 1, v. 109.
V. Slare, parlant de la slaliie de Domilien située au milieu du Forum, dit qu'elle
est entre la Basili(|\ie Julia et relie de l'aulus, autrement basilique yEmilia :
Et laterum passus liinr Julia leela luentur,
Illine belligeri sublimis Uegia l'auli. Stat. Sylv. I, 1, v. 29, 30.
VI. hnnofjraphie. Le plan de la Itasilique Ju-
lia, joint à celui du temple de J. César, so
trouve sur deux fragments du grand plan de
marbre du Capitole, dont nous donnons ici une
copie. Ils sont aussi gravés dansBellori, Iconog.
r. vet. Romcp, tab. XII et XVI.
La seconde figure est le revers d'un denier
d'argent où J. César est représenté couché sur
des armes, auprès de sa Basilique, et ouvrant
sa toge pour recevoir une couronne de laurier
que lui apporte un aigle. Thesaur. MoRELL.mumm»
consulares, famil. Julia, tabl. XX, 12, et numism.
■imp.rom. num. J. Csesar. tab. VIII n** iô. On y
voit que la Basilique était d'ordre ionique. —
GoLTZ. in Cwi. p. 9.
VII. Slaluet des Douze grands dieux. Klles
étaient dorées. — Prius invocabo... XII deos Con-
sentes, neque tamen cos urbanos, quorum ima-
gines ad Forum auraia» stanl, sex mares etfeminœ
tolidem, sed illos XII deos qui maxime agricola-
rum duces sunt. Varr. B. R. I, 1. — Xous voyons
qu'elles étaient sur le Forum ; c'est par conjec-
ture que nous les plaçons devant la Basilique
Julia.
VIII. Arc d'Auguste. Kv Cï toItu v.'A ïtX Tr^irîyi^v, <:j'/yy. ixt-j /m Itzi tç t-^j ■^o.hjj.u-
Xl^i vt'zï) ol i-J oï/.o> Voi/J.aioi £'/'v;p(îavTO' tk Tc yà/î v(xv;t/;^(« aÛTw, wj /ai zr,i K/îîttk-
Tyia;, zai y.p'iâx 7:^<îrra(5f3i/s5v év r- tw Wpz.irîil'jt, za't k-éyx-/ ;v T/JPoj/jata y-pf-v. é'owxav.
Dion. LI, 19 '. — C'est par conjecturé que nous plaçons cet Arc ici, devant la voie qui
passe entre la Basilique Julia et l'Area de Saturne, parce que les Romains bâtissaient
toujours leurs Arcs de triomphe sur des voies publiques.
il G. Temple de Jules-César, et noiveavx Rostres. — Devant : Colonne Ho-
UATiA. Le toniple était à l'exlréinitô orientale de la Basilicjue Julia ; sa façade s'a-
lignait sur celle de ce dernier édifice. 11 reposait sur un soubassement élevé, et
était environné d'une colonnade d'ordre ionique, à simple rang, excepté sur la
façade, où le portique avait plus de profondeur. Le temple de J. César était pyc-
nostyle. Les triumvirs en ordonnèrent l'édification l'an 711 ; Octave l'acheva et
le dédia l'an 720. Au milieu des degrés de ce temple, il y avait une espèce
d'autel, décoré de rostres de vaisseaux pris à la bataille d'Actium, et qu'on
appelait les Nouveaux Rostres. — La Colonne Horalia était une petite co-
lonne carrée, érigée sous le règne de TuUus Hostilius, pour recevoir le tro-
phée remporté par Horace sur les trois Ciiriaces.
I. Templum Julii Cœsaris in Foro. P. Vici. de Reg. urb. liomœ, Vlll.
II. iEoEM Divi jvi.i.... FEci. LAPIS ANCYR. col. 4 et 6.
m. Hanc animam inlerea, ca>so de corpore raplam,
Fac jubar, ut semper Capitolia nostra Forumque
Divus ab excelsa prospectât Juliusœde. Ov. .>/e<a»i. XV, v. 840-842.
* Hoc, et superiori tempore [an. jil\\, pcrmulta Uomae in honorem Caesaris, propler victo-
riam navnlem, sunt facta décréta, nam triumpliiis ei, velut de Cleopatra, concessus est, et
Arcus triumphalis Brundisii, aliustjue in Foro romario.
RÉGION VIII.— FORUM ROMAIN.
C
IV. Fratribtis adsimilis, ((uos proxima tcnipla loncnips
Divus al) pxrclsa .Iiilius a>iIo vidcl. Ov. l'ont. Il, 2, v. 85 8C.
V. QuiP rccitlit fono, Cxsaris unibra fuit,
llle (|iii(lcni rœlo positus Jovis allia serval,
Kl ti'iifl in niagtio tcmpla dicala Foro.j Ov. Fasl. III, v. 702-704.
VI. O <?£ àriuoç iTzï 70 'i.iyoi toxj Kv.i'iy.fioi l-v.-)i\Owj, ï-^ipo-i cij-zb è; ts Ka7rtTc.J>.f5v
w; ejxysij Oà.'pxi zs h iîp'ji, xui p.î7y. «îwv OéyOxr x'ji}.uàf/.rJii os Liirb TfiJv hp;oi-j, £,- t/jv
y.yopù.-j (Aiidii zOînciv, ë'jB% t'o ttùIui Poi/icàoiv hzi ^v.r:i\-io-j. Appian. Le bell. cic. Il,
p. 847'. — nK).a(, autrefois, romparativcment au temps où écrivait Appien, c'est-à-
dire à l'époque de ïrajan ou d'Adrien.
Vil. K'A -/ipCio-j cl i-j Te TV7 d'/opô: /.al èv tw riTio, h w i/.é/.7.'jto, TrpozaTcêx/./ovTO.
Dion. XLVII, 18 2. • ...
VllI. Pycnostylos est cujus intercoiumnio unius et dimidiatae columnœ crassiludo in-
terponi polest; quemadmodutn est divi Julii, ci in Cœsaris foro Vcneris. Vitruv. III, 2.
IX. Icnnng7'aphie. La forme et la
position du temple de J. César se trou-
vent indiquées sur l'un des deux frag-
ments du plan de marbre rapportés ci-
dessus n» 115, § VI. — La ligure ri-
contre est la reproduction d'un aureus
de César-Octave. La face rappelle son
triumvirat, le revers représente le tem-
ple de J. César. On voit que les co-
lonnes avaient le chapiteau ionique.
Dans le fronton, est la comète qui ap-
parut au moment de la mort du dictateur, et au milieu du temple la statue de J. César
en costume de pontife, \c lituus i\ la main. Voy. Thesaur. Morell. Nummi consu/ares,
famil. Julia, lab. XX, 19 ; ISumiim. XII imp. rom. Num. Aug. lab. IX n» 8 ; et Goltzius
in Augusto, p. 23.
IX. Cette seconde figure est le revers d'un denier d'argent,
représentant, comme la précédente, et le temple et la statue
de César, ainsii que la comète, dans le fronton. On lit dans la
frise l'inscription de dédicace. La légende, qui se rai>porte à
César-Octave, nous apprend que ce denier l'ut frappé pen-
dant son 2*^ consulat, c'est-à-dire l'an 720, époque où, suivant
toute vraisemblance, le temple de Jules fut dédié. L'autel
qu'on voit sur le côté, rappelle celui qui fut élevé à César
après sa mort, et que le temple remplaça ensuite. Voy.
Thesaur. Morell. famil. Julia, lab. Vil, 6. G.— Voy. aussi Vail-
lant, famil. rom. .Iulia, 60.
X. Nouveaux Rostres. Ce qu'on appelait ainsi n'était pas une nouvelle Tribune, mais
une décoration de Rostres placés au soubassement du temple de J. César, lîemarqucz
qu'il n'est jamais question dans l'histoire de ces Rostres, comme tribune. Dion-Cassius
dit que l'Oraison funèbre d'Augusle fut prononcée sur les vieux Rostres par
Drusus, et sur les autres Rostres par Tibère. Suétone rapportant le même fait, dit que
Tibère loua Auguste, du haut du temple du divin Jules, ce qui prouve que quand il
est parlé des nouveaux Rostres, il s'agit tout simplement du portique du temple de
J. César, ou peut-être d'un autel, qui se trouvait au milieu des degrés de la façade.
XI. txjyjià. iJ.kv y.xï èn'i. 'Tj tô? vau/za/w; viz/) si iv oïy.oi V'jiu.vloi è'^v^ptsavro Tyjv tï
■/.pyr\ViVl</. TOÛ IsuXtstou ■ftpùo'j icTii twv a.lyjj.7.'t,oizuPj>-J vcwv è^uëôloii xo'SfMYiO/jvot.t. DiON.
LI, 19».
XII. Bifariam laudatus est [Augustus] pro œde D. Julii a Tiberio, et pro Rostris sub
vcleribus a Druso Tiberii filio. Sl'et. Aug. 100.
* Plebs vero ad lectic.im C.Tsans reversa, deferchat cam in Capitolium, sepelitiira, ut jam
coiKecratum in tcmplo inter deorum imayinrs ; sud proliibontibus id sacerdotibus, nirsum eum
in l'orum retulerunt, quo loco Itegia quonduiii fiicrat. = - Sacellum ei [Ciesari] laïKiiiajii lie-
roi, in Foro, eo loco ubi crcinatus fuit, cxstnicre insliluerunt [iriumvlii, an. 71 ij. = ' l'»'r-
niulta Roms in honorem Caesaris, piopicr victoriain [Acliacam] navalcm, sunt décréta,... ut
S.icrarii Julii crepido captivarum navium rosiris ornaretur.
m DESCRIPTION DE ROME.
Xin. A'ttî /j-z'J iirehou (to'j jiY,/jia.TOç) h ^poXi'si-; ti v:ii-/-'(j)- «ttô Ci twv kripuv i/jiê6)iO}v
Dion. LVI, 3*1.
XIV. T. Quinclius Crispinus ros. populum jure rogavil, populusquc jure scivil, in
Foro, pro Hoslris aedis divi Julii. From. Aquœd. 129.
XV. Colonne Uoralia. — L-î/isv ôï tôç <ipSTr,ç, r,-) iTTzosiiXTO //jL-y. rr,v jm.-/i\>, /Jt«/î-
TÙ/9tov rj ywviKÎa CTi/).tj r; ~.r,i ktip'Xi TraiTRO'î; if.pyo\t^7. h y.yof.v., i'/ r,; ïy.iro -y. 5/i/).5C
TWV X/êavwv Tpic'jjÂorj- Ta /tkv oi/v o—).a vjpc/.vfsrat ctà iJ.f,/.Oi ypojou, t-/;v c" ê:Tt/.A/;îtv :^
c-ii),(j ç'j>c<TTSt Tov «jTv^v, ()/jaTΫ yMOJiJ.i.'ri nùct. I). Halic. III, 22 2. — V.rif.y.i rarri-
05i dc'signc la lîasili(|ne Julia [n'' ll.ï] ; la première élail la Basilique .'Emilia [n" 131.]
XVI. Inler liœc 8enex [le vieil Horare] juvenem amplexus, spolia (^urialiorum fixa
eo loco qui nunc Pila lloralia appcllatur, oslerilans, ele. Tit.-Liv. I, 26.
XVII. Pila lloralia, ubi trophœa locala dicuntur.
Curia.
Tcmplum Caslorum ad Laeum Juturna;.
P. VicT. de Reg. urh. Rom<p, VTII.
XMII. Celle Colonne se Irouvail jusle sur le chemin qu'Horace avait suivi pour ar-
river au Forum, car, d'après le récit de Tite-Live, il revint à Home par la Porte Ca-
péne, et par conséquent il traversa le Cirque Maxime. — Princeps Iloratius ibat, tri-
gemina spolia prœ se gercns; cui soror virgo, quœ desponsa uni ex Curiatiis fueral,
obvia anle portam Capenam fuit. Tn-Liv. I, 26.
117. Bois de Yesta. Vers le Forum Boarium, au pied du mont Palatin,
entre la voie Neuve et le Vicus Tuscus, et clos de murs, comme l'étaient sou-
vent les bois sacrés.
I. Exaudiia vox est a Luco Veslîe, qui a Palalii radies in Novam viam devexus est.
Cic. de Divinat. I, 45.
II. Via Nova.
Lucus Veslœ. Sext. Rlf. de Reg. urb. Rom. VIII.
448. Temple de Vesta et Atrum regium. A la suite du Bois [n° 1 17], entre
la voie Neuve et le Forum romain. Le temple était circulaire et couvert en
airain de Syracuse. Il s'élevait au fond de V Atrium regium, cour entourée de
portiques et d'habitations. Numa fut le fondateur de ce temple. Il avait de-
meuré dans l'enceinte sacrée, d'où le nom d" Atrium regium ou de Regia Numœ
qu'elle portait. V Atrium servait de demeure aux vestales.
I. K5(v/,v xarcCTTviffWTO ttkvtwv /j.ix-.', iv tw fj.i-aX'j tsû TîKa7r£Tc<j).tou xx't T5t> naX«T£5y
y/iipiu, t;ii|U— s7rs).(T^£vcov rlcr, tôv ),ôjjcov iv't TTS/îiêô^w, /ai jJ-iTrii ùjx'jo'v) o'JTriÇ Tvj; y-p-
p&i, tj -fl /.aTîT/îJauTai TÔ U,civ tv^v t£ fActy.ri-j-zwJ UpCi-j xaTstràv Tiûrpiov twv AK-tvwv
vô/j-ov, oiù 7r«^9c'vwv èyo/j.o9îTr,7t ■/■■JssOa.t. D. Halic. II, 66 '.
II. Forte revertabar festis veslalibus illac
Qua Nova Romano nunc via juncta Foro est.
Ov. Fast. VI, v. 395-396.
ni. Vidimus flavum Tiberim relorlis
Liltore Etrusco violenter undis,
Ire dejectum monumenla régis,
Templaque Veslœ. Hor. I, Od. 2, v. 15-16.
— On a voulu appliquer ce passage d Horace au pelil temple rond qui existe encore
sur les bords du Tibre, auprès de la bouche de la Cloaque .Maxime. [Nolli, n° 1089 ;
Lelarouilly, rion. XII, 15]. Flavio Biondo a le premier émis celte opinion dans sa
* Drusus ex eodem tribunal! aliqutd de scripto reeitavit. Tiberius autem pro aliis illts
Rostris Juliis ex S. C. et piiblico iiomine, in haec prope modum verba de eo peroravjt.. =
* Allerum vero testimoniuni forlitixlinis qiiam in praelio (itinonslravit, est Coluniella angu-
laris, a qua altéra Fnri Basilica incipit, supra qiiam posita erant Trigeminoriim Allianoruni
spolia. Sed arma illa vetiiMate consiimpta sunt, at Olumulla eamdem appellationein relinens
Horatia pila vocatur. =: ^ [Nnma] uiuiiii lemplum omnibus commune erexit, in eo spatio
quod est médium inier Capiiolium et Palatiiim, ciim jam lii colles une murorum ambitu
essent conclus!, et Forum inti-r utrunique esset médium, ubi hoc templum xdilîcatuni e»t j et
sacrorum cuslodiam palrio ritu virginibus lege lata assignavit.
RÉGION VIII. —FORUM ROMAIN.
67
Roma ristaurata, lib. II, c. S6 (Venet. 1548) ; beaucoup d'aulrcs anfiquaircs l'ont sui-
vie depuis, mais à tort; 1" Parce que là le lemple de Vesta ne serait plus dans le Fo-
rum romain ; 2» Parce que le Tibre débordait réellement jus(|u'à l'endroit ou nous avons
placé le temple de Vesta, sur remplacement duquel est aujourd'hui la petite église rondo
de S. Théodore [Nolli, n» 962 ; Lclarouilly, rion. X, 37] ; 5° Parce que Denys d'Ha-
llcarnasse [II, 69] rapportant l'aventure de la vestale Tuccia qui, accusée d'inceste,
prouva son innocence en allant puiser au Tibre de l'eau dans un crible, el venant la ver-
ser aux pieds des pontifes, dit qu'e//e traversa le l'ornm, ;j.ixpir?i.; ùyoï-yV.; ^^r/zacKv
TTocf.ù T^6o'Xi~'',yj U/j'-içjavTÔjv i^-pvjr:v.i ri uo\)/3, ce qui n'aurait pu avoir lieu si le lemple
eût été au bord du fleuve. 4» Enfin parce que le lemple de Vesta ayant été fondé par
Numa, il n'aurait pu l'établir sur le bord du Tibre, l'endroit indiqué étant, du temps
de ce roi, un marécage que Tarquin dessérha plus tard en établissant la Cloaque Ma-
xime. Voy. sur ce sujet un excellent mémoire de Carlo Fea, intitulé : Discorso reci-
talo neir Accademia Archeologica il di k oltohre 1810, suW antico Tempio rolondo
vicino a Ponte rotto, detto volgarmente di Vesta. Rome 1816, in-8. Quant au prétendu
temple de Vesta, sur la rive du Tibre, il était dans la XI« région, et dédié à Caslor.
Voy. no 252.
IV. Se in Nova via ubi nunc sacellum est, supra œdem Vestae, vocem noctis silentio
audisse clariorem huniana, quœ magistratibus dicijuberet Gallos adventare. Tii-Liv. V,
52 [an. 564].
V. Inlerrupit hos sermones,... pluribuslocis circa Forum incendium ortum.... Com-
prehensœ Lauluniiœ, Forumque Piscatorium, et Atrium regium. JEdes Vestœ vix defensa
est. TiT-Liv. XXVI, 27
VI. Dehinc cum omnia in circuilu Fori popularelur, œdem Veslœ corripuil [ignisl.
Oros. IV, 11.
VII. Regia Nurnsc.
Templum Vestae. P. VicT. de Reg. urb. Rotnce. VIII.
VIII. Hic locus est Veslœ, qui Pallada serval et ignem :
Hic fuit antiqui Regia parva Numae.
Inde pelens dextram, porta est, ait, isla Palalî :
Hic Stator : hoc primum condita Roma loco est.
Ov. Trist. IH, 1, y. 29-52.
IX. .^des Jovis Staloris, vota Romulo, Numaeque Regia et delubrum Vestae cum Pe-
natibus populi romani, cxusta. Tac. Ann. XV, 41.
X. Quis enim ignorai Regiam ubi Numa habilaverit in radicibus Palalii, finibusque
romani Fori esse? Serv. in JEneid. VIII, v. 363.
XI. Veslœ quoque aedcm ipsam Syracusana superficie tegi placuisse. PuN. XXXIV, 5.
XII. E'oiiiJ.y-o -),/;ct5v tjû tvjj EoTtaj i-po'j rvjv ■/.çdou/j.é-jrtV Pyjytav, ot'Jv ti ^ci7ilsiov
ov/.r,tj.'x. Plut. TVww. 14 *,
XHI. Vestalibus nempe una illa sedes est, ex qua eas nihil unquam, praeterquam
Urbs capta, movit. Tit-Liv. V, 52.
XIV. Virgines [vestales], quum vi morbi Atrio Vestae coguntur excedere, matrona-
rum curae cuslodiœque mandantur. Plin. VII, Ef. 19.
XV. Virgo aulem veslalis simul est capta, atque in Atrium
Vestœ deducla cl pontificibus Iradita. A. Gell. I, 12.
XVI. Iconographie. Le lemple rond de Vesta est repro-
duit sur le revers de trois deniers d'argent de la famille Cassia.
Voy. Tliesaur. Morell. famil. Cassia, lab. I, n"* 1, 2, 5. Les
textes ci-dessous confirment cette iconographie. Nous avons
ajouté derrière le lemple un sanctuaire pour le Palladium
el les dieux particuliers du peuple romain. Ce sacrarium de-
vait exister, car le public était admis à voir le feu sacré,
et Jamais le Palladium ni ces statues ; la disposflionde l'é-
glise de S. Théodore, le reproduit.
Quœ nunc œre vides, stipula tune lecta videres :
Et paries lenlo vimine lextus erat.
Hic locus exiguus, qui suslinel Atria Vestae,
Tune erat intonsi Regia magna Numœ.
XVII.
Regiam, quœ etiam hodie ita dicitur, juxta œdem Vestœ œdificavit [Numn].
08
DESCRIPTION DE ROME.
Forma tamon loniiili, (|iix niinr manct, anlc fuisse
Dicilur : cl foitiui' raussa proljaiida subcsl.
Vcsia eadem est qua; Terra : etc. Ov. l'ntt. M, v. 2Ct-2C7.
Tij^A fpo\jf.ôi.v. Plut. Num. Il '.
1 19. Lac ou fontaine de .Titifine. Fonlaine on maçonnerie, siluée sur le
Forum, onlre le temple de Vesta fn» 118] et celui de Castor [n" 120].
1. Casloreni vero el l'olluecin eliatii illo lenipore |)ro imperio populi Homani excu-
buisse cotçiiiluni est, quo ad Laoïiin .lulnrnae suuni cquorumque sudorem al)lucre visi
sunt ; jun claque Fonli sedcs corum, nullius honiinuin manu reserala paluit. Val. Max.
I, 8.'l. ,
oiio y£av(7/oi \iyo'^Ta.i, Tzols/xMài i-Ai'h/.6zsi cto/kj x«t tovj în~otji ï'jpôtTi
oiv&poyvJi i-n%-jbi3.fjai. «/savTsj Si twv ÎTrHwv i/.ù-sfioi, xal àjio-Apa-.'Tîi ÙTzb t^,- /(ê&:-
ooi,ri TicpxTO tï/sbv T/),- E'iTta, àva'J£So)5(, Àt//v/;v TrofîuffX è/j.5'jOLOJ ÔMyrr^
TuiiTTii iiTt -xpcioô'iou /.al Oa.nurj.'^-zrn tôjv û'a£//.iJvcov èntfx-^dx; h Pûi/z-r, r^oW'}. ar.iJ.û'-j.. 6
Tî vîÔjs 0 Twv i^iozxoùp'jiv, ôv ijz'i z?,i dy^pci; y.aTî'.c/.îvaoîv ■/) —ô\i;, svfe wj-ô/j rà. Uo-jitsx,
■A'x'l r] TtKis' «3tw X/5/ÎV-/; /.a)>5y,v.-:'vri Tî Twv (-)£ô)v tîOtojv l'iyiii. D. IIalic. M, 13 2.
III. Ilac sunl Ledœis lempla dicata Deis.
Fralribus illa Deis fralres de gentc deorum
Circa Julurna' composuere Lacus.
Ov. Fast. 1, V. 706-708.
IV. Templum Casiorum ad Lacuin Juluina;. P. Vicr. de
Rcg urb. Romcp, VIII.
V. Revers d'un denier d'argent d'Aulus Albinus, représen-
tant Castor cl Poliux abreuvant leurs chevaux au Lac de Ju-
turne. Thesaur. Morell. faniil. Postumia, lab. 1, n<* 5. —
Vaillant, famil. rom. Postumia n" 5.
120. Temple de Castor. — Devant : Statue équestre de Marcius Tremulus.
— Le temple s'élevait auprès du Lac de Juturne, dans la partie du Forum op-
posée à la voie Sacrée, el se trouvait, comme le temple de Vesla, adossé à la
voie Neuve. Il fut voué l'an 2.")5, par le dictateur Posthumius, et dédié
l'an 278, par le fds de Posthumius. Tibère et son frère Drusus le restaurè-
rent. Son portique dominait le Forum ; on y arrivait par plusieurs degrés. Bien
que consacré à Castor et PoUux, cet édifice était lialjituellement appelé temple
de Castor, ou des Castors. — Devant, sur le Forum même, était la statue éques-
tre de Marcius Tremulus, vainqueur des Herniques l'an 447.
I. Templum Casiorum. Sext. IUf. de Rcg. urb. Romœ, VIII.
II. Sur la position du temple de Castor auprès du Lac de Julurne, voy. ci-dessus ,
n» 119.
III. Ibi niliil nec divinœ nec humanœ opis diclator [A. Posthumius] prœlermillens ,
ffdem Castori vovisse fertur. Tii-Liv. 11, 20 [an. 255].
IV. Castoris œdes eodem anno [270] idibus Quinliiibus dedicala esl : vola eral Lalino
bello, Poslumio dictatore. Filius ejus duumvir ad id ipsum crealus, dedicavit. Tii.-Liv.
II, 42.
V. Nonne ab A. Poslhumio œdem Castori et Polluci in Foro dicatam? Cic. de Nat.
Deor. III, 5.
^ FtTunt Numani aedem quoquc Vostoe sacro i(;ni orbiculaiem circumjecisse. = - Ferunt,...
finito pr.-elio, Romae in Foro eodem modo conspectos fuisse duos adolescentes, militaribus in-
dutos vcstibus,... eqiiosque sudore mndidos iidduceiites. Cnnique de equis desceiijissrnt,
seque abluissent ar|ua qua; profliiil ex foule qui cit ad mdcni Vesl.-p, quajque parvuni quiileui
sed profundum larum efficit Ilujus ineredibilis et admirandae Deorum praîseniis Honire
muita exstant nioiiumenta : cum ip.sa a?des Castoris et l*olluiis, qitam in Foro populus ronia-
nus a-dificavit, in eo ipso loco ubi visa? fucrani illoruin iinayines; tum fons anli vicions, qui
isiis Uiis sacer dicitur.
RÉGION VIU.— FORUM ROMAIN. 69
M. Nec dissinuiluiot collcga cjus M. Dibulus, cvcnissc sibi quod l'olluci : ul ciiim
{Tcmiiiis fiatribus :vdcs in l'oro coiisliluta, tanlum Casloiis vocarclur Slkt. Cœs. 10. —
Yoy. plus baul, n« 24, § XII.
VU. Uuœris iter? dicatn : vicinum Caslora canœ
Transibis Yeslœ, virgineamque domuin.
Mabt. I, 71.
VIII. A'uTÔj oî tv y.r'aw 7T:ivTwv h tw va'Ô rCrJ \i07A-}'jp'j>y ifiopîvî. APPIAN de Bell,
eiv. 1, p. 622'.
IX. R«'[ ènîio/j 5, Tî Kou'jxp, jirj'/.yy a'jT)\j p^iîsvrt'îaj, pr{Zfj-J •zvj'j. ■i\ii.ip'x-) nposimy, Xj
b> aùir, -JOij-oOsTriCyi, ''•^' "ô T:Xr,9oï vùi/tî; t/;v àyopm 7T/î5X«Tî').aSîv, ènTfkdî //ïtk Toiv
■Eupi(jy.-jy.'j;j.é./'jiy xxnrpbi y.vj tô Stoa/.'jvp;Lo-^, ù.-f o\nzs.p i/.ÛJii kirijx/rjopzi, ùs/j-tts^s'
là ij'i-/^ cdiol T'iv àv(?yîW7rcjv ùrrîtzovTwv ol, rà tîè, zai v3//tÇ5VTCJv chjto-j ixvi /m ^vavTtco-
Ori'JSiOxt a-fi'zvj- &'), ô'î «vco t£ iyi-JîTO, -fA v:nù.éyifJ i'rscpôizo, aJTij Tî /.ury. twv àvz-
6ai//'iv ioioO-ri, xc.i py.Sooi u'jT'iû cjvîT/st'Ç/jTay. DiON. XXXVIII, 6^.
X. Sur la silualion du temple de Casior dans le Forum, voy. plus haut, n" 85, § III.
XI. Ttj, Tî Si'in/.'jitpno-J 70 iv r/j yyop^v. tv5 Pcovaia ôv rXy.~io.(jyj, oiy. //înj tojv '^.yvjjj,'}.-
Twv sL'7000-j 'ji aJT5!J cj tSi Tîs'./C'.rtov îû5()57Kro... Dion. LIX, 28"'.
XII. l'arlem Palatii ad Forum usque promovit, atque aede Castoris et Polluris in
vcstibuium transfigurala, consistons saepe inter fratres duos médium se adorandum
adcunlibus exliibebal [Caligula]. Slet. Calig. 22.
XIII. Kcà l-j (JÀ-J zri àyopy. ^inis-Aoitpwj iipb'J tâ}iU7«//E'vi5tj t£//2v, x. t. /. Strab. V,
p. 252 *. '
XIV. O /ÂVJ sOj; zol; l^ioa/.oûpoii h y.-pfyZ, roû Til/^Oo'ji ôiç lût Oj'sîx'j Tzsptcrv.-jzo;,
êvbi as ïiOou rb ~pOno-j in' xjzbv à'fiOiJToç, è'ppf^î tv;v pfii/vjv, za't si; rb Eirtaj Ispbv
ïsro àpoy.oi. Appian. de Bell. civ. I, p. 64.Ô. 5.
XV. Héédifié par Tibère. Voy. plus haut n^ 83, § V.
XVI. Ibi nihil nec divinœ, nec liumanœ opis diclutor [k. Posthumius] prœtermittens,
œdem Caslori vovisse fertur [an. 255 ou 257]. Trr-Liv. H, 20.
XVII. 'i'>]v <i</.(,'ipu.y ouTOi /syîuîfv à-jd?,7Xi /.où ys-iinO'M nspiSôr,TO-J, wîTî Kui/.Uiov Mé-
TzXkov à'j^pii.rsi y.'A •/p'X-^M.i y.oijij.oli'JTy. ttj -/sw twv ikLir/.Tjp'j)./, /.d/.-h-rii si/.i-jx ypx'jit/.-
ps-JO-j ù:jv.Osvj'j.i. oiy. -b /.yX/.Oi. Put. l'omp. 2 ^.
XVIII. Ex. L. Metelli 7nanubiis. Ex œde Castoris, quam de manubiis L. Melellus
exslruxeral : qui Metelius, subaclis Ualmatis, Ualinaticus appellatus est. Asco.n. m
Verr. de prœt. urb. p. 107.
XIX. Undique mihi suppedilat, quod pro M. Scauro dicam , quoeumque non modo
mens, verum eliam oculi inriderinl. Curia illa de graxissimo principalu patris fortissi-
moque Icstatur ; L. ipse Sletellus, avus liujus, sanrlissimos deos ilio consiituisse in
templo vidclur, in vcstro conspeclu, judices, ut salulem a vobis nepotis sui depreca-
rcntur. Cic. frar/. pro Scauro, in fin.
— Castoris et Poliucis templum Metelius, quem nominal, refecit. AscoN. in Scaur.
p. 177. — Ce discours, pro Scauro, fut prononcé sous le consulat de L. Domitius JEno-
barbus et d'Appius Claudius Puiclier [an. 699]. Ascon. Ibid. p. 168.
XX. Stulue équestre de Marcius Trcinulus. Marcius de Hernicis triumphans, in
Urbem rediit : Stalua(iue equestris in Foro décréta est, quae anle templum Castoris
posita est. Tii'-LiY. IX, '«3 [an 44 7].
XXI. In Foro L. Anlunii slatuam vidcmus : sicul illam Q. Trcmuli , qui Hernicos do-
vicit, ante Castoris. Cic. Pliilipp. VI, 5.
* IpsL' média in Urbc rcdcm Gistorum occupât. = - Cum Cnesar, Bilmliun niliil adinodum
nioralus, ccrtani diuin praistitisset legi perferenda;, noctuque plchs Forum occup.issct, Biljiilus
cum suis, quos ad e.un rem paraverat, eodem contendit ; et ad Castoris quideui lemi>luui,
ubi Caesar concioncni liabebat, perrexit, cedente populo, partim ob verecundiara, partiin
(juod euui sibi noa adversalurum exiNtimarent. Et poslquain in superiore loco constilulus
contradirerc leyi ayyressus est, et ipse per (;radus dejeclus et f asces cjus fr.icli, etc. =r ^ Di-
visa in duas parles a;de Casiorum, qu;c cral in Foro rouiano, inyressuni in Palatiuni p<a- lioc
tcuqjlum et média (jeniiuoruni simulacra paravit. = "* Les Komains avaient élevé dans le l'iiiiiiu
uu Icinple aux Dioscures. P. njy de la tnuluction. =z ^ Sacrum is faciebat in Foro iu .T<le
Casiorum, circunislantc ut fit fr.qiienti mullitudine : (|uuuuiue unus qiiis])iam pelisset euiii
lapide, abjcrta jibiala ad a'dcm Vcsta: crrpit currere. = "^ Fluram refui unt uscpie adeo (loiuisse
ac fuisse eelebratam, ut (J;eciiius Metelius, (puiro sijjuiset tabulis pictis a;dem t^.istoris cxoiiia-
rct, U!la illius pictaui imatjiuem ob vciuistatein ibi dedicaiel.
70 DESCRIPTION DE ROME.
XX[I. Ante œdcm Castoram fuit Q. Maicii Trcmuli equcstris togata, qui Samnilesbis
devircral. Pli.n. XXXIV, 6.
B.vsiLiQUF. PonciA. Cotte basiliquo, Ijàtie par Caton l'ancien, jx-ndant sa
censure, l'an .'K)8, était entre la Cmio Ilostilie et le temple de Castor. IJrùléo
en même temps que cette Curie, aux i'unérailles de Cludius [Vfiy. l'art. suiv.|,
on ne la icljfilit ])oiul; aucun auteur du moins n'en parle de])uis cette ép(i(jue.
Nous pensons (pio son emplacement fut alisorbé en partie |)ar la Curie Ilos-
tilie, qu'on réédilia plus grande et plus belle, el (pi'une partie l'ut laissée pour
reni[)la(euu'nl du triiumal des Triumvii's capitaux, qui sié^'eaicnt là, devant
Ja Colonne Mft'iiid, ainsi que nous le dirons plus bas en parlant de cette co-
lonne. Ell(> ne fitçure donc point sur noire Plan.
I. Calo allia duo, I\la>nium cl Tiliuni in Lalomiis, el quatuor labeinas , in publicum
emil ; Dasilicamque ibi fecit, qua; Porcia appcliata est [an. 568]. Tit-Liv. XXXIV, ii.
Plut. Calo maj. 19 i,
III. U oï nMou/JS-Jr, Tlopy.ia j:u(:àiy.Y] Tt/ÀY/rubv -7,^ àv«5y;/na roXi Tra'/awûKâT&jvSj' stcoôi-
rs; ouv l/.n ycr,/j.xTiKsi.'J b c/i^uot.py_ot, xoà xLovo; zo~i; oi-^poti è/J.~ooài:> «ivat ô^s/suv-^j-,
eyvwîav Ops/îïv uùrbv Yi /xiTair^^af towto Kdruvx irpSizov ci, ùyopm à'zovTK -por,yxyîJ.
Plut. Calo min. 5 2,
IV. Populus.... corpus Clodii in Curiam intulit, cremavilque subselliis... Quo igné el
ipsa quoiiue flagiaxii, cl iiem Porcia Basilica, qua; eral ai juncla, ambusla est. Ascos.
In Miln. aigum. p. 183.
121 . Colonne Menia. Sur le Forum vis-h-vis de la petite place située entre
le temple de Castor et la Curie Julia [n^^ 120 et 122]. C'était l'unique reste
d'une maison que Ménius vendit à ceux qui bâtirent la Basilique Porcia,
Pan 568.
I. Menius, cum domum suani vendcrel Caloni et Flacco censoribus , ul ibi Basilica
œdifirarelur, cxcpperal jussibi uriius columna^, super quam leclum piojloerel ex provo-
laïuibus tabuiaiis, unde ipse el posleii ejus spéciale muiius gladialoriuin possent, qiiod
eliam tum in Foro dabalur. Ex iilo igitur Columna Menia vocilala est causis ejusniodi
solilis. Aderant aulenî iiis rébus moialores apli talibus negoliis. Ascon. in Divinal.
p. 36.
— (les dernières paroles ont Irait aux Triumvirs capitaux qui Jugeaient, à la Colonne
Menia, les délits des basses classes du peuple. Cicérou voulant ravaler les gens qui
lui dispulaienl l'accusation de Verres, leur dit : — Vobis autem lanla inopia reorum
est, ut niilii causam prœriperc conemini polius, quam aliquos a Columna Menia veslri
ordinis reos reperialis? Cic. Divinal. 16. — Reos vestra defensione condignos, ul fures
el serves nequam, qui apud Trium\iros capitales apud Golumnam Meniam puniri soient.
Asco.N. in Divinal. p. 36.
II. Venil, ul scitis, ad Columnam Meniam. Tanlus est ex omnibus spectaculis usque
a Capilolio, (antus ex Fori cancellis plausus excilalus, ul nunquam major consensio,
etc. Cic. j)ro Sext. 58.
Ul. Hic [Menius] fertur domo sua quam ad Forum spectanlem habuerat divendila
unam columnam sibi ibi excepisse, unde gladialores speclaret, quœ ex eo Menii Co-
lumna nominabatur. Porphïr. in IJor. I, S. 5, v. 21.
122. Curie Julia, jadis Hostilia. — Devant : statues et horloges. Cette
Curie située entre le temple de Castor [n" 120] et le Comitium [n" 123] était
1 Mulliun eti:Mn obstrcpuit ci, quuin lîasilicain fticerct, quam pocunia puljlica sub Curia
Foro adjiiiixit, clBasilicain Porciani appdlavil. ^ - 15 isilicaui, qua; Porcia dicitur, dcdicaverat
in censura Cato major. In ea tribuni picbisdare auJicruiani solili, quum colunioa subselliis
oflicere vidcrctur, cani dcliberaverant rcmovcre vel trajiccre. Id Catonem primum protraxitiu
Forum invitum.
RÉGION YIII. — FORUM ROMAIN. 71
bâtie sur l'emplacement de rancienno Curie Hostilia, fondée par le roi Tullus
Hostilius, dont elle portail h' nom, et qui, après avoir été restaun-c par Sylia,
fut brûlée l'an 701, aux funérailles de Clodius. P'auslus, iils de Syila, la re-
construisit plus belle et plus grande. Peu d'années après, Lé[)ide, l'un des
partisans les plus dévoués de César, en fit décréter la démolition, sous pré-
texte d'ériger à la place un teuiple à la Félicité; son but véritable était de
construire une curie qui portât le nom de César. La Curies .Iulia fut commen-
cée par les triumvirs, l'an 710, et dédiée l'an 725 par Auguste. C'était une
grande salle carrée, de 25 mètres de long sur 20 de large, environ. Elle était
llanquée de deux auti-es salles étroites, qui pouvaient servir de pièces de ser-
vice ou de dégagement. Un perron de plusieurs marches régnait sur toute sa
façade. La Curie Hostdia, puis Julia, l'ut toujours le lieu le plus ordinaire des
assemblées du sénat. — Devant la curie, sur le Forum, on voyait une statue
d'airain élevée au roi Porscnna, après sa réconciliation avec les Romains, vers
l'an 246. • — Il y avait aussi deux cadrans solaires, érigés l'an i9l et 492 par
M. Valerius Messala, et Q. Marcius Philippus, et une Horloge d'eau, établie
l'an 595 par Scipion Nasica.
I. Cuiia Hoslilia, quod primum œdificavit Hostilius lex. Anle hanc Rosira : quoius
loci id vocabulum, quod ex lioslibus capta fixa suiil rosira. Varr. L.L. V, § 155.
II. Cum senatus ad cuni misisset, ul in Curiam venirel : « quare non polius, inquit,
in Hosliliam propinquam Ilostris ad me venil? » V. Max. IX, 5, 2.
m. Fecitque idem et sepsit [Tullus Hostilius] de manubiis Comilium et Curiam. Cic.
de Repub. Il, 17.
IV. Tempiumque ordini [senalorio] ab se aucto Curiam fecit [Tullus Hostilius], quae
Hostilia usque ad patrum nostrorum aitalem appellata est. Tit.-Liv. I, 30.— Rappelons-
nous que Tile-Live, qui mourut l'an 770 de Rome, écrivait du temps d'Auguste.
Y. Tarquinius... médium arripuit Servium, elatumque e Curia, in inferiorem partem
per gradus dejicit. TiT.-Liv. I, 48.
VI. rivi/j;îvo,- o" S9&J Toû ji'JuhîUT-fiplo-j, iJ-zxioipo-j èqa.pTxi'jV.i avTsv, àz,(/.iÇ'jJV rà a'ifix
xoù f/^j)ij.a.Xsoi, àvuppŒTSt y.oltv. twv Y.p-'rimS'ji'i roli ^o\/\iVT-riplo'j twv eij tô ïzx/ïjîjair/j-
piov <f>-po-jnô>-j. D. IIalic. IV, 58 •.
VII. Quum senatus post paulo de liis rébus in Curia Hostilia haberctur, cohortesque ex
pr<esidiis revertentes, forte a^mine Forum transirent, centurio in Comitio exclamavit :
«Signifer, statue signum; liîc manebimus oplime. » Qua voceaudita, et senatus, « acci-
perc se omen, » ex Curia egressus, conclamavit. Tit.-Liv. V, 55.
VIII. Tô -/Kys 5W,(Aa TOÛ t\/wOtou ùpàjj.S'JOi, È'î Tî To ^rJïîj-c-fiplo-j lrl\iiyv.x-) -/M SjÔî'
rr,(!a.v xa'i fx-zà roûzo TX<jpà-j i/. twv jic/.dpoiv vyjiavTS,, sV.xuîay xoù èxzuo xat zb auv-
éâpio-j. Dion. XL, 49 2.
IX. Atti N'avii Statua fuit anle Curiam, cujus basis conflagravit Curia incensa Publii
Clodii funere. Plin. XXXIV, 5.
X. Ka2 TWV 7Ta/3ovTwv oi TzpoTispiaTspoi tx ^y.Bpu. xxi roui ôpàvciu^zôi-j lio'j'>.s'JzS>-j au/j.-
fop-qaxvzîi, ■fi'pu.'j oùzôi Tcopùv, u-f Yj'î zo Te ^rjk-itz-qpio-i xz't TTîX/a't TWV TCkcfllo-i oh.ixt
Tw KXwd'('j) cjy/.cL-vf\vff\'^oi~K Appian. De Bell. civ. Il, p. 726 *.
XI. EIwts zo'ù Tzoï/j-Yipiou TTpbç zG> dsKzp'jt ccjzo) aùv 'fpoupi: iiOpoiOqax-j' aux zv. zoXi
K^wo'iou oaTx àvî/ec^at é'yycii^X'J, zô, zs ^o\JKvjz-!]pin-; zOt «taiJTTOJ tw zoû lù^lou vifi à'JOi-
xoâoiAr,'ZM Tzpo'sizT.^a.'j' -^v ix'vj yif.p zb O(7r().!ov, fjLzzcT/.eiiciazo tjk 'Jtto zou 2W).5u. dVà
ToÛTo Tê nspl xjzoôi ï6o^s, /.M OKOJi siouoâofj.-iOï'j zb èKîhou 'ôvoy.x scttcÇk).-/?. Dion. XL ,
50*.
* Egressus autem e Curia eumsustulit sublimem, ipse corpore florenti et viribus validis prae-
ditus, eumquc de CurL-e (jmdibus in Comitium ferentibus dujeoit. = - Corpus Clodii sublaliim
et in Curiam portatum deccnter coniposuissent, rogo ex siibselliis congcsto, cum ipsa id (Juria
combusserunt.= ' ibi ali(|uot pelulanliores congeslis subsclliis roguin cxstruxenint, igncmque
subjiicerunl, quo una cum cadavere conflagravit Curia, cum aliquot conligiiis privalis aîdibus.
= * Extra l^omoeriiini prope tbeatrum ejiis | l'ompeii] senatus bal)ilus est, decrclumqiic ut
Clodii ossa eolligereutur, Curiamque Fausius Syllœ filius restitueret. Curia cniin quœ incendio
pcrierat Hostilia fucrat, sed a Sylla aliter xdificata. Iiaque statucrani ut ab eo reficerclur, no-
meuque ejus acciperet.
7-2 DESClilPTION DE «lOME.
Ml. liivonio et l'yttia(;oriK et Alcibiadi, in cornibiis Comilii posilas [slatuas'... Eà
elfti'ic (loiiL'c Sylla diclator ibi Curiara farcrcl. Vus. X.XXIV, 6.
Mil. Kqiiidfin c>(i;itn ruriani nuslrain, Ilostiliarn diro, non liane novam, qna: minor
esse \idelur, posteaquani est major, (lie. de finib. Y, 1.
XIV. li-!tC/i zh Oarutov, ■/.xir;;p v.-j-j.u.-jo-jiytfii), /.xOr.fAOri- 7t/i4pa7Jv ij.'vj t9Û vajv
V.jTjyi'JLi in-xl)0% 'jl/.oiifi:rf)r,jv.i, ôv xaï b A£,T(59j L-r:upy_-^-v.i i\i7:oir,ivj- ify/'ji 6é, onui
cvo/jy.iOîu,. l')io.N. XLIV, 5 K
XV. Kaî Tî iioDlc'j7r,fnv tô l5J).ov «"' aiTOïi x)^r,9i,/, Tcv-pù. lia y^OjAniu (ijvo//aî/Ji-:'vw
ôy/.oàlij.oijv. Dion. XLVII, 19 2.
XVI. Ti, T£ XOr.-J'XlOV 70 /.XL \!3LK/.l.ilM-^ OÎvS/yXTaî'vOV, Xal TÔ ^rS>.VJTr,fAO-J TO Isuxûtsv,
TO ^~i Tïj Tiîr -u.Tf.'ii -j-j-'/j T(//<5 •/V'jixi'O-t, //aO li yj)-; VJ . hi'j'.Vi'^i oï li KjTJ T9 Hy-yjav.
TÔ t;;,- Vtz/;,-. Ilio.N. LI, 22 3.
XVII. Idem [Aiiguslus] in Curia quoquc quam in Comilio consecrabal, duas tabulas
impressil parieii. I'lix. XXXV, k.
XVIII. Après le meurtre de Caligula : — Senalus in asserenda libertate adeo consen-
sil, ut ross. primo non in Curiam, quia Julia vocabalur, sed in Capitolium convocarcnl.
SlET. Caliy. 60.
XIX. Quuni ad senatum venisset [Perlinax], et cellam Curiœ jussissct aperiri, nequc
invenirelur œdiluus, in lemplo Concordia: resedit. Capitol. Pcrlin. i. — Cella Curiœ
ne scrail-il pas une des salles latérales?
XX. Iconographie. Nous reconnaissons, avec la plupart des antiquaires, pour avoir
appartenu à la Curie Julia, une partie de grandes murailles de briques, située au pied
du mont Palatin, entre les trois colonnes du Campo Vaechino et l'église ronde de S.
Théodore [Noili, n"s 928 et 962 ; Letarouilly, rion. X, 35]. Cette ruine conserve encore
sur trois cotés la forme d'une salle carrée ; son inspection a fait reconnaître que l'édi-
fice avait un plafond sollitc, et que ses murs étaient revêtus de marbre.
XXI. Statue du roi l'orsenna. Li;r/;/.ît ôi yXif.'j'xti y.jCciy.-: u'jto'j \nopzTijy-'j'j\ TZ'xpy.
TÔ 'ijj\z-^-T,^A-j-^, y-'i'yji y.vX 'y.py/i/.oi zf, iy^y.iicf.. I'lit. l'nblic. 19 '•.
XXII. Statue d'Atlus Navius. Brûlée lors de l'incendie de la Curie. Voy. ci-dessus
§ IX. — Statua .\ccii,... in Comitio, in gradibus ipsis, ad lœvam Curiœ fuit. Tit.-Liv.
I, 36.
XXIII. Cadrans solaires, et Horloge d'eau. — M. Varro primum 'Solarium Horo-
logiuni] statutuni in publico secuuduni lioslra in columna tradit, bello punico primo, a
M. Valerio Messala consulc, Catiiia capta in Sicilia,... anno Urbis CCCCLXXXXI. Nec con-
gruebant ad lieras ejus linere : paruerunt taineii eis aiinis undccentum, donec (j. Mar-
cius IMiilippiis, qui cum L. l'aulo fuit censor, dirgenlius ordinalum j\ixla posuil : idquo
munus intcr ci-i;soria opéra gralissime acceptum est. Etiam tum lamen nubilo incertiC
fuere liora; usque ad proxinium luslrum. Tune Scipio Xasica, collega Licnatis, primns
aqua divisit lieras ;c(|ue noctium ac dieiuni. Idque ilorolOo'ium sub leclo dieavii, anno
Lrbis DXt.V. l'i.ix. VII, 60.
XXIV. Constat nulluni ^Horologium] in Fore prius fuisse, quam id, quod M. Valerius
ex Sicilia advcetum, ad Kosira in columna posuil. (Juod quuni ad clima Sicili;e di-seripluni,
ad lieras Uom;e non conveiiiret, L. î'iiilippus censor aliudjuxla consiituit. Deinde ali-
quaiilo post P. Cornélius Nasica censor ex aqua fecit lioiarium, quod et ipsum ex con-
suetudine noscendi a sole lioras, Solarium ca'i)tum vocari. Censoi\. de Die nat. 23.
123. Comitilm. — Devant : Statue du Lion de Pierre. — Au fond : Figuier
RuMiNAL ET STATUE DE LA LouvE. Oii appelait Comilium la partie du Forum
située aux environs de la Curie Julia; mais le Comilium proprement dit était
1 Er.it ciiim ('.uri;i Iloslilia, quuin refccta fuisset, dcniio dcstructa, sub speoie qiiidein, quod
ibi leiiiplmn Felicllaliscoiidi debcal: quod et Lepidus, qiium iiiayislcr cqiiilimi csset,:il)solvit : srd
re ipsa ob liane caiisam, ut ne in eo (|iiidein icinplo Syllrc iiomeii supercssct, u'ipiu nova Curi.i
Julia vocaiclur.=: - Ciiriam .luliani ab <o [CaNare] diclam ox décrète prius faclo .X'i.lilicaveriiiit
[tri un ni ri] proplcr (loniiliiiiu [au. 7 i j]. = ^ Miiier\;c Icmplum, et quod (>lialcidiuiii vocaliir,
tum Curiaui Juliaiii, in lioiion.iii p uns siii faclain, dc<licav t [Au;;ust!is, an. 7!5), in c.iqiic
ini.i(;iiiein Victoria; posuil. ^^ * Statua ci [l'orsciiiia;] posila a;rca juxia Curiam, riidis et opciu
prisro.
ULGION VIH. — lOllUM ROMAIN. 73
la i)eliUî place resserrée entre la Curie Jiilia [n" 122] et la Grcccoslasc [n" 124].
Celle place élail couverte, et c()iniuuni(|uait d'un côté au Forum, et fliî l'autre
à la voie Neuve, au pied du uionl Palatin. Au l'ond du Comiliuni, à l'angle
gauche de la Curie Julia sur la voie Neuve, on voyait le Fujuicr linminal, et
dessous, une statue en airain de la Louve allaildnl Itomulun et Rémus. Le
Comitium était connnode pour la tenue des comices : dans ces occasions, les
tribus se réunissaient sur le Forum; les corbeilles pour recueillir les bulle-
lins étaient dans le Comitium, et les tribus venaient tour à tour les y jeter, en
délilant dans cette espèce de galerie, et ressortant par la voie Neuve;. — De-
vant le Comitium, sur le Forum, était la Statue d'un lion de pierre, sous le-
(pu'l était enseveli Uomulus, ou Faustulus, son père adoptif.
I. Comitium. Locus propler senatuni quo coire cquilibus el populo Romano licet.
AscoN. in Verr. de l'rœl. urb. p. 86.
II. Sur levoisinaRC du Comitium et des Rostres, voy. plus haut, n» 85, g VIII.— Sur
son voisinage de la Curie Julia, jadis lloslilia, voy. n» 122, g VII.
lit. yEdilis [Cirsar] prreter Comitium ac Forum, basilicasque, eliam Capilolium orna-
vil porlieibus ad tempus exsiruclis. Suet. Cœs. 10.
IV. Ko anno [V-t-k] primum... Coiuilium leclum esse memoriœ prodilum est. ïiT.-
Liv. XXVll, 36.
V. L'enceinte du Comitium fui faite parTullus iloslilius. Voy. n" 122, § III.
VI. Statue du Lion de Pierre. TeAi os xat tôv Xî'îvTa tsv HOvjo-j, 85 ë/.-no irii
à.yofyv.i Tvji Tôjv Pcj/jLKi'wv ^v Tô> xf^c/.zhT'j} yj)i-yi'j> Tixr.y. -^oi; £//Ç&/3(; è-'i tw adifj.ari loïj
<l'i«'j7TÙ/0L/ Zz0-?)vui rpy.'7VJ, vjfix à'ns'jsv, D~hTW sJ/sovrcov Tapï'vTî;. D. IIalic. I, 87'.
Vil. Niger lapis in Comitio locum funeslum significal, ut alii, Romuli morti deslina-
luni. Sed non usu obvcnil ul ibi sepelirclur : sed Faustulum nulricium ejus ibi sepullum
fuisse. Fkst. y. IS'igcr.
Vlil. Ossa Qiiirini.Uoc sic dirilur, quasi Romulus sepullus sil, non ad crelum raplus
aul discerplus, nam Varro posl Rostra fuisse sepuicrum liomuli dicit. l'oRPiiyR. in llor.
Kpod. 16, V. 13. — Un vieux seoiiaste d'Horace, cilé par Vanderbourg [trad. des
odes d'ilor. loc. sup. cit.], dit que le tombeau de Romulus élail dans le Forum, cl il
fait entendre que de son temps on avait encore l'usage de placer des lions devant
les tombeaux.
IX. Figuier Ruminai et Statue de la Louve. Colitur ficus arbor in Foro ipso ac
Comitio Uoina; nala, sacro fulgniibus ibi conditis : niagisquc ob memoriam ejus, quoe
nutrix fuit Romuli ac Rémi condiloris, 1 uminnlis appellala, (luoniam sub ea inventa est
Lupa infantibus pra?bens rumen, ita vocabanl manimam : iiiiraculo ex iTre juxta di-
calo, lanquam in (jomitium spoiile transisset, Ailo Xavio augure. l'i-is. XV, 18.
X. Ficus quoque in Coniilio appellatui' Navia, ab AltioXavio augure. Fest. v. Navia.
XI. Eodem anno [■'i.'56] Cn. cl (j- Ogulnii a'diles curules aliquot fœneraloribus diem
dixerunl : quorum bonis nmlclalis, c\ eo quod in ()ublicum redaclum est,... cl ad Fi-
cuni Ruminulem simulacra infanlium conditorum L'ruis, sub uberibus Lup<B posueruut.
TiT.-Liv. X, 23.
XII. Kodem anno [811] Ruminalem arborem in Comitio, qu;c octingentos et ([uadra-
ginla anie annos lienii Romulicjue infanlinm texorat, morluis ramalibus et arescenle
Irunco deminutam, prodigii loco liabiluni esl, douce in uovos fœtus revirescerel. Tac.
Ann. Xlll, 58.
XIII. Ruminalem ficum ai>pellalam, ail Varro, prope Curiam sub veleribus, quod sub
oa arbore Lupa rumam dederil Remo cl Romulo, id esl mammani. Jlamma auteni rumis
dicilur. Fest. v. Ituminalem.
XIV. In proxima alluvic, ubi nunc ficus Ruminalis est,... pucros [Reniuni el lîomu-
lumj cxponunt. Tit.-Liv. I, i.
XV. Ficus Ruminalis in Comitio, ulii et Lupercal. P. Vict. de Itcg. urb. Itomœ, Vlll.
XVI. Forsilan et qiiicias cur sil locus ille Lupercal ;
[Aventure el e.rposilion de Rcmus et de Uomulus]
Alveus iii linio silvis adpidsus opacis,
' Xonnulli oii.iin Lroncm LipiiU^mi, qui rr;it in m.,\'nic conspiciio Itoin.ini Fori Iolo ad
J'iosliM, toipori Fausluli iniposiliuu fuisse aiuiil, qui scpulliis fiicrut in co ipso loco in quo
invcnius fuurat.
74 DESCRIPTION DE ROME.
Paullalim nuvio (li-flcicntp, scdol.
Arbor c-ral : rémanent vesti(»ia : quipque vocalur
Rumina nunc licus, llomula licus erat.
Ov. Fa$t. Il, V. 381, 409-412.
XMI, Hv 0£ Til-ziih-j èptvzb;, ôv Voi/j.i.'cù.i'i-j ivLÙX'jM'j riOiv.zbjV'ji'iAo-j, w; oi no'/'t.o'i
vo/j.'Xou'si-j. Pli T. Roniul. 4 K
XVIII. Iconographie Nous avons placé la statue de la Louve el le Figuier Ruminai
dans la voie Neuve, à rause de la position relative du l'if^uicr el du Lupercal qui, bien
que ne faisiini pas partie de la mi^'uie région, élaient cependant voisins. Ceei d'ailleurs
n'est point en désarcord avec les textes qui indiquent le Figuier in Comilio el in Fora.
La statue de la Louve a été retrouvée pendant le XV|c siècle, au pied du niont Palatin,
dans les ruines du temple de Yesta, aujourd'liui l'église de S. Théodore. On la voit main-
tenant au Cajjiiole, dans une des salles du palais des Conservateurs. C'est un ouvrage
étrusc|uc, en bron/.e, et un peu plus fort que nalure. Les enfants qu'elle allaite sont une
restauration moderne. Quelques anli(|uaires prétendent que cette statue est celle qui fut
frappée de la foudre lors de la Conjuration de Calilina ; ils veulent voir la trace du feu
céleste dans une cavité assez longue existant au-dessous du jarret de la jambe droite de
derrière. S'il en élait ainsi, celle Louve serait celle du Capilole, donl nous avons
parlé, et non celle du Coinitium. Mais il y a deux objections à faire : l'une que la ca-
vité prise pour un coup de foudre est, beaucoup plus probablement, un défaut de la
fonte, une souHlure ; l'autre, que la Louve du (wipiiolc vlait don'e, tandis que celle-ci
ne porte aucune trace de dorure. Kl (|u'on ne dise pas (;ue le temps en a fait disparaî-
tre eomplèlement tous les indices : la boule du Mille d'or, et la statue de Marc-.Vurèle,
sur la place actuelle du Capilole, sont là pour prouver que quelque portion du métal
incorruptible échappe toujours au ravage des siècles.
124. Gr.ecost.\se. C'était une espèce de grande basilique servant de salle
d'attente pour les ambassadeurs étrangers qui devaient être admis aux au-
diences du sénat. Cet édiflce .se trouvait à peu près sur le même alignement que
la Curie Julia [n° 122], mais il tournait le liane à cette partie du Forum, et sa
façade regardait le septentrion. La Grïecoslase avait la l'orme d'un temple pé-
riptère, avec des colonnes en marbre blanc, d'ordre corinthien, cannelées. Elle
reposait sur un soubassement Irès-élevé, et avait deux portes, l'une sur sa fa-
çade,et l'aulre sur le Comiliuin j)our comnuuiiquer plus facilement avec la Curie.
Nous ignorons quand et par qui fut consUuite la Grtecostase; il paraît néan-
moins qu'elle existait déjà peu d'années après la promulgation des lois des XII
Tables, cjui est de l'an 303, mais elle fut évidemment reconstruite du temps des
empereurs. Elle élait couverte en dalles de marbre.
I. Gra-costasis. P. YiCT. de Reij. urb. Romœ, YIII.
II. Sub dexlra hujus [Curia; Hosliliee] a Comilio locus subsiructus, ubi nalionum
subsistèrent Icgati, qui ad senalum essenl missi. Is Graecoslasis appellatus a parte
ut mulla. Varr. L. L. V, g 153.
III. Duodecim Tabulis ortus lantum et occasus [solis] nominantur ; posl aliquol an-
nos adjeclus est el meridies, accenso consulum id pronuntianle, quum a Curia inler
Rosira el (Jrœcostasin prospexisset solem. A columna Menia ad Carccrem inclinalo
sidère, supremam pronunliabat. Plin. Vil, 60.
IV. Cicéron parlant d'une séance du sénat, sans en indiquer le lieu, ce qui signifie
qu'elle se tenait dans la Curie Hoslilia, dit qu'elle fut interrompue par des cris partis
de la GriBCoslase : — Deinde ejus operœ rei)ente a Grœcoslasi et gradibus claraorem
salis magnum susiulerunL Cic. ad Q. frai. Il, Ep. 1.
V. In Gripcoslasi et Comilio sanguine fluxi!. Obseq. de Prodig. 83.
VI. Iconographie. Des fouilles faites en 1813 firent connaître une partie des fonda-
tions des trois colonnes encore debout. Les fouilles faites de 1816 à 1818 ont montré
l'escalier latéral à gauche ; quatorze marches portant sur un palier où l'on retrouvait
1 Erat juxid [Gcrmanum] ficus, quam Ruminaicm diccbanl, ut multorum est opinio a
Romulo.
RÉGION vin.— FORUM ROMAIN. 75
le grand emmarchemcnt jjour monter au Icmplo ; le sol antique pavé en dalles de tra-
vertin et en polygones de lave; les travertins formant la fondation des colonnes en
avant des trois existantes; les blocs en tuf de la foiidalion des murs de la celln; l'em-
marchement et le sol antique au devant du temple : on montait de 7 mètres vingt-sept
marches pour arriver du sol antique sur le pronaos, dont la largeur a clé déterminée...
On a trouvé les bases de l'entrée des cellules pratiquées sous les enirecolonnements,
et divers fragments déplacés de la base et de la corniche du stylobate, ainsi (pi'un
chapiteau, et plusieurs débris en marbre de la couverture, qui ont mis à même de la
rétablir en totalité. Les marches en marbre posaient sur un massif en maçonnerie. La
situation des massifs sous le pronans et la cella, et les bases du stylobate trouvées à
droite et à gauche du temple, ont fait connaître ([u'il avait huit colonnes sur sa façade.
La fouille que lit faire M. le comte de lllacas, ambassadeur de France i\ Home, a in-
diqué le retour du massif sous la cella, et déterminé le nombre de 13 colonnes de
flanc. Ce temple est périptére, octostyle, et du genre pycnostyle. Caristie, Plan et
coupe d'une partie du Forum romain, el des monuments sur la voie Sacrée, indi-
quant les fouilles qui ont été faites dans celte partie de Rome depuis 1809 jus-
qu'en 1819, Notice in-f" g. atlantiq. Paris 1821. —Dans la restauration de M. Caris-
tie, cet édifice est appelé temple de Jupiter Stator. Kn comparant la partie antérieure
^~. du plan de cet édifice avec un fragment ci-joint du plan de marbre, qui dans
(flll- i\ j.p5 colonnes et son emmarchemcnt offre la même disposition, et porte le nom
de Grœcostase sur la légende, la plupart des antiquaires ont, avec raison, re-
connu ce dernier monument dans les ruines du prétendu temple de Jupiter-
Stator, qui d'ailleurs ne devait pas être aussi grand.
Alla fronts délie tre colonne verso la Via Sacra si é trovato il masse délia scala
cbe mettava alla facciata risireltamenle, ossia d'un branco, con due scalini di marmo
lisci, alli un paimo e un' oncia ; larghi un palmo e 8 once : e in tutti dovevano essere
17, 0 19. C. Fea, Prodromo di nuove osservazioni e scoperte fallo nelle antichilà
di Roma, da varj anni addietro, in-8, p. 13. P.oma, 1816.
VIII. Palladio [Àrchitt liv. IV, c. 18, tav. 30, 31, 32), a donné une restauration de
ce monument qu'il appelle Temple de Jupiter-Stator.
125. Temple de Romulus. Au delà de la voie Neuve, entre le leiuple ou
édicule de la Concorde du Yulcanal [n" 126], et l'angle N. 0. du mont Pala-
tin, à l'endroit appelé Germains. On ignore l'épociue de sa construction, mais
il est certain qu'il existait en 716, et qu'on y célébrait encore le culte de Ro-
iiuilus. Un incendie le détruisit alors, et sans doute on le réédilia.
I. ^dicula Vicioriœ.
Templum Piomuli.
Templum Concordiœ. Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ, VIII.
II. Templum Romuli. P. A'icT. Ibid.
III. Germalense quinticeps apud œdem Romuli. Varr. L. L. V, § 34.
126. Temple ou édiculede la Concorde. En haut du Forum, au-dessus de la
Grtecostase [n" 124], sur le bord delà voie Neuve et touchant au Vulcanal
[n° 18). 11 était petit, revêtu en airain, et avait été construit par Romulus, ou
phitôt pour Cn. Fulvius ou Flavius, l'an 449.
I. /Edicula Concordiœ supra Grœcostasin. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, VIII.
II. Sur la position du temple de la Concorde dans le voisinage de VÀrea de Vulcain
ou sur cet Area même, voy. plus haut, n" 18, g V.
III. Senaculum, supra Crœcostasim, ubi œdis Concordiai et Dasilica Opimia. Varr.
L. L. V, g 156.— SenacuYu/n s'api)lique au temple de la Concorde qu'on nommait ainsi
parce que le sénat s'y réunissait. Voy. plus haut, n" 18, g V et Vli.
IV. ^ïdem Concordiœ dedicavit [Cn. Fulvius] in Area Yulcani [an. 449]. TiT.-Liv.
IX, 46.
V. Flavius vovit wdeni Concordia^ si populo reconciliassct ordines. Et quum ad id
pecunia publica non deccrnerelur, ex multalilia feneraloribus condemnalis a-diculam
œream fecit in Gnecostasi, quaî tune supra Comilium cral. Incidit in tabella a-rea eam
sedem, ducentis quatuor annis posl Capitolinam, dedicatam. Ita CCCCXLIX a coudita
Urbe gestum est. Plin. XXXIII, 1.
70 DESCRIPTION DE HOME.
127. Ane ni: Fahus. — Aiprks : Statie dk pAniis, kt sr.ui'n: koiksthk de
Cléue. Fahiiis ayant dôlail les Alldhrngcs, l'an ()3I, victoirt; qui lui valut le
surnom d'AIIobioguiur, ronsti iiisil cet Arc, h rcxtrémilé oricnlahi <lii Eoruin,
sur la voie Sacrée, à l'cndroil oii elle se croise avec la voie Neuve. La statue
de Fabius était auprès de cet Arc.
I. Vl in l'oriim (Icsccndfiis, rapiit .id rorniccm Fabii demiltcrct. Cic. de Oral. II, 66.
II. Foniix l"abi;uius est jiixia Itcpiarii, in Sarra via, a Fabio oensore conslructus,
qui a deviclis Allobro^'ibus Allobrox ronnominalus est, ibique Statua ejus posila propte-
rca est. Ascd.N. in Verr. I, p. '«9. — La défaite des AllobroRPS par Fabius est de l'an 651
ou 635 [V. Max. VI, 9. 4. — l'aleirul. II, 39, etr.]. — Reijia, dans ce passage d'Asco-
nius, désifjne la maison du Hoi des sarrillces [n"]l29], et non la Itegia de Numa.
III. iMiuidem, siquando, ut fil, jarlor in turba, non illum arcuso qui est in summa
Sacra via, (juum ego ad l'abluni Forniri-m impellor; sed euni qui in me ipsum inrurrit
atque incidit. Cicpro P/iinr. 7. — Summa sacra via était dans la l\« région à l'endroit
où l'on voit encore aujourd'hui l'Arc de Titus [Noili, n'> 73; Leiarouilly, rion. 1,8.5].
L'Arc de Fabius se trouvait plus bas, à peu prés vers le temple de Fausline [Nolli,
n" 81; Letarouilly, rion. I, 80], ainsi qu'on le verra au § suivant, cl les paroles de
Cicéron é(|uivalenl à celle-ci : « Si je suis poussé dans une foule, je ne m'en prends
pas à celui qui est au bout de la voie Sacrée, quand je suis au milieu, mais à celui
etc. »
IV. Fuit denique bactenus statua in pcdc monlis Romulei, hoc est ante Sacram
viam, inira teniplum Fausiinœ advecta ad Arcuni Fabiaiium, quae haberet inscriptum,
Gallieno juniori, Salonino addilum. Trebell. I'ull. Salon. Gallieno, 1.
V. Arcus Fabianus.
l'uteal Libonis. P. Vir.T.rfe lîrg. vrh. Romœ,\\\\.
VI. Slalue équestre de Clélie. Celle; slatue, érigée à Clélie l'otage du roi Porscnna,
l'an 24G, était en haut de la voie Sacrée. — Homaiii novam in femina [Clœlia] virtulem
novo génère honoris, Slatua equestri donavere ; in summa Sacra via fuit posita virgo in-
sidens equo. Tit.-Liv. II, 13.
VII. Ihiic [Clœlitp] statua cqucslris in Foro posita. A Vict. de Yir. illust. 13.
VIII Lqucslri insidcns SlatUcT, in Sacra via, cctcberrimo loco, Ghi-lia exiirobrat ju-
vcnibus nostris pulvinum escendenlibus, in ea illos urbe sic ingredi, in qua etiam fe-
niinas equo donavinius. Senec. Consot. ad Marc. 10.
IX. Clœlite enini Slatua est equcstris.... li diverse Annius Felialis, equeslrem qua
fucrit contra Jovis Slaloris œdem, in vcstibulo Superbi domus, Valorise fuisse Publicolae
consulis fiiiaî. Plin. .\XXIV, 6.
X. K'/oùicf os TW — a/:9cv?o a-i.'iCJ îl/.ivjç ycù.y.r,i e'oîikv, -^v v.véOs^x-j èm t^j iîpx;
000X1, rv^j ûi T/jV O.yopy.-j f-^ociÙT-fii, oi TCr^ ~v.[J)i'iOi-t 'HV'if.ii. •za.it'-fi'J ri/-iiii /j'vj or/. ï-l
/.■ijj.vjfij vjf.oy.îv i'Àsysro os itt. à/j-p-riZzOî TiirÀ -cù-i TÙtiziov ol/.iv.i •/sV5//.î'y/iî r,-j.uvL';OYi.
D. IIaeic. V, 33 1.
XI. A'vKXîtrai os Ty;v Uckv èaàv vo^cs'joy.é.'Oiî sii Vlcù.i.TtO'^ yyopiv.; ct-jzrii t^lTîTlOi,
c-J Tivsj oj Tv;, K'/oùiu;, à//à zr,; OJv.lsrAoL; sl:v.i liyoj'; lj . PlIT. Poblic. 19 *.
XII. fî.s/.si70 -/or) ï'j.i-~oi gtzijv ■/•j-jy.i/.hî £-'t -.-Tii m'j t?,: isy?.: 'yvp;ié:r,:, ôv o\ //"îv
TÔs ^'toùi'x:, oiok rii; OJcûsciciî Xsyojit\i shv.i. Pli;t. de Virt. millier, p. 28*.
XIII. Cui [Clœliœ] data est Statua, quam in Sacra via liodicque conspicimus. Serv.
in .Encid. VIII, v. 646.
128. Tribinal Di' PRÉTEin. — PuTEAL DE LiBON. Lc Tribunal du préteur était
originairement au milieu du Forum, vis-à-vis, à peu près, des basiliques Ar-
gentaria et .Emilia [n'^ 130-131], entre la voie Sacrée et le Canal. César,
pendant sa dictature, le lit transporter eu haut du Forum, devant la Gr;ecos-
tase [n" I2iJ. Le Tribunal se composait tout simplement d'un hémicycle de
* Clœliiim virgiiicm stslu:i .-rnea donivcrc, quim virjjinuni paires in via Sacra, i\\w. iu Co-
niitiuin fcrt, ci ercxeriitu. Nos taincn non iiivcnimiis liauc adliuc cxstnnicm et ercclam : fc-
runt cnini carn incendie circa proxiiiias a-des cxorlo atisunipliiiii = * lluic fClœliaîJ .slalua
cqucslris via Sacra, qua adscniditur in Palaiiuni posita est. Alii non Clfrlia- cam, sed Valeriaî
asserunt esse.r= •> Saiiecquesiris slalua posila est mulieris via Sacra. Ab aliis ea Clœlia;, abaliis
Valeri:e atlribuilur.
RKGION Mil. — FORUM ROMAFN.
77
pierre, élevé de quelques degrés, et dans lequel on plaçait une chaise curule
pour le préteur et des bancs pour les juges. — A droite du Tribunal, h l'angle
de la Grœcostase [n° 124], était le Futeul de Libon, petit aulel qui servait do
rendez-vous aux plaideurs.
I. Tilc-Live racontant l'aventure de Virginie, représente Appius sur le Tribunal, et
Virginius lui demandant l'autorisation de prendre sa fille à part pour lui parler : —
Data venia, seducit [Virginius] filiam ac nutrioeni prope Cloacinœ, ad labernas quibus
nunc Novis est nomen : atque ibi ab lanio ruitro arreplo, Hoc te uno, quo possum,
ait, modo, filia, inlibcrlalem Di'nrfjco. l'eetus deinde puella; transfigit; respectanstjuo
ad Tribunal, etc. Tit.-Liv. III, 48.
II. Asconius parlant d'un incident du procès de Milon, sur le Forum, dit : — Quem
cum M. Marcellus inlerrogare cœpissel, tanio tuinultu CiodianiB multitudinis circuni-
slantis extcrrilus est, ut vim ultimam timens, in Tribunal a Domitio [quœsilore] reci-
peretur. Ascon. in Milo. argum. p. 192.
III. Sur le déplacement du Tribunal par César, voy. plus haut n" 85, g VII.
IV. Cœsar dictator totum Forum Ilonianum inlexit, viamque Sacrani ab domo sua
cl clivum usque in Capilolinum... Deinde, et sine ludis, Marcellus, Oclavia sorore Au-
gusli gcnitus, in œdilitate sua, avunculo XI consule, a. d. calondas Augusti, velis Forum
inumbravit, ut salubrius liligantes consistèrent. Plin. XIX, 1.
V. Vir bonus, omne Forum quem spectat, et omne Tribunal.
HoR. I, Ep. IG, V. 57.
VI. Judiciis assidebat [Tiberius] in cornu Tribunalis, ne prœlorera curuli depelleret.
Tac. Ann. I, 75.
VII. E'v T-^ v.ydf.Z zr, V'ji/JLXÎy. jir,'JC. li^/fvsv cv ypS> -zoû 'ïiOijou y'XTZ^/.VJy.zOr). DiON ,
LXXIV, 4 1.'
VIII. Iconographie. Nous avons donné à l'hémicycle de notre tribunal les dimen-
sions que Vitruve assigne à celui qu'il place dans une basilique : — Ejus auteni liemi-
cycli in fronte est intervallum pedum XLVI, introrsus curvalura pedum XV, uti eos
qui apud magistralus slarent, negolianles in basilica ne impedirent. Vitklv. V, 1.
IX. Puteal de Liban.
.... Forum, Putcalque Libonis
Mandabo siccis. Hur. I, Ep. 19, v. 8-9.
X. Puleal autem Libonis sedes prœtoris fuit, prope Arcum Fabianum, diclumque
quod a Libone illic primum tribunal et subsellia coUocala sint. Porphvr. in Ilor. loc.
sup. cit.
XI. Puteal locus Romœ ad quem veniebant fœneralores. Alii dicunt in quo tribunal
solebat esse prœtoris. Acron. in Hor. II, S. 6, v. 35.
XII. Qui Puteal Janumque timet, celeresque calondas.
Ov. Remed. Amor. v. 5Ci.
XIII. Scribonianum appellatur ante atria Puteal, quod fecit Scribonius -, cui nego-
lium datum a senatu fuerat, ut conquireret sacella attacla : isque illud procuravit, quia
in CD loco attactum fulgure sacellum fuit. Quod ignoraretur autem, ubi esset 'ut quidam)
fulgur conditum, quod cum scitur, nefas est integi, semper foramine ibi aperto cœlum
patet. Fest. v. Scribonianum.
XIV. Puteal signifie proprement couvercle, ou plutôt margelle de puits. — ^dibus
distractisvel legatis, ea esse œdiumsolemusdicere, quaî quasi pars oedium, vel propler
aedes habentur, ut puta Puteal. Digest. XIX, tit. 1, leg. 13,
§ 51. — Id est, quo putcus operilur. /èid. leg. 14.
XV. Fœneratores ad Putoal Scribonis Licinii, quod est in
porlicu Julia ad Fabianum Arcum consislere solebanl.
CoRNUT. in Vers. S. 4, v. 49.
XVI. Iconographie. L'image du Puteal se trouve sur deux
deniers d'argent de Scribonius Libon. Nous en donnons ici
une copie d'après le Thésaurus Morellianus, famil. JEmi-
lia, tab. I, 5, et famil. Scribonia, 3, 4. — Voy. aussi
Vaill.\nt, famil. rom. Scribonia, n°^ 5, 6.
* F.x>lructum est in Fore romane Tribunal liyneuni prope Irihuiial LipiJeuin :
po^cnis de sous-entcndre ici Lilm.
' Jo pro-
78 DESCRIPTION DE ROME.
120. Reçu etTkmplk d'Ops-Consiva. — Devant : Statue de Scipion l'africain
ET AiTUKS. Co d()ul)lo c(li(ioc étiiil en Imul do la voie Sacrôe, [nès de l'Arc de
Fiil)iiis [n" 127], à <lr()ilo en allant vers le Cai)itnIo. I{r(ji(t était la maison du
i{(ii des saciiiicos et du Souverain pontife. Dans sa façade était encadré le
temple dX)ps-Consiva. — Devant, on voyait la statue de Scipion-l' Africain, et
deux statues (jrccqucs.
I. O "Soujj.y.i... Ta <?■ ov! y.pyjVx. h T/jv ïif^v. hoôt s7yj, mX t«; t£ oixrpiSù:; 7://,5£îv tcj
"EsTiyxhu ènoisÏTO. DinN. Fragm. § XX, 1 *.
II. Rcgia dirla, quod sariorum causa lanquam in fanum a Ponlifirc convocali, in
eam convenircnt ; aul (juod in ca sacra a Ucge sacrificulo eranl solita usurpari. Fest.
V. Regia.
III. Domum cnim in qua pontifcx liabilabat licgia dicitur, quod in ca Rex sacrifi-
culus liabilaie consucssel, sicul flaminica donius in qua fiamen habitai dicebalur.
Seuv. in jEtivid. VllI, v. 563. — Voy. plus haut, n" 24, § XIV, et n» 127, § II.
IV. Ail cnim nundinas Jo\is ferias cssn : si quidem flaminica omnibus nundinis in
Rcgia .lovi ariclom soicbat immolaie. Macrob. Satiirn. I, 16.
V. l'onlifiris maximi jure, sou potius immanitatc tyranni, licenlia domini, rcliquos
ponlificcs non in Ucgiam, sed in Albanam villam convocavit [Domilianus]. Plin. IV,
Ep. 11.
VI. PRimÉ IDIBVS MAIAS IX REfilA... LENTVLVS, AVGVR, MAGISTER IN LOCVM LVCH... AR-
VALEM cooi'TAViT. MARINI, Atti e monumenli degli Arvaii, tav. I.
VII. Iiitcr candidalorum Hypsa-i cl Miionis manus in via Sacra pupnatum est, mulli-
que ex Miionis ex improviso cecidcrunl;... nam in Sacra via tradilur commissa, in qua
est Uegia. Ascon. in Milo. p. 200.
VIII. Ilabitavit primo [Ca-sar] in Subura modicis œdibus : posl autem pontincalum
maximum, in Sacra via domo publica. Slet. Cœs. '46. — Dep\iis Auguste, les empereurs,
qui furent toujours grands pontifes, habitant le Palatin, Regia fut abandonné au Roi
des sacrifices. Voy. le § suivant.
IX. E'Trett^/i Te T1Û Kzu'iâou //.cT«),).c!:?'avTO; v.pyisf.vjz àTiîëdyBt) out' olzt'av
T(v« à/ja^îtav ÉO.aSsv, à)),à jJ-ipoç n tvjs éuuzou, ozi ràv àpyiipioiv i-j y.oi-^Gi TràvTCjgsZ/stv
èypftv, iSfijJMijiiî. T>iv p.éyTOi ~o\j jiy.nù.idt; rûv hpû-j Tcztj ùmic/.p6i-J0ii é'swxjv, èTzeiàv]
b/J.ôzoïyoi roui alwiH-oiv oùiSi-j v^v. DioN. LIV, 27 2. — Le Roi des sacrifices était-il donc
alors supprimé ; et cette maison des Vestales n'était-elle pas celle de la grande vestale,
qui pouvait avoir sa demeure particulière comme le grand pontife?
X. Temple d'Ops-Consiva. Opima spolia diruntur originem quidem trahenlia ab
Ope Saturni uxore, quod ipse agrorum cultor liabctur, nominatus a senatu, tenensque
falcem eflingitur, qua? est insigne agricoUr. Itaque illa quoquc cognominatur Consiva, et
esse exislimatur Terra; ideoque in Regia colilur a P. R. , quia omnes opes bumano ge-
neri terra iribuat. Fest. v. Opima.
XI. Opeconsiva dies ab dea Ope Consivia, quoius in Regia sacrarium, quod ila ac-
tum, ut eo praeter virgines Vestales el Sacerdotem publicum introeat nemo. Vark. L. L.
VI, § 21.
XII. In vcteribus memoriis scriptum legimus, nuntiatum esse senatui, la sacrario, in
Regia, hastas martias movisse. A. Gell. IV, 6.
XIII. C'v âk TÎ] P/iyta âôpu y.xOiOpu/j.£JO:>, £ psx 7T/5«5ayO/-;£Ùstv. Plut. Romul. 29 3.
XIV. llastœ Marlis in Regia molœ. Obseû. deProdig. 96 [an. 637]. — 104 [an. 652].
— 107 (an. 656].
XV. l'bi est seplies millies seslertium, quod in tabulis, qua? sunt ad Opis, patebal^?
Cic. Philipp. II, 37. — César avail déposé sepl cents millions de sesterces [environ
1-50,000,000 fr.] dans le temple d'Ops [Voy. Païercil. II, CO] ; Antoine s'étail emparé
de cette somme, et Cicéron en parle encore, Philipp. I, 7; II, 14. Le choix de ce
temple pour un pareil dépôt prouverait que Regia était aussi la demeure du STU\erain
ponlife, car César était revêtu de ce sacerdoce.
* Regiam vero in via Sacra habebat [Numa], ac propter xdem Vestae, ut plurimum versa-
batur. = ^ Quum Lepido mortuo, Aujjustus summus pontifex esset creatus, . . . neque domum
publicam aecepit : sed quum omniuo public;im esse pontifici maximo habiialionem oporteret,
suarum œdium partem ipse publicam esse jussit : at Régis sacrorum œdes virginibus Vesta-
libus dedii, quoniam earum a?dibus contiguœ erant. = 5 Atque in Regia collacaiam hastam
Martem appellasse.
RÉGION VIII. — FORUM ROMAIN. 79
\VI. Slntue (le Scipion l'Africain. Alqiii niliil habuit aliud inscriptum, nisi consul
ea Slalua [An-irani], f(u;c ad Opis pcr te posila iti cxcilso est. Cir.. ad Allie. VI, 1.
XVII. Statues grecques. Alcxatiriri magtii tabcrnaniliim susiinore Iraduni solila; sla-
tu<T, ex quibus duœ aille Marlis Ulloris œdem diratœ sunt, tolidem anie Uegiam. Plin
XXXIV, 8.
iôO. Basilique Fclvia ou Argestaria. — Devant : Tavernes neuves f.t Sta-
tue DE Vénus cluac.ine. La Basilique fut bâtie par le censeur Fulvius, l'an 573,
et restaurée Tau 699 par le consul /Eniilius Paulus. Elle était à la suite du
temple d'Ops-Consiva [n° 129], en descendant la voie Sacrée. Son nom d'Ar-
gentariahn venait de tavernes placées entre elle et la voie Sacrée, et nom-
mées jadis les sept lavemes, puis les cinq, puis les tavernes argentariœ, parce
que des banquiers y siégeaient, et enfin, du temps d'Auguste, les tavernes neu-
res. — Devant ces tavernes était la statue de rc'/u/s-C/uadne ou purificatrice.
I. Lacus Curlius.
Basilica Aigcntaria.
P. YicT. de Reg. urb. Romœ, VIII.
II. Tasilica Argentaiia.
Templum Concoidiae. Noiit. imperii, YIII.
III. M. Fulvius plura et majoris locavit usus [an. 575] ;... Basilicam posl avgcntarias
Novas, et Forum Piscatoriuni. Tit.-Liv. XL, 51.
IV. Sur la réédification par ^Emilius Paulus, voy. ci-dessous, n» 131, § I, II.
V. Tavernes. Eodem tempore SeplemTaberna?, quœ postea Quinque, et Argentariae,
quae nunc Nova; appellantur, arsere.Comprchcnsa postea privata œdificia: (neque enim
tum basilicœ eranl) , comprehens2e Laulumice, Forum piscatorium et Atrium regium.
TiT.-Liv. XX\1, 27.
VI. Locaverunt [censorcs] inde reficienda quœ circa Forum incendio consumpta
crant, Septem laberna?, Macellum, Atrium regium. TiT.-Liv. XXYII, 11. [An. 545.]
VU. .Tam ostendam cujusmodi sis. Cum ille : « Ostende quœso ; » demonstravi digilo
pictum Galluni in marlano scuto cimbrico, sub Novis. Cic. de Nat. Deor. II, 66. — Ci-
céron fait ici allusion à un fait qui s'était passé au Tribunal du préleur.
VIII. Sub Novis dicta pars in Foro œdificiorum, quod vocabulum ei perveluslum, ut
Novœ viœ, quœ via jam diu vêtus. Varr. L. L. VI, g 59.
IX. q.avfidivs.mensarivs
tabern.e.argentari.e
ad.scvtvm.cimbricvm
CVM. magna. VI
aeris.alieni.cessit.foro.
MURATORI, Nov. thés, inscript, t. II, p. 610.
X. L'exposition méridionale des tavernes est indiquée dans la phrase suivante : —
Itaque cessit; et ut ii, qui sub Novis solem non ferunt, item ille, quum œstuaret, Vete-
rum, ut Mœnianorum, sic Academicorum unibram secutus est. Cic. Academ. II, 22.
.XI. Statue de Vénus Cluacine. Data venia [Virginius] seducitfiiiam ac nutricem prope
Cloacinœ ad tabernas quibus nunc Novis est nomen. Tit.-Liv. 111, 48. — Rappelons-
nous qu'en disant nunc Tite-Live nous reporte à l'époque où il écrivait.
XII. Tradilur, myrtea verbena Romanos Sabinosque, cura propter raptas virgines
dimicare voluissent, depositis armis, purgatos in eo loco, qui nunc signa Veneris Clua-
cinœ habet. Plin. XV, 29.
151. Basilique JEmuk ou de Paulus. — Devant : Statues des trois P.\rques
ou Sibylles, et Colonnes rostrales de Duilius et de J. César. La Basilique
était sur le bord de la voie Sacrée, vis-à-vis de la Basilique Julia [n» 115].
.iEmilius Paulus Lépidus la commença vers l'an 699, et la dédia l'an 720. Le
feu la détruisit l'an 740, et un descendant de Lépidus la réédifia avec l'argent
que lui fournirent ses amis et l'empereur Auguste. Sous le j)rincipat de Ti-
bère, l'an 775, un autre descendant de Lépidus répara et orna ce monument.
La basilique Jîmilia était l'un des plus beaux édifices de Rome ; sa façade
présentait une colonnade à double étage, dont les colonnes étaient en marbre
80 DESCRIPTrON DE ROME.
phrygiou [paonazzotlo], d'ordic corintliicii, cl «le plus (]*'. 30 piorls de haut
i)Oiir IV'ta^fO (lu l)as. Otic colctniiadt', d(iul)l(' iMi proroiidoiir, occupait toute
la largeur de l'édilice ; elle funnait, au icz-de-cliaussée, un péristyle, ou plu-
tôt une espèce de vcsiiliule couvert, et à l'étage supérieur une galerie couverte,
lui balcon d'oii l'on doniinail sur le Foium. Une tiès-iicile p(jrte de bronze
complétait la niagniliceuce d(^ ce splendidc inoiunnenl des ftniiles. — Devant la
BasiTupu', au-delà de la voie Sacrée, et près des liostres fn" 80] étaient les
Sldlucs des irais Purqnes ou Sibylles. — Non loin de ces statues on voyait
aussi deux Colonnes ro.s/ni/cs, l'une, érigée l'an 492, en l'honneur de Duilius,
l'autre en l'honneur de J. César.
I. Panlus in niedio Foro Busilirani jam pyne toxuil iisdem antiquis columnis ; illani
aulem, quam loravit, facit niaKiiilicenlissiinann. Quid quxris? niliil gratius illo moiiu-
mento, niliil ploriosius. Cic. ad Allie. IV, 10 [an. 699]. — Il s'agit ici de la basilique
Àr(/enln7-ùi, cl illam désigne la basilique JEmilia.
II. lion \s.ct.itsu.c^oi t'ov ra/art/.iv n'/.o'uTO-j ù.f.iiïzOv.i p{jSr,v iysu.iroi ttktj ro't; ■noKnîuo-
fjiévoi;, \\ct.iiïo> as, inrÙTOt o-Jii, xùix x«t 7TsvT«i«iijia T:^/avra oo-jto^, àp' «ov zai t/;v
fiuijillXYj-J iy.ÛJOi, o-jojj.y.'STh-J ù.w.Or,iJ.'x, Tyj ày'J^à 7r/;sî£zi).)>v;cîv, àvri Tij,- *(jj),Çtaî oly-Cé-
oou.rfliiijy.v. I'lut. Cwi. 29 '. — Plutarquc ronrond ici la basilique Argenlaria, ci-dc\anl
Fulvia, restaurée parPaulus, avec la basilique ,-Kniilia, fondée par le même.
m. oï /j:^.ltz-:a. i)(Opo'nou Kuhv.poi Si TOJTiib,' rtf^sOri'ju.v ùna^zot, Ai/xû.iài to Uc.îjAOi
ZKÎ Ka).ioi05 Mâ/îXc/XOj Toint,)v b Kal-jup Kcô.iàio-J fjïv cJx hyuasv ii-cc/xyé'jOxi
)(f,y!/j.»^i, riaûXov o£ xùirjiv xai Tisvzay.o^iuv TaXcivrwv èTC/^h-TO, /j.r/jsj ctjTÔt fJ.r,Tz oofj.-
7rc«TT£!v |U'^T£ è-JOyAsl:/ Uu.ÎjXoi fj.ïv c?/j T/jV Uxi/ï'Sj Izyoy.s-jr, y3aîî)(/<iv v.nb
T^jvcc T&)v ^j^/i/jiàTcov à.-jiOr;xc Puaaioii, olxooû/jifi/j.ciL TCîpixu.Tj.iç^. Apman. de Bell, civ.
II, p. 731.— .Émilius avait commencé sa Basilique dés l'an 699, et même avant; il élail
sans doute obéré par les dépenses où l'avait entraîné celle construction, lorsque Cé-
sar le corrompit par un don de 1500 talents [environ 7,824,982 fr.], qui lui permit de
terminer avec magnificence un monument auquel il altacliait sa gloire.
IV. Koù T'^v aroKv t/j'j ÏIuù'mjo xulooy.ivfi'J Aiij.ut.o-; Ai-too; UxW.Oi i'}iot; tû;^iv èîo)-
xoSàij.rflt, xàv tr^ ÙTTarsia y.a.9dfici>^îv unÙTSun; yxp h y-ipii- toû éVo-jj toIizo'j. Diox.
XLIX, 42 3.'
V. L'église de S. Adrien [NoUi, n" 94 ; Lelarouilly, rion. I, 75] occupe l'emplacement
de la basilique iî-'milia. — Anzi la chiesa stessa di S. Adriano nioslra per la strullura
délia sua facciata cssere stata una basilica e pcr consequenza la Kmilia. A cio si ag-
giunge una prova di gran peso, ed è clie ncl fare i fondanienii délia nuova fabbrica nel
165.5, vi fu scoperla una base di marmo colla iscrizione seguente riportala da Cnaldo
[de lap. sepulcr.] in un manoscritio dclla biblioleca privala di sua Sanliti, cbc quando
csisteva al Yaticano a\ea il num. 8253 [p. 71 a tergo'.
GAVINIVS.VETTIVS
PROBIANVS.V.C.PnAEF.VRB
STATVAM.CONLOCARI
PRAECEPIT.QVAE.OR
NAMENTO.BASILICAE
ESSE.POSSIT.INLVSTRI
L' inlerno délia cliiesa attuale di S. Adriano é lotalmcnlc moderno, e la bella porta
antica di bronzo fu dal Ponlefice Alessandio Vil trasportalu al Lalerano, o\e ai pré-
sente si animira. Nibbv, in Nardini, Roma anliea, lib. V, c. VIII, t. 2, in-S",
p. 227, note 1.
* Quum Cxsar jam omnihus rempub. tractantihiisopiilenliam propinasset Gailicam affaiim
bauriendam,. . . consuli donassct Paulo mille et quinj^;enla talenla, que arfjenio celehrem il-
lam Basilicam jnxta Forniii loco Fulvia; œdificavit, dodicavilqiie, elc.z= - Infensif^simi Cusari
consules dcsignali siint in anniim pioximiim [an. 70^] .Etnilius Paulus etClaiidius ^larcellus...
Ex liis Claiidins lumqiiam potnit laq;iiionil>iis tradiici in parles Caî>aris. Paulus M. D. talenlis
liactenus flcxus est ut non adversaretur... Paulus quidcni ex liac peeunia Basilicam, qu;c liodie-
c|ue Paidi dicitur, deilieavit, opusinter urbana pulcheiriniuni.= •* Portieum, (pia> Pauli dicilur,
iîuiilius Lepidui Paulus propriis inipeusis perfccit, el in consulalu suo [an. 720] qiiem pcssit
in parle liujus anni, dedicavit.
RÉGION VIII.— FORUM ROMAIN.
81
VI. Slarp parlant dp la slaliie c'qucsirc do Doiiiilicn, (Mevi^u au milieu du Forum, dit
((u'clle est enlrc la ltasili(iup ,lulia cl colle de l'aulus :
El laleruni passus liinc Julia lecta lucnlur,
lllinc belligeii subliniis lU'gia l'auli. Stat. Si/lv. I, 1, v. 29-50.
VII. H//ÎV oùv (jToà ij.ixà tsûto, à-jiij.ccrt /jvj, 'jtio Al/j.tlhv, èi ov t'o toû riOir.cu-jrii
Tîoz- ajT/;v y^voi iV/i/Wît, tw oï £,07^, lin' \Jyoùt;TOO y.cà û;rà zw zoXi \Vxii\ou jji'/cuv &ixo-
voiirfln. Dion. LIV, 24 1. " '
VIII. Lcpidus al) scnalu petivil [an. 77.5] ul Basilicam l'auli, ;Einilia monunienla,
propria pecunia firmarct, oinarelque. Tac. Ann. III, 72.
IX. Iconnyraphie. — Dasilica Pauli cum phrygiis columnis. P. Vict. de Reg. urb.
Romœ, VllI.
X. Nonne inler magnifica [opéra] Dasilicam Pauli columnis e plirygibus mirabilem?
Plin. XXXVI, 13.
XI. La façade de la basilique /Emiiia est représentée sur le
revers d'un Denier d'argent d'/Emilius Lépidus, dont nous don-
nons ici une copie. C'est d'après cette image, où l'on recon-
naît facilement la colonnade à double étage, et double en pro-
fondeur, que nous avons tracé notre description. La mémo
figure indique aussi un toit couvert en airain. Ce denier est
gravé dans le Thesaur. Morell. famil. /Emtlia, tab. I, 7.
Nous n'avons fait aucun usage, pour notre plan, d'un pré-
tendu fragment de la basilique .Emiiia gravé dans le grand plan
de marbre du Capitule, et reproduit dans Dellori [Iconnyr. vêler
Itomœ, tab. VI]. Le mot E.MILl, écrit sur un petit morceau isolé,
rapproché d'un morceau considérable ([ui porte le plan d'un édifice en colonnade, avec
la légende BASIL, a produit cette erreur. M. Canina, par un ingénieux rapprocliement
de lettres, a fait voir que ces deux fragments n'allaient pas ensemble , tandis que le
mot BASIL s'accorde parfaitement pour le corps et la hauteur des lettres avec un autre
fragment sur lequel on lit VLIMA, de sorte que ce que les anli(iuaires avaient cru pou-
voir, jusqu'à nos jours, rapporter i la basilique ^Emiiia, appartient réellement ;\ la
basilique L'Ipia. Voy. Camna, Roma anlica, reg. VIll, p. 136; et Foro Rnmano ,
c. IV, p. '<40 et seqq. et tav. VI. — Voy. celle (ig. plus bas au n» 154, g I.
XII. Sunl vero qui dicant banc Basilicarti [Pauli] silam fuisse inter lemplum Salurni 2
et Fauslinœ... Hœc dum sa?pius mecum animo repeto, et omnia vicina loca orulis lus-
tre, aspicio forte columnam stanleni, ex marmore phrygio, eximisc magnitudinis, terra
obrutam ad lertiam fere parlem alliludinis , silam juxia ecclesiam, quœ vulgo Spoglia
Chrislo nuncupatur, qua parte orientem spécial, quœ intérim, dum hœc scriberem, inde
sublata est a Joanne Gregorio Cœsarino... Quum igilur columnam illam, unicum illius
cclebris Basilicœ vesligium, antico suo loco movcri viderem , ne hujus loci memoria
intercideret, situm ejus in giatiam posterilalis consignare volui. Vidi prœterea, quum
inde tolleretur, elîodi ejus capilulum et basim, opcris corintliii. Sila autem erat inter
priorem illum locum a nobis descriptum, et allerum qui a recenlioribus pro Basilica
Pauli agnoscitur. Unde conjeci ibi quondam silam fuisse nobilem illam Basilicam phry-
giis columnis spectabilem, e quibus h.TC tantum reliqua est, ex cujus magnitudine lotius
operis magnificentia exislimari possit, et forma ejus restitui ad prescriptum Vilruvii.
Est autem columna; longitude '(7 palmorum dodranlaliumS, prœter capitulum et basim.
/Edificium autem illud, quod faiso creditum. est fuisse Basilicam Pauli, ad radicein Quiri-
nalis, ubi adhuc vestigia antiqui operis conspiciuntur, ni fallor, illud est quod P. Victor
Staliones municipiorum appellavit '». Demo.ntios. Gallus Romœ hospes, part. V, p. 4,
Rome 1585.
XIII. Il y avait dans la nef du milieu [de S. Paul hors des murs] 40 colonnes,... parmi
lesquelles 24 qui étaient les plus précieuses, étaient d'une seule pièce de marbre violet :
on croyait qu'elles avaient été tirée du Mausolée d'.Vdrien ; mais plutôt elles venaient
de la Basilique Emilie, au Forum Bom.nnum , et c'étaient les mêmes qui avaient été
célébrées par Pline l'Ancien et par Slace : elles étaient d'ordre corinthien et cannelées
* llaîc postca poriiciis specio quidom ab .F.milio, ad ijuein priiiii coiiditoris genus rcciderat,
ro autem al) Augusto et l'auli amicis rcslauiata est [an. 740]= 2 ^\,, seizième siècle, et
longtemps encore après, ou croyait que l'église de S. Adrien avnit été le temple de Saturne. =
^ 10 mètres G5 ccnlimètres. = * On sait aujourd'liiii que les ruines situées au pied du Uuiri-
nal appartenaient au Forum de Trajan, et non aux Stations des Muuicipcs.
82 DESCRIPTION DE ROME.
aux deux tiers, ayant 56 picils dt; hauUur et 11 de rirconfércncc. Nibby, llinéraire
de Home, t. Il, p. 102.
XIV. Statue» des trois Parques nu SHnjlles.— F.quidem cl Sibjll.T juxia IJoslra esse
non miror, 1res sint liccl : uiia, quam Sfxlus l'aruvius Taurus œdilis pii'liis insliluil;
dua-, quas M. .Messala. Primas pulaiein lias, et Alli .Na\ii, posilas œlate Tarquinii l'risfi,
nisi ri'tîum anlceedcnliuin cssenl in Capilolio. l'i.is. XXXIV, 5.
— Jaxta signifie auprès. Le sens de cet adverbe nous parait fixé par le passage sui-
vant, dans lequel Suétone [TU. 7.] pariant de rampliitliéitre que nous appelons le
Colysée, et des Thermes de Titus situés à côté de eet édifice, s'exprime ainsi : Amphi-
Ihealro dedicato, Ihermisque jlxta celeriter exstruclis, munus edidit.
XV. On appelait resslalucs les l'arques ou les Sibylles. Voy. plus bas, n» 137, 8"VI.
XVI. Anasiasio biblioleeario nelia vila di Onorio dicc clic: « fecit Kcclesiam bcato
Adriano martyri in tribus Falis. » Nibby, Foro Romano, c. I, p. 170, note 1.
— Itappelons-nous que l'Eglise de S. Adrien est bàlie sur l'emplacement de la Basi-
lique .lùnilia.
Wll. Colonne roslrale de C. Duilius. Erigée l'an 492, en l'honneur d'une grande
vicloire navale remportée par C. Uuilius sur les Carthaginois. — [Columnaj Caïo
Duilio, qui primus navalcm triumphum egit de Pœnis,qu» est etiam nunc in Foro. l'i.iN.
XX\IV, 5.
XVIll Ut Lalinis veteribus I) plurimis in verbis ullimam adjeclam, quod mani-
festum est etiam ex Colunina rostrata, quae est C. Duillio iu Foro posita. Qlixt. Insl.
oral. I, 7.
XIX. Iconographie. Cette colonne existe à P»omc, sous le vestibule du Palais des
Conservateurs, au Capitule. Sa forme est celle de toutes les colonnes rostrales, un fût
uni, avec des rostres de navires en saillie. On croit que le fût est une restauration du
temps de Claude, mais que le piédestal, avec son inscription, est de It poque de Ouilius.
On peut voir une copie de celte inscription restaurée, dans Schœll, llisl. abrégée delà
lillrrat. Itom. l. I, p. i»; CriEvius, thés, aiitiq. Hom., t. IV, p. 1810 ; Egcer, Reliquiœ
latini scrmonis, § VIII. — Ce monument fut retrouvé pendant le XVI« siècle, prés de
l'Arc de Septime Sévère, au bas du mont Capilolin.
XX. Colonne rostrale de J. César. Elle était dans les environs des Rostres, proba-
blement auprès de celle de Duiljus. C'était un trophée de la victoire d'Aciium.— Augus-
tus \iclor totius /Egypli quam Ciesar pro parle superaverat, mulla de navali cerlamine
susiulit rosira, quibus conllalis qualuor clTecil columnas, quœ poslea a Domiliano in
Capilolio sunt locatœ : quas liodieque conspicimus. Linde ait navali surgenles œre
columnas. Xam rostratas Juiius Cœsar posuit, viclisPœnis navali cerlamine : e quibus
unam in Ilostris, alteram anle Circum vidcmus a parte januarum. Serv. in Georg. III,
v. 29. — La dernière partie de cette note nous parait altérée ; car jamais J. César ne
vainquit les Carthaginois, pas plus sur mer que sur terre.
132. Stations des Municipes. Place qui servait de rendez-vous aux citoyens
des iminicipes, quand ils venaient à Rome. Elle se trouvait auprès du Forum
de César, derrière la Basilique iEmilia.
I. Forum Cœsaris.
Sialiones Municipiorum. P. Vicr. de Reg. urb. Romœ, VIII.
H. Altéra lotos in Vulcanali,... œquœva Urbi intelligilur... Radiées ejus in Forum
usque Cifsaris per Stationes Jlunicipiorum pénétrant. Plin. XVI, 44. — Il y a loin sans
doute du Forum de César au Vulcanal [n» 18], mais Pline cite un fait phénoménal.
153. Forum de César et Temple de Véxus-Génitrice. — Statue équestre de
César. Une rue droite, partant du Forum romain et longeant la Basilique
iEmilia [n° 131], conduisait au Forum de César, qui se trouvait en partie der-
rière cette basilique. César commença son Forum l'an 699 ; Octave le finit et
le dédia l'an 708. L'emplacement eu était irrégulier et peu spacieux, parce
qu'il avait fallu acheter un (juartier pour le faire, de sorte que le terrain seul
coûta plus de cent millions de sesterces (environ 20,000,000 fr.). Le Forum
avait tout l'aspect d'un monument : son aire, entourée de murs, se trouvait en-
cadrée, du côté de l'arrivée et sur les parties latérales, d'un portique en colon-
nade à triple rang. Au fond de la place, sur l'axe général du plan, s'élevait un
temple en marbre blanc, d'ordre corinthien, pycnostyle, avec des colonnes
RÉGION VIII. — FORUM ROMAIN. 83
cannelées. Il était consacré h Vénus-Génitrice, aïeule des Jules. Devant, au
centre de la place, brillait la statue équestre dorée de Jules-César. C'était une
ancienne statue d'Alcxandre-le-Grand, par Lysippe, de laquelle on avait seule-
ment cliangc la tête. Ce forum avait été construit pour servir principalement
aux affaires judiciaires; aussi deux tribunaux y furent-ils ménagés : ils se trou-
vaient à la bauteur du temple. Là, les murailles se développaient en deux grands
hémicycles ornés de niches carrées avec des statues. Au centre de chaque hé-
micycle il y avait une niche beaucoup plus grande que les autres : c'était le
tribunal, l'endroit où l'on mettait le siège du juge.
I. Le Forum de César était voisin des Stations des J>/unîc«pe«.Voy. plus haut, n^i 32,
§ I, H.
II. Forum de Manubiis inciioavit [Cœsar] ; cujus area super H-S millies constilit.
Slet. Cœs. 26.
III. Pyramidas regum miramur, quum solumtantum foro exstruendo H-S millies Cœ-
sar dictator emerit. Plin. XXXVI, 15.
IV. Sur rédification du Forum Julium finie par Auguste, voy. n" 113, g II.
V. Csesaris amici (me dico et Oppium, dirumparis licet) in monumentum illud, quod
lu tollere laudibus solebas, ut Forum laxarcmus, et usque ad Atrium Liberlalis explica-
renius, contemsimus scxentics H-S : cum privatis non potcrat transigi minore pecunia.
Efllciemus rem gloriosissimam. Cic. ad Àttic. IV, 16. [An. 699]. — Ce passage de Ci-
céron donne l'époque où César commença son forum. On y voit que l'on ne s'occupait
encore que de l'acquisition des terrains. César avait déjà dépensé 60 millions de ses-
terces, et nous avons vu dans les deux §§ précédents, qu'il fut obligé d'aller jusqu'à
cent.
VI. T'/jV yÔLp à.yopyy -zri-J àû' kjtoÎ) v.iAyriij.v^rcJ v.a.zi-/.c,jy.i:y.TO' xat ï-zi j-ÙJ TlspixxXlî-
arépx T/j; Pw//ataj, tb â' àÇtco/jta tô cXîtv/,; c-ïî'jfv^iêv, wjtî xa't //.eyà^/jv kjzyjV o-jo/àk-
i^ZzOxf TaÙTÏjV TS OUV, XXt T5V VÎOJV TOV TVJJ KppC/6izriÇ, ùç xcù ù-py^i'/iziooi -zoX) yévoDÇ
KjTol) o-JT/)i, -oiriccci, KccOiipusvJ sJdù; tsts. Diox. XLIII, 22 l.
VII. XveuTv^se xa'i tïj ysvïTît/iK tôv v£(ùv, StTrtzp s'j^xzo /jls^Iuv i-J ^ap^dd.oi pixyii^dxr
xu.ÏTS/Mvoi Tôt yiôi ~zpiiOr,y.vJ b PoiyMOi; stu^sj v.-/opà.,> £l-jv.i, oj rwv Cy/iw), vXt! l—i
Tcpô:(i<ji cuvtovT&jv ii àz/ïj^si/,' /.cOy. /.où n,c'^ia£; -^v zti à.yopx l^rizo'jcrj r, /xcc^Sàyo-j^i toc
lîUciicf.. Appian. de Bell. civ. II, p. 803 *. — ts/asvo,, enceinte sacrée, désigne les grands
hémicycles avec leurs tribunaux.
VIII. Iconographie. Pycnostylos est, cujus intercolumnio unius et dimidiatae colum-
nae crassitudo inlerponi potest; quemadmodum est Divi Julii, et in Caesaris foro Veneris.
ViTRUv. m, 2.
IX. Une partie considérable des hémicycles du Forum, construits en gros blocs do
péperin, et trois colonnes du portique extérieur, de droite, du temple de Vénus, existent
encore au bout de la via de' Pantani de Rome moderne [NoUi, n°3 123, 124 ; Leta-
rouilly, rion. I, 5-i], rue qui parait avoir conservé la direction de la voie antique par
laquelle on communiquait du Forum de César au Forum romain. On donne souvent à
cette belle et importante ruine le nom de Forum d'Auguste, et quelquefois de Forum
de Nerva; nous verrons plus bas, n^ lôo, en parlant du Forum d'Auguste, que cette
dénomination ne peut convenir aux ruines dont nous parlons ici. 11 paraît certain
d'après Pline, que le Forum de César était du côté du Vulcanal et des Stations des
Municipes. Voy. plus haut, no 132, et n» 18, g IV. Cette opinion était celle de plu-
sieurs antiquaires du seizième siècle; on lit dans Marlianus (de tnpographia Romœ,
c. 45); « Augusti aulem Forum licet apud Marforii simulacrum quidam 3 ponant, non-
* Forum enim Caesar exstruxerat, quod ab ipso nomen obtinuit, Romano pulchrius : sed ta-
men Romani ex eo dignitas aucta est, ut Forum magnum diceretur. Forum vero et templum
Veneris, quam sui generis auclorem ferebat, a se coudita Caesar statim tune consecravit
[an. 708]. = - Dedicata et aedes Veneri Genitrici ex veto concepto instante pugna ad Pharsa-
lum, fanumquc aeJi addilum, quod Forum populo lioinano esse voluit, non rerum venalium,
sed agendis litibus, qualia l'ersis quoqiie sunt Fora, ubi redduntur jura, et discuutur eliam.=
■' Corte del Museo Capitolino. — Vedesi in fondo collocato per adornaraento délia fontana eretta
da Clémente XII, l'a. 1784, un grandioso colosso marmoreo rapprescntante la figura giacente
deir Oceaiio con un uiccliio niarino in mano. Quosta statua fu rinvenuta nel foro di Slarie
soltoposto al lato orient do del Gampidogiio, e d d luogo dol ritrovamento fu chiamata Mar-
forio dal volgo. MELCaioRRi, Guida, melodica. di Roma, p. 524.
84
DESCRIPTION DE ROME.
nulli lomon posl Fnuslinœ lompluin, soil prior opinio nin(;is probnlur. » Nous ajoulorons
que les trois colonnes ([ui foni parlio de la ruine ineiilionnce plus haut, appartiennent
à un temple pyrnoslyle, romnnc était, selon Vitruve, le temple de Vénus-tiénitriee. —
Voy. dans l'iraiiesi, Anlichità romane, t. I, lav. XXX, fig. 1, une vue des ruines de ce
Forum (|u'il appelle Forum de Nerva. — L'ne restauration tlu Forum île César, envoyée
à Paris en septembre 18'<'<, par M. Feliard, pensionnaire de l'Aradémie de France à
Home, nous a fourni l'idée des porlicpies qui entourent l'aire du Forum. La trace d'un
comble A deux rampants sur le mur de fond, dans la partie à angle droit située prés
r^rco de' Panlani, a conduit M. IJchard à cette véritable restitution. L'idée de ces
portiques dut venir à César qui, pendant son édilité, fit couvrir de voiles le Forum ro-
main et toute la voie Sacrée. Son Forum étant, par sa destination, un lieu de station-
nement, devait offrir aussi un abri au peuple. Celte disposition de portiques passant sur
la corde do deux hémicycles, a été plus tard reproduite dans le Forum de Trajan. —
Nous avons sui\i, pour le temple, la restauration de Palladio [Archill. lib. IV, c. 7,
lav. 5 à 10), qui nomme cet édifice Temple de Mars-Vengeur.
X. Statue équestre de J. César. Cœsar diclator loricatam [slatuam] sibi dicari in
Foro suo passus est. Plix. XXXIV, 5.
XI. Nec Cfesaris dictatoris quemquam alium récépissé dorso equus tradilur; idemque
humanis similes pedes priores habuisse, bac efligie lucalus ante Veneris Genitricisœdem,
Plin. VIII, 42.
XII. lUebatur autem [Caîsar] equo insigni, pedibus prope humanis, et in modum di-
gilorum ungulis fissis. . . ., cujus etiam instar pro œde Veneris Genitricis poslea dedica-
>it. SiKT. Cœs. Gl.
XIII. Equus C. Cœsaris nullum prœter Cœsarem dorso reccpit. Cujus primores pedes
facie vesligii humani tradunt fuisse, sicut anle Veneris Genitricis simulacrum cadem
liac efllgic locatus est. Solin. 46.
XIV. Cedat equus, Latite qui contra templa Diones,
Cœsarei stat scde Fori ; quam traderis ausus
Pellœo, Lysippe, duci, mox Cajsaris ora
Aurala cervice lulit. Stat. Sylv. 1, v. 84-87.
134. Atrium de la Liberté. Sur le côté gauche du Forum de César fu" 133].
Co monument servait d'archives publiques, on y affichait les lois, cl prohable-
nient les actes de libération des esclaves; de là sans doute son nom i.ï Atrium
(le la Liberté. Nous ignorons à quelle époque il fut construit; nous savons seu-
lement qu'il existait déjà l'an de Rome olO, et qu'il fui restauré et agrandi l'an
558. 11 a lu forme ordinaire desalria; au centre est un autel, celui de la
Liberté.
'''-^TT^b>~^ I. Sur la situation de l'Atrium de la
Liberté prés du Forum de César, voy.
ci-dessus, n'' 133, g V.— Nous nous au-
torisons aussi du fragment ci-joint, qui,
emprunté au plan de marbre, et gravé
dans Bellori [Iconog. vêler. Romœ, tab.
VI et XVI), reproduit une partie de la
basilique Uipia ou de Trajan. On con-
naît la position de celle basilique, dont
il existe encore de superbes ruines
entre les monts Quirinal et Capilolin
[NoUi, n^llO; Letarouilly, rion. I, 34].
Le vaste Forum de Trajan, dont cette basilique faisait partie, envahit notre Atrium de
la Liberté, mais sans le détruire, car on lui donna asile dans la basilique même : le mot
LiBERTATis, inscrit dans l'hémicycle, en est la preuve.
II. Custoiliebantur ^obsides] in Atrio Libertatis.... Hoc crebiis coUoquiis sollicitos,
corruplis œdiiuis duobus,... profugit. Tit.-Liv. XXV, 7 [an. .540].
III. Atrium Libertatis, ab eisdcm [censoribus] refecta amplialaque. Tit.-Liv.
XXXIV, 44 [an. 558].
IV. Censorcs extemplo in Atrium Libertatis adscenderunt ; et ibi signalis tabellis
publicis, clausoquc Tabulario, ctdemissis servis publicis, negarunt, etc. Tit.-Liv. XLIII,
16. [an. 583].
RÉGION VU!. — FORUM ROMAIN. 85
Y. l'robrum virginis vcstalis ut rapilc punirclur, vir qui ram incoslavissol vorbcrihus
iicrarclur, lux fixa in Alrio Libcrlalis cutn niuilis aliis Icgibus incendio consumpla est.
l'jiST. V. Probrum.
131Î. Forum D'Ai'crsTE et Templk de MAns-VENGErn. — Anes de Germamccs
ET de DuisLs. Le Foriim d'Aiigiisle était situé an bas du mont Capitoiin , vers
l'orient. II alFectait la forme d'un carré un peu plus long (jue large, ouvert sur
le devant, garni de [)ortiques et de tavernes sur les côlés, cl fermé au fond par
une muraille au milieu de laquelle se déployait un hémicycle pour un tribunal.
Au centre même du Forum s'élevait un temple entouré de porlitiues en colon-
nade, et ayant deux façades, l'une vers l'entrée du Forum, l'autre vers le tri-
bunal. Elles étaient surmontées des statues des dieux invincii)les, et un qua-
drige, avec la statue d'Auguste, couronnait l'un des frontons. Des statues pé-
destres décoraient la façade principale; on en voyait aussi de senddables dans
les entrecolonnements des portiques latéraux du Forum : ces dernières
étaient eu marbre et représentaient les triomphateurs Romains. Enlin, deux
Arcs de triomphe, placés à droite et à gauche de la façade principale du temple,
formaient comme l'entrée des galeries latérales qui séparaient les portiques et
les tavernes. Le temple était un périptère d'ordre corinthien, consacré à Mars-
Vengeur. Les Arcs furent érigés en l'honneur deDrusus et de Germanicus. Au-
guste construisit ce Forum et ce temple : il les commença l'an 72-3, lorscju'après
avoir mis fin aux guerres civiles par la victoire d'Actium, il revint à Rome. Les
travaux durèrent fort longtemps, et la dédicace n'eut lieu que l'an 752. Ce
Forum , à l'instar de celui de César, était consacré aux affaires judiciaires :
voilà pourquoi on y trouvait un tribunal. Les murs de ce tribunal étaient dé-
corés de tableaux. Les Arcs de Germanicus et de Drusus ne furent érigés que
sept ans après la mort d'Auguste, l'an 772.
I. Carccr.
Forum Augusti.
Forum Trajani. Sext. Rlf. de Reg. urb. Romœ, VIII.
II. Forum Augusti cum œde Martis L'iloris.
Forum Trajani. P. Vict. ib>d.
— Nous discuterons plus bas, § XVllI, la posilion du Forum d'Auguste. En adendanl
nous ferons remarquer iri ce rapprochement, fait par les deux régionnaires, du Forum
d'Auguste et du Forum de Trajan. On sait que ce dernier était entre le Quirinal et l'cx-
Irémilé septentrionale du Capitoiin.
III. Publica opéra plurima exslruxit [Augustus] ex quibus vel preecipua Forum cum
œdc Marlis Ultoris — Fori exsiruendi causa fuit hominum et judiciorum mullitudo, quaj
^idebatur, non sufTicientibus duobus, eliam tertio indigere. Itaque festinanlius, nec
dum perferla >I;ntis a-de, publicatum est, caulumque ut scparalim in eo publica ju-
dicia el sorliliones judicum fièrent. /Edem Marti, bello IMiilippensi pro ullionc patcrna
susceplo, voverat. Siet. Àug. 29.
IV. Mautis vltoris templvm forvmqve avgvstv.m FEci. LAPIS ANCVR.
col. 4 el 6.
V. Forum angustius fecit [Auguslus], non ausus exlorquerc possessoribus proximas
domos. SiET. Auij. 56.
VI. Mars venil; et veniens bellica signa dédit,
l'itor ad ipso suos coelo descendit honores,
Templaque in Augusto conspicienda Foro.
Et deus est ingens, el opus. Ov. Fast. V, v. 5.S0-533.
VII. Inler magnifica opéra. . . . Forum Augusti. Plin. XXXVI, t.*;.
VIII. Ctim mulii Sfvcro (".assio accusante absolverenlur, el archiicclus Fori .\u-
gusii cxspeclationem operis diu Iralieret, ila jocalus esl [Auguslus] : « Vellem, Cassins
el meum Forum accusassel. » Macp.ob. Salurn. Il, 4. — Le passage suivant fail con-
naître «lue la dédicace de ce Forum n'eut lieu que l'an 7.")2 : « F.o i[)So jinno, <|uo
niaguificenlissimi nuineris naumachi.Tque spcclaculis, I). Auguslus, abliinc iintios X.\X,
se et ('.allô Caniiiio coss. dedicato !\!arlis teniplo, animos oculosque populi romani rc-
pleverat, etc. » I'ateucii-. 11, 100.
86 DESCRIPTION DE ROME.
IX. Inscriplinnt, Itivus Auguslus, pr.Ttrr llispanins aliasquc Rcnlps, quarum lilulis
Forum cjus pr.TniIct, pcne idem, farta ^^pyplo stipcndiaria, quantum palcr ejus Gallia,
in iTrarium rcilitus ronlulit. I'ai ercil. Il, 39.
X. Statues. Ak'xandri quocpie mapni tabornaoulum suslincre Iradunl solilœ slalusp,
ex quibus duiv ante Marlis Ulloris œdcm dicalai sunt, tolidcra anlc lU-giam. I'lin.
XXXIV, 8.
XI. l'ioximum a Diis immorlalibus honorem memorifc ducum pracslilit, qui impc-
rium populi Itomani ex minimo maximum rcddidisscnt. Itaque dopera cujusque, ma-
ncnlibus lilulis, restiluil : et statuas omnium, triumphali effigie in utroque For! sui
porlicu dcdiravit. Siiet. Àug. 21.
XII. Kxcmplo Augusli, qui summorum virorum statuas in Foro suo c marmorc collo-
cavil, additis pestis. LASirnin. Alex. Sever. 28.
XIII. Statuam Corvino isli divus Augustus in Foro suo staluendam curavil. In ejus
slatuiB capiic corvi simulacrum est, rei pugnaeque, quem diximus, monumentum est.
A. Gell. IX, 11.
XIV. Tribunal. Cognoscens quondam [Claudius] in Augusli Foro, ielusque nidore
prandii, quod in proxima Martisœde Snliis apparabalur, dcscrto tribunal!, adseendil ad
sacerdotcs, uiiaque disrubuit. Slet. Clnud. 53. — Celte anecdote prouve que le temple
avait quelque sortie vers le tribunal, poul-C'tre de petites portes au fond des nefs laté-
rales, et qu'il était élevé de plusieurs degrés.
XV. Tableaux. Divus Auguslus in Foro suo celeberrima in parte posuit tabulas duas,
qusc Belli piclam facicm habent et Triumplium. I'i.in. XXXV, 4.
XVI. Pinxit [Apelles]... Castorcm et l'ollucem, cum Victoria et Alexandro Magno :
item BcUi imaginem, restriclis ad tcrga manibus, Alexandro in ourru triumptiante.
Ouas utrasquc tabulas divus Auguslus in Fori sui parlibus celeberrimis dicaverat sim-
plicilale moderala. Plin. XXXV, 10.
XVII. In Foro Augusli, inlroeuntibus ad sinislram, fuit Bellum piclum et Furor se-
dens super arma œneis vinctus, eo habilu quo poêla dixit, sœva sedens super arma
Serv. in ^neid. I, v. 299. — JPars celeberrima dans les § 15 et 16 nous paraît de-
voir s'entendre des abords du Tribunal, lieu le plus fréquenté du Forum, et par consé-
quent des murs latéraux de ce Tribunal.
XVIII. Iconographie. Il existe encore, au pied du mont Capitolin, dans ]a via di
Marforio, et non loin de l'église S. Giuseppe de' Falegnami (l'ancienne Prison), six ou
sept arcades construites en travertin cl en pcperin, restes des tavernes qui occupaient
le côté gauche du Forum d'Auguste. Piranesi, qui a donné un dessin de ces ruines
[voy. Anlichità Romane, T. I, tav. Il], y ajoute celle explication sous le n^ 273:
— « Avanzi di botteglie, composte di Iravertini e peperini, le quale appartencvano al
Foro di Auguslo. Questi avanzi rimangono vicino alla chiesa di S. Giuseppe de' Lega-
najuoli, e precisamenle in un cortile al primo ingresso del vicolo torluoso che rimane
sulla désira délia salila di Marforio. »
Notre temple de Mars a été tracé d'après une restauration de Palladio faite à la suite
de fouilles exécutées sous ses yeux (Voy. Palladio, Ârchilell. lib. IV, c. 31, tav. 98
à 102). Quelques antiquaires ont prétendu que le temple de Mars-Vengeur était rond ;
c'est une erreur mise en avant par Pirro Ligorio [Paradasse, p. 30 recto], reproduite
par Xardini [lib. V, c. 9], et qui n'est fondée que sur la mauvaise interprétation du re-
vers d"un denier dont nous avons parlé plus haut [Voy. n» 71, g IV]. Nous avons établi
un édicule au fond du temple, d"aprés le passage suivant de l'inscription d'.^ncyre
(col. 5, lig. 42) : COEGI EA AVTEM signa, in PENETRALI ÛVOO est in TEMPLO MARTIS \h-
TORIS REPOSVI.
Pour justifier notre iconographie, nous devons dire quelques mois de l'emplacement
que nous assignons au Forum d'Augusle. Cet emplacement est ordinairement donné au
Forum de César ; nous avons été conduit à l'opinion que nous avons mise en avant,
par le passage suivant de Dion : Ta tî Âp-ix rixs /xi-j, i-zto-ç b Ti?spii rôv i-::-oopofxo:>
T:pox:^zét:y_s-j, è-j rrJTCÛ Aùyo'jarou ùyopx, xxï t--ofj û)i(3//û)T/;i7rov Tivà x«"i ô-zipioi-j i^fCty^
èrijj.-n')-/] [LVI, 27] 1. Or l'iconographie du Forum que nous reconnaissons pour être
celui de César, et dont on voudrait faire celui d'Auguste, étant établie, il devient évi-
dent qu'il était trop petit et trop défavorablement disposé pour qu'on y pût donner des
* Martis ludi in Foro Augusli, quia Circum Tiberis restagnans occupaverat, cum equorum
decursu quodam, et venatione celebrati [an. 765].
REGION VIII. — FORUM ROMAIN. 87
courses de chevaux. Noire Forum d'Auguste était, au contraire, tr^s-propre à dos jeux
de ce goure : outre qu'il est spacieux, le temple isole au contre, les galeries qui en-
veloppent ses porlicpies de tous côtés, laissent une lice toute nalurelle pour courir
tout autour. De plus, les portiques el les tavernes fournissent une disposition fort com-
mode pour recevoir des spectateurs.
Un autre motif qui nous fait encore reconnaître dans cet emplacement le Forum
d'.Vuguste, c'est le voisinage de la via di Marforio. Pans le ÏMojen âge on appelait
Forum (le Mars le Forum d'Auguste; on lit dans les actes du martyre de sainte Fé-
licité : — « Sedit in Foro .Mariis, et jussit eam adduci cum filiis suis. » Mnrfnrio étant une
corruption de Mnrlis'fom, indi(|ue évidemment que là était le Forum de Mars, c'csl-à-
dire le Forum où s'élevait le temple de Mars-Vengeur. Fulvius, antiquaire du seizième
siècle, dit que l'église de Sainte-Martine, qui est en avant de noire Forum [Nolli, n» 97.
Leiarouilly, rion. I, 71], en emprunta son nom : « Marforius sive Mars Fori dous, non
quod Martis sit illud simtilacrum, sert quod in Fnrn Au'iusCi, ubi erat tcmplum Martis, sil
collocalum; quod fuisse creditur proximum templum S. Martitur, a nominis similitudine
nuncupalum, argumento etiam,quod multa in eo templo marmorea, triumphaliaquc orna-
menta visunlur, » de Urb. anliquitatib. lib. lY, p. 318. Doissard [Tnpmjrnfih. Row(i\
p. 52] écrivaiten 1397: .I^des divœ Martinee (ad quarum angulos jacet Marforii colossus)
fuerunt olim sacrœ Marti Ullori : alii dicunt fuisse secretarium Romani senalus. » Ces in-
dices, basés sur la tradition populaire, peuvent être pris pour des guides assez sûrs quand
aucun témoignage historique ne vient les démentir, ce qui arrive bien rarement. A'
Home ils sont nombreux, et, pour ne citer que quelques exemples, S. Giorgio in
Vc/abro a pris son nom de l'ancien Vélabre ; S. Maria sopra Minerva, a fait recon-
naître l'emplacement du temple de Minerve ; S. Lorenzo in Lucina, le Bois de Lu-
cine ; etc.
Piranesi [loc. supr. cil. § XVIII ] indique aussi le Forum d'Auguste au pied du mont
Capitolin, mais sans donner les motifs de cette préférence.
Nous avons dit que nous devions à Palladio notre restauration du temple de Mars;
nous ajouterons qu'il conjecture que ce monument était un temple de Neptune, parce
que dans un fragment d'entablement richement orné, trouvé dans ce lieu même, des
dauphins séparés par des tridents, étaien.t sculptés sur la doucine (Palladio. Ibid. tav.
101). C'est un indice bien faible pour infirmer ceux que l'on a d'ailleurs, et les motifs
que nous avons déduits pour prouver que ce temple était bien celui de Mars-Vengeur.
Nous voyons dans ces ornements un emblème de la grande victoire navale qui donna
l'empire à Auguste. De semblables figures ont été trouvées dans la maison de ce
prince, au mont Palatin [Voy. Venuti, Belle Antichità di Roma. part. I, c. I, p. 20] ;
le souvenir qu'ils rappelaient était bien assez important pour que les architectes de
l'empereur ne craignissent pas de le multiplier, si même ils ne le faisaient pas par
ordre.
Suétone, en parlant des deux portiques du Forum d'Auguste [Voy. ci-dessus, g XI],
csl d'accord avec les dispositions de notre plan. Ce Forum était sans doute à la grec-
que, suivant la description de Vitruve : — « Grœci in quadraio, amplissimis et (lupli-
cibus porticibus fora consliluuni, crebrisque columnis el lapideis aut marmoreis epi-
slyliis adornant, cl supra ambulationes in contignalionibus faciunl. » Vitruv. V, 1.
XIX. Prospicit armipotens operis fasiigia summi,
El probat invictos summa tencre Deos.
Ov. Fast. V, v. 559-560.
Hinc videt ^nean oneratum pondère sacre;
Et tôt luleœ nobilitatis avos.
Hinc videt Iliadcn humeris ducis arma ferenlem ;
Claraque dispositis acla subesse viris.
Ibid. V. 563-566.
XX. POPVLVS ROMANVS ME APPELLAVIT PATREM PATRI.E IDQVE INSCRIBENDVM CEN-
SVIT IN FORO AL'CVSTO, SVB QVADRIGIS (JV.Ï 3IIHI EX S. C. POSIT.E SVXT. LAP. ANCYR.
Col. 6.
XXI. Yenerit in magni templum, tua munera, Martis ;
Slal Venus L'Ilori juncla viro anle fores.
Ov. Trisl. II, V. 295, 296
— On se rappelle que ce livre des Tristes est adressé à César-Auguste.
XXII. Arcs de Germanicus et de Drusus. — Decrevêre Patres fan. 772] ut Ccrma-
nicus atque Drusus ovantes Urbem inlroirent. Slrucli et Arcus circum latera lcmj>li
88 DKSCIUPTION DK UOME.
Blarlis l'iloris, cuin ini;;io C.ïsaiiim: Ixliore Tiberio, ijuia pacem saiiienlia (iimaveral,
quam si bellum pcr acies confecisset. Tac. Ann. Il, 64.
156. Voie du FoniM de Mars. Entre le Forum dWiii^iislo et le monl Capi-
loliii. Elle partîiil du Koruni romain el aboulissail à la Porte Uatumena.
I. Nous reliouvons celle voie dans la Via di Marforio. Voy. n* 13.5, g XYIII, p. 87.
137. Tkmpi.k et autei. de Janis Bifrons. Après la réunion des Sabins et îles
Romains, vers l'an 6 ou 7 de Rome, Romulus cl ïatius bâtirent ce temple entre
le monl(]apiloliii et le monl Quirin.il , pour ainsi dire sur l'ancienne frontière
des deux peuples. Il se trouvait à gauche du Forum d'Auguste, et près de la
Basilique ^Emilia [n° 131]. 11 était (piadrangulaire, tout en bronze, et si petit',
qu'à peine il abritait la statue dorée du dieu, placée au milieu de l'édifice.
Celle statue, également en bronze, avait deux visages, dont l'un regardait vers
l'orient et l'autre vers l'occident. Ce temple était le seul où l'on honorât Janus
connue dieu de l'année, le seul même à Rome où était sa statue. L'autre lemple
de Janus, situé en dehors delà porte Carmentale [voy. plus haut n" 011], et qui
servait à indiquer quand Rome était en guerre ou en paix, n'en avait point,
non ])lus qu'aucun des Arcs ou des petits temples consacrés à ce dieu dans di-
vers ([uarliers de la ville. L'autel du dieu est devant le teuqile.
I. liasiiica l'auli.
ïcmplum Jani. Sext. Par. de reg. urb. Romœ, VIII.
II. Ti-mplum .lani. P. Yict. ibid.
III. Ovide s'adressanl ;\ Janus, lui dii :
Cur lot sint Jani, cur slas sacralus in uno.
Hic ubi juncta foris lempla duobus habes? Ov. FasI. I, v. 237, 238
IV. Ad Janum.
Pervius cxiguos habitabas anle Pénales,
î'iuiima qua médium Homa lerebat iler.
Nunc lua Ca?saieis cinguntur limina donis;
Kl fora loi numeras, Jane, quoi ora geris. Mart. X, 28.
V. Piile invocal [Janum] quia ipse faciondis fo-dcribus pi-wesl. Namque poslqnam Ro-
mulus el Tilus Talius in fœdcra convcnerunl, Jano simulacrum duplicis fronlis elTeclunii
est, quasi ad imaginem duorum populorum. Serv. in JEneid. XII, v. 198.
VI. V-'/il Oî T5V vîijv iv T>j àyjf^v., —fio Tîj /25u).£y7/;/;ti!; à'j.iyoy j-îysSy.vTt tk Tpi'x
•tira' oÎItw -/xp Vufj.aioi ràî Moipx; v£v5//'V.aî£ v.vJ.Cvr b ts vîw; âîïx; yu/.yoûç, èv Tîr^a-
yw'ji nyriij.'xzi, l't/Tvjy.î' lOoo'jTOi [j.'vj, ôUv rà 'j.-/cÙ~ij.x zoû lâvov a/.i~siv ïori â't yxr/.O'j-i
oùy fi'iov r, —r,y'jy/ tïî'vt; rà à'yaX'/z tîStî, -rà ,u.£v a/./x —'JL'H'J. I/zscCî; v.-jOprJ>—oj oi—pi-
is'j)~o-j oï T/jv y.io%>.r,-j ïyo-y /.'A Toy T.prizd-ou Bù.-zipo-/ //.kv izfoi v.-j'isyo-^-a., -zb ot tztpo->
Tzpbi oiiojzv. YÎKio-j rs-px-7ui- Ojpxt zs ycù./.y'ièzi' è/.v-ép'ji Ti/issii-oj shh- v.; or, cv «sv
eXprc^'n fM à.yy.doii iTii'iOsGOxi zb TCui.uiby PotuMoi èjôy.ii^o-^' tzoIz/j.'hj ik ipiiiv o-jzoç,
à.-Js.'jiyGv.i. Procop. de Bell. gnll. I, 23 i. — Dans ce passage le mot ^yAvjTr,pio-j doit
désigner la Basilique ^Emilia [n» tôt], ou un édifice voisin, bàli beaucoup plus lard, et
nommé Secretarium scnfli»5. L'église S. Adrien ^.Xolli n'' 94; Lelarouilly, rion. I, 73J,
qui occupe remplacement de la lîasilique .^ilmilia, était, pendant le movL'n-àge, desi-
gnée comme étant m Tribus Faits. Procope confond, dans sa description, le temple
de Janus dont nous nous occupons, cl celui situé hors de la porte Carmentale [n° 99],
VII. Autel de Janus. Il est en deiiors du lemple. 'C'est Janus qui parle) :
Ara milii posila est parvo conjuncia sacello ;
Ihec adoiel llanimis cum strue farra suis.
Ov. Fast. I, v. 273, 276.
' /Edem vcro liabct [Janus] in Inio pro Curiri, ])nulo supra Tria Fala : sic Ilomani Parcas,
vocare consuevcrunt. Satellum illiul loliiin ex .vrc. con.sl.il, quadrala forma, caqiic niai;nitii-
diuc qii.T \ix Icjîcndo Jani simidacro siifliciat. Iluc autcni fiisiiin olia.ii pv .rn;, et quinqiic
salteni cutiitii^s ionyuni, c.x'lcra quiilrni lioiniui sirnilc csl ; sed liifrons caput liabct, vulluqtic
luio solcin orieniciii spcclat, altcro OLciilonlciii. Ad vulltiin utriimqiic slant fores alicnea;, qiiis
il) pace.opliniisquc tcmporibussolcbant olim r.omani claudcrc, riirsus palcf.iccrcquuui bclluni
"urertnt.
UEGIOiN Viii. — FOUUM KOMAIN. 80
Ylll. Sinltie de Janus. — Scopas an l'raxilcles fcccrit : item Janus palcr in suo
Icmplo dicalus ab Auguslo, ex .Egyplo advcclus, ulrius manu sil, jam quidem cl auio
ornilialur. Plin. XXX.V1, 5.
IX. Nfl nicsc di Marzo 183i, ncl pralicarsi nuovc esravazioni nci contorni dell' Arco
di Scttiniio Scvcro si t^ liiivcnulo il |)ianlalo del pirrolo icmpio di Giano fatiioso nclla
romana storia. MELciiiORni, Guida di Jtoma, pari. III, p. 74 6.
158.-130. Janus SUPÉRIEUR. — Janus inférieur. — Entre les deux : Janus
Médius. Les doux. Janus étaient de petits Arcs quadrangulaiies, percés de
quatre portes, une sur chaque face, et décorés de statues dans des niches. Ils
s'éhnaient sur le Forum, à gauche de la voie Sacrée, le premier du côté du
Tribunal du préteur [n° 128]; le second, vis-à-vis de la Basilique yEmilia
[n" 1 3 1 J. L'espace compris entre ces deux monuments était appelé Janus Médius.
I. Pulcal Libonis.
Jani duo celcbris mcrcalorum locus. P. Vict. de Reij. urh. lïom. VHI.
H. Jani pt-r omnes regiones incrustât! et adornati signis, duo prœcipui ad Arcum
l'abiaiium, superior et inferior. P. Vict. Ibid. in fin.
III. IIa?c Janus Summus ab Imo
Prodocct. HuR. I, Ep. 1, v. 54.
IV. Duo Jani ante Basilicam Pauli sletcrunt, ubi locus erat fœncratorum : Janus di-
ccbalur locus in quo solcbanl con>enire fœneratores. Acrûn. in IJor. 11, Ep. 1, v. 54.
V. Ad Janos qui sunt in regione Basilicœ Pauli , fœneratores consislunt. Porphyr.
in llor. loc. sup. oit.
VI. Janus médius.
Posiquam omnis res mca Janum
Ad Médium fracta est, aliéna negotia euro,
Excussus propriis. Hor. Il, S. 3, v. 18-20.
VII. Janus Médius locus diclusprope Basilicam Pauli, ubi vasa renea vcnnndabanlur,
vel locus in Rostris, in quo experlus erat paupertalcm. Ad médium autem idco, (juia
in Rostris simulacrum Jani erat, ubi res pccuniaria^ agebanlur per fa-ncralores. Jani sta-
lu;r très erant, ad unam illarum snk'bant.con\enire creditorcs et fœneratores, alii ad
reddendum, alii ad locandum fœnus. .\cron. in llnr. loc. sup. cit.
VIII. Sed iila statua paimaris, de qua, si meliora tempera essent, non posscm sine risu
dicere : L. .Vntomo Jam medu patrono. Itane? Janus Médius in L. Antonii clicnlela sil?
quis unquam in illo Jano invcntus est, qui L. Antonio mille nummum ferrel expensum?
Cic. l'/ii/ipp. VI, 5.
l.X. Sed loto boc de génère, de quaerenda, de collocanda pecunia, etiam de ulenda,
commodius a quibusdam optimis viris, ad Médium Janum sedenlibus, quam ab ullis
philosopliis ulla inscliola dispulatur. Cic. de Offic. II, 23.
140. Le Canal. Voie qui coupe le Forum dans sa largeur, depuis la Grie-
coslase [n" 124 1 jusqu'au temple de la Fortune [n" 86].
I. In Fore infimo boni bomines alque dites ambulant.
In medio propter Canalem, ibi ostenlatores mcri.
Confidentes, garrulique et malevoli supra l.acum.
Pi.AiT. Curcul. IV, 1, V. 14-16.
II. Le mot canalis signifiait aussi chemin public. On le trouve avec ce sens dans le
Code Tbcodosien, liv. 1, leg. 5 et 15, de cursu publico. — La parlie de voie antique
découverte au pied de la Colonne do Phocas [Letarouilly, rion. X, 26] est un reste du
Canal.
\\\. Lac Curtius. Emplacement d'un ancien goufire ou marais situé à peu
près au milieu du Forum, sur le bord du Cnwtl [n» I iO], et nommé ainsi du
Sabin Mélius Curtius, qui s'y précipita peiulaul la guerre entre Romulus et Ta-
tius. Du temps d'Auguste le gnullre élait comblé, et sur son emplacement, il y
avait un petit autel oml)ragé par un liguier, une vigne et un olivier sauvages.
I. Eodem anno [393] seu molu terra", seu qua vi alia Forum médium ferme specu
vasto collapsuni in inmiensam alliludincm dicilur. i' Dévouement de Curtius. ; Tit.-Li\.
VII, 6.
90 DESCRIPTION DE ROME.
II. Cum aulcm in mcdi.i parle Fori vaslo ac rcpcnlino hiatu terra subsidcrcl, elc.
(Récit du dévouement de (^urtius). V. Max. V, 6. 2.
III. In Foro Larum Curlium a Curlio dicluni Curlium armatum ascendisse in
cquum, et a Conrordia versutii, rum equo eo pra'cipilaluni. Vakh. L. L. V, g H8.
— La circonstance de Curlius se tournant \ers le temple de la Concorde [n" 83]
prouve que le gouffre s'ouvrit dans la partie du Forum avoisinant ce temple.
IV. l'iso in Annalibus scril)it, Sabino bello, quod fuit lîomulo et Tatio, virum forlissi-
mum Metium Curtiuni Sabinum in locuni palustrcm qui luni fuit in Foro, antequam
cloaca; sunl factœ, secessisse, atque ad suos se in Capitolium récépissé ; ab eo lacum
invenisse nomi-n. Varr. L. L. V, § 149.
V. Denys d'Halicarnassc après avoir raconté l'aventure de Curtius, ajoute : oCtoî o
rànoi à..>ux.i-/ui:TM ij'vj rjâr,, ■/.v.Kîizy.i o' iî èx-shou to'j TTc/.O'jUi, Kc/ii^yTioi l'Jf-Oi, l-j jj.iz'jt
Ixcrli'^Ta. wv Tvj,- Vdifj.'Jlwi ù:/Of,y.i. D. HaLIC. II, 42 1.
VI. Forluito satu [ficus] vivil in medio Foro, qua sidenlia imperii fundamenla oslenlo
falali (Curlius ma.xiniis bonis... expleverat. .E(iue forluila eodem loco est vitis atque olea,
umbiic gralia, sedulitate plebeia- sal<T. Ara inde sublala gladiatorio niunerc divi Julii,
quod novissime pugnavit in Foro. Plin. XV, 18.
VII. Curlius ille Lacus, siccas qui suslinel Aras,
Nunc solida est tellus, sed lacus ante fuit.
Ov. Faa. VI, v. 403-404.
VIII. Plutarque, après avoir raconté le dévouement de Cuitius, ajoute : <)//îv cuv ri-
7T05 ol àxîl-jo-j £-£ -yïiJ K'ixjf.TiOi \y:/:/.Oi iv5//iÇ£Ta(. I'ldt. Romu/. 18 -.
IX. Stace parlant de la statue de Domitien élevée au milieu du Forum, fait ainsi allu-
sion à Curtius :
Ipse loci custos, cujus sacrala vorago
Famosi que Lacus nomen memorabile servant,
Innumeros œris sonitus, et verbere crudo
L't sensil mugire Forum, movet horrida sancto
Ora situ, meritaque caput venerabile quercu.
Stat. Sylv. I, 1, v. 66-70.
X. E'/iiÇaXivTo; o' £t? tyjv àyopccv, 6j<jnsp rpàucuv. -■'rjiJ.u.roi, /.. t. \... V.'fUhovTO
TT/JWTOv tTïTiil-:, sïza oTi/'iTxi, oià TTJj ÏIolùIoo jixTÙ.i/.vj; -po'-j'Yîf.àiJ.tyoï. Plut. Galb. 26.
— Tôv c'î YùkSx-j, ù.T:oK\i.vdi\iTOç loXj ^opiioij ~sp\ riv Kojp-:huxv.loiip.v/'jyMJ'://.o\i, èK/jj-
Xtc^î'vra Tsdupa.Kti7y.é-Jov é'zumov ènt^pa/j-ô-^Tii. Ibid. 27 3.
142. Statue ÉQUESTRE DORÉE de César-Octave. Yis-à-vis de la Curie Jiilia
[n° 4221 , au milieu du Forum, près de rancien emplacemenl des Rostres. Elle
fut décernée par le Sénat au jeune Octave, l'an 718.
I. Eum [Cœsarcm Octavium] senatus, honoratum equestri Statua, quae hodieque in
Rostris posila, œtatom ejus indicat. Paterci.l. Il, 61. — Nous pensons que in Rnslris
désigne l'ancien quartier des Rostres qui, sans doute, par la force de l'babitude, avait
conservé son nom.
H. Kul TOI,- iinàroi? Ipi'w xkI nâvaa Katia/îa nuoT pcmYr/Cu ou vûv ky^u szpxToî/, èni-
ypunà'j T£ cLÙzo'j duo-JOL -rzO^voiLi. Appian. de Bell. civ. III, p. 907*.
III. E'x oï Tôiv S'IiYifiiijAvoi-v 111J&-J iSiys.to tïoil'.ttyiv, è-!:r,aiov i- iipoiJ.r;Àa.-J civat /.«</' «;
■i,lJ.ipa.i èvUcc, xu.ï iTTtvt'xtoj iv à.yopx ypù^soi kozù-jui /j.-zv. <jyo/j.ci.TOi ovTîîp éyoiv èar,'/ds,
Tiipf/.siiJ.i-Jt/i rCi Kiovi vsdjv èp.^à\'jy^, /m estïj jj-Ïv ■}) six&jv i'ni'/pa.j'r,-'^ iyouaa., o-t THN
ElPH'iMlN 'L'i;ïA2IA2ME'NH E'K noAAOT EYNESTHSE KATA' TE FHN KAl 0A'AA:i-
iAN. Appian. de Bell. civ. V, p. 1177 s.
* Iste locusjam terra congesta est repletus: adliuc famen ob illum casum vocatur Curtius
Lacus, qui ferme in medio Uomanorum. Foro est. = - Locus ah eo ctiam liodie Lacus Curtius
dicitur. = ^ Postquam in Forum pervcnit, quasi venti conversio, etc Couspecti sunl ])rimo
équités, mox pedites a Basilica Pauli advolare. — Galba;, evcrsa lectica ad Lacum Curtiura,
provoluto et in lorica jacenti inycsserunt vulnera.= * Addilumque decrcto ul cum Ilirlio Pan-
saque p.iri imperio Ciesar pra^esset, eis quas lum liabebat copiis, et aurata ci poncretur statua.
= ^ Ex honoribus autem pcr S. C. oblatis accepit tliensam in circcusibus, et aunua solennia
diebus Vicforiaî, auratamque pro Kostris slatiiam, quae ad veram effiyiem expressa est, cum
boc titulo, Ob pacein f)ost dinhirna hclla terra marique redditam.
RÉGION VIII. — FORUM ROMAIN. 01
l/iS. Le Mille n'on. Un pou an-dessoiis «lu lomplo de Saturno [n" 8S], vors
la Basilique Jiilia [n° 115] el rentrée du Vicm Jnqdrins, il y avait une colonne
cylindri(iue en marbre blanc , liante de dix pieds sur deux de diamètre envi-
ron , qui servait de point de départ pour compter les distances sur tontes les
routes de Tltalie. Son fût supportait une boule de bronze doré surmontée d'un
petit cône triangulaire allongé, de même métal, et cet ornement avait valu à
la colonne le nom de Mille d'or. Cette colonne fut érigée par Auguste, l'an 7:î 4.
[j.ù.io-\> y.siù.YjU.évo-J imri'jS. DiON. LIV, 8 '.
II. In Veiabrum, inde ad Milliarium aureum, sub setlc Saturni, pcrgit. Tac. Uisl.
1, «27.
III. lit se in Foro, sub œde Saturni, ad Milliarium aureum opperiielur. Suf.t. Otho. 6.
IV. Mensura currenle a Miiiario in capile romani Fori slatulo. Plin. 111, ^- ,
V. àtàrvïs TL^'.fAou y.akoDiJ-iv/ii ouic.i; xaraSài, èëc/.âi^-.-J d? àyopàv, ou xpwjcvi sÎîtïj-
Kct y.LOiv, iU ôv câ zF.rfj.-rifJSva.i z-zii Ixalici hSo\ Tiy.tjv.i zà^suzo^Giv . Plut. Galb. 24 -.
VI. JEdos Opis et Saturni in vico .lugario.
Milliarium aureum. P. Vic.t. de lleg. urb. Romw, VIII.
VII. Milliarium aureum .Tulia-. Notit. imperii. — Le mot JuHw a fait conjecturer,
avec beaucoup de vraisemblance, que le Mille d'or était auprès de la Basilique Julia.
La préposition siib des § II et III confirme celle conjecture ; en effet, le Mille d'or
auprès delà Basilique Julia était littéralement au-dessous du temple de Saturne, parce
que plus on s'approchait du Vélabre, plus le terrain allait en s'abaissant. La désigna-
lion de Pline, m capile Fori romani, ajoute encore à la force de notre conjecture.
Ouclques archéologues, oubliant les textes que nous avons cités ici, avaient pensé que les
milles se comptaient, non à partir du Forum, mais des portes de la ville ; celle opinion
a été victorieusement réfutée par Danville, qui, examinant toutes les roules sortant de
Bome, et les suivant jusqu'à une assez grande distance, prouve, tant par les textes an-
ciens que par les mesures prises sur les lieux, que les milles se comptaient réellement
à partir du Mille d'or. Voy. Mém. de VAcadém. des Inscriptions, t. XXX, p. 198
et suiv.
VIII. Iconographie. Nous avons décrit le Mille d'or d'après une semblable colonne,
trouvée en 1585 sur la voie Appia, à un mille de Rome, et qui se voit maintenant sur
la balustrade de la place du Capitole, ;\ droite en arrivant par le grand escalier à cor-
doiiata. Elle a 7 mètres 7 centimètres de hauteur, et 65 centimètres de diamètre. Elle
se trouve figurée, un peu grossièrement dans Gruler, p. 154, n^ 4, el représeniéc avec
plus d'exactitude dans l'estampe de la feuille 9 du plan de Nolli, et aussi dans l'es-
tampe de droite du plan de M. Lelarouilly.
NOTE SUR CETTE QUESTION :
y AVAIT-IL DES MAISONS PRIVEES SUR LE FORUM ?
On aura remarqué sans doute, que sur la place appelée proprement le Forum
romain, nous n'avons indiqué aucune habitation privée; c'est qu'eflectivement
il n'y en avait pas. Nous prendrons la liberté de citer d'abord notre Plan
comme preuve, parce que le lecteur a pu se convaincre, dans tout ce qui pré-
cède, que rien n'y est arbitraire : la topographie, ainsi que les proportions de
nos édifices y sont d'une rigoureuse exactitude pour tous les monuments authen-
ti([ues, et d'une vraisemblance soigneusement étudiée pour ceux dont il n'existe
plus de ruines. On voit donc qu'il ne restait vraiment pas de place pour les mai-
sons privées. Nous croyons que même dans les temps primitifs il y en eut fort
peu : en elfet, dans les historiens, il est quelquefois question de tavernes, de
' Tune atitcm ipse [Aufjustus] viariim, qu.f suntcircaUomam curator constitutus, Milliarium
aureum, quod vocalur, fecit [an. 734]. = - Per Tiberii domum, quam vocant, descendit in
Forum, ubi aurea columna est posita, in quam via; militares Italioe omues desinunt.
92 DESCKllTlOiN DE UOML:.
portifjucs situés sur le Forum, mais presque jamais «le maimm privées. Nous
ne nous rappelons (pu- deux (iésij,Mialions «le cctUs dernière sorte, l'une pour
la maison (I(î Ma'oius [vov. plus haut, n" 121, § Ij, et l'autre dans un pas-
sage où Ap]iien, raconlani les funérailles de Clodius, dit que la Curie llostilia
l'ut brûlée avec qucIqKcs maisons des environs [voy. n" 122, § X]. Il paraît rer-
lain, néanmoins, (pie vers la lin de la républitpie il n'y avait plus «le maisons
sur le Forum, cl voici ((uelques témoignages qui le prouvent assez clairement :
olô/ji-JOi shv.i ToXi 7r/£!5v«,- vlloui im Oiicjxç K'jTsû ■f'iiry.:/. I'llt. Mar. 32 >.
II. Oio'^ OifA-Ji'i-JTOi.i tUVdturiJ /M ■j'ù.O'ji i-îjj.TZO.', ol/i'/.i TXf.o/7-u.'/.r,po/j.;voj; r/yù;
à.yofjv.i, cûj oLj-i/x fi.sTto-j-zîi ù.f^yy.^. Pll't. Pomp. 66 *.
III. Ilî7/Tïî(v âï noX/.oùî eli P'j'>fj.r,-j /j.iaOou/J.évoiii /.xi TZf^o/.a.-a.la.y.Cyyo-JTCci ol/.iot.i- iir.y.-
■ziùojai yy.p y.'A tsxpv.Tfiyou'JVJ innrfiibiii, w; sjôùj «^Ç^vrî, //.ïtk tôv rri>£/Jt5v. Plit.
Cœs. /<2 3.
IV. Un des conjurés de Calilinn renronlranl les Allobioges sur le Forum, et ayanl liâlc
de leur parler en serret, les conduit dans la maison la plus proche, dans celle de
Déeinius Itrulus, voisine du Forum. Illc cos in domum Uecimi Bruti perducit quod Foro
propin(|ua. Sai.l. Catil. 4 0.
(lomme il n'existait aucuns motifs pour que les ambitieux, ne se logeassent pas
sur b; Forum, eenire de toutes les Ijrigucs polititjues, plutôt qu'aux enrironfi,
s'ils ne le firent |>oint, c'est tpie cela n'était pas possible. On sait d'ailleurs qu'à
cette époque, cl plus tard, les maisiins des plus importants citoyens étaient, et
lurent dans les quartiers excentriques, ou un peu excentriques : César logeait
dans Subure [Voy. n» 13, et 129, § V1H| ; Pompée, dans la IV^ région [n"26] ;
Mamtirra, au monlCa'lius [n" 10]; Cicéron, Clodius, Scaurus, au mont Palatin
fn"^ 234, 23o, 237j; Lucullus, à la Colline des Jardins [n" 189]; Asinius Pol-
lion, au mont Esquilin [n" 16]; etc., etc. Nous croyons qu'après ces explica-
tions on nous accordera qu'à celle époque il n'était pas possible, pour rester
dans le vrai, de mettre sur le Forum d'autres édilices (pie des monuments pu-
blics.
=* Rejjressusad Urbem [Marius], domum exslriixit propter Forum, vel (ut ipse dicebal) ne
clientibiis suis esset longiiisiro jjrave, vcl quod ea rc credcret fore, ut plures alil domum suam
relchiarcnt. = - Alii niiniso-os iiccessariosqne lioniam miseront, ad propinqua Foro .Tdificia,
quasi niox honores pcîituri occup.Tuda. =^ '^ Mnlli lîomani millerent ad conduconda et occu-
paiul:i aidilicia consid.Uuin et pr;cturuni (jcreutihus opporluna, quasi mox a bcllo jjcsturi magis-
tratum.
RÉCrON IX. — CIRQUE FLAMIiNIIJS. 93
REGION IX. —CIRQUE FLAMINIUS.
Voici la région la plus vaste de toutes ; dans plus de la moitié de son
périmètre le Tibre Tenveloppeau N. àPO. et au S. Elle conline auS.E.
à la Xl'= et à la VIII'' région, en suivant une ligne ([ui part du ïi])i'e,
longe le côté gauche du théâtre de 31arcellus [n" liij, passe devant le
Forum Olitorium (n" 261], suit le pied occidental du mont (^apitolin, et
vient joindre la voie Lata. A TE. elle est séparée de la VU"* région par
la même voie Lata, jusqu'à l'extrémité septentrionale des Septa Julia. Là,
elle se détourne vers la droite, suit les arcs de Taqueduc de la Virgo,
et vient monter sur la Colline des Jardins, où elle s'étend jusqu'aux
parties les plus éloignées de la VI'' région. Nous n'avons indiqué dans
la IX'^ région, qui empruntait son nom au Cirque Flaminius, que des
monuments et point de maisons particulières, parce qu'en effet on ne
trouve dans aucun auteur ancien que le Champ-de-Mars fût hahité.
Les monuments se trouvaient particulièrement dans la partie qui tou-
chait à la XI*^ et à la VIII® région; le reste se composait presque en
entier d'une plaine couverte de gazon.
144. Théâtre de Marcellus. Sur la rive gauche du Tibre, presque vis-à-vis
du pont Fabricius, qui conduit à l'Ile Tibérine. Il fut commencé par César
l'an 709, achevé par Auguste l'an 741 , et dédié sous le nom de Marcellus son
neveu , mort dix ans auparavant. 11 était en pierre, et sa muraille extérieure
était décorée d'arcades formant un double étage, avec colonnes engagées.
L'ordre d'architecture était dorique au rez-de-chaussée, ionique au premier
étage, et corinthien au second. A l'intérieur, ce dernier étage se terminait par
un portique en colonnade, qui contournait tout le théâtre, derrière ses derniers
gradins. L'édifice contenait trente mille spectateurs. La scène, dont le fond se
trouvait formé par une muraille décorée de colonnes et de statues, s'adossait
au Tibre.
I. Jam de ornanda Uibe plura ac majora in dies destinabat [Ca?sar]. In pri-
mis.i.. tlieatrumquc summœ magnitudinis Taipeio monli accubans. Si:et. Aug. ki. —
Les gradins du théâtre de Marcellus sont en effet comme adossés au mont Tarpéien.
II. 0£'aT/îév TS T£ zarà ràv Xio ij.tiy,ïo-j olv.oào iM,Qy.i Ulù,r,zv.i, T.pOAUxtZàXîxo jj.ï-j, oùy.
è^eTélz(7z os. K/.lv. roôro jj-Ïj h h.-j-/njij-oi /j.zzy. tv-ûra i/.r^oir.zy.i, àuà Mâpxou Ma.py.eXl.ou
Toû àosl-fiDOu VRWjbu.v.oi. DiON. XLIII, 49 1.
III. L's 10 iJ.-j-rii/.{io-j è o^ixoôo/xslzo xv.ré6îT0, zrj ~s fJ.'^yi/j^-(i zoû Ssc/.Tpou rou TTpo/.v.Tc.SXr,-
5cVT0j,i«£v ÙTTo T5Û Ky.iaupoi, Map/.é'j,lotj o; oivoy.a.i7/j.é-jou, èzifj.r^ç;. DiON. LUI, 30^
IV. Msrà âk ^■ffzcâ/'JV.'zô, Tê diy.zpo-^ tq ro"jM.ap-/.éXkou yuXov/j.svov xxdiépuGz. DiON.
LIV, 26 3.
' Tlieatriim quoque, exemple Pompeii, aedificare instituit [Cssar, an. 709] : ac fundanienla
quidem ejiis jecit, sed non aI)Solvit. Augustus vero poslca perfccit, ac iM. Marcelli sororis sua;
filii nominc dedicavit. = - Anguslus in sepulcrum quod sibi exstrueliat condidit [Marcclluni],
niemoriaque eum thcatri cjus quod ante cœptuin a Ccesare, Marcelli dicluni est, lioncstavit
[an. 73i]. = ' Post liœc ihcatiuni Marcelli Augustus dedicavit [an. ■;.]'].
94 DESCRIPTION DE ROME.
V. QuiTdam eliam opora sub noinino alieno, ncpoliim srilicct cl uxoris sororisquo,
Tecil jÀuguslus] : ul l'orticum, liasiliram(jue Lucii el Caii ; item Poilitus Livia- el Ocia-
viœ, Uieatrumque Marrelli. Si:et. Auij. 29.
VI. Theatkv.m au .i;iiEM ai'ullixis in solo magna' ex parte a privatis empto, feci,
OYOD s\B NOMi.NE M. Marceili cexeki mtescit. LAP. ANCYK. col. * el 6.
vil. Àyj/:av9«'7)v âk Pw/>l«(ojv, ^tî/î6tï;5î vu/xfioç, Katia/io; 0~j-/xrp,ï ypojo-J oj r.o't.ù-j
cuvo(/./;7aî. ûi oï ztij.r,-/ ujroû /.uï //.v^//ï;v O'xraSt'a «jv »] iJ.r'-fip tvjv lii^îj lodri/:r;j à-jéf/ry.î,
Kcàaxp as </£5tT/s5v, iTa-/f.à\ixi Ma/:xî'»,5u. Plut. Marcel. 50 '.
VIII. Thcalium Marcclli. Capit loca XXX mil. ubi eral aliud templum Jani. T. Vict.
de Iteg. urb. Homœ, IX.
IX. Octavia- Porticus dua; appellanlur, quarum alleram, Theatro Marcelli propiorem,
Octavia, soror Augusli, fecit; alleram Thcalro Pompeii proximam, Cn. Ontavius,
Cn. lilius, qui fuil leil. cur. pr. cos. decemvirum sacris faciendis, Iriumphavilque de
rege l'erse iiavali iriumpho; quam combustam reficiendam curavit Cœsar Auguslus.
Fest. V. Oclaviœ.
X. Iconographie. Une grande parlie du Ihéâlre de Marcellus
*C>-v___ /T^L/^^ existe encore. Son intérieur, détruit, en partie remblayé, est
O" ^~^\l "Kjj orrupc aujourd'hui par le palais Orsini [Noili, n" 675; Lcta-
^y ».V......|; # rouilly, rion. XI, 16]. Le fragment ci-joint du plan de mar-
%THEATRVM , g bre, graNé dans lîellori, lab. XII, a fait reconnaître une parlie
%^\ARO^LLiVw jg |g sc'.ne. La muraille extérieure du théâtre est ce qu'il y a
de mieux conservé; néanmoins le second étage manque,
et c'est d'après un manuscrit de Serlio, déposé à la Bibliothèque de Florence, que
nous avons restauré tout le haut du théâtre. Piranesi a donné le plan, la vue géomc-
Irale et la vue pittoresque des ruines importantes du théâtre de Marcellus. Voy. Campo
Marzin, tav. Il, XXVII; Anlich. rom. tom. IV. tav. XXV. XXVI. XXVII. XXVIII â
XXXVII. — On voit, sur les planches XXV et XXVI, que cinq corridors portant des ar-
cades extérieures, donnaient entrée dans l'Orchestre, et que sept autres débouchaient
dans la première précinclion, celle des chevaliers. — On trouve aussi le plan, la coupe
et l'élévation de ce théâtre dansGualtani, Monumenti anlichi inediti per Vanna 1789,
gennaro e febraro, tav. II, III. — Voy. aussi Desgodetz, JSdi'^ce* antiq. de Rome.
i 4J>. PORTIQDES FROMENTAIRES DE MiNUCIUS. DeVANT : TaVERXES. CeS pOF-
liques étaient sur le bord du Tibre, entre le théâtre de Marcellus [n° 1 44] et
celui de Corn. Balbus [n" 146]. Ils lurent bâtis par M. jMinucius Rufus, qui
triompha des Scordisques, l'an 643. C'était là que se faisait la distribution des
lessères avec lesquelles le peuple allait ensuite chercher une ration de blé dans
les greniers publics. — Devant , étaient des Tavernes où l'on vendait des
cheveux.
I. JEdes Volcani in Circo Flaminio.
Minucia velus.
Minucia frumentaria.
Porticus Corinthia Cn. Octavii, quœ prima duplex fuit.
Crypta Balbi.
Jupiter Pompeianus.
Thealrum Marcelli. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, IX.
— C'est sur cette indication assez vague du régionnaire, que nous avons choisi rem-
placement des greniers de Minucius.
II. (Juid libet, modo ne nauseet, facial, quod in porticu Minucia fecit [Antonius].
Cic. Phiiipp. Il, 34.
m. Per eadem tempora clarus ejus Minucii, qui Porticus, quœ hodieque célèbres
sunt, molitus est, ex Scordiscis triumphus fuit. Patercul. II, 8. — M. Minucius Hufus
triompha l'an 613. Il était consul aven Sp. Posthumius Albinus.
IV. Ilerculis signum aeneum sudavit in Minucia per plures dies. Lamprid. Com-
mod. 16.
Is [Marcellus] in aedilitate sponsus decessit, quum Caesaris filiara non ita pridem iu ma-
trimoaium duxisset. In cujus lionoreni et ineinoriam mater Octavia bibliothecam dedicavit,
C;esar theatrum, quodnomine Marcclli inscripsit.
RÉGION IX.— CIRQUE FLAMINIUS. 95
V. Aliusad Minuciam frumcnlariam veiiil, cl aliis iii juilioiis dirilur dios, etc. ApuL;T:.
lie Mundn.
VI. Tavernes de marehands de cheveux. — Nous oonjerturons, d'apri^s lo passa;;»
ri-dessous d'Ovide, que ces tavernes étaient vis-à-vis du temple d'IIcrcuic aux Muses
(nO 135J :
Femina procedit dcnsissima rrinibus emplis;
Proque suis alios cfïïcit œre sues.
Ncc rubor est émisse paiam : vcnire vidcmus
Herculis ante oculos Virgineumque chorum.
Ov. Àrl. am. 111, v. 165-168.
14G. Théâtre DE CoiiN. Balbus. Cornélius Balbus, l'un des partisans de Cé-
sar, et qui i'ul consul subrogé l'an 714, bâtit ce lliéàtre d'après l'invitation
d'Auguste. Il y consacra le produit du butin fait sur les Garamantcs, peuple
d'Afrique dont il trionipba l'an 710. Ce monument qui contenait trente mille
quatre cent vingt-cinq spectateurs, fut placé à l'entrée du Champ-de-Mars
proprement dit, adossé au rivage du Tibre, au droit de la pointe en amont
de l'Ile Tibérine, et dédié l'an 741.
I. Thealium Balbi.
(^.rypta lialbi.
Poitirus Corinthia Cn. Octavii. Sext. Ruf. de lieg. urb. Romœ, IX.
II. Porlicus Corinthia Cn. Oclavii, qua; prima duplex fuit.
Crypta Balbi.
Thcatrum Balbi. Capilloca XXX M. LXXV, seu XXX M. XCV. Cl. Csesar dedicavitet
appellavila vicinilale. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, IX.
III. IL yu.1 T\jyz yy.p i\ d.-f/ù.w Tr,ç, «^(lîWi oùxoïi iv sxît'vafj tkÏî ii/j-épat; iç rà «ctu
i'^Ooï/ax, è-J ULi Kop-j-rihiii BàlSoi tô ÔsocTpjv rà xxï viv xuloiifj.svov ktî' cùtoïi y<.x8i-p(>'ti;a.i,
Oc'aj £7:£T£/£f iTTt Tî TOÙTM, WJ zat OLJTOÇ TOV A'JyOUOTOV liTav&;?&JV ii;-/J.vÙ-J£ZO {xaÎTOt
iiTzb -ou Ttlrfloji xj^v.zoi o—ip b TiS-pii 7r)iîov«cas èT:sT:of/;-/.si, p.rfik iasVOslv èi zh dsx-
TpOV ei fxr, 7T)i^tW Ojvrfidi). DiON. LIV, 2S 1.
IV. Sur l'édiricalion du théâtre par Balbus, voy. n» 88, g XV. — Sur la personne de
Corn. Balbus voy. Cic. ad Allie ."SWX, 9 ; Plin. VII, -iS. Sur son triomphe, V. Pmn. V, 5.
V. Nec Augustus arcuerat Taurum, Philippum, Balbum, hostiles exuvias aut exun-
danles opes ornatum ad Urbis et posterum gloriam conferre. Tac. Ann. III, 72.
VI. Iconographie. On a retrouvé quelques restes de ce théâtre dans un endroit ap-
pelé aujourd'hui monte ou Piazza de'' Ccnci [Nolli, n"^ 749, 756; Lelarouilly, rion.
Vil, 31, 33], monticule formé par les ruines mêmes du monument. Voy. Piranesi,
Campn Marzio, tav. 11, n" 14, et tav. XXVIII. Dans la légende de la planche III, con-
tenant un plan général de Rome, l'illustre antiquaire dit, sous le n^ 61 : — Avanzi
délie soslruzioni del teatro di Balbo, dclle cui rovine si è formato il tumulo che s'innalza
alla Regola. Si vcggono in una osteria sotlo il palazzo Cenci, in riva al Tevere. »
VII. Attenderà forse che io parti di quelle piccole eminenze cognite sotto il nome di
monte Citorio, di monte Giordano, e de' Cenci... Ho dette essere tumuli artifiziali ; 'ed
il sig. Xibby molto sagacemente opina che provenga la prima dalle rovine del teatro
di Slalilio Tauro, e 1' ultima da quelle di Balbo diroccato esso stesso. Tulte le indagini
faite su queste eminenze null' allro hanno manil'estalo se non che rottami di antiche
fabbrichc. Brocchi, Suolo di Roma, p. 171.
147. Temple des Lares maiîixs. Près du Tibre, à la suite du théâtre de Corn.
Balbus, et tourné vers le ileuve. 11 fut voué l'an 562 par iEniilius Regillus, en
l'honneur d'une victoire navale qu'il remporta, et dédié onze ans après, l'an
573, par M. Jimilius, censeur.
' Nuntius adventus Augusti forte iisdem diehus Romam allatus est, quibus theatrum Cor-
nélius Balbus, quod nunc quoque ab ipso nomen habet, dedicans, speitacula exliibebat : Itaque
Balbus id sibi gloriae duxit, quoJ Auyusium etiam ipse esset reducturus, quanquam tantmii
aqu.'c Tiberis exundans per Urbem diffuderat, ut non nisi navi in theatrum posset vciiire,
[an. 7l>]-
96 DESCRIPTION DE ROME
L Idem [M. /F.milius rcnsor] (lc(lira\il :r'(lcm I.arium pcrmarimim in Cnmpo ; vovo-
rat eam annis uiidcriin anle L. /Kinilius Itcuillus, ii.i\ali pia'lio ailM-rsus pr.rfcctos refais
Anliorhi. Tit.-Liv. XI., 52 [an. 573].
II. llndpcimo auipiii Kalctidas feii.i! sunl Larihus ronsccralfP, quibus .Tdom bollo
Antiochi yEmilius lU'gillus prœlor in Campo .Marlio curandam \ovil. Maliiui;. Saturn.
I, 10.
III. La position exacte de ec temple est inconnue. C'est par conjecture, cl à cause du
titre de Lares Marins, que nous l'avons mis prôs du Tibre.
iAH. Temple de Bellone. — Devant: Colonne delliqie. — Sur la droite:
Petit Temple de Vilcain. Au pied du mont Capilolin, entre cette montagne et
le Cinpie Flainiuius, était le temple de Bellone, qui fut bâti l'an 457, par Ap-
pius Cacus. Il servait quelquclois de lieu de réunion au sénat. — Devant était
une petite place sur hupielle s'élevait la Colonne licUique, contre lacpK'lle on
Taisait les déclarations de i^uerre. — Sur la droite du temple de Bellone était
un petit temple bâti par Bomulus, et consacré à Vulcain.
I. /Edes 15ellonœ versus poriani Caimentalem, anle quam erat Columna belli infe-
rendi. 1'. Vici. de Hcg. urh. Jlnmœ, IX.
II. Prospirit a Templo [Dellonœ] summum brcvis area Circum.
Est ibi non parvsc parva Columna noiœ.
Ilinc solet liasta manu, belli prœnuulia, mitli,
In rogcm et gentos cum placcl arma rapi.
Altéra pars Circi custode sub Hercule lula est.
Ov. Fasl. VI, V. 205-209.
ni. Kai xoù-o-Jî, xal twv i/Xt.wj "zo-j^ TCSf-f/VJ^iJ.t^i'Ji sU k.i'J.y.i'jyCk'toj-, ù.Ofj^Aa-jq —0Lf,if.
TOv 'i.~TiooiJOiJ.o-j, ^xc</s£ T/;v i:'jyyX-/,TO'j et, 'h tôs hvjovi csyiôv. ci/jcf. o' c/Sjtôî t£ "kv/ziv
à-JYipyszo, y.cù /■.are/.'jTCzov oî TiTj.yiJ.é-joi toÙ, kiv.y.icyj/.iou:. y.f,y.\)Y7,i oï w; sly.hi, ëv x^'~
^t'w //.(>:/Jô) TOiO'JTWv apaTT5,u.£vc.jv f-poiJ.î-jr,;, /.xl twv cy/JrjTtzwv i/~^</:jtnw/, StaTtip
èTÙ-/x«v£ >ê-/&)v, y.. T >. Plut. Sulla, 50 '.
IV. TJj as K'/^sovà.rpy.-h-j —i'J~srj.o-j mrupoç iTT/iyyîf^av xzt zv.i zs xXcc/J.iiâu~, ws xai iv
yspoiv ci-'jToïi civroç, /ji-T-r}fj.-'i<jyo:'TO, /.v.i T^poi -zo E vu£Ïîv r/OôvT£;, îTKVTa T'y. Tzpor.'j'ii-
fj.iv. yy.-zà -zo •^oii.i^oiJ.s.'iO'i, Sià zoït Ky.iGV.poi, wj /.cù y/;Tia.Ho'j, inciviHyL-j. lk~tp nou J^ày'jt
fj.ï-j Tzpihi; T/;v Iv/cStîkt/ikv, ëpy'j) oï xat ~pb; riv A'vroJvtiv STetvsv. DloN. L, 4 *.
V. Dion Cassius parlant des dispositions prises par Marc-.\uréle, au moment de la
guerre de Scythie, dit : Tx'jTt/. rs d~oi-j, /ai rà rjôpo zb aiy.arôj&îj -xpù. zC> t'vjît'jj i;
TÔ ■no't.ijxio-.i rjYj y'jiçAo-/ «/.îVTÎiaj, iï,'jipij:r,')r,. Dion. LXXl, 53^.
VI. Cum Pyrrlii temporibus adversum transmarinum liostem, bcllum Romani gesturi
cssenl, nec invenirent locuni ubi liane soleninitatem per Feciales indicendi belli cele-
brarent, dcdcrant operani ut unus de Pyrrlii mililibus caperetur, quem fecerunl in
Circo Flaminio locum emere, ut quasi in lioslili loco jus belli indicendi implorent. De-
nique in co loco anle eedem Bellon» consecrata est columna. Serv. in JEneid, IX,
V. 52.
VII. Ilac sacrata die Tusco r>ellona duello
Dicitur : et Latio prospéra semper adest.
Appius est auctor : Pyrrlio qui pace negata
Multum animo vidit; lumine captus erat.
Ov. Fasl. VI, V. 201-204.
VIII. Dicitur Appius in medio pugnae discrimine, ila ut inter prima signa manibus aJ
cœlum sublalis conspiceretur, ita precatus esse : « Bellona, si liodie nobis vicloriam duis,
ast ego templum tibi voveo. » Tn.-Liv. X, 19 [iin. 436].
* Et his, et quolf|uot essent ex aliis superslites, ad sex tnillia in Circo [Flaminio] coaelis,
seuatum in a'dcm (iollona! iiidixit. Simul atque dicere inslituit, trucidaverunt, quibus id dc-
maiulaluiu erat, illa slx millia. Vociferalione scilicef a tanla niulliludiiie, qunn loco aii<;usto
juj;iilaljatiir, elala, et palriljus attonilis, eodcm, quo dicebat, iinniolo et conslanti viillu udvcr-
tere, etc. = - Cleopatra; Ijcllum palain indicobatiir : ac, (|uasi jam id (jererctur, sa{;is sump-
tis, et ad a;dem Bellona! progressi sunt, iibi C.rsar, tanqiiain Fecialis, omnia qiia; anle
Leiliim fieri romane more cousucverant, jiissu coriim [suuatorum] pereyit fan. 722]. =
S Ouumque li.-ec dixisset, liasiam cruenlain juxta Bellonre templum, quasi in lioslicum,
conlorsit ; deindc contra liostes proficisciiur.
RÉGION IX. — CIRQUE FLAMINIUS. 97
I\. BE1.I.0N. IN CiRC. Flam. OUELLI, Inscript, lai. t. II, p. 505.
X. Le sénat se réunissait dans le temple de lîellone pour entendre les généraux qui
demandaient le triomphe. Yoy. TiT.-Liv. XXVi, 21; XXVIII, 38;\XXI,/«7; X\XIII,2'J-
XXXVI, 39; XXXVIll, 45; X.XXIX, 29; XLII, 21, etc.
XI. Iconographie. Le temple de Bellonc élailsurune place où Cicéron appela le peuple
réuni au théâtre de Pompée, lorsque des troubles violents éclatèrent dans cet édilice
entre les chevaliers et le peuple, à propos de la loi thé.llrale Roscia. KaJ ri Oiar/so
Ax.oajj.lct. if.v.-cEiyvJ. ènsi â' b htxs'yîwvv^zî TzuOi/j.s-.'Oi, xulrhv ârj/MOv èxx:ô.éaa.ç Tzpbi to
Trii xivudùi lipà-j, lTr£T!|U-ï!^:.-- Plut. Cic. 13i.
XII. T-^î ôï avyxloTOu raïs fj.xvTstit Ttsp'i toùtwv a^^o^aÇîùavjî xcù za9/)//s'v-/)î èv td vaû
Tïjs E'vlisû;, arpouObç si'jévT-n ttizvt&jv Ô/iwvtûjv, TSTTiyoc fipuv tco oTOuart, xat ro p.VJ èx?x~
>wv p-ipoi oÙToîi xazéli-ns, to à' tyoi à.nlriOiv. Plut. Sulla, 7 2. — Ce fait indique que le
temple de Bellone était toscan, c'est-à-dire à nef ouverte au ciel, car l'oiseau n'a pu
s'introduire que par le haut du temple, puisque l'on ne peut supposer que lorsque le
sénat était assemblé, et en délibération dans un édifice sacré, la porte en restât ou
verte.
XIII. Temple de Vulcain. Dans le Champ-de-Mars, mais position incertaine. — JEiVis
Vulcani in Circo Faminio. Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ, IX.
XIV. YOLCANOIN CIRCO FLAMiNio. GP.UÏER., p. 1 34. —ORELLl, /n«cri'/)<. lat. f. II, p. 396.
XV. Tacta de cœlo Atrium publicum in Capitolio, œdem in Campo Volcani. Tit.-
Liv. XXIV, 10.
XVI. Aw ri T5 roZ HsatîTOU iepb'J è'I'co Trà).ewî b Vujxukoi lipiiay.ro ;... ù/.oSop:ffi-(\ S\ h
•jcnhi iîxp-/r,i, au-Jsâpio-j /.où Boul-iiT/jpi.ov àTcàppriTOv «ùtw jj.s'là. TKTt'sy toû GUiJ.écit.<:i\ti)-
îavToj. Plut. Quœst Rom. p. 116 3.
149. Temple antique d'Apollon. — Delubrdm de Domitius. — Fontaine lus-
trale AUPRÈS. Le temple fut voué l'an 3212, dédié deux ans apvès, et restauré
par Auguste. Il s'élevait vis-à-vis du Théâtre de Marcellus [n" 1 44] , sur une
place ornée de statues, rafraîchie par une fontaine, et nommée le Deluhrum de
DomUhiS. Le sénat s'assemblait quelquefois dans ce temple d'Apollon.,
I. Mdes antiqua Apollinis cum colosso.'
Lavacrum Apollinis. Sext. Ulk. rfe Reg. urb. Romœ, IX.
II. .-Edes antiqua Apollinis cum lavacro. P. Vict. Ibid.
III. Sur le voisinage du Temple d'Apollon et du Théâtre de Marcellus, voyez ci-
dessus n" 144, § VI.
IV. Ne tamen erretis, quod his temporibus sedes Apollinis in Palatio sit nobilissima :
admonendi estis, non hanc a Cicérone significari, ut pulo , quam post mortem eliam
Ciceronis multis annis inip. Cœsar, quem nunc divum Auguslum dicimus, posi Acliacami
vicloriam fecerit : sed illam demonstrari quœ extra portam Carmenlalem, inter Forum
Olitorium et Circum Flaminium. Ea enim scia tum demum Romœ Apollinis aedes.
AscoN. in Togo cand. p. 150.
V. Consules... in Prata Flaminia, ubi nunc aedes Apollinis est (Circum jam tune Apol-
linarem appellabant) avocavere senatum. Tit.-Liv. III, 63. [An. 306.]
VI. Peslilentia eo anno [322] aliarum rerum ocium prœbuit. JEdes Apollini pro
valcludine populi vota est. TiT.-Liv. IV, 25.
VII. C. Julius consul œdem Apollinis, absente coUega sine sorte dedicavit. Ibid. 29
[an. 524].
VIII. Ab œde Apollinis boves feminae albiB duœ porta Carmentali in Urbem ductee.
TiT.-Liv. XXVII, 37 [an. 545.]
IX. Ol'ERA FECIT NOVA ; ^DEM. . . APOLLINIS. LÂP. ANCYR. COl. 6.
X. Le sénat s'assemblait dans ce temple pour recevoir les ambassadeurs étrangers.
* Coiifusio theatrtim magna lenebat. Qua re audita, quum contulisset se illnc Cicero, con-
cioneque ad Bellonaî convocata, increpasset populutn, etc. ^ ^ [)g i^jj Jurn consulit seiiatus
faliloquos, atque in n?de Bellonae habelur, passer iii oiTinium conspectu cicadam ore fercns
iululit se in aedem, cujiis partem abjecit, ibiqiie rcliquit, cum parte avolavit. = ^ Ciir Vul-
cani faïuim UoiTiulus extra Urbem posuit ?... lUuJ tcmpluin jam inde ab iuitio a;dificaliini a
Romnlo fuit, ut ibi una cum collega suo Tatio curiain Iiaberct.
98 DESCRIPTION DE ROME.
Voy. TiT.-Liv. XXXIV, 45; XLI, 17 ; — entendre les généraux qui demandaient le triom-
phe. Id. XXXIX, i.
XI. Fontaine lustrale. Mv.py.ov rivà M«/î£5V tûv èx t-^S lvavTt«s srâssws ixTtoxzehci;,Tr,v
jj.ïj /.VY'»^tr;j l-j 0:/opv. /.■jM iC,o ixi-ju Tw SùÀ/a -npoz-^-^Ey^.-, tÔ> â's TZipippxJZ/ipl'it toû A'ttôX-
/cjvo; èy/ji ovTt -/53î£),9'jv, à.T:rAhci-:o tk,- xî'tjoa,-. Plut. Sulla, 52 i. — D'après le té-
moignage d'Asconius, ÏÂ/opà: dont il s'agit ici doit être le Forum Olitorium : — Quo
loco dicit Catiiinam caput M. Blarii [Gralidiani] geslasse, quod caput etiam tum plénum
animœ et spiritus ad Syllam usque ab Janiculo adœdem Apollinis manibus ipse suis de-
tulit. AscoN. in Tog. cand. p. 149.
XII. Delubrum de Domiiius ou d'Apollon. Nous avons dit ailleurs [Rég. II, n» 10]
qu'un deluhrum était tantôt un temple, tantôt une place devant un temple. C'est la
dernière définilion qui convient à celui-ci. — Varro libro octavo Rerum divinarum ,
Delubrum ail, alios existimare, in quo prœleraedem sit area assumpla deum causa, ut
est in Circo Flaminio Jovis Statoris ; alios, in quo loco Dei siinuiacrum dedicalum sit.
lllam vero opinioncm de area, quam Varro praîdixerat, non omisit [Virgilius] :
Principio delubra adeunl, pacemque per aras
Exquirunt.
Et mox :
Aut ante ora Deum pingues spalialur ad aras.
Quid enim aliud est spaliatur, quam spatio lati ilineris obambulat? Quod adjiciehdo
anle aras, ostendit aream assumplam deorum causa. Macrob. Salurn. III, 4.
XIII. Tliealrum Marcelli
Delubrum Cn. Domilii. Sext. Ulf. de Reg. urb. Romœ, IX.
XIV. Sed in maxima dignalione Delubro Cu. Domitii in Circo Flaminio Neplunus ipse
etïhetis, atque Achilles, Néréides supra delphinos et cete et Hippocanipos sedentes...
Ad Octavise vero Porlicum Apollo Philisci Uhodil in Delubro suo. Item Lalona et Diana,
et Musse novem, et aller Apollo nudus. Eum qui citharam in eodem templo tenet Ti-
marchidcs fecit. Intra Oclavia; veio Porticus, in œde Junonis, etc. Plin. XXXVI, 5.
—Ce passage prouve que ce Delubrum élait auprès du Portique d'Oclavie [n° loOj, et
devant le temple d'Apollon. Il prouve aussi que c'était une place, un area, car toutes
ces statues n'auraient jamais tenu dans le temple d'Apollon , qui d'ailleurs ne devait
renfermer que la statue de la divinité à laquelle il était consacré.
loO. Portique d'Octavie. — Au centre : Temples de Jupiter et de Junon. —
Devant : Statue d'Auguste. Le Portique d'Octavie se trouvait situé entre le
Théâtre de Marcellus [n" 144] au S., et le Cirque Flaminius au N. C'était un
vaste parallélogramme de 83 mètres de face sur environ 120 de profondeur, en-
touré d'une colonnade à jour à double rang. Il avait son entrée sur la voie
Triomphale, du côté du Théâtre de Marcellus, par une espèce de grand pro-
naos ou de porche surmonté d'un fronton , et décoré de huit colonnes corin-
thiennes cannelées, en marbre blanc, ([uatre sur la voie Triomphale et quatre
vers l'intérieur du portique. Ce porche formait comme un vestibule couvert,
large de 18 mètres 30 cent., et profond de 13 mètres 60 cent. Ses parties la-
térales étaient formées par deux grandes murailles en briques, revêtues de
marbre blanc à l'extérieur comme à l'intérieur, et au milieu de chacune des-
quelles s'ouvrait une arcade à plein cintre , de 7 mètres 70 cent, de hauteur
sur 4 mètres 16 de largeur. L'une et l'autre débouchait dans le portique, qui
se reliait par là au porche, et avait juste la largeur de l'arcade.
Les colonnes du porche avaient 11 mètres 12 cent, de hauteur, y compris
leurs bases et leurs chapiteaux; et celles des portiques 7 mètres 1 0 cent, seu-
lement. Il est vraisemblable que les médiocres proportions de ces dernières
avaient été calculées afin que les rayons du soleil pénétrassent moins sous les
galeries, et qu'en même temps on eût plus de facilité pour tendre des voiles
* M. quemdam Marium ex adversa factione occidit, caputque sedentem iu Foro Syllae re-
tulit, Inde ad fontcm se Apollinis propinqunm comulit, ac manus abluii.
RÉGION IX. — CIRQUE FLAMINIUS. 99
dans.les eiitre-colonnemenls, ainsi que cela se pratiquait au Portique de Pom-
pée. Ces colonnes, aussi d'ordre corintiiien, mais sans cannelures, étaient alter-
nativement en marbre phrygien (cipoUin) et en granit oriental. Elles suppor-
taient un entablement de marbre blanc, et le portique entier était couvert
en tuiles de même marbre.
Le sommet des archivoltes des arcs latéraux du porche se profilait avec les
soflîtes des portiques, de sorte qu'il restait au-dessus un espace de muraille
pres({ue aussi considérable que la hauteur même de l'arc, et sur les côtés, des
trumeaux fort larges. Ces parties lisses étaient décorées de taijleaux.
Le Portique d'Octavie fut construit l'an 721, par Auguste, qui le dédia sous
le nom de sa sœur. Il consacra à l'édihcation de ce monument une partie du
produit des dépouilles des Dalmates qu'il venait de soumettre. Ce prince ayant
une grande dévotion à Jupiter, voulut en quelque sorte mettre son monument
sous la protection de ce dieu : il fit placer un petit aigle tenant la foudre, sur la
dernière couronne de feuilles d'acanthe des chapiteaux du porche, devant la
rose du tailloir, et sculpter, en bas-relief, ce même symbole dans les antefixes
du toit, qui étaient en marbre, ainsi que les tuiles.
Temples de Jupiter et de Jiinon. — Statues. — Ecole des Portiques, Au centre
des portiques s'élevaient les temples de Jupiter et de Junon, en parallèle l'un
de l'autre, et séparés par une voie large de 21 mètres 50. Entre leur façade
et l'entrée du Portique, qu'elle regardait, il y avait un espace de 38 mètres,
formant une place décorée de douze Statues équestres, ouvrage de Lysippe.
Elles venaient de la Macédoine, et représentaient ceux des gardes d'Alexandi'e-
le-Grand tués au passage du Granique.
Les temples de Jupiter et de Junon étaient antérieurs au Portique bâti par
Auguste; Métellus le Macédonique les érigea pendant les premières années du
septième siècle.
Le temple de Jupiter se trouvait à droite du Portique. C'était un périptère
d'ordre ionique, en marbre blanc, de 34 mètres 8 centimètres de long, sur 17
mètres 80 centimètres de large, hors œuvre. A l'intérieur, la statue du dieu
était en ivoire, et de la main de Praxitèle.
Le temple de Junon, situé à gauche, était prostyle, c'est-à-dire, suivant Vi-
truve [III, 1], semblable à un temple avec antes, si ce n'est qu'en avant des
antes il y avait deux rangs de colonnes de profondeur. L'ordre d'architecture
était le composite, et la matière, le marbre blanc. 11 avait \ 8 mètres de lon-
gueur sur 34. Il surpassait en largeur le temple de Jupiter, parce qu'il n'a-
vait point de portiques latéraux. Ses colonnes avaient 12 mètres SO centi-
mètres de haut, y compris leurs bases et leurs chapiteaux.
Deux architectes Laconiens avaient bâti ces temples à leurs frais, espérant
qu'on leur permettrait d'y graver leurs noms. Cet honneur leur ayant été refusé,
ils imaginèrent d'obtenir par ruse ce que la fierté romaine ne voulait point leur
accorder. L'un s'appelait Saura et l'autre Batrachus; ils sculptèrent dans l'œ'il
des chapiteaux ioniques du temple de Jupiter, à la place de la rosette, d'un
côté un lézard, et en regard, une grenouille, emblèmes de leurs noms, signifiant
elfectivement, en grec, lézard et grenouille. Au temple de Junon, ils décorèrent
les bases des colonnes d'un petit bas-relief en arabesques au milieu desquels
on voyait un lézard se jouant avec une grenouille.
École des Portiques. Derrière les temples de Jupiter et de Junon, et presque
accolée à ces temples, il y avait une partie de murs demi-circulaires, appelée
VEcole des Portiques, de sa ressemblance avec l'hémicycle d'un bain nommé
Ecole. Cette partie postérieure des Portiques était décorée de statues et de
peintures.
I. Sur la position du Portique d'Octavie et son édification par Auguste, voy. n' 144,
S V, IX.
Il BIBUOTHECA
V
V
100
DESCRIPTION DE ROME.
H. Tàs azov-i txT:o twv /ajju/swv ajr&v (AaX//aTSiv), /ai ràj e<7roô>ixas twv /3j€^t'wv, Tài
0'zT«5DtzyKs «7:0 r>;î cJcTs/jiôi aùrov zÀri6îtî«î,z:<T£<;zï'Jaîîv. DiON. XLIX, 43 '.
III. Tu modo Pompeia lonlus spatiarc sub umbra,
Cum sol Ilerrulci (erga leonis adil :
Aul ubi munciibus naii sua munera mater
Addidit, (■xtcriio marmore dives opus. Ov. Arl.am. I,\. 67-70.
— Muneribus nali Tait allusion à la Bibliothèque Octavienne qui avait été dédiée
sous le nom de Marccllus.
IV. Iconographie. Une grande partie du porche du Portique d'Octavie est encore
debout, bien que dépouillé de ses marbres, dans le lieu appelé la l'escheria vecrhia
[Noili, n" 1020; Letarouilly, rion. XI, 15], parce que c'est là que se tient le marché
au poisson. Sur les proportions, ainsi que les détails de plan et d'élévation du Por-
tique d'Octavie, voy. Piranesi Anlich. Romane, t. IV, tav. 39 à 44. Nos cotes en me-
sures métriques ont été prises sur la magnifique restauration que M. Duban a faite de
re portique et de ses temples, en 1829. Du temps de Piranesi, les ruines du portique et
des temples qui s'y trouvaient enfermés, étaient un peu plus considérables qu'aujour-
d'hui ; en 1762 il écrivait : — « Vi restano per anche gli avanzi del Portico d'Ottavia,
c del tempio di Giunone,... cioè un andito sostenulo da ambe le parti da qualtro co-
lonne c due pilastri negli angoli ; selte colonne più piccole al lato diritto dell' andito,
che sono quelle clie vi rimangono del Portico, e tre colonne del tempio di Giunone. »
Campa Marzio, c. V, § 2 note [a], et tav. 2 et 19.
V. Le fragment ci-contre du Plan de marbre repro-
duit le Portique d'Octavie, avec les deux temples dont
nous allons parler à l'article suivant. On voit qu'il était
mitoyen avec le temple d'Hercule aux Muscs et son
portique, dont nous parlerons aussi tout à l'heure
[Voy. n» 155]. Ce fragment se trouve aussi dans Bel-
lori, Iconoyraphia vet. Romœ, tab. II.
VI. Temples de Jupiter et de Junon. — Statues
dans les portiques — Hic est Jletellus Macédoniens
qui porticus, quœ fuere cirumdalœ duabus xdibus
6:ne inscriptione positis, quœ nunc Octaviœ Porticibus
ambiuntur, fecerat : quique liane turmam Slatuarum
e;iueslrium, quœ frontem sedium spectant, hodieque
maximum ornamentum ejus loci, ex Macedonia de-
tulit. Cujus turmœ banc causam referunt : Magnum
Alexandrum impetrasse a Lysippo, singulari talium auctore operum, ut eorum equitiiin,
qui ex ipsius turma apud Granicum flumen ceciderant, expressa similitudine figurarum,
facerel statuas, et ipsius quoque lis interponeret, hic idem, primus omnium, Roma;
œdem ex marmore in ils ipsis monumentis molitus, vel magnificeniiae, vel luxuriae prin-
ceps fuit. Patercil. I, 11. — Le triomphe de Métellus est de l'an 606. — Les Statues
équestres dont il est ici question étaient au nombre de douze, suivant Plutarque (Alex.
28), et de vingt-six, y compris celle d'Alexandre, suivant Arrien [\, 5). — Sur l'édifi-
cation du portique de Métellus, voyez aussi n" 74, g I.
VII. Peripteros autem erit quae habebit in fronte et postico senas columnas, in lateri-
bus cum angularibus undenas, ita ut sint liœ columnœ collocalœ ut inlercolumnii lalitu-
dinis inlervallum sit a parietibus circum ad exlremos ordines columnarum, habealque
ambulationem circa cellam aedis, quemadmodum est in PorticuMetelli, Jovis Statoris
Hermodi. Vitrlv. III, 1.
VIII. Ronije ejus [Cephissodori] opéra sunt... inlra Octaviae Porticus in Junonis aede
iîîsculapius ac Itiana Intra Octaviœ vero Porticus, in aede Junonis, ipsam Deam
Dionysius, et Polycles aliam : Venerem eodem loco Philiscus : cetera signa Praxiteles.
Timarchidis lîlii Jovem, qui est in proxima a;de, fecerunt Jovem fecit [Praxi-
teles] cboreum in Metelli œde, qua Campus petitur. . . . Nec Sauram atque Batia-
chum oblilerari convenit, qui fecere templa Octaviae Porticibus inclusa, natione ipsi
Lacones. Quidam et operibus prœpotcntes fuisse eos putant, ac sua impensa con-
struxisse, inscriptionem speranies. Qua negata, hoc tamen alio modo usurpasse. Sunt
certe etiamnum in columnarum spiris inscalpta nominum eorum argumenta, lacerta
' Ex inanubiis porro Dalinaiaruin, protinus subactorum, Foniic
nomine Oci;ivi;\nas dictas, exstnixil [Auyustus, a)i. 721].
L'i lîibliothccns a sororis
HKGION IX. — (JIUQliE FLAMINILS.
lui
a(i|Uf liiua. Iti Jovis œde exstilisse picturam, cullusque reliquos omncs ft-mincis aruu-
iiK'iUis conslat. Etenim farta Juiionis icde quum inferrcntur signa, porniuiasse irerul"
liaduntur: et id relisionc cuslodiluni, velul ipsis diis sodeni ila par'tilis. lùeo t'I in J '
iionis a-df ruitiis est, qui Jovis esse debuil. Plin. XXXVI, 5. ' ""
IX. Iconographie. Les temples de Jupiter et de Jution sont représentés sur le fra '
ment du Pian de marbre donné ei-dessus § V. Nous empruntons à Piranesi Unlirl~
Rom. t. IV, tav. 39, iO, M, 44 45], et à la restauration de M. Duban , les détails sur
rornemenlation de chaque partie.
X. Chapiteaux et bases des
colonnes. Uu temps de Pira-
nesi il existait encore trois co-
lonnes du temple de Junon,
sur labase de l'une desquelles il
a retrouvé l'emblème des noms
de Saura et de Balrachus. Nous
en donnons une copie d'après
Piranesi qui s'exprime ainsi en
parlant de cette colonne. —
Nel plinto di essa si vedono
dei rabeschi, fra quali scher-
zano una LucertoiaeunaHana,
le quali, seconde Piinio, for-
mavano la divisa dei fabbri-
catori dei tempio. Quesl' or-
namento si vedeva tra i molti
pezzi di marmo nella canlina
délia persona già mentovata
nelle tavole anlcriori i. Qual-
clicduno ha pensato che quei
capitelli che si vedono dentro
la basilica di S. Lorcnzo fuor
délie mura (per osservarsi la
Lucertola e la Rana nelle sue
volute) appartenessero a ques-
lo tempio ; ma ciô non sussiste per esser gotici, et perche seconde Piinio la Lucertola
e la Uana erano stale scolpite nelle spire délie colonne, o sia basi délie medesime, e
non nelle volute. Questa base doveva appartenere ail' altro tempio di Giove. Anlich.
Rom. t. IV, tav. 4,5.
— Le chapiteau de Saint-Laurent hors des murs, dont nous donnons ici une copie, et
qui se Irouve à la huitième colonne adroite dans la nef centrale, est du nombre des chapi-
• l'iran«si a dit, lav. .\\^ vn p;irlant ilos ruines du (ciiiplo du Junni) : — Le tre <• donne si
vedono nclUi gasu dcl siy. Allobclli viiino nlli l'cscari.T, e {;li ;dtri miiri dclla cella -Ici tcm-
102 DESCRIPTION DE ROME.
taux antiques qu'on trouve dans cotte (^pli-îe, rar tous ne sont point gotliiqucs rommc
le (lit l'iranesi. Ceiui-ri apparlenail probableinenl au temple de Jupiter. Le mot spira
employé par l'Iine, signifie (|uelquefois hase de rolonne, mais son sens le plus exact
est spirale, volute. Il est donc vraisemblable (|ue l'Iine désigne la volute d'un rliapileau
ionique, et comme il écrivait en compilateur plus qu'en observateur, il se sera contenté
de celte unique observation sans avoir remarqué que le temple de Junon portail aussi
un emblème des noms de Saura el de Datraclius. Le chapiteau de Sainl-Laurenl est
gravé dans Winckclmann, Remarques sur l'architecture des anciens, in-8, Paris, 1783.
XI. Érnle des Portiques. Kt ipsum Phidiam tradunl sralpsisse marniora, Vcneremque
ejusesse Homae in OctaviiP, operibus eximiœ pulcliriludinis Kjusdem [Praxitelis]
est et Cupido objeclus a Cicérone Verri,... nunc in Octaviae Scliolis posilus Multa
in eadem Scliola sine aucloribus placent. Saljri quatuor; ex quibus unus Liberum pa-
trem palla velatum Veneris prtcferl, aller Liberam siniililer : terlius ploratum infantis
rohibet : quarlus cratère altcrius sitim sedat : duœque Aura? velificanles sua veste
Pana cl Oljmpum luctanles, codem loco [inlra Octaviae Porlicus] Heliodorus, quod est
allerum in terris sympicgma nobile. Yenerem lavanlem scse : Uaedalum stantem Poly-
charmus. Plin. XXXVI, 5.
XH. Pescaria. La famosa Venere de'Mediei, si dice che fosse trovata in Pes-
caria, al l'orlico di Otiavia. S. Bartoli, Memorie, no 108.
XIII. Sedens huic [Corneliœ Cracchorum matri] posila [Statua], soleisque sine amento
insignis, in Metelli publica Porticu : quœ Statua nunc est in Octaviaî Porlicibus. Plin.
XXXIY, 6.
XIV. Hesionam nobilem pinxit [Antiphilus], el Alexandrum ac Pliilippum cum Mincrva
qui sunt in Scliola in Ociavia> Porlicibus. Pi,in. XXXV, 10.
XV. Iconographie. L' École des portiques lisl très distinctement traccesur le fragment
du Plan de marbre que nous avons rapporté plus haut, § V.
XVI. Statue d'Auguste, ^cque enim multo anle [an. 775], cuni baud procul Theatro
Marcelli, efijgiem divo Auguste Julia dicaret, Tiberii nomen suo poslscripseral. Tac.
Ànn. 111, C4.
XVII. SlG.DIVO.AVGVSTO.PATRI.AD.THEATRVM.MAR.IVLIA.AVGVSTA.ET.TI.AVGVSTVS.DEDICA-
RVNT.ORELLI, Inscript. lai. t. Il, p. 588.
ISI. BiBuoTHÈQiE Or.TAviENNE. Vis-à-vis de l'École du Portique d'Octavie.
Comnie les autres bibliothèques publif[ues, elle se composait d'une partie grec-
que et d'une partie latine. Nous avons indiqué ces divisions en lui donnant la
forme d'une galerie avec deux grandes salles carrées à chaque extrémité. Cette
Bibliothèque fut coustruite par Auguste en l'an 721 , et dédiée par Octavie sous
le nom de Marcellus.
I. Sur la construction de celte Bibliothèque par Auguste, voy. n" 150, g II, — Sur
sa dédicace au nom de Marcellus, Ibid. § III, et n^ 144, § VII.
II. PHILOXENVS IVLIANVS
PVBLIC. DE PORTICV
OCTAVI.E A BIBLIOTHECA GR^CA
FABRETTI,p. 3357.— OP.ELLI, Inscript, latin, n» 28.".3.
III. Sur le voisinage du Portique el de la Bibliothèque d'Octavie, voyez plus haut
n» 47, § III.
IV. Ovide faisant parler son livre qui, après s'être présenté à la bibliothèque Pala-
tine, d'où on le chasse, arrive à la bibliothèque d'Octavie, s'exprime ainsi :
Quœrentem frustra cnstos me, sedibus illisi
Prœposilus, sancto jussil abire loco.
Altéra templa pelo, vicino juncta theatro 2 :
Hœc quoque erant pedibus non adeunda meis.
Nec me, quœ doctis [iatuerunt prima libellis,
Alria Libertas tangcre passa sua est''.
Ov. Trist. 111, 1, V. 0.7-72.
pic si vcdono nella cnntina prossima del sig. Fr.incesco Battilana. = * Sedibus illis. la Biblio-
thèque Palatine =- La Iîil)liotlièque Octavienne, qui es( près du tlicàlre de Mari-ellus.=:^ j4tria
Libertas désiyne la Bibliolliùque établie par Âsiniu.s Pollion à l'Alrium de la Liberté, sur le
mont Aveutio, dans la Xlll* réyion, no 27S.
UÉGrON IX.— CIRQUE FLAMINIUS. 103
li>2. Curie OcTA VIA. Sur le grand axe du Portique d'Oclavie, \is-k-vis de
l'avenue qui séparait les temples de Jupiter et de Junon. On y arrivait en pas-
sant sous la Biljliolli('(pie Octavienne, dont le centre Ibnuail un péristyle à jour.
La Curie Oclavia fut érigée par Auguste eu même temps que le Portique
d'Oclavie.
I. Similiter in Curia Octaviae quacritur do Cupidine fulmen teiicnte. Plix. XXXVI, 5
— Il ne faul pasronfondreceCupidon avec celui nommé précédemmenl, n" 150, g XI,
Ecole des Portiques d'Oclavie,
II. Tiêépto^ oï £v Tt] voofjL-n''^^ à-J ri î/TïaTsisîv //.îtk Vva.lou Ushcrjo^ rlpiCLTO, s; ts tô
O/.-uoùsiov Tvjv y35yX-/iv'/i9po£5£, âià 10 e'Ioj tsO ■Koijj.rif.lov aùxo stvai. DlON. LV, 8 J.
133. Portique de Philippe. — Au centre : Temple d'Hercule aux Muses.
Ces monuments situés à côté, et en parallèle du Portique d'Octavie [n''1.'S0],
appartiennent à deux époques dillërentes : le temple lut bâti par Fulvius No-
bilior, censeur, vers l'an 564, et le Portique par Marcius Philippus, beau-père
d'Auguste. Sur l'invitation de ce prince, Pliilippe s'étanl chargé de la restau-
ration du temple d'Hercule, l'entoura d'un magnifique Portique auquel il donna
son nom. Des dépouilles ennemies payèrent la dépense.
I. .-Edcm Musaium, in Circo Fiaminio, Fulvius illc Nobilior ex pecunia censoria fecit,
non id modo seculus, quod ipse lilterisel summi poclaï amicitia duceretur, sed quod in
Grœcia quum esset imperalor, accepeiat Herculcm Musagelem esse, id est comilem
ducemque Musaium ; idemque primus novcm signa, hoc est omnium Camenarum, ex
Ambraciensi oppido translata forlissimi numinis consecravit. Eumen. rhet. Orat. pro
resl. scliol.
II. Jam vero ille, qui rum .îltolis, Ennio comité bellavit, Fulvius, non dubilavit
Maitis manubias Musis consecraie. Cic. pro Àrchia, 10.
III. Fccit [Zeuxis] et figlina opéra, quae sola in Ambracia relicla sunt, quum inde
Musas Fulvius Nobilior Romam traiisferrel. Plin. XXXY, 10.
IV Tlie-Live, après avoir raconté, sous l'année 563, la prise d'Ambracie par F'ul-
vius Nobilior, ajoute : — Signa œnea marmoreaque, et tabulœ piclœ quibus ornalior
Ambracia, quia regia ibi Pjrrhi fuerat, qoam ceterae regionis cjus urbos erant, sublata
omnia avectaque ; nihil prœterca lactum violatumve. Tit.-Liv. XXXVIIl, 9.
V. His [Musis] Numa œdiculam œneam brevem Tecerat, quani poslea de cœlo laclam
clin œdc Honoris et Virlulis rollocalam, Fulvius Nobilior in a;dem Herculis transtulit,
unde œdis Herculis et Musarum appellalur. Serv. in jEneid. I, v. 12.
VI. Sur la réédificalion du temple d'Hercule aux Muses par Marcius Philippus, voy. plus
haut, no 88, § XV, et n" 146, § V.
VII. Iconographie. — Nous avons avancé que le Portique de Philippe entourait le
temple d'Hercule ; cette disposition est indiquée sur le Plan de marbre [Voy. ci-dessus,
n» 150, g V]. La devise porte bien j;dis Hebcvlis mvsarvm, mais évidemment elle ne
se rapporte pas à la longue colonnade au-dessous de laquelle on la lit, qui ne peut pas
être celle d'un temple, mais celle d'un grand portique. La légende pour le temple se
trouvait sans doute au centre de la pierre, dans la partie qui nous manque. Les por-
tions de murailles en dehois de la colonnade étaient couvertes de tableaux. Personne
avant nous n'a reconnu dans cette colonnade le Portique de Philippe; voici par quels
motifs nous avons été conduit à cette opinion :
1° Philippe a restauré seulement le temple d'Hercule, mais il a édifié les Portiques
qui entourent ce temple ; cela résulte du passage, un peu vague, de Suétone, dans
lequel cet écrivain ne distingue pas les édifications des restaurations [Voy. n" 88,
g XV], mais que les vers suivants d'Ovide cclaircissenl :
Dicite Piérides, quis vos adjunxerit isli,
Cui dédit invitas victa noverca manus.
Sic ego; sic Clio : Clari monumenla Philippi
Adspicis : unde trahit Marcia casia genus.
Ov. Fast. VI, v. 799-802.
' Tiberius kalendis jatmarii, quibus consul.ntuni inivit ciim Cn. Pisone, in Octavi;r Cu-
riam, quod illa extra Pomoprium csset, convocato senatu, etc. [an. y^y].
lOi DESCIUPTION DE ROML.
Par mnnumenla Philippi le poëlc (l(^signo une consliucliot propre à FMiilippc, c'esl-ii-
dirc les porli(|ues.
20 Ce portique ne peut (Mre de Fulvius Nol)ilior, qui bàlit le temple d'IIereule vers
56-4, parce qu'il est à double colonnade. S'il était l'ouvrage de Kulvius, on n'aurait pas
dit que le Portique corinthien, eonsiruit plus de vingt ans après, l'an ."jSG, fut le pre-
mier portique double que l'on vit à Itome. Voy. i)lus haut, n" l'«6, §, II.
3° C'était pour romplaire i\ Auguste que Philippe entreprit la restauration du temple
d'Hercule Musagète. En réédifiant un monument voisin du Portique d'Oclavie, dans le-
quel l'empiireur avait déployé tant de magnificence, Philippe aura voulu imiter la gé-
nérosité de son gendre, et même son exemple : il y était en quelque sorte obligé, en
qualité de membre de la famille impériale; ainsi Auguste ayant entouré d'un porti(jue
les temples de Junon et de Jupiter [Voy. Portique d'Octavie], Philippe en fit autant
pour le temple d'Hercule Musagète. Deux vers, dans lesquels Martial met ensemble ce
Portique et ce temple, confirment notre conjecture ; le poète dit à quelqu'un qu'il rc-
présf.'Hte comme un monstre :
Viles, censée, Porticum Philippi,
Si le videril Hercules, peristi. Mart. V, 50.
Hercule Musagète était représenté avec une lyre à la main, mais il avait aussi sa
massue près de lui, arme terrible avec laquelle il tua tant de monstres. Voy. Vaillaxt,
famil. rom. pi. 115, n» 11; — Thesaur, Morell., famil. Pomponia, lab. 11, 4, etc.
4" Le portique spacieux qui entourait le temple d'Hercule existait bien réellement,
puisqu'il est indiqué sur le plan de marbre ; or dans aucun auteur on ne trouve nommé
un Portique d'Hercule aux Muses. Cependant cette construction était trop belle et
trop importante pour qu'on n'en ait jamais parlé, et c'est ce qu'il faudrait supposer si
on ne veut pas y reconnaître le Portique de Philippe.
5" Enfin P. Victor et Sext. Rufus, dans la nomenclature des édifices de la IX^ région
ont inscrit le Portique de Philippe, et passent sous silence le temple d'Hercule Musa-
gète, comme si en nommant ce portique ils nommaient implicitement le temple qui en
faisait partie. Nous avouerons néanmoins que cette dernière déduction est la plus
faible, parce que la nomenclature de ces régionnaires est souvent incomplète, et que
notamment dans cette IX. " région on cherche en vain sur leur liste le célèbre el magni-
fique Portique d'Octavie.
VIII. Zeuxidis manu Romae Helena est in Philippi Porticibus [Anliphilus] pinxil in
Philippi [Porticibus] Liberum patrem, Alexandrum puerum, Hippolytum tauro émisse
expavescentem. Plin. XXXV, 10. — Remarquez porticibus, qui semble indiquer un
portique à plusieurs faces, c'est-à-dire réellement plusieurs portiques.
IX. Thcodorus [pinxit] bellum Iliacum pluribus tabulis, quod est Romae in Philippi
Porticibus. Ibid. 11.
134. Portique corinthien ou d'Octavius. Devant le ihéàlre deCorn. Balbiis
[il** 146]. C'était un portique à double colonnade, et le premier de ce genre qui
fut construit à Rome. On le devait à Cn. Octavius, qui le bâtit vers l'an 595.
Auguste le restaura, plus d'un siècle après. Le mur orné de niches qui sépare
ce monument en deux dans sa direction longitudinale, en faisait à la fois une
promenade d'été et une promenade d'hiver, parce qu'une de ses galeries re-
garde le nord el l'autre le midi. Le théâtre de Corn. Balbus, qui fut édifié du
temps d'Auguste, masqua l'exposition du midi, sans néanmoins détruire l'agré-
ment de ce portique, qui avait un étage supérieur, auquel on communiquait
par des escaliers ménagés dans trois des salles rondes du massif central. La
construction était en arcades avec pieds-droits et colonnes engagées. Les co-
lonnes du rez-de-chaussée étaient d'ordre dorique, et celles du haut, d'ordre
corinthien , avec des chapiteaux en bronze très-beaux , qui avaient vain au
portique son nom de corinthien.
I. Sur la position et la formefdu Portique Corinthien, voy. n"» 144, § IX, et 146, § I,
II. Dans la première citation Festus en disant : alteram theatro Pompei proximam, ne
détruit pas notre assertion ; il aurait jiu dire, il est vrai : theatro liatbi proximam, mais
rappelons-nous que Festus, qui vivait dans le ll|e ouïe IV* siècle de notre ère, n'était
que le copiste ou i'ahréviateur de Verrius Flaccus, grammairien du temps d'Auguste;
or il est très-possible qu'au temps où Verrius écrivit, le théâtre de Halbus n'exislàt pas
encore: de là la désignation theatro Poiupci prcxintam, qui est aussi très-exacte. On
UÉGION IX.— ClUQUE t'iAMINlLS. KK.
|)ouirail dire encore que, lors môme que les deux lliéûtres auraient existé au uionieiit
où Verrius éerivail, le grammairien a dû cniprunler sa dosignalion lo[iogiaphi(|u(; au
tliéiltrc de Pompée, plus ancien et bien plus connu à Kome que le Ihéillre, tout nou-
veau, de Corn. Balbus.
II. Invenio et a Cn. Octavio, qui de Perseo rege navalem (riumphuni egit, faciam
l'orlieuni duplicemad Circum Flaminium, quœ Corinlhia sit appellata a capitulis leieis
columnarum. Pli.n. XXXIV, 3. — Le triomphe d'Octavius est de l'an 586. — Sur l'époque
de l'édllication du Portique d'Octavius, voy. n" 74, § I.
III. PORTIOVM AD CIRCVM FLAJIINIYM, ÙVAM SYJI API'liLLARI PASSVS EX NOJIINE KIVS QM
l'UIOKEJl EOUEM IN SOLO FECERAT OCTAVIAJI FECI. L,\P1S ANCYK. COl. !i .
IV. Iconographie. — Notre restauration est la co(iie (idélc d'un dessin de Serlio, qui
vit des ruines importantes de ce monument, que les uns prenaient alors pour le Por-
tique de Pompée, les autres pour la maison de Marins. Voy. Serlio, Archilellura,
lil). m, p. LVll.
V. Piranesi [Anlich. rom. lom. IV, tav. 46] donne une vue pittoresque des restes
d(^ ce monument, qu'il appelle Portique de Philippe, nom qui ne peut lui convenir
[Voy. plus haut n° 153, g Vil]. Elle consiste en une arcade et deux colonnes, car l'or-
donnance était une suite d'arcades avec pieds droits et colonnes à demi engagées. Le
portique supérieur est trés-reconnaissable. Les colonnes du bas étaient doriques ; nous
pensons que les chapiteaux corinthiens cn bronze, dont parle Pline, appartenaient au
portique supérieur. Cette promenade suspendue d'où l'on pouvait jouir, d'un coté, de
la vue du Champ-de-Jlars et de ses édifices, et de l'autre, de celle du Tibre, de l'Ile ti-
bérine, et de la région translibérine, devait être Irés-agréable, et unique i Uonie. Le
portique supérieur était au moins à quarante-huit palmes [10 mètres 70 centimètres]
au-dessus du sol.
IJîo. Temple de Castor et Pollux. — Devant : Statues équestres. Ati-
dpssous du Portique Coriathien [n° 154], isolé sur une petite [)lace. C'était lui
édiiice périplère, bâti du temps d'Auyusle.
I. Castori.Pollvci.in.Circo.flaminio.OHELLI, Inscript, lai. t. II, p. 397.
II. Vitr\ive indique vaguement la position de ce temple in Circo Flaminio, c'est-à-
dire dans la région du Cirque Flamlnius.' La place des autres temples de ce quartier
élant assez bien fixée, nous avons cru devoir mettre celui-ci devant le Portique Corin-
thien, auprès de la Piazza Ciudea [Nolli n» 1025], appelée aussi S. Maria del Pianto [Le-
tarouilly, rion. XI, 13], où une opinion accréditée dans le XVI« etleXVII'^ siècle indiiiuail
un temple de Castor et Pollux, parce qu'on y trouva les deux statues équestres qui sont
aciuellement sur la balustrade de la place du Capitole. Ce temple étaitpériptère et sem-
blable pour l'ordonnance au Parthénon et au temple de Minerve Suniade. On ne sait rien
sur ses proportions ni sur l'époque où il fut bâti; maison peut conjecturer, puisque Vilruvc
le cite commeun exemple, qu'il étaitmoderne alors, etjouissaitd'une certaine célébrité.
III. Item gencribus aliis constituuntur œdes ex iisdem symmetriis ordinalœ, et alio
génère dispositiones habentes, uti est Castoris in Circo Flaminio et inter duos lucos
Vcjovis. Item Aricino nemori Diana; eolunmis adjectis dextra ac sinistra ad humeros
prônai. Hoc autem génère primo facta a-des, uti est Castoris in Circo, Alhenis in arce, et
in Atlica Sunio, Palladis Minervce. ViTRiiv. IV, 7.
IV. Flaminio Vacca qui publia ses mémoires en 1594, s'exprime ainsi : « Accanto il
Tevere, dove al présente fanno la sinagoga gli l'ibrei, al tempo di Pio IV vi furono tro-
vati due Giganli, che tengono due Cavalli, di marmo statuale, quali furono trasportati
in Campidoglio, e collocati in capo délia scala al fine délia piazza dove al présente si
Irovano; e dette statue era opinione di alcuni i'ossero Pompei, ed altri Castore e Pol-
luée, per certi cueuruzzi comme mezz'ovo in capo. » Flam. Vacca, Memorie, n" 52.
V. Costrutta la nuova chiavica fino in piazza Ebrea, passata sempre a grotta, per dove
si dice che fu il tempio di Castore e Polluée, iddii da Romani avuti, etc. Cii'Riano
Cn>RiANi, dans C. Fea, Miscell. t. II, 252, IV. — Le due statue di Castore c Polluée co-
lossal!, stanno su le seale del Campidoglio, e alla base si legge che furono trovati
a\auti il Teatro di Pompco. C. Fea, Ibid. p. 262, IV.
lo6. Théathe de Pompée et Temple de Vénus victorieuse. Ce théâtre formait
l'extrémité oceidentale de la masse de monuments qui rempli;>sail la |)artie mé-
ridionale du Cliamp-de-Mars; il s'élevait entre les jardins d'Agripi)a [ir' I69|
et le Temple des Lares marins [\\° 147]. Pompée en enlrepril l'édificatiou l'an
106 DESCRIPTION DE ROME.
G89 ou 690, apivs sa campagno fontro Milliridalc, cl le di-dia pendant son
deuxième consulat, l'an fiOS. L'édilice élail un liéniityde de I 4!i niùlres de
diamètre, et contenait 27,o80 spectateurs. Ce lui le i)remier tlié;ilre de pierre
construit à Rome. Jusqu'alors les censeurs n'avaient toléré que des ihéàtres de
Ijois, et tenq)oraires : Pompée, pour esquiver l'interdiction, plaça dans son
monument, au sonunet des gradins, vis-à-vis de la scène, un petit temple
qu'il consacra à Vénus-Victorieuse, et publia qu'il avait élevé un temple à
celte déesse, avec quelques degrés au-dessous, destinés à servir de sièges
pour voir les jeux. L'intérieur du théâtre n'avait que deux prccinctions; on
croit qu'il avait, à l'extérieur, trois ordres d'arcliilecture. Sa muraille exté-
rieure était percée de 44 arcades, avec des colonnes détachées en avant de
chaque pied-droit. Auguste restaura le théâtre de Pompée, et Tibère en refit
la scène, qu'un incendie avait ruinée.
I. Tliealiiim l'ompei. P. ViCT. de Reg. urb. Romœ, IX.
II. Pompée passant à MityU^ne, api(^s la mort de Milhridalc : — HtOsiç cï tÔ) Oic/rp'j>,
c- y.oLi <j-/jlv(5t5/;ov. Plut. Pomp. /«2 i.
III. Talis in Campo Mailio Jupilor a divo Claudio Ca>sare dicatus, qui vocatur Pom-
ppianus a vlrinilalo llicalii. Pi.in. XXXIV, 7.
IV. Qui [Pompdus] si ante biciininm quam ad arma itum est, pcrfeclis muneribus
Iheatri et aiionim opcrum, qua* ei circumdedit, gravissima tentalus valetudine deces-
sissel in Campania, elr. Patercul, II, 18.
V. Cavea ipsa cepil hominum LXXXmillia: quum Pompniani theatri loties muliipli-
oata Urbe, lariUxiuc majore populo, suffieial large quadraninia millibus. Pi.in. XXXVI, 1.";.
— Ce nombre donne par Pline est évidemment erroné ; La Notice de l'empire, selon
la leçon du manusrrit du Valiean, porte 27,.'>80, ainsi que M. Canina l'a fait observer
dans son mémoire sur le Théâtre de Pompée [Cenni slorici e riccrche icnnngrafiche
sut lealro di l'ompeo e fabbriche adiacenli, p. 15, in-i", Roma, 1833]. Or l'on con-
naît les proporiions exaetes de ce théâtre tant par les travaux de M. Canina que par
les fouilles exécutées par M. Victor lîallard, ancien pensionnaire de l'académie de
France à Home ; et en calculant les places d'après la surface de l'édifice, on arrive à peu
prés au même nombre que celui indiqué dans la Notice. Quant à Pline, son énoncialioQ
est une erreur de copiste ; il est très-aisé avec XXVII de faire XLM. Le second ,X du pre-
mier nombre sera devenu L, et Vil mal formé peut produire M, abréviation du molmille.
VI. POMPEIVJI THEATRVM IMPENSA GRANDI REFECI SINE VLLA INSCRIPTIONE KOMINIS
MEi. LAPIS ANCYR. col. 4.
VII. Kàv rai; v.jtv'u /jy-s pati b lïoij.TîriïOî TÔ H'XTpw, w xat vuv \y.i).~p'Xiôii.i^y., y.xOié-
poifjz. DiON XXXIX, 58 2^
VIII. At Pompeii theatrum igné forluito haustum, Cpcsar exslruclurum pollicitus est,
« eo quod nemo e familia restaurando sufliceret, manente tamen nomine Pompeii. »
[an 775]. Tac. Ann. III, 72.
IX. Ne publiée quidem nisi duo opéra struxit [Tiberius], templum Auguste, et sce-
nam Pompeiani theatri; eaque pert'ecla contempla ambilionis, an per senectutem,
haud dedieavil. Tac. Ann. VI, 45. — Piranesi [Campo Marzio, c. IV, § XI] conjecture
d'après l'anerdote rapportée plus bas § XV, que Pompée n'osa pas construire une
scène solide à son théâtre, mais en fit une en bois, comme dans les théâtres tempo-
raires, afin d'éviter l'animadversion censoriale. Celle opinion ingénieuse ne nous
paraît point invraisemblable, et pourrait expliquer l'incendie de la scène sans que le
théâtre ail été brûlé.
X. Prineeps ncque opéra ulla magnifiée fecit [Tiberius]. Nam quae sola susceperat
Augusti templum reslitulionemque Pompeiani theatri, imperfecla post lot annos reli-
quit. ScET. Tib. 4 7.
XI. Opéra sub Tiberio semiperfecta, templum Augusti, ttieatrumquc Pompeii absol-
vit [Caligula]. Si'et. Caltg. 21.
* Delectalus theatro, delineavit cffigiem et figurani ejus, quo Romje simile cxcitaret, gran-
dius tamen et excellcntius. = - lisdem diebus, id quod eliamnum insigne habeUir. theatrum
Pompeius dedieavil [au. 699].
RÉGION IX. — CIRQUE FLAMINIUS. 107
XII. /i.T:sO'jy/.s /J-hJ ovj tÔ) tî n5y.7Tyjtw t/jv t5u <?sâT/55u //.vv3//v7V' 'zal kCtw xa?
ro -o'j TtS-piou ovojj.v. i-JZ?) 5zv;v^ TT/iîorÇciî ïypapsv, à-zio/j KxuOs~i<;a.v aÙT/jv c!'.-jo)y.o6o{jLr,/.zi.
Dion. LX, 6 1. ' '
XIII. Le théâtre de Pompée fut ronime perdu pendant quelque temps, et au
XVle siècle on ne le ronnaissait plus ù Home ; il ne se trouve point sur le plan de
Rome de Bufalini, publié en 1351, où sont tracés tous les principaux monuments de la
ville antique. Cet édifice, ou du moins ses restes furent connus des antiquaires de la fin
du XVl« siècle ; Poissard dans sa Topograpltia Romœ, secunda dies, p. 39, publiée
en 1597, s'exprime ainsi : Domus Ursinorum siructa est in ruinis ïliealri Pompeiani,
cujus pars adliuc videtur intégra ad stabula domus liujus. — C'est auprès du palais Pio
et dans ses environs qu'il faut aujourd'liui chercher des ruines de cet édifice ; mais lo
sol antique est tellement exhaussé, que ces ruines sont enfouies dans les caves des
maisons du quartier. M. Canina - et M. Victor lîallard^ ont tour à tour exploré ces
caves, et ont opéré les découvertes les plus intéressantes. M. Baltard faisant fouiller
sur la place Santa Darbara, a dû descendre à dix mètres de profondeur pour rencontrer
les bases de deux piliers du porticiue extérieur du théâtre. — Sur la position du théâtre
de Pompée, voy. Piranesi, Campo Marzin, tav 11 cl XVllI. — Vue pittoresque des
ruines de cet édifice, et plan, Ibid, tav. XVlll, et Antich. Rom. t. IV, tav. 38.
XIV. Sono due Satiri in forma di Telamoni, rinvenuli nella piazzetia dctta perciô
de' Salin' [NoUi, n" 653; Letarouilly, rion. VI, 50], ove fu già l'orchestra antica del
Teatro di Pompeo. C. Fea, Desrriz. di Ro77w, antica e moderna, t. I, p. 194.
XV. Temple de Vénus Victnrieuse. Veritus quandoque [Pompeius] memoriœ suse
censoriam animadversionem, Veneris Bcdem superposuit, et ad dedicalionem populum
vocans, non theatrum, sed Veneris templum nuncupavit, cui subjecimus, inquit, gra-
dus spectaculorum. Tertull. de Spect. 10.
XVI. Pompeii altero consulatu, dedicatione templi Veneris Victricis, pugnavere in
circo viginti [elephanti]. Plin. VII, 7.
XVII. Cum Pompeius a?dem Victoriae dedicaturus foret, cujus gradus vicem theatri
essent,- nomenque ejus et honores inscriberenlur : quœri cœplum est utrum consul
tertio inscribendum essel an terlium. A. Gell. X, 1.
XVIII. Ludos dedicationis Pompeiani theatri, quod ambustum restituerai [Clau-
dius], e tribunal! posilo in orchestra commisit, quum prius apud superiores a-des sup-
plicasset, perque mediam cavcam sedentibus ac silentibus cunctis descendissel. Suet.
Claud. 21.
XIX. VeNERI VICTRICI HON'. VIRTVT. FELICITATI. IX. ÏHEATRO. MARMOREO. ORELLI,
Inscript, lat. t. II, p. 597.
XX. Iconographie. Non pertanto devo tralasciare di farvi conoscere la posizione di
alcune parti che sono di molta importanza, e principalmente quelle appartenenti al
lempio di Venere Vittrice. Siceome nei solterranei corrispondenti solto l'alluale in-
gresso del Palazzo Pio, e lungo la fronte del medesimo che guarda la piazza del Biscione,
trovai tracée di mura di maggior grossezza délie altre, e che uscivano dalla circonfe-
renza esterna délia cavea del teatro, cosi potei dedurre che avessero poluto servire di
soslruzione al tempio suddetto di Venere Vittrice, il quale si doveva trovare nel mezzo
délia cavea, ed in modo che i sedili délia medesima figurassero gradi del tempio stesso,
comc scrive Terlulliano. In questa opinione mi sono confermato dopo di avère sco-
perto altre mura antiche, ricoperle perii da moderne costruzioni, che compongono
quella parte del palazzo suddetto che sporgc in fuori verso la piazza di Campo di Fiori
[Xolli, n" 638; Letarouilly, rion, VI, -28]. Di più mi hanno confermato nella stcssa opi-
nione le indicazioni dei due mûri che si vedono tracciale nel frammento dell'anlica
pianla Capilolina, e che corrispondono nel mezzo esteriore délia cavea del teatro;
benchè siano nella lapide riiinovata segnate con due semplici linee e piantati di pilastri
che dovevano decorare i lati del tempio, mentre in modo più decisivo saranno stale
queste disposizioni designate nelle antiche lapidi. [Voy. ci-dessous la fig. g XXII]
Non più di quallro colonne ornavnno la fronte del tempio, con due aiite aile estremità;
c la parte posteriore do\ eva esser formata a guisa di un abside semi circolare, corne la
indicano le tracée délie sostruzioni che rimangono. Canina, Cenni sloricie ricerche ico-
nografiche sitl teatro di Pompeo e fabbriche adiacenli, p. 21-23.
* Picstituit [Claudius]... et mcmoriam tlienlri Pompcio, cujus nomini nomen Tiherii itt
sccna adseripsit, qui eam incendio haustam refccisset. :^ - Voy. § XX ci-dessous. = ^ Mémoire
niauuscritsurla restauration du théâtre de Pompée, dépesé aux archives de l'Institut deFrance.
108
Di'ScmpTio.N i)i; iioMi:.
\\l. Estei'iianicnic ('iiig(.-\a la cavca [del It-alio] un giro tli arruazioni clie com|io-
nevano un porliro in(prno alla medcsinia. I)i (lue^tc arcuazioni ora ne rimangono solo
Ire al(|uanto rotiseivate, e corrispondono nri sotterranei dell' osteria posta vicinoalla
looanda de(ta del Paradiso, c si vcdoiio Torniatif di pietra til>urlina tagliala nei coni-
muni grandi massi. Il mciio dellc pile di ([uesle arruazioni non do%eNa essere ornalo
ron mc/./.e colonne, conie nel Icairo di Mareello,.... ma hciisi ron rolonne isolale;
poiclié non si ronosrono vcrune allacature di mc/ze colonne. (Jueste rolonne dovevano
essere di granilo rosso ; giaccli(^ alcuni rocclii di simili colonne furono sroperli nel giro
già occupato da queste arcuazioni, e specialmenle nell' anno 18-22 Tacendosi alcune
reparazioni nella casa dell' arcliilello l'ietro liool siluala lungo la via del l'aradiso al
II" 5."), c qui'Sle furono trovate essere del diamclro di jjalmi 3. Kssendosi poi rinvenuli
diversi massi di selciala di una via aiilica nel ristaurarsi la casa posta inconlro la lo-
randa del Diseione, o clie fa angolo con la piazza di Campo di Kiori, si vcnnc a conos-
cere clie la cavea del lealro non si esleiideva piii in fuori del giro indicato dalle sud-
dette arcuazioni, mentre alcuni topografi per dare a taie cavea un' estensione niaggiore
di quelladel tcalro di >Iarcello, lianno opiiialo die occupavaun magsriorespazio ; poiché
per taie scoperta si è conosciulo es-
sere slala iviuna via chegirava in-
torno al lealro. Camna, Ibid. p.
26,27.
XXII. Nous donnons ici trois
fragments du Plan de marbre qui
représentent le Théj'ilre de l'oin-
])ée, le l'oitique de Pompée, el à
;4auclie la Curie Poinpeia; ces frag-
ments sont aussi gravés dans Bel-
lori, Iconographia tel. Romœ ,
lab. XII, \V. Piranesi a donné un
plan incomplet du Théâtre cl une
vue pittoresque des ruines. Yoy.
Campo Marzio, la\. 18, elAnlich.
Rom. l. IV, ta\. 58. MM. Canina
et Victor Baltard ont exécuté l'un
et l'autre une restauration tii''s-
complèle du Théâtre et du Portique.
XXIII. Statues de Pompée. 1\\('-
atrum cum Claris feminis ingressa,
lanicnlaiione llebili majores suos
ciens, ipsumque Pompeium, cujus
ea monumenta et adstantes ima-
gines viseLanlur. Tac. Ann. 111,
23.
XXIV. Derrière le Théâtre el
autour : Statues des quatorze
natiovs : — Idem et a Coponio
XIV Xaliones, quse sunt circa Pom-
peii theairum, fadas, auclor est.
Plin. XXXVI, .5.
XXV. Modo a simulacris gen-
tium ad Pompeii Theatrum dedica-
lum circuiri, arcerique progressa.
SiET. yero. 46.
lo7. Arc Pompéien. Arc ou Janus on marbre siliié à droite de la scène du
Ihéàlre de Pompée. Auguste lit placer sur ce Janus la Statue de Pompée, la
même au pied de laquelle César avait été tué, et qui se trouvait auparavant
dans la Curie Pompeïa.
I. Pompeii quoque Slaluam contra ll.eatri ejus regiam, marinoreo Jano supposuil,
Iranslaiam e Curia, in qua C. Ca'sar fuerat occisus. Slkt. .-!«</. 31.
II. Le mot regia a fort occupe les antiquaires; les uns ont conjecture qu'il signiliail
le Théâtre mémo, à cause de sa magnificence ; les autres, qu'il désignait une basilique
RÉGION IX.— CIRQUE FLAMINIUS. 100
dont au reste aucun auteur ne parle. Nous préférons la ronjecture de Nardini [Rotnaan-
lica, lib. VI, c. 3, p. /«O] qui prouve assez bien que rer/ia était la partie droite de la
scène d'un tlioàtre. Dans nos théâtres modernes, nous avons aussi un exemple de dési-
i;nation figurée pour certaines parties delà scène; les machinistes appellent le eôlé
ilnnl côlé du jardin, cl le côté gauche côté de (a cour; jamais ils ne disent le côté
droit ou le côté gauche de la scène.
1^8. CuniE PoMPEiA. En avant du théâtre, à gauche du Portique de Pompée
In" 160], entre ce dernier monument et lo Portique Corintliien [n" Loi]. Ce
fut après avoir construit son théâtre que Pompée bâtit cette Curie, afin que les
sénateurs eussent moins à se déranger quand un jour de séance du sénat il y
aurait des jeux. Il en commença l'édification peut-être l'an 699 ou 700 ; bien
certainement l'édifice était terminé l'an 703 [Voy. ci-dessus n° 156, § IV].
I. O àk os^c/./j.vJOç T-àv jioviv èxsîvo-j, /.'A rbv àySivx yCapoi, ds ôv ■/) sùyz^vjro, -oOpoiaS-o
rârs, ïlo/j.-r,ioo /xb^ d/.'Jvx x.-ty.ivqv ïyu'), no//.Trv;£ciu ô" v:jù.I)-i)ij.v. ycysvdi, twv T.poy.v/.OQ-
//v;//.s'v&JV TW ScKT/SW, TTaVTàTla'JtV «7T£p-/iV£ PlUT. CWS. 66'.
II. Vlùo/.ii ôï x«i rà Toû toûod f)ïio-i st.ixi, zat npô? aJTôiv. arox yctp -Tj-j, p.ioc twv T:spl
To déoLTpo'j, ils'ûJcKv ïyojiy., s'v VI no,ot7Ty;toi/ Ttî tly.cu-i iii7Ti]As.i, z-?jg ■nàlz'Ai ijrY}'7x/j.svY]i, cts
l'Ai oToxii /.A Ttj 6sù-cp'ji Tov rinov è/.îbio'j ézôs/z-vîTsy. Plut. Brut. 14 2.
III. fiXjiCf. Toùî yî p.o'JOiJ.à.youi [oui 'noWoiti sv tw nop.T:rito>j dsc/.rpoi, Trpo^cai-j wj x.A
bnlo/ÂXXYi'^ovzciç, Tzponxpsijy.siiùuxvzo) j3o-n9-^tJSfj cptKv -(i'^TTiÇov. è/.sT. yckp non t.> oI/.oijmtl
■zvmoÛTXîpiazJwj ao-^iàpsùsiv ip-ùlo-j. Dion. XLIV, 16 3. — Voy. aussi n" 122, § XI.
IV. &iA â' ï^Tav tj Tô> \Ioy.~r^toij ôs'y.-pm,y.Ai [io\)\s:jT-ripio-) ziJ.€t'kt tôjv T£i ~ip\ Aiih
ouu-j z^-ijB'xi, il'jiObi ir.ï rA.<; fiiv.i? S>o- ylyjs'JT'XL. Appian. de Bell civ. p. 814 *.
V. Poslquam senatus idibus martiis in Pompeii Curiam ediclus est, facile tempus et
locum praetulerunt. Suet. Cœs. 80.
VI. Pridie autem easdem idus, avem regaliolum cum laureo ramulo Pompeianae Curia;
se inferentem, volucres alii varii generis ex proximo nemore persecutfe ibidem discerp-
serunl. Suet. Cojs. 81. — Proximo nemore désigne les bosquets du Portique de Pom-
pée, n» 160.
VII. Iconographie. Un fragment du Plan de marbre nous montre, sur le côté gauche
du Portique de Pompée, une grande salle carrée qui devait être bien certainement la
Curie Pompéia. Voy. n» 136, g XXII.
'Ii}9. Temple de la Fortune équestre. Au-dessous de la Curie Pompéia
[n° 158], et touchant au Portique de Pompée [n° 160]. Ce temple, dans son
temps l'un des plus beaux de Rome, était systyle, c'est-à-dire que ses co-
lonnes avaient deux modules d'espacement. Il fut voué l'an 572, pendant une
guerre contre les Celtibères, par Q. Fulvius Flaccus, propréteur, et dédié l'an
579, par le même Fulvius, alors censeur.
I. Systylos est, in qua duarumcolumnarumcrassitudo ininlercolumnio poterit collo-
cari, et spiraruni plinthides œque magnœ sint eo spatio quod fuerit inter duas plinthi-
des ; quemadmodum est Fortunaî Equestris ad Theatrum lapideum. Vitruv. IH, 2. — Le
Théâtre de pierre était celui de Pompée. Vitruve le nomme ainsi parce qu'à l'époque
oi'i il écrivait son Architecture ce monument était le seul dans son genre, les théâtres
deMarcelluset de Balbus n'existant pas encore.
II. Tune vero Celtiberi omnes in fugam effundunlur, et imperator romanus [Fulvius
Flaccus propreelor] averses hostes conlemplalus, œdem Fortunœ Equestri, ,1ovi Oplimo
Maximo ludos, vovit. Tn.-Liv. XL, 40 [an. 572]. — 11 avait gagné la victoire en or-
•lonnant à sa cavalerie de charger l'ennemi après avoir débridé les chevaux. Ibid.
m. Eo anno [579] œdes .Tunonis Laciniai détecta. Q. Fulvius Flaccus censor, a>dem
■• At locus ubi caedes illa et facinus est patratuin, in quo coactus fuit scniitus, ubi statua
oral Pompei iocata, dedicauis a Pompeio inter oriiamenta, qus tlieatro proetexuerat, omnino
ostendit. =2 Locum etiain divinitus datuin apparebat, et pro ipsis esse. Porticus erat, quae
unam liabebat juxta theatrum exedram, in qua statua Pompeii a populo romano locala fue-
rat, quuin porticibus et theatro locum illum decorasset. = ^ Habituros se auxilium glaJiato-
nim, fjuos multos in Pompeii theatro, velut inter se dimicaturos coinparaverant : nanique ibi,
iii conolavi quodam perislylii, sonatus conriliiim erat liabendum.=:* Lndi tum eraiit in Pom-
peii thi'airo, et senatus imniiiientcs huic .-ledcs peliit, ut mos est speclaiulnrnrn tenqion-.
110 DESCRIPTION DE ROME.
Foilun.T! Equcslii, quam in Ilispania prœlor bello Celliberico vovcral, faciebal enixo
sludio, ne nulliini Itotiiiu aniplius aul niagiiificciitius tcmplutn cssel. Magnum ornamen-
tum se Icmplo aiijcrUiruui, si U';,'uI;l' niaimoiea; essenl, inofecUis in Brutlios, iciJein Jiitio-
nis Larinia; ad parlcni ditnidiam di'ti'gil : id salis fore ralus ad ti'genduni quud acdifica-
rclur. TiT. Liv. M, II, 5.
IV. Tulvius .Tdcm Forluna; Equpslris, quam proronsul in Hispania dimicans cura
Ci'iliberorum ii-gionibus vovcral, annos sex posiquam voverat dcdicavil : et scenicos
ludos i)cr (|uali'iduun), ununi diein in Circo fecil. TiT.-Liv. XLll, 10 >n. 579].
V. U. aulcm l'ulvius Fiarcus inipune non tulil, quod in Censura tegulas marmoreas
ex Junonis LariiiiiC lemplo in Forlunai Equtstris, quam Uonix faciebal, Iranstulil.
V. Max. I, 1. 20.
160. PoRTiQtJE DE Pompée. Derrière la scène du théâtre [n° 156]. Il avait été
aussi bâti par Pompée. Sou plan présentait un vaste parallélogramme entouré
d'une colonnade close de murs dans lesquels se trtiuvaient ménagés divers
petits réduits pour se reposer. Une galerie, également en colonnade, divisait
le portique dans le sens de sa longueur, et formait, à droite et à gauche une
cour, ou plulùt une avenue plantée de platanes, décorée de statues d'ani-
maux cl do l'uiitaines jaillissantes. Les colonnes étaient toutes en granit rose,
et de beaux tableaux décoraient les murs d'enceinte. Ce portique avait été
bâti en même temps que le théâtre, ou peu de temps après.
I. t)t 6' ù.'i'Si ZQ-J npoliTO-j i'jiOiv y.XTv. T/;v cToiv T/;v ~pb ro'j dtù.zÇfOXj TSÎj Sî^iJ-V^oii
cpôjv &),; CT/îaTv;y'j)V zJ-:rcOiGTXTX i-/py]ijAziKov. APPIAN. de Bell. civ. p. 815'.
II. Hujus [Poljgnoti] est lal)ula in Porliru Pompeii, quœ anle Curiam fuerat, in qua
dubilalur, asceudenlem eum rlypco pinxeril, an descendentem. Pli>'. XXXV, 9.
III. Sciliret umbrosis sordet Pompeia columnis
Porlicus autreis nobilis attalicis,
Et creber plalanis pariler surgenlibus ordo,
Flumina sopilo qua'que Jlaione cadunt;
Et leviler njmphis lola rrcpilanlibus Orbe,
Cum subi triton oie recondit aquam.
Propert. II. 23, V. 45-50.
IV. Tu neque Pompeia spaliabere cullus in unibra.
Id. IV, 8, V. 75.
V. Sur les bosquets du Portique de Pompée, voy. plus baut, n» 158, § VI. Horace y
fait sans doute allusion dans ce vers :
Ncmpe inler varias nutrilur silva columnas.
I, Ep. 10, v. 22.
VI. At licet, et prodest, Pompeias ire per unibras,
Virginis aîlliereiis cum caput ardel equis.
Ov. Art. am. 111, v. 387-588.
vil. Inde petit ccntum pendenlia tecla columnis :
lllinc Pompeii dona, nemusque duplex.
Mart. II, U.
VIII. Proxima centenis oslendilur ursa columnis,
Exornanl ficliB qua Plalanona ferœ.
Mart. 111, 19.
IX. Sic veterem ingrali Pompei quœrimus umbram.
Id. V, 10.
X. Te in Campo quaîsivimus minore.
In Magni simul ambulalionc. Catul. 52, v. 5 et 6.
XI. Pinxit [Antiphilus] in Pompeia [Porticu] vero Cadmum et Europen. Plin.
XXXV, 10.
XII. l'ausias aulem fecit et grandes tabulas, sicut spectatam in Pompeii Porlicibus
boum iniinolalionem. Plin. XXXV, 11.
XIII. l'ost scenam porlicus sunt conslituendfe, uli cum imbres repenlini ludos inler-
1 Mano lirulus et Cassius prœlorcs ia Porticu ante theatrum [Pompeii] mapia tranquilliiale
jus rcddebant pettiutibus.
ce
iliou
RÉGION IX.— CIRQUE FLAMINIUS. 411
pellavcrint, habcat populus quo se rccipiat ex thcatro, clioiagiaquc laxumentum habeat
ad cliorum paiandum : uli sunt Porticus Pompeianœ, iletnqile Allienis Porlicus Eume-
nici. ViTRLV. V, 9.
XIV. Icnnnqraphie. —\'oy. plus haut, n" 156, § XXII. Suivant une ancienne tra-
dition, les colonnes de pranil rose, employées aux portiques de la cour du Palais de la
cliancellerie, à Homo, \iendraient du Portique de Pompée. l'our les proportions de ""
Portique, nous avons adopté les conjectures de MM. Vicl. lîallard dans sa restauiati
du Théâtre de Pompée, cl Canina dans le mémoire cité ii" 156, § V et XX.
Î61. Hecatoxstylon ou Portique aux cent colonnes. Il occupait tout le côté
droit du Portique de Pompée [ii" 160], avec lequel il était luilojeu, et s'en
trouvait séparé par le mur d'enceinte dans lequel on avait ménagé deux petits
hémicycles. Du reste il était i'ort étroit et tout en colonnade sur la rue. On
ignore quand et par qui fut bâti ce Portique, mais il s'agence si bien avec le
Portique et le Théâtre de Pompée, qu'on pourrait conjecturer sans invrai-
semblance qu'il a été construit en même temps.
I. Sur la position du Portique, voy. n» 160, § VII, VIII.
II. Tliealrura Pompei incensum et Hecatonstjlon. Elsee. Chronic. 11, p. 171
[an. 999].
III. Iconographie. Voy. ci-dessus, n» 156, g XXII , un fragment du plan de marbre
où on lit encore ce reste de devise : osTïlvm.
162. Temple d'Hercule-Gardten. Situé devant le Portique de Pompée
[n" 160], vers l'extrémité occidentale du Cirque Flaminius. C'était un petit
périplère circulaire, ouvrage du milieu du septième siècle de Rome. Il avait
4 8 colonnes cannelées, en pierre recouverte de stuc. La dédicace en fut faite
par Sylla.
I. .-Edes Herculi magno custodi Circi Flaminii. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, IX,
II. Ovide, après avoir dit que devant le temple de Bellone est un petit area qui re-
garde le Cirque Flaminius, ajoute :
Altéra pars Circi custode sub Hercule tuta est :
Quod deus Euboïco carminé munus habet.
Muneris est tempus, qui nonas Lucifer ante est.
Si titulos quaeris, Sylla probavit opus.
Ov. fast. VI, 209-212.
III. Hercvli magno cvstodi in circo flaminio. GP»UT. p. 154. — ORELLI, inscript,
lai. t. II, p. 596.
IV. Queslo corne i tre tempj a S. Niccola in carcere [XoUi, n" 1038 ; Letarouilly,
XII, 5], da me falti scoprire nel 1807, e clie illustrerô a suo tempo ; il cosi delto délia
Forluna Virile, ove è S. Maria Egi/.iaca [Xolli, n» 1090 ; Letarouilly, XII, 11] ; il tempio
credulo d'Apollo o d'Ercole Musagete a S. Niccola de' Cesarini [Nolli, n" 885; Leta-
rouilly, IX, 52]... Aveva le colonne intonacale di stucco di marmo. Carlo Fea, Pro-
dromo di nuove osservazioni e scoperte faite nelle antichilà di Roma, da varj anni
addielro, p. 15. in-S", Roma, 1816. —Le temple conjecturé d'Apollon ou d'Hercule
aux Muses, ne peut être que le temple d'Hercule gardien.
V. Iconographie. Ce temple était petit : il avait 14 inètr. 82 centim. de diamètre. II
en reste encore 7 colonnes, toutes plus ou moins tronquées. Voy. le bel ouvrage de
M. Isabelle, Les Edifices circulaires el les Dômes, Rome, planclie IV.
VI. La forma rotonda non é mai slata la privativa del tempio délia dea Vesla ;.....
quello perillcro, credulo d'Apollo o d'Ercole, di cui ora soltanto restano 4 colonne
di lufo, già intonacale di stucco di marmo, nella casa de' P. P. Somasclii a S. Xiccola
dei Cesarini, non fu mai da alcuno allribuito a Vesla. Carlo Fea, Oiscorso sull' antico
tempio rolondo vicino a Ponle rotlo, dello volgarniente di Vesla. p. 51, in-S",
Rome, 1816. Voy. aussi Ve.mti, lib. Il, c. 5.
Vil. Dans la maison de P. P. Somasques aliénante à l'église de S. Nicolas aux Ce-
sarini, on voit les restes du temple d'Hercule gardien Il était de forme ronde et
entouré de colonnes en tuf plaquées de stuc et cannelées, avec les bases atliques en
travertin. Quatre de ces colonnes plus ou moins tronquées sont encore debout, el on
les voit dans la cour el dans la cave de la maison. Nibbï, Itinéraire de Rome,
t. II, p. 55.
Ih2 DESCRIPTION DE ROME.
lOô. CiRQUR Fi.AMiMis. Bfili |);ir le conscui' C riaminius, Tan 533, il s'é-
tendail cnlre le Porli((U(! de l'ompée [u" 160], aii(|iiel il élail peipeiuliciilaire,
ol rexlréinilé sc|tlcnlvionale du mont Capilolin. Sa forme et ses dispositions
étaient celles de ions les cirques romains. Son arène se composait d'une ma-
çonnerie faite avec des frai,'menls de briques figurant des dessins, parce <|iie
ce Cirque était cpielquefois rempli d'eau pour certains jeux particuliers.
I. Circus Fhiminius. Skxt. IUf. de Recj. urb. Roma>, IX.
II. C. Flamiiiius Censor [an. 533] viam Flaminiam munivil, el Cirnim Flaminium
exstruxit. ïit-Liv. ICpitn. W.
III. L. Vcturius cl C. Lutalius his coss. via Flaminia munila, et Cirrus faclus, qui
Flaminius appelialur. Cassiod. Chronic [an. 335].
IV. Ea omnia in pratis Flaminiis conrilio plebis acla, (juam nunc Circum Flaminium
appellanl. Tir.-Liv. III, .54. — Voy. aussi plus haut, n» l'(9, <§ IV.
V. Circus Flaminius dicitur, qui circum xdificatus csl Flaminium campum. Vaiir.
L. L. V, § 154.
VI. Atà T( Twv i7:T:oopoy.Oi-J sTi Aù.çnjj.hiOi /.aùsÏTai; -^ cri <\''/uiu-nou tjvo; tojv 7rî'.).«twv
T/j Tzilsi yojpcv gTTtoivTOï, c>f/5wvT5 Taï, Tzpocoocii sU ~oùi tTTTrixoùi éyôJvaj ; ert (?ï — e-
piô-nu-j ypr,iJ.ii.T(av, y.c/.rs<r/.siixi3a.v ôd'iv, -^v /ai aj--/;v 4'/K//.£vtav 7:yîooy;ys^su5av ; PlI't.
QucRsl. Rom. p. 130 i.
VIT. Kaî y.£TJ: toOto ê'j- rs tov ^"kxfihio-^ 'mTtôopo/MO'J vâcdp IrfiyO/i, zat iv «jtw x^/îi-
Ki'Jiùoi £ç za! TyitàxsvTa xaTîX(37irjff«v. Dion. LV, 10^.
VIII. Iconograji/iie. — De Circo aulcm Flaminio porlinacissima vulgi adliuc cxstat
opinio, quod js lueril queiii tiodie Agoncm vocanl. Erudiiiores vero non hune, sed eum
fuisse asserunt cujus adliuc exslal forma, el velcrum sedilium signa, ubi in medio nunc
est templum Sanclœ Calherinae [Nolli, n" 1003; Lelarouilly, XI, 8j, ubi liodie lorquen-
tur funes, quod prius diccbaïur Monaslerium D. Hos;l' in Castro aureo. Longiludo ejus
Circi ab a-dibus iiunc I). Pciri .^iargani et S. Salvalore in pensili usque ad »des D. Lu-
dovic! Mattiiei, juxia Calcaranum, nam id loco nomen a coquenda caice inditum, ubi
caput Circi. Latitude vero inter lurrem nunc Cetrangoli et apothecas obscuras. Fl'l-
viLS, de Urbis anliquil. lib. IV, p. 263.
IX. Eravi dopo il Circo Massimo il Circo Flaminio. Il quale dalla Piazz.a de' Mallei,
corne oggi si dice, e dal fonte di Calcarara giraiido si stendeva per la contrada detla le
botlegbe oscure, e faceva quasi il line vicino alla nuova strada Capilolina. Onde il Circo
baveva le sue mosse. L'ultimo giro era alla piazza de' .Margani. I'irro Ligorio, Délie
anlichitù di Roma, etc. p. 2, recto.
X. 11 silo del Circo Flaminio era non mollo lontano dalle radici dcl Campidoglio : e
come ancora si puo vcdere, cominciava dalla piazza de' Margani, e finiva appynto al
fonte di Calcarara, abbraciando lutte le case de' Mallei, e stendevasi infino alla nuova
via Capilolina, pigliando in tutlo quel giro moite allre case d'allre persone. Da queslo
lalo de' Mallei il Circo pochi anni fa era in gran parte in piede, e allora ne presi la
planta dalle minutie délie misure in fuori, che per non baver il Circo gli ullimi suoi
finimenli non si potorono pigiiare. La parle più inlicra era appunlo dove è foiidala la
casa di M. Ludovico î\lallei : il quale ha cavalo una gran parte de i foudamenli del Circo
in quel luogo, e Irovatovi fra l'allre cose una tavola di marmo, in forma di fregio inla-
gliala con putiini, che sopra carri fanno il gioco circense; e nella cantina Irovaronsi
di molli teverlini, e viddesi alquanlo del canale per onde passava l'acqua : laquale an-
cora adesso passa per casa d'un tintore di panni, e chiamasi percorrolto uso il fonte di
Calcarara, forse per la calcina che qui>i si fa. 11 pavimenlo e suolo del Circo era di
calcina e mattoni pesli, molto sodo e grosso, e lavorato di sopra d'alcune cose di mu-
saico. Auguste (come dice Dione) condusse l'acqua in queslo Circo, il quella testa nella
quale e vi fece ammazzare XXXVI coceodrilli, e seconde allri scriltori, allre fiere del
Xilo d'altra specie. Pirro Ligûrio, délie Anlichità di Roma, etc. p. 17, verso. — Le
plan que Ligorio elle dans cet extrait, existe en manuscrit, mais n'a jamais été publié.
— N. B. Fulvius écrivait en 1543, et Pirro Ligorio en 1333.
' Cur Circorum uni nomen est Flaminio? an quod, cum de priscis Romanis quidam Fla-
minius Crhem agro donassct, ejus rcditibus usi svint ad er]uestria ccrlaniina .' thinique adimc
supercssc'iil pecunl.T, vlaiii est ea straverant, quani ipsam quoque Flaminiam appellavcrunt.
= ^ Post li;ec el aqua in Circum Flaminium est dcrivata, in caque crocodili sex ne iri^jeuta con-
cis! suul.
RÉGION IX.— CIRQUE FLAMINIUS. US
XI. Le cirque Flaminius sVlcndail depuis la place de l'O/mo [Nolll, noiini; à Ca-
linari, Letaiouilly, rion. VIII, 39] jusqu'au-delà de la j)lare Margana [Noili, n» yj/n ;
Lelarouilly, rion. X, 5]. Dans le Mojon àt,'e on l'appela Castcllum aurcum, lu (llijlleau
d'or. L'arc^ne servant aux rordiers |)Our faire dos cordes, fîmes en laiin, lit donner le
nom de Funari à loule la ronirée, nom ((u'clle ri^tient enrorc, cl c'est par celte raison
qu'on appelle Saiiite-C.alherine-des-Funari, l'église bâtie sur les ruines de ce monu-
ment. PsiBBV, Itinéraire de Rome, l. II, p. 58.
XII. Pour les détails relatifs aux diverses parties du Cirque, telles que les carci'res,
les melœ, Vépine, etc. Voy. plus loin n" 24il ù l'article Cirque Maxime; nous y avons
traité de ces dispositions, qui étaient communes à tous les cirques romains.
164. Temple de Diane. Devant le Cirque, du côté des Carcères. Il fut dédié
l'an 573, par le censeur M. yEiiiilius, qui l'avait voué huit ans auparavant.
I. Aller ex censoribus M. yEmilius peliit ab senatu [an. 573] ut sibi dedicationis
lemplorum Reginœ Junonis et Dianœ, quœ bcllo Ligustino ante annis octo vovisset,...
decerneretur... Dedicavit cas aedes, utramque in Circo Flaminio. Tit.-Liv. XL, 52.
II. Faute d'indication plus précise, nous avons mis ce temple derant le Cirque, car
in Circo Flaminio signifie dans le quartier du Cirque Flaminius.
463. Temple de Junox-Reine. A cûté du précédent dont probablement il
était voisin. Il fut voué l'an 565 par le consul iEmilius, et dédié huit ans
après.
l. Pr.xlio ullimo quo cum Liguribus signis collatis conflixit .^milius, œdem Junoni
Reginae vovit. Tit.-Liv. XXXIX, 2.
H. IVN. REG. AD ciR. FLAM. OUELLI, Inscrtpt. lai, n" 35.
III. In circo Flaminio porlicus inler a?dem Junonis Reginœ, et Fortunée tacta, et circa
œdiTicia pleraque dissipata. Obseû- 75 [an. 598].
166. Temple de Brutus-Callaïque, ou de Mars. Auprès du Cirque Flami-
nius ; on ne sait rien de plus sur sa position. Ce temple est du conunencenient
(lu septième siècle ; il fut bâti par Décimus Brutus à la suite d'une campagne
qu'il lit en 614 contre les Gall-.eci, peuples d'Espagne. Il devait être grand,
puisqu'il renfermait une statue colossale de Mars, dieu auquel il était consacré.
l. Templum Bruti Callaici. Sext. Rlf. de Reg. urb. Romœ, IX.
n. Templum Druti Callaici.
Villa publica. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, IX.
III. Nunc vero, pra>ter supra dicta, Mars est eliam sedens colosseus ejusdem
[Scopœ], in templo Bruti Callaici, apud Circum eumdem [Flaminium]. Plin. XXXVI, 5.
IV. Sed Mavors templo vicinus, el accola Campi.
Ov. ad Liv. consol. v. 231.
V. Dion parlant des prodiges qui suivirent la défaite de Varus, l'an 763, dit : o, tî
yv.p Toô Apîoiç vas, b iv tôj tis'Au ujtov 6i-j, t/.îf,y.Dy'j,6i). Dion. LVI, 24 l.
VI. Decimus Junius Brulus in ulteriore Hispania féliciter adversus Gallœcos pugna-
vit. TiT.-Liv, Epito. LVI.
VU. Tum sibi Callaico Brulus cognomen in hoste
Fecit, el Hispanam sanguine tinxit humum.
Ov. Fast. VI, V. 461-462.
167. Delubrum et temple de Jupiter-Stator. Nous avons dit plus haut
[n" 1 0] ce que c'est qu'un Delubrum. Celui-ci était décoré de statues et de
colonnes surmontées de statues dorées. Il existait déjà, ainsi que le temple au
commencement du septième siècle. Emplacement vague ; nous mettons ce tem-
ple ici par conjecture.
L lOVI STATOR
IVN. REG. AD cm. FLAM.
ORELLI, Inscripl. lai. n" 55.
* Kioiiim templum Mariis, in Cunpo M.irtio, fulmine tactum fueral.
I.
414
DESCRIPTION DE ROME.
II, Turhinis vi in Campo rolumiia aiilc a>(k'm Jo\is derussa, rurti signo aurato.
Obseq. 77 [an. 602].
168. Villa Publica. Presmie au bas de rextrémilé septentrionale du mont
Capitolin, à dr(titc et îi côté du Ciniuc Flaminius, on trouvait la Villa publica
réunion de Ijàtiuicnts dont une partie servait à passer la revue du peuple, et
une autre parli*^ (Vhospitium i)our recevoir et loger les ambassadeurs étran-
gers envoyés à Uonie. Cet éditice avait un étage : le bas présentait une suite
d'arcades reposant sur des colonnes, et le haut des galeries en colonnades.
La Villa publiai était très-ancienne ; elle fut dédié Tan 320 par les censeurs
Furius Pacilus et M. Geganius Macerinus, restaurée et agrandie l'an .'i.'jS. Elle
était grande, car Sylla fit massacrer dans sou enceinte au moins 4,000
hommes.
I. Villa Publioa. Sext. Rcf. de Iteg. urb. Jinmo', IX.
II. Villa Publica, ubi primum populi census aclus est in Campo Marlio. P. VicT. de
Reg. urb. Romœ,\X.
III. Eo anno [320] C. Furius Pacilus, et M. Geganius Macerinus, censores, Villain
publiram in Campo Marlio probavorunt. Tit.-Liv. IV, 22.
IV. « Dum (liribentur, inquil, sulTragia, vis polius Villœ publicœ ulamur umbra. »
Ha;c [Villa] communis universi populi;... (|uo succédant a Campo cives elrcliqui
omncs;... ad rempublicam aiimiiiistraiidam liœc sil ulilis, etc. Vahk. H. 15. III, 2.
V. Varron parlant de la fin des comices dont il vient d\Hre question dans le § pré-
cédent, dit : « Al slrepilus a dexlra, et cccum recla candidalus noster designatus a-dilis.
Cui nos occurrimus, et gralulaii in Capilolium prosequimur, ille inde eundo suam do-
mum, nos noslram. Varr. R. 11. 111, t7.
VI. Cartliafiniensium legalos... Q. Fulvius Gillo... Romam adduxit; quibus vetilis
in^redi Urbcm, hospilium in Villa publica, scnalus ad œdem Bellonœ dalus est. Tit.-
Lw. XXX, 21 [an. 549].
VII. Brevi post legali et a T. Quinlio et ab rege venerunt. Macedones deducti extra
Urbem in Villam publicam, ibique iis locus et lolia praibita : et ad œdem Bellonae sc-
nalus est habitas. Tit.-Liv. XXXllI, 24 [an. 555].
VIII. Creali censores Sex. ^lius Pa>tus, et C. Cornélius Celhegus.... Atrium li-
bertatis, et Villa publica ab eisdem refecta amplificataque. Tit.-Liv. XXXI V, /ri
[an. 558].
IX. Quatuor millia deditorum inermium civium in Villa publica inlerfîci jussit
[Syila]. Klor. III, 21.
X. Quatuor legiones contrariée partis, fidem suam secutas, in publica Villa, quœ in
Marlio Campo erat, nequicquam fallacis dexlrre niisericordiam implorantes, oblruncari
jussit. V. Max. IX, 2. 1. — Je crois que les copistes ont mis ici 4 légions, qui auraient
fait 24,000 hommes, au lieu de 4,000 hommes. Je pense aussi avec Juste-Lipsc que
quœ in Campo Martio eral est une glose qui, de la marge aura passé dans le texte,
car Valére-Maxime, qui vivait du temps de Tibère, ne mourut que longtemps après
ce prince.
XI. Tune ilos Hesperiœ, Latii jam sola Juventus
Concidit, et miserae maculavil Ovilia Romae.
Ll'can. 11, V. 196-197.
— Dans le passage d'oiJ sont extraits ces deux vers, il est question des proscriptions
de Sylla, et Lucain fait ici allusion au massacre commis dans la Villa publica.
XII. Fabbricandosi il Palazzo Allieri, solto Clémente X, fu, nel cavare i fondamenli,
Irovata una gran muraglia, che si vedeva essereappartenutaa qualche grande edifirio,
che io dubito polcssc essere la Villa publica, essendovisi tro-
vale délie stanze dipinle, e un bassorilievo di marmo. Ve.nuti,
Âniichilà di Roma, part. II, c. 3.
XIII. Iconographie. D'après les textes ci-dessus, nous con-
jecturons, avec plusieurs antiquaires , que la Villa publica
est représentée sur un fragment du plan de marbre où sont
gra\és aussi les Sepla Jitlia [Voy. no 177, § Yl]. — La Villa
publica se trouve figurée en élévation sur le revers d'un
denier d'argent de T. Didius, dont nous donnons ici la copie.
Voy. Thesaur. Morell, {ixmi\. Didia, 2, 5 ; famil. Fonteia. 5.
RÉGION IX. — CIRQUE FLAMINIUS. H5
Voy. aussi Vaillant, f;miil. rom. Didia, h ; Fonleia, 1. niiiius nvnit K.i<;n6 le litre
iVimperatnr en Espagne ou en lllyiie. 11 restaura la Villa publica, et fut lue l'an 604,
pciidanl la gucne sociale.
169. Jardins ET Etang d'AoRippA. — Ateliers de Sculpteurs. Les JaivJins
étaient à peu près au milieu du Chanip-de-Mars. Nous les avons indicjués
d'après les dispositions générales de ces lieux de plaisance. V Etang, situé au
midi des jardins, dont il faisait partie, fut autrefois le fameux Marais de la
Chèvre, où Roniulus disparut. Un canal, appelé Euripe, se détachait de l'É-
tang et s'avançait dans les jardins vers la maison d'habitation qui s'y trouvait.
— Sur la lisière septentrionale des Jardins il y avait des Alelicrs de sculpteurs,
I. Horli et ïliermœ Agrippœ. Se.vt. Rlf. de Reg. urb. Romœ, IX.
II. Kat TOT: yoûv x/j-îi/, tî apt'jf xxl TS /35«),avîÎ3v TÔ inc^v'jy.ov a'jzoXi KXzéliTH-J, '"iizs
TzpovAx xjToùi IoÛ'jOxi. Dion. LIV, 29 *.
III. In stagne Agrippœ fabricalus est ratem, et, postquam lenebrae inccdebant,
quantum juxta nemoris, consonare cantu, et luminibus claresccre. Tac. Ann.
XV, 57.
IV. EvTaû5îv 0 i iJ.vzri'ii-j/.v' Ay/îtTïTra; riv ttîtttwxstk \éo-Ji'x XusItîtzo'j Ëpyov c>yzOr,/.e
0 5 £v zô) iû.'j-i T'j iJ.z.-yX'J Tvîî yi'J.-.'T,; /.XI Toû Ejpijiou. Strab. XII, p. 590 2.
V. Sur l'Etang d' Agrippa et l'Euripe. Voy. plus bas n» 196, § XIV, Champ-de-Mars
et Champ Tibcrin.
VI. Nardini [Roma antica, VI, i, p. 58] et Brocchi [Suolo di Roma, p. 19] conjec-
turent que l'Etang d'Agrippa était le reste du célèbre Marais de la Chèvre, près du-
quel Uomulus fui enlevé au ciel, ou plutôt assassiné.
VII. Ateliers de sculpteurs. Nous conjecturons qu'Agrippa, qui décora et restaura
tant de monuments publics avait, sur l'un des côtés de ses jardins, des ateliers particu-
liers où il faisait constamment travailler pour lui des esclaves artistes. — .Ne' lempi di
Giulio m, Ira la chiesa délia Madonna délia Pace, e S. Maria dell' Anima [NoUi, n»600;
Letarouilly, rion. V, 41], \i furono cavati alcuni pezzi di colonne d'Africano et di Porta
santa lo credo che da quesla parte abilassero e lavorassero molli scultori, poichè
neir aprirsi la nuova slrada al fianco délia Chiesa Nuova vi furono trovate statue,
teste non finile, ed allre abbozale, marmi, divers! ferramenli da scultori, e scaglie, il
che dimoslrava che vi fossero loro botteghe per la quantila grande che ve n' erano.
Venuti, Anlichità di Roma, part. II, c. 5.
170. Bois de Mars. — Au-dessous : Autel de la Paix. Le Bois était sur la
rive orientale de l'Étang d'Agrippa [n° 169]; l'Autel, qui fut érigé l'an 740
en l'honneur d'Auguste, s'élevait au-dessous du Bois. Positions conjecturées.
I. Lucus Mavorlianus. Sext. Rcf. de Reg. urb. Romœ, IX.
II. Ex s. c. ft. E. D. ara pacis avgvsti in camp. mar. constitvta est kerone et varo
coss. OIIELLI, Inscript, lat. t. II, p. 394.
171. Bains d'Agrippa. Au-dessous des Jardins d'Agrippa et derrière le
Panthéon [n" 180]. Ils furent probablement construits vers l'an 722, pendant
l'édilité d'Agrippa, époque à laquelle il amena l'eau de la Virgo à Rome, au
moyen d'un aqueduc qui aboutissait dans le Champ-de-Mars [Voy. plus
bas, n" 178]. Dion Cassius dit qu'Agrippa établit un bain de vapeur,
sudutorium laconicum, en 729 ; il faut prendre cette assertion strictement à la
lettre, c'est-à-dire qu'il ne faut pas croire que Dion entende parler de la
construction des bains en général, mais d'une étuve ajoutée aux bains déjà
existants. En effet, du temps d'Agrippa l'usage des bains de vapeur était peu
répandu, et on n'avait pas encore commencé à appeler les bains des Thermes.
*■ Moriens [Agrippa, an. 742] populo Hortos et Balneum a se denominatum lejjavit, ut gra-
tis lavarenlur. = * C'est de Lampsaque qu'Agrippa a fait transporter le lion renversé, ouvrage
de Lysippe, qu'il a placé dans le Bois sacré, entre l'Étang et l'Euripe. P. 157, de lu trad.
lie DESCRIPTION DE ROME.
Le vaste édifice des Bains d'Agrippa renfermait des salles pour les lotions à
toutes les températures, bain froid, bain tii-de, bain chaud, bain de vapeur. Il
y avait en outre des cours entourées de p()rti(ju('s, où, suivant l'usage, les bai-
gneurs pouvaient prendre le plaisir de la promenade ou jouer à la paume
après s'être lavés. L'an 742, Agrippa légua ces bains au peuple.
I. Thernuc Agrippoc.
Templum Boni evenlus. P. ViCT. de Reg. urb. Rom. IX.
II. TouTO 6é, TÔ y-jr^ioL-TYiiiiov tô Aa/.wvwo'.' xaT£5Z:i/aoî. Aa/.wvw^v yy.p tÔ y'jfj.-JÙ'Jio-J,
èr^uoriTiSp 01 Ky./.-o-xi.jjà.noiyuiJ.\jo'j<:l)Mrz iv tw tôtî yj^à-^^ za2 ^t-a às/.îlv /iô//ov ^5s-
X5UV, i7r-xK>£5£. Dion. LUI, 27 1.
III. In ihermarum calidissima parle, marmoribus incluserat [Agrippa] parvas label-
las. PuN. XXXV, /».
IV. Sur le legs des Rains fait au peuple par Agrippa, voy. n» 1G9, § II.
V. Sur le voisinage des Bains dWgrippa et du Panthéon, voy. n» 47, g 111.
VI. I>lurima ex omnibus signa fecil [Lysippus],... interquae destringcnlem'se, quem
Marcus Agrippa anle Tliermas suas dicavit, mire gratum Tiberio principi : qui non qui-
vit lemperare sibi in eo, quamquam impcriosussui inter initia prineipalus, Iranstulitquo
in eubiculum, alio ibi signo substiluto : quum quidem tanta populi romani contumacia
fuit, ut magnis theatri clamoribusreponi Apoxyomenon flagitaverit, princepsque quam-
quam adamatum, reposuerit. Plin. XXXIV, 8.
VII. Iconographie. Notre restauration est tracée en partie d'aprôs Palladio. — Sur
la position et les ruines des Bains d'Agrippa, Voy. Piraiiesi, Campo Marzio, tav. IF,
Iconografia etc. nos 21, 22, et tav. XXIV.
172. Temple et Jardins d'Isis. — Devant le Temple: Statues colossales
DU Nil et du Tibre, et Obélisque. Le temple est au-dessous des Bains d'A-
grippa [n" 171], à gauche de l'entrée. Son édiflcation fut décrétée l'an 711
par les triumvirs. Il s'élève au milieu d'une cour entourée de portiques^ et au
fond de laquelle sont des logements pour les prêtres. Derrière ces chambres
on trouve des Jm-dins qui communiquent avec les Bains d'Agrippa. On arrive
à la cour du temple, du côté de la place des Septa Julia, par quelques degrés dont
les côtés sont ornés de deux superbes statues colossales en marbre blanc, re-
présentant l'une le Tibre, et l'autre le Nil, à derai-couchés, appuyés le pre-
mier sur une Louve allaitant Romulus et Rémus, le second sur un Sphinx, et
chacun tenant du bras qu'ils ont de libre une corne d'abondance chargée de
fruits. Sur la place, vis-à-vis de l'entrée du temple, est un Obélisque eu granit
rose, haut de 1 6 à 17 pieds environ.
I. Isium seu Isaeum.
Serapaeum.
Minervium.
Minerva Chalcidica. P. Vict. de Reg. url. Romœ, IX.
II. Sur le voisinage du temple d'Isis, de tous les monuments qui l'entourent, voyez
plus haut n» 47, § III.j
III. 'làv ,(/.îv oùv è'Jia.vzh-j ixslvov zaxnx re «i'-Wj èi:or/jzccj, xxi vîwv tw tî ^xpà.TriGt
y.a.1 T/j hiât ^i/;ptîavTO. DiON. XL VII, 15 '.
IV. Ut spargat in œde
Isidis, antiquo quae proxima surgit Ovill.
Juv. S. 6, v. 328, 529.
— In Martio Campo templum Isidis vetuslum. Vet. Schol. Jn Juv. loc. cit.
' V. Neu fuge iinigerœ iMemphitica lempla juvencœ.
Wultas illa facit, quod fuit ipsa Jovi.
Ov. Art. am. I, 77, 78.
' Agrippa sudatorium Lacoiiiciiin fecit [an. 729]. Laconiciini autem vocavit id Gymnasiuni,
quoniam Lacones tum nudari corpora, et inuujji oleo (irsecipuc videbanlur. = - Haec igilur
eo anno [711] gessçnuU, ac prartcroa teniptiim Serapidis Isidique decreverunt flriumvirij.
RÉGION IX.— CIRQUE FLAMlNllJS. 117
VI Jamque exspectalur in hortis,
Âut apud Isiacae polius sacraria lense.
Juv. S. 6, V. 488, 489.
— Apud tomplum Isidis lenœ concilialricis : quia in liorlis lemplorum adulleria com-
nilltunlur. Vet. Schol. In Juv. loc cit.
VII. Kcà Inrb roùç xùtoùç ypô-Jcvi ezspôv ti ^sivhv i')of,i/Sîi toÙî lououio'Ji, xaï nspi zb
ïîph'j T/;; l7£o"oj tÔ ^v Pù/j.yi Tifo/X-tç où'jyjj'jôiv oùy. v.T:rlÙ,xy;JVJa.t ci/fzu-/yo'.vo\i<jt Kai b
'ïiSipiOi Tov Te vaèv y.aôîi),;, xxt TÔ KyaA/ysc TÔî lît^oj Etç tÔv ©ùg.îjv izoza.ij.ov
ixil-w^zv iy.Ç'xlsX'j. Joseph. Anliq. Jud. XVIIl, 3, § 4 i, édit. Dindorf. Col événement
est de l'an 775 ; mais on voit, dans le § suivant, que le temple d'isis fut réédifié.
VIII. Tsû oï GzpxziùiziKoli îravTÔ,- è'zi vij/.zup v.'xzv. Hyouç /.ai zà.^tii unb zoli yi-/î[j.ôii
■npoz^oiâzVKÔroi, xal Tzspl Oùpaç ovtoç, où twv «vw ySaïiXîtOJV, «/Xi TrIrrAov zoli zra Itjcioç
iîpoû' ixsi yàp ù.vt~cdiO-^zo zvji vuxzhi éxcîvv;; oc xùzoxpùzopii' Tzsp'i aùzi^J àpy/j^xé-j-rp -/jo-/]
TV/V i'jj, -npoîwyiv OùsG-XGixvhi xcà T'izoî, ^ifj-/) //kv a-s-jc(:io>p.-:voi, Tcoptpupxi â' èridrizciç
T.y.zpio'ji àixT.syôp.vjoi, za'i Tzot.pc'tv.'si-j di zoùi O/.zxout'iXî Tzspnrckzooç èvzcôJOx... Joseph.
de Bell. Jud. VU, 5, g 4 2, édit. Uudsnn.
IX. Neir anno 1719, cavandosi per li fondamenli dclla biblioteca Casanalense, si
trovù un' ara di marmo bianco, in un fianco délia quale vi era scolpito in bassorilievo
Anubi, in altro Arpocrate, in altro degli strumenti da sacrificio, e nel quarto una cista
con un serpe attorgliato. Ficoroni, Nolizie di antichilà, n° 17.— La bibliothèque Casa-
nalense fait partie du couvent de la Minerve [XoUi, n» 844 ; Lelarouilly, rion. IX, 8]. On
se rappelle qu'Harpocrate était fils d'Osiris et d'isis. L'autel dont parle Ficoroni est
gravé dans le Musée Capitolin, t. IV, tav. 10.
X. Reg. II. S. Marcello. [NoUi, n» 286 ; Lelarouilly, rion. II, 59.] Lungo la via del
Corso, incontro il palazzo Simonelti esiste in una piccola piazza questa chiesa... Narrasi
che ivi prossimo fosse un vico e lempio à'Iside exorala, Welciiiorri, Guida melodica
di Roma, part. 2, p. 319.
XI. Iconographie. — Statues colossales du Tibre et du Nil. Nel mezzo del giardi-
netto di Belvédère a S. Pietro, si veggono due simulacri di fiumi antichi bellissimi. Sta
riascuno di loro coricato sopra la sua base, et si riguardano l'uno l'altro. Uno di essi é
il siniulacro del Tevere, e giace col lianco dritio appogiato sopra una lupa, che ha i
due bambini ad petto, i quali pare, che giuochino colle mamelle; ed a solto il braccio
dilto il cornucopia pieno di frutti e Hori. L'altro é il simularro del Nilo liume dell'
Kgitto, che giace col fianco sinistro sopra una sfinge, animale peculiare dell' Egillo ; e
colla mano manca tiene il cornucopia, e gli sono d'ogn' intorno sopra 16 pulli del
marmo stesso. Nella sua base, che è del medesimo marmo, si vedono scolpili cocco-
drilli, barchette, e varie sorti di animali dell' Egilto, che nel Nilo stesso nascono. Queslo
simulacre del Nilo e l'altro, fu, non é gran tempo, rilrovalo presso S. Stefano, cogno-
niinato del Cacco [Xolli, n» 860; Lelarouilly, rion. IX, 24]. Aldroandi, Memorie, n» 8.
— [Imprimés en 1356].
XII. Nella via accanto la Minerva, che va ail' Arco di Camigliano, sentii dire a mio
padre, che il Tevere et il Nilo di Belvédère furono Irovati denlro una casa, nella qualc
vi èdipinto ilNilo^. Flam. Vacca, Memorie, n° 26. [Imprimés en 1594.]
Dietro alla suddetta casa vi è la chiesa di S. Stefano del Cacco. Questo nome dériva
da due leoni di basalte, pielra di Numidia di color negro, quali mi ricordo stare inanzi
alla suddetta chiesa ; ed al lempo di Pielro IV furono trasporlati in Campidoglio, e fu-
rono messi per ornamenlo al principio délie scale faite a cordone, che conducono so-
pra la piazza ; e pochi anni sono fu cavato solto delta chiesa, e fu scoperto parte di un
' (;irca cadcm tempora etiam mali t|uiitdani aliud Juda^os perlurbavit, Romseque accidit ut
in faao Isidis res agerentur ciiin turpiludine conjunclas... Alque Tiberius... lemplum evertit,
et Isidis snnulacruin in Tiberim (hiviiim demcrgi jussil. := - Cum autem militus omiics, diini
adluic nox esset, per turmas atque ordines progressi fuissent sub ducloribus suis, et eirca ja-
iiiias constitisscnt, non Palalii supeiioiis, sed prope Isidis templum (ibi enim imperatores noctu
ill.i qiiiescelianl) cuin j.un primo dilusccsccret foras piodeunt Vespasiiiiuis et Titus, lauro qui-
dem coronati, amicti vero patri.i veste purpurea, et ad Oclaviae ambulacia progredinniiir. =
5 Ces deux statues, l'une et l'aiure en marbre blanc, et j;ravées dans le .Viistr Pio Clcnicntiun,
t. ], lav. XXXVIll et XXXIX, existent encore : le Nil est dans la nouvelle galerie du Musée du
Vatican, le Tibre est à Paris au Musée du Louvre. On en voit deux belles copies en mari re blanc
dans le jardin des Tuileries, du coté occidental du grand bassin.
il8 DESCRIPTION DE ROME.
tnmpio, clie anrora vi crano le colonne in pierli dj marmo giallo, ma qaando le cavarono
and.iiono in pczzi, tanto orano abbruciale. Ibid. n" 27.
XIII. Obélisque. Non ml pare di doverlasriar in dielro ora un obeiisco rlie si vedo
in Roma, se bene minore delli sopradetli : nondimcno mollo famoso per l'indizio r he
csso dà i luo};hl virini nominandosi la f'.uslia di S. .Maulo, innanzi alla cui cliiesa (t
diriz/nla. Vogliono alcuni, rome anrhe dimostro l'islesso luogo nel quale ora (|uesl'
obeiisco si ritroveva, che euli fosse anticamente dirizzalo in su la piazza innanzi al lem-
pio délia dea Minerva. Ma é d'avertire che (come a i nosiri tempi lo vepgiamo cosi
sconciamenlc dirizzatto sopra alcune piètre, non è tudo l'Obelisco, ma solamenlc la
maggior parle di esso, e (luivi apprcsso si veggono li pezzi rotti, uno murale nella ean-
tonala d'una casa, lungo (come a me pare) dieci palmi incirca, e se ne vede anco un
altro pezzo minore apprcsso la cliiesa del collegio nuovo de' gesuiti : di maniera che,
se fossero uniii qucsii pczzi insieme, sarebbe il fusto di quesl' Obeiisco lungo jiiii di
quaranta cinque palmi. Mercati, Degli obelischi di Roma, c. 29. [Publié en 1.589. J
XIV. Dinanzi a S. Maulo si vede un obeiisco anlico di pielre mischia rossicia, ma
non mollo grande: c vi sono dcscrille Icllcre egizie, cioè figure d'animali, che a queslo
modo quelle genli anlicamcnte scrivevano. Un allro obeiisco simile si vede sicso in
terra presse la porla dclla cliiesa délia Minerva, che fu riirovalo solle terra pochi anni
addielro denlre quella casella, presso laquale si vedestare. Aldroandi, Memorie, n0 37.
XV. Dielre a quesla cliiesa [délia Minerva] sulla porta picciola, ch'è presso l'altar
maggiore, si vede in terra un obeiisco picciolo anlico simile a quelle ch'è presso S.
Waulo. Lrcio mauro, Antich. di Roma.
— L'église de la Minerve bâtie auprès de notre Minervium [n» 175], a sa façade
tournée vers le Panthéon , par conséquent l'obélisque fut trouvé auprès de notre
temple de Sérapis [n» 173]. Ces deux obélisques dont parlent Maure et Aldroandi, exis-
tent encore dans le même quartier: l'un est sur l'éléphant de la place de la Minerve,
et l'autre sur la fontaine de la place du Panthéon.
— Alessandro VII, per ornare la piazza di Santa Maria sepra Minerva, nel MPCLX.KII,
col disegno del menlovato Bcrnino, pose sul dorso d'un elcfanle un piccolo obeiisco, non
cssendo alto che palmi XXIV, trovalo negli orli del prossimo convento, ove credono che
fosse anticamente l'iseo. Bandim, dell' Obeiisco di Cesare Augusto, prief., p. XIII.
XVI. Neir orto dulla Minerva, fu cavato in tempo di Clemenle X, la guglia
la quale fu collocala nella piazza; come anche una statua di Iside di selce egizie. San.
Bartoli, 3/emor/e, n" 112.
dfoite de l'entrée des Bains d' Agrippa [n° 171], en parallèle du temple d'I
[n" 172]. Comme ce dernier, il avait été construit vers l'an 711 par ordre (
ITS. Temple de Sérapis. — Devant : Obélisque, et Statues de lions. A
'Isis
des
triumvirs. Devant est un Obélisque de granit rose, haut de 1 8 pieds environ,
et à l'entrée les Statues de deux lions couchés.
I. Sur la position et l'époque de l'édification du temple, voy. ci-dessus, n^ 172,
§1, II, m.
II. L'obélisque est celui qui fut retrouvé devant S. Maulo. [Voy. ci-dessus, n" 172,
§ XIV. — Gregorio XIII, per pubblico ornamento e commode avende faite costruire nel
mezzo délia piazza délia Rolonda una bella copiosa fonlana, Clémente XI nel MDCCXI
fece collocare sopra di essa l'obelisco dette dal luogo ove slava di S. Maulo. Ba.ndixi,
deir Obeiisco di Cesare Augusto, prœf. p. XIII.
/."j-~^^ --. III. Iconographie. — Pour tracer ce temple dont il ne reste aucun
\:'4 Y''^ \ vestige, nous nous sommes inspiré du fragment ci-contre, emprunté au
Vi^^r—^ grand plan de marbre, et qui se trouve aussi gravé dans Bellori, Icono-
graphia veleris liomœ, tab. XVI.
IV. Sur l'obélisque et les statues des deux lions, voy. ci-dessas, n» 172, g XII, XIV.
1 74. Temple de jVIixerve CHALcroiQUE. Auprès du temple de Sérapis [n° 1 73] .
Le temple de Minerve chalcidique était un édifice du temps d'Auguste ; il fut
bâti en 724. Le porticpie en forme d'atrium, qui le précède, est la chalcidique.
I. Sur la position du Temiile de Minerve chalcidique, voy. ci-dessus, n« 172, g I.
II. Sur la dédicace du temple, par Auguste, >ey. n" 122. § XVIII.
III. Iconographie. On a beaucoup discuté pour savoir ce que c'était qu'une chalci-
dique. On n'a rien dit de satisfaisant jusqu'à Bechi, antiquaire moderne qui conjecture
RÉGION IX. — CIftQUE I LAMINIUS. 119
que c'était une espèce de vestibule couvert : — Il calcidico altro non era che una spccio
di lato tclto sostenulo da piu pilaslri, Il quale allorquando crigcvasi avanti la porta di
un edifizio o pubblico, o privalo riic fosse, a pompa cd ulilità insienu; servendo, ne ab-
belliva, e ne componeva in pii'i bella forma la facciala, e veniva a formarrio l'iniçresso
csteriore. Bechi, ciel Calcidico cl délia Cripla di Eumachia, tav. VI et IV, p. 23 ; et
dans OiiELi.1, Inscript, latin, n» 3291.
IV. Fuit et lemplum Minorva? Chalridiraî, cujus adhuc exslant vcstigia in proximo Cœ-
nobio fratrum S. Maria; supra Minervam [Nolli, n" 844; Lctarouilly, rion. IX, 8], unde
cognomentum locus sorlilus est. Exstant autcm undique ejus templi i)arieles quadratic
oblong.T formœ, sine tecto. Erat enim tcmplum non magnum, tcstudinatum, incrusla-
tum, multisiiue ornamenlis decoralum. Visitur adhuc ejus forma in hortis fratrum
pnedicalorum S. Dominici, per multos hartenus annos incullum ac deformalum , et
nulli rerum usui serviens, nisi immunditiis. FuLVius, de Urbis antiq. lib. V, p. 336.
[Imprimé en 1545.]
175. MiNERviUM OU Temple de Minerve. Sur la place des Septa Julia, à la
suite (lu temple de Minerve Chalcidique [n° 174]. 11 avait été bâti par Pom-
pée, et dédié l'an 693. Sa forme était celle d'un carré oblong.
I. Sur le voisinage du temple de Minerve et de celui de Sérapis, voy. ci-dessus,
n" 172, g I.
H. Hos ergo honores Urbi tribuit [Pompeius] in Delubro Minervœ, quod ex manubiis
dicabat. Plin. VII, 26. — Nous conjecturons la date de la dédicace du temple de ce
qu'elle fut faite à peu prés à l'époque du triomphe de Pompée, qui eut lieu sous le
consulat de M. Pison et de M. Messala, répondant à l'an 693. Voy. Plin. Ibid.
III. JEAis Minervœ portio conspicitur, ubi nunc domus est prœdicatorum, unde et loco
Minervai est inditum nomcn. [Nolli, n" 844 ; Lctarouilly, rion, IX, 8.] Juxia eam por-
ticus ingens ruderibus oppressa, quam nunc ad saxa in usum calcis perquirenda effossa
humo, multis prostratis ad terram columnis, conspexi. Poggii de fort, variet. urbis
liumcp.
IV. Non procul a Pantheo Minerva suum habuit templum , quod occupant hodie
Doniinicani, rclento nomine antiquo : vocatur enim S. Maria dclla Minerva... Ruina;
adhuc exstant satis amplœ in hortis monasterii. Boissard. Topogr. liomœ, dies tertius,
p. 79.
V. Iconographie. — Nell' orto délia Minerva vi futrovata la statua dell' istessa deità,
la quale oggi si ritrova nel palazzo de' Giustiniani. [Galleria Giuslin.l. I, tav. 3.] Sa.n.
Bartoli, Memorie, n» 112.
176. Temple de Jcturne. Auprès du Minervium [n" 173], du château de
l'aqueduc de la Virgo [n° 178], et du temple de Neptune, au Portique des Ar-
gonautes [n" 179]. Ce temple fut bâti par Lutatius Catulus, le même qui, l'an
675, dédia le Capitole réédifié par Sylla.
I. JEdes Neptuni.
yEdes Juturnœ ad aquam Virgineam. Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ IX.
II jEdes Juturnai ad aquam Virgineam. P. Vict. Ibid.
III. Te quoque lux eadem Turni soror rode recepi
Hic ubi virginea Campus obitur aqua.
Ov. Fasl. I, v. 465, 464.
IV. Cui [Juturnaîj Lutatius Catulus primus templum in Campo Martis fecit, nam et
Juturnas ferlas célébrant, qui arlificium aqua exercent, quem diem festum Juturnalia
dicunt. Serv. in JEneid. XII, v. 139.
177. Septa Julia. Ce monument était un long portique composé sur ses
faces d'une suite d'arcades reposant sur des piliers carrés, et ayant à l'inté-
rieur un grand nombre de semblables piliers supportant une suite de votâtes
légères. Il avait environ 450 mètres de long sur 59 à 60 de large. Les Sepla
Julia servaient aux assemblées du peuple, et particulièrement aux comices
par tribus. Us furent commencés dans les dernières années du septième
siècle par Lépide, le triumvir, et terminés par Agrippa, qui les orna de mar-
bres et de peintures, et les dédia l'an 728. Ils étaient auprès de la Villa pu-
120
DESCRIPTION DE ROME.
blica [n" 168J, le long de la voie Lata. Sur la face du moiiunienl opposée à
cette voie il y avait une place spacieuse.
I. Sur la position des Scpla Julia près de la Villa piiblira, voy. ci-dessus, n" 168,
S IV.
II. In Campo Mailio Sepla tribulis coiniliis maimorea sumus et Iccta facluri. Eaque
cinpemus exrcisa porlicu ; ul mille passuum conficialur. Simul adjungelur liuic operi
Villa eliam publica. Cic. ad Atlic. IV, 16. [An. 699.]
III. TSIzzy. oï or, tovto kJto, t; t5 oyCocu 'j'jj t'Jj 'ï'jJjpoi rw 2raTt).tw uni.rtWJt, /.v.\ b
À'y^t7:~«5 TV. iîûrà wvî//.xc;//£va y.oi.Otéf>'j>'Jz:>. hoô'J //.sv yy.p oj(}î;j.ix:> £;rti/3i/cî.5î£v y~î-
CyrSTO' rullTOL oï i'J TÔ) K/izt'j) T zSi'j> 'JTO'Ai TlifJl^ ■JlC'i TO~J \î~iooD TCf/o^ ~v.; ^tAîTiy.'y.i v.r.-
'/'Aipi'^ia.i tsM/w/.oSoiJ.riii.i.i'J., /mi tÙsvX^ y.iOi-^ati /.cà ^'■iyf>7.yr,//.u.'ji,i i~î/.iî//.v;jîy, liii'j.i'Jt.
6CJTK «Tri To'j \JyoJ'j-oj TTp'jGy.yiprjny.^. Dion. LUI, 23 *.
rv. Arrus Virf;inis initium habenl subhorlis Lucilianis [ou mieux : Lucullianis] ; fini-
unlur in Campo Marlio, secundum fionlem Seplorum Front, de Àquœd. 22.
V. Sepla piopiie sunl loca iii Campo Maitio iriclusa labulalis, in quibus slans popu-
lus ronianus sufTiagia ferre consucverat. Sed quoniam hœc Septa similia sunl ovilibus,
duo hepc invieem pro se ponunlur. Serv. in Virçj. Erjlo. 1, v. 34.
VI. Iconographie. La figure ci-dessous, copiée d'un fragment du plan de marbre,
reproduit le plan Aç% Sepla Julia; un reste d'inscription l'indique i)ositivement. La
partie supérieure de celte figure se rapporte à la Villa publica, dont nous avons parlé
prccédemmeul. Voy. aussi Bellori, Iconograph. vet. Runnr, lab. X, XVI.
Êà^
Vil. Andréas Buffalinus hujus œdificii [Seplorum] reliquias agnoscil ad viam Latam,
in subsiructionibus aedium Aldobrandinarum ; eliam super totidem pilis ex liburlmo la-
pide a-des ipsœ constructœ sunt e fundamentis caput eruentibus, quibus arcus imposilos
fuisse apparel. Porticus, sive ambitus primus, viœ Lalœ conlerminus, patet latitudine
palmis XXVI, el certis amplior est, quœ major latitudo eliam in nostro vesligio perspi-
cua est. Porticus ipsas recta processisse a Macello, ul vocant, Corvorum, ad Forum An-
tonini [Nolli, n" 510; Letarouilly, rion. 111, 36], lum ex reliquiis qua? adliuc supersunt,
tum ex aliiseffossis in molitione vcstibuli el fronlis ecclesia Sanctœ Mariœ in Via Lala
[Nolli, n« 831; Letarouilly, rion. IX , 18], proximarumque sedium constat. Bellori,
Iconograph. vet. Rom. p. 46.
1 Anno scqnrnti, Aiiguslo VIM, Stnlilio T.iuro consulibus [au, 728J, Agrippa, qui i uullun
viam sioniciiiliiMi susccpcrat, Sepla (U-dicavil. Scpla locus est inC.iiiqio Marlio: euni ad lia-
lictula Iributa comilia Lepidus uiullqu iqnc poi licilms cinuindu.-lis nt-dificaveiat. Agrippa uu-
icin labulis l.qiidois cl picluris a su txoiualuni, Scj.ta Julia ab Amjusto coynoniiuavit,
llliGiON IX.— CIKQUE FL.\MINUJS. 121
VIII. Piiancsia relevé le plan des Sepla Julia qui esl en loul conroinie à celui du
plan de marbre donne ci-ilcssus,§ VI, elà la description de ItiilTalini, § VU. La longueur
de ce monument esl coiijeclurée, mais le plan de l'iranesi nous fait connaîiic ijne la
largeur élaii de '266 palmes, 2 onces, valant 59 mètres, 32 cenlimèlres. Anlic.U. Rom.
T. IV, tav. hT. Campo Marzio, lav. II, n» 19, tav. III, n"s 52, 53. C'est dans les caves
du palais Pamfili, dans le Corso, que l'iranesi a trouvé ces ruines. Ibid. t. I, indice etc.
n» 104. l'iranesi a donné aussi une vue des arcades en ruines. Anlich. Rom. Voy.
T. IV, tav. A7. Campo Marzio, lav. XXV.
IX. Place devant les Sepla. Nous avons ouvert celte place, d'abord parce qu'elle
était nécessaire pour un édifice où loul le peuple se réunissait; ensuite parce qu'elb;
est réellement indiquée par plusieurs historiens qui disent qu'on donnait des combats
de gladiateurs in Scptis, expression qui ne peut signifier que dans le quartier des
Sepla, et non dans les Sepla mêmes, attendu que leur disposition architeclonique ne
pouvait convenir pour ce genre de jeux. — Fecitque [Augustus] nonnuniquam [hulos]
etiam vicatim, ac pluiibus sconis per omnium linguaruni Iiistriones, non in Foro modo,
nec amphitheatro, sed in Circo et ni Septis, et aliqiiando niliil pra'ler venationem
edidii. Slet. Aug. 43.
X. Munera gladiatoria partim in Amphithéâtre Tauri, parlim in Septis aliquot edidit
[Caligula] quibus inseruit catervas Afrorum Campanorumque pugilum ex ulraque regione
eleciissimorum. Slet. Caliij. 18.
XI. Gymnico, quod in Septis edebat, inter buthysise apparalum, barbam primam po-
suit [Nero]. Suet. Ner. 12.
XII. Eno(r)7î Sk Toxji àyOyj^i zci/zcu; rà /j.îv Tïp&rci i-j zo'iç XsTtTolç, ttSv tô ydiplo'J
iy.û'JO âiopii^ci.i /m ùâciroç Trl-ripc/jcKç, ?va //tav vcâjv à'7Ci.yx-/ri. DiON. LIX, 10 '.
XIII. Kàv zaiiTU a'A è-nizc/.ftoi stÙ tw KypiiZTHx bTilo/j.uxi(y.i, '^V-IÙm ^0-7,-0. zCrj ts ofÀ-
/&)v, — X/jv zoït AOyoùîTOu, xy.'i aJT'iv twv i>tecov a.'jzo\j \'j.^TJzt,i-j, /m k-jo-; Ttpbi É'vk, xat
Tto/ZîiTwv Tiipï T/;v à.-/opy.v cil/.'jO'j[j.r,ijà.z'j>-J •At/.yXi'jOv.i, èyé-JO^zo. DiON. LV, 8 2.
178. CuATEAu ET Aqueduc de la Virgo. Les parties en élévation, les seules
dont nous ayons à parler ici, commençaient au bas de la Colline des jardins,
longeaient le Champ d'Agrlppa [n" 49J, passaient sur le front septentrional
des Septa Julia [n" '177J, et finissaient à un Cliàteau (d'eau) sur la place de
ces Septa. Elles se composaient d'un seul rang d'arcades à plein cintre, repo-
sant sur des piliers carrés ornés de pilastres doriques. Une arcade plus haute
et plus large que les autres s'ouvrait sur la place des Septa, et tous les piliers
longeant le côté septentrional de celte place avaient des colonnes corinthiennes
cannelées, engagées au tiers de leur diamètre. Ce fut Agrippa qui construisit
cet Aqueduc pendant son édilité, l'an 722.
I. Arcus Virginis initium liabent sub hortis Lucullianis, finiunlur in Campo Marlio
secundum fronlem Septorum. Fr(]Nt. Aquœd. 12.
II. Idem [Agrippa] et Virgineam aquam adduxit ab oclavi lapidis divcrliculo duobus
millibus pass. Praenestina via. Plin. XXXI, 3.
III. Agrippa vero in œdililate sua [an. 722] adjecla Virgine aqua, céleris corrivatis
atque emendatis, lacus seplingentos fecit, etc. Plin. XXXVI, 13.
IV. 'Jô, Tî vojip rb Tïy.pOé-Jio-J y.aloù/j.rJO-.i zolf ttftîtâTc^îTtv è^xyc.y'jj-J, Aj'yî'jîTOV TTySOff-
rcppvjr:-.. DlON. LIV, 11 3.
V. Iconographie. Sur la description de l'élévation des arcs de la Virgo, prés des
Sepla Julia, Voy. Piranesi, Campo Marzio, tav. XXX. Il assure que l'élévation géo-
métrale qu'il donne a été prise par lui prés de l'église S. Ignace [Xolli, n" 84 7; Leta-
rouilly, rion. IX, 4], qui est juste l'endroit où finissaient les arcs de la Virgo et la
* Exliibuit autem [Cali{;ula] spectacula ista primum in Septis, effosso omni eo loco, et aqua
replfto, ut unani navim inlroducore posset.= ^ Funèbre quoque gladialorinm munus, primo
singu1i.s contia sinj'.ulos puj;n;intihus, post pluribus requali numéro commissis, c<liliim esl,
idque in Septis, cum iu honorern A(;ripp.v, tum quod niulta cirra Forum aedificia iuccudiiini
alisunipsorat : ouinilius, ipsisqne adco filiis Aujjusti, pnetcr ipsum, in pulla vosic spectan-
tilnis. := ■ï Aquam, quœ Vir(;o vocabatur, propriis sumptibus in Urbcm adduxit, Aujjusl.iraquc
noiiiiuavit [Ayrippaj.
1-2:2 DESCRIPTION DE HOME.
place siluéc devant les Septa Julia. — Sur la dircclion de cel Aqueduc cl son aboulis-
senicnlsur la place des Septa Julia, voy. Id. le Anlichità romone, lav. XXXVlll, n" 9.
179. PonTiQLE DE Neptune, ou des Aiigonactes, ou Vipsania. — Au centue :
Temple de Neptine. Près des Septa Julia [n" 177] ol du temple de Jutiinie
[n" 176]. Le temple clail péiiplère, d'ordie coriiitliien, et lorl ancien ; l'an
729 Agrippa l'entoura d'un portique, à l'instar de ce qu'Auguste avait liiit
pour les tenqiles d(! .hqtiler et de Junon, dans le Porlifiue d'Octavie. il érigea
ce porti([ue en l'iionneiir de ses victoinîs navales; voilà sans doute pourquoi il
choisit le tenqile du dieu des mers. L'édiiicc l'ut appelé Portique de iVq;-
tune, du temple tpi'il env(;loppait ; Vipsania du nom de son fondateur (le nom
de race d'Agrippa était Vipsanius); et enfin des Âr(i()naitles, parce (ju'on y
voyait une peinture représentant l'expédition de ces héros de la fable. On le
désignait indiliéreniment par l'un de ces trois noms.
I. j4ides Nepluni.
yKdcs JuturniB ad Aquam Virgineam. Sext. Uuf. de Reg. urb. Romœ, IX.
II. Porticus Aifionaulaiiini. P. Vict. Ibid.
111. Sur le voisinage des Septa Julia et des r)ains d'Agrippa, voy. n"*?,, § III.
IV. Ijiiir si recessit, portlrum terit temiili
An spatia carpit lentus Argonaularuni?
Makt. m, 20.
V. Qua vicina pluit Vipsanis porta coluninis,
Et madet assiduo lubricus imbre lapis, etc. Mart. IV, 18.
VI. Missus est Celsus Marius ad eleclos Ulyrici excrcilus, Vipsania in porlicu ten-
denles. Tac. llist. I, 51.
VII. A'yysjTT-Kj c?î sv zoùto> t'o oiaTU roi; liioii tsXîkv èT: s/.i'jy.-/j7s- rolno /û-j yy.p, tï;v
aro'y.v tvîv toû Uoniio'jyjoç rJfJOiJ.xoiJ.éviYJ xal i^'jiAO^i/J.riGSV inï TSÛ; V5tvz/:«Ttatî, xxl T/j
T'iv A'/cysvKUTôJv ■/[■yv.j^y, in ù-àjin [iu'j E . Dion. LUI, 27 '.
Vm. ' ABASCANTO
AVG. LIB. AEDITVO AEDIS SEPTVNI
QVAE EST IX CIRCO FLAMIS
FIAVIVS ASCAMVS ET
PALLANS CAES. N. SER
ADIVTOR A RATIONIB
PATRI PIISSIMO FEC.
BoissARD. Anliq. rom. VI pars, pi. 51. — tiRLTER. p. 318. — Orelli, Inscripl.
lai. no 52.
JX. Ara Neptuni multo sudore manasse in Circo Flaminio dicebatur [an. 546]. Tit.-
Liv. XXVIII, 11. — Les autels étant toujours devant les temples, sur les degrés mêmes
du perron, nous pensons que Tite-Live désigne ici l'autel du temple de Neptune.
X. Iconographie. Nous regardons, avec plusieurs antiquaires, la façade actuelle de
ia Dofjnna di terra [So\\\, n" 322; Leiarouilly, rion. 111,42], à Rome, comme un
reste du portique, ou tout au moins du temple de Neptune. Les onze grandes colonnes
de marbre blanc, cannelées, d'ordre coriiilhien, qui restent de ce monument, et su-
perbes encore malgré leur état de mutilation, font voir qu'il était un des plus beaux
de Rome. Piranesi [Anlich. rom. t. I, tav. Xlil, fig. 2] qui en donne une vue pitto-
resque, attribue celte colonnade à l'enceinte du temple d'Antonin-le-Pieux.
XI. Palladio [Arckitl. lib. IV, c. 15, tav. 41 à 45] a donné une restauration com-
plète de ce temple, qu'il appelle Temple de Mars. Nous avons profilé de sa restaura-
tion, ainsi que de ses observations sur rarcliitecture de ce monument, où il reconnaît
plusieurs des principes posés par Vitruve. La fin du § III du n° 175 ci-dessus pourrait
bien désigner ce Portique.
180. Panthéon. Derrière les Bains d' Agrippa [n° 171 j, auN., à l'extrémité
de la masse d'édifices qui remplissent une partie de la région. Le monument
1 Agrippa autem codem tcmporc [au. 72;)] propriis sumplibus Urbem exoinavit. Nam et
Poriicum Neptuni propter \iclorias navales exsiruxit, cl Arjonautarum piclura decoravit.
RÉGION IX. — CIRQUE IXAMÏNIUS. i23
est circulaire, et couvert d'une voûte hémisphérique, percée à son contre d'une
ouverture pour éclairer le temple. Son diamètre, égal à sa hauteur, est de
■i i niètr. 41 9. Sa façade, louruce vers le septentrion, se compose d'un portique
de 16 colonnes monolithes de granit gris, supportant un immense fïontou. Le
plafond de ce portique est formé avec des poutres creuses en bronze doré. Une
place dallée en grands carreaux de pierre de Tibur (travertin) précède le mo-
nument, auquel on arrive par un escalier de sept degrés, décoré sur ses côtés
de deux lions couchés, en marbre noir. On ignore quand et par qui fut bâti
cet édifice. Agrippa, pendant son troisième consulat, l'an 720, entreprit (hî
rachevcr; il en lit les ornements et le portique, et trois ans après il le dédia
sous le nom de Panthéon, temple consacré à tous les dieux.
I. Panlhcon. P. Vict. de Itey. urb. Rom. IX.
II. Panthéon Jovi Ultori ab Agrippa factum. Plin. XXXVI, 15.
III. Inscription gravée dans la frise du fronton :
M. AGRIPPA L. F. COS. TERTIVM FECIT.
Cette inscription est reproduite dans Gruter, p, 1 ; dans Orelli, Inscript, lai.
n" 34, etc., etc.
IV. Te, Te Uù-jOslcv ù-JOfj.ua/Mé-JO^J è^srélece. jcpo^xyopsùsrxt ok oiVw râx^z fJ^sv Ôtj
TTO^Xôiv dsS>'^ ûaùjccç £V Tslj cz'//.X/«KJi, Tô) Ts ToXi K pîoii xaJ Tw T'^j lîopoâiroç, sXkSsv ws
as èyù) vo/j.il^'M, OTi ôolozlâki ov, tw oùpu-JÛ npoaioixsv rtQou\-rfifi /xïv oiiv b Aypimîcci xal
TÔy Kr/ounto') svTccOOx i^piiGxi, t/jv t£ roli zpyou sntV.V/jfftv xùzSt ooîj-jixi' y.rj oî^xiiévou cTs
wj-oxj p.rfli-czpov, szst //.î'v, "zo'j "itpo-cipoD V^'xi'Z'JLpoî, h âk Tw Trysovâw, zoîi zs AùyoûffTOO
zb xal éot.uzoû âvâpiyyzx; sszr,7S. DiON. LUI, 27 1.
V. K«t xspx'j'joii o:»x zs izoïlà i^hrfir,, y.'A ol à-jSpiùyzsi ol èv zciTloLvOsUi, &77î x«t
oôpu cx z?ii zo'j A-jyoii^zov x'tphi îZKîîï'tv. DioN. LIV, 1 2.
VI. Fuit olim laminis argenteis coopcrtum [Panthcum] ; sed Conslanlinus, Hcraclii
ncpos, cas abstulil cum reliquis Urbis ornamcnlis : quarum loco restitulœ sunt pluinbea;
a Martino VII pont. max. Adilus olim ad portam patebalgradibus septem, qui templum
in circuitu cingcbat. Boissard. Topogr. Komœ, dics terlius, p. 78. — Publié en 1597.
VII. Panliieon tolidem gradibus primus a^rendebatur quod nunc dcscenditur, ut su-
perioribus annis experimentum \idimus, effossa ante Icmpli aditum area, quadrato
lapide tiburtino strata. Exstal hodie templi protjron, id est locus ante portam, cxslrucla
porlicus coluninis ingentibus, ejusque tectum œreis Irabibus inauratis, canalium modo
compactis Eminent hodie ante templi aditum, ex priscis ornamentis, duo pari forma
leones ex marmoreo lapide subnigro suis basis collocali , cum hieroglyphicis notis.
FcLvus, de Urbis anliquit., lib. V, p. 562 [imprimé en 1.145].
VIII. Pantheum cum porticu, cujus tectum Irabes et tigna œrea pro lignis habet
M. Agrippce opus insigne. Poggii de Fort, variet. urbis Romœ. — Le Pogge écrivait
ceci à Kome au commencement du quinzième siècle.
IX. l dueleoni, che sono adesso alla fontana Felice a Termini, trasporlalivi da Sis-
to V, furono trovati al tempo di Eugénie IV avanli il Panthéon, dovevano essere o per
ornamento délie scale per cui si saliva al tempio, o délie Terme. Venuti, Ântich. di
Roma, part. II, c. 3.
X. In tempo di Alessandro VII , quale ebbe pensiero di restorare il tempio délia
Rotonda, e di sbrigare la piazza di tante casuppole de' rivenditori si abasso il piano
moderne fino quasi al antico. Questo fu ritrovato esse lutto lastricato di Iraverlini.
S. Bartoli, Memorie , n° 113.
XI. Nel fianco del famoso portico dcUa Rotonda sotto lerra 25 palmi, si comminciô
a scoprire la porta délia scala del magnifico tempio, per salire alla cima,.... e avanti
la porta, la plalea lastrala con tavole di marnio bianco. Cipriano Cipriaxi, relazionc di
rcliquie anliche, etc. g XV, dans C. Fea, Miscellanea, ï. Il, p. 240.
XII. Fu comincialo [du temps d'Urbain YIII] a trovarsi la piazza antica del Panthéon
Pantheum quoque perfecit Af;rippa [an. 729]. Id sic dicilur fortassis quod in simulacris
Martis etVeneris multas deonim imagines acciperet; vel ut potins mihi videtur quod forma
convexa fastigiatum cœli similitudincm ostenderet. Voluit Aj;rippa in eo Augusti qnoque sta-
tuam coUocare, nomenque operis ei adscribere : nentrum autem eo accipiente, in Pantheo ipso
C.esaris superioris statuam, Angusti vero et suam in vcstibulo posuit. = ^ Fulminibus cnm
alia multa, tura statuas in Pantheo ictœ sunt, ita M hasta etiam e manu Augusti excutcretur.
I-2i DESCRIPTION DE ROME.
sollo terra 25 palmi, pavimcnUila con tavoloni di travcrtini, lar(;lii p.ilmi 10, lunglii
palmi 12, (grossi un paimo e un quarto; chc si scopri in molti luoglii facendoiii li pozzi
per rosliiiire la nuova rliiavira. Ibid. § XVI, p. 242.
XIII. On » toujours douté (|uc le Pantlicon fût l'ouvrage complet d'Agrippa. Eu
effet, il est impossible (|u'un ouvrage de celte importance ait été exécuté en trois ans,
surtout à Koine où l'édiliraiion des monuments se faisait avec beaucoup de lenteur.
XIV. Icono(jraphie. — On sait que le l'anthcon existe encore tout entier, moins les
riches ornements de bronze de sa voûte cl de son portique. Ce temple, aujourd'hui
converti en église sous le titre de S. Maria ad martyres, et vulgairement appelé la
Rolonda, est reproduit dans une foule d'ouvrages; nous nous contenterons de citer
une restauration complète, par Palladio [Àrrhitell. liv. IV, c. 20, tav. .5.5 à 64] ; les
Anlichitd Roinnnc de Tiranesi, tav. XIV et XV, où l'on trouve une vue extérieure et
une vue intérieure du ten)i>l<', ainsi (ju'une vue du Portique; et, sur de plus petites
proportions, mais avec plan, coupe el élévation: Giattani, Munumcnti inedili per
l'anno 1789, setlcmbre, tav. 1, II, III; AI. Isabklle, les Salles circulaires el les Dômes,
Home, pi. 12-16.
— Sur le bas-relief de bronze du fronton du Panthéon, voy. Flam. Vacca, Mém. n° 3.5;
— Montfaucon, Anliq. cxpliq. t. I, part. I c. 5.
181. Temple ET Portique du Bon Événement. L'un et l'autre se trouvaient
à droite des Bains el joignant les Jardins d'Agrippa, le temple au milieu d'un
portique de forme carrée allongée. Nous ignorons par qui el à quelle époque
ces édifices furent bâtis ; il est permis de conjecturer que le temple existait
déjà du temps de Varron, c'est-à-dire de Jules-César.
I. Thermœ Agrippa;.
Templum Doni Evcntus. P. Vict. de Reg. urh. Romœ, IX.
II. Porticum instauravit iuRentem, Lavacro Agrippée contiguam, Evenlus Boni
cognominatam, ea re quod liujus nominis prope visitur templum. A.m.m. Marcell.
XXIX, 6. — L'historien parle ici de Claudius, préfet de Rome sous Théodose.
m. Boni Evenlus templum, salis constat fuisse juxla Panthéon, sed quo in loco, diu
dubilutum est. Yerum cum iliud ego curiosius investigarem, subito ejus tenipli quadrata
atque oblonga, adhuc intégra forma inler ruinas occurril, magistris viarum excilantibus
no\am illic \iam, a platca nuiic Sancti Eustachii usque in plateam Miner^a? [Nolli,
nos 801, 842; Lclarouilly, rion. VII, 21; IX, 6] peragcndam inter proximum Panthéon,
et amplissimas, quas nunc a fundamcnlis excitai œdes el palatium, magnificus vir, ac
prœdives D. Jlarius Peruschus, fisci procuralor, qui per mediam Doni Evenlus templi
iongiludinem ejeril fundamenla, reliqua vero pars occupalur via, de qua supra diclum
est. Apparent adhuc illic laquearium signa, quos stucclios vocant, sicul in Pantheo, et
epislylia coiuninurum, quœ jussu nuper Xicolai quinti in Vaticanum delata sunt. Fll-
vics, de Urb. aniiquilalibus, lib. V, p. 565 [imprimé en 1545].
IV. Necnon eliam precor Lympham ac Bonum Evenlum, quoniam sine aqua omnis
arida ac misera agricultura; sine successu ac Bono Eventu, fruslralio csi, non cul-
lura. His igiiur deis ad veneralionem advocalis, ego referam serraones eos, etc. Varr.
R. R. I, 1.
182. Ampiuthéatre de Statilils Talrus. Vers le milieu du Champ-de-
]Mars, au-dessus des Jardins d'Agrippa, et peu distant du Tibre. Ce lut le
premier Amphithéâtre de pierre que posséda Rome. Le consulaire Stalilius
Taurus le bâtit avec le produit de dépouilles ennemies, et d'après les exhor-
tations d'.Vuguste. Il le dédia l'an 724.
1. Plusieurs antiquaires placent un amphithéâtre auprès de la voie Flaminia, à l'en-
droit où nous avons mis la Colline [n" 192]. Ce monticule, disent-ils, atteste les débris
d'un grand édifice circulaire. Nous avons exprimé notre opinion ci-dessous à l'égard de
la Colline el les conjectures de Piranesi [Campa Marzio c. V, § 5] basées sur la ren-
contre en cet endroit de quel(|ues ruines, ne peuvent nous déterminer à reconnaître
là, avec lui, l'ancien empiacemenl de r.\m[)liilliéàlre de Stalilius Taurus. Strabon in-
dique ce monument dans le t^liamp Tibérin ou Cliamp-de-.Mars inférieur, et celle dési-
gnation convient parfaitement ini Monte Giordann [Niilii, n" 581] que nous avons choisi.
Ce monticule nous paraît indiquer d"autanl mieux la place de rAmphilhéàtre de Stalilius
Taurus, qu^l a la forme allongée de l'ellipse dans lequel on inscrivait le plan d'un am-
philhéàlre romain.
RltGION IX. — CIRQUE FLAMINIUS. 125
II. Sur l'édification de rAmphilhcâlre de Slulilius T;iuius, voy. plus iiaul n" 88,
§XV, et n» 146, § V.
III. Sur la silualion de l'Ampliitliéâlre de Slalilius Taurus dans le Cliamp-de-Mars
inférieur, voy. ci-dessous n" 196, g 1. Bien que dans le passage cilé, Slrabon parle va-
guement d'un amphilhédlre, il est inronleslable qu'il désigne celui de Taurus, le seul
qu'il y eut jamais dans le Clianip-dc-Mars.
IV. Tûû â-/} 6s Kxi'ju.poç To rérupro-j eti ÙTrars jîvro^, b Tcd/poç h ^zci.rù.ioî Oiuzfjj-j zi
Iv t5) Kpsio) -nsiioi xu-^riyiTi/.b'^ \iOi:io:i /M èiST:oiY,Gs ro'iç i^UTCiû Tc'/sk. Dion. LI, 23 '
V.' Ampl'iitheatrum Statilii Tauri. P. VicT. de Reg. urb. Uomœ, IX. — Voy. aussi
n» 197, § IV.
VI. Munera gladialoria partim in Amphilhealro Tauri, partira in Septis aliquot edi-
dit. SuET. Calig. 18.
Vil. Iconographie. 11 ne reste rien de cet AmphilliéAtre ; nous l'avons tracé d'apré*
plusieurs monuments antiques du même genre, et particulièrement d'après le Colysée
de Rome et les Arènes de A'imcs.
183. Terentum. Endroit sur la rive gauche du Tibre, près du Bols de Lu-
cine [n" 184], où l'on célébrait les Jeux Séculaires. 11 était dans un bas-fond.
I. Terentum, in Campo Martio locum, Verrius ait ab eo dicendum fuisse, quod terra
ibi per ludos Saecularis Ditis Patris ita leviter teratur ab equis quadiigariis, etc. Fest.,
V. Terentum.
II. Sœculares ludi Tarquinii Superbi régis in agro sunt primum facli, quem Marti
consecravil P. Valerius Publicola cos. quod populus R. in loco illo anlea reperlam
aram quoque Diti ac Proscrpinœ consecraverat, in exlremo Marlio Campo, quod Teren-
tum appellatur, demissum infra lerram pedes fereviginli, etc. Fest. v. Sœculares.
m. Ad Marlium Campum appulit... Ex gubernalore cognoscit liaud procul apparcre
fumum, et ab eo jussus cgredi Terentum, id ei loco nomeu est, cupide arrepto calice,
aquam flumine hausiam, etc. V. Max. Il, 4. 5.
IV. Ovide parlant de l'arrivée d'Evandre parle bas Tibre, à l'endroit où fut depuis
Rome, dit :
Fluminis illa lalus, cui sunt vada juncla Terenli,
Adspicit, et sparsas per loca sola casas.
0\.Fast. I, V. .501, 502.
V. livcTKVTOS (?è roû xpàvouTrii sopzi}.;, r,v èv rptaïv -fiixipaii iv tôj tsû X,î£wj îrrtTS^suTi
TfctTt'&J, xa't T5tÏ5 ïaot.ii vo^i, xa.Ocspolt70 zx Tskoi/jj.s-JO. Tiapà Tvjv o-/fi-q-i -zolt &iiJ.êèpidoi vj t'Jj
Tà^avTf. ZoziM. H, p. 73 2.
\'l. Alberto Cassio colloca il Terento presso la ripa del fiume ove ora sono piazza Ni-
cosia ed il Collegio Clemenlino [Nolli, n"^ 301 et 499; Lctarouiliy, rion. IV, 32].... Il
letlo del Tevere forma cola un'angolo entrante ed è già noto che i fiumi fanno impcio
contro le sponde in quesle curvalure più che in qualunque altra parte di maniera che
possono scavare seni che insinuandosi l'acqua di\ingono stagni e pantani. Broccfii,
Suolo di Roma, p. 21. — L'opinion d'Alberto Cassio a été suivie par tous les antiquaires,
et Nardini [Roma anlica,\\, 7, t. III, p. 97] ajoute que plusieurs personnes pensent que
l'église de S. Lucia délia Tinta [Nolli, n" 308], située prés de la place Nicosia, a reçu le
surnom de Tinta de sa situation dans Terentum, dont il pense qu'il est une corruption.
184. Bois et Temple de Lucine. — Sur l'Area du Temple : Vieux Lotos.
Le temple fut bâti Tan 379 de Rome. Le Lotos et le Bois sont plus anciens
que le temple. Le tout est situé tout au bord du Tibre, en amont de Teren-
tum [i\° 183], entre ce dernier lieu et le Mausolée [n° 185].
I. Romse vero Lotos in Lucinae area, anno qui fuit sine magistratibus CCCLXXIX Ur-
bis, œde condila, incertum ipsa quanto \elustior. Esse quidem velustiorem non est
dubium, quum ab eo Luco Lucina nominetur. Plin. XVI, 44.
II. Suivant une très-ancienne tradition, l'église de S. Lorenzo in Lucina, située un
' Csesare autem adhuc quarlum consulatum gerente [an. 72^]' Statilius T.tuimis Thcatrum
quoddam lapideuin in Campo Martio, ad venationes ferarum, suis sumptibus absolvit. = - l'bi
ludoriim tempus adpeliil, rpios tribus diebus totidemcjuc nortihus in Campo Martin faciiiiil,
lioslia; proptcr ripain Tilieris adTarentum diis lonsecrantur.
126 DESCRIPTION DE ROME.
peu au-dessous de notre temple sur l'cmplanement du Gnomon [n" 19*1, aurait
emprunté son nom au temple et au bois de l.ueinc : — Jiinonis Luelnrp irdis, nlliil
prasler nominis memoriam ronservatum est, ubl Hrriesiam a'dificarunt nostri l.aurentio
martyr!, quam Lucinam cognominarunt. l'ocfiii de forlun. variel. urb. Romœ.
i 8i). Le Mausolée. Augtislft bâtit ce lonibeaii pour lui et les siens, l'an
725, eulro le Til)n' et la voie Fianiinia, au-dessus du Bois de Lueine, et tout-
à-fail sur le boni du ileuve. 11 avait la rormc d'une liaute tour à trois étages
concentriques, élevée sur un soubassement carré. Son diamètre extérieur, sur
ce soubassement, était de 1 00 mètres ; au premier étage de 30 mètres ; au
second de 20 mètres; et au troisième de 10 mètres. Ce dernier se termi-
nait par un socle supportant la statue d'Auguste en airain. Tout le monument
était revêtu de marbre blanc. La retraite laissée à chaque étage avait une
espèce de canal circulaire rempli de terre et planté de cyprès. A l'intérieur
une quadruple ligne de murailles formait (juatre galeries circulaires divisées
chacune en quinze chambres sépulcrales par des inurs rayonnant du centre
du monument à sa circoniérence. Toutes les chambres d'une galerie commu-
niquaient entre elles par des portes ouvertes dans les murs de division, et les
galeries avaient leur entrée sur un long corridor, qui partant de la porte d'en-
trée du Mausolée, tournée au midi, aboutissait au centre du monument. Là,
ou avait ménagé une chambre circulaire autour des umrs de laquelle s'élevait
un escalier en spirale conduisant aux divers étages, où il y avait encore des
chambres sépulcrales. Le nombre total de ces réduits était de quarante-cinq :
quinze au rez-de-chaussée, et quinze à chacun des premier et deuxième étages.
Un petit temple circulaire, couvert par une voûte hémisphérique supportée
sur seize colonnes, occupait le troisième étage; c'était la chambre sépulcrale
de l'empereur. Au centre, sur une base cylindrique en forme d'autel élevé
sur quelques degrés, on voyait l'urne cinéraire. Des columbaria remplissaient
le mur d'enceinte derrière la colonnade.
I. Ileliquias [Augusti] legerunt primoies equestris ordinis, tunicati et discincti pedi-
busque nudis, ac in Mausoleo condiderunt. Id opus inter Flaminiam viam ripamque Ti-
])eris, sexto suo consulalu exslruxeral : circumjectasque Silvas et Ambulationes in usum
populi tune jam publiearat. Suet. Aug. 100. — Le 6^ consulat d'Auguste répond à
l'an 725.
H. A'|(o),i5yiJTaTov 6î rà MayicoAs'tîv xu\o\jfj.;:>ov sttI /.f^Tjîiooç b'jir},-?]^ >î'jzo),t9oy
où-j sl/.ùiy Èî-'i xcô././j zoû 'i.iQ'j.'j-oX) Katiacos. ï'-à «"s Tw ydiiiati &r,xM siffiv «jtoû xx'i twv
<7jy/îvwv, f.où ol/.d-ji-J. Strab. V, p. 236 1.
lit. Tout le rez-de-chaussée du Mausolée d'Auguste existe encore à peu dedistance du
port Uipetta [Nolli, n^kTi ; Letarouiliy,rion. IV, 23]. L'édifice n'a conservé aucun de ses
marbres, et les murs intérieurs en ont été rasés pour le convertir en un petit cirque où
l'on donne des combats de taureaux. — Sur la position du Mausolée d'Auguste, voy. l'ira-
nesi, Campo Marzio, tav. Il, n° 35 ; sur ses ruines et son plan, tav. XXI, et Antich. rom.
tom. Il, tav. 61, 62, 63. —Ce que nous disons de chambres sépulcrales ménagées à
chaque étage est une conjecture fondée sur la structure même du monument; ces trois
étages n'avaient cerlainement pas été faits pour rester vides. On sait que les Romains,
dans leurs grands tombeaux de famille, tiraient parti de tout l'emplacement, convain-
cus qu'il n'y en aurait jamais assez, et que la mort était la plus diligente des pour-
1 On y remarque principalement [dans le Champ-de-ilars] le Maitsoleum, lequel consiste en
une grosse levée de terre établie proche du fleuve, sur une très-haute base de marbre blanc, et
Couverte jusqu'à son sommet d'arbres qui ne dépouillent jamais leur verdure. Sur ce sommet
est la statue d'Auguste en bronze ; sous la levée lucme sont déposées les ceadres du prince, de
ses parents, de ses amis. P. 212, delà tmd.
RÉGION IX.— CIRQUE FLAMINIUS. 427
voypuscs pour bien peupler les sépuleres. — Nous avons placé la chambic sépulcrale
de l'empereur au sommet du monument; c'est encore une eonjeelure inspirée par la
construction. En effet, parmi loules ces chambres, dont l'existence est Inconteslable,
aucune ne pouvait être la principale, sinon celle situées au centre. Or ce centre étant
occupé par un escalier, la chambre principale se trouvait rejelée au sommet du monu-
ment. 11 n'y avait pas d'autre place possible, ni même convenable. Nous voyons d'après
les médailles d'apothéose d'empereurs, que les bikhers de ces souverains avaient tou-
jours la forme d'un mausolée surmontée d'un petit temple où leur image reposait. On
croyait les honorer en les plaçant aussi haut; de \à l'usage de ces tombeaux à plusieurs
étages, tels que celui-ci, le Septizone, le Mausolée d'Adrien. Pour le gisement de l'urne
cinéraire sur un fût de colonne cyllndri(|ue au centre du temple, nous nous sommes
inspiré d'une pareille disposition, qui existait dans le tombeau de Virgile, sur le mont
Pausilype, prés de Naples, et que les antiquaires du seizième siècle ont vu encore in-
tact. Voy. Le Riche, Vues des monuments antiques de Naples, pi. IV.
IV. Ipsius autem Mausolei exstant hodie magnœ ruinœ juxta templum nunc S. Rocchi
[Nolli, n" 468 ; Letarouilly, rion. IV, 24], ante hos annos ex œre collato, excitatum,
molesque ipsa sphœricam habet formam, reticulalo opère circumquaque exstrucla,
ubi mulla ex profunda tellure marmora erui vidimus. Fulvius, de Urb. Antiquit. lib. V,
p. 549.
Obélisques dd Mausolée d'Auguste. Ils étaient de chaque côté du niomi-
inont, l'un vers le fleuve, l'autre vers la voie Flaniinia ; néanmoins ils ne ligu-
rent point sur notre plan, parce qu'ils ne lurent apportés à Rome et érigés
devant le Mausolée qu'après le siècle d'Auguste. Anmiien Marcellin [XVII, 4]
attribue leur érection à l'un des successeurs de Constantin, et Mercati [dcyli
ohelischi di Roma, c. 27. 41] conjecture qu'ils furent érigés par Claude. Ces
deux obélisques existent encore à Rome; l'un est au monte Cavallo, l'autre au
carrefour situé derrière Sainte-Marie-Majeure.
I. In hac mole Mausolei [Augusti] duo fuerunt obelisci ex ophile lapide segypliaco, sin-
guli pedes XLII longi : quorum unus jacet l'ractus in via Flaminia ante templum S. Ro-
chi; alter semisepultus terra cernitur in horl^is posterioribus. Boissard. Topoyr. Romœ,
dles quart, p. 99
,- Cloaque. Il y avait une bouche de cloaque sur la rive gauche du Tibre, au
droit du Mausolée d'Auguste.
I. Su la riva del Tcvere, dirimpetto il Mausoleo d'AugusIo, si vede lo sbocco di una
délie cloache del Campo Marzo, ma credo che sia una di quelle d'ell' Aqua Vergine
•fabbricate da Agrippa. Ve.Mti, Ànlichità di Roma, part. II, c. 3.
- 186. Bois sacré. Derrière le Mausolée il y avait un Bois qui servait de pro-
menade au peuple.
I. Ottis^cv âï ,(/.r/a x\7(3; TZipnzà.Tov; Oxu/j.xzroùi i'xo-j. Strab. V, p. 2361. Voy.
aussi no 185, ^ I.
II. Pendant le XVie siècle on conservait encore un souvenir de ce bois : Locus hodie
ab incolis vulyo Hortalia vocatur, dit Fulvius, de Urbe antiq. lib. II, p. 144.
III. Des antiquaires ont appelé ce bois Bois des Césars; c'est une erreur qui repose
sur une fausse interprétation d'un passage de Tacite. Voy. plus bas n" 300, § II.
187. BusTUM. Endroit où l'on brûlait les corps des empereurs. Situé entre
le Mausolée d'Auguste [n° 1 85] et la voie Flaminia ; il se composait d'une
grande enceinte circidaire plantée de peupliers et fermée par une grille en fer
|M>sée sur un mur en marbre blanc. Auguste avait conslruit ce Buslum en
liiême temps que son Mausolée.
_ I. E'v fj.s<ju â'- Tw TiiSio) b 7r,i y.xùozpu^ ot.j7ol) ■^spijîoloi, /.cà oxnoi ïiOoii y.suxo'O, xûx^M
* Derrière [le Mausolée] se voit un grand bois sacré, formant des promenades charmantes.
P. 212, de la irad.
128 DESCRIPTION DE ROME.
IJ.Ï-J i^s.piy.ûjJiJOJ î'/'M Gi5f,f.'j~j-j T.if.'rffyj.yiJU, èvro; o' v.l/zif.oi; /.y.7</.fU70-J. StraB. V.
p. 256 <.
— Slrabon m disant -Tj^ /.v.v^zf.y.; TTS/ct'Çî/'s; pour désigner l'cinplarcmenl du Bil-
rlier, indi(|ue la forinc! circulaire de celte enceinte, TTS^cicci/o, si^Miifiant tour, circuit.
(Jnanl à la double cnreinte, nous l'inlcrprélons ronimc on vient de voir.
II. Sorsero pli anni scoisi dal fondamenlo délia nuova casa al canlone délia piazza
di S. Carlo al Corso [Nolli, n" '(61 ; Lelarouilly, rion, IV, 30], le memorie indubilale cd
aulenlirlie del liuslo de' Cesari nclle belli lapidi di travertino ora conscrvalc nel l'on-
tificio Museo, clic haiino incisi i nomi di più personnaggi delta famiglia da Auguslo con
la formula : me crematvs est. — Guattam, Monumcnli anlichiinedili perTanno ITS-l,
Marzo.
III. En 1777, en creusant les fondations de la maison au coin de la place Saint-
Charles au Cours, vis-à-vis la rue de la Croix [Nolli, n" 116; Lelarouilly, rion. IV, 27]
on trouva un vase magnifique en albùlre et divers morceaux de travertin sur lesquels
on lisait les noms des fils de Cermatiicus : la phrase me eisEsiATVs est, ici il a été brûlé,
qu'on y lisait, fait reconnaître que le Buslum ou Bûcher des Césars, mentionné par
Strabon, était prés de li. Ces objets sont à présent au Vatican. NiBey, Ilinéraire de
Rome, t. Il, p. 8.
IV. W izà os ro'uzo /SaffTKcavTSj t^v x^tvï;v, fépotaiv £?w zrji Triisu; s?; zh xa>oû//svov
A/s£c;5 ■RKolo-j. v/Oy. xa-s(7Z£Ùarra£ iv tw TÙ.'x-zuzcn'ji -zoû tiiàiou tsttw, z. t. X. HerodiaN.
IV, Anton, p. 88 2 (funérailles de Sévère).
— Cette indication d'Hérodien s'accorde avec celle de Strabon : rappelons-nous que
le Champ-de-.AIars proprement dit est compris entre le Panlhéon et le Jlois sncré; au
droit de ce Bois la plaine va en se rétrécissant pressée entre le Tibre et la Colline des
Jardins; l'endroit que nous avons choisi pour le Buslum est donc vers le milieu du
Champ, suivant les termes de Strabon, et dans la partie la plus large de la plaine,
ainsi que l'a écrit Hérodien. Kous rappellerons qu'auprès du temple de Neptune
[noi79j, le Champ-de-Mars finissait à la voie Flaminia, et ne s'étendait en deçà de cette
voie qu'en suivant la ligne des arcs de l'Aqueduc de la Virgo [n» 178] jusqu'à la Colline
des Jardins.
1 88. Maison funéraire des Césars. Habitation pour les parents et les amis
qui, après la combustion du corps, passaient plusieurs jours auprès du bûcher.
I. Un tel édifice devait exister auprès du Bustum des Césars, car Dion Cassius nous
apprend qu'aux funérailles d'Auguste, Livie et les principaux chevaliers demeurèrent
cinq jours auprès du bûcher. Il n'est pas vraisemblable qu'ils passèrent tout ce temps
en plein air.
II. Kc>.)i -zoÙto-j oôiâaî kxci!.T6v-:!xpyoi, Stç tzou f^ (îo-o'/rj iooy.si, ^aêâvTS;, iiyrj'pct-J xj-r^v
x'A V) //îv «v/i).£czîT5, dsTOi oi Ttj i? cijTn; àps^stj, -ivsTîTXTO, 6ii xai âï] Tï/V 'puy-r/J aù-
roii è; ràv oùpc-Zov ù-JOffspoy.!. ■Rpv.yfié-JiWJ oï toûtcov, oi fj'vj vjloi à-/i^).ày/;îav r, oï
OY} Alooicn xaric xùpa.-^ tïs'vtj riu.épv.Li jj-S^v. tûv r^pofzcrj ïmxéuv /iîivaia, to tî îaTît aù-
roû auv£>£?«TO, xa't èç tô ii.yr,ij.ûo-j vxiéOî~o. DiON. LVI, 42 *.
189. Colline des Jardins et Jardins de Lvcillus. Elle bornait la partie
orientale du Champ-de-Mars proprement dit, au droit du Mausolée d'Auguste
[n° 183], en deçà, sur notre plan, de la voie Flaminia. Divers jardins la cou-
vraient en grande partie, et lui avait valu le nom de Colline des Jardins. Elle
s'étendait jusque dans la VI* région.
* En avant [du Mausolée], vers le milieu du Champ [-de-Mars], se distingue la place du Bû
cher, planire intérieurement de peupliers, et défendue à l'extérieur par une double enceinte,
l'une de marbre blanc, l'autre de fer. P. 212 de la trad. =r '^ Qiiibiis peractis, tollunt ilerum
lectum, atque extra Urbem perfenin t in Martium Campum ; ubi qua latissime Campus pa-
let, etc. (Descript. du bûcher impérial). = •^ Cenlurioues, sieut vii-um eratsenitui, acceptis
facibus, rojjum succcnderunt: qui dum absumeretiir, aquila ex eo emissa sursum evolavit,
quas aninium Aujjusti in cœlum fereiis. Ilis peractis, reliqui disccsserunt : Livia autem cum
ecuilum primis co in loco quinque dies niorala, ossa ejus legit, ac in moniimento condidit.
RÉGION IX. — CIRQUE FLAMINIUS. 429
I. Rcliquias [Neronis] EcloRa cl Alexandra iiutiices, cuni Acte concubina, pentili Ito-
mitioium nionuinerito coiidideninl ; quod piospicilur e Campo Marlio iin|iusiluni Colli
hoilorum. Suet. Ncr. 50.
Il Giamina nunc Campi pulchros spcclantis in liortos.
Ov. Pont. I. 8, V. 37.
m. Iconographie. La Colline des Jardins est aujourd'hui le Monte Pincio.
IV. Jardins de Lucullus. Horli Lucullani.
Campus Marlis. Sext. Uuf. de Reg. urb. Romœ. IX.
V. Ilorli Lucullani. P. Vict. Ibid.
VI. Arcus Aquaj Virginis initium habentsub Ilorlis Lucullianis. Fhont. de^^wcpj. 22.
VU. CnoD xai vûv, cTTtdisstv TîiaÙTyjv T/ij TpufTji ixoii'j'fn, aï Aoyxou).).(ayol k/;7Ii5£ twv
p.v.iù.u.Civ ti -zo'ii Tioy.iizît.s.oTy.Toii y.piOlJ.o~jv:oLi. Plut. Lucull. 39 i.
VIll. Parilerque Horlis inliians [Messalina], quos ille [Valerius Asialicus] a Lucullo
ccrplos insigni inagnificenlia extollebat. Tac. Ann. XI, 1.
iX. Iconographie. Conoscendosi lali arclii [delT acqua Vergine] aver cominciato a
piodi del colle sopra la chiesa di S. Andréa délie fralle [Noili, n" 365; Letarouilly,
rion. III, 18] si viene a slabilire concordemenle la posizione degli Orti Lucullani ncl
luogo ora occupata délie case poste lungo la via dei due Macelli, incontro a l'ropa-
ganda, e la via Gregoriana e Sislina. Ed ivi per appunlo, ed in purticolare nelle case
dei Mignanelli si vedono diversi resli di mura di costruzione retticolala clie formavano
il primo piano dei fabbricato di quesli orti. Quindi in un veccliio trapasso clie d'alla
piazza Mignanelli passando solto la via Gregoriana, si giungeva nel principio délia via
Sislina, altri resti di mura anliche si vedono, ed anzi questo Irapasso si Uova formato
Iragli avanzi di laie fabbricato. Solto poi le case ove io abilo da molli anni, apparte-
nente già ai conli Tomali, esiste ancora una caméra con volta riparlita a cassclloni, la
quale cerlamcnle faceva parle dei medesimo Tabbricalo Lucullano. Più sopra a questa,
ed a ridosso délia parte più elevala dcl colle, allri indizi di anliche soslruzioni si tro-
\ano ; per cui si viene a conoscere essere quesli Orti stali riparlili,'come la loro posizione
Io comporlava, in diversi piani successivamente disposti l'uno dopo l'allro. Canina,
Itoiaa antica, Ucg. IX, p. 196.
190. Septa Trigaria. Presque vis-à-vis du Portique de Neptune [u" 179], en-
deçà de la voie Flaminia. C'était ou le marché aux chevaux, ou peut-être
l'endroit où on les dressait pour les courses du Cirque. Nous ignorons quand
et par qui ces Septa furent construits.
I. Septa Trigaria.
^EdesNeptuni.
JEAes Julurnae ad Aquam Virgineam. Sext. Ruf. de Reg. urb, Romœ, IX.
II. Campus Marlis.
^des Julurnae ad Aquam Virgineam.
Septa Trigaria. P. Vict. Ibid.
— Nous avons choisi notre emplacement d'après ces indications assez vagues des
deux régionnaires.
III. Nullius histrionum, equarumque Trigarii comilalior egressus in publico erat.
Plin. XXIX, 1.
IV. Ne equos quidem in Trigariis prœferri ullos vernaculis animadverto. Plin.
XXXVII, 13.
V. Iconographie. Il n'existe plus rien des Septa Trigaria, et nous n'en avons point
trouvé non plus de description écrite. D'après l'usage auquel ils étaient destinés, nous
leur avons donné la forme d'une lice.
Portique d'Europe. Nous n'avons pas placé ce portique dans un plan de
Rome aux époques d'Auguste et de Tibère, parce qu'il est constant qu'il n'exis-
tait pas alors. Martial [VII, 31] étant le seul auteur qui en parle, on peut
conjecturer avec beaucoup de vraisemblance qu'il fut construit du temps de
* Si quidem vel liac œtale, ita yliscenle luxu, Ilorii Luculliani iater principis sumpluosis-
simos liabentur.
150 DESCRIPTION DE ROME.
Doniitien. Il devait son nom J» un groupe représentant renU'vemeni d'Europe;
et Pliiio l'Ancion, (|iii passe eu revue tous les chefs-d'œuvre de sculpture que
coutcuail Ronif, no dit rien ni de ce groupe ni du ]K)rlifpie. Si on ajoute que
tous les poêles <>t tous les liisloricns du temps d'Auguste et des règnes suivants
gardent le même silence, tandis que soit les uns soit les autres parlent des au-
tres édiliccs, ou sera raisonnablement fondé à croire que le Portique d'Europe
n'existait pas de leur temps. Voy. sur le Portique d'Europe Mart. II, \ 4 ; III,
20;yiI,3l;XI, 1.
191. Voie Flaminia. Elle arrivait dans le Cliamp-de-Mars du côté du nord,
en passant entre la Colline des jardins et le Bois sacré du Mausolée d'Auguste
[n°* \Hlï, 180]. Elle finissait aux Septa Julia [n" 177], où elle prenait le nom de
Voie Liitn, appelée aussi quelquefois Recla. Le censeur Flaminius la construi-
sit l'an o33. Elle était pavée en grands polygones irréguliers de lave dure.
I. Sur la position de la voie IHaminia, voy. plus haut no 185, g I. — Sur son nom,
voy. n" IG.'î, gl VI.
II. C. Flaminius oensor, viam Flaminiam munivit, et Circum Flaminium exstruxit.
TiT.-Liv. Epito. XX.
m. Martial parlant de Trajan, qui devait revenir en triomphe par la voie Flaminia,
s'exi>rime ainsi :
Quando erit illo dies, quo Campus, et arbor omnis
Lurebit Latia rulta feneslra nuru?
Quando moi;i> dulces, lonsusquo a C.Tsare pulvis,
Tolaquc Flaminia Honia videnda via?
Mart. X, 6.
IV. Dum repetit sera conductos nocte Pénates
Lingonus a Recta Flaminiaque recens, etc.
Mart. VIII, 7.5.
V. Per Canipum Martium et viam Reclam descendit ad infères. Senec. Apoholohin —
Des éditions portent Tectam au lieu de Reclam; nous dirons, sans aucune préoccupa-
lion d'archéologue, que la levou Reclam nous parait la seule bonne.
VI. Iconographie. Xel fine di Piazza Colonna [XoUi, n" 113; Letarouilly, rion. III,
36] sotto terra 24 palmi, ili nuovo si tro^ô la slrada F'Iaminia asselriata con gran seici,
sotio la quale si sropri la chia\ira vercliia. CiPniAXo Cipriani, g XXXIII, dans C. Fea,
niiscellanea, t. II, p. i.ïl [Découverte faite en 1623>
VU. Nous avons fait faire à la voie un léger coude à l'endroit où était jadis l'Arc ap-
pelé di Porlogallo, qui se trouvait un peu au-dessous du palais Fiano [Letarouilly,
rion. III, ir, et -fui démoli en 1662, pour redresser la via del Corso. L'ancien tracé
de celte voie, à partir de r.\rc susdit, était la ligne de la voie Flaminia.
192. La CoLLtNE. Sur la droite du Temple et du Portique de Neptune
[n° 179], à peu de distance de la voie Flaminia, il y avait un monticule fait
de main d'homme, et qu'on appelait la Colline. Les candidats des Comices
par Centuries, qui se tenaient toujours dans les Septa Julia, moulaient sur
cette (^.olline pour faire connaître leur personne aux citoyens. Ils s'y produi-
saient non-seulement pendant le temps de leur candidature, mais aussi le
jour même dos comices, dès qu'ils avaient été proposés aux suffrages du
peuple assemblé par le magistrat qui présidait la réunion.
I. Le monticule que nous appelons la Colline existe encore aujourd'hui sous le
nom de Monle Citorio, qui est celui d'une place de Rome [Noili, n" 538 ; Letarouilly,
rion. III, 55], désignation très-ancienne, qu'on croit formée de Morts cilato-
rum. On n'avait jjas élevé la Colline sur la place même des Septa, parce qu'elle
aurait gêné la circulation, et qu'une foule considérable n'aurait pu l'environner sans
encombre. Le fait de la compaiulion sur ce lieu élevé, des candidats proposés aux
votes actuels du peuple, constituait une véritable citation ; de là le nom de Citorio, cor-
ruption de rilalorum, qui parait être une tradition de l'antique. Nous ne nous arrête-
rons pas à réfuter l'opinion des antiquaires qui disent que colle, dans Macrobe [V. ci-
dessous, {? II] désigne la Colline des jardins. Cette Colline est si éloignée des Septa
RÉGION IX. — CIRQUE FLAMINIUS. \7A
Julia et de la partie du Champ-de-Mars où les riloyens eirnilaient pendant les ro-
mices et se promenaient tous les jours, qu'il est ridirule de dire (|u'un homme allait
se placer là pour s'exposer à tous les regards : on aurait été vu sans doute, mais on
n'aurait certainement été reconnu par personne.
II. Ea re etiam candidatis usus luil iu comitium nundinis venire, et in Colle consis-
tere, unde coram possent ab universis vidori. Macrob. Salurn. 1, 16.
ni. Mopsta civilas,... comitiorum die in Campnm descendit; atque in magistratus
vcrsi circumspectant ora principum, aliorum alios inluenlium... (Jnuni subilo 1'. Cor-
nélius [Scipio] quatuor et viginii ferme annos natus, professus se petere, m supe-
riore unde conspici possel loco conslilil. In quem posiquam omnium ora conversa
sunt, clamore ac favore ominati extcmplo suiit felix fausiumque imperium : jussi
deinde inire confestim suffragium, ad unum omnes non centuriœ modo, scd etiam ho-
mines, P. Seipioni imperium esse in Ilispania jusserunt. 'i'iT.-Liv. XXVI, 18.
195. Adtel de Mars. Dans le Champ-de-Mars, vis-à-vis de la façade du
Panthéon [n" 180]. C'était à cet Autel qu'on f\usait la cérémonie de la Clôture
du Lustre.
I. Comitiis confectis [an 573], ut traditum aniiquilus est, censores in Canipo ad
Aram Martis sellis curulibus consederunt. Tit.-Liv. XL, 45.
II. Nunc primum ponam de Censoriis tabulis : Lbi noclu in templum censura; auspi-
caverit atque de cœlo nuntium erit, praeconi sic imperalo ut viros vocel : etc. Varr.
L. L. VI, § 86.
m. Dans le passage de Tite-Live ci-dessus, il s'agit des comices censoriaux, à la
suite desquels, suivant l'antique usage, les censeurs élus venaient s'asseoir auprès de
l'Autel de Mars pour recevoir les félicitations du sénat et du peuple. — Dans le passage
de Varron il est question des auspices que les censeurs venaient prendre in templum
censura", c'est-à-dire à l'Autel de Mars, avant de faire la Clôture du Lustre. Si l'on
avait quelque doute sur la signification du mot templum ici , nous rappellerions que
Tite-Live, dans le fait qu'il raconte [Ibid. c. 46], dit précisément m templo isto pour
désigner l'Autel de Mars. — Enfin cet Autel étant un lieu où l'on venait prendre les
auspices, devait être dans un endroit bien découvert à l'orient, côté vers lequel oa
se tournait pour cette cérémonie. Le passage suivant, où il est question de la Clôture
du Lustre faite par Auguste, nous a paru être un indice que l'Autel de Mars était vis-
à-vis de la façade du Panthéon : « Cum Lustrum in Campo Martio magna populi fre-
quentia conderet [Augustus], aquila eum sa-pius circumvolavit : transgressaque in vici-
nam aedem, super nomen Agrippée, ad primam lilleram sedit. » Si'et. Aug. 97. — Il
est presque inutile de rappeler que Suétone désigne ici le Panthéon et l'inscription en
lettres de bronze fixée dans la frise du fronton. Voy. n" 180, § III.
IV. Sccunda spolia in Martis Aram in Campo, solilaurili utra voluerit, Cicdilo. Fest.
V. Opima spolia.
194. Le Gnomon. Entre la voie Flaminia, le Bois et le Temple de Lucine
[n° 184]. C'était un obélisque monolithe, en granit rose, haut de 21 mètres
622 millimètres, érigé sur un piédestal de même matière, de 4 mètres 218
millimètres, et reposant sur une double plinthe en marbre blanc de 1 mètre
56 centimètres, de sorte que la hauteur totale du monument égalait 27 mètres
40 centimètres. Un banc, également en marbre blanc, embrassait les quatre
faces de la plinthe. Du côté de la face septentrionale de l'obélisque il y avait
une esplanade en marbre blanc, longue de 82 mètres 47 centimètres, et large
de 2 mètres 51 centimètres. Une barre d'airain doré incrustée dans cette es-
planade la divisait en deux bandes dont l'une portait cette légende : longueur
du jour, et l'autre longueur de la nuit. Trois barres transversales, également
en airain doré, l'une fixée vers le centre et les deux autres aux extrémités de
l'esplanade, indiquaient la longueur de l'ombre portée par l'obélisque au mo-
ment de la sixième heure du jour (midi), à l'époque des solstices d'hiver et
d'été, et à celle des équinoxes. De chacune de ces trois bandes transversales
partaient deux petites barres perpendiculaires placées en parallèle, l'une à
•152 DESCRIPTION DE ROME.
fli(»il(', Taiilio ;i f;rm(lie de l;i ij;r;iii(l(' li^iic longitudinale; elles élaienl d'iné-
ii,:dt' loiij^iicur, cl icnr dis|>rf)|i(irtiuii caiculcc indiquait la dur(''e comparative
(les jours et des nuits au\ é|)o(|ues ci-dessus mentionnées. Ainsi, |tar exem-
|)le, an solstice d'iiiver, le jour ctant, sous le climat de Rome, de neuf de nos
iuMires et la nuit de (]uinze, la harre du côté du jour était de deux cin(|uii'mcs
|)lus courte t|ue celle du côté de la nuit; et réciproquement pour la lij^nc du
solstice! d'été. Les diverses piiases de l'année se trouvaient rappelées |)ar l'i-
niaj^e des douze sij^ncs du zodiaciue incrustés en airain dans toute la longueur
de l'esplanade, aux (juatre ant^les de laquelle les quatre vents principaux,
en mosaïque, avec leurs noms gravés au-dessous, marquaient les points car-
dinaux.
Cet obélisque, qu'on nommait le Gnomon, venait d'Héliopolis, en Egypte,
où il avait été érigé par Psammelicus, roi de la seizième dynastie. Auguste le
transporta à Home, l'an 730, le lit placer dans le Champ-de-Mars, en avant
du Hnstum [n" 187], le consacra au soleil, et le destina à servir de style à une
méridienne. A cet ellet, on fixa sur le pyramidion un globe doré de deux pied.s
de diamètre, environ [4.50 niillini.] afin que l'ombre fût marquée d'une ma-
nière beaucoup plus précise (ju'elle ne l'aurait été par le monolitbe seul. Le
jour du solstice d'biver l'ombre atteignait l'extrémité de l'esplanade ; le jour
«lu solstice d'été tout le pied de l'obélisque était éclairé, et l'ombre de la boule
ramassée sur elle-même.
J. L'obélisque qui servit de gnomon existe encore ; on le voit maintenant sur la
place du nionle Cilorio [Nolli, n" 338; Lelarouilly, rion. III, 35], à Home. Il fut re-
trouvé l'an 1302, renversé, cassé en cinq morceaux, et presque entièrement enfoui sous
des décombres, prés de l'église de S. Lorenzo in Lueina [Nolli, n» 350; Lelarouilly,
rion. III, 6. Le piédestal, tel que nous l'avons décrit, était encore en place, et intact,
à l'endroit où s'élève maintenant la principale chapelle du côté oriental de S. Lorenzo,
entre cette église et la rue du Corso, de sorte que la position de ce monument n'est point
douteuse. On trouva dans les caves des maisons voisines divers signes du zodiaque en
airain. Yoy. Bandini, delt' Obelisco di Cesare Âuguslo, c. 17, 18, 19, 20, 21 ; —
Stiart, Epislola de Obelisco Cœsaris Auyusii e Campo Marlio nuperrime effosso.
En 1589 Mercati [Deyli obelischi di Roma, c. 2i] écrivait, en parlant de l'obé-
lisque du Clianip-de-Mars : — Ncl Campo Marzio ancora oggidi si passa sopra l'obelisco
dietvo la cliiesa di S. Lorenzo in Lueina, per quella strada che va ail' Arco di Do-
niitiano, dctto ai nostri tempi l'Arco di Portogallo.
II. Sur la forme el les proportions de l'obélisque et de son piédestal, voy. Stcart,
Episl. de obel. Cws. Aug. etc. pi. 1, 2, 3, 4. — Ces mêmes planches se trouvent aussi
dans Bandim. — Voy. aussi Piranesi, Campo Marzio, tav. II.
— Sotlo il poiilificato di Giulio secondo, si scoperse a caso nel Campo Marzio la base
deir allro obelisco di .\ugusto, e si vede, che sopra il fondamento era fatlo un piedes-
lallo quadro di marnio biancho, alto sette piedi e mezzo. Mercati, deyli obelischi di
Koma, c. 24.
UI. Is aulem Obeliscus, quem divus Augustus in Circo Magno statuit, excisus est a
rege Semneserteo, quo régnante Pylhagoras in ^gypto fuit, LXXXlI pedum et dodran-
lis, prii'tcr basim ejusdem lapidis : is vero, qui est in Campo Martio, novem pedibus
minora Sesoslride. Inscripti ambo rerum nalurœ interpretationem ^-Egypliorum philo-
sophia contineiil. Plin. XXXVI, 9. — Les anciennes éditions de Pline portent que
l'obélisque du Cirque Maxime avait 125 pieds romains el 9 pouces de haut, ce qui pro-
duirait, en pieds do roi, pour la hauteur de l'obélisque du Champ-de-Mars 116 pieds
9 poures; mais Stuarl, qui a mesuré ce dernier avec beaucoup de soin, a trouvé qu'il
avait 67 i)ieds 10 lig. 563 720 [Voy. Stcart, loc. sup. cil. p. 7; ou dans Ba>di.ni,
p. 89]. Celle mesure, rapportée au pied Statilien el au pied Capponien doni>e, à une
Irés-pelite fraction près, 73 pieds 9 pouces. C'est d'après l'observation de Sluart que
h' texte de Pline, évidemment altéré par les copistes, a été restitué tel qu'il est aujour-
d'hui. Le même antiquaire a trouvé que le piédestal, non compris le socle en marbre,
a juste la cinquième partie de la hauteur de l'obélisque.
— Pline se trompe en disant que cet obélisque fut taillé par le roi Sésostris ; les in-
scriptions hiéroglyphiques indiquent Psammelicus, roi de la XVle dynastie [Melchiurri,
Guida melodica di Roma, p. 555].
RÉGION IX. — CIRQIK 1 LAMINIUS.
\ôô
IV. L'inscription suivante était gravée sur les faces orientale et occidentale de
l'obélisque.
imp.caesar.dIvI.f
atcvstys
rONTlFEX.MAXIMVS
IMP.XII.COS.XI.TRIB.POT.XIV
AEGVPTO . IN . POTEST ATEM
POPVlI .ROMANI . REDACTA
SOlI.DONVM. DEDIT
Celte inscription se trouve imprimée dans Sri art, loc.sup. cit. lab. Il; Bandini [delt
Obetisco de fesare Augustn, c. IX] ; dans Gruler, qui a altéré la disposition des lignes
[p. 32] ; et dans Orelii [Inscript, lai. n" 36], — L'I majuscule de certains mots
indique des syllabes longues [Voy. Voss. de Art. grammat. lib. I, c. 29].
V. Quod quum Octavianus Augustus obeliscos duos ab Heliopolitana civilate tianslu-
lissel JLgyptia (qiiorum unus in Circo Maximo, aller in Campo locatus est Marlio)
hune, etc. Amm. Marcell. XVII, 4.
Yl. Ei [obelisco] qui est in Campo, divus Augustus addidit mirabilem usum ad de-
prehendendas solis umbras, dierumque ac noctium ita magniludines, strato lapide ad
magnitudinem obelisci, cui par fieret umbra, brumœ confect» die, sexta liora ; paula-
timque per régulas (quœ sunt ex œre inclusse) singulis diebus decresceret, ac rursus
augesceret. Digna cognilu res et ingenio fecundo. Manilius malhemalicus apici auralam
pilam addidit, cujus umbra vertice colligeretur in se ipsa, alias enormiter jaculante
apice, ratione, ut ferunt, a capite hominis intellecta. Plin. XXXVI, 10.
— Ce passage de Pline a fait penser à plusieurs antiquaires que le Gnomon servait
de style à un cadran solaire, et non simplement à une méridienne. Celte opinion a
été soutenue, entre autres, par le P. Kircher et le P. Masi. Co dernier, se fondant sur
ce que dit Pline que le Gnomon marquait à la fois la longueur des jours et des nuits,
a dressé le cadran ci-dessous.
On y voit indiqué les deux solstices, par le tropique du Cancer el celui du (;ap
corne, et réquino\e. Des lignes perpendiculaires à l'obélisque montrent les heures,
sept autres lignes transversales, tracées paraboliquement d'un côlé du cadran à l'aul
indiquent, à droite les heures du jour, à gauche, celles de la nuit, pour chaque phase
I année, de sorte qu'on reconnaît d'un coup-d'œil, par exemple, qu'au solslice J'hi>
lorsque le jour est de 9 h. la nuit est de 13 h. Il y a deux objections fondamentale
l.iiie eonire celle ingénieuse conceplion : la première, c'est que chez les ancions I!
mains le jour et la nuit avaienl toujours 12 heures, plus ou moins longues sui\a!il
saisons; la seconde, c'est qu'a>ec un.s(.i//c tel que noire obélisque-, un cadran aurait
rire si \asle, qu'il devenait inviaisemblahle, on pourrait même dire impralicabli-.
effel, le 1'. Kircher a calculé que ce cadran, i)0ur qu'il put recevoir lombrc de I ol
134 DESCniPTION DE UOME.
lisquc ail solstice d'hiver, à l'inslant du jour où le soleil est le plus Las sur l'horizon,
auruil dû avoirau moins 1072 paltnfs [210 mi^lres] (l'(^teii(lue [V. Jjanf/inj", loc. sup. cil.
c. 17, 21]. Le svsli'iiic de iiicridiiimi' que nous avons adopté est tout à la fois le seul
vraisciublabie et le seul rotiforme au texte de l'iine, où le mot horloge, hcro/oijium,
n'est pas prononcé. Zieglero a, le premier, professé cette opinion, en 1G31, dans ses
noies sur Pline l'Ancien [Voy. liandini, c. XII, p. 69]; elle a été ensuite soutenue et
discutée par le P. Boscovicli, par Poleni, Colombi, Camelli, Marinoni, Maffci, Muratori,
de Bose, Kuler, tous savants ou anli(|uaires du milieu du dix-liuitiémi; siècle, dans des
mémoires en forme de lettres, imprimés à la suite de rou\ ia};e de liandini cilé plus haut.
Pour l'élablisscment de l'esplanade telle que nous la donnons, nous avons suivi par-
ticulièrement les données du P. Itoscovich, qui a calculé qu'elle devait avoir deux fois
et un cinquième la longueur de robélis(|ue, pour pouvoir en recueillir l'ombre entière
au moniL'iit du midi du solstice d'hiver. Nous avons également empiunlé au savant Père
ce que nous disons du globe placé sur le pyramidion de l'obélisiiue : il a démontré,
ce que Pline ne dit pas, que ce globe n'était pas un vain ornement, mais un acces-
soire indispensable pour éviter la pénombre, qui, en vertu même de la forme pyra-
midale de la tète du gnomon, devait être très-sensible. Ce globe, ajoule-l-il, devait
avoir en grosseur le cinciuantième au moins de la hauteur à lafiuelle sa ligne diamé-
trale se trouvait placée, car, moins fort, son ombre eût été absorbée par la pénombre
et ne serait point parvenue jusqu'à terre, ainsi que cela arrive pour les oiseaux qui volent
trop haut.
VII. Après les témoignages que nous venons de citer, nous ne croyons pas devoir
rapporter ceux de P.apliaël de Volterre, de Marlianus, de Pomponius Laetus, de l-'lanii-
nius Vacca, de Ficoroni, de Venuli, etc., qui n'ont guère fait que se copier les uns les
autres, en pailant d'une horloge solaire, dont nous venons de démontrer Timpossi-
bilitè, ou tout au^moinsla non-existence. Ces témoignages, qu'on trouvera réunis, pour
la plupart, dans Liandini, c. XVII, n'auraient tout au plus de valeur que pour (ixer
remplacement du Gnomon ; mais après Bandini, et surtout Stuarl, qui a reconnu, me-
suré et dessiné le piédestal, alors encore en place, de l'Obélisque, de nouvelles preuves,
d'ailleurs moins positives, deviennent inutiles. Il n'y a d'autres renseignements à
prendre dans ces auteurs, que les suivants que nous extrayons de Pomponius Lselus, et
qui ont été copiés par les antiquaires venus après lui : — Xel Campo Marzo, dove é
l'Epilaffio dci Capellani, ivi fu scavalo un orologio, clie avea setle gradi allô intorno, c
le linee distlnte di métallo indorato : il suolo del terreno era di grosse piètre quadre, e
avea le nicdesime linee, e negli angoli i quattro venti colla inscrizione vt Bobeas
spiRAT. POMP. L^ETUS, Anlich. rom. — Falnls [Antiq. rom. IV, 13] dit que les fi-
gures des vents étaient en mosaïque, opère musivo.
VIII. In parle Campi Marlii, ubi nunc est lemplum S. Laurentii in Lucina, in capella
nova (^apellanorura, fuit olim basis illa nominatissima, et Ilorologium superioribus an-
nis effossum, quod liabebat scptem gradus circum, et lineas disiinclas métallo inau-
rato, et solum Campi erat ex lapide ample quadrato, et habebat lineas easdem, et in
angulo quatuor venti erant, ex opère musivo cum inscriptione : BOREAS SPIRAT.
FuLviLS, de Urb. anliquit. lib. V, p. 530. ,
191>. Tombeaux divers. Il y avait des tombeaux tlans le Chainp-de-Mars pro-
t (renient dit, et comme l'tisage des Romains était d'ériger leurs tombeaux le
ong des routes, ceux-ci furent placés auprès de la voie Flaminia. 11 n'était
permis qu'aux personnes illustres d'avoir une tombe dans le Cliamp-de-Mars,
et eu vertu d'un décret du Sénat. Parmi les plus reinaupiables de ces monu-
ments, on citait ceux de Sylla, d'Agrippa, de Julie, du père et de l'oncle de
Scipion l'Africain ; mais aucun n'ayant été reconnu, nous n'avons pu leur at-
tacher un nom, et nous ne les avons figurés que pour conserver à notre plan la
couleur historique que nous nous sommes eUorcc de lui donner dans toutes ses
parties.
I. AfSTTïyî isjCOTïc-zs'jTV.zo-j vsyiîy.vTr; Tov Tjnv T0ÛT5V, xat twv éTTtp^.vîîTàrcjv y.v/;—
ax-v. è-JzoûiOx y.v.-în/.vyx'jy:^ àvof^Oi-j xa? yuvatxwv. Strab. V, p. 256 *.
* Les Romains regardant le Ghump-de-Mars comme un véritable et di(jue sanctuaire, y ont
i
KÉGION IX.— CIUQUI': FLAMINIUS. 135
II. Siilla (Icccssit, lionosquc ei a scnalu habilus est, ut inCampo Marlio srpclirclur.
l'iT.-Liv. Epilo. XC.
III. ■] 0 oî '^s'/oi -j-'jOÙ-j-z-i ù.-o Tri; /îdu/y); 'J.-iSf^ii s-jf^oiczot oir/.iy.iZo-j ii rh TCiSio-j zq
fir.siov, ëvOx (iy.aàû; s Où.--:o->-o ij.o-joi. Ap1'I.\N. de Bell. civ. I, p. eo-i i.
JV. Ta [J-ï-j oùv fj.vrifj.s~io-j è-j toi ttîoi'w z'jZi A /Oîoi; ctti. Plut. Sulla, 58 2.
V. Hisne, salus reiuin, lelix liis Sylia vocaii,
His meiuil tumulum mcdio sibi tôlière Campo?
LuCAN. II, V. 221, 222.
VI. Kal T'/jv èn'fopy.-j «jToy iv t&) t/jîttw, s-j w /at «ùrà; //.sts: -raura ic,ffiiyj)-r\, iTiovr,-
avxo- y.cà ciùrb-j èv -zoi ty.oTOl) fj.:'-/]y.;io> sOxliz, r.'x.TOi 'iiio'i ï't t&> kç.iw Tiî'iLO) /aSo/ry..
Dion. LIV, 28 3.
VII. Julia, (îcTsaiis filin, Pompeii uxor, drcessit : iionosquc ei a populo habilus est, ut
in Campo Marlio sepclirelur. Tit.-Liv. Epilo. C\\.
VIII. 2i;y/)i57racfav iTTctcT/; T«/£5Ta Tôjv iv tvj àyo/^y. è~a.h'ji-j i'ruyj, /.cà iv tw y.pVM
Tisc^i'j) zOtIiu-'j' y.v.LTot Tou l^ofjiiricu dvOiaTa.y.svoo, x-A às'/îvtoî i:/Xz tô x«£ ôt« oJ;< àaioii
£v TÔ) iî,cô) Toû'jj à'vï'j Tfvîi, ■pri'fii/J.y.ro-; O'y.UTOito. DioN. XXXIX, 6i*.
IX. Scipioii descendanl aux enfers, rencontre son père et son oncle, et leur dit :
Quanlos funeribus vestris gens Itala passim
Dat geniilus! Tumulus vobis, censente scnalu,
Mavorlis geminus surgit per gramina Campo.
SiL. ITAL. XIII, V. 658-660.
X. ... Experiar quid concedatur in illos
Quorum Flarainia tegilur cinis alque Lalina.
Juv. S. I, V. 170, 171.
XI. Juncto riaminise jacet sepulcro.
Mart. VI, 28.
XII. Qiiisquis Flaminiam teris, viaior,
Noli nobile prcElerire marmor. Mart. XT, li.
XIII. Nel fabbricarsi nclla piazza del l'opolo la chiesa délia madonna de' miracoli
|Nol[i, li» -484 ; Letarouilly, rion. IV, 8], una dolle due ctie sono al principio del Corso,
lu scop'rlo il fondamenlo di una piramide a somilianza di qucila di C. Ceslio, i marmi
délia quale si dicono esse quclli adoperali ne' bastione délia porta. Yenuti, délie an-
tichitd di Roma. pari. II, c. 3.
490. Champ-de-Mars, et Champ Tibérin ou Ciiamp-de-JIars inférieur. On
appelait Champ-de-Mars toute la partie non bâtie de la région du Cirque Fla-
niinius. C'était une plaine couverte de gazon, et distinguée en Champ-di'-Mars
proprement dit, et en Champ Tibérin ou Champ-dc-Mars inférieur . Le Champ-
de-Mars commençait au Bois sacré, derrière le Mausolée d'Auguste [n° 185],
s'étendait à l'orient jusqu'à la Colline des Jardins, et s'enfonçait à l'occident
jusque dans le grand coude formé par le Tibre, un peu au-delà de la Voie
Triomphale. Le Champ Tibérin se trouvait circonscrit entre les Jardins d'A-
grippa [n^ 169] , les Equiries [n» 197], le fleuve, et les théâtres de Pompée
[n" 156] et de Corn. Balbus [11° 146].
I. ToÙT&jv âî TV. Tïlîfjtv., b M'y.f^rioî ïyat w.ji.TiOi, Tipoi T/j oiizii —^2n).aSàjv, xkI tsv l/.
z?j; -jio-joixç xo7|Uov y.xï yy.p xh yv/tO^^i -zoïi Tuoio-j Ox'jfJK/.mb-J yfj.c, /ci tkî v.py.-x-o'Jpo-
l'-'y.:, Y.^1 Tv;v i/Xt^Ti'J ImTïksîxv, ùy.ijiMXO'j na.fjéyj^fj tw TC/aoùro) 7i\rfis.i., tôjv s^uif-c/. /.où
/.ip/.'A y.u.i—cùoLi'j-pci.yuiJ.-jyX^oiJ.ivoi'J, xa't zà.TZSpl/.&iiJ.z-JOi é'/î'/a, /M xb èâv.fOi ~'j6.^'j-j ôl
S9VS5, XKt TÔJV /ÔpiJV ffTcpKVKt TÔ i>~îp X'JU TZOXOLiJ.oZ It-iypi XOÛ piiOpOD a/.YiVOypXfl/.Vi-J
O'piv i~io-r/.-jiifj.îv</.!, $u'j'jy.-yXh'x/.xo'i Tiy.pîyo\iQi xr^-j 9-'xv. XCkrfl'wj 0" £371 xoli 7iîc?b0 xoit-
placé les monuincnls funéraires des plus illustres pcryounages des deux sexes. Pajye 21 1 de la
Traduction. = 1 Aliquot senalores suhlatain in liumeros Icclicam transtulerunt in Campuni
Jlarlium, ubi solos re|;cs scpelire mes est. ^ ^ Exstat moniimenlnni ejus [Syllsc] in (.'ampo
Marlio. = ■> Fuiius ejus [Afjiippa'j exiulit [Au{;nstns] eodciii moilo quo tleini-eps ipse e/a-
lus est, suoque eum in sepulcro coiulidit, quainvis Afji-ippae propiium essct in Campo Martio
nionuuientum concessum. = ■* Postquani in l'^oro fuueliri 1 ludatiouc ornala fuit [Julia eonjux
Pompeii], in t'ampo Rtartio sepclivcMuut, (|uantumvis Dnmitio resistente alque inter alia di-
cenlo, uou fus esse cam in sacro loco sine decrelo se|ieliri.
136 DESCRIPTION DE ROME.
Tou /ai icÀ/o ntolo-J, y.'xl STSal x'Jx>.w vv.;j.T:\r,Oiï;, -/.où x/^r,, xa't 6écT/>x rph., zat «//J^t-
Oéxrp'j-j, MX v«9Î TToXuTEXtls, xat s'jvî^^eï,- à/)iî/ots. Strab. V, p. 236 •.
II. Villa publira.
Campus Marlis. P. Vint, de Rrg urb. Romo', IX.
III. Qui aliter faril ex ambilu rausam dicit. Itaque Tiberis amnis (|uod ambit Mar-
lium Campum. Varii. L. L. V, <§ 29.
IV. Ager Tarquiiiiorum, qui inter Urbcm ac Tiberim fuit, consecratus Marti, Marlius
deinde Campus fuit. Tite.-LIv. II, 5.
V. Kai Tvjv cf.jTO>\> '/r\-j ôi/jv ixs/.TvjvTO, T5J; ix-ipi-rx ■/'t.rtpo-/ ïywii. Sii/uii-v.-) îv ij.o.''j-j
i^cÀo/juvoi îreôïov, ô XEtTat jUstkJù TJj; T£ no/ïojî xai tsî; iroTSt/toy toIito ô' A'/sîoî
i/;rc</!;^£tv ti/siv sî 7r/5(3T£;00v i^/ip(iavT'5" I). Halic. V, 13*.
VI. Te in Campo quœsivimus minore.
Catul. 52, V. 5. Edit. Barbou.
VU. Invenilur statua décréta Taratiœ Gaiee, quod Campum Tiberinum gratificala
csset ea populo. I'lin. XXXIV, 6.
VIII MunilicentiiE et beneficii gralia, quod Campum Tiberinum sive Marlium
populo rondonasset [Caia Tarratia]. A. Gell. VI, 7.
iX. È-HOl âï TO'uTO cjujTs-îtv iiTO poûcfj, oj'/' oxt Tv.p/.-j-Aou ya.'iitp'JtOt) 70 T.t'jlo-\
vXjù. ypôvoii xiiztpo-^ vX^o yoipio-j bij.opou-J èzîîvw Ta/i/ùivta, àv£i'î/)j. •/) Oî 'ïçt.f,y.'j'Ji'J.,
TfxpOé-joi -/i-j iipu'x fjic/. Tôiv E'ït(ko\jv. Plut. l'oblic. 8 3.
X. Quamvis non alius flerlere equum sciens
i£que conspicitur gramine Martio.
HOR. III, Od. 7, V. 25, 26.
XI. Te per gramina Martii
Campi, etc. IIor. IV, Od. 1, v. 59, 40.
XII. Imberbus juvenis, tandem custode remolo,
Gaudet equis, canibusque, et aprici gramine Campi.
HoR. Art. poel. v. 161, 162.
XIH. Altéra gramineo spectabis Equiria Campo,
Quem ïhybris curvis in latus urget aquis.
Qui lamen éjecta si forte tenebitur unda,
Cœlius accipiat pulverulenlus aquas.
Ov. Fast. III, V. 519-522.
— Ceci prouve que les Equiries étaient dans la partie basse du Champ-de-Mars.
XIV. Quot llavas Thybris arenas,
Mollia quot Martis gramina Campus habet.
Ov. Trisl. V, 1, V. 31, 32.
XV. Eque domo rursus pukhrae loca verlor ad Urbis,
Cunctaque mens coulis pervidet illa suis
Gramina nunc Campi pulchros spertanlis in hortos.
Stagna et Euripi, Virgineusque liquor.
Ov. Pont. I, 8. V. 35, 34, 37, 38.
NVl. Mavortis geminus surgit per gramina Campo.
Sa. Ital. XllI, V. 660.
* Le Champ-de-Mars rëunit les ornements de l'art à ceux de la nature. En effet, la gran-
deur (-tonnante de ce Champ, où des milliers d'hommes peuvent ensemble exécuter des
courses de cliar ou de chevaux et s'exercer à la paume, au disque, à la palestre ; les édifices
qui l'entourent, le ya^o" toujours vert de sa pelouse, l'aspect d'une couronne de collii)cs fi(;u-
r.int nue scène dcnii-circulaiie, dont les extrémités s'nppuient à la rive du tleuve; tout en cet
endroit offre un spectacle que Tn-il abandonne à rc(;rcl, iiidépcmlaniment de ce qu'auprès de
ce Champ l'on en trouve un second avec beaucoup de portiques à l'eutour, des liocaj!es sacrés,
trois ihéaircs, im ampliithéàtre et des temples superbes, presque continus les uns aux autres.
fage 1 1 de lu traduction. = * Eoruin [Tarquiniorumj a(;rum, qucin illi privalim possidebant,
diviserunt civibus nullam agri poriidnem babentibus, uno taiilum Campo exceplo (|ui inter
Urlicm et lluviuiu est silus. Hune enim .Marti eorum majores publico décrète conseerarant.
=1 ^ Alii hoc ncciilissc feriiiit, non (|iiiim consecraverunt campus Tarquinii, vcrum poslea vi-
cinum illi aliiiin fiiuduiii quiiui Tarquinia dedicaret. Virgo ha;c Tarquinia ex vestalibus una
fuit.
RÉGION IX.— CIRQUE FLAMINIUS, 157
XVII. Tune ego me memini ludos in gramine Campi
Adspiccie. Ov. Fast. VI, v. 237.
XVIII. M. Lepidus, quum, céleris in Campo exercentibus, in herba ipse recubuissel:
« vellem hoc essel, inquit, laborare. » Cic. de Oral. Il, 71.
XIX. Monsignor Lanrisi i ci fa fede che [il Campo Marz.o] riliennc anrora in molli
luoghi la sua anlica vcriura e amenita fino ai lempi di Leone X, e di allri pontefiri di
lui successori, i quali colle nuovc fabbriche incominciarono a rendere dapperluUo abi-
tato il Campo Mai/o. IUndini, delt' obelisco di Cesare Augtislo, r. XV.
XX. Quelques anliquairos, entre autres Blondi et l'iranesi, ont prétendu d'après
Fulvius, peut-être [de Urb. antiquilat. Ilb. V, p. 343], qui a émis cette idée a\ant
eux; ont prétendu, dis-je, que le Champ-de-Mars s'étendait jusqu'au l'ont Milvius
(auj. Ponte Molle, à deux milles de Rome) ; cela était peut-être vrai en tantque propriété
territoriale des Tarquiiis, mais comme partie de la région du Cirque Flamiiiiiis, il Unis-
sait au Bois Sacré, derrière le Mausolée, ou s'étendait peu au-delà. l'iranesi [Cnirijin
Marzio, c. 1, g 5 à 8, elÀnticfi. rom. t. I, p. VIII] prétend en outre que, du temps
de Sirabon, tout ce que nous reconnaissons pour le Champ-dc-Mars était couvert de
bâtiments. Celte assertion est tout à fait erronée ; on ne pourrait la supposer vraie, sans
admettre que tous les jours les Romains faisaient un long trajet pour aller, pen-
dant deux heures, s'exercer dans le Cliamp-de-Mars à la paume, à la course, à la na-
tation, etc., [voy. Rome au, siècle d'Auguste, Lettre XXVI] ; cela n'est nullement vrai-
semblable.
197. Équiries. C'était une petite partie du Cliamp-de-Mars inférieur, située
tout près des bords du Tibre, et où, une ibis l'année, l'on célébrait, sous b;
nom (TEqurna, des courses de cbevaux et de chars en l'honneur du dieu de la
guerre. Ces jeux avaient lieu dans une espèce d'hippodrome improvisé, com-
posé de barrières temporaires faites avec des cordes soutenues de place eu
place sur des pieux.
I. Equiria ab equorum cursu ; eo die enim ludis currunt equi in Campo Marlio.
Varr. L. L. VI, § 13.
il. Jamque dufe restant noctes de mense secundo,
Marsque citos junctis curribus urget equos.
Ex vero positum permansil Equiria nomen,
QuBe deus in Campo prospicit ipse suo.
Ov. Fast. II, V. 857-860.
IIF. Sur la position des Equiries, voy. plus haut, n" 196, g XIII.
IV, Theatrum Pompeii.
Equiria.
Sladium.
Amphillieatrum Tauri Statilii. Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ, IX.
V. Iconographie. Les antiquaires ne sont d'accord ni sur la position, ni sur la forme
àes Equiries ; ils en ont fait un cirque soit de bois, soit de pierre, que les uns ont
placé à l'endroit où fut depuis le Cirque Agonal, aujourd'hui la place Navone [Noili ,
n" 603; Letarouilly, rion. VI, 12] ; les autres devant le Panthéon, entre ce temple et
la Curia Innocentiana actuelle [NoIli, n» 339 ; Letarouilly, rion, III, 52]. Nous ne
pouvons partager aucune de ces opinions: Les Equiries, du moins à l'époque d'Au-
guste, et peut-être encore longtemps après, n'existaient point à l'état de cirque, même
en bois; s'ils eussent existé ainsi, Strabon qui se trouvait A Rome du temps d'Auguste,
les aurait certainement nommés dans sa description du Champ-de-Mars, et il n'en dit
pas un mot. [Voy. Sirabon, V, p. 236 et sqq. ; ou 211 de la tr. fr.] Les Equiria avaient
lieu sur le gazon du Champ-de-Mars, comme le dit Ovide. Nous avons indi(iué par
une ligne légère ponctuée de place en place, l'hippodrome improvisé où on les célébrait,
et toujours guidé par Ovide, nous l'avons mis dans la partie du Champ-de-Mars que le
Tibre baigne de son lit recourbé. Nous avons été déterminé à choisir cet endroit
liarce qu'il était une des parties basses de la plaine, et qu'Ovide nous apprend que le
Tibre inondait quelquefois l'emplacement des Equiries, ce qui forçait alors d'aller célé-
brer les courses sur le mont Cœlius.
* De adventitiis Romnni cœli qiialitatibus, part. II, c. iv, n. io,T. i. I\ome i:.\'<.
138 I)ESClilI>T10N DE UOME.
198. Voie Tiiiompuale. — Statues. Elle parlait du Pont Vatican, traversait
en ligne droite tout le r,liamp-de-M;irs, passait devant le llicâlre de Baihus
[n» 146], le théâtre de Marcelliis |n" li't|, dans le Forum Oiituriuin [n"201],
le \ élabre mineur, le (".irepie Maxime, longeait tout le côté oriental du mont
Palatin, et venait joindre la voie Sacrée à l'angle N.-E. de celte montagne. 11 y
avait beaucoup de Slalues aux abords de la Voie Triomphale dans le Champ-
de-Mars.
I. Eral enim via Triumphalis per portam et pontem Valicanum tendons, usquc in Ca-
pitolium, unde divus llicronynius, de viris iiluslribus si'pultus est, inquit l^elrus, juxta
viam Triimiplialeni In Vaticano, ubi lotius Urbis vcncratioiie celcbratur. Fllviis, de
Vrb. antiq. lil). I, p. .")5.
II. l'iiscoium Icsiimoiiio et aurtorltatc doeuimus teriilorium triiimphalc ad euni
fuisse locum ubi ajmd l)asiliraiii prinoipis Ai)ostoloium Pelri [Noili, n" 1285; Lelarouilly,
rioii. XIV, 25], saiirti Aiidreœ eceiesia el (".œnotaphiurn exslaiit: quo in celcberrimo
priscis eliam lempoiibiis loco, apud id lune Apoilinis icmplum, nunr saneiae l'elronilhp,
et sanciiB iMaiiaî febiieosorum ecclesiani ', obcliseus est iile subliniis quem Caium
piineipem in Neronis Citro erexisse Plinius est aue lor. In eo ita(|ue leiiilorio triumphali
parala Iriumpiii poni|)a per viam proeedebat Triumphalein, eujus stral.u siiicibus parti -
cula adliuc cernilur sub sancli Spirilus in Saxia bospitaii (Noili, n" 1258 ; Lelarouilly,
rion. XIV, i2], ut per nunc dinitum pontem Tjberis Triumplialem ibi proximum [NoIli,
n" 5il; Lelarouilly, rion. XIV, 1], et poilain paiilcr dirulamejus ponlis Tiiumplialeni,
cujusampla eernereesl fundamenla, in Urbem elad Capilolium dueerelur. Conlinuabalur
auleni ea Triumphalis via ad posleriorem nuncporlieum eeclesia; sancli Ceisi ;Nolli, n".T7.5],
ad quam areus marmorei ipsani amplexi viam. Allera exslal eoxa corrosam e marmore
staluani relinens eolosseam. lleflexa inde via saneii Laurenlii in Damaso ecclesiam
[NoIli, n" 64.'5; Lelarouilly, rion. VI, 23], el post Flora; Campum pelebal [Nolli, n" 658 ;
Lelarouilly, rion. VI, 28] : id(|ue bine maxime proxiniis temporibus réméré fuit, quod
in conlinuatis super eam domibus fundamenla jarere, aul puleos effodere molienles,
siliream velerem offcnderunt spaliosissimam, a (^ampo Flora; ad nunc plalea Judmorum
[Xolli, no 1025; Lelarouilly, rion. XI, 13, l'iazza S. M. ciel Piantn] : inde Junonis leni-
plum, nunc sancli Angdi in Foro piscium ecclesiam [Nolli, n" 1020; Lelarouilly, rion.
XI, 13] : post ad sanclum Georf;ium in Velabro fNolli, n" 1033; Lelarouilly, rion. XII,
14] procedens via sub novis a-dibus ruinisque ab effodirnlibus invenil, quousque Jani
lenipio Velabroque proxima in Clivum desitnra Capitolinum détecta cernit. Blondis
Flavius, de Roma Iritimplianle, lib. X, p. 161 recto et verso; in-12, l'arisiis, 1535.
III. Nous avons tracé la Voie Triomphale d'après cette indication, parce que Blondus
cite des fails, el que le fait doit prévaloir contre tous les raisonnements; mais l'archéo-
logue se trompe en ramenant la voie Triomphale vers S. George dans le Velabre {notre
Forum Boarium) ; elle traversait le Cirque Maxime, d'après les témoignages authen-
tiques de l'histoire, et passait derrière le mont Palatin pour venir joindre la voie Sa-
crée. Quant à l'existence de la voie Triomphale dans la traversée du Ghamp-de-Mars,
nous la révoquons en doute, parce que ni les historiens, ni les poètes, ni aucun auteur
contemporain d'Auguste ou de Tibère, n'en parlent jamais ; parce que les auteurs anté-
térieurs ne la mentionnent pas davantage, non plus que les auteurs postérieurs, tandis
qu'ils nomment la voie Flaminia, la voie Appia et plusieurs antres.
Ne peul-on pas croire après un silence aussi général touchant l'existence d'une voie
qui devait être si célèbre, que cette voie n'a pas dû exister, au moins dans le Champ-
de-Mars? car, hors de la ville, au-delà du Pont-Vatican, il y avait bien certainement
une voie Triomphale ; P. Victor la nomme à la fin de son livrel, el elle se trouve aussi
mentionnée dans trois inscriptions rapportées par Gruler, p. 437, 463 el 108t.
Nous avons dit ailleurs [dans Rome au siècle d'Auguste, lettre XVlll] qiie la voie
Appia au sortir de la Porte Capène, était le rendez-vous des élégants et des élégantes
de Rome qui se promenaient à cheval, en voiture ou en litière. Ils venaient 1;\ pour se
montrer, faire admirer leurs équipages. Pourquoi n'allaienl-ils pas faire leur promenade
vaniteuse sur la Voie Triomphale du Champ-de-Mars ; il semble qu'ils auraient eu là
plus de spectateurs pour les voir ?
' L' église Santa 3Iaria de' frln-ilms est maintonaiit remplacée par la Sacristie de Saint-Pierre
au Vatican. Voy. Nolli, n" J 284 ; Lelarouilly, rion. XIV, 24.
RÉGION IX. — CIRQUE FLÂMINIUS. 159
IV. statues. Aiigiislc avait fail enlever de l'Aiea du Capitole une foule de Statues qui
l'encombraient, et les avait reléguées dans|,lo Champ-de-Mars [voy. n0 79, gVUI];
nous conjecturons que beaucoup devaient se trouver le long de la Voie Triomphale.
NOTE SUR CETTE QUESTION :
Y AVAIT-IL DES MAISONS PRIVEES DANS LE CIIAMP-DE-MARS ?
Non, il n'y avait point d'iiabitations privées dans le Champ-de-Mars. En ellet,
on ne lit dans aucun auteur ancien que tel citoyen dcmeurdl dans ce (piartier.
Cicéron dans une lettre écrite à Atticusl'an 708, parle d'un projet de reculer
le Cliainp-de-Mars au pied du Vatican, et de bdtir le Clianip-de-Mars actuel :
« Scd casu scrmo a Capitone de Urbe augcnda. A ponte Mulvio Tiberim duci sccun-
duni montes Vaticanos; Campuni Marlium coœdilicari ; illum autem Campum Yaticanum
lieri quasi Martiuni Campum. Quid ais? Cic. ad Attic. XIII, 53. »
Ce témoignage joint au silence des auteurs anciens sur l'existence d'iial/ita-
tions dans le Ciianip-dc-Mars, nous paraît concluant. On a voulu, par une in-
terprétation vicieuse d'un passage de Plutarque, cité plus haut [n" 2G, § VIlJ,
donner à Pompée une maison près de son théâtre ; en supposant même ([U(^ le
fait fût vrai, ce serait l'unique exception à l'état dont nous parlons. Sans doute
Agrippa eut une maison dans ses Jardins [n» 169], le voisinage de ses Bains
[n° 171] donne du poids à cette conjecture; mais c'était l'usage d'avoir une
demeure dans ces lieux de plaisance, et on ne pourrait pas dire que celle-ci lut
vraiment dans le Champ-de-Mars.
Voilà les seules indications, l'une controuvée, et l'autre problémati(iue,
<|ue nous ayons trouvées de maisons dans ce (juartier, nous pourrions niènnî
(lire dans toute la région Flaminienne.^I! n'y avait d'autres halntalions que (h^s
tavernes ou boutiques dans lesquelles les marchands logeaient [voy. Rome au
siècle d'Auguste, Lettre XIV] ; mais ces tavernes étaient dans les monuments
publics, dans les Portiques, peut-être dans la Villa puhlica, et sous les ar-
cades inférieures des théâtres, comme on le voit aujourd'hui dans les douze ou
treize arcades conservées du mur extérieur du Théâtre de Marcellus.
140 DESCRIPTION DE HOME.
<i
RÉGION X.— PALiVTIN.
La région du Palatin embrasse toute la montagne de ce nom ; elle
est bornée à TE. par la Voie Triomphale, au S. par le Cirque Maxime,
à rO. par la Voie Neuve, et au N. par la IV région, en suivant une
ligne brisée qui commence en-deçà du Lupercal [n" 202], suit le mur
de la montagne jusqu'à la porte Piomana [n" 199], monte jusqu'au vi-
ens (^luiaruni, et faisant un coude en descendant pour envelopper le
vestibule de la maison de Domitius Calvinus [n° 257], vient se terminer
à la voie Triomphale.
199. Porte Romana. Vers le côté septentrional du Palatin, au bas d'une
rue (jui conduisait de la montagne à la voie Sacrée. Cette rue, inimédialemeut
après la porte, était disposée en degrés. 11 y avait un palier à la hauteur ilu
Viens Curi:iruin qui se présente à gauclie, puis de nouveaux degrés condui-
saient au Clivus de la Victoire. La i)orle Roniana datait de l'origine de Rouie.
I. Romanam porlam antca llomulam vocitatam fcrunl, qux fuerit ab lloma appcl-
lala. Fest. v. Jiomanam.
II. l'orla Romana inslilula est a Romulo infimo Clivo VictoriiE, qui locus gradibus in
quadram formatas est. Appellata aulcm Romana a Sabinis praîcipue quod ca proximus
adilus erat Romam. Fest. \. Romanam. — Ci-ttc dernière circonstance, que les Sabins
rappeièrenl Romana parce que c'était le chemin le plus court pour aller à Rome, prouve
bien qu'elle était au nord du Palatin, c'est-à-dire du côté du mont Quirinal, liabilc par
les Sabins.
200. Temple de la Victoire. A l'angle S. 0. du Palatin, vers le Forum et
la voie Sacrée, on voyait un temple circulaire : c'étdit le temple de la Vic-
toire. 11 s'élevait sur la pente de la montagne, à l'endroit appelé Velia. Ou
ignore le nom de son fondateur et l'époque précise de sa fondation ; nous
conjcclurons qu'il fut. l)àti dès les premiers tenqjs de Rome : bien certainement
en l'an 5i8 il existait déjà depuis plusieurs années.
I. Denys d'Halicarnasse, après avoir décrit la position du Lupercal au pied du Pa-
latin, ajoute : È-'i iï zr, /.opjfv) To'j '/ô'jojjT'o -r^i yi/.riÇ Zï/i-voi c;=).ôvt£;, 9;/7ta; zar
Tuiizr, zarïTrviîavTî Ct;zr,':io-j:, â; Z5tt è-' kij.oxj Puycâoi ëO-jiv. D. Halic. I, 52 '.
II. In aîdem Victoria;, quœ est in Palatio, pertulere deam. Tn.-Liv. XXIX, 14. ![an.
548.]
III. P. Valerio Volcsi (ilio Publicolœ sedcs publicas sub Velia ubi nunc aedes Vicloriîe
est, populum ex Icge, quam ipse lulcrat, concessisse. Ascon. in Piso. p. 164.
IV. Dflala confcslim matcria oninis infra Veliam : et, ubi nunc Vica-pol» est, domiis
in infimo clivo a-dilirala. Tit.-Liv. 11, 7. — Vicœpota est la même que la Victoire :
« quod si fingcnda nomina, Vicaepolte polius \incendi atque potiundi. » Cic. de J.egib.
II, 11. — Voy. aussi plus bas n" 201, § XllI.
V. Iconographie. Il sig. Costanlino Thon ncH' anno 1826 ha trovali gli avanzi di un
' At in siiniino ccllis verlice Vii'tori;i' Icinpliiin in loco aiite <lclocto cxslruxonmt, et sacri-
ficia liulc quorjuc [de.rj anniversaria insùliicrunl, qii;c ;id mcatn usque ajlalcin Romani fa.-
(■iebant.
RÉGION X.— PALATIN.
444
tempio rolondo, i quali non erano slati ancoia da verun allio indirati, o rlie cgli, non
senza ragione, prétende essere gli avanzi del lempio délia Villoiia, e clie diede al
rlivo il nome di Clivus Yicloriw. Thon et IJallanti, // Palazzo de' Cesari, p. 16, et
lav. Il, n" 17, in-4t> et Atlas inf", Uonia 1828.
YI. In questi anni, su qucUa parte del colle Palatine, alruiii frammenti di tnarmi in-
risi ron letlere clie si riferivano a (|ualrlie ara o lempietlo alla Villoria, dedicalo in quel
luogo, ed un fregio di marnio scolpito con niemoria di Auguslo: C.ks. Diyi. F. a canto
al quale si vedero ancora i pezzi di colonne, le quale dovevano sostenere l'architrave
sollo posto a quai fregio, ed insieme sca\alo essendo si un frammento d'altra inscrizione
più aiitica in travertino, che nelle poche leltere rimastc, in quel pezzo deva indicio
essere slalo quello alzalo in onore délia Vittoria sino da' tempi délia republica atte-
soclie non col dillongono JE ma era scolpilo con l'Ai in questa forma
l'/c/ORlAI
... marcivs c. f
pR. s. c. n. D.
Denominavcsi ancorajquesla parte del Palatine conligua al Lupercale^C/wu< Yicloriœ.
BiANCHiNi, del Palazzo de' Ctsari, c. Vil.
VII. Des deux figures
ci-jointes, la première est
la copie d'un fragment du
Plan de marbre quia in-
spiré M. Thon dans sa dé-
couverte , bien que les
deux temples qui se trou-
vent reproduits ici ne por-
tent aucune devise. L'é-
difice carré est le temple
d'.\uguste dont nous al-
lons parler au n« 201. Cet te
figure est gravée dans Bel-
lori, Iconographia ve-
teris Romœ, lab. V.
La seconde figure est le revers d'une médaille d'.\uguste de moyen bronze, repré-
sentant, suivant plusieurs numismates, le temple d'Auguste. X droite est la statue d'un
bœuf, à gauche celle d'un bélier. Tire de .Morell., Numismat. XII ùnp. Rom. t. I ;
JS'umism. Aug. n» 9 ; et lab. XXVIII, n° 19 ; se trouve aussi dans Goltzius, Aug. tab.
LXXIII, no^.
Capita Blbcla. Ancien nom de l'emplacement du temple d'Auguste. Voy. le n» sui-
vant, g 111.
201. Temple d'Auguste. L'année même de la mort d'Auguste, l'an 767,
Livie et Tibère commencèrent ce temple en vertu d'un décret du sénat. Ils
rélevèrent auprès du temple de la Victoire [n^^OO], dans un endroit nommé
Capiia Uubula, où Auguste était né. Ce temple était un périptère de forme
carrée. Il devait être en marbre blanc.
I. Rai ajTÛ sv zs tr, V'Jiij.r, ricSiO-J i//y;p(395V ,v.£v 'jtio T'Ô, ys.poj'jlv.i, ol/.oâojj.rfiïy Sï liTCÔ
Tî-r,; Xiooîx; y.M-JTZo -zo'j Ti^zçhu, Ir.cirfir,. DiON. LVI, -46 1.
II. Ne publiée quidem nisi duo opéra struxit [Tiberius], templum Augusto et scenam
Pompeiani theatri. Tac. Ann. VI, 45.
m. Nalus est Augustus regione Palatii, ad Capita Bubula, ubi nunc Sacrarium habet,
aliquanto postquam excessit constitutum. Suet. Aug. 5.
IV. Piadicem ejus magni ponderis vidiraus in Palatii lempio, quod feceral divo Au-
gusto conjux Auguste. Plin. Xll, 19.
V. Posuit [tabulas] et Tiberius Cœsar,... in lempio ipsius Augusti, quas mox indica-
bimus. Plin. XXXV, 4.
1 Decreium quoque Roniae Au(justo Sacrarium a senaiu, a Livia aulcm et Tiberio ers-
œdificatum factum [an, 767].
142 DESCRIPTION DE ROME.
VI. Oppra sub Tibcrio si-mipci ferla, Tcmplum Augusti Theatramquc Pompei absolvit.
SiKT. Calig. 21.
YH DIS.MANinVS
AVG.LIB.BATHYLLVS.AEDITVS.TEMPLI.DIVI.AVG.
ET.DIVAE.AVGVSTAE.QVOD.EST.IN.PALATIVM
ISIMVMS.ET.HOXOnATVS.
PiRANESi, Anlich. Itom. T. III, lav. 27. — Orelli, Inscript, lai. n» 2.UC.
\11I. Iconographie. Fra le sostruzzioiii de! palazzo di Caligola si osservano due mûri
di una Rrossc/za mollo maggiore dcgii allri, i quali sicuramonle scrviiono per sosle-
iieie le colonne di qualche lempio, onde non é improhabile ciie ivi appunto fosse
(luoslo lempio, la cui forma e stala ricavala dal frauimento délia pianla Capitolina.
(juesto framnu'nto si adatla perfetlamenic a (juesto luogho, ove appunto laleralmente
a quoslo lempio rcttangolo esisle il lempio rotondo délia Viiioria. Thon et Ballaxti,
il Palazzode' Cesari, p. 80. — Pour le fragment du plan de marbre, voy. ri-dessus
n" 200, gvn.
IX. C.EUMALiM ET Velia. C'étaient deux mamelons dépendants du mont Palatin, et
sur l'emplaremenl desquels furent élevés les temples de la Victoire et d'Auguste, dont
nous avons parle dans les deux articles précédents.
X. Huic [Palatio] Germalum et Velias conjunxerunt, quod in bac regione scriptum
est:
Germalense quinticeps apud œdem Romuli ;
et
Veliense sexticeps in lelia apud œdem deum Penalium.
Germalum a germanis Romulo et Remo, quod ad Ficum ruminalem ibi inventi , quo
aqua iberna 'liberis eos detuleral in alveolo expositos. Vcliœ unde essent, plures ac-
cepi causas, .in quis quod ibi pastorcs Palatini ex ovibus ante tonsuram invenlam vel-
lere lanam sint soliti, a quo vellera dicunlur. Varr. L. L. V, § 54. — Le temple de
Romnlus est dans la VIU^ région, no 125, à l'angle N. du Palatin; —Le temple des Pé-
nates est dans la IVe région, n» 19, au pied du Palatin ; — Le figuier Ruminai est
dans la VI1I« région au fond du Comilium, n° 125, sur le bord de la voie Neuve.
XI. Toû as -narx/J-Oi) xara/Ji/Çiv to?, ïj lilvjfjfxij pa. t/,v 5/âp-/iv jîrs/aSoî/sa xat //£T=w/:t-
Yspac-^àv, 6>i ëor/.s-J, orf/.cà TO'Jj ààù.fio; Vipy.xyoù; ivî/yiÇîù/jfv. Plut. liomul. 3 •.
XII. Milonis domum, eam quœ in Germalo, expugnare et incendere ita conatus
est [Clodius] Ipse domum P. SuUae pro caslris sibi ad cam impugnationem sump-
serat. Cic. ad Àllic. IV, 3.
XIII. Publicola termine ainsi son discours pour se disculper d'affecter la tyrannie :
— « In Velia a>diricent, quibus molius quam P. Valerio credilur libertas. » Delala con-
feslim materia omnis inl'ra Veliam, et ubi nunc Vica>potœ est, domus in inGmo clivo
a'dificala. Tit.-Liv. 11, 7.
XIV. L. Higinus dicit in libro priore de viris claris : P. Valerio Volesi filio Publicolœ
œdes publicas sub Velia, ubi nunc œdes Vicloriœ est, populum ex lege, quam ipse lu-
leral, conressisse. Asco.n. in Piso. p. 164.
202. LuPERCAL, Temple de Pan ou de Rumia, Le Lupercal, situé au pied du
Palatin, au-dessous du temple de la Victoire [n» 200], à peu près en face de
la sortie du Coinitium sur la voie Neuve, était un petit temple dans lequel on
voyait la statue de Pan représenté nu et ceint d'une peau de chèvre. Il
avait été bâti par le roi Évandre et restauré par l'empereur Auguste. On
l'appelait aussi temple de Rumia, parce qu'il se trouvait en face de la statue
de la Louve allaitant Romulus et Rénius, placée sous le figuier Ruminai
[Voy. plus hautn» 123].
L Denys dHalicarnasse racoiitant Paventure de la Louve allaitant Romulus etRémus
sous le figuier Ruminai, ajoute : KkI r,y yc>.p m où r.o'iù àrdxw U/sô» xw/*'» ^^•''i' ySstôîîa
* Fluvio evagato, suscipiens alveum [Romuli et Remi]alluvies,etleniter subvehensin locum
detulit salis mollem; Germanum vocaiil nunc, quondam, ut videtur, Germanum quouiam
fratres yermanos appellani.
RÉGION X.— PALATIN. 445
avriCtToû Oîîu' si,- ts/Ûto tô yoifAov Ù-Oivijo. «ttoz/iù/tttïTS'.;. tô ^usv «ûv k'/s^ç 5Jx îti otu-
fj.s-jsf TÔ c?5 avT/iOv è; où yj ).tSà» t/.oi'hi'/.i, to) na).avTtoj Ttf/Oiw/.oooiJ.riixi-jrj-i qiiajut'J.1
xarà T-/;v i;:! ràv iTmoSpofj.o-J fif^oxinvy bâô-^' zal T£//îV05 iîTtv «jToy lù.ri'ji'i-j, sjOx û/.oi'J
xiTrctf T«D TTciOsu;, \{>a%i-j'j. r.y.ioioii ôuiX toù; //.a^TOÙs i7rs'>jouîa, p;«/x£a Tioir,jxa.-:x îra-
luiy.; iy/OL^h.i. I). Halic. I, 79'.
II. Non negarim ideo apud divœ lUimiœ Sarellum a pastoribus satam finim. Ibi oniiii
soient sarrificari larle pro vino, el pro laclenlibus. Varr. 15. 1{. Il, 11.
III. Cassius ccnsor a Lu[)Cicali in Palalium versus, Iheatrum faccrc insliluit. Pa-
TKRCIL. I, \o.
IV. iEoEM Divi ivLi, LVPERCAL... FECi. LAPIS ANCYR. col. 4 et 6.
V. In hujus [Palalil] radicibus lemplum Lyceo, quem Grœci Pana, Romani Luper-
rum appcllanl, consliluil [Evandcr] : ipsum dei slmulacrum nudum raprina pelle amic-
lum est, quo babilu nunc Romaî Lupeiralibiis decunitur. Justin. XLIII, 1.
VI. . . . YA gelida monslrai snb rupe Lupercal
Parrliasio dictum Panos de more Lj-Cijei.
ViR(,. A^neid. VIII, v. 343, 344.
— Sub monte Palatino est quœdam spelunca, in qua de capro luebantur, id est sarri-
firabatur : unde Lupercal nonnulli putanl. Alii quod illic lupa Remum et Romulum
nutrieril. Serv. in JEneid. loc. sup. cit.
VII. Lupercal. P. Vict. de Beg. urb. Romœ, X.
VIII. A Pallante Pallantcum, postea nos Palalium diximus : ibique Pani Deo fanuni
dedicavit. A. Vict. Origo gent. rom.
203. Maison d' Agrippa. Avant les Scalse anulariae [n° 204].
I. Agrippa avait une maison sur le mont Palatin ; nous conjecturons qu'elle fut bâtie
sur l'emplacement de celles de Milon el de P. Sylla, situées sur Vélia.
II. Kat c-j£cJV) r, ol/.ia. r, h rô) na/ar/';) if-'ii, v) ~f.fO-spo-JiJ.vi zov K-JxwAoxi yvJOij.i-jr,,
U7Tî/yOV 01 t5) Te K'/pi-TTCf. Y.'M Tô) Mcî7:<),5: QoHiiioi, /.y.T ioXiyO-ri, tw /ajv M£7tk),k à.pj\>ptO'f
èy_v.piax-o, rbv ^ï Kypimtxy nb'joi/.'i-j èrzocn'yuzo. DiON. LUI, 27 2.
III. Sur la position des maisons de Milon et de P. Sylla, voy. plus haut Germalum et
Vélia, n" 201, § IX et XII.
IV. Iconographie. Notre restauration est empruntée à la maison dite aujourd'hui
de Caligula, sur le même emplacement, et dont on a retrouvé quelques ruines. Voyez
Thon et Ballaxti, // Palazzu de' Cesari, lav. I el II.
204. ScAL^ ANULARi.E. Degi'és qui montaient de la voie Neuve au mont
Palatin, et où étaient probablement des tavernes de marcliands d'anneaux.
I. Habitavit primo [Augustus] juxia Romanum Forum supra Scalas anularias, in domo
quœ Cahl oratoriâ fuerat. Suet. Aug. 72.
20a. Temple de Cérès. Situé après les Scalse anulariae [n° 204]. Il s'é-
levait au milieu d'une place carrée. Ce temple datait des premiers temps de
la république, ou même de l'origine de Rome. II était pseudopériptère,
d'ordre dorique, et de moyenne grandeur.
I. lopù^xy-ro oï /.xi \r,iJr-pOi '■spo-j, /.'A Ta; OjGtXi «.ÙtT) ciy. yj-jy.l/wj Tï y.oà •Jr,pxKiouç
i'Ouooiv, ci); EÀ).ï)T£ '^ip-oç, cov ojàsy b y.v.6' ï]//5j vi'),>a|£ yp6-jo:. D. Halic. I, 35 '.
H. Iconographie. Ora nell' angolo del Palatino, che sovrasta a S. Anaslasia [NoUi,
* Etenim non procul inde aberat Liicus quidam arbornm densitate opacus, et rupes cava
fontes emittcns. Ule auleni lucus Pani sacer dicebalur, ibique erat dei ara : quo qiium illa
[Uipa] vcnisset, se occuhavit. Istetamen lucus non exslatamplius, sed anirum unde fons Huebat,
l'.ilatii seilificiis adjunclum visitur in via ill.i quae fcrt ad Circum. Etsaccllum est jiixta ipsum,
uhi est statua luijus casus index, Lupa duoljus infantibus mammas pra-liens, opus antiqiium
ex a>re factum. = ^ (;„,i, domus in l'alatio monte, qua? prius Autonii fuerat, deinde Agrippa;
et iMessala» conressa, incendie esset al)siimpta, arjjento Messalam donavit [Auyusius], At;rippam
in suam domum recepit [an. 729].= •• Cereri quoque [Arcades] tcniplum exstruxerunt, ipsi-
qiie per fœminas sacerdotcs sacra alvstemia fecerunt, more jjr.mco, in quorum ritu wias nostra
nihil mutavit.
114 DESCRIPTION DE ROME.
n« 961 ; Leiaiouilly, rion. X, 39], esisle il piano inferiorc di un tcmpio, il qualc e per
la sua rosti'Uïione incerla, e por Rli ornali arrliitellonici in pcperino (levé rifprirsi sonza
alcun ilutibio a (|ucl Icmpo [ilcll' arnica i-poca rcpublicana]. Non sarcnio (lunquc lar-
ciati (i'inronsi(l('ial('77.a assiTciido sollanlo non csserc im|)robal)ilc rhe qucsli siano |{li
avan/.i di (luelT aiilico teinpio di Coicre E incredibik- corne mai niuno fino ad ora
abbia dalo la pianta, od abbia riconosriulo qupsle ruine per gii avanzi di un Icmpio,
esscndo (;ià da luiino lc'nii)o sropcrio, e riconoscendovisi chiaramenle la Torma di un
lenipio. I>a (|ucslo di oïdinc Doriro, corne apparisce dai franimenli dei lri(çli(i, di pe-
pcrino ancora esistenli La sua forma <!■ pseudoperiltora bencli»^ seconde gli avan/.i
polesse esscre anclie proslila ; nel fondo délia cella vi ù un gran basamenlo, il quale
serviva per sostenerc nel piano supcriore il piedeslallo délia statua délia Divinilà.
Thon et Ballanti, // Patazio de' Cetari, p. 18, et tav. Il, n" 29.
20G. PoKTE Mi'GioNiA. A l'iinglc S. 0. Hu Palatin, du côté du Forum Boa-
lium, à rexlréniité uu'-ridionale de la voie Neuve. Elle fermait une rue en
degrés qui conduisait sur la montagne. C'était une des portes primitives de
Rome.
I. Tarquinius Priscus ad Mugioniam porlam [habilavil] supra summam Novam viam.
Soux. 2.
II. Ancum in Palatio ad Porlam Mugionis secundum viam sub sinistra [habitassc\
Non. Marcell. v. Secundum.
III. Pnvlerea inlra niuros video portas dici : in Palatio Mucionis, a mugitus, quod ea
pecus in Buciia circuni anliquom oppidum exigebanl. Yarr. L. L. IV, § 16-4.
* Porte Romani'La. Celle porte n'existait plus à l'époque de notre plan ;
elle fut faite quand Ronudus et Talius agrandirent la ville en construisant un
mur qui allait du Palatin au Capitolin, à travers le Yélabre. Elle se trouvait
dans ce unir, vers les carcères du Cirque Maxime. Nous ne la nommons ici
que parce qu'on l'a confondue à tort avec la porte Romana. Yoy. Nibby, Le
Mure di Roma, c. II, p. 66 et 67.
207. Temple de Jupiter-Stator. Voué et bâti par Romulus. Il était au bas
du m<mt Palatin, près de la porte Mugionia |n° 206], sur le bord de la voie
Neuve. Il fut rééditié vers le milieu du cinquième siècle par Atilius Regulus.
Sa forme était celle d'un édifice périplère, et il devait être assez grand, puis-
qu'il servit de lieu de réunion au sénat lors de la conjuration de Catilina.
I. -•Edes Jovis Staloris. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, X.
II. Confestim Romana inclinatur acies, fusaque est ad veterem Portam Palalii. Ro-
mulus et ipse turba fugienlium actus, arma ad coelum tollens : « Jupiter, tuis, inquit,
jussus, avibus etc.. Hic ego tibi templum Statori Jovi, quod monimenlum sit posleris,
tua prœsenti ope scrvalani Urbem esse, \oveo. »... Restilere Romani, tanquam cœlesli
voce jussi. Ipse ad primores Romulus provolal. Mettius Curlius ab Sabinis princeps ab
Arce decucurrerat, et effusos egerat Romanos, loto quantum Foro spalium est, nec
procul jam a porta Palatii eral, clamitans : « Vicimus perfides hospiles, imbelles
hostes. » TiT.-Liv. I, 12.
III. Alrox in ipso Foro pugna, adeo ut Romulus Jovem oraret, ul fœdam suorum
fugam sisleret : hinc templum, et Stator Jupiter. Flor. I, 1.
IV. A'varît'vaj di oùpa-jo-^ ràj X-lpu^, y)J?aT5 tw Atl !;rv7îa[ -h '^-pÙTSU/xv., xxi rà Pw-
/j.u.ioiv TTycày/zaTa jiîcivTa y»; rs/'.tïo'îlv, «/V ôpdôiaxl. yïvouEvy;; âk 7r,i SJX'/ii, aloùi ts
zoû /3'x'jùé'jii t7ys izo'iXobi, /.ai Oùpsoi i/. /Jizzxëoïriç Tzuf.i'JiT, tc'i; fîùyojsi.'. euTr.Tav ouv
TT/SWTOV, ou vî/v ô Tiû \ibi TOÛ l-cz-TupOi ïopuzui 'JS'jii, ôv èitts'à.aiov iiv Tti kpfJ./)-Jî\J^£lSV.
eîra ui/vaî'-tVavTîj T.v'tvi, ècoiav àTzicoi zoùi ^u-Shoui èn'i niv vvv P-iqysiccv Tipoauyopsuo-
[j.i-j-/)j /xà TÔ r?,,- 'C.G-iu.i upi-j. Pllt. Romul. 18 '.
* Tfiisis ail cœltim minibus precalus Jovein est [Uomulus], fugam ut sisteret, ac rem roma-
iKini lueiitem sustiiieret restltueret(|iie. ll.-ec oranlis inultos régis rcpiessil verecuodia, ani-
niiiinquc, ablato timoré, deouo addiclit fugientibus. Uestilerunt primuni iilii nuDc Jovis Sta-
toris templum est. Tulii coUalis iteruin armis ijnpiderunl Sabinos ad Regiaui, quaiii uunc
vocant, et Vestœ a'deni.
RÉGION X. — PALATIN. Ur>
V. licx T« tô/suaavTO xoà ^uimù^; v/j.(iii[j(,izr/.-j oXi r,\J^v.vTO v.'J.tv. rif //«;/«,■ fii'j'ii' l'oj.
wSt.Oi [t-î'J, dpOojci'j) \û' napc/. Toùi /.uM'jfj.iva.ii Mvk'jjvî'sj ■nii'/a.iî, od p-yjouîiv lli-zb Wc/j.'}.-
■zLo-j i;t Tïjî 'uf.&i bfîov. D. IIalu;. Il, 50 *.
VI. Tcmpus idem Slator redis liabel quam Romulus olim
Anle l'alatini condidil ora jugi. Ov. Fasl. VI, v. 703-79'<.
VII. Ex superiore parle cTdium, per feiieslias in Novam viani versas (habitabal ciiim
rex ad Jovis Slaloris) populuni Tanatiuil allociuitur. Tit.-Liv. I, 41.
VIII. Tacite raronlant le grand incendier de Uonie arrivé sous Néron, énumére les
temples détruits jiar le feu, et dit: — Sed vetuslissima reiigione, quod Servius Tullius
Lunœ, et Magna Ara Fanumque quœ prcscnti llerculi Areas Evander sacraverat, /Edesque
Slaloris Jovis, vola llomulo, Numœque Uegia et Delubrum Yeslœ cum Penatibus populi
Romani, exusta. Tac. Ann. XV, 41.
IX. Paruit, et duceiis hœc sunt fora Caesaris, inquit,
Hœc est a sacris quaj via nomen habet.
Hic locus est Veslac, qui Pallada serval et ignem :
Hic fuil anliqui Uegia parvaXumœ. .- - ~
Inde petcns dextrani, porta est, ait, illa Palati :
Hic Stator ; hoc primum condila Iloma loco est.
Ov. Trist. III, 1, V. 27-32.
— Du Pont oîi il est exilé, Ovide envoie son livre à Rome. Il suppose qu'en arrivant
dans la ville, ce livre demande son chemin à un citoyen qui lui explique dans quels
quartiers, devant quels monuments il passe. Arrivant par mer, le livre aura gagné
Rome en remontant le Tibre. Il a débarqué près du Forum Boarium, il débouche par
l'extrémité méridionale du Forum Romain, et il a devant lui la voie Sacrée, le Forum
d'Auguste et celui de César; à sa droite, le temple de Vesia el la Regia de Numa, et
derrière ces deux monuments, la porte du Palatin el le temple de Jupiter-Stator.
X. UpoùQui-J ci" à Kuépc^v, é/.à/ît T/;v ayyy^-fi'O-J sli TÔ zoû lTr,';iotj A;à,- ttpàv, ov 2Tâ-
TitipccFoiy.xioi y.v.lc/ûziv, ïopofj.svjv èv à.pX'Ç T/îâ 'i--p&i bâoïi, irpbi xà Xloùt/.ziov «vtivrcjv.
Plut. c'ic. 16 2.
XI. Hasta posila pro œde Jovis Statoris, bona Cn. Pompeii Magni, voci acer-
bissimœ subjecla pra'conis. Cic. Philipp. II, 26.
XII. Inter lurc consul [Alilius Regulus], manus ad cœlum allollens, voce clara i(a
ul exaudiretur, lemplum Jovi Statori vovet, si constitisset a fuga romana acics. Tit.-
Liv. X, 36. [an. 458.]
XIII. Iconographie. Peripleros autem erit, qure habebit in fronte el postico senas
columnas, in lateribus cum angularibus undenas, ila ul sint hee columnœ coilocatœ, ut
intercoluninii latiludinis intervalium sita parietibus circum adextremos ordines colum-
iiarum, habeatque ambulalionem circa cellam a-dis qucmadmodum est in porticu Me-
telli, Jovis Slaloris Hermodi, et Marceili Honoris cl Virlutis, sine portico a Mutio facta
YiTRUV. III, 1. — C'est sur le rapprochement combiné de ces deux passages de Tile-
Live et de Vitruve que Galiani, dans sa traduction de Vitruve, a prétendu que le temple
de Jupiter-Slator a^ait été rebâti par Alilius Regulus, el qu'il était périptére.
Derrière le Temple : Statue équestre de Yaleria, fille du consul Publicola. — Voy.
n" 127, § IX.
208. Cabane de Favstulcs et Cornouiller sacré. L'une et l'aulre se trou-
vaient sur une petite place située eu haut des degrés dit de belle rive ou de
Cacus, à l'angle S. 0. du mont Palatin.
I. Uiclaque est primum Rama quadrata, quod «"quilibrium foret posila. Ea incipit a
Sylva, quœ est in Area Apoliinis, el ad supercilinm Scalarum Caci. liabel lerminum ubi
Tugurium fuit F'austuli. Ibi Romulus niansitavil, qui auspicato murorum fundamenta
jecil. SoLiN. 2.
II. Pc)y.i)'>^oç ok mxpx zoùç Âsyo/J.é-Joui /SxOfJioù; xa^^j ài/x/jg' ouroi èi slat tts/îI T»iv sli
ràv imiàSpo/j.ov t3v //.s'yav sk nv.ïof.'.nioo /.a.rv.Çixiiv. èvroXiôx âe x«t 7viv xpv.vsMv s'jo.t/.v
* Templa erexerunt [Romulus et Talius], arasque consecr.nunt diis quibus in pugna vove-
rat : Itoiiiulus quidem ,Iovi Statori, ad portnm qna» vocatur Mugonia, qiia; a via Sacra ad Pa-
lutiuin ducit. = 2 ^t Cicero pro[;rL'ssus coc{;it scnatuiii in ohIciu Jovis Statoris, (|a;e est in
initio Sacr;e vi;c, qua iidsccnclitur in Paia'.iuiii.
I. 10
446 DESCRIPTION DE ROME.
Tr,j upM yc'/isvevat Toiiou ai Koiiaxpoi, ot; ^uoi, rà; «vxGàostî éTîts/îi^ÇovTOi, xy.t
j>i>Tôvè/Jia|C«v(?/î. I'lut. Rnmul. 20'.
III. Romulus, caplo auguiio, liaslam de Avcniiiio moule in Palatium jecil: quae fixa
fionduil. Serv. in /Eneid. 111, v. '(0.
IV. Iconographie. Nous avons adoplé pour la Cabane de Fauslulus la foime de ct'Uo
de Romulus. Voy. n» 60, § XUl.
209. Conserve d'eau. A l'angle S. 0. du Palatin, au-dessus du Cirque
Maxime.
I. Il existe pnrore quelques restes de ce réservoir sur remplacement duquel on a
élevé l'église Sainl-Anastase [NoUi, n» 961 ; Lelarouilly, rion. X, 59]. Nous avons em-
prunté celle restauration à l'ouvrage de MM. Thon et Ballanti, il Palazzo de' Ccsari,
tav. Il, n" 57.
210. Maison de Tibère. Elle occupait î\ peu près un tiers du côté méridio-
nal du mont Palatin, vers le Cirque iMaxinie. Elle commenrait inimédialemcnt
après les Degrés de Cacus, situés au S. 0. de la montagne.
I. l>er Tiberianam Uomum, in Velabrum, inde ad Miliarium aureum, sub œdc Saturni,
pergit. Tac. Uist. l, 27. — Voy. aussi n" 143, § V.
II. Suélone racontant la même aventure, dit: — Deinde liberlo adesse archileclos
nuuliante, quod signum convencral,... proripuitque se postica parte l'alatii. Sikt.
Ollio. 6.— Ces deux passages de Tacite et de Suétone prouvent que la Maison de Tibère
était du côté du Cirque, où se trouvait efrectivement la partie jjoslérieure du Palatin.
III. Sabinumque et reliques Flavianos, niliil jam meluenles, vi subita in Capitolium
eompulil, succensoque lemplo Jovi, Opt. Max. oppressit : cum ei praelium et incendium
a Tiberiana prospicerel Uomo inler epulas. Sikt. Vitell. 15.
IV. Cum in Uomus Tiberianaj bibliollieca sederenius, prolatus forte liber est
iuscriplus : M. Catonis Nepûtis, etc. A. Gell. Xlll, 19.
V. Iconographie. On n'a retrouvé que peu de vestiges de la Maison de Tibère. La
restauration que nous en donnons est empruntée à celle de M. Tbon. Voy. Tnox et Bal-
LANTi, Il l'alazzo de' Cesari, tav. II. n»* 21-22.
211. Portique aux Nations. — Au centre : Temple de Jupiteu-Propugnator,
ET DEVANT : Statue d'Hercule PuNiQUE. Derrière la Maison de Tibère [n" 210],
au N., il y avait un vaste portique quadrangulaire qui lui servait comme de
vestibule, et un grand temple périptère presque au centre: c'étaient le Por-
tique aux Nations et le temple de J upiter-Propugnator . Le Portique était un
ouvrage d'Auguste qui l'avait décoré des statues de toutes les nations; mais
nous ignorons quand et par qui fut bâti le Temple, en avant duquel s'élevait
une Statue d'Hercule punique.
'• p. marcivs vervs
IMP. COMilODO VI et PETRONIO
SEPTIMIANO COS.
A. p. R. C. DCCCXLUI K. DEC.
IN PALATIO IN AEDE JOVIS PROPVGNATORIS
IN LOCVM P. VERI
L. ATILIVS CORNEUANYS COOPTATVS.
T. S.4.TVRNIN0 ET C. GALLO COS.
A. P. R. C. DCCCLI PRID. EID. DEC.
* Romulus [liabitabat] ad pulchri littoris, quos vocanl, gradus, circa descensum ex Palatio
in Circum Maximum. Ouo loco referunt sacram Coruum fuisse Caio aulem Caesare
gradus instaurante, quum opifices tellurum adliaerentein arbori circumfoderent, imprudenler
plane corruperunt radiées, ac contabuit arbor.
RÉGION X. — PALATIN. U7
IN PALATIO IN AEDE lOVIS PROPCGNATOBIS IN LOCVM
avilI CORNELIANI VITA FVNCTI
CL. PATERNVS COOPTATVS.
TI. CLAVDIO SEVERO. C. AVFIDIO VICTORINO COS.
A. P. R. C. DCCCLII. IIII. EID. APRIL.
IN PALATIO. IN AEDE JOVIS PROPVGNATORIS
IN LOCVM CL. PATERNl VITA FVSCTI. , . ALLIVS
COLONIVS COOPTATVS. . . .
Fragmentum Fastorum Sacerdotal ium ap. Smetium, fol. 151, 13, cujus ty-
pura, utpote correctiorem, ctsi foitasse a Panvinio emendatum, seculi sumus.
Orelli, Inscript, lai. no42.— Grlter, p. 300.
II. Un tenipio di Giove intra Tib(Mii Palatium si legge nelle atti di S. Lorenzo :
« Cœsar jussil beatum Laureiitium \inctum catenis in Palalium Tiberii duci, et illic ejus
gesla audiri, sibi vero in basilica Jovis tribunal parari, etc. » Xardini, Rotna antica,
lib. VI, c. 14.
III. Iconographie. Notre restauration du temple de Jupiler-Propugnator est toute
conjecturale ; nous l'empruntons ;\ l'ouvrage de M. Thon, // Palazzo de' Cesari, tav. II.
IV. Portique aux Nations. C'est par conjecture que nous le plaçons sur le Palatin,
autour du temple de Jupiler-Propugnator.
Ipse [.\uguslus] sedens niveo candentis limine PhœbL
Dona recognoscit populorum, aptatque superbis
Poslibus. ViRG. Mneid. VIII, v. 720-722.
Candentis limine Phœbi. In templo Apollinis in Palatio, de solide marmore effecto
quod adiatum fuerat de portu Lunœ, qui est in confinio Tusciae et Liguriœ, ideo ait
candentis. — A/dalque superbis poslibus. Porticum enira Augustus fecerat in qua si-
muiacra omnium gcntium conlocaveral, quœ Pord'cus appellabaturnd^Vaii'ones. Serv. in
JEneid. VIII, v. 720-721. — Celle note de Servius nous a fait conjecturer que le Por-
tique aux Nations était sur le mont Palatin, près du temple d'Apollon.
V. Statue d'Hercule punique. Inhonorus est, nec in templo uUo Hercules, ad
qucm Pœni omnibus annis humana sacrificaverunt victima, humi stans, ante aditum
Porticus ad Naliones. Plin. XXXVI, 5. •
A'I. Iconographie. La disposition et les proportions de ce Portique sont empruntées,
ainsi que nous avons fait pour le temple de Jupiter-Propugnator, à la belle restau-
ration de M. Thon. Voy. ci-dessus, § III.
212. Temple de Jupiter-Vainquettr. A gauche de la rue qui conduit du
Clivus de la Victoire au Portique aux Nations [n» 211]. Il fut construit l'an
547 par Fabius.
I. Area Palalina.
^des Jovis Victoris. P. ViCT. de Reg. urb. Romœ, X.
II. Ipse [Fabius] œdem Jovi Victori, spoliaque bostium quum vovisset, ad castra Sam-
nitium perrexit. [an. 457] Tit.-Liv. X, 29.
III. Occupât apriles idus cognomine victor
Jupiter : bac illi sunl data templa die. Ov. Fast. lY, v. 621, 622.
213. Temple DE Yiriplaca. En parallèle de celui de Jupiter-Vainqueur.
I. Nous avons placé ce temple ainsi par conjecture, ou même pour le bon agence-
ment de notre plan, car les textes nous apprennent seulement qu'il se trouvait sur le
mont Palatin. Il paraît certain, d'après Valère Maxime, qu'il était fort ancien.
II. jEdes Viriplacae in Palatio. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, X.
III. Quolies vero inter virum et uxorem aliquid jurgii intercesserat, in Sacellum
Deœ Viriplacae, quod est in Palatio, veniebant. V. Max. II, 1. 6.
2 14. Temple de la Fortune privée. — 2 lo. Temple de la Fortitse gluante.
Le premier est adossé au temple de Jupiter-Vainqueur ; le second au temple
de Yiriplaca, [n»* 212-21 3], L'un et l'autre furent fondés par le roi Servius.
148 DESCRIPTION DE ROME.
I. Kuiyy.p loixir\j-/-^i hpâv Itsriv ivTloàxTiu, xuïzo rrji IÇsuTfAoci. Plit. de Fort,
nom. p. 279 >.— Voiià les seules indications que nous ayons sur ces deux temples ;
c'est dune par conjecture que nous les avons placés où ils sont.
21 G. Temple de Vesta. L'on 740, un incendie ruina le temple de Vesta
situé sur le Forum romain. Le culte de la déesse fut alors transporté dans
la maison du Souverain pontife, c'est-à-dire de l'empereur; on érigea un pe-
tit tem|)le circulaire, forme consacrée pour Vesta, tout prociie de la maison
du pontife empereur [n° 223], et à la suite de celle de Tibère vers le Cirque
Maxime [n« 210].
I. Aufert Vesta diem; cognato Vesta recopia est
Limlne, sic justi conslituere Patres.
Pliœbus habet partcm ; Vcstae pars altéra ccssil :
Uuod superest illis, terliusipse tcnel.
Ov. Fasl. IV, V. 949-952.
Veslaque Caîsareos inter sacrata Pénates,
Et cum Cœsarea tu, Phœbe domeslice Vesta.
Iv.Melam. XV, v. 864, 865.
— Phœbus habet par km cslMoe allusion au temple d'Apollon Palatin, situé un peu
en avant, n" 217.
II. H Tî CToà ï) naJ)>îJo; l/.u'jOf,, v.vX -0 tvjÇj ùtz v.\^Tr^i T.poi zh Earatsv ù-^i/.no, uozi
xcà TV. Upà £i Ti rb TTa^àrtov jrrà twv a)).'jjv «îcra^Gc'vwv... àva/.oytiOô-'s:!, /«'t i> t/;v
Toû iscirjii roû \ihi oIaw Tî^ôvat. Dio>. LIV, 24 *. — Cette translation dans la maison
du Flamine-Dial n'était sans doute que provisoire.
m. Iconographie. Les indications fournies par les textes étaient bien vagues pour
faire retrouver la véritable place et la forme du temple de Vesta Palatine ; mais M. Thon
ayant découvert derrière le temple d'Apollon, et tout près de la Maison d'Auguste, une
partie de mur antique de forme circulaire, conjectura, avec M. Ballanli, que là avait
été le temple de Vesta. Nous avons suivi leur conjecture qui nous paraît fort juste. Voy.
Thon et Ballami, Il Patazzo de' Cesari, p. 22, et tav. 11, n» 12.
217. Temple et atrium d'Apollon Palatin. En avant du temple de Vesta
et de la maison de Tibère [n"' 216-210]. Le temple adossé à la partie méri-
dionale du Portique, était en marbre blanc massif. Le portique, (]ui se dé-
ployait autour d'une place carrée, se composait d'une colonnade en marbre
jaune de Numidie. Une statue équestre en airain, représentant l'un des fils
d'/Egyptus, se trouvait devant chaque colonne, et une statue pédestre en
marbre blanc, représentant une Danaïde, décorait chaque entrecolonnement.
Au centre des portiques, devant le temple, s'élevait un autel autour duquel il y
avait quatre bœufs en airain. Le temple et son magnifique Atrium furent con-
struits par Auguste, lors de son retour dans la ville, après la victoire d'Actium.
I. Tesiplvmqve Apollixis in palatio cvm porticibvs... feci. LAP. .\NCYR. col. 4.
II. Templum Apollinis in ea parle Palatinœ Domus exciiavit [Augustus], quam ful-
mine ictam desiderari a Deo aruspices pronunciarunt. Âddidit Porlicus cum Biblio-
theca latina graecaque. Slet. Àug. 29.
III. Tb:> -/y.p TÔno-J, ov i\i zû Uv.ïuTi'ji, cÔ7z' oinoâoaij-jçâ tvjx, iu-jriZO, èâr,/ji07iuijS, y.xi
Tùi A'TTO/X&jvt ts'yjDSîv, ènsior, f-spcii/vài ai KjTsv h/y.'xziz/.r;li. DlON. XLIX, 13 *.
IV. Atque ubi navali stant sacra palalia Phœbo,
Evandri profugœ procubuere boves.
PROPEni. IV, 1, V. 3, 4.
V. Ib, T£ A'7:o/)wv£sv zà^zi iv tw ria/arcw, y.xï zb z-fxéytayM zb Tzepl aJrs, râj zs
àix 060x0.? zC)v /îiSxtcov, è^sTiolr.'jS xat y.cx.$iépoias. DiON. LUI, 1 *.
* Est et Privatae Fortunae templum in Palatio et Viscosa;. z:=- Pauli Porlicus incendio ab-
sumpta est [an. 74*']> '[;"isque ah ea ad Veslae usquc (jrassatus ita m sacra a rcliquis Vesta-
libus in Palatium siiit deporlata, et in doiiio tlaminis Uialis reposila. = ' Aream eiiim in
Palatio emptam a se, domus sibi sJificaiidœ causa, qr.od esset de cœlo tacla, consecraverat, et
Apollini dedicaverat [Augusius, auno 718]. = •* Prasterca Apollinis in Palatio templum, cum
aro.T circa illud, ac Bibliothccas perfecit et dodicavit [.Viigustus, anno 726].
RÉGION X. —PALATIN. 149
VI. Suclonio dire die Augusto fabbriciS il tompio di Apollo Palatine in quolla parle
délia sua Casa che eia stala (oerala dal fulmine. Essendosi adun(|ue per mc7,/.o degli
scavi ben delerminata la posizione délia Casa di AurusIo, sarà mollo più facile dclermi-
narc la posizione di queslo tempio, il quale era aderenle alla Casa slessa. E perci6 deve
porsi appunto nel luogo indicato, ove anrora esistono alcuni avanzi de' mûri délia
cella e del reeinlo : inoltre i grandi avanzi dcll' immensa sala clie con molta proba-
bililA alla I?ibliotcca palatina appartengono, lolgono ogni dubbio esser questo vera-
mente il famoso Icmpio di Apollo. Thon et Ballanti, // Palazzo de' Cesari, p. 63,
et tav. I. — Avant MM. Thon et Ballanti, les antiquaires étaient fort partagés sur l'em-
plarement du temple d'Apollon Palatin.
VU. Iconographie. Victor deinde C;tsar reversus in Urbem contractas emptionibus
complures domos per proruratores, quo laxior fieret ipsius, publicis se visibus destinare
professus est: templumque Apollini, et circa Porlicus facturum promisit, quod ab eo
singulari exstructum magnificentia est. Patercul. Il, 81.
VIII. Ovide fait ainsi parler son livre, qui cherche l'hospitalité dans une des trois
bibliothèques publiques de Rome :
Ducor ad intonsi candida templa Dei,
Signa peregrinis ubi sunt alterna columnis
Belides, et stricto barbarus ense paler.
Ov. Trist. III, I, V. 60-62.
IX. Qujrris cur veniam tardior? aurca Phœbi
Porticus a magno C.TCsare aperta fuit.
Tola erat in spatium Po-nis digesla columnis;
Inter quas Danaï femina turba senis.
Hic equidem Phœbo visus mihi pulchrior ipso
Marmoreus tacila carmen hiare lyra.
Alque arma circumsteterant armenta Myronis
Quatuor arlificis vivida signa boves.
Proi'ert. II, 23, V. 1-8.
X. Inde tenore pari gradibus sublimia celsis
Ducor ad intensi candida templa Dei.
Ov. Trist. I, 1, v. 59. 60.
— Gradibus celsis désigne les chemins en pente ou en degrés, qui conduisaient sur
le mont Palatin. Sur la matière du Temple, voy. n» 210, g IV.
XI. Uomœ signa eorum [Bupalus et Athenisjsunt in Palatina œde, ApoUinis in fastigio,
et in omnibus fera quse divus Augustus fecit. Plin. XXXVI, 5. — [11 s'agit de statues de
marbre.]
XII. Hesterna vidi spatiantem luce puellam
nia, quœ Danaï Porticus agmen habet.
Ov. Àmor. II, 2. v. 4, 5.
XIII. Nam fralres inter ahenos. Britannicus [in Pers. S. 2, v. 56) applique ces
mots aux statues équestres des fils d'Egyptus.
XIV. Nella vigna del Ronconi, quai è inclusa nelle ruine del medesimo palazzo mag-
giore, mi ricordo esservisi trovali diecioKo, o venli (orsi di statue, rapprescntanti
amazoni, poco maggiori del naturale. Flaminio Yacca, Memor. n^* 77. — Nous croyons
que ces torses étaient ceux des Danaïdes.
^ \ XV. Dans le fragment ci-contre du Plan de marbre, nous reconnaissons
^^__^ ^J[ l'Autel placé au centre de ïarea ou place du Portique palatin. Voy. aussi Bel-
^~\^lori, tav. XVI.
* Rome carrée. On nommait ainsi un caveau carré situé sous le pronaos du
temple d'Apollon Palatin, et dans lequel on conservait, en signe de bon pré-
sage, les instruments qui avaient servi à fonder la Rome carrée de Romulus,
laquelle embrassait le mont Palatin, ou plutôt à en tracer l'enceinte, c'est-à-
dire le soc et la charrue.
I. Roma quadrata. P. Vict. de Req. urb. Romo', X.
II. Quadrata Roma in Palatio ante templum Apollinis dicitur, ubi reposita sunt, quse
soient boni ominis gralia in urbc condenda adhiberi, quia saxo munitus est inilio in
speciem quadratam. Fest. v. Quadrata.
III. Le caveau de Rnme carrée existe encore ; il est appelé vulgairement les Bains de
Livie. Voy. THo^,/i Palazzo de' Cesari, tav. 1.
150 DESCRIPTION DE ROME.
21 8. Bibliothèque Palatine. A l'extrémité septentrionale de l'Alrium Palatin
[no 2 17]. Commencée vers Van 718 et finie l'an 720 par Augnste, elle se com-
f (osait (le trois salles contigui-s, dont l'une renfermait nne jjihiidtlièqiic latine,
a seconde une hihliolliècjne grccipie, cl la troisième nne bibliollicrpie de
droit. Les salles latérales étaient médiocrement spacieuses; mais celle du
centre avait environ 42 mètres de longueur sur 32 de largeur. A l'une de
ses extrémités on voyait une Slalue d'airain de près de 1 5 mètres de hau-
teur, représentant Augnste sous la figure d'Apollon.
I. Sur l'cilifiration de ia Hibliollu^quc! Palatine par Auguste, voy. n" 217, g II, V.
II. Voici deux inscriptions qui témoignent de 1 existence des bibliothèques grecque
et latine du l'alatin :
DUS. MANIB. s.
C. IVLIVS FELIX
A bybliotheca graeca palat.
GRUTEU. p. 576. — ORELLI, Inscript, lai. n" 40.
BYRAE CANACINAE LIVIAE
AVG. SER. A VESTE MAGN
TI. CLAVDIVS ALCIBIADES
MAG. A BïnLlOTHECA LATINA
APOLLINIS
ITEM SCUIBA AB EPISTVLIS LAT.
CHUTER, p. 577. — ORELLI, Ibid. n" M.
III. Scripta Palalinus quaecumque recepil Apollo.
HûR. I, Ep. 3, V. 17.
— Âpollo. Cpcsar sibi in Bibliolheca Staluam posuerat ad habilum ac staturam Apol-
linis. AcRON. in Ilor. \oc. cit.
IV. Videmus certe tusranicum ApoUinem in Bibliolhoca Icmpli Augusti, quinqua-
ginla pedum a poUice, dubium œre mirabilioreni, an pulcliritudine. Plin. XXXIV, 7.
V. Jurisque perilus Apollo. Aut quia juxta ApoUinis lemplum jurisperili sedc-
bant et iraclabanl; aut quia Bibliothecam juris civilis, et libcralium sludiorum in
lemplo ApoUinis Palalini dedicavit Augustus. Vet. Schol. in Juv. S. 1, v. 128.
YI. Iconographie. Le plan de cet édifice, tel que nous le donnons, a été relevé
sur les ruines, en 1720. Voy. Bianciiini, del Palazzo de' Cesari. 11 existe encore des
restes importants des murailles. Voy. Nolli, n» 930, qui les appelle Ruine deW anli-
cho Palazzo de" Cesari; et Letarouilly, rion. X, 40.
219. Temple ou Sacrarium de Mars gradivus. — 220. Curies ou Mansions
DES Saliens. Le temple, situé au-dessous de la Bibliothèque palatine [n" 218],
était circulaire, et s'élevait au milieu d'une place entourée de portiques qui
confinaient au Clivus de la Victoire. — De l'autre côté de ce Clivus, et vis-à-vis
du temple, étaient les Curies ou logements des Saliens. Nous ignorons quand
furent construits ces deux édifices, mais ils devaient être fort anciens, les Sa-
liens ayant été institués par Numa.
I. Qui quidcm lîomuli lituus, quum silus esset in Curia Saliorum, quœ est in
Palatio, eaque deflagravisset, invenlus est inleger. Cic. de Divinal. I, 17.
II. Ueusto Sacrario Saliorum, nihil in eo procter lituum Romuli integrum reperlum
est. V. Max. I, 8, 11.
III. Is qui belli susceperat curam, Sacrarium Martis ingressus primo ancilia commo-
vebat, post hastam sinuilacri ipsius dicens : Mars vigila. Serv. in JEneid. VIII, v. 5.
IV. Moris fuerat indicio belle, in Martis Sacrario ancilia commovcre. Ibid. VII, v. 603.
— Le temple de Mars nommé ici par Servius, est évidemment celui de Mars-Gradivus,
parce que les Saliens, gardes des anciles, étaient les prêtres de ce dieu. — Isidore définit
ainsi le sacrarium : « Sacrarium proprie est locus templi in quo sacra reponuntur. »
Orig. XV, 5.
V. V.v èv na>aTiw xzizxi zi. hpà, /.cà k Jrol v.'AoXt-j-z'M na>aT'tv5i. D. Halic. II. 70 1.
* Quorum [Saliorum] sacra iu Palatio reponuntnr, ipsique Palatini appellantur.
RÉGION X. — PALATIN. 151
VI. MANSIONES SALlOnVM. PALATINOR. A VETERIBUS
OB ARMORUM ANNALIVM CVSTODIAM CONSTITVTAS
LONGA .ETATE NEGLECTAS. PECVN. SVA REPARAYERVNT
PONTIFICES VEST,E, etC.
GRLTEH, p. 173. — OUELLI, Inscript, lat. n" 2244.
221. Clivus de la Victoire et vicus des Curies. Le Clivus, longue rue sur
ruiio des pentes supérieures du Palatin, était perpendiculaire au temple de la
f Victoire [n° 200], et conduisait presque jusqu'à l'ex-
tréniilé orientale de la montagne. — Le Viens des
Curies passait derrière les Curies des Saliens [n^S^O],
et suivait une ligne droite presque parallèle au Clivus de
la Victoire.
I. Sur le voisinafîe du Clivus de la Victoire et de la Porte
Romana, voy. n" 199, § II.
II. Iconographie. Un fragment du Plan de marbre, gravé
dans Bcllori, tab. IV, et dont nous donnons ici la copie, re-
produit toute la partie inférieure du Clivus de la Victoire.
III. Vicus des Curies. — Vicus Curiarum. P. Vici. de Reg.
urh. Romœ, X.
IV. Reg. X. Vicvs cvriarvm. GRUTER, p. 230. — ORELLI,
Inscript, lat. n° 3.
222. Loge de l'Empereur pour voir les jeux du Cirque. La partie de la
Maison d'Auguste qui regardait le Cirque Maxime se courbait en un vaste hé-
micycle dont l'aire était garni de gradins : c'était la Loge où l'empereui' assistait
aux jeux avec ses amis.
I. Les ruines accusent parfaitement cet hémicycle, et même ses gradins [Nolli,
rion. X, Villa Spada; Leiarouilly, Ibid.] ; mais les antiquaires ne sont pas d'accord
sur le nom à donner à celte partie importante de la maison impériale. Les uns, tels
que Panvini [Antiq. Urbis imago], et Ciancliini, qui a suivi l'opinion de son prédéces-
seur sans l'examiner [del Palazzo de' Cesari, c. V], y ont vu un prétendu tliéàtre de
Slalilius Taurus, le(|uel Stalilius n'a jamais bâli qu'un amphithéâlre, qui était dans le
Cliamp-de-I*lars ; d'autres, et avec eux M. Ballanli [il Palazzo de' Cesnri, p. 60],
appellent celte ruine Théâtre de Caligula, en se fondant sur le passage suivant de Jo-
séphe, dans lequel l'historien juif, racontant la conjuration contre Caligula, s'exprime
ainsi : Mî-à ok tï;v Ojaix-j à~l tv,v ôjcj/itav T/sa-siî èxxSi^szo, /Kt TïSfÀ ccjto'j tôiv
èzxipo)-j 01 c'Xio\o-ptX'x70i. KxTîTZcùasTO âï 70 Oiorxpov {-r.xrb-J (Jk iytvsTO xxtx ëxx-
J770V ivfKyràv) Toiivûî rponO-J. Joseph. Antiq. Jud. XIX, 1, g 13, p. 741 i, éd. Dindorf.
— Ce passage nous apprend bien qu'il y avait un théâtre, ou quelque chose y ressem-
blant, devant la maison Palatine, mais non qu'il ait été construit par Caligula. Nous
croyons qu'Auguste, qui aimait extrêmement les jeux du Cirque, aura fait établir ce
théâtre, ou plutôt cette Loge, lorsqu'il reconstruisit sa maison en 748.
225. Maison d'Auguste. Située immédiatement derrière la Loge dont nous
venons de parler dans l'article précédent, Auguste la bâtit en 748 sur l'empla-
cement d'une autre qui avait été ruinée par le feu. On y arrivait par l'Area Pa-
latin. Elle n'était pas très-grande ; l'ensemble formait un carré de 80 mètres
de face sur 92 environ de côté, mais elle était disposée avec beaucoup de soin,
et fort élégante dans son ornementation : outre l'appartement privé, composé
d'une foule de pièces de médiocre étendue, on y trouvait un Atrium pour
les réceptions.
I. Domus Augustana.
Domus Tiberiana. P. Vict. de Reg. urh. Rom. X.
• Sacro peracto ad speclacula se ronvertit [Cali{;al,i], loriiniqne suum in tlie.itro occupMhat
pnfcipuis ex amicis ciuctus. Exstructum vero erat thealrum (coagmentabatur autem quotan-
nis) in liunc modum.
loi DESCRIPTION DE ROME.
II. In reslitulioncm Palalinx domus inccndioabsumpt<e, veterani, dccuria>, tribus alque
t'Iiam sisillalim e roloro gonne honiinnm, libentes ac pro facullale quisque pccunias
conliilci uni : (IcIibatUc 'Au;;ii-ilo (.iiiiuiriiiiodo co summarum acervos, neque ex quo-
qu.iiii plus (Ipiiaiio .lufcrciitc-. Sift. Aikj. .")".
m. liabilavit primo [Augusius] jiixlra l'oiurn romanum, supra Sralas anularias, in
domo qua" Calvi oruloris fueral : postca in l'alalio, scd nihilominus in xdibus modicis
Ilortcnsianis. Si tT. Ibid. 72.
IV. .\b Aupuslo (juo(|ue ncpolihus cjus praeccplor cloctus (A'errius Flaccus], transiil
in l'alatiuni cum lola scliola, verum ul ne quem ampliusposlliac discipulum reciperel :
doruiique in airio Catilina; domus, quae pars Palatii tune erat. SiET.de JUutt. gram-
mal. 17.
V. i^fj.TCfy/i'j/j.o'j àê -noTs zh Ux/àziov âiayOîi/^xvroi, /.xï no'jJSyj a.jTÔ> ttoaIx oioôvtu-j,
ouokv É/aSîV, V-, //5V5V Tra^à /j.'îy T'iv or,iJ.wJ yjjU'joXi-j , ~x/isc o î T'7)v iotwTwv o (>OLX<j:ff.) O
TTK^K ro'j or,ij.oii 'A yv^ijj.é.'r,, eiVc y.Kt b-L v.p-/^iéps.oii -^v, '(•/ Ij iâioiç «/a/Kt sv -o'ii A-jiv'jti
ol/oiv]. Dion. LV, 12 •.
VI. Jconnr/raphic. Les ruines de la Maison dWuguste ont été découvertes et recon-
nues en 177.">, par un Fianrais, l'abbé de Itancoureuil, alors propriélaire du la rilln
Spada, auj. la villa Mill's, dans le jardin de laiiuelle s'élevail celle maison impériale.
Les fouilles exécutées par l'abbé de Kancoureuil onl fait retrouver la plus grande
partie du plan de l'édifice, et permis de conjecturer le reste d'une manière certaine.
Notre restauration est empruntée au recueil de Gualtani, intitule Monuvienli anlichi
inediti pcr t'annn 1785, gennajo, tav. I, et aprile tav. I. Elle se trouve reproduite
dans Piranesi, Anlichilà romane, t. 1, à la fin, recueil publié en 1787; et dans l'ouvrage
de M. Thon sur le mont Palatin, mis au jour à Itome en 1828. Les defouvertes que cet
artiste a faites dans cet endroit d'une multitude de fragments d'architecture qu'il re-
connaît, par leur slj le, appartenir au siècle d'Auguste, ont confirmé les conjectures de
l'abbe de Itancoureuil, qui d'ailleurs avaient été acceptées par tous les antiquaires.
Voy. Thon et Ballami, il Palazzo de' Ccsari, tav. I, H n» 6, Yî. — Voy. aussi Noill,
rion. X, Villa Spada; Lclarouilly, Ibid.
VU. L'existence de VAlrium est constatée dans les deux passages suivants : — « Vi-
des omnes lias imagines quae implevere Ca-sareum .\trium?)) Se.nec. Consol. ad Po-
lyb. ô5. — « Idcirco eliam in Palatii Atrio, quod augurato conditum est, apud
majores consulebatur seualus : ubi etiam aries immolabalur. » Serv. in Mneid. XI,
y. 233.
Maison de Catilina. On ne connaît pas sa place précise ; on sait seulement qu'elle
fut comprise dans la maison d'Auguste. Voy. ci-dessus, § IV.
224. Atiea Palatin. Place devant la maison (l'Auguste. Toutes les maisons
des grands avaient un area ou veslibide, et nécessairement la maison d'Augu.ste
en eut un aussi. Aidu-Gelle en parle, et bien que cet auteur Ilorissait sous
Adrien, néanmoins ses paroles peuvent s'appliquer à la maison d'Auguste qui
était le centre des maisons palatines. Peut-être mèiue l'Area Palatin était-il la
place, le Forum de la Rome primitive fondée sur cette montagne.
I. In Vestibulo a;dium Palatinarum omnis fere ordinum multitudo opperientes salu-
talioneni Cœsaris constiteranl. A. Gell. IV, 1.
II. In .\rea Palatina cum salulalionem opperiremur, philosoplius Favorinus accessit,
colloculusque est, nobis mullisque aliis piiesenlibus. Id. XX, 1. —Voy. aussi l'article
suivant, n" 223, § VII.
22o. Temple de .Juxon-Sospita. —220. Temple deCybèle. —227. Temple
DE Bacchls. — Devant le Temple de Cybèle : Statue de la vestale Cl.udia.
Ces trois teinples forment un des côtés de l'Area Palatin, vis-à-vis de la Maison
d'Auguste [n» 223]. Ils sont mitoyens; le temple de Cybèle se trouve entre
* Qiiiim forte Palalium iiicendio peiiissut, midlique iiiulta ei lar[,'iri.ulur, niliil pr.eter aii-
reiim a sinjjulis conventibus, a piivalo liomine denariiim accepit Ca^leiuiii rcfoctam
doinuni Miani, Ainjusliis totain pnblicam osso jussit, sivc quod ad eam .edificandam popiilus
pecuniam contulissel, sivc ipiod Poniifcx maxiinus quum esset; ut simul in propriis ac iu pu-
blicis s?dibus habitarel [an. 74'^]>
RÉGION X.— PALATiiX. 153
ceux (le Jiinoii et de Bacclms, el devant est la Statue de la vestale Claudia. Le
temple de Cybèle fut construit en 548, dédié l'an .'361 , et restauré par Au-
guste. On ne sait rien sur l'époque de la fondation des deux autres.
I. Martial indiquant à son livre lo clioinin du Palalin, lui dit:
Inde sacro vencranda (ictcs palalia rlivo,
l'iurinia qua summi fulfiel ima^o ducis.
Ncc le delineal niiri radiala Colossi,
Quœ lihodium moles vinrere gaudet opus.
Flecte vias, hac qua madidi sunt iccta Lya'i,
El Cvbeles picio slal rorybanle tholus. Mabt. I, 71.
— Voici le ehcmin indiqué par Alarlial : la Voie Sacrée [Sacer clivus] au commen-
cement de laquelle clait le Colosse de Néron, avec une couronne radiée sur la lèle ; la
rue qui passe ])ar la porte Roinana, le Clivus de la Vicloire, el à droite la voie qui
conduit sur VÂrea Palatin.
11 .ï^des Mairis Magnae in Palatio faciendam locaverunt [censores, anno 548]. Tit.-
Ln. XXIX. 57.
III. l'er idem fere tempus [an. 561] œdesMatris Magnae Idaeœdedicata est: quam deam
is P. Cornélius advectam ex Asia, P. Cornelio Scipione, cui posl Africano fuit cognomcn,
P. Licinio consulibus in Palatium a mari delulerat. Locaveranl œdem faciendam ex
sena(usconsullo .M. Livius, C. Claudius censores, M. Cornelio, Ti. Sempronio consuli-
bus, iredecim annis postquam locata eral. Dedicavit cam M. Junius Brutus. Tit.-Liv.
XXXVI, 36. — Dion racontant le transport de la mère Idéa à Rome par Scipion, ajoute :
■/£•■'. Uiox. Fraf/m. ex lib. XXXIV, priorib. g LXIIl. i.
IV. .-Edem Matris JIagn.e in Palatio... Feci. LAPIS AXCYR. col. 4 et 6.
V. ^des Matris deum. Huic fuit conterniinum Delubrum Juiionis Sospitoc. P. ViCT.
de Heg. urb. Romœ, X.
VI. Ovide parlant de la fondation du temple de Cybèle, lorsque celte déesse fut ap-
portée à Home, dit :
Nasica accepil: lempli tune exstitit auctor.
Âugustus nunc est : ante Metellus erai.
Ov. Fast. IV, V. 547, 3'<8.
VII. Nam qiiid ego de illis ludis loquar, quos in Palatio nostri majores ante tcmplum,
in ipso Matris Magnae conspectu, Megalensibus fieri celebrariquc voluerunt ? Cic. de
Arusp. resp. 12. — Ces jeux .Mégalésiens qui se célébraient devant le temple même de
Cybèle, prouvent qu'une vaste place existait devant ce temple, el celle place ne pouvait
être que l'Area Palatin.
Vlil. Principio mensis Phrygiae conlermina Matri
Sospita delubris dicilur aucta novis.
Ov. Fast. II, V. 55, 56,
IX. Iconographie. On vient de voir que les textes indiquent vaguement ces trois
temples sur le mont Palatin; M. Thon a retrouvé leur place el les a restaurés: —
Trovandosi poi tre tenipj uniti insieme sul monte Palalino, di due de' quali esislono
ancora gli avanzi, e del terzo non potendosi dubitare, considcrando la situazione, è
mollo probabile che essi appartengono a queste tre divinità. La planta délia cella di
due di qucsti tempj era già slata dal Panvinio nella sua opéra de ludis circcnsibus,
nel cui tempo forse ne esistevano mugglori avanzi, ma egli erroneamente dà loro la
denoniinatione di Biblioleca greca e lalina. Dopo pero gli scavi cspressamente falti
dal. Sig. Thon, si è conosciuta raeglio la loro forma, e sembra fuori di dubbio che non
due, ma tre fossero questi tempj, cosi richiedendolo la simmetria, ne essendo probabile
che fossero in un laio piuttosto che nel mezzo. Tuon et Ballaxti, // Palazzo de Cesari,
p. 24, cl tav. I et II, n'5* 13, 14, 15.
X. Statue de la vestale Claudia. Possunl elilla rairaculorum loco poni: .... Quod
Q. Claudiae Statua in veslibulo lempli Matris deum posita, bis ea œde incendie con-
sumpta, prius P. Nasica Scipione et L. Bestia : item M. Servilio cl L. Lamia coss ; in sua
basi (lammis intacta stetit. V. Max. I, 8. 11.
* Ijjltiir ille [Scipio] Deam [Klcam], comilantilnis primariis malronis, in ^Urbeni atque in
Piila'iuiu intulil.
154 DESCRIPTIOiN DE UOME.
228. Temple de la Foi. Au-dessous du temple de Junon-Sospita [no22o],
sur le bord du Clivus de la Victoire. 11 fut érigé par Numa.
!. Ara Fcbiis.
iïdcs Malris dcum. Iluic fuil conterminum Dnlubrum Junonis Sospilap.
P. ViCT. de Heg. urb. Rnmœ, X.
II. n^wToj v.jO (idiTiu-j i-pb'J 'lopiny.zo nhrt'jii &/i//5Jta5, xai djziv.^ c/.jTri zaTe^rvj^y.Tî.
D. Hai-ic. Il, 75 ».
229. Temple et Attf.l de la Fièvre. L'un et l'autre étaient fort anciens.
Le temple est en parallèle de celui de la Foi [n» 228]. Devant, au centre de
la place, s'élève l'Autel de la Fièvre.
I. OiVotlJ.'Ml'J-h Ziif /'ijJ'j) TW n«/,^0!VT£W, lï'JfySTOÏj y.'/.l Vî'Jyj, -/M /Î'j>/J.hv l'jr,'jZ7.-J70
iELiAN. Var. hisl. XII, 11^.'
II. Fcbrcm aulem ad minus norcndum, Icniplis colebant : quorum adhuc unum in
Palalio... exlal. elr. V. Max. II, 5. 6.
III. Fc'bris aulem Fanum in Palalio, cl Orbon.T ad aedem Larum,... consccralam \i-
demus. Cic. de Divinal. III, 25.
IV. Ara vptus slal in l'alalio Fcbris. Cic. de Legih. Il, 11.
V. Publirc l'cbri Fanum in Palalio diratum est. Plin. H, 7.
VI. Sur la situation de V Autel de la Fièvre auprès des temples de la Foi et deCybèle,
voy. ci-dessus, n» 228, § I.
230. Temple de la Lune koctilica.' A gauche de la voie qui longe le temple
de la Foi [n» 228], et monte sur l'Arca Palatin.
I. Luna vel quod sola lurel noetu, iiaquc ea dicta Xoctiluca in Palalio; nom ibi
noctu luret tcmplum. Varr. L. L. V, § 68.
II. On voit d'après l'unique indication, in Palalio, que cette position esl conjectu-
rée.
25!. Maison du Flamine-Dial. Au-dessus du temple de la Lune noctiluca
[il" 230]. Elle existait du temps d'Auguste.
I. Sur la maison du Flamine-Dial, voy. plus liaut, n° 216, ,§ II.
II. Ignem ex domo Flaminia cITerri non licebat, nisi divinje roi gratia. Fest. v.
Ignem.
III. Domum enim in qua Pontifex babitat Regia dicilur, quod in ea Uex sacrificulus
babilarn ponsupsset, sicut Flaminia, domus in qua Flamen babilat, dicebatur. Serv. in
jEueid. VIII, v. 565.
232. Portique Palatin. Situé à gauche de l'Area Palatin [n° 224], en re-
gardant la maison d'Auguste. Nous conjeclurons qu'il fut bâti par ce prince.
I. Nous ignorons le nom véritable et l'origine de ce monument. Le nom que nous
lui donnons, par conjerlure, est emprunté au fragment suivant de l'inscription d'An-
cyre: opkua fkt.it nova, porticvs in Palatio. (col. 6.) Mais nous craignons que ce
ne soit là une bien faible autorité ; car le passage de la sixième table dont nous venons
de citer qucl(|uos mois, n'étant qu'une récapitulation de ce qu'Auguste a dit dans la
qualriènic table, relativement aux édifices, Pnrlicus pourrait bien s'ap()liquer ici aux
porli(|ues du temple d'Apollon Palatin, dont il a dit dans celte quatrième table : lein-
pluniqne Apoltivis in Palalio cvii porticibcs... feci
II. Iconographie, 'l'ont le plan de ce monument a été retrouvé parmi les ruines des
édifices du mont Palaliii. Voy. Thon et Iîallanti, il Palazzo de' Cesari, tav. 1. — Voy.
aussi XoUi, lUon. X, Villa Spada ; Letarouilly, ibid.
233. Temple de la Fortune de chaque jour, et Portique de Catulus. Le
temple fut voué par Lntalius Catulus, l'an Go2, au moment où, avec Marins,
il allait livrer bataille aux Cimbres. Sa forme était circulaire. Il se trouvait en-
' Primus omnium niortaiium [Numa] tcmplum Fidci Public»? crexit, eique sacriticia in-
stituit. = ^ Uomani sub Pallaniio colle, Febri tcmplum et Aram cosediticarunt.
RÉGION X. — PALATIN. 155
clavc dans un Porlique l)àli par Catulus avec \c produit dos dôpouilles des
Cimhrcs. Ces édifices furent prubahlemcnt construits peu après l'an G52.
I. \\od TO TTîÇàv i-J roÙTO) Tô)v jia.f.Sv.r.oj'j iiT-ç-i yxOv.Tzsp Tzélxyoî àymïi /.i-.'oiiy.z-Joy. h-
zoûOoi. vfJKX/iSvoî b fiJi/.piOi zàç x-ip'^-i '^^'' T^pôç ràv ojpcuvb-J ù.w.'^yw, r;'j^y.-:o roïç O-cTtî
xarà èxccrôp-Gr,?. Hj^c/zo â's kv.'i Kd(T)>o;, by.olMî àv«5;/&jv Tàs ysipa.?, xv.OlspcinzfJ zr,j
■zùy-rfJ T/;, r,'j.spxç i/.shr,i. Pliit. Mar. 26*.
II. Vicus hujusque diri. P. Vict. de Hcg. urb. Romœ, X.
III. Fuit et alius Pylliagoras Samius, iniiio pictor, cujus signa ad rcdem Forlun;^
hujusque dici septom nuda, cl senis unum, laiidala sunt. Plin. XXXIV, 8,
IV. Crassus oralor fuit in primis nominis romani: doinus ci magnifiea : sedaliquanlo
prœslantior in eodem Palalio, Q. Catuli, qui Cimbros rum Mario fudil. Plin. XVII, 1.
— Voy. ci-dessous, n» 234, g IV. Cette maison fut sans doute englobée dans celle
d'Auguste.
V. Tu, Q. Catule, M. Fulvii domum , monumentum tuarum manubiarum esse vo-
luisti Hoc si quis tibi aedifiranli iilam porticum diceret, fore lempus, quum is tri-
bunus plebis,... luum monumentum disturbaret, everteret, idque cuni ejus civis,
qui rempublicam ex senatus aurioiilate consul del'cndisset, domo conjungcrel: non ne
responderes, etc. Cic. jiro domo, h'i.
A'I. Flaccl et L. Satnrnini, seditiosissimorum civium, corporibus trucidalis, pénates
ab imis fundamentis cruti sunt. Cclerum Flacciana area, quum diu penaiibus vacua
mansisset, a Q. Calulo Cimbricis spoliis adornata est. Y. Max. YI, 3. 1.
VU. Deinde consules Porticum Catuli restiluendam locarunt. Cic. ad Altic. IV, 2.
[an. 696.]
VIII. Iconographie. Inter eas piscinas tantummodo accessus semita in tliolum, qui
est ultra rotundus columnatus, ut est in œde Catuli, si pro parietibus feceris coluranas.
Varr. R. R. m, 3.
234. Maison de M. T. Cicéron, puis de Censorinus. A l'angle S.-E. du mont
Palatin. Cicéron l'avait acquise de P. Crassus ; puis elle appartint successive-
ment à Censorinus qui fut consul en 740, et à Slatilius Sisenna consul en 769.
I. Quum œdificaret domum in Palatio [Drusus trib. plebis], in co loco ubi est quœ
quondam Ciceronis, mox Censorini, nunc Slalilii Sisennœ est, promilteretque ei archi-
tectus ita se eam œdificaturum, uti libéra a conspeciu, immunisque ab omnibus arbitris
esset, neque quisiitiam in eam despiccre posset : etc. Patebcil. H, 14. — Ceci prouve
que cette maison était bien où nous l'avons mise, car on se mettait à l'abri de tous les
regards en élevant de hauts murs au N. et à l'O., sans rendre la maison moins agréable,
puis(iue l'on avait encore les faces de l'E. et du S., c'est-à-dire celles vers le mont Cœ-
lius et vers le Cirque Maxime, d'où l'on dominait partout sans être dominé par personne.
II. Cum [Cicero] emere vellct in Palatio domum, et pecuniam in prœsens non habe-
ret, a P. Sylla, qui tum reus erat, mutuum sestertium vicies tacite accepit. A. Gell.
XII, 12. — Cicéron plaida pour Sylla l'an 691 ; cette date donne celle de l'acquisition
de sa maison. — «Ego tua gratulalione commolus, quod ad me pridem scripseras, velle
te bene evenire, quod de Crasso domum emissem ; emi eam ipsam domum quinquies
tricies, aliquanto post tuam gratulationem. » Cic. Ep. famil. \, 6, P. Sexiio. an 691.
III. Eram etiam tuo judicio civis incolumis, quum domus in Palatio, villa in Tuscu-
lano, altéra ad alteram consulcm, transfercbalur. Cic. pro domo, 24.
IV. Domus mea illa prope tola vacua est;vix pars iediuni mearum décima ad Catuli
Porticum accessit: causa fuit ambulatio, et monumentum, et isia Tanagra>a, oppressa
libertate, libertas. In Palatio, pulclierrimo prospeclu porticum cum conclavibus pavi-
mentatam trecentum pedum concupierat [Clodius], ampiissimum peristylium ; cetera
ejus modi, facile ut omnium domos et laxilale et dignilale superaret. . . . Inferiorem
îedium partem assignavit non suœ genti Fonteise, sed Clodiœ, quam reliquit. Cic. pro
domo, 44. — Ptilchcrrimo prospeclu s'accorde parfaitement avec la situation de
l'angle S.-E. du Palatin, d'où l'on voit au loin la campagne de Rome bornée par les
* Intérim barbarorum [Cimbrorum] peditatus instar vasti pclajji agitali irruchat. Ibi laulas
manus Slarius ad coelum tollens, diis vovit inimolaturum se centum boves : vovit et Catulus
tensis item manibus, Forlunœ ejus diei aedem.
150 DESCKIl'TiON DE UOMi:.
rolcaux (le Tibur rt de Tusculum. — Jnferioretn œdium partem prouve que la maison
Olail sur le bord de la monlafine.
Y. At milii in l'alalio resiituia [est domus] Cic. de Aruip. reip. 8.
VI. Otxiav rjh T/,v ij.kvo Trar^c^jav zCi v.oùfCt TTapzyùfyr,';-:', «J-ô, ô' u/.îi 7!zfA -h lla/i-
T(cv, •j~ïr. T'j'j fj.r, jj.-j:/.i;c/.-j ^y.ii^'j-jzv.i ho-y/j.-'i'jOu.irojiOif^aTisjo-jrcr.; -jrj-.oj. I'li'T. ('ic. 8'.
VII. Domiim ipsam Uiam vi cl rapinis, Tuneslam libi ac tuls, comparasti :... cpium
in ea domo liabitares, homo flagitiosissime, qua; I'. Crassi, viri consularis, fuil. Sall.
Declam. in Cic. 2.
liôiî. ^Iaison de Clodiis. Auprès de celle de Cicéron ; elle était grande et
iiiagnilifjiie.
I. P. Clodius, (luem iMilo occidil, H-S cenlies cl quadragies orties domo empta liabi-
taveril: quod eqiiiilem non secus ac rcgum insaniam, miror. Plin. XXXVI, 15. — Voy.
aussi ci-dessus n" 234, § IV.
2.">(>. Maison de Scaurls. Elle était magnifique, et se trouvait à l'angle
N.-E. du Palatin.
I. 11 existe de ce côlé une rue qui, encore aujourd'hui, porte le nom de Clivus
Scauri, ou de salita di S. Giovanni e Paolo. [Xolli, n» 958 ; Lelarouilly, rion. X, 33.]
Voy. aussi Xardini, lioma antica, lib. III, c. 7.
H. Quo loco défendit quod tam magnificam domum habel .... Demonstrasse
\obis mcmini me liane domum in ea parte Palalii esse quœ, cum ab Sacra via descen-
deris, et per proximum vicum, qui est ab sinistra parte, prodieris, posita est. Possidet
cam nunc I.ongus (Ja'cina. qui consul fuit cum Claudio. In hujus domus alrio fucrunt
quatuor column» niarmoreae insigni magnitudine, qu;c nunc esse in regia lliealri Mar-
celli diruntur: usus erat iis fedilis, ut ipse quoque significat, in ornalu theatri quod ad
tempus perquani ampla magnitudine magnum fccerat. .\sto>". pro Scauro. p. 176.
III. Eliamne lacuerunt maximas earum [coiumnarum] alque adeo duode quadragenum
pedum Lucullei marmoris in atrio Scauri collocari? nec clam illud occulteque factum
est. Salisdari sibi damni infecti coegit redemptor cloacarum, quum in Palalium extra-
liercnlur. Pi.i.n. XXXVl, 2.
IV. Cn. Oclavio, qui primus ex illa familia consul factns est, honori fuisse accepimus,
t|uod prœ'claram œdificasset in Palatio, et plenam dignitatis domum Hanc
Scaurus dcmolilus, accessionem adjunxit aedibus. Cic. de Offic. I, 59.
237. Maison de Domitius Calvinis. Doniitius Calvinus ayant vaincu les Cé-
rélans peuple d'Espagne, obtint le tiioniphe en 7lo, et consacra une partie
du butin à rétablir sa maison du Palatin, qui était fort belle.
I. Tj;/c.jv T£ T'Jjv £-tv(/.!(iiv, zairot T/j; iS/j^cia, T'jj Kaica/it TT/îOJTîTXy/J'.EVï); tô, tî
yf-'^i'iov TÔ ~xf,y. Twv ûî/.ïojv s; v.j~y. Û'jiB'os o't'j'îc^ai, è/. //dv&jv twv if/iyitxwv s^aéE, yv.1
ÙTî (jrj-îoi) Ts fj.i-j Ti èî Tv;v sop7Y,v v.vaMM^s, -zo OS QT, 77/ îTîv îj '0 'iy.zù.îLo.' . Dion. XLVIII,
42 *.
Note sur les «uatre maisons précédentes, n»5 234, 233, 236, 237. Iconographie.
Nous avons restauré ces maisons d'après d'autres édifices du même genre représentés
sur les fragments du Plan de marbre conservé au Capitole.
2Ô8. Voie Triomphale. Nous donnons ce nom à la voie située au bas du côlé
oriental du Palatin, et par laquelle en sortant du Cirque Maxime, les pompes
Iriompliales gagnaient la voie Sacrée. Cette désignation, bien que conjecturée,
est néanmoins certaine : Y Arc de Constantin élevé à l'extrémité de cette voie,
prouve que les triomphateurs passaient par-là, car on ne construisait d'arc de
triomphe que sur leur passage; témoins encore VArc de Titus sur le point
culminant de la voie Sacrée, et l'^rc de Septime Sévère au bas de la même
voie, au pied du mont Capitolin. Voy. aussi n" 198.
* Domum paternim concessit [M. T. Cicero] fr.itri : ipse, ne esset dienlibus suis molesuim
lonyius ire, juxta l'alalium liabicavil. = ^ Triuniplius iyilur ei [Domilio Calviuo] conressus,
quanivis Hispania Ca>5aris imperio subessL't. . . . Auiiim autem, fjuod in triumplium conferri
ab urbibus solet, a solis Hispaoiîe civitatibus accepit : atque ejus aliquam parlera in lriuni[>lii
apparaium insuinpbit, m.ijorem vcro in palalium reficiendum [an. 'i'>]-
RÉGION XI. —CIRQUE MAXIME. 137
REGION XL— ClilQUE MAXIME.
Cette région étroite et longue, est, en grande partie, remplie par le
Cirque même qui lui donne son nom. Elle commence, vers le midi,
aux murs de la ville; s'allonge dans la vallée entre le Palatin et l'Aven-
lin; s'élargit à gauche entre le Tibre et TAventin, jusqu'à la porte
Trigemma située près du Pont Sublicius, et s'étend à droite jusqu'au
théâtre de Marcellus [n" 14 i, IX« région]. Dans cette dernière partie
elle se trouve bornée à l'O. par le Tibre, et à l'E. par la voie qui part
de la porte Carmentale ou Scélérate, au pied du mont Capitolin, et va
jomdre l'angle septentrional du Cirque Maxime.
239. Temple et Akea de Mercure. Tout près de la porte Capène, à droite
de la voie Appia, en entrant dans la ville. Le temple fut dédié l'an 259 de
Rome, et du temps d'Ovide il existait encore. Sur le devant était une petite
place ou Area, au centre de laquelle on vovait un bassin circulaire.
I. Templum Mercurii. Sext. Rif. de Reg. urb. Romœ, XI.
II. Ciicus maximus, qui capit loca CCCLXXXV M. XII porta».
Templum Mercurii. P. \ict. IbiJ.
III. Eodem anno [239] œdes Mercurii dedicata est idibus Maiis. ïit.-Liv. II, 21.
IV. Le poêle s'adresse à Mercure :
Templa tibi posuere Patres spectantia Ciicum
Idibus. Ex illo est li<ec libi festa dies.
Est aqua Mercurii, portse vicina Capenœ.
Hue venit incinctus tunicas mercator; et urna
Parus sufDta, quam ferai, liaurit aquam.
Ov. Fasl. V, V. 669, 670, 672, 674, 673.
^. Iconographie. Un fragment ci-joint du Plan de marbre, sur le
quel on lit encore AHEA M, et où l'on reconnaît l'indication un peu
AR.iPAOM5^3gue d'un bassin circulaire, nous a fourni le motif de notre reslau-
" ration. Ce fragment est aussi gravé dans Bellori, tab. IX.
240. Temple et Bois de Libitine ou Vénus Liiîitine. Le temple de Libitine
avait été fondé par Numa. Il renfermait les magasins des Libitinaires ou entre-
preneurs des pompes funèbres, et l'administration chargée de recevoir les dé-
clarations de décès. Outre le temple et ses dépendances, il y avait aussi un
Bois consacré à la même divinité. Le temple et le Bois se trouvaient à l'angle
S.-E. du mont Palatin, entre les murs de la ville et la voie Triomphale.
I. Yicus Parcarura.
Yicus Veneris. Sext. Rif. de Reg. urb. Romœ, XI.
— On ignore la position du temple de Libitine ; nous l'avons mis dans la XK Région
sur l'indication des quartiers des Parques et de Vénus dans cette région, et en con-
jecturant qu'ils empruntaient peut-être leurs noms au voisinage du temple de Vénus-
I.ibitine.
II. lCT«5iV 055V ïoil •JOlJ.l^yC. y.X7V.^ép-lV 'jTz'-p ixâsTOU ZOJi ~pOTr,/.0-JT'/.;, îî» y-'^''' ~ov
458 DESCRIPTION DE ROME.
â's -rbv Tôs tiffjooiTfn iv a/i-t /.'xOwf^ujxvjO'^, ^v T:pot;a.-/opsiiouGi At6tTiv/;v, ÛTiè/s twv
c<rrc--/£vî//£v6jv. D. Haijc. IV, 15 '.
111. Kodcm die Yciicri Icnipla suiil consccrala, allerumad Circum Maximum, alterum
in Luco Libilincnsi. Test. v. liuslica.
Kf fjoahri.! sTjxi ry,v A.(ftT(v/)v; ttots/sov xa'i toXito zoïi you/J.à, zov /SactÀEWs, fùoijr)fr,iJÙ-
Plut. Quœst. rom. p. 89 2.
V. l'cslik'iilia in agiis foiisquc et conriliabulis, el in Urbe tanta erat, ul Libilina
tunn vix sufTiccrel. Tn.-Liv. XL, 19 fann. .ITl].
VI. Ne libfioium quidem luncribus Libilina sufDciebal. TiT.-Liv. XLI, 21 [an.
ri78].
VII. Peslilenlia unius autumni, qua Iriginta funerum millia in ralionem Libitinœ ve-
nei'unt. Suet. Nero. 39.
VIII. M. Cornulo pifclore funus Ilirlii el Pansœ jussu senatus locante, qui tune Libi-
tinam cxurrebaiit, quum rerum suaium usuni, tum minisierium suum graluilum pclli-
cili sunt. V. Max. V, 2. 10 [an. 710].
IX. Aulumnusque gravis Libilinse qucestus acerbœ.
HoR. II, S. 6, V. 19.
— Est uulem Libilina locus in Urbe, quo consliluunlur qui efferenda corpora con-
ducunt et pra;benl luneribus necessaria. Acron. in Uor. loc. sup. cil.
241. Cirque Maxime. Il occupait toute la vallée entre le moût Palatin et le
niout Avenlin. Sa longueur était de trois stades et demie [environ e.'JO mètres]
et sa largeur de quatre jugères [environ 1.30 mètres]. 11 avait la forme d'un
amphilhéàlre tronqué, terminé à son extrémité orientale par un hémicycle au
cculre duquel s'ouvrait une porte eu arc de Irioniplie, et son extrémité occi-
dentale par une ligue de petits portiques au nombre de douze, servant de Car-
cères pour les chevaux et les chars. Le pourtour du Cirque, à l'exception du
côté occupé par les Carcères étail rempli de gradins partagés en trois sections
sur leur liauteur par deux larges paliers ou prccinclions; ces gradins tenaient
4 50,000 spectateurs. ►Un portique en colonnade couronnait l'édifice derrière
le dernier gradin supérieur. Les gradins se trouvaient séparés de l'arène par
un canal d'eau vive ou euripe, large de 2 met. 963. Une espèce de long pié-
destal nommé l'^p/jie, partageait l'arène en deux, dans le sens de sa longueur,
à peu près comme l'épine dorsale partage le corps de l'homme. Du côté des
Carcères, l'Épine, commençait au tiers de la longueur de l'arène, au moins, et
laissait vers l'hémicycle un espace deux fois moins considérable. Elle ne suivait
pas une ligne parallèle au monument, mais s'inlléchissait sur la gauche d'une
manière très-sensible, en s'allongeant vers l'hémicycle, de sorte que ce côté de
l'arène devenait plus d'un quart moins large que le côté droit : c'était afin de
laisser plus d'espace aux chars qui, en sortant des Carcères tous ensemble,
commençaient toujours leur course par ce côté droit, vers lequel convergeaient
les Carcères disposés sur un arc de cercle dont la corde était d'équerreà l'Épine
et diagonale aux gradins. De cette manière, tous les chars avaient une égale
distance à parcourir avant d'entrer dans la lice proprement dite qui commen-
çait h la hauteur de l'Épine. A l'autre extrémité, la déviation de l'Epine n'était
guère que d'un neuvième, parce qu'à cet endroit les chars avaient pu entrer en
ligne, et que déjà d'ailleurs, une partie se trouvaient distancés.
* Sutuit [Servius] quanti pretii nummum pro singulis cogn.iti inferre deberent in aerarium
llytlrioe, quam Iloinaiii vocant Junonem Lucinam, pro ils qui nascereutur, et in [cErarium]
Veneris, quod in Luco est, quam Libiiinam nuncupant, pro iis qui niorerentur.= ^ Cu^ quae
ad funera pertinent in templo Libitina™ vendant, quam eamdem esse cum Veaere censeutî
An lioc quoque unum est de ^'uma^ reyis sapienter institutis, quo discerent ab bis rébus non
abborrere, neque pro piaculis eas ducere î
RÉGION XI.— CIRQUE MAXIME. 459
On voyait sur l'Épine dos statues, des colonnes surmontées de statues, et
divers pi'lils nionuineiils parmi lesquels deux porti(jues en colonnade, l'un
supportant sept daiqjhins, l'autre sept œufs qui, dans les courses de cliars,
servaient à compter les révolutions accomplies, car une course se conqtosait de
sept tours du cirque. Ce fut Agrippa qui, pour faciliter au peui)le le computdes
révolutions, établit ces petits portiques, desquels on enlevait un dauphin ou
un œuf, chaque fois qu'un tour était accompli. Au centre de l'Epine se dres-
sait un Obélisque haut de 82 pieds, et aux deux extrémités, un peu en avant,
étaient trois bornes, mctœ, en bois, ayant la forme de cônes allongés, et placées
toutes trois de front sur un piédestal conmnni.
Dans les monuments, comme les cirques elles amphitiiéàtres, où l'on donnait
des combats de gladiateurs, il y avait deux portes spéciales, l'une par laquelle
se retiraient les combattants sains et saufs, favorisés par les chances du combat,
ou bien que le peuple avait graciés, et l'autre par où étaient emportés les morts
ou les blessés. La première était appelée Sana vivaria, et la seconde Lihili-
ncnsis, de Libitine, déesse des funérailles. Nous croyons que la porte Sa7ia
vivaria était au milieu de la partie en hémicycle, et la porte Libilincîisis au
centre des Carcères.
Derrière ces derniers édifices nous avons indiqué deux cours avec des fonlaincs
et des écuries. Cette dépendance était indispensable, parce <[ue chaque fois que
l'on donnait des courses équestres ou curules, on faisait courir au moins cent
chevaux dans la journée.
Le Cirque Maxime fut bâti l'an 138 de Rome, par ïarquin-l' Ancien, qui le
garnit de gradins en bois. Divers censeurs l'embellirent, et César ainsi qu'Au-
guste l'agrandirent ou le restaurèrent. Néanmoins, du temps d'Auguste la pré-
cinction supérieure n'avait encore que des sièges de bois. Le véritable nom de
ce monument est Cirque Maxime, c'est-à-dire, le plus grand. II ne dut être
ainsi nonuné qu'après l'édification du Cirque Flaminius, exécuté quatre siècles
plus tard, et qui était infiniment moins grand. [Yoy. IX'' Rég. Cirque Flami-
nius. n° 4 63].
I. Hercules Tiiumphalis.
Circus Maximus. Sext. Rit. de Reg. urb. Romœ, XI.
II. Circum Maximum scdificavil [Tarquinius Piiscus]. A. Vict. de Vir, illust. 6.
III. Bcllum primum cum Lalinis gessit [Tarquinius Piiscus], et oppidum ibiApiolas
vi cepit ; prœdaque inde majore, quam quanta belli fama fuerat, revecta, ludos opu-
lenlius inslructiusque quam priores reges fecit. Tum primum Circo, qui nunc Maximus
dieitur, designatus locus est ; loca divisa Patribus equilibusque ubi spectacula sibi
quisque facerent; fort appcllati. TiT.-Liv. I, 55 [an. 138].
IV. KaTSîZc'Jaic oï xczt tôv //sytirov twv ï-noôçjfjiiM'j 'Y'j.ry/.wioi ràv iJ.fzaXii toô zs
AÙîvtÎvou xa't Toû IlaXavT(5L/ y.si/j.sJO'.>, ti/îmtov inoGzsyouî T.spi aOràv Trovricoiî v.oSiopv.^'
ëfj.ù'ïs nk cipa. o\)v ypo-Ju y.où.TO\;T0 To ëpyo'J iv Tolj TTavu K'jCko~i^ y.cù
0'/.ii[j.'j.ozoii KKza.i/.zw.iiici.zi T^; îio^scos ysv^^îTÔat. {J-ny.oi h'vj -jy.p zoli innoopô/jLOu , zpiCrj
/M Yifj.LsQUi IstJ <:zaâio}V svpoç os, zszTà.pu-j r.ïédpotv TZipiç, os c.-jzoû Axzy. zs zàç fj.si-
Çsy,- Tilsvpi/.i, xal xxzà /jia.v zôi\i è'^oczzi-joiv, s'jptT:oi sic bTzo^oxyfJ ZS%zoi c,pd>pu/.za.i,
fiùOoi zs xo-l ■nlàzoi àsy.y.nouç. fASzy. as tôv s'jpinov ùy.o5à ij:r\-nM azocù zphzsyoï. zoû-
zoi-j â's at p.iv èn'ntsooi, It^bot.? ïy_o\>ni-i, (Ititisp h zoli Osûzpoiî, o\ipy b-^sp'X-js:izfiy.-jia.i
y.'xfiiopy.i' vx à' UT^spoioi, ^ulhoni. (;uyc/.yo-Jza.i (?' si; zb a.ùzb vm auyà.T:zo'ja'iv oMrî'joi.i; ui
fjisH^ou;, ÙTTÔ T-^5 i'iùzzovoi, p.r,yosLOÏi è)(û{ji:r,ç zb ayyj'ju, aoyx'Xsiijxsvaf uuzs /xt'av èx twv
zpiwj ysvssôat ozov.v y.p.'JLOic/.zpov, ô/.zM ozacioiv, îzavïjv br^ooé'z'x.sOa.i T:svzsxot.Losy.y. y.j-
pià.^y.; dvôyiwTicov. Y) os /5t7T'/î zôiv è\a.zzo-Juv T:lsupôiv uïOpiOi «vct//ô'vv) ipoùiâ'jizyi iûnx-
fstjsii êyst, êià. p.LKi Czix'kriyyoi ckp-a. ûàoxi ùvoiyo/jLS-/</.ç. eari os xoù Tispl zbv iT:~ôopoy.o-j
é'^oi9s-J szépoc QZO'J. iJ.ov(jozsyoi, ipya.tjz-fipiy. syouzx iv wjzri, x-oà ol/.rianï iiltïp a.Jzà.' oi yj,
ehlv s'hoooizs xcà ù-jcii.ëy.^sii zol; i~ï zr^-i Bi'J.-i y.fix.-jo'jiJ.i'JOii ~y.p' ï/.xozo-) ipyxozopio-j,
Stzzs /j.Yi^'sv èvoy}.sïo9a.i zi/.i zo<zy.iSs p.'jpiy.ov.i shioiiax; zs /.at àjio'h'joij.éyv.i. D. Halic.
111, 68 1.
* Tarquinius [Priscus] etiam Circum Maximum inter Aveminum et Palatinum collem
100 DESCRIPTION DE ROME.
—Dans la description pr(^r(-di'nt('<7T5«J Tyii'îrr/ot df^signcnt un triple ('-laRe de gradins
cl non de portiques, car dans les Ihéàtres et aniplillliéâlrcs des Homains il n'y a\ail
jamais de portitiues (lue sur le couronnement de l'édifice. Cela signilie proprement (|ue
les gradins étaient divisés dans leur hauteur en trois précinclions ou trois ceintures
de paliers servant à circuler autour du monument.
La (in de cette description a besoin d'un petit commentaire pour être parrailcmenl
claire ; Dcnys dit (jue le Cir(|ue est entouré extérieurement d'un portique différent à un
seul étage. Je traduis hii^u par diffèrent et non par autre, parce que érs/îaTT'SK est en
quelque sorte en opposition avec les iroa't rfA-^^tyoi dont nous avons parlé plus haut. Il
paraîtrait naturel de croire que le Cirque avait autant d'étages de portiques que de pré-
cinclions, ainsi (jue cela existe au Colysée et au théâtre de Marcellus; il n'en était ce-
pendant pas ainsi : le (jr(|ue n'avait bien elTectivemenl à l'extérieur qu'un seul étage
de porliqucs, parce qu'il s'étendait jusque sur les deux croupes inférieures du Palatin
et de l'Aventin, de sorte que la pente du terrain lui faisait perdre en dehors la plus
grande partie de la hauteur qu'il avait en dedans; le rez-de-chaussée du portique ex-
térieur se trouvait au niveau de la seconde précinction, et le portique qui, au som-
met de la troisième précinction, couronnait l'édifice, répondait, sur la rue, à l'étage
unique du portique du dehors. C'est ici le lieu de rapporter ce que l'irro Ligorio écri-
vait en 1552 : « Le misure del Circo [iMassimo] sono lanlo confuse dalle ruine, che
non se ne puo farc un vero e certo giudicio [délie anlichild di lloma, etc. p. 8, verso).
V. Nam Circum Maximum, a Ca^sare dictatore exslructum, longitudihe stadiorum
Irium, latitudine unius, sed cum .xilificiis jugerum qualernum, ad sedem CCL millium,
inter magna opéra dicamus. I'lin. \XXVI, 15.
— Un stade (olympique) vaut un peu plus de 185 mètres, et trois stades valent
.'')56 métrés. Quatre jugères carrés valent 1 hectare, 1 are, 14 centiares. La mesure
de Pline se rapporte à peu prés à celle de Denys pour la longueur dans œuvre; elle
est plus considérable pour la largeur : nous en dirons les motifs au paragraphe
suivant.
VI. Circus maximus, qui capit loca CCCLXXXV M. XII porta?. P. Vict. de Rey. urb.
Romœ, XI.
— Les 385,000 places dont parle P. Victor doivent s'entendre du Cirque restauré
par Trajan ; en effet ce monument fut rebâti quatre fois depuis Auguste : d'abord par
Néron, qui l'agrandit en supprimant l'Euripe (Plin. VIII, 7); par Vespasien, ensuite,
ou plutôt par Domitien (Siet. Domil, 5) ; puis par Trajan, qui le fit plus grand encore
qu'il n'avait jamais été (Plin. Paneyyr. 51. — Dion. LXVIll, 7, apud Xiphii,. Traj.) et
enfin par Antonin-le-Pieux ou Antonin-le-Philosophe (Capit. Anlo. Pi. 9). La différence
du chiffre des places, donné par Denys d'Ilalicarnasse et par Pline, vient de l'agran-
dissement pratiqué par Néron, et surtout par Vespasien. Nous croyons que ce dernier
empereur supprima les deux voies latérales, au nord et au midi du monument,'et de cette
manière augmenta beaucoup le nombre des places. Néanmoins, le chiffre de 583,000
nous paraît exagéré.
situm, adornavit, struclis primum operlis circumquaquesedilibus Hoc autem opus lem-
poris progressu inter pulcherrima et maxime adniirauda toiius Urbis opéra aDnumeranduiii
erat. Lon[;iludo enim Circi est triuni stadiorum cum dimidio; latitiido vero quatuor jupe-
rum ; et a duobus majoiibus lateribus et uno minore cinyitur Euripo, qui aquarum recipion-
darum gralia faclus est, profunditate et latitudine decempedali. Post Euripum porticus sont
triplii'i conli^jnalione exstrncta?. Ex bis autem ea; quae sunt ima» liabent, ut in tliealris,
sedilia lapidea pariiin supra terram eminentia; at quœ sunt supernse, liabent lignea. Coiitra-
huntur autem in uiium, et du3e majores a minori conjun(;untur, et fij;ura lunari clauduiiliir:
ita ut ex tril)us uiia tanriim porticus ampliitheatrali forma orto stadiorum amplitiidine fiul,
quas capcre potest bominiim niillla CL. Ueliquuiii autem e minoribus latus, quod est sulidiule,
babet fornicatos carceres, unde equi emittuntur, qui omnes simul uno repayulo nperiunlur *.
Kxlrinsecus vero est altéra porticus unius conlignationis, qua; ciicumdabit et lal)ernas con-
tinet, et supra eas a-dificia; qua" palet adiius et adscensus ad sinyulos officinas, iis qui spec-
taiidi causa eo veniunt, ita ut iiuUa confusio oriatur inter tôt homiiium niillia venienlia et
discedeutia.
• Denjs dit : Li(jn)-/iy/5î qui signifie corde fermnnl la carrière, corde qui retient ladêlen'r
d'un piège on d'une trnppe : rcpngiiltitn n'a pas rc sens.
RÉGION XI. —CIRQUE MAXIME. ICI
VII. &-:oirp6v rt xuvY)ysTuhv Upiù)'3Xi, è y.-A c!:/j.fi$éciTpov, èx roû Ttipi^ itoi.vBot.yàl)ti
Ëo/saî aveu ox/jv^,- ëyjt-j, ■npo'^sppiOr,. DioN. XLllI, 22 •. — 11 s'agit ici de la roslaurâtioii
du Cirque Maxime.
VIII. Initium in ea parte Circi orlum quae Palatino Cœlioque montibus ronligua est.
l'bi par labernas, quibus id mercimonium erat quo llamma alitur, simul rœptus ignis
et statim validus, ac vento citus, longiludinem Circi corripuit. Tac. Ann. XV 58.
IX. Iconographie. Avanzo circolare de' cunei, i quali reggevano i sedili di marmo
del medesimo Circo [MassimoJ. Questo rimane suila slrada de' Cerchi confinante col
muro deir orlo di S. Caterina da Siena [Noiii, n" 130; Lelarouiily, rion. I, 27], e pre-
cisamente dirempetto ai molini. — Altro avanzo circolare de' detti cunei e opposlo al
predetto, e queslo rimane nella vigna dielro agli slessi molini. Piranesi, le Anlichilà
Romane, t. 1, p. 22, n«s 180, 181, et tav. II, mêmes numéros.
X. Li nostri, antichi moderni misero nome al detlo Cerchio [Massimo], alli tci-
volenti^ perché vi erano ancora delli scalini, dovoscendevano li risguardanti ; che sci-
, -^^^,, 'volenie alla romananesca
referisce scalino. Flam.
Vacca, Memorie, n" 6. —
Credo che la strada altuale
sotto al Palatino corra in
parte curva del Circo di
cui si vedono ancora gli
avanzi \icino al mulino ; e
dair altezza dall' arena ri-
dotta a orti fino alla slrada,
nel sito più alto verso il
mezzo corre probabilmen-
te sopra la prima loggia dei
portici. C. Fea, Miscell. t.
1, note sur le passage pré-
cédent.— Il ne reste plus au-
jourd'hui du Cirque Maxime
que cinq ou six arcades
au pied du Palatin, et au-
tant, avec quelque pan de
mur circulaire, vers la via
S. Gregorio. Voy. Thon,
Palazzo de' Cesari, tav. I.
XI. Les fragments ci-
contre du Plan de marbre
nous font connaître une partie du Cirque
Maxime. On voit au milieu un reste d'inscrip-
tion C AX, qui appartenait évidemment à la
légende Circus Maximns. Ces fragments
sont aussi gravés dansBellori. tab. XIX.
La figure ci-contre, revers d'une médaille
contorniate d'Auguste, représente le Cirque
Maxime. Bien que dessinée avec toute la li-
berté que prenaient les graveurs de mé-
dailles, on y reconnaît néanmoins les prin-
cipales parties du Cirque, les tours, les gra-
dins, les portiques au sommet des gradins,
l'c/jîneetles meto. Tirée de Morell. Numism.
XII, imp. Kom., Aug. num. lab. XXIlI,n"12.
XII. Euripe. Sur sa position et ses pro-
portions, voy. ci-dessus, § IV. Ce fut J. Cé-
sar qui l'établit, parce que dans un combat
contre des éléphants, donné dans ce Cirque,
• j'Edificato theatro ex tahulatis, ad venaliones apto, quod quia undequaque liabet seJes,
scenaqiie caret, aniplihUeatrum noniinaium est [an. 708J.
U
468 DESCRIPTION DE ROME.
à la dédicace du théâtre do Pompée, ces animaus épouvantés, tentèrent deTorcerles
barrières qui les séparaient des spectateurs : — qua de causa Cassar dictator, postea
siniile speclaculum edilurus, Euripis arenam rirrumdedil. I'li.n. Vlil, 7.
XIII. Parle du Cirque. Dehinc, diruto Circi Maximi Arcu, per Velabrum Forumque,
Palalinum et Apoilint-m peliit. Slf.t. AVro. 25. — Néron arrive de Naples par la voie
Appienne ; il s'agit donc ici de l'Arc qui formait l'entrée du (Cirque du c6té de l'orient.
Cet Arc est très-rcconnaissable sur les fragments du Plan de marbre, et sur la mé-
daille que nous avons donnés ci-dessus, g XI. Il fat peut-être construit l'an 556. Voy.
plus haut, n» 96, § IX.
XIV. Cum in gladiaioris occisi vulnus manum misisset, ad capul sibi detersit: contra
consueludincm pcnulalos jussit speclatores non togatos ad munus convenire
ipse in pullis veslimcnlis praesidens galea ejus bis per portam Libilinensem elata est.
Lampbid. Comnwd. 16.
XV. Carceres. In Circo primo unde mittuntur equi, nunc dicuntur carceres, Nœvius
oppidum appcllat. Carceres dicli, quod coercenlur equi, ne inde exeant anlequamma-
gistratus signum niisit. Quod ad mûri speciem pennisturribusque carceres olim fueruni,
scripsit pocta ;
Diclator
Ubi currum insidit, pervuliilur usque ad oppidum.
Varr. L. L. V, § 155.
XVI. Carceres eo anno [426] in Circo primum slaluti. Tit.-Liv. VIII, 20.
XVII. Censores eo anno [578] creati Q. Fulvius Flaccus et A. Postumius Albinus,
.... locaverunt. . . et Carceres in Circo, et Ova ad iMetas curriculis numerandis, et
[rAe]dam, et metas trans[t7u«], et caveas ferreas pe[r quas] intromillerentur [ferœ].
ÏIT.-Liv. XLl, 27».
XVIU. Circo vero Maxime, marmorcis Carceribus, auratisque Métis, quae utraque et
tophina ac lignea antea fuerant, exculto, propria senatoribus constituit loca [Claudius],
promiscue speclare solilis. Slet. Claud. 21.
XIX. Iconographie. La disposition des Carceres représentée sur notre plan, est em-
pruntée au Cirque de Caracalla. Voy. Guattani Monumenti inediti per Vanno 1789,
gennaro e februaro, tav. I, et p. 2 elsqq. ; A. Fea et Angelini, Monumenti piii insi-
gni del Lazio, I, via Appia, p. 14, et tav. V, VI. C'était la disposition des carceres de
tous les cirques, car la course commençait toujours par le côté droit de ï Epine: aussi à
cause de cela on appelait dexlralio une course de chars attelés. Voy. plus haut n» 50,
§ 111. — La construction était en pierre appelée tuf.
XX. Au cirque de Uomulus [plus connu sous le nom de cirque de Caracalla] les car-
ceres sont vers l'occident ; c'en était de même dans le grand Cirque, et dans celui de
Salluste. NiBBY, Itinéraire de Rome, t. II, p. 91.
XXI. Melœ. Adfuit huic turbee, metas imitata cupressus.
Ov. Metam. X, v. 106.
— Sur la matière des melw, voy. ci-dessus § XVllI.
XXII. Sur la forme des metoet sur les Petits portiques de VEpine a\ec\e\iTS dauphins
et leurs œufs, voy. un bas-relief des thermes d'Agrippa, gravé dans le Thesaur. antiq.
rom. de Grœvius, t. IX, pi. 96 et 185.
XXllI.II se trouvait entre les Melœ et VEpine un espace de 4 mètres 445. Il y avait
vers les Carceres, à l mètre en avant des Melœ, un trou carré dans la maçonnerie pour
recevoir un poteau auquel s'attachait une chaîne qui, se reliant au podium, fermait
l'arène tant que le signal des jeux n'avait pas été donné. Voy. A. Fea et Angelini,
Monumenti piii insigni del Lazio, tav. V, VI, VII.
XXIV. Epine. Le sol du Cirque Maxime se trouvant relevé de plus de 7 mètres [Voy.
ci-dessous, § XL], VEpine de ce monument n'a pas encore été découverte. Nous
avons pris pour modèle celle du cirque de Caracalla. Elle était à 166 mètres 71 cen-
timètres des carceres (le tiers de la longueur totale du Cirque, à très-peu prés), et à
12 mètres 65 centimètres de l'autre extrémité. Elle avait 5 mètres de haut, 6 mètres
525 millimètres de large, et se trouvait coupée par trois passages, dont deux avaient
environ 1 mètre 80 centimètres, et le troisième, 2 mètres 50 centimètres. La dévia-
* Les parties en italiques, entre crochets, sont des restitutions proposées par Marcellus Do-
natus, seul philologue qui se soit occupé de remplir les lacunes de ce passage très-mutilé de
Tite-Live.
RÉGION XI. — CIRQUE MAXIME. dG5
lion de l'Epine s'efTecluait dans les proportions suivantes: partie à droite, en venant
desCarcères, largeur de l'arène, iU mètres 35 eentinuHres; partie à gauehe, 33 mètres
87 centimètres. Côté de riiémicyeie, partie à droite, 40 mètres 20 centimètres ; partie
à gauche, 33 mètres 87 ccnlimètres. Voyez A. Fka et Angelim, Monumenli più in-
signi del Lazio, via Appia,{a\. V, VI, Vil. —La mosaïque découverte à Lyon en 1816,
indique aussi des passages dans VEpine.
XXV. Petits portiques pour les Dauphins et pour les OEufs. Kàv tw Innoâcô/jM
caoùlo/j.s-^oiii Toiiç àyOpomouç. nspi rbv twj âw.ù'koyj ùpiOiJ.o-j opw, roui rs âùfiva.; xat
Ta dto-iâ-?i i-/)/j.tovpYn/J.o'.Ta. xaTsaTïiiscra, ôttco; âi «.ùzCiv ci Tispioâoi twv TiîpiipàiJ.oyv ùmv.-
é'stxvùwvTaj. Dion. XLIX, 45 i.
XXVI. Juvénal parlant d'une consultation de devins dans le Cirque Maxime, dit :
Consulil anle Phalas, delphinorumque columnas.
Juv. S. 6, V. 588.
XXVII. Sur les deux petits portiques tétrastyles de VEpine, l'un chargé de 7 œufs beau-
coup plus gros que nature, l'autre de 7 dauphins la queue en l'air, voyez Musen Pio-
Clemenlino, t. V, tav. 58, 39, 45 ; — Guattani, Monumenli inedili per l'anno 1785,
ottobre, tav. lU;—Museo Capilolino, t. IV, tav. 48. Voy. aussi plus haut § XXII.— Au
cirque de Uomulus [ou de Caracalla] on voit sur VEpine les piédestaux qui soutenaient
les deux colonnes en marbre gris, lesquellesportaient, sur un architrave, sept dauphins.
NiBBv, Itinèr. de Rome, t. 11, p. 95.
XXVIII. Temples, Statues, Colonnes. Atrox cum venio tempestas coorta, multis sa-
cris profanisque locis stragem fecit : signa in Circo Maximo, cum columnis, qui-
bus superslabant, evertit. Tit.-Liv. XL, 2.
XXIX. Tum dona et grates deis decernuntur, propriusque honos Soli, cui est vêtus
ïedes apud Circum. Tac Ann. XV, 74.
XXX. Circus Soli principaliter consecratur : cujus œdes medio spatio, et effigies de
fastigio œdis emicat. Tertull. de Spect. 8.
XXXI. Hos enim deos tune maxime noverunt : Sejamque a serendo, Segestam a se-
getibus appellabant : quarum simulacra in Circo videmus. Plin. XVIII, 2.
XXXII. Kat Tcûp aVku. Tî oj/. b\i-/x, xal aSj-zoïi zolt L7rnoâfo/J.oij no'j.i), zô, rs \rifArirptov
xa: sTspov vaàv E'y.nicoi ë-fOstpsv. Dion. L, 10 -.
XXXIII. PvLviNAR AD ciRCVM MAXiMVM. .'... FECi. LAP. ANCYR. — Peut-être est-ce une
partie de VEpine où l'on plaçait les statues des dieux pendant les jeux.
XXXIV. Singula ornamenta Circi, singula templa sunt Sessias a sementationibus,
Messias a messibus, Tutelinas a tutela fructuum, sustinent. Ante bas très arae trinis
diis parent. Tertull. de Spect. 8.
XXXV. Temple de Vénus-Murcia. Intumus Circus ad Murciam vocatur... Alii dicunt
a murteto declinatum, quod ibi id fueril: quoius vestigiuni manet, quod ibi sacellum
etiam nunc Murtae Veneris. Varr. L. L, V, § 154.
XXXVI. ^desMurciae.
JEdes Consi subterranea. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, XI.
XXXVII. Quin et Ara velus fuit Veneri Myrteœ, quam nunc Murciam voeant. Plin.
XV, 9.
XXXVIII. Ancus Romam redit, tum quoque multis millibus Latinornm in civitatem
acceplis; quibus ut jungerelur Palatio Aventinum, adMurciae datse sedes [an. 114-121].
Tit.-Liv. 1, 35.
XXXIX. Sellae curulis locus in Circo datus est Valerio dictatori, posterisque ejus
honoris causa, ut proxime sacellum Murciee spectarent, unde aspiciebant spectacula
magistratus. Fest. v. Sellœ.
XL. Le sol de la vallée du Cirque a, comme celui de toutes les vallées de Rome, été
considérablement relevé; en 1587, lorsqu'on chercha l'obélisque d'Auguste et celui de
Constantin, qui décoraient jadis VEpine, on ne les trouva, couchés à terre, qu'à vingt-
quatre pieds romains modernes [7 mètres. 128 millim.] de profondeur. Voy. Mercati,
degli Obelischi di Roma, c. 42.
XLI. Obélisque. Sur l'origine, les proportions et l'érection de cet Obélisque élevé par
* In Circo quum videret [Agrippa sedilis] errare homines circa cursurrm Dumerum, delplii-
nas et ovata opéra posuit, quibus cursuiim conversiones notarentur [311.720] =* Ignis
cum alla multa, tum magnara ipsius Circi partem, templumque Cererib et aliud Spei ab-
sumpsit. [an. 73»].
464 DESCRIPTION DE ROME.
Auguste, voy. plus haut n» 194, g 111. — L'Obc^lisquc «lu Cirque Maxime a 110 palmes
d'élévation et son piédestal, 15 palmes. L'un cl l'autre sont en granit rose. Voy.
Sti-art, Dell' Obeliêco di Cesare Augutto ; — Mercati, degli obelitchi di Rnma, c. 9.
XL II. Nel meiio délia cinla del Cercliio, per la parle superiore del piedestallo fosse fatlo
un poggeilo alto ire piedi e mezzo, e ristretlo seconde la largliezza del troneo, rhe
sosteneva di granilo rosso. E alto detlo ironeo piedi dodici, e dodiri minuti, e haveva
sopra di se per ciascun canlone qualtro astragali di bronzo, aiti un piede. che sosle-
nevano il fuslo, ovvero raggio dell' obelisco, spiccato dal deito tronro. Mercati,
Ibid.'c. 23.
XLUI. Autel de Comut. 11 était entre VEpine el les Melœ ou bornes, du côté de»
Carcéres.— El nunc Ara Conso illi in Circo defossa est ad primas Mêlas, sub terra, cum
inscriptione hujusmodi : Comut consilio, Mar$ duello. Lares coillo polenlet. Sacri-
ficant apud eam nonis Juliis sacerdotes publici, XII kalend. Septembres llamen Quiri-
nalis et virgines. Tertcll. de Spect. 5. — Voy. ci-dessus g XXXVI, et plus haut, n" 7
glll-
XLIV. Consualia dicta ab Conso, quod tum feriae publicae el dei, et in Circo ad Aram
cjus ab sacerdotibus ludi illi quibus virgines sabinee raptœ. Varr. L. L. VI, g 20.
XLV. Kai yù.o o /3w,a5; Iv tw //st'Çîvt twv i'Krcoofii.'J'^''' c^riv àpacvj;; tÔv 6c'/J.ov xpô-^ov,
iv 0- zoïi l~Tci/.oli «yiîtv (/.■jci/.a.luTzro/j.SJO-;. Plut. Romul. 141.
XLVI. Devant le Cirque, du côté det carcéres : Statues d'Apollon et de Flami-
nius. Ov oï 7ra/i«êà//5/*£v aJTw Tiroç Kotvrnç "tOau.JvIvsî, ioixv /jlï.! bjzoloi ■?,■', T.v.fizzti
A'TTi/Àwva TÔV ax Yi.xfiyr,iô-Joi, à:m*.p\j foû 'nîr^oopà//.ou. Plut. Q. Flamin. 1 *.
242. Sacrarium et Bois de Saturne. Au pied du mont Aventin, vers l'extré-
mité occidentale du Cirque Maxime.
1. Sextus Rufus parle seul de ce Sacrarium el de ce Bois qu'il indique dans la
XI^ Région. L'édification du Sacrarium remontait sans doute fort loin, car originaire-
ment le mont Aveiitin était couvert de bois consacrés à diverses divinités. — Sacrarium
Salurni cumLuco. Sext. Rif. de Reg. urb. Romœ, XI.
243. Temple de Venus. Entre le pied de l'Aventin et le Cirque Maxime, du
côté des Carcéres. Il fut bâti l'an 457, par Fabius Gurgès.
I. /Edis Veneris, opus Fabii Gurgitis. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, XI.
II. Eo anno [457] Q. Fabius Gurpes, consulis filius, aliquol matronas ad populum
stupri damnatas pecunia mulclavit; ex quo muictatitio aère Veneris aedem, quae prope
Circum est, faciendara curavil. Tii.-Liv. X, 31.
m. Ruslica Vinalia appellantur mense Augusto Xlll kal. Sept Eodem autem die
Veneri templa sunt conscciala, alterum ad Circum Maximum, allerum in Lueo Libiti-
nensi. Fest. v. Ruslica.
IV. Veneri ad circvm M.\xi.Mva. ORELLI, Inscript, lai. t. H, p. 396.
244. Temple d'Hercule Pompéien. Au pied de l'Aventin, vers les Carcéres du
Cirque Maxime. 11 paraît avoir été bâti par Pompée.
I. iCdis Pompeii. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, XL
II. In arœostylis autem nec lapideis, nec marmoreis epistyliis datur, sed imponendae
de materia trabes perpétuée : et ipsarum aedium species sunl barycae, barycephalae, hu-
miles, latae, ornantque signis fictilibus aul aereis inauraiis earuro fastigia tuscanico
more; uti est ad Circum Maximum Cereris el Herculis Pompeiani, iiem Capitolii. Vi-
TRUv. m, 2.
24o. Caverne de Cacus et Autel de Jupiter-Inventeur. La Caverne de Carus
se trouvait au bas de l'Aventin, vers le Tibre, en face du Pont jEmilius, oi-de-
* Ar.» [Consi] enini in Circo Maximo est, alias operta, ludis circensibus aperitur. i= * Huic
cjiiem opponimus, T. Quiutii Flaminii faciem, si quaeras, videas licet ex Statua aerea, «juae
posita Roma> est juxia magnum Apolliuem CartUagine advecium, contra Circum Maximum.
RÉGION XI.— CIRQUE MAXIME. 1G5
vant Sublicius, et près de la porte Trigemina. C'était tout simplement un lieH
renfoncé, mais à ciel ouvert. V Autel de Jupiter-Invetiteur s''é\*ivn\l devant.
I. Denys d'Halicarnasse apri^s avoir raconté l'aventure de Cacus tué par Hercule
dans son antre, ajoute : E'mi^yj y.y./.oùpycyj 'uno^oy/Ai suOstov éo'tf^x t'o yiipiov, tTri/.'x-
zxcxÙTiTsi Tri xa),aù/;o7T{ TÔ 77T»)Xa(îv. ct.yji'jy.i rJï ■zGi TZOTX/J-ôi tov pévov, topiisrxi Trï/jaiov
Tîû TOTTOu Atàî Ui/ps'jiou /3e.)//dv, Oi è^Tl t/jj Po'i/jLyji Ticcpù x/j TpLéùy.oi —ùï-/i' noù diist zôt
6sSi âùfioCyi-j ë-jcc, T^î sijpéssùiî tG>v /Suôiv yaptazvipKiv. raiJTïjv é'zl /.cà sU èy.i t»jv 6uiiy.v yj
Pu/jLxiùiv TToXtî ai;v£Tï>£(, vofjii/jLOis éXÀrjvt/tsJî xnxatv èv xJT?i xpoùixévri, /.udùnsp i/.elvoi
xaT£5T/î7aTo. D. Hauc. I, 391.
II. Jam primum saxis suspensam hanc adspice rupem :
Disjeclae procul ut moles, desertaque monlis
Slat domus, et scopuii ingentem traxere ruinam.
Hic Spelunca fuit, vasto submola recessu,
Semihominis Caci, etc. Virg. Mneid. VIII, v. 190-19*.
— Il est très-probable qu'en décrivant ainsi les ruines de la Caverne de Cacus, Vir-
gile peignait ce qu'il avait sous les yeux, représentait les lieux tels qu'ils étaient de son
temps.
III. Cacus babitavit iocum oui Salinœ nomen est, ubi Trigemina nunc porta.
SOLIN. 2.
246. Porte Trigemina et Salines. La porte Trigemina s'ouvrait au bas de
l'Aventin, sur la voie qui passe entre la montagne et la rive gauche du Tibre.
Ce lieu était appelé les Salines.
I. Salinae.
Porta Trigemina. Sext. Ruf. de Reg. urb. RorncBy XI.
II. i£dis Portumni ad pontem ^milii, olim Sublici.
Porta Trigemina.
Salinse. P. Vict. Ibid. — Voy. ci-dessus n° 245, § 111.
III. Porticum unam extra portam Trigeminam, emporio ad Tiberim adjcclo. . . per-
duxerunt. Tit.-Liv. XXXIX, 10.
IV. Incipit dislribui Appia sub Publicii Clivo ad porlam Trigeminam, qui iocus appel-
latur Salinœ. Front. Aquœd. 5.
V. Sur la position de la porte Trigemina au bas de l'Aventin, voy. plus haut, iv 97.
§ III.
VI. Solo aequata omnia inter Salinas ac portam Carmentalem, cum ^quimelio Juga-
rioque vico. Tit.-Liv. XXIV, 47.
Vil. Porta Tergemina antiquissima ex opère lateritio adhuc hodie fere intégra vide-
lur ad Aventini radiées, propeTyberim.BoissARD. ro/?og'ra|)A.iîo»ja',primus dies, p.29.
in-f", Uome, 1597.
247. Temple d'Hercule vainqueur. Auprès de la porte Trigemina, et bâti
par Munimius, après la ruine de Corinthe, l'an 606.
I. Sur la position de ce temple, voy. plus haut, n"* 107, § 1 ; 108, § IV.
II. L.MVMMI.L.F.COS.DVCIT
AVSPICIO.IMPERIOQVE
EIVS.ACHAIA.CAPT.CORINTHO.
DELETO.ROMAM.REDIERIT.
trivmphans.or.hasce
res.bene.gestas.qvod
in.bello.voverat
hanc.aedem.et.signvm
1 Va, quia lociiin iiliiin vaklc commodiim l.ilrommi rece|)laculum viJpbat esse [llciciilc>J,
Spcluiicam siio i)Cile diiiiil; f|iiuiiique cpilein a(]ua lluiiiinis expiasse!, prope Iocum cum Arain
Jovi Invcnlori slatiiit, i|u;e Itoniac est ad porlam Tiiyemiuam : iitqiie deo (jralias at;ciel oI>
invciUa-s bovcs, juvciiciim iiiium ci maclavil. Hoc sariKicimn vel iisqiie ad meam alatcm po-
jiulus l'cinaiius fuciebat, et in coyraccos omnes rilus obscrvabat, proul ille inslilueral.
1Ç6 DESCRIPTION DE ROME.
!IF.Itf:iLIS.VlCTOIlIS
IMl'EUATOn.DEDICAT.
MARINI, Atii e nionumenlidegli Arvali, t. I, p. 50.
248. Temple de Flore. Les édiles Lucius et Marcus Publicius avaient fait
bâtir ce lemple vers l'an ol 3. Auguste le réédifia, et Tibère le dédia l'an 770.
Il était au bas du (".livus Publicius, au pied de l'Aventin.
I. lisdcm temporibus [an. 770; dcum aedes velustale aut igni abolilas, cœplasquc ab
AuRusto, dciliravii [Tibeiius] ; Libero Libciieque cl Ccreri juxla Circum Maximum,
quas A. l'osluniius dictalor voverat ; codemque in loco aedem Florae, ab Lucio el Marco
Publiciis, œdilibus, constitulam. Tac. Ann. II, 49.
240. Temple DE Bacchus ; — 2o0. de Proserpine ; — 2S1. deCérès. — De-
vant: Colonne rostrale de César-Auglste. Ces temples, fort anciens, avaient
été voués par le dictateur Aulus Postuniius, et dédiés l'an 263 de Konie par
le consul Cassius. Auguste les réédifia, et Tibère les dédia de nouveau, l'an 770.
Ils étaient situés derrière les Carccres du Cirque Maxime. — Devant ces temples,
du même côté était une Colonne rosir aie érigée par César-Auguste, avec des
rostres de vaisseaux pris à la bataille d'Actium.
I. K«ffïj5j cTs è 'étipo; tmv iiTràr^JV, h/. a.-y^iif9ûi è-J ty? Pujw.v), t^v tî vsw tt,; \:^y.Yizpos
xuï !Ho■^ao^•J xai Kôp-/]i iv tw y-sra^ù yj-à:>oi xciOispu^sv, cj iuTiv 3;r't TSt, zou yv/Liroij
mno'jfyOïJ.o'j lipjj.y.zi'), -jTzïp ajrij ïop-jjj.i-JOi "àj «j/î'îâ£S, sj^cç/jià-jou y.-v aJ/T5v A'JXou
'DOSTO'J/J.LOUrOÏ) âlXTÙTUpOi llTTSp Tf,? TTO/îWî ÙJxOfj'Jîl-J Zoli Oz'Ai, /.xO' 01 ypT^OJ S/iî/XîV
à.y'jyjOl^îiO'j.i -po-i tyj-j Aarivcov tjzpxTicfv, t-^î xs fioutiZi /^î"à 10 yi/.r,;j.'x tï;v y.»-rxi/.-.jîr,-j
ct'jroli 'pY,siay.ij.vj^i ixrSij >2pi!*yiwv -îtvjsao^at Tictsav, zors os '0~j ip'/V-> )aêivTi; t/;v
t7uvr£/i(2v. D. Halic. VI, 94 1. Voy. ci-dessus, n^s 211, g XXXII ; 244 g U ; 248 § I.
II. Plasta; iaudatissimi fuere Damophilus el Uorgasus ; iideraquc piclores: qui Céle-
ris aidem Homae ad Circum Maximum utroque generis suae excQluerunl. I'lin. XXXV, 12.
III. L'église de Sainte-Marie inCosmedin [Xoili, n» 1086; Lelarouilly, rion. XIJ, 20]
a clé bâtie sur les restes des temples de Gérés el de Proserpine. Nibby, llinéraire
de Rome, t. II, p. 115.
IV. Colonne rostrale de César-Auguste. Voy. n» 131, § XX.
2.'j2. Temple de Castor. Sur le bord du Tibre, à peu de distance du pont
Palatin, en aval. C'était un périptère circulaire, d'ordre corinthien, et de pe-
tites proportions. Nous ne savons ni le nom de son fondateur, ni l'époque de sa
fondation ; mais le caractère de son architecture, et sa matière, qui est le marbre
blanc, annoncent un édifice du temps de l'empire.
I. Ara Maxima.
Templum Casloris. Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ, XI.
II. Ara Maxima.
Templum Castoris.
^dis Cereris. P. Vicr. Ibid.
— C'est d'après les indications des deux § ci-dessus que nous avons appelé cet édi-
fice temple de Castor. La plupart des anli(iuaires veulent y voir le temple de Vesla.
Nous avons réfulé cette opinion. Voy. plus haut, n" 118, g III.
m. Iconographie. Une grande partie de ce joli temple existe encore; sur vingt colonnes
corinthiennes de marbre blanc cannelées qui composaient son portique, il ne lui en
manque qu'une seule, l'architrave et le toit. Le mur de la Cella tout en marbre blanc,
el presque intact, fait voir que le temple n'avait que 8 mètres 510 millimètres dans
œuvre; el 13 mètres 104 y compris son portique. Piranesi [Antichilà Romane, t. I,
* Aller vero consul Cassius, qui in Urbe reliclus fuerat, intérim sedem Caereris et Liberi
alqiic Liberse consecravit, qu-Te est ad mêlas Circi Maxinii, supra ipsos carceres sila ; cum pro
reip. saluto diis cm vovisset A. Postumus dictalor, quo tempore cum Latinorum copiis dimi-
calurus erat, dc'crevi^sL■t(|ue senatus post victoriam partam ut tota de nianubiis exstrueretur,
atque tune demum opus absolutum esset [au. 260].
RÉGION XI. — CIRQUE MAXIME. 167
lav. XXII, fig. 1] a donné une vue des restes de ce nnonuraent qu'il nomme temple de
Cybèle, sans ritcr aucune autoiilé à l'appui de celte opinion. On en trouve une restau-
ration comi)ièlc dans l'alladio, Archill. lib. Yl, c. 14, lav. 38, 39, 40; (^iattani,
Monumenli anlichi inedili per l'anno 1789, Giugno, tav. I; et une autre plus com-
plète encore dans le grand ouvrage de M. Isabelle, les Edifices circulaires et les dûmes.
Borne, planches 19, 20 el 21. \oy. aussi, pour le plan, l'ggeri, Iconographie des édifices
de Rome ancienne, in-i". Home, 1800, t. Il, fig. \\l ; et pour le plan el la situation,
Noili, n° 1089; et Leiarouilly, rion. XU, 13, qui rappellent temple de Yesia. Palladio
lui donne aussi ce nom, M. Isabelle le lui conserve, el Bufalini dans son Plan de Rome,
l'appelle temple d'Uercule-Vainqueur.
2o3. Cloaqoe Maxime. — Petites Cloaqies. La Cloaque Maxime était le prin-
cipal égoul de Rome; entreprise par Tarquin-l'Ancien, vers le milieu rlu second
siècle, elle fut terminée vers l'an 240, par Tarquin-le-Superbe. Cet égout
commençait auprès du Lac Curtius [n" 141], traversait tout le Forum Romain,
le Forum Boarium, les Vélabres, _en faisant quelques coudes peu prononcés,
et venait se jeter dans le Tibre au bas du temple de Castor [a° 252]. Il se com-
pose (car il existe encore) d'une voûte à plein ceintre, formée de trois rangs
de voussoirs en pierre de Tibur et en pierre d'Albe, posés en liaison l'un sur
l'autre, unis et joints sans ciment. Sa largeur est de 4 mètres 470, et sa hau-
teur de plus de 10 mètres, à partir du seuil du canal. Dans la saison des eaux
moyennes, l'arc s'élève de 2 à 3 mètres aii-dessus du niveau du fleuve. Les
trois voussoirs superposés forment une épaisseur de 2 mètres 300. A l'inté-
rieur, les murs et la voûte sont en pierre d'Albe, mais des chaînes en pierre
de Tibur, espacées de o mètres en o mètres environ, renforcent la voûte. Le
canal se rétrécit un peu en pénétrant dans les terres. Sa bouche sur le Tibre
s'ouvre au milieu d'un mur de quai en pierre d'Albe, équarries, et posées
auisi sans ciment. — Les Petites Cloaques, construites l'an 568, par les cen-
seurs Porcius Caton et Yalérius Fl^ccus, se trouvaient un peu en aval de la
Cloaque Maxime, et recevaient les eaux d'une partie de l'Aventin.
I. Tarquinius [Priscusj. . . . Latinis bellum fecit. . . . Pax deinde facta. . . . in-
firaa Urbis loca ciica Forum aliasque interjectas collibus convalles, quia ex planis locis
haud facile evehebant aquas, Cloacis e fastigio in Tiberim ductis, siccat. Tii.-Liv. I,
38 [vers l'an 140].
II. Post bac et ad alia. . . . traducebatur [populus a Tarquinio Superbo] opéra,
foros in Circo faciendos, Cloacamque Maximam, receptaculum omnium purfiamenlorum
Urbis, sub lerram agendam : quibus duobus operibus vis nova hœc magnificentia quid-
quam adaequare potuit. Tn.-Liv. I, 56. [vers l'an 240].
III. Locos in circo, el Cloacam Maximam fecit [Tarquinius Superbus], ubi totius po-
puli viribus usus est, unde illse Fossm Quiritium sunl diciae. A Yict. de Vir. illust. 8.
IV. H/;|a70 oï xai tk, -j— ovi/zoï;, ôpiiz^tfJ TÙfO'Ji, ol wv i-'t riv TiSspty à-/^iii--at, Tiôtv
D. Halic. III, 671.
V. Pra?terea Cloacas ; operum omnium dicta maximam, suSbssis roontibus, atque
.... Urbe pensili, subteique navigata Durant tamen [Cloacae] a Tarquinio
Prisco annis prope scptingentis inexpugnabiles. . . . Ampliludinem cavis eam fecisse
[Tarquinius] proditur ut vehem feni large onustam transmitlerel. Plin. XXXYI, 15.
VI. Tô) o' j^-ip'j) ÉT5£ ùyopa.-jQij.Oi o Aypimioii ézàiv t/i'JB'O' xal ~{/.y-cf. /j.-v zv. oixooo-
Ùnovô/JLOVi iiv/.ir.O-ripi, /.vX i; T5V 'J iê3/5tv oV avrôiv -JTZi-'j.îvr:-. DiON". XLIX, 43^,
VII. Proraiscue Urbs aedificari cœpta [an 563] .... Festinatio curam exemit vices
' Cœpit eiiam Clortc is foJere [Tarquinius Priscus], fessas scilicet per quas oninis aqua ex
compitis conduens inTibeiim se exonérât, opéra adir.iranda et majora qimm qiia' verbis ex-
primi possint. = 2 Anne scquenti Agrippa ultro aedilis faclus est, omniaque aedificia publica,
omues vias, privalls impendiis refecit, Cloacas expiirgavit, ac per eas in Tiberim subvec-
tus est [an. 720].
188 DESCRIPTION DE ROME.
dirigendi. . . , Ea ost rausa, ul vctcres Cloaca>, primo per publicum ductae, nuncpri-
vala passim subcanl tccta. Tit.-Liv. V, 55.
VIII. Vernula riparum, pinguis torrenle Cloaca,
Elsolitus média; cryplam peneirare Suburr».
Juv. S. 5, V. 105, 106.
IX. Ot as ÙTTÔvo/J-Ot awj-jà/j.O) /(9(u xxTaxaynpWvTêj ooojj â/As/Çat; yà/iroj Ttope'j-cci
iAxi à.-ni'j.ù.oinv.ci. Strab. V, p. 255 '.
X. Iconographie. La Cioatiuo Maxime ronslruile il y a plus de 2550 ans, existe en-
core tout enlirre sur une longueur de prés de 300 pas. Nous avons emprunté le détail
de ses proportions à Piranesi [Le Anlichilà Romane, t. 1, lav. XXII, fig. 1], en rédui-
sant les mesures italiques en mesures métriques. Suivant cet antiquaire, le canal a
20 palmes I once de large [4 mélri-s 47 ccntim.] ; 45 palmes de hauteur [10 métrés
35 milliniét.] depuis le fond jusque sous la clef do la voiile ; l'épaisseur des trois vous-
soirs réunis est de 7 palmes 9 onces [2 niélr(;s 30 centimél.] On sait que le palme ro-
main vaut 223 millimétrés 4 millièmes, et le pied romain antique 296 millimétrés. Dans
le magnifirenza de' Romani, tav. 1, II, III, Piranesi donne les détails de construction
de l'intérieur de la voûte avec un pian et une coupe du canal voûté.
XI. La strultura di questa Cloaca. . . . è di Ire ordini d'archi, uno sopra ail' altro
congiunti e uniti insieme. Il suo voto interno è uguale, cioé 18 palmi di largo ed al-
Ireltanto alto : il suo principio é rovinato ; . . . . dove poi prosegue interna é più
conscrvata. Ciascun pezzo di peperino ha la lunghez.za di palmi 7 e once 3, la gros-
se/.za di palmi 4 e once 2. Tulta la sua lunghczza é di 300 passi andanti in circa, sboc-
cando nel Tevere Ira il lempio di Vesta e il ponte senatorio. Venuti, délie anlichilà di
Romn, part. I. c. 2. — Venuti est ici un peu en désaccord avec Piranesi, pour les pro-
portions de la Cloaque, mais Piranesi mérite plus de confiance. Voy. aussi Qi atbemkre,
Diclionn. d'archilecture, au mot Cloaque. — Le temple de Vesla et le pont Séna-
torial de Venuti sont notre temple de Castor et notre pont Palatin,
XII. Longueur. Depuis le Forum où celle Cloaque commençait, jusqu'au Tibre, en
suivant son cours, elle avait 2,500 pieds de longueur. Nibbv, Itinéraire de Rome, t. Il,
p. 70.
XIII. Sur la situation de l'embouchure de la Cloaque Maxime dans le Tibre, voy.
Nolli, n» 1088 ; Letarouilly, rion. XII, 17.
XIV. Petites Cloaques. Opéra deinde facienda ex pecunia in eam rem décréta, lacus
slernendos lapide, delergendasque, qua opus essel, Cloacas in Aventino, el in aliis par-
libus, qua nondum erani, faciendas locaverunl [censores M. Porcius Calo et L. Valerius
Flaccus]. TiT.-Liv. XXXIX, 44. [an. 568].
XV. Due allrc Cloarhe minori, fabbricate dai censori M. Catone e Valerio Flacco.
La prima in oggi resta inutile, e la seconda tramanda nel Tevere l'Acqua Crabra o sia
Blarana, la quale si vede passare lungo il Circo Massimo [NoUi, n» 1058; Letarouilly,
rion. XII, 26], ed inlernarsi nella stessa Cloaca. Piranesi, le Anlichilà Romane, t. I,
p. 22, nos 171-172.
2j>4. Temple de la Fortune virile. Sur la droite et un peu en avant du tem-
ple de Castor [n° 232]. Sa façade regarde la voie qui vient du pont Palatin. Ce
temple fut construit par le roi Servius et restauré par Lucullus. C'est un pseu-
dodiplère en pierre d'Albe. Ses colonnes sont d'ordre ionique cannelées. Il
repose sur un soubassement auquel on arrive par la façade seulement, au
moyen d'un escalier de 12 degrés, conduisant à un pronaos de 4 colonnes de
front et de 2 de profondeur.
I. Ce temple était dans le Vélabre majeur, qui faisait partie de la Xle région ; Sué-
tone racontant les triomphes de César [Cœs. 38], dil : Gallici triumphi die Velabrum
pra?lerveliens pêne curru excussus est, axe diffracto. — Dion [XLIII, 21] rapportant le
même fait s'exprime ainsi : E'v o' où-j t/j Tipùz-r, tCiv vixy.Tnpiijiv ■zipa.i oJx v.yxO'o-j stvrw
eyîvïTo. 0 yy.p y.^uj roû ûpy.xzoi -oïi Tzoy.Tzt/.'y'ù, na.n' aj-Si tw Toxatu rô> îj-s T9Û
Koj/.om'ù.o-j oh.o'joij.rfié-m, <sij-JtTpiSr„ otnrt èy kripo-j oL-j-zr,-) t« \omy. ÏTii-.ù.i'sv.C^ . — Lu-
cullus n'est que le restaurateur du temple bâti par le roi Servius.
Les (5(jouts <li; Itoiiio, voùii^s on piiTre de taille, sont assez larges pour qu'en certains en-
droits des cJiariots cliaryés de foin |>iii.-,sciit y passer. /'. 7.io de la trad. — =* C:<?leriim prima
Irnimphidiu omcn eiadversuiii'oI)iij;il,.ixccurnis triiiiiipliaiis apud tcmplum Forliinxa Luciillo
.cdificatuin, ita confracto, ut adrcliquam p;irtcm triumphi perlicienUamaliq curru opus fticrit»
RÉGION XL— CIUQUE MAXIME. 100
H. Iconographie. Le temple de la Forlune Virile existe encore tout entier. Il est ron-
verli en une église consacrée à Sainte-Marie Egyplienne [Nolli, n">1090; I.elarouilly,
rien. XII, H]. H était originairement en pierre d'Albe ou pépérin. Un incendie l'ayant
détruit en grande partie, Lucullus le restaura en pierre de Tibur ou travertin, et pour
donner à l'édifice un aspect uniforme, il le revêtit de sluc. Tous les délails de plan,
d'architeclure, de mesures, ainsi que l'indication de la partie restaurée par Lucullus,
se trouvent dans Piranesi, Anlich. Rom., t. IV, lav. 49, 50, 51, 52. — Palladio [Àr-
chilt. liv. IV, c. 13, lav. 54 à 37] a donné une restauration de ce temple. Voy. aussi
Uggeri, Iconog. des édifices de Rome, etc., t. Il, (ig. Xll ; — et plus bas, n" 162, g iV.
2o3. Voie triomphale. Elle devait nécessairement exister entre la Porte
Triomphale et le Cirque Maxime, dans lequel passaient tous les triomphes.
|. nsy.-^Oyj'JCtt â' aùro-J o'j-'ji /s'yOL/iiv • o //.-v 6r,iJ.0i, ev tc TOt; ïnTU/.'Ai ô-oir/Sît;, y.
hipxotji /.cô^o'uoiv, ~ipi -s Tv;v àyî^iv i/.piu Tzri^yjJ-i'JOi, y.'A zy't\yL iyjç 7To).£ojî M^p'^ /.x-cx-
"/■xoà'JZii, wj ixx^ry. vixpûyj Tôi no/j-K-zii sno'piv, èO:i)TO /.xOxpxîi èod^^t x£xoa//Y)//svî£.
Plit. p. JEmil. 32 i.
II. Qua Velabra soient in Circum ducere pompas.
Ov. Fast. VI, V. 405.
VÉLABRE Mineur. Voy. plus haut, n" 102.
236. Statue d'airain doré d'Hercule triomphal. Très-antique Statue, qui
passait pour avoir été érigée par le roi Evandre. Les jours de triomphe on la
revêtait d'une toge de triomphateur. Elle s'élevait sur le bord de la voie
Triomphale auprès du Cirque Maxime.
L Hercules Triumpbalis.
Circus Maximus. Sext. Ruf. deReg. urb. Romœ, XI.
II. iEdis Proserpinœ.
Hercules Triumplialis. P. Vict. Ibid.
III. Fuisse autem slaluariam artem familiarem Italiie quoque et vetuslam, indicani,
Hercules ab Evandro saoralus, ul produnt, in Foro Boario, qui Triumpbalis vocalur, ai-
que per triumphos veslilur habitu triumphali. Plin. XXXIV, 7. — Pline se trompe en
disant: in Foro Boario, puisque ce Forum faisait partie de la Ville Région, et que la
statue d'Hercule triomphal était dans la Xl«.
IV. Lucio Fanno, de Antiq. urb. Romœ, lib. 2, c. 7, lib. 3, c. 7 ; Il Marliani, To-
pogr. urb. Romœ, lib. k, c. 6; Il Gamucci, Anlich. di Rorna, lib. I, p. 20, ediz. del
1580, e altri più communemente scrivono essere statolrovato l'Ercole (di bronzo, clie
oggi si trova nella sala di Campidoglio) non mollo discosto da S. Maria in (>osmedin
[Nolli, n" 1086; Lelarouilly, rion. XII, 20], in un tempio demolilo al tempo di Sisto
IV. C. Fea, Misccll. t. I, p. 55, note (o).
V. Iconographie. Ercole, quasi colossale, co' pomi nella sinistre, e nella désira la
clava, Statua di métallo doralo, trovala da Sisto IV fra il Circo Massimo, e la Scuola
greca presso al Foro Boario, e al Ara Massima... Questa ha potuto essere l'Ercole Vin-
citore, o Trionfale anlico diquella contrada, vedendosi coronalo di ulivo, c disposto in
modo di poter essere ornalo colle divise trionfali, nella circostanza de' Irionfi. C. Fea,
Descriz. di Roma antica et moderna, t. I, p. 221.
2S7. Autel maxime. Auprès du Forum Boarium et des Carcères du Cirque.
Il avait été élevé par Hercule après qu'il eut lue Cacus ; son établissement
remontait donc aux temps fabuleux de Rome, ce qui prouve au moins une
grande antiquité. Les Romains vénéraient beaucoup cet Autel ; on y jurait les
traités, on y faisait les serments qu'on voulait garder le plus religieusement, et
les citoyens y offraient aux dieux la dîme de leurs biens. Celte grande vénéra-
lion durait encore du temps d'Auguste.
' Triumphatum ad liunc modum aiunt : Populus in cquestribus theatris (Circos vocant)
et foro tibulatii fixerai, aliisquc Urbis partibus, iibi conspici j'Otcrat pompa, spcctaverunt
candidis amicti lacernis.
170
DESCRIPTION DE ROME.
I. O ok (i-'i/ib;, ij>' ou t«î Jjxeh-aî iTXs$'ji3v H/taxX/j;, xsfXîÏTat /itîv liTib Pu/ulmw Jiéyt-
5T0Î, s'5T( j'î Houpixi /E-/5/is'vy;s ùyo/ixi ■n't.rtii'i-j, sir/tîTîwiy.îvî; si xîtt Ttj «ÀÀo; iiTT» tûv
^-(;('jj/stc«jv ô'/;z5£ rt /xys ^-' kjtôj z«t rj-jOr)/.«.i rot, /Î5u),o/>tsv5tî ^-Çuico; ri otXTTf,'Jmi-
oO'xi, y.y.1 ôl/.a.rcii'iîti •/f>ri/j.c/Tji-j yhovTxi 'suyr.i'xi. n.'J.i' îjyy.i. U. Halic. I, 40 '.
II. Hercule, aprrs avoir tué Cacus:
Consliluilque sibi, quse Maxime dicilur, Aram,
Hic ubi pai's Urbis de bovc nomun babcl.
Ov. /<ast. 1, V. 581, 583.
Ul. Sur la silualionde r^M<e/^/aj-imepr(^sdu Cirque, voy. nos 22, g IV; 252, g I, 11.
IV. El donius Herrulci rustos Pinaria sacri,
Hanc Aram luco statuil, quaî Maxima semper
Dicelur nobis, et erit quœ Maxima semper
Vmn. JEneid. VIU, v. 270-272.
— Ingens cnim est Ara Hcrcutis, sicut videmus bodieque posl januas Circi Maximi.
Serv. in ^neid. VIII, v. 271.
V. Tum Recaranus sub Avenllno Inventori patri Aram dedica-
vit, appellavitque iMaximam. A. Vict. Origo gent. Rnm.
VI. Hercvli invicto ad ciRCVM MAXIM. ORELLI, Inscript, lai.
t. Il, p. 397.
VII. Iconographie. Le revers ei-joint d'un denier d'AnliusRes-
I lio, qui du temps d'.Xupuste était chargé des sacrifices qu'on devait
accomplir sur l'Autel Maxime, nous en indique la forme. II est
gravé dans le Thésaurus Morellianus, faniil. Anlia, 3. Voy.
aussi Vaillant, famil. rom. Àntia, 3.
2i>8. Autel ou tombeau d'Acca Lauentia. Dans le Yélabre, auprès de la
voie Neuve. Roniulus avait élevé cet Autel sur la sépulture d'Acca Lareulia, sa
nourrice.
I. Ce monument est appelé autel ou tombeau, parce que les tombeaux des personnes
divinisées étaient consacrés par les pontifes, et qu'on mettait dessus un autel pour y
faire des sacrifices et y brûler de l'encens. Voy. Arad. des inscript, t. I, p. 376. — On
donnait souvent la forme d'aulels aux tombeaux des personnes, même non divinisées:
« In ipsa Scipionis Africani villa jacens liœc tibi scribo, adoralis manibus cjus et Ara
quam Sepulcruni esse lanli viri suspicor. » Senec. F.p. 86.
II. In eoque sum majorum exemplum seculus, qui hune honorem mulieri Larentise,
Iribuerunt, cui vos pontifices ad Aram in Velabro facere solelis. Cic. et Bruti. Ep- 15.
III. Larenlinal, quem diem quidam in scribendo Larentalia appellant, ab Acca La-
renlia nominatus, quoi sacerdotes noslri parenlant feslo die qui ab ea diciiur... — Hoc
sacrificium fit in Velabro, qua in Novam viam exilur, ul aiunt quidam, ad Sepulcrura
Accac, ul quod ibi prope faciunt Diis Manibus servilibus sacerdotes; qui ulerque locus
extra urbem anliquam fuit non longe a porta Homanula. Varb. L. L. VI, g 23, 24.
IV. Ab Anco in Velabro loco celeberrimo Urbis sepulta est [Acca Larentia], ac so-
lenne sacrificium eidem constilutum Macer, Fausluli conjugem Accam Larentiam
Romuli nutricem fuisse confirmât. Macrob. Saturn. 1, 10.
2JÎ9. Temple de la Jeunesse. Ce temple, voué l'an S45, par le consul M. Li-
vius Salinator, et dédié seize ans après, l'an 36 1 , était dans la région du Cirque
Maxime, sur le bord de la voie Triomphale. Il fut brûlé l'an 738 et rebâti par
Auguste.
I. Juvenlalis œdem in Circo Maximo C. Licinius Lucullus duumvir dedicavit [an. 561].
Voveral sexdccim annis anle M. Livius consul, quo die Asdrubalem exercilumque ejus
cecidil. Idem censor eam facicndaro locavit. Tn.-Liv. XXXVI, 56.
• Ara vero, supra quam Hercules décimas cbiulit, a Romanis Maxima vocatur, estque
prope forum quod Boarium appellalur, qu.im regionis illius incolae, si quam aliam, veneran-
tur. Qui enim aliquid bnni ac validi iransigere voiuul, ad hanc Aram et jusjuraaduin et
pacta faciunt : hic eliam suarum facultatum décimas ex voto &xpe offerunt.
REGION XI. — CIRQUE MAXIME. 171
II. E'^e^ôvôvTOiv (J" ouv aÙTWv, zb t/jj NsiT/jTOî /j.éyxfyOv imb t^^v litioXiia-j vù/ra /a-
rexaùd-zi. Dion. LIV, 19 *.
III. iEDEM IVVENTATIS... FECI. LAP. ANCYR. col. 4, 6.
260. Temple de Summanus. Auprès du temple de la Jeunesse [n" 2o9]. Sa
façade était sur le bord de la voie Triomphale, et regardait le mont Capitolin.
Ce temple fut bâti vers l'an 472 ; on ignore le nom de son fondateur.
I. Supplicia annua canes pcndunt inter œdem Juvenlalis et Summani, vivi in furca
sambucea arbore fixi. I'lin. XXIX, 4.
II. Reddita, quisquis est, Summano templa feruniur,
Tum, cuni Romanis, Pyrrlie, timendus eras.
Ov. Fasl. VI, V. 731, 732.
— La guerre de Pyrrhus eut lieu vers l'an 472 de Rome.
III. SvMMAN. AD. ciRC. MAXIM. GRUTER. p. 135. — ORELLI, Inscript, lai. n" 1466, et
l. II, p. 392.
IV. Jovem enim Irina [fulmina] jaculari Tuscorum litteree [exislimanl]. Romani duo
tantum ex iisservavere : diurna adlribuenles .lovi, noclurna Summano. Plin. II, 52.
V. Provorsum fulgur appellalur, quod ignoralur, noclu an interdiu sit faclum. Itaquc
Jovi fulguri [ou fuiguralori] et Summano fit, quod diurua Jovis, noclurna Summani
fulgura habentur. Fest. v. Provorsum.
VI. Romani veteres nescio quem Summanum, cui nocturna fulmina tribuebani,
coluerunt magis quam Jovcm, ad quem diurna fulmina perlinebant : sed postquam
Jovi lemplum insigne ac sublime conslructum est, propter aedis dignitatem, si ad eum
multiludo confluxit, ut vix inveniatur qui Summani nomen, quod audire jam non po-
test, sed sallem legissc meminerit. S. Alg. de Civil. Dei, IV, 23.
VII. L'anecdote du supplice des chiens, crucifiés annuellement entre le temple de
la Jeunesse et celui de Summanus, en commémoration du défaut de vigilance de ces
animaux lors que les Gaulois escaladèrent la roche Tarpeïenne, nous a engagé, à
défaut d'autre renseignement, à placer les temples de la Jeunesse et de Summanus en
vue du Capitole.
261. Forum olitoridm. — Au centre: Colonne Lactaire. En dehors de la
porte Carmentale, au pied du mont Capitolin et près du théâtre de Marcellus
[n" 1 44] on trouvait le Forum Olitorium, marché aux légumes. Au ceutre s'é-
levait une Colonne appelée Lactaire , parce qu'on y exposait les enfants
nouveau-nés, abandonnés par leurs parents.
I. Sur la position du Forum Olitorium près de la porte Carmentale, voy. n" 99, g XI ;
n" 149, § IV. — Quelques ruines trouvées en cet endroit nous ont déterpiiné à placer
là ce marché.
II. Forum Olitorium; hoc eral antiquum Macellum, ubi olerum copia. Varr. L. L.
V, §146.
III. Forum Olitorium.
Columna Lactaria.
JEdes Pielatis.
^des Malutae.
Velabrum majus in Foro Olitorio.
Sext. Ruf. de Reg. urb. Romœ, XI.
IV. Forum Olitorium. In eo est Columna Lactaria, ad quam infantes lacté alendos
deferunt.
^dis Pietatis in Foro Olitorio.
i£dis Junonis Matulae.
Velabrum majus. P. Vict. Ibid.
262. Porte Triomphale. Au-dessus de la porte Carmentale ou Scélérate,
sur la voie Triomphale.
* [Auyusto et Tiberio] Roma profectis, aedes Juvenlutis inscquenti noctc conHagravil
[an. 738J.
17-2 DESCRIPTION DE UOME.
I. Joséphe racontant le triomphe do Vespasien et de Titus, après avoir dit qu'ils
pass(Venl la nuit au temple d'Isis [n" 172], et s'arrêtèrent au Portique d'Octavie [n» 150]
ajoute que Vespasien s'avança à la porte Triomphale: H,«.i5 o: Tti>'/.r,\> aJris K'Jixoipet,
TÔv KTTo roû T!îy.~.s^Oy.i oi xjTri; y.i-:i roJi Optx/j.G'jUi, r/j; TCf^O'jrr/opioii «;r' «>twv tsti--
XiJta-J. IvTaliOxT/'yO'fYii Tf TipoOLn-i'/ii/'y^rXl, Y.'A TV,,- OfAC/.lJ.Zl/.Ùi ilOriTUi à.il-fiy.OÙ.lJ.VJ0l
roli Tc Tjxpwfyu/Jîyo'.i rr, Tii/'ir, iSùsavTîj deali, Ënsy.n'iv tov Opiv.y.S'iv, 6r>. T'iiv Oiàr/swv
o^s?£).aJvovTtj, &7Tu; ctV, T^l,- Tt'tr,0z<3i-i ri Oc'a yiawv. Juseph. de Bell. Jud. VII. 5 î§4'.
II. Ouasi vero. ... ad rem pcriineal, qua lu porta inlroieris, modo ne Triumplialis,
quac porta Macedoniris scmper proconsulibus anle te paluit. Cic. in J'ito, 25.
III. Ut inter alia complura censuerinl quidam, funus [Augusti] Triumpbali porta du-
cendum. Slet. Aug. 100.
IV. Ti^ipio; /Âsv T«î/Ta âveyvoj. fiery. âï toÛTO Tr,y tî xX('v»;v oi ujro'i oîû-p /.'A TTpÔTî-
/5SV ÙpVM-SVOl, êlCf. T6)V STTJVWtWV TTil/ÔIV, /.XT« TK T») /Ôst/Vj) d'i|aVT«, Su/.O jJLliy.-^ . DiON.
LVl, 42*.
V. Tum ronsull;ilum de lionoiihus; ex quis maxime insignes visi : ut porta Triumph.ili
ducerctur funus [Augusti]. Tac. Ann. I, 8.
VI. Plusieurs antiquaires ont voulu plaeer la Porte Triomphale au nord du mont
Capiloiin, sur la voie appelée aujourd'iiui rico Marner lino ; mais cette opinion se ré-
fute par l'itinéraire des triomphes: les pompes triomphales traversaient le Vélabre, le
Cirque Maxime, passaient derrière le mont Palatin, et arrivaient à l'extrémité orientale
de la voie Sacrée, pour monter au ('.apitoie par le (;li^us Capitolin. Si la porte Triom-
phale, au lieu d'être au midi du mont Capitolin, où nous Tavons placée, eût été au
nord, elle se serait trouvée à une centaine de pas du Clivus Capitolin, et il eût été
presque ridicule de venir passer devant ce Clivus, de faire ensuite un immense détour,
en tournant le dos au Capilole et remontant la Voie Sacrée, pour gagner le Circpn'
Maxime, le Forum Boarium, le Forum Homanuin, et revenir à peu prés au point d'où
l'on était parti.
l'n autre motif qui n'est pas sans valeur relativement à la position que nous assignons
à la porte Triomphale, c'est que pour les audiences accordées aux généraux qui de-
mandaient le triomphe, le sénat s'assemblait toujours dans un des temples situés entre
le Cirque Flamiiiius et le Tibre, c'est-à-dire dans le voisinage de notre porte Triom-
phale, tels que le temple deP.elione [n" 1-48], le temple antique d'Apollon [n» 149], le
Portique d'Octavie [n» 150]. Yoy. p. 117, § VIII.
265. Temples de Junon Matlte, — de la Pit;TÉ, — de l'Espérance. — Devant :
Statle équestre dorée d'Acilius Glabrion. Les trois Temples s'élevaient entre
les nmis de la ville et le tliéâlie de Marcellns. Leur laçade regardait 4a voie
Triomphale. Tous trois étaient bâtis presque sur la inêiue ligne, et séparés seti-
leiuent chacun par une étroite ruelle. Le premier du côté de la ville était le
temple de Junon-Matule, dédié l'an o'J8 par le censeur C. Cornélius; le se-
cond, celui de la Piété, dédié l'an oTl par Acilius Glabrion, duumvir; et le
troisième, le temple de l'Espérance, construit par Calatinus, qui fut consul
l'an i9o. Ce dernier fut restauré en 540, puis en 770 parGermanicus. Deux de
ces temples sont d'ordre doricpie, et le troisième est d'ordre ionique. Devant
le temple delà Piété était la Slutue dorée d'Acilius Glabrion.
I. /Edes eo anno [558] aliquot dedicatae sunt : una Junonis Matutee in Foro Olitorio,
vota, locataque quadrienno ante a C. Cornelio consule Gallico belle ; censor idem dedi-
cavit. TiT.-Liv. XXXIV, 53. — On a voulu substituer Junon-Sospita à Junon-Matule,
parce qu'on lit dans Tite-Live (XXXII, 30) que C. Cornélius avait voué un temple à Ju-
non-Sospita. Comme Tite-Live parle dans son XXXIV» livre de la dédicace d'un temple
de Junon-Matute, que les régionnaires P. Victor et Sext. Rufus nomment également
dans cette région un temple de .lunon-Malute, il nous semble naturel de croire qu'il y
a faute dans le texte du XXXIl^ livre de Tite-Live plutôt que dans le XXXIV»^.
II. Sur les temples de Junun-Matute et de la Piété, voy. ci-dessus n° 261, § III, IV.
' Ipse vcro aJ Portani regrediebalur, qua; ex eo, quod pcr illam semper triiimplioruni
pompa du<-ilur, nomon aicepit. ll)i et cibiirn pr.P(;iista!iant, cl triuniphaliluis veslis aniicti,
dii.'^que ad poriaiii collocalis csrsa lioslia, pcr theaira transeuntes Iriumplium açebant, ut mul-
tiludini facilior csset aspoclns. = - ll.-rc c|iiuiii rcrilassct de scriplo Til-crius, fiTctrum [Au-
gusti] iidcm qui aiuc suldaluni Triunipliali porta ex scnatustonsulto exlulerunt [au. 767J.
RÉGION XI. — CIRQUE MAXIME. 475
m. JEàes duo co anno [571] dedicala' sunt, una Vencris Erycinœ ad porlam Colli-
nam, .... allera iii Foro Olitorio, Pielalis ; eam œdcm dedicavil Manius AciliusCla-
brio duumvir: Statuamque auralam, quœ prima omnium in Italia s(alua aurata est,
palri Glabrioni posuit. Tit.-Liv. XL, 34.
IV. Statuam auratam nec in Uibe, nec in ulla parle Ilaliœ quisquam prius aspcxit,
quamaM. Acilio Glabrione equeslris palri ponerelur in a-de l'ielatis : eam autcm a;deni
1'. Cornelio Lentuio el M. Baebio Tamphilo ross. ipse dedioavit, quia paler compos
voti faclus, rege Antiocho apud Thermopylas superalo. V. W.vx. II, 5. 1.
V. Easque [statuas] auro curant ambrartcari, quod Ariiio Glabrioni delatum esl
primo, cum oonsiliis armisque regem superasset Anliochum. Am. Maucell. XIV, 6.
VI. . . . Malris salus donata pietali est [filliE]. . . . At lorus iile eidem consecralus
deœ; C. Quinclio, M'. Acilio coss. lemplo l'ielatis exslruclo in illius carceris, ubi nunc
Marcelli Iheatrum est. I'lin. VII, 36.
VII. Pietali xdem consecratam ab Acilio aiunl eodem loco, quo quondam mulier ha-
bilaverit, quse patrem suum inclusum carcere, mammis suis clam aluerit. Fest. v. Pie-
lad.
VIII. In templis Fortunée ac Malris Malutae, et Spei extra portam [Carmenlalem]
laie vagalus ignis sacra profanaque multa absumpsil. Tit.-Liv. XXIV. 47. [an. 539.]
IX. Triumviri [creati sunl] .... reficiendis aedibus Forlunœ et Matris Malulœ intra
portam Carmenlalem, sed et Spei extra porlam, quœ priore anno incendio consuniplœ
fuerant. Tit-Liv. XXV, 7. [an. 540J.
X. Ououiamque exspeclalione rerum bonarum erigitur animus, recte eliam a Cala-
tino Spes consecrata est. Cic. deLegib. II, 11.— M. Allilius Calatinus fut consul l'an 493,
XI. Et aedem Spei, qus est in Foro Olitorio, fulmine ictam. Tit.-Liv. XXI, 62. —
Yoy. ci-dessous no 265, § 1.
XII. AvGvsT. SPEI AD FORVM HOLITORIVM. GRUTER, p. 134. — ORELLI, Inscripl. lai.
t. II, p. 596.
XIII. PlETATI AD CIRC. FLAMIN. ORELL. Ibid. p. 405.
XIV. lisdem temporibus deum œdes velustate aul igni abolitas, cœplasque ab Au-
guslo, dedicavil [Tiberius anno 770]. . . . Spei œdcs a Germanico sacratur: liane
Allilius vovcral eodem bello [primo Punico] Tac. Ann. II, 49.
XV. Iconographie. Si crede communemenle di riconoscere quesli Ire lempj, [di
Giunone Malula, délia Pielà, délia Speranza] a S. Nicolô in carcere [Nolli, n» 1038;
Lelarouilly, rion. XII, 5], dove infatti si vedono gli avanzi di Ire lempj, due di ordine
dorico, e uno di ordine ionico, ne' quali non si vede usata altra materia che il peperino
ed il travertino, indizio di molla anlichità. E siccome sembra che i Ire tempj indicali
fossero tutti e Irc nel Foro Olitorio, e uno d'appresso ail' allro, quindi pare assai ve-
rosimile che siano quelli a S. Nicolo. Le loro proporzioni archilettoniche sono slate
pubblicale da Palladio e da altri, e recenlemenle dal cliiarissimo ab. Uggeri, seconde
le ultime osservazioni. Risulta da queste che i tre lempj erano appena separati uno
dair allro, e che si saliva a quelle di mezzo mediante una gradinata che dopo il seconde
gradine era tagliata da un gran piedeslalle o basamento, sul quale forse sarà stata
qualche statua. Nibby, in Nardini, Roma antica, l. III, p. 266.
XVI. Due di quesli lempj erano d'ordine dorico ed uno ionico, composti di peperino
e travertino. Le colonne doriche d'une dei due lempj sono scanalate, l'altre ne sene
senza. Negli scavi falti alterne a quesli lempj ne' scersi anni per opéra del cav. Vala-
dier, si conobbe il 1ère piantalo, e la loro dislribuziene, ed avanli al lempio délia Pielà,
che era quel di mezzo, fu rinvenuta la base délia Statua di Glabrione. Melchiorri,
Guida melodica di Roma, p. 688.
XVII. Le temple de la Piélé près du théâtre de Marcellus, avait des colonnes doriques
sans aucunes bases [Palladio. Archill. I, c. 15, tav. 103-104]. Notre plan esl restauré
d'après celui de Palladio ; d'après des fouilles exécutées en 1808 ; d'après un croquis
de Ballazar Peruzzi, peintre qui vivait au commencement du XVI^ siècle, lequel cro-
quis est conservé à Florence au musée degli Uffizi, el dont M. Lefuel, archi-
tecte pensionnaire de l'Académie de France, à Rome, a donné le fac-similé
dans une restauration de ces trois temples, exposée au Palais des Beaux-
Arts, à Paris, en septembre 1844 ; enfin d'après le fragment ci-contre du
Plan de marlire, gravé dans Bellori, tav. V, sans devise ni indication, mais
qui nous paraît appartenir au groupe des trois temples dent nous nous
occupons. C'est aussi sur la foi de ce fragment que nous avons indiqué
une perle postérieure au temple de la Piélé.
XVIII. Carrefour Acilius. U devait être dans le voisinage des trois temples ci-dessus,
474 DESCRIPTION DE ROME.
cl pout-^'trc empnmlail son nom à la statue d'Acilius r.labrion placée devant ces
temples. Ce carrefour était célèbre parce ()ue l'on y donna une taverne fboutique ou la-
boratoire) au premier médecin qui vint à Home, l'an 535 : — Cassius Hemina ex anti-
quissimis auclor est, primum e mediris venisse Itomani Pcluponneso Archagallium Ly-
saniae lillum, L. ^ïmilio, M. Li\io coss. anno Urbis DXXXY, eique jus Quirilium datum,
el tabernam in compilo Acilio cmplam ob id publiée. Pi.in. X.\1X, 1.
204. Porte Flimf.ntane. Au bord du Tibre, sur la voie qui passe devant le
théâtre de Marcclius [n" 1 44].
I. Aqua; ingénies eo anno [an. 559] fuerunt, et Tiberis loca plana Urbis inundavil.
Circa porlam Flumenianam ctiam collapsa quœdam ruinissunt. Tit.-I-iv. XXXV, 9.
II. Tiberis infosliore quam priore impelu illalus l ibi, duo pontes, œdificia mulla,
maxime circa portam Flumentanam, evertil [an. 560]. Ibid. 21.
III. La prima [porta] é la Flumentana : il suo nome indica baslantemenle la sua
vicinan/.a al fiume, e l'esscre stata soggetta più voile aile inondazioni del Tevere più
di ogni altra cosa lo prova, e rende inverisimile la opinione di ([uelli che la situarono
aile laide del Cainpidoglio, sul vico Mamerlino oggi saliia di Marforio, ove il Tevere
non poté mai pervenire, allrimenti avrebbe coperlo Roma sopra i tetti ; tanto più se si
considéra quanto Homa fosse bassa ne' lempi anlichi. Nibbv, Le mura di Rrmta, c. IV,
p. 129.
26i> Temple d'Apollon-Médecin. Derrière le temple de l'Espérance [n''263],
sur la rive gauche du Tibre. Il fut bâti l'an 573, par le censeur M. Fulvius
Nol)ilior.
I. M. Fulvius [Nobilior censor] plura el majoris locavil usus ; Portum el pilas pontis
in Tiberim, el Porlicum ad fannm Hereulis, elpost Spei, ad Tiberim, aedcm Apollinis
Wedici. Tn.-Liv. XL, 51 [an. 573].
RÉGION XII.— LA PISCINE PUBLIQUE.
175
<-
REGION XII. — LA PISCINE PUBLIQUE.
Cette région rune des plus grande de Rome, est en même temps
Tune des plus vide de monuments de notre époque; aussi n'avons-
nous presque rien à en dire.
266. Area Radicaria. Marché aux racines, situé en-
tre la porte Capène, à gauche de la voie Appia, et l'ex-
trémité orientale du Cirque Maxime.
I. Horti Asiniani.
Area Radicaria. P. Vict. de Keg. urb. Romœ, XII.
II. Piscina Publica conlinet Aream Radicariam. 7Vo<2<. imp.,
Reg. XII. — Empiarement conjecturé.
III. Iconographie. P>ag,ment du Plan de marbre du Capi-
tole. Il se trouve aussi dans Bellori [Iconog. vet. Homo', tav.
XI] avec ceUe note : Aiif.a radicaria, reg. XH. Piscina Publica
describitur, in qua,ul exponilPanciroUus, radiées vendebanlur.
267. Jardins d'Asinics. En dehors de la ville, h gauche de la voie Appia. Ils
appartenaient au célèbre Asinius Pollion.
I. Horli Asiniani. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, XII.
II. Anio vêtus... a Latina in Lavicanam ihler arcus trajicit : et ipse piscinam habet;
inde intra II milliarium parlem dal in specum qui vocalur Oclavianus, et pervenit in
regionem viae Novae ad llortos Asinianos, unde per illum traclum dislribuitur. Front.
Aquœd. 21. — 11 y avait aussi au bas de l'Aventin une voie Neuve.
- 268. Autel DE Laverne. Laverne, déesse des voleurs, avait un Autel dans
la XII'' région, aux environs delà porte Lavernale, située au sortir delà petite
vallée qui séparait les deux parties du mont Aventin.
I. Lavernalis [porta] ab Ara Lavernœ, quod ibi Ara ejus. Varr. L. L. V, g 163.
II. Sur la silualion de la Porte Lavernale. Dalla porta Raudusculana, fine alla
gola che sépara i'Avenlino dal Tevere, in qualtro luoghi possono cadere le porte, perché
in falli qualtro sono gli accessi evidentemente esistenli: il primo è quelle fra le due
parti deir Aventinoincontro alla porta S. Paolo [Noili, rion. XII; Letarouilly, rion. XII],
ed è in quella gola che dee situarsi la porte Lavernale, seconde Varione, che la
nomina [toc. sup. cit.] dopo la porta Rauduscula Questa porta Lavernale, se
si voglia avère riguardo alla localilà, dovè stare presse a poco nel quâdrivio clie mena
alla Porta S. Paolo, alla Moletta, a S. Prisca, e a S. Saba [Nolli, n^^ 1159, 1066 ; Le-
tarouilly. rion. X, 56, 44] ; imperchiocchè nelle vicinanze di quelle, l'Aventino pro-
priamente detto, comincia a sorgere, et fa ivi un' angôlo, cosicchè questo è il silo più
strelto fra le due parti dell' Avenlino. Nibbv, Le Mura di Romà, c. lY, p. 204.
176 DESCRIPTION DE ROME.
<
REGION XIII. — MONT AVENTIN.
Les bornes de la région du mont Aventin sont à TE. la XII* région,
et au N. le Cirque Maxime. Vers les deux tiers de la longueur de ce
dernier monument ses limites suivent une ligne qui passe derrière le
Sacrarium et le Bois de Saturne [n" 242], et va joindre le bas du Clivus
Publicius. De là elle monte sur FAvenlin, dont elle longe Tescarpemcnt
jusqu'à la porte Trigemina, et en dehors de cette porte, suit la rive
gaucbe du Tibre.
269. Château de l'aqueduc de l'Appia. — Auprès: Colonne surmontée de la
STATUE DE MiNUCius. Ces deux monuments étaient tout près et liors de la porte
Trigemina. Le Château (d'eau) fut établi en même temps que l'Aqueduc,
l'an 442, et la Colonne, érigée l'an 316, aux Irais du peuple. La statue était
en airain.
I. Uuclus ejus [Appiee] habet longiludinem a capite usque ad Salinas, qui locus est
ad porlam Trigeniinam, passum, etc. Front. Aquœd. 5.
II. Nec Virgo, nec Appia, nec Alsietina conceptacula, id est piscinas, habent... Ri-
vus Appiae sub Cœlio monte et Aventino aclus emergit, ut diximus, infra Clivum Publicii.
Fkont. Id. 22.
III. Colonne de Minucius. L. Minucius bove auralo extra porlam Trigeminam est
donatus, ne plèbe quidem invita, quia frumenlum Maelianum assibus in modios œstima-
tum plebi divisit. Tii.-Liv. IV, 16.
IV. L. Minucius Augurinus, qui Sp. Msclium coarguerat, farris pretium in trinis nun-
dinis ad assem redcgit undecimus plebei tribunus : qua de causa Statua ei extra portam
Trigeminam, a populo slipe collata statula est. Plin. XYIII, 3.
V. Antiquior columnarum [celebratio], sicul... P. Minucio prœfeclo Annons, extra
portam Trigeminam, unciaria slipe collata. Plin, XXXIV, 5.
— De ces deux passages de Pline, on peut conclure que la Statue était sur une co-
lonne, et que le tout était en airain.
270. Temple de Portumsus. En dehors de la porte Trigemina, près du pont
iEmilius, jadis Sublicius, entre la voie Ostiensis et le Tibre. Il était très-ancien.
I. ^dis Portumni ad pontem ^milii, olim Sublicii. P. Vict. de Reg. urb. Ro~
mœ, XI.
II. /Edes Portumni ad pontem Sublicii. Se\t. Ruf. Ibid.
m. Portunalia dicta a Porluno, quoi eo die aedes in portu Tiberino facla et feriae
inslitutae. Varr. L. L. VI, § 19.
IV. Iconographie. Nous avons placé devant ce temple une espèce de petit port, in-
diqué par Varron, et tourné la façade de l'édifice vers le Tibre, suivant le précepte de
Vitruve : Si secundum flumina aedes sacrée fient, ita uti ^Egypto circa Nilum, ad flumi-
nis ripas videntur spectare debere. Vitruv. IV, 5.
271. Portique aventin. Construit l'an 559, parles édiles iEmilius et Lépidus
Paulus, il se trouvait au sortir de la porte Trigemina, entre la voie Ostiensis
et le mont Aventin auquel il était adossé.
1. iEdililas insignis eo anno fuit M. .^ilmilii Lepidi et ^■Emilii Pauli. Multos pecuarios
damnarunt: exeapecunia clypeu inauratainfasiiglo Jovis aedisposuerunt. Porticum unam
exira porlam Trigeminam, Emporio ad Tiberim adiecto [an. 559]. Tit.-Liv. XXXV, 10.
RÉGION XFII. — MONT AVENTIN.
17'
II. Loraverunl [ccnsorcs],... ol forum et poitirum oxlra porlam Trigcminani, et
aliam post Navalia. Tit.-Liv. XL, 51 [an. 575].
III. Exlra portam Trigeniinam Enipoiiuiii lapide slravcrunt, slipilibusque sepspriinl;
cl Porticum ^Emiliam rcfirienilam rurarunt : gradibusque adscensum ab Tiberi in Km-
porium fcreiunl, et extra camdem porlam in Avenlinum Porlicum silice slraverunt
[an. 578]. TiT. Liv. \LI, 27.
272. Voie Ostiensis. Elle partait de la porte Trigeniina et suivait le cours
du Tibre, au sortir de la ville.
I. La via Ostiense, cosi chiamata perché conduceva ad Ostia, meno il suc principio,
nel rimanenle conserva perfellamente la sua direzione. Essausciva per la porta Trige-
mina del recinto di Servio, la quale slava nella gola fra l'Aventino ed il Tevere, e di là
seguendo il rorso del fiume passava avanti la basilica di S. Paolo ; e di questa direzione
primiliva dclla via Ostiense ne rimangono indizj sicuri sulla ripa del Tevere, special-
menle presso S. Paolo slesso, dove fra gli altri indizj si osserva una linea conlinuala di
ruderi di sepolcri. Nibby, Délie vie degli antichi, § III, p. 150.
273. Greniers de Sulpicius Galba. Sur le bord du Tibre, au pied méridional
de l'Avcntin. Ils étaient consacrés aux approvisionnements d'huile et de vin
pour Rome. On ne sait par quel Galba ils furent construits, mais il est certain
(ju'ils existaient du temps d'Auguste.
I. Horrea Galbœ. Notit. imperii, Reg. XIII.
II. Horreorum Galbianorum fortunse. P. VicT. de Reg. urh. Romœ, XIII.
IH. Nardi parvus onyx elicicl cadum,
Qui nunc Sulpiciis accubal Horreis.
HoR. IV, Od. 12, v. 17, 18.
— Hodie aulem Galbœ Horrea vino el oleo, similibusque aliis referta sunt. Porphvr.
in Hor. loc. sup. cit.
IV. Avanzi di questi magazzini o granai si vedono ancora a' piedi dell' Aventino e
nelle vigne clie sono sopra la sponda del Tevere. Fra questi dee contarsi il preleso arco
"" di Orçizio Coclite, detto di S. Lazzaro ; il quale
corne dalla sua costruzione apparisce, e corne si
osserva dalle rovine vicine, non è che un arco de'
granai. Nibby, dans Nardini, iîoma anhca, lib. VII,
. 9, t. 111, p. 318, noie 1.
V. Iconographie. Nous nous sommes inspirés,
)pour tracer ces greniers, du fragment ci-joint du
'Plan de marbre, qui offre le plan de Greniers por-
tant le nom de Lollius. Ce fragment se trouve aussi
dans Bellori, Iconogr. vet. Romœ, lab. I.
274. Portique Emilien. Sur le bord du Tibre, tout-à-fait à l'extrémité de la
région. Les édiles iEmilius et Lepidus Paulus le construisirent l'an oS9. Il se
composait de six rangs de galeries parallèles. La façade, toute en arcades, re-
gardait le Tibre, La pente du terrain se reproduisait à l'intérieur du Portique,
où le sol se trouvait divisé en trois plans, séparés chacun par quelques degrés.
I. Sur l'édification du Portique Emilien, voy. ci-dessus n» 271, § I, el sur sa position
devant Navalia, Ibid. g II, 111.
II. Iconographie. Pirancsi a relevé le plan et dessiné les ruines de ce portique, qu'il
place aussi devant jYai'a/ia. Voy. Anlich. rom. t. IV, tav. 48.
27I>. Emporium et Navalia. V Emporhim était une espèce de débarcadère
sur le bord du Tibre, une place dallée devant le portique Emilien; les Nava-
lia, un port militaire en face de Y Emporium.
I. Sur la construction de V Emporium, voy. ci-dessus, n» 271, § III.
II. Senatus... decrevit. . . naves quœ in Tiberi paratœ instructœque stabant, ut, si
rex posset resislere, in Macedoniam millerenlur, subduci, el in Navalibus coUocari.
TiT.-Liv. XLV, 2.
III. Iconographie. Nous avons tracé ce port, dont il ne reste plus rien, à la manière
I. 42
178 DESCRIPTION DE ROME.
nnliquc, avec deux jetées perréi-s d'aroadcs n la liaiilcur des grosses eaux, de manière
A ne pas gt'iier le eours du lleuve quand il roule ù pleins bords. Celle disposilioi» esl
einpiunlée aux pouls antiques de Konie, où une petite arcade s'ouvre au-dessus des
piles, à la naissance des cintres des grandes arches. Voy. plus bas, n»» 308, 309.
IV. Les Navalia étaient hors de la porte Trigemina, prés des magasins du sel d'au-
jourd'hui. Dans la vigne Césarini iXolli, n" 1070; Letarouilly, rion. Xll, 38] existent
encore des ruines trés-considcrables construites en petits polygones de tuf, construc-
tion que les anciens appelaient opu$ incerlum. Nibby, Ilinér. de Rome, t. II, p. 108.
27G. PonTE MiNLCiA et Escalier a coudons. Cette porte s'ouvrait au faîlc
et sur la lisière occidenlale du mont Aventin. La montagne étant fort escarpée
de ce côté, on y arrivait par un escalier à cordons, l\ double rampe.
I. En établissant ici la porte Minucia nous avons suivi une conjecture de Mbby,
basée sur les textes cités au n" 271 [Voy. Nibbv, Le iWura di Borna, c. IV, p. 207]. Il
y a aujourd'hui sur cet emplacement, vis-à-vis de l'église du Prieuré de Malle [Nolli,
n« 1075; Letarouilly, rion. XII, 52], une montée qui pourrait bien élre un débris de
l'ancien escalier.
277. Temple de Diane. Situé sur la partie la plus élevée du itiont Avenliii,
dans un quartier appelé Lanrelnm, vers le Tibre, il fut bàli par les Romains
et les Latins, d'après l'instigation du roi Servius, pour être le centre de l'u-
nion des deux peuples; de là, on l'appelait quelquefois le temple commun de
Diane. Servius décida qu'on y tiendrait le compte des naissances, au moyen
d'une pièce de monnaie que chaque citoyen déposerait dans le trésor du temple,
quand il lui naîtrait un enfant. L. Cornilicius restaura ce monument, du temps
d'Auguste.
I. Perpulit tandem [Servius], ut Romae fanum Dianœ populi Lalini cum populo Ro-
mano facerenl. Tn.-Liv. I, 45. — Quelques lignes plus bas, Tile-Live désigne la posi-
tion de ce leraple, en disant : Infima valle pra'lluit Tiberis.
II. Ka-SJ/.sùaciv Èf wv ÛTiu-cxi (7uv;^v£yx«v ai ûi/ei; y_f.Y,//.c/.~u-j,7hy TÔj J^pr-fJ.içoi vxàv,
Tîv sTïî Toû /j.s-/iaTOU Tôiv èv 7yj P&i/uvj /oçsoiv i'jpi/y.î-jov, AjevtÎvou. D. Halic. IV, 26 '.
III. IIûSjtov j^àv T^ 7ro/££ //.«"ï/iav oj [j.i/./:.ccj —pocéOr,xs-/, èvrir/hoci ràv /;-/é//ev5v
AvsvTÏvov é'jTt ok >op(9s U'prXoî inisuCiç, ixroi/Màsxâ. tzou czxoiu:i t/jv rcsp'/J-STpov, £,-
rôr- /Jiîv u/v;, TravTîoaTT/j, iJ.é'S-zoi viv, 7î),£i(jT/j; os /m /.xû.iarriç oùfvri;, èf riî \7.jr,r,T0v
l/nb Puficâuv mà-'i-ui rÔTtoç r't; à'( xJToh- vu-j ok ol/.iOiJ sort TÙ.rt^^rii xtuç- ï-jOu. cjv 7.5/-
/îî; cfjloti xal 70 Tôi A.pTsy.iooi isfib./ Ï0f,jT:c/.L. D. Halic. III, 43 *.
IV. Teraplum commune Dianœ. P.Vict. de Reg. urb. Romœ, XIII.
V. Avenlinum aliquol de causis dicunl :... alii ab advenlu hominum, quod com-
mune Lalinorum ibi Dianœ lemplum sil constitulura. Yarr. L. L. V, § 43.
VI. Servorum dies léslus vulgo exislimalur idus Augusli, quod eo die Ser. Tullius,
nalus scrvus aedem Uianœ dedicaveril in Avenlino, cujus lulelx sint servi, a quo cele-
ritale fugitivos vocanl servos. Fest. v. Servorum.
VII. DiAN.E IN AVENTINO, ET VOUTVMNO I.N LoRETO MAIGRE. GRUTER. p. 134 ; —
OUELLl, Inscript, lat. l. il, p. 396, 397. Sur Lauretum v. no 291, § VI.
VIII. In Avenlino ante Aram Diana? conslituit. V. Max. VII, 3. 1. — il s'agilsans doute
ici de l'autel de sacrifice qui était toujoi>rs en avant de la porte des temples.
IX. Sur la restauration du temple de Diane par Cornificius, voy. n" 88, § XV.
X. Brocchi [Dello slalo fisico del suolo di Roma, pag. 211] indique le plateau où
est bâtie l'église de S. Alexis [Nolli, n» 1076 ; Letarouilly, rion. XII, 51] comme le point
le plus haut de l'Aventin. C'est là que nous avons placé notre temple de Diane.
* Ex pecuniis quœ omnes civitatos contulerunl exslruxit [Serv. Tullius] teuiplum Dianse,
quod fundatum est in Aveiuiiio, omnium Romanorum collium maxime. = - l'rimum qui-
dem Urbem non mediociiter auxit [Marcius] : Aventinum, qui ita vocaUir, iisdem mœnilms
complexus : est autem collis modice allus, stadioium ferme XVIH ambilu, qui tune varia ma-
tcria refertus erat, sed pra'cipue lauri eleyaniis magna copia; unde a Komanis quxdani ejus
loci pars Lauretum vocatur: sed jam lotus aîdificiis est refertus, uhi iuler ceteras res templuni
ctiam Dianx exstructum est.
RÉGION Xllf. —MONT AVENTIN. d70
278. Atrium de la Liberté. Il y avait, aiiprôs du Foiiiiii de César, un Alriuiii
(1(> la liberté i'orl ancien [voy. n" 134], où l'on alticliait les lois et les actes de
libération des esclaves. Sous le principal d'Aui,aiste, où les allrancliissements
devinrent très-fré(iuents, il est vraisemblable que l'ancien Atrium devint
insuffisant. Dans la vue de remédier à cette insuftisance, Asinius Pollion, cédant
aux invitations d'Auguste, qui engageait tous les riches citoyens à bâtir des
monuments, érigea, sur le mont Avenliu, un nouvel Atrium dorla liberté qu'il
décora des cliel's-d'œuvre de la sculpture grecque.
I. Atrium Libcrtatis in Avenlino. P. Vict. de Reij. urb. Rotnœ, XIll.
II. Sur l'édidealioa de l'Atrium de la Liberté par Asinius Pollion, voy. n" 88, g XV.
Ce que nous avons dit sur les motifs de l'édification de cet Atrium par Pollion, est con-
jectural.
III. Occupai aprilis idus cognomine viclor
Juppiter : hac illi sunl data lempla die.
Hac quoque, ni fallor, populo dignissima nostro
Atria Liberlas cœpil liabere sua.
Ov. Fast. IV, v. 621-624.
IV. Pollio Asinius, ut fuit acris vehemenliœ, sic quoque spectari monumenta sua
voluit. In ils sunt centauri, etc. [détail de beaucoup d'autres statues]. PliiN. XXXVI, 5.
279. Temple de la liberté. Ce temple avait été bâti par le père de Tib.
Gracchus, et fut restauré ou reconstruit par Auguste.
I. Digna res visa, ut simulacium celebrali ejus diei Gracchus, postquam Romam re-
diil, pingi juberet in œde Libertatis, quam paler ejus in Aventino ex multatitia pecunia
faciendam curavit dcdicavilque. Tir.-Liv. XXIV, 16 [an. 538].
il. /EdES LlBEllTATIS IN AVENTlNO . . . . FECl. LAPIS ANCYR.
III. Templum Libertatis. P. Vici. de Reg, urb. Romœ, XIII.
280. Bibliothèque de Pollion. Fondée par Asinius Pollion, et probablement
avec le prix des dépouilles des Dalniates, qu'il avait vaincus, ce qui en place-
rait la fondation vers l'an 71 5 de Rome, elle était près de l'Atrium de la
Liberté.
I. Sur le voisinage de l'Atrium de la Liberté et de la Ribliothéque de Pollion, voyez
no 151, g IV.
II. M. Varronis in Bibliotheca, quse prima in orbe ab Asinio Pollione ex manubiis
publicata Romœ est, unius vivenlis posita imago est. Plin. VII, 30. — L'expression ex
manubiis nous fait conjecturer que celte bibliothèque fut érigée avec le produit des
dépouilles des Dalmates, dont la défaite eut lieu l'an 714. Voy. Florus, IV, 12.
III. Asinii Pollionis hoc Romœ inventum, qui primus Bibliolhecam dicando, ingénia
hominum rem publicam fecit. Plin. XXXV, 2.
281. Temple de Jdnon-Reine. A l'endroit où le Clivus Publicius débouchait
sur l'Aventin. Camille le voua l'an 359, et le dédia l'an 393. Il fut réédifîé
par Auguste.
I. Templum Junonis Reginse, a Camillo dedicatum captis Veiis. P. Vict. de Reg. urb.
Romœ, XIlI. — Voy. ci-dessous, Clivus Publicius, n" 283, § IV.
II. In Avenlinum, œternam sedem suam porlatam [Junonem Reginam], ubi
templum ei postea idem qui voverat Camillus dedicavit. Tit.-Liv. V, 22. [an. 393].
III. Tum Junoni Reginœ lemplum in Aventino locavit [Camillus, an. 559]. Tn-Liv.
V, 23.
IV. Juno Regina, transvecta a Veiis, .... in Aventino. . . dedicata est. Tit.-Liv.
V, 52.
V. iEcES MiNERVyE, ET IvNONIS REGINiE, ET lOVIS LiBERATORIS IN AVENTINO. . . . FECI.
LAP. ANCYR. col. 4 et 6.
282. Temple de la Lune. — Entre ce temple et celui de Junon-Reine : Sta-
tues EN AIRAIN de Junon ET DE DiANE. Lc icmplc de la Lune, situé en parallèle
180 DESCRIPTION DE ROME.
(le celui de Junon-Relne fn" 281], avait été luiulé par le roi Servins. — La Slaliie
(la Ju)ion lui érigée l'an 534 par les dames romaines; celle de Diane datait des
premiers temps d(; Rome.
I. Teinpluin Luiia; in Aveiilino. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, XIII.
II. Luna rcgil menscs ; liujus quoquc Icmpore mensis
Finit Avenlino Luna colenda ju^ro.
Ov. Fasl. 111, V. 883, 884
m. Alrox rum vcnto tempostas roorta : .... forom ex <T(le Lun.-B qui in Aventino
est, raplam tulil, et in posliris pariolibus Cercris tempii affixil: signa ulia in Ciico
IMaximo, rum columnis, quibus superslabant, evertil. Tit.-Liv. XL, 2. — Gel événe-
ment justifie la position que nous avons ehoisie prés de l'escarpement de la montagne.
Le vent put faeilement transporter les portes du temple de la Lune sur la muraille pos-
térieure du temple de Gérés située au bas de l'Aventin, n° 251.
IV. Sur l'édification du temple de la Lune par Servius, voy. n» 207, g VIII.
V. Statue en airain de Junon. Ob cœtera prodigia, libros adiré . . . decemviri
jussi Urbs lustrata est, ... et Signum œneum matrona; Junoni in Aventino
de dicaverunt. [an 554) Tit.-Liv. XXII, .63.
VI. Statue de Diane. UpÔTîpo-J /j£v oOv sùzIi-/ovj ôiupspô-nuç, TtspÎTszx oùlx, /.u'i
TlzfA T/;v TT/jàâ Pw//«['5ii fit.i'x.-J, Tti TTO/^à Kv Ttî /àêoi ariixîlv.- xat or, xat lôavov tvjî kpti-
C<V£0£!7êV. StrÂb. IV, p. 180».
283. Clivus Puclicius ou Publicus. Il commençait à l'angle septentrional du
mont Aventin, sur lequel il conduisait.
I. Publicius clivus appellatur quem duo fratres L. M. Publici Malleoli œdiles cur.,
pecuariis condemnatis ex pecunia, quam cœperant, nunierunt, ut in Aventinum vehiculis
vcnire possint. Fest. v. Publicius.
II. Glivus Publicus. V. \ict. de Reg. urb. Romœ, \Ul.
III. Quum ex Arce Gapitolioque, Glivo Publicio in equis decurrentes quidam vidis-
sent, captum Aventinum conclamavcrunt. Tit.-Liv. XXVI, 10.
IV. In Forum venere, . . . inde, vico Tusco, Velabroque per Boarium Forum, in
Clivum Publicium, atque œdem Junonis Reginœ porrectum. Tit.-Liv. XXVII, 57.
284. Autel d'Évandre. Sur la montagne, au-dessus de la porte Trigemina.
1. Sur la position de cet autel, voy. n» 97, § III.
28^. Remuria ou Tombeau de Rémus. Endroit où Rémus prit les auspices,
au sommet de l'Aventin, et où il fut inhumé.
I. Remuria.
Atrium Libertatis in Aventino. P. Vicx. de Reg. urb. Romœ, XIII.
II. Voeitatam aiunt Remuriam, locum in summo Aventino, ubi, de Urbe condenda
fuerat auspicatus [Remus]. Fest. v. Remurinus.
m. PÛ//55 Oc yojpio-j Ti roli A'oîvTtvoy ■/.OLpTspov, G 01 èy.sV.'Ov p.'vJ ù-jo/j.â^Ori Psy.ûviov,
vL/v OS Pty/àpiov xx>^£Ïzxr (j\j;Os/j.v,>uv àï t-/;v é'piv opvisi-j xhLoii jSpaè-iiaxt. Plut.
Romul. 9.2
IV. A'TToSavovTOî o' £v Tr, p-ày-r, -zol) Vùp.ou, -n/.r, olxTi<jTr,-j b Pw//.6>os «Tlô roXi c/.<5'£>ipoû
■/.ul TColiTU/ji ùX).r}.oxTO'jia.î àv£Xti//£vo5, tôv y.£v Pûp.ov èv t7i Pufiopix dxTnîf cTTStJ"/) xul
^Civ -ï-Tii -Arbioti TO^ Xupiou rispiiiysro. D. Halic. I, 87 3.
* Jadis les Marseillais étaient florissants, et ils jouissaient de plus de l'avantage d'être unis
avec les Romains par les liens d'une amitié particulière. Parmi plusieurs preuves de cette
amilié, on peut citer la Statue de Diane que ces derniers ont consacrée sur le mont Avenlin,
semblable pour la forme à celle des Marseillais. Pagp iz de la traduction. = - Aventini Ue-
mus munitiorem dcsignavit parlem, quod ab to est Remonium diclum, nunc Hignariuni vo-
ciiatur. Itaque litem augurio commiitunl. = ^ Csso auti in Remo in ea puj^na, Romulus
quuni victoriam niiserrima de fralre et civiuin mutua ca;de relulissel, Remuin in Remuria
liumavit. Si'juidem, quum viveliat, euin locuiii Urhi condenda' deslinarat.
UÉGION XIII. —MONT AVENTIN. 181
V. Itemoria vocatur is locus ubi Ucmus cum suis auspicalus csl; qui priscum nomcii
hodie relinct : vocantque Romani Remoriamviam, quœ a Circo Maxiino per dorsum
Avenlini recta ducit ad munilionem Paul! III. DoissaiU). Tnpof/rnphia Romœ, prinius
dies, p. 29. — Il s'agit ici des liaslioni di Paolo 111 [Nolli, n" 1074J, situés à roccidcnt
do l'Avenlin, pri^ de notre porte Navale. La voie indiquée sur notre plan, et partant
du Cirque Maxime, a la même direction que la voie moderne.
28G. Autel de Jupiter Elicius. Il avait été érigé par Numa, et se trouvait
sur le plus liaut de la montagne.
I. Jovi Elicio Aram in Aventino dicavit [Numa] Tir.-Liv. I, 20.
II. Sic Elicii Jovis Ara in Aventino ab eliciendo. Vakr. L. L. VI, g 95.
287. Temple de la Bonne déesse. — Devant : Statue de la Vestale Claudl4.
Dans les environs de l'Atrium de la Liberté. Ce temple dédié par la Vestale
Claudia, vers le commencement du 6<= siècle de Rome, fut réédilié par Livie.
I. Templum Libertatis.
Templum Bona; Dose in Aventino.
Remuria. P. Vicx. de Reg. urb. Romœ, XIII.
II. ... Diva canenda Bona est.
Est moles nativa : loco res nomina fecit.
Appellanlsaxum ; pars bona montis ca est.
Huic Bemus institerat frustra, quo lempore fralri
Prima Palatinœ signa dedistis aves.
Templa Patres illic, oculos exosa viriles,
Leniler adclivi constiluere jugo.
Dedicat liaec veteris Clausorum nominis hseres,
Virgineo nuUum corpore passa virum.
Livia restituil; ne non imitata maritum
Essel, et ex omni parte secula virum.
Ov. Fasl. V, v. 148-158.
III. Slalue de Claudia. Q. Claudia? Statua investibulo tcmpli Matris deumposita, bisea
aede incendio consumpta, prius P. Nas'ica Scipione et L. Bestia [an 642] ; item M. Ser-
vilio et L. Lamia coss. [an 756], in sua basi llammis inlacta sletit. V. Max. I, 8. 11.
'288. Armilustrium. Place proche du temple de Diane [n" 277]. Tous les
ans on y faisait la procession des anciiies. Au centre il y avait un Autel.
I. Armilustrium.
Templum I.unœ in Aventino. P. Vict. de Reg. urb. Roma>, XIII.
il. Armilustrium ab eo quod in Armilustrio armati sacra faciunt, nisi locus potius
diclus ab bis; sed quod de bis prius, id ab luendo aut luslro, id est quod circumibant
ludentes ancilibus armati. Varr. L. L. VI, g 22. — ?"aunus, antiquaire du XVIe siècle,
rapporte que de son temps on trouva dans une vigne, prés de l'église de S. Alexis, un
fragment d'inscription antique portant: sacrv.m.mag.vici armilvstri. D'après cet indice,
Nardini conjecture que \' Àrmilusirmm était auprès de S. Alexis, [Nolli, n» 1076; Le-
larouilly, rion. XII, 31] c'est-à-dire de notre temple de Diane.
289. Temple et Portique de Minerve. Auprès de l'Armilustrium [n" 288].
Le Portique fut bâti sous le grand pontificat de Q. Cécilius Métellus, c'est-à-
dire, vers l'an 510. Le temple était au centre d'une place carrée, entourée par
ce Portique, et fut construit vers l'an 674. Auguste le restaura.
I. Minerva in Aventino. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, XIII.
II. Quinquatrus appcllari quidam putant a numéro dierum, qui feriis cclebrantur....
MinervcB aulem dicalum eum diem exislimant, quod eo die œdis ejus in Aventino con-
secralaest. Fest. v. Quinquatrus.
m. Scribas proprio nomine aiuiqui, et librarios, et poêlas vocabant. . . Itaque cum
Livius Andionicus belio Punico secundo scribsisset cacmcn quod a virginibus est can-
tatuni, quia prospcrius respublica populi Romani geri cd'pta est, publiée adtributa est
ci in Aventino «■dis Minervte in qua liceret scribis hislrionibusquc consistere, ac dona
poiicrc in honoreni Livii, quia is et scribebal fabulas et u^'obat. Fest. v. Scribus.
182 DESCRIPTION DK ROME.
IV. Sol al)il a f;oniinis, el Cancri signa rubescunl:
Cu'pil Aveiilina Pallas in arce roli.
Ov. Fa$l. I, V. 727, 7î28.
V. C'csl d'aprt^s une inscription dont l'aullientirilé esl douteuse, que nous attribuons
à L. Cccilius Ulétellus l'édification du Portique. Voy. Orelli, Inscript, lat. n" 44 ; et
(JltlTKR. p. 5i>.
VI. Sur la restauration du temple par Auguste, voy. ci-dessus, n" 281, § V.
Vil. Minerve in Aventino. GRUTEH. p. 135 ; — OmLLl, Intcripl. lat. t. II, p. 392
290. Porte navale. A rextrémilé méridonale de rAventin.
1. Navalis porta, item navalis regio, videtur utraque ab Navalium vicinia ila appcllala
fuisse. Fest. v. Navalis.
201. Tombeaux d'Aventincs et de Tatius. Le premier était près de la porte
Navale; le second, dans le même quartier, près de rArmilustrium [n" 288].
I. Tombeau d'Avenlinits. Avenlinum aliquot de causis dicunt.... alii ab rege Aven-
tino Albano, quod ibi sitsepultus. Varr. l. L. V, §43.
II. Aventino, fulmine ipso ictus [Homulus Silvius] regnum per manus Iradldit; is se-
pullus in eo colle qui nunc est pars Romae urbis, cognomcn colli fecit. Tit.-Liv. I, 3.
III. Fralre suo sceptrum moderatior Acrota forti
Tradil Aventino : qui quo regnaral, eodem
Montejacet posilus ; tribuitque vocabula monti.
Ov. Melam. XIV, v. 619-621.
IV. Posl illum regnavit Aventinus Silvius: isque finitimis bellum infcrenlibus in di-
micando circumventus, ab hostibus prostratus est, ac sepultus circa radiées montis, cui
ex se nomen dédit. A. Vict. Orig. gent. Roman, p. 18 ; édit. Schott, in-S», Lugduni
Balav. 1670.
V. Tombeau de Tatius. Sepulcrum divi Talii. P. VicT. deReg. urb. Romrr, XIII.
VI. In eo [Aventino] Laurelum ab eo quod ibi sepultus est Tatius rex, qui ab Lau-
rentibus interfeclus est, vel ab silva laurea, quod, ea ibi excisa, est œdificatus vicus.
Varr. L. L. V, § 152.
Vil. Tatium occisum aitLavinii ab amicis eorum legatorum, quosinterfecerant TatianI
latrones, sed sepultum in Aventinensi Laureto. Fest. v. Tatium.
Vlll. O o; ~o aï-J râ/zK ~o\j Tx-iou /.o/j.hctg bj-i'j.-jii idxfi-j, xaj y.drxi Tis/^l rb xa/sù-
/j.vJCi-j KciJ.àoii^TfAO.' è./ A6s:nhco.VLn. Romul. 23'.
292. Portique ou Marché Fabaria. Sur la pente de T Aventin, vers le Cirque
Maxime. C'était le marché aux fèves, aux cicers, aux lupins et autres graines
farineuses.
I. Porticus Fabaria
ScholaCassii.
Templum Junonis Reginse. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, Xlll.
II. Porticum Fabariam.
Scholam C.assii.
Forum Pislorium. Nolit. imperii, Reg. Xlll.
m. Iconographie. Nous en avons fait un marché plutôt qu'un portique, parce que le
petit peuple de Rome étant grand mangeur de pois chiches, de fèves, de cicers et autres
légumes de ce genre, il devait y avoir un marché spécial pour leur vente.
295. Forum Pistorium. Marché au pain, près du marché Fabaria.
1. La Notice de l'empire nommant ce Forum presque à la suite du Portique Fabaria,
nous l'avons placé dans les environs de ce dernier Portique.
H. Forum Pistorium. P. Vict. de Reg. urb. Romœ, Xlll.
III. Voy. ci-dessus, n» 292, § II.
' llle [Romulus] corpus T.ilii majjiio honore l'oniaiii dcl.ilum tmmil.ivit in Aventino ad
Arinikistrium.
REGION XIV. — TKANSTlIiÉRINE. 185
^ __ ^
RÉGION XIV.— TRANSTIBÉRINE.
Située sur la rive droite du Tibre, cette région était la plus longue
de toutes ; elle s'étendait depuis l'arrivée du Tibre au Champ-de-
Mars, au N., jusqu'à sa sortie de la ville au S., vis-à-vis du Portique
Cmilien [n» 274], à la suite du mont Aventin. L'Ile du Tibre était
comprise dans sa circonscription.
294. Jardins de Pompée. A rextréniilé sud de la région, presque au bord
du Tibre, et sur la pente inférieure du Janicule. On voit, vers le haut des Jar-
dins la petite maison dans laquelle Ponqiée se réfugia pendant que Clodius
ameutait la plèbe de Rome contre Milon. Après la mort de Pompée César
donna ces jardins à Antoine.
I. OÛtw ci" ù.T.ootiyQùi urracT^j h ÏIo/j.T:Yiîoi, iosffi-/] to\j Kârcovs; i\Oii-j ~pbi ajrôv e?j
TÔ TTpoKn-iio-j. Plut. Cato min. 48 i.
II. Tum fasces ex leclo LibiUnse rapto atlulit [muUitudo] ad domum Scipionis et Hyp-
sœi, deinde ad Horlos Cn. Pompeii, clamitans eum modo consulem, modo diclalorem.
AscoN. m Milo. Argum. p. 183.
III. Timebal autem Pompcius Milonem, seu Umere simulabnt. Plerumque non domi
suae, sed in Horlis manebal, idque ipsum in supcrioribus, circa quos etiam magna ma-
nus mililum cxcubabat. Ascon. Ibid, p. 187.
IV. EùOùi SX Tvjç à//0f.6ti £5 TÔvXvTcovwv iyùpiv h âk -^j tj y.ri-oiî, oti^ b KuiG:ip kJt'7j
vs'^'Jip-i]zo, Tioyrido-j yvjo'i.ivo'j:. Appian. de Bell. civ. III, p. 866 2.
V. Signa, tabulas, quas populo una cum lioilis legavit [Csesar], cas hic parlim in
Horlos Pompeii depoilavit [Antonius], partim in villam Scipionis. Cac. Philipp. II, 42.
VI. Hune prolinus Antonius consul superbe excipil [Oclavium] ;... vixque admisso
in Pompeianos Horlos, loquendi secum tempus dedil. Patebcul. H, 60.
YII Sur le voisinage des jardins d'Antoine et de César, voy. ci-dessous, n" 297, ,§ VI.
VIII, Nello slradone, clie conduce a S. Franccsco a P>ipa [Noili, n° 113i; Leta-
rouilly, rion. XII, 47], nella mano dritla, vi fu trovato un grandissimo pavimento di
musaico, clie conliene il silo di moite case con figure nègre in campo bianco, di pro-
porzione quattordici palmi per ciascuna. S. Bartoli, Memorie, n» 59.
Più allre alla casa che fa cantonata alla piaz/.a, \i furono trovali gran quanlita di tra-
vcrlini, che anche traversano soUola strada. NcH' orto de' frali vi lu cavato per ordiiic
del cardinal de' Medici, ove furono trovale gran fabbriche di Iraverlini, alcuni busli,
cd un bellisfimo bassorilievo con medaglie di ogni sorte di métallo. Ibid. n" 60. —
iS'. Franccsco a Ripa est sur l'emplacement des Jardins de Pompée, et nous avons mis
dans la rue, et vers la place dont parle S. Bartoli, les édifices de ce jardin.
*i9S. Porte et voie Portuexsis. Au bas du Janicule, sur la rive droite du
Tibre, au bord du fleuve.
I. Di là scendeva a raggiungere il Tevere dieiro l'arsenale fuori délia porta Portuenso
distiutta da Urbano VIII, et chiamata Porlese fin dal principio del secolo XIV. Nibbv,
Le Mura di Homa, c. VII, p. 381. Voy. Rerum Italicar. Script. Diarium liomantim,
I. XXIV, col. 978.
II. Passato il fiume si Irova ail' allra ripa la nuova porta, e pii'i in fuora co' vestigi
dcllc mura gittate a terra l'anuo 1645. Si vede il silo dell' antica porta Porlese delta
• lia con.sul Pompeius dechiiatus Catnncm oravit lit in Sulnubiiim vtniivt ad se. =
liin e t'oro Antonium adiit. Is erat in Horlis l'onipoianis quos a C;csare clono acci-pciat.
1S4
DESCRIPTION DE HOME.
cosi (la l'rocopio ; ma prima di Trajano e di Claudio, da' quali fu odifiralo Porto, quai'
era il suo nome?... lo ronfcsso non sapcrlo; ne nii piare crcileri' roi Li^'^rio, non avère
mai avuto allro nome rhe di l'oilesc. .N.uiiiim, liama nntirn, lib. I, c. !), p. 82.
111. On ronjerlure, mais sans pouvoir citer aucune autorité à l'appui, ([uc cette
porte et celle voie furent établies par (Claude, lors(|u'il fonda le port d'Ostie. Nibby
partage cette dernière opinion [de/le vie degli antichi, c. IV, p. 13'»]. Nous nous rap-
procherions volontiers du sentiment de l'irro Ligorio ; car il nous parait impossible
qu'il n'y ait pas eu là de tout temps une porte et une voie, et nous ne voyons pas pour-
quoi on ne tirerait pas l'origine de leur nom d'un port autre que le porld'Oslie.
296. Pont Jîmiijis, aituefois Subi,icius. Placé le second on aval de l'Ile du
Til)ro, il se tionvail auprès de la Porte Tiigeinina, au pied de l'Avenlin, el
conduisait an .lanicnle. Bâti parle roi Ancus Marcius, il était tout en bois, et
on le conserva ainsi ius(prà l'an 731. Dans celte année un débordement du
Til)re l'ayant détruit, il fut reconstruit en pierre l'année suivante par le cen-
seur yEniilius Lépidus, dont il prit le nom.
I. yEdis Porlumni ad pontem yEmilii olim Sublici. P. ViCT. de Reg. urh. Ro-
mw^ XI.
II. Sur la position du pont Sublicius, voy. n" ^01, § II, 111, IV.
III. Inter se onere partito ferunt, via qua Sublicio ponte ducit ad Janiculum. TiT.-
Liv. V, 40.
IV. Eas [vestales] pontem Sublicium transgressas, clclivum qui ducit ad Janiculum,
descendere incipientes, etc. V. Max. I, 1. 10.
Y. Ka2 Trjv ÇLi),tv/iv ysjju/sav, yjj aviu ya.\-Aoxj /.'A ^l^npou ôéfii? i/Tt' avTôJv 'jiXKf^!3t.~ilzOv.L
iepà-J siva.1 vo/aiÇovtcî. D. Halic. III, 45 1.
VI. Hvâk /J-icu. [ysp^/ta] kxt' è/.sivouî roù, ypi-JO'Jî %-j\o'ff.'j.y.TOi, x-jsu iJiîr,pou dz5îiJ.é'Jr,
Taï, cavtîtv KJTc/Xi, rfj y.vX jj-éypii è/J.o'O rotaÙTïjv pu).(z-TOi;j£ Poi/j-oûoi. D. Halic. V, 24 2.
VII. O, T£ TiSspli ocù^rfiû'; z-i^v ts ■/tfupoc.v ■zrjv ^uliv/jv xxTS<7iips, /.cà tyjv Tioitv tt/ootvjv
STlÏTpeii -filJ-épxi è~o'ir,nvj. DlON. LUI, 33 3.
VIII. Pontes. Valicanus, Janiculensis, Fabricius, Cestius, Palalinus, /Emilius qui anlc
Sublicius. P. VicT. de Reg. urb. Romœ, in fin.
IX. As/srat âk xoù t'o 7:«|«A7iav avîj 'Ji'jr,poii /.arà !?/j ii Kàywj a'jyyîyo,u.5;w5(?KJ oiif. "zCr^
|ù)iwv. yj os ).(Ôiv/) ■noWoii U'zrs.po-J iiupypy.'jdri xpà-Joi^ [fil Ai/j.'j/.ioj Ta/Muiio-JTO^ . oj ijù,-/
K/)ià /.al T/jv |u),tvv]v Twv Non;/* xpà^Juv c/.TzoKsŒzaOv.i liyou'Sfj Oirô Ma^îxtîi; toû "Sojijy.
OjyxTpi'hli i^v.cùvjo-JTOi àrroTî/îsOî'tiKv. Plut. Numa, 9 *. —
Nibby [sur Nardini, Borna antica,\\\. VIII, c. 3] propose de
lire zt/jM-JTOi, c'est-à-dire, ajoute-t-il, esercitante la cen-
sura, au lieu de ■zc/.fj.i-ijo-JTOi parce que les censeurs, et non
point les questeurs, étaient chargés des travaux publics. La
censure d'.îmiliusLepidus estd'ailleurs très-remarquable en ce
qu'elle fut la dernière exercée par de simples citoyens. Dion,
qui nous apprend ce fait, place la censure de Lepidus sous
l'an 732. Un denier d'argent d'^milius Lepidus, dont nous
donnons ci-contre la copie, rappelle le fait de la reconstruc-
tion du pont de Bois, qui fut alors appelé tantôt Sublicius, par
la force de l'habitude, tantôt JEmilius. Ce denier est gravé dans le Thesaur. Moreil.
famil. Mmilia, lab. I, 2 ; — el dans Vaillant, famil. rom. JEmilia, 21.
* Sublicium pontem, qui ex scia lij;iie:i niateria est conipaclus, et oui uiliil œris aut f»ni
addere licet, ille Tiberi iniposuisse ferlur [Ancus], qnem ad hoc usque tempus servant, sacrum
existimantes. := - Erat illo tempore unicus, e ligno factus [pons] et sine fcrro, solis com-
pactus tabulis, queni ad mea usque tempora Romani eodem modo servabaiit. = ^ Tiherisque
auctus pontem Sublicium evertir, fecilque ul L'rbs triduum essct navibus pervia [an 7^1 1.=
* Oicunt enini huno [pouteiii Subliiiiuii] ex oraculo quodam totuni alj-^qiie ferro fuisse clavis
li;;neis junctum : lapidcus nudlis scculis po.'-l a;difiealus ab /Kniilio qu.pstore e?.t. Imo Subli-
cium quoquc referuut Numa rcccntiorcm ab reye Anco MarlioNumxcx fdia nepote fuisse
excitalum.
ItÉGION XIV. — TRANSTIBKUINE. I8r>
2Î)7. Jardins dk Cùsar. Vers le bas du Janiculc, et (lescendiinl [tresque
jusciu'au bord du Tibre. César b's lét^ua au peuple dans son leslanient.
I. Populo IIoilos circa Tibcrim publicc et viritim Irecenlos seslerlios, Icgavit [Ca;sar].
SiîET. C(rs. 85.
II. Fine anni [769]... œdcs Fortis Forluna», Tibcrim juxla, in Horlisquos Caîsar
diclator populo romano legaverat, . . . dicalur. T.vc. Ann. Il, 41.
III. Trans Tiberim longe cubai is, prope Cajsaris Hortos.
HoR. I, S. 9, V. 18.
IV. UpOiTOV //îv yy.p èv Tsct; ^taO-zjxxii àîr7o/j.£voiv x«t' oivSpoi. P(,>/j.ciioLi TTÔst ô/SK^/-'-'^'"-'
vEiv £TT( ïùxvîî ?ï,îov. Plut. iiru^. 20 i.
V. R«J T7) WoXct TOÙ, T£ XVJTÏOUs TOÙj TrKyîà TOV TlSspfJ. DiON. XLIV, 33 2.
VI. K;<t GrparoTcsâoiv /îocà vuktôs é'x ts twv toli Ku^apo; ncà à/. to)v T'5Û À-j^oy/ioit /.r,-
TTCdv, bj-i-oyùprjyj à)>).'/3).0J5 Tcc.py. loi TiSîpi'^i 'ivT'jyj, riii.oiiovTo . DioN. XLVll, 40 •'.
VII. Iconographie. Nous avons suivi dans notre restauration les dispositions ordinaires
des jardins romains, qui ressemblaient beaucoup à nos jardins paysagistes, et de plus
étaient embellis de portiques et d'habitations.
298. Temple de Fors Fortuna. Dans les Jardins de César, près des murs df
la ville. Il était petit, avait été bâti par le roi Servius, restauié ou réédilié par
César, puis par Tibère.
I. Templum Fortis Fortunœ. P. VicT. de Reg. urb. Romœ, XIV.
II. Fort. fort, transtiber... — et ad xiiii et... GRUTER. p. 135 ; — ORELLI,
Inscripl. lat. t. 11, p. 592.
Forti fortvN/E transtiber. ORELLI, Ibid.
III. Dies Fortis Fortunaj appellatus ab Servie TuUio rege, quod is fanum Fortis For-
tun» secundum Tiberim extra urbem Romam dedicavit Junio mense. Varr. L. L. VI,
§ 17.
IV. Aliud F"ortuna est, aliud Fors Fortuna. Nam Fors Fortuna est cujus diem festum
colunl qui sine arte aliqua \ivunt. Hujus œdes trans Tiberim est. Do.nat. ift Terent.
Phorm. V, 6, v. 1.
V. Sur la situation du temple de Fors---Fortuna dans les Jardins de César, voy. ci-
dessus, no 297, § II, IV.
VI. Carvilius, consul l'an 459, ayant battu les Étrusques, et leur ayant pris beaucoup
de butin : — ^ris gravis tulit in œrarium trecenla nonaginla millia : de reliquo a-re
anlem Fortis Fortunaj de manubiis faciendam locavil, prope aedem eidcm Deee ab rege
Servio TuUio dedicatam. Tn. Liv. X, 46.
VU. Ile, Deam lœti Fortem celebrate, Quirites ;
In Tiberis ripa munera régis habet.
Plebs colil liane, quia, qui posuit, de plcbe fuisse
Fertur, et ex humili scepira lulisse loco.
Convenit et servis : serva quia Tuliius ortus
Conslituil dubiœ templa propinqua Deœ.
Ov. Fasl. VI, v. 776, 781-784.
VIII. Le temple de Fors Fortuna s'élevait sur l'emplacement actuel de l'église S. Maria
deW ortn [Nolli, n» 1122 ; Letarouilly, rion. XIII, 42], qui a été bâtie sur ses ruines.
L'église doit son surnom dcW orto aux Jardins de César, dont le nom se perpétua dans
le quartier.
IX. Iconographie. En fouillant auprès de l'église S. Maria delV orlo, on a trouvé
des débris qui attestent la magnificence du temple de la Fortune. — Fu scavato allô
stradone délia Madonna dell' orto, e furono trovate diverse colonne di marmo lunglic
palmi dodici, e divers! metalli. C. Fea, Miscell. t. Il, p. 242. — Ces proportions de co-
lonnes [12 palmes, valant environ 2 métrés 70 centimètres] indiquent que le temple
1 Piimum enim, quia populo romano viiiiim trccenos sestertios Icyavit [Caesar], ctpiililice
Ilortos IransTiherim, ulà niiuc a,'dcs Fortuna^ est. = ^ Populo antcm ITorlos ad Tiliriiiii [a
li'galos Cïsarc]. = ' (ji^moies exercitiiuin noctu ex Casaris Anioniique Ilorlis, qui ad Ti-
berim siti, intcrque se vicini crant, cxauditi sunt.
I8fi DESCmi>ilON DL UOMK.
n'était pas grand, car à pcino allcimlrait-on à 3 m('lrcs 30 renli mètres avec les bases
et les chapiteaux.
\. Mai'gnn de Crsar. Nous avons expli(|ué ailleurs [dans Home au ticcle d'Au-
ijtiste, Lettre XXXIIIj (lu'il ya\ail toujours une liabilalion dans les jardins des riches
Homains; plus haut, n"-29'», §111, celle maison esl clairemenl indiquée dans les Jar-
dins de Pompée.
299. Forteresse nu Janiclle. BAlio p:irlo roi Ancus Marcius dans les pro-
niicros anni'-es du second siècle de Rome, elle occupait la partie la plus élevée
et la plus escarpée du Janicuie. De longs nuirs, descendant au S. O. dans la
direction du Pont iEniilius, jadis appelé Subiicius, et au N. 0. en avant du
Pont Ccstins, joignaient cette Forteresse à la ville. Sur l'une des tours de
celle Forteresse on arborait nn étendart pendant la durée des comices par
cen Unies.
I. .laniculum quoquc adjectum, non inopia loci, sed ne quando ca Arx hostium
esset. Id non muro solum, sed eliam, ob commoditalem itineris, Ponte Sublicio lum
primum in Tiberim facto, conjungi l'rbi placuil [Anco]. Tit.-Liv. I, 55 [an. 114-121'.
II. ii'zsiyjz- oï zai t5 /.cÙ-Oj/m'^oj \'j ■li/.ot.'jj, if^oi jhrXo'' i~é/.-vja. ~oii ïi^i/yioi ~o-y.-
jj-'yu A-ifj.î-JO-j, y.vX 'j.po-j'^v.-i 'iy.%'jr;i bi ai-oj z5tTe!;T/;ï:v, ci^pa/îixj é'vszK TÛv lAv. -ou TTîra-
//5î> r.y.zôiTwi. D. IIalic. III, 43 *.
III. Anco Marzio... sul Gianicolo fondé una rocca, laqualc anche a' giorni nostri i'-
ammirobile. Inipcrciochè con molto lavoro resc quasi isolalo un promontorio del nioriie
suddello, taliandolo a picco da tre lati, e forlificandolo con muro, e lasciando sopra di
esso una parte più alla, ove formo l'acropoli... La parte più alla délia rocca é occu-
pata dalla fonlana l'aolina, e dal giardino dietro di essa. Chesc si vuole discendere dall.i
fontana slessa verso Roma per la porta S. Pancrazio, si vede ehe il Gianicolo a sinistru,
dove è il giardino degli Arcadi, e più ollre dove è il bosco délia >illa Corsini, è stalo
perpendicolarmcnle lagliato, onde renderc la rocca alTalto isolala ; e forse i niuri del
corridore, che servono ora di sostruzione al monte diciro le odierne cartierc, furono
cdificati sopra le antiche sostruzioni alella rocca stessa, almeno ne sieguono la linea,
onde non abbia a credersi tal conghiettura Iroppo avanzata. Nibbv, Le }fura di Roma,
c. 1, p. 45-4.5.
IV. Le tracé des murs qui rattachaient Home à la Forteresse du Janicuie se trouve
assez bien indiqué au S. 0., par le passage de Tite-Live '.§ I) qui permet de conjec-
turer que le point de départ était le ponl Subiicius; par la lue moderne délie fralle;
enfin par un chemin qui longe la roche Janiculéenne. Au N.O. les conjectures paraissent
moins certaines: tous les antiquaires font aboutir le mur de ce côté au ponl Palatin;
aucun ne dit sur quelle autorité il fonde ce tracé ; nous l'avons cependant adopté, mais
sans admettre qu'on ne pourrait pas en proposer un autre tout aussi vraisemblable, en
prenant pour points de repère, par exemple, les voies del Marangolo et del Macelntlo
de la ville moderne, et prolongeant une partie de murs sur la rive droite du fleuve,
jusqu'au droit de l'Ile du Tibre.
V. Tour des Comices, rto/'/ôiv tô y.pyvl',-) TT'^/ry.iWJ t-^ tJAii Tzpoi'jiy^j'j-j-zwj, pîÇsJ-
IJ.VJOi fj.ri TTor-, £zz//î7iczÇ5vrwv tiwv yu.rv. zoiii y.6youg, èTTiduvrai t(vî; rij ni'jst, t'o \a.-ji-
yùtpiov i/.ti-JO i/. oi'x.ooyr,i pu),cl:TT£tv. ysjX ocjtô eu^ /jl'vj rj ^z/.>>;7(a v-* Ippoûpouv h t^q-z
oï âi.^luQfjfjizOM ë;j.z'/ls, xô, t£ ^vi'j.-1ov >ty.0r,ps1ro, xcù oi pii'Xxy.€i à.T!r}.à':ao-jro. DlON.
XXWIl, 28 2. '
VI. Majores veslri, ne vos quidem, nisi quum aut vexillo in arce posilo comitiorum
causa exercilus educturus esset, etc. Tn.-Liv. XXXIX, 15.
* Muro etiam cinxit Janiculum [\nrus], montcm altum ir.ms flumen Tiberim situm, et
prrrsidinm firmum in eo collocavit, ut tutius Humen navigiri |)os>.ct. =: - Quum antiqultus
multi hostes circuin llomam habilarcnl, verili Romani, ne diim ipsi coriiilia cciiluriala a(;e-
rent, liostes per iri<;i(li;is llrbem ajigressi, Janiculumque occuparont, statueruni non ouines
simul ire in suffrdjjia, sed ut seinper aliqui arniali per vices cum locum cuslodirent. In .I.i-
niciilo ijîilur, quanniiu concio dtirabat, custodia; agebantur : c|uuni autcm solvcnda jain
erat concio, signum a Janiciilo removcbatur, cuslodesque disccdcbant.
RÉGfON XIV. — TUANSTlUÉRINt:. 1«7
300. Bois des Césars ou .Iardins de Lucius et Caïls. L'an 752, Auguste
ofliil au peuple do Rome un coinhal naval, pour lequel il Ht creuser au bas «lu
mont Janicule u» hassia de 1,080 pieds de long sur ] ,'i()0 de large. Après
les jeux ce bassin fut comblé, et sur son omplacemenl l'empereur planta des
promenades qui fui'ent appelées liois def; Césars ou Jardins de Lucius cl
Caïus, du nom de ses tils adoplifs. Un bassin y fut établi, soit connue orne-
ment, soit poiu' rappeler, bien (jue dans des proportions plus de moitié moins
grandes, celui dont ils occupaient l'emplacement. Il y avait auprès des por-
tiques et des statues.
I. NAVALIS PROELI SPECTACVLVM POPVLO DEDI TRANS TIBERIM IN QVO LOCO
NVNC NEMVS EST C.ESARVM CAVATO SOLO IN LONGITVDINE MILLE
ET OCTINGENTOS PEDES IN LATITVDINE MILLE ERANT ET DVCENTI IN QVO TRI
GINTA ROSTRAT.E NAVES TRIMERES ET QVADRIREMES PLVRIS AVTEM
MINORES INTER SE CONFLIXERVNT CONTRARIIS CLASSIBVS PUGNAVE
RVNT PRETER REMIGES MILLIA H05IINVM TRIGINTA CIRCITER
LAP. ANCYR. col. i.
U. Oper.v fecit nova NEJivs C/ESARVJi. IRID. col. 6.
m. Lacu in ipso navale praclium adoinalur, ut quondam Augustus cis Tiberirn
Stagno, sed levibus navigiis, et minore copia edidcrat. Tac. Mnn. XII, 56. — La posi-
tion de la Naumachie d'Auguste étant connue, il faudrait lire trans Tiberirn au lieu di;
cis, ou mieux peut-être, adopter la conjecture de Brolier {(oc. cit.] : « Tacitus auteni
dixit cis Tiberirn, quod vel in patria sua Iteramnœ, nunc Terni scribcret, vcl cis Tibe-
rirn liabitaret. »
IV. Item navale prselium circa Tiberirn cavato solo, in quo nunc Ctsarum Ncmus
est. SliET. Âug. 4 5.
V. Itis omnino toto lempore, Romam redire conalus [Tiberius], semcl triromi usquc
ad proximos Naumachiœ Horios subvectus est, disposita statione per ripas Tiberis, quae
obviam prodeuntes submoverat. Suet. Tib. 7-2.
VI. Exstruclaque apud Nemus quod navali Stagno circumposuit Augustus, convenli-
cula et cauponi-e. Tac. Ann.Xl'V, 15.
Vil. Ou» ratio moverit Augustus,... producendi Alsictinam aquam, quse vocalur
Augusta, non satispercipio,... nisi forte quum opus Naumachia? aggredcretur, ne quid sa-
lubrioribus aquis detraheret, hanc proprio opère perduxit, et quod Naumachiœ ccepe
rat superesse, Hortis subjacenlibus, et privatorum usibus ad irrigandum concessil
[an. 752]. Front. Aquœd. 11.
VIII. Alsietinee duclus post Naumachiam, cujus causa videtur esse factus, finitur.
Front. Ibid. 22.
IX. Atque ubi Romuleas velox penelraveris arces,
Continuo dextrasflavi pelé Tybridis oras,
Lydia qua penitus Stagnum navale coorcet
Ripa, suburbanisque vadum prœtexitur hortis.
Stat. Sijlv. IV, 4, v. 4-7.
X. HoiYj'ju^ Jî retira, ècsÎTr-Ji'jS tov âf,;j.ov g-'t T:\oioyj £v tw -/(jipirj)^ sv w yj •■>v.\jij.y.yiy.
ii~7 roi) kùy'j'j'STOu éyiyôvsc. DiON. LXI, 20 *.
XI. Bassin, AXaoi s'k é'?'jj t'v tÔj H'jSI t5> toû Tatoy roïi ts Kowirj, o ttstî b A j'yî'jtrroj
l~' ajzo roXiz' à>piiîaro. xat yxp èvz-xùôa rrj fxvj npâiTri i^y-spcf fio-japuyicc /«'t d-fjpiojv
i:-f»yi], ■/.xrof/.oâo/j.rfichrii 'javtGi.TYii y.y.zic ~ pôateTCOv twv eIxÔ'Jhv \iy.-jriç, xxï i/.pix rrépt^
ÀkSîJî-/,,-. Dion. LXVI, 25 2.
XII. Naumacliiœ Cicsaris Augusti vcsiigia et emissarii aquœ Alsietinse rudera ad eam-
dem Naumachiam, visuntur prope villam famllia; de Spada. Piranesi, Antich. rotn.,
index Romœ vet. et Campi Marlii n° 72, et tab. lll. — La villa Spada est au sommet du
* Peraclis liis rébus, populo epulum dédit in Navalibus, eo in loco in quo ab Auffusto prae-
lium navale factum fncrat. = ^ Extra Urbem pugnatum est ab aliis in Nemore Caii et Lucii,
quod Au(justus effo^li ob eamdcm caiisam jusstrat. Ibi enim primo die liuhis (jKidialorius,
c.iedesque belluarum facta est; lacu, qiia parte statuas spectat,asscribusina"dificato, et foris ac
tahulis undique circumdato. — Note de Reimar : « s'Cco non vertendum erat e.\:trn hutic locum,
uc-mpc ulii prior naumachia Dioni descripta, sed extra Urbem. Sic p. 791 A. é'Çw accipitur. »
IKS I)ESCK1PTI0N DE UOME.
Janiculc, deniùre la fontaine Pauline ^Xolii, n" 1190; Letarouilly, rion. XIII, 23];
l'indiration de f'irancsi est donc exacte pour l'Aqueduc, mais non pour le bassin de
JVaumncliie qui élail sur la pente inférieure de la nionlagne.
XIII. Portiques. Les portiques étaient l'aerompapnemenl obli(çé des théâtres, am-
phithéâtres, et autres lieux pareils où le peuple se réunissait en foule. Tous ces édifices
étant à ciel ouvert, il fallait à proximité des abris pour les spectateurs en cas de mau-
vais temps' subit. (,luel(|ues ruines trouvées au-dessous de la .Naumachie d'Auguste
prouvent (pie ce prince n"a\ait pas man(|ué à celte attrution envers le peuple.
XIV. Dentro il recinlo délie monaclie di Santa Cecilia [Noili, n^' 1121 ; Letarouilly,
rion. .Mil, 45] vi fu cavato in tempo d'Innocenzo X, una quantilà di grandissimi pilas-
tri di travertino. S. IJAiiToi.i, Memorie n" 61, dans Fea, Miscell. t. I, p. 237.
XV. Monte Ginnicoln. Nel farsi il nuovo recinto di mura in tempo di Url)ano VIII, in
Trastevcr(; nel monte (iianicolo vi furono trovate diverse statue in divers! sili ; una Ira
le altre di métallo... Vi fu anche trovala una sedia di métallo, lutta intersiata di argento.
S. lÎARTOLi. Ibid. n» 117.
XVI. Aqueduc de V Ahielina. k\\^\x9,le\c conslruisil l'an 752, pour alimenter sa Nau-
machie. Aucune partie en subslruclions ne se voyait dans la ville. Sur cel Aqueduc
voy. ci-dessus ,§ VII, VIII.
XVII. Il résulte des textes précités que la Naumachie de 1080 pieds sur 1200 n'exista
I)as en même temps que le Uois des Césars. Leur non-existence simultanée est prou-
vée par l'inscription d'Ancyre {§ \), et par Suétone f§ IV; qui disent : in quo Inco
NL.NC .\emHS est Cœsarutn. Si cette grande Naumachie eût encore existé au moment
où Auguste écrivait son testament politique, il l'auiail nommée plutôt que de rappeler
simplement son emplacement. En examinant la topographie on arrive à la même con-
clusion, et l'on voit (]u'au bas du .lanicule, au-dessous de l'émissaire de l'Alsiétina, il
n'y avait pas place tout à la fois et pour un aussi vaste bassin que celui d'Auguste, et
pour le liois des Césars. Cependant nous croyons qu'Auguste, en créant ce bois, y
établit une petite Naumachie, peut-être comme un souvenir perpétuel de la grande, et
que ce monument est rappelé dans les § V, VI, VII, VIII, XI. C'était sans doute un
ornement de jardin, comme Horace nous apprend qu'il en existait un à la villa de
Lollius :
. . . Interdum nugaris rure paterno :
l'artilur lintres exercilus; .\ctia pugna.
Te duce, per pueros hostili more refertur ;
Adversarius est frater ; lacus, Hadria ; donec
Alterutrum velox Victoria fronde coronet.
HoR. I, Ep. 18, V. 60-64.
301. Temple et Bois de Furina. Au bas du Janicule, vei's le Pont Sublicius.
On ignoie quand et par qui le teniple fui bâti et le bois planté ; mais il est
certain qu'ils existaient du temps de la mort de Caïus Gracchus, qui fut tué
dans le Bois de Furina l'an 633 de Rome.
I. -Cdes Furinarum cum Luco. P. VicT. de Reg. urb. Roma-, XIV.
II. Pomponio amico apud portamTrigeminam, P. Liciorio in ponte Sublicio persequen-
tibus resistenle, in Lucum Furinœ pervenit 'C. Gracchus]. .\. VicT. de Vir. illust. 65.
III. Valére-Maxime racontant la mort de Cfracchus dit : Pomponius quo is (iracchus]
facilius evaderet, concitatum sequonlium agmen in porta Trigemina aliquandiu acer-
rima pugna inhibuit... La'Iorius autem in ponte Sublicio conslitit, et eum, donec Grac-
chus transiret, ardore spiritus sui sepsit. V. Max. IV, 7, 2.
IV. «^îi/yîvTt ysûv Tw Faiw twv iyflpwi i7:ifîpOjj.v.iùi-j, y.'Xi xaTa'/a,a6avîvTWv — î/s'i t/;v
^ji.hr^v yéojp%-j, ci U.5V oi/o fù.oi T.poyjipzi-^ a.'jzh-J y.ù.vjzoL-J'zii, vjj-oi tîÙ, c'toJ/.svraj
•j— £îTv;7av, X5ti pa-'/àfi-vioi T.po tvjî yîï'j^a;, ojovjo. Tra.pr,iia-J, é'w; àTTEÔavsv
O cï fdà-Jit fj.i/.pb:i di t-î5v i/îîç L'/itvvjwv zarapy/ûiv, y.y.xî1 âloi^Osipsrxi, tîÎi <l>ùo/.p!/.'
z^jZii ù-jùi-JTOi Î/.ÎÏV5V. Put. C Grâce. 17 1.
' Ijî'tur in Caium fiigani capcssenlem inferentibus se hostibus, et assequutis ad puntem
StiMicium, duo illi aniici hortati siint eum, ut iter ante capcrel. Ipsi suslinucrunt instantes,
ilimicantesque pro ponte, nemiui, quoad occubueruni, viamdfdeie Occupavil aulcni
iliqujntisper in Lucuni Furince confugcre. Ibi ohlriincatur fCuius] a Pliilocrate.
RÉGION XIV.— TRANSTIP.KRINE. i«9
V. Quop [Eumcnidcs] si Dea; sunt, quarum et Alhenis fanum est, et apud nos, ut cpo
intcrpielor, Lucus Furinw. Cic. de nat. Deor. III, 18.
502. ToMBEAi' DE Ni'MA. Au bas du Janicule, vers le Pont Palatin. Celait
un grand et superbe monument.
I. Scpulcrum Numse. P. Vict. de Reg. urb. Romm, XIV.
H. Ot Ti'jpL [j.'vJ oùx éo2(j«v ràv vîx/:àv, ajroû z'jjXviavTîç, Wj \iytzur ù'jo oï tzoiy,'::/.-
fj.ivoi y.iOivix.'; (75;50Ùî bnb tôv Iâv(/.5u/ov gdri/.ccj. Plut. Numa, 22 l.
III. Eodem anno [571], in agro L. Pelllli scribœ, sub Janiculo, dum riiltoros aççri
moiiuntur terram, du;E lapideae aicœ... inventœ suiit ;... in altéra Numam Poinpilium,...
legem Uomanorum sepultum esse ; in altéra libios Numae Pompilii inesse. ïit.-Liv.
XL, 29.
IV. In agro L. Pelilii scribœ, sub Janiculo cultoribus terram altius versantibus, dua-
bus arcis lapideis reperlis, quarum in altéra scriplura indicabal corpus Numœ Pompi-
lii... fuisse. V. Max. I, 1. 12.
V. Prodidil Cn. Terenlium scribam agrum suum in Janiculo repastinantem, offendisse
arcam in qua Numa, qui P.oma regnavit, situs fuisset. Plin. XllI, 13.
VI. Morbo solulus [Numa], in Janiculo sc|)u!ltis est, ubi post multos annos arcula cum
libris a Terenlio quodam exarata. A. Vict. de Vir. illusl. 3.
VII. Numam Pompilium Janiculum monlem habitavisse fcrunt, in quo arcam ejus
invenlam, cum libris Numae nominis, a Terentio quodam scriba repaslinante agrum.
Fest. V. Numam.
VIII. Ts'/.îUTYi'j'y.'jroç ô' a.\iro\/ Tzv^^oi yiyv- T.pouO-zo h ~i\ii, y.od zwjv.i i':z'iiy]r:y.zo Icx/j.-
■npozÙTU.i' xîlrat o' sv Ixv«o6/« v:ir,7:> to'j Tiôspioç —'jtx/j.o'ù. D. Halic. II, 76 ^ — Denys
parle de ce magnifique tombeau comme d'un monument qu'il a vu; cela prouverait
qu'on l'avait érigé après la découverte des coffres de pierre. Il n'y aurait rien d'invrai-
semblable à croire que les Romains avaient voulu honorer ainsi la mémoire de Numa.
Je penserais volontiers que dans les vers suivants Horace désigne ce tombeau :
Vidimus flavum Tiberim retortis
Littore Etrusco violenter undis
Ire dejectnm monumenta régis.
Templaque Vestse. Hor. I, Od. 2, v. 13-16.
Mnnumcntum désigne particulièrement un tombeau; Horace, en nommant le tom-
beau de Numa, situé sur la rive droite du Tibre, et le temple de Vesta (|ui s'élevait sur
la rive gauche à l'extrémité du Forum, peint plus énergiquement les débordements du
neuve ravageant tout sur ses deux rives.
305. Pont Palatin. Situé le premier en aval de l'Ile du Tibre , il met en
communication directe le quartier du Forum Boarium avec celui du Janicule.
11 empruntait son nom à sa situation vis-à-vis du Palatin. Ce fut le premier
pont de pierre construit à Rome. Le censeur Fulvius en fit faire les piles Tan
573, et quelques années après les censeurs P. Scipion-l' Africain et L. Mum-
mius cintrèrent les arches
I. Sur le nom de Pont Palatin, voy. n° 296, g VIII.
II. M. Fulvius plura et majoris locavitusus; portum, et pilas ponlis in Tiberim;
quibus pilis fornices post aliquot annos P. Scipio Africanus et L. Mummius censores
locaverunt imponendas. Tit.-L[v. XL, 51 [an. 573]. — A l'époque dont parle Tite-Live
il n'y avait sur le Tibre, que le pont SuhUcius; il s'agit donc ici du pnnl Palatin.
Quelques antiquaires le no\av(\en{, Sénatorial : nous ignorons d'après quelle autorité.
III. Iconographie. Le Pont Palatin a été remplacé par celui nommé aujourd'hui
Pnnte Rotto [Nolli, n» 1107; Letarouilly, rion. XIII, 5i] ; mais l'on croit que la pre-
mière arche, sur la rive droite du fleuve, est un reste du pont antique. — « Ha queslo
' Corpus [Numas] ex prsecepto ejus (ut fama est), non cremaverunt, verum duas arc.is la-
pidées fecL-runt, quas condiderunt sub Janiculo. = - Eo anteni [Numa] defuncto in tola Ur!)e
fuit inyens luclus, eumque populus romanus funere sphudidissimo et monumeiilo maxime
insi{jni decoravil. Hoc autcm situni est ultra tlumen Tiberim, in Janiculo.
190 DESCRIPTION DE ROME.
ponle rolli duo arclic sino <lall' inondnzioiK; del 1598. Solto Grpgorio XHI fu rifjibbri-
r;ilo su le rovine dcll' aiilico |)Oiilt' : utio di qursli arclii, cioè il piltno dclla ripa del
'l'iaslcverc, rimane per anro in csscrc, ronie anflie uiia porzionc dell' aiilirlie |)lle sulla
ripa opposla. Ve.mti, dell' anlichilà di Iloma, pari. Il, c. 2.
30i. lu-, DU TiuuE OU TiiiiiiiiNE. Sa longueur n'était guère que de 320 mè-
tres sur 70 environ, dans sa jjIus 'grande largeur. Formée par des atterris-
sements du lleuve, que la main des hommes augmenta et afl'ennil, elle avait,
dans la partie en aval des ponts Ceslius et Fabricius, un mur de quai façonné
oonune la poupe d'une trirème. C'était un symbole commémoratil' de l'arrivée
d'Esculapt' à Rome, où ce dieu, apporté sur un navire, débarqua sous la
forme d'un serpent dans l'Ile Tibérine. Le reste de l'Ile était aussi revêtu
d'un mur en pierre, mais qui n'avait point cette même forme de ([uai.
I. In InsulaaedesJovis, et Jilsculapii, clœdesl''auni. P. Vict. de Reg.urb. Uomœ, XIV.
II. Non ha del verisimile, elic cgii liabbia veduta, l'Isola Tiberina, ovcro la .Nave
edificala ad lionor di Esculapio colui, che diee rh' ella fosse di maimo ïasio. Laqualc
eia, c per (juanlo se ne vede, è di sasso libuitino; ma dal primo, cade nel sepondo
cirore quando di piopria aulorilù, senza clie mai i scriUori anticlii l'Iiabiausaputo, noQ
elle di'Ito, la cliiama isola Licaonia. Piuuo Ligorio, Paradasse, p. 50, reclo. — V. aussi
n« 505, g VU et XII ; el306,g;V.
III. Iconographie. Une paille du quai de la pointe de l'Ile, en aval, existe encore
sur le bras gauche du Tibre. Elle figure lout-à-fait les bordages d'une Iriréme. On y
voit sculptés en grand relief, un buste d'Esculape et un serpent entortillé autour d'un
bâton, [voy. Piranesi, Anlich. Rom. t. IV, tav. 14 et 13]. Plusieurs antiquaires ont pré-
tendu, mais sans preuve, que toute l'Ile était revêtue d'un quai semblable ; Piranesi
[toc. cit.] a très-bien fait observer que la poupe, dont on voit encore les ruines, a des
l)roportions si ordinaires, que l'île eût été infiniment plus petite qu'elle n'est, si ce na-
vire eût été continué tout autour. Cette opinion est aussi celle de M. Delannoy, archi-
lecte, ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome, qui a fait en 1833 une
restauration complète de l'Ile Tibérine. Notre Plan est une réduction de son grand
travail, maintenant déposé aux Archives de l'Institut.
50». Temple d'Esculape. — Devant : Statue de J. César. — Portiques. Le
temple était à la pointe en aval de l'Ile Tibérine, à l'endroit où le quai ailec-
lail la forme de la poupe d'un navire. On ignore l'époque de son édiflcation ;
mais il ne fut construit qu'après (ju'on eut été chercher Esculape à Epidaurc,
événement qui se passa l'an de Rome 461. — Devant le temple on voyait la
Statue pédestre de J. César. — Les parties latérales de la place où s'élevait le
temple étaient occupées par des Portiques sous lesquels on exposait quelque-
fois les malades.
I. Sur la situation du temple d'Esculape dans l'Ile, voy. ci-dessus, n" 304, § I.
II. (Juum civitas pestilenlia laborarel, missi legati, ut yEsculapii signum Romam ab
Epidauro Iransferrenl, anguem, qui se in navem eorum contuleral, in quo ipsum nu-
mcn esse conslabat, deporlavere ; eoque in Insulam Tiberis egresso, eodem loco ;edes
iîisculapio consecrata est. Tit.-Liv. Epilo. XI.
III. In ripam Tiberis egressis legatis, in Insulam, ubi templum dicatum est Iransna-
vil [anguis ^sculapius]. V. Max. 1, 8. 2.
IV. Scinditur in geminas parles circumfluus amnis :
Insula nomen habet : laterumque a parte duorum
Porrigil œquales média tellure lacertos.
Hue se de îatia pinu, Phœbeïus anguis
Contulit. Ov. Melam. XV, v. 739-743.
V. Sacravere Patres bac duo lempla die.
Accepit Phœbo, nymphaque Coronide natum
Insula, dividua quam premit amnis aqua.
Juppiler in parte est ; cepit locus unus utrumquc,
Junctaque sunt magno templa nepotis avo.
Ov. Fast. I, V. 290-294.
VI. Nell' altro lato era il magnlGco tempio di Esculapio, oggi chiesa di S. Bartolo-
RÉGION XIV.— TUANSTfHI'RFNF. 491
mco [Xolli, n" 1098 ; Lctarouilly, lion. XII, 4], (.'spcnilo le rolonnc di granilo seivile
air uiio e nir allio Icmpio [le temple de Jupiter]. La statua di Esculapio, c rafiltnenlc
la piiticii)ale, essendo di preca srulluia, (jui litrovala, fu tiasportala iiegli orti lartiesi,
pssendo (|ui restala la base cori l'iseiiziotie elie si vede riiurala in un cortiletlo di
quesli religiosi. Si vcde in questa iscrizione dalo a questo falso numc il titolo di Au-
(justo nclla maniera scguente :
AISCVLAPIO
AVGVSTO.SACUVM
PROBVS.M.FICTOUI.FAVSTI
MINISTEH.ITEUVM.ANNI.XXXI.
VEMT!, Anlichilà di Rom, pari. II, c. i.
VU. Vestigia [fani /Esculapii] adliuc apparent in hortis S. Rarlholomei, eujus pro-
pinqua (edes a (ielasio 11 condila, vel inslaurata pulatur. Visiiur adhue ibi forma navis
ex lyburtino lapide, ubi in lalere replantis serpentis simulacrum inspiritur, qui ^scu-
lapii genius esse credilur. Fulmus, de Urbis Aniiquil. lib. V, p. 3-40.
VIII. Statue pédestre de Jules-César. 11 est eerlain qu'elle était dans l'Ile du Tibre,
mais c'est uniquement par conjecture que nous la mettons devant ce temple. Celle
Statue étant tournée à l'occideiil, il n'y avait dans l'Ile que cette place qui put lui con-
venir pour être vue des spectateurs et située devant un temple.
IX. Statuam divi Julii in Insula ïiberini amnis, sereno et immoto die, ab occidenlc
in orientem convcrsam. Tac. Uist. I, 86.
X. Nuntiabatur ex Urbe prœsagia : Statua divi Julii ad orientem sponte conversa.
SiET. Yesp. 3.
XI. KaJ TÔv i-j'M-'jOTiozc/Lij.ic/. vïjcjj Vvlo\t Kxisxf.Oi KVo'^tKVTX, //V)TS Uît^/J.od -/r/îviTo;,
ij.r,-:- T^vi'jij.v.-zoi, y.y iaûspxî //îTaTT/sa^cvra Tîp'oi rà; kvktciÀKs. Plut. Olho, 4 i.
XII. Portiques. Tite-Live nous révèle l'existence des Portiques, lorsqu'aprés avoir
raconté la formation originaire et progressive de l'Ile, il ajoute : — Postea credo ad-
ditas moles, manuque adjutum, ut tam eminens area, Drma templis quoque acPortici-
bus sustinendis esset. Tit.-Liv. II, 5.
XIII. (Juum quidam a>gia et affecta mancipia in Insulam /Ksculapii tiedio medendi
exponerent, omnes qui exponerenlur liberos' esse sanxit [Claudius], nec redire in di-
tionem domini, si convaluissent. Slet. Cidud. 25.
506. Temple DE Jupiter. — Devant: Obélisque. Le temple faisait face à
celui d'Esculape, presque sur la même place, mais de Tautre côté de la rue
qui traversait l'ile du pont Fabricius au pont Cestius. Le temple de Jupiter,
voué l'an 552 et dédié l'an 558, était prostyle, c'est-à-dire qu'il n'avait de co-
lonnes que sur sa laçade, et que deux de ces colonnes se trouvaient en avant
des pilastres des antes. — U Obélisque, situé au milieu de la voie qui passe de-
vant le temple, était de petites proportions et en granit rose.
I. Sur la situation du temple de Jupiter dans l'Ile, voy. ci-dessus, n» 504, g I,
et no 303, § V.
II. In Insula Jovis œdem C. Servilius duumvir dedicavit [an. 538], Vola erat sex an-
nis ante, Gallico bello ab L. Furio Purpureone ; ab eodem postea consule locata. Tit.-
Liv. XXXIV, 33.
III. In antis erit «edes, cum habebit in fronte antas parielum, qui cellam circum-
cludunt, et inter antas in medio columnas duas. . . . Prostylos omnia habet, quem-
admodum in antis, columnas autem contra antas angulares duas. supraque epistylia,
quemadmodum et in antis, et dcxira ac sinistra in versuris singula. Hujus exemplar
est in Insula Tiberina, in «"de Jovis et Fauni. Vitruv. 111, 1.
IV. Obélisque. Plusieurs antiquaires ont douté de l'existence de cet obélisque parce
que P. Victor [de Reg. urb. Rom. in lin.] ne compte que six grands obélisques à Rome,
et ne nomme pas celui de l'Ile du Tibre; mais d'une autre part le même régionnaire dit
qu'il y en avait quarante-deux petits : or celui de l'Ile du Tibre était petit. Suivant
* In insula Tiberina Cuii Cœsaris Statuam nullo terrœ motu et cœlo tranquille ab occideute
iu orientem conversuni.
192 DESCRIPTION DE ROME.
Nibby [inRnmaanika di ]\'iir(lini. lib. VII, c. 12, t. III, p. 5'>4, noie 2), cot obflisqup,
apr(''s avoir cli- loiiulcmiis à la villa Albani, fui iransporlé à l'aris. Quant à son cmpla-
«•emcnl, Vciuili cl llcllori airirnienl (|uc ce niotiolithe fui retrouve dans une fouilln pra-
tiquée en 1()7(), cil avant de l'église S. Barlolomeo, (|ui est noire temple d'F.sculape.
V. Credo clic ncl niez/.o dclla medesima [isola Tiberina], corne clie rappresentanle
una navc pcr anlcnna, vi fosse rappresenlato un Obelisco ; poicliè nella piazza avanti
la basilicn di S. liarlolomco \icino al poilico in vece di colonneita si vede conlilla nel
terreno una punla di un Obelisco scolpito con gcroRlifici Egizi, clie sorge ail' altcz/.a da
terra di palini IV, clic doveva esserc la punla dell' Obelisco ivi poco lunlano cretto
Nel lG7(i, cavendosi il terreno in delta piaz/.a, ail' altc7.7.a di palmi XVIII, si Irovo una
fabbrica di lufi uniii iiisicnie, clie si vedeva essere slata la plaica cil foiidameiito dell'
Obelisco. Vkm il, Anlichilà di linmn, part. II, c. /<. — Voyez dans l'iranesi [Anlich.
Jlom. t. IV, tav. XIV, n" 15] un fragment de cet obélisfiue qu'il désigne ainsi: Pezzo
délia sudclla guglia di granito innanzi alla chiesa di S. Barlolomeo.
307. Temple de Faune. A la pointe de l'Ile Tibérine, en amont, à l'opposile
(lu temple d'Esculape. 11 fut bàli en 5oG, et dédié en oo8. Sa l'orme était
pi'oslyle.
I. Sur la situation du temple de Faune dans la WS'^ région, voy. n" 504, g I.
II. Idibus agrestis fumant altaria Fauni,
Ilic ubi discretas Insula runipit aquas.
Ov. Fasl. II, V. 195, 104.
III /Ediles pleLis (^n. Domitius yEnobarbus, et C. Scribonius Curio Maximus, mul-
tos pecuarios ad populi judicium adduxerunl : 1res ex bis condeninali sunt : ex eorum
mulclatilia pecunia a'dem in insula Fauni fecerunt, Tit.-Liv. XXXIII, 42 (an. 556).
IV. iEdes eo anno (558) aliquot dedicata' sunt Altéra Fauni. /J'^diles eam bicnnio
ante ex mulctatilio argenlo facicndam locarant, C. Scribonius et Cn. Domilius; qui
preetor urbanus eam dedicavil. ïit.-Liv. XXXIV, 55.
V. Iconographie. Sur la forme prostjle du temple, voy. ci-dessus, n» 500, § III.
VI. In superiore parte Insulœ fuit templum Fauni, quod ante annos aliquot Tyberis
inundatione fere est fundilus eversum : ruina; tamen ejus amplissimœ supersunt, quœ
templi magnitudinem et sumptuosilalem satis oslendunt. Boissari). Rumœ lopographia,
dies primus, p. 22. (Publié cn 1597.)
508. Pont Fabricius. Jeté sur le bras gauche du Tibre, il joint l'Ile au
Chanip-de-Mars, et se compose de deux grandes arches à plein cintre, d'égale
ouverture. Sur la pile qui se trouve au milieu du fleuve, l'architecte a ménagé,
un peu plus haut que la naissance des grandes arches, une petite arche en
forme de porte ronde pour donner plus de dégagement aux eaux dans les
grandes crues. Ce pont fut construit l'an 692 par Fa!)ricius, curateur des
routes, et restauré en 732 par les consids Q. .■Emilius Lepidus et M. Lollius.
I. Sur le nom de pont Fabricius, voy. n" 296, § VIII.
II. TÔTS //.£v TKÛTiz T£ iyî'vîTO, /.cX ï] ■/iyjç.a. -/j \[Bi-jr„ r) ij tô •j-/i':ioiO'J zb TûTî iv rôt Tt-
Cipiêt 'èv fé[:oi/ij%, v.a.zs'Jif.tiiùaO-ri, A^y-Qf.t/.i% v.'>:rfiû':y.. DiON. XXXVII, 45 1.
III. Ce pont existe encore. Sur les claveaux des deux grandes arches, en amont et
en aval, on lit l'inscription suivante:
L.FABRlCIVS.C.F.CVR.VIAn.
FACIVNDVM . COER AVIT
Q.LEPIDVS.M.F.M.LOLLIVS.M.F.COS.EX.S.C.PROBAVERVNT
Et au-dessus de la petite arche ouverte sur la pile centrale :
1DEMQVE
PROBAVIT
■• Pr.Ttcr liaeo qua; in id tcmpus inciderunt [an. O92], Pons (|iior|ue tuiic Lapideiis ad in-
sulam, (|U3e in Tiheri ixslal, diicens. exstriicms, Faluiiiusquc dictiis est.
RÉGION XIV. — TRANSTIBÉRINE. 195
La troisième ligne (Je la première inscription indique la restauration dont nous
avons parlé, laquelle consistait en une consolidation au moyen du renforcissemcnl de
la pile centrale [Voy. Piuanesi, Antich. rotn. t. IV, tav. 18 et 20]. Les deux inscrip-
tions ci-dessus se trouvent dessinées dans Piranesi [loc. cil. tav. 16, 17, 18], et impri-
mées dans Gruter, p. 160, et dans Orelli, Inscript, lai. n<> 50.
IV. Iconographie. Piranesi [loc. cil. tav. 16, 18] a donné une vue géométrale du
pont, avec une échelle. On voit que chaque arche a 132 palmes [29 met. 45 millim.]
d'ouverture. La largeur du pont, hors œuvre, est de 27 palmes [6 mètres]. Le ponl Fa-
bricius porte aujourd'hui le nom de Ponte di qualtro capi.
509. Po>T Cestius. Il couduit de l'Ile du Tibre au mont Janicule, et se
trouve par conséquent sur le bras droit du fleuve. Il se compose de trois ar-
ches, dont une grande, flanquée de deux autres très-petites qui commencent
au-desssus de la naissance de l'arc de la grande. Toutes trois sont à plein
cintre.
I. P. Victor nomme ce ponl parmi ceux de Rome [Voy. ci-dessus n» 296, § VIII],
mais on ignore par qui et quand il fut construit. Pancirole conjecture qu'on en doit
l'édification à C. Cestius Galius qui fut consul avec M. Servilius, sous le principal de
Tibère, l'an 788. Nous objecterons à cette conjecture que les monuments publics por-
taient presque toujours le nom du prince. Il n'y aurait donc point d'invraisemblance à
penser que le pont Cestius est un ouvrage du temps de la république.
II. Iconographie. Piranesi a donné une vue pittoresque de ce ponl dans ses Anlich.
rom. l. IV, tav. 21. A la planche 22, on en trouve le plan et une vue géométrale : la
grande arche a 106 palmes 2 onces d'ouverture [23 met. 65 centimèl.], et les deux pe-
tites arches ont chacune 26 palmes [5 mètres 80 centimèl.]. La largeur du pont,
hors œuvre, est de 40 palmes 6 onces [9 mètres].
310. Pont Janicule. Le premier en amont de l'Ile du Tibre; il conduisait
du Champ-de-Mars au Janicule.
I. Voy. ci-dessus, n" 296, § VIII. — Nous ne savons rien sur l'origine de ce pont.
511. Tombeau du poète C^cilius. Au pied du Janicule.
I. Statius Cœcilius comoediarum scriptor... Morluus est anno posl mortem Ennii, et
juxta Janiculum sepullus est. Euseb. Chronic. II, p. 145.
512. Temple de Mania. Dans un carrefour au-dessus du tombeau de Cé-
cilius [n" 311].
I. Janiculum.
Mani» sacellum. P. VicT. de Reg. urb. Romœ, XIV.
II. Mania étant la mère des Lares, dieux des carrefours, nous avons placé son temple
dans un carrefour.
313. Vicus Janiculensis. Vis-à-vis du pont Janicule.
I. C'est par conjecture que nous le plaçons là.
II. Vicus Janiculensis. P. Vici. de Reg. urb. Romœ, XIV.
III. Reg. XIIII. Yicvs Ianicvlensis. GRUTER. p. 251 ; — ORELLI, InscHpt. lai. n» 5,
514. Vicus Bruttianus. Voisin du vicus Janiculensis. Quartier des servi-
teurs publics des magistrats.
I. Nous conjecturons, avec Nardini [Roma Antica, t. III, p. 542, édil. Nibby], que
c'était un quartier habité par les serviteurs publics que les gouverneurs de provinces
emmenaient dans leur suite. En vertu d'une loi, tous les habitants du Bruttium avaient
été bannis à perpétuité des armées romaines, et condamnés à remplir auprès des gou-
verneurs de provinces des fonctions presque servîtes [Voy. A. Gell. X, 3].
II. Vicus Rruttianus. P. Vici. de Reg. urb. Romœ, XIV.
III. Reg. XIV. Vicvs Brvtuno. GRUTER. p. 251 ; — ORELLI, Imcripl. lai. n» 5.
1. -13
194 DESCRIPTION DE ROME.
Slijl. Forum Piscatorium. Au bord du Tilne, un peu au-dessous du Pont
Janicutensis. Il était enloun'' de Uuernes, el existait dès l'an 573.
I. Piscalorii ludi vocantur, qui mensc junio trans Tiberim fieri soient pro quaeslu
piscanlium. Fest. v. Piscatnrii.
II. Tune CRO me mrmini ludos in pramine Campi
Adspirere : et didici, labrire Tibri, tuos.
Posta dies iilis, qui lina madentia ducunt,
(iuique Icgunt parvis aéra recurva cibis.
Ov. Fast. VI, V. 237-240.
III. M. Fulvius plura cl majoris looavil usus.... Uasilicam post argentarias novas, et
Forum Plscalorium, circumdalis labernis, quas vendidit in privatum [an. 575]. Tit.-
Liv. XL, 51.
, 516. PrésMogiens. Sur la rive droite du Titre. Ils empriintaîetit leur nom
il Mucius Scœvola, auxquels ils furent donnés originairement à la suite de sa
tentative contre le roi Porsenna.
I. Patres, C. Mucio, virtutis causa, trans Tiberim agrum dono dedere, quae postea
sunt Mucia Prata appellala. Tit.-Liv. 11, 13 [an. 246].
II. Mouxio) Tcâ 'Rp'iùoiJ.v/'ji TzifA T^ç v.aTpHoi <iTtoOa.vsTj, airtonàTij) d'olavTt yîyovevxt
TTOTKjU.oû, Tiv xjTOv rpoTTO-J, o^TZ-p Opci-zhi, zùt Ttpo tTjç ysfi>p7.ç £zy'j)v t7a/i£ V'j) Ttpôrspov,
é'çy|v ov à.pÔTpa) nspùaSû-J èv iiftipc/. }xiy. ëu-^TtjTXt. oùzoç b yjjipoi, é'cos twv xx9' rip.y.i
y_po-)ù>-Ji tHoi/Aiti ),£(/*ô)vsç xa^oûvrat. D. Halic. V; 55 '.
ni. Mucio Prata trans Tiberim data, ab |ea Mutia appellala. A. Aict. de Yirit il-
luit. 12.
517. Conserve d'eau. C'était l'un des réservoirs de l'aqueduc de l'Alsiétina,
qui arrivait sur le Janicule. 11 se trouvait un peu au-dessous du coude que fait
le Tibre en se repliant dans la direction du S. après avoir coulé h l'O.
I. Alla Longara nel declivio del Gianioolo, sotlo dove sermoneggiano li Padri délia
chiesa Nuova [S. Onofiio], nel mese di Maggio, in lempo d'Innocenzo \, furono Irovali
tre grandi slaiizoni, quali servivano di ricellacolo di un acquedoUo cavato nel monte,
lutto opéra reticolala, quale si vede essere del lempo délia reppublica. Avanti le délie
stanze vi era un' oIRcina da fuoco rolonda, enlro divisa in archelti con li suoi sfoga-
tori al di sopra, che forse poleva servira per uso di slufa. S. Bartoli, Memorie, etc.
n» 58.
518. Champ Codeta. Au-dessus de la Conserve d'eau [n° 3 1 7] près du coude
que fait le Tibre pour se replier sur la ville.
I. Navali praelio in minore Codeta defosso lacu, buemes ac trirèmes, quadrire-
mesque,... conflixerunt. Siet. Cœs. 59. — Codeta appellalur ager trans Tiberim, quod
in eo virgulta nascunlur ad caudarum equinarum similitudinem. Pail. apud Fest. v.
Codeta. — On voit que notre position du champ Codeta est assez incertaine.
519. Champ Vatican. A l'extrémité N. du mont Janicule.
I. Vaticanus.
Horli Domilii.
Janiculum. P. Vict. de Reg. urb. Romo', XIV.
II. In infamibus Vatican! locis magna pars tetendit : unde crebrœ in vulgus mortes.
Et adjacente Tiberi, Germanorum Gallorumque obnoxia morbis corpora flurainis avi-
dilas et œstus impalientta labefecit. Tac. Hisl. II, 93.
III. Sur la situation du Champ Vatican vis-à-vis du Champ-de-Mars, voy. p. 139 :
5' «7 y avait de$ maisons dans le champ-de-Mars?
* Mucio vero, qui ultro pro patria moriem oppetere paratu» erat, quod visus fuisset belli
finiendi causa praecipua, agrum de publico largieadum trans flumea Tiberim, eodem modo
que Horatio, qui ante in primo pontis aditu puguarat, quantum circumaràre uuo die posset,
Uicque usque ad nostram setatem Mucia Prata appellalur [an. 249].
RÉGION XIV.— TRANSTIBÉRINE. 195
520. Chêne vert plus vieux que Hume. Dans 1(! Cliamp Vatican.
I. Yeluslior aulcm Urbe in Valicano Ilex, in qua lilulus œreis lilleris elruscis, reli-
gionc arborem jam tum dignam fuisse significal. Plin. XVI, M.
521. Porte du Pont Triomphal. Au débouché de ce Pont dans le Champ-
de-Mars.
I. L'existence de celte Porte ou de cet Arc nous paraît fort douteuse ; nous donnons
ce monument d'aprùs l'autorité de Biondi. Voy. plus haut, n» 198, § II.
522. Pont Vatican ou Triomphal. Vis-à-vis du Champ Vatican et de la voie
Triomphale.
I. Sur le nom de Pont Vatican, voy. plus haut, n» 296, § VIII. — Quant au nom de
Pont Triomphal, nous n'en avons trouvé aucun indice dans l'antiquité ; ce doit être
une dénomination moderne, basée sur cette opinion, nullement fondée, que les triom-
phateurs campaient toujours avec leur armée dans le champ Vatican, et par conséquent
passaient sur ce pont le jour de leur triomphe, pour gagner Rome.
525. Navalia. Port situé auprès des Prés Quintiens.
1. L. Quintius Trans Tiberim, contra eum ipsum locum, ubi nunc Navalia sunt,
quatuor jugerum colebat agrum, qufe Prata Quintia vocantur. Tii.-Liv. III, 26.
524. Prés Quintiens. Situés au-dessus des Navalia [n° 323]. Leur conte-
nance était de 4 jugères [1 hectare 4 1 4 centiares]. Ils étaient ainsi nommés de
Quintus Cincinnatus qui les avait possédés.
I. Sur la position et la contenance des Prés Quintiens, voy. l'article précédent, § I.
II. Aranti quatuor sua jugera in Valicano, quse Prata Quintia appellantur, Cincin-
nato vialor altulit dicialuram. Plin. XVIII, 3.
525. Jardins d'Agrippine. A la suite des Prés Quintiens, sur le bord du
Tibre. On y remarquait un portique pour la promenade, et, entre ce portique
et le tleuve, un xyste. Après Agrippine, veuve de Germanicus, ces jardins ap-
partinrent à Caligula son lils.
I. C. Caesar [Caligula]... adeo impatiens fuit différend» voluptalis, quam ingens cru-
delitas ejus sine dilalione poscebal, ut in xysto malernorum Hortorum, qui porticura a
ripa séparai, inambulans quosdam ex illis, cum malronis alque aliis senaloribus, ad
lucernam decollaret. Senec. de ira, 111, 18.
II. A-ltwcàucvoj yàp ■irjf/.xi âv tw T:pb? 'XiSipov TTStîiw rà TCpÔtrov szuyj ok èx twv
fxr,zf,cit'jiv i^iùj-j x/jr-cov. Philo. de Légal, ad Caium, p. 1018, édil. Turnélje, Luletiae,
1640,' in-fi.
m. Tacite parlant des supplices que Néron faisait subir aux chrétiens, dit: — Hortos
suos ei speclaculo Nero obtulerat, el circense ludicrum edebal, habitu aurigœ per-
mixtus plebi, vel curriculo insistens. Ânn. XV, 44. — 11 sagit ici du Cirque de Né-
ron, silué, comme on sait, au pied du Vatican, el non du Cirque Maxime.
* Excipiens enim nos in Campo ad Tiberim primum [Caligula] cum exiret de maternis
Hortis.
lOf) DESCIUPTION DE ROME.
EKRATA.
Rectification pour la page 13. Au bas de la page 13, § XXI, on lit
que la pente de la voie Sacrée, depuis Summa Sacra via (où s'élève
maintenant TArc de Titus) est de lÔ mètres 39 centimètres; — Lisez:
13 mètres 443 millimètres. Cette dernière mesure est aussi celle donnée
par M. Caristie, planche 17 de son ouvrage sur le Forum romain, cité
page 74, § VI.
Rectification pour la page 108. — Une omission importante ayant
été commise dans un article de cette page, nous rétablissons ici 1 ar-
ticle en entier tel qu'il devait être.
iS7. Abc ou Jands surmonté de la statue de Pompée. L'Arc était en
marbre blanc, et formait l'une des entrées latérales de l'orchestre du
théâtre de Pompée, à droite de la scène, du côté de la Curie Pompéia [n° 458].
Auguste fit enlever de cette Curie une statue demi-colossale de Pompée, éga-
lement en marbre blanc, la même au pied de laquelle César avait été tué, et la
plaça sur cet Arc. Elle a environ trois mètres trente-cinq centimètres de hau-
teur. Pompée est nu ; un paliidamenliim lui passe sur l'épaule droite et re-
tombe derrière lui ; il tient de la main gauche un globe terrestre.
I. Pompeii quoque Staluara contra lliealri ejus regiam, marmoreo Jano supposait,
translatam eCuria, in qua C. Caesar fuerat occisus. Slet. Âug. 51.
II. Le mol regia a fort occupé les antiquaires; les uns ont conjecturé qu'il signifiait
le Théâtre même, à cause de sa magnificence ; les autres qu'il désignait une basilique
dont au reste aucun auteur ne parle. Nous préférons la conjecture de Nardini [Roma an-
tica, lib. IV, c. 3, p. 40] qui prouve assez bien que regia était la partie droite de la
scène d'un ijiéâtre. Dans nos théâtres modernes, nous avons aussi un exemple de dési-
gnation figurée pour certaines parties delà scène: les machinistes appellent le côté
droit côté du jardin, et le côté gauche côté de la cour; jamais ils ne disent le côté
droit ou le côté gauche de la scène.
III. Statue de Pompée. Mi ricordo che nella via, dove abitanoli Leutari, presso il Pa-
lazzo délia Cancellaria, nel tempo di Papa Giulio III, fu trovato sotto una cantina una
statua di Pompeo di palmi quindici alla, avendo sopra il collo un mure divisorio di due
case : il padrone di una fu inibito dall' allro, tenendo ciascun di loro essere padroni di
delta statua ; allegando uno pervenirsi a lui, mentre ne possedeva la maggior parte, e
l'allro diceva convenirsi a lui per aver nel suo la testa, corne pii'i nobil parte, dalla quale
si cava il nome délia statua : finalmenle dopo litigato venutosi alla sentenza, l'ignorante
giudice senlenziô che se gli tagliasse il capo, e ciascuno avesse la sua parte. Povero
Pompeo! non bastô che glie la tagliasse Tolomeo, anche di marmo correva il suo mal
destine ! Pervenuta ail' orecchio del cardinal Capodiferro sentenza si sciocca, la fece
soprasedere, ed andalo da Papa Giulio, narrandogli in successo, restô il Papa slupe-
fatto, et ordinô immédiate che si cavasse con diligenza per se, e mando a' padroni di
essa cinquecenlo scudi, per dividerseli fra di loro ; e cavata detta statua ne fece un
présente al medesimo cardinale Capodiferro. Cerlo fu sentenza da Papa : né ci voleva
allro che un Capodiferro ; ed al présente sla nella sala del suo Palazzo a Ponte Sisto.
Flam. Vacca, Memorie, n» 37. — Le Palais du cardinal Capodiferro est aujourd'hui le
Palais Spada ; on y voit encore celle Statue de Pompée, qui est gravée dans.Maffei, Rac-
colta di statue, tav. 127.
— A LA PAGE 152, n° 227, supprimez la mention de la Statue de la
vestale Claudia. Cette Statue était, plus vraisemblablement, devant le
temple de la Bonne Déesse, que Claudia avait fondé sur le mont Aven-
tin.
fin nE LA DESCRIPTION DE ROME.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MONUMENTS ET DES LIEUX CITÉS DANS LA DESCRIPTION DE ROME.
N. B. La première colonne, en cliiffres romains, est le niunéro de la région.
La seconde colonne, en chiffres arabes, donne le naméro du Plan el de la Description.
La troisième colonne renvoie à la page dn volnme.
jEmiliana, ou Vicus .ïmilianus VII
iEquimelium VIII
Amphithéâtre de Slatilius Taurus IX
Angiportum VIII
Aqueduc de l'Alsietina XIV
— de la Virgo IX
Arc d'Auguste VIII
— de Drusus VIII
— de Fabius VIII
— de Germanicus VIII
— du Cirque Maxime XI
— de Janus-Pompéien IX
— de Janus-Quadrifrons - VIII
— de Scipion-l'Africain VIII
— de Stertinius VIII
— de Tibère VIII
Area du temple de Jupiter VIII
— de Mercure XI
— Palatin X
— Radicaria XII
— de Saturne VIII
— du temple de Véjovis VIII
— de la Victoire. , IV
— de Vulcain IV
Argilète VIII
Armilustrium XIII
Atelier des monnaies VIII
— de Sculpteurs IX
Asyle (voy. Bois) »
Atrium d'Apollon-Palatin X
— de la Liberté VIII
— Idem XIII
— Regium VIII
Autel d'Aïus Locutius VIII
— d'Acca Larentia (voy. Tombeau) »
— de Carmente VIII
— de Gérés VIII
— de Consus XI
— d'Evandre XIII
— de la Fièvre X
— de la Fortune Conservatrice I
— de la Fortune Mauvaise et Maudite III
— de Janus-Bifrons VIII
48
25
92
55
182
124
58
25
»
194
178
121
115
63
135
85
127
76
135
85
»
162
157
196
106
61
73
34
96
56
87
55
79
38
239
157
224
152
266
175
90
55
75
34
22
11
18
9
95
56
288
181
62
28
169
113
»
»
217
148
134
84
278
179
118
66
112
62
»
»
98
58
93
56
241
164
284
180
229
154
2
2
17
8
137
88
198 TABLE ALPHABÉTIQUE
Aulel de Janus-Curace IV 29 16
— de la Jeunesse Ylll 81 44
— (le Juiion IV 29 16
— de Jupiler-Elieius XIII 286 181
— de Jupilcr-lnvenleur. XI 245 164
— de Jupiter-I'isleur VIII 65 29
— de Jupiter-Soler VIII 63 29
— de Lnvcine XU 268 175
— de Mars Vlll » 44
— Idem IX 195 131
— Maxime XI 257 169
— d'Ops VIII 93 56
— d'Orbone IV 21 11
— de la Paix . , IX 170 115
— de Saturne, w VIII 90 55
— de Terme VIII 81 44
Bains d' Agrippa IX 171 115
Basilique ^milia VIII 131 79
— Argentaria (voy. Fulvia) » » »
— de Caïus et Lucius (voy. Julia) » » »
— Fulvia VIII 150 79
— Julia VIII 115 65
— Opimia IV 52 17
— de Paulus {voy. jEmilia) » » »
— Porcia VIII » 70
— Sempronia VIII 104 60
Bibliothèque Oclavienne IX 151 102
— Palatine X 218 150
— de Pollion XIII 280 179
Bois de l'Asyle VIII 72 33
— des Césars XIV 300 187
— de Furina . XIV 501 188
— de Libitine ou Vénus-Libiline XI 240 157
— de Lucine IX 184 125
— de Mars IX 170 115
— Sacré (du Champ-de-Mars) IX 186 127
— de Saturne XI 242 164
— de Strenia IV 23 11
— de Vesla. . VIII 117 66
Bûchers Gaulois III 14 7
Busium (des Césars) IX 187 127
Cabane de Fauslulus X 208 145
— de Piomulus VIII 60 26
Cadrans solaires VIII 122 72
Canal (le) VIII 140 89
Capila Bubula X » 141
Capitole (voy. temple de Jupiler-Capitolin, Forteresse, Intermont) . » » »
Carrefour Acilius XI » 175
Carénés (les) IV 23 14
Castra peregrina Il 12 6
Caverne de Cacus XI 245 164
Cent (les) Marches VIII 59 26
Champ d'Agrippa VU 42 21
— Codeta XIV 318 194
— de Mars, et Champ Tibérin ou Champ-de-Mars inférieur. . . IX 196 155
— Vatican XIV 519 194
Château de l'Appia XIII 269 176
— de la Virgo IX 178 121
Chène-Verl du Valican XIV 520 193
Cirque Flamininius I\ 163 112
— Maxime. ... XI 241 158
DE LA DESCRIPTION DE ROME. iOO
Clivus de l'Asylc VIll 56 25
— Capitoiin VIII 57 25
— Publicius ou Publicus XllI 285 180
— do Scaurus X » 15fi
— de la Victoire X 221 tSl
Cloaque Maxime XI 253 167
Cloaques (Petites) XI 253 167
Cloaque IX » 127
Colline (la) IX 192 150
Colline des Jardins IX 189 128
Colonne bellique IX 1-48 96
!— Roslrale d'^milius VIII 75 54
— de Duilius VIII 131 79
— de J. César VIII 131 79
— de César-Auguste XI 249 166
— Horatia . . VIII 116 6*
— de Jupiter VIII 73 54
— Lactaire XI 261 171
— de Ludius IV 18 9
— Menia VIII 121 70
— de Minucius XIII 269 176
Comitium VIII 123 72
Conserve d'eau (au Palatin) X 209 146
— au Janicule XIV 517 194
Cornouiller sacré X 208 145
Curie Kalabra VIH 61 28
— Hostilia (voy. Julia) » » »
— Julia VIII 122 70
— Octavia IX 152 105
— Pompcïa IX 158 109
Curies ou Mansions des Saliens X 220 150
— Vieilles, Curies nouvelles II 7 5
Degrés de Cacus ou de Belle rive X » 145
Delubrum de Doniilius ou d'Apollon. ,' IX 149 97
— et temple de Jupiler-Slator IX 167 113
— de Minerve-Captive II 10 5
Dianium IV 53 18
Diribitorium Vil 47 22
Ecole du Portique d'Octavie. . . , IX » 102
Emporium XIII 275 177
Equirics IX 197 137
Étang d'Agrippa IX 169 115
Escalier de l'Area du Capitule VIII 70 38
— de la Forteresse du Capilole VIII 70 32
Favissœ. VIII 80 40
Figuier Rumina! VIII 123 72
Fontaine de Mercure XI 259 157
— Muscosus VIII 110 62
— du temple de Jupiter-Capitolin VIII 81 40
Fontaines de Scipion-l'Africain VIII 73 34
Forteresse du Capitole. ■,,.,. VIII 60 26
— du Janicule XIV 299 186
Forum d'Auguste VIII 155 85
— Boarium VIII 103 60
— de César VIII 155 82
— Cupedinis IV 50 17
— Olearium VIII 100 69
— Olitorium XI 261 171
— Piscarium Vlll 101 59
— Piscaloifum XIV 515 194
— Pistorium XIII 293 183
200 TABLE ALPHABÉTIQUE'
Forum Romain VIII » 50
Gémonies Ylll 82 45
Germalum X 201 142
Gnomon IX 194 131
GraecostasD , VIII 124 74
Greniers de Sulpicius Galba XIII 273 177
— de Minucius IX 145 94
Hécalonstylon IX 161 111
Horloge solaire (voy. Cadrans, et Gnomon), ........ » » »
— d'eau. . VIII 122 72
Horrea Chartaria IV 21 11
Horreum, ou Magasin public Il 8 5
Ile du Tibre ou Tibérine XIV 304 190
InlermonI VIII 70 32
Janus Inférieur , VIII 139 89
— Médius ' VIII » 89
— Supérieur VIII 138 89
Jardins d'Agrippa IX 169 115
— d'Agrippine XIV 325 195
— d'Antoine (voy. de Pompée) » » »
— d'Asinius XII 267 175
— de César XIV 297 185
— d'Isis IX 172 116
— de Lueius et Caïus (voy. Bois des Césars) » » »
— de LucuUus IX 189 128
— de Pompée XIV 294 184
LacCurtius VIII 141 89
— de Juturne VIII 119 68
— de Servilius VIII 91 55
Laulolai VIII » 59
Loge de l'Empereur pour voir les jeux du Cirque X 222 131
Logements des Ediluens au Capilole VIII 80 40
— des Soldats, dans la Forteresse du Capitole VIII 67 51
Lupercal X 202 142
Macellum Magnum II 11 6
Macellum ou Forum Cupedinis IV 50 17
Maison d'Agrippa X 203 143
— d'Antoine (voy. de Pompée) » » »
— d'Auguste X 223 151
— de Calilina X » 132
— de Catulus (voy. Temple de la Fortune de chaque jour) . . » » »
— de Censorinus (voy. de Cicéron) » » »
— de Cicéron X 234 155
— de Clodius X 235 156
— de Domitius Calvinus X 237 156
— du Flamine-Dial X 231 134
— funéraire des Césars IX 188 128
— de Mamurra II 10 5
— d'Ovide VIII 56 25
— de Pompée, IV 26 15
— du Roi des Sacrifices (voy. Regia) » » »
de Scaurus X 236 136
— du Souverain Pontife (voy. Regia) » » »
— de Tibère X 210 146
— Idem, (voy de. Pompée) » » »
Mansions des Albains II 6 4
— des Saliens (voy. Curies) » » »
Marais de la Chèvre (voy. Etang d'Agrippa) » » »
Marché Fabaria (voy. Portique) » » »
— aux fruits • III 15 7
— à l'huile (voy. Forum Olcarium; » » »
DE LA DESCRIPTION DE ROME. 204
Mausolée (le) IX 185 126
Médius Janus (voy. Janus) » » »
Mille (l'or VIII 145 91
Mincrvium (voy. temple de Minerve) » » »
Mont Citorius (voy. Colline) •» » »
Naumachie ^^^ '* *88
Navalia XIII 275 177
Idem XIV 323 195
Obélisque du Champ-de-Mars (voy. Gnomon) » » »
— du Cirque Maxime XI 241 163
~ de l'Ile du Tibre XIV 506 191
— du temple d'Isis IX 172 116
— de Sérapis = IX 173 118
Obélisques du Mausolée d'Auguste IX » 127
Ombilic de Rome VIII 85 50
Panthéon IX 180 122
PontvEmilius XIV 296 184
— Ceslius XIV 509 195
_ Fabricius XIV 308 192
— Janicule • XIV 310 193
— Palatin XIV 503 189
— Sublicius (voy. jEmilius) » » »
— Triomphal (voy. Vatican) » » »
— Vatican XIV 522 195
Porte Capène I 1 *
— Carmentale ou Scélérate VIII 97 37
— Catularia VII 51 24
— Flumentane XI 264 174
— Minucia XIII 276 178
— Mugionia X 206 144
_ Navale XIII 290 182
— Pandana VIII 64 30
— Piacularis ' VII 54 24
— du Pont triomphal XIV 521 195
— Portuensis XIV 295 183
— Ratumena , .VII 50 23
— Romana X 199 140
— Romanula X » 144
— Salutaris VII 55 24
— Sanqualis VII 52 24
— Scélérate (voy. Carmentale) » >' »
— Stercoraria , VIII 58 25
— Trigemina XI 246 165
— Triomphale • XI 262 171
Portes (premières) du Capitole VIII 58 25
Portique des Argonautes (voy. de Neptune) » » »
— Aventin XIII 271 176
— du Bon Evénement IX 181 124
— de Catulus X 235 154
— aux cent colonnes (voy. Hecatonslylon) » » »
— Corinthien IX 154 104
— Emilien XIII 274 177
— d'Europe IX » 129
— Fabaria XIII 292 182
— deLivie III 16 8
— de Minerve XIII 289 181
— de Minucius (Fromenlaire) IX 145 94
— aux Nations X 211 146
— de Neptune IX 179 122
— d'Octavie IX 150 98
— d'Octavius (voy. Corinthien) » » "
202 TABLE ALPHABÉTIQUE
»'.• r.i.'
Porlique Palatin X 232 154
— de Philippe IX 155 105
— de Pola VII 49 25
— de Pompée IX 160 110
— de Scipion Nasica Mil 74 35
— Vipsania (voy. de Neptune) » » »
Prés Muciens XIV 316 194
— Uuintiens XIV 324 195
Prison publique ou Mamertine VIII 82 45
Putcal de Libon VIII 128 76
Regia VIII 129 78
Reniuria XIII 285 180
Ronae Carrée X » 149
Roche ïarpeienne VIH 64 30
Rostres (vieux) VIII 85 50
— (nouveaux) Vlll 116 64
Sacrariurn des Saliens (voy. temple de Mars-Gradivus) » » »
— de Saturne XI 242 164
Salines (les) XI 246 165
Scala* anulariae X 204 143
Schola Xaniha VIII 86 52
Senaculum Vlll » 47
Septa Agrippiana VII 46 22
— Julia IX 177 119
— Trigaria IX 190 129
Sigillaria Vlll » 56
Soliveau de la Sœur IV 29 16
Stations des Municipes VIU 152 82
Statue d'Acilius Glabrion (équestre) XI 263 172
Statues (petites) d'ambassadeurs romains VIII 85 -52
Statue colossale d'Apollon VIII 61 28
— d'Apollon XI 241 164
— d'Altus Navius VIII 122 71
— d'Auguste IX 150 102
— de Camille VIH 85 52
— de Carvilius VHI 79 39
Statues de Castor et Pollux (colossales équestres) »IX 135 105
Statue de César (équestre) VU 133 82
— Idem, (pédestre) XIV 305 190
— de César-Octave (équestre) VIH 142 90
— de Claudia (la Vestale) XIII 287 181
— de Clélie (équestre) VIU 127 76
— de Clœlius (Tullus) VHI 85 52
— de Cluacine (voy. Vénus) » » »
— de Diane XIH 282 179
Statues des Dieux (douze grands) VIII 115 63
— diverses dans le Champ-de-Mars. IX 198 158
Statue d'Ennius I 4 5
— de Fabius (équestre) VIII 127 76
— de Flaminius XI 241 164
— de Fulcinius (slaluelle) VHI 85 32
— de Glabrion (voy. Acilius) » » »
Statues grecques VHI 129 79
Statue d'Hercule (colossale) VIH 79 38
— d'Hercule-Punique X 211 146
— d'Hercule-Triomphal XI 256 169
— d'Horatius-Coclés IV 18 9
— de Junon XIH 282 179
— de Jupiter (colossale) VIH 79 38
— du Lion de pierre VIII 123 72
— de Lions, devant le temple de Sérapis IX 173 118
62
28
123
72
»
))
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»
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»
163
»
»
w
»
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52
105
60
DE LA DESCRIPTION DE ROME. 203
statue de la Louve, au Capitole VIII
— Idem, au Figuier ruminai VIII
— de Lucius Uoscius (voy. Uoscius) »
— de Marcellus • , . . . I
— de Marcius Tremulus (équestre) VIII
— de Marsyas VIII
— deMessia XI
— des Muses de Thespies. . . . • II
— de Naulius (Spurius) (statuette) VHI
Statues des Nations (quatorze) IX
Statue du Nil (colossale) IX
Statues des trois Parques VIII
Statue de Pompée VIH
— Idem IX
— de Porsenna VIII
— de Romulus VIII
— de Roscius (Lucius) (statuette) VIII
— de Scipion-I'Africain • . VIII
Statues des Scipions I
Statue de Séja XI
— de Séjesta XI
Statues des Sibylles (voy. Parques) »
Statue de Spurius (voy. Nautius) »
— de Sylla VIII
— du Taureau d'airain VIII
— de Terme (voy. Autel) » » »
— du Tibre (colossale) IX 172 116
— de Tremulus (voy. Marcius) » » »
— de TuUus (voy. Clœlius) » » »
— de Tutelina XI
— de Valeria (équestre) X »
— de Vénus-Cluacine • VIII
— de Vertumne. VIII
Subure III
Tabernola (vallée) Il
Tabularium VIII
— du peuple VIII
Tavernes (les Cinq ou les Sept) ( voy. Tavernes neuves) . , , . »
— (les) Neuves ou Argentariae VIII
— de bouquetières , IV
— des marchands de cheveux IX
Temple antique d'Apollon IX
— d'Apollon-Médecin .... XI
— d'Âpollon-Palatin X
— d'Auguste X 201
— de Bacchus X
— Idem XI
• — de Bellone IX
— de la Bonne Déesse XIII
— du Bon Événement IX
— de Brulus Callaïque ou de Mars IX
— de Carna II
— de Castor VIII
— Idem • IX
— Idem XI
— de Cérès X
— Idem • . . XI
— Idem, (sur l'Epine du Cirque Maxime) XI
— deJ.-César VIII
— de la Concorde VIII
— Idem Maritale • lY
))
165
»
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150
79
114
63
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»
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97
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217
148
201
141
227
152
249
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148
96
287
181
181
124
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113
9
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252
166
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143
249
166
»
163
116
64
83
47
27
15
204 TABLE ALPHABÉTIQUE
Temple de la Concorde (édicule;. . • VII! 126 75
— deCybèle X 226 152
— de Diane ou Dianium IV 33 18
— Idem IX 164 113
— Idem XIII 277 178
— d'Esculapo XIV 505 190
— de l'Espérance XI 263 172
— de Faune XIV 307 192
— de la Félicité II 5 4
— de la Fièvre X 229 154
— de Flore XI 248 166
— de la Foi VIII 76 36
— Idem X 228 154
— de Fors-Fortuna XIV 298 185
— de la Fortune VIII 86 52
— de la Fortune de chaque jour X 233 154
— de la Fortune Equestre • . IX 139 109
— de la Fortune Gluante X 215 147
— de la Fortune Obsequens VIII 66 31
— de la Fortune Primigénie VI 39 20
— Idem VIII 65 31
— de la Fortune Privée X 214 147
— de la Fortune Publique VI 40 20
— de la Fortune Vierge VIII 109 61
— de la Fortune Virile VIII 96 56
— Idem XI 234 168
— de Furina XIV 501 188
— de Genius Sangus VII 44 22
— d'Hercule-Gardien IX 162 111
— d'Hercule aux Muses IX 155 103
— d'Hercule Pompéien XI 244 164
— d'Hercuie-Vainqueur VIII 108 61
— Idem XI 247 165
— de l'Honneur et de la Vertu I 2 2
— d'Isis.' IX 172 116
— de Janus Bifrons VIII 157 88
— de Janus Geminus VIII 99 58
— de la Jeunesse XI 259 170
— de Junon (dans le portique d'Octavie) IX 130 98
— de Junon-Lucine (voy. Lucine) » » »
— de Junon-Malute M 263 172
— de Junon-Jloneta VIII 62 28
— de Junon-Reine IX 165 113
— Idem XllI 281 179
— de Junon-Sospita X 225 152
— de Jupiter (dans le Portique d'Octavie) IX 150 98
— de Jupiler-Capitolin VIII 81 *0
— de Jupiter-Férétrien VIII 68 31
— de Jupiler-Prœdator VIII 69 32
— de Jupiter-Propugnalor X 211 146
— de Jupiter-Stator IX 167 113
— Idem • X 207 144
— de Jupiter-Tonnant Mil 84 49
— de Jupiter-Vainqueur X 212 147
— de Jupiter (dans l'Ile) XIV 306 191
— de Juturne IX 176 119
— des Lares IV 22 11
— des Lares-Marins IX 147 95
— de la Liberté XllI 279 179
— de Libitine XI 240 157
— de Lucine IX 184 125
DE LA DESCRIPTION DE ROME. 205
Temple de la Lune IV 34 18
_ Idem XIII 282 179
— de la Lune-Nocliluca X 230 154
_ de Mania XIV 312 193
— de Mars (voy. Brulus-Callaïque) » » »
— Mars-Bisullor VIH 71 33
— de Mars-Gradivus X219 150
— de Mars-Vengeur VIII 133 85
— de Malute VIII 96 56
— de Mens VIII 77 37
— de Mercure XI 239 157
— de Minerve ou Minervium IX 175 119
— de Minerve XIII 289 181
— de Minerve-Caplive II 10 5
— ' de Minerve-Chalcidique IX 174 118
— de Neptune IX 179 122
— d'Ops-Consiva VllI 129 78
— de Pan (voy. Lupercal) » » »
— des Pénates IV 19 10
— de la Piété XI 263 172
— dePortumnus XI 270 176
— de Proserpine XI 249 166
— de la Prudence (voy. Mens.) » » »
— de la Pudicité Patricienne VIII 107 61
— de Quirinus (nouveau) VII 45 22
— de Rémus IV 51 17
— de Romulus VIII 125 73
— de Uunriia (voy. Lupercal) » » »
— des Saliens Collins VI 38 19
— du Salut VI 57 19
— de Sangus (voy. Genius) • » » »
— de Saturne , VIII 88 53
— Idem. (voy. Sacrarium) » » »
— de Sérapis. .... : , IX 173 118
— du Soleil. • IV 33 18
— Idem, (sur l'Épine du Cirque Maxime) XI » 163
— de Strenia IV 23 11
— de Summanus XI 260 171
— deTellus IV 23 14
— de Véjovis VIII 73 54
— de Vénus XI 243 164
— de Vénus-Erycine VIII 77 57
— de Vénus-Génitrice VIII 133 82
— de Vénus-Libitine (voy. Libitine) » » »
— de Vénus-Murcia XI 241 165
— de Vénus-Victorieuse IX 156 105
— de la Vertu I 2 2
— de Vertumne VIII 114 65
— deVesta VIII 118 66
— de Vesta Palatine X 216 148
— de Vicepota (voy. de la Victoire) » » »
— de la Victoire X 200 140
— de Viriplaca X 213 147
— deVolupia IV 20 10
— de Vulcain IX 148 96
— Idem. (voy. Vulcanal) . » *) »
Terentum IX 185 123
Théâtre de Corn. Balbus IX 146 93
— de Marcellus IX 144 95
— de Pierre (voy. de Pompée) » » »
— de Pompée . . IX 136 105
200 TABLE DE LA DESCRIPTION DE ROME.
Tigillum sororis (voy. Soliveau de la Sœur) » » »
Tombeau d'Acca XI 258 170
— d'Agrippa IX 195 134
— d'Auguste (voy. Mausolée) » » »
— d'Avenliiius XIII 291 182
Tombeau de C. P. Bibulus VII 43 21
— de Calatjnus I u 3
— deCœcilius XIV 511 193
— de Fauslulus (voy. Statue du Lion de pierre) » » »
— d'HoratIa I 4 3
— de Julie IX 195 134
— de Marcclla (la race) I 5 3
— des Métellus I 4 3
— deNuma XIV 302 189
— de Rémus (voy. Remuria) » » »
— de Romulus (voy. Statue du Lion de pierre) » » »
— des Scipions IX 195 134
— Idem . I 4 3
— des Servilius I 4 3
— de Sylla IX 195 134
— de Talius XIII 291 182
Tombeaux divers dans le Champ-de-Mars IX 195 134
Tour des Comices XIV » 186
Trésor public VIII 88 55
Tribunal du Préteur VIII 128 76
Tribune (voy. Rostres) » » »
Tuliianum (voy. Prison) » » »
Vélabres (les) VIII 102 59
Vélia X 201 142
Vicus jEmilianus VII 48 23
— Brultianus XIV 514 195
— des Curies X 221 151
— Cyprius. . • • IV 28 16
— Janiculensis XIV 515 195
— Janus • VIII » 65
— Jugarius VIII 94 . 56
— Sceleratus IV 56 18
— Tuscus ou Thurarius VIII 115 62
Villa publica IX 168 11*
Voie Appia I 1 1
— Flaminia IX 191 150
— du Forum de Mars VIII 156 88
— Lata VII 41 21
— Neuve VIII 111 62
— Ostiensis XIII 272 177
— Portuensis XIV 295 185
— Recta ou Tecta (voy. Lata). . . . • » » »
— Sacrée et Tavernes IV 24 12
— Sacrée VIII 55 25
— Triomphale IX 198 158
— Idem X 238 156
— Idem. . . XI 255 169
Vulcanal ou Area de Vulcain IV 18 9
Fm DE LA TABLE.
INTRODUCTION
VOYAGE A ROME SOUS AUGUSTE ET SOUS TIBÈRE.
Camulogène, jeune Gaulois originaire et habitant de Lu-
tèce, dans la contrée des Parisiens'^, conçoit le dessein de
visiter Rome : il n'est point poussé par le désir d'une vaine
curiosité, trop commune à ses compatriotes; il veut aller
étudier de près les mœurs, les institutions, les usages et les
coutumes du peuple Romain, pour tirer de cette étude des
connaissances qui puissent être utiles à sa patrie, et peut-être
aider un jour les Gaulois à reconquérir leur indépendance.
Une occasion d'entreprendre ce voyage se présente : Fon-
téius, négociant romain faisant le commerce avec Gena-
bum f), dans le pays des Carnutes^ f), arrive à Lutèce et
vient loger chez Camulogène, qui déjà lui avait donné l'hos-
pitalité. Le négociant engage son hôte à le suivre à Rome;
Camulogène accepte, et dès le lendemain ils partent en-
semble.
Camulogène est petit-fds du guerrier de ce nom qui
perdit la bataille de Lutèce contre Labiénus, lieutenant de
César 3. Il laisse dans la ville des Parisiens un ami nommé
1 Cœs. de Bell. Gall. VII, 34. — Strab. IV, p. 194 ; ou 55 tr. fr. = 2 Cœs. Ibid. 5. =
3 Ibid. 57. («) Orléans. [>>) Le département d'Eure-et-Loir et les déparlemenls voisins,
depuis la Seine jusqu'à la Loire.
208 INTRODUCTION AU VOYAGE A ROME.
Induciomarc, auquel il promet de transmettre, aussi souvent
que possible, le résultat de ses observations, dont il doit faire
profiter leurs compatriotes.
Mon jeune Parisien a vingt ans lorsqu'il part pour Rome,
où il arrive l'an 751 de la fondation de la ville. Il y reste
quarante-sept ans, et ne la quitte pour revenir dans sa patrie
que l'an 778, au moment où les délateurs portaient pai'tout
la terreur et la désolation.
Afin de remédier à l'inconvénient du mode épistolaire que
j'ai cru devoir choisir, pour les motifs déduits dans mon Aver-
tissement, mais qui renferme le narrateur dans une époque
restreinte, j'ai supposé quelquefois, d'abord des fragments
d'un journal légué à mon Gaulois, et dont la rédaction est
antérieure de vingt-cinq ou trente ans à son arrivée à Rome ;
ensuite des appendices qu'il est censé avoir ajoutés en re-
voyant sa correspondance après son retour à Lutèce, et dans
lesquels, sous le titre d'achèvements, il achève de traiter tout
ce qui appartient à un même sujet, mais qui est d'une date
postérieure à sa lettre. Au moyen de cette petite fiction, je
conserve dans mes lettres gauloises toute la vraisemblance
chronologique, sans me priver de la faculté de remonter jus-
qu'à un passé plus ou moins éloigné, ou d'embrasser un ave-
nir contemporain, suivant qu'il peut être convenable pour
l'intérêt de la matière actuellement traitée.
I
ROME
AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
LETTRE T,
LE VOYAGE. — LES GAULES.
Je suis au terme de mon voyage depuis quelques jours seule-
ment, et je saisis la première occasion qui se présente de te faire
passer de mes nouvelles. J'ai vu Rome, mon cher Induciomare, et
je doute que je parvienne jamais à te donner une idée de ce monde
que l'on appelle une ville. C'est un spectacle si extraordinaire, cpii
passe de si loin toute imagination, que bien certainement il doit
être unique dans l'univers. Plusieurs des grandes cités de nos Gaules
suffiraient à peine pour former seulement un quartier de cette
Rome, dans les rues de laquelle se presse tout un peuple, ou plu-
tôt des nations entières. Mais que je te dise d'abord quelques mots de
mon voyage.
En quittant le pays des Parisiens {") , nous dirigeâmes notre route
vers celui des Senones {^) et des Manduhiens [^) . Je voulais dans
cette dernière contrée voir Alesia (''), ville située sur une haute col-
line, et qui fut un obstacle si puissant au succès de notre vainqueur ',
que l'on a dit à Rome qu'il fallait être plus qu'un homme pour tenter
ce que César fit à Alesia, et presque un dieu pour l'exécuter ^ Après
Alesia, Gergovie, dans le pays des Boïens {'], attira mon attention.
1 CtBS. de lîcll. Gall. VII, 49. = 2 Palercul. II, U7. (<•) Les départements de la Seine
et de Seine-el-Oise. C») Diocèse de Sens, s'élendant dans les dcpaitements do l'Yonne,
du Loiiel, de Seine-et-Marne, et de l'Aube. (') Dans les parties occidentale et cen-
trale de la r.ôte-d'Or. C) Ruines sur une colline au-dessus du villafîe d',l/(:p ou Sninle-
lîeine. (') I,e sud du d('i>artemrnl de l'Yonne, <•! le iinnl de relui de la Nièvre.
-IM) ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
Bàlie commo la prcniièrfi sur une haute montagne, elle fut plus
heureuse, car César l'assiégea vainement '.
Laissant sur notre droite les Arvernes {"), si terribles aux Romains
auxquels ils opposèrent souvent jusqu'à deux cent mille hommes,
et quatre cent mille quand Vercingétorix marcha contre César*, nous
entrâmes dans le pays des Ségusiens[''). Nous arrivâmes à Lugdu-
numif], ville qui, hâtie sur une haute colline', un peu au-dessus du
contluent du Uhùne et de la Saône *, semble une citadelle au milieu
du pays. Bien que sa fondation ne remonte pas à plus d'une ving-
taine d'années*, néanmoins nulle ville des Gaules n'est plus peuplée
après Narbonne.
Une route conduit de Lugdunum en Italie, ou plutôt au pied des
Alpes, grande chaîne de montagnes jetée entre cette contrée et la
Gaule Narbonnaise. Les Alpes sont une véritable barrière, et quoi-
que longue de plus de deux cents milles ('') dans la partie qui confine
à la péninsule italique, il n'y a que quatre passages pour les tra-
verser : l'un, le plus septentrional, dans le pays des PJiétiens (''); le
second, en descendant vers le midi, chez les Salasses C) ; le troi-
sième chez les Taurins (3) ; et le quatrième chez les Ligures {''), près
de la mer Tyrrhénienne®.
Nous traversâmes par le pays des Salasses, dans une partie appe-
lée Alpes Pénines''. Autant la voie est commode dans la Gaule,
autant elle devient âpre et difficile dans les Alpes : elle est impra-
ticable aux voitures ; des rochers et des abîmes affreux la bordent
partout; dans certains endroits le chemin se rétrécit tellement
que la vue de ces gouffres cause des vertiges aux piétons, et même
aux bêtes de somme qui n'y sont pas accoutumées : il n'y a que
celles du pays qui puissent passer avec leur charge en toute sûreté.
Mais le plus grand danger est celui des neiges qui couvrent les
sommets des montagnes; de temps en temps des masses énormes
s'en détachent, et cela d'une manière si imprévue, si soudaine,
et sur une longueur si considérable, qu'elles enveloppent tout
une troupe de voyageurs, les entraînent et les ensevelissent dans
1 Cacs. de Bell. Gall. VU, 36.= 2 Strab. IV, p. 191 ; ou 42, tr. fr. =3 ibid. p. 208;
ou 101 Ir. fr. — Scnec. Ep. 91. = ^ Slrab. IV, p. 186, 19-2, 208 ; ou 27, 45, 101, tr.
fr. — Dion. XLVI. .ïO. = 5 Senec. Kp. 91. — Dion Ibiil. = *= Slrab. IV, p. 208 ; ou
101, Ir. fr. = 7 Ibid. p. 204 ; ou 92, Ir. fr. — Tit.-Liv. XXI, 38; LUI, Epilo. {") Les
Auvergnats, pays compris dans les départements du Cantal, de la Haute-Loire, du
Puy-de-Dôme, et de IWilier. Z* Les départements de la Loire et du Rhône. ^«) l.yon,
au quartier de Fourviére. (<*) 296 kilomol. .'^00. ' Pays des Grisons, [f] Le mar-
quisat de Saluées, en Savoie. (9) Turin. ;'' La prinripauléde Lucqnes.
LKTTRE I. 241
]os vallées sans fond au-dessus desquelles on marche eomme sus-
pendu'.
Nous rencontrâmes au milieu de ces lieux escarpés une espèce de
chèvre de rochers, nommée Ibex, animal fort léger, et qui a un
singulier moyen de franchir les obstacles qui s'opposent à sa course :
c'est de faire servir l'élasticité de longues cornes qui s'élèvent sur
son front, à se lancer de roche en roche, comme on lancerait une
pierre avec une baliste ^.
Il nous fallut plus de cinq jours pour traverser les Alpes^ Le tra-
jet me parut d'autant plus long qu'on ne trouve d'habitations que
dans les lieux bas et sur les pentes inférieures : les neiges qui cou-
vrent les heux hauts, les rendent inhabitables*. On n'y voit d'autre
trace du séjour des hommes qu'un petit temple consacré au dieu
Penin, qui a donné son nom à ces montagnes^.
Le pays des Salasses regarde le côté de l'Italie. II occupe une pro-
fonde vallée en forme de golfe bordé par une double chaîne de mon-
tagnes, dont ces peuples habitent aussi quelques hauteurs®.
Immédiatement au bas des Alpes s'étend une plaine immense,
semée de collines très-fertiles : c'est la Gaule, que de sa position nous
nommons Transalpine, et les Romains, Cisalpine'^ ou Togée, parce
que l'on y porte la toge, habit dislinctif de la nation romaine*. Le
Padus if), appelé le roi des tleuves', traverse cette province dans
presque toute sa longueur, et la divise en deux portions presque
égales, la Cispadane, et la Transpadane. La Cispadane comprend
tout ce qui, sur la rive droite du Padus, borde les monts Apen-
nins, et la Ligurie ; La Transpadane occupe le reste de la plaine.
La Cispadane est peuplée de Liguriens et de Gaulois; la Transpa-
dane, de Gaulois descendants des Transalpins'*', c'est-à-dire des
Celtes; car la Celtique, notre pays, et ses habitants les Celtes, les
Romains les nomment la Gaule et les Gaulois '\ dénominations dont
je me suis déjà servi, et que j'adopterai désormais pour éviter toute
confusion.
Ce fut donc encore des compatriotes que je rencontrai dans ce
pays. Il y a environ six siècles, nos Gaulois envoyèrent des troupes
1 Strab. IV, p. 204 ; ou 93, tr. fr. = 2 piin. VUf, 54. = 3 Strab. IV, p. 209 ; ou
103, tr. fr. = * Polyb. UI, 2. = 5 Tit.-Liv. XXI, 38. — Serv. in yEneid. X, v. 13.=
6 Strab lY, p. 204 ; ou 93, tr. fr.; V, p. 210; ou 109, tr. fr. = 7 Id. V, p. 2tl, 212
ou, 110, 114, tr. fr. = 8 Cic. Pliilipp. VU, 9. = 9 Fluviorum rex. Virg. Goorg. I, v.
482. = 10 Strab. V, 212 ; ou MO, tr. fr. — Polyb. U, 3. = u Cees. de Bell. Gall. I, 1.—
Amm. Marcel. XV, 9.— Diod. Sicul. V, p. 508. (") Le Pô.
242 ROME AU SIIXLE D'AUGUSTE.
(Véniigrants chcrchor en Italie dos terres dont ils manquaient chez
eux. Ils s'emparèrent suceessivement de toute la Gaule Cisalpine
(relativement à Rome), s'établirent sur les rives du Ticinus ["), du
Padus, et pénétrèrent jusqu'en Oinbric et en Etrurie, pays dont je
te parlerai tout à l'heure'. J'aurais donc retrouvé une patrie nou-
velle par delà les monts, si la patrie pouvait être voyageuse. La ville
la i)lus considérable de la Gaule Transpadane est Mediolanum [^),
dans le pays ôcslnsuhriens^^. C'est une colonie Gauloise qui date de
l'invasion dont je viens de parler; des Gaulois ayant campé sur un
terrain appelé le champ des Insubriens, la conformité de ce nom
avec celui d'Insuhrès, canton des yEduens, leur parut d'un augure
favorable, et ils y fondèrent cette ville'.
La Cisalpine en général est si fertile qu'elle surpasse le reste d(;
l'Italie pour la population, le nombre des grandes villes, et l'opu-
lence. La terre propre à la culture y produit des fruits de toute es-
pèce en abondance, et les forêts y fournissent de telles quantités de
glands, que malgré la grande consommation de porcs que l'on fait
en Italie, tant pour la vie que pour les provisions de guerre, pres-
que tout se tire de cette province. Les porcs y tiennent de la nature
des sangliers. Ils sont noirs, et on les voit paître par troupeaux,
comme des moutons *. Le pays produit encore abondamment du
millet, de la laine, et du vin*.
De Mediolanum nous gagnâmes Placentia ('), ville située presque
au centre du pays; et de Placentia, Parma^ ('^), au confluent du
Padus et de la Trebia ('"). Fontéius me fit voir entre ces deux villes
des canaux navigables creusés pour dessécher cette plaine, et rece-
voir les débordements du Padus. Notre route nous conduisit de
Parma à lihegium Lcpidi (^), de là à Macricampi (»j, puis dans
le pays des Ligures C") .
La Ligurie, regardée comme la seconde partie de l'Italie, et située
dans le sein même des Apennins, entre la Gaule Cispadane et la
Tyrrhénie ou Etrurie, ne mérite point de description. Ses habi-
tants n'y sont rassemblés que dans de simples bourgs; ils n'ont à
cultiver et à labourer qu'un terrain fort âpre, ou plutôt ils n'ont
1 Slrab. V, p. 212 ; ou lli, tr. fr.— Til.-Liv. V, 17, 53, 54, 55. — Plut. Camil. 15;
Maiius, 11. = 2 strab. V, p. 212 ; ou 118, tr. fr. — Polyb. 11, 6. = 3 Tit.-Liv. V, 54.
= 4 Strab. V, p. 218; ou 140, tr. fr. — Polyb. II, 5. = » Slrab. /(/. p. 216; ou 152,
Ir. fr. (") Le Tcsin. C») Milan. (<■) Plaisance. (<*) Parme. C) La Trebia. i/) Uegglo.
(9) Plaine entre Parme et Modcne. ;'', Les Liguriens. =: ' Voy. A la fin du volume l'ob-
si'i\ allon en tète des .\ol('S et ET}>Uratim\s suiiplnncnlnirex.
LETTHl-: 1. -2ir>
qiu; (les rocs k lailler'. La principale prodiiclioii du pays consiste eu
tVomai;;es, surtout en fromages de lait de brebis'.
La première ville de la Tyrrhénic est Luna, fomeuse par son
port*. Elle est médiocre, mais le port très-beau. Des montagnes
élevées (") , d'où l'on jouit d'une vue magnifique , renvironncnt
presque de tous côtés. Près de là sont des carrières de marbre
blanc, ou tacheté de vert, exploitées pour la plupart des beaux ou-
vrages qui se font à Rome et dans toute Tltalie*.
La voie Aurélia, grand chemin qui de Rome s'étend jusque dans
la Gaule Narbonnaise , traverse Luna. Entre cette dernière ville et
Rome elle longe continuellement le littoral de la mer Tyrrhénienne,
et ce fut un motif pour me la faire choisir. Les lieux dont je vais
parler sont donc situés sur celte route.
Après Luna , on entre sur le territoire de la Macra, petit fleuve
formant la véritable borne de la Tyrrhénie du côté de la Ligurie ".
Pise vient ensuite. Cette ville s'élève au confluent de YArnus et de
YyEsar C") , dont les eaux, en se mêlant, produisent un violent choc
qui les fait rejaillir sur eUes-mêmes, au point que, d'une rive à l'autre,
deux personnes ne peuvent s'apercevoir®
Mais à quoi bon te parler d'une foule de villes que je n'ai fait que
traverser, dont les noms te sont inconnus, et qui ne me fourniraient
aucuns détails capables de t'intéresser? Je n'en ai peut-être déjà que
trop nommé : Je me bornerai donc à te dire qu'en Italie une chose qui
ajoute beaucoup à la facilité du voyage, c'est que ce pays est par-
tout coupé de beaux chemins, sur lesquels '' on trouve fréquemment
des maisons publiques appelées Tahernœ^, Diversoria^, Cauponœ^^,
ou, si elles sont peu importantes, Cauponulœ^^ . Les voyageurs y re-
çoivent une hospitalité, mercenaire à la vérité, mais qui n'en est pas
moins fort agréable et très-commode. Ces gîtes ne sont pas toujours
excellents *- pour quelqu'un habitué à la moflesse de la vie des
villes et aux jouissances du luxe ; on doit quelquefois se résigner à des
privations , s'attendre à coucher sur des lits garnis de bourre de
roseau au lieu de laine '^ faire de chétifs repas *\ ou bien encore
subir la mauvaise mine des hôteliers qui trouvent que vous ne dé-
1 Slrab. V, p. 217, 218 ; ou 135, 142, tr. fr. = 2 Plin. XI, 42. = 3 Ibid. ; lU, 5. =
* Slrab. Y, p. 222; ou 155, tr. fr. = ^ ]bid. p. 222; ou 136, tr. fr. — Plin. IH, 5.
= 6 Plin. Ibid. = '< Yarr. R. U. 1, 2. = 8 /jj^j. _ cir. ad Attic H, 12. — Fest. v. Cx-
diliœ. = 9 Varr. Ibid. — Hor. I, Ep. 15. v. 10. — Ïil.-Liv. XLV, 22. = '^ Hor. I, S.
5, V. 51; I, Ep. 11, V. 12. = " Cic. Philipp. U, 51. = »2 Til.-Liv. Ihid. = i» plin. XVI,
36.= '* Hor. I, S. 5, V.71. («) Lfs montagnes de Massa Carara. (*) L'Arno elle Scrchio.
tJii nom: au sikcle oauclste.
pensez pas assez chez eux \ et vous font payer tout fort cher -; en
un mot , supporter mille autres petits désagréments de ce genre. Je
dirai à la louange de nos compatriotes Cisalpins (relativement aux
Romains) , qu'ils sont très-désintéressés : nous n'étions pas obligés
de nous enquérir, comme presque partout, du prix de chaque chose
en particulier; nous demandions seulement combien par tête, et
nous en étions souvent quittes pour chacun un sentisse ^, petite mon-
naie de la plus mince valeur ("j.
Une fois arrivés dans l'Italie proprement dite, c'est-à-dire à partir
de Luna, Fontéius nous délassa de temps en temps de cette vie de
taverne en me menant prendre l'hospitalité chez ses amis, dans des
maisons de campagne ou des exploitations rurales situées sur notre
passage *.
Je voulais l'entretenir un peu de Rome aujourd'hui , mais mon
hôte me fait prévenir de donner ma lettre sur-le-champ, sous peine
d'éprouver dans l'envoi un retard de plusieurs jours. Les Tabel-
laires, me dit-on, attendent à la porte tout équipés, et vont partir à
l'instant même . Les Tabellaires sont les courriers porteurs des dé-
pêches expédiées aux gouverneurs de provinces ou envoyées par eux,
et qui en même temps prennent les lettres des particuliers, adres-
sées soit dans les pays où ils vont, soit dans ceux où ils passent '.
Comme on n'a guère que ces occasions, et celles beaucoup plus rares
de quelques négociants voyageurs, pour communiquer avec les con-
trées lointaines, je ne t'écrirai pas aussi souvent que je le désirerais;
j'amasserai mes lettres, et souvent lu en recevras plusieurs à la fois-
Mais les 7'afc<'//ajVes s'impatientent : adieu.
De Rome, la sixième nuit du mois d'avril *, ou suivant la manière
de compter des Romains, le V« jour avant les ides d'avril (*) de-
l'an lOCCXXXI de la fondation de leur ville.
1 Plut. Sjmpos. Il, 10 = « Juv. S. 3, v. 166. = 3 Polvb. Il, 3. = * Columel. I, 58;
XI, 1. = 0 Cic. Ep. famil. III, 3; XV, 17, etc. {") Le Semisse vaut environ 3 centimes ^/^
((>) 7 avril.
SITE ET MVRS
DE
ROME
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LETTRE il.
ARUIVIÎE A ROME. ASPECT I)E LA VILLE. — l'hOSPITALITÉ. l'eMPEREUR.
LA MAISON PALATINE.
Plus on approche de Rome, plus le pays devient animé : les che-
mins sont couverts de chars , de chariots, de mules, de chevaux de
main, et principalement de chaises ^ et de litières *, espèces de voi-
tures sans roues que des esclaves dont le nombre varie depuis deux '
jusqu'à six * et huit ^ , portent à l'épaule ^ au moyen de longs le-
viers assujettis de chaque côté ^ Il y a plusieurs sortes de litières et
de chaises: les unes sont ouvertes, * les autres fermées ^ avec des ri-
deaux de cuir ^'^ ou des voiles de lin ". L'intérieur est garni de cous-
sins ^^, sur lesquels le voyageur, mollement étendu'^, lit, écrit, ou
dort**, suivant qu'illui plaît. Les Romains se servent de chaises ou
de litières pour les petits voyages *^ ou bien de chevaux de main **,
et de voitures tirées par des mules ou des mulets •'^ , attelés deux de
front'*, pour les voyages de long cours.
Je ne saurais , mon cher Induciomare , te donner une idée de la
fièvre d'impatience, de l'émotion voluptueuse, mêlée néanmoinsd'une
sorte d'inquiétude, qui m'agitaient à mesure que nous approchions
de Rome. Chaque chose que je voyais, je la prenais pour la plus belle
de toutes, et je marchais ainsi d'admiration en admiration; car celte
ville s'annonce par une foule de monuments, de beaux édifices pu-
blics ou privés, tant sacrés que profanes , qui ornent la campagne,
ou bordent les routes à plusieurs milles de ses portes.
Le sol où passe la voie Aurélia, accidenté par une foule d'inégahtés
volcaniques, trompait à chaque instantma curiosité: nous montions; du
1 Gestaloria sella. — Suet. Vilell. 16. — Tac. Ann XIV, i. — - LecliVa. — 3 Juv. S.
9, V. 14-2.=: 4 Id. S. 1, V. 64. — Mari. II, 81; Vl, 77.= 5 Cic. cl Q. Kpisl. II, 10. —
Calul. 10. — Mari. IX, 3. = 6 Senor. Ep. 80. — Juv. S. 6, v. 351; S. 9, v. 142. = ^ Juv.
S. 7, V. 132. — Suet. Calig. 58. = ^ Nuda cathedra. Juv. S. 1, v. 65. =9 Operla Icclica.
Cic. Philipp. II, 41. — Cic. cl Q. F.pisl. II, 10.— Dion. LVII, 15.— Clausa lerlica fcnes-
tra. Juv. S. 5, v. 242. =10 Leclica luta pelle, veloque. Mari. XI, 99. = n Plagulœ.
Suel. Til. 10. — Non. Maicell. v. plagae. = 12 juv. S. I, v. 159.— Senec. Consol. ad
Marc. 16. = '3 0v. Art. am. I, v. 486.— Senec. Ep. 80— Juv. S. 1, v. 64. — Lucan. IX,
V. 589. = i'* Plin. III, Ep. 5.— Juv. S. 3, v. 240. = ^■> Cic. el Q. Episl. Il, 10.— Juv. S.
5, V. 240. —Tac. Ann. XIV, 4. — Suel. Ncro. 26; Ollio. 6.— A. OU. X, 5. = i*"' Equn.s
Ilor. I, S. 6. V. 105; I, Kp. 15, v. 10. — Ascon. in Mile. p. 181. — Mannus. Ilor. III, "od.
27, V. 7; Epod. 4, v. 14. = nv;ui-. II. W. H, 8. — A. Gell. XV, 4. = '8 Varr. IJiil.
-21 G uoMi: AU siLCLE dalglstl:.
sommet de la monlén je commonvais à découvrir la villo; mais à peine
j'apercevais le faite de quelques édifices que le sol s'abaissait, et je les
perdais aussitôt de vue. C'est que Rome se cache dans les plis du terrain
où elle est située. Las de ces déceptions, je cheminais avec une sorte;
de résignation presque indifférente, lorsqu'enfin, sous les feux d'un
soleil levant splendide, je vis la ville sortir lentement de terre à l'hori-
zon, et cette fois pour ne plus se cacher*. Fontéius arrêta notre char
pour mêla laisser contempler à l'aise, dès qu'il me fut possible de la
découvrir tout entière. Il essaya de me donner quelques explications,
mais je ne l'entendis point : j'étais plongé dans la contemplation de
l'inmiense tableau déroulé devant moi , j'éprouvais un saisissement
indélinissable de surprise, d'admiration, et de crainte. Figure-toi,
mon cher Induciomare, une plaine inmiense, couverte à perte de vue
de maisons au-dessus desquelles s'élèvent, comme de grands arbres
au milieu d'une forêt, une multitude de monuments. Jamais on n'a
vu, jamais on ne verra que là une pareille agglomération d'habitations
humaines; ce n'est point une ville, c'est une province couverte de
bâtiments. On la prendrait volontiers pour la réunion de la plupart
des cités que les Romains ont conquises, si des villes pouvaient se
transporter. Représente-toi cet admirable tableau, éclairé par un jour
d'un éclat de beaucoup supérieur à celui de ces magnifiques journées
d'été si rares dans notre climat ; tous ces édifices offrant, non l'aspect
triste et grisâtre de ceux de notre Gaule, mais une teinte blanche, ou
d'un brun safrané, qui se détache sur l'azur admirable d'un ciel pi'es-
(jue constamment sans nuages , et alors tu auras peut-être une lé-
gère idée de la magie de ce tableau.
Ce spectacle , les souvenirs sans nombre qu'il avait réveillés dans
mon âme, me causèrent une si vive impression, qu'en entrant dans
la ville je ressentis véritablement cette émotion religieuse que je n'a-
vais encore éprouvée que dans les lieux sombres et retirés de nos
belles forêts, où, sous l'inspection des Druides vénérables, nous
adorons le puissant Tentâtes K Mais mon recueillement ne dura pas
longtemps, et le bruit qui vint m' étourdir y mit promptement fin. Je
disais tout à l'heure que je ne croyais pas qu'il y eût de ville plus
étonnante que Rome : je pourrais ajouter encore qu'il n'en est pas
de plus bruyante ni de plus criarde.
A peine a-t-on commencé de pénétrer dans ses rues, qu'on ren-
' Lucan. I, v. 453.
LI/iTKE H. -217
conli'O iint! foule tU; petits marchands ambulanls, qui lu- iuiil i)oint
dix pas sans annoncer leur marchandise à haute voix : ce sont des
vendeurs d'aUumettcs soufrées, cherchant à échanger leur légère
marchandise contre les déhris de verres cassés * ; des marchands de
menus aliments , qu'ils débitent à la foule oisive qui les entoure '^;
des baladins ^ des prestigiateurs qui, avec l'adresse la plus éton-
nante, escamotent de grosses balles qu'ils placent sous des gobe-
lets * ; de robustes thaumatopes portant des poids énormes sur le
iront, et élevant jusqu'à sept ou huit enfants sur leurs bras ^; des
circulateurs^ montrant des vipères ou des serpents"', par lesquels ils
se font mordre, et neutralisant aussitôt les effets de la morsure avec
une potion ou un médicament ^ qu'ils vantent aux spectateurs dans
un flux de paroles impudentes et ridicules ^ ; des oiseleurs faisant
voir dans des cages des oiseaux dressés à obéir au commandement'*;
de misérables athlètes , se battant à coups de poing, brutalement et
sans art, pour amuser le peuple "; enfin, des enfants qui jouent dans
les rues et sur les places publiques'-.
L'univers semble s'être donné rendez-vous à Rome, et le peuple
qui l'habite est si nombreux que l'on ne peut faire im pas sans ren-
contrer un obstacle : ici, le chemin se trouve barré par une machine
qui enlève une lourde pierre, ou une poutre immense ; là, ce sont des
convois funèbres qui s'embarrassent au milieu des chariots'^; plus loin,
c'est une troupe de manœuvres et de mulets; c'est un chien enragé
que l'on poursuit, ou une bande de pourceaux qui se précipite à tra-
vers la foule '*; puis des charbonniers, chassant devant eux des ânes
chargés de charbon '°; des muletiers qui dans une montée un peu
rude , soulevant à l'épaule la partie postérieure de leurs chars, pour
soulager leurs mules, viennent à plier eux-mêmes sous le fardeau ,
et reculent en renversant dans une course rétroactive tout ce qui se
rencontre derrière eux '* ; des marchands de chair ambulants", qui,
au moyen d'un cercle posé sur la tête '^ y portent en équilibre un
morceau de tripes pendantes, un poumon rouge et sanglant'*, dont
ils salissent tous ceux qui les approchent. Je n'en finirais point
1 Mait. I, 42; X, 5; XII, 57. = 2 M. I, 12. = » Ex Circo ludii. Suct. Aug. 74.=
* Pra-stigialores. Senec. Ep. 45. =5 Mart. V, 12. =s Ciiculatores. Digest. XLVU, til. 11,
Ifg. 11.='' Ibid. — Mart. 1, 42. = » Gels, de re mcd. V, 27. — ,Elian. de animal. V,
2; IX, 62. — 9 Mart. X, 5.= 10 Manil. V, v. 385.= " Suet. Aug. 45.= 12 Xon. Marcell.
Y. cxpiilsim. = l3Hor. I, S. 6, v. 42. =1* Id. H, Ep. 2, v. 72. =15 Appian. de V.vW. civ.
IV, p. 985. = le Digest. IX, tit. 2. Lcg. 52 § 2. = l' Tit.-Liv. XXII, 20. = '» Fcst.
V. Ceslicillus = '9 Mart. VI, C4.
•218 KOML AL ttIHXLL D'AUGUSTE.
si je voulais décriie seulement hi (lentiènie partie des scènes
de ce genre qui se passent continuellement dans les rues deRonie.
11 m'a fallu payer le tribut de mon inexpérience à me mouvoir au
milieu de ce monde, à me garantir de ses inconvénients et de ses
dangers. Je m'arrête pour voir un superbe cheval : un soldat passe
près de moi et m'écrase le pied K Je me retourne; un homme por-
tant une pièce de bois sur l'épaule, m'atteint à la tète et ensuite me
crie : gare ! — « l*ortez-vous donc encore autre chose, » lui dis-je
tout en courroux - ? et lui de s'éloigner en riant. Ce petit accident
me sépare de Fontéius : je veux courir après lui, mais un villageois
ivre, conduisant toute sa famille sur un chariot' plaf^, arrive au plus
étroit de la rue, oii déjà setrouvail un autre chariot gémissant sous
le poids d'une grosse colonne de marbre, et péniblement tiré par
des bœufs*. Chacun veut passer le premier; les chars s'embarrassent,
les conducteurs se prennent de dispute, échangent mille injures ; la
circulation est interrompue ^, et la foule de voitures, de litières, de
piétons, de chevaux, s'amasse en peu d'instants, et retlue sur elle-
même, connue un torrent dont le r;oursest barré. Je cherche une issue
pour m'échapper : une grêle de tuiles détachées du toit d'une mai-
son, tombe à mes pieds. Epouvanté, je me jette d'un autre côté : les
débris d'un vase rompu, lancés par une fenêtre, mettent le comble à
mon etîroi ''. Je trouve moyen de passer, et pour plus de sûreté je
me tiens dans le milieu de la rue ; mais une voiture arrive derrière
moi au galop ; le conducteur m'avertit par le claquement de son
fouet *; je ne connaissais pas encore ce signal, et je fus sur le point
d'être renversé aux pieds des chevaux.
Enfin , mon cher Induciomare, on ne saurait avancer dans cette
ville qu à travers des milliers d'obstacles de tous genres, sans cesse
renaissants, qu'à force de coups de coudes donnés et reçus, qu'en
luttant et criant contre la foule ^; qu'en se battant et se querellant,
pour peu qu'on soit atïîigé d'impatience "*. Je t'avoue que l'impé-
tueuse irascibilité dont je ne suis pas plus maître que la plupart de
nos compatriotes *'fut ce jour-là souvent mise à de rudes épreuves.
II n'y a pas jusqu'à ma stature, ordinaire dans notre pays, et ici
1 Juv. s. 3, V. 235. = 2 Cic. de Oral. 11, 69. = Mibuil. I, 11, v. 51.=4Pl;;us-
Irum. Scliefr. de re vehicul. II, 19. — 3 Tibull. 11, 6, v. 25. — « Juv. S. 3, v.236. =
' Ibid. V. 268. =^ 8 /d. S. 8, V. 153.= ^ Lurlandum in (uiba ; facienda injuria laidis.
Hor. II, S. 6, V. 28. = •<> Très simitu res cscndje sont :... el ciirrendum, et pugn.in-
dum, el aulem jurgaiidum'st in \ia. Plaut. Mercat. I, 1, v. 8, 9. := 'i Til.-Liv. V, 37.
LETTRE 11. ÛW)
comparativement très-haute ' ; jusqu'à ma chevelure blonde et (lot-
tante^, jusqu'à la blancheur de mon teint' (jui, attirant quchiuefois
sur moi l'attention de ces petits Romains* à face bridée, ne fussent
aussi un obstacle à ma marche.
Nous avions laissé nos mules gauloises à la porte de la ville, et
bien nous en prit, car au milieu de cette coliue, de ces mille bruits
qui se croisent, meurent et renaissent incessamment, nos pauvres
bêtes habituées à obéir à la parole n'auraient pu nous entendre, et
comme elles ne sont point bridées % nous n'aurions pu en être maî-
tres. Fontéius, après m' avoir fait traverser je ne sais combien de rues,
de places, de carrefours, me conduisit à la maison d'un ancien préfet
des ouvriers dans l'armée de César ^ de Mamurra, chez lequel je
voulus prendre l'hospitalité, parce que mon aïeul Camulogène la lui
avait donnée autrefois.
Nous entrons dans une superbe cour entourée de portiques en
colonnade, et Fontéius ordonne à un jeune gart^'on d'aller nous an-
noncer, formalité à laquelle on ne saurait manquer sans passer pour
incivil ''. Peu d'instants après, Mamurra vint, au-devant de nous, et
nous salua * en portant la main droite à sa bouche, et contournant
un peu son corps de droite à gauche, tandis qu'à la manière de notre
pays, je le tournais de gauche à droite '. Nous joignîmes nos mains
droites en signe d'amitié'", puis il m'embrassa. C'est une marque
d'affection que les Romains prodiguent à leurs amis '*, et souvent à de
simples connaissances. « Vous portez-vous assez bien ? » nous dit-
il '-, information d'usage avec des amis. Puis m'adressant directe-
ment la parole : « J'ai beaucoup connu votre aïeul, continua-t-il en
m'appelant par mon nom, ce qui est encore une marque de poli-
tesse'^ et je suis charmé de recevoir son petit-fds. Soyez ici comme
chez vous, usez de ma maison, de mes esclaves, et de tout ce que je
possède, comme bon vous semblera. Dépenser pour une femme
méchante ou pour un ennemi, c'est perdre son argent; mais pour
un hôte et un ami, c'est tout gain'*. Voici Theure où la chaleur du
1 Tit.-Liv, V, 35. — Amm. Marcell. XV, 12.— Diod. Sicul. V, p. 305. = 2 Tit.-Liv.
XXXVni, 17. —Amm. Marcel!. — Diod. Sicul. /ôjrf.- Sirab. V, p. 196; ou 62, tr. fr. =
•i Tii.-l.jv. Id. 21. — Amm. Marcell. — Diod. Sicul. /éid. = * Gallis, pree magniludine
corporum sacrum, brevilas nostra conlenilui esl. Cees. de Bell. Gall. II, 50. = 5 ciau-
dlan. Kpigr. = 6 cic. ad Allie. VII, 7.— Plin. XXXVI, 6. = '^ Senec. Kp. 43. = 8 'ij|._
Liv. VU, 5. =9 Plin. XXVllI, 2.= i» Cic pro reg. Dfjot. 3.— Virg. /Eneid. III, v. 83.
= 11 Hor. 1, S. 3, V. 43.— Mari. XI, 99; XII, 59. — Suet. Tib. 10, 34;Ncro. 37. = 12 Sa-
tin' Salve. Sali, fragm. II, 192, édit. Duiosoir. = " pijn. XXVllI, 2. = l* Plaut. Mil.
glor. 111, 1, V. 79.
-2-20 KO.MK Al ,Sli:CLK D'AUGlS'i'h:.
jour (Icvionl accablanln : co climat, auquel vous n'êtes pas habitué,
ot la fatigue du voyage, doivent vous faire sentir le besoin de reposer
un peu : je vais vous conduire à la cbambre hospilaiicre ', réservée
aux hôtes que la faveur des dieux m'envoie *. »
Quoique l'hospitalité soit exercée à Rome moins libéralement que
chez nous, elle y est cependant en très-grande vénération ; les Ro-
mains la mettent sous la protection des dieux ^, et surtout du plus
grand de leurs dieux, de Jupiter, roi du ciel *. Un hôte devient pour
eux une personne sacrée : ils le regardent, suivant son âge, comme
le père, Tenfant, le membre le plus chéri delà famille, et le soignent
chez eux, s'il vient à y tomber malade ^. Ils peuvent avoir tous
ces' soins, toutes ces prévenances, car tandis que ce serait un crime
chez nous de fermer sa maison même au dernier des hommes *, on
ne devient guère l'hôte des Romains à moins d'être connu d'eux, ou
tout au moins de leur avoir été recommandé *.
Mais, en compensation, l'hospitalité établit une sorte de parenté,
se transmet de génération en génération, résiste aux haines et aux
ruptures des nations entre elles ', et n'est jamais rompue que dans
les cas les plus graves. Une petite tablette de bois, appelée la Tessère
hospitalière, et que tout Romain qui donne ou reçoit l'hospitalité
partage avec son hôte avant de le quitter, sert perpétuellement de
signe de reconnaissance '. Elle porte une inscription relatant les
noms de ceux qui se sont liés d'hospitalité, l'année, le mois et le jour
où ils contractèrent cette haison, et la mention qu'elle a été faite pour
eux et leurs descendants*. Quiconque devient infidèle aux liens hos-
pitaliers, encourt une sorte d'infamie: « Allez chercher quelqu'un
qui ait en vos serments plus de confiance ; vous avez rompu la tes-
sère hospitalière; » voilà des paroles que j'ai entendu adresser à un
violateur de cette union sacrée '.
Tuer son hôte est un crime '" considéré comme un vrai parricide".
Vers le temps de la jeunesse de Rome (et l'anecdote que je vais
raconter est loin d'être unique en son genre), un citoyen de cette
ville, nommé T. Quinlius Crispinus, avait pour hôte et pour ami un
Campanien nommé Badins. Capoue s'était révoltée contre Rome,
et les Gampaniens l'assiégeaient. Radius paraît aux postes avancés,
1 Hospitale cubiculum. Tit.-Liv. I, 58.=2piaul. Mil. glor. HI, 1, v. 82. =3 V. Max. V,
1, 5. = * Virs;. /Eneid. 1, v. 753. = •' V. Max. /éid. = 6 jac. Mor. Germ. 21.=
7 Til.-Liv. VUI, 3. = s l'Iaut. INpr.-il. V, 2, v. 82.— Crufor. p. 5G2, 563. = 9 Plaut.
Ciàtell. U, 1, V. 27.= >0 Gall. (.-k-:;. 1, v. 78.= 'i Ilor. H, (Kl. 13, v. 7.
LETTRE 11. 221
fait appeler Cnspinus, et le provoque au combat. Ce dernier répond
qu'ils ont assez d'ennemis contre lesquels ils peuvent éprouver leur
courage ; que pour lui, quand même il le rencontrerait dans la mê-
lée, il se détournerait afin de ne pas souiller ses mains du sang d'un
hôte et d'un ami. Le C.ampanien redouble ses provocations, et dit
que « Si la rupture des traités entre les deux villes ne lui paraît pas
sutlisante pour briser les liaisons particulières, Badins de Capoue
signifie à T. Quintius Crispinus de Rome, qu'il renonce hautement
à toute relation d'hospitalité. » Il ne fallut pas moins qu'une telle
déclaration pour déterminer Crispinus à accepter le combat. Mais le
ciel fut juste, et le violateur du saint nœud hospitalier tomba sous
les coups de celui qu'il avait contraint à devenir son ennemi '. L'im-
pitoyable Sylla proscrivant en masse tous les partisans de Marins à
Préneste, et ordonnant le massacre de douze mille de ces proscrits,
en excepta un seul parce qu'il était hé d'hospitalité avec lui^
Un Romain n'attend jamais qu'un hôte réclame ses services, il
vient les lui offrir de lui-même; ses ennemis deviennent les siens
propres, et en cas de contestations judiciaires, il se porte spontané-
ment leur accusateur^. Mais une chose bien plus belle, bien plus
digne de la majesté du peuple romain, c'est que les liaisons d'hos-
pitalité ne sont point circonscrites entre les individus; elles s'éten-
dent jusqu'aux nations \ Dès qu'un magistrat romain a reçu
l'hospitalité publique dans un pays, dans une ville, cette ville de-
vient son hôtesse ; alors il se constitue à tout jamais son protecteur
auprès de ses concitoyens, et se charge des affaires qu'elle peut avoir
à Rome». Relativement aux liaisons de nation à nation, je ne saurais
mieux te citer que celle qui existe depuis tant d'années entre le
peuple Romain et les Éduéens, nos compatriotes ^
Enfin l'esprit hospitalier est si bien dans le génie de la nation,
qu'on a fait des devoirs qu'il impose nne espèce de droit des gens :
tous les ambassadeurs envoyés à Rome y reçoivent l'hospitalité pu-
blique'', ceux des peuples ennemis, hors de la ville; ceux des na-
tions alliées, dans la ville même *. Ils sont entretenus, eux et leur
suite, aux frais de la république', avec tous les soins, toutes les at-
1 Tit.-Liv. XXV, 18. -V. Max. V, 1, 3. =2 piui. Sylla, 32. = 3 pijn. m, Ep. h. =
'' Tit.-Liv. I, 45; VllI, 5. = ■' Cic. Calil. IV, 11 ; in Verr. IV, 6.5. — Plin. lU, Kp. h.—
Miuini, AUi desli Arvali, p. 782, 785. = « C;cs. de liell. Gall. I, 31. = 7 Tii.-|,iv.
XI.V, 20. — Plul. Quœsl. roni. p. 115. = « Tit.-Liv. XXX, 22; XXXiU, 24.— Appiaii. «le
1!<'11. llisp. p 47fi. = 9 '|i,_|,jv. XWIil. 2'<.
:222 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
tentions do l'hospitaliti'' privf'e *, et souvent on fait aux ambassadeurs
amis des présents niaf^niliqiies*.
Pour achever le récit de la réception hospitalière de Mamurra, un
splondide repas, appelé le foslin de la bien venue, anquol furent in-
vités seulement quelques amis choisis, termina la journée '. Je me
plais à te confirmer ce que nous ont dit souvent à Lutèce beaucoup
de mar(;hands : Rome est la ville la plus polie, la plus civile du
monde, et en même temps la plus obligeante envers les étrangers *.
Mon arrivée, en qualité d'hôte, mit toute la maison en mouvement;
on s'eflbrca de lui donner un air de fête, et de rendre les chambres,
le mobilier plus propres, plus l)rillants encore qu'à l'ordinaire"*.
Parlons maintenant de Rome. La ville est bâtie sur un sol singuliè-
rement inégal, qui renferme sept montagnes, ou plutôt sept collines,
car elles n'ont que cent vingt à cent trente pieds, environ, de haut ".
On les nomme l'Aventin, le Palatin, le Cœlius, l'Esquilin, le Viminal,
le Quirinal, et le Capitolin''. Un petit fleuve, à peine aussi large que
le grand bras de la Seine à Lutèce, le Tibre, arrose Rome; il coule
à l'occident de la ville, bâtie tout entière près de sa rive gauche,
et ne la baigne que dans un court espace, au moment où il va s'en
éloigner. Il y a au milieu du lleuve une île fort originale : elle est
bordée de quais en pierre, dont toute la partie en aval est
façonnée comme les bordages d'un navire. On l'appelle \ Ile du
Tibre ou \ Ile Tibèrine^. Deux ponts de pierre, l'un nommé Fa-
bricius, sur le bras gauche du fleuve *, et Tautre Cestius, sur le
bras droit, la relient à la ville et à la région Transtibérine "*. Cette
île n'existe que depuis l'expulsion des rois; lorsque Tarquin fut
chassé du trône, le peuple ravagea un champ de blé que le tyran
avait aux portes de Rome, et en jeta la moisson dans le Tibre, comme
grain impur. Les gerbes s'arrêtèrent non loin de là, au milieu du
fleuve, et devinrent le noyau d'atterrissements que le temps rendit
assez considérables pour leur donner la consistance d'une île ". De-
puis plus de deux siècles elle était demeurée à l'état vague, lorsqu'Es-
culape, dieu de la médecine, ayant été amené à Rome sous la forme
d'un serpent, pour faire cesser une peste afï'reuse qui sévissait contre
1 PIul. Ouscst. rom. p. 113. = 2 /ôùf.— Tit.-Liv. XXVIU, 39; XXX, 17; XLH, 6, 24;
XLV, 20. = 8 Plut. Sympos. VUl, 7. = * D. Halic. I, 89. =3 Plaut. Slirh. II, 2, v.
25.— Juv. S. 14, V. 59.— A. Gell. XYUI, 12. = « Brorchi, Suolo di Hoina, p. 211. =
"^ Voy. la carte du Silc el des Murs de Uotne. = * Plan et Descript. de Kome, n» 504.
= » Ibid. n" 308. = 10 ibid,. no 509. = H Tii.-Liv. 11, 5. — D. Halic. V, 13. — Plut,
Poblic. 8.
LETTRE II. ^220
los Romains, la choisit pour son refuge. Dès lors elle lui fut consa-
crée ; on lui bâtit un temple à la pointe de Tile où il était descendu ',
à l'endroit où est le joli quai dont je viens de parler, et dont la forme
rappelle la translation du dieu, apporté à Rome sur un navire ^ de-
puis Épidaure, ville du Péloponnèse , où une ambassade avait été
le chercher^.
Je comparais tout à l'heure Rome à une province bâtie : c'était
trop peu, et je devrais plutôt dire que ce sont trois ou quatre pro-
vinces l'une sur l'autre. Les maisons y sont d'une hauteur si prodi-
gieuse que dans beaucoup d'endroits la ville se trouve triplée*,
quadruplée ^ sextuplée même S sans occuper une plus grande su-
perficie de terrain. Tu connais cette manœuvre de guerre appelée
la tortue, où des soldats plaçant le bouclier sur leur tète, établis-
sent un ordre de bataille vertical pour monter à l'assaut d'une mu-
raille'': voilà le modèle que l'on semble avoir pris ici dans la
construction de la plupart des maisons; les habitants de Rome sont
perchés les uns au-dessus des autres, comme s'il voulaient escala-
der le ciel. Ce qu'il y a de bien, c'est que leurs habitations sont
rangées par files contiguës, sur la lisière des chemins. Presque
toutes sont construites en briques cuites* ou crues*, avec des assises
de pierres carrées de place en place, ou de pierres taillées en petits
cubes arrangés en losanges les uns sur les autres, de manière à imi-
ter la forme d'un réseau, ce qui est assez joli ^ La plupart des cou-
vertures se terminent en plate-forme *°. On voit cependant aussi des
faites en pente, munis de tuiles enterre cuite ", ou bien de dalles de
couleur ou coloriées, imitant de loin le plumage du paon '^ Sur
quelques vieilles maisons, des bardeaux^^, petites planches de chêne,
de hêtre, ou de sapin, remplacent les tuiles ou les dalles ^\
Pour les rues, elles sont, en général, irrégulières, tortueuses,
étroites *^ surtout dans les anciens quartiers *^ et, comme de juste
sur un sol aussi accidenté, montueuses en beaucoup d'endroits,
quelquefois même si roides , qu'il a fallu y pratiquer des de-
IV. Max. 1, 8, 2.— Ov. Metam. XV, v. 626. — Plan et Descript.de Rome n" 305. =2 Con-
jecture. = s V. Max. I, 8, 2. — Ov. Metam. XV, v. 643. = * Tit.-Liv. XXI, 62. = » Cic.
de leg. agrar. Il, 35.— Vilruv. II, 8. — Tac. Ann. XV, 43.— Strab V, p. 233; ou 210,
Ir. fr. ; XVI, p. 257; ou 221, Ir. fr.— Plut. Crass. 2. = 6 Strab. V, p. 233; ou 210, Ir.
fr. = 7 cœs. de Bell. Gall. Il, 6. — Dion. XLIX, 30 = » Suet. Aug. 28. — Diod. Sicul.
XIV, p. 52.1. = 9 Vilruv. II, 8. — Plin. XXXVI, 22. = '" Vilruv. VII, 1. — Plin. XXXVI,
23. = Il Plin. Id. 15.— Plut. Svlla, 9. = '- Plin. lbid.= '3 Scandula. Plin. XVI, 10.=
1* Ibid. = 15 Cic. de leg. agrar. II, 33.— Juv. S. 6, v. 78. — Suet. Nero. 38. = i6 Suet.
Ibid. — Tac. Ann. XV, 38, 45. — Diod. Sicul. XIV, p. 324.
-22i ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
i;t(;s'. r^os plus grandos sont parli.gûfts on troissui'la largeur: au milioii
est la voie proprement dite, pour les chars, les bêtes de somme, les li-
tières; et le long des maisons, un sentier* dallé, de deux àquatre pieds
de large, pour les piétons. La voie a huit pieds, le passage de deux
chars de fronts Dans les détours elle s'élargit souvent jusqu'à seize
pieds*. L'étroitesse des rues, et la grande hauteur des maisons font
ressembler Rome à une ville quasi souterraine; on s'y trouve, la
plupart du temps , plongé comme dans des défilés profonds. Si
cette disposition n'est pas très-agréable à la vue, on y trouve l'a-
vantage que le soleil pouvant à peine descendre dans ces ruelles pro-
fondes, il y règne une fraîcheur très-favorable à la salubrité ^ Des
autels de petites divinités dans la plupart des carrefours ^ des statues
sacrées ou profanes, en très-grand nombre'', des étalages de mar-
chands barrant presque le passage, et en l'air, des élolfes ou des
habits pendus au-devant des maisons habitées par des foulons,
pour sécher*, complètent l'aspect des rues de Rome.
Mamurra m'a conduit hier au lever de l'empereur, ou plutôt,
conmie on dit, à la salutation de César^. Tout le monde y est admis
indistinctement, jusqu'aux dernières classes du peuple*". Il y avait
foule; cependant on ne se mêlait point, et chacun en attendant l'ar-
rivée du maître, se livrait au plaisir de la conversation sur une belle
place carrée qui précède la maison impériale". Tout à coup on an-
nonça que la salutation commençait'*. Alors la multitude se forma
d'elle-même à peu près en colonne, et vint défiler devant le chef de
l'empire, placé sous un portique de la façade de sa maison, où il se
tenait tantôt debout, tantôt assis *^. Il adressait de temps en temps
quelques paroles aux personnes qu'il reconnaissait, et recevait les
pétitions qu'on lui présentait"*. Il avait près de lui un grand j)e7asf,
coitfure dont il ombrage sa tête quand il sort, parce qu'il ne peut
endurer le soleil, même le plus faible '^
César-Auguste est petit de taille , mais fort bien fait" ("); on dit
qu'il se grandit un peu au moyen de sa chaussure '^ Il a les cheveux
légèrement bouclés et tirant sur le blond, les oreilles moyennes,
1 Suet. Aug. 72.— Vilell. 15.— Fesl. v.romanam e< larquiliae.= 2 via cl seniila. Plaul.
Currul. H, ô, v. 8.— V. Max. V, 2, l.i= 3 Descript. de Rome, n» 2i, § XX, cl lïuiii. île
Pompei, passim. — * Digesl. VUI, lit. 3, leg. 8. = 5 Tac. .\nn. XV, 43. =6 Ov. FasI. V,
V. 129. — Sud. Aug. 31. — n. Halic. IV, li.— 7 Dion. LX, 23. = 8 Digest. XLUI, lit. 10,
Icg. 1, §tt.— ^ Salulalio Cœsaris. A. Gell. IV, 1 ; XX, l.= »0Suet. Aug. 5:}. = ii a. Geil.
Ibid. — Plan cl Descript. de llonic, ii» 224. =^ '^Nunlialum est Cansarem jani saluiari.
A. Cell. XX, 1.= '3 Dion. LVl, 26. = 1* Suel. Aug. 53.= i» 7i/d. 82. = 16 Suel. Aug. 79.
= '"/éi(/. 73. = (") Il avait r> pieds 9 pouces romains [1 mèlr. 773]. Suel. Aug. 79.
LETTRE II. 22r.
les yeux exlrêmement grands S verdàlrcs comnin coiw dos che-
vaux, et si brillants, si pleins (h; feu, qu'il est dirticile d'en sup-
porter l'éclat-; des sourcils qui se joignent, le nez a((uilin, les
dents écartées, courtes et rouillées, et le teint un peu brun. Il
est dans la force de l'âge, il n'a que quarante-deux ans. Sa voix
est douce et sonore '\ et soit qu'il parle ou qu'il garde le silence,
son visage est naturellement tranquille et serein * («).
L'empereur demeure au mont Palatin, dans une petite maison
fort modeste. Les portiques en sont peu spacieux, et l'on n'y voit
que des colonnes simplement de pierre. L'intérieur, que Mamurra
me fit visiter pendant que la salutation s'achevait, répond à la mo-
destie du dehors, et n'égale pas, à beaucoup près, la demeure do
mon hôte, pour la richesse et la somptuosité; là, pas plus que dans
les portiques, point de marbres, point de pavés précieux ^ Je vis dans
la chambre impériale une statuette d'or de la Fortune de l'empire ^,
la seule chose un peu remarquable qui s'y trouve ; car le mobilier en
est si simple, que le maître du monde l'Gpose sur un petit lit bas et
couvert de housses de peu de valeur''. Du reste, cette simplicité est
générale, et tout ce que j'ai vu dans les diverses chambres ou salles,
en ameublement, en tables, en lits, atteint à peine à l'élégance d'un
simple citoyen ^
Dans une ville où il y a tant de belles maisons, il serait ditficile,
pour ne pas dire impossible, de reconnaître à cette habitation la de-
meure du chef de l'empire. Une chose cependant la distingue, c'est
que la porte en est surveillée par des soldats en armes, comme celle
d'un camp^ et, ce qui me paraît assez singulier, par des soldats Ger-
mains ; ces étrangers composent la garde particulière de l'empereur'".
Je ne te parlerai aujourd'hui ni du Forum, ni du Capitale, ni
du Champ-de-Mars, ni d'une foule de magnifiques monuments
que j'ai déjà visités ; dans mon avidité de tout voir, j'ai passé
rapidement devant ces choses admirables , mais j'y reviendrai
dans mes prochaines lettres. Je finirai celle-ci en te disant que
les Romains ont, comme nos frères de l'Aquitaine, des Soldu-
riens qu'ils appellent Clients •*, et se font servir par des esclaves.
> Suct. Aug. 79. = 2piin. Xf, 37.— Serv. in .4=:nei(l. VlII, v. 680. —A. Vict. Aug. =;
^Sucl. Aug. 84. = 4 Ibid. 79. = S Ibid. 72. — 6 Capitol. Anio. Pii. 12. — Sparlinii.
Scver. 23.='' Suet. Aug. 75.^^1losi(Juis loclis alquc moiisis, quorum pleraque ^ix pri-
valiPelcganliœ sinl. Sud. Ibid.= ^ Fulgcnlil)us aimis ronspicuisposlcs. Ov. Trisl. Hl, 1,
V. :5:î. — Sud. Aug. /.O.— Tac. Ann. I, 7, 2i ; XIl, G9. = 'o Sut-I. Aug. -'«9. = '' Ca-s.
ilo lîoll. Call. Ul, 22. i") Voy. sur lo llcuron (hi liirc dii volunip la médaillo d'Auguste.
1o
LETTRE m.
LE FOIlt'M ROMAIN.
Le climat de ce pays est si doux, la température si agréable, que
les Romains vivent plus en plein air que dans l'intérieur de leurs
maisons; affaires publiques, affaires privées, assemblées du peuple,
réunions de magistrats pour rendre la justice, réjouissances, jeux,
plaisirs, presque tout se passe sous la voûte des cieux. Deux endroits
servent plus spécialement que d'autres à cette vie extérieure, ce sont
le Forum romain et le C/iamp-dc-Mars. Je vais essayer aujourd'liui
de te faire connaître le premier.
Le Forum romain est une grande place carrée, presque régulière,
mais.moitié plus longue que large : elle a huit cents pieds sur quatre
cents environ ("), et s'allonge entre le mont Palatin et le mont Capito-
lin*. Des voies pavées la bordent à l'orient, à l'occident, et au septen-
trion, encadrant ainsi sur trois côtés son aire qui est munie de grosses
pierres plates quadrangulaires, de couleur un peu jaune. Tout autour
s'élèvent des temples, des basiliques, des arcs de triomphe ; au milieu,
des autels, des colonnes statuaires, et surtout des statues. C'est sur
cette place que les Romains tiennent la plupart de leurs assemblées
poHtiques, et qu'ils traitent aussi de leurs affaires importantes*; il
faut donc que tu la connaisses d'une manière un peu détaillée: cela
n'est pas moins indispensable à l'intelligence des milliers de choses
dont je vais avoir à t' entretenir par la suite, que ne le serait la topo-
graphie d'un champ de bataille pour bien comprendre une bataille.
Je te fais arriver par la voie Sacrée, limite du Forum au septen-
trion*. C'est le chemin que je prends quand je me rends sur celte
place en descendant du mont Cœlius, où demeure mon hôte. Un bel
arc triomphal, ['Arc de Fabius'', à cheval sur cette voie, forme
comme la porte du Forum à l'orient.
Une autre rue, la voie Neuve^, qui borne le Forum de ce côté,
traverse au pied de l'Arc, puis immédiatement au delà commence la
1 Voy. le Plan de Rome, Ville ,,;.g., et la Desrripl. de Rome, p. 50. = 2 D. Halic.
ni, 67.— Tir.-Liv. — Cir. — Sali. — Flor. — Plut, ctf., passim. = 3 Plan el Descript. de
Rome, n" 55. = * Ibid. n" 127. = ■' Ihid. n" 111. "i 257 mélr. OiO, sur 118 m. 520.
•iii-bi*'e.^
tmÇ \ i
M
LETTRE in. 227
place avec ses édifices. On trouve à droite, sur la lisière septentrio-
nale de la voie Sacrée qui se présente perpendiculairement, d'abord
le temple d'Ops-Consiva, enclave dans la liegia^ ou maison royale,
habitation d'un prêtre appelé le Roi des sacrifices.
Après la Regia sont les Tavernes* neuves^, maisonnettes occupées
par des comptoirs de banquiers on prêteurs d'argent, car les afiaires
de finances se traitent également au Forum^ Les Tavernes neuves
sont adossées à la Basilique Argentaria.
Une basilique est une vaste salle ordinairement divisée en trois ga-
leries par deux rangs de colonnes. L'ordre d'architeclure est double
sur la hauteur, c'est-à-dire que les colonnes sont superposées de ma-
nière à former une galerie supérieure au-dessus des parties latérales,
tandis que la galerie centrale a toute la hauteur de l'édifice. Les co-
lonnes des galeries supérieures posent sur un petit mur assez élevé
pour cacher la vue des promeneurs aux personnes qui sont en bas *.
Les basiliques servent de rendez- vous d'affaires pour les négociants ^
de lieux d'intrigues pour la politique*. La basilique Argentaria est
particulièrement affectée aux gens qui s'occupent de prêts et d'usure.
La Basilique yEmilia ou de Paulus, se présente après la basilique
Argentaria '^. C'est fun des plus magnifiques monuments de Rome;
toutes ses colonnes sont en marbre phrygien, belle pierre blanche à
veines violettes ("). C'est nous, mon cherinduciomare, qui avons payé
cette magnificence : il y a une trentaine d'années, J. César voulant se
faire proroger dans le gouvernement des Gaules, et voyant le consul
^milius Paulus opposé à ses prétentions, lui ou\Tit les trésors
pillés dans notre malheureux pays, et provoqua sa neutralité par un
don de quinze cents talents (*) ! ^milius se servit de cet argent pour
bâtir ce superbe édifice,
Devant la basilique ^milia, au bas de la pente inférieure du mont
Capilolin, s'élève la fameuse tribune appelée lesBostres^, parce
qu'elle est ornée de six rostres d'airain, éperons de navires conquis
par les Romains dans une bataille navale liwée il y a un peu plus de
trois siècles aux Antiates, petit peuple du Latium maritime. Cette
tribune est un large piédestal en pierre de taille, un peu plus haut
qu'un homme de stature ordinaire. Elle a la forme d'un carré
' Plan elDescript. de Rome, n" 129. = 2 Ibid. n» 150. = 3 Cic. pro leg. Manil. 7.=
* Vilruv. V, 1.— Mazois, Ruin. de Pompei, t. 3, pi. XVII. — Voy. la gravure ci-ronlre.
= 5 Plaul. Curcul. IV, 1, v. 12. —Vilruv. V, 1. = " Voy. lettre XXY = ^ Plan et Des-
oripf. de Rome, n" 131. = 8 Ibid. n" 85. (") I.e paonaz/etlo. C") 7,821,082 fr.
2-28 UOMK AU SIKCLE D'AUGUSTE.
long. On y monle par quelques degrés ménagés sur l'un des colés.
Une petite enceinte ou parquet formé par une balustrade en pierre,
défend ses abords vers le Forum.
Sur la gauche de la Tribune, un peu en arrière (nous passons
maintenant à la partie occidentale de la place), on aperçoit de flanc
le temple de la Fortune ' ; de fiice le temple de Saturne, où est le
trésor do la république -; ensuite le Tabularium du peuple^, où l'on
garde Tétat civil des citoyens ; et YArea deSaturne *, petite place au
centre de laquelle est un Autel consacré à ce dieu.
La Basilique Julia^ et le Temple de Jules-César*^ remplissent
tout le côté méridional du Forum sans le fermer, car la basilique est
séparée de TArea de Saturne par la voie du vicus Jugarius ''; du
temple de César, par une autre voie dont le nom m'échappe, mais
que j'appellerais volontiers la t^oî'e c?e Vertumne, parce quelle conduit
auprès d'un temple de ce nom*; enfin du côté oriental, par la voie
du vicus Tuscus^.
La Basilique Julia est un grand parallélogramme oblong , com-
posé de galeries en arcades formant un triple rang de portiques con-
centriques. Elle fut commencée par J. César, dentelle porte le nom
de race, et terminée par l'empereur, : • ■':]
Le Temple de César s'élève à l'endroit où le peuple fit les funérailles
du dictateur, après qu'il eut succombé sous les coups des conjurés
armés contre sa tyrannie. Il est entouré d'une colonnade d'un as-
pect sévère, à simple rang sur les côtés ainsi que derrière, à triple
rang sur la façade, et repose sur un soubassement auquel on monte
du côté du Forum par plusieurs degrés. Au milieu de ces degrés il
y a un autel érigé longtemps avant le temple, dont on attribue la
construction aux triumvirs, ou mieux à l'empereur, qui fut membre
du triuniAirat. Au-dessous de cet autel sont quelques proues de na-
vires pris à la bataille d'Actium. On les appelle nouveaux Rostres,
par opposition à ceux qui ornent la tribune dont j'ai parlé plus haut.
En passant au côté oriental du Forum, adossé au mont Palatin,
nous trouvons d'abord l'A/r/wm regiumet le Temple rond de Vesta'^'^,
dont j'aurai occasion de reparler; ensuite la Fontaine, ou, comme di-
sent les Romains, le Lac de Juturne " ; puis le temple de Castor et
Pollux^^, plus ordinairement appelé tout court temple de Castor. La
1 Plan pl Descript. de Ronip, n" 8G. = 2 ji^id. n» 88. = 3 Ibid. n» 89. = * Ihid.
n" 90. = 5 Ibid. n" 115. = 6 Ihid. 11» IIG. = '• Ibid. IV> 91. = ? Ibid. n" 114. ==
^ Ibid. n" 11:;.= ^'> lOid 11" 118. — I' Ihid n" ItO. = >i Ibid. n" 120.
't, mo
fis leur déni :
tmijc ia deiiiile de l'armée laiiiu;, et dispavmuri. ioin le i;
necs. bu :
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ensuite p »ur hàtir la • .irie Jiilia
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KiUimêlies »â9.
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II
LKTTRK III. :i>-20
t'uiidation de et; dcniici' t^^'(îiiic(^ se rattaeiu^ à rélablissciiiciU d»; la li-
l)('r(éàriomo:Tar(juin,(liass(''dii trùno, avait soulevé lo Latiuin contre
les Romains. Pendant une bataille livrée auprès du lac Kéyille, dans
la Sabine, l'an de Rome deux cent cinquante-quatre, l'armée romaine
commençait à plier, quand deux jeunes gens d'une taille au-dessus
de l'ordinaire, apparurent au général des Romains, et, montés sur
des chevaux blancs, marchèrent à la tête de la cavalerie et mirent
les Latins en fuite. Le soir même de cette victoire, remportée à plus
de treize milles de Rome * ("), deux jeunes hommes d'une taille ma-
jestueuse et d'une beauté surprenante, vinrent en costume de guer-
riers sur le Forum, et se baignèrent dans la Fontaine de Juturne. Une
foule de citoyens leur demandant des nouvelles du camp, ils racon-
tèrent la défaite de l'armée latine, et disparurent. Tout le monde se
persuada qu'ils étaient Castor et Pollux, et pour prix de la victoire
à laquelle ils avaient contribué, un temple leur fut élevé à l'endroit
où ils s'étaient fait voir -.
Après le temple de Castor on rencontre la Curie Julia ^ monu-
ment qui n'est consacré spécialement à aucune divinité, et dans
lefjuel le sénat tient souvent ses séances. Cette Curie, commencée
après la mort de J. César, dont elle porte aussi le nom de race, comme
la Basilique, fut terminée par l'empereur, il y a une vingtaine d'an-
nées. Sa façade présente une suite d'arcades élevées sur un perron
spacieux, auquel on arrive'par plusieurs degrés. Il y a trente ans, en-
viron, à la place de ce monument existait l'ancienne Curie Hostilia,
ouvrage du roi Tullus Hostilius. Le feu la détruisit l'an sept cent un.
Elle fut remplacée d'abord par un temple delà Félicité, qu'on abattit
ensuite pour bâtir la Curie Julia.
Autrefois la Tribune du peuple romain était devant la Curie Hos-
tilia, sous les yeux du sénat, pour ainsi dire, qui semblait l'observer
comme pour modérer ses fougues et la contenir dans le devoir \
Jules-César, dictateur, la transporta au lieu qu'elle occupe mainte-
nant ^.
Sur la gauche de la Curie Julia s'ouvre une petite place étroite,
je dirais presque un passage , qui communique à la voie Neuve.
Ce heu très-illustre, très-souvent nommé dans l'histoire romaine,
1 Nibby, Viaggio antiif. c. 18, p. 251. = 2 Til-Liv. II, i5.— n. Halic. VI, 13. — Tlor.
I, 11.— V. :\!ax. 1, 8, 1. — 3 l'Ian et Dcscript. de r.ome, n" 122. = ^obsciti Hoslra
viiidfx Icnicrilalis, cl niodoratrix ollicii, Curia. (lie. pio Flacco, 2i. = ■' Uesciipl. di*
UoniP, no 85, § Vil, Vlll, 1\. («) 19 Uilomètics 259.
230 nOME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
est \e ConiilÎKniK Là so réunissent et votent certaines assemblées
polili(iii('s (lu iM'uplc.
Le vaste édifice périplère sur le flanc duquel passe la voie Neuve, et
dont la partie postérieure forme le coté gauche du Comitiuni, atteste
la grandeur et la iiiagnilicence du peuple Romain, car ce n'est (pi'un
lieu d'attente pour les ambassadeurs étrangers, auxquels le sénat
consent à donner audience dans la ville. On Tapelle la GrœcostaHe -,
comme qui dirait la station des Grecs, soit que des Grecs y aient été
reçus les premiers, soit pour tout autre motif que j'ignore.
Deux petits temples, séparés de la Grœcostase par la voie Neuve,
et dont la façade regarde cette voie, font encore partie du Forum :
l'un est consacré à liomulus ^ et l'autre à la Concorde". Ce dernier,
dont la forme est circulaire, a ses murs revêtus de lames d'airain.
Nous voici revenus à l'Arc de Fabius, et nous avons fini le tour du
Forum; nous ne pouvons cependant le quitter vsans jeter un coup-
d'œil sur ses petits monuments. Je n'essaierai pas de les nommer
tous, tant ils sont nombreux ; mais quelques-uns ont trop d'im-
portance au point de vue historique , pour que je n'en parle pas.
Les plus intéressants se trouvent auprès de la voie Sacrée, sur la
gauche de cette belle voie, dont toute la droite est si magnifiquement
bâtie.
On voit vis-à-vis de la façade de la Graecostase, au centre de la
place, un grand hémicycle en pierre, qui est le Tribunal dupréteur^,
principal magistrat justicier de Rome.
Plus près du même édifice, sur la droite des nombreux degrés qui
montent à cette magnifique station, il y a une petite esplanade décorée
d'un autel en forme de margelle de puits, c'est le Puteal de Libon'^,
l'un des endroits les plus fameux du Forum. Il sert de rendez-vous
aux plaideurs et aux emprunteurs : aux plaideurs qui ont atïaire au
tribunal ; aux emprunteurs, la proie des banquiers et des usuriers des
Tavernes neuves et de la Basilique Argentaria. Tous viennent là pour
attester les dieux de leur bonne foi et de leur probité, serment qu'ils
font en posant la main sur l'auteF. Il se commet bien des parjures
dans ce petit coin du Forum.
Au-dessous du Tribunal du préteur , et vis-à-vis des basiliques
iïlmilia et Argentaria, sont deux petits arcs carrés, percés de quatre
> Plan el Descript. de Rome, n» 123. = 2 Ibid. n» 12^. = 3 ii,id. n'> 125. = * Ibid.
n" 126. = s Ibid. n° 128. = "^ Ibid. = " Si aiam Icncns jurarct. Cic. pro Flacco, 56.
I
LETTIŒ m. 251
portes dont les axes m; croisent , et consacrés à .laniis , le dieu des
portes. On ai)poile Janus supérieur celui qui s'élève devant la basi-
lique Argentaria, oXJanus inférieur, l'autre, situé devant la basilique
^milia '. Ce dernier se trouve en eft'et dans l.i partie basse du Fo-
rum, tandis que le premier est dans la partie haute. Tous deux sont
le rendez-vous des préteurs d'argent ^ Comme ces Janus encadrent,
pour ainsi dire , les Tavernes neuves, on en a pris occasion de désigner
quelquefois ces dernières par le nom général de milieu de Janus ',
appellation qui a quelque chose de sinistre pour les Romains.
A gauche des deux Arcs, sur le bord d'une voie qui traverse le Fo-
rum dans toute sa largeur, et nommée le canal'', on voit un petitbou-
quet d'arbres, composé d'un figuier, d'une vigne, et d'un olivier
sauvages. Cette touffe de verdure porte le nom de Lac Curtius ^. Tu
auras lu sans doute dans l'histoire romaine que je t'ai envoyée, que
vers lafinduIY''siècledeRome,ungouffres'étantouvert au milieu du
Forum, des devins consultés sur ce phénomène répondirent que les
dieux étaient irrités, et qu'il fallait qu'un citoyen courageux se sa-
crifiât pour apaiser leur colère. Alors un certain Curtius se dévoue;
il se précipite tout armé , avec son cheval, dans le gouffre qui se re-
ferme aussitôt. En commémoration de ce dévouement , le lieu fut
nommé le Lac Curtius. Aujourd'hui l'endroit est encore sacré. On
y adressé un petit autel ; et le peuple, dans un sentiment religieux,
prend soin de cultiver les trois arbres qui sont crûs là spontané-
ment.
La voie du Viens Jugarius , qui passe entre la basilique Julia et
l'Area de Saturne, débouche sur le Forum par un bel Arc de triom-
phe, érigé jadis en Thonneur de l'empereur , après la fameuse vic-
toire d'Actium ^
Il faut maintenant que je dise quelques mots des colonnes et des
statues. Parmi beaucoup de colonnes honoraires, six surtout sont
dignes d'être mentionnées : La première, à l'angle septentrional des
vieux Rostres, sert à marquer le centre de la ville, et de là a reçu le
nom d'Ombilic de Borne''.
Deux autres sont rost raies, c'est-à-dire ornées sur leur lut de
proues ou rostres de navires, parce qu'elles ont été érigées à la suite
de victoires navales. On les voit devant la basilique .^î^milia * : l'une
• Plan et Descript. de Rome, n^s isg, 159. = - Ov. Uemcd. anior. v. 561. = * Po>l-
quam res mea Janum ad médium fiacla est. Hor. H, S. 5, v. 18, 19.^^1'laii et Uescripl.
de Rome, n» liO. = ^ Ibid.n^ Ul.— 6 Ibid. i\° liô.= "! Ibid. n" »ô.—^lbid.n° 151.
'i7)-2 HOMi: Al SIKCLt: D'AUGUSTi:.
est consacrée à J. César, et raiitro, plus ancienne, à Gains Duilius,
le i)reniier Romain qui battit les Carthaginois sur mer.
Entre le temple de Castor et la Curie Julia, la Colonne Menia ' est
célèbre , parce que c'est là que des magistrats inférieurs , appelés
Triumvirs capitaux , jugent les délits des dernières classes du peu-
ple. Le grand tribunal est au milieu du Forum; le petit , dans un
lieu retiré qui convient à l'obscurité de ses attributions : il n'y a
même pas de tribunal proprement dit, car les juges siègent sur des
bancs placés à terre -.
Non loin de là, devant l'Atrium regium et le temple de J. César',
on voit une petite colonne carrée , plus vieille que tous les monu-
ments qui ornent aujourd'hui le Forum. Elle fut érigée à la gloire
du vain(|ueur des Curiaces, pour porter les dépouilles des trois
frères Albains. Le temps a détruit les trophées, mais la colonne,
quoique bien endommagée parles siècles, garde toujours, comme
dans l'origine, le nom de Pilier Horatien'*.
De l'autre côté du Forum, devant le temple de Saturne, est la
sixième colonne ^ et en même temps la plus nouvelle. Aucun souve-
nir de gloire ne s'y rattache , mais elle se distingue par un caractère
d'utilité : c'est une colonne milliaire, érigée par l'empereur pourservir
de point de départ aux mesures itinéraires de toutes les grandes
routes de la république. Elle a douze pieds de haut , environ , y
compris sa base, est de forme cylindrique, en marbre blanc massif,
et terminée par une boule d'airain, surmontée d'une pointe conique
triangulaire. Cette boule est dorée, et de là, les Romains, avec leur
vivacité de langage qui tend à l'exagération, ont appelé la colonne
le mille d'or ^.
Il y a littéralement un peuple de statues sur le Forum : je nom-
merai quelques-unes des principales; d'abord, trois statues éques-
tres en bronze ; l'une, dorée, est au milieu de la place, et représente
l'empereur''. Elle Itii fut décernée par le sénat au moment où, âgé
de vingt ans, il partit pour combattre Antoine. L'érection n'en eut
lieu que sept ou huit ans après, vers la fin des guerres civiles, et la
flatterie y mit, par anticipation, l'inscription suivante : pour avoir
RÉTABLI, APRÈS DE LONGUES GUERRES CIVILES, LA PAIX SUR TERRE ET SIR
MER.
' Plan cl Dosnipt de Roiuf, n" 1-21. = ^ Aspon. in Divinat. p. 34. = ^M'Ian i-l
Dcsciipl. (le Rome, n" 116. = * Pila lloralia. Plan el Dcsciipt. de Rome, n" 116. =
^ IbiJ, n" l'<5. = 6 Milliarium aunniin. — ' Plan cl Dcsciipt. île Uoine, n» 142.
LETTIŒ III. 235
l)(\sd(mxiiu(ios staliiosiVjuosliTS, lapix^niiiTO, iTii^V-eoii llionneur
de Clclie, r6laf:;o du roi Porsenna, est en haut du Forum, près de
l'Are de Fabius'; la seconde devant le temple de Castor : cette der-
nière représente Marcius Tremulus^, guerrier qui vers le milieu
du cinquième siècle défit deux fois les Samniles, ces redoutables
ennemis des Romains,
Les côtés des vieux Rostres^ sont ornés des statues de deux hommes
qui ont joué un grand rôle dans la république : Sylla et Pompée.
On doit à César le rétablissement de ces images qui existaient avant
sa dictature, et qu'on avait renversées. Il semble qu'il les ait mises là
comme deux grandes menaces contre le peuple, et comme un témoi-
gnage de son propre pouvoir; l'une, en effet, rappelle une puissance
vaincue par lui, et l'autre, que les Romains ont déjà subi un maître.
Les statues sont surtout nombreuses dans ce quartier. 11 y a là en-
core un Hercule vêtu d'une tunique empoisonnée qui lui donne la
mort; Camille, le guerrier qui, dit-on, combattit Rrennus; sept
statuettes érigées à la mémoire d'autant d'ambassadeurs Romains
tués en violation du droit des gens ; enfin un simulacre du satyre
Marsyas, emblème de la liberté de la ville, et en général de toutes
les villes libres*.
On voit encore dans le même quarfier, devant la Basilique JEm\-
lia, les statues des trois Sibylles ou des trois Parques ^ ; vis-à-vis,
devant la Basilique Julia®, les statues dorées des douze grands
dieux ; devant le Comitium '^ un lion de pierre sous lequel est enterré
le berger Faustulus, père adoptif de Romulus, ou, suivant une autre
tradition, Romulus lui-même; enfin au fond du Comitium, sur le
bord de la voie Neuve, à l'angle septentrional de la Curie Julia, un
antique groupe d'airain qui représente la fameuse Louve allaitant
Romulus et Rémus. Cette triple statue est ombragée par un vieux
figuier, le même sous lequel les fondateurs de Rome furent trouvés
suçant les mamelles de leur singulière nourrice^. L'image d'airain est
la reproduction du fait même. On a nommé le figuier ruminai, du
vieux mot 7'umen, qui signifie mamelle. Les habitants de ce quartier,
par un saint respect pour Romulus et Rémus, ont soin d'élever tout
ce qui naît dans leur maison ^.
Le Forum est le lieu où Rome commença à prendre quelque im-
1 Plan et nescript. de Rome, n» 127. = 2 Ibid. n» 120. = 3 Ibid. n» 80. = '• Si-iv.
in .Kncid. Ul, v. 20; IV, v. 58.— Macrob. Saliini. U!, 8. = S pian et Descripl. (k- Uome
no loi. = fi Ibid. n" 113. =' Ibid. n" 123. = s Ibid. = 9 l'Iul. de toit, l'.om. p. 271.
234 ROME AL' SIÈCLK 1) Al'GLSTE.
poi'tance, ;i [Xinlrc son caraclrre précaire de colonie de pâtres et de;
brigands, d«! ropain; de r»-liigiés. En ellel, les paslenrs de lioniiiUis
n'occupaienl encore qnn les hants lieux du mont Palatin, lorsqu'une
tribu belliqueuse de Sabins, vint s'établir vis-à-vis d'eux, sur le Qui-
rinal'. Roniulus s'ellraye de ce nouvel établissement, il se sent
faible, et, dans la vue de se fortifier, fait un appel à tous les individus
repoussés du sein des peuples voisins, condamnés, débiteurs insol-
vables, esclaves fugitifs et autres ; il annonce que la colonie Palatine
les accueillera, les admettra dans sa société, leur donnera un asile.
Ce cri d'alarme est entendu comme un cri d'bospitalilé ; de toutes
parts accourt une foule impure à laquelle Romulus assigne les par-
ties basses du mont Palatiji, et un poste plus avancé sur le mont
Capitolin, dans un bois qui reçut le nom de Buis de V Asyle- .
Mais ce nouvel accroissement ne procurait à la cité naissante
qu'une force momentanée, car les réfugiés manquaient de femmes.
On en demande aux peuples voisins, au Quirinal même : tous refu-
sent. Alors les Palatins recourent à la violence et ravissent les épouses
qu'on ne veut pas leur accorder. Tu sais la réconciliation qui suivit
ce grand attentat dont les conséquences pouvaient amener la ruine
de la petite cité de Romulus ^ si peut-être elle eût été placée dans
une position moins inexpugnable*. Enfin, une union commencée
par le rapt fut consacrée par l'alliance solennelle des deux peuples.
Ils la jurèrent dans la vallée qui est maintenant le Forum, à l'en-
droit où fut élevée alors, et où l'on voit encore aujourd'bui la statue
de Yénus-Cluacine, dans la voie Sacrée, devant les Tavernes neuves \
Cluacine est un nom tiré du verbe cluere, purifier, parce qu'aprsjs
avoir mis bas les armes, les Romains et les Sabins furent purifiés sur
le lieu même, avec une branche de myrte.
Lorsque Romulus et Tatius confondirent leurs deux peuples , le
Forum était en partie couvert de bois et occupé par un marais où
les montagnes voisines versaient leurs eaux, Us abattirent les bois,
comblèrent le marais, et sur ce terrain qui avait été pour eux comm.e
une frontière défensive, ils établirent un champ destiné aux assem-
blées du peuple®. Le Forum resta ainsi pendant cent trente ans à
l'état de champ vague. Sous Tarquin-l' Ancien on commença à le bà-
1 Niebuhr, Hist. rom. t. I, p. 406, ti. fr. = 2 pian el Descript. de Rome, n" 72. =
3 Tit-Liv. I, 11.— Flor. 1, 1.— 1). H.ilir. II, 50.— l'Iul. Romul. 14, elc. = * Niebuhr,
Hist. rom. t. I, p. 403, ir. fr. = 3 plan et Descript. de Rome, n" 130. = « D. Halic.
II, 50.
(
LETTKE III. 255
tir: le roi distnjjua aux ciloyeiis les terrains environnants; ils
élevèrent des maisons, des portiques avec des tavernes pour les mar-
chands, créèrent un nouveau quartier; telle fut l'origine du Forum',
qui, sans sortir de ses limites primitives, a élé embelli de siècle
en siècle, et particulièrement depuis une quarantaine d'années.
Sur cette place tout est monuments ou édifices publics, et, chose
assez digne de remarque, on n'y voit plus aujourd'hui de maisons
privées ^ Aussi, malgré l'irrégularité avec laquelle plusieurs de ses
édifices sont plantés relativement les uns aux autres, peut-être même
à cause de son irrégularité qui ajoute beaucoup au pittorescpie, rien
n'est imposant comme son aspect; de quelque coté qu'on se tourne,
on est ébloui, on se sent ravi d'admiration. Mais la vue d'ensemble
paraît plus merveilleuse encore, parce qu'elle fait saisir toute la gran-
deur du tableau. En se mettant à cinquante pas en arrière de la place,
au milieu de la voie Sacrée, devant un petit temple des Lares situé
au point culminant de cette voie^ et dominant le Forum de plus de
quarante-cinq pieds ("), on a devant soi, en premier plan, l'Arc de
Fabius ^C*), à gauche, en deçà de l'Arc, la Porte Romana et les pre-
miers degrés du mont Palatin", le Vulcanal ou Area de Vulcain^ pe-
tite place derrière le temple rond de la Concorde, avec la colonne
statuaire de Ludius et deux arbres plus vieux que Rome, un lotos et
un cyprès. Ils forment une masse de verdure au-dessus de laquelle
se montrent la Grœcostase, avec sa belle colonnade, vue de profil,
ainsi que le sommet de presque tous les édifices de la partie occi-
dentale du Forum, vus de face.
A droite, au bord de la voie Neuve, toujours en deçà des limites
de la place, la basilique Opimia"' se présente la première ; puis, sur
la place, après l'Arc de Fabius, le temple d'Ops-Consiva et la maison
du Roi des sacrifices*, la basilique Argentaria avec les Tavernes
neuves ^ et la basilique iEmilia'".
Au milieu du tableau on reconnaît le Tribunal du Préteur*', les
deux Janus, le supérieur et l'inférieur ^^ les Rostres •*; et derrière, au
pied du mont Capitolin, sur l'extrême limite du Forum, la Prison
publique " et les Degrés Gémonies qui y conduisent; le Clivus de l'A-
syle, qui monte au Capitole ; à gauche du Clivus, le temple de la Con-
1 D. Halir. IH, 67. — Til.-Liv. I, 35. = 2 nesrript. de Rome, p. 91. = ^ Jbid.
n» 22. = ^ Ibid. n" 127. = 5 Ibid. n" 199. = 6 Ibid. n» 18. =7 Ibid. n« 32. = 8 Ibid.
1)0 129. = » Ibid. n" 150. — 1» Ibid. n» 131. = l> Ibid. n" 128. = 1^ Ibid. n»' 138,
139. = 13 Ibid. n» 83. = i* Ibid. n« 82. (») 15 mèlr. 443. (*) Suivez la descript. sur
la gravure ci-conlre.
256 nOMi: AL SIKCLL DAUGUSTE.
cordo', puis celui (Ic.ltipitPr Tonnant*; ot un pou«'n avant do ce der-
nier, tout à fait au bord de la place, le temple de la Fortune, planté
sur un" très-haut soubassement \ comme si c'était im end)lènie rpie
la Fortune romaine domine partout où elle se trouve.
Le mont Capitolin forme la dernière li^ne de ce tableau gV-néral :
au centre, au-dessus des faîtes des temples de la Concorde et de
Jupiter-Tonnant, adossés au mur de soutènement de la monla<;nc,
se déploie une longue galerie en arcades, avec colonnes à demi en-
gagées : c'est le Tabularium'' ou dépôt des lois.
A gauche apparaît une partie de la fameuse Roche Tarpéienne,
avec un escalier en double rampe, nommé les Cent marches^, qui
conduit à la Forteresse du Capitole.
A droite, sur un sommet encore plus élevé, la vue rencontre une
enceinte de grandes et belles murailles couronnées de nombreuses
statues, et au-dessus, le temple de Jupiter-Capitolin", majestueux
édifice qui domine tout, et semble se dresser pour promener autour
de lui des regards de maître, et voir au loin ce qui se passe dans
l'univers.
1 Plan fl Uesrript. de Rome, n" 83. = ^ Hid. n" 8 4. = 3 Ibid. n" 86. = '^Ibid. a" 73.
= 3 Ibid. n» 59. = « Ibid. n» 81.
LETTRE IV.
CONSTITUTION DE L\ SOCIÉTÉ ROMAINE. — FOUMES DU GOUVERNEMENT.
Le peuple romain se compose de trois ordres : les Patriciens, les
Plébéiens elles Chevaliers. Les Chevaliers passent avant les Plébéiens :
tu verras tout à l'heure pourquoi je les place au troisième rang.
Les Patriciens sont des citoyens qui seuls peuvent prétendre à
quelques hautes magistratures ainsi qu'à certains sacerdoces '. Il y a
des Patriciens de race, et des Patriciens de création : ces derniers
sont, et furent toujours élevés à ce rang par la plus grande autorité
de la république, d'abord par les rois ^; ensuite par le peuple ^ par
les dictateurs*; aujourd'hui par l'Empereur'. Le patriciat se con-
fère à vie, et le plébéien qui le reçoit fait souche d'une race nouvelle.
Les premiers Patriciens furent les sénateurs de Romulus, appelés
Pères [patres] d'où l'on a dérivé le nom de Patriciens. Leurs des-
cendants conservèrent cette qualité ^ ; mais les races, par un efï'et na-
turel, diminuant de siècle en siècle, les besoins de la magistrature et
du culte obligèrent de combler par des créations les vides trop sensi-
bles produits par les extinctions''. Les choix se font parmi les sé-
nateurs", afin de rappeler toujours Tinstitution à son origine.
L'ordre des Plébéiens comprend tout ce qui n'est ni patricien, ni
chevalier, et renferme l'immense majorité du peuple, forme le corps
de la nation. Les Plébéiens peuvent prétendre à tout, dans de cer-
taines conditions, même au patriciat. Ceux qui arrivent aux magis-
tratures deviennent nobles, et transmettent ce titre à leurs descen-
dants ^. Les distinctions entre les Patriciens et les Plébéiens, très-
tranchées dans les premiers siècles de l'ancienne république, où les
alliances entre les deux ordres furent prohibées **^, sont, depuis plus
de quatre cents ans, plutôt nominales que réelles.
Autrefois les Chevaliers éVàieni l'élite de la jeunesse romaine", qui
iLelties XXVI, l. II, p. 4; XXX, p. 63 et suiv. ; XXXI, p. 85, 94, 97; XLIX,
p. 530; LXXXV, t. III, p. 563. = 2 Tit.-Liv. I, 50, 33. — Suet. Aug. 2. = » Tit.-Liv.
IV, 4.- Suet. Tib. 1 ; ?,'er. 1 ; Vitell. 1. — U. Halic. III, 29. = 4 Tac. Ann. XI, 23. —
Suel. Cœs. 41. — Dion. XLIX, 43. = 3 Tac. 76(d. = s Cic. de Repub. II, 12.— Tit.-Liv.
I, 8.— D. Halic. II, 8.=:"Conjeclure.= 8ïac.— Dion. Ibid. =9 Cic. in Veir. V, li ; de
Lege agra. II, 1.— Sali. Jugurt. 85 —Tit.-Liv. X, 7.— Ascon. in Tog. cand. p. 1 12. =
"3 Til.-Liv. IV, 1, 6. = 11 M. I, 43 ; II, 20 ; XLII, 61.— D. Halic. IV, 18.
^238 ROM!-: AU SII>XLK D'AUGUSTE.
formait la cavalerie des armées', comme chez nous*. La république
leur foufriissait un cheval ' et la somme nécessaire pour l'entretenir *.
Les Chevaliers aujourd'hui ne font plus la guerre : ils s'occupent
d'afï'aires d'argent, et remplissent les fonctions de juges,- pour admi-
nistrer la justice *. Il y a bien un demi-siècle qu'ils ont quitté le mé-
tier des armes, sans perdre néanmoins le nom de chevaliers *.
Une autre bizarrerie, c'est qu'ils n'ont guère commencé à former
un ordre dans l'État, que depuis l'époque où ils ont déserté le plus
noble de tous les services. Ce fut un magistrat du peuple, C. Grac-
chus, qui, pour mortifier le Sénat, fit des chevaliers un ordre séparé
sous le titre déjuges, parce que les fonctions judiciaires leur furent
alors confiées®*. Dès les premiers siècles de Rome, les chevaliers,
dont l'institution remonte à Romulus ^ furent très-considérés. Cette
considération, qui n'a pas cessé de les entourer, donna sans doute
l'idée d'en faire un ordre à part ; mais Gracchus n'y réussit qu'im-
parfaitement, car ils forment plutôt une classe qu'un ordre : en ef-
fet, influents par leur position, leurs richesses, leurs alliances, ils
n'ont pas de puissance légale, et comme pouvoirs politiques, jamais
on ne connut que le Sénat et le peuple ; l'ordre équestre se confond
dans le peuple.
! Du temps du roi Servius, il fallait appartenir aux premières fa-
milles de la ville, c'est-à-dire aux plus riches pour être admis dans la
chevalerie* ; aujourd'hui on n'y peut entrer à moins de posséder^
quatre cent mille sesterces '" ("), et d'être Agé de dix-huit ans ",
Les deux ordres, ou les trois ordres, si l'on veut, dont se compose
le peuple Romain, sont divisés en trente-cinq Tribus **, subdivisées
elles-mêmes en Curies et Centuries. Les Tribus sont des divisions
politiques et topographiques '^ ; les Curies et les Centuries, des divi-
sions politiques, où chaque citoyen se trouve rangé suivant son âge
et la quotité de ses biens "^. Ainsi, que l'on soit patricien, chevalier
ou seulement plébéien, on appartient d'abord à la Tribu et à la Curie
• Tit.-Liv. I, 45 ;V, 12 ; XXIV, 52, et passim.— Cic. Philipp. I, 8.— Plin. XXXIII, 1,
2, etc. = 2 Cœs. de Bell. Gall. VI, 15.= 3 Tit.-Liv. V, 7. =* Fest. v. v. Equestre, llor-
dearium, hnpolilias.— Tit.-Liv. I, 43. = s Lettres XXXIX, l. II, p. 189;LXXXI1,
t. 111, p. 333. = 8 Plin. XXXIII, 2. = 6 Tit.-Liv. 1, 13. — Fest. v. Celeres. = ^ Tit.-
Liv. I, 35 ; II, 1 ; IV, 52; XXIV, 40; XL, 54. = 8 Cic. de Repub. II, 22. — Til.-Liv.
I, 45.— D. Ilalic. IV, 18. = 9 Tit.-Liv. V, 7. — Hor. ArL poel. v. 385.— Sue(. Aug. 40.
— Juv. S. 14, v. 322. — Dion. LV, 15. = '« Ilor. 1, Ep. 1, v. 38. — Plin. XXXIII, 2. =
H Dion. LU, 20. = «2 Tit.-Liv. 1,45; II, 21 ; VI, 5 ; Vlll, 17 ; IX, 20; X, 20, et
passim. — Plut. Ti. f.racc. 12. — Appian. de Bell. civ. I, p. 610, etc. = 13 cic. Tit.-
Liv. passim.— A. Gell. XV, 2T. = t^ Lettre VIII, p. 268. {") 107,560 fr.
LETTRE IV. 250
du pays ou de la région où l'on dcmeuro, et, dans cette tribu, à une
centurie. La tribu est la classification fondamentale, et un citoyen
joint à son nom de famille celui de sa tribu '.
Le vêtement joue aussi un rôle dans cette organisation sociale : les
citoyens Romains ont un liabit qui leur est particulier, la toge-:
je l'ai déjà dit, je crois ; c'est une grande pièce de laine blancbe\ tail-
lée extérieurement en demi-cercle*. Elle se porte sur l'épaule gauche
et enveloppe le corps; un pan traverse devant la poitrine, passe sous
le bras droit, puis revient sur l'épaule gauche, à peu près comme un
J)audrier ^ de sorte que le bras droit demeure libre *. Les citoyens
ont sous la toge une tunique sans manches ", qui sert à distinguer
les trois ordres : celle des plébéiens est tout unie; celle des patri-
ciens et des chevaliers, bordée d'une bande de pourpre plus ou moins
large, qui a fait donner à ce vêtement les noms de laticlave et d'an-
gusticlave ''. Le laticlave, décoré d'une large bande, est l'insigne des
patriciens*, et l'angusticlave , orné d'une bande plus étroite , celui
des chevaliers^. La première de ces tuniques se serre sur les hanches
avec une ceinture, et la seconde se porte sans ceinture '".
Les deux ordres privilégiés ont encore , pour marque de leur
rang, un anneau d'or", qu'ils mettent au petit doigt de la main
gauche. Quelques membres de Tordre équestre n'ont qu'un anneau
de fer, comme les plébéiens *^ mais tous ont un collier d'or ''. Par-
dessus l'angusticlave, les chevaliers portent une trabée '*, toge en
pourpre marine, rayée de bandes d'écarlate", courte, comme il con-
vient pour des cavaliers '^ Elle s'agrafe sur l'épaule*'' droite *^
Malgré ces divisions hiérarchiques du peuple romain, la liberté est
pour tous , pour le dernier plébéien comme pour le premier patri-
cien : chez un peuple libre, tout le monde devait être libre au même
degré *^
Deux magistrats annuels, nommés consuls, régissent etadminis-
1 Cic. Philipp. IX, 7 ; ad Allie. IV, IG ; Ep. famil. VIU, 8 ; IX, 15. = ^Virg. ^neid.
I, V. 286.— Suel. Aug. 40. — Plin. IV, Ep. 11.— Juv. S. 10, v. 45. — Lyd. de Magist. I.
32.i=3Lyd. Ibid. = '* Quinl. Inst. Orat. XI, 3.— D. Halic. III, 61. =z ^ Quinl. Ibid.
= <> Cic. Fragm. in Clod. et Cur.— N'on. Mareell. v. Tunica. — Lyd. de Mngist. II, 52.
= ^ VaiT. L. L. IX, § 79.— Quint. Ibid. = "* Hor. I, S. 6, ^ 27. — Ov. Trist. IV, 10, v.
35. — Suet. Aug. 58 ; Tib. 55 ; Claud. 24.— Acron. in Hor. tI^ S. 5, v. 56. = 9 Patcrcul.
II, 88. = 10 Quint. Inst. Orat. XI, 5.— Suet. Caes. 45. = n Til.-Liv. XXXIII, 12 ; XLIII,
16. — Ov. Amor. UI, 8,v. 15. — Hor. II, S. 7, v. 53.— Plin. XXXII!, 1.— Sil. liai. VIII,
V. 675 ; XI, V. 534. = 12 Plin. Ibid. = '3 Plin. XV, 4.— Til.-Liv. IX, 46. = i'* V. Max.
H, 2, 9.— D. Halic. VI, 13. — Tac. Ann. III, 2.— Pers. S. 3, v. 29. — Stat. Svlv. IV, 2,
V. 52. = 15 D. Halic. Ibid. = '6 Virg. .ïneid. VII, v. 187.= " D. Halic.'ll, 18. =
18 Colon. Anio. lab. III. = «Tac. Ann. XIH, 27.
'^i<> ROMF A(J SIi^C^R D'ArOUSTF.
Iront on chef la répiibliqno\ Néanmoins, ils sont, à beaucoup d'é-
gards , sous la dépondance du sénat -, et toujours ils lo lurent, au
point qu'autrefois il pouvait les faire sortir de charge; mais cela n'a-
vait lieu que d'une manière indirecte , et seulement dans des circon-
stances critiques où les sénateurs jugeaient utile au bien de la répu-
blique que tous les pouvoirs fussent concentrés dans une seide
main. Alors ils ordonnaient aux consuls de se démettre de leurs
fonctions, et d'élire, sous le nom de. dictateur^ ou maître du peuple'*,
une espèce de roi, investi d'une autorité absolue. Ce souverain se fai-
sait secon(l(>rpar un maître de la chevalerie^, qu'il élisait seul, et qui
lui restait entièrement soumise La dictature, vraie mise en interdit
de la liberté, ne durait que six mois ^ Depuis le meurtre de J. César
elle a été abolie en haine de la tyrannie *.
Avant cette abolition, lorsque le sénat ne voulait point recourir
à la dictature, il armait les consuls d'une espèce de puissance dicta-
toriale par un simple sénatus-consulte qui leur ordonnait de prendre
garde que la république n éprouvât aucun dommage. Ce décret, sans
être plus explicite , conférait aux consuls le pouvoir de lever des
troupes, de faire la guerre, de contenir dans le devoir, par tous les
moyens, les citoyens et les alliés; d'exercer souverainement, tant
à Rome qu'au dehors, l'autorité civile et militaire '.
Quand les affaires suivent leur cours ordinaire, rien d'un peu im-
portant ne se fait sans le concours du sénat ou du peuple, et souvent
de l'un et de l'autre à la fois. Le peuple jouit d'un pouvoir immense :
non-seulement il est consulté sur toutes les affaires, soit intérieures
soit extérieures, mais encore il élit tous les magistrats, tant civils que
militaires, et même les prêtres chargés des principales fonctions du
culte. Il exerce son pouvoir dans des Comices, assemblées générales
où il se réunit tantôt en Tribus, tantôt en Curies, tantôt en Centu-
ries, suivant l'espèce et la nature des affaires ^^. Néanmoins le pou-
1 Ov. Pont. IV, 9, V. 65. — Suet. Calig. 26. — Plin. Panegyr. 39. = ^ Cic. pro Sext.
65. = 3 YaiT. L. L. V, § 82. — Cic. de Repub. Il, 52 ; de Legib. 111, 3.— Tit.-Liv. IV,
13, 21, 20, 31 ; VI, 58; IX, 26, elc. — D. llalic. V, 70, — Suel. Tib. 2. etc. = * Cic.
/*?(/. — Scnec. Ep. 108.= 3 Varr. L. L. V, § 81.— Tit.-Liv. Il, 18; IV, 13, 21, 31, 37;
Vil, 12; VIII, 12, 13,23; XXYII, 53 ; IX, 58. — Senec. Ep. 108.— Cic. de Legib. 111,3.—
I). Hàlic. V, 73. —Plu!, r^ Max. 3; Anto. 8. = 6 Tit.-Liv. Vlll, 32. = ' Cic. de
Legib. 111, 3.— Tit.-Liv. II, 29; 1\, 5i, etc. — D. Halic. V, 70; X, 23. — Plut. Camil.
3I.-I)igesl. I, tit. 2, 11-. Il, § 18.-Dion. XXXVl, 17 ; XLU, 21. = » Cic. Pliilipp. I,
1. — Tit.-Liv. Epilo. CKVI. — Dion. XLIV, 31. — Appian. de Bell. civ. III, p. 880. =
" Daieul operam coiisulcs ne quid rcspublica detrinienti caperct. Sali. Calil. 29. —
Videret [consul] ne quid lespublica dctrimenti caperct. Tit.-Liv. III, i. — Ut \ideanl
inagislralus ne quid c>. pciniciosis consiliis M. Manlii lespublica delrimenli capiat. Jd.
VI, 19. ^ 1" V. Lciiic Vlll.
J
LETTRE IV. Ui
voir prépondérant est celui du sénat; ses attributions balancent
celles du peuple, et sont véritablement celles d'un roi : il tient dans
sa dépendance et sous ses ordres immédiats les deux ordres de ma-
gistrats qui représentent la puissance romaine au dedans et au
dehors, les Consuls elles Légats ou ambassadeurs ; suivant sa volonté,
les Consuls peuvent être misa la tète des armées *, ou renfermés
dans les travaux de l'administration intérieure^. Les Légats, chargés
de défendre les intérêts du peuple Romain par des négociations, et
souvent de transmettre aux peuples étrangers ses ordres impérieux,
n'existent que par le Sénat : c'est lui qui les nomme ^; ils sont
conrnie ses représentants, car il les choisit dans son sein, par la voie
du sort*, et leur donne, pour les missions qu'il leur confie, des in-
structions dont ils ne doivent pas s'écarter s.
Je te parlerai plus tard des magistrats secondaires, chargés de
rendre la justice, de veiller à la police de la ville, de prendre les in-
térêts et la défense du peuple, d'administrer les finances, de gouver-
ner les provinces. Je reviens au peuple. Il y a dans les classes
pauvres des plébéiens une espèce de quatrième ordre, que je ne
qualifierai pas de politique, puisqu'il n'agit jamais politiquement,
mais qui néanmoins tient un peu de cette nature, attendu qu'il est
constitué légalement, et qu'il existe en vertu de sénatus-consultes et
de constitutions soit de l'Empereur, soit même des premiers rois de
Rome. Cet ordre se compose de tous les artisans réunis en corps de
métiers, en collèges ®. On attribue àNumacette institution fort remar-
quable. Le désir d'opérer entre les Sabins et les Romains une fusion
complète, qui n'existait pas encore lorsque le vœu du peuple l'ap-
pela au trône, lui en donna l'idée. 11 y avait dans Rome deux partis,
deux peuples animés l'un coiitre l'autre, et se témoignant une aver-
sion qui souvent dégénérait en querelles. Numa fit disparaître les
distinctions de Romains et de Sabins, en classant tous les artisans
par corps de métiers ; en les réunissant, suivant le genre d'industrie
de chacun, dans des collèges de musiciens, d'orfèvres, de charpen-
tiers, de teinturiers, de cordonniers, de tanneurs, de forgerons ^ de
potiers de terre ® de foulons, ®, de pêcheurs '", d'ouvriers en ai-
« Cic. in Valin. 15. — Til.-Liv. XXVI, 22; XXX, 1,40; XXXU, 8; XXXVH, l ;
XXXVIII, 58, (le- Appian. de Btll. riv. I, p 630 ;UI, p. 909, elr. — ? Cir. pro riomo,
9. — Sud. Cœs. 19, 22. = » Cir. ad Allio. I, 18. — Til.-Liv. XXXIX. 53. = * Tac.
Hisl. IV, 8. = s Til.-I.iv. Ibiil. = " l)if;csl III, lil. 4, Ipr. 1, <§ 1.— i'.iuler. p. 43, 261
el passim. = T'Iul. Numa, 17. — Gruler. p. 45, 114, 261, 268. = " l'Iui.— Giul. /ôirf
— IMin. XXXV, 12. = 9 l'iin. XXXV, 17. = lo Digesl. 111, lil. 4, leg. 1, § 1.
i. 16'
2i'2 llO.Mi; AU .SIKCI.K DWUGUSTK.
raiii ', etc., qui oublièrent Unir origine pour ne plus songer qu'aux
intérêts de la comintniaulé K En effet, chaque collège d'artisans
forme une petite république, qui a ses finances, et nomrne ^ à la
majorité des deux tiers des voix au moins, un agent ou syndic *,
chargé d'administrer ses affaires et de veillera tout ce qui peut inté-
resser la communauté ^ Du temps de l'ancienne république, on se
servait souvent de ces corporations pour agiter le peuple dans les
intrigues politiques ".
Mais dans ce tableau de la constitution de la société Romaine, tu
(>s impatient sans doute de savoir quel rang tiennent les femmes, et
si, comme nos Gauloises, elles sont consultées sur les affaires publi-
(|ues, prennent part aux travaux et aux dangers des hommes''? Nul-
lement : loin d'être consultées sur les affaires de l'Etat, elles n'ont
pas seulement le droit de traiter seules leurs propres affaires, sans
être assistées de leur père, de leur mari, ou, si elles n'ont plus ni
père ni mari, d'un tuteur, légalement constitué, dont elles dépendent
entièrement*. Toutes les femmes, même celles des premières classes,
appelées matrones ou mères de famille, sontdans cette espèce d'escla-
vage permanent, appelé du nom de tutelle ^.
Les Romains ont cependant le plus grand respect pour les femmes ;
ils leurs cèdent le sentier dallé dans les rues ^"', et ne prononcent
jamais une parole déshonnête devant elles ''. Bien plus, dans le but
unique de protéger davantage leur honneur, et afin que l'on n'ait
pas même le prétexte de porter la main sur leur personne, une loi
défend d'employer la violence pour les faire comparaître en justice
lorsqu'elles y sont citées ^^ Ce respect va si loin, que personne ne
peut obliger à descendre de char un homme qui s'y trouve avec une
femme **.
Autrefois les Romaines ne vivaiCTît guère que dansl'intérieurde leurs
maisons. Les vieux annalistes rapportent que les Sabins, lorsqu'ils
consentirent à laisser leurs filles aux Romains, firent promettre à ces
derniers qu'elles ne seraient jamais employées qu'à filer la laine '\
1 Gruler. p. 264. == 2 piut. Numa, 17. = » Digest. UI, lit. 4. leg. 1, §. 1.-- * Ibid.
leg. 5. = » Ibid. les. 1, § l- =^ Uion. XXXVIII, 13. — Naudel, de la Police rhez les
Hom. p. 71, I. IV des mém. de l'Acad. des sciences morales. = "^ Slrab. IV, p. 197 ; ou
66, tr. fr. — IMul. de Viil. fem. p. 12. — l'oljaen. Slralag. VII, 33. = » Llpian. lit. 11,
g 23, 27 ; lit. 20, § 13. = ^ Id. lil. 11, § 1. — Gaii, I, § 144. — Cic. pro Muren.
12 ; pro Flacc. 34, 33.— Ïil.-Liv. XXXIV, 2, 7. — Dion. XLIX, 38. = '« Sanxil Senalus
uli fcminis semila viii cedercnl. V. Max. V, §2, 1. = " Ibid. — Pliil. Komul. 20.
~ 12 V. Max. II, 1, 5. — Fest. v. malionee. — Plut. Ibid. — " Fesl. Id. = i'- Plul.
Komul. 19.
LETTRE IV. 2/k)
Ce fiiteffectivommit là, pondant plusionrs si(>clrs, loiir nroupation piin-
cipale. Renfermées dans la partie centrale de la maison, avec leurs
esclaves, elles les faisaient travailler sous leurs yeux, donnant elles-
mêmes l'exemple de l'adresse et de l'assiduité ^ Elles confectionnaient
aussi les habits de leurs époux. Aujourd'hui quelques matrones, quel-
ques mères de famille, surtout dans les maisons peu riches^, sont
encore fidèles aux anciennes mœurs ^; mais la plupart des femmes
dédaignent ces occupations et les abandonnent à leurs esclaves *.
D'autres font venir de Padoue des étoffes toutes confectionnées^;
des foulons les apprêtent®, au moyen de certaines préparations
crétacées ^ de fumigations de soufre, qui les rendent plus moelleuses
et plus blanches*, et des sarcinateurs^ , des sarcinatrices ^° ou ves-
tifices les convertissent en vêtements ", sans que les matrones ou les
mères de famille y aient seulement mis la main. Elles ont cepen-
dant sous les yeux un illustre exemple, celui de la famille impériale :
l'empereur ne porte jamais chez lui que des habits filés par sa
femme, sa sœur, sa fille ou ses nièces ^^,
Que font donc les Romaines ? Elles perdent leur vie dans des fu-
tilités : elles passent le temps dans les festins, dans les lieux publics
où l'on donne des fêtes, car elles ne sont point bannies de la société
des hommes ; elles reçoivent chez elles des visites *^ sans utilité, s'oc-
cupent beaucoup de leur parure ^*, s'amusent à élever de petits
chiens '^ des oiseaux*®; jouent avec des nains qu'elles achètent"; se
font distraire par des pantomimes**; chantent des chansons égyp-
tiennes'^, dansent^", jouent aux échecs ou aux dés^S ou bien encore
travaillent à quelque broderie à l'aiguille ^^ et font des lectures prin-
cipalement choisies parmi les poésies érotiques^^ Cette vie oisive les
rend un peu indiscrètes-*. Néanmoins rien de plus aimable que leur
conversation ; tantôt modeste ou délicate, tantôt libre, suivant leur
âge ou leur caractère, elle est toujours pleine de grâce et souvent
» Tit.-Liv. I, 57. — Ov. Fasl. II, v. 740. - Tlin. VIII, 48. = 2Yirg. ^neid. VIII, v.
408. = 3 Hor. II, od. 18, v. 8.— Columel. XU, prœf. = ^ Propert. IV, 7, v. 57.— Senec.
Coiilrov. Il, 7.— Pelron. 152.- Columel. Xll, prœf. = » Slrab. V, p. 215, 218; ou 120,
141, tr. fr.— Mart. XIY, 145. = 6 Digest. XII, lit. 7, leg. 2.— Instit. III, lit. 25, g 1 ;
IV, Ut. 1, g 15.= '^Plin. XXXV, 17. =8 /i,^. et 15. —^ Sarcinatores. Instit. Ibid
= "> Sarcinatiices. Gruler. p. 580, 1117. — i' Yeslificae. Id. p. 578. = 12 Suet. Aug.
73. = 13 c. Nep. praïf. = 1* V. Max. IX, 1, 5.— Columel. XII, prœf. = <5 Cic. de Divin.
I, 46.— Propert. IV, 5, v. 55.— V. Max. I, 5, 3.— Plut. P. ^mil. 10.— Mart. XIV, 198.=
iscatul. 2, 3. =!■' Plin. VII, 16. = 1» Plin. VU, Ep. 24. = i» Ov. Art. am. III, v.
315. =20 Sali. Catil. 25. = 21 Plin. VII, Ep. 24. = 22 Gall. 1, v. 48. = 23 Ov. Trist.
II, v. 370; Art. am. III, v. 529.— Propert. I, 7, v. 11 ; III, 1, v. 48 ; 7, v. 45. = 2* Plut.
Cato. maj. 9.
244 ROMR Alî SIKCLE D'AUGUSTE.
(ronjoiicmonl '. En raison de leur vio domostiquo, commo oUes on-
lendonl moins parler, elles conservent mien\ que les hommes la
pureté de l'ancien accent, et gardent plus facilement leurs premières
habitudes de langage -.
Quoiqu'une législation injuste et bizarre ait banni les femmes des
affaires publiques, elles ont néanmoins souvent trouvé moyen d'y
prendre une part indirecte. « Les autres hommes commandent à
leurs femmes, disait le vieux Caton, dans le siècle dernier, nous à
tout le reste des hommes, et nos fenmies à nous\ » Il disait vrai en
riant. En effet les Romaines douées de quelque force de tête, de quel-
que vigueur de caractère, se sont toujours, sous le nom de leurs ma-
ris, immiscées dans le gouvernement de la république : Sylla, ce
vigoureux despote, avait laissé prendre à Métella sa femme un tel
empire sur lui, que c'était un fait public, au point qu'un jour le
peuple de Rome appela hautement Métella pour qu'elle obtînt le
rappel des bannis du parti de Marins obstinément refusé par Sylla''.
Cicéron se laissait diriger par sa femme Térentia; ce fut elle qui le
poussa, dit-on, à faire exécuter les complices de Catilina*. Fulvie,
épouse d'Antoine, était l'âme du triumvirat ^, et plus d'une fois il est
arrivé à l'empereur de prendre conseil de sa femme Livie ''.
Ces exemples sont maintenant plus rares qu'autrefois, et Ton peut
dire des femmes d'aujourd'hui qu'en général elles mènent un genre
de vie inutile à leurs maris et à leurs enfants, et nullement profitable
à la république. Leur dédain des soins domestiques, l'éloignement où
on les tient des affaires, sous prétexte de la faiblesse de leur sexe*,
sont quelquefois pernicieux aux mœurs ; beaucoup d'entre elles
tournant vers les passions l'activité de leur esprit, oublient leurs de-
voirs d'épouses jusqu'à former des liaisons illicites. Tl y en a qui tra-
fiquent pour ainsi dire de leur affection, et cherchent dans une cou-
pable intrigue, non-seulement des émotions pour leur cœur dépravé,
mais un secours généreux pour leur luxe et leur coquetterie *.
Ces nobles romaines^ qui déshonorent leur stole me rappellent
une classe de femmes dont j'avais résolu d'abord de ne pas te parlei-,
parce qu'elles forment dans Rome comme une population étrangère ;
ce sont les Courtisanes; mais en les laissant de côté, le tableau que
j'essaie serait plus qu'incomplet, il serait infidèle, car elles sont très-
1 Sali. Catil. 23. = - Cic. de Orat. UI, 12. = 3 Plul. Calo maj. 8 ; Apolliegm. p.
7'<8. = * Jd. Svll. 6. = 5 fd. Cic. 20. = « Id. Anlo. 10. = 7 Sonro. <Ip r.lcmeni. I, 9.
— SiK'l. Aiiu'. S'k = » V. M.1V. 1\, I. r.. = ■' Sali. Calil. 25. 2'i.
rKTTUt; IV. '2\:^
iiuinbi'ciises'. D'ailKnas la position de ces l'cmines élan! réglée par
lt!slûis,ellesappartiennentaussiàlaconstilu(ion politique de la société.
Les courtisanes sont, pour la plupart, des affranchies ou des étran-
gères^; à ce titre elles seraient déjà peu considérées; mais leur vie
ignoble, infâme, leur caractère vil et intéressé*, les placent au der-
nier degré de l'échelle sociale, et ce sont, en général, les créatures
les plus méprisées et les plus méprisables. Néanmoins, dans le nombre,
certaines se tirent de pair par leur beauté \ par les charmes de leur
esprit, par leurs talents; beaucoup savent marier leur voix aux ac-
cords d'une lyre qu elles font résonner elles-mêmes % et déployer
mille grâces dans les danses les plus séduisantes^ Quelques-unes
sont comédiennes ''. Avec ces qualités, elles captivent souvent des
personnages distingués ^ séduisent des poètes qui les immortalisent
sous des noms empruntés ^ et se font aimer par les jeunes gens des
meilleures familles"'. On recherche leur société ; elles jouissent des
relations de leurs amanis, qui souvent le soir, après les affaires du
Forum, viennent, en compagnie d'amis, causer et se délasser chez
elles ". Cela leur procure une influence réelle dont elles usent quel-
quefois pour protéger ceux qu'elles aiment, et leur faciliter la car-
rière des honneurs '^ Ces liaisons sont si ordinaires, qu'il semble qu'un
jeune homme doive aux courtisanes les prémices de son cœur. Parmi
ces misérables femmes dont la tendresse mercenaire n'est nullement
exclusive, on en trouve quel([uefois qui s'éprennent sincèrement, et
portent dans leur liaisons illicites une délicatesse dont on ne croirait
pas leur cœur susceptible; en voici un exemple assez remarquable.
Une courtisane nommée Flore aimait passionnément Pompée. Un
ami de ce dernier devint amoureux d'elle, et la pressa avec tant de
persévérance et si vivement de répondre à son amour, qu'elle finit
1 Plaut. Trucul. I, 1, v. 45 = 2 Cic. Philipp. H, 2-4. — Ov. Ait. am. UI, v. 61."> —
l'iut. Sylla, 2; de fort. Rom. p. 263. — Serv. iriVirg. Eglo. 10, v. 1. = 3 Ov. Amor. 1, 8,
V. 10, passim. — Hor. 1, ep. 17, v. 55. — l'iopeil. 11, 18, v. 39 ; UI, 11, v. 1 ; IV, 5,
V. 19.— Plaut. Asin. I. 3, v. 25; Trucul. prolog. v. 12; I, 1, v. 10; 11, 1, v. 14 ; Cislell.
I, 1, V. 98. — Tcreiit. Kunuch. V, 4, v. 12.— Mart. X, 73 ; XI, 30 ; Xll, 53. — Fesl. \.
clecebiœ. =: * Plut. Lucull. 6 ; Ponip. 2. = 3 Hor. Il, od. 11, v. 22 ; 111, od. 9, v. 9.
— Piopeil. I, 2, V. 27 ; 11, 1, y. 9, 29; 20, v. 21, 25. — Ov. Art. ani. III, v. 319 ;
Uemed. amor. v. 533, 356.— Sali. Catil. 25. = 6 i>,opert. H, 2, v. 27. — Ov. Art. am.
III, V. 349; Uemed. amor. v. 334. — Sali. Ibid. = 1 Cic. ad Atlic. IV, 13. — Hor. I, S. 2,
V. 55; S. 10, V. 76. -Serv. in Virg. Eglo. 10, v. 6. =8Cic. /(/. X, 10 ; Kp. famil.
IX, 26; Philipp. ]|, 21.— Plin. VIU, 16.— Plut. Sylla, 2; Lucull. 6; Pomp. 2; de fort.
15oin. p. 265. = « Hor. — Properl. — GM. — Caiull. passim. — Ov. Trist. IV, 10. —
Serv. in Virg. Eglo. 1, v. 1. — Porphyr. in Hor. Epod. 3, v. 8. — Ov. Amor. I, H,
V. 10 ; Art. am. III, v. 535 ; Trist. Il, v. 427; IV, 10, v. 60. — - i» llor.U, od. 8. —
Properl. Il, 2, V. 43. = iil'alul. 10.=:: npiul. Svlla, 2; Lucull. 6;dc Fort. Hom. p. 265.
246 HOME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
par lui dire : « Que Pompée le permette. » Pompée, soit pour com-
plaire à son ami, soit plutôt qu'il craignît de paraître attacher trop
d'importance à l'amour d'une courtisane, consentit, et Flore céda.
Elle aurait dû deviner que son illustre amant n'avait permis l'infi-
délité que parce qu'il se croyait assez aimé pour être désobéi; mais
la malheureuse pensa avec une certaine délicatesse, qui ne peut, il
est vrai, se rencontrer que dans les femmes de sa condition, que la
chasteté du cœur devait suflire à celui qu'elle préférait. Pompée,
quoiqu'ill'aimât toujours, la regarda désormais comme indigne de
lui, et cessa même de lui parler'. Alors la pauvre Flore éprouva
toute la vérité de cette maxime, que l'amour offre la douceur du miel
miie à l'amertume du fiel *. L'indifférence du grand citoyen dont elle
avait possédé, et trahi naïvement l'affection, lui causa tant de dou-
leur et de regrets, qu'elle en fit une longue et dangereuse maladie ^.
Je ne parle ici, mon cher Induciomare, que des courtisanes un
peu relevées, des Meretrices^. 11 y en a d'autres, véritables Vénus
plébéiennes ^ tellement misérables, tellement dégradées*, qu'il fau-
drait pour les trouver s'enfoncer jusque dans la fange des rues de la
ville'', et je ne m'en sens pas la force : J'ai puisé jusqu'à la lie', mais
il ne faut pas la remuer.
Au surplus cette distinction faite par l'usage, par les mœurs, si ce
n'est profaner un tel mot que de s'en servir ici, disparaît devant la
loi qui tient toutes les courtisanes pour infâmes. Jugées indignes de
protection, elles sont sans tuteurs, ce qui les empêche de faire aucun
acte légal ^. Une réprobation perpétuelle pèse sur elles, et dehors,
afin que tout le monde les reconnaisse, on leur interdit la coif-
fure des honnêtes femmes '", les cheveux longs", ainsi que les habil-
lements de leur sexe : elles doivent porter la toge comme les hom-
mes'^ et une mitre '^ peinte de diverses couleurs**. L'espèce de
moralité d'un pareil règlement accuse l'immoralité des mœurs;
il prouve que le législateur s'est vu contraint de tolérer le mal, au
lieu de l'attaquer dans sa racine , en chassant de la république les
courtisanes qui la déshonorent, qui la souillent et la pervertissent.
1 Plut. Ponip. 2. = 2piaut. Cistell. T, 1, v. 71. = » Plut. Ihiâ. = * Non Marcell. v.
flfierclricem. = ^ Mail. U, 55. =6 >;on. Marcel. Id. — Fosl. v. alicaria; et Diobolares.
= ■? PropcMt. II, 18, V. 71. = 8 II, quklem de fœce hauris. Gif. Rrul. 69. = ' Tit.-Liv.
XXXIX, 9, 19. = i« Ov. Art. am. lU, v. 485. = n Plaul. Moslcll. I, 1, v. 69. = 12 Cic.
Philipp. II, 18. — Hor. I, S. 2, v. 65, 82. — Juv. S. 2, v. 90. — Mart. Il, 59 ; VI, 64 ;
X, 32, = li Juv. S. 5, V. 66.— Sc'iv. in .Eacitl. IV, v. 216. = iM'icla milia. Juv. Ibid.
À
LETTRE V.
LE CUAMP-DE-MAnS.
Voici la seconde lettre que je te promis sur la topographie de
Rome, lorsque je t'ai parlé du Forum romain. Je le répète, il est très-
important pour rintelligence de mes récits que tu connaisses le
Cliamp-de-Mars, cet autre lieu de la vie publique et privée des Ro-
mains, où ils agissent presque autant que sur l'autre.
A l'occident de la ville, derrière le mont Capitolin et le mont Qui-
rinal, en dehors des murs, on trouve un immense quartier bas et
plat, k demi enveloppé par le Tibre, et appelé la région du Cirque
FlaminiusK Une partie seulement, celle qui avoisine le Capitolin, a
des constructions ; l'autre , baignée par le fleuve, est à l'état de
plaine: c'est le Champ-de-Mars- . Originairement toute la région
n'était qu'une prairie où l'on élevait des chevaux, et dans laquelle la
jeunesse romaine venait s'exercer au maniement des armes, aux évo-
lutions et aux rudes travaux de la guerre, d'où lui vint le nom de
Champ-de-Mars ^. Quand Rome déborda ses murs, ce champ sacré
demeura longtemps intact; mais enfin, un peu avant le milieu du
cinquième siècle, quelques monuments y furent élevés. Celte inva-
sion continua pendant le sixième siècle, et prit une telle extension
pendant le septième, et surtout de nos jours, que maintenant la plaine
de Mars contient un magnifique quartier*, espèce de ville neuve
plus belle, plus splendide que l'ancienne, parce qu'on n'y voit que
des édifices publics, et point de maisons particulières*.
La région du Cirque Flaminius se rattache à Rome par des cou -
structions qui, bien que hors des murs, appartiennent à une région
de l'intérieur : ce sont le Forum Olitorium^ ou marché aux légumes,
au bas de la partie méridionale du mont Capitolin ; et vis-à-vis, trois
petits temples contigus consacrés, l'un à Junon-Matute, l'autre à
l'Espérance, et le troisième à la Piété®.
Immédiatement après ces temples et ce Forum, on entre dans la
région Flaminienne. Elle s'annonce par une série de monuments,
1 Plan et Descript. de Rome, IX" rég. —^Ibid. n" 196. = 3'd. Halic. V, 13. —
* Descript. de Rome, p. 159. = 5 Plan et Descript. de Hoinc, n" 2C1. = " Ibid. n" 2C3.
-ii.s KoiMi: AU sikci.l: d auguste.
un llléAtrc «iiii porte.' h; nom dtî Marcellus', neveu de I (-nipeit.nr;
deux temples, l'un consacre au dieu du jour, Ai)ollon -, l'autre à I5el-
Ione\ déesse de la guerre ; un portique appelé du nom d'Octavie',
sœur de l'empereur, et un Cirque, longue lice entourée de gradins
de pierre, close de nnu's à plusieurs étages percés en portiques, (yest
le Cirque Flaminius ^ auquel la région doit son nom, et qui lui-
même n'a été ainsi appelé que parce qu'il s'élève dans un ancien pr(;
du consul Flaminius.
En s' avançant vers l'occident on rencontre deux autres théâtres
comme ci^lui de Marcellus : le théâtre de Cornélius Balhus^ et celui
de Pomp(''('\ Il y a aussi le Portique de Pompée*, Vllecatonstylon
ou Portique aux cent colonnes^, le Portique corinlliien^'^ , et d'autres
encore.
A l'orient, un peu au-dessous du Cirque Flaminius, on voit la
\ illapuhlica^^, grande et somptueuse maison avec des cours entou-
rées de galeries. Dans cette prétendue maison des champs le peuple
Romain donne l'hospitalité aux ambassadeurs des peuples ennemis
(|u'on ne veut pas admettre dans Rome. La Villa puhlica sert aussi
pour certaines réunions du peuple.
Près de là sont les Septa Julia '-, immenses portiques particulière-
ment destinés aux assemblées populaires.
Je parcours la ville Flaminienne sans presque m'arréter; je
nonuue seulement en passant les édifices principaux qui peuvent
servir comme de jalons dans la description topographique que j'ai
entreprise ; plus tard je te les ferai connaître avec quelque détail ;
mon but n'est aujourd'hui que de te donner une idée générale du
Champ-de-Mars. Je ne puis cependant m' empêcher de faire une
exception pour deux ou trois monuments qui d'ailleurs sont encore
de véritables guides pour ma topographie.
Le premier est le Panthéon^^, magnifique temple que je nommerais
volontiers le roi du Champ-de-Mars, tant il surpasse les autres mo-
numents par la beauté, la masse et la hardiesse de sa construction.
11 s'annonce par un péristyle de cent dix pieds de largeur sur plus de
quatre-vingt {") de profondeur, composé de seize colonnes de granit
gris. Elles sont d'un seul bloc, et ont plus de treize pieds de circon-
1 Plan et Descript. de Uome, ii" lii. = '^ Ihid. ii" U9. = » Ibid. n" 148. = '' Ibid.
i^» {oO. =■' Ihid. U)3. = « //^iti. Il' \i(i. ='' Ihid. il» 156. = « //>if/. li» 160.=
w Ibid. n« 161. = 1" Ibid. ii" i:,\. = n Ibid. ii" 168. = '^ Ibi !. n" 177. = i* Ibid.
Il" 180. (") 35 niètr. 50 sur 25 i!;t'ii-.
férciiœ siii' (luuraiilc-scpl au moins de liaiiteiir ("j, y compris leurs
bases et leurs cha[)iteaux en marbre blanc. Les chapiteaux repré-
sentent un buisson de feuilles d'acanthe sortant du haut de la coloime
connue d'un tube. Les feuilles, disposées en rangs superposés, se
courbent un peu par leurs extrémités, dans les intervalles les unes
des autres, comme si elles fléchissaient sous le poids des épistyles.
C.ctte décoration gracieuse, élégante et légère, a été inventée par les
Grecs; on l'appelle ordre corinthien. Les colonnes, rangées par huit
de front, et trois de profondeur pour le dernier et le deuxième avant-
dernier rang des extrémités latérales, supportent un majestueux
fronton, dont le tympan est décoré d'un bas-relief en airain, le faîte,
d'un quadrige et de statues de même métal, et la frise, de l'inscrip-
tion suivante, en grandes lettres saillantes, également en airain :
M. ACiRIPPA. L. F. COS. TERTIVM FECIT.
C'est-à-dire : Fait par M. Agrippa, fils de Lucius , consul pour
la troisième fois.
Agrippa, ministre de l'empereur, bâtit ce temple en l'honneur de
Jupiter-Vengeur, et l'on pourrait dire aussi d'Auguste, dont il dési-
rait placer la statue colossale auprès de celle du roi des dieux : mais
le prince ne le voulut pas, et permit seulement que son image fût
mise sous le péristyle. On l'y voit en effet dans une niche à droite
de la porte d'entrée, en parallèle du simulacre d' Agrippa lui-même,
qui occupe une pareille niche à gauche. La statue d'Auguste tient
une lance en guise de sceptre.
Traversons Taire dallée qui est devant l'édifice ; montons les sept
degrés qui conduisent au péristyle ; franchissons la porte dont le
double battant d'airain ciselé demeure ouvert à tout le monde :
nous voici dans le temple. Il est circulaire, et couvert par une cou-
pole dont la forme, empruntée à la voûte céleste, a valu au monu-
ment le nom de Panthéon, comme destiné à être la demeure de
tous les dieux. Ses proportions sont celles d'un globe : il a cent
quarante-six pieds C") de diamètre, et autant de hauteur. Sa cou-
pole repose sur un mur de vingt-cinq pieds d'épaisseur, dans lequel
sont ménagés sept édicules, quatre dont le fond se termine carré-
ment, et trois semi-circulaires; la porte d'entrée occupe l'emplace-
ment d'un quatrième. Une statue d'airain, d'argent, d'or, ou d'ivoire
[") l'« iiR'Ir. 064. Mesures prises sur la restauratron de M. Isabelle, L:difices circu-
/aires cl Dômes. Home, pi. 1-J-lG. ('') 45 mèlr. iOS.
250 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
décore chaque édicule. Jupiter occupe celui qui fait face à la porte,
et qui est un peu plus ^land que les autres.
Deux colonnes en marbre jaune, cannelées, hautes de plus de
trente-sept pieds ("), avec des chapiteaux corinthiens en airain
de Syracuse ', séparent chaque édicule de l'enceinte circulaire du
tenq)le. Elles supportent un entablement de marbre blanc, qui
rèp;ne tout autour de l'édifice, et que rehausse une frise de por-
pliyre. Un atlique de marbre, dans lequel sont quatorze niches car-
rées, ornées de chambranles et de frontons, avec des cariatides
d'airain dans leurs intervalles^, surmonte cet entablement. De là
s'enlève la voûte, au centre de laciuelle existe une ouverture de
trente-trois pieds ('') de diamètre, par où l'on aperçoit le ciel.
Agrippa n'a rien épargné pour rendre le Panthéon d'une magni-
ficence achevée : à l'intérieur et sous le péristyle les murs sont
revêtus de marbre blanc, et partout le sol est dallé de carreaux de
marbre jaune et de marbre blanc veiné de violet, et de grands ronds
de porphyre de plus de huit pieds de diamètre. Il a prodigué l'ai-
rain et au péristyle, et à la voûte, et à l'œil de la voûte, qui est garni
d'un cercle de ce métal doré, façonné à son bord inférieur comme
une grande couronne de chêne. Cent quarante rosaces d'airain, do-
rées aussi, brillent dans la coupole, et décorent cinq rangs de cais-
sons carrés, dont les plus grands ont près de quinze pieds sur
treize ('-).
Le dôme est couvert de lames d'airain doré^, et le comble du
péristyle, de dalles de marbre. Elles reposent sur des poutres d'ai-
rain, revêtues en dessous de grandes tables de même métal, courbées
en voûte, et enrichies d'une multitude d'ornements d'argent sur un
fond d'or*. L'un des entrepreneurs* de ce merveilleux monument
m'a assuré que l'airain employé au péristyle seulement, formait un
poids de plus de quarante-cinq millions de livres *!
Le Panthéon se trouve à l'extrémité septentrionale de la partie
bâtie de la région Flaminienne. En sortant de ce temple on descend
dans le Champ-de-Mars proprement dit, où les regards sont attirés
par le Gnomon"' et le Mausolée^.
Le Gnomon, qu'on rencontre d'abord est une horloge solaire qui
ne marque que le midi, et particulièrement celui des solstices d'hi-
1 Plin. XXXIV, 3. = 2 Id. XXXVl, 3. = 3 Paul. Diac. V, c. 2, 13. — Muratori,
Clironic. farfens. el Chronic. cassiehs. = * Rcdemptor. = s Plan et Descripl. de Rome
n» 194. = 6 Ibid. Il» 185. («) 10 mclr. 930. {>>) 8 môlr. 993. (c) h m. 02, sur 5 m. 87.
LETTRE V. 251
ver et d'été, celui des équinoxes, et la longueur comparative du jour
: et de la nuit à ces époques. Il se compose d'un grand obélisque mono-
lithe, de soixante- treize pieds neuf pouces de haut (") , en granit rose.
A sa base, du côté du septentrion, s'étend une étroite et longue espla-
nade en marbre blanc, dans laquelle sont incrustées des règles d'airain
dorées, servant aux indications que je viens de dire, quand elles re-
çoivent l'ombre de l'obélisque, fortement accusée par un globe d'airain
qui le surmonte. Au solstice d'hiver, l'ombre atteint l'extrémité de
l'esplanade; le jour du solstice d'été celle du globe est ramassée sur
elle-même, et l'obélisque éclairé sur ses quatre faces. Cette gigan-
tesque méridienne est un ouvrage tout récent de l'empereur ; il a
fait apporter d'Egypte Fobélisque qui sert de style, et dont toutes
les parois sont sillonnées de figures contenant, dit-on, l'interpréta-
tion de la nature selon la philosophie des Egyptiens. Ce monolithe
repose sur un piédestal également de granit, qui a près de quinze
•pieds de haut, et autour duquel règne un banc de marbre blanc.
À quelque distance du Gnomon s'élève le Mausolée ', tombeau que
l'empereur a fait construire pour lui et sa famille, il y a cinq ou six
ans. Représente-toi une grosse tour ronde, d'environ trois cent qua-
rante pieds ('') de diamètre à sa base, d'autant de hauteur, et repo-
sant sur un soubassement carré. Elle est divisée en trois étages ou
gradins concentriques, dont les diamètres vont en diminuant. L'es-
pace laissé par chaque retraite forme un encaissement rempli de terre,
et planté de cyprès qui, ne dépouillant jamais leur verdure, font un
agréable contraste avec les murs de l'édifice, partout revêtus de
marbre blanc. Une statue d'airain, représentant l'empereur, forme
l'amortissement du dernier étage.
L'intérieur du Mausolée contient quarante-cinq chambres circu-
laires, quinze au rez-de-chaussée, et autant à chacun des premier
et deuxième étages. Un bel escalier en spirale, ménagé au centre du
monument, dessert ces deux étages et conduit au troisième, qui a
la forme d'un petit temple rond. C'est là le vrai mausolée impérial.
Au milieu s'élève un fût de colonne tronquée, sur lequel reposeront
un jour dans une urne, les restes mortels du chef de l'empire. Les
autres chambres sont réservées à ses parents et à ses amis. Il veut
ainsi grouper autour de lui, après sa mort, les personnes qui l'auront
aimé pendant sa vie.
' l'ian cl Dcscripl. île Rome, ii« lb5. («) 21 mèlrcs 850. [}') 100 mùlrcs.
-'- isoML Al 6\KaA-: d'algustl:.
iienière le iMausoIée verdoie; un //ois sacre \ qui l'oime des pro-
iiionados charnianh^s oiivprtosiiii j)<'iii)lc.
l-n peu en avant, sur la droite, est une grande place circulaire,
destinée aux funérailles: on l'appelle le Bustum^. Elle est plantée de
peupliers, et entourée d'une grille en fer sur un mur de marbre
blanc. Vis-à-vis se trouve une maison destinée à servir de refuge
temporaire aux parents et aux amis appelés à célébrer les cérémo-
nies funèbres'.
Le tombeau de l'empereur n'est pas le seul qu'on rencontre dans
le Cliamp-de-Mars ; les Romains regardant cette plaine comme un
véritable sanctuaire, y ont j)Iacé les monuments funéraires des plus
illustres personnages des deux sexes. Du temps de la monarchie c'é-
tait un honneur qui n'appartenait qu'aux rois; d'illustres person-
jiag(>s l'ont partagé depuis, et quelquefois on en fait une récompense
publique. Parmi ces tombes honorables, on remarque celles que le
sénat décerna au père et à l'oncle du dernier Scipion l'Africain ; cell(#
de Sylla ; et, dans des temps plus rapprochés, celle de Julie, tille de
Jules-César et femme de Pompée.
La plupart des tombeaux* bordent la voie Flaminia^, grande et
belle route qui, après avoir traversé le Champ-de-Mars dans sa par-
tie orientale, prend, en arrivant aux Septa-Jules, le nom de voie
Lata, et pénètre dans la ville par la porte Ratumène^ au pied du
mont Capitolin.
Aux environs de cette porte, sur la droite de la route, et presque
en face des Septa-Jules, on trouve un quartier qui est encore en
quelque sorte une des sections du Champ-de-Mars, bien qu'il ne
fasse pas partie de la région du Cirque Flaminius : c'est le Champ
(l'Agrippa, ainsi nommé d'Agrippa, qui Ta décoré de 5e/)/a nouveaux'
et d'un immense bâtiment appelé Diribitorium^, dans lequel on dis-
tribue la paye aux soldats. Ce dernier édifice est le plus vaste qu'on
ait jamais vu couvert d'un seul toit.
Revenons au Chanqj-de-Mars : dans sa partie la plus large, où le
Tibre commence à se courber pour former de cette plaine connue
une presqu'île, on remarque une immense toutFe de verdure, ce sont
des jardins, séjour de plaisance d' Agrippai Un peu au delà, plus près
' Plan cl Desciipl. de- Homp, n» 186. = ^ Ihid. i\o 187. = 3 Jhid. ii" 188. = * Ibid.
Il" 10.",. — 5 Ibid. iiJ 191. — 6 Ibid. il» 50. = ^ Ibid. n» iG. — » Ibid. n"47. = » Ibid.
ii« 1G9.
r.KTTRE V. ^r^Ti
(lu neuve, on admire un monument unique à Rome, un vaste am-
phithéâtre en pierre, construit et achevé depuis peu de temps par Sta-
tihusTaurus*, ancien gouverneur de la ville^
Je me bornerai pour aujourd'hui à celte description sommaire de
la région que l'on confond souvent dans Tappellation commune de
Cirque Flaminius ou de Champ-de-Mars. Je n'ai pas nommé tous
les monuments qui décorent cette espèce de faubourg moitié ville et
moitié champ; je le répète, j'aurai plus tard de fréquentes occasions
d'y revenir. J'ajouterai seulement que dans la partie bâtie du Champ-
de-Mars, qui forme à peine le tiers de sa superficie totale, on compte
un cirque, trois théâtres, un amphithéâtre, neuf portiques pour la
promenade, et vingt-deux temples.
Les belles constructions réunies dans ce Champ qui a près d'un
mille (") dans sa plus grande largeur, sur autant de longueur; sa pe-
louse toujours verte, malgré un soleil ardent dont les feux sont com-
battus par la fraîcheur du terrain et les débordements assez fréquents
fin Tibre; l'aspect d'une colline couverte de jardins qui borne cette
prairie à l'orient, derrière la voie Flaminia, et se courbe en cercle
presque jusqu'au Tibre, forment un spectacle que l'œil embrasse avec
déhces et n'abandonne qu'à regret. Sur l'autre rive, le mont Vatican,
et la colline du Janicule avec sa Forteresse, ses longs murs et ses jar-
dins, complètent cet ensemble ravissant. Un étranger qui arrive à
Rome par la voie Flaminia, ou qui regarde le Champ-de-Mars du
haut de la Colline des Jardins^ {''], s'imagine qu'il ne^ verra plus dans
les autres quartiers que de simples faubourgs. En effet, il n'y trou-
vera rien de supérieur ni même d'égal à ce champ que l'on pourrait
appeler la ville aux monuments, et qui, par son ensemble, par sa
situation, par son étendue, présente ce que Rome a tout à la fois de
plus séduisant, de plus majestueux, et de plus admirable.
1 Plan et Descript. de Rome, n° 182. = 2 Dion. LIV, 19. = 3 pian el Pesnipl. de
Rome, n'> 189. (") 1481 mùtr, 481. [*<) Aujourd'hui le Monte Pincio.
LETTRE VI.
DU POUVOIR DE l'eMPEREIR. LES CONSILS ET LES TRIBUNS DU PEUPLE.
La pl6be est dans les transports de la joie la plus vive; l'empereur
vient de lui faire distribuer un congiarium : c'est une libéralité en-
tièrement gratuite, pratiquée depuis longtemps parles gouvernants
ou les ambitieux comme un puissant moyen de popularité. Elle se
composait autrefois de distributions de vin* ou d'huile^, fîiites par
congés, mesure de capacité (") pour les liquides, d'où le nom de con-
giarium. Plus tard on substitua l'argent aux denrées. Jules-César
recourut souvent à ces distributions pour capter la faveur populaire',
et l'empereur suit l'exemple de son père adoptif : après avoir donné
des congiaria de trente et de quarante sesterces C") par tête, sa géné-
rosité a été une fois à deux cent cinquante* [^), et une autre fois à
deux cent soixante-quatre ('') . Aujourd'hui il s'est encore surpassé,
il a distribué par tête quatre cents sesterces ^ [') , ce qui porte la lo-
talité de la distribution à cent vingt-huit millions de sesterces C"), car
depuis l'an sept cent vingt-cinq*, Auguste faisant participer à ces li-
béralités les jeunes fils de citoyens qui jadis n'y pouvaient être admis
avant l'âge de onze ans'', le nombre des gratifiés s'est trouvé de trois
cent vingt mille! Au surplus, il a du se montrer généreux, il payait
pour ainsi dire le prix de l'empire par cet énorme congiarium qui a eu
lieu à propos de la puissance trihunitienm que le sénat vient de lui
décerner '.
Qu'est-ce que la Puissance Trihunitienne, vas-tu me dire? Ceci
nous ramène justement au point oii nous en étions restés dans ma
dernière lettre. J'éprouvais quelque embarras pour définir claire-
ment le pouvoir de l'empereur : le sénat vient de me tirer de peine.
Avant de l'expliquer ce nouveau pouvoir inventé par le génie servile
des sénateurs, quelques éclaircissements historiques préliminaires
sont indispensables.
1 V\n. XXXV, 2. = * Tit.-Liv. XXV, 2. =3 Suet. Caes. 27.— Cic. Philipp. II, 45. =
* Suet. Aug. 44. = 5 piebei romanac virilim pcrnumeravi. Lapis Ancyr. roi. 5. =*Dion.
Ll, 21. = " Suet.— Dion. Ibid. = * Lapis Ancjr. col. 5. i") 5 litres 2.52. {'') 8 fr. 07 c,
et 10 fr. 76 c, (') 67 fr. 23 C. (d) 71 fr. 02 c. (") 107 fr. 56. (/") 54,410,000 fr.
LETTIiK M. 255
Tu le rappelles que le gouvernement de Rome lut oiiginairemenl
monarcliujue. Cette forme se conserva pendant près de deux siècles
et demi, sous l'empire des rois, dont le dernier, ayant abusé de sa
puissance, provoqua une révolution à la suite de laquelle il fut
chassé du trône, et la monarchie abolie.
Le gouvernement prit alors plus spécialement le nom de Répu-
blique, mais sa forme se trouva modifiée plutôt que changée; tout
consista à partager entre deux magistrats le pouvoir suprême, au-
paravant réuni dans les mains d'un roi, et à rendre ce pouvoir an-
nuel, de viager qu'il était, afm d'empêcher désormais qu'il ne se
corrompît par l'unité ou par la durée '.
Du reste, les Consuls ( ces nouveaux magistrats furent ainsi nom-
més, atin, dit-on, qu'ils se trouvassent avertis de ne consulter que
l'intérêt de leurs concitoyens'^), les Consuls, dis-je, héritèrent de
toutes les prérogatives et de toutes les marques extérieures de l'auto-
. rite royale^. Seulement, pour ne pas paraître avoir doublé la royauté,
ils ne prirent que tour k tour pendant un mois ^ l'appareil du pouvoir
souverain. Il consiste surtout en une troupe de douze licteurs, offi-
ciers subalternes ° marchant toujours devant le Consul, sur une seule
file en long ®, vêtus de toges courtes'', et armés dans la ville de fais-
ceaux de verges ^ de bouleau * liés avec des lanières de cuir rouge'''.
Vers le milieu de ces verges ils attachent une hache "lorsque le magis-
trat sort de Rome". Partout les licteurs annoncent son arrivée*^, quand
il va dans une maison, en frappant rudement à la porte avec leurs
faisceaux de verges '' ; dehors, en invitant tout le monde à se décou-
vrir, à se lever, à descendre de cheval, ou à se ranger de côté *\
marques de respect que personne ne refuse, et que l'on rend même
sans attendre l'invitation '^ Quand il est chez lui, les faisceaux plan-
tés de chaque côté de la porte annoncent encore sa dignité '^
Le Consul qui n'a point les fai.sceaux est suivi de ses licteurs, et
' Cic. deRepub. H, 32. — Til.-Liv. I, 60. — Sali. Catil. 6. — Flor. I, 9.— D. Halic-
IV, 64. = 2 Flor. I, 9. — D. Halle. IV, 76. — Dit,'esl. I, lit. 2, Icg. 2, <? 16. = 3 Til.-
Liv. Il, 1. _ Cic. de Repub. II, 52 ; III, 18. — Flor. I. 9. — D. Halic. IV, 76 = * Cic.
de Repub. II, 31. — Til.-Liv. II, l ; VIll, 12. — Suel. Cœs. 20. — A. Gell. H, 13. —
Dion. LUI, 1. = 3 Ov. Pont. IV, 9, v. i. — Senec. de ira, III. 31. — Cic. — Til.-Liv.
— Flor. — D. Halic. cic, passim. = « Til. Liv. XXIV, 44.— V. Max. Il, 2, 4. = 7 Togula-
Cic. in Piso, 23. =» Til.-Liv. XXIV, 9. — I). Halic. V, 19. — 9 Plin. XVI, 18. =
>o Ljd. de Magist. II, 32. = n Til.-Liv. XXIV, 9. - D. Halic. V, 19. = 12 Suel. Cœs.
80. = 13 Tit.-Liv. VI, 34. -Flor. I, 26. — l'Un. Vil, 50. = ^ Til.-Liv. XXIV, 44.—
V. Max. II, 2, 4. — Serv. in .-Ivieid. XI, v. 500.— Sonec. Ep. 64, 91.- ,\. Cell. Il, 2. —
'^ Senec. Ibid. = 16 Pclron. 30. — Claud. in quart, consul. Honor. v. 410 : In consul,
l'rob. et Olvb. v. 322.
256 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
précédé seulement d'un héraut ' ; mais, il garde le costume consu-
laire, qui est celui de tous les j^^rauds n)agistrats en général *, la toge
prétexte ', le laliclave, et des brode(|uins blancs *. La toge prétexte
n'est autre que la toge ordinaire, bordée d'une bande de pourpre ^
Il est de l'esprit des corporations de travailler pour soi d'abord,
même dans les entreprises dont le bien public parait être le seul but;
aussi les Patriciens, principaux auteurs de la révolution, se réservè-
rent-ils le consulat, et quoique l'élection en appartînt à tout le peuple
en général, ils établirent que les choix ne pourraient jamais se faire
que dans leur ordre *.
Le patriciat demeura ainsi maître de la république par le consu-
lat et par la sénatorerie ''. Pendant quinze ou seize ans, toutes les
magistratures dépendirent du consulat; mais ensuite il s'en éleva
une nouvelle entièrenienl indépendante, qui, peu importante d'a-
bord, finit par devenir formidable. Dans ce temps-là, tout citoyen
devait à la république le service militaire sans indemnité. Beaucoup
de plébéiens ne subsistant que de leur travail, se trouvaient obligés,
par suite des fréquents appels sous le drapeau, de s'endetter, pour
vivre et pour servir la république. Bientôt les dettes s'accumulèrent;
les débiteurs, devenus insolvables pour la plupart, furent tourmen-
tés de toutes manières par leurs créanciers. Le peuple réclama des
sénateurs un adoucissement à son sort ; il n'obtint rien. Alors, voyant
ses maux au comble, il abandonna une patrie qui ne laissait à ses dé-
fenseurs, pour prix de leurs services, que l'indigence, les fers et
l'esclavage. 11 se retira sur une montagne h quelques milles de Rome,
et, sans commettre aucune hostilité, attendit qu'on lui fit justice sur
ses demandes*.
Le Sénat, effrayé, se hâta d'entrer en composition avec les mécon-
tents. Ils exigèrent d'abord l'abolilion des dettes et l'élargissement
des débiteurs; ensuite la création de cinq magistrats ' ( d'autres di-
sent de deux'"), âgés de trente ans", qui, pris exclusivement parmi
les plébéiens, devaient les protéger contre les entreprises des riches.
• Suel. Cccs. 20. — ïhesaur. Morell. fatnil. Junia, tab. 1,2, A. — Vaillant, famil. rom.
Junia, 3, i. = ^ Cir. posl. redit, in Senal. 3; pro Scxl. 69. — Tit.-Liv. XXXIV, 7. —
Quint. Derlum. 31 1. — Manob. Saiurn. 1, 6. — l'iul. Cic. 19, elr. = ^Ov. l'ont. IV, 9,
V. 42. — Ki'Sl. V. lofraloium. — L>(l. de .Ma);isl. I, 32. = * L\d. Ih>d. = -^ Marrob. Sa-
turn. I, 6. = 6 Y. LiMln- \\VI. = "^ Cir. de Ucpiib. Il, 3-2. =i 8 Tit.-IJv. U, 23, 32.—
D. Halir. VI, 21 el ssq — IMul. Coriol. 6. = ' Tll.-I.iv. Il, 53.— (.lie. fra^m. pio Cornel.
— D. Halir. VI, 87. 89. l'Iut. Coiiol. 8. — '<• Til.-I.iv. H, 53. — Lyd. de iMagisl. 1, 38.
= " Acad. des Inscripl. uouvel. série, l. XIU, p. 328.
LETTRE YI. 257
les usurpations des patriciens et des nobles', et servir de contrepoids
à l'autorité consulaire -.
Cet événement arriva dix-sept ans après l'institution du consulat ',
l'an deux cent soixante de la ville. Les magistrats furent choisis dans
l'armée, parmi les chefs de corps appelés Tribuns des soldats, et re-
çurent le nom de Tribuns du peuple *, pour rappeler le but de leur
institution*. En même temps une loi établit la perpétuité de ce nou-
veau tribunal ^ et prononça la peine de mort contre quiconque ten-
terait de l'abolir ^
Les Tribuns du peuple, auxquels la loi de leur institution imposa
l'obligation de tenir leur porte ouverte jour et nuit aux citoyens', ne
devaient être, et ne furent d'abord effectivement, que de simples pro-
tecteurs *. La loi les considérait si peu comme des magistrats, que
quand on créait un Dictateur, et que toutes les autres autorités deve-
naient nulles devant la dictature, le tribunat seul subsistait toujours^.
Les Tribuns étaient comme de simples citoyens: ils n'avaient ni
marque distinctive dans leur costume, ni suite, rien, en un mot, de
ce qui annonce l'autorité magistrale '*^. Un seul viateur les accompa-
gnait 'S et leur pouvoir expirait aux portes de la ville ^'^ \
Quoique chargés de surveiller le Sénat, ils n'étaient point admis à
ses séances ; assis à la porte de ce conseil suprême , ils attendaient
que les Pères leur envoyassent communiquer le résultat des délibé-
rations. Tout leur pouvoir consistait dans le droit d'opposition, droit
immense, il est vrai, puisqu'il les mettait à même d'entraver les ma-
gistrats dans leurs fonctions, d'annuler les lois, d'empêcher la tenue
des comices *^ d'arrêter la levée des soldats '* , et d'invalider les
sénatus-consulles, qui ne devenaient obligatoires qu'autant qu'ils
étaient souscrits de la lettre T, initiale du nom de Tribun *\
Mais le tribunat ne tarda pas à se lasser de ce rôle passif; dès la
seconde année de son institution, une famine, suite de l'abandon
où le peuple avait laissé les terres lors de sa retraite, ayant obligé de
faire venir du blé des pays voisins, on proposa dans le sénat de l'of-
frir au peuple à bas prix, à condition qu'il renoncerait à ses Tribuns.
* Appian. de Bell. civ. 1, p. 599 = 2 Cic. de Legib. III, 7. = 3 Lyd. deMagist. I, 38.
= * Varr. L. L. V, g 81. = 3 Cic. de Legib. III, 3. = « Tit.-Liv. HI, 55. = ^ Plut.
Qua?st. rom. p. Ul.— « Tit.-Liv. II, 35. — D. Haiic. VI, 87, 89. = 9 Tit.-Liv. VI, 38.
— Poljb. 111, 18.— Plut. Fab. Max. 9; Anlo. 8; Quïst. rom. p. 141. = i" Plut. Quœst.
rom. p. 141.=i»V. Max. IX, 1, 18.— A. Gell. XIII, 12. = '2 D. Halic. VIII, 87.—
Appian.de Bell. civ. II, p. 736.— Dion. LI, 19. = i> Voy. Lettre XXXVI. = '^ Tit.-Liv.
IV, 1, 6, 53; XXXIV, .56. — D. Halic. VIII, 87; XI, 64. — Pion. XXXIX, 39. = '5 V
Max. II, -2, 7.
I. 17
ioH ROMF. Ai; SIKCLE D" AUGUSTE.
Un sénalPiir nomnu'! Marciiis Coriolan appuya fortement cet avis. Le
bruit en vint jusqu'au pfuplo qui , outr-j do colère, fut sur le point
de courir aux armes. Les Tribuns citèrent Coriolan devant le peuple,
et cet ajournement suspendit la fureur des plébéiens, chacun se
voyant constitué juge et maître de la vie et de la mort de son en-
nemi. Quoique Coriolan refusa de pjtraître, disant que l'autorité des
Tribuns se bornait à protéger et ne s'étendait point à punir , il n'en
fut pas moins jugé, et condanméau bannissement perpétuel'.
Ce premier pas fait, les Tribuns du peuple marchèrent d'usurpation
en usurpation; minant sans cesse la puissance des patriciens, ils de-
mandèrent et obtinrent successivement pour leurs protégés le con-
sulat * et toutes les magistratures religieuses les plus importantes ',
sans que les patriciens aieiit jamais pu occuper le tribunat, ou'une loi
spéciale leur interdisait *. Bien plus, ils rendirent à peu près indé-
pendantes les autres magistratures subordonnées aux consuls, eh
prêtant leur appui à tous les magistrats qui voulaient résister au pou-
voir consulaire ^ Le Sénat né fut pas à l'abri de leur omnipotence
protectrice, qu'ils interposèrent , à l'occasion, entre les sénateurs
eux-mêmes '.
Les usurpations àllèreni si loin, que les protecteurs, devenus op-
presseurs, finirent, au commencement du quatrième siècle, par ab-
sorber le consulat : pendant quatre-vingts ans environ , Rome eut
souvent des Tribuns consulaires, c'est-à-diré revêtus de la puissance
des consuls '', et cela indépendamment des tribuns du peuple *, car
les tribuns consulaires étaient pris parmi les tribuns militaires ^.
L'usurpation fut, il est vrai, souvent palliée, parce que les patriciens
trouvèrent moyen de se faire élire aussi à cette magistrature '**. Néan-
moins, quand les consuls reparurent , les tribuns, toujours absolus
et violents, n'hésitèrent pas plus que par le passé à destituer ces ma-
gistrats, à les faire même jeter en prison lorsqu'ils rencontraient
en eux une opposition trop prononcée à leurs entreprises".
Sans m' arrêter davantage à continuer l'histoire du Tribunat, qui
» Tit.-Liv. II, 54, 55.— Plut. Coriol. 16 et ssq. = 2 Tit.-Liv. IV, 1, 7 ; VI, 42 ; VII,I;
VIII, 12; XXllI, 31. =3 Voy. Lellre XXX.=4Til.-Liv. Il, 53; XXX, 19.— Plul. Cic. 34;
Cal. min. 53, 40. — Dion. XXXVII, 51, etc. = » Cic. de Legib. 111. 7. — Tit.-Liv. —
D. Halir. passim. — « Tit.-Liv. XXVII, 8. — Tar. Hisl. II, 91. — Plin. IX, Ep. 13.=
7 L'an 510. Tit.-Liv. IV VI, VII, passim.— Digesl. 1, til. 2, leg. 2, gl 25. = «Til.-Liy.
IV, 56; V, 9.= 9 Tit.-Liv. IV, VI, VII, passim. — Digcst. Ibid. = 'O Tit.-Liv. IV, 57;
V, 12, 13, 17.- Diod. Sicul. XIV, p. 300. = H Til.-I.iv. XLVlll, LV, Epito. — Cic. ih
Valin. 9 ; de leg. .\gra. H, 57 ; de Legib. 111, 9. —Plat. Marias, 4 ; Ti. Grâce. 15. —
nion. XXWII, 50 ; XXXVIH, 6.
T.ETTRE Vr. 259
fut ruiné par Sylla \ rétalili par Pompée ^, et foulé aux pieds par
Julos-César ^ je reviens à la Puissance Tribuni tienne. L'empereur
avait inventé celte dénomination du pouvoir suprême pour éviter de
prendre le nom de Roi ou de Dictateur , tout en se réservant néan-
moins un titre qui dominât les autres commandements*. Auguste ne
peut être Tribun, puisqu'il n'est point plébéien : aussi, par respect
pour les lois, ne lui décerne-t-on pas le tribunal ^ ; on lui en donne
seulement tout le pouvoir et toutes les prérogatives, c'est-à-dire que
sa personne sera inviolable et sacrée ^ et qu'il îiura droit d'empêcher
que l'on fasse rien contre sa volonté, ni dans le Sénat ni dans les Co-
mices ou assemblées du peuple ^ C'était encore trop peu : on le dé-
core, on l'arme de privilèges que n'ont jamais eus les,Tribuns ; il
pourra secourir tous les citoyens non-seulement dans l'enceinte de
la ville, mais encore au dehors, à un mille (°) de distance; rendre la
justice quand on appellera à lui ; enfin faire grâce aux condamnés*.
L'inviolabilité des Tribuns cesse dès qu'ils ne sont plus en charge;
on a le droit alors de les mettre en accusation , de leur demander
compte de leurs actes '. Mais Auguste n'aura jamais rien à craindre
d'un pareil droit, parce que, suivant toute vraisemblance, il se fera
perpétuellement proroger la Puissance tribunitienne'". Il peutcomj)-
ter sur la complaisance des sénateurs; en voici une preuve : le même
sénatus-consulte qui lui confère la puissance de tribun, ordonné
qu'il poilrra faire au Sénat des rapports sur toute espèce d'affaires,
quand mêiiie il ne sera pas consul ".
Pour ne point paraître détruire les formes de l'ancien gouverne-
ment, oh continuera toujours à élire dix tribuns **, (trènte-six anà
après leur création, le nombre en fut doublé, afin que chaque classe
en eût deux '^ * ) ; à créer deux consuls ainsi que les mêmes magis-
trats qu'autrefois. Mais il est tacitement convenu que leur autorité
ne devra jamais lutter contre la Puissance tribunitienne, censée tou-
jours la vraie représentante de la volonté et de l'intérêt du peuple.
1 Cic. deLegib. III, 9.— Tit.-Liv. LXXXIX, Epito.— Suel. Caes. S.— Appian. de Bell,
civ. I, p. 688. = 2 Cic. de Legib. III, 9, 1 1 ; in Verr. I, 15. — Sali. Calil. 38. — Paiercul.
II, 30. — Plut. Pomp. 22.— Ascon. in Uivinat. p. 19. = » Suet. Caes. 79. — Patercul. II, 68.
— Dion. XLIV, 9. =4 Tac. Ann. III, 56. = s Dion. LUI, 17. = « Tit.-Liv. II, 35; III,
55. — Cic. de Legib. III, 5 ; Fragm. pro Tuliio. — V. Max. VI, 1, 7 ; 5, 4. — D. Halic. VI,
9 ; X, 8 ; XI, 13. —Dion. XLIV, 5. = 7 Tit.-Liv. XXXVIII, 43. — Polyb. VI, 3. — Caes.
de Bell. civ. I, l. — Dion LUI. 17. = » Dion. Ibid. = » Cic. in Verr. I, 60 ; ad Altic.
VII, 9. — Tit.-Liv. V, 29. = 10 Tac. Ann. I, 9.— Suel. Aug. 27.— Dion. LUI, 17; LIV,
12 ; LV, 12 ; LVI, 28. = i' Dion. LUI, 52. = 12 Cic, de Legib. III, 10. = >» Tit.-Liv.
lU, 30, 54, 64 {") 1481 mètres.
260 ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
Ainsi, voilà lu liberté confisquée au nom de l'instiUition inventée pour
la défendre.
Achèvement ("). Ce n'était pas la première fois, comme je le crus
alors, que l'empereur se trouvait investi delà Puissance tribunitienne ;
elle lui avait été donnée à perpétuité l'an cinq cent vingt-six , cinq
ans avant mon arrivée à Rome '. Le sénatus-consulte de sept cent
trenle-et-un(date de la lettre ci-dessus) ofi'raità l'empereur le ^/fre de
tribun perpétuel. César-Auguste venait de se démettre du consulat en
faveur d'un vieux républicain*; il affectait un grand dégoîit pour le pou-
voir et ne parlait que de rentrer dans la vie privée. Cette modération,
sincère ou feinte, augmenta l'affection des Romains pour lui ; on vou-
lut s' assurer que dans le cas où il persisterait à quitter les affaires, il
garderait au moins le titre et l'exercice de la Puissance tribunitienne.
Le sénatus-consulte de sept cent trente-et-un n'eut pas d'autre but.
Le Sénat ne décerna aucune puissance à l'empereur; cela ne pouvait
être fait que par le peuple sur les droits duquel c'eût été empiéter ; il
assurait seulement une disposition arrêtée par le peuple , et veillait
à l'exécution de la loi ^
Auguste refusa le titre de tribun perpétuel *, garda l'empire , et
feignit de n'avoir accepté la Puissance tribunitienne que temporaire-
ment : il commença par demander, tous les cinq ans, que le peuple
la lui confirmât^ ; puis il étendit la période à dix années ^ Il semblait,
par-là, consulter les Romains sur son administration , prêt à quitter
l'empire si l'on n'était pas satisfait. Dans tous ses actes, il relatait
qu'il y avait tant d'années qu'il exerçait la Puissance tribunitienne'',
soit pour rappeler à tous le pouvoir dont l'empereur était revêtu, soit
pour se glorifier de cette marque générale de confiance , et puiser
une nouvelle force dans sa durée même.
1 Dion. LI, 19. — Suel. Aur. 27. = 2 nion. LUI, 51. = 3 Acad. des Inscrip. t. XXV,
p. 415 elsuiv. = 4Dion. LUI, 31. = 5 /rf. lIV, 12. — Suel. Aup. 27. = « Dion. LV,
12; LVI, 28. r=7pijn. ni, 20. — Doissard. Anliq. rom. pari. III, p. 53. — Gruler.
p. 196 etssq., etc. (") Voyez le dernier alinéa de Vlnlroduclion, p. 208.
LETTRE Vil.
UOME ET LA VILLE. LE POMOERIUM.
Depuis mos reconnaissances du Forum et du Champ-de-Mars,
j'ai étendu le cercle de mes excursions topographiques : je viens de
faire le tour de la Ville, et d'explorer Home jusqu'à ses contins.
La Ville, c'est la cité légale, qui a des limites fixes, invariables et
marquées ; Home, ce sont toutes les maisons agglomérées autour de la
Ville, sans limites fixes , de sorte qu'on peut être dans Rome sans
être dans la Ville, mais l'on ne peut entrer dans la Ville sans en-
trer dans Rome K Les limites de la Ville se composent de deux en-
ceintes : l'une militaire, formée de hautes murailles construites en
grosses pierres érjuarries, de tuf lithoïde grisâtre*, dont chacune fe-
rait la charge d'un chariot-, et iîanquée de tours carrées'; l'autre
sacrée, plutôt fictive que réelle, tracée seulement par une espèce de
grand chemin de cent soixante-six pieds (") de large*, enveloppant les
murs en dehors, et nommé Pomœrium depost mœrium ou murum,
après ou derrière le mur*.
L'enceinte militaire date de plus de six siècles et demi ; elle a été
construite par le roi Servius ïuUius, afin de faire de la ville une place
de guerre. Dans ce but, on a profité avec habileté des accidents du
terrain pour rendre les murailles plus inexpugnables en les faisant
passer partout sur des lieux élevés ^ Elles partent de la rive gauche
du Tibre : leur première base, en amont du fieuve, est la Roche Tar-
péienne et le montCapitolin ; de là, suivant une ligne presque droite
entre le septentrion et l'orient, elles descendent dans une gorge
étroite au pied du Quirinal, et se relèvent aussitôt sur la croupe de
ce mont dont elles suivent la ligne un peu renflée. A l'extrémité du
Quirinal, elles se replient tout à coup dans la direction du septen-
1 Urbis appellatio mûris : Roniae autem conlincnlibus œdifiriis finilur, quod latins
palet. Digest. L, lit. 16, leg. 2. — Uibs esl Roma, qua- muro ciiigeielur. Koina est eliani
(|ua contincnti a?(iificia esseiil. Nam Roniam non muro tenus existimari, ex consuelu-
(lino ([uotidiana posse inlelligi, cum dircrcmus Komani nos ire cliamsi extra urbeni
liabitaremus. Ibid. leg; 87. = 2 It. llaiic. UI, 67. = 3 Tj|..i jy. \xv, 7. — Slrab. V,
|). '23'< ; ou -208, Ir. fr. = * ^uod erat post nununi, l'oslniœrium dirluni. Varr. L. I,. \,
,^ li5. — l'ninœiium, veibi \ini solam intucntcs. poslniœriuni inlreprolantur esse, lil.-
Liv. I, 4i.— riut. Uoniul. 10. = 'i V. la Carie, Site cl Murs de Home. {<•) 49 mclrcs 18:-.
2b-2 UOME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
Irion au midi, et présentent à l'orient une longue face qui, depuis lu
porte Colline jusqu'à la porte Esquilinc, confine à une plaine. Pour
remédier à cette position désavantageuse, le roi Servius a lait creuser
un fossé de plus de cent pieds de large sur trente de profondeur (");
les terres rejetées du côté de la ville ont formé une forte levée qu'il
revêtit d'une muraille, flanquée de tours, et dont le pied est dans le
fond du fossé ' tandis que le sommet se protile avec la crête des murs
établis sur l'Esquiîin etsur leQuirinal. C'est vraiment un formidable
et magnifique ouvrage^ : cette muraille également en grosses pierres
de tuf équarries, a près de cinq mille pieds de long^ ('j, quinze à seize
pieds d'épaisseur*, sur environ quatre-vingts pieds de liauteur*('^).
Les terres qui la renforcent par derrière forment comme une digue
de cinquante pieds de large ^ (''), en pente vers la ville, avec un che-
min au sommet pour permettre aux soldats de se poster derrière le
mur''. On appelle Acjger cette immense fortification; elle porte le
nom de Servius*, et quelquefois aussi celui de Tarquin-le-Superbe^
qui la termina ou l'augmenta *.
Les murs de Rome, dans le reste de leur tracé, passent sur le mont
Esquilin, arrivent en tête du Cœlius, longent son plateau au midi,
sautent sur TAventin où ils font une double saillie pour envelopper
les deux sommets dont se compose cette colline, et se terminent au
Tibre après s'être repliés le long de la falaise escarpée parallèle à la
rive gauche du fleuve.
L'ensemble de cette enceinte dans laquelle sont percées vingl-deux
portes, a une forme assez irrégulière: elle s'allonge beaucoup du
midi au septentrion, et se rétrécit d'une manière très-sensible, d'o-
rient en occident. Le système de défense est complété, sur la rive
droite du Tibre, au moyen d'une forteresse rehée à la ville par deux
longs murs qui se profilent avec ceux de la rive gauche du fleuve.
Cette Forteresse, ouvrage du roi Ancus Marcius'", est bâtie au sommet
(lu Janicule, montagne haute de deux cent cinquante pieds". La pe-
tite enceinte transtibérine communique avec l'enceinte principale
par deux ponts, l'un de pierre nommé Palatin, de sa situation vis-
1 D. Halic. IX, 68.-Siiab. V, p. 234 ; ou 208, Ir. fr. — l'Iiii. 111, 5. = ^ IiiIlt prima
(ipere tiiirabili IMin. 111, 5; Tune, senes Aggeiis vasium spaliiim niirabaiilur. Id.
NXXVl, 15. = 3 1). Ilalip. IX. 68. = * Vpnuli, Anlicli. di Iloma, part. 1, r. 5. = » Pro-
mis. Anlirh. di Alba Fuct-nsi-, c. 7, p. 88, (ig. = •> 1). Ilalir. ibid. — ' l'ioniis, Ihid.
1= » Til.-Liv. I, U. — Slrab. V, p. 234 ; ou 208, Ir. fr. = 9 Agger Tarquinii Supcrbi.
l'iin. 111, 5. =10 Plan et Dt-scrlpl. de Rome, n" 299. — " Brocrlii, Suolo di Koma,
p. 211. («) 29 mè(r. 630, sur 8 iniHr. 889. [^) 1481 mélr '(81. (S 4 mctr. 300, sur
23 môlr. 704. C) 14 nu'tr. 815.
LETTRE Vl[. 263
à-vis du mont Palatin, l'autre de bois, appelé ^wW/aws, du nom
même de sa matière K
J'ai voulu suivre dans leur circuit les murs de la villp, mais cela
ne m'a pas été possible ; parce qu'en beaucoup d'endroits ils sont
encombrés par des maisons qui s'y appuient, soit en dehors, soit en
dedans, de sorte que souvent ils disparaissent presque tout-à-fait^.
Depuis que les Romains n'ont plus à redouter la guerre chez eqx,
ils ont ainsi laissé envahir les fortifications de leur métropole. J'ai
pu cependant apprécier l'étendue de ces murailles, elle n'est guère
que de huit milles pas' ("). Ce serait beaucoup pour une ville ordi-
naire, cela paraît peu pour Rome.
L'enceinte sacrée, le Pomœrium, ne m'a pas offert d'obstacles ;
j'ai pu en faire le tour, et même d'une manière pompeuse. Mais quel-
ques mots d'explications préliminaires sont indispensables. Quand les
Étrusques bâtissaient une ville, ils consacraient toujours, par une
auguration solennelle, une certaine étendue de terrain autour de la
muraille qu'ils se proposaient d'élever, et à l'intérieur de la ville les
maisons ne pouvaient être contiguës à ce mur. Les Romains qui ont
imité beaucoup de choses des Étrusques, ménagèrent aussi vmpoinœ-
rium autour de leur cité. C'est sur cette enceinte, qui marque les li-
mitesde \aville proprement dite, que je viens de faire le tour de Rome.
L'excursion fut d'autant plus facile, qu'un principe de religion veut
que le Pomœrium demeure vague et inculte ; la main des hommes le
profanerait en le cultivante En effet, il a été établi pour y prendre
les auspices urbains^ , cérémonies religieuses par lesquelles les prêtres
consultent la volonté des dieux, quand un magistrat est sur le point
de commencer une entreprise dont le succès importe à la république.
Le Pomœrium malgré son caractère sacré, ne fut jamais im-
muable; ses limites ont été changées plusieurs fois pour l'agrandis-
sement de la ville, d'abord par Romulus et Tatius*, puis par Ancus'',
par Servius Tullius*, ensuite par Sylla, l'an six cent soixante-quatorze^
et tout récemment par l'empereur^" *. Les deux dernières extensions
ont presque fait perdre à cette enceinte son véritable nom, puisqu'elle
1 Plan el Desciipl. Je Rome, nos 305 el 296. = 2 d. Halic. IV, 15. =3 îSibby, Mura
di Roma, c. 3. — En mesures exactes 8,186 pas. Danville, Acadcm. des Inscript,
t. XXX. — 4 Tit.-Liv. \, hh.—'i Auspicia uibana. Vair. L. L. V, § U3.— A. Cell. XUI,
U.= 6 L). Halic. II, 50. = 7 Flor. I, 4.-Sliab. V, p. -254; ou 207 tr. fr. == » 1 it.-Li\.
1, hh. — D. Halic. V, 15. — Strab. V, p. 234 ; ou 207, Ir. fr.-A. Gell. XIII, 14. = *> A.
(iell. /6td. — Senec. de brevit. vil. 14. = '0 Tac. Aiin. XII, 25.— Dion. LV, 6.— Vopisc.
Aurelian, 21.— lîoissaid. Aiiti(|. vom. part. III, lab. o.H. ^«) 12kilomètr 127nu'lr.
-204 ROME AU SlKCr.K D'AUGUSTE.
se trouve, non plus immédiatement derrière, mais à une immense dis-
tance des murs, qui n'ont point été reculés depuis Servius, les dieux
n'ayant plus permis leur agrandissement ', de sorte qu'entre les
murs et le Pomœrium il y a maintenant des quartiers tout entiers*.
Rome a donc une étendue vraiment prodigieuse ; on y marche
pendant des heures entières sans revenir sur ses pas, et sans cesser
de voir des maisons qui se touchent^ On nomme faubourgs ou plutôt
suburbains ces espèces de villes accessoires qui précèdent la véritable
ville, et l'entourent presque de toutes parts.
L'extension du Pomœrium étant en quelque sorte comme la créa-
tion d'une cité, la fondation d'une colonie, doit être d'abord autorisée
par le Sénat ^, et l'on y procède avec toutes les cérémonies pieuses
usitées en pareille circonstance. J'ai assisté à l'extension qui vient
d'être pratiquée par l'empereur. Auguste entouré de certains prê-
tres-devins appelés augures'*, et suivi d'une innombrable foule de
peuple, se rendit à l'extrémité des derniers faubourgs de Rome, vers
le midi*. Là, on lui présenta une charrue^ à soc d'airain ^, attelée ,
à gauche ^ du côté qui allait être l'intérieur de la ville ', d'une vache,
et à droite d'un taureau^, tous deux blancs comme la neige'". Cet at-
telage est un emblème de l'union conjugale d'où toute ville doit at-
tendre sa durée". Il arrangea sa toge à la manière gabienne, c'est-
à-dire en ramena la partie supérieure sur sa tête, jusqu'aux oreilles ",
tira en avant le pan gauche ordinairement jeté sur l'épaule droite, et
le noua sur sa poitrine avec un pan de la partie inférieure ". Il posa
ensuite la main droite sur la charrue, prit de la gauche un aiguillon
qu'il allongea sur son attelage'*, et commença le sillon sacré. Il te-
nait le manche de la charrue incliné de manière à faire tomber les
glèbes dans l'intérieur de l'enceinte qu'il traçait '*. Le peuple suivait
pieusement, et prenait soin de rejeter aussi en dedans toutes les
mottes qui, échappées à l'action du soc, étaient demeurées en de-
hors'^ Au droit des chemins, l'illustre laboureur soulevait, portait
1 D. Hr'.ic. IV, 15. = 2 Exspaliantia lecta multas addidere urbcs. Plin. HI, 5. =
3 Gruler., p. 196. — Orelli, Inscripl. lat. n" 1. = * Fest. v. ponlificale.— Gruter. p. 198
— Orelti, Inscripl. lat. n» 811. = !>Seiv. in ^Eneid. V, p. 755. =« Plut. Romul. 10.
= ■? Varr. L. L. V, § 143. — Serv.— Plut. Ibid. — » Lyd. de Mens, IV, 50. — » Varr. —
— Serv. — Plut. /Ai"(/. = 10 Ov. F:ist. IV, v. 826. = n'isid. OiIr. \V, 2. = '2 Tlicsaur.
Morell. faniil. Aoilia, lab. I, 7, I». E; Caninia, 5; Cassia, tab. lll, C. ; Claudia, tab. Il,
E; Cornelia, tab. VI, I. K. M; lab. VII, 11; Domilia, tab. II, 9; Fabia, lab. III, 2,
Pic. = lîServ. in yEneid. V, v. 755; VII, v. 612.— Isid. Orig. XIX, 24. — Coinul. iu
Pars. S. 5, V. 51. — Winckelniann, Uisl. de l'Art, 4, 5. = "• Thesaur. MorcU. loc. sup.
cil, = 15 Serv. in ^Eneid. V, v. 755. = '«^ Varr. L. L. V, § Hô. — Plul. Uoniul. 10. —
Lyd. de Mens. IV, 50.
I.ETTRK Vil. ->(iri
sa charrue comme on iait [)()iir marquer les portes d'une ville que
l'on fonde*'*.
Le tour achevé, les Augures prononcèrent la prière suivante, que
redirent tous les assistants : « Dieux tutélaires de la ville, faites que
ce Pomœrium ne soit ni moins ni plus grand, mais portez-le jus-
qu'aux limites qui viennent d'être tracées^. »
L'enceinte du nouveau /'omor/j^m fut marquée par des cip[)es^ ou
bornes de pierre hautes de trois pieds et demi , larges de deux pieds*('') ,
et dont la partie supérieure est renversée en forme de rouleau.
Chaque cippe porte une inscription relatant qu'il a été posé en vertu
d'un sénatus-consulte, par l'empereur César- Auguste, fils d'un dieu.
Ces agrandissements de la ville fiu-ent toujours soigneusement
inscrits tant sur les bornes qui en marquent les limites ^ que dans
les actes publics ®. Le droit d'étendre Tenceinte sacrée de Rome n'a
jamais appartenu qu'au citoyen dont les conquêtes avaient agrandi le
domaine du peuple romain''. On exigea pendant longtemps que ces
conquêtes fussent faites en Italie *, et jusqu'à l'époque de Sylla aucun
de ceux qui avaient subjugué de grandes nations n'avait exercé ce
droit ^ ; mais depuis, les conquêtes en pays étranger furent admises "*.
En parcourant le nouveau Pomœrium j'ai remarqué qu'il était
interrompu au droit du mont Aventin*, bien que cette montagne
soit comprise dans les murs de Rome. C'est qu'au moment de fon-
der la ville, Rémus ayant pris les auspices en cet endroit, où il n'en
reçut que d'inférieurs à ceux de son frère, on a cru depuis que de
celte colline on ne pouvait avoir que des auspices funestes"; or le
Pomœrium est le lieu spécial des auspices de la ville.
Ce motif d'exclusion te paraîtra peut-être un peu superstitieux*;
mais tu trouves, j'en suis sûr, qu'il y a quelque chose de singuliè-
rement généreux dans la loi qui ne permet qu'à des conquérants
d'étendre le Pomœrium. On dirait que les Romains ont voulu rap-
procher de temps en temps de leurs foyers, maintenant paisibles,
une espèce de simulacre de la conquête, comme s'ils avaient craint
que loin du bruit des armes, les citoyens oubliassent que leur
ville, comme leur empire, ne devait s'accroître que par la victoire.
1 Serv. In /Eneid. V, v. 755. —Plut. Romul. 10. = 2 FpsI. v. ponlificale. = ^ Viur.
L. L. V, § 143.— Griller, p. 196. = * (Jruler. Ibid. = SGruter. /6»c/.— Boissard. Antiq.
rom. part Ul, tab. 53 ; pari. V, lab. 6, 11. — Spon. Misrell. p. 263. — OrcUi, Insrripl.
lat. noM, 710. = 6 Tac. Ann. XU, ii. — '' A. Gcll. MU, 11. — Gruler. p. 196. = " Se-
iicc. do Brevil. vit. \k. — 9 Tac. Anu. XU, 23. = i» Ibid. — Vospic. Aurclian. 21. —
" A Cell. XIU, 14. («) 1 nuMre, 057, sur 592 millimètres.
LETTRE YllI.
DES COUICES EN GÉNÉRAL, ET DES UIVERSES SORTKS DE COMICES.
J'avais commencé quelques recherches sur les Comices du peuple
romain, lorsque le hasard me procura sur ce sujet un petit ouvra}J!«î
d'autant plus intéressant, qu'il peint une époque où l'ancien gou-
vernement existait dans toute sa franchise. Cet ouvrage est l'œuvre
d'un de nos compatriotes, M. Antonius Gniphon, qui, arraché à sa
patrie par le sort de la guerre, fut envoyé à Alexandrie en Egypte,
pour y étudier les lettres. Il revint ensuite à Rome ouvrir une école
de rhétorique, d'abord dans la maison de Jules-César, ensuite dans
la sienne. Gniphon, doué d'une mémoire prodigieuse et des plus
heureuses facultés de l'esprit, parlant également bien le grec et hs
latin, obtint des succès immenses et très-lucratifs. Il eut l'honneiu'
de compter Cicéron parmi ses auditeurs ^
La réputation de Gniphon me donna naturellement le désir de faire
sa connaissance. J'allai le voir; il m'accueillit comme un enfant de
la Gaule, et me prit tellement en amitié, qu'à sa mort, arrivée der-
nièrement loin de Rome, il me légua tous ses manuscrits, parmi
lesquels je trouvai l'original d'une correspondance quMl entretenait
depuis bien des années avec le maître à l'école duquel il étudia en
Egypte. Ces lettres, auxquelles je ferai de temps en temps quelques
emprunts, m'ont fourni le morceau que je t'envoie aujourd'hui. 11
y est question, à propos des Comices, de plusieurs magistratures
dont je ne t'ai pas encore parlé; mais cette espèce d'anachronisme
ne nuisant point à la clarté de la narration, je n'ai pas cru devoir
charger ces pages de notes qui seraient répétées dans quelques-unes
de mes prochaines lettres.
Eidruit du Journal de Gniphon.
« Je vais vous parler, mon cher maître, des assemblées poli-
tiques du peuple romain, de ces grandes réunions où il apparaît dans
toute sa majesté, pour exercer la puissance élective, législative, et
' Sud. (le lllusl. giamm;il. 7.
LETTRE VIII. 2(i7
judiciaire. On appelle ces assemblées Comices, d'un mot qui signifie
se rassembler, se réunir'. Les Comices reviennent à des époques
périodiques, mais pas positivement à jours fixes, car il faut qu'ils soient
d'abord autorisés par des auspices favorables, ce qui ne se rencontre
pas toujours-. 11 suffit même qu'un magistrat observe les auspices,
ou déclare qu'il les observera, pour empêcher la tenue des Comices
ce jour-là'. Les fêtes*, ainsi que les Niindines ou iours de marché,
emportent encore interdiction ^ : les fêtes par un scrupule religieux,
et les Nundines par un motif de convenances privées, parce que c'est
l'époque où le peuple de la campagne vient à la ville pour ses
affaires particulières, et l'on n'a pas voulu l'en distraire par le soin
des affaires publiques*^. Hors ces exceptions, on peut tenir les Co-
mices indifféremment tous les autres jours, qui, à cause de cela, sont
désignés sous le nom de jours comitiaux'^ . Ils remplissent près de la
moitié de Tannée*.
« Quand ces prescriptions ont été observées, les Comices peuvent
encore être rompus et ajournés s'il vient à tonner ou éclairer pen-
dant la durée des opérations ; d'après le droit augurai, il n'est point
permis de traiter d'affaires avec le peuple, quand Jupiter tonne ou
éclaire^. Un orage subit", un citoyen frappé d'épilepsie dans l'as-
semblée, sont encore des motifs d'ajournement '*.
« Il y a trois sortes de Comices : les Comices par Curies, les Co^
mices par Centuries, et les Comices par Tribus.
« Les Comices par Curies sont de l'institution de Romulus. Ce
roi partagea tout son peuple en trois Tribus^-, subdivisées chacune
en dix Curies^^, et donna à ces trente curies le droit d'élire les ma-
gistrats, de faire des lois, de connaître des affaires de la guerre,
quand il le leur permettrait. Mais comme il se méfiait des lumières
de la multitude, il la mit sous la tutelle des sénateurs, en ordon-
nant que les décisions des Comices par Curies ne deviendraient
obhgatoires qu'autant que le Sénat les aurait confirmées'*.
1 CoiTiitium ab co quod coibanl. Varr. L. L. V, § 155. = ^ Voy. Lettre XWI. =
3 Cic. ad Allie. IV, 3,16; pio domo 15. — Dion. XXWIII, 13. = ' Vair. L. L. VI,
g 29. = 3 Cir. ad Allie. IV, 3, 16 ; pro domo. 13. — Plin. XVIII, 5. — Maerob. Salurn.
1, 16. = 6 Cic. ad Allie. IV, 3.— l'iin. /*/(/. = •? Dies eomitiaies. Varr. L. L. VI, § 29.
— Ov. FasI. l, V. 33. — Tit.-Liv. XXIV, 7. — Maerob. Salurn. I, 16. — » Voy. Lettre XI.
= 9 Cie. in Vatin. 8 ; Pliilipp. V, 5 ; de Divinat. II, 18. — Til.-Liv. XL, 42.— Tac. Hist.
I, 18.— IMul. Cat. min. 42. = 10 Til.-Liv. XXX, 39 ; XL, 39. = " Fesl. v. i)rohibere.
= '2 Varr. L. L. V, § 33. —Tit.-Liv. X, 6. — U. Halic. H, 7. — Plut. HomuL 20. ==
■•» Til.-Liv. 1, 13.— D. Halic. II, 7.— Plut. lbiii.= l'Cic. deUepub. U, 52.— Til.- Liv. I.
22, 52.— D. HaL II, 14; IX, U.
208 UOMi: AU SIKCI.E D'AUGUSTE.
M Pendant près de deux siècles, ces Comices furent les seules
assemblées politiques du peuple romain. Le roi Servius Tullius
voulant rendre plus éj^tales les char}i;es de la fçuerre et de la paix,
jusqu'alors réparties par tète, établit que désormais elles le seraient
^iuivant les biens de eliacun. Pour arriver à ce but, il partagea les
Romains en cent quatre-vingt-treize centuries, dix-huit pour l'ordre
équestre, et cent soixante-quinze pour le reste du peuple; divisa
ces cent soixante-quinze centuries en cinq classes qui prirent rang
suivant leur plus ou moins de richesse. Quatre-vingt formèrent la
première classe, dans laquelle il n'admit que les citoyens dont le
cens montait à cent mille as ("i au moins; vingt-deux composèrent
la seconde; vingt, la troisième; vingt-deux la quatrième; et trente,
la cinquième.
« Le cens de chacune de ces classes fut, dans leur ordre numé-
rique, de soixante-quinze mille as, de cinquante mille, de vingt-cinq
mille, de onze mille {''). Tous les citoyens qui possédaient moins dt;
onze mille as, ainsi que ceux qui n'avaient rien formèrent une seule
centuries hors classe, et furent appelés />/'o/e7a/res et capHeccnsi ;
prolétaires, parce que, exclus de la milice par leur pauvreté, ils ne
peuvent être utilesà la république qu'en lui fournissant des enfants-,
et capitecensi, parce que, plus pauvres encore, ou entièrement dé-
nués, ils ne sont portés sur les recensements que pour leur personne'.
« Servius divisa aussi chaque centurie en deux sections, Yimedes
plus âgés *, comprenant tous les citoyens de quarante-cinq ans à
soixante ^ l'autre des plus jeunes ^ *, comprenant tous ceux de quinze
ans à quarante-cinq S et ce fut suivant cet ordre qu'elles furent ap-
pelées à voter dans les comices. Il y avait là une garantie de sagesse;
mais le créateur des centuries alla plus loin : fidèle au principe politique
qu'il ne faut pas que les plus nombreux soient les plus puissants *, il
établit que chaque centurie voterait collectivement ^ et non par tète,
comme dans les Comices par Curies *'*. Or, les votes se recueillant
suivant Tordre numérique, les centuries des riches formaient toujours
une majorité suffisante avant qu'on les eût épuisées toutes, et les af-
faires étaient décidées sans que les dernières centuries fussent appe-
1 Til.-Liv. I, 42, 43. — Cic. de Repub. II, 22. — P. Halif . IV, 16. = 2 Cic. Ibid. —
A. Gell. XVI, 10. = 3 A. Gcll. Ibid. = * St-iiiori'S. Cic de Rcpub. Il, 22 ; Brut. 67. —
Tit.-Liv. l, 42, 43. — I). Halic. IV, 16. = =■ Ceiisor. dédie naiali, 14. — Scrv. in .Jiiieid.
V, V. 233. = li Junioies. Cir. — 'iil.-Liv. Ibid. =^ " D. llalir. — Serv. — Censor. Ibid.
= 8 Cic. de Ilcpub. Il, 22. = ^ Cic. Ibid. — Til.-Li\. I, 42, 43. —I). Halic. IV, 16.
= "> D. Halic. lbid.—.\. Geli. XV, 27. («) en\iiOti 1200 fr. {<>) 900, 600, 500, 420 fr.
LETTRE VIII. - 209
lt';os aux suffrages, siiituul lu centurie des capitecensi et des prolé-
taires , qui renfermait cependant à elle seule plus de citoyens que
toutes les autres ensemble. Du reste, il n'astreignit pas à l'approba-
tion sénatoriale ces assemblées qu'il appela Comices par Cen-
turies *.
« Celte espèce de fraude politique amena l'institution des Comices
par Tribus. Cette division territoriale du peuple romain avait pris
de l'importance en même temps que la puissance de Rome s'était ac-
crue ; au lieu de trois tribus primitives ^ il y en avait trente, dont
vingt-six de la création de Servius , appartenaient à la campagne ^.
Lors de l'affaire du jugement de Coriolan , les patriciens, afin de fa-
voriser ce citoyen, qui faisait partie de leur ordre, voulaient que le
peuple réuni pour le juger votât par centuries. Mais l'expérience
avait appris aux plébéiens combien ces Comices étaient illusoires ■
pour eux. Soutenus par leurs tribuns, ils exigèrent que les sufi'rages
fussent recueillis par Tribus, et les patriciens se trouvèrent obligés
de céder. Ce fut là le premier exemple des Comices par Tribus, qui
dès lors prirent rang parmi les institutions de la cité *. L'avantage
que le peuple y trouve, c'est que toutes les affaires s'y termi-
nent en un jour, et sans qu'il soit besoin qu'elles aient été aupara-
vant discutées par le Sénat *, ni la réunion autorisée par les aus-
pices , comme cela est nécessaire pour les deux autres sortes d'as-
semblées ®.
« L'établissement des Comices par Tribus n'abolit pas ceux par
Centuries, pas plus que ces derniers n'avaient aboli ceux par Cu-
ries . ils subsistèrent et subsistent encore tous trois simultanément,
mais avec des attributions diverses.
« Dans les Comices par Curies, où ne sont admis que les citoyens
domiciliés à Rome ou dans son territoire '^, on règle tout ce qui a
rapport à l'état civil des citoyens, tel que : les testaments, les adop-
tions *; on élit certains ministres de la religion, comme les Fia-
mines, les Curions, les Pontifes ^ ; on décide toutes les affaires rela-
tives à la guerre ^^ et au gouvernement des provinces ". Si le Sénat
ordonne aux Consuls de nommer un Dictateur, il faut que cette no-
» D. Halic. IV, 16. — Cic. de Repub. II, 22. — Tit.-Liv. I, 42, 43. = ^Tii.-Liv. X, 6.
— D. Halic. II, 7, etc. = 3D. Halic. IV, l5.—'>lbid. VII, 69. — Plut. Coriol. 20.
= » D. Halic. X, 41. = 6 /fcid.— Tit.-Liv. V, 52. = ^ A. Gell. XV, 27. = * Voy. Lettres
LXVI et LXXXIV , = 9 V. Lettre XXXI. = '<» Tit,-Liv. V, 52 ; IX, 58. = H Voy. Lettre
L\X.
-270 *ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
niinalion soit confirmée par les Curies ' ; si un Consul ou un Préteur
est chargé d'une guerre, il ne peut IT-tre que par une loi Curiale K
« Les Comices par Curies tenaient autrefois dans leur dépen-
dance ceux par Tribus ; voici comment : lorsqu'on établit les Co-
mices par Tribus malgré les patriciens , ces derniers voulurent faire
considérer ces assemblées comme illégitimes ; et ce n'était pas à tort,
puisque l'on y violait la loi fondamentale qui défendait d'assembler
le peuple sans l'autorisation du Sénat , ni sans avoir consulté les
auspices. Les plébéiens sentirent la justesse de l'objection , et pro-
posèrent un accommodement auquel les patriciens consentirent : ce
fut de faire confirmer les décisions des Tribus dans les Comices par
Curies , où l'on prenait les auspices , et qui étaient autorisés par le
Sénat '. Mais quand les sénateurs se furent complaisamment prêtés à
pallier ainsi la violation de la loi, le peuple exigea davantage, et dé-
pouillant les Pères conscrits de leur beau nom de réformateurs des
Comices'', les força d'en confirmer d'avance le résultat, quel
qu'il fût ^
« Alors les Com,ices par Curies tombèrent d'eux-mêmes. Je viens
de dire qu'ils existaient encore, mais ils ne sont plus réellement qu'une
vaine formalité ^ sans pompe comme sans dignité; on n'y appelle
pas même les citoyens : seulement, trente licteurs, réunis par l'ordre
et sous la présidence des Consuls '^ , en présence de trois augures *,
viennent représenter les trente curies du peuple romain ^, et font
d'une assemblée instituée dans le motif le plus sage et le plus reli-
gieux, une indécente et ridicule momerie.
« Les Comices par Centuries passent pour les plus vénérables de
tous '°; aussi la constitution leur a-t-elle confié les opérations les plus
importantes , parce que le peuple , distribué selon le cens , l'ordre ,
l'âge, apporte dans la délibération plus de conseil que lorsqu'il est
confusément convoqué par tribtis ^K C'est dans les assemblées par
Centuries que \esLois sont proposées, discutées, et adoptées '-; que
Ton décide les déclarations de guerre *'; que l'on juge les crimes de
Perduellion ou haute trahison ** ; que Ton prononce sur la vie des
iTit.-Liv. IX, 8. =5Cio. de leg. Agrar. II, 12. = ^ Ibid. 11; pro Plane. 3. =
'• Reprehensores comitiorum. Cic. pro Plane. 3. = 3 jd. Brut. 14. — Til.-Liv. I, 17. —
D. Halie. II, 14. —A. Vicr. de Vir. illusl. 33. = «Cic. de leg. Agrar. II, 11. =T Id.
12.; Ep. famil. I, 9. = » IJ. ad Allie. IV, 18. —^Id. de leg. Agrar. II, 11, 12.
n^io/d. Posl. redit, in Senal. 11. = »> Id. de Legib. III, 19. —A. Gell. XV, 27. =
12 Voy. Lellre XX.WH. = 's Til.-Liv. IV, 50 ; XXXI, 6, 8 ; XLII, 30. = " Id. VI, 20 ',
XXXI, 6, 8. —Cic. de Legib. III, 4.
f.ETTRE Vin. -271
citoyens ' , que l'on élit les grands magistrats de la république, tels
que les Consuls '\ les Préteurs ^ les Censeurs *. L'élection des ma-
i^istrats susceptibles d'être revêtus du pouvoir militaire a besoin d'être
contirmée une seconde fois dans les Comices par Curies '.
« C'est au Forum pour les délibérations législatives et judiciaires,
et hors de Rome , au Champ-de-Mars , pour les élections des ma-
gistrats, que ces comices se rassemblent. Je vous donnerai plus tard^
des détails surTépoque, sur la manière dont ils se tiennent, et sur
les magistrats qui les président.
« L'esprit démocratique qui inspira la création des Comices par
Tribus, a fini par leur faire absorber en quelque sorte les Comices par
Centuries. Pendant le siècle dernier ("), les cent quatre-vingt-treize
centuries de Servius ont été réduites à quatre-vingt-deux. Douze
composent l'ordre équestre'^, et soixante-dix sont réparties par deux
dans les trente-cinq tribus^*. Les cinq classes ontégîllement disparu :
il n'y en a plus que deux , celle des chevaliers et celle des simples
citoyens. La suppression du cens gradué a suivi celle des classes, et
il n'existe plus qu'un seul degré de cens, celui des chevaliers.
« Cette altération, celte destruction de la loi de Servius est due à là
révolution produite dans les fortunes par le temps , ait nombre tou-
jours croissant des endettés et des affranchis, et surtout à la nécessité
impérieuse d'arrêter l'épuisement de la source où se recrutent les
légions. En effet , le cens de Servius , sagement combiné pour le
temps, avait pour effet, dans l'état actuel delà société, de produire
beaucoup de capitecensi ', qui sont exclus des armées.
« En répartissant dans les tribus les centuries qui demeurèrent tou-
jours chargées de l'élection des grands magistrats, On fit en même
temps un règlement pour garantir l'indépendance des Comices : il
fut ordonné qu'à chaque réunion le sort déciderait laquelle de toutes
les centuries donnerait son suffrage la première, serait ce qu'on à^-
])e\\eAA centurie prérogative^'*. Ce règlement était vraiment néces-
saire parce que dans tous les Comices, Ih prérogative, qu'elle soit une
centurie des plus jeimes ou l'une des plus âgées, exerce sur les autres
1 Cic.deLegib. III, 19; de Repub. II, 36; pro Sext. 34. = 2Voy. Lettre XXVI. =
nit.-Liv. XXXIX, 32.— A. Gell. XlII, 14. = '► Cir. de leg. Agrar. II, 11 ; adAtlic. IV, 2.
— Tit.-Liv. VU, 22 ; XXIV, 10; XXVII, 11. = S Cic. de leg. Agrar. H, 11. = 6 Voy.
Lettres XXVI et XXXVU. =7 Cil-, de Repub. II, 22. =» Tit.-Liv. 1,43. = 9 jjiebuhr,
Hisl. rom. t. VI, p. 6, 10. 1."), trad. de M. de Golbéry. = i» Cenluria prœrogativa. Cic.
pro Plane. 20 ; pro Murena, 18 ; de Uivinat. II, 40.— Tit.-Liv. III, 31 ; XXIV, 9; XXVI,
22. {0) Cela fui régie par la loi Mœnia, l'an 467.
27-2 ROME AU Slf:CLE D'AUGUSTE.
une influence morale si puissante, que son votedevientordinairemenl
celui de la majorité'? Or, appeler les tribus toujours dans leur ordre
naturel, c'eût été abandonner à mie seule le droit de fournir la cen-
turie/^m-o</ff/H'e, et lui donner, défait, la prépondérance sur toutes
les autres.
« Les Comices purs par Tribus , si je puis m'exprimer ainsi , ont
conservé leurs anciens droits ; ils confirment ou rejettent les séna-
tus-consultes qui nomment les Proconsuls ou Propréleurs * (gouver-
neurs des provinces) , ou bien prorogent ces magistrats dans leurs
fonctions^ et quelquefois y portent des citoyens malgré l'opposition
du sénat * ; ils décident de la paix à conclure avec les nations bar-
bares*; jugent les magistrats mis en cause ®, en un mot, font les
plébiscites '. Une de leurs plus belles attributions est d'élire tous les
magistrats inférieurs *, et surtout les fameux tribuns du peuple ^.
Cette dernière élection est une conquête sur les Comices par Curies ,
à la nomination desquels appartenait jadis le tribunat du peuple'", ce
qui rendait un peu illusoire cette magistrature, puis quelle dépen-
dait ainsi des patriciens, contre qui elle était instituée". C'est une
loi PuUilia, rendue l'an deux cent quatre-vingt-trois, qui leur en-
leva ce droit '^
« La présidence des Comices par Tribus appartient à divers ma-
gistrats, suivant les affaires qu'on doit y traiter : pour l'élection des
Tribuns, un des Tribuns en place, désigné par le sort, préside": et
pour les autres magistrats, souvent c'est un Consul, parce que nul
magistrat inférieur ne peut présider les Comices d'un magistrat qui
lui est supérieur **.
« C'est à la fin de la belle saison, le iv« des Ides de décembre ("),
que les Comices par Tribus se tiennent pour l'élection des Tribuns
du peuple '^ ; et en été , vers le mois de sextilis C") '*, pour celle des
autres magistrats. L'endroit où on les réunit varie assez souvent, au-
cune prescription religieuse n'obligeant à choisir tel lieu plutôt que tel
autre. On les convoque assez ordinairement soit sur la place du Capi-
1 Tit.-Liv. XXIV, 7 ; XXVII, 6. -Sali. Ep. ad Cœs. I, 12. = 2 Til.-Liv. X, 2i ; XXVI,
2; XXVU, 22; XXX, 27. = 3 /f/. VMI, 23; X, 22; XXIX, 15. = '» Id. XXVIII, 40,
45.— Suet. Caes. 22. = 5 Til.-Liv. XXIX, 12 ; XXX, 43; XXXIII, 25. = « /d. IV, 40,
41; XXXVIII, 54. = ■? V. Leltre XXXVII. =8a. Gell. XIII, 14. = » Til.-Liv. U, 36;
57, 58. — D. Halic. IX, 41, 43.— Appian. de Bell. civ. I, p. 612. = '<> D. Halic. VI, 89;
IX. 41. = 11 Ti(.-Liv. III, 30. — Ascon. in oiat. pro Cornel, p. 138. =: 12 Tit.-Liv. II,
56, 58.— D. Halir. IX, 41, 43. = '3 i il.-Liv. III, 64.— Appian. de Bell. riv. I, p. 612.
= '*Cic. ad Allie. IX, 9 ; Ep. famil. VII, 30. — A. (lell. XllI, 13. =15 Tit.-Liv. V, 11;
XXXIX, 52.— n. Halie VI, 89. = iG Cir. ad Allie. I, 1. (<») 10 décembre. (*)Aiigusle.
[
LETTRE VIII. 27r>
lole' dans Yfntermont, soit au Forum romain-, soit dans lo Chanip-
do-iMars, au Cirque Flaminius'. Il sutlit d'être citoyen romain innw
avoir droit de sutirage dans une trilm *.
« Telle est , mon cher maître , la constitution qui depuis plus de
cinq siècles régit la république romaine. Aujourd'hui cette constitu-
tion tombe en ruines, et l'on peut dire que ce sont les Comices par
Tribus qui l'ont détruite en partie. Originairement, il y avait inégalité
dans les pouvoirs : le Sénat délibérant sur une atïaire avant de la
renvoyer aux assemblées par Curies, le peuple n'avait que le droit
d'opposition. Entièrement frustré dans les Comices par Centuries,
il demanda les Comices par Tribus, dont l'institution parut devoir ré-
tablir l'équilibre des pouvoirs : le droit d'initiative appartint au peuple
aussi bien qu'au Sénat, et le droit d'opposition fut également le par-
tage de l'un et de l'autre ordre. Vous venez de voir comment cet équi-
libre fut rompu. Les patriciens, en se laissant dépouiller de leur droit
d'opposition, ouvrirent le précipice où devait s'engloutir la liberté pu-
blique. Quand le peuple fut maître souverain, on ne s'occupa plus qu'à
le gagner, surtout lorsqu'on avait le Sénat contre soi ^ De là les bri-
gues, les corruptions, la prépondérance toujours croissante des ri-
chesses, l'indifférence pour le bien public, pour la liberté même, la
destruction de toute morale, les guerres civiles, et enfin la tyrannie.
« Il est si vrai que ces maux furent le fruit des Comices par Tri-
bus, que Sylla, lorsqu'il voulut violemment rétablir la république,
commença par supprimer ces assemblées ^ Mais à peine sa main
puissante eut-elle quitté le timon de l'État, qu'elles reparurent , et
avec elles les calamités enfantées par la nécessité de llatter l'hydre
populaire. Ce fut alors que pour avoir mal usé de la liberté, ce peu-
ple romain qui avait proscrit les tyrans, dompté le monde, et qui
comptait des rois parmi ses clients, courba à son tour sa tête altière
sous le joug d'un seul homme.
« J'essaierai dans mes lettres suivantes de déployer le tableau dont
je viens de vous présenter une simple esquisse, en vous montrant le
peuple élisant ses magistrats , faisant des Lois et des Plébiscite!! , et
rempUssant les fonctions judiciaires. «
' Tit.-Liv. XXV, 5 ; XXXUI, 25 ; XLV, 36. — Appian. de Bell. civ. I, p. 612, 621. =
2 D. Halic. VII, 59. —Appian. Id. 111, p. 885. = » Tit.-Liv. XXVII, 21. — Cic. pro
Plane. 22, 23.,= * Tit.-Liv. XLV, 15. = s/(/. XXVlll, 40, 45. — Suel. Cœs. 22. =
« Tit.-Liv. LXXXIX, Epito.— Appian. de Bell. civ. I, p. 650.
48
LETTRE IX.
COMMENT SONT LOGÉS LES RICHES, OU LA MAISON DE MAMURHA.
La plupart du temps nos yeu\ ne voient qu'après notre esprit.
Cette assertion qui paraît paradoxale , n'en est pas moins exacte.
Nous sommes aveugles quand nous passons devant des objets sur
lesquels notre attention n'a pas été appelée d'avance; tiolfe œil
i^lisse dessus sans en être frappé, et nous les régardons sanâ les
voir. Mais que quelqu'un nous révèle notre ignorance, il semble
qu'un voile tombe aussitôt de devant notre vue, qu'un nouveau sens se
développe en nous. J'éprouve souvent cet effet. Quand on me ques-
tionne sur ce que j'ai vu , j'apprends presque toujours que dans ce
que je crois avoir le mieux observé, il y a encore une foule de choses
que je n'ai pas remarquées, et quand je retourne poiu^ les voir, je Suis
tout étonné de ce qu'elles aient échappé à mon attention. Ces jours-ci
j'ai pensé qii'il serait nécessaire de l'introduiredans la maison * d'un
homme riche, d'un citoyen important par son influence, par la po-
sition élevée qu'il occupe dans la société; il m'a semblé que c'était
le complément nécessaire de mes descriptions du Forum, du Champ-
de-Mars, des basiliques, et qu'après t'avoir fait connaître les divers
lieux de la vie publique , je devais te montrer aussi celui de la vie
privée. Alors j'ai songé à te décrire la maison de mon hôte. Mais dè.^
que j'eus tenté cette description , je reconnus que cent objets frap-
paient ma vue pour la première fois, quej'ignoraisjusqu'auxnomsde
la plupart des pièces de cette maison que j'habite depuis mon arrivée
à Rome, et que les termes me manqueraient à chaque instant. J'allais
ajourner mon projet, lorsque VitruvePoUion, architecte de Mamurra,
vint à mon secours. «J'ai promis, me dit-il, à Denys, jeune Grec
d'Halicarnasse, venu ici pour étudier les antiquités de notre nation*,
de lui expliquer demain une maison romaine ; je choisirai celle de Ma-
murra , puisque cela peut vous être utile. D'ailleurs votre hôte étant
à la campagne, nous aurons plus de liberté pour visiter sa demeure. »
Vitruve est un vieillard *; par respect pour son âge, moi et I)e-
nys nous allâmes le quérir chez lui. Nous voilà tous trois en route.
Nous gravissons le Cœlius, <'f nous arrivons sur une place qui pré-
m^
iivanU'';
[H'.'jl
fia . « Qui ('i
qne pen
l appelle "
\
I.KTTKF IX. 57:.
(H'do la maison dr Maniiirra. Je la traversais vivomonl ot me diri-
geais vers la porte, lorsque Vitrine m'arrêtant : « Ici vont commen-
cer nos explications , me dit-il ; ne soyez point si pressé, Camnlo-
gène. Vous avez passé bien des fois sur cette place ; savcz-vons
qu'elle fait partie de la maison, et comment on l'appelle?... C'est
YArea ou le Vestibidel") * , conlinua-t-il en voyant que je gardais
le silence. Je n'ai pas besoin de vous apprendre que la statue qui
s'élève au milieu est, suivant l'usage, celle du maître delà maison ^
Celle-ci est d'airain ^ et représente Mamurra à cheval', en habit de
préfet des ouvriers de l'armée de César. Quand nous construisons
une maison grande et vaste, nous avons coutume de réserver, entre
la façade de l'édifice et la voie publique, une partie rentrante, enca-
drée soit par des portiques , soit par les deux maisons voisines *. Le
Vestibule a été imaginé afin que les Clients qui viennent le matin sa-
luer leur patron, ne soient point obligés de stationner dans la rue, lors-
qu'ils arrivent avant le réveil des esclaves ^ Entrons maintenant;
nous n'avons plus rien à voir ici. »
Alors il s'approcha de la porte, dont le double battant ^ en bois
de chêne ^ encadré entre deux pilastres surmontés d'une élégante
corniche*, est revêtu d'airain® et orné de bulles, gros clous à tête
ciselée et dorée '", Il tit tinter une sonnette, destinée dans presque
toutes les maisons à solliciter l'ouverture de la porte ", et déjà nous
avions le pied sur le seuil, quand Yostiarius ou portier, sortant de sa
cellule *^ et allongeant devant nous une longue baguette dont il est
armé *^ cria : « Qui êtes-vous "? » Au même instant, un chien posté
près de lui (les Romains en placent toujours un à l'entrée de leurs
maisons, conmie gardien supplémentaire ^^) aboya avec une telle
violence que pendant quelques instants il nous fut impossible de
nous faire entendre ^^. Le portier nous reconnut, fit taire son com-
pagnon, et nous entrâmes dans un couloir pavé en petits cubes de
marbre blanc entremêlés de points carrés en marbre noir *.
« Vous êtes ici dans le Prothyrum (*) ' '^, nous dit Vitruve : ce pas-
1 Tac. Ann. XI, 53. —Dion. XLIV, 18. =*Dion. XLVI, 55. =3Juv. S. 7, v. 126. =
'■> Cic. ad Allie. IV, 3. = » A. Gell. XVI, 5.— Macrob. Saturn. VI, 8. = « Aperite ambas
fores. Plaul. Capliv. IV, 2, v. 51.— Lucan. \\, v. 533.— Mazois, Ruin. de Pompei, t. II,
pi. 1. = 7 Ov. Amor. I, 6, v. 28 ; II, 1, v. 28. = » Mazois, Ibid. = » Plin. XXXIV, 5
= 1» Plaul. Asin. Il, 4, v. 20. — Cic. in Verr. IV, 56. = n Suel. Aug. 91. = 12 Ibid.
Vilell. 16. = 13 Virga. Seneo. de Const. Sapienl. 14. — Vigilet cum longo fiisle. Hor.
II, S. 3, V. 112. = iManilor : Quis tu? Cir. Philipp. II, 31. = i^ Varr. R. R. I, 13. —
Senec. de ira, III, 37.— Suel. Yiiell. 16.— Columel. I, prœf. = !« Hor. I, S. 2, v. 128.
=»'? ViUuv. VI, 10. («) Voy. le Plan de la Maison de Mamurra, n<> 1. (*) Ibid. n» 3.
27(5 ROME AU S[KCLE D'AUGUSTE.
« sago conduit à la porte intérieure '. A droite et à gauche sont les
« loges ou cellules du portier et du clii<!n ^ ("). » En ce moment les
aboiements du gardien animal lecommencèrent. Le portier le tira
violemment par sa chaîne, et lui donnant un coup de pied, le fit taire,
et le renvoya à la loge *. « Il paraît, nous dit notre guide, que les
« Molosses vous font peur (c'est du pays des Molosses, en Épire,
« que viennent ces chiens'], et que vous vous arrangeriez mieux
« de l'usage où l'on est dans quelques maisons de les remplacer
(( par une peinture qui les représente, et au-dessus de laquelle on
« inscrit en grosses lettres : prenez garde au chiex ' *. — Oui, répon-
« dit Denys, cela est moins inquiétant pour les visiteurs, et peut-
« être aussi pour les portiers, qui ne doivent pas toujours se trouver
« bien rassurés avec de tels voisins. — .Jamais il ne leur arrive rien,
« repartit Vitruve; dès que l'on met un nouveau chien près d'eux,
« ils lui font manger une grenouille cuite, et l'animal les prend en
« affection*. »
A l'extrémité du Prothyrum, qui a une pente sensible vers le Ves-
tibule*, est une porte intérieure. Elle s'ouvre sur une belle cour
carrée, ornée sur toutes ses faces d'une colonnade ' en marbre blanc*,
formant portiques (*) .
« Nous nommons cette cour Atrium, reprit Vitruve, d'.-1/r/a,
a ville d'Étrurie où cette disposition architectonique fut inventée',
a N'est-ce pas une heureuse conception que ces portiques couverts
(( adossés à la maison avec laquelle ils communiquent de tous côtés,
« et sous lesquels on peut se promener à l'ombre? que ce bassin
« de marbre placé au centre , où brille, sur de jolis carreaux de
« marbres blanc, bleu, et rouge, taillés en losanges, une légère
« nappe d'eau vive*, qui entretient ici une agréable fraîcheur'"?
« L'ensemble àaX Atrium s'appelle Cavœdium^^. Si vous voulez
« connaître chaque partie par son nom particulier, l'on nomme
« proprement Cavœdia les portiques adossés à l'habitation {") ; Im-
a pluvium, la partie vide, tout ce qui n'est point pavé, la cour en-
« fin'"^('') ; et Compluvium, le bassin qui en occupe le centre'' (*■)*,
1 Vitnn. VI, 10.— Vair. R. P.. III, 2 Macrob. Saluin. Il, 13. = 2 Ccllœ. Petroii. 28.
= ^ Ibid. 64. =* Hor. II, S. 6, v. 114. = » Petron. 28, 29.— Non. Marrcll. v. Piaebi-
tio. = 6 Varr. R. R. II, 9. = '' Viiruv. VI, 3. = « Plin. XXXVI, 6.— Slrab. V, p. 222,
on 156, Ir. fr. = ^ Van. l. | . y^ g lei. Fesl. v. Atrium.— Seiv. in .-Eneid. 1, v. 730.
= 1" Mazois. Ruin. de Pompei, l. II, p. 3.5. = •' Plin. XVII, 21 ; XIX, 1. = '"- Cic. in
Verr. 1, 56.— Viiruv. VI, 4. - Vair. L. L. V, § 161. -A. Gell. X, 15. = '^ Varr. R. R.
I, 15. — Columel. I, 6. — Isidor. Orig. XV, 8. (") Voy. le Plan de la maison de Ma-
muna, n» 2. {'') Jbid. n» 6. (<) Ibid. n" 9. («') Ibid. n» 8. {^) Ibid. n° 7.
MÏSibl
^-
J.ETTUi: IX. 277
« parce que dans les maisons jjrivées d'eau\ vives il reçoit les
« eaux pluviales versées par les CavœdiaK
« L'Atrium est le type des habitations romaines ^ la pièce obli-
« gée, indispensable pour quiconque a des Clients : il faut un
« Atrium pour les recevoir ^ Aussi le f>énie des architectes, se
« prêtant à cette nécessité, a-t-il inventé des Atria pour tous les
« genres de maisons, grandes ou petites, somptueuses ou modestes;
« on en compte cin({ espèces : le Toscan, le Tétrastyle, le Corin-
« thien, le Displuviatum, et le Tesludinatum.
« L'Atrium Toscan est le plus ancien *, le plus simple, le plus
« fréquenmient employé. Voici sa forme, poursuivit Vitruve en
« traçant avec le doigt quelques lignes dans de la sciure de bois
« répandue sur le pavé pour le nettoyer^ : il se compose de quatre
« poutres croisées à angles droits, et dont les extrémités sont scel-
« lées dans les murs de l'édifice ^. Il n'y a point de cour; les cavœ-
« dia s'étendent jusqu'aux bords du compluvium'', dans lequel ils
« vcEsent leurs eaux*.
w Le Tétrastijle a, de même que celui-ci, quatre poutres qui se
« croisent; mais conune il est plus grand, on le supporte par
« quatre colonnes, une à chaque point d'intersection, d'où le nom
M de Tétrastyle.
« On nomme 6'orm^/i/eM celui où nous nous trouvons. Vous voyez
« qu'il verse aussi ses eaux vers YImplucium. C'est le seul que l'on
« puisse employer dans les grandes maisons, parceque les nombreuses
« colonnes qui le supportent, tout en lui imprimant [ylusde dignité,
(( permettent aussi de lui donner l'étendue nécessaire pour recevoir
« un peuple de Clients.
« Les Cavœdia de l' Atrium dispfuviat u)n \eTsent\ems eaux, non
« vers l'Impluvium, mais du côté de la maison; de là le nom de
« Displuviatum. Cette espèce d'Atrium a l'avantage de laisser entrer
« plus de jour sous les portiques, et par suite dans les pièces qui
« sont autour: mais d'un autre côté on a le désagrément de voir
« suinter l'eau sur les murs, lorsque les canaux du toit n'absorbent
tf pas assez vite toute celle qui s'y ^end^ surtout si quelque voisin a
« le droit d'égout sur votre maison, C(; qui arrive quelquefois "*.
' Ma/.ois, Huit), de l'onipci, l. Il, p. 35. = - /6i"(/. l'Iaiis de l'oiiipci, ol fragisiL-iiLs du
Plan de llonic aiiti(|uc dans Bellori. = •' Hor. I, Kp. 5, v. 31. — Voy. Leliif." X. =
H'Iin. V, Ep. 6. = s Hor. M, S. 4, v. 81.— Juv. S. li, v. 64. = " Vilrux. VI, T.. =
^ Mazois, Ibid. passini. = » Viiiu>. Ibtd. — '•> Vitruv. Ibtd. — '« Uijji'sl Vl||, iji. -j, |rg.
•>; Irg. 17, § 5; It-g. -20, 21.
27H UO.MK AU SIKCLK IVAIGUS'IK.
« La cinniiif'me osp^co fst wlle que vous avf/ vue chez nif)i : on
« ra|)j)olle Testudinatum^, parce qu'il est couvert m entifr parmi toit
tf (|ni, vu d'eu liaut, rosseiuhle un ])f'U \\ la cara[)aoe d'une tortue ^
« Des pilastres érit-és sur le faite des murs de X Atrium soutiennent (;e
« toit et relèvent un peu au-dessus des bâtiments, de sorte que le
« jour passe dessous pour éclairer la cour, qui ne forme alors qu'un
a ç,eA\\ ccuœdium^. On emploie le Testitiuiinéavec succès pour un
« Atrium de peu d'étendue*, un Atriolum^ comme le mien, et il a
« cela d'agréable qu'il augmente les espaces dans les étages supé-
« rieurs*, en permettant de faire profiter tout le bâtiment de la
« largeur réservée aux portiques dans les atitres Atria.
« Remarquez la décoration de cet Atrium : les colonnes sont d'un
« seul bloc"' de marbre blanc de Luna*. Le pavé est du même mar-
« bre, et encadré dans des filets noirs, pour le détacher des murs,
« dont le bas est aussi en marbre blanc jusqu'à hauteur d" appui, et
« le reste, enrichi de peintures. — En voici de bien étranges, dis-je
« à Vilriive, et je nie suis souvent arrêté à les considérer sans coni-
« prendre ce que signifient ces figures d'hommes et d'animaux ter-
« minées par des ornements bizarres et capricieux ; ces bustes de
« femmes avec une queue de dauphin ; ces feuillages développés en
« volutes, et ces fleurs du calice (lesquelles sort toute la partie anté-
« rieure d'un lion. Il faut assurément que le peintre qui a décoré
« ces portiques soit doué d'une bien singulière imagination. — Dite^-;
« bien extravagante, répliqua notre guide. Autrefois on assoriissait
« les peintures au genre, à la position, à la destination de chaque
« pièce; mais aujourd'hui l'on a changé tout cela, et Mamurra s'est
« laissé, comme un autre, entraîner au torrent du mauvais goût, en
« faisant dernièrement repeindre son Atrium '. »
Nous examinâmes pendant quelques in.stants ces peintures; le
plafond des portiques, incrusté de figures moulées, achetées en
(irèce '°; diverses statues d'airain et de marbre, chefs-d'œuvre d'ar-
tistes étrangers ". « Remarquez aussi cette courtine, nous dit Yitruve
« en nous montrant une voile de lin teinte en pourpre, tendue sur
« la cour ou impluvium pour l'abriter des rayons du soleil. Elle
« entretient ici une telle fraîcheur que la mousse y peut croître '-.
1 Vilruv. VI, 3. = * Varr. I>. !.. V, § 161.— Non Marcell. v. Tesludinps. == 'Conjrr-
lure. = * Vitmv. VI, 3. ^ s q\c_ aj Allir. I, 10. — Sctipr. Conirov. I, l'rotptii. ;= •> \i-
Iniv. Jbid. = 7 l'Iin. XXXVl , 6. — Sirab. V, p. 222; ou 156, Ir. fr. = s Slrab. Ibid.
^^9 Vilruv. VU, 5.— Guallaiii, Monumcnli inediti per i' anno 1783, diccnibre, lav. II.
^ 10 Cir, ad Allir. I, 10. = 'i Pii!i. XXXV, 2. z= nji, xi\, 1.
« Ces grandes voiles ont élé inventéesen Asie; lorsqu'Alliile, roi do
« Porganie, légua son royaume au peuple Romain, il ya({uatre-vingl-
« dix ans, environ , on trouva de pareilles voiles à sa cour, et c'est
(f de là qu'en les adoptant nous les avons appelées cowtines \ »
Nous dirigeâmes ensuite nos pas vers trois pièces ouvertes sur
ÏAirium, dont elles occupent le fond'.
JjR première, située sur l'axe du Prolhyrum, est le Tablinum {").
Elle contient les archives de la famille-.
Les deux centres, placées de chaque côté de celle-ci, sont les
Ailes {''], Espèces de complément des archives, elles renferment les
portraits de famille', exécutés en cire et rangés chacun dans une
armoire*, au bas de laquelle une inscription rappelle les titres, les
honneurs, les belles actions de celui dont elle contient l'image ^ *.
« Procédons par ordre, dit Vilruve : avant de quitter Y Atrium,
« visitons les pièces qui l'entourent. Commençons par les Tricli-
« nia* ('), ou salles de festin. » Il ouvrit successivement plusieurs»
portes, et nous le suivhnes.
Les 7';-/c/mi'rt brillent par un luxe d'ameublement, par mille re-
cherches ingénieuses que les Romains sont fort habiles à inventer
pour augmenter leurs jouissances. Ces salles de festin sont disposées
et multipliées suivant les saisons de l'année®; il y a des Triclinia
d'hiver, exposés à l'occident; de printemps et d'automne, à l'orient ;
d'été, au septentrion''. Ils sont, en général, deux fois aussi longs que
larges*, et portent chacun un nom particulier, tel que le Triclinium
d'Apollon ^ celui de Mercure '° çtc. Tous sont dallés en marbre".
Triclinium signifie proprement une salle à trois lits. Tu ne t'ima-
gines pas sans doute que les Romains mangent à terre, assis sur de la
paille** ou sur des peaux de loups ou de chiens, comme dans notre
pays''; cependant tu seras surpris, j'en suis sûr, d'entendre parler
de lits dans une salle de festin. Depuis longtemps les Romains ont
renoncé à l'usage qu'ils tenaient des Laconiens et des Cretois", de
s'asseoir pour prendre leur repas *^; énervés par le luxe, ils ont
adopté la mode des Orientaux qui, pour manger, se tiennent à demi
1 Plin. XXXV, 2.— Mazois. Ruin. de Pompei, t. H, p. 23. = 2 pijn. /ft,f». =;3 Viliuv.
VI, 4. =4 Expressi cera vullus sinfriilis disponebanlur arniarijs. IMiii. XXXV, 2.=
■' Tit.-Liv. X, 7; XXX, 45; XXXVl, 40. — lac. Aiin. XVI, 7. —V.Max. IV, 4, 1; 5, 2 ;
V, 8, 3. — Ov. Fast. 1, V. 591. = 6 Van-. L. L. VUI, § 29. =7 Vitruv. VI, 7. = ^ /i/,/.
5. = 9 Plul. Lucull. 41. = 10 Suot Gland. 10. =" llor. II, S. 4, v. 83. = <^ Sliab. IV,
p. 197 ; ou 65, tr. fr. = '3 |)iod. Sirul. V, p. 505. = '^ Scrv. in /Eneid. VII, v. 177.
— » Ov. Kasi. VI, V. 305. {") Plan de la Maison, n" 15. ('•) Ibid. n" 16. (^) It.id. n" 10.
280 UOiMt: AU SIÏ'XLE D'AUGUSTE.
couchés, le corps appuyé sur le coude '. lis portent celle habitude de
mollesse jusque dans le travail, et ils s'étendent aussi sur des lits
pour lire et pour écrire^. Quand on n'est pas en mouvcnicnl il
semble qu'ici l'état naturel soit d'être couché. Le langa^^e usuel ti';-
moigne de cette langueur : ainsi les Romains disent tel citoyen couche
dans toi quartier, pour loge, habite^.
Pendant longtemps les femmes conservèrent l'habitude de s'as-
seoir à table; mais aujourd'hui elles imitent les hommes*, et l'on ne
voit plus que des lits dans les Triclinia. Ils sont placés à l'une de
leurs extrémités, le long des murs, et sur trois côtés ^, le quatrième
restant vide pour le service. La table se dresse entre les trois lits (").
Chez Mamurra, les lits de chaque salle sont pareils^, mais ceux
d'une salle ne ressemblent point à ceux d'une autre. Dans les Tri-
clinia d'hiver, ils sont inscrustés d'or ' et d'ivoire*; dans ceux de
printemps et d'automne, ornés de plaques d'argent* ou d'écaillé de
tortue '°; dans ceux d'été, de bois d'érable et de citre, avec les en-
coignures et les jointures dessinées par des baguettes d'argent".
Il y a aussi quelques salles de festin à deux lits seulement, et que
pour cette raison l'on nomme Biclinia^^- . Destinés aux réunions
moins nombreuses, les lits en sont aussi beaucoup plus simples " ;
la plupart n'ont que quelques ornements d'airain ; les plus somptueux
portent sur leur chevet la tète d'un petit âne couronné de pampres,
autour de laquelle folâtrent de rustiques enfants'*. Les moins beaux
de tous sont des lits nommés lits Puniques.
Dans les Biclinia, la garniture des lits se compose de peaux de
boucs, comme chez les gens peu riches '* ; mais dans les Triclinia on
trouve des matelas rembourrés de laine des Gaules '^, de plume''', ou
de duvet de cygne'*; des coussins recouverts de soie'^; des housses
magnifiques, les unes en pourpre-'', les autres brodées de différentes
couleurs-', d'autres couvertes de dessins représentant des chasses et
1 Ilor. 1, Od. 27, V. 8 ; II, S. 4, v. 39. — Cic. de Senecl. 13. = « Ov. Trisl. I, 10,
V. 38. — Suet. Aug. 78. — Lecluliis. Hor. I, S. 4, v. 133.=3Xrans Tibcrim longe
rubat is, prope C;psaiis Hoiios. Hor. I, S. 9, v. 18.— Cubai hic in colle (Juirini. Id. Il,
Ep. 2, V. 68. = 4 V. Max. Il, 1, 2. = 5 Hor. I, S. 4, v. 86. — Varr. L. L. IX, § 9. —
l'elron. 21. — l'Iaul. Slich. III, 2, v. 51.— Macrob. Salur. II, 9. =« Varr. L. L. IX, § 47.
= '?Plaul. Stich. II, 2, v. 53. —Mari. IX, 23. = 8 Ploul. /éid. — Varr. L. L. VIII,
(SJ 52. — Hor. II, S. 6, v. 105. =9Plin. XXXIil, ll. = i0Varr. L. L. IX, § 47. —
l'Iin. IX, 11.— Juv. S. 11, V. 91. = <'Pliii. XXXIIl, ll.= "Piaul. Baccliid. IV, 4,
V. 69, 102. = 1* Plin. XXXIV, 3. = li Juv. S. 1 1, v. 91.= ' * Cic. pro Murcna, 56.—
V. Max. Vil, 3, 1. = if Plin. VIII, 48 ; XIX, 1. — Juv. S. 7, v. 221. — M.irl. XI, .57;
XIV, 139, 160. = '"Cic. Tuscul. lil, 19. =1» Mari. XIV, 161. = •» Id. III, 82. =
-'« /(/. XIV, 147. — Hor. II, S. 4, v. 84; S. 6, v. 102.— Plut. Lucull. 40. = «' Cic.
Tuscul. V, 21. v") Voy. sur le Plan de la Maison, les Triclinia, ii" 10.
LETTRE IX. 281
loiit leur appareil'. On fait venir ces housses de Babylone ^ Vitruve
nous en montra une que Mamurra paya huit cent mille sesterces (*),
il y a quelques années, et qui vaudrait beaucoup plus anjonrfj'liui ^.
Plusieurs des Tri clinia sont ornés (\c eoloinies*, et pavés de dalles
de marbre incrustées de pièces rapportées'^ représentant toutes
sortes d'animaux ^ Dans d'autres, le pavé se compose en entier de
petits morceaux de marbre piqués dans un mortier très-solide. La
plupart sont blancs, plusieurs sont noirs et disposés de manière
à former des dessins et des ornements variés. Ce dernier genre de
pavé s'appelle lithostrate ^•, le premier se nomme gravé^ ou vermi-
culé^. Des tentures en étotïes de laine brodée'" décorent les murs,
des statues dorées servent de candélabres pour les repas de nuit ", et
des voiles, arrangées en forme de tente militaire '^ pendent au-dessus
de la table du festin, connue pour la garantir de la poussière '*.
Les tables ne le cèdent ni en magniticence ni en variété aux lits
triclinaires : Elles sont rondes '*, portées sur un seul pied, tantôt
d'argent, tantôt d'ivoire '* ou d'airain '^ ou des bois les plus rares et
les plus précieux, enrichis de toutes les merveilles de la sculpture*''.
Le principal ornement du Trivlinium ce&iY Abaque, meuble en
airain '*, qui se place du côté opposé aux lits, et sur lequel, les jours
de réception, on étale des vases précieux", de la vaisselle d'or et
d'argent, ornée de dessins en relief, enrichie de pierres fines ^", et
portant le nom du maître, et même le poids du vase ou du plat-';
en un mot, tout l'appareil du luxe le plus éblouissant ^^ Denys ne
pouvait se lasser d'admirer tous ces objets d'art, parmi lesquels il
en reconnaissait beaucoup venant de sa patrie.
En sortant des Triclinia, nous allâmes visiter deux autres corps-
de-logis situés aux côtés de X Atrium, et qui sont, à gauche la Cui-
sine, * C"), puis les Carceres et les Equilia {'), remises et écuries^* ; à
droite la Pistrine ('*), heu où Ton fait le pain'*, et des logements
d'esclaves à côté {'). Nous rentrâmes ensuite dans Y Atrium.
1 relion. 40. = 2 Pli,,. YHI, 48. — l'iaut. Sticli. H, 2, v. 34. = 3 pnn. ibid. =■ '> .luv.
S. 7, V. 182. = S Lucil. fragm. IV, ex incert. Salyr. lib. — Plin. XXXV, l. = 6pij„.
Ihid. ='' Lilhostroium. M. XXXVI, 23. = * Srulpluralum. Ibid. = ^ Vcrmiculalum,
Ibid. ~Luc\\. Ibid. = 'o V. Max. IX, 1, 5. = " Lucrel. II, v. 24. = i^ Serv. in /Etieid.
I, V. 701. =13 Hor. III, od. 29, v. 13 ; II, S. 8, v. 34. - Serv. Ibid. = i' Varr. L. L.
V. § 118.— Ov. Trisl. H, v. U5i. = i''iu\. S. 11, v. 117. —Mari. Il, 45; IX, 23; XIV,
91.=iMMin. XXXIV, 3.=''?Juv. S. 11, v. 122.=!» Abarus. Plin. XXXIV, 3. = ''Cir. de
l'inib. II, 8. =50 pnp. XXXIII, 11.— PIul. Liirull. 40. =21 Pclron. 51.=22(;if. Tuseul.
V, 21.-VaiT. L. L. IX, § 47 = ^3 Viliuv. VI, 10. = 2V cio. in V\<o. 27. (") 1G3, 666 f.
60 c. {'') Plan de la Maison, n" 13. (<•) Ibid. u» 14 (<*) Ibid. n" 11. (•') Ibid. 11» 12.
282 ItOMi: AU SIÈCLI-: IJ'AUGLSTi:.
« Ce qiifi vous venez de voir jnsfjirk pr«'!seiU, nous dit Vitriivo,
« constitue la première parlic', la parlio piil)li(jue de la maison,
« celle où les Clients ont drcjit do pénc-licr, à l'excrption peut-être
« des Tridinia. Nous allons niainlenanl parcourir lu partie privée,
« où personne ne peut entrer sans y être invité -. Passons par ces
« corridors appelés Fauces ("), ménagés de chaque côté du Tahîi-
« num. Nous voici dans le Péristyle [''].
« Ce pnrticpie, plus long que large, et supporté par des colonnes,
« rappelle la forme de YAlrium^. Mais ici l'on a déployé plus de
« magnificence et de recherche : une statue s'élève en avant de
(( chafjue colonne*; des plutci de marbre, creusés en caisses où
« Ton cultive des fleurs, remplissent une partie des entrecolonne-
« ments*. Le centre du portique, au lieu d'être une cour comme flans
« l'Atrium, est un Xyste {') , parterre où la vue se repose en tout
« temps sur la verdure, car ces lauriers que vous y voyez restent
« verts pendant la plus rigoureuse saison*. J'ai placé ici une fon-
« taine de marbre i'^), et je l'ai faite pyramidale afin d'augmenter la
« fraîcheur que l'on vient chercher dans ce Xyste"; les eaux jail-
« lissantes sont un des moyens que nous employons le plus volon-
« tiers pour cela*, aujourd'hui que presque toutes les maisons ont
« de l'eau ^. Rentrons sous les portiques. Les murs en sont revêtus,
« sur toute leur hauteur, de tables de marbre blanc veiné de tha-
« SOS '"; les colonnes sont en marbre de Scyros et de Caryste, dont
a les couleurs variées font mépriser le marbre blanc"; le pavé est
« en marbres de diverses couleurs ''-, et le plafond en menuiserie à
« compartiments '\
« — Pourquoi, dis-je à Vitruve, les portiques ne sont-ils pas ré-
« guliers? Sur trois cotés il n'y a qu'un rang de colonnes, et j'en
« vois deux sur le quatrième. — Le côté où les colonnes sont dou-
« blées se trouve à l'exposition du midi : nous avons adopté cette
« disposition afin que dans les orages, la pluie chassée par le vent
« notus ('") ne pénètre pas jusqu'aux appartements. '* »
Notre guide, en disant ces derniers mots, nous conduisit à l'extré-
' Pailem domus primoiem, quam \ulf;iis Atrium >ocal. A. Gell. XVI, 3. — Mairob.
Salurn. VI, 8. = 2 Vitiuv. W. S. — i ILid. i ; UI, 1. = i (".ic. in Verr. 1, 19. =
5 Yilruv. IV, 4. = s M. VI, 10.— l'Iin. V. Kp. 6. = ' Plin. Ibid. — ShpI. Auiî. 82. =
«Cic. ad Quint. Frat. 111, 1. =9 Slrab. V, p. 235; ou 210, tr. fr. = 1" l'Iin. XXXVl, (5.
= " Strab. 1\, p. 437, o\i .513 tr. fr. = '- Ruines de Pompci, passim. = '3 Viiruv.
VI, 10. = U Id. V, 11. (a) Plan de la Maison, n" 17. ('-; IbiJ. n" 18. /■, Ibid. n" 19.
(<*; Ibid. no 20. (f ) Vent d'ouest.
LETTUK IX. 28."
mite occidenti^le du péristyle, et nous introduisit dans plusieurs
salles ornées de colonnes ("). « Voici Tapparlonient des femmes,
H nous dit-il, l'endroit où elles se tiennent liabitiiellcment pour Ira-
« vailler. On nomme ces salles Œci. Examinons d'abord celle oii
« nous nous trouvons, qui est un Œcus corinthien. Ses colonnes
« sont en marbre de Luna, seul admis dans cette niaison avec cet
« autre beau marbre blanc à larges ondulations vertes, que nous ti-
« rons de Caryste ('') : Mamurra les préfère à tous les autres'. La
« voûte est en stuc.
« VŒcus égyptien, continua-t-il en gagnant la salle suivante,
« dont les portes étaient revêtues d'écaillés de tortue', est pareille-
« ment orné de colonnes détachées des murs latéraux. L'architrave
« de ces colonnes et les murs d'enceinte supportent une terrasse
t( extérieure qui fait le tour de la pièce. Des fenêtres remplissent les
« entrecolonnements supérieurs ■' ; devant tombent des voiles qui
« interceptent le froid en hiver, et garantissent des rayons du soleil
« en été*; elles sont en outre garnies de toiles transparentes* fixées
« sur des grillages ou treillis °. »
La Bibliothèque suit les Œci (') ; elle est placée à l'orient, parce
qu'on travaille ordinairement ici le matin, et que de plus cette expo-
.sition a l'avantage de préserver les livres de l'humidité apportée par
les vents du midi et du couchant, qui font éclore les vers et les
autn-s insectes destructeurs des volumes ^
« L'on réserve la position du couchant, dit Vitruve en nous con-
« duisant à l'autre bout du Péristyle, pour Y F xèdre'' ['^], grande
« galerie' où Mamurra reçoit les philosophes, les rhéteurs, lesgram-
0 mairiens, et les poètes qui veulent bien Thonorer de leur amitié ^
« Les uns prennent place sur les sièges qui garnissent le pourtour
« de cette pièce "^ ; les autres se promènent, et chaque groupe s'oc-
(( cupe de conversations sérieuses ou plaisantes, littéraires ou poli-
« tiques. On fait souvent des Exèdres carrés '^ Celui-ci est à la
« greccpie : trois fois plus long que large '-, forme bien mieux appro-
« priée à sa destination. Cette vaste étendue permet aussi au déco-
M rateur de doimer carrière à son génie, et d'étaler en peinture,
» Plin. XXXVT, 6. = 2 Virg. Georg. H, v. 462. = 3 Viliuv. VI, 3. = '■* Digesl. XXXUI,
lil. 7. leg. 12, g, 16, 20. = 5 Cato. R. R. 14. — Plaut. Mil. glor. H, 4, v. 26. — Pilt.
d'Rrrol. I. 1, p. 229, 2G1. = « Vilruv. I, 2 ; VI, 7. = ■? hi. VI, 10. = » Ibid. 5. =
9 Cip. de Xal. deor. I, 6. = 'O Vilruv. V. M. — Cic. Ibid. = " Vilruv. VI, 5. = '^ /rf.
V, 11. c) Plan de la Maison, n" 21. {''] C'est le Cipollin. (^j Plan delà Maison, n» 22.
(rf) Ibid. no 24.
!284 UOMK AL SlhiCLE D'AUGUSTE.
« roimnc on fait dans cos sortes de galeries, tous les simulacres de
« l'architeclure la plus riche '. «
Nous n'arrivâmes à \ l'Jxèdre qu'en traversant la Basiliqur"),
pièce tout-à-fait indispensable dans les maisons des grands. Celle-ci
ressemble pour l'étendue et pour la magnificence aux basiliques pu-
bliques dont j'ai déjà parlé*.
La crainte de répéter ce que j'ai dit ailleurs, surtout le désir d'éviter
des descriptions longues et diffuses sur les pièces si nombreuses qui
composent la maison de 3Ianmrra, donnent quelquefois à mon récit
le caractère d'une nomenclature assez sèche; cependant comme je
ne veux rien omettre, je continuerai d'avoir recours de temps en
temps au mode abréviatif. En sortant de \ Exèdre nous allâmes voir
les Bains placés à l'occident^ C") ; des Bains nous passâmes dans le
Sphœristerium {') ou Jeu de Paume, qui en est voisin*; il se compose
d'une grande pièce où l'on joue à la balle trigonale, et de plusieurs
autres petites appelées .4/mfona ('') destinées aux jeux paisibles*. De
là, revenant sous les portiques, nous entrâmes dans un petit Atrium
circulaire autour duquel sont les Cubicula ou chambres à cou-
cher" i'), qui servent aussi de chambres de travail^, et dans lesquelles
on trouve des hts en bois de citre*, de cèdre, de térébinlhe, garnis
de coussins de plumes enveloppés dans des étoffes de soie, pour lire
ou écrire*; d'autres pour dormir, garnis de couvertures en peaux
de taupes^. Yitruve était un peu fatigué : il poussa la porte de la
chambre où nous venions d'entrer, rabattit dessus une voile en étoffe
de couleurs variées ^*', qui se met sur presque toutes les portes inté-
rieures pour en compléter la fermeture'*, s'assit sur un lit de repos,
et commença à nous parler de tous les embellissements qu'il avait
faits dans cette maison. Puis, s'interrompant tout d'un coup : « Ji;
« croyais, dit-il, que nous étions au bout de notre visite ; j'oubliais
« \e Sacrarium. » Alors il se leva, nous ramena sous le péristyle,
nous conduisit au milieu du portique septentrional, et nous fit entrer
dans un Atrioluni^- [f], composé de dix colonnes, et au fond duquel
s'élève un édicule (»). Dans ce sanctuaire sont quatre statues d'airain :
> Vitruv. vu, 5. = 2 /rf. VI, 8.- Voy. Leltre UI. =3 Vitruv. I, 2; V, 7, 10; VI, 7.
= * Plin. II, Ep. 17; V, Ep. 6. — l'i-lroii. 27. = 5 V. Leilre XUI. = 6 Cic. Q. I r;il.
III, l. = T Tac. de Oral. 2, 14.— Plin. lU, Ep. 1. = « Hor. Epod. 8, v. 15.— l'roperl.
ni, 5, V. 63.— Peis. S. 1, v. 32. = 9 Plin. VIII, 58. = >» Pollux. OnomasI. X, 7. =
J' Vélum. Sener. Ep. 80. — Juv. S. 9, v. 105. — Lamprid. Ilelio^. 14 ; Alex. Se\er. i.
— Pra-lenla foiibus vcla. SiiPl. Claud. 10.= '-Suel. Aup;. 92. ") Pian do la .Maison,
n" 23. {!'< Ibid. n" 25 clsiii\. f/) /6ic/. n" 56. ^<') tbid. n" 37. (') ILid. h"' 58.
{!) Ibid. n" 59. (9) Ibid. ii" 40.
LETTRE IX. â.Sr.
Denysen reconnut deux, lu première un Cnpidun, el la seconde ini
Hercule, pour être des ouvrages de Praxitèle et de Myron, fameux
sculpteurs grecs. Un petit autel dressé devant ces divinités annonce
la sainteté du lieu.
Les deux autres statues sont de moyenne grandeur, mais d'une;
beauté parfaite. A leurs traits, à leurs vêtements, on reconnaît dt;
jeunes vierges; les bras élevés, elles portent sur la tête des corbeilles
sacrées qu'elles soutiennent de leur doigts légers'. Ce Sacrariuin
sert aussi d'archives, et l'on y dépose les papiers de famille les plus
précieux -. Il jouit d'une certaine célébrité à cause de sa magnificence,
et peu d'étrangers quittent Rome sans l'avoir visité : c'est un monu-
ment antique de la piété des ancêtres de Mamurra', et de celle de
Mamurra lui-même.
« Il nous resterait à visiter les Cœnacula, dit Vitruve; ce sont les
« étages supérieurs*. Nous nous en dispenserons : il n'y a rien là
« de curieux. Mais je veux vous faire voir extérieurement l'ensemble
« de cette maison dont vous venez de visiter l'intérieur. Suivez -moi
« sur le Solarium ; vous savez sans doute, continua-t-il en se tour-
te nant vers moi, que c'est une terrasse" qui règne sur les principaux
« corps de logis de la maison, et sert de promenoir^; c'est là qu'au
« printemps et à l'automne, on vient quelquefois se chauffer aux
« rayons bienfaisants du soleil". Ne vous rebutez pas de la roideur
« de ces degrés construits contre tous les principes de l'art : un peu
« de courage, nous voilà arrivés. »
La vue générale de la maison de mon hôte nous jeta, Denys et
moi, dans un véritable étonnement, et il fallut que notre guide nous
désignât chaque partie de l'édifice pour nous convaincre que nous
n'avions pas sept ou huit maisons sous les yeux. « Cette demeure,
« nous dit-il, est Tune des plus grandes de Rome, où cependant il y
« en a beaucoup qu'on prendrait pour des villes*. — Elle surpasse
« en étendue le champ de Cincinnatus*, interrompit Denys. —11 le
« faut, repartit Yitruve, sans quoi nos riches se croiraient logés trop
« à l'étroit^. Je dis nos riches, attendu que la maison de Mamurra
<( ne forme point à Rome une exception unique; depuis longtemps
1 Cir. in Verr. V, 2, 5. = 2 Suet. Tib. 51. = 3 Cic. Ibid. 2. = 4 Varr. L. L. V,
§ 162.— Fest. V. cœnacula.— Instil. IV, lit. 5, § 1, 2. =5Plaut. Mil. glor. II, 4, v. 25.
— Suet. Claud. 10; Nero. 16. = ^ Macrob. Salurn. II, 4. = ^ Isid. Orig. XV, 5.— Pers.
S. 4, V. 18 el 35. = ^ Domos in urbium modum exsedificaïas. Sali. Calil. 12. — Uibis
opus domus una fuit : spatiumque tenebal, — Quo brevius nuirisi oppida niulia lenenl.
Ov. Fasi. VI, V. C41, 42. — 9 y. Max. IV, 4, 7.
'2A0 ROMK AU SlVn.E D'AUGUSTE.
« il (Ml (wislo l)oau('()ii|) d'aïUi't's (jui poiivciil rivalisor avoc ollo, (éliras
« que celles du grand Pompée, dans les Carènes, que vous pouvez
« voir d'ici, et qui maintenant appartient à Tibère-Néron, beau-fils
« de l'empereiu'' ; du jurisconsulte Caïus Aquilius, sur le mont Vi-
« minai; de Q. Catulus, le vain(|ueur des Cimbres; de l'orateur
« Crassus', achetée depuis par Cicéron, et possédée maintenant par
« Censorinus^; de Scaurus, toutes trois sur le mont Palatin*; do
« Lépidus*, et de bien d'autres encore. — J'ai lu dans vos vieilles
« annales, interrompit Denys, que les plus belles maisons des an -
(( ciens Romains, des premiers personnages de la république, étaient
c( fort petites, témoin celle du consul Valérius Publicola, qui fut abat-
M tue en un jour^ — Sans remonter aussi haut, vous auriez pu, re-
« partit notre ami, citer la famille .'Elia, qui, composée de seize
« personnes, habitait une petite maison à l'endroit où sont les Mo-
« numentsMarianiens'^; parler de ce Caton qui n'a pas moins illustré
« Utique par sa mort que Rome par sa naissance, et dont la de-
« meure fort exiguë était celle d'un sage qui compte le nombre dé
« ses amis par celui de ses Clients*; mais .^lius et Caton étaient
« gendresdu grand P. Emile, ce vainqueur de la Macédoine, qui trans-
« porta à Rome tant de richesses dont il ne garda rien pour lui '.
« Ces exemples illustres n'étaient que des exceptions; les maisons
« durent suivre la progression d'agrandissement de l'empire, et
« quand Rome eut porté ses enseignes victorieuses dans toutes les
a contrées de l'univers, quand le sénat vit des rois à sa porte, quand
« de simples citoyens en comptèrent parmi leurs Clients, quand les
« généraux de la république distribuèrent des royaumes, alors il ne
« fut plus possible k un citoyen important d'occuper une modeste
« demeure, où il n'aurait pu ni recevoir ses Clients, ni offrir Thos-
« pitalité aux étrangers, genre de libéralité aussi profitable à la ré-
« publique qu'elle pouvait l'être à eux-mêmes. Rien de plus facile
« que de déclamer contre le luxe et la somptuosité des bâtiments,
M mais il faut examiner avant tout si ce luxe n'est point une néces-
« site de position, une chose de force majeure, à laquelle il y a
« moins d'inconvénients à se soumettre, qu'il n'y en aurait à s'y sous-
« traire. — Il me paraît constant, répliqua Denys, que dans les
' Plan et Descripl. de Rome, n» 26. = 2 pijn. XVII, 1. = 3 plan et Desrript. de Home,
n» 234. =*/6J"d. n" 236. — Plin. Ibid. = » Id. XXXVI, 6. = « Plut. Poblic. 10. — D.
Hâlic. V, 19. =: •? V. Max. IV, â, 8, - Plut. P. .flmil. .î, 28. = » V. Max. II, 10, 8. =
^ Plut. P. JEmil. a.
LKTTRE IX. 2H7
« hoiuix Ipiiips de la république, les grands hommes logeaient dans
o (le petites maisons auxquelles la renommée de leurs vertus impri-
« niait une illustration pour ainsi dire sacrée, tandis qu'aujourd'hui
« c est la maison qui t'ait la réputation du maître, et que Ton de-
« vient célèbre uniquement parce que Ton couche sous des lambris
« dorés, au milieu de centaines de coloimes, et des marbres les plus
« rares et les plus précieux *. »
Nous étions descendus du Solarium, après avoir admiré la vue
magnifique dont on jouit du haut de celte belle terrasse, et Denys,
songeant à la retraite^ se dirigeait vers le Prothyrum, quand Vitruve
Ir rappelant, lui dit que pour nous faire connaître toute la maison,
nous allions sortir par un passage secret nommé Posticum, porte de
derrière^, ou Pseudothyrwn^ {"], situé à Topposite du Vestibule*.
A l'extrémité des couloirs qui mènent aux passages secrets (il y en
a deux), nous trouvâmes un portique aboutissant sur une longue ga-
lerie que notre ami nous désigna sous le nom de Pinacothèque'^, ou
galerie de tableaux {''). C'est encore un nom grec tel que ceux de
triclinium, de prothyrum, de xyste, de péristyle, d'exèdre, etc. Les
Grecs étant les maîtres des Romains en architecture, ces derniers ont
emprunté à la langue hellénique la plupart des noms en usage dans
les constructions. Vitruve ne nous fit pas entrer dans la Pinacothèque
parce qu'elle est en réparation ; mais il nous dit que son exposition
tout-à-fail septentrionale avait été choisie avec intention, la lumière
qui vient de cette partie du ciel étant toujours plus égale*.
Nous passâmes donc outre, et j'arrivai le premier à la porte se-
crète. Comme l'employais toutes mes forces pour l'ouvrir en la pous-
sant devant moi, Denys s'approcha, et la tirant à lui sans etfort :
« Vous n'avez pas encore remarqué, me dit-il, qu'ici toutes les portes
« des maisons s'ouvrent en dedans. — J'avoue répondis-je, que cela
« m'avait échappé jusqu'alors : je crois cependant en avoir vu qui
« se développent sur la voie publique. — Oui, une seule, au bas
« du mont Palatin, celle de Valérius Publicola. C'est une distinction
« unique qui fut accordée par le peuple à ce grand homme, en re-
« connaissance des services qu'il avait rendus à la république''. —
« Denys a raison, dit notre ami, mais il faudrait ajouter que le fds de
iCic. deOffic. 1, 59.— Plin. XH, I. = « V. Max. V, 7, 5 ; VI, 8, 6. — Suet. Claud. 18.
= 3 cic. posl redit, in Seiiat. 6. — Peiron. 11. = * Til.-Liv. XXXIX, .">1. = » Viliuv.
1, 2 ; VI, 7. = 6 Vilruv. Ibid. ='!D. Halic. V, 7^9. — Plut. Pobiic. 20.— Plin. XXXVI,
15. {") Plan (le la Maison, n» 42. {'') Ibid. n» /«l.
288 ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
« Publicola el Fabius Ma.viiiins icciircnl aussi un honneur sem-
« l)lablo, ot qu'on los gralilia inrino do cos maisons comme -réconi-
« penses publiques. 8i le jour était nioins avancé, je vous propose-
« serais d'aller visiter la vénéral)le demeure de Publicola, où vous
<( pourriez prendre une idée de ce (jue Ton appelait jadis une belle
« maison. 3Iais maintenant la seule proposition que je puisse vous
« faire, c'est de venir souper avec moi. »
Nous n'acceptâmes ni l'un ni l'autre; Denys était invité chez l'un
des Consuls, et moi, me méfiant de ma mémoire, je voulais rédiger
sur-le-champ cette relation d'une visite dans la maison de Mamurra*.
LETTRE X.
LES CLIENTS.
A ce nom de Clients, tu vas peut-être croire qu'il s'agit de servi-
teurs dévoués qui s'attachent à un homme influent par son caractère,
ses talents, ses richesses; ne l'abandonnent jamais dans la plus
mauvaise fortune^; le suivent à la guerre, et n'hésitent point à se
faire tuer avec lui s'il succombe dans les combats, ou à se donner
eux-mêmes la mort s'ils ont le malheur de lui survivre^? ce sont là
ûe&Solduriens, mon cher Induciomare, et il n'y a point de Soldu-
riens à Rome; cet honneur n'appartient qu'à nos Gaules. Ici,
comme dans notre pairie, les hommes influents ont bien des Clients,»
mais leurs relations mutuelles se bornent aux devoirs civils.
Ce fut Romulus qui régla entre les grands et le peuple les rap-
ports de patronage et de clientèle '\ Après avoir organisé son gou-
vernement, il recommanda le peuple aux Patriciens, et permit
à chaque Plébéien de se choisir un protecteur parmi eux. Il em-
prunta, m'a-t-on dit, cette institution à la Grèce, où elle était depuis
longtemps en usage chez les Thessaliens. La condition des patronés
ressemblait alors à une sorte d'esclavage, et quoiqu'il déguisât cette
servitude de fait sous les noms de Patrons et de Clients'', le pre-
mier, dérivé du mot patres, pères, et le second du participe co-
lentes, honorant ^ néanmoins il ne parvint à l'adoucir qu'en ren-
dant mutuellement obligatoires les devoirs respectifs des protecteurs
et des protégés.
Le droit de patronage qu'il établit alors consistait à répondre aux
Clients sur la justice et le droit civil, dont ils n'étaient point instruits;
à prendre soin d'eux, présents ou absents; à faire pour eux tout ce
qu'un père fait pour ses enfants, tant en ce qui concernait l'argent
que les contrats pécuniaires; à poursuivre le redressement des in-
justices qui pourraient les atteindre; à les défendre contre leurs
1 Cxs. de Bell. Gall. Vil, 40. = 2 Ibid. 1, 2, 3, 4 ; III, 22 ; VI, 15.= 3 Cic. de P.epub.
II, 9. — Plut. Romul. 13.— D. Hjilic. Il, 10. = '• 1). H;ilir. Ibid. — VUu. Romul. i:!.=
= Serv. in .•Eneid. VI, v. G09.
'• . 19
200 ROME AU SFKCLE D'ALT.USTE.
accusateurs; en un mol, à leur procurer toute la tranquillité dont
ils avaient besoin dans les affaires publiques ou particulières.
Les Clients, de leur coté, devaient aider les Patrons à marier
leurs tilles, et. former la dot si les pères étaient pauvres; payer leur
rançon et celle de leu4's enfants quand ils devenaient prisonniers
de guerre; satisfiiire pour les procès qu'ils perdaient, et acquitter
les amendes qu'ils encouraient; aider à fournir l'argent nécessain;
pour leurs magistratures, honneurs, et autres dépenses publiques, le
tout de leurs propres deniel's, comme auraient pu faire des paretits.
Il était également défendu aux Patrons et aux Clients de s'entre-
accuser en justice; ûc. témoigner l'un contre l'autre, de se rendre en-
nemis l'un deTautre'. Si quelqu'un se trouvait convaincu d'îtvoir fait
l'une de ces trois choses, on lui appliquait la loi de Romulus contre
les traîtres : sa forfaiture constatée, le premier venu pouvait le tuer,
comme victime vouée à Pluton ^
Ces sages règlements maintinrent pendant plusieiirs siècles
l'union des Clients avec 1rs i\Ttrons aussi étroite qu'entre parents, les
pères la laissant à leurs enfants comme par tradition. Les familles
noblestenaient à honneur d'avoir un grand nombre de Chents', et
les Patrons prenaient soin, non-seulement de conserver la clientèle
venue de leurs ancêtres, mais aussi de l'augmenter par leur propre
mérite et par leur vertu. Il régnait entre eux une rare émulation
pour se prévenir d'amitié, pour se rendre de bons offices, les uns crai-
gnant de ne jamais faire assez, les autres de trop recevoir, tant il est
vrai que leur tempérance était à l'épreuve de tous les plaisirs de là
vie, et qu'ils faisaient consister le bonheur et le souverain bien dans
la vertu, et non dans la richesse *.
A mesure que Rome s'agrandit, les liens de patronage et dtî
clientèle se relâchèrent en s' étendant; la famille groupée autour
de chaque patron devint si nombreuse, qu'il ne fut plus possible au
chef d'en bien connaître tous les membres; cela prêta à une dimi-
nution d'aiîection mutuelle, parce que Ton se trouva moins en vue
l'im de l'autre. Ensuite la délicatesse où la fierté des Patrons, qui,
dans la suite, refusèrent comme une chose honteuse de recevoir au-
cun secours pécuniaire de leurs Clients ^ jeta ces derniers dans un
état très-grand d'infériorité.
1 Plut. Romul. 15 ; Marius, 5. — D. Halic. Il, 10. = « D. Halic. Jbid. — Serv. in
iî:neid. VI, v. 609. = 3 D. Halir. Ibid. — Plut. Romul. 13 ; Marius, 4. = * Plut. Ro-
nnil. 15. - D. Halic. II, 10, = ?• Plut. Ibid.
LETTRE X. 201
Aujourd'hui les Clients peuvent se partager en deux classes : les
grands et les petits; car ce nom est aussi poî-té par des citoyens
riches, ayant occupé ou occupant des magistratures dans la ré-
publique, et jouissant par eux-mêmes d'un grand crédita Par
exemple, tous les personnages ciui ont recours aux Orateurs ou aux
Jurisconsultes, dont les fonctions sont bénévoles et gratuites, de-
viennent leurs Clients^. Pompée, vainqueur de toute la terre et de
Ift mer, s'avouait sans difficulté client de roràteur Hortensius qui
l'avait défendu en plaidant pour lui*; Marius, après avoir rempli
déjà plusieurs fonctions publiques, était client d'un certain C. He-
rennius*; les hommes les plus honorables l'étaient de Cicéron,
lequel, à raison de ses grands talents oratoires, toujours au service
de quiconque les réclamait, avait mérité le beau titre de Patron de
tout le monde^.
La clientèle n'entraîne aucune idée d'infériorité pour les grands
citoyens que l'on pourrait appeler Clients-patrons, cet état ne les
empêchant pas d'avoir aussi leurs propres Clients, dont ils reçoivent
les hommages tout en portant eux-mêmes les leurs à d'autres pa-
trons ^ Néanmoins quiconque n'a pas occupé une magistrature cu-
rule, c'est-à-dire du premier ordre, ne peut exercer le patronage,
à moins qu'il ne soit fds ou descendant d'un citoyen ayant satisfait à
cette condition''; car encore aujourd'hui, comme autrefois, c'est un
droit qui se transmet de race en race ^.
Il est d'usage ici que chaque matin un homme un peu considérable,
un citoyen qui a un état de maison, reçoive chez lui, avant d'aller à
ses affaires, ses amis, ou du moins ceux qui se disent tels', et ses
Clients, et qu'une partie reste pour l'accompagner quand il sort ^'^.
On a distingué par des dénominations empruntées à leur plus ou
moins d'assiduité ces Chents qui viennent ainsi faire leur cour; il
y a les salutateurs, qui se bornent à la simple visite", c'est là le plus
grand nombre; puis les précédeurs^'^ ; les conducteurs, qui sortent
avec le patron et le conduisent peiidant quelques instants"; les
1 Plaut. Menœchm. IV, 2, v. 9. = 2 Tac. de Orat. 6, 11, 13. — Cic. Tuscul. U, 20.
= 3 Senec. Controv. VII, 2. = * Plut. Marius, 5. = s Omnium palronus. Csecina, in
Cic. Ep. famil. VI, 7.— Optimus omnium palronus. Calul. 46, v. 7. = 6 Cic. pro Cœlio,
7.— Mart. U, 18. —^ Plut. Marius, 5. —» Cic. in Verr. III, 18. — D. Halic. II, 10. —
— Suel. Aug. 17; Tib. 6. = 9 Cic. ad Allie. I, 18. = lo Voy. Lettre XXVII. = ^ Salula-
tores. Q. Cic. de Petit, consul. 9. — Tac. de Orat. 13. — Virg. Georg. II, v. 462. =
12 Anteambulones. Mart. II, 18; III, 7; X, 74. = '» Deduclores. Q. Cic. Ibid.— Hor.
I, S. 9, V. 59.— Tac. de Oral. 9.
20-2 ROME AU SIÈCLK DAIGUSTE.
uccompagneurs\ elles suiceurs^*, qui rescortent on tons lieux,
et ne le quittent que ((uand il est rentre eliez lui\ Les Romains
trouvent que traîner ainsi après soi une nombreuse suite de gens,
donne une grandeur et une majesté vénérables*; ils ont raison sans
doute, attendu que cbez eux la multitude est portée à n'estimer les
hommes grands et importants que par le fraeas qui les entoure".
Je ne crois pas qu'il soit de condition plus dure que celle des
Clients du dernier rang ; bien certainement des esclaves sont plus
heureux que ces hommes prétendus libres, qui n'ont pour ainsi
dire de repos ni jour ni nuil^ Souvent ils se lèvent avant l'aurore,
pour accourir chez le Patron"', et devancer la foule de leurs rivaux
qui se contentent, pour la plupart, d'attendre les premiers feux du
jour*. Ils ne prennent pas même le temps de faire leur barbe®.
Ont-ils par hasard dormi quelques instants de plus que de coutume,
le jour commence-t-il à poindre : ils se réveillent en sursaut, et les
voilà courant au milieu de la boue du matin '", à moitié chaussés " et
vêtus à cru de la toge de rigueur^-. Le Client doit toujours être en
toge pour faire honneur à son patron, avoir l'air d'être un citoyen
d'un certain rang, pour se distinguer du prolétaire, qui n'a d'autre
vêtement qu'une tunique''' courte"^, de couleur brune '^, sans man-
ches '^ et descendant un peu plus bas que le milieu des cuisses'".
Mais ce n'est pas tout : quand ils ont ainsi bravé la bise, enduré
la pluie ou la neige, suivant les saisons'*, le plus difficile est d'entrer
chez le Patron. S'ils ne sont pas dans les bonnes grâces du portier,
qui d'un œil dédaigneux et vénal choisit ceux qu'il doit laisser en-
trer, souvent il leur arrive de rester dehors '^ et de s'entendre traiter
de chiens et de flatteurs par ces gardiens de la porte-". Sont-ils en-
trés, ils leur faut encore essuyer non-seulement les mépris des au-
1 Asseclatores. Q. Cic. dePelil. consul. 9.— Senec. deTranquil.anim. 12. =*Proseou-
lores. Tac de Oral. 9. — Mart. XI, 25. = 3>iar(. jj^ 18 ; lU, 7;X, 74. ^^Tac. de Oral. 11.
— Plul. Ponip. 23. = 5 Tac. Agric. 40. = *> Mart. IX, 94. ^= " De nocle domus complealur.
0- Cic. de Pet. consul, 12, 15. — Somnum suum rumpentibus, ut alienum exspectent.
Senec. de Brevit. vit. 14. — Juv. S. o, v. 19. — Officia anielucana. Plin. 111, Ep. 12. —
Mari. X, 82. = 8 Mart. XII, 26; XIV, 123. = 9 Id. ÏU, 36. =10 Matutinum ferre pa-
tique luluni. Mart. XII, 26. =; '^ Juv. S. 3, v. 20. = '^ Per Forum volilet cum raagna
ceterva togatoruni. Cic. pro Sext. Rose. 46. — Sportula turbœ rapienda tog.ilff. Juv.
S. 1, v. 93. — Togalorum couiitalus. Tac. de Orat. 6. — Grex togalus. Mari, f, 109; II,
37; m, 46; IX, 105; X, 74, 82; XI, 23.— Suel. Aug. 60. = ^3 Tunicalus popcllus.
Hor. I, Ep. 7, V. 63. — Tunicatus populus. Tac. de Orat. 7. = >* Xon. Marcel, v. llphip-
pium. = 15 Pulliita. Suet. Aug. 44.— Ouint. Instit. Orat. VI, 5. — Plin. Vil, Ej). 17. —
l'Icbeius aniictus. Lucan. H, v. 18. = is Cic. Calil. II, 10. = '" Calo. II. R. 59. —
l'illur. d'Ercol. I. 111, p. 227. = "* Mari. X, 82. = '» Hor. I, S. 9, v. 37.— Senec. de
(lonsl. Snpienl. li, i3. = 2" l.uci.m. Xiiirin. 22.
LKTTIU: X. îî\)7,
tros esclaves, qui ne (hiignent pas toujours leur n'poudi-e fiuand ils
s'informent si le Patron est éveillé \ mais aussi provoquer leur eom-
plaisance en la payant^. Les pauvres solliciteurs s'adressent au cuhi-
culaire, esclave de la chambre, jouissant souvent d'assez de crédit
auprès du Patron ^, et surtout au nomendateur *, autre serf non moins
insolent^, chargé de connaître les noms de toutes les personnes qui
viennent chez son maître, et de les lui souffler à l'oreille à mesure
qu'elles se présentent ou qu'il les aborde*. Comme il faut pour cela
une mémoire prodigieuse , il arrive que certains nomenclateurs ,
quand ils ne reconnaissent pas les individus, leur appliquent des
noms imaginaires, pour ne pas demeurer courts'', et le pauvre Client
se voit ainsi frustré d'une partie de sa peine, on ignore qu'il est venu.
Ce Patron tant désiré, dont la débauche, l'orgueil, ou la dureté ont
tenu la porte close, se montre-t-il enfin ^ c'est pour accabler ses mal-
heureux visiteurs de sa politesse outrageante^. A moitié endormi, et
encore tout engourdi des excès de la veille, à peine daigne-t-il pro-
noncer avec un bâillement dédaigneux les noms mille fois soufflés de
ces empressés qui ont interrompu leur sommeil pour venir attendre
son lever. Trop heureux quand ce maître superbe, feignant une af-
faire importante, ne passe pas au milieu d'eux sans leur parler; ou
bien, les laissant se morfondre dans son atrium, ne met pas leur
patience à l'épreuve, en s' échappant par une porte secrète**'.
Et quel est le prix d'une vie si misérable? la sportule^\ lepana-
riolum^'^, vivres de médiocre qualité'', que chaque jour le Pa(ron
fait distribuer publiquement sur le vestibule de sa maison, à la
foule affamée qui assiège la porte ^'*. Le Chent accourt, la tète char-
gée de ses vases culinaires dont la plupart, afin sans doute de trom-
per la libéralité du distributeur, sont d'une dimension à effrayer
la générosité du maître '^. En effet, les distributions se font avec une
grande parcimonie. Dans beaucoup de maisons, au lieu de vivres on
donne quelques pièces de monnaie *®. Certains Clients reçoivent par
jour, vingt-cinq as '''(''), d' autres jusqu'à trois deniers '*('') ; mais ce
sont là les f\ivoris, les grands figurants. Au commun des Clients, au
1 Columel. I, prœf. := ^ Ho,-. I, S. 9, v. 57. = ' Ci>. ;id AUic. VI, 2. = '* Luciun.
meicede conduct. 10. = s Senec. de Const. Sypicnl. li. = "^ hl. di; Urovil. vil. 1 i ;
de lieiief. 1, 5; VI, 25; Ep. 27. ="' Ibid.\ et de Benef. I, 3. — Maciob. SaUun. II, ^.
— ^ Senec. de Rrevit. vil. U. = » Ibid. F, p. '(. = i'> M. de lîrevit. vil. U ; f.onsol.
ad Marc. 10.— Airia servanlem poslieo l'allc rlienlem. Ilor. I, Ep. 3, v. 31. = " Spoi-
lula. Mail. XIV, L2:j. — Juv. S. 1, v. O.ï, 118; S. 3, v. 249, clc. = l2]Mait. V, 50. ==
1^ /(i. XUI, 123.= li Juv. S. 1, V. 93. =ii/rf. S. 3, v. 230. = •" Jlarl. 111,7; X,
75. = '"f Id. VI, 88. = 18 Mari. IX, 103. («) 1 fr. 55 environ. {^) 5 fr. 20.
294 liO.ML AU SILCLL D'AUGL'STi:.
plus grand nombre, la sporfiilc n<; vaut pas plus de dix sesterces par
mois ' (") *.
Les malheureux réduits à subir cette sordide libéralité sont appe-
lés slipateurs^, du slijjs, la moindre des monnaies d'airain C") avec
laquelle on leur paie leur sftlaire. Lh sporlule est l'unique ressource
des Clients pour avoir une toge, des chaussures, se nourrir, se pro-
curer du feu, et s'éclairer ^ Aussi tu ne saurais croire à quel point la
rnisère les dégrade; rien de plus vil, de plus rampant que ces affa-
més : ils prodiguent aux Patrons les termes de la ilatterie la plus ob-
séquieuse, la plus outrée, les formules de la plus basse servilité, jus-
que-là qu'ils les nomment maîtres, et rr^ême rois*, titre proscrit à
Rome depuis tant de siècles. Ils ont si bien habitué les Patrons à s'en-
tendre traiter ainsi, que beaucoup se croiraient offensés s'ils se con-
duisaient autrement^.
Entre ces Clients de bas étage et les grands Clients, il y a une es-
pèce d'ordre intermédiaire moins assidu, mais plus considéré du
Patron. Ceux-là, il les traite avec quelque générosité : leur sportule
est d'ordinaire d'une centaine de quadrants® {']. 11 leur témoigne
mênie une apparence d'amitié, et dans ses jours de bonne humeur,
lorsqu'il lui reste quelque place vide au dernier rang de sa table, il
les invite à souper''.
Mais pourquoi les riches ouvrent -ils leurs maisons à de pareilles
gens? Parce que cette vile plèbe est citoyenne ; qu'elle a des suffrages
à donner pour les élections aux magistratures*, et lesélections revien-
nent si fréquemment, qu'il faut toujours choyer ces gens-là. On les paie
afin d'en avoir beaucoup^ ; on les nourrit pendant des années inutile-
ment; mais qu'un jour ils poussent leur Patron à une magistrature
importante, au consulat ou au commandement d'une armée, par
exemple, les voilà pour toujours acquittés des bienfaits qu'ils ont reçus.
Le Patron s'indemnise alors par ses mains des avances qu'il a faites;
témoin Jules-César dans nos pauvres Gaules qu'il a tant pillées'"!
Du moment qu'on soudoya les Clients, ce qui n'avait été jusqu'a-
lors qu'un état, qu'une condition, devint une profession. Tous les
1 Mart. lY, 26. =5 Stipalores. Cic. in Piso. 27. — Ilor. T, S. 3, v. 158. = ' Juv. S
1, V. 117. — Senec. Ep. i. = Mior. I, Ep. 17, v. 43.— Columel. I, prœf.— Mort. I, 113;
n, 18, 68 ; UI, 7 ; VI, 88 ; X, 10. = ' Mari. VI, 88. = « /«. UI, 7 ; IV, 68 ; VI, 88 ;
X, 73. = 7 M. IV, 68; XI, 25 ; XII, 26. — Juv. S. 5, v. 16. — Cic. in Piso. 27. =
8Q. Cic. de Pclit. consul. 1, 9. = » Cic. pro Murcna, 52. — Sali. Jugurt. 72.=
«o Suet. Ca?s. 54.— Appian. de lU-li. civ. II, p. 715. («) 2 fr. 63 en\iron. (b) Le sd'ps
vaul un peu plus d'un dcmicenlime. {'') 18 fr.
LETTRK X, 295
pauvres se pressèrent autour des riches généreux ; la clientèle perdit
son caractère do fixité, ûc familiarité; les Patrons n'eurent plus pro-
prement leurs Clients : cette classe devint un peuple hanal (pii se
donna à tout h; monde, sans s attacher à personne*. C'est aujour-
d'hui une habitude, une vieille coutume ^ Rien de plus commun
que de voir des Clients qui ne passeraient pas devant une porte ou-
verte sans y entrer; qui courent chaque matin de maison en maison,
promener à la vonde leur politesse mercenaire ^ et, comme disent
les Romains, vont faire les bourdons'', c'est-à-dire beaucoup de
bruit sans se rendre bien utiles. 11 y a tels de ces coureurs de spor-
tules qui se présentent régulièrement chez les dix tribuns, chez les
deux consuls ^ et trouvent encore moyen d'arriver assez tôt chez un
dernier Patron pour l'accompagner au Forum*'. « Il faut que le
« maigre se frotte au gras" » me disait hier un de ces visiteurs à la
course, pour me faire comprendre qu'il n'allait bourdonner que
chez les riches. Au surplus, ce n'est là qu'une activité famélique à
laquelle les contraint la modicité de la sportule. En cumulant ainsi
les profits journaliers d,e dix ou douze de ces distributions, ils ont
encore bien de la peine à vivre et à s'entretenir un peu décemment.
La vénalité des Clients a contribué à rendre les Patrons encore
plus fidèles à leurs devoirs qu'autrefois, si cela est possible : ils sont
toujours empressés à plaider pour eux dans les plus mauvaises
causes, et devant toute espèce de tribunal ; toujours aussi soigneux
d'éviter de porter témoignage contre eux^; les devoirs du patronage
viennent immédiatement après ceux de la parenté, ceux du tuteur
envers son pupille, de l'hôte envers son hôte ; on témoigne en justice
pour un Client contre ses proches, et jamais pour ses proches contre
un Client 'o. Voilà qui te donnera d'un seul mot une idée du respect
pour les devoirs du patronage : un poëte, dans un ouvrage tout nou-
veau, place aux enfers ceux qui pendant leur vie ont haï leurs
frères, maltraité leur père, ou trahi les intérêts d'un Client ^^ !
Un autre côté par où le patronage se montre magnifique, c'est dans
les relations de Rome avec les colonies, les villes alliées ou conquises,
les nations et les rois barbares qui tous viennent chercher des Pa-
' Salutandi plures. Hor. 1, S. 6, v. 101. —Mail. VIII, 44 ; IX, 94. =2 0- Cic. de
Petil. consul. 9. = 3 Per diverses domos meriloriam salulalioncra circumtulciin(.
Sencc. de lUevit. vil. 14. ='' Fucum farcie. Q. Cic. Ibid. = "' Mail. IV, 79. = ^ Hor.
I, S. 6, V. 101. = ■^ Accèdes siccus ad uiiclum. Hor. 1, Ep. 17, v. 12. = 8piaul.
Meiiœclim. IV, 2, v. IG.— Quint. Itistil. Oral. VI, 3 = -M'iul. Marius, 5. =1"^^. Gcll.
V, 13. — 1! Virg. .-Encid. VI, v. 000.
29ti HOME AL SILCLK D ALGlSii:.
tronsdaiis ccttt! capitale du llK»n(l^^ Pour rilcr quclijiics t-xciiiplcs,
la Sicilo est sons lo patronai;o des Marcclliis'- ; Cicéion était le seul
patron de tons les Capouans^; Fabius Sanga, des Allobroges * ;
M. Caton, de l'île de Cypre et du royaume de Cappadoce*, etc.
Ce patronage n'est pas seulement pour la forme : les devoirs ré-
ciproques en sont religieusement observés; les Patrons défendent
les Clients quand ils ont quelque affaire à Rome ; les Clients, de leur
côté, portent également secours à leurs protecteurs dans les occa-
sions critiques, et quand ces derniers ont quelque affaire judiciaire
où on les poursuit, aussitôt les premiers citoyens des pays engagés
sous leur patronage accourent témoigner ou solliciter en leur faveur®.
Les lois et les devoirs de la clientèle et du patronage étrangers sont
si respectés, que l'empereur dispensa les Bolonais de prendre parti
pour lui dans sa guerre contre M. Antoine, parce que de toute anti-
quité ils étaient dans la clientèle de la famille de cet ancien triumvir ''.
Ajoutons que ces relations en général, forment un trait de la politique
romaine : conmie il n'est permis qu'à des citoyens romains d'intenter
une action judiciaire contre d'anciens gouverneurs de provinces qui
ont abusé de leur pouvoir (et cela arrive souvent) , force est bien à
toutes ces cités, à toutes ces nations, à tous ces rois qui ne sont point
admis à l'bonneur du droit de cité romaine, d'avoir des Patrons à
Rome pour se faire rendre une justice qu'on leur accorde encore as-
sez ditiicilement*.
Rien ne me paraît plus glorieux qu'un tel patronage pour les ci-
toyens romains, qui chez eux confondus dans la foule, deviennent au
dehors des personnages importants, auxquels des cités et des nations
entières viennent confier leurs plus chers intérêts, et presque leur
destinée. Ce protectorat est une sorte de royauté sans diadème, qui
n'a de la royauté que la tâche la plus noble et la plus belle, celle
de faire du bien, d'adoucir, de conjurer des maux, et de les réparer.
Mais pour le patronage vulgaire, celui de grand à petit citoyen, rien
de plus avilissant que la manière dont il se pratique en partie, rien
de plus ignoble que cette troupe famélique qui se rassemble autour
d'un homme riche, comme au bord d'un lac, pour y puiser et le
troubler^*.
1 Ti!.-Liv. I\, 20. — n. Halir. H. 11. — Cic. Pliilipp. M, 'il ; in Vorr. IV, 3. — Suol.
Titi. C— Tar. de Oral. 36. — Cnitcr. p. 't'O. = ^ Cic. in Vcrr. \\\, 18 ; l)i\inal. 4. =
•^ Id. in l'iso. 11.= ' Sali. Calil. 41. — Appiaii. de lîell. civ. Il, p. 712. —iC\r. Ep. famil.
\V, i. =«(;ir. pro Sjlla, 21.=" Sud. .^uj,'. 17. =SCii-. l)l\inal. 20. — Til.-Liv.
XLllI, 2. = 9 ScMCC. Kp. 36.
LETTRE XI.
DE LA NUMÉRATION DU TEMPS. — KALENDRIEU ROMAIN.
Le mode de la numération du temps est la première chose à con-
naître, et cependant je m'aperçois que je ne te l'ai pas encore expli-
qué. Je me hâte de réparer aujourd'hui cette omission, et je t'envoie
la copie d'un Kalendricr ou table de comput.
Les Romains règlent leur année sur le cours du soleil. Elle a trois
cent soixante-cinq jours, répartis dans douze mois S à peu près tous
égaux, qu'ils appellent : le premier, Januarius, de Janus, dieu qui
chez eux ouvre l'année ^; le second Fehruarius, du verbe fcbruare,
purifier, parce qu'en ce mois on pratique certaines purifications en
l'honneur des morts *; le troisième, Martius, de Mars, dieu de la
guerre; le quatrième yl7:»n7 /s, dérivé d'aperire, ouvrir, parce que
c'est l'époque de la germination, et que la ferre ouvre son sein ; le
cinquième Mains, de Maïa, déesse à laquelle on offre des sacrifices
à cette époque % ou de majores, les ancêtres, à la mémoire desquels
on sacrifie également alors ^; le sixième, Junius, de Junon, reine des
dieux, honorée spécialement dans ce mois ® ; le septième, Julius, du
nom de Jules-César, dont il ramène l'anniversaire de naissance.
Autrefois Julius s'appelait QuintiUs \ c'est-à-dire le cinquième,
quoiqu'il fût réellement le septième. Mais cela tenait à ce que origi-
nairement l'année étant lunaire, comme la nôtre *, et se partageant
seulement en dix mois, commençait à Martius. Le roiNuma la porta
à douze mois, en ajoutant Januarius et Fehruarius, qu'il plaça les
premiers, mais sans changer les autres noms ®, de sorte que les der-
niers mois de Tannée nouvelle, désignés dans l'ancienne par leur
nombre ordinal, QuintiJis le cinquième, Sextilis le sixième, Septem-
ber le septième, October le huitième, November le neuvième et De-
cember le dixième^", ont gardé, à l'exception de QuintiUs, des noms
que la force seule de l'habitude empêche d'être trompeurs.
> Consor. do Die natal. 19, 20. = - Ibid. 22.— Maorob. Saturn. 1, 12. = 3 Censor.—
Macrob. Ibid. — Oy. Fast. Il, v. 19. — Plut. Quœst. roni. p. Sa, 103. = * Ccnsoi.
Marrob. Ihid. = ^ Ov. Fasi. V, v. 417. — 6 Censor.-^ Macrob. Ibid. =" Manol). Ibid.
— Dion. XLIV, 5. z= » Plin. XVI, 44. = » IMacrob. Salurn. I, 12, 13.— Lyii. do Mous. I,
16. = 10 Macrob. Ibid. 12. — Censor. de die nal. 22.
298 HOME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
Sexlilis a, depuis pou de l(!iiips, été appelé Auguste, du nom do
rcMiippi-eiir. Los six proiuiois mois do l'aniuîc portant dos noms em-
pruntés aux dieux ou à leur culte, c est une très-grande llatterie pour
le prince, qu'on paraît parla mettre aussi au rang des immortels '.
Chaque mois est divisé en trois parties inégales, nommées les
Kalendes, les/rfcs, et les Nones^.
Les Kalendes sont le premier jour de chaque mois. Ce nom vient
du verbe kalare, appeler, parce que anciennement les mois com-
mençant toujours avec la nouvelle lune, un petit pontife était chargé
d'observer le moment de l'apparition de cet astre. 11 convoquait en-
suite le peuple devant la curie Kalahra, sur le mont CajHtolin'-, et
connne les computs de temps étaient soigneusement dérobés au peu-
ple, il annonçait l'intervalle des Kalendes aux Noncs, en répétant
Kalo, j'appelle, autant de fois que cet intervalle comprenait de jours\
Les Noues sont etîectivement un peu mobiles, et reviennent ou le
cinquième ou le septième jour du mois, mais neuf jours avant les
Jdes, ce qui leur a fait donner le nom de Nones.
Les Ides varient également de deux jours : du treizième au quin-
zième. Leur position au milieu du mois, leur a valu le nom qu'elles
portent, tiré du vieux verbe iduare, partager "".
On compte isolément les jours de chaque fraction du mois, et la
numération s'en fait en rétrogradant; ainsi , par exemple, après avoir
aimoncé les Kalendes, si l'on se trouve dans un mois oîi les Aones
tombent le cinquiènpie jour , le second jour du mois est appelé iv<=
avant les nones; le troisième, m" avant les nones; le quatrième, n"*
avant les nones, ou veille ; et le cinquième, Nones.
Il en est de même pour les deux autres sections. Mais tu compren-
dras cela beaucoup mieux en jetant un coup d'œil sur les tables sui-
vantes, qui sont proprement Y album de l'année civile et religieuse
des Romains. La première colonne comprend le Kalendrier, où tous
les mots sont écrits en abrégé, ce qui suffit aux Romains. Dans la
deuxième colonne j'interprète ces abréviations, et souvent, par un
nuiTjiéro d'ordre, je renvoie à quelques explications détaillées que je
donne à la suite du Kalendrier, sur la plupart de ses fêtes et de ses
jours anniversaires.
1 WalckcnaiT, llisl. d'Horace, liv. XV, ,§ ^. = 2 Macrob. Salurn. 1, l.ï. — l'Iut.
Quœst. rom. p. 92. = ^ Plan cl Dcscript. de Rome, n» 61. = * Vair. L. L. VI, g 27.—
Macrob. Ibid. = "> Macrob. Ibid.
KALENDRIER ROMAIN.
lANVARIVS.
A K. lAN. F. .EScvLAno. veio-
VI. IN ISSVLA.
B nii F
C m C
D PR C
E NON. F
F VIII F
G VII C IMP. CAESAR. AVGVST.
HIUTIO ET PANSA. COSS.
IMP. ORBIS. TERRARVM
AVSPICATVR. TIRER.
CAES. VII. VIR. EPYL.
CREATVS.
H VI C SIGSVM. IVSTITI.E. AV-
(3) GVST.E. M. APVLEIO ET
SILIO COSS. POSITVM.
A V AGON.
B un EN.
C III KARM.
D PR. C lANVM GEMINVM CLAV-
DIT AVGVSTVS
E EID. NP
F XIX ENCORONA. QVERNA. EX.
SEN'ATVS. CONSVLTO.
SVPERPOSITA. EST.
DOMVI. IMP. CESARIS.
AVGVSTI. ONERATAS.
QVOD. EO. DIE. RECE-
PIT. PROVINCIAS. ET.
PACATAS. P. R. RESTI-
TVIT. — DIES. VITIOSVS
EX. S. C. OB. EANDEM.
CAVSAM. QVAM. POS-
TRIDIE. 05INES. KA-
LENDAS.
G xiix KAUiM. N. P. FERi.E.
CARMENTI. OB. EANDEM.
CAVSAM. OB. QVAM.
CARM. A. D. III. IDVS.
HIC. DIES. DICITVR. INS-
TITVTVS. A. MAMERCO
jEMILIO. DICTATORE. SI.
FIDENAS. EO. DIE. CE-
PISSET.
JANVIER.
1 Kaleiulos de Janvier. Faste. — Fêle à
Esculape et à Véjovis, dans l'Ile (1).
2 F'aste.
3 Comices.
4 Veille [des Nones]. Coniices.
5 NoNEs. Faste.
6 Faste.
7 Comices. — L'empereur Auguste, Hirlius
et Pansa étant consuls, jjrend posses-
sion de l'empire du monde.
Tibère César est créé Septemvir Epu-
lon (2).
8 Comices. — Statue érigée à la .luslicc
d'Auguste, M. Apuleius et Silius étant
consuls (4).
9 Agonales (5),
10 Endotercisus, c.-à-d. jour mixte (6).
11 Karmentales (7).
12 Veille [des Ides]. Comices. — Auguste
ferme le temple de Janus-Geminus (8).
13 Ides. Néfaste d'abord.
14 Endotercisus. — Couronne de chêne mise,
d'après un sénalus-consulle , sur la
maison de l'empereur César-Auguste,
parce que, ce jour, il a pris les pro-
vinces eu guerre, et rendu au peuple
celles pacifiées.
Jour déclaré funeste par sénatus-consulte
pour le même motif cpie tous les len-
demains des Kalendes (9).
15 Karmentales. Néfaste d'abord.
Fêtes à Carmente. — Jour ainsi nommé
pour la même cause que le lu*^ d'avant
les Ides.
Fête instituée, dit-on, par A. Mamercus
^Emilius, dictateur, si, ce jour même,
il prenait Fidènes.
300
HOMi: AU SIÉCLK D'AUGUSTE.
4ANVARIVS.
JANVIER.
II
XVII
C IMPEn. CESAR. AVGVS-
16 Comices. — César, empereur, est sur-
TVS. II'SO. VU
. ET
nomme Auguste, étant consul pour la
.AGKIPI'A COS.
septième fois, et pour collègue ayant
Agrippa (10).
A
XVI
C
17
Comices.
B
XV
c
18
Comices.
C
XIIII
C
19
Comices.
D
XIII
c
20 Comices.
E
XII
c
21
Comices.
F
XI
c
22
Comices.
G
X
c
23
Comices.
H
VIIII
c
24
Comices.
A
VIII
c
25 Comices.
B
vu
c
26
Comices.
C
\'I
c .EDES CASTORISET POL-
27
Comices. — Le temple de Castor et Pol-
LVCIS DEDICATA
EST.
lux dédié (II).
D
V
C
28
Comices.
E
un
F
29
Faste.
F
m
NP FERI.E. EX.
S. C.
30
Néfaste d'abord. — Fériés, parce qu'en
QVOD. EO. DIE.
ARA.
ce jour, d'après un sénatus-consulte,
PACIS. AVGVST.l
:. IN.
l'Autel (le la paix d'Auguste fut dédié
CAMPO. HARTIO.
DEDI-
dans le Chanip-de-Mars, Drusus et Cris-
CATA. EST. DRVSO. ET
pinus étant consuls (12).
CRISPINO. COS.
(i
PR.
C
31
Veille [des Kalcndes]. Comices.
DlES
HOR. VIIIIS
Jour [k" plus court] de viiii heures et demie.
Nox
IIOR. XlIUS
Nuit [la plus longue] de xuii heures et demie.
LETTRE XI.
jOI
FEBRVARIVS.
FÉVRIER.
11 K.
FEB. N
1 Kalendes de Février. Néfaste.
A IV
N
2 Néfaste.
B m
N
3 Néfaste.
C PR.
N
4 Néfaste.
D NON. CONCORDI.E. IN
ARCE.
5 Nones. — Fêtes à la Concorde, dans la
FERI/IÎ. EX. S. C
QVOD.
Forteresse, d'après un sénaliis-con-
EO. DIE. IMPER ATOR.
sulte, parce que ce jour reinpercur
CJÎSAR. PONTIFEX. MA-
César, Pontife Maxime, investi pour la
XIMVS. TRIB. POTEST.
21'^ fois de la puissance tribunilieniie,
XXI. COS. XIII
A. S.
consul pour la IS*^ fois, a été appelé
P. Q. ROMANO.
PATER.
parle sénat et le peuple romain, Père
PATRLE. APPELLATVS.
de la patrie.
E VIII
N
6 Néfaste.
F VII
N
7 Néfaste.
G VI
N
8 Néfaste.
H V
N
9 Néfaste.
A IV
N
10 Néfaste.
B m
N
1 1 Néfaste.
C PR.
N
12 Néfaste.
D EID.NP
1 3 Ides. Néfaste d'abord.
E XVI
N
14 Néfaste.
F XV
LVPER. NP
13 Lupercales (1). Néfaste d'abord.
G XIV
EN
16 Endotercisus, ou Jour mixte.
H XIII
QVIR. NP
17 Quirinales (2). Néfaste d'abord.
A XII
C
18 Comices.
B XI
C
19 Comices.
C X
C
20 Comices.
D IX
FERAL. F
21 Férales (3). Faste.
E VIII
C
22 Comices.
F VII
TER. NP
23 Terminales (4). Néfaste d'abord.
G VI
REGIE. N
24 Regifuge (o) Néfaste d'abord.
H V
C
25 Comices.
A IV
EN
26 Endotercisus, ou Jour mixte.
B iii
EQ. NP
27 Equiries (6). Néfaste d'abord.
C PR.
C
28 Veille [des Kalendes]. Comices.
DlES
HOR. XS.
Jour de x heures et demie.
Nox
noR. xins.
Nuit de XIII heures et demie.
302
ROME AU SfftCLE D'AUGUSTE.
MARTIVS.
HI.4US.
D K. MAR.
1 Kalendes de Mars.
E VI F
2 Faste.
F V C
3 Comices.
G un C
4 Comices.
H m C
5 Comices.
A pn. NPiioc. DiEC.M.roNtiF.
6 Veille [des Nones.] Néfaste d'abord. —
MAX. tACT. EST. QVI-
César créé Pontife Maxime, Quiriuiusel
RINIO ET VALGIO COS.
Valgius étant consuls.
B NON. F
7 Nones. Faste.
C vm F
8 Faste. \
D vu C
9 Comices.
E VI C
lO Comices.
F V C,
1 1 Comices.
G lui C
12 Comices.
H m EN
13 Endotercisns, ou Jour mixte.
A PR. EQ. NP
\\ Veille [des Ides]. Equiries. Néfaste d'a-
bord.
IS Ides. Néfaste d'abord.
B EID. NP
C XVII F
16 Faste.
D XVI LIE. NP
'IT Libérales (1). Néfaste d'abord.
E XV C
18 Comices.
F xiiii QVIN. N
19 Qiiinquatries (2). Néfaste.
G xiii C
20 Comices.
H XII C
21 Comices.
A XI C
22 Néfaste.
B X TVBIL.NP
23 Tubilustrum (3). Néfaste d'abord.
C viiii Q. REX C. F.
24 Quand le Roi s'enfuit du Comitium (4).
D VIII C
25 Comices.
E VII C
26 Comices.
F VI NP HOC DIE CESAR ALEÎ-
27 Néfaste d'abord. — Ce jour César reprend
AND. RECEPIT.
Alexandrie.
G V C
28 Comices.
H un c
29 Comices.
A m C
30 Comices.
B PR. c
31 Veille [des Kalendes]. Comices.
DiES. HOR. XII.
Jour de xu heures.
NOX. HOR. XII.
Nuit de XII heures.
LETTRE XI.
J03
fvpr.iLis.
AVRIL.
C K. APR. N
1 Kalesdes d'Avril. Néfaste.
D ini
Ci
2 Comices.
E m
C'
3 Corliices.
F PR.
C. LVDI. MATR. MAC.
4 Veille [desNones]. — Comices.
Jeux de la Grande Mère (1).
G NON. LVD.
S Nones. — Jeux.
H VIII
NP LVDI
6 Néfaste d'abord. — Jeux.
A VII
N LVDI
7 Néfaste. — Jeux.
R VI
N LVDI
8 Néfaste. —Jeux.
C V
N LVDI
9 Néfaste. —Jeux.
D IV
N LVDI m CIRC.
10 Néfaste. — Jeux dans le Cirque.
E m
N
Il Néfaste.
F PR.
N LVD. CF.RERI
1'2 Veille [des Ides]. Néfaste. — Jeux à
Cérès (2).
G EID
. NP LVDI
1.3 Ides. Néfaste d'abord. — Jeux.
H xiix
N LVDI
14 Néfaste. — Jeux.
A XVII
FORD. NP LVDI
15 Fordicides (3). Néfaste d'abord. — Jeux.
R XVI
N LVDI
Ifi Néfaste. — Jeux.
C XV
N L\DI
1 7 Néfaste. — Jeux.
D XIV
N LVDI
18 Néfaste. —Jeux.
E XIII
CER. N LVDI IN CIR
19 Céréales (4). Néf. — Jeux dans le Cirque.
F XII
N
20 Néfaste. |
G XI
PAR. NP
21 Parilies (5). Néfaste d'abord.
H X
N
22 Néfaste.
A IX
VIN. NP
23 Vinales (6). Néfaste d'abord.
R VIII
C
24 Comices.
C VII
ROR. NP
25 Robigales (7). Néfaste d'abord.
D VI
F
26 Faste.
E V
C
27 Comices.
F IV
NPlvd.flor.feri.e
.EX.
28 Néfaste d'abord. — Jeux floraux.
s. c. qvod. eo.
DIE.
Fériés, d'après un sénatus-consulte, par-
iEDES. ET. VEST,î:
IN.
ce que ce jour un temple fut dédié à
DOMO. C.ESARIS.
AV-
Vesta, dans la maison de César-Au-
GVSTI.PONTIFICIS.MAX,
guste , Pontife Maxime, Quirinius et
DEDICATA. EST. QVIRI-
Valgius étant consuls (8).
NIO. ET. VALGIO.
COS.
G m
C. LVDI
29 Comices. — Jeux. '
H PR.
C LVDI
30 Veille [des Kalendes]. Comices. — Jeux.
DiES
. HOU XIIIS.
Jour de xiii heures et demie.
Nox
. HOR. XS.
Nuit de x heures et demie.
304
ROME AU SIÈCLE D'ALGUSTE.
MAIVS.
AiAI.
A K. MAI. N
4 Kalendes de Mai. Néfaste.
B VI F COMP.
2 Faste. — Cominlalcs (>).
C V C
3 Comices.
D nu C
4 Comices.
E ni C
5 Comices.
F PR. C
6 Veille [desNones]. Comices.
G NON. N
7 NoxEs. Néfaste.
H VIII F
8 Faste.
A VII LEM. N
9 Léiimrales (2). Néfaste.
B VI C
10 Comices.
C V LEM. N
] \ Léiimrales. Néfaste.
D IV NP LVD. MART. IN CIRC.
12 Néfaste d'abord. — Jeux Martiaux dans
1
le Cirque (3).
E III LEM. N
4 3 Lémurales. Néfaste.
F PR. C
14 Veille [des Ides]. Comices.
G EID. NP
lo Ides. Néfaste d'abord.
H xvn F
1 6 Faste.
A XVI C
17 Comices.
B XV C
18 Comices.
C xiiii C
19 Comices.
D xni C
20 Comices.
E XII AGON. NP
21 Atonales. Néfaste d'abord.
F XI N
22 Néfaste.
G X TVB. NP
23 TubiUistrum (i). Néfaste d'abord.
H vuii Q. REX C. F.
24 Quand le Roi s'enfuit du Comitium.
A viii C
2o Comices.
B VII C
26 Comices.
C VI C
27 Comices.
D V C
28 Comices.
E iiii C
29 Comices.
F m C
30 Comices.
G PR. C
31 Veille [des Kalendes]. Comices.
DlES. HOR. XIIIIS
Jour de xim heures et demie.
Nox. noR. viius
Nuit de Yiiu heures et demie.
LETTRE XI.
Ô0.%
IVNIVS.
H K. IVN. N MART. CAR. MONET.
A
un
F
B
m
C
C
PR.
C
D
NON
E
vni
N
F
VII
N
G
VI
N MENT. IN CAPIT.
H
V
VEST. NP
A
IV
N
B
III
MAT. N
C
PR.
N
D
EID
. NP
E
XllX
N
F
XVII
FQ. ST. DEF.
G
XVI
C
H
XV
C
A
XIIII
C
B
XIII
c
C
XII
c
D
XI
c
E
X
c
F
VIIII
c
G
vin
c
H
vu
c
A
VI
c
B
V
c
C
ini
c
D
m
c
E
PR.
c
DlES
. HOR. XV
Nox
HOR. viin
JUIN.
1 KALENDEsde Juin. Néfaste. — Sacrifice à
Mars, à Carna, à Moneta (1).
2 Faslo.
3 Comices.
4 Comices.
5 NONES.
6 Néfaste.
7 Néfaste.
8 Néfaste. — Sacrifice à Mens sur le Capi-
tolin (2).
9 Vestalia (3). Néfaste d'abord.
10 Néfaste.
1 1 Matrales (-4). Néfaste.
12 Veille [des Ides]. Néfaste.
13 Ides. Néfaste d'abord.
1 4 Néfaste.
1 5 Faste. Quand on emporte les ordures (o).
1 6 Comices.
17 Comices.
18 Comices.
19 Comices.
20 Comices.
21 Comices.
22 Comices.
23 Comices.
24 Comices.
25 Comices.
26 Comices.
27 Comices.
28 Comices.
29 Comices.
30 Veille [des Kalendes]. Comices.
Jour de xv heures.
Nuit de vnii heures.
20
ÔOO
ROME AU SIKCLR D'AUGUSTR.
IVLIVS.
JUILLET,
F K IVL. N.
1 Kalendes de Juillet. Néfaste.
G VI N
2, Néfaste.
H V N
3 Néfaste.
A iiii NP
4 Néfaste d'abord.
B m POPVLIF. NP
5 Retraite du peuple (1). Néfaste d'abord.
C PR. N LVDI APOLLIN.
6 Veille [des Noues]. Néfaste. — Jeux
ApoUinaires (2).
D NON. N LVDI
7 NoNEs. Néfaste. — Jeux.
E VIII N LVDI
8 Néfaste. — Jeux.
F VII N LVDI
9 Néfaste. — Jeux.
G VI c LVDI
10 Comices. — Jeux.
H V Ci.vDi
Il Comices. — Jeux.
A un NP LVDI
12 Néfaste d'abord. — Jeux.
B III c LVD. JN CIRC
1-3 Comices. — Jeux dans le cirque.
c PR. c MERK
14 Comices. — Marclié.
D EID. NP MERK
15 Ides. Néfaste d'al)ord. — Marché.
E XVII F MERK
1 6 Faste. — Marché.
F XVI C MERK
17 Comices. — Marché.
G XV C MERK
18 Comices. — Marché.
H XIV LYCAR. NP merk
19 Lucaries (3). Néfaste d'abord. — Marché.
A XIII C LVD. VICT. CïSAR
20 Comices. — Jeux pour la victoire de Cé-
sar (i).
B XII LVCAR. LVDI
21 Lucaries. — Jeux.
C XI C LVDI
22 Comices. — Jeux.
D X NEPT. LVDI
23 Neptunales (5). — Jeux.
E VIIII N LVDI
24 Néiaste. — Jeux.
F VIII FVRR. NP LVDI
25 Furrinales (6). Néfaste d'abord. — Jeux.
G VII C LVDI
26 Comices. — Jeux.
H VI Cm CIRC
27 Comices. — Jeux dans le cirque.
A V C IN CIRC
28 Comices. — Jeux dans le cirque.
B un C IN CIRC
29 Comices. — Jeux dans le cirque.
C III C IN CIRC
30 Comices. — Jeux dans le cirque.
D PR. C
31 Veille [des Kalendes]. Comices.
DiES. HOR. XIIIIS
Jour de xiiii heures et demie.
NOX. HOR. VIIIIS
Nuit de vini heures et demie.
LETTRE XF.
307
AVGVSTVS.
AUGUSTE (1).
E K. AVG. NP
1 Kalendes d'Auguste. Néfasto d'abord.
F IV Nfer.
HOC DIE C. CESAR
2 Néfaste. — Férales (2). — En ce jour C.
vicn
HISP. VICIT
César soumet l'Espagne.
G m C
3 Comices.
H PR. c
4 Veille [des Nones]. Comices.
A NON. F.
8 Nones. Faste.
B VIII F
6 Faste.
C VII C
7 Comices.
D VI C
8 Comices.
E V NP HOC DIE C.ESAR HIS-
9 Néfaste d'abord. — En cejour César prend
PALI
Vie
Hispalis (3).
F IV C
10 Comices.
G III C
i 1 Comices.
H PR. c
12 Veille [des Ides]. Comices.
A EID. NP
13 Ides. Néfaste d'abord.
B XIX F
14 Faste.
C xiix C
15 Comices.
D XVII C
16 Comices.
E XVI PORT.
NP
17 Portumuales (4). Néfaste d'abord.
F XV C
18 Comices.
G xiiii VIN. F
.P.
19 Vinales (5). Fériés publiques.
H xiii C
20 Comices.
A XII CONS.
NP
21 Consualia (6). Néfaste d'abord.
B XI EN
22 Jour mixte.
C X VOLC.
NP
23 Volcanales (7). Néfaste d'abord.
D viiii C
24 Comices.
E VIII OPIC.
NP
2S Opiconsives (8). Néfaste d'abord.
F VII C
26 Comices.
G VI VOLT.
NP
27 Volturnales (9). Néfaste d'abord.
H V NP H. I
). ARA VICTORI.E
28 Néfaste d'abord. — Cejour, Dédicace de
IN CVRIA DEDIC. EST.
l'Autel de la Victoire dans la Curie (1 0).
A IIII F
29 Faste.
B m F
30 Faste.
C PR. C
31 Veille [des Kalendes] Comices.
DiES. HOR XIII
Jour de xni heures.
NOX. HOR. XI
Nuit de XI heures.
>()K
ROMK AL SllXLK D'AUGUSTE.
SEPTEMUEU.
SEPTEMBRE.
D K. SEPT. N HOC DIE FEn. xep
1 Kalendes de Septembre. Néfaste. — Ce
jour, Fériés à Neptune.
E iiii N
2 Néfaste.
F m NP
3 Néfaste d'abord.
G PR. C LVDI ROMAM
4 Veille [desNones]. Comices. — Jeux Ro-
mains (1).
H NON. F LVDI
5 NoNES. Faste. — Jeux.
A VIII F LVDI
6 Faste. — Jeux.
B VII C LVDI
7 Comices. — Jeux.
C VI c LVDI
8 Comices. — Jeux.
D V c LVDI
9 Comices. — Jeux.
E IV C LVDI
10 Comices. — Jeux.
F III C LVDI
1 1 Comices. — Jeux.
G PR. N LVDI
12 Veille [des Ides]. Néfaste. — Jeux.
H EID. NP
13 Ides. Néfaste d'abord.
A XUX F. EQVOR. PROB.
14 Faste. — Revue de la cavalerie (2).
B XVII N LVD. ROM. IN CIRC
\ 0 Néfaste. — Jeux Romains dans le cirque.
C XVI C IN CIRC.
1 6 Comices. — Jeux dans le cirque.
D XV C IN CIRC.
17 Comices. — Jeux dans le cirque.
E xiin C IN CIRC.
18 Comices. — Jeux dans le cirque.
F XUI CiN CIRC.
1 9 Comices. — Jeux dans le cirque.
G XII C MERK.
20 Comices. — Marché.
H XI c MERK.
2 1 Comices. — Marché.
A X Cmerk.
22 Comices. — Marché.
B VIIII NP MERK. H. D. AVGVSTI
23 Néfaste d'abord. — Marché.
.NATALIS LVDI CIRC.
Journatal d'Auguste. Jeux du cirque.
C VIII C
24 Comices.
D VII c
2-3 Comices.
E VI C
26 Comices.
F V C
27 Comices.
G un C
28 Comices.
H III F
29 Faste.
A PR. C
30 Veille [des Kalendes]. Comices.
DiES. HOR. XII
Jour de xii heures.
Nos. HOR. XII
Nuit de xn heures.
LKTIIU: M.
500
OCTOBER.
B K. OCT. N
C VI
D V
E un
F m
G PR.
H NON. F
A vui F
B vu
C
C VI
C
D V
MED. NP
E IV
AVGVST. NP
F III
FONT. NP
G PR.
EN
H EIE
. NP
A XVII
F
B XVI
C
C XV
C
D XIV
ARM. NP
E XIII
C
F XII
C
G XI
c
H X
c
A viiii
c
B viii
c
C vu
c
D VI
c. LVDi vicr.
E V
C. LVDI
F IV
c. LVDI
G m
c. LVDI
H PR.
C. LVDI
DiF.S
HOR. XS
Nox.
HOR. XUIS
2
3
i
5
6
7
8
9
10
II
12
13
14
!5
16
17
18
19
20
21
22
i.3
24
23
26
27
28
29
30
31
OCTOBIIK.
Kalendes d'Octobre. Néfaste.
Faslc.
Coniicps.
Comices.
Comices.
Veille [des Nones]. Comices.
NoNEs. Faste.
Faste.
Comices.
Comices.
Méditiinalia. (1) Nélasle d'abord.
Augustales (2). Néfaste d'abord.
Fontanales (3). Néfaste d'abord.
Veille [des Ides]. Jour mixte.
Ides. Néfaste d'abord.
Faste.
Comices.
Comices. '
Armilustre (4). Néfaste d'abord.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
Comices.
— Jeux de la Victoire (8).
— Jeux.
— Jeu.
— Jeux.
Veille [des Kalendes] Comices. — Jeux.
Jour de x heures et demie.
Nuit de xiii heures et demie.
510
ROME AU SIÈCLE D ALGUSTE.
NOVEMBER.
NOVEMBRE.
A K. NOVEM. F
1 Kalendes de Novembre. Fasle.
B nu F
2 Faste.
C m C
3 Comices.
D PR. C
4 Veille [des Nones] Comices.
E NON. F
5 Nones. Fasle.
F VIU F LVDI
6 Fasle. — Jeux.
G vu C LVDI
7 Comices. — Jeux.
H VI c LVDI
8 Comices. — Jeux.
A V c LVDI
9 Comices. — Jeux.
B IV c LVDI
10 Comices. — Jeux.
C III c LVDI
1 1 Comices. — Jeux.
D PR. C LVDI
12 Veille [des Ides]. Comices. — Jeux.
E EID. NP EPVL. IKDICT
13 Ides. Néfaste d'abord. — Banquet sacré
indiqué (1)
F XIIX F EQVOR. PROB
14 Fasle. — Revue de la cavalerie.
G XVII c. LVD. PLEB. I.N CIRC
1 3 Comices. — Jeux Plébéiens dans le Cir-
que (2).
H XVI C IN CIRC
1 6 Comices. — Jeux dans le cirque.
A XV C IN CIRC
17 Comices. — Jeux dans le cirque.
B XIIII c MERK
18 Comices. — Marché.
C XIII C MERK
19 Comices. — Marché.
D XII C MERK
20 Comices. — Marché.
E XI C
21 Comices.
F X C
22 Comices.
G IX C
23 Comices.
H VIII C
24 Comices.
A vu C
23 Comices.
B VI C
26 Comices.
C V C
27 Comices.
D un C
28 Comices.
E ui F
29 Faste.
F PR. c
30 Veille [des Kalendes]. Comices.
DiES. HOR. VIUIS
Jour de viiii heures et demie.
NOX. HOR. XUIIS
Nuit de xiiii heures et demie.
LKTTHE XI.
511
DECRAIBER.
DÉCËMIIRE.
G K. DEC. N
1 Kalendes de Décembre. Néfaste.
H mi N
2 Néfaste.
A III N
3 Néfaste.
B PR. C
4 Veille [des Noues]. Comices.
C NON. F
5 NoNEs. Faste.
D Mil F
6 Faste.
E vu C
7 Comices.
F VI C
8 Comices.
G V C
9 Comices.
H un C
10 Comices.
A III AGON. NP
Il Agonalcs (1). Néfaste d'abord.
B PR. EN
12 Veille [des Ides]. Jour mixte.
C EID. NP
13 Ides. Néfaste d'abord.
D XIX F
14 Faste.
E xiix CONS. NP
13 Consulia. Néfaste d'abord.
F XVII C
16 Comices.
G ÏVI SAT. FERI.B SATVRN.
17 Saturnales. Fériés de Saturne (2).
H XV C
18 Comices.
A xiiii OPAL. NP
.19 Opales (3). Néfaste d'abord.
B xiii C
20 Comices.
C XII DIV. NP
21 Fête de la Déesse [Angerooia]. (4) Né-
faste d'abord.
D XI C
22 Comices.
E X LAR. NP
23 Larentinales (5). Néfaste d'abord.
F viiii C
24 Comices.
G VIII C
2o Comices.
H VII C
26 Comices.
A VI G
27 Comices.
B V C
28 Comices.
C nu F
29 Faste.
D m F
30 Faste.
E PR. C
31 Veille [des Kalendes]. Comices.
DiES. HOR. VIIII
Jour de viiii heures.
Nos. HOR. XV.
Nuit de XV heures'.
Sur les jours et les fêtes du Kalendrier. Je suivrai l'ordre des
mois, en répétant en tête de chaque article le nom du jour ou de la
fête, et le numéro de renvoi inscrit dans les tables mensuelles.
Janvier. — i . Kalendes. Faste. Bien que tout le monde soit libre,
il y a néanmoins des jours où le travail est interdit, les affaires ar-
rêtées, et le cours , l'action de la justice suspendu. Les jours sur
lesquels ne pèse aticune de ces interdictions sont appelés Fastes, et
ceux qui en sont frappés, Néfastes^ ; ces derniers sont nonnnés plus
• Ov. Fasl. I, V. 47. — MafTob. Salurn. I, 16.
312 UO.ML: au .SitCLK D'AUGUSTE.
bas. Ce l'ut Ndiua qui iniai^iiia cos distiiiclions '. Il ne les ivvi'la pas
au vuli^airo, ot pondant loiif^lmips les prêtres ot les jurisconsultes
eurent seuls la connaissance des jours Fastes cl des jours .Xrfastcs;
mais depuis trois siècles et demi environ, elle a été divulguée à tout
le monde par la publication du Kalendrier-. — Vile nonnnée ici est
l'Ile Tibérine, où Esculapc, dieu de la médecine, et Véjovis, Jupiter
enfant, ont chacun un temple '.
— 2. L' Empereur prend possession de l'empire. L'avènement
d'Auguste à Tempire est de l'an sept cent dix. — Tibère créé Seplem-
vir Épulon. Je parlerai plus tard des Septemvirs Epulons, qui sont
des prêtres chargés du soin de certains festins sacrés'^.
— 3. A-H. Cette série de huit lettres sert à marquer les Nundines,
dont j'ai parlé dans la lettre VIII, et qui reviennent tous les neuf
jours. L'A des kalendcs est le point de départ; tous les A suivants
indiquent les époques nundinales, parce que, après les avoir comp-
tés comme neuvième nombre de la série précédente, on les compte
encore comme premier de la série qu'ils recommencent *.
— 4. Statue érigée à la justice d'Auguste. Evénement de Tannée
sept cent trente-trois.
— 5. Agonales. Fête en l'honneur de Janus, dieu de l'année, et à
l'occasion de laquelle un prêtre, appelé le Boi des sacrifices, lui
immole un bélier ^
— 6. Jour mixte. Variété des jours Fastes et Néfastes : c'est un
jour pendant lequel il est permis de rendre la justice pendant cer-
taines heures du jour, et défendu pendant d'autres* *.
— 7. Karmentales. Fête introduite à Rome après la réunion des
Sabins aux Romains, et pendant laquelle on sacrifie à Carmenta,
déesse qui préside à la naissance de l'homme ''. Suivant une autre
tradition, un sénatus-consulte ayant défendu aux femmes d'aller en
char par la ville, elles se brouillèrent avec leurs maris, et se con-
damnèrent à la stérilité. Mais le sénat leur rendit l'honneur dont on
les avait privées, et voulut perpétuer le souvenir de cette pacification,
en ordonnant qu'un double sacrifice serait' offert annuellement sur
l'Autel de Carmente, au pied de la Roche Tarpéienne, hors de la
porte Carmentale,,* pour la conservation des enfants de chaque sexe^.
1 Ti(.-Liv. I, 19. — Flor. I, ■2.= '^ I-oltrc LXXXV1I.=3 plan elDosrripl. de Itonu',
iio 50V, 505. = '* Letlre XXX, ,<? IV. =,» Varr. L. L. VI, § 12. — Ov. Fasl. (, v. 517.—
Fcst. V. A^'onium. = 6 Maciob. Saiurn. I, 16. = " l'Iul, Romul. 21. = s Plan et Ucs-
eripl. do Uonu', ii« 98. — » Ov. Fasl. I, v. 625. — l'iut. Ouœst. Rom. p. 124.
LKTTUE XI. 515
— S. Auy Utile ferme le leniplc de ./anus Geininus. (iraiid événe-
nieiil qui annonçait une pacilicalion complMe, (•(? toiii[)!(', silné hors
do la porte Cannentale ' , restant ouvert en temps de guerre, et ne
devant être fermé qu'en temps de paix '.
— 9. Couronne de chêne mise sur la maison de l'empereur. C'est
pour indiquer qu'il est le sauveur des citoyens. Je parlerai plus
tard des couronnes, et de l'administration des provinces*. — Jour
déclaré funeste par sénatus-consulte. Les jours funestes sont en
quelque sorte les jours Néfastes de la religion. Tous les lende-
mains des Kalendes, des Nones, des Ides sont funestes, parce qu'il
fut un temps où l'on remarqua que des sacrifices pour se rendre les
dieux propices au moment d'une guerre, offerts l'un de ces jours-là,
n'avaient jamais atteint le but qu'on se proposait*. On compte aussi
parmi les jours funestes ceux à l'époque anniversaire desquels la ré-
publique a essuyé quelque grande perte, éprouvé quelque grand
dommage; l'anniversaire de la bataille d' Allia, par exemple, est
encore aujourd'hui regardé comme un jour funeste ^ ou un jour
noir, nom qu'on leur donne aussi®.
— 10. César, empereur, est surnommé Auguste. Magnifique sur-
nom qui, tiré du verbe augere, augmenter, indique l'agrandisse-
ment de l'empire sous le principat de César-Octave, et dans une
seule dénomination comprend toutes ses victoires ''. C'est de la flat-
terie la plus raffinée, et les sénateurs qui se sont mis l'esprit à la
torture pour 4a trouver ^ disent qu'il ne fallait pas moins que ce
mot, car toutes les contrées de l'univers ajouteraient leurs noms à
celui de César, si César voulait emprunter ses titres des peuples qu'il
a soumis par ses armes^ C'est depuis l'an sept cent vingt-sept qu'Oc-
tave s'appelle Auguste.
— 11. Le temple de Castor et Pollux dédié. Il s'agit du temple
restauré, car il y a longtemps que le temple de Castor existe. C'est
une flatterie pour lebeau-flls de l'empereur, pour Tibère, qui a foit
cette restauration ^^.
— 1*2, Dédicace de l'Autel de la paix d'Auguste. On flatte l'em-
pereur sur tous les tons, et pour les guerres qu'il fait, et pour celles
qu'il ne fait pas. Cet Autel de la paix lui a été élevé l'an sept cent
> Plaa el Dcscii|)l. de Rome, n" 99. = 2 Lettre XXXI, § XI. = 3 Lettres CXVI
et LXX.= 4A. Gell. V, 17. = S Ov. Rcmeil. anior. v. 2-20. =<3 Dies ater. A. CelL
Ihid. — 7 Ov. Fast. 1, v. 590, 599. = 8'rit.-Liv. Epilo. CXXXIV. — Palcrrui. II, 91.
— Suel.Aug. 7. — Dion. LUI, 16. = » Ov. Fast. I, v. 399. =1» IMan elDescripl. dcUome,
n" 120.
514 KOMK AU SIIXIJ': irAK.lJSTK.
qiiaraiile-qiicilre, à la suite de la pacification de la Gernianio, doiiii)-
tée par les armes de Tibère. Il est près du Hois de Mars K
Février. — 1. Lupercales. Je parlerai plus fard de cette fèl(î*.
— 2. Quirinales. Fête de Romulus, autrement dit Quirinua. On
l'appelle aussi fête des fours, parce que ceux qui n'ont pas solennisé
les Fornacales, ftHe de la déesse des fours, ou qui en ont ignoré le
jour, rachètent leur faute en sacrifiant à Quirinus*.
— 5. Férules. J'en parlerai à propos des funérailles, auxquelles
cette fête se rapporte *.
— 4. Terminales, y en traiterai plus tard, comme de toutes les
fêtes importantes ^
— 5. Itègifuge. Commémoration de l' affranchissement du peuple
Romain, et de la fuite de Tarquin-le-Superbe''.
— 6. Fquiries. Fête instituée par Romulus en l'honneur de Mars.
Elle consiste en courses de chevaux qui ont lieu sur le gazon du
Champ-de-Mars, au bord du Tibre'', ou bien, quand cette plaine est
inondée, sur le mont Coelius^.
Mars. — 1 . Libérales. C'est la fête de l'émancipation des enfants.
J'y reviendrai '.
— 2. Quinquatries. Fête de Minerve. A raconter plus tard '°.
— 3. Tuhilustrum. Purification des trompettes " guerrières. Mi-
nerve ou Pallas étant déesse de la guerre, le jour de sa fête a été
choisi pour la purification de ces instruments guerriers ^^
— 4. Quand le Roi s'enfuit du Comitium. Le roi dont il s'agit ici
est le Roi des sacritices. C'est une cérémonie singuHère dont il sera
plus à sa place de parler ailleurs *^
Avril. — 1. Jeux de la grande-Mère. J'en traiterai dans ma lettre
sur les jeux*\
— 2. Jeux de Cérès. Même observation qu'à l'article précédent '^
~ 3. Fordicides. Ce sont des sacrifices institués par Numa, en
l'honneur de Tellus '^ ou de Cérès, pendant une stérilité commune
aux campagnes et aux bestiaux. Ils s'accomplissent au Capitole, au
temple de Jupiter ^\ dans les trente Curies *S et dans les campagnes'^.
1 Plan et Descript. de Rome, n" 170. = 2 Lettre XXX, § IV. = 3 Plut. Quaest. rom.
p. 150.— Fcsl. V. Quirinalia. = '■* Lettre CIV. = 5 Lettre XXXIV, § XI. = ^ Fesl. v.
Uegifusium. = "^ Plan et Descript. de Rome, n'> 197. = * Varr. L. L. VI, § 13. — Ov.
Fast. 11, V. 859 ; 111. v. 517. — TerlulL de Spect. 5. — 9 Lettre LXVllI. = lû Let-
tre LVl. — 11 Ov. Fasl. III, V. 849. = '2 Conjecture. = « Lettre XXXI, § VllI. =
i^Lellre CXV, § I. = is Ibid. <? 111. = 16 Varr. L. L. VI, § 13. -Ov. f-ast. IV, v. 629. =
" Lyd. de Mens, IV, 49. = i» Ibld. — Varr. Ibid. — 19 Varr. Ibid.
LETTUIi; Xi. 315
On n'immole que des vaches pleines, fordœ, d'oii le nom de /ù>r-
dicides^.
— 4. Céréales. Fêtes de la déesse des moissons. J'en parlerai plus
tard, avec les développements qu'elle mérite ^
— 5. Parilies, ou Palilics. C'est l'anniversaire de la fondation de
Rome. Je consacrerai à cette fête une lettre spéciale ^
— 6. Vinales. Quand je parlerai des vendanges *.
— 7. Bobigales. Quand je traiterai des fêtes agrestes ^
— 8. Jeux Floraux. Très-célèbres. J'en traiterai spécialement ^
— Le Temple de Vesta est dans la maison de Tempereur, sur le
mont Palatin, et fut dédié l'an sept cent quarante-un \
Mai. — 1. Compitales. Aux jeux concernant la ville ®.
— 2. Lemurales. Aux funérailles^
— 3. Jeux Martiaux. Tableau réservé pour la lettre sur les jeux
périodiques ou solennels *".
— 4. Tubilustrum. Autre fête que celle dont j'ai parlé en mars,
bien que du même nom. Celle-ci est la purification des trompettes
de sacrifices. Elle est consacrée à Yulcain, dieu qui a enseigné à
travailler les métaux, et célébrée dans l'Atrium Sutorium^K Le sa-
critice est des plus modestes; il consiste dans l'immolation d'une
brebis '^
Juin. — 4. Sacrifice à Mars, à Carna, à Moneta. Lorsque Junius
Brutus conçut le dessein de chasser Tarquin du trône, il s'adressa
à Carna, déesse qui préside aux viscères du corps humain, afin
qu'elle lui donnât la force de dissimuler ce qu'il avait dans le cœur,
c'est-à-dire de feindre l'imbécillité. Il lui promit en même temps un
temple et un sacrifice s'il réussissait dans sa grande entreprise. Ce
fut le jour des kalendes de juin que le tyran tomba , et le lende-
main, Brutus offrit un sacrifice à Carna, sur le mont Cœlius, à
l'endroit où depuis il lui bâtit un temple '^ Le sacrifice s'adressa
aussi à Mars et à Moneta; à Mars, comme dieu de la guerre, à
Moneta, comme déesse de l'avertissement. Ce sacrifice a quelque
chose de la simplicité des mœurs antiques : il se compose de purée
de haricots et de lard, parce que, dit-on, ces aliments restaurent
puissamment les forces humaines^'*.
1 Varr. L. L. VI, § 15. — Ov. Fast. IV, v. 631. = 2 Lettre CXV, § UI. =» Lettre LXl.
= '^ Lettre CVII. = « Lettre XXXIV, § X. =6 Lettre CXV, § IV. = "? Plan et Descripl.
de Rome, iv> 216. = 8 Lettre XLVL = 9 Lettre CIV. = io Lettre CXV, § V. = n Varr.
L. L. VI,§U.— Fest. V. Tubilustria. = 12 ov. Fast. V, v. 725.— Varr.— Fest. Ibid. =
13 Plan et Descripl. de Rome, n» 9. = 1* Jlacrob. Salurn. I, 12.
r>l«i UU.ML ALI SIKCI.K I) Al CL'STE.
— -2. Sacrifice à Mens. Mens est la déesse de l'iiitelli}f«;iice. Cn
t(in[)lo et un sacrifice lui furent voués par le Sénat, après la bataille
de Trasimène, au moment où ce pirand désastre consternait tous les
esprits'. Le temple est sur le mont Cnpitolin^.
— 3. Vestalia. Fête de Yesta, déesse du feu *.
— 4. MalraJcs. C'est la fête de Matute, qui passe pour avoir été
la nourrice de Bacchus. Elle a, près de la porte Carmentale*, un
temple où les matrones romaines viennent offrir des vœux pour les
enfants de leurs frères, n'osant prier pour les leurs, tant cette déesse
fut malheureuse en enfants. Elles déposent sur son autel des gâ-
teaux cuits au four. L'entrée du temple de Matute est sévèrement
interdite aux femmes esclaves*^.
— 5. Quand on emporte les ordures. Ce sont les cendres du feu
entretenu dans le temple de Vesta. Pendant toute l'année on va les
déposer dans une impasse située vers le haut du Clivus Capitolin,
et fermée par une porte appelée stercoraire^. Le xvii deskalendes
de Julius elles sont enlevées de là, et jetées dans le Tibre"'.
Juillet. — 1, Retraite du peuple. Il y a deux traditions sur l'ori-
gine de cette fête : l'une rapporte qu'elle a été établie en commé-
moration de la disparition de Romulus, au fameux Marais de la
Chèvre', laquelle disparition causa tant de désordre et d'effroi, que
le peuple prit la fuite ^.
Suivant l'autre, après Texpédition des Gaulois contre Rome, les
peuples voisins, voulant profiter de l'affaiblissement des Romains
pour les asservir, se liguèrent, et exigèrent qu'ils leur livrassent
leurs femmes et leurs filles, menaçant, s'ils n'obtempéraient pas à
cet ordre, de détruire ce qui restait de la ville. Le Sénat délibérait
sur une si pressante injonction, quand les servantes s'offrirent pour
remplacer leurs maîtresses, en prenant leurs habits. On accepta la
proposition, et on les conduisit au camp des Latins. Elles feignirent
une grande joie en arrivant, enivrèrent leurs hôtes, et dès qu'ils
furent endormis et que le jour eut fait place à la nuit, elles don-
nèrent un signal aux Romains qui accoururent, surprirent leurs en-
nemis, et les taillèrent en pièces'\ Le sénat, en reconnaissance d'un
1 Ov. Kast. VI, V. 241. — lii.-Liv. XXII, 0, 10. =2 pian el Descript. de Rome, n» 77.
= 3Leltre LXXXVI. = M'lan cl Uesrripl. de Home, n» 96. = 5 0v. Fast. VI, v. 477.
— Plut. Ciimil. .'). = " IMan cl Dcsrripl. de Rome, n» 58. = ' Ov. Fasl. VI, v. 713. =
«Plan et Ucscript. de Home, n" 1C9, § Vl.r=9 piui. Homul. 29;Camill. 55. ^'OMacrob.
Saluin. I, 11. — l'Iul. Camill. 35. — l'ol\«ii. Slralag. VIII, 30.
LETTRE XI. 017
si grand service, dt'créta que l'on ferait annuellement un sacritice
pour en perpétuer la mémoire.
Cette fête est très-célèbre^ : ce jour là les citoyens sortent en foule
de la ville en criant à haute voix plusieurs noms romains les plus
ordinaires, tels que Caïus, Marcus, Lucius, et autres semblables.
Ils imitent par là cette sortie précipitée que tirent les soldats en s'ap-
pelant les uns les autres pour se ruer sur les Latins^. Ensuite, des
femmes esclaves, parées de stoles de matrones '\ se promènent par la
ville en folâtrant et lançant des brocards à tous ceux qu'elles ren-
contrent. Elles se livrent aussi entre elles une sorte de combat, pour
marquer la part qu'elles eurent à celui de leurs maîtres avec les
Latins. Enfin on les fait asseoir sous des rameaux de figuiers sau-
vages, dont le lait a servi dans le sacrifice qui ouvre la fête, et on
leur donne un grand repas*. Cette solennité s' appelé aussi les Noues
Caprotines, du mot caprificus, figuier, arbre d'où fut donné le si-
gnal à l'armée romaine ^
— 2. Jeux Apollinaires. Grande fête en l'honneur d'Apollon. J'en
parlerai en traitant des Jeux solennels*'.
— 5. Lucaries. Fête qui rappelle la prise de Rome par nos
ancêtres. Les Romains, battus de tous côtés, se réfugièrent dans un
grand bois, entre la voie Salaria et le Tibre, où cette fête se célèbre
aujourd'hui''.
— 4. Jeux pour la victoire de César. Anniversaire de la célèbre
bataille de Pharsale *.
— 5. Neptunales. Fête des mariniers du Tibre. Les jeux ont lieu
dans des nacelles, sur le fleuve^
— 6. Furrinales. Fête deFurrina, déesse à peine connue^'*, à la-
quelle on sacrifie dans un bois où elle a un temple, sur la rive droite
du Tibre, près du pont Sublicius ".
Auguste. — 1. Les flatteurs qui inventèrent le nom d'Auguste en
faveur du chef de l'empire, ne devaient par s'arrêter en si beau che-
min; ils ont voulu immortaliser leur flatterie en l'inscrivant dans le
Kalendrier : Sextilis, mois qui suit Julius, a dû perdre son nom
pour prendre celui d'Auguste, qui est définitivement celui de l'em-
^ Plul. Catnill. 53.— Macrob. Saturn. I, 11. = 2 piu!. Romul. 29 ; Camill. 35. =»/</.
Camill. 35.— Auson. Eglo. 14, v. 10. — '^ Plul. -r Marrub. lbi<i.= 5 Van-. L. L. VI, §
18. — Plul. Cami\l. 55. = 6 Lellre CXV, g; VII. — "^ l'aul. ap. Fosl. v. Lucaria. =^
'^Suel. Aug. 10. = ■> Auson. Efîlofî. 17. = '" Varr. I..L. VI §19. = >' Plan cl Desnipl.
de Kome, n» 301.
7)18 ROME AU SIKCF>E D'AUGUSTE.
pn'oiir'. Cet heureux changement a en lien en vertu d'un sénatus-
consnlte lenthi il y a cinrj ans environ, et ainsi eoneu : « César Au-
a li^uste, empereur, ayant été nommé consul pour la première fois
« dans le mois de Sextilis; ce mois l'ayant vu triompher trois fois
« dans Rome, et descendre du Janicule à la tète des légions mar-
« chant avec confiance sous ses aus[)ices; de plus, ayant dans le
« cours du même mois soumis l'Egypte à la domination du peuple
« romain, et mis fin aux guerres civiles; d'après ces causes, qui ont
« rendu et rendent le mois de Sextilis très-heureux pour l'empire
« romain, il a plu au Sénat que ce mois fût appelé Auguste. » Ce
sénatus-consulte fut confirmé par un plébiscite^*.
— 2. Férales. J'en parlerai en traitant des funérailles *. C'est aussi
l'anniversaire de la bataille de Munda, gagnée par César.
— 5. Cémr prend Hispalis. Hispalis s'était révoltée, et avait égorgé
sa garnison Romaine. César attira les habitants dans une embuscade,
et reprit la ville *.
— 4. Portumnahs. Fête du dieux des ports '.
— 5. Vinales. J'en parlerai en traitant des vendanges'.
— 6. Consualia. Fête de Consus. J'y reviendrai dans le récit des
Jeux publics ',
— 7. Volcanales. Fête de Vulcain, dieu du feu. On lui immole un
veau roux et un verrat ^ Le peuple jette dans le feu des animaux,
pour acheter ainsi son propre salut '.
— 8. Opiconsives. Fête d'Ops ou la Terre, surnommée Consiva
parce qu'alors on commence diverses semailles. Le temple de cette
déesse est dans la Regia, vers le haut de la voie Sacrée •''.
— 9. Volturnales. Fête en l'honneur de Volturne ou Vulturne,
dieu du Tibre".
— 10. Dédicace de l'Autel de la Victoire dans la Curie. Il s'agit de
la Curie Julia, où l'empereur a consacré une statue de la Victoire, ap-
portée de Tarente*^
Septembre. — 1. Jeux Romains. Cérémonie magnifique, dont je
traiterai dans une lettre spéciale *^.
— 2. Revue de la cavalerie. C'est la réformation de la liste des
chevaliers. J'en parlerai aussi plus tard'*.
, 1 Tit.-Liv. Epilo. CXXXIV. — Suet. Aug. 31. — Dion. LV, 6. = 2 Macrob. Salurn. I,
12. = 3 Leltrc CIV. = * Dion. XLHI, 39. = » Fest. v. Porlumnus. = « Lettre CMI.
= 7 Lettre XLVHI. = Scruter, p. 61. = 9 Varr. L. L. VI, § 20. = ^ Plan et
Descripl. de Rome, n» 129. = n Varr. L. L. V, g 29. = '« Dion. LI, 22. = »' Lettre
XLVin. = H Lettre XIX.
LETTRE XI. 519
Octobre. — l. Meditrinalia. Fêle dii lu dé^uslal\on du viii nou-
veau, considéré comme remède utile à la santé '.
— 2. Auguslales. Fête instituée pour perpétuer le souvenir du
retour de l'empereur Auguste à Rome, après qu'il eut pacifié la
Sicile, la Grèce, la Syrie, l'Asie et les Par thés. On éleva à cette occa-
sion un autel à la Fortune qui ramène, et ce jour fut mis au rang
des fériés sous le nom d' Augustales ^
— 3. Fontanales. Fêtes des fontaines. J'en parlerai lorsque je
traiterai des eaux de Rome '.
— 4. Armilustre. Fête pour la purification des armes et pour la
prospérité des armées. Ceux qui sacrifient sont en armes, et sonnent
de la trompette pendant le sacrifice *.
— V). Jeux de la Victoire. Il en sera traité dans le tableau des
jeux périodiques ou solennels ^
No>t:3ibre. — 1, Banquet sacré indiqué. Il s'agit de repas donnés
aux frais de la République. J'en parlerai ailleurs ^
— 2. Jeux plébéiens. Appartient au tableau des jeux périodiques '.
Décembre. — Agonales- C'est la répétition de la fête du même
nom célébrée en janvier.
— 2. Saturnales. Fête très-célèbre, pendant laquelle toutes les lois
de la hiérarchie sociale sont momentanément interverties. J'en par-
lerai spécialement *.
— 3. Opales. Fait partie des Saturnales.
— 4. Fête de la Déesse [Angeronia]. Angeronia est une déesse qui
délivre des inquiétudes et des chagrins poignants ceux qui se la
rendent propice. Sa statue, représentée la bouche couverte d'un
bandeau et scellée, est sur l'autel de Volupia ^, déesse de la volupté,
parce que ceux qui sont assez patients pour dissimuler les peines et
les tourments de leur esprit finissent par éprouver les sensations les
plus agréables. On raconte que le peuple Romain attaqué d'une ma-
ladie appelée Angine, se lia envers Angeronia par un vœu, et qu'aus-
sitôt fépidémie cessa. Telle est forigine du culte de cette déesse^".
— 5. Larentinales. C'est la fête d' Acca Larentia, suivant les uns
femme du berger Faustule et nourrice de Rémus et de Romulus ;
suivant d'autres, riche courtisane en f honneur de laquelle le roi
Ancus établit un sacrifice annuel, parce qu'elle avait institué le
1 Varr. L. L. VI, § 21. = > Dion. LIV, 10. = 3 Lettre LXVII. = * Varr. L. L. VI,
§ 22. = s Lettre CXV, § X. = « Lettre XXX, § IV, =7 Lettre CXV, § XI. = 8 Lettre
LXXI. =9pian et Descript. de Rome, n» 20. = io Macrob. Saturh. I, 10.
320 ROME AU SfKCLE D'AUGUSTE.
peuple Romain son héritier. Quoi qu'il en soi!, le sacrifice fondé en
son honneur dure encore; il se célèbre sur un aulel dans le Vélabre
majeur, à l'endroit où, dit-on, cette femme fut enterrée'. La fête est
aussi consacrée^ à Jujjiter, et c'est un prêtre de Romulus ou Quirinus
qui préside à la cérémonie. Le sacrifice consiste simplement en
libations de vin et de lait, otïertes aux mânes d'Acca Larentia'^
Je termine ici cette nomenclature, dont je crains bien que Tuti-
lité, l'intérêt historique et religieux ne compensent pas suffisamment
la sécheresse. Cependant ce ne sont pas encore là toutes les fêtes
romaines, parce qu'on n'a pu incrire sur le Kalendrier que les fêtes
Slatives, c'est-à-dire les fêtes fixes, et il y a encore \esconceptives et
les impératives.
Les fêtes conceptives reviennent aussi périodiquement. Les magis-
trats ou les pontifes indiquent leur célébration, mais peu de jours
à l'avance *. Les impératives sont des fêtes occasionnelles, comman-
dées par les consuls, ou par les préteurs *, magistrats qui, dans la
hiérarchie, viennent après les consuls. Afin que la férié soit plus
complète, ou plus saintement accomplie, l'annonce commence par
cette formule : « Abstenez-vous de procès et de querelles ^ »
J'ajouterai, pour compléter le système de numération du temps,
que les Romains comptent les années à partir de la fondation de leur
ville. Néanmoins, dans le langage usuel, et même dans tous les
actes publics, on substitue à renonciation numérale de Tannée les
noms des consuls de cette année, et l'on dit : « Sous le consulat de
tel citoyen, » pour dire, « En telle année *■•. » C'est une sorte d'hom-
mage aux premiers magistrats de la république, et comme une con-
sécration de leur règne annuel.
En jetant un dernier coup d'œil, avant de fermer ma lettre, sur le
Kalendrier ci-joint, une chose m'a frappé : c'est que les tables Ka-
lendairesnesont plus uniquement, comme jadis, les fastes de l'année
civile et religieuse, mais tendent à devenir, en même temps, le mé-
morial perpétuel de la gloire de Tempereureide sa famille. Vois com-
bien de choses qui ne se rapportent ni à l'ordination de l'année, ni à
l'indication des sacrifices ou des fêtes, s'y trouvent introduites: que
sert à ceux qui viennent journellement consulter ces tables pour
1 Plan et Descript. de Rome, n" 238. =2 Varr. V!, § 23.— Macrob. Salurn. 1, 10. =
^ Varr. Ibid. § 26. — Macrob. Ibid. 16. = * Marrob. Ibid. = 5 cic. de Divinal. I, 43.
= 6 Ov. An. aiti. H, V. G63.— Sener. de Benef. Ml. 16.- Cir. — Sali. — Tit.-Liv.-
Flor.— Patereul.— Tar.— I). Halie.— Dion.— Plut., etr. passini.
LETTRE XI. Ml
savoir ce qu'ils peuvent entreprendre ou ce dont il doivent s'abste-
nir, à quoi leur est utile, dis-je, de trouver à côté du renseignement
qu'ils cherchent, que ce jour-là l'empereur a pris jadis possession de
l'empire, ou qu'une couronne de chêne a été attachée à sa maison;
un autel de la Victoire dédié par lui dans la curie ; un temple de
Vesta consacré dans sa demeure ; que le Sénat a donné à César-Oc-
tave le surnom d'Auguste; qu'il l'a appelé Père de la Pairie ; qu'il a
fait ériger dans le Champ-de-Mars une stafue à la Paix d'Auguste; que
Tibère a été élu prêtre Epulon ; ou que Jules-César a gagné une
grande bataille en Espagne, et saccagé la ville d'Hispalis? Si ces
commémorations, plus ou moins historiques, embrassaient toute
l'histoire du peuple Romain, je les comprendrais, car il y a toujours
profit à rappeler incessamment à un peuple sa propre gloire ; et pour
cela, je l'avoue, les tables du Kalendrier me paraissent bien choisies.
Mais l'on n'y voit aucun des grands faits de l'histoire antérieure ; on
y chercherait vainement, par exemple, le combat fameux des Horaces,
l'abnégation héroïque du premier Brutus, l'action de Coclès, celle de
Scaevola, le dévouement de Décius, la célèbre victoire navale de Duil-
lius; et dans des temps plus rapprochés, la défaite des Cimbres et des
Teutons, la conquête de la Sicile, de la Grèce, de l'Orient; la prise de
Corinthe, la défaite de Mithridate, celle de Jurgurtha, la ruinede Car-
thage, et cent autres faits capitaux qui devraient figurer dans ces éphé-
méridesde la gloire. C'est que le passé du peuple Romain intéresse peu
rempereur;je crois au contraire qu'il voudrait le faire oublier. Son but
est de concentrer toute l'attention publique sur lui et sur sa famille;
d'habituer les citoyens à croire que lui et les siens ont été, et sont
comme les dieux tutélaires de l'empire. Auguste voudrait une répu-
bhque monarchique, et le peuple paraît accepter cette forme de gou-
vernement, vers laquelle on lui a déjà fait faire de grands pas. Tu vois
que le Kalendrier Romain d'aujourd'hui a beaucoup d'importance
morale; pour les gens qui réfléchissent, il est un grand enseigne-
ment sur les vues secrètes, sur les tendances politiques et surtout les
désirs despotiques de l'empereur.
21
LETTRE Xïl.
LES BAINS PRIVÉS ET LES BAINS PUBLICS.
Il est un genre de luxe que je vois croître et se développer tous
les jours, c'est celui des Bains. Le bain est non-seulement une jouis-
sance, mais un besoin dans ce pays où il fait si chaud que le corps
se trouve dans une transpiration pour ainsi dire continuelle. Aussi,
riches et pauvres, grands et petits, tous se baignent, et se baignent
chaque jour. Il y a environ dix ans. Agrippa, gendre et ministre de
l'empereur, faisant exécuter une foule de travaux et de monuments
pour l'agrément et l'utilité du peuple, établit entre autres cent
soixante-dix Bains publics, où pendant une année le peuple fut ad-
mis gratuitementMVIaintenant, excepté les enfants, qui jouissent en-
core de leurs entrées franches ^ tout le monde paye à la porte la ré-
tribution d'un quadrant^ {"), petite monnaie d'airain. Pour cette
modique somme, on peut prendre bain froid, bain tiède, bain chaud,
et bain de vapeur. C'est ce que font la plupart des baigneurs, car, d'a-
près les habitudes générales, se plonger dans l'eau froide ou dans l'eau
chaude, ce n'est pas se baigner *.
Autrefois les Bains n'étaient que de simples piscines où l'on venait
nager, s'exercer*, se laver surtout, comme le prouve leur ancien
nom de lavatrina^. Vers la fin du dernier siècle, du temps de Pom-
pée, il y avait fort peu d'établissements de ce genre, particuliers ou
publics, bâtis avec soin et pourvus des recherches qu'on y trouve
communément aujourd'hui ^ La description suivante te donnera une
idée des Bains actuels ; bien que ce soit celle des Bains de Mamurra,
auxquels je voulais consacrer une lettre spéciale , cependant elle
convient, sauf quelques détails d'ornementation, à tous les Bains en
général : les mêmes besoins ont commandé partout les mêmes dis-
positions.
Les Bains de mon hôte sont auprès de la Basilique, de l'Exèdre,
et du Sphœristère; ils ne s'en trouvent séparés que par une petite
cour pavée en mosaïque'', entourée d'un péristyle en colonnes octo-
1 l'iin. XXXVl, 13. —Dion. XLIX, 43. = 2juv. S. 2, v. 132. — Schol. in Ibid. —
3Cic. pro Cœl. 26. — Hor. I, S. 5, v. 157. — Senec. Ep. 86. — Juv. S. 6, v. 447. =
4 Fest. V. Piscina?. — 3 Varr. L. L. IX, g 68. = 6 Galen. iX, 10. = "^ Mazois, Ruin. de
Pompei, t. li. («) 20 cenlimes.
LETTRE XH. 527^
gones, et à l'entréo de laquelle est un Daptiatère, grand bassin où
l'on prend qiiclqnefois le bain froid en commun^ ("). Un toit léger,
supporté par deux colonnes en avant-corps, couvre le Baptistère.
Des peintures représentant des arbres chargés de fruits, des rivières
où toutes sortes de poissons semblent nager dans la profondeur des
eaux, ornent les parois desportiques^
La première pièce où l'on entre en quittant la cour est une salle
nommée Apodytère (*), nom formé d'un mot grec qui signifie dé-
pouiller, parce que c'est là que l'on dépouille ses vêtements^
De r Apodytère on passe dans le Frigidaire {'), autre salle où l'on
trouve encore un Baptistère pour le bain froid, quand on ne veut
point le prendre en plein air*. L'une des extrémités du Frigidaire
se termine par un hémicycle au centre duquel gît la cuve du bain,
Lahrum^ ou Solium^, entourée d'un petit espace clos par un Plu-
teus '' ou mur d'appui. Des pilastres, des niches, des statues décorent
le pourtour de l'hémicycle, dont le soubassement, formé par un
double rang de gradins*, s'appelle Schola, l'école, parce que c'est là
que ceux qui assistent aux Bains sans y prendre part, ou qui atten-
dent qu'il y ait place dans la cuve, viennent s'asseoir pour converser.
Entre l'École et la cuve, il reste un chemin, Alveus, pour circuler
autour des baigneurs. Le Frigidaire reçoit son jour par en haut,
de sorte que les corps n'y projettent point d'ombre.
Le Bain tiède, Tepidaire [^) *, suit immédiatement le Frigidaire.
A peu près carré, et terminé aussi par une École, il est muni de
deux grands bassins si larges, que Ton pourrait aisément y nager**'.
Comme on n'entre guère dans le Tepidaire que pour s'y baigner,
son École sert essentiellement aux baigneurs, soit pour s'essuyer
lorsqu'ils se contentent du bain tiède, soit pour se reposer " en sor-
tant de la pièce suivante où Ton prend le bain de vapeur , et que
pour cette raison l'on nomme Sudatoire^^, ou Caldaire^^ («).
Le Sudatoire est circulaire, entouré de trois gradins, et garni
tout à l'entour de niches étroites, contenant chacune un siège**. Un
réservoir d'eau bouillante occupe le milieu de la salle *^ Il fournit des
» Plin. n, Ep. 17. = 2 Mazois, Ruin. de Pompei, t. II. = 3 pHn. V, Ep. 6. = * M. II,
Ep. 17. = 5 Vitruv. V, 10. =6 Senec. Ep. 86.— Plin. XXXIII, 12.— Pallad. I, 40, 41.
—Mail. II, 42 ; VI, 81.— Petron. 73, 92. =7 vitruv. V, 10.= 8 Peinture des Bains de
Titus, publiée par Galliani. = 9 Vitruv. Ibid. — Gels, de Re medic. I, 3, 5. = i» Plin.
II, Ep. 17 ; V, Ep. 6. = n Peinture des Bains de Titus. = i^ Sudatorium. Vitruv. V, 10.
— Senec. de Vit. beat. 7. = isCaldarium. Vitruv. Ibid. = i* Peinture des Bains de Ti-
tus. — Maiois, Ruin. de Pompei, t. II. = '» Mazois, Ibid. («) Plan de la Maison de
Mamurra, n» 25. (f-) Ibid. n» 26. (c) Ibid. n" 27. (d) Ibid. n» 28. («■) Ibid. n" 29,
7,U ROME AL SIKCLE D'AUGUSTE.
lourbillons d'une vapeur qui se répand partout, monte en nuages
épais vers la voûte, de forme hémisphérique, recouverte en stuc', et
s'y engouffre avec violence. Elle s'échappe au sommet par une ou-
verture étroite, fermée avec un bouclier rond, en airain, qui se
manœuvre d'en bas, à l'aide d'une chaîne ; on l'ouvre comme une
soupape quand la chaleur devient trop suffocante^.
Je n'oublierai de ma vie la première fois que je suis entré dans
un Sudatoire : saisi par les flots de la vapeur, haletant, palpitant
poussant de gros sanglots, je crus que j'allais étouffer. L'air mêlé de
feu et d'humidité que l'on respire en ce lieu ne laisse pas un seul
endroit du corps en repos ; il le secoue, il le remue jusque dans ses
moindres parties' ; on se croirait presque dans le foyer d'un incen-
die; la température de ce Bain est si brûlante, que l'on pourrait
condamner à être baigné vif un misérable convaincu de quelque
crime**.
Le Sudatoire et sa cuve sont chauffés par un fourneau extérieur ,
nommé Laconinum {") . Ses flammes circulent sous le pavé, qui est
porté sur une multitude de petits piliers, et, au moyen de canaux
conducteurs, jusque dans l'épaisseur des murs^*.
Un Fleothèse ou L'nctoire^ {''), lieu dans lequel se déposent les
parfums, complète, avec quelques autres petits cabinets ('^), et avec
le Sphaeristère dont j'ai parlé dans ma lettre précédente, l'ensemble
des Bains de Mamurra.
Il faudrait être bien difficile pour ne pas trouver ces Bains, si élé-
gants et si riches, dignes de la somptueuse demeure de mon hôte ; ce-
pendant ils sont surpassés de beaucoup par ceux de Mécène, et sur-
tout d' Agrippa: le premier possède un Bain avec des bassins d'eau
chaude si vastes qu'on peut y nager''; et le second, qui en fait de
constructions et de travaux d'art n'a que de grandes idées, s'est
construit les Bains les plus spacieux, les plus beaux, les plus somp-
tueux qu'on ait jamais vus à Rome. Agrippa loge au Palatin ; mais
il n'y avait pas sur cette montagne un espace suffisant pour lui ; il
s'est donc transporté au milieu du Champ-de-Mars, qu'il avait déjà
embelli parle Panthéon, et là, derrière et joignant ce temple, il a
construit son édifice qui occupe une superficie de terrain presque
1 Vitruv. V, 10. — Pallad. I, 40. = 2Vitruv. 76id. = 3 Plut. Sympos. VIII, 9. =
* Senec. Ep. 86. = s vitruv. /iii.— Senec. Ep. 90.— Pallad. itid. — Monlfauc. Anliq.
espliq. t. 5, part. 2, pi. 122. = « Eleotesium et Unclorium. Vilruv. V, 11. = ' Dion.
LV, 7. C) Plan de la Maison de M."muiia, n" 51. ** Ibid, n» 33. (<") Ibid. n» 3*.
LETTIiK Mi. ô-i.)
(îj^alc à lu nioitic de celle de la nioiilayiie Palaliuc; il (;st élevé sur
un carré de six cent cinquante pieds en tous sens' (").
Les Bains d' Agrippa sont construits à Timitation des Palestres
ji;recques; on y trouve, outre les salles destinées aux diverses lotions,
des galeries pour les exercices de la paume, de la lutte et des autres
jeux gymniques. La plupart sont autour de grandes cours entourées
de portiques pour la course ou la promenade.
Dans les Bains proprement dits, tous les murs sont revêtus de stuc
ou peints à l'encaustique ^ et le Sudatoire est orné de tableaux en-
cadrés de marbre.
L'agrément de cet édifice vraiment royal est encore augmenté par
un jardin qui s'y trouve joint, et qu'Agrippa a créé tout exprès^ Il y
avait là un marais, le fameux Marais de la Chèvre, près duquel Ro-
mulus disparut pour devenir immortel ; Agrippa convertit le marais
en étang alimenté par des eaux vives, planta autour des jardins dé-
licieux, et s'y bâtit une habitation de plaisance où il peut se reposer
après le bain, souper, et passer la nuit au milieu des frais ombrages,
jusqu'à ce que le retour du jour le rappelle à Rome, et ramène pour
lui le tracas et les soucis des affaires.
Ceux qui ne sont pas assez riches pour avoir des Bains à eux (et
le nombre en est grand), vont aux Bains pubhcs. Personne ne dé-
daigne ces établissements ; à côté du pauvre plébéien, on y voit d'il-
lustres citoyens et des riches de second ordre : seulement ces der-
niers s'y rendent accompagnés de leurs clients*. L'heure générale
est depuis midi jusqu'au soir ^
Aller aux Bains est plus qu'un besoin, c'est une mode ; des mil-
liers de personnes y vont par désœuvrement, par curiosité, pour y
rencontrer leurs connaissances ou leurs amis. Là, certains riches
quêtent des convives pour souper* , et une foule de pauvres hères,
un souper pour leur ventre affamé ''.
Les femmes fréquentent les Bains dans un but moins innocent :
elles en font des lieux d'intrigues ^; aussi aiment-elles ces établisse-
ments avec passion'. C'est pour elles comme un terrain de liberté,
où la tromperie est d'autant plus facile qu'elle se passe dans la foule,
et se cache sous les apparences d'une démarche commandée au
moins par l'usage, sinon par la santé.
*Plw « As«es({)!k ie^ftw^, «tri^:*. = **lin. XXXVl, 25. = ^ IMan et Dcsiript. de
Konie, n" 169. = * Mail. Hl, 36. = s Maxime tcmpus lavandi a meridiano ad Yrspeiuni
fsl consUtulura. Vilruv. V, 10. = « Mart. I, 2'<; 11, U. = "^ hl. V, 45; XII, 8'i. —
«Digesl. XLVIH, lit. 5, leg. 9, § 1. = » Mail. XI, 48. («) 190 mélies.
320 ROME AU SIÈCLE D'AUGLSTE.
Un citoyen qui n'appartient pas à la plèbe se fait suivre au bain
par un ou plusieurs esclaves qui portent son linge, gardent ses ha-
bits*, le retirent de l'eau, le souliennont (juand il marche, Taident à
s'avancer dans la foule*, en un mot lui rendent tous les services dont
il peut avoir besoin. Celui qui n'a point d'esclave trouve là des gens
pour lui en tenir lieu; ces serviteurs bénévoles n'appartiennent point
à rétablissement dont tout le personnel se compose d'un baigneur,
gardien du bain^ d'un chauffeur ou fournier*, et de quelques au-
tres esclaves condamnés, comme criminels, aux travaux publics ^;
mais ils n'en sont que plus empressés : stimulés par leur intérêt
privé, ils parcourent toutes les salles, et se montrent toujours prêts
à courir au moindre signe des baigneurs. Les principaux sont d'a-
bord les Capsaires^, qui portent une cassette'' pour serrer, moyen-
nant une petite rétribution, les habits qu'on leur conlie en garde';
les Aliptes ^ ou les Oigneurs ***, qui font des onctions de parfums ;
les AUpiles, épileurs"; et les Masseurs^^, le bain étant toujours ac-
compagné de frictions nombreuses et multipliées, que les Romains
recherchent avec délices.
Au sortir de la cuve ou du sudatoire, le baigneur s'étend sur une
espèce de lit de repos, et un jeune masseur (ce sont des enfants ou
des eunuques qui remplissent ces fonctions, surtout pour les ci-
toyens qui ont des esclaves'^) ; un masseur, dis-je, commence par lui
presser tout le corps, par lui masser, lui pétrir, pour ainsi dire la
chair, par lui assouplir les articulations**. Ensuite il passe aux fric-
tions : la main armée d'un Strigile, grattoir de corne ou d'rvoire,
ou d'un métal plus ou moins précieux*^, creusé en cuillère et cintré
de manière à s'appliquer aisément sur la rotondité des membres *^ il
frotte vivement la peau, et détache toutes les impuretés que la
transpiration a pu y faire amasser *''. Ces frictions durent assez long-
temps, et pour qu'elles ne deviennent pas douloureuses, il faut que
le frictionneur soit doué d'une certaine habileté. Cette opération est
suivie de la dépilation des aisselles, que l'Alipile ou le Parfumeur
1 Ov. Art. am. III, v. 639. — Mart. XI, 6i ; XII, 71. = 2 Lucian. Nigrin. 34. = 3 Cic.
pro Ctelio, 26. — Digest. XXXIII, lit. 7, leg. 13, 14, 17.= * Balnealor el fornicator.
Cic. Philipp. XIII, 12.— Lamprid. Commod. 1.— Digest. Ibid. = ^ Plin. X, Ep. 41. =
^Capsarii. Pelron. 92.— Digest. I, til. 13, leg. 5, §0. = '' Conjecture. = * Digest. /6id.
= 9Alipta'. Scnec. Ep. 36.— Juv. S. 3, v. 76. = '» Lnrtores. Mart. VII, 31 ; XII, 71.
=11 Alipili. Seuec. Ep. 36. = i2 Traetatores. Mart. 111, 82. = i3 Senec. Ep. 66.= i*Ma-
laxare articulos. Senec. Ibid.—iaw S. 6, v. 422. = 15 Plut. Stich. I, 5, v. 77. —Mari.
XIV, 51. = 16 Juv. S. 5, V. 263. — Pers. S. 5, v. 126. — Pignor. de Serv. p. 119. =
17 Suet. Aug. 80.— .Mari. XIV, 31. — Spartiun. Hadrian. 17.
1
LETTRE Xll. 527
pratique soit au moyen de petites pinces', soit à l'aide d'un on-
guent composé de graine de saule noir amerain, avec (;gal poids de
lilharge-. L'onction suit les frictions : le patient est légèrement oin
d'abord avec un Uniment de saindoux et d'ellébore blanc, qui a la
vertu de faire disparaître les démangeaisons et les échauboulures " ;
puis avec des Imiles et des essences parfumées '', contenues dans de
petites ampoules^ de cornes de taureau* ou de rhinocéros ^ On
l'essuie ensuite avec des étoffes de lin, ou d'une laine fine et douce,
et tout est fini. Alors il s'enveloppe dans une gausape d'écarlate,
espèce de grande toge ' velue en dedans' ; ses esclaves viennent l'en-
lever, le mettent dans une litière fermée, et le rapportent chez lui -.
voilà pour les riches '^ ou les demi-riches.
Les pauvres se contentent d'une simple friction avec la main";
ou bien d'une autre, plus économique encore, qu'ils s'administrent
eux-mêmes, en s' aidant des murailles contre lesquelles ils se frottent
les parties du corps que leurs mains ne sauraient atteindre facile-
ment '^; cela suflît à ces petits plébéiens, qui ne sont pas, en général,
d'une propreté fort recherchée, et dont la plupart ont pour habitude
de se moucher sur le bras ".
On se prépare aux frictions par des jeux et des amusements vio-
lents, qui provoquent une sueur abondante ''^^ : les uns s'exercent à la
lutte, ou balancent leurs bras chargés de masses de plomb ; les autres
jouent à la paume '■''; d'autres, les mains liées, montrent leur adresse
à ramasser des anneaux, ou bien, mettant un genou en terre, se
renversent en arrière, jusqu'à ce qu'ils touchent avec leur tète l'ex-
trémité de leurs pieds '^
Les sexes sont séparés dans les Bains publics ''', mais tout le monde
est entièrement nu'*. Ici où le vêtement forme comme une partie de
la condition, cette nudité établit une sorte d'égalité dont personne
ne se fait faute ; aussi rien de plus bruyant qu'un Bain : figure-toi
toute espèce de cris, de clameurs ou de bruits qui peuvent impor-
tuner, fatiguer, déchirer les oreilles. Là, ce sont les gémissements
1 Senec. Ep. 56. — Juv. S. 11, v. 157. = 2 pun. XXIV, 9. =^Id. XXVH!, 9,=
4 Petion. 28. = 5 plut. Slich. I, 3, v. 77. = 6 jjart. XIV, 52. =T Ibid. 53.— Juv. S. 7,
V. 130. = scoccina gausapa. Petron. 28. = 9 Plin. VUl, 48. = "> Petron. 28.=
11 Senec. Ep. 56. = '2 Sparliaii. Hadrian. 17. = 13 Suel. Iloiat. Vita. — Cirt ad llerenn.
IV, 54. = 1* Juv. S. 6, V. 419.— Mart. VU, 31. = is Senec. Ep. 56. — Mari. XU, 84.=
"■' Pclron. 73. = " Varr. L. L. IX, g 68.— Vilruv V, 10.— Petron. 92. = '» V. Max.
Il, 1,7. — Sud. Avig. 94. — Senec. Nat. Qua-st. I, 16. — Mari. XII, 71. — Juv. S. 6,
v. 374. — Plut. Calo maj. 20, elc.
528 KOMIi AU fSIKCLK DWUGUSTE.
naturels ou imités de cou \ (pii se livrent aux exercices violents; leurs
sifllonienls et leurs soupirs profonds (juaiid ils laissent éeliapper leur
haleine longtemps retenue; les exclamations des joueurs de paume
comptant leurs balles ' ; plus loin, des baigneurs qui s'amusent à
courir autour de la cuve, en se tenant par les mains, et se les cha-
touillant de manière à provoquer les éclats de rire les plus per-çants^ ;
d'autres qui lisent à haute voix, ou déclament des vers'; d'autres,
chanteurs impitoyables, ne trouvant leur voix belle que dans le bain,
qui se mettent à chanter jusqu'à faire trembler les voiites de l'édi-
fice*. Des Alipiles, pour se faire mieux remarquer, venant aussi se
joindre à ce discordant concert, crient d'une voix grêle et glapis-
sante, et ne se taisent pas qu'ils n'aient trouvé des aisselles à épiler,
des patients à faire crier à leur place. Ajoute à ce vacarme, qui se-
rait insupportable, n'eût-il que l'inconvénient d'être renfermé, le
bruit des frictions plébéiennes, que l'on entend résonner, suivant
que la main du frictionneur frappe du creux ou du plat; les filous ^
pris à voler les habits®; les ivrognes, les marchands de comestibles
et de boissons '', car beaucoup de personnes boivent et prennent
quelques aliments légers en sortant de Teau®; les marchands de gâ-
teaux, les vendeurs de boudin, les confiseurs, qui tous ont leur mo-
dulation particulière pour crier leur marchandise; figure-toi tout
cela, dis-je, et tu auras une légère idée de fintérieur d'un Bain
public ^. La seule loi de décence qu'on y observe, c'est que jamais un
père et un fils ne se baignent l'un devant l'autre *", ni même un beau-
père devant son gendre ^K
Achèvement. Depuis quelques années, se baigner n'est plus seu-
lement un besoin, mais une passion. On prend le bain plusieurs fois
par jour'^ Les Bains publics, ou plutôt les Thermes, nom que Ton
commence à leur donner**, sont devenus d'immenses monuments,
où Ton a réuni tous les genres de jouissances, en y plaçant jusqu'à
des bibliothèques '*. Un luxe effréné gagne aussi les Bains privés, qui
1 Scncc. Ep. 56. =2 Petron. 73. = ^ Id. 91, 92. — Hor. 1, S. 4. v. 75. —Mail. III,
44. = * Senec. Ibid. — Pelron. 73. = 3 Senec. Ibid. = « Plaul. P.ud. II, 3, v. 51. —
Pction. 92. = 7 Senec. /i(rf. = » Mart. XII, 19, 71. = 9 Senec. lbid. — ^« Capitol.
Cord. Ir. 2. = n Plut. Calo maj. 20.= '2 Suct. de lllust. grammal. 23. — '^ Senec.
— Mail.— Suet. — P. Vict. de Ucg. uib. Kom. passim. = '' Senec. de Tranquil. aniui.9.
I.ETTKE XII. 5^2'J
conservent toujoiii's le nom de Balnea ou Balhtea\ Avec la pro-
pension des Romains à tout porter à l'extrême, je ne sais pas où
cela s'arrêtera. La lettre suivante de quelqu'un, qui vient d'acquérir
une maison auprès de Literne, en Campanie, petite ville où le i)re-
mier Africain finit ses jours dans l'exil, te fera connaître l'état des
Bains, tant privés que publics, longtemps après le principal d'Au-
guste.
« C'est de la villa même de Scipion-rx\fricain que je vous écris
« cette lettre, après avoir rendu hommage aux mânes de ce grand
« homme, sur un autel que je soupçonne être son tombeau. L'âme
« de ce héros était descendue du ciel, et elle y est remontée, je n'en
« doute point; non parce qu'il a commandé de grandes armées,
« avantage dont a joui comme lui ce furieux Cambyse dont la fré-
« nésie eut de si heureux succès, mais à cause de sa rare modéra-
« tion et de sa piété, bien plus admirable quand il quitta sa patrie
« que quand il la défendit. Il fallait que Rome perdît Scipion ou sa
« liberté. « Je ne veux, dit-il, déroger à nos lois ni à nos instilu-
« tions; la justice doit être égale pour tous les citoyens. Jouis sans
« moi, ô ma patrie, d'un bien que tu me dois : j'ai été l'instrument
« de ta liberté, j'en deviendrai la preuve. Je pars, si je suis plus
« grand que ton intérêt ne le demande, » — Il se retira à Li-
ft terne, rendant son exil volontaire aussi honteux pour Rome que
« glorieux pour lui-même.
« J'ai vu sa villa, bâtie en pierre de taille, environnée d'un mur
« qu'entoure une forêt, et flanquée de tours lui servant de fortifi-
« cations. Au bas de la maison et des jardins se trouve une citerne
« qui suffirait pour l'usage d'une armée entière. Le Bain, fort petit,
« est obscur, selon la coutume de nos ancêtres : ils ne trouvaient
« un Bain chaud que quand on n'y voyait pas clair. Ce fut un grand
« plaisir pour moi de comparer les mœurs de Scipion avec les
« nôtres. Dans ce réduit, ce héros, la terreur de Carthage, à qui
« Rome doit de n'avoir été prise qu'une seule fois, baignait son
« corps fatigué des travaux de l'agriculture; car il s'exerçait à ce
« genre de travail, et, selon la coutume des vieux Romains, cultivait
« son champ lui-même. Voilà donc la chétive demeure qu'il habi-
« tait! le vil pavé que foulaient ses pas vénérables! Qui voudrait
« aujourd'hui se baigner à si peu de frais? On se regarde connue
1 Varr. L. L. IX, §68. — Cic. pro Scxt. Rose. 7. — Plin. XXXVI, 13.— P. Vict. de Reg.
urb. Romœ, passim ; elc.
550 ROME AU SIÈCLE D AUGUSTE.
« pauvre et misérable, si les pierres les plus précieuses, arrondies
« sous le ciseau, ne resplondissonl de tous côtés sur les nuu's; si les
« marbres d'Alexandrie ne portent des incrustations dt; marbre de
« Numidie ; si à l'entour ne règne pas une bordure de pierres dont les
« couleurs variées imitent à grands frais la peinture; si les plafonds
« ne s(jnt lambrissés de verre; si la pierre d(! Tliasus("), magnifi-
« cence que montraient à peine autrefois quelques temples, ne gar-
ce nit les piscines où nous étendons nos corps épuisés par une ex-
« cessive transpiration; si l'eau ne coule de robinets d'argent. Et je
« ne parle encore là que de Bains destinés à la plèbe : que sera-ce
« si je viens à décrire ceux des affranchis ? Combien de statues,
« combien de colonnes qui ne soutiennent rien, mais prodiguées
« par le luxe pour un vain ornement ! Quelles masses d'eau tombant
« en cascades avec fracas! Nous sommes parvenus à un tel point
« de délicatesse, que nos pieds ne veulent plus fouler que des
« pierres précieuses. Dans le Bain de Scipion, on trouve des rayèrcs
« plutôt que des fenêtres, pratiquées dans un nnn^ de pierre pour
a introduire la lumière sans nuire à sa solidité. Maintenant, on ap-
te pelle les Bains des cachots, s'ils ne sont pas disposés de manière
« à recevoir le soleil pendant toute la journée, par d'immenses fe-
« nôtres; si l'on ne s'y hàle en même temps qu'on se baigne : si de
« la cuve on n'aperçoit les campagnes et la mer**; si la cuve n'est
0 en argent-. Aussi les Bains, qui lors de leur dédicace avaient
« attiré la foule et excité Tadmiration, sont méprisés comme des
« antiquailles depuis que le luxe est venu à bout de. s' écraser lui-
« même sous les nouveaux ornements qu'il a fait inventer.
« On ne comptait autrefois qu'un petit nombre de Bains, et ils
« étaient sans aucune décoration. A quoi bon décorer des lieux où
« tout le monde pouvait entrer pour un quadrant, des lieux desti-
« nés non pas à Tagrément, mais au besom? On n'y voyait point,
« comme aujourd'hui, Teau couler avec abondance et se renouveler
« perpétuellement, comme le jet d'une source chaude ; on ne regar-
« dait pas comme un point essentiel la transparence de l'eau dans
« laquelle on déposait sa malpropreté. Mais, bons dieux, quel plaisir
« d'entrer dans ces Bains obscurs et dont les murs étaient giossiè-
« rement enduits, quand on savait qu'un édile comme Caton,
« comme Fabius Maximus, ou l'un des Cornélius en avait lui-même
' SentT. Ep. 86. = - IMin. XXXIU, 12. (") iMuibrc blanc macule, de ïliasos, l'une
di'S Cj'cladcs. l'iin. XXXVI, 6.
LETTUE Xll. 531
« réglé la température! Ces nobles édiles s'acquittaient de ce de-
ce voir; ils visitaient ces lieux fréquentés par le peuple, veillaient à
c( leur propreté, et à ce qu'on y entretînt une chaleur utile et sa-
« lubre, différente de celle que l'on a depuis peu imaginée, qui
« ressemble à un incendie. Combien ne trouve-t-on pas Scipiou
« grossier de n'avoir point ouvert son caldarium à tous les rayons
« de la lumière, de ne s'être pas cuit au grand jour S de ne s'être
« pas proposé de digérer dans le bain. Oh ! l'infortuné! qu'il savait
(( peu vivre! L'eau dans laquelle il se baignait, loin d'être reposée,
« était souvent trouble, et même presque bourbeuse pendant les
« grandes pluies. Mais il ne s'en embarrassait guère : il venait y
« laver sa sueur et non ses parfums. « Je n'envie pas le sort de
« Scipion, dirait-on aujourd'hui ; c'est être vraiment en exil que de
« se baigner de cette manière. » Mais je vous dirai plus encore : il ne
« se baignait pas quotidiennement, car, au rapport des écrivains
« qui nous ont transmis les anciens usages de la ville, on ne se lavait
« tous les jours que les bras et les jambes, auxquels les travaux
« avaient pu faire contracter quelque souillure ; l'ablution du corps
« entier n'avait lieu que tous les neuf jours, à l'époque des mar-
« chés-, ainsi que cela se pratique encore pour les esclaves de nos
« villas ^ « On était donc bien sale, me répondra- t-on ! » — Depuis
« l'invention des bains de propreté, on est devenu plus dégoûtant.
« Que dit le poëte Horace pour peindre un homme décrié et noté
« par l'excès de son luxe? Qu'il sent les parfums. Du temps de Sci-
« pion, les Romains sentaient la guerre, le travail, le héros*: le-
« quel préférez-vous? »
1 Quod non in multa luce decoquebatur. Senec. Ep. 86. =^ ^ Ibid. = 3 Columel. I,
6. = * Senec. Ibid.
LETTRE XIII.
LES REPAS.
Quatre fois de suite le coup du chien, et mon adversaire trois fois
le coup de Vénus! décidément je renonce aux tesscres, ce jeu me ruine.
C'est dans le Sphéristère môme de Manuirra, mon hôte, que j'é-
cris cette lettre pour me consoler un peu de la mauvaise chance que
je viens d'essuyer. Vois si ce n'est pas une vraie fatalité : le jeu des
tessères se joue avec trois petits cubes ' d'ivoire '^ portant sur leurs six
faces une série de points qui commence par un et s'augmente succes-
sivement à chaque face par unité, jusqu'à six '. On jette les dés dans
un cornet *, on les agite, on les verse sur une table creuse ®; quelque-
fois c'est dans une petite tour" posée sur le bord delà table de jeu, sur
laquelle ils roulent après avoir parcouru une foule de ressauts dont
la tour est garnie intérieurement''. Les trois faces qui se montrent
en l'air forment le point. As partout fait perdre, c'est le coup du
chien*; on gagne au contraire avec six partout, qui est le coup de
Vénus^.
Après avoir écrit ces quelques lignes, je fus forcé d'interrompre ma
lettre, tant j'étais distrait et dérangé par tout ce qui se passait dans le
Sphéristère, et dans les Aleatoria, petits réduits qui sont à lasuite('').
On jouait partout : au milieu, à la paume trigonale ; ailleurs, aux Duo-
decimscnpta, aux Latrunculi, aux Lapilli, à la Mica, à Pair ou
A'^071, et surtout aux Dés et aux Osselets. Ce n'étaient que conversa-
tions à haute voix, exclamations, cris, ou rires éclatants.
Les Buodecimscripta^'^ seiouent sur une petite table creuse, peinte
perpendiculairement îi ses faces de douze lignes alternativement
blanches et noires. Chaque joueur range sur plusieurs de ces hgnes
1 A. Gell. I, 20. — Isid. Oiig. XVIII, 63. = 2 Ov. Art. am. H, v. 125.— Propert. II, 18,
V. 61. — Mait. XIV, 14. = 3 Isid. Oiig. XVIII, 65. — Monlfauc. Antiq. expii-i. t. III,
part. 2, pi. 186. = 4 Phinius. Hor. Il, S. 7, v. 17.— Frilillus. Senec. Apokolok in fin.
— Juv. S. 14, V. 5. — Schol. in Ibid. = s Aiveolus. A. Gell. I, 20.= « Tuiiieula. .Mari.
XIV, 16. = " Ficorini, I tali lusoii degli anli. Hom. p. 131. = *• Pers. S. 3, v. 49. —
Suel. Aug. 71. — Ov. An. am. Il, v. 206 ; Trist. Il, v. 474. — Propert. IV, 8, v. 46. =
9 Piaut. Asin. V, 2, v. 34. — Suet. Ang. 71.— Pers. S. 3, v. 48. = ic Ov. Art. am. III,
Y. 303. — Bulenger. de lud. vclor. lîom. 60. ["] Voy. Lettre l.X, le Plan de la Maison
de Mamurra, n" 57.
LETTRE XIII. 355
cinq petits disques, et les y promène tour à tour, suivant les indica-
tions données par des dés qu'il jette sur la table, après les avoir
agités dans un petit cylindre de corne S plus large à sa base qu'à son
orifice *.
On retrouve une image de la guerre dans le jeu des LutruncuH^:
le champ de bataille est une table divisée en carreaux alternative-
ment blancs et noirs *, sur laquelle chaque joueur range son armée,
composée de pièces de verre d'une couleur pour l'un, et d'une cou-
leur différente pour l'autre. La principale manœuvre consiste à res-
serrer entre deux pièces une pièce de son adversaire, pour acquérir
ainsi le droit de l'enlever ^.
Les Lapilli se jouent également sur une table quadrillée. On a
deux séries de calculs, blancs pour un joueur, noirs pour l'autre, et
la victoire consiste principalement à les conduire au fond du jeu de
son adversaire ®.
Le jeu le plus bruyant après la paume, c'est la Mica"^ ou Mourre.
Il ne faut ni table, ni ustensiles, ni appareil d'aucun genre : deux
personnes se placent debout l'une devant l'autre, le bras droit replié
vers l'épaule. Elles l'abaissent simultanément en étendant un ou plu-
sieurs doigts de la main et criant un nombre qui ne dépasse
jamais dix. Cette énonciation est une divination, ou plutôt une con-
jecture sur la somme totale des doigts ouverts de chacun des deux
joueurs : on gagne quand on a rencontré juste. Le hasard seul décide,
attendu que des deux côtés la parole est aussi prompte que le geste
et devance le regard. La Mourre se joue en cinq, et quelquefois en
sept parties liées. Comme on jette très-vite [jeter est le terme con-
sacré), chaque joueur compte ses victoires partielles en élevant un
doigt, deux doigts, etc. de la main gauche qu'il tient immobile et
perpendiculaire à la hauteur de son épaule *.
Il n'y a que le jeu de Pair ou Non * qui, par le bruit, se rapproche
un peu de la Mica ou Mourre.
Les Tali ou Osselets se jouent comme les tessères, mais avec quatre
osselets ®, qui n'ont de marques que sur quatre faces *. Là aussi il
y a le coup de Vénus et le coup du chien : le premier se compose
* Bulenger. de lud. veter. Rom. 60. =2 pers. S. 5, v. 50. = s Ov. Art. am. H,
V. 207 ; UT, V. 557 ; Trist. U, v. 477. — Senec. Ep. 117 ; de Tranquil. anim. 14. —
Mart. VU, 71 ; XIV, 20. — Plin. XXXVI, 20. = '» Varr. L. L. X, 22. = 5 Ov. Art. am.
UI, V. 358 ; Trisl. U, v. 478. — Mail. XIV, 17.— Pollux. Onomast. I\, 7. = « Potion.
53. =7 Cic. de Divinat. H, 41 ; de Offic UI, 19. — M. Aurel. et Front. Ep. I, 2. =
» Suet. Aug. 71. = 9 Isid. Orig. XVUI, 64.
53i ROMK AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
de quatre nombres différents '; le seeond, de quatre as. Les autres
coups sont le coup du char, quatre points pareils ^; le coup royal ou
()l Hercule, deux points semblables et deux différents; et le coup du
vautour, trois points pareils \ Aux tesscres, tous les coups, autres
que celui du chien et celui de Vénus, se désignent par le nombre
des points amenés.
Le plus paisible des amusements consiste à former un tissu de nœuds
compliqués, que l'on donne à défaire à ceux qui en ignorent la texture *.
L'invitation de passer au Bain fit déserter le Sphéristère et les
Aleatoria , et bientôt on quitta le Bain pour entrer au Triclinium.
Mais j'oublie de te dire que sont les préludes du souper dans une
grande maison, que je viens de te conter là. Mon dépit de joueur
malbeureux, peut-être aussi mon goiit pour le jeu, m'ont conduit
à te donner ces détails; car le but principal de ma lettre d'aujour^
d'hui est de parler des repas. On en fait quatre par jour : le déjeu-
ner, Jentaculum; le dîner, Prandium; le souper, Cœna; et la Col-
lation, Comissatio^.
Le Jentaculum, premier repas de la journée ®, mérite à peine le
nom de repas : pour les gens frugaux, c'est un peu de pain trempé
dans du vin '^, ou de pain et de fromage *, ou simplement du vin '
dans lequel on mêle une plante aromatique nommée Silum ("), ce
qui fait donner quelquefois au déjeuner le nom de Silatum *". Pour
les enfants, ce sont de petits gâteaux, que les pâtissiers mettent en
vente dès l'aurore '^
Vers le milieu du jour *^ à la sixième heure C") •^ a lieu le Pran-
dium ou dîner, repas léger, d'un facile apprêt**, que l'on prend
souvent seul '% et pour se sustenter un peu jusqu'au soir. Barement
on y sert quelque chose de chaud ^^, et même bien des personnes ne
se mettent point à table et se contentent d'un morceau de pain
sec". Autrefois le dîner s'appelait J/ere^rfa, demeridies, midi'*. La
ressemblance entre le dîner et le déjeunera fait appeler quelquefois
ce dernier Prandiculum, le petit dîner *^
1 Cic. de Divinat. T, 13; 11, 21.— Mari. XIV, 14.— Lucian. Amor. p. 538. = 2 Cornul.
in Peis. S. 3, v. 49. — 3 piaut. Curcul. U, 3, v. 78. = * Senec. de Benef. V, 12 ; Ep.
4:;, 117. = 3 Suet. Vilell. 15. = 6 /j,v/. _ Allienœ, I, p. 11. — Isid. Orig. XX, 2. =
•J Alhenœ. I, p. 11. — Plut. Sympos. VJU, 6. = 8 Mart. XUI, 31. = 9 Horace appelle
siccus un homme k jeun. 11, S. 3, v. 281. — Piin. XXXIIl, 1. = to Paul. ap. Fest. v.
Silalum. = i> Mart. XIV, 223. — 12 Suel. Claud. 34. = i^ Cic. Ep. famil. VII, 50. =
14 Plin. III, 3. = 13 Plul. Sympos. VIII, 6. = '« Plaut. Pœaul. III, 5, v. 14. — Mart.
Xill, 50. = 17 Senec. Ep. 85. -Plut. M. Cato. 4. = i» Paul. ap. l'est, v. Merenda. =
19 Fest. V. Prendicula. {") Séséli, espère de fenouil. (*) Midi.
i
LETTRE XIII. 53r>
Lo souper, Cœna, fut toujours le principal ropns, on pourrait
même dire le seul repas. Cela se conçoit : il se prend lorsque le soleil
est à son déclin S quand les affaires sont terminées, la journée finie,
c'est-à-dire à la neuvième ^ ou dixième heure M " )• Ceux qui se met-
tent à table avant le soir *, ou dès la huitième heure (*) passent pour
des gens d'une conduite peu régulière ^.
Ce sont ces gens-là qui font la Collation, Comissatio ^; en sortant
de souper dans une maison ils vont coUationner dans une autre ',
et prolongent ce dernier repas jusqu'au milieu de la nuit ^ Rigou-
reusement la Collation n'est point un repas ; c'est plutôt une partie
de débauche ^, une orgie pratiquée par les jeunes gens et les cour-
tisanes **^.
Le vrai, l'unique repas, c'est le Souper. On invite à souper, et jamais
à dîner, et ce repas du soir a presque rang parmi les institutions de la
cité. Tu te plains quelquefois de ce que chez nous les affaires sont
toujours des festins ; de ce que l'on passe des jours et des nuits à
boire ; de ce que c'est à table qu'on traite des réconciliations, des
mariages, de la paix, de la guerre, et de l'élection des chefs "; il en
est presque de même à Rome, et l'on n'y voit guère de cérémonie
publique ou privée qui ne soit suivie d'un ou de plusieurs festins *^
Ceux que les citoyens se donnent entre eux en enlrament d'autres,
l'usage étant que chaque convive, chef de maison, rende le repas
qu'il a reçu, et le rende pareil, autant que possible, à celui qu'on lui
a offert '\
Voici maintenant sur ce repas fondamental les détails que je t'an-
nonçais tout à l'heure. Je reprends les choses où je les avais laissées.
En sortant du bain, où l'on reste une heure environ**, chaque con-
vive revêt une synthèse ^^, habit de festin**, tunique*'' blanche** sans
ceinture*', fournie par le maître de la maison-", puis on passe dans
le Triclinium.
1 Supremo sole. Hor.I, Ep. 5, v. 5. = 2 Cic. Ep. famil. IX, 26.— Hor. I, Ep. 7, v. 71 .
—Mari. IV, 6; XI, 55. =3 cic. ad Herenn. IV, 51.— Hor. Ibid. = * Calul U. =
s De medio polare die. Hor. II, S. 8, v. 3. — .luv. S. 1, v. 49. — Schol. in Ibid. =6 Suef.
Vitell. 13 ; Domit. 21.— A. Gell. IV, U. = ^ Plaut. Mosteli. I, 4, v. 5.— Tit.-Liv. XL,
7. = 8 suet. Tit. 7.— A. Gell. IV, 14. = » Cic. Pro Murena, 6 ; pro Cœl. 15 ; in Catil.
11, 5.— A. Gell. Ibid.= 10 Senec. de Benef. VI, 32. -A. Gell. Ibid.— n Tar. Germ. 22,
= »2 Voy. Lettres XXVIII, XXXIV, XLIX, LVIII, LXXI. = ispiaut.Captiv. III, 1, v. 13.
— Mart. XII, 48, 104.= '^Lamprid. A. Sever. 30.= 13 Sjnlhesis. Mart. V, 80.— Suet.
Nero. 51. — Marini, Atti degli Arvali, lav. XXIV, 2. = '^ Veslis cœnatoria. Pelron. 36.
— Capitol. Max. jun. 4.— Mart. XIV, 133. = " Mart. Ibid, 141. = 1* Cic. in Valin. 12,
13. — Marini, Aui degli Arvali, lav. XLI. = >9 Suet. Nero. 31. = 20 Cic. in Vatin,
12, 15. («) 5 on 4 heures après midi, C") 2 h. après midi.
550 ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
Je t'ai dit que les Romains mangent à demi couchés sur des lits' ;
j'ajouterai que les trois lits d'un Tricliniuni ne sont pas indistincte-
ment occupés par les convives, et que même sur ces lits il y a des
places désignées pour chaque personne, suivant son rang, sa richesse,
ses relations d'estime ou d'amitié avec le maître de la maison.
Parmi les lits, (jui sont rangés, comme tu t'en souviens, sur les trois
côtés d'un carré dont le quatrième reste vide pour le service, celui
du milieu est le plus honorable ^ on l'appelle le lit du haut^. Le
maître de la maison s'y met, et prend la première place du côté de
l'intérieur du carré. Près de lui se range sa femme, ou ses enfants
s'ils ne sont pas trop jeunes*. Dans ce dernier cas, ils mangent assis
sur des chaises à côté du lit ^ La troisième et dernière place, vers le
dehors du carré, s'offre toujours au plus honorable personnage de la
société. On la nomme place consulaire, parce que ([uand un Consul est
parmi lesconvives, jamais il ne se metautre part, afin que l'on puisse
lui parler plus commodément s'il survient quelque affaire dont il ait
besoin d'être informé sur-le-champ^ Les convives de ce lit ont la
figure tournée du côté du lit de gauche'' qui est le second plus hono-
rable. Celui de droite auquel les convives du centre tournent à peu
près le dos, est assigné aux convives les moins considérés, et pour ce
motif, on rappe41e le lit inférieur^. S'il y a plusieurs femmes au
festin, elles se mettent toutes ensemble^*.
On est ordinairement trois sur un lit'", quelquefois quatre'S quel-
quefois cinq, six, et plus, quand les invités sont nombreux; mais
cela n'est pas de bon goùt^^.
Il arrive néanmoins de temps en temps qu'un maître de maison
se trouve forcé de manquer malgré lui de ce bon goût ; car bien que
les invitations se fassent habituellement par écrit •^ et que souvent
l'on y marque combien l'on pourra amener de personnes avec soi **,
il est assez rare de savoir au juste le nombre de convives qu'on aura,
grâce à la coutume qui permet à chacun de se présenter avec quel-
que ami. On donne à ces amis inattendus, ou invités indirectement,
un nom assez plaisant : on les appelle Ombres, comme s'ils étaient
1 Voy. Lettre IX. = 2 Senec. de Consl. sapienl. 9. — Plut. Brut. 34. = 'Summus
lectus. Hor. U, S. 8. v. 20. = * Plut. Sympos. I, 3. = ^ Sedentes vesci. Tac. Ann.
XIII, 16. — Suet. Claud. 52. — Pueri in cathedris consederunt et epulati sunt. Marini,
Alti degli Arvali, tav. XLI.= 6 p1q(. Sympos. I, 3. = " On s'appuyait sur le coude gau-
che, du côté de la table. = * Inii convivae lecli. Hor. II, S. 8, v. 40. = 9 Macrob. Sa-
turn. II, 9. = to Horat. II, S. 8, v. 22.— Plaul. Stich. III, 2, v. 51. = >' Hor. I, S. i,
V. 86.= 12 cic inPiso. 27.— Macrob. Salurn. II, 9.= "Hor. I, Ep. 5.— Mart. XI, 55.
= 14 Hor. Ibid.
LKTTHE Xm. .V.7
l'ombre du corps de ceux qui les présentent. 11 est cependani de la
politesse d'amener peu à'Ombres ', de ne le faire qu'autant que ce
sont des amis avec lesquels on n'aurait point d'occasion favorable de
se trouver, soit qu'ils arrivent d'un lointain voyage, soit qu'ils par-
tent, ou bien encore quand on désire leur faire faire connaissance *
avec le Père du festin, c'est-à-dire avec la personne qui reçoit ^ f.
Une autre espèce de convives que l'on ne refuse guère, mais avec
lesquels on ne se gêne pas beaucoup, parce qu'ils font métier de cou-
rir les festins et de vivre aux dépens d'autrui, ce sont les Parasites.
Quand il n'y a plus de place sur les lits, ils se mettent sur des
bancs*, et là on leur fait payer par toutes sortes d'ignominies les
repas qu'on prétend leur donner, et qu'ils ont sollicités . Je revien-
drai plus tard sur ce sujet (").
D'après la disposition et l'ameublement des Triclinia, tu peux
voir que les Romains n'aiment pas les nombreuses réunions; il n'y
a réellement de place dans leurs salles de festin que pour neuf per-
sonnes, et habituellement ils n'en ont pas davantage '. Le nombre
des convives ne doit pas être moins grand que celui des Grâces, a dit
un de leurs écrivains, ni excéder celui des Muses *, prescription qui a
été traduite dans le proverbe suivant : Sept convives, repas; neuf
convives, fracas ''.
Dans les grandes maisons, dès que l'on a pris place sur les lits,
après avoir d'abord quitté sa chaussure *, de jeunes esclaves s'empres-
sent autour de vous; les uns vous versent de l'eau fraîche sur les
mains* et sur les pieds, tandis que les autres vous nettoient les ongles
des orteils avec une surprenante dextérité "*. Cela est nécessaire,
puisque l'on va toujours les jambes et les pieds presque nus.
Cette opération terminée, et la table servie, le Père du festin
adresse une prière aux dieux avant de toucher aux mets ", et fait, au
son de la tlùte, quelques libations de vin. On distribue ensuite des
couronnes de tleurs ou de feuillage, que les convives gardent sur
leur tête pendant toute la durée du repas '^ et d autres plus grandes,
qu'ils se passent autour du cou''. Ces couronnes, tressées d'ache et
1 Umbrae. Hor. 11, S. 8. v. 22; I, Ep. 5, v. 28.— l'iul. Syinp. Vil, 6. = 2 piui. Ibiil.
=:^ Cœnœ paler. Hor. 11, S. 8, v. 7 = ^Sener. de Consl. Sapient. 13. — Plaut. Slich. lU,
2, V. 52. = 3 piaui. Ibid. V. 51. = « A. Goll. Xlll, 11.— Macrob. Salurn. l. 7. = " Sep-
lein Convi\iuni, novem Convicium. Capitol Ver. 5. ^ ^ Hor. II, S. 8, v. 77. — Pliii. l.V,
Ep. 19.— PeIrOH 65. — Mari. 111, 30; V. 97. = 9 Plaut. Moslell. 1, 3, v. 130 ; Pers. V,
1, V. 17. — Vir2. .Enciil 1, v. 705. = 'O Pclron. 31. = " Hor. Il, S. C ; v. 66.— lil.-
Liv. XXXIX, 43 = 12 Hor. IV, od. Il, v 4. — Plul. Svaipos. V!l, <î.= D Hor. U, .'^. 5,
>. 2.16.-0^. Fasi. II, V. 759. :«) Voy. Lellie XXVIil.
338 ROMK AU SIIXIJ: D'AUGUSTE.
(le licri'o', on d'acln; cl (!o lis, ou (l(! iiiyilc cl d'aclic enlremélés*;
cl le plus souvent do roses ■', de; violcllcs '*, (\o safran \ ou do nard ,
ou encore, bizarre redierche ! composées do feuilles de roses cou-
sues ensennble® sur des écorces de tilleul ornées de petits bas-re-
liefs'', ces couronnes, dis-je, sont des préservatifs contre l'ivresse.
L'odeur des (leurs, ouvrant les pores, donne au vin moyen d'évapo-
rer ses fumées, et repousse les vapeurs qui montent au cerveau*.
C'est encore pour le même motif qu'on se fait parfumer les cheveu\'
avec des essences de nard '", de safran", de balanus'^ *, et d'autres
substances odorantes que le maître fournit chez les riches, mais que
les convives apportent eux-mêmes, chez les personnes d'une fortune
médiocre '^
L'hiver, quand toute végétation est éteinte, on a des couronnes
d'amarante d'Egypte, fleur qui se garde cueillie, et conserve la pro-
priété, lorsqu'elle est desséchée, de reprendre sa première fraîcheur
dés qu'on la met dans l'eau ^*. On fait également usage de fleurs ar-
tificielles, composées soit avec oes raclures de corne**, soit avec de
l'étoffe de soie de diverses couleurs. Pour achever de rendre l'imita-
tion parfaite, ces couronnes sont imprégnées du parfum des fleurs
qu'elles représentent'^.
Un souper en règle, ce que l'on désigne sous le nom de Ccena
recta^'^, se compose de trois services, et quelquefois de six", c'est-à-
dire do trois ou de six petits soupers à la suite les uns des autres.
On commence par manger des œufs '^ ou des laitues^"*, des olives *',
des figues, quelques fruits et dos mets légers, pour se mettre en
appétit ; aussi ce premier service est-il nommé Gustatio, du mol
Gustus, goût'^^
Au deuxième service brille tout l'art des cuisiniers : on sert des
ragoûts en grand nombre^*, parmi lesquels est toujours un morcpau
de veau rôti ^*.
Au troisième service, qui n'est réellement que la continuation du
1 Hor. IV, Od. 11, V. 5.-2 Id. I, Od. 36, v. 15; U. Od. 7, v. 24. = ' Propert. IV,
6, V. 72. = 4 Plut. Sjmpos. III, 1. =: ^ i>|in. XXi, 5, 20. = 6 Ibid. 3. — Mail. V, 65 ;
IX, 92, 95. = ■' Plin. Ibid. — Hor I, Od. 58, v. 2. = « Plin. XXI, 20.— Plut. Sj!Dpos.
III, 1.— Alhensp. XV, p. 675. = *Piopeii. IV, 6. v. 74. — Gall. eleg. v. 90, edil. Barbou.
= •« Hor. IV, od. 12. v. 21.= " Plin. Id. 3.— Propert. Ibid.— «^ Hor. UI, od. 29, v. 4.
= 13 1(1. IV, od. 12, V. 21. = i'> Plin. XXI, 8 = <5 /i,rf. 2. — >s Ibid. 3. = '" Mari. Il,
69; VU, 19 ; VllI, 50. := '8 Suet. Aug. 74. — '9 Hor. I, S. 3, \ . 6. — Cic. Kp. Famil. IX,
20. — Plin. I, Kp. 15. -Mari. V, 79; XI, 53 ; XIII, 14. — OMart. III, 50 ; X, 48 ; XI, 53;
XIII, 14. — Plul. Sjmpos. VllI, 9. = «i Mari. XIII, 36. = ^- PetroD. 31, 53, 34.— Acron.
fi Porphyr. in Hor. 1, S. 3, v, 6. = «3 peiron, 55, 56. = ** Cic. Ep. Famil. IX, 20.
LETTRE XIII. 539
deuxième, puisqu'on le désigne sous le nom de second service', ce
sont des confitures*, du mieP, ou de la graine de pavot blanc rôtie
assaisonnée dans du miel*, des pâtisseries, des fruits* servis dans
de larges corbeilles de jonc et quelquefois de baguettes d'or tressées
comme du jonc*. Ces mets sont désignés sous le nom général de
Bellaria'', et avec eux arrivent aussi des parfums*.
Je passe sur les détails : j'ai commencé à recueillir sur le luxe des
repas quelques notes que je t'enverrai dès qu'elles seront complctesf");
pour aujourd'hui, je t'entretiendrai seulement de la manière dont se
fait le service.
Les personnes qui se piquent de quelque élégance ont soin de
n'avoir que des esclaves jeunes', beaux", et tous du même âge",
surtout pour servir à boire*'. Ils sont vêtus d'une petite tunique'*,
descendant un peu au-dessus du genou '*, ont les cheveux bien ar-
rangés '*, et portent à leur ceinture un linge dont ils se servent pour
la propreté du service '®. Attentifs à prévenir les désirs des convives,
on n'a pas besoin de leur parler; un signe suffît'^ , et en faisant seu-
lement claquer le pouce avec l'index, ils accourent aussitôt'*.
Tous les esclaves qui concourent à l'apprêt et au service des fes-
tins ont chacun leur grade et leurs fonctions : le Promuscondus estlç
cellérier, le pourvoyeur de l'office ", et l'inspecteur du cellier au
vin*"; Y Archimagirus est le chef de la cuisine ^', il ordonne le repas" ;
\eStructor le sert, met sur table'*, et range les mets dans un ordre
étudié et symétrique, car il ne suffit pas de contenter le goût, il faut
encore plaire aux yeux; le Scissor découpe, et son habileté est si
grande -*, qu'il a aussi vite dépecé une voIajUe qu'un autre l'a regar-
dée ".
Après ceux-ci viennent une foule d'autres serviteurs dont Ie3
iHor. II, s. 2, V. 121. — Plin. XIX, 8. — Peiron. 68.— A. Gell. X, 11. — Macrob.
Salurn. Il, 8. = 2 |>|ut. Lucull. 40. — Secunda niensa bellarioium. Marini Alti degli
Arvali, lav. XLI, a. = ^ Mel in secunda mensa adminisiralur. Varr. R. R. III, 16. =
* Hor. Ail. poet. v. 375.-Pin. XIX, 8. = 5 Hor. I, S. 3, v. 7 ; II, S. 2, v. 121 — Ov. Nux.
V. 171.— Cic. Ep famil. XVI, 21.— Virg. Goorg. II, v. 101. —Plin. XII, 1. —Mari. V,
79. = 6 Ov. Melam. VllI, v. 673.— Alhen*, VI, p. 229. = ^ a. Gell. XIII, 2.— Macrob.
Salurn. II, 8. = «Plut. Sjmpos. VII. 8. = 9 Pueri. Hor. II, S. 8, v. 10, 70, 81, 86. =
1" Cie. in Piso. 27 ; de Finib. II, 8. = " Virg. .Eneid. I, v. 709. = '2 Calul. 24.— Wart.
X, 96. = 13 Puer aile succiuclus. Hor. II, S. 8, v. 10, 70. = '* Succincius. Hor. II,
S. 6, V. 107. — Pitl. d'Errol. t. IV, lav. 45.— Monlfauc. Aniiq. expliq. t. III, part. J,
pi. 39, 60. = 13 Pneii compli. Hor. II, S. 8, v. 70. = "5 Suet. Calig 26. — Monlfauc.
Ibid. pi. 59. = il Cic. Tuscul. V, 21. — Senec. de Vit. beal. 12. = '» Peiron. 27. —
Mari. III, 82 ; VI, 89 ; XIV, 119. — '9 Plaut. Pseudol. II, 2, v. 14. = 20 Hor. II, S. 2,
V. 16.= 21 Jav. S. 9, V. 109. = 22 plut. Lucull. 41. =2J Juv. S. 3, v. 120.=2i/é/d
V. 12l.-Petron. 36. =23 Senec. Ep. 47. (") Voy. I.cltre XQI.
".40 ROMK AL SliXLK D'AUGUSTE.
noms Mi't'cliappent. Us sont sous l'inspoclion du Tridiniarque. es-
clave chargé de veiller au service du Triclinium '. Les uns offrent du
pain dans dos plats (rargont*, ou dans des corbeilles^; les autres
versent à boire**, et chaque convive en a un près de soi''; d'autres,
plus jeunes, veillent à la propreté du Triclinium, essuyent sur h;
pavé les traces de la nialpropreté ou de l'ivresse des convives^; leur
présentent, sur le lit même, le vase indispensable à tous ceux qui ont
bu avec un peu d'excès ''; ramassent à terre, à chaque changement
de service, tout ce qui pourrait choquer la vue ou l'odorat; net-
toient la table avec un torchon de pour{)re^, ou une éponge légère-
ment mouillée®, lorsqu'elle n'est pas couverte d'une pièce de linge
nommée Mentile, usage qui commence à s'introduire'"; entretien-
nent les lampes d'une huile" mélangée de parfums •*. D'autres font
des aspersions avec une infusion de verveine et d'adiante, pour exci-
ter la gaîté des convives *\ et, au moment du dernier service, répan-
dent sur le sol de la sciure de bois ** *.
Outre tout ce monde, on a encore son propre esclave, qu'il est
assez d'usage d'amener, et qui se tient debout au pied du lit où l'on
se trouve *^ En été, par un raffinement de luxe et de mollesse, on
joint à ce troupeau de serviteurs un certain nombre de petits en-
fants et de jeunes et jolies fdles : les premiers, armés d'une baguette
de myrte, sont chargés de chasser les mouches qui importunent les
convives*®; les secondes les rafraîchissent en agitant devant eux un
éventail ^"^ de verdure '* ou de légères feuilles de bois ".
Les Romains, qui ont fabriqué une foule d'ustensiles pour tous les
usages de la vie, en ont inventé fort peu pour les festins; ainsi l'on
a des couteaux pour couper les viandes ^", des cuillères pour manger
des œufs^* ou quelques aliments sans consistance''-, des tuyaux de
plume ou des brins de lentisque pour se curer les dents ^\ et voilà
tout : quand les aliments solides sont dépecés, on saisit les mor-
ceaux avec les doigts^*; aussi ne va-l-on jamais souper dehors sans
1 l'elron. 22. = ^Id. 33. = 3 Canislrum. Virg. .Eneid. I, v. 706. — Hor. H, S. 6,
V. 103. = 4 Hor. I, Od. 29, v. 8.— Senec. Ep. kl. = « Plut. Sjmpos. VU, 8. = « Sener.
/(/. ; de Brevil. vil. 12.= "^ l!or. I, S. 3, v. 90. —Senec. de Benef. UI, 26. = » Hor.
H, S. 8, V. 10. = 9 I\lart. XIV, l'<4. = »» Ibid. 138 ; XII, 29. = 'i Peiron. 22. =
lîMart. X, 38. — Petron. 70. = 13 pim. Sympos. I, 1. = >* Hor. H, S. 4. v. 81.—
Peiron. 68. = '5 Sener. Ep. 27 ; de Benef. lU, 27 — Mart. XII, 89. = ï6 Mari. UI, 82.
= " Ibid. — Tereiil. Eunurli. UI, 6, v. 47. = '8 Mari. Ibid. — 19 Ov. Amor. Ill =>
V. 57. =2opeiron. 70. - Juv. S. 11, v. 133 = 2i l'Iin. XWUI, 11.— Peiron. 34 -
Mari. XIV, 121. — 22 Calo. H. U. 84. = 23 Mari. UI, 82; VI, 74; XIV, 22. = 24 Ov.
.\rl. ani. I, n. ^70; III, \. 7."3.— Ilnr. I, Ep. IG, \. 23. — Mari. V, 79.
I.KTTHK XIII. -,il
[)urtei- ave(! soi uno pit^ce do linye nommée A//t/m' ou Mapjia',
pour s'essuyer en mangeante Outre cela, les esclaves, après chaque
service, viennent donner à laver aux convives* en leur versant sui-
les mains, avec un vase à col étroit, de l'eau'' qu'ils reçoivent dans
un bassin qu'ils tiennent de la main gauche *.
Aussitôt cette lotion terminée, des échansons chargés de plusieurs
sortes de vins^ s'empressent d'offrir à boire à la ronde*. Le vin est
dans des cratères, vases à large ouverture, oîi ils puisent^ avec une
petite mesure appelée cyathe "\ Chacun en tendant sa coupe, son
calice", dit combien il veutde cyathes soit de vin, soit d'eau '"^ Pen-
dant ce temps, à un signal du maître, le service se renouvelle " ; on
rapporte d'une seule fois sur un Ferculum^'' ou Bepositorium, grand
plateau d'argent ou revêtu d'argent '^ qui couvre toute la table et en
forme comme le dessus, de sorte que l'on dit la première Table, la
seconde Table, etc., pour le premier service, le second service'*.
Les plats sont tout arrangés sur le Ferculum, et quelquefois posés
sur de petits réchauds, afin que les mets ne se refroidissent point'\
Chez beaucoup de citoyens riches, on ne se contente pas de flatter
le palais par les saveurs les plus exquises; on cherche encore à ré-
jouir les oreilles par des concerts de musique '*, à occuper les yeux
par des spectacles pleins de charme ou d'intérêt '^ A la fin du festin,
quand chacun a cessé de boire et de manger, on introduit de
jeunes garçons et de jeunes filles qui exécutent des danses volup-
tueuses-*, et chantent des poésies erotiques grecques ou latines, un
quelques nouvelles élégies des poètes modernes-^ Les Gaditanes sont
surtout renommées pour les danses--, qu elles exécutent en s' accom-
pagnant avec des crotales'-''.
I Calul. 12.— Mail. XH, 29.= 2 ifor. H, S. î, v. 81 ; S. 8, v. 63. — Virg. .€neid, I,
V. 706.— Varr. L. L. IX, § 47.-Mart. VUl, .'59. = 3 Virg. yEneid. I, v. 706. — Serv. in
Virg. loc. cit. =: * Senec Ep. 83. — Peiron. 5i. — Lamprid. Heliog. 25. = ^ Paul. ap.
Fesl. V. GuUurniuin. ^ ^ Polubium, Trullum. Non. Marcell. h. verb. — Fiilis. Varr.
L. L. V, g I19.-A(|uiminarium. Digest. XXXIV, (il. 2, leg. 21, g 2. = " Hor. U, S. 8,
V. 13.— Peiron. 54, 59. ==» Hor. Ibid.— Lamprid. Heliog. 25. — '•> Ov. Melam. VUl,
V. 679. = '0 Plaut. Menœchm. U, 2, v. 28. = " Calires poscit majores. Hor. II, S. 8,
V. 35. = 12 Hor. UI, od. 19, v. 10. — i» Senec. de Brevil. vil. 12; Ep. 93.= "^ Hor.
H, S. 6. V. 104.— Mart. III, 50. — Plin. XXVIU, 2. = ''^ Piin. XXXIII, 11.= '6 Prima
mensa. Serv. in .£neid. I, v. 754. — Fercula prima. Mart. III, 50. — Mensa serunda. Cic.
Ep. famil. XVI, 21. — Hor. II, S. 2, v. 121.— Ov. Melam. VllI, v. 675. — Plin. Xll, 1.
— .'.larl. III, 17, 30.= l-'Tumullus coquorum ipsos cum obsoniis focos Iransferenlium.
Senec. Kp. 78. = '* Hor. Art. poel. v. 574. — Senec. de Vil. beat. 11. — Plin. I, Kp. 13.
—Plut. Lucull. 40.= 19 Senec. Ibid. = 2» Propert. IV, 8, v. 39. — Sali. Jugurt. 83.—
Plin. IX, Ep. 17.— A. f.ell. XIX, 9. — Plut. Lucull. 40 ; S\mpos, VII, 8. = 21 A. Getl.
/6id. = 22 Mart. V. 79; VI, 71. — Plin. 1, Ep. l.=i. — Juv. S. Il, \. 162. = "Mari
/6td.— Propcrl. IV, 8, v. 39.
542 ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
Qiu'lquelbis ce sont dos baladins (jni font des tours de force' : ils
dansent au sommet d'une échelle qu'ils tiennent eux-mêmes dans
une position verticale*, passent au milieu de cerceaux entlammés,
portent une amphore (") avec les dents ^, et assaisonnent ces exer-
cices de plaisanteries grossières, et souvent indécentes'.
D'autres fois, des scènes sérieuses remplacent ces jeux futiles : des
acteurs appelés Homéristes, et armés en guerriers, jouent des épi-
sodes tirés de \ Iliade''; ou d'autres acteurs, dos, pantomimes, re-
présentent des drames dont toute l'action s'exprime par des gestes*.
Ces spectacles sont le perfectionnement, ou plutôt la corruption
d'un usage fort louable des anciens Romains, chez lesquels de
jeunes enfants chantaient, avec foute la modestie de leur âge, et
simplement au son d'une flûte, les exploits et les vertus des grands
hommes '.
Grâce à l'humeur querelleuse de nos compatriotes', souvent nos
festins sont ensanglantés, et des convives se lèvent pour aller ter-
niiner, le glaive à la main, une discussion entamée la plupart du
temps sur des sujets frivoles ^ Cette lutte sanglante, qui dans noire
patrie n'est jamais qu'un accident déplorable, les Romains en ont
une image dans leurs repas : ils introduisent dans la salle du festin
des esclaves qui combattent avec des armes émoussées, et, dans une
lutte prolongée, récréent les convives par le simulacre d'un com-
bat à outrance ^. Ce spectacle est aussi très-ancien : il a été inventé par
les Campaniens, qui conmiettaient ensemble des combattants, ap-
pelés Samnites en commémoration d'une victoire remportée par eux
sur le peuple de ce nom '". Mais en Campanie c'était un combat réel
avec des armes véritables, et les coupes et la table étaient arrosées de
sang".
Les hommes graves et studieux mettent le temps du souper mieux
à profit : ils font faire une lecture à haute voix '^ dans quelque auteur
Grec ou Latin '^ et cela dès que la table est servie''*. Quelquefois
après souper, il y a concert et comédie '".
Dans les repas donnés à l'occasion des fêtes, on s'amuse assez
' Sud. Aup;. 74. = 2 Pelron. 53, — Manil. V, ^. '(42. = 3 pHp. IX, Ep. 17. — FMul.
Sjinpos. VII, 8. z= '• Pelron. 59. = ^ >larrob Salur. II, 7. = ^ Cir. Tiiscul. (, 2 ; IV,
2 ; Uni!. 19. — Non. Marcell. v. assa —V. iMa\. Il, 1, ÏH. — '' Slrab. IV, p. 199 ; ou 74,
tr. fr. = 8 Diod. Sicul. V, p. 306. = 9 Hor. Il, Ep. 2, v. 98. = '" Tii.-Li\. IX. 40. =
11 Ibid. — Suah. V, p. 230 ; ou 280, Ir. fr. — .Mlienœ. IV, p. 233. — Sil. liai. XI, v. 51.
= '2 Cic. ad Atlip. XVI, 2. — C. Nep. Allie. 14. — l'Iin. I. Kp. 15 ; Ul, Kp. 5 ; IX, Ep.
56. = 13 Juv. S. 11, V. 477. — A. Gell. II, 22. = i' A. Gell. III, 19. =: 15 Plin. IX, Ep
36. C; Vase de Icrre cuile de la rnntcnanrc de 26 lilics 012.
LETTRE Mil. T^i^
habiluelleinent à élire un /loi du festin^. Le sort le désigne; on ap-
porte une petite table, des dés*, et le convive qui amène le coup
de Vénus est déclaré roi'. Les autres sont tenus, sous peine d'a-
mende, d'exécuter les ordres de ce souverain S qui, bien que revêtu
d'un pouvoir despotique, néanmoins l'exerce toujours d'une manière
assez raisonnable ; il se contente, pour l'ordinaire, de fixer à chacun
le nombre des coupes qu'il doit vider ^, et leur grandeur^ de régler
la conversation, de veiller sur les jeux, et de défendre ceux qui pour-
raient causer du désordre. 11 s'occupe aussi du plaisir de ses sujets,
conmiande à ceux qui ont de la voix de chanter , aux rhéteurs de
déclamer, aux philosophes de résoudre quelque diftîcullé, et aux
poètes de réciter leurs vers', ou d'en improviser' : on ne saurait être
meilleur roi.
Mais comme il est difficile qu'une souveraineté absolue se tienne
toujours dans des bornes raisonnables, qu'il n'existe point de des-
pote qui n'ait de temps en temps ses petits accès de tyrannie, ne
fût-ce que pour éprouver son pouvoir, le Roi du festin commande
quelquefois à ses sujets des choses contraires à leur caractère
connu ; il se fait un malin plaisir de les embarrasser par des ordres
contre lesquels personne n'a jamais osé se révolter', depuis l'éta-
blissement de cette royauté qui est fort ancienne '". Un roi dé-
bonnaire laisse boire chacun à son gré", sans obliger personne à
égoutter sa coupe sur le pavé après avoir bu, pour faire voir que
l'ordonnance bachique a été remplie'-. Quand on est libre, vers le
milieu du festin *^ on commence à se porter des santés '* , on échange
sa coupe avec la personne à laquelle on s'adresse'^, on boit autant
de coups qu'il y a de lettres dans son nom '^ et l'on se souhaite mu-
tuellement autant d'années que l'on vide de coupes ".
Il arrive aussi que ces repas sont égayés par une loterie : on fait
circuler à la ronde une coupe remplie de petites tablettes, chaque
convive tire son lot, et un jeune esclave proclame à haute voix la
décision du sort '®. Le piquant de ce jeu, c'est que certaines tablettes
contiennent des objets d'une valeur réelle, tels qu'un habillement, de
l'or, de l'argent, des monnaies étr.ingères; tandis que d'autres don-
» Tac. Ann. XIH, 15. = 2 Hor. 1, Od. i, v. 18. — Plaul. Mostcll. I, 5, v. 150. =
^ Hor. U, Od. 7, V. 25. — l'iul. Calo. min. 6. = ^ Plut. Svmpos. I, 4. = S Hor. 1, Od.*.
V. 27. — l'Iaul. Slich. V. i, v. 20. — « Ilor. U, S. 6, v. 68. = " Plui. Synipos. I, 4.
= * .Mari. IX, 91. = « Tac. Ann. Mil 15. = '" Cic. de Scncct. 14. = n flor. Ihid. —
Plut. IhiA. = 12 Cic. Tuscul. 1, 40. — Plin. XIV, 22. — »3 Plul. M. Biut. 24. = '* Plaul.
Pers. I, 1, V. 20 ; Slich. V, 4, v. 27. = is Cic. Ihid. — Juv. S. 5, v. 127 = '6 Tibull.
II, 1, V. 51. — Mail. 1, 72 ; VUI, 51 ; XI, 57.= i" Ov. Fast. 111, v. 551. = i» Pelron. 50.
ôii IJOMK AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
nf?nt unn tunique de poil de chèvre, une éponge, une pelle à four,
des pinces, ou des lots encore plus bizarres'.
Mais la loterie la plus amusante est celle où la plupart des l(jts ne
sont point conformes à renonciation de la tablette, de sorte qu'ils
deviennent une déception pour celui qui les reçoit. Cette innocente
tromperie, bien que prévue, excite toujours la gaieté par sa bizarre-
rie , sa soudaineté, et souvent sa signification satirique. Derniè-
rement je pris une tablette dont la devise philosophique semblait me
promettre un beau cadeau ; le petit crieur avait lu : argent scélérat!
Aussitôt on m'apporta un jambon sur lequel était une burette à vi-
naigre. Parmi les autres lots tirés il y eut absinthe et affront, qui
valurent au convive des fraises sauvages, une perche et une pomme;
des poireaux, et une persique («), excellent fruit, se trouvèrent être
un fouet et un couteau ; des passereaux et un chasse-mouches, des
raisins secs et du miel ; une toge de festin et une toge de Forum, un
morceau de pâte crue et des tablettes ; un tuyau et un pied (mesure)
firent paraître un lièvre et une sandale ; une murène (poisson rare)
et une lettre devinrent une botte de poirée et un rat lié avec une
grenouille; enfin un oreiller fut une corde à étrangler^.
Les Romains ont un singulier moyen d'engager, au milieu des fes-
tins, leurs convives à jouir des plaisirs de la vie, moyen qui, tout
philosophique qu'il soit, ne me plaît guère : c'est de faire placer sur
la table même un squelette humain. J'en ai vu un construit en argent
et disposé de manière à ce qu'au moyen d'une petite chaîne de
même métal, on mettait en mouvement toutes ses articulations. Le
maître de la maison l'animait ainsi de temps en temps, puis s'écriait
ensuite : « Combien Thomme est peu de chose ! la vie ne tient qu'à
un fil ! voilà ce que nous serons quand l'enfer nous aura engloutis^ ;
parfumons nos cheveux, couronnons-nous de roses, la mort ap-
proche, hâtons-nous de vivre*. »
La plupart des soupers se terminent par le partage aux convives
des restes du dernier service. Chacun choisit ce qu'il veut pour en-
voyer à ses parents ou à ses amis^. Les Mappœ servent à envelopper
ce butin friande
Les dieux de la maison ne sont point oubliés dans le partage :
deux petits esclaves, en tuniques blanches, les apportent et les
1 Suel. Aug. 75. = 2 Petron. .'•.6. = 3 Id. 5i. = * Mart. V, 65. = s Senec. Ep. 77.
— Petron. 60.— Spariian. Caracal. 5. — Capitol. Peilin. 12. =« Mart. VU, 19. (") Pêche,
iiommi^p Persique, parre qu'elle est oiii.'inaire de la Perse.
LETTRE Xlli. 545
posent sur la table, autour de laquelle un troisième promène une
coupe de vin, en disant k haute voix : « Que ces dieux nous soient
propices'!» Ensuite on leur offre des mels, on leur fuit des libations',
on mêle à leur nom le nom de l'empereur ', et l'on prie le ciel de
combler le prince de félicités*, sans oublier de faire des vœux pour
soi-même ^ Alors, si Ton ne veut pas prendre le bain une seconde
fois, usage qui commence k s'introduire \ on demande ses chaus-
sures'' à l'esclave qu'on a amené avec soi, et qui a dû en prendre
soin ® , on lui crie d'allumer la torche®, et l'on se quitte en se sou-
haitant réciproquement la santé du corps et de l'esprit'".
Voilà, cher Induciomare, quels sont les repas chez les Romains.
Si j'avais uniquement voulu t' éblouir, l'étonner par des choses
extraordinaires, je t'aurais parlé d'un souper qui a eu lieu dernière-
ment, et dans lequel on a déployé toutes les ressources de l'art du
mécanicien joint à celui des cuisiniers, pour offrir un spectacle aussi
dispendieux que magnifique. On imagina de disposer la voùle du
Triclinium de manière à ce qu'elle s'ouvrît en deux parties. Au mo-
ment du dernier service, on l'entendit craquer tout d'un coup; les
convives, qui n'étaient point prévenus, voulurent prendre la fuite,
croyant que la maison s'écroulait, (piand aussitôt ils virent descendre
au milieu d'eux un cercle immense, autour duquel pendaient des
couronnes d'or et de petites boîtes d'albàlre pleines de parfums,
I)résenls que le Père du festin leur offrait. En même temps la table
se garnissait d'un service complet, composé de quantité de fruits et
de pâtisseries qui, dès qu'on les touchait, répandaient une odeur
parfumée de safran " .
Mais ce caprice d'un dissipateur ne pouvait figurer dans un récit
où j'ai voulu peindre la coutume générale; si je t'en parle ici c'est
afin que si jamais ce récit arrivait jusqu'à toi par une autre voie que
la mienne, tu ne t'imaginasses pas que je t'ai fait un tableau incom-
plet des habitudes des gens riches de Rome *.
iPetron. 60. =2 Ov. FasI. H, v. 631. —Hor. H, S. 6, v. 66.— Tit.-Liv. XXXIX, 45.
= ^ Ov. Ibid. 637. — Hor. IV, Od. .5, v. 29. —Dion. LI, 19. = * Dion. Ihid. — Pelron.
60. = 5 Tit.-Liv. XXXIX, 43. = « Pelron. 70. — Juv. S. 1, v. 142. = T Hor. U, S. 8, v.
77. — Plin. IX, Kp. 17. — ^ Mari. XU, 89. = » Plut. Sympos. VII, 7. = J» Petron. 61.
— Macrob. Salurn. II, 4. = *' Pelron. 60.
LETTRE XIV.
LES TAVERNES.
L'immensité de Rome est lotijoiirs pour moi une chose merveil-
leuso, et quand du haut du ianicule, 0(1 j'aimo à m'aller promener,
je contemple cette prodigieuse agréf^ation de maisons, j'ai peine à
me persuader que ce soit une seule ville. Les Romains eux-mômes
paraissent être dans cette id('e, car ils ont divis»^ Rome en quatorze
villes contiguës qu'ils appellent Régions, et subdivisé ces régions en
l)rès de deux cents Quartiers. Chaque région a un numéro d'ordre
et un nom emprunté soit à quelque monument, soit à la localité
principale de sa circonscription, soit encore à sa situation topogra-
phique. Quatre régions sont à l'orient, une au septentrion, cinq à
l'occident, deux au midi, et deux au centre des autres ("),
Les régions orientales sont la V^, dite Porte Capène;\a. II*, Mont
Cœlius; la 111% /sis et Sérapis ; etla V*, Fsquiline.
Celle du septentrion est la Vl% appelée Alla semita, le Haut
chemin.
Les cinq de l'occident portent les numéros YII, VIH, IX, XI et
XIV, et sont désignées sous les noms de Voie Lata, Forum ro-
main, Cirque Flaminius, Cirque maxime, et Transtihèrihe.
Les deux régions dites Piscine publique, XII% et Aventine, XII1%
sont celles du midi.
Enfin les deux du centre, situées entre les II* III* V* VI* VIII* et
XI% sont la Palatine, qui est la X*, et la Voie Sacrée, la plus centrale
de toutes, qui est la IV*.
Les quartiers n'ont point de numéro d'ordre, mais seulement un
udin, pris d'un magistrat ou d'un monument', et souvent encore tiré
du genre d'individus qui les habitent. Il serait supertlu de te dire les
deux cents noms de ces subdivisions de Rome , mais je m'arrêterai
à quelques-uns qui sont une vraie topographie morale de la ville,
et prouvent que dans ce monde de maisons il s'est établi une
' p. Vicl. — Sext. Kuf. (le reg. Urb. Roinœ, passim. (") Voy. Lettre U, la carte Site et
Murs de Rome.
LETTRE XIV. 5i7
espèce d'ordre qui ressemble un peu aux classifications du peuple.
Au centre, les quartiers qui avoisinent le Forum romain sont
particulièrement habités par les riches, par les nobles, et par les
industries qui vivent aux dépens de ces deux classes. La plèbe oc-
cupe les extrémités, ce sont les manœuvres et les ouvriers : ainsi,
au boutduCœlius, dans la IP région, on trouve les quartiers des con-
structeurs, des loueurs d'ânes, des ourriers en laine '; dans la V"
région, sur TEsquilin, il y a ceux des brûleurs de cadavres, et
des frottcurs de parfums 2, genre de professions qui vont ensem-
ble ; dans la Vil", au pied du Quirinal, vers la Colline des Jardins,
habitent les éleveurs de chèvres, les herbagers, les affranchis, les pé-
cheurs, les ciseleurs, les constructeurs de litières, les tabletiers * *;
les marchands ambulants peuplent la région Transtibérine, la XI V" '*.
Là aussi sont les porteurs de litières au service des citoyens qui n'ont
ni une litière ni des porteurs à eux. Le quartier qu'ils occupent est
appelé camp des lecticaires^, du peu d'importance de ses habitations,
qui ne valent guère mieux que des tentes ".
Une fois que ces ditïerentes nuances du grand tableau que j'ai sous
les yeux me furent connues, je me livrai à l'examen de quelques par-
ties, et les tavernes, étroits locaux dans lesquels les petits marchands
font leur négoce ou exercent leur industrie, attirèrent d'abord mon at-
tention. Dans une société, ainsi que dans une immense forêv, on aper-
çoit aisément les sommités, mais il est ditTicile de voir ce qui est au
bas. Or, les tavernes sont dans ce cas-là : c'est dans les tavernes que
vivent les petites gens, la plèbe, toute cette foule de travailleurs qui
sont les agents, les fabricateurs, et comme la matière première du
luxe, de la grandeur éblouissante, de la magnificence qui fait de
Rome la merveille du monde. Les tavernes donnent à la ville une
physionomie toute particulière, un aspect très-pittoresque, très- gai,
très-animé. Elles se composent pour fordinaire d'une chambre de
neuf à dix pieds carrés environ,et d'un petit étage au-dessus où loge
le marchand ''. La devanture est occupée par une large baie ouverte
pendant le jour, et fermée la nuit au moyen de planches glissant
dans deux rainures, l'une au linteau du plafond, l'autre sur le
seuiP, * et assujetties ensuite avec une chaîne ^
' viens Slniclovum, — AscUus, — Laiiarius. =: 2 Vicus Usiriiius, — Uiignenlarius. =
'^ Virus Ca|)raiiu<;, — Hcrliaritis, — Liberforum,— Pisrariu?,— Cœlatus,— Srllaritis,— Ta-
bcllaiius. \K Vict. el Si'xl. Huf. de reg. urb. Homœ, passiin. = * Mail. I, 42. — ^ Castra
leclicariorum. P. Virt. de rcg. urb. Romae, XIV. = 6 Conjecture. = '' I). Halir. Ul, 68.
= 8Maz(Jls, Uuin. de Pompeï, l H, p. '«5. ='■» .luv. S. 5, 304.
r>'(K ROME AU SltCLI-: D'AUGUSTE.
Il va dos tavernes dans de simples har.Kiiics de bois converles en
planches et adossées à nne maison '; mais en pénéral les tavernes
t'ont partie d'nne iU-, dont elles bordent la lisière au rez-d<'-cbanssée.
C'est si bien là leur place habituelle que le nom leur en est resté, et
que souvent on dit une Ile pour une larerne*. Quoique dans ces étroits
locaux on mesure pour ainsi dire l'air et le jour à ceux qui les habi-
tent, quoique j)lusieurs n'aient point de logement pour le marchand
et sa famille, qui sont obligés d'aller coucher au faîte de la maison,
dans des cœtincula *, cependant ces cases se louent fort cher, surtout
dans les quartiers du centre ; le produit en est si avantageux, que de
riches propriétaires en font entourer leurs somptueuses et vastes
demeures, pour se créer par là un revenu quelquefois très-considé-
rable \
On trouve des tavernes dans toutes les rues, mais principalement
sur les places publiques * et sous les portiques ^. Le même instinct,
ou la même nécessité qui a conduit telles classes de citoyens ou
d'habitants de Rome à se loger dans tel quartier plutôt que dans tel
autre, a de même réglé, en quelque sorte, la distribution des taver-
nes dans les divers quartiers de la ville, suivant leur nature et leur
genre ; car il y a des tavernes de toutes sortes, depuis celles où l'on
trouve les objets du luxe le plus recherché, jusqu'à celles où l'on
vend à la plèbe les aliments conmiuns dont elle se nourrit.
Les endroits où il existe le plus de tavernes de haut étage, sont d'a-
bord la voie Sacrée, qui passe au milieu des plus opulentes régions;
ensuite le quartier situé au midi du Forum romain, et le Champ-
de-Mars. La voie Sacrée, depuis Tangle oriental du mont Palatin jus-
qu'à l'Arc de Fabius^ est peuplée de tous les fournisseurs des mille
bagatelles brillantes qu'on olYre en présent aux femmes \ telles que
des éventails en plumes de paon, des boules de cristal, des osselets
d'ivoire*, des tablettes à écrire, des coffrets de bois précieux, des
dés, des tables à jouer, et cent autres coliHchets semblables ". Il y
a encore dans cette rue des marchands de drogues médicinales *", et
des ciseleurs".
A partir de l'Arc de Fabius, dans toute la traversée du Forum on
ne trouve plus sur la voie Sacrée que quelques tavernes de ban-
1 Isid. Oiip. XV, -2 = i Di^ipst. XWUI, lit. 7, log. 7. =s Cic. ad Allie. I, 14 ; XU,
32 ; XIV, 9. ^ » Tit.-Liv. XNXV, 40. = •'• D. Halic. UI, 68.- Mari. X, 87. = « Plan
et Descripl. de Rome, n» 127. = ■? Ov. Amor. I, 8, v. 100. = 8 Properl. H, 18, v. 59.
= » Mari. XIV, passim. = '» Van. H. 11. Hl, Ifi. = i> C.rutcr. p. 622.
LETTRE XIV. TAW
quiers '. En effet, le Forum est le centre des affaires sérieuses; on
n'y vient que pour s'occuper de procès, d'intrigues politicjues, de-
nouvelles, de ventes, de prêts, d'usures d'argent, de rembourse-
ments, etc.; on n'a pas le temps d'y penser aux futilités ; voilà pour-
quoi les marchands se sont réfugiés en deçà delArc de Fabius, quar-
tier moins bouillant , moins agité, où les passants peuvent s'arrêter,
voir, et se laisser tenter.
Si le Forum est comme un lieu mort pour les vendeurs d'objets
de luxe, en revanche les taverniers l'ont comme cerné, car à l'autre
extrémité, au midi, dans le Vélabre, Vicus Tuscus est habité par
les marchands de soieries ^ La soie est une espèce de laine très-
tine, que les Sères, peuple d'Asie, récoltent sur les feuilles des arbres
de leurs forêts ^ *. 11 y a encore dans ce quartier des parfumeurs*
et des pigmentaires. Ces derniers sont des débitants de drogues,
telles que la ciguë, la salamandre, l'aconit, les chenilles de pin, la
buprestis, la mandragore, les cantharides °, etc.
Vis-à-vis, ou plutôt en parallèle, au pied du mont Capitolin, der-
rière le temple et le Trésor de Saturne, le quartier d'xirgilète est
peuplé de marchands de chaussures ^ élégantes, dont les jeunes gens
et les femmes se font une parure.
Les taverniers sont encore très-bien placés dans ces deux en-
droits : non-seulement ils se trouvent aux deux débouchés du Forum
de ce côté, mais encore en partie sur le chemin du Champ-de-Mars,
quartier très-fréquenté, lieu de récréation et d'affaires pour la ville,
rendez-vous quotidien des riches bien plus encore que des pauvres.
En se reliant ainsi au Champ-de-Mars, leurs tavernes font comme
une longue traînée de luxe, car dans cette ville aux monuments,
plusieurs des beaux portiques qui la décorent servent encore de re-
fuge à tous ces pourvoyeurs de l'opulence, et c'est, par exemple au
portique des Argonautes ou de Neptune («), livès des SejJta Julia,
qu'on trouve les marchands de riches habits^.
Les environs des Théâtres, des Cirques, des Bains, et générale-
ment de tous les lieux où le peuple se réunit en masse, sont envahis
par les marchands de vins, les débitants d'aliments cuits**, les
salsamentaires, vendeurs de porc salé^ et les bolulaires, vendeurs
» Til.-Liv. 1, 55 ; IX, 7 ; XXVI, 11.— Vilruv. V, 1.— Flor. H, 6.— D. Halic. HI, 68.
— Plan et Desrript. de Rome, n» 130. = '^ Mail. XI, 28. = * Viig. Georg. II, v. 121.—
Plin. VI, 17. ='» Hor. II, S. 5, v. 226 ; II, Ep. 1, v. 269. = s Digesl. XLVIII, lit. 8,
Icg. 2, §3. = 6 Mart.U, 17. = T /rf. x, 87. =» Plaul. Pœnul. piolog. v. 41. — Hor. I,
F.p. 14, V. 21.- Mari. V,7I. = « Snlsamentaiii. Siiei. Hor. \ il. ("Plan de Rome, n" 170.
350 ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
de boudins ^ Dans le Vélabro majetu*, j)i('s du Fornni Piscanum("],
on trouve les pàlissiors, les boucliers^, i:l les niarcjiands d'huile'.
Après le choix de l'enj placement, il y a encore deux choses très-
importantes observées par les marchands pour faire distinguer leurs
tavernes entre elles, c'est l'enseigne, et Y nculifère ou étalage*. L'en-
seigne se compose ordinairement d'un tableau peint à la brosse, avec
de la cire rouge, et représentant soit quoique combat *, soit quelque
figure hideuse*. C'est encore quelquefois un petit bas-relief en terre
cuite, dont le sujet est relatif à la profession du tavernier"'. L'oculi-
fère, supplément ou complément de l'enseigne, consiste dans une
exhibition ingénieusement arrangée, des marchandijies en vente.
Afin de mieux frapper la vue des passants, de séduire les curieux,
de tenter les acheteurs, on leur barre pour ainsi dire le passage en
formant cet étalage sur la façade de la taverne *, en dehors de la
porte, et quelquefois empiétant sur la voie publique.
Les états de luxe sont naturellement ceux auxquels cela réussit
le mieux ; cependant les autres, même ceux qui paraissent se prêter
le moins à ce genre de séduction, ont aussi leur montre : le mar-
chand de vin étale des bouteilles, enchaînées', pour les garantir
contre les voleurs'", et suspend à sa porte un rameau de lierre^'; le
boucher expose sa viande en dehors'^, et quand c'est de la chèvre,
la pare avec quelques petits rameaux de myrte '^ indice que l'animal
dont elle provient a été élevé dans un pâturage planté de cet arbuste,
et que la chair en sera plus tendre; le marchand d'aliments cuits
place des vulves de truie, des foies, des œufs, et en général un échan-
tillon de tous les menus mets qu'il débite, dans des vases de verre
pleins d'eau, où, par un effet d'optique assez simple, ils paraissent plus
gros qu'ils ne sont en effet'*; dans la taverne du salsamentaire, des
centaines de jambons ou de pièces de lard pendent du plafond; dans
d'autres on voit, accrochés aux murs, des bottes de légumes, ou des
fromages ronds traversés dans leur centre par un brin de genêt '^*.
Grâce à cette coutume des petits commerçants, Rome ressemble à
une taverne immense '*.
Chaque espèce de taverne à son nom propre : on nomme Popinœ
1 Botularii. Senec. Ep. 56. =2 pjaut. Curcul. IV, 1, v. 6, 21. = ' W. Captiv III, 1,
V. 29. — l'ian et Ûesciipt. de Home, n" 100. = '■ Oruliferium. Senec. Ep. 33. — -^ Cic
ad Allie. XVI, 11. — Hor. Il, S. 7. v. 97. =« Cic. de Oral. II, 66. — Quinl. Insl. Oral.
VI, 5. — Pliii. XXXV, 4. = ■< Mazois, Ruin. de l'ompei, t. II, pi. 46. = 8 Senec. Ep. 55.
= 9Marl. VII, 60.= "> Conjecluie. — n P. Syi. Scnlenl. = 12 Maii./éirf. = 1 > Alhenae.
XIII, p. 568. = 14 iMacrob. Saliiin. VU, U. = 13 Virg. iMor. v. 56. = 16 Roma magna
taberna fuit. Mart. VII, 60. {<*) Plan de Rome, n" 101.
LETTRE XIV. 551
celles où l'on vend des aliments cuits*. Ce nom vient de la manière
dentelles s'approvisionnent ordinairement : ks popes, sacrificateurs
viclimaires, vendent aux taverniers leur part des victimes, (h; là le
nom de Popinœ donné aux petits établissements où se débitent ces
viandes-. Les taverniers s'approvisionnent encore, mais sans trop
s'en vanter, avec les chairs des sangliers, des cerfs, et des ours,
que l'on fait combattre contre des hommes dans certaines fêtes
publiques. On ne peut songer sans frémir qu'un homme qui mange
de l'ours, e^chale ensuite l'odeur de cette viande nourrie du sang et
repue de la chair d'un autre homme' !
C'est dans les Popinœ que se prépare la nourriture du peuple,
des esclaves* et des artisans. On y trouve tous les comestibles dont
ils composent ordinairement leurs repas : des lupins^ pois cuits à
l'eau, et qui, mangés froids, nourrissent et désaltèrent tout en-
semble^; des ciçers'', autre sorte dp pois qu'on vend bouillis^ ou
frits®; des fèves '" avec leurs cosses ", ou des choux crus, et quelques
autres légumes assaisonnés dans du vinaigre '-; des noix''; ûe.Và po-
lenta de farine"; des bettes *% dont la fadeur naturelle disparait dans
une sauce composée de vin et de poivre*^; des têtes de moutons
bouillies''^, et surtout de la viande de porc'* et des saucisses'^ dont ils
sont grands amateurs*, le tout avec force ail, force ciboule-", et
autres ingrédients extrêmement relevés-', et accompagné d'un pain
grossier-- de froment ou d'orge-^ que Ton nomme pain plébéien-''.
Les petites gens trouvent à se rassasier dans ces tavernes pour
deux as environ-^ ("). Les aliments y sont toujours prêts, et en cuisson
perpétuelle et publique. Une espèce de table en maçonnerie, dans
laquelle sontscellés quatre ^^ urnes "('') , grands vases de terre cuite, qui
servent à conserver les comestibles *, occupe presque toute la devan-
ture de la taverne. En retour d'équerre est un fourneau {') où une
1 Macrob. Salurn. VU, 14.— Hor. II, S. A, v. 62.— Juv. S. 11, v. 81. etc. =2Propeit.
VI, 3, V. 62. — Serv. in^neid. ni, V. 231. = ^ierluli. Apolog. 9.= iHoi'. I, Kp. 14, v.
21. — Cic. in Milo. 24. — Columel. 1, 8. — Senec. Ep. 18. = 3 Hor. Il, S. 5, v. 182.
= 6 piin. XXXV, 10. = " Hor. Ibid. — Pers. S. 5, v. 177. =» Madidum Cicer. Mari.
1, 42. = 9 Hor. Art. poet. v 249. = i» Id. U, S. 3. v. 132. — Columel. X, v. 113. —
Juv. S. 3, V, 292. — Mail. X, 48.= >i Juv. Ibnl. = 12 /6id.— Plin. XIX, 4.= »* Hor. Art.
poel. V. 249. = 14 Senec. Ep. 18. = i^ Mart. XIII, 15. — l'ers. S. 5. v. 115. = '6 .Mart.
Ibid. = "Juv. S. 5, v. 294. = 18 varr. P.. H. Il, 4.— Polyb. Il, 5.— Sirab. V. p. 217;
ou 140, Ir. fr.= i9 Mari. 1, 42.= i» Plaul. Pœiiul. V, .=>, v. 53.=2iIlor. Il, S. 4, v. 62 =
2^ Pers. S. 3, v. 112 = *3 Senec. Ep. 18. = -* Panis plebeius. Senec. Ep. 119. =
2° Uipondio Satur. Senec. Ep. 18. = ^6 Jlazois, Kuin. de Pompei , l. II, pi. 45.=
-'• Digcsi. XXXIII, lit. 7, leg. 15. (") 12 ccnlimes. ('') Vase de la contenance de 13 Jiues
00r>. (< ) Voy. Lettre IX, le Plan de la Jlaison de Mamurra, n» 5.
552 HOME AU SIÈCLE D'AUGLSTE.
femme* fait la cuisine; et derrière le fourneau, trois gradins couvert;,
(le diverses petites mesures de capacité ^
Ces humbles établissements, où il fait une chaleur étoufiante*,
et dans lesquels règne une malpropreté extrême*, sont les asiles de
la joie, le rendez-vous des esclaves ^ qui, pendant que leurs maîtres
soupent en ville, ou se récréent à quelque fêle publique où ils les ont
conduits, viennent les attendre dans ces endroits •, Assis sur des
bancs ^ ils y passent le temps à boire du vin ', surtout du vin cuit de
l'île de Crète **, ou de Yalica, boisson de grains fermentes '"; à manger
des gâteaux", à jouer aux dés'-, à raconter tout ce qui se passe dans
la maison dont ils font partie, et à médire de leurs maîtres, pour se
venger des mauvais traitements qu'ils en endurent'*. Une servante
du lieu récrée aussi quelquefois ces hôtes passagers par une danse
lascive qu'elle accompagne du bruit des crotales'* : c'est une petite
imitation de ce qui se passe chez les riches. Souvent une misérable
courtisane prend une flûte, et la troupe servile se meta bondir'* en
faisant retentir l'air de paroles assorties à la scène de ces ébats'*.
Les Popinœ sont le repaire de tout ce que Rome a de plus vil, de
plus misérable, de plus abject : on y trouve souvent des voleurs, des
assassins, des marmiers, des esclaves fugitifs, parmi des bourreaux,
des faiseurs de cercueils, et des prêtres de Cybèle étendus et ron-
flant à côté de leurs muettes cymbales''', qu'ils vendent quelquefois
pour satisfaire leur intempérance ''. Les maîtres de ces tavernes ne
paraissent pas d'une condition plus relevée que ceux qui les fréquen-
tent, si j'en juge par leur tenue : ils sont ordinairement nus, avec un
simple caleçon '^; les moins misérables ont une tunique de lin -**.
11 y a un autre genre de tavernes pour les gens d'une condition
un peu plus relevée, quoique encore inférieure : ce sont les Thenno-
poles. On y vend des boissons chaudes, du vin cuit, du vin doux, de
l'hydromel et du miel-'. Les habitués des Thermopoles sont ])articu-
lièrement des Grecs, espèce de faux philosophes qui, enveloppés de
leur Pallium, se couvrant soigneusement la tète, et chargés de livres
et de sportules, s'arrêtent pour discourir entre eux à la dérobée,
* On l'appelait Facaria. DigcsI. XXXIII, til. 7. = * Mazois, Ruin. de Pompcï, til. H,
pi. 13. = 3 Juv. S. 11, V. 81. = ♦ ImmundcT popinae Hor. U, S. 4, v. 62; L'nria po-
popiiia. M. 1, Ep. 14. V. 21. = s Ibid. — Cic. in Milo 2-4. — Columel. I. 8. =:: C Plaut.
Pœnul. prolog. v. 41. =" Mari. V, 71. =; » Hoi. I, Kp. 14, v. 21. =» Mari. MM, 106.
— 1" Ibid. 6. — 11 Plaul. Ibid. — Wov. 11, S. 7, v. 102 = I2 Mari. V, 83. — lî Juv. S.
9, V. 105. = 14 Virg. Cop. v. 1. = '5 Hor. 1, Ep. 14, v 25. — ^^ Id. .\il. poel. v. 229.
= 17 Juv. S. 8, V. 172.= 18 Mail. XIV. 204.= i9 Pliilost. vil. Apollon. IV, 42.= 20 /rf.
Fpisl. 2:i. = il Plaul. Pspudol. 11, 4, v. .52: Uud. 11, 6, v. 46.
LKTTRR \iv. r>:u>
vous ferment le passage, et vous assomment de sentences. Ont-ils
enlevé ou amassé quelque chose, ils boivent chaud, en couvrant leen-
tête légère, et quand ils ont bien bu, s'en retournent à demi ivies,
dissimulant leur ivresse sous un air mélancolique '.
Les Tavernes Vinariœ sont celles où des marchands détaillent
aux personnes qui n'ont point de provisions chez elles^ des vins de
toutes qualités^ qu'assez ordinairement ils mélangent d'eau, pour
augmenter leur bénétice*, ce que le peuple de notre pays, si pas-
sionné pour le vin*, regarderait comme un véritable empoisonne-
ment®. Elles sont fréquentées par la plèbe, qui souvent même y passe
la nnif.
Un endroit que je n'ai point mentionné, et où l'on trouve encore
beaucoup de belles tavernes, surtout pour les objets d'art et de luxe,
c'est la Villa publica, particulièrement du côté de la place des Septa
Julia *. Les curieux, les amateurs s'y portent en foule, et la réunion
de ces tavernes, où Rome étale les trésors de son opulence, provoque
bien des tentations, éveille bien des désirs, et double les regrets de
celui que la modicité de sa fortune force de passer devant tant de
belles choses sans pouvoir rien acheter.
Ce fut dans une de ces tavernes que j'appris à connaître la pourpre,
sur laquelle lu me demandes quelques détails. Cette étoffe précieuse
est foncièrement rouge, mais d'un rouge qui varie depuis la teinte la
plus éclatante jusqu'à la plus sombre. Au commencement de ce
siècle on préférait celle qui tirait sur le violet ; puis Técarlate devint
en honneur*. Maintenant on considère comme la plus belle celle qui
a la couleur du sang flgé^ paraît noirâtre de face, et brillante re-
gardée devant le jour '". Cette belle pourpre s'expédie de Tyr, ville
d'Asie '^ Elle est de beaucoup supérieure à l'écarlate qui se fabrique
en Italie môme, à Tarente*^ La pourpre lyrienne est teinte dâusune
liqueur qui vaut plus de mille deniers (") la livre " ; c'est une véritable
essence, obtenue par la cuisson jusqu'à évaporation de quinze par-
ties de liquide sur seize'*. Un poisson de mer, appelé /jowrjore, fournit
cette riche teinture'^; il la porte dans une petite veine blanchâtre
' Plaut. Curcul. II, 5, v. 9. =iC\c. in Piso, 27. — Plul. Marins, ii. — Appian. de
Bell. civ. I, p. 662. = 3 Varr. ),. L. VUI, g 53. — Non. Marcell. v. tabernas. — '* Mart.
I, S7; III, 57. = s Amm. Marcell. XV. 12. — Uiod. Sicul. V, p. 504. — Polya>n. Slra-
lag. Vlil, 25. = "Quodilli venenum esse aibitrabanlur. Amm. Marcel!. Ihid. =' Id.
XIV, 6. = 8 piin. IX, 39. = 9 Ihid. 38. = lûyiirf.—Macrob. Satur. Il, '.. = n Macrob.
Ibid. — Hor. I, Kp. 10, v. 26 ; II, S. i, v. 84. — Tibull. II, 4, v. 28 ; IV, 2 v. 11. —
Plin. Id. 56, 38, 39. =: 12 Plin. Id. 38.= 13 Ihid. 39.= i^ Ihid. 38. =is Ibid. 36. -Vi-
liuv. Vil, 15. :«) 776 f. 50 r,
I. ;23
:,:,\ ROMi' Ail .sii:c[.r dwikuiste.
sitiK'O an niilioii do son i-iisici", et su coiilein- naturelle est un rose
«il).seur. Los pêchenrs làclienl do piondro les pourpres vivantes,
parce que ce n'est qu'au moment de mourir quelles dégorgent leur
suc. On tire les grandes de leur conque pour le leur enlever^ ; les
petites sont éoraséos dans la conque n)ènie, et d'un seul coup, sans
cpioi la liqueur tinctoriale ne vaudrait rien ^. La belle pourpre, qui
est une nuance combinée du violet et de l'écarlaie, s'obtient par
un mélange do deux tiers de suc de buccin, autre poisson de mer,
avec la véritable pourpre ^ On imite cette teinture à Aquinum,
ville du Latium*^; mais un connaisseur un peu exercé reconnaît
aisément l'imitation^.
La Yilla publica fait le malheur de tous ceux qui ne sont pas assez
raisonnables pour régler leurs désirs sur leur bourse. J'y ai vu des
amateurs arrêtés devant des coupes de myrrhe jaspées, devant de
jeunes esclaves, devant des meubles de bois de citre, verser dos
larmes de regret de ne pouvoir les acquérir ^
Un autre, c'est Albius'', après avoir passé tous les étalages
en revue, les avoir mangés des yeux", rassasié de cet examen,
entre enfin dans une des plus riches tavernes. Il examine des
tables, des vases couverts, et des patelles en jolie terre rouge,
fabriquées à Cumes^; des coupes d'argile de Sagonte"* ou de Sur-
rente ^\ demande un riche meuble d'ivoire placé tout en haut de
la montre, prend jusqu'à quatre fois la mesure d'un Hexaclinon (lit
de festin à six places) enrichi d'écaillé, et se désole de ne le point
trouver assez grand pour sa table de citre. Il consulte son nez '^ pour
savoir si des vases d'un vert clair ^' sont vraiment d'airain do Corin-
the*, matière plus précieuse que l'or^* (on a vu un vase de cet airain
vendu aussi cher qu'un fonds de terre'^) ; il critique des statues de Po-
lyclète^" dos plats de la main d'Évandre''' ; se plaint de ce qu'on a
gâté la pureté du cristal par l'alliance d'un verre de moindre valeur.
Cependant il a mis à part dix coupes de Murrhe '" , et il considère
sous toutes les faces ces vases fragiles, que les Romains aiment avec
passion et font venir de TOrient et surtout du royaume des Parlhes*',
où on les fabrique avec une matière cuite au feu^", dont on ignore
iPlin. IX, 36. = 2 7è,d._^lian. de animal. XVI, 1. =3piin. /</. 38. = * M. III, 11.
— Sil. liai VIII, V. 402. = «Hor. I,Ep. 10, v. 26. = 6Mart. X, 80 = ^ Hor. I, S. 4. v. 28.
= 8 0culis comedit. Mari. IX, 60.= 9 Tibull. II, 6, v. 50. — Mart. XIV, lU. = 1» Mari.
/(/. 108; VIII, 6. = 1» Id. XIV, 102. = i2 Hor. I, S. 3, v. 90. = «3 Pausan. XXXVII,
p. 55. =»^ Slal. Sylv. II, 2, v. 68. = '3 cic. pro Sext. Rose. 46. = i» Mari. IX, 60.
= "Hor. Ibid. =i8Mart. Ibid. = 19 Propert. IV, 5, v. 26. — Plin. XXXVII, 2. =
2» Propert. Ibid.
LETTRE XIV. 355
la composition. H les tlaire, car un de leurs mérites est d'être odo-
rants; il se mire dans leurs parois plutôt luisantes qu éclatantes; il
fait admirer à plusieurs personnes qui l'entourent comme ces déli-
cieux calices' sont mélangés de taches^ purpurines et blanches, en-
tremêlées d'une troisième couleur, nuance des deux autres, et où
Ton voit la pourpre tirant sur le feu, et le blanc prenant une teinte
rouge; il vante dans les uns les bords chatoyants et certains reflets
pareils à ceux de Tarc-en-ciel ; dans d'autres des points glaceux^; il
fait observer que dans tous il n'y a rien de transparent*, rien de pâle,
et que nulle part la pâte n'est déshonorée soit par des grains, soit
par des inégalités en creux*. Il aperçoit une de ces coupes plus
grande que les autres, et de la contenance des trois Sextarii (") ; il
la reconnaît pour avoir appartenu à un consulaire, qui, par un excès
de passion, en a rongé les bords ^. Ces objets de luxe acquièrent de
la célébrité, et par conséquent du prix, lorsqu'ils ont été possédés
par une succession d'amateurs de bon goût®. Il marchande le pré-
cieux morceau, qu'en raison de cette circonstance on lui fait la
somme énorme de soixante-dix talents [^) ! « Ce n'est point trop,
dit-il, elle vaut "au moins cela'^. » Le marchand ne se sent pas d'aise de
voir un amateur si facile ; il a peine à respirer tant il éprouve de
contentement, et lâche un peu la ceinture qui tient sa tunique re-
troussée*; un mouvement machinal lui conduit aussi la main à la
bourse qu'il porte pendue au cou'. Mais Albius passe à d'autres
cratères admirablement ciselés "*, il en prend deux qui ont appartenu
à Lucius Crassus auquel ils coûtèrent cent mille sesterces " {'■) ; il s'ar-
rête ensuite à des pendants d'oreille dont il compte les émeraudes
enchâssées dans un fdigrane d'or; il cherche sur chaque tablette de
véritables sardoines, et met un prix aux jaspes de la plus grande di-
mension. Enfin, excédé d'une visite qu'il prolonge jusqu'à la onzième
heure if), il achète deux calices qu'il paie un as ("), et se retire en les
emportant avec lui*^
Tous ces petits marchands qui occupent les tavernes, tous les ar-
tisans qui travaillent dans une officine, sont ici fort méprisés. Ce
mépris s'étend plus ou moins sur la race des commerçants en géné-
» Plin. XXXVn, 2. = 2Plin. Ibîd.—Uan. X, 80. = » Plin. Ihid. = <* Ibid. — Mart.
IV. 86. = 5 Plin. Ibid. — 6 Senec. de Tranquil. anira. 1. = '^ Plin. Ibid. = » Ov. Fast.
V, V. 675. =9 Plaul. Trucui. III, 1, v. 7. = loPropert. 1, 14, v. 2. — Mart. IX, 60. =
•1 Plin. XXXIII, 11. = 12 Mari. Ibid. («) 1 litre 62 centilitres. C") S6.Ï.167 fr.
.') 19,400 fr. {<i) 7 heures du soir. ['■) 6 centimes.
5r.n ROMIC AU S,\\XIE D'AUGUSTE.
rai; celui qui trafique en grand', le Négociant, comme on l'appelle*,
qui exerce une industrie profitable à la république, n'est pas encore
complètement estimé \ Voilà sans doute pomYjuoi il n'y a j^uère à
Rome d'autre commerce que celui de consommation, celui des ob-
jets à l'usage journalier de la vie *. Les citoyens qui veulent com-
mercer en grand et d'une manière lucrative, le font dans les pro-
vinces, en Ligurie °, dans la Gaule ^ en Espagne '', dans la Sicile ^
en Egypte *, en Afrique '", en Asie " et jusque dans les Indes '^
Mais ceux qui se livrent à ce négoce sont en quelque sorte répudiés
par leur patrie, et comme si on ne voulait plus voir en eux des
citoyens Romains, mais des étrangers ", on les appelle Fspagnoh,
Siciliens, etc., suivant la contrée où ils trafiquent'*.
« Je fais cas d'un marchand actif qui travaille à agrandir sa for-
tune'*, » a dit le vieux Caton; on se tromperait beaucoup si l'on
prenait cette parole pour l'expression d'une opinion générale, car
de tout temps les Romains ont eu le commerce en aversion *. Le
peu d'estime qu'ils en font tient à leur origine, et par suite à leurs
mœurs. La petite bande de pâtres fugitifs qui vint fonder Rome sur
le mont Palatin, était habituée à vivre de violence et de rapine.
Lorsque la ville fut constituée en corps d'État, Romulus voulant en-
tretenir chez ses sujets cet instinct guerrier, leur défendit toutes
les professions qui tendaient à les détourner du métier des armes, et
notamment le commerce et les arts mécaniques'^. Le règne pacifique
de Numa ne fut qu'une trêve, après laquelle les agitations de la
guerre reprirent avec une nouvelle ardeur. Rome était trop petite
encore ; il lui fallait ou s'agrandir ou succomber, et par nécessité,
elle devint envahissante. Tu sais comment d'exploits en exploits, et
de conquête en conquête, la vie de la nation romaine ne fut, pour
ainsi dire, qu'un long duel successif avec tous les peuples de la terre.
La guerre devint la pensée constante, l'occupation perpétuelle de
Rome, et quelquefois presque un moyen de gouvernement à l'inté-
rieur. Carrière ouverte à tous, commandée même par les lois sur le
• Cic. de Offic. 1, 42. = 2 Xegoliator. Id. pro Font. 4 ; pro Plane. 26 ; pro Place. 29;
in Verr. H, 3 ; in Valin. 5, ele. = ^ Id de Olfie. I, ki,— *Calo. R. R. 135.— Mart. XIV,
143.= ^Slrab. V, p. 217; ou 140, Ir. h.=^Id. IV, p. 121; ou 16, tr. fr.— Caes. de Bell,
r.all. VU, 3.— Cic. pro Font. 4. = " Sirab. 111, p. 144; ou 409, Ir. fr. — Paul ap. Fest.
V. Corinlhienses. ^ * Cic. in Verr. Il, 3 ; IV, 20; pro Plane. 26. = ^ Sirab. XVH,
p. 793; ou 334, tr. fr. = toPateicul. II, 11. — Appian. de Bell. civ. V, p. 1128. =
1" Cie. pro Place. 29.= »2 Hor. I, Ep. 1, v. 43.— Virg. Georg. 1, v. 57. — Pers. S. 5,
V. 134.= 13 cjp. pro Place. 29. = 1* Paul. ap. Fest. v. Corinlhienses. = 15 Caio. R.
H. proœm. = '«!). Halic. H, 28 : IX, 2."..
I.I<;TTKE XIV. 557
service militaire, on s'y jetait avec d'autant plus d'ardeur qu'un ('tait
encouragé par des succès toujours nouveaux. x\u milieu de cet en-
traînement général, le commerce fut et dut être délaissé; ceux qui
s'y livraient, être méprisés par leurs concitoyens, passer à leurs yeux
pour des gens à sentiments bas, sans énergie comme sans noblesse
dans le caractère ; enfin pour des bonnnes qui dans leurs relations
acceptaient une position d'égalité ou d'infériorité, au lieu de recher-
cher celle du conquérant et du maître, de préférer une profession
qui non-seulement illustrait la patrie, mais pouvait donner en mémo
temps la gloire personnelle, l'aisance, la richesse, et jusqu'à la plus
splendideopulence.Eneiiét si l'on veut examiner l'origine des grandes
fortunes de Rome, on verra qu'elles ont été toutes acquises à la guerre
ou dans les commandements des provinces. Les moyens employés
pour amasser ces richesses sont, il est vrai, indignes, souvent aftreux,
et presque toujours déshonorants; mais à Rome ils ne choquent per-
sonne, excepté peut-être quelques moralistes. On trouve tout naturel
que les généraux étant conquérants, ou envoyés pour régir des pays
conquis, en regardent les peuples comme leur proie, comme leur
butin. Tant que ces peuples ne sont point citoyens Romains, il sont
citoyens conquis, et traités comme tels de génération en généi'ation,
sans prescription ; Rome est toujours prête à répondre à leurs plain-
tes par cette fière parole que nous lui avons apprise : Malheur aux
vaincus !
LETTRE XV.
LES TONDECaS.
Il existe ici un singulier usage, c'est que les jeunes gens portent
leur barbe, et que les bommes faits se la coupent '. Il semble qu'en
arrivant à Tàgc mûr, un citoyen doive mettre tous ses soins à cacher
cette preuve de virilité, cette enseigne de l'expérience et de la sa-
gesse ; en un mot, que les vieux doivent paraître jeunes, et les jeunes
vieux.
Jusqu'à l'Age de vingt ans ^ ou vingt-cinq au plus'', un Romain
laisse croître sa barbe, et pousser sa chevelure, qui flotte en longues
boucles sur ses épaules, ou qui est relevée sur le devant de la tète *.
Une fois la virilité arrivée, il les coupe l'une et l'autre. Cette opéra-
tion, qui constate la sortie de l'adolescence, forme une époque mé-
morable dans la vie : on en fait un sujet de fête et de réjouissances;
les amis et les clients y prennent part, et signalent leur joie par
quelques présents qu'ils envoient au nouvel homme *.
Quand l'empereur, alors le jeune Octave, déposa sa barbe, comme
disent les Romains ®, il célébra cet événement par une fête splen-
dide, et donna un repas à tout le peuple ''.
Un jeune homme, en déposant sa première barbe et ses premiers
cheveux, les recueille soigneusement et les enferme dans une petite
boite plus ou moins riche, suivant son état de fortune '. 11 consacre
ces singulières prémices à quelque divinité, soit Apollon *, soitBac-
chus'", soit même Jupiter Capitolin ", ou bien il les conserve auprès
de ses dieux personnels, que Ton appelle Lares '^.
Autrefois les Romains de tout âge portaient leur barbe et leurs
cheveux *^ L'an quatre cent cinquante-quatre de la fondation de la
la ville, un nommé P. Ticinius Menas eut l'idée d'amener de Sicile à
1 Cic. ad Adic. I, 14.— Juv. S. 6, v. 213; S. 8, v. 166. — Dion. XLVUl, 54.= 2 Suel.
Calig. 10. — Mari. IX, 78. = » Dion. Ibid. = * llor. H, od. 3. v. 25 ; UI, od. 20, v. 14 ;
IV, od. 10, V. 5; Epod. 11, v. 42. = » Mari. III, 6.— Juv. S. 3, v. 186.— Pelron. 73.
= 6 lîyrbam ponere. Suet. Califi. 10 ; Noro. 12.— .luv. S. 3, v. 186. = ' Dion. XLVUI,
34. = »Su(>l. Nero. 12. — Xipliil. Nero. 19. = » Mart. I. 52. — Slal. Tlu-baid. VIII,
V. 495. = "> Stal. Ibid. = ^ Suct. Nero. 12. = '2 l'elron. 29. = «3 Til.-Liv. V, 41.—
Cic. pro Cœlio, 14; de Finib. IV, 25.— Ov. KasI. Il, v. 30.— Hor. il, od. l.">, v. 11.—
Juv. S. 16, V. 51.— Varr. R. R. Il, 11.
LLTTllE XV. ô.'iO
Uonie des harbiors, ou pour parler plus exacleiniîiit, des J'ondcurs,
parce qu'ils coupaient également la barbe et les cheveux ', comme
encore aujourd'hui ^ La mode d'avoir le menton ras et les cheveux
courts régnait depuis longtemps en Grèce, d'où elle avait passé en
Sicile. Elle devint bientôt générale à Rome, et Scipion, le second
Africain, se fit couper la barbe tous les jours '. Il avait alors quarante
ans, et son exemple fut suivi par les citoyens les plus distingués''.
On prétend que dans l'origine, les Tondeurs commencèrent par
exercer leur industrie en plein vent, comme ils le pratiquent encore
pour la plèbe et pour les esclaves ° ; mais bientôt ils eurent des ta-
vernes que l'on appela tonstrines, et qui finirent par devenir ce
qu'elles sont maintenant des lieux de réunion pour les oisifs, les fai-
néants et les nouvellistes, qui s'y rassemblent dans le but de causer
et de passer le temps ^.
Les tonstrines sont très-nombreuses; on en trouve dans tous les
quartiers, dans les plus beaux comme dans les plus vilains, parce
que l'immense majorité des citoyens, à l'exception des riches qui
ont chez eux des esclaves tondeurs "', se sert des tondeurs publics,
et vient à la tonstrine *.
Ce genre de taverne s'annonce par un étalage de rasoirs, de petits
couteaux et de miroirs, étalage plus ou moins simple, suivant la répu-
tation et l'habileté du Tondeur. I^esplus habiles laissent voir quelques
petits couteaux, avec un seul miroir assez étroit; ceux au contraire
qui n'ont aucune adresse véritable, exposent aux regards des passants
une foule de petits couteaux et de grands miroirs. Ce luxe d'instru-
ments n'empêche pas leur inhabileté d'être connue, et ne tente per-
sonne : on vient se mirer dans leurs miroirs , mais en sortant de
faire faire sa barbe et ses cheveux chez leurs voisins^.
Les tonstrines des gens d'un rang un peu relevé sont sur le Forum,
auprès de la Gra3Costase^'', c'est-à-dire adossées au soubassement de cet
édifice '\ et dans le beau quartier des Carènes '^; celles du petit
peuple dans la voie Subui'ane. Souvent dans ces dernières c'est une
femme qui fait l'oftice de tondeuse ". Ces tavernes sont fréquentées
par tout ce que la ville renferme de plus ignoble, des esclaves venant
1 Tonsores. Plin. Vil, 59. — Vair. R. 1!. U, 11. — Mart. VI, 52. = 2 Hor. I, Ep. I,
V. 94.z= 3 Plin. /*(•(/. = 4 A. Gell. III, 4. — 5 Digest. IX, lit. 2, Icg. ll.= 6Hor. I,
Ep. 7, V. 50.— l'iiiul. Asinar. II, 2, v. 94. — Poljb. Hl, 5. = 1 l'iul. f.a-s. 49. — Mari.
VT, 52; VIII, 52; XI, 59. =8Plul. Aulul. IV, 2, v. 52.— Hor. I, Ep. 1, v. 92. — Sener.
de Bievii. vil. 12. i^ 9 Lucian. Advers. indorl. 29.= '" Plul. De Polert. animal, p. 33.
= " Conjerliue. = '2 Hor. l,Ep. 7, v. 50. = 13 Toiislrix.Mart. Il, 17.— CriUer. p. 394.
'.(iO HOML AU SikCLE D AUGUSTE.
aUendre là les enfants quiis ont condnits à l'école', des voleurs, qui "
en font le centre de leurs trames et de leurs criminelles intrigues *.
Des femmes de la plèbe s'y rendent aussi pour s'y faire coiffer*.
Tous les Tondeurs sont curieux et bavards ; pas un événement ne
se passe dans leur quartier qu'ils ne soientles premiersà le connaître,
les premiers à le répandre*. On reconnaît dans ce caractère Fin-
fluence de la société singulièrement mélangée qui se rassemble dans
leurs tavernes, et peut-être aussi le besoin, la nécessité où ils se
trouvent d'amuser les gens qui viennent réclamer leur ministère. Un
jour quelqu'un entre chez un Tondeur, et ce dernier lui demande
comment il veut qu'on lui fasse la barbe : — « Sans parler, » lui ré-
pond-il ^ C'était demander une chose presque pénible.
Voici comment se pratique le service de Tondeur : il commence
par vous olîrir un siège ^, il faut que vous soyez assis pour qu'il
puisse opérer plus sûrement, et vous met autour du cou une pièce
de linge qui retombe sur les épaules pour garantir vos habits \ Puis,
avant de s'embesoigner, il vous adresse la question d'usage, et vous
donne à choisir entre les ciseaux*, le rasoir^, elles pinces"*, parce
qu'il y a des personnes qui se font tondre, d'autres raser, d'autres ar-
racher la barbe ", quoique cette opération soit fort douloureuse '^
Beaucoup se font tondre ou raser certaines parties du \ isage, et épi-
1er les autres''. On se sert aussi pour cette -dépilation d'une pâte
appelée Dropax^'' ou Psilothrum, dans laquelle il entre de la résine,
et qui fait tomber le poil sans douleur '^
Donnez-vous la préférence au rasoir, aussitôt 1" instrument esi tiré
de son étui **; on vous présente un bassin plein d'eau, vous vous
mouillez la barbe pour l'attendrir '^ puis l'opérateur promène sur
votre visage sa lame d'acier, qu'il essuie de temps en temps sur un
sudarium (petite pièce de linge), pour la débarrasser de la moisson
barbue qu'elle a fauchée '*.
Quand on veut se faire parer complètement, le tondeur passe de la
barbe (c'est toujours par là qu'il commence '') à la chevelure. Armé
d'un peigne et de ciseaux -", il retranche tout ce qui lui paraît super-
' Terenl. Phorm. 1, 2, v. 39. = 2 Plaut. Asinar. U, 2, \. 94. = 3 DJon. XLIX, 43.
= 4 Hor. I, S. 7, V. 1. = ô Plut, de Garrulil. p. 25. — « Digest. IX, lit. 2, le^i. 11. =
■^Plaul. Captiv. II, 2, v. 16 ; Curcul. IV, 4, v. 24. — Plut, de C.arulil. p. 25. = » .\xicia'.
Plaul. Curcul. Ibid. = ^ Cullrum. Pliii. Vil, 39. — Xovacula. Petron. 94. — >« Volsellae,
Plaut. Ibid. V. 23.— Mart. IX, 28. — i' Siiet. Aug. 79, 83. — Mart. VII, 82 ; Vlll, 47.—
Senec. Ep. 114. -A. Gell. VII, 12 = '^ Mari. IX, 28. :=Ji/(/. VIII, 47.=»* M. X, 63.
= is Id. m, 74. = 16 Id. XI, 59. = ■'' Plut. Anton. 1. = i« .Mari. XI, 40. = i» Id
VIII, 52. = 20 piaul. Cuirul. IV, 4, \. 21.
LETTIŒ W. .-(>|
flu. Après celte opération il vous frise avec un fer chaud *, et vous
parfume '. Puis il arrive aux sourcils qu'il peigne, qu'il lisse '; aux
narines qu'il épile *; aux bras et aux jambes qu'il traite d(; même %
ou bien dont il brûle les poils à la flamme d'une noix ardente *, et
• qu'il polit ensuite avec une pierre ponce ^ Il finit en vous faisant l(;s
ongles *. On se charge quelquefois soi-même de cette dernière opéra-
lion, mais dans la taverne même du Tondeur ^, et avec ses petits
couteaux"^ que l'on affûte sur une pierre mouillée avec de la s.ilive ".
Pendant que le maître de la tonstrine s'évertue sur votre barbe ou
votre chevelure, vous suivez ses div<,'rses opérations dans un petit
miroir qu'il vous a mis à la main avant de commencer ; vous appelez
son attention tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et vous le faites re-
venir sur les parties qui vous semblent oubliées ou négligées ^^.
Les Tondeurs sont aussi prompts qu'habiles dans leur service, et
manient le rasoir avec une dextérité, une hardiesse, et une légèreté
de main étonnante ''. Il est vrai qu'ils font un apprentissage avec un
fer émoussé, longtemps avant de pratiquer '*,
Depuis que l'on ne porte plus sa barbe ni sa chevelure, les Ton-
deurs sont devenus des personnages indispensables pour tout le
monde ; aussi, il y a quelques années, Agrippa voulant plaire au peu-
ple, fournit gratis, pendant un an, des Tondeurs pour les hommes
et pour les femmes ^^ Ce genre de libéralité a depuis été imité par
l'Empereur '^
Mais entrons chez Licinius, l'un des plus célèbres Tondeurs de
Rome '^ Sa tonstrine, située au pied de la Grwcostase, est toujours
entourée de monde, parce qu'on y voit une pie qui, d'elle-même et
sans avoir été dressée, contrefait la parole des hommes, la voix ou
le chant des bêtes, et jusqu'au son des instruments^*. A l'intérieur,
cette taverne est le rendez-vous des efféminés qui y passent des
heures entières pour se faire arracher les moindres poils qui ont pu
croître la nuit précédente ; pour tenir conseil sur chaque cheveu ; soit
pour qu'on relève leur coiffure abattue, soit pour qu'on ramène sur
1 Ov. Art. atn. I, v. 505. ~ 2 Cic. Catil. H, 10; Pro. Sext. Rose. 46; in Piso. 11.—
A. Gell. VU, 12. =3 A. Gell. Ïhid. — C\r. pro Rose, comœd. l.='>0\. Art. am. I,
V. 520. = MIart. V, 62; IX, 28. = 6 Suet. Aug. 68. =''0v. Art am. I, v. 306.—
Manil. V, v. 150. — » Tibul. I, 9, v. 11. — Mart. lU, 74 ; XIV, 56. — Plaul. Aulul. U,
5, V. 52.— Plut. Brut. 15. =9 Hor. I, Ep. 7, v. 51. = i» Mart. XIV, 36.— V. >!ax. III,
2, 13.= 11 Plin. XXXVI, 22. =12 Mari. VIII, 52.— Senec. de Brevit. vit. 12. = '3 Mari.
VI, 12. — 14 Petron. 94. = is Pendant son édililé, l'an 720. Dion. XLIX, 43. = '6 A la
suite de ses triomphes, l'an 723. Dion. LIV, 2"). = i'? Hor. Art. poet. v. 301. = '* Plut,
de Solerl. anim. p. 33.
T^irl KO.ME AU SIKCLE D'AIJGUSTK.
leur Iront dépouillé les cheveux de droite et de gauche, (iomme ils se
mettent en colère s'ils croient Licinius coupable de négligence !
Comme ils pâlissent do ronrroiix s'il a mal coupé la moindre parcelle
de cette précieuse crinière, si quelques cheveux dépassent les autres;
si tous ne tombent pas en boucles bien égales ! Pas un de ces effé-
minés qui n'aimât mieux voir la répu])li((ue en désordre que sa che-
velure; qui ne soit plus soucieux de l'ajustement de sa tète que de
sa santé; qui ne préférât être bien coiffé plutôt qu'honnête homme.
La chevelure de ces gens perpétuellement occupés entre le peigne et
le miroir ' une fois arrangée à leur goût, devient pour ainsi dire
sacrée pour eux; craignant d'y porter la main, ils n'y touchent plus
que du bout du doigt ; aussi les Romains, pour désigner les luxurieux
et les efféminés, disent-ils : C'est un homme qui se grade la tête d'un
doigt ^.
Je t'entends déjà me dire : « El toi, as-tu conservé tes cheveux et
la barbe ? » Dans les commencements, j'ai résisté à la mode du pays ;
mais enfin il m'a fallu céder aux instances de mes nouveaux amis : ma
chevelure qui, relevée sur le front, s'élançait vers le ciel, est tombée
sous les ciseaux du Tondeur, et ma moustache sous son rasoir^. Un
philosophe cynique, en me voyant sortir de la tonslrine la figure
ainsi dégarnie, me cria dans son brusque langage : « Tu fais donc un
crime à la nature de ce qu'elle t'a fait homme, au lieu de te faire
femme *? » Et je crois que le cynique avait raison.
En (jormanie et particulièrement chez les Catles, les jeunes gens
sont dans l'usage, comme à Rome, de se laisser croître les cheveux
et la barbe dès qu'ils sont adultes, et par un vœu qui les enchaîne à
la valeur, ils ne les coupent qu'après avoir tué un ennemi. C'est sur
son sang et sur ses dépouilles qu'ils se découvrent le front. De ce
moment seulement ils prétendent avoir payé le prix de leur naissance,
être dignes de leur patrie et de leur père. Les lâches, et ceux qui
ne vont point à la guerre, gardent toute leur vie une barbe et une
chevelure hideuses ^. Combien cette coutume de nos frères n'est-elle
pas plus noble que celle des Romains, basée seulement sur un vain
caprice, ou une misérable recherche de parure ?
' Inler peclinem speculumque occupati. Senec. de Brevil. vit. 12. = ^ li.o digito
tdpul scalpcns. Senec. Conirov. X, I; Ep. 52. — Plut. Pomp. 48; deCapiend. ex l.oslib.
ulilit. p. 335. = 3niod. Sicul. V, p. 503. = 4 Atlienae, XUl, p. 565. = 6 Tac. Mor.
(Jeira. 31; Hisl. IV, 61.
LETTRE XVI.
MON EMMÉNAGEMENT. — LES MAISONS A LOYER. — UNE MAISON
DE LA VOIE SUBURANE.
« Quelle que soit l'amitié de l'hôte qui vous donne l'hospitalité,
« vous êles à charge au bout de trois jours. Ne demeurez jamais dix
« jours de suite, carie maître s'en accommodât-il, les esclaves mur-
« murent *. »
Cette sorte d'adage répandu à Rome m'a servi de règle de con-
duite. Chez nous, quand nos provisions sont consommées, nous
conduisons notre hôte au voisin, qui lui fiiit bon accueil, même sans
le connaître^; ici la maxime est tout pour soi; et bien qu'il n'y ait
guère que les riches qui exercent l'hospitalité^, et qu'on ne puisse pas
craindre d'épuiser leur maison, il ne faut user de leur générosité
qu'avec beaucoup de réserve. Je ne dis point cela pour Mamurra; si
je l'écoutais, son hospitium serait ma demeure perpétuelle; je parle
en général, je constate un esprit d'égoïsme rappelé et résumé dans
la sentence qui forme le début de cette lettre, sentence que je n'ai
point prise dans son sens rigoureux, puisque voilà plusieurs mois
que j'use de l'hospitalité de mon hôte. Cependant, malgré ses in-
stances pressantes pour me retenir, je me suis mis à la recherche d'un
logement.
A Rome chaque famille n'a pas sa maison, comme dans notre petite
Lulèce; les riches seuls jouissent de cet avantage : la plupart ont en-
vahi les hauts lieux de cette ville*, dont le sol inégal semble une
image de la société qui l'habite. Mais à côté de ces belles et spa-
cieuses demeures, on trouve dans les vallées des sept collines beau-
coup de maisons collectives, si je puis m'exprimer ainsi, non moins
considérables, et dans lesquelles la foule urbaine, qu'on appelle le
peuple-roi, s'entasse pour passer les quelques heures de jour, et sur-
tout de nuit, où elle n'est pas dehors, dans ce pays où l'on vit tant
dehors. Quiconque a peu de biens occupe un dixième, un vingtième,
souvent moins encore, d'un de ces grands domaines, moyennant une
' l'Iaut. Mil. glor. HI, 1, \. 146. = ^ Tac. nior. Geim. -21. = *(;ic. de Ullic M, 18.
= *Senec. Ep. 84.
564 KOMt: AU SIKCLE D'AUGUSTE.
potite rétril)utioiien ai't;ftnt; on n'a (|iie son mobilier à fournir. Il y a
même certaines de ces maisons où l'on trouve un mobilier tout en
place; le prix de l'usage en est compris dans le loyer. Ces logements
garnis soni particulièrement occupés parles capitcccnsi et les prolé-
taires, qui ne sauraient avoir de demeure, de lare fixe^, comme on
dit, parce qu'ils vivent au jour le jour, que ne possédant rien, ils ne
liennent à lien, et par suite ont l'esprit, le caractère, et les goûts un
peu vagabonds.
Entre ces pauvres citoyens et les riches, il existe une classe moyerme
qui tient à n'habiter que dans un logement à soi, qu'elle possède en
propriété ^ regardant comme une honte d'être ce qu'on appelle in-
quilinus^, locataire. Afin d'éviter cette note, ces demi-riches se
réunissent trois, quatre ensemble, plus ou moins, pour simuler les
opulents : ils bâtissent ou ils achètent à frais communs une maison
dont ils se divisent la propriété ; l'un a le rez-de-chaussée, l'autre le
premier étage, un autre le deuxième, et ainsi de suite*.
Ces demi, ces tiers, ou quarts de propriétaires sont néanmoins
encore en petit nombre comparativement au reste des habitants de
Rome, et l'immense majorité des citadins est sinq)îement locataire.
Les maisons à loyer sont une spéculation, un placement d'argent
très-avantageux, et il est tel riche dont elles forment presque tout le
revenu^. Le nombre de ces maisons et des logements qu'elles ren-
ferment est très-considérable; aussi les propriétaires ont soin de
solliciter la préférence des infjuilini en inscrivant en grosses lettres,
sur les murs de leurs maisons®, l'annonce des logements qui y sont
à louer, leur plus ou moins d'importance, et jusqu'à l'indication du
fondé de pouvoirs auquel il faut s'adresser pour entrer en arrange-
ment. Voici deux de ces annonces peintes sur des maisons voisines
de celle de Mamurra.
DANS L'HÉniTAGE DE JVLIA, FILLE DE SPVRIVS FÉLIX,
SERONT LOVÉS
VN BAIN, VN VENERIVM ET NEVF CENTS
TAVERNES, DES TREILLES
DES COENACVLA, DV PREMIER DES IDES d'AVGVSTE
jvsqv'av six des ides d'avgvste (o)
* Lare cerlo. Hov. I, Ep. 7. v. 58.= ^ Palercul. IF, 128.— Senec. Ep. 70.— .^ppian.
de Bell. eiv. 11, p. 710. = 3 Paterriil.— Senec. /ft/rf. — Digest. Vil, lil. 8. leg. 2, g 1, 4.
= 4 D. Halie. X, 32.— Digcst. Vlll,Ut. 1, leg. 2.— Cod. Justin. Vlll, X, 4, 5.=» Cic.
ad 0. Fiat. 11, 3; Ep. fainil. XIII, 2. = <> ^jazois, Ruin. de l'ompei, t. II, p. 1. =
(") Du 13 au 8 Auguste.
4
LETTRE XVI. 305
POVR CINQ ANNÉES CONSÉCVTIVES.
QVE CF,1,V1 QVI NE CONNAITRAIT PAS LA MAITRESSE DE CE I.IEV
AILLE TROVVER SVETTIVS VERVS ÉDILE '.
DANS l'île ARRIANA
POLLIANA DE GN. ALIFIVS NIGIDIVS l'aINÉ ,
SERONT LOVÉS DV I DES IDES DE JVLIVS (") DES TAVERNES
AVEC LEVRS TREILLES ET DES COENACVLA
ÉOVESTRES. QVE LE LOCATAIRE DE LA MAISON
s'adresse d'abord a l'esclave DE GN. ALIFIVS NIGIDIVS l'aINÉ-.
Les locations étant de véritables aliénations temporaires de pro-
priétés, ne se font jamais que pour une durée déterminée, soit de
plusieurs années, soit seulement de six mois ■\
Tout logement \acant peut être loué n'importe quand ; cependant,
comme il a paru commode, nécessaire même, que les volontés de
ceux qui laissent et de ceux qui cherchent des logements puissent
coïncider, l'usage a établi une périodicité dans les mutations, a régle-
menté, en quelque sorte, l'humeur changeante, les caprices, les vou-
loirs et les impatiences de chacun : ainsi les Kalendes de Quintilis {''),
qui tombent dans la belle saison, sont l'époque généralement choi-
sie pour les locations et les déménagements"^. Alors il y a dans la
ville pendant quelques jours un redoublement d'activité. L'empres-
sement de chacun à profiter de l'époque fatale pour se pourvoir,
fait hausser momentanément le prix des loyers. Afin d'éviter, pour
mon compte, cet inconvénient, je voulus commencer mes recherches
quelques jours à l'avance. Je m'informai quel était le quartier le plus
proche du mont Cœlius où je pourrais me loger à meilleur marché,
et l'on m'indiqua \?ivoie Suburane, qui s'en trouve effectivement peu
distante : elle fait suite à la voie Sacrée, et s'étend jusque sur le
mont Esquilin^. J'aurais bien aimé loger dans les environs du Fo-
rum, mais tous les quartiers qui avoisinent cette place sont envahis
par les magistrats, par les citoyens qui poursuivent les honneurs ou
s'occupent d'affaires publiques ^ et le petit nombre de logements à
loyer qu'on y pourrait trouver sont fort chers. Cette considération
calma mon désir, et je descendis vers Subure.
1 Mazois. Ruin. de Pompei, t. H, p. 1. — Orclli, Insnipt. lai. n» 4323. = ^ Mazois,
7éjrf. — Oielli, Ibid. no4324. = 3 Djgesl. XLMI, lit. 32, leg. 1, g 4.= ^ Cic. ad Q. Frai.
n, 3 ; Ep. famil. XUI, 2. — Suef. Tib. 55.— Mart. XII, 32. — Digest. XIX, til. 2, leg. 60.
= î» Plut. Mar. 52 ; CfPS. 42; Pomp. 66. — Sali. Catil. 40. = « Desnipt. de Rome.
p. 92, 93. f") 1.5 juillet, (fc) 1er j„iiip(.
3(îfi ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
L'aspocl du qiKirtifii" n'a rion du tout do séduisant : dès l'abord
on y trouve dos tondeurs, des cordonniers, et des marchands de fouets
à châtier les esclaves ^ La rue «Uroite, sale, mal pavée, fangeuse,
monte sur TEsquilin par une pente escarpée ^ Je fus sur le point de
revenir sur mes pas; mais une espèce d'instinct d'observateur qui
semblait me dire : « Au moins il faut voir, » me poussa en avant.
Dès que je me fus engagé dans ce misérable défilé, les aboiements
d'une multitude de chiens saluèrent mon entrée ^, et quelques pas
plus loin je faillis être renversé par de longues files de mulets tirant
à force de cordes un énorme bloc de marbre *. Cependant à travers
mille aboiements sans tin, mille bruits qui, plus éclatants qu'ailleurs
en raison de l'étroitesse de la rue, lui ont valu la désignation de Su-
bure la criarde, la bouillante Subure ^ j'arrivai devant un large écri-
teau de location peint sur une de ces vieilles maisons, où, dans une
hauteur de plus de soixante-dix pieds (°), six ou sept étages sont mon-
tés les uns au-dessus des autres®.
Le genre d'habitants qui l'occupaient n'était guère propre à dé-
truire l'impression défavorable que le quartier m'avait inspirée; c'é-
taient, pour la plupart, des courtisanes, dont cette rue est infestée ^;
puis un maître découpeur, chez lequel les esclaves viennent appren-
dre à dépecer les viandes. Il leur montre, axec un fer sans tranchant
et sur des modèles de bois représentant des lièvres, des sangliers, des
gazelles, des oiseaux de Gétulie, à les découper, à en séparer propre-
ment toutes les parties. Le moindre manque d'attention ou d'adresse
est aussitôt puni par les verges et les fouets, de sorte que son école
est un véritable enfer ^ Plus haut , dans un bouge ', je trouvai un
malheureux qui fait profession de mendier un festin, d'y dérober le
plus de mets qu'il peut, et de les accumuler chez lui pour revendre
le lendemain ses larcins de la veille *'*. Le dispensateur de Mamurra
(affranchi chargé des comptes de recette et de dépense) m'accompa-
gnait : « Que viens-je faire ici? lui dis-je presque en courroux, et en
m' éloignant, repoussé par l'odeur qui s'échappait de ce bouge : vous
raillez-vous de moi? — Cette maison est à mon patron, se hâta-t-il
de répliquer; plusieurs des logements vont être libres aux Kalendes
prochaines, et j'ai pensé que vous seriez bien aise de profiter de cette
1 Mail, n, 17. = -Alla Suburiani vincenda esl semita clivi. Mail. Y, 23. =3 Hor.
Epod. 5, V. 58. = ^ Mail. Ibid. = ■> Clamosa Subura. Mart. XII, 18. — FerNens Subuira.
Juv. S. 11, V. 51. = 6 Sliab. V, 235; ou 210, tr. fr. — ' xAIarl. VI, 60 ; XI, 62, 79. =
8 Juv. S. 11, V. 136. = 9 Gurguslium. Suet. de Illust. gramm. 11. — Paul. ap. Fest. h. v.
=>OMart. VU, 19. (") 20 mènes 741.
f.ETTRE \V1. r,(i7
circonstanco pour voir un spoctaclo (|iio vous n'aurez pas s<»uv('iit
occasion de rencontrer. — Ace compte, dis-je, en nw, radoucissant,
continuons notre visite. »
Je montai encore, et en entrant dans un logement un peu moins
misérable, j'entendis des cris de douleur. C'étaient ceux d'une grosse
et robuste Syrienne ou Égyptienne que l'on battait. Une esclave de
cette sorte sait fder, et tra\ailler en linge; elle moud, fend du bois,
nettoie la maison, apprête cliaque jour à manger pour toute la l'a-
mille, et compose ordinairement à elle seule tout le domestique d'un
petit ménage '. J'ignore la faute de la malheureuse, mais notre pré-
sence n'interrompait pas les sévices qu'on exerçait contre elle; je me
hâtai de me retirer, car ici personne n'a rien à dire à quiconque mal-
traite son esclave.
J'entrai dans une chambre située sur le même palier. Là je trouvai
le tableau d'une affreuse misère : un grabat plein de punaises, cou-
vert d'une natte en guise de matelas ^ un coffre ' et une tasse, for-
maient à peu près tout le mobilier de ce chétif logis *. C'était la
demeure d'un grammairien que sa science ne peut tirer de la pau-
vreté ^ et qui mange du pain noir et boit de la piquette. Pour tout
vêtement il n'avait qu'une toge qui lui sert la nuit et le jour ^ et sur
laquelle il dort \ Un ami cependant adoucissait son infortune en la
partageant : c'était son chien ^ J'avais déjà monté deux cents de-
grés'; je ne voulus pas aller plus haut, et je bornai là ma visite dans
cette maison.
En sortant je rencontrai le déménagement d'une de ces familles
du bas peuple qui composent essentiellement la population de la voie
Suliurane'". Trois femmes au teint couleur de buis, dont l'une rousse,
l'autre d'une taille de géant, et la dernière, à tète chauve, qui parais-
sait être leur mère, transportaient à elles seules tout leur mobilier.
On voyait un grabat à trois pieds, une table qui n'en avait que deux,
une lampe, une tasse de corne, un vieux vase de nuitébréché. La
plus grande portait sur la tête une amphore surmontée d'un foyer.
L'odeur empoisonnée qui s'exhalait de cette amphore, annonçait la
présence de quelques vieilles bribes, de restes dégoûtants doués du
parfum de la marée puante. Ces provisions étaient accompagnées d'un
quart de fromage de Toulouse, d'un chapelet de pouliot, que quatre
1 Plaul. Meicat. H, 5, v. 62. = "mari. XI, 57. = 3 Catul. 20, 21. = * Mari. Ibid.
= '° Suet. de l\lusl. grammat. 9. = 6 Mart. XI, .j7. = ''/iid. — Lucrel. H, v. 55.=
8 Mari. XI, 33. = 9 H. VII, 19. = '<> Plut. C. Grarch. 12.
368 ROMK AU SlflCLE D'AUGUSTE.
années ciii moins avaient noirci, «-t d une },Miirlande d'oignons, d'ail et
de poireaux'. Une autre portail à l'épaule un filet rempli de pain^ et
la troisième tenait entre ses bras deux corbeilles de jonc, dans lesquel-
les le peuple met ordinairement son blé^ Enfin, un vieux pot rempli
d'une résine malpropre destinée à servir de remède épilatoire, aclievait
de donner à ce déménagement un air tout à fait respectable *.
En rentrant je contai mon espèce de mésaventure à Mamurra.
— «Si j'avais connu vos intentions, me répondit-il, je vous aurais
« détourné d'aller dans ce quartier, où vous ne pouviez rencontrer
« rien de convenable. — On m'a cependant assuré que Jules-César y
« avait occupé unepetite maison. — Qu'il babita même jusqu'à l'épo-
a que où il fut élu pontife maxime, c'est vrai^; et l'on aurait pu vous dire
« encore, que l'un des Gracchus quitta le mont Palatin pour venir y
« loger aussi, afin de se rendre plus populaire^; mais ce qui détermina
« Graccbus, qui voulait se fourrer au milieu delà plèbe dont il avait
« besoin chaque jour, dont il faisait sa milice, devailau contraire vous
« détourner de cette rue. — Elle ne m' éloignait point trop de vous, voilà
« ce qui me poussa de ce côté. — La meilleure manière serait de rester
« ici ; puisque je ne puis gagner cela sur vous, laissons passer huit
« ou dix joints, puis nous chercherons ailleurs. — Est-ce que les Ka-
« lendes n'arrivent pas après-demain? — Justement. Vous savez que
« l'empressement général fait alors monter les prix ; plus tard ils
« diminueront. Cette baisse est tellement infaillible et ordinaire, que
« beaucoup de gens, qui déménagent au terme, vont habiter pro-
« visoirement dans des jardins pour laisser passer les Kalendes ■■.
« Je ne vous parlerai pas d'aller demeurer à la campagne, où, pour
« le prix que coûte ici un logement ténébreux, vous auriez une
« maison tout entière avec un petit jardin *, car pour n'avoir dans
« la ville qu'un local assez modeste, et encore à un étage supérieur,
« il vous y faudra mettre au moins deux mille sesterces ("), et trois
« mille si vous voulez demeurer en bas {'') ^. »
Au jour dit, je rappelai à Mumurra sa promesse, et nous par-
tîmes en nous dirigeant vers la région transtibérine, habitée aussi
par beaucoup de petit peuple '", mais que je préférai parce qu'elle se
trouve sur la route de notre patrie. Chemin faisant nous entrâmes,
par curiosité, dans toutes les maisons sur lesquelles il y avait écriteau,
1 Mari. XII, 32. = 2 Hor. 1, S. 1, v. 47. = 3 Cuniera. Ibid. v. 53. = ^ Mari. Ibid.
= 8 Suet. Cœs. 46. = 6 piui. c. Grâce. 12. = 7 Suel. Tib. 33. = » Juv. S. 3, v. 22i.
= » Pliil. Sulla, 1. = "> Mari. I. 12. {") 588 fr. ir> c (^^ .-,82 fr. 2."> r.
LETTRE XVI. SOO
même dans celles dont la somptuosité annonçait ne pas devoir nous
convenir. Ainsi nous vîmes des logements de six mille sesterces ("),
un entre autres qu'un sénateur venaitde quitter, nous dit-on, et qui
nous parut bien modeste pour un homme de ce rang *; d'autres de
dix mille (*), qui n'avaient rien d'extraordinaire; plusieurs de trente
mille (*'), mais fort beaux, et convenables pour des magistrats ou des
aspirants aux magistratures ^ En général, le taux moyen de la plu-
part des loyers est de deux mille sesterces environ '.
Nous trouvâmes au sommet du Janicule une petite maison isolée,
modeste et jolie tout à la fois, à laquelle sa situation dans un quar-
tier un peu tranquille, et sa position admirable me déterminèrent à
m'arrêter. Elle est située tout près d'une antique forteresse, bâtie
parle roi Ancus, pour protéger la navigation du Tibre \ De là, je vois
Rome à près de trois cents pieds au-dessous de moi ^ : vers la droite
c'est le Capitole, quelques-uns des grands édifices du Forum romain,
et tout le mont Palatin. Au milieu de cet amas de constructions
vraiment prodigieux, quelques touffes de verdure, indiquant les
maisons des riches, rompent la monotonie du tableau et récréent la
vue. A gauche s'étend le Champ-de-Mars. Je vois entrer le Tibre
dans Rome, et je l'en vois sortir à replis sinueux, comme s'il quittait
à regret la belle reine de l'univers. Cette vue est bornée par un im-
mense hémicycle de montagnes verdoyantes, dont les plus éloignées
apparaissent environnées d'une légère brume bleuâtre, qui les har-
monise avec l'horizon : c'est la chaîne des Apennins. Leurs der-
nières cimes étalent de place en place des tapis de neige qui brillent
sous les rayons du soleil, et bravent jusqu'aux chaleursdu printemps' .
Tout me plaît dans ma nouvelle demeure, même son isolement. Là,
du moins on est vraiment chez soi, tandis que dans ces hautes mai-
sons des quartiers du centre, non-seulement on est dérangé par les
bruits de ceux qui demeurent au-dessus ou au-dessous devons, mais
encore les vis-à-vis voient les uns chez les autres *, et peuvent, de
leurs fenêtres, se parler, et souvent se donner la main ''. Je serai
bien logé, mais il m'en coûtera un peu plus cher : mon loyer est de
dix mille sesterces * ('*).
Enfin me voilà chez moi, avec un mobilier un peu plus nombreux
1 Palercul. H, 10. = 2 Cic. pro Cœl. 7. = 3 Dion. XLII, 51. = * Tit.-Liv. I, 53. —
D. Halie. Hl, 43.— Plan el Dcsrn'pt. de Rome, n» 299. =^ Drocclii, Suolo di Roiiia, p.
212. = 6 Patercul. Il, 14. —Plut. Reipub. gerendae pra>cepl. p. 19-J. = 7 Mail. I, 87.
= s CAr. Ihid. {") I 10'. U: '(.". c. ('" 19V0 f 1 . 70 '<•) .",82-2 fr. C) 1940rr. 70.
I. ?'.
370 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
que je n'aurais voulu; c'est une magnificence obligée, réglée par
l'importance de la location, attendu que les meubles doivent servir
de caution au propriétaire, qui a droit de s'en emparer si ou ne le
paie pas *, petit accident encore assez fréquent ^ Dans l'endroit le
plus apparent de ma demeure, brille la coupe de corne, garnie en
argent sur les bords, seul objet que j'aie emporté de Lutèce. Ce fut
loi qui en ravis la matière au front d'un Urus, dans une de ces
chasses auxquelles s'endurcit la jeunesse Gauloise ^ ; je la conserve
comme un précieux souvenir et de ton amitié et de notre patrie.
Hier, je pris congé de Mamurra. — «Mon cher hôte, lui dis-je, il
« existe dans notre pays un usage ou plutôt un droit de l'hospita-
« lité que vous connaissez sans doute : lorsqu'on quitte un toit
(( hospitalier, si vous demandez quelque chose à celui qui vous a
« reçu, il ne vous le refuse jamais. En même temps, par cette de-
« mande, il acquiert les mêmes droits sur vous \ Voici un anneau
« d'or qui m'a été légué par mon aïeul, voudriez-vous l'accepter et
« me donner le vôtre? — Volontiers, me répondit-il; cet échange
a m'est d'autant plus agréable que la bague que vous m'offrez m'a
« appartenu autrefois. Je l'avais donnée moi-même à votre aïeul
« dans une circonstance semblable, lorsque je traversai le pays des
« Aulerciens ("). Qu'elle soit désormais notre tessère hospitalière,
« quelle achève de serrer les nœuds de l'amitié que nous venons de
« former. J'espère, jeune homme, que malgré la distance du Jani-
« cule au Cœlius, vous nous dédommagerez, par vos fréquentes vi-
ce sites, du trop court séjour que vous avez fait au milieu de nous.
« Je veux qu'avec le temps nous devenions amicissimes '. » Je le lui
promis après l'avoir pressé dans mes bras, suivant notre manière
cordiale '. Il me reconduisit jusque sur le vestibule de sa maison.
Là, il me serra la main droite, et en me quittant, me laissa, suivant
l'usage des Romains, un souhait impératif de bonne santé '.
1 Mart. XTI, 32.-Digest. II, lit. 14, leg. 4; XIII, lit. 7, leg. 11, g 5 ; XLIII, lit. 52.
= *Mart. /6td.— Dion. XLII, 22. = 3 Caes. de Bell. Gall. VI, 28.= * Tac. Mor. Germ.
21. = 5 Amicissimus. Cic. Brut. 71. = « Caes. de Bell. Gall. I, 20. = 7 Vale. Occupât,
et salverejubet prier. Hor. I, Ep. 7, v. 66. (») Il y avait trois peuples de ce nom qui
occupaient, en totalité ou en partie, les départements de la Mayenne-, de la Sarlhe, de
l'Orne, ù' Eure-et-Loir, et de VEure.
LETTRE XVII.
DU DROIT DE CITE ROMAINE.
Il ne suftit pas de vivre à Rome pour être citoyen Romain ; il
faut encore avoir ce qu'on appelle la cité Romaine, c'est-à-dire la
jouissance d'une douzaine de droits particuliers qui sont : le droit
de race et de famille, ceux de milice, de suffrage, dltonneurs, de
liberté, de cens, de mariage, de testament, d'héritage; le droit pa~
ternel, celui de propriété légitime, et celui de tutelle.
Le droit de race et de famille est comme la base et le résumé de
tous les autres. Il date de l'origine de la ville et formait jadis deux
droits très-distincts : le droit de race appartenait aux seuls fondateurs
de Rome. Ceux qui en jouissaient concouraient à l'élection des ma-
gistrats, pouvaient occuper les magistratures, être chargés du culte
public des Dieux *, et môme avoir ou fonder des sacrifices particu-
liers, transmissibles de génération en génération -. Chez eux, ils
avaient le pouvoir conjugal et le pouvoir paternel ; mais le premier
n'était point absolu, et le second s'évanouissait pour les fils à un
certain âge, et pour les filles quand on les mariait ^
Le droit de famille fnt créé pour la deuxième population de Rome,
pour les fugitifs qui vinrent peupler VAsyle et le bas du Palatin *. Ils
ne reçurent qu une partie de la cité Romaine, le droit de concourir
à l'élection des magistrats, sans pouvoir devenir magistrats eux-mê-
mes ^. Leurs mariages, ou plutôt leurs unions, produit du rapt et
de la violence, n'eurent aucun caractère légitime. Leurs femmes,
vrai butin de guerre, n'étaient que des esclaves, et, par suite, leurs
enfants naissaient esclaves ^ Enfin, dans la haute ville, liberté pour
tous, filiation reconnue et consacrée par le nom même de patriciens,
pris par ces citadins exclusivement, et qui signifiait alors que ceux
qui le portaient pouvaient nommer leurs pères ^ ou peut-être jouis-
saient seuls du véritable pouvoir paternel *. Dans la ville basse, au
contraire, esclavage pour tous ou presque tous ; un maître dans
iD. Halic. n, 9.= 2Voy. Lettre XXXMI. = 3 Guérard, Droit privé des Romains,
liv. ni, c. 1 et 16. = » Voy. Lettre IH. = 5 d. Halic. U, 8, 9. = « Guérard, Ibid. c. 2.
= 7 D. Halic. II, 8.— Plut. Romul. 13. =8 Plut. Ibid.
572 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
chaque maison, et des esclaves, famuli : on lornies plus précis, une
famille ot un père de famille *. L'ensemble de cette population, ra-
mas d'individus sans parenté, sans père qu'ils pussent nommer, est
appelé plèbe, et plébéiens ^.
Cette séparation de Rome en deux peuples et comme en deux ci-
tés ne dura pas longtemps; Romulus lui-même l'abolit, soit parce
que les moins favorisés étaient les plus nombreux et les plus forts,
soit plutôt parce que l'inégalité des droits privait son petit Etat de
l'unité qui devait en faire la force. Alors le droit de race fut com-
muniqué aux familles, et celui de famille aux races. Les patriciens
gagnèrent le pouvoir paternel absolu et la tutelle complèle de leurs
épouses ; les plébéiens le droit d'admission aux magistratures, et
une sorte de légitimité pour leurs unions conjugales. Désormais les
deux droits n'en formèrent plus qu'un seul ^.
Cependant l'égalité juridique ne put faire oublier l'inégalité des
origines; les gens de race maintinrent les noms de patriciens et de
plébéiens'', dont peu à peu la signification primitive s'oublia; mais
ils en acquirent une autre, inspirée encore par l'esprit de distinction,
c'est celle dont j'ai déjà parlé, c'est-à-dire que les patriciens sont les
membres du Sénat ou des familles sénatoriales, et les plébéiens le
reste du peuple *. Le temps a introduit aussi une légère modification
dans les termes de race et de famille, que le décret de Romulus
avait rendus parfaitement synonymes : aucune idée d'infériorité
réelle ne s'attache à l'un ou à l'autre ; mais on se sert volontiers au-
jourd'hui du mot famille pour désigner une branche de la race ". Le
mot race s'emploie toujours de préférence pour indiquer une ori-
gine libre, et l'on dit d'un citoyen d'une naissance obscure ou igno-
ble -.c'est un homme sans race"^. Le vieux mot aristocratique a survécu
à la chose ; il se montre encore dans le nom qui désigne tous les
membres des familles issus d'un auteur commun, qui sont appelés
gentils^, de gens, race. Néanmoins, le nom de pères de famille
s'applique aussi bien aux patriciens qu'aux plébéiens.
Depuis dix-sept ans jusqu'à quarante-cinq, tout citoyen romain
peut être appelé à faire partie des légions : c'est là le droit de milice^.
1 Paul. ap. Fest. v. Famuli. = ^ D. Halie. U, 8. = 3 Guérard, Droit privé des Ro-
mains, liv. ni, c. 5. = 4 Tit.-Liv. H, 24i, 27, 33, 53, 39, elc. = ï Plul. Homul. 13.=
"Suet. Tib. 12 ; Nero, 1. — Paul. ap. Fcst. v. (ions. — Anlo. Aug. — Fulv. Lisin. —
Morell.— Ch. Patin, passim. = ^ Sine génie. Hor. U, S. 5, v. 13. = * Gentiles. Cip.
Topic. 6.— Paul. ap. Fesl. v. Genlilis.= 9 Tit.-Liv. XXV, 5; XXVH, 11 ; XLIH, 14.—
Polyb. VI, 4. — n. Halic. IV, 16. — Plul. C. Grarr. 2, .5. — A. Gell. X, 28.
1
LETTUli XVil. 375
L'âge est aussi requis pour le droit de. suffrage et pour celui d'hon-
neurs : c'est encore dix-sept ans pour le premier*, et vingt ans pour
le second, dans les magistratures inférieures; il faut pour les hautes
magistratures un âge plus élevé, gradue suivant leur importance-.
Par une exception unique, il est aussi un âge où ces deux droits se
perdent, parce que la république romaine fut organisée pour être
toujours jeune et vigoureuse : ses magistratures, presque toutes an-
nuelles, donnent une énergie singulière au gouvernement; les ci-
toyens qui ne font que passer au pouvoir, sont empressés de se si-
gnaler pour mériter d'y rentrer un jour, et il n'y a pas un moment
de perdu pour l'ambition '. Afin que rien ne périclite dans un aussi
beau système , tout citoyen âgé de quarante-cinq ans accomplis est
regardé comme trop peu valide pour combattre à l'armée, et à
soixante ans trop vieux pour voter dans les comices*; le législateur a
craint Tengourdissement de l'âge, même pour cette milice pacifique.
Le droit de liberté consiste dans l'inviolabilité de la personne. Un
Romain ne doit jamais être battu de verges, jamais réduit en servi-
tude, jamais mis à mort, en principe du moins *. Je dis en principe,
parce que les délits ou les crimes ne pouvant être réprimés ou punis
que par une atteinte à la liberté ou par la privation de la vie, Fin-
violabilité absolue du citoyen n'est que fictive. En effet, dès qu'un
Romain s'est rendu coupable d'un crime digne de mort, on suppose
que par là même il devient serf de la peine, et c'est comme tel qu'il
subit le châtiment qu'il a mérité ^ S'est-il refusé à servir dans la mi-
lice, il est vendu comme serf^, parce que celui qui n'a pas voulu s'ex-
poser au péril pour conserver sa liberté, n'est point réputé libre *.
S'agit-il de l'exil , une autre fiction rend encore l'inviolabilité illu-
soire ; car au lieu de condamner directement, on interdit au coupable
le feu et l'eau dans sa patrie ®, et on le force ainsi à s'expatrier. La
seule inviolabilité bien véritable est celle de la vie, parce que tout
citoyen peut, en s'exilant lui-môme, éviter une condamnation à
mort ". L'exil lui est proprement un port, un asile pour se dérober
au supplice ".
1 Conjecture. = * Sali. Fragin. UI, § 254, édit. Durosoir. — Voy. Lettres XXVI,
XXXIX, LXX. = 3 jiontesq. Cirand. et décad. des Romains, e. 1. = * Macrob.
Salurn. 1, 5. = s Tit.-Liv. X, 9. — Cic. pro Rabir. 3, 4 ; in Verr. 57, 62, 65. — Sali.
Catil. 51. — Appian. de Bell. civ. Il, p. TSi.^^Servus pœnœ. Diftest. XXIX, lit. 2,
leg. 25, § 3 ; XLVUl, lit. 19, leg. 1 et 17.— Instil. tit. 16, ,§ 1. = '' V. Max. VI, 3, h.
—Non. Marecl. v. Nebulones.— Digest. XLIX, tit. 16, leg. 4, § 10. = * Cio. pro Cœci.
34. = 9 Digest. XLVIII, tit. 19, leg. 2, § 1. — Gaii, I, % 128. — Instil. I, til. 16, § 2. =
'0 Cic. pro Cseci. 34. — Sali. Catil. 51.— Appian. de Dell. civ. IV, p. 1051. = 'U;ic./ijrf.
374 UO.ML AU SlÉCLIi D'AUGUSTE.
Le droit de liberté n'est complètement respecté que dans le peuple
en masse : tout ce qui peut porter atteinte à la liberté publique est
soifAneusement évité, jusque-là, qu'une armée ne peut entrer dans
Rome à moins d'une autorisation expresse des comices, et que cette
interdiction existe même pour un seul citoyen, s'il est revêtu d'un
commandement militaire * !
La cité Romaine est une chose si recherchée, qu'une foule de gens
essaient de l'usurper; mais afin d'obvier autant que possible à ces
larcins politiques, des listes publiques sont ouvertes où les Romains
de condition libre ont droit de se ftiire inscrire. Cette inscription, con-
trôlée par des magistrats, donne la jouissance de tous les autres
droits, elle est la constatation légale de l'état de citoyen. C'est là ce
qu'on appelle le droit de cens ^.
Depuis que le droit de mariage appartient aux plébéiens comme
aux patriciens, à tout le peuple en un mot, il a été soumis à certai-
nes restrictions; ainsi, un citoyen Romain ne doit épouser qu'une
Romaine libre : il ne peut se marier ni avec une esclave', ni avec une
atlranchie S ni avec une étrangère*; totite union avec une autre qu'une
Romaine n'a aucun caractère légitime®, et n'est considérée que comme
une simple cohabitation ^ Il fut un temps où les alliances entre
les patriciens et les plébéiens étaient défendues; mais cette prohibi-
tion, établie par la loi des XII Tables/, ne dura guère que six ou
sept ans, et fut abolie par une loi du tribun du peuple Canuléius ^
Le droit de testament consiste à pouvoir disposer de ses biens
après soi; celui ^héritage rend apte à recueillir toute sorte de suc-
cessions *".
Le droit paternel, que Romulus rendit commun aux patriciens et
aux plébéiens, permettait aux pères de mettre leurs enfants en pri-
son, de les faire battre de verges, de les charger de fers, de les relé-
guer à la campagne pour y travailler à la terre, et de leur ôter la vie
quand même ils seraient revêtus des premières charges, quand même
ils auraient rendu à la république les services les plus signalés. Ce fut
en vertu de cette loi que d'illustres personnages, haranguant sur la
tribune en faveur du peuple contre le Sénat, en ont été arrachés par
1 l'Iul. l'omp. 58. — Lellrc LWI. = 2 Lellre XIX. = > Paul. Sentent, rcrcpl. Il,
lit. 19, § e.-Llpian. lit. 5, § 5. = * Til.-Liv. XXXIX, 9. = S Id. XXXVIll, ÔC.-llor.
m, otl. 5,v. 5. =6 Lllpian. lit. 5, § 9. — Paul. Sentent, recept. 11, tit. 19, § 6. =;
" Contuberuiunj. Paul. Ibid. — ^C\c. de Uepub. Il, 37. — Tit.-Liv. IV, l, /«, 6. —
D. Halic. X, 13.= 9 Cie.— Til.-Liv. ïbid.—Y\o\\ I, 25. = 10 LeUre LXXV.
LETTRE XVII. 375
leurs pères, dans le temps même qu'on applaudissait à leurs discours,
pour subir la punition à laquelle ils jugeaient à propos de les con-
damner. Ils les conduisaient à travers le Forum, sans que personne
pût les arracher de leurs mains, ni consul, ni tribun, pas même le
peuple, en faveur duquel ils avaient parlé, et qui, dans toute autre
occasion, ne connaissait aucune autorité égale à la sienne ^
Romulus permit encore aux pères de vendre leurs enfants comme
des esclaves, qu'il fussent mariés ou non mariés. Numa modifia cette
dernière loi en établissant que les citoyens mariés avec le consente-
ment de leurs parents ne pourraient plus être vendus^; mais les
autres dispositions du fondateur de Rome, confirmées depuis par la
loi des XII Tables ^ sont encore toutes en vigueur, jusqu'à ce ter-
rible droit de vie et de mort, qu'un père peut toujours exercer,
même pour punir des crimes contre l'Etat, et en réclamant l'hor-
rible privilège de se faire l'agent de la justice publique*. Ce fut
comme père, et non comme consul, que le premier Brutus fit mou-
rir SCS fils s; l'auteur de la première loi agraire, Cassius, fut mis à
mort par son père pour avoir proposé cette loi®; et dans des temps
moins éloignés, plusieurs complices de Catilina subirent cette peine
par suite de semblables condamnations domestiques'^.
Aujourd'hui cependant, l'odieux d'une pareille justice doit être
adouci par des circonstances qui commandent d'en user, et Topi-
nion publique se soulève contre ceux qui en font abus; j'ai vu le
peuple percer à coups de stylets un chevalier romain qui avait fait
périr son fils sous le fouet; Tautorité de l'Empereur ne put l'arra-
cher qu'avec peine aux mains acharnées des pères et des enfants* *.
Le droit paternel s'étend sur tous les descendants, non-seulement
enfants , mais petits-enfants et arrière-petits-enfants'. Il ne se perd
que par la fibre renonciation'", ou par suite d'une condamnation,
soit du père, soit du fils, à l'interdiction du feu et de l'eau", à la dé-
portation'', ou à la peine de mort".
Pour les citoyens âgés de moins de vingt-cinq ans , le pouvoir
paternel survit à ses auteurs '* sous le nom de tutelle, au moins dans
tous ses effets civils.
ID. Halic. II, 26, 27. = 2 /è,d. 27. — Plut. Numa, 17. = 3 D. Halic. 7éid. 27.=
4 76»d.— Tit.-Liv. LIV, Epito.— V. Max. V, 8, 5. = » Plut. Poblic. 6. = 6 Tit.-Liv. 11,
41. -D. Halic. VllI, 79.— V. Max. V, 8, 2, 5.— Plin. XXXIV, 14. = ' Sali. Catil. 59.—
V. Max. Ibid. 2, 5. = » Senec. de Clément. I, 14. = 9 Gaii, I, § 128. — Instit. II, tit. 9,
g 5. = 10 Lettre LXVI. = " Gaii Zfttd.— Ulpian. tit. 10, § 5. = 12 jnstit. 1, lit, 12, § 1.
= 13 /Jid. § 5. = 14 En vertu de la loi Plœloria. Mazzochi, lab. Heracl. lat. part. Il,
p. 429, note 78.— Acad. des Inscvipt. nouvel, série, t. XIII, p. 296.
570 HOME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
La tutelle est la force et l'autorité sur une tête libre pour protéger
la personne qui, à raison de son âge ' ou de sa légèreté d'esprit ^ ne;
peut se défendre soi-même. Par la raison que la puissance paternelle
est absolue et ne peut se prescrire, un père a le droit de hi léguer
par testament à un autre citoyen^. C'est presque un devoir pour lui
d'en agir ainsi, s'il a des enfants en bas âge; néanmoins, lorsque,
par impossible, ou par tout autre motif, il n'a rien disi)osé à cet
égard, la tutelle des mineurs ne périclite pas, et des tuteurs leur
sont donnés soit par la majorité des tribuns du peuple, soit par le
Préteur urbain *, magistrat justicier dont je parlerai plus tard.
Un fils de famille majeur de vingt-cinq ans est affranchi de la tu-
telle par la mort de ses ascendants directs ; il n'en est pas de même
d'une fdle ou d'une femme mariée : pour elles, ainsi que je l'ai déjà
dit, la tutelle est à perpétuité. Mais la tutelle de la femme ma-
riée est très-mitigée par la manière dont est choisi son tuteur' : sou-
vent le mari laisse par testament à sa femme non-seulement la fa-
culté de le choisir elle-même*, mais aussi d'en changer une fois, si
le premier qu'elle a pris ne lui convient pas''. Certains maris vont
encore plus loin : ils ne fixent aucune limite à ce changement*, de
sorte que la femme pouvant toujours quitter un tuteur qui la gêne
ou qui lui déplaît, n'est, en réalité, sous la tutelle de personne.
Il n'y a que les gens libres qui puissent posséder légitimement,
jouir du droit de propriété . Et par libres je n'entends pas seulement
ceux qui sont nés hors des liens de l'esclavage, mais ceux qui ne
dépendent de personne, qu'aucun pouvoir domestique ne domine.
Ainsi un citoyen sous la puissance paternelle n'a pas le droit de
propriété légitime, parce que sa condition l'assimile aux esclaves pour
tous les actes de la vie civile , que la propriété qu'il acquiert est
de même nature^ que celle acquise par les esclaves'", et que son
père peut en disposer comme de la sienne propre et particulière".
Le Droit de Cité Romaine est exclusif de tout autre droit de cité :
le citoyen Romain est trop élevé pour pouvoir obéir à d'autres lois
qu'à celles de son pays. Il demeure libre de choisir une autre patrie
s'il veut, mais en renonçant à la première '^ et dès qu'il a été reçu
» InSlit. I, lit. 13, § l.=*Gaii, I, g, 144, 190. = 3 Ibid. g lU. - Llpi;in. til. 11,
§ 14, 15. = 4Gaii. I, § 185. — Ulpiaii. Ibid. § 18, 20. = 5 cic. pro Miirciia, 12. =
« Til.-Liv. XXXIX, 19.- Gaii. Ibid. § 150. = " Gaii. Ibid. g l.ïl, 152, 155. = » Ibid.
155. =9 Til.-Liv. 11, 41. = l" Inslil. IV, lit. 6, § 36.= H Ibid. Il, lit. 9, g 1; lil. 12.
= '-Cic. pro Daibo, il, 12, 15 ; pro GiLi'iii. 54.— C. Ncp. Allie. 5.
LETTKE XVll. 577
citoyen dune ville étrangère, il perd sa cité Romaine' : il ne doit
plus môme porter la toge^.
Ce droit ne peut cependant être enlevé à un citoyen malgré lui,
aucune puissance ne saurait l'en priver, hors les cas de condanma-
tions judiciaires rapportés plus haut. On a plusieurs fois tenté de le
faire, et toujours inutilement ^ Une des plus formidables puissances
qui aient pesé sur le peuple Romain y échoua comme les autres :
sur la proposition de Sylla, dictateur, les grands Comices du peuple
avaient ôté à quelques villes d'Italie le droit de cité Romaine dont
elles jouissaient, et leur avaient confisqué une partie de leur terri-
toire. Cette dernière disposition est restée : le pouvoir du peuple
s'étendait jusque-là; mais la première ne dura pas même autant
que la dictature de Sylla, et ce général, qui venait de conquérir la
république, ne put, quoique appuyé par les Comices, ravir le droit
de cité aux Volaterrans, qui avaient encore les armes à la main contre
Rome*.
Quand un citoyen a perdu sa cité Romaine par un cas de force
majeure non légale, telle que l'absence suite d'un esclavage comme
prisonnier de guerre ^ il peut la récupérer au moyen d'un autre
droit appelé de Postliminie, que l'on conserve toujours, et qui n'est
autre que le retour dans la patrie naturelle, où l'on vient reprendre
son domicile. Un citoyen ne peut user du droit de 'Postliminie que
dans le cas où il n'a pas été banni juridiquement®.
Si le peupleRomainnepeut enlever à quelqu'un son droit de cité,
en revanche, il est tout-puissant pour l'accorder, et il l'accorde en
effet à ceux qui lui rendent des services publics importants''. Ses géné-
raux peuvent aussi faire un tel octroi en son nom, et jamais aucun
des peuples ou des individus qui ont ainsi reçu ce bienfait, ne furent
inquiétés comme ne le possédant pas bien légitimement ^ Il est vrai
que pour constater la légitimité de la concession, on la fait ratifier
d'une manière solennelle sous la forme d'une loi votée dans les Co-
mices par Tribus®. Les noms des gratifiés sont ensuite inscrits sur la
liste des citoyens Romains, tenue par le Préteur de la ville '" ; cette
1 Cic. pro Caecin. 54. = ^ pijn. iv, Ep. ll.= 3Cic. Ibid. 33. 3i ; pro domo. 29.
— '' Id. pro Ceecin. 35 ; pro domo. 30. = 5 Gaii I, § 129. — Ulpian. lit. 23, § 5. —
Instil. I, lit. 12, g 5.= 6 Cic. pro Caerin. 34 ; pro Baibo, 11, 12 ; de Oral. 1, 'lO; Topic.
8.— Digcsl. XLIX, tit. 15.— Fesl. v. Poslliminium.— Ulpian. lit. 10, § i. — Inslil. Ibid.
= 7 010. pro Balbo, 9, 13. = » /ôtrf. 23, 2'< — V. Max.V,2, 8 —Dion. XLI, 2'.. = a|)ioii.
Ibid.— CÀc. ad Allie. XIV, 12. — Til.-Liv. XXVU, 3 ; XXXVIII, 36. ^ i" Cic. pio Arciiia,
3, 4, 12.
378 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
inscription forme leur titre véritable, en cas de contestation*. Les
tables censorialcs n'ont point la même valeur kyale; elles prouvent
seulement que ceux qui y sont portés se donnaient alors pour ci-
toyens Romains, mais non pas qu'ils l'étaient réellement ^
L'Empereur, tout-puissant dans la république, concède aussi la cj^é
Homaine, mais il n'use de son pouvoir à cet égard qu'avec infini-
ment de retenue, afin de conserver le peuple pur de tout mélange de
sang étranger ou esclave'. Tibère son fils sollicitant un jour ce droit
pour un (jrec son client : « Je ne vous accorderai votre demande,
répondit-il, qu'autant que vous m'en aurez démontré la justice. » Il
refusa également à Livie sa femme, qui jouit cependant d'un grand
empire sur lui, le même droit pour un Gaulois tributaire; il ofirit
de le décharger de son tribut, aflirmant qu'il soufiVirait plus volon-
tiers que l'on fit perdre quelque chose au fisc, que de prodiguer le
droit de cité Romaine '*.
La législation a \e\\\é avec un soin extrême à maintenir la pureté
du sang Romain; ainsi, dans l'état de mariage légitime, les enfants
naissent dans la condition du père: s'il n'y a que concubinage, ils
suivent la condition de leur mère: l'enfant d'une Romaine et d'un
étranger, est étranger^; celui d'un citoyen Romain et d'une Latine,
est Latin; celui d'un citoyen Romain et d'une esclave, est esclave*.
Le Droit de Cité Romaine est la faveur la plus insigne que des
étrangers puissent recevoir. Le peuple en a une si haute idée, qu'il
forme à ses yeux une sorte de royauté qui rend le citoyen Romain
respectable à tous les peuples de la terre. La simple exclamation :
Je suis citoyen Romain! doit arrêter toute persécution, tout attentat
contre l'inviolabilité personnelle. C'était le cri des victimes du fa-
meux Verres''; et avec ces pirates que Pompée fut chargé de dé-
truire , c'était encore ainsi que les citoyens capturés réclamaient
hautement la liberté qu'on leur ravissait, cherchaient à se faire res-
pecter, et croyaient sauver leurs jours ^.
• Cic. pro Archia, V2.— '^Ibid. 5. = » Suet. Aug. 40. —Dion. LVI, 53. =* Sud.
/6jd.=:Suipian. lit. 5, §8. =^lUd. § 9, = 7cic. in Verr. IV. 57, 62.= «Plut,
l'omp. 24.
LETTRE XVIII.
LES PROMENADKS DE LA VILLE.
Il y a un quartier de Rome que je préfère à tous les autres, pour
lequel j'ai une prédilection qui date du premier jour où je l'ai vu,
c'est le Champ-de-Mars. J'y vais très-souvent, j'y vais presque tous
les jours. Mon admiration, et l'habitude générale d'aller s'y prome-
ner l'après-midi pendant une heure ou deux, m'y attirent constam-
ment. Les Romains sont grands promeneurs; ils font de la prome-
nade un délassement et un spectacle; ils vont se promener pour voir
et pour être vus : aussi, au lieu de se disséminer, de chercher les
endroits les plus vastes, les plus spacieux, ils se portent tous sur les
mêmes points. La partie bâtie du Champ-de-Mars est leur rendez-vous
ordinaire, parce qu'ils trouvent là de beaux portiques où ils se pro-
mènent à l'ombre ^ Il faut sentir l'ardeur du soleil comme on la
sent ici, seulement quatre ou cinq heures après le lever de cet
astre, pour comprendre tout le charme qu'il peut y avoir à se pro-
mener à l'ombre. Le peuple apprécie fort cette jouissance, et depuis
longtemps, les grands, les riches, les ambitieux, en un mot les
puissants courtisans de la plèbe Romaine se sont efforcés de la lui
procurer; ce fut un des moyens employés pour capter sa faveur.
L'Empereur, 'si jaloux de plaire au peuple, a, dans ce but, fait bâtir,
au Champ-de-Mars, le Portique d'Octavie^ et maintenant il ter-
mine, au mont Esquilin, un autre Portique non moins beau, qui
portera le nom de Livie^.
Voici quels sont, au Champ-de-Mars, les Portiques otferts à l'em-
pressement des promeneurs; je les nommerai par ordre topogra-
phique, en arrivant par la voie Triomphale et le théâtre deMarcel-
lus : Le Portique d'Octavie et celui de Philippe'', situés côte à côte;
vis-à-vis, le Portique de Minucius^ ; sur la droite, celui d'Octavius,
appelé aussi Portique Corinthien ® ; derrière la scène du théâtre de
' Ilor. I, Ep. 1, V. 71 ; 6, v. 26. — Ov. Amor. U, 2, v. 5; Remed. amor. v. 627.
ViUuv. III, 2. — Mari. Vil, 96; XI, 48, etc. = 2 plan et Descript. de Rome, n" 150.
» Ibid. no 16. = 4 Ibid. n" 153. = s ibid. no 145. = «/itd. n" 154.
580 ROMI- AU SIKCLE D'AUGUSTE.
Pompée, le Portique de Pompée^ et Y Nécatonstylon- ; entre les
Jardins d'Aptrippa et le Panth(';on^ le Portique du linn Evénement'*',
enfin, presque en parallèle, au bord de la voie Flaniinia, le Portique
de Neptune ou des Argonautes'^. Je ne compte ici ni les Septa
Julia^, ni les Septa Agrippiana'', les plus vastes de tons les Por-
tiques, parce qu'ils n'ont pas été bâtis spécialement pour servir de
promenades.
Je vais essayer maintenant de te donner une légère idée de la
niagnilicence de ces ouvrages.
Le Portique d'Octavie est un grand parallélogramme de plus de
quatre cents pieds de long, sur deux cent soixante-dix de large (") , en-
viron, composé de quatre galeries en double colonnade à jour. Elles
cnv(^lo[)pent deux temples dédiés l'un à Jupiter, l'autre à Junon, situés
au milieu de cette belle enceinte, et séparés par une voie de soixante-
douze pieds de large C"). Cette voie répond à une espèce de pronaos
ou de porche composé d'une double file de grandes colonnes sur-
montées d'un fronton, et formant l'entrée du Portique du côté du
théâtre de Marcellus. Elle aboutit, par son autre extrémité à un
autre temple situé en dehors des galeries, et qu'on nomme la Curie
Octavienne^ : c'est un monument destiné aux réunions du Sénat.
Les temples de Jupiter et de Junon, ainsi que tout le porche sont en
marbre blanc. Le toit et la partie supérieure des portiques sont
aussi du même marbre, mais les colonnes sont alternativement en
granit rose, et en marbre phrygien, blanc veiné de vert('"). Un hémi-
cycle , adossé à la partie postérieure des temples , forme devant la
Curie une petite place appelée l'Ecole des Portiques, parce qu'elle
ressemble, par sa forme demi-circulaire, à l'École d'un bain^.
C'est l'Empereur qui a bâti, il y a une dizaine d'années, ce magni-
fique Portique auquel il a donné le nom de sa sœur Octavie. Les
temples de Jupiter et de Junon sont beaucoup plus anciens : on les
doit à Métellus le Macédonique ; mais Auguste, en les enclavant
dans sa construction nouvelle, leur a donné une plus grande splen-
deur. Le portique est décoré de statues, et l'École, de superbes
tableux peints par des artistes grecs.
Le Portique bâti par Philippe '", dont il porte le nom, présente
< l'ian cl Dcscripl. lio nonu', n" 160. — ^ Ibid. n<> 161. = 3 Ihid. nos 169 cl 180. =
* Ibid. Il" 181. = s Jhid. n» 179. = " Ibid. n" 177. = " Ibid. n" 46. = » Ibid. n" loi.
= 3 Voy. LctlreXlI, p. 523. = loi'laii cl Dcfcripl, de Komc, n» 155. C) 120 moires
sur 85. C») -21 mtHres .'iO. ['^) Le cipolliii.
•*)\t antii
LE PORTIQUE D OCTAVIE
t la bibliolbc(]ai; OcUvionne .
LETTRE XVIII. 384
h peu près la même disposition et la même étendue. Il y a au centre
un temple consacré à Hercule Musagète.
Le Portique de Minucius^ est peu important, mais celui <ÏOc-
tavius- l'est beaucoup : c'est un des plus anciens monuments de ce
genre , et le premier qui fut fait à double colonnade, Octavius, per-
sonnage consulaire, le construisit vers la fin du sixième siècle. Il le
disposa de manière à en faire une promenade d'été et d'hiver tout h
la fois, en orientant les deux grands côtés de son monument au
midi et au nord, et le coupant, dans le sens de sa longueur, par un
massif qui intercepte les rayons solaires vers le nord, et les retient
vers le midi. Le massif est décoré de niches, de pilastres, et contient
cinq salles circulaires. Rien de mieux entendu que ce Portique, l'un
des plus agréables de Rome, bien que son heureuse disposition soit
maintenant en partie annulée par le théâtre de Corn. Ralbus, qu'on
vient d'élever sur son côté méridional. Les colonnes sont d'ordre co-
rinthien, avec des chapiteaux en airain, si beaux qu'ils ont valu au
monument le second nom de Portique Corinthien.
On donne ordinairement la forme d'un carré allongé, comme la
plus favorable, aux galeries destinées à la promenade; c'est aussi
celle du Portique de Pompée^, le plus vaste de tous en même temps
que le plus agréable. Il se développe autour d'une aire de cinq cent
soixante-dix pieds de long sur trois cent cinquante pieds de large ("),
avec deux rangs de galeries en colonnades sur chaque face. Une
troisième galerie, également en colonnade, divise dans sa longueur
l'aire centrale, qui est très-vaste, et en forme comme deux cours,
chacune ombragée par une avenue de platanes, ornée de statues
d'animaux, et rafraîchie par des fontaines jaillissantes. Des murs, dans
lesquels on trouve de place en place de petits hémicycles avec des bancs
pour les promeneurs fatigués, ferment les galeries de ceinture. Les
parties droites de cette clôture sont enrichies de tableaux des plus fa-
meux peintres de la Grèce. Des voiles en étoff'es attaliques, tissus de
laine* peints à l'aiguille^ et brochés d'or ^ descendent à volonté dans
les entre-colonnements pour garantir les promeneurs des ardeurs du
soleil. Toutes les colonnes, au nombre de plus de trois cents, sont en
granit rose.
Ce portique déjà si grand est mitoyen avec \ Hécatonstylon, ga-
> Plan et Descript. de Rome, n» 145. = 2 Ibid. n» 154. = 3 jn^, „<> 160. — * Sid.
Apoll. carm. 22. = 8 Sil. liai. XIV, v. 659. = « Plin. VIIF, 48 ; WXlll, S. («) 168 mi-
tres 720, sur 105 mètres 600.
382 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
lerie étroite et longue, qui en fait presque partie, et n'a pas moins
de cent colonnes, ainsi que l'indique son nom d'Hécatonstylon.
Le Portique du Don L'vénemenl et celui de Neptune ou (tes An/o-
nautes, sont encore autour de temples, comme celui de Philippe.
Toutes ces galeries se trouvent situées à peu près sur la lisière de
la partie Mtie du Champ-de-Mars, de sorte qu'on peut faire le tour
de ce quartier en passant de l'une à l'autre, et franchissant seule-
ment de petits intervalles; du portique d'Octavie on passe au por-
tique de Philip|je ; de celui-ci an portique Corinthien ; du portique Co-
rinthien au portique de Pompée et à l'Hécatonstylon ; puis, longeant
les Jardins d' Agrippa, au portique du Bon Événement; de là enlin,
après avoir traversé la place du Panthéon, au portique de Neptune.
Presque en face de ce dernier, de l'autre côté de la voie Lata,
Agrippa a commencé, sous le nom de sa sœur Pola, un nouveau
Portique, qui allongera encore cette merveilleuse promenade , sans
en déranger la symétrie presque circulaire *.
Ces galeries, vraiment dignes de la majesté romaine, deviennent des
lieux d'intrigues, à l'heure de la promenade, à cause de l'affluence de
promeneurs et de promeneuses qui s'y portent ^ Un homme recher-
che-t-il l'affection d'une femme : il commence par s'informer des por-
tiques qu'elle fréquente, et il l'y suit assidûment ^ Les amants sont-ils
déjà d'accord, c'est aux portiques qu'ils viennent se rencontrer* : tous
accourent dans ces beaux endroits pour y briller, pour y faire assaut
d'élégance et de grâces". Les petites ruses de l'amour ou de la
jalousie; les manèges delà coquetterie la plus ingénieuse, la plus
timide, et quelquefois aussi la moins déguisée, sont constamment
mises en œuvre. Là, c'est une femme qui dans sa démarche dessine
les contours d'une taille élégante; qui pour montrer une peau
blanche comme la neige, permet au zéphire de se jouer dans sa tu-
nique, de découvrir de temps en temps son épaule et une partie de
son bras®. Plus loin, une autre, vêtue de manière à laisser voir im
sein d'albâtre'' s'avance entourée de servantes vieilles ou laides,
ombres qu'elle met à sa beauté^, ce qui lui est d'autant plus facile
que les femmes ne sortent jamais seules ^ et se font accompagner
1 Plan et Descript. de Rome, n" 49. = 2 Ov. Art. am. I, v. 67 ; HI, v. 387 ; Remed.
amor. v. 627 ; Tiisl. U, v. 285. — Hor. I, Ep. 6, v. 26. — Mart. XI, 48. — Tac. Aa;rirol.
21. = 3 0v. Amor. n, 2, v. 3.— Properl. Il, 18, v. 53. =4 0v. Trisl. II, v. 285.=
8 Propert. IV, 8, v. 75. = 6 0v. Art. am. III, v. 301. =' Propert. II, 18, v. 8.=
8 Mart. VIII, 79. = 9 Plaut. Casin. II. 2, v. i.
LETTRE XVIII. 585
assez volontiers par des esclaves ou des affranchies qui les ont allai-
tées dans leur enfance*. D'un autre côté, c'est un jeune hounne qui
se presse sur les pas d'une dame jusqu'alors insensible à son
amour ^ : tantôt il la devance pour attirer ses regards ; tantôt il quitte
la fde des promeneurs, qui marche toujours lentement*, et vient la
reprendre auprès d'elle*.
Les femmes qui se font remarquer par leurs agaceries sont presque
toutes des courtisanes"*; les matrones, plus sages ou plus retenues,
ne viennent aux portiques que pour le plaisir de la promenade.
A l'exception de la figure, elles sont presque invisibles : une longue
Stole leur descend jusque sur les pieds ^, et en outre une Palla,
ample manteau, les enveloppe et ne permet point de voir leur taille.
Une troupe de gardiens et de femmes les suit et les entoure,
de manière à empêcher la foule d'approcher d'elles''. C'est tout au
plus si dans les gestes multipliés dont les personnes de leur sexe
accompagnent toujours la conversation, elles se permettent l'inno-
cente coquetterie de montrer une jolie main, de laisser voir des
doigts gracieux, brillants d'ongles rosés ^.
La plupart des femmes portent des voiles qui leur cachent à moilié
le visage, moins pour se conformer à l'ancienne coutume qui dé-
fendait aux Romaines de sortir la figure découverte ^ que pour irriter
la curiosité, et prêter à leur beauté le charme d'un demi-mystère '°.
Beaucoup, par une recherche toute voluptueuse, tiennent dans les
mains, pour se. les entretenir fraîches, des boules soit de cristal,
espèce de glace naturelle infusible *S soit d'ambre jaune, matière
qui donne d'abord une fraîcheur douce, remplacée par un parfum
des plus suaves quand elle est échauffée *^ Il y en a qui s'enlacent
autour du col des petits serpents privés, qu'elles laissent flotter sur
leur sein comme des colliers, pour se rafraîchir par le contact de ces
animaux à sang glacial **.
C'est encore aux portiques, et particulièrement à celui de Pompée,
affectionné parla plus brillante société de la ville**, qu'il faut se
rendre pour rencontrer des hommes non moins curieux de leur
1 Ov. Remed. amor. v. 637.— Propert. IV, 7, v. 75. — Juv. S. 6, v. 350. = 2 Ov. Art.
am. I, V. 71 ; UI, v. 301. = s Pompeia lenlus spatiare sub umbra. Ov. Art. am. I, v. 67
= '* Ibid. V. 493. = 8 ibid. V. 50. — « Ibid. v. 32.— Hor. I, S. 2, v. 29, 94. = 7 Hor.
Ihid. V. 98. = 8 Ov. Ihid. HI, v, 275. =9 V. Max. VI, 3, 10 —Plut. Quœst. Rom. p. 82.
10 Tac. Ann. XIU, 45. = " Plin. XXXVIH, 8.— Propert. II, 18, v. 60. = i2Mart. XI, 9.
= 1» Mart. VU, 86. = i* Ov. Art. am. I, 67 ; lU, 587. — Propert. II, 25, v. 45 ; IV, 8,
V. 75.— Catul. 52, V. 6.— Mart. V, 10 ; XI, 48.
384 ROME AU SIÈCLE DAUGUSTE.
parure et de leur beauté que des IVnimes. On les appelle des
Beaux '. Vous reconnaissez un Beau à ses doigts ornés de ba^^ues^;
presque toutes les articulations en sont chargées'; il en a quelque-
fois six à chaque doigt*, et davantage*. En hiver, ces anneaux sont
d'un poids énorme'; en été, d'une extrême légèretés Vous le recon-
naissez encore à ses mains, à ses bras et à ses jambes polis à la
pierre ponce*, et dont pas un seul poil n'altère la blancheur'; à sa
chevelure soigneusement peignée, et parfumée '•* de nard", de baume
ou de cinnamome^-; à son menton [imberbe, ou couvert d'une barbe
touft'ue ", dans ce pays où aucun homme ne porte sa barbe; à la lon-
gueur de sa tunique et aux manches qui couvrent ses bras et même
sa main presque entière'*; enfin à l'éclat de la pourpre et à la finesse
du tissu de sa toge '*, qui se fait aussi remarquer par son ampleur
exagérée '*. Quelquefois il se drape dans un lacernahvuw '", vêtement
militaire'* qu'un reste d'habitude des guerres civiles a mis en usage,
et que beaucoup de citoyens portent de préférence à la toge '*. Enfin
un Beau, à ne le considérer que dans sa parure, est, pour me servir
d'une expression romaine, un homme fait à l'ongle-'^, c'est-à-dire
parfait.
Barrus est le type de cette espèce : il a une célébrité dans son
genre, et dès qu'il paraît, les regards des jeunes filles se dirigent
sur lui^'. Barrus parle d'un ton mou et languissant -S et grasseyé en
parlant *^ Aussi à son aise en public que chez lui, il fredonne les
voluptueuses chansons de Cadix et du Nil. Ses gestes semblent réglés
par la musique. Assis en désœuvré pendant tout le jour au milieu
d'un cercle de femmes, il a toujours quelques mots à leur dire à l'o-
reille. Il reçoit, il écrit, il expédie de tous côtés de tendres missives.
Il sait l'amant aimé de chaque femme, court les soupers, et récite
de mémoire la généalogie des plus fameux coursiers du cirque ".
Barrus a toujours une chaussure dont la peau lui presse bien le pied".
1 Tîellus liomo. Mart. III, 63 ; XII, 39. = * Ov. Art. am. III, v. 446. — Hor. IF, S. 7,
V. 9.— Mart. V, 62. == 3 Plin. XXXIII, 1. — Senec. Xal. Quœst. VII, 31. =* Mart.
XI, 60. = 5 Quint. Inst. orat. XI, 3.= « Plin. XXXIII, 1. = 7Juv S. 1, v. 28. = «Mart.
V, 42.— Maiiil. V, 130. =9 Mart. III, 65; V, 62. = 10 Cie. Calil. II, 10 ; in Piso. 11 ;
pro Sext. Hosr. i6. — Ov. Ait. am. III, v. 443.— Mart. XII, 58. = " Ov. Ibid — i^Mart
VI, 53; XII, 58.= isr.ene barbalus. Cic. in Catil. II, 10. = iiCic. Ibid.— A. Gcll.
VII, 12. = >3 Cic. in Calil. Il, 10 ; Pro Sext. Rose. 46. — Ov. Art. am. III, v. 443.—
Mart. XII, 38. = »8 Hor. Epod. 4, v. 8. — Suet. Aug. 75. = i" Suel. Ibid. 50. — Mart. IV,
2.= 18 Ov. Fasl. Il, V. 745. — Propert. IV, 3, v. 18.- Patercul. II, 80.= '^Suet. Aug.
50. = 20 Ad ungucm faclus homo. Hor. I, S. 3, v. 32.— Acron. in Hor. loc. cil.= 2iHor.
I, S. 6, V. 50. =22 Sener. Ep. 114. = 33 Mart. X, 63. =" Id. 111,65. =^^ Ov. Art.
am. I, V. fil6.
LETTRE XVIH. S85
II change plusieurs fois de laticlave dans la même journée ', et se
croirait presque déshonoré si sa toge n'était bien hislrée par le fou-
lon ^ Jamais il ne sort sans l'avoir arrangée devant un miroir ', sans
en avoir drapé largement le sinus *, partie croisant sur la poi-
trine *, et chaque soir ce précieux manteau est remis en presse •
pour lui conserver des plis si savamment étudiés ''. Dehors, il évite
avec soin le coude importun des passants^. Un Jour ayant eu la struc-
ture laborieuse de sa loge dérangée par quelqu'un qui le heurta dans
un passage étroit, il en fut si irrité qu'il lui intenta une action d'injure*.
On donne encore un autre nom aux Beaux, on les appelle 7'ros-
sules^^, de Trossula, ville d'Étrurie que les chevaliers Romains lors-
qu'ils servaient dans les légions, emportèrent d'assaut sans le secours
de l'infanterie, ce qui leur valut le glorieux surnom de Trossules '^
Tant qu'ils n'abandonnèrent point la milice, cette dénomination leur
fut appliquée dans ce sens; mais dès que quantité de chevaliers
vieillirent à Rome sans voir les armées, on ne prit plus l'expres-
sion que dans un sens ironique, comme une contre-vérité, et c'est
ainsi qu'on l'emploie toujours maintenant ^^
Ces chevaliers Jrosmles ne sont pas moins ridicules que les
Beaux : Rufus se farde, et marche gravement à pas mesurés, afin
d'étaler sa beauté comme un paon qui fait la roue ". Cotilus, au
contraire, s'avance en sautillant, se balance sur ses jambes, se porte
sur la pointe du pied, afin de se donner une taille avantageuse '*.
Mécène (le ministre de l'Empereur) se couvre la tête d'im Pallium,
petit manteau grec qui laisse paraître ses deux oreilles '\ A peine
habillé, en tunique tramante, et sans ceinture'*, comme tous les
efféminés ou les débauchés*'^, (on ne quitte jamais la ceinture que
chez soi'^) il se fait accompagner partout de deux eunuques, assuré-
ment plus hommes que lui.
Sabellus'* se montre avec une barbe coupée par parties : la lèvre
supérieure rasée, et tout le reste dans l'état naturel. Ses habits sont
d'une couleur bizarre. 11 porte une toge transparente, et fait tout
pour attirer les regards; qu'on le ridiculise, qu'on le blâme, Sabel-
lus sera content si on le regarde ^'*.
' Ilor. H, s. 7. V. IO.= ^Sfnec. do Tranquil. anim. 1. = ^ Maciob. Saiur. Il, 9.=r:
* Ov. Uemed. anior. v. 680. = •HSuinl. Instil. oral. \1, 3. = B IMaii. U, 46. = " Terlul.
de Pall. .-.. = s .Mail. II!, 63. — ^ .Mac:ob. .Saliir. II, 9. = m Trossiili. Senec. Fp. 87.
= "Plin. XXXIII, 2. — Fesl. v. Tiossuli.= 12 Scncr. — Plin. lbid.= 13 Peirori. 126.=
I* Seiier. Kp. 111. = 15 /J. Ep. 114. = '« 76-^7. — !Ior. Kpod. 1, v. 34. - Pcrs. S. 3,
V. 31. = IV lior. 1, S. 2, V. 2;;.— M.iciol). }iL 11, .'. = '» l'ers. — Senoc — Hor. ïbid.\ el
II, S. I, V. 73. — Sui^l. (>;. ;.-i. = '■• Mail. \il, 5'J. --. 20 Scskt, Kp. Il 1.
586 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
Le Champ-de-Mars est le rendez-vous général des promeneurs à
pied; les promeneurs à cheval, en char ou en liliùre, vont sur la
voie Appienne *, en dehors de la porte Capène. Ce lieu situé au midi
de la ville est séparé du Champ-de-Mars par la onzième région. On
traverse le quartier des Vélabres, tout le Cirque Maxime, et à deux
ou trois cents pas de ce monument, on trouve la porte Capène qui
débouche immédiatement sur la voie Appienne *. C'est là, sur cette
belle route, que les Trossules viennent montrer leurs brillants équi-
pages^ attelés de mules luisantes d'embonpoint, bien appareillées
pour la taille ainsi que pour la couleur, parées de riches housses de
pourpre et de harnais couverts d'or* ; leurs voitures garnies de ta-
pis précieux"*, ornées d'ivoire, d'airain ®. quelquefois même d'argent
ciselé'', et dont les noms sont aussi variés que les formes : ce sont
des Petorrita^, chars à quatre roues*, imités de ceux de notre
pays'"; des Cisii, équipages légers" auxquels cependant on attèle trois
mules'-; des Covini, voitures entièrement couvertes, que l'on con-
duit soi-même'^; des Rhedœ, autres chars à quatre roues'*, où l'on
lient deux personnes''*; des Caruccœ^^, voitures élevées '''; des Es-
seda^^, chars légers '^ des Vehkula'^^ ; d'autres encore dont j'ignore
les noms, et qui presque toutes sont dirigées par un esclave^*;
Les plus belles voitures sont attelées de quatre chevaux-^
La plupart de ces promeneurs se font précéder par une troupe de
cavaliers Numides qui soulèvent des flots de poussière, et font écar-
ter la foule sur leur passage -^ On croirait qu'ils courent à quelque
affaire pressée, ou qu'ils volent à la conquête d'une province. Les plus
modestes se contentent de lancer devant leurs chars-* rapides^* un
seul coureur à tunique courte^*, ou bien une troupe de chiens mo-
losses parés de colhers".
Les élégants qui se montrent en litière sont élevés sur les épaules
de six et huit lecticaires ou porteurs^', tous beaux hommes^', vêtus
1 Hor. Epod. 4, v. U; I, Ep. 6, v. 26. = 2 pian ot Descript. de Rome, n" 4. =
3 Hor. 1, Ep. 6, V. 26. = '' Senec. Ep. 87. = S DiResl. XXXIII, tit. 10, leg. 5, § 1.—
Propert. lY, 8, v. 23. = 6 Vospic. Aurel. 46. =' Ihid. — l'Un. XXXlll, ll. = 8 Hor. I,
S. 6, V, 104.= 3 Fesl. v. Peloritum. = i» A. Gell. XV, 30.= '' Cic. pro Sext. Hosc.
7; Philipp. H, 31.— Senec. Ep. 72.— Virg. Caialect. 8. = i'- Auson. Episl. VUl, 5. =
13 Mart. XU, 24. = il Isid. Orig. XX, 12.= 13 Cic. pro Milo. 10 ; ad Attic. V, 17. —
Hor. Il, s. 6, V. 42. = 16 Suel. Ncro. 30.— Plin. XXXUI, 11.— Mart. XII, 24. = 1'' Amm.
ftlarcell. XIV, 6.= 18 Cir. Philipp. II, 24 ; ad Allie. VI, 1. — Suet. Calig. 26; Galb. G,
8. — Mari. XII, 24. = i» Ov. Ponl. II, 10, v. 3'(. = 2o Varr. L. L. V, ,§ 140.— Plin. VII,
Ep. 21.— A. Gell. XV, 4. = *' Mari. Ibid. = 22 Hor. I, Ep. 11, v. 29. = 23 jiarl. X, 13.
— Senec. Ep. 87 et 123. = 2'* Mart. XU, 24. = 2» Qv. Pont. I, 8, v. 68. = «« Mari.
Ihid. = 2v Properi. IV, 8, v. 24. = 2» Senec. de Const. Sapient. 14. 29 M. Ep. MO.
LETTRE XVIII. 387
de magnifiques Penulœ^, espèce de tunique fermée de toutes parts
avec des ouvertures pour la tète et pour les bras 2, et ornée par en
bas de longues franges*. C'est un habit porté par les citoyens en
voyage*, et les Trossules ne craignent pas de le prostituer à des es-
claves *. Rien ne leur coûte pour llatter leur vanité : ces magnifiques
marcheraient volontiers sur la face de leurs concitoyens ^
Les femmes viennent également embellir cette promenade ; mais là
comme ailleurs les rangs sont fort mêlés ; il n'est pas rare d'y rencon-
trer des femmes galantes', des courtisanes, qui dans tout l'éclat de la
jeunesse ou de la beauté^ et montées sur des chars ornés de soie, dont
elles-mêmes, penchées sur le timon , dirigent les rapides coursiers,
semblent conduire en triomphe' Tamant qu'elles sont en train de rui-
ner *". On ne se douterait pas en voyant de pareilles scènes, qu'il y eut
autrefois une loi qui défendait aux femmes de se servir de chars,
quand elles ne s'éloignaient pas à plus d' un mille (") de la ville, à moins
que ce ne fût pour aller à un sacrifice " ; ni qu'il y a moins de quarante
ans , Jules-César interdit les litières à celles qui n'avaient ni mari
ni enfants, à moins qu'elles ne fussent âgées de quarante-cinq ans*^.
L'équipage des Matrones a quelque chose de plus majestueux, et,
sans faire autant de fracas, annonce cependant le train d'une grande
maison. Une matrone se fait promener soit dans un Carpentum,
char à quatre roues dont les femmes de son rang ont seules droit de
se servir'* , ou bien dans une chaise découverte, où elle est étendue *^,
le corps un peu relevé sur le bras gauche*^ qui foule un coussin de soie
rempli du plus moelleux duvet *^ Dans le cortège qui l'accompagne,
il y a deux esclaves qui ne quittent pas ses côtés: l'une, la suivante",
porte un parasol de toiles tendues sur de légers bâtons *^ à l'extré-
mité d'un long roseau des Indes; au moindre signe, elle dirige sur
sa maîtresse l'ombre du mobile abri*^ La seconde, la porteuse d'é-
ventail^^, tient une espèce de palme en plumes de paon-^ qu'elle
» Senec. de Benef. lU, 28. = 2 Dotlari, Muse. Capitol. 3, fol. 9i. — Ferrer, de Re vest.
il. 7, part. 2. = 3 Cornut. in Pers. S. 1, v. 54. — Isid. Orig. XIX, 24. =4 Cic. pro
Mile. 10 ; ad Atlie. XUI, 33. — Suet. Nero. 48, etc. — s Senec. de Benef. III, 28. ; =
6 Incedunt per ora vestra magnifici. Sali. Jugiut. 31. — Ùua quisque per ora cederet.
Hor. II, S. 1, V. 64. =' Cic. pro Cœlio, 14. = » Propert. II, 23, v. 44.== 9 Id. IV,
8, V. 17. = 10 Ibid. — Hor. I, S. 1, v. 53. ^ " V. Max. IX, 1, 3. — Gros. IV, 20. =
12 Suet. Cœs. 43. = i3 Tit.-Liv. V, 25.— Suet. Tib. 2.— Fest. v. pilenlis. = i'» Senec.
de Benef. I, 9. = 13 Ov. Art. am. I, v. 491. — i^ Senec. Consol. ad Marc. 16. — .luv,
S. 1, V. 139 ; s. 6, v. 353. = n Pedisscqua. Plaut. Asin I, 5, v. 31. — Juv. S. 6, v. 3.-.4.
— Digest. XL, leg. 59. — 18 Ov. Art. am. Il, v. 209. = i» Paciaudi, de Umbell. gestat. 7.
— -" Flabellifera. Plaut. Trinum. II, 1, v. 22. = 21 Pitt. d'Ercol. t. III, lav. 35. !- Pro-
pert. II, 18, V. 59.— Montfauc. Antiq. Expliq. «iupplém. I. 1. pi. 12. ") liSl nuMres.
388 nOMK AU SIÈCLE D'AUCUSTK,
agitfi devant la danio, afin de lui procurer de la fraîcheur et d'écarter
les mouches importniios. Quatre coureurs' noirs , indiens^ ou afri-
cains', précèdent la litière. Un tissu de la toile la plus fine et la plus
blanche d'Egypte leur entoure les reins*, et, pour faire ressortir
encore mieux l'ébène de leur peau, ils ont sur la poitrine despha-
lères'^, plaques d'argent poli en forme de croissant ^ et autour des
bras des anneaux de même métal'. Deux esclaves blancs, ordinaire-
ment des Liburniens', marchent derrière la chaise, tout prêts, quand
elle s'arrête, à placer de chaque côté un petit marchepied , afin que
la dame n'ait pas même besoin de faire un signe pour indiquer de
quel côté elle veut descendre. Quelquefois c'est un ami de la dame
qui tient son ombrelle ^
L'éclat de ce tableau si animé est encore augmenté par les départs
ouïes arrivées des gouverneurs de provinces. La voie Appienne abou-
tissant à Brindes, point de communication avec la Sicile, la Grèce et
beaucoup de pays d'outre-mer '", est très-fréquentée par ces illustres
envoyés. Une nombreuse suite les accompagne", et se trouve grossie
par la foule des citoyens accourus au-devant d'eux s'ils rentrent à
Rome, ou sortis pour les conduire à quelque distance s'ils par-
tent'*. Les Ucteurs marchent en avant de ces groupes '^ Cependant,
excepté cette espèce de voyageurs ou de promeneurs, il ne faudrait
pas juger par l'apparence de tous ceux qui brillent sur la voie Ap-
pienne: on risquerait fort de se tromper; souvent les personnages
qui font le plus de bruit, qui étalent le luxe le plus élégant, sont de
misérables affranchis tout cicatrisés de coups, et dont l'opulence est
un scandale publie.
Hier je fus témoin de la mésaventure d'un de ces beaux prome-
neurs: il avait un équipage presque royal; sa main brillait de l'éclat
d'une sardoine'*; rien n'égalait la blancheur de sa toge, et par des-
sus, il portait un lacerna, espèce de manteau qui s'agrafe sur l'é-
paule gauche '% et qui était en poiu'pre lyrienne. Les ])lus suaves
parfums embaumaient sa chevelure; ses bras étaient soigneusement
polis et épilés; Tagrafe de sa chaussure se pliait en forme de crois-
sant, comme celle des sénateurs, et son pied reposait sur un bro-
1 Pciron. 2S. = 2 Tilmll. U, 6, v. 57. = ^ Mai r. X, C. = * Ibid. ; XII, 24. = ■■> IV-
iron. 28. — Sil. liai. XV, v. 2.">.".. = « F;il>i(l(i, Colur.in. Traj. p. 221. — Visroiili,
Musco l'io-CIcmonl. I. V, p. 8. = " Sud. Niro. 50. = ^ Juv. S. 5, v, 2i0. = s 0\.
Alt. am. Il, V. 209. = I". Voy. Lellre I.V. = n Cic. in Piso. 25. — Ti!.-J.iv. XXVIl,
40.= '2 Hor. Epofl. H. = i > Cic. ad 0. Froi. ï, 1.— Suet. Cop?. 7t. = »'• Mari. II. 29.
— is Fpiiar. d? T?c v<"=l. U, 1, 2",.
LETTRE XVIII. 389
dequin d'écaiiale. Enfin, pour compléter sa parure, il avait collé
sur son visage de petites mouches, avec lesquelles les élégants croient
ajouter à la grâce de leur figure. Une de ces mouches vint à tomber :
que vit-on ? le honteux stigmate dont on marque les esclaves fugitifs ' !
J'ai dit en commençant que les Komains font de la promenade un
délassement et un spectacle; les plus jiraves en font aussi une af-
faire. Dans cette ville où Ton ne peut être quelque chose qu'à force
de se mettre en avant, qu'en ouvrant sa maison à tout le monde,
qu'en descendant tous les jours au Forum, la promenade devient le
complément et l'auxiliaire de cette vie de fracas, d'importance et de
brigue. Un homme qu'on ne verrait pas dans les endroits de délas-
sement où se rend indistinctement toute la société , serait à demi
oublié: une partie de la ville ne le connaîtrait point, car les femmes
ne vont ni aux salutations, ni au Forum, et cependant elles n'en
jouissent pas moins d'une très-grande influence. Il faut donc que le
citoyen politique, si je puis ainsi parler, se montre dans ces lieux
d'oisiveté, pour lui lieux d'affaires, parce qu'en s'y promenant il pra-
tique de fait une sorte de petite candidature générale auprès des oi-
sifs et des futiles, partie notable de ce public, de ce peuple, sans le-
quel on n'arrive à rien. Les promenades sont un terrain neutre, où
par la raison qu'on y rencontre toute la ville, on peut, sous les ap-
parences de simples politesses, préparer de sérieuses candidatures,
habituer tout le monde à soi, et soi à tout le monde. Le temps que
beaucoup de gens sérieux paraissent y perdre est donc mieux em-
ployé qu'on ne croirait.
Il m'a fallu bien des petites observations personnelles, bien des
révélations indiscrètes ou malignes de mes amis avant que je sois ar-
rivé à comprendre cela. Mamurra me racontait un jour que dans la
campagne qu'il fit en Espagne avec César, des Vettons, nation voisine
des Celtibères, étant venus pour la première fois au camp des Ro-
mains, et voyant quelques officiers qui allaient et revenaient sur leurs
pas pour le plaisir de la promenade, les prirent pour des insensés, et
offrirent de les reconduire à leurs tentes. En vérité, avant de con-
naître les mœurs des Romains, j'aurais volontiers fait comme les
Vettons, car j'avais, comme eux, quelque peine à m' imaginer qui;
dès qu'il ne s'agissait plus de combattre, on pouvait mieux faire que
de rester en repos ^.
' Mail. U, -29, = 2Stial). 111, j.. lC->, 16i; ou IVi, ISl Ir. fr
LETTRE XIX.
LES CENSEURS. — LA REVUE DU SENAT, DES CHEVALIEhS,
ET PU PEUPLE.
La plèbe Romaine a un caractère bien remarquable, celui d'une
extrême impressionnabilité, qui en fait un être rempli de contrastes,
susceptible, en même temps, de tous les sentiments nobles et élevés,
et tributaire des plus déplorables passions ; ferme, généreux, spiri-
tuel, plein de sens * ; puis faible, fantasque, injuste, superstitieux
jusqu'à la stupidité, cruel jusqu'à la férocité *. Je l'ai vu, il y a quel-
que temps, dans les transports de la joie la plus immodérée à propos
de la puissance tribunitienne décernée à l'Empereur. Ces jours-ci
peu s'en est fallu que cette même plèbe ne se portât aux plus sangui-
naires violences contre le conseil suprême de la république : elle a
cerné, assiégé la maison du Sénat ; elle a tenu les sénateurs enfermés
dans la curie, en menaçant de les y brûler s'ils ne décernaient à l'Em-
pereur la Dictature, abolie depuis plus de vingt ans! Comment tenir
contre une aussi terrible sollicitation ? Le Sénat a cédé. Le décret
rendu, cette plèbe s'est portée au Palatin pour y tenter contre Au-
guste une autre scène de violence : « César, » lui crièrent-ils, en pous-
sant devant eux vingt-quatre licteurs qu'ils avaient ramassés à lahâte,
« César, nous t'apportons la dictature ^ » Le chef de l'empire, soit
respect pour la légalité, soit plutôt parce que ce titre pouvait le rendre
odieux aux citoyens, sans lui donner plus de puissance, répondit
qu'il n'accepterait jamais une magistrature qui avait été abolie comme
hostile à la liberté. Ses paroles produisant peu d'effet et se perdant
au milieu des cris de la foule, il prit une posture suppliante, mit
un genou en terre, ouvrit sa tunique, et découvrant sa poitrine, fit
signe qu'il se laisserait tuer plutôt que de céder *.
Tu seras bien surpris, cher Induciomare, quand je te dirai l'ori-
gine de cette horrible émeute de servilité : depuis la fin de l'an der-
1 Plut. Calo maj. 16, 19; P. ^Emil. il.— Tit.-Liv.m, 41 ; IV, 6.— V. Max. HI, 7, 5,
8. — D. Halic. XI, 66. — Appian. de Rell. civ. IV, p. 976, 986, etc. = 2 Plut. lîrut. 20.
— Dion. XL, 49. — Appian. Id. U, p. 628, 847, 857, etc. = 3 Dion. LIV, 1. = * 76îd.
— Suet. Aug. 52.
LETTRE XIX. 391
nier, une peste sévit en Italie et dans plusieurs payfr étrangers. Elle
a fait tant de ravages, que les bras ont manqué pour la culture des
terres, et il y a cherté de vivres. Le peuple ne s'est-il pas imaginé
que ces maux ne l'affligent que parce que l'Empereur n'est pas con-
sul '! Croyance extravagante, sortie sans doute de quelque cerveau
frappé par la maladie. 3Iais comme ici les masses agissent par en-
traînement plus que par raisonnement, souvent d'après l'exemple de
quelques-uns, à l'instar d'un troupeau de moutons S le peuple s'est
persuadé que les fléaux dont il souffre cesseraient leurs ravages dès
que l'Empereur occuperait une magistrature. Or le consulat étant
rempli, ces farouches solliciteurs se sont rejetés sur des magistra-
tures tombées en désuétude, et ils ont offert impérieusement à leur
héros tutélaire, non-seulement la Dictature, mais encore la Censure
perpétuelle, et l'intendance générale des vivres. Auguste a pris cette
dernière charge, qu'il lui était bien difficile de refuser dans un temps
de disette, mais il n'a voulu ni de la Dictature, ni de la Censure, et
ces furieux à demi satifaits ont fini par s'apaiser ^ {"].
La Censure est une magistrature dont je ne t'ai pas encore entre-
tenu.Elle joueun assez grand rôledans l'histoire de Rome pour que je
te la fasse connaître. Le roi Servius, en modifiant et perfectionnant
l'organisation politique du peuple Romain, établit une coutume par-
faitement en harmonie avec l'ordre qu'il avait introduit dans les di-
verses classes, et qui contribua tant au maintien ainsi qu'à l'affer-
missement de cet ordre : je veux parler du Cens ou dénombrement
général des citoyens. Il ordonna que ce dénombrement aurait lieu
tous les cinq ans^, et il en chargea la royauté. On en compte quatre
faits par lui-même *.
Les Consuls % et les Dictateurs qui les remplaçaient quelquefois,
héritèrent de cette fonction en héritant du pouvoir royaP; mais ab-
sorbés par leurs nombreuses occupations, il leur arriva fréquemment
d'omettre le Cens. Cette omission s' étant une fois prolongée pendant
dix-sept ans "', les Consuls de Tannée trois cent douze, convaincus
de l'impossibilité pour le Consulat de s'acquitter désormais avec
quelque exactitude d'une opération si importante, représentèrent
au Sénat que les détails où elle entraînait, trop pénibles par eux-
1 Plut. Calo. raaj. 8. = 2 nion. LIV, 1. =3 Tit.-Liv. 1, 42, 44 ; IV, 4.— Flor. I, 6 —
n. Halic. IV, i:;.— A. Vicl. de Vir. illust. 7.— Eusi-b. Chron. p. 50. = * V. Max. MI, 4,
3. 1= STil.-Li\. ni, 3, 2i>, 24.— U. Halic. V, 20 ; VI, 96 ; IX, 56. — Plul. Pohlic. 13.—
Eutrop. I, 16. = « D. Halic. V, 75. = " Id. XI, 65. C) l'an 752.
592 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
mêmes, et d'ailleurs pou consulaires, exigeaient une magistrature
spéciale qui s'y dévouât exclusivement; ils proposèrent la création
de magistrats sous les ordres desquels on placerait le corps des scri-
bes , et qui pour attributions auraient la garde , le contrôle des
registres de recensement, et la décision de toutes les contestations
relatives à l'état des citoyens.
Ces magistrats devaient être patriciens, et de plus avoir passé par
le consulat et par la préture *. Le Sénat accueillit donc avec empres-
sement une proposition qui tendait à multiplier le nombre des magis-
tratures patriciennes. Peut-être aussi se persuada-t-il, comme il ar-
riva en efïet, que le crédit personnel de ceux qui seraient revêtus de
cette place saurait lui donner du lustre et de la dignité. Les Tribuns
du peuple, d'un autre côté, ne lui voyant que des attributions plus
utiles que brillantes, ne firent aucune réclamation, et l'on élut deux
magistrats ^ qui prirent le nom de Censeurs, du nom des fonctions
qui leur devaient être confiées ^.
Mais la Censure, que les principaux patriciens commencèrent par
dédaigner, à cause du cercle étroit où sa loi d'institution la renfer-
mait, s'augmenta peu à peu, comme tous les pouvoirs non contes-
tés; elle finit par obtenir la surveillance générale des mœurs et de la
discipline de Rome, f inspection sur le Sénat et sur les chevaliers.
Sa juridiction s'étendit dans tous les endroits publics et privés *; les
Censeurs furent chargés de l'adjudication et de la réception des tra-
vaux publics ^ monuments, routes, aqueducs, cloaques, tant à Rome
que dans l'Italie ^; de la mise en ferme \ de la levée et de la répar-
tition de beaucoup d'impôts '; de l'estimation des biens sur lesquels
étaient basés les impôts^; de rétablissement des taxes qu'ils jugeaient
nécessaires"; de l'administration du trésor de la république"; en-
fin de la surveillance des écoles '-. Quand la Censure fut devenue si
importante, elle éveilla aussi l'ambition des plébéiens, qui voulurent
y être admis comme ils l'avaient été au Consulat. Dans les premières
années du cinquième siècle ils y portèrent un membre de leur or-
1 Tit.-Liv. XXVll, G. — l'iul. M. Calo. 16. =: ^Tit.-Liv. IV, 8.— Digesl. I, ti(. 2, leg. 2,
§ 17. = 3 Til. Liv. Ibid. — Vair. L. L. V, § 81 . = * Til.-Liv. IV, 8. = » Id. l\, 29 ;
XXIV, 18 ; XXIX, 37 ; XXXIV, ii ; XXXVI, 36 ; XLllI, 16. — V. Max. V, 6, 8, el". ^
6 Tit.-Liv. IX, 29; XXXVUI, 8; XXXIX, 4i;XL, 31; XLI, 27, et passim. — Cir. de Legib.
III, 3.— V. Max. V, 6, 8; VI, 5, 3. — Polji). VI, 3. — Plut. M. Calo. 19, etr.= 7 pim.
Ibid. -J\l.-L\\. XXVll, 11; XXXIl, 7 ; XXXIX, 44. == « lit. Liv. IV, 8; XLIII, 16. =
9/d. XXXIX, 44. —Plut. M. Calo. 18.= '« Tit.-Liv. XXIX, 37; XL, 46, 31. = '• 1,1.
XXIV, 18 ; XLUI, 16.-Clc. de Lc?ib. 111, 3.— V. Max. X, 6, 8. = >2 Cic. de Orat. lU,
2l.-Suet. de Clar. vliPt.l. — A. Cell. XV, 11.
LETTRE XIX. 393
dre *. Les patriciens le souffrirent avec peine ; mais ils durent, comme
toujours, plier sous l'inflexible volonté du peuple, et peu d'années
après ("), un dictateur, Publius Philon, porta une loi qui assurait aux
plébéiens l'une des deux places de Censeur*. Les patriciens, jaloux
de ce partage, cberchèrent souvent, dans les comices, à faire oublier
au peuple cette disposition législative ^ et souvent y réussirent. On
mit fréquemment aussi en oubli la condition de ne choisir que des
hommes consulaires ou prétoriaux *.
Les Censeurs étaient réellement les maîtres de l'ordre social : tous
les cinq ans, ils arrêtaient la liste des sénateurs, revisaient celle des
chevaliers, remaniaient la distribution du peuple dans les tribus, les
classes et les centuries ^ enfin régularisaient la hiérarchie civile en
introduisant dans une classe plus élevée les citoyens qui, pendant
l'intervalle d'une Censure à l'autre, avaient acquis les conditions
d'admissibilité dont j'ai parlé plus haut C"), en abaissant ceux qui,
par la diminution ou la perte de leurs biens, devaient descendre dans
une classe inférieure.
C'était là de la justice administrative, la constatation d'un fait,
l'accomplissement de ses conséquences. Mais les Censeurs suivaient
encore le citoyen dans ses relations sociales, dans sa vie privée, dans
tous ses devoirs comme fils, comme époux, comme frère®, pour l'em-
pêcher de s'écarter du chemin de la vertu, et de transgresser les or-
donnances et coutumes de la république^; ils punissaient tout man-
quement à rhonneur, à la probité ou à la décence. Il n'y avait pour
ces cas qu'une seule pénalité : l'exclusion du citoyen de sa centurie
par son inscription sur tes tables des Cérites. Les Cérites étaient un
peuple d'Etrurie^qui donna asile aux choses sacrées que les prêtres
emportèrent de la ville, lors de la prise de Rome par Brennus('). Ils
reçurent en récompense le droit de cité Romaine sans celui de suf-
frage ^ Pour le véritable Cérite cest un avantage, mais une grave
pénahté pour le Romain, qui, en perdant l'un de ses plus précieux
privilèges, n'en continue pas moins, en qualité de citoyen, de contri-
buer aux charges de la cité "^; aussi dit-on indifféremment inscrit
' Til.-Liv. VU, 22. = ^ /</. Vlll, 12. = •« l'Iut. M. Culo. IG. = ' Ïit.-Liv. XXVU, G,
11. = ^Cic. iii Piso. 15; de Legib. III, 5.— IMut. Calo. niaj. 16;Ciass. 13.— Tit.-Liv.
XLV, 15.— A. Vicl. de Vir. illust. 57. = « I). Ilalic Kragm. Mai, XVIII, 19 ; XX, 3. =
■' Cic. de Legib. Ul, 3. — Plul. Calo. niaj. 16.— Dion. XL, 37. = » Pliii. UI, 5. — Strab.
V, p. 220 ; ou U8, Ir. fr. = 9 Tit.-Liv. XLV, 15. = 'O A. GelL XVI, 13. — Ascoii. in
Uivinal. p. 20. («) L'an il6. C») Voy. Lellre VUI. {'-) Géré, aiij. Cervelii, à 18 ou 20
niille.s ^environ 24 kilomètres) à l'O. de Ronu-.
394 ROME AU SIÈCLE D' AUGUSTE.
sur les tables des Cérites, ou fait contrihuuhle ', reporté dans les
contrihuahles'^ , c'est-à-dire parmi ceux qui sont uniquement contri-
l)uablcs.
La punition des sénateurs et des chevaliers consistait dans Texclu-
sion de leur ordre. Alors, suivant leur plus ou moins de richesse, ils '
retombaient naturellement dans une classe plus ou moins élevée des ,
centuries. Souvent les Censeurs ne se bornaient pas à cette simple '
radiation : ils portaient aussi les exclus sur les tables des Cérites.
Aucune considération, pas même celle de parenté, soit de frère à
frère^ soit de descendant à ascendant*, ni celle du grand nombre des
coupables, n'arrêtait la sévérité censoriale. Au commencement du
sixième siècle, quatre cents chevaliers, commandés en Sicile pour
aller creuser un retranchement, s'y étant refusés, furent privés de
leur cheval et faits contribuables \ La même peine fut infligée, une
quarantaine d'années plus tard, à un questeur et à beaucoup de che-
valiers qui avaient juré d'abandonner l'Italie. On flétrit également
d'une note infamante ceux des prisonniers Romains qui , après la
fameuse journée de Cannes, députés par Annibal auprès du Sénat
pour traiter de l'échange des captifs, étaient restés à Rome, quoi-
qu'ils eussent promis de retourner au camp du vainqueur®. Les Ro-
mains ont toujours voulu que le serment fût le lien le plus solide
pour enchaîner la foi, et jamais les notes d'infamie et les punitions
infligées par les Censeurs ne furent plus rigides que quand il s'a-
gissait d'une violation de la foi''.
Néanmoins, comme ces magistrats jouissaient, dans leurs attribu-
tions, d'un pouvoir absolu, qu'ils prononçaient sans jugement préa-
lable, sans contrôle, sans appel, il arriva souvent qu'ils sévirent
contre des fautes d'une médiocre gravité. P. Scipion Nasica, passant
la revue des chevaliers, en remarqua un dont le cheval était maigre
etchétif, tandis que l'homme était gras et brillant de santé : « Pour-
quoi, lui dit-il, avez- vous si bonne mine, et votre cheval est-il en si
pauvre état? — Parce que, répondit le chevalier, je me soigne moi-
même, et que mon esclave soigne mon cheval. » Cette réponse pa-
rut trop peu respectueuse, et le che\alier fut rejeté dans la classe
des contribuables ^ L'an quatre cent soixante-dix-huit, Rafinus,
1 ^rarius factus. Tit.-Liv. XLIV, 16 ; XLV, 15. = 2 In ferarios relalus. Id. XXIV, 18.
—A. Gell. IV, 20. —V. Max. 11, 9, 8. = ^ Patercul. I, 10. = '■* Cic. pro domo. 5-2. =
■^ V. Max. U, 9, 7.— Fionl. Siralag. IV, 1, 22.= « Til.-Liv. XXIV, 18. — V. Max. Il, 9,
8.— A. Gell. Vil, 18. =7 Cic. de Offic. III, 51. = ** A. Gcll. IV, 20.
LETTRE XIX. 395
ancien dictateur et deux fois consul, fut exclu du Sénat pour avoir
possédé dix livres {«) d'argent travaillé, à l'usage de la table ^ l'an
six cent quarante-six, C. Junius Bubulcus encourut la même peine,
parce qu'il avait répudié sa jeune épouse sans prendre conseil de
ses amis^; dix ans après, Duronius, parce qu'étant tribun du peuple,
il abrogea une loi contre le luxe des repas^. Le vieux Caton raya
aussi de la liste des sénateurs un certain Manilius, que l'opinion pu-
lique désignait pour le consulat, parce qu'en plein jour il avait
donné à sa femme un baiser en présence de sa fille*.
La Censure était une véritable dictature morale et civile ; elle n'a-
vait pas le droit formel de toucber aux bases fondamentales de la
constitution de la république, de détruire ni les classes, ni le sénat,
ni l'ordre équestre, bien que tous les membres fussent individuelle-
ment soumis à son pouvoir; mais la formation des listes civiques,
mais le classement des citoyens, entièrement remis à l'arbitraire
des Censeurs, les rendaient, de fait, maîtres des Comices, rien ne se
faisant que dans ces assemblées.
L'heureuse fortune du peuple Romain a voulu qu'il ne se soit ren-
contré qu'un seul Censeur qui ait tenté ce bouleversement poli-
tique: vers le milieu du quatrième siècle, Appius Claudius, renver-
sant l'ordre établi, répandit dans toutes les tribus indistinctement,
la classe la plus infime du peuple, jusqu'alors renfermée dans les
dernières centuries, de sorte que Rome fut divisée en deux partis,
l'un des citoyens honnêtes, et l'autre de cette faction du Forum. La
scission dura cinq ans, jusqu'à la Censure de Q. Fabius et P. Décius.
Fabius, pour rétablir la concorde, et que les Comices ne fussent
plus dans les mains de ce que Rome renfermait de plus abject,
écuma toute cette lie , et la rejeta dans quatre tribus uniques, ap-
pelées Tribus urbaines ^.
Un pouvoir si étendu, tout à la fois, et si absolu, vis-à-vis duquel
les fautes ne se prescrivaient jamais *, ne devait pas demeurer entiè-
rement sans frein: afin de prévenir l'abus qu'on serait tenté d'en
faire, la loi commença par régler que personne ne pourrait occuper
la Censure deux fois'' ; qu'une élection ne serait valable qu'après un
double vote des Comices par centuries ^; qu'en entrant en charge les
1 A. Gell. IV, 8; XVU, 21. — Tit.-Liv. XIV, Epilo.— V. Max. H, 9, 4. — Tlut. Sjlla,
1. = 2 V.Max, n, 9, '2. = ^lbid. 5.= * Plut. Calo. maj. 17; Conj. praecept.Jp. 527.
= s Til.-Liv. IX, 46. — V. Max. U, 2, 9. = 6 Cic. de Senect. 12. — "> V. Max. IV, 1,
3. — A. Vict. de Vir. illust. 32. — Plut. Coriol. 1. = ^Cic. de leg. Agrar. H, 11. (") 5
kilogrammes 263.
39»i R03IE AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
élus jureraient que leur conduite serait toujours basée sur la vérité,
la justice et l'impartialité' ; (|u'en sortant de charge, ils prêteraient un
nouveau serment pour allirmer (juils n'avaient rien fait de contraire
aux lois'; que le pouvoir censorial serait collectif pour sévir, et
qu'une condamnation prononcée par un seul des deux Censeurs
pourrait être aimulée par l'autre'; que dans le cas où l'un de ces
magistrats viendrait à décéder avant l'expiration de sa magistrature,
l'autre serait obligé d'abdiquer*, parce que les Romains attachent
des idées sinistres au remplacement d'un Censeur*.
Par une sorte de raffinement de sévérité assez bien placée, et
sans doute afin que personne ne se trouvât à l'abri de la Censure,
chaque Censeur, pris isolément, devenait tout-puissant dès qu'il s'a-
gissait de punir son collègue. Il y a deux siècles environ, Livius Né-
ron et Claudius Salinator étant Censeurs, se trouvaient, par une
rencontre singulière, avoir chacun, en qualité de chevaliers, un che-
val entretenu aux dépens du public. Us passaient en revue les cen-
turies équestres, dont leur âge et leur forte constitution leur permet-
taient encore de faire partie. Quand on en fut à la tribu Pollia, le
crieur voyant sur la liste le nom de Salinator, s'arrêta, incertain
s'il devait l'appeler. Néron comprit son embarras : non-seulement
il lit citer son collègue, mais encore il lui commanda de vendre son
cheval, pour avoir été condamné par un jugement du peuple.
Lorsque vint le tour de la tribu yurniu, et le nom de Livius Né-
ron, Salinator lui rendit la pareille, pour deux raisons : la première,
pour avoir porté contre lui un faux témoignage ; la seconde pour ne
s'être pas réconcilié sincèrement avec lui. Rien de plus blâmable
sans doute que cet assaut de notes infamantes entre deux Censeurs,
mais du moins rien de plus digne de cette magistrature et de la sé-
vérité de ce temps-là^
Originairement, la durée de la Censure était de cinq années',
espace d'un dénombrement à l'autre. L'an trois cent soixante-qua-
torze, Mamercus ^-Emilius, ayant été créé Dictateur dans l'attente
d'une guerre qui n'eut pas lieu, voulut, à défaut d'exploits militaires,
marquer sa dictature en abaissant le pouvoir des Censeurs, soit qu'il
le jugeât trop excessif, soit que ses préventions se portassent princi-
' Zonar. VU, p. 349. = ^ Tit.-Liv. XXIX, 57. = » Id. XLH, 10 ; XLV, 15.— Cic. pio
Clueiil. 45. — V. Max. VI, 4, 2.— A. Vicl. de Vir. illusl. 38. — Dion. XXXVH, 9.— Appian.
de 15c!l. civ. I, p. G24. = * Til.-Liv. VI, 27 ; IX, 34 ; XXIV, 43 ; XXVII, 6. — IMul. Quœsl.
rom. p. 119. = 3 Til.-Liv. V, 51 ; VI, 27. = 6 /rf. XXIX, 57. — V. Max. II, 9, 6. =
'Til.-Li^. IV, i\ ; IX, 5i. — Ascon. iii I)i\iii. y. 20.
LETTRE XIX. 3l>7
paiement sur la durée de cette magistrature. Il représenta au peuple
que la meilleure sauvegarde de la lilieilé était la eourle durée des
grandes charges, et qu'il fallait limiter par le temps celles dont on ne
pouvait limiter le pouvoir; que les autres dignités se renouvelaient
tous les ans ; que la Censure seule en durait cinq, et qu'il était fâ-
cheux de rester une grande partie de sa vie dans la dépendance des
mêmes personnes; il proposait donc de réduire la Censure à dix-
huit mois.
Cette loi passa le lendemain, d "un consentement presque unanime.
Mais Mamercus paya le succès de sa proposition ; car les Censeurs
voyant avec peine cette diminution de leur puissance, le chassèrent de
sa tribu, le réduisirent au nombre des contribuables, et imposèrent
sur ses biens une taxe huit fois plus forte que celle qu'ils compor-
taient ^ Depuis ce temps, la Censure n'en demeura pas moins bor-
née à dix-huit mois. ^.
Un autre frein qui a dû retenir plus d'une fois les Censeurs tentés
d'abuser de leur autorité, c'est la crainte d'être appelés en justice .
pendant leur magistrature même, par les tribuns du peuple % ou
bien, après être sortis de charge, par les citoyens qu'ils avaient
notés, et qui tâchaient, à leur tour, de les faire condamnera Leurs
actes pouvaient être invalidés soit parleurs successeurs ^ soit par le
peuple ^ soit par le Sénat seulement, suivant la nature des affaires".
Une dernière garantie assez remarquable, quoique non inscrite
dans les lois, c'était le peu de portée morale des censures ; jamais
on ne les qualifia de jugements; jamais on ne les respecta à l'égal
de la chose jugée; en un mot, jamais les édits des Censeurs n'eu-
rent l'autorité d'une sentence juridique ". Aucune des lois qui dé-
terminent en quel cas on ne saurait exercer une magistrature , on
siéger sur un tribunal, ou se porter accusateur, n'a fait de ces notes
une cause d'indignité"; on les regarde, il est vrai, comme ignomi-
nieuses, mais non pas connue intames'". Voilà pourquoi eu tout
temps, dès qu'il fallut de grandes vertus pour relever la fortune pu-
blique, sans s'inquiéter des llétrissures censoriales on alla plus
d'une fois replaeer l'autorité suprême sur une lêfe qu'elles avaient dé-
' Til.-T.iv. IV, i5, -21; 1\, 5.", 51.= ^ 1,1. W, ",; X!.V, I.". = •./(/. \\IV, .'.S;
NLUl, 16.— V. Max. VI, 3, 5. = > Til-Li\. X\V, ir,.— V. M;!\. Ihid. — VWn. VU, 44.—
A. Virt. (|p Vir. illiisl. ."j".- A. Coll. 111, /l.— l'Itil. .M. Calo. 19. = scir. pio Cluenl. 45.
= 8 V. Max. V, 5, l.—Plut. M. 17.— ïit.-l.iv. I\, 50. = "I>Iut. M. 19; Flamiii. 10.=;
* C.ic. pro Cluenl. 42, 45, .4r>. =: » Ihid. 4".r=i" Non, M.titpII. v. iîrnoininia.
598 ROME AU SlflCLE D'AUGUSTE.
gradée *. On a vu des citoyens exclus du Sénat par des Censeurs y
rentrer en passant de nouveau par les niîi^islratures curules*, être
élevés à la Censure, et ceux dont une note avait flétri les mœurs, se
trouver à leur tour juges des mœurs et des citoyens mêmes qui les
avaient censurés ^ Non que ces condamnations fussent toutes in-
justes, mais c'est que cette magistrature était établie pour inspirer
une crainte salutaire, et nullement pour infliger des supplices aussi
longs que la vie''.
La Censure, malgré ces restrictions morales, n'eu était pas moins
une très-grande dignité, et pour ainsi dire le comble et le couronne-
ment de tous les honneurs auxquels un citoyen pouvait prétendre''.
Pendant longtemps elle plut beaucoup au peuple, qui sut si bien
apprécier les services qu'elle rendait, que M. Caton se fit porter à
cette charge en menaçant publiquement ceux qui avaient mal vécu,
criant que la ville avait besoin d'une grande épuration, et conseillant
au peuple d'élire, non les plus doux, mais les plus sévères médecins,
comme il en était un. Sa conduite fut conforme à ses discours, et le
peuple lui donna un témoignage éclatant de satisfaction en lui éri-
geant dans le temple du Salut* une statue avec cette inscription :
Pour avoir , par une sévère discipline, par des prescriptions et des
établissements sages, relevé, dans sa Censure, la république Romaine,
que l'altération des mœurs avait mise sur le penchant de sa ruine''.
Dans la suite, l'extrême sévérité des Cfenseurs, ou plutôt la corrup-
tion générale, finit par inspirer au peuple une telle aversion pour la
Censure, qu'il en prit en haine jusqu'au nom*; si bien que Sylla,
pour se rendre populaire, la supprima tout-à-fait^ On la rétablit
après lui ; mais, comme elle était toujours un objet de haine, Clo-
dius , tribun du peuple Tan six cent quatre-vingt-seize , voulant
aussi se concilier la faveur populaire, interdit aux Censeurs de priver
aucun magistrat de sa magistrature, ou de noter quelqu'un d'infa-
mie avant qu'il eût été d'abord convaincu, par un jugement public,
de l'avoir mérité*". Pompée, Consul l'an sept cent-deux, abrogea les
dispositions de la loi Clodia, et rendit à la Censure son ancienne
indépendance. Mais pendant les six années de son esclavage, il s'é-
1 Tit.-Liv. IV, 51. — Cic. pro Clupjit. 42, — V. Max. il, 9, 9. = 2 Cic. Ihid —Dion.
XXXVII, 30.— Plut. Cic. 17.=: 5 Dion. XXXVI, 21 ; XLU, 52. = 4 Cic. pro Cluenl. 43.
= s Plut. M. Cale. 16; Flamin. 18. = ^ M. M. Calo. 16. — Plan et Dcscripl. de
Home, no 57. = ^ piut. Id. 19. = 8 Cic. Divinat. 3. = 9 Ascon. in Divinai. p. 20. =
1" Cir. in Piso 4 ; dp Arusp. Rpsp. 27 Pion. XXXVUI, 13,
LETTRE XIX, 309
tait introduit tant de gens de la plus misérable condition dans le
Sénat et dans l'ordre Equestre, que les Censeurs, rétablis dans leur
pouvoir primitif, n'osèrent tenter cette épuration, et que, même
pour cette raison , aucun homme prudent n'osa plus dès lors de-
mander la Censure ^
Les Censeurs se trouvaient ainsi à peu près paralysés et placés
dans la plus fausse des positions, puisqu'ils étaient investis [d'une
puissance dont ils n'osaient user, quand les dissensions de César et
de Pompée commencèrent à éclater, et à remplir la république. Une
fois la guerre civile allumée, tu penses bien qu'il ne fut plus question
de Censure, et que Y Antique gardienne de la modestie et de lapudeu?',
comme on l'appelait^, dut se voiler dans ces temps de perfidie, de
trahison et de crimes. Il n'en fut plus question qu'après le dénoue-
ment de ce drame terrible, et seulement pour flatter le despotisme
du vainqueur. Entre autres honneurs dont alors on accabla Jules-
César, il reçut pour trois ans le titre de Préfet des mœurs ^ comme
si celui de Censeur n'était pas encore assez beau. On en revint
plus tard à ce nom, mais toujours pour César, auquel la Censure
fut décernée à perpétuité *.
Après lui , la nouvelle période de guerres civiles par lesquelles la
république passa, tit encore une fois éclipser cette magistrature;
elle ne reparut que quand l'empire se trouva de nouveau pacifié ^
Alors l'Empereur reçut, collectivement avec son ministre Agrippa,
le titre de Directeur perpétuel des mœurs ^.
Je reprends maintenant mon récit où je l'ai laissé vers le commen-
cement de ma lettre. L'Empereur, pour se garantir désormais des
farouches obsessions de la plèbe, s'est hâté de faire remplir la Cen-
sure, puisqu'elle n'est pas abolie. Les comices ont été convoqués,
et, sur la présentation d'Auguste, le peuple a élu deux candidats
improvisés, L. ^milius Lépidus, ancien proscrit des Triumvirs, et
L. Munatius Plancus, frère d'un proscrit de la même époque '.
Octave veut faire oublier le passé , mais ses choix ne sont guère
heureux : des deux élus, l'un n'a ni force ni talent; l'autre n'a point
de mœurs ^ Néanmoins, dès qu'ils furent installés, ils s'occupèrent
des devoirs de leur charge, préparèrent tous les éléments du cens,
firent publier que tous les citoyens Romains qui se trouvaient hors
• Dion. XL, 57. = ^ Illa magislra pudoris et modesHiie severilas censoria. C'w. in
Piso. 4. =»Pr8efectus moruni. Suet. Caes. 76. —Dion. XLUl, 15. = * Dion. XHV, 5.
= ^ Suet. Aug. 57. = 6 Rerepit morum resimen. Suet. Ans;. 27. — ^ Dion. MV, 2, =
* PatiMTul. U. 03.
400 ROMK AL SIKCLE D'Ai'GUSTE.
de l'Italie oiissont à y ronlivr ', cl cnvoyt'rf'nl aux armées recenser
ceux (}ui sont retenus par le service militaiie -. Enfin ces jours der-
niers ils ont procédé à la revue du Sénat, des chevaliers, et du peuple.
La Revue, ou, pour parler plus exactement, l'élection, le choix
du Sénat, ', se passe dans un temple. L'un des Censeurs désignés
j)ar le sort* (ce futrEniilius) lut à haute voix la liste des Sénateurs,
en omettant les noms de ceux jugés indignes de faire partie de ce
corps illustre'^; c'était ainsi qu'il indiquait leur exclusion*. Autre-
fois le Censeur nommait les exclus, en disant les motifs de sa sévé-
rité à leur égard, ce qui rendait la Cf'rémonie plus imposante et plus
majestueuse ''; souvent il se contentait d'inscrire son hlâme sur la
liste définitive des sénateurs au-dessous des noms qu'il avait rayés *.
yEmilius trouva prudent de procéder ainsi.
Dans l'ancienne répuhlique, la Revue des chevaliers^ se faisait avec
une pompe toute militaire. Elle avait lieu pendant la belle saison,
aux Ides de Quintilis, appelé maintenant Julius '" (°), et c'était vrai-
ment un spectacle magnifique. L'Empereur en a fait revivre la cou-
tume ". La simple annonce de cette fête interrompue depuis long-
temps '-, depuis vingt ans, je crois, a produit une sensation d'autant
plus vive, que tout spectacle, même connu, excite toujours ici une
curiosité et une émotion générales.
Le matin, de bonne heure, les chevaliers se rendirent isolément
à un temple de Mars"-Gradiviis''*, situé sur une colline, proche et à
droite de la voie Appia, à un mille (*) de la porte Capène '*..Là, ils se
partagèrent par tribus et par centuries, prirent leurs rangs comme
s'ils revenaient du combat, et se mirent en route pour Rome : ils
formaient une troupe de cinq mille hommes environ. Reaucoup
portaient sur ler.r Irabée de pourpre des insignes militaires, récom-
pense de la valeur '® ; tous étaient com^onnés de branches d'olivier ''
et montés snr des chevaux blancs. Arrivés à la porte Capène, devant
' Paterciil. 1!, 15.= 5Til.-Liv. XXIX, 37. = 3 Senalus Icclio. Tit.-Liv. XXVU, 11.
— SenaUis légère. Jd. XXXU, 7 ; XL, 46; XLI, 27. = * Id. XXVU, 11.= 5 Senaliini
rerilare. Id. XXIX, ^57. = ^ I'i?p|erire in reeilando senatu. Cic. pro domo. 32. — Pra>te-
liip. Tii.-Liv. XXVU, Il ; XXXIV, 44 ; XXXVIII, 28. = "J Cic. de Senect. 12. —Tit.-
Liv. XXXIX, 42. — V. Max. U, 9, ô. — l>iul. Klamin. 19; M. Calo. 17. = « Subsrrip-
liones rençorum. Cio. pro C.luenl. 4 2, 4ô. — Causani nola» subscribere. A (icil. XV H.
21. = ? Hciuonim rcretisio. Til.-Liv. XL, 46. = '«Tit.-Liv. IX, 46. — V. M.i\. Il, 9.—
D. llalir. VI, 1". — l'Un. XV, 4. — A. Vicl. de Vir. iliust. 55. = n Suel. Aug. 58. —
n. llaliP. Ihid. = 12 Suel. Ibid. = i! Til.-Liv. VII, 25. — Ov. FasI. VI, v. 191. —
n. Ilalic. !bi,l. = '' S(Mv. in .¥.t\P\d. 1, v. 206. = i» Til.-Liv. VU, 25. — Ov. FasI. VI,
\. 191. — r.ruler. p. 152. — Venuti, Aiilieh. llom. pail. Il, p. 1. — Fabrelli, de Aqu.Td.
disseil. 1, p. 32. — Firoroni, Uoma aniira, 1, 24. = ""' IL Ilalic. VI, 13, = '" Ib>d. —
JMIii. XV, '4. {") 1." juillet. ''■'] 14ni nii'lres.
LETTRE XIX. 40 J
le lemple de l'Honneur et de la Veilu \ ils s'arrêtèrent pour refor-
mer leurs rangs ^ puis entrèrent en ville. La cavalerie traversa^ le
Cirque Maxime\ rempli de spectateurs accourus pour lavoir, le Fo-
rum Boarium, le Tuscus vicus, et vint déboucher sur le Forum
romain par la voie qui passe sur le flanc gauche du temple de
J. César ^ En entrant sur le Forum, près du Bois de Vesta^ chaque
chevalier mettait pied à terre, et venait délilerseul devant les Cen-
seurs, assis sous le portique du temple de Castor ''. Il conduisait par
la bride son cheval * sans housse et sans selle, afin que les magistrats
pussent voir dans quel état il était. Des scribes se tenaient derrière
les Censeurs pour transcrire leurs décisions ^. Un peu en avant, un
nomenclateur censorial '°, héraut ou crieur public, appelait chaque
chevalier par son nom *^ Le cité s'avançait : « Emmène ton cheval •^,))
lui disaient les Censeurs s'ils le croyaient pur de tout reproche, et il
passait outre ^^ Dans le cas contraire, ils consultaient leurs notes,
provoquaient les dépositions des assistants ou recevaient leurs accu-
sations spontanées **, interrogeaient le chevalier sur sa conduite
passée, et, lorsque ses réponses n'étaient point satisfaisantes, lui or-
donnaient de vendre son cheval *^, le chassaient de sa centurie, l'ins-
crivaient parmi les Cérites ^®.
On voyait de temps en temps passer un cheval conduit par un
esclave ; le cavalier cité sortait de la foule du peuple. C'était un ci-
toyen vieux ou infirme qui venait demander son congé, et rendre
aux Censeurs le cheval de la république ". Autrefois, sauf les cas
d'infirmités, nul chevalier n'était libéré de la milice avant d'avoir
servi pendant dix ans ^*. L'Enipereur a modifié ce règlement en dé-
clarant que tout chevalier rangé dans la catégorie des plus âgés **,
c'est-à-dire âgé de quarante-cinq ans, aurait droit au congé.
Lejourdela^et'Me, tous les magistrats, même les grands magistrats,
sont soumisau contrôle et au pouvoir-" des Censeurs. Voici, entre au-
tres, un mémorable exemple de cette omnipotence censoriale. L'an
1 Plan et Descript. de Rome, n» 2. =2 \_ vid. je Vir illust. 32. = 3 Equilum trans-
veclio. Tit.-Liv. IX, 46. = *» Plan el Descript. de Rome, n» 241. = 5 Ibid. n° 116. =
6 Ibid. n» 117. = '' Ibid. n» 120. = l). Halic. VI, 13. = » Plul. Pomp. 22 ; Apoihegm.
Rom. p. 767. = ^ Conjecture. =: '" Nomenclator censorius. Grut. p. 14. = " Tii.-Liv.
XXIX, 57. — Suet. Aug. 38. —V. Max. II, 9, 6. = i^ Traduc equum. Cic. pro Cluent.
48.— V. Max. IV, 1, 10. = '3 Ov. Trist. II. v. 89, .542. =:liCic. — V. Max. Ibid. =
1^ Equum vendere. Tit.-Liv. XXIX, 57; XLV, 15, etc. — V. Max. II, 9, 6, 7. — Equum
adimere. Cic. de Oral. II, 71. — Tit.-Liv. XXVII, 11. = 16 V. Max. II, 9, 7. -Front.
Stratag. IV, l, 22. — '■? Plul. Pomp. 22. —Non. Marcell. v. caballus. =« '* Polyb. VI,
4.— Plut. C. Grâce. 2. 5. = « Senium. Snel. Aug. 58.- Vov Lettre VUI. = î» Tit.-Liv.
WIV, 18, 45.— V. Max. II, 9, 8.
I. 26
i02 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
six cent quatre-vingt-quatre, les censeurs Gellius et Lentulus procé-
dant, sur leur tribunal, à la revue des chevaliers, Pompée, alors con-
sul, mais qui n'avait jamaiscessé d'appartenir à l'ordre Équestre, vint
se présenter à ces magistrats. On le vit de loin, précédé de l'appareil
consulaire, descendre du haut de la voie Sacrée vers le Forum, en
menant lui-même son cheval par la bride. Quand il fut assez près
pour être reconnu des Censeurs, il commanda à ses licteurs de s'é-
carter, et vint approcher son cheval du tribunal des magistrats. Le
peuple, saisi d'étonnement, gardait le silence, et les Censeurs, à cette
vue, montraient une joie mêlée de respect. Le plus ancien lui adres-
sant la parole : « Pompée le Grand, lui dit-il, quelles campagnes
« avez-vous faites? — Toutes celles ordonnées par la loi, répondit
Pompée à haute voix, et je n'ai jamais eu que moi pour général. »
A ces mots le peuple poussa de grands cris, et, dans les transports
de sa joie, il ne pouvait mettre fin à ses acclamations. Les Censeurs
se levèrent alors et reconduisirent Pompée chez lui, pour plaire à la
foule des citoyens qui le suivaient avec de grands applaudissements '.
Après que les chevaliers avaient passé devant les Censeurs, ils al-
laient se reformer un peu plus haut sur le Forum, et la cavalcade,
continuant sa marche, tournait à gauche, par le Clivus Capitolin, et
montait au Capitole, où les chevaliers allaient rendre des actions de
grâces et offrir un sacrifice à Jupiter^. Celte cavalcade des chevaliers,
si heureusement rétablie par l'Empereur, fut instituée, il y aura bien-
tôt trois siècles, par l'illustre Fabius Maximus ^.
La Revue du peuple a été faite, suivant l'ancienne coutume, an
Champ-de-Mars, dans la Villa puWca''. Cette opération , qui est le cens
proprement dit ^, a lieu aussi au moyen d'un défilé devant les Censeurs.
C'est la cérémonie de l'examen du peuple, et non l'examen même,
toujours préparé et fait d'avance, et qui ne pourrait s'exécuter ainsi
à l'improviste sans des délais infinis, tant on exige des citoyens de
renseignements sur eux-mêmes. En etfet, chacun doit dire ses noms
et prénoms ^, déclarer s'il est veuf ou célibataire; chaque père de
famille, fournir un état de ses biens '', de l'étendue, de la situation
1 Plut. Pomp. 22 ; Apolliep;m. lom. p. 767. = 2 A. Virt. de Vir. illusf. 32. = 3 l'an
^49. /6/(i.— Til.-I.iv. IX, ^6.— V. Max. U, 2, 9. = ^ Varr. R. R HI, 2.— Til.-Liv. IV,
22. — Plan ri Dcscript. de Rome, n" 168. =s Lefralis senatiim, cquites rerensealis,
açalis censuni. — Til.-Liv. XL., 46. = ^ Maz/.ocrlii, lab. Heracla'. lai. 1, v. 72 ; p. XI.
[>^. 457. = 7 Cir. de Legib. 111, 5.— Til.-Liv. VI, 27; VU, 22.— Flor. I, 6. — D. Halir.
IV, 15; V, 75; IX, 36; XI, 65. — Mazzocchi, tab. Hcraci». lat. I, v. 72 et ssn.
c. XI, p. 457.
LETTRE XIX. 407>
de ses propriétés territoriales, de leur revenu pendant les deux lus-
tres précédents, et de la manière dont elles sont exploitées K II faut
encore qu'il fasse connaître son rang, sa profession, sa demeure, son
Age, l'âge et le nombre de ceux qui composent sa famille '\ y com-
pris les esclaves ', le pays de ces derniers et quel état ils savent *.
Ce cens romain est une image assez fidèle de celui auquel l'Empe-
reur a soumis nos Gaules, trois ou quatre ans avant mon départ *;
bien que très-détaillé, il est en général exact, parce que des peines
très-sévères existent contre ceux qui voudraient s'y soustraire ou
tromper les magistrats ; le roi Servius avait prononcé la confiscation
des biens, la flagellation, la réduction en esclavage^-, la prison, et
la morf : aujourd'hui c'est l'esclavage *.
Mais indépendamment des causes légales et naturelles d'abaisse-
ment, il y a encore la punition pour faute morale ; le Censeur la dé-
clare publiquement au citoyen qui Ta encourue : elle consiste à être
renvoyé de sa tribu et rejeté dans une tribu inférieure^.
A l'époque du cens, les provinces font la même opération chez
elles, et dans un espace de soixante jours, pour tout délai, les ma-
gistrats doivent en envoyer à Rome le résultat consigné dans des regis-
tres. Une députation spéciale les apporte à Rome et les remet aux
Censeurs, qui les déposent dans le lieu où sont conservées les tables
du cens *", c'est-à-dire au Tahularium du peuple ".
La Revue du peuple se termine ordinairement par une cérémonie
appelée laClôture dulustre^'^, qui consiste dans un sacrifice purifica-
toire de tout le peuple. Mais ce sacrifice ne devant jamais se faire
que dans des circonstances heureuses '^ ne put avoir lieu, à cause des
calamités qui ont affligé, et qui affligent encore Rome et l'Italie.
Achèvement. Lorsque TEmpereur eut rétabli la Censure, il n'en
conserva pas moins le titre et les attributions de directeur perpétuel
des mœurs; mais soit qu'il reconnût finutilité des deux pouvoirs,
qui avaient presque les mêmes attributions, soit qu'il jugeât laCen-
> Digest. L, lit. 13, leg. 3, 4. = 2 Ibid. § 3. — Cic. de Legib. HI, 5. — Tit.-Liv. VI,
27; VIT, 22.— D. Halic.IV, 13 ;V, 75, etc. = » Cic— Digesl. /ftjii. —Til.-Liv. XXXIX,
44. = 4Digesi. /6;i. = 5 L'an 727. Dion. LUI, 22. — Tit.-Liv. Epilo. CXXXiV. =
* D. Halir. Ibi l. = '' \'a.-L\\. I, 41. =S(;ic. pro Cx'ri. 3i. = 9Tiibu nioveie. Cif
pro Cluent. 45; de Orat. Il, 67. = i» .Mazzoerhi, tab. Heracise. lat. I, v. 69 el sqq.
r. XL= i> Plan ei Deseripl. de Kome, n» 89. = 12 'rit._LJv. XL, 46. — Voy. Lellrw
LXXIII. =13 Tit.-Liv. m, 22.
40 i ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
sure, magistrature essentiellement despotique, incompatible avec le
pouvoir absolu dont il jouissait lui-même sous le titre de puissance
tribunitienne, il ne fit point réélire d'autres Censeurs lorsque Mu-
natius et Lépidus sortiront do charge K Auguste était directeur des
lois en même temps quo directeur des mœurs ^, il laissa tomber
dans l'oubli la loi sur la Censure, et il eut raison puisque le peuple
ne réclama pas.
Tibère, en héritant de l'empire, n'eut garde do répudier aucun
des pouvoirs envahis par son prédécesseur. Le Sénat ayant un jour
essayé de lui faire pressentir, à propos du luxe excessif qui ravageait
Rome, qu'il serait peut-être utile de rétablir la Censure, il répondit
qu'elle était trop austère pour les temps actuels, et que si les
mœurs périclitaient réellement, il se trouverait une autorité pour les
corriger^. Cette réponse à la fois évasive et très-significative fut le
seul fruit quo les sénateurs tirèrent de leur timide insinuation. Elle
apprit aux moins clairvoyants que, dans une république asservie,
toute institution de liberté tombée en désuétude équivalait à une
institution morte; que personne ne devait plus prétendre à exercer
une puissance suprême quelconque, et que la Censure était engloutie
à jamais dans le monstrueux assemblage de pouvoirs que l'audace et
l'astuce d'une part, la lâcheté et la servilité de l'autre, ont réunis, li-
vrés, abandonnés dans les mains de l'Empereur perpétuel de la
république romaine.
' Dion LIV, 2.= ^ Moruoi legumque regimen. Suet. Aug. 27. = ^ Tac. Ann. H, 3S.
LETTRE XX,
LA POLICE DE ROMK,
Dans une ville qui ressemble à un monde, où des milliers d'inté-
rêts, de passions bonnes et mauvaises, d'industries de toute espèce
sont en contact perpétuel, où la population, prodigieuse en nombre,
ne l'est pas moins en diversité, la preniière condition d'existence
sociale était un gouvernement particulier, chargé de prévenir les trop
grands froissements, de régler, pour ainsi dire, l'action relative de
chacun, de surveiller toujours, de s'interposer quelquefois, de répri-
mer et de punir au besoin; ce gouvernement domestique, c'est la
Police de Borne.
De même que la république a des consuls, des proconsuls, des pré-
teurs, etc., pour la régir au dehors, Rome a des magistrats spé-
ciaux pour la gouverner, la défendre, la protéger, veiller à sa sûreté,
sa tranquillité, à son bien-être, non-seulement pendant le jour,
mais aussi pendant la nuit : ces magistrats sont le Préfet de la ville.
les Ediles curules, les Ediles plébéiens, et le Préfet des Vigiles. Ils
ont sous leurs ordres une foule de délégués et d'agents répandus,
postés ou circulant sur tous les points de la cité, où ils font sentir
incessamment l'action salutaire d'un pouvoir protecteur, 'qui em-
piète bien un peu sur la liberté absolue de chacun, mais pour mieux
assurer celle de tous.
Le Préfet de la ville est le principal magistrat de ce gouverne-
ment : il embrasse en grand, sans descendre dans les détails, tout
ce qui intéresse la sûreté et la tranquillité de Rome ', et jouit d'un
tel pouvoir, qu'il a droit de bannir de la ville tout individu dont la
présence lui semble nuisible ou dangereuse^; il doit veiller aussi à
ce qu'aucun culte étranger ne soit introduit dans la cité \ ce qui
pourrait produire des sujets de troubles et de discordes. Son pou-
voir s'étend jusqu'à cent milles (") à la ronde **. La préfecture urbaine
est une grande magistrature, une magistrature curule. Celui qui en
' Senec. Ep. 84. = 2 Digesl. I, lit. 12. leg. 1, ,§ 3. = ^ Dion. LIV, 0. = ' Uincsl. I,
lit. 12, Ifg. I, <§ 4. («) 148 kilomélr. 150 mtHies.
Um ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
est revêtu porte la toge bordée de pourpre, et il a deux licteuis '. l.e
monarchisme de la puissance impériale éclate dans l'institution du
Préfet : il est nommé directement par l'Empereur, et pour un temps
illimité.
L'Édilité, qui vient après la Préfecture urbaine, s'occupe des dé-
tails de l'administration, des affaires courantes de la vie de chaque
jour. Il y a deux sortes d'Edilité, la curuleel \à plébéienne, et quatre
édiles, deux pour chaque magistrature. La ville est divisée en quatre
circonscriptions, que ces magistrats se partagent ou tirent au
sort dans les cinq jours qui suivent leur élection"*, laquelle se fait tou-
jours un an à l'avance. Les Édiles ont dans leurs attributions tout ce
qui tient au bien-être de la ville ^; ils inspectent les marchés, veillent
à ce que le volume du pain soit en rapport avec son pris. *, ainsi qu'à
la bonne qualité de tontes les denrées mises en vente' ; ils font jeter*
dans le Tibre ''celles qui leur semblent avariées. Leur surveillance sur
ce point est très-sévère, et ils peuvent aller jusqu'à interdire la ventede
telle ou telle denrée '. Ces magistrats font des éc? «7s ', espèce de petites
lois qui n'ont besoin pour être valides que d'être promulguées de
l'autorité collective des deux ou des quatre membres de leur magis-
trature '".
La bonne foi et la sincérité dans les transactions sont aussi l'objet
de la surveillance des édiles. Il vérifient les poids et les mesures, et
font briser ceux qui leur paraissent frauduleux'^ et non conformes à
certains étalons publics gardés, pour les poids dans le temple d'Ops,
pour les mesures de capacité dans le temple de Jupiter Capitolin, et
pour celles de longueur dans le temple de Junon-Moneta *. Ils ont
encore l'inspection des bains, des tavernes *^ et des auberges; ils
obligent les maîtres de ces derniers établissements à tenir note des
personnes qui viennent loger chez eux, et à déclarer leurs noms à
des licteurs envoyés chaque jour pour les transcrire sur des registres
publics ^^
Les mœurs des femmes sont également sous leur surveillance **,
et les courtisanes dépendent tout à fait de ces magistrats ; ils tiennent
' Thesaur. Morell. famil. Livineia, tab. I, 5. = ^ Mazzocclii, tab. Heracl. lat. v.
21, 25, 30. = 3 Cir. in Verr. V, 14; de Legib. UI, 3. — Dion. XI.IX, 43. = 4 Pelron.
44. = 5 l'Iaut. Capliv. IV, 2, v. 42 ; Rud. H, 5, v. 42. = 6 Plant. Kud. Ibid. = "> Con-
jecture. = ^ Suet. Tib. 34 ; Claud. 38. = ' Inslit. I, tit. 2, 7. — Arad. des Inscript,
t. 42, p. 202. = 10 Acad. des Insrripl. t. 42, p. 186. = '•• Juv. S. 10, v. 101.— Pers. S.
i, V. 131. -Uigesl. XIX, lit. 2, leg. 13, § 8. = '^ Cic. Ep. famil. VIII,6.— Mart. V, 83.
— Suet. Claud. 38. = « Pdron. l.ï. = >* Tit.-Liv. VIII, 18; X, 31.
LETTRE XX. i07
la liste de toutes celles qui habitent dans leur lessort, et nulle ne
peut exercer son infâme métier sans en avoir fait au préalable la dé-
claration devant eux et chez eux ', car entrer dans le repaire de ces
femmes de mauvaise vie leur est interdit ^ ; gardiens de la morale
publique, ils se souilleraient dans ces lieux impurs.
La propreté, la sûreté, la liberté et la conservation des rues de
Rome sont aussi confiées aux Ediles* ; ils en font enlever la boue, les
immondices et les décombres, qui ne s'y amassent toujours que
trop *. Cette dernière partie de leur tâche, qu'ils partagaient jadis
avec quatre olliciers spéciaux appelés, de leur nombre, Quatuor-
virs ^, exige une grande surveillance, parce que beaucoup de rues
n'étant point pavées, rien n'en fixe le niveau, de sorte que les ci-
toyens profitent de cette incertitude pour répandre sur la voie pu-
blique des décombres qui finissent par relever le sol d'une manière
très-sensible *. Relativement à la propreté et à l'entretien des rues
pavées, les habitants leur servent d'auxiliaires, mais d'auxiliaires
forcés; ils sont tenus de balayer, d'enlever les ordures ^ et d'arro-
ser '. Dans les rues pavées, ils doivent entretenir, devant leurs mai-
sons, le pavé, et les inarges ou sentiers dallés pour les piétons qui
bordent la plupart des voies publiques, et de les maintenir unis de
manière à ce que l'eau n'y séjourne pas ^. Lorsqu'une maison se
trouve vis-à-vis d'un temple, d'un autre édifice ou lieu public, la
moitié de la servitude reste à la charge du trésor de l'État^. Les rive-
rains, soit dans la ville, soit dans les faubourgs *, doivent exécuter
les réparations dès que l'Édile les juge nécessaires; s'ils ne les font
pas, le magistrat les adjuge à un entrepreneur. Mais, comme on
veut'ménager même les récalcitrants, il annonce l'adjudication au
moins dix jours à l'avance, par aflîche posée dans le Forum, devant
son tribunal. Cette affiche, qui contient la désignation des lieux à
réparer et la mention du jour où les travaux seront criés pour être
adjugés, est dénoncée devant la maison du propriétaire en défaut,
ou de ses procurateurs s'il est absent. L'adjudication a lieu publique-
ment, sur le Forum, par un magistrat chargé du trésor. La somme
estimative des travaux est portée sur les livres d'impôts à recouvrer,
1 Tac. Ann. Il, 85. — 2 A. Gell. IV, U. = 3 Plauf. Slicli. II, 2, v. 27.-Suet. Vesp.
5.— Dion. LIX, 12. = 4 oigcsl. XVIII, lil. 16, leg. 12; XLIII, lit. 10. = ^ Mazzorchi,
lab. Heracl. lai. v. 50, 55. = ^ Plaul. Tiucul. li, 7, v. 6. = "? Id. Slich. U, 2, v. 27.
= 8 Digesl. XLllI, til. 10, leg. I, § 3. — Mazzocclii, lab. Heracl. lat. v. 22, 25. =
9 Mazzocclii, Ibid. v. 29-31.
i08 UOMi: AU SIKCLK DALGUSTE.
f t si le pi'opriétaire ou son prociiratour no l'a pas verséf! filtre les
mains de l'adjudicataire dans un délai de trente jours, ou s'il n'a pas
fourni caution, il est condamné à payer le double, et passible de con-
trainte judiciaire à la requête de son créancier '.
Certaines malpropretés qu'aucune autorité ne saurait empêcher,
ont fait imaginer quelques mesures préventives qui les dissimu-
lent un peu, ou du moins en sauvent l'inconvénient. Par exemple, il
y a dans beaucoup d'endroits des latrines publiques^, et dans presque
tous les carrefours, des tonneaux sciés', ou de larges amphores où
les passants peuvent se débarrasser de la surabondance du fluide qui
les tourmente *. Malgré ces précautions, les édifices publics, les
temples, ne sont pas toujours à l'abri d'impures aspersions. Pour
les en garantir on fait peindre sur les murs deux serpents; cette
image avertit les gens distraits de la sainteté du lieu, et leur sert
d'avis tacite de se porter ailleurs ^ Les taverniers ont les premiers,
dit-on, inventé ce moyen pour épouvanter les enfants qui venaient
souiller les angles extérieurs de leurs tavernes ^. Il y a des prêtres
qui ne se contentent pas de cet épouvantail symbolique; dans une
inscription en toutes lettres, ils n'invoquent rien moins que la colère
des douze grands dieux, et nominalement celle de Diane et de Jupi-
ter, très-bon, très-grand, n'oublient-ils pas d'ajouter, contre les
gens grossiers qui oublieraient au pied de leur temple qu'ils ne sont
ni devant des tonneaux ou des amphores de carrefour, ni dans les
lieux plus secrets réservés pour d'autres besoins ^.
Il faut une surveillance incessante pour tout ce qui tient à la sûreté
et à la liberté des rues. Cette surveillance consiste à empêcher que
personne ne laisse courir dehors aucun animal dangereux, tels
qu'un chien enragé, ou bien un sanglier, un lion, un ours, une pan-
thère', accidents qui peuvent se produire d'autant plus aisément,
qu ily a toujours ici de ces animaux étrangers amenés pour certains
jeux publics. Il est aussi défendu, sous peine de punition, de rien
répandre ou jeter sur les passants ^
Quant à la liberté, non-seulemeni des rues, mais des places et des
1 Mazzocclii, lab. Heracl. lat. v. 52-49. =2 >iar(. Xn, 62. — Suet. Lucan. vit. =
3 Dolia curta. Luciet. IV, v. 1020. = * Mart. Xll, 48. — Macrob. Salurn. H, 12, =
i» Pinge duos angui-s ; pueri, sacer est lopus, extra megite. Pers. S. 1. v. 13, l-l. =
^ Coinul. in Pers. loc sup. cit. =; " Duodecim Deos et Dianam et Jovem Opiumum
Maxumum habeal iratos quis'(uis tiic minxerit aut cacaverll. Inscript, de Pnmpéi, sui-
tes murs d'un temple. — » Uigesl NXI, lit 1, leg. 40, 41, 42. — Inslit. IV, lit. 10, g 1.
= 9 Diij;est. IX, lit. 5.
LETTKE XX. iOft
portiques ', on l'entend d'une manière un peu plus large : lomot de
voie publique est pris à la lettre par les citoyens; les riverains la
considèrent comme leur appartenant en partie, et, à ce titre, s'en met-
tent en possession : ainsi le foulon étend ses étoffes humides au-des-
sus de la rue, le charron expose des chars à sa porte, et n'est point
en contravention tant que son étalage laisse le passage libre pour
une voiture ^.
La liberté de la circulation est essentiellement pour les gens de
pied, et sur ce point on leur sacrifie tout ce qui pourrait les gêner
ou leur nuire. En vertu d'un édit sur la matière, les rues de la
ville et celles des feubourgs sont interdites pendant toute la journée
aux chariots pesamment chargés; ils ne peuvent y circuler qu'après
la dixième heure du jour ("), jusqu'au lever du soleil du jour suivant.
L'édit n'admet d'exception que pour le transport des matériaux né-
cessaires à la construction d'un temple ou d'un édifice public, ou
poiu' enlever d'un lieu public des matériaux de démolition ; encore
faut-il obtenir une autorisation préalable ^ La plupart des rues
sont si étroites, le sol de la ville est si montueux, qu'une circulation
un peu active de ces pesants chariots serait vraiment dangereuse pour
les passants, et qu'il a fallu la diminuer autant que possible. Vers la
fin de l'ancienne république, il ne pouvait paraître dans les rues
de la ville de voitures d'aucune espèce, excepté celles des Vestales,
du Roi des sacrifices, des Flamines ; excepté aussi les chars qui
figurent dans certaines cérémonies religieuses, et dans les pompes
triomphales * *.
Les Ediles, tu viens de le voir, exercent une surveillance générale;
mais comme ils sont trop peu nombreux, l'action potentielle, qui doit
agir sur tous les points à la fois, est en partie déléguée à un autre
ordre de magistrats, secondés eux-mêmes par des officiers subalter-
nes. Les quatorze régions de la ville, qui sont une création de l'Em-
pereur * (auparavant il n'y en avait que quatre^), forment comme
autant de petits gouvernements régis par sept cent cinquante-six
chefs hiérarchiques, ainsi nommés et répartis : deux Curateurs à la
tête de chaque région'', et quatre Procurateurs^ ou Maîtres de quar-
' Maïzocclii, tab. Heracl. lat. v. 68, 72. = 2 niftost. XLUI, lit. 10, § 4. = '^ Maz/or-
clii, tab. Herarl. lat. v. .ï6, 61. = * Ibid. v. 62,6."). =5 L'an 7i7. Suet. Aup. 30. —
Dion. LV, 8. = B Nardini, Roma aniica, lib. Il, c. 5. p. 118 et 119, édil. Nibby. =
■' P. Vicl. — SexI. Ruf. de Reg. urb. Romoe, passim. — Gruter. p. 250. — Orclli, 1ns-
fijpt. lat. n» ,'). = 8 Procuiator insulîe. Petron. 96. (") -ï lioiics après midi.
410 ROME AU SIÈCI-K D'AUGUSTE.
tiem ' dans cliaque quartier, dont lo nombre total est de cent
soixante-seize * *. Les j)remiers veillent particulièrement à la rentrée
ftà l'équitable perception des impôts *; les seconds sont charjîés de
maintenir la tranquillité et la sûreté de la voie publique *. Le peuple
élit les Procurateurs parmi les habitants du quartier, pourvu qu'ils
soient plébéiens *. Leurs fonctions, bien qu'assez humbles, sont ho-
norées; ils ont droit, à certains jours, de porter, dans leurs quar-
tiers, la toge prétexte des magistrats, et de se faire précéder par deux
licteurs ®.
Les Curateurs sont élus au sort parmi les Procurateurs, les Tri-
buns du peuple, les Préteurs, et les autres magistrats annuels. Le
sort aussi leur assigne la région qu'ils doivent avoir à gouverner '.
Us ont pour insigne d'autorité un otlicier nommé Dénonciateur, qui
les accompagne en tous lieux *.
J'ai pour habitude (et je crois que cela jette quelque intérêt dans
mes récits) de ne point me borner strictement au tableau placé sous
mes yeux, mais de te faire aussi un peu l'historique des institutions;
je dois donc te dire quelques mots sur l'origine de la Préfecture ur-
baine et de l'Édilité. La Préfecture date du temps de la royauté ' :
lorsque les rois s'absentaient de Rome, pour que la ville ne restât
pas sans chef ils nommaient un magistrat temporaire *"qui, sous le
litre de gardien de la ville, rendait la justice à leur place, et remé-
diait aux accidents imprévus''.
Les Consuls, héritiers du pouvoir royal, se firent aussi suppléer,
mais perpétuellement. Les Tribuns du peuple se chargèrent de les
remplacer dans les affaires domestiques; puis, trop occupés eux-
mêmes, le peuple demanda au Sénat l'autorisation d'élire annuelle-
ment deux plébéiens pour soulager ses Tribuns dans toutes les choses
où ils auraient besoin d'aide, juger les causes que ces derniers leur
renverraient, avoir soin des édifices sacrés, inspecter les édifices pri-
vés, veiller à la commodité des vivres, et fixer le prix des denrées.
Les Sénateurs ayant consenti à cette nouvelle demande, l'an deux
cent soixante on créa deux magistrats qui furent appelés Ediles '^ de
1 Magistii vironim. Tit.-Liv. XXXIV, 7. — Gruler. p. 40, 7i, 79. — Orelli, Inscripl.
hil. Il" 5. — Vicomagislri. P. Vict. — SexI. Ruf. de res;. urb. Romœ, passim. = ^ p.
Vict. — Sext. Ruf. IbuL = 3 Capitol. M. Anio. 11. = * Peiron. 96. = ^ Suel. Âug. 30.
— Dion. LV, 8. = "^ Dion. Ibid. — '< Suel. Aug. 30. - Dion. Ibid. — ^Y>. Vict. — SexI.
Ruf. Ibid. — 9 Tue. Ann. VI, 11. — Ljd. de Jlens. I, 19. = '« Tac. Ibid. — n Urbis cus-
tos. Seuec. Ep. 83. — Patercul. II, 88. — Lvd. de Mens. I, 19, 54, 38. = i^ d. Halic.
VI, 90.
LETTRK XX. 441
celles de leurs fonctions consistant à prendre soin des édifices '. Ils
(lurent être pris parmi d'anciens questeurs, âgés de vingi-sept ou
vingt-huit ans, c'est-à-dire plus jeunes que les tribuns du peuple ^
On leur donna, comme aux Tribuns, un viateur pour marque de
leur pouvoir ^.
Environ cent trente ans après la création de ces Ediles, deux autres
Curent institués qui , pris parmi les patriciens \ n'eurent d'abord
d'autres attributions que de faire célébrer certaines fêtes religieuses".
Ensuite quelques fonctions de judicature et de police leur furent dé-
léguées "; et par la force des choses, par une sorte de loi qui fait que
tout pouvoir nouveau non contesté devient envahissant, ils finirent
par effacer presque les édiles plébéiens leurs aînés, à les réduire à n'être
plus guère que leurs auxiliaires. Ces nouveaux Édiles furent appelés
curules, parce qu'en raison de leur noble origine, ils étaient assimi-
lés aux grands magistrats. On ne pouvait les prendre que parmi les
citoyens âgés au moins de trente ans ^.
L'envahissement de l'Édilité curule rencontra peu d'obstacles,
parce que dès la seconde année de son établissement les plébéiens
y purent être admis^. Néanmoins l'Édilité plébéienne garda, comme
elle garde encore, la marque originelle de son infériorité : les citoyens
qui l'occupent, créés pour être les lieutenants des Tribuns du peuple,
n'ont, à l'instar de ces derniers, ni la toge prétexte ^ ni la chaise
curule ^'*.
Pendant que les deux Édilités se partageaient, bien que d'une ma-
nière inégale, l'administration de la ville, la Préfecture urbaine s'a-
moindrissait, et finit par s'éclipser entièrement lorsqu'on eut achevé
de diviser des attributions devenues trop importantes pour pouvoir
êtres cumulées ; je veux parler des attributions purement judiciaires,
pour lesquelles deux magistrats spéciaux nommés Préteurs, dont je
parlerai plus tard '', furent institués.
Il y avait trois siècles qu'on ne nommait plus de Préfet de la ville,
lorsque pendant les dernières guerres qui déchirèrent la république,
l'Empereur confia l'administration générale de Rome et de l'Italie à
Mécène son ministre ''^.Depuis, devenu maître de l'empire, etcon-
> D. Halic. VI, 90. — Varr. L. L. V, ,§ 81. = 2 Acad. des Inscript, nouvel, série,
I. XIII, p. 237. = 3 Til.-Liv. XXX, 59. — Grul<M. p. 94. = * Til.-Liv. VI, 42 ; VU, I.
= 5 Voy. LcUre XLVllI. = « Tit.-Liv. VIII, 18, 22.— V. Max. VI, 1, 7.— Plin. XVlll, 6.
= ■' Acad. des Insriipl. Ibid. p. 550. — « Til.-Liv. VII, 1. =» Ibid.— D. Halle. VI,
93. = 10 Palin. famil. rom. p. 96, 109, 172. = n Voy. Lellie XXXVIII. = *^ Tac.
Ann .VI, 11.— Palercul. II, 88.
il-2 HOME AU SIECLE D" AUGUSTE.
sidérant la grande population do Kome, la lenteur des secours qu'on
trouve dans les lois, il chargea un consulaire de contenir les esclaves,
et cette partie du peuj)|p dont l'esprit turbulent et audacieux ne
connaît de frein que la crainte. Telle fut la manière dont il ressus-
cita la Préfecture urbaine ^
Une institution non moins utile, et qu'on doit encore à l'Empereur,
c'est l'établissement d'un corps spécial pour combattre les incen-
dies ^ cet éternel fléau de Rome ^ malgré la déesse Stata. qui a des
statues dans tous les quartiers, parce qu'elle est censée arrêter les
ravages du feu\ Autrefois, tous les magistrats de police, sans excep-
tion, jusqu'aux Tribuns du peuple, intervenaient dans ces cruelles
circonstances. Ces malheurs ont même toujours été si fréquents que
les moyens publics de répression ne suffisant pas, il s'était établi, à
côté de l'autorité publique, des entreprises particulières pour com-
battre les incendies, soit à prix d'argent, soit gratuitement ^ Au-
guste comprit que là, comme ailleurs, la direction unique d'une ad-
ministration spéciale aurait plus d'activité et d'énergie. Il chargea
donc d'abord les quatre Édiles de ce soin important *; puis il le
confia aux seuls Ediles curules, auxquels il donna un corps de six
cents esclaves^, afin que n'ayant besoin de l'aide de personne, ils
pussent porter des secours immédiats partout où il le faudrait.
Longtemps après, la ville ayant souffert de plusieurs incendies
qui éclatèrent le même jour*, il établit, pour combattre le feu, un
corps d'aff'ranchis ^ divisé en sept cohortes^**, qui non-seulement
veillent de jour, mais encore font des rondes pendant la nuit". Elles
sont stationnées vers les murs et les portes de la ville'*, position cen-
trale à cause de l'immensité des faubourgs, et placées de manière à
ce qu'une seule cohorte peut défendre deux régions. Chaque cohorte
est commandée par un tribun ^^ et se subdivise en quarante-deux
centuries, qui campent isolément*'^, afin que leur surveillance soit
plus active. Le corps entier a pour chef un chevalier romain *^ avec
le titre de Pre/*^? des Vigiles^^. Les Vigiles ne devaient être d'abord
que temporaires ; mais ils rendirent tant de services, que l'Empereur
ordonna la conservation perpétuelle de cette milice de l'incendie'^.
« Tac. Ann. VI, 11. — Suel. Aug.!57. = 2 Suet. Ibid. 30. = 3 Sliab. V, p. 253 ; ou 209,
U-. fr. — Front. Aquœd. 18. =* Fesl. v. Slalœ. = » Digest. I, til. 15, leg. 1. = « Dion.
LUI, 24. — "L'an 752. Dion. LIV, 2. = « Digest. I, lit. 15, leg. 1, 2.— Dion. LV. 26.
= 9Strab. Ibid. — Suel. Aug. 25. = 10 Dion. Ibid. — Digest. Ibid. leg. 3. — •> Suel.
Aug. 30. = 12 Digest. Ibid. leg. 1. = i' /6irf. leg. ô. = '* Dion. LVM, 19. = 13 W.
l.V, 26. — 16 Prœfectus Vigilum. Digest. I, til. 15, leg. 5. — '' Dion. Ibid.
LETTRE XX. 41 ô
Il lui concéda même quelques privilèges pour l'encourager : donna,
par exemple, le droit de cité Romaine à tout affranchi latin qui au-
rait servi six ans dans ces cohortes nocturnes'.
Par suite d'un usage antique, les magistrats ne peuvent paraître
en public après le coucher du soleil^. Créés pour s'occuper des af-
faires du peuple, et toutes cessant à la chute du jour, ils n'ont plus
alors de pouvoir légal, et rentrent, de fait, dans la classe des simples
citoyens^. Cet, usage qui fut sans doute établi dans Tenfance de
Rome, ne pouvait subsister sans de graves inconvénients quand
l'importance de la ville et son opulence en eurent fait le rendez-
vous d'une foule de gens sans aveu, vivant de larcins et de vols, et
souvent employant la violence comme auxiliaire de leur astuce. Ce-
pendant les Romains ayant un grand respect pour leurs coutumes,
n'abolirent pas celle-ci, mais la neutralisèrent en instituant trois
magistrats chargés de faire des rondes de nuit. Cette surveillance in-
cessante était d'autant plus nécessaire, que le port d'armes ayant
toujours été défendu dans la ville *, le citoyen ne peut se protéger
lui-même. On appela les nouveaux magistrats Triumvirs nocturnes^;
ils eurent huit licteurs*, et de plus on mit sous leurs ordres cinq
citoyens ou Quinquevirs pour les suppléer dans les quartiers tant au
delà qu'en deçà du libres Ils veillaient aussi aux incendies*, avec
une troupe d'esclaves publics pour ce service spéciale
Le Préfet des Vigiles avec ses cohortes, ses tribuns, ses centu-
rions, a remplacé sans désavantage les Triumvirs nocturnes et les
Quinquevirs, car en faisant des rondes perpétuelles avec sa bande
d'affranchis, armés de tout l'attirail nécessaire à l'extinction du feu'",
il exerce aussi sa surveillance sur les malfaiteurs. Aussi l'Empereur
l'a-t-il investi d'une certaine juridiction : il juge les voleurs simples,
les voleurs avec effraction ou violence, et les receleurs, à moins que
l'infamie attachée au délinquant ne le rende justiciable du Préfet de
la ville. Mais les incendiaires sont principalement l'objet de ses re-
cherches, même les incendiaires par imprudence ou par incuries : il
peut faire fustiger* les individus qui ont eu la négligence de laisser
du feu allumé, ou leur adresser une sévère réprimande, s'il leur re-
met la punition*'. Les incendies arrivant presque toujours par la faute
' Ulpian. lit. 5, § 5. = - Digest. I, lit. 2, leg. 2, g 31. = 3 Conjecture. = '' Cic. ad
Atlic 11, 24. = STriumviri noctuini. Til.-Liv. IX, 46.— V. Max. VIII, 1, 3, 6.— Digesi.
1, lit. 15, leg. 1. — 6 Plaul. Amphy. I, 1, v. 17; Asin. III, 2, v. 28. = ^ Til.-Li\.
XXXIX, 14. — Digest. I, til. 2, leg. 2, § 51. = » V. Max. /iiri.— Digest. Jbid. = » Di-
gest. I, tit. 1.^, leg. 1. = 10 Ibid. lee;. 5, §; 5. = " /AiV/. lit l.n, leg. 5, ,^ 1.
4U ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
des habitants, il les avertit d'être vigilants pour le feu, et leur com-
mande de tenir toujours de l'eau dans le haut de leurs maisons'.
Cependant il y a une garde spéciale pour protéger lesciloyens; c'est
un corps do six mille soldats, divisé en quatre cohortes ^ dont trois
sont toujours dans la ville \ réparties dans quatorze excuhitoria ou
corps-de-garde \ un par région.
Voilà tout le gouvernement de Rome, sauf deux ou trois magis-
tratures pour l'approvisionnement et la vente du blé, la distribution
des eaux vives, et l'administration de la justice. Je nelesconnais pas
encore assez pour l'en parler aujourd'hui ; elles mériteront, je crois,
d'être traitées à part. Ce que nous venons de voir de la Police est
un assez vif reflet du gouvernement de l'empire : l'esprit d'un seul
la domine. En eft'et, le Préfet de la ville et celui des Vigiles sont les
(Téatures de l'Empereur, et l'on peut en dire à peu près autant des
Édiles, bien qu'élus dans les comices par tribus ^ parce que les co-
mices ne font guère qu'obéir au chef de l'empire. Mais ce dernier
simulacre de liberté pourra disparaître aussi bientôt, car l'Édililé
tend à s'abolir elle-même : autrefois, c'était le premier degré pour
arriver au consulat et au commandement des armées* ; certains jeux
publics que les Édiles doivent donner au peuple leur en frayaient le
chemin, alors que le peuple était tout-puissant. Depuis que la seule
grande influence est celle de l'Empereur, l'Édilité est devenue une
charge sans proftt; aussi dernièrement les comices devant élire de
nouveaux édiles pour l'an prochain, il ne s'est pas présenté de can-
didats''. C'est un fait phénoménal dont on n'avait encore vu qu'un
exemple pendant la désastreuse époque du Triumvirat*. Cependant
l'Empereur voulait des édiles, et pour en avoir il n'a rien imaginé
de mieux que de réunir d'anciens questeurs ou tribuns du peuple,
et de les faire tirer au sort pour en condamner quatre à l'édilité.
Autrefois c'eût été là un événement énorme : aujourd'hui on n'y
fait presque pas d'attention ; seulement les gens qui l'ont remarqué
en ont tiré la conclusion que désormais le sort devra souvent tenir
lieu des comices édilitiens ^.
«Digest. 1, lit. 15,leg. 5, § i. ='îDioti. LV, 24.= ^ Tac. Ann.'IV, 5 — Suet. Aug. 49.
= * P. Vicl. de res; uib. Romop, in fin. = s Varr. H. U. VU, 17. — Cic. pio Plane. 22.
— Tit.-Liv. II, 37, 38; IX, 46.— U. Halic. IX, 11.— Appi.in. de Bell. civ. I, p. 611, elc.
= 6 cir. de Legib. 111, 5. = "^ Dion. LV, 2». = « fan 718. Id. XLIX, 16. = » Id.
I.V, 24.
LETTRE XXL
DU GOUVERNEMENT DE L ITALIE.
Il y a vingt ans environ, l'Italie s étendait depuis le golfe de Tarente
jusqu'au petit fleuve du Rubicon, vers la mer Adriatique, et jusqu'à
Luna, du côté de la mer Tyrrhénienne '. Maintenant elle va jusqu'aux
Alpes et comprend toute la Gaule Cisalpine^. Cette réunion fut faite
peu d'années après la mort de César, lors de la rupture du triumvirat,
au moment où l'Empereur, alors Octave, s'apprêtait à marcher
contre Antoine. Il trouva dangereux de laisser exister aussi près de
Rome une province, c'est-à-dire un pays avec un proconsul et une
armée, et il en prononça la réunion à la péninsule italique^. Indé-
pendamment de toute autre considération, donner les Alpes pour
limites à cette dernière conti'ée, c'était lui assigner ses frontières na-
turelles. Mais je ne saurais t' exposer la condition politique actuelle
de ritalie sans te parler d'abord de sa condition ancienne.
L'Italie se composait autrefois de douze provinces indépendantes*.
Chacune renfermait plusieurs petits peuples * qui tous avaient leurs
lois, leur gouvernement, leurs magistrats particuliers, et formaient
autant d'Etats séparés, dont quelques-uns ne se composaient uni-
quement que de bourgs : tous ensemble n'appartenaient à aucun
corps de nation ^
La fortune de Rome voulut que ce fut au milieu de ces petites
peuplades que la future ville-reine fût fondée. Admirablement pla-
cée pour se créer un État et un territoire aux dépens de voisins
faibles qu'aucune ligue ne réunissait, elle devint conquérante d'a-
bord par nécessité, puis par caractère. Dès les premiers temps elle
mit en pratique la grande maxime politique que depuis elle a con-
stamment suivie : diviser pour régner.
Comme elle respecta les lois et les usages des pays conquis;
qu'elle fut assez sage pour ne point vouloir faire la guerre aux
mœurs, il arriva que chaque peuple, chaque province, put conser-
ver son gouvernement. Elle se contentait de dire aux vaincus ; Je
1 Plin. III, 5, 15. =2 Tac. Ann. XI, 24. =: » Dion. XLVIII, ^2. ■=. * Pliii. III, 5. =
» Strab. V, p. 228; ou 185, tr. fr.
il6 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
pourrais vous imposer mes lois*, je vous laisse libres, soyez mes
alliés à telle condition. Dans h^s premiers temps, elle avait été obli-
gée d'absorber plusieurs peuples pour se donner à elle-même quel-
que force et quelque consistance ; mais une fois ce but atteint, su
conduite fut toujours telle que je viens de le dire.
La liberté laissée aux peuples conquis était, à la vérité, bien pré-
caire, car Rome les plaçait sous sa dépendance, en leur défendant de
contracter entre eux ni alliances politiques, ni alliances privées, sans
sa permission^ ; en leur ôtant quelquefois une partie de territoire,
pour y fonder çà et là des colonies, véritables armées permanentes
en observation ', renfermant de la cavalerie et de l'infanterie* ; enfin,
en leur imposant des tribus en hommes et en argent^.
L'expérience ayant démontré la bonté de ce principe , il fut tou-
jours pratiqué depuis; César l'employa contre nos Gaules*; l'Empe-
reur l'a imité"', en fondant des colonies sur le Rhin, afin d'assurer
cette frontière contre nos frères les Germains *.
La tolérance politique envers les vaincus, quoique bien entendue
en général, eut cependant ses inconvénients : c'est que ces peuples,
jouissant toujours de leurs gouvernements, trouvèrent plus de faci-
lités pour se révolter contre une alliée aussi exigeante que Rome, et
profitèrent souvent des occasions qui se présentèrent.
Cet état de guerres incessamment renaissantes fit un peu mitiger
la politique romaine, et Rome mit les rigueurs et les bienfaits au
nombre des moyens propres à retenir ses vaincus dans l'obéissance.
Elle concéda divers droits aux peuples qui se montrèrent les plus
fidèles, et sévit contre ceux qui l'irritèrent par des révoltes ou des
trahisons. La privation de la liberté, pour un premier manquement
à la foi des traités; la destruction de la ville, fa confiscation d'une
partie du territoire, ou même la déportation de tous les habitants
hors de leur pays, furent la punition des récidives plus ou moins
sérieuses ^.
Le système des bienfaits pour récompenser la fidélité, et des ri-
gueurs pour punir la trahison, donna naissance aux Municipes ou
1 Tit.-Liv. VUI, U. =^Ibid.; IX, 45. = ^ M. 1, 55; H, 54; IV, 11; V, 29; VUI,
25; X, 10, 21.— Cic. pro Font. 4 ; de Leg. agra. H, 27.— Tac. Hisl. HI, 54.— Slrab.
IV, p. 205 ; ou 95, Ir. fr.— Appian. de Bell. civ. I, p. 604 ; II, p. 840.— Hor. 11, S. 1,
V. 55. =4 Tit.-Liv. XXXV, 9.— .\scon. in Piso. p. 136. = 3 Tit.-Liv. II, 41 ; VUI. H,
12, 14 ; X, 5 ; XXXVIII, 56 ; XLI, 8, 9, 14. = 6 Suel. Tib. 4, = "^ Ibid. — Plin. III, 4.
= 8 Acadeni. des Insoript. t. XIX, p. 501. — » Til.-Liv. II, 40, 41 : VIII. 1. 5, 11, 12.
1 4, 21 ; IX, 45 ; X, 5.— Diod. Sinil. XX, p. 817.
LETTRE XXr. 417
villes municipales, aux villea Jjilines, aii\ villes' Fœdérées, et aux Pré-
fectures. Ces diverses coiidilions n'étanl, en résumé, que celle des
Colonies Romaines, plus ou moins altérée, plus ou moins incom-
plète, il faut que je te fasse connaître d'abord cette dernière.
Les Colonies /domaines fiu^ent comme autant de petites images,
de copies de Rome leur métropole. Elles observèrent les mêmes
lois, la même jurisprudence, la même religion, les mêmes fêtes' ;
elles eurent aussi deux Consuls et un Sénat "- de cent membres *, les
Consuls appelés Duumvirs, de leur nombre, et les sénateurs. Décu-
rions'', parce que dans la fondation d'une colonie on décimait les
colons pour composer le conseil public^. Les Duumvirs, au lieu
d'être annuels comme les Consuls, furent nommés pour plusieurs
années ^ Ils eurent exactement le pouvoir qu'ont les Consuls à
Rome, et de plus, leurs fonctions ne les absorbant pas autant, ils
rendirent la justice'^. Les colons jouissaient de tous les privilèges de
la cité Romaine, excepté du droit de Suffrage et du droit lï Honneurs
à Rome *. Ces colonies, établies pour surveiller et contenir des peu-
ples conquis, auraient manqué au but de leur institution si Ton
avait donné à leurs citoyens ces deux droits, qu'ils ne pouvaient ve-
nir exercer qu'en abandonnant leur poste. Ils y furent même comme
enchaînés pendant une grande partie de leur vie, et la loi ne per-
mit aux colons primitifs de revendre le lot de terre qu'ils avaient
reçu, que vingt ans après la prise de possession ''.
Passons maintenant aux villes qui n'étaient point romaines d'ori-
gine. Les Municipes, qu'il faut placer en tête, étaient des villes de
pays conquis. Par une faveur toute spéciale, Rome les gratifia des
droits de cité Romaine^, don magnifique, incessamment rappelé par
leur nom même, tiré de munus, présent '". Leur constitution, assez
semblable à celle des colonies romaines, ressemblait surtout à celle
de la grande métropole. En effet, les Municipes eurent leurs trois
ordres, le sénat, les chevaliers, et le peuple" ; leurs consuls et leurs
tribuns, les premiers appelés dmunvirs^', comme dans les colonies,
ou quatuorvirs *'' quand ils étaient quatre, et les seconds, défenseurs
1 A. r.ell. XVI, 13. =2Tit.-Liv. VHl, li.— Cic. pro Sext. 4; in Piso. 11; de Leg.
agrar. H, 54, 55. — Caes. de lîell. civ. 1, 23. — Macrob. Saliir. II, 5. = ^ CAc. de Lep.
agrar. U, 35. = * Cic— Tit.-Liv. — Os. Ihid. — ^ Oigesl. L, lil. 16. lep. 239, g, 5. =
« Cir. Wà. 34. = ' Suel. de Clar. rliet. 6. — Digcsl. XXXIX, lit. 2, lep. 4. jS 3. h. —
8 Cic. proCa-cin. 33. = » là. in Vcrr. V, 62. — Tit.-Liv. XXXVIll, 56. = i" A. (loll.
XVI, 15. = 11 Tit.-Liv. VIII, 11, 14. = l2Cir. de Leg. agrac. Il, 54. — C.ts. de Bell,
riv. 1,23. — Mazzocchi, tab. Heracl. lat. c. V et ss((. passim. = '^ Mazzoeelii. Ihid. —
Cic. pro Cluent. 8 ; Ep. famil. Xlll. 76 : ad Allie. X. 13,
i.
o-
418 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
de la cité ^ ; les sénateurs turent également désignés sous le nom de
décurions ^. Comme à Rome, on y élut les magistrats et on y sanc-
tionna les lois dans des assemblées populaires *. Elles purent pos-
séder des terres dont elles se firent un revenu, soit en les cultivant
elles-mêmes, soit en les affermant, et il n'y eut pas nécessité que ces
terres fussent en Italie *. Cette ressemblance de leur constitution
avec celle de la grande république doit d'autant moins étonner, que
beaucoup de Municipes adoptèrent la législation romaine ^ devin-
rent ce que l'on appelle peuples fundi *. Ce ne fut pas là cepen-
dant une condition de rigueur pour obtenir la municipalité, et d'au-
tres villes gratifiées de ce droit conservèrent leur gouvernement
indigène, leurs lois, leurs sacrifices, leurs fêles '' , comme Massilie,
par exemple, dans la Gaule Narbonnaise *. Un point sur lequel les
Municipes l'emportèrent sur les Colonies, c'est qu'on leur accorda
quelquefois le droit de suffrages ® et celui d'honneurs '^.
Lorsque Rome eut conquis le Latium, elle ne voulut pas admettre
les Latins à ses droits de cité : ainsi elle ne leur reconnut ni le pou-
voir paternel absolu ", ni le droit de tutelle *^ ni le droit de testa-
ment, ni celui d'héritage envers un citoyen Romain **. Les traitant en
vaincus, elle leur défendit de se marier hors de leur territoire ^*, et
ne leur accorda pas l'inviolabilité personnelle ; ils purent être battus
de verges et mis à mort*^. Mais voulant néanmoins s'attacher les ha-
bitants d'une province qui s'étendait jusqu'à ses portes, elle déclara
que tout citoyen Latin qui aurait rempli une magistrature dans
son pays deviendrait de droit citoyen Romain '^ et que celui qui n'au-
rait pas été magistrat pourrait encore se faire inscrire parmi les ci-
toyens Romains pourvu qu'en abandonnant sa patrie il y laissât une
postérité mâle", un fds âgé d'un an'*. L'ensemble de ces restric-
tions et de ces privilèges reçut le nom de Droit de Latium. On le
concédait comme une faveur du deuxième ordre à d'anciennes villes
conquises, et quelquefois à de nouvelles colonies.
1 Brisson. de Verb. significat.= ^cic. pro Sext. Rose. 59; pro Q. Rose, h ; Ep. famil.
VI, 18 ; ad Attic. X, 13 ; — .Mazzocclii, lab. Heracl. lat. c. V, et ssq. passim. — Suel.
Aug. .'(C. = 3 cic. pro Cœlio, 2 ; de Legib. III, 16. — Mazzocclii, Ibid. c. VU. — Fesl.
V. Municeps. = 4Cic. Ep. famil. XUI, 7, il.— Patercul. H, 81. = 3 yit.-Liv. IX, 45.
— Cic. pro l'Ianc. 8, 9. — Fest. v. .Municeps- = ^ Cic. pro Daibo, 8, 21. = ' Til.-Liv.
VIll, 14. = 8 Slrab. IV, p. 181; ou 15 Ir. fr. — » Til.-Liv. VIII, 17; XXXVIII, 36.—
Patercul. I, 14.— A. Gell. XYI, 13. = '«Cic. pro Plane. 8. 9.— Fesl. Ibid. — n Gaii,
I, § 67— i;ipian. til. 22, § 3. = i-' Gaii, I, g 23, 24. = 13 /éid.-Instil. I. lit. 22, § 5.
— Ulpian. til. 20, § 14. = i^ Tit.-Liv. VIII, 14 ; IX, 43. = »3 Sali. Jugurt! 69. — Plut
C. Grâce. 9.— Appian. de Bell. civ. II, p. 730. = '^ Slrab. IV, p. 187 ; ou 30, Ir. fr. —
Appian. /Wd.— Ascon. in Piso. p. 156. = l^ Tit.-Liv. XLI, 8. = l» Gaii, I, g! 29.
ILETTRE XXI. 419
Les villes qui n'étaient liées avec Rome que par un traité d'alliance
offensif ou défensif réciproquement \ ou qui leur interdisait de faire
la guerre ou même de se défendre, Rome se chargeant de pourvoir
à leur sûreté^, étaient nommées Fœdèrées, du mot môme de traité,
fœdus, qui rappelait leur condition \ Elles conservaient leur gouver-
nement, leurs lois *, et contribuaient plus ou moins, suivant la con-
dition de leur traité^ au service militaire^ et à l'entretien des armées'^.
Ces mêmes charges pesaient aussi sur les Colonies romaines*, les
Municipes^ les Colonies et les villes Latines^"; les Colonies maritimes
étaient seules dispensées du recrutement ^^ : gardiennes des côtes,
en appelant leurs citoyens ailleurs c'eût été affaiblir l'État.
Les villes Municipales ou Fœdèrées, qui, à la suite de révoltes ou
de trahisons, avaient été privées de leurs droits de cité et de leur
gouvernement, reçurent de Rome un magistrat ^'^ ou plusieurs (quel-
quefois quatre), élus par le peuple pour certaines villes, et pour
d'autres par le Préteur urbain ^\ Ils étaient envoyés pour y rendre
la justice ^*, ce qui de fait soustrayait ces petites républiques à leur
propre gouvernement. On les nomma Préfectures, du nom du ma-
gistrat qui les gouvernait.
Aucune des constitutions dont je viens de parler, pas même celle
qui porte le nom de Droit de Latium, n'était particulière à une pro-
vince ou région spéciale de l'Italie, et l'on rencontrait souvent les unes
auprès des autres des Colonies, des villes Fœdèrées, des Municipes, des
Préfectures ; mais tous ces petits Etats ne formaient qu'un faisceau
sous l'influence de la forte république romaine, à laquelle ils tenaient
par des liens de société, de fédération ou de servitude, et dont le
Sénat pouvait faire comparaître devant lui les principaux magistrats,
pour les juger s'ils ne se conduisaient pas avec loyauté et fidélité '^
Ce fut ainsi que, sans se constituer nominalement souveraine de
l'Italie, Rome parvint à s'en rendre maîtresse. Les subsides qu'elle
exigeait de ses alliés devinrent si considérables, quand elle com-
mença à porter la guerre au dehors, qu'enfin ces peuples ouvrirent
les yeux; ils virent que leur état était une servitude réelle, puisqu'à
> Til.-Liv. VllI, 3 ; XXXMII, 11. = î Id. II. 30 ; III, 19 ; VUI, 2, 4 ; X, 11. = » Id.
VIII, 19, 25; X, 11, 12. ^^ Cic. pio Balbo, 8, 23. = » Id. in Verr. V, 19, 22. — Tit.-
Liv. VII, 12; MU, 23; XXI, 17; XXVI, 28; X.\.V11I, 43. = « W. Ul, 22 ; VllI, 2,
4, 3 ; XXI, 17; XXVl, 28. — Sali. Jugurl. 93. = ^ V. iMax. VII, 6, 1. = » Tit.-Liv. III,
22; VU, 12; XXVU, 9, 10; XN.IX, 13; XLI, 8, 9, 14. = » Fest. v. Municeps. =
i« Sali. Jugurl. 69, 93, 103. — Til.-Liv. Ibid. — >i Til.-Liv. XXVII, 88. = ^^ Id. X.\.VI,
10. — l'aieicul. Il, 44. = li Fest. v. prœfecluriP. = ^'* Til.-Liv. —Fest. Ibid. —■ »^ Tit.-
Liv. m, 4 ; XXVII, 38 ; XXIX, 13.
/tO(» ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
chaquo giierro et tons losans, ils fournissaient un double contingent
do troupes à pied ou h cheval; que véritables défenseurs de Rome,
cette ville avait acquis par leur puissant secours la grandeur dont
elle était fière ; et cela sans dédommagement pour eux-mêmes des
charges qui les accablaient, presque aucun, par le fait de la privation
des droits de cité Romaine, et des droits de suffrage et d'honneurs,
n'ayant d'influence sur ce gouvernement central, qui commandait la
guerre et seul en relirait tout le profit '.
En efî'et, jusqu'à Tan six cent cinquante-neuf, le nombre des villes
Municipales de l'Italie s'élevait à peine à vingt, sur lesquelles un peu
plus de la moitié environ jouissaient du droit de suffrage joint au
droit de cité; et encore la presque totalité était-elle des villes du
Latium. Déjà cette iniquité avait été remarquée : C. Gracchus tenta
delà faire disparaître, en proposant de donner le droit de suffrage à
tous les Latins, ainsi qu'à tous les peuples fœdérés de Tltalie ^ Il
échoua. Le Tribun Livius Drusus reprit ce projet et en obtint l'a-
doption; mais il paya de sa vie un instant de réussite, et le vote
d'une loi qui ne fut point exécutée après lui '.
Ces tentatives augmentèrent la convoitise des peuples pour le droit
de suiïrage : un grand nombre de Colons et de Fœdérés s'en empa-
rèrent par fraude, en se donnant pour citoyens Romains. Une loi (la
loi Licinia-Mucia) fut rendue l'an six cent cinquante-huit pour
arrêter et réprimer ces usurpations. Elle indisposa violemment les
principaux peuples de l'Italie, et devint la principale cause d'une
guerre terrible (la guerre Sociale), qui éclata trois ans après *. La
plupart des peuples de la partie orientale de l'Italie se liguèrent en-
semble, et réclamèrent, d'abord par une ambassade au Sénat, qui
l'accueillit avec auteur ^, puis les armes à la main, ces privilèges de
cité Romaine, ou pour mieux dire, ce droit de suffrage qui leur
était si bien dû ^ et que d'ailleurs on leur avait promis ''. Ils succom-
bè'rent dans une lutte opiniâtre qui dura trois ans, fit perdre à l'Italie
plus de trois cent mille hommes, la fleur de sa jeunesse, et
mit Rome dans le plus grand danger : néanmoins ils obtinrent,
après leur défaite et leur soumission , les privilèges vainement
1 P.nleiT. H, 15.— Flor. Hl, 18. — Appian. de Boll. riv. I, p. 6S0. = ^ Appian. Ibid.
p. 619. — l'hil. C. Grâce. 5. 9. = 3 Klor. lU, 17. — Patercul. H, IS, U, 1."). — Appian.
Ibid. p. 652. —'>C\v. pio Balbo,2l ; de Olfir. MI. 11.— Palorcul. U. 15. — Flor. Ul.
17. — ,\scoii pio Cornel. ]). 150. =s .\ppiaii. Ilnd. p. 655. 65i. — Miab. V. p. 241 ;
ou 242. Ir. fr. = " Til.-l.iv. i:|)ilo. LXXll ; I.XXUI : I.XXIV. — Kiilrop. v. - _ Oros. V,
jH, _. Appian. Ibid = 7 Til.-l.iv. l'.pilo. (.X\I,
LETTHE XXI. Wl
réclamés avant la gueire ' ; le peuple Komaiii uiiua mieux les leur
accorder lors({u'ils furent ai)atlus et désarmés, que lorsqu'ils étaient
puissants et ligués-. Néanmoins, les populations restées fidèles les
reçurent les premières, connue réconqjense de leur fidélité : la loi
Julia, rendue fan six cent soixante-trois, par le préteur Sext. , Julius
César, qui avait été l'un des consuls chargés d'abord de combattre
les révoltés ', les leur conféra *. On n'admit les rebelles ;iu droit de
cité Romaine que trois ans après, en vertu de la loi Pompeia^, por-
tée par le père du grand Pompée ^
Les Romains eurent raison de n'accorder à toutes ces provinces
le droit de cité Rétmaine que le plus tard possible, et seulement après
qu'une longue domination les eut identitiées avec la grande république
centrale. J'ai fait voir combien il est important de ne point déranger
les colons de chez eux ; l'était-il moins de ne pas attirer dans la ville,
par le droit de suffrage, qui ne peut s'exercerqu'à Rome"', une multi-
tude de peuples nouvellement conquis, et mécontents encore de leur
défaite? de leur fournir ainsi l'occasion de se compter, de comparer
la supériorité numérique de leurs forces réunies , de les mettre à
même d'attaquer les vainqueurs au sein de leurs foyers, ce qui eût
été facile, surtout dans les grands Comices, où les citoyens sont tou-
jours venus en armes ? Voilà pourquoi les droits de cité Romaine fu-
rent si souvent accordés sans le droit de suffrage.
Une autre crainte arrêtait encore les Romains, celle de se trou-
ver à la merci de ces peuples, et de les rendre maîtres des Comices.
Quand ils se virent contraints de leur concéder le droit de suffrage,
ils y mirent une condition qui empêcha beaucoup de l'accepter : c'é-
tait que ceux qui voudraient jouir de la cité Romaine renonceraient
d'abord à leurs propres lois et se feraient fundi *. Ensuite ils trouvè-
rent moyen, pour les étrangers qui se soumettraient, de rendre à peu
près illusoire le privilège capital de leur nouvelle position : l'inscription
dans une tribu constituant le droit de suffrage ®, ils concentrèrent "^
ces nouveaux citoyensdans huit tribus, sur les trente-cinq dont se com-
posait l'agrégation politique du peuple Romain, afin qu'ils ne devins-
sent pas plus puissants que ceux qui les avaient admis à l'isopolitie '.
1 Palercul. 11, 15. — Appian. de Bell. civ. I, p. 654. = 2 Palercul. H, 17. = » Ibid.
13. — Appian. Ibid. = '* Cic. pro Balbo, 8. — Appian. Ibid. p. 6-J'*. — Flor. Hl, 18. — Pa-
lercul. II, 16, 17. — Strab. Y, p. 241 ; ou 242, Ir. fr. — Eulrop. V, 3. — » Pliii. 111,
20. = 8 Ascon. in Piso. p. 156. = T Cic. pro S^lla, 7 ; do Letî. a^rar. II, 53. — Suel!
Aug. 46. = 8 Cic. pro Balbo, 8. = 9 Tit.-Liv. "XXXVUI, 36, "— ^o Palercul, H. 20. —
Appian. de Bell. civ. II, p. 645.
422 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
La loi Julia n'avait donné le droit de cité Romaine qu'aux pro-
vinces de l'Italie proprement dite ' ; la loi Pompeia l'étendit jusqu'à
la Gaule Cispadane-, et Jules-César, l'an sept cent cinq, y admit la
Gaule Transpadane, qui avait été sous son commandement^. Cette
concession facilita plus tard la réunion de la Cisalpine *, réunion
dont j'ai parlé au commencement de cette lettre.
L'Italie, encore aujourd'hui, comme avant la guerre Sociale, a des
Muniripes,des villes Fœdérées, des Colonies, des Préfectures''. Cepen-
dant l'Empereur, soit pour effacer d'anciennes divisions territoriales
rappelant la conquête, soit dans des vues d'une meilleure administra-
tion, a soumis toute cette contrée à une sorte d'uniformité politique
en la partageant en onze régions, désignées seulement par un numéro
d'ordre *. Il a en outre établi que dans les Municipes, les Colonies
et les Préfectures, tout citoyen âgé de vingt-deux ans pourrait oc-
cuper une magistrature inférieure '^. Auparavant, l'âge magistral
était de trente ans, et, par exception, de vingt-trois et de vingt-six
ans pour les citoyens qui avaient fait trois campagnes dans la cavale-
rie légionnaire, ou six dans l'infanterie du même corps *.
L'Empereur a introduit aussi une autre réforme assez heureuse
dans l'exercice du droit de suffrage, à peu près abandonné par les
citoyens des provinces ou des régions, dans l'impossibilité où ils
sont de quitter leur pays plusieurs fois par an pour venir voter à
Rome dans les Comices; il a permis aux Décurions des colonies de
prendre part à l'élection des magistrats de la ville, en envoyant à
Rome, le jour des Comices, leurs bulletins cachetés **.
Ainsi donc, en nous résumant, l'Italie forme une agrégation de
petites républiques qui toutes ont leur gouvernement particulier, les
unes régies par leur propre législation , le plus grand nombre par
la législation Romaine, mais toutes dépendant de Rome, contribuant
à ses charges de guerre, et ne pouvant ni rien entreprendre, ni rien
faire au dehors sans son consentement préalable.
1 riin. ni, 15.= 2 Cic. ad Allie. I, 1.— Ascon. in Piso. p. 156.= 3 Dion. XLI. 36.=
* Id. XLVIH, 12. = 5 Cic. in Piso. 22. — Sud. Aug. 46. — Plin. UI, 5. = « Plin. Ibid.
= "^ Plin. X, Ep. 83. = » Mazzocchi, lab. Heracl. lat. c. V, v. 15, IC, 17. = » Saet.
Aug. 46.
LETTRE XXII.
LES MAQUIGNONS ET LES ESCLAVES.
Je passais il y a peu de jours sur le Forum romain, en me diri-
geant vers Tuscus Viens, lorsque je vis une grande foule rassemblée
auprès du temple de Castor * (") , devant une taverne en planches,
adossée au soubassement de l'un des côtés du temple *. Je m'appro-
chai, toujours curieux d'observer, et je vis sur quelques échafauds
des hommes, des femmes, des jeunes garçons et des jeunes filles *.
Tous, dans un état presque complet de nudité ^ avaient un petit
écriteau pendu au cou *; quelques-uns étaient coiffés d'un bonnet '
de laine blanche * tout uni, prenant la forme du haut de la tête '' ;
d'autres d'une couronne de feuillage * ; un plus grand nombre
avaient les pieds nus et frottés de craie ^ ou de gypse *".
Un homme d'une figure ignoble, à l'air brutal et grossier", se pro-
menait devant les échafauds, et s' adressant à la foule avec une volubilité
et une assurance imperturbables *^ : « Rien ne me presse de vendre,
« citoyens ; je suis pauvre, mais je ne dois rien. Un autre ne vous les
« laisserait pas à ce prix, et moi-même je ne les donnerais pas à d'au-
« très qu'à vous, illustres Romains. Voyez-moi cela, continua-t-il en
« désignant un jeune homme exposé près de lui ; examinez comme
« il est blanc! comme il est beau de la tête aux talons *' ! admirez ses
« yeux noirs, sa belle chevelure noire **. Il entend parfaitement de
« ses deux oreilles, il voit très-bien de ses deux yeux '% il est sain de
« corps et sain d'esprit **. Je vous garantis sa frugalité, sa probité,
« sa docilité*''; il obéit au moindre signe : c'est une argile humide ;
« on en fait tout ce qu'on veut. Il sait un peu de grec, il chante
1 Senec. de Const. «apient. 15. = 2 pHn. XXXV, 18. — Pcrs. S. 6, v. 77. — TibuU.
II, 6, V. 42. — Suet. de Illust. grammat. 13. — Slat. Sjiv. Il, 1, v. 72. = * Suet. Aug.
69. — Senee. Controv. I, 2. = '^ Tiopert. IV, 5, v. 51. — Senec. Ep. 47.— Petron. 29.—
A. Gell. IV, 2. =3Pileiim. A. Gell. VII, 4. = 6 Xit.-Liv. XXIV, 16. = '' Thesaur.
Morell. famil. Plaetoria, tab. 2, 1 ; Nummi consul, tab. XI, 2. = * A. Gell. VII, 4. =
9 Plin. XXXV, 17.— Juv. S. 1, v. 111. = '*» Ov. Anior. I, 8, v. 64. = " Plaut. Pseudol.
I, 2, V. 1. = 12 j(j, Curcul. IV, 2, v. 8. = 1* Talos a veitice pulcher ad imos. Hor. II,
Ep. 2, V. 3. = 1* Hor. I, od. 32, v. 11. — Acvon. in Hor. Jbid. = is Hor. II, S. 3,
V. 284.— Porphjr. in Hor. Ibid.— i« Porphyr. /éirf. = " Digest. XXI, tit. 1, leg. 19.
(n) Plan et Descript. de P.ome, n» 120.
AU ItOMK AU SIÈCLE D'ALGLSIE.
« quoiqu il ii'ail point de musique, et peut égayer un festin '. C'est
« un enfant des bords du Nil. » Puis s' approchant davantage, et le
frappant légèrement sur les joues avec le revers de la rnain : —
« Entendez-vous connue cela résonne? Quelle chair ferme ^î la
« maladie n'aura jamais prise là-dessus. Pour huit mille sesterces (•)
« il sera bien à vous •'. Est-ce cette jeune tille que vous voulez? Je
(( vous garantis son innocence.» — Et la tirant à lui, il lui donna
trois ou quatre baisers : — « Voyez comme elle rougit ! ajouta-t-il :
« quel meilleur témoignage de sa vertu et de sa modestie *? »
Passant ensuite à un jeune enfant à la peau d'ébène : « — Allons,
« toi, lui dit-il, fais voir ta gentillesse aux maîtres du monde. » —
Et l'enfant de sauter, de tourner, de gambader sur ses planches, de
débiter mille plaisanteries, de faire mille agaceries lascives pour ten-
ter la foule qui le regarde ^ : — « Est-il leste ! est-il joli 1 est-il mi-
« gnon ! ajouta l'homme. Mais, citoyens, entrez dans ma taverne,
« vous verrez mieux que tout cela : ce n'est ici que mon étalage ;
« tout ce que j'ai de plus rare, de plus beau, de plus délicat, de plus
« séduisant, de plus admirable, est sur les échafauds intérieurs*;
« veuillez entrer, citoyens, veuillez entrer. »
Plusieurs personnes cédèrent à l'invitation, et pendant ce temps,
le marchand d'esclaves ( tu as déjà reconnu qu'il s'agit d'un de ces
trafiquants ) fit commencer une enchère '' par un héraut devant
lequel étaient une table et une balance *. Le jeune esclave qui avait
fait mille gambades fut porté par divers spectateurs, qui s'informè-
rent d'abord de son âge et de son pays', à quatre mille sesterces
d'abord, puis à six mille, et enfin à huit mille. L'acquéreur sortit de
la foule, et tenant un as (*) à la main, prononça la formule suivante :
« Je dis que ce jeune garçon, d'après le droit des Quirites, est à moi,
« et que je l'ai acheté avec cette monnaie et cette balance '". » Il fit
sonner la pièce d'airain dans la balance, compta le prix convenu ",
puis l'esclave lui fut remis : ainsi se passent la vente et l'acquisition
des esclaves. J'en vis vendre quelques autres encore, qui ne furent
payés que deux mille à deux mille deux cents sesterces environ '- {"),
qui me parut être le prix moyen ordinaire.
• Hor. n. Ep. 2, V. 2. = 2 Pers. S. 6, v. 77. = 3 Fiet eiitque luus. Hor. Ibid. =
i Mart. VI, 66. = 5 Stat. Svlv. H, 1. v. 7-2. = « Mail. IX, 60. — Sener. Ep. 47. =
■f Plaul. Cuicul. I. S. V. 57."= » IMin. XXXIU. ô. — ^ Apulœ. Melam. VMI. = '" Piiii.
Ibid. — Gaii, I, § 119, 120. — " Plin. — Gaii, Ibid. — Mot. II, Ep. 2, v. 158. = i^Quin-
genlis empto diaclimis. Hor. Il, S. 7, v. 43. ("} 2,151 fr. (*) Environ 6 centimes.
("jSS? fr. ou 591 fr.
LETTRE XXII. 42o
A Rome, où tout est si bien organisé, où il y a de grands centres
dans lesquels on trouve réunies par espèces les diverses choses dont
chacun peut avoir besoin pour la vie, où les industries secondaires
se sont à peu près agglomérées dans tels où tels quartiers, je m'ima-
ginais qu'il y avait aussi un marché aux esclaves; je me tronipais, il
n'existe aucun établissement de ce genre, et tout cet immense trafic
se fait dans des tavernes, et plus souvent à domicile, par des mar-
chands qui ont toujours provision de cette espèce de marchandise
humaine *.
Mais je me sers à tort des termes de marchands et de marchan-
dise; les hommes ne sont point réputés marchandise*, bien qu'on
les vende, et ceux qui en trafiquent ne sont point appelés marchands,
mais Maquignons, Fsclaviers^-. Le nom de maquignon vient, dit-on,
d'un mot grec qui signifie prestige, ou d'un verbe qui veut dire
tromper par des prestiges, arranger avec art ' ; il est tout à la fois
une désignation et une définition. En effet, il ne se fait pas de trafic
où l'on soit plus exposé à être trompé, ni de trafiquants plus voleurs
et plus astucieux que les Maquignons, qui, du reste, sont les plus
méprisés et les plus méprisables des hommes. Comme le parjure ne
leur coûte rien, et qu'ils se jouent de tout respect humain ou divin **,
il a fallu que la loi leur imposât une sorte de pi'obité forcée, de la-
quelle ils ne peuvent se départir sans encourir certains dommages
ou certaines punitions ; ainsi un édit des Édiles curules les oblige à
pendre au cou des esclaves qu'ils mettent en vente un écriteau rela-
tant d'une manière très-intelligible les maladies ou les vices de cha-
cun, faisant connaître s'il est fugitif, vagabond ; s'il est libre de toute
espèce de lien ^ c est-à-dire s'il n'a pas commis quelque défit qui
pourrait donner lieu à une poursuite en dommages et intérêts ; s'il
est novice ou s'il a déjà servi, car on préfère les novices, parce
qu'on les croit plus simples, et surtout plus propres à être employés
à toutes sortes de fonctions ^
Si l'acheteur découvre un défaut qui ne lui ait pas été annoncé, il
a droit de rompre le marché, et de rendre l'esclave à celui qui le lui
a vendue Le Maquignon, pour avoir essayé de tromper, est passible
1 .Mercis appellatioiie liomines non conliiieri. Digesl. L, lit. 16, leg. 207. = * Man-
goiies, venaliciarii. Ibid. — ■* Miy/a-sv et Msîyyy.vfOw- = * l'Iaul. Curcul. IV, 2, v. 8 ;
Uud. in, 5, V. 16. =s Qujs fuuilivus, errove sil, noxave solutus non sil. A. Gcll. IV, 2.
— Digesl. XXI, lit. 1, leg. 1, § 1, 2. = « DIgosl. Ibid. leg. 57. =: "^ Ibid. lit. 1, leg. 1
et passim;XXIl, lit. 3, leg. 4. — Cic. de Olfic. 111, 17, 23. — Hor. II, S. 3, v. 284. — A.
Gell. IV, 2.— Fest. v. receplicium.
426 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
d'une peine corporelle*, ou d'une amende pécuniaire, basée sur les
conditions du marché, et pouvant s'élever quelquefois au double du
prix de l'esclave - dont les défauts ou les vices non patents' donnent
lieu au cas rédhibitoire*. La non-déclaration du pays de l'individu
vendu est aussi un de ces cas ^ Quelquefois on transige, et l'acqué-
reur qui n'est qu'à moitié trompé, au lieu d'user de toute la rigueur
de son droit, se contente d'une simple réfraction sur le prix de la
vente •.
Pour assurer ces indemnités fortuites, soit bénévoles, soit forcées,
le vendeur donne des cautions ". Ces dispositions fort prudentes sont
gâtées, suivant moi, par une autre bien singulière : c'est que la res-
ponsabilité du Maquignon cesse s'il peut prouver qu'il a indiqué le
défaut ou la maladie de l'esclave seulement par signes, ce qui arrive
assez souvent*; ou bien s'il s'est contenté de vanter ses qualités,
mais sans les garantir formellement, chose qui ne prête pas moins à
la fraude, tout le monde ne songeant pas à cette distinction entre
dire et promettre, la promesse seule étant un engagement'.
Ces règlements s'appliquent aussi aux citoyens qui vendent des
esclaves sans en faire métier ; seulement ils sont dispensés de garan-
tir ceux provenant d'un héritage: on suppose que le vendeur ne
connaît pas leurs défauts'».
Le cas de garantie pour la santé n'est applicable pour personne
aux esclaves femelles enceintes ". Quand les Maquignons ne veulent
prendre aucune responsabilité, ils doivent l'indiquer en coiffant d'un
bonnet de laine blanche les individus qu'ils rangent dans cette ca-
tégorie. L'acheteur se trouve averti par là de se tenir sur ses gardes'-.
La couronne sur la tète indique le prisonnier de guerre ", et les
pieds frottés de gypse ou de craie, les esclaves venus d'outre-mer'*.
Ainsi, du premier coup-d'œil, on connaît l'origine, les défauts et les
qualités de chacun.
Mais les jeunes esclaves de luxe étant très-chers et très-recher-
chés, les Maquignons ( et c'est par-là surtout qu'ils méritent leur
nom) ont inventé des sophistications pour tromper tout à la fois et
1 Hor. II, s. 5, V. 284; IT, Ep. 2, v. 17. = 2 Varr. R. R. U, 10.— Digpst. XXÎ, fit. 1,
leg. 31, ,§ 20. = 3 Digcst. Ibid. legg. 3, 4 ; et 11, ,§ 10. = ^ Fcs'.us. v. Receptirum =
5 Digest. /iîrf. Ipg. 31, § 21. = 6 Ibid. log. 18. = " Ibid. tit. 2, leg. 37. = *< Ibid. lit.
1, leg. 1. ,§ 6. = 3 Dieluma promisso discernitur. /Airf. leg. 19, § 2; ea aulem sola dicta
sive promissa admillenda suni, quaecunque «ic dicuntur, ut prseslentur, non ut jaclen-
tur, § 3. = 10 Cic. de Offic. 111, 17. = n Vitruv. Il, 9. = 12 A. Gell. VII, 4. = 13 Tit.-
Liv. II, 17 ; XXIV, 42 ; XXXVUI, 29, etc. — Varr. R. R. II, 10. — Tac. Ann. XIII, 29.
— A. Gell. Ibid. = i* Plin. XXXV. 17. — Tibull. II, 6, v. 42.— Juv. S. 1, v. 111.
LETTRE XXII. -487
les magistrats et la nature ; au moyen de certaines plantes, telles
que le vaciet*, ou la racine d'hyacinthe infusée dans du vin doux,
et employée en frictions, ils retardent chez les jeunes sujets les signes
de la puberté, ou les dissimulent-. En ont-ils dont les formes soient
trop fluettes, trop délicates, ils leur frottent tout le corps avec de la
térébenthine, pour corriger leur maigreur en élargissant les pores
de la peau, et les rendre capables de contenir beaucoup d'aliments'.
D'autres, afin de leur conserver les formes juvéniles, vont jusqu'à
leur retrancher la virilité, la force des muscles et des bras, le poil et
la barbe (jue la nature a donnés aux mâles étant sans grâce pour
eux*, comme pour beaucoup de maîtres qui préfèrent le service de
ces esclaves mutilés ^ En un mot, ils emploient tous les moyens de
faire valoir et de parer les malheureux objets de leur trafic, et ils ont
continuellement à la main les pinces épilatoires, le peigne, le miroir,
les ciseaux, et le fer à friser®.
Voici une petite anecdote qui pourra te donner une idée de l'ef-
fronterie et de l'impudence de ces misérables. L'un d'eux nommé
Thoranius, fameux dans sa profession '', avait vendu au triumvir An-
toine deux enfants d'une rare beauté, et si ressemblants, qu'il les
avait fait passer pour jumeaux, quoique l'un fût né en Asie et l'autre
au delà des Alpes. La différence des idiomes trahit bientôt la fraude.
Antoine entre soudain en fureur, fait venir le Maquignon, et, l'acca-
blant d'injures, lui reproche, comme principal grief, la somme exor-
bitante qu'il avait exigée ; elle n'allait pas à moins de deux cent
mille sesterces* (") ! « Pourquoi vous irriter en enflant les deux
joues ' ? répond Thoranius sans s'eff'rayer : ces enfants ne vous plai-
sent plus; ne cherchons point un nœud dans un jonc"*, je les re-
prends. Le prétendu défaut dont vous vous plaignez est au contraire
ce qui fait leur plus grand mérite ; une ressemblance entre deux ju-
meaux n'aurait rien de merveilleux ; mais la trouver complète
entre deux sujets nés dans des contrées si différentes, cela n'a point
de prix, et au lieu de me réprimander, vous devriez au contraire me
remercier. » — Cette réponse obtint un plein succès; le triumvir
passa tout d'un coup de la rage d'avoir été pris pour dupe, à l'admi-
ration la plus passionnée pour son acquisition, qu'il voulut garder,
1 Plin. XYl, 18. = 2 jd. XXI, 26. = 3 M. XXIV, 6. = 4 Quint. Instil. Oral. V, 12.-
Marl. IX, 7. = s Ma,t. Ibid. et lU, 82. = « Plaut. Curcul. IV, /«, v. 21. = ^ Suet. Aug.
69. =8 Plin. vu, 12. — Solin. 4. = 9 Ambas iralus buccas inflet. Hor. I, S. 1, v. 20.
'" Xodum in scirpo qu<çris. Terent. Andr. V, 4, v. 59. (") 55,890 fr.
428 HOME AU SIKCLK D'AUGUSTE.
l'estinianl des-lois cuninie plus précieuse que tout ce qu'il possédait'.
Les tavernes de ces trufuiuunts de chair, coinnie on les aj)pelle-,
sont alimentées en partie par la {guerre. De tout temps les Homaiiis
ont, conmie nous'', vendu leurs prisonniers. Les Maquignons les
achètent de la répul)li(jiie\ ou des suidais auxquels les }j;énéraux les
donnent connue part de butina On n'épargne ni les feuunes, ni les
enfants*, et la victoire se fait la pourvoyeuse de la servitude. C'est
iiiémc de là que viennent les noms de Servus et de Mancipium, j)ar
lesquels on désifîne les esclaves, parce qu'ils sont conservés, sercuti,
par la guerre'', et qu'on les prend avec la main, manu capiunlur^ .
La piraterie fournit aussi Rome d'esclaves. Après la destruction
de Cartilage, les Romains devenus riches s'accoutumèrent à un nom-
breux domestique; les pirates, saississant cette occasion que leur
fournissait le luxe, se mirent en course pour piller, et priver de leui-
liberté ceux qu'ils rencontraient 9.
Les Romains ayant organisé leur personnel domestique avec toute
la prodigalité d'une prodigieuse opulence, ont établi dans sa plus
grande extension la division du service ; chez les riches , non-seu-
lement un esclave ne remplit jamais plusieurs offices, mais souvent
il y a plusieurs esclaves pour un même otiice : ce sont les atrienses,
chargés de l'entretien de l'atrium ; les cidjiculaires, pour le service
de la chambre à coucher; les secrétaires, pour écrire les lettres; les
lecteurs; les introducteurs; les nomenclateurs; le dispensateur ou
intendant; les caissiers; lescommentariaires, ou teneurs de comptes;
les vélaires, pour les voiles des portes; les conservateurs de la vais-
selle d'argent ; ceux des ornements d'argent et d'or ; ceux du mobilier ,
des portraits ou images de famille , des statues , des tableaux ; les bai-
gneurs; les parfumeurs; les cuisiniers; les dresseurs ; les serveurs;
les dégustateurs; les échansons ; les portiers; les palefreniers ; les nui-
letiers; les lecticaires ; les coureurs ; les tabellaires , etc, etc.
Dans une grande maison la femme du maître a aussi son service
à part; ce sont ses portiers; ses aguayeurs ou porteurs d'eau; son
accoucheuse ; ses coiffeuses ; ses distributeurs de laine ; ses ouvrières
1 Plin. vu, 12. — Solin. 4. = 2 Carnificinam facere. Plaut. Captiv. K 2, v. 29. =
3 Caes. de Bell. Gall. 1, 11.= * Ibid. I!I, 16. — Cic. ad Altic. IV, 16 ; V, 20.— Til.-Liv.
II, 17 ; V, 22 ; VI, k ; VllI, 37.— Tar. Hist. III, 34.— Ilor. 1, Ep. 16, v. 68.— Slrab. IV,
p. 205 ; ou 95, tr. fr. ; V, p. 224 ; ou 163, tr. fr. -Plul. P. .-Emil. 29, etc. = ^ Cws. de
Bell. Gall. VII, 89.— I). Halic. IV, ik.— ^ C;fs. Ihid. 111, 16. — Plut. M. Calo. 21, Ptc.=
" Isid. Orig. IX, 4. — Digest. 1. til. 5, leg. 4, <S 2 ; L. leg. 239, § 1.— Inslil. I, lil. 3,
§ 3. = 8 (Jic. ad Altic. V, 20. — Digesl. I, til. 5, leg. '.. § 3.— Varr, L. L. VI, § 8.j. =
9 Slrab. XIV, p. 668 ; ou 367 tr. fr.
LETTRE XXII. 429
en Yctemeiils; son esclave de la chaise ; sa porteuse d'éventail; sa
porteuse d'ombrelle; ses suivantes; sa gardeuse de chienne; sa nour-
rice, et bien d'autres encore. Il deviendrait fastidieux d'épuiser cette
liste* ; d'ailleurs j'ai déjà parh' en son lieu de quelques-uns de ces
nombreux esclaves, et j'aurai plus d'une fois encore l'occasion d'y
revenir, suivant le besoin de mes récits. J'ajouterai seulement ici,
qu'il y a plus de cent vingt emplois divers, uniquement pour les es-
claves de la villeM Ils sont si nombreux qu'on les appelle \n plèbe
de la maison^ ; que beaucoup ne voient jamais, ne connaisseni pas
même leur maître *, et que les maîtres ne pouvant connaître tous
ceux attachés à leur service, sont obligés d'avoir un esclave spécial
pour les leur nommer au besoin ^. Il y a telle maison dans Rome où
l'on trouve quatre cents ^, cinq cents esclaves"^, et plus. Un certain
Cécilius Isidorus,qui vient de mourir, en a laissé, tant à la ville qu'à
la campagne, quatre mille cent seize ^* !
La plèbe domestique est divisée comme une armée, par décuries.
Chaque décurie a un chef ou décurion ', et ses fonctions fixes, sa
province^", comme on dit, en empruntant nne expression à un ordre de
choses plus élevé. Les esclaves attachés au service personnel sont as-
sortis par âge" et par couleur^^. Enfin les serviteurs d'une grande mai-
son sont si nombreux, que le maître peut n'avoir à demander aucun
service du dehors pour les besoins de la vie les plus vastes et les plus
multipliés. Il ne paraîtrait pas moins honteux à un riche de ne pas
être ainsi en état de se passer de tout le monde, étranger à lui, que
d'habiter dans une maison à loyer («). Il y a de la grandeur dans cette
manière d'envisager les choses ; rien n'est plus dispendieux, à vrai
dire , mais suivant les Romains , une maison n'est opulente qu'au-
tant qu'on y trouve de tout en prodigalité '\
Cependant il y a certains calculs économiques habituellement
pratiqués, et il faut que je te dise comment un aussi nombreux do-
mestique n'est pas ruineux pour les maîtres, et surtout comment ils
le maintiennent dans le devoir et dans l'obéissance.
Un philosophe a défini les esclaves des mercenaires perpétuels **.
'f.niler. passini, cl indir. c. IV. = ~ Ibid.—Vi^nor. de Serv. passim. = •' Pobs do-
mus. Mari. VI, 29. = '* l'elron. 37. = ^ Scnec. de Vit. beat. 17.— Pli» XXXIII, 1. =
fi Tac. Ann. XIV, 44. = ■? Plut. Crass. f2. = » L'an 745. Pliti. XXXIII, 10. = » Piranesi,
Anlicii. loni. t. III, lav. .33. = "' Proviiicia. Plant. Capliv. III, 1, v. 14 : Pseudol. I, 2,
V. 15 ; Slirli. V, 4, v. 16. — ïorent. Pliorm. I, 2, v. 22. — Waoïob. Salurn. I, 7. =
" Tac. Ann. XV, 69. = '2 Scnec. de Brevil. vit. 12. = 13 Rxilis donius est ubi non et
mulla supersunl. Hor. I, F.p. 6, v. 4.5. = '* Servus pcipetuus mevcenarius est. Sencr.
(le Benef. 111, 22. («) Voy. Lettre XVI, p. 563, 364.
430 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
Telle estetïectivcinenl leur condition, avec cette différence cependant
qu'ils reçoivent leur salaire t;n nature;, c'est-à-dire que leur maître
les loge, les nourrit et les habille '. Une grande parcimonie préside
surtout à leur nourriture ; les malheureux, ne sont nourris que de
pain, qu'ils assaisonnent d'un peu de sel *, et ne boivent que
de l'eau '^ Ils reçoivent leur ration en blé, à raison de cinq mo-
dii (") par mois '^ ', qui leur sont distribués, soit en une fois sous le
nom de demensum *, soit quotidiennement sous le nom de diarium'^.
Cette nourriture est si insutiisante, ([ue les esclaves qui servent
dans les festins dérobent toujours quelque chose des plats qu'ils en-
lèvent de la table pour les porter à l'otlice ®.
Chez les gens qui calculent, et font passer leur intérêt avant leur
vanité, les esclaves peuvent être un revenu plutôt quune dépense.
Certains maîtres les organisent en corps de métiers, et soit qu'ils les
fassent travailler pour eux, soit qu'ils louent leur travail à d'autres,
ils en tirent un bon produit '.
L'âge, les accidents, les maladies, tendent à diminuer, à détruire
une bande, un personnel, une famille d'esclaves. C'est donc une
propriété d'une valeur naturellement décroissante. Cependant cette
chance de perte est efficacement combattue par le contubernium.
On nomme ainsi un sinuilacre de mariage que les maîtres permet-
tent, comme récompense*, entre leurs esclaves des deux sexes". Tous
les enfants qui naissent de ces unions leur appartiennent »•>, et rem-
placent, en partie du moins, les vides produits par la mort. Ce croît
delà famille ïovme une race d'esclaves qu'on appelle ceniœ^^, parce
qu'ils ont commencé à vivre dans la maison *^.
Je n'ai pas besoin d'entrer dans de longs détails pour te faire
connaître la condition civile des esclaves ; qui dit esclave, dit tout :
c'est un individu qui n'a ni droit d'aucune sorte ^* ni aucune volonté
permise, qui ne jouit d'aucune protection légale, qui est la propriété,
la chose de celui qui le possède, et qui lui-même ne peut rien pos-
séder. Mais de même qu'on permet aux esclaves un simulacre de ma-
riage, de même on leur laisse un simulacre de propriété, on leur
1 Senec. de lîcnef. III, 21 ; de Tiauquil. anim. 8. = 2 Ov. Amor. I, 6, v. 26. —
Petron. 71.:= -Senec. Ep. 80. = * l'Iaut. Slicli. I, 2, v . 5. — ïerent. l'horm. 1. 1,
V. 9. = 5 llor. 1, lip. 14, V. 40. — Mari. XI, 109. =6 Hor. I, S. 3, v. 80 ; U, S. 4,
V. 79. = 7 Plut. Ciass. 2. =8 Varr. R. U. 1, 17. = » Uigesl. XL, lit. 4, leg. 59 ; lit. 5;
leg. 41, § la. — Boël. in Cie. Topic. 4. = '« Columel. I, 8. — Oigest. I, lit. 5, leg. 5,
g 1.= 11 Mail. VI, 29.— t'est, v. Vernœ. = J^ V. Max. III, 4, 3. — Vernae, qui in villis
verc nati. Fesl. h. v. ~ 13 Plaut. Casin. Prolog, v. 68.— Plin. IV, Ep. 10 ; VIII, Ep. 10.
(") 43 litres 553, pesant environ 41 kilogrammes 600.
LETTRE XXII. 431
accot'de la permission d'avoir quelques petites sommes en biens
meubles ou immeubles : c'est ce qu'on nomme un pécule K Ce n'est
qu à force de patience, de sobriété, en économisant sur sa ration de
vivres, aux dépens de son estomac, qu'un esclave vient à bout de
commencer un pécule^. Le premier emploi qu'il en fait est ordinai-
rement d'acheter un ou deux vicaires * ou suppléants, pour le sou-
lager dans une partie de son service *, et lui laisser le temps de
grossir lui-même son petit avoir, 11 est assez singulier que des esclaves
aient des esclaves ; mais les maîtres permettent cela d'autant plus fa-
cilement, qu'ils y trouvent leur intérêt, parce que, suivant la loi, tout
ce qui est acquispar l'esclave est acquis au maître^ : ainsi les vicaires,
et loutle pécule, quel qu'il soit, l'esclave n'en est que l'usufruitier à
titre précaire : le maître peut s'en emparer, le retenir pour lui, soit
qu'il vende son esclave, soit qu'il le lègue, soit qu'il l'affranchisse ®.
Cette propriété appartient si peu au malheureux qui l'a gagnée, qu'il
n'en saurait avoir la gestion sans le consentement formel de son maî-
tre^ et que si dans la vente ou le legs d'un esclave elle n'est pas ex-
pressément mentionnée, elle ne suitpasla condition de cet esclave ^,
et reste au vendeur ^. Le pécule est donc un capital pour les maî-
tres, ou tout au moins un fonds de revenus pour ceux qui croient
devoir le respecter, parce qu'alors, à certaines époques solennelles,
telles que l'anniversaire de leur naissance, le mariage de leurs en-
fants, les couches de leurs filles, ils exigent que les esclaves leur
fassent des présents '".
Je ne sais pas s'il est exact de dire que l'on méprise ce que l'on
craint ; cependant les Romains sont animés de ce double sentiment
pour leurs esclaves ; ou mieux, ils craignent l'espèce en général, et
méprisent les individus. Les esclaves sont, à leurs yeux, tout au plus
une seconde espèce humaine^\ ou même moins que des hommes ^-. Les
citoyens chez qui les lumières de la philosophie sembleraient devoir
développer des sentiments d'humanité ne se montrent pas moins im-
1 Peculium. Digest. XV, lit. 1, leg. 5, § 5 ; leg. 7, g 4, 5, 6. = 2 Senec. Ep. 80.—
Terent. l'horm. I, 1, v. 9. = 3 Vicarius. Cic. in Verr. I, 36 ; Uï, 58.— Senec. de Trau-
quii. aiiimi, 1. — Digest. X, lit. 3, leg. 23 ; XV, lit. 1, passim. = * Plaut. Asin. H, 4,
V. 28. — Hor. U, S. 7, v. 78.— Mait. H, 18. = ^ (juodcumque per servum adquiiitur,
id domino adquirilur. Gaii, I, § 32. — Instil I, (il. 8, g! 31. = ^ cic. in Verr. I, 36. —
Senec. de Benef. VII, 4. — Digest. XXXIII, lit. 8, passim. = ^ Varr. R. R. II, 10. —
Digest. XV, lit. 1, leg. 3, § 4. = » Digest. L, lit. 17, leg. 118. = ^ Id. XXI, lit. 2, leg.
3, 5; XL, lit. 1. leg. 4, g 1. = i» Plaut. Pseudol. III, 1, v. 1. — Tei-ent. Phorm. I, 1,
V. 7. = 11 Per forlunam in omnia obnoxii [servi], lamen quasi secundum hominuni ge-
nus sunl. Flov. III, 20. = i^ 0 démens ! ita servus homo est ? Juv. S. 6, v. 222.
Ar)2 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
pitoyables que les autres : Caton l'Ancien voulait que l'en vendit ses
esclaves quand ils étaient vieux, afin de ne point nourrir des êtres
inutiles' ; j'ai vu une lettre de Cicéron, dans laquelle il écrit à l'un de
ses amis : « Je viens de perdre Sosithée, qui me servait de lecteur,
et j'en suis plus aftligé qu'on ne devrait, ce me semble, l'être de la
mort d'un esclave ^ » Singulière honte! qui regarde comme une
faiblesse un mouvement d'humanité !
On ne fait pas plus d'attention à un esclave qu'à un cliieii.
Croiras-tu que dans les grandes maisons le portier est attaché au-
près de sa porte ^ avec une longue chaîne * reliée à un anneau de
fer rivé à chaque jambe ^ ! Souvent on le vend avec la maison quand
elle change de maître ^ comme s'il tenait invinciblement à la mu-
raille où sa chaîne est scellée, comme s'il faisait partie intégrante de
sa construction !
Par suite du profond mépris qu'inspirent les esclaves, les maîtres
n'osent pas les employer dans bien des circonstances où ils le pour-
raient avec succès : « Si l'un de vos esclaves s'est distingué par une
« fidélité exemplaire, écrivait encore Cicéron, il y a quelques an-
« nées, à son frère Quintus, employez-le dans vos affaires domes-
(( tiques et privées ; mais pour ce qui lient au devoir de votre em-
« pire et aux intérêts publics, qu'il n'y porte jamais la main. Un
0 esclave fidèle pourrait s'acquiter avec succès de bien des emplois,
« que cependant il ne faut pas lui confier, pour éviter les discours
« et le blâme \ »
Un édit consulaire, rendu il y aune quinzaine d'années, a défendu
de les choisir pour licteurs ^ ; et cela se conçoit quand on réfléchit
qu'un licteur peut être appelé par les devoirs de sa charge à porter
la main sur un citoyen Romain. 11 y a cependant des esclaves qui,
sous le nom d'esclaves jmbi les du peuple Romain, sont employés à
des fonctions très-subalternes auprès de quelques prêtres et de divers
magistrats ®. Ils reçoivent un salaire annuel sur le trésor public '" ;
ils ont aussi le privilège de pouvoir acquérir en propre, et celui de
disposer par testament de la moitié de leurs biens ".
iMais pour les esclaves privés, ils sont si méprisés, surtout ceux em-
1 Plut. M. Cato. A. = ' Cie. ad Allie. I, 12 = » Ov. Amor. I, 6, v. 1.— Suel. de riar.
Rhet. 3. — Columrl. 1, pral. = *0v. Ibid. v. 1 el23. = 5Mart. Ml, 29. — ^ Appian. de
Bell. civ. IV, p. 971.= " Cie. ad (J. Frai. I, 1. --= » Dion. XLVIU, 43. = ■' iit.-Li\.
XXVl, 47 ; XI, lU. 16. — l'iin. X, F.p. 30, 40.-0. Haiie. I. 40. — Front. Aqufed. 96, 116,
117.— Serv. in .+:neid. VIII, v. 269.— A. Geil. XUl, 15. = '" f'Iin. X, Ep. 40. — Front.
Aquœd. 118. = "' llpian. lit. 20, §( 16.
LETTRE XXIf. A7k,
ployés au service domestique, qu'il est des maîtres qui la plupart du
temp&ne daignent pas même leur parler : ils leur commandent par
signes, par un geste de la main, les appellent par un bruit des doigts^
Quand il faut plus d'explication, certains poussent l'orgueil jusqu'à
écrire, de peur de prostituer leurs paroles ^ ! D'autres évitent, autant
que possible, que leurs esclaves leur parlent ; ils leur permettent
seulement de répondre aux questions sans y ajouter un seul mot.
Je me trouvais hier à souper chez un orateur nommé Publius Pison.
Les conviés étaient arrivés, à l'exception d'un seul. Pison envoie l'es-
clave qu'il charge ordinairement de ses invitations, s'informer s'il ne
viendrait pas. Cependant nous attendons toujours et l'heure se passe.
Enfin, quand il fut si tard qu'il n'y eut plus d'apparence que l'on pût
compter sur le retardataire : — Tu as été l'inviter, dit Pison à son
esclave ? — Oui. — Pourquoi n'est-il pas venu ? Que t'a-t-il répondu?
— Qu'il ne viendrait pas. — Que ne nous le disais-tu donc ? — Vous
ne me l'avez pas demandé ^.
Enfin, la législation ne fait aucune différence entre les esclaves et
les bêtes ; une loi condamne à la même peine l'individu qui aura
tué l'esclave ou la bête de somme d'autrui ; il doit en payer le prix*,
qui varie suivant que l'esclave était infirme ou valide *, suivant le
plus ou moins de dommage causé au maître par sa mort *.
Les Romains abusent avec une effroyable dureté du pouvoir ab-
solu, de là puissance sans frein que la loi donne au maître sur ses es-
claves : ils les traitent littéralement comme des animaux. L'immensité
de la population servile de Rome fait, dit-on, une nécessité d'une
pareille conduite; la douceur, ou seulement l'équité compromettrait
tout. 11 y a plus de quatre cents ans, déjà le nombre des esclaves était
assez considérable pour inquiéter la ville ''. Les anciens Romains re-
doutaient le génie de l'esclavage même dans le temps où les esclaves,
moins nombreux, et naissant dans les mêmes champs, sous les
mêmes toits, puisaient avec le jour l'attachement pour leurs maîtres.
Ils les contenaient alors par une terreur profonde *, poussée jusqu'à
la cruauté la plus inique. Brutus affranchit comme sauveur de la pa-
trie l'esclave qui vint lui dénoncer la conjuration de ses fils en fa-
1 Digiliis concrepare. Cic. de OfGc. III, 19.— Pelron. 27. — Crepitu digitorum. Mari.
111, 82; XIV, 119. — Nunquam se domi nisi nutu aut manu significasse. Tac. Aiin. XUI,
23. = 2 Si plura demonslranda essent, scriplo usum, ne voeem consoriaret. Tac. Ibid.
= 3 Plut, de Garrulil. p. 34. = * Gaii, III, § 210. — Digesl. IX, lit. 2, leg. 2, § l,
2. — Instit. IV, til. 5. = » nigesl. XXIX, lit. 2, leg. 24, § 5. = « Gaii, III, § 212. =
' L'an 336. Til.-Liv. IV, 45. = » Cic. fragm. pro Tullio.— Tac. Ann. XIV, 44.
I. 28
434 ROME AU SifcCLE D' AUGUSTE.
veur de Tarqiiin, et le fit ensuite crucifier comme délateur de ses
maîtres ^ Dans le siècle dernier ^ Sylla répéta à peu près l'actioft dé
Brutus : ayant promis la liberlé aux esclaves des proscrits qui décè-
leraient leurs maîtres, un esclave vint lui révéler l'endroit oli le sien
se tenait caché. Sylla, pour demeurer fidèle à sort édit, affranchit
ce parricide, mais dès qu'il fut libre, il le fit précipiter de la Roche-
Tarpéienne pour crime de trahison envers son maître ^
La plus sévère cruauté vis-à-vis des esclaves est une tradition, et
comme un principe que les Romains n'ont jamais oublié; l'Empe-
reur en a fourni un mémorable exemple : il y a douze ou quatorze
ans, il fit ari-éter tous les esclaves qui pendant les guerres civiles
avaient été enrôlés dans la milice, La liberté leur avait été accordée
par le Sénat, sur la demande de Sextus Pompée, et garantie par des
traités; mais des esclaves ne doivent pas être dans le droit comniun,
ni les engagements, ni les promesses les plus authentiques ne sont vala-
bles avec eux : l'Empereur envoya donc un ordre dans chacune des ar-
mées de la république pour que tous les soldats esclaves fussent saisis
le même jour *. Il y en eut trente mille de pris *. Amenés à Rome,
tous ceux (|ui purent être réclamés furent rendus à leurs niaîlres, ou
aux héritiers de leurs maîtres, soit de la ville, soit de l'Italie. La même
restitution eut lieu à l'égard des propriétaires de la Sicile. Ceux que
personne iiè revendiqua furent, par ordre de l'Empereur, égorgés
dans les villes d'où ils s'étaient évadés*, ou mis en croix, et le nom-
bre ne s'en éleva pas à moins de six mille ® !
Les anciens Romains défendaient à leurs esclaves lOùtë relation
avec des étrangers '', et de plus prenaient soin d'entretenir couver-
tement la mésintelligence entre eux, tenant leur amitié et concorde
pour suspectes et redoutables '. Depuis qu'un maître, à moins de
conrtaîti'e toutes les langues, ne peut plus parler à ses esclaves sans
un interprète ' ; depuis que Rome voit dans ses foyers toutes les
nations ensemble ^" de mœurs si opposées, de religions si Ijizarres,
souvent même n'en ayant point, il ne faut pas moins qu'une telle loi
pour imposer à ce ramas de barbares ", et encore Rome tremble-t-
elle au moindre bruit d'iine révolte d'esclaves *^
1 Schol. in Juv. S. 8, v. 267. = 2 v. Max. VI, 3, 7. — Tit.-Liv. Èpito. LXXVII. —
Plut. SuUa, 10. = 3 Appian. de Bell. civ. V, p. 1178. — * Gros. VI, 18. = 5 Appian.
Ibid. = 6 Gros. Ibid. = "J Til.-Liv. Y, 3. = » Plut. M. Calo. 21. = 9 Tibull. Il, 6,
V. 37.— Tac. Ann. XIV, 42, 43, 44.— Juv. S. 9, v. 142.— Peis. S. 6, v. 77.— Seiiec. Ep.
93. = lopostquam vero naiiones in faniiliis habemus. Tar. Ibid. 44. — Juv. S. 11, v.
147. = 11 Tac. Jbid. = 12 Jbid. IV, 27.
LETTRE XXII. 435
Je conçois la dureté politique des Romains envers la race serve ,
et j'admets qu'elle puisse être une nécessité ; mais elle a un grand
défaut, c'est d'habituer les esprits à ces sentiments inhumains, de
sorte que la conduite privée de bien des maîtres avec leurs esclaves
est vraiment féroce. Je te disais tout à l'heure que les esclaves ne
peuvent ouvrir la bouche devant leurs maîtres ; j'ajouterai qu'ils doi-
vent être complètement silencieux*: un accès de toux, un éternu-
ment, un hoquet, un souffle, sont autant de crimes suivis du châti-
ment^. Les pkis légefs manquements au service ne sont pas moins
sévèrement punis : on m'a cité un homme qui souvent frappe ses
esclaves sans qu'ils aient failli, uniquement de peur de n'avoir pas le
temps de sévir quand l'occasion s'en présenterait ^ !
Les châtiments les plus horribles et les plus barbares sont infligés
aux esclaves.: la fourche, le fouet, leS verges, la torture, la marque,
les chaînes, la prison, la mort! Je ne compte point parmi les châti-
ments les coups qu'on leur donne sur la bouche, de manière à
leur ébranler les dents *, ou bien sur la figure, et pour lesquels ils
sont obligés de venir tendre la joue et de la gonfler, afin que le souf-
flet soit mieux appliqué ^; cela arrive si fréquemment, que c'est tout
au plus une simple punition.
La Fourche est une pièce de bois fixée sur la poitrine et aux
épaules, et s' étendant jusqu'aux extrémités des deux bras, qui sont
attachés dessus. Le condamné ainsi garrotté, est promené par le mi-
lieu des places, des rues les plus fréquentées de la ville, et battu
de verges, pendant toute cette promenade ®, par d'autres esclaves,
ses compagnons ^ après avoir été préalablement dépouillé de ses
habits *. Un écriteau pendu sur sa poitrine révèle la faute pour la-
quelle il est châtié ®. Quelquefois le pauvre patient est obligé de la
confesser lui-même à haute voix *".
Le Fouet se compose de plusieurs cordes ** à double tresse *S
Ou de lanières de cuir*^ garnies de balles de plomb et de nœuds'*.
Le malheureux qui subit ce supphce est nu, garrotté, suspendu à
une poutre au moyen de cordes qui lui passent sous les aissel-
1 Senec. de Ira, III, 55 ; =: 2 Et ne forluita quidem excepta sunl, tussis, sternula-
menta, singultus. Id. Ep. 47. = 3 Acron. in Hor. Il, S. 2, v. 67. = * Mari. XIV,68. =
5 Burman. in Pelron. 44. = « Tii.-Liv. II, 56.— Cic. de Divin. I, 26. — Propert. IV, 5,
V. 51. — V. Max. I, 7, 4. — D. llalic. VII, 69. —Plut. Quœst. rom. p. 152. = '' Plut.
Coriol. 24. = 8 Suet. Nero. 49. = 9 Propert. IV, 5, v. 51. — Dion. LIV, 5. = i» Do-
nat. in Terenl. Andr. III, 5, v. 12. = " Hor. Epod. 4, v. 12. = »* Ficoroni, Masch,
scen. lav. II. = 13 Lora. Hor. I, Ep. 16, v. 47; — Macrob. Salurn. VII, 3. — Habense.
Hor. II, Ep. 2, V. 13. = wCaylus, Recueil d'anliq. t. YII, p. 57.
450 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
los', nt un poids de cent livres atladuî à ses jambes l'empêche de re-
muer ^ Le fouet est l'un des châliments les plus prodigués: aussi
voit-on beaucoup d'esclaves qui, à force d'avoir été fouettés, ont des
cal us sur les reins ^
Pour mettre à la Torture on étend le patient sur un chevalet, on le
déchire à coups de verges, et on le brûle avec des lames de fer ardent*.
On répèle quelquefois celte cruelle opération jusqu'à six et huit re-
prises de suite^. Les maîtres s'y prêtent sans difficulté, pourvu qu'on
s'engage, lorsque ces tortures sont appliquées par suite d'une affaire
judiciaire, à leur payer les sujets qui périraient pendant le supplice®.
La Marque a quelque chose de plus affreux peut-être, en ce que
ce châtiment est pour ainsi dire perpétuel : on rase la tête et les
sourcils du coupable ; ensuite, à l'aide d'un fer chaud, on lui imprime
un stigmate sur le front ^
Les Chaînes et la Prison ne sont qu'une même chose, tous ceux
qui sont jetés en prison y étant enchaînés '.
La 3fort a lieu par le crucifiement ^. On attache sur la poitrine
du condamné un écriteau indicateur de son crime '", et on le conduit
à travers le Forum ^\ en le battant de verges *^, jusqu'en dehors de
la porte Esquiline, sur une place nommée Sestertium '', destinée au
supplice des esclaves ^*. Là il est cloué sur une croix '^, par un bour-
reau à qui le séjour et même l'entrée de Rome sont interdits *. On
le laisse mourir de faim et de souffrances sur l'instrument du sup-
plice^', où son corps est abandonné en pâture aux corbeaux ^'' et aux
autres oiseaux de proie.
Si tu savais pour quels légers délits ces horribles châtiments sont
prodigués! Jules-César fit mettre aux fers un esclave qui avait servi
à ses convives un pain différent du sien ^*. Caton l'Ancien, que j'ai
déjà cité, fouettait lui-même, aussitôt après le souper, ceux de ses
1 Plaut. Amphit. I, 1, v. 122; Pœnul. I, 1, v. 18; Moslell. V, 2, v. 45. — Terent.
Phoim. I, 5, V. 2. — Acron. in Hor. H, Ep. 2, v. 15. =: * Nudus vinclus cenlum pondo
es, quando pendes per pedes. Plaut. Asin. H, 2, v. 55. = 3 Latera ronteiam tua, quœ
obralluere plajjis. Plaut. Asin. H, i, v. 13.= * V. Max. VI, 8, 1. — Quint. Déclamai.
VU, 11, 12 ; XIX, 15. = 5 V. Max. VIII, 4, 2. = « Paul. Recepl Sentent. V, til. 16,
g 15. = "^ Plaut. Casin. II, 6, v. 49.— Cir. pro Q. Hosc. 7.— V. Max. VI, 8, 7.— Pelron.
103, 106.— Juv. S. 14, V. 18.— Piin. WIIl, 3. — Macrob. Satuin. I, 11. = « Colnmel.
I, 6. = 9 Hor. I, Ep. 16, v. 48. — V. Max. VllI, 4, 2. — Dion. LIV, 3. — Appian. de
Bell. civ. 111, p. 857. — '«Dion. Jhid. — Suel. Calip. 31. = i' Dion. Ibid. — '^ Plaut.
Mostell. I, 1, V. 50. = 13 Plut. Galba, 28. — Voy. t. I, la Carte Site et Murs de Home.
= "• Plaut. Pseudol. I, 5, v. 97. — Hor. Epod. 5, v. 99. — Suel. Claud. 25. — Tar.
Ann. II, 52. = 15 Senec. de Vit. beat. 19. = »6 Plant. Mil. glor. 11, 4, t. 19. = " Hor.
Epod. 5, V. 99. ; I, Ep. 16, v. 48. = 18 Suet. Cœs. 48.
LETTUE XX II. 457
serviteurs qui avaient servi négligenunont ou mal apprêté quelques
mets*. Qu'un pauvre esclave dérobe la moindre chose ^; qu'en des-
servant il touche à un reste de poisson ou de ragoût, c'est assez pour
qu'un maître cruel le fasse crucifier'. Que trop justement épouvanté
de sa condition, il prenne la fuite, s'il est repris (et il est rare qu'il
ne le soit pas, car toutes les facilités sont fournies à son maître pour
le retrouver et le ressaisir *) ; s'il est repris, dis-je, on le marque ^
et la lettre F, initiale du crime dont il s'est rendu coupable*, le dés-
honore à jamais du signe visible de l'esclavage.
Qu'un maître soit atteint par une accusation publique'', ou qu'un
vol ait été commis dans la maison, aussitôt on applique tous ses es-
claves à la torture *.
Chez les anciens Romains, la condition des esclaves était, je ne
dirai pas moins dure, mais douce : leurs maîtres vivaient et tra-
vaillaient avec eux ®. Ils appréciaient d'autant mieux leurs services,
qu'ils n'avaient tout juste que le nombre de serviteurs nécessaires,
ainsi que le prouvent les noms de Quintipore, Marcipore, Lucipore,
qu'on leur donnait, c'est-à-dire, Marci-puer, Luci-puer, esclave de
Marcius, esclave de Lucius *", remplacés aujourd'hui par des déno-
minations empruntées aux pays divers d'où on les tire, tels que
Cappadox, Syrus, le Cappadocien, le Syrien", Hydaspes*^ etc.
Loin de s'étudier, pour ainsi dire, à les avilir, on cherchait au con-
traire à sauver l'odieux de la servitude, en donnant aux maîtres le
nom de Pères de famille, et aux esclaves celui de Familiers ". On se
sert bien encore de ces désignations**; mais depuis longtemps elles ont
perdu leur douce signification, et ne sont plus qu'une contre-vérité.
En effet, pour en revenir aux punitions , les maîtres ne sévissaient
alors qu'en vrais pères de famille, et l'une des plus grandes peines
qu'ils faisaient subir à leurs familiers était de leur mettre un bois
fourchu sur la nuque, et de les promener ainsi par la ville *^ Très-
rarement fouettait-on un esclave, et plus rarement encore le faisait-
on mourir *^ Je ne crois pas qu'alors, ainsi que cela a lieu aujour-
d'hui, le fouet, ce terrible instrument de supplice, demeurât perpé-
> Plut. M. Cato. 21. = 2 Juv. s. 14, V. 18. = ' Hor. I, S. 3, v. 80. = * Digesl. X),
lit. 4. = S Petron. 103.— Columel. X, v. 125. = 6 Pigiior. de Serv. p. 20. = "? V. Max.
Vlll, 4, 2. = 8 Plut. Anlon. 1. = 9 Plut. Coiiol. 24. = i» Plin. XXXlll, 1.— Quinl.
Instit. Oral. 1, 4. — Fest. v. Quintipor. = i' Terenl. — Plant, passim. = 12 Uor. II, S. 8,
V. 14. = lasenec. Ep. 47. — Macrob. Salurn. 1, 11. = 1* Digesl. XLIU, lit. 16, ie^. 1.
§ 16, 17, 18=13 Plut. Coiiol. 24 ; (Jusesl. lom p. 152.— Uonal. in Terciil. Andri. 111,3.
= '8 Plul. Coriol. 23.
438 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
tuellement en évidence au milieu de la maison comme un épouvan-
tail toujours menaçant*.
Les maîtres d'aujnurd'liui semblent raffiner de cruauté. Je t'en ai
cité tout à l'heure quelques exemples, parmi lesquels j'ai oublié ce-
lui d'un Minucius Basillus, qui vient d'être égorgé par ses esclaves
pour avoir voulu faire infliger à quelques-uns d'entre eux le supplice
de la castration^. Mais voici qui surpasse tous ces traits de férocité.
Il y a quelque temps, l'Empereur étant en Campanie soupait à
Pausylippe, près de Naples, chez Védius PoUion, riche chevalier
romain ^ Un esclave casse un vase précieux; Védius fait aussitôt sai-
sir le maladroit, et, comme s'il avait commis le plus énorme des cri-
mes, le condamne à un supplice extraordinaire, à être jeté vivant à
de grosses murènes, espèces de serpents aquatiques qu'il nourrit
dans une piscine , moins pour satisfaire sa gourmandise que pour
assouvir sa cruauté. L'esclave s'échappe et vient se jeter aux pieds
d'Auguste, demandant, non qu'on lui fit grâce de la vie, il connaissait
trop bien son maître, mais à périr d'une autre manière, et à n'être
pas mangé par ces poissons cruels. L'Empereur s'abaisse jusqu'à im-
plorer la pitié de Pollion, qui demeure inexorable; alors, ému d'in-
dignation et de colère, il accorde d'abord grâce complète au coupable ,
puis, se faisant apporter tous les vases pareils à celui dont la perte avait
si fort irrité Védius, il les brise lui-même sur-le-champ. Non con-
tent de cela, il commande de combler l'infâme piscine* dans laquelle
ce Védius, de race d'affranchi ^ se donnait le spectacle d'un homme
vivant dépecé et dévoré en un instant par les monstres marins qu'il
engraissait de chair humaine ^ *.
L'Empereur était apparemment en veine de bonté ce jour-là, car
il y a peu de temps il a foit crucifier un de ses esclaves pour avoir
rôti et mangé une caille qui, dans les combats de ces petits animaux,
battait toutes les autres et s'était jusqu'alors montrée invincible ''.
Aucune loi ne protège les esclaves : la législation ne s'est occupée
d'eux que pour les châtier. Ainsi, quand un crime public a été com-
mis, quand un maître-aété assassiné chez lui, la loi condamne à pé-
rir par le supplice de la croix ' tous les esclaves indistinctement qui
se sont trouvés sous le même toit au moment du crime. Voici le rai-
lAcron. in Hor. U, Ep. 2, v. 15. = 2 Appian. de Bell. oiv. UI, p. 931. = 3 Dion.
LIV, 23. = '» Sencc. de Ira, III, iO. — Dion. Ibid. = 5 Dion. Ibid. = « l'iiu. IX, 23. —
Senec. de Clennenl. 1, 18. = ■< Plut. Apolliegm. Uora. p. 779. = ^ Hor. I, Ep. 16, v.
-48. -V. Max. Vni, 4, 3.— Dion. LIV, 23.— Appian. de Bell. civ. III, p. 837.
LETTRE XXÏI. 450
sonnement sur lequel on appuie cette disposition si rigoureuse : un
esclave forme rarement le projet de tuer son maître sans que la moin-
dre menace lui échappe, sans que la moindre indiscrétion le trahisse;
en supposant même que son dessein demeure impénétrable, qu'il pré-
pare ses armes sans qu'on le sache, il ne peut franchir la garde de nuit,
enfoncer les portes, consommer le meurtre sans que personne l'a-
perçoive *. En effet, les maîtres ont tant de motifs de crainte, que tou-
jours quelques esclaves veillent la nuit à la porte de leur chambre^.
Ce serait peut-être ici le lieu de parler des esclaves employés à la
pampagne, malheureux accablés de travaux pénibles, et qui, bien que
n'étant pas en rapport perpétuel avec dos maîtres durs et cruels, n'ont
pas, connue ceux de la ville, de petits sujets de distraction, n'ont
pas h taverne , où , de temps en temps , ils trouvent moyen de
venir chercher dans de grossiers plaisirs l'oubli momentané de la
servitude ■^; mais je n'aime à parler que de ce que j'ai sous les yeux,
/Bt plus tard je trouverai l'occasion de voir aussi les esclaves rusti-
ques ("). Aujourd'hui je compléterai mon tableau des esclaves ur-
bains en te faisant connaître deux classes qui ne sont soumises habi-
tuellement ni aux mépris, ni aux punitions corporelles infligés à leurs
compagnons de servitude, bien que rien ne les en garantisse endroit;
mais parce que leurs fonctions les rendent les favoris de leurs maîtres.
La première classe se compose des pédagogues * : ce sont de jeunes
enfants beaux, bien faits, et que les Romains attachent plus spéciale-
ment au service de leur personne. Ils les tirent d'Egypte, et particu-
lièrement d'Alexandrie ^ H y a là des maquignons qui élèvent cette
jeunesse pour la société et les plaisirs des conquérants du monde,
qui lui font enseignera répondre avec finesse, maUce et promptitude,
et à jaser agréablement^ ; aussi les doctes enfants du Nil, comme on
les appelle ^ sont-ils très-recherchés. Les Romains leur réservent
principalement les fonctions d'échansons dans les festins, et s'en
servent pour satisfaire tout à tour leur ivrognerie et leur impudicité*.
Ces enfants, au^-quels on donne de jolis noms, tels que Hyacinthe ,
Achille, l^arcisse ^, sont toujours bien parés '"; on soigne leur beauté
1 Tac. Ann. XIV, 42, 45, kk. = 2 Ibid. 44.— Ov. Art. am. II, v. 260.— D. Halic. IV,
64. — Appian. de Bell. çiv. II, p. 800. = 3 Hor. I, Ep. 14, v. 21.— Plaut. Pœnul.
prolojï. V. 41. — Columel. I, 8. = * Paedagogi. Senec. de Vit. beat. 17. — Digest.
XXXIII, tit. 7, leg. 12, (? 32. = 5 Petron. 31.— Stat. Sjiv. V, 5, v. 6fi. — Mart. IV, 42.
= 6 Senec. de Consl. Sapient. 11. — Slat. Sjlv. Ibid. = '^ Doctum su! convicia Mil in-
fantem. Stat. /6id.— Mait. Ibid. = » Senec. Ep. 47, 95. — Mart. VIII, 36 ; X, 98 ; XI,
57. — 9 Lucian. Chronosol. p. 78. = 10 Senec. Ep. 47, 110. («) Voy. Lettre LXXXI.
440 ROME AU SIÈCLE DAUGUSTE.
à ce point que, quand on les emmène en voyage, non-seulement on
les place toujours sur des chars ' , mais encore on leur enduit la figure
de graisse, de peur que le soleil n'endommage leur peau douce et déli-
cate, et n'altère la fraîcheur de leur teint ^
La seconde classe est formée d'individus plus sérieux : ce sont des
hommes ou de jeunes hommes instruits dans les lettres, et qui à
cause de cela sont appelés à faire en quelque sorte partie de la so-
ciété de leurs maîtres ; ils leur servent de secrétaires, de copistes, de
lecteurs. Les uns sont pour les lettres grecques , les autres pour les
lettres latines. Il y a des citoyens qui achètent ces esclaves savants par
spéculation, dans la vue de tirer parti de leur savoir*, comme d'au-
tres spéculent avec des esclaves dressés aux métiers de maçon, de
charpentier, ou de forgeron *. Ils leur font copier des livres pour les
vendre, les mettent à la tète d'une école, ou leur font faire quelque
éducation privée ^
Certains riches possédés delà manie d'une instruction qu'ils n'ont
jamais pu ou su acquérir , et que néanmoins ils voudraient pos-
séder, les ont pour leur en tenir lieu. Savant par procuration, par
la tête et par l'esprit d'un autre ! voilà qui paraît bien bizarre. Il est
cependant très-vrai qu'il y a de ces gens-là à Rome ; mais que ne
Irouve-t-on pas dans cette ville ! Je connais un riche nommé Cal-
visius Sabinus qui porte au plus haut degré cette étrange passion de
science sans savoir. Affligé d'une mémoire si malheureuse qu'il ou-
blie par instant jusqu'aux noms qu'il sait le mieux, il a voulu néan-
moins se créer une réputation d'homme très-versé dans la belle
littérature de la Grèce , persuadé qu'avec de l'argent rien n'est
impossible. Il a donc acheté à grands frais une bande d'escla-
ves dont tout le service consiste à savoir par cœur les principaux
poètes grecs. Chaque genre de poésie, ou plutôt chaque auteur a son
homme : les lyriques, par exemple, sont autant de départements as-
signés à neuf mémoires différentes. Ne t'étonne pas qu'il ait pu ré-
unir une pareille collection : il l'a commandée, on la lui a faite
exprès, on la lui a dressée, et elle ne lui coûte pas moins de neuf
cent mille sesterces (") ! Avec cette troupe, Sabinus, sûr de lui-même,
ne doute plus de rien ; il la traîne partout avec soi, tantôt les uns,
tantôt les autres, et dans les soupers, ces lieux de conversation, il se
• Mart. X, 13. — 2 Psedapogia oblila facie vehunlur. Senec. Ep. 123. = ^ Cic. ad Al-
tir. IV, 16.— C. Nep. Altic. 13. — Suit, de llliistr. gramm. 3. = * l'iul, Crass. 2. =
= Voy. Lellres LV et LXXXIX. (") 228,737 fr.
LETTRE XXII. UI
niel à harceler ses convives : veut-il citer un vers, il trouve à ses pieds
à qui le demander dans l'esclave qui le sert, et qui est censé n'être là
que pour le service matériel de son maître. Le mallieur, c'est que
Calvisius n'a pu se faire disposer aussi une mémoire moins fugitive,
de sorte qu'il interroge quelquefois le département du tragique ou
de répique quand il n'a amené que le lyrique, ou que d'autres fois sa
mémoire se montre tellement rebelle, qu'il oublie une partie de la ci-
tation à l'instant même où elle lui vient d'être soufflée, et ne parvient
qu'après deux ou trois tentatives pénibles à redire quelques vers qu'il
estropie. Ses convives rient de lui; mais il ne s'en aperçoit pas, tout
occupé, tout inquiet qu'il est de la science vivante dont il s'envi-
ronne. Un jour l'un de ces hommes dont Rome abonde, qui vivent
aux dépens des riches stupides, leur sourient et se moquent d'eux, lui
disait : « Vous devriez avoir aussi une collection de grammairiens. —
Savez-vous, répondit Sabinus, que chaque esclave me revient à cent
mille sesterces {") ? — Vous auriez eu les livres à moins , repartit le
railleur. » Sabinus croit de bonne foi savoir tout ce qu'on sait dans sa
maison. Il est maigre, pâle, infirme. « Exercez-vous à la lutte, lui dit
quelqu'un, cela vous fera du bien. — Et le moyen? à peine ai-je la
force de vivre. — Ne dites pas cela, je vous prie : voyez donc cette
foule d'esclaves bien portants qui vous appartiennent ^ »
Mais en voilà assez sur ce vieux fou : je vais maintenant me pré-
parer à te parler dans ma prochaine lettre des affranchissements et
des affranchis.
» Senec. Ep. 27. («) 25,420 fr.
LETTRE XXIII.
DES AFFRANCHISSEMENTS ET DES AFFRANCHIS.
Parmi les droits do, elle Romaino, il on oxislc un trùs-véritahlf! ,
très-capital, que je ne sais néanmoins coninienl nommer, parce qu'il
n'est point formulé d'une manière spéciale dans la loi, c'est celui de
faire des citoyens Romains par l'affranchissement des esclaves. Ce
droit anonyme, qui me paraît la conséquence du droit paterpel et du
droit de propriété légitime, est vraiment exorbitant, car il donne à
un Romain le pouvoir de faire pour son esclave ce qui ne peut «''tre
fait pour des étrangers qu'avec toute la puissance du peuple. Il y a
cependant une différence entre ces deux espèces de citoyens : ceux
du peuple jouissent de prime saut de toute la considération désira-
ble ; les autres, au contraire, forment comme une classe à part dont
la position est équivoque ; ils gardent quelque chose de l'esclavage
dont ils sortent, et font comme une taqhe dans la société Romaine :
on ne méprise pas l'affranchi comme un esclave, on ne l'estime pas
non plus à l'égal d'un vrai Romain, et sa qualité de citoyen parvenu
à la liberté, incessamment rappelée dans le nom d'affranchi, lui laisse
une marque de la servitude qui le place dans un véritable état d'infé-
riorité civile.
La réprobation publique a réagi jusque sur la condition légale de
ces libérés de l'esclavage ; ainsi ils ne jouissent pas du plein exercice
du droit de cité Romaine : le droit de suffrage est presque annulé
pour eux, en ce que les affranchis sont toujours inscrits dans l'une des
quatre tribus urbaines S dont les suffrages dans les Comices se comp
lent toujours collectivement^; le droit d'honneurs leur demeure in-
terdit-' ainsi que le droit de milice, hormis dans des circonstances
extraordinaires, et par exception*; on les relègue habituellement dans
le service de la marine °. Enfin le droit de mariage ne leur est pas non
plus concédé, car ils ne peuvent s'allier aux familles libres d'origine ,
1 Cic. de Petit, consul. 8.— D. Halir. IV, 23. — Tit.-Liv. X, 4 6 ; \L\, Epilo. etc. =
2 Lettre VIU. = 3 Tac. Ann. XI, 24. — Suet. Claud. 24. = * Tit.-Liv. X, 21 ; XXU,
11, etc. — Flor. U, 6. — Appian. de BeU. civ. I, p. 603, 608, 641. = 5 Tit.-Liv. XXVI,
47; XL, 18 ; XLII, 27.
LETTRE XXIII. 445
tant les Romains tiennent à la pureté de leur sang M Dès leur origine
ils eurent cette fierté, comme s'ils avaient déjà le pressentiment
qu'un jour ils seraient le peuple-roi.
A la seconde génération ces exclusions presque injurieuses s'étei-
gnent, et le fils d'un affranchi est admis au droit d'honneurs^. Ce-
pendant il ne jouit pas encore de toutes ses conséquences : ce droit
conduit le citoyen de race au Sénat, par l'exercice d'une magistrature
curule ; le fils d'affranchi, au contraire, eut-il été consul, ne peut
jamais devenir sénateur^; il n'y a qu'à la troisième génération que
cette exclusion disparaît*. Il résulte de toutes ces interdictions que
les affranchis n'ont véritablement qu'une demi-civilité, si je puis
m'exprimer ainsi ; qu'ils font souche de citoyens, plutôt qu'ils ne
sont citoyens eux-mêmes dans toute la vérité du terme.
L'exercice du droit de testament et d'héritage n'est pas non plus
sans plusieurs restrictions pour les affranchis; mais je dirai comment
tout à l'heure : j'ai hâte de reprendre ma lettre plus à son origine, car
il me semble que je ne l'ai point commencée par le conmiencement.
Le plus grand allégement que les esclaves puissent avoir dans leur
misérable condition, c'est l'espoir de l'aflianchissement. Cette libé-
ration, qui quelquefois tarde à se réaliser , ne se fait attendre le
plus ordinairement que peu d'années. Les esclaves ont deux moyens
presque certains d'y arriver, soit par leur bonne conduite, soit par
la générosité de leurs maîtres. Ce dernier mode était autrefois
à peu près le seul^ Aujourd'hui les serfs peuvent se racheter, sans
que ce soit néanmoins un droit pour eux^; ils conviennent du prix
de leur liberté '', et en moins de six ans*, s'ils sont frugaux et labo-
rieux, ils peuvent amasser un pécule assez fort pour la payer'. Les
maîtres se montrent d'autant plus faciles à faire ces marchés, que
c'est vraiment pour eux un moyen d'entretenir sans frais, ou même
avec avantage, ]eur famille toujours jeune et vigoureuse, en rempla-
çant les affranchis par de jeunes sujets.
Il existe quelquefois des empêchements invincibles à ce que les es-
claves arrivent aussi prompiement à la liberté : c'est lorsque les ven-
deurs ont spécifié qu'ils ne pourraient être affranchis avant un certain
nombre d'années '". Les infortunés n'ont qu'un seul maître, et la ty-
1 Til.-Liv. XXXIX, 9, 19. = 2 Tan. Ann. XI, 24. = 3 Cic. pio Clucnl. i7. — Tit.-
Liv. IX, 46. = *Suet. Claud. 21. = 3 £>. Ilalir. IV, 25, 24. =6 Tac. Ann. XIV, 42.
— Quiiil. Iiisiit. Orat. VU, ô. = ^ VUn. VU, 59. —Tac. Ibid. = 8 Cic. Pliilipp. VIII, 11.
= 9 Ibid. — Senec. Ep. 80. — D. Halir. IV, 24. = '« Tit.-Liv. XLI, 8. — Digcst. I, lit-
5, leg, 22 ; XII, lit. 4, leg. 5, § l ; XVIII, lit. 7, leg. 3, 6.
iii ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
raniiie de plusieurs pèse sur eux 1 Quand l'Empereur eut dompté les
Salasses, petit peuple des Alpes qui s'était rendu redoutable aux
Romains, tous les prisonniers de guerre, au nombre de quarante-
quatre mille ', furent vendus avec la condition qu'aucun ne pourrait
être affranchi avant un espace de vingt ans^. Auguste élève ce temps
d'esclavage obligé à trente ans, pour les captifs faits sur des peuples
signalés par leurs révoltes fréquentes *. II y joint aussi la condi-
tion qu'on les emmènera au loin*, et qu'on ne les emploiera pas
dans un pays voisin *. Certains vendeurs, enchérissant encore sur la
dureté de telles prescriptions, ajoutent que les acquéreurs seront
obligés détenir ces esclaves aux fers, et de les occuper à un travail des
plus rudes *; d'autres, qu'ils ne pourront jamais les affranchir''. Ce
qu'il y a de plus révoltant, c'est que de pareilles conditions sont quel-
quefois insérées dans les testaments, par des maîtres vindicatifs qui
veulent sévir du fond de leur tombeau contre des esclaves qui les ont
mal servis. Bien rarement trouve-t-on dans les contrats de vente des
dispositions feivorables aux esclaves; il y en a cependant, et j'ai vu
vendre des esclaves femelles avec la condition qu'on ne les prosti-
tuerait jamais^, et que, dans le cas contraire, elles deviendraient li-
bres de plein droit ^.
Quels que soient les motifs d'affranchissement, il y a trois manières
légales d'y procéder : ou par la Baguette, ou par le Cens, ou par Tes-
tament.
L'affranchissement |?ar la Baguette se pratique ainsi : le maître
conduit devant un magistrat, soit un Préteur i°, soit un consul ou un
proconsul ", l'esclave qu'il veut rendre à laliberté, et lui posant la main
sur la tète, qu'il a fait préalablement raser '^ ou sur quelque autre
partie du corps, il prononce ces paroles : a Je veux que cet homme
soit libre, et jouisse des droits de cité Romaine . » Alors il le lâche.
Le magistrat touche trois ou quatre fois avec une baguette la tête de
l'individu présenté à l'affranchissement ^'^ ; son maître le saisit ensuite
par le bras, le fait tourner sur les talons **, lui donne un léger coup
1 Slrab. IV, p. 205 ; ou 95, tr. fr. = ^ Dion. LUI, 23. = ' Suet. Aug. 21.= * Digesl.
XVni, tit. 7, lep. 1, 2, 5, 7. = » Suet. /éid. = " Digest. /éid. leg. 6. = '^ /éid. ; XL,
lit. 1, Icg. 7. z= 8/iîrf. XVni, tit. 7, leg. 6. = 9 Jbid. leg. 9; XXI, tit. 2, leg. 54, etc.
= 10 Ibid. XL, tit. 2, leg. 13, § 2.— Ulpian. tit. 1, § 7. = n Ulpian. Ibid. -Instit. I,
tit. 5, .§ 2. — Gaii, I, §1 6. = 12 Tit.-Liv XLV, kh. — Juv. S. 5, v. 171. — Serv. in
yEneid. VllI, v. 564.= 1* Ter vindicta quaterque imposila. Hor. II, S. 7, v. 75. — Acron.
in Hor. loc. cit.— Pers. S. 5, v. 88, 125.— Fest. v. Manuraitli. — Vindicta manumittere.
Digest. IV, lit. 3, leg. 32; XL, tit. 1, leg. 14, g 1. = i* Una Quiritem veitigo facil.
Pers. S. 5, v. 75. — Cornul. in Pers. /6id.— Appian. de Bell. civ. IV, p. 1068.
LETTRE XXIK. AAr>
sur la joue, \e, voilà libre*. Cette cérémonie peut se faire partout,
dans la rue, à la campagne, à la promenade. 11 n'est pas nécessaire
que le magistrat siège alors sur son tribunal, ni qu'il ail l'ajjpareil de
sa dignité ^
L'affranchissement ;)«;• le Cens est beaucoup plus simple : il suffit
que d'après l'ordre de son maître, l'esclave ait fait inscrire son nom
sur les rôles publics des citoyens Romains pour sortir des liens de
l'esclavage *.
La liberté acquise par Testament se confère soit directement, soit
pnvfidéicommis. Elle est directe si le maître affranchit son esclave en
ces termes : « Que Stichus, mon esclave, soit libre. » S'il se sert au
contraire de Tune des formules : « Je prie , je supplie , je confie à
votre foi, » alors la liberté de l'esclave ne dépend plus de la volonté
du maître, mais de la bonne foi de celui qu'il a institué son héritier *.
Un autre manière d'affranchissement direct consiste à instituer un
esclave héritier ; son maître est alors censé lui avoir donné la liberté.
Cela arrive principalement lorsqu'un homme prévoit que ses créan-
ciers, après sa mort, s'empareront de ses biens pour les vendre à
l'encan*, ce que les Romains regardent comme une tache à leur nom*.
Pour éviter cette honte, ils instituent un esclave leur héritier univer-
sel, et les biens du défunt se vendent au nom de cet esclave'', que Ton
nomme l'héritier nécessaire, parce qu'il ne peut refuser cette espèce
d'héritage, et qu'au besoin même la loi le contraint à l'accepter".
On compte encore un troisième mode d'affranchissement;)rtr Tes-
tament, c'est lorsqu'un maître, dans cet acte de sa volonté posthume,
a laissé la liberté à son esclave', soit sous la condition qu'il paiera une
certaine somme à l'héritier ou à un étranger*", soit gratuitement,
mais à une époque marquée plus ou moins éloignée. Dans ce der-
nier cas, la condition de l'esclave est la même que celle de tous les
autres ; il reste esclave de l'héritier*', tant que son terme d'affran-
chissement n'est point arrivé, et peut être vendu et passer en d'au-
1 Phœd. n, 5.— Cornuf. in Pers. S. 5, v. 75. — Digest. XL, lit. 2, leg. 5. = 2Digest.
Ibid. leg. 7, 8. — Inslit. I, lit. 5, g 2. — Gaii, 1, g 20. = 3 Cic. de Oral. I, 40 ; pro Cae-
cina, 34 ; Topir. 2. — Uipian. lit. 1, g 8. = * Cic. Topic. 2. — Gaii, H, § 263 et ssq. —
Uipian. lit. 1, § 22 ; lit. 2, § 7. — Digest. IV, lit. 4, leg. 31 ; XL, lit. 4, leg. 11 ; lit. 5
passim ; lit. 7, leg. 1.— Inslit. II, lit. 24, § 2. — s» Digest. XXVIII, lit. "., leg. 42;
XXIX, lit. 2, leg. 57, g 2 ; leg. 58 ; XL, lit. 4, leg. 27. — Iiistil. I, lit. 6, § 1, 2 ; II,
lit. 19, g 1.— Gaii, I, § 21 ; II, g 152, 153, 154. = 6 Cic. pro Quint. 15. — Instil. Ibid.
g 1. — Gaii, II, § 154. = ■? Digesl. -Inslit. Ibid.— Gaii, I, II, Ibid. = » Hères necessa-
rius. Gaii. — Inslit. — Digest. Ibid. — Uipian. lit. 22, g 24. — a Uipian. lit. 2, g 1. =
1» Digest. 1, lit. 5, leg. 15; V, lit. 3, leg. 13, g 6; XII, lit. 4, leg. 3, g 7, 8; tit. 6,
leg. 55, 67. =" Uipian. tit. 2, g 2.
44G ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
trcs mains; mais sa condition le suit chez son nouveau maître, et
lorsque Tépoquc fixée arrive, il devient libre de plein droit. Il peut
même, en cas de vente, recouvrer sa liberté avant l'époque fixée, en
payant à celui qui raclicte du citoyen dans Théritag^ duquel il .se
trouve la somme qu'il aurait dû payer à ce citoyen avant de recou-
vrer la liberté*. On appelle cet esclave statuUbre, c'est-ii-dire libre à
une certaine condition posées Le statulibre n'est reconnu tel qu'au
moment où le testament qui le constitue en cet état a été accepté au
moins par l'un des héritiers institués '.
Un esclave nommé tuteur des enfants de son maître arrive aussi à
la liberté par le fait seul de cet acte, qui le fait considérer comme
ayant été affranchi directement*.
L'affranchissement effectué de l'une des manières ci-dessus procure
la liberté juste^, dite aussi lu grande liberté, par opposition à une
autre liberté appelée inférieure^, parce qu'elle n'est que provisoire,
qu'elle manque de sanction légale, et peut être annulée. Ce simulacre
de liberté (qu'est-ce autre chose puisqu'elle tient encore à la
servitude'?) se confère aussi de trois manières entre amis, par la
table, et par lettre^.
L'affranchissement entre amis ^ se pratique en présence de cinq
témoins, devant lesquels le maître déclare qu'il donne la liberté à son
esclave ^°. Cet affranchissement peut être sanctionné plus tard par les
modes légaux précédemment mentionnés ''.
Un esclave que son maître fait manger avec lui devient aussitôt
libre, parce qu'un maître ne s'abaisse jamais jusqu'à manger avec
ses esclaves. Il lui donne acte de cette marque d'honneur, et il est
alors libre par la table.
Pour consommer l'affranchissement par lettre, il suffit que le
maître écrive à son esclave qu'il lui rend la liberté, et que le texte
même de la cartouche du congé ou la suscription porte la signature
de cinq témoins qui puissent en assurer la sincérité ^^
On appelle m«?iîiwîss/ow l'affranchissement en général '', parce
que tout esclave est sous la puissance, sous la main de son maître, et
1 Ulpian. lit. 2, § 4. = 2 Statuliber. Digesl. XIX. lit. 1, leg. 42 ; XXI, lit. 2, leg. 46,
g 5 ; leg. 69, ,§ 1, 2 ; XXXV, passim.— Ulpian. Ibid. § 5.— Fest. v. Staluliber. = s Di-
gesl. XL, lit. 7, leg. 2. = i Inslil. 1, lit. 14, § 1.= 5 Jusla liberlas. Senec. de Vil. beat.
24. — Suet. Aug. 40. — Gaii,I, <Ç 17.— Uipian. lit. 1,§ 23. = ^ Major liberlas, inferior
liberlas. Inslit. 1, lil. 5, § 5. =7 Tac. Aiin. XIIl, 27. = 8 i„stii. i^id. § 1. = » Senec.
/éid. = loCod. VU, lit. 6, de lai. lib. lollenda. = n Plin. Vil, Ep. 16,=l2Cod. Ibid.
= 13 Gaii, I, § 16.— Digest. XL, Ut. l, leg. 14, § 1.— Inslit. I, lit. 5, etc.
LETTRE XXIII. 447
que raffranchissement le libère de la puissance *. L'Empereur seul a
le droit, qu'il s'est donné, d'affranchir ses esclaves sans aucune des
formalités exigées par les autres citoyens ^
Les maîtres conservent encore certains droits sur leurs anciens
serfs, même sur ceux dotés de la grande liberté, libérés par raffran-
chissement irrévocable. D'abord ils deviennent leurs patrons ■' : il
n'y a là rien que de naturel, tous les citoyens d'un état médiocre
s' abritant sous le patronage des puissants, les esclaves doivent être
les clients des maîtres qui les ont faits citoyens ; mais c'est pour
eux un patronage obligé, et dans lequel il y a encore un peu de la
servitude : ainsi, en cas de mécontentement, les patrons peuvent les
chasser de la ville, les reléguer à vingt milles ("j de Rome, sur les
côtes de la Campanie *. Si, de son côté, l'affranchi a des sujets de
plainte contre son patron, s'il veut lui intenter une action judi-
ciaire qui pourrait atteindre l'honneur de cet ancien maître, il ne
peut le faire sans une autorisation préalable du juge, et rarement
elle lui est accordée^.
Relativement aux biens, les patrons ont aussi des droits. Jadis, lors-
qu'un affranchi mourait intestat sans laisser detils, et que son patron
ou le fils de son patron lui survivait, alors, en vertu de la loi des
Xll Tables, la succession passait de droit de la famille de l'affranchi
au patron ou au plus proche parent de ce dernier ®. Cette législa-
tion reconnaissait donc implicitement le droit de testament aux af-
franchis. La cupidité romaine finit par trouver exorbitant qu'un
maître piît ne rien avoir de la succession de son ancien esclave, et
les Préteurs réformèrent un état de choses regardé comme abusif ;
ils créèrent une nouvelle jurisprudence qui régit maintenant la ma-
tière, et qui est celle-ci : si l'affranchi mort intestat laisse un enfant,
mais seulement adoptif, ou bien une épouse, le patron est encore
admis contre de semblables héritiers à succéder à la moitié des
biens de celui qui fut son affranchi '^. Si ce dernier n'a rien légué au
patron, ou ne lui a légué que la moitié de ses biens, un tel oubli, vo-
lontaire ou non, ne nuit pas aux droits de celui-ci, qui prélève tou-
jours sa moitié *. 11 ne peut être exclu de cet héritage que par les
Unslit. I, lit. 5.= 2 Digesl. XL, lit. 1, leg. U, S 1. = 3 Tac. Ann. XIU, 26,
27. — Suet. Claud. 25. =* Tac. /6td. 26 = 5 Digesi. XLVIU, lit. 5, leg. 38, §9.=
6 Cic. de Oral. I, 39. — Ulpian. lit. 27, § 1 ; 29, § 1. — Instit. I, lit. 17 ; III, lit. 7. =
'' Gaii, Ul, § 41.— Ulpian. lit. 29, § 1.— Paul. Seiile&t. recept. III, tit. 3, § 1.— Iiislil.
m, lit. 7, § 1. = 8 Ulpian. /èid.— Paul. Ibid. I, § l.-Digest. XXXVIII, tit. 2, passim.
— Inslit. Ibid. t») 29 kilom. 650.
U8 ROME AU SIÈCLE D' AUGUSTE.
enfants véritablos, nt oncorp, pourvu que roux-ci aient été institués
héritinrs, ou aient réclamé la possession des biens; autrement on les
regarde comme déshérités '.
Ces dispositions sont pour les affranchis hommes. Les femmes,
sans distinction d'état, se trouvant dans une minorité perpétuelle,
les anciens maîtres des esclaves femelles deviennent leurs tuteurs
légitimes. Il s'ensuit qu'elles ne peuvent, sans leur autorisation, ni
tester, ni se mettre en pouvoir de mari ; aussi ne sont-ils jamais
frustrés des biens de leurs affranchies *.
La loi sur le patronage et la clientèle s'applique aux affranchis-
chents plus rigoureusement encore qu'aux autres citoyens; non-seu-
lement ils doivent prendre soin de leurs patrons s'ils tombent dans
l'indigence, les nourrir au besoin, mais ce devoir s'étend jusque sur
les ascendants, pères et mères de leurs patrons malheureux '\ Si la
prospérité ne cesse, au contraire, d'accompagner les patrons, leur
clientèle affranchie peut devenir pour eux une nouvelle source de
prospérité, car on a vu, et l'on voit chaque jour d'anciens esclaves
arriver à Topulence'^, et une part de cette opulence revient au patron
et à sa famille, en vertu du droit d'héritage ci-dessus mentionné.
Si les affranchis sont pauvres, le patron en tire encore quelque
chose, car ils lui doivent des journées de travail comprenant toute
espèce de service, suivant leur capacité. L'exigence des patrons n'a
presque aucunes bornes, et souvent ils font participer leurs enfants
à ces droits d'ancien servage *. Quelquefois un père de famille cède
tout-à-fait des affranchis à ses enfants ^ et cette cession a tous les
effets d'une aliénation irrévocable ''.
Les droits de patronage nominal et de quasi-propriété sur le libéré
de la servitude sont comme marqués par un usage qui veut qu'un
affranchi fasse précéder son nom du nom de son ancien maître '.
En public, l'affranchi porte un signe qui fait incessamment recon-
naître sa condition ; c'est une petite coiffe tout unie, en laine blan-
che, dont il se couvre la tête ^
Les Romains furent environ deux siècles avant d'admettre qu'un
1 Gaii, III, § 41.— Ulpian. lit. 29, g 1, 2. — Instit. III, lit. 7, §\. = ^ Ulpiati. Tbid.
§ 2. = 3Djgest. I, lil. 12, le?. 1, § 2; XXV, lit. 3. leg. .5, § 18, 19, 26 ; le?. 61, § 1;
leg. 9. := * (2ic. de Legib. 111, 13. — Senec. de Tranquili. animi, 8. — IMin. \XXV, 18.
— Macrob. Saium. II, 4. — l'Iut. Pomp. 2.== = Digest. XXXVIU, lil. 1, passim.= 'Mnslil.
III, lil. 9. = '' Digesl. XXXVII, til. 14, leg. 9.= » Cic. Kp. famil. XIU, 60; ad Allie.
IV, 1.5. — Plin. XXV, 2; XXXI, 2, elc. = 9 Tit.-Liv. XXIV, 16; XLV, 44.— Plaut.
Amphit. I, 1, V. 301.— Serv. in.iEneid. VIII, v. 564, ete.
LETTRE XXIII. 449
esclave pût jamais sortir de sa condition. Le roi Servius Tullius, qui
lui-même n'était point d'origine libre, le premier affranchit des
esclaves et les éleva au rang de citoyens. Il ne crut ni honteux pour la
république, ni préjudiciable à ses intérêts de rendre la liberté et une
patrie à des gens qui avaient perdu Tune et l'autre par suite des ri-
gueurs de la guerre. Alors on était sûr que ces affranchis seraient
bons citoyens, car la plupart revenaient à la liberté en considération
de leur bonne conduite, de leur probité, et sans qu'il leur en coûtât
rien. Très-peu se rachetaient au moyen du pécule.
Aujourd'hui le désordre est si grand, la probité a tellement dégé-
néré, on se montre si peu sensible au déshonneur et à l'infamie, que
les esclaves paient leur liberté avec un argent gagné par mille voies
illégitimes ; les brigandages, les vols, la prostitution, tous les genres
de crimes, sont les moyens qu' ils emploient pour sortir de servitude et
devenir citoyens Romains. Les uns reçoivent la liberté pour avoir été
complices des abominations de leurs maîtres, de leurs homicides, de
leurs empoisonnements, et autres attentats contre les dieux et contre
la république ; les autres ne sont affranchis que pour recevoir cer-
taines rations de blé que l'on distribue gratuitement tous les mois,
pour mendier les libéralités des grands aux pauvres, afin de porter
cette récolte à ceux qui les ont faits libres.
D'autres enfin ne sont délivrés d'esclavage que par la légèreté des
maîtres, qui par là cherchent à se ftiire honneur. J'en sais qui dans
leur testament ont affranchi tous les esclaves qu'ils possédaient, afin
de passer après leur mort pour de bons maîtres, et que leur pompe
funèbre fût suivie d'un nombreux cortège d'affranchis. On a vu dans
les funérailles certains scélérats nouvellement sortis de prison, et qui
méritaient les plus horribles supplices pour les crimes énormes qu'ils
avaient commis. La plupart des gens de bien qui voient ces infâmes
affranchissements ne peuvent s'empêcher de faire éclater leur indi-
gnation ^
On dit que cet abus d'une institution sage en elle-même, que cette
prostitution du titre de citoyen commence à préoccuper l'Empereur,
si jaloux, ainsi que je l'ai déjà fait voir (°), de la dignité romaine. Il
prépare, dit-on, de notables changements dans la législation qui
régit cette matière. Sans doute il modérera les affranchissements,
mais il ne les supprimera pas, parce qu'on ne saurait, sans dommage
» D. Halic. IV, 24. («) Lettre XVII, p. 578.
I. 99
>150 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
véritable, réduire la république à se soutenir avec les seuls citoyens
nés dans la liberté.
Achèvement. Ce qui n'était qu'un bruit de ville quand je t'écrivis la
lettre qui précède, est devenu un fait, et l'Empereur Auguste a seu-
lement limité, comme je le pensais, la puissance d'affranchir, en
Tentourant de beaucoup de difficultés, surtout pour la pleine liberté*.
L'an sept cent cinquante -un, il fit rendre la loi Furia-Caninia, qui
restreignit les affranchissements par testament *; sur trois esclaves,
on n'en put affranchir que deux; jusqu'à dix, il fut permis d'en
libérer la moitié ; de dix à trente, le tiers ; de trente à cent, le quart;
de cent à cinq cents, le cinquième ; le nombre de cent ne dut jamais
être dépassé ^. Tous les esclaves qu'on voulait rendre à la liberté de-
vaient être désignés nominalement * ; une désignation de nombre
pure et simple devenait nulle ^ Si un testateur avait dépassé le taux
légal, les esclaves inscrits les premiers, et jusqu'à concurrence de la
quantité permise, étaient seuls déclarés libres; les autres, au delà de
ce nombre, demeuraient en servitude".
Cette loi ne parut pas suffisante à l'Empereur; quatre ans après,
il en porta une autre qui fixa un âge avant lequel les maîtres ne pour-
raient affranchir d'esclaves, ni les esclaves être affranchis \ D'après
cette loi, appelée j^lia-Sentia, le maître doit être âgé de vingt ans
révolus pour affranchir par la baguette, et il ne peut le faire que sur
un motif légitime *, jugé tel par un conseil ^ composé de cinq séna-
teurs et de cinq chevaliers Romains *". L'affranchi doit avoir trente
ans pour devenir citoyen Romain" ; au-dessous de cet âge, il n'est que
citoyen Latin *^ L'état de citoyen est interdit à l'affranchi marqué,
ou qui a subi la torture, ou qui a combattu dans les jeux publics *^
Ces derniers affranchis forment une classe à part qu'on nomme des
déditices **, c'est-à-dire de la condition des peuples vaincus qui se
.sont rendus à discrétion. Ces malheureux, traités ^en ennemis,
1 Suet. Aug. 40. — Dion. LV, 15. = 2 insiit. I, tit. 7. — Gaii, I, § 42, 44. = ' Gaii,
I^ g 45.— Ulpian. lit. 1, § 24.— Paul. Sentent. rerept.IV, tit. 14.— Vospic. Tacit. 10.=
* Gaii, I, § 46.-ripian. IbiA. § 23. — Paul. Ibid = 5 Gaii, I, § 45. = « Ibiâ. g 46,
et Epilome.— Gaii, in Icg. roni. Visigot. 1, 2, § 5, 4. = " Dion. LV, 15. = » Gaii, I,
g 17, 18, 58. — Insiit. I, fit. 6, g 4, 7. = » Gaii.— Fnstit. Ibid. — Ulpian. tit. 1, g 12,
15. = '0 Gaii, I, § 20.— Ulpian. lit. 1, § 15. = n Gaii, I, g 17.— Ulpian. lit. 1, g 12-
= 12 Gaii, Ibid. ^ '3 Gaii, 1, g 15. — Ulpian. tit. 1, g 11.— Suet. .\ug. 40. = l* De-
diticii. Gaii, I, § 14, 15.-Ulpian. lit. 1, g 11.— Instit. I, tit. 5, g 3.
LETTRE XXIII. 451
non-seulement ne peuvent résider à Rome, mais pas même à moins
de cent mille (") à la ronde, sous peine de perdre de nouveau la li-
berté, d'être vendus eux et leurs biens *.
Sous le principal de Tibère, une autre loi, la loi Julia-Norhana,
rendue l'an sept cent soixante-douze, imposa de nouvelles entraves
au droit d'affranchissement : elle établit que tout esclave vendu par
un citoyen Romain à un autre citoyen Romain, et non livré soit
avec la formalité de la mancipation, soit par une cession juridique,
ou bien qui n'appartiendrait pas depuis un an à son nouveau maî-
tre, n'acquerrait par l'afïVanchissement que les droits de Latium ^
Ces affranchis, appelés Latins'^, ou Latins-Juniens '' , étaient censés
retomber dans l'esclavage en mourant, et leurs biens restaient
comme un pécule à ceux qui les avaient rendus libres ^ ou, à leur
défaut, au peuple ®. Un chef de cette loi permet cependant à tout
Latin qui a épousé une Romaine ou une Latine, libres, de devenir
citoyen Romain, en prouvant devant le préteur, ou devant le gou-
verneur de la province, qu'il a un fils ou une fille, et qu'il est marié
depuis un an. Par cette déclaration, son fds ou sa fdle, ainsi que sa
iÇemme, acquièrent aussi le droit de cité Romaine ^
Cette libéralité étendue à la femme et à la fille de l'affranchi te
paraîtra peut-être extraordinaire , mais la législation de cette époque
n'a jamais été dirigée que contre les esclaves-hommes, parce qu'on
les craignait en raison de leur grand nombre, et surtout qu'on ne
voulait pas, en leur concédant trop de droits, risquer d'avilir la con-
dition de citoyen Romain. 11 n'en était pas de même des esclaves-
femmes : du vivant de l'Empereur Auguste, la loi Papia-Poppœa,
rendue l'an sept cent soixante-deux, donna aux affranchies mères
de quatre enfants le droit de tester librement, et sans rien léguer à
leurs patrons. C'était là une grande innovation. Cependant, pour ne
pas détruire complètement le lien du patronage , on permit au pa-
tron de prétendre sur la succession de son ancien esclave une part
égale à celle de chacun des enfants survivants ^
Les législateurs se sont toujours fort préoccupés de ces questions
d'héritages. J'ai dit dans ma lettre que les enfants des affranchis hé-
ritaient au préjudice des patrons; la loi Papia-Poppœa modifia cette
1 Gaii, I, § 27. = 2 Ulpian. lit. 1, § 16. = » Instit. I, lit. 5, § 3. — Ulpian. Ibid. =
* Latini Juniani. Gaii, 1, § 22 ; HI, § 56. — Ulpian. lit. 1, § 5. = s Gaii, UI, § 56. —
Inslil. 111, lit. 8, § 4. = 6 Gaii, Ul, g 62. = '^ Ulpian. lit. 3, § 3. = 8 /j,rf. tit. 29, g 3.
—Gaii, III, § 42, 44.— Suet. Claud. 19. (<») 148 kilom. 150.
452 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
disposition : elle décida que les patrons ne seraient plus exclus
qu'autant que leur affranchi laisserait trois enfants, ou bien quand
sa succession ne s'élèverait pas à cent mille sesterces ("). Mais lors-
qu'elle atteignait cette somme, et qu'il y avait moins de trois enfants,
le patron avait droit à une part virile , c'est-à-dire à la moitié ou au
tiers de la succession ^
Maintenant que je suis loin de Rome, de ce brillant tourbillon qui
m'enivrait, et qui peut-être a faussé mon jugement sur bien des
points, je ne puis encore réfléchir de sang-froid à cette singularité
d'une nation tout entière servie par un peuple d'esclaves, sans admi-
rer le dédain des soins domestiques, la fierté qui empêchent un
citoyen Romain de se livrer, au profit d'un tiers, à des fonctions ser-
viles. Celte coutume qui est pour ainsi dire dans le sang Romain, et
que rien ne saurait détruire, flatte singulièrement l'orgueil national,
car la foule d'esclaves de toutes les nations qu'elle rend nécessaires,
et dont Rome est encombrée, semblent dans cette ville les repré-
sentants de la servitude de l'univers.
» Gaii, I, 8 41, 42. — Digest. XXXVII, tiU 14, leg. 16 — Inslit. IH, tit. 8, § 2,
(•) 26,891 fr.
LETTRE XXIV.
LES VOLEURS.
Sans le chercher, et presque sans le vouloir, je me mets à la mode
romaine : j'ai quitté mon sayon pour la toge, je me coupe la barbe,
je crois même que je me suis fait épiler les bras et les jambes. Voilà
maintenant que je porte un anneau. Mais ceci est moins une affaire
de caprice qu'une chose de nécessité. Les Romains écrivent beau-
coup, tiennent beaucoup de comptes, correspondent fréquemment
avec leurs amis, et pour authentiquer leurs écrits, en assurer l'exac-
titude, faire reconnaître leurs lettres, ils apposent au bas une
empreinte particulière fixée à un anneau ' qu'ils portent au petit
doigt de la main gauche ^. C'est ce qu'ils appellent un symbole^.
L'image qu'on y fait graver est tout-à-fait de fantaisie; quelquefois
c'est le portrait d'un aïeul *, ou un souvenir de gloire : par exemple,
Sylla signait avec un symbole où l'on voyait Bocchus qui lui livrait
Jugurtha ', et le symbole de Pompée représentait trois trophées *,
emblème de ses triomphes sur l'Europe, l'Asie, et l'Afrique.
L'usage des symboles ne date que du milieu du cinquième siècle ^
Le droit d'en porter fut, comme encore aujourd'hui, réservé aux
hommes libres. Quoi de plus convenable, en effet, que les moyens
de signer ne soient donnés qu'à ceux qui peuvent engager leur
parole !
La manie de briller a fait de cet objet d'utilité une parure de luxe
en même temps. Autrefois, l'anneau, qu'il fût de fer ou d'or, por-
tait la signature sur lui-même : on a imaginé depuis de la graver
sur des pierres précieuses. Dès lors se perdit la vieille coutume de
mettre l'anneau à la main droite, qui est la main d'action; on le
transporta à la main gauche, qui demeure oisive, parce que les élé-
gants craignirent que le mouvement continuel de la main droite
n'endommageât leur anneau ^. Les hommes ont fini par avoir des
1 Tit.-Liv. XXVII, 28. — Macrob. Saturn. VII, 15. = 2 Plin. XXXIII, 1. = 3 Ibid. —
Plaul. Pseudol. I, 1, v. 55 ; Slich. 111, 1, v. 54. — Tercnt. Andr. 1, 1, v. 61. = * Cir.
Calil. 111, 5. = 5 Plin. XXXVII, 1.— V. Max. VHI, U, 4. —Plut. Mur. 13; Sulla, 4.=
« Dion. XLII, p. 218. = 7 Plin. XXXIII, 1. = » Macrob. Saturn. VU, 13.
ir;i UOME AU SIÈCLE D AUGUSTE.
Duc(]ilioihl'iiues, ou boîtes à baj^uos, tant ils pousseront loin lo luxe
de cfitlo parure, et l'on rite S(;aurus, beau-fils de Sylia, pour avoir,
le premier à Rome, possédé une boîte de ce genre '.
Les anneaux servent aussi à garantir des vols domestiques : on
met sous leur empreinte tous les objets qu'on veut sauver du lar-
cin, les aliments, les boissons, exposés à la gourmandise ou à l'i-
vrognerie des esclaves-, de menus meubles, des ustensiles^. Divers
vols de ce genre, commis chez moi, me donnèrent l'idée d'avoir aussi
mon anneau-symbole.
Ces petits actes d'infidélité, assez fréquents malgré les pré-
cautions prises pour les prévenir, ne sont rien en comparaison des
vols de tous genres qui se commettent au dehors. Je dois le dire, car
j'en suis certain maintenant, Rome est un pays de voleurs. Danscette
ville immense, qui est comme la cloaque où viennent se rendre et se
grossir tous les égouts de l'univers *, certains individus, bravant et
les lois et les magistrats, font consister leur industrie dans le vol.
Depuis des siècles, la race des voleurs infecte Rome et l'Italie,
mais Rome particulièrement. De nombreuses distributions de blé
que l'on fait dans la ville, et qui de toutes parts y attirent des pares-
seux et des fainéants '; les somptueuses demeures qui l'embellissenl;
les innombrables et riches présents qui décorent ses temples, qui
remplissent ses tavernes, sont un appât pour la cupidité, et font de
cette capitale comme la patrie des voleurs ^ Les guerres civiles du
commencement de ce siècle ont encore fait pulluler cette engeance ;
une foule de mauvais sujets, ayant contracté dans ces temps désas-
treux leshabitudes d'une vie de pillage, de débauche et de prodigalité,
réduits à la misère par le rétablissement de l'ordre, incapables d'exer-
cer une profession honnête, se sont faits voleurs pour exister.
A l'époque où l'Empereur resta seul maître de la république, ces
brigands infestaient non-seulement Rome, mais l'Italie et la Sicile.
Ils les dévastaient publiquement, et leurs ravages ressemblaient plu-
tôt à des pillages audacieux qu'à de secrètes rapines. Les voyageurs
libres, les esclaves, étaient enlevés sur les routes et retenus dans des
Frgastulaires ou prisons d'esclaves. Le prince chargea l'un de ses
lieutenants de réprimer ces attentats : des gardes furent mis aux
endroits suspects ou dangereux, on visita les Ergastulaires , un grand
i Plia. XNXVU, 1. = 2 Id. XXXllI, 1.— Tlaut. f.asin. II, 1, v. 1. — Cic. Ep. famil.
XYI, 26. = S Cic. Ibtd.—Tac. Atin. Il, 2. = * Ibid. XV, 44. = 5 Appian. de Bell. civ.
II, p. 820 =6 Juv. S 13, V. 147.
LETTIŒ XXIV. 455
nombre de coupables furent suppliciés, et en moins d'une année la
sûreté se trouvait rétablie partout '. On {)rétend(iue ces circonstances
inspirèrent l'idée d'établir des rondes de nuit comme cela se prati-
que maintenant ^.
Les voleurs de grands chemins, que l'on appelle grassateurs^,
sont beaucoup moins nombreux, grâce à cette surveillance conti-
nuelle, sans que leurs bandes soient complètement détruites. II y a
certains lieux, aux environs de Rome, où il n'est pas prudent de
passer le soir; je le sais par expérience, et dernièrement j'ai man-
qué d'être volé sur la voie Appia, à peu de distance de la ville, dans
un lieu dit le tombeau de Basilus, depuis longtemps célèbre par ce
genre d'expéditions criminelles*.
Si la vigilance de la police tient éloignés de la ville la plupart des
voleurs en grand, avec effraction et violence, Rome n'en reste pas
moins leur point de mire, et de temps en temps ils y font des incur-
sions. Atin de pouvoir profiter de tous les instants favorables, ils ont
été se postera une distance moyenne de cette belle proie, assez loin
pour être à l'abri des atteintes quotidiennes des vigiles, pas assez
pour perdre la ville de vue. C'est dans la Campanie qu'ils se sont
réfugiés, et comme ils ne pouvaient vivre que dans un grand centre
de richesses, ils ont choisi les environs de Cumes et de Baies, contrée
où les Romains ont de somptueuses maisons de plaisance. II y a là,
sur le bord de la merThyrrhénienne, une forêt nommée Ca^/moire^,
qui leur sert de repaire habituel. De ce lieu ils poussent des reconnais-
sances dans les environs, et s'avancent jusqu'aux Marais Pontins^ à
moitié chemin de Cumes et de Rome. C'est pour eux une excellente
embuscade pour attendre les voyageurs de la voie Appia; ils les
laissent s'engager assez avant sur cette voie, qui n'est qu'une étroite
chaussée en plein dans les marais '', puis ils les attaquent avec d'au-
tant plus de sécurité que la traversée ayant plus de dix-huit milles (")
de long, les voyageurs ne peuvent appeler du secours dans ce lieu
désert, et moins encore en recevoir ; ou si par hasard il survenait
quelque troupe de soldats, ou d'autres voyageurs, comme la route
est toute droite, les agresseurs, les voyant venir de loin , auraient le
temps de fuir en sens contraire, ou bien de se jeter dans des bar-
1 Suet. Aug. 32. — Appian. de Bell. civ. V, p. H78. = 2 Appian. Ibid. p. 1179. =
^jGrassatores. Suet. Cœs. 72; Aug. 32, 43. — Manil. V, v. 646. — Juv. S. 3, v. 305. =
* Cic. ad Attic. VU, 9. — Ascon. in Milo. p. 201. = 8 juv. S. 3, v. 307. — Sliab. V,
p. 243 ; ou 235, tr. fr. = « Juv. IMd. =l> Lettre XLIH. (<•) 26 kilomètres 667.
486 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
ques, et de gagner le large ', les Marais étant couverts d'eau, et
coupés de canaux en communication directe avec la mer.
Une pensée toute simple vient en lisant ces détails : puisque l'on
sait où sont les repaires de voleurs, pourquoi ne les détruit-on pas?
Probablement c'est que cela.n'est pas possible, ou que le mal ne pa-
raît pas assez intolérable. Dans les affaires de ce genre, les Romains
attendent toujours la dernière extrémité ; il a fallu que les esclaves
de Spartacus fussent organisés en armée pour qu'on songeât à les
combattre ; Pompée ne fut envoyé contre les pirates de la Méditer-
ranée que lorsqu'ils affamèrent Rome, en arrêtant les convois de blé
envoyés du dehors pour sa subsistance ; enfin de nos jours on s'oc-
cupa de réprimer les brigandages, quand les brigands étaient maîtres
du pays. Il semble que les Romains craignent, ou dédaignent d'em-
ployer la force militaire pour les affaires domestiques. Vois pour
Rome, dont la tranquillité leur importe tant, combien est récente l'in-
stitution du corps des vigiles *; à plus forte raison ce qu'on fait à si
grand'peine pour la ville, ne le ferait-on point pour une province,
bien que cette province soit pour ainsi dire à la porte de Rome.
Cependant je crois que l'on commence à sentir la nécessité d'une
répression ; de temps en temps la force armée vient faire des re-
cherches dans les Marais Pontins et dans la forêt Gallinaire ^ Alors
les voleurs déguerpissent au plus vite, et, mettant à profit cette re-
cherche même, gagnent la mer, se jettent dans des barques de pê-
cheurs*, et se replient sur Rome, où ils se glissent à la faveur de la
nuit. Ils y accourent comme des chasseurs dans un lieu bien peuplé
de gibier*, et s'y précipitent d'autant plus audacieusement, qu'ils la
savent dégarnie d'une partie de ses gardes.
Les voleurs, toujours à l'affût des occasions propices, affluent en-
core dans la ville lorsqu'on y donne des spectacles publics. Dansées
circonstances tout le monde est dehors , la population entière se
porte aux théâtres ou aux Cirques, les maisons sont abandonnées
de leurs habitants, et Rome devient si déserte, qu'il serait dangereux
de s'aventurer seul dans ses rues, bien qu'en plein jour, si l'Empe-
reur n'avait toujours soin alors de poster de place en place des corps
de garde pour veiller à la sûreté des citoyens *.
Les voleurs-grassateurs sont les plus dangereux, parce qu'ils por-
' CoDjeclure. = » Lettre XX. = » Juv. S. 3, v. 303. = » Conjecture. = » Tanqnam
ad vivaria currunt. Juv. S. 5, v. 508. =; 6 Suel, Aug. 45,
i
LETTRE XXIV. 457
lent toujours des épées', pour attaquer, se défendre, assassiner au
besoin'^, et des leviers et des pinces pour enfoncer les portes ou per-
cer les murs ^ Ils vont par troupes *, reconnaissent dos chefs, et ob-
servent entre eux certaines lois pour le partage du butin. Il n'est
pas rare de trouver ici des esprits faibles ou inconséquents, qui, tout
en s' abandonnant à de mauvaises passions , conservent des senti-
ments religieux, et sont assidus aux pratiques du culte. Les voleurs
ont un peu de cette singulière dévotion; ils adorent une certaine
déesse Laverna'^ quWs regardent comme leur protectrice, et dont le
temple se trouve aux portes mêmes de de Rome, dans un bois situé
au midi delà ville, sur la voie Salaria^. C'est une superstition plu-
tôt qu'une dévotion, car le sentiment religieux est si étranger au
cœur de ces misérables qu'ils traitent les autres dieux ou déesses à
l'égal des hommes : non-seulement ils ne se font pas scrupule de
piller leurs temples quand ils peuvent, mais ils vont jusqu'à s'atta-
quer à l'image même de la divinité, remportent si elle est d'un mé-
tal précieux, ou la grattent lorsqu'elle n'est que dorée '^.
Le métier de voleur, même de celui qui ne recourt pas à la vio-
lence, présente de très-grands dangers : la loi des XII tables permet
de tuer le voleur de nuit pris en flagrant délit, et le voleur de jour,
s'il se défend avec une arme quand on veut l'arrêter; mais celui qui
le tue doit crier et appeler les citoyens*, sage précaution dans une
loi qui permet de se faire justice soi-même : c'est le cri de l'inno-
cence qui, dans le moment de l'action, appelle des témoins, appelle
des juges. Il faut que le peuple prenne connaissance de laction, et
qu'il en prenne connaissance dans le moment qu'elle a été faite,
dans un temps où tout parle, l'air, le visage, les passions, le silence,
et où chaque parole condamne ou justifie. Une loi qui peut devenir
si contraire à la sûreté et à la liberté des citoyens, doit être exécutée
en la présence des citoyens'. Crier ainsi publiquement, c'est quiri-
ter, c'est-à-dire appeler les Quirites, les citoyens '".
La même loi statuait que les voleurs dont le crime aurait été com-
mis en plein jour, sans qu'ils eussent entrepris de se défendre, seraient
fustigés et livrés à celui qu'ils auraient volé, pour lui rendre tous les
1 Juv. s. 3, V. 303. = 2 Hor. I, Ep. 2, v. 32. = 3 Paul. ap. Fest. v. veclicularia. =
* Decidil acrem prœdonum in turbani. Hor. I, S. 2, v. 42. = 5 Hor. I, Ep. 16, v. 60.
—Non. Marcell. v. Laverna. = * Acron.in Hor. I, Ep. 16, v.60. = '' Juv. S. 13, v. liô.
= «Cic. proMilo. 3; fragm. pro Tullic— A. Gell. XI, 18; XX, 1— Uigest. IX, tit. 2,
leg. 4, § 1 ; XLVII, lit. 2, leg. 56, g 2. = 9 Monlesq. Esprit des lois, XXIX. 15. =
1" Quirilare. Varr. L. L. YI, g 58.
458 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
services d'un esclave, s'ils étaient d'une condition libre. Quant aux
esclaves convaincus de larcin, ils étaient battus de verges et préci-
cipilcs de la roche Tarpéienne. Les impubères, coupables du même
crime, devaient être châtiés par ordre du préteur, et réparer hî dom-
mage qu'ils avaient causé K
Le temps a beaucoup modéré la sévérité de la loi décemviralo, et
aujourd'hui le voleur n'est plus condamné qu'à la restitution du
quadruple, si le vol est manifeste^ ; du triple, s'il est prémédité; et
du double seulement s'il n'est point manifeste', tout cela comme
amende, indépendamment de la restitution de l'objet volé*.
Un vol est manifeste quand on prend le voleur sur le fait, dans le
lieu même, ou quand on le trouve, dans un lieu public ou particu-
lier, tenant encore la chose volée. S'il l'a portée chez lui ou chez un
receleur, le vol n'est plus manifeste ^ mais recelé. Autrefois on pro-
cédait à la recherche d'un recel par une perquisition domiciliaire*,
qu'en terme légal on appellait par le bassin et la ceinture''. Cette per-
quisition se faisait avec l'autorisation du Préteur urbain, sur la re-
quête de la personne volée, qui devait jurer par les dieux que la
ivisite qu'elle réclamait n'avait d'autre but que de retrouver son
bien. Le plaignant lui-même, ou plus souvent l'un des licteurs du
magistrat, fouillait la maison suspecte.
Afin de prévenir toute fraude et d'empêcher que Ton n'abusât de ce
moyen pour nuire à des personnes innocentes en introduisant chez
elles (les objets qu'on les accuserait d'avoir volés, et que l'on fein-
drait d'y trouver, celui qui faisait la perquisition dépouillait ses vê-
tements avant d'entrer dans la maison, et revêtait seulement une
simple ceinture, par respect pour les mères de famille et les jeunes
filles*; de plus, il portait devant lui un bassin, dans lequel il mettait
d'abord la permission écrite autorisant la visite domiciliaire, puis
l'objet retrouvé, s'il pouvait tenir dans ce bassin, pour le porter au
Forum devant le magistrat ^ *.
Ce mode de perquisition domiciliaire est aboli depuis plus d'un
siècle, soit qu'on le regardât comme attentatoire à la liberté des ci-
toyens, soit plutôt qu'on se fût convaincu de son inutilité, les re-
1 A. Gell. XI, 18. — Gaii, UI, g 189. = 2 caii.— A. Gell. /6id.— Instil. IV, lit. 1, §5;
lit. 6, § 25.— Cic. frasim. pro Tullio, 2. —Quint. Insiit. oral. VU, 4, 6. = 3 Gaii, 111,
g 191. — Instil. IV, lit. 1, § 3. —A. Gell. Ibid. = * Paul. Sentenl. rerept. II, lit. 31,
I 14. = 5 Gaii, 111, § 184, 186. — Inslit. IV, lit. 1, § 3. =6 1nslil. Ibid. g 4. = ''Ver
lance et licio. = » Gaii, III, g 192. — Paul. ap. Fest. v. Lance. = » Gaii, III, g 192,
193.— Petron. 97.
LETTRE XXIV. 459
cherches ne pouvant guère avoir de résultat. C'est le voleur qu'on
cherche à saisir, et quand on y peut parvenir, on atteint quelquefois
le double but de la récupération de l'objet volé, et de la punition du
délit:
Les vols de nuit, avec effraction et violence, sont punis, soit de la
relégation, soit d'une condamnation temporaire aux mines ou aux
travaux publics K
Parmi les voleurs de la ville, beaucoup ne sont pour ainsi dire que
des volereaux, et ne se livrent qu'à des vols légers, qui n'exigent
qu'un peu d'effronterie et d'adresse : ils se contentent de dérober
les habits dans les bains publics ^ de l'encens et des parfums sur
les lits funéraires et sur les tombeaux '', des serviettes dans les repas*,
des bourses aux passants. On appelle cette classe de voleurs du der-
nier ordre Manticulaires, de manticula, bourse ^, et Derectaires,
parce qu'ils se dirigent dans les maisons pour y faire leur main ^.
Les voleurs de grande route ont un peu de la générosité des con-
quérants : Palœmon, célèbre grammairien du jour, m'a raconté
qu'étant une fois tombé dans une embuscade de grassateurs, ils le
laissèrent aller sain et sauf dès qu'il se fut nommé, à cause de sa ré-
putation littéraire. Je dois ajouter que ce Paltemon est l'homme le
plus orgueilleux qu'il soit possible de rencontrer '^.
Un autre trait plus singulier, et dont l'authenticité ne peut être
révoquée en doute, est celui-ci : un certain Corocotta désolait l'Es-
pagne par ses brigandages. L'Empereur, irrité, promit un million de
sesterces (") à celui qui le lui amènerait. Corocotta saisit l'occasion
de cette menace pour en faire sortir son pardon ; il eut l'audace de
venir se présenter lui-même à l'Empereur, qui lui fit délivrer la ré-
compense promise *, sans doute sous bonne caution pour l'avenir.
Je viens de te peindre un petit coin des misères sociales de Rome,
des mœurs de la plus mauvaise partie de la plèbe, et des dernières
classes sinon de la société, au moins de la population de la ville.
Mais pour te faire connaître tous les voleurs et toutes les sortes de
vols, il me faudrait remonter jusqu'aux classes les plus élevées ; car
ici, où, après le glaive, la première puissance est l'argent, il n'y a
sortes de moyens qu'on ne mette en œuvre pour s'en emparer. Les
» Digesl. XLVn, lit. 11, leg. 7; til. 17, leg. 1, 2.— Appian. de Bell. civ. IV, p. 967.
2 Plaul. Kud. n, 3, V. 51. — Calui. 30. = 3 Mart. XI, 55.= * Catul. i2. = 3Fest
V. Maiilicularum = "Digest. Ibid. til. 11, leg. 7. = ■< Suet. de Ulust. grammat. 25. =
8 Dion. LVl, 45. {") 268,900 fr.
160 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
principaux sont l'usure, vol pacifique et sans danger; le pillage, vol
en grand et à main armée ; la perception des impôts, vol multiple,
le plus productif et le plus sûr de tous, parce qu'il s'abrite derrière
la légalité; la vénalité soit dans les tribunaux, soit dans les comices,
autre espèce de vol non moins réel, et plus infâme peut-être parce
qu'il peut ravir la considération et l'honneur à ceux qu'il choisit
pour victimes; l'infidélité dans les comptes de finances; la tromperie
sur l'évaluation et l'exécution des travaux publics; les fausses dé-
clarations de cens, et cent autres choses semblables. Je ne renonce
pas à t'entretenir de toutes ces turpitudes qui tiennent si intime-
ment au tableau des mœurs de Rome, mais je me contenterai de les
mentionner aujourd'hui, parce qu'elles appartiennent à des sujets
spéciaux que je trait<'rai plus tard ("). Bien que la société en masse se
montre très-tolérante pour ces mille manières de s'emparer du bien
d'autrui, cependant il se trouve encore des gens honnêtes qui ne se
font pas faute de les flétrir hautement ; le vieux Caton si renommé
pour sa vertu, se plaignant de la licence et de l'impunité du péculat,
ne craignit pas de dire et d'écrire : « Les voleurs privés passent
leur vie dans les fers et dans les chaînes; les voleurs publics, dans l'or
et dans la pourpre'. » Le mot de Caton est resté, mais la chose aussi,
malheureusement pour les Romains.
' A. Gell. XI, 18. (") Voy. Lettres XXVI, XLÏ, LXVII, LXX, LXXXII, LXXXIII,
XCVIII.
LETTRE XXV.
MA SECONDE VISITE AU CAPITOLE,
Je sors du Capitule. Je l'avais déjà vu sommairement ; mais cette
fois je l'ai visité en détail , exploré dans toute son étendue. On
appelle souvent Capitole un superbe temple de Jupiter bâti sur
le mont Capitolin ; c'est une désignation abrégée, une dénomina-
tion adjective : le Capitole est proprement toute cette colline, la
plus petite des sept, située à l'occident de la ville, entre le Forum et
le Champ-de-Mars. C'est une espèce de petite ville dans la grande,
avec ses murailles et ses portes , un quartier sans maisons et sans ha-
bitants, attendu qu'il n'est permis à aucun citoyen d'y demeurer.
Au dehors, il présente l'aspect d'un rocher inexpugnable, beaucoup
plus long que large, et un peu courbé vers l'une de ses extrémités ;
à l'intérieur, son sommet se partage en deux petites collines, l'une
au midi, l'autre au septentrion *.
Un homme que je vois souvent chez Mamurra, Petillius, gardien
en chef du temple *, m'a guidé dans la visite que je viens de faire.
Hier, il est arrivé chez moi : « Depuis longtemps, me dit-il, je vous
promets de vous montrer notre Capitole; je viens vous prendre pour
m'acquitter de ma promesse. — Partons, répondis-je. » Et nous
voilà cheminant ensemble. Nous suivons les longs murs du Janicule,
nous traversons le Tibre sur le pont Palatin ; puis, avançant à travers
les Vélabres, le viens Jugarius, toute la longueur du Forum, nous
arrivons jusqu'au temple de la Fortune ' et aux Rostres *, où abou-
tissent les chemins qui conduisent sur le Capitole. Je ne sais quelle
espèce d'instinct vague me fit prendre, à droite des Rostres, la voie
qui monte presque vis-à-vis du temple de la Concorde ^ puis celle
qui s'infléchit à gauche devant cet édifice, et passe entre les temples
de Jupiter-Tonnant^ et de la Fortune : « Vous cherchez le chemin des
Gaulois, me dit Petillius; justement je vous y conduisais. — Ne
sommes-nous pas dans le clivus Capitolin? repartis-je. Les enfants
1 Plan et Descript. de Rome, Ville rég. = * Hor. Il, S. i, v. 94. — Acron.— Porphyi .
in Hor. loc. cil. = 3 Plan et Descript. de Rome, n» 86. = * Ibid. a» 83. = * Ibid.
no 83. = « Ibid. n» 84.
462 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
do la Gaule prirent une route moins facile : la roche Tarpéienne ne
les effraya point. — Ce clivus nous y mène, repartit mon guide;
nous allons escalader aussi le rocher de Tarpéia, mais par une route
plus commode et plus sûre que celle de vos ancêtres. »
Un peu au-dessus du temple de la Fortune, le clivus détourne
toul-à-coup à droile et monte presque directement au Capitole. A peu
près au milieu de cette montée, Petillius me fit entrer à gauche dans
une voie de vingt-cinq pieds de large (") environ, partagée en deux
rampes, dans lesquelles sont taillés de larges degrés très-inclinés,
avec de petits paliers de place en place : « C'est l'escalier de la ro-
che Tarpéienne, continua-t-il, ce que nous appelons les Cent mar-
ches '. Il faut que vous visitiez tout le Capitole, et nous commence-
rons par la Forteresse,
La montagne capitoline se divise en trois quartiers bien distincts:
la Forteresse, le Temple de Jupiter, et \ Intermont. La Forteresse
occupe la colline méridionale ; le Temple, la colline septentrionale;
et rintermont, l'espace entre ces deux monticules, ainsi que son
nom l'indique.
Nous entrâmes dans la Forteresse ^ après avoir franchi deux portes,
l'une au bout de la première rampe des Cent marches, l'autre au
sommet de la deuxième, où cette voie, qui va toujours en se rétré-
cissant, n'a plus guère que dix pieds ['') de large. La Forteresse ne se
compose pas uniquement d'une enceinte de murailles crénelées et
munies de tours, avec quelques logements pour les soldats ; on y
trouve six temples et divers autres monuments. En arrivant par la
porte des Cent marches, on débouche sur une petite place, où trois
temples frappent d'abord les regards : ce sont la Curie Kalahra ',
le temple de Junon-Moneta *, et le temple de Jupiter-Férétrien^ .
La Curie Kalahra, dont j'ai déjà parlé {") est le premier édifice
du côté des Cent marches.
Le temple de Junon-Moneta, en parallèle et tout proche de la Cu-
rie, fut construit dans les premières années du cinquième siècle de
Rome; Camille le bâtit sur l'emplacement de la maison de Manlius.
Originairement, la divinité à laquelle il est consacré n'avait point de
surnom ; mais un tremblement de terre (phénomène trop ordinaire
ici) ayant épouvanté la ville, on entendit sortir du temple une voix ^
1 Plan et Descripl. de Rome, n" 59. = 2 ibid. n° 60. = 3 Ibid. n" 61. = * Jbid.
ho 62. = ^lbid. n» 68. = 6 Cic. de Divinat. I, 45 ; II, 32. (o) 5 moires 926. {'') 2
mètres 965. («) Lettre XI, p. 298.
LETTRE XXV. 4G5
qui conseillait d'immoler une truie pleine en expiation du prodige.
Dès lors Junon fut appelée Moncta, c'est-à-dire conseillère, et bien
que depuis elle soit demeurée muette, le surnom lui est demeuré ^
Sur la droite de la place s'élève le temple de Jupiter-Férétrien, le
plus ancien des édifices du Capitole, et même de Home. Rouuilus le
construisit à la suite d'une victoire qu'il remporta sur les Céninates. Il
tua leur roi, rapporta lui-même h Home les dépouilles de cet ennemi ^
en dressa un trophée sur le mont Capitolin, et plus tard, érigea au
même endroit un temple où il ordonna que les dépouilles des géné-
raux ennemis seraient désormais consacrées ^. Ce n'est qu'un édi-
cule; à peine a-t-il quinze pieds (") dans sa plus grande longueur. Il
est rempli de dépouilles opimes, de ces dépouilles que le chef d'une
armée romaine a conquises en tuant de sa propre main le chef d'une
armée ennemie*. Elles sont arrangées en trophées, au-dessous des-
quels une inscription indique le nom du vainqueur. Le trophée de
Romulus s'y voit encore : on l'appelle la Première opime ".
Ce petit temple finit par devenir insuffisant ; le roi Ancus Mar-
cius, à la suite de plusieurs guerres heureuses, l'agrandit par l'ad-
jonction de deux ailes.
Devant le temple de Jupiter-Férétrien et la Curie Kalabra , une
petite cabane ronde ^ couverte en roseaux, atlirelles regards par son
humble apparence : c'est le berceau de Rome, l'habitation de Romu-
lus au temps où ce fils adoptif de Faustule vivait comme un berger.
Cette chaumière, que le fondateur de Rome construisit de ses mains
et qui porte encore son nom'', est conservée avec une sorte d'orgueil.
Les Romains la vénèrent comme un lieu saint ; des gardiens spéciaux
sont chargés de l'entretenir et de veiller à ce que la même forme et
le même aspect lui soient conservés toutes les fois qu'elle a besoin de
réparations ^ Rome veut qu'on voie d'où elle est partie pour arriver
à l'empire du monde.
Une statue en airain doré, représentant la Louve allaitant Romulus
et lUmiis, illustre encore la place de la Curie Kalabra^ d'un autre
souvenir de l'origine de Rome.
Dans le même lieu, auprès de la Cabane de Romulus, on voit un
trophée de victoire, rapporté d'ApoUonie, ville de Pont, par M. Lu-
1 Cic. deDivinat. II, 52 = « Tropert. IV, 10. — Plut. Romul. 16. =3Tit.-Liv. I, 10.—
D. Halic.II, 34.=4Propert. IV, 10, V.41. — Flor. II, 4.— Serv.in.Eneid.VI, V.855. — Fest.
v.Opima.— Plut. Romul. 16;MarcelI. 8.— Dion. XLIV, 4. = sprima Opima. Til.-Liv. IV,
20.= 6 Plan et Descript. de Rome, n» 60. = '' Casa Romuli. Vilruv. II, 1.— Macrob. Sa-
turn. 1, 15. = 8 D. Halic. I, 79. = 9 Plan et Descript. de Rome, n» 62. («) H mètr. 444.
464 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
cuUus, c'est une statue colossale d'Apollon^ ; elle n'a pas moins de
trente coudées (") de^haut.
Non loin du colosse d'Apollon, on remarque deux autels* : l'un,
consacré h. Jupiter- Pisteur (faiseur de pain), parce qu'il avait inspiré
au Romains assiégés par nos ancêtres de jeter des pains dans leur
camp afin de faire croire que la Forteresse était bien approvisionnée,
et, par cette ruse, de les dégoûter du siège ; l'autre à Jupiter-Soter
ou sauveur, autel sur lequel les Romains, après le départ de Rrennus,
brûlèrent le reste des cuirs et des vieilles chaussures qui leur avaient
servi de nourriture vers la fin du siège.
Les autres édifices de la Forteresse sont ï Atelier des monnaies,
derrière le temple de Junon-Moneta'; les logements des soldats'', tour-
nés vers l'occident ; du même côté, les temples de la Fortune Primi-
génie et de la Fortune Obsequens^, fondations du roi Servius; enfin,
derrière Jupiter-Férétrien, leteïm^le de Jupiter-Prœdator*^, dieu qui
préside au butin.
Dans cette tournée rapide, Petillius me fît remarquer un puits'' dont
le fond atteint le niveau des plus basses parties de Rome. Il est fort
ancien, car ce ne fut que dans le dernier siècle, l'an six cent vingt-
sept, qu'on amena de l'eau vive sur la montagne du Capitole (').
Nous étions revenus près de la Cabane Romulus , lorsque je vis
ouvrir la porte des Cent marches et s'avancer une procession sacrée,
suivie d'une foule de peuple. Les prêtres de Junon, qui semblaient
présider à cette cérémonie, escortaient une litière couverte dans la-
quelle se pavanaient gravement quelques oies vêtues d'un lambeau de
pourpre rehaussé d'or *. La procession s'arrêta devant le temple, dans
lequel les prêtres firent entrer les oies; puis, du haut du portique,
un de ces ministres congédia le peuple. Quand la foule se fut écoulée,
Petillius m'apprit que les oies que je venais de voir, non sans sur-
prise, traitées avec tant de vénération, appartenaient à Junon ; qu'on
les nourrissait dans le temple de la déesse, aux frais du pubhc^ comme
les descendants de ceux qui, par leurs cris, sauvèrent le Capitole de
l'escalade des Gaulois. Il ajouta qu'à l'époque anniversaire de ce jour
mémorable, le m des nones'° d'Auguste*' ('^j, on répétait la procession
dont je venais de voir le dénouement; puis me conduisant sur l'une
> Plan et Descript. de Rome, n» 61. = î Ibid. n» 63. = 3 Ibid. n" 62. — * Ibid.
1)0 67. = 5 Ibid. nos 65, 66. = ^ /fc,rf, n» 69. = ^ Ibid. n" 67. — » Serv. in .€neid.
VUl, V. 652. = 9 Tit -Liv. V, 47.— Plut. Camil. 27 ; de fort. Rom. p. 288. = "> Lyd.
de Mens. 111, 40. = " Ibid. — Saii. v. isi'jûoiifjix;. (a) 13 mélr. 50. (') Par l'aqueduc de
la Tepula. Voy. Lettre LXVII. («) le 3 Auguste.
LETTHI': XX.V. Av.r,
des tours méridionales de la Forteresse : « Regardez à vos pieds, con-
tinua-t il, près du pont Palatin, entre les temples de la Jeunesse et de
Summanus ^ — J'aperçois quelques croix sur lesquelles sont attachés
des quadrupèdes... — Des chiens, les chiens du Capitole^ — Comment?
— Oui; par la raison qu'on récompense la vigilance des oies, que
nous appelons toujours les gardiens de la forteresse Tarpéienne^, on
punit dans les chiens la qualité contraire; vous savez qu'ils s'endor-
mirent au lieu de veiller. Ces animaux ont été portés dans la pro-
cession sur l'instrument de leur supplice*. Il est bon de perpétuer
dans le peuple le souvenir que les Barbares ont échoué contre notre
Capitole. — Et si cela n'était pas vrai, dis-je en me redressant fière-
ment?— Il faut que cela soit, repartit Petillius en souriam; mais,
ajouta-t-il, ni moi ni vous ne sommes obligés de le croire. »
En effet, les Gaulois renversés du Capitole; la Forteresse voulant
capituler et faisant offrir aux assiégeants mille livres pesant d'or (") ;
Camille, dictateur, rompant le traité par cette parole superbe : « Les
Romains se rachètent par le fer, non par Tor» ; enfin Brennus battu
par Camille, les Gaulois taillés en pièces et Rome sauvée par cette
victoire, tout cela n'est qu'un conte populaire*. Nos ancêtres ont été
maîtres de la Forteresse romaine ; ils n'ont quitté Rome que char-
gés d'or et de butin ^ et jamais la rançon de la ville ne nous a été
arrachée par la présence de Camille, ni, comme on le dit, enfouie
sous le trône même de Jupiter', place bien choisie pour soustraire
ce trésor aux regards de ceux dont une curiosité indiscrète aurait pu
porter atteinte à la crédulité publique.
Il y a cependant dans la Forteresse même un témoignage de notre
victoire : c'est une porte Pandana^, c'est-à-dire ouverte, parce qu'elle
n'a point de fermeture. Brennus, en dictant les conditions de sa re-
traite, fit engager les Romains à laisser, lorsqu'ils rétabliraient leur
ville, une porte perpétuellement ouverte, en souvenir de l'occupation
gauloise. Ils le promirent sous la foi du serment ; mais pour rendre
illusoire l'effet de cette promesse, ils placèrent la porte Pandana dans
un lieu inaccessible, en haut du roc Tarpéien. On la voit auprès du
quartier des soldats.
1 Plan et Descript. de Rome, n» 259, 260. =:*Plin. XXIX, h. — Serv. in ^Eneid.
VIII, V. 632. = 3 Tarpeiœ cusios arcis. Nemes. de Aucup. v. 24. = * Plin. Ibid. =-
» Til.-Liv. V, 48, 49. — Diod. Sicul. XIV, p. 324. = 6 Suel. Tib. 3. — Polvb. I, 1 ; II, 4.
— Sirab V. p. 220; ou 148, Ir. fr.— Justin. XXVIII, 2; XXXVlil, 4.— Diod. Sicul. Ibid.
= ï Til.-Liv. V, 50.— Plin. XXXIII, 1. = » Plan et Descripl. dp Kome, n" 64. (") 326
kilogr. 340 grammes.
I. 3U
400 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
Une large montée en escalier à cordons, comme les Cent marches,
descend de la Forteresse dans Y Intermont ' (") . Cette petite vallée peut
être regardée comme le second berceau de Rome : on y trouve le fa-
meux Asyle^ oiwcrl par Romulus pour attirer des habitants à sa ville
nouvelle; c'est un petit bois de chênes toujours respecté, quoiqu'il
ne serve plus d'asyle. Jadis il était fermé par un mur; maintenant il
n'a plus d'autre clôture qu'une haie vive. Il occupe presque toute la
largeur du vallon du côté du Champ-de-Mars, environ un tiers de
sa profondeur, et se trouve comme séparé en deux bois par un tem-
ple consacré à Véjovis ' ou Jupiter enfant.
Sous le rapport monumental, 1' //i^ermon^ ne le cède pas à la For-
teresse ; il offre même un plus bel ensemble : devant le temple de
Véjovis s'ouvre une belle place dallée qui, à partir de l'Asyle, remplit
presque toute la vallée *. Elle est encadrée, à l'orient, par la conti-
nuation du clivus Capitolin, qui la traverse dans toute sa largeur; au
midi et au septentrion par deux bouts de voie aboutissant à des
temples. Un Arc de triomphe, deux Fontaines jaiUissantes, en mar-
bre, deux Colonnes monumentales, et diverses statues, dont plu-
sieurs équestres, et en airain doré, décorent cette place. L'ylrc, qui
porte le nom de Scipion-V Africain, son fondateur, fait face au
temple de Véjovis ; il est flanqué par les Fontainesjaillissantes, ouvrage
aussi de Scipion. Les colonnes, dont l'une surmontée de la statue
du roi des dieux, est appelée Colonne de Jupiter, et l'autre, qui est
une Colonne rostrale érigée par un certain iî^milius, s'élèvent aux
parties latérales de la place, près des deux Bois. Deux Statues éques-
tres ornent les angles de la place, sur le bord du cliyus Capitolin ;
d'autres sont disséminées çà et là.
Au delà de la voie transversale, vis-à-vis de l'Arc de l'Africain, Sci-
pion-Nasica a fait construire un Portique spacieux s. Ici où la cha-
leur du jour est si forte pendant une grande partie de l'année, l'om-
bre et l'eau sont des choses délicieuses, et comme les Comices se tien-
nent quelquefois dans l'Intermont, les deux nobles Scipion ont voulu
faire une chose agréable au peuple, l'un en lui donnant des fontaines
alimentées par l'eau la plus pure, la plus transparente', la meilleure à
boire de toutes celles de Rome ', et l'autre, en lui ménageant un su-
perbe abri contre les feux accablants du soleil.
1 Plan et Descripl. de Rome, n» 70. = 2 md, no 72. — 3 Jhu, n<> 75. — * Jhid.
et no 70. = 5 Ibid. n" 74. = 6 Mari. VI, 42. = ^ La Marcia. Slrab. Y, p. 240 ; ou ^31,
tr. fr, voy. Lettre LXVII. (") Yoy. la gravure ci-contre.
400
Une large m
descend de la '
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nouvelle ;
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n'a plus
largeur
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pie f
ter
V
Fontaiîi
LETTRE XXV. ACû
Ce bel ensemble est complété par le Tahularium ', grande galerie
011 sont les archives de la république, et qui ferme en quelque sorte
rintermont derrière le Portique de Scipion-Nasica. Dans le Tahula-
rium, sont conservés, sur des milliers de tables d'airain, les traités
anciens et nouveaux avec les nations étrangères et les peuples
vaincus, ainsi que les lois et ordonnances du peuple Romain. Expo-
sés là, ces actes deviennent pins respectables, et sont des monu-
ments authentiques consacrés par la garantie des dieux mêmes ^.
La vallée Capitoline renferme encore quatre temples, l'un con-
sacré à la Foi ^ sur la droite du grand escalier à cordons qui con-
duit au temple de Jupiter Capitolin ; deux autres, à Mens et à Vénus
Erycine'', entre cet escalier et le Bois de l'Asyle; et le quatrième,
au pied de la Forteresse, vers la gauche de l'Asyle, à Mars Bisultor*
ou deux fois vengeur. Ce dernier est un petit édifice circulaire, bâti
par l'Empereur, il y a peu d'années, lorsque Phraates, roi des Par-
thes, renvoya les enseignes et les prisonniers jadis perdus par
Crassus. Auguste en éprouva tant de joie, qu'aussitôt il décréta
l'édification de ce temple, et voulut que désormais on y consacrât
les enseignes récupérées.
Montons maintenant au Temple de Jupiter ^. 11 se présente sous
l'aspect le plus imposant : bâti sur une esplanade ceinte d'une mu-
raille décorée de pilastres et surmontée de statues, il domine ma-
jestueusement rintermont, la Forteresse, et la ville, dont on embrasse
de là presque toute l'enceinte : c'est une position toujours choisie
pour le temple des dieux tutélaires de la cité ''. On arrive à l'espla-
nade par le grand escalier à cordons que j'ai nommé tout-à-rheure,
au sommet duquel est un petit portique en colonnade *, unique en-
trée de cette enceinte élevée, qu'on appelle XArea ^. Elle est remplie,
et presque encombrée, d'une foule de petits monuments, et surtout
de statues, parmi lesquelles il y en a deux colossales; l'une, à gau-
che du temple, est un Hercule en airain, trophée de victoire de
Fabius Maximus, qui l'enleva de la citadelle de Tarente lorsqu'il la
reprit aux Carthaginois, Fabius s'est dressé à lui-même, tout auprès,
une statue équestre, également en airain. L'autre, de même métal,
et placée en parallèle d'Hercule, est un Jupiter. Cette statue avait été
* Plaa elDescript. de me, n» 7S. = s Cic. Philipp. Il, 57. — Tif.-Liv. XXVI, 24;
XXXVUI, 53. — Suet. Vesp 8. — Dion. XXXIX, 21. — Joseph. Antiq. jnd. XIV, 17,
g 25. =3 Plaa el Descripl. de Kome, n° 76. =* Ibid. n" 77. = * Ibid. n" 71. = « /6td.
n» 81. = 7 Vitruv. I, 7. = 8 Plaa el Descript. de Rome, n" 78, = » Ibid. vfl 79.
i(i« HOMC AU SIIXLF D'AIJCL'STF.
orifçinairfrnont fabriqiiéft avoc les casques et les cuirasses des Sam-
nites vaincus par Spurius Carvilius, vers le milieu du cinquième siècle ;
mais il y a «ne quarantaine d'années on l'a refondue. Le Capitole
avait été frappé de la foudre en plusieurs endroits; les Aruspices fce
sont des devins) appelés de tous les cantons de l'Étrurie annoncèrent
que les temps approchaient où Ton verrait des massacres, des in-
cendies, la subversion des lois, la guerre civile et domestique, la chute
de Rome et de l'empire, si les dieux, apaisés à tout prix, ne faisaient
fléchir sous leur puissance la puissance même des Destins. Ils ordon-
nèrent d'ériger au roi du ciel une statue plus grande que la pre-
mière, et de la placer sur une base élevée, la face tournée en sens
contraire, c'est-à-dire vers l'orient. Ils espéraient que quand cette
image, qui fut érigée peu de temps avant la conjuration de Catilina,
regarderait à la fois l'aurore, le Forum, et la Curie Hostilia, alors se-
raient mis au grand jour, et dévoilés au Sénat et au peuple, les com-
plots tramés dans l'ombre pour la perte de Rome et de TEmpire '.
Au pied de ce Jupiter on voit la statue de Spurius Carvilius, qu'il
se fit faire avec les seules ciselures qui sortirent du colosse primitif.
On remarque encore sur l'Area du Capitole une Minerve dite ca-
tulane,de Catulus quil'érigea^; une statue du Bon Événement ; une
autre de \a. Bonne Fortune^; quelques statues équestres, dorées,
parmi lesquelles celle de Scipion-l' Africain * ; des Séjuges et des
Quadriges dorés s *.
Au milieu de l'Area, sur un soubassement de trois degrés, s'élève
le temple. Sa forme est celle d'un parallélogramme presque carré,
de deux cents pieds de long sur cent quatre-vingt-dix de large (»),
environ, entouré de trois côtés d'une superbe colonnade en marbre.
Sa façade, tournée entre l'orient et le midi, se compose d'un péri-
style de trente-six colonnes corinthiennes, douze de front sur trois
de profondeur. Elles supportent un majestueux fronton, surmonté
de statues d'airain doré, et terminé par un quadrige de même matière,
dans lequel est la statue de Jupiter. Les colonnades latérales forment
chacune un portique à double rang seulement. Un mur ferme toute
la partie postérieure du temple, et le faîte de ce côté est orné de la
tatue de Summanus, dieu des enfers*.
Cet édifice paraît d'autant plus imposant, qu'il y a peu de recule-
1 Cic. Calil. III, 8. — Dion. XXXVII, 34.=:îpiin. XXIV, 8.= 3 7d. XXXVI, 5.=
♦ Cic. ad Attic.M, 1.= ^ pun. XXIX, 38; XXXVUI, 35.= «Plan et Descript. de Rome,
n" 81 et g XIH-XXI. '") 59 mèlres 260, sur 56 mèlres 297.
LKTTIIE \XV. im
nient, peu d'espace tout autour, de sorte que le spectateur saisit ses
proportions pour ainsi dire corps à corps. Son aspect annonce le
temple orgueilleux d'où le peuple Romain lance la foudre (c'est tou-
jours au Capilole qu'on délibère sur la guerre'); où la victoire a
réuni son arsenal : aux colonnes, aux frises du péristyle, au-dessus
des portes pendent des trophées militaires ; ce sont des armes de
généraux ennemis, des haches meurtrières, des boucliers criblés de
coups, des enseignes de toutes les nations *, des épées rouillées de
sang'. Là, on voit des rostres de navires carthaginois, des casques
Sénonais, une épée redoutable, qu'on dit être celle deBrennns ; plus
loin, les dépouilles de Pyrrhus, les étendards des Epirotes, les cônes
hérissés des Liguriens, les parmes grossières des Espagnols, les gèses
des habitants des Alpes * *.
« Autrefois, me dit Petillius, on admirait dans la frise du fronton
« une suite de boucliers votifs dorés, que les édiles M. .^milius
« et L. /Emilius Paulus avaient ftiit faire avec le produit d'une
« amende imposée à quelques fermiers des pacages publics s, et
« au-dessus de la porte du temple de Jupiter, le bouclier marcien,
« ou, pour parler plus clairement, le bouclier d'or d'Âsdrubal, pris par
« Marcius, vengeur des Scipions en Espagne, lorsqu'il força le camp
« du général Carthaginois ®. Mais ces belles décorations, et mille
« autres, ont été perdues à jamais dans le terrible incendie qui dé-
« vora notre temple, il y a soixante et quelques années ("), quand
« Sylla et Carbon déchiraient la patrie et se disputaient l'empire.
« On dit que Carbon en fut l'auteur ; d'autres en accusent les con-
« suis L. Scipion et C. Norbanus ; d'autres, les partisans de Sylla '' :
« ce qu'il y a de certain c'est qu'on n'en a jamais pu connaître la
« cause ®. Ce malheur arriva la veille des nones de Quintilis® {'').
« J'étais bien jeune alors, mais jamais je n'oublierai l'impression
« profonde de terreur causée dans Rome par la ruine d'un temple
« qui existait depuis quatre cent vingt-cinq ans !
« Dès l'année suivante, Sylla entreprit de le reconstruire tel que
« vous le voyez. Tout heureux qu'il était, il ne put l'achever, et mou-
« rut cinq ans après avoir commencé les travaux, qui durèrent qua-
« torze ans. Lutatius Catulus dédia, il y a un demi-siècle, le nouvel
» Appian. de Bell. Punie, p. 68. = ^ Sil. Ital. I, v. C17. = 3 Ibid. v. 620. — l'Iut.
Marrell. 21. ='^ Sil. liai. /rf. V. 620. = 5Tii.-Liv. \X\V, 10. =«/rf. XXV, 9.— l'iiii.
XXXV, 3.= ■'.\ppian. de Bell. civ. I, p. 671.;— l'Iut. Poblic. 1.5. = 8,xppjan. Ibitl. —
» Plul. Sulla, 57. ;«j Lan 670. ,'') le 6 juillet.
^70 KOME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
« édifice, qui est reconstriiil sur les mômes fondations que f ancien.
« Il n'en diffère que par la beauté des matériaux (le premier était
« de pierre, celui-ci est de marbre), et surtout par la magnificence
« de ses riches ornements; l'ininiense fortune du peuple Romain
« n'a pu qu'ajouter à sa richesse et non à sa grandeur *. Les orne-
« ments en dorure qui brillent sur ses tuiles d'airain, que vous ne
« pouvez voir d'ici, sont dus à Catulus. C'est une magnificence dis-
« pendieuse, qui fut blâmée par beaucoup de monde^*. Ces belles
« colonnes en marbre deParos viennent d'Athènes; Syllales ravit au
« temple de Jupiter Olympien ^ comme s'il avait voulu que son Ca-
« pitole fût pour Rome et pour lui un perpétuel trophée de victoire.»
Le vaste péristyle qui précède l'entrée du temple proprement
dit est orné de neuf statues d'airain, placées dans les espaces du
premier rang de colonnes; sept représentent les anciens rois de
Rome *; la huitième est celle de Brutus, le vainqueur de la tyran-
nie; et la neuvième, image de J. César, lui fut décernée après la
fameuse victoire de Miinda, par les sénateurs, sur la proposition
de Decimus Brutus, qui voulait par là tendre un piège à l'oppres-
seur de la liberté. Par un hasard qui a quelque chose de fiUal, la
statue de César se trouve auprès de celle de l'ancien Brutus ^ qui,
pour avoir chassé les rois, est représenté une épée nue à la main^.
N'était-ce pas une menace au dictateur, un avertissement qu'à
Rome il se trouverait toujours un Brutus pour abattre la tyrannie?
L'intérieur du Capitule n'est pas moins imposant que l'extérieur :
ce temple , le plus vaste de tous ceux de Rome, est divisé en trois
nefs par une double colonnade composée de deux rangs de colonnes
superposés {"). Chacune des trois nefs est terminée par unédicule'^,
(;ar, bien que le Capitole soit consacré spécialement à Jupiter Très-
bon, Très-grand *, très-bon pour ses bienfaits, très-grand pour sa
puissance^, néanmoins on y vénère aussi Junon-reine et Minerve"^.
Jupiter occupe l'édicule du milieu ; à sa droite est celui de Minerve,
à sa gauche celui de Junon : le père des dieux se trouve ainsi entre
sa femme et sa tille.
Trois larges portes d'airain, avec des seuils de la même matière ",
1 Tac. Hist. ni, 72. = 2 pijn. XXXIU, 5. = 3 Id. XXXVI, 6. = » M. XXXIV, 3.—
Dion. XLHI, '(3. — Appian. de Bell. civ. I, p. 614. = 3 Dion. Ibid. — « Plul. I5rul. 1. =
7 Plan l'I Descripl. de Rome, n» 81. = * Cic. de Uepub. II, 20. — Til.-Liv. — Tac — Flor.
etc. passim. = 9 Cic. pro domo, 57. = i» Til.-Liv. VI, 16.— Serv. in yEncid. II, v. 224.
= ti Tit.-Liv. X, 23. («) Voy. la gravure ci-dessus.
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-moooB^l s|y-inad apa 'naoA aj îrejîiuAB|nan;,]) a|piuBjap la auSaj »
nos ap juaiunuoiu un ammoa jassnî[ jiB{noA {i nb 'aïojideQ np »
iiOj]FJij!pa^{ V, luaiuasnauas «aSuos aqjadn§-ai-uinbjBX anbsjcj »
: «jnofe \\ 'suoiisanb sain ]UL'uaAaad ja 'asudans bui lUBnbauuiaj sinj
— « *na|p d\ }d laiHBj sioj «[ «ino} ]sa o : aapaueqo iuk^oa aui ua »
îiiiïnos am inb uanjipa un jip aui 'auuax }sa^3 » -aajaid assoaS aun
Tî}jnai{paid uoui 'uœoijjYj-uoidiog ap anju^s iî[ap aauyjsip aubpnb
B^nbsjoi 'ajjaAUoaap jau apuLM.u v.\ jcd juussçd ua anaijajxa a^i^isu^d
9\ sjaA sii^aSiJip aui af ^a 'aAjau!i\[ ap apiaipa j aninb suoiau sno]^
« -(usaiduia} sou ap aaAa[ua juauiaAijanj aja h ao^p auuoj »
-noo 9unp sn[d la 'sjoa sanb[anb ajooua ^auiuioo as ji 'suGutiBO »
-aad sao 9j8pî[\[ •gassajauDj q suup luaipaA saio sap ja 'jajidtif ap »
ajduia; np ajuiaoua j suup itnu b\ saqayi juos suaiqa sap '9Jjno ug; »
•gassajaiJojBi ap sapauS 'sQqnouvsdip 'iSaiduiajsap sapaeS 'su9n} »
-ip3)Sdp îgXnejauaS sapaeS 'sdjnidjnt sap suoah snou : 9U.8biuoiu »
«1 9)no} ans gasiuiîSao isa aAiiou snjd m\ d:)nTd\\\d.vm's l'^ -jnoj ap »
aiqesuodsaa sins af lupuaiureui ja \ p\ leauiaj anbsao[ siiuaa »
a]a Tî ua^ui aqœiap aaiiuuaAui un î doaj anb sibs ai au af — 'anjA »
v\ suwp sauimassjp saiduiaj saaine sa^ sno; anb sassaqoui ap siqd »
îuauiaajuaj 'snji[|]9tj b af-sip 'snSpuoa sajduiaj sjpad sjoa^ sa^ »
\9mo}[ ap aoijfj^joud 9ajdiiij\[ n : uoiîdiaosui ajiao \\m k \\ qjxa ua
îijaud p,nbsao[ naq 9:> suFp vîaoBsuoa [i nb ^a 'uoaaoïQ e luiiaedde
inb 'aAaaujj\[ ap 9nji3]s 9un 'aajnej ap îg saqonoo ua samiuaj sap S9]iu
-lAip 'nx!\[ xnaip sd\ luos aa : xnouaS sana^ ans saaqdaa sanjejs S|oa)
'ajoo un p 'aAaauijç ap a[duiaj np aipaS ^ jUBAap anbauuiaa UQ
•5 saaquiou sap aauessiBuuoa q assagp d^ido v. jiop uo,i anb
aoaed 'aiuomaaaa a^ao ap uoijniijsui.p io| v\ aAaauii\[ ap»//93 Lqsutîp
apaBS uQ 'saauuB sa^ aanbaeui v luaaivaassnop sai 'anuuoa nad saoïe
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-UB anuaAap juuja ', aqiA ^ ]uaiBa.c5qyu inb xneui sap aassaa aaïKj
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-tî.kI 'oiuoni9J8o 911^3 '.wil^iif 9p »/F3 ^l OAUO.I] as no aiiJiîd cj sjo.v
'OA,iau!iv[ op ajdiuoj iip oq;^!!!?^ ajoD m? nop un ujoqoy anbqqndo.i
«I ap ibjjsiSl'ui joiiua.id 9] '(„) 9jqiU9}dys' ap sapi xiib 'sue s9i snoj
anb auuopjo aqanbBi 's9J9]oujuo su9puB soi ^^-^^ î^ 98b8ubi xnaiA
uo gjijoo 'loi guuapub' 9un isop : 9un;uioj gjinbijUB^p juaiunuoiu
xnoiJiiD un nB9jqin ao 9p said b j( i| -g auidjasojj ap luauiaAOïuaj
ÎUBUiasojdaj UBaïqBi un issub ajjiupB X uq "g Qjd^Sg^p aupj 'aJiçd
-0913 9p sjuomauao sop ïJBdnjd bj 'soiiaio sa.uanS saj suBp jnaaadiugj
jBd ijBj uijnq ap dnoonBaq luuBd 'juaiiuoa aAJ9U!i\[ ap »;pj Bq
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ua nb ja 'xud ap s.ioq giuujoo nBaojoui aa ajapisuoD uoj 9nb 'jibj
-JBd is jiBAiîJi unp 'aiBJA is ajAnao 'ajnssaiq bs lUBqoaj uaïqa un ]a
tjSiopiB^ S9{ 9JJU00 auiJBiB^p si-io sjauuajd saj Biaf inb a||aa ap jnau
-uoqj ua aaSija 'luaSJHj) 910 aun uounf ap mpo suBp 'saajnB 9J}ua
'}ioA uo îxnaioajd yB^p sjafqo sjaAip issub luaiujajuaj saiduiai sa^
•aiuBdaj ap jnajUBq b[ b aaAap aqanB^
uiBiu BS a9UB[ aun ans aindds aJiUBj ja aun,^ 'a|ia,p saadnB uoBd
un oaAB 'auiaj ua uounf ispajd sas b ajjanoqa aun 09ab 'ajau.ianS
ua aAJ9Uîi\[ 'sjaqnaiiaBd sjnqiJijB s.inai ooab ja auin]soa jna[ suBp
'jnoqap s99}U9sajdaa juos i sassaap xnap saq 'jaiidnf ap infao anb
spuBjS suioiu nad un luos uounf ap ja aAjauijç ap sapiaipa saq
« \a|ojîd »
-B3 np aipuaouij b addsqoa b * apBJiiu ajqBiijaA un JBd 'p-aip3 »
•jSjaAiunj suBp J0]BJ9dui; jojidnf ap sanjBjs siojj anb ajsixa,u »
Ij.nb 'asnapaid snjd îubjub p la 'ajiBjJBd ajAuao aun ]sa,3 'sniu »
-luiBij JBdau!opa9B[^ bi apaajJoddB 'uopipaj] ajjnBaun]UBAins 'no »
%sni]uinQ snnx jnajBpjp aj ,iBd 'sapais 9JjBnb apsaid b jC n '9]S9U »
-aaj ap aaAaiua jnj ajjg \ .io)VJ9dun jajidnf ap aqaa isa aqansSap »
9n}B)s Bq '^naip aaap spj uo-JiBsip ai issub tuqoiidB^ jaiKlnf ap »
sajdnB uoiïBjipam bi b .lajAq as nuaA lUBAB.iBdnB aaja subs s99Ai.id »
no sanbqqnd sajiBjjB^p ajpua.idajjua siBuuîf au ap aiuiuoq puBjS »
90 ap apnnqBq aun 'ajsa.i ub '}ibi9^3 -ignbqqndai bi 9p s9jibjjb »
S9I JUS xnaip sap lOJ ai oavB jiBjaqqap ij^s aiuiuoa 'inas sduiajâuoi »
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-dB luo inb 'xnofiq S99 'siu9iu9UJ0 S99 'uuaa lao 9iib isuib 'ssguujj »
-jnui s9dno9 S90 la sajjajd saa lOi Bjpap 9adiuoj puBjS aq %uibiu »
-o\I 9|dn9d np 9q[B 19 iujb gjBpgp in9,i ibu9S 9[ 9nb saado 'ajBqjBq »
lOJ 90 9p 9puBJjjo 'snqooog .iBd v.\\li^ b ajAq BqianSnf lUBiuasaadaa »
'[Biaui aiuaui ap adnoaS un la 'saaqdoai 9p s99âjBqo 'ao^p saaioi »
-OJA saiiaAnou ap 9ioo 90 ap pio^ 'g iBua^ nB nj 'osnoBa^g ap loj »
'uoagjH 9nb luasaad unisap : (o) saaAq iSuia luao sioai asad 'i|-l!P »
aui \ ao,p aa|oiO!\ ana^ » : aaaimpB oaiBj au» Iibijb apinS uoiu anb
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'g QI'îllV PJ np uop '(,) xis-o]UBnbuio juao xnap op am^isiojj 9un ja
i t ouiop90Bi\[ ap loj 'addi[|q(i jBd 89^oau9 'juoo ap opuooas aun
îjSua|puL'qp[Y s'0| jnd ajjajjo '(„) sojai^ ejumibuio ap spiod np 'sajjne
ajjua 'aun taajidnf ap nipo Te\ suwp xud puBjS-sajj un^p sjnaisnid
Tîj;uom ua,ui snim^aj •ao.p sanjBjs ua ^a sauuojtioo ua ]uauiapîd[o
-uud luaisisuoo inb 'sapuHjjjo saïqqqiuas op aiiduia.i isa ( sapioipa
no) 3)]pj sioj} sap aunoBio "j sjuosojd saqou ap jasodap K ja 'aajo
-es aanauiap ajiao suep saoïjiJOBs sap J|JJJ0 sapiîssBquiiî sap juaioAua
sj! 'saoans sana^ ans jajjanaj saj luamainas no 'su5a,i luo ua s\\j\h
saSejuiîAB sap anod aouBssiuuuooaj anaj apuoui np sa.iiiBui sao « jauS
-louio} iiiapiaA su puunb \d 'ureiuo\iaidnad np aaieniaiius ai amiuoo
juapJBSaj a[ s[i i apijdiî^ a^ dnoanuaq luajauaA sjaSuBjja sa^
*i,suossiBO sap jaiu
-joj V ajaiuttiu ap 'sjiojp saiSuB b luasioja as mb sioq ap sojjnod ap
asodiuoo 'ajop luaiuaqau puojuid un Jiîd saïjaAnoo luos 'uounf
ap }d aAjauii\[ ap sa^duiai sd\ iu9Anoj; as no 'saieja^î?! sjau sa-^
•aSijpBnb un,p ajuouuns uo]uojj un aaAB
'puçjS 9\ suyp 9|dui9i ipgd un 9jn.§ij ajaBpuuis anbijiuSeiu ao aSajs
no ainaipa^q \ sdaoa np aanauajui aiijed ts\ luama^nas aj|OA ini jo.p
suoinay ap aassnuqaa aadjnod ap aSo] aun ja 'uo|[|UKiaA ua aiuiad
jsa ainSij us '. aaipea 'jo^p auuoanooaun ajaj v\ ans v. \\ -ao^p aapnoj
un juan 'xnouaS sas ans aasod 'aîioap utbui ^îs la 'g9is9i9a ajauiBaaA
-nos Bs ap auo[S 'aajdaos ap ]Ads in| inb aand aou^i aun ans aAa^a s aqo
-nuS SBaq nos i sissc isa naip aq -ajino aaaa^ ua iiuja d\\d 'BJl'^S iu«-^^
îaaioAi ua jsa a^g -aajidnf ap aiBssopa-imap aniwjs v.\ îioôaade uo
*j sadiiooap saaqaem ua aaAïd jsa iiib 'ajaaAUOoap jou ajjaa ap ajjui
-aaixaj y 'siaqiuHi saqoia snid sa| snos anb 'xnaiSijaa luauiaijaaa
snjd ap 'puuaS siqd ap asoqa anbjanb b pia np ajnoA v,\ snos npuaa
9i|no 93 ;xnaip sap loa d\ anod aiqb'uaAuoa îuauiasnaniaAaaiu sud aip
-îsa,u uoijisodsip a^aaiid du[\ 'jaaAuo \dp e isa a|ia 'subosoj sa[d
-uiaj sai snoj aiuuioo ! puojiqd ap juiod v.u jau anaa anb aoand 'sanb
-[jaod ap aanbuL'y anoa aun suçp 'mnijjv un suep aaaiua paoqfc\p
11013 uo 'apîaïuaa ajaod ^ jvd oDijipaj suBp luuaiaugd ug •9|noîp9
no ojduiaj anb^qa b ui9puods9aaoa i9 'a|iÇ;siaad aj snos jugaAUo^s
iLf/ Axx aniiai
LETTRE XXV. 475
« Talius. Les augures furent consultés, comme on l'avait fait pour
a la consécration, et les dieux annoncèrent, par des signes éclatants,
« la puissance de l'Empire. En effet, les auspices autorisèrent la
« translation des autres divinités, mais se montrèrent constamment
« opposés à celle des dieux Terme et Mars, et de la déesse Jeunesse.
« Ce refus opiniâtre parut aux devins d'un bon présage : il annon-
« çait une puissance inébranlable et éternelle ; on les conserva donc.
« Mais ce qui sembla plus étrange encore, c'est qu'en creusant les
« fondations de l'édifice on trouva une tète d'homme qui semblait
« fraîchement coupée *. Plus de doute, Rome devait être le siège de
« l'Empire du monde et comme la tête de l'Univers : telle fut l'expli-
« cation que donnèrent les devins, tant ceux de Rome, que ceux
(( d'Étrurie mandés pour interpréter ce prodige *. Des anciens au-
« tels conservés, celui de Terme est à vos pieds. Il se trouve placé là
« parce qu'on ne sacrifie jamais à ce dieu qu'en plein air *. Quant à
« ceux de la Jeunesse et de Mars, l'un est dans le temple même de
« Minerve, près de la statue de la déesse; l'autre sous le péristyle du
« temple. Vous ne les avez probablement pas remarqués, parce
« qu'ils sont si peu considérables , que bien des personnes passent
« auprès sans les voir, et que même les savants les connaissent à
« peine '. »
En descendant au temple de Jupiter, je voulus faire encore une
fois le tour de l'Intermont. Revenu au bas de l'escalier de la Forte-
resse, je me trouvai auprès d'une porte dans laquelle aboutit le Cli-
vus Capitolin. Nous descendîmes par là, et arrivés vis-à-vis des Cent
marches, Petillius me fit entrer dans une longue galerie en portiques
qui forme la partie inférieure du ïabularium- A l'extrémité, nous
trouvâmes le Clivus de l'Asyle '*, voie parallèle à celle que nous ve-
nions de quitter. Nous le descendîmes en passant derrière la Prison
publique ^ ; puis, suivant la voie du Forum de Mars ^ et sortant par la
porte Ratumena'', nous doublâmes l'extrémité septentrionale de la
montagne. Mon guide me fit ainsi visiter les substructions du Capi-
tole, l'un des ouvrages les plus étonnants de cette colline, qui ren-
ferme tant de choses merveilleuses. Le sommet sur lequel Tarquin
voulait bâtir le temple qu'il avait voué au roi du ciel, était escarpé
et terminé en pointe; il l'environna de hautes et fortes murailles.
« Tit.-Liv. I, 55.— Flor. I, 7. = « Descript. de Rome, n" 81, g XL, XLIV. = 3 fbid.
§ XLI, XLUI, XLlV. = * Ibid. no 36. = » Ibid. u» 82 = « Ibid. n» 136.= ^ Ibid. n» 50.
476 ROMK AU SIKCLK b ALGLSTK.
rapporta des terres et créa l'esplanade sur laquelle le nionuinenl est
assis. Le mont, qui s'appelait auparavant Saturnien, prit alors le
nom de Capitolin *.
Ces travaux, exécutés par des ouvriers mandés de toutes les par-
ties de l'Étrurie, et payés sur le trésor public*, furent l'œuvre de
plusieurs années; ils absorbèrent quarante talents («) suivant les uns,
et suivant d'autres, la somme énorme de quarante mille livres d'ar-
gent' (*). Cette dernière évaluation ne paraît pas exagérée à ceux qui
ont vu ces substructions en grosses pierres de taille ajustées et po-
sées sans ciment, et remarquables encore au milieu de la magnifi-
cence actuelle de Rome. Les Romains, habitués aux choses extraor-
dinaires, les appellent les Substructions insensées du Capitale''.
Elles sont en pierre grise ou tuf, et forment une muraille qui n'a
pas moins de dix-neuf à vingt pieds d'épaisseur * (') *. Rome,
empire naissant, n'était point en état de supporter une pareille
dépense, et dans cette entreprise Tarquin semblait poussé par une
sorte de pressentiment que ce temple recevrait un jour les vœux de
toute la terrée Mais les Romains étaient habitués à demander des
ressources à la victoire : les dépouilles de Suessa-Pometia"', d'Apio-
les^, d'Ardée, de Gabies, d'Ocriculum furent consacrées à ces im-
menses travaux®; on exigea des contributions des villes alliées*";
enfin, comme c'était une œuvre nationale, on fit travailler les arti-
sans et les autres ouvriers sans leur payer de salaire ".
Tous ces efforts, toutes ces ressources accumulées pendant plu-
sieurs années, suffirent à peine pour achever le terre-plein, et la mort
surprit Tarquin-l' Ancien avant qu'il eût jeté les fondements du tem-
ple. ïarqiiin-le-Superbeeut cet honneur; il éleva même une grande
partie de l'édifice, mais il ne put le finir ; la gloire en était réservée à
la liberté : le Temple de Jupiter fut terminé sous les consuls annuels,
la troisième année après l'expulsion de Tarquin'-, et dédié, aux ides
de septembre" ('^), par le consul HoratiusPulvillus'*.
Les Romains sont fiers de leur Capitole ; ils rappellent la cita-
» Varr. L. L. V, <Ç 41, 42. — U. Halic. U, 1. — .lust. XLHI, l. = 2 Tit.-Liv. I, 53. =
' /ôi'rf. — Plut. Poblic. 15. = ^ Subslructioncs iiisanas Capilolii. Plin. XXXVI, 13. —
Plan et Desciipt. de Rome, ii» 79, § VII. = » Elat actuel. Vov. aussi Descript. de Home,
no 60, <S IV, V. = 6 Tit.-Liv. I, 58.— Tac. Hist. III, 72. = 7 TIt.-LIv. 1, 33. — Flor. I,
7. — Tac. Ibid. = » Plin. III, 5. = 9 KIor. Ibid. = i» Tit.-Liv. I, 38. — Tac. Ibid. =
11 Cic. in Verr. V, 19.— Tit.-Liv. I, 55.— D. Halic. IV, 61. = li Tac. Ibid.— D. Halic.
III, 69. = i-i Plut. Poblic. U. = '4 Plut.— Tac. Ibid. — Tit.-Liv. 11,8.— V. Max. V, 10,
1. — D. Halic. V, 33.— Polyb. ill, 5. (") 208,666 francs. {>>] 26,085,273 fr. f ) 5 à 6
mélres, (<*) Le 13 septembre.
I.ETTllK XXV. 477
délie de toutes les nations \ le domicile terrestre de Jupiter^, sa se-
conde demeure après le cieP. Pour moi c'est lu merveille de Rome,
c'est tout ce que l'esprit humain a pu inventer de pins imposant*. Je
ne m'en éloignai qu'à regret; il me semblait toujours que je ne l'a-
vais pas assez vu. Pour rentrer chez moi par la voie la plus courte, je
longeai la partie de la région Flaminienne qui confine au mont Capito-
lin; je passai près du Cirque Flaminius ^ du temple de Belione^ du
temple antique d'Apollon'^, du Portique d'Octavie', du théâtre de
Marcellus'; je traversai l'île du Tibre sur les ponts Fabricius et Ces-
lius, et de tant de magnifique monuments, pas un seul n'attira mon
attention : je rêvais du Capitole. Je me retournai pour le voir, et à
plusieurs reprises, dès que je fus arrivé sur les premières pentes du
Janicule. Mon œil se promenait du Temple à l'Intermont, de l'Inter-
mont à la Citadelle, et s'abaissait de la Citadelle sur le roc Tarpéien.
Cet ensemble m' apparaissait comme l'aire de la gloire et de la
puissance romaines. Alors de graves souvenirs me roulaient dans l'es-
prit; un profond sentiment de tristesse me serrait le cœur : « Là, me
disais-je, est le joug de l'univers, » et je versais des larmes en son-
geant à notre patrie.
1 Arcem omnium genliuni. Cic. de leg. Agrar. I, 6. = 2 jn Capitolio, id est in terres-
Iri domicilio Jovis. Id. in Veir. IV, 58. = 3 Secundam a cœlo sedem. Si!. Ital. X, v.
432. = * Capiloiia ceisa conscendere, hoc est humana ingénia superala vidisse. Cas-
siod. Vaiiar. VU, 6. = s plan et Descript. de Rome, n» 165. = ^ Ibid. n" U8. ='^ Jbid.
n" 149. = 8 Ibid. n» 150. = 9 Ibid. n» 144.
NOTES
ET
EXPLICATIONS SUPPLÉMENTAIRES.
N. B. Ces noies ne sont que des justilications plus développées de certaines opinions que j'ai
adoptées dans le texte de mon ouvrage ; elles ne doivent point interrompre le cours du récit, et
ne s'y rallaclient uniquement que comme pièces justificatives. Il n'y a donc que tes lecteurs
qui voudront discuter, étudier avec l'auteur, qui les liront, et il faudra que ce soit en refeuil-
ietant la Lettre ou le volume. Voilà pourquoi je renvoie de ces notes au texte, sans avoir jamais
renvoyé du texte à ces notes. Seulement pour avertir le lecteur des endroits discutés, et lui fa-
ciliter le rapprochement de ces endroits avec les notes, j'ai mis dans le texte des Lettres un
astérisque (*) aux passages annotés.
LETTRE I.
Page 212. Sur la couleur des porcs dans la Gaule Cisalpine. Je me suis
permis d'ajouter que ces porcs étaient noirs, parce que telle est encore leur
couleur dans ces mêmes provinces, et que probablement la race antique se
sera perpétuée jusqu'à nos jours. Cette remarque est une minutie, sans doute;
cependant, ce sont ces petits détails qui donnent de la vérité à un tableau, et
j'ai cru que je ne devais pas les négliger.
Page 213. Sur la voie Aurélia. « A peine hors des glacis de Cività-Vec-
chia, on entre tout d'un coup et sans transition dans le désert ; ce côté de la
campagne de Rome est le plus désolé peut-être et le moins visité parles voya-
geurs ; je ne sache même pas qu'il ait été décrit. La contrée était jadis traver-
sée par la via Aurélia, qui allait de Rome à Arles dans les Gaules, tout le
long du littoral de la Méditerranée. Celte œuvre gigantesque, l'une des vingt
roules qui parlaient de Rome pour l'Euphrate, la Cljde, le Tage, avait été en-
treprise par un simple particulier nommé Aurelius. La route moderne ne se
distingue pas de la voie ancienne, dont elle suit servilement les sinuosités et
les ondulations. Charles Didier, Campagne de Rome, 2* édit., in-S", p. 23.
Page 214. Sur le computdu temps chez les Gaidois. « Les Gaulois, dit César
( de Bell. Gall., YI, 18 ), mesurent le temps, non pas par le nombre des jours,
mais par celui des nuits ; les jours de naissance, le commencement du mois,
celui des années, sont toujours comptés de manière que le jour n'entre dans
le calcul qu'après la nuit. »
LETTRE IL
E 21 6. Sur l'apparition de Rome. « A dix milles de Rome environ je com-
iii^iiydi à découvrir le gigantesque dôme ( du Vatican ) ; mais je le perdis aus-
sitôt, et ne le ressaisis l'instant d'après que pour le perdre encore. Ces alter-
Page
niençai
iSO UOMK AU SIKCI.K D ADGl'STE.
natives durèrent quelque temps, à cause des inégalités volcaniques du sol, qui
s'accidente et se brise aux approches des sept collines ; la ville elle-même, ca-
chée dans les replis du lorrain, en sortit lentement; ses coupoles et ses clo-
chers semblaient naître un à un sous la baguette invisible d'un enchanteur. »
Charlks Didier, Campagne de Home. 2" édit., in-8», p. 59. — La vue dont il
s'agit dans cette citation est prise de la voie Aurélia.
Page 220. Sur le rapport de mœurs qui exiatait entre les Germains et les
GauloJa. J'emprunte ici plusieurs traits aux mœurs des Germains ; mais je m'au-
torise du passage suivant de Slrabon : « Les Germains ne diffèrent des Gau-
« lois qu'en ce qu'ils sont plus grands, plus blonds et plus féroces ; pour
« tout le reste, It'ur ligure, leurs mœurs et leur manière de vivre sont telles que
« nous les avons dikrites en parlant des Gaulois, et c'est ajuste titre, je
« pense, que les Romains leur ont donné le nom de Germains, comme
'< s'ils voulaient dire véritables Gaulois, car c'est ce que signifie ce nom dans la
« langue des Romains. » Liv. VII, p. 4, tr. fr. ; ou p. 290, texte grec, édit. de
Casaubon, in-folio, 1620.
Page 220. Tessère d'hospitalité publique. On trouve dans Maffei ( Mus.
Veron., p. 472 ) une tessère hospitalière d'une ville et d'un citoyen romain ;
elle est en bronze et porte l'inscription suivante :
M. CRASSO FRVGI. L. CALPVRMO
PISONE. COS.
III. NON. FERR.
CIVITAS THEMETRA EX AFRICA HOSPITIVM
FECIT CVM C. SILIO. C. F. FAB. AVIOLA CVM
LIBEROS POSTEROSÛVE EIVS. SIBJ LIBERIS
POSTERISaVE SVIS PATRONVM COOPTAVE
RVNT.
C. SILIVS C. F. AVIOLA CIVITATEM THEME
TRENSEM LIBEROS POSTEROSQVE EORVM
SIBI LIBERIS POSTERISUVE SVIS IN FIDEM
CLIENTELAMQVE SVAM RECEPIT
EGERVNT
BANNO HIMILIS F. SVFES
ASDRVBAL. BASILIECIS. F. ,_.
IDDIBAL. BOSIHARIS F.
Voyez aussi deux autres inscriptions conçues presque dans les mêmes ternies,
dans Marini, Atti e monumenti degii Arvali, p. 782, 783; l'une est de l'an de
Rome 742, l'autre de l'an 760; et dansGruter, Inscript, antiq. p. 470, égale-
ment deux autres inscriptions du même genre.
Page 223. Sur les maisons construites en briques crues. On ne trouve ce fait
énoncé positivement nulle part, mais il résu'te de ce que raconte Dion Cassius
que dans un débordement du Tibre, arrivé l'an 700, les maisons de briques
s'écroulaient ; or ce ne pouvait être que des maisons de briques de nature à
être détrempées parl'eau. Voy. DioN, XXXIX, 61 . Cela résulte aussi de ce que
dit Vilruve sur la manière de fabriquer les briques (II, 3), et Palladius
( De re rust., VI, 12 ), qui recommande de ne les faire qu'en été, et de mêler
de la paille dans la pâte. Voyez aussi Uggeri, Journées pittoresques des édifices
de Rome ancienne, t. III, art. 1 .
LETTRE IV.
Page 238. Sur le nom de Chevalier. Du temps d'Auguste, on disait e^t/^'s/res
et non plus équités : « Nam Divus Augustus, apud eqtiestres qui.iEgypto praes-
siderent, etc. » Tac. Ann. XII, 60.
NOtES. — LKTTRF'] !V.
Ifil
Page 238. Sur Vépoqncon les chevaliers oui censé d'iulr.'rdans In cavalerie ih s
légions. On ne saurait îixor l'époque précise où les clievaliorsonl cessé d'enlror
dans la cavalerie des légions. Ce changement se lit peu à peu, comme les abus
qui altèrent par degrés la discipline des États, .le crois qu'il faut donner à
celte séparation toute l'étendue de temps qui s'écoula depuis la loi de Gracchus
( an 63 1 ) jusqu'à la conquête des Gaules, vers l'an 700. Tous les événements
compris dans cet intervalle conlrihuèrent à détacher les chevaliers du service
des légions : les jugements qui leur lurent donnés par Gracchus, l'admission
par Marins des prolétaires dans les légions, le droit de cité accordé à toute
l'Italie, et enfin les richesses gagnées dans les fermes des impôts publics.
Voy. Académ. des Inscript., t. XX VIII, p. 45 et suiv.
Page 239. Sur la Toge. « Douze auteurs au moins ont écrit sur la toge, et
aucun ne dit avoir fait couper une draperie sous la forme de ce manteau.
Quant à moi, j'ai examiné avec attention la toge de notre premier acteur tragi-
que, M. Talma. Je l'ai vue placée sur lui dans plusieurs tragédies ; je lui ai donné
tous les jets que présentent les statues romaines, et je l'ai ramenée sur la
tête, comme la portaient les sacrificateurs ; elle m'a paru avoir la forme et les
dimensions des toges les plus amples. . . Elle est composée d'un demi-cercle, plus
d'un segment de cercle, qui a pour corde le diamètre du demi-cercle, et pour
hauteur environ le quart de ce diamètre. Deux glands sont placés aux extré-
mités de ce même diamètre, qui a de longueur 4 mètres 873 millimètres
( 15 pieds), et qui forme la largeur de la toge, largeur triple de la hauteur
d'un homme de petite taille. Sa hauteur, composée du rayon du demi-cercle
et de la hauteur du segment, est de 3 mètres 656 ( 11 pieds 4 pouces ), plus
du double de la hauteur d'un homme de taille moyenne. Un ancien scholiaste
de Perse {sai. 5, v. 1 4) donne à la toge six ulna de hauteur Servius (m Virg.
Eglo 3, V. '1 05) dit : « Ulna proprie est spatium in quantum utraque exlendilur
manus : « Vulna comprend l'espace couvert par les deux mains étendues. »
Cette longueur est d'environ 0, mètres 406 (15 pouces) : ainsi les six
iilna sont égales à 2 mètres 409 (7 pieds 5 pouces), ou, à 0 mètre 027
près (un peu moins d'un pouce), égales au rayon du demi-cercle de notre
toge qui est de 2 mètres 437 (7 pieds six pouces ). » Mongez, Recueil d'anti-
quités, II* partie, costumes civils, § III.
Forme de la toge déployée. (Même recueil, t. II, pi, 380.)
(and
Page 244. Sur les Afœrirs des femmes. Ce que rapporte Sallnsle autorise à
pen?er qu'Horace, Ovide. Tibulle, Propevce ne parlent pas exclusivenu'ut des
31
^
482 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
courlisanos dans les diverses parties de leurs poésies où ils se plaignent de
rineonslaiicc, des coqiielleries et des trahisons des femmes. Les mo-urs de
Jidie peuvent être un témoignage. Voy. aussi Cicéron {aii AU. VI, 1), qui
nous appiend qu'on trouva dans le bagage de P. Védius, ami de Pompée, les
poriraiisde einq matrones des plus hautes familles de Home.
LETTRE V.
Page 247. Sur l'époque où l'on commença à bâtir dans le Champ-de-Mars.
Le lem|)IedeBellone fut bâti l'an 4-^7 ; le cirque Flauîinius, l'an o33 ; le temple
de l'Espérance, l'an 495; celui de Junon-Matute, l'an 'Ï-JS ; ceux de Junon-reine
l'an 565, d'Hercule aux Muses l'an 564, des Lares marins, l'an 573. Presque
tous les autres édifices, situés dans la partie qui forme plus particulièrement le
Champ-de-Mars, sont du temps de Pompée, de César ou d'Auguste. Voy. la
Description de Rome, u°^ 148, Î63, 263, 165, 153, 147, etpassim, IX^ région.
Page 250. Sitr la description du Panthéon. Pour cette description, j'ai
suivi Serlio {libro terzo de le Anliquita, p. 8, 10), Venuti {Anlicliilà di
Roma, part. II, c. 3), Viranesi {Antichità romane, tav., 15 ), et la restauration
de M. Isabelle {les édifices circulaires et les dômes, Rome, pi. 12-16 ). Dans
la description intérieure, je donne, d'après Pline, des chapiteaux d'airain aux
colonnes; ceux qui existent maintenant datent de la restauration de Sévère.
On croit que les cariatides, qui n'existent plus, occupaient l'Altique
( Voy. Winckelmann, Stor. del arle, t. II, p. 332, et t. III, p. 95, trad.
ital. ). Le motif de leur suppression est inconnu. Il y a apparence que cette
mutilation du monument eut lieu lorsqu'il fut converti en église, et que les
cariatides furent enlevées avec les statues des divinités païennes par des icono-
clastes chrétiens, qui les auront prises pour des déesses ( Voy. Académie des
Inscript., t. XXV, p. 331 ).
Les antiquaires conjecturent que le bas-relief du fronton représentait le
triomphe d' Agrippa, parce que dans le quinzième siècle, sous le pape Eugène IV,
en faisant des fouilles devant le portail du Panthéon, on trouva une tète
d' Agrippa, un pied de cheval, et un fragment de la roue d'un char (Mostfal-
CON, Diarium llalicum, 17 ).
Page 250. Sur le poids du bronze employé un Panthéon. Cette évaluation est
plutôt au-dessous qu'au-dessus de la vérité. L'an 663 de J.-C, l'empereur
Constance II enleva les tuiles d'airain doré qui couvraient la coupole, et quand
le pape Urbain VIII fit détacher tous les bronzes du portique pour faire le
baldaquin de Saint-Pierre, on en trouva 45,000,250 livres. {Voy. Winckelmann,
Storiadel arle,t. III, p. 408 et sqq., trad. ital. ; C. Fea, Dissert, sullerovine
di Roma. Venuti ( Anlichilà di Roma, part. II, c. 3), parlant de la spoliation
d'Urbain VIII, en 1 626, dit : «Nelle memorie délia fabbrica di S. Pielro si trova
che tutti i chiodi pesavano 9,374 libre, e i metallini tutto pesarono 45,000,250
libre. » La livre romaine, valant 339,1 grammes, on voit que notre évaluation
est très-modérée.
Serlio {loc. cit.) et Palladio {Architelt., IV, 20) parlent non-seulement
des ornements de bronze de la voûte et des poutres creuses de même métal
au péristyle, mais aussi d'ornements d'argent parmi ceux de bronze.
LETTRE VL
Page 255. Sur la manière dont la hache était placée dans les faisceaux con^
sulaircs. Elle ne surmontait point les faisceaux, comme on le voit dans la plu-
part des représentations modernes, mais elle y était attachée à moitié ou aux
NOTES. — LETTRE VII. 483
deux tiers de leur li.anteur. Voy. Wixckelmann, Monitmenti anlichi, n» 178 ; le
célèbre toiiil)efiii consulaire de Palazzola, dans Angklini et A. Vc3, Monitmenti
fia msifjni dcl L<tzio, tav. XXXI; Thesaiir. MorcU. fainil. Furia, 4; Mont-
faucon, Anii(j. expliquée, t. III, pi. 14; etc. etc.
Page 237. Sur le nom de Tribun- du peuple. II aurait fallu dire tribun de la
plèbe, ainsi que le voudrait M. Ortolan {Histoire de la técjislntion romaine,
11'^ époque, § I, n° 18), car tous les auteurs ont écrit tribiinas pleins et non
tribiinits jwpuii, le peuple comprenant l'universalité des citoyens, tandis que
la plèbe ne comprend que ceux qui ne sont ni patriciens, ni chevaliers. Mais
tribun du peuple est une expression consacrée.
Page 257. Sur les limites territoriales de la puissance des Tribuns. Dion (LI,
19), parlant du privilège donné à César d'exercer la puissance tribunitienne à
huit stades et demi de Rome, ou plutôt, suivant Casaubou [in Suet. Aiuj. 26],
à sept stades et demi, qui valent un mille romain, Dion met ce privilège au
nombre de ceux que n'avait jamais possédés le tribunal. Cependant Tile-Live
(III, 20) en parle sous l'année 294, comme d'un droit déjà existant. Tite-Live,
qui écrivait du temps d'Auguste, n'aurait-il pas, par inadvertance, confondu le
droit du tribun impérial avec celui des anciens tribuns populaires ?
Page 239. Sur le nombre des classes du peuple Romain. On verra dans la
Lettre VIII que Servius divisa le peuple en cinq classes, plus une centurie
composée des indigents et des capitecensi. Les passages de Tite-Live cités en
note prouvent qu'il n'y avait que cinq classes. Salluste ( Epist. ad Cœs. I, 10)
ne parle non plus que de cinq classes. Voy. aussi Cicéron, de hepub. II,
22; A. Gell. X. 28.
LETTRE MI.
Page 261 . Sur la matière des murs de Rome. « Sous la maison de la vigne
Barberini, on remarque des restes des murs de Servius Tullius, construits de
blocs carrés de tuf grisâtre. » Nibby, Itinéraire de Rome, t. I, p. 214.
Page 261 . Sur la largeur du Pomœrium. On sait que les Romains marquaient
ordinairement les mesures agraires sur les bornes des champs, et la superficie
du terrain d'un tombeau sur le tombeau même; ils suivaient aussi cette cou-
tume pour leur Pomœrium, on en a la preuve dans l'inscription suivante d'un
cippe du Pomœrium :
IMP.CiESAR.DIVI.F
AVGVSTVS
.^ POXTIFEX.MAXIMVS
TRIBVNIC.POTEST.XVII
EX.S.C.TERMINAVIT
R.R.PROXIM.CIP.P.PED
CLXVI
BoissARD, Aniiq. rom. part. III, tab. 55. — Grvter. p. 196.
Si le Pomœrium avait été formé d'une simple ligne de cippes, on n'aurait
pas défendu de bâtir dessus ou de le cultiver, comme il est dit un peu plus
bas; ces deux défenses indiquent donc qu'il devait avoir une assez grande
largeur.
Page 262. Sur l'Agger de Servius et de Tarquin. Nous avons à peu près
tranché la question de deux Aggeres dans notre texte ; cependant les anti-
quaires et les archéologues pensent assez volontiers qu'il y avait VAgger de
Servius et celui de Tarquin. Voy. sur cette question, Venuti, Anticliila di
Roma, part. I, c. 5; N.\rdin'i, Roma a7itica, t. II, p. 15, 50, édit. Nibby, in-8;
i8i ROMf-: AU SIÈCLE D'AIGIJSTE.
NiiiBY, Mnriidi Ruina, p. 109, 121, 217; M. Dihkau-Dklamaixi;, Écmwmie
poUliqne des Homains, t. I, p. 3i9.
Pack 203. SiJ. César recala la Pomœrium. Dion Cassius (XLIII, 49) et A.
Gelle (XHf, 14) parlent d'une extension du Poma'rium faite par César; mais
ce n'était pro!)aljl('nient qu'un des nombreux projets qu'il avait formés, et que
les Ides de Mars l'empèclièrent d'exécuter, car Tacite, dont j'ai cité l'autorilé,
n'en dit rien ; parlant de l'extension du Pomœrium par Claude, et du droit
qii'avaient d'agrandir les limites de la ville tous ceux qui avaient agrandi
l'empire, il ajoute : « Cependant aucun des généraux Romains, même après
avoir subjugué de grandes nations, n'avait exercé ce droit, si ce n'est
L. Sylla et le divin Auguste. » Nec tamen duces romani, quanquam macjnis
nationibus subaclis, iisurpaverunt , nisi L. Sylla et divus Aunustits. Ann.
XII, 23.
Page 264. Sur la faculté d'étendre le Pomœrium sans toucher aux murs de la
ville. Les limites de la ville étaient marquées par le Pomœrium; Tacite le dit
positivement {Ann. XII, 23). On pouvait reculer le Pomœrium sans toucher
aux murs, et, ce qui paraîtra plus extraordinaire, étendre les murs sans recu-
ler le Pomœrium; c'est du moins ce que fît Aurélien, qui agrandit d'abord la
ville et quelque temps après le Pomœrium. Voy. Vopisc. Aurel. 21.
Page 264. A quel endroit on commençait le tracé du Pomœrium. Le côté que
j'indique est celui du mont Aventin. Cette colline n'étant point comprise dans
les limites du Pomœrium, comme je le dis plus bas, ce devait être après ce lieu
funeste que l'on commençait le tracé de l'enceinte des auspices de la ville. Il
fallait d'ailleurs que ce fût au midi, puisque c'était toujours vers ce point
qu'on se tournait pour observer les présages du ciel. Varr. L. L. VII, § 7.
Page 265. Sur les cérémonies de l'extension du Pomœrium, Je n'ai point
d'autorité positive à citera l'appui de l'opinion que ces cérémonies étaient les
mêmes que celles de la fondation d'une ville ; cependant ce fait se déduit na-
turellement de la chose même, puisque reculer un Pomœrium était en quelque
sorte créer une nouvelle ville. Au surplus l'opération de rejeter la terre en
dedans de l'enceinte tracée par le sillon est indiquée dans l'inscription du cippe
rapportée plus haut (p. 483). A l'avanl-dernière ligne r. r. proxim. cipp. abré-
viation de ruderibus rejectis proximo cippo, signifie qu'on rejeta la terre vers
le cippe le plus proche, c'est-à-dire l'ancien cippe, celui qui marquait les limites
du précédent Pomœrium, et par conséquent la partie intérieure de l'enceinte
nouvellement tracée.
Page 265. Sur l'interruption du Pomœrium au droit du mont Aventin. Je ne
vois pas d'autres moyens d'expliquer le tracé du Pomœrium, car il n'est guère
vraisemblable que cette espèce de grande voie sacrée entrât dans l'enceinte
des murs de la ville, qui enveloppait aussi le mont Aventin, pour ressortir en-
suite afin d'aller regagner l'extrémité des faubourgs.
Page 263. Sur l'exclusion de V Aventin de l'enceinte du Pomœrium. J'attri-
bue ce motif à un peu de superstition, et les Romains pai-aissent avoir eu cette
idée, puisque quand Claude recula les limites du Pomœrium, il y comprit le
mont Aventin. Voy. A. Gell. XIÏI, 14.
Ce fut probablement alors que fut instituée la fête appelée Septimonlium,
en mémoire de ce que la septième montagne avait été enfermée dans l'enceinte
de la ville. Je fonde ma conjecture sur ce que celte fête qui se célébrait le III
des Ides de décembre (11 décembre) ne se trouve pas sur le Kalendrier que
je donne dans la lettre XI, et qui est du temps d'Auguste. On ne le rencontre
que dans un Kalendrier postérieur, connu sous le nom de Kalendrier de Constant.
NOTES — LETTKK IK. iS:.
E(! Scptimoiilium .se célébrail pai' des saorilicos laits dans sept eiidroils dil-
féronls, au Palatin, sur le mamelon appelé Vélia, à Fagutal, à Germains, aux
monts Cœlius, Oppius, Cispius, et à Subuie '. Ce jour-là il était défendu à (|ui
que ce soit d'aller en voiture. Plularque conjecture ([ue c'était afin (juc per-
sonne n'abandonnât la ville 2. C.e motif paraît assez puéril. Les Empereurs em-
ployaient un moyen beaucoup plus efficace ; nous lisons dans la vie de Domi-
tien ^ que ce prince donnait des jeux à l'occasion du Septirnonlmm, distribuait
des sportules au peuple, aux Sénateurs et aux Chevaliers, et faisait jeter dans
le théâtre des présents et des billets de loterie parmi les spectateurs.
LETTRE VIII.
Page 268. Srir les mots Seniores et Juniores. Les traducteurs rendent ordi-
nairement ces mots pai- les vieillards et les jeuiws gens. C'est une erreur, par-
ce que dans les idées des Romains la jeunesse comprenait l'époque de la vie
entre 45 et 60 ans, et la vieillesse depuis 60 ans et au-delà. Or les vieillards
n'étaient plus admis dans les comices.
Page 271 . Sur l'époque où les centuries furent répandues dans les tribus.
Les archéologues ne s'accordent pas sur l'époque à laquelle eut lieu ce chan-
gement; Niebuhr pense que ce fut l'an 359, lors de la création des tribuns
consulaires {Hist, Rom. t. YI, p. 29). Un savant allemand, M. Huschke, lui
assigne l'an 259, et l'un de ses compatriotes, M. Gœtteling, descend jusqu'au
sixième siècle. M. de Golbéry, examinant ces opinions si diverses {Hist. Rom.
de Niebuhr, t. VI, p. 277 et suiv.) croit que la répartition des centuries dans
les tribus eut lieu plus tard encore. 11 se fonde sur ce passage suivant de De-
nys d'Halicarnasse (,1V, 21) : « Ces lois (de Servius) se conservèrent pendant
« une longue suite de générations ; mais de nos jours des raisons impérieuses
« les ont fait changer, et elles sont devenues plus démocratiques. Néanmoins
« les centuries ne sont pas abrogées, seulement on ne les appelle ])lus selon
« la même règle, ce que j'ai pu remarquer, ayant souvent assisté à leurs
« élections. » J'ai suivi l'opinion du savant traducteur de Niebuhr, et je l'ai
précisée un peu plus en plaçant au septième siècle le grand changement poli-
tique dont on ne connaît ni l'époque exacte, ni l'auteur.
LETTRE IX.
Page 274. Sur le mot Maison. Je me sers, et je me servirai toujours du mot
Maison, quoiqu'en français le vrai nom des demeures somptueuses soit Hôtel
ou Palais. Hûlel est un mot moderne qui ne serait point dans la couleur du
sujet. Palais, le mot latin Palalitim, désignait une maison sur le mont Palatin,
et plus tard, la Maison des Empereurs, quand elle eut envahi presque toute la
montagne. Dans le Bas-Empire on donna aussi ce nom à la demeure des Em-
pereurs à Constantinople (Procop. passim); mais sous Auguste et ses succes-
seurs à Rome, on ne connut que deux mots pour désigner tous les genres de
maisons, Domus ou Insula, j'ai cru devoir conserver cette uniformité d'expres-
sion, image de l'égalité républicaine, qui du moins exista toujours de nom, si
elle n'exista jamais entièrement de fait. Ovide {Fast. VI, v. 640), parlant de
la magnifique demeure que Védius Pollion possédait auprès du Forum, l'appelle
immensa Domus. On pourrait multiplier les citations de ce genre.
Page 274. Sur l'époque à laquelle Dcnys d'Halicarnasse vint à Rome. Ce fut
1 Fest. V. Seplimonliuiu et Sfitiimonlio. = ^ l'Iul. Quœst. roni p. 151. = s Sticl.
Doniit. -'(.
486 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
dans le tomps (ju'Aiii^uslc iiiil fin à la giicrro civile, et il y resta vingt-deux
ans, travaillant aux recherches pour ses Antiquilcs romaines. Voy. D. IIalic.
antiq. rom. I, prsef.
Page 274. Sur l'époque où vivait Vilruve. Vitruve était vieux quand il ter-
mina son Traité d'Architecture et le présenta à Auguste (Vitbuv., 1, proef.). On
croit que cette présentation fut faite vers l'an 725.
Page 273. Sur les mots Area et Vestibuldm. Dos archéologues ont cru que
YArea et le Veslibulum étaient deux endroits différents; on pourra se con-
vaincre, parles passages des auteurs indiqués ci-dessous, que YAren elle Vcsti-
huluin sont la même chose; qu'un Area ou un K<'.s<i7^u/um n'était hicn réelle-
ment qu'une place laissée devant une grande maison , et qui se trouvait enca-
drée, à droite et ii gauche, soit par des portiques, soit par les deux maisons
voisines. {Voy. Varr., L. L. V, § 38; VII, § 81. — A.-Gell. , IV, i; XVI, 5;
XX, I. — TiT.-Liv., II, 49. — Cic, pro Cœcina, \%;adAtiic., lY, 3. — Tac,
Ann., II, 31. — Macrod, Saturn., VI, 8. — Isidor., Orig., XV, 7, etc., etc.
Page 275. Sur les pavés de mosaïque. J'ai recueilli dans plusieurs visites à
Pompei ce que j'ai dit de ce pavé de mosaïque, et tout ce (pie je dirai sur ce
sujet dans le cours de celle lettre. Chaupy, dans .sa Découverte de la maison de
campagne d'Horace, III'-' partie, page 354, a prouvé que, du temps d'Auguste,
on faisait un grand usage de mosaïques dans le genre de celles de Pompei.
Page 276. Sur l'image du chien peint à l'entrée des maisons. On a trouvé
aussi à Pompei cette image de chien avec son incription : c'est une mosaïque
noire sur un fond blanc. Elle se voit, non pas sur le mur, mais sur le seuil, ou,
pour mieux dire, immédiatement après le seuil du prothyrum de la maison dite
du poète tragique.
Page 276. Sur les pentes du Prothyrum. A Pompei, le Prothyrum est ainsi
toujours en penle quand le sol de V Atrium est plus haut que la rue; on préfé-
rait ces pentes à des marches. Les montées à cordonata de Rome moderne ])a-
raissent être une tradition de cet usage : sous le ciel de l'Italie, où, pendant
une grande partie de l'année, la chaleur du climat fait que le mouvement est
une fatigue, on a dii éviter les montées en escaliers, toujours si pénibles.
Page 276. Sur les bassins d'Atrium. Les bassins d'Atrium de Pompei n'ont
que quinze ou seize centimètres de profondeur : beaucoup sont dallés en
marbre blanc ; j'en ai remarqué un pavé en carreaux de marbre de diverses
couleurs.
Page 276. Sur la distinction entre /'Impluvium et le Compluvilm. Je suis ici
en désaccord avec plusieurs archéologues qui prétendent que Y Impluvium est
le bassin, et le Complnviumla. cour. Suétone {Aug., 92) dit, il est vrai, qu'Au-
guste fit transporter dans le Compluvium du temple des Pénates une palme
poussée devant sa maison ; mais cela ne détruit pas mon assertion, appuyée
d'ailleurs sifi- de bonnes autorités, car il serait possible que quand un Atrium
n'avait pas de bassin, le centre de la cour gardât toujours le nom de Complu-
vium. Voici, du reste, encore une autorité à l'appui de cette opinion; un per-
sonnage d'une comédie de Térence dit : « L"n serpent est tombé du toit par
mon impluvium :
Anguis per impluvium decidit de tegulis.
riwrm. \V, i, V. 27.
Page 279. Sur les Courtines. Servius {in Georg., III, v. 2-5) dit : « Dédit
etiam [Auguslus] aulioa, id est velamina in quibus depixerat victorias suas...
Aulœa aulem dicta sunt ab aula Atlali, in qua p'rimum inventa sunt vêla ingen-
NOTES. — LETTRK iX. 487
tia, posUiiimii is populiini romannin scripsit lueredein. » — J'iii tâché (le ren-
dre par Cour et Courtine le rap[)roclieitieiit qui existe entre Axtla et Aulœa.
Page 279. Sur la dispomlion des salles nommées Ailes, et sur les inscriptions
des armoires à porlraits. Sénèqiie {Ep. 44) dit: « Atrium plénum fumosis ima-
ginihus, ce qui prouve que les Ailes n'étaient point fermées, car on verra plus
bas que la cuisine donnait sur V Atrium, et probablement c'était par la fumée
qui s'en échappait que les images étaient noircies.
Pour représenter les choses avec une vérité scrupuleuse, il fallait spécifier si
les inscriptions se trouvaient en haut ou en bas des armoires , je dis qu'elles
étaient en bas , mais simplement par conjecture, car le texte d'aucun des au-
teurs que je cite en note ne peut faire soupçonner la place de ces inscriptions.
Page 279. Sur la place des Triclinia. Vitruve (VI, 3) dit en parlant du Ca-
vœdium displuviatum, que cette forme est surtout agréable en hiver, parce
que ces toits relevés ne s'opposent point au passage du jour qui doit éclairer
les Triclinia. C'est une preuve que ces pièces étaient autour àeY Atrium. Cela,
d'ailleurs, se rapporte encore avec la position de la cuisine.
Page 281. Sur la position delà Cuisine. Servius {in jEneid., I, v. 730) tire
l'une des étymologies du mot Atrium de ce que celte pièce renfermait la cui-
sine, quod atrum erat ex fumo. Le passage de Sénèque, cité ci-dessus dans la
seconde note sur la page 279, confirme et cette étymologie et mon assertion
que la cuisine était voisine de V Atrium. Cicéron dit, en parlant des portraits
de famille : Commendatione fumosarum imaginum, quarum simile habes nihil,
prœler colorem (in Piso, 1); et Juvénal (S. 8, v. 8.),
Fumosos equitutn cum dictatore magistros.
Page 283. Swr la position des salles de travail des femmes. Tite-Live (I, 57)
racontant l'aventure de Lucrèce, dit que cette jeune fille avait passé une partie
de la nuit à filer avec ses esclaves, dans la partie centrale de la maison. —
Nocte sera deditam {Lucretiam) inter lucubrantes ancillas in medio jedium, se^^
dentem inveniimt.
Vitruve (VI, 10) rapporte que dans les maisons grecques les OEci sont dans
le péristyle, et servent de salles de travail aux mères de famille.
En rapprochant ces deux passages, dont le premier me paraît une espèce de
commentaire du second, j'ai cru pouvoir assigner les OEci comme les salles de
travail des dames romaines. Cependant, pour ne rien dissimuler, je dirai que
Cornélius Népos indique un endroit moins retiré, et qui pourrait être près de
r Atrium. — Mater familias (dit-il dans sa préface), primum locum tenet cedium,
atque in celebritate versatur.
Mazois, dans son petit ouvrage intitulé le Palais de Scaurus, donne aux
femmes un appartement particulier et complet. N'ayant point d'autorité à citer
à l'appui de son opinion, et s'élayant seulement sur Vitruve, à l'endroit où cet
écrivain décrit la maison grecque, il ajoute en note : « Les Romains imitèrent
« des Grecs beaucoup de choses qui tenaient au luxe et aux commodités de la
« vie : aussi chaque palais romain eut ungynaeceum (cbap. vni). « — Sa conclu-
sion nie semble peu fondée, d'abord parce que Vitruve, qui parle de cet appar-
tement dans la maison grecque, ne l'aurait point passé sous silence dans la maison
romaine, dont il aurait formé une division importante s'il y eût existé ; et en-
suite parce que cette distinction n'était point dans les mœurs des Romains, qui
vivaient avec les femmes, les admettaient dans leurs festins, et ne les reléguaient
pas dans leur intérieur, comme faisaient les Grecs.
Page 283. Sur la garniture des croisées. Ce que je dis de toiles servant de
\m nom: au siècle daugiste.
vili'ps n'est turuuo cimjt'cUirp (raut;iiit plus vraisemblable, (lu'ou iic coniiais-
sail pas alors de malière plus propre à cet usage; car au siècle d'Auguste le
verr(! à vitre n'était j»as encore inventé, ni la pierre spéculaire découverte.
Cette pierre, qui se débitait en l'euilles minces au moins aussi transparentes
<[ue du verre ou même du cristal (Plin., XXXV, 10), et qui avaient le mal et
le gris de l'alun de roclie {Id., IX, 35 ; XXXVI, 22), ne fuldécouverte que du
temps de Sénèque (/cL, XXXIII, 22. — Senec, Ep. 90). Elle se tirait d'Es-
pagne, de Cypre, de Cappadoce, de Sicile et d'Afrique; il y en avait aussi en Ita-
lie aux environs de Bologne. Les pierres spcculaires d'Espagne étaient les meil-
leures; la Cappadoce fournissait les plus grandes lames (Fus. XXXVI, 21, 22).
Page 284. Sur le bois de Cilre. Ce bois a quelquefois été confondu avec le
citronnier ; mais des recherches faites par M. Mongez et consignées dans un
Mémoire qu'il a lu à l'Institut en 1807, démontrent que, suivant toute vraisem-
blance, le Cilre était l'espèce de genévrier connu sous la dénomination de
Juniperus hispanica. (Voy. Acad. des /nscnpt. , nouvelle série, t. III, p. 31.)
Page 285. Sur l'éleudue du champ de Cincinnalus. Ce champ avait sept/«-
gcru {Voij. Max. IV, 4, 7), qui valent 1 hectare 7G ares 99 centiares, ou plus
de 3 arpents 1/4, à 100 perches de 22 pieds par perche.
Page 288. S'il y avait un Ilospitium et un Venereum dans la maison ro-
maine. J'ai omis dans ma description deux pièces dont Mazois parle dans la
description d'une maison romaine intitulée le Palais de Scaurus, et qui, je
pense, n'existaient point. La première est VHospilium. Rien ne nie paraît
moins certain qu'il existât dans la maison romaine un appartement séparé,
pour servir uniquement à donner l'hospitalité. Vitruve, qui parle de YHospi-
tium dans la maison grecque (VI, 10), n'en dit pas un mot dans la maison ro-
maine. Quintus Cicéron, qui dans son petit traité Sur la Demande du Consulat,
recommandant à son frère de rechercher les hommes influents des villes muni-
cipales et de toute l'Italie, de se lier avec eux, de s'en faire des partisans
(Q. Cic, de Petit. Consul, 8), n'en parle pas non plus. Il me semble que sa
première parole devait être : Ouvrez-leur voire Hospilium. Tile-Live (H, 14)
dit bien, en parlant des Etrusques venus à Rome, qu'ils furent excepti, divisi-
que in Hospitia. Dans un autre endroit (I, 58) il parle de la chambre hospita-
lière, Hospitale cubiculum. Valère-Maxime (V, 1,1) racontant que le roi Pto-
lémée était venu prendre l'hospitalité à Rome chez un peintre d'Alexandrie,
dit : Se in Hospilium Alexandrini picloris contulerat, et Suétone {Tib., 37),
parlant des cohortes prétoriennes réparties chez les citoyens avant d'être lo-
gées dans un camp, les déclare per Hospitia dispersée. Malgré ces espèces d'au-
torités, non citées par Mazois, je crois que les Romains n'avaient pas d'appar-
tement spécialement consacré à l'hospitalité, et que V Hospilium ne formait pas
une des distributions de leurs maisons ; la chambre où on logeait un hôte de-
venait, était appelée Hospilium, mais momentanément.
La seconde pièce est le Venereum, esj)èce de petit boudoir erotique dont
Mazois a cru trouver un modèle à Pompei dans la maison dite d'Actéon, et
qu'il a reproduit dans le Palais de Scaurus (chap. vu). Son interprétation est
incontestablement fort ingénieuse, et il l'a mise en œuvre de la manière la plus
adroite et la plus séduisante; mais je crois qu'il s'est trompé, et qu'il n'existait
point de Venereum dans les maisons romaines. Ce mot même, dansla signilica-
tion qu'il lui a donnée, n'existe pas en substantif dans la langue latine : on ne le
trouve ni dans Vitruve, ni dans aucun des poêles erotiques tels que Properce
Galius, Ovide, Tibulle, Horace, auxquels bien certainement il se serait pré-
senté quelquefois dans les scènes d'amour dont leurs ouvrages sont i-emplis.
Le peu de passages d'auteurs anciens dont Mazois sendjie s'ajviniyer dans la
NOTES. — L m THE X. 480
description de son \'cnpreum, fournissonl au contraire dos iirciivcs contre lui,
car aucun de ces passages ne s'applique directement ni spécialement au genre
de boudoir (»u de cabinet dont il ])arle. i'ar exemple, les voUes de la porte
étalent conununs à tous les apparlements intérieurs; la petite cour et le porti-
que vitré ne sont nullement donnés par Pline comme i'aisant partie d'un ap-
partement destiné aux folâtres jeux de Venus; le reste est emprunté à la des-
cription de la Maison d'Actéon, et interprété suivant les besoins de l'auteur.
Quant aux détails de luxe, de décoration et d'ameublement, ils sont pris dans
divers écrivains ou poètes qui, nulle part, ne les donnent comme a[)partenant
à ce que Mazois appelle un Venereum. La seule autorité dont il s'a|)puii! est lui
ancien écriteau de location trouvé à Pompei, et que je rapporte plus bas, dans
la lettre XVI, p. 364. Si le mot Venereum avait été reçu dans la langue la-
tine, Ovide l'aurait sans doute employé dans le passage de ses Tristes (II, v. 523)
où il parle des figures de Vénus que l'Empereur avait dans la partie privée de
sa maison. II appelle cet endroit secret simjdemenl aliquis locus.
Je tei'ininerai en disant que les maisons de Rome ne peuvent être compa-
rées, pour l'étendue, à celles de Pompei . Elles étaient vastes, Cicéron le dit
positivement : In domo clari bominis, in quam et bospites multi recipiendi, et
admittenda boniinuni cujusque modi multitude, adhibenda est cura laxitatis
( De Of[ic., I, 39). Pline, en rapportant que les colonnes de Vatrium de Scau-
rus avaient 38 pieds de haut (11 mètr. 2.59 centim. ), nous indique que cette
cour et ses portiques avaient de grandes dimensions (Pline, XXXVI, 2).
LETTRE X.
Page 292. Sur la irodMCiio?), des mois Anteambulones, assectatores, etc. J'ai
dû forger les mots' français, car n'ayant pas la chose, nous ne {'pouvons avoir
le terme correspondant.
Page 294. Sur la valeur de la Sportule en numéraire. Martial, donnant seul
les nombres de la Sportule en numéraire, j'ai tâché d'arriver à une valeur
exacte pour mon époque, en prenant la moyenne de la valeur du Sesterce et
de l'As entre Auguste et Domitien. J'ai trouvé ainsi qu'un client de bas étage
recevait environ 9 centimes par jour dans dix ou douze maisons. Cette mo-
dique paie lui suffisait, puisque les gens de la plèbe, ainsi que nous le disons
plus bas (Lettre XIV, p. 351), pouvaient pour deux as (environ 13 centimes)
dîner à la taverne. Quant au terme de stipateurs, employé dans la phrase sui-
vante, c'est évidemment un terme de mépris qu'il ne faut pas prendre à la
lettre. D'ailleurs les clients devaient être payés avec le slips, l'os, qui valait
6 3/4 centimes, ne pouvant servir à former une quantité juste de 9 centimes.
Page. 296. Sur la bassesse des Clients. La plupart des traits, et surtout les
plus forts, dont j'ai peint la bassesse des clients, sont puisés dans des écrivains
un peu postérieurs à mon Voyage, et pourront peut-être, au prenner coup
d'œil, paraître former un anachronisme ; car à l'époque oii écrivaient Sénèque,
Juvénal, Martial, l'altération complète delà constitution, en retirant tout
pouvoir au peuple, l'avait mis dans l'impossibilité d'être réellement utile à ses
patrons : de là leur avilissement. Cependant, en réllécliissant que du temps
d'Horace les clients traitaient déjà leurs patrons de Rois, le lendemain, pour
ainsi dire, du jour où ce nom avait fait tuer César, on peut penser que de telles
gens n'avaient des sentiments ni très-nobles ni très-relevés, et qu'ils étaient
bien capables de toutes les bassesses rapportées par les écrivains postérieurs
à Horace.
490 KOxME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
LETTRE XI.
Page 31 1. Sur le Kulendrier romain. Ce Kalendiier est copié d'un marbre
anli(iue trouvé à Uoine vers la fin du seizième siècle, et connu sous le nom de
Kalendarinm Muffœiorum. Il est complété, pour les nombres ordinaux de
chaque fraction de mois, avec un fragment de kalendrier antique appelé Ka-
lendarinm Prœncfitinum. Ou les trouve l'un et l'autre dans Gruter, p. 133
et sqq ; dans le Thcsaurus de Grievius, t. VIII ; et dansOrelli, Inscrip. lai.,
t. II, p. 382 et sqq. On s'accorde généralement à reconnaître le premier, (pii
est presque complet, comme étant du siècle d'Auguste. Le marbre original
ne fournissant aucune indication pour le 4 novembre, les 2, 3, 4 et 6 décem-
bre, j'ai comblé cette lacune par un emprunt fait à un autre monument
antique, connu sous le nom de Kalendrier d'Ainilerne. Jai également emprunté
à un autre kalendrier, appelé Hustique, la longueur des jours et des nuits de
chaque mois, qui est si utile pour connaître l'étendue des 12 heures du jour
qui partageaient invariablement chacjue journée romaine, du lever au coucher
du soleil [Voy. Lettre XXVlIj. Le Kalendrier Rustique se trouve dans Gruter,
p. 137, etdansOreUi, t. Il, p. 380.
Page 312. Sur l'interprétation des lettres nundinales du Kalendrier. Celle
interprétation est de Scaliger ( de veter. anno Rom. ). La justesse en a été con-
testée, parce qu'il n'y a que huit lettres, a-t-on dit, et qu'il en aurait fallu neuf,
les Xundines revenant tous les neuf jours. Cette objection tombe d'elle-même
en observant la numération kalendaire des Romains, où les jours qui com-
mencent une période sont comptés deux fois : par exemple, le troisième
jour avant les noues est marqué IV, le jour même des nones entrant dans le
calcul de précession. Il en est de même pour les ides et pour les kalendes.
Une autre objection qui pourrait sembler plus sérieuse, c'est la coïncidence
très-fréquente des jours des Comices avec ceux des Nundines, puisqu'il est
bien certain qu'un jour nundinal ne pouvait jamais être un jour comitial
{voij. Lettre VIII, p. 267) ; mais cette objection doit s'évanouir comme la pré-
cédente en observant que l'ordre des Nundines étant régulier, jamais elles
ne tombaient deux années de suite aux mêmes jours. Les jours comitiaux, au
contraire, étant portés toujours aux mêmes places sur le kalendrier, il faut
admettre que leur indication immuable n'était valable qu'autant qu'il n'y avait
pas rencontre avec une Nundine ; dans ce cas, le jour comitial devenait nul.
Quant aux quelques jours de marché indiqués en juillet, septembre et novem-
bre, c'étaient des réunions extraordinaires, et non pas des Nundines.
Page 312. Sur les jours moitié néfastes et moitié fastes, ou mixtes. Boulan-
ger, après avoir rappelé que tous les anciens peuples commençaient le jour
le soir pour le terminer au soir suivant, ajoute : « C'est par cette division des
« jours qu'on voit chez les Romains des fêtes qui n'occupaient plus que la
« moitié d'un jour, et surtout la moitié du matin. Cette portion de fête avait
« originairement fait partie d'une fête complète, commençant la veille au soir ;
« mais cette première partie avait peut-être été anéantie parce qu'elle était
« funèbre. » {L'Antiquité dévoilée par ses usages, l.lU,psige\'6o.)
Page 318. Sur l'époque où le mois Sextilis fut nommé Auguste. Je commets
ici un anachronisme de quelques années : cette mutation n'eut lieu que l'an
746, lorsqu' Auguste réforma l'année Julienne.
NOTES. —LETTRE Xl(. 401
Page 318. Sur l'Autel de la Victoire. C'est l'Aulel si célèbre, qui fut dé-
truit du temps de Théodose et d'Arcadius, et contre la destruction duquel
Symmaque réclama avec éloquence. Voy. Symsi. Epût. X, Ci ; Beugnot, de
la Destruction du paganisme en Occident, t. I, p. 410-417.
LETTRE XII.
Page 322. Sur l'usage salutaire du Bain chaud. Voici ce que Plutarque,
traduit par Amyot, dit de l'usage du bain ciiaud : «. Après l'exercice il fault en-
trer dedans l'estuve, là où se laver d'eau froide est plus fait en jeune homme
qui veut monstrer sa bonne disposition qu'il n'est convenable à la santé : car
le bien que tel lavement peut apporter, c'est qu'il semble endurcir le corps,
et le rendre moins subject à eslre offensé des qualitez de l'air , mais cela fait
plus de mal au dedans, qu'il ne fait de bien au dehors, d'autant (ju'il resserre
les pores, et fait grossir et espessir les humeurs et vapeurs qui se voudroient
évaporer et résoudre continuellement : davantage il est force que ceux qui
usent de se laver d'eau froide, tombent en la subjcction de celle trop exquise
et estroilte diele que nous fuyons, ayant tousjours l'œil fiché à n'en oultrepas-
ser jamais un seul poinct, d'autant que la moindre et plus légère faute du
monde est incontinent chastiée bien asprement : là où, au contraire, se laver d'eau
cliaulde nous pardonne beaucoup de choses, car elle n'oste pas tant de force
et roideur au corps, comme elle nous apporte de profit pour la santé, ache-
minant et accommodant tout doulcement les humeurs à la concoction : et si
d'advanture il y en a qui ne se puissent pas bien cuyre, pourveu qu'elles ne
soient pas totalement crues, et qu'elles ne flottent pas au-dessus de l'estomac,
elle les fait dissoudre et exhaler sans aucun sentiment de douleur, et recon-
forte, et fait esvanouir les secrettes fouleures et lassitudes des membres : tou-
tefois là où nous sentirons que le corps sera en sa disposition naturelle, assez
fort et robuste, il vaudra mieulx entremettre (omettre) l'usage du baing, et
sera meilleur se faire huyler et frotter devant le feu, là où le corps aurabesoing
d'estre réchauffé » ( Plltarqce, Les règles et préceptes de sanlé, 33 ).
Page 324. Sur les cdnaux de chaleur dans les Bains. Le Sudatoire des
thermes de Pompei présente une partie des dispositions que je viens de dé-
crire. Le sol en est soutenu par de petits piliers, dans l'intervalle desquels
circulaient la flamme et la fumée; il y a dans les murs une foule de canaux
destinés au même usage, et formés par des tuiles creuses, à rebords carrés ;
le dos de la tuile compose la paroi du mur du bain, et se dissimule sous un enduit
de stuc blanc. Ces dispositions du sol de l'étuve et des conduits dans les murs
a été retrouvée aux thermes d'Agrippapar Flaminius Yacca {Memorie, n" oi).
Page 330. Sur les Bains suspendus. Voilà, je crois, ce qu'il faut entendre par
ces bains suspendus, pensilia balnea, dont Sergius Orata fut l'inventeur,
l'an 636 (V. Max. IX, 1,4.; Macrob , Saturn., II, 1 1), et qu'il construisait
dans des villas qu'il revendait ensuite par spéculation, après y avoir disposé
ces nouvelles recherches de la volupté (Pline, IX, 54). On a prétendu que
c'étaient des baignoires suspendues avec des chaînes, et dans lesquelles on se
balançait en se baignant. Ce que dit Pline de la spéculation d'Orata indique,
il me semble, qu'il s'agit de constructions de quelque importance, et d'appa-
reils pour élever l'eau à une grande hauteur ; car quelques cuves accrochées
à des chaînes n'auraient ajouté qu'une bien mince valeur à une villa ; de telles
dispositions d'ailleurs devaient être trop peu dispendieuses pour (jue chacun
ne pût pas eu adopter de semblables chez soi. En admettant, au contraire, ma
conjecture, on voit que la spéculation d'Orata était bien entendue, car il fal-
i'.l^2 HOME AU SIKCLK D'AUGUSTE.
lait pour cela posséder un endroit où il y eût de la vue, et, sous ce rapport,
quel lieu était préférable à Baïes?
.r.ijoutcrai néanmoins qu'il y avait aussi des baignoires réellement suspen-
dues; mais ce fut un moyen curatif employé par le médecin Asclépiade
( Voji. Lettre XCIIl ). Sénèque {Ep. 90 ) parle aussi des suspensoirs des bains,
suspcnsiirœ baineorum.
LETTRE XIII.
Page 333. Sur le jeu de la Mica ou la Mourre. Cicéron et Fronton en par-
lent d'une manière si obscure, qu'elle est inintelligible quand on ne connaît
pas la cboso. l)(!s archéologues, commentant le texte de Cicéron, ont dit que
pour jouer à la mourre il fallait tenir une main fermée derrière soi, puis éle-
ver un certain nombre de doigts, que la personne avec laquelle on joue doit
deviner pour gagner. J'avais d'abord adopté cette interprétation, sansrélléchir
que ce que dit Cicéron : On jouerait avec lui à la mourre dans les ténèbres,
proverbe cité aussi par Pétrone {Satyric, 4i ) ne la rendait pas vraisemblable,
])uisqu'elle indi(iue évidemment que l'on voyait toujours la main des joueurs,
et que d'ailleurs jouer la main derrière le dos, ou jouer dans les ténèbres, eût
été à peu près la même chose. Je reconnus la fausseté de cette observation
en voyant dans les rues de Rome des gens du peuple jouer à la mcru, la mica
ou la mourre des anciens, et c'est d'après eu\ que j'ai tracé la description
qui est dans mon texte. Quiconque a visité la capitale du monde chrétien, peut
se souvenir d'y avoir vu la plèbe chrétienne jouer à la mora, debout, au coin
d'une rue, avec une vivacité, un feu, une action extraordinaires. Abaissant en-
semble l'avant-bras vers la cuisse, ils crient le nombre conjecturé avec une
force de poumons qui fait croire d'abord aux étrangers qu'ils se disputent
plutôt qu'ils ne jouent. Pour ceux qui savent comment se joue la jjiica, voici
un passage de Varron, conservé par Nonius Marcellus ( v. micare ), où l'on
peut en reconnaître une description assez fidèle : Micandum erit cura grœco,
ntrum illius numeritm, an ille mevm sequaliir.
J'ai dit dans mon texte que les joueurs abaissaient simultanément le bras au
lieu de dire Vuvanl-bras ; j'ai préféré la première expression comme plus dans
la couleur du latin. En elfet, suivant l'observation du savant Burnouf ( notes
sur le chap. 17 des Mœurs des Germains, de Tacite), brachium est propre-
ment le bras depuis la main jusqu'au coude, lacertus depuis le coude jusqu'à
l'épaule.
Page 333. Sur les Osselets ou Tali. Ou voit dans Montfaucon ( Antiq. expl.,
t. III, part. II, ]d. 186 ) et dans Caylus {Recueil d'anliq. , t. I, pi. 93), des
osselets absolument semblables à ceux dont on se sert aujourd'hui, sans mar-
«pies sur leurs diverses faces. iT est certain cependant qu'on en a trouvé à Her-
culanum, de ponctués comme des dés. {Voy. Wisckelmann, Lettres sur les dé-
couvertes faites à Herculamim. )
Page 336. Sur la position des Convives sur les lits. Quelques antiquaires
disent que les convives étaient à demi couchés les uns au bout des atUres
sur une seule iile. Cette assertion ne soutient pas l'examen, car s'il en eût été
ainsi, il n'aurait pas été possible d'augmenter le nombre des convives sur un
lit, c'est-à-dire d'en mettre (pielquefois quatre, cinq, six et plus, au lieu de
trois. On comprend qu'on pouvait se presser sur la largeur du lit, mais qu'il
n'eût pas été possible de faire tenir une personne de plus si les convives
avaient été les uns au bout des autres. D'ailleurs les triclinia trouvés à Pom-
pei, et particulièrement celui de la maison d'Arius Diomède, démentiraient au
besohi cette assertion.
NOTKS. — LETTRE XIV. ï\)7,
Page 338. Sur h- lialanvs. Le Bulanns, appelé aussi MyrubuUtnus ( Mak-
TiAL, XIV, 57), était une espèce de ghiud à parfum : c'est inême ce que signi-
fie en grec le nom de mijrohalanos. Il était de la grosseur d'une aveline, et se
tirait de la Haute-f-gyptc, de l'Arabie et de rÉtliiopic. Le nioillenr venait de-
là ville de Petra. Les parfumeurs en extrayaient une liuile très-rechcrcliée, et
qui composait un parfum fort agréable. ( Voy. Punk, XII ,21). La livre s'en ven-
dait deux deniers ( 1 fr. 40 c. )-( Ihid., 22). Le lialanus est le Morvuja ara-
bica des botanistes modernes.
Page. 338. Sur l'usage de la laitue dans les repas. Quoiqueles passages de
Martial, auxquels je renvoie, indiquent positivement que l'on mangeait des
laitues au commencement du repas, cependant on peut conjecturer, d'après
Horace (II, S. 4, v. 58), que du temps d'Auguste on finissait par les laitues.
On croyait que ce légume, naturellement froid, combattait avec avantage les
fumées du vin.
Page 340. Sur la poudre répandue sur le pavé du Triclinium. J'avais d'abord
mis dans mon texte que la poudre était teinte en safran et en minium, et mé-
langée avec de la pierre spéculaire. Mais en revoyant le passage de Pétrone
(c. 68), où j'avais puisé ce fait, je reconnus qu'il n'était rapporté que comme
un trait de la magnificence ridicule de Trimalcion, et que le quod nunqitam
ante videram du narrateur, prouvait que cela n'était point en usage au temps
dont je parle. Il y eut cependant du temps de Métellus Pius, l'an 673, quelque
chose d'à peu près semblable; mais ce n'était encore là qu'une exception.
{V. ci-dessous la noie sur la p. 345.)
Page 342. Sur \m faiseur de tours de force. Le passage de Pétrone auquel
je renvoie est peut-être un peu obscur, parce qu'il parle d'un tour de force
et d'adresse vraiment extraordinaire. Voici ce passage textuellement : Pe-
tauristarii auteni tandem venerunt: haro insulsissimus cum scalis conslitit^
puerurnque jitssit per gradus, et in summû parle odaria saltare. Voilà main-
tenant ce que j'ai vu faire à un jeune danseur : Il prenait une échelle de 9 ou
10 pieds de long, la tenait debout devant lui, puis y montait échelon par éche-
lon, en la balançant légèrement , sans jamais perdre l'équilibre. Arrivé à
l'avant-dernier échelon, il passait une jambe par-dessus l'échelle, se croisait
les bras, et restait quelque temps dans cette position; puis il descendait, eu
tournant le dos à l'échelle, et avec autant d'aisance et de facilité que si elle
eût été scellée en terre. Quelquefois, au lieu de descendre ainsi, il s'arrêtait
sur l'échelon supérieur, puis laissant incliner un peu l'échelle en avant, il la
repoussait violemment au fond du théâtre, et s'élançait jusque sur l' avant-scène,
où il venait tomber légèrement sur la pointe des pieds.
Page 345. Sur un Festin extraordinaire. J'ai cru pouvoir supposer que mon
voyageur avait été témoin d'un souper pareil à celui-ci, que l'on attribue à
Néron. Je me suis appuyé pour cela du fait suivant. « Métellus ayant gagné une
« bataille contre Sertorius, se laissa couronner de fleurs, et fêter partout oii il
« passa. Dans un banquet qu'il reçut entre autres, la terre était couverte de
« safran, on vit des images de Victoire qui descendaient dans la salle du festin
« par des mouvements secrets, et portaient des trophées d'or et des couronnes
« de triomphe « Voy. Macrob. Saturn. Il, 9; V.Max. IX, I, 5; Put. Ser-
torius, 22.
LETTRE XIV.
Page 347. Sur les noms des Quartiers. Je n'ai pas besoin d'avertir que ces
interprétations sont conjecturales, de même que la traduction de quelques
AU ROME AU SI^XLE D AUGUSTE.
noms donn(''S par les légionnaires, et qui sont d'un latin barbare dont le sens
ne se devine que par analogie, tels que, par exemple: sellaritts et tabellarius.
Pagf, 347. Sur la cjrandeuv des boutiques ou Tavernes. Les tavernes retrou-
vées dans des liéniicytles du Forum de Trajan ont -l mètres de large sur 2 mè-
tres 90 coulimèlrcs de profondeur. La porte d'entrée avait 80 centimètres, et
le resle de la faç^'ade était ré.s('rvé pour l'étalage, tpii se faisait sur des tablettes
de bois, dont on voit encore! des traces. De grandes rainures, pratiquées dans
les ciiandiraides de la baie de ces boutiques, indiquent fju'elles se fermaient avec
des feuilles mobiles de volet. Selon Ulpien, ce serait de ce mode de fermeture
qu'on aurait dérivé le mot taberna. On entend par tabcrna, dit-il, tout logis
{omne œdificium) propre à être liabité, car ce mot vient de ce que la fermeture
se fait avec des planches, nempè ex eo qnod tabulis claudilur {Digesl. L, tit.
XVI, leg. 183). La plupart des tavernes de Pompei ne sontpas plus grandes que
celles du Forum de Trajan, et leur fermeture était disposée de même. {Voy.
Mazois, Ruines de Pompei, et Bibe.nt, Plan de Pompe'iu).
Page 348. Sur la dénomination d'Inis donnée aux Tavernes. M. Dureau-
Delamalle a discuté à fond, et prouvé, la synonymie des mots insula et
taberna, dans son savant ouvrage sur V Economie politique des Rontains,
liv. Il, c. 12. Nous avons essayé d'expliquer l'origine de cette synonymie
qu'il s'est borné à constater. Nous ajouterons l'observation suivante "aux
preuves qu'il a réunies : P. Victor et la Notice de l'Empire comptent 2643
insukii sur le mont Palatin, et 88 domus. 11 est de toute impossibilité
qu'une région aussi petite que celle du mont Palatin, occupée d'ailleurs dans
une notable partie de sa surface par la demeure des empereurs, contînt un
aussi grand nombre d'ilôts de maisons, et ce fait seul prouverait que le mot
insulœ désigne des tavernes ou boutiques. Nous devons cependant ajouter que
le mot insula pour désigner un quartier, une île de maisons, ne tomba pas
tout à fait en désuétude, car ou le trouve employé dans cette acception par
Pétrone : procuralor insulœ Barcjates. (Satyr. 96).
Il serait possible que dans le passage de Tacite, sur la reconstruction de Rome
après l'incendie de Néron : Additisque porticibus quaî froutem insulai'um pro-
tégèrent {Ann. XV, 43), insula signifiât taverne.
Page 349. Sur la récolte de la Soie et l'interprétation du mot Sera. Il
paraîtrait que chez les anciens, dans les pays asiatiques producteurs de la soie,
le ver qui la file était abandonné sur l'arbre même, ainsi que cela se pratique
encore en Chine, et que c'est là ce qui a fait croire aux Romains que la soie
était le produit de certains arbres des feuilles desquelles on l'arrachait. 11 y
a une autre opinion sur la traduction des passages de Virgile, et surtout de
Pline : d'après cette opinion il ne s'agirait pas de la soie, mais du coton, pro-
duit par le cotonnier herbacé de la Chine, dont la bourre n'est point renfer-
mée dans mie capsule, connue au cotonnier ordinaire, mais fait partie du corps
de la feuille, avec laquelle elle forme un seul et même tissu. Sans citer ici tous
les passages d'auteurs où le mol sera désigne bien évidemment la soie, nous
nous contenterons de faire observer qu'un tissu de colon n'aurait jamais paru
préférable au lin, alors généralement en usage, ni surtout être d'un prix assez
excessif pour se vendre au poids de l'or.
Page 349. Sur la situation des Tavernes des marchands de vin et des mar-
chands d'aliments cuits. La boutique ou taverne du marchand de comestibles
décrite dans les Ruines de Pompei par Mazois (t. II. p. 43), se trouve en face
d'un passage qui conduit au théâtre de l'Odéon.
Page 350. Sur un étalage deTaverne. Bien que dans la description que j'em-
NOTES. — LETTRE XIV. 49")
prunto ici h Virgile, il s'agisse d'une maison partiinlièrn, cependant ces petits
étalages sont trop naturels pour n'avoir pas été en usage dans les tavernes.
Page 351 . Sur le (joùt des Romains pour la chair do porc. Les Romains ai-
maient tant le porc, qu'ils avaient crôé un collège (rélcvcurs de porcs, coHctjium
snariorum (Guuter. p. 361), et qu'une des fonctions du préfei do la ville con-
sislait à veiller à l'approvisonnement du marché aux porcs. {Voij. Ulpun. in
Dujcst. l, tit. 12, leg. 1, § 11.
Page 35-1 . Sur la disposilion des Tavernes des marchands de comestibles. « A
Rome, les débitants mettent ainsi l'huile dans des vases scellés au centre d'un
comptoir en maçonnerie. A Naples et aux environs, on voit encore une quan-
tité de petite cuisines publiques, où le peuple trouve, deux fois par jour, son
repas habituel tout préparé. Une peinture d'Herculanum {l'iUure anliched'Kr-
colano, t. m, tav. 43) représente une cuisine and)ulante, telle qu'on en voit
encore à Naples, et de pauvres gens groupés à l'entour, comme les Lazaroni
le sont auprès de la chaudière du vendeur de macaroni. » (Mazois, Ruines de
Pompei, t. IL p- 43). Il serait très-possible que ce fût aussi du macaroni que
l'on préparait dans ces tavernes de l'ancienne Rome, car nous voyons dans
Martial (XIII, 32,33) que ce mets était connu des Romains.
J'ai mis des urnes sur le fourneau de la taverne, et non des doUa, parce
que ces derniers vases, qui contenaient 520 litres 246 millilitres, ne pouvaient
être dans cet endroit-là; ils eussent été trop grands.
Les vases d'une laberna caiiponia étaient les dolia, vasa, ancones, calices,
trullœ, urnœ areœ, congiaria, sexlaria. {Digest. XXXIII, tit. 7, leg. 13).
Mazois, dans son ouvrage sur Pompei (t. 11, figure 4. pi. VIII), a fait la res-
tauration d'une boutique de comestibles et de son étalage ; on y voit une guir-
lande ondulée de feuillage, décorant le portail de la devanture ; de place en
place pendent de cette guirlande des paquets de volailles, de poissons, de fruits
et autres denrées. Dans l'intérieur on voit aussi diverses provisions, telles que
lièvres, jambons, etc., accrochés aux murs. Sur le devant, en dehors, d'un
côté un plat rempli de poissons morts, jetés pêle-mêle, de l'autre une grande
corbedle pleine de légumes, et des melons, des choux, des ananas, etc. Quoi-
que celte restauration soit composée avec diverses peintures trouvées à Pom-
pei, elle ne m'a pas paru assez complètement authentique dans son agencement,
pour m'engager à en faire usage dans mon texte.
Page 353. Sur les Tavernes de la Villa Publica. Martial (IX, 60) nous repré-
sente un amateur d'objets de luxe visitant des tavernes m Septis. Ces mots
s'appliquent aux Septa Julia, et ne peuvent désigner cjuedes tavernes situées
près des Septa, au rez-de-chaussée de la Villa Ihiblica, les Septa étant des
portiques sans tavernes.
Page 354. Sur l'airain de Corinthe. Voici ce que rapportent Pline, Florus
et Strabon, sur l'airain de Corinthe et sur les amateurs de ce métal.
« De tous 1^ airains célèbres de l'antiquité, le plus vanté est celui de Co-
« rinthe. Le hasard fit l'alliage dans l'incendie de cette ville, lorsqu'elle fut
prise par les Romains. Bien des gens l'ont recherché avec une passion ex-
trême. Verres, queCicéron avait fait condamner, ne fut proscrit par Antoine
que pour avoir refusé de lui céder ses vases corinthiens. Mais je crois que
la plupart de ces connaisseurs ne cherchent qu'à se distinguer du commun
des hommes, et qu'ils ne sont ni plus habiles ni plus instruits que les autres.
Il suffira, pour le prouver, de dire que Corinthe fut prise la troisième année
de la 158« olympiade, l'an 608 de Rome. Or ces fameux arl-sles, aux ouvra-
ges desquels ils donnent le nom de corinthiens, ont cessé de vivre plusieurs
siècles avant cette époque Les seuls vases corinthiens qui existent sont
iOG HOMK AU SIÈCLK D'AUGUSTE.
« ceux que les amateurs du luxe Iransforinenl en plais, en lampes, ou inênie
n eu bassins, car rien ne répugne à notre délicatesse.
« Ou distingue trois sortes d'airain de Corintlie : le blanc par son éclat
« approche de l'argent, et l'argent y domine. Le second nous ollre le jaune de.
« l'or. Dans le troisième les trois métaux sont mêlés à proportions égales. Il
n en est encore une quatrième, mais les projjorlions de l'alliage ne sont pas
« connues. La t'ortune, secondant l'artiste qui travaillait pour elle, a produit
« pour ses propres statues cette nouvelle cond)inaison, précieuse par sa cou-
« leur, qui lire sur le l'oie, d'où on l'a nonunée Uèpnliqne. Au reste, cet airain
« est bien inférieur à celui de Corintlie, quoiqu'il l'emporte de beaucoup sur
« ceux d'Egine et de Délos, qui ont été longtemps les premiers. » (Plin.
XXXIV, 2.)
« Tout ce qu'il y a aujourd'hui d'airain tant vanté de Corintlie, fut le pro-
« duit de l'incendie de celte ville. Dans la catastrophe qui détruisit une cité
« si opulente, des statues et des simulacres sans nombre, fondus par le feu,
« coulèrent en longs ruisseaux d'airain, d'or et d'argent, et de leur fusion se
« forma ce précieux métal. » Fton. II, 16.
« Sous Auguste, lorsque ce prince eut rebâti et repeuplé Corinthe, il y eut
« les Nécrocoriiithia, vases de bronze et de terre cuite chargés de bas-reliefs
« que les nouveaux habitants trouvèrent en remuant les ruines et creusant les
« tombeaux de cette cité. Frappés de la beauté de ces ouvrages, ils en
« remplirent Rome en les vendant fort clif r. Le nom de Nocrocorinlhia était
« particulièrement donné aux vases de terre cuite. Ils furent d'abord estimés
« et mis au même rang que ceux de bronze, fabriqués dans la même ville;
« mais on cessa dans la suite de les rechercher, non-seulement parce qu'ils
« étaient épuisés, mais parce que la plupart de ce qui en restait n'étaient pas
'< d'un travail aussi parfait que les premiers. >> Strab. VIII, p. 381; ou
261, tr. fr.
Page 35S. Sur la matière des vases Murrhins. On a longuement disserté
pour connaître la matière des vases Murrhins; mais il n'y a guère que deux
opinions qui aient vraiment partagé les savants : ce sont celles d'après les-
quelles ces vases auraient été ou de la porcelaine de la Chine, ou une sorte
d'agate. Winckelmanu prétend que c'était une agate semblable à celle appe-
lée sardomjx, pai'ce qu'elle contient beaucoup de sardoine. Cette dernière
opinion a prévalu, et il paraît constant que la matière des vases Murrhins ap-
partenait au genre des onyx. [Voy. Mém. de l'Acad. des Inscriptions, t. XLIII,
page 217 et suiv.)
Page 356. Sur l'aversion des Romains pour le commerce. On ne voit jamais
dans les auteurs anciens un seul personnage honorable, dans le sens des Ro-
mains, cité pour ses richesses acquises dans le commerce, ou autres spécula-
tions industrielles. Plutarque parle bien des spéculations deCrassus sur les mai-
sons incendiées ; mais ce fait est peut-être unique d'un citoyen cité pour
s'être enrichi ailleurs qu'à la guerre ou dans les gouvernements de provinces.
Le préjugé contre le commerce, et surtout le petit commerce, ne s'effaça ja-
mais : Constantin assimilait aux professions infâmes l'état des marchands en
boutique. {Cod. de repud. etjudicio de morib. sublalo.Y, tit. xxvii.)
LETTRE XVI.
Page 369. Sur Rome vue diUtuut du Janicule. Les personnes qui ont visité
la ville éternelle reconnaîtront facilement que notre description est la vue dont
NOTES.— LRTTRF. XX. U)7
on jouit du pied de la Itelle fontaine l'aollua. (le itauorani;! ot indiqué dans
Martial (IV, 64); je n'ai eu (\uo. ma mémoire à consulter pour le coniplélei'.
loi/, aussi sur ce sujet une petite Ijrocluire de Pierre Visconli, intitulée :
Aperçu sur l'orUjine et les antiquités de Rome , pour servir d'indication au
Panorama de la tour du Capilole. Rome, 1826, in-12.
LETTRE XVII.
Page 375. Sur le droit de vie et de mort des pères sur leurs enfants. Ce
droit tomba en désuétude ou fut aboli sous les empereurs. On n'a rien de cer-
tain sur l'époque de son annulation de fait; néanmoins l'anecdote rapportée
par Sénèque {de Clément., I, 15) d'un père jugeant son fds, prouve qu'il était
encore en vigueur du temps d'Auguste.
LETTRE XIX.
Page 400. Sur la situation dit teinple de Mars Gradivus. Voici les deux vers
d'Ovide {Fast. VI, v. 191, 192) où cette position est donnée.
Lux eadem Marti fesia est ; quem piospicit extra
Adposilum leclœ porta Capena vise.
Bien que toutes les éditions portent tectœ au second vers, il est certain qu'il
faut lire dextrœ; cette correction est justiflée par l'examen des lieux et par
l'opinion des antiquaires que nous citons en note. Voy. aussi G. Fea, Pro-
dromo di nuove osservazioni e scoperte fate nelle antickità di Roma.^ etc.
p. 32,10-8°. Roma, 1816.
LETTRE XX.
Page 405. Sur les attributions du Préfet de la ville. On trouve dans Ulpien
{Digest. I, fit. 12, leg. 1, § 1 1) et dans Ammien-Mareellin (XXVIII, 4) que le
Préfet de la ville veillait à l'approvisionnement des marchés, et qu'il inspectait
les tavernes et les bains ; mais je crois que ces attributions , qui furent d'a-
bord celles des Édiles, ne passèrent au Préfet que beaucoup plus tard, car Ul-
pien et Ammien nous en parlent comme de choses de leur temps.
Page 406. Sur le partage des attributions des Ediles. La loi rapportée par
Mazzocchi ne parle du partage de la ville entre les Édiles que pour l'entretien
des rues ; mais ce partage devait embrasser aussi les autres attributions, afin
d'éviter des conflits d'autorité.
Page 406. Sur l'étalon des poids publics. On trouve dans Montfaucon
{Antiq. expl., t. III, pi. 93) un poids antique avec cette inscription : Templo
Opis Aug. — La phrase suivante de J. Capitolin {Maxim, duor. 4) : « Bibisse
in die vini capitolinam amphoram » , indique que les mesures de capacité se
conservaient au Capitole. Les deux vers suivants, attribués par Priscien {de
ponderibus et mensuris) à Rhemnius Palémon, en sont une nouvelle preuve :
Amphora fit cubus, quem, ne violare iiceret,
Sacravere Jovi Taipeio in monte Quiiiles.
Evrard Otto (de J^dil. colon., c. x, p. 350) nous apprend que les mesures
de longueur étaient gardées au temple de Junon-Moneta.
Page 407. Sur l'exhaussement du sol par les décombres. Frontin, parlant du
niveau des collines de Rome, dit: « Nam et colles si sint, propter frequentiam
incendiorum excreverunt rudere » {de Aqucpd., 18). Cette phrase prouve que,
juème du temps de Trajan, beaucoup de mes n'étaient point pavées, et qm-,
I. .32
4Ô8 ROME AU SIÈCLE D'AUGUSTE.
dans la Rome moderne, les exhaussements du sol par les ruines, qui uni tant
changé l'aspect géologique de la ville, sont une sorte de tradition (le l'antique.
Page 407. Sur l'ohligutian des hnhildnls des (nuloiinja (Venir elcn'.r lu voie
publique. La loi dit : " Qu;e vise in urhe Ronia propiusve urhem Romani passus
mille. » — l'rbs lionin, c'est la ville, ceinte de murs; les habitations à moins
d'un mille désignent les faubourgs.
Pagk 4 09. Sur l'inlerdiciion de Ut drndation des clmrs dans Home. J. Cé-
sar ayant iiilerdil les voilures aux femmes dans la ville (Slet., C(P.<i 43), on doit
conclure de là qu'on se servait généralement de voilures pour le transport des
individus, et que la vieille loi de la république était tombée en désuétude pour
ce genre de voilures. Les embarras de chariots dont parle Horace (l, sol. 6,
V. 42; — II, Ep. 2, v. 72), ainsi que ceux dont se plaint Juvénal(saf. 3, v. 2o5)
peuvent s'entendre des chars rtiilorisès à clrruhr pendant le jour. Il devait y
en avoir beaucoup du temps d'Horace, époque où Ion éleva tant de monuments
publics, où tant de lem|»l('s furent bâtis ou restaurés. L'édit d'.Adrien (Spar-
TiAN. Hitdr. 22) qui délendil d'enirerdans Romeavec de grands fardi'aux, cum
ingenlibus surciiits, prouverait tout au plus qu'alors la loi était violée.
Page 410. Sur le nomlr-j des Procura leur a de chaque qunrliir. On trouve
dans P. Victor une dérogation au nombre quartenaire pour les régions III, IV
et XIII; mais ces différences sont évidemment des erreurs de copiste. Nous
ajouteron-i que la division de Rome, telle que nous venons de l'exposer, ne
fut faite que l'an 747.
Page 413. Sur lu peine de Bnutnnnade appliquée aux citoyens. Le juriscon-
sulte Marcellus {D'Çjeal. III, lit. 2, leg. 22) nous apprend que la condamnation
aux coups de bâton n'emportait point infamie, mais la cause seulement qui
avait donné lieu à cette condamnation , si elle était de nature iufanumte.
LETTRE XXI.
Page 415. Nombre deii peuples de l'Elrurie et du Lntium. L'Élrurie com-
posait douze peuples qui furent soumis par Tarquin-l'Ancien ( Titk-Live, 1,8;
Flor., I, 5). Pline ( III, 5) disait que de son lemps il avait disparu de l'an-
cien Lalium cinquanle-lrois peuples dont il ne restait plus aucun vestige.
Page 417. Sur la loi qui fixail à vingt ans de durée la possession d'une
terre dans les colonies avant de pouvoir la vendre. Je ne suis pas certain que
la loi dont je parle ici remontât aux premières années de Rome, car Appien
{de fiell. civ., III, p. 856), auquel j'emprunte ce fait, dit que Cassius et M. Bru-
lus, pour se concilier les vétérans de César, leur [Permirent de vendre leurslots
dans les colonies au mépris de la loi, qui exigeait préalablement une posses-
sion de vingt années. Il pourrait se faire qu'Appien ne parlai dans cet endroit
que d'une disposition de la loi /«//a; mais il serait aussi très-possible que
cette disposition existât dans les premières lois sur la fondation des colonies,
et qu'on la reproduisît dans toutes les lois sur la même matière.
Page 421. Sur le nombre des Tribus romaines. Je me range à l'avis du
savant M. Gœltling, qui prouve que jamais les Romains ne dépassèrent le
nombre de trente-cinq Iribus, malgré l'admission des peuples Italiens à la cité
Romaine. C'est donc à tort qu'Appien (de Bell, civ., I,p. 6il) dit qu'on créa
de nouvelles Iribus pour les recevoir. Vov. Niebihr , Hist. Rom., trad.fr.,
de M. deGolbéry, t. VII, p. 265, in-8», Paris, 1840.
Page 422. Sur le vote des Décurions coloniaux pour l'élection des magistrats
NOTES. — LETTRE XXIÎ. 499
de Rome. Voici le texte de Suétone sur le règlenionl d'Auguste : « Etiam jure
ac dignatione Urbi quodaiii modo pro parte allcjua adspquavit : excogilato
génère suHragiorum, quae de niagistratibus Urbicis decuriones coionici, in
sua quis(iue colonia ferrent, et sub dioni coniitioruni ol)signata Roniam niilte-
rent. » Bien que ce passage paraisse assez l'oiniel, cependant des commenta-
teurs voudraient qu'il s'agît ici de votes portés par tous les colons, et trans-
mis à Rome par les décurions. S'il y avait vraiment doute, il me semble que
ce que fit plus tard Tibère en transportant les comices de Rome dans le sénat
[voy. t. 11, Lettre XXVI, à la fin) devrait le dissiper. Tibère aura appliqué à
Rome ce qui existait déjà pour l'Italie, les décurions étant les sénateurs colo-
niaux. '
LETTRE XXII.
Page 423. Sur les Tavernes adossées aux temples. Nous avons fait voir,
d'après notre Plan de Rome, qu'il n'existait pas de tavernes du côté du templ©
de Castor; cependant l'indication de Scuèque étant positive, nous concluons
que ce ne pouvait être que des tavernes en planches, des échoppes adossées
aux édifices, comme celles dont parle Pline : « Tiberio principe, ex fœtu supra
Castorum sedem genito puUus, in oppositam sutrinam devoiavit. » ( X, 43.)
Page 425. Sur les lieux du trafic des Esclaves. On ne trouve dans aucun
auteur qu'il y eut à Rome un marché aux esclaves ; Sénèque nous apprend
qu'ils se vendaient dans des tavernes privées : « Aliquis ex liis qui ad Castoris
negotiantur, nequam mancipia ementes vendentesque, quorum labernae pessi-
morum servorum turba refertœ sunt. » {de Const. sapieiU., 13.)
Page 425. Sur la moralité des Maquignons. Je cite Piaule à l'appui de mon
opinion ; je dois néanmoins déclarer que le passage de Piaule s'applique aux
lenones ( prostituteurs ) ; mais il est évident que cette race et celle des maqui-
gnons éiSik la même. Voy. plus bas, p. 427, l'anecdote de Thoranius comme
preuve de l'immoralité des maquignons.
Page 429. Sur la multitude des Esclaves des Romains. Je ne parle dans mes
énoncialions ni des dix mille, ni des vingt mille esclaves attribués par Athé-
née (VI, p. 272) à certains citoyens Romains; M. Letronue, dans son Mé-
moire sur la population de l'Altique ( Académ. des Inscript., nouvelle série,
t. VI ), a fort bien démontré l'absurde exagération de ce fait.
Page 430. Sur la nourriture des Esclaves. Je prouverai ailleurs ( Lettre
LXXXI) que ni la viande, ni le vin n'entraient dans la nourriture des es-
claves. En parlant de là , il est facile de tirer la conclusion qu'Horace ( II,
S. 2, V. 17, 18) désigne la nourriture des esclaves quand il dit d'un gour-
mand que s'il attendait la faim, la plus vile nourriture le rassasierait avec dé-
lices :
Cum sale patiis
Lalranlem slomaclium leniet....
Page 430. Sur la ration mensuelle des Esclaves. Donat (in Terent. Vhorm.y
I, V. 1 0 ) réduit cette ration à quatre modii : « Servi quateruos modios acci-
piebant frumenli in mensem, et id (it'mensum dicebatur. » J'ai préféré l'auto-
rité de Sénèque, comme étant plus vraisemblable. Pour la chose en elle-même,
voy. les notes de la Lettre LXXXI.
Page 436. Sur le Bourreau des esclaves. « Jamais Gracchus n'aurait intro-
<i duit le bourreau dans l'assemblée de ses concitoyens, lorsque les lois censo-
« riales ( de M. Caton ) interdisent au bourreau non-seulement l'entrée d©
ROO ROME AU SIKCLE D'AUGUSTE.
'i Rome, mais Ifi jour cl r.iir que Ton rospiic on ers lioiix. cl le scjoiir do
« Home. » Cic. pro lUibirin, '■'}. Il csl ln's-|>n)li;ililc (ju'il s':if^it ici du houiToaii
(les esclaves, car ou exécutail les citoyoïis dans la vdle, connue nous le verrons
ailleurs, Lettre XL.
Pagk 438. Sur la Murène. Ce poisson a conservé son nom anfKjue : c'est la
murœnn hclcna de Linnée. La murène esl une sorte d'anguille qui mesure
communément 1 mètre de loni,'ucur, et quelquefois atteint jusqu'à 1 mètre 30 et
1 mclre 60. Elle est pourvue de dents très-aiguës. Le fond de sa couleur est
jaunâtre marbré de brun. Elle abonde encore aujourd'hui dans la Méditerra-
née, surtout sur les côtes de la Sardaigne.
LETTRE XXIV.
Page 458. Sur l'abolition de la recherche cum lance et licio. La loi qui
abolit ce mode de recherche est la loi JEbutia, sur laquelle on ne sait rien de
bien certain ; on croit qu'elle fut portée l'an 610 par les tribuns du peuple C.
et T. iEbulius. La coutume qu'elle a abolie n'a jamais été bien connue non plus,
et la formule même de désignation, ciim Lance et Licio, a fort exercé la saga-
cité des archéologues, et formé un grand sujet de discussion parmi eux. Sui-
vant les uns, elle vient de ce que les voleurs qui s'introduisaient dans une
maison prenaient ordinairement la précaution de porter avec eux un cordon,
Licium, dont ils se servaient pour lier ensemble les effets qu'ils dérobaient, et
un bassin, Lanx, qu'ils mettaient devant leur visage pour n'être point re-
connus.
D'autres, disant que le Lanx était un bassin sur lequel les ministres des
dieux portaient aux autels les choses préparées pour les sacrifices, et où ils
déposaient les petites pièces de monnaie qu'ils avaient été quêter de porte en
porte, soutiennent que les furta per Lancem et Licium concepta, n'étaient
autre chose que les larcins commis par des imposteurs qui, se couvrant du
manteau de la religion, et ceints d'une écharpe, Licium, comme s'ils étaient
prêtres, allaient de porte en porte faire la quête avec un bassin, Lanx, sous
{(rétexte de subvenir aux frais des sacriûces, et volaient tout ce qu'ils recueil-
aient à l'aide de cette imposture.
Par respect pour la patience du lecteur, je ne rapporterai pas toutes les
autres interprétations singulières ou bizarres données par les commentateurs ;
je dirai seulement que ces interprétations sont au nombre de neuf, produites,
adoptées ou commentées par quinze ou seize savants et archéologues. Les
personnes qui seraient curieuses de les lire, les trouveront réunies et réfutées
presque toutes dans Bouchaud, Commentaire sur la loi des XII Tables, t. I,
p. 368, 2 in-4", Paris, an xi.
LETTRE XX Y.
Page 468. Sur les objets d'art placés sur l'Area du Capitale. On sait, d'une
manière certaine qu'il y avait beaucoup de statues sur Varea du temple de Ju-
piter Capitolin ; mais la plupart du temps les auteurs qui parlent des statues et
des objets d'art placés dans cette enceinte sacrée, se servent du terme in
Capitoiio, vague pour nous, mais très-intelligible pour les Romains, qui à l'in-
star de ce qui se pratiquait en Grèce, dont ils imitèrent tant de choses, assimi-
lèrent Yarea de leur Capitole à l'enceinte du temple de Delphes, qui était
remplie de statues, de chars, de boucliers, etc. Voy. Barthéi.f.mv, \'oyagp du
jeune Anacharsis en Grèce, c. XXll.
NOTKS.— LKTilU: \\V. 501
lVu;i-; i69. Sur les Irophres (ipjwiulKs au Capitole. Siliiis Italiens, que j<;
lilc, dit seulement que ces trophées décorent réflifice oii s'.'issemhle le Sénat;
il ne nomme pas le Capitole, mais il décrit ce ([ui existait à Home dans la plu-
part des temples. Celui de Jupiter-Capitolin avait de semblables décorations;
je le dis dans l'alinéa suivant.
Page 470. Sur la dorure du toit du Capitule. Pline (loc. cit.) dit : « Onum sua
;etas varia de Catulo existiinaverit, quod tegulas '<ereas Capitolii inaurassel
priinus. « Je crois qu'il faut traduire iwturai'c par orner d'or, et non pas do-
rt'/', qui signifierait doré en plein. Cicéron ('/(/ Herem IV, 47) parlant de la palla.
espèce de toge, brochée ou brodée d'or, dit : « Palla inaurata indutiis. » Si
Pline avait voulu exprimer l'idée d'une dorure en plein, il me semble qu'il
aurait employé de préférence le mot aurore.
Au surplus, il n'est pas vraisemblable (jue le toit du Capitole ait été doré
en plein, parce qu'il était dans les habitudes des anciens d'employer l'or en
figures d'ornements, et même avec une certaine parcimonie, plutôt qu'en
fonds plats. On faisait pour les tuiles en terre cuite, ou en marbre, un grand
usage des arts du dessin (voy. le bel ouvrage de M. Hittorif sur les monu-
ments de la Sicile) . On conserve au musée de Catane une tuile en terre cuite,
provenant d'un temple de Syracuse, et dont la face extérieure est décorée
d'une suite d'enroulements eu blanc et en noir émaillé, relevés à leur centre
par de petites rosaces dorées. Ce système de dorure était sans doute celui du
Capitole.
J'avais pensé un instant pouvoir évaluer par analogie le prix de la dorure
commandée par Catulus, en me servant d'un passage de Plutarque, dans la vie
de Publicola (n" IS, édit. Reiske), où il dit (jue la dorure du Capitole rebâti
par Domitien coûta 12,000 talents, qui équivalent à 62,239,860 fr. ; mais je
ne tardai pas à reconnaître que cette évaluation était exagérée jusqu'à l'im-
possibilité, et qu'eu réalité la dorure du Capitole ne peut pas avoir coûté
seulement la 140" partie de cette somme. Le Capitole avait environ 39 mè-
tres sur 36; on peut évaluer la surface du toit à 3,300 mètres ; en supposant
à peu près le double de cette superficie pour les plafonds, parce qu'ils étaient
en caissons, l'on arriverait à peine à 10,000 mètres carrés.
Les procédés de dorure des anciens, décrits par Pline, étaient les mêmes que
les nôtres, un mordant sur lequel on appliquait la feuille d'or, et quelquefois
le mercure. Aujourd'hui une dorure de ce genre, bien exécutée, en or fin,
revient au pins à 100 ou 123 fr. le mètre carré. En supposant que les anciens
dorassent plus épais, et que leur prix de revient s'élevât à 130 fr., ou même
à 200 fr., on n'arriverait pour le Capitole, qu'à une somme de 1 million à
1200,000 fr., parce que la dorure n'étant pas l'aile en plein, il faut réduire au
moins d'un tiers, et peut-être de moitié, les surfaces évaluées ci-dessus. Le
texte de Plutarque est donc complètement altéré dans cet endroit, et ne peut
fournir aucun renseignement utile ou raisonnable.
Page 473. Sur la statue de Jiipiter-lmperator, et sa place. Il fallait bien cpie
cette statue eût échappé à l'incendie du Capitole, ou qu'elle eût été refaite,
puisque Pline-le-Jeune en parle comme existant encore de son temps. Le
passage de cet auteur, rapproché de celui de Tite-Live, fixe la place de cette
statue au fond de la nef centrale, puisqu'on la voyait de la porte.
Le véritable surnom de ce Jupiter dont il n'existait que trois statues dans le
monde, était Jupiter ouîcî,- c'est-à-dire le dispensateur d^.s vents fitv(>r:!btes :
l'un était dans un temple bâti à l'endroit le plus étroit du Bosphore de Thrace,
l'autre à Syracuse, et le troisième à Rome. On conjecture que Flaminius, sans
avoir égard au surnom grec, voulant r.ipporter à la protection des dieux les
502 ROME AU SIÈCLE D AUGUSTE.
succès qu'il avaiteusen Macédoine, consacra sous le nom de Jupiter Imperator
cette statue, l'un des trophées de sa victoire. Voy. Académ. des [nacript. l. VI,
p. 566, anc. série, un méni. de l'abbé Fraguier sur lu yalcrie de Verres.
Page 474. Sur ht parenté de Tarquin-le-Superbe avec Tarquin-l' Ancien.
Tite-Live et Cicéron disent que le second Tarquin était fils du premier; mais
je suis l'opinion de Pison, rapportée par Denys d'Halicarnasse, qui fait Tar-
quin-le-Superbe petit-fds de l'Ancien, parce que c'est la seule vraisemblable.
Voy. aussi sur ce sujet Beaufort, Disnerlalion .si/r l'inceriilnde des cinq premiers
siècles de l'Histoire Ronutine, i"^" part., cbap. XI, et 2" part.,cliap. V.
Page 475. Sur l'origine dnnnm de Capitole. Arnobe nous apprend que la
tête trouvée en creusant les fondations du Capitole était celle d'un certain
Tolus de Vulcia, lequel, mis hors la loi, avait été tué par les esclaves de son
frère. Sa tète ne pouvant être inhumée sous le ciel de sa patrie, le fut au delà
du Tibre, sur le territoire Romain. {Advers. gentcs.)
Un antiquaire moderne, M. Orioli, partant du fait fourni par Arnobe,
a découvert que ce Tolus, dont le nom s'écrivait Tliulu ou Thiil en Étrusque,
appartenait à la famille Thuilius, originaire de Vulcia, en Étrurie, et qui régna
à Veïes. Tolus tenta d'usnper la souveraineté à Vulcia , sa tète fut mise à prix,
et coupée par les esclaves de son frère. On inscrivit son nom sur son front,
suivant l'usage des Etrusques, et on l'exposa. D'après la conjecture de
M. Orioli, Servius Tu'lius serait fils de Tolus, et ce roi aurait rendu secrète-
ment les honneurs funèbresaux restes de son père, sur le mont Saturnien. Il ne
faut pas prendre h la lettre le dire des historiens latins, que la tète trouvée en
creusant les fondations du temple de Jupiter était fraîchement coupée ; il faut
admettre seulement qu'elle était bien conservée, ce qui d'ailleurs n'a rien
d'invraisemblable en rélléchissant que Tarquin-le-Superbe succéda immédiate-
ment à Servius. Le lecteur comprendra facilement pourquoi je n'ai pas fait
usage de celte conjecture qui réunit tous les caractères de la vérité; j'ai dû
suivre l'opinion répandue à Rome, celle des historiens, qui probablement n'en
savaient pas sur ce point aussi long que M. Orioli. L'ouvrage de ce savant est
intitulé : Conçjhielliire .fopra t'diiliva lerjtjenda del capo trovato nclle fonda-
menla dil Cainpidoglio. Roma, 1832.
Page 476. Sur les subslruclions du Capitole. Le grand mur du Tabuhrium,
sur lequel est la partie postérieure du Palais du Sénateur, vers le Campo
Vaccino, est un veste de ces subiruclions II est en pierre de taille de péperin
(pierre d'Albe) de I mète 16 de longueur sur 56 à 60 centimètres <le hauteur.
Ces pierres sont posées sans ciment, et d'un appareil si parfait, qu'à une très-
petite distance on distingue à peine les assises. Ce mur a encore io ou 16 mè-
tres de hauteur. Voy. aussi sur les subslruclions du côté occidental, Descrip-
tion de Rome, n» 60, § IV et V.
EXPLICATION RAISONNÉE
DES PLANCHES DU TOME I,
avfic l'indication des Lcllrcs auxquelles elles se rapportenl.
Fleuron du titre de l'ouvrage. — Médailles d'Aurjusle et de Tibère. Elles
reproduisent la ressemltlance exacte de ces deux Empereurs. La couronne
radiée qui orne la tête d'Auguste est le signe de son apolhéose, rappelé d'ail-
leurs parle mot divus de la légende. Jupiter, Apollon, et d'autres grands dieux
étaient souvent représentés avec une semblable couronne. Les Empereurs
vivants portaient la couronne de laurier.
Ouvrages principaux où l'on trouve ces deux médailles : Augnale : dans le
Thésaurus MoreUùiniis, Numismata XII priorum imperat. Romanorum, t. I,
p. 173, Auiiusl. tab. VIII, n'*267, 268; et dans le Trésor de nitmismatique,
Iconographie romaine, AïKjiisk', pi. III, n" II.
Tibèrn : dans le Thésaurus Morcllianus, déjà cité, t. I, p. 543, tab. I, n° 19;
et dans le Trésor de numismatique, également déjà cité, pi. 10, n°^ Il et 16.
PLANCHE I.
(Doit servir pour loul l'ouvrage.)
Plan de Rome aux ÉpogrEs d'Aucuste et de Tibère. — Voyez la Description
de Borne au commencement du volume, et VAvunl-i^ropus qui la précède, page
XIII.
PLANCHE IL
(Lettre II.)
Site et murs de Rome. — Ce petit plan embrasse toute la circonférence de
Rome et des lieux adjacents. Il donne :
]" L'enceinte de murailles faite par Servius, enceinte qui ne fut point chan-
gée jusqu'au temps d'IIonorius ou d'Aurélien ;
2" Les sept collines de l'intérieur de la ville, et le Janicule ainsi que la col-
line des jardins, situés hors des murs;
3° La circonscription des XIV régions de la ville.
C'est comme un sup|)lément à notre grand Plan ])artiel, car on trouve ici
des localités que l'échelle du grand Plan a forcément jetées hors de son ca-
dre, et qui sont nommées dans le cours de nos Lettres, telles que Y Aijçjer de
Servius, le Champ Seslerlium, le Camp des Prétoriens, et toutes les Portes de
la ville.
Le site a été tracé particulièrement d'après la Carta. fisira d<l Suolo di
Roma, de G. Brocchi, dans son ouvrage intitulé : Dello slalo fisico del Suolo di
Roma, 1 vol. in-8, Roma, 1820 ; elles murs, d'après Bufalini, Planta di Roma;
r 1
:m KOML AU sifXLt: dauguste.
Biancliiiii, Délie porle e mura di Roma, iii-4», 1747; Danville, Mémoirea de l'A-
endémie des Inscriptions, t. 30; Nardini, Roimi andcn, éflit. Nibby. 4 iii-8,
Roma, \H\H;'So\\i, Naova lojxujrafid di Roma, 32 fciiillt-s in-fbiro, liorna,
1748; et Niljhy, Le Mura di Roma diseynate da sir iVilliam (Jell, 1 vol iii-8
fil,'. Roma, 1820.
Pour YAijger, qui existe encore, mais informe et ruiné, nous avons suivi les
conjectures de Carlo Promis dans l'ouvrac^e intitulé : Le antichila di Alba
Fueense negli K(pu\ \ vol. in-8", Roma I8.'5(), cap. vu, p. 188 et tav.
Relativement à la situation des Portes de la ville, elle est souvent discutée et
bien élablie par Nibby dans son ouvrage sur les Murs de Home, cité plus haut;
nous y renvoyons donc le lecteur.
PLANCHE III.
(Lettre III.)
Le Foblm romain. — La vue est prise du haut de la voie Sacrée, vis-à-vis du
(emple des Lares ( P/(f« de Rome,u° 2'2). Toutes les parties en sont justifiées
dans notre Description de Rome. La plupart des matériaux sont tirés de la
grande restauration du Forum romain faite par M. Léveil en '1836, et main-
tenant déposée dans les archives de l'Institut.
La lin de la lettre III, p. 233, 236, résume ce tableau; cependant pour en
faciliter au lecteur la comparaison avec le Plan, je vais donner une indication
avec le numéro de renvoi à ce Plan et à la Description de Rome.
Longue voie traversant tout le Forum et perpendiculaire au spectateur,
voie Sacrée (n" 35) ;
Sur la voie Sacrée, Arc de Fabius (n» 1 27) ;
Voie passant transversalement flerrière et au pied de l'Arc de Fabius, i^ic
Xeuve (n» 1 1l);
A droite, sur le devant du tableau, en deçà de la voie Neuve, Basilique
bpimia (n« 32);
A la suite, au delà de la voie Neuve, temple d' Ops-Consiva et Maison du
Roi des Sacrifices (n" 129);
Au-dessus immédiatement de la Maison du Roi des sacrifices, Ba&ilique Ar-
(jenlaria avec les Tavernes neuves devant (n" 130);
Après et joignant la Basilique Argentaria, Basilique ^Emilia (u" 131);
Ensuite, au pied du mont Capitolin, Prison publique (n° 82);
Derrière , Substructions du Capitole;
Au-dessus , Temple de la Foi (n» 76);
Plus haut, Enceinte de VArea et temple de Jupiter-Capitolin, et Statue co-
lossale de Jupiter (n"^ 79, 81);
Sur la gauche du tenqile de la Foi, Tabularium,^ par-dessus lequel on aper-
çoit le sommet du Bois de l'Asyte (n"^ 73, 72);
Au bas du Tabularium, à droite, temple de la Concorde sur le bord du C^j-
vus de l'Asyle (n"* 83, 56) ;
A gauche du temple de la Concorde, temple de Jupiter-Tonnant (n» 84);
Un peu en avant de ce temple, et de liane, temple de la Fortune (n" 86),
Après le temple de la Fortune, Arc de Tibère (n» 87) ;
A la suite de l'Arc, temple de Saturne, et Trésor public (n» 88);
Derrière, Escalier des Cent marches, Roche Tarpéienne, et Forteresse du
CapUolc (n°s 59, 64. 60);
Au-dessus des murs de la Forteresse, Statue colossale d'Apollon (n" 61) ;
A gauche du tableau, tout-à-fait en avant. Porte Romana (i\° 199) ;
Ensuite, temple et Atrium des Pénates publics, avec un petit Bois d'oliviers
(n» 1 9) ;
EXPLICATION DES PLANCHES. 50.)
Sur la (Iroilc de l'Alriuiii, A)-ca cl Tcm])\c rond Je Vakain, avt-c la Colonne
de Ludius, ol un Ci/près plus vieux que Rome (u" 1(S) ;
A gauche du Temple (le Vuleaiu, Lotos, aulrc arbre plus vieux <[ue Rome,
el Taiiplc do Roviulus, vu par derrière (n" i2-i) ;
Au-dessus du temple de Romulus, Grœcnstase (u" 124) ;
Dans le lointain, à gauche de la Roche Tarpéienne, Théâtre de Marcellus
(u»l44);
Centre du tableau : sur le devant : Sacrifice sur un petit autel portatif;
Derrière, presque au bord de la voie Neuve, Tribunal du Préteur {n° 128) ;
A gauche du Tribunal, Putéal de Libon (n" i28) ;
A gauche de l'Arc de Fabius, Statue équestre de Clélic, et Statue de Fa-
bius {n" \ 27) ;
Au-delà de la voie Neuve, à gauche de la voie Sacrée, Arcs de Janus supé-
rieur et de Janus inférieur (n»^ 138, 139) ;
Presque au pied du mont Capitoliu, et sur le petit axe du Forum, les Rostres,
avec VOmbilic de Rome sur leur angle droit (n" 85);
Voie transversale entre la Gnccostase et le temple de la Fortune, le Canal
(n« I 40) ;
A gauche du Canal, sur 1» gi-and axe du Forum, buisson appelé le Lac
Curtius (n" 141);
Statues diverses et Colonnes statuaires répandues çà et là.
J'ai choisi ce côté pour faire voir le Forum parce que là les grandes masses
du tableau sont parfaitenuMit authentiques, et qu'il reste des ruines des prin-
cipaux monuments qu'on aperçoit; ainsi le mont Capitolin et la roche Tar-
péienne peuvent être facilement retrouvés au milieu des constructions mo-
dernes qui les masquent et les défigurent actuellement ; tout l'étage inférieur du
Tabularium existe encore ; il reste des arrachements de murailles de touf^
l'enceinte du temple de la Concorde, et beaucoup de fragments de son archi-
tecture, retrouvés dans les fouilles, sont conservés au Musée Capitolin. Trois
colonnes du temple de Jupiter-Tonnant sont encore debout avec le soubasse-
ment de l'édiiice; dix d» temple de la Fortune; trois de laGrœcostase; et
la façade de la basilique /Emilia est occupée par celle de l'église de saint
Adrien.
Quant à la voie Sacrée, on en a retrouvé des restes au bas du mont Capi-
tolin, et devant le temple d' Antonin et Fauslinc, qui ne figure point sur notre
Plan, parce qu'il est postérieur à notre époque. Au pied de la Colonne de
Phocas, qu'on ne voit pas non plus ici par le même motif, on reconnaît en-
core le Canal, celte voie qui coupe le Forum transversalement.
PLANCHE IV.
(Lcllrelll.)
Imékikuu d'unk basilique. — L'artiste s'est attaché à reproduire la basilique
décrite par Yitruve, dont j'ai donné une description sommaire dajisla lettre III,
p. 227, à huiuelle celte planche se rapporte. Le spectateur est placé à l'en-
trée de la basilique, dans une espèce de vestibule couvert ipii précède les ga-
leiies. On reconnaît facilement les galeries latérales avec le nuir élevé qui
porte le second ordre d'architecture, et dérobe aux promeneurs du bas la
vue des promeneurs du haut.
Derrière les colonnes du fond, est l'abside, orné de niches avec des sta-
tues; là était le tribunal du Préleur.
La nef principale est ornée de statues lionorilitpies, curules el pédestres, el
50G ItOMK AU SIKCrJ-: D'AUGUSTE.
(1(> son plafond iicndcnl des rostres de vaisseaux, et des boucliers, trophées
de victoire.
11 y avait aussi dos entrées latérales pour faciliter la circulation. L'une de
ces entrées est indiquée vers le milieu de la galerie de droite, par un rayon
de lumière qui y pénètre du dehors.
PLANCHE V.
{ Lettre V. )
Le Champ-dk-Mars. — C'est encore d'après le grand Plan que cette vue à
été restaurée. Kilo est prise du bas de la Colline des Jardins.
Le spectateur a (levant lui, à ses pieds, la Maison funéraire des Césars
(Plan cl Description de Rome, no ]88), ensuite la voie Flaminia (n" 191)
bordée de tombeaux.
Inimédiatenicnt au-delà de cette voie, vis-à-vis de la Maison funéraire des
Césars, lenceinte circulaire plantée de peupliers, est le Bustiim pour les fu-
nérailles des empereurs (u" 187) ;
Après le Bustum, un peu sur la droite, on voit le Mausolée d'Auguste (n»
18."i) avec un Bois sacré derrière (n" 186);
Plus au fond, est VAmphiléûtre de Statilius Taurtts (n» 482) ;
Et vers l'horizon, on aperçoit le Tibre qui enveloppe le Cbamp-de-Mars.
La vue est bornée par le monl Vatican sur la droite, et sur la gauche par le
mont Janicide et sa Forteresse (n0 299).
En revenant sur le devant du tableau, tout-à-fait à gauche, on a les Sepla
Triqaria (n» 190);
Vis-à-vis, au-delà de la voie Flaminia, le Portique des Argonautes avec le
temple de Neptune (n» 179) ;
Puis le Panthéon (n» 180), et les Bains d' Agrippa derrière (n° 171);
Sur la droite du Panthéon, ou voit le temple et le Portique du bon Evéne-
ment (n» 181), et ensuite les Jardins d' Agrippa (n" 169).
Devant le Panthéon est V Autel de Mars (n" 1 93) ; et un peu au-dessous, le
Gnomon (n" 194).
PLANCHE VI.
(Lettre IX. )
La maison dk Mamcrra. — Ce plan est une espèce de mosaïque, composée
avec des fragments de maisons de Pompei, qui ressendilent tout-à-fait au peu
de maisons romaines que l'on trouve sur les restes du Plan antique de Rome,
conservé au Musée Capilolin, et gravé dans Bellori {konographia veteris
Romœ XX tabiilis coniprchensa, cum notis, etc. Romœ, 1764, in-folio).
J'ai pris mon cadre général dans le Palais de Scaurus, de Mazois (I vol.
in-8", 2*^ édit., Paris, 1822); Mazois s'est lui-même évidemment inspiré d'une
restauration conjecturée donnée par Palladio {Archiltctt., liv. Il, c. 4,
pi. XIX). Les changements que j'ai faits au Plan de Mazois sont justifiés dans
les notes sur la Lettre IX, p. 488. L'un dos plus importants, sous le rapport
de la vérité historique, et que je n'ai point discuté dans mes notes, est la sup-
|)ression do deux grandes pièces ou galeries, à droite et à gauche de la |)orlo
d'entrée, et que Mazois indi(]ue comme salles d'attente des visiteurs du rnatin.
De pareilles salles ne devaient point exister; les riches Romains méprisaient
trop leurs petits clients pour avoir l'allenlion de leur ménager de tels abris ;
et puis, comme c'était un honneur d'avoir une foule nondirouse à sa porte,
que l'on y mettait de l'amour-proprc, nécessairement des salles d'attente au-
raient fait perdre cette satisfaction de l'orgueil. Quand aux clients d'un rang
EXPLICATION DES PPANCIIES 507
|)liis relevi'", ils ne slalioiinaient point ainsi on plein air, et l'on verra dans la
Lettre X ([u'ils avaient leurs (,i'(ind('S on leurs jj('<//t'.s entrées.
Maintenant, en se rappelant rexit^uïlé des maisons de Pompci, peut-«*lre
deniandera-t-on si les riciies Romains avaient bien réellement des maisons
aussi grandes. Oui, répondrai-je, et loin de me paraître prublémaiitpie, cela
nie semble au contraire incontestal)Ie. Il ne faut pas plus jui^er de l'étendue
des maisons de Rome d'après celle des maisons de Pom|)ei, que l'on ne juge-
rait des hôtels de Paris, on de tonte autre i^rande capitale, d'après les maisons
d'une petite ville de province. Le prix énorme des belles demeures de Rome
(voy. Lettre Cil, t. IV); le prix et la proportion des colonnes de certains atria ;
ce que dit Ciccron de la splendeur obligée des maisons des citoyens impor-
tants {Ibid.) ; l'expression de Salluste (citée dans notre Lettre IX, p. 28o,
note 8) qui les compare à des villes ; les indications de Vitruve, et cent autres
que l'on trouvera répandues dans le cours de cet ouvrage, prouvent qu'à Rome
les maisons des riches étaient fort grandes. Je citerai encore conune dernier
témoignage les Bains d'Ayrippa {PUm de Rome, n" 171): ils furent bâtis
pour son usage particulier, et il ne les légua au peuple qu'à sa mort ; cepen-
dant, ils ne renferment aucun logement proprement dit, malgré leur immensité.
J'irai au-devant d'une objection qu'on pourrait me faire, c'est que la Mai-
son d'Auguste, sur le mont Palatin {Plan de Rome n" 223), et dont le plan est
parfaitement authentique, est près de moitié moins grande que ma Maison de
Mamurra : cette diftërence est encore un argument en ma faveur, car la Mai-
son d'Auguste était regardée comme une maison presque petite : Ncque laxi-
tate, ncque cullu conapicuis (œdibus), dit Suétone {Aucj. 72), en parlant de
cette maison. Auguste ne recevait pas, comme les citoyens de l'ancienne ré-
publique, de nombreuses réunions chez lui; ou, quand il lui fallait le faire,
il se servait du temple et dit Portique d'Apollon-Palalin^ contigus à sa maison
{Plan de Rome, n" 217).
PLANCHE VII.
(Lettre IX.)
Un Atritîm corinthien. — Tracé d'après les descriptions de Vitruve, et les
maisons de Pompei. On voit comment les portiques qui entouraient la cour
ou impluvium, communiquaient aux appartements disposés autour. La des-
cription de cette partie importante de la Maison romaine se trouve donnée
eu détail dans la Lettre pour laquelle cette vue a été restaurée, p. 276, 277
du volume.
PLANCHE VHI.
(Lettre XVIIl.)
Le PoRTiQi'E d'Octavie et la birliothèque octaviense. — La vue est prise
par une des arcades de l'étage supérieur du Portique de Minucius ( Plan et
Descript. de Rome, n" 14o), situé presque vis-à-vis du Portique d'Octavie.
On découvre presque en entier la grande enceinte carrée qui forme le Por-
tique même {Plan et Descript. de Rome, u" liiO), avec ses colonnes alternati-
vement en granit rose, et en marbre de carysle, ou phrygien (cipollino), tel
qu'il a été décrit à la page 380 de ce volume. Un peu vers la droite du tableau
s'élève le grand porche en colonnade formant l'entrée principale du Portique.
Au centre, sont les deux temples, à droite celui de Jupiter, à gauche, celui
de Junon.
Ces temples, les portiques et le porche d'entrée, sont couverts en tuiles de
marbre blanc.
508 KOMI^ AU SIÈCLE D'ALGUSTE.
Dcrriùrc les U-iiiplcs s'élèvo l:i liihliollirquc Oc lut i cane in" l.'il), soiis l;i-
quollc l'sl, dans l'axe loiigiludiual du l'orliiiue, un à jour (jui corrcs|»ond a l:i
larade de la Curie Octaricniie (n" I •">-), dont on apereoit un peu le laile, an-
dessus du loil d(! la BihlioUièciue.
Eu dehors du Poiiiciue, à droite, on voit le temple anliqiic d'Apollon
(n" 149) ; — un peu au-dessus, les petits temples de Diane et de Jiinoii-reine
(n*» 'l()4, l()o) ; et plus haut encore, au fond du tahleau, rextréuiité seplcu-
trionale ilu nionl Capitolin, avec le Temple de Jupiter (n» 81).
Au-delà de la Bihliothècjue, inmiédialenient derrière, apparaît la partie supé-
riuurc du Cirque Flaminius (n" 163), et à l'horizon, le inout Quirinal avec ses
ûdillces.
PLANCHE IX.
(Lettre XXV.)
L'Inïekmo.nt kt le temple de Jl'piter-Capitolin. — Cette vue est décrite daiij
la Lettre à laquelle elle se rapporte, p. iG6. Elle est prise du Las de V Escalier
à cordons qui monte à la Forteresse. {Plan et Description de Home, u» 70.)
Ordre de la vue :
A gauche, Colonne de Jupiter surmontée de la statue du dieu ;
Derrière, Bois de l'Asijle et Temple de ['éjovis;
Au fond. Colonne Rostrale d'/Emilius;
Devant le temple de Véjovis : Arc de Scipion et Fontaines jaillissantes, à
droite et à gauche de l'Arc (n° 73);
x\u fond du tableau, au point le plus élevé, Temple de Jupiter-CapUoUn sur
son Area, et entouré des murs qui fermaient cette enceinte (n"» 79 et SI).
A gauche du grand escalier à cordons qui conduit de l'intermont à l'Area
de ce temple, Temple de l'énus Erijcine (n» 77) ;
A droite du même escalier. Temple de la Foi {n° 76) ;
Dans l'angle droit du tableau, Portique de Scipion Nasica (n"74). — Pour
le détail des statues, voy. n° 70.
\S Intermont servant souvent de lieu de réunion pour les assemblées du
peuple, nous avons mis sur le mur latéral de l'escalier de l'Area du temple
de Jupiter un Album où l'on alYichait les lois. Les buissons d'arbres qui sont à
droite, vers la façade du tenq)le de la Foi, sont une conjecture ; mais les Ro-
mains respectaient la végétation partout où elle se inanilestait, et il devait y en
avoir sur le faîte des subslruclions du Capilole. Voy. Lettre XXXIII, t. II,
p. 124, sur le respect et le goût du peuple pour la végétation.
PLANCHE X.
(Lettre XXV.)
Intérieur du temple de Jupiter-Capitolin. — Tout est décrit et justifié dans
la lettre, p. 470, et suiv. La vue est prise sous le grand péristyle de la façade,
sur l'axe de la nef centrale, à travers la grande porte du temple.
Les nefs latérales sont indiquées par le jeu de la lumière, et par les portes
des temples de Junon, à droite, et de ^Minerve, à gauche.
Nous avons adopté pour cet intérieur deux ordres de colonues superposées,
disposition imitée du tenqde de Jui)iter-01ympien, d'Athènes, des temples de
Pœsluni, et de plusieurs autres tenqdes antiques.
FIN DU rO-ME PREMIEIl.
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