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RÉPERTOIRE
DIPLOMATIQUE
TOME DEUXIEME
nrixiKMK p\nTiF
■ii."^LEKiK :DLP:i..3::^Y.r:it^HMi-,
ibi?o ■ :. 10
Sirnuy
In;. Au^-13-.f :^r-, . - ^i
4^
RÉPERTOIRE
DIPLOMATIQUE
ANNALES
DU DROIT DES GENS
KT
DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
LE COMTE DE GARDEN
ARCIIN MINISTRE PLÊN IPOTBNTl A I R B
* Mais Toici rass«m))Iés tous les moniimeuts de la scieace da
DROIT D« L4 GDBRRE ET DE LA PAU : U Diplomaiîc va FCiiaitre par
ses œuvres mêmes.
« Depuis des siècles elle a fait parta^rer à renx qui se sont dis-
tingués dans cette carrière les hauts honneurs réservés en tout
pays aux personnages les plus éiniuents. Les noms des négociateurs
célèbres sont consignés dans l'histoire et dans les archives des
nations à côté de ceux qni les ont le plus illustrées.
« Les hommes qui ont défendu les intérêts des États par
rétendue, par la force, par la souplesse de lenr génie, s'assoient,
sans crainte du parallèle, ï côté de ceux qui leur ont prêté la
force de lenr bras: et leurs savantes combinaisons, pour avoir
moins d'éclat que l<>s brillantes ou les rapides expéditions des
guerriers, n'en ont pas obtenu moins d'honneur ou moins de
droits à l'admiration des hommes. »
TOMK SECOND
PARIS
J. CLAYE, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
7 RUE SAINT-BENOIT
1861
li'^ OSER
OF
OAfo/f£)
^11
Une des publications les plus importantes, la Revue de Législation et de
Jurisprudence , en caractérisant le système de notre premier travail, l'a nommé un
Cours de Politique expérimentale. Une pareille sanction nous oblige à continuer de
suivre ici la méthode que nous avons précédemment adoptée. En conséquence,
les prochains volumes du Répertoire diplomatique, indépendamment du texte revisé
de ï Histoire des Traités du XVIt siècle, contiendront des témoignages inédUê d*uii
haut intérêt, et qui viendront ainsi compléter notre Histoire générale des Traités.
En réunissant chaque jour les types variés de la Galerie diplomatique,
nous avons choisi pour point de départ l'œuvre capitale de Terhurg, parce qu'elle
représente, au moyen de 80 figures admirablement groupées et dessinées, l'épisode
le plus remarquable du Congrès de MUnster. On sait que le tableau original, cédé
d'abord au duc do Berry, par le prince do Talleyrand, pour six mille francs, est
devenu depuis la propriété du prince Demidoff de San Donato, au prix de quarante-
cinq mille francs : aujourd'hui cette somme serait facilement doublée. Quant à la
gravure de Suyderhœf, évidemment destinée à la mémo progression, elle est déjà
tellement rare qu'elle est hors de prix. La nôtre, qui en est la fidèle reproduction,
remplira donc un desideratum, car il n'est iwis de Diplomate qui ne tienne à classer
dans ses portefeuilles les trois grandes scènes historiques de la Paix de Mïinsler,
du Congrès de Vienne et du Congrès de Paris.
Après avoir désigné comme spécimens de la Galerie diplomatique les portrait»
des deux grands Ministres Hugues de Lionne et de Tore y, nous croyons nécessaire
d'ajouter au présent volume un autre modèle, sous une forme différente, et qui appar-
tient à la série des hommes d'État contemporains.
#
REPERTOIRE
DIPLOMATIQUE
PRINCIPALES DIVISIONS DE L'OUVRAGE
1
SYSTÈME POLITIQUE DE L'EUROPE.
ORIGINE ET FORMATION DES ÉTATS
MAISONS SOUVERAINES — DROITS ET PRÉTENTIONS DES COURONNES
GUERRES ET NÉGOCIATIONS
II
HISTOIRE DES TRAITÉS.
MANIFESTES, DÉCLARATIONS, MÉMOIRES, INSTRUCTIONS,
DÉPÊCHES, NOTES ET OFFICES,
PROTOCOLES DE CONFÉRENCES, RECEZ DE CONGRÈS
ET AUTRES ACTES PUBLICS
. CONCERBiANT
LES ALLIANCES, LA NEUTRALITÉ, LA GUERRE, LA PAIX, LE COMMERCE
LA NAVIGATION, LES DOUANES, LES POSTES,
LES LIMITES, LA JURIDICTION,
l'institution et LES PRÉROGATIVES CONSULAIRES,
LES PRIVILÈGES, FRANCHISES ET IMMUNITÉS DES AMBASSADEURS,
LE CÉRÉMONIAL ET L^ÉTIQUETTE DES COURS,
ET EN GÉNÉRAL
TOUTES LES RELATIONS POLITIQUES ENTRE LES ÉTATS SOUVERAINS DU GLOB
} DEPUIS LES TEMPS LES PLUS ÉLOIGNÉS JUSQU'a CE JOUR.
t;
m
LETTRES ET MÉMOIRES
DES PLUS CÉLÈBRES NÉGOCIATEURS.
IV
NOTICES HISTORIQUES ET PORTRAITS.
V
BIBLIOGRAPHIE.
HISTOIRE
TRAITÉS DE PAIX
ET ASTRES NÉGOCIATIONS DO XVII* SltCLE
ENTRE LES PUISSANCES DE L'EUROPE
LIVRE TROISIEME
DEUXIÈME PARTIE
TRAITÉS ENTRE LA MOSCOYIE ET LES AUTRES ÉTATS
DE L'EUROPE
CHAPITRE I
SUITE DES GRANDS-DUCS DE MOSCOVIE DEPUIS l'aNNÉE 1598
jusqu'à PRÉSENT
Pourmieux comprendre la suite et l'histoire des grands -ducs
de Moscovie qui ont régné depuis ce siècle, je prendrai à mon ordi-
naire les choses de plus haut.
Nous donnons présentement le nom de Moscovites aux peuples
qu'on nommait ci-devant Russes, et qui occupent le pays qui s'étend
d'orient en occident entre la Pologne et la grande Tartarie; et du sep-
tentrion au midi entre la mer de Moscovie et la petite Tartarie, la Géorgie
et la mer Caspienne. Ces peuples avaient autrefois douze princes ou ducs,
entre lesquels Volodimer (Vladimir r% dit le Grand), qui résidait à
n. 1
2 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Kiovv, ayant épousé, vers la fin du x^ siècle, une fille de Basile Porphy-
rogénète, empereur de Constantinople, embrassa la religion chrétienne
suivant le rite grec, et toute la nation suivit son exemple. Dans la suite,
un de ces ducs ayant obligé les onze autres à le reconnaître pour leur
souverain, il prit le titre de grand-duc de Russie et établit le siège de
son empire à Volodimer, d*où un de ses successeurs, nommé Jean, fils
de Daniel, le transféra, il y a environ trois cents ans, à la ville de
Moscou qu'il bâtit et de laquelle toute la nation a ensuite pris son nom.
Basile, petit-fils de Jean et fils de Démétrius, dépouilla, vers la fin
du xv^ siècle, les autres ducs des Russes de leurs États, et prit le pre-
mier le titre de grand-duc de toute la Russie : il secoua aussi le joug
des Tartares, qui avaient, depuis quelques siècles, usurpé le droit de
nommer les grands-ducs de Russie et de leur donner Pinvestiture de
leurs dignités.
Son fils, qui était aussi nommé Basile, conquit sur les Polonais
et sur les Lithuaniens le duché de Smolensk, et au lieu que ses pré-
décesseurs s'étaient contentés du titre de knez, qui signifie duc, il prit
le premier le nom de tzar, qui signifie roi ou empereur en langue
esclavone : il mourut en 1533.
Jean, son fils, se rendit maître des royaumes de Kazan et d'As-
trakhan, fit un traité de commerce avec la reine Elisabeth d'Angleterre,
et recommença la guerre contre les Livoniens avec qui son aïeul avait
fait une trêve de cinquante années. Ceux-ci s'étaient donnés aux rois
de Suède et de Pologne : ainsi cela lui attira la guerre contre ces
deux rois; il fit avant sa mort une trêve avec Etienne Bathori, roi de
Pologne, auquel il rendit tout ce qui lui restait dans celte province.
Théodore, son fils, lui succéda en 4584, et trois ans après il fut
un de ceux qui prétendirent à la couronne de Pologne après la mort
d'Etienne Bathori . 11 mourut en 1598 , le dernier de sa famille, son
jeune frère Démétrius ayant été tué peu auparavant par un fou en
pleine rue, à ce qu'on crut, par l'ordre de Boris Godounof, frère de
la femme de Théodore.
Boris se fit élire pour son successeur et régna quelque temps assez
paisiblement, jusqu'à ce qu'un moine moscovite, Olrépief, appuyé par
Sigismond, roi de Pologne, et parles jésuites auxquels il faisait espérer
LIVRE III. — CHAPITRE I. 3
de ramener la Moscovie à Tobéissance du pape, prétendit être ce même
Démétrius, qui avait été tué, et était fils du grand-duc Jean, et entra
à main armée dans la Moscovie.
Boris étant mort peu après presque subitement, en 1605, dans
la septième année de son règne, le faux Démétrius entra facilement
dans la ville de Moscou, et fut reconnu par tous les Moscovites pour
grand-duc et empereur : après quoi il envoya proposer à Sigismond
une ligue contre les Turcs, et demanda en mariage la fille du palatin
de Sandomir, qui l'avait assisté dans sa disgrâce, et auquel il avait
promis d'épousersa fille, s'il pouvait parvenir à son dessein : il l'épousa
et la fit couronner à Moscou; mais peu après les Moscovites, soit
qu'ils eussent découvert qu'il n'était point le vrai Démétrius, ou qu'ils
fussent indignés de ce qu'il témoignait plus d'amitié aux Polonais
qu'à ceux de sa nation, se révoltèrent contre lui, et l'ayanUfait mourir,
élurent en sa place Basile Ivanowilz Chouiski, qui avait été le pre-
mier auteur de la conspiration.
Basile envoya une ambassade vers Sigismond pour excuser ce
qui avait été fait, et le menacer de la guerre s'il en voulait témoigner
son ressentiment. Sigismond , alors embarrassé dans la guerre contre
son oncle Charles, ne parut point vouloir venger le sang des Polonais
qui avaient été tués à Moscou avec Démétrius : mais quand il eut con-
clu une trêve avec son oncle, il fit courir le bruit que le grand-duc
Démétrius s'était sauvé heureusement pendant la confusion , après
quoi il envoya en Moscovie, sous le nom de ce feint Démétrius, une
grande armée de Polonais qui attaquèrent la ville de Moscou. En
même temps Sigismond rompit la trêve avec la Moscovie, s'empara de
Smolensk, attira dans son parti plusieurs seigneurs moscovites qui ,
sous la promesse qu'il leur avait faite de faire élever son fils Vladislas
dans la religion grecque, élurent ce prince pour grand-duc et lui prê-
tèrent serment de fidélité comme à leur souverain. Enfin , il obligea
le grand-duc Basile à se démettre de sa dignité.
Vladislas jouit quelque temps assez paisiblement de cette dignité ;
mais Sigismond voulant ensuite s'assurer encore davantage de cet
empire sans faire changer son fils de religion, fit entrer ses troupes
dans la ville de Moscou, oii elles se saisirent du grand-duc Basile,
k HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
qu'elles emmenèrent en Pologne, et commirent tant de désordres dans
cette capitale de Tempire, que les Moscovites se révoltèrent contre les
Polonais, les chassèrent de Moscou, et élurent pour grand-duc, en
1613, Michel Fœdorowits, fils du patriarche de Rostow, qu'ils préten-
daient descendre de la race royale.
Michel fit la paix avec Gustave-Adolphe, et une trêve avec Sigis-
mond, et ensuite une paix fort désavantageuse avec son fils Vladislas ;
il fit aussi alliance avec les rois de France et d'Angleterre, et mourut
en 1645.
Alexis Mikhaïlowils, son fils et son successeur, après s'être tenu
longtemps en repos, s'engagea dans une guerre contre les Polonais,
les Suédois et les Turcs; la première lui réussit, et il la termina par
trois traités de trêve par lesquels il est demeuré en possession de
Smolensk et de la Sévérie ; il finit aussi la guerre avec les Suédois par
un traité de paix, mais il laissa son fils Théodore engagé dans celle
contre les Turcs.
Théodore Alexéïewîts a terminé la guerre contre les Turcs par
un traité de trêve qu'il a fait avec eux peu avant que de mourir. Les
grandes divisions qui sont arrivées dans cet empire après sa mort,
sont cause qu'il est gouverné présentement par deux grands-ducs,
nommés loann et Pierre, qui ont une égale autorité.
TITRES ET QUALITÉS DES GRANDS-DUCS DE MOSCOVIE
Les grands-ducs de Moscovie sont extrêmement jaloux de leurs
qualités; ainsi il est de conséquence de les bien savoir. Les voici telles
que je les ai vues dans la ratification du traité fait avec la Pologne en
1582, par Jean Basilowits et dans une lettre écrite par Michel Fœdo-
rowits aux états généraux peu après qu'il eut été élu grand-duc.
Ils se disent donc par la grâce de Dieu grands-ducs de toute la
la Russie, de Volodimer, Moscou et Novogorod; tzar de Kazan et
d'Astrakhan, seigneurs de Pleskow, grands-ducs de Smolensk, Twer,
Juhor, Perm, Wiatka et Bulgar; seigneurs et grands-ducs du pays de
Nisow, de Czermhow, Resan, Rostow, Jaroslaw, Biel,Livonie, Udor,
Obdor, Condim, Sibérie et de plusieurs autres provinces.
LIVRE III. — CHAPITRE II. 5
TZAR ET GRAND-DUC DE TOUTE LA RUSSIE
J ai déjà remarqué ci-devant le temps auquel ces princes ont
commencé de prendre le titre de tzar et celui de grand-duc de toute
la Russie.
Novogorod, Volodimer, Moscou. Il y a eu autrefois des ducs puis-
sants à Novogorod et à Volodimer : les grands-ducs de toute la Russie
ont eu leur résidence à Volodimer, jusqu'à la construction de Moscou.
Tzar de Kazan et d'Astrakhan. Le premier de ces royaumes est
situé sur le Volga, et celui d'Astrakhan à l'embouchure de ce même
fleuve.
Seigneur de Plescow. Cette province est située à l'orient de la
Livonie.
GRAND-DUC DE SMOLENSK
Cette grande province, autrement nommée le duché de Biele,
avait autrefois des ducs particuliers, et avait été ensuite unie au grand-
duché de Lithuanie. Basile s'en rendit maître au siècle passé ; Sigis-
mond, roi de Pologne, la reprit en 1613, et Vladislas y fit renoncer le
grand-duc Michel en J634; mais Alexis Mikhaïlowits la reconquit en
1654, et elle est depuis demeurée aux Moscovites par les derniers
traités de trêve. Les rois de Pologne s'en disent encore ducs.
Twer^ Juhor, Perm, Wiatka et Bulgar. Le premier de ces duchés
est situé entre Moscou et Novogorod ; celui de Juhor est situé sur la
mer septentrionale; ceux de Perm et de Wiatka au septentrion du
royaume de Kazan, et celui de Bulgar à l'orient du Volga entre Kazan
et Astrakhan.
Pays de Nisow. C'est le pays des cosaques sujets du grand-duc
qui demeurent sur les bords du Boristhène vers l'orient.
Czernihow est dans le duché deSévérie, au midi de celui deSmo-
lensk. Ce pays a suivi la même fortune que le duché de Smolensk.
Resany Rostow, Jaroslaw, Biel^ sont quatre provinces situées
autour de celle de Moscou.
Livonie. Pour connaître l'origine des prétentions des grands-ducs
6 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
de Moscovie sur cette province, il est nécessaire de marquer que la
province de Plescow, qui dépend de la Moscovie et qui est à l'orient de
de la Livonie, était autrefois remplie de forêts où les paysans de Livo-
nie avaient accoutumé d'avoir des ruches de mouches à miel , et
payaient pour cela une petite redevance par an aux seigneurs des
lieux. Ces bois ayant été abattus lorsque ce pays commença d'être
plus habité, les paysans de Livonie cessèrent d'y avoir des ruches, et
par conséquent de payer cette reconnaissance; néanmoins les grands-
ducs de Moscovie prirent ce texte pour soutenir que la Livonie dépendait
d'eux. Voilà la vraie origine des prétentions des grands-ducs sur cette
province.
UDOR, OBDOR, CONDIM ET SIBÉRIE
Ce sont quatre autres provinces de ce grand empire, entre les-
quelles Obdor et la Sibérie sont situées dans sa partie septentrionale
sur les confins de la grande Tarlarie. Je ne parlerai ici que des traités
que les grands-ducs ont faits avec les états généraux, les rois de
Pologne, et les grands seigneurs, après que j'aurai marqué les endroits
oii on trouvera les autres.
Traités entre la Moscovie et l' Angleterre. Voyez liv. I , rhap. ii.
Traites entre la Moscovie et le Danemark. Voyez liv. H, cliap. m.
Traités entre la Moscovie et la Suède. Voyez liv. UI, cliap. ii.
* Traités entre la France et la Moscovie. Voyez liv. IV, chap. v.
CHAPITRE II
TRAITÉS ENTRE LA MOSCOVIE ET LES ÉTATS GÉNÉRAUX
Il parait, par la lettre que le grand-duc Michel Fœdorowits écrivit
aux états généraux en Tan de la création du monde 7122 , suivant la
manière de supputer des Moscovites, que les états généraux des Pro-
vinces-Unies avaient passé des traités de commerce avec ses prédé-
cesseurs, les empereurs des Russes, qui avaient permis aux habitants
des Provinces-Unies de venir en Moscovie et d'y trafiquer librement.
LIVRE III. — CHAPITRE 111. 7
Traité entre Michel Fœdorowits et les États généraux,
pour renouvellement d'alliance.
Michel Fœdorowits, après son élévation à la dignité de grand-
duc de Moscovie, envoya vers Tempereur Matthias pour lui en donner
avis et se plaindre du roi Sigismond. Mais comme ses ambassadeurs
n'auraient pu passer en sûreté par la Pologne, il leur fit prendre leur
chemin par la Hollande, et écrivit par ce même moyen aux états géné-
raux pour offrir de faire alliance avec eux. Ses ambassadeurs revinrent
d'Allemagne par la Hollande ou les états généraux et le prince Maurice
leur donnèrent des lettres pour le grand-duc, qu'ils invitaient à renouveler
avec eux les anciennes alliances, avec assurance de lui donner secours
contre ses ennemis toutes les fois qu'il leur en demanderait . Ainsi , le grand-
duc en réponse leur permit de venir trafiquer librement dans ses États.
En conséquence de ces lettres patentes, qui ont la force de traité
en ces matières, les sujets des États ont trafiqué et trafiquent encore
en Moscovie.
CHAPITRE III
TRAITÉS ENTRE LA MOSCOVIE ET LA POLOGNE
II y a plus de cent cinquante ans que la Moscovie et la Pologne ont
des différends tant à cause des provinces dépendantes de la Pologne,
dont les Moscovites se sont saisis et que la Pologne a tenté à diverses
fois de recouvrer , qu'à cause que les rois de Pologne ont contesté aux
grands-ducs leur principauté même, et l'ont possédée durant quelque
temps. Ainsi, je traiterai cette matière avec exactitude, et je remonterai
au delà du temps que je me suis proposé, afin de mieux éclaircir des
faits absolument nécessaires à savoir pour l'intelligence de cette histoire.
I.
Traité de Kiverova-Horca entre Jean Basilowits et Etienne Bathori , pour une trêve
de dix années (1582).
Etienne Bathori, parvenu à la couronne de Pologne, en donna
avis à Jean Basilowits, grand-duc de Moscovie, et lui fit témoigner
8 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
qu'il ne tiendrait pas à lui qu'ils ne vécussent comme de bons voisins.
Jean, au lieu de répondre à cette civilité, déclara à ses ambassadeurs
qu'il entendait que leur maître lui abandonnât toute la Livonie, et dans
la lettre qu'il écrivit à Etienne sur ce sujet, il lui marqua qu'il descen-
dait en droite ligne d'un nommé Prussus, frère de Tempercur Auguste,
qui avait été souverain de la Prusse, ce qu'il prétendait lui donner un
droit incontestable sur celte province. L'invasion que les Moscovites
firent sur ces entrefaites en Livonie, obligea Etienne de leur déclarer la
guerre en 1579, dans laquelle il eut de l'avantage.
Grégoire XIII, animé du désir d'établir la paix entre ces princes,
dont il avait dessein d'unir les forces contre le Turc, comme la Mos-
covic le promettait, leur envoya le P. Possevin, jésuite auquel ils
avaient l'un et l'autre beaucoup de confiance. Possevin se conduisit
avec tant d'habileté, qu'il fit assembler leurs plénipotentiaires à
Kiverova-IIorca, sur les frontières de la Livonie et de la province
de Pleskow, où ils conclurent, le 15 janvier 1582, une trêve de dix
années.
Par ce traité, le grand-duc promit de rendre au roi de Pologne
Dorpat, Novogrodek et trente-deux autres places qu'il occupait encore
en Livonie, et de ne faire pendant ces dix années aucune invasion dans
les États du duc de Courtaude : à condition que le roi de Pologne ren-
drait au grand-duc Nevel et toutes les autres places qu'il avait prises
dans la province de Pleskow et ailleurs, excepté Wieliz et Polock
avec son territoire.
Ce traité fi^t juré et exécuté de bonne foi de part et d'autre,
cette trêve fut depuis continuée de temps en temps entre les succes-
seurs de ces princes jusqu'à ce qu'ils entrassent en guerre.
II.
Traité entre Vladislas, prince de Pologne, en qualité de grand-duc de Moscovie
et les États de Pologne, pour les limites des deux États ( 1018).
Michel Fœdorowits fut substitué à Vladislas, fils de Sigismond,
roi de Pologne ; ce prince chassé, pour engager les Polonais à l'as-
sister dans la conquête de la Moscovie, passa un traité avec eux
LIVRE III. — CHAPITRE 111. 9*
en 1618, avant Pâques, par lequel il leur promit qu'en cas qu'il vînt
à bout de son entreprise, il y aurait une amitié éternelle entre la Mos-
covie, la Pologne et la Lithuanie ; qu'il restituerait à la Lithuanie ce
qui en avait été séparé, savoir tout le duché de Smolensk, Starodoub
et plusieurs autres places ; et enfin qu'il renoncerait aux droits que
les grands-ducs de Moscovie prétendaient avoir sur la Livonie et sur
TEsthonie.
Ce traité n'eut aucun effet, et la Moscovie demeura toujours sous
la puissance du grand-duc Michel.
III.
Traité entre Michel Fœdorowits et Sigismond, pour une trêve de quatorze années
(1018).
Sigismond, hors d'espérance de pouvoir soumettre les Moscovites,
à qui le joug des Polonais était devenu très-odieux, occupé d'ailleurs
dans la guerre contre la Suède, conclut avec Michel Fœdorowits une
trêve de quatorze années, pendant laquelle on convint que chacun
demeurerait en possession de ce qu'il occupait alors.
IV.
Traité de paix de Polianova entre Michel Fœdorowits et Vladislas IV (lG3i).
Michel Fœdorowits, irrité de ce que Vladislas, fils de Sigismond,
élu nouvellement roi de Pologne, prenait parmi ses qualités celle de
grand-duc de Moscovie, envoya trois corps d'armée contre la Pologne.
Ces troupes, après avoir commis une infinité d'excès et de cruautés,
vinrent assiéger Smolensk; mais Vladislas accourut au secours de
cette ville, contraignit les Moscovites d'en lever le siège, tailla en
pièces une grande partie de leur armée, et après en avoir fait périr une
grande partie par la faim, contraignit le reste de se soumettre à des
conditions si honteuses pour avoir la liberté de se retirer, qu'il en
coûta la vie au général moscovite qui y avait donné son consentement.
Le grand-duc, effrayé des progrès de Vladislas, lui fit proposer
une paix perpétuelle entre les deux empires; Vladislas y donna les
10 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
mains, mais sans accorder aucune suspension d'armes : elle fut con-
clue en peu de jours auprès d'un fleuve nommé Polianova, aux
conditions que Vladislas voulut prescrire.
Par ce traité, Vladislas, pour lui et pour les siens, céda à Thos-
podar des Moscovites (titre que les Polonais donnent au grand-duc de
Moscovie, et le même qu'on donne aux princes de Valachie, de Mol-
davie et autres) tous les droits qu'il avait sur cette principauté.
D'autre part Thospodar des Moscovites céda au roi et à la république
de Pologne et au grand-duché de Lithuanie Smolensk et Novogrodek
avec leurs territoires; Dargahusa, Biela, Roslawa, Starodoba, Poczo-
pona, Trupierça, Nevel, Sibiesc, Knasnea, Muroniskioska et Popona-
gora avec leurs dépendances. II fut convenu que l'hospodar retran-
cherait de ses titres ceux qui regardaient les lieux qu'il cédait par ce
traité ; que le titre de tzar de toute la Russie ne s'étendrait point aux
provinces de Russie que le roi de Pologne possédait ; et que le titre de
prince de Russie, que le roi de Pologne prenait, ne s'étendrait point aux
provinces de Russie qui obéissaient aux Moscovites ; que l'hospodar
ne prétendrait plus aucun droit sur la Livonie, la Courlande et l'Es-
thonie ; et enfin que les deux princes n'assisteraient point leurs ennemis
particuliers.
Traité do Niémetz entre Alexis Mikhaîlowits et Jean Casimir, pour une tr^.ve
de douze années (1056).
Cette paix dura jusqu'en l'année 1654, queBogdan Chmielniçki,
général des cosaques révoltés contre la Pologne, se voyant abandonné
par les Tartares qu'il avait appelés à son secours, se mit sous la pro-
tection d'Alexis Mikhaîlowits, embrassa la religion des moscovites après
s'être fait rebaptiser à leur manière et leur remit Kiow, capitale de
l'Ukraine.
Dans ces circonstances, Alexis, qui savait d'ailleurs que le nou-
veau roi de Suède, Charles-Gustave, se disposait à faire l'année sui-
vante une invasion dans la Pologne, crut avoir trouvé l'occasion
favorable pour recouvrer les provinces que son père avait été obligé
de rendre à la Pologne. Il entra donc dans la Lithuanie avec de puis-
LIVRE III. — CHAPITRE III. 11
santés troupes, défit l'armée polonaise, et s'empara de plusieurs
places.
L'année suivante, en laquelle le roi de Suède se rendit maître de
presque toute la Pologne, le grand-duc prit encore Vilna, capitale de
la Lithuanie; cette ville fut abandonnée par le grand général Radziwil
qui s'était rangé du parti du roi de Suède. Ainsi, personne ne résistant
aux Moscovites, ils avancèrent jusque dans la haute Pologne, oii ils
prirent Lublin ; mais après que le tzar fut retourné à Moscou avec
presque toutes ses troupes, la plupart des Polonais et des Lithuaniens
revinrent, en l'année 1656, à l'obéissance de leur roi légitime.
Le grand-duc, jaloux avec raison des progrès étonnants du roi
de Suède, ne voulut point écouter l'ambassadeur que ce jeune monarque
lui. envoya pour négocier une alliance plus étroite avec lui. Dans ces
dispositions, Allegretti, ministre de l'empereur, n'eut pas de peine à
lui faire connaître à quel danger il serait lui-même exposé si le roi de
Suède devenait paisible possesseur de la Pologne ; il lui donna d'ail-
leurs de grandes espérances de voir élire son fils pour successeur du
roi Casimir, s'il tirait la Pologne de l'extrémité où elle était. Toutes
ces considérations le déterminèrent à tourner ses armes contre la
Suède; ses troupes prirent plusieurs places dans la Livonie, et pour
donner au roi de Pologne le moyen de chasser les Suédois, il fit avec
lui, le 12 octobre 1656, une trêve pour douze années, par laquelle
il fut arrêté que la province de Smolensk demeurerait au tzar, qui
promettait de son côté de rendre toutes les autres places qu'il avait
prises sur la Pologne ; qu'ils feraient conjointement la guerre aux
Suédois ; qu'en cas que les Moscovites pussent les chasser de toute la
Livonie, elle serait remise entre les mains du roi de Pologne pour la
tenir en fief de la Moscovie, et à la charge de quelque redevance ; et
enfin, que le roi rendrait aux cosaques leurs privilèges, pourvu qu'ils
combattissent contre les ennemis de la Pologne, ainsi qu'ils en
étaient convenus à Spask.
Ce traité, vu l'état où la Pologne était alors réduite, fut très-
avantageux à cette couronne.
12 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
VI.
TnâiA d'Audroussova entre les mêmes princes, pour une iK'vc d»? treize années
IW7..
Les Moscovites envoyèrent, en 1659, à la diète de Pologne, qui
se tenait à Varsovie, un ambassadeur qui, parlant au sénat, donna à
son maître le titre de duc de Lithuanie, et demanda qu'on assurât au
tzar la succession à la couronne de Pologne après la mort du roi Casi-
mir, déclarant la guerre si on n'accordait point à son maître ce qu'il
demandait. Les Polonais le refusèrent;, ils ne voulaient point avoir pour
maîtres les Moscovites, qu'ils regardaient comme des barbares qui
traitent leurs sujets comme des esclaves; ainsi la guerre recommença
entre les deux nations sans avoir égard au traité de trêve ; les Polonais
y eurent plusieurs avantages sur les Moscovites, et firent de grands
ravages dans les États du grand-duc, qui fut obligé de faire, le 30 jan-
vier 1667, à Androussova, près de Smolensk, un second traité de trêve
pour treize années. Ils convinrent que la Moscovie retiendrait Smo-
lensk et la Sévérie avec leurs territoires, et que la Pologne jouirait
pendant la trêve, du pays situé aux environs du Borystène et de la
Dvina; que les cosaques zaporaviens, qui demeuraient dans les îles
du Borystène, seraient sous la protection des deux princes, et prêts à
s'opposer aux Turcs pour le service de l'un et de l'autre ; que les
cosaques, qui habitaient au delà du Borystène, seraient sujets aux
Moscovites, et que ceux qui demeuraient en deçà de ce fleuve, reste-
raient sous l'obéissance du roi de Pologne ; que les catholiques et ceux
de la religion des Russes jouiraient réciproquement dans les pays cédés
par ce traité, de l'exercice de leur religion dans leurs maisons ; que
le tzar rendrait au roi de Pologne Kiovv avec ses dépendances dans
deux ans, au 15 avril 1669, auquel on s'assemblerait pour traiter
d'une paix perpétuelle.
Ce traité fut ratifié de part et d'autre; cependant les Moscovites,
sous divers prétextes, n'ont point encore restitué Kiow à la Pologne.
LIVRE III. — CHAPITRE III. 13
VII.
Traité de Radzyn entre Alexis Mikhailowits et Michel Wieçnovieçki, pour une trêve
de trente années (1670).
Michel Wieçnovieçki ayant été préféré par les Polonais au fils du
tzar, une des conditions que la diète de Pologne lui fit jurer après
son élection, fut qu'il ferait une paix perpétuelle avec les Moscovites;
mais les commissaires des deux princes ne purent convenir que d'une
trêve pour trente années. Par ce traité, du 17 mars 1670, ils confir-
mèrent celui d'Androussova, en sorte que Smolensk demeurerait aux
Moscovites, mais qu'ils restitueraient aux Polonais dans deux ans
Kiow. Le grand-duc fut deux années sans ratifier ce traité, parce qu'il
aurait voulu qu'on y eût fait quelque changement.
CHAPITRE IV
TRAITÉS ENTRE LES GRAMDS-DUGS DS MOSCOVIE ET LES GRANDS-SEIGNEURS
Comme les États du grand-duc de Moscovie et du grand-seigneur
étaient séparés par plusieurs provinces dépendantes de la Pologne et
de la Lithuanie, ces princes n'avaient rien eu à démêler ensemble ;
mais depuis quinze ou seize ans leurs frontières sont devenues plus
voisines, et les cosaques, dont quelques-uns se sont donnés aux Mos-
covites et d'autres aux Turcs, ont troublé leur tranquillité. Mais leurs
différends ont été terminés par le traité de 1682, qui est à. la vérité
postérieur au traité de Nimègue , mais que je ne puis omettre, parce
que c'est le seul que je sache avoir été fait entre les Moscovites et les
Turcs.
Traité entre Théodore Âlexieîewits et Mahomet IV, pour une trôre (1681).
Nous venons de voir qu'en 1654, Bogdan Chmielniçki, général
des cosaques, reconnut le grand-duc pour son souverain , et lui remit
la ville de Kiow; de plus, que par le traité d'Androussova, la Pologne
céda aux Moscovites tous les cosaques qui demeuraient au delà du
Borystène ou Dnieper.
U HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Il arriva en 1665 que le jeune Chmielniçki, aussi général des
cosaques en deçà de ce fleuve, abandonna sa dignité pour se faire
moine. Un nommé Tétera fut élu en sa place par les suffrages des
principaux chefs des cosaques, et prêta le serment de fidélité au roi
de Pologne. Cependant, un autre officier cosaque, nommé Dorozenko,
qu'un moindre nombre avait élu pour général , voulut se maintenir
dans cette dignité malgré la protection que le roi donnait à Tétera. Il
envoya à Constantinople et se mit sous la protection du grand-seigneur
Mahomet IV, sans demander d'autres conditions que l'exercice libre
de sa religion. Le grand-seigneur accepta sa proposition, lui envoya le
sabre, l'étendard et les autres marques de la dignité de général, et
écrivit au roi Casimir de ne plus vexer ces peuples qui s'étaient soumis
à lui. L'exemple de ces cosaques fut suivi par les autres qui étaient
sujets des Moscovites, et même par ceux qui demeuraient au delà du
Borystène, lesquels avaient été fort maltraités par les Moscovites en
l'année 1668. Mahomet demanda, en 1671, l'Ukraine au roi de
Pologne en vertu de cette soumission de Dorozenko, entra dans cette
province à main armée l'année suivante, prit la ville de Kaminiek,
qui était le boulevard de la chrétienté, et son armée attaqua indiffé-
remment les places des Polonais et des Moscovites. Ainsi la guerre
commença entre les Moscovites et les Turcs; ceux-ci eurent le plus sou-
vent de l'avantage. Les Polonais ayant fait la paix avec les Turcs, et
en ayant néanmoins du regret, les Moscovites envoyèrent des ambas-
sadeurs en Pologne pour empêcher la diète de ratifier ce traité, et
pour convenir une ligue très-étroite contre le Turc. Mais après qu'on
eût disputé quelque temps sur les conditions de cette ligue ; lorsqu'on
était sur le point de la conclure, on apprit que les Moscovites, qui
n'avaient entamé toute cette négociation que pour tirer des Turcs des
conditions plus favorables, avaient conclu un traité particulier. Il y eut
beaucoup de difficultés au sujet de sa ratification, le grand-seigneur y
ayant voulu changer quelque chose; enfin, en 1681, on signa un
traité de trêve pour vingt années, par lequel on convint que le
Borystène servirait de limites entre les deux États, en sorte que les
pays situés à l'orient de ce fleuve appartiendraient au grand-duc ; et
ceux qui sont à l'occident, au grand-seigneur, à la réserve de Kiow
LIVRE III. — CHAPITRE IV. 15
et (le ses dépendances qui demeureraient au grand- duc; que Ton
ne fortifierait aucune place sur la frontière depuis Kiow jusqu'aux
Poroghi du Borystène ; que les sujets du grand-duc auraient la liberté
de couper du bois dans les forêts de l'Ukraine dépendantes de Sa
Hautesse ; que les esclaves faits de part et d'autre seraient échangés ;
et que pour rendre ce traité ferme et stable, il serait ratifié par le
grand-duc et par le grand-seigneur.
Le grand-duc Théodore mourut peu après la conclusion de ce
traité; ses frères, qui lui ont succédé, n'ont point encore voulu le
ratifier, parce qu'il semble leur ôler les cosaques qui habitent les
îles du Borystène.
« La connaissance des personnages, des noms diplomatiques,
est, ainsi que nous l'avons déjà fait observer *, une partie essentielle
de l'érudition qu'il faut apporter dans la carrière des Ambassades.
Nous avons donc pris soin de placer en tête du livre IV la Liste
complète des Ambassadeurs, Envoyés et Ministres de la Cour de France
près les Puissances étrangères, depuis l'origine des Missions perma-
nentes jusqu'à ce jour, et nous publierons ensuite une Liste analogue
des Ambassadeurs, Envoyés, Ministres et autres Agents politiques des
puissances étrangères en France.
« Que de noms justement honorés, que de brillants services
viendront ainsi se rappeler à nos souvenirs ! »
1 . Voy, Note sur les développements progressifs de la Diplomatie, t. XIV, p. 8.
de V Histoire générale des Traités.
ÉTAT NOMINATIF
DES AMBASSADEURS, ENVOYÉS, MINISTRES
ET AUTRES AGENTS POLITIQUES
DE LA CODB DE FRANCE PSèS LES PDISSANCBS ^TRANCtlRES
1500 — 1830
TABLE DES ARTICLES.
I.
Empire d'Allemagne.
XX.
HONGRI .
II.
Diète germanique.
XXI.
Pologne.
III.
États o'Allem. en général.
XXII.
Russie.
IV.
Mayence.
XXIII.
Rome.
V.
Cologne.
XXIV.
Italie.
VI.
Trêves.
XXV.
Naples.
vil.
ÉLECTEUR Palatin.
XXVI.
Venise.
VIII.
Bavière.
XXVII.
GÈNES.
IX.
Saxe.
XXVIIl.
Suisse.
X.
Hanovre.
XXIX.
Genève.
XI.
Prusse.
XXX.
Savoie.
XII.
Pr. ecclés. d'Allemagne.
XXXI.
Espagne.
xm.
pR. laïques d'Allebiagne.
xxxn.
Portugal.
XIV.
Cercles de l'Empire.
XXXIIl.
Angleterre.
XV.
Hollande.
XXXIV.
Turquie.
XVI.
Bruxelles.
XXXV.
Maroc.
XVII.
Villes Anséatiques.
XXXVI.
Afrique et Asie
XVIII
. Danemark.
XXXVII.
États-Unis.
XIX.
Suède.
XXXVIU
Brésil.
I.
Ambassadeurs, Ministres, etc., auprès des Empereurs d'Allemagne
ou d'Autriche.
<536. Vbly (Claude-Dodieu, seigneur de),
ambassadeur.
4537. MÉNAGE, ambassadeur.
— Sene (Georges de)
II.
4540. Les évoques deLavaur et deHesdin.
— DupRÉ, envoyé.
4o47. DuFRESNE, ambassadeur.
-^ Brissag (de).
18
KTAT NOMINATIF DKS AMBASSADEURS,
<550. Marillac (Charles de), archevôque
de Vienne, ambassadeur.
4ooo. Chatillon (l'amiral de), ambass.
4557. Renés (de), ambassadeur.
4558. Ratabon.
4590. Ancel (Guillaume), envoyé.
1600. Rois-Daupiiln (lemaréchalde),amb.
4601. Ancel (Guillaume).
4610. Raugy.
4649. Angouleme (Charles de Valois, duc
d'), ambassadeur extraordinaire.
— BÉTHUNE (Philippe, comte de), id.
— Chateaineuf (Charles de l'Aubes-
pine, comte de), amb. exlraord.
— Selle (baron de), id,
4619. Sabran (de), envoyé.
— Ceberet (de), id,
4630. Brulart (Léon), amb. extraord.
4633. CuAKBONXiÈREs (de), résident.
— Feuquières (Pas de), ambassadeur.
4638. S. Chaumont (abbé de), id,
4639. S. Georges (de), miss. part.
4649. SERViEN(Abol).
4660. CoLBERT (le président).
466i. Grémonville (le commandeur de),
résident.
4679. ViTRV (le marquis de), envoyé oxlr.
4680. Sepville (le marquis de), id.
4684. CiiEVERNY (de), id,
4685. Vauguyon (delà), id,
4687. Villars (mirquis do), id,
4689. LusiGNAN (comte de).
4692. MoREL (l'abbé), miss. part.
4694. Le même et Crécy, id.
4695. CouvoNGES (de), id,
4698. ViLLARS (marquis de), env. extr.
4702. Chamoy, plénipolentiaire,
4743. Villars (le maréchal de), min. pi.
4744. La Houssaye (de), plén. à Bade.
— Blankenbourg (comte de], miss.
part.
— Rossi (le chevalier de).
— ViGiER, chargé d'affaires.
4745. Du Luc (Charles-François).
4715.
4718.
4725.
4728.
4729.
4733.
1735.
4737.
1740.
4741.
4742.
1743.
1747.
4750.
4752.
4753.
4756.
4757.
4758.
4759.
4764.
Marville (Comte de) , amb. exlr.
Pastor, correspondant.
Mandat, missionnaire.
DuBOURG, chargé d'affaires.
Richelieu (le duc de), amb. exlr.
Bussy (de), chargé d'affaires.
Cambis (Louis-Dominique de), am-
bassadeur.
BussY (de), chargé d'affaires.
Lestang (de >
Baume (de la).
Du TiiEiL (J.-Gab. de la Porte),
ministre plénipotentiaire.
MiREPoix (Gaston -Charles -Pierre
de Lévis, marquis, depuis duc
de), maréchal de France, ambas-
sadeur extraordinaire.
Vincent, chargé d'affaires.
Belle-Isle (Ch.-Louis-Aug. Fou-
quet, duc de) , maréchal de Fr.,
amba>sadeur extraordinaire.
Gesvres (le duc de), amb. extr.
Lautrec (Daniel-Fr., vicomte de),
maréchal de Fr., min. plén.
Bavière (Maxim.-Emm., comte de),
ministre plénipolentiaire.
Chavigny (de), id.
Blondel, chargé d'affaires.
HAUTEF0RT(Emm., marq.de), amb.
DuMONT, chargé d'affaires.
Aube TERRE (Bouchart d'Esparbès
de Lussan, vicomte d'), minisire
plénipotentiaire.
Ratte, chargé d'affaires.,
EsTRÉEs (le comte d'), min. plén.
Stainville (Ét.-Fr. , marquis de),
aml>assadeur.
Boyer, chargé d'affaires.
Choiseul (César-Gab., comte de),
ambassadeur.
Saintefoix (Radix de), ch. d'aff.
GÉRARD, id.
Du CnATELET-LoMON (comte de),
ambassadeur.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
19
1764. GÉRARD (Conrad-Alexandre), ch.
d'aflaires.
1765. Du Chatklet-Lomont (comte),
ambassadeur.
4766. BÉRENGER, chargé d'affaires.
4767. DuRFORT (le marquis de), amb.
4770. Dumas, chargé d'affaires.
— Durand (Mic.-Franç.), min. pi.
4772. RoHAN (le prince Louis de), amb.
4774. Georcel (l'abbé), chargé d'affaires.
47*75. Breteuil (le baron de), amb. extr.
4783. NoAiLLES (le marquis de), ambas-
sadeur jusqu'en 4792, et, pen-
dant son absence, en 4786,
— La Gravière (le chevalier de), ch.
d'affaires.
An VI. Le général Bernadotte (Charles-
Jean), ambassadeur.
An IX. Le citoyen Champagny (Jean-Bapt.
Nompère), amb.
An IX. DosDUNy chargé d'affaires.
An XIII. La Rochefoucauld (de), am-
bassadeur.
4806. Le mènie, ambassadeur auprès do
l'empereur d'Autriche.
— Le général Andréossy, amb.
— Dosdun, ch. d'aff. par intérim.
1809. Otto (Louis-Guil. comte d'), am-
bassadeur.
4810. Bertiiier (Alexandre, prince do
Neufchàtel), amb. extr.
1813. Narbonne (Louis, comte de), amb.
4814. Latour-du-Pin-Gouvërnet ( lo
comte de), amb.
1816. Caraman (le comte, depuis duc
Riquet de), ambassadeur.
4828. Laval (Adrien de Montmorency,
duc de), ambassadeur.
1829. Rayneval (Maximil.-Gérard, comte
de), ambassadeur.
H.
Ambassadeurs, Ministres^ etc., prés la diète germaniqm, ou près les assemblées
et congrès de l'Empire d'Allemagne,
4630. Bbulard (Léon), amb. extr.
— Du Tremblay (le père Joseph), en-
voyé près l'assemblée électorale.
4633. La Grange aux Ormes (de), env.
à l'assemblée à Francfort.
4640. Estrades (d'), ministre.
1643. Mazarin, plénipotentiaire au con-
grès de Munster.
— Avaux [Cl. de Mesmes, comte de),
plénipotentiaire au congrès de
Munster.
— LoNGUEViLLE (le duc de), id.
— Chavigny (de), id.
— Servien (Abel), id.
1654. Vautorte (Cazet de), ministre près
les électeurs.
4655. Lombres (Ant. de) /ministre près
l'assemblée de Francfort.
4657. Grammont (Ant., maréchal de),
ambassad. près la dièto de Franc*
fort.
~ Lionne (Hugues, comte de), î(/.
1658. Gravel (Robert de), résident près
la diète générale de l'Empire.
1668. Gaumont (de), envoyé aux confé-
rences des électeurs et plénipo-
tentiaire à Francfort.
1673. Chaulnes (leducde), min. plénip.
aux conférences de Francfort.
— CouRTiN (Honoré), id*
— BaKillon (Paulde), id.
1679. Verjus (Louis), ministre.
4683. Crécy (Louis Verjus, comte de),
ministre plénipotentiaire.
4697. Harlay (de), plénipotentiaire pour
la paix avec l'Allemagne.
20
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4697. Crégt (Louis Verjus, comte de),
plén. pour la paix avec l'AIIem.
— Gallières (François de), id,
4698. CiiÂiiOY, min. plën.
4698à1699. Obrecht, chargé d'une mis-
sion relative aux droits de Ma-
dame à la succession palatine.
4699. Phélypeaux, envoyé près l'assem-
blée de Cologne.
— Du HÉRON, envoyé à la diète de
Gossiar.
nooànoi. Gergy (Jacq. -Vincent Lan-
guet, comte de), ministre à Ra-
tisbonne.
4706. CnAviGNT (de), ministre.
4730. ViLLEBois (de), ministre près les
assembl. des cercles à Francfort.
4731. Ghavigny (de), ministre.
4738. La Noue (Malbran de), ministre.
4744. Blonoel, chargé d'affaires.
— Belle-Isle (Fouquet, marquis de),
ambassad. extraord. et plénip.
1742. Blonoel, ministre.
4743. La Noue (Malbran de), ministre.
— S. Severin d'Arragon (Alph. -Ma-
rie-Louis, comte de).
4745. Barberie de Courteillës.
4749. FoLARO(de), min. à Ratisbonne.
4754. Lemaire (l'abbé de], id,
4757. Mackau (le baronde), id.
4757. Ppefpel (Chrétien-Fréd,), conseil
1er de légation, chargé par inté-
rim de la correspondance.
4763. Du BuAT de Nançay (le chevalier,
depuis comte), ministre.
1764. Du CiiATELET-LoMONT (Iccomte),
ambassadeur à Vienne, min. pi.
près la diète élect. de Francfort.
177t. Beyer, conseill.de légat., ch. d'aff.
— Bulkeley (le comte de) , ch. d'aff.
1774 à 4 786. Hérissant (Louis-Tbéod.)f
chargé d'affaires.
1755 à 4 780. Bohbelles (Marc -Marie,
marquis de), ministre.
4786. BÉRENGER, ministre jusqu'en 4792.
4792 (mars). Bérenger, neveu du pré-
cédent, chargé d'affaires.
— (4" avril). Barbé-Marbois, min.
— (8 mai). Labene (J.-G.), chargé
d'affaires.
— (44 juin). Gaillard (Ant.-Bern.),
ministre plénipotentiaire.
Ère rép. An vià 4806. Bâcher, ch. d'aff.
An X. La Forest ( Ant.-René-Gh.-Mathur. ) ,
m. ext. près la diète del'emp., et
— Mathieu (Franç.-Jacq.-Ant.), con-
seiller de légation.
1806à48H. Bâcher, chargé d'affaires.
4846. Reinhard (Ch.-Fréd., baron, puis
comte), ministre plénip.
IIL
Ambassadeurs, Ministres, etc, près les Princes et États de VEmpire
d* Allemagne en général.
4547. Laùbespine, amb. en Allemagne.
— Saintot, id,
— Lacroix, id.
— Buxadou, id,
4558. Ratabon, envoyé.
— Bourdillon (Imbert de), maré-
chal de France, plénipoten-
tiaire.
4558. Marillag (Gh. de), archevêque de
Vienne, plénipotentiaire.
4559. BocHETEL, évêque de Rennes, amb.
1562. Gondé (le prince de), id,
4572. ScHOMBËRG (Gaspard de), id.
4 583 à 4 599. Pardaillan (Jacq. Ségur,
baron de), envoyé près les prin-
ces protestants.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
21
1588, Baradat, envoyé.
4689. SciioiiBERG (Gaspard de), envoyé.
4590. TuRENNE (le vicomte de), id,
4593. fioNGARS (de), id,
4600. CayusdeVirail, ambassadeur.
— Lavallée (de), id.
1610. BoissiSE (Jean Thumise ou Thu-
mix de) , ambassadeur près les
princes protestants.
— La Vieuville (Robert, marquis de),
ambassadeur.
— Selve (Lazare de), ambassadeur.
— HOTHAN DE ViLLIERS, id,
4617. ScHONBORN, envoyé. (C'est plutôt
de Schomberg, comte de Nan-
teuil, conseiller d'État, lieutenant
général des provinces div Limou-
sin et de la Marche.)
ÂNGOULEME (le duc d'), ambass.
BÉTHUXE (le comte de), id,
Laubespine (marquis de), id,
Marescot, envoyé.
Drouart, id,
Marcheville (Henri de Goumay
de), envoyé.
Charnacé (de), envoyé.
GouRNAY (de). (C'est probablement
de Marcheville) , envoyé près les
princes et électeurs.
— Bréan, envoyé.
— Brûla RT de Léon, envoyé.
— S. Etienne (de), id,
— Charnacr (de), id,
4632. Brézé (le marquis de), amb. extr.
— La Saladie, envoyé.
— Effiat (le maréchal d'), amb.
4633à4635. Feuquières (Manassès de
Pas de), amb. extr.
4633. Duhamel, envoyé.
— Bâillon (le marquis de), ambass.
— BouTHiLLiER (de). id,
4634. AvAux (Claude de Mesmes, comie
d*), envoyé.
— Rambures (de), agent.
4620.
4624.
4626.
4629.
4631.
4635. La Force (le maréchal de), chargé
des affaires du roi en Allemagne.
— Brézé (le maréchal de), id.
— Angouléue (le duc d'),* id,
— Bordeaux (de), id.
— La VALETTE (le cardinal), id.
— Mayola, id,
4 633 à 4 636. S. Chaumont (Melchior de
Miolans, marquis de) , amb. ex t.
4637. Beaurbgard, résident, commissaire
près Tarmée suédoise.
— AvAux (Cl. de Mesmes, comte d'),
ambassadeur.
4638 et 4639. Avaux (lecomted*), plén.
— Choisi de Camp (de), id,
— Guébriant (de), id,
— Oysonville (d*), id,
I6i3. TuRENNE (de), envoyé.
— S. Romain (de), id,
— Mazarin, plénipotent. à Munster
— Avaux (Cl. de Mesmes, comte d'),
plénipotentiaire à Munster.
— LoNGUEviLLE (lo duc do), id,
— Chavigny (de), id,
— Servien (Abel), id.
4647. AvAUGouR (le baron d'), commis-
saires aux conférences d'Ulm.
— Croissy (de), id,
— De Beauregard, envoyé.
4649et4650. Erlach (d*), plénipotentiaire
au congrès de Nuremberg pour
l'exécution des tr. de Westphalio.
— Vautorte (Franc. Cazet de), id,
— Lacour (Henri Groulart de), id,
— AvAUGOUR (Ch., baron d'), id,
1654. S. Gêniez (de), envoyé.
4656. AvAUGouR (Ch., baron d'), plén.
— Des Rosières, agent.
4 657. Hombourg (le prince de) , envoyé
auprès des électeurs.
— Gravel (de), id,
— Grammont (maréchal duc de), am-
bassad. extraord. plén. près les
princes d'Allemagne.
22
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4657. Lionne (Hug., conUe dcj, ambas-
sadeur extraordinaire plénipo-
tentiaire près les princes d'AUe-
naagne.
1659. Des Minières, envoyé.
1660 à 1667. Gravel (Robert de), pléni-
potentiaire pour le renouvelle-
ment d'alliances avec quelques
électeurs et autres princes de
l'empire.
4662. CouRTiN (Honoré), résident près les
princes et les villes anséaliques
du nord de l'Allemagne.
4664. Fresne (de), env. en basse Allem.
4666. MiLET, îV/.
4667. Gaumont (de), envoyé auprès de
divers princes et Étals d'Alle-
magne.
1668. Verjus (Louis) , envoyé auprès de
divers princes et États d' Allem.
4672. Feuouières flsaac de Pas, marquis
do), envoyé auprès de divers
princes et États d'Allemagne.
4680. Arcv (le marquis d'), envoyé ex-
traordinaire.
1681. Crkcv (Louis Verjus, comte de).
— S. Romain (le marquis de).
— Harlay (Nicolas-Auguste de), plén.
4682. Tlrpin, envoyé.
4686. Crécy (Louis Verjus, comte de),
envoyé extraonl inaire.
— Gravel (Robert de), /r/.
— BiDAL (l'abbé), envojé.
— RÉBENAc (Franc, do Pas Feuquières,
comte de), envoyé.
1690. Freischmann, envoyé.
~ Hasfeldt (le baron d')^ envoyé.
1698. Gkrgy (Jacq.-Vinc. Languet, comte
de), envoyé extraordinaire.
— Du IlÉRON, iV/.
— Iberville (Labonde d'), envoyé
extraordinaire.
1699. Des Alleu Rs (N... Puchot), id,
1700. Hasfeldt fie baron d'), envoyé.
1714. ViLLARs (le maréchal duc de), am-
bassad. extr. et plén.
1725. LoziLLiÈREs, agent.
1734. CoLiGNV, envoyé.
— Baud, id.
— Belle-Isle ( Ch.- Louis -Auguste
Fouquet, comte de), ministre.
1730. ViLLEBOis (do;.
1737. Spon (le baron de), agent.
1741. HouEL, id,
1745. CoNTi (le prince de), plénipoten-
tiaire.
An XIII. JoLLivET, liquidateur de la dette
des départements de la rive
gauche du Rhin.
— RuDLER, commissaire extraordinaire
pour l'organisation des dépar-
tements de la rive gauche du
Rhin.
— CoQUEBERT-MoNBRET, cooimissaire
pour rétablissement de Toclroi
de navigation du Rhin.
— Cretet (Emmanuel), id.
— Pfefkel (Chrélien-Fréd.), commis-
saire pour rétablissement de l'oc-
troi de navigation du Rhin.
IV.
Ambassadeurs, elc.j auprès des Électeurs de Mayence,
4631. Gournay (Henri de).
4656. Gravel (Robert de), envoyé près
les électeurs ecclésiastiques.
1664. Lionne ( Hugues , comte de ) , env.
1670. Gravel (Fabbé de), envoyé.
4674. Heiss, id.
1672. Feuquières (Isaac de Pas, marquis
de), ambassadeur.
ENVOYÉS-, MINISTRES, ETC.
23
1672.
1673.
1675.
1680.
1684.
1698,
1714.
1729.
1731.
1733.
Dangeau (Phil. de Cou rci lion, mar-
quis doj, envoyé auprès des trois
électeurs ecclésiastiques.
Gravel (l'abbé do) , envoyé à l'as-
semblée de Nuremberg.
Arcv (le marquis d'), envoyé.
JuviGM- (de), id.
Gravel (l'abbé de), id,
FoucHER, envoyé extraordinaire.
Du PRÉ, id.
Iberville (Ch.-Franç. de la Bonde
d'y, envoyé extraordinaire aupr.
des électeurs ecclésiastiques.
Armeville (Rossignol d').
ViLLEBois ( Michel de
d'affaires.
Chavignv (de), ministre
Blondel, ministre.
chargé
1741. Belle-Isle (Ch.- Louis- Auguste
Fouquet, maréchal, duc de).
1743. Blondel, ministre.
1752. BiscHOFF, plénipotentiaire pour con-
clure et signer la convention du
28 avril, à refTel de régler la na-
vigation du Rhin.
1757. Kempfer de Plotzheim, min. pi.
1767. Entraigues (le marquis d'). min.
plénipotentiaire.
1771. La Tour, chargé d'affaires.
1772. Entraigues (le marquis d'), m. pi.
1775. Clausonnette (le marq. de), id,
1177. Appreperis, chargé d'affaires.
1783. Okelly (le comte), ministre plénip.
1791. Monteil (de), id,
1792. Terrier DE MoNciEL, id.
— Villa R, id.
Ambmsadexirs auprès de l'Électeur archi-chancelier de l'Empire,
depuis Prince prinmt, Grand-Duc de Francfort,
An xiï. PoRTALis (Joseph-Marie), min.
plénipotentiaire.
An xiii (13 prairial). Hédouville (Théod.-
Ch.-Jos.), ministre plénipotent.
1806àl813. Le même, auprès du prince
primat.
V.
Envoyés extraordinaires, etc., près les Électeurs de Cologne,
1631.
1642.
1654.
1655.
1656.
1661.
1665.
1667.
1671.
1671.
GouRNAY (Henri de), envoyé.
Charnacé (le baron dej, id.
Peny (de), id,
Vagné (le comte de), ch. d'aff.
Lombres (Antoine de), S. d'Hor-
bing ou Herbinghcn, envoyé.
HoMBouRG (le prince de), envoyé.
Gaumont (de), id,
Leissens (Ch. deLyonne), abbé de
Saint- Alais, envoyé également
près révèque de Munster.
Gaumont (de), envoyé.
Furstemberg (Guill., prince de),
plénipotentiaire.
Le Bret, envoyé.
1672. Verjus (Louis de, comte de Crécy),
envoyé.
1674. Courtin (Honoré), plénipotentiaire
au congrès de Cologne.
— Barillon (Paul de), id,
— DuPRÉ, envoyé.
1679. La Vauguyon (Bethoulat do Fro-
manteau, comte de), env. extr.
1681. Tambonneau (Michel), id.
1683. Croissy (N... Colbertde), plénipo-
tentiaire.
1685. Gravel (Jules de, marquis de
Marly), envoyé extraordinaire.
1688. Du Héron, id,
1698. PnÉLYPEAUx (de), id.
24
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1699. BoNNAc (Jean-Louis d'Husson de),
envoyé extraordinaire.
1701 . Des Alleurs (N... Puchot), min.
1714. Freisciimaxn, envoyé exiraord.
1726. Maillebois (Jean-Bapliste-François
Desmarctz, marq. de), dep. mar.
1728. Boissieux (le chevalier de), env.
1741. Sape (le comte de), ministre plén.,
envoyé en 1745.
1744. Baumetz, chargé d'affaires.
— Blondel, chargé d'une mission.
— Ancillon (l'abbé), sans caractère,
chargé d'une mission en 1745,
chargé d'affaires.
1747. Guébriand (l'abbé de), min. plén.
1753. Kerversio (le comte de), id,
1756. LÉGER, chargé d'affaires.
— MoNTEiL (Gh.-Franç. Juste, marq.
de), ministre plénipotentiaire.
1758,
1759.
1760.
1763.
1772.
1776.
1777.
1780.
1781.
1785.
1792.
La CoLOMBiERE, chargé d'affaires.
Breteuil (Le Tonnelier, baron de),
ministre plénipotentiaire.
Lavgier (l'abbé), chargé d'affaires,
min. plén. en 1763.
Bavsset (le marquis de), min. pi.
Le Febvre, chargé d'affaires.
Moxteynard (le comte de), min. pi.
Chalgrix, chargé d'affaires, min.
plénipotentiaire en 1779.
MoNTEZAN (Louis Cachet, comte
de), ministre plénipotentiaire.
CiiALONS (le comte de), id.
Causans (Adrien-Maurice, cheva-
lier de), chargé d'affaires.
CoLBERT DE Maulevrier (Iccomle),
min. plén. jusqu'en 1792.
Vangine, ch. d'aff., m. pi. en 1788.
PoxT (de), min. plén.
VI.
Ambassadeurs près les Électeurs de Trêves,
1630.
L'évèque de Scylhie, suffragant de
1663.
Cousin.
Toul, ministre.
1672.
Hkiss, chargé d'une mission auprès
1631.
Bruslon (le comte de), envoyé.
de l'électeur son maître.
—
Ciiarnacé (le baron de), id.
—
Feuquières (Isaac de Pas, marquis
1632.
Effiat (Antoine Ruzé, maréchal
de), ministre.
d'), envoyé près le conseil de
—
Gravel (l'abbé de), env.
ville de Trêves.
—
Dangeau (Philippe de Courcillon,
1633.
S. CiiAUMONT (Melchior Miolans,
marquis de) , envoyé auprès des
marquis de), envoyé.
trois électeurs ecclésiastiques.
—
La Salaoie (de), id.
1681.
Tamhonneau (Michel), envoyé ex-
—
Valmont (de), id.
traordinaire.
1634.
GouRNAY (Henri de), envoyé; id.
1683.
FoucHER, envoyé.
en 1635.
1685.
Gravel (Fabbé de), envoyé.
1635.
LoMBRES (Antoine de), seigneur
1688.
Du HÉRON, id.
d'iïerbing, envo\é.
1692.
Murbach (le prince abbé de), ch.
1646.
AuTEviLLE (Bénédicl de Foullongue,
d'une commission particulière.
seigneur de), envoyé.
1693.
Freischmann (l'abbé), envoyé.
1648.
Ariste, id.
1698.
Iberville (Ch.-Franç. de la Bonde
1656.
Gravel (Robert de), envoyé.
d'), env. extr.
1657.
Vagné (le comte de), id.
1715.
Renolds, envoyé.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
25
1734. GouRNAY (de), envoyé extraor.
4740. Belle -IsLB (Ch.- Louis -Auguste
Fouquel, depuis maréchal de],
plénipotentiaire.
4744. La Baseque (de), min. plén.
4744. Renaud, id,
4745. DuFouR, ch. d'aff.
4750. Vergennes (Ch. Gravier, chevalier
de), depuis ministre, min. plén.
4756. AiGREMONT (le chev. d'), min. plén.
4775. MoNTMORiN (Armand-Marc, comte
de), ministre plénipotentiaire.
4787. Vergennes (Gravier, comte de),
fils aîné du ministre, min. plén.
4794. Sainte-Croix (Louis-Claude Bigot
de), ministre plén.
VIL
Ambassadeurs j Ministres, près r Électeur palatin.
4609. Widemacker, envoyé près la prin-
cesse de Neubourg.
— Vaubecourt, id.
— BoNGARs (de), id.
4640. La Châtre (le maréchal de), am-
bassadeur.
4643. Sainte-Catherine (de), résident.
4633. La Garde (de), envoyé.
4634. Beauregard (de), id,
— Brézb (le maréchal de), amb.
— Fruquières (Isaac de Pas, marquis
de), ambassadeur extraordinaire.
4649. Girard, envoyé.
4656. Gratel (Robert de), envoyé.
4664. Lenet (l'abbé Pierre), chargé par
le prince de Condé de demander
en mariage la 611e du duc de
Neubourg.
— Chenevières (de) , envoyé pour faire
part à l'électeur de la naissance
du dauphin.
4663. Gravel (Robert de), envoyé.
4666. Freischmann, id,
4666 et 4667. Courtin (Honoré), ambass.
extraordinaire.
4667. Gaumont (de), envoyé.
4668. Aube VILLE (d'j, id,
4671. Gravel (Robert de), min. plén.
4671. Feuquières (Isaac de Pas, marquis
de), ambassadeur extraordinaire.
— L*Évèque de Strasbourg, amb.
4673. Dangeau (Phil. de Courci lion, mar-
quis de), envoyé.
4674. Béthune (Franc., marq. de), env.
1675. GoMBAun, id.
4682. Schomberg (Ch., comte de), id.
468*>. MoREL (l'abbé), env. extr.
4686. MoRAS (de), président au parlement
de Metz, miss. part.
— Du HÉRON (Melchior) , envoyé.
4695, Hargourt (Henri, duc d'), min. pi.
4698. Phélypeaux, env.
— Haulbois, envoyé par Madame.
4700. Iberville (Ch.-Franç. de la Bonde
d'), ministre plénipotentiaire.
4 704 . Des Alleurs (N. . . Puchot) , envoyé.
4745. Freischmann, id,
4749. Hatzel, sans caractère.
4727. Harlat (de), envoyé.
4734. Villebois (de).
4734. Coligny (de), envoyé.
— Baud, missionnaire particulier.
— Jassaud, id.
— Blondel, ministre.
4744. TiLLY (le marquis de), min. plén.
4754. BiscnoFF, plénipotentiaire pour la
convent. de Munich, du 26 avril.
4753. Vincent, chargé d'affaires.
— ZucKMANrEL ( lo baron de), min.
plénipotentiaire.
4759. GÉRARD (Conrad-Alexandre), ch.
d'affaires.
26
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEl RS,
• 759. FicAiD. cbargé d'affaires: id. en
f76« el 1763.
— Alesme le marquis d* . min. pie-
Di{joU*ntiaire.
1763. O'DiXNE lecorale., ministre plé-
nipotentiaire jusqu'en 1779.
1768. Betei. chargé d'affaires.
1776. Helitungei . chargé d affaires;
id. en 177*.
1778. Monte/an Louis Cachet, comte
de . ministre pIéni(K>tentiaire.
I79i. AssiG.vr d* , id.
VIII.
Ambassadeurs, Ministres, près la cour dp Bavière.
I62i.
1626.
4632.
4639.
4647.
1649.
1656.
1668.
1669.
1672.
1675.
4676.
1677.
4679.
1680.
Faneau de , mission secrète.
Marche^'Ille Henri de Goumay.
comte de , envoyé.
Charnacé le baron de, , envoyé.
Saint-Étie.xxe de , id.
Otsoxville 'd\, envoyé. Il signa
la convention entre Louis XIII et
les chefs de l'armée de Saxe-
Weimar.
Tracy [de,, agent.
Uerbigny d\, id.
Vautohte '(^azetde,, plén.
HoMBoiRG ie prince de,.
Caillet, agent.
Gravel 'Robert de^ , plénipoten-
tiaire; id. en 1672.
ViTRY (Franç.-Marie de Tllospilal,
duc de,, env. cxtr.
La IIaye-Vantelet 'Denis de), env.
Feuql'ières (le chevalier de Pas
dC;, chargé d'un compliment de
condoléance sur la mort de rélec-
trice.
Estrées (le cardinal d';, plén.
La Vauguyon (Belhoulet de Fro-
raentean, comte de), chargé d'un
compliment do condoléance.
Colbert de Croissy (Charles, en-
voyé extraordinaire pour la con-
clusion du mariage du dauphin.
Créql'y (Charles, sire, puis duc do),
env. extraord. pour ce mariage.
Richelieu (.\rmand-Jean Duples-
sis, duc de . chargé de recevoir
la dauphine sur la frontière.
— Richelieu .\nne Poussart de Vi-
gean, duchesse de , chargée de
rece\oir la dauphine sur la fron-
tière.
— La Haye-Vantelet de], résident.
1681. DuMETz Gédéon , garde du trésor
royal, plénipotentiaire pour rece-
voir la dot de la dauphine.
1686. Du HÉRON, sans caractère public.
1687. ViLLARs le marquis, ensuite ma-
réchal de, , envoyé.
1688. GoMBALT, résident.
— ViLLARs le marquis de;, env. ext,
1690. Pomponne Nie. -Simon Arnaud,
marquis de), envoyé.
1701. Pl-TiSÉgir (N...Cliaslenetde;, plén.
— ToRCY (le marquis de^ , id.
— Ricoi's, agent.
1704. Rouillé (Pierre), président au
grand conseil plénipotentiaire.
1711. La Ma rck (Jean-Pierre, comte de],
chargé d'affaires.
1715. Saumery le marquis de;, envoyé.
— Freischmann, id.
1726. Richelieu (le duc de), plén.
— Maillebois (Jean-Bapl.-Frdnç. Des-
maretz, marquis de), plén.
— Rezac, chargé d'affaires.
17 M. Belle -Isle (Ch.- Louis- Auguste
Fou:iuet, duc, maréchal de), mi-
nistre plénipotentiaire.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
27
1741.
1742.
1743.
1745.
1748.
1755.
1756.
1757
1776
1779
BfSAUvEAu (le marquis de}, sans ca-
ractère.
Belle - Isle (Ch. - Louis -Auguste
Fouquel, duc, maréchal de), amb.
ext. près l'empereur Charles Vil.
Gesvres (François-Joachim Potier,
duc de), chargé de complimenter
l'empereur Charles VII sur son
élection.
Blondel, chargé d'affaires.
Lautrec (Daniel-Franc. , comte de
Gelas- Voisins, vicomte de), ma-
réchal de France, min. pi. près
l'empereur Charles VU.
Chavigny (de), iiL
Bavière (Maxim. -Emm., comte
de), frère naturel de Charles VII.
Renaud, chargé d'affaires.
Baschi (le comte de), min. plén.
FoLARO (de) , ch. d'affaires, puis,
en 1756, envoyé extraordinaire.
Du BuAT (le chevalier), ch. d'aff.
Chastellier-Dumesml (Ch.-Louis-
Joachim, marquis du), env. extr.
Barbé-Marbois, chargé d'affaires.
Ciialgrin, id.
La Luzerne (le chevalier de), env.
extr.
0* DuNNE (le comte), min. plén.
Helfflinger, chargé d'affaires.
1780. MoNTEZAN (Louis-Cachet, comte de),
min. plén. jusqu'à la révolution.
1782. CHALGRiN,chargé d'affaires; ministre
plénipotentiaire en 1787.
1792. AssiGNY (d'), min. plén.
Ère républicaine, an vi. âlquier (l'ex-con-
ventionnel Ch. -Jean-Marie), ré-
sident et chargé d'affaires.
An VII. Bâcher, id.
An X. La Forest (Ant.-René-Ch.-Ma-
thur.), ministre plénipotentiaire.
An XI. Otto (Louis-Guill.), env. extr. et
min. plén.
1 81 0. Narbonne (le comte Louis de), env.
extr. et min. plén.
18U. BoGNE, chargé d'affaires par intérim.
1812. Mercy-Argenteau (le comte de),
env. extr., min. plén.
1 81 5 et 1 8 1 6. Polignac (le comte Jules de) .
1817. Lagarde ( Auguste-Marie -Balth.-
Ch. Pelletier, comte de), ministre
plénipotentiaire.
1821. La Moussaye (Louis, marquis de),
envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire.
— Ségur-Montaigne (le vicomte de),
chargé d'affaires.
1828. RuàTiGNY (Marie-Hypol. Gueulluy,
comte de), envoyé extraordinaire
et ministre plénipotentiaire.
IX.
Ambassadeurs, Ministres, etc., prés la cour de Saa^e.
1547. Basse fontaine (de), ambassadeur.
1630. L'évèque de Scythie, suffragant de
Toul.
1631. L'IsLE (de), ambas. jusqu'en 1643.
— CiiARNAcÉ (le baron de).
— Beaurkgard (de), envoyé.
— RoRTÉ (de), id,
1639. GuÉBRiANT (N...Budes, comte de),
plénipotentiaire.
— OisoNviLLE (le baron d'), envoyé.
1055. LoMBRES (Antoine de), seigneur
d'Herbing, plén.
— Vagné (le comte de), envoyé.
1657. Blondel. id.
1664. BiDAL D'HASFELDT(rabbé), envoyé.
— Gravël (Robert de), plénipotentiaire
dans toute l'Allemagne.
1G66. Magny (de), envoyé.
— Chassan (de), rés. jusqu'en 1674.
1680. Rousseau, envoyé.
28
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1690.
4691.
4693.
4695.
4742.
4733.
4740.
4741.
4745.
4746.
4750.
4752.
4663.
4764.
4767.
4770.
Freisghmaxn, envoyé.
Hasfeldt '(!*), probablement Tabbé
Bidal, plénipotentiaire.
JouRDAN, envoyé.
BiDAL (Tabbé).
HoocK, agent.
Chalmazel (Louis de Talaru, mar-
quis de;, envoyé extraordinaire,
chargéde complimenter l'électeur
sur la mort du roi, son père.
Des Alleurs (Pierre Puchot, comte] ,
envoyé.
Belle-Isle (Ch. -Auguste Fouquet,
maréchal, duc de), plén.
Valory (le marquis de), env. extr.
Vaulgrexant (le comte de), mi-
nistre plénipotentiaire.
Durand d'Aubicxy, ch. d'aff.
Des Issarts (le marquis), envoyé
extraordinaire jusqu'en 4750.
Richelieu (le duc de), ambassadeur
extraordinaire pour signer, avec
le marquis des Issarls, le contrat
de mariage du dauphin.
BovBR, chargé d'affaires.
Broglie [Auguste -Louis -Joseph,
comte de), amb. en Pologne.
Hennin (Pierre-Michel de). ch. d'aff.
Paulmy (le marquis de), ambassa-
deur en Pologne.
MoRAiNviLLE (le comte de), chargé
d'affaires.
ZucKMVNTEL (le baron de), ministre
plénipotentiaire jusqu'en 4769.
Fischer, chargé d'affaires.
Rochon de Ghabannes, ch. d'aff.
4782.
4785.
4772. Du BuAT (le comte), min. plén.
1774. Barbé-Marbois , chargé d'affaires.
4776. Entraigues [le marquis d'), mi-
nistre plénipotentiaire.
La Gravière (le chevalier de),
chargé d'affaires.
YiBRATE (N...Huraul, vicomte de),
ministre plénipotentiaire.
4786. Meter, chargé d'affaires.
1792. MoNTESQUiou (de), min. plén.
Ère républ. an \i. Helfpliscer, ch. d'aff.
An \iii. La Valette (N. Chamans), id.
An IX. La Rochefoucauld (Alexandre),
ch. d'aff., ensuite min. plén.
An XIII (nivôse). Moustier (Clément-
Edouard de), chargé d'affaires.
— (floréal). Durant, min. plén.
4806. Moustier (Clément- Edouard de),
chargé d'affaires.
BouRGOiNG (le baron), min. plén.
Lajard (Félix), chargé d'affaires.
— Serra (le baron de), env. extr. et
min. plén.
— Marcieu (Albéric-Émé de), chargé
d'affaires par intérim.
4815. FoucHÉ, duc d'ÛTRANTE (Joseph),
min. plén. de Louis XVIIL ^
4846. Dillon (le comte Edouard), env.
extr. et min. plén.
— La Tour-Maubourg ( Florimond Fay,
marquis de), min. plén.
— RuMiGNY (Marie -Ilippoly te Gueul-
luy de), envoyé extr. et min.
plén.
Caraman (Georges Riquet, comte
de), env. extr. et min. plén.
4807
4841
4828.
Envoyés extraordinaires, etc., auprès de l'archiduc Électeur d£ Salzhourg,
depuis, en 1806^ Grand-Duc de IVurtz bourg.
An xï. (3 messidor). Lezay-Marnezia
(Adrien de), min. plén.
4 806. Hirsingkr( Yves-Louis- Joseph) env.
extr. et min. plén.
4844. Monthoi^on (le comte de), env.
extr. et min. plén.
484 2. (décembre) - Fénelon (de), auditeur,
chargé d'affaires.
4813. Germain (le comte), env. extr. et
min. plén.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
29
Envoyés extraordinaires, etc., près la cour de Hanovre,
4745. CaoïssY (Colbert de), envoyé.
— ClIAVIGNY (de).
4727. Vaux (de), chargé d'affaires.
4744 . BussY(de), ministre plénipotentiaire.
4750. VALORY(de), id.
4752. Vercennes (Charles Gravier de),
ministre plénipotentiaire.
4817. La Moussayb (Louis, marquis de),
ministre plénipotentiaire.
— MousTiER (Clément-Edouard, mar-
quis de], envoyé extr. et min.
plén.
4823. Caux (Roger, comte de), env. extr.
et min. plén.
XL
Ministres plénipotentiaires j etc., prés les Électeurs de Brandebourg et les Rois
de Prusse.
4644.
4630.
4634!
4633.
4648.
4654.
4657.
4658.
4659.
4660.
4664.
4664.
4665.
4666.
4667.
4669.
4674,
HOTMAN DE VlLLIERS.
L'Évèque de Scythie, suffragant de
Toul.
Charnacé (le baron de).
RoRTB (le baron de).
Dubois, mission particulière.
MoNTBAS (de), id,
LoMBRES (Antoine de), seigneur
d'Herbing.
Blondel, résident.
LoMBRES (Antoine de), min. plén.
Bbandt, sans caractère.
Akakia, id,
Frisghmann, id.
Vagn^e (le comte de)^ résident.
Frisghmann, envoyé.
CoLBEBT (le président de), envoyé.
Lesseins (Ch. de Lionne de), chargé
d'une commission particulière.
Lionne (Hugues de), plén.
Gravel (Robert de), id,
DuFRESNE, chargé d'une mission.
Dumoulin, envoyé.
Colbert (de), env. extr.
MiLET DE Jeubs (Gulllaumo), env.
Vaubrun (le marquis de), id.
Verjus, plén., env. en 4673.
4674.
4672.
4678.
4679.
4688.
4698.
4709.
4744.
4744.
4745.
4724.
4729.
4730.
4732,
4736.
4739.
4740.
S. GÉRAN (le marquis de], envoyé
extraordinaire.
La Vauguyon (le comte de), plén.
Rebbnac (de Pas de Feuquières,
comte de], env. extr.
EsPENCE (d'), plénipotentiaire.
Pomponne (de), id.
Rebenag-Feuquièrbs (le comte de),
envoyé extraordinaire.
Gravel de Marly (de), env. extr.
Des Alleurs (Pierre Puchot, mar-
quis), env. extr. jusqu'en 4704.
La Sourd 1ERE (de), envoyé.
La Verne (de), id,
ROTTEMBOURG (Conrad-Aloxandre),
comte de), envoyé extraordinaire;
envoyé en 4748 et 4726.
Croissy (Colbert, comte de), envoyé
extraordinaire.
Michel, chargé d'affaires.
Senecterre (de la Ferté de], env.
Ladvogat de Sauveterrb, ch. d'aff.
La Chétardie (le marquis de), mi-
nistre jusqu'en 4739.
Tourvillb (de), ch. d'aff. en Prusse.
Le Houx, ch. d'aff. à Berlin.
Valory (le marquis de), ministre
30
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1740.
1741.
1744.
1748.
. 1750.
175Î.
1756.
1769.
1770.
1773.
1774.
1782.
1784.
1790.
1791.
1792.
An ui
plénipotentiaire jusqu'en 1748.
Beauveau (le marquis 4p)i env.
extr., chargé d'une mission.
Belle-Isle (le maréchal de), plén.
avec le marquis de Valory.
CocRTiN (le chevalier de), chargé
d'une mission.
LoYSE ( l'abbé Alexandre-Joseph ) ,
chargé d'affaires.
Ttrgonnel (Richard Talbot, comte
de), ministre plénipotentiaire.
Bailli, chargé d'affaires.
La Tolcue (le chevalier de), mi-
nistre plénipotentiaire.
Nivernais ( Louis-Jules Barbon Man-
cini, duc de), min. plén.
Valory (le marquis de), id.
Guines (Adrien-Louis, comte de),
ministre plénipotentiaire.
Gaulard de SANORAY(Ch.-Émile],
chargé d'affaires.
Pons (le marquis de], min. plén.;
cb. d'aff. en 1775 et 1778.
Gaussen (le chevalier de), ch. d'aff.;
min. plén. en 1777 et 1782.
EsTERNO (Antoine-Joseph-Philippe,
comte d'), min. plén.; ch. d'aff.
en 1785 et 1788.
Falciola, ch. d'aff.; min. plén. en
1787 et 1790.
MousTiER (le comte de), min. plén.
SÉGUR (de), avec une miss, partie.
CusTiNE (Renaud-Philippe de), mi-
nistre plénipotentiaire.
. Gaillard (Antoine-Bernard), mi-
nistre plénipotentiaire.
An VI. SiEYES (l'ex-convent. Emm.-Jos.),
ministre plénipotentiaire.
An VII. Otto (Louis-Guillaume) , chargé
d'affaires.
An VIII. DuRoc (le général), chargé d'une
mission particulière.
— Beurnonville (le général Pierre
Riel), ministre plénipotentiaire.
An X. BiGNON (Edouard), chargé d'af-
faires.
An XI. Dlroc (le général), chargé d'une
mission particulière.
— La Forest (Ant.-René-Ch.-Mathu-
rin), envoyé extraordinaire et
ministre plénipotentiaire.
Ans XIII et XIV. Duroc (le général), ch.
d'une mission particulière.
1808. Saint-Marsan (N... Asinari, comte
de), envoyé extraordinaire et mi-
nistre plénipotentiaire jusqu'en
février 1813.
1814. Caraman (Riquet, comte de) , en?,
extr. et min. plén.
1816. BoNXAY (Ch.-Franc, marquis de),
env. extr. et min. plén.
1821. Chateaubriand (le vicomte de),
env. extr. et min. plén.
1822. Rayneval (Maximilien Gérard de),
env. extr. et min. plén.
1824. BouRGOiNG (le chevalier de), chargé
d'affaires par intérim.
18^5. Saint-Priest (Louis Guignard, vi-
comte de), envoyé extraord. et
ministre plénipotentiaire.
1828. Agovlt (Hector, comte d'), envoyé
extraordinaire et ministre plén.
XIL
AmbassadeurSj MinistreSj etc.j auprès des Princes ecclésiastiques d'empire
autres que les Électeurs,
i. tiVÉQUES D*AU6SB0DR6.
1682. BouRGEAUVïLLE (do) , envoyé à Aug-
sbourg, Bamberg et Constance.
2. éVÊQUES DE BALE.
1672. La Fond (de), envoyé.
1673. Saint-Aubin (de), envoyé.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
31
1675. Gravel (Robert de), ambassadeur
en Suisse.
1708 et 1715. Do Loc (Ch. -François de
Vintimille, comte), ambassadeur
en Suisse.
1726. AvARAY (Claude-Théop. de Beziade,
marquis d'), ambass. en Suisse.
3. ÉVÊQUES DE RAMBERG.
1647. Arriste, envoyé.
1682. BouRGBAUviLLE (de), envoyé.
1684. FoucHER, envoyé.
4. évÊQUES DE CONSTANCE.
1682. BouRGEAUviLLE (de), envoyé.
1693. Gergy (Jacques-Vincent Languet,
comte de), envoyé.
5. lâVÊQDES DE LIÈGE.
163r La Chapelle (de).
4634. MouzoN (l'abbé de).
1646 à 1650. LoMBRES (Antoine de),
seigneur d'Herbing ou Herbin-
ghen, sans caractère.
1649. Fabert (Abraham), maréchal de
France; commissaire du roi.
— HoMBOURG (le prince de), plénipo-
tentiaire.
1657. Gravel (Robert de), id,
1664. BocRLiE (le comte de) miss. part.
1667. Choist ou de Choist (de), comm.
aux limites.
1672. Maisons (de), ch. d'une mission.
1675. Carrières (des), plénipotentiaire.
1676. Paillerolles (de), résident.
1680. Bouillon (le cardinal de).
1682. La Raudière (de).
1687. Aspeldt (Bidal d').
1688. Ratabon (de), env. extr.
1694. Bouillon (le cardinal de).
1698. Phéltpeaux, env. oxtr.
1700. La Raudière (de).
1701. Des Alleurs (Pierre Puchot,mar.)
1719. La Barre (de), ch. d'une mi.-:sion.
1723. Woût-Tixhe, id.
1726. Mayers et Couve, id.
1729 à 1748. Esmale, résident.
1746. Freisciimann (l'abbé).
1748. Beauciiamp, résident.
1752 à 1759. Durand d'Aubignt, rés.
1759. Segaud, chargé d'affaires.
1760. Boyer, ministre plénipotentiaire.
1761. Michel, chargé d'affaires.
— Lupcourt-Drouville (le comte de) ,
ministre plénipotentiaire.
1763. Desvilliers, chargé d'affaires.
1 767. Lupcourt-Drouville (le comte de) ,
ministre plénipotentiaire.
1769. Sabatier de Cabre, min. plén.
1771*. Flavigny (le comte de), min. plén.
1772. Melon, chargé d'affaires.
1774. Sabatier de Cabre, min. plén.
1775. Léonard (Nicolas-Germain), chargé
d'affaires.
1777. Sabatier de Cabre, min. plén.
1782. Sainte-Croix (Marie-Louis-Henri
Descorches, marquis de), min.
plénipotentiaire.
1784. JoLivET, chargé d'affaires.
1786. Sainte -Croix (Marie-Louis-Henri
Descorches, marquis de), min.
plénipotentiaire.
— JoLivET, chargé d'affaires.
1788, Sainte -Croix (Marie-Louis-Henri
Descorches, marquis de), min.
plénipotentiaire.
1788 à 1792. Jolivet, chargé d'affaires.
0. éVÉQDES DE MUNSTER.
1646. Fabri (Alexandre), envoyé.
1 661 . L'Évêque de Beauvais, ambassadeur
en Pologne en 1680.
1665. Leissens (l'abbé Charles de Lyonne
de), envoyé.
1666. Milet, envoyé.
1673. Rousseau, envoyé.
1676. Bidal, ministre plénipotentiaire.
32
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
IÇ78. DucKER, envoyé extraordinaire.
— Estrades (le comte d'), min. plén.
au congrès de Nimègue.
— Groissy (Ch. Colbert, marquis de),
min. plén. au congrès de Ni-
mègue,
1680. Arcy (le marquis d'), env. extr.
— GoMBAUD, envoyé extraordinaire.
1688. DuHÉRON, envoyé.
1689. Freischmann, plénipotentiaire.
— Du Héron, plénipotentiaire.
4719. Freischmann, réaident.
7. éVÊQUES d*osnabrdgk.
1647. La Cour (de), résident.
1678. AvAux (Cl. de Mesmes, comte d'),
plénipotentiaire.
1678. Colbert (Ch., marquis de Groissy).
plénipotentiaire.
1680. Arcy (le marquis d'j, envoyé.
1681. GouRViLLE (de).
1689. Freischmann, résident.
8. lîVÊQDBS DE PADBRBOItli.
1683. GoMBAUD, envoyé.
9. ÉVÊQUES DE W0RZBODR6.
1648. Arriste, envoyé, et à Bamberg.
1684. Foucher, id,
1698. Iberville (Cb.-Franç. de la Bonde
d'), envoyé.
1699. Freischmann, envoyé.
1700. Obrecht, id.
1745. FoLARD (de), ministre.
XIII.
Ambassadeurs, Ministres, etc., auprès des Princes séculiers de l'empire
non Électeurs.
1. ANHALT.
1610. HoTMAN DE YiLLiERs, ambassa-
deur en AJlemagne.
2. BADE.
165i.
1662.
Saint-Geniez (le marquis de), en-
voyé près Frédéric YI, margrave
de Bade-Dourlach.
Colbert (de) , envoyé pour exami-
ner les prétentions du margrave
sur Landskron.
1672. Feuquières (Isaac de Pas, marquis
de), ambassadeur en AJlemagne,
accrédité auprès du margrave
Guillaume de Bade-Bade.
1682. BouRGE AU VILLE (de), envoyé au-
près de Frédéric-Magnus, mar-
grave de Bade-Dourlach.
1698. Gergy (Jacques- Vincent Languet,
comte de), envoyé extraordinaire
près le cercle de Souabe.
1741.
1785.
1724. Matignon (Marie-Thomas-Auguste
Goyon, marquis de), chargé
d'une mission.
CouRTEN (le chevalier de), chargé
d'une mission.
Mackau (le baron de), min. plén.
près le cercle de Souabe.
1791 . Maisonneuve, ministre plénipoten-
tiaire près le cercle de Souabe.
An XI. Massias (Nicolas), chargé d'af-
faires.
1808. Talleyrand (Auguste, baron de),
ministre plénipotentiaire.
— (29 octobre). Bignon (Edouard, ba-
ron), envoyé extr. et ministre
plén.
M0U.STIER (Clément-Edouard de],
env. extr. et min. plén.
(15 décembre). Nicolay (le comte
de), envoyé extr. et ministre
plénipotentiaire.
1811.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
33
1 81 5-1 830. MoNTLEZUN (le comte de) , ré-
sident, puis min. plén.
3. DUCS DE BRUNSWICK.
.... GouRviLLE (Jean Héraut de), env.
1643. LoNGUEviLLE (le duc de), plén. au
congr. de Munster, ch. d'une
mission auprès des ducs.
— AvAux (Ci. de Mesmes, comte d'),
plén. au congr. de Munster, ch.
d'une mission auprès des ducs.
— Servien (Abel), plén. au congr. de
Munster, chargé d'une mission
auprès des ducs.
1660. Gravel (Robert de).
1664. Heiss, envoyé près le duc de Bruns-
wick-Wolfenbuttel.
1665. LoMBREs(Ant. de), ambassadeur en
Pologne, chargé d'une mission
auprès des ducs.
1667. Millet, chargé d'une mission.
— BiDAL, id.
1668. Gourville (Jean Héraut de), env.
1671. Verjus, envoyé pour le différend
concernant Hox ter.
1 673. DupRÉ, envoyé près le duc de Bruns-
wick-Hanovre..
1674. Rousseau, envoyé près le duc de
Brunswick-Hanovre en 1677.
4677. Rébenac (François de Pas-Feu-
quières, comte de), envoyé extr.
et plénipotentiaire.
1679. Arcy (le marquis d').
4680. L'Évêque de Beauvais, ambass. en
Pologne, chargé d'une mission.
4681. Gourville (Jean Héraut de) env.
extr. près l'évèque d'Osnabruck,
duc de Brunswick-Hanovre.
4684. BouRGEAUviLLE (de), envoyé extr.
près les ducs de Brunswick.
4690. Hasfeldt (Bidal, baron de).
4792. Du Moulinet, chargé d'une miss.
— BoNREPAUS ou BONREPOS (N...
d'Usson de),
n.
1698. Du HÉRON, env. extr. près les ducs
de Brunswick-Wolfenbuttel.
1700. BoNNAc (Jean-Louis d'Usson, mar-
quis de), env. près les ducs de
Brunswick-Wolfenbuttel et le
duc de Zelie.
1711. Hocii, sans caractère.
1715. Cboissy (Henri-François Colbert,
comte de), envoyé.
1727. Vaux (de), chargé d'aff.
4. DUCS DE DEUX-PONTS.
1756. La Jollais (de), ministre.
1762. Beauval (de), ministre pléni p.
1774. Radix de Sainte-Fot, min. plén.
1778. Okelly, ministre plénipotentiaire.
178Î. CoRBERON (le baron Bourrée de),
ministre plénipotentiaire.
1786. SiVRY (le président de), commis-
saire pour Texéculion de la con-
vention des limites, du 18 no-
vembre 1786.
1787. Maratray de Cussy, ch. d'aff.
4788. La Coste (le marquis de), ministre
plénipotentiaire.
4789. Maratray de Cussy, ch. d'aff.
1790. Ternan (de), commissaire pour ré-
gler les indemnités des princes
possesslonnés en Alsace.
4794, Chamboban (de), id.
— Despobtes (Félix), commissaire.
4792 (27 avril). Naillac (Dombois de),
min. plén.
— (19 juin). Desportes (Félix), ch.
d'affaires.
5. LANDGRAVES DE HESSE-CASSEL.
1624. Marescot, envoyé.
1630. . . . id,
4636. La Garde, id.
— Saint-:Chaumont (Melchior Mitte
de Chevrier, marquis de), amb.
extraordinaire en Allemagne, si-
gnataire du traité de Wesel.
3
34
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS.
1637. Amontot (Raoul, seigneur d';, né-
gociateur du (niité de Dorsten.
4639. La Bodkrie (de,, signaUiire du
traité de Dorsten,
1640. CiioiSY (de), intendant des armées
françaises.
— Estrade (d'), envoyé.
464â. AvAUx (le comte d'^, chargé d'une
mission.
4fi4o. Beauregard, envoyé.
1672. Feuquières (Isaac de Pas, marquis
de), envoyé.
— Gravel (l'abbé de), envoyé.
1673. Verjus, id,
1677. Rousseau, id.
1693. Freischmann, û/.
1696. Tettau.
1698. Iberville (Ch.-Franç. de la Bonde
d*], envoyé.
1713. Croissy (Henri-François Colbert,
comte de), envoyé extr.
1925. RoTTEMBOLRG ( Conrad-Alcxandrc,
comte dCy, en voyéextraordinaire.
1728. FoRTiA (de;, chargé d'une mission.
— Matignon (le coiule de;, id.
1729. ViLLEBOis (Michel de), envoyé au-
près du landgrave, roi de Suède.
1745. ViNcENTi, chargé d'affaires.
1756. FoLARD (de), envoyé.
1766. IIennebkrg, ministre.
— Aigremont (le chev.d'), min. plën.
1773. VÉRAC (Ch.-Olivier de Saint-Geor-
ges, marquis de), min. plén.
1775à1790. Grais (le comte de), id.
Ère républicaine. An iv. Rivals (Louis-
Marc), ministre plénipotentiaire.
An XI. BiGNON, id.
1806. Courbon Saint-Genest, ch. d'aff.
1822. Sabatier de Cabre, ministre plé-
nipotentiaire jusqu'en 1830.
6. landgraves de hesse-darmstadt.
1644. CoBKN (de), envoyé.
1675. Gravel (Fabbé de).
1700. Obrecht, envoyé.
1726. Planta (de}, env. exlr.
1733. Boiimer (de), ministre.
1 763. IIartsciibr d* Almendingkn, chargé
d'affaires jusqu'en 1767.
1771. Pachelbel, chargé d'affaires jus-
qu'en 1785.
1785. Bonnard, agent jusqu'en 1791.
Ère républicaine an vu (28 pluviôse), Er-
MARD, minisire plénipotentiaire.
An VII (28 ventôse;. Gaudin (Énaile), min.
plénipotentiaire.
An IX. Helfflinger, chargé d'affaires
jusqu'en 1811.
1811. Vandeul (Simon-Denis Caroillon
de), env. extr. et min. plén.
1814. BoGNE DE Faye, fésident. (Il ne
s'est pas rendu à son poste).
1815. FÉNELON (de), chargé d'affaires,
puis ministre plénip. en 1821.
7. COIITES DE LA LEYEN.
1781. GÉRARD (Conrad-Alexandre), pré-
teur de Strasbourg, plén.
8. COMTES DE LEINnGEN (lTIANGB] HEIDESBCni.
175!. Rome (l'abbé).
9. DUCS DE LORRAINE.
1698. Bovzols (N... Montaigu, marquis
de), envoyé extraordinaire pour
féliciter le duc sur son retour en
Lorraine.
1702 à 1732. AuDiFFRET (d'), env. extr.
1746 à 1766. LucÉ (le comte de), envoyé
extraordinaire auprès du roi Sta-
nislas, duc de Lorraine.
10. DICS DE MECKLENBOURG.
1633. AvAUGouR (d*), envoyé.
— Feuouières (fsaac de Pas de), am-
bassadeur extraordinaire.
1664. Du Fresne, envoyé.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
35
4665. LoMBRES (Antoine de), ambassa-
deur.
1684. GouRviLLE (Jean Héraut de) , env.
4692. Du Moulinet, chargé d'accoinpa-
gner la duchesse.
4693. BiDAL (Tabbé), envoyé.
4 74 4. Poussin, envoyé extraordinaire près
le cercle de Basse-Saxe.
4758. CiiAMpEAUX père, envoyé.
4814. DÉSAUGiERS (Jules), ch. d'aiï.
11. PRINCES DB NASSAU.
4634. N..., ambassadeur.
4738. RouvÈRE, envoyé.
12. PRINCES D*OSTFRISE.
4644. La Tiiuilerie (de), envoyé.
— MoNTiGNY (de), id.
— RoRTÉ (de), id,
13. DUCS DE SAXE.
4639. Oysonville (le baron d'), env. près
le dqc de Saxe-Weimar.
4700. Obhecht, envoyé auprès du duc de
Saxe-Gotha, ausujetdu neuvième
électoral.
4704. BoNNAC (Jean-Louis d'Usson, mar-
quis de), envoyé auprès du duc
de Saxe-Gotha.
4844à4843. Svint-Aignan (Rousseau,
baron de), ministre plénipoten-
tiaire près les ducs de Saxe.
14. DUCS DE WURTEMBERG.
1633. La Garde (de), envoyé.
4634. BouRBONNE (le marquis de], plén.
4674. ViTRY (Nicolas-Louis de l'Hospital,
marquis de), env. extr.
4682. BouROBAuviLLB (de), envoyé; id.
près le cercle de Souabe.
4686. JuviG?»y (de), envoyé.
4698. Gergy (Jacq.-Vinc. Languet, comte
de), envoyé.
4740. La Verne (de).
4744. Bergeon.
4726. CiiAViGN^' (de), plénipotentiaire.
4743. Gravel (Maximil. -Henri de), env.
4744. La Noue (N... Malbran de), min.
plénipotentiaire; id, en 4746.
4746. Bruges (de), chargé d'une mission.
4756. MoNciEL (Terrier, marquis de),
ministre plénipotentiaire.
4774. Clausonnettb (le marquis de),
ministre plénipotentiaire.
4774. Apprederis, chargé d'affaires.
4775. Vibra YB (N.,. Hurault, vicomte de),
ministre plénipotentiaire.
4785. Mackau (Armand-Louis, baron de),
ministre plénipotentiaire,
4786. Maisonrouge (Addenet de) , chargé
de la correspondance en l'absence
du baron de Mackau.
4 788. Mackau (Armand-Louis, baron de] ,
ministre plénipotentiaire.
4794. Maisonneuve (de), id.
4793 (janvier). Doucet, secrétaire de lé-
gation, chargé de la correspon-
dance.
— Desportes (Félix), min. plén,
DUCS, Plis éUCTEURS, ENSUITE ROIS
DE WURTEMBERG.
An v (:26 floréal). Aebert, ch. d'aff.
Ali Vil (4 vendémiaire). Trouvé, ministre
plénipotentiaire.
An X (Î8 fructidor). Didelot, préfet du
palais, ministre plénipotentiaire.
An XIII. Raymond (Damase), ch. d'aff.
An XIV (brumaire). Didelot, min. plén.
4806. SiMÉON fils, chargé d affaires.
— (décembre) , 4 807 (4 6 mai). Durant,
ministre plénipotentiaire.
4807. (octobre). Siméon fils, ch. d'aff,
— Durant, ministre plénipotentiaire.
4809. Malartic (Ch.-Jean-Baptiste-Alph.
de), chargé d'affaires.
4844. (4 i janvier). Sbara (I9 baron de)^
36
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEL RS,
envoyé extraor. et minUlne pléo.
48H. RcMiGNT llane-Hippol}teGueuIluy
de), chargé d'atfaire^w
— (<5 décembre,. Mocstiee Clém.-
Éd. de^, env. extr. el min. plén.
4813. La Toue-Macbocrg -le baron Flo-
rj-m. Fa y de), envoyé extraordi-
naire et ministre plénipotentiaire.
4814. Taogoff le comte de).
1816. MoNTALEMBCftT Marc-Reoé-Ânne-
Marie, baron de-, env. extr. et
ministre plénipotentiaire.
1820. L% llocssATE 1e marquis de], env.
extr. et min. plén.
I8ÎÎ. Caiaman 'Georges Riquel, comte
de;, env. ext. et min. plén.
1 838. FoNTENAT {Gabriel Chevals, vicomte
de, env. ext. et min. plén.
XIV.
Minisires, eic, auprès des cercles dt l'Empire,
1. CERCLE DE FEA3CC05IE.
4701. Iberville (Ch.-Franç. de la Bonde
d'), envoyé.
470Î. RicoussE, iW.
4741. Salaberrt (le chevalier de;, env.
4746. FoLARD (de;, ministre.
4760. GoRTz le comte de), ministre.
477Î. Barotzi, chargé d'affaires.
4777. Choczi (Didier -Franc, Mesnard,
comte de;, minisire.
— Latour, chargé d'affaires.
4792. Maisonneuve [de], ministre.
2. cercle des HAUT-ET bas RHIN.
4757. Kempfer de Plobsheim (de), min.
4777à4792. Groschlag (le baron de);
ministre plénipotentiaire.
3. CERCLE DE BASSE SAXE.
Voyez Ville libre impériale de Hambourg,
4. CERCLE DE SOCABE.
1745. La Noue ;Denis de Malbren de},
envoyé.
1755. Mo.NXiEL ;N... Terrier, marquis de),
envoyé.
1758. La Touche [le chevalier de), env.
1762. Wredex '\e baron de;, id,
1771 à 1775. Clausonnette (le marquis
do^, envoyé.
4775 à 1784. Vibraye ;... Huraut, vicomte
de], envoyé.
1785 à 1791. Mackau (Armand-Louis, ba-
ron de), envoyé.
1791. Maisoxneuve (de}, envoyé.
An V. Massias (Nicolas) , chargé d'affaires.
An XIII. DiDELOT, min. plén.
5. CERCLE DE WESTPHALIE.
1758 (6 mars) à 1765. Kempfer de Plob-
sheim, min. plén.
Commissaires français dans les pays situes entre la Meuse, la Moselle et le
Rhin, et pour les règlements relatifs aux dettes, aux péages, à la navigation,
à l'octroi du Rfiin.
An VI. Rudler, commissaire.
An VII. Lakanal ( Tex - conventionnel ) ,
commissaire.
An XIII (vendémiaire). Jollivet, liquida-
teur général de la dette des dé-
part, de la rive gauche du Rhin.
An xiii (ventôse) . Coqubbert-Monbret,
commissaire chargé de rétablis-
sement de l'octroi de navigation
du Rhin.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
37
XV.
Ambassadeurs, Ministres, etc., dans les provinces unies des Pays-Bas.
1593. MouRLAG (de), ambassadeur.
— BuzANVAL (Paul de Choart de) , amb.
1596. Bouillon (Henri de la Tour, duc
de) , maréchal de France, négoc.
du traité du 31 octobre.
1607. Jeannin (le président Pierre), min.
plénipotentiaire.
— La Place (Hélie de) , sieur de Russy,
ambassadeur ordinaire.
1612. REFUGE (de), ambassadeur.
1614. DUMAURIER, id.
1617. La Noue (de), amb. ext.
1618. BoissiÈRE (de) id.
1624. BuLLioN (de), négociateur.
— EsPESSEs (Charles Paye d*), amb.
— Charnacé (Hercule, baron de),
négociateur.
1627. Billion (de), négociateur.
— Chateauneuf (de), id,
1628. Baugy (de), ambassadeur.
1629. L'Évèque d'Orange.
1630. Hadterive (de), chargé d'une mis-
sion particulière.
1631. Gouttes (le commandeur des), env.
— Berruyer, id.
1633. Charnacé (Hercule, baron de), trf.
1634. QuENAT, chargé d'une miss. part.
1635 et 1636. Brézé (le maréchal de), am-
bassadeur extraordinaire.
— Charnacé (Hercule, baron de), am-
bassadeur extraordinaire.
1636. Hgeufs, chargé d'une miss. part.
1637. LoPEZ (de), id.
— Martin (le capitaine), id.
— Yalençay (d'Estampes de), amb.
— Estrades (le comte d*), id.
— MoNTiGNY (de), envoyé auprès du
prince d'Orange.
1639. Amontot (Raoul, seigneur d'), ch.
d'une mission particulière.
1640. LaThuilerib (Gaspard Coi gnet de),
ambassadeur.
1 643. D'AvAux (le comte) , plénipotentiaire
au congrès de Munster.
— Servien (Abel), id.
1644. Beringhen ^de), chargé d'une mis.
— Marcheville (Henri de Gournay,
comte de).
— Brasset (de).
1647. Servien (Abel), ministre.
— LaThuilerie (Gaspard Coi gnet de) ,
ministre.
1648. Montras (de), ministre.
1650 et 1651. Bellièvre (le président de
Pomponne de), ambassadeur.
1651. Morand, ch. d'une miss. part.
— Gentillot, id.
1653. Chanut (Pierre), ambassadeur.
— Schlutter (Henri), secrétaire in-
terprète.
1657. Thou (Jacques-Aug. de), comte de
Meslay, ambassadeur.
— SÉGuiER (Pierre, duc de Villemor),
chancelier de France.
— Villeroi (Nie. de Neuville, duc de) .
— Bribnne (Henri-Aug. de Loménie,
comte de) .
1662. Lou\'Ois (Michel le Tellier, marquis
de).
— Lionne (Hugues de).
— Brienne (Louis-Henri de Loménie,
comte de).
— Colbert (Jean- Baptiste).
— Estrades (le comte d'), amb.
Turenne (le vicomte de).
Estrades (d'), négociateur à Bréda.
Courtin, id,
Louvois, négociateur.
Lionne, id,
Colbert, id.
1667.
1668.
38
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1668.
Pomponne (de), amlïassadeur.
—
1671.
Bernard, chargé d'affaires.
1671.
AvALX (le comte d'), négociateur.
—
1676.
Estrades (le comte d\ , plénipoten-
1711.
tiaire au congrès de Nimègue.
1712.
—
ViTRY (le maréchal de;, id.
—
AvAUX (le comte d'), tV/.
—
—
COLBERT.
1678.
Lannoy (de), envoyé.
—
—
Daguerre, agent à Amsterdam.
—
AvAUX (le comte d'), ambassadeur
1713.
extriiordinaire jusqu'en 1688.
1716.
1692.
LiBois, chargé d'une négociation.
1718.
—
Piles (de), id.
1720.
1693.
Daguerre.
1725.
—
MoREL (l'abbé;, ch. d'une négoc.
1728.
—
Beckiierx, id.
1731.
1694.
Haskeldt (le baron de), id.
1734.
—
Crécv (de), id.
1736.
—
MoREL (l'abbé), id.
—
Harlay (de), négociateur sous le
1743.
nom de Saint-Germain.
1745.
—
Callières (de), négociateur sous
1746.
le nom de Gigny.
1747.
1 605.
Callières (de).
1697.
La Guerre, agent.
—
—
La Closure (de), résident.
1698.
Bonrepos ou Bonrepaus (d'Usson
de), ambasî^adeur.
1750.
1700.
Rriord (le comte do), ambassa-
1751.
deur.
—
1701.
AvAix (le comte d'), ambassadeur
extraordinaire.
1752.
—
Barré, résident.
1755.
1702.
MoNTFORT (de), ch. d'une miss.
1760.
noo.
Desciiamps, correspjndanl.
—
—
BONNASSARI, id.
1762.
—
Dupuis Saint-Gervais, corresp.
1763
—
Alègre (le marquis d'), négoc.
1707.
Rivière (de), correspondant.
1765.
' —
Mesnager, chargé d'une mission.
—
1709.
HuxELLES (le maréchal d') , pléni-
potentiaire aux conférences do
1768
Gerlruydenberg.
1769
Polignac (fabbé de), plén. aux
conf. de Gerlruydenberg.
La Blinière (de), ch. d'une miss.
Galli, id.
Huxelles (le maréchal d'), plénip.
au congrès d'Utrecbt.
Polignac (l'abbé de], plénipotent.
au congrès d'Utrecbt.
Mesnager (Nicolas) , plénipotent.
au congrès d'Utrecbt.
Chateauneup (le marquis de) , amb.
Dubois (l'abbé), id.
MoRviLLB (le comte), id,
CiiAMDÉRi, chargé d'affaires.
Fénklon (le marquis de), amb.
La Baune, chargé d'affaires.
FÉNELON (le marquis de), amb.
Janxel, négociateur.
AiiELOT, commissaire pour le traité
de commerce.
La Ville (l'abbé de), min. plén.
CniQUET, chargé d'affaires.
PuYsiEULx (le marquis de).
La Porte du Tkil, plénipotentiaire
aux conférences de Bréda.
Saint-Severin d'Arragon, plénip.
aux conférences de Bréda.
Saint-Coxtest ( Franc. -Dom. Bar-
berie de), ambassadeur.
Ll^ssEPS, chargé d'affaires.
Durand, ministre plénipotentiaire^
BoNNAc (le marquis d'Usson de).
ambassadeur.
Affry (le comte d'), ambassadeur.
Prévost, chargé d'affaires.
Affry (le comte d), ambassadeur.
Prévost, chargé d'affaires.
llAVRixcouRT (le marquis de Car-
dérac d'), ambassadeur.
Desrivaux, chargé d'affaires.
Havrincourt (N... de Cardérac,
marquis d), ambassadeur.
. Breteuil (le baron de), id,
. Du Prat (l'abbé), chargé d'affaires.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
39
4774. NoAiLLKS (le marquis de), amb.
177i. Dksnoyers (Et. Gaslebois, abbé),
chargé d'affaires.
— NoAiLLES (le marquis de), amb.
1773. EcoTAis (le comte dos), eh. d'aff.
— NoAiLLES (le marquis de), amb.
4775. Desnoyers (l'abbé), ch. d'aff.
1776. La Vauguyon (le duc de), amb.
4777. BÉRRNGER, chargé d'affaires.
1778. La Vauguyon (le duc de), amb.
1781. BÉRENGER, chargé d'affaires.
1782. La Vauguyon (le duc de), amb.
— BÉRENGER, chargé d'affaires.
1783. La Vauguyon (le duc de).
— BÉRENGER, chargé d'affaires.
1785. VÉRAc (le marquis de), amb.
1 787. Gaillard (Antoine-Bernard) , chargé
d'affaires.
1788. Saint-Priest (François-Emmanuel
Guignard, comte do), amb.
1789. Gaillard, chargé d'affaires.
1790. OsMOND (le marquis d'), ministre
plén. N'alla point à son poste.
1791. La Tour du Pin-Gouvernet (de),
ministre plénipotentiaire.
1792. Maulde (de), min. plén.
4793. Gaillard (Antorne-Bernard), min.
plénipotentiaire.
An III. Le conventionnel Sieves, négoc.
— Le conventionnel Rewbell, id,
— PiNSOT, chargé d'aflaires.
— Noël, ministre plénipotentiaire.
An VI. L'ex - conventionnel Delacroix
(Ch.), ministre plénipotentiaire.
— Champignv-Aubin, ch. d'aff.
— L'ex-conventionnel Roberjot, mi-
nistre plénipotentiaire.
— PiCHON, chargé d'affaires.
An VII. Lombard (de Langres), min. pi.
— L'ex-conventionnel Florent-^
GuYOT, min. plén.
An VIII. Deforgues (Franç.-Louis-Michel
Chemin), min. plén.
— Semonville (Huguet de), amb.
An XIII. Marivault (Ant. Lacoux), ch.
d'affaires par intérim.
— DupoNT-CiiAUMONT (le général),
ministre plénipotentiaire.
4808. La Rociiepoucaud (Alexand., comte
de), ambassadeur.
4 809 à 1810. SÉRURiER (Louis-Barbe-Ch.),
chargé d'affaires.
— (9 juillet). Date de la réunion de la
Hollande.
1814. La Tour du Pin-Gouvernet (le
comte de), min, plén.
1620.* Durant de Mareuil (le baron de),
, ministre plénipotentiaire.
— Mérona (Alberl-Pierre-Franç. Tis-
bot de), chargé d'affaires.
1823. Agoult (le comte Hector d'), env.
extr. et min. plén.
1827. La Moussaye (le marquis de), env.
extr. et min. plén.
XVL
Ambassadeurs, Mmistres, etc., à la cour de Bruxelles,
146i. Eu (Charles d'Artois, comte d'),
ambassadeur.
1511. Chillon (de), envoyé.
1529. La Pommeraye (de), agent.
1538. Hkllin, rérident.
1547. Livio Croto, ambassadeur.
1601 . Caumartin, commissaire pour le rè-
glement des limites.
1601. Mangot, com. pour le règl. deslim.
— PiTiiou, id.
— La Boderie (Antoine de), envoyé
sous les règnes de Henri IV et de
Louis XHL
1602. Jeannin (le président Pierre), pi.
1610. Préaux (de), envoyé.
1613. Du Refuge, amb. ext.
&0
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1616.
1625.
1628.
1629
1632.
1633.
4634
1635.
4637
4641
4642
4643
4649
4654
1670
4672,
4688
1707
1710
1713
PcfticAftD de', ambasês^deur.
, Bacgt de*, résident.
. Bft.issET. cter^ d'affaire:^
. Baitic Guill. de . conîte de Ser-
rent résident.
. Hacteiive. agent.
. Desrch iiES. mifs. part,
à 1649. Damontot, rtsident.
. BiÉzÊ Urbain de Maillé, marquis
de . maréchal de France, plén.
Charnacé 'le baron de\ iW.
. Saint-.Mars l'abbé de , agent.
Chavignt de;, iW.
. Watte VILLE le baron de , agent.
Chevrei'se 'madame de;, probable-
ment Marie de Roh n, chargée
d'une négociation.
. Dvplessis-Besançon, ministre.
Vautorte (Cazet de , envoyé.
CoRBERET [de], i(L
La Varenne ;'de\ id.
GoMBALLT {de;, iW.
Storff, i(i.
.MÉNAGER (Nicolas;, sans caractère.
Rossi [le marquis do] , ch. d'àff.
. PiEDCOiBT, commissaire négocia-
teur pour régler les droits d>n-
trée et de sortie dans les Pays-
Bas.
Vaultier, commisî^aire négociateur
pour régler les droits d'entrée et
de sortie dans les Pavs-Bas.
1727. Uvaro oa Livarot fde> ministre.
1728. Jox\iLLE Franc. Cbaillou, seignear
de . ministre.
1740. Dagiet, chargé d'affaires.
1748. TicoTET, id.
— SÉCHELLES N... Hérault de}, com.
— De CBATLi, id.
1752. Lesseps, ministre plénipotentiaire.
1758. Gra\ille le comte de\ sans ca-
ractère.
1765. Bedtinger. chargé d aflisiires.
1 766. Lupcourt-Drouville 'le comte de' ,
ministre plénipotentiaire.
1769. Ge\int, chargé d'affaires.
— Bon le baron de . min. plén.
1 774. Garnier, chargé d'affiaiires.
1775. Adhémar le comte d';, min. plén.
1780. La Greze de;, chargé d'affaires.
1781. AnnÊMAR ;ie comte dV, ministre
plén.
17S2. Garnier, chargé d'affiaires.
— Adhémar 'le comte d\\ min. plén.
1783. Anijlai' le comte d';, id.
1784. Apprederis, chargé d'affaires.
— Aniilau ;le comte d';, min. plén.
— HiRsiNGER ^ Yves -Louis -Joseph]
chargé d'affaires.
1788. La Gravii^re {le chevalier de; , ré-
sident.
1790. Ruelle, sans caractère.
1791 et 1792. La Gravière (le chevalier
d»*\ résident.
XVII.
Ministres, etc., auprès des viiles anst^atiques et impériales.
1. E\ Glé^iKRAL.
4698. Gergy (Jacques-Vincent Languet,
comte de;, envoyé.
2. AIX-LA-CHAPELLE.
1711. La Vieuville (de), envoyé.
— Selice (de), id.
I7i9. BoissiEox (de), ministre.
17G0. Boyer, ministre à Liège.
3. AUGSBOURG.
I()82. Bourgeauville (de), envoyé.
4. FRANCFORT-SUR-LB-MEIN.
4633. La Grange (de), aux Ormes, env.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
ftl
1673. RoQuiGNY (de).
1674. Persod, agent.
1698. Gergy (Jacque»- Vincent Languet,
comte de).
1741. Belle-Isle (Ch.- Louis- Auguste
Fouquet, maréchal, ducde),amb.
près la diète d'élection.
1744. Bavière (Maxim.-Emm., comte de),
ambassadeur auprès de son frère,
l'empereur Charles VU.
1745. Saint-Séverin d'Arragon.
— Covrteille.
1757. Charles, chargé de la correspon-
dance des armées françaises en
Allemagne.
— Kempper de Plotzheim (de), min.
1770 à 179Î. Barotzi, résident.
An V (î6 floréal). Jouenne, agent.
An VI (26 prairial). Mesnard, id.
An VII (29 pluviôse). Amelot, résident.
An XI (30 floréal). HiRSiNGER (Yves-Louis-
Joseph), résident.
1806. Bâcher, chargé d'afiaires.
1814. Salignac-Fénelon (comte de),
chargé d'aff^aires.
1815. Reinhard, min. plén.
1828. Skgur-Montagne (le vicomte de),
chargé d'aflaires.
5. HAMBOURG.
1636. RoRTÉ (de), résident.
1637. Saint-Chamond ou Saint-Chau-
MONT (Melchior Milte de Che-
vriors, marquis de), résident.
1638 à 1649. Saint-Romain (de), id.
— — Meules (de), id,
1654. Brienne, plénipotentiaire pour re-
. nouvoler l'alliance avec les villes
anséatiques.
— Aligre (d'), id.
— BlGNON. . id.
1666. CouRTiN (Honoré), résident.
1671. DuPRÉ, agent.
1675. BiDAL, résident; agent en 1683.
— Verjus, id.
1683. Arcy (d'), résident.
1690. Haspeldt (N. Bidal, baron de).
1698 à 1703. Bidal (l'abbé), env. extr.
en basse Allemagne.
1714 à 1749. Poussin, trf., mort en fonc-
tions à 108 ans.
1749. Lagau (Phil.), chargé d'aflaires et
consul ; envoyé extraordinaire
en basse Allemagne en 1757 et
1779.
1750. Champeaux, envoyé; env. extr. en
basse Allemagne en 1 761 .
1754. CH\MPEAuxfîls,ch.d'afl*.; env. extr.
en basse Allemagne en 1757.
1761. Pascault, chargé d'affaires.
1762. Boch, id.
— MoDÈNE (Raymond, comte de), en-
voyé et ministre plénipotentiaire.
1768. Ta vernier (l'abbé), ch. d'aff.
— Noailles (le marquis de), ministre
plénipotentiaire.
1770. Brunalti, chargé d'affaires;
— Lesseps (de), consul,, id.
1772. La Houze (N. Basquiat, baron de),
ministre plén.; ch. d'affaires en
1775.
1774. Renaud, chargé d'affaires.
1782. Du VIVIER (le chevalier), ministre
plén.
1783. Lauezzari, chargé d'affaires.
1788 à 1792. Bourgoing (le chevalier de),
ministre plénipotentiaire.
— Gandolphe, chargé d'affaires.
1792. Lehoc, min. plén. jusqu'au 16 fé-
vrier 1793.
An IV. Lagau, chargé d'affaires.
— Reinhard (Charles-Frédéric), mi-
nistre plénipotentiaire.
An VI. GiNGUENÉ, id.
— (29 frimaire). Roberjot, min. plén.
— (11 prairial). Marragon, id.
An viii. LemaItrb, chargé d'affaires.
k2
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
An X (floréal) . Rkiniiaro (Ch.-Fréd.) i tnin.
plén. près le cercle de basse
Saxe.
An XIII (prairialj. Bovrrienne (Louis-Ant.
Fauvelet de) , min. plén.
1814. Le même, chargé d'affaires.
4816. Marandet (Alexandre), min. plén.
1825. Roux DE Rochelle, id,
G. ULM.
1682. BouRGEAUviLLE (de), envoyé.
XVIII.
Ambassadeurs^ MinislreSj etc., en Danemark,
1542.
1624.
1625.
1626.
1631.
1644.
1649.
1657.
1666.
1668.
1669.
1675.
1679.
1681.
1683.
1685.
1686.
1688.
1692.
1698.
RicuER (Christophe), ambassadeur.
Deshayes, amb.; amb. en Suède.
Bassompierre (de), ambassadeur.
Marcueville (Honri de Gournay,
comte de), ambassadeur.
CiiARNAcÉ (le baron de), ministre.
AvAux (Claude de Mcsmcs, comte
d'), ambassadeur.
La Tiiuilerie (Gaspard Coignet
de), ministre.
Terlon (de), ambassadeur.
Hennequin, résident.
Mellles (Claude de), miss, partie.
AvAUGOuR (N..., baron d'), amb.
La Roche Saint-André (de).
CouRTiN (Honoré), résident.
Terlon (de).
Arcis (des).
Gravel (Robert de), ambassadeur.
Rerenac (François de Pas Feu-
quicros, comte de), envoyé.
Martangis (Foulé de), env. extr.
ViLLARS (le marquis de), amb. extr.
ToRCY (Jean-Baptiste Colberl, mar-
quis de), ambassadeur.
Cheverny (Louis de Clermont,
comte de), amb. extr.
BiDAL (l'abbé), mission particulière.
Martangis (Foulé do), amb. extr.
USSON DE BONHEPOS OU BONREPAUS
(d'), ambassadeur extraordinaire.
Chamilly (François Bouton, comte
de), amb. extr.
1702. Poussin, chargé d*affaires.
1726. Camilly (Pierre Blouet, comte de),
ambassadeur.
1728. Plelo (Louis-Robert-Hippolyle de
Bréhant, comte de), amb.
1729. Perteville, chargé d'affaires.
1734. Lanoub (Denis de Malbran de),
chargé d*affaires.
1737. Chavigny (Théodore de), env. exln
1739. Lemaire (Pabbé), min. plén.
1753. Ogier (Jean-François), env. extr. et
min. plén.
1766. Le Seurre, chargé d'affaires.
— Blosset (le marquis de), min. plén.
1768. Brosseronde (Guillaume-Simon de),
ch. d'aff.; min. plén. en 1774.
1769. Blosset (le marquis de), min. plén.
1775. VÉRAC (Charles-Olivier de Saint-
Georges, marquis de), min. plén.
1777. Gaillard (Antoine -Bernard), ch.
d'affaires.
1779 à 1792. La Houze (Basquiat, baron
de), min. plén.
1783. Adam, chargé d'affaires.
1702. La Hot'ZB (Basquiat, baron de),
min. plén.
— ViRRAYE (liuraut de), min. plén.
— Louis (l'abbé Dominique, depuis
baron), min. plén.
— Framkry (Pierre), chargé d'affaires
par intérim.
An II. Grouvklle., agent, ensuite min.
plénipotentiaire jusqu'à Fan viii.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
43-
An viit. BouRGoiNG, min. plén.
An IX. Macdonald (le général), min. plén.
An X. D'Aguesseau, id.
An XIII. Victor (le général, depuis maré-
chal, duc de Bellune), env. exlr.
et min. plén.
1806. DÉSAVGiERS (Auguste-Félix Augier
dit), chargé d'affairée.
1807 et 1808. Didklot, env. exUT. et mim
plén.
4814. DÉsAUGtBRs (Auguste^Félix Augier
dit), chargé d'affaires.
-^ Alquier (le baron Charles -Jean-
Marie), env. extr. et min. plén.
1814. BoNNAY (le marquis de), ministre
plén.
1817. La Ferronnays (le comte de), env.
extr. et min. plén.
18t1. Saint-Simon (le marquis de), env.
extr. et min. plén.
XIX.
Ambassadeurs, Ministres, en Suéde,
1543. Righer, ambassadeur.
1574. PiNAiiD, amb. extr.
1624. Deshayes, ambassadeur.
1629. Gharnacé (le baron de), amb.
1632. Brézé (le marquis de), id,
— EmAT (Antoine Coeffier de Ruzé,
marquis d*), maréchal de France.
— Du Damel, envoyé.
1634. AvAUX (Claude de Mesmes, comte
d'), ambassadeur.
1636. AvAUGOUR (le baron d'), min.
— Beauregard, agent.
1640. RoRTÉ (le baron de), envoyé, en-
suite ambassadeur.
— A VAUX (le comte d*), ambassadeur.
1642. Saint-Romain (de), agent.
1644. La Tijuilerie (Goignet de), am-
bassadeur extraordinaire.
1645. Courtin (Honoré), ch. d'une miss.
1646. Du HÉRON (Melchior), id,
— Chanut (Pierre), résident.
1651. Piques, id,
1654. Briknnr (Loménie, comte de), amb.
— AvAUGOuR (le baron d'), id.
1656. Des Minières, env. dans le Nord.
1 658. Terlon (Hugues, chevalierde) , amb.
près les cours du Nord.
1662. CotRTiN (Honoré), résident, id.
— CiiAssAN (d(»), ag«nt.
— Terlon (le chevalier de).
1668. Pomponne (de), ambassadeur.
1670. Bidal, résident.
— Rousseau, id.
1671. Pomponné (Arnaud de), amb. extr.
— Vaubrun (le marquis do), env. extr.
— Courtin (Honoré), ambassadeur.
1672. Feuquières (Isaac de Pas, marquis
de), ambassadeur.
1674. RÉBENAC (François de Pas- Feu-
quières, comte de), env. extr. à
l'armée suédoise.
— ViTRY (de l'Hôpital de), id,
1680. Rousseau, envoyé en Poméranie.
1682. Bazin, ambassadeur.
— MicHON, sans caractère.
1684. La PicQUBTiÈRE (de), résident.
1689. Hasfeldt (Bidal, baron de), am-
bassadeur.
1692. BÉTHUNE (François, marquis de),
envoyé extraordinaire.
— AvAux (Jean-Antoine de Mesmes,
comte d') , ambassadeur.
1699. GuisGARD (Louis, comte de), am-
bassadeur extraordinaire.
1702. Du HÉRON (Melchior), résident.
— BoNNAc (d'Usson de), ambass.
1703. Camprédon, résident.
1706. Geoffroy, agent.
1707. Ricous (de), envoyé extraordinaire,
— BÉZENVAL (de), id.
hli
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4714. FiERviLLE (de), agent.
4715. Croissy (Henri-François Colbert,
comte de), amb. extraordinaire.
1717. La Marck (Jean-Pierre, comte de),
ambassadeur.
1719. ToDRBERY, agent.
Mii, Campredon (de), chargé d'affaires.
— Brancas-Céreste ( Louis- Bufile-
Toussaint-Hyacinthe, comte de),
ministre plénipotentiaire.
1727. Casteja (Cliarles-Louis de Biaudos,
comte de) , ambassadeur.
1731. ViLLEBOis (de), résident.
1735. Saint-Se VERIN u Aragon (Alph.-
Marie-Louis, comte de), amb.
1741. Mondamert, chargé d'affaires.
— Lanmary (Marc-Antoine Beaupoil
de Saint-Aulaire, marq.), amb.
1749. La Fayardie (de), ch. d'affaires.
— Havrincourt (de Cardevaque, mar-
quis d'), amb.
1762. RossiQNOL, chargé d'affaires.
1763. Bréteuil (Le Tonnelier, baron de),
ambassadeur.
1767. DupRAT (l'abbé), chargé d'affaires.
1768. MoDÈNE (Raymond, comte de) ,
ambassadeur.
1770. Barthélémy, chargé d'affaires am-
bassadeur en 1774.
1771. Vergennes (Charles Gravier, comte
de), ambassadeur.
1774. UssoN (le combe d'), ambassadeur.
1776. GiRAULT, chargé d'affaires.
1781. Sainte-Croix (Louis-Claude Bigot,
chevalier de), chargé d'affaires.
1782, UssoN (le comte d'), ambassadeur.
1782.
1784.
1786.
1788.
1791.
1792.
An 111
Au IV.
An IX
An XI
1810.
1811.
1814.
1820.
1824.
Sainte-Croix (le chevalier de),
chargé d'affaires.
Pons (le marquis de), ambass.
Gaussen (le chevalier de), ch. d'aff.
Pons (le marquis de), ambass.
Gaussen (de), chargé d'affaires.
Yermnac de Saint-Maur, chargé
d'affaires.
. ^ivALS, ministre plénipotentiaire.
Le HOC, ministre plénipotentiaire.
Perrochel (Maes de)> ex-abbé de
Toussaint, chargé d'affaires.
Marivault (Lacoux), ch. d'aff.
. BOURGOING.
. C A ILLARD (Bernard-Antoine-Jean),
chargé d'affaires.
DÉsAUGiERS, chargé d'affaires.
Alquier (Charles Jean-Marie, ex-
conventionnel), envoyé extraor-
dinaire et ministre pléiiipot.
Saratier de Carre, ch. d'aff.
RuMiGNY (Marie-Hippol. Gueulluy
de), chargé d'affaires.
Le même, envoyé extraordinaire et
ministre plénipolentiaire.
Agoult (le comio Hector d'), env.
extraord. et ministre plénipoL
Mkrona (Albert- Pierre -François-
Xavier Tissot de), chargé d'aff.
par intérim.
Garriac (Paul -Joseph - Alphonse-
Marie-Ernest Cadoene, comte de],
env. extr. et min. plén.
Montaleurert (Marc-René-Anne-
Marie, comte de), envoyé extr.
et ministre plénipotentiaire.
XX.
Envoyés extraordinaires, etc., en Hongrie et en Transylvanie,
1644 à 1645. Croissy (Antoine de), et de
Marsilly, env. et plén.
1666. Grémonville (de), plénipolentiaire
en Hongrie.
1674 à 1681. Beaumont ^de), envoyé en
Hongrie.
1675 à 1681. Akakia, env. en Transyl-
vanie.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
65
4677. BÉTHCNE (le marquis de), plén. en
Hongrie et en Transylvanie.
4780. Révérend (l'abbé), env. en Tran-
sylvanie.
1681. DuvERNAY-BoucAULT, envoyé extr.
en Transylvanie.
1692. Ferriol (Charles de), plénipot. en
Transylvanie.
1702. FoRVAL (de), envoyé en Hongrie.
1703. N , envoyé en Hongrie auprès
du prince Ragoczi.
1704. N , officier, envoyé en Hongrie.
— Des Alleurs (Pierre Puchot, mar-
quis) , envoyé en Hongrie.
1721. FiERViLLE (de), chargé d'affaires en
Hongrie.
1741. (20 janvier), N , env. auprès de
Marie-Thérèse, reine de Hongrie.
Chargés d'affaires et Consuls de France près la république de Raguse.
1776. Bruère des Rivaux, consul et ch.
d'affaires.
An VI. Le même, sous le seul nom de
Bruère.
1806 (14 mars). Raymond (Damase),
chargé d'affaires.
La république de Raguse, précédemment sous la protection de la Porte Ottomane, est
maintenant soumise à la souveraineté autrichienne.
XXL
Ambassadeurs, Minisires, elc, en Pologne.
1573. NoAiLLEs (Gilles de), évéq.d'Acqs,
ambassadeur.
— MoNTLUc (Jean de) , évêque de Va-
lence, ambassadeur.
1574. Choislmin (Jean).
4575. Faye (Jacques de), sieur d'Es-
PESSES, envoyé.
1629. Charnacé (le baron de), ambass.
1633. AvAUX (Claude de Mesmes, comte
d'), ambassadeur extraordinaire.
4636. Majolla, agent.
— Bréard, id.
— RoRTÉ (Claude, baron de), envoyé
près la diète.
1640. AvAUGOUR (le baron d'), envoyé
près la dièle.
4644. Brégi (de),ch. d'une miss. part.
— CoRBEiL (le vicomte de), envoyé.
— GuÉBRiANT (Renée Dubec Crespin,
maréchal de), ambassadrice,
chargée d'accompagner Anne de
Gonzague en Pologne.
4648. Arpajon (Louis, vicomte d'), an)*-
bassadeur extraordinaire.
1655. LoMBRES (Antoine de), ambassa-
deur plénipotentiaire.
— Akakia, agent en Pologne et en
Transylvanie.
1663. Caillet, chargé d'une mission.
1664. Millet, ministre.
— Bonzy (Pierre de), évêque de Bé-
ziers, ambass. extraordinaire.
1668. Courtois (l'abbé), chargé d'une
mission.
1669. Vantelet, chargé d'une mission.
— Lionne (Hugues, comte de), onv.
1674. FoRBiN DE Janson, évêque de Mar-
seille, ambassadeur.
1676. BÉTHUNE-SuLLY (François, marquis
de) , ambass. extraordinaire.
1680. L'Évêque de Beauvais, amb. extr.
— YiTRY (Nie-Louis de THospilal,
marquis de), ambass. extr.
1682. Arcy (d'), résident.
1689. DuTHEiL, ambassadeur.
1690. DcpoNT, résident.
&6
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
169^
4693
1697.
4700,
470i.
1704
4710,
1711.
1714.
1724.
4726.
1728.
1729.
1730.
1734.
1735.
1736.
1737.
1744.
4744.
1745.
4746.
. EsNEVAL (Robert Leroux, baron
dWquigny, vidame d'), amb.
. PoLiGNAc (l'abbé de), ambassadeur
ju^iqu'en 1697.
FoRVAL (de), résidenl.
Castagnèrbs de Chateauxkup
(l'abbé de)^ env. exlr.
DUHÉRON, id.
Baluzb, id.
Maron, ch. d'affaires jusqu'en 1729.
Mathi, commissaire en Pologne,
Prusse, etc.
BoNNAC (le marquis d'Usson de),
ambassadeur.
BuzENVAL ou BuzANVAL (Choart, ba-
ron dç), envoyé extraordinaire.
HoocK (le baron de), rés.
MoNTARGON (de), ch. d'une miss.
DupÉNix, chargé d'une mission.
LivRY (l'abbé François Sanguin de),
ambassadeur.
Michel, agent,
Anthouard, chargé d'affaires après
la mort de M. Maron.
MoNTi (le marquis de), ambass.
PÉTERviLLE, chargé d'affaires.
Langlois (l'abbé), ch. d'affaires
auprès du roi SUni^la9«
Orligk, chargé d'affaires,
T0URVIL1.E (de), chargé d'affaires
dans la Prusse royale.
Mathi ûIs, commiss. en Pologne,
Prusse, etc., etc,
Des Alleurs (N. Puchot, comte),
envoyé extraordinaire.
Saint * Sbverin ( Alphonse-Marie-
Louis d'Aragon, comte de), am-
bassadeur extraordinaire.
Vaw)ry (le marquis de), ch. d'une
miss. temp. auprès d'Auguste IIL
Yavlgrbnant (le comte de), mi-
nistre plénipotentiaire.
Duperron de Casteea, ch. d'aff.,
résident.
4746. Durand d'Aubigny, ch. d'affaires.
— Des Issards (Charies-Hyacinthe de
Galéans de Castellane, marquis),
envoyé extraordinaire.
. BoYKR, chargé d'affaires.
. Broglie (Charles -François, comte
de), ambassadeur.
Thouiielin, chargé d'affaires.
. La Fayardie, résident,
et 1755. Gerault, chargé d'affaires.
Durand, ministre.
. Hennin (Pierre-Michel), ch. d'aff.
Montbil (le marquis de), envoyé
extr. et min. plén.
Paulmy (Antoine -René de Yoyer
d'Argenson, marquis de), am-
bassadeur.
BioxNET (le général), consul gén. et
chargé d'affaires.
Jagkubowski, correspondant.
GÉRAULT, id.
Chateaufort (le chevalier de) env.
à la suite des armées,
à 1787. BoNNEAU, correspondant.
— GÉRAULT, id,
— Monnet (le général), id,
— Jagkubowski, id.
— AUBERT, trf.
1 792. Descorches de Saint-Croix (Marie-
Louis-Henri), min. plén.
An II. BoNNEAu, chargé d'aflkires.
DUCHÉ DB VARSOVIE.
1807. (septembre). Vincent, résident.
— (31 octobre). Serr^^ (le baron de),
résident chargé d affaires.
1811. BiGNON (le baron), résident.
4812. Pradt (l'abbé de), arcliev, de Ma-
li nés, ambassadeur extraord.
1813. {%! janv.) Bignon (le baron), env.
extr. et min. plén.
OANTZICK.
1634. CanA8I<.L8S, C0I19V1.
1750
1752
1753
1754
1757.
4758.
4760.
1764,
4766.
1769.
1770
ENVOYES, MINISTRES, ETC.
47
4636. AvAUGOLR (le baron d'), résident.
4748. La Salle (le comte de), id.
1753. La Fayardie (de), id,
4754. LiNAU (de), id.
4755. Durand, id,
4756. DuMONT, id.
4768. Lebas, chargé d'affaireg.
4769. GÉRARD, de Raynbval (Joseph-
Mathias), chargé d'affaires.
4775. Pons (de), chargé d'affaires, jus-
qu*en 4794.
4792. Oraison (d*), résident.
1808. Massias (Nicolas), résident et con-
sul général.
4844. La Moussaye (de), audit, au cons.
d'État, résid. rt consul gén.
4846. DÉSAUGiBRS (Jules), audit, au cons.
d'État, résid. et consul gén.
xxn.
Ambassadeur $, Ministres ^ etc,^ en Russie,
.... La Neuville (de), envoyé.
46315. CoRMEMN (Louis - Deshayes de),
amb.
4630. BoNNEPOY (le capitaine), chargé
d'une commission pour acheter
des grains en Russie.
4683. La Picquçtière (de), env. extr.
4701. Baluze, env. extr. jusqu'en 4743.
4743. Levisson, chargé d'une mission
commerciale.
4746. Thug (de Dunkerque), chargé d'une
mission commerciale.
4724. Gaiipredon (de), min. plén.
4727. Magnan, ch. d'aff. jusqu'en 4733.
4734. FoNTON DE l'Étang, envoyé.
4739. La Chétardie (le marquis de), am-
bassadeur extraordinaire.
474t à 4748. Aillon (de Bonac d'), ch.
d'aff., puis min. plén.
4743. La Chétardie (le marquis de), am^
basaadeur extraordinaire.
4744-4747. Saint-Sauveur (de), consul,
chargé de la correspondance.
4755. Douglas (le chevalier), ch. d'une
mission.
4757. L'Hospital (Paul-Gallucio, marquis
de), amb. ex t. et plén. ^
1760. Brbteuil (Louis-Auguste le Ton-
1. Le chevalier d'Éon fut son secrétaire
d^ambassade.
nelier, baron de), ministre plén.
4762. Michel, a gei\t.
— Bérenger, chargé d'affaires.
^^ Breteuil (le baron de), ministre
plén.
4763. Bérenger, chargé d'affaires.
4765. Bbausskt (le marquis de), min. pi.
4 767. Rossignol, consul, ch. d'aff.
4769. Sabatibr dbCabrb, id.
4772. Durand, min. plén.
4775. JuiGNÉ (le marquis de), min. plén.
4777. GoRBBRON (N... Bouréa, chevalier
de), chargé d'aflbires.
1780. VÉRAc (Charles-Olivier de Saint-
Georges, marquis de), min. pi.
4783. Cailurd (Antoine-Bemard), ch.
d'affaires.
4784. La Colin iBRB (Charetto, chevalier
de), chargé d'affairée.
4785. SÉGUR (Louis^Philippa, comte de),
ministre plénipotentiaire.
4787. Belland, chargé d'affaires pendant
le voyage du comte de Ségur à'
Cherson pour l'impératrice.
4789. Gbnet (Edmond C), chargé d'aff.
jusqu'en Juillet 4792.
An VIII. Clarkb (le général), chargé de
réchange des prisonniers.
An IX. DuRoc (I© général) , chargé d'une
mission particulière.
An X. HÎP0UVILI.8 (le gteéral Gabriel-Mu*
48
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
rie-Théodoro-Joseph) , env. ext.
et ministre plénipotentiaire.
An XII. Ratneval (Maximilien, Gérard
de], chargé d'affaires.
1807. Lesseps, consul général, ch. daff.
— Savary (le général), chargé d'une
mission.
— Caulincourt, duc de Yiconce, am-
bassad. extr. et plénipotentiaire.
1811. Lauriston (le général Lawdo), id.
4812. Narbonne (Louis, comte de], ch.
d'une mission particulière auprès
de l'empereur Alexandre.
— Briou (Pierre-Charles Parseval de
la Brosse, comte de), envoyé de
Louis XMII pendant rémigra-
tion *.
1 81 5. NoAiLLEs (Just, comte de), ambas-
sadeur de Louis XVIII.
— Galz-Malvirade (baron de), con-
sul général, chargé d'affaires.
1820. La Ferronxays (le comtç de), env.
extr. et min. plén., puis ambas-
sadeur.
1828. MoRTEiiART (le duc de), amb.
1 . Il remplaça les comtes d*Avaray et de
Blacas.
XXIIL
Ambassadeurs, Ministres, etc., à la cour de Rome.
1520.
1528.
1303. Du Plessis (le chevalier), et Guill.
de NoGARET, ambassadeurs.
1470. MoNTREUiL (de), ambassadeur.
1508. Briçonnet (Guillaume), évêque de
Saint-Malo, ambassadeur.
1516. SoLiERS (Jean de), ambassadeur au
concile de Constance.
DupiN (Jean), évêque de Rieux,
ambassadeur.
TuREXNE (François de la Tour d'Au-
vergne, vicomte de) , amb.
Du Bellay (Jean), évêque de Li-
moges, puis de Paris, ambas-
sadeur.
Inteville (d'), évêque d'Auxerre,
ambassadeur.
Raince (Nicolas), résident.
*1535. Denonville ( Charles Hemart de),
évêque de Mâcon , ambassadeur.
4538. Grignan Louis -Adhémar, comte
de), ambassadeur ordinaire.
<^ Du Thé, ambassadeur.
— MoNTLuc (Jean- de) , évêque de Va-
lence, ambassadeur.
1539. GiÉ (François de Rohan de), amb.
1546. Du Mortier (André Gaillard), id.
1531.
1534.
Entre 1515 et 1547. Grollibr (Jean, vi-
comte d'Aguisy), ambassadeur.
1 547. D'Urfé, députéau concile de Trente.
— Blignëres (de) , procureur au même
concile.
— Lorraine (Charles, cardinal de),
ambassadeur.
1553. L'Évêque de Mirepoix, agent da
roi en Italie.
1556. Guise (François de Lorraine, duc
de ) , commandant les armées
françaises en Italie, négociateur.
1557. Selvë (Jean -Paul de), évêque de
Saint-Flour, ambassadeur.
1558. La Bourdaisière (Philibert Babou
de), cardinal -évêque d'Angou-
lême, ambassadeur.
1561. LisLE (André-Guillaume de), am-
bassadeur.
1568. Angennes (Charles d'), cardinal de
Rambouillet, évêque du Mans,
chargé d'affaires.
1569. Oysel (Henri Clutin, seigneur d),
et de ViLLEPARisis, amb.
1570. DupARGis. iiL
1571. Marle (de), id.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
49
4574. Beauvillb (de), chargé d'une mis-
sion particulière.
4576. CUATAIGNIÈRE d'ÂLBANI DE LA
Chope (Louis de), amb.
4584. Foix (Paul de), archevêque de Tou-
louse, ambassadeur.
4585. Bandini (Mario), miss. part.
4586. VivoxNE (Jean de), marquis de Pi-
SANi, ambassadeur.
4587. Joyeuse (le cardinal de), protecteur
des affaires de France.
4588. GoNDi (le cardinal de), amb.
4589. Angennes (Charles d'), évoque du
Mans.
4594. Luxembourg (le duc de), amb.
— PisANt (le marquis de), amb. ord.
4593. Nevers (le duc de).
4594. Angennes (d*), évoque du Mans,
ambassadeur extraordinaire.
— SÉGUiER (l'abbé), doyen de Notre-
fiame de Paris, amb. extr.
— GoBELiN (le P.), religieux de Saint-
Denis, amb. extr.
— DossAT (Arnaud), cardinal évoque
de Bayeux, ambassadeur.
4595. PisANi (le marquis de), amb.
4596. La Clièle (de).
4 597. Luxembourg (François de) , duc de
PiNET, ambassadeur.
4599. Bandim (Pabbé).
— SiLLERT (Nicolas Brulart de), amb.
— Jeannin (le président) , amb. extr.
4 604 . BÉTHUNE ( Philippe, comte de) , amb.
4605. Du Perron (le cardinal), amb.
— ViLLEROY (Charles de Neuville d*A-
lincourt, marquis de), amb.
4 607. JoTEUSE (le cardinal de) , médiation
du roi entre Paul Y et la républ.
de Venise.
4608. Brèves (François Savary de), amb.
— Nevers (le duc de), id,
4644. Ursins (François Des), baron de
Neuillt, marquis de Trenel.
4645. Vendôme (le chevalier de), amb.
4646. Orsini (le cardinal), comprotecteur
des affaires de France.
4647. Marquemont (le cardinal Denis-
Simon de), archevêque de Lyon
4649. EsTRÉES ( François- Annibal d*),
marquis de Coeuvres, amb.
4622. SiLLERY (Noël Brulart, commandeur
de], ambassadeur.
4624. La Valette (le cardinal de) , ch.
d'affaires.
— La PicARDiÈRE (de), missionnaire.
— Marquemont (le cardinal de), ch.
d'affaires.
4626. Bëtiiune (le comte de), amb.
4630. Brassac (le marquis de), id,
4632. GuEFFiER, id.
— AvAux (le comte d'), id.
4633. L'évoque de Montpellier, chargé
d'une mission.
— > Créqui (Charles de), duc de Lesdi-
guières, mar. de France, amb.
4634. Noailles (le comte François de),
ambassadeur.
4636. Estrébs (le maréchal d').
— Bentivoglio (le cardinal), compro-
tecteur des affaires de France.
4637. Mazarin (le cardinal), ch. d'une
mission.
4644. Fontenay-Mareuil (François-Du-
val, marquis de), amb.
4643. S. Chaumont (le marquis de), amb.
— BicHi (le cardinal Alex.).
— Fontenay-Mareuil (le marquis de) ,
ambassadeur.
4644. BicHi (le cardinal).
— Gremonvillb (de).
4645. Valençat (le cardinal de).
— Arnauld (Honoré), abbé de Saint-
Nicolas, depuis évoque d'Angers,
ambassadeur extraordinaire.
4647. Fontenay-Mareuil (le marquis
de), ambassadeur.
4 64D. Valençat (Honoré de), grand prieur
de France, ambassadeur.
Il
50
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4651.
4653.
1657.
1658.
1659.
1660.
1661.
1662.
1664.
1665.
1666.
1668.
1671.
4680.
1687.
1688.
1689.
1690.
1691.
1699.
1700.
1706.
TiNTi (Pabbë), agent
BoQUET (Fr.), évêque de Montpel-
lier.
Est (le cardinal d'), protecteur
des affaires de France.
Millet, chargé d'une mission.
Barberini (le cardinal Antoine), ch.
d'une mission.
CoLBBRT DE Vandière, chargé d'une
mission.
Aubeville (d'), chargé d'une miss.
Créqui (le duc de), ambassadeur.
Anglure de Bourlemont (Louis
d'), ensuite archev. de Bordeaux.
Benbdicti (l'abbé), agent.
Créqui (le duc de), ambassadeur.
Mercoeur (le duc de), envoyé à
Avignon.
Bourlemont (l'abbé de), ch. d'aff.
Merinville (le comte de), envoyé à
Avignon.
Ciiavlnes (Charles-Albert, duc de),
ambassadeur extraordinaire.
Bourlemont (l'abbé de), ch. d'aff.
EsTRÉES (le duc d'), amb.'extr.
Estrées (l'abbé d'), frère du pré-
cédent, évêque de Laon, envoyé
extraordinaire.
Estrées (le cardinal d'), frère du
duc, chargé d'affaires.
Lavardin (Henri-Charles de Beau-
manoir, marquis de).
Chamlay (de).
Chaulnes (le duc de), amb.
David (l'ahbé) , chargé d'une miss.
Le cardinal Janson, id.
Le cardinal Lecamus, id.
Bouillon (le cardinal de), chargé
d'affaires.
Monaco (le prince de), amb.
Janson (le cardinal), ch. d'aff.
NoAiLLES (le cardinal de).
La Trémoille (le cardinal dej, ch.
d'affaires.
1708. Tessé (le maréchal comte de], amb.
1714. Targnies (de),ch. d'une mission.
— AmeloT) (marquis de Govrnat),
chargé d'une mission.
— DuvAUCEL (Louis-Paul), ch. d'une
mission.
1720. Laffiteau (le Père), évêque de
Sisleron, chargé d'affaires.
1721 . RoHAN (le cardinal de), chargé d'une
mission.
1721. Tencin (l'abbé, ensuite cardinal
de), chargé d'affaires.
1730. Le cardinal de Rohan, amb.
— Le cardinal de Polignac, irf.
— Le cardinal de Bissy, id,
1731. Saint-Aignan (le duc de), ambas-
sadeur extraordinaire.
— GiuLiANi (le comte), agent.
1741. Tencin (le cardinal Guérin de), cb.
d'affaires.
174Î. Canillac (l'abbé de), ch. d'aff.
1 745. La Rochefoucauld (de) , archevêque
de Bourges, ensuite card., amb.
1748. Canillac (l'abbé de), ch. d'aff.
1*49. Nivernais (le duc de), amb. extr.
1752. BruLre (Charles-Antoine de La),
chargé d'affaires.
1754. Choiseul-Stain\ille (le comle,
depuis duc de), ambassadeur.
1757. Boyer, chargé d'affaires.
— MÉYÈRE (l'abbé de), id,
— Delvincourt (l'abbé), ch. d'aff.
1758. La Rocheciiouart (le cardinal de),
évêque de Laon, ambassadeur.
1762. La Houze (Basquiat de), ch. d'aff.
1763. AuBETERRE (le marquis d'], ambas-
sadeur extraordinaire.
1769. Bernis (le cardinal de), amb. jus-
qu'à la révolution.
— Deshayes (l'abbé Nicolas- Marie),
ch. de la correspondance.
1792. SÉGUR (de), ambassadeur.
1793. Basseville (Hugonde), agent.
— Cacault, résident.
ENVOYÉS, MINISTRES. ETC.
51
An V. Bonaparte (Joseph), ambassadeur.
An VII. Daunou, remplacé par Duport,
commissaire du Directoire.
— Florbnt-Guyot, comm. du Direct.
— MoNCE, remplacé par Berthelio,
commissaire du Directoire.
— Berthelio, ambassadeur.
An IX. Cagault, min. plén.
— Bonaparte (Joseph), plénipot. pour
le concordat.
— Cretet (Emmanuel), id.
— Beenier (Pabbé), id.
An XI. L'abbé Isoard (Joachtm-Xavier),
auditeur de Rote.
An XI. Fesgh (le cardinal), min. plén.
An XIII. Artaud» ch. d'aflT. par intérim.
4806. Fesgh (le cardinal), ministre plé-
nipotentiaire.
— Alquier.
— Le Febvrb (Edouard), chrd'aff.
4814. Courtois de Pressignt, évêque de
Saint-Malo, amb. extr.
4846. Blagas (le comte de, depuis duc
de), amb. extr.
4822. Laval (Adrien, duc de Montmo-
rency], ambassadeur.
4828. Chateaubriand (vicomte de), amb.
4829. La Ferronnays (le comte de), id.
XXIV.
Ambassadeurs auprès des États d* Italie en général et auprès de ceux du
second ordre.
i. BN GÉNÉRAL.
4547. L'évéque de Mirepoix, amb.
4589. Sghomberg (Gaspard de), envoyé.
4596. La CliIile (de), id.
4647. Bbthune (Philippe, comte de), am-
bassadeur extraordinaire.
4633. La Saladib (de), id.
— Émert (d'), envoyé.
— Servien, ambassadeur extraordin.
— Thoyras (le maréchal de), id.
4635. Bellièvre (de), id.
4639. BoNZY (le comte de), ch. d'aff.
4643. BiGHi (le cardinal), médiateur.
4645. Arnauld, abbé de Saint-Nicolas,
envoyé.
4647. Grimaldi (le cardinal), plén.
4653. Duplessis-Besançon (Bernard),
envoyé.
4 654. Lyonne ou Lionne (Hugues de) , amb.
4663. Aubeville (d'), envoyé.
4666. Seguin, id.
4675. Graiimont (de), envoyé.
4682. Bretehl (N... Le Tonnelier, baron
de), envoyé.
4694 . RÉBENAG (François de Pas de Feu-
quière, comte de), envoyé.
4708. Tessé (N Froulay, comte de),
envoyé.
4744. Albergotti (le comte de), envoyé.
2. VILLB DE BOLOGNE.
4765. Cassedevant d'Espelette (Gra-
tien), chargé d'affaires.
4772 à 4776. Allarmi (d'), tW.
3. LDCQUBS.
An X (46 brumaire). Salicetti, envoyé
extraordinaire près...
An XI (3 thermidor). Derville-Maljéghard,
chargé d'affaires jusqu'en mes-
sidor an XIII.
4806 (avril). Esghasseriaux, min. plén.
près le prince et la princesse de
Lucques et de Piombino (Félix
Baciocchi et Élisa Bonaparte).
482). Marcellus (N... de Martin, vicomte
de), min. plén. au près de Charles-
Louis, duc de Lucques.
52
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4. ORDRE DE MALTE.
4730. Du Bocage (le bailli;, ch. d'aff.
4756. EsPENNES (le chevalier N de
Vento d" , charp;é d'affaires.
— Hexmn-Liétard (le bailli d'j, id.
4757. CoMBREUX (le bailli de), id,
476K FLEtRY (le bailli de), id.
4763. EsPENNES (le chevalier N de
Vento d';, chargé d'affaires.
4778. Settres-Calmont (le chevalier de),
chargé d'affaires.
4783. Varax le chevalier de', ch. d'aff.
4784. LoRAS (le bailli de], tV/.
4784 à 1792. Seytres-Caumont [le che-
valier de;, chargé d'affaires.
4793. Eyiiar, min. plén. et commis.
An IV. Caruson, agent politique.
An VI. Recnault deSaixt-Jean-d'Ancély,
commiss. du Directoire exécutif.
'An VII. Doublet, chargé de la corresp.
An X. ViAL (le générai;, min. plén. près
le grand maître de Tordre, à Ca-
tane, en Sicile.
An XH. David (Pierre^, chargé d'affaires
à Catane cl à Rome.
5. DtCS DE MARTOCE.
4595. PiSANi (le marquis), envoyé.
46i7. Saint -Chamont ou Saint-Cu\u-
iioNT (Melchior- Mille de Che-
vrier, marquis de;, amb. extr.
4629. Bachelier, chargé d'une mission.
— Crequi (le marquis de), min. plén.
pour la paix.
— BÎARnii, id.
— EsTRÉES (le maréchal d'), id,
4630. Joseph (le père), ch. d'une miss.
— Priami, id.
4634. LÉON (Brulartde), amb. extr.
— Thoiras (lemaréchalde),amb.extr.
en Italie.
4631. SiiRViEN, amb. extr. en Italie.
— Estampes (d'), envoyé.
4631. Du May, envoyé.
1633. Latour (de).
4642. BoNZY (le comte de), envoyé.
— PociiETTi (le père Paul), id.
1643. Mabescot, aumônier de la reine,
chargé d'une mission.
— DuPLEssis- Besançon ( Bernard ) ,
envoyé.
— Vautorte (Cazel de), envoyé.
— LoMBREs (Antoine de), sieur d'Her-
bing ou Herbinghen, envoyé.
— L'archevêque d'Embrun, envoyé.
— AUBEVILLB (d), id.
— Le Tellier (l'abbé), chargé d'une
mission.
— Beringhen (de), envoyé.
— Gaumont (de), env. extr.
1680 à 4681. Morel (l'abbé), envoyé.
1685 à 4684. Breteiil (N Le Tonne-
lier, baron de) , envoyé extra-
ordinaire.
. Gombault, envoyé.
à 1693. Lucienne ou Louveciennes
(de), env. extr.
Noblet...
à 1696. DuPRÉ, env, extr.
1684
1689
1693.
1693
1696.
1G98.
1701.
1701
1708.
AuDiFFRET (d'), env. extr.
EsTRÉES (le cardinal d'J, envoyé,
à 4706. Gergt (Jacques- Vincent
Languet, comte de), envoyé.
La Faille (de), id.
6. GOUVERNEMENT DE IIH^AN, ET RéPDBUQCE
aSALPINE.
1635. CRÉQUi(de).
1668. Du Ciiatel (le marquis).
4700. Tessé (N... Froulay, comte de).
1713 à 4719. Le Blond, chargé d'affaires.
1735. DuTilloy, id.
— Lautrec (Daniel -François de Gé-
las-Yoisins, comte de), chargé
de négocier une suspension
d'armes.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
53
1735. MAULEVRiER(N....Colbert, marquis
de), chargé de négocier une sus-
pension d'armes.
An VI. RivAUD (rex-conventionnel),amb.
près le gouv. de la répub. cisalp.
— (15 pluviôse). Trouvé, amb.
An VII. FouciiÉ (l'ex- conventionnel Jo-
seph) y ambassadeur.
An \iii à l'an x. Petiet (Claude), ministre
extraordinaire.
7. DUCS DE MODÈNE.
4526. Oxis (le docteur).
1633. Bachelier, envoyé.
4647. Grimaldi [le cardinal), plén.
4655. Bas (de).
4667. Le Teluer (l'abbé).
4671. L'évêque de Laon.
1675. Dangeau (Philippe de Courcillon,
marquis de).
1688. DupRÊ.
1691. RÉBENAc (François de Pas-Feu-
quière, comte de).
1699. AUDIFFRET (d').
1720. ViLLARs (Jeanne-Angélique Roque
de Varengeville, duchesse de),
chargée de conduire la princesse
de Modène en Italie.
4721. Chavigny (de), envoyé.
— Philibert (l'abbé).
1728. Campredon (de).
8. DDCS DE parue.
4633. Bachelier, envoyé.
4636. Desgraves, chargé d'une mission.
— La Clièle (de), id.
46i4. Grémon ville (Bretel de), id.
4647. Duplessis-Besançon (Bernard),
envoyé.
1661. AuBEViLLE (d'), envoyé.
4664. Antoine (le cardinal), envoyé.
1668. Est (le cardinal d'), chargé d'une
mission.
4674. L'évêque de Laon.
4673. Dangbau (Philippe de Courcillon,
marquis de), envoyé.
4682. Breteuil (N..... Le Tonnelier, ba-
ron de), env. extr.
1684. GoMBAUT, envoyé.
1687. DuPRÉ, id.
— Lavardin (N de Beaumanoir,
marquis de), envoyé.
1691. RÉBENAC (François de Pas-Feu-
quières, comte de), envoyé.
1697. Janson (le cardinal de), id,
1698. Audiffret (d'), id.
4702. Gergt (Jacques-VincentdoLanguet,
comte de), envoyé.
4708. Tessé (René de Froulay, maréchal,
comte de), ambassadeur près les
princes d'Italie. .
4714. Albergotti (François -Zénobie-
Phi lippe, com'te)»
1719. Chavigny (de), ministre, i
1725. Lozillière, envoyé.
1734. La Bastie (PierrcrBalthazar de Fo-
gasse ou Fougasse, marquis de),
ministre plénipotentiaire.
4732. BissY (Anne-Claude de Thyard,
marquis de), envoyé.
1749. Maulevrier (Louis-René-Édouard,
comte Colbert de ) , ministrfe
plénipotentiaire.
4750. Terrier, chargé d'affaires.
1751. Crussol-Florensa (Pierre-Emma-
nuel, marquis de), min. plén.,
id, en 1753.
1752. Collet, ch. d'aff., id. en 1754.
1754. Rochechouart-Facdoas ( le comte
de), min. plén.
1765. Recoules, chargé d'affaires.
1766. La Houze (N Basquiat, baron
de), min. plén.
4770. BoiSGELiN (le comte de), min. plén.
et env. extr.
4771. Durfort (le comte de), id.
1772. Godard, chargé d'affaires.
54
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4773. Fla VIGNY (le comte de), min. plén.,
ïrf. de 1777 à 1792.
1776. Saco (le comte de), chargé de la
correspondance pendant un congé
du comte de Flavigny.
An V. Bonaparte (Joseph), résident.
An X. MoREAU DE Saint-Merry (Médéric-
Louis-Élie), min. plén.
9. TOSCANE.
1535. Du Bellay (le cardinal), envoyé.
1593. La Clièlb (de), ambassadeur.
1600. Sillert (Nicolas Brûla rt), amb. à
Rome, et plén. pour le mariage
de Henri IV avec Marie de Mé-
dicis.
1609. Vicence (le cardinal de), ch. des
compliments de condoléance sur
la mort du grand-duc.
1633. Bachelier, id., de la part de
Louis XJII.
1645. Strozzi (Fabbé), résident.
1647. Villeneuve (de), envoyé.
1656. ANGOULÉiiE(HenrieltedeLaGuiche,
duchesse douairière d' ), amb.
pour la conduite de mademoiselle
d'Orléans, fiancée à Cosme III.
1664. Aureville (d'j, ch. d'une miss.
— Créqui (le duc de), ambassadeur.
— Du DÉKAND (madame), ch. d'une
mission.
1673. Forbin-Janson (de), depuis cardi-
nal, évèque de Marseille, amb.
1686 à 1709. DuPRÉ, résident.
1689 à 1694. Foucher.
1696. Chamilly (Fr. Boulon, comte de).
1708. Tessé (René deFroulay, maréchal,
comte de), amb. ext. et min. pi.
1709. Gergy (Jacques-Vincent Languet,
comte de), env. extr.
1714. Albergotti ( François -Zénobie-
Philippo, comte), ch. d'aff.
1715. Graville (le chevalier de), envoyé
extraordinaire.
1716. LoRENzi (le bailli), ch. d'aff.
1725 à 1733. La Bastie (Pierre-BalUzar
de Fogasseou Fougasse, marquis
de), env. extr. et min. plén.
1735 à 1741. LoRENZi fils (le comte),
ch. d'aff.
1766. Bertellet, consul, ch. d'aff.
1767. Barbantane ( Joseph - Pierre- Bal -
thazar-Hilaire de Puget, marquis
de), min. plén.
1769. Dutrouillet, ch. d'aff.
1770. Barrantane (le marquis de), mi-
nistre plénipotentiaire.
1778. BiLLEREY, ch. d'aff. irf., en 1771.
1779. Barbantane (le marq. de), min. pi.
1784. DuRFORT (le comte de), id.
1792. La Coste, id.
— Magkau (Armand -Louis de), irf.
— (21 décembre), Laplotte, résident.
1793. Chauvelin, ministre plénipoU
An IV. Miot, trf.
An V (2 brumaire), Cacault, trf.
— (8 germinal), Jacob, trf.
An VI. Reinhard (Charles-Frédéric), trf.
An IX. Clarke (Henri-Jacques-Gui 11.) trf.
An xiii. SiMÉON, ch. d'aff.
— (30 pluviôse), Beauharnois, min. pi.
1806 (mai), Artaud, ch. d'aff.
— (juillet), Audusson La Feuillade
(Hector d'), min. plén.
1814. Vernègues (Joseph-Hilarion-Gau-
tier, chevalier de).
1818. Dillon ( le comte Edouard ) , env.
extr. et min. plén.
18i0. La Maisonfort (N... Dubois-Des-
cous, marquis de), trf.
1826. LaMartine (Alphonsede), ch. daff.
par intérim.
1 828. Vitrolles (Arnaud, baron de), env.
extr. et min. plén.
1829. Langue (de), ch. d'aff. par intérim.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
55
XXV.
Ambassadeurs^ Ministres, etc., prés les Rois de Naples et de Sicile.
1647. Le Fer (Louis), amb. auprès du
gouvernement napolitain.
— FoNTENAY (le marquis de), plén. du
roi pour traiter avec le peuple
napolitain.
— Duplessis-Besançon, envoyé.
4648. Griiialdi (le cardinal), plén. pour
traiter avec la nobl. napolitaine.
1701. Graville (le chevalier de).
1703. La Trémoille (l'abbé de), amb.
1714 à 1719. Prié (Louis-Aymard, mar-
quis de), amb. près le roi de Si-
cile, duc de Savoie.
1719. ViNCELLES (le chevalier de), id,
1734. BissY (Anne-Claude de Thiard, mar-
quis de) , id.
173f>. PuisiEULx (I.ouiV-PhilogèneBruslart
de Sillery, marquis de), id.
1736. GuiMARD, ch. d*afr.
1739 à 4740. L'Hôpital (Paul Gallucio,
marquis de), amb.
1745. Du Thillot, ch. de la correspon-
dance en l'absence du marquis.
1747. Arthenay (d'), ch. d'aff.
1'?48. L'HÔPITAL (le marquis d'], amb.
1749 à 1750. Arthenay (d'), ch. d'aff.
1752. OssuN (Pierre-Paul, marquis de),
amb. extr.
1759. La Houze (N... Basquiat, chevalier
de), ch. d'aff.
1762. DuRFORT (le marquis de), amb. ext.
1765. Dumas, ch. d'aff.
1766. Astier, consul, ch. d'aff.
1767 à 1770. Choiseul (Renaud-César-
Louis, vicomte de), amb. ex. et pi.
1769. BÉRBNGER, ch. d'aff., id. en 1771
et 1774.
4772. Breteuil (Louis-Auguste Le Tonne-
lier, baron de), amb. ext. et pi.
1776. CLERMONTd'AiiBoiSE (Jean-Baptiste-
Cha ries-François), id.
1782. Denon (Domin.-Vivant), ch. d'aff.
1785. Talleyrand (Marie-Anne, baron
de), amb., id. en 1788 et 1789.
1788. Cacault, ch. d'aff.
1792 et 1793. Magkau, min. plén.
1793. Maret (Hugues- Bernard). (ïl fut
arrêté en se rendant à Naples.)
An V. Canclaux, min. plén.
— Trouvé, ch. d'aff.
An VI. Bernadottb (le général).
— Garât (Dom. -Joseph), amb. extr.
— Lacombe Saikt-Michel, amb.
An vil. Mangourit, ch. d'aff.
— Faypoult, comm. civ. près Tarm.
franc, dans le royaume de Naples.
— Abrial, commissaire du gouver-
nement français.
An IX. Al^uier (l'ex-conventionnel), am-
bassadeur jusqu'à l'avènement de
Joseph.
1808. AuBussoN (d*) La Feuillade, amb.
1809. Hue de Grosbois, ch. d'aff.
1810. Durant (le baron), env. extr. et
min. plén.
1815. Belliard (le général), ambassadeur
de Napoléon près de Murât.
— Narbonne-Pelbt (le comte de),
amb. à Palerme.
1816. Le même fait duc par Louis XVUI,
son amb. à Naples.
1822. De Serre (le comte de), amb.
1824. Blacas (Fierre-Louis-Jean-Casimir,
duc de), id.
1825. Marcieu (Albéric Émé, comte de),
chargé d'affaires.
1829. La Passe (le vicomte de), ch. d'aff.
par intérim.
56
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
XXVI.
Ambassadeurs, etc., près la république de Venise,
Entre 15<8 et 1520. D'Armagnac (Geor-
ges), évêque de Rodez, ambas-
sadeur.
— Saint-Julien (Oroule Émé, baron
de), mission part.
4511 à 1532. Bayf (Lazare de), ambass.
4535 à 1536. Selve (Georges de), id.
1539. Vaux (Joachim de), id.
1540 à 1541. Pelissier (Guillaume], id.
1546. Guillardier (André, sieur de Mor-
tier), ambassadeur.
1553. Selve (de), id.
1555. Du Garbe (Dominique), évèque de
Lodève, id.
1^58. NoAiLLES (François de), évêque
d'Acqs, id.
1559. Bogiietel (Bernardin do), évèque
de Rennes, id.
1573. Du Ferrier (le président Arnaud),
ambassadeur.
1580 à 1587. HuRAULT (Paul), sieur de
Maisse, id.
1594. Nevers (le duc de), id.
1595. PisANi (Jean de Vivonne, marquis
de), ambassadeur.
— HuRAULT (Paul), sieur de Maisse,
ambassadeur.
— Brulart (Léon), ambassadeur.
1598. SÉGUiER (Antoine), sieur de Vil-
liers, ambassadeur.
— Capoue (Annibalde), amb.
1601k 1607. Du Fresne-Canaye d'Octe
(le président), ambassadeur.
1611 à 1612. CiiAMPiGNy (Richard de),
ambassadeur.
1612. Brulart de Léon (Charles), amb.
1621. CoFXVRES (d'Eslréos, marquis de),
ambassadeur extraordinaire.
— MuRAULT (Paul), sieur de Maisse,
ambassadeur.
1624. ViLLiERS (Antoine Séguier, prési-
dent de), ambassadeur.
1626. Laurespine (Charles de), ci-devant
abbé de Préaux, sieur de Cha-
teauneuf, ambassadeur.
1627. AvAux (Claude de Mesmes, comte
d'), ambassadeur.
1633 à 1637. LaThuilerie (Gaspard Coi-
gnet de), ambassadeur.
1 638. Du Hous5AY-MoNNERviLLE (Claudo-
Mallier), ambassadeur.
1643. Brague, chargé dune mission.
— Des Hameaux (Jean Dyel), amb.
— Grémonville (Brétel de), amb.
1644. Du Plessis-Besançon (Bernard),
ambassadeur.
1646 et 1647. Grémonville (Bretel de),
ambassadeur.
1651 à 1656. Argenson (René Voyer,
marquis de), ambassadeur.
1655 à 1658. Du Plessis-Besançon (Ber-
nard), ambassadeur.
1659. AuBUssoN ( Georges ), archevêque
d'Embrun, ambassadeur.
1662. BoNZY (Pierre de), évêque de Be-
ziers, ambassadeur.
1666. Vedoa, consul, ch. d'aff.
1668. Saint-André (Nicolas Prunier de),
premier président à Grenoble,
ambassadeur.
1671. Avaux (le comte d'), amb.
1675. Paillerolles, ch. d'aff. par inlér.
1675 à 1678. Estrades (l'abbé d'), amb.
1678. Pinchesne (de), ch. d'aff. par inl.
1679. Varengeville (Jacques Roque de),
ambassadeur.
1682. Amelot (Michel), marquis de
Gournay, ambassadeur.
1684 à 1701. La Haye-Vantelet (Denis
de), ambassadeur.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
57
i 691 . RÉBENAC (de) , envoyé près les puis-
sances d'Ilalie.
4696. CiiAMiLLY (Bouton de).
1701. EsTRKES (le cardinal d'), amb.
1702. RiopÉRON (de), ch. d'une'mission.
1703. CiiARMONT (Joseph lïennequin de),
ambassadeur.
1705. Pomponne (l'abbé de), amb.
1709. Le Comte, consul, chargé d'affaires
par intérim.
1718. Varano (Hercule, marquis de), ch.
d'une mission.
— Frémont (de), chargé d'affaires.
17t3. Gergy (Jacques-Vincent Languet,
comte de), ambassadeur.
1733. Froulay (Charles-François, comte
de), ambassadeur.
1738. Le Blond, consul, chargé d*affairos
par intérim.
1743 à 1746. Montaigu (Pierre-François,
comte de), ambassadeur, eut
J. J. Rousseau pour secrétaire.
17i9. Le Blond, consul, ch. d'aff.
17o0. Chavigny (de), ambassadeur.
1751. Le Blond, consul, ch. d'aff.
1752. Bernis (de Pierre, abbé, comte de),
ambassadeur.
175'». Brun, chargé d'affaires.
1756. Villefond (l'abbé de), ch. d'aff.
1758. Dumas, id.
1758. DuRFORT (les marquis de), amb.
1760. NoGARET, chargé d'affaires,
— Bascih (le comte de) , amb.
1765. Adam, chargé d'afliiires.
1767. Paulmy-d'Argenson (le marquis
de), ambassadeur.
1768. Hauteroche (le chevalier de), ch.
d'aff.
1770. Le Blond, consul, id.
1 771 . Zuckamntel (le baron dej , ambas-
sadeur.
1777. ScHLicK, chargé d'aff. par intérim.
1779. Vergennes (N... Gravier, marquis
de), ambassadeur.
1780. ScHLicK, chargé d'aff. par intérim.
1783. Vergennes (N... Gravier, marquis
de), ambassadeur.
1784. ScHLicK, ch. d'aff. par intérim.
1786. Le Blond, consul, ch. d'aff.
— CiiALOXs (le comte de), amb. '
1788. HÉNiN DE CuviLLiERS ( Étionnc-
Félix, baron de), ch. d'aff.
1789. BoMBELLEs (Marc-Mario, marquis
de), ambassadeur.
1791. DuRFORT (Louis de), amb.
M^l. Hennin, chargé d'affaires.
An II. Noël, ministre plénipotentiaire.
An III. Lallemand (Jean-Baptiste), envoyé,
négociateur du traité de Milan
en l'an v.
XXVÏL
Envoyés extraordinaires j Minisires, etc, à Gènes.
1629 à 1 636. Sabran (de) , résident.
— LiSLË (de), envoyé.
1639. Vi reville (lecommandeur de], en-
voyé.
Du Plessis-Besançon ( Bernard ) ,
envoyé.
Gomarini (l'abbé), agent).
Lionne (de), envoyé.
Besse (de), id.
1653.
1655
1660.
1660. Thévenot (Melchisédech), rés.
1661. Giustiniani (le marq.), miss. part.
1603. Aubeville (d).
1670. Servien (l'abbé), pi. médiat. .
1671. GoMONT (de), id.
1682. Saint-Olon (François Pidou de),
envoyé ordinaire.
1685. AiBEViLLE (de), env. extr.
1687. DuPRÉ, id.
58
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4690. Ratabon (de), env. exir.
1691. Rebenac le comte de,, env. ext.
1693. LouvEciENXES (de), id,
1701. EsTRÉES le cardinal d\, id,
1706. Iberville [Charles-François de la
Bonde d') , env. exir.
1708. Tessé ;ie maréchal de) .
1710. Anneville [Pierre-Rossignol d\,
envoyé extraordinaire.
17H. GuEBiiART ou Gebhart, ch. d'aff.
1714. La Faye [de] , env. exir.
1715. CocTELET ou CocTLET. ch. d*aiï.
1718. Chavigm' 'de), env. exir.
1719 CocTELET, chargé d'aiïaircs.
17î7à 1739. Camprédon -de;, env. extr.
1729. Michel, chargé d'affaires.
1739 à 1746. Joxville (François Chaillou
dCy, envoyé extraordinaire.
1745. CoL'TELET, chargé d'affaires.
— DcPoxT, id.
1746 à 1749. Guymoxt (de), env. extr.
1747. BouFFLERS (Joseph-Marie, duc de;,
pléninopentiaire.
— Richelieu (le duc de), plén.
1748 à 1751.CHAUVELIX (de), min. pi.
1751. Faucher, cb. d*aff. ; min. plén.
en 1763.
1751. NEnLLY (Fyol ou Fiot, comte de),
env. ext. et min. pi.
1761. RÉGXT, chargé d'affaires.
1762. BoYER, ministre plénipotentiaire;
id. en 1763, 1766, 1769 et 1774.
1763.* Michel, chargé d'affaires; id. en
1765, 1768, 1774 et 1776.
1777. Monteil (le marquis de), env. ext.;
id. en 1783, 1786 à 1788.
1782. Raulin, consul, chargé d'affaires.
1789. La Flotte [de), chargé d'affaires.
1790. Moxteil (de), min. plén.
1792. Sémonville (Huguet de) , ministre
plén.
1793. Naillac (Domboisde), ministre.
An II. TiLLY, chargé d'affaires.
An III. ViLLAR, ministre.
An IV. Faypoult, ambassadeur.
An VI. SoTTix, id.
An VIII. Belleville (Redon de}, chargé
d'affaires.
An IX. Dejean, ministre extraordinaire.
An x à l'an xiii. Saucetti, min. pi.
XXVIIL
Ambassadeurs, Ministres, etc., près la diète et les cantons Suisses.
1466. HuRAUT f Jacques), ambassadeur.
1474. Siliex (Jost de), id.
1476. Rolssillox (le comte de).
— L'archevêque de Vienne.
— Delius (le Sr.).
1483. Le président de Toulouse.
1495. Mezières (de), bailli de Dijon.
1499. Le même et l'archevêque de Sens,
primat dos Gaules.
1503. Mezières (de), ambassadeur.
— Richard, id.
1505. Villexeuve (Humbert ou Ymbert
de), premier président de Bour-
gogne.
1507. RocBERTix, envoyé à Zurich.
— Louis (Pierre), évêque de Riez, en-
voyé à Lucerne.
1509. L*ëvèque de Lausanne, ambassa-
deur.
— Le bailly de Troyes.
— MoRXAc (le seigneur de).
1512. Duxois (le comte de) et de Neuf-
châtel.
— Le bailli d'Amiens.
1513. La Tremoille (de).
— Seyssel (Claude de) , évèque de
Marseille, depuis archevêque de
Turin.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
59
1513. Villeneuve (Humbert ou Ymbert
de), prem. prés, de Bourgogne.
4513. Gru (le seigneur de).
1515. La Guiche (de),
— VisTE, probablement Leviste (An-
toine), seigneur do Fresnes.
— Le Roi (André), ou Roy.
— Trivdlce ou Trivulcio (J.-Jacq.)
— Selve (Lazare de).
— ViLLARS (Renaud, bâtard de Sa-
voie, comte de) .
4516. FoRBiN (Louis de), sieur de Soliers.
— Du Plessis (Charles).
1517. Le Roi (André), ou Roy, amb.
— Sagonmer, id.
1519. FoRBiN (Louis de), sieur de Soliers,
ambassadeur.
15 il. Lamet (Antoine de), amb.
— Granges (de?), id.
1 oit, Villars (Renaud, bâtard de Savoye,
comte de).
— Chabanne (le maréchal de) .
— MoNTMORENtY (le si FO do) , maréchal
de France.
— La Palisse (le sire de). .
Lamet (le seigneur do).
BoiSRiGAUT (Louis Doguereau, sei-
gneur de).
MoRKLET (le général).
BoisRiGAUT (Louis Doguereau, sei-
gneur de) .
Megret (Lamberlj .
Lamet (Antoine de;.
BoiSRlGAUT (de).
Langey (de).
B0l!$R!GAUT (de).
Blanc-Fossb (de), ambassadeur.
— BoiSRlGAUT (de), id,
— LiANcouRT (de), id.
— Lavau (de), id.
— MÉNAGE (Jacques).
15i7. LiANCouRT (de), ambassadeur.
1548. BoiSRlGAUT (de), id,
— Lavau (de), id.
152 V.
1527.
1531.
153i.
1536.
15i3.
1554
1555
1559
1562
1564
1548. MÉNAGE (Jacques), amb.
— LiANcouRT (Guillaume Duplessis
de), ambassadeur.
1550. LiANcouRT (de), ambassadeur.
1551. MoRELET (de), seigneur de la Mar-
che-Fontaine, ambassadeur.
1553. Basse-Fontaine (de), évoque de
Limoges, ambassadeur.
— Marche-Ferrière (de), après la
mort de M. de Basse-Fontaine,
ambassadeur.
BocHETEL (Bernardin), abbé de
Saint- Vincent, ambassadeur.
Saint-Laurent (de), id,
. Coignet (probablement Mathieu),
procureur général au parlement
de Savoie.
I^ même et Mandelot (de), amb.
Orbais (Nicolas de La Croix, abbé
d') ou d'Urbais, ambassadeur.
— ScÉPEAUx (François de), seigneur
do La Viéville, mar. de France,
ambassadeur.
— Laubespine (Sébastien de), évèque
de Limoges, amb. extr.
1567. Bellièvre (Pomponne de), depuis
chancelier, ambassadeur.
1568. La Fontaine-Gaudart (de), amb.
1570. Bellièvre (Jean ou Joachim de),
seigneur de Hautofort, amb.
1574 à 1579. Harlay de Sancy (de).
1582. Clausse, sieur de Fleury (Nicolas),
amb.
— Mandelot (le chevalier de), gou-
verneur de Lyon.
— Bellièvre (de), seigneur de Hau-
lefort, premier président de Gre-
noble.
Harlay de Sancy (de).
à 1589. SiLLERY (Nicolas Brulart de),
ambassadeur.
IIarlay de Sancy (de), adjoint.
Lubert, ambassadeur ext.
I — ViGiER, agent à Berne.
1583,
1587
1589.
60
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1591
1592
1593
1597
1398
1601
160i
1607
1612
1617
1620
1625
1626
1629
1630
1632
1633
1634
1635
1637
16ib0
. Griffac (Petermann de}, agent à
Zurich.
La Clièle 'de).
La Violktte 'dt*'.
. Brissac 'le colonel de), envoyé à
Lucornc.
lIoTTMANN OU Hautmann (Fran-
çois), seigneur de Morfontaine,
ambassadeur.
La Verrière [de), agent.
Mery de Vie, seigneur d'Ermenon-
ville, président au parlement de
Toulouse, ambassadeur.
SiLLERY ;do' , ambassadeur exlraor.
BiRON (le maréchal de), id.
MÉRY DE Vie, id.
. Cal MARTIN (Le Fèvre, seigneur do),
ambassadeur,
à 1611. Refflge (Eustachede), amb.
Castille (Pierre-Janvier de), amb.
ord., puis ext. en 1616.
MiRON (Robert), ambassadeur ordi-
naire jusqu'en 1627.
MoxTLiox (de) ou Montléon, am-
bassadeur extraordinaire.
Coeuvres (Annibal d'Estrées, mar-
quis de), amb. extr.
Bassompierre (François de), am-
bassadeur extraordinaire.
. ViGiER, agent à Berne.
. Brulart (Léon), amb. ext.
Bassompierre (François, maréchal
de), ambassadeur extraordinaire.
La Sa la die (de), agent.
Rouan (le duc de), ambassadeur.
. Landays (du) ou Dulandais ou du
Lahdet, ambassadeur ordinaire.
. Herse (le président Vialart de),
ambassadeur.
. MÉLiAND (le président Biaise de),
ambassadeur.
CoNDÉ (le prince de) .
Caumartin (Jacques ou François
Le Fèvre de), ambassadeur.
1647
1661
1664
1672
1676
1681
1684
1689.
1691.
1694,
1698
1701.
1703
1704,
1706
1708
1709
1710
1711
1713
1715
172G
. La Barde (Jean de], marquis de
Marolles, ambassadeur ordinaire.
Baron, chargé d'afTaires.
3Ioi'SLiER , envoyé puis résident
en 1665.
Saint-Romain (Fabbé de), amb.
à 1684. Gravel (le chevalier Robert
de), ambassadeur extraordinaire.
Laloi BÈRE, agent à Berne.
La Bcssière (de), agent en Suisse.
Franconis (de), agent.
Tambonneau -le président Michel),
ambassadeur.
Gravel (Jules de), marquis de
Marly, fils de Robert, envoyé
extraordinaire.
, Amelot (Michel), marquis de Gour-
nay, ambassadeur.
Reding (le baron de), agent à
Berne.
. Amelot (.Michel), marquis de Gour-
nay, ambassadeur.
MoREL (l'abbé).-
à 1708. Bruslart (Roger), marquis
de Pu\ sieulx et de Sillert, amb.
Vicier, agent à Lucerne.
IIuGiER, agent à Zurich.
Baron, envoyé près la diète.
. La Chapelle (de), chargé d'affaires,
à 1715. Di Luc (Charles-François de
Vintimille, comte), ambassadeur.
. Baron.
. Bezenval (de), agent.
La Martinière (de), agent à Berne.
Desbordes et Baron, agents à Lu-
cerne.
. Worainville (de), agent.
Baron, id,
, La Martinière (de), id,
. Du Luc (le comte), ambassadeur.
AvAUAi (Claude-Théophile de Be-
ziade, marquis d'), ambassadeur.
. BoNNAc (Jean-Louis d'Usson, mar-
quis de), ambassadeur.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
61
4735. MuRALT (de) d'Edelhausen , agent
près la dièle.
4 736 et 1744. Marianne, chargé d'affaires.
4737. BoNNAc (le marquis de), amb.
— Brou (de), commissaire.
— MULLER, id.
4738 à n49. Courteîlle (Dominique-
Jacques-Barberio de), amb.
4745 et 1749. Vertmoxt, chargé d'affaires.
4749. Paulmy (...de Voyer, marquis de),
ambassadeur.
4751. Vertmoxt, chargé d'affaires.
4753. Chavigny (de), ambassadeur.
4762. Baillieux, chargé d'affaires.
— Entraigues (le marquis d'), id,
4763. Beauteville (le chevalier de), id,
4765. Bartiiks de Marmorières, id,
4767. Beauteville (le chevalier de), am-
bassadeur.
4768. Barthls de Marmorières, chargé
d'affaires.
— Beauteville (le chevalier de), am-
bassadeur jusqu'en 1775.
PicAMiLLE DE Casny'e, chargé d'af-
faires (amb. en juillet 4775 et
septembre 1777).
Vergennes (le président de), min.
plén., puis amb. en 1777.
PoLiGNAC (le vicomte de), amb.
Bâcher, ch. d'aff. (amb. en 1789).
Vergennes (le mar(|uis de), amb.
VÉRAc (Charles-Olivier-Saint-Geor-
ges, marquis de), ambassadeur.
4773
4775.
4777.
4784.
4786.
4789.
1792. Barthélémy, ambassadeur.
An V. Bâcher, chargé d'affaires.
An VI. Mengaud, id,
— Le Carlier (l'ex-conventionnel).
— Rapïnat.
— Perrochel (Maes de), ex-abbé de
Toussaint, min. plén.
An VII. Champigny-Aubix, ch. d'aff.
An VIII. Pichon, id,
— Reinuard, min. plén.
An IX. Verxinac, ambassadeur.
An X. Ney (le général), min. plén.
An XI. Barthélémy, plénipolenliaire
— FoucHÉ, id,
— ROEDERER, id.
— Dksmel'xiers, id,
— Rapp (le général), chargé d'une
mission.
An XII. ViAL (le général), amb.
1808. Talleyrand (Auguste, comte de),
envoyé extr. et ministre pléni-
potentiaire.
1823. De Moustier (le marquis), env.
extr. et min. plén.
1824. Le même, amb.
1825. La Passe (le vicomte), chargé d'af-
faires par intérim.
— Rayxeval (le comte de), amb.
— D'HoRRER (Marie-Joseph), chargé
d'affaires.
1829. Gabriac ( Paul -Joseph-Alphonse-
Marie- Ernest Cadoene, marquis
de), ambassadeur.
XXIX.
Ministres, etc, auprès des alliés des cantons suisses
1. république de GENÈVE.
. . . Sarran (de), envoyé.
4631. BIoRiNTRU (de), id.
4632. Navailles (N de Montaultde),
envoyé.
4637. Varennbs (de), envoyé.
1672. Favre (de), ch. de Tenvoi des dé-
pêches de la cour.
1676. Gravel (Robert de), envoyé.
1678. Chavigxy (de), résident.
1680. DuPRÉ, envoyé.
1688-1697. Iberville (Charles- François
de Lalonde d'), résident.
62
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4698-1739. La Closure (de), résident.
1708. Du Luc (Charles-François de Vin-
timille, comte), ambassadeur en
en Suisse.
1 737. Lautrec (Daniel-François de Gélas-
Voisins, comte de], plén. médiat.
1738. GouRTEiLLE ( Dominique- Jacques
Barberye, de), amb. en Suisse.
4739. CuAiiPEAUX, résident.
4749-1765. Momtpeirous (Palatin de Dyo,
baron de), rés.
4765. Fabry (Louis-Gaspard), ch. d'aff.
4765-4774. Hennin (Pierre-Michel, rés.
4766. BEAUTEviLLE(le chevalier de), min.
plén. et médiat.
1773. Gabard de Vaux, ch. d'aff., id. en
4778 et 4782.
4784-1794 . Castelnau (Jean- Baptiste
Gerson de Malescombes de Gu-
rières, baron de), résident.
4783-1794. Bernier de Maligny (Louis-
Joachim-Xavier), ch. d'aff.
4792. Chateauneuf (de), résident.
An II. GiRAULT-SouLAviE (l'ex-abbé Jean-
Louis), ministre résident.
An m. Resnier, envoyé extraordinaire.
An IV. Adet, envoyé.
— ( 7 pluviôse ) . Desportes ( Félix ) ,
résident jusqu'à la réunion de
Genève à la France par acte dju
7 floréal an vi (26 avril 4798).
2. GRISONS, ou LIGUES GRISES.
1539. BoucicAUT, amb.
4547. Pomponne de Bellièvre, amb.
4578. LiVERDiER, id.
4595. Harlai de Sanct (de), id.
4596. Pomponne de Bellièvre, id.
4602. Vie (de), id.
1604. Pascal, id.
4647. Gueffier, id.
4620. GoEUVRES (Annibal d'Estrées, mar-
quis de), ambassadeur extraord.
. en Suisse et aux Grisons.
4620. MoNTHOLON, amb. extr. en Suisse
et aux Grisons.
4631-4635. Du Landais, ambassad. eit.
en Suisse et aux Grisons.
4635. Gandale (de).
4686. Lanier, envoyé.
4687. Priolo, id.
— Estampes (d') , pour rextradition
du duc de Rohan.
4698. Putzieulx (Roger Brûla rt, marquis
de), ambassadeur.
4700. Fornal (de), envoyé.
1702-4707. Graville (N Mallet, che-
valier de), env. extr.
4706. Tulle-Pelizari, envoyé.
1740. Vicier, id.
1714. Merveilleux, id^
4745. Du Luc (Gharles-François de'Vioti-
mille, comte), amb. en Suisse e(
près les Grisons.
— AvARAY (Glaude-Théophile de Be-
ziade, marquis de), ambass. en
Suisse et près les Grisons.
4726. BoNNAC (Jean-Louis d'Usson, mar-
quis de], amb. en Suisse et près
les Grisons.
4728. Allion (N d'Usson d'), env.
4729. La Sablonière (de), id.
1735-4740. Bernardoni, env. extr.
4768-4771. Salis-Marschlins (le baron
Ulysse de), chargé d'affaires.
1792 (juin). Millin, id.
— (29 août à septembre). IIirsinger
(Yves-Louis-Joseph) .
An IV. GoMMEYRAs, rés. et ch. d*aff.
An VI. Florent-Gutot (l'ex-convention-
nel), rés. et ch. d'aff.
3. VALAIS.
1589. Vigier, envoyé.
1593. Brissac (de), i(/.
1627. Malondin ou Molondin, envoyé.
1673. Baron, id.
4703. Gourten, chargé d'affaires.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
ea
4740 à 1788. Ghaignon, résident.
1788. Helflinger, ch. d afT., id.
1793. SouLAViE (l'ex-abbé Jean -Louis
Girault, ch. d'aff., rës.
— Delorme, secrétaire de lég. à Ge-
nève, id.
An VI. Helflinger, chargé d'affaires.
— Mangourit, id.
An X. TuRREAU (le général), envoyé.
An XII. Chateaubriand, chargé d'affaires.
(Il ne s*cst pas rendu à son poste
et a donné sa démission.)
— EscHAssERiAux ( l'ex -Convention-
nel] , chargé d'affaires.
1806. Derville-Maléchard, ch. d'aff.
jusqu'à la réunion du Valais à
l'empire français.
i. PRINCIPAUTÉ DE NBCFCHATBL.
1752. GossiGNT (Jean-François de), com-
missaire pour le règlement des
limites avec les commissaires du
roi de Prusse.
— Faton (Jacques-Franç.-Hyacinthe),
commissaire pour le règlement
des limites avec les commissaires
du roi de Prusse.
XXX.
Ambassadeurg, Ministres, etc., près les Ducs de Savoie,
Rais de Sarduigne.
1562.
4574.
1579.
1596.
1607.
1609.
1613.
1614.
1617.
1619.
1624.
1625.
1626.
1628.
1629.
BiRON (de), envoyé.
Nevers (le duc de), plén.
Birague (de), id.
Sause (de), id.
La Valette (de), env. en Piémont.
BiRON (le maréchal de), plénipot.
SiLLBRY (de), id.
Chevrières (de), envoyé.
Vaugelas (de), id.
BuLLioN (de), id.
Gueffier, résident en Piémont.
Rambouillet (de), envoyé.
BÉTHUNE (de), amb. extr.
Maroussan (de), ch. d'une mission.
BuLLioN (de), envoyé.
Saint-Géri (de), ch. d'une miss.
Créqui (le maréchal de).
Bautru ou BoTRU, envoyé en Pié-
mont.
BcLLioN (de), amb. extr.
GuRON (de) , envoyé.
MoRELLA (le comte de), envoyé.
BuLLioN (de).
Dr La Lande.
1629. Gréqui (le maréchal de), plénipo-
tentiaire pour la paix.
— Marin, amb., plén. pour la paix.
— Valençay (Jean d'Estampes, com-
mandeur de).
1630. ScHOMBERG (de), envoyé.
— Léon (de), id.
— Brézé (de).
— Marillac (le maréchal de), ambas-
sadeur.
— Servien (Abel), amb. extr. et plén.
1631. Thoiras (le maréchal de), id.
1631 à 1645. HÉMERi (Michel- Particelli
do), amb. extr. et plén., depuis
février 1631 en août 1645.
— Thoré (... Particelli), fils du pré-
cédent, amb. auprès de madame
Chrétienne de Frdnce.
— Du Plessis-Praslin (le comte),
ambassadeur.
1635. De Bellièvre, ambassadeur.
1636. Canisi, envoyé.
1637 à 1643. La Gour de Vignoles (de),
envoyé.
64
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS.
4638. Palean ou Palvan (le baron de),
mission particulière.
— Bautru (de), envoyé près la du-
chesse de Savoie.
1639. CiiAMGXY (Léon Bouthillier de),
ambassadeur.
— HÉMERY (de) ou d'Ëmery (Michel
Particelli;, ambassadeur.
— La Valette (le cardinal Louis de).
4640. Mazarin (Jules), arab. exlr.
— Harcourt (le comte d'), id.
— MoNDAM (l'abbé), ch. d'une miss.
— LiSLE (le père de), id, auprès du
cardinal de Savoie.
46i1. SouviGXY ou SouviGXi, chargé de
conduire le comte Philippe en
France.
4642. AiGUEBONNE (Rostain d'Urac, sei-
gneur de), ambassadeur.
4651 à 1656. Argexsox (René Le Voyer,
marquis de), ambassadeur.
1658. Serviex (Ennemond, frère d'Abel),
ambassadeur.
4660. Colbert, id,
4663. ArhvVgnac (la comtesse d'), amb.
extr. pour accompagner made-
moiselle de Valois, fille de Gas-
ton, mariée au duc Charles-Em-
manuel.
4665. Vendôme (la duchesse de), amb.
extr. pour accompagner made-
moiselle do Nemours, qui allait
épouser le môme prince, veuf de
mademoiselle de Valois.
4672. Serviex (Ennemond), amb.
4675. Arcy, d'Arsy ou d'Arques (René-
Martel, marquis de), ambassad.
4676. ViLLARS (le marquis de), id,
4677. EsTRÉES (le cardinal d'), id.
4679. Estrades (l'abbé Jean-Fr. d'), amb.
4684. Lilleboxxe (la princesse de), am-
bassadrice, chargée d'accompa-
gner Anne-Marie d'Orléans, ma-
riée au duc Victor-Amédée.
4684
4685
4685
4689
4690
4696
4697
4699
4700
4702
4740
4743
1744
4749,
4722.
4725.
1731.
1732
1733.
1734
1737.
4749.
4752.
Ghatillon (le chevalier de), envoyé
extraordinaire,
à 4689. Arct, d'Arst ou d'Arques
(René-Martel, marquis de), amb.
. Urpé (Joseph-Marie-Lascaris, mar-
quis d'), chargé d'aller compli-
menter le duc de Savoie sur les
couches de la duchesse.
. RÉBENAc (le comte de), amb.
. Libois (du), miss. part.
. Tessé (René de Froulay, comte de,
depuis maréchal), plén.
Catixat (de), plénipotentiaire.
Foix (le duc de), id»
GiioisEUL(leducde), id,
, Rriord (le comte de), ambass.
. Urfé (Joseph-Marie-Lascaris, mar-
quis d'), onv. extr.
. PuÉLiPEAux (de), ambassadeur.
. Le Bret, commissaire aux limites.
. Mexgarde (le comte de), plénipo-
tentiaire.
. Amelot, plénipotentiaire.
. Prié (Louis-Aymard , marquis de),
ambassadeur.
LoziÈRE, chargé d'affaires.
Morville (Charles- Jean-Baptiste
Fleuriau, comte de), plén.
Gahbis (Louis-Dominique de Gam-
bis-Velleron, comte de), ambas-
sadeur et plénipotentiaire.
Bloxdel, chargé d'affaires.
Vaulgrexant (le comte de), am-
bassadeur.
ViLLARS (le maréchal de), ambassad.
extraordinaire,
à 4743. Sexxeterre (le marquis,
depuis maréchal de), ambassad.
Saixt-Remi (de), secrétaire du mar-
quis de Senneterre, chargé de la
correspondance.
Ghétardie (le marquis de la), amb.
jusqu'en février 4752.
Favier, chargé d'affaires.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
65
4 752. G A LE ANS DES IssARTS (Charles-Hya-
cinlbe, marquis de), amb.
4753. BoYER, chargé d'affaires.
— Chauvelin (le chevalier, depuis
marquis de), amb. jusqu'en 1766.
1755. Noailles (le comte de), amb. extr.
4756. Arnaud, chargé d'affaires.
— Chauvelin (le chevalier de), amb.
1757. Arnaud, chargé d'affaires.
— Chauvelin (marquis de), amb.
1758. Arnaud, chargé d*«ffaires.
— Sabatier de Cabre, id,
— Chauvelin (le marquis de), amb.
1765. Sabatier de Cabre, ch. d'aff.
1766. Choiseul (le baron de), amb.
1769. Sainte-Croix (Louis-Claude Bigot
de), chargé d'affaires.
1770. Choiseul (le baron de), amb.
1773. Sainte-Choix (Bigot de), ch. d'aff.
1775. Choiseul (le baron de), amb.
1778. LaLandf, chargé d'affaires.
1780 à 1792. Choiseul (le baron de), amb.
— SémonVille (Huguet de), id.
An IV. Jacob, chargé d'affaires.
An V. MioT (Jacques) , ministre plénipo-
tentiaire.
An VI. GiNGUENÉ, ambassadeur.
An vu. ËYMARD, id,
— Senovert, commiss. du Directoire.
— Musset, id.
An VIII. JouRDAN (le général), min. extr.
An XI. AIenou (le général). id.
1814. OsMOND (le vicomte d'), amb.
1816. Dalbërg (le duc de), id.
1817. Gabriac (Paul -Joseph -Alphonse-
Marie-Ernest Cadoene, comte de),
chargé d'affaires.
1820. La Tour du Pin (le marquis de),
amb. jusqu'en août 1830.
— Marcieu (Albéric-Émé, comte) ,
ch. d'aff.
1830. Chasteau (de), id.
XXXL
Ambassadeurs j Minisires, etc., auprès des Rois d'Espagne,
Clerieux (de), ambassadeur.
Bouchage (de), id.
1486. Gramont (de), id.
— Selves (le prés, de), id.
1525. Tournon (de), archevêque d'Em-
brun, id,
— Briou (le baron de).
1539. L'évoque d'Avranches, env.
1561. L'Aubespinb (de), évoque de Li-
moges, ambassadeur.
1563. S. Sulpice (le marquis de), id.
1568. FouRQUEVAUX (le baron de), id,
1589. FoRGET (Pierre), sieur de Fresnb,
envoyé.
1598. Pomponne de Bellièvre et
— Sillery (Nicolas Bruslart de), plén.
pour la paix de Yervins.
1601. Sillt (comte de Roghbpot), amb.
1608. Brèves (de), id,
n.
1609. Vaucelles (de), ambassadeur.
1611. Mayenne (le duc de), amb. extr.
1612. PuisiEUx (de), id,
1617. Beaupremont (de), marquis de
Seneçay, ambassadeur.
1618. RocHEpOT (de) , id,
1621. Bassompierre (de), amb. extr.
1625. Rambouillet (d'Angennes, mar-
quis de), id,
1627. LiNGENDES, agent.
1628. BoissY (de), miss.
— Berthier, id,
— Bautru (de), de l'Académie fran-
çaise, env.
1629. Barrault (Antoine-Joubert, comte
de), amb.
1635. Peni, ch. d'aff.
1637. PujOL, id.
1638. Cha VIGNY (de), plénipotentiaire.
5
66
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4638. Harcourt (le comte d'J, plén.
— L'archevêque do Bordeaux, id.
1640. Du Plessis-Besançon , id,
4644. Brézk ot DE Fronsac (les ducs
de), id.
1649. DuPRESNE, env.
1651. Croissy (de), plén.
1656. Lionne (de), id.
1659. Gramont (le duc de), amb. extr.
1664. La Feuillade (Georges d'Aubus-
sonde), évêque d'Embrun, amb.
1668. ViLLARS (le marquis de), env. extr.
1669. DuPRÉ, ch. d'aff.
1670. Bonzy (Pierre de), archevêque de
Toulouse, amb. extr.
— DupRÉ, ch. d'aff.
1674. ViLLARS (le marquis), amb. extr.
1679. Le même, id.
— Harcoukt (le prince d'j, id.
4682. La Valguyon (André Berthoulel ou
Berlhoulat de Fromenteau, comte
de), amb.
1685. Feuquières (le marquis de Pas de),
amb. extr.
1688. Levasseur, ch. d'aff.
— Rebenac (François de Pas, comte
de), amb. extr.
4694. Blandinière (le Père), miss.
1697. DuvAL (le Père), id.
1698. Harcourt (le marquis d'),amb.
1700. Blecourt (de), env. extr.
4704. Louville (le marquis de), sans ca-
ractère.
— Marsin (le comte de), amb. extr.
4702. EsTRÉES (le cardinal d), amb.
4703. EsTRÉES (l'iibbé d'J, id.
— CnATEAUNEUF (do), miss.
4704. Gramont (le duc de), amb. extr.
4705. Brancas (Louis, marquis de), id.
4707. Amelot (le marquis deGouRNAY),
env. extr.
4 709. S. Olon (François Pidoux dej, i(/.
— Iberyille (d'), miss.
— Blecourt (de), env. extr.
4740.
4711.
4713.
4714.
4745.
4748.
1720.
4721.
4722.
4 724.
4725.
4727.
4728.
4730.
4733.
4734.
1738,
4744,
4749.
1752,
1757.
NoAiLLEs(leducdej, sans caractère.
BoNNAc (le marquis de), env. extr.
Brancas (le marquis de), amb.
Paciiau, ch. d'aff.
Saint-Aignan (Paul-Hippolyte de
Beauvilliers, duc de), miss.
Le même, amb.
Nancré ( Louis-Aimé- Théodore de
Dreux, marquis de), miss.
Maulevrier ( le marquis de ) ,
amb. CKtr.
Robin, sans caractère.
M orna Y (l'abbé dej, id.
Saint-Simon (le duc de), amb. exl.
La Fare (le marquis de), env.
CiiAviGNY (de), env. extr. à Gènes,
sans caractère.
Orléans (le chevalier d'), ûls na-
turel du régent, miss.
CouLANGEs(le marquis de), nommé
marquis de Mondragon, ch. d*aff.
Tessé (le maréchal de), sans ca-
ractère.
LivRY (l'abbé de), amb.
RoTTEMBouRG (Conr. -Alexandre,
comte dej, sans caractère.
Brancas (le marquis de), amb. ext.
HuLLiN, ch. d'aff.
RoTTEMBOURG (Iccomte), amb. extr.
La Porte du Theil, ch. d'aff.
LaBeaune (de), plén.
VAULGRENANT(lecomte de),amb.ex.
Champealx (do), ch. d'aff.
Varennes (de), id,
La Marck (le* comte de), amb.
Varennes (de), ch. d'aff.
Vauréal (l'abbé de], évèque de
Rennes, amb.
Partiet, chargé d'affaires.
Vaulgrenant (le comte dej, ambas-
sadeur.
Frischmann (l'abbé de), ch. d'aff.
AuBETERRE (le marquls d'J, amb.
extr. et plén.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
67
4759. OssuN (Pierré-Paul, marquis d*),
amb.extr. et plén. jusqu'en 1777.
4777. MoNTiioRiN (le comte de), ambas-
sadeur extr. et plén.
4783. BouRGOiNG, chargé d'alFaires.
4785. L\ Vauguyon (Paul -François de
Quelen, duc de), amb. ext. et pi.
4787. Le Marchand, chargé d'affaires.
— La Vauguyon (le duc de), amb.
4788. Le Marchand, chargé d'affaires.
— La Vauguyon (le duc de), amb.
4789. Le Marchand, chargé d'affaires.
— La Vauguyon (le duc de), amb.
extr. et plén.
4 790. Le même, id.
— PuYABRY, chargé d'affaires.
— Pons (do), amb. extr. et plén.
4794. NoAiLLES (de), ambassadeur.
— Urtubize (Marquetd'),.ch. d'aff.
4792. BouRGOiNG, min. plén.
x\n II. Urtubize (Marquetd'), ch. d'aff.
An IV. PÉRiGNON (le général , depuis ma-
réchal), ambassadeur.
— Mangourit, agent.
An VI. Truguet (l'amiral), ambassadeur.
— Perrochel (Maes de), ex-abbé de
Toussaint, ch. d'aff.
An VI. Guilleuardet (l'ex - convention-
nel), ambassadeur.
An VIII. Alquier (l'ex-convenL Gh.-Jean-
Marie), id.
An IX. Bonaparte (Lucien), id.
An X. (lOuviON- Saint -Cyr (le général,
depuis maréchal), id.
— HbRMAN, chargé d'affaires.
— Beurnonville (le général, depuis
maréchal, Pierre Reil de), am-
bassadeur.
4806. Vandeul (Caroillon de), ch. d'aff.
— Beauuarnais (François de), amb.
4808. La Forest (le comte de), id.
4813. Gaillard (Bernard-Antoine-Jean),
chargé d'affaires.
48U. Laval - Montmorency (Adrien,
prince de), amb. de Louis XVIU.
4821. La Garde (Pelletier, comte de),
env. oxtr. et plén.
4823. Talaru (le marquis de), amb.
1824. Bois-le-Comte (Edmond de), ch.
d'affaires.
4825. Moustier (Edouard, marquis de),
ambassadeur.
4827. Saint-Priest ( Louis-Gui gnard, vi-
comte de), ambassadeur.
XXXIL
Ambassadeurs, Ministres, etc., en Portugal.
4644. Saint-Pb (de), consul dès 4646^
chargé d'affaires.
4642. Lanier, ministre résident.
4644. RouiLLAc (Louis de Goth ou Gots,
marquis de), amb. oxtr.
4646. Lanier, ministre résident jusqu'à
la fin de 4648.
4653. Le même, amb. extr. jusqu'au mois
de septembre.
4655. Jante (le chevalier de), amb. extr.
4657. CoMMiNGES (Jean- Baptiste Gaston
de), ambassadeur extraordinaire.
4659. Jante (de), amb. extr.
— Ablancourt (Frémont d*), mission
particulière.
4664. Saint-Romain (Melchior de Héron,
baron de), mission particulière.
4674. Daubeville, envoyé extraordinaire.
4675. GuÉNÉGAUD (Claude de), env. extr.
4677. Foucher.
4684. Oppède (Forbind').
4683. Saint-Romain (de), ambassadeur.
4685. Amelot (marquis de Gournay),
ambassadeur.
68
ÉTAT NOMINATIF DKS AMBASSADEURS,
4686.
4688.
1692.
4697
1703.
4705.
4715,
47Î4
4725.
4736.
1738,
1740.
4743.
4746.
4749.
4753.
4756.
4759.
4760.
4763.
4767,
4769.
4774.
4773.
CoLBERT (Jean-Baptiste, marquis de
Torcy), envoyé extraordinaire.
EsNEVAL (lo vicomte d*), amb.
EsTRÉES (Tabbé d'), id.
Rouillé (le président Pierre), id.
Cmateauneuf (de), id.
ViGAXEGO, correspondant, sans ca-
ractère.
MoRNAy (l'abbé do), ambassadeur.
MoNTAGNAc (de), consul , chargé
d'affaires.
MoRXAY (l'abbé do), ambassadeur.
LivRY (François Sanguin, abbé de),
ambassadeur.
DuvERNAY, chargé d'affaires.
Argexson (René-Louis de Voyer de
Paulmy, marquis d'), amb.
CnAviGNY (de), ambassadeur.
Bevuchamp, chargé d'affaires.
Chavigxy (de), ambassadeur.
Duvernay, chargé d'affaires.
Baschi (le comte François de),
ambassadeur.
Saint-Julien (do), chargé d'aff.
Merle (le comte de), ambassadeur.
Saint-Julien (do), ch. d'aff.
Saint-Priest (François-Kmmanuel
Guignard, chevalier do), amb.
SÉMONiN, corsul, chargé d'affaires.
Clermont d'Amboise (le chevalier
do), ambassadeur.
Colins de Montigny, ch. d'aff.
Etienne, chancelier, sans caractère
politique.
4773. Clermont d'Amboise (le aiarquis
do), ambassadeur.
4774. HiNNiSDAL (le comte de), conseiller
d'aml)assado, chargé d'affaires.
1*75. Blosset (le marquis de), amb.
1778. Daugnac (labbé), chargé d'affaires.
1780. O'DuNNE, ambassadeur.
1786. BoMBELLE (Marc -Marie, marquis
de), ambassadeur.
1790. CiiALONS (le comte de), amb.
An V (1797). Lacroix (rex-conventionne!
Charles), plénipotentiaire du di-
rectoire.
An X (1801). Bonaparte (Lucien), pléni-
potentiaire des consuls.
— Lannes (lo général), env. extr. et
min. plén.
An XI. Herman, ch. d'une miss. part.
— Lannes (le général), env. extr. et
min. plén.
— SÉRURiER, consul général, ch. d'aff.
An XII. Fitte (Xavier), chargé d'affaires.
An XIII. Junot (le général Andoche), amh.
1806 à 1807. Rai-neval (Maximilien Gé-
rard di'), chargé d'affaires.
1814. Lesseps, consul général, ch. d'aff.
48i3. IIyde de Neuville (Jean-Guil-
laume), ambassadeur.
4825. Merona (Albert-Pierre -François-
Xavier, comte de), ch. d'aff.
— Bauzan (Henri-Louis de Chastellux,
duc de), env. extr. et min. plén.
1828. Durvnt de Mareuil (le baron),
ministre plénipotentiaire.
XXXIII.
Ambassadeurs, Ministres, etc., près le Gouvernement anglais.
4396. DuBOSC (Nicolas), évoque de Bayoux,
plénipotentiaire.
4445. Vendôme (Louis de Bourbon, comte
de), plénipotentiaire pour la
paix.
1445. Ursins (Jean-Ju vénal des), arche-
vêque de Reims , plénipoten-
tiaire pour la paix.
— Laval (Guy, comte de), plénipo-
tentiaire pour la paix.
ENVOYÉS, MINISTRES. ETC.
69
1445. Beauvau (Bertrand de), seigneur
de Précigny , plénipotentiaire
pour la paix.
4445. CousiNOT (Guillau.Tie, seigneur de
Montreuil), plënip. pour la paix.
— Chevalier (Etienne), secret, du
Roi, plénip. pour la paix.
1477. L'archevêque de Vienne, chargé
d'une mission.
1479. L'évêque d'Auch, ch. d'une miss.
1480. Martigny (de), évoque d'Elne.
— Seyssel (Claude de), ambassadeur
de Louis XII auprès de Henri VII.
1519. BoNNivET (Guillaume Gouffier, ami-
ral do) , ambassadeur extraord.
1520. PoiLLOT (Denis), amb. de Louis XII
et de François I*'.
1 520-1 5Î2.Saint-Jl LIEN (Barthélemi Émé,
baron de), chevalier de l'Ordre,
chargé par François I**" d'une
mission particulière.
1525. Chevreusk (le duc de).
1526. GuiFFREY (Guignes, seigneur de
Boutières, prévôt de l'hôtel du
Roi), ambassad. extraordinaire.
1528. Dd Bellay (Jean, 1°évêquo de Li-
moges; 2° de Ptiris, cardinal),
ambassadeur.
1531. Jean (bailli de Troycs), amb.
1536. Castelnau (Antoine de), évêque de
Tarbes, ambassadeur.
1538. Chastillon (Gasp. de), amiral de
Coligny, ambassadeur.
1539. Marillac (Charles do), amb., puis
archevêque de Vienne.
— Chastillon (Gasp. de, amiral de
Coligny), ambassadeur.
1544. Du Bellay (le cardinal), plénipo-
tentiaire pour la paix.
— RÉMONT (Pierre), plénipotentiaire
pour la paix.
— Laubbspine (Claude Larché de),
plénipotentiaire pour la paix.
1546. Briançon de La Saladie, amb.
1546. Anxebaut (Claude d'), amiral, né-
gociateur à Ardres.
— Rémont (Pierre), négoc. à Ardres.
— Bocuetel (Guillaume, seigneur de
Sussy), négociateur à Ardres.
1550. CoLiGXY (l'amiral de), négociateur
du traité du 4 mars.
— La Rochepôt ^François de Mont-
morency, seigneur de), négocia-
tour du traité du 4 mars.
— Du Mortier (André Guillard), négo-
ciateur du traité du 4 mars.
— BocHETEL (Guillaume), négociateur
du traité du 4 mars.
1553. NoAiLLES (Antoine de), ambassa-
deur.
1556. NoAiLLES (François de), évêque
d'Acqs, ambassadeur.
1557. Michel (le marquis), ambassadeur.
1559. Lorraine (Charles, cardinal de, ar-
chevêque do Reims), plénipoten-
Haire au Cateau-Cambrésis.
— Montmorency (Anne de, connéta-
ble), plénipotentiaire au Cateau-
Cambrésis.
— Saint -André (Jacques d'Albon,
maréchal de), plénipotentiaire au
Cateau-Cambrésis.
— MoRviLLiERS (Jean de, évêque
d'Orléans) , plénipotentiaire au
Cateau-Cambrésis.
— Hautkrive (Claude de l'Aubespine,
seigneur de), plénipotentiaire au
Cateau-Cambrésis.
1562. Foix (Paul de, ensuite archevêque
de Narbonne), ambassadeur.
1563. Alluye (Florimond Robertet, ba-
ron d'), ambassadeur.
15G4. Morvilliers (Jean de), plénipoten-
tiaire k Troyes.
— . BouRDiN (Jacques), plénipotentiaire
à Troyes.
1 571 . Castelnau de La Mauvissière (Mi-
chel de), négociateur.
70
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
4571. La Mothe-Féxelon (Bertrand de
Salignacde;, négociateur.
— La Rochepôt (François de Mont-
morency, seigneur de), négoc.
— Foix (Paul de), négociateur.
4572. Beau>'oir, ambassadeur.
— Maurier (de) , chargé dune miss.
— Montmorency (François, duc de),
mar., plén. à Blois.
— L'Albbspine (Sébastien de), évèque
de Limoges, plén. à Blois.
— Birague (Roné de), garde des
sceaux, plén. à Blois.
— Foix (Paul de), id,
4581. Bourbon (François de), dauphin,
fils de Louis, duc de Montpensier,
négociateur du contrat de ma-
riage entre le duc d'Anjou et la
reine Elisabeth.
— CossÉ (le maréchal Artliur de), né-
gociateur du contrat de mariage
entre le duc d'Anjou et la reine
Elisabeth.
— Lansac ( Louis de Lusignan de
de Saint-Gelais de), négociateur
du cx)ntrat de mariage entre le
duc d'Anjou et la reine Elisabeth.
— Carrouges (Tanneguy Le Veneur,
seigneurde), négociateur du con-
trat de mariage entre le duc d'An-
jou et la reine Elisabeth.
— La Mothe-Fénelon (Bertrand de
Salignac de) , négociateur du
contrat de mariage entre le duc
d'Anjou et la reine Elisabeth.
— Mauvissière (Mie. de Castelnau
de la), négociateur du contrat de
mariage entre le duc d'Anjou et
la reine Elisabeth.
— Brisson (Barnabe), président au
parlement de Paris, négociateur
du contrat de mariage entre le
duc d'Anjou et la reine Elisa-
beth.
1581. Cramailles (Claude Pinard, sieur
de), négociateur du contrat de
mariage entre le duc d'Anjou et
la reine Elisabeth.
— Marchaumont (Pierre Clausse, sieur
de), négociateur du contrat de
mariage entre le duc d'Anjou et
la reine Elisabeth.
— FoNTORTE (Jacques de Vray, sieur
de) , négociateur du contrat de
mariage entre le duc d'Anjou et
la reine Elisabeth.
1589. Bellièvrf (Pomponne de) , mort
chancelier en 1607, amb.
— MoRLASSE (de), chargé d'une miss.
1392. Bkauvoir. envoyé ordinaire, nég.
— Sancy (Nicolas de Harlay de), id,
1593. Brienne (Henri-Auguste de Lomé-
nie de), seigneur de la Ville aux
Clercs, ambassadeur.
1396. Bouillon (Henri de), maréchal de
France, négociateur du traité de
Greenwich.
— Sancy (Nicolas de Harlay de), né-
gociateur du traité de Green-
wich.
1597. Hl'rault (Ange-Paul de), seigneur
de Maisse, ambassadeur.
1398. BiRON (le maréchal duc de), amb.
— A N'ALLE (le duc d'), id.
1602. Harlay (Christophe de Beaumont
de), ambassadeur.
1606. SuLLY (le duc de), ambassadeur.
— La BoDERiE (Antoine Lefèvre de),
ambassadeur.
1613. BÉTHUNE (Philippe de), comte de
Selles, frère du duc de Sully,
ambassadeur.
1614. BuisEAUx (de), conseiller d'État,
ambassadeur.
— La Tour (Charles, baron du Tour
ou de), conseiller d'État, ch.
d'une miss.
1615. Leclerc, agent.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
71
4618.
1620.
1624.
16ÎO.
1627.
1628.
4629.
Desmarets (Gasp. Dauvet, comte],
ambassadeur.
Cadenet (Honoré d'Albert, maré-
chal de), depuis duc de Chaulnes,
ambassadeur.
BoNNEAU (Le Tillières de), agent.
L'archevêque d'Embrun, ch. d'une
mission.
Effiat (Antoine Coeffier, maréchal
d'), ambassadeur.
Richelieu (le cardinal de), négoc.
dulraitéde mariage de Henriette-
Marie de France.
La Rochefoucault (le cardinal de),
négociateur du traité de mariage
de Henriette-Marie de France.
Aligre (d'), chancelier de France,
négociateur du traité de mariage
de Henriette-Marie de France.
ScHoiiRERG (le comte de) , négocia-
teur du traité de mariage de Hen-
riette-Marie de France.
Brienne (Henri-Auguste de Lomé-
nie de), seigneur de la Ville aux
Clercs, négociateur du traité de
mariage de Henriette-Marie de
France.
Desfossés, ambassadeur.
Blainvillk (Jean Vargnières de) ,
ambassadeur extraordinaire.
Chevreuse (Claude de Lorraine,
duc de), amb. extr. pour con-
duire Madame en Angleterre.
Brienne (Henri-Auguste de Lomé-
nie), seigneur de la Ville aux
Clercs, amb. extr. pour conduire
Madame en Angleterre.
TiLLiERS (de Carouges, comte de),
ambassadeur.
Bassompierre (de), ambassadeur.
Launay-Razîlly (de).
Chateauneuf (de), amb.
FoNTENAY (François Duval, marquis
de), ambassadeur.
4630. PoiGNY (le marquis de), amb.
4632 Saint-Chaumont (le marquis de),
chargé d'aller complimenter le
roi et la reine d'Angleterre.
— QuiNcÉ (de), chargé d'aller compli-
menter le roi et la reine d'An-
gleterre.
4635. La Ferté-Sénecterre (de), amb.
extraordinaire.
— Bautru (Guillaume), comte de Se-
ra n, de l'Académie française, env.
— MoNTAGU (de), id,
4636. Harcourt (Henri de Lorraine,
comte d'), ambassadeur.
4637. Bellièvre (Pomponne de), depuis
premier président du parlement
de Paris, ambassadeur.
4644 . La Fkrté-Imbault (le marquis de),
ambassadeur.
4642. Crécy (de), envoyé près la reine
d'Angleterre en Hollande.
4644. Harcourt (le comte d'),amb.
— Sabran (de), chargé d'une mission.
4645. MoNTEREUiL (Jean de), de l'Acad.
française, résident.
4647. Bellièvre (Nicolas de), seigneur
de Gri.i^non, Gis du chancelier,
ambassadeur.
— RuviGXY (le marquis de).
— Talon, agent en Irlande.
— MOYENNERIE, id.
1652. Estrades (Godefroi, comte d'),
négociateur.
— Neufville (Antoine de Bordeaux,
seigneur de), ambassadeur.
4654. AvAUx (Jean-Antoine de Mesmes,
comte d'), neveu du négociateur
des traités de Westphalie, amb.
4655. Neufville (jAntoine de Bordeaux,
président au grand conseil, sei-
gneur de), ambassadeur.
4658. Créqui (le marquis de), envoyé
près de Cromwell.
4660. Na VAILLES (de Montault de), amb.
72
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1662. CoiiMiNGE (Jean -Baptiste Gaston,
1665.
comte de), amb.
Le même, id.
— CouRTiN (Honoré), arab.
— Verneuil (de), id.
— La Roue (de), en Irlande, sans ca-
ractère.
1667. RuviGNT (le marquis de), amb.
— La Fond (de), ch. d'une miss. part.
1668. Croissy ((Charles Colbert, marquis
de), ambassadeur.
4673. RuviGNY (le marquis de), amb.
1676. CouRTiN (Honoré), amb. ext.
1677. Barillon (Paul de), amb. jusqu'en
janvier 1689.
1683. TiLLADET, chargé d'une mission.
1685. Lorges (Guy de Durfort, maréchal
duc de), chargé d'une mission.
— UuMiÈRES (Louis de Crevant, ma-
réchal duc de), env. extr.
— BoNREPOS (d'Usson de;, envoyé en
Angleterre et en Hollande.
1687. ToRCY (Jean-Baptiste Colbert, mar-
quis de), amb. extr.
1688. Gramont (Philibert, comte de),
envoyé extraordinaire pour com-
plimenter le roi d'Angleterre sur
la naissance du prince de Galles.
1689. AvAux (Jean-Antoine de Mesmes,
comte d'), ambassadeur extraor-
dinaire pour accompagner le roi
en Irlande.
1692. RuviGNY (do), chargé d'accompagner
à Avignon la reine douairière
d'Angleterre.
— Bellefont (Bernardin de Gigaut,
maréchal do), ambassadeur.
1696. Harcourt (Henri, marquis d), de-
puis duc et maréchal, comman-
dant l'armée destinée à l'expédi-
tion d'Angleterre.
1698. Tallard (Camille, comte de), de-
puis duc d'Hosture et maréchal,
ambassadeur extraordinaire.
1701.
1705.
1708.
1710.
I7M.
1712.
1713.
1717.
1718.
1719.
1719.
1720.
1723.
1724.
Poussin, chargé d'affaires, mort a
108 ans, en 1749, dans ses fono-
lions de ministre résident à Ham-
bourg depuis 1714.
HooKE (le baron de), chargé d'une
mission en Ecosse.
Gagé (Charles- Auguste de Mati-
gnon, comte de), depuis maré-
chal, négociateur.
LouvAT ou LovAT ( lord ) , chargé
d'une mission en Ecosse.
AzuRiNi, agent.
Gaultier (l'abbé), agent.
MÉNAGER (Nicolas).
AuMONT (Louis d'), duc, ambassa-
deur extraordinaire.
HuxELLEs (Nicol. du Blé, maréchal
d'), amb. extr. et plén.
MÉNAGER (Nicolas), id.
MÉNAGER (Nicolas).
Anisson, député au conseil du com-
merce.
FÉNELON, député au conseil du
commerce.
Iberville (Ch.-Franç. de la Londe
d'), envoyé extraordinaire.
Dubois (l'abbé, depuis cardinal),
envoyé.
IIuxelles (le maréchal d'), négoc.
CuivERNi (le comte de), id.
Dubois (l'abbé), amb. ext.
ALkGRE*(Yves, marquis d'), am-
bassadeur ordinaire et extraor-
dinaire.
Senecterre ( Henri, comte de) ,
ambassadeur extraordinaire.
Estrées (le comte d'), négociât.
Dubois (l'abbé), id.
Le Bègue (le comte).
Destouches (Néricault), poëte dra-
matique, auteur de la comédie
du Glorieux j ch. d'aff.
Chavigny (de), env. extr.
Broglie (le comte de), amb.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
73
1731. Deschaiips (Morel), résident.
— Chavigxy (de).
4734. Beauport (de Ferette), agent.
4737. BussY (de), ministre à Hanovre.
4744. Silhouette (de), correspondant.
— Fourni ËR.
— Chateaubriand.
— Équilles (Boyer d'), président au
parlement d'Aix, mission secrète.
4749. MiREPOix (GasIon-CharlesPierre de
Lévis, marquis, depuis duc de),
ambassadeur.
— Durand, chargé d'affaires.
4750. MiREPOix (le duc de), amb.
4754. Lambertie (le marquis de), chargé
d'affaires.
— MiREPOix (le duc de), amb.
1754. Boutet, chargé d'affaires.
4755. MiREPOix (le duc de), amb.
— BussY (de), ministre plénipot.
4762. Nivernais (le duc de), id.
4763. ÉoN (le chevalier d'), id.
— GuERCHY (Régnier, comte de), amb.
4764. Blosset (le marquis de), ministre.
— GuERCHY (Régnier, comte de), amb.
4765. Blosset (le marquis de), min. plén.
— GuERCHY (Régnier, comte de), amb.
4766. Durand, min. plén.
— GuERcuY (Régnier, comte de), am-
bassadeur.
4767. Durand, min. plén.
4768. Du Chatelet-Lomont (le comte),
ambassadeur.
— Franges (Bataille de), ch. d'aff.
— Du CuATELET-LoMONr (le comte),
ambassadeur.
— Francès (Bataille de), ch. d'aff.
4769. Du Chatelet-Lomont (le duc),
ambassadeur.
4770. Garnier, chargé d'affaires.
— Du Chatelet-Lomont (le duc),
ambassadeur.
— Francès (Bataille de), ch. d'aff.
— Garnier, id.
4770. GuiNES (Adrien-Louis, comte de),
ambassadeur.
4774. Garnier, chargé d'affaires.
1772. GuiNES (Adrien-Louis, comte de),
ambassadeur.
— Garnier, chargé d'affaires.
— GuiNES (Adrien-Louis, comte de),
ambassadeur.
1773. Garnier, chargé d'affaires.
4775. GuiNES (Adrien-Louis, comte de),
ambaï^sadeur.
1776. Garnier. chargé d'affaires.
— NoAiLLES (le marquis de), amb.
1783. Rayneval (Mathias-Joseph-Gérard
de), min. plén.
— MousTiER (le comte de), ministre
plénipotentiaire.
— Adhémar (le comte d'), amb.
1787. Barthélémy, min. plén.
178î^. La Luzerne (le marquis de), amb.
1790 à 1791. La Luzerne (le marquis de),
ambassadeur.
1791. Arragon (d), chargé d'affaires.
1 792. HiRSiNGER (Yves-Louis-Joseph) , id.
— Chauvelin, ministre.
— Talleyrand, id.
1793. Maret (Hugues-Bernard), ch. d'aff.
An II de la république. Monneron, chargé
d'une mission.
An V (brum.) . L'ex-conventionnel La Croix
(Charles de), pPénipotentiaire
pour conférer avec lord Malmes-
bury.
— (25 prairial). Le Tourneur (de la
Manche), membre du Directoire,
plén. aux conférences de Lille
pour négocier avec lord Malmes-
bury.
— Maret (Hugues-Bernard), plénipo-
tentiaire aux conférences de Lille,
pour négocier avec lord Malmes-
bury.
— Pléville Le Pelley, id.
— Treilhard, ex-convent., membre
1k
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS.
du Directoire, plénipotentiaire
aux mêmes conférences, en rem-
placement de Le Tourneur et de
Pléville le Pelley.
An V. BoNNiER d'Arco, ex-conventionnel,
plénipotentiaire aux mêmes con-
férences, en remplacement de Le
Tourneur et de Pléville le Pelley.
An V. Xiou, commissaire pour l'entretien
et réchange des prisonniers.
An VII. Otto (Louis-Guillaume), id.
An X (9 frimaire). Le même, min. plén.
pour les négociations de la paix.
— (9 prairial) . Andréosst (le général) ,
amt)assadeur.
An XI (floréal). Portalis (Joseph-Marie),
chargé d'affaires.
1 806. Ghampagny (Jean-Baptiste Nompère,
comte de), plén. pour traiter avec
lord LauderdaleptlordYarmt)uth.
— Clarcke, duc de Feltre, nf.
1810. MousTiBR (Edouard de), commis-
saire plénipotentiaire pour négo-
cier avec M. Mackensie un cartel
d'échange des prisonniers.
1814. La Chastre (le duc de), amb.
1817. OsMOND (le marquis d*), û/.
1819. La Tour-Maubouro (Victor Fay,
marquis de), ambassadeur.
1820. Decazes (le duc), ambassadeur.
1821. Gramont ( le duc de), amb. extr.
pour assister au couronnement
du roi Georges IV.
» G A RAM AN (Georges Riquet, comte
de), chargé d'affaires.
182Î. Ghateaubriand (le vicomte de),
ambassadeur.
1823. PoLiGNAC (Jules, prince de), amb.
1829. Laval (Adrien, duc, puis prince de
Montmorency), ambassadeur.
1830. Vaudrei'il (Alfred Rigaud, comte
de), ch. d'affaires.
XXXIV.
Ambassadeurs, Ministres, etc., près la Porte-Ollomane.
1525.
1532.
1534.
1536.
1537
1538,
1539.
1541.
1547
1550.
1551
1554,
1555.
Frangipam, envoyé.
RixçoN (le capitaine Antoine), env.
La Forest (Jean dcj, ambassadeur.
MoNTLUc (Jean de), évêque de Va-
lence, ambassadeur.
Marillac, chargé d'affaires.
RiNçoN (lo capitaine Antoine), env.
Cantelmo (Gésar), id.
PoLiN (Antoine-Ascalin des Emars,
dit le capitaine), baron de La
Garde, envoyé,
à 1553. Aramon iGabriel d'), amb.
Gambrai (Jacques de), ch. d'aff.
Ghesneau, secrétaire de M. d'A-
ramon, chargé d'affaires.
GoDiGNAc (de Montmoiran), ambas-
sadeur.
VlLLBMONTÉ, OUVOyé.
1556. La VIGNE, ambassadeur.
1559. Petremol ou Pontremol de La
NoRROY, ch. d'aff. jusqu'à 1561.
1560. Dolu, chargé d'affaires.
1 569. DuBoiRG, sieur de Guerine(GIaude),
ambassadeur.
1570. Grandchamp (de), chargé d'affaires.
1571. La Triquerie, id,
1572. NoAiLLES (François de), évêque
d'Acqs, ambassadeur.
1574. NoAiLLEs (Gilles), abbé de Liste,
frère du précédent, amb.
1577. Jugé, chargé d'affaires.
1579. Germoles (le chevalier de Genni-
gny, baron de), ambassadeur.
1584. Bertier, chargé d'affaires.
1585. Savary (Jacques), seigneur de Lan-
cosme, ambassadeur.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
75
1589. Savart de Brèves (François), amb.
1606. GoNTAUT-BiRON (François de), ba-
ron de Salignac, ambassadeur.
1611. Harlay-Sancy (Achille de), baron
de la Mole, ambassadeur.
1620. Harlay (Philippe do), comte de
Cézy, ambassadeur.
4631. GouRNAY (Henri de), comte de Mar-
cheville, ambassadeur.
1634. Harlay (Philippe de), comte de
Cézy, ambassadeur.
4639. La Haye (Jean de), seigneur de
Vantelet, ambassadeur.
— La Forest, chargé d'affaires, dési-
gné par M. de La Haye, non agréé
par le grand vizir.
— Blonde L, chargé d'une mission.
4660. RoBOLi, résident.
4669. La Haye (Denis de), seigneur de
Vantelet, ambassadeur.
4670. Nointel (Charles-François Olier,
marquis de), ambassadeur.
4679. Lavergne de Guilleragues (Ga-
briel-Joseph de), ambassadeur.
1685. Fabre (Jean-Baptiste), ch. d'aff.
4686. GiRARDiN (Pierre), ambassadeur.
4689. GiRARDiN (l'abbé de), ch. d'aff.
— Leblanc (Louis), père de Claude
qui fut ministre de la guerre, est
nommé ambassadeur, mais em-
pêché par sa santé de se rendre
à Constantinople.
— Castagnères DE Chateauxeuf
(Pierre-Antoine de), amb.
4696. Ferriol (Charles de), baron d'Ar-
gental, ambassadeur.
4744. DbsAlleurs (Pierre Puchot, comte),
ambassadeur.
4716. BoNNAG (Jean-Louis d'Usson, mar-
quis de), ambassadeur.
17ï4. Andrezel (Jean-Louis Picon, vi-
comte d'), ambassadeur.
1727. Fontenu (Gaspard de), consul à
Smyme, chargé d'affaires.
1728. Villeneuve (Louis-Sauveur, mar-
quis de), ambassadeur.
1741. Castellane (Michel-Ange, comte
de), amb. extr.
1747. Des Alleurs (Roland Puchot, 6l8
de Pierre, comte), amb.
1754. Peyrot, chargé d'affaires.
— Peyssonnel, id,
1755. Vercennes (Charles Gravier, che-
valier, depuis comte de), envoyé
extraordinaire.
1756. Le même, ambassadeur.
1768. Saint-Priest (François-Emmanuel
Guignard, chevalier de), amb.
1776. Lebas, chargé d'affaires.
1778. Saint-Priest (François-Emmanuel
Guignard, chevalier de), amb.
1784. Choiseul-Goufpîer (le comte de),
ambassadeur (déposé en 1792).
4792. Le premier du commerce, ch. d'aff.
— ClIALGRIN, id.
An II. Descorches (Marie-Louis-Henri),
envoyé extraordinaire.
An III. Verninac, id.
An IV. Aubert-Dubayet (le général), amb.
Anv. Ruffin( Pierre-Jean-Marie), ch. d'aff.
— Carra-Saint-Cyr, id.
An VI. RuFFiN (Pierre-Jean-Marie), id.
An VIII. Desaix (le général), plénipotent.
nommé par Kléber, général en
chef, pour le traité d'EI-Avisar.
— Poussielgue, id.
An X. SÉBASTIAN! (Horacc), ch. de miss.
— Brune (le général Mari^-Anne),
ambassadeur.
An XIII. Parandier (Pierre), ch. d*aff.
— RUFFIN, id.
1806. SÉBASTiANi (le général Horace),
ambassadeur.
1808. La TouR-MAUBOURG(FlorimondFay
de), chargé d'affaires.
1812. Andréossy (le général François),
ambassadeur.
1814. Rivière (le marquis de), amb.
76
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
18U. RuPFiN, chargé d affaires.
1815. Deval, id.
4816. RiviÈBE (le marquis de], ambassa-
deur.
18f9. ViELLA (Charles Lnbayu, vicomte
de) y chargé d'affaires.
— Rivière [le marquis de), ambas-
sadeur.
1820. ViELLA (Charles Labayu, vicomte
de), chargé d'affaires.
4821. La Tour-Mauboukg (Florimond
Fay, marquis de), amb.
4823. Beaurepaire-Louvagnt (le comte
de], chargé d'affaires.
4824 à 1830. Guilleminot (le lieutenant
général comte}, ambassadeur.
XXXV.
Ambassadeurs, etc., au Maroc et près les Régences barbaresques.
4577. Bkrard, consul, chargé d'affaires.
— Vestia (François), facteur.
4594. Fornier (G.), consul.
1607. CuRi\L (G.), id.
4629. Razilly (le commandeur de), env.
4634. Dl Chalard (Priam-Pierre), chef
d'escadre, amb. plén.
— Razilly (le commandeur de), chef
d'escadre, plén.
4634. Cabiron (A.l, envoyé.
4635. Margirs (J.).
1693. Saint-Olon (François Pidoux de),
ambassadeur.
— Chatkaurknaud (le comte de).
4698. Sai.nt-Olon (François Pidoux de),
ambassadeur.
1699. EsTELLi, consul, chargé d'affaires.
1767. Breugnon (le comte de), ambass.
4776. Chémer, chargé d'affaires, déjà
consul en 4768.
4783, 4 787. Mure, vice-consul, chargé
du consulat général.
4787, 1794 à Tan vu. Du Rocher, con-
sul général, chargé d'affaires.
An vii-viii. Mure le jeune, chargé du con-
sulat général
An IX à l'an xiii. Guillet, commiss. gé-
néral des relations commerciales,
chargé d'affaires.
An xiii à 4 84 4. Ornano, consul général,
chargé d'affaires.
1845. SouRDBAU, id, id.
— Méghain, id,
RÉGENCES BARBARESQDES EN GÉNÉRAL.
1626. GuisE (le duc de), plén. pour né-
gocier la paix avec les États
barba resques.
4627. CosQUiEL, id.
4629. Razilly (le chevalier de), envoyé.
4634. Lille (de), id.
4662. Briard, id.
4664. Lesskins ou de Lbissine (Charl.
de Lionne de), id,
4683. Tourville (le chevalier Denis de),
ministre plénipotentiaire.
4684. DussAULT, envoyé extraordinaire.
4704. BoATZ-BiNCHAS, envoyé.
1714. Michel, id.
An V. Hergulais (d'), env. extr.
An XI. SÉRASTiANi [le colonel Horace), k/.,
dans le Levant et en Barbarie.
ALGER.
4604. Napolon (Samson), envoyé.
4639. CosQUiEL (J.-B.), id.
1666. Trubat, commiss.
4749-4724. De BbaumÊ, consul.
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
77
4721-1731. Durand, consul.
4724. ÂNDRBZEL (Jean -Baptiste-Louis Pi-
con d*}, ambassadeur.
4731-4733. De Lane, id,
4733-4736. LehXire (Benoit), id.
4736-4742. Taitbout de Marigny, irf.
1742-4744. Devant, trf.
4744-4749. Thomas, id.
1749-4755. Lemaire, id.
4758-1762. Peron, id.
4762. Groiselle (de), vicaire apostolique,
proconsul.
4763. Yallière, consul.
4764. Fabrt (Louis de), plénipotentiaire.
47751763. Langoisseur de La Vallée,
consul, chargé d'affaires.
4783-1791. Kercy (de), id., id.
4794 à l'an iv. Vallièrb, m^., id.
An V. SiÉYÈs, chargé d'affaires.
— Jeanbon Saint -André (l'ex-con-
ventionnei), id.
An VIII. Dubois-Thain VILLE (Charles-Fran-
çois), ch. d'aff. jusqu'en 4812,
— Raguenaud de La Chainaye, vice-
consul, chargé du consulat géné-
ral après le départ de Dubois-
Thainville.
— Deval (Pierre).
4828 à 4829. La Bretonnière (N... Bo-
therel de), contre-amiral, chargé
de négocier avec le dey d'Alger.
4639. CosQUiEL (Jean-Baptiste), envoyé.
4665. Beaufort (leduc), id.
4666. Du Moulin, chargé d'une mission.
4719. MiGBEL, consul.
4720-4728. Baile, id.
4728. Pignon, id.
4735-4763. .Du Grou de Sulhouse, tV/.
4736. SAiNT-GERVAi8(de), id.
4742. Fort (François), commissaire du
roi.
1 770. Saizieu (le cheval ior Barthélémy de) ,
consul, chargé d'affaires.
4780. Du Rocher, consul général, ch. d'aff.
4787. Chateauneup (de), id. id.
An II. Beaussier, id. id,
Anv. Devoize (Jacques), id. id.
jusqu'en 4847.
An VII. Devoize (Jacques), consul général,
chargé d'affaires.
— Lesseps ( Mathieu-Maxi milieu- Pros-
per),'irf., id.
TRIPOLI DE BARBARIE.
4719-4733. Expilly, consul.
4723-4720. Martin, id.'
4729. GouYON (le chevalier de) et Pignon,
consuls.
1730-1735. Reymondis, con^ul.
1735-4737. Lemaire, id.
4737-4744. Montgrand (de),trf.
4744-4746. Gautier, id.
4746-4756. Caullet, id.
1756-4758. Gautier, id.
4758-4764. Gardane (de), id.
1765. PuYFSONNEL(de), id.
17G6. Lance Y (de), id.
1775-1777. Benezet, id.
1777-1780. Du Rocher. id.
1780-1788. André (d') , consul général,
chargé d'affaires
4788 à Fan ii (1794). Pbllegrin ou Pbl-
lerin, consul, chargé d'affaires.
An II à l'an vu. Guys (Alphonse), id.
An VII. Beaussier, commiss. général des
relations commerciales , chargé
d'affaires jusqu'en 1844.
1820. Mure, consul général, chargé d'af-
faires.
\h%.. BouRBouLON (de), id.
78
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
XXXVl.
Ambassadeurs, etc., en Afrique et en Asie.
4664. Lalain (de), envoyé auprès des
princes et gouvernements d'A-
sie.
— La BouLATB (de;, envoyé auprès des
princes et dos gouvernements
d'Asie.
4685. Chaumont (le chevalier de), ambas-
sadeur près le roi de Siam ^
1687. La Loubère (de), envoyé extraor-
dinaire près le roi de Siam.
1688. Tachard ;ie Père,
4702. Maillet, consul, envoyé près les
rois de Sard et de Dongola et en
Ethiopie.
4715. La Nérole, envoyé près les prin-
ces de l'île de Ceylan.
4778. Pallebot de Saïnt-Libin, envojé
à la cour deMahe-Rajah de Fln-
dostan.
— GciGNEs (de), consul, résidant à
Canton et à Macao.
— PiGNAUx, évèque d'Adran, envoyé
en Cochinchine.
1. L'abbé de Cboist defiit le remplacer en
cas de mort.
1626. Deshayes de Coemenin, envoyé.
1664. Jassi ou J\m (le père Antoine-Fran-
çois;, envoyé.
— Lalain 'de), envoyé en Perse.
— La Boulate (de), trf.
4682. Piquet, évèque de..., ambassadeur.
1704. Favre, envoyé.
1707. Michel, ifL
4719. .Paderi (le chevalier), consul à Schi-
raz, chargé d'affaires.
1749-47t.3. Gardane (de), consuL
4805 et 4806. Romieu (l'adjudant coin-
mandant.
— Jaubert (Amédée), mission par^
ticulière.
1807. Gardane (le général, comte de), mi-
nistre plénipotentiaire.
4809 et 4840. Lajard (Félix), secrétaire
de légation, chargé d'affaires.
— JouANNiN (Joseph-Marie), secré-
taire interprété, chargé de la cor-
respondance en Tabsencede Félix
Lajard.
XXXVIL
Ministres, etc., aux États-Unis.
4 778 (4 5 juillet). Gérard^ (Conrad-Alexan-
dre), ministre plénipotentiaire.
1779 (26 septembre) . La Luzerne (le che-
valier de), ministre plénipoten-
tiaire.
4784 (29 juin). Barbb-Marbois (François
de), chargé d'affaires.
4785 (26 août). Otto (Louis-Guillaume),
chargé d'affaires.
i. Frère de Gérard de Ratneval.
4787. La Luzerne (lechev. de), min.pL
4788. Demoustier (le comte de), id.
4792. Ternan (de), ùi.
An II. Genêt (Edmond C), id.
An m. Fauciiet (Joseph), id.
An IV. Adet, id,
— (thermidor au 26 brumaire an vi).
Mangodrit, chargé d'affaires.
An IX. Bonaparte (Joseph), plén, pourla
négociation de la convention du
8 vend, an ix (30 sept. 4800).
ENVOYÉS, MINISTRES, ETC.
79
An IX. Fleurieu (Charles- Pierre- Claret
de), plénipotentiaire pour la né-
gociation de la convention du
8 vend, an ix (30 sept. 4800).
— RoEDERER (Pierre-Louis), plén.
pour la négociation de la conv.
du 8 vend, an ix (30 sept. 4800).
An IX et an xi. Pichon, chargé d'affaires.
An xu. Fêlix-Beaujour, id.
— (nivôse). Turreau (le générai),
ministre plénipotentiaire.
4840. SÉRURiER (Louis- Barbe -Charles),
env. extr. et min. plén.
4 84 5. Hyde de Neuville, envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotent.
— Petry, consul général, chargé d'af-
faires par intérim.
4824. Durant de Mareuil (le baron),
env. extr. et min. plêii.
4830. Roux de Rochelle (Jean-Baptiste-
Gaspard), envoyé extr. et min.
plén.
XXXVIH.
Ambassadeurs, etc., auprès de l'empereur du Brésil.
1844. Maler (le colonel), chargéd'affaires.
4846. Luxembourg (le duc de), amb. ext.
— Malrr (le colonel), ch. d'aff.
4823. Gestas (Aymar-Marie, comte de),
consul général, chargé d'affaires.
4826. Gabriac (le comte de), min« plén.
^ PoNTois (Charles-Edouard), chargé
d'affaires par intérim.
éOTPTB.
4749-4722. Lemaire, consul.
4722. POULLARD, irf.
4723-4728. Cremert (Morel de), û;^.
4728-4730. Expillt, id.
4730-4736. Damirat, id.
4736-1746. Lironbourt (de), id.
4758-4775. Damirat, id.
4775-4794. Mure, consul, fait consul gé.
néral en 4792.
An 11 à Tan vu. Magalon, consul.
An XI. Drovetti , sous-commissaire des
relations commerciales.
4804-4807. Lëssbps (Matthieu), cons. gén.
4807-1843. Drovetti, vice-consul.
4844-1845. Roussel, id.
4846. Drovetti, nommé consul général.
CONSULS EN CRIMISb.
4724-4728. Ferand, consul.
4728-4739. Glavani (Xaverio), id.
4739-4745. Venture de Paradis, id.
4745-4749. Choquet, id.
4749-4754. Lance y (de), id
4755-4758. Peyssonbl (de), id.
ÉTAT NOMINATIF
DBS
AMBASSADEURS, ENVOYÉS EXTRAORDINAIRES,
MINISTRES PLÉNIPOTENTIAIRES, CHARGÉS D'AFFAIRES DE FRANCE
AUPRÈS DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES
1830 — 1861
AUTRICHE.
1830. Maison (le maréchal, marquis),
ambassadeur.
4832. Saint-Ailaire (le comte de), am-
bassadeur.
1834. La Rochefoucauld (H., comte de),
chargé d'affaires.
1841. Flaiiault (A.-Ch.-J., comte de),
ambassadeur.
1847. Marescalchi (le comte de), ch.
d'affaires.
1849. Cour (de La), env. ext. et ministre
plénipotentiaire.
1854. Bourqueney (Ed., baron de), cnv.
extr. et min. plén.
1861. Moustier (Lionel, marquis de),
ambassadeur.
1830. Mortier (H., baron), envoyé ext.,
ministre plénipotentiaire.
1832. V^audreuil (Alfred, comte de), env.
ext., min. plén.
1834. BouRGOiNG (le baron de), envoyé
ext. min* plén.
1849. Klein, chargé d'affaires.
1850. Lepebvre (Armand), env. extr. et
ministre plénipotentiaire.
1851. Thouvenel (Edouard), id,
1853. Menneval (Eug. de), envoyé ext.
et' ministre plénipotentiaire.
1861. Banneville (marquis de), env. ext
et ministre plénipotentiaire.
SAXE.
1830. Reinhard (Cb.-Fr., comte), env.
ext. et min. plén.
1832. Bourgoing (le baron de), envoyé
ext. et min. plén.
1834. BussiÈREs (Edm., baron de), env.
ext. et min. plén.
1845. Etragues (Théophile, marquis d'),
env. ext., min. plén.
1849. Reinhard (comte), id,
1850. André (baron), env. ext. et min.
plénipotentiaire.
1851. Salignac-Fénelon (le comte de),
envoyé ext. et min. plén.
1853. Mercier (H.), envoyé ext. et min.
plénipotentiaire.
PLÉNIPOTENTIAIRES, CHARGÉS D'AFFAIRES, ETC. 81
1855-1861. FoRTH -Rouen (le baron),
env. ext. et ministre plén.
HANOVRE.
4832. Martin (Alexandre), envoyé extr.,
min. plén.
1842. PÉRiER (Casimir), id.
1846. BÉARN (M.-L.-H. Brassac-Galard,
comte de), env. ext., min. plén.
1849. PÉTÉTiN (Anselme), min. plén.
1850. MoNTEssuY (comte de), env. ext.
et ministre plénipotentiaire.
4852. Ferrière-Levayer (J.- Th. -Anne
de), env. ext. et min. plén.
4853. Reculot (Edme, comte de), id.
4858. Damrémont (Aug. -Denis, comte
de), env. ext. et min. plén.
1864. Malaret (baron de), env. ext. et
min. plén.
PRUSSE.
4831. Verhuel (vice-amiral, comte de),
env. ext. et min. plén.
— Flahault (A.-Ch.-J., comte de),
env. ext. et min. pi.
— Bresson (Charles), ch. d'aff.
4832. Bresson (Charles), min. plén.
1843. Dalmatie (N... N.-H. Soult, mar-
quis de), env. ext., min. plén.
4849. Arago (Em.), env.extr.etmin.pl.
4850. LuRDE (de), id,
4851. Lepervre (Armand), id.
4853. Varennes (Burignot, baron de) id.
4854. MousTiER (marquis de), id.
1864. La TotR d'Auvergne-Lauraguais
(Henri de), env. ext. et min. pi.
pays-bas.
4830. Bertin-Devaux, env. ext. etmin.pl.
— Mareuil (Joseph A.-J. Durant, ba-
ron de), env. extr. et min. plén.
4832. Dalmatie (marquis de), id.
u.
1832. Eyragues (Théophile, marquis d'),
chargé d'affaires.
1834. Drouyn de L*HuTS(Éd.), ch. d*aff.
— Mortier (Hector, baron), envoyé
extraordinaire et min. plén.
1837. PÉRIER (Casimir), chargé d'affaires.
1838. Roux DE Rochelle (Jules), id.
— - Bois -LE -Comte (Ch.- Joseph -Ed.,
baron de), envoyé extraordinaire
et ministre plénipotent.
1846. BussiÈRE (Ed. Renouard, baron de),
env. extr. et min. plén.
1849. LuRDE (de), env. extr. et min. plén.
1850. SALiGNY(de), id.
— André (J.-M.-A.), id.
1 861 . Sartiges (Eug., comte de), irf.
WURTEMBERG.
1830. Fontenay (vicomte de), env. extr.
et min. plén.
1851. Harcourt (d'), env. ext. etmin.pl.
4852. A. DE Gramont (duc de Guiche),
env. extr. et min. plén.
1853. BÉARN (comte de), env. ext. et min
plén.
4856. Ferrière-Levayer (marquis de),
env. extr. et min. plén.
4858. Rrculot (le comte Edme de),
env. extr. et min. plén.
4831.
4836.
4839.
4840.
4849.
4850.
4853.
4854.
Bouille (comte René de), min. pi.
Mornay (le comte Ch.), min. résid.
Bascourt (L.-A.-A. Fourier de), trf.
Eyragues (Théophile, marquis d'),
min. résident.
Bresson (Ernest), chargé d'affaires.
Langsdorpf (Emile, baron de), mi-
nistre plénipotentiaire.
Lefervre (A.), chargé d'affaires.
BASSANo(ducde), env.ext.etm.pl.
ëngelhardt , id.
Marescalcui (comte de), id,
6
82
KT\T NOMINATIF DKS AMBASSADKliRS,
1855. Talleyr^.nd-Périgord ;Ch.-Aji.,
baron de,, env. ext. et min. pi.
1857. Serre (vicomte de), env. exir. et
min. plén.
4860. MoNTHEROT (J.-Ch. de;, env. exlr.
et min. plén.
HESSE-CASSBL.
Saratier de Carre, minisire plén.
4839. BÉARN (L.-H.BrdSsac, comte de, .*>/.
4846. Lavalette 'F., marquis de , iW.
4847. Bassaxo (Napoléon Man»t, duc de;,
ministre plénipotentiaire.
48i9. HuMANN, env. oxtr. et min. plén.
4850. AssAiLLY (Ch. d), chargé d'affaires.
4852. SÉRURiER (vicomte,, env. oxtr. et
min. plén.
4856. MoNTiiEROT J.-Ch. de', env. oxtr.
et min. plén.
1858. Baudin (Ch.), min. plén.
HESSB-DARIISTADT.
4831. Salignac-Fénelon (le comte de),
ministre plénipotentiaire.
1833. Renouaru de Bussières (baron],
chargé d'atla ires.
4835. Lagrené ;Jo?eph-Th.-M.Melchior),
chargé d'affaires.
4836. La Rochefoucauld (H.), ch. d'aff.
48*4. Sercey (Éd., comte do), min. rés.
4854. Tallenay (de), ministre plénipot.
4854. Damrémont (A.-D., comte de), id,
4858. CoMMiNGES- GuiTAUT (le comte
René de), ministre plénipotent.
4864. S.iMPAYO (A.), id.
DQCBéS DB SAXE EN GÉNÉRAL,
ET E3i PARTlCtUER
GRAND -DCCUé DE SAXE - WEIMAR.
4834. Vavdreuil (Alfred, comte de),
min. plén. à Weimar.
1837. La Rochefoucauld ( Polydora,
comte de), min. résident
1849. Reimiard (comte de), env.extr. et
min. plén.
1850. André, env. extr. et min. plén.
1851. Salignac-Fé.velon , env. extr. et
min. plén. à Weymar.
1853. Mercier 'Henri), env. ext.etmin.pl.
1 854. Talleyrand - Périgord ( Ch.-A.,
baron de), env, oxtr. et min.
plén. à Weymar.
1856 à 1861. FoRTii-RouEX (baron), env.
extr. et min. plén.
1857 à 1861. Mkloizës-Fresnoy (M. Re-
naud d'Avesnes, vicomte des),
env. oxtr. et min. pi. à Weimar.
C ration GER1IA!«|QUE et VIIXB LIBRE
DE FRA.NCFORT.
1831 à 1840. Alleye de Ciprey (baron).
envoyé extr. et min. p!én.
1841. Deffaldis (baron), id,
1846. Chasseloup-Laurat- (J., marquis
do), env. extr. et min. plén.
1849. Savoyë, chargé d'affaires.
1851-1856. Tallenay (de), env. extr. et
min. plén.
1857. MoNTEssuY (G., comte de), id.
1859-1861. Salignac - Fénelon (comte
de), env. extr. et min. plén.
VILLE DE HAMBOURG ET LES AUTRES VILLES
ANSéATIQUBS.
1830. RoTH (Ch.-Joseph), min. plén.
483i. Belloco (L.-P.-Y.-G.), ministre.
1833. Talleyrand (A. baron de), id.
— BussiÈRES (Ed. Renouard, baron
do), min. résident.
4834. Lassalle (M. Berthior de), ch. d'aff.
— Varennes (J.-E.Burignol,baronde)
min. résident.
4838. Tallenay (A. de), min. rés.
1849. Bernard des Essards, ch. d'aff.
PLÉNIPOTENTIAIRES, CHARGÉS D'AFFAIRES, ETC. 83
1831. RuMiGNY (M.-H. Gueulluy, comte
de], ambassadeur.
1839. Grouchy (Emmanuel), ch. d'off.
— Dalmatie (Soult, maréchal, duc
dp), amba.<sadeur.
1843. Sërurier (N., vicomte), ch. d'aff.
— Salvandy (N. de), ambassadeur.
1844. Mortier (Hector, comte), id.
— André (baron d'), chargé d'affaires.
1847. Bacourt (M.-.L-A.-Aimé Fourier
de), ambassadeur.
1849. Sain de Bois-le-Comte (R.-A.-OL),
env. extr., min. plénip.
1851. His DE BuTEN-vAL, cuvoyé extr.,
min. plénip.
1853. GuiciiE (duc de), envoyé extraordi-
naire, ministre plénipotentiaire.
1857. Gramont (duc de), env. extr., min.
plénip.
1858. La Tour d'Alvercne-Lauraguais
(Henri de), envoyé extraordi-
naire, ministre plénipotentiaire.
1861 . Talleyrand (baron de), env. extr.,
min. plénip.
1860. Lagaud (de), env. extr. et min. pi.
I85ià 1861. Cintrât (Ed.), id.
SUISSE.
1831. RuMiGNY (comte de), ambassadeur.
1837 à 1840. MoNTEBELLo (duc de), id.
1841. Mortier (baron), id.
1846. PoNTOis (comte de), id,
1847. Bois-LE-CoaiTE (E., comte de), id.
1849. Thiard (générai de), env. extr. et
min. plén.
1850-4852. Reinhard (Charles, comte de),
env. extr. et min. plén.
1 853. Salignac-Fénblon (comte de), env.
extr. et min. pi.
1859-1861. TuRGOT (marquis), amb.
DEUX-SICILES.
1830. La Tour-Maurourg (Just-Pons-
Florimond Fay, comte de), amb.
183Î. Durant de Mareuil (Joseph-AL-
Jacques), ambassadeur.
18.34, SÉRASTiANi (le comte Horace), amb.
— BÊARN IL.-H. Galard-Brassac, comte
de), chargé d'affaires.
1838. Tallenay (M.-A. de), ch. d'aff.
1847. Brbsson (Charles, comte), ch. d'aff.
1848. Renouard de Bussières (le baron
Edmond), chargé d'affaires.
1849. Rayneval (Alph. de), env. extr. et
min. plénip.
1854. Barrot (Adolphe), env. extr. et
min. plénip.
1754. MAUPAs(de), envoyé extraordinaire
et ministre plénipotentiaire.
1855. La Cour (dej, ambassadeur.
1857. Bbbnier (baron de) , ambassadeur.
SARDAIGNE.
1830. Chasteau (de), chargé d'affaires.
— Barante (M.-A.-P.-G. Brugière,
baron de), ambassadeur.
1831. Ganay (M., comte de), ch. d'aff.
1832. Talleyrand (A., baron de), env.
extr. et min. plénip.
1833. Belloco (L.-P.-V.- Gabriel), env.
extr., min. plénip.
1845. La Rochefoucauld (H. comte de),
env. extr., min. plénip.
1848. Benoît-Champy, id.
1850. Colonna-Walewsky (comte), id.
1851. G. de iMONTESSUY, irf.
1857. La Tour d'Auvergne- Lauraguais
(H. de), env. extr., min. plénip.
1858. Perrière -Levayer (marquis de),
env. extr., min. plénip.
ESPAGNE.
1831. Harcourt (E., comte d'), amb.
84
KÏAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
1831. MiGNET, chargé d'une mission.
<83î. Rayxeval Maximilien Gérard de-,
ambassadeur.
4836. Bois>LE-CoMTE (E. de, baron), mi-
nistre plénipotentiaire.
4837. La Toub-Maiboibg (Septime Fay,
comte de;, min. plénip.
4838. Fezensac LM.-Raymond-Amaur\'-
Phi lippe-Joseph doMontesquiou,
duc de), ambassadeur.
4839. RuMiGNY (M.-H. Gueully, marquis
de), ambassadeur.
4 840. Mathieu di:: La Redorte le comte; .
ambassadeur.
— Pageot (Alphonse), ch. d'aff.
4844. Salvandy (N. de), ambassadeur.
1843. Glucksbierg (N.-L. Decazes, duc
de}, chargé d'affaires.
4843.. Bresson (Charles, comte de;, env.
exlr. et min. plénip.
1846. Glucksbierg (N.-L. Decazes, duc
de), ministre plénipotentiaire.
1847. PiscATORY [Th.-E. ArcambalJ, mi-
nistre plénipotentiaire.
4848. Harcourt (d;, chargé d'affaires.
4351. AupicK (le général), env. extr. ,
min. plénip.
48o3. TuRGOT (le marquis], amb.
4858-4861. Barrot (Ad.), id,
BELGIQUE.
4830. Bresson (Charles), env.
— Belliard (le général), min. plénip.
— Tallenay (A. de), chargé d'aff.
— La Tour-Maubourg (Sepiimo Fay,
comte de), min. plénip.
— Serl'Rier (L.-Barbe-Ch., comte),
env. extr., min. plénip.
4840. RuMiGNY (.M.-H. GueuUuy, marquis
de), ambassadeur.
4849. Qlinette (Théodore), env. extr.,
min. plénip.
4 852. Bassano (duc de) , envoyé extraordi-
naire, ministre plénipotentiaire.
4853. Barrot ;Ad.;, envoyé extraordi-
naire, ministre plénipotentiaire.
1858. MoNTESàUY (Gustave, comte de),
env. extr., min. plénip.
D%?IEMARK.
483*. Mortier (Hector, baron), min. pi.
1833. Montebello (duc de), env. extr.,
min. plén.
1834. Talleyrand (A., baron de), env.
extr., min. plén.
4838. Saint-Priest (AJexis Guignard,
comte de;, env. extr., min. plén.
4843. BiLLiNG (Sigismond, baron de),
env. extr., min. plénip.
1847. Varesnes ;N. Burignot, baron de),
env. extr., min. plénip.
4849-1861. Dotéz.vc Adolphe), env. extr.,
min. plénip.
SCÈDE.
4830. Daliiatie (Soult, marquis de),
env. extr., min. plén.
— BiLLEcoQ (Adolphe), ch. d'aff.
4833. Saint-Simon (le marquis H.^.-V.
de), env. extr., min. plénip.
4834. BiLLEcoQ (Adolphe), ch. d'aff.
4835. MoRNAY (M.-Ch., comte de), env.
extr., min. plénip.
4837. Lavalette (Félix, marquis de),
chargé d'affaires.
4847. Mornay (M.-Ch., comte de), env.
extr., min. plénip.
4848. Lobstkin (Victor), env. extr., min.
plénip.
4 857. Mercier (Henri), env. ex. min. plén.
4860. Baudin (Charles), env. ex., min. pi.
ROSSIB.
4830. Morteiiart (N., duc de), amb.
4834. Mortier, duc de Trévise (le maré-
chal), ambassadeur.
PLÉNIPOTENTIAIRES, CHARGÉS D'AFFAIRES, ETC.
85
4832. Lagrbné (J.-Th.-M.-Melchior),
chargé d'affaires.
4833. Maison (N.-J., le maréchal), amb.
4836. Barante (A.-G.-P. Brugière, ba-
ron de), amb.
— PÉRiER (Casimir), ch. d'aff.
— André (baron d'), id.
4844. Rayneval (AIp.-Gérard, comte de),
chargé d'affaires.
4847. Mercier, chargé d'affaires.
4848. Faiiin (César), chancel. de légat.
4849. Lamoricière (le général), env.
extr., min. plénip.
4850. Castelbajac (lieutenant- général,
marquis de), envoyé extraordi-
naire, ministre plénipotentiaire.
4857. MoRNY (comte de), amb. extr.
4858 à i864. Montebello (duc de), amb.
^tats-romains.
4834.
Sainte-àulaire (Louis, comte de),
ambassadeur.
483Î. La Tour-Maubourg (J.-P.-F. Fay,
comte de), ambassadeur.
— Tallenay (A., de), chargé d'aff.
4838. La Tour-.Maubolrg (Seplime Fay,
comte de), ambassadeur.
4845. Rossi (Pellegrino, comte), env.
extr., min. plénip. et amb.
4849. Harcourt (F.-E.-G. d), amb. extr.
4854. Rayneval (comte de), amb.
4857 à 4864. Gramont (duc de), amb.
PORTUGAL.
4832. Mortier (Hector, baron), env. extr.
4833. LuRDE (Alexandre de), ch. d'aff.
4835. Saint-Priest (Alexis Guignard,
comte do), env. extr., min. plén.
4836. Bois-LE-CoiiTE (Edmond, baron
de), env. extr., min. plénip.
4839. Varennes (N.-J.-Ed. Burignotdej,
env. extr, min. plénip.
4847. Glucksbierg (M.-L. Decazes, duc
de), env. extr., min. plénip.
4849. Mallefille (Félicien), ch. d'aff.
4854 . Marescalchi, env. extr., min. plén.
4853. LiSLE DE SiHY (le marquis de), env.
extr., min. plénip.
4864. Gabriac (le vicomte Alexis de),
env. extr., min. plénip.
grandb-bretagnb.
4830. Talleyrand-Périgord (Ch.-M.,
prince de), ambassadeur.
4832. Durant de Mareuil (J.-A.-J., ba-
ron), ministre plénipotentiaire.
— Bascolrt (L. -Ad. -Aymé Fourier
de), chargé d'affaires.
4834. PoNTOis (Charles-Edmond), chargé
d'affaires.
4835. SÉBAST1AM (le général Horace),
ambassadeur.
4837. BouRQUENEY (baron de), ch. d'aff.
1840, GuizoT (François), ambassadeur.
— BouRQUENEY (baron de), ch. d'aff.
4 844 . Sainte-Aulaire ( Louis, comte de),
ambassadeur.
— Jarnac ( Ph. de Rohan- Chabot,
comte de ), chargé d'affaires.
4847. Broglie (Victor, duc de), amb.
4848. Beaumont (Gustave de), env. extr.
min. plénip.
4849. Drou\n de L'Huys (Edouard), amb.
4 854 . Walewski (comte Al.-Colonna) , id.
4855. Persigny (comte Fiaiin de), id.
4860. Flaiiault (comte de), te/.
PORTE-OTTOMANB.
4830. Guilleminot (lieut.-gén. Armand-
Charles, comte], ambassadeur.
4834. Varennes (J.-Ed. Burignot, baron
de), chargé d'affaires.
4832. RoussiN (Albin-Reine, baron, ami-
ral), ambassadeur.
8b
ÉTAT NOMINATIK DES AMBASSADEURS,
1833. Varennes (M.-J.-Ed.-Burignot, ba-
ron de), chargé d'affaires.
1836. Eyragces (Théophile, marquis d'),
chargé d'affaires.
— RoussiN (Albin-Reine, baron), ami-
ral, ambassadeur.
4839. PoNTOis (Charles-Edouard), env.
extr., min. plénip.
4841. BouRQUENEY (baron), min. plénip.
1848. AupicK (legén. de division), amb.
1851. La VALETTE (le marquis de), env.
extr., min. plénip.
1853. La Cour (Ed. de), env. ex., min.pl.
1855. Benedetti, chargé d'affaires.
1866. Thouvenel (Edouard), amb.
1860. Lavalette (le marquis de), amb.
GRiïCE.
1830. Rouen (Achille, baron), consul gén.
1836. Lagréné (J.-Th.-M.-Melchior),
ministre résident.
1843. Piscatory (Théobald-E.-Arcambal),
ministro résident.
1848. Sabatier, secrétaire de légation.
1849. Thouvenel (Edouard), min. plén.
1851. FoRTH-RouEN (Bazin), env. extr.
et min. plénip.
1855. Mercier (Henri), envoyé extraordi-
naire, ministro plénipotentiaire.
1859. Serre (vicomte de), env. extr.,
min. plénip.
1860. Bourée, env. extr., min. plén.
AMIÎRIQCE centrale (gCATEMALAJ.
1830 Alleye, consul général.
1831. CocHELET, consul gén., ch. d'aff.
1835. Mauélin, i(f.
1841. Delapalu, id.
1845. Baradère, id.
1849. Baradan, id.
1850. Baradère (J.-M.-Raimond), consul
général chargé d'affaires.
1852. Baradère (Angrand), consul géné-
ral, chargé d'affaires.
1853. Angrand (Léonce), consul général,
chargé d'affaires.
1856. Mellinet, consul gén., ch. d'aff.
1860. BoTMiLiAU (vicomte de), id.
BOLIVIE.
1832. Buchet-Martigny, consul général,
chargé d'affaires.
1837. SviLLARD, consul général.
1845. Marcescheav, id.
18^6. Angrand, id.
1849. Du LuAs, vice-consul.
1850. Angrand, consul général, ch. d'aff.
1852. Favre (Léon), id.
1854. Darasse, consul.
1857. Lagorge, id.
1860. id.
BRÉSIL.
1830. Mareuil (Durant, l)aron de), env.
extr., min. plénip,
1831. PoNTOis (Edouard), ch. d'aff.
1833. Salnt-Priest (A. Guignard, comte
de), env. extr. et min. plén,
1835. PoNTois (Edouard), min.
1838. Rouen (baron Achille), env. extr.
et min. plén.
1842. Langsdorff (Emile, baron de), env.
extr. et min plén.
1843. Ney (Eugène), chargé d'affaires.
— Saint -Georges (le chevalier de),
chargé d'affaires.
1846. BuTENVAL (His de), env. extr. et
min. plén.
1849. Guillemot, chargé d'à flaires.
1850. Castelnau, consul général.
1851. Lisle de Siry (de), env. extr. et
min. plén.
1854-1861. Saint-Georges (le chevalier
de), env. extr. et min. plén.
PLÉNIPOTENTIAIHES, CHARGÉS D'AFFAIRES, ETC.
87
^ CHILI.
1830. LAFoREST(laCathon de),cons. gén.
1833. Raqueneau de La Chenaye, id.
1837. DANNERT(S.imuel), consul général,
chargé d'affaires.
1839, Cazotte (Henri de), consul général,
chargé d'affaires.
1860. LiMPERANi (Mathieu), consul géné-
ral, chargé d'affaires.
COLOMBIE.
1830. Buchet-Martignt, consul.
1831. EsTouRNEL (Al., comted'), min. pi.
1838. Gros (le baron), chargé d'affaires.
1847. Delisle (marquis de Siry), id,
1849. Gros (de), irf.
1851. David, min. résident.
1855 à 1861. GouRY du Roslan (baron
de), env. extr. et min. plén.
EQUATEUR.
1836. Mendeville (de), consul général à
Quilo.
1852. MoNTHOLON (de), chargé d'affaires,
consul général à Quito.
1855 à 1861. ViLLAMUs, chargé d'affaires,
consul général à Quito.
ÉTATS-UIVIS DB L*AM^RIQUE SEFTEimUOlVALB.
1830. Roux DE Rochelle (J.-B. Gaspard),
env. extr. et min. plén.
1831. Serrurier (L.-Ch.), env. extr.
et min. plén.
1835. Pagbot (Alph.), chargé d'affaires.
1838. PoNTOis (Edouard), env. extr. et
min. plénip.
1839. Pageot (Alph.), chargé d'affaires.
1842. Bascourt (L.-A.-A. Fourier de),
env. extr. et min. plén.
1846. Pageot (Alph.), min. plén., chargé
d'affaires.
1849. GuiLL. Tell. Lavalléb- Poussin,
env. extr. et min. plén.
1851. Sartiges (comte de), env. extr.
et min. plén.
1860. Mercier (Henri), env. ext.etmin.pl.
éTATS*U?llS MEXICAINS.
1831. Martin (Alexandre), min. plén.
— Gros, chargé d'affaires.
1832. Depfaudis (Ant. -Louis, baron de),
env. extr. et min. plén.
1841. Allbyb deCyprey (le baron), env.
extr. et min. plén.
1 846. Delisle (marquis de Siry), ch. d'aff.
— TiiURioT DE La Rosière, id,
1848. Levasseur, env. extr. et ministre
plén.
1854. Garriac (le vicomte A. de), id.
1831. MoLLiEN, consul général.
1838. Levasseur, id,
1848. Rayraud, id,
1857. DiLLioN (Patrice), consul général
et charge d'affaires.
1860. Mellinet, consul général.
Pérou.
1830. Barrère, consul général.
184K Lemovne (Aug.), id,
1850. Ratti-Menton (de), consul général,
chargé d'affaires.
1856. HuET, consul général, ch. d'aff.
1860. Lesseps (Edmond de), id., id,
RÉPUBLIQUE ARGENTINE.
1830. Mendeville (de), consul général.
1831. La Forest (La Calhon), consul
général, chargé d'affaires.
1833. Devins de Peyssac (le marquis),
consul général.
88
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS, ETC.
1837. Buchet-Martigny, consul général.
1844. LuRDE (A., comte de), min. plén.
— Deffaudis (Ant.-L., baron), id.
1846. Mareuil (Durant, vicomte de),
chargé d'affaires.
1852. Saint -Georges (le chevalier de) ,
env. extr., min. plén.
1853. Le Moyne, env. extr. , min. plén.
1857-1861. Lefebvre DE Bécour, min.pl.
1840. Saligny (Dubois de), chargé d'aff.
1842. Gramayel (Jules, vicomte de), ch.
d'affaires.
VENEZUELA.
1841. MoLLiEN, consul général.
18 $5. David, id.
1849. Levasseur (André), consul géné-
ral, chargé d'affaires.
1852. Loeve-Weimars (le baron), consul
général, chargé d'affaires.
1855. TouRREiL (de), cens. gén.,ch. d'aff.
1856. Levraud, id. id.
1861. Mbllinet, id. id.
URUGUAY.
1831. Baradère, consul.
1838. Roger (Aymé), id.
1845. PicHON (Théodore) , consul général.
1846. Devoize id.
1853. Theis (de). id.
1854 à 1861. Maillefer (Martin), consul
général, chargé d'affaires.
AFRIQUE.
MAROC.
1830. MÉciiAiN, consul général.
1839. Doré deNyon, cons.gén.,ch. d'aff.
1846. Chasteau (de) •id. id.
1860. Castillon (vicomte de), id.
TRIPOLI DE barbarie.
1830. Rousseau, consul général, eh. d'aff.
1831. ScHWEBEL (F. L.), id. id.
1833. BauRBOULON, id. id.
1845. Blanchet, id. id.
TUlilS.
1830. Lesseps (M. de), consul général,
chargé d'affaires.
1833. SciiwEBEL (F.-L.), consul général,
chargé d'affaires.
1898. Lagau, consul général, ch. d'aff.
éGTFTB.
1830. Drovetti, consul gén., cb. d'aff.
— Barrot (Adolphe), consul général.
ASIE.
CHINE.
1840. jANciGm- (Dubois de), agent cons.
1843. RATTi-MENTON(lecomte de), cons.
1844. Lagréné (J.-Th.-M. Melchior),
ministre plénipotentiaire.
1845. Forth-Rouen (le baron), ch. d'aff.
PERSE.
1839. Sercey (le comte Edouard de), env.
extraord., min. plén.
1844. SARTiGEs(le comte de), chargé
d'une mission.
1847. Le même, envoyé extraordinaire.
1857. PicHON (T., baron), min. plén.
LIVRE QUATRIÈME
HISTOIRE DES TRAITÉS ENTRE LA FRANCK
ET LES AUTRES ÉTATS DE L'EUROPE
Si je n'avais considéré que la dignité des États dont je prétends
parler en cet ouvrage, j'eusse du sans doute le commencer par l'his-
toire des traités faits par les rois de France , puisqu'il y a plus de
mille ans que le grand saint Grégoire disait que les rois de France
étaient élevés au-dessus des autres rois autant que la dignité royale est
élevée au-dessus de la condition des particuliers ; ce qui est cause
qu'on a quelquefois donné aux rois de France le glorieux titre de rois
des rois. Mais comme je me suis proposé de suivre le même ordre que
les géographes observent dans l'arrangement de leurs cartes, j'ai été
obligé de parler de la France après avoir traité des trois autres parties
du nord de l'Europe, et je lui donne seulement le premier rang parmi
les trois autres qui en occupent le milieu entre les septentrionales et
les méridionales.
CHAPITRE 1
SUITE DES ROIS DE FRANCE DEPUIS 1598 JUSQU'a PRÉSENT,
ET LEURS TITRES ET QUALITÉS
Tout le monde sait que la monarchie française a commencé vers
l'an 620 depuis la naissance de Jésus- Christ. Elle subsiste depuis
plus de douze cent soixante années, et son trône a été occupé par trois
races ; la première, dite des Mérovingiens, a compté vingt et un rois
depuis cette année 420 jusqu'en 751, que Childéric fut enfermé dans
un cloître.
90 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
La seconde, qui est celle des Carloxingiens, a commencé en la
(personne de Pépin , qui fut substitué à Childéric « et elle a continué
sous treize rois jusqu'en l'année 987, en laquelle les Français, après
avoir refusé de reconnaître pour roi Charles, duc de Lorraine, frère
de Louis le Fainéant, dernier roi de cette race, couronnèrent Hugues
Capet.
Ce prince fut le chef de la troisième race, nommée des Capétiens,
qui a df^à donné trente rois à la France, et subsiste depuis près de
sept cents ans ; de sorte qu'il n'y a point de famille souveraine dans
Tunivers dont la succession ait été aussi longue.
Saint Louis, neuvième du nom, eut, entre autres enfants, Philippe
le Hardi, qui fut roi de France après lui, et Robert, comte de Clermont
en Beauvoisis. Ce dernier épousa Béatrix, héritière de la maison de
Bourbon, dont il prit le nom qu'il a laissé à la branche qui est à pré-
sent sur le trône.
Les descendants de Philippe le Hardi ont régné en France pen-
dant trois cents années, jusqu'à la mort de Henri III. Ce prince était
le dernier de cette branche, et ne laissa point d'héritier. La couronne
passa, en 1589, à Henri, roi de \avarre, descendu de Robert de
Bourbon, et fils d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, du chef de
Jeanne d'Albret, sa femme, et parent de Henri III au dixième ou au
onzième degré.
Henri IV, à qui la postérité a donné le surnom de Grand, se fit
reconnaître pour roi de France nonobstant l'opposition que formèrent
les Ligueurs assistés du roi d'Espagne et du duc de Savoie; il fit la
guerre k ces deux princes avec lesquels il se raccommoda ensuite ; il
s'allia avec l'Angleterre, les Provinces-Unies et les Suisses, et obtint
du Turc une capitulation fort avantageuse à ses sujets; mais s'étant
ensuite ligué avec le duc de Savoie et plusieurs princes d'Alle-
magne, pour exécuter le grand dessein qu'il avait formé contre la
maison d'Autriche, il fut assassiné par Ravaillac le ih mai de
Tannée 1610.
Louis XIII, son fils, lui succéda; il fit la guerre et puis la paix
avec l'Angleterre, et, nonobstant son alliance avec l'Espagne, il pro-
tégea puissamment contre elle les princes étrangers ses alliés. Ainsi,
LIVRK IV. — CHAPITRE 1. 91
il soutint successivement le duc de Savoie, les Grisons, les états géné-
raux et le duc de Mantoue contre le roi d'Espagne, en faveur de qui
l'empereur se déclara en cette dernière guerre. Pour occuper ce
nouvel ennemi, Louis XIII se ligua contre lui avec le roi de Suède et
plusieurs princes d'Allemagne, et lui fit dans la suite une guerre
ouverte de même qu'au roi d'Espagne; il se montra néanmoins dès le
commencement très-disposé à la paix ; mais il n'en put voir conclure
que le traité préliminaire, la mort l'ayant surpris au mois de mai 1643,
brsque les plénipotentiaires étaient sur le point de se rassembler pour
travailler à ce grand ouvrage.
Louis XIV, son fils, qui a déjà mérité le surnom de Grand à
plus juste titre qu'aucun prince qui ait jamais porté la couronne,
trouva son État en guerre contre l'empereur et le roi d'Espagne; il
conclut avantageusement la paix avec l'un et l'autre, et renouvela
ensuite les allfances avec les rois d'Angleterre, de Danemark, de
Suède et avec les états généraux. Mais il rompit peu après avec l'An-
gleterre en faveur des Provinces-Unies, et avec le roi d'Espagne pour
conserver Jes droits de la reine, son épouse ; il fit la paix avec ces
ennemis; mais l'ingratitude des états généraux le força de rompre
avec eux; il se vit attaqué par presque toutes les puissances de
l'Europe, qui s'unirent pour garantir les Provinces -Unies de leur
ruine, qui était inévitable sans cette conspiration générale contre la
France ; cependant le roi remporta divers avantages sur ses ennemis,
et voulut ensuite par une victoire encore plus illustre se vaincre lui-
même en arrêtant le cours de ses victoires. Ainsi il proposa un projet
suivant lequel il voulait bien donner la. paix à l'empereur, aux rois
d'Espagne et de Danemark, aux états généraux, à l'électeur de Bran-
debourg, et aux ducs de Lorraine et de Brunswick. La paix fut conclue
suivant ce projet avec tous ces princes, par difl'érents traités qui font la
conclusion de cet ouvrage, comme ils font le commencement du repos
dont nous jouissons présentement.
TITRES ET QUALITÉS DES ROIS DE FRANCE
Le roi ne prend point d'autres qualités que celles de roi de
92 HISTOIRK DES TRAITÉS DE PAIX.
France et de Navarre, ou de roi très-chrétien, dans les traités quMI
fait avec les princes étrangers.
ROI DE FRANCE
Ce qu'on a désigné sous le nom de France n'a pas toujours été
de même étendue; car sous la première race de nos rois, le royaume
. ne comprenait que ce que les Français possédaient au delà du Rhin,
et les provinces situées entre ce fleuve et la Loire ; en sorte que la
Bretagne, l'Aquitaine et la Bourgogne n'étaient point comprises sous
ce nom. On la divisait en France orientale ou Austrasie et France
occidentale ou Neustrie sous la seconde race. Depuis le partage fait à
Verdun , en 8ft3 , entre les trois enfants de Louis le Débonnaire ,
comme les portions échues aux deux aînés passèrent bientôt après à des
Allemands et à des Italiens, le nom de France ne fut plus donné qu'à
ce qui avait composé le partage de Charles le Chauve ; c'est-à-dire,
les pays situés au deçà de l'Escaut, de la Meuse, de la Saône et du
Rhône, de sorte que le Dauphiné et la Provence ne faisaient point
alors partie de la France. Enfin, nous comprenons présentement sous
ce nom tout ce que le roi possède par le titre de sa couronne; ce qui
comprend, non-seulement le Dauphiné et la Provence qui sont réunis
à la France depuis quelques siècles, mais aussi les provinces de l' Aus-
trasie, que le roi s'est assurées par les derniers traités, et dont la pos-
session lui est si peu disputée qu'il n'est pas nécessaire qu'il en prenne
les titres par le détail.
J'ai déjà marqué, au sujet des titres des rois d'Angleterre, que ces
princes prennent la qualité de rois de France, et je ne répéterai rien
de ce que j'ai dit sur cela. J'ajouterai seulement que dans les actes du
parlement d'Angleterre et autres où les Anglais parlent de nos rois,
ils ne les nomment presque jamais que rois français ou des Français,
réservant le nom de rois de France pour leurs rois ; sur quoi je mar-
querai deux choses, la première est que lorsqu'on renouvela à Stumsdorf,
en 1635, la trêve entre la Suède et la Pologne par la médiation des rois
de France et d'Angleterre, le comte d'Avaux, ambassadeur de France,
fit effacer du traité la qualité de roi de France, que les ambassadeurs
LIVRK IV. — CHAPITRE I. 93
d'Angleterre y avaient donnée à leur roi parmi ses autres titres; la seconde
est que lorsqu'on fit, en 1655, le traite de paix entre le roi et Cromwell,
les Anglais insistèrent longtemps à ce que Sa Majesté n'y fut nommée
que roi des Français; ce que le sieur de Bordeaux, plénipotentiaire du
roi, ne voulut point permettre; de sorte que le roi fut nommé roi de
France et de Navarre ; et dans tous ceux qui ont suivi, on a toujours
donné à Sa Majesté le titre de roi de France, et le roi d'Angleterre n'y
a pris que celui de roi de Grande-Bretagne. J'observerai de plus, pour
finir cet article, que le Grand-Seigneur donne à nos rois le titre d'em-
pereurs de France, et que l'évêque de Wurtzbourg, qui est chef du
cercle de Franconie, prend la qualité de duc de la France orientale ,
quoique la Franconie ne soit qu'une petite partie de ce qui portait
autrefois le nom de France orientale ou Austrasie.
ROI DE NAVARRE
Le pape Jules II, qui avait excommunié le roi Louis XII, se ligua
contre lui avec l'empereur Maximilien, Ferdinand, roi d'Aragon, et
Henri VIII, roi d'Angleterre. 11 engagea ces deux derniers princes
d'attaquer la Guienne; dans ce dessein Ferdinand envoya, en 1512,
vers Jean d'Albret, roi de Navarre à cause de Catherine de Foix, sa
femme, héritière de ce royaume, pour lui demander passage dans ses
États, et quelques places fortes pour sa sûreté, promettant de les lui
rendre aussitôt après que la guerre serait finie. Jean était allié de
Louis XII, il fit difficulté d'accorder ces demandes à Ferdinand qui,
après les avoir amusés l'un et l'autre par une feinte négociation,
entra tout d'un coup, au mois de juin 1512, dans la Navarre, se saisit
sans beaucoup de difficulté de Pampelune et des autres places de ce
royaume qui étaient au delà des Pyrénées, et obligea ce roi dépouillé
de se retirer dans le Béarn.
Ferdinand, trouvant ce royaume fort à sa bienséance, soutint
dans la suite qu'il lui appartenait légitimement en vertu d'une bulle du
pape Jules second, qui donnait au premier occupant les États de Louis
et de ses alliés, tels qu'était Jean. Cette bulle n'a jamais était produite,
et même les Espagnols, qui en font mention, ne la datent que du mois
94 HISTOIRE DES TRXITÉS DE PAIX.
(le juillet 1512, postérieurement à rinvasion de la Navarre; mais
outre cela les papes ne peuvent pas montrer que Jésus-Christ, qui a
ordonné de rendre à César ce qui est à César, leur ait donné le pou-
voir de dépouiller les rois de leurs États , et de les transporter à
d^autres. Les secours que Louis XII envoya à Jean ne lui servirent
de rien par la mauvaise conduite des généraux, de sorte que Ferdi-
nand demeura en possession de son usurpation ; et même ce prince fit
peu après une trêve avec Louis XH.
Quatre ans après, Charles, successeur de Ferdinand, fit, en 1516,
un traité à Noyon avec François 1", par lequel il convint de rendre
dans six mois le royaume de Navarre à Henri d'Albret, fils de Jean
d'Albret et de Catherine de Foix, qui étaient morts en cette même
année; ou bien de lui donnerune satisfaction équivalente, faute de quoi
il serait permis au roi de l'aider pour le recouvrer. Charles n^exécuta
point ce traité, ce qui fut une des causes de la guerre qui s'émut peu
après entre lui et François I*'.
Cette guerre fut funeste à François qui, après avoir perdu la
bataille de Pavie et la liberté, promit, par le vingtième article du traité
de Madrid, d'employer ses sollicitations auprès de Henri d*Albret
pour l'engager à renoncer au titre de roi de Navarre et à ses droits sur
ce royaume, et s'obligea de ne le point assister en cas qu'il ne le pût
résoudre à faire ses renonciations. Henri d'Albret ne voulut point
entendre ces propositions; il ne fut point parlé de lui au traité de
Cambrai qu'on fit pour réformer celui de Madrid ; mais par celui de
Crépy, François promit de ne le point assister contre l'empereur.
Néanmoins, peu après Charles parut avoir quelque scrupule sur
la validité de la possession de la Navarre dont Ferdinand, son aïeul,
s'était emparé ; il ajouta au codicille qu'il fit en 15/i8 un article par
lequel il exhortait son fils Philippe de commettre à des gens de savoir
et de conscience le soin d'examiner à quel titre Ferdinand avait acquis
la Navarre.
Henri, roi de Navarre, n'eut qu'une fille, nommée Jeanne d'Al-
bret, qui épousa Antoine de Bourbon ; ce prince prit le nom de roi de
Navarre, et envoya à Rome un ambassadeur d'obédience qui y fut reçu
en cette qualité, nonobstant les protestations du roi d'Espagne; il fut
LIVRE IV. — CHAPITRE 1. 95
même longtemps amusé par Philippe 11, qui promit de lui donner
le royaume de Sardaigne pour l'équivalent de celui de Navarre. Mais
cela fut encore sans effet, et il ne laissa que ses prétentions sur la
Navarre à son fils Henri, qui prit aussi le nom de roi de Navarre
avant et depuis son installation sur le trône de France. Dans le traité
de Vervins, ce prince, de même que Philippe II, prirent la qualité de
roi de Navarre, et il fut dit, article 22 , qu'on réservait au roi très-
chrétien et à ses successeurs et ayants cause tous les droits qu'il pré-
tendait lui appartenir à cause de ses royaumes de France et de
Navarre, pour les poursuivre par voies d'accommodement ou de jus-
tice et non par les armes, si bien que par ce traité le roi est toujours
en droit de redemander le royaume de Navarre au roi d'Espagne.
Philippe II, étant sur le point de mourir en la même année 1598,
ordonna à son fils, Philippe III, au sujet de la Navarre, la même
chose que son père lui avait recommandée. Mais cette disposition n'eut
pas plus d'exécution que la première, malgré les instances que
Henri IV fit, en 1603, pour rentrer dans ce royaume ou pour en avoir
une récompense équivalente. La même tentative a encore été faite à
Munster, mais aussi inutilement ; de sorte que les choses sont toujours
denieurées en cet état ; nos rois ne possèdent que la petite partie
de la Navarre qui est au deçà des monts Pyrénées, et prennent
néanmoins la qualité de rois de France et de Navarre, même dans les
traités qu'ils font avec les rois d'Espagne; et ils ont obtenu que les
papes leur donnassent aussi l'un et l'autre titre, et qu'ils reçussent à
l'obédience pour l'un et pour l'autre royaume, quoique Jules II ait
fourni l'occasion d'enlever ce royaume aux ancêtres de Sa Majesté.
DUC DE MILAN, COMTE d'aST, SEIGNEUR DE GÊNES
J'ajoute à ces qualités celles de duc Milan, comte d'Ast et sei-
gneur de Gênes , parce que nos rois ont pris longtemps ces titres ; ils
les prennent même encore aujourd'hui dans les traités d'alliance qu'ils
passent avec les Suisses.
Le droit du roi sur le duché de Milan et sur le comté d'Ast vient
de ce que Galéaz III, duc de Milan, mariant sa fille Yalentine,
% HISTOIRK DES TRAITÉS DE PAIX.
en 1398, avec, Louis, duc d'Orléans, lui donna en mariage le comlé
d*Ast^ et substitua le duché de Milan aux enfants de Valentine en cas
que ses fils mourussent sans enfants légitimes. Ainsi Philippe-Marie,
fils de Galéaz, n'ayant laissé qu'une fille naturelle, Bianca, le duché
de Milan devait retourner aux enfants de Valentine; mais comme ils
étaient alors prisonniers en Angleterre, François Sforce, mari de
Bianca, s'en empara et obtint l'investiture de Tempereur Frédéric III.
Le comté d'Ast demeura à Louis, duc d'Orléans, petit-fils de
Valentine. Ce prince, parvenu à la couronne, chassa les Sforce du
duché de Milan, et en fut investi par Pempereur Maximilien tant pour
lui que pour ses enfants et ses héritiers, même pour François, duc
d'Angouléme.
François, devenu roi, recouvra le duché de Milan et le comté
d'Ast que son prédécesseur s'était laissé ôter vers la fin de son règne;
mais il le perdit en 1523, et fut même obligé d'y renoncer entièrement
par le traité de Madrid et par celui de Crépy, en cas que son fils, le
duc d'Orléans, épousât la fille ou la nièce de l'empereur. Cette con-
vention ne fut point exécutée, nos rois par conséquent sont demeurés
dans leurs droits. Cependant Charles-Quint donna peu après, en i5&6
et en 1551, le duché de Milan à son fils Philippe et à ses successeurs,
rois d'Espagne, et les ducs de Savoie possèdent encore le comté d'Asl
que Charles-Quint donna en 1530 à Charles III, duc de Savoie, de
sorte que nos rois n'en jouissent plus et n'en prennent même les litres
que dans les traités qu'ils passent avec les Suisses, parce que ces
traités d'alliance sont copiés sur celui que François I* fit avec eux
en 1521, dans un temps qu'il était le maître de ce duché et de ce
comté.
Seigneur de Gênes. Le droit des rois de France sur la ville de
Gênes vient de ce qu'en 1392, et depuis en 1396, tous les ordres de
cette ville déclarèrent le roi de France Charles VI et ses successeurs,
rois de France, seigneurs et souverains de Gênes. Les Français furent
depuis souvent expulsés de Gênes et souvent ils s'y rétablirent.
Louis XII reprit Gênes en 1499 et porta toujours la qualité de
seigneur de Gênes, même dans un traité qu'il fit en 1504 avec Teni-
pereur Maximilien. Il fit pendre, en 1507, un duc que les Génois
LIVRK IV. — CHAPITRE I. 97
avaient élu. François P' prit aussi le titre de seigneur de Gênes dans
le traité qu'il fit à Noyon en 1516 avec Charles, roi d'Espagne, et dans
celui qu'il fit avec les Suisses en 1521. C'est pourquoi encore que les
Français aient perdu Gênes l'année suivante, et que cet État se soit
érigé en forme de république, nos rois ne laissent pas de prendre la
qualité de seigneur de Gênes dans les traités qu'ils passent avec les
Suisses, pour la raison que j'ai marquée sur Tarticle précédent.
Quoique nos rois ne possèdent plus rien dans TÉtat de Gênes, ils
n'ont jamais renoncé expressément au droit que leurs prédécesseurs y
ont eu. Les Génois furent seulement compris parmi les alliés de
Charles-Quint dans les traités de Nice, de Crespi et de Vaucelles, et
par le traité de Cateau-Cambresis, Henri ne promit que de les
remettre dans ses bonnes grâces et de leur rendre l'île de Corse; mais
tout cela n'emporte point une renonciation du droit de nos rois. C'est
pourquoi, en 1624, Louis XllI avait traité avec Charles- Emmanuel,
duc de Savoie, pour partager entre eux l'État de Gênes. Nos rois ont
toujours fait grande difficulté de traiter les ambassadeurs de Gênes
avec les honneurs qu'ils rendent à ceux des républiques sur lesquelles
ils ne prétendent rien, et nous verrons qu'ils ont obligé cette république
de promettre que la ville de Gênes saluera la première les galères
réale et patronne de France et les vaisseaux amiral et vice-amiral,
lorsqu'ils entreraient dans son port, ce que le roi n'aurait pas prétendu
s'il croyait n'avoir plus aucun droit de souveraineté sur Gênes.
DAUPHIN DE VIENNOIS
Pour achever l'explication des titres des rois de France, il est bon
de marquer qu'ils prennent encore, en plusieurs lettres-patentes, ceux
de Dauphin de Viennois et de comtes de Provence, Diois, Valenti-
nois, Forcalquier et terres adjacentes. La raison pour laquelle on fait
une énumération particulière de ces provinces, est^que, par le partage
de l'empire français fait à Verdun et 843, et dont j'ai parlé, les
provinces situées au delà du Rhône furent données à l'empereur
Lothaire ; de sorte que le seul partage de Charles le Chauve ayant
conservé le nom de France , ces provinces n'étaient point comprises
n. 7
98 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
sous celte déDoininatioi). Ainsi nos rois, après avoir acquis suc-
cessivement ces provinces à divers titres, ont jugé à propos d'en
faire, en certaines rencontres, une mention particulière parmi leurs
qualités.
Voici ce qui regarde le Dauphiné. La grande masse de l'empire
français fut démembrée en plusieurs royaumes, lors de la décadence
de la maison Carlo vingienne. Cette province fit partie du royaume de
Bourgogne, passa ensuite aux rois. d'Arles, et lorsque les gouverneurs
des provinces s'érigèrent en comtes et seigneurs, elle eut des princes
particuliers (|ui prirent le nom de Dauphins de Viennois. Le dernier
fut Humbert qui, en 1S49, fit donation au roi Philippe de Valois de sa
seigneurie de Dauphiné et des terres qui en dépendaient, à la charge
que le fils aîné des rois de France en jouirait et porterait le nom et les
armes de dauphin. Depuis ce temps le Dauphiné est toujoui's demeuré
uni h la couronne, et a été possédé par nos rois en toute souveraineté,
sans que personne le leur ait contesté, jusqu'à l'empereur Charles-
Quint qui, lorsqu'on négociait le traité de Madrid, voulut renouveler
les prétentions surannées des empereurs sur le royaume d'Arles, et
demanda que le roi François V le reconnût pour son 'souverain, pour
raison du Dauphiné et des autres provinces qui faisaient autrefois
partie de ce royaume; mais les Français montrèrent si clairement le
peu de fondement qu'il avait dans sa prétention qu'on n'en fit aucune
mention dans le traité de Madrid.
Comte de Provence, de Forcalquier et terres adjacentes. La Pro-
vence, ainsi que le Dauphiné, fit au commencement partie du royaume
d'Arles, et eut ensuite des comtes particuliers qui, après s'être rendus
maîtres du comté de Forcalquier et des autres pays voisins, s'érigèrent
en souverains. Le pénultième de ces comtes fut René, roi titulaire de
Sicile et duc d'Anjou; ce prince n'ayant qu'une fille, mariée à Ferry
do Lorraine, institua pour son héritier Charles, comte du Maine, qui
était fils de son frère. Charles mourut en 1481, laissant, par son
testament, pour son héritier Louis \I , roi de France, son cousin-
germain. René, duc de Lorraine, fils de Ferry, aussi cousin-germain
de Charles, contesta la validité de ce testament; mais Charles VIIL
et depuis Louis XII nommèrent des juges pour l'examiner; il fut con-
LIVRE IV. — CHAPITKfc: I. 99
firme, la Provence demeura aux rois de France, et les ducs de Lor-
raine se contentèrent du titre de comtes de Provence.
Lorsqu'on négocia le traité de Madrid, Charles-Quint prétendit
la souveraineté de la Provence, comme il avait prétendu celle du
Dauphiné; mais ce fut aussi inutilement, et on ne lui accorda rien sur
ce sujet par le traité de Madrid. Il voulut depuis s'en emparer par la
force des armes, comme d'une province qui lui appartenait, mais
ayant assiégé Marseille sans la pouvoir prendre, il s'en retourna, et
cette province est toujours demeurée à nos rois.
Comtes de Diois et Valentinois. Lorsque tous les gouverneurs des
provinces du royaume d'Arles s'érigèrent en comtes, les villes de Die
et de Valence eurent des comtes particuliers qui se firent reconnaître
dans leurs territoires. Mais en lftl4, Louis, dernier comte de Valen-
tinois, céda ces comtés à Charles VI, lors Dauphin, à la charge qu'ils
ne seraient jamais séparés du Dauphiné, ce qu'on doit entendre de la
souveraineté; car le domaine du duché de Valentinois a été autrefois
donné à César Borgia, fils du pape Alexandre VI, et dans ce siècle au
prince de Monaco,
ROI TRfeS-CHRÉTFEN
Saint Grégoire le Grand, dans ses lettres aux rois de France
Childebert, Thierry et Théodebert, les loue particuHèrement de leur
attachement à la religion chrétienne et catholique, pendant que tous
les autres rois étaient ou païens ou hérétiques. En effet il paraît que
les autres rois qui avaient reçu le christianisme, avaient en même
temps embrassé les erreurs d'Arius ; tels étaient les rois des Goths, des
Vandales, des Suèves et des Bourguignons, au lieu que nos rois ont
cet avantage singulier d'avoir toujours conservé la pureté de la reli-
gion depuis Clovis, premier roi chrétien, jusqu'à présent. C'est ce
zèle inébranlable pour la véritable religion qui a fait donner à nos rois,
dès les premiers temps, le titre de rois très-chrétiens, et même lorsque
les maires du palais avaient presque l'autorité souveraine en France
sous la première race , les papes ont aussi donné le nom de très-chré-
tiens à Charles-Martel et à son fils Pépin, pendant qu'il n'était encore
100 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
que maire du palais. Depuis son avènement à la couronne, il est sur-
nomme catholique en d'anciens actes, et le pape Paul I" lui donne les
titres d^ orthodoxe et de défenseur de la foi chrétienne. Ses succes-
seurs, dans la seconde et dans la troisième race, ont continué d'être
appelés très-chrétiens, en sorte que Pie 11, écrivant à Charles VII,
reconnaît que ce titre était héréditaire aux rois de France, à cause
que leurs ancêtres avaient défendu le nom chrétien.
Paul 11 régla, en l/i69, que désormais ce nom serait propre à
nos rois, et que les papes, qui ne leur donnaient d'ordinaire que le
surnom d'illustres, les qualifieraient à l'avenir du titre de très-chré-
tiens, à cause dos grands biens que leurs ancêtres avaient fait au Saint-
Siège. C'est pourquoi Alexandre VI, Espagnol, voulant depuis donner
au roi d'Espagne ce surnom de très-chrétien, les cardinaux s'y oppo-
sèrent, et prétendirent qu'il ne devait être communiqué qu'aux rois
de France ; de sorte que ce pape déféra aux rois d'Espagne celui de
catholique. Jules II qui, comme nous venons de voir, était extrême-
ment animé contre Louis XII, avait fait expédier une bulle dans le
concile de Latran, par laquelle il ôtait à nos rois le titre de rois très-
chrétiens et le transférait avec le royaume de France aux rois d'An-
gleterre; mais Dieu, ne voulant pas que des princes qui ont toujours
été les plus ardents défenseurs de la religion fussent dépouillés d'un
titre qui leur appartient si légitimement, permit que ce pape mourut
au commencement de l'année 1513, avant la publication de la bulle,
de sorte que ce dessein fut sans effet, et qu'à présent, dans les traités,
nos rois sont aussi connus par le nom de rois très-chrétiens que par
celui de rois de France.
CHAPITRE II
TRAITÉS ENTRE LA FRANCE ET LA GRANDE-BRETAGNE
Avant que les Normands se fussent rendus maîtres de l'Angle-
terre, nos rois n'avaient rien eu à démêler avec les rois de cette île.
Mais depuis qu'en 1067, Guillaume le Bâtard, duc de Normandie,
l'eût conquise, le voisinage et les différends pour les limites de la
Normandie et des autres provinces de la France, causèrent des guerres
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 101
presque perpétuelles entre les rois de France et d'Angleterre. Dans la
suite, ces derniers acquirent encore, par des marjages, des successions
et divers autres titres, la Touraine, TAnjou, le Poitou, la Guyenne et
plusieurs autres provinces du royaume, et même ils prétendirent à la
couronne de France. Après la mort de Charles le Bel, en 1328,
Edouard III, roi d'Angleterre, neveu de ce roi du côté de sa mère,
soutint qu'il devait lui succéder préférablement à Philippe de Valois,
son cousin paternel.
Les pairs et les hauts barons furent convoqués à Paris pour
juger cette question ; ils prononcèrent en faveur de Philippe ; Edouard
acquiesça à leur arrêt ; le confirma par plusieurs actes durant quel-
ques années, et rendit même hommage à Philippe des terres qu'il
tenait dans la mouvance de la couronne de France. Mais en 1338 il fit
une déclaration par laquelle il défendit de donner à Philippe d'autre
qualité que celle de comte de Valois; et l'année suivante il prit lui-
même le titre de roi de France, et mit les fleurs de lis dans son écu et
dans son sceau. Par le traité de Bretigny fait avec le roi Jean, en 1360,
Edouard renonça à ce titre, mais celle paix, si désavantageuse à la
France, lui donna encore plusieurs provinces, qui lui furent cédées en
souveraineté, en sorte qu'il possédait alors presque la moitié de la
France.
En 1419 on convint, par le traité d'Arras, qu'Henri V, roi d'An-
gleterre, épouserait Catherine, fille de Charles VI, roi de France, après
le décès duquel la couronne de France appartiendrait à perpétuité au
roi d'Angleterre et à ses hoirs. Ce traité fut confirmé en 1420 par
celui de Troyes, dans lequel on convint qu'Henri s'abstiendrait du
titre de roi de France pendant la vie de Charles, et se contenterait
de celui d'héritier de France, et que quand il serait parvenu à la
couronne de France, celle-ci et celle d'Angleterre seraient possédées
par lui et par ses descendants sans pouvoir être séparées.
En conséquence de ce traité, Henri entra dans Paris, et Charles,
dauphin, fut déclaré indigne de succéder à la couronne de France,
comme coupable du meurtre du feu duc Jean, duc de Bourgogne.
Henri V mourut peu après, et son fils, qui portait aussi son nom,
fut proclamé roi de France après la mort de Charles VI, mais la
102 HISTOIHt: DES TKAITÉS DE PAIX.
division qui survint entre ses oncles pendant sa nninorité, donna lieu à
Charles VII de chasser les Anglais de Paris, en 1436, et ensuite de
toutes les provinces de France, où ils ne conservèrent que la seule ville
de Calais.
Depuis que la France fut réunie en un seul corps, les Anglais ne
furent plus en état d'y faire aucun progrès, et depuis ce temps les
querelles des deux couronnes n'ont été ni longues ni considérables.
En 1514, Louis XII fit un traité avec Henri VIII, roi d'Angleterre,
par lequel il fut dit que la paix durerait entre les deux rois leur vie
durant. Ce traité fut confirmé un an après par François P"; mais
Henri ne l'observa point religieusement; il se ligua avec l'empereur
Charles-Quint, en 1523, pour exclure les Français de Tltalie, et fil peu
après, avec ce même empereur et Charles de Bourbon, un traité par
lequel ils devaient partager la France entre eux trois; et un autre avec
l'empereur l'année suivante par lequel entre autres articles Charles de
Bourbon, qui devait avoir pour lui le royaume d'Arles, reconnaîtrait
Henri pour roi de France.
Henri n'agit pas comme il y était engagé par ce traité; jaloux des
grands succès de l'empereur qui avait obligé François, son prisonnier,
de passer le traité de Madrid, il fit une ligue, en 1527, vers la fin
d'avril avec ce roi contre l'empereur, et par le traité renonça à la
couronne de France, à la charge que François lui payerait cinquante
mille écus chaque année.
Il était porté que cette confédération durerait entre eux et leur
postérité jusqu'à la fin du monde; et ils en firent encore une ensemble
en 1532 contre le Turc, et une autre peu après en la même année
envers tous et contre tous. Cependant Henri, on*ensé de ce que Fran-
çois ne se voulait pas soustraire, ainsi qu'il avait fait, à l'obéissance
du pape, et de ce qu'il se mêlait trop avant dans les affaires d'Ecosse,
se ligua encore, en 1543, avec l'empereur contre lui, et prit la ville
de Boulogne, qu'il rendit au roi moyennant 800,000 écus que Fran-
çois lui promit par le traité de paix conclu entre Ardres et Guines le
8 juin 1546. Cettepaix subsista jusqu'à ce que Marie, fille d'Henri Vlll,
déclara la guerre à Henri II, roi de France, en 1557, en faveur de
Philippe II, roi d'Espagne, son mari. Cette déclaration de guerre
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 103
attira vers Calais l'armée de France, commandée par le duc de Guise,
qui, les premiers jours de Tannée suivante, chassa les Anglais de cette
ville, qu'ils possédaient il y avait deux cent dix ans, puis de Guines et
de tout ce qu'ils tenaient au delà de la mer.
Elisabeth, qui succéda à Marie, fit tous ses efforts pour se faire
rendre cette place, lorsqu'on passa, en 1559, le traité de Cateau-
Cambresis; mais les Français n'y voulurent jamais consentir, et tout
ce que cette reine put obtenir fut que, par un traité particulier qu'elle
fit en la même année avec Henri II, ce roi promit de lui rendre dans
huit années Calais, Guines et le comté d'Oye, ou de lui payer cinq cent
mille écus, pourvu qu'elle ne recommençât point la guerre durant
ces huit années, auquel cas elle perdrait entièrement son droit sur ces
places, qui ne pourraient plus être contestées aux Français.
L'envie qu'avait Elisabeth d'occuper ses sujets par quelque
guerre, et son zèle pour la religion protestante, l'obligèrent en 1562,
de conclure un traité à Hamptoncourt avec le prince de Condé et les
autres calvinistes de France, par lequel elle promit de les assister
d'hommes et d'argent, moyennant quoi ils consentirent de recevoir
trois mille Anglais en garnison au Havre de Grâce, sans que cela put
passer pour un équivalent de ses prétentions sur Calais.
Le roi Charles IX, après avoir chassé les Anglais de cette place,
qu'on leur avait livrée, fit la paix à Troyes en 1564 avec Elisabeth,
sans vouloir s'obliger de tenir le traité de 1559, duquel il soutint
qu'elle était déchue, puisqu'elle en avait violé les conditions.
Elisabeth connut si bien cette vérité que, sans insister davantage
sur ce sujet, elle passa avec ce même roi à Blois, le 18 avril 1572, un
traité de ligue offensive et défensive, qui portait entre autres choses
qu'ils s'assisteraient réciproquement contre leurs ennemis de deux
mille fantassins, de huit vaisseaux de guerre montés de deux mille
hommes; qu'au lieu de ce secours la reine d'Angleterre pourrait de-
mander au roi trois mille chevaux; que le commerce serait libre entre
les Français et les Anglais ; que les Anglais auraient une entière liberté
de conscience en France, et les mêmes privilèges qu'ils avaient à
Bruges, à Anvers et à Berg en Norvège.
Les commissaires anglais signèrent dans les deux instruments de
104 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
ce traité à l'endroit le moins honorable après les commissaires de
France.
I.
Traité de Greenwich entre Henri IV et Elisabeth, pour alliance (1506).
Encore que ce traité ait été fait un peu avant celui de Vervins,
par lequel je commence mon histoire, je le comprends dans cet ou-
vrage, parce qu'il subsistait encore lorsqu*on fit le traité de Vervîns,
et que c'est le seul qu'Henri IV et Elisabeth aient passé ensemble.
J'ai déjà marqué ailleurs les raisons de la guerre qui s'émut entre
le roi Philippe II et la reine Elisabeth, qui fut poursuivie de part et
d'autre avec beaucoup d'animosîté. Philippe avait soulevé et maintenu
les catholiques d'Irlande contre la reine, et Elisabeth avait fait faire
une infinité de ravages sur les côtes d'Espagne et dé l'Amérique.
Henri IV, parvenu à la couronne de France, mais traversé parles
Ligueurs que Philippe soutenait puissamment, eut recours à Elisabeth
pour en tirer quelque secours dans cette pressante nécessité. Elle Taida
avec beaucoup d'ardeur, tant à cause de l'estime particulière qu'elle
avait pour lui, et du zèle qu'elle avait pour sa rehgion qu'Henri pro-
fessait encore alors, que parce qu'elle avait intérêt que Philippe, son
ennemi, ne se rendît pas maître absolu de la France. Ainsi, elle en-
voya divers secours à Henri, particulièrement un considérable en 1591
sous le commandement du comte d'Essex, son favori, et elle contribua
beaucoup de ses deniers à la levée d'une armée de seize mille Alle-
mands, que le vicomte de Turenne amena en France en cette même
année.
Henri IV déclara à son tour la guerre à l'Espagne, et après que
l'archiduc eût assiégé la ville de Calais, il envoya en Angleterre le
sieur de Sanci et peu après le maréchal de Bouillon, pour demander
à Elisabeth une pronîpte assistance, et lui proposer un traité d'alliance
contre l'Espagne. Mais comme le changement de religion du roi avait
presqu'éteint toute l'affection qu'elle avait pour lui, elle ne voulut point
s'obliger de le secourir, et refusa de se liguer avec lui, à moins qu'il ne
lui cédât Calais. Le roi déclara qu'il aimait mieux se voir arracher
cette place par ses ennemis, que de la céder lâchement à ses amis;
LIVRE IV. — CHAPITRE 11. 105
cependant, la reine d'Angleterre promit de le secourir avec une armée
de huit mille hommes ; mais pendant qu'on disputait sur le lieu et
les conditions de la descente de celte armée, la place fut emportée.
Cette négligence des Anglais, le peu d'inclination que la reine témoi-
gnait pour l'assister, et les difficultés que Cécil, grand - trésorier
d'Angleterre , qu'elle avait donné pour commissaire à ses ambassa-
deurs, formait tous les jours pour retarder la conclusion du traité
d'alliance, choquèrent extrêmement le roi ; il ordonna à ses ambassa-
deurs de repasser en France. Elisabeth craignit que le roi ne fît sa
paix particulière avec l'Espagne à son préjudice; elle voulut avoir
elle-même une conférence avec eux , et après avoir aplani les diffi-
cultés formées par Cécil, elle conclut, le 24 mai 1596, un traité de
ligue olTensive et défensive, par lequel il fut dit que les anciennes
alliances et traités seraient confirmés ; que tous les princes et potentats
qui avaient à se précautionner contre l'ambition du roi d'Espagne,
seraient conviés d'entrer dans cette ligue ; qu'ils dresseraient une
armée composée tant de leurs forces communes, que de celles des
autres princes pour l'attaquer dans son pays ; qu'ils ne pourraient ni
l'un ni l'autre faire paix ou trêve que d'un commun consentement;
que la reine fournirait au roi quatre mille hommes de pied levés à ses
dépens, et huit mille autres après que les troubles d'Irlande seraient
apaisés; qu'ils serviraient durant six mois seulement en Normandie
et en Picardie, et seraient payés par le roi aussitôt après leur débar-
quement en France; que le roi fournirait pareil secours à la reine
pour servir sur les côtes d'Angleterre ou cinquante lieues avant en
terre; que le commerce serait libre entre les deux nations; et enfin,
que le roi ne permettrait point qu'aucun sujet de la reine ne fût in-
quiété en France pour la religion approuvée en Angleterre.
Par des articles secrets ils diminuèrent le nombre des troupes
que la reine enverrait cette année au roi. Après que ces articles
eurent été approuvés et mis par écrit, il survint encore deux difficultés :
la première sur ce que Cécil y avait ajouté que le roi pourvoirait à la
sûreté des religionnaires, et l'autre que les Anglais avaient signé en la
place la plus honorable dans l'instrument qu'ils devaient fournir. Pour
la première les Français n'y voulurent point consentir, et même le
106 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
maréchal de Bouillon, quoique huguenot, s'y opposa le plus vigou-
reusement, craignant que cela ne lui attirât la haine et les reproches
de la cour ; mais pour l'autre la nécessité des affaires du roi fut cause
qu'ils cédèrent à l'opiniâtreté des Anglais, et quoi qu'on en eut usé
autrement dans le traité de Blois, ils laissèrent leurs signatures où
elles étaient.
La reine, jalouse de l'étroite alliance que le roi fit peu après
avec les États généraux, ne voulut point envoyer personne de sa part
pour aller, avec les ambassadeurs du roi et des États, solliciter les
princes d'Allemagne d'entrer dans la ligue contre l'Espagne, et même
les alliés ayant peu après envoyé des gens de leur part à Dieppe pour
résoudre la manière dont on ferait la guerre l'année suivante, elle
renouvela ses instances sur Calais dont elle demanda la propriété
en cas qu'on le reprît. Les Français ne voulurent point consentir à
cette proposition, dans l'espérance de tirer cette place des mains des
Espagnols par la foi'ce des armes, ou par quelque traité particulier,
plutôt que de celle des Anglais.
L'année suivante les Espagnols surprirent Amiens; la reine Eli-
sabeth ne voulut envoyer que quatre mille hommes au roi, quoiqu'il
lui en demandât davantage, et même elle exigea encore peu après de
lui un écrit secret par lequel il devait consentir qu'elle ne fut plus
tenue de lui envoyer que deux mille hommes.
Tout cela le chagrina extrêmement : il avait espéré plus de
secours de l'amitié de cette reine, de laquelle il se voyait presque en-
tièrement abandonné; néanmoins lorsqu'après la reprise d'Amiens le
légat du pape s'entremit de procurer la paix entre la France et l'Es-
pagne, le roi ne voulut point avancer plus avant la négociation sans
en avertir Elisabeth, et lui faire connaître que la paix était absolument
nécessaire à son royaume. 11 lui promit d'obtenir pour elle les mêmes
conditions qu'il stipulerait pour lui-même; ainsi, il déclara d'abord qu'il
ne ferait point la paix sans y comprendre ses alliés, à la suite desquels
il mettait la reine Elisabeth. Les Espagnols y consentaient volontiers
à l'égard de cette princesse ; mais comme elle refusa de faire la paix si
les Provinces-Unies n'y étaient aussi comprises, ce que les Espagnols
ne voulaient accorder qu'à des conditions dont les États généraux ne
LIVRE IV. — CHAPITRE IL 107
pouvaient convenir sans blesser leur liberté, le roi ne laissa pas que
d'ordonner k ses plénipotentiaires de conclure la paix, de laquelle il
jugea que son royaume avait absolument besoin, après avoir été déchiré
par des guerres civiles pendant quarante années. 11 promit toutefois à
Elisabeth de ne la ratifier que quarante jours après que ses députés
l'auraient signée, afin de lui donner le temps d'y entrer si elle le vou-
lait, ce qu'elle refusa. Elle fit de grandes plaintes contre Henri, l'accu-
sant d'ingratitude et d'avoir manqué à l'observation de ce traité, dont
une des principales conditions était qu'ils ne feraient la paix (|ue d'un
commun consentement; mais il répondait à cela qu'il devait plus a ses
sujets, auxquels la paix était absolument nécessaire, qu'à ses alliés;
qu'elle ne se pouvait pas plaindre qu'il l'eût engagée dans cette guerre,
dans laquelle elle était entrée avant lui; qu'il avait différé longtemps
de conclure la paix en sa considération ; qu'on ne devait point faire la
guerre pour l'amour de la guerre, mais pour acquérir une paix sure;
et enfin qu'il n'avait tenu qu'à elle de l'avoir aussi bien que lui, puis-
qu'elle ne refusait d'y entrer que pour l'intérêt d'autrui.
La paix fut donc conclue sans comprendre la reine Elisabeth; et
comme, par un des articles du traité de Vervins, tous les traités ((ue
les deux rois avaient faits au préjudice l'un de l'autre furent anéantis,
le roi se départit tacitement de ce traité d'alliance qu'il avait fait avec
Elisabeth, et qui n'avait pour but que de faire la guerre à l'Espagne.
Quand la première colère de la reine fut passée, elle ne laissa pas que
de continuer à vivre en bonne intelligence avec le roi , et même en
1601, le roi étant à Calais et elle à Douvres, elle souhaita extrêmement
de pouvoir conférer avec lui, sur la mer qui est entre ces deux villes,
des projets qu'elle avait faits pour ruiner la maison d'Autriche; mais le
roi se contenta d'envoyer en Angleterre Rosni, et ensuite le maréchal
de Biron, auxquelselle apprit ce qu'elle voulut bien leur faire connaître
de ses intentions, mais il ne se lit aucun traité.
Elle continua de faire son possible pour obliger le roi à rompre
avec l'Espagne et à secourir Ostende qui était alors assiégée par l'ar-
chiduc Albert; mais il demeura ferme à ne vouloir point rentrer en
guerre contre l'Espagne. Cependant voyant, en 1602, que les affaires
des États généraux étaient en mauvais état, et que les Espagnols
108 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
avaient conspiré avec le maréchal de Biron contre sa vie et contre son
État, il donna ordre à son ambassadeur Beaumont de proposer aux
ministres de la reine, comme de lui-même, une ligue offensive et
défensive entre la France et l'Angleterre. Les Anglais furent fort ravis
de cette ouverture, mais ils voulaient que la proposition de cette ligue
fut faite par le roi. Pendant que Ton en était sur cette cérémonie, la
colère du roi étant calmée, il manda à son ambassadeur de ne plus
parler de cette ligue avec les Anglais, et de demander plutôt justice à
la reine des pirateries continuelles qu'ils exerçaient sur ses sujets.
Ainsi les choses demeurèrent en cet état jusqu'à la mort d'Elisabeth,
sans que le roi voulût entrer en plus grande liaison avec elle.
11.
Traité de Hamptoncourt entre Henri IV et Jacques I'% pour une ligue
défensive ( 1603 ).
Jacques VI, roi d'Ecosse, fut appelé à la couronne d'Angleterre
après la mort d'Elisabeth. Henri IV envoya en Angleterre le marquis
de Rosni pour lui en faire compliment, pour renouveler avec lui les
anciennes alliances entre la France et TÉcosse, et celle qu'il avait eue
avec la reine Elisabeth, et pour prendre ensemble quelques mesures,
afin d'empêcher que les Provinces- Unies ne retombassent sous la puis-
sance du roi d'Espagne. Le marquis de Rosni s'acquitta fort bien de
sa commission ; il fit clairement connaître au roi Jacques l'intérêt qu'il
avait de s'opposer à l'agrandissement de la puissance du roi d'Es-
pagne. Ainsi quelque inclination que ce prince eut pour la paix qu'il
négociait alors avec l'Espagne, il prit le parti de conclure avec le
marquis de Rosni, au nom du roi son maître, un traité, le 25 juin 1603,
par lequel les deux rois promirent de renouveler et de serrer avec des
nœuds encore plus forts les alliances anciennes et non jamais inter-
rompues entre la France et l'Ecosse, de même que celles qui avaient
été faites avec la feue reine Elisabeth. Ils firent une ligue pour la
défense de leurs royaumes, de leurs personnes, de leurs sujets et alliés,
et particulièrement des Provinces-Unies, lesquelles ils promirent d'as-
sister alors d'un puissant secours, qui serait levé en Angleterre, mais
LIVRK IV. — CHAPITRE II. 109
payé des deniers de Henri , moitié à ses frais, et l'autre moitié en
déduction de ce qu'il pouvait devoir aux Anglais. Ils convinrent que
si Tun ou l'autre était attaqué par les Espagnols, son allié le secoure-
rait avec une armée de terre ou de mer, au choix de l'attaqué, qui
serait au moins de six mille bons combattants; que s'ils étaient tous
deux à la fois attaqués ou attaquants, chacun de son côté ferait puis-
samment la guerre à l'ennemi commun , Henri avec vingt mille
hommes qu'il mettrait en campagne dans les Pays-Bas, et un arme-
ment considérable de galères et de vaisseaux dans la mer Méditerranée,
et Jacques avec un corps de six mille hommes par terre, et deux
grandes flottes par mer qu'il enverrait l'une sur les côtes d'Espagne et
l'autre dans les Indes.
Le roi fit ce qu'il put pour empêcher le roi Jacques de conclure
la paix avec l'Espagne, afin qu'elle fut moins en état de dompter les
Provinces- Unies et de nuire à la France; mais il n'en put venir à bout,
et la paix entre l'Angleterre et l'Espagne fut conclue en 1604; après
quoi, le roi Jacques déclara à l'ambassadeur de France que le traité
de l'année précédente n'était que provisionnel et ne devait durer
qu'autant que les affaires des deux rois le permettraient, et qu'il
n'avait ni le moyen* ni le prétexte de fournir aucun secours aux Hol-
landais. Ainsi il assista faiblement les États, et ce furent principale-
ment les secours que le roi Henri continua de leur fournir qui
obligèrent le roi d'Espagne de faire une trêve avec eux.
III.
Traité de Paris entre les mômes, pour le commerce (1606).
Henri IV et Jacques I", dans le dessein d'augmenter leur bonne
intelligence et l'avantage de leurs royaumes, particulièrement en ce
qui concernait le trafic entre leurs sujets, donnèrent pouvoir à des
commissaires de travailler à un traité de commerce, savoir Henri IV à
André Hurault de Maisse et à Jean Thumeri de Boissise, conseillers
d'État, et Jacques I" à Thomas Parri, son ambassadeur en France,
lesquels conclurent à Paris, le 24 février 1606, un traité qui portait
entre autres choses que les précédents demeureraient en leur force.
110 HISTOIRE DES TRAITÉS DE P.AIX.
sinon en ce qui y serait dérogé par celui-ci ; que les sujets des deux
rois pourraient librement trafiquer les uns avec les autres dans tous
leurs royaumes ; qu*on dresserait une pancarte des impôts qu'on paye-
rait aux deux rois, et que les villes de France qui levaient quelques
impôts a leur profit en rapporteraient les titres; que les Français tra-
fiquant en Angleterre ne seraient point contraints de donner aucune
caution de leur vente, si ce n'était la juratoire; que les navires français
pourraient aller jusqu'au quai de Londres et dans les autres ports et
havres de la Grande-Bretagne, et y charger et fréter avec la même
liberté que les navires anglais faisaient en France; qu'à Rouen, à
Bordeaux et h Cacn en France, à Londres et en d'autres villes d'An-
gleterre, on nommerait pour conservateurs deux marchands français
et deux Anglais de même qualité, qui, avec un cinquième dont ils
conviendraient, jugeraient des plaintes des marchands français ou
anglais et des abus qu'ils commettraient; qu'on réglerait les salaires
que les officiers des lieux prendraient sur les marchands; que nonob-
stant l'arrêt donné au conseil du roi de France, le 21 avril 1600, les
draps d'Angleterre mal façonnés ne seraient point confisqués, et qu'il
serait permis aux marchands anglais de les reporter en Angleterre;
que les conservateurs jugeraient si ces draps seraient assez vicieux
pour être reportés, auquel cas il ne serait payé aucun droit de sortie;
qu'on ne pourrait faire, de part ni d'autre, aucune défense de trafiquer,
si ce n'était des marchandises de contrebande, dont il serait dressé un
état; que s'il se trouvait dans un vaisseau une plus grande quantité de
marchandises que celle pour laquelle on avait acquitté les droits, ce
surplus serait seulement confisqué , à moins qu'il ne s'y trouvât des
marchandises de contrebande; que les habitants de Jersey et de
Guernesey pourraient trafiquer en France, et y jouiraient des mêmes
privilèges dont les Français jouissaient dans ces îles; que les Français
entrant dans les ports d'Angleterre ne payeraient le droit de cocquet
que comme les Anglais; que les uns et les autres, obligés par quelque
accident de jeter Tancre dans quelque port ou havre de l'un ou de
l'autre royaume, ne payeraient aucun droit pour l'entrée ni pour la
sortie de leurs marchandises, si ce n'était de celles qu'ils y vendraient;
que les marchands anglais en France pourraient tester de leurs biens
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 111
meubles, et que soit qu'ils eussent testé ou non, leurs héritiers leur
pourraient succéder suivant les lois d'Angleterre, nonobstant le droit
d'aubaine, et qu'il en serait de même en Angleterre à l'égard des
Français; enfin, que toutes lettres de représailles cesseraient, et que
le traité durerait tant que l'amitié et la bonne intelligence subsisterait
entre les deux rois et leurs successeurs.
IV.
Traité de La Haye entre les mêmes et les États généraux, pour la garantit» du traité
de trftve entre TEspagne et les Provinces-Unies (10)09).
Pendant qu'on traitait à La Haye un traité de paix entre le roi
d'Espagne et les archiducs d'une paii, et les États généraux de l'autre,
les rois de France et de la Grande-Bretagne, pour porter les États à
s'accommoder avec l'Espagne, leur avaient promis, en 1608, de
garantir le traité de paix qui serait passé. Les États ne conclurent,
en 1609, qu'un traité de trêve pour douze années, dans lequel il y
avait des articles séparés pour le commerce des Indes ; mais ils souhai-
tèrent, pour plus grande sûreté, que ces deux rois qui leur avaient
procuré le repos dans lequel cette trêve les mettait pour quelque temps,
leur en donnassent leur garantie. Ainsi ils firent avec eux, le 17 juin
de la même année, un traité par lequel ils confirmèrent les traités de
garantie de l'année 1608, se constituèrent garants de ce traité de
trêve, et promirent d'assister les États généraux en cas qu'elle fut
rompue par le roi d'Espagne ou par les archiducs, et même en cas
qu'ils fussent troublés au commerce des Indes, ou que les princes ou
les peuples avec lesquels ils trafiquaient fussent molestés pour ce sujet
par les Espagnols. En considération de ce traité, les États généraux
promirent de leur part de ne faire pendant cette trêve aucun traité
avec le roi d'Espagne ni avec les archiducs que de l'avis et du con-
sentement des deux rois, qui s'obligèrent aussi de ne faire aucun
traité contraire à celui-ci. Ce furent les sieurs Jeannin et de Russy qui
firent ce traité au nom du roi.
112 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Traité de Londres entre Louis XIII et Jacques I*', pour alliance
et commerce (1610).
Le roi Henri IV avait donné, vers la fin de 1609, un plein pou-
voir au sieur de La Boderie, son ambassadeur en Angleterre, pour
confirnner le traité de 1603, ou pour en faire un nouveau; mais cette
négociation ne put être conclue avant la mort de ce roi, arrivée au mois
de mai. Le roi Louis XIII commanda au même sieur de La Boderie
de la continuer, ce que ce ministre exécuta, en sorte que le traité fut
conclu à Londres le 29 août 1610.
Par ce traité, les deux rois confirmèrent les précédents dans les
cas où ils n'étaient point contraires à celui-ci. Ils convinrent qu'il y
aurait une ligue et alliance entre eux, en sorte qu'un des deux rois
n'attaquerait point les États de l'autre, n'assisterait point ses ennemis,
et ne permettrait point que ses sujets les assistassent; que ce traité
serait perpétuel pendant la vie des deux rois, et passerait aux succes-
seurs de celui qui mourrait le premier, pourvu qu'une année après ce
décès il fut déclaré au survivant que Ton avait l'intention de l'obser-
ver ; qu'en cas que le roi de France fût attaqué par quelque prince
dans les États qu'il possédait, alors le roi de la Grande-Bretagne
serait tenu, deux mois après sa réquisition, d'envoyer à son secours
six mille hommes de pied bien armés, et même davantage s'il le pou-
vait; de plus, huit navires de guerre montés de douze cents honunes
et bien équipés, et qui obéiraient à l'amiral de France ; que pareille-
ment, en cas que le roi de la Grande-Bretagne fut attaqué, le roi de
France lui enverrait six mille hommes de pied, ou bien cinq cents
hommes d'armes qui feraient le nombre de quinze cents lances, et trois
mille chevaux, même un plus grand nombre s'il le pouvait commodé-
ment, comme aussi huit navires de guerre bien équipés, et montés de
douze cents soldats français; que celui des deux rois qui demanderait
le secours payerait une solde raisonnable aux troupes que l'autre roi
lui enverrait, à commencer du jour qu'elles entreraient dans ses Etats,
et qu'il les retiendrait tant qu'il en aurait affaire; que celui qui ne
serait point attaqué permettrait à l'attaqué d'enlever de son royaume
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 113
des armes et des munitions de guerre ; que si quelque prince ou répu-
blique faisait arrêter dans ses États les vaisseaux des sujets d'un des
deux rois, l'autre enverrait un ambassadeur pour demander la resti-
tution de ces vaisseaux, mais que s'il ne recevait point, dans un cer-
tain temps, une réponse favorable, il userait de représailles dans ses
États contre les sujets du prince ou de la république qui aurait commis
ces hostilités à l'égard de son allié ; que les marchandises trouvées sur
les vaisseaux saisis en vertu de cet article serviraient à .dédommager
les particuliers qui auraient souffert, à moins qu'il ne parût que ce
prince ou cette république eût un juste sujet d'arrêter ces vaisseaux,
après avoir toutefois sollicité une satisfaction d'un des deux princes
sans avoir pu l'obtenir; et cette condition de représailles contre les
ennemis de l'un des deux alliés ne devait point avoir lieu si, par rap-
port aux différends survenus entre les parties intéressées, on n'avait
arrêté que cinq ou six vaisseaux; que le roi de France ne permettrait
point que les sujets du roi de la Grande-Bretagne fussent molestés par
des inquisiteurs pour cause de religion ; que pour éviter les pirateries,
les maîtres des vaisseaux équipés en guerre donneraient, avant que de
sortir des deux royaumes, une caution solvable du double de la valeur
de l'appareil et des vivres qui seraient dans leurs vaisseaux, et que
les maîtres des vaisseaux marchands donneraient seulement leur cau-
tion juratoire; que les biens pris sur les pirates par les otHciers d'un
des deux rois seraient emmenés dans les ports de son royaume et mis
entre les mains des officiers de l'amirauté, qui les rendraient à ceux
qui justifieraient en être les propriétaires; que les sujets d'un des deux
rois pourraient entrer librement dans les États de l'autre, et que par-
ticulièrement ceux qui iraient à Bordeaux ne seraient point tenus de
laisser leurs canons à Blaye ; que les officiers des lieux n'exigeraient
point des sujets de l'un ni de l'autre roi un impôt par tête pour leur
entrée et sortie des portes ; que ce traité aurait pareille vertu que celui
de commerce conclu à Paris le 2/i février 1606 ; qu'un des deux rois
ne donnerait retraite ni secours aux sujets de l'autre roi qui seraient
rebelles ou criminels de lèse - majesté ; qu'au contraire il les ferait
remettre entre ses mains; que les lettres de représailles dont il était
parlé dans le traité de 1606 ne seraient point exécutées contre les
II. 8
lU HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
marchandises trouvées avoir été chargées dans les ports et pays d'un
des deux princes; et enfin que les ambassadeurs des deux princes ou
d'autres députés à cet effet pourraient assister au jugement où il s'agi-
rait de la vie ou du bien des sujets de leur maître.
On attacha à ce traité un état de la solde que chaque prince don-
nerait aux officiers et aux soldats qui composeraient le secours qu*on
lui enverrait. Le roi Louis XIII ne fit serment d'exécuter ce traité
que le 2 juin 1620.
VI.
Traité de Fontainebleau entre les mêmes, pour le commerce (1623).
Le 23 avril 1623, le roi Louis XIII, sollicité par les ministres
du roi de la Grande-Bretagne de confirmer le traité qu'il avait fait en
1606 avec Henri IV, acquiesça à cette demande, et déclara par un
acte que son intention était d'exécuter ce traité dans tous les points,
de sorte qu'il fut regardé comme renouvelé, et cet acte eut la force
d'un nouveau traité qui aurait été passé entre les deux rois.
VII.
Traité d*Avigron entre les mêmes et autres, pour ligue contre la maison d'Autriche
(novembre 1623).
J'ai parlé souvent de cette ligue qu'on prétend avoir été faite à
Avignon, en 1623, par presque toutes les puissances de l'Europe pour
attaquer de tous côtés la maison d'Autriche. Plusieurs auteurs italiens
en font mention, et les Espagnols, la donnant comme certaine, en ont
pris occasion de louer la prudence du comte duc d'Olivarez qui sut
dissiper l'orage que cette ligue fit fondre de son temps sur les États de
la maison d'Autriche. J'ai déjà déclaré plusieurs fois que je croyais
ce traité faux, et jai rapporté plusieurs raisons de cette opinion.
Néanmoins, comme cette prétendue ligue a été très-fameuse, je ne
puis me dispenser d'en marquer la source, et les principales conditions
qu'on tient qu'elle portait.
Ces auteurs disent donc que le roi d'Angleterre ne put obtenir le
rétablissement de l'électeur palatin, son gendre, par la voie de la
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 115
négociation, ni par la proposition du mariage de son fils avec l'infante
d'Espagne; que dans ces circonstances le roi Louis XIII, les Vénitiens,
Charles-Emmanuel, duc de Savoie, étaient malcontents du roi d'Es-
pagne à cause de l'invasion de la Valteline, le roi de Danemark, les
princes protestants d'Allemagne, et Bethlem Gabor, jaloux de la puis-
sance de l'empereur Ferdinand II qui s'était rendu le maître absolu
de l'Allemagne; et que les Hollandais avaient repris les armes contre
le roi d'Espagne après l'expiration de la trêve; ils ajoutent, après
avoir fait remarquer les dispositions de toutes ces puissances, que le
roi d'Angleterre les disposa à faire une ligue contre la -maison d'Au-
triche, et ils tiennent que la ville d'Avignon fut choisie pour le lieu de
l'assemblée, et que les ambassadeurs s'y rendirent incognito et en
habits de marchands, et y conclurent, au mois d'octobre de l'année
1623, une ligue qui fut tenue fort secrète , les Français l'ayant tou-
jours niée.
La principale fin de cette ligue était, selon ces auteurs, la resti*
tutîon du Palatinat et de la Valteline; mais de plus ils assurent que,
dans la vue d'attaquer de tous côtés la maison d'Autriche , les con-
ditions du traité furent : que les Hollandais , outre la guerre qu'ils
faisaient aux Espagnols dans les Pays-Bas, enverraient encore une
armée en Amérique pour se saisfr du Brésil ; que le roi d'Angleterre,
outre les troupes qu'il fournirait aux Hollandais, enverrait encore une
flotte sur les côtes d'Espagne ; que le roi de Danemark et les princes
protestants d'Allemagne feraient la guerre à l'empereur dans l'em-
pire pour recouvrer le Palatinat; que Bethlem Gabor attaquerait la
Hongrie; que le roi de France empêcherait le commerce entre l'Es-
pagne et l'Italie par une puissante armée navale qu'il équiperait à
Marseille; qu'il attaquerait le duché de Milan des deux côtés, savoir :
du côté du Piémont avec une armée de vingt-cinq mille hommes de
pied et quatre mille chevaux, à laquelle le duc de Savoie joindrait
douze mille hommes de pied et deux 'mille chevaux, et du côté de la
Valteline avec une autre armée ; que les Vénitiens joindraient un cer-
tain nombre de troupes à cette dernière armée, et, outre cela,
fourniraient cent mille écus par mois au duc de Savoie, et feraient
des descentes dans le royaume de Naples, sur les côtes de la mer
116 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Adriatique; qu*on rendrait au Saint-Siège les États qui lui apparte-
naient (ce qu'on entendait du royaume de Naples), et qu'on rece-
vrait le pape dans cette ligue s'il y voulait entrer; qu*on y recevrait
aussi le grand-duc de Toscane, auquel on ferait rendre les places
que les Espagnols tenaient sur les côtes de ses États.
J/article qui concernait le pape et le lieu où cette ligue fut faite
firent croire aux Espagnols que le pape Urbain VIII y était aussi
entré ; mais il n*y a aucune apparence que ce pontife, dans un nouvel
avènement, eût voulu se liguer contre la maison d'Autriche, et parti-
culièrement avec des princes protestants. Il me semble même peu
vraisemblable que tous ces princes protestants, dans la liberté où ils
étaient de choisir tel lieu que bon leur semblait pour leur rendez-
vous, aient particulièrement fait choix d'une ville dont le pape était le
souverain, et où tant d'étrangers ne pouvaient aborder en même temps
sans y causer du soupçon. J'ajoute encore que la disposition où
étaient alors les rois de France et d'Angleterre fait connaître qu'ils
étaient bien éloignés de vouloir se liguer pour ôter le Palatinat par la
voie des armes au duc de Bavière.
Pour le roi de France, il est vrai qu'il fit cette année une ligue
avec les Vénitiens et le duc de Savoie pour chasser les Espagnols de
la Valteline; mais à l'égard des affaires du Palatin, il est constant que
Sa Majesté avait plus d'inclination pour le duc de Bavière que pour
lui, parce que les prédécesseurs de celui-ci s'étaient, du temps des
rois Charles IX et Henri 111, déclarés protecteurs des huguenots de
France, et leur avaient envoyé de puissants secours. Ces raisons
d'État devaient faire croire au roi que les huguenots deviendraient
plus soumis , si les États du Palatin passaient sous la puissance d'un
prince catholique. En second lieu il était bien aise qu'un prince catho-
lique devînt assez puissant en Allemagne pour balancer les forces de
la maison d'Autriche, et même pour lui disputer la couronne impé-
riale. Aussi le roi agit-il puissamment à la diète de fiatisbonne pour
faire transférer en la personne du duc de Bavière la dignité et les
États du Palatin, et il promit au nonce, en septembre 1023, qu'il
prendrait en ce cas le parti de ce duc, mais qu'il ne le ferait qu'à
la dernière extrémité , pour he point chagriner le roi d'Angleterre.
LIVUK IV. — CHAPITRE II. 117
Il était donc bien éloigné de se liguer alors avec les ennemis de
ce prince pour le priver des avantages qu'il venait de lui procurer:
et quant au roi d'Angleterre nous avons vu qu'il voulut toujours agir
en cette affaire plutôt par la négociation que par les armes, et dans
cette même année, bien loin de vouloir entrer en guerre pour recou-
vrer le Palatinat, il passa deux traités, l'un pour remettre à l'infante
la place de Frankenthal que ses troupes y occupaient encore, et l'autre
pour une suspension d'armes dans l'empire pendant quinze mois; il
était de plus dans le dessein de marier son fils avec l'infante d'Espagne
dans le temps qu'on prétend que le traité d'Avignon a été conclu.
VIII.
Traité de Paris entre les mêmes, pour le même sujet (août 1624).
Le roi Jacques, au commencement de l'année 1624, résolut, sur
les instances de son Parlement, de ne plus songer à marier son fils
avec l'infante d'Espagne, ni à recouvrer le Palatinat par ce moyen. Il
envoya le comte de Carlisie en France pour proposer au roi le mariage
du prince de Galles avec Madame Henriette, sœur de Sa Majesté, et
une ligue pour le recouvrement du Palatinat. Sa Majesté fit réponse
que comme on lui proposait deux traités différents, il fallait com-
mencer par celui qui concernait le mariage, et que quand on l'aurait
conclu, on travaillerait à l'autre.
Mais lorsque les principales difficultés sur ce mariage furent
levées, les Anglais voulurent qu'on passât le traité de la ligue, et qu'on
signât les deux le même jour. Le cardinal de Richelieu, devenu depuis
peu ministre, déclara qu'ils ne devaient point s'attendre que le roi
s'engageât, comme ils le demandaient, par écrit h se liguer, après la
conclusion du mariage, pour la restitution du Palatinat.
Cependant plusieurs auteurs veulent que le 8 août de cette
même année 1624, les rois de France, d'Angleterre, de Danemark et
de Suède, la République de Venise, les Étals généraux et le duc de
Savoie conclurent à Paris un traité de ligue offensive et défensive
pour la liberté de l'Allemagne et de l'Italie, et pour le recouvrement
118 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
du Palatinat et de la Valteline. Quoique tout ce que je viens de mar-
quer fasse suffisamment connaître que ce traité est imaginaire , j'en
fais cependant mention ; je crois de plus qu'il est utile de donner les
principaux articles dont on prétend qu'il était composé. On assure
donc que tous ces princes convinrent qu'ils déclareraient cette ligue
h, l'empereur et au roi d'Espagne, et qu'ils les avertiraient que si la
Yalteline et le Palatinat n'étaient rendus à leurs premiers possesseurs,
on emploierait les armes pour les faire restituer; qu'on inviterait aussi
le pape d'entrer dans cette ligue, pour le remettre en possession des
États dépendants de l'Église, et qu'on lui donnerait deux mois depuis
le commencement de la guerre pour se déterminer; qu'on en userait
de même à l'égard du grand-duc de Toscane, à cause des places que
les Espagnols occupaient sur les côtes de ses États; que le roi de
France enverrait en Italie une armée de vingt-cinq mille hommes de
pied et de quatre mille chevaux ; que les Vénitiens y joindraient dix
mille hommes de pied et deux mille chevaux; et le duc de Savoie cinq
mille hommes de pied et quinze cents chevaux ; que le roi de France
équiperait encore à Marseille une armée de vingt-quatre galères et de
quarante vaisseaux pour empêcher les Espagnols d'aborder à Gênes;
que les Suisses et les Grisons entreraient dans la Yalteline et avance-
raient jusqu'à Côme, et que le roi de France payerait la solde à deux
de leurs régiments, et les Vénitiens à un ; que les Vénitiens tiendraient
une armée dans 4e golfe de Venise pour attaquer les places de la
Fouille ; que le roi de la Grande-Bretagne tiendrait une flotte de cent
navires vers le détroit de Gibraltar, pour se saisir de la flotte d'or
venant des Indes; qu'il fournirait une armée de douze mille hommes
de pied et de deux mille chevaux pour le recouvrement du Palatinat;
que si on se rendait maître du duché de Milan, on en userait confor-
mément à ce dont le duc de Savoie était convenu avec Henri IV, et
que les difficultés qui surviendraient sur ce sujet seraient renvoyées au
pape; que les ducs de Savoie et de Mantoue feraient un compromis
pour leurs différends, que cependant toutes hostilités cesseraient entre
eux; et enfin que le roi de France et les Vénitiens fourniraient aussi
des troupes et de l'argent pour le recouvrement du Palatinat.
Comme je serai obligé de parler souvent de ce prétendu traité.
LIVRE IV. — CHAPITRE IL 110
je marquerai encore ailleurs d'autres raisons qui font connaître qu'il
n'a jamais été.
IX.
Autre traité entre Louis xni et Jacques I*% pour le mariage de Charles, prince de Galles,
avec Madame Marie-Henriette de France ( novembre 1624).
Le roi Louis XIII eut bien de la joie d'apprendre la rupture du
mariage qui avait été proposé entre le prince de Galles et Tinfante
d'Espagne; il craignait que cette alliance n'unît trop fortement
l'Angleterre avec l'Espagne; de plus, il avait en vue de marier
Madame Marie-Henriette, sa sœur, avec ce prince. Ainsi il reçut fort
bien milord Risch lorsqu'il vint en France au mois de mars 162i pour
faire la proposition de ce mariage.
Le roi Jacques , instruit de cette bonne disposition , envoya
aussitôt en France le comte de Carlisle en qualité d'ambassadeur
extraordinaire pour traiter d'une ligue et de ce mariage. J'ai marqué
sur l'article précédent que le roi ne voulut s'engager dans aucune
ligue, mais seulement arrêter le mariage, au sujet duquel il se ren-
contra d'abord une grande difficulté : les Français demandaient les
mêmes conditions qui avaient été proposées en faveur du mariage du
prince de Galles avec l'infante; ils prétendaient que leur princesse
n'était point inférieure à celle d'Espagne. Les Anglais, de leur côté,
ne voulaient traiter que sur le pied qu'on avait autrefois conclu le
mariage du prince de Galles avec madame Christine de France qui
était alors princesse de Piémont : ils soutenaient que le roi ne pouvait
pas exiger des avantages pour Madame sa sœur aussi grands que ceux
qui avaient été accordés à l'infante, attendu qu'il ne donnait pas une
dot aussi considérable , et qu'il n'avait pas un Palatinat à rendre au
gendre de leur roi.
Enfin, après plusieurs contestations, on convint de tous les
articles, à la réserve de trois, qui étaient d'accorder la liberté de
religion à tous les Anglais, de laisser à la princesse l'éducation de ses
enfants jusqu'à douze ans, et de lui donner une église publique qui
servirait aux Anglais catholiques. Les ambassadeurs d'Angleterre
donnèrent au roi, le 18 novembre i62/i, un écrit signé d'eux et du
120 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
sieur de Loménie, secrétaire d'État, par lequel ils lui promettaient
que leur roi et le prince de Galles s'engageraient par écrit de doftner
aux catholiques plus de liberté pour leur religion qu'ils n'en auraient
pu avoir si le mariage avec l'Infante avait eu son exécution; on pro-
mit de ne les point inquiéter pour ce sujet, même de ne les pas con-
traindre de prêter aucun serment qui y fût contraire, pourvu qu'ils se
conduisissent modestement, et qu'ils rendissent au roi l'obéissance
qu'ils lui doivent.
Ainsi on conclut, deux jours après, le contrat de mariage, dont
les principaux articles furent que le roi obtiendrait dans trois mois la
dispense du pape pour pouvoir célébrer ce mariage; que la future
épouse, ses officiers et leurs enfants auraient libre exercice de la reli-
gion ca,tholique, un cimetière pour les siens, un grand aumônier
qui serait évêque, et vingt-huit prêtres qui lui seraient soumis,
sans que les juges séculiers pussent exercer aucune juridiction sur
eux; que le roi et le prince de Galles promettraient par serment de ne
la point induire à abandonner la religion catholique; et enfin que le
roi nommerait les officiers de sa sœur qui seraient tous Français
catholiques, et qu'après leur mort elle en nommerait, avec l'agrément
du roi d'Angleterre, d'autres qui seraient encore tous Français et
catholiques. Les autres articles concernaient la dot que le roi lui
donna, qui fut de huit cent mille écus, le douaire de dix-huit mille
livres sterling, et les autres clauses ordinaires dans les contrats de
mariage.
Le roi Jacques et le prince Charles signèrent un écrit le 12 dé-
cembre suivant, conforme à ce que les ambassadeurs d'Angleterre
avaient promis; et le 28 du même mois, ce même roi publia une décla-
ration qui portait que, pour des raisons dont il était convenu avec le
roi de France, il accordait la liberté à tous les catholiques prisonniers
pour le fait de la religion. Le pape avait d'abord refusé la dispense,
à moins que le contrat de Madame Henriette ne fût pareil à celui de
rinfante ; mais ce procédé le détermina à la donner pure et simple,
avec ordre néanmoins au nonce de ne la point remettre au roi qu'en
recevant en même temps une copie collationnée à l'original du con-
trat de mariage signé des deux rois , où fussent insérées certaines
LIVRE IV. -^ CHAPITRE II. 121
modifications que lo paps jugeait devoir être apportées à ce contrat.
Cependant, malgré ces^ précautions, il se contenta dans la suite que
le roi approuvât, le 21 mars 1625, par ses lettres patentes, les articles
venus de Rome, et qu'il lui donnât deux écrits signés de lui, l'un pour
déclarer qu'il avait parole de sa sœur de ne mettre que des catho-
liques près de ses enfants jusqu'à ce qu'ils eussent treize ans, et
l'autre par lequel il promettait au pape de faire tout ce qui dépendrait
de lui et de sa sœur pour ôter du contrat les clauses préjudiciables à
la religion catholique.
Le roi Jacques mourut avant la conclusion du mariage. Madame
Henriette renonça, le 11 mai 1625, en faveur du roi, son frère, et de ses
successeurs, tant pour elle que pour ses descendants, à tous les droits
paternels et maternels qui lui pouvaient appartenir en quelque manière
que ce fût, et elle s'obligea de faire ratifier cette renonciation par le
roi de la Grande-Bretagne après la consommation du mariage. La
reine mère autorisa cette renonciation le 16 mai suivant. D'autre part,
le nouveau roi Charles ratifia son contrat de mariage le 25 mai 1625,
fit publier le même jour des lettres patentes en faveur des catholiques
prisonniers, et peu après la cérémonie du mariage fut faite à Paris,
et la nouvelle reine conduite en Angleterre.
Traité de Londres entre Louis Xin et Charles I«r, pour Tcxécution de ce contrat
de mariage (1626).
Le roi d'Angleterre donna au roi, peu après son mariage, une
preuve signalée de son amitié ; il envoya sept vaisseaux à son secours
contre les Rochelais; mais cette bonne intelligence dura peu; les
Anglais violèrent ouvertement les articles du contrat de mariage qui
avaient été stipulés en faveur de la reine. Le roi d'Angleterre, à
Tinstance de son parlement et par le conseil du duc de Buckingham,
publia des lois fort rigoureuses contre les catholiques, et voulut
obliger la reine de prendre des officiers anglais et protestants, au lieu
qu'elle n'en devait avoir que de français et de catholiques.
Le roi, pour remédier à ces contraventions, envoya le sieur de
Blainville en Angleterre au mois d'octobre 1625, en qualité d'ambas-
122 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
sadeur extraordinaire. Ce ministre s'y plaignit de trois choses, savoir :
du mauvais traitement qu'on faisait aux catholiques ; de ce qu'on vou-
lait changer les officiers de la reine, et de ce qu'on avait reçu en
Angleterre le sieur de Soubise, qui avait été chef des huguenots
révoltés contre Sa Majesté, et qui n'avait point voulu accepter la paix
que le roi leur avait accordée. Le roi d'Angleterre, au lieu de donner
satisfaction au roi, prétendit qu'il n'avait point le droit de se mêler
de la manière dont il gouvernait ses sujets, ni de ce qui pouvait se
passer entre lui et la reine son épouse, et qu'il ne pouvait trouver
mauvais qu'il eût accordé retraite dans ses États à un prince affligé,
et son parent. Non content de cette réponse, il publia de nouveaux
édits contre les catholiques ; renvoya tous les officiers français et
catholiques de la reine, hormis un chapelain et sa nourrice ; résolut
de secourir les Rochelais, et fit arrêter plusieurs vaisseaux français
qui étaient dans ses ports. Le roi fit arrêter pareillement des vaisseaux
anglais en France ; cependant, pour tâcher d'éviter la rupture, il
envoya en Angleterre le maréchal de Bassompierre en qualité d'am-
bassadeur extraordinaire.
Le roi d'Angleterre le reçut d'abord assez mal , et témoigna ne
vouloir se relâcher en aucune chose de tout ce qu'il avait fait. Mais dans
la suite ce maréchal trouva plus de facilité dans sa négociation, lors-
qu'il eut fait la paix entre la reine et le duc de Buckingham, parce
que ce raccommodement fut suivi de celui du roi qui se réconcilia avec
son épouse. Il fut donc convenu que, pour donner le moyen à la reine
d'apprendre la langue anglaise, pour lui concilier l'amitié de ses
sujets, sa maison serait composée de Français et d'Anglais ; le roi
d'Angleterre révoqua les édits quMl avait faits contre les catholiques;
fit élargir les prêtres prisonniers; donna main -levée des vaisseaux
saisis sur les Français; enfin, le 26 novembre 1626, le maréchal, le
duc] de Buckingham et les autres commissaires du roi d'Angleterre
signèrent un écrit par lequel ce roi consentit que la reine aurait un
évêque, douze prêtres et un certain nombre d'autres officiers français;
ce prince déclara qu'il espérait que, quand le maréchal serait de
retour, il porterait le roi de France à faire une réponse favorable à
l'ambassadeur extraordinaire qu'il voulait lui envoyer.
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 123
XI.
Traité de paix de Suse entre les mêmes (1629).
Le duc de Buckingham avait envie de revenir en France de la
part du roi d'Angleterre pour mettre la dernière main à l'accommo-
dement entre les deux couronnes. Mais comme dans son premier
voyage il avait fait éclater aux yeux de toute la cour son amour pour
la reine, le roi donna ordre au maréchal de Bassompierre de lui écrire
qu'il ne devait pas songer à exécuter ce dessein, et qu'il ne serait pas
reçu. Cela le piqua tellement, qu'il engagea le roi d'Angleterre, en
1627, à donner du secours aux Rochelais contre Sa Majesté, et à
empêcher la construction du fort Saint-Martin, que le roi faisait bâtir
dans l'Ile de Ré pour brider ces rebelles.
Le duc de Buckingham voulut même être le général de la flotte
anglaise : arrivé près des côtes de France, il fit publier, le 21 juillet
suivant, un manifeste par lequel le roi d'Angleterre déclarait que le
7Ale de la religion l'avait obligé d'entreprendre la protection des pro-
testants en France. Il descendit le lendemain dans l'île de Ré, et
assiégea le fort Saint-Martin, que le sieur de Thoiras défendit avec
tant de valeur pendant trois mois et demi, qu'il donna le loisir aux
troupes du roi de le venir secourir, en sorte que les Anglais furent
obligés de se retirer.
Le roi forma le siège de La Rochelle, et fit faire une digue qui
bouchait l'entrée du port de cette ville. Les Anglais envoyèrent, au
mois de mai 1628, une autre flotte au secours des Rochelais; elle se
retira cependant au bout de huit jours sans rien faire, mais il en revint
une troisième au mois de septembre suivant. Les Anglais, n'ayant pu
forcer la digue, envoyèrent proposer au roi de faire un traité de paix avec
leur maître, dans lequel les Rochelais seraient compris. Le roi rejeta
cette condition; le siège continua, et La Rochelle fut tellement pressée,
qu'elle fut contrainte de se rendre à la vue de Tarmée anglaise, qui
s'en retourna sans avoir pu conclure la paix. Sa Majesté voulait abso-
lument que l'on exécutât le contrat de mariage de sa sœur , au lieu
que les Anglais demandaient qu'on en fit un nouveau moins avan-
124 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
tageux à la reine et aux catholiques pour ce qui regardait la religion.
Au sortir de cette expédition, le roi marcha au secours du duc de
Mantoue dans le dessein de faire lever le siège de Casai ; il vint glo-
rieusement à bout de son entreprise, et ce nouveau succès fit résoudre
le roi d'Angleterre de satisfaire Sa Majesté. La^paix fut rétablie entre
les deux couronnes par un traité passé à Suse le 24 avril 1629, par
l'entremise des ambassadeurs de Venise; cette république, sur le point
de s'allier avec la France contre l'Espagne pour les affaires d'Italie,
souhaitait de faire entrer le roi d'Angleterre dans cette ligue; elle crai-
gnait donc que la querelle de ces deux puissances ne l'empêchAt
d'agir contre l'Espagne avec la vigueur nécessaire,
Par ce traité on convint que les anciennes alliances demeureraient
en leur force; que le commerce serait rétabli; qu'il n'y aurait aucune
restitution de part ni d'autre des prises qui avaient été faites durant la
guerre; que les articles du contrat de mariage de la reine de la
Grande-Bretagne seraient exécutés de bonne foi , et que pour ce qui
regardait la maison de la reine, s'il y avait quelque chose h ajouter
ou h diminuer, on le ferait de gré à gré.
Les articles de ce traité furent mis entre les mains des ambassa-
deurs de Venise, qui les envoyèrent aux deux rois ; ensuite le marquis
de Chàteauneuf fut envoyé en qualité d'ambassadeur en Angleterre
pour voir jurer au roi Charles l'observation de ce traité, ce qu'il fit le
6 septembre suivant dans la chapelle de Windsor, prenant la qualité
de roi de la Grande-Bretagne, de France et d'Irlande, et donnant à
Louis celle de roi des Français et de Navarre.
XII.
Traité de Saint-Germain entre les mêmes, pour quelques vaisseaux pris,
et pour la restitution du Canada (1635t).
Depuis le traité de Suse, le commerce n'avait pas été bien rétabli
entre les sujets des deux couronnes ; on avait fait plusieurs prises
de part et d'autre, et les Anglais s'étaient saisis de presque toutes les
places que les Français possédaient dans la Nouvelle-France. Ainsi, le
sieur Wake vint en France avec la qualité d'ambassadeur extraordi-
LIVRE IV. — GHAPITHE 11. 125
naire d'Angleterre, principalement pour rétablir ce commerce; le Toi
lui donna pour commissaires les sieurs de Bullion et Bouthilier, qui
conclurent avec lui, le 29 mars 1632, deux traités, par le premier
desquels le roi promit que les sieurs Lumague et Vanel payeraient au
roi d'Angleterre 6/i,2/i6 livres pour plusieurs vaisseaux pris sur les
Anglais, et d'autre part le roi d'Angleterre s'obligea de rendre tous
les lieux que les Anglais avaient occupés dans la Nouvelle-France,
dans l'Acadie et dans le Canada, particulièrement le Port-Royal, le
fort de Québec et le cap Breton, avec toutes les marchandises et les
ustensiles qui étaient dans Québec, lorsque les Anglais l'avaient pris,
ou leur juste valeur qui serait payée par le sieur Bourlemaque, qui
serait de plus chargé de payer 60,602 livres pour la valeur de quel-
ques navires pris par les Anglais.
Ils firent des conventions particulières au sujet d'autres navires
qui avaient été pris de part et d'autre.
En conséquence de ce traité, le sieur Émeri de Caen, appelé le
général de Caen, partit pour le Canada au mois d'avril suivant, prit
possession du fort de Québec au mois de juillet de la même année , et
les Anglais rendirent pareillement aux Français les autres places
qu'ils avaient prises sur eux dans la Nouvelle-France et dans les lieux
circonvoisins.
XIII.
Autre traité de Saint-Germain entre les mêmes, pour le commerce (1632).
Le même jour, 29 mars 1632, les mêmes commissaires firent un
traité de commerce, par lequel ils convinrent que toutes les lettres de
marque, de représailles, d'arrêts et d'exécutions seraient déclarées
nulles; qu'il n'en serait plus accordé à moins d'un déni manifeste ou
délai excessif de justice, dont les complaignants seraient tenus de
faire la preuve; que néanmoins, dans ce cas, elles ne pourraient être
données que contre ceux qui auraient fait le délit ; que les navires de
guerre rencontrant en mer des vaisseaux marchands pourraient les
obliger à baisser leurs voiles, et à montrer leurs congés et leurs
lettres de charge à ceux que les capitaines voudraient envoyer à leur
bord, lesquels n*y entreraient qu'au nombre de trois au plus ; que si
126 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
les officiers des vaisseaux de guerre voulaient après cela emmener les
vaisseaux marchands ou les détourner de leur chemin, ils seraient
tenus de leurs dépens, dommages et intérêts, et punis corporellemenl;
que les capitaines, avant de sortir des ports ou havres, donneraient
caution de 10,000 livres de n'entreprendre rien sur les sujets de Tun
et de l'autre prince; que les capitaines qui auraient fait les prises
seraient tenus, vingt-quatre heures après leur arrivée, de mettre tous
les livres de comptes qu'ils auraient trouvés, au greffe de Tamirauté,
et de présenter au juge au moins deux ou trois des principaux officiers
du vaisseau, lesquels seraient mis en liberté, après avoir été inter-
rogés, et que les matelots n'en pourraient être chassés sans ordon-
nance du juge; enfin, ils confirmèrent les précédents traités auxquels
il n'était point dérogé par celui-ci, particulièrement ceux de 1606 et
de 1610, qu'ils convinrent devoir être exécutés de bonne foi.
XIV.
Autre traité entre les mêmes, pour le même sujet (1635).
Dès le mois d'août de l'année 163i le roi d'Angleterre avait fait
de grandes instances pour la conclusion d'un traité de ligue défensive;
le roi y consentit, envoya le projet au marquis de Pougni, son ambas-
bassadeur en Angleterre. Ensuite, Sa Majesté, qui avait résolu de
rompre avec l'Espagne, était convenue avec les États généraux, au
mois de février 1635, qu'ils feraient leurs efforts auprès du roi d'An-
gleterre pour l'engager à se liguer avec eux ou au moins à demeurer
neutre. Dans ce dessein, le marquis de Senneterre fut envoyé en
Angleterre au mois de mars suivant en qualité d'ambassadeur extraor-
dinaire. Ce ministre offrit les forces ou la médiation du roi son maître
pour le rétablissement du Palatin, en cas que le roi d'Angleterre voulût
entrer en guerre ouverte pour l'exécution de ce projet; ou tout au
moins entretenir un corps de troupes considérable qui se joindrait
à celles de France et des Hollandais; il promettait de plus de faire
donner en même temps un équivalent au duc de Bavière. Mais les
Espagnols offraient au roi d'Angleterre des sommes considérables,
s'il voulait rompre avec les Hollandais, et ce prince, qui ne savait à
LIVRE IV. — CHAPITRE IL 127
quoi se déterminer, ne voulut point alors entrer dans la ligue qu'on
lui proposait, ni même s'obliger de ne point prendre le parti de
r Espagne, et d'observer une parfaite neutralité pendant tout le cours
de la guerre. Ainsi, tout ce qu'on put faire en cette année J635, se
réduisit à un traité de commerce entre les deux nations.
La compassion qu'on eut en France des malheurs du roi d'An-
gleterre, et particulièrement la considération qu'on avait pour la reine
son épouse, que les parlementaires traitèrent fort indignement, enga-
gèrent Louis XIY, parvenu à la couronne par la mort de son père,
arrivée en 1643, d'envoyer aussitôt le sieur de Crécy,son maître d'hôtel
ordinaire, pour porter au roi d'Angleterre la nouvelle de son avène-
ment, et lui offrir sa médiation dans ses différends avec les parlemen-
taires qui lui faisaient la guerre. Cette offre fut acceptée, et le comte
d'Harcourt envoyé peu après en qualité d'ambassadeur extraordinaire
pour tâcher de pacifier les troubles; de son côté, le roi d'Angleterre
envoya le comte de Norwich en France avec le même titre. Ce comte,
un des plus habiles hommes de ce siècle, conclut à Ruel, cette même
année 16/i3, un traité par lequel on confirma les alliances entre les
deux couronnes. Le comte d'Harcourt ne réussit point dans sa négo-
ciation, il ne put vaincre l'obstination des parlementaires, qui vou-
laient dépouiller leur souverain des droits les plus essentiellement
attachés à la couronne 5 de sorte que la guerre continua en Angleterre
et la reine se retira en France. Le roi voyant, en 16i6, que les désor-
dres de ce royaume augmentaient plus que jamais, envoya le prési-
dent de Bellièvre en qualité d'ambassadeur extraordinaire pour tâcher
de mettre la paix entre le roi Charles et ses sujets ; ce ministre trouva
le roi à Newcastle, où les Écossais confédérés l'avaient mené ; mais
après avoir fait de vains efforts, il se retira, et les Écossais livrèrent le
roi aux Anglais, qui, l'ayant amusé par plusieurs propositions d'ac-
commodement, lui firent enfin couper la tête au commencement de
Tannée 16/l9.
XV.
Traité de Ruel entre Louis XIV et Charles I*', pour alliance (1634).
Le roi, en 163/1, extrêmement choqué des procédés du roi
d'Angleterre, jugea, par ses réponses ambiguës, qu'il était dans Je
128 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
dessein de se déclarer pour T Espagne, lorsque les troubles d* Ecosse
seraient entièrement apaisés. Cela obligea Sa Majesté d'ordonner, en
1639, au sieur de Bellièvre, son ambassadeur en Angleterre, d'écouter
favorablement David Lesley, qui lui était venu témoigner la passion
qu'il avait de rendre service au roi en Ecosse; il lui fournit même
quelques subsides, qui lui donnèrent moyen de lever des troupes, et
d'augmenter les troubles d'Ecosse, en sorte que le roi d'Angleterre,
ayant plus d'affaires chez lui qu'il n'en pouvait démêler, ne fût pas
en état de s'embarquer dans une nouvelle guerre contre la France, de
laquelle il avait conçu une grande jalousie à cause des grands progrès
qu'elle avait faits dans les Pays-Bas.
La mésintelligence entre les deux rois augmenta encore, par la
détention du prince palatin que le roi fit arrêter en France, lorsqu'il y
passait incognito, à ce qu'on croyait, pour tâcher que les troupes du
feu duc de Weimar le prissent pour général ; en second lieu, par des
lettres interceptées dans lesquelles les Écossais imploraient le secours
du roi en considération des alliances entre la France et l'Ecosse. Tous
ces sujets de plaintes réciproques, et le bruit qui courut peu après d'un
traité de ligue conclu contre la France entre les rois d'Espagne etd' An-
gleterre, furent cause que l'ambassadeur de France se retira d'Angle-
terre et que l'ambassadeur d'Angleterre sortit aussi de la cour de France,
sans qu'il y eût néanmoins de rupture entre les deux couronnes.
XVI.
Traité de Wcstminbtcr entre Louis XIV et Olivier Crouiwell, pour U paix
et le commerce entre* les deux nations.
On témoigna en France avoir en horreur l'exécrable parricide
commis par les Anglais en la personne de leur souverain ; on y donna
retraite a Charles II et à ses frères après qu'il eut été chassé d'Ecosse,
où il s'était fait reconnaître roi. La mésintelligence qui avait été
quelque temps entre les deux rois, ensuite l'inclination que le roi avait
témoignée pour le parti de Charles P' contre son parlement; enfin, la
retraite qu'on avait donnée à Charles II et à ses frères, avaient causé
une interruption du commerce entre les deux nations; il y eut même
plusieurs hostilités commises de part et d'autre, tant dans nos mère
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 129
qu'en Amérique, où les Anglais se saisirent dans la Nouvelle-France
de trois forts nommés Pentacouet, Saint-Jean et Port-Royal; plu-
sieurs vaisseaux furent pris des deux côtés, et quoiqu'il n'y eût point
de déclaration de guerre, Blake, amiral d'Angleterre, ayant rencontré
près de Calais la flotte de France qui faisait voile vers Dunkerque,
alors assiégée par les Espagnols, la dissipa, et en prit sept vaisseaux,
ce qui causa en grande partie la perte de cette place.
Les Anglais menaçaient de se liguer ouvertement avec les Espa-
gnols, qui avaient reconnu les premiers leur république, et d'envoyer
du secours aux Bordelais révoltés, qui les en sollitaient avec de grandes
instances. Ces différends pouvaient dégénérer en une guerre ouverte qui
aurait été alors fort préjudiciable à la France ; ainsi le roi, vers la fin
de 1652, envoya le sieur de Bourdeaux vers le parlement pour tâcher
de rétablir la paix et l'alliance entre les deux nations, et demander les
vaisseaux de Sa Majesté qui avaient été pris. Les Anglais ne firent
pas beaucoup de difficulté pour la restitution des vaisseaux, mais
pour les autres articles ils traînèrent la négociation en longueur ; ils
étaient pour lors en guerre contre les Hollandais ; cette circonstance
les empêcha de rompre tout à fait avec la France, dont ils se plai-
gnaient cependant avec beaucoup d'aigreur.
Cromwell, devenu maître du gouvernement, se déclara disposé
à traiter avec la France ; le sieur de Bourdeaux prétendit qu'il suffisait
de renouveler les anciens traités ; au lieu que les Anglais demandèrent
un projet de traité, soit afin qu'il parût que la France les recher-
chait, ou parce qu'il y en avait peu entre eux qui eussent connais-
sance des anciens traités. Ainsi, l'ambassadeur de France avança fort
peu dans sa négociation, qui était traversée par les grandes offres que
don Alphonse de Cardenas, ambassadeur d'Espagne, faisait au Pro-
tecteur, en cas qu'il voulût faire une ligue offensive et défensive avec
le roi son maître; outre cela Cromwell n'avait point de penchant à
conclure la paix avec la France, qu'il regardait comme une ennemie ;
mais aussi il ne jugeait pas à propos de rompre ouvertement avec
elle, jusqu'à ce qu'il eût conclu la paix avec les Provinces-Unies, afin
de pouvoir alors prendre plus conformément à ses intérêts le parti de
la France ou de l'Espagne.
II. 9
130 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Après la conclusion de cette paix, en 165/^, les États généraux
offrirent au roi leur médiation pour faire aussi la sienne avec l'Angle-
terre, mais il ne Taccepta pas, et il aima mieux traiter directement
avec Cromwell. Ce Protecteur, voyant les Français plus en état que
les Espagnols de lui tenir ce qu'ils lui promettraient, témoigna vouloir
entrer tout de bon en négociation avec eux ; il fit demander d'abord
trois millions de livres pour la réparation des dommages soufferts par
les Anglais; mais le sieur de Bourdeaux rejeta cette proposition comme
une chose honteuse pour la France, puisqu'il n'était point encore con-
stant que les Français eussent causé aucunes pertes aux Anglais ; c'est
pourquoi cet article fut remis h la fin du traité. On proposa ensuite de
faire une ligue entre les deux nations, au sujet de laquelle les Français,
qui en avaient le plus d'envie, voulaient que les Anglais fissent les
plus grandes avances.
La négociation fut un peu traversée par la découverte d'une con-
juration contre la personne de Cromwell, dans laquelle on voulut impli-
quer le sieur de Bas, que le cardinal lui avait envoyé pour presser la
conclusion du traité ; mais Cromwell déclara qu'il était persuadé
que le roi n'y avait point de part , et on continua de traiter. Les
Anglais voulurent faire acheter leur alliance; ils demandèrent que la
France leur donnât un million la première année et deux millions les
autres années; qu'on assiégeât conjointement Dunkerque, qui res-
terait aux Anglais; et que cependant on mit Brest entre leurs
mains.
Le sieur de Bourdeaux rejeta cette dernière proposition ; il offrit
seulement sept cent cinquante mille livres la première année, et quinze
cent mille les autres, et de remettre Dunkerque aux Anglais après
qu'on l'aurait prise ; il ne voulut point qu'on insérât aucun article dans
le traité en faveur des huguenots; le Protecteur le souhaitait et voulait
se réserver la faculté de les assister en cas qu'ils fussent troublés dans
Texercice de leur religion. Enfin les Anglais consentirent quMl n'en fut
point parlé dans le traité, pourvu que le roi fît enregistrer au parle-
ment une déclaration par laquelle l'édit de Nantes serait confirmé; le
sieur de Bourdeaux ne voulut point promettre que cela serait fait
si tôt, afin que cette déclaration ne parût point avoir été faite en
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 131
conséquence du traité, et ne fît point murmurer les catholiques.
On disputa encore longtemps sur Téloignement des princes
de la maison de Stuart; l'ambassadeur protesta que le roi ne pouvait
pas chasser de son royaume de si proches parents, encore moins la
reine d'Angleterre, qui était tante de Sa Majesté ; mais il promît qu'on
empêcherait qu'il ne se fît rien en France au préjudice du gouver-
nement d'Angleterre ; néanmoins, malgré ces protestations, il fallut
s'engager de vive voix à congédier le roi d'Angleterre et le duc
d'York. Les Anglais consentirent de leur part de remettre à des arbi-
tres l'estimation des dommages reçus de part et d'autre ; ils voulaient
d'abord que la province de Hollande fût surarbitre, mais les Fran-
çais la refusèrent à cause qu'elle s'était depuis quelque temps montrée
trop partiale en toutes choses contre la France; ils demandèrent que
toutes les Provinces -Unies fussent surarbitres, ou que l'affaire fût
renvoyée à la république de Venise, ou aux Suisses, ou à la ville de
Hambourg. Enfin, on convint de s'en rapporter à celle-ci.
Quoique l'on parût être d'accord sur tout, on ne concluait rien ;
bien loin de cela, on prenait journellement des vaisseaux de part et
d'autre en vertu des lettres de représailles que les deux puissances
délivraient à leurs sujets ; Cromwell même envoya ordre à l'amiral
Blake de combattre l'armée du duc de Guise sur les côtes d'Italie. Ces
hostilités obligèrent le sieur de Bourdeaux de demander son congé ;
Cromwell, qui n'avait pas dessein de rompre avec la France, renoua la
négociation; mais on renouvela les contestations sur les titres; le sieur
de Bourdeaux prétendait que le Protecteur ne devait point être nommé
devant le roi en aucun des instruments du traité ; il voulait que son
maître ne fût pas qualifié roi des Français, suivant la coutume des
Anglais» mais roi de France ; sur quoi il soutenait qu'il ne devait y
avoir aucune difficulté, puisque le vieux parlement avait ordonné, par
un acte, que la république ne mettait point la France parmi ses titres*
Cromwell refusa longtemps d*y donner les mains, et forma de nouvelles
difficultés ; premièrement, pour raison des forts du Canada, dont le
sieur de Bourdeaux demandait la restitution, ou qu'on réservât d'en
traiter dans l'article des dommages soufferts de part et d'autre ; au
lieu que les Anglais prétendaient les retenir, parce qu'ils avaient
132 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
découvert les premiers cette côte de rAmérîque, et qu'ainsi ils avaient
pu s'emparer de tous les forts qui y étaient situés ; en second lieu, sur
ce que le Protecteur se voulait toujours réserver la liberté d'assister
les huguenots de France, qu'il ne voulait pas comprendre dans le
traité sous le nom de rebelles; enfin, au sujet des Vaudois qu'il pré-
tendait avoir été persécutés par le duc de Savoie à Tinstigation de
l'ambassadeur de France.
Ainsi, le sieur de Bourdeaux croyant que Cromwell ne voulait
rien conclure, avait pris la résolution de repasser en France, et était
sur le point d'aller à son audience de congé, lorsque l'ambassadeur de
Hollande trouva le moyen de renouer la négociation ; de sorte que le
traité fut enfin conclu à Londres le 3 novembre 1655, après que le
roi eut promis de ne point assister le duc de Savoie contre les Vau-
dois, et que Cromwell, de son côté, qui ne voulait point avoir affaire
en même temps à la France et à TEspagne, se fut engagé d'entrer en
guerre contre cette dernière puissance sous prétexte que les Anglais
étaient troublés dans la navigation des Indes.
Le roi fut qualifié en ce traité de roi des Gaules et de Navarre,
et nommé avant le Protecteur ; on convint qu'il y aurait une ferme
paix, amitié et alliance entre le royaume de France et la république
d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande ; que la France ni cette république
n'assisteraient point les ennemis et les sujets rebelles de l'un et de
l'autre; que les hostilités cesseraient entre les deux nations; que les
lettres de représailles seraient révoquées, et qu'on n'en accorderait à
l'avenir qu'en cas de déni de justice, trois mois après qu'elles auraient
été demandées, et seulement contre ceux qui auraient fait le dommage;
que le commerce serait libre entre les sujets des deux États, en sorte
que les Français pourraient porter dans les États de la république les
vins de France et les étoffes de laine et de soie fabriquées en France,
et que de même les sujets de la république pourraient porter en
France les étoffes de laine et de soie fabriquées en Angleterre, Ecosse
et Irlande; observant de part et d'autre le 13' article du traité fait
en 1606, entre les rois Henri IV et Jacques P', touchant les étoffes
mal faites; qu'ils ne payeraient point réciproquement un impôt qui se
levait sans édît en quelques ports de France et d'Angleterre sur chaque
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 133
personne qui entrait et qui sortait de ces royaumes ; que les marcliands
français trafiquant en Angleterre ne seraient point tenus de donner
d'autre caution que la juratoire; que les vaisseaux français pourraient
avancer jusqu'au quai de Londres et dans les autres ports d'Angle-
terre, d'Ecosse et d'Irlande sans être obligés de décharger leurs mar-
chandises en d'autres vaisseaux ; que les vaisseaux anglais entreraient
de même dans les ports de France, et y jouiraient des mêmes privi-
lèges dont les vaisseaux français jouissaient en Angleterre; que les
vaisseaux des marchands, sujets de la république, ne seraient point
tenus de décharger leurs canons à Blaye ni dans aucun port de France,
non plus que les vaisseaux français dans les ports de la république;
que les sujets d'un des deux États pourraient tester dans le pays de
l'autre État, et que même leurs héritiers recueilleraient leurs succes-
sions ab intestat^ nonobstant le droit d'aubaine ; que les habitants des
îles de Jersey et de Guernesey jouiraient en France des mêmes pri-
vilèges dont les Français jouissaient dans ces îles ; que les capitaines
des vaisseaux qui sortiraient des ports d'un des deux États donneraient
caution du double de la valeur de leur armement, faute de quoi les
juges de l'amirauté répondraient des dommages et intérêts; que pen-
dant quatre années les vaisseaux des deux États affranchiraient les
grains et marchandises qui appartiendraient aux ennemis d'un des
deux États, pourvu qu'elles ne fussent point de contrebande; que Si
les capitaines des vaisseaux d'une des deux nations prenaient quelque
vaisseau des habitants de l'autre État, ils seraient tenus de remettre
aux juges de l'amirauté, vingt-quatre heures après leur arrivée dans les
ports, tous les registres et papiers trouvés sur le vaisseau, dont on ne
ferait sortir aucuns matelots, mais deux ou trois officiers pour être
interrogés ; et aucune marchandise n'en serait enlevée que par l'ordre
de l'amirauté; qu'ils ne recevraient de part ni d'autre aucuns pirates
dans leurs ports; que si. les habitants d'un des deux États . étaient
obligés d'entrer dans les ports de l'autre par la tempête ou par la
crainte des ennemis, on ne les empêcherait point d'en sortir; et on ne
leur ferait payer aucuns impôts pour leurs marchandises, pourvu qu'ils
ne les missent point en vente, et qu'ils donnassent d'abord avis de leur
arrivée au magistrat; que les sujets d'un des deux États pourraient
134 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
naviguer et négocier dans les ports des ennemis de l'autre, pourvu
que les villes ne fussent point assiégées et qu'ils n'y portassent point
des marchandises de contrebande, au sujet desquelles on observerait
le 15* article du traité de 1606; qu'on nommerait incessamment trois
commissaires de chaque côté pour régler, dans Tespace de six mois et
demi, les dommages soufferts de part et d'autre depuis Tannée 1640,
et que les articles dont ils ne pourraient convenir seraient renvoyés à
l'arbitrage de la république de Hambourg, qui nommerait des com-
missaires au jugement desquels les parties seraient tenues de s'en rap-
porter; et enfin, que les contestations touchant les trois forts occupés
par les Anglais en Amérique, et les effets qui y avaient été pris,
seraient réglés par les mêmes commissaires et arbitres qui devaient
régler ces dommages faits depuis 1640.
Par un article séparé, ils convinrent que les États généraux
seraient compris dans ce traité d'alliance, et qu'on y recevrait tous
ceux qui le demanderaient dans trois mois.
En même temps que ce traité de paix et d'alliance avec la France
fut publié à Londres, on y publia aussi la guerre contre TEspagne;
peu après Cromwell envoya milord Lockart en France en qualité d'am-
bassadeur, et le roi d'Angleterre et le duc d'York se retirèrent en
Flandre.
XVII.
Traité de Paris entre les mêmes, pour alliance (mars 1657).
Les Espagnols refusèrent, en 1656, de faire la. paix avec la
France à des conditions qui leur étaient très-avantageuses, et sollici-
taient secrètement le Protecteur de se raccommoder avec eux; ils
lui offraient toutes leurs forces pour le rendre maître de Calais et des
pays circonvoisins. Le roi, de son côté, voulait contraindre les Espa-
gnols de faire la paix à des conditions raisonnables ; il prit donc le
parti de pousser la guerre avec vigueur, et de les prévenir en faisant
le premier un traité d'alliance avec Cromwell.
Ainsi, le 23 mars 1657, les sieurs de Brienne et de Lionne au
nom de Sa Majesté, et milord Lockart, anibassadeur d'Angleterre, au
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 135
nom du Protecteur, firent à Paris un traité par lequel ils convinrent
qu'ils tâcheraient d'assiéger cette année, s'il se pouvait, à communs
frais, les places de Gravelines, de Mardyk et de Dunkerque; en sorte
que TAngleterre fournirait une flotte puissante et la France une armée
de terre de vingt mille hommes, auxquels le Protecteur joindrait
six mille hommes de pied, dont le roi lèverait trois mille à ses frais,
et les autres trois mille seraient levés et rendus en France aux frais du
Protecteur ; après quoi le roi lui payerait leur solde suivant un état
particulier qui fut joint au traité; que le roi fournirait 37 livres 10 sous
pour chacun des trois mille hommes qu'il devait lever à ses frais,
moyennant quoi le protecteur serait tenu de les lever et de les rendre
en France ; que si on avait besoin pendant ces sièges de quelques
provisions d'Angleterre, le Protecteur les ferait fournir au prix com-
mun ; qu'en cas qu'on prît ces places, Dunkerque et Mardyk seraient
pour l'Angleterre, et Gravelines pour la France ; que si on jugeait à
propos d'assiéger d'abord Gravelines, et qu'on la prît, on la mettrait
entre les mains du Protecteur, qui la rendrait quand on lui livrerait
Dunkerque et Mardyk ; qu'après ces expéditions le roi pourrait con-
server ses troupes et s'en servir ailleurs, en les laissant néanmoins en
un corps; que le Protecteur laisserait dans ces places l'exercice de la
religion catholique, ainsi qu'il y était alors ; qu'il permettrait aux
ecclésiastiques réguliers et autres de jouir de leurs revenus et des
églises, pourvu qu'ils ne machinassent rien contre le gouvernement ;
et qu'il ne pourrait, sous quelque prétexte que ce fût, employer aucune
église à l'usage de la rehgion protestante ; enfin, le Protecteur ne
pourrait rien demander en Flandre, que la possession des fortifica-
tions de Dunkerque et de Mardyk ou bien de Gravelines, et qu'il
pourrait mettre sous contribution les lieux voisins ennemis, sans que
cela pût empêcher le roi d'attaquer, si bon lui semblait, Bergues,
Fumes et autres lieux circonvoisins, mais que quand il les aurait pris,
ils seraient déchargés de ces contributions.
Par un article secret, ils convinrent de ne faire pendant un an
aucune paix ni trêve que d'un commun consentement ; et que si par
les instances du pape et de la répubhque de Venise, le roi était obligé
cependant de consentir à une conférence sur les frontières des
136 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Pyrénées, ce serait à condition que l'Espagne donnerait des passe-ports
aux ambassadeurs d'Angleterre pour s'y trouver.
Cromwell fournit au roi les six mille hommes portés par ce traité,
mais on ne fut pas en état d'assiéger cette année Dunkerque ni Gra-
velines; tout ce qu'on put faire fut de prendre Montmédi et ensuite le
fort de Mardyk, que le roi mit entre les mains des Anglais en consé-
quence de ce traité.
XVIII.
Autre traité secret entre les mômes, pour le même si^et ( mai 4657 ).
Le 10 mai 1657, le conseil de France fit encore à Paris, sui-
vant quelques auteurs, un traité secret avec Olivier Cromv^^ell , pen-
dant que Tempire était vacant, que le roi de Suède, leur allié attaquait
Dantzick, et que le roi était mécontent du procédé de l'amiral Ruyter,
qui s'était saisi de quelques vaisseaux français.
Par ce traité, on tient que le roi et le Protecteur convinrent qu'ils
ne traiteraient point avec aucun de leurs ennemis sans s'en être donné
avis longtemps auparavant; qu'ils s'assisteraient mutuellement contre
leurs ennemis présents et à venir ; que Cromwell fournirait trente-six
ou quarante vaisseaux, et même davantage, s'il était nécessaire, afin
que le roi pût tirer raison du dommage que T amiral Ruyter avait fait
aux marchands français ; qu'ils attaqueraient conjointement les Pays-
Bas espagnols, dans lesquels les places maritimes, comme Ostende,
Nieuport, Dunkerque et Gravelines, seraient mises entre les mains du
Protecteur, et le reste demeurerait à Sa Majesté; qu'ils n'abandonne-
raient point le roi de Suède, au contraire quMIs l'assisteraient, en
sorte qu'ils le rendraient maître de Dantzick; qu'ils l'assisteraient aussi
contre le roi de Danemark, contre lequel le Protecteur enverrait une
flotte, et pourrait garder toutes les places qu'ils prendraient; en sorte,
néanmoins, que les Français trafiqueraient librement en Orient, en
Norvège et en Suède ; enfin qu'on travaillerait à empêcher l'élection
d'un prince de la maison d'Autriche à l'empire, et qu'on ferait ses
efl'orts pour faire plutôt déclarer empereur le roi même à qui l'on
faciliterait de plus la conquête de la Catalogne et de Porto-Longone.
Ce traité , dont les ennemis de la France ont publié cet extrait,
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 137
n'est point vraisemblable; en voici les raisons : il n'a aucune relation
avec le traité précédent et celui qui suit, surtout au sujet des places
de la côte de Flandre qu'on devait laisser à Cromwell, qui ne devait
avoir que Dunkerque et Mardyk ou bien Gravelines; au lieu que par
le présent traité il aurait eu, avec l'une et l'autre de ces places,
Ostende et Nieuport.
XIX.
Autre traité de Paris entre les mêmes, pour le même sujet (mars 1658).
On peut donc douter de la vérité du précédent traité qui,
d'ailleurs, n'eut point d'exécution. Mais il est constant que les places
de Gravelines et de Dunkerque n'ayant point été assiégées suivant le
traité du mois de mars 1657, le roi et le Protecteur jugèrent à propos,
en 1658, de renouveler ce traité pour le même dessein. Ainsi les
sieurs Servien et de Lionne au nom du roi, et milord Lockart au nom
du Protecteur, passèrent un autre traité à Paris, le 28 mars 1658, par
lequel ils renouvelèrent pour un an le traité fait entre eux l'année pré-
cédente avec l'article secret, et convinrent que ce qui y était porté
particulièrement au sujet de la religion catholique serait observé
comme s'il était répété mot à mot dans ce traité.
Ils arrêtèrent donc qu'ils attaqueraient conjointement Dunkerque,
savoir le roi par terre et le Protecteur par mer, entre le 20 avril et le
10 mai, en sorte que celui des deux qui y manquerait serait tenu de
rembourser les frais à celui qui y aurait satisfait; que le Protecteur,
après la prise de Dunkerque qu'on remettrait à celui qu'il lui plairait,
serait aussi tenu de faire bloquer Gravelines par mer, et de la tenir
ainsi assiégée jusqu'à sa prise ou la levée du siège; que cette obli-
gation d'assiéger Gravelines ne s'étendrait pas, pour le Protecteur,
plus loin que cette année et la suivante, et qu'on n'entreprendrait pas
ce siège cette année plus tard que le commencement de septembre, et
l'année 1659, plus tôt que le 20 mars; enfin, que pour donner courage
aux Anglais de bien faire, le roi donnerait durant six semaines aux six
mille Anglais qu'il avait pris à son service un sol par jour pour chaque
soldat, outre leur paye ordinaire.
138 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Il y eut encore un article séparé par lequel le Protecteur stipula
qu'il ne serait point tenu, conformément au précédent traité, de faire
transporter en France à ses frais trois mille hommes de pied, attendu
qu'il avait satisfait à cet article Tannée précédente.
En conséquence de ce traité, les Français assiégèrent Dunkerque
par terre dès le commencement de la campagne, pendant que les
Anglais le tenaient bloqué du côté de la mer. Cette place importante
fut tellement pressée, qu'elle se rendit au roi le 25 du mois de juin,
et le même jour le roi la remit à milord Lockart, qui lui en donna une
reconnaissance par écrit, promit d'observer fidèlement les précé-
dents traités à l'égard de la conservation de la religion catholique,
et s'obligea de rapporter dans un mois la ratification du Protec-
teur de la capitulation que le roi avait accordée aux habitants de
Dunkerque.
Le roi prit dans la suite de la campagne Gravelines, Fumes,
Bergues et plusieurs autres places.
XX.
Autre traité de Paris entre Louis XIV et Richard Cromwell, pour alliance (1658).
Olivier Cromwell mourut au mois de septembre 1658. Le roi ,
avant son départ pour Lyon, vers la fin de cette même année,
renouvela le traité d'alliance avec Richard Cromwell , son fils et son
successeur.
XXI.
Traité de Westminster entre les mêmes, pour la garantie du traité de Rotschild
(février 1659).
Le roi avait contribué à la conclusion du traité de Rotschild
entre la Suède et le Danemark, et s*en était rendu garant avec Oli-
• vier Cromwell; ainsi voyant la guerre renouvelée entre ces deux cou-
ronnes, et que l'armée navale envoyée par les États généraux au
secours du roi de Danemark avait obligé les Suédois à lever le siège
de Copenhague, il craignit que ce roi ne voulût plus tenir le traité de
paix qu'il avait passé avec celui de Suède. C'est pourquoi Sa Majesté,
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 139
qui ne voulait pas abandonner le roi de Suède, son allié, passa, le
3 février 1659, un traité à Westminster avec Richard Cromwell, par
lequel ils s'obligèrent à la garantie du traité de Rotschild, promirent
de faire en sorte que la Suède jouît des avantages qui lui avaient été
accordés par ce traité, et convinrent que si, à l'occasion du secours
que la France et l'Angleterre enverraient au roi de Suède, il survenait
à Tune des deux puissances quelque nouvel ennemi, l'autre déclarerait
aussi la guerre à Tagresseur; qu'elles ne feraient point après cela de
paix ni de trêve l'une sans Tautre , et que pour accélérer cette paix
entre les deux rois du Nord ils presseraient les États généraux de ne
point envoyer de nouveaux secours au roi de Danemark, et de se
joindre avec la France et l'Angleterre pour réconcilier ces rois, afin
d'ôter les occasions de blesser l'amitié qui était entre la France et
l'Angleterre et les Provinces-Unies.
En conséquence de ce traité, Richard envoya dans la mer Bal-
tique une armée navale qui arriva au Sund au mois d'avril suivant,
avec ordre d'agir pour le roi de Suède si la flotte des États continuait
d'agir pour celui de Danemark.
XXII.
Traité de La Haye entre les mêmes et les États généraux, pour procurer la paix
entre la Suède et le Danemark (mai 1659).
En conséquence du précédent traité, le sieur de Thou, ambassa-
deur de France en Hollande, et le sieur Downing, commissaire du
Protecteur, s'employèrent si bien à La Haye auprès des États géné-
raux, qu'ils les obligèrent de suspendre pour quelque temps les nou-
veaux secours qu'ils prétendaient envoyer au roi de Danemark;
et les trois puissances s'obligèrent, par le traité fait à La Haye le
21 mai 1659, d'agir de concert pour obliger les princes du Nord à
faire la paix suivant le traité de Rotschild, excepté en quelques articles
qu'ils convinrent de changer, comme je l'ai marqué plus amplement
dans le livre P', chapitre v, nombre 17, où, contre ma coutume, j'ai
placé l'extrait de ce traité, encore que le roi y ait été partie; mais je
l'ai fait parce qu'il ne regarde que les affaires des États dont il est
140 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
parlé dans le premier volume de mon ouvrage, et parce quMl était
nécessaire d'expliquer ce traité pour mieux entendre ceux qui le sui-
virent, et où le roi n'eut aucune part.
J'ai marqué dans ce même chapitre v du I" livre, nombre 19,
quel fut le succès de ces deux traités; c'est pourquoi je ne le répéterai
point.
XXIIl.
Traité de Fontainebleau entre Louis XIV et Charles H, pour le commerce (1661).
Aussitôt que Charles II fut rétabli dans ses États, le roi, qui
n'avait fait ces traités avec les Protecteurs que par la seule néces-
sité qui l'avait obligé de prévenir les Espagnols, lui envoya le
comte de Soissons pour lui en témoigner sa joie, et ensuite, le 15 oc-
tobre 1661, les commissaires des deux rois firent à Fontainebleau
un traité pour la liberté et l'avantage du commerce de leurs sujets.
XXIV.
Traité de Londres entre les mômes, pour la vente de Dunkerque (1662).
Après le rétablissement de Charles U, le parlement d'Angleterre
fit de fortes instances pour réunir Dunkerque à la couronne; l'ambas-
sadeur d'Espagne s'y opposa, prétendant que celte place, acquise par
les Anglais du temps de l'usurpateur Cromwell, devait. être rendue à
son ancien maître qui, d'ailleurs, était le bienfaiteur du roi d'Angle-
terre. Dans la suite, les Anglais y bâtirent une citadelle, ce qui faisait
juger qu'ils n'avaient pas dessein de s*en défaire; cependant, le sieur
d'Estrades, ambassadeur de France en Angleterre, fit si bien qu'il
persuada à ce roi, qui avait alors besoin d'argent, de vendre à Sa
Majesté la ville et citadelle de Dunkerque, avec l'artillerie, toutes les
munitions de guerre qui y étaient alors, et les forts de Mardyk et les
autres qui en dépendaient.
Le contrat en fut passé à Londres le 28 octobre 1662, moyen-
nant la somme de cinq millions, monnaie de France, et à la charge
que le roi d'Angleterre garantirait cette vente durant deux années;
qu'il serait tenu de mettre en mer, pour cet effet, une flotte suffisante
LIVRE IV. — CHAPITRE II. Ul
pour défendre Dunkerque en cas que celte place fut attaquée par le
roi d'Espagne ou autres pendant ces deux années, et même pour la
reprendre en cas qu'il l'eût prise ; que les Anglais sortant de la place
n'y feraient aucun dommage ni aucun tort aux habitants; que le
nommé Gouvernet , auquel le roi d'Angleterre avait permis de bâtir
un pont sur le port de Dunkerque, et d'y lever un certain droit sur
les passants jusqu'à ce qu'il fut remboursé de ses frais, continuerait
la jouissance de ce droit de même que si la place était encore entre
les mains du roi d'Angleterre. On convint que de ces cinq millions
on en payerait deux argent comptant en livrant la place, et les trois
autres dans deux ans; mais le tout fut payé peu après par un mar-
chand de Paris , moyennant une remise de trois cent quarante-six
mille livres que le roi d'Angleterre lui fit, dont il fut passé traité le
même jour entre le comte de Warwick pour le roi d'Angleterre et ce
marchand duquel le comte d'Estrades se rendit caution au nom
du roi.
Ainsi les Anglais sortirent de Dunkerque et les Français y en-
trèrent en même temps. Le roi s'y rendit au commencement du mois
de décembre de la même année; de cette manière furent renvoyés
dans leur ile les Anglais qui, par la possession de cette place, pou-
vaient se vanter d'avoir encore la clef de la France à leur ceinture, de
même que quand ils tenaient Calais.
XXV.
Traité de paix de Breda entre les mêmes ( 1667 )•
La guerre s'allumait entre l'Angleterre et les Provinces-Unies;
le roi envoya en Angleterre le duc de Verneuil et le sieur Courtin pour
tacher de les accommoder. Mais ce fut sans succès, ce qui l'obli-
gea de déclarer la guerre au roi d'Angleterre en faveur des États
généraux, en conséquence du traité de ligue offensive et défensive
qu'il avait fait avec eux.
Cette rupture causa divers combats aux îles de l'Amérique; les
Français eurent le plus souvent l'avantage ; ils chassèrent les Anglais
de plusieurs lieux, entre autres de l'ile de Saint-Christophe, dans
142 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
laquelle, par un concordat passé en 1626, les premiers occupaient
les deux pointes de l'île, et les derniers en possédaient le milieu;
mais, d'autre part, les Anglais prirent sur les Français Gayenne dans
l'Amérique méridionale, et plusieurs places de la Nouvelle-France
dans l'Amérique septentrionale, comme Pentacouet sur les confins
de la Nouvelle-Angleterre, les forts de Port-Royal et du cap de Sable
dans l'Acadie, et celui de l'île de Saint-Jean situé à Torient de celte
même province.
Enfin l'Angleterre, les Provinces-Unies et leurs alliés se trou-
vèrent disposés à le paix : le roi envoya les sieurs d'Estrades et
Courtin, ses plénipotentiaires, à Breda qui avait été choisi pour le
lieu d'assemblée , et où le traité de paix entre la France et TAn-
gleterre fut signé le 31 juillet 1667, le même jour que la paix y fut
aussi signée entre le roi d'Angleterre, d'une part, et le roi de Danemark
et les États généraux, de l'autre.
Par ce traité, on convint qu'il y aurait paix entre les deux
rois; que toutes les hostilités cesseraient de part et d'autre; que
le commerce serait rétabli entre leurs sujets comme il était autre-
fois; que les Anglais et les Français rentreraient dans les terres de
l'île de Saint-Christophe qu'Us possédaient le 1^' janvier J665 avant
la déclaration de la guerre ; que le roi d'Angleterre ferait rendre à
Sa Majesté la province de l'Amérique septentrionale nommée l'Aca-
die; que le roi ferait rendre au roi d'Angleterre les îles d'Antigoa et
de Mont-Saratj si elles étaient en sa puissance; qu'ils se rendraient
réciproquement les îles et autres lieux qu'ils avaient pris l'un sur
l'autre depuis cette guerre, et qu'il serait permis aux habitants de cea
lieux, pendant une année, de vendre leurs effets et de passer sous la
domination du prince qu'ils aimeraient le mieux.
En conséquence de ce traité, le roi fit rendre aux Anglais la
partie de l'île de Saint -Christophe que les Français avaient prise
sur eux; d'autre part, le roi d'Angleterre donna des lettres patentes,
au mois de février 1668, par lesquelles il ordonna qu'on rendît
aux Français les forts de Pentacouet, de l'île de Saint-Jean, et du
Port-Royal, le cap de Sable, l'île de Cayenne, avec les autres lieux
que la France possédait avant la déclaration de la guerrCé
LIVRE IV. — CHAPITRE II. 143
XXVI.
Traité de Saint-Germain entre les mêmes et les États généraux, pour procurer la paix
entre la France et TEspagne (1668).
Le roi d'Angleterre et les États généraux s'étaient unis avec
la Suède par le traité de la triple alliance, pour porter les rois de
France et d'Espagne à faire la paix : ils envoyèrent vers le roi les
sieur Van Beuningen, ambassadeur des États généraux, et Trévor,
envoyé du roi d'Angleterre, qui obtinrent de lui qu'il ferait la paix
avec l'Espagne moyennant une alternative de conditions dont il lais-
sait le choix au roi d'Espagne, à savoir : ou de laisser à Sa Majesté
les places qu'elle avait conquises l'année dernière, ou un équivalent
qui serait la Franche-Comté, ou bien le duché de Luxembourg, ou
Cambrai et le Cambrésis, Douai y compris, le fort de Scarpe, Aire,
Saint-Omer, Bergues et Fumes avec leurs dépendances.
Le marquis de Castel-Rodrigo, gouverneur des Pays-Bas en
vertu de son plein pouvoir choisit la première de ces deux conditions ;
ces ministres prièrent le roi d'accorder une suspension d'armes jus-
qu'au dernier mai, ce qu'il refusa à moins que le roi d'Angleterre et
les États généraux ne donnassent toutes les sûretés nécessaires pour la
conclusion de la paix à ces conditions et dans ce temps.
Ainsi l'ambassadeur des États et l'envoyé du roi d'Angleterre
firent au nom de leurs maîtres avec les sieurs Le Teilier, de Lionne
et Colbert, un traité à Saint-Germain , le 15 avril 1668, par lequel
ils convinrent que le traité de paix entre la France et l'Kspagne serait
fait conformément au projet qui fut mis en même temps entre les
mains des sieurs Van Beuningen et Trevor; que la ratification en
serait fournie au roi dans le dernier jour de mai prochain ; qu'il y
aurait une cessation d'armes jusqu'à ce jour; que si le roi d'Espagne
ne consentait à la paix dans ce temps, le roi serait déchargé des pre-
mières alternatives, et lui en accorderait deux autres pendant les mois
de juin, et de juillet, dont la première serait la cession des conquêtes
de la campagne dernière en y ajoutant Cambrai et le Cambrésis; la
seconde de l'équivalent proposé ci-dessus, ajoutant la cession de
Luxembourg ou de Lille et de Tournai; qu'en ce cas le roi d'Angle-
Ui HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX-
terre et les États généraux emploieraient toutes leurs forces pour
obliger le roi d*Espagne à faire la paix à ces conditions, et qu*après
ces deux mois ils conviendraient avec le roi de ce qu'il y aurait à faire
pour terminer la guerre ; qu'en ce cas les armées du roi agiraient au
deçà des rivières et des canaux qui passent par Argentan, Navagne,
Maestricht, Hallen, Diest, Sichem, Arschot, Malines, Rupelmonde,
Dendermonde, Gand-Plassendal et Ostende, en sorte qu'il n'attaque-
rait aucune de ces places, et que les troupes du roi d'Angleterre
et des États généraux agiraient seulement contre les places situées
au delà de ces rivières et canaux.
Tous ces desseins n'eurent point de suite : le traité de paix entre
la France et l'Espagne fut signé à Aix-la-Chapelle au commence-
ment du mois de mai par les ministres des médiateurs et par le
sieur Colbert de Croissy, plénipotentiaire de France, conformément
au projet mis entre les mains du sieur Van Beuningen , et ensuite
ratifié par le roi d'Espagne, quoiqu'il n'eut point été signé par les
plénipotentiaires.
XXVII.
Traité do Whitehall entre Louis XIV et Charles H, pour alliance
contre les États généraux (1070).
Les rois de France et de la Grande-Bretagne, persuadés que
le bonheur de leurs sujets dépendait de leur union, jugèrent à
propos de renouveler les alliances interrompues pendant la guerre
qu'ils avaient eue pour l'intérêt des États généraux qui étaient fort
méconnaissants de l'ardeur avec laquelle le roi avait pris leur parti.
Cette alliance fut donc renouvelée par un traité qui fut passé à
Whitehall le 10 décembre 1670 et signé par le marquis de Croissy,
ambassadeur de Sa Majesté d'une part, par le duc de Buckingham,
le comte de Lauderdal , lord d'Aiiington, lord Ashley, et le cheva-
lier Clifford au nom du roi de la Grande-Bretagne, de Tautre.
Par ce traité, ils convinrent qu'il y aurait à perpétuité paix et
alliance entre les deux rois, leurs successeurs et leurs États; que le roi
très-chrétien ne contreviendrait point au traité d'Aix-la-Chapelle;
LIVRE IV. — CHAPITRE II. U5
qu'ainsi le roi de la Grande-Bretagne pourrait le maintenir conformé-
ment aux conditions de la triple alliance.
Il était de leur intérêt de mortifier l'orgueil des États généraux des
Provinces-Unies qui avaient souvent témoigné de l'ingratitude envers
les rois de France et d'Angleterre, qu'ils devaient reconnaître pour les
fondateurs de leur république, et qui se voulaient ériger en souverains
arbitres et juges de tous les autres potentats. Dans cette vue, les deux
rois convinrent de leur déclarer la guerre, et de la leur faire conjointe-
ment tant par mer que par terre ; qu'un des deux rois ne pourrait faire
avec eux ni paix ni trêve que du consentement de l'autre ; que tout
conmierce entre les sujets des deux rois et ceux des États serait défendu
à peine de confiscation ; que tous les traités faits par un des deux rois
avec les États demeureraient nuls, excepté celui de la triple alliance pour
la manutention du traité d'Aix-la-Chapelle ; que Ton exécuterait à mort
les sujets des deux rois qui seraient faits prisonniers au service des États ;
que le roi ferait toute la dépense des armées nécessaires pour attaquer
par terre les places des États ; que le roi de la Grande-Bretagne ne serait
obligé que d'y joindre un corps de six mille hommes; que le général
de ce corps obéirait au roi très-chrétien et à celui qui commanderait en
chef l'armée où ce corps servirait comme auxiliaire, et qu'il aurait la
préséance sur les autres officiers de cette armée ; que le roi de la Grande-
Bretagne se chargerait de l'armée de mer, et armerait au moins cin-
quante gros vaisseaux et dix brûlots, auxquels le roi très-chrétien
joindrait et entretiendrait à ses frais trente bons vaisseaux français et
dix brûlots; que le lieutenant général qui commanderait cette escadre
obéirait au duc d'York, qui aurait l'honneur du pavillon, du salut et les
autres dont les amiraux ont coutume de jouir; que le commandant fran-
çais aurait pour sa personne la préséance dans le conseil sur le vice-
amiral anglais; et que son vaisseau portant le pavillon vice-amiral,
précéderait le vaisseau vice-amiral anglais; qu'afin que le roi de la
Grande-Bretagne pût porter plus facilement les frais de cette guerre,
le roi lui payerait trois millions de livres ,par chaque année outre deux
millions une fois payés que le roi lui fournirait pour les préparatifs de la
guerre ; que toutes les conquêtes qui se feraient sur les États généraux,
le roi de la Grande-Bretagne aurait seulement l'Écluse et les îles de
n. 10
146 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Walcheren, de Kaclzant, de Voorn et Corée; qu'on tâcherait de
faire en sorte que le prince d'Orange trouvât son avantage dans la
continuation et la fin de cette guerre; qu'on tâcherait de persuadera
tous les princes voisins d'entrer dans cette guerre, ou tout au moins
de demeurer neutres ; enfin, qu'on achèverait au plus tôt le traité de
commerce entre les deux nations, qui était alors commencé.
XXVIII.
Autre traité de Whitehall entre les mômes, pour le même sujet (février 1672).
Cette guerre ayant été différée d'une année, les mêmes commis-
saires passèrent un autre traité le 12 février 1672, qui fut conçu
dans les mêmes termes que le précédent, et en même temps ils con-
vinrent par des articles séparés que, comme le roi ne joignait sa flotte
à celle d'Angleterre qu'en qualité d'auxiliaire, si le duc d'York se
retirait de l'armée par maladie ou autrement. Sa Majesté très-chré-
tienne accorderait ses pouvoirs et commissions à celui qui commande-
rait en son absence les vaisseaux anglais, et qui serait sur le vaisseau
amiral d'Angleterre, afin qu'il pût commander l'officier qui comman-
derait l'escadre des vaisseaux de l'rance; d'ailleurs, comme l'état des
affaires du roi de la Crande-Bretagne ne lui permettait pas d'envoyer
cette année six mille Anglais dans l'armée du roi, Sa Majesté le dis-
pensa de cette obligation [pour cette année, à la charge qu'il exécu-
terait cet article les années suivantes.
En conséquence de ce traité, la flotte française, composée de
quarante-quatre navires, arriva le 13 mai sur les côtes de l'île de
Wight, et surprit agréablement les Anglais par sa diligence. Elle était
commandée par le comte d'Estrées, vice-amiral de France; le duc
d'York la joignit; ils cherchèrent la flotte hollandaise qu'ils combat-
tirent le 7 juin suivant, et après l'avoir défaite l'obligèrent de se retirer.
En 1673, l'armée navale de France était composée de trente
vaiseaux de combat, de treize brûlots et de plusieurs frégates légères;
elle joignit, vers la fin de mai, les Anglais commandés par le prince
Robert. Ces deux flottes faisaient cent cinquante voiles; on donna
encore un combat le 1" juin de cette année, dans lequel les Hollan-
LIVRE IV. — CHAPITRE M. U7
dais eurent encore du désavantage, quoiqu'ils se défendissent avec
beaucoup de valeur ; il y eut encore un troisième combat au mois
d'août, où les Hollandais perdirent plus de vaisseaux que leurs
ennemis et furent contraints de se retirer dans leurs ports.
XXIX.
Traité d'Heswich entre les mêmes , pour ne faire la paix que conjointement
(juillet 1672).
Les États généraux , voyant en 1672 les grands progrès que le
roi avait faits dans leurs provinces , envoyèrent en même temps vers
les rois de France et d'Angleterre pour leur faire des propositions de
paix, ou pour faire au moins avec un des deux une paix particulière;
ils souhaitaient surtout de la faire avec le premier, à l'exclusion de
l'autre, afin de tourner toutes leurs forces contre celui-ci, dont ils espé-
raient venir plus facilement à bout.
Les deux rois se communiquèrent les propositions qui leur avaient
été faites. Le roi d'Angleterre déclara aux ministres des États qu'il ne
voulait point faire de traité particulier ; il envoya vers le roi le duc de
Buckingham et les lords d'Arlington et Halifax auxquels, et au duc de
Montmouth qui était déjà près du roi, il donna pouvoir de traiter avec
les députés des États conjointement avec ceux que le roi nommerait
pour ses commissaires.
Ils attendirent pendant quinze jours les députés des Etats qui
étaient allés recevoir de nouvelles instructions; mais comme ils furent
retenus par les brouilleries qui survinrent dans les Provinces- Unies,
au sujet de l'élévation du prince d'Orange à la dignité de capitaine
général , les ambassadeurs anglais ne voulurent pas les attendre da-
vantage. Cependant, pour rendre l'union des deux rois plus indisso-
luble, ils conclurent avec les sieurs de Louvois et de Pomponne, au
nom du roi leur maître, un traité à Heswich ou Aesich, à trois lieues
de Bois-le-Duc, le 16 juillet 1672, par lequel les deux rois convinrent
qu'outre leur parole, déjà portée dans leur traité du 12 février der-
nier, ils s'engageaient de nouveau à n'écouter aucune proposition de
paix sans la communiquer, et à n'accepter aucune satisfaction que
148 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
l'autre roi ne fût aussi pleinement content ; qu'ils conviendraient des
conditions sur lesquelles ils voulaient bien faire la paix, et qu'ils
feraient connaître aux États généraux que leurs intérêts ni leurs satis-
factions ne pouvaient être séparés.
11 ne tint pas au roi d'Angleterre qu'il ne persistât dans ces sen-
timents ; mais il fut tellement importuné par son parlement, au com-
mencement de Tannée 1674, qu'il ne put se dispenser de faire une
paix particulière avec les États généraux, laissant le roi de France
embarqué dans cette guerre qu'ils avaient commencée et qu'ils devaient
finir ensemble.
XXX.
Traité de Saint-Germain entre les mômes, pour le conmiorce (1677).
Cette paix particulière n'empêcha pas que le roi ne continuât de
vivre en bonne intelligence avec le roi d'Angleterre ; mais comme
celui-ci craignait que les armateurs français ne s'emparassent de
quelques vaisseaux anglais, sous prétexte qu'ils trafiquaient dans les
Provinces-Unies, le sieur de Montagu, son ambassadeur extraordi-
naire en France, fit à Saint-Germain, le 24 février 1677, au nom du
roi son maître, un traité de commerce avec le sieur de Pomponne, au
nom du roi, pour empêcher que l'amitié qui était entre eux et leurs
sujets ne fût altérée.
Par ce traité ils convinrent que les sujets d'un des deux rois
pourraient trafiquer librement avec les peuples qui étaient en paix,
amitié ou neutralité avec leur souverain, sans que la guerre que l'autre
roi pourrait avoir contre ces peuples y pût donner empêchement, à
condition qu'ils n'y porteraient point de marchandises de contrebande,
qu'ils réglèrent seulement être des armes offensives et défensives, des
soldats et des chevaux, et nullement ce qui sert à la nourriture des
hommes et à la construction des vaisseaux ; que ces vaisseaux ne
pourraient être visités ni molestés pourvu qu'ils montrassent, à deux
ou trois hommes qui seraient envoyés à cet effet par les vaisseaux de
guerre dans un esquif, leurs passe-ports et un certificat de leur charge
donné par les receveurs des douanes du lieu duquel ils seraient partis;
([ue si on trouvait dans un vaisseau des marchandises de contrebande,
LIVRE IV. — CHAPITRE II. U9
elles n'emporteraient point la confiscation du vaisseau ni des marchan-
dises libres; qu'on n'ouvrirait les caisses en ce cas que devant les
juges des amirautés ; que les vaisseaux amis affranchiraient les mar-
chandises des ennemis, pourvu qu'elles ne fussent point de contre-
bande, et qu'au contraire les marchandises des amis seraient confis-
quées sur un vaisseau ennemi, à moins qu'elles n'y eussent été
chargées avant de certains temps marqués différemment dans le traité
suivant la distance des lieux, en sorte qu'il fût probable qu'elles y
auraient été chargées avant la déclaration de la guerre, savoir : avant
six semaines entre le lieu nommé Soudings et Naze en Norvège ; deux
mois entre Soudings et Tanger; dix semaines dans la mer Méditer-
ranée; et huit mois dans quelque lieu du monde que ce fût; que pour
éviter les pirateries, les armateurs donneraient caution de 1,500 livres
sterling ou de 16,500 livres; qu'on punirait les armateurs qui exerce-
raient des cruautés contre ceux qu'ils prendraient en mer; que l'on ne
pourrait vendre les prises faites par les armateurs d'un des partis sur
les sujets de l'autre qu'après que le juge aurait déclaré la prise bonne;
que s'il y avait appel, la sentence serait exécutée en donnant caution
si elle était favorable à celui qui réclamerait la prise, mais qu'elle ne
serait point exécutée si elle lui était contraire; qu'enfin, si l'ambassa-
deur le requérait, on reverrait encore l'affaire au conseil du roi.
XXXI.
Autre traité entre les mêmes, pour ravancement de la paix.
Peu après la conclusion de ce traité, la chambre basse du parle-
ment d'Angleterre, effrayée des grands progrès du roi dans les Pays-
Bas, oii il venait de prendre Valenciennes, Cambrai et Saint-Omer, et
de gagner la bataille de Mont-Cassel, présenta plusieurs adresses au
roi d'Angleterre pour le presser de s'opposer au progrès de Sa Majesté
et de s'allier avec ses ennemis. Mais ce roi trouva les termes dans les-
quels cette chambre avait conçu ces adresses si préjudiciables aux
droits de sa couronne, qu'il prolongea le parlement après lui en avoir
témoigné son ressentiment.
L'ambassadeur d'Espagne et l'envoyé extraordinaire de Tempe-
150 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
reur lui Qrent aussi les mêmes instances et lui offrirent Talliance de
leurs maîtres. Le roi d'Angleterre leur déclara qu'ayant toujours
trouvé le roi très-chrétien si disposé à faire la paix qu'il s'était relâché
en sa considération de beaucoup de choses touchant les préliminaires
du traité, il voulait en poursuivre la conclusion et n'était point dans le
dessein de quitter la qualité de médiateur pour prendre celle de partie.
Dans la suite la prise de Saint-Ghislain par les Français, vers la
fin de cette même année, donna lieu aux ennemis du roi de presser de
nouveau le roi d'Angleterre de se déclarer pour eux, afin d'empêcher
Sa Majesté de s'emparer du reste des Pays-Bas espagnols dans la cam-
pagne suivante. Ils l'obligèrent de marier sa nièce, la fille du duc
d'York, au prince d'Orange , sans en rien communiquer au roi ; de
faire un traité avec les États généraux pour porter les rois de France
et d'Espagne à faire la paix aux conditions portées dans ce traité ; de
convoquer le parlement pour en avoir les secours nécessaires pour faire
la guerre à Sa Majesté; de nommer des commissaires pour dresser un
traité d'une alliance très-étroite entre lui et l'empereur, le roi d'Es-
pagne et les États généraux. Avant même que ce traité d'alliance fût
conclu et que ce parlement lui eût rien accordé, comme la prise de
Gand par les Français augmenta extrêmement les craintes des Anglais,
ce roi envoya un nombre considérable de troupes dans les Pay&-Bas,
en attendant qu'il pût y faire passer une grande armée qu'il était dans
le dessein d'y envoyer sous le commandement du duc d'York. Le roi,
qui souhaitait plutôt la paix que la guerre, et qui ne voulait point mul-
tiplier le nombre de ses ennemis , fit publier le projet des conditions
sous lesquelles il était prêt de faire la paix avec tous ceux contre les-
quels il était en guerre, et fit un traité secret avec le roi d'Angleterre
pour avancer la conclusion de la paix.
CHAPITRE III
TRAITÉS ENTRE LA FRANCE ET LE DANEMARK
Quoique la France soit assez éloignée du royaume de Danemark,
rintérêt du commerce et de la conservation mutuelle des deux nation»
LIVRE IV. — CHAPITRE 111. 151
contre la trop grande puissance de l'empereur leur a quelquefois fait
passer ensemble des traités d'alliance et de commerce; et ces deux
couronnes n'ont été brouillées que lorsque, dans ces derniers temps,
le roi a été obligé de prendre l'intérêt de la Suède. Nous voyons que
le roi Louis XII fit un traité d'alliance, en 1498, avec Jean, roi de
Danemark, dont le fils, Christiern II , demanda en 1516 du secours à
François h' en conséquence de ce traité contre les Suédois, à qui
il faisait la guerre ; il obtint de ce monarque deux mille hommes qui
lui rendirent de bons services, mais qui, mal secoiidés par les Danois,
périrent presque tous.
Dans la suite, ce roi de Danemark, qui épousa une sœur de l'em-
pereur Charles-Quint, eut peu de liaison avec François I" ; mais après
que ce prince cruel eut été dépossédé de ses royaumes et détenu en prison
par son oncle Frédéric, ensuite par Christian III, qui s'emparèrent du
Danemark, l'alliance fut renouvelée en 1541 entre François I*' et ce
dernier qui voulait se faire des amis, n'ignorant pas que l'empereur
sollicitait l'électeur palatin , gendre de Christiern, à prendre les armes
pour délivrer son beau-père et le rétablir sur son trône. Ainsi le roi le
comprit trois ans après, dans le traité de Crespy, en qualité d'élu roi
de Danemark ; et les rois de Danemark ont encore été énoncés depuis,
dans les traités de Cateau-Cambrésis et de Vervins, parmi les alliés
de la France.
I ET II.
TraitéB d'ÂyignoD et de Paris entre Louis XIH, Christian IV et autres, pour alliance
contrôla maison d'Autriche (1623-1624).
J'ai marqué, dans le chapitre précédent, que quelques auteurs
soutenaient que les rois de France et de Danemark étaient entrés,
avec plusieurs autres princes, dans un traité passé à Avignon en 1623
et dans un autre fait à Paris en 1624. J'ai fait aussi connaître que je
croyais ces traités fabuleux; ainsi je n'en dirai rien davantage, me con-
tentant de les marquer, à cause qu'il y en a qui sont d'un avis contraire.
Il paraît pourtant, par l'instruction que le roi donna au sieur de
Blainville, envoyé vers la fin de 1625 en Angleterre en qualité d'am-
bassadeur extraordinaire, que le roi s'était engagé de secourir le roi
152 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
de Danemark d'un million de livres payables en deux années, à con-
dition que le roi d'Angleterre assisterait aussi ce roi dans la guerre
qu'il voulait entreprendre pour la liberté de l'Allemagne. Cette instruc-
tion porte que, sur les instances du sieur de La Picardière, résident de
France près du roi de Danemark et des princes de la basse Saxe, Sa
Majesté donnait ordre au sieur de Blainville de presser le roi d'Angle-
terre d'assister celui de Danemark, pour donner lieu à Sa Majesté de
fournir les sommes qu'elle n'avait promises que sous cette condition.
Dans une autre dépêche de la même année au sieur de Blainville,
le roi offrait encore de fournir les 500,000 livres qu'il avait promis de
donner durant deux années; il consentait de plus d'en commencer le
payement dès le premier jour de l'année suivante et de ne point traiter
seul avec l'empereur dans le temps qu'on était convenu de vaquer aux
affaires d'Allemagne ; il promettait même de tenir une armée sur les
frontières des Pays-Bas, afin que les Espagnols ne les dégarnissent pas
de troupes; enfin le maréchal de Bassompierre, dans la relation de son
voyage en Angleterre en 1626, marque que les Anglais se plaignaient
que le roi ne fournissait pas au roi de Danemark les subsides qu'il lui
avait promis. Cet ambassadeur justifia à ce sujet que le roi était si
exact à les payer qu'il avait même fourni le quartier courant, au lieu
que le roi d'Angleterre devait deux millions à ce prince. Il est donc
constant que le roi avait promis au roi de Danemark 500,000 livres
pendant deux années ; mais comme nous avons vu ci-devant que le
cardinal de Richelieu avait déclaré que le roi ne signerait aucun traité
pour les affaires d'Allemagne, il y a grande apparence que cette pro-
messe ne s'était faite que de vive voix et non par un traité signé.
La guerre qui survint entre les rois de France et d'Angleterre les
empêchait de donner au roi de Danemark les secours dont il aurait eu
besoin. Ce monarque envoya, vers la fin de l'année 1627, deux ambas-
sadeurs en France pour procurer une bonne paix entre eux, dans
laquelle les Rochelais fussent compris ; le roi ne voulut pas entendre
parler de cette condition, il témoigna seulement qu'il était disposé à
faire la paix avec le roi d'Angleterre, pourvu qu'il la demandât par
écrit. A l'égard du secours que les Danois demandaient, le roi leur
promit de leur fournir de l'argent ou de s'entremettre pour leur pro-
LIVRE IV. — CHAPITRE III. 153
curer la paix avec l'empereur ; mais le mal était pressant, et ce qu'on
leur promettait ne leur apportait aucun bien présent positif; cela ne les
contenta guère ; la guerre s'échauffa ensuite plus qu'auparavant entre
la France et l'Angleterre; les Français furent obligés, en cette même
année 1628, de songer aux affaires de la succession de Mantoue qui les
touchaient plus que celles du palatinat ; il y a donc apparence que le
roi de Danemark en eut peu de secours, puisqu'il fut obligé Tannée sui-
vante de faire sa paix avec l'empereur.
Le roi, résolu d'empêcher les Danois de quitter les armes pour
leur donner lieu de pouvoir faire tête à l'empereur, voulut commencer
par les délivrer d'un ennemi puissant. Dans cette vue il envoya, en
1629, le baron de Charnacé vers Télecteur de Bavière pour l'inviter à
faire la paix avec le roi de Danemark et à se détacher des intérêts de la
maison d'Autriche ; mais ce ministre, n'ayant pu le résoudre h faire
une paix particulière, fut trouver le roi de Danemark, à qui il repré-
senta les raisons qui avaient empêché Sa Majesté de lui fournir jus-
qu'alors les secours qu'il était actuellement dans le dessein de lui don-
ner, puisque l'Angleterre n'était plus en état de lui faire de la peine; il
lui offrit, de la part du roi, de lui payer 40,000 écus qui lui étaient
encore dus pour les arrérages du passé, et 500,000 livres par chacun
en tant qu'il ferait la guerre à l'empereur. Le roi de Danemark,
malcontent que ses alliés l'eussent abandonné, ne voulut point écouter
ces propositions ; il donna une réponse par écrit qui portait qu'il ne
s'était engagé dans cette guerre que sur les instances que le roi et
quelques autres lui en avaient faites; que plusieurs princes de l'empire
s'entremettant alors pour moyenner la paix à Lubeck, il ne pouvait en
conscience la refuser si l'empereur voulait bien la faire à des condi-
tions justes et honorables ; que toutefois il accepterait les offres de Sa
Majesté si l'empereur rejetait ses propositions ; ajoutant à cette décla-
ration qu'il espérait que le roi ferait encore plus pour lui qu'il ne lui
promettait. Ainsi il remit cette négociation après la fin de l'assemblée
qui se tenait alors ; mais la paix y fut conclue.
Depuis, ce roi vécut en fort bonne intelligence avec l'empereur et
le roi d'Espagne; il fit même un traité avec celui-ci contre la Suède
et les États généraux, qui étaient alors alliés de la France ; c'est pour-
15ft HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
quoi le roi eut peu de liaison avec lui, quoiqu'il n'y eût point de
rupture entre eux.
III.
Traité de Copenhague entre les mêmes, pour le commerce (1645).
Le roi eut un sensible déplaisir de voir la guerre entre la Suède
et le Danemark; ainsi, nonobstant son alliance avec les Suédois, il
prit beaucoup de précautions pour empêcher que les subsides qu'il
leur fournissait ne fussent employés à cette guerre ; il agit puissam-
ment à La Haye pour arrêter le secours que les États généraux vou-
laient envoyer aux Suédois contre les Danois; enfin après avoir, par le
ministère du sieur de La Tuillerie, son ambassadeur, rétabli la paix
entre ces deux couronnes par le traité de Brômsebro, il résolut de
faire une alliance plus particulière avec le Danemark, et ordonna à ce
même ambassadeur de conclure à Copenhague un traité d'amitié et de
commerce. Cela fut exécuté le 5 novembre 16i!i5, et, dans le préam-
bule et les ratifications, les deux rois marquèrent qu'il y avait quel-
ques siècles que les couronnes de France et de Danemark étaient
alliées.
Par ce traité, ils convinrent qu'il y aurait une amitié et une
alliance inviolables entre les deux rois; que les sujets des deux cou-
ronnes pourraient exercer leur commerce en suivant les lois des deux
royaumes; que les Français jouiraient de la liberté de conscience en
Danemark et en Norvège, et que les ministres du roi y pourraient
exercer la religion catholique dans leurs maisons ; que les Français en
passant le Sund ne payeraient, pour quelque marchandise que ce fût,
que ce que le roi de Danemark avait réglé par l'acte du 27 septembre
dernier; qu'ils ne payeraient aux autres passages que ce que les sujets
du roi de Danemark y payaient; que les sujets du roi de Danemark ne
payeraient en France que les mêmes impôts que les alliés de cette cou-
ronne y payeraient; que le roi de Danemark ne retirerait point dans
son royaume les corsaires ennemis de la France , ce qui s'entendait
des Dunkerquois auxquels le roi de Danemark avait promis retraite
par le traité qu'il avait fait avec l'Espagne en 164i. Que la même
chose se pratiquerait en France en faveur des sujets du roi de Dane-
LIVRE IV. — CHAPITRE 111. 155
mark ; que les deux rois ne favoriseraient directement ni indirecte-
ment les ennemis l'un de l'autre, présents ou à venir, et ne leur per-
mettraient point de faire des levées dans leurs États ; que si le roi de
Danemark était attaqué par un des alliés de la France, le roi s'em-
ploierait pour les accommoder, et que si ce n'était point un de ses
alliés, il l'assisterait comme son ami et son allié; que Sa Majesté ferait
comprendre le roi de Danemark dans le traité de paix, et que si
l'ambassade que son fils, l'archevêque de Brème, envoyait vers la
reine de Suède, en conséquence du traité de Bromsebro , pour être
rétabli dans son archevêché, ne réussissait pas, le roi tâcherait de lui
procurer satisfaction par ce traité; enfin ils convinrent que cette
alliance durerait sept années à compter depuis la ratification.
La France s'opposa autant qu'elle put à ce que l'archevêché de
Brème fût sécularisé et donné à la Suède pour sa satisfaction; mais
les ministres de l'empereur, qui étaient bien aises d'acquérir la paix
aux dépens de l'Église, l'ayant accordé aux Suédois, le roi ne le put
empêcher.
IV.
Traité de Paris entre Louis XIV et Frédéric m , pour le commerce
(février 1663).
Cette alliance entre la France et le Danemark fut un peu altérée
par les engagements que Frédéric III, roi de Danemark, prit en
1649 et en 1653 avec les États généraux, dont la France était alors
mal satisfaite, et depuis par la guerre qu'il fit en 1657 et dans les
années suivantes contre le roi de Suède, allié du roi. Il n'y eut pas
néanmoins de rupture entre les deux couronnes; ce fut même par
l'entremise du roi que se firent les traités de paix de Rotschild et de
Copenhague entre le Danemark et la Suède.
Les puissances du nord étaient en paix, et le roi avait fait une
alliance offensive et défensive avec les États généraux ; le roi de Dane-
mark envoya en France comme ambassadeur le comte de Schested
pour rétablir entièrement l'alliance et l'amitié entre les deux États ;
ce ministre fit deux traités avec les sieurs de Brienne, Le Tellier, de
Lionne et Colbert, que le roi lui donna pour commissaires.
156 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Le premier, pour le commerce, fut passé le 14 février 1663'. 11
portait qu'il y aurait amitié et alliance entre les deux rois, leurs sujets
et États tant en Europe que hors d'Europe ; que le commerce serait
ouvert entre les deux nations en payant les droits accoutumés ; que
leurs sujets auraient un libre exercice de leur religion dans l'un et
l'autre royaume ; qu'ils ne seraient point tenus d'entrer dans les ports
ni d'y décharger leurs marchandises; que les vaisseaux français pas-
sant le détroit du Sund et du Belt ne seraient point tenus de payer
d'autres droits que ceux portés par le tarif de l'année 1645, qui fut
inséré tout au long dans le traité ; je ne le transcrirai point ici à cause
de sa longueur ; que les marchandises des Français trouvées sur des
vaisseaux qui n'auraient pas ce privilège ne laisseraient pas que
d'en jouir en rapportant un certificat des magistrats de leurs villes
portant que ces marchandises leur appartiendraient ; que ces droits
ne seraient point augmentés jusqu'en 1685, après quoi les sujets du
roi seraient traités comme ceux d'Angleterre et des États généraux, ce
qui fut mis à cause que, par le traité de Christianople fait en 1645,
les Etats généraux avaient réglé ce que leurs sujets payeraient au
Sund et au Belt jusqu'en Tannée 1685; que moyennant les certificats
donnés aux maîtres des navires de ce que contiendrait leur charge on
ne les visiterait point, et que s'il se faisait quelque fraude de la part
des Français, le roi, en étant requis, y pourvoirait; que les Français
passant par ces détroits pourraient différer le payement des droits
jusqu'au retour, à condition qu'ils auraient des lettres testimoniales de
l'amirauté et qu'ils donneraient bonne caution à Elseneur de payer
ces droits au plus tard dans trois mois ; qu'ils seraient expédiés au
plus vite à Elseneur sans qu'on leur préférât d'autres nations, honnis
des habitants de certains lieux qui avaient ce privilège d'ancienneté;
que les sujets du roi de Danemark ne payeraient en France, pour
l'entrée et pour la sortie de leurs marchandises, que ce que les sujets
du roi y payaient, hormis qu'ils ne jouiraient point des privilèges
accordés à la Compagnie établie pour la pêche de la baleine et qu'ils
payeraient les 50 sols par tonneau imposés sur les vaisseaux; que les
sujets du roi jouiraient des privilèges accordés aux Provinces-Unies
par les traités du 13 août 1645 et du 12 février 1647, à l'égard des
LIVRE IV. — CHAPITRE III. 157
impôts établis sur le bois de Norvège ; que les Français ne payeraient
aucuns impôts en passant devant Gluckstadt; que les sujets du roi de
Danemark ne payeraient point en France de plus grands droits que les
sujets des États généraux , ni les Français, dans les États du roi de
Danemark, autres droits que ceux que les naturels du pays y payaient;
que ce roi favoriserait la compagnie française de la pêche de la
baleine ; que les deux rois augmenteraient le commerce entre leurs
États ; que les sujets d'un des deux rois pourraient trafiquer avec les
ennemis de Tautre, hormis des marchandises de contrebande, au sujet
desquelles on s'en tiendrait au certificat que l'on montrerait à deux
ou trois hommes qu'on enverrait dans un bateau à bord des vais-
seaux marchands; que les marchandises de contrebande, si on en
trouvait, seraient seules confisquées, et que les vaisseaux et marchan-
dises libres ne le seraient point; qu'il n'y aurait que les choses
propres à la guerre qui passeraient pour marchandises de contrebande.
Ils convinrent encore des articles ordinaires à l'égard de l'entrée des
vaisseaux de guerre dans les ports des deux rois ; qu'on ne se servirait
point des vaisseaux des sujets des deux rois pour quelque prétexte que
ce fût; qu'ils ne donneraient point de retraite aux pirates, mais au
contraire qu'ils tâcheraient de les faire punir ; que si les sujets d*un
des deux rois prenaient un vaisseau des sujets de l'autre, et qu'il y eût
uirjugement qui déclarât la prise bonne, l'ambassadeur pourrait faire
reroir le jugement; qu'on rendrait aux propriétaires ce qui aurait été
sauvé d'un naufrage; qu'on conserverait aux héritiers les biens de
ceux qui seraient morts sans laisser un héritier certain ; enfin que les
sujets du roi de Danemark jouiraient de tous les privilèges accordés
par le roi aux sujets des Provinces-Unies par le dernier traité.
V.
Autre traité de Paris entre les mêmes, pour alliance (août 1663).
Le 3 août 1663, les mêmes plénipotentiaires firent un traité
d'alliance entre les deux rois, dans lequel ils mirent toutes les clauses
ordinaires dans ces sortes de traités, et promirent de se secourir
mutuellement en cas que F un d'eux fut attaqué. Ils convinrent que le
158 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
roi de Danemark déclarerait dans trois mois s*ii voulait entrer dans la
ligue du Rhin comme duc de Holstein ; que le roi traiterait pour ce
sujet avec les princes qui étaient déjà dans cette ligue, et que, quand
même le roi de Danemark n'y entrerait pas, il ne laisserait pas de
coopérer avec le roi pour maintenir dans l'empire l'observation de la
paix de Westphalie, en joignant ses forces à celles des rois de France
et de Suède, en cas qu'il fallût faire la guerre pour ce sujet; qu'il ne
pourrait faire aucun traité avec les ennemis que du consentement de
ces deux rois ; que le roi fournirait, trois mois après la rupture au
moins, le même nombre de troupes que le roi de Danemark aurait
mis en campagne, et qu'il porterait le roi de Suède à en faire autant
dans le même temps; quMI fournirait au roi de Danemark pendant la
guerre une somme dont ils conviendraient , ne ferait point de traité
avec les ennemis sans le consentement du roi de Danemark, et tâche-
rait d'engager la Suède à promettre la même chose; qu'on n'estime-
rait pour agresseurs que ceux qui violeraient la paix de Westphalie
par les armes, ou qui , l'ayant violée autrement, ne voudraient point
s'en désister après en avoir été interpellés à l'amiable; que le roi de
Danemark ne serait tenu qu'aux contraventions qui arriveraient depuis
réchange des ratifications de ce traité et non aux précédentes; que si
le roi de Danemark était attaqué dans ses États, le roi lui fournirait le
nombre de troupes auquel il était obligé contre les violateurs de la
paix de Westphalie, outre cela, par chacun an, la somme dont il
serait convenu entre eux, et ne cesserait point de lui fournir ce secours
jusqu'à ce que la paix fût faite et le roi de Danemark satisfait; qu'il
ferait tout son possible à ce qu'il ne fût privé d'aucun des États qu'il
possédait alors, ou qui lui pourraient échoir à l'avenir par succession
ou autrement, ce qui fut dit particulièrement à cause de la succession
du comte d'Oldenbourg qui regardait le roi de Danemark, et que
quelques ducs de Holstein lui disputaient; qu'il tâcherait que ses
alliés, particulièrement le roi de Suède, lui donnassent aussi un secours
pareil à celui qu'ils étaient tenus de fournir contre les violateurs de
la paix de Westphalie, lequel le roi de Danemark serait aussi tenu de
donner au roi et à ses alliés en pareil cas; que s'ils avaient quelques
différends entre eux ils les termineraient à l'amiable, sans rompre
LIVRE IV. — CHAPITRE III. 159
celte alliance; que cette alliance ne serait que défensive, non pour
faire tort'à qui que ce fût; que si, pendant qu'ils feraient la guerre
en Allemagne, ils y prenaient quelques places, ils n'y changeraient
rien, à l'égard de la religion catholique ou protestante, de ce qui était
porté par la paix de Westphalie, et feraient en sorte que le roi de
Suède et les autres alliés en usassent de même; enfin ils déclarèrent
qu'ils n'avaient fait aucun traité et qu'ils n'en feraient aucun contraire
à celui-ci, qui devait durer dix années.
Par des articles secrets du même jour, ils convinrent qu'ils ne
mettraient point chacun en campagne moins de deux mille chevaux
et de six mille hommes de pied; que le roi de France payerait
300,000 écus de subsides ; que le roi de Danemark tiendrait ce qu'il
avait promis par le traité, quand même celui de Suède n'y voudrait
pas entrer, à condition que le roi le garantirait de tous les dommages
qui lui pourraient arriver pour ce sujet ; que s'il était attaqué par le
roi de Suède, le roi ne serait point tenu de lui donner des troupes ni
de faire diversion dans les États de Suède, mais seulement de lui
payer 400,000 écus par an tant que cette guerre durerait; que le roi
serait néanmoins tenu de faire cette diversion contre la Suède si elle
attaquait le roi de Danemark pendant que ses troupes seraient occu-
pées dans l'empire contre les violateurs de- la paix de Westphalie ; que
même il continuerait jusqu'à ce que le roi de Danemark fût pleine-
ment satisfait, et qu'on eût quitté les armes du consentement de tous
les confédérés ; enfin qu'en cas qu'il fût attaqué par quelque autre
puissance, soit pendant la guerre d'Allemagne soit devant ou après,
le roi serait tenu non-seulement de fournir ces 400,000 écus, mais
aussi d'attaquer vigoureusement les États de l'agresseur et de ne point
cesser que le roi de Danemark ne fût satisfait.
VI.
Traité de La Haye entre les mêmes et les États généraux, pour la garantie
du traité de paix qu'on ferait avec TAngleterre (1666).
Le roi d'Angleterre ayant rompu avec les États généraux, les
rois de France et de Danemark prirent leur parti et firent avec eux, à
160 HISTOIRE DES TRAITÉS" DE PAIX.
La Haye, le 11 février 1666, un traité de garantie par lequel ces trois
puissances promirent de se secourir mutuellement en cas que le roi
d'Angleterre rompît le traité de paix qu'on projetait de faire avec lui.
VII.
Traité de paix de Fontainebleau, entre Louis XIV et Christian V (1679).
Christian V, roi de Danemark, fit en 1674 une ligue très-étroite
avec les États généraux, contre lesquels le roi était alors en guerre;
il envahit depuis les États du roi de Suède, allié de Sa Majesté; ainsi
le roi lui déclara la guerre et l'obligea ensuite, par le traité de Fon-
tainebleau de l'année 1679, de rendre au roi de Suède toutes les con-
quêtes qu'il avait faites sur lui.
Comme ce traité ne regarde que les affaires entre la Suède et le
Danemark, et que le roi le passa tant au nom du roi de Suède qu'au
sien propre, je l'ai mis dans le IV livre, chapitre ii, parmi les traités
faits entre ces deux couronnes du Nord. Ainsi je n'en répéterai rien
ici, me contentant de marquer que l'ardeur et la fermeté avec laquelle
le roi de Danemark a vu que le roi maintenait les intérêts de ses alliés
lui donnèrent envie d'être de ce nombre. Il a fait depuis ce temps
divers traités d'une alliance foit étroite avec Sa Majesté ; mais je n'en
parlerai point ici, tant à cause qu'ils sont fort secrets que parce qu'ils
ont été faits depuis la paix de Nimègue, que je me suis proposé pour
le terme de mon histoire.
CHAPITRE IV
TRAITÉS ENTRE LA FRANGE ET LA SUÈDE
Gustave-Adolphe marque lui-même, dans une lettre qu'il écrivit
au roi Louis XIII en 1630, qu'il y avait depuis longtemps alliance et
confédération entre la France et la Suède. En effet nous avons encore
le traité d'alliance passé en 1542 entre le roi de France François I"
et Gustave V\ qui avait dépouillé de ce royaume Christiern II , roi
de Danemark et beau-frère de Charles -Quint. Ainsi François et
LIVRE !V. — CHAPITRE III. 161
Gustave, regardant cet empereur comme leur ennemi commun,
s'unirent facilement contre lui.
En 1544, François I" comprit le roi de Suède dans le traité de
paix qu'il fit à Crépy ; l'empereur voulut qu'on ajoutât qu'il y entrerait
pourvu qu'il fût d'accord avec lui et sans préjudice des droits de la
princesse de Danemark, duchesse de Lorraine. Cette duchesse, nièce
de Tempereur et fille de Christiern II, ci-devant roi de Danemark et
de Suède, prétendait que la couronne de Suède lui appartenait comme
héritière de son père; l'empereur voulut mettre celte clause dans le
traité, afin que la qualité de roi de Suède qu'on donnait à Gustave
ne portât point de préjudice à sa nièce. Les. rois de Suède furent
encore compris comme alliés de la France dans les traités de Cateau-
Cambrésis et de Vervins; mais comme dans le temps qui s'écoula
entre ces deux traités la France fut affligée par des guerres civiles et
ne songea à aucunes affaires étrangères, elle eut peu de commerce
avec la Suède.
Après que Charles, duc de Sudermanie, eut fait soulever la Suède
contre son neveu Sigismond et qu'il s'en fut fait déclarer roi, il envoya
un ambassadeur à Henri IV pour renouveler avec lui les précédentes
alliances entre la France et la Suède. Comme Henri connaissait Sigis-
mond pour un prince entièrement dévoué à la maison d'Autriche , il
reçut fort bien l'envoyé de Charles, fort satisfait de voir diminuer la
puissance de Sigismond par le soulèvement d'un aussi puissant royaume
que la Suède; néanmoins la révolte de Charles étant particulièrement
fondée sur ce qu'il prétendait que Sigismond avait voulu rétablir la
religion catholique en Suède, Henri ne voulut point se liguer avec lui
ni lui envoyer ouvertement du secours, de peur que les partisans de la
maison d'Autriche ne prissent ce prétexte pour le calomnier auprès du
pape et des princes catholiques. Ainsi il se contentait d'exciter ses
sujets à aller au service du roi de Suède, promettant même de donner
grâce de leurs crimes à ceux qui y auraient bien servi pendant quelque
temps.
II. 11
162 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
1.
TViiié de Paris entre Looi» Xlfl, GastaTe et autres, pour aUiance ( lOii).
Les troubles de la France, pendant la minorité de Louis XIII et
jusqu'à rentière ruine du parti huguenot par la prise de La Rochelle,
cnDpêchèrent le roi de prendre part ouvertement dans les ligues qui se
firent pour diminuer la trop grande puissance de l'empereur en Alle-
magne; de sorte que s'il donna quelques subsides au roi de Danemark,
ce fut sans y être obligé par aucun traité. C'est pourquoi j'ai déjà
marqué plusieurs fois que je ne croyais pas que les rois de France et
de Suède soient entrés dans le traité de Tannée 1624, ce que j'estime
d'autant plus indubitable qu'on voit premièrement que les rois d'An-
gleterre et de Danemark, se liguant en 1625, prirent pour un des
articles de leur traité qu'ils solliciteraient les rois de France et de Suède
d'entrer dans leur ligue, ce qui fait connaître qu'ils n'y étaient point
encore entrés. Kn second lieu, comme je l'ai marqué ailleurs, le roi de
Suède déclara lui-même en 1630 que jusqu'alors il n'avait jamais voulu
entrer dans aucune ligue contre l'empereur ni contre l'empire, quoi-
qu'il en eût été sollicité plusieurs fois. Je ne laisse pas néanmoins de
marquer ici ce traité, parce que plusieurs auteurs tiennent que les rois
de France et de Suède y sont entrés ; mais si je doute de ce traité,
j'en trouve un grand nombre d'autres passés en ce siècle entre la
France et la Suède depuis l'année 1631 jusqu'en 1675.
II.
Traité entre les mêmes, pour des subsides.
Le roi Louis XTII, résolu, après la prise de La Rochelle, d'employer
toutes ses forces pour diminuer la puissance de la maison d'Autriche,
qui lui était devenue extrêmement suspecte, jeta les yeux sur Gustave-
Adolphe, roi de Suède, qu'il savait être mécontent de l'empereur, qui
avait pris le parti du roi de Pologne contre lui. il crut qu'on ne pouvait
choisir un prince plus capable d'être le chef de ceux qui s'opposeraient
à la grandeur de la maison d'Autriche en Allemagne; il lui envoya,
<lans ce dessein, le baron de Charnacé pour l'exhorter d'entreprendre
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. U]^
cette guerre, offrant de lui fournir par chacun an une somme de
deniers considérable, même d'attaquer ouvertement la Lorraine pour
faire diversion d'une partie des forces de l'empereur, qui ne voudrait
pas souffrir que cette province, voisine de l'empire, passât sous la
domination du roi de France. Gustave reçut fort bien Charnacé, mais
il refusa absolument de s'engager en cette guerre, à moins que le roi
ne rompît en même temps avec l'empereur. Cette condition n'ayant
pas été acceptée, le roi de Suède ne voulut s'obliger à rien; ainsi tout
ce que Charnacé conclut avec lui fut un traité par lequel Sa Majesté
s'obligea de fournir au roi Gustave 500,000 livres par chacun an,
pendant deux années, en cas qu'il entrât en Allemagne.
III.
Traité de Bernwald entre les mômes, pour alliance (1631).
Gustave, enfin absolument résolu de porter la guerre dans l'Alle-
magne, sur l'espérance que lui donnaient plusieurs princes protestants
de se déclarer pour lui, fit témoigner au roi qu'il renouerait volontiers
la négociation que Charnacé avait commencée. Le roi était alors très-
mécontent de ce que l'empereur, après avoir fait la paix avec le roi
de Danemark, avait fait passer son armée victorieuse dans le pays
des Grisons, ses alliés, à l'instigation des Espagnols, qui, après s'en
être emparés et y avoir élevé quelques forts où ils avaient mis garni-
son, étaient entrés en Italie et avaient assiégé la ville de Mantoue, pour
dépouiller de ses États un prince français allié de Sa Majesté, et qui
en était le légitime héritier.
Dans ces circonstances, le roi n'avait rien plus à cœur que de
susciter tant d'affaires à l'empereur, en Allemagne, qu'il perdît la
pensée de troubler le repos de ses alliés; cette résolution du roi
de Suède lui fut très-agréable; il lui renvoya le même Charnacé qui
le trouva, au mois de juillet 1630, dans Tîle d'Usedom, sur les côtes
de Poméranie.
On convint de tous les articles, hormis de la somme qui serait
donnée pour les subsides ; mais le roi de Suède se tint particulièrement
choqué de ce que Charnacé ne voulait pas consentir qu'il fut nommé
16i HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
le premier dans un des deux instruments du traité. Gustave, croyant
que Charnacé envoyait à la cour de France des relations à son désa-
vantage, et qu'il lui faisait des dillicultés de son chef, ne voulut plus
traiter avec lui, le congédia, et écrivit au roi pour se plaindre de la
difficulté que Charnacé faisait de consentir qu'il fût nommé le premier
dans un des instruments du traité.
Charnacé était parti, mais il reçut ordre k Lubeck de lever toutes
les difficultés qui empêchaient la conclusion du traité. Ainsi il alla
retrouver le roi de Suède dans la nouvelle marche de Brandebourg,
près de Lansberg, renoua la négociation, et consentit que Ton en
usât de la même manière qu'on l'avait pratiqué lorsque François P'
avait traité avec Gustave P""; dans cette occasion les commissaires
des deux rois avaient mis chacun le nom de leur maître le premier
dans l'instrument du traité qu'il avait fourni ; le roi de Suède insistait
beaucoup sur ce cérémonial ; cette difficulté fut donc terminée à sa
satisfaction : on convint en même temps de la somme qui serait don-
née au roi Gustave pour ses subsides, en faveur du présent traité
d'alliance, qui fut conclu et signé en ce même lieu de Bernwald, le
13 janvier 1631.
Par ce traité, ces deux rois firent une ligue pour la défense de
leurs amis, la sûreté de la mer Baltique et de l'Océan, la liberté du
commerce, le rétablissement des États qui avaient été opprimés, la
démolition des forteresses bâties dans les ports et sur les côtes des
mers Océane et Baltique et dans le pays des Grisons, enfin pour
rétablir toutes choses en l'état auquel elles étaient avant la guerre
d'Allemagne. Ils convinrent que le roi de Suède entretiendrait trente
mille hommes de pied et six mille chevaux; que le roi de France lui
fournirait 400,000 écus par an ; qu'il serait permis à chacun des deux
rois de lever des soldats et des matelots dans les États de l'autre ,
liberté qui serait refusée à leurs ennemis ; que si le roi de Suède pre-
nait quelques places, il s'y conduirait à l'égard de la religion suivant
les constitutions de l'empire; qu'il laisserait l'ancien exercice de la
religion catholique romaine dans les lieux où il le trouverait ; qu'il se
maintiendrait en bonne amitié ou tout au moins en neutralité avec le
duc de Bavière de même qu'avec la ligue catholique, pourvu qu'ils en
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 165
usassent de même à son égard ; que s'il se présentait occasion de trai-
ter de la paix, on ne la pourrait conclure que du consentement des
deux rois; que ce traité durerait cinq années jusqu'au 1®"^ mars 1636;
enfin que Sa Majesté payerait au roi de Suède 100,000 écus pour la
première année, qui devait finir au l®'' de mars suivant, en considé-
ration des frais considérables qu'il avait faits dans cette guerre pendant
Tannée presque entière qui s'était écoulée depuis le commencement de
la présente négociation.
Après la conclusion de ce traité, Charnacé tira de Gustave un
acte signé de sa main, portant qu'il ne commettrait aucunes hostilités
contre les princes de la ligue catholique, pourvu qu'ils en usassent de
même à son égard, et lui donna de sa part un autre acte par lequel il
lui promettait, au nom du roi, de ne point remettre cet acte à l'élec-
teur de Bavière avant que cet électeur n'en eut donné un pareil pour le
roi de Suède; à ce défaut, le roi promettait de faire rendre cet acte à
Gustave.
Le roi fournit, en conséquence de ce traité, au roi Gustave, les
sommes qu'il lui avait' promises; il fit même la guerre au duc de
Lorraine, parce qu'il avait pris les armes en faveur de l'empereur
contre le roi de Suède.
Le roi alla à Metz, vers la fin de cette année, pour mettre le duc
de Lorraine à la raison, et empêcher que, par ses hostilités contre les
Suédois, il ne leur donnât un prétexte de porter leurs armes en Lor-
raine et sur les frontières de la France. 11 envoya le maréchal de Brézé
à Gustave, qui était alors vers le Rhin, tant pour lui faire compliment
que pour négocier une neutralité entre la Suède et la ligue catholique.
Le roi de Suède, dans des sentiments opposés à cette neutralité,
n'observait pas assez exactement, à ce que prétendait le maréchal, les
articles du traité de Bernwald touchant la religion catholique; ils
eurent de grosses paroles, et Gustave s'emporta même jusqu'à mena-
cer que si on continuait à lui vouloir ôter le prix de ses victoires, il
ferait aussi bien la guerre à la France qu'à la maison d'Autriche. Le
maréchal répondit fièrement que si l'envie lui en prenait jamais on lui
épargnerait la moitié du chemin et qu'on l'en ferait bientôt repentir.
On sut depuis que Gustave avait fait ces menaces parce qu'il se fiait
166 HISTOIRE DES TRAITES DE PAIX.
sur rintelligence qu'il entretenait en France avec les huguenots et les
mécontents, qui lui faisaient espérer que ceux du parti de la reine mère
et de Monsieur le duc d'Orléans se joindraient à lui; c'est pourquoi on
le rep:arda dès lors en France comme un prince encore plus à craindre
que l'empereur.
La jalousie contre le bonheur de Gustave augmenta encore en
France, lorsqu'on y apprit la seconde défaite de l'armée impériale près
du Lech, où Tilly fut tué; les Suédois avaient l'entrée dans la Bavière,
même dans l'Autriche, enfin Gustave agissait en maître et voulait
imposer des lois, au lieu de suivre en toutes choses les ordres de la
France, comme le cardinal de Richelieu avait espéré quMI ferait, en
considération de l'argent quMl recevait.
Au mois d'août 1632 il eut un extrême chagrin de ce que Char-
nacé avait fait enlever, près de Mayence, le sieur Des Hayes, que la
reine mère et le duc d'Orléans lui avaient envoyé pour le porter à tenir
la parole qu'il leur avait donnée d'entrer en France pour se joindre à
ceux de leur parti. Le cardinal fut tellement surpris de voir, parmi les
papiers de Des Hayes, les lettres qui contenaient cette intelligence, que
s'il eût pu se fier au duc de Lorraine, il lui aurait fait donner sous main
de l'argent pour lever une armée et s'opposer au roi de Suède sur le
Rhin ; le roi même était sur le point d'entrer dans la ligue catholique
et de lui fournir dix-huit ou vingt mille hommes pour donner de
l'exercice à Gustave en Allemagne; mais dans ces entrefaites on apprit
en France les nouvelles de sa mort, arrivée le 6 de novembre 1632 à
la bataille de Lutzen, dont on se consola aisément.
IV.
Traité d*Heilbronn entre Louis xm et Christine, pour alliance (1633).
Le roi envoya le sieur de Feuquières, en qualité de son ambas-
sadeur extraordinaire, en Allemagne, avec ordre de travailler à faire
élire l'électeur de Saxe chef du parti contraire à Tempereur, et d'en-
gager ce prince à se servir du chancelier Oxenstiern pour son premier
ministre. Le sieur de Feuquières vint trouver Oxenstiern à Francfort,
et se rendit avec lui à Heilbronn, où il avait convoqué les États pro-
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 167
testants de la haute Allemagne. Cet ambassadeur contribua beaucoup
à animer les États à la continuation de la guerre contre Tempereur ;
il fit avec eux attention sur la passion de Télecteur de Saxe pour la
bonne chère et pour les plaisirs, sur sa jalousie contre la couronne de
Suède et contre les princes de la maison de Weimar, et sur son pen-
chant à rentrer en paix avec la maison d'Autriche; ces considérations
le déterminèrent à convenir, contre ses instructions, de lui préférer le
chancelier Oxenstiern, mais néanmoins de manière qu'il lui fît limiter
son autorité, afin qu'il ne prétendît pas agir sans prendre les avis d'un
conseil qu'on lui donna.
Pour animer encore davantage les Suédois et les Allemands en
faveur de la cause commune, le sieur de Feuquières fit, au mémo
lieu d'Heilbronn, au nom du roi, le 9 avril 1633, un traité avec le
chancelier Oxenstiern pour établir une ferme alliance entre le roi et
la reine Christine, fille de Gustave. Ils déclarèrent que ce traité avait
pour fin, aussi bien que le précédent, la défense de leurs amis com-
muns, la sûreté de la mer Baltique et de l'Océan, et l'établissement
d'une bonne paix dans l'empire sans préjudice du droit de chacun des
confédérés. Ils convinrent que la reine de Suède entretiendrait encore
en Allemagne trente mille hommes de pied et six mille chevaux ; que
le roi lui fournirait un million de livres par an ; que l'exercice de la
religion catholique serait conservé dans tous les lieux où il serait
trouvé, et qu'après que les ecclésiastiques auraient prêté le serment
de fidélité et rendu la foi et hommage à la reine de Suède ou à ses
alliés, il ne leur serait fait aucun tort en leurs personnes ni en leurs
biens; qu'il serait libre au roi d'imiter le duc de Bavière et la ligue
catholique et de demeurer neutre dans l'empire ; qu'on inviterait tous
les princes d'Allemagne et autres d'entrer dans celte alliance; que
s'il se rencontrait occasion de traiter de la paix, on ne déterminerait
rien au préjudice des uns ni des autres; que ce traité durerait jusqu'à
la paix, et que si après la paix conclue un des confédérés entreprenait
quelque chose contre ce qui aurait été arrêté par le traité de paix, tous
les autres confédérés se joindraient pour repousser cette injure par les
armes un mois après qu'ils en auraient été avertis, ce qui durerait
dix ans après la paix conclue. Ce traité fut confirmé au mois de sep-
168 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
tembre de la même année par les États des cercles de Franconie , de
Souabe et du haut Rhin assemblés à Francfort.
Quoique les Français fussent exacts k payer aux Suédois les sub-
sides portés par ce traité, il y eut toujours quelque mésintelligence
entre les deux couronnes. Les Français trouvaient mauvais que les
Suédois voulussent faire les maîtres en toutes choses, et qu'ils préten-
dissent avoir la supériorité sur les confédérés et faire garder toutes
les" places par leurs garnisons ; ces sujets de mécontentement firent
prendre au cardinal de Richelieu le parti d'engager dans les intérêts
de la France le landgrave de Hesse-Cassel ; il ménageait la même
chose avec quelques autres particuliers, et fit entrer garnison française
dans diverses places des environs du Rhin qui recoururent à la protec-
tion du roi. Cette conduite déplaisait extrêmement aux Suédois, mais le
cardinal ne faisait pas semblant de s'en apercevoir : il négociait
alors une ligue avec le duc de Friedland dans laquelle il prétendait
ne recevoir que les seuls Allemands et trouver moyen de mettre pour
principales conditions le rétablissement de la religion catholique par
toute l'Allemagne; son dessein en cela était de plus de se laver de
toutes les calomnies qu'on avait publiées contre lui à cause des
alliances qu'il avait contractées avec les hérétiques ; mais la mort de
Wallenstein fit avorter tous ses beaux projets, et rendit les Suédois,
qui avaient découvert cette intrigue, plus fiers à l'égard des Français.
Traité de Francfort entre les mêmes et les États confédérés des quatre cercles,
pour remettre Philippsbourg au roi (août 1634).
Lorsque Philippe-Christophe de Jaleren, électeur de Trêves et
évêque de Spire, se mit sous la protection de la France, il eût bien
souhaité démettre Philippsbourg entre les mains de SaMajesté, comme
il lui avait livré Trêves, Hermenstheim et ses autres places; même
une des conditions sous lesquelles le roi Gustave consentit à la neu-
tralité avec cet électeur fut qu'il remettrait dans six semaines Phi-
lippsbourg entre les mains du roi. Cependant cela ne put alors être
exécuté : les Espagnols, que le gouverneur y avait appelés, s'y trou-
LIVHK IV. — CHAPITRE IV. 169
vèrent les plus forts et contraignirent la garnison de l'électeur de
faire serment de fidélité à l'empereur.
Les Suédois ayant pris cette place importante au mois de jan-
vier 1634, le roi et l'électeur de Trêves demandèrent aussitôt qu'en
conséquence du traité fait entre le feu roi de Suède et l'électeur elle
fût remise entre les mains de Sa Majesté. Cependant on ne les satisfit
point jusqu'au 16 août suivant, que le sieur de Feuquières, ambassa-
deur extraordinaire de France en Allemagne, passa un traité à Franc-
fort avec le chancelier Oxenstiern et le conseil formé des princes et
États confédérés des quatre cercles, par lequel ils consentirent que
Philippsbourg fût mis en dépôt entre les mains du roi, à condition qu'il
y mettrait pour gouverneur général un prince du nombre des confé-
dérés, un gouverneur particulier qui serait Français et une garnison
de mille hommes en dix compagnies , dont six seraient françaises et
quatre allemandes; que ce dépôt ne préjudicierait point aux droits de
personne; que les gouverneurs, officiers et soldats prêteraient serment
au roi et aux confédérés de garder la place contre tous, et de ne la
rendre que par le commandement de Sa Majesté et des confédérés;
que les officiers ne seraient point changés ni la garnison augmentée
que du consentement du roi et du directeur général ; que le roi serait
tenu de remettre cette place entre les mains des confédérés dès que la
paix générale serait conclue en Allemagne, pourvu que Sa Majesté y
fût comprise; qu'arrivant le décès du roi, les gouverneurs, officiers et
soldats ne recevraient plus les ordres que du directeur ou des confé-
dérés ; que le roi payerait bien la garnison et la fournirait suffisamment
de munitions de guerre et de bouche ; que le roi ne pourrait faire de
fortifications sur le Rhin que du consentement des confédérés ; que le
gouverneur ne pourrait établir aucuns nouveaux impôts ni péages,
toutes choses demeurant à cet égard comme elles étaient en 1619;
que le surplus du traité de neutralité serait exécuté de part et d'autre;
que cependant les prétentions de l'électeur et évêque de Spire et des
princes confédérés demeureraient suspendues à l'égard de cette place ;
enfin que le roi ne recevrait en sa protection aucun des ennemis des
confédérés, à moins que ce ne fût avec assurance qu'ils n'en recevraient
aucun dommage.
170 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Kn conséquence de ce traité, le sieur de Feuquières prit posses-
sion, le 7 septembre suivant, de Philippsbourg, où il établit le duc de
Wurtemberg pour gouverneur général et le sieur Arnauld, meslre de
camp des carabins du roi, pour gouverneur particulier, avec six cents
soldats français et quatre cents Allemands que le duc de Wurtemberg
lui envoya. Mais Tinfidolité des Allemands, la peste qui fit périr la
plupart des Français et le grand froid qui glaça Teau des fossés pen-
dant rhiver, furent cause que Bamberg, qui avait été quatorze ans
gouverneur de cette place, et qui était dans le parti de Tempereur, la
surprit au mois de janvier 1635, en sorte que les Français ne la gar-
dèrent que quatre mois.
VI.
Second traité de Francfort entre les mêmes, pour alliance (septembre 1634).
Le chancelier Oxenstiern et les confédérés furent extrêmement
consternés par la perte de la bataille de Nordiingue, arrivée le 6 sep-
tembre 163/i. Ainsi, comme ils virent qu'ils n'avaient point d'autre
ressource que de faire une plus étroite alliance avec le roi et de l'en-
gager à se déclarer contre leurs ennemis, ils prièrent le sieur de Feu-
quières, qui assistait à la diète de Francfort, de vouloir mettre par
écrit les conditions sous lesquelles cette alliance pouvait être faite, ce
qu'il exécuta en dix ou douze articles auxquels ils joignirent, le 20 sep-
tembre suivant, leurs réponses qui furent signées par le directeur
général et par les ambassadeurs des États confédérés, en sorte qu'ils
donnèrent à cet acte le nom de traité.
Ils convinrent donc de continuer Texercice de la religion catho-
lique dans les lieux oii il aurait été avant ces mouvements; qu*on aurait
pour ennemis la maison d'Autriche, l'Espagne et leurs adhérents; que
si le roi venait à rompre avec eux, les confédérés ne feraient point
d'accommodement que Sa Majesté ne fût maintenue dans ses droits,
c'est-à-dire, comme le sieur de Feuquières s'en était expliqué, dans la
souveraineté sur les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun et leurs
dépendances et sur Pignerol; que les confédérés ne se pourraient
séparer de la confédération sous quelque prétexte que ce fût; qu'ils
LIVRE IV. - CHAPITRK IV. 171
donneraient passage aux troupes du roi; qu'on attaquerait Tennemi
dans ses terres patrimoniales et usurpées ; que si Sa Majesté se trouvait
en personne dans les armées chacun serait sous son commandement;
que le roi et les confédérés se secourraient mutuellement; enfin, à
l'égard des autres propositions que le roi faisait, ils convinrent qu'elles
seraient réglées avec Sa Majesté par les ambassadeurs qu'ils préten-
daient lui envoyer au plus tôt, avec plein pouvoir de donner à Sa
Majesté tous les éclaircissements et toutes les satisfactions convenables.
VII.
Traité entre le» mêmes, pour les villes d'Alsace (octobre 1634).
La grande défaite des Suédois à Nordiingue obligea leurs généraux
de retirer leurs garnisons de plusieurs places d'Alsace, pour en pou-
voir former un corps d'armée capable de tenir la campagne. Comme
il y avait lieu de craindre que les impériaux ne s'emparassent de ces
places lorsque les Suédois en seraient sortis, les Suédois, qui n'avaient
point voulu consentir jusqu'alors que les Français entrassent dans
aucune place d'Allemagne, ne laissèrent pas que de passer un traité, le
9 octobre l()3/i, avec les ministres de France, par lequel, sans attendre
le succès de l'ambassadeur qu'ils avaient envoyé à Paris pour le même
sujet, ils convinrent que les villes et châteaux de Colmar, Schelestadt,
Markelheim et plusieurs autres d'Alsace seraient mises sous la protec-
tion de la France, à condition que cela ne dérogerait point à la liberté
de l'empire et des confédérés ni aux traités d'Heilbronn et de Franc-
fort; que les confédérés auraient liberté de passage dans ces villes;
que jusqu'à la paix ces villes demeureraient dans le même état qu'elles
étaient alors quant au fait de la religion et de la police; qu'enfin on
observerait les articles particuliers faits par les ministres de France et
de Suède avec la ville de Colmar.
Ce traité fut exécuté. Les Français mirent garnison dans Colmar,
Schelestadt, Dachisheim, Ensisheim, Rastadt et quelques autres villes
d'Alsace. De plus, Manheim, Spire et plusieurs autres voisines du
Rhin, que les Suédois abandonnèrent, se mirent sous la protection du
roi, pour se garantir des mauvais traitements que les impériaux fai-
172 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
saient souffrir aux liabilanls des places dont ils se rendaient maîtres.
Ainsi il ne resta plus aux Suédois, en Alsace, que la seule place de
Benfeld qui dépend de Tévêché de Strasbourg.
VIII.
Traité de Paris entre Louis XIII, la reine Christine et les États confédérés,
pour alliance (novembre 1G34}.
En conséquence du second traité de Francfort, le chancelier
Oxensliern et les confédérés des quatre cercles envoyèrent à Paris, en
qualité d'ambassadeurs extraordinaires de la couronne de Suède et
des États confédérés, les sieurs Leulïlec et Streuff , les mêmes qui,
venus à Paris l'année précédente, avaient refusé avec beaucoup de
fierté de déposer Philippsbourg entre les mains du roi ; mais alors ils
offraient à Sa Majesté de lui remettre encore toute l'Alsace au deçà du
Rhin, pourvu qu'il voulût entrer en guerre ouverte contre l'empereur.
Le roi refusa de rompre avec la maison d'Autriche avant que de savoir
quelle assistance il se pouvait promettre en ce cas, tant des confé-
dérés que des autres électeurs et princes de l'empire; néanmoins il
voulut bien dès lors régler par un traité les secours qu'il leur donne-
rait en cas de rupture et les places qui lui seraient remises. D'abord
le roi déclara qu'il était dans le dessein de donner moyen au landgrave
de Hesse-Cassel de lever un corps de douze mille Allemands pour sou-
tenir la guerre au delà du Rhin, se réservant de défendre les places
au deçà de ce fleuve avec les troupes françaises. Mais les ambassadeurs
n'agréèrent point la personne du landgrave pour général de cette
armée, tant parce qu'il n'était point entré dans leur confédération
que, parce qu'étant maréchal de France, ils craignaient que les pro-
grès qu'il ferait ne fussent plutôt au profit de cette couronne que de
la ligue.
Le roi n'ayant plus insisté sur la nomination du landgrave pour
général du corps d'armée qu'il fournirait aux confédérés, ces ambas-
sadeurs, tant au nom de la couronne de Suède que des confédérés,
conclurent, le 1" novembre 1634, avec les commissaires que le roi
leur donna, un traité par lequel Sa Majesté et le chancelier Oxenstiem,
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 173
au nom de la Suède et des confédérés, promirent qu'ils s'emploieraient
de tout leur pouvoir pour pacifier les troubles de l'Allemagne sous des
conditions sûres et raisonnables; qu'ils apporteraient tout ce qui
dépendait d'eux pour satisfaire les électeurs de Saxe et de Brandebourg
et les autres princes de la haute et basse Saxe ; qu'en cas que le roi
rompît avec les ennemis communs, il entretiendrait en Allemagne une
armée de douze mille hommes qui prêteraient le serment au roi et aux
confédérés et seraient employés pour le service de la cause commune
par le conseil de la direction ; qu'il tiendrait encore au deçà du Rhin
une armée considérable pour agir contre les ennemis communs; que
le roi fournirait au plus tôt aux confédérés la somme de 500,000 livres
pour l'entretien de leur armée; qu'ils ne feraient point les uns ni les
autres de paix ni de trêve plus longue que de trois semaines, si ce
n'était conjointement et d'un commun consentement ; que la couronne
de Suède et les confédérés rétabliraient sans délai l'exercice de la reli-
gion catholique et feraient jouir les ecclésiastiques de leurs biens dans
les lieux qu'ils avaient occupés depuis l'année 1618, sans préjudice
des droits d'un chacun; que ces douze mille hommes seraient en un
corps commandé par un prince d'entre les confédérés dont on con-
viendrait, et sous lequel le roi nommerait un lieutenant général tel
qu'il le jugerait à propos, lequel aurait voix délibérative dans les con-
seils de guerre; que le roi nommerait aussi une personne de sa part
qui aurait voix et suffrage dans le conseil formé de la direction ; que
le roi et les confédérés demeureraient mutuellement garants, durant
vingt années après la paix faite, des choses qui auraient été accordées
par le traité de paix ; qu'en cas que le roi entrât en rupture, le pays
d'Alsace au deçà du Rhin serait mis en dépôt et sous la protection de
Sa Majesté avec les places qui en dépendent, spécialement Benfeld
et Schelestadt ; que le roi pourrait aussi retenir Brisach et les autres
lieux au delà du Rhin en tirant vers Constance, en sorte que dans les
places qu'on prendrait à forces communes les garnisons que le roi y
mettrait lui prêteraient serment et aux confédérés; que jusqu'à ce que
le roi eût Brisach en sa puissance, il aurait liberté de passer sur le pont
de Strasbourg dont la garde demeurerait toujours aux habitants ; que
le roi retirerait ses garnisons de Brisach el des autres lieux au deçà et
174 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
au delà du Rhin sans aucune restitution de frais, pour en être disposé
selon quMI en serait convenu par le traité de la paix générale ; que
moyennant cela le roi serait déchargé du million qu'il devait à la Suède
par le traité d'Heilbronn, mais que s'il ne rompait pas, les 500,000 livres
portées par ce traité seraient comptées sur ce que le roi devait donner
à la Suède par le traité d'Heilbronn. Le roi déclara expressément qu'il
n'entendait point rompre avant que les électeurs de Saxe et de Bran-
debourg et les autres États de la basse et haute Saxe se fussent obli-
gés de ne point entrer en aucun traité de trêve ou de paix avec les
ennemis que conjointement avec Sa Majesté et les confédérés et avec
leur intervention et consentement ; le roi promit aussi d'observer de sa
part pareille condition, se réservant néanmoins la liberté de recevoir
sous sa protection les princes et États qui se voudraient retirer du parti
des ennemis, et que les confédérés seraient tenus de recevoir en neu-
tralité sous des conditions raisonnables dont on conviendrait, et à la
charge qu'ils ne commettraient aucunes hostilités contre les confédérés.
Ce traité fut ratifié par le roi, ensuite par les confédérés à la diète
qu'ils tinrent à VVorms au commencement de l'année 1635. Mais
jamais on ne put faire résoudre le chancelier Oxenstiem de le ratifier,
le croyant trop avantageux à la France ; il ne voulut point non plus
remettre Benfeld entre les mains du roi, de sorte que la garnison
suédoise y demeura jusqu'à la paix de Munster.
IX.
Traité de Compiègne entre les mômes, pour alliance (1635).
La diète de Worms avait résolu que le chancelier Oxenstiem irait
trouver l'électeur de Saxe pour l'empêcher de faire sa paix particu-
lière avec l'empereur : le chancelier ne trouvant pas qu'il fût sûr
pour lui de faire ce voyage par terre • à cause que les impériaux
tenaient la plupart des places de la haute Allemagne, résolut de
passer par la France pour se rendre de là par mer en Poméranie et en
Saxe. 11 n'avait pas dessein de passer par la cour, ayant seulement
prié le roi de lui envoyer quelqu'un sur son chemin avec lequel il pût
conférer; mais le roi jugea à propos de l'attirer à la cour pour l'en-
LIVRK IV. — CHAPITRE IV. 175
gager à Texécution du traité de Paris, et à remettre Benfeld entre les
mains de Sa Majesté. On l'invita de venir à Compiègne où la cour
était alors ; on le fit d'une manière si honnête qu'il ne le put refuser.
Il déclara d'abord qu'il ne voulait point approuver le traité de Paris;
mais comme il vit que les ministres de France ne se souciaient point
de traiter, quoique l'alliance dût cesser entre les deux couronnes, si
la Suède ne ratifiait pas le traité de Paris qui avait annulé celui
d'Heilbronn, l'indifférence qu'ils témoignaient à cet égard le mit un
peu à la raison , et il n'insista plus sur des paroles impertinentes que
Grotius avait mises sur le tapis avant son arrivée.
Quoiqu'ils ne fussent pas entièrement d'accord sur leurs préten-
tions, néanmoins afin que leurs alliés ne remarquassent point de la
froideur entre les deux couronnes, et qu'ils fussent au contraire plus
animés à bien faire pour la cause commune, ce chancelier conclut, le
28 avril 1635, au nom de la reine de Suède, un traité avec le sieur
Bouthillier au nom du roi, par lequel, pour une plus grande explica-
tion des précédents traités, le roi de France et la reine de Suède pro-
mirent réciproquement de ne faire ni paix ni trêve avec la maison
d'Autriche que conjointement : le chancelier promit au nom de la
Suède de conserver le libre exercice de la religion catholique dans les
églises qu'elle avait occupées* dans l'Empire depuis l'an 1618, et d'y
laisser jouir les ecclésiastiques de leurs biens sans préjudice du droit
d'un chacun ; ils convinrent encore que le roi de France ni la reine
de Suède ne rendraient que d'un commun consentement les places
qu'ils tenaient dans l'Empire, et qu'ils assisteraient les confédérés
d'Allemagne, suivant qu'ils s'y étaient obligés.
On ne parla point dans ce traité des places d'Alsace ni de celles
sur le Rhin qui devaient être mises entre les mains du roi, suivant le
traité de Paris à l'exécution duquel la Suède ne donna point ainsi son
consentement à cet égard.
X.
Traité de Wismar entre les mêmes, pour alliance et subsides (1630).
La paix particulière que l'électeur de Saxe conclut à Prague avec
l'empereur, et qui fut acceptée par la plupart des prîwces protestants
176 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
de l'Allemagne, causa une telle consternation parmi les Suédois, que,
comme je l'ai marqué assez amplement dans le livVe premier, ils
délibérèrent aussi de faire leur paix avec l'empereur par l'entremise
de cet électeur. Cette résolution étant presque rompue, le chancelier
Oxenstiern et le marquis de Saint-Chaumont , envoyé extraordinaire
du roi en Allemagne, s'abouchèrent àWismar pour conférer ensemble
du renouvellement de la ligue entre les deux couronnes. Oxenstiern
témoignait y être faiblement porté, soutenant que la Suède ne pouvait
pas s'engager dans une longue guerre dont les événements étaient
incertains, sur l'espérance des secours de la France qui, par son
éloignement, ne lui en pourrait point donner de fort considérables. 11
voulait qu'avant toutes choses le roi déclarât la guerre à l'efnpereur
et à la ligue catholique. Saint-Chaumont lui fit connaître qu'il serait
honteux au deux couronnes de rendre lâchement toutes les places
qu'elles tenaient en Allemagne; que la ligue en serait d'autant plus
stable entre elles, qu'étant éloignées, elles auraient moins de sujet de
se brouiller; qu'enfin il suffisait que la France eût déclaré la guerre à
l'Espagne et h ses adhérents. Sur ces représentations , le chancelier
convint d'entrer en traité, et en dressa un projet d'un style si fier et si
avantageux à la Suède, que Saint-Chaumont fut obligé de le rejeter;
mais ensuite ils convinrent d'autres articles, qu'ils signèrent au même
lieu de Wismar le 20 mars 1636, par lesquels les deux couronnes
renouvelèrent leur alliance pour trois années , pour la défense et la
sûreté des deux royaumes et pour la conservation de la liberté de
l'Allemagne.
Pour y parvenir, ils arrêtèrent que le roi ferait la guerre dans
les terres héréditaires de la maison d'Autriche situées vers le Rhin, et
la reine de Suède dans la Bohême et dans la Silésie ; qu'ils remet-
traient dans leurs États les princes qui en avaient été dépouillés ;
qu'ils rétabliraient les choses en Allemagne comme elles y étaient
en 1618; qu'ils laisseraient l'exercice de la religion, dans les lieux
qu'ils occuperaient, tel qu'il y était auparavant; qu'ils s'assisteraient
mutuellement, en cas que durant la guerre il leur survînt quelque
ennemi nouveau ; que la France payerait un million de livres par an à
la Suède et 500,000 livres pour le passé; qu'ils feraient la guerre
GALERIE BIPLOMATI^rfiE
I.ilh pérA Snrouy
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îâJiÉSISAIL IF. S/^Kfâ-î
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Président de la Bolmc
Protecteur de 7a Confédération Péru-Bolv/ienne
1829 - 1839
\H'Z\ù - IHoy
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. . il!
jusqu'à ce qu'ils fussent contents; qu'ils retiendraient jusqu'à la paix
les places qu'ils avaient occupées ; qu'ils ne feraient ni paix ni trêve
avec l'empereur et ses alliés que d'un commun consentement et en
même temps; enfin que le traité de la paix générale se pourrait faire
à Cologne , où le pape avait fait convenir l'empereur et les rois de
France et d'Espagne que la paix se traitât par son entremise.
Le marquis de Saint-Chaumont fut oblige de donner 90,000 écus .
à Oxenstiem pour lui faire passer ce traité, et l'obliger à rompre
entièrement la négociation pour la paix particulière de la Suède. Ils
étaient convenus de fournir les ratifications de ce traité au mois d'août
suivant. En effet, le roi le ratifia dès le mois d'avril ; mais le chance-
lier Oxenstiern demanda encore trois mois pour en conférer avec les
régents du royaume , promettant cependant de continuer la guerre
comme s'il était ratifié; ces régents, qui espéraient toujours de faire une
paix particulière avec l'empereur à l'avantage de la Suède, différèrent
jusqu'à la fin de l'année «1637 à envoyer la ratification de ce traité.
XI.
Traité de Hambourg entre les mêmes, pour le même sujet (1638).
Les régents de Suède envoyèrent enfin au sieur Salvius, ambas-
sadeur de Suède en Allemagne, la ratification de Vismar. Ce ministre
demanda que les subsides courussent dès le mois d'octobre de l'année
précédente, parce que, encore que la Suède n'eût pas ratifié le traité,
elle n'avait pas laissé que de poursuivre toujours la guerre contre
Tempereur. Les Suédois voulaient encore avoir la liberté de traiter la
paix sans la France ; ils refusaient de l'aller traiter à Cologne à cause
de la préséance qu'ils contestaient aux ambassadeurs de France.
Dans cette vue, ils proposèrent d'y envoyer seulement un agent pour
avoir connaissance de tout ce qui se passerait, consentant que la
France envoyât de même un agent à Hambourg ou ailleurs, où se
traiterait la paix entre l'empereur et la reine de Suède. Comme le roi
craignait que les Suédois ne fissent un traité particulier avec l'empe-
reur, et qu'ainsi toutes les troupes de l'empire et de l'Espagne ne fon-
dissent sur la France, il donna ordre au comte d'Avaux d'aller joindre
le sieur Salvius à Hambourg pour revoir avec lui le traité de Vismar
n. 12
178 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
et en faire un nouveau dans lequel les deux parties trouvassent leur
avantage et leur satisfaction. Ainsi ces deux ministres, après avcrir
conféré ensemble plusieurs fois, firent, le 6 mars 1638, un nouveau
traité pour une plus ample explication de celui de Vismar.
Par ce traité ils convinrent que le roi de France et la reine de
Suède feraient la guerre contre Ferdinand III du nom, fils de Ferdi-
nand II, et contre la maison d'Autriche et leurs adhérents; que l'un
et l'autre feraient leurs efforts pour porter la guerre dans les États
héréditaires de la maison d'Autriche, savoir: le roi de France du côté
de la haute Allemagne, et la reine de Suède au travers des États des
électeurs de Saxe et de Brandebourg ; que cette confédération dure-
rait trois années; que ce qui était porté par les traités précédents en
faveur de la religion catholique serait observé, et qu'il en serait usé
de même à l'égard de la religion protestante ; que le roi donnerait à
la reine de Suède /(0,000 écus pour les subsides du passé, outre le
reste de l'année 1637, et i million de livres pendant chacune des
trois années que ce traité devait durer; qu'ils déclareraient aux
médiateurs de la paix qu'ils ne la prétendaient traiter que d'un
commun consentement; et en même temps : que s'ils ne pouvaient
traiter la paix commodément en un même lieu, les Français la traite-
raient à Cologne et les Suédois à Hambourg ou à Lubeck, en sorte
que l'agent suédois assisterait à la négociation à Cologne, et le Fran-
çais à celle de Hambourg, afin qu'on eût de part et d'autre connais-
sance de tout ce qui se passerait; qu'on commencerait les deux
assemblées dans un même jour, et qu'on les finirait de même; qu'on
y avancerait également, et qu'on n'y conclurait rien que d'un com-
mujf consentement ; que les deux puissances feraient en sorte d'avoir
des passe-ports pour leurs ambassadeurs et agents et pour ceux de
leurs alliés; que le roi de France garantirait pendant dix années le
traité qui serait fait à Hambourg ou ailleurs, et la reine celui qui
serait fait à Cologne ou ailleurs ; que cet article serait inséré dans les
deux traités, qui seraient signés l'un et l'autre par les ambassadeurs
de France et de Suède ; enfin qu'on ne refuserait point une trêve de
huit ou dix années, pourvu qu'un chacun retint sous des conditions
honnêtes les places qu'il avait occupées.
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 17»
Ce traité ne fut point entièrement exécuté ; car lorsqu'on traita &
Osnabruck la paix entre l'empereur et la reine de Suède, les plénipo-
tentiaires suédois ne voulurent point que le sieur de La Barde, agent
de France , assistât aux conférences qu'ils avaient pour la paix avec
les impériaux, sous prétexte que le nonce, n'ayant aucun commerce
avec les ministres des princes protestants , Rosenhan , leur agent à
Munster, ne se trouvait point chez lui lorsque les plénipotentiaires y
allaient.
Nous allons voir comment les autres conditions furent observées.
XII.
Autre tnûté de Hambourg entre les mèmee, pour le même sujet (1641).
Le précédent traité, qui n'était que pour trois années, était près
d'expirer ; les mêmes plénipotentiaires de France et de Suède , qui
étaient alors à Hambourg pour y régler les préliminaires de la paix,
y conclurent, le 30 janvier i6/i.i, un autre traité par lequel, pour ôter
à leurs ennemis l'espérance de les pouvoir diviser, ils continuèrent
le précédent traité jusqu'à la paix générale sous les mêmes conditions,
hormis que le roi promit de fournir à la reine de Suède 1,200,000
livres par an autant que la guerre durerait, et 300,000 écus pendant
la trêve en cas qu'on convînt d'en faire une. Ils convinrent que si les
ennemis violaient cette trêve, ils reprendraient Tun et l'autre les
armes ; qu'ils feraient en sorte que les ducs de Brunswick , le land-
grave de Hesse et leurs autres alliés obtinssent des conditions favo-
rables; enfin que, lorsque les ennemis voudraient consentir à traiter
conjointement de la paix ou d'une trêve , on choisirait des lieux';C[ui
ne seraient pas beaucoup éloignés, comme Munster et Osnabruck ou
autres semblables , afin que les î)lénipotentiaires des deux couronnes
pussent facilement communiquer ensemble.
XIII.
Négociation entre Louis XIV «t Christine, pour alliance (1651 ).
Suivant ce qui avait été arrêté par le second traité de Hambourg,
la paix entre l'empereur et le roi de France fut conclue à Munster, et
180 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
celle entre le même empereur et la reine de Suède à Osnabruck. On
observa, suivant le premier traité de Hambourg, de signer les deux
traités en un même jour; mais du reste on n'y inséra point cette ga-
rantie réciproque des deux traités que les deux couronnes s*étaient
promise par le premier traité de Hambourg. Les plénipotentiaires
français ne signèrent point le traité d'Osnabruck, ni les plénipoten-
tiaires suédois celui de Munster. On jugea que ces formalités dont on
était convenu, n'ayant point été prises pour la garantie de ces traités,
et l'alliance ne devant durer, suivant les traités, que jusqu'à la paix,
les deux couronnes s'étaient tacitement départies de cette stipulation,
et qu'il n'y avait plus de garantie ni d'alliance entre elles après les
traités de Westphalie ou tout au plus après les traités qui furent faits
à Nuremberg pour l'exécution de cette paix.
Ainsi, au mois d'octobre 1648, le sieur Chanut, ambassadeur de
France en Suède, proposa, comme de lui, à la reine Christine, de faire
une alliance plus étroite entre les deux couronnes pour la garantie
réciproque et perpétuelle de ce qui leur demeurait par la paix. Chris-
tine témoigna souhaiter cette alliance; mais elle voulait que la France
en fît la première proposition, et demandait qu'on établît en même
temps un bon commerce entre les deux nations, sans passer par le
courtage des Hollandais pour les marchandises que les deux royaumes
tireraient l'un de l'autre, et qu'on donnât aux négociants quelques
avantages qui les attirassent à la navigation directe de la riier Bal-
tique en France. Les principales difficultés qu'elle y trouvait étaient
que les Suédois ne pussent porter des marchandises de contrebande
aux ennemis de la France , parce que ces marchandises font le prin-
cipal commerce de la Suède; en second lieu, que les deux couronnes
ne pussent faire alliance avec les ennemis l'une de l'autre , parce que
cette clause ne pouvait pas être de grand préjudice à la France qui
n'avait aucun commerce avec les Danois , les Moscovites et les Polo-
nais, qui pouvaient seuls être ennemis de la Suède ; Itu lieu que la
Suède était ainsi obligée de se priver du commerce de l'Espagne qui
lui pouvait être très-avantageux. On eut bien de la joie en France de
la disposition où était la reine de Suède à faire un nouveau traité
d'alliance ; cependant on demeura jusqu'en 1651 sans entrer davan-
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 181
iage en matière. Cette reine ne témoigna pas grand empressement de
la conclure ; elle tint même fort secrète la pensée qu'elle en avait eue,
parce que le chancelier Oxenstiern et plusieurs autres sénateurs de
Suède ne l'approuvaient pas, dans la crainte où ils étaient que cette
alliance avec la France ne privât les Suédois du commerce de l'Es-
pagne; enfin la reine témoigna, en 1651, être disposée d'entrer en
négociation, sur quoi on envoya, vers la fin de cette année, un plein
pouvoir au sieur Chanut de traiter de cette alliance.
Il commença aussitôt d'en traiter avec le sieur Salvius à Ham-
bourg où ils se trouvaient alors; et ces deux ministres ayant dressé
chacun un projet de traité, ils convinrent de presque tout ce qui y
devait entrer. 11 y eut d'abord quelque difficulté sur les subsides que
Salvius demandait que les Français fournissent aux Suédois même
durant la paix.
Le sieur Chanut rejeta cette proposition. Salvius demanda qu'on
leur en fournît au moins durant la guerre ; mais comme il ne touchait
que légèrement dans son projet le secours mutuel que les deux cou-
ronnes se donneraient l'une à l'autre en cas de guerre et qu'il ren-
voyait cet article à un nouveau traité , le sieur Chanut soutint qu'on
ne pouvait fixer présentement ce subside, et que même le roi ne devait
pas absolument promettre d'en donner aux Suédois, parce qu'il pourrait
arriver qu'ils seraient attaqués dans leurs États d'Allemagne, auquel
cas il suffirait que le roi les assistât d'un certain nombre de troupes.
Le sieur Chanut rejeta encore le dessein d'une alliance générale,
parce que, comme elle n'aurait regardé que les ennemis qui pou-
vaient se déclarer à l'avenir contre l'une ou contre l'autre des cou-
ronnes, les Suédois n'auraient pas été obligés de se déclarer contre
l'Espagne; au lieu que le roi aurait été engagé d'entrer en guerre
ouverte contre la Pologne, le Danemark, la Moscovie et tous les
autres ennemis qui pouvaient survenir à la Suède, ce qui lui aurait
été très-préjudiciable, outre que cette alliance si étroite avec la
Suède aurait rendu la France trop odieuse à ces couronnes et les
aurait attachées à l'Espagne. Aîiisi on ne. songea qu'à établir l'amitié
entre les deux couronnes, et une alliance qui regardât seulement les
intérêts qu'elles avaient en Allemagne.
182 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Sur le premier point, le sieur Chanut voulut, en premier lieu,
que cette alliance s'étendît aux héritiers et successeurs, parce qu'au-
trement elle n'aurait pas été perpétuelle; en second lieu, qu'il ne fût
pas dit que l'alliance se faisait entre le roi et le royaume de France,
parce qu'il soutint qu'en France le royaume n'avait point de forme
de corps, ni de droits, ni d'actions séparées des droits et des actions
du roi, de sorte qu'il voulut qu'on dît le roi et ses sujets pour les im-
pôts. Le sieur Salvius voulait d'abord que les Suédois payassent
moins d'impôts en France que les sujets du roi en payaient; mais
ensuite on laissa cet article, et on convint que les négociants des deux
nations payeraient les droits ordinaires ; parce qu'on promit que cette
diminution ne porterait que fort peu d'utilité aux Suédois qui trafi-
quaient rarement en France ; qu'elle serait au contraire fort domma-
geable aux fermes du roi, en ce Que tous les autres étrangers demande-
raient des privilèges pareils à ceux qu'on aurait accordés aux Suédois.
Il y eut encore quelque difficulté sur le commerce d'Espagne, où le
sieur Salvius voulait que les Suédois eussent la liberté de transporter
des soldats, des armes, des vivres et des munitions, pourvu que les
lieux ne fussent pas assiégés^ parce que autrement les Hollandais et
autres le feraient; qu'ainsi il valait mieux que la France et la Suède
se permissent réciproquement le transport de marchandises de contre-
bande dans les pays des ennemis de l'un et de l'autre, que d'en laisser
le profit aux autres.
Mais les plus fortes contestations furent sur les clauses de l'al-
liance particulière, le sieur Salvius trouvant toujours que les termes
dans lesquels le sieur Chanut l'exprimait étaient trop forts, au lieu
qu'il avait ordre de la dresser d'une manière dont l'empereur ni aucun
des États de l'empire ne pussent induire, s'ils en avaient connais-
sance, que la France et la Suède méditaient une nouvelle guerre;
d'ailleurs cette négociation se faisait dans un temps où la reine Chris-
tine demandait à Vienne l'investiture des États qui lui avaient été
cédés par la paix de Munster. Ainsi le sieur Salvius voulut que cet
article fût couché dans des termes qd*il prétendait venir & une même
fin, quoiqu'il prît un plus long détour; le sieur Chanut y donna les
mains, hormis qu'il fit ôter la condition apposée par Salvius, que le
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 183
secours serait donné en cas qu'un des deux alliés fût attaqué sans en
avoir donné sujet, puisque cette clause aurait obligé, avant toutes
chose, de faire des informations, si l'attaqué en avait donné une juste
cause, ce qui coupait le nerf de l'alliance.
Ils convinrent de remettre au temps et à l'occasion de résoudre
la manière dont on ferait la guerre et la question touchant les sub-
sides. Le sieur Salvius finissait son projet par la demande de quelques
restes des subsides que la Suède prétendait lui être dus par la
France depuis la paix conclue. Mais comme c'était une prétention
sans fondement, et qui n'avait aucune liaison avec le corps du traité,
le sieur Chanut ne voulut point qu'il en fût parlé dans le traité, et la
laissa indécise.
Après que toutes ces difficultés furent levées , et que les articles
du traité eurent été concertés entre les sieurs Chanut et Salvius, ils
envoyèrent en France et en Suède chacun une copie du projet dont
ils étaient convenus. Mais en Suède on ne se pressa point de conclure
le traité, tant parce que la cour de Vienne, en ayant eu vent, en avait
fait grand bruit, et avait pris ce prétexte pour refuser à la reine de
Suède l'investiture qu'elle demandait , que parce que, les affaires de
France étant alors en très-mauvais état, tant au dedans qu'au dehors,
les Suédois faisaient peu de cas de cette alliance, de laquelle ils ne
croyaient pas pouvoir tirer beaucoup d'avantage. Ainsi la reine de
Suède témoigna que la conclusion de cette affaire n'était pas fort
pressée. Les ministres de France crurent, de leur côté, qu'il n'était
pas de l'honneur du roi de pousser le premier la conclusion de ce
traité qui devait être aussi avantageux à la Suède qu'à la France. Ces
motifs, de part et d'autre , assoupirent cette négociation qui s* en alla
peu à peu en fumée.
XIV.
Traité entre Loais XIV et Charlefl-Gustave (1656).
Les ministres de France furent très-mal satisfaits de la conduite
de Charles-Gustave, comte palatin , pendant qu'il était généralissime
de la Suède en Allemagne et son plénipotentiaire à la conférence de
184 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Nuremberg pour l'exécution des traités de paix, où ce prince témoigna
fort peu d'attention pour les intérêts du roi très-chrétien ; mais depuis
qu'il fut parvenu à la couronne de Suède, il entretint toujours une
très-grande intelligence avec la France. Quelques auteurs marquent
même qu'en 1G5G le roi fit une étroite alliance avec Charles-Gustave,
roi de Suède, par laquelle le roi s'obligea de lui fournir une somme
considérable par chacun an, par forme de subsides, pour mettre sur
pied et entretenir son armée. Charles-Gustave promit, de sa part,
de mettre entre les mains du roi quelques ports de mer du nombre de
ceux dont il se rendrait maître. Je doute extrêmement que, sMl y a eu un
traité d'alliance entre les deux rois, ils y aient mis cette dernière con-
dition ; ce qui est constant est que le roi soutint toujours les intérêts
du roi de Suède, tant en Danemark, où il lui procura bien des avan-
tages par le traité de Rothschild, qu'en Angleterre, où il engagea
Richard Cromwell d'envoyer une flotte vers le nord, pour faire en sorte
que la Suède jouît de cet avantage; à La Haye, où il empêcha, durant
quelque temps, que les États ne se déclarassent contre cette couronne;
en Pologne, où il fit ce qu'il put pour moyenner une paix avantageuse
à la Suède; enfin à Francfort, où ses ministres firent bien du bruit de
ce que le roi de Hongrie s'était déclaré contre le roi de Suède, et con-
clurent ensuite la ligue du Rhin, dont ce roi devait sentir alors le
principal bienfait.
XV.
Traité de Mayence entre les mêmes et plusieurs autres princes d*Allemagne,
pour une ligue défensive (1058).
Jean-Philippe de Schônbom, électeur de Mayence, Charles-Gas-
pard de Leyen, électeur de Trêves, Maximilien-Henri de Bavière,
électeur de Cologne, Bernard de Galen, évêque de Munster, Philippe-
Guillaume, duc de Neubourg, le roi de Suède, comme duc de Bavière
et de Verde et seigneur de Vismar , Auguste-Christophe-Louis et
George-Guillaume, ducs de Brunswick et de Lunebourg, et Guillaume,
landgrave de Hesse-Cassel , jugèrent à propos, incontinent après
l'élection de l'empereur d'au|ourd'hui, de faire ensemble, à Franc-
fort, un traité de ligue pour la manutention de la paix de Munster et
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 185
d'Osnabruck. Le roi fit à Mayence, le 15 août 1658, un traité avec les
députés de ces princes, par lequel il entra dans cette ligue et approuva
le traité qui en avait été fait. On convint que ces princes ne seraient
point tenus de se mêler de la guerre entre la France et l'Espagne ; que
le roi assisterait ceux qui voudraient la paix ; qu'il ne molesterait
aucuns États de l'empire, et porterait ses alliés à en faire autant;
qu'outre le simple, qu'il fournirait comme les autres, il assisterait
encore chacun des alliés de six cents chevaux et de seize cents
hommes de pied, en cas qu'on attaquât leurs États d'Allemagne; que
ces princes seraient aussi tenus d'assister le roi avec le nombre des
troupes marquées dans le traité, s'il était attaqué dans les terres qu'il
possédait en vertu du traité de Munster; qu'ils empêcheraient qu'au-
cunes troupes ne passassent par leurs États contre le roi et ses alliés;
qu'ils ne fourniraient aucuns quartiers d'hiver, armes ni vivres à ceux
qui contreviendraient à la paix ; que ce traité durerait trois années, et
que, si la paix ne se faisait pas dans ce temps entre la France et
l'Espagne, on le continuerait, du consentement de ceux qui voudraient
y entrer de nouveau.
J'ai marqué, dans le livre III, chapitre v, nombre 28, pourquoi
le roi de Suède n'entra point dans ce traité comme duc de Poméranie,
mais seulement comme duc de Brème et de Verde et seigneur de
Vismar. Ainsi ce traité servit à engager tous ces princes à maintenir
ce roi en possession de ces deux duchés et de Vismar, en cas que ses
ennemis les lui eussent voulu ôter.
XVI.
Traité de Francfort entre Louis XIV, Charles XI et autres , pour le même sujet
(août 166i).
Charles-Gustave, roi de Suède, étant mort, et les trois années
portées par le précédent traité près de finir, le roi passa, à Franc-
fort, avec Charles XI, fils et successeur de Charles-Gustave, et divers
autres princes, le 13 août 1661, un autre traité pour la continuation
de cette alliance pendant trois années. Comme le roi de Suède avait
fait alors sa paix avec l'empereur, il entra dans ce traité comme duc
186 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
de Poméranie aussi bien que comme duc de Brome et de Yerde et
seigneur de Vismar.
XVII.
Traité de Fontainebleau entre Louis XIV et Charles XI, pour alliance et commerte.
Charles XI, voulant se lier encore plus étroitement avec la
France, y envoya, en 1661, le comte Tott, ambassadeur extraordinaire,
pour renouveler l'alliance entre les deux couronnes. Ce comte fut par-
faitement bien reçu à la cour, et conclut, à Fontainebleau, le 22 sep-
tembre 1661, avec le sieur de Lionne, un traité d'alliance entre les
rois de France et de Suède et leurs successeurs, par lequel ils convin-
rent que le commerce serait libre entre les sujets des deux rois ; que
chacun des deux rois porterait ses sujets à aller trafiquer dans les
États de l'autre roi, lequel aurait soin, de sa part, qu'on leur donnai
les marchandises au prix que les Hollandais ou les autres peuples
les y achetaient; qu'un des deux rois ayant guerre pourrait lever des
troupes et acheter des vivres dans les États de l'autre, et qu'ensuite,
faisant la paix ou une trêve, il le comprendrait dans le traité; qu'il y
aurait entre eux une alliance particulière pour la manutention de la
paix de Munster et de celle d'Osnabruck, pour la conservation de l'au-
torité et dignité des ordres de l'empire établies par cette paix, pour la
liberté de la navigation de T Océan et de la mer Baltique et la sûreté
des deux royaumes ; qu'ils feraient des instances auprès de l'empereur
et des États de l'empire pour l'exécution de ces traités de paix et de
ceux faits à Nuremberg; qu'ils feraient conjointement la guerre contre
les infracteurs de cette paix, si leurs exhortations étaient inutiles;
qu'ils travailleraient à la manutention, même à la prolongation du
traité d'alliance qu'on avait fait, il y avait trois ans, à Francfort;
qu'on y attirerait le plus grand nombre de princes qu'on pourrait;
que, par ce traité ou autre qu'on pourrait faire avec quelque prince ou
État que ce fut, on ne changerait rien dans la religion ni dans les
matières ecclésiastiques ; enfin que cette alliance durerait dix années
à compter du jour de la ratification.
Le roi de Pologne, pour éviter les malheurs qui pouvaient arriver
pendant un interrègne, s'était résolu, à la sollicitation de la reine, sa
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 187
femme, de faire ses efforts pour faire élire pour son successeur le duc
d'Enghien, qui avait épousé la princesse palatine, nièce de cette reine;
le roi avait eu bieu de la joie de ce dessein, du roi Casimir, et avait
promis de le seconder de toutes ses forces.
Ainsi comme l'empereur, l'électeur de Brandebourg et le grand-
duc de Moscovie s'opposaient à l'élection de ce prince et se disposaient
même à prendre les armes pour faire tomber l'élection sur quelque
prince de leur maison, ce qui était également contre les intérêts de la
France et de la Suède, les mêmes plénipotentiaires, outre ces articles
publiés, convinrent encore le même jour, par des articles secrets,
qu'en cas que le roi de Pologne fût troublé dans l'élection d'un succes-
seur par quelque prince et qu'il implorât le secours des deux rois, le
roi de Suède serait obligé d'envoyer en Pologne une armée de douze
mille hommes avec les canons et autres munitions nécessaires pour
agir avec les troupes de la république contre ceux qui les attaqueraient;
qu'en ce cas le roi de France payerait à la Suède 480,000 écus par
an en quatre termes égaux; que les Polonais fourniraient à ces
troupes des vivres et des quartiers ; que les deux rois feraient leurs
efforts pour empêcher que la couronne ne tombât sur un prince de la
maison d'Autriche, de Brandebourg ou de Moscovie ; que le roi de
Suède emploierait ses offices pour y porter le duc d'Enghien ; que si,
pendant cette guerre, le roi de Suède était attaqué en Allemagne ou
ailleurs dans ses États, le roi entrerait en guerre contre ses agresseurs,
et que cependant le roi payerait à celui de Suède 1,600,000 écus en
six ans en six payements égaux; qu'en cas que le roi de Suède en-
voyât ses troupes en Pologne avant la fin des six années, chacun de
ces payements serait précompté sur les 480,000 écus promis ci-des-
sus; que si l'affaire de Pologne se terminait avant ces six années, le roi
ne laisserait pas que de payer les 1,600,000 écus; enfin que le roi
de Suède tiendrait toujours sur pied deux mille chevaux et deux mille
hommes de pied pour la première occasion.
188 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
XVIII.
Autre traité entre les mêmes, pour les affaires de Pologne (janvier 1662).
Plusieurs seigneur^ polonais, suscités par la maison d'Autriche,
s'étant opposés à l'élection du duc d'Enghien en qualité de successeur
du roi de Pologne, portèrent l'armée de la couronne à se confédérer
tant pour avoir le payement de ce qui lui était dû des arrérages de
ses montres, que pour empêcher cette élection, et faire punir tous
ceux qui la favoriseraient. C'est pourquoi les mêmes plénipotentiaires
signèrent encore, le 18 janvier 1662, un nouveau traité, par lequel
ils convinrent que le roi de Suède ferait agir son armée non-seulement
contre les puissances étrangères qui empêcheraient l'élection du duc
d'Enghien, mais aussi contre les factionnaires du royaume; que,
quoique ces troupes fussent sous le commandement de leur général,
la principale conduite de la guerre appartiendrait au roi de Pologne;
qu'on ferait entendre aux Polonais que les deux rois ne prétendaient
aucun dédommagement pour ce secours, et qu'on ne demanderait, pour
la fourniture des vivres et pour les quartiers, que la nourriture des
hommes et des chevaux.
XIX.
Traité de Stockholm entre les mêmes , pour annuler les précédents traités
(14 décembre 1662).
Depuis la signature du précédent traité, Tarmée des confédérés
de Pologne, accrue jusqu'au nombre de plus de soixante-dix mille
hommes , sans compter l'armée de Lithuanie qui était dans les mêmes
sentiments, s'était approchée de Varsovie où la diète du royaume était
alors assemblée; ces séditieux avaient déclaré qu'ils ne se retireraient
point avant qu'on eût puni les chanceliers de Pologne et de Lithuanie,
parce qu'ils avaient consenti les premiers à l'élection d'un successeur
pendant la vie du roi ; de plus , toutes les petites diètes s'opposèrent
à cette élection. Ainsi la grande fut obligée d'ordonner qu'il ne serait
parlé d'élire un successeur à la couronne qu'après la mort du roi;
que ceux qui en feraient la moindre ouverture seraient punis , et qu'on
satisferait les troupes.
Casimir se transporta ensuite à Lemberg pour conférer avec les
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 189
députés des confédérés sur cette satisfaction , qu'ils firent monter a
des sommes si hautes qu'on ne conclut rien; cependant, ils refu-
sèrent de rompre leur confédération, et de marcher contre les
Moscovites. Les choses en cet état, le roi de Pologne pressait avec
beaucoup d'instance la marche de l'armée de Suède; mais elle ne
s'était pas tenue prête dans le temps nécessaire pour s'opposer à l'ar-
mée des confédérés, et les choses étaient changées de face. Ces cir-
constances déterminèrent Casimir à prier qu'on ne la fît point avancer,
et même que le roi de Suède ne fît plus de nouvelles levées, parce
que cela alarmerait les princes voisins, et donnerait tant d'ombrage
à la république, que les mieux intentionnés se joindraient à l'armée
confédérée dans la pensée qu'on voudrait conquérir la Pologne. Ainsi
le roi très-chrétien, qui avait suivi en toute cette affaire les intentions
du roi de Pologne, envoya le chevalier de Terlon en Suède pour faire
condescendre les Suédois à se désister des articles secrets du traité
de l'année 1661 et de celui de janvier 1662.
Les ministres de Suède, qui faisaient grand fond sur l'argent que
le roi leur avait promis par ces traités , eurent bien de la peine à se
résoudre à les annuler ; néanmoins , après avoir examiné la chose,
ils y consentirent par un traité que le chevalier de Terlon passa le
ill décembre 1662 avec les comtes de La Gardie et Tott et les autres
commissaires du roi de Suède.
Par ce traité, ces commissaires suédois consentirent que les
articles secrets du traité du mois de septembre 1661 et le traité du
mois de janvier 1662 fussent annulés , sans que cela pût faire préju-
dice à l'ancienne amitié et confédération entre les rois de France et
de Suède, ni au traité principal fait à Fontainebleau, qui demeure-
rait en sa force et vertu, ni aux garanties des traités d'Osnabruck , de
Munster, d'Oliva et de Copenhague.
XX.
Second traité de Stockholm entre les mêmes, pour alliances et subsides
{U novembre 1662).
Le chevalier de Terlon , pour consoler en quelque manière les
Suédois, fit, au nom du roi, le 2& décembre 1662 suivant l'ancien
190 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
style, un autre traité à Stockholm avec les plénipotentiaires de Suède,
par lequel ils confirmèrent le traité de Fontainebleau de Tannée 1664.
Le roi promit la garantie des traités de Westphalie , d'Oliva et de
Copenhague. Les deux rois convinrent qu'ils s'assisteraient récipro-
quement, en cas que l'un des deux fût en danger d'être attaqué; et
le roi, pour donner moyen au roi de Suède d'entretenir ses troupes,
s'obligea de lui payer &00,000 écus en quatre ans et en quatre pay^
ments égaux, outre les iOO,000 écus comptés au comte de Tott, au
mois de janvier 1662.
XXI.
Troiifèma taûté de Stockholm entre les mêmes, pour le commerce
(30 décembre 1662).
Le roi avait besoin pour la construction et rarmement de ses
vaisseaux de guerre de plusieurs marchandises qui se tirent de Suède;
il donna ordre au sieur de Courtin, résident de France dans les cours
du Nord, de faire un traité avec les ministres de Suède pour la vente,
l'échange et le transport de ces marchandises.
Ce résident, après avoir discuté la chose avec les commissaires
que le roi de Suède lui donna, conclut avec eux un traité à Stockholm,
le âO décembre 1662, par lequel ils convinrent que le roi pourrait
avoir à Landskron et à Gottembourg des magasins pour les marchan-
dises qu'il ferait porter de France en Suède ou qu'il y achèterait; et
que le roi de Suède en pourrait avoir à La Rochelle et à Bordeaux;
en sorte qu'ils ne payeraient rien pour les marchandises qu'ils auraient
tirées de leurs Etats , mais seulement la huitième partie d'un écu pour
cent pour l'entrée et autant pour la sortie de celles qu'ils auraient
achetées, ou échangées avec quelques autres princes ou particuliers,
et les droits accoutumés pour celles qui se consommeraient dans les
lieux où seraient les magasins ; que le roi de Suède ferait fournir au
roi, tous les ans, toutes les marchandises dont il aurait besoin ; que si
les droits sur ces marchandises augmentaient durant le cours de ce
traité dans Tun ou dans l'autre de ces royaumes, cette augmentation
ne s'étendrait point sur les deux rois; mais que si ces mêmes mar-
chandises diminuaient, ils jouiraient de cette dîimnutioD; que le roi
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. !9«
de Suède ferait transporter ses marchandises à Landskron ou à
Gottembourg à ses frais et dépens ; qu'on donnerait tous les ans aux
commissaires de Suède, à la fin du mois d'août ou au commencement
du mois de septembre, une liste des marchandises qu'on voudrait avoir,
et qu'ils donneraient en même temps un mémoire du prix de ces mar-
chandises, et de celles qu'ils voulaient avoir en échange, lesquelles le
roi serait tenu de rendre à Gottembourg au prix courant et bien con-
ditionnées ; que les vaisseaux de guerre suédois qui chargeraient du
sel en France pour la Suède jouiraient en Suède des mêmes privilèges
que ceux qui en apporteraient d'Espagne et de Portugal , et qu'ils y
payeraient les droits en sel au lieu d'argent ; que la livraison réciproque
des marchandises se ferait à Gottembourg ou à Landskron depuis
le 15 mai jusqu'au i5 juin de l'année suivante; que le roi payerait
le tiers des marchandises par avance, lorsqu'il les demanderait, et le
reste lorsqu'on les lui livrerait à Landskron et k Gottembourg ; que
ce traité durerait trois ans, en sorte néanmoins qu'on ferait chaque
année un nouveau prix des marchandises.
XXII.
Quatrième traité de Stockholni entre les mêmea, peur alKanee et commeree
(1672).
Le roi avait été très -malcontent de la Suède; le comte de
Dohna, son ambassadeur médiateur à l'assemblée de Breda, avait été
le promoteur du traité de la triple alliance qui fut passé en 1668
entre les rois d'Angleterre et de Suède et les États généraux ; de plus
le roi de Suède s'était depuis engagé à tenir une armée en état pour
le service de l'Espagne, en cas que le roi eût attaqué les États de cette
couronne. Nonobstant ces sujets de plaintes. Sa Majesté, résolue de
faire la guerre aux États généraux, envoya, au mois d'août 1671, le
sieur de Pomponne, ambassadeur extraordinaire en Suède, pour renou-
veler l'alliance entre les deux couronnes, et engager cette dernière
non-seulement à renoncer aux alliances dans lesquelles elle était entrée
au préjudice des intérêts du roi , mais aussi à prendre les armes pour
lui en cas que l'empereur ou les princes de l'empire assistassent ses
ennemis. Le sieur de Pomponne ayant été fait secrétaire d'État, Sa
192 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Majesté envoya successivement en sa place le marquis de Vaubrun et
le sieur Courtin, maître des requêtes; ce dernier continua la négocia-
tion sur les errements de ses prédécesseurs , et conclut avec le comte
de Tott et les sieurs Bielke, Brahe et Guldenstern , commissaires de
Suède, un traité de ligue offensive et défensive entre la France et la
Suède. Le traité fut dressé dès le commencement de i672, avant que
le roi eût déclaré la guerre aux États généraux. C'est pourquoi il y
est parlé de la guerre contre les États comme d'une guerre qui n'était
pas encore commencée, et des places du duché de Clèves situées sur
le Rhin comme n'étant point encore en la puissance du roi. Cependant
la signature de ce traité fut différée, parce que le roi de Suède ne
voulut point entrer dans ce traité d'alliance avec la France, à moins
que le roi d'Angleterre n'en fît aussi en même temps un pareil avec
lui. Ainsi., le 14 août 1672, on signa à Stockholm les deux traités
d'alliance de la Suède avec la France et l'Angleterre, et on laissa le
traité tel qu'il avait été dressé, quoique la guerre entre la France et
les Provinces- Unies fût commencée, et que le roi se fût déjà rendu
maître des places du duché de Clèves, situées sur le Rhin.
Par ce traité ils convinrent qu'ils maintiendraient en toutes choses
l'observation des traités de paix d'Osnabruck et de Munster ; qu'ils se
secourraient mutuellement si l'empereur ou quelque autre État de
l'empire voulait assister les ennemis de l'un d'eux au dedans et au
dehors de l'empire; qu'ils inviteraient plusieurs princes de l'une et
de l'autre religion à faire entre eux une ligue pareille à celle du Rhin ;
que l'empereur serait même reçu dans cette ligue, en le déclarant en
temps convenable et du consentement des deux alliés; que les deux
rois feraient instance pour faire juger dans une diète les articles que
le traité de Westphalie avait laissés indécis et qu'il avait renvoyés à la
prochaine diète; qu'ils s'employeraient pour le rétablissement de
ceux qui devaient être mis dans leurs biens suivant cette paix, et qui ne
l'avaient pas encore été pleinement; qu'ils s'assisteraient mutuellement en
argent et en soldats contre ceux qui les troubleraient dans la jouissance
'Bas provinces de l'empire qui leur avaient été données pour leur satis-
faction. Le roi promit au roi de Suède la garantie des traités d'Oliva
et de Copenhague, et les deux rois convinrent qu'ils garantiraient
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 193
aussi au duc de Holstein-Gottorp les traités faits entre le roi de Dane-
mark et lui; qu'ils maintiendraient les ducs de Mecklenbourg et le mar-
quis de Bade-Dourlac dans la jouissance de ce qui leur appartient par
les traités de Westphalie ; qu'ils tâclueraient d'empêcher que la guerre,
qui était sur le point de s'allumer, ne passât point dans l'Empire, et
qu'ils feraient leur possible pour engager, par toutes sortes de voies,
les princes de l'Empire à ne se point mêler des guerres étrangères ;
que si les remontrances étaient inutiles, ils agiraient suivant les occa-
sions pour arrêter cette guerre; que le roi de Suède tiendrait prête
une armée proportionnée au péril et bien fournie d'artillerie et de
munitions; que pour le soulager des frais qu'il serait obligé de faire,
le roi lui payerait par chacun an des subsides proportionnés à la force
de l'armée qu'il tiendrait sur pied ; que le roi observerait ponctuelle-
ment le traité d'Aix-la-Chapelle ; que les sujets du roi de Suède pour-
raient trafiquer dans tous les pays avec lesquels ils vivaient en paix,
quoique ennemis du roi, pourvu qu'ils n'y portassent point des mar-
chandises de contrebande, qu'ils réglèrent être des canons, des armes
offensives et défensives et autres choses à l'usage de la guerre; que le
fer et le cuivre qui n'étaient point mis en œuvre, la poix et les choses
qui servaient à la nourriture ne passeraient point pour marchandises
de contrebande ; que moyennant que les Suédois eussent des sauf-
conduits, on ne les visiterait point, que le même serait à l'égard des
Français; que si les sujets d'un des deux alliés portaient des marchan-
dises de contrebande chez les ennemis de l'autre allié, il n'y aurait
que ces marchandises de confisquées, et que les vaisseaux ni les mar-
chandises permises ne le seraient point; enfin que ce traité durerait
dix années.
Par des articles secrets, les deux rois convinrent que si l'empe-
peur ou quelqu'un des États de l'Empire attaquait un d'eux dans l'Em-
pire ou hors de l'Empire, ils s'assisteraient l'un l'autre, et, qu'après
avoir averti l'agresseur, ils lui feraient la guerre conjointement;
qu'ainsi, si l'empereur ou quelque autre prince de l'Empire envoyait
des troupes auxiliaires aux États généraux ou faisait la guerre au Àsi
de France ou à ses alliés, ou bien si le roi d'Espagne, se déclarant
pour les États généraux, leur donnait quelque secours, le roi de Suède
lî. 13
194 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
emploierait les remontrances pour Ten détourner, et s'y opposerait
par la voie des armes si elles étaient inutiles; qu'à cet effet le roi de
Suède, trois mois après en avoir été averti par le roi, ferait entrer
dans le duché de Brème ou dans U Poméranie une armée de six mille
chevaux et de dix mille hommes de pied, qui attaqueraient Pempe-
reur et les autres princes de l'Empire qui voudraient secourir les
États généraux ; et qu'il ne cesserait point d'agir, que l'empereur ou
ces princes ne changeassent de dessein ; que si les troupes du roi de
Suède et des alliés des deux rois ne suffisaient pas, le roi ferait aussi
entrer une armée en Allemagne ; que si les places de l'Empire, où les
États généraux levaient garnison, ne voulaient pas donner de bonnes
assurances qu'elles ne feraient aucun dommage au roi, il les pourrait
attaquer sans que cela passât pour une infraction de la paix dans
l'Empire; que, durant tout le cours de ce traité, le roi payerait par
chacun an, au roi de Suède, par forme de subsides, la somme de
400,000 écus, et 600,000 écus, en cas qu'à la réquisition du roi il
fit entrer ses troupes en Allemagne ; qu'ils ne pourraient associer le
roi de Danemark avec eux dans cette guerre d'Allemagne que d'un
commun consentement; que si l'empereur, le roi de Danemark, les
États généraux ou quelque autre prince attaquait la Suède, le roi serait
tenu de Tassister promptement de toutes ses forces ; enfin que cette
ligue durerait trois années à l'égard des mouvements qui pouvaient
être excités dans l'Empire à cause de la guerre entre la France et les
États généraux, mais qu'à l'égard de la conservation et de la sûreté
de* la paix de Westphalie qu'ils devaient attendre de l'Empire, elle
serait perpétuelle.
Lorsque l'empereur et l'électeur de Brandebourg , après s'être
déclarés contre la France en faveur des États généraux, envoyèrent
des armées contre le roi. Sa Majesté pouvait requérir le roi de Suède
d'entrer en guerre ouverte contre ces princes, après que les remon-
trances qu'il leur fit pour les détourner de leur dessein eurent été inu-
tiles; néanmoins le roi consentit qu'il fît la fonction de médiateur pour
tâcher de procurer la paix entre lui et les États généraux, et les am-
bassadeurs de Suède restèrent toujours à Cologne dans ce dessein,
jusqu'à ce que, en 1674, on perdît toute espérance de faire la paix.
LIVRE IV. — CHAPITRE IV. 195
XXIII.
Traité de Versailles entre les mômes, pour le commerce (1075).
Depuis que rassemblée de Cologne fut rompue, à cause de Ten-
lèvement du Prince Guillaume de Furstemberg, le roi de Suède ne
laissa pas que de continuer à travailler pour la paix par ses ambassa-
deurs, qu'il envoya à Vienne et à La Haye ; cependant il ne put empê-
cher que l'empereur et TEmpire ne se déclarassent contre la France,
sous prétexte que les Français avaient ruiné les États des électeurs de
Trêves et Palatin, et qu'ils voulaient s'assujettir entièrement les villes
impériales d'Alsace. Les choses étaient en cet état, et le roi de Suède
voyait la passion avec laquelle l'empereur et quelques autres princes
de l'Empire agissaient contre le roi, il souhaitait d'ailleurs prendre
cette occasion pour s'emparer de la ville de Brème, et rétablir les pro-
testants dans la liberté de leur religion dans la Silésie, qui leur avait
été accordée par le traité de Munster , et dont l'empereur les avait
presque entièrement dépouillés; il résolut donc de s'unir avec le roi
encore plus étroitement que par le passé.
Ainsi le sieur de Pomponne pour le roi, et le baron de Sparre au
nom du roi de Suède, conclurent un traité à Versailles, le 25 août 1675,
par lequel ils confirmèrent les traités précédents et particulièrement
les articles secrets du traité du 14 avril 1672. Us convinrent qu'ils
auraient pour but l'observation de la paix de WestphaUe ; qu'ils em-
ploieraient les moyens convenables pour obtenir la liberté; que le roi
de France garantirait les droits que le roi de Suède avait sur la ville
de Brème, suivant le traité de Westphalie; qu'il retirerait ses troupes
de l'Empire aussitôt que les princes de l'Empire qui se mêlaient de
cette guerre ne le feraient plus, et qu'il donnerait satisfaction pour les
dommages que ses troupes avaient causés, pourvu que l'empereur, le
roi d'Espagne et les États généraux en fissent autant; que les villes
d'Alsace jouiraient de leurs privilèges suivant la paix de Westphalie;
que le roi de Suède travaillerait à la paix tant qu'il aurait espérance de
pouvoir réussir, à quoi le roi promettait de contribuer en tout ce qui
dépendait de lui ; mais que si l'empereur ou d'autres États de l'Empire
ne la voulaient pas faire à des conditions raisonnables, il prendrait
196 HISTOIRE DES TRAITES DE PAIX.
les armes contre eux ; que, comme il était obligé, en vertu de ces
traités avec le roi, d'attaquer Télecteur de Brandebourg, le roi le
défendrait, s'il était attaqué pour ce sujet, et ne ferait point la paix
qu'il ne fut satisfait ; que, pour subvenir aux frais de la guerre, le roi
lui payerait 800,000 écus par an, à commencer du 14 janvier de la
même année; que le roi de Suède se réservait la liberté de quitter les
armes lorsqu'on pourrait obtenir une paix dans l'Empire; qu'ils ne
pourraient néanmoins faire ni paix ni trêve qu'avec la satisfaction et
le consentement de l'un et de l'autre; enfin que ce traité, à l'égard
de l'observation de la paix de Westphalie, durerait toujours, mais
qu'à l'égard de cette prise d'armes, il subsisterait jusqu'à ce qu'on
put terminer tous les différends par une bonne paix.
En conséquence de ce traité, le roi de Suède envoya une armée
en Allemagne, pour faire une irruption puissante dans les États de
l'électeur de Brandebourg, qui avait pris de nouveau les armes contre
le roi, au préjudice du traité qu'il avait fait à Vossen avec Sa Majesté;
mais cette armée agit avec si peu de conduite et de bonheur qu elle
fut entièrement défaite par l'électeur de Brandebourg, et ensuite le
roi de Suède fut entièrement dépouillé de tous ses États d'Allemagne,
dans lesquels il n'est rentré que par les traités de Nimègue, le roi
ayant bien voulu sacrifier la plus grande partie de ses conquêtes pour
faire rendre au roi de Suède les provinces que ses sujets n'avaient pas
su défendre. Cependant on apprend avec étonnement que, sans avoir
égard à la fermeté avec laquelle le roi a soutenu ses intérêts, ni à la
raison d'État qui oblige la Suède de se tenir toujours étroitement unie
à la France, ce roi s'est allié avec ses ennemis naturels, qui n'ont
jusqu'ici travaillé qu'à le chasser d'Allemagne. Mais je ne traiterai pas
davantage cette matière, parce qu'elle est hors des bornes que je me
suis prescrites.
LIVRE IV. — CHAPITRE V. 197
CHAPITRE V
TRAITÉS ENTRE LA FRANCE ET LA MOSCOVIE
Traité de Moscou entre Louis XIII et Michel Théodorowitz.
Michel Théodorowitz, nouvellement parvenu à la couronne do
Moscovie, et voulant se faire des amis, envoya, en 1615, un ambas-
sadeur vers Louis Xlll pour lui faire des compliments et lui donner
des assurances de son amitié. Comme la cour de France avait alors
bien d'autres affaires que de songer à des princes si éloignés, que
d'ailleurs la couronne était disputée à Michel par Wladislas, fils de
Sigismond, roi de Pologne, on ne correspondit point, de la part de la
France, à ce témoignage d'amitié; mais depuis, le roi envoyant le
sieur Des Hayes de Cormenin dans la Terre Sainte et dans le Levant,
lui donna ordre de passer par la Moscovie et d'y négocier avec ce
même tsar un traité de commerce entre les deux nations. Le roi lui
écrivit une lettre où il lui marquait que les grandes guerres qu'il avait
eues l'avaient empêché de correspondre plus tôt à ses honnêtetés,
mais qu'il souhaitait rétablir à l'avenir entre eux la même amitié qui
avait été entre leurs prédécesseurs.
Le grand-duc reçut fort bien cet ambassadeur, lui donna des
commissaires avec lesquels il conclut toutes choses, et le chargea, h
"Moscou, le 12 novembre de l'année 7138 depuis la création du monde,
qui est, suivant notre manière de compter, la 1630, de lettres pour le
roi, dans lesquelles, après s'être plaint que le roi ne lui avait pas
donné dans sa lettre tous ses litres et toutes ses qualités, il lui marque
qu'il a commandé à ses boyards d'accepter les propositions que le roi
lui avait fait faire de vivre en bonne amitié ; qu'ainsi il permettait h
tous les Français de s'établir dans tous ses États, d'y exercer leur
commerce en payant 2 pour 100 à son trésor, d'y faire profession de
la religion romaine et d'y tenir des prêtres et des religieux, pourvu
qu'on n'y fît point publiquement l'exercice de cette religion; il consen-
tait que les juges du pays ne connussent point des affaires qui sur-
198 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
viendraient entre les Français, mais seulement quand les procès
seraient entre un Français et un Russien; il promettait de contribuer
de tout son possible, pour le bien des affaires du roi, de fournir des
vivres et des chevaux aux ambassadeurs qu'il voudrait faire passer
par ses États, en Tartarie ou en Perse, et de faire fournir aux Fran-
çais, à un prix raisonnable, les marchandises de Perse et d'Orient, en
sorte qu'ils n'auraient pas lieu de les aller chercher plus loin. Quoique
ce traité ne regardât que le commerce, le roi de Suède ne laissa pas
d'en avoir de la jalousie, et de soupçonner que cette alliance était faite
à son préjudice.
L'éloignement des deux États et le peu d'inclination que les
Français ont eu pour le commerce de Moscovie, ont été cause qu'on
n'a pas fait, avec les tsars, un plus grand nombre de traités. Nous
avons vu néanmoins, depuis peu d'années, par trois fois leurs ambas-
sadeurs en cette cour : la première en 1654, pour faire connaître au
roi les motifs de la guerre qu'ils voulaient faire à la Pologne, et prier
Sa Majesté de s'entremettre à ce que cette couronne leur donnât satis-
faction ; la seconde en 1668, pour prier le roi d'être favorable au fils
du tsar dans le dessein qu'il avait d'être élu roi de Pologne, et la
troisième en 1681, pour prier Sa Majesté de donner du secours au
roi de Pologne contre les Turcs.
CHAPITRE VI
TRAIT<^:S ENTRE LA FRANCE ET LES PROVINCES-UNIES
Lorsque les Provinces-Unies se soulevèrent, en 1571, contre le
roi d'Espagne, elles espéraient de puissants secours de la part du roi
Charles IX, qui, en ce temps-là, avait fait la paix avec les huguenots,
et témoignait être dans le dessein de chasser les Espagnols des Pays-
Bas. En effet ce roi, qui sut admirablement bien feindre en cette ren-
contre, reçut favorablement Ludovic de Nassau, frère du prince
d'Orange, qui le vint prier de secourir ces provinces; il promit de
leur envoyer l'amiral de Coligny avec une puissante armée ; on con-
vint même d'un partage de ces provinces entre la France et la maison
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 199
de Nassau, et le roi, en congédiant le comte Ludovic, lui donna une
bonne somme d'argent et La Noue, capitaine de réputation. Cette
négociation fut suivie de la prise de Mons par Ludovic, et de celle de
Valenciennes par La Noue, vers le mois de juin 1572 ; mais il parut
peu après, par le massacre de la Saint-Barthélémy, que toutes ces
démonstrations extérieures de guerre en faveur des protestants des
Pays-Bas n'avaient été que des leurres pour faire mieux tomber les
huguenots de France dans le piège qu'on leur avait tendu. Charles ne
laissa pas, l'année suivante, pour remettre les esprits des protestants,
qui étaient furieusement irrités contre lui, de faire un nouveau traité
avec le prince d'Orange pour chasser les Espagnols des Pays-Bas;
mais il fut encore sans effet, et ce roi ne seconda point ce prince dans
ce dessein. Henri III, parvenu à la couronne, ne fut guère plus favo-
rable aux États généraux, et ce fut malgré lui que son frère, le duc
d'Anjou, accepta, en 1578, la qualité de chef et de protecteur des
Provinces-Unies, sur la promesse qu'ils lui firent de lui donner pour
récompense les places que les ennemis occupaient au delà de la Meuse.
Les États, après avoir déclaré le roi d'Espagne déchu de la sou-
veraineté de ces provinces, envoyèrent, en 1580, des députés vers ce
duc, qui était alors au Plessis-lez-Tours, oii ils conclurent un traité
avec lui, par lequel ils le reconnurent et ses fils légitimes pour leurs
princes et seigneurs, avec les mêmes droits dont les seigneurs précé-
dents avaient joui, à la charge que s'il avait plusieurs fils ils choisi-
raient celui qui leur plairait pour lui succéder; qu'il conserverait les
alliances, droits et privilèges des provinces; qu'il ne donnerait les
charges et emplois qu'aux naturels du pays; enfin qu'il ferait en sorte
que les provinces demeurassent toujours attachées à la France, sans
être pourtant incorporées à la couronne. Les États eussent bien sou-
haité que le roi fût entré dans ce traité et eût entrepris hautement la
protection de son frère; mais ils n'en purent tirer autre chose, sinon
des souhaits d'un bon succès pour l'entreprise du duc d'Anjou, et des
promesses de l'assister lorsque l'état de ses affaires le lui permettrait;
cependant il n'en fit rien, et la jalousie qu'il avait de l'élévation de son
frère fut cause qu'il lui refusa toutes les assistances qu'il lui demanda ;
il empêcha même que le roi de Navarre ne portât la guerre en Espagne
200 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
pour faire diversion de^ forces des Espagnols; de sorte que ce prince,
n'ayant pu se maintenir dans sa nouvelle principauté, fut obligé de
revenir en France où il mourut en 1584.
Le prince d'Orange ayant été assassiné peu après, les États géné-
raux, après avoir bien perdu du temps à délibérer sous quelle domi-
nation ils se devaient ranger, envoyèrent vers le roi, sui* la fin de
1584, pour le prier de les accepter pour ses sujets; le roi leur donna
audience, nonobstant l'opposition de l'ambassadeur d'Espagne, et
entra en négociation avec eux. Les députés voulaient d'abord que les
États pussent s'assembler sans ordre du roi, que le conseil fut tout
composé de gens du pays, que le roi choisît les magistrats et les gou-
verneurs parmi ceux que les États lui présenteraient, et qu'il n'élevât
aux charges que des personnes de la nouvelle religion. Cependant la
nécessité les obligea de se désister de ces conditions, nonobstant
même l'opposition de quelques provinces, et ils offraient presque la
carte blanche au roi. Ce prince eût bien souhaité de conclure avec
eux, et d'étendre son royaume aux dépens des Espagnols, qui soute-
naient en France le parti de la Ligue contre son autorité ; mais après
une longue négociation, comme il vit que les princes de la maison de
Lorraine et tous les ligueurs, qui avaient grande liaison avec l'Espagne,
s'opposaient à la conclusion du traité avec les États, il n'osa le faire
de son autorité, et remercia les députés de l'offre qu'ils lui avaient
faite, s'excusant de ne la pouvoir accepter à cause des troubles de son
royaume ; il refusa même de les assister sous le nom de la reine mère
ou du roi de Navarre, et ne voulut point promettre d'empêcher qu'on
portât des vivres de son royaume dans les places que les Espagnols
tenaient encore dans les Pays-Bas, de sorte qu'il n'y eut aucune
alliance entre ce roi et les États généraux tant qu'il vécut.
I.
Traité entre Henri IV et les États gén(^raux, pour alliance (159C).
Henri IV avait toujours vécu en fort bonne intelligence avec les
États généraux , pendant qu'il n'était que roi de Navarre : nous venons
de voir que lorsqu'ils élurent le duc d'Anjou pour leur chef, ce roi
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 201
avait offert de faire une puissante invasion jusque dans le cœur de
l'Espagne pour divertir une partie des forces des Espagnols qui
attaquaient ces provinces.
Lorsqu'il fut parvenu à la couronne de France, comme les Espa-
gnols assistaient les ligueurs contre lui, les États l'assistèrent, de leur
part, de plusieurs sommes de deniers , et lui envoyèrent divers secours,
entre autres dix vaisseaux de guerre avec un bon nombre de troupes
sous le comte Philippe de Nassau, lorsqu'on 1592, ce roi assiégeait
la ville de Rouen, et que le duc de Parme était venu pour lui en faire
lever le siège.
Henri ayant déclaré la guerre au roi d'Espagne, en 1594,
résolut de se liguer étroitement avec tous ses ennemis; ainsi le maré-
chal de Bouillon, après avoir conclu en Angleterre un traité d'alliance
entre le roi et la reine Elisabeth, reçut ordre de passer h La Haye
pour faire un pareil traité avec les États généraux. Ce maréchal l'ayant
trouvé fort avancé par les soins de Paul Choart de Buzanval , ambas-
sadeur de France, l'acheva facilement avec l'aide du prince Maurice,
et conclut le dernier octobre 1596, un traité de ligue offensive et
défensive, par lequel les États approuvèrent le traité d'alliance entre
le roi Henri et la reine Elisabeth , et s'obligèrent d'en garder les
clauses. Outre cela, on convint que le roi enverrait son armée au
printemps, sur les frontières de Picardie et d'Artois; que les États
attaqueraient l'ennemi commun d'un autre côté avec une armée qui
serait pour le moins de huit mille hommes de pied et de quinze cents
chevaux ; qu'ils entretiendraient au roi quatre mille hommes de pied
payés de leurs deniers, mais qu'ils les pourraient rappeler quand ils
en auraient affaire; que le roi serait tenu réciproquement de leur
envoyer quatre mille hommes de pied et mille chevaux, quand ils
l'en prieraient , et que ses affaires le lui permettraient; que les troupes
auxiliaires recevraient les ordres de celui au secours duquel elles vien-
draient; que les anciens traités subsisteraient dans les chefs auxquels
il n'était point dérogé par celui-ci; que le roi aurait une considération
particulière pour les villes et les habitants des Provinces-Unies, sur-
tout pour la maison de Nassau.
Les États assistèrent fort fidèlement le roi en conséquence de ce
202 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
traité; et comme il leur fit témoigner qu'il avait pins besoin d'argent
que d'hommes, ils lui fournirent en argent le secours qu'ils étaient
tenus de lui donner. Ainsi, regardant les États comme ses bons
alliés, il fit ce qu'il put pour les comprendre dans le traité qu'on
négocia deux ans après à Vervins; ils lui envoyèrent Justin de Nassau
et Barneveldt pour voir à quelles conditions ils y pourraient entrer:
mais les Espagnols ne voulant point faire la paix avec les États, à
moins que la religion catholique ne fût rétablie dans lès Provinces-
Unies , et le roi d'Espagne reconnu pour souverain , les ambassadeurs
des États refusèrent ces conditions, et firent ce qu'ils purent pour
dissuader le roi de continuer la négociation de la paix , lui promettant
de grands secours s'il voulait poursuivre la guerre. Cependant le roi
jugea que son royaume avait besoin de repos après une guerre civile
de quarante années ; il résolut de conclure le traité, louant néanmoins
le courage des États, et promettant à leurs ambassadeurs de leur
conserver son amitié, et de leur en faire ressentir les effets dans les
occasions. Barneveldt même, dans son apologie qu'il fifpublier vingt
ans après , dit que le roi lui promit d'assister les États de deux millions
neuf cent mille florins en quatre années.
Comme par le traité de Vervins les deux rois renoncèrent à toutes
les ligues qu'ils avaient faites au préjudice l'un de l'autre, et se pro-
mirent réciproquement de punir leurs sujets qui porteraient les armes
contre l'autre roi , il paraît que cette ligue faite avec les États fut
annulée, et que le roi ne pouvait plus les assister directement ni indi-
rectement. Néanmoins , comme il avait intérêt que les Espagnols ne
se rendissent point maîtres des Provinces- Unies, et que peu après ce
traité, les Espagnols conspirèrent avec le maréchal de Biron contre sa
vie et contre son État, et entretinrent des intelligences dangereuses
au repos de la France avec la marquise de Verneuil, il ne laissa pas
de fournir toujours aux États, par chacun an, des sommes considé-
rables sous prétexte de leur rendre, d'année en année, les sommes
qu'ils lui avaient prêtées dans sa nécessité; il leur offrit même, en
1604, de se déclarer ouvertement pour eux, et de rompre avec l'Es-
pagne, pourvu qu'ils l'aidassent h conquérir pour la France toutes
les places situées sur la mer depuis Ostende inclusivement jusqu'à
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 203
Calais et toute la Flandre; mais les États aimèrent mieux perdre
Ostende qui était alors à l'extrémité, que d'avoir ce roi si voisin de
leur pays.
II.
Traité de La Haye entre les mêmes , pour alliance et garantie de la paix
qu'on traiterait entre TEspagne et le^ États (1608).
Henri IV voyant que nonobstant la paix, les Espagnols formaient
coulinuellement des entreprises contre sa personne et contre son
royaume, fit en 1603, comme nous l'avons vu, un traité avec
Jacques P% roi d'Angleterre.
Le marquis Spinola ayant pris en 1604, sur les États généraux, la
ville d'Ostende et diverses autres places dans les deux années suivantes,
réduisit les principaux des États dans une si grande consternation ,
que, dans l'impossibilité où ils étaient de se maintenir par leurs pro-
pres forces, ils jugèrent qu'ils n'avaient point d'autre parti à prendre
que de se mettre sous la protection de quelque prince capable de les
défendre , ou bien de s'accommoder avec le roi d'Espagne le moins
mal qu'ils pourraient. Choart de Buzanval, ambassadeur de. France
près des États, fît connaître à Barneveldt, qui était le premier homme
du pays après le comte Maurice, qu'il n'y avait point de prince qui
pût mieux soutenir la fortune chancelante des Provinces-Unies que le
foi de France ; il lui insinua qu'elles feraient bien de députer vers
Sa Majesté pour lui faire les mêmes offres qu'elles avaient faites , il
n'y avait guère que vingt années, à Henri III, et depuis à la reine
Elisabeth. Barneveldt ne s'éloigna pas de ce projet, et en attendant
qu'on y pût disposer les esprits , il proposa aux Etats de mettre quel-
ques places entre les mains du roi pour l'obliger de les secourir encore
plus vigoureusement.
Le roi souhaitait extrêmement que cette proposition fût acceptée,
car il se lassait de consommer les deniers les plus clairs de son épar-
gne et le plus pur sang de sa noblesse sans que son royaume en tirât
aucun avantage ; mais toute cette négociation s'en alla en fumée par
l'espérance où les États généraux entrèrent presque en même temps
de conclure une paix avantageuse avec le roi d'Espagne.
204 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Albert et Isabelle auxquels Philippe II avait donné les Pays-Bas,
voyant que ces provinces étaient puissamment secourues par les rois
de France et d'Angleterre, surtout par Henri IV, jugèrent qu'il leur
était impossible de les assujettir; ainsi ils leur firent proposer dès la
fin de 1606, de traiter la paix avec elles comme avec des États libres.
Les États généraux trouvant cette proposition avantageuse , la com-
muniquèrent aux rois de France et d'Angleterre. Henri, pour contri-
buer à la conclusion de la paix, et dans la crainte d'ailleurs que les
États ne se laissassent abuser par le désir qu'ils en avaient, leur en-
voya, en 1607, le président Jeannin à qui il donna ordre de travailler,
conjointement avec son ambassadeur, à la conclusion de cette grande
affaire, et de fortifier les États de leurs conseils.
Les États généraux persuadés que pour obliger leurs ennemis à agir
de meilleure foi dans la conclusion de la paix, et pour la rendre plus
stable, il était nécessaire que les deux rois s'en rendissent garants,
sollicitèrent leurs plénipotentiaires de passer avec eux ces traités de
garantie; des raisons particulières empêchèrent durant quelque temps
le roi d'Angleterre de le passer, mais le 23 janvier 1608, il fut signé
à La Haye par les ministres du roi et les États généraux.
Par ce traité, le roi promit d'assister les Étals pour leur faire
obtenir une bonne paix, et de les secourir de dix mille hommes de
pied à ses frais , en cas que quelques princes la voulussent violer après
qu'elle aurait été faite : il s'obligea même d'augmenter, s'il était nér-
cessaire, ce secours d'autant de gens de guerre de pied et de cheval
que l'état de ses affaires le pourrait permettre, à condition que ce
surplus serait aux frais des États; en reconnaissance de quoi les Etats
promirent qu'en cas que le roi fCit assailli dans son royaume par quel-
que prince que ce fût, ils l'assisteraient de cinq mille hommes de
pied à leurs frais, ou lui fourniraient ce secours en vaisseaux de
guerre ou en munitions, mariniers ou soldats; et qu'en cas que le roi
eut besoin d'un plus grand secours, ils emploieraient toutes leurs
forces, autant que la sûreté de leur État pourrait le permettre. On
convint que ce traité n'aurait lieu qu'après la paix.
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 205
m.
Autre traité de La Haye entre les m^mes et Jacques I", pour alliance et garantie
du traité de trêve entre l'Espagne et les États (1009).
Comme j'ai déjà parlé de ce traité dans ce même livre, chap. ii,
nom. 4, je n'en dirai rien ici davantage.
IV.
Troisième traité de La Haye entre Henri IV et les Ktats, pour subsides ( 1009;.
Cinq jours après ce traité, le 22 juin de la même année les
ambassadeurs de France firent au nom du roi un autre traité avec les
États généraux , par lequel Sa Majesté s'obligea de leur fournir durant
deux années 600,000 livres par chacun an , à la charge qu'ils seraient
tenus d'entretenir les deux régiments d'infanterie de Châtillon et de
Béthune, et les deux compagnies de cavalerie de Villebon et du May,
ainsi qu'ils avaient fait par le passé.
Traité de La Haye entre Louis XIlI et les Ktats, pour continuer
les précédents traités.
Après le parricide commis en la personne d'Henri IV, la reine
régente fit passer à La Haye, dans le même mois de mai 1610, un
traité avec les États généraux par l'ambassadeur de France en
Hollande; par lequel les uns et les autres consentirent à la continuation
du traité d'alliance de 1608 et de celui de garantie de 1609.
La reine régente vécut toujours en bonne intelligence avec les
États, au service desquels elle entretint les régiments d'infanterie et
les compagnies de cavalerie dont il a été fait mention ci-dessus :
d'autre part, les États se montrèrent toujours disposés à secourir le
roi tant par mer que par terre pendant les guerres civiles qui affli-
gèrent la France jusqu'en 1617, quoique les différentes paix qui
terminèrent chacune de ces guerres peu après leur commencement ,
les empêchassent de témoigner par des effets leur bonne volonté.
206 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
VI.
Traité entre les mêmes pour alliance (1621),
Le roi , instruit de la division qui était dans les Provinces-Unies
pour le fait de la religion entre les gomaristes et les arminiens, em-
ploya ses offices pour les accommoder, tant par le moyen du sieur
Du Maurier, son ambassadeur ordinaire près les États, que par le
sieur de Boissise qu'il y envoya en 1618, ambassadeur extraordinaire.
Néanmoins, le prince Maurice de Nassau fit arrêter, par ordre des
États généraux, le sieur Barneveldt, avocat général de Hollande, qu'il
regardait comme son ennemi, Grotius, pensionnaire de Rotterdam et
quelques autres qu'il accusait d'être arminiens. Comme le roi avait
beaucoup de considération pour ces prisonniers qu'il savait avoir
rendu des services signalés aux Provinces-Unies, il fit agir ses ambas-
sadeurs avec beaucoup de chaleur pour obtenir que leur affaire fût
traitée avec douceur; de sorte qu'il fut fort indigné de voir que, sans
avoir égard à ses offices, Barneveldt fut condamné et exécuté à mort
en 1619, et Grotius, qui avait eu d'abord un pareil jugement, con-
damné ensuite à une prison perpétuelle. Cela altéra extrêmement la
bonne correspondance qui avait été jusqu'alors entre la France et les
Provinces-Unies ; en sorte que le roi permit à ses sujets d'enlever
quelques vaisseaux de ces provinces.
L'année suivante, les États généraux qui voyaient que la trêve
de douze années, faite avec le roi d'Espagne, était sur le point
d'expirer, et que les Espagnols ne la voulaient pas continuer, jugèrent
qu'il leur était nécessaire de renouveler leur alliance avec la France.
Ainsi , ils y envoyèrent quatre ambassadeurs extraordinaires avec ordre
de proposer seulement d'abord les raisons qu'ils avaient eues de con-
damner Barneveldt à la mort , et de demander ensuite la restitution
de leurs vaisseaux; ils furent assez mal reçus; le roi voulait au moins
que les États délivrassent Grotius; les Etats refusaient de lui donner
cette satisfaction ; c'est pourquoi il leur avait fait pressentir qu'il ne
laisserait point sortir de France leurs ambassadeurs que Grotius ne fut
mis en liberté ; mais , dans ces entrefaites , il se sauva de prison ; ce
qui raccommoda sur-le-champ les affaires. Le roi avait intérêt que les
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 207
Hollandais donnassent de roccupation aux Espagnols pour les empê-
cher de s'attacher aux affaires de la Valteline qu'ils avaient extrême-
ment à cœur : d'ailleurs il était bien aise que les États généraux
Bussent aussi la guerre chez eux , afin qu'ils ne fussent pas en état de
secourir les huguenots de France contre lesquels il était sur le point
ie rentrer en guerre. Ces motifs réunirent les esprits, de manière que
le roi leur fit rendre leurs vaisseaux, et les sieurs de Boissise, Jeannin
3t Puysieux , que le roi avait donnés pour commissaires à ces ambas-
sadeurs, conclurent avec eux un traité au commencement de Tannée
1621, par lequel le roi confirma leur alliance avec la couronne, leur
permit de lever des troupes en France, et leur promit que, si la trêve
qu'ils avaient faite avec le roi d'Espagne n'était point continuée, il leur
fournirait les mêmes secours que le feu roi son père leur avait donnés
autrefois pendant la guerre. Ils s'en retournèrent donc très-satisfaits
au mois d'avril suivant.
VII.
Traité de Compiègne entre les mômes, pour des subsides (juin iG2i).
La trêve entre le roi d'Espagne et les États généraux expira
en 1622 et ne fut point continuée ; la guerre recommença entre ces
deux puissances. D'abord, le roi embarrassé dans la guerre contre les
huguenots, voulant de plus faire connaître aux États le besoin qu'ils
avaient de le ménager, ne leur fournit aucun secours ; mais comme
dans la suite il se vit obligé de prendre les armes pour chasser les
Espagnols de la Valteline, il reçut parfaitement bien trois ambassa-
deurs extraordinaires que les États lui envoyèrent à Compiègne en
1624, et pour leur donner lieu de continuer vigoureusement la guerre
contre les Espagnols sans donner les mains à une nouvelle trêve, il
donna commission au connétable de Lesdiguières et aux sieurs de
La Vieuville et de Bullion de conférer avec ces ambassadeurs.
Ainsi, le 10 juin 1624, ils conclurent un traité dans la même
ville de Compiègne, par lequel ils convinrent que le roi prêterait aux
États 1,200,000 livres en cette année 1624, et un million dans cha-
cune des années 1625 et 1626, lesquels 3,200,000 livres, les États
208 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
généraux seraient tenus de lui rendre en différents termes , neuf ans
après qu'ils auraient fait la paix ou une trêve; qu'ils ne pourraient
faire paix ni trêve avec qui que ce fut qu'avec le conseil et l'interven-
tion du roi ; que si le roi avait besoin d'argent, ou s'il se faisait quel-
que guerre, les Étals lui fourniraient sous les mêmes conditions la
moitié de ce secours, par chacun an, en troupes ou en argent, en
cas que cela leur fût possible; que les États nommeraient des com-
missaires pour traiter avec l'ambassadeur de France du commerce des
Indes orientales ; qu'ils conviendraient avec Sa Majesté des moyens
nécessaires pour purger la partie occidentale de la mer Méditerranée
des pirates d'Alger et de Tunis; que si les sujets des États reprenaient
des vaisseaux (juc les pirates auraient pris, ils les rendraient aussitôt
qu'ils en seraient requis; que les procès des sujets des deux États
seraient jugés dans les trois mois par les juges de l'amirauté qui n'au-
raient aucun intérêt dans les prises; que si les parties demandaient la
révision de ces jugements, elle leur serait accordée par-devant des
commissaires, et que cependant on ne vendrait rien que du consente-
ment de l'ambassadeur; qu'on en userait comme par le passé au sujet
de la nomination des officiers des troupes françaises qui étaient au
service des États; que si le roi avait besoin de quelques vaisseaux de
guerre de trois ou quatre cents tonneaux , les États lui en feraient
vendre ou louer à un prix médiocre ; que si le roi avait besoin des
régiments français qui étaient à leur service, ils les renverraient à
Dieppe ou à Calais, pourvu qu'ils eussent paix ou trêve; que le droit
d'aubaine cesserait réciproquement; que le commerce et la navigation
seraient libres de part et d'autre; enfin, que ce traité durerait trois
années.
Par un article séparé, il fut dit que le roi ayant extrêmement
souhaité que ses sujets catholiques eussent le libre exercice de leur
religion en Hollande , les États généraux consentaient qu'ils pussent
l'exercer dans la maison de l'ambassadeur, sans que cela fût permis
aux sujets des États.
J'ai vu dans un autre exemplaire imprimé dé ce traité, un article
portant que, comme le roi allait envoyer aux États un ambassadeur
catholique et qu'il y avait plusieurs cathoHques dans les troupes fran-
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 209
çaises qui servaient les États, il serait permis à l'ambassadeur de
Sa Majesté d'avoir en sa maison l'exercice de la religion catholique,
et aux colonels et capitaines des régiments français d'avoir des aumô-
niers catholiques , et que sur l'instance que Sa Majesté avait faite que
l'exercice libre de la religion catholique fût permis à tous les sujets
des États, les ambassadeurs avaient promis de faire rapport aux
États des intentions de Sa Majesté, afin de trouver quelque moyen de
la satisfaire sur ce sujet. 11 y a néanmoins grande apparence qu'il n'y
eut point d'autre demande sur ce sujet que ce que j'ai marqué ; les
États ne voulurent jamais entendre parler de donner à leurs sujets
catholiques le libre exercice de leur religion, et eurent alors bien de
la peine à accorder ce qui était porté par cet article ; encore vou-
lurent-ils qu'il ne fût point inséré dans le corps du traité.
11 y eut encore un autre article particulier par lequel on convint
que les États payeraient chaque année 38,000 livres aux colonels et
capitaines des troupes françaises qui étaient à leur service, et qu'ils ne
seraient point tenus de rendre jamais à Sa Majesté ces H/i,000 livres.
Le roi prêta aux États les sommes portées par ce traité, de
sorte qu'aucun traité postérieur n'ayant remis aux États l'obligation
de rendre au roi ces 3,200,000 livres que le roi Louis XIII ne leur
a fait que prêter, ils ne peuvent se dispenser de les rendre à Sa Ma-
jesté lorsqu'elle leur en fera la demande.
VIII.
Traité de Paris entre les mômes et autres, pour alliance (août 1624}.
Le second traité passé cette année entre le roi et les États fut ,
suivant quelques auteurs, celui de Paris qu'ils tiennent avoir été passé
au mois d'août entre eux et plusieurs autres princes contre la maison
d'Autriche. J'ai déjà dit plusieurs fois mon sentiment au sujet de ce
traité, ainsi je n'en répéterai rien.
n.
14
210 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
IX.
Traité de La Haye entre les États et le connétable de Lesdiguièrcs, pour un secours
de vingt vaisseaux (décembre 1624).
Je mets ce traité pour le troisième de ceux qui ont été passés
en 4621 entre la France et les Provinces-Unies, parce qu'encore qu'il
ait été passé au nom du connétable de Lesdiguières, il a été ratifié
par le roi qui s'obligea de satisfaire à ce que le connétable leur avait
promis.
Le duc de Savoie résolut , en 162/i, de faire la guerre aux Génois
à l'occasion du marquisat de Quecharel, ainsi que je le marquerai
ailleurs plus amplement. Le roi , qui s'était ligué l'année précédente
avec ce duc et qui ne voulait pas néanmoins se mettre en danger de
rompre avec l'Espagne, convint de l'assister dans cette entreprise
sous le nom du connétable de Lesdiguières ; le bruit courut même que
le roi et le duc étaient convenus de partager ensemble l'État de Gènes
de la manière dont je le marquerai ci-après. Quoi qu'il en soit, le duc
et le connétable ayant résolu d'attaquer au printemps prochain l'Étal
et la ville même de Gênes par mer et par terre, le connétable envoya
le sieur de Bullion en Hollande, afin d'obtenir des vaisseaux des États
pour cette expédition.
Le sieur de Bullion fit donc à La Haye, le 24 décembre 1624,
au nom du connétable, un traité avec les Etats généraux, par lequel
ils promirent d'envoyer au plus tôt dans la Méditerranée vingt bons
vaisseaux de guerre qui aborderaient à Villefranche près de Nice ou
en tel autre lieu qui leur serait désigné par le connétable, et en son
absence par le prince de Piémont ou par le maréchal de Créqui. Ils
convinrent que les États entretiendraient ces vingt vaisseaux à leurs
frais pendant trois mois ; après lesquels le duc de Savoie et le conné-
table seraient tenus de leur payer 100,000 florins par mois; même,
si les choses réussissaient comme on le souhaitait, qu'ils les rembour-
seraient sur le même pied de la dépense faite pendant les trois premiers
mois; que si le duc de Savoie et le connétable changeaient d'avis, ils
en avertiraient aussitôt les États et les rembourseraient des frais qu'ils
auraient faits h raison de 5,000 francs par mois pour chaque vais-
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 211
seau; qu'on estimerait aussi la valeur de ces vaisseaux; que s'il en
périssait ou si les ennemis en prenaient quelqu'un dans cette expédi-
tion, le duc de Savoie et le connétable de Lesdiguières seraient tenus
de les payer; enfin que cette flotte pourrait, chemin faisant, nuire aux
Espagnols le plus qu'il lui serait possible, et que chacun aurait la
moitié du butin qu'elle ferait.
Le roi faisait ainsi faire ce traité au nom du connétable pour ne
point paraître faire de son chef la guerre aux Génois; il ne voulut
pas, pour la même raison, que les vaisseaux du duc de Guise, qui
devaient aussi agir contre les Génois, portassent l'étendard royal; par
ce moyen, il pouvait soutenir que ce duc ne faisait que les prêter au
duc de Savoie; néanmoins le roi ne laissa pas que de ratifier ce traité
le 25 février 1625 et de s'obliger à l'exécuter, de même que s'il avait
été passé en son nom.
X.
Traité de La Haye entre Louis XIII et les États, pour le même sujet (1625).
Le sieur de Soubise n'avait point voulu accepter la paix que
Louis XIII avait accordée, en 1622, à ceux de la religion prétendue
réformée; il s'était saisi, dans le port deBlavet, vers le commencement
de l'année 1625, de quelques vaisseaux, avec lesquels il exerçait plu-
sieurs brigandages sur les côtes de Bretagne, du Poitou et de Guyenne,
et il engagea dans la suite les Rochelais dans son parti.
Le roi, pour les ranger à leurs devoirs, résolut d'employer contre
eux la flotte que les Hollandais avaient promise au connétable de Les-
diguières; dans cette vue, l'ambassadeur de France auprès des États
généraux fit un traité avec eux, le 12 avril 1625, par lequel ils pro-
mirent de mettre en mer ces vingt vaisseaux pour le service du roi, et
convinrent que Sa Majesté mettrait, sur douze de ces vaisseaux, des
capitaines et des soldats français, qui obéiraient néanmoins à l'amiral
de Zélande nommé Hautain; qu'au lieu que les États devaient faire la
guerre aux Génois pendant trois mois ù, leurs frais, le roi payerait toute
la dépense de ces vaisseaux pendant qu'ils serviraient dans cette
guerre contre le sieur de Soubise; enfin qu'il ferait agréer au duc de
212 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Savoie le retard de ces vaisseaux, qui ne pourraient se rendre dans la
Méditerranée au temps porté par le précédent traité.
Les États généraux fournirent ces vaisseaux conformément à. ce
traité ; mais comme les Hollandais avaient regret de combattre des
peuples qui étaient de leur même religion, l'amiral Hautain conclut,
malgré les Français, une neutralité avec les Rochelais, dans le des-
sein cependant de les accommoder avec le roi ; mais, nonobstant celte
neutralité, les vaisseaux rochelais attaquèrent l'escadre hollandaise,
brûlèrent le vice-amiral, et percèrent à coups de canon trois autres
vaisseaux hollandais et quelques-uns de ceux du roi qu'ils ne purent
brûler.
Cette infidélité irrita tellement les Hollandais qu'ils résolurent de
s'en venger; ils servirent utilement dans le combat naval qu'on gagna
contre les Rochelais le 25 septembre de la même année; ils se trou-
vèrent particulièrement engagés à bien faire , parce que le duc de
Montmorency, amiral de France, qui se défiait d'eux, monta sur leur
amiral sous prétexte de vouloir apprendre le métier sous l'amiral
Hautain, mais en effet pour l'observer.
XI.
Traité de Paris entre les mêmes, pour une alliance pendant neuf ans (1627).
Le traité de l'an 1624, qui n'était que pour trois années, expira
au mois de juin 1627. Le roi, qui était alors en guerre contre les
Anglais engagés dans le parti des huguenots rebelles, voulut renouveler
l'alliance avec les États, afin de les détacher des Anglais et.de s'assu-
rer qu'ils n'assisteraient point ses ennemis ni ses sujets révoltés.
L'ambassadeur de France en Hollande travailla d'abord, à La Haye,
à ce renouvellement d alliance; mais les États, voyant que les choses
n'avançaient pas de la manière dont ils le souhaitaient, donnèrent
commission au baron de Langerac, leur ambassadeur en France, de
consommer le traité, comme il fit à Paris, le 28 août suivant, avec les
sieurs de Bullion et de Chateauneuf, que le roi lui avait donnés pour
commissaires.
Par ce traité, ils convinrent que le roi donnerait aux États un
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 213
million de livres par an, durant neuf années, en cas que la guerre
qu'ils avaient contre l'Espagne durât autant; que les États ne pour-
' raient, pendant ce temps, traiter aucune paix ni trêve sans l'avis du
roi; qu'ils lui fourniraient la moitié de ce secours en hommes ou en
vaisseaux, en cas qu'on lui fît la guerre dans ses États; qu'ils lui per-
mettraient de lever ou d'acheter quinze vaisseaux dans leurs provinces;
qu'ils ne donneraient, ni directement ni indirectement, aucun secours
aux ennemis du roi; qu'ils feraient conduire jusqu'à Calais et à Dieppe
les régiments français qui étaient à leur service, si le roi en avait
besoin ; que le di'oît d'aubaine n'aurait point lieu de part et d'autre ;
qu'ils pourraient poursuivre leurs ennemis jusqu'à la portée du canon
des havres des uns et des autres ; que, si les ennemis d'un des deux
États conduisaient leurs prises dans les ports de l'autre, celui-ci délivre-
rait les prisonniers que les ennemis auraient faits, et rendrait les navires
et les marchandises aux propriétaires; que leurs ennemis ne pour-
raient attaquer les vaisseaux du roi ni des Étals que vingt-quatre heures
après qu'ils seraient sortis de leurs havres ou ports, autrement qu'ils
seraient déclarés de mauvaise prise; qu'on en poursuivrait la restitu-
tion et la punition de ceux qui les auraient pris; que tous les traités
qu'ils avaient faits avec d'autres princes demeureraient en leur force,
hormis en ce qui y était dérogé par celui-ci.
Par des articles secrets, on convint que les États ne feraient point
la paix sans l'intervention et l'approbation du roi ; qu'ils ne seraient
point tenus de secourir le roi de France contre celui d'Angleterre, et
qu'ils pourraient demeurer neutres pendant cette guerre; que le roi
pourrait encore lever ou acheter dix gros vaisseaux, outre les quinze
portés dans le traité; enfin que les États ne pourraient assister le
roi d'Angleterre d'hommes, de vaisseaux, ni d'armes.
Le roi d'Espagne venait de faire alliance avec le roi contre
celui d'Angleterre, et se disposait à envoyer une puissante armée
navale au secours de Sa Majesté contre les Anglais et les Rochelais ;
l'ambassadeur d'Espagne se plaignit au roi de ce qu'il ne laissait pas
que de se déclarer le protecteur des sujets révoltés contre son maître;
on tâcha de lui persuader qu'on n'avait passé ce traité que pour
empêcher les États de prendre le parti des Anglais, et on lui promit
21Ù HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
que, quand ceux-ci seraient retournés dans leur île, le roi correspon-
drait à l'amitié que le roi d'Espagne lui témoignait.
Cette réponse apaisa un peu l'ambassadeur d'Espagne, mais
aussi l'ambassadeur des États témoigna en être fort mécontent; il
demanda que le roi expliquât ses intentions au sujet du traité ; on
lui donna encore de bonnes paroles pour le contenter; mais peu
après on sut que les États mêmes refusaient de ratifier le traité,
quoique le baron de Langerac l'eût conclu en vertu d'un boa pouvoir.
Les États jugèrent que le dernier article du traité était contraire à ceux
qu'ils avaient faits avec l'Angleterre et à la neutralité qu'ils voulaient
garder ; outre cela, il y avait encore plusieurs autres choses dans ce
traité qui leur déplaisaient, particulièrement le pouvoir qui leur était
ôté de faire paix ni trêve avec l'Espagne pendant que le roi lui-même
ne voulait pas rompre avec cette couronne. Tels furent les motifs de
leur refus; ainsi la France et les Provinces-Unies ne se trouvèrent
liées par aucun traité.
XII.
Second traité de La Haye entre les mêmes, pour subsides et alliance (1(>30 1.
La paix de Suse, faite' en 1629 entre la France et l'Angleterre,
fit cesser la principale raison qui avait empêché la ratification du
traité de Paris; le roi se trouva d'ailleurs plus irrité qu'auparavant
contre les Espagnols, qui avaient pris le parti du duc de Savoie contre
le duc de Mantoue, allié de Sa Majesté, et qui voulaient se rendre
maîtres de l'importante place de Casai, dont le roi avait entrepris la
défense. Ainsi le sieur de Baugy, ambassadeur de France près les
États généraux, fit, par ordre du roi, un nouveau traité avec eux, le
17 juin 1630, par lequel le roi s'obligea de fournir aux États, en don,
pendant sept années, la somme d'un million par chacun an, à com-
mencer du 1" janvier dernier; de laquelle somme serait réservée celle
de 50,000 livres pour être distribuée, par l'ambassadeur, aux officiers
français. On convint que les États ne traiteraient point, pendant ces
sept années, de paix ni de trêve sans l'avis de Sa Majesté; qu'en cas
que le roi fut assailli dans son royaume, il ne serait tenu de leur four-
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 215
nir que la moitié de ce secours, et pourrait employer l'autre moitié
en solde d'hommes et fret de vaisseaux ; qu'en ce cas les États ne
donneraient, sous quelque prétexte que ce fut, aucune assistance aux
ennemis de Sa Majesté; que le roi ne ferait aucun traité à leur préju-
dice ; que s'il avait besoin de vaisseaux, ils lui en feraient louer ou
acheter quinze dans les Provinces-Unies; que les sujets des deux
États ne pourraient exercer aucune hostilité les uns contre les autres ;
que les plaintes des sujets du roi seraient jugées à l'amirauté au plus
tard dans trois mois, aprèâ avoir ouï l'ambassadeur du roi ; que le
droit d'aubaine cesserait de part et d'autre; enfin que les sujets du
roi et des États trafiqueraient librement ensemble sans payer d'autres
impôts que ceux qui se payeraient par les naturels du pays ou le
trafic s'exercerait.
XIII.
Troisième traité de La Haye entre les mêmes , pour augmentation de subsides
(avril 1C34).
Les Espagnols firent leur possible, en 1632, pour faire une nou-
velle trêve avec les États; cette négociation dura fort longtemps: la
France étant dans le dessein de rompre avec l'Espagne, ses ministres
firent tous leurs efforts pour en empêcher la conclusion; enfin, pour
faire résoudre les États à n'en plus vouloir entendre parler, le baron
de Charnacé, ci-devant ambassadeur en Allemagne, conclut à La
Haye, avec les commissaires des États, le d6 avril 1634, un autre
traité, pour sept années, pendant lesquelles le roi s'obligea de leur
payer encore un million par an, outre celui porté par le précédent
traité, et encore 300,000 livres qui seraient employées à l'entretien
d'un régiment d'infanterie et d'une compagnie de cavalerie. On pro-
mit de ne point faire, de part ni d'autre, pendant une année, aucun
accommodement ni traité avec la maison d'Autriche ; que les États
généraux exécuteraient la déclaration qu'ils avaient fait publier en
1632 en faveur de tous ceux de la religion catholique qui demeuraient
dans tous les lieux qui se rendraient à eux volontairement; que si les
États traitaient, pendant ces sept années, de quelque paix ou trêve
avec leurs ennemis, ils ne le feraient qu'avec l'intervention de Sa
216 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Majesté, et déclareraient que le traité qu'ils feraient ne préjudicierait
point à celui-ci; que le roi, venant à traiter avec ses ennemis, ferait
la même déclaration; qu'ils se garantiraient réciproquement les traités
qu'ils feraient, en sorte que si le roi d'Espagne, l'empereur, ou
d'autres princes de leur maison attaquaient les États généraux et
rompaient avec eux, le roi romprait aussi avec ces princes; de même
si, après la paix faite, les princes attaquaient les États du roi, en sorte
qu'il fût obligé de rompre, les États généraux seraient aussi tenus d'en
faire autant, et ils ne pourraient ensuite faire ni paix ni trêve que
conjointement et d'un commun consentement; que si le roi rompait
avec le roi d'Espagne, il serait déchargé du payement des 2,300,000
livres portés par les traités de 1630 et par celui-ci, et qu'ils ne pour-
raient plus traiter avec leurs ennemis que conjointement et d'un com-
mun consentement; enfin que, quand le roi voudrait rompre avec le
roi d'Espagne il serait fait auparavant un partage raisonnable des
conquêtes qui se feraient de part et d'autre.
XIV.
Quatrième traité de La Haye entre les mômes, pour une compagnie de cavalerie
et un régiment d'infanterie (avril 1G34).
Le 15 avril 163/i, le même baron de Chamacé fit un autre traité
pour la levée et l'entretien d'un régiment d'infanterie français et d'une
compagnie de cavalerie^ en cas qu'il plût au roi de donner cette com-
pagnie pour le service des États. Par ce traité ils convinrent que ce
régiment et cette compagnie seraient levés des deniers du roi ; que les
États lui fourniraient les armes, des vaisseaux et des vivres pour le pas-
sage; que le roi nommerait à toutes les charges; que les officiers
auraient, sur les deniers que le roi donnait aux États, pareille pension
que les officiers du régiment de Châtillon et les compagnies du sieur du
Mai et de Saint-Martin ; que lorsque les affaires de la France oblige-
raient d'y ramener ce régiment et cette compagnie, les États leur
fourniraient des vaisseaux pour leur retour; que si le roi ne voulait
plus entretenir ce régiment et cette compagnie, les États les entretien-
draient sur le pied du plus ancien régiment ou compagnie de cavale-
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 217
rie française; enfin qu'ils ne retiendraient point les gages du colonel,
en cas qu'il fut absent pour le service du roi.
Le baron de Charnacé, quoique ambassadeur de France, fut lui-
même colonel de ce régiment et capitaine de cette compagnie de
cavalerie; il fut tué en 1637, en servant au siège de Bréda en cette
qualité.
XV.
Troisième traité de Paris entre les mêmes, pour chasser les Espagnols des Pays-Bas
(1635).
Le roi était résolu d'entrer en guerre ouverte contre l'Espagne,
pour les raisons que je marquerai ci-après, principalement parce qu'il
jugeait que son royaume, même toute la chrétienté, ne jouiraient
jamais d'un parfait repos tant que les Espagnols posséderaient les
provinces des Pays-Bas, qui leur donnaient le moyen de troubler la
tranquillité de tous les États voisins. Ainsi il donna ordre aux sieurs
de Bullion, Bouthilier et de Charnacé de conclure un traité avec les
sieurs Pawet Knuit, ambassadeurs extraordinaires des États généraux,
dans le dessein de chasser entièrement les Espagnols des Pays-Bas.
Les commissaires du roi, après s'être assemblés avec les ambas-
sadeurs des États, conclurent un traité à Paris, le 8 février 1635, par
lequel le roi promit d'entrer en guerre ouverte contre le roi d'Espagne
dès que ce traité serait ratifié par les États généraux, qui promirent,
de leur part, de continuer la guerre ; les uns et les autres s'obligèrent
d'attaquer les provinces que le roi d'Espagne possédait aux Pays-Bas,
aux conditions qui suivent, à savoir : que le roi et les États mettraient
chacun en campagne une armée de vingt-cinq mille hommes de pied
et de cinq mille chevaux, lesquels se tiendraient toujours en état de
se secourir mutuellement; qu'avant que d'entrer dans les Pays-Bas,
ils inviteraient le peuple de se joindre à la cause commune pour chas-
ser les Espagnols, ce que faisant, daos le terme de trois mois après
cette réquisition, quand il n'y aurait que trois ou quatre villes, elles
demeureraient jointes en un corps d'État libre et souverain, sans
qu'on y fît aucun changement h l'égard de la religion catholique, et
que Sa Majesté et les États les prendraient sous leur protection ; que.
218 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
d'autant qu'il serait impossible à ces provinces de garder leui-s fron-
tières, toutes les places de la côte de Flandre, jusqu'à Blankemberg,
qui est entre Ostende et l'Écluse et deux lieues avant en terre, demeu-
reraient au roi, avec les villes de Thion ville et de Namur et leurs ter-
ritoires, aux conditions portées ci-après dans les grands partages; que
les États y auraient aussi, aux mêmes conditions, Hulst avec le pays
de Waes, Bréda, Gueldres et Stenvenrwest et leurs territoires; qu'en
cas que ces provinces ne voulussent point contribuer à leur liberté,
Sa Majesté et les États partageraient ces provinces, en sorte que le roi
aurait Cambrai et le Cambresis, le Luxembourg, les comtés de Namur,
de Hainaut, d'Artois et celui de Flandre, jusqu'à une ligne qu'on
tirerait depuis Blankemberg, entre Dam et Bruges, jusqu'à Rupel-
monde, qui demeurerait aussi au roi ; que le surplus, savoir : le mar-
(juisat du Saint-Empire et Anvers, la seigneurie de Malines, le duch«i
de Brabant et le reste de la côte, depuis Blankemberg jusqu'à Dam
et Hulst, appartiendraient aux États, qui seraient tenus, en considé-
ration de Sa Majesté, d'y laisser la religion catholique et les ecclésias-
tiques dans l'état auquel ils étaient alors; qu'après la rupture, le roi
ni les États ne pourraient faire ni paix ni trêve que d'un commun
consentement jusqu'à l'expulsion des Espagnols; que si, après la paix,
l'empereur, le roi d'Espagne ou un autre prince de leur maison atta-
quait l'un des deux alliés, l'autre entrerait aussi en rupture, et qu'ils
ne pourraient plus traiter que d'un commun consentement ; qu'on
attaquerait d'abord deux places du partage du roi , puis deux autres
du partage des États, à moins que les généraux n'en convinssent
autrement par écrit ; que les États tiendraient cependant à leurs frais
une armée navale sur les côtes de Flandre; que si l'empereur ou
quelque autre prince de sa maison attaquait les États d'un des deux
alliés, l'autre romprait ouvertement avec lui, et qu'ils ne pourraient
plus faire ni paix ni trêve que conjointement et d'un commun consen-
tement; qu'on inviterait le roi de la Grande-Bretagne d'entrer dans
ce traité ou tout au moins de demeurer dans les termes d'une vraie
neutralité ; qu'outre la flotte des Éltats, dont il est parlé ci-dessus, ils
tiendraient encore chacun une escadre de quinze vaisseaux vers le
canal pour empêcher les descentes dans les deux États; que si ces
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 219
escadres se joignaient, J'amiral des États abaisserait à Tabord le
pavillon du grand mât devant l'amiral du roi et le saluerait de son
canon, et celui du roi lui rendrait le salut, ainsi que de coutume et
comme il en avait été usé par le roi de la Grande-Bretagne lorsque
ses flottes s'étaient jointes à celles des États; que l'amiral des États
aurait séance dans le conseil après l'amiral de France, leur vice-amiral
après le vice-amiral de France, et ainsi des autres officiers; que le roi
payerait les arrérages des deux millions qui étaient échus, et en serait
déchargé pour l'avenir.
Outre ce traité, le roi et les États convinrent encore, p^r des
articles secrets, que le terme de trois mois accordé aux peuples des
Pays-Bas, pour chasser les Espagnols de leurs villes, pourrait être
prolongé d'un commun consentement; que si les ennemis communs
ou leurs adhérents attaquaient par mer les États d'un des deux alliés,
l'autre serait tenu de joindre une puissante armée navale à celle de
celui qui serait attaqué, pour s'opposer conjointement aux desseins
des ennemis ; qu'en tous les autres lieux où on pourrait faire la guerre
sans y être obligé par ce traité, le roi et les États pourraient faire
une trêve comme bon leur semblerait, mais non pas la paix, sinon
conjointement ou d'un commun consentement; enfin que si quelques
autres princes ou républiques attaquaient les vaisseaux des deux alliés
ou entreprenaient de faire des descentes dans leurs États, ou de secou-
rir les places qu'ils tiendraient assiégées, en sorte que les deux alliés
se résolussent d'entrer en rupture avec ces princes ou républiques, ils
le feraient conjointement, et ne pourraient ensuite faire paix ni trêve
avec eux que conjointement et d'un commun consentement.
XVI.
Traité entre les mêmes, pour le mot de Tarraée commune (mars 1635).
Le roi et les États se trouvèrent engagés, par le précédent traité,
à joindre leur armée dans cette campagne pour faire une plus puisr
santé invasion dans les Pays-Bas sujets du roi d'Espagne; Sa Majesté
envoya pouvoir au prince d'Orange de commander son armée, et de
lui donner le mot ; elle convint de plus avec les États, par un autre
220 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
traité du 16 mars 1635, que ce prince ne se servirait point de ce
pouvoir lorsque le roi ou le cardinal de Richelieu serait en personne
dans l'armée; qu'en ce cas le roi ou ce cardinal lui donnerait le mot,
et que celui qui commanderait l'armée du roi donnerait le mot à
toutes les deux armées tant qu'elles seraient jointes.
En conséquence de ces traités, le roi, qui avait appris l'enlève-
ment de la personne de l'électeur de Trêves, son allié, fait par les
Espagnols, en ce même mois de mars 1635, envoya demander son
élargissement au cardinal infant gouverneur des Pays-Bas espagnols,
et, sur son refus, déclara la guerre au roi d'Espagne, et envoya les
maréchaux de Châtillon et de Brézé, pour joindre l'armée des États,
avec une armée de vingt-cinq mille hommes de pied et de cinq mille
chevaux, suivant le traité.
Cette armée française défit, en chemin faisant, près d'Avenues,
dans le pays de Liège, l'armée des Espagnols commandée par le prince
Thomas, après quoi les généraux joignirent, à Maestricht, le prince
d'Orange, qui eut l'avantage de .donner le mot à toutes les deux
armées. Ces forces jointes en un même corps prirent Tirlemont, qui
fut brûlé et saccagé; puis, ayant menacé Bruxelles, assiégèrent Lou-
vain, qu'elles ne purent prendre faute de vivres; ce même défaut de
vivres, bien plus la malignité du prince d'Orange, à ce que plusieurs
ont cru, causèrent la ruine de l'armée française, en sorte que les
Espagnols, après avoir surpris en cette année le fort de Skenk sur les
États, eurent l'avantage d'une campagne dans laquelle deux années
puissantes et la perte d'une bataille considérable semblaient devoir
leur faire perdre tout ce qui leur restait aux Pays-Bas.
XVII.
Cinquième traité de La Haye entre les mômes, pour des subsides (iC3G).
Encore que le roi par le précédent traité dut être déchargé de
l'obligation de donner aucuns subsides aux États généraux, parce qu'il
était entré dans une guerre ouverte contre le roi d'Espagne, il n'a
pas laissé que de leur fournir presque tous les ans des sommes consi-
dérables, même après la déclaration de la guerre qu'il fit en 1635.
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 221
Ainsi dès l'année suivante le sieur de Charnacé, ambassadeur de
France près des États généraux, fit, le 6 septembre 1636 , un traité à
La Haye avec leurs députés, par lequel le roi, en considération des
grands frais que les États avaient faits cette année à la reprise du fort
de Skenk et sans déroger aux précédents traités, promit d'assister les
États généraux pendant un an de 1,500,000 livres , dont une partie
serait premièrement employée au payement des officiers français et de
ce que les soldats français devaient dans les villes où ils étaient en
garnison.
Nonobstant ces secours que le roi donna généreusement aux États
sans y être obligé, l'empereur ayant fait faire cette année une puis-
sante invasion dans la France par son armée , commandée par le
général Gallas, jamais les États ne voulurent se résoudre d'entrer en
guerre ouverte contre l'empereur, quoique le roi les en sollicitât et
qu'ils y fussent obligés par le traité de Paris.
XVIIL
Sixième traité de La Haye entre les mêmes, pour le commerce (1637).
Les grandes dépenses que les États furent obligés de faire pour
le siège et la prise de Breda, qu'ils prirent pendant Tété de l'année
1637, et celles qu'il fallait encore qu'ils supportassent pour mettre
leur armée en campagne l'année suivante, les obligèrent d'envoyer
en France le sieur de Vanbergen pour prier le roi de les secourir de
1,200,000 livres.
Le roi lui donna pour commissaires les sieurs de Bullion et
Chavigny, qui conclurent avec lui à Paris, le 17 septembre 1637,
un traité par lequel le roi promit de les assister de cette somme de
1,200,000 livres, sur laquelle les pensions des officiers français
réservées, moyennant quoi les États seraient tenus de mettre une forte
armée en campagne pour faire une entreprise considérable. Sa Majesté
promettant de son côté d'attaquer les Pays-Bas avec une puissante
armée.
Les États contrevinrent encore, peu après ce traité, à l'observation
de celui de l'année 4635 ; car encore qu'ils eussent d'abord promis de
222 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
laisser aux États catholiques de Breda l'exercice de leur religion , ils
la leur ôtèrent et en chassèrent la plus grande partie des habitants.
XIX.
Traité do Saint-Germain entre les mômes, pour autres subsides (1639).
Le 21 mars 1639 , les sieurs de Bullion et Chavigny firent un
autre traité avec l'ambassadeur des États , par lequel le roi promit de
leur fournir encore un secours de pareille somme de 1,200,000 livres
aux mêmes conditions du traité ci-dessus.
XX.
Quatrième traité de Paris entre les mêmes, pour le même sujet (1641 ).
Le 11 février 1641 , le sieur Bouthilier fit encore un traité à
Paris au nom du roi avec l'ambassadeur des États généraux pour
autres 1,200,000 livres de subsides payables pendant cette même
année 1641, aux conditions ordinaires dans ces traités; outre cela à
la charge qu'en cas que le roi attaquât quelques places maritimes,
les États tiendraient sur les côtes de Flandre jusqu'à la fin du siège
une flotte de trente vaisseaux de guerre pour empêcher qu'elles ne
fussent secourues.
XXI.
Septième traité de La Haye entre les mêmes, pour subsides et trente compagnies
d'infanterie (1642).
Le comte de Guébriant, qui commandait l'armée du feu duc de
Weimar en Allemagne, ayant passé le Rhin à Wesel par permission des
États au commencement de l'année 1642, défit entièrement, le 17 jan-
vier, près de Hulst, dans le bas diocèse de Cologne, l'armée du géné-
ral Lamboy, qui fut fait prisonnier.
Comme le général Hatzfeld avait assemblé une autre armée plus
puissante que celle de Lamboy, avec laquelle il marchait contre le
comte de Guébriant, le roi, désirant encore augmenter son armée,
donna ordre au sieur de La Thuillerie, son ambassadeur en Hol-
lande, de demander quelques troupes aux États, lorsqu'à leur ordi-
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 223
naire ils solliciteraient de leur faire accorder quelques subsides pour
cette année : les États y firent quelques difficultés , parce qu'ils ne
voulaient pas que l'empereur pût se plaindre qu'ils se fussent décla-
rés contre lui en donnant de leurs troupes à l'armée de France qui
lui faisait la guerre ; on trouva donc pour expédient qu'ils casse-
raient trois mille hommes de leurs troupes, que l'ambassadeur de
France prendrait en même temps au service du roi son maître.
Ainsi cet ambassadeur conclut à La Haye, le 8 mars suivant, un
traité par lequel le roi promit de fournir cette année aux États une
somme de 1,200,000 livres aux conditions ordinaires; et par des
articles particuliers les États promirent de secourir le roi de trente
vaisseaux de guerre, s'il attaquait quelques places maritimes, et de
lui donner trois mille hommes de leurs troupes avec leurs officiers ; et
pour cela de les dégager du serment qu'ils leur devaient, afin qu'ils le
pussent prêter au roi , qui serait tenu de les remettre aux États après
une année.
Les États donnèrent au roi ces trois mille hommes , et rendirent
même peu après un service signalé à la France, le prince d'Orange
s'étant opposé avec une armée de vingt mille hommes au passage de
l'armée d'Espagne, laquelle, après avoir défait le maréchal de Guiche,
voulait passer le Rhin pour attaquer le comte de Guébriant.
XXII.
Cinquième traité de Paris entre les mômes, pour subsides (mars 1643 j.
Le 30 mars i643 se fit un traité à Paris pour autres 1,200,000
livres de subsides aux mêmes conditions des précédents traités,. et à
la charge que les États laisseraient passer les troupes du roi à Wesel
et à Maestricht.
XXIII.
Premier traité de La Haye entre Louis XIV et les États, pour confirmation
du précédent traité (1643).
Le roi Louis XIV, après la mort de son père , arrivée le 14 mai
suivant, fit passer par le sieur de La Thuillerie un traité à La Haye
22h HISTOIRE DES TRAHITES DE PAIX.
avec les États généraux le 2i août 1643, par lequel on confirma et on
renouvela le traité du mois de mars précédent.
XXIV.
Second traité de La Haye entre les mêmes, pour remploi des armées et subsides
(février 1644).
La ville de Munster fut choisie pour le lieu où l'on devait traiter
de la paix entre la France et les Provinces-Unies d'une part, et l'Es-
pagne de l'autre ; le roi voulut que les sieurs d'Avaux et Servien, qui
y allaient en qualité d'ambassadeurs plénipotentiaires de France, pas-
sassent à La Haye pour prendre avec- les États généraux les mesures
nécessaires non-seulement pour parvenir à une paix sûre et honnête,
mais pour renouveler l'alliance faite en 1635 entre la France et les
Provinces-Unies, que les États prétendaient être expirée par la mort
du feu roi ; les ministres de France trouvèrent beaucoup de difficultés
dans leur négociation, tant parce que le prince d'Orange et les États
généraux aimaient mieux faire une trêve avec le roi d'Espagne qu'une
paix, ainsi que le roi l'eût souhaité, que parce qu'ils ne se montraient
pas disposés à renouveler le traité de 1635 , de peur d'être obligés à
rompre avec l'empereur, comme ce traité les y obligeait.
Comme il était nécessaire avant toutes choses de pousser vigou-
reusement et de concert la guerre contre l'Espagne, afin de la faire
consentir à une paix raisonnable, les plénipotentiaires de France et
le sieur de La Thuillerie commencèrent par faire un traité avec les
commissaires des États le 29 février 1644 , par lequel Sa Majesté
promit de donner cette année aux États généraux la somme de
1,200,000 livres de subsides pour être employée à l'entretien des
troupes extraordinaires qu'ils mettraient sur pied ; moyennant quoi
les États s'obligèrent à mettre une puissante armée en campagne, et
aux autres conditions portées par les précédents traités.
Les États avaient demandé que ces subsides fussent accordés dès
ce jour-là pour plusieurs années, et qu'ils fussent augmentés au moins
à la somme de 1,200,000 livres de leur monnaie rendue en leur pays;
mais les plénipotentiaires de France refusèrent Tune et l'autre pro-
position.
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 225
Par des articles secrets, ils convinrent que l'armée des États
serait de dix-huit à vingt mille hommes, et de quatre mille cinq cents
à cinq mille chevaux; qu'elle se mettrait en campagne au plus tard à
la mi-mai et attaquerait quelque place considérable dans les Pays-Bas
espagnols; qu'ils mettraient en mer une armée de trente vaisseaux
qui empêcherait les ennemis d'entrer en Flandre par mer, et blo-
querait de ce côté-là les places que le roi pourrait assiéger; qu'ils
escorteraient les vivres qui viendraient de France à ^armce^du roi ou
lui en fourniraient à juste prix, si le vent contraire ne permettait pas
qu'on y en pût amener de France; enfin que les troupes du roi pour-
raient passer et repasser le Rhin à Wesel et la Meuse à Maestricht.
XXV.
Troisième traité entre les mêmes, pour renouvellement d*alliance et une ligue
de garantie (mars 1644).
La principale difficulté fut sur la garantie des traités de paix et
de trêve qu'on prétendait faire à Munster, parce que, d'une part, les
Français voulaient que les États leur garantissent toutes les conquêtes
qu'ils avaient faites, en quelques lieux qu'elles fussent situées, pour
n'être point obligés de rentrer en guerre avec l'Espagne après l'expira-
tion de la trêve entre cette couronne et les Provinces-Unies; ils off'raient
seulement en ce cas de ne fournir aux États que 1,200,000 livres de
subsides par chacun an ; d'autre part, les États, ne se contentant pas
de la promesse de ces subsides, voulaient que la France s'obligeât de
rentrer en guerre avec l'Espagne, si elle ne voulait pas continuer cette
trêve aux mêmes conditions; et ils ne voulaient point s'obliger de
soutenir la conservation d'autres conquêtes que celles faites dans les
Pays-Bas, . attendu que selon eux le traité de 1635 n'avait point eu
d'autre but que de chasser les Espagnols de ces provipces.
Enfin, après beaucoup de contestations, ils conclurent un traité
le 1*' mars de l'année 1641, par lequel ils confirmèrent les précé-
dents, sinon en ce qui y était dérogé par celui-ci, et convinrent que
le roi et les États défendraient chacun leurs propres intérêts; mais
qu'ils s'entr'aideraient avec pareille vigueur pour les intérêts des
uns et des autres ; qu'ils ne concluraient aucun traité que conjointe-
II. 15
226 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
ment et d'un commun consentement, et n'avanceraient pas plus leur
négociation les uns que les autres ; qu'ils le déclareraient aux
ministres d'Espagne toutes les fois qu'ils en seraient requis; que les
plénipotentiaires s'entr'aideraient à ce qu'ils ne restituassent rien
de toutes les conquêtes qu'ils avaient faites dans cette guerre; que si
le roi ou les États faisaient une paix ou une trêve, ou si le roi d'Es-
pagne, l'empereur, ou quelque autre prince de la maison d'Autriche
les attaquait, on exécuterait le traité de 1635; que si le roi et les
États ne faisaient qu'une trêve, ils seraient tenus les uns et les autres
de recommencer la guerre, si la trêve n'était pas continuée d'un
commun consentement, et qu'ils ne pourraient faire ensuite aucun
traité de paix, ni de trêve, ni même aucune suspension d'armes que
conjointement et d'un commun consentement; et que, si ce traité était
encore violé, ils entreraient conjointement en guerre ouverte contre
les infracteurs.
Comme il se pouvait faire que le roi fît une paix à Munster, et
que les États ne fissent qu'une trêve, leurs commissaires avaient fait
de grandes instances à ce que les Français s'obligeassent en ce cas
de rompre la paix après Texpiration de cette trêve, si le roi d'Es-
pagne ne la voulait pas continuer aux mêmes conditions. Les ambas-
sadeurs de France s'étaient excusés de parler de ce cas, parce que ce
n'aurait pas été faire une pleine paix avec l'Espagne, et qu'il ne tenait
qu'aux États de faire une paix au lieu d'une trêve. Ainsi, les députés
des Etats, n'en pouvant tirer autre chose, leur présentèrent une décla-
ration la veille de la signature de ce traité, qui portait divers articles
qu'ils eussent souhaité qu'on eût inséré dans le traité, et qu'ils priaient
ces ambassadeurs d'envoyer au roi , pour leur faire ensuite entendre
ses intentions sur ce qu'ils contenaient.
Ces article^ portaient qu'en cas que le roi fît la paix, et les États
une trêve, le roi serait tenu d'en moyenner la continuation aux mêmes
conditions; et que si le roi d'Espagne la refusait, il rentrerait en
rupture ; qu'ensuite ils ne pourraient ni les uns ni les autres faire
paix ni trêve que conjointement et d'un commun consentement; que
si les États refusaient cette continuation , le roi ne serait pas obligé
d'entrer en guerre contre le roi d'Espagne; que, si pendant cette
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 227
paix et cette trêve l'un des deux était attaqué par quelque prince de
la maison d'Autriche, Ton exécuterait le traité de 1635; qu'enfin, si
on convenait que le roi fît la paix et les États une trêve, les plénipo-
tentiaires du roi ne pourraient conclure la paix, que les États n'eussent
reçu consentement sur le sujet de ces articles.
Comme cet acte aurait pu un jour être pris pour une protesta^
tion contre le renouvellement de l'alliance entre la France et les Pro-
vinces-Unis, les ambassadeurs de France refusèrent de le recevoir;
les commissaires ne laissèrent pas que de le laisser subtilement sur
leur table avec d'autres papiers ; mais les plénipotentiaires le ren-
voyèrent, et, les commissaires l'ayant rapporté, ils le jetèrent dans
le feu en leur présence, disant qu'il ne fallait pas que ce morceau de
papier reculât une si bonne œuvre. Après quoi le traité fut signé.
Les États généraux furent tellement pressés par les ministres
de France d'exécuter le premier de ces traités, qu'encore qu'ils regar-
dassent avec jalousie les progrès des Français dans les Pays-Bas ,
ils ne laissèrent pas que d'envoyer l'amiral Tromp avec sa flotte à
l'embouchure du canal de la mer qui rend à Gravelines pour empê-
cher qu'il ne fut secouru de ce côté; d'autre part ils assiégèrent le
sas de Gand pour faire une diversion des forces des Espagnols qui
perdirent ainsi en cette campagne ces deux places importantes. Pour
ce qui est du traité de garantie, nous verrons tout à l'heure comment
les États l'ont observé.
XXVI.
Quatrième traité de La Haye entre les mêmes, pour des subsides (mars 1645).
Comme, peu après la conclusion des précédents traités, le sieur
de La Thuillerie était passé en Suède pour procurer la paix entre les
couronnes du Nord, le roi n'avait point ainsi d'ambassadeur près des
États. Le sieur d'Estrades, colonel d'un régiment d'infanterie en Hol-
lande, fut commis par Sa Majesté pour passer avec les États généraux
un traité, ce qu'il exécuta le 6 mars 1615, par lequel le roi leur
promit encore 1,200,000 livres de subsides pendant l'année 16/|5,
pour leur donner lieu de mettre en campagne une armée considérable.
226 HISTOIRE DES TRAITES DE PAIX.
ment et d'un commun consentement, et n'avanceraient pas plus leur
négociation les uns que les autres ; qu'ils le déclareraient aux
ministres d'Espagne toutes les fois qu'ils en seraient requis; que les
plénipotentiaires s'entr'aideraient à ce qu'ils ne restituassent rien
de toutes les conquêtes qu'ils avaient faites dans cette guerre ; que si
le roi ou les États faisaient une paix ou une trêve, ou si le roi d'Es-
pagne, l'empereur, ou quelque autre prince de la maison d'Autriche
les attaquait, on exécuterait le traité de 1635; que si le roi et les
États ne faisaient qu'une trêve, ils seraient tenus les uns et les autres
de recommencer la guerre, si la trêve n'était pas continuée d'un
commun consentement, et qu'ils ne pourraient faire ensuite aucun
traité de paix, ni de trêve, ni même aucune suspension d'armes que
conjointement et d'un commun consentement; et que, si ce traité était
encore violé, ils entreraient conjointement en guerre ouverte contre
les infracteurs.
Comme il se pouvait faire que le roi fît une paix à Munster, et
que les États ne fissent qu'une trêve, leurs commissaires avaient fait
de grandes instances à ce que les Français s'obligeassent en ce cas
de rompre la paix après l'expiration de cette trêve, si le roi d'Es-
pagne ne la voulait pas continuer aux mêmes conditions. Les ambas-
sadeurs de France s'étaient excusés de parler de ce cas, parce que ce
n'aurait pas été faire une pleine paix avec l'Espagne, et qu'il ne tenait
qu'aux États de faire une paix au lieu d'une trêve. Ainsi, les députés
des États, n'en pouvant tirer autre chose, leur présentèrent une décla-
ration la veille de la signature de ce traité, qui portait divers articles
qu'ils eussent souhaité qu'on eût inséré dans le traité, et qu'ils priaient
ces ambassadeurs d'envoyer au roi , pour leur faire ensuite entendre
ses intentions sur ce qu'ils contenaient.
Ces article^ portaient qu'en cas que le roi fît la paix, et les États
une trêve, le roi serait tenu d'en moyenner la continuation aux mêmes
conditions; et que si le roi d'Espagne la refusait, il rentrerait en
rupture ; qu'ensuite ils ne pourraient ni les uns ni les autres faire
paix ni trêve que conjointement et d'un commun consentement; que
si les États refusaient cette continuation , le roi ne serait pas obligé
d'entrer en guerre contre le roi d'Espagne; que, si pendant cette
228 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
XXVII.
Cinquième traité de La Haye entre les mômes, pour le même sujet (ami 1645).
Le 20 avril de la même année 1615, le même sieur d'Estrades
conclut un autre traité avec les États, par lequel le roi promit de leur
donner encore 300,000 livres, afin qu'ils pussent avoir une armée
plus forte qu'à l'ordinaire, et entreprendre le siège de quelque place
considérable.
En effet ce secours leur donna lieu de prendre cette année la ville
de Hulst pendant que les Espagnols reprenaient par surprise Mardick
que les Français avaient prise peu auparavant de vive force sous la
conduite du duc d'Enghien.
XXVIII.
Traité de Paris entre les mômes, pour autres subsides (6 avril 1646).
Le 6 avril 1646, les sieurs de Brienne, d'Émeri et d'Estrades
conclurent à Paris, au nom du roi, avec l'ambassadeur des États
généraux, un traité par lequel Sa Majesté promettait de donner aux
États 1,200,000 livres pendant Tannée 1646, à la charge qu'ils
entreraient en campagne avec une armée d'environ vingt-cinq mille
hommes, et autres conditions portées par les précédents traités.
Les Hollandais, par la passion qu'ils avaient pour la paix, eussent
bien souhaité se tenir cette année sur la simple défensive. Le marquis
de Castel-Rodrigo avait écrit aux États pour leur proposer une sus-
pension d'armes; néanmoins, le sieur de La Thuillerie,qui était revenu
à La Haye, y fit de si vives instances pour porter le prince d'Orange
et les États à faire un dernier effort, afin d'obliger les ennemis à faire
la paix, que les États résolurent d'agir encore cette année de bonne
foi. Aussi le siens de La Thuillerie leur avait déclaré que s'ils ne
voulaient pas satisfaire de leur part aux traités , le roi s'en tiendrait
pareillement déchargé.
Les Français entrèrent donc cette année en Flandre avec une
armée de quarante mille hommes, et prirent Courtrai, Bergues, Saint-
Vinox et Mardick; après quoi ils assiégèrent, par terre, Dunkerque,
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 229
sous le même duc d'Enghîen, pendant que les Hollandais le blo-
quaient par mer avec une armée navale, de sorte que cette ville fut
prise après s'être bien défendue.
Les Hollandais ne furent pas si heureux au siège de Venloo qu'ils
assiégèrent cette année sans pouvoir le prendre.
XXIX.
Autre traité de Paris entre les mêmes, pour lo commerce par mer
(18 avril 1646).
Comme les maîtres des navires hollandais transportaient sou-
vent des marchandises appartenant aux sujets du roi d'Espagne, il y
en eut quelques-uns d'arrêtés par les armateurs français, et les juges
de l'amirauté de France confisquèrent tout ce qui était dans ces
navires, en vertu d'une ordonnance de Henri III de l'an 1581, qui
porte que les marchandises appartenant aux ennemis emporteraient
la confiscation de celles des amis qui seraient trouvées dans le même
vaisseau.
Les sujets des Provinces-Unies, se plaignant de ces confiscations,
envoyèrent à Paris un commissaire qui, conjointement avec l'ambas-
sadeur ordinaire des États, passa un traité, le 18 avril 1646, avec
M. le chancelier Seguier, les sieurs de Brienne, Bignon et d'Émeri,
commissaires de Majesté.
Par ce traité on convint qu'en attendant le règlement qui serait
fait, on surseoirait pendant quatre années à l'égard des sujets des États
généraux l'exécution de cette ordonnance ; qu'ainsi , pendant ces
quatre années , les vaisseaux qui trafiqueraient avec les patentes de
l'amiral des Provinces-Unies seraient libres, et rendraient leur charge
libre, encore qu'il y eût des marchandises appartenant aux ennemis,
à moins que ce ne fussent des marchandises de contrebande, ou qu'ils
portassent des soldats pour le service des ennemis, ou des grains
dans une place assiégée par les troupes du roi ; auxquels cas, le tout
serait de bonne prise, navires, appareils et marchandises. Les États
promirent de leur part de défendre à leurs sujets de servir le roi
d'Espagne ou ses adhérents avec leurs navires, en aucune faction
militaire, ni au transport des chevaux, soldats, artillerie ou munitions
230 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
de guerre ; ni de vendre leurs navires ou donner leurs matelots aux
ennemis. Ils convinrent qu'en cas de contravention, les États puni-
raient exemplairement les infracteurs sur les informations faites par
les officiers du roi, et que ceux qui seraient pris par les vaisseaux de
Sa Majesté seraient déclarés de bonne prise avec toutes leurs charges;
que les navires des sujets des États, rencontrant en pleine mer ou sur
des côtes étrangères des vaisseaux de guerre du roi ou des armateurs
français, abaisseraient leur pavillon sans être tenus de baissée leurs
voiles, nonobstant l'ordonnance de d58i qui serait encore sursise à
cet égard pour quatre années en faveur des États ; que les vaisseaux
marchands des sujets des États, rencontrant un vaisseau de guerre
français, s'arrêteraient à la portée du canon au signal qui leur en
serait donné par un coup de canon sans balle ; après quoi les vais-
seaux de guerre du roi ou les armateurs français enverraient une
chaloupe à bord de ces vaisseaux, où il entrerait trois hommes au
plus pour savoir leur route et voir leurs passe-ports, et s'il n'y aurait
point de munitions de guerre ou autres marchandises défendues ; que
la visite se ferait en son entier dans les havres ou ports de France,
suivant la coutume ; que les capitaines des vaisseaux et les armateurs
français et sujets des États seraient tenus de donner, avant leur
départ, bonne et suffisante caution jusqu'à la somme de 12,000 livres
pour répondre des malversations qu'ils pourraient commettre dans
leurs courses; qu'enfin, l'article 61 de cette ordonnance de 1584,
touchant le recouvrement des prises sur les ennemis, serait observé
durant deux fois vingt-quatre heures, suivant cette ordonnance, pen-
dant le temps de ce traité.
Ce traité fut exactement observé du côté de la France, tant que
les États généraux demeurèrent en guerre avec l'Espagne, mais,
lorsqu'ils eurent fait leur paix particulière au préjudice de tous les
traités précédents, on ne se crut plus en France obligé à l'observa-
tion de ces traités, ni qu'on dût continuer à violer les ordonnances
de nos rois en faveur de ceux qui nous avaient commis cette infidélité.
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 231
XXX.
Traité de Breda entre les' mêmes , pour la conservation do la religion catholique
dans Anvers (1046).
La reine régente de France fit faire des plaintes, en 16i6, par
le sieur de La Thuillerie, de ce qu'encore qu'il fût dit par le traité de
1635 que les États généraux laisseraient l'exercice de la religion
catholique dans les lieux qu'ils devaient avoir pour leur part dans
les Pays-Bas espagnols , ils en avaient interdit l'exercice dans Breda,
et tout nouvellement dans la ville de Hulst. Les États lui ayant fait
témoigner qu'ils n'avaient point le nombre de troupes suffisant pour
profiter de l'occasion favorable qui se présentait de surprendre la
ville d'Anvers, la reine leur envoya le sieur d'Estrades qui se rendit
à Breda où le prince d'Orange et les députés des États se trouvaient
alors, et leur présenta un acte signé de lui, portant que la reine
oflrait de leur prêter trois mille chevaux pendant dix jours, à la charge
qu'ils fourniraient une escorte suffisante pour les conduire sûrement
en leur camp , et pour les ramener après ce temps ou après que la
ville serait prise; qu'ils lui prêteraient ensuite trois mille hommes de
pied, afin qu'elle pût aussi former de sa part quelque entreprise con-
sidérable; enfin qu'ils permettraient le libre exercice de la religion
catholique dans les villes qu'ils prendraient, Sa Majesté ne pouvant
en conscience envoyer ses troupes pour contribuer à la prise d'une
ville oii on ôterait l'exercice de sa religion.
Le prince d'Orange et les députés des Etats répondirent h cet
acte par un autre dans lequel ils remerciaient la reine de cette offre,
demandaient encore trois mille hommes de pied, offraient de lui
prêter, après l'expédition, trois mille hommes pour dix jours; et à
l'égard de sa demande touchant l'exercice de la religion catholique ,
ils déclarèrent que, quand la ville serait prise, ils laisseraient aux
États généraux à ordonner ce que bon leur semblerait. Ils fondaient
la difficulté qu'ils faisaient de s'en tenir sur ce sujet au traité de
1635, sur ce que, suivant eux, lorsque le traité de 1635 fut ratifié,
la province de Hollande avait protesté contre les autres pour raison
de cet article; que la tolérance de la religion catholique ne pouvait
232 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
avoir lieu que lorsque les armées du roi et des États attaquaient con-
jointement une place; enfin que, nonobstant ce traité, ils étaient en
possession de chasser les catholiques et de se saisir de leurs églises
dans les places qu'ils prenaient, ainsi qu'ils avaient fait à Breda
sans que les Français eussent réclamé, au contraire.
Les sieurs de La Thuillerie et d'Estrades répondaient à ces rai-
sons que cette protestation de la Hollande était inconnue à la France,
et qu'il lui suflisait que toutes les Provinces eussent ratifié le traité;
que le texte était contraire à l'explication qu'ils lui voulaient donner,
et que le silence des Français à l'égard de Breda n'empêchait pas
que l'on eût trouvé fort mauvais en France ce qui avait été fait dans
cette ville, comme il paraissait par les instances faites par le sieur
d'Estrades aussitôt après la prise de Hulst.
Enfin, ces deux ministres de France, assurés de n'obtenir jamais
la conservation de toutes les églises d'Anvers, et dans la crainte que
ces difficultés ne fissent résoudre les États à s'accommoder avec les
Espagnols, comme ils y avaient déjà beaucoup de disposition, con-
vinrent que le prince d'Orange et les députés des États prometlraieul
au roi, comme ils firent le 11 juillet 16i!|6, par un acte signé d'eux,
que s'ils prenaient la ville d'Anvers ils y laisseraient la liberté et la
sûreté de l'exercice de la religion catholique, apostolique et romaine.
Mais ils se contentèrent que, par un article séparé, ils réduisissent au
nombre de quatre les églises qu'ils prétendaient laisser aux catho-
liques.
Cet expédient ne plut pas à la cour de France, puisqu'il fallait
ainsi que tous les religieux sortissent d'Anvers, et qu'il était impos-
sible que quatre églises continssent tous les habitants de cette grande
ville; cependant la raison d'État voulut qu'on témoignât d'en être
satisfait, dans l'espérance néanmoins de trouver dans la suite quelques
occasions favorables pour obliger les États à faire plus de grâce aux
catholiques lorsqu'ils verraient la résistance de ceux d'Anvers.
Les États de Hollande et de Zélande ne furent pas plus contants
de cet accommodement, tant pour la forme, parce que c'était une
manière de traité que ces députés ne devaient point conclure sans en
communiquer aux États des Provinces, que parce que dans le fond ils
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 233
ne pouvaient consentir à cette tolérance de l'exercice de la religion
catholique. Ainsi la province de Zélande ne le voulut jamais ratifier.
Mais toutes ces contestations furent inutiles; car, encore que les
Français eussent satisfait de leur part au traité, le maréchal de Gram-
mont ayant conduit les six mille hommes au camp hollandais, sous l'es-
corte de trois mille chevaux commandés par le prince Guillaume, fils
aîné du prince d'Orange, qui l'avait envoyé pour recevoir ce secours
au canal de Bruges, le prince d'Orange manqua de surprendre
Anvers lorsqu'il le pouvait aisément s'il eût usé de diligence; et
ensuite les Espagnols, qui reconnurent le péril où cette ville avait
été, la mirent hors d'état de pouvoir être surprise par force.
XXXI.
Traité de La Haye entre les mômes, pour la garantie du traité de paix (1647 ).
Les plénipotentiaires de France, à l'assemblée de Munster, pour
la paix, étaient fort mécontents de la conduite des ambassadeurs des
États qui, sans avoir égard. aux précédents traités, surtout à ceux de
1635 et de 164i, ne voulaient pas déclarer nettement et fermement
aux Espagnols qu'ils ne feraient aucun traité avec eux que conjointe-
ment et d'un commun consentement avec la France.
Comme les Espagnols convenaient de laisser aux Français leurs
conquêtes de Flandre, et que les difficultés roulaient principalement
sur les conquêtes faites par les Français en Catalogne et en Italie, et
sur les afl"aires de la Lorraine, de Portugal et de Casai, ces ambassa-
deurs prétendaient toujours que la garantie portée par le traité de
1644 ne regardait que les conquêtes de Flandre, non les autres
affaires, si bien que, les Français ayant sur ce sujet tout ce qu'ils pou-
vaient demander, les États généraux n'étaient pas obligés de leur en
garantir davantage ni de refuser de faire une Irêve avec le roi d'Es-
pagne, quoique les Français ne voulussent point faire la p9,ix pour
d'autres raisons.
Les Français soutenaient au contraire avec raison que la garantie
était générale, et que, sans restreindre les intérêts des deux États aux
affaires des Pays-Bas, ils s'étaient engagés par plusieurs traités, tant
234 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
lorsque les États contraignirent la France d'entrer en rupture que
depuis, à ne traiter de paix ni de trêve que conjointement et d'un com-
mun consentement, et par celui de 1674, qu'ils agiraient de concert
pour ne rendre rien de toutes les conquêtes qu'ils avaient faites sur
les Espagnols; cependant les principaux d'entre les plénipotentiaires
des États, corrompus par l'or des Espagnols et jaloux des grands pro-
grès que les Français firent en 1646 dans la Flandre, où ils prirent
Courtrai, Berg, Mardick, Fumes, enfin Dunkerque, passèrent en cette
même année un traité de trêve avec le roi d'Espagne.
Ce traité chagrina extrêmement la cour de France, parce que les
Espagnols, qui n'avaient plus affaire qu'aux Français, se montraient
plus difficiles pour leur accorder la satisfaction qu'ils demandaient;
ainsi les ministres de France refusèrent de faire un traité avec les Étais
généraux par lequel, suivant les articles que ceux-ci avaient donnés
aux plénipotentiaires de France en 1644, le roi s'obligeât de rompre
la paix avec les Espagnols, s'ils ne voulaient continuer aux mêmes
conditions la trêve qu'ils .avaient faite avec les Provinces-Unies ; les
États, craignant donc que les Espagnols, après avoir fait la paix avec
la France, ne voulussent pas continuer la trêve, qu'ainsi ils se trou-
vassent alors toutes les forces de l'Espagne sur les bras sans pouvoir
espérer de secours de la France, résolurent de faire aussi un traité de
paix avec l'Espagne.
Comme les Espagnols souhaitaient extrêmement de conclure une
paix particulière avec les États, ils furent bientôt d'accord des prin-
cipaux articles; il y avait ainsi lieu de craindre que leur traité ne fût
plus tôt conclu que celui de la France; c'est pourquoi le sieur Servien,
un des plénipotentiaires à Munster, jugea à propos de se transporter à
La Haye pour empêcher que les États ne fissent une paix particulière
et obtenir d'eux une garantie réciproque et générale des traités qui
seraient faits avec l'Espagne, même de la trêve de trente années qu'on
proposait pour la Catalogne, à la charge de plus d'entrer en rupture
si le roi d'Espagne ne la voulait pas continuer aux mêmes conditions.
On a prétendu que le sieur Servien s'était conduit dans cette
négociation avec une hauteur peu capable de gagner les esprits de ces
républicains qui, jaloux de leur liberté, veulent être conduits douce-
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 235
ment où on veut qu'ils aillent; quoi qu'il en soit, ayant présenté aux
commissaires des États un projet de traité suivant ses intentions, et
toutes les provinces, hormis la Hollande, paraissant lui être favorables,
celle-ci s'y opposa et donna sa résolution qui portait qu'on observerait
ponctuellement les traités précédents, surtout celui de 1644, et qu'à
l'égard de la rupture, après les trente années de la trêve de Catalogne,
les États avaient pour s'en dispenser les mêmes raisons que les Fran-
çais avaient alléguées pour ne point rompre avec l'Espagne , si les
États n'avaient fait qu'une trêve ; la même province déclara, dans le
mois de mars suivant, que la garantie portée par le traité de 1635 ne
concernait que ce que la France possédait en cette année, et ce
qu'elle avait depuis conquis dans les Pays-Bas.
Enfin elle offrit de donner à la France un secours dont on convien-
drait pour la défense de ces conquêtes étrangères, protestant que si
elle ne se contentait pas de ces offres, les États demeureraient en leur
liberté ; elle fut d'avis qu'on donnât à la France un terme bref pour
faire la paix, et que, si elle ne la faisait dans ce temps, les États en
useraient comme bon leur semblerait.
La province de Hollande pressait ainsi la conclusion de la paix
avec l'Espagne pendant que les six autres s'y opposaient; il y eut de
grandes contestations entre les députés à l'assemblée des États géné-
raux; le sieur Servien, voyant qu'il ne pouvait mieux faire, se restrei-
gnit, suivant le dernier avis de la Hollande, à la garantie des lieux
qui demeureraient au roi, tant par la paix que par une trêve, et aux
États par la paix, à condition de rompre de part et d'autre en cas que
les ennemis les attaquassent pendant la paix ou la trêve; qu'à l'égard
de l'Alsace, de l'Italie et de la Catalogne, si les Espagnols ne vou-
laient point continuer la trêve, les États ne seraient tenus qu'à don-
ner les secours dont on conviendrait; il offrit enfin, au mois de juin,
de remettre à l'arbitrage des États généraux et du prince d'Orange
tous les articles qui étaient encore indécis entre la France et l'Espagne.
La province de Hollande, voyant cette facilité du sieur Servien,
tâcha de se dédire de ce qu'elle avait offert ; mais comme les autres
provinces voulaient qu'on tînt à la France ce qu'on lui avait promis,
elles convinrent enfin d'envoyer un projet de traité au sieur Servien,
236 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
avec une déclaration que si la France refusait de l'accepter, ou si
après ravoir accepté elle ne concluait aussitôt la paix avec l'Espagne,
elles pourraient faire une paix particulière avec cette couronne; outre
que cette déclaration menaçante était fort malhonnête et contraire aux
précédents traités, il y avait encore beaucoup de choses dans ce traité
qui déplaisaient aux sieurs Servien et de La Thuillerie qui vint en ce
temps à La Haye; ils en présentèrent d'autres qu'ils demandaient
qu'on y ajoutât, à savoir : que quand le roi et les États seraient entrés
en rupture on ne pourrait faire la paix que conjointement et d'un
commun consentement ; que les États ne pourraient permettre aux
Espagnols de lever des troupes dans les pays de leur obéissance, ni
d'y acheter des armes, des munitions de guerre , ou ce qui sert à
l'éqm'page des navires; que si le roi et les États étaient obligés, en
vertu de quelques traités précédents, de donner des secours à leurs
alliés, ce serait à condition qu'ils ne s'en pourraient servir contre
Sa Majesté ni contre les États; enfin que les États feraient voir la
reconnaissance qu'ils avaient des secours que la France leur avait
donnés autrefois, en cas que les Espagnols ou leurs adhérents atta-
quassent les places qui n'étaient point comprises dans ce traité.
Les ministres du roi ajoutèrent ces articles au projet qui leur
avait été envoyé ; mais comme ils virent que les députés des États ne
voulaient pas entendre parler de changer ni d'ajouter aucune chose
au traité, et qu'ils les pressaient seulement de déclarer s'ils le vou-
laient passer ou non, ils craignirent. que leur refus ne précipitât les
Provinces-Unies à conclure leur traité particulier avec TEspagne;
ainsi réduits à cette extrémité (car on les traitait, ou plutôt le roi même,
d'une manière dont il n'y avait point d'exemple entre alliés) , ils réso-
lurent d'accepter le traité tel que les Provinces l'avaient donné,
d'autant plus qu'il ne laissait pas d'être fort avantageux à la France,
quoiqu'il ne le fût pas autant qu'on l'eût pu souhaiter.
Ainsi les sieurs Servien et de La Thuillerie signèrent, avec les
commissaires des États, le 29 juillet 1647, un traité par lequel, pour
assurer l'exécution de ce qui serait accordé par les traités de paix
entre la France et l'Espagne, de même qu'entre l'Espagne et les Pro-
vinces-Unies, de plus pour affermir l'amitié et l'union entre la France
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 237
et les Provinces-Unies, ils convinrent que le roi serait tenu d'entrer en
guerre ouverte contre le roi d'Espagne, l'empereur, ou quelque autre
prince de la maison d'Autriche, en cas qu'ils attaquassent quelques
pays ou places que les Etats posséderaient, ou dans lesquels ils auraient
garnison lors de la signature de ce traité, ou en cas que le roi d'Espagne
contrevînt au traité qu'ils feraient avec lui; que les Étals seraient
tenus de même d'entrer en guerre ouverte avec ces mêmes princes, en
cas qu'ils attaquassent quelques places appartenant au roi très-chré-
tien, ou qui lui resteraient par le traité de paix en France, y compris
Pignerol, dans le Roussillon, dans la Lorraine et dans toutes les con-
quêtes des Pays-Bas; que les États rompraient aussi généralement si,
pendant la trêve de trente années qu'on aura faite pour la Catalogne,
quelques-uns de ces princes attaquaient quelques-unes des places dont
le roi demeurerait en possession par ce traité; que celui qui serait
attaqué en avertirait l'autre, qui aurait six mois pour tâcher d'accom-
moder les parties; après quoi, s'il n'en pouvait venir à bout, il serait
obligé de rompre généralement avec l'agresseur et d'agir contre lui;
que le roi n'assisterait point ses alliés contre les États ni les États leurs
alliés contre la France; que les précédents traités entre la France et
les États demeureraient en leur force, si ce n'est dans les points qui
seraient accomplis et auxquels il aurait été dérogé par ce traité; enfin
que ce traité n'aurait effet que lorsque la paix aurait été conclue et
signée à Munster entre la France et l'Espagne.
Avant que de signer le traité , les ministres de France avaient
fait quelques difficultés sur le cinquième article, en ce qu'étant
défendu au roi de secourir ses alliés contre les États, ils voulaient
réserver au roi la liberté de secourir le roi de Portugal contre
l'Espagne et d'assister la Suède contre l'empereur, encore que les
États fussent en rupture avec le Portugal et la Suède ; la seconde était
que, comme il n'était défendu aux États que de ne point secourir leurs
alliés contre le roi, ils craignaient que la province de Hollande ne
s'avisât de prétendre pouvoir secourir contre lui ceux qui n'étaient
point alliés des États, comme les Espagnols.
D'autre part, les députés de la Hollande se choquèrent de la rup-
ture générale que le roi et les États étaient obligés de faire, suivant
238 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
le traité, craignant qu'elle ne fit tort à leur commerce de la mer
Méditerranée.
Les ambassadeurs de France ni les députés des États ne voulurent
rien innover au traité, de sorte qu'il fut signé tel qu'il était; les com-
missaires des États donnèrent seulement aux ministres de France une
déclaration portant qu'ils ne prétendaient point, par le traité de
garantie, faire préjudice au commerce de leurs sujets dans la mer
Méditerranée; en second lieu, que l'intention de l'État était de com-
prendre, dans le cinquième article de ce traité, sous le nom d'alliés
tous les autres princes qui ne l'étaient pas.
Les ministres de France leur promirent d'employer leurs offices
en cour pour leur faire obtenir satisfaction -sur le premier article de
cette déclaration, et leur en donnèrent en même temps une autre qui
portait qu'on était convenu que le roi ni les États ne pourraient assister
les uns contre les autres, ni leurs alliés, ni ceux qui ne Tétaient pas,
et que l'intention du roi n'était pas que ce traité l'empêchât d'assister
la Suède contre l'empereur et tous ceux de son parti, de même que le
roi de Portugal contre celui d'Espagne et ses adhérents, ainsi qu'il
était obligé par les traités qu'il avait faits avec ces deux couronnes.
Pendant que le sieur Servien négociait ce traité à La Haye, les
plénipotentiaires des États, à Munster, avaient signé les articles du
traité de paix avec les Espagnols, néanmoins avec une clause expresse
que cette signature serait nulle si la paix entre la France et l'Espagne
ne jse concluait pas. Cependant, malgré les instances du sieur Servien
près des États pour les engager à désavouer ce que leurs plénipoten —
tiaires avaient fait et à s'obliger expressément à ne faire la paix qu^
conjointement et d'un commun consentement avec la France, ces pro-
positions furent rejetées; tout ce que firent les plénipotentiaires des
États fut d'agir comme entremetteurs entre les Français et les Espa-
gnols, pour tâcher de les faire convenir des articles qui étaient encore
indécis.
Mais comme les Espagnols se tenaient plus fiers qu'auparavant à
l'égard des Français, dont ils espéraient de venir facilement à bout
quand ils n'auraient afl"aire qu'à eux, on ne put convenir de la paix
entre la France et l'Espagne, et les plénipotentiaires des Provinces-
LIVUK IV. — CHAPITRE VI. 239
Unies, hormis celui de Zélande, signèrent le traité de paix sans avoir
égard à ce qui avait été promis à la France par les précédents traités;
la cour s'en tint tellement offensée qu'elle manda au sieur de La Thuil-
lerie, son. ambassadeur en Hollande, de s'en revenir et n'y laisser que
le sieur Brasset en qualité de résident ; de plus ce ministre, sous pré-
texte que la France n'aurait plus d'affaires assez considérables à La
Haye pour y tenir un ambassadeur, renvoya aux États les clefs du
logis que jusqu'alors ils avaient toujours loué pour le service des
ambassadeurs de France. Comme le traité de garantie, dont je viens
de parler, ne devait avoir son effet qu'après la conclusion de la paix
entre la France et l'Espagne, cette paix n'ayant point été conclue,
il fut sans effet de part et d'autre.
XXXII.
Traité de La Haye entre les mômes, pour quelques prises faites sur mer (1657).
Après que les premiers chagrins qu'on eut en France de cette
paix particulière des États furent un peu passés, les États envoyèrent,
en 1650, Guillaume Borel pour leur ambassadeur ordinaire, et le roi
envoya, en 1651, le sieur de Bellièvre, ambassadeur extraordinaire
en Hollande, pour presser les États de renouveler les anciens traités
d'alliance entre la France et les Provinces- Unies; mais les États
demeurèrent fermes à vouloir garder la neutralité.
L'année suivante , les États généraux entrèrent en guerre contre
la république d'Angleterre ; la Zélande proposa le renouvellement de
l'alliance avec la France, et toutes les provinces donnèrent ordre à
Borel de convenir de tous les articles du traité , mais de ne le point
signer, cette signature se réservant à une ambassade extraordinaire
qu'on enverrait en France.
Borel , en conséquence de ce pouvoir, comrtiença de traiter avec
les commissaires que le roi lui donna. Les deux principales difficultés
qui se trouvèrent à la conclusion du traité furent que, d'une part, les
Etats ne prétendaient étendre la garantie réciproque qu'au royaume
de France et aux Pays-Bas; au lieu que les commissaires du roi vou-
laient qu'elle fût générale; d'autre part, la France demandait que le
2i0 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
roi ni les États ne pussent faire la paix avec l'Espagne et l'Angleterre
que conjointement et d'un commun consentement; à quoi les États
refusaient de s'obliger, de sorte que Borel y ayant donné les mains,
ils le trouvèrent fort mauvais, quelques-uns même d'entre eux sou-
tinrent que cela méritait qu'on lui tranchât la tête.
Enfin ce traité alla si avant, que Cromwell, en appréhendant la
conclusion, résolut de quitter les grandes prétentions qu'il avait contre
les États et de faire la paix avec eux ; ainsi, comme la crainte que les
États avaient des Anglais les avaient particulièrememet obligés à
songer au renouvellement de l'alliance avec la France, on n'en parla
plus que faiblement après que leur paix fut faite avec l'Angleterre;
enfin cette négociation s'évanouit.
En 1656, on proposa à La Haye de faire une étroite alliance entre
la France, l'Angleterre et les États généraux; ma[s l'ambassadeur
d'Espagne fit si bien qu'il l'empêcha, outre que la France et l'Angle-
terre étaient alliées au roi de Suède , dont les progrès ne plaisaient
point aux États, qui étaient résolus de s'y opposer formellement.
Comme il n'y avait point alors aucune liaison entre la France et
les Provinces-Unies, et que le traité de commerce de 16/i6, qui
n'avait été arrêté que pour quatre annnées, était expiré, plusieurs
armateurs français prirent au compte des Hollandais sur les sujets des
États jusqu'à trois cent vingt-huit vaisseaux qui étaient chargés de
marchandises appartenant aux Espagnols ; le roi donna en son conseil
plus de cinquante arrêts qui ordonnaient la restitution de ces prises;
mais les États généraux, se plaignant que ces arrêts ne s'exécutaient
point, donnèrent des lettres de représailles, en conséquence desquelles
le vice-amiral Ruyter prit subtilement deux vaisseaux français, nommés
le Chasseur et la Reine, qui appartenaient au roi, mais qui avaient
été armés aux dépens de quelques particuliers , et qui étaient com-
mandés par des capitaines nommés Lalande et Daignac, que Ruyter
prétendait être des pirates avérés. Cela fut suivi de la part de la
France d'un arrêt général de tous les vaisseaux hollandais qui se
trouvaient dans les ports de France, et de la part des États d'une
défense de ne plus avoir de commerce en France. Borel, ayant été à
l'audience du roi pour justifier l'action de Ruyter et pour se plaindre
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 2W
de la saisie des vaisseaux hollandais, prétendit dans le discours qu'il
fit à Sa Majesté que les déprédations avaient été faites avec la per-
mission de la cour, peut-être même avec des ordres secrets des
ministres. Le cardinal Mazarin crut que cet ambassadeur le voulait
désigner comme ayant eu part au butin que faisaient ces armateurs ;
il l'interrompit, lui dit après l'audience quelques paroles injurieuses,
et empêcha que la reine mère ne lui donnât audience ce jour-là.
Les choses ainsi près d'éclater à une rupture entière, le roi
voulut tenter les voies de douceur avant que de rompre entièrement
avec ses anciens alliés, pendant qu'il était encore en guerre avec l'Es-
pagne, qui faisait cependant des offres très-avantageuses aux États ;
il envoya en Hollande en 1657 le président de Thou en qualité d'am-
bassadeur extraordinaire près des États pour se plaindre tant de ce
que Ruyter avait pris les deux vaisseaux du roi, que pour obtenir que
Boreel fût rappelé de son ambassade. Les États ayant donné des com-
missaires au sieur de Thou pour traiter avec lui, après quelques con-
férences, on conclut, le 16 août 1657, un traité par lequel on convint
que le roi lèverait en France l'arrêt des vaisseaux hollandais; que les
États remettraient entre les mains de l'ambassadeur de France ces
deux capitaines de vaisseaux ; que leurs vaisseaux seraient renvoyés
aux havres de France ; en sorte que comme il y en avait un de vendu,
on ferait diligence pour le trouver, sinon qu'on en payerait la juste
valeur ; que la paix serait rétablie entre les deux nations ; enfin qu'elles
pourraient exercer désormais sans péril le commerce entre elles,
comme avant ce refroidissement. Quant à Boreel, le sieur De Thou ne
demanda point sa révocation, par le conseil d'un ami que ce premier
avait à La Haye, lequel, par l'intérêt particulier qu'il avait que Boreel
demeurât en France , suggéra au ministre de France diverses raisons
pour lesquelles il n'était pas à propos qu'il en parlât; le sieur De Thou
les représenta au cardinal Mazarin , premier ministre, qui insista tou-
jours à ce qu'on obtînt le rappel de cet ambassadeur ; cependant le
sieur de Thou tfen fit rien et persista dans son sentiment, quelques
ordres que le cardinal lui envoyât; ce qui le fit rappeler, sans aucune
récompense des grandes dépenses qu'il avait faites, et Boreel est de-
meuré dans son emploi jusqu'à sa mort.
H. 16
242 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
xxxm.
Traité de La Haye entre les mêmes et Richard Croniwell , pour procurer la paix
entre le Danemark et la Suède (1059).
La guerre qui s'était émue entre les rois de Suède et de Dane-
mark troublait le commerce de la mer Baltique, et pouvait altérer la
paix entre la France et les Provinces-Unies , parce que le roi était
allié du roi de Suède, et les États généraux s'étaient déclarés pour le
Danemark. Le roi fit à La Haye, au mois de mai 1659, un traité avec
Richard Cromwell, protecteur d'Angleterre, et avec les États géné-
raux pour porter les deux rois du Nord à faire la paix sur le pied de
celle faite Tannée précédente à Rotschild. Comme j'ai déjà expliqué
ailleurs les clauses de ce traité, je n'en parlerai point ici davantage.
XXXIV.
Traité de Paris entre les mêmes, pour le commerce et alliance (i602 ).
Les États généraux ayant envoyé en 1660 trois ambassadeurs
extraordinaires vers le roi pour le congratuler sur la paix et sur son
mariage, leur donnèrent commission, ainsi qu'à leur ambassadeur ordi-
naire, de renouveler avec la France l'alliance qui avait été interrompue
depuis la paix de Munster.
Le roi leur donna pour commissaires le chancelier Seguier, le
duc de Villeroi , les sieurs de Brienne père. Le Tellier, de Lionne,
de Brienne fils, et Colbert. Ils eurent ensemble diverses conférences
pour pouvoir mettre le traité dans sa perfection. Entre le grand
nombre de difficultés qu'il fallut surmonter, il y en eut deux princi-
pales, dont la première regardait le droit de cinquante sols par tonneau
établi en France sur les vaisseaux étrangers, duquel les États géné-
raux demandaient que leurs sujets fussent exempts de même que les
Français; ce que les commissaires du roi ne leur voulaient pas accor-
der, tant à cause que la conduite qu'ils avaient tenue jusqu'alors avec
la France n'avait pas mérité cette grâce, que parce que les Anglais
et tous les autres étrangers qui trafiquaient en France auraient
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 263
demandé avec justice la même exemption, ce qui aurait apporté un
notable préjudice aux fermes du roi.
La seconde difficulté était au sujet du droit de pèche des sujets
des États, que leurs ambassadeurs voulaient que le roi leur garantît
nommément ; à quoi les commissaires du roi refusèrent longtemps de
consentir pour ne point offenser le roi d* Angleterre, ami et allié de Sa
Majesté , qui prétendait que les sujets des États n'avaient point droit
de pêcher près des côtes de ses royaumes sans sa permission : ainsi
ils soutenaient que la garantie générale suffisait, et qu'il n'était point
nécessaire d'insérer ce mot qui pouvait causer de la division entre la
France et l'Angleterre, et n'opérait rien néanmoins. La crainte qu'on
eut en France que les Etats ne se liguassent avec les Espagnols obligea
les commissaires de France de donner les mains sur ce pointa ce que
les ambassadeurs des États souhaitaient ; si bien que ceux-ci s'étant
aussi désisté de la demande qu'ils avaient faite de l'exemption des
cinquante sols par tonneau, et après un an et demi de négociations, le
traité fut signé à Paris, le 27 avril 1662, par tous les commissaires du
roi et les ambassadeurs des États.
Par ce traité, ils établirent entre les deux États une alliance étroite
et une fidèle confédération pour se maintenir mutuellement dans la
paix et dans les droits qui leur étaient acquis par les traités qu'ils
avaient faits ou qu'ils acquerraient par ceux qu'ils feraient ci-après,
le tout néanmoins dans l'étendue de l'Europe; ainsi ils promirent de
garantir non-seulement tous les traités qui seraient exhibés de part
et d'autre avant l'échange des ratifications, mais aussi ceux qu'ils
pourraient faire ci-après d'un commun consentement, et de se défendre
mutuellement, en cas que les États qu'ils possédaient en Europe fus-
sent attaqués ou qu'ils fussent troublés dans la possession de leurs
droits et libertés, tant de navigation, commerce, pêche, qu'autres. Ils
convinrent que si l'un des deux alliés était obligé de rompre la paix
avec l'agresseur, l'autre s'emploierait durant quatre mois pour moyen-
ner un bon accommodement ; que cependant il enverrait à son allié
un puissant secours , tel qu'on en conviendrait par des articles sépa-
rés; qu'après ces quatre mois passés, il serait au choix de l'allié qui
serait en rupture ou de continuer de jouir de ce secours ou d'obliger
2U HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
son allié de rompre aussi bien que lui; qu'après cela un des alliés ne
pourrait faire une suspension d'armes ni traiter de paix avec l'ennemi
commun que conjointement et d'un commun consentement; que les
sujets d'un des deux alliés ne pourraient prendre des commissions ou
lettres de représailles des ennemis de l'autre allié, à peine d'être punis
comme pirates; que les lettres de représailles ci-devant accordées
seraient nulles, et qu'on n'en accorderait aucunes qu'en cas de déni
de justice, lorsqu'il n'aura été donné aucun éclaircissement ni satis-
faction dans les quatre mois après que la requête de celui qui aura
demandé ces lettres aura- été communiquée au ministre de l'État,
contre les sujets duquel on les demandera ; que les sujets des deux
États ne pourraient être mis ni en action ni en arrêt pour les dettes
publiques de l'État; qu'ils jouiraient entre eux de la liberté du com-
merce dans les pays de l'un et de l'autre État situés en Europe ; hormis
que les sujets des États ne pourraient apporter en France des huiles
de baleine tant que durerait le privilège que le roi avait accordé pour
un temps à la compagnie établie pour la pêche des baleines; que les
sujets d'un des deux États payeraient dans les pays de l'autre les mêmes
impôts que les naturels du pays; qu'ils pourraient conduire dans l'autre
les prises qu'ils auraient faites contre leurs ennemis sans payer
aucuns droits, ni que les officiers des lieux prissent connaissance de
la validité de ces prises; qu'il ne serait donné dans les ports ou havres
d'un des deux alliés aucun asile à ceux qui auraient fait des prises sur
l'autre allié ; que les Français et les sujets des États généraux ne
seraient point sujets au droits d'aubaine dans les États les uns des
autres; que les vaisseaux d'un des deux États pourraient entrer dans
les ports de l'autre, sans être obligés d'y décharger leurs marchan-
dises ni payer aucuns droits ; que les sujets des deux États , ni leurs
vaisseaux et marchandises ne pourraient être arrêtés pour quelque
cause que ce fût, pas même pour la conservation de l'État, mais seu-
lement pour des dettes loyales par les voies ordinaires ; que les sujets
d'un des deux États pourraient trafiquer même avec les ennemis de
l'autre, pourvu qu'ils n'y portassent point des marchandises de contre-
bande, c'est-à-dire seulement les choses qui servent à l'usage de la
guerre; qu'en montrant leurs passe-ports en bonne forme, contenant la
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 245
spécification de la charge de leurs navires, ils ne pourraient être
inquiétés ni retardés ; que s'il s'y trouvait quelques niarchandises de
contrebande elles seraient confisquées , mais que les navires ni les
autres marchandises libres ne le seraient ; que tout ce qui se trouve-
rait sur des navires ennemis serait confisqué , mais ce qui se trouverait
sur des vaisseaux d'un des deux alliés ne le serait point, encore que
la charge appartînt aux ennemis de l'autre ; qu'ils jouiraient récipro-
quement des mêmes avantages dans les États les uns des autres ; que
les armateurs sujets des deux États donneraient avant que de partir
une caution de 15,000 livres, pour répondre des malversations qu'ils
pourraient commettre ; que s'ils prenaient un vaisseau chargé de mar-
chandises de contrebande, ils n'en pourraient ouvrir les malles ni en
disposer ou rien ôter qu'elles n'eussent été déchargées en terre en
présence des juges de l'amirauté, si ce n'était que le maître du navire
agréât de les livrer au capitaine, auquel cas on ne le pourrait empê-
cher de poursuivre son voyage; que lorsque les ambassadeurs se
plaindraient des jugements rendus dans les amirautés, on les ferait
revoir au conseil; que le roi et les États pourraient établir d'un com-
mun consentement des consuls de leur nation dans les lieux où ils le
jugeraient nécessaire; qu'ils ne permettraient point qu'aucun vaisseau
fît des prises dans les ports, havres ou rivières qui leur appartenaient,
sur les sujets de l'un ou de l'autre; enfin que ce traité durerait vingt-
cinq ans, quand même l'un des deux alliés eût fourni à l'autre quelque
secours ou fût entré en rupture en vertu de ce traité, auquel cas il
durerait encore jusqu'à la fin de cette guerre.
Par des articles séparés, ils convinrent qu'en cas que les États
généraux eussent besoin de secours, le roi enverrait douze mille hommes,
et que les États généraux seraient tenus, en pareil cas, d'envoyer au
roi six mille hommes ; que ceux qui fourniraient ces troupes les entre-
tiendraient jusqu'à ce qu'ils fussent obligés aussi d'entrer en guerre
ouverte ; que la partie lésée pourrait demander le secours promis en
soldats, canons, vaisseaux, armes ou autres choses propres à la guerre,
en sorte qu'on payerait, pour mille soldats, dix mille florins d'Amster-
dam par mois, à raison de douze mois par an ; que les troupes auxi-*
liaires dépendraient pour leur emploi de celui au secours duquel on
246 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
les aurait envoyées; enOn qa*OB ne démembrerait point les compa-
gnies, et qu'il demeurerait toujours deux ou trois cents hommes
ensemble d'un même régiment.
Sa Majesté, nonobstant la ligue défensive de tout ce que les États
généraux possédaient aux Pays-Bas, déclara, par un autre article
séparé, qu'elle ne prétendait point secourir les États généraux si
l'électeur de Cologne et le duc de Neubourg attaquaient avec leiu^s pro-
pres forces, le premier, Rhimberg, et le second Ravestein; mais que,
si ces princes empruntaient le secours de quelque autre État, alors
l'exception que Sa Majesté mettait ici ne leur servirait point; comme
aussi qu'elle ne serait point obligée d'envoyer aux États du secours
contre le roi de Portugal, à moins que le traité fait par les États avec
le Portugal n'eût été ratifié; après quoi, si le roi de Portugal rompait
le traité, le roi serait, tehu de secourir les États généraux, ainsi que
ci-dessus.
Enfin les États généraux convinrent, par un autre article séparé,
que, nonobstant l'égalité qui devait être pour les impôts entre les sujets
de chacun des deux États et les naturels du pays, les sujets des États
généraux ne laisseraient pas que de payer les cinquante sols par ton-
neau étabUs en France sur les navires étrangers, à condition qu'ils ne le
payeraient qu'une fois chaque voyage en sortant des ports de France
et non en y entrant; que les navires chargés de sel ne payeraient que
la moitié des cinquante sols, et que, si les États trouvaient à propos
de mettre un pareil impôt sur les navires étrangers, ils ne pourraient
pas excéder, à l'égard des sujets du roi, la taxe de ce que leurs sujels
payaient en France. Ce traité ne fut ratifié que le 20 mars de l'année
suivante.
XXXV.
Acte donné au roi par les États généraux, pour la garantie de racquisitiou
de Dunkerque (1063).
Le roi acquit, en 1662, la ville de Dunkerque du roi d'Angle-
terre; il fit solliciter les États généraux de lui donner un acte de
garantie de cette acquisition pour empêcher qu'ils ne pussent pré-
lendre un jour que ce traité ne serait pas du nombre de ceux qu'ils
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. ^1
devaient garantir au roi, suivant le piécédh^nt traité, et pour ôter en
même temps aux Espagnols la pensée de troubler Sa Majesté dans la
possession de cette place importante. Après quelques difiicultés, il tira
des États généraux, le 19 avril 1663, un acte par lequel ils com-
prirent parmi les traités qu'ils devaient garantir au roi celui fait entre
les rois de France et de la Grande-Bretagne pour la vente de Dun-
kerque, de même que s'il avait été fait avant le traité d'alliance entre
Sa Majesté et eux ; promettant que si ce traité venait à être enfreint,
ou si Sa Majesté était troublée en la possession de Dunkerque, ses
appartenances et dépendances, ils feraient leur possible pour faire
cesser les troubles et réparer les torts et injures, le tout conformé-
ment au traité de garantie.
XXXVI.
Traité de La Haye entre les mêmes et le roi do Danemark, pour garantie
du traité de paix (1666).
Les États généraux étant entrés en guerre contre le roj 4* Angle-
terre et l'évêque de Munster, le roi employa d'abord ses offices pour
concilier les parties, mais ce fut en vain ; ainsi il entra en guerre
ouverte contre le roi d'Angleterre, en conséquence du traité de 1662,
et il envoya des troupes considérables , même la compagnie de ses
mousquetaires, au secours des États contre l'évêque de Munster.
Le roi de Suède s'entremit peu après pour rétablir la paix entre les
parties qui étaient en guerre. Nous avons déjà marqué ci-devant que
le roi fit, le 11 février 1666, un traité avec le roi de Danemark et les
États généraux pour la garantie de la paix qu'on ferait avec le roi
d'Angleterre; cependant le roi secourut les États en conséquence
du traité de 1662; il eut aussi soin qu'ils réparassent plusieurs vio-
lences qu'ils avaient commises dans la seigneurie de Ravestein pour
chagriner le duc de Neubourg pour lequel le roi avait marqué, par
un article séparé du même traité, qu'il avait une considération par-
ticulière.
248 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
XXXVIl.
Traité entre Louis XIV et les États, pour la jonction de leurs armées navales
(1607).
Le roi fit, le 5 mai 1667, un traité avec les États généraux pour
la jonction des deux armées navales contre celle d'Angleterre; mais
ce traité ne fut point exécuté, tant parce que Tarmée de France fut
obligée de faire voile vers les côtes du Portugal, que parce que la
négociation de la paix entre l'Angleterre et les Provinces -Unies
s'avança, en sorte qu'elle fut conclue au mois de juillet suivant.
XXXVIII.
Traité entre les mômes et le roi d'Angleterre, pour procurer la paix entre la France
et l'Espagne (1668).
J'ai déjà marqué ci-devant, chapitre ii, nombre 26, que le roi
d'Angleterre et les États firent un traité en 1668 avec Sa Majesté pour
parvenir à la paix entre la France et l'Espagne, qui fut conclue peu
après à Aix-la-Chapelle. Je ne répéterai point ici les conditions de
ce traité que j'ai déduites au lieu que je viens de citer.
XXXIX.
Conférences de Cologne entre les mêmes, pour la paix de 1674.
Le roi avait conçu une juste indignation contre les États géné-
raux de ce que, dans le temps qu'il venait de leur donner une si haute
preuve de son amitié en rompant pour leur seul intérêt avec le roi
d'Angleterre, son ami et son allié, ils avaient fait une ligue contre
lui avec ce même roi d'Angleterre et avec celui de Suède en faveur
de TEspagne. Ils avaient de plus promis des subsides à la Suède pour
entretenir des troupes contre Sa Majesté , et avaient sollicité divers
princes de l'empire et autres puissances d'entrer dans la triple alliance;
enfin ils décriaient dans toute l'Europe les desseins de la cour de
France, et faisaient leurs efforts pour en unir tous les souverains
contre elle.
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 24^'
Les Étals avaient encore violé le traité de 1662, en troublant,
en plusieurs rencontres, la navigation des Français pour attirer tout
le commerce en leur pays, et en défendant qu'on portât dans leurs
provinces les marchandises tirées des manufactures de France.
Toutes ces raisons jointes à des médailles et à des écrits injurieux
à Sa Majesté qu'on publiait journellement dans les Provinces-Unies,
sans que les États y missent empêchement, déterminèrent le roi à les
châtier. H s'allia contre eux avec le roi d'Angleterre, l'électeur de
Cologne et l'évêque de Munster, et leur déclara la guerre en 1672 ; il
leur enleva en un mois les provinces de Gueldre, de Zutphen,
d'Utrecht et quelques places de celle de Hollande.
Les États généraux, effrayés par ces grandes conquêtes qu'ils
craignaient de voir suivies de la ruine entière de leur État, lui dépê-
chèrent plusieurs ambassadeurs pour lui demander la paix à telle con-
dition qu'il lui plairait leur imposer. On publia alors que le roi leur
avait demandé, entre autres choses, qu'ils lui remissent toutes les places
de la généralité, c'est-à-dire celles qu'ils occupaient hors des sept
Provinces-Unies, outre cela Delfrielt, Bommel, Crèvecœur et Raven-
stein ; qu'ils cédassent la ville et le comté de Meurs k l'électeur de
Cologne et récompensassent d'ailleurs le prince d'Orange; qu'ils
cédassent Groll, Brefort, Lietevard et Berkeloo à l'évêque de Munster ;
qu'ils accordassent aux catholiques de leurs pays des églises et le libre
exercice de leur religion et ne les exclussent plus des charges ; qu'ils
restituassent les commanderies de Malte et les biens ecclésiastiques;
enfin qu'ils payassent vingt millions pour les frais de la guerre et
envoyassent tous les ans à Sa Majesté un ambassadeur pour la remer-
cier d'avoir conservé leur république et lui présenter une médaille
qui marquât ce bienfait.
Encore que ces conditions parussent dures aux États généraux,
il y a apparence, dans la désolation où étaient les quatre provinces
qui n'étaient point encore conquises, qu'elles auraient été acceptées si
le roi ne se fût tenu ferme à ne vouloir rien conclure à moins que les
États ne contentassent aussi le roi d'Angleterre et ses autres alliés, et
si le meurtre des sieurs de Witt, qui conduisaient toute cette négocia-
tion, ne l'avait entièrement rompue.
250 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Quoi qu'il en soit, le roi de Suède s'entremit l'année suivante de
faire la paix entre le roi et ses alliés et les restes de cette république.
La ville de Cologne fut choisie pour le lieu de l'assemblée; le roi y
envoya pour ses plénipotentiaires le duc de Chaulnes et les sieurs
Courtin et de Barillon, qui y arrivèrent les premiers, vers la fin du
mois de mai 1673; après quoi les ambassadeurs de Suède, qui étaient
les médiateurs, et ceux d'Angleterre, de Hollande, de Cologne et de
Munster, qui se trouvaient les parties intéressées, y arrivèrent succes-
sivement; outre ces puissances, l'empereur, le roi d'Espagne et
l'électeur de Brandebourg y envoyèrent aussi des ministres de leur
part.
Les Français déclarèrent d'abord qu'en conséquence du traité
fait entre le roi leur maître et celui d'Angleterre, ils ne signeraient
aucun traité que conjointement avec les Anglais et leurs autres alliés;
les Anglais ayant déclaré la même chose, les Hollandais consentirent
de traiter sur ce pied-là; mais peu après la négociation fut interrom-
pue sur ce que les Français demandèrent que les Hollandais s'expli-
quassent d'abord sur les avantages qu'ils offraient d'accorder au roi et
à ses alliés; les Hollandais refusaient de le faire, prétendant que les
rois de France et de la Grande-Bretagne, comme les agresseurs dans
cette guerre, devaient proposer les premiers les motifs qui les avaient
fait agir, les conditions de la paix et la satisfaction qu'ils prétendaient.
Le refus que faisaient les Français et les Anglais de suivre cette
voie qui eût tiré les choses en longueur, et qui n'eût servi qu'à aigrir
davantage les esprits, obligea deux des ambassadeurs des États d'aller
prendre les ordres de leurs supérieurs. A leur retour, au mois d'août
1673, ils offrirent de céder au roi Maëstricht dont son aimée venait de
s'emparer, le pays d'outre-Meuse, Grave et Ravenstein; de rendre aux
Anglais le fort de Saint- Georges dans les îles Orientales, l'île de
Sainte- Hélène, et de leur laisser celle de Tabago qu'ils avaient
occupée. Ces offres furent rejetées comme ridicules, et les Anglais
déclarèrent qu'ils rompraient toute négociation si les Hollandais per-
sistaient à ne faire que ces offres. Alors ils offrirent encore de donner
Hulst, en Flandre, aux Français; Surinam, dans les Indes .occiden-
tales, aux Anglais, et le comté de Zutphen, hormis la ville de ce nom,
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 251
aux alliés des deux rois, c'est-à-dire à Télecteur de Cologne et à
l'évêque de Munster.
Les alliés ne furent pas plus contents de ces offres que des pré-
cédentes; outre cela, on contesta encore longtemps sur ce que les
plénipotentiaires des États voulaient que Tempereur, le roi d'Espagne
et le duc Charles de Lorraine fussent compris dans le traité de paix,
à quoi les Français et les Anglais refusaient de consentir, parce qu'ils
n'étaient point en guerre avec ces princes. Ainsi chacune des parties
ne voulant rien rabattre de ses propositions, les États généraux fon-
dant d'ailleurs de nouvelles espérances sur l'alliance offensive et défen-
sive qu'ils venaient de faire avec l'empereur et le roi d'Espagne, leurs
ambassadeurs déclarèrent qu'ils avaient ordre de se retirer.
Les médiateurs voulurent empêcher que l'assemblée se séparât
sans rien conclure; ils firent diverses propositions qui ne furent pas
agréées par les parties. Enfin, après avoir conféré avec les ministres
des alliés, ils proposèrent, au mois d'octobre, que les Espagnols
cédassent au roi Cambrai et le Cambresis, Aire, Sainl-Omer, Ypres,
Cassel et Bailleul, avec leurs territoires; que, moyennant cela.
Sa Majesté rendît aux États généraux tout ce qu'elle avait pris sur eux;
que ceux-ci, pour récompenser l'Espagne de celle cession, donnassent
Bois-le-Duc et sa mairie, Breda elsabaronnie, Grave et le pays deCuick,
Hulst, au pays de Wses, et son bailliage, Dalem et Fauquemont, dans
le pays d'outre-Meuse, avec leurs quartiers, et le comté de Meghen ;
que les Hollandais payassent au roi de la Grande-Bretagne 4 mil-
lions dans les termes dont on conviendrait, outre ce qu'ils lui avaient
déjà offert; que Tévêque de Munster retint Groll et Berkeloo avec
Lichtemwoordt, et Brefort que le roi avait occupés; que l'électeur de
Cologne eût, outre Rhimberg, le comté de Meurs, pour le réunir à
l'archevêché de Cologne, et la ville de Maëstricht pour la réunir à l'évê-
ché de Liège, à condition néanmoins d'en démolir les fortifications ;
enfin que Ravenstein fût rendue au duc de Neubourg, et Vesel et
Rees à l'électeur de Brandebourg.
Les ambassadeurs des États généraux, soutenus par les ministres
de l'empereur et du roi d'Espagne, rejetèrent ces propositions; ainsi
ces trois puissances ne songèrent plus qu'à rompre l'assemblée qui se
252 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
tenait à Cologne, et à faire une paix particulière avec l'Angleterre et
ses alliés. Pour parvenir à la première de ces fins, l'empereur s'avisa
de faire enlever de Cologne, le 14 février 1674, le prince Guillaume
de Furstemberg, qui était venu en qualité de plénipotentiaire de
rélecteur de Cologne, et qui avait été reconnu pour tel par tous les
ministres de l'assemblée ; le roi fit son possible pour avoir raison de
cet attentat commis contre le droit des gens, mais il n'en put venir à
bout; d'ailleurs on lui avait encore enlevé à Cologne un chariot
chargé d'une somme considérable d'argent qu'il destinait pour le
payement de ses troupes, et de plus le roi d'Angleterre avait été
obligé , par son parlement , de faire à Londres une paix particulière
avec les États; ces circonstances le déterminèrent à faire revenir ses
ambassadeurs de Cologne, et à ne songer qu'à poursuivre vigoureuse-
ment la guerre, particulièrement contre l'Espagne qui la lui avait
déclarée au mois d'octobre précédent.
XL.
Traité de paix de Nimègue entre les mômes (1678).
Le roi, contre qui l'empereur, les rois d'Espagne et de Dane-
mark, les électeurs de Trêves, de Brandebourg, et le palatin, les
ducs de Brunswick et de Lorraine, l'évêque de Munster, même tout
l'empire en corps s'étaient déclarés , retira ses garnisons des places
qu'il avait conquises sur les États généraux , hormis de Grave et de
Maëstricht, afin d'agir plus vigoureusement contre les Pays-Bas espa-
gnols qui étaient plus à sa bienséance ; il perdit depuis Grave, après
un long siège, pendant lequel ses armées prirent sur les Espagnols la
ville d'Aire, qui l'accommodait mieux. Ainsi, lorsqu'on commença de
traiter de la paix à Nimègue, il ne restait plus au roi, de toutes ses
conquêtes sur les Provinces-Unies, que la ville de Maëstricht et le
pays d'oulre-Meuse.
Le baron de Spar, ambassadeur de Suède, pour parvenir à
renouer les conférences de la paix, proposa diverses villes impériales
pour le lieu de l'assemblée; le roi reçut avec joie cette nouvelle
ouverture, mais, rempli de l'attentat commis, à Cologne où l'on avait
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 253
violé la sûreté publique avec si peu de ménagement, et dans la crainte
que ses ambassadenrs n'en trouvassent aucune dans les villes de
l'empire, il déclara qu'il aimait mieux les envoyer dans les terres
mêmes de ses ennemis. Ainsi il nomma la ville de Breda pour le
lieu de cette assemblée, à condition qu'avant que d'y envoyer ses
ambassadeurs il serait satisfait sur les chefs qui l'avaient obligé à
se retirer de Cologne, et depuis il fit savoir au même ambassadeur
de Suède qu'à l'exception des places de Frise et de Groningue, trop
éloignées de la France, il laissait le choix aux États généraux de telle
autre place qu'ils voudraient nommer dans leurs provinces, offrant de
donner des passe-ports aux parties principales et à leurs alliés, sans
en excepter aucun, à condition qu'au même temps qu'il donnerait
ces passe -ports le roi de Suède moyennerait la liberté du prince
Guillaume de Furstemberg et la restitution de l'argent de Sa Majesté
qui lui avait été enlevé à Cologne par les officiers de l'empereur ;
il se contenta même que le prince Guillaume fût mis, pendant la
négociation, entre les mains du pape ou de quelque autre prince
neutre.
Le roi de la Grande-Bretagne offrit aussi sa médiation aux
parties ; elle fut d'abord acceptée par le roi et quelque temps après
par ses ennemis ; comme peu après le roi de Suède se déclara pour
la France , le roi de la Grande-Bretagne demeura seul médiateur ;
ensuite de quoi les États généraux proposèrent la ville de Meurs,
près de Cologne, mais sa petitesse et sa dépendance de l'empire
empêchèrent le roi de l'accepter, c'est pourquoi ils nommèrent pour
le lieu de l'assemblée Nimègue, qui fut reçue par toutes les parties.
Le roi de la Grande-Bretagne et Tévêque de Strasbourg ayant
prié le roi de ne point s'arrêter à vouloir obtenir la liberté du
prince Guillaume de Furstemberg pour faire partir ses ambassa-
deurs, Sa Majesté nomma en cette qualité le maréchal d'Estrades,
le marquis de Croissi et le comte d'Avaux, et leur donna ordre, vers
la fin de l'aiïliée 1675, de se disposer pour le voyage de Nimègue,
ainsi qu'ils firent au commencement de l'année 1676; mais diverses
difficultés, survenues au sujet des passe-ports dont il sera parlé
ci-après, les obligèrent à rester plusieurs mois sur la frontière, si
25i HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
bien qu'ils n*arrivèrent à Nimègue qu'au commencement du mois de
juin suivant. Ils ne firent encore rien le reste de cette année, qui fut
toute employée aux visites et contre-visites des ambassadeurs qui
arrivaient successivement.
Comme il est nécessaire avant toutes choses d'établir la neu-
tralité des lieux où se tiennent ces sortes d'assemblées, les médiateurs
d'Angleterre avaient proposé, dès la fin de 1675, qu'elle fût accordée
à Nimègue, et que pour la commodité des ministres qui y seraient
on rétendît jusqu'à la ville et comté de Meurs, en sorte que presque
tout le pays de Clèves y aurait été compris, mais la France n'y
voulut point consentir pour ne se point priver des contributions que
ce pays lui payait; cependant ses ambassadeurs et ceux des États
consentirent enfin des limites de cette neutralité, et, le second jour
de l'année 1677, un gentilhomme de la suite des ambassadeurs de
France, avec un nommé Hieufs, qui fut commis pour cette fonction
par les ambassadeurs des États, firent poser en leur présence, en
deçà de la rivière de Wahal, quinze poteaux sur lesquels on avait
écrit le mot de neutralité pour marquer que ces endroits en étaient
les limites.
Lorsque quelque temps après les ambassadeurs des princes inté-
ressés dans cette guerre donnèrent leurs propositions, ceux de France
n'en présentèrent point d'autres sinon que le roi rendrait aux États
généraux sa première amitié, et qu'il écouterait leurs propositions
même touchant un traité de commerce ; mais les États demandèrent
dans leurs propositions que le roi leur rendît la ville de Maëstricht
avec le comté de Vroonhoff, ce qui était de leur partage dans les
comtés de Fauquemont, d'Aalheim et RoUeduc d'outre -Meuse; les
villages de Rédemption et des Bancs de Saint-Servais, et tout ce
qui dépendait de cette ville, outre une satisfaction entière du prince
d'Orange, déclarant qu'ils ne demandaient point de satisfaction des
dommages qu'ils avaient soufferts pendant la guerre , niais seulement
que le traité contînt une renonciation générale aux prétentions qu'une
partie pouvait avoir contre l'autre, et un règlement qui prévînt les
inconvénients qui pouvaient survenir au sujet du commerce et de la
navigation.
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 255
Les mêmes ambassadeurs des États présentèrent par la suite le
projet d'un traité de paix, dans lequel ils demandaient qu'on ôtàt tous
les impôts établis depuis Tannée 1632 sur les cinq espèces de mar-
chandises du cru de leur pays, savoir : sur les draps, les toiles et le
tabac qu'on y aurait fabriqués, soit le sucre qui y aurait été raffiné,
et sur tout ce qui proviendrait de leur pêche; qu'outre cela leurs
sujets fussent déchargés de l'imposition des cinquante sols par ton-
neau dont ils prétendaient recevoir d'autant plus d'incommodité que,
selon eux, les fermiers taxaient les vaisseaux à leur fantaisie, et fai-
saient payer cet impôt chaque fois qu'il sortaient des ports de France;
moyennant cela les États promettaient de faire cesser aussitôt l'impôt
qu'ils avaient été obligés d'établir de leur côté.
Ils proposèrent ensuite un traité de commerce sur lequel il y eut
diverses difficultés qui furent levées successivement.
Enfin, au mois d'avril 1678, le roi publia les conditions sous les-
quelles il était disposé de faire la paix avec tous ses ennemis, qui
portaient entre autres choses qu'il rendrait Maëstricht aux États et leur
accorderait le traité de commerce en la forme qu'il avait été résolu.
Les États généraux, ayant persuadé au duc de Yilla-Hermosa, gou-
verneur des Pays-Bas, d'accepter au nom du roi d'Espagne les pro-
positions contenues dans ce projet, déclarèrent qu'ils les acceptaient
aussi. La signature du traité fut néanmoins différée quelque temps
sur ce que le roi faisait difficulté de remettre aux États Maëstricht et
au roi d'Espagne Gand et les autres places qu'il était convenu de lui
rendre, avant qu'on eût donné une pleine satisfaction à la Suède.
Néanmoins, comme les ambassadeurs de Suède prièrent eux-
mêmes le roi de ne point différer cette restitution qui retardait la
conclusion de la paix, et que d'ailleurs le roi d'Angleterre et les États
avaient fait un traité pour agir contre la France si le traité n'était signé
avant le 11 du mois d'août, Sa Majesté se relâcha de cette difficulté,
et le traité de paix entre elle et les États fut signé le 10 août 1678,
vers minuit, nonobstant les oppositions et les protestations du roi de
Danemark, de l'électeur de Brandebourg et de l'évêque de Munster.
Par ce traité, le roi et les États convinrent qu'il y aurait paix
entre eux et amitié entre leurs sujets ; qu'ils procureraient la prospé-
256 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
rite des uns et des autres; que les biçns confisqués à l'occasion de
cette guerre seraient restitués à leurs propriétaires ou à leurs héritiers;
particulièrement que le comté d'Auvergne serait mis dans le marquisat
de Berg-op-Zoom et dans tous les droits dont il jouissait avant la
guerre; que chacun retiendrait les places qu'il occupait alors tant
dedans que dehors, l'Europe hormis; que le roi remettrait aux États
la ville de Maëstricht, le comté de Vroonhoff, les comtés et pays de
Fauquemont, d'Aalheim et Rolleduc. d'outre-Meuse, avec les villages
de Rédemption, Bancs de Saint-Servais et tout ce qui dépendait de
cette ville ; que les choses qui concernaient l'exercice de la religion
catholique dans Maëstricht et la jouissance des biens de ceux qui en
feraient profession seraient rétablies et maintenues suivant la capi-
tulation de cette place lorsque les États la prirent en 1632 , et que
ceux qui possédaient quelques bénéfices en jouiraient; que le roi
emporterait de Maëstricht l'artillerie et les munitions ; que les prison-
niers seraient délivrés sans payer rançon ; que l'intendant de Maëstricht
ferait payer les contributions jusqu'à la ratification de ce traité; que
les États demeureraient dans une exacte neutralité, sans pouvoir
assister les ennemis de la France ni de ses alliés ; qu'ils garantiraient
au roi les obligations dans lesquelles le roi d'Espagne entrerait par le
traité que Sa Majesté passerait avec lui, particulièrement à l'égard de
cette neutralité; que si, par inadvertance, il survenait quelque inob-
servation à ce traité, la paix ne laisserait pas que de subsister ; qu'on
réparerait promptement les contraventions et qu'on punirait les par-
ticuliers qui les auraient commises; que, s'il arrivait une rupture entre
les deux États, les particuliers auraient six mois pour disposer de
leurs effets et se retirer ; que l'article concernant le prince d'Orange
aurait pareille force que s'il était inséré dans le traité ; que le roi
de la Grande-Bretagne et tous les autres princes qui voudraient bien
entrer dans cet engagement pourraient donner au roi et aux États
leurs promesses de garantie du contenu en l'exécution de ce traité.
Je réserve l'article séparé concernant le prince d'Orange pour le
chapitre suivant, où je traiterai des traités passés entre nos rois et les
princes d'Orange.
Les ambassadeurs des États trouvèrent que l'article de ce traité,
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 257
concernant la neutralité promise par les États à l'égard des ennemis
du roi et de ses alliés et la garantie des obligations dans lesquelles
l'Espagne entrerait par rapport à cette même neutralité, était couché
de manière qu'on en pouvait insérer une obligation, non-seulement
pour le temps présent, mais aussi pour l'avenir, après la fin de ces
guerres. Ainsi ils écrivirent aux ambassadeurs de France pour les
prier de les éclaircir sur ce sujet, prétendant qu'on n'avait jamais eu
intention de convenir de cette neutralité que pour le temps que dure-
rait cette guerre.
Les ambassadeurs de France, pour lever ce scrupule aux ambas-
sadeurs des États, leur firent réponse que l'intention du roi ni la leur
n'était pas de se prévaloir de cet article plus longtemps que la guerre
présente durerait, ni, après qu'elle aurait pris fin, d'obliger les États,
en vertu de cet article, à plus que ne requéraient leur intérêt et leur
union avec Sa Majesté. Le roi ratifia peu après le traité et l'explica-
tion que ses ambassadeurs avaient donnée à cet article.
Enfin, le 14 septembre suivant, ces mêmes ambassadeurs, pour
plus grande explication du traité, et dans la vue de pourvoir à la
sûreté des sujets d'un des deux États qui avaient porté les armes pour
Fautre, signèrent encore un acte par lequel ils convinrent qu'il y
aurait abolition pour tout ce qui avait été commis de part et d'autre
à l'occasion de cette guerre par les sujets d'un des deux États qui
seraient entrés et demeurés au service de l'autre, et qu'ils rentreraient
en possession de leurs biens et dignités sans pouvoir être recher-
chés pour raison de ce qui s'était passé depuis la naissance de cette
guerre.
XLI.
Autre traité de Nimègue entre les mêmes, pour le commerce (1678).
Le roi et les États généraux , résolus de rendre cette paix plus
durable entre eux par le moyen d'un traité de commerce qui établît
des lois propres à prévenir les inconvénients qui pouvaient troubler la
bonne correspondance entre leurs sujets, avaient donné ordre à leurs
ambassadeurs de convenir aussi d'un traité de commerce, de naviga-
lî. 17
258 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
tion et de marine ; ainsi il fut signé le même jour, 10 août, auquel
le précédent traité de paix fut signé.
Par ce traité ils convinrent que les sujets du roi et des États
jouiraient de la même liberté en fait du commerce et de la navigation
dont ils jouissaient avant la guerre ; qu'ils n'exerceraient aucunes
hostilités les uns contre les autres, et que les sujets d'un des deux
États ne pourraient prendre aucunes commissions ni lettres de repré-
sailles des ennemis de l'autre État. Ils renouvelèrent les articles du
traité de 1662 touchant les formalités requises pour les lettres de
représailles ; la défense d'arrêter les particuliers pour les dettes de
l'État; la liberté générale du commerce en Europe; l'égalité des impôts
entre les sujets des deux États; les armateurs d'un des deux États qui
conduiraient leurs prises dans les ports de l'autre ; la défense de rece-
voir dans leurs ports ceux qui auraient fait des prises sur les sujets de
l'autre État; l'exemption réciproque du droit d'aubaine; les défenses
de rien faire payer aux navires que la tempête obligerait d'entrer dans
les ports sans y rien décharger, ni d'arrêter les matelots ni leurs mar-
chandises sous quelque prétexte que ce fut ; la liberté de porter chez
les ennemis toutes sortes de marchandises , hormis celles de contre-
bande, qu'ils spécifièrent à l'ordinaire; les passe-ports qu'ils seraient
obligés de montrer aux capitaines des vaisseaux de guerre ; les mar-
chandises des amis chargées sur des vaisseaux ennemis, et celles des
ennemis trouvées sur des vaisseaux amis ; la caution que les arma-
teurs devaient donner , la manière dont ils procéderaient quand ils
auraient pris quelque vaisseau où il y aurait des marchandises de con-
trebande ; la manière dont les procès sur ce sujet seraient jugés et
revus; l'établissement des consuls; enfin touchant les ennemis qui vou-
draient faire des prises dans des ports ou rivières d'un des deux États.
Ils convinrent outre cela qu'ils pourraient faire construire ou
fréter des vaisseaux et acheter des munitions de guerre dans les États
l'un de l'autre, sans qu'ils pussent donner cette même permission aux
ennemis, en cas qu'ils fussent les agresseurs;, que les navires échoués
et les marchandises qui y seraient, ou leur prix si elles avaient été
vendues, étant réclamés dans l'an et jour, seraient restitués en
payant les frais raisonnables et ce qui serait réglé pour le droit
LIVRE IV. — CHAPITRE VI. 259
de sauvement ; qu'on punirait les inhumanités commises en ces ren-
contres; que les pirates seraient punis, et ce qu'ils auraient pris
rendu à ceux qui le réclameraient; enfin que ce traité durerait vingt-
cinq ans.
On ajouta à la fin de ce traité les formulaires des passe-ports que
l'amiral de France et les magistrats des villes des Provinces-Unies
donneraient aux navires qui se mettraient en mer ; plus un article
portant que l'égalité qui devait être observée entre les sujets de l'un
et de l'autre État et les naturels du pays , en matière d'impôts , ne
préjudicierait point à l'imposition de cinquante sols par tonneau
établie en France sur les vaisseaux étrangers, laquelle les sujets des
États seraient tenus de payer de même que les autres étrangers aux
mêmes clauses portées par l'article séparé du traité de 1662 qui con-
cerne ce même impôt.
Après la signature de ces traités, le roi de Danemark, l'électeur
de Brandebourg et les ducs de Brunswick firent leur possible pour
empêcher les États de le ratifier, prétendant que par les traités qu'ils
avaient faits avec eux ils ne pouvaient traiter avec leurs ennemis
que d'un commun consentement; mais tous ces efi*orts furent inutiles,
et les uns et les autres furent obligés successivement de faire la paix
avec Sa Majesté aux conditions portées par son projet.
Le roi, pour donner aux États généraux des marques d'un réta-
blissement parfait dans ses bonnes grâces, voulut leur accorder un
traitement encore plus favorable pour leur commerce qu'il n'était
stipulé par leur traité. Ainsi il donna un arrêt, le 30 du même
mois d'août, par lequel il déchargea leurs sujets de l'augmentation
des droits d'entrée et de sortie portée par le tarif du mois d'avril
1677, et ordonna que ces droits seraient levés sur les marchandises
qui seraient apportées dans le royaume par les sujets des États, con-
formément au tarif du 18 septembre 1664.
260 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
CHAPITRE VII
TRAITÉS ENTRE LES ROIS DE FRANCE ET LES PRINCES d'oRANGE
Je joins aux traités faits par nos rois avec les États généraux
ceux qu'ils ont passés avec les princes d'Orange, tant à cause de la
liaison que les affaires de ces princes ont avec celles des Provinces-
Unies oii ils occupent les principales dignités, que parce que leur
principauté est située entre la France et l'empire : si bien qu'il est de
Tordre que je me suis proposé de parler d'eux avant que de passer
aux princes de l'empire.
Je ne prétends point examiner ici si nos rois sont souverains
d'Orange, ou si cette principauté relève de l'empire; cette question
ne fait rien h mon sujet, et est suffisamment expliquée dans un petit
écrit que j'ai fait exprès sur ce sujet.
Ainsi, pour ne m'arrêter qu'aux traités faits par nos rois avec les
princes d'Orange ou pour leurs intérêts, je me contenterai de marquer
que Philibert de Chàlons, prince d'Orange, ayant pris le parti de
l'empereur Charles-Quint contre François P% ce roi fit saisir les re-
venus de sa principauté , et que ce prince, fait prisonnier en 1524,
n'obtint sa liberté que par le traité de Madrid ; ce traité portait aussi
qu'il serait rétabli dans sa principauté, pour en jouir de même que son
père en avait joui ; mais comme la guerre recommença incontinent après
entre Charles et François, et que Philibert continua de suivre le parti
du premier, il ne rentra dans ses États que par le traité de Cambrai,
par lequel le roi leva les empêchements mis de sa part sur la princi-
pauté et souveraineté d'Orange, sans néanmoins lui attribuer d'autres
droits que ceux qu'il avait au temps de ces empêchements.
Philibert de Châlons fut tué au siège de Florence; René de
Nassau, fils de sa sœur, lui succéda dans le temps qu'il tenait encore
le parti de l'empereur, de sorte qu'il ne jouit de sa principauté que
par le traité de Nice de l'an 1538.
René laissa pour son héritier Guillaume de Nassau, son cousin,
qui obtint encore, par les traités de Crépy, de l'année 15/i&9 et de
LIVRE IV. — CHAPITRE VII. 261
Cateau-Cambresis , de l'année 1559, d'être remis dans la possession
de sa principauté.
Ce Guillaume de Nassau, qui fut le neuvième prince d'Orange de
ce nom , se rendit le chef des rebelles des Pays-Bas contre le roi
d'Espagne ; chassé de ces provinces par le duc d'Albe , il conduisit
en France, en l'année 1569, les restes de son armée au secours des
Huguenots ; cela fut cause que le roi Charles IX fit saisir sa princi-
pauté et les autres terres qu'il avait en France , ce qui demeura ainsi
jusqu'au traité de paix fait en l'année 1570, entre le roi et les Hugue-
nots, par lequel on convint, entre autres choses, qu'on remettrait
au prince d'Orange et au comte Ludovic, son frère, la principauté
d'Orange et toutes les autres terres qui leur appartenaient en France
avec tous les titres et papiers qu'on leur avait enlevés.
Depuis ce traité le roi témoigna, durant quelque temps, beaucoup
d'inclination pour le prince d'Orange et pour les affaires des protes-
tants des Pays-Bas; on a même cru, ainsi que je l'ai marqué dans le
commencement du chapitre précédent, que le roi et le prince d'Orange
avaient fait un traité par lequel ils partageaient ensemble les provinces
des Pays-Bas, en sorte que le roi devait avoir tout ce qui était en
deçà du Rhin , et ce qui était au delà devait appartenir au prince
d'Orange. Quoi qu'il en soit , il est certain que le roi lui envoya de
l'argent, et qu'il eut dans ce dessein plusieurs conférences avec le
comte Ludovic de Nassau que l'amiral de Coligny lui avait présenté.
Le massacre de la Saint-Barthélémy, qui arriva peu après, fit
croire que tous ces témoignages d'amitié étaient simulés. Cependant
Gaspard de Schomberg, que le roi envoya vers les princes allemands
pour justifier ce massacre, arrivé à Francfort-sur-le-Mein, y conclut
encore en 1573, avec le comte Ludovic de Nassau, un autre traité que
Galéas Fulgoze, agent de la reine Catherine de Médicis, négociait avec
lui depuis le mois de septembre de l'année précédente; soit qu'elle ne
le fît que pour leurrer ce prince et son frère, soit que sa vue fût d'en-
tretenir toujours la guerre dans les Pays-Bas, de peur que Philippe,
après avoir apaisé ces troubles, ne jetât toutes ses forces sur la France^
qui, dans la faiblesse oii elle était alors, aurait été obligée de lui aban-
donner quelques-unes de ses provinces.
262 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Quoi qu'il en soit , les principales conditions de ce traité portaient
que la Hollande, la Zélande et toutes les autres places que le prince
d'Orange conquerrait seraient mises entre les mains du roi, soit
qu'il voulût déclarer la guerre aux Espagnols, soit qu'il assistât seu-
lement en secret le prince d'Orange, et qu'il lui prêterait présentement
300,000 écus dont ce prince lui donnerait un prince d'Allemagne pour
répondant.
Ce traité n'eut aucune suite : Guillaume fut encore accusé de
tremper dans les desseins des Huguenots ; sa principauté fut saisie de
nouveau par ordre du roi Henri III, et il n'en eut mainlevée que par
le traité fait en 1576 entre ce roi et les protestants.
J.
Article du traité de Vervins entre Henri IV et Philippe , pour les intérêts
du prince d'Orange (1598).
Guillaume IX, prince d'Orange, laissa trois fils qui possédèrent
successivement cette principauté, Philippe-Guillaume, Maurice et
Frédéric-Henri; le premier fut arrêté en 1567 par ordre du duc
d'Albe, lorsqu'il faisait ses études à Louvain , et conduit en Espagne
où on le retint jusqu'en 1595, qu'il fut élargi ; il passa dans les Pays-
Bas espagnols, et y porta les armes pour le roi d'Espagne contre
Henri IV, qui, pour s'en venger, fit saisir la principauté d'Orange et
tous les autres biens que ce prince possédait en France ; mais par un
article séparé du traité de Vervins, fait en 1598, il fut dit que le prince
d'Orange serait remis en la possession et souveraineté de la principauté
d'Orange et de toutes les autres terres et droits dont lui et les siens
jouissaient en France avant la guerre.
Cet article non plus que les autres articles séparés de ce traité
n'ont point été ratifiés ; mais, quand ils l'auraient été, il n'a point
attribué aucun nouveau droit au prince d'Orange; il l'a seulement
remis dans ceux que ses ancêtres avaient possédés et dont les troubles
de la guerre pouvaient l'avoir privé.
Henri IV remit ce prince en possession du château et de la ville
d'Orange en 1606, après qu'il eut épousé Éléonore de Bourbon, sœur
LIVRE IV. — CHAPITRE VII. 263
du prince de Condé; ensuite il lui accorda la même année, en faveur
de cette alliance, des lettres pour le relever des prescriptions encourues
contre lui pendant sa minorité et celle de ses prédécesseurs, et il le
remit en possession du péage sur le Rhône duquel ce prince rendit hom-
mage à Louis XllI, en 1610. Maurice, son successeur, offrit pareil-
lement de le rendre en 1618. Mais comme le roi était alors mal satis-
fait de lui , à cause de l'affaire de Barneveld , il ne le voulut point
recevoir, prétendant qu'il lui devait rendre hommage de toute sa
principauté.
II.
Traité de Rueil entre Louis Xin et Frédéric, pour agir contre l'Espagne (1039).
Le prince Frédéric- Henri, qui succéda à Maurice en 1625, a tou-
jours prétendu que le cardinal de Richelieu , dans le dessein de se
rendre maître du château d'Orange, que le prince Maurice avait ex-
traordinairement fortifié , avait gagné le gouverneur de ce château
moyennant une somme d'argent considérable, dont il lui avait donné
déjà une partie, avec promesse de lui fournir le reste lorsqu'il lui
remettrait la place entre les mains; quoi qu'il en soit, le prince fit tuer
ce gouverneur nommé Valkembourg, et conserva toujours le souvenir
de cette entreprise. Cependant le roi lui accorda dans la suite plu-
sieurs grâces, entre autres, au mois d'août 1634, une évocation de
toutes ses affaires au parlement de Paris , et des lettres patentes de
naturalité pour tous ses sujets de sa principauté d'Orange par les-
quelles ils étaient déchargés du droit d'aubaine et censé regnicoles
partout le royaume de France; il lui fit encore l'honneur, en 1635,
de vouloir qu'il donnât le mot aux maréchaux de France qui comman-
dèrent l'armée française lorsqu'elle se joignit à celle des États; malgré
toutes ces faveurs, il ne laissa pas, suivant plusieurs auteurs, que de
se venger cruellement de la France dont il fit périr l'armée de faim
et de misère, en sorte que de trente mille hommes dont elle était
composée, il n'en revint. pas la sixième partie.
Quoi qu'il en soit, il témoigna toujours une grande affection pour
les intérêts de la France, ce qui lui procura, en 1637, le titre d'Altesse
264 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
que le roi commanda à son ambassadeur de lui donner, au lieu qu'on
le traitait auparavant d'Excellence; il en fit de grands remercîments
à Sa Majesté.
Ce prince offrit au cardinal de Richelieu, en 1639, d'assiéger
l'année suivante Gand , Bruges et les forts que les Espagnols occu-
paient entre l'Écluse et Blanckemberg , si le roi voulait lui donner de
quoi lever et entretenir douze mille hommes pendant six mois, outre
les troupes ordinaires des États.
Le cardinal qui avait en tête d'assiéger Charlemont, la cam-
pagne suivante, jugea que celte diversion avancerait le succès de son
dessein ; sur cette espérance, il fit agréer cette proposition à Sa Ma-
jesté, et il signa à Rueil un écrit, en date du 24 novembre 1639, par
lequel il promettait au prince d'Orange, au nom du roi, de lui fournir
pour l'année 16/iO quinze cent mille livres en quatre termes, pourvu
qu'il satisfît à ce qu'il promettait; l'assurant de plus que le maréchal
de La Meilleraye mettrait l'armée du roi en campagne le premier jour
de mai, sous peine d'être regardé comme un infracteur de ce traité.
Le prince d'Orange signa de sa part un autre écrit, par lequel
il avouait la proposition ci-dessus, que le sieur d'Estrades avait faite
de sa part, promettait d'y satisfaire et consentait encore de passer
pour violateur de ce traité s'il ne se mettait aussi en campagne le
1*' de mai de l'année suivante.
Ce traité fut confirmé au commencement de l'année suivante; et
le roi y satisfit de sa part , ayant donné l'argent qu'il avait promis et
/ait assiéger Charlemont par le maréchal de La Meilleraye avant le
temps marqué.
Le prince d'Orange se mit aussi en campagne d'assez bonne
heure. Après avoir tenté inutilement le sas de Gand, il approcha de
Bruges sans néanmoins former aucun siège, comme il était obligé;
mais les Français ayant ensuite levé le siège de Charlemont et assiégé
Arras, ce prince, apparemment par ordre de ses supérieurs jaloux de
voir tomber cette place importante entre les mains de la France, se
retira avec son armée, et, quelques remontrances que les Français lui
fissent pour l'en empêcher, il finit la campagne dès le milieu de l'été;
ainsi le cardinal infant, qui lui faisait tête pour empêcher qu'il
LIVRE IV. — CHAPITRE VII. 265
n'avançât dans la Flandre, délivré de ce dangereux ennemi, conduisit
l'armée espagnole vers Arras pour le secourir. Le roi eut un extrême
chagrin contre le prince d'Orange, qui, par cette retraite précipitée,
mettait au hasard le succès de son entreprise. Cependant elle fut si
bien conduite que la place se rendit le 10 d'août suivant, en pré-
sence de l'armée espagnole qui fut même vigoureusement repoussée.
III.
Traité de La Haye entre Louis XIV et Guillaume, pour armement
contre TËspagne (IGSO).
Le prince Frédéric-Henri fit ce qu'il put en 1646 et les années
suivantes pour empêcher que les États généraux ne fissent une
paix particulière avec le roi d'Espagne; mais comme sa santé était
alors fort languissante, que la princesse d'Orange, sa femme, que les
Espagnols avaient gagnée par de grandes promesses, ne suivait pas
ses sentiments , et que sa puissance était devenue fort suspecte à la
province de Hollande, particulièrement depuis qu'il avait marié son
fils à la fille du roi d'Angleterre, toutes ses instances furent inutiles,
et le traité de trêve fut signé en 1646, ensuite les articles du traité
de paix en 1647, sans que la France fût encore d'accord de plusieurs
articles avec l'Espagne.
Frédéric- Henri mourut au mois de mai 1647. Le prince Guil-
laume, son fils, suivit ses sentiments, et se mit peu après en cam-
pagne à la prière des généraux français pour faire diversion des forces
espagnoles; mais les États le rappelèrent et lui défendirent de com-
mettre aucune hostilité contre les provinces du roi d'Espagne. Ce
prince, qui n'avait pu empêcher que la Hollande et cinq autres pro-
vinces ne signassent en 1648 leur traité de paix avec l'Espagne, fit
en sorte que la Zélande, où il avait le plus de pouvoir, n'y voulut
jamais donner les mains, et il protesta publiquement qu'il se tiendrait
toujours attaché aux intérêts de la France.
Depuis, lorsque pendant les troubles de Paris l'archiduc Léopold
entra en France, il proposa aux États généraux d'offrir aux rois de
France et d'Espagne leur médiation pour la paix, et de menacer en
266 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
même temps l'archiduc d'entrer dans les provinces espagnoles en con-
séquence de Talliance entre la France et les Provinces-Unies, en cas
qu'il voulût avancer davantage en France. La Zélande fut de son avis,
mais les six autres provinces voulurent que les États offrissent seule-
ment leur médiation sans ajouter ces menaces qu'ils jugèrent con-
traires à la neutralité qu'ils voulaient garder, outre que, craignant
l'ambition de ce prince, ils étaient bien aises de ne pas augmenter
son autorité par le commandement de l'armée qu'on aurait levée
contre l'Espagne.
Ce prince, voyant que sa puissance diminuait pendant la paix, et
que les États de Hollande , surtout la ville d'Amsterdam , voulaient
encore le dépouiller de ce qui lui restait d'autorité, résolut de rallu-
mer la guerre contre l'Espagne; pour cela il pria le comte d'Estrades,
gouverneur de Dunkerque, de le venir trouver. Le cardinal Mazarin
approuva ce voyage; il lui envoya un plein pouvoir du roi pour traiter
avec le prince d'Orange, comme il fit à La Haye le 20 octobre 1650.
Par ce traité, ils convinrent que le roi mettrait en campagne au
premier jour de mai 1651 une armée de dix mille hommes de pied
et de six mille chevaux pour assiéger Bruges; que le prince d'Orange
romprait avec l'Espagne et se mettrait aussi le même jour en cam-
pagne avec dix mille hommes de pied et quatre mille chevaux pour
attaquer Anvers; qu'ils rompraient aussi dans le même temps avec
Cromwell et qu'ils feraient leur possible pour rétablir le roi Charles II ;
enfin, qu'ils ne feraient aucun traité que d'un commun consen-
tement.
Par des articles secrets ils convinrent que, lorsque le prince
d'Orange attaquerait Anvers, le roi lui enverrait deux mille chevaux ;
qu'après la prise d'Anvers et de Bruges, les deux armées iraient assié-
ger Bruxelles, pendant qu'une autre armée de France attaquerait
Mons; que le roi enverrait au prince d'Orange des lettres patentes de
lieutenant général de ses armées ; que le prince posséderait la ville
d'Anvers et le marquisat du Saint-Empire en souveraineté, et que le
roi ne consentirait point à la paix que cet article ne fût accordé; que
le prince tiendrait en mer une armée de cinquante vaisseaux depuis
le commencement de mai jusqu'à la fin de novembre, pour agir
LIVRE IV. — CHAPITRE VII. 267
contre l'Espagne et contre les rebelles d'Angleterre; que le traité de
partage des Pays-Bas de l'année 1635 serait exécuté si les deux
années attaquaient une place en même temps, mais que chacun gar-
derait jusqu'à la paix celles qu'il pourrait prendre lui seul.
Cette diversion des forces des Espagnols aurait apparemment fait
un grand effet si les choses avaient réussi comme elles avaient été
projetées; mais le prince d'Orange étant mort peu après de la petite
vérole, tous ses desseins s'en allèrent en fumée.
IV.
Traité d'Avignon entre Louis XIV et le comte de Dhona (4660).
Le château d'Orange avait été bâti et fortifié avec de grands
frais par les princes Maurice et Frédéric-Henri. Il donnait à nos rois
un sujet légitime de jalousie, une aussi forte place que celle-là, qui
appartenait à un prince protestant et était située au milieu de leurs
États, pouvant entretenir l'esprit de rébellion parmi les Huguenots et
tenir plusieurs provinces en échec pendant les troubles domestiques
qui n'arrivent que trop souvent en France. Cependant, comme nos rois
avaient toujours bien vécu avec les princes d'Orange, ils les avaient
laissés fortifier leur place , attendant que quelque occasion favorable
leur donnât lieu de faire ruiner en un jour ce que ces princes avaient
bâti en plusieurs années.
Cette occasion se rencontra heureusement en 1660 pendant le
démêlé qui était alors entre la princesse douairière d'Orange et la
princesse royale pour la tutelle du prince d'Orange d'à présent. La
princesse royale fit prier le roi de trouver le moyen de tirer cette place
hors des mains du comte de Dhona, qui était dans les intérêts de la
princesse douairière; Sa Majesté, qui était alors à Avignon, fit, le
20 mars 1660, un traité avec le comte de Dhona, qui consentit,
moyennant 200,000 livres, de lui remettre ce château, dont elle fit
peu de temps après démolir les fortifications nonobstant les instances
que les États et l'électeur de Brandebourg firent au contraire. Ainsi le
roi, conservant la propriété de cette place aux princes d'Orange et en
faisant raser les fortifications, épargna à ces princes l'entretien d'une
268 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
garnison qui leur coûtait plus que ce qu'ils retiraient des revenus de
leur principauté.
Au mois de mars 1665, le gouverneur que le roi avait mis dans
Orange remit cette place aux officiers du prince d'Orange en consé-
quence d'un ordre que le roi envoya. Mais dans la même année,
comme on connut que les fermiers de ce prince avaient beaucoup
augmenté le péage qu'il exige sur le Rhône , le sieur de Champigni ,
intendant du Dauphiné et du Lyonnais, y remédia par son ordon-
nance du 4 septembre 1665, qui fut confirmée par un arrêt du con-
seil du 26 novembre suivant.
Article du traité de Nimèguc, entre Louis XIV et les États généraux,
concernant le prince d'Orange (1678).
Encore que le prince d'Orange eût porté les armes contre Sa Ma-
jesté dès l'année 1672 en faveur des États généraux, le roi ne fit point
saisir les revenus de sa principauté jusqu'en l'année 1673, qu'après que
ce prince eut, nonobstant la proximité du sang qui le lie avec la mai-
son de Bouillon, demandé la confiscation du marquisat de Berg-op-Zoom
appartenant au comte d'Auvergne du chef de Madame, sa femme ; le
roi fit ausgi saisir la principauté d'Orange et tous les biens de cette
maison dont il donna les revenus au comte d'Auvergne.
Les choses demeurèrent en cet état jusqu'à l'assemblée de
Nimègue, où le prince d'Orange demanda d'intervenir au traité de
paix en qualité de prince souverain d'Orange; que, par le traité qui
serait fait entre le roi et lui, toutes choses fussent remises comme elles
étaient avant le 14 mai 1673; qu'en conséquence, le roi fît rétablir
son château, qu'il prétendait avoir été démoli; qu'on lui rendît l'artil-
lerie et les autres choses qui en avaient été enlevées, et les revenus
qui en avaient été touchés par les agents du comte d'Auvergne ; qu'il
fût remis en possession de son péage, même dans le droit de prendre
en espèce un minot par muid de sel qui passe sur le Rhône, de même
qu'il en jouissait en 1662, sans avoir égard à l'ordonnance et à l'arrêt
de 1665; qu'il eût juridiction sur les îles depuis la terre ferme de
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 269
l'État d'Orange jusqu'au grand canal du Rhône ; qu'il fût rétabli dans
le droit de nomination à Tévêché d'Orange; que toutes les monnaies
fabriquées à son coin eussent cours en France ; que les lettres d'évoca-
tion de nationalité accordées par Léon XIII, en 163/i, fussent confirmées;
enfin que ses terres d'Orpierres, Trezeleux, Montbrison et Carnigier,
situées en Dauphiné, fussent exemptes de passages de gens de guerre.
Le prince d'Orange n'obtint point de traiter directement avec
Sa Majesté en qualité de prince souverain, mais seulement que ce qui
le regarderait ferait partie du traité entre le roi et les États généraux.
Ainsi, comme le roi stipula par ce traité que le comte d'Auvergne
serait rétabli dans son marquisat de Berg-op-Zoom et dans tous les
droits dont il jouissait lors de la déclaration de la guerre, les États en
usèrent de même à l'égard du prince d'Orange, ayant souhaité que,
par un acte séparé qui aurait pareille force que s'il était inséré dans le
traité, le roi promît de remettre le prince d'Orange en possession de
sa principauté et des terres qui lui appartiennent en France, en
Franche-Comté, dans le Charolais, en Flandre et dans les autres pays
dépendant de la nomination de Sa Majesté, avec les mêmes droits et
au même état qu'il en jouissait avant qu'il en eût été dépossédé à
l'occasion de cette guerre.
Ainsi le prince d'Orange , n'ayant obtenu la restitution de sa
principauté que pour en jouir dans le même état auquel les choses se
trouvaient lorsqu'il fut dépossédé, il a été tacitement débouté de toutes
les demandes qu'il formait pour son rétablissement dans son péage
de la manière qu'il percevait ce droit en 1662, dans la nomination à
l'évêché d'Orange, et de 'tous les autres chefs contenus dans sa
demande dont j'ai rapporté un extrait.
CHAPITRE VIII
TRAITÉS ENTRE LES ROIS DE FRANCE ET LES DUCS DE LORRAINE
La Lorraine, en latin Lotharingia et en tudesque Loterreih, a pris
ce nom d'un neveu de Charles le Chauve nommé Lothaire le Jeune, à
qui ce pays et quelques autres circonvoisins tombèrent en partage ;
270 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
mais ce nom, qui fut d'abord donné en général à toutes les terres de la
dépendance de ce prince, est depuis demeuré particulièrement affecté
à la province qui était auparavant nommée Mosellane, à cause qu'elle
est traversée par la Moselle.
Lothaire mourut sans enfants légitimes; ses deux oncles, Charles
le Chauve , roi de France , et Louis , roi de Germanie , partagèrent
entre eux son royaume, en 870. Ce partage fut confirmé à Marsene-
sur-la-Meuse, en 879, entre Louis le Bègue, fils de Charles, et
Louis II, roi de Germanie.
Mais Louis le Bègue étant mort cette même année, quelques sei-
gneurs français qui prétendaient que ses fils, Louis et Carloman,
étaient bâtards, appelèrent Louis de Germanie pour le mettre en pos-
session du royaume de France ; tout ce que purent faire les seigneurs
qui tenaient le parti de ces jeunes princes fut d'accorder au roi de
Germanie la partie de la Lorraine que Charles le Chauve et Louis le
Bègue avaient possédée. Depuis ce temps-là, ce royaume a toujours
dépendu des rois de Germanie.
Il est vrai que Charles le Simple en recouvra une partie, et pré-
tendit que le reste lui appartenait, lorsque le royaume de Germanie
passa à des princes qui ne descendaient point de Charlemagne; mais
en 923, il l'abandonna à Henri, premier du nom, roi de Germanie,
pourvu qu'il le voulût assister contre Raoul, que les Français avaient
élu pour roi à son préjudice.
Charles fut confiné dans une prison où il mourut. Raoul ne
voulut point tenir cet abandonnement de la Lorraine, et en réduisit
une bonne partie sous son obéissance; enfin cette contestation fut
vidée par un traité fait à Reims, entre l'empereur Othon II et le
roi Lothaire, par lequel celui-ci céda la Lorraine à Tempereur en fief,
à ce que disent nos auteurs, de sorte que, suivant eux, la souverai-
neté en serait toujours demeurée au roi de France.
Cependant cet empereur la donna à titre de duché à Charles,
frère de Lothaire, qui lui en rendit hommage, ce qui irrita tellement
les Français qu'après la mort de Louis le Fainéant , son neveu , ils
élurent pour leur roi Hugues Capet qui n'était point de la maison
royale. Charles, à qui la couronne appartenait par le droit de sa nais-
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 271
sance, voulut s'emparer du royaume par les armes; mais il fut fait
prisonnier, et envoyé à Orléans ou il mourut , laissant la Lorraine à son
fils qui mourut sans enfants , de sorte que le duché àe Lorraine passa
dans une autre famille, et il ne paraît pas que les rois de la troisième
race y aient rien prétendu.
Dans la suite des temps (pour ne dire ici que ce qui peut servir
à mon sujet) , ce duché passa à un duc nommé Ferri, duquel nous
avons parlé ci-devant, qui épousa lolande, fille de René, roi de Sicile.
Ce prince, par son testament, laissa à sa fille son duché de Bar et à
son neveu Charles, comte du Maine, TAnjou, la Provence et ses pré-
tentions sur les royaumes de Sicile, de Jérusalem, d'Aragon, et autres.
Charles du Maine mourut en 1481 , ayant laissé pour son héritier uni-
versel Louis XI, roi de France, son cousin germain ; René, duc de Lor-
raine, fils de Ferri et d'Iolande, qui se trouvait lésé par ce testament,
demanda à Charles VI il et à Louis XII qu'ils lui remissent l'Anjou et
la Provence; mais ces deux rois ayant bien voulu s'en rapporter à des
juges, dont le duc de Lorraine convint, le testament fut confirmé, et
l'Anjou et la Provence furent adjugés à nos rois, de sorte que les
ducs de Lorraine se sont depuis contentés de mettre les armes de
tous ces royaumes et de l'Anjou dans Técusson de leurs armes, et de
prendre le titre de comtes de Provences , hormis dans les traités
qu'ils passent avec nos rois, dans lesquels ils mettent un et caetera
après.
Ce différend ne troubla point l'amitié qui était entre les rois de
France et ces ducs, de sorte que pendant les guerres entre Charles-
Quint et François P% Antoine, duc de Lorraine, sut se conserver
dans une parfaite neutralité , quoiqu'il eût marié son fils aîné Fran-
çois à Christine, fille de Christierne, second roi de Danemark, et de
Dorothée, sœur de Charles-Quint.
I.
Traité de Saint-Germain entre Henri IV et Cliarles HI, duc de LoiTaine (1594).
Quoique ce traité soit un peu antérieur à celui de Vervins, je ne
laisse pas que d'en faire mention, parce qu'il me donne lieu d'expli-
272 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
quer plusieurs sujets de contestations que nos rois peuvent avoir avec
les ducs de Lorraine.
Charles 111, fils de François, parvint à ce duché en 15&5, de
sorte que, de son temps, les rois de France devinrent plus voisins des
ducs de Lorraine par le droit de protection qu'ils acquirent en 1552
sur les villes et évêchés de Metz, ïoul et Verdun. Ce prince épousa
Claude, fille de Henri 11 et de Catherine de Médicis, et eut en ma-
riage tant en rentes qu'en argent 300,000 écus pour tous droits pa-
ternels et maternels auxquels il renonça moyennant cette somme.
Celte alliance lui attira beaucoup de grâces des rois de France
Charles IX et Henri 111, ses beaux-frères, dont le premier passa, le
25 janvier 1571, par-devant deux notaires du Chàtelet de Paris, une
transaction avec ce duc, par laquelle, pour terminer leurs différends
au sujet des droits de régale et de souveraineté dans les terres du
bailliage de Bar et des prévôtés de la Marche, Chatillon, Conllans
et Gondrecourt, ce roi les lui céda, tant pour lui que pour ses
descendants mâles, ce qui fut encore confirmé en 1575 par une
déclaration de Henri 111, qui ne se réserva que le droit de fief et de
ressort.
La reine Catherine de Médicis, voyant que tous ses fils n'avaient
point d'enfants, fit son possible pour porter Henri 111 à laisser plu-
tôt sa succession au fils du duc de Lorraine, son neveu, qu'au roi de
Navarre, qui n'était son parent qu'au dixième ou au onzième degré;
elle y aurait peut-être réussi, si le duc de Lorraine et son fils avaient
eu le courage aussi élevé et d'aussi grandes qualités que le duc de
Guise, leur cousin, qui travaillait de sa part pour s'assurer cette suc-
cession après la mort du roi.
Lorsqu'elle arriva, le duc de Lorraine voulut faire valoir les
droits que son fils avait à la couronne comme petit-fils d'Henri 11 et
neveu des trois derniers rois; il se lia avec les princes de sa maison
qui contestaient la couronne à Henri IV, s'empara de quelques places
sur les frontières de Champagne et de la forte place de Marsal qui
dépendait de l'évêché de Metz, dans laquelle les rois de France
avaient toujours entretenu une garnison à leur dépens, depuis qu'en
l'année 1556 l'évéque de Metz s'était mis sous la protection d'Henri H.
LIVRE IV. — CHAPITKE VIII. 273
Le duc espérait que le roi lui ferait des avîintages considérable^
pour acquérir la paix avec le chef de la maison qui lui faisait la
guerre ; il la fit négocier dès Tannée 1593, par le sieur de Bassompierre ;
cependant on fut plus d'une année sans pouvoir conclure le traité,
parce qu'outre plusieurs demandes qu'on ne lui contestait pas, ce duc
voulait faire valoir les droits qu'il avait de son chef sur l'Anjou et sur
la Provence, et ceux que ses enfants avaient du chef de la duchesse
leur mère, premièrement sur les comtés de Coucy et de Blois, que
Louis, duc d'Orléans, frère de Charles VI, avait acquis et qui étaient
possédés par Louis XII, bisaïeul de la duchesse, lorsqu'il parvint à
la couronne; en second lieu sur la Bretagne, qui était le patrimoine
d'Anne de Bretagne, femme de Louis XII et mère de Claude, de la-
quelle François 1" avait eu Henri II, père de la duchesse; enfin il
demandait la succession de Catherine de Médicis.
Le roi répoqdait à cela que la question touchant l'Anjou et la
Provence avait déjà été jugée depuis longtemps au désavantage des
ducs de Lorraine, que les comtés de Blois et de Coucy et le duché de
Bretagne avaient été réunis à la couronne, et que la duchesse avait
renoncé à la succession de ses père et mère, moyennant la dot qui
lui avait été donnée.
Ces difficultés et les grands avantages que le duc demandait
encore tant pour lui que pour ses enfants firent reculer le traité jus-
qu'au 15 novembre 1594, que le roi le conclut enfin, à Saint-Ger-
main-en-Laye, avec le duc, à condition qu'il lui ferait raison et à ses
enfants de la succession de Catherine de Médicis, sans préjudice de
ce que le duc prétendait, tant de son chef que du leur, sur les duchés
de Bretagne et d'Anjou, et sur les comtés de Provence, de Blois et
de Coucy ; que la ville de Marsal demeurerait en propre au duc et à
ses successeurs, ducs de Lorraine, en récompensant l'évêque au profit
de l'évêché; que le duc rendrait Jamets à la charge qu'on lui
donnerait Dun et Stenay en échange; que les droits de féodalité que
le duc prétendait sur Jamets seraient jugés par des commissaires
députés de part et d'autre ; que le roi ferait payer les rentes consti-
tuées pour la dot de la feue duchesse de Lorraine; enfin qu'il lui
ferait payer 900,000 écus, tant de pension que pour les dépenses
ir. 18
274 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
qu'il avait faites dans cette guerre, sur lesquelles Sa Majesté lui enga-
gerait 500,000 écus de son domaine.
II ne paraît pas que le duc ait eu aucune chose pour toutes ses
prétentions ; mais aussi il garda toujours Jamets et eut bon marché
de Marsal. Car, comme son fils, le cardinal de Lorraine, était alors
évêque de Metz, la récompense que le duc donna à l'évêc^é pour
Marsal ne consista presque qu'en un mémoire des dépenses faites
par le duc à la prise et défense de cette place pendant la Ligue.
Cependant, comme le roi voulait favoriser le duc, il approuva, par
un arrêt du conseil de l'année 1601 , le contrat d'échange fait entre
le duc de Lorraine et l'évêque de Metz, et ordonna qu'en conséquence
du traité de 1591 le duc demeurerait propriétaire de Marsal, sans
que Sa Majesté y conservât aucun droit, à condition que les terres
données en échange sortiraient pareille nature et seraient sous la pro-
tection de Sa Majesté comme était Marsal avant l'échange.
Le roi vécut depuis en fort bonne intelligence avec le duc ; il
donna même sa sœur, Catherine, en mariage à Henri, duc de Bar,
son fils, qui fut aussi depuis duc de Lorraine. Catherine étant morte
sans enfants, Henri se remaria, et, comme il n'avait que des filles, le
dessein du roi était de tâcher, s'il eût vécu, d'en marier l'aînée avec
le dauphin, son fils, pour réunir la Lorraine à la France, et donner
en même temps aux princes de Lorraine la qualité et les honneurs de
princes du sang pour les consoler.
Le duc se tint dans une entière neutralité, et vécut toujours en
bonne intelligence avec les rois de France et d'Espagne, de sorte que
je ne puis rapporter aucun traité qu'il ait fait avec nos rois pour
assurer son duché dans sa maison. Il maria sa fille aînée, Nicole, à
Charles, fils aîné du comte de Vaudemont, son frère, et mourut au
mois de juillet 1624. Le roi Louis XIÏI lui rendit ce témoignage :
qu'il perdait en sa personne le prince du monde le plus afi'ectionné à
la grandeur de la France.
UVRE IV. — CHAPITRE VIII. 275
II.
Traité de Vie, entre Louis Xm et Charles IV, pour remettre Marsal au roi
(janvier 1632).
Henri, duc de Lorraine, avait épousé en premières noces la
tante de Sa Majesté, et s'était toujours montré fort affectionné à la
France; aussi le roi le considérait-il particulièrement : ce qui avait
fait tolérer beaucoup d'usurpations faites par les ducs de Lorraine en
divers temps sur le territoire et les droits des trois évêchés de Metz,
Toui et Verdun enclavés dans leur souveraineté. Mais comme le roi
n'avait pas les mêmes sentiments pour son successeur, il donna, dès le
mois de novembre 1624, commission aux sieurs Le Bret, de Lorme
et du Pui de se transporter sur les lieux et d'informer de ces usur-
pations.
Ces commissaires, après une perquisition exacte des titres de ces
évêchés, trouvèrent que les anciens ducs de Lorraine, abusant de
l'autorité qu'ils avaient sur ces évêques, qui étaient le plus souvent de
leur maison, en avaient distrait sans aucun droit et contre toutes les
formes, tant avant que ces évêchés fussent sous la protection de Sa
Majesté que depuis ce temps, plusieurs fiefs et seigneuries très-con-
sidérables comme Nomexyin, Marsal, Épinal, Apremont, Saint-Avold
et plusieurs autres; de plus, que les ducs de Lorraine exigeaient sans
titre plusieurs droits des habitants des trois évêchés ; enfin que cej
ducs avaient fait unir les revenus de l'abbaye de Gorze à la primatiale
de Nancy, en avaient supprimé les religieux, et ôté les armes de
France des voûtes et des porches, quoique cette abbaye, voisine de
Metz, eût été fondée par nos rois, qui en étaient les protecteurs , et
qui, même avant Tan 1552, y établissaient des gouverneurs.
Ces commissaires prièrent le duc de vouloir aussi nommer des
commissaires de sa part pour conférer avec eux; mais, comme il n'en
voulut rien faire, ils décernèrent plusieurs ordonnances par lesquelles
ils déclarèrent qu'ils feraient rapport au roi de toutes ces aliénations
du domaine de ces évêchés* Cependant ils supprimèrent plusieurs
droits que le duc exigeait des habitants des trois évêchés.
Le duc fut extrêmement indigné de l'exactitude avec laquelle
276 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
cette commission avait été exécutée. Dans la crainte que le roi ne
voulut faire réunir au domaine de ces évêchés ce qui en avait été
aliéné, il ne songea plus qu'à s'unir à tous les ennemis du roi tant
étrangers que domestiques, afin qu'il eût tant d'affaires qu'il ne pût
point le troubler dans la possession de ces seigneuries. Sa mauvaise
volonté parut dès le temps du siège de La Rochelle ; ce duc se lia
avec les Anglais et avec le duc de Savoie pour en empêcher la prise,
ce qui fut découvert, lorsque Montaigu, ambassadeur d'Angleterre,
arrêté sur la frontière de la Lorraine, fut trouvé chargé des promesses
du duc d'entrer en armes en France, et de ses négociations avec les
huguenots rebelles du Languedoc et du Dauphiné. Non content de
cela, il entretenait d'une part les chagrins de la reine mère et de feu
M. le duc d'Orléans contre le cardinal de Richelieu, leur offrant ses
États pour s'y retirer en cas qu'il voulussent sortir de France; d'autre
part, après avoir insinué h l'empereur que Iç roi avait fait dans ces
évêchés plusieurs innovations préjudiciables à l'empire, il s'était saisi,
sous son nom,^de la ville de Moyenvic qui dépend de l'évêché de
Metz, et y avait même bâti une citadelle.
Lorsqu'on fit à Ratisbonne, en 1630, le traité touchant les affaires
de la succession de Mantoue, les commissaires de l'empereur firent
instance pour la réparation des innovations faites depuis peu par le
roi dans les terres des trois évêchés, au sujet de l'abbaye de Gorze, et
dans d'autres lieux dont le roi s'était saisi. Les ambassadeurs du roi
demandèrent au contraire la démolition du fort de Moyenvic, mais il
ne fut rien décidé sur ces contestations ; on convint seulement que,
comme à l'occasion de ces mouvements le duc de Lorraine avait levé
des troupes pour la conservation de son État, il serait compris dans
ce traité de paix et ne serait point molesté. Cet article fut ui>de ceux
qui empêchèrent la ratification de ce traité, le cardinal de Richelieu
prétendant qu'il ne fallait point comprendre dans le traité ce duc
avec qui le roi n'était point en guerre ; mais il y a apparence que le
mécontentement de la France de son procédé, et les vues que l'on
avait de ne le pas laisser longtemps en repos, étaient les principales
raisons de ce refus.
Quoi (ju'il en soit, les choses demeurèrent en cet état jusqu'à
LIVRE IV. — CHAPITRK VIII. 277
1631, que les Suédois avaient inondé ia plus grande partie des pro-
vinces de l'Allemagne, et même qu'ils entraient dans l'Alsace voisine
de ses États ; ce duc alors leva une armée considérable qu'il mena en
Alsace au secours de l'empereur, quoique avec peu de succès, puisque
une grande partie de son armée fut défaite par les Suédois.
Cette action déplut au roi, tant parce qu'il était allié du roi de
Suède, que parce qu'il craignait que ces hostilités ne fournissent un
prétexte à ce prince ambitieux d'entrer à main armée en Lorraine et
jusque sur les frontières de la France ; mais Sa Majesté fut encore
plus choquée lorsqu'elle apprit que M. le duc d'Orléans, son frère,
s'était retiré en Lorraine après que la reine mère eut été arrêtée à
Compiègne, et que le duc de Lorraine lui avait permis de lever des
troupes dans son pays, après avoir donné passage à d'autres , aux-
quelles il donnait la liberté de faire des entreprises sur les places
frontières du royaume.
Le roi, pour empêcher le progrès de ses desseins, ordonna aux
maréchaux de La Force et de Chatillon d'assurer Moyenvic au nom de
l'évêque de Metz ; il s'avança lui-même jusqu'à Metz, et, après s'être
rendu maître de Moyenvic et de Vie, il fit encore assiéger Marsal
comme un lieu qui dépendait, aussi bien que les précédents, de
l'évêché de Metz dont il était protecteur. Le duc de Lorraine, dans la
crainte que les armes du roi ne fondissent dans la suite sur la Lor-
raine même , vint à Metz pour se justifier auprès du roi ; mais
Sa Majesté voulut qu'il se déclarât nettement pour la France, qu'il
renonçât à son alliance avec la maison d'Autriche, et qu'il lui remît
Stenay et Marsal pour sûreté de sa parole. Ce duc, qui voyait l'armée
française au milieu de ses États, et de plus menacé par le roi de
Suède, contre lequel il ne pouvait se défendre qu'en se mettant sous
la protection du roi, se rendit à ce que Sa Majesté souhaitait.
Ainsi on fit à Vie, le dernier décembre 1631, un traité par
lequel le duc se départit de toutes les ligues qu'il avait faites au pré-
judice du roi et de ses États, comme aussi contre les traités d'alliance
entre le roi et celui de Suède, Sa Majesté et le duc de Bavière, pour
la défense de la liberté sur l'Allemagne, de la ligue catholique et des
alliés de Sa Majesté : il promit qu'il ne ferait à l'avenir aucune
278 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
alliance sans le consentement du roi ; quMl ferait retirer de ses États
tous les ennemis du roi et tous ceux qui étaient sortis de son royaume
contre son gré, et qu'il ne leur donnerait à l'avenir ni passage ni
retraite ; qu'il ne permettrait point qu'il se fît aucunes levées dans
ses États contre le service de Sa Majesté, ni qu'aucun de ses sujets
assistât ses ennemis; qu'il permettrait, à ceux qui seraient envoyés de
la part du roi, d'arrêter dans ses États les sujets de Sa Majesté qui
seraient rebelles ou accusés de crime d'État et de lèse-majesté ; qu'il
donnerait passage aux armées du roi en cas qu'il les fît passer en
Allemagne pour détourner l'orage qui menaçait d'une entière ruine
les électeurs catholiques et autres princes unis avec eux, et que même
il y joindrait au moins quatre mille hommes de pied et deux cents
chevaux. Le roi promit de sa part de protéger la personne et les
États du duc contre tous ceux qui les voudraient envahir sous quelque
prétexte que ce fût; qu'au cas que la guerre s'allumât en Allemagne,
comme il est dit ci-dessus , le duc aurait le tiers des places qu'on
prendrait ; enfin le duc convint qu'en considération de ce que le roi
le prenait sous sa protection envers tous et contre tous, il mettrait
entre les mains de Sa Majesté, par forme de dépôt, la place de Mar-
sal, sous la promesse que le roi lui fit de la lui rendre trois ans après
que le traité aurait été exécuté, consentant que le duc en reçût tou-
jours les revenus.
Le 6 janvier 1632, on ajouta un article séparé par lequel le duc
marquait premièrement que , par la renonciation à ses ligues portée
dans le traité, il entendait renoncer à toutes les alliances et confédé-
rations qu'il pouvait avoir faites avec l'empereur, le roi d'Espagne et
tous autres princes de la maison d'Autriche; en second lieu, que
lorsqu'il avait promis de faire retirer de ses États les ennemis du roi
et ceux qui étaient sortis de France contre son gré , il s'obligeait de
ne donner aucune retraite à Monsieur ni à la reine mère, ni à aucun
de leurs partisans.
Le roi aurait bien souhaité que le duc lui eût remis ses troupes,
qui étaient en garnison à Haguenau et dans d'autres places au deçà
du Rhin, mais il ne put jamais l'y faire condescendre.
Ce traité fut exécuté, Monsieur s'étant retiré de la Lorraine dans
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 279
les Pays-Bas, et le duc ayant remis Marsal entre les mains du roi.
Le roi de Suède était alors à Mayence dans la résolution d'en-
trer en Lorraine. Sa Majesté, pour l'en détourner, lui envoya donner
avis de ce traité, mais comme elle avait pris ce duc sous sa protection,
Gustave témoigna d'abord n'être pas fort dans le dessein de s'en
tenir à ce traité qui lui ôtait le moyen de se venger d'un prince qui
s'était déclaré son ennemi de gaieté de cœur ; néanmoins le maréchal
de Brezé Talla trouver de la part du roi, et lui fit agréer ce qui était
porté par ce traité en faveur du duc de Lorraine.
III.
Traité de Liverdun entre les mêmes, pour remettre au roi Steoay, Jamets et Clermont
(juin 1032).
Peu après que le duc eut fait ce traité avec le roi, il en fit un
autre avec l'empereur, le roi d'Espagne et M. le duc d'Orléans pour
tenter une invasion en France. Il leva des troupes pour les joindre à
l'armée de Monsieur, et donna passage à celles qu'il conduisit en
Languedoc. Le roi, en ayant eu des avis certains, prit toutes ces
actions pour des transgressions du traité de Vie, et, ayant envoyé le
maréchal de La Force à la suite de Monsieur, il avança vers la Lorraine
avec une armée de vingt-cinq mille hommes. Le duc, ainsi prévenu,
tâcha de se justifier, mais le roi, après avoir déclaré que ses soup-
çons étaient si bien fondés qu'il voulait que le duc désarmât et lui
mît encore d'autres places entre les mains pour sûreté de sa fidélité,
continua toujours son chemin, se saisit de Bar, de Saint-Mihiel, de
Pont-à-Mousson et de plusieurs autres lieux , et vint jusqu'à trois
lieues de Nancy; enfin, après diverses propositions, les sieurs de Ville,
premier gentilhomme de la chambre du duc , et Jeannin , son secré-
taire d'État, passèrent en son nom un second traité à Liverdun, le
20 juin 1632, avec le cardinal de Richelieu, au nom du roi, par
lequel le roi promit de rendre au duc les places qu'il avait prises sur
lui, à condition premièrement qu'il déposerait Stenay et Jamets entre
les mains du roi qui les garderait et y tiendrait garnison pendant
quatre années, pendant lesquelles le duc en recevrait les revenus; en
280 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
second lieu, qu'il céderait au roi la ville et vicomte de Clermonl pour
en jouir par Sa Majesté en toute propriété et souveraineté, attendu
qu'elle relevait de sa couronne, en payant au duc le prix dont on
conviendrait à raison du denier cinquante sur le pied du revenu, de
sorte qu'en attendant qu'il en eût touché le prix il continuerait d'en
recevoir les revenus; en troisième lieu, qu'il rendrait dans un an
hommage à Sa Majesté pour raison du Barrois ; en6n qu'il observe-
rait religieusement les cinq premiers articles du traité de Vie, et
qu'il ne laisserait passer par ses États aucunes troupes qui eussent
dessein d'agir contre les États du roi. A l'égard des différends mus
ou à mouvoir entre le roi et le duc pour raison de Metz, Toul,
Verdun et autres lieux, ils convinrent qu'ils seraient réglés à l'amiable
par des commissaires nommés de part et d'autre qui s'assembleraient
à Paris.
Par un article secret en date du même mois on convint que le
cardinal de Lorraine, frère du duc, viendrait le lendemain trouver le
roi pour demeurer en otage en tel lieu qu'il plairait à Sa Majesté, jus-
qu'à ce que Stenay, Jamets et Clermont fussent remis entre les mains
du roi, moyennant quoi le roi promit de n'entreprendre rien davantage
contre le duc.
En conséquence de ce traité, le cardinal de Lorraine vint trouver
le roi ; le duc y vint après qu'il eut remis entre les mains de Sa Majesté
les places mentionnées dans le traité.
IV.
Traité de Nancy entre les mêmes, pour remettre au roi Nancy et pour casser
le mariage de la princesse Marguerite (1633).
Lorsque le roi fit le traité de Liverdun avec le duc, il ne savait
pas que Monsieur eût épousé la princesse Marguerite, sœur du duc ;
ainsi il fut fort irrité contre le duc lorsqu'il apprit ce mariage qui lui
déplaisait extrêmement par rapport aux vues qu'il avait de marier ail-
leurs son frère. Le roi se plaignait encore avec justice de ce que le
duc, contre sa promesse portée au précédent traité, ne lui avait point
rendu hommage pour le duché de Bar, et n'avait point envoyé des
LIVRl!: JV. — CH/VPITRE VIII. 281
commissaires à Paris pour régler les contestations qu'ils avaient
ensemble pour les dépendances des évêchés de Metz, Toul et Verdun.
Mais ce qui acheva de résoudre le roi à retourner en Lorraine,
fut que le duc , sans avoir égard aux précédents traités , se ligua de
nouveau avec l'empereur contre la Suède, et attaqua les Suédpis alors
occupés au siège de Haguenau, en Alsace.
Le roi, pour procéder juridiquement, fit assigner le duc de Lor-
raine au parlement de Paris pour voir réunir le duché de Bar à la
couronne faute d'hommage rendu; le duc n'ayant point comparu, le.
parlement ordonna, par arrêt du 30 juillet 1633, que ce duché serait
saisi jusqu'à ce que le duc eût satisfait aux devoirs de vassal , et
commit, pour l'exécution de cet arrêt, le sieur de La Nauvé, conseiller
au parlement, auquel le roi donna une commission du grand sceau,
non-seulement pour exécuter l'arrêt du parlement, mais aussi pour
réunir à la couronne les droits royaux dans le Barrois, dont l'usage
avait été accordé au duc de Lorraine par les rois Charles IX et
Henri III, ce qui fut fait.
Le roi marcha ensuite en Lorraine avec une puissante armée ; le
duc voulut détourner cet orage prêt à fondre sur lui ; pour cet effet, il
envoya vers le roi, à Château-Thierry, où il était, le cardinal de Lor-
raine, son frère, qui offrit de la part du duc de Lorraine de faire
déclarer nul le mariage de Monsieur avec la princesse Marguerite, sa
sœur; de lui remettre la princesse entre les mains, et de faire rendre
par la duchesse la foi et hommage pour le duché de Bar, ainsi que le
roi l'avait souhaité lorsque le duc s'était rendu à Paris, en 1625,
pour lui rendre ce devoir. Le cardinal de Richelieu remontra que la
rupture du mariage de la princesse n'était pas au pouvoir du duc,
mais qu'outre cela le roi se plaignait qu'au préjudice des deux pré-
cédents traités, il s'était allié avec les étrangers, et que Sa Majesté ne
se pouvait plus fier à lui qu'en remettant Nancy en dépôt.
Le cardinal de Lorraine ne voulut pas consentir à cet article
sans le communiquer au duc ; il s'en retourna, et le roi continua sa
marche. Ce cardinal revînt, et offrit de laisser en dépôt La Motte, une
des plus fortes places de la Lorraine ; cette proposition, comme quel-
ques autres que le cardinal fit encore depuis, furent rejetées; le roi
282 HISTOIKE DES TRAITÉS DE PAIX.
mit le siège devant Nancy : alors le cardinal de Lorraine offrit d'abord
de remettre entre les mains du roi la ville neuve de Nancy, mais le
roi demanda encore la vieille; enfin il signa, comme procureur de
son frère, le 6 septembre 1633, un traité avec le cardinal de Riche-
lieu au nom du roi, par lequel le duc renonça à toutes alliances con-
traires à celles de France ; promit qu'il n'aurait plus à l'avenir aucunes
intelligences préjudiciables au roi, tant avec la maison d'Autriche
qu'avec tels particuliers que ce pussent être qui seraient hors des
bonnes grâces de Sa Majesté ; qu'il servirait le roi à l'avenir envers
tous et contre tous; qu'il ne ferait aucun armement pendant ces trou-
bles d'Allemagne sans le consentement exprès du roi ; qu'il désar-
merait aussitôt que Sa Majesté aurait parole du chancelier Oxenstiem
et de ses confédérés de ne rien entreprendre contre lui, et qu'ils
auraient retiré leurs armes de ses États, hormis des comtés de Saarver-
den et de Bockenheim, qu'ils avaient occupés depuis peu, se sou-
mettant à l'arbitrage du roi pour les droits qu'il avait sur ces comtés,
pourvu que le chancelier et ses confédérés en fissent de même ; qu'il
déposerait dans trois jours la ville de Nancy entre les mains du roi
qui y pourrait demeurer avec telle garnison que bon lui semblerait,
jusqu'à ce que la bonne conduite du duc et la pacification des trou-
bles ôtassent lieu d'appréhender que le duc recommençât ses entre-
prises, comme aussi jusqu'à ce que le mariage entre Monsieur et la
princesse Marguerite fût déclaré nul; enfin jusqu'à ce que tous les
différends entre le roi et le duc pour les États qu'il possédait fussent
terminés.
Ils convinrent que pour parvenir à la dissolution du mariage de
la princesse Marguerite, elle serait mise dans quinzaine entre les
mains du roi qui la laisserait dans Nancy ; que cependant la saisie
du duché de Bar tiendrait ; que le duc jouirait toujours des revenus
de son duché, même de ceux qu'il tirait de la ville de Nancy ; que le
cardinal de Lorraine pourrait toujours faire sa demeure dans Nancy
avec une compagnie de cent hommes pour sa garde ; qu'en ce cas,
la garnison fi-ançaise prendrait le mot du cardinal et se tiendrait
toute dans la nouvelle ville, n'occupant dans la vieille ville que les
deux bastions et la porte qui sépare les deux villes, en sorte néan-
LIVRE IV. — CHAPITRE VHI. 283
moins que les canons, armes et munitions de guerre qui étaient dans
l'ancienne ville seraient transportés dans la nouvelle; môme le roi
promit que si la guerre d'Allemagne durait plus de quatre années il
rendrait Nancy au duc, pourvu que les autres conditions portées par
ce traité fussent accomplies.
Articles accordés à Charmes entre les mêmes, pour le môme sujet (1633).
Ce traité ne fut point ratifié par le duc; cependant le cardinal
de Lorraine vint trouver le roi pour lui dire qu'il l'était; mais comme
dans la suite le roi se disposait à faire son entrée dans Nancy , ce
cardinal étant entré dans la ville , comme pour préparer les choses à
la réception de Sa Majesté, revint dire au roi qu'il ne trouvait pas
les choses encore bien disposées, comme il le souhaitait, parce que
le duc avait déclaré aux officiers qu'il ne faisait ce traité que par
force, qu'il ne prétendait point le tenir, et qu'il viendrait bientôt les
secourir avec le duc de Ferià, à la tête d'une puissante armée ; outre
cela, la princesse Marguerite s'était cependant sauvée à Thionville et
de là à Bruxelles, près du duc d'Orléans, son mari.
Ces nouvelles interrompirent la négociation ; mais peu après le
duc même souhaita de s'aboucher avec le cardinal de Richelieu , ce
qui se fit à Charmes, le 20 septembre suivant. Dans cette conférence,
ce cardinal remit l'esprit du duc qui avait de la jalousie contre son
frère le cardinal , et l'assura que le roi n'approuvait point qu'il se '
démît de son duché, après quoi il l'obligea de signer d'autres articles
par lesquels le duc ratifia le traité de Nancy, consentit que l'autre
porte de la vieille ville, appelée la porte de Notre-Dame, fût aussi
mise entre les mains du roi, et donna les mains à. la dissolution du
mariage de la princesse, sa sœur. Le roi, de sa part, agréa que le
duc pût demeurer dans Nancy avec tous les honneurs dus à sa qua-
lité de duc; que, conformément au précédent traité, son frère y
demeurât; et il promit de lui rendre Nancy après en avoir rasé les
fortifications, si bon lui semblait, en cas qu'il remît dans trois mois
284 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
cette princesse enlre les mains du roi qui serait tenu de la traiter
suivant sa qualité.
Le duc n'eut pas plutôt fait le traité de Charmes qu'il s'en
repentit, ce qu'on reconnut par une lettre qu'on intercepta lorsqu'il
vint à la cour après avoir signé ce traité ; ce qui fut cause qu'on lui
donna des gardes sous prétexte que son passe-port était expiré,
attendu qu'il ne l'avait eu que pour s'aboucher avec le cardinal de
Richelieu, et non pour venir en cour. Il ne fut mis en pleine liberté
qu'après que les troupes du roi furent dans Nancy, où elles entrèrent
le 24 du même mois; le roi même y entra le lendemain, et, après
avoir donné les ordres nécessaires pour la conservation de la place,
il s'en retourna à Paris.
VI.
Traité de Paris entre les mêmes, pour remettre le duc dans ses États (l&d).
Le duc de Lorraine ne put demeurer en repos; dans le dessein
où il était de prendre les armes pour le service de la maison d'Au-
triche, il crut avoir trouvé le secret de satisfaire sa passion, et de
conserver en même temps ses États dans sa famille, en les résignant,
comme il fit le 19 janvier 1634, au cardinal, son frère, qui en même
temps quitta le chapeau de cardinal et épousa la princesse Claude,
sœur de la duchesse, femme de son frère. Après cela, le duc sortit de
Lorraine avec ses troupes, et le nouveau duc s'étant aussi sauvé avec
sa femme dont le roi avait voulu s'assurer. Sa Majesté s'empara de
presque toute la Lorraine, se fit prêter le serment par tous ceux du
pays, en engagea plusieurs à servir dans ses armées, et fit confisquer
le bien de ceux qui continuèrent de porter les armes sous le duc
contre la France.
Cependant le duc, après avoir obtenu de l'empereur le titre de
duc de Wirtemberg et les patentes de général de ses armées, passa
en Allemagne près du roi de Hongrie, se trouva peu après à la
bataille de Nordlingen, fit tout son possible, en 1639, pour empêcher
la prisie de Brisach par le duc de Weimar.et par les Français, et servit
toujours avec beaucoup d'ardeur la maison d'Autriche contre le roi
jusqu'en l'année 1641.
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 285
L'occasion de son changement fut que le duc, devenu passion-
nément amoureux de la comtesse de Cantecroix , se mit en tête de
l'épouser, et répudia ia duchesse, sa femme, prétendant faire annuler
le mariage qu'il avait contracté avec elle. Le pape, auquel la duchesse
eut recours, avertit d'abord le duc de se séparer de la comtesse
jusqu'à ce que la nullité de son premier mariage fût jugée ; il
n'avait point obéi aux mandements du pape, qui fit publier contre le
duc et la comtesse des censures qui obligèrent le cardinal infant de
presser le duc d'obéir aux ordres de Sa Sainteté.
Le duc ne voulut pas abandonner la comtesse qui lui persuada
que le meilleur moyen de se mettre à couvert des poursuites du pape
et de retourner dans ses Etats était de faire la paix avec la France.
Ainsi il obtint un passe-port pour venir trouver le roi , auprès duquel
il se rendit à Paris, au mois de mars 164J : il fut très-bien reçu de
Sa Majesté et du cardinal de Richelieu; son plus grand désir était
que le roi approuvât son mariage avec la comtesse de Cantecroix, il
demandait une place forte en Lorraine où il la pût mettre en sûreté ;
mais le cardinal de Richelieu lui ayant répondu que c'était au pape
à prononcer sur la validité de son mariage avec la duchesse, on laissa
cette affaire sans y toucher, et ce cardinal conclut, le 29 du même
mois de mars, un traité avec le duc par lequel le roi lui pardonna
toutes les offenses qu'il lui avait faites; ils convinrent que le duc
serait désormais inviolablement attaché aux intérêts de la France, et
n'aurait aucune intelligence avec la maison d'Autriche; que le roi
remettrait le duc en possession du duché de Lorraine et de celui de Bar,
dont il rendrait présentement hommage au roi ; qu'il lui remettrait
aussi ses autres États à l'exception de la ville et du comté de Clermont,
des places et prévôtés de Stenay et de Jamets, et de la ville de Dun
qui demeureraient en propriété au roi et à ses successeurs ; que le
roi tiendrait la ville et la banlieue de Nancy en dépôt pendant la
guerre ; que Marsal serait rasé avant que d'être rendu au duc, et qu'il ne
pourrait jamais être fortifié; que le duc donnerait passage aux troupes
du roi ; qu'il joindrait ses troupes à celles de Sa Majesté à qui elles
feraient serment de le bien servir envers et contre tous; que le roi
les payerait pendant la campagne à condition qu'elles n'auraient
286 HISTOIRE DES TRAITÉS DE P\IX.
point de quartier d'hiver en France, mais en pays ennemi ou en Lor-
raine, à cinq lieues de Nancy ; que le duc ne saurait point mauvais
gré à ses sujets qui avaient servi le roi; que ceux auxquels le roi
avait donné des bénéfices en demeureraient possesseurs; que le roi
continuerait de pourvoir aux bénéfices et aux offices de la justice cri-
minelle de Nancy, tant que cette ville demeurerait en dépôt entre ses
mains ; que ceux dont le roi avait fait confisquer les biens y rentre-
raient, pourvu qu'ils ne demeurassent plus au service des ennemis de
Sa Majesté, en sorte néanmoins que ceux qui en avaient eu le don du
roi ne pourraient être inquiétés pour les jouissances qu'ils avaient eues
par le passé ; enfin on convint que le duc payerait à la duchesse
120,000 livres chaque année par forme de pension, en attendant que
le procès pour raison de leur mariage eût été vidé par le roi.
Outre ces articles publics, il y en eut encore de secrets qui por-
taient que le roi ne remettrait Nancy au duc qu'après en avoir fait
raser les fortifications ; que lorsque le duc ne serait point près du roi,
ni dans ses armées, il ne pourrait point demeurer à Lunéville, lieu
trop voisin de Nancy; qu'en quelque lieu qu'il demeurât il se com-
porterait en sorte que ceux qui seraient dans les places qui reste-
raient au roi n'en auraient point de jalousie ; qu'il fournirait de ses
forêts le bois nécessaire pour les corps de garde de Nancy ; enfin il
promit expressément qu'en cas qu'il contrevînt à la teneur de ces
articles secrets, les États que Sa Majesté lui remettait seraient dévolus
à la couronne.
Le roi et le duc jurèrent solennellement ce traité sur les saints
évangiles, le 2 avril 1641. Le duc, pour en commencer l'exécution,
rendit en personne hommage au roi pour son duché de Bar ; le roi,
de sa part, lui donna une bonne somme d'argent et des quartiers
pour ses troupes dans la Champagne.
Le duc, de retour en Lorraine , fit encore serment d'exécuter ce
traité et les articles secrets. Cependant il ne l'observa pas plus que
les précédents, car le roi n'ayant pas voulu que les Lorrains recon-
nussent la comtesse de Cantecroix pour leur duchesse, elle changea
entièrement l'esprit du duc, en sorte qu'il se mit à fortifier en dili-
gence la place de La Motte, et refusa de joindre ses troupes à celles
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 287
du roi. Sa Majesté, voyant qu^il ne prétendait pas tenir le traité qu'il
avait juré si solennellement, envoya en Lorraine le comte de Grancé
avec une armée qui s'empara facilement de Bar et de tout ce qu'on
lui avait rendu, où il n'y eut que Neuchâtel qui fit quelque" résistance.
Ainsi le duc, qui n'avait plus que fort peu de places en Lorraine qui
tinssent son parti, fut obligé de se retirer en Allemagne. Le roi pré-
tendit, après cette infraction du traité, que les États du duc étaient
dévolus à la couronne suivant la clause expresse h laquelle il s'était
soumis; il se fit reconnaître pour souverain et prêter serment de fidé-
lité par tous les Lorrains.
Vil.
Traité de Guénin entre les mêmes, pour le même sujet (1644).
Le duc passa donc en Allemagne où il assembla une armée con-
sidérable qu'il voulut commander lui-même, suivant qu'il lui serait
plus avantageux, sans recevoir les ordres des généraux de l'empe-
reur. Dans la suite il se saisit de plusieurs places de l'Alsace et sur
le Rhin, en sorte qu'outre Longwy et La Motte, en Lorraine, dont il
obligea les Français de lever le siège, il tenait encore en Allemagne
Spire, Vorras, Landau, Saarbruck, Lanshut, Herberstein et diverses
autres places, et avait de bonnes troupes à sa disposition.
Ces troupes servirent utilement pour le gain de la bataille de
Duttlingen, que les Français perdirent en Souabe vers la fin de l'année
1643, et dans laquelle le duc de Bavière fit sur eux cinq mille pri-
sonniers, outre le général Rantzau et plusieurs autres officiers.
Le duc de Lorraine crut que le mauvais état où étaient alors les
afl'aires des Français en Allemagne lui ferait obtenir des conditions
plus avantageuses qu'il n'en pouvait espérer en un autre temps; dans
cette vue il fit témoigner au roi, en 1644, qu'il souhaitait de rentrer
dans ses bonnes grâces. En effet, il ne pouvait prendre un temps plus
favorable pour lui, car, comme les Suédois étaient alors engagés dans
la guerre contre le Danemark, le roi avait lieu de craindre d'avoir
seul à supporter les efforts des Impériaux, des Bavarois et des Lor-
rains qui étaient les maîtres de la campagne près du Rhin, et qui
menaçaient les villes forestières et Brisach même.
288 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Ainsi, souhaitant d'attirer ce prince dans son parti, il lui envoya
le sieur Du Plessis-Besançon qui, après avoir eu* plusieurs disputes
avec lui, particulièrement sur ce que le roi voulait qu'il lui remît La
Motte entre les mains, et qu'il passât à son service contre ses enne-
mis, convint enfin à Guénin, le 24 juin de la même année, de plu-
sieurs articles, que le duc signa, et dont les principaux étaient que le
duc remettrait La Motte entre les mains du roi qui pourrait la raser
ou la garder par manière de dépôt jusqu'à la paix générale; que le
roi garderait aussi jusqu'à la paix la ville de Nancy et le château de
Clermont, duquel il pourrait faire raser les fortifications avant que
de le rendre au duc; que le roi pourrait retenir pour toujours la
ville et la citadelle de Stenay avec le château de Jamets et leurs
dépendances, à condition d'en récompenser le duc après la paix ;
que le roi ferait raser les fortifications de Marsal avant que de le
rendre au duc ; que le duc donnerait passage aux troupes du roi par
ses États; qu'il ne logerait point ses troupes plus près de Nancy
que de cinq lieues ; enfin qu'il ne pourrait fortifier les places qui
auraient été démolies. Moyennant ces conditions et quelques autres,
le roi promettait de remettre ce duc en possession de ses duchés de
Lorraine et de Bar, comme il en jouissait avant la guerre.
Par des articles secrets le duc renonça aux alliances qu'il avait
avec la maison d'Autriche et avec les autres ennemis du roi, promit
de servir le roi de sa personne et de ses troupes ; qu'elles prêteraient
serment de fidélité à Sa Majesté qui les payerait comme les autres
troupes de ses armées, en sorte qu'elles ne pourraient prendre de
quartiers d'hiver que dans le pays ennemi.
Outre ces articles, le duc voulait encore avpir une place consi-
dérable pour y mettre la comtesse de Cantecroix. Du Plessis-Besançon
y donna les mains, mais le duc, soutenant qu'il n'avait pas pouvoir de
lui accorder cela, ne voulut point signer le traité, et se rengagea
autant que jamais avec les Espagnols, qui, pour l'empêcher de traiter
avec le roi, lui faisaient espérer de lui donner bientôt le commande-
ment de leur armée en Flandre. Cependant ils ne purent empêcher
qu'au commencement de l'année suivante les français, sous la con-
duite du sieur Magalotti, ne prissent La Motte, qu'ils démantelèrent
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. . 289
par ordre de la cour qui jugea que la conservation en était inutile,
toute la Lorraine étant alors sous Tobéissance du roi.
VIII.
Négociation à Munster entre Louis XIV, d'une part, et Ferdinand ni et Philippe IV,
de Fautre, pour les intérêts du duc de Lorraine (1G48).
Lorsque, peu après la rupture entre Louis XIII, d'une part, et
l'empereur Ferdinand II et Philippe IV, de l'autre, le pape fit con-
venir les parties intéressées de s'assembler à Cologne pour y trai-
ter de la paix, le roi ne fit point de difficulté d'accorder des passe-
ports au duc de Lorraine ; mais cette négociation ayant été rompue
lorsqu'on recommença depuis à traiter à Hambourg en 1641 des pré-
liminaires de la paix, le roi ne voulut point donner un nouveau passe-
port pour le duc de Lorraine : premièrement, parce que ce duc s'était
raccommodé avec le roi et qu'ainsi il n'avait plus rien à démêler
avec lui ; en second lieu, parce que ce prince , ayant encore renoncé
par le traité de Paris, ainsi que par les précédents, à l'alliance qu'il
avait contractée avec la maison d'Autriche , elle ne le pouvait plus
compter parmi ses alliés ni demander un passe-port pour lui en cette
qualité. Cette raison fut jugée si forte que, par le traité préliminaire
de Hambourg du mois de décembre 1641, ce duc ne fut point
nommé parmi les alliés de la maison d'Autriche auxquels le roi
devait donner des passe-ports; ainsi il fut tacitement exclu de ce
traité.
L'empereur et le roi d'Espagne ne laissèrent pas d'agir puis-
samment pour ses intérêts dans l'assemblée de Munster ; mais comme
le roi prétendait qu'en vertu du traité de Paris de l'année 1641 tous
les États de ce duc étaient dévolus à la couronne, et que d'ailleurs il
avait été trompé tant de fois par le duc de Lorraine qu'il ne pouvait
plus se résoudre à se fier à lui, tout ce qu'on put obtenir de Sa Majesté
fut que, pourvu que le duc voulût désarmer et se retirer en Italie ou
en Allemagne, le roi lui assignerait de quoi vivre suivant sa condition,
et que, s'il se conduisait pendant dix années à la pleine satisfaction
de la France , Sa Majesté lui rendrait alors l'ancien duché de Lor-
n. 19
290 . HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
raine après en avoir démoli les places, ou bien lui donnerait un autre
État de pareille valeur, à l'option de Sa Majesté.
Le duc de Lorraine et les princes qui prenaient soin de ses inté-
rêts ayant refusé d'accepter ces conditions, on remit cette affaire à la
fin de la négociation, lorsque les différends qui étaient entre les par-
ties mêmes auraient été terminés ; ainsi on parla plus fortement que
jamais de cette affaire vers la fin de l'année 1647, lorsque les pléni-
potentiaires des États généraux, déjà presque d'accord de toutes choses
avec les Espagnols, s'entremettaient pour les faire convenir avec les
Français des articles qui étaient encore indécis, entre lesquels était
celui qui regardait le duc de Lorraine que les Espagnols déclaraient
ne vouloir point abandonner; de sorte qu'ils étaient disposés de
rompre le traité si la France ne lui voulait rien offrir de plus avanta-
geux, et voulaient se réserver la liberté de le secourir contre le roi,
quand même ils feraient la paix sans lui. Les ministres de Sa Majesté
refusèrent d'insérer cette dernière condition dans le traité, par lequel
ils prétendaient que les Espagnols renonçassent à la liberté de l'as-
sister.
Enfin Knuit, un des plénipotentiaires des États, proposa, pour
accommoder ce différend, que le roi rendît pour lors au duc ce qu'il
lui voulait bien rendre dans dix ans, savoir l'ancienne Lorraine, en
retenant ce qui dépendait de la couronne de France et des trois évê-
chés, sous la promesse que les Espagnols feraient de ne point assister
le duc s'il voulait troubler le roi dans la possession de ce qui resterait
à Sa Majesté et avec la garantie des États généraux.
Les plénipotentiaires de France se trouvèrent d'un sentiment
opposé sur celte proposition. Le duc de Longueville et le comte
d'Avaux étaient d'avis de l'accepter; le sieur Servien soutenait au
contraire que la France devait conserver toute la Lorraine en vertu du
traité de 16H. Us convinrent d'en écrire en cour pour savoir la der-
nière résolution du roi. L'affaire proposée au conseil, le cardinal
Mazarin fit réponse, suivant la délibération qui y fut prise, que, quoique
l'intérêt d'État dût empêcher le roi de remettre dès à présent, à un
prince duquel on avait tant de raison de se défier, un État qui appar-
tenait à la France par un si juste titre et qui lui était si nécessaire
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 291
pour la conservation des trois évêchés et de T Alsace, néannioins Sa
Majesté voulait bien accepter le parti proposé par le sieur Knuit, s'il
n'y avait plus que cela qui retardât la paix, à condition que les Hol-
landais rentreraient en guerre si les Espagnols ne voulaient pas faire
la paix.
Comme les Espagnols, après avoir fait résoudre les États à faire
une paix particulière avec eux, ne se souciaient plus de la faire avec
la France, ils firent de nouvelles difficultés sur la Lorraine, voulant
qu'elle fût rendue au duc en l'état auquel elle était alors, au lieu que
le roi n'avait jamais offert de la rendre, sinon après que les places
fortes auraient été démolies. Ce fut donc sur ce point que roula la
difficulté et sur lequel les Français ne voulurent point s'en rapporter à
des arbitres, ainsi que les plénipotentiaires des États leur proposèrent
le jour même qu'ils signèrent le traité de paix avec l'Espagne.
Les plénipotentiaires des États, en faisant cette signature, tirè-
rent une promesse de ceux de l'Espagne, portant que, dans les deux
mois qui devaient s'écouler jusqu'à la ratification du traité, ils pour-
raient toujours s'entremettre d'ajuster les points indécis, surtout celui
de la Lorraine, sur lequel les ambassadeurs écriraient chacun à leur
roi. En effet, ils continuèrent toujours de tâcher de faire approcher
les uns et les autres; les Français relâchèrent jusqu'à se contenter de
la démolition de six places de l'ancienne Lorraine; mais cela ne servit
de rien : les Espagnols voulant que Stenay, Clermont et Jamels fussent
de l'ancienne Lorraine. La chose en demeura là ; le traité de paix
entre l'Espagne et les Provinces- Unies fut ratifié, et le comte de
Pegnaranda s'étant retiré à Munster, la négociation pour la paix entre
la France et l'Espagne s'évanouit peu à peu. On ne continua de trai-
ter à Munster que celle entre l'empereur et le roi, qui fut conclue'
le 24 octobre 1648, par laquelle on convint que le différend pour la
Lorraine serait remis à des arbitres, ou terminé par le traité entre la
France et l'Espagne , ou par quelque autre voie amiable , sans que
l'empereur ni aucun autre prince de l'empire s'en pussent mêler par
la voie des armes.
Ainsi le duc de Lorraine, abandonné par l'empereur et par tous
les princes de l'empire, se jeta entre les bras des Espagnols et les ser-
292 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
vit avec son armée moyennant certains subsides qu'ils lui fournissaient
par des traités qu'ils faisaient avec lui d'année en année.
IX ET X.
Traités de Paris et de Villeneuve-Saint-Georges entre les mêmes , poar retirer
son armée de France (1652).
Le duc de Lorraine promit aux Espagnols, en l'année 1652, de
faire lever le siège d'Étampes, oîi le vicomte de Turenne, général de
l'armée du roi, tenait l'armée des princes assiégée. 11 entra en France
avec une armée de neuf mille hommes, et, les ayant laissés à Lagny,
il vint à Paris oii le duc d'Orléans et le prince de Condé le reçurent
parfaitement bien , dans l'espérance que sa présence leur procurerait
de grands avantages, et que non-seulement il ferait lever le siège
d'Étampes, ce qui n'était guère difficile, l'armée assiégée étant de
fort peu inférieure à celle qui assiégeait, mais encore qu'il leur aide-
rait à défaire l'armée du roi et à ruiner le parti contraire.
Tous leurs desseins furent rompus par la duchesse de Chevreuse,
femme d'un prince de la maison de Lorraine. Cette princesse intri-
gante, se servant à propos de la jalousie que les princes de la maison
de Lorraine ont naturellement contre les princes du sang, fit com-
prendre au duc qu'il était contre son intérêt de contribuer à l'éléva-
tion du prince de Condé, puisque cela ne servirait qu'à faire acquérir
à ce prince encore plus de crédit auprès des Espagnols et à diminuer
la considération qu'ils avaient pour lui. Ayant ainsi ébranlé le duc,
elle lui fit voir le sieur de Châteauneuf qui, après avoir écrit en cour
et obtenu un plein pouvoir du roi , conclut à Paris un traité avec le
duc, par lequel le roi, pour dégager la parole du duc, promit de faire
lever le siège d'Étampes ; le duc s'obligea de faire sortir ses troupes
du royaume dès le lendemain que le vicomte de Turenne se serait
retiré de devant Étampes, moyennant quoi on lui fournirait des vivres
et des étapes.
Le siège d'Étampes fut levé en conséquence de ce traité; néan-
moins, les princes ayant obtenu du duc une promesse par écrit qu'il
ne se retirerait point que leur armée qui était dans Étampes ne fût en
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 293
sûreté, le vicomte de Turenne, qui craignait que ces deux armées ne
se joignissent, marcha le 17 juin vers l'armée du duc, à dessein de le
combattre. Le duc, s'étant retiré à Villeneuve-Saint-Qeorges, se plai-
gnit de ce qu'on le voulait attaquer au préjudice du traité; mais le
vicomte de Turenne répondit que c'était lui-même qui y avait man-
qué, puisque le siège d'Étampes était levé et qu'il n'avait pas encore
pris le chemin pour sortir du royaume : il ne lui donna que quatre
heures pour se résoudre, après lesquelles ce duc n'ayant rien mandé,
l'armée du roi se mit en devoir d'attaquer les Lorrains.
Le duc, dans la crainte que son armée, qui faisait tout son bien,
ne fût défaite, manda au vicomte de Turenne qu'il était prêt de tenir
le traité ; mais ce général lui fit réponse que les choses n'en étaient
plus dans ces termes, et qu'il fallait attaquer s'il ne lui cédait le pont
de bateaux qu'il avait fait bâtir sur la Seine, et s'il ne partait inces-
samment pour sortir de France en quinze jours par le chemin qu'on
lui marquerait. Le duc aurait bien voulu tirer les choses en longueur;
mais le vicomte de Turenne lui ayant fait déclarer qu'il allait faire
sonner la charge s'il n'acceptait dans le moment les conditions qu'il
lui avait proposées, il s'y résolut et consentit à tout ce qu'on voulut, à
condition qu'on ne se servirait point dans l'instant de son pont pour
aller attaquer l'armée des princes, qu'on donnerait un passe-port aux
troupes des princes qui étaient dans son armée, afin qu'elles pussent
se retirer à Paris, et qu'on lui assignerait des étapes pendant les
quinze jours qu'on lui donnait pour se retirer.
Ainsi ce second traité fut conclu fort glorieusement pour le
vicomte de Turenne à la tête des deux armées. Les Lorrains furent
obligés, l'épée dans les reins, de prendre en même temps le chemin
de Brie-Comte-Robert, après qu'on se fut donné des otages de part
et d'autre.
XI.
Traité de Compiègne entre les mêmes, pour faire passer son armôe
au service de la France.
Le duc de Lorraine prétendit avoir rendu un signalé service à
l'Espagne en faisant lever le siège d'Étampes sans hasarder son
294 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
armée. Il se faisait un mérite d'avoir évité de donner une bataille
dont le succès, favorable ou contraire, leur faisait également, selon
lui, perdre le prince de Condé, puisqu'au premier cas la cour lui
aurait tout accordé, et qu'au second il se serait soumis à tout ce que
la cour aurait souhaité de lui. Ce raisonnement ne contenta pas néan-
moins les Espagnols qui soupçonnaient sa fidélité : ils le firent si bien
épier qu'ils découvrirent la correspondance qu'il entretenait avec le
cardinal Mazarin pour passer au service de la France avec ses
troupes. Convaincus de sa trahison, ils le firent arrêter en 1654 sous
prétexte des grands désordres que ses troupes commettaient dans les
États de l'empire voisins des Pays-Bas, où il leur donnait des quar-
tiers d'hiver de vive force, fondé sur une patente de général de l'em-
pereur qu'il avait eue autrefois. Ce duc fut premièrement conduit au
château d'Anvers, de là en Espagne au château de Tolède.
Le duc François, son frère, qui vint prendre le commandement
de l'armée lorraine, n'eut pas moins de jalousie que son frère de voir
les places de Stenay et de Clermont, autrefois dépendantes de la Lor-
raine, entre les mains du prince de Condé, et que toutes les conquêtes
qu'on ferait en France seraient pour ce prince. Ainsi il agit faible-
ment pour les Espagnols pendant qu'il fut à leur service. Peu après,
lorsque le duc Charles traita de remettre toutes ses troupes au roi
d'Espagne pour recouvrer sa liberté, ce prince jugea cette démarche
trop préjudiciable à sa maison qui n'avait plus que cette armée pour
tout bien; il résolut donc de la mener au service de la France, comme
il fit en l'année 1655, dans l'espérance de mieux trouver ses propres
avantages et ceux de ses enfants. Arrivé aux environs de Guise, il
envoya à Compiègne, où la cour était alors, le marquis de Beau veau
et Rolin, son secrétaire, pour faire avec Sa Majesté un traité qui lui
fût avantageux.
Le duc de Guise, averti de bonne heure de la sortie du duc
François hors des États du roi d'Espagne, persuada à la duchesse de
Lorraine qu'elle devait empêcher qu'on ne fît aucun traité préjudi-
ciable au duc, son mari, et à elle-même, qui devait en son absence
avoir la disposition de toutes ses affaires ; ainsi, ayant eu une procu-
ration de la duchesse, il se rendit en diligence à Compiègne où il
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 295
passa, au nom de celte duchesse, comme procuratrice de son mari et
régente en son absence, un traité avec les commissaires du roi par
lequel ses troupes furent reçues au service de Sa Majesté, et on régla
le payement et les quartiers d'hiver qu'on leur donnerait, de sorte
qu'elle eut la direction des troupes et des places que le duc possédait
encore.
Xll.
Articles do traité des Pyrénées entre Louis XTV et Philippe IV, pour le rétablissement
da duc de Lorraine (1659).
Nous venons de voir que l'article pour la restitution de la Lor-
raine avait fait une des principales diiTicultés de la négociation de
Munster avec les Espagnols, et que le traité fait en cette môme ville
entre l'empereur et le roi de France avait renvoyé cette affaire au
traité entre la France et l'Espagne. Ainsi, lorsque le cardinal Mazarin
et don Luis de Haro traitèrent cette paix près des Pyrénées, les affaires
du duc de Lorraine tinrent plusieurs conférences. Enfin , après qu'ils
eurent réglé toutes les conditions du rétablissement du duc, ils les
insérèrent dans le traité entre les deux couronnes depuis le 62*
jusqu'au 78* article.
Par ces articles, ils convinrent que le roi recevrait le duc dans
ses bonnes grâces, et que, sans s'arrêter aux traités faits entre le feu
roi et lui, il le remettrait en possession du duché de Lorraine après
avoir démoli les fortifications des doux villes de Nancy et en avoir
retiré l'artillerie et les munitions de guerre ; qu'il le remettrait aussi
en possession des lieux qui dépendaient des évéchés de Metz, Toul et
Verdun, et de tout ce qu'il avait autrefois possédé, à la réserve de
ce qui suit, qui serait pour jamais incorporé à la France, savoir : pre-
mièrent, de Moyenvic, qui dépendait de l'empire et qui avait été cédé
au roi par le traité de Munster; en second lieu, du duché de Bar,
tant de la partie qui était mouvante de la couronne de France que de
celle qui n'en était point mouvante, même de ce que les ducs de Bar
avaient dans le lieu et prévôté de Marville ; enfin du comté de Cler-
mont et de son domaine, et des places et prévôtés de Stenay, Dun et
Jamets, avec tous leurs revenus et les territoires qui en dépendaient;
296 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
que le duc, avant qu'aucune place lui fût restituée, donnerait au roi des
actes de renonciation et cession de tous ces lieux et pays que le roi se
réservait, sans qu'il pût rien demander de ce que le feu roi avait pro-
mis, par le traité de Liverdun, de lui payer pour le domaine du
comté de Clermont; que le duc et les autres princes de sa maison
seraient tenus de licencier leurs troupes lorsqu'on publierait la paix et
ne pourraient demeurer armés; qu'avant son rétablissement, il donne-
rait encore au roi trois actes, par le premier desquels il renoncerait à
toutes les ligues qu'il avait faites contre la France, avec promesse
qu'à l'avenir il ne donnerait aucune retraite dans ses États à ses enne-
mis ni à ses sujets rebelles, révoltés ou qui lui seraient suspects, et
qu'il ne permettrait point qu'il y fût fait aucune levée ou amas de
gens de guerre contre son service ; que, par le second acte, il pro-
mettait pour lui et pour ses successeurs de donner passage par ses
États aux troupes de Sa Majesté et de ses successeurs, et de leur
faire fournir les vivres et les logements par étape en payant leurs
dépenses au prix courant, bien entendu que ce ne serait que de sim-
ples marches à journées réglées sans pouvoir séjourner dans ses États;
que, par le troisième acte, il promettait encore pour lui et pour ses
successeurs de faire fournir par les fermiers des salines de Rozières,
Château-Salins, Dieuse etMarsal, tout le sel nécessaire pour la fourni-
ture des greniers qu'il serait besoin de remplir pour l'usage des sujets
de Sa Majesté dans les trois évêchés, les duché de Bar, comté de
Clermont, et Stenay, Jamets et Dun, et cela au même prix que ce duc
le fournissait aux greniers de l'évêché de Metz la dernière année qu'il
avait été en possession de tous ses États, sans que lui ni ses succes-
seurs en pussent augmenter le prix ; que le duc ne ferait aucun mau-
vais traitement à ses sujets qui avaient servi le feu roi et Sa Majesté,
et qu'il leur payerait ce qu'il pourrait leur devoir; qu'il ne pourrait
apporter aucun changement aux provisions des bénéfices donnés par
ces deux rois jusqu'au jour de ce traité; que les confiscations qu'ils
avaient données des biens de ceux qui portaient les armes contre leurs
Majestés seraient valables pour la jouissance jusqu'au jour de la
signature de ce traité; que tous les jugements et arrêts donnés par le
conseil et autres officiers du roi , pour raison des procès poursuivis
LIVRE IV. — CHAPITRE Vlll. 297
par les sujets des duchés de Lorraine et de Bar et autres pays pen-
dant le temps qu'ils avaient été sous l'obéissance du roi, sortiraient
leur plein effet, sauf aux parties à se pourvoir par révision de la
cause ; que les grâces remises et les aliénations faites par ces deux
rois des choses qui leur étaient échues et leur avaient été adjugées
autrement que pour confiscation sur ceux qui avaient porté les armes
pour le duc seraient bonnes et valables; que le duc ne pourrait aussi
inquiéter les chefs qui auraient prêté foi et hommage au roi et qui lui
en auraient payé les droits seigneuriaux ou qui en auraient obtenu la
remise ; que si le duc n'acceptait pas ce traité, le roi ne serait point
tenu d'en observer aucun des articles, et que, sMl y contrevenait ci-
après, le roi rentrerait dans les droits qu'il avait sur la Lorraine par
les traités faits entre le feu roi et le duc ; que le roi ne serait tenu à ce
rétablissement du duc qu'après que l'empereur aurait approuvé, par
un acte authentique qui serait mis entre les mains de Sa Majesté, tous
les articles de ce traité qui regardaient le duc de Lorraine ; que le
roi d'Espagne procurerait près de l'Empereur la prompte expédition
de cet acte et en obtiendrait en faveur de Sa Majesté, si elle le dési-
rait, l'investiture de ce qui se trouverait relever de l'empire parmi les
choses cédées au roi de France par ce traité ; enfin, par l'article 121,
il était dit que ce rétablissement du duc se ferait dans les quatre
mois, en cas que dans ce temps le duc eût fourni, outre son accepta-
tion, tous les autres actes mentionnés ci-dessus.
Le duc était prisonnier dans le château de Tolède lorsque ces
deux premiers ministres réglaient ainsi les affaires sans lui demander
son consentement. Après qu'ils furent d'accord de toutes choses, il
fut mis en liberté, et on lui fit dire qu'il pouvait se rendre à la con-
férence et partout ailleurs que bon lui semblerait. 11 partit sans pou-
voir saluer le roi d'Espagne, et s'étant rendu au lieu de la conférence,
lorsque don Luis de Haro lui rendit compte de ce qui avait été résolu
à son égard, il témoigna en être très-mal satisfait, et protesta de vive
voix et par écrit contre tout ce qui avait été conclu par ces deux
ministres, prétendant qu'il ne leur en avait donné aucun pouvoir et
qu'ils ne l'avaient pu faire sans s'informer de lui s'il y consentait.
Ainsi, se plaignant des Espagnols qui avaient si mal payé les services
298 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
quMl leur avait rendus durant trente années, il passa au quartier des
Français , desquels il déclara qu'il espérait être mieux traité, quoi-
qu'ils fussent ses ennemis, qu'il ne l'avait été de ceux pour l'amour
desquels il avait perdu tous ses États. En effet, il fut très-bien reçu
par le cardinal Mazarin ; mais comme il vit qu'on ne voulait rien
changer aux choses qui avaient été résolues, il ne voulut point se trou-
ver sur les lieux lorsqu'on signerait le traité; il prit donc le parti de
s'en aller à Paris, où il passa quelques mois.
XIII.
Second traité de Paris entre Louis XIV et le duc Charles , pour le même sujet
(16C1).
Le duc de Lorraine, s'étant rendu au printemps de l'année sui-
vante à Avignon où la cour se trouvait alors, fut très-bien reçu du
roi et de la reine, et après avoir fait de grandes instances pour qu'on
fit un nouveau traité avec lui sans s'arrêter au traité des Pyrénées,
on lui donna le sieur de Lionne pour en conférer avec lui. Ce ministre
lui offrit de lui laisser Nancy en l'état qu'il était alors, mais néan-
moins avec une garnison française jusqu'à ce que le roi fût bien assuré
de sa fidélité ; d'autre part, le duc offrait d'entretenir, lorsqu'il serait
remis dans tous ses États , mille chevaux et trois mille hommes de
pied pour le service du roi partout où il serait nécessaire , ce qu'il
croyait ne devoir pas refuser dans un temps où Tempereur étant
entré en guerre contre le roi de Suède, Sa Majesté pouvait craindre
qu'il eût dessein de ne pas tenir le traité de Munster; mais la Cour
ayant été suffisamment éclaircie que l'empereur n'était point dans le
dessein de rompre avec la France, et le roi de Suède étant mort dans
ces entrefaites, on ne s'arrêta pas aux offres du duc, auquel on donna
seulement le choix de rentrer dans Nancy démantelé ou en l'état qu'il
était avec garnison française ; enfin , on remit à traiter avec lui à
Paris lorsque le roi y serait de retour après son mariage.
Le roi revenu à Paris au mois d'août 1660, on recommença peu
après de traiter avec le duc, qui soutenait toujours que les articles
touchant la Lorrraine, insérés par les plénipotentiaires dans le traité
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 299
des Pyrénées , obligeaient bien les deux rois , mais qu'ils ne l'obli-
geaient nullement, n'ayant donné aucun pouvoir aux deux plénipo-
tentiaires de traiter de ses intérêts; au contraire, s'étant, aussitôt
qu'il avait pu venir au lieu des conférences, opposé formellement à
ce que les articles qui le regardaient fussent compris dans le traité de
paix. Le roi, considérant ces raisons du duc et le voulant attacher
entièrement à ses intérêts, surtout en considération des princes de
sa maison qui étaient au service de Sa Majesté, résolut de le traiter
plus favorablement qu'il n'était porté par les articles du traité des
Pyrénées.
Ainsi le roi et ce duc firent un traité à Paris le dernier février
1661, par lequel ils confirmèrent les articles du traité des Pyrénées
depuis le 62 jusqu'au 78 inclusivement, à moins qu'il n'y fût dérogé
par celui-ci. Us convinrent que, suivant le traité des Pyrénées, le roi
pourrait faire démolir toutes les fortifications de Nancy et qu'il en
emporterait le canon, la poudre et les armes, sans que le duc en pût
rétablir les fortifications; que le roi retiendrait encore Moyenvic, le
comté de Clermont, et les villes et bailliages de Stenay et de Jamets
avec leurs dépendances ; que le roi remettrait au duc le duché de Bar
pour en jouir ainsi que le duc Henri avait fait.
D'autre part, le duc coda au roi en toute souveraineté et pro-
priété : premièrement, Sierck, sur les frontières du Luxembourg, au-
dessus de Thionville, avec trente villages de ceux qui en dépendent,
au choix de Sa Majesté; deuxièmement, Causemans, Sarrebruck ou
Sarrebourg et Phaisbourg sur les frontières d'Alsace ; troisièmement,
la partie de la prévôté de Marville qui dépendait du duché de Bar,
l'autre moitié ayant déjà été cédée à Sa Majesté par le roi d'Espagne
comme duc de Luxembourg; quatrièmement, tous les droits qu'il
avait sur l'abbaye de Gorze, laquelle serait séparée de l'église de
Nancy à laquelle elle avait été unie, en sorte que le roi, tant en vertu
de ses anciens droits que de cette cession, aurait la disposition et la
collation de cette abbaye et en serait reconnu pour le souverain, con-
sentant néanmoins que, pour récompenser l'église de Nancy de cette
séparation , l'abbaye de l'Isle, dans le Barrois, lui fût unie ; cinquiè-
mement, Malatour, enclavé dans l'évêché de Metz; sixièmement,
300 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Marcheville, Harville, La Bouville et Mézerai, entre les évêchés de
Metz et de Verdun, qui servaient au roi pour aller des terres d'un de ces
évêchés dans l'autre sans passer sur les terres du duc ; septièmement,
Sishoff, Frankhof et Montesin, situés près de la Sarre, avec leurs juri-
dictions; huitièmement, les salines de Moyenvic, qui appartenaient
au duc par l'échange fait en 1627 entre Charles, duc de Lorraine,
et l'évéque de Metz , Sa Majesté promettant néanmoins de n'y faire
faire aucun sel, et que, si elle y en voulait faire faire à l'avenir pour
l'usage de ses sujets, elle payerait à l'évéque de Metz la moitié des
quatre cents muids de sel et des 30,000 livres tournois ou 45,000 francs
de Lorraine que les ducs de Lorraine sont tenus par cette transaction
de leur payer à cause de l'échange des salines de Moyenvic et de
Marsal, mais que tant que le roi n'y ferait point faire de sel, le duc
dé Lorraine payerait le tout; neuvièmement, le chemin de Cosse à
Berme, et généralement tout ce qu'il pouvait avoir dans Sogne, Mou-
cheu, Gramecei, Cambrai et Bourtibourt, au deçà de Vie, comme
aussi Lezé, Donnelai, Ormanges, Assandange, Goudressange , Hen-
ningen, près de Kaufinans, Sarrebruck, puis Médeuville, Courserode
et Garbourg, près de Phalsbourg, en sorte que les troupes du roi
pussent aller sur ses terres depuis Metz jusqu'en Alsace sans passer
sur les terres du duc. Ils convinrent que ce chemin commencerait au
dernier village du pays messin, entre Metz et Vie, et s'étendrait jus-
qu'à Phalsbourg inclusivement, et que, dans la largeur d'une demi-
lieue de Lorraine, tous les bourgs et villages nommés dans le traité
avec leurs dépendances appartiendraient au roi tant en souveraineté
qu'en propriété en cas qu'elle appartînt au duc, mais que, pour les
autres villages et héritages voisins qui se trouveraient dans cette
demi-lieue, la souveraineté en appartiendrait au roi, mais que la
propriété en demeurerait au duc qui les tiendrait en hommage
du roi.
Moyennant ces conditions , le roi promît de reniettre le duc de
Lorraine dans la possession des duchés de Bar et de Lorraine, même
des villes et lieux dépendants des trois évêchés de Metz, Toul et Ver-
dun , et généralement dans tous les lieux dont jouissait le duc Henri
dernier mort, excepté ceux mentionnés ci-dessus. On convint que le
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 501
duc aurait deux années pour rentrer dans les biens dont il jouissait
avant la guerre, nonobstant les ventes et adjudications qui en avaient
été faites depuis Tannée 1633, en rendant aux acquéreurs le prix de
leur acquisition , frais , loyaux coûts et dépenses utiles ; que, suivant
rarticle 68 du traité des Pyrénées, le duc renoncerait à toutes les
alliances qu'il pourrait avoir faites avec quelque autre prince que ce
fût au préjudice du roi ; qu'il n'en ferait point de pareilles à l'avenir
et ne donnerait aucune retraite dans ses États aux ennemis du roi et
à ceux qui se seraient révoltés contre Sa Majesté ou seraient sus-
pects; qu'il tiendrait le bail des salines de Lorraine qui avait été fait
au nommé Cervisier, et fournirait au roi la quantité de sel qu'il lui
fournissait lorsqu'il était en jouissance de ses États; que si Sa Majesté
en demandait davantage, elle le payerait un quart plus cher qu'elle
ne faisait la quantité qu'on avait accoutumé de lui fournir ; que Cer-
visier serait aussi tenu de rendre dans les greniers du roi les quatre
cents muids de sel qu'il devait fournir à Tévêque de Metz dont le roi
le déchargeait envers l'évêque; enfin, que le roi ne pourrait établir à
Causemans ou à Sarrebruck aucuns péages sur les rivières de la Sarre
et de Nise que du consentement du duc.
Le traité porte encore que le roi avait dessein , en exécution de
celui de Munster et pour la considération qu'il avait pour les comtes
de Nassau-Sarrebruck, d'obliger le duc de leur rendre le château de
Hombourg, le comté de Saarwerden et le bailliage de Herberstein,
comme aussi la place du Landstuhl au baron de Sizengen ; mais que le
duc avait justifié que dans la diète de Ratisbonne, tenue en 165/i,
on était convenu qu'il était dû au duc 300,000 rixdalers par ces sei-
gneurs, et qu'il ne serait point tenu de retirer ses garnisons de Hom-
bourg et de Landstuhl qu'on n'eût déposé chez le magistrat de Franc-
fort la moitié de cette somme pour lui être mise entre les mains : ce
qui n'avait point été exécuté, de sorte que Sa Majesté ne fit point
davantage d'instances pour ce sujet.
302 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
XIV.
Troisième traité de Paris entre les mêmes , pour la cession de la Lorraine
au roi (1602).
J'ai déjà marqué ci-devaiit que lorsque Henri IV forma le des-
sein de marier son fils aîné à la fille du duc de Lorraine, afin de
joindre les duchés de Lorraine et de Bar à la couronne, il avait résolu,
pour indemniser les princes de Lorraine, de leur donner la qualité de
prince du sang et de les faire déclarer habiles à succéder à la cou-
ronne. Ce dessein n'eut point alors d'effet, le duc ayant mieux aimé
conserver son duché dans sa famille que d'élever sa fille à la dignité
de reine; mais en l'année 1662, le roi trouva moyen de réunir les
duchés à sa couronne, en faisant aux princes de Lorraine les mêmes
avantages que son aïeul leur avait voulu faire.
Le duc Charles de Lorraine, aimant passionnément le duc de
Vaudemont, qu'il avait eu de la comtesse de Cantecroix, voyait avec
chagrin que, quand il mourrait, tous ses États iraient au prince Charles,
fils du duc François et de la duchesse Claude, et que son fils demeu-
rerait sans établissement et sans bien; ainsi il s'avisa de proposer au
sieur de Lionne que si le roi voulait lui donner le moyen de laisser au
prince de Vaudemont un établissement honnête en France, il ferait
dès lors une cession de tous ses États à Sa Majesté pour en jouir
après sa mort. Le sieur de Lionne, ayant extrêmement agréé cette
proposition, fit en sorte que le roi lui donna pouvoir de traiter avec le
duc, ainsi qu'il fit à Paris le 7 février 1662.
Par ce traité, le duc céda à Sa Majesté les duchés de Bar et de
Lorraine, circonstances et dépendances, pour en jouir pleinement
après sa mort et être incorporés au royaume de France, à condition
qu'il jouirait de ces duchés sa vie durant; que cependant le roi ni lui
n'y établiraient point de nouveaux impôts; que le roi pourrait dès
lors mettre un gouverneur et une garnison dans Marsal, et qu'il défen-
drait le duc et les siens contre tous ceux qui le troubleraient en la
possession de ses biens en quelque lieu qu'ils fussent situés.
En considération de cette renonciation et de cette union des
duchés de Lorraine et de Bar à la couronne, le roi déclara par ce
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 303
traité les princes de Lorraine capables de succéder à la couronne de
France après la niaison de Bourbon; il les adopta dans la famille
royale et voulut qu'ils précédassent les autres princes des maisons
étrangères, les enfants naturels des rois et leurs descendants, et
qu'ils jouissent des privilèges des princes de son sang, à condition
néanmoins qu'ils ne pourraient point avoir séance au parlement
comme princes du sang en plus grand nombre que de quatre, sui-
vant Tordre de leur naissance.
Le roi convint encore que le duc prendrait tous les ans sur les
revenus de ces duchés 700,000 livres exempts de toutes charges;
qu'il suppléerait à ce qui y manquerait; qu'il donnerait au duc des
terres qui vaudraient 200,000 livres de rentes, et dont il y en aurait
une qui porterait le titre de duché et pairie, et autres 100,000 livres
de rentes en fonds ou en terres, desquels duchés, seigneuries, fonds
et rentes, le duc pourrait disposer en faveur du prince de Vaudemont,
son fils, ou d'un autre à son choix; enfin, qu'il serait tenu de payer
les dettes contractées par les ducs Henri et François, oncle et père du
duc, afin que le prince de Vaudemont ne fût point inquiété dans la
jouissance de ces terres, moyennant quoi le roi pourrait disposer de
l'hôtel de Lorraine à Paris,
Lorsque le roi fit dresser les lettres patentes adressantes au par-
lement pour la vérification de ce traité. Sa Majesté jugea que plusieurs
princes de la maison de Lorraine, particulièrement le prince Charles,
neveu du duc, ne voudraient pas approuver cette cession, et qu'il ne
serait pas juste que la qualité de prince du sang fût acquise à ces
princes pendant que le roi ne serait pas paisible possesseur de ces
duchés. Par cette raison, il inséra dans ces lettres une clause for-
melle que les princes de la maison de Lorraine ne jouiraient point des
prééminences qui leur étaient attribués par ce traité , à moins qu'ils
n'y eussent tous donné leur consenteipent.
Le prince Charles de Lorraine, qui était alors à la cour, se retira
en Allemagne, ne voulant pas voir l'enregistrement de ce traité qui
lui ôtait l'espérance de succéder à son oncle; le duc même, se repen-
tant à son ordinaire de ce qu'il avait fait, en fit une révocation par-
devant notaires qu'il envoya au roi et au premier président le matin
304 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
que ce traité devait être enregistré : on ne laissa pas néanmoins de
passer outre. Cependant, comme tous les princes de cette maison n'y
avaient point donné leur consentement, il demeura sans exécution,
quoique Sa Majesté n'y renonçât pas expressément.
XV.
Traité de Metz entre les mêmes, pour remettre Bfarsal au roi (1663).
Depuis le traité -de 1661 il y avait eu plusieurs difficultés entre
les officiers du roi et du duc au sujet des lieux que Ton devait remettre
entre les mains du duc, particulièrement des abbayes de Saint-Ève,
Mansui et Salzbourg, du marquisat de Nomeny, de Saint-Avold et de
plusieurs autres lieux dépendants des trois évéchés de Metz, Toul et
Verdun ; le comte d'Apremont avait aussi fait appeler le duc au par-
lement de Paris, où il avait obtenu divers arrêts en vertu desquels il
s'était mis en possession du comté d'Apremont, du château de Mussi
et de plusieurs autres lieux où le duc de Lorraine et lui prétendaient
avoir droit.
Toutes ces contestations ayant ému l'esprit du duc, il leva quel-
ques troupes en 1663 et se mit en devoir de fortifier Marsal ; mais le
roi y étant accouru en personne , ses projets allèrent en fumée , et il
fut obligé de faire un autre traité à Metz qui fut passé le l*' sep-
tembre 1663 entre les sieurs Le Tellier et de Lionne, conamissaires du
roi, et les sieurs Grimaldi, prince de Lixheim, et Prudhomme, com-
missaires du duc.
Par ce traité ils convinrent que le duc mettrait Marsal entre les
mains du roi qui pourrait dans un an résoudre sMl voudrait y entre-
tenir une garnison, ou en raser les fortifications; que si le roi le démo-
lissait, le duc continuerait d'en jouir conmie par le passé, même de la
saline ; que le duc jouirait du reste de ses États en la manière qu'ils
lui avaient été délaissés par le traité du mois de février 1661 ; qu'on
nommerait des commissaires de part et d'autre pour régler lès difiicul-
tés survenues depuis ce traité , nommément touchant les abbayes de
Saint-Ève, Mansui, Salzbourg, le marquisat de Nomeny, Saint-Avold
et autres lieux; que les arrêts obtenus au parlement de Paris par le
LIVRE IV. — CHAPITRE Vlll. 305
comte d'Apremont contre le duc demeureraient nuls, sauf à ce comte
à se pourvoir par nouvelles actions en justice par-devant qui il avise-
rait bon être ; et que cependant le duc serait remis en possession du
comté d'Apremont , du château de Mussi et de leurs dépendances :
enfin que le duc pourrait environner Nancy de murailles sans autres
fortifications.
En conséquence de ce traité , Marsal fut remis le 4 septembre
suivant entre les mains du roi qui s'en retourna à Paris.
Ce duc inconstant continua toujours dans ses intelligences avec
les ennemis du roi et traita, après la paix d'Aix-la-Chapelle, d*une
ligue offensive et défensive avec les États-Généraux contre Sa Majesté,
ce qui était contraire au traité de 1661, par lequelie roi, lui remet-
tant ses États, lui avait fait promettre qu'il n'entrerait jamais dans
aucunes alliances au préjudice de Sa Majesté : il assembla même en
1669 jusqu'à huit mille hommes, ce qui était encore contraire au
traité des Pyrénées confirmé par celui de 1661, qui portait que le
duc ne pourrait demeurer armé.
Le roi, ayant lieu de tout craindre de l'esprit remuant de ce
prince, lui envoya le maréchal de Créqui, qui, après beaucoup d'in-
stances, obtint le licenciement de ses troupes, et que le duc se con-
tenterait de trois cents hommes de pied pour mettre dans ses places,
et de deux cents chevaux pour sa garde : cependant il avait en même
temps fait ramasser ces troupes, et continuait de les entretenir dans
la Franche-Comté, dans l'Allemagne et ailleurs dans les États voisins;
en sorte qu'il les pouvait rassembler, et en faire un corps d'armée
dans quatre jours.
Outre cela, encore que le traité de 1661 portât qu'il jouirait de
ses États en la manière que le duc Henri en avait joui, il chargea
de nouveaux impôts les habitants du Barrois qui sont sujets du roi,
et établit de gros péages que les habitants des trois évêchés étaient
obligés de payer en entrant et en sortant de ses États; en sorte que
pour aller de Metz à Toul, il les fallait payer quatre fois : il fit aussi
arracher sans respect des poteaux où étaient les armes de Sa Majesté ;
enfin il empêchait les habitants du Barrois de procéder par appel au
parlement de Paris.
n. 80
306 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Le roi fit avertir plusieurs fois le duc de revenir à lui, d'obser-
ver les traités, et d'ôler toutes ces nouveautés ; mais n'en ayant rien
voulu faire. Sa Majesté fut obligée de faire entrer quelques troupes
en Lorraine pour empêcher l'effet des mauvais desseins du duc qui
se retira, et après avoir fait alliance en 1673 avec l'empereur, le roi
d'Espagne et les États-Généraux, porta le reste de sa vie les armes
contre Sa Majesté et mourut en 1675 hors de ses États qu'il a perdus
plusieurs fois, comme nous avons vu, pour avoir toujours voulu suivre
le parti contraire à la France, contre le conseil que lui avait donné le
duc Henri son prédécesseur de tâcher de demeurer neutre entre la
France et l'Espagne, mais de s'attacher à la France, en cas qu'il fût
forcé de prendre un parti.
XVI.
Articles du traité de Nimègue entre Tempcrcur Léopold et le roi Louis XIV,
pour le rétablissement du prince Charles de Lorraine (1670).
Le prince Charles de Lorraine s'attacha dès le vivant de son
oncle au service de l'empereur, qui lui fit l'honneur de lui donner sa
sœur en mariage, et le fit général de ses armées : lorsque son oncle
fut mort, il prit la qualité de duc Lorraine, confirma les alliances
que le feu duc avait faites avec les ennemis du roi, et prétendit avoir
droit d'envoyer un plénipotentiaire à Nimègue pour y défendre ses
intérêts et pour y demander la restitution de la Lon^aine et de ses
autres États.
Lorsqu'on s'assembla à Cologne pour la paix, le roi avait refusé
des passe-ports au feu duc de Lorraine qui voulait y envoyer ses
plénipotentiaires ; on avait fait la même chose pour le congrès de
Munster : cependant Sa Majesté n'en usa pas de même à l'égard du
prince son neveu qui obtint vers la fin de l'année de 1675 un passe-
port pour ses députés ; on ne le qualifiait néanmoins que du titre de
son cousin et de prince de Lorraine, parce que, sans attendre la
décision d'un traité de paix au sujet de la Lorraine, le roi la regar-
dait comme acquise à la couronne par le traité de 1662, de sorte que
Sa Majesté estimait qu'elle aurait prononcé contre elle-même si elle lui
LIVRE IV. — CHAPITRE VIII. 307
avait donné la qualité de duc de Lorraine, à laquelle celle de
frère était attachée.
Les alliés de ce prince soutenaient au contraire que ce traité
de 1662 ne pouvait avoir acquis aucun droit au roi, vu qu'il avait
été passé par un homme qui n'avait pu faire cette cession, et que
de plus le roi n'y avait jamais satisfait de sa part, et n'en avait
point stipulé l'exécution dans le traité de 1663 ; ils prétendaient
encore que ce prince, en qualité de légitime héritier du duché de
Lorraine, ne pouvait pas être dépouillé du titre de duc de Lorraine
à moins qu'il n'y eût renoncé ; sauf au roi à faire voir dans l'assem-
blée le droit qu'il croyait avoir de ne lui point restituer ses États.
Enfin le roi, voyant que cette difficulté retardait l'assemblée pour
la paix, envoya, au commencement de mai 1676, au roi d'Angleterre
un passe-port pour les députés de ce prince, dans lequel il lui don-
nait la qualité de duc et de frère, et il y joignit en même temps un
acte de protestation, que ces qualités ne lui pourraient nuire ni pré-
judicier : il ordonna à ses ambassadeurs de renouveler encore ces
protestations à Nimègue, ainsi qu'ils firent.
Le plénipotentiaire du prince Charles ne donna qu'au mois
d'août 1677 sa proposition qui tendait à ce qu'il fût rétabli dans ses
duchés de Lorraine et de Bar et dans leurs dépendances, et que tous
les titres et meubles qui en avaient été emportés lui fussent rendus
avec dédommagement de tous les dégâts qui y avaient été faits : la
difficulté que l'empereur et ses alliés firent de traiter avec Tévêque
de Strasbourg, aUié de Sa Majesté, fut cause que les plénipotentiaires
de France ne voulurent point fournir leur réponse à cette proposition,
quoiqu'ils en fussent fort pressés.
Mais le roi déclara nettement ses intentions à l'égard de
ce prince par le projet de paix qu'il fit publier à Nimègue le
15 avril 1678, dans lequel, quelques raisons qu'il eût de prétendre
pouvoir retenir la Lorraine, il offrit de rétablir ce prince sous l'une
des deux alternatives dont il lui laissa le choix : la première était de
le rétablir conformément aux articles portés par le traité des Pyré-
nées sans y rien changer; la seconde, de lui remettre tous ses États
à la réserve: premièrement de Nancy, qui demeurerait au roi en toute
308 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
souveraineté; secondement, du chemin mentionné dans le traité de
1G61 pour aller de France en Alsace; troisièmement, de ceux qui
seraient nécessaires pour aller de France à Nancy et de Nancy à
Metz, li Brisach et dans la Franche-Comté, enfin de Longwi et de sa
prévôté située sur la frontière du Luxembourg : il offrait néanmoins
de donner à ce prince Toul au lieu de Nancy et une prévôté dans les
trois évêchés équivalente à celle de Longwi; à quoi Sa Majesté ajouta
que Marsal n'entrerait point dans cette restitution, attendu qu'il lui
avait été cédé par un traité particulier.
Le plénipotentiaire du prince de Lorraine refusa d'abord Tune et
l'autre de ces alternatives, parce que la première ôtait à son maître
un pays long de trente-cinq lieues et large de seize ou dix-huit ; et
que l'autre lui enlevait sa capitale et la communication entre ses
États par le moyen de tous ces chemins qui le traversaient et que la
France retenait; mais ensuite, voyant que l'empereur avait accepté
la paix et une des alternatives proposées par Sa Majesté, il déclara,
le 4 novembre, qu'il acceptait la seconde des alternatives, de laquelle
il levait les exceptions, voulant que son maître fût dans tousses États;
mais il offrait en même temps d'entrer au sujet de cette alternative
dans des expédients convenables à Sa Majesté.
Quoique cette acceptation ne fût pas faite purement et simple-
ment, et que l'explication qu'il donnait à cette seconde alternative
fût entièrement contraire aux termes dans lesquels Sa Majesté l'avait
conçue, les plénipotentiaires du roi ne laissèrent pas que de dresser
un projet des articles touchant le prince de Lorraine, suivant que la
seconde alternative était exprimée dans le projet de Sa Majesté.
D'autre part les ministres de l'empereur mirent dans leur projet
de traité un article qui portait que le duc Charles de Lorraine serait
rétabli dans les duchés de Lorraine et de Bar et dans tous les Étais
que ses prédécesseurs possédaient en l'année d624; que les troupes
françaises en sortiraient sans y démolir aucunes fortifications ni en
emporter aucune artillene ; qu'on lui rendrait tous les papiers qui
avaient été emportés de ses archives ou de ses chambres des comptes;
qu'on renouvellerait les traités faits entre Henri II, Charles IX,
Henri lil et les ducs de Lorraine ; enfin que les troupes du roi pour-
LIVRE IV. — CHAPITRE IX. 309
raient passer par ces deux duchés pour aller en Alsace et dans le
Luxembourg, en prenant le chemin par Verdun et par Metz. Comme
cet article n'avait aucun rapport àralternative que le duc avait acceptée,
les plénipotentiaires de France n'y eurent point d'égard, et les pléni-
potentiaires mêmes de l'empereur ne purent disconvenir qu'il fallait
suivre à cet égard les articles contenus dans le projet des Français.
Lorsque le plénipotentiaire du duc eut communication de ce
projet, il n'y voulut point consentir; il prétendit que son maître
devait être rétabli dans ses États non comme son oncle en jouissait
en 1670 lorsqu'il en avait été dépossédé, mais tels qu'ils étaient lors
du décès du duc Henri, duquel il prétendait avoir les droits immé-
diatement, vu que le feu duc Charles n'en avait été que l'administra-
teur ; il ne voulait non plus consentir de laisser Nancy au roi ni le
chemin porté dans le projet du traité, ni de céder au roi la prévôté
de Longwi ni Marsal; tout ce qu'il offrit fut de prendre pour règle de
son établissement le traité fait avec le feu duc son oncle en 1661,
encore en voulait-il ôter le chemin de France en Alsace.
Ce ministre présenta depuis cinq divers degrés de moyens d'ac-
commodement que je ne transcrirai point ici : enfin, comme il vit que
les plénipotentiaires de l'empereur et du roi étaient près de] signer le
traité qui comprenait les articles concernant la Lorraine suivant le
projet donné par les derniers, il déclara qu'il faisait choix de la pre-
mière alternative à la charge d'expliquer convenablement les articles
du traité des Pyrénées, et de bien distinguer ce qui était du duché de
Bar et ce qui n'en était pas.
Le roi, qui voulait qu'on agît sérieusement avec lui sans se
rétracter, fit déclarer le 29 janvier au plénipotentiaire de Lorraine
que si le duc de Lorraine laissait écouler le mois sans signer la paix
aux conditions de l'alternative qu'il avait acceptée. Sa Majesté pré-
tendait être quitte au 1" février de l'offre qu'il avait faite de lui don-
ner la ville de Tout au lieu de celle de Nancy, et une prévôté dans
les trois évêchés au lieu de celle de Longwi.
Cependant on ne laissa pas que de lui accorder ces avantages
par le traité signé le 5 février suivant par les plénipotentiaires de
l'empereur et ceux de Sa Majesté, dans lequel les articles 12 et
310 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
suivants et jusqu'au 22, regardent les intérêts du duc de Lorraine.
Par ces articles ils convinrent que le duc de Lorraine serait réta-
bli dans tous les lieux que le duc Charles son oncle possédait lors-
qu'ils furent conquis par Sa Majesté, à l'exception de ce qui suit, à
savoir que Nancy avec sa banlieue demeurerait unie à perpétuité à
la couronne en toute souveraineté et propriété; que des commissaires
choisis de part et d'autre conviendraient de quatre chemins qui
auraient une demi-lieue de largeur, et desquels le premier s'étendrait
de Saint-Dizier à Nancy; le second de Nancy en Alsace; le troi-
sième de Nancy à Vesoul dans la Franche-Comté ; et le quatrième de
Nancy à Metz; en sorte, néamoins, que ces chemins ne seraient
marqués que sur le pied de ceux qui avaient été cédés au roi en
1661 ; que tous les lieux compris dans l'étendue de cette demi-lieue
appartiendraient au roi en propriété et souveraineté, et ce qui serait
au delà au duc et à ses héritiers ; que la ville et prévôté de Longwi
appartiendrait au roi en souveraineté et propriété, et qu'il en céde-
rait en échange une autre au duc de pareille valeur dont les com-
missaires choisis de part et d'autre conviendraient; que le duc aurait
en échange de Nancy la ville, faubourg et banlieue de Toul en toute
souveraineté et propriété avec tous les droits que les rois de France
y avaient ; que le roi récompenserait le duc en cas que la banlieue
de Toul fût de moindre étendue ou valeur que celle de Nancy ; que le
roi renoncerait au droit de nommer à l'évêché de Toul, tel qu'il lui
avait été accordé par le pape Clément IX, et qu'il consentait que le
duc eût recours au saint-siége pour l'obtenir; que le duc ne pourrait
apporter aucun changement aux provisions des bénéfices conférés par
Sa Majesté jusqu'au jour de ce traité ; que tous les jugements donnés
par le conseil et les juges de Sa Majesté sur des procès mus entre
les sujets de ces duchés pendant qu'ils étaient sous sa puissance,
sortiraient leur effet, sauf aux parties d'en obtenir la révision
suivant la disposition des lois; enfin que les titres qui étaient dans
les deux chambres des comptes seraient rendus au duc.
Le plénipotentiaire du prince Charles de Lorraine, trouvant ces
conditions trop dures pour les accepter, protesta contre ce traité et
déclara que tout ce qui y était stipulé, depuis le 12' article jusqu'au
LIVRE IV. — CHAPITRE IX. 311
22% ne lui pourrait nuire ni préjudicier ; il donna, le 20 avril 1679,
des copies de celte protestation au nonce du pape et à l'ambassadeur
d'Angleterre en qualité de médiateurs.
Ainsi ce prince a mieux aimé se bannir de ses Ktats que d'y
rentrer suivant les conditions de ce traité que l'empereur, son beau-
frère, avait stipulé en sa faveur.
CHAPITRE IX
TRAITéS ENTRE LES ROIS DE FRANCE ET LES DUCS DE BOUILLON
Je mets les traités que nos rois ont passés avec les ducs de Bouil-
lon parmi ceux qu'ils ont faits avec les princes souverains, parce que
les derniers ducs de Bouillon étaient reconnus souverains pour raison
de la principauté de Sedan, quoiqu'ils relevassent de la France pour
la vicomte de Turenne et pour d'autres terres qu'ils possédaient dans
le Limousin et ailleurs.
Il y a longtemps que les ducs de Bouillon, seigneurs de Sedan,
sont sous la protection de nos rois ; Henri, duc de Bouillon, écrivant
au feu roi en 161 7, marque que cette protection a commencé dès le roi
Charles VIII, et qu'elle a été confirmée par tous les rois qui l'ont suivi.
Ce fut cette protection de la France qui donna la hardiesse à Ro-
bert de La Mark, duc de Bouillon et seigneur de Sedan, de déclarer
la guerre par un héraut à l'empereur Charles-Quint, parce qu'il avait
reçu un appel d'un jugement rendu par les pairs du duché de Bouillon
au préjudice de son droit de souveraineté, ce qui fut la première
cause de la guerre qui s'alluma dans la suite entre Charles-Quint et
François P% dans laquelle Robert, qui prétendait que l'évêque de
Liège lui détenait injustement son château de Bouillon, s'en étant
saisi avec les armes de la France, Charles-Quint le reprit et le rendit
à cette église ; mais comme Robert avait peu après fait sa paix parti-
culière avec l'empereur, François voulut bien promettre, par le traité
de Cambrai, de ne le point assister ni ses enfants, en cas quMl voulût
reprendre le château de Bouillon.
312 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Henri II, faisant le traité de Cateau-Cambrésis, rendit à Téglise
de Liège le château de Bouillon dont son armée s'était saisie, mar-
quant néanmoins expressément que ce serait sans préjudice du droit
que le seigneur de Sedan et ceux de la maison de La Mark y pou-
vaient prétendre, et il comprit ceux-ci dans le traité parmi ses
alliés.
Guillaume-Robert, le dernier duc de Bouillon, de la maison de
La Mark, se fit calviniste, et étant mort sans enfants à Genève en
1588, il laissa pour son héritière Charlotte de La Mark, sa sœur, qui
Tavait imité dans son changement de religion. Par cette raison et sur-
tout à la recommandation du roi Henri IV, cette princesse épousa
Henri de La Tour, vicomte de Turenne, qui fut fait maréchal de
France en considération de ce mariage, et qui prit aussitôt le titre de
duc de Bouillon.
Charlotte de La Mark étant morte en 1594, le maréchal de Bouil-
lon se conserva dans la possession de ses États , tant en vertu d'une
donation qu'elle lui en avait faite par testament que de l'acquisition
qu'il fit en la même année des droits que le duc de Montpensier y
avait, et en 1601 de ceux du comte de Maulevrier qui était de la mai-
son de La Mark, mais surtout par la faveur de Henri IV, qui appuya
ses prétentions et le comprit dans le traité de Vervins parmi ses alliés
sous le nom de seigneur de Sedan.
I.
Traité de Torcy entre Henri IV et Henri, duc de Bouillon, pour remettre Sedan
au roi pendant quatre ans (1606).
Quoique le roi eut fait tout ce que je viens de marquer pour le
maréchal de Bouillon , ce seigneur ne se croyait pas encore récom-
pensé selon ses mérites, de sorte qu'il se laissa engager dans la con-
spiration du maréchal de Biron , et il eut quelques liaisons avec les
Espagnols et le duc de Savoie. Cette conspiration ayant été décou-
verte et le maréchal de Biron exécuté en 1602, le maréchal de
Bouillon ne voulut point venir à la cour pour se justifier; il passa en
Allemagne, où il persuada les princes protestants de son innocence et
LIVRE IV. — CHAPITRE IX. 313
les obligea, aussi bien que la reine Elisabeth , d'intercéder pour lui.
Ses ennemis se servirent de ces circonstances pour irriter encore
davantage le roi contre lui : les fréquents soulèvements qui se firent
dans le Limousin sous le nom de ce maréchal qui y avait ses terres
ne persuadèrent que trop Sa Majesté qu'il était coupable ; ces révoltes
furent apaisées par la mort des plus criminels, mais elles firent
résoudre le roi d'aller attaquer Sedan pour obliger au moins le maré-
à lui demander pardon et à lui remettre sa place pour quelque
temps.
Le maréchal ne voulut faire ni l'un ni l'autre. Le roi partit de
Paris au commencement du mois d'avril 1606 avec une puissante
armée; mais quand il fut à Doncheri, à une lieue de Sedan, le maré-
chal demanda de conférer avec le sieur de Villeroi pour accommoder
les choses à la satisfaction du roi. Sa Majesté y ayant consenti, ils
s'assemblèrent à Torcy, dernier village du royaume de ce côté-là, et
dès la seconde conférence, qui fut tenue le 29 avril, ils signèrent un
traité par lequel ils convinrent : que le roi tiendrait durant quatre
années un gouverneur et une garnison dans le château de Sedan;
qu'après les quatre années le maréchal serait remis en possession de
son château; que s'il manquait de fidélité à l'avenir, le roi pourrait
transférer son droit à un autre ; qu'il lui serait donné une abolition en
bonne forme de tout ce qu'il pouvait avoir jamais dit et fait contre le
service du roi et que la manière en serait supprimée ; qu'il serait dis-
pensé de comparaître en personne au parlement pour y faire enre-
gistrer ses lettres d'abolition; enfin, qu'il serait rétabli en toutes ses
charges et dignités.
Le roi ratifia ce traité. Le maréchal vint le lendemain demander
pardon à Sa Majesté, qui fit ensuite son entrée dans Sedan et y éta-
blit pour gouverneur le sieur de Nettancourt, gentilhomme de Cham-
pagne, qui avait beaucoup contribué à cet accommodement.
314 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
II.
Traité de Loudun entre Louis Xm et Henri, duc de Bouillon et autres,
pour mettre Sedan sous la protection du roi (1616).
La maréchal de Bouillon ne remua plus du temps de Henri IV
et rentra en possession de sa place ; mais après la mort de ce grand
prince, pendant la minorité de Louis XIII, et le ministère de la reine
Marie de Médicis et du connétable de Luynes, il prit plusieurs fois les
armes avec le prince de Condé et les autres princes mécontents de la
cour, premièrement parce qu'ils n'approuvaient pas le mariage du roi
avec rinfanle d'Espagne, de plus parce qu'ils étaient mal satisfaits
du gouvernement.
Us se raccommodèrent plusieurs fois par divers traités qu'ils
firent avec le roi ; mais je ne parlerai que de celui de Loudun conclu
en 1616, parce qu'entre les articles accordés aux princes uiécontents
il y en eut par lesquels le roi promit qu'il rétablirait et renouvellerait
la protection des souverainetés de Sedan et de Ràucourt ; qu'il donne-
rait à cet effet toutes les sûretés convenables; et qu'il s'obligerait de
fournir les deniers nécessaires pour en payer la garnison.
Le roi donna en conséquence au maréchal des lettres patentes
pour l'assurer de cette protection; mais elles n'empêchèrent pas,
lorsque le prince de Condé fut arrêté peu après ce traité, que le
maréchal ne se retirât cette même année à Sedan, d'où il écrivit au
roi pour se plaindre qu'il ne sentait aucun effet de la protection de la
France sous laquelle il marque, dans cette lettre, que sa place était
depuis plus de six vingt ans.
' III.
Traité de Mézières entre Louis XUI et Frédéric-Maurice, pour remettre le duc
dans les bonnes grâces du roi (1641).
Le maréchal de Bouillon mourut en 1623, et laissa sa princi-
pauté à son fils Frédéric-Maurice, qui se fit catholique à la persuasion
d'Éléonore de Berg sa femme : il reçut en 1637, dans sa place de
Sedan, le comte de Soissons, accusé d'avoir conspiré contre la per-
LIVRE IV. — CHAPITRE IX. 315
sonne du cardinal de Richelieu. Cela déplut à ce cardinal ; et quoique
le roi eût depuis consenti que le comte demeurât à Sedan pendant
quatre années, le cardinal, pour se venger de la retraite que le duc
de Bouillon avait donnée à son ennemi, empêcha qu'il ne reçût ce qui
lui était dû de reste pour le payement de la garnison de Sedan pen-
dant les années 1635 et 1636, et il lui faisait donner tous les ans de
si méchantes assignations, qu'il n'en pouvait rien tirer.
On a aussi cru qu'il faisait cela pour obliger ce duc de lui vendre
sa place, afin de s'établir pour lui et pour sa famille une souveraineté
sur les bords de la Meuse : quoi qu'il en soit, ce duc ne voulut point
se défaire de sa place, et entretint toujours une bonne garnison qu'il
payait de ses deniers; mais aussi son mécontentement fut cause qu'il
prêta l'oreille aux sollicitations du comte de Soissons et du duc de
Guise qui le pressaient de se joindre à eux : ainsi ils conclurent tous
ensemble un traité avec les rois de Hongrie et d'Espagne qui leur
promirent leur protection.
Le roi averti de ces négociations, interdit le commerce avec
Sedan, fit déclarer par le Parlement de Paris les ducs de Bouillon et
de Guise criminels de lèse-majesté, et envoya le maréchal de Châtillon
contre la ville de Sedan. Ce maréchal attaqua les troupes du duc
de Bouillon ; le général Lamboi vint à son secours, et on donna près
de Mézières, le 6 juillet 1641, un combat dans lequel l'armée du
maréchal de Châtillon fut défaite : mais toutes les espérances des
victorieux se trouvèrent abattues par la mort du comte de Soissons
tué après la bataille gagnée. Ainsi leur victoire ne fut suivie que de
la prise de Doncheri, après laquelle Lamboi s'en retourna en Flandre,
et fut suivi par le duc de Guise et le marquis du Bec.
L'armée du roi se rallia, et reprit peu après Doncheri : Sa Majesté
vint en personne sur les lieux; l'armée marcha pour assiéger Sedan,
et le roi donna ordre en même temps qu'on fît à Paris le procès à la
mémoire du comte de Soissons.
Le duc de Bouillon considérant la puissance du roi et la faiblesse
des Espagnols, résolut de s'accommoder avec Sa Majesté, comme il
fit par une traité qui fut conclu à Mézières, le 5 août 16/il, dans
lequel le duc conserva également son honneur, ses intérêts, et ce qu'il
316 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
devait h. la mémoire du feu comte de Soissons et au général Lamboi
qui était venu le secourir.
Par ce traité le duc renonça à ceux qu'il avait faits avec les rois
de Hongrie, d'Espagne et autres, contre le service du roi; il promit
de ne plus recevoir aucuns mécontents dans sa place de Sedan sans le
consentement de Sa Majesté : le roi de sa part lui pardonna le passé
et à tous ceux qui l'avaient suivi, et les autres princes, excepté au
duc de Guise et au marquis du Bec qui s'étaient retirés en Flandre
avec Lamboi : il promit qu'il ferait surseoir les poursuites contre la
mémoire du comte de Soissons, qu'il permettrait qu'on reportât en
France le corps du comte pour y être inhumé honorablement , qu'il
ferait vérifier au Parlement le renouvellement de la protection ac-
cordée par Sa Majesté à la personne du duc et à sa souveraineté
de Sedan, qu'il le maintiendrait dans son rang et dans ses biens,
et les habitants de Sedan et de la vicomte de Turenne dans leurs
privilèges, qu'on lui donnerait de bonnes assignations pour la gar-
nison de Sedan depuis 1637, et qu'on lui payerait actuellement ce
qui lui restait dû des années 16.35 et 1636 , qu'il rendrait les prison-
niers faits à la bataille de Mézières, et le canon pris tant a cette
bataille qu'à Doncheri, en payant par le roi la moitié du canon et la
rançon de vingt-cinq ou trente officiers, parce que cette moitié et
cette rançon appartenaient à Lamboi.
Ce traité fut exécuté fort ponctuellement : le roi fit expédier en
conséquence des lettres d'abolition pour le duc de Bouillon et pour
tous ceux qui avaient suivi son parti et celui du comte de Soissons et
du duc de Guise; n'exceptant de cette abolition générale que le duc
de Guise et le marquis du Bec.
IV.
Traité de Pierre-Encise entre les mômes, pour remettre Sedan au roi (1642).
La bonté que le roi avait eue pour le duc de Bouillon, et les pro-
messes qu'il avait faites de ne plus entrer dans aucune ligue contre le
service du roi, devaient suffire pour le retenir dans son devoir, d'autant
plus que le roi eut la confiance de lui donner, en i6&2, le comman-
LIVRE IV. — CHAPITRE IX. 317
dément de son armée d'Italie. Néanmoins les persuasions des sieurs
de Cinq-Mars et de Thou furent si fortes auprès de lui, qu'avant que de
partir pour l'Italie, il s'engagea avec feu Monsieur le duc d'Orléans
et le sieur de Cinq-Mars dans une conspiration contre le cardinal
de Richelieu et contre l'État ; en conséquence de laquelle Son Altesse
Royale fit un traité avec le roi d'Espagne par lequel celui-ci s'obligea,
entre autres choses, de fournir l'argent nécessaire pour fortifier Sedan ;
d'en payer la garnison, et de donner quarante mille écus de pension
par chacun an au duc de Bouillon.
Cette conspiration fut découverte , les sieurs de Cinq-Mars et de
Thou furent arrêtés à Narbonne, et le duc de Bouillon à Casai, d'où
il fut conduit à Lyon, dans le château de Pierre-Encise.
Ce duc , ayant appris que les sieurs de Cinq-Mars et de Thou
avaient été condamnés et exécutés à mort à cause de cette conspira-
tion, craignit le même sort, puisque, étant sujet du roi, il n'était pas
moins coupable qu'eux. Ainsi il offrit de remettre au roi le château et
la ville de Sedan, pour être inséparablement unis à la couronne de
France, sans autre condition que celle de sa vie et de sa liberté. Il
promit même de remettre le domaine de Sedan et ceux qu'il avait
aux environs, sans autre récompense que celle qu'il plairait au roi lui
donner; il déclara de plus qu'il ne prétendait rien pour l'artillerie,
boulets et autres choses semblables , se contentant de prier le roi de
considérer les grandes dépenses qu'il avait faites pour mettre cette
place en bon état et la munir d'artillerie.
Le roi ayant accepté ces propositions, en considération des
recommandations qui lui avaient été faites en faveur du duc par le
prince d'Orange et par le landgrave de Hesse, ses proches parents,
on convint de lui donner la liberté et une abolition du passé , à con-
dition que le roi mettrait dans Sedan un gouverneur et une garnison
dépendante de Sa Majesté, suivant le traité de 1606; que le duc
continuerait de jouir du revenu du domaine de Sedan , à condition
néanmoins de n'y point entrer, ni lui ni la duchesse sa femme pen-
dant un certain temps, et que l'artillerie, les armes et les munitions
qui étaient à Sedan lui seraient payées leur juste valeur.
En conséquence de ce traité, le roi prit possession de Sedan , et
318 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
le duc de Bouillon fut mis en liberté et eut des lettres d'abolition par
lesquelles le roi le confirma dans l'état, titres et dignités qu'il tenait
dans le royaume sans qu'il y pût être apporté aucune diminution.
V.
Traité d'échange entre Louis XIV et Frédéric-Maurice (1651).
Le roi Louis XIII étant mort en 16/13, le duc de Bouillon vint
Tannée suivante en cour, espérant de rentrer dans Sedan par le
moyen du duc d'Orléans pour l'intérêt duquel il disait l'avoir perdu;
mais la reine et ce duc même refusant de lui remettre cette place
importante, il se retira en Italie pour n'être point obligé d'accepter
une récompense qui- ne fût point à son gré.
De retour en France quelques années après, il y prit, en 1649, le
parti contraire à la cour, et fut un des généraux du Parlement. Il
obtint par la paix, qui se fit peu après à Saint-Germain, une promesse
de le satisfaire ; mais comme cela ne fut pas exécuté aussi prompte-
tement qu'il le souhaitait, il s'engagea en 1650, aussi bien que le
maréchal de Turenne , son frère , dans le parti des princes pour pro-
curer leur liberté. Il défendit la ville de Bordeaux contre l'armée du
roi, et par le traité qui fut fait pour apaiser les troubles de Guyenne
on lui promit 1,200,000 livres de récompense pour Sedan.
Depuis ce temps, il ne voulut point se rengager avec le prince de
Condé qui se préparait à recommencer la guerre civile après la majo-
rité du roi en 1651 . Il s'attacha au contraire entièrement aux intérêts
du cardinal Mazarin ; en quoi il fut imité par le maréchal de Turenne
qui depuis a commandé glorieusement les armées du roi jusqu'à sa
mort.
Les troubles du royaume et la mort du duc de Bouillon qui
arriva peu après, empêchèrent qu'on ne pût donner si tôt cette récom
pense; mais lorsque les guerres civiles furent apaisées, le roi le fit
fort généreusement pour les enfants de ce duc , auxquels il donna les
duchés d'Évreux, de Château-Thierry et d'Albret qui leur valent
beaucoup plus, sans comparaison, qu'ils n'auraient pu tirer du revenu
de Sedan. Comme ce dernier duché provenait de la confiscation des
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 319
biens de monsieur le Prince, le roi l'a obligé d'y renoncer par le traité
des Pyrénées, et lui a donné en échange le domaine du Bourbonnais.
Le roi a donné encore dans les derniers traités de Nimègue des
preuves signalées de la considération qu'il a pour la famille de Bouil-
lon, ayant voulu que le duc jouit du château et du duché de Bouillon
pendant le litige avec l'Église de Liège ; au lieu que par tous les pré-
cédents traités, nos rois avaient été obligés d'accorder la récréance à
cette Église. En second lieu, il consentit que le comte d'Auvergne,
son frère, fut rétabli dans le marquisat de Berg-op-Zom qu'il possède
du chef de Madame sa femme, fille du prince de Hohenzollern et de
l'héritière d^ feu marquis de Berg-op-Zom.
CHAPITRE X
TRAITÉS ENTRE LES ROIS DE FRANCE ET LES SUISSES, LES GRISONS
ET LEURS ALLIÉS
Les rois de France sont les plus anciens alliés des Suisses : cette
alliance commença dès le temps de Charles VII, peu après que les
Suisses se furent mis en liberté, et elle fut confirmée par tous les rois
qui lui ont succédé jusqu'à présent.
Louis XI , Gis de Charles VII , confirma l'alliance que son père
avait faite avec eux , et voyant la bravoure avec laquelle ils avaient
défait le duc de Bourgogne en trois batailles, il commença de leur
payer des pensions , afin de les trouver toujours disposés à le servir
quand il en aurait affaire.
Charles VIII renouvela aussi cette alliance en l'année 1483, qui
fut la première de son règne, et se servit de leurs troupes dans les
guerres qu'il eut en Italie.
Louis XII, devenu roi, renouvela l'alliance avec les Suisses pour
dix années , après lesquelles , par une épargne hors de saison , il les
remercia et cessa de leur payer leurs pensions : cela les obligea d'en-
trer en 1610 en alliance avec le pape Jules II et les autres ennemis
de Louis XII. Ce roi fit alliance avec les Valésiens et les Grisons, qui
s'obligèrent de donner passage à ses troupes, de le refuser à ses
320 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
ennemis , et d'aller à sa solde avec tel nombre d'hommes que leurs
forces le pourraient permettre ; mais peu après les Grisons quittèrent
aussi l'alliance du roi; et tous ensemble ayant, en 1512, chassé les
Français du duché de Milan, ils y établirent le duc Maximilien Sforce,
qui donna aux Suisses pour récompense Locarne, Lugano et d'autres
vallées au septentrion des lacs Majeur et de Lugano, et aux Grisons
la Valteline et les comtés de Chiavene et de Bormio.
Les Suisses firent aussi, en 1513, une invasion dans la Bour-
gogne, dont ils ne sortirent que moyennant un traité par lequel La
Trimouille, gouverneur de ce duché, s'obligea de faire en sorte que
le roi leur donnerait 600,000 écus, et renoncerait au duché de Milan
et au concile de Pise qu'il avait fait assembler pour faire déposer le
pape : le roi ne ratifia point ce traité.
François P% qui succéda à Louis XII, tailla en pièces, en 1515,
l'armée des Suisses à Marignan, emmena Maximilien Sforce en
France, et se rendit maître du duché de Milan ; après quoi il fit, en
1516, un traité de paix et d'alliance avec les Suisses et les Grisons,
par lequel, entre autres choses, ces peuples s'obligèrent de donner
au roi tel nombre de troupes qu'il voudrait pour agir défensivement
et offensivement contre un chacun, excepté contre le pape et contre
l'empereur. Le roi, de sa part, promit de payer par an à chaque canton
des Suisses, aux Valaisiens et aux Grisons 2,000 francs, outre ce que
Louis XII leur donnait ; à Tabbé de Saint-Gai 600 livres ; à la ville
de Saint-Gai ftOO ; à ceux de Mulhausen, 400, et aux Gruieriens 600.
11 leur promit encore et aux Grisons 300,000 écus d'or pour retirer
d'eux les vallées de la dépendance du duché de Milan , dont ils
étaient en possession. Les cinq petits cantons, savoir : Uri, Under-
wald, Schwitz, Zug et Lucerne, qui occupaient ces vallées, refusèrent
d'abord de ratifier ce traité , en sorte que le roi ne paya que durant
quelque temps les pensions quMl avait promises aux autres huit
cantons.
Enfin, en 1521, le roi, ayant consenti que ces cinq cantons gar-
dassent ces vallées en rasant les châteaux de Lugano et de Locarne, il
fit une alliance encore plus étroite avec tous ces cantons, hormis avec
celui de Zurich, que Zwingle dissuada de s'engager à faire la guerre
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 321
aux chrétiens moyennant de l'argent. Par ce traité, ils s'obligèrent
de secourir le roi en cas qu'il fut attaqué dans le royaume de France,
le duché de Milan, et les autres États qu'il possédait au deçà et au
delà des Alpes; le roi leur (promit de son côté de les secourir s'ils
étaient attaqués, et augmenta les pensions de chaque canton jusqu'à
3,000 francs.
Depuis ce traité il n'y a jamais eu de mésintelligence entre les
rois de France et les Suisses : c'est pourquoi François P' les comprit
entre ses alliés dans le traité de Cambrai sous le nom de seigneurs
des anciennes Ligues et des cantons de la haute Allemagne; dans le
traité de Nice sous le nom de seigneurs des Ligues , et au traité de
Crépy sous celui des treize cantons des Ligues.
Henri II renouvela cette alliance, en 1519, par un traité conçu
dans les mêmes termes que celui de 1521, hormis que, comme il ne
possédait plus le duché de Milan , les Suisses stipulèrent qu'ils ne
seraient point obligés de donner des troupes pour reconquérir ce
duché ; mais que si le roi pouvait s'en rendre maître avec d'autres
troupes, ils en fourniraient pour le conserver. Ce roi, dans le traité
de trêve de Vaucelles, comprit parmi ses alliés les seigneurs des treize
cantons des Suisses, les Ligues grises, le Valais, ensemble tous les
alliés et confédérés des cantons ; il ne les omit pas non plus dans le
traité de paix de Cateau-Cambresis dans lequel , outre les treize can-
tons des Suisses, les seigneuries des Ligues grises et le Valais, il
comprit encore Saint-Gall , Tockembourg, Mulhausen , et les autres
alliés des Ligues. François II régna si peu qu'on ne sait s'il eut le
loisir de renouveler l'alliance avec les cantons ; mais il est constant
qu'elle fut renouvelée'par Charles IX; que Henri III fit en 1579 à
Soleure un traité d'alliance particulière avec les cantons de Berne et de
Soleure et avec la ville de Genève; et qu'il renouvela, en 1581, l'al-
liance avec tous les cantons et leurs alliés. Les Suisses rendirent de
grands services à ces deux rois, le premier leur ayant même confié
sa personne lorsqu'il fut, en 1567, de Meaux à Paris, en présence de
l'armée du prince de Condé qui lui disputait le passage , et qui tâcha
plusieurs fois inutilement d'enfoncer le bataillon des Suisses au milieu
duquel on avait mis le roi.
II. 21
322 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Les Suisses qui étaient au service de Henri 111 continuèrent après
sa mort de servir Henri IV : c'est pourquoi, malgré les grandes affaires
qu'il eut et qui ne lui permirent pas de songer au renouvellement
de Talliance avec les cantons, il ne laissa pas de regarder tous les
Suisses comme les alliés héréditaires de la France. Ainsi il comprit
dans le traité de Vervins parmi ses alliés les treize cantons des Ligues
de Suisse, les seigneurs des trois Ligues grises, Tévêque et les sei-
gneurs du pays de Valais, Tabbé et la ville de Saint-Gall, Tokem-
bourg, Mulhausen, le comté de Neufchâtel et les autres alliés et con-
fédérés des seigneurs des Ligues.
I.
Traité de Soleure entre Henri IV et les Suisses, les Grisons et lenrs alliés ,
pour le renouvellement de ralliancc (1602).
Aussitôt que Henri IV fut en paix, il donna commission à Fran-
çois Hottmann, son ambassadeur en Suisse, de travailler pour le renou-
vellement de Talliance suivant les anciennes conditions ; cet ambassa-
deur avait commencé le traité lorsqu'il mourut à Soleure. Émeric de
Vie, qui lui succéda dans son emploi, reprit la négociation, et Sillery
fut envoyé, vers la fin de Tannée 1601, en qualité d'ambassadeu
extraordinaire vers ces peuples, pour achever le traité.
11 se rencontra de grandes difficultés pour la conclusion de cette
affaire, tant de la part des Suisses que de celle des Grisons; car à
regard des premiers, les cantons de Lucerne, d'Uri, de Schwitz, de
Zug, d'Underwald, de Fribourg, et les catholiques du canton d'Ap-
penzel ayant fait en 1587 une alliance avec Philippe 11 pour la
défense du duché de Milan, et une autre depuis avec Charles-Emma-
nuel, duc de Savoie, pour la défense de la Savoie , le roi d'Espagne
et le duc de Savoie leur avaient persuadé qu'ils ne pouvaient plus
renouveler l'alliance avec la France, qu'ils soutenaient incompatible
avec celle que ces cantons avaient faite avec eux ; outre cela les can-
tons protestants mêmes y faisaient quelque difficulté, craignant que si
les guerres recommençaient en France au sujet de la religion, on ne
les obligeât de fournir des troupes contre ceux de leur commum'on.
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 323
Pour ce qui est des Grisons, ceux qui dès Tan 1599 avaient
proposé de faire une alliance entre les Vénitiens et ces peuples
n'étaient point d'avis que ceux-ci renouvelassent avec Henri IV Tal-
liance qu'ils jugeaient ne pouvoir subsister avec les conditions qu'ils
prétendaient mettre dans celle des Vénitiens. En second lieu, ils
témoignaient de la répugnance d'accorder la clause portée dans les
anciennes alliances, par laquelle ces peuples étaient obligés de donner
passage dans leur pays au roi et h ses alliés; ils craignaient que trop
de princes ne prétendissent y faire passer des troupes en qualité d'al-
liés du roi. Enfin le comte de Fuentes, gouverneur de Milan, s'y
opposait formellement, et, pour en détourner les Grisons, il avait
défendu de transporter aucuns vivres dans leur pays.
Toutes ces difficultés furent cause que, encore qu'on eût tenu
diverses diètes pour cette affaire à Bade et à Soleure, on n'y avait
rien résolu. Enfin les ministres du roi offrirent aux cantons catho-
liques et protestants et aux Grisons des tempéraments qui levèrent
toutes les difficultés qu'ils faisaient; outre cela ils promirent de lui
payer un million d'or pour ce qui leur était du de vieux. Les cantons
catholiques assignèrent une diète à Lucerne, où il fut résolu d'accep-
ter l'alliance de la France; les cantons protestants et les Grisons
prirent aussi la même résolution.
La conclusion du traité d'alliance ne fut donc différée que par le
retardement du payement de la somme qu'on leur avait promise;
mais le maréchal de Biron s'étant rendu à Soleure au mois de jan-
vier 1602 avec de bonnes voitures d'argent, le traité d'alliance fut
conclu dans cette ville le dernier jour du même mois, entre le maré-
chal de Biron, les sieurs de Sillery et de Vie au nom de Henri IV, en
qualité de roi de France et de Navarre, de duc de Milan, de comte
d'Ast, et de seigneur de Gênes; et les bourgmestres, avoyers, con-
seillers, petit et grand conseils, communautés des villes, pays et
seigneuries des anciennes ligues des hautes Allemagnes, ensemble
leurs combourgeois de Berne, de Lucerne, d'Uri, de Schwitz, d'Un-
derwald au-dessus et au-dessous des bois, de Zug avec les offices
extérieurs, de Glaris, de Baie, de Fribourg, de Soleure, de Schaf-
fouse et d'Appenzel, les abbés et ville de Saint-Gall, les capitaines,
324 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
châtelains, communautés et paysans des pays des Grisons, du Valais,
de Rottweil, de Mulhausen et de Bienne, pour durer pendant la vie du
roi, du fils qui lui succéderait à la couronne, et encore liuit ans après.
Dans Texorde de ce traité, il est dit que l'alliance entre la France
et les Suisses n'avait jamais été interrompue depuis que Charles VII
avait fait un traité d'alliance avec eux; que Louis XI avait fait cette
alliance encore plus ample et plus expresse; qu'elle avait été renou-
velée avec tous les rois suivants; et qu'elle aurait pour fin la défense
des royaumes et États qu'ils possédaient tant en deçà des monts
qu'au delà, ensemble ceux que le roi avait acquis par le traité de
Lyon de Tan 1601. Ils convinrent qu'ils se donneraient du secours
mutuellement en cas qu'ils en eussent affaire; et particulièrement
qu'il serait permis au roi de lever dans leur pays, sans le consente-
ment des Ligues, tel nombre d'hommes dont il aurait besoin, pourvu
que ce ne fut ni moins de six mille ni plus de seize mille; que le roi
leur donnerait des capitaines de tous les cantons et de leurs alliés;
qu'ils seraient à la solde du roi et demeureraient à son service jusqu'à
la fin de la guerre, à moins que les Ligues n'eussent quelque guerre,
auquel cas ils pourraient rappeler leurs troupes à la charge de les
renvoyer quand leur guerre serait finie; que s'il arrivait que le roi
allât en personne à la guerre, il pourrait lever tant de capitaines et de
soldats qu'ils voudrait, toutefois non moins de six mille hommes, et
choisir des capitaines dans tous les cantons des Ligues et de leurs
alliés; qu'on ne les séparerait point pendant la guerre sans l'avis de
leurs colonels ; mais qu*en temps de paix on les pourrait mettre de
côté et d'autre en garnison ; qu'ils seraient seulement employés par
terre et non par mer; qu'on donnerait à chaque soldat pour la solde
d'un mois, dont il y en aurait douze par an, quatre florins et demi du
Rhin ou la valeur dans la monnaie du pays; que leur payement com-
mencerait du jour qu'ils sortiraient de leurs maisons; et que, quand
on les licencierait, on leur donnerait raisonnablement pour s'en
retourner chez eux; que, quant aux officiers, ils auraient leur paye,
suivant la coutume des rois précédents; que si pendant le cours de
cette alliance le roi ou ses successeurs gagnaient quelque victoire à
l'aide des Suisses, on leur payerait la solde d'un mois outre celui qui
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 325
courait pour leurs appointements ordinaires; que si les Suisses ou
leurs alliés étaient attaqués, le roi serait tenu de leur envoyer deux
cents lances à ses dépens avec douze pièces d'artillerie et les muni-
tions nécessaires, oii deux mille écus par quartier au lieu de ce secours,
h leur choix; qu'outre cela il serait tenu de leur donner vingt-cinq
mille écus par quartier, tant que la guerre durerait, soit qu'il eût
guerre ou non; qu'après la paix ils rendraient au roi les douze pièces
d'artillerie, à moins qu'elles ne fussent perdues; que si le roi ou les
Ligues entraient en guerre, ils ne feraient ni paix ni trêve sans se
comprendre réciproquement dans le traité; qu'ils ne prendraient point
sous leur protection ou en combourgcoisie les sujets des uns et des
autres; qu'outre les deux mille livres de pension que chaque canton
avait eues ci-devant du grand oncle de Sa Majesté, ils auraient encore
mille livres d'augmentation tant que Talliance durerait, payables par
chacun an à Lyon le jour de la Chandeleur; qu'on leur payerait
encore, outre les pensions générales, la moitié de ces pensions en la
manière accoutumée tant que durerait le traité; que si, par quelques
accidents de guerre, la traite du sel leur était refusée dans quelques
lieux où ils avaient coutume d'en prendre, le roi leur permettrait d'en
tirer de ses États au même prix que ses sujets l'achetaient; et que,
quant aux péages, ils seraient traités à l'ordinaire; que si quelqu'un
des cantons avait action contre le roi, il en serait parlé à son ambas-
sadeur en Suisse ou écrit à Sa Majesté; que si elle ne faisait pas une
satisfaction raisonnable au demandeur, il la pourrait faire assigner,
et Sa Majesté serait tenue de nommer deux juges qui, avec deux autres
de la part des Ligues, jugeraient Taffaire ; que, faute par Sa Majesté
d'envoyer ces deux juges, les deux juges des Ligues jugeraient l'affaire
seuls, et ce qu'ils auraient jugé serait exécuté; qu'il en serait de
même si le roi avait quelque action contre quelqu'un des cantons; que
ce traité s'étendrait à la défense des États que François P"", grand-
oncle de Sa Majesté , possédait lorsque l'alliance fut faite avec les
Suisses en 1521, pourvu que le roi et son successeur pussent con-
quérir ces pays sans Taidc dos Suisses ; que cette alliance ne serait
jusqu'alors que pour la conservation des États que le roi possédait
actuellement, que néanmoins les cantons ne pourraient donner aucun
326 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
secours à ceux qui possédaient ou pourraient posséder à l'avenir ces
États; qu'au contraire ils leur refuseraient tout secours sans respect
de qui que ce fut qui leur en demanderait : enfin que le roi ni les
cantons ne donneraient point retraite à ceux qui se seraient révoltes
contre l'autre État, ou qui en auraient été bannis.
11.
Autre traité do Soleure entre Henri IV et les cantonB catholiques, pour réserver
leurs alliances avec le duché de Milan et la Savoie ( 1602 ).
Nous avons marqué que tous les cantons catholiques, hormis celui
de Soleure et les catholiques de celui de Claris, avaient fait des
alliances particulières avec le roi d'Espagne et le duc de Savoie qui
les avaient longtemps empêchés de consentir au renouvellement de
l'alliance avec la France; enfin le roi, pour lever la crainte qu'ils
avaient que son alliance ne fut contraire à celles qu'ils avaient déjà
faites, voulut bien consentir que ces alliances fussent exceptées.
Ainsi, le même jour que le traité général fut passé, les mêmes am-
bassadeurs en passèrent un particulier avec les députés des cantons de
Lucerne, d'Uri, de Schwitz, de Zug, d'Underwald dessus et dessous
les bois, ensemble les ofliccs de dehors Fribourg et les catholiques du
canton d'Appenzel, par lequel le roi consentit que ces cantons réser-
vassent les duchés de Milan et de Savoie pour la défense desquels ils
avaient fait des alliances défensives avec le roi d'Espagne et le duc
de Savoie. Avec cette condition, ces députés promirent qu'ils obser-
veraient tout ce qui était contenu au traité d'alliance; qu'ils ne don-
neraient aucun passage ni commodité aux ennemis du roi, et que,
sous couleur de ces traités, ils ne permettraient point que leurs gens
de guerre fussent employés par qui que ce fut contre le roi et les
États qu'ils possédaient alors, dont ils feraient faire serment à leurs
officiers et soldats, qu'ils puniraient s'ils y contrevenaient.
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 327
III.
Traité entre Henri IV et les cantons protestants, pour leurs intérêts particuliers
(1002).
Les cantons suisses protestants avaient toujours témoigné beau-
coup d'aversion pour les guerres que nos rois faisaient aux huguenots
de France; ils envoyèrent vers Henri 111, en 1586, pour le prier de
leur accorder la paix suivant les édits de pacification ; de sorte qu'ils
«paraissaient éloignés de renouveler leur alliance avec la France,
dans la crainte que si la guerre recommençait entre nos rois et les
huguenots, on ne les voulût obliger en vertu de cette alliance de four-
nir des troupes pour cette guerre et de porter les armes contre ceux
de leur même religion ; le second intérêt auquel ils souhaitaient pour-
voir par ce traité regardait les pays de Vaux et de Gex. Les cantons
de Berne et de Fribourg les avaient ôtés au duc de Savoie pendant
qu'il était en guerre contre François I" leur allié; depuis, par une
transaction qu'ils avaient faite avec le duc Philibert en 1564, ils
avaient terminé leurs différends en lui rendant le bailliage de Gex que
Charles-Emmanuel avait depuis peu donné, avec la Bresse, à Henri IV,
en échange du marquisat de Saluées; or, comme le duc de Savoie
témoignait toujours avoir dessein de renti*er dans le pays de Vaud qui
avait été enlevé à ses prédécesseurs, et que, d'ailleurs, ils pouvaient
craindre que Henri IV ne voulût pas tenir les aliénations des biens de
l'église du pays de Gex que le canton de Berne avait faites pendant
qu'il en avait joui, et qu'ainsi ceux qui les avaient achetés ne les fissent
appeler en garantie, ils souhaitaient que le roi leur donnât quelques
assurances sur ce sujet, et sur ce qu'ils ne voulaient point s'obliger de
fournir des troupes contre les huguenots de France.
Ainsi^ le roi, pour leur ôter tout prétexte de ne point renouveler
l'alliance, consentit que ses ambassadeurs passassent avec eux un
traité particulier par lequel le roi consentit qu'ils ne seraient point
tenus de lui donner des troupes s'il entrait en guerre contre ceux de
leur religion, et que même en ce cas ils pourraient rappeler celles
qu ils auraient à son service, dont il leur ferait donner une déclara-
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LIVRE IV. — CHAPITRE X. 329
contraints de faire la guerre en France à ceux de leur religion,
qu'aux petits cantons pour pouvoir continuer Talliance de Milan et de
Savoie.
Le roi ne voulut rien innover sur le premier point; il leur
accorda le second purement et simplement, et le troisième sous
celte apostille, qu'ils ne manqueraient point à Talliance de Sa
Majesté.
Ainsi, le traité fut juré le 20 octobre ; le roi accorda aux can-
tons catholiques et protestants les déclarations qui leur avaient été
promises, et ratifia, le 24 octobre, le traité avec les Grisons; de plus,
par l'acte de ratification, il promit de tenir désormais un ambassadeur
résidant au pays des Grisons; que lorsqu'il lèverait des troupes, ils
auraient un régiment à part et un colonel de leur nation ; et qu'ils
auraient leur part de 400,000 écus qu'il avait promis de fournir par
chacun an, encore que leurs députés n'eussent pas comparu h Soleure
lorsque le traité y avait été conclu.
Peu après la conlusion de ce traité, le duc de Savoie ayant
voulu surprendre de la ville de Genève, le roi s'en déclara le protec-
teur comme d'une ville alliée des Suisses, et obligea le duc de faire la
paix avec elle.
V.
Traitt^ entre Henri IV et le canton de Fribourg (1009).
Le roi Henri IV fit en 1609 un traité particulier avec le can-
ton de Fribourg.
VI.
Traité entre Louis XHI et le canton de Zurich, pour alliance (1014).
Le canton de Zurich était bien compris dans le traité de paix
avec la France, mais nous avons vu qu'il n'avait point envoyé
en 1G02 ses députés avec les autres pour jurer le traité d'alliance ;
ce ne fut que le vingtième de janvier 1614 que le sieur de Castille,
ambassadeur de France, conclut le traité d'alliance défensive entre
la France et ce canton. Ce traité ayant été lu en présence des deux
330 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
cents qui composent le conseil de celte ville, ils jurèrent de l'ob-
server; et Tambassadeur fit ensuite pareil serment au nom du roi.
VII.
Traité de Tirano entre Louis Xin, la République de Venise et le duc de Savoie d*une part,
et les Valtelins de l'autre , pour être remis sous la protection du roi (1624).
Les Grisons firent en 1603 une alliance avec les Vénitiens qui
déplut extrêmement à Sa Majesté» puisqu'elle était incompatible avec
l'alliance de France pour plusieurs raisons que je dirai ailleurs ; cela
fut cause que lorsque le comte de Fuentes bâtit sur les frontières le
fort auquel il donna son nom, le roi ne voulut point prendre les armes
pour le démolir.
Dans la suite les partisans que les Vénitiens avaient parmi les
Grisons travaillèrent pour faire renouveler cette alliance; comme ils
virent que le Résident de France s'y opposait, ils le chassèrent, et
renoncèrent, en 1619, à l'alliance de la France; néanmoins ils recon-
nurent leur faute en 1620, rappelèrent le Résident et le reçurent avec
honneur, et le 16 novembre 1620 ils passèrent un acte par lequel ils
confirmèrent leurs anciennes alliances avec la couronne de France et
avec les cantons suisses, et promirent que tant qu'ils seraient libres
ils ne feraient aucune autre ligue sans le consentement de Sa Majesté
Très-Chrétienne.
Ce renouvellement de l'alliance des Grisons avec la France fut
cause que Louis XI 11 les protégea hautement lorsque les Espagnols
les chassèrent de la Valteline et que l'archiduc s'empara de presque
tout le pays de la Ligue des droitures; il s'allia même pour cet effet,
en 1623, avec les Vénitiens et le duc de Savoie.
Je parlerai ailleurs de tous ces différends pour la Valteline, me
contentant de suivre l'ordre des temps pour rapporter un traité que
le marquis de Cœuvres fit en 1624 avec les Valtelins au nom du roi
et de ses alliés.
Le pape s'étant entremis, depuis le traité de Madrid, de moyenner
un accommodement entre la France et l'Espagne au sujet de la Valte-
line,.. les deux rois convinrent avant toutes choses d'en déposer les
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 331
forts entre les mains du pape ; cela fut exécuté de la part des Espa-
gnols, et les choses demeurèreni ainsi près d'une année et demie,
sans qu'on pût résoudre les Espagnols à s'en tenir au traité de Madrid
et à -se désister du passage qu'ils voulaient leur être accordé par la
Valteline.
Enfin le roi et ses alliés, ennuyés de la longueur de cette négo-
ciation, craignirent que le pape ne remît les forts entre les mains des
Espagnols comme il témoignait en avoir le dessein ; c'est pourquoi
ils ordonnèrent au marquis de Cœuvres, général de leur armée, de
chasser les troupes de l'archiduc Léopold des terres de la Ligue des
dix droitures, et de s'emparer des forts de la Valteline; il exécuta ces
ordres avec beaucoup de valeur, et réunit premièrement la Ligue des
dix droitures aux deux autres; après quoi toutes les trois Ligues renon-
cèrent aux traités qu'elles avaient faits au préjudice de leur alliance
avec Sa Majesté, laquelle ils renouvelèrent.
Le marquis entra ensuite dans la Valteline, et mit le siège devant
Tirano qui en est une des principales places, et qui était défendue
par les troupes du pape commandées par le marquis Bagni; les
Valtelins, voulant prévenir tous les maux qui leur pouvaient arriver
s'ils étaient réduits de vive force, envoyèrent le 3 décembre des
députes de leurs trois cantons pour traiter leur accord avec le mar-
quis de Cœuvres. Après quelques légères contestations, le marquis
de Cœuvres, au nom du roi et de ses alliés, conclut le sixième jour
du môme mois un traité avec les députés des Valtelins, par lequel il
promit que les Valtelins seraient maintenus sous la protection du roi,
suivant son alliance avec les Grisons et celle qu'il avait faite avec
les princes ses alliés, pourvu qu'ils renonçassent aux traités qu'ils
avaient conclu depuis cinq années avec d'autres princes; que les forts
de leur pays ne seraient point mis entre les mains des Grisons; et
qu'ils n'entreraient point dans les maisons des principaux du pays et
ne maltraiteraient personne; que le gouvernement de la Valteline
demeurerait tel qu'il était alors pour le temps qui serait jugé raison-
nable par les trois princes alliés; que les différends entre les Grisons
et les Valtelins seraient terminés avec toute satisfaction et sûreté pour
les Valtelins; et que si quelques Valtelins étaient obligés de se retirer
332 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
du pays, ils seraient payés de ce qui leur était dû. Moyennant ces
conditions les Valtelins pronnirent de mettre les armes bas, et de rece-
voir Tarmée du roi et de ses alliés comme leurs amis et leurs pro-
tecteurs.
Ce traité fut exécuté ; le marquis de Cœuvres obligea le marquis
Bagni et les autres commandants de forts de la Valteline de les lui
remettre ; il se vit peu après paisible possesseur de la Valteline dont
le roi assura ainsi la souveraineté aux Grisons.
VIII.
Traité entre le duc de Rohan et les Grisons , pour retirer les Français
de la Valteline (1037).
J'insère ici ce traité, parce que, encore que le roi n'y ait pas été
nommément partie, il a été passé par un de ses généraux. De plus, ce
traité fera connaître comment les Français sont sortis du pays des
Grisons, et comment ces peuples sont passés de l'alliance de France
dans celle de la maison d'Autriche.
Jusqu'en 1637, l'alliance s'était conservée entre le roi Louis Xlll
et les Grisons, dont le roi avait soutenu puissamment les intérêts
jusqu'à vouloir rompre en leur considération avec la maison d'Au-
triche, contre laquelle il avait pris souvent les armes pour la conser-
vation de leurs droits. En 1635, lorsque la guerre recommença entixî
la France et l'Espagne, le duc de Rohan passa dans le pays des
Grisons et dans la Valteline de laquelle il chassa les garnisons alle-
mandes et espagnoles qui y étaient rentrées, et il se mit en devoir
d'entrer de ce côté-là dans le Milanais; ce duc, ayant fortifié les foris
de la Valteline et des comtés de Chiavène et de Bormio, les conserva
contre les forces de l'empereur et du roi d'Espagne qui l'en voulaient
chasser.
Les Grisons le pressèrent ensuite de les remettre dans leurs droits
suivant les promesses que le roi leur avait faites; pour cet effet il
convint d'un traité avec eux, par lequel, entre autres choses, il les
fit consentir à ce que l'administration de la justice demeurât aux Val-
telins, et que la religion protestante ne fût point rétablie dans le pays.
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 333
II fit ratifier ce traité par les Grisons dans une assemblée générale ;
mais rayant envoyé en cour, pour avoir une pareille ratification, au
lieu de cela on lui envoya au bout de quatre mois quelques modifica-
tions que le conseil du roi souhaitait qu'on apportât au traité. La
demande de ces modifications, jointe à ce que les officiers du roi
payaient mal les régiments grisons et les pensions promises aux prin-
cipaux d'entre eux, porta ces peuples h se soulever et à traiter avec
les ministres de l'empereur et du roi d'Espagne; après quoi ils pres-
sèrent le duc de Rohan de se retirer; il demandait un délai jusqu'à
ce qu'il eût reçu les ordres du roi, mais cela lui ayant été refusé, et
se voyant hors d'état de résister aux Grisons assistés des Impériaux et
des Espagnols, il fut obligé le 26 mars 1637 de faire un traité avec
le commandant des Grisons par lequel, après qu'ils lui eurent déclaré
que dans la nouvelle alliance qu'ils avaient faite avec les princes voi-
sins ils avaient réservé expressément leur ancienne alliance avec la
France, ils convinrent que le duc retirerait incessamment les troupes
françaises du pays des Grisons; qu'il leur rendrait la Valteline, les
comtés de Chiavène et de Bormio, et les forts qu'il occupait; que les
Grisons feraient en sorte que les Espagnols ne les attaqueraient point
dans cette retraite ; que les Français ne commettraient aucun désordre
en se retirant, et n'attaqueraient point les Espagnols; enfin qu'il y
aurait une amnistie générale des choses passées. Ce traité fut exécuté,
et depuis ce temps-là les Grisons n'ont plus eu aucune liaison avec
la France, et se sont tenus dans l'alliance de la maison d'Autriche.
IX.
Traité do Soleure entre Louis XIV et les cantons catholiques et Tabbé
de Saint-Gall (1G53-I05i-1055).
Comme l'alliance entre la France et les Suisses était expirée
huit ans après la mort de Louis XIII, c'est-à-dire en 1651, le roi
donna commission au sieur de La Barde, son ambassadeur en Suisse,
de renouveler l'alliance avec les cantons pour la vie du roi et huit ans
après sa mort. Cet ambassadeur leur ayant proposé le traité en la
même forme qu'il avait été dressé du temps de Henri IV, les cantons
334 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
catholiques furent les premiers qui racceplèrent et qui donnèrent
ordre à leurs députés d'y apposer leurs sceaux. Cela fut fait le 2 juil-
let 1653 par les députés de Soleure, les plus affectionnés à la France,
et oii réside Tambassadeur de Sa Majesté ; par ceux de Lucerne et de
Tribourg en 1654, et successivement par les catholiques de Claris et
par les députés d'Uri, de Zug, de Schwitz, d'Underwald-sous-le-Bois,
des catholiques d'Appenzel, d'Underwald-sur-le-Bois, et par l'abbé
de Saint-Call, en l'année 1655.
Outre ce traité général passé avec tous les cantons catholiques,
il y en eut encore de particuliers passés avec chacun de ces cantons
et demi-cantons, et des articles particuliers accordés aux cantons de
Lucerne, de Fribourg, d'Uri, de Zug, de Schwitz et d'Underwald,
aux catholiques d'Appenzel et à l'abbé de Saint-Call, par lesquels le
roi convint que, nonobstant ce traité d'alliance, ces cantons se réser-
vassent la défense des duchés de Milan et de Savoie. Ces cantons pro-
mirent qu'ils ne donneraient aucuns passages ni commodités aux
ennemis du roi ; que, sous prétexte de cette défense, ils ne permet-
traient point que leurs gens fussent employés contre le royaume de
France et tous les pays qui étaient alors possédés par Sa Majesté;
qu'ils en feraient faire serment aux colonels et soldats avant que de
partir ; que, s'ils y manquaient, ils seraient révoqués et punis en leur
corps, honneurs et biens; qu'en cas que ce fut du consentement du
canton, le roi serait quitte de tout ce qu'il promettait à ce canton par
le traité d'alliance, et les sujets de ce canton seraient déchus de toutes
leurs prétentions contre la couronne de France. Ainsi ces articles par-
ticuliers furent accordés à tous les cantons et demi-cantons catholiques,
hormis à celui de Soleure et. aux catholiques de Claris qui ne sont
point entrés dans l'alliance d'Espagne.
Traité de Soleure entre le roi et les Dizains du pays de Valais,
pour le môme sujet (1657).
Le 3 mars 1657, il y eut un traité passé entre le roi et les sept
dizains du pays de Valais, savoir : Sion, Sierre, Loeche, Barogne,
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 335
Viege, Brig, et Conchcs, pour la vie du roi et huit ans après sa
mort. Par ce traité , ils convinrent qu'il serait permis au roi d'y lever
trois mille hommes aux conditions portées par le traité avec les
Suisses; qu'il serait tenu de les secourir de deux cents lances, douze
pièces de canon, ou de 1,500 livres par quartier, s'ils l'aimaient
mieux; qu'il leur donnerait encore pour les frais de la guerre
15,000 francs par quartier, qui était la part qui leur venait dans les
25,000 écus promis par Sa Majesté, par chaque quartier, aux can-
tons et à leurs alliés; que le roi leur donnerait 1,000 écus de pension
par an ; enfin que les privilèges accordés à leurs marchands par le
traité de 1516 seraient confirmés.
XI.
Traité entre le roi et les protestants du canton de Claris, pour le môme sujet
(1657).
Les cantons protestants n'avaient point voulu accepter le renou-
vellement de l'alliance avec la France, parce que, sur le bruit qui cou-
rait alors que le roi allait rompre avec les Anglais, ils ne voulaient
point se mettre en danger de combattre des personnes de leur reli-
gion. Cette raison ne subsistant plus par la paix faite en 1655 entre
le roi et Cromwell, et par le traité d'alliance fait entre eux au mois de
mars 1657, les protestants du canton de Claris, ne pouvant soufl^rir le
retardement que les autres cantons protestants apportaient encoi'e au
renouvellement de l'alliance avec Sa Majesté , déclarèrent qu'ils
l'acceptaient.
Le traité en fut passé le 19 mai 1657 : en même temps, le roi
convint avec eux, par des articles séparés, que ce qui serait réglé avec
les autres cantons protestants, pour l'emploi de leurs troupes dans
l'Alsace et pour les autres articles, aurait aussi lieu à leur égard ; que
leurs soldats ne seraient point exclus d'aucunes charges dans la milice
suisse, à cause de leur religion; qu'ils en auraient le libre exercice en
France ; qu'ils seraient reçus dans les hôpitaux sans les obliger de
changer de religion ; qu'ils en useraient de même à l'égard des sol-
dats que le roi leur enverrait; que s'il arrivait quelque guerre en
336 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
France pour raison de la religion, ils ne pourraient rappeler leurs
soldats et n'en point laisser lever d'autres; que le roi en userait de
même à l'égard des soldats qu'il leur devait fournir, s'il arrivait
quelque guerre en Suisse pour le fait de la religion ; enfin on excepta
le cas de religion au sujet de l'article qui défendait de donner retraite
aux bannis.
Les autres cantons protestants n'ayant point insisté à ce que leurs
troupes ne servissent point dans l'Alsace, comme ce canton a une
alliance héréditaire avec la maison d'Autriche pour les pays voisins
de la Suisse, le roi consentit encore depuis, par d'autres articles
séparés, que les gens de guerre levés dans ce canton ne seraient point
employés contre la maison d'Autriche dans l'Alsace, Suntgaw et Bri-
sach, que de son consentement, jusqu'à ce qu'on eût payé aux princes
de cette maison les trois millions portés par le traité de Munster;
outre cela, que, le capitaine d'une compagnie protestante dans le can-
ton de Claris venant à mourir, elle ne serait donnée qu'à un capitaine
du même canton.
XII.
Traité entre le roi et Henri, duc de Longueville, comme comte de Neufcbàtel
(1657),
Jeanne, fille et héritière de Philippe, marquis de Hochberg,
ayant épousé Louis, duc de Longueville, au commencement du siècle
passé, lui porta en mariage le comté de Neufchâtel , situé entre la
Franche-Comté et le canton de Berne, tous les autres biens de la
maison de Hochberg étant passés à Christophe, marquis de Bade.
Depuis ce temps-là, ce comté est toujours demeuré dans la maison
des ducs de Longueville qui sont ainsi souverains en qualité de comtes
de Neufchâtel , et ont fait alliance il y a longtemps avec les cantons
suisses. Nous avons vu que Henri IV comprit le comte de Neufchâtel
dans le traité de Vervins parmi les alliés des Suisses ; ainsi Sa Majesté
renouvelant l'alliance avec les cantons suisses et leurs alliés fit, en
1657, un traité particulier d'alliance avec Henri de Longueville en
qualité de comte de Neufchâtel.
LIVRE IV. — CHAPITRE X. 337
XIII.
Traité d*Arau entre lo roi et les cantons protestants, pour le même sujet (1658).
Les cantons de Zurich, de Berne, de Bàle et de Schaffouse, les
protestants de Claris et d'Appenzell, et les députés des villes de Saint-
Gall, MulhausenetBienne, assemblés à Arau dans le canton de Berne,
acceptèrent , le 1" juin 1658, le renouvellement d'alliance pour la
vie du roi et huit ans après sa mort, aux mêmes conditions portées
par les anciens traités. Ils obtinrent le même jour une déclaration par
laquelle le roi promit qu'il donnerait aux compagnies de chaque
canton des capitaines qui seraient du même canton ; qu'il donnerait
aux officiers la paye ordinaire; qu'il ferait fournir le sel à ces cantons
aux greniers de Reissel et de Regonfle à raison de 100 sols le minot,
francs de tous péages ; enfin que leurs marchands seraient exempts
de péages en France suivant le traité de 1516.
Le même jour, 1«' juin 1658, tous ces cantons et ces villes
obtinrent encore d'autres articles particuliers par lesquels le roi promit
de leur payer les sommes qu'il avait accoutumé de leur payer, outre
ce qui était porté par le traité ; ils convinrent que les officiers et sol-
dats des troupes de tous les cantons protestants jouiraient en France
des mêmes avantages au sujet de la religion qui étaient portés par les
articles particuliers accordés aux cantons de Claris; que s'il arrivait
quelque guerre en Suisse au sujet de la religion, le roi ne secourrait
ni les uns ni les autres, mais s'entremettrait pour ramener la paix;
que le pays de Vaux serait compris dans ce traité comme il était
dans ceux de 1582 et de 1602; que suivant les traités faits en 1564,
entre le duc de Savoie et la ville de Berne, et en 1601 entre Henri IV et
Charles-Emmanuel, les aliénations des biens ecclésiastiques faites dans
le pays de Cex par le canton de Berne, demeureraient en leur force et
vertu ; qu'il en serait de même du traité de Soleure fait en 1579 entre
le roi Henri III et les cantons de Berne et de Soleure et la ville
de Cenève; enfin, ils réservèrent la République de Venise comme leur
alliée.
22
33S HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
XIV.
Traité de Solcurc catrc le roi et les cantons suisses et leur3 alliés, pour étendre
le renouvellement d'alliance (1GC3).
La ratification et le serment qu'on a accoutumé de faire pour
l'observation de ces traités fut différée à cause de plusieurs incidents
qui survinrent; pendant cet intervalle la reine accoucha de monsei-
gneur le dauphin; ainsi Sa Majesté, qui souhaitait que monseigneur fût
aussi compris dans le traité d'alliance, fit conclure par le même sieur
de La Barde un autre traité à Soleure le 4 septembre 1663, entre
Sa Majesté comme roi de France et de Navarre, duc de Milan, comte
d'Ast et seigneur de Gênes d'une part, et les cantons de Zurich, de
Berne, de Lucerne, d'Uri, de Schwitz, d'Underwald dessus et dessous
les bois, de Zug avec les offices extérieurs, de Claris de Tune et do
l'autre religion, de Baie, de Fribourg, de Soleure, de Schaffouse,
d'Appenzell, des paroisses intérieures et extérieures; ensemble, Tabbé
et la ville deSaint-Gall, les trois ligues des Grisons, la République et
le pays de Valais, Mulhausen, Bienne et d'autres, pour un renouvelle-
ment d'alliance pendant la vie du roi, celle de monseigneur le dauphin
et encore huit ans après, et ce aux mêmes clauses du traité de 1602
que je ne répéterai point.
Le même jour ils passèrent deux autres actes : par le premier des-
quels on confirma de part et d'autre tout ce qui avait été conclu res-
pectivement depuis l'année 1653, ce qui comprend particulièrement
tout ce qui avait été accordé entre le roi et les cantons protestants; par
le second, le roi accorda aux cantons de Lucerne, d'Uri, de Schwitz,
d'Underwald, de Zug et de Fribourg, aux catholiques d'Appenzell et à
l'abbé de Saint-Gall, les mêmes réserves portées par le traité qu'il
avait passé avec eux en 1655.
Les Grisons furent nommés dans le traité général pour ne rien
changer à ce qui avait été fait en 1602 ; cependant on ne fit point de
traité particulier avec eux, et ils ne sont point rentrés dans l'alliance
de la France.
Après la conclusion de ce traité, les ambassadeurs des can-
tons et de leurs alliés étant encore venus h Paris au nombre de qua-
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 339
rante-deux, ralliancc y fut jurée de même qu'il avait été pratiqué
en 1602.
CHAPITRE XI
TRAITÉS ENTRE LES EMPEREURS, LES ARCHIDUCS
ET LES ROIS DE FRANCE
L'empire doit son rétablissement en Occident au mérile de Char-
lemagne, roi de France, auquel le pape Léon 111 et tous les Romains
donnèrent le titre d'empereur en l'année 800. Son fils, Louis le
Débonnaire, posséda aussi la dignité impériale jointe à celle de roi
de France ; mais ensuite ces deux dignités furent souvent divi-
sées entre les princes de cette maison, et elles furent aussi souvent
réunies.
La dignilé impériale ne se conserva dans la famille de Charle-
magne que jusqu'en l'an 887, que Charles le Gros, empereur et roi
de France et d'Italie, ayant perdu l'esprit, fut abandonné de tousses
sujets, de sorte qu'il se forma plusieurs royaumes du débris de la
mornachie française ; il n'y eut que la France occidentale, qu'on
appelle encore à présent la France, qui demeura à Charles le Simple,
le seul qui restait des descendants légitimes de Chaiiemargne ;
mais qui n'avait pas d'assez grandes qualités pour se faire obéir par
tout ce grand empire : ce prince ne put même par la suite conserver
la Fran ceoccidentale.
D'abord quelques petits princes d'Italie usurpèrent successive-
ment la qualité d'empereurs, et les royaumes d'Allemagne et de
Lorraine passèrent h Arnould, fils de Louis le Germanique, petit-
fils de Charlemagne; Louis, fils d' Arnould, étant mort sans enfants,
les Allemands élurent pour roi, en 911, Conrad, duc de Franconie,
puis, en 919, Henri l'Oiseleur, duc de Saxe.
Avant que ce prince fût bien affermi, Charles le Simple se jeta
dans la Lorraine, qu'il prétendait lui appartenir comme l'héritage de
ses aïeux ; il la conquit toute jusqu'à Worms, et contraignit Henri de
se rendre son sujet pour le reste de son royaume. Mais plusieurs sei-
310 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
gneurs français, qui craignaient qu'il ne devînt trop puissant, s'étant
soulevés contre lui et ayant élu successivement Robert et Raoul pour
rois en sa place, il fut obligé, comme nous l'avons marqué dans le
chapitre précédent, d'abandonner la Lorraine à Henri, pourvu qu'il
le voulût assister contre ces rebelles dont il ne put néanmoins venir à
bout, s'étant laissé arrêter prisonnier cette même année par Hébert,
comte de Vermandois.
Raoul et Louis d'Outre-mer, n'approuvant point la cession de la
Lorraine, eurent presque toujours guerre pour ce sujet contre les rois
d'Allemagne. Elle fut un peu apaisée , en 947, dans une conférence
que Louis d'Outre-mer et Othon, prenuer du nom, roi d'Allemagne,
eurent sur le Chers qui, après avoir coulé sur la frontière du Luxem-
bourg, se rend dans la Meuse entre Mouzon et Sedan. Depuis cela,
cette rivière fut considérée comme faisant la séparation des royaumes
de France et de Lorraine, comme elle faisait auparavant celle des
royaumes de Neustrie et d'Austrasie, C'est ce même Othon qui a
depuis mérité le nom de Grand, et qui ayant été proclamé empereur
à Rome, en l'année 962, transféra cette dignité aux rois d'Alle-
magne.
La guerre s'étant l'enouvelée pour la Lorraine entre son fils
Othon II et Lothaire, fils de Louis, j'ai déjà marqué que Lothaire,
après avoir conquis une grande partie de la Lorraine, l'abandonna
lâchement à Othon, en l'année 979.
La couronne de France passa peu après dans la famille des Capé-
tiens. Ces princes, peu puissants dans leur commencement, ne vou-
laient point s'attirer de guerre avec les empereurs; ils n'eurent plus
de différends ensemble, et l'empereur saint Henri et le roi Robert
s'étant abouchés, en 1002, sur cette rivière du Chers, ils établirent si
bien la paix et une ferme alliance entre l'Empire et la France, qu'elle
a subsisté cinq cents ans sans être violée, parce qu'on ne compte
point pour une interruption de cette alliance le secours que Othon,
qui avait été déposé de l'empire, donna aux ennemis de Philippe-
Auguste lorsqu'il fut défait avec eux , en 1214, dans la bataille san-
glante de Bouvines.
Quoi qu'il en soit du nombre d'années que cette alliance a subsisté,
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 341
Tempereur en usa dès lors avec tant de considération pour Henri P%
roi de France, dans une entrevue qu'ils eurent au pays Messin, et saint
Louis et les Français gardèrent si religieusement cette alliance, que le
pape Grégoire IX , qui avait excommunié l'empereur, ayant envoyé
des légats en France , en 1239, pour offrir l'empire au roi pour son
frère Robert, comte d'Artois, ils déclarèrent qu'ils se garderaient
bien de faire la guerre à un prince leur allié, et que le comte d'Artois
n'avait que faire de l'empire, ayant l'honneur d'être frère du roi de
France.
Cette alliance fut encore renouvelée à Vaucouleurs, en 1299, entre
l'empereur Albert d'Autriche et le roi Philippe le Bel. L'empereur
Charles IV l'observa si bien, que n'étant encore que roi des Romains,
il se trouva, en 1346, à la bataille de Crécy, où son père, Jean, roi
de Bohême , fut tué combattant pour Philippe de Valois contre les
Anglais; il conserva encore, étant empereur, son amitié pour la
France; il vint visiter le roi Charles V, vers la fin de l'an 1378, et
lui donna pour le Dauphin la qualité de vicaire irrévocable de l'em-
pire dans le royaume d'Arles, par des lettres scellées d'un sceau d'or,
et par d'autres la même qualité dans le Dauphiné avec les châteaux
de Pipet et de Chameaux, qu'il possédait encore dans la ville de
Vienne. Depuis ce temps-là , il ne paraît pas que les empereurs se
soient mêlés de rien ordonner pour le royaume d'Arles ni pour le
Dauphiné qui sont demeurés en toute souveraineté h la France.
Les différends entre les empereurs et les rois de France n'ont
donc commencé que depuis que les princes de la maison d'Autriche,
possesseurs de l'empire, sont devenus propriétaires des provinces des
Pays-Bas par le mariage contracté, en 1477, entre Maximilien d'Au-
triche, roi des Romains, et fils de l'empereur Frédéric, et Marie, fille
de Charles, dernier duc de Bourgogne.
Avant ce temps^ les archiducs d'Autriche avaient une alliance
très-particulière avec nos rois ; nous voyons encore dans nos chartes
qu'en 1324, le duc d'Autriche, Léopold, fit un traité avec Charles le
Bel, par lequel il promit à ce roi de faire en sorte qu'il serait élu roi
des Romains pour parvenir ensuite à l'empire; qu'en 1338, Albert et
Othon frères, ducs d'Autriche, tant pour eux que pour leurs descen-
3W HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
dants, firent un traité avec Philippe de Valois par lequel ils promi-
rent de lui être bons et fidèles amis et de l'aider envers et contre tous
hormis contre le Saint-Empire; enfin en 1430, Frédéric, duc d'Au-
triche, de Styrie, elc, promit de marier son fils Sigismond avec
Radegondc, fille de Charles VII, et s'obligea encore de faire la guerre
contre les Bourguignons et le roi d'Angleterre en faveur du même
roi de France. Il y a apparence que c'est ce même Frédéric qui
devint empereur en 1440, et qui fut père de Maximilien, lequel,
devenu empereur au commencement du xvi* siècle, rompit la paix
qui avait été depuis tant de siècles entre l'empire et la France.
Les différends entre nos rois et Maximilien provinrent de ce
qu'après la mort de Charles, dernier duc de Bourgogne , son beau-
père, Louis XI s'était emparé de la Bourgogne, d'une partie de
l'Artois et de plusieurs autres places dépendantes de cette succession.
Cela causa entre Louis et Maximilien une guerre qui finit par un
traité de paix, depuis lequel Maximilien a encore passé divers traités
de paix et d'alliance avec les rois de France Charles VIII, Louis XII
et François V\
Je ne m'arrêlerai point à spécifier par le détail tous ces traités
qui ne sont point compris parmi ceux que je me suis proposé d'expli-
quer. Je me contenterai de dire en peu de mots la suite des affaires
que ce prince eut avec nos rois ; qu'en 1482, pour affermir la paix
avec Louis XI, il convint de marier sa fille Marguerite, qui n'avait
que deux ans, avec Charles, dauphin, fils de Louis, et de lui donner
en mariage les comtés d'Artois, de Bourgogne, de Maçonnais,
d'Auxerrois et de Charolais; que Charles, devenu roi, ne voulut point
épouser Marguerite; que sur ce refus ces deux princes convinrent, en
1493, qu'elle serait renvoyée et que les comtés d'Artois, de Bour-
gogne et de Charolais seraient rendus, mais que les deux autres
demeureraient à la France; qu'en 1495, Maximilien, devenu empe-
reur, et l'archiduc son fils, se liguèrent à Venise avec le pape, les
Vénitiens et autres pour chasser ce roi de l'Italie; qu'après une
longue guerre, Maximilien et Philippe firent alliance en 1504 avec
Louis XII, à condition que ce roi marierait sa fille aînée au prince
Charles, fils de Philippe, et T Empereur lui donna par ce traité Tinves-
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 343
tilure du duché de Milan pour ses enfants mâles et pour ses filles
moyennant 120,000 florins payables en deux termes, et un secours
de cinq cents lances, quand l'empereur irait prendre à Rome la cou-
ronne impériale; qu'après quelques différends, provenus de ce que
Louis avait marié à François, duc d'Angoulême, sa fille, qu'il avait
promise au prince Charles, cet empereur et le roi ne laissèrent pas
de faire un traité à Cambrai , en 1508, avec le pape, le roi Ferdi-
nand d'Aragon et d'autres princes pour la ruine des Vénitiens; que
nonobstant cette alliance, cet empereur se ligua en 1513 avec le
pape, le roi d'Aragon et les Vénitiens contre Louis Xll pour le chasser
de ritalie; qu'en 1515, cet empereur fit une autre ligue avec Ferdi-
nand, les Suisses et Maximilien Sforce, duc de Milan, pour obliger
le roi François P' de renoncer à ce duché ; qu'enfin il accepta en 1517
le traité de paix que François 1" et Charles d'Autriche, son petit-
fils, avaient fait à Noyon, et dans lequel ils avaient pourvu à ses
intérêts.
Charles-Quint ayant été élu successeur de Maximilien, son aïeul,
nonobstant l'opposition de François P% qui briguait cette élection
pour lui-même , se ligua contre son compétiteur, en 1521 , avec le
pape Léon et plusieurs autres, pour remettre François Sforce dans le
duché de Milan. Il fut avec lui en des guerres presque continuelles
pendant le cours desquelles ils firent plusieurs traités dont je ne par-
lerai point ici, parce qu'ils ne regardent point Tempire ni les États
que la maison d'Autriche tient en Allemagne, mais ceux que le roi
d'Espagne possède présentement ; de sorte que je réserve d'en dire
quelque chose dans le chapitre qui contiendra les traites entre la
France et l'Espagne.
Henri II, successeur de François P' son père, continua la guerre
contre Charles, et s'allia, en 1551 , avec Maurice, électeur de Saxe,
et plusieurs autres princes protestants ligués pour obtenir la liberté
du landgrave de liesse que l'empereur tenait prisonnier, et pour
s'opposer aux desseins de l'empereur qui voulait se rendre le maître
absolu de l'Allemagne. Entre les clauses de ce traité, il y en avait une
qui portait que le roi, pour se dédommager de ses frais, se saisirait
au plutôt de Cambrai ou de Metz, Tout et Verdun qu'il garderait en
3U HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
qualité de vicaire de Tempire; en conséquence de ce traité, Henri
se saisit adroitement, Tannée suivante, de ces trois villes; ce qui
ayant extrêmement irrité l'empereur, il se raccommoda avec les
princes confédérés par le traité de Passau et vint assiéger la ville de
Metz avec une armée de cent mille hommes; mais le duc de Guise,
assisté de l'élite de la noblesse française, la défendit si bien que
l'empereur fut obligé de lever le siège le premier jour de l'année
suivante.
Comme Charles-Quint ne fit depuis qu'une trêve à Vaucelles
avec Henri, on ne parla point de ces villes ; et, lorsque la trêve fut
rompue, Ferdinand, son frère, qui était devenu empereur, ne prit
point part dans la guerre qui s'alluma entre Henri II et Philippe II,
roi d'Espagne; cette guerre fut terminée par le traité de Gâteau-
Gambrésis; ainsi Ferdinand ne fut point partie dans ce traité, et on
n'y fit aucune mention de ces trois villes.
Quelque temps après l'empereur Ferdinand ayant envoyé deman-
der ces places par Tévêque de Trente, on s'en excusa en France le
plus honnêtement que l'on put; le chancelier Olivier protesta en plein
conseil qu'il était d'avis qu'on tranchât la tête au premier qui propo-
serait de les rendre. Ainsi on n'en parla plus; et les Français conser-
vèrent ces places sous le titre de protection sans en être pour cela plus
mal avec les empereurs; cela n'empêcha pas même, qu'en 1570,
Charles IX n'épousât Elisabeth, fille de l'empereur Maximilien, second
fils de Ferdinand. Depuis cela, pendant que la France fut déchirée par
les guerres civiles, elle eut peu de commerce avec les empereurs, et
n'eut aucune affaire à démêler avec eux.
Henri IV parvint à la couronne ; la haine qu'il avait contractée
dès le berceau contre la maison d'Autriche fut cause qu'il n'eut
aucune liaison avec l'empereur Rodolphe ; nous verrons même ci-
après qu'il se ligua, en 1610, avec les princes unis pour empêcher que
cet empereur ne se saisît des États dépendants de la succession de
Clèves et de Juliers; la mort l'empêcha d'aller à cette expédition r
mais la reine, sa veuve, y envoya le maréchal de La Châtre qi
réussit à faire sortir de Juliers la garnison que l'archiduc Léopo^
y avait mise par ordre de l'empereur son frère.
k^'
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 3ii5
I.
Traité de Ri val te entre Ferdinand, Louis xni et autres, pour une trêve
(septembre 1G30).
Depuis l'affaire de la succession de Clèves et de Juliers, le roi
Louis rendit aux empereurs toutes sortes d'offices, d'amitiés même en
des occasions très-importantes, car la République de Venise et le duc
de Savoie ayant fait, au commencement de 1619, un traité dont le
but principal était d'empêcher qu'on n'élût à l'empereur Mathias un
successeur de là maison d'Autriche , le roi refusa d'entrer dans
cette ligue dont ils lui offi-aient de le faii-e chef; il employa au con-
traire tout son* crédit pour faire élire empereur Ferdinand, roi de
Bohême.
Lorsque dans la suite les Bohémiens se révoltèrent contre Fer-
dinand, le roi détourna le plus qu'il put l'électeur palatin de son
entreprise; il envoya incontinent après une ambassade solennelle en
Allemagne pour moyenner la paix entre l'empereur et les princes de
l'union protestante ; il employa aussi ses offices près du pape Paul Y,
afin qu'il assistât l'empereur en cette occurrence, et près des Vénitiens
et des Hollandais, afin qu'ils coopéi'assent à la paix de l'Allemagne ;
enfin ses ambassadeurs rendirent à Ferdinand le service le plus signalé
qu'ils lui pouvaient jamais rendre par le traité d'Ulm qu'ils ména-
gèrent entre les princes catholiques et les protestants, ce qui donna
moyen aux premiers d'aller librement dans la Bohême où ils se joi-
gnirent aux troupes de l'empereur et gagnèrent la bataille de Prague
qui le rétablit dans le royaume de Bohême.
Cependant au bout de dix années, cette paix, qui semblait
s'être si bien rétablie entre les empereurs et nos rois, et qui durait
depuis plus de soixante et quinze années, fut altérée, ensuite entière-
ment rompue à l'occasion des différends pour la succession des ducs
de Mantoue que le pape Urbain VIII disait avec raison avoir été la
première cause de tous les malheurs de la chrétienté.
Vincent, duc de Mantoue, successeur de ses frères François et
Ferdinand, se voyant proche de la mort en 1627, pour prévenir tous
les différends qui pouvaient naître après sa mort pour sa succession,
3&6 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
maria la princesse Marie, sa nièce, fille de son frère François et de
rinfanle Marguerite de Savoie, avec le duc de Réthel, fils aîné de
Charles Gonzague, duc de Nevers, qui était son héritier présomptif
comme fils de Louis, cadet de Guillaume, aïeul des trois derniers
ducs.
11 y eut plusieurs princes qui disputèrent cette succession au duc
de Nevers et à sa belle-fille ; car, d'une part, le duc de Savoie et la
duchesse de Lorraine prétendaient le Montferrat; le premier, pour
d'anciennes prétentions que j'expliquerai ailleurs lorsque je parlerai
des traités qui ont été passés entre les ducs de Savoie et de Manloue,
et la seconde comme étant sœur aînée des trois derniers ducs. D'autre
part, le duc de Guastalle, petit-fils de don Ferdinand, cadet de Frédé-
ric, bisaïeul des derniers ducs, demandait le duché de Mantoue sous
prétexte que le duc de Nevers et son père s'en étaient rendus indignes
en portant les armes contre l'Empire, duquel le duché de Mantoue
relève en fief.
Le duc de Nevers alléguait les mêmes raisons contre le duc de
Savoie que ses prédécesseurs avaient apportées contre lui, et soute-
nait, comme ils avaient déjà fait, que, même dans le Montferrat, les
femmes n'étaient point admises à la succession lorsqu'il n'y avait
point de mâles de la même famille, de sorte que la duchesse de Lor-
raine n'y pouvait rien prétendre. Quant au duc de Guastalle, il mon-
trait que du temps de son père ni du sien, il n'y avait point eu de
guerre entre la France et l'Empire, et que, pour lui, il avait reçu plu-
sieurs blessures en servant l'empereur en Hongrie contre le Turc.
L'empereur Ferdinand II prétendit que , comme les duchés de
Mantoue et de Montferrat relevaient de lui, c'était à lui h prononcer
à qui ces États devaient appartenir, et que, cependant, ils devaient
lui être remis. Ainsi, il envoya en Italie le comte Jean de Nassau,
en qualité de son commissaire pour prendre en son nom possession
des États qui étaient en contestation. Sur le refus du duc, il lui fit
signifier diverses citations et autres actes ordinaires de justice avant
que de procéder au ban impérial, et même, comme les Espagnols
avaient assiégé Casai, et que le duc de Savoie s'était saisi de plusieurs
places du Montferrat, ce commissaire impérial fit aussi commande-
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 347
ment aux Espagnols de lever le siège de Casai et au duc de Savoie
de vider les places du Montferrat.
Les choses étaient en cet état, lorsque le roi Louis XHI, ayant
résolu, après la réduction de La Rochelle, de prendre hautement la
protection de ce duc qui était né Français, descendit en personne en
Italie avec une puissante armée, et. régla tous ces différends comme
bon lui sembla par le traité de Suze.
L'empereur Ferdinand était alors au plus haut point de gloire et
de puissance auquel les empereurs de la maison d'Autriche fussent
montés depuis Charles-Quint, ayant dépouillé l'électeur palatin de
ses États et de sa dignité, contraint Bethlem-Gabor et le roi de Dane-
mark à faire la paix avec lui aux conditions qu'il lui avait plu leur
imposer, vaincu tous les princes de l'empire qui s'étaient opposés à
ses volontés, et rempli toute l'Allemagne de ses armées et de ses gar-
nisons; ainsi, étant extrêmement offensé du procédé du roi qui avait
disposé des fiefs impériaux sans le consulter ni même stipuler qu'on
lui demanderait son agrément; voulant, d'ailleurs, être obéi aussi
souverainement en ItaUe qu'en Allemagne, il résolut d'y envoyer une
puissante armée, et cependant il fit entrer dans le pays des Grisons
le comte de Mérode, qui se saisit de leurs passages et fit arrêter
le sieur de Saint- Mesmin, ambassadeur de France près de ces
peuples.
Le roi, voulant détourner l'orage qui était près de fondre sur
l'Italie, envoya le sieur de Sabran à Vienne pour donner avis à l'em-
pereur de ce qui s'était passé à Suze, lui demander l'investiture des
duchés de Mantoue et de Montferrat pour le duc de Mantoue, que ses
troupes sortissent des passages des Grisons, et qu'on lui fît justice de
l'injure faite à son ambassadeur. L'empereur promit bien à cet égard
qu'on le mettrait en Hberté et qu'on lui rendrait ses papiers; mais,
du reste, il se tint ferme à vouloir être seul juge des contestations
mues pour les fiefs impériaux, et à ne point donner l'investiture au
duc qu'il n'eût obéi et ne se fût humilié.
Ainsi, les troupes impériales, étant entrées en Italie sous le
comte de Collalto, assiégèrent la ville de Mantoue que les Vénitiens
s'efforcèrent de secourir, mais en vain : une partie de leurs troupes
3ii8 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
ayant été défaites et ensuite toute leur armée ayant été maltraitée dans
sa retraite par les Impériaux, qui occupèrent même quelques petites
places dans le territoire de la République, et qui, après, prirent et
saccagèrent la ville de Mantoue.
D'autre part, les Espagnols et le duc de Savoie, ne voulant point
s'en tenir au traité de Suze, les Français furent obligés de venir une
seconde fois en Italie sous le cardinal de Richelieu, qui, après avoir
pris Pignerol, laissa l'armée sous la conduite des maréchaux de La
Force et de Schomberg, lesquels, après s'être emparés de presque
toute la Savoie, se mettaient en devoir de secourir Casai, assiégé
par les Espagnols commandés par le marquis Spinola, et soutenue
par l'armée impériale qui les avait joints après la prise de Mantoue ;
lorsque le sieur Jules Mazarin, auquel le pape Urbain VIII avait com-
mis le soin de travailler pour ajuster les parties, les fit d'abord conve-
nir de plusieurs petites trêves, enfin d'une trêve générale de quarante
jours, à laquelle les généraux français consentirent, à cause du mau-
vais état où étaient leurs troupes, en second lieu parce qu'ils dou-
taient de pouvoir être assez tôt au secours de Casai, et surtout parce
que le sieur Mazarin leur faisait espérer que le nouveau duc de
Savoie, Charles- Amédée, se rangerait du parti de la France si les
Espagnols ne consentaient aux conditions de la paix qu'elle avait
proposée.
Par ce traité, qui fut signé au camp de Rivalte le 4 sep-
tembre 1630 par les quatre maréchaux de France de Montmorency,
de La Force, de Schomberg et d'Effiat, on convint que, pour faciliter
la conclusion de la paix, il y aurait trêve jusqu'au 15 octobre pro-
chain entre J'armée impériale, celles des deux couronnes et celle du
duc de Savoie; qu'on ne commettrait aucune hostilité de part ni
d'autre; que le marquis Spinola laisserait tous les travaux qu'il avait
faits devant Casai en l'état où ils étaient alors; que le sieur de Thoi-
ras, gouverneur de Casai, ne pourrait faire non plus de nouvelles
fortifications à la citadelle; que, jusqu'au 15 octobre, le château et la
ville de Casai seraient mis entre les mains du marquis Spinola par
M. le duc du Maine ou autre qui y commande ; que ce marquis fourni-
rait, en payant, les vivres nécessaires pour la subsistance de la garni-
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 3Ù9
son de la citadelle; que si la paix n'était pas faite dans le 15 octobre,
l'armée française pourrait entreprendre aussitôt le secours de Casai;
que M. de Tiioiras donnerait des otages et s'obligerait avec les offi-
ciers qui sont dans la place que, si la citadelle n'était point secourue
dans le 30, il la rendrait au marquis Spinola; enfin, que le marquis
promettrait de même que, si la citadelle était secourue avant le
terme convenu, il rendrait la ville et les châteaux et les otages qu'on
lui aura donnés.
Ce traité fut aussi signé par le duc de Savoie et «par le comte de
Collalto au nom de l'empereur; mais le marquis de Spinola, qui
était alors fort malade, ne le voulut point signer, croyant qu'on lui
voulait ôter la gloire de prendre de vive force le château et la ville
de Casai. Ce marquis étant mort trois jours après, le traité fut signé
par le marquis de Sainte-Croix, son successeur, qui entra dans
le château et dans la ville de Casai , et observa fort exactement le
traité.
II.
Traité de Ratisbonno entre Ferdinand II et Louis XHI pour accommoder les affaires
de la succession de Mantoue (le 13 octobre 1030).
Pendant qu'on négociait la paix en Italie, on travaillait aussi
pour la même fin en Allemagne, à Ratisbonne, où l'empereur s'était
rendu pour y tenir une diète générale de l'empire, et où le roi avait
envoyé le sieur de Brulard de Léon en qualité de son ambassadeur
extraordinaire, avec le père Joseph, capucin, pour l'assister de ses
conseils. Le roi leur avait donné seulement commission, h ce qu'on a
prétendu depuis, de représenter à l'empereur et aux électeurs et
princes de l'empire, les motifs qui l'avaient obligé de prendre part
aux affaires d'Italie; cependant ils entrèrent en négociation avec les
députés que l'empereur commit pour traiter avec eux, et les choses
allèrent si avant qu'encore que le duc de Tursis. ambassadeur d'Es-
pagne, fît son possible pour empêcher la conclusion du traité, il fut
néanmoins signé le 13 octobre 1630, à la sollicitation de l'électeur
de Bavière qui pressait l'empereur de s'accommoder avec la France.
Par ce traité , l'empereur et le roi convinrent qu'ils n'attaque-
350 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
raient point les États et n'assisteraient point les ennemis présents et à
venir l'un de l'autre; qu'on assignerait au duc de Savoie, pour toutes
ses prétentions sur le Montferrat, Trin et d'autres terres jusqu'à la
concurrence de 18,000 écus de revenu perpétuel, suivant les anciens
baux et le choix et l'estimation qui en serait faite par les commissaires
de l'empereur et du roi, lesquels régleraient aussi la valeur de ces écus
d'or ; que les prétentions de la duchesse de Lorraine seraient terminées
dans six mois par des arbitres dont ils conviendraient, sinon par l'em-
pereur même après avoir pris les avis des électeurs, et que le duc de
Mantoue serait tenu d'exécuter ce qui serait jugé; qu'afin que le duc
de Guastalle renrfhçât à ses prétentions sur le duché de Mantoue en
faveur du duc Charles et de ses descendants mâles, on lui assigne-
rait une ou plusieurs des terres nommées Dosobo, Lullara, Suzaraet
Regiolo, jusqu'à la concurrence de 6,000 écus de rente; que le duc
Charles demanderait grâce à l'empereur par écrit en des termes sou-
mis, et serait secondé par les prières faites aussi par écrit de la part
du pape et du roi; qu'à cette condition l'empereur lui accorderait,
six semaines après, l'investiture des duchés de Mantoue et de Mont-
ferrat et le protégerait contre tous ceux qui l'y voudraient troubler;
que quinze jours après la concession de cette investiture, les troupes
impériales se retireraient de tout le duché de Mantoue; que les Espa-
gnols sortiraient anssi de la ville et du château de Casai, du Montfer-
rat et du Piémont; les Français, de la citadelle de Casai, du Mont-
ferrat, du Piémont, de la Savoie et de l'Italie, hormis de Pignerol,
Briqueras, Suze et Veillane ; et les Savoyards, du Montferrat, honnis
de Trin et des terres qui seraient assignées au duc de Savoie ; qu'a-
près cela le duc Charles serait mis en possession du château , de la
ville et citadelle de Casai; qu'ensuite l'empereur lui remettrait Man-
toue et Caneto, sur l'Oglio, et le roi de France Pignerol et les trois
autres places au duc de Savoie; qu'après que tout cela serait exécuté,
l'empereur abandonnerait les postes que ses troupes occupaient dans
le pays des Grisons et qu'on y démolirait les nouvelles fortifications,
à la charge qu'elles ne pourraient être occupées ni fortifiées par per-
sonne; que, pour l'exécution de tous ces articles, l'empereur et le
roi donneraient des otages qui seraient mis enti*e les mains du pape
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 351
OU du grand-duc, ou de quelque autre prince calholiqne d'Allemagne;
que les Vénitiens seraient compris dans cette paix, en sorte qu'on
leur rendrait ce qui avait été occupé sur eux sans qu'on les pût
molester à l'avenir à cause de ce qui s'était passé dans cette guerre,
pourvu que la République promît de ne point attaquer l'empereur
ni l'Empire, de retirer ses troupes et de les réduire, en sorte qu'elle
ne donnât aucun soupçon à ses voisins; que si on avait fait un traité
de paix en Italie duquel ils fussent exclus, cela subsisterait.
On agita aussi dans les conférences, entre les députés de Tem-
pereur et les ministres du roi, les plaintes formées, d'une part, au
sujet des prétendues innovations faites par les Français dans le terri-
toire des évêchés de Metz, Toul et Verdun, et dans l'abbaye de
Gorze; d'autre part, sur le fort nouvellement construit à Moyenvic,
dans le territoire de Tévéché de Metz, dont les Français demandaient
la démolition ; mais comme ils n'avaient point d'instructions suffi-
santes pour traiter de ces matières , ils convinrent seulement, à cet
égard, que les troupes seraient, de part et d'autre, retirées de la fron-
tière ; que ces différends n'empêcheraient point la paix, et que le duc
de Lorraine y serait compris; enfin, on convint que si les généraux
avaient conclu un autre traité en Italie, il subsisterait.
Il n'y a point d'apparence que le sieur de Brulard ait trans-
gressé ses ordres en signant ce traité : c'était un très-habile homme,
assisté d'ailleurs du père Joseph qui avait le secret et la confidence
du cardinal de Richelieu; cependant, lorsque ce cardinal en eut l'avis,
il témoigna en être très-mal satisfait, et lui fit écrire par le roi qu'il
n'y avait presque aucune ligne dans le traité oii il ne trouvât à
redire ; mais que, particulièrement, il ne devait point renouveler dans
ce traité les différends pour les trois évêchés et l'abbaye de Gorze
dont il ne s'agissait point, ni y comprendre le duc de Lorraine avec
qui Sa Majesté n'avait point de guerre, ni parler si faiblement de l'in-
clusion des Vénitiens dans la paix, ni accorder au duc de Savoie une
si grande partie du Montferrat , et qu'il aurait dû y stipuler la répa-
ration des transgressions du traité de Monçon, en Aragon, fait en
1626, et obliger plus expressément l'empereur à retirer ses troupes
des passages de Valtetine sans attendre que tout le reste fût exécuté.
352 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
On a voulu dire que le cardinal de Richelieu, partant pour
Tarmée et craignant que la reine mère et ceux de sa cabale qui
s'étaient déclarés contre lui ne le ruinassent dans l'esprit du roi pen-
dant qu'il serait embarrassé dans les affaires d'Allemagne et d'Italie,
avait donné ordre au sieur de Brulard et au père Joseph de conclure
le traité de Ratisbonne à quelque condition que ce fût; mais qu'ensuite,
étant de retour en cour et ayant appris que le roi avait promis à la
reine de le renvoyer dès que la paix serait faite, il changea d'avis, et,
pour continuer la guerre, persuada au roi de désavouer ce qui s'était
fait à Ratisbonne et de refuser de le ratifier.
III.
Traité de Casai entre les mêmes et autres, pour retirer les troupes étrangères
du Montferrat (octobre 1630).
La nouvelle de la paix de Ratisbonne étant arrivée en Piémont
peu après l'expiration de la trêve, les maréchaux de Schomberg,
d'Effiat et Marillac ne laissèrent pas de se préparer à marcher au
secours de Casai. Comme ils étaient en marche, ils reçurent le traité
même, par lequel, voyant que l'empereur ne devait donner son inves-
titure que six semaines après, et qu'ensuite les Espagnols avaient
encore quinze jours pour sortir de la ville et château de Casai, ils
jugèrent que le mauvais temps et la peste ruineraient l'armée pendant
ces deux mois; ainsi, ils déclarèrent qu'ils n'exécuteraient point le
traité, à moins que les Espagnols ne voulussent rendre dans quinze
jours au duc du Maine la ville et le château de Casai et sortir du
Montferrat, auquel cas ils offraient de lui rendre en même temps la
citadelle ; les Espagnols ayant refusé ce parti , les maréchaux conti-
nuèrent leur marche et arrivèrent le 25 dans le voisinage de Casai.
Cependant le sieur Mazarin marchait nuit et jour d'une armée à
l'autre pour tâcher de faire convenir d'un accommodement les géné-
raux et d'empêcher le combat ; il désespérait de les pouvoir accorder,
et le lendemain l'année française marchait pour attaquer les lignes
des Espagnols. Il y avait déjà plusieurs coups tirés de part et d'autre,
desquels le sieur Mazarin courut risque d'être tué, lorsqu'il les fit
LIVRE IV. — CHAPITRE M. 353
convenir d'un traité par lequel il fut dit que les Espagnols commen-
ceraient le lendemain à sortir de la ville et du château de Casai, et
des places qu'ils tenaient dans le Montferrat ; que les Français sorti-
raient en même temps de la citadelle ; que le duc du Maine pourrait
mettre dans ces places tels gouverneurs et telle garnison que bon lui
semblerait; qu'en attendant le 25* jour de novembre, auquel l'inves-
titure devait être donnée au duc de Mantoue, un commissaire impé-
rial resterait dans Casai avec sa seule famille et n'y aurait point
d'autre fonction que d'y donner le mot; que ce commissaire approu-
verait les gouverneurs que le duc du Maine lui présenterait, sans eh
exiger aucun serment ; que le 25 novembre, soit que l'investiture fût
donnée ou non, le commissaire sortirait de Casai, et que les Impé-
riaux, les Français et les Espagnols sortiraient incessamment du
Montferrat.
Ce traité fut accepté le 27 par le comte de Collalto et par les
autres généraux, et les Espagnols employèrent les jours suivants à
sortir de la ville et du château; les Français, craignant que les Espa-
gnols n'y remissent le siège durant l'hiver, cherchèrent divers pré-
textes pour y laisser en garnison , premièrement des troupes fran-
çaises, ensuite des Suisses qu'ils avaient licenciés de leur armée;
mais comme les Espagnols poursuivaient l'armée française pour tirer
vengeance de cette prétendue contravention au traité, le sieur Mazarin
fit encore convenir les maréchaux de retirer les Français de Casai, et
d'en faire même ensuite sortir les Suisses, en sorte que le duc du
Maine n'y tint que des soldats du pays en garnison.
IV.
Premier traité de Quérasque entre Ferdinand N et Louis XHT pour accommoder
les difTt^rcnds des ducs de Savoie et de Mantoue (0 avril 1f>31).
Le roi ne voulut point ratifier le traité de Ratisbonne, et sou-
haita qu'il se fît un nouveau traité pour régler les différends entre les
ducs de Savoie et de Mantoue, et établir une paix entière en Italie.
Ainsi il envoya à Quérasque (Cherasco), ou on était convenu de
tenir les conférences, le sieur de Thoiras, qu'on venait de faire maré-
II. 23
Z5k HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
chai de France, et le sieur Servien, qui, par la médiation du nonce,
y conclurent, le 6 avril 1631, un traité avec le baron Galasso, com-
missaire et plénipotentiaire de l'empereur, après avoir ouï les ambas-
sadeurs du roi d'Espagne et les députés du duc Victor-Amédée de
Savoie et du duc de Mantoue. La première et principale difficulté qui
fut agitée fut le sujet des 18,000 écus de revenus anciens qu'on
devait donner en fonds de terre au duc de Savoie, car les ministres
du duc de Mantoue prétendaient, premièrement, que ces écus ne
devaient pas être des écus d'or, ou, au moins, qu'ils ne devaient pas
jêtre évalués à 33 florins, qui étaient le prix que les écus d'or valaient
alors à cause de la guerre.
Secondement , ils voulaient que Ton comptât parmi les anciens
revenus la taxe imposée pour l'entrelien de la citadelle de Casai,
celle sur les Juifs, les octrois et les autres impôts établis dans TÉtat.
En troisième lieu , ils prétendaient que les biens en fonds de terre
devaient être autant estimés que les féodaux, et qu'il les fallait éva-
luer suivant qu'ils étaient affermés avant la guerre.
J.es officiers du duc de Savoie disaient, au contraire, qu'on ne
devait estimer pour revenus anciens que ceux qui étaient établis
avant les droits acquis sur le Montferrat par les anciens ducs de
Savoie; que, suivant les traités précédents, particulièrement celui
qui avait été passé avec le duc Ferdinand, ce devaient être des écus
d'or; ces écus devaient être évalués suivant le cours qu'ils avaient
dans le temps présent, et que les biens en fonds de terre ne pouvaient
être autant estimés que les droits seigneuriaux, parce que le duc de
Mantoue avait mis toutes les fermes en très-mauvais état.
Sur ces contestations , le baron Galasso , promettant et s'obli-
geant pour le duc de Savoie, et les sieurs de Thoiras et Servien pour
le duc de Mantoue, convinrent, pour accommoder les choses : que le
duc de Savoie, pour toutes ses prétentions sur le Montferrat, se con-
tenterait de J 5,000 écus d or de rente, en comptant parmi les revenus
anciens l'ordinaire, la gabelle, la date, l'enregistrement des actes
et le droit sur le salpêtre ; que l'écu d'or, à l'égard des revenus qu'on
percevait en monnaie, serait évalué à raison de 28 florins l'écu ; que
le revenu des fonds de terre serait estimé suivant les baux faits avant
LIVRE IV. — CHAPITKE XI. 355
la guerre et serait compté parmi les biens nouveaux qui seraient payés
au duc de Mantoue à raison de trois pour cent, ainsi que les taxes
pour la citadelle, sur les Juifs et autres; que le duc de Savoie paye-
rait ces biens nouveaux dans dix-huit mois, et que, auparavant que
d'entrer en possession des lieux qu'on lui assignait, il serait tenu de
consigner à Paris ou à Lyon, entre les mains d'un marchand dont on
conviendrait, des pierreries de la valeur à laquelle monterait le prix
de ces biens nouveaux; que, si ces biens nouveaux n'étaient payés
dans les dix-huit mois, le marchand pourrait vendre ces pierreries et
en donner le prix au duc de Mantoue ; que, moyennant l'abandonne-
ment des 15,000 écus de rente en fonds de terre, le duc de Savoie se
chargerait de payer à l'infante Marguerite, duchesse de Mantoue, sa
dot, l'augment de sa dot, ses bagues et joyaux, et tout ce qu'elle pou-
vait prétendre contre les ducs de Mantoue; que, pour acquitter cette
dot, le duc de Savoie abandonnerait à ladite infante trois terres voi-
sines de Casai, savoir la Motte, les Rives et Constanzane, pour le prix
de 100,000 écus, s'obligeant de les faire valoir 3,000 écus d'or de
rente; que la souveraineté de ces trois terres demeurerait au duc de
Savoie avec faculté de les racheter pour la même somme ; qu'il payerait
dans quatre années le reste de ce qui pouvait être dû à l'infante, avec
les intérêts dont il s'accorderait avec elle; que le patronage de Tabbaye
de Lucedio et la souveraineté des lieux qui en dépendent et qui sont
enclavés dans les terres cédées au duc de Savoie, demeureraient au
duc de Mantoue et à ses successeurs ducs de Montferrat; que le duc
de Savoie permettrait au duc de Mantoue de tirer de ses terres, tous
les ans au mois de novembre, dix mille sacs de grains sans payer
aucun droit de sortie; que le duc de Savoie payerait aussi tous les
fiefs dévolus à la chambre du duc de Mantoue; qu'aussitôt que l'em-
pereur aurait la nouvelle de ce traité, laquelle on lui ferait savoir par
un courrier exprès, il donnerait au duc de Mantoue l'investiture des
duchés de Mantoue et de Montferrat et des autres terres qui en
dépendaient, excepté de celles qui avaient été assignées au duc de
Savoie et de celles qui le seraient au duc de Guastalle; que les
troupes impériales, françaises et savoyardes, commenceraient le 8
du même moi^ à se retirer et à prendre le chemin de leur pays, en
356 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
sorte que le 20 les Impériaux ne tiendraient plus que Mantoue,
Porto et Canetto; les Français que Pignerol, Briqueras, Suse et Veil-
lane; les Savoyards, les places du Montferrat qui leur étaient cédées ;
que toutes les troupes de l'empereur seraient au plus tard le 8 mai
en Allemagne; que le 23 mai, «les Allemands et les Français sorti-
raient des places ci-dessus mentionnées; que les Allemands sorti-
raient ensuite au plus tôt des passages des Grisons et de la Valteline ;
que l'empereur et le roi mettraient de part et d'autre entre les mains
du pape des otages pour la sûreté de ces restitutions réciproques;
#nfin, que le roi d'Espagne ne pourrait garder dans le Milanais qu'un
nombre de troupes qui ne pourrait donner de la jalousie à ses voisins.
Par un article secret pour l'assurance de l'évacuation des forts
occupés par les troupes de l'empereur dans le pays des Grisons et de
la Valteline, on convint que les citadelles de Veillane et de Suse
seraient remises en la garde des Suisses, alliés de France et de
Savoie, qui jureraient de les mettre entre les mains du duc de Savoie
aussitôt que cette évacuation serait faite, et de les remettre au roi si
elle ne se faisait point dans le temps dont on était convenu.
Le même jour, ces plénipotentiaires signèrent encore un écrit
contenant les noms de tous les lieux qui devaient rester au duc de
Savoie, et dont les biens nouveaux furent estimés à 494,000 écus,
que le roi s'obligea peu après, en acquérant Pignerol, de payer au
duc de Mantoue à la décharge de celui de Savoie.
Il paraît que ce traité fut désavantageux au duc de Mantoue,
qui fut ainsi obligé de vendre une bonne part du Montferrat au duc
de Savoie et de lui céder tout le Canavèse. On s'étonna d'abord que
les Français avaient eu si grand soin des intérêts du duc de Savoie,
leur ennemi, au préjudice du duc de Mantoue pour l'intérêt duquel
ils avaient pris les armes ; mais la suite fit connaître que les ministres
du roi étaient convenus secrètement avec le duc .de Savoie que,
moyennant qu'il laissât Pignerol au roi, ils lui feraient avoir le Cana-
vèse pour récompense; c'est pourquoi les ducs de Mantoue ont perpé-
tuellement réclamé contre ce traité, et le roi en a toujours maintenu
l'exécution et l'a encore fait confirmer par les traités de Munster et
des Pyrénées.
LIVRE IV. — CHAPITRK XI. 357
Second traité de Quérasque entre les mêmes, pour le même sujet
(19 juin 1631;.
Le premier traité de Quérasque ne fut pas sitôt exécuté qu'on se
l'était promis : le duc de Feria, gouverneur du Milanais, ayant été
quelque temps sans le vouloir approuver, particulièrement à cause du
changement que l'article secret apportait au traité de Ratisbonne, et
le pape n'ayant jamais voulu se résoudre de recevoir les otages pour
la restitution des passages des Grisons à cause qu'ils professent pour
la plupart la religion protestante; enfin, les commissaires étant con-
venus d'un nouvel expédient pour ajuster tous les différends, le baron
Galasso le communiqua au duc de Feria, qui l'approuva par un écrit
qu'il lui donna pour le remettre aux Français.
Ainsi le 19 du mois de juin suivant, les mêmes plénipotentiaires
firent à Quérasque un second traité par lequel le baron Galasso promit
que, dans vingt-cinq jours , il ferait venir en Italie l'investiture de
l'empereur, pour le duc de Mantoue, des duchés de Manloue et de
Montferrat et des terres qui en dépendaient, excepté celles qui avaient
été assignées aux ducs de Savoie et de Guastalla, sinon qu'il aurait
des lettres du sieur Brulard, ambassadeur de France près l'empereur,
et de l'ambassadeur de Mantoue, qui les assurerait que cette investi-
ture leur aurait été mise entre les mains; qu'à la fin de juillet toutes les
troupes de l'empereur et six mille hommes que le duc de Feria envoyait
seraient hors d'Italie, hormis seize cents hommes de pied et cent
chevaux que chaque partie pourrait garder dans les places réservées
par ce traité; que, pour assurance de la restitution de ces places,
l'empereur donnerait pour otages, entre les mains du pape, les sieurs
Piccolomini, Chieza et Witzleben, et le roi, les sieurs de Tavanes, de
Nerestan et d'Aiguebonne ; que le pape ayant déclaré qu'il ne pouvait
recevoir ces otages pour la restitution qu'on devait faire aux Grisons,
le baron Galasso se mettrait lui-même en otage pour assurance de
cette restitution entre les mains du duc de Mantoue; que le maréchal
de Thoiras se mettrait aussi en otage entre les mains du duc de Savoie
pour la restitution de Bricherasco ; que les démolitions de part et d'autre
358 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
commenceraient le 6 août jusqu'au 20, et que les places seraient toutes
abandonnées de part et d'autre dans ce jour ou en trois termes diffé-
rents, en sorte que le 20 août le maréchal de Thoiras et le sieur Ser-
vien rendraient Bricherasco et le baron Galasso les forts et passages des
Grisons; le 26, les premiers rendraient Suse et Veillane, et le dernier
Porto et Canelto; enfin, que les premiers rendraient Pignerol, et le
dernier Mantoue; que le duc de Feria enverrait en Flandre six mille
hommes de pied et mille chevaux, et qu'il ne garderait dans le Mila-
nais que le nombre de troupes que le roi d'Espagne avait accoutumé
d'y entretenir pour garder ses places; enfin, que les sieurs de Thoiras
et Servien donneraient passage, par la Valteline, aux troupes qui sor-
tiraient de Porto, de Canetto et de Mantoue, pourvu qu'elles payas-
sent leurs dépenses par étapes et qu'elles ne passassent au plus que
trois compagnies à la fois.
Avant que de signer ce traité, les plénipotentiaires de France
donnèrent au baron Galasso une déclaration dans laquelle ils protes-
taient que la signature et l'exécution de ce traité n'empêcheraient
point qu'ils ne poursuivissent les réparations des contraventions faites
au traité de Monçon ; qu'ils enverraient dans le pays des Grisons des
gens exprès pour voir comment on accomplirait les articles qui les
concernaient; que le duc de Mantoue mettrait dans Porto telle garni-
son que bon lui semblerait, et qu'il le pourrait fortifier du côté de
Mantoue en attendant qu'on lui eût remis cette ville; que la consi-
gnation des pierreries serait présentement faite par le duc de Savoie;
enfin, que l'empereur ne lui donnerait point l'investiture des terres
qui lui avaient été cédées qu'après celte consignation.
Ce traité fut ainsi exécuté : l'investiture fut donnée au duc de
Mantoue le 2 juillet, les otages furent consignés entre les mains du
pape, puis, toutes les places furent successivement rendues de part et
d'autre; enfin, le 20 septembre les Français sortirent de Pignerol, au
moins à ce qu'on crut, et les Allemands sortirent en effet de Man-
toue; après quoi toutes les restitutions étant faites, le pape ren-
voya les otages. Ainsi finit cette guerre qui avait si violemment affligé
l'Italie.
LIVRE IV. — CHAPITRE \1. 359
VI.
Traité de Hambourg entre Ferdinand III et Louis XIII pour les pn^lirainaires
de la paix (1041).
Uinvasîon des troupes de l'empereur dans l'Italie augmenta
encore dans les ministres de France le désir qu'ils avaient déjà de
diminuer sa trop grande puissance dans l'Empire et de la réduire
dans ses bornes légitimes. Ainsi le roi se ligua, comme nous avons
déjà vu, avec Gustave, roi de Suède, pour le soulagement des princes
de l'Allemagne qui avaient été opprimés, et prit l'électeur de Trêves
sous sa protection.
Après la mort de Gustave, le roi renouvela son alliance avec la
reine de Suède, sa fille, et s'allia avec les États des quatre cercles
confédérés de la Suède; il s'empara successivement des meilleures
places de la Lorraine par divers traités, et ensuite de tout ce duch»^
après que les ducs Charles et François en furent sortis; il mit gar-
nison dans Haguenau, Saverne et plusieurs autres villes d'Alsace qui
se mirent sous sa protection, et comme dans la suite les Suédois,
ayant perdu la bataille de Nordiingen, sortirent de plusieurs places
qu'ils tenaient dans les provinces voisines du Rhin, les Français
entrèrent encore dans Philippsbourg : et Manheim, Colmar, Schéles-
tadt. Spire et plusieurs autres villes se mirent sous la protection de
Sa Majesté.
Les choses étaient en cet état lorsque le roi, voyant les Suédois
sur le point d'être abandonnés par l'électeur de Saxe et par les autres
princes protestants d'Allemagne et hors d'état de tenir tête aux Impé-
riaux, résolut d'entrer en guerre ouverte contre la maison d'Autriche,
de peur qu'après avoir chassé les Suédois de l'Allemagne et subjugué
tous les princes de l'empire, elle ne voulût se venger des secours que
le roi avait donnés aux Suédois.
Sa Majesté prit le prétexte de l'électeur de Trêves, son allié, qui
avait été fait prisonnier par les Espagnols du consentement de l'empe-
reur; il déclara la guerre en 1635 au roi d'Espagne et à ses adhé-
rents, et fit entrer en Allemagne le cardinal de La Valette, auquel le
duc de Weimar se joignit avec son armée, sans qu'ils y fissent néan-
360 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
moins rien de considérable qu'une retraite qui a toujours été fort
estimée.
En 1636, Ferdinand, roi de Hongrie, fit attaquer la Bourgogne
par le général Gallas, après avoir publié un manifeste par lequel il
exposait que le roi, au préjudice du traité de Ratisbonne, avait
assisté le roi de Suède et les autres ennemis de TEmpire, et s'était
saisi ou avait retiré des mains des Suédois plusieurs places qui en
dépendaient, dans lesquelles il avait mis garnison ; de sorte que ce
fut l'empereur qui déclara le premier la guerre à la France, ce qui
lui réussit assez mal, son armée, qui était de quarante mille hommes,
étant presque entièrement périe par la faim et par d'autres misères.
Le roi ayant donné les années suivantes une armée puissante au
duc de Weimar, ce duc s'empara de plusieurs places , entre autres
des villes forestières et de l'importante place de Brisach ; après la
mort de ce duc le roi prit possession de ces villes, et fit encore plu-
sieurs conquêtes en Allemagne où ses armées s'emparèrent d'un grand
nombre de places.
Dès le commencement de cette guerre, le pape Urbain VIII,
Christian IV, roi de Danemark, et les Vénitiens s'étaient entremis
pour rétablir la paix entre les princes qui étaient en guerre, et le
pape les ayant fait convenir que l'assemblée pour la paix se tiendrait
à Cologne, y envoya le cardinal Ginetti pour y assister en qualité de
légat; d'autre part, ses nonces et les ambassadeurs de Venise qui
étaient dans les différentes cours travaillèrent chacun de leur côté
pour obtenir les passe-ports nécessaires pour les ambassadeurs des
parties.
Les Suédois ayant d'abord déclaré qu'ils ne voulaient point se
trouver dans une assemblée de laquelle le légat du pape serait le chef
en qualité de médiateur, et outre cela ne voulant point traiter leur
paix en un même lieu que les Français, on convint que leur traité de
paix avec l'empereur se traiterait à Lubeck, par la médiation du roi de
Danemark, et que les autres se traiteraient à Cologne.
Cela étant ainsi réglé , le roi déclara qu'il n'enverrait point ses
ambassadeurs à Cologne avant que ceux de ses alliés ne pussent aussi
s'y rendre sûrement : ainsi il demanda des passe-ports pour les Sué-
LIVRE IV. — CHAPITRK XI. 361
dois, pour les députés des États Généraux, et pour les princes protes-
tants de l'Allemagne. L'empereur Ferdinand III, qui avait succédé à
Ferdinand II, son père, mort en 1637, ne leur en voulut point
donner d'abord, disant que les intérêts de la Suède devaient se traiter
à Lubeck, et que c'était aux Suédois à en demander s'ils en avaient
affaire; qu'il n'était point en guerre avec les Provinces- Unies , si
bien qu'il ne fallait point de passe-ports pour leurs députés; et à
l'égard des princes protestants d'Allemagne, il soutenait qu'étant ses
sujets, ils ne pouvaient prétendre de passe-ports pour venir conférer
de leurs intérêts avec leur souverain; leur devant suffire que l'empe-
reur leur offrît le pardon qu'il avait promis par la paix de Prague
d'accorder à ceux qui recourraient à sa clémence; néanmoins, dans
la suite il donna, en 1637, les passe-ports pour les députés de la Suède
et des Provinces-Unies qui voudraient venir à Cologne, et en 1638
un pouvoir à ses plénipotentiaires de donner des passe-ports aux
princes de l'Empire qui n'étaient point encore réconciliés avec lui
pour venir à Cologne informer les ministres du roi très-chrétien de
leurs intérêts.
Les Français voulurent ensuite avoir des passe-ports particuliers
pour le duc Bernard de VVeimar et pour la maison de Hesse-Cassel,
qui avaient une attache plus étroite pour la France que les autres, et
en général pour tous les princes d'Allemagne, ses alliés; l'empereur
eut-bien de la peine d'y consentir, croyant que ce serait approuver
les ligues faites par les princes de l'Empire avec les étrangers, les-
quelles il soutenait être contraires aux constitutions de l'Empire ; mais
ensuite il les accorda vers la fin de 1638, après avoir néanmoins fait
un décret que le passe-port général ne pourrait servir à l'Électeur
palatin.
Cette exception fut cause qu'à l'instance du roi d'Angleterre le
roi en demanda encore pour le palatin et ses frères; à quoi l'empe-
reur résista fort longtemps, parce que la restitution du palatin avait
été exclue de la paix de Prague, et que l'on négociait alors à Bruxelles
un traité particulier pour cette affaire avec les ministres des rois
d'Espagne et d'Angleterre. Cependant les Français, sans se rebuter,
en demandèrent encore en 1639, premièrement, pour l'électeur de
362 HISTOIRE DKS TRAITÉS DE PAIX.
Trêves, que l'empereur tenait encore prisonnier ; en second lieu pour
madame la duchesse de Savoie, tutrice du duc de Savoie et régente
de ses États, à laquelle ils souhaitaient que l'empereur donnât ces
qualités dans son passe-port, encore qu'il eut donné un décret par
lequel il attribuait la tutelle et la régence au cardinal Maurice et au
prince Thomas de Savoie ; enfin pour les ducs de Brunswick et de
Lunebourg, qui s'étaient depuis peu alliés avec la France, quoiqu'ils
eussent ci-devant accepté la paix de Prague.
L'empereur eut bien de la peine à se résoudre d'accorder tous
ces passe-ports ; mais la fermeté des Français et le mauvais état de
ses affaires furent cause qu'il les leur accorda tous les uns après les
autres, hormis celui de la duchesse de Savoie, à laquelle il ne convint
pas de donner sitôt les qualités qu'on souhaitait.
Toutes ces facilités que l'empereur apportait , engagèrent le roi
(qui jusqu'alors ne le qualifiait que de roi de Hongrie, et qui n'avait
point approuvé son élection à la dignité impériale à cause que l'élec-
teur de Trêves n'y avait point été appelé suivant la Bulle d'or) ,
donna néanmoins un passe-port pour ses ambassadeurs, dans lequel
il le qualifia empereur, et il accorda encore un passe-port pour le duc
de Lorraine.
Les choses étant en cet état, les ministres de France proposèrent
de transférer la négociation à Munster et à Osnabruck, à cause que
Cologne etLubeck étaient trop éloignées l'un de l'autre pour que l'on
pût avoir facilement communication d'une ville à l'autre ; toutes les
autres parties intéressées y ayant donné les mains, l'empereur, les rois
de France et d'Espagne et la reine de Suède donnèrent commission
aux ministres qu'ils avaient à Hambourg, de dresser un traité pour
régler tous les préliminaires du traité et le jour auquel l'assemblée
commencerait.
Comme le duc de Lorraine s'était accommodé avec le roi et avait
renoncé à l'alliance qu'il avait faite avec la maison d'Autriche, les
ministres de France retirèrent le passe-port qu'ils avaient donné pour
lui; ensuite le sieur Lutzovv, plénipotentiaire de l'empereur tant pour
lui que pour le roi d'Espagne, et le comte d'Avaux pour le roi de
France, passèrent à Hambourg un traité, le 25 de décembre i6&l.
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 3t)3
par lequel ils convinrent que l'assemblée se tiendrait à Munster et à
Osnabruk aux conditions que j'ai marquées ailleurs en parlant du
traité préliminaire qui fut signé le même jour entre l'empereur et la
Suède ; que les passe-ports seraient échangés deux mois après par les
mains des ministres de Danemark; que d'une part l'empereur et le roi
d'Espagne en donneraient chacun un pour les plénipotentiaires du roi,
pour l'agent de Suède qui se tiendrait à Munster, pour les plénipoten-
tiaires de la duchesse de Savoie en qualité de tutrice de son fils et de
régente de ses États, pour les plénipotentiaires des États généraux des
Provinces-Unies, pour Charles-Louis, prince palatin , et ses frères ou
leurs députés, pour les ducs de Brunswick et de Lunebourg ou leurs
députés, pour les députés de la landgrave de Hesse, et en général
pour tous les États de l'Empire, alliés de la France, soit qu'ils en-
voyassent des députés à l'assemblée en général ou en particulier.
D'autre part on convint que le roi de France fournirait des
passe-ports pour les plénipotentiaires de l'empereur et du roi d'Es-
pagne, et pour les alliés de l'un et de l'autre, soit qu'ils députassent
en général ou chacun en particulier, pour les députés de l'électeur de
Cologne et pour les députés de l'électeur de Bavière; enfin qu'on
s'assemblerait à Munster et àOsnabruck le 25 du mois de mars suivant.
Il paraît qu'on ne donna point de passe-port pour Weimar;
le duc Bernard était mort dès l'année 1639.
Le roi ratifia d'abord ce traité , mais l'empereur fut longtemps
sans le vouloir ratifier, prétendant que le sieur Lutzow avait excédé
son pouvoir, surtout en ce qu'il avait consenti de donner à la duchesse
de Savoie les qualités de tutrice et de régente; néanmoins, il résolut
enfin, au mois de juillet 1642, de ratifier ce traité et de donner ce
passe-port avec ces qualités.
VII.
Traité de paix de Mûnsler entre Ferdinand U\ et Louis XIV
(24 octobre 1648).
Divers obstacles retardèrent l'ouverture de l'assemblée de Muns-
ter jusqu'au 11 juillet 1643. Je parlerai ailleurs du traité de paix qui
364 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
s'y conclut entre l'Espagne et les Provinces-Unies et des raisons qui
empêchèrent que la paix ne pût être faite entre la France et l'Es-
pagne, me contentant de parler ici du traité qui y fut fait entre
l'empereur et l'Empire d'une part, et la France de l'autre; je ne ferai
même présentement mention que des articles de ce traité qui concer-
nent les intérêts de la France, car comme l'empereur croyait aloi-s
au-dessous de sa dignité de faire des traités de paix avec des princes
qui relevaient de lui, et qui, en cette qualité, ne prenaient pas le
parti de recourir purement et simplement à sa clémence , mais qui
voulaient stipuler les armes à la main les avantages qu'ils croyaient
pouvoir demander, il voulut que les articles qui concernaient l'intérêt
de ces princes fussent compris dans les traités qu'il fit avec la France
et avec la Suède, ce qui n'empêche pas que les articles de ces traités
qui les regardent ne doivent êlre considérés comme passés entre
l'empereur et eux. Ainsi, je crois qu'il sera plus utile pour ceux qui
verront cet ouvrage, de réserver tous ces articles pour le VI* livre,
parmi les traités que l'empereur a faits avec les princes de l'Empire,
et de ne mettre en cet article que ce qui regarde les intérêts de la
France et ceux des ducs de Savoie et de Mantoue, comme étant
une suite des précédents traités passés entre Ferdinand II et
Louis XIII.
L'empereur envoya, pour ses plénipotentiaires à l'assemblée de
Munster, Maximilien, comte de Trauttmansdorff, Jean-Louis, comte
de Nassau-Katzenelenbogen, et Isaac Volmar; le roi y envoya de sa
part Henri, duc de Longueville, Claude de Mesme, comte d'Avaux, et
Abel Servien.
Après plusieurs difficultés qui retardèrent la négociation, on fixa
l'échange des propositions de part et d'autre au A décembre 16W.
Les ministres de France ne demandèrent point autre chose dans leur
première proposition, sinon qu'avant que de procéder, l'électeur de
Trêves fût mis en liberté et rétabli dans sa dignité et dans ses États,
et qu'il pût se trouver à cette assemblée ou y envoyer ses députés,
protestant, à faute de cela, de ne point passer outre.
L'empereur demanda de sa part, dans sa proposition, que le
traité de paix de Ratisbonne de l'année 1630 fut exécuté, et que le
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 365
roi restituât tout ce qu'il avait ôté au préjudice de cette paix à TEm-
pire, à la maison d'Autriche et au duc de Lorraine.
Les Impériaux, les Espagnols, les médiateurs même et les Sué-
dois se plaignirent extrêmement de la proposition des Français qui
tendait, selon eux, à retarder le traité de la paix en voulant faire un
préliminaire de ce qui devait être une condition du traité; ainsi les
ambassadeurs de France doimèrent une seconde proposition au mois
de février 1645, par laquelle ils déclarèrent que, pour TAIIemagne, le
roi ne demandait qu'à y établir une bonne paix, qu'il ne se prévau-
drait point des progrès qu'il y avait faits, sinon pour l'avantage et la
sûreté des États de l'Empire, et qu'à l'égard des affaires d'Italie, sur-
tout du duc de iMantoue, il s'en rapporterait au sentiment du pape,
des Vénitiens et des autres princes d'Italie. Cette seconde proposition
mécontenta autant que la première les alliés de la France , qui
jugeaient que le roi avançait trop en matière sans eux.
Enfin l'électeur de Trêves ayant été mis en liberté au mois
d'avril 1645, les plénipotentiaires de France donnèrent au mois de
juin suivant leur troisième proposition, par laquelle ils demandaient
que la paix fût rétablie entre le roi très-chrétien, la reine de Suède et
leurs alliés d'une part, et l'empereur, la maison d'Autriche et leurs
alliés de l'autre; que l'empereur ne pût se mêler de h guerre qui était
entre la France et l'Espagne, ni assister les ennemis de la France et
de la Suède; qu'on accordât une amnistie générale ; que toutes choses
fussent rétablies comme elles étaient en 1618; que tous les prison-
niers, entre autres Edouard, frère du roi de Portugal, fussent mis en
liberté ; enfin , qu'on donnât une satisfaction convenable aux deux
couronnes, à la landgrave de Hesse et à leurs autres alliés, parmi les-
quels ils déclarèrent peu après, par un billet particulier, qu'ils com-
prenaient aussi le prince de Transylvanie, L'emperenr, dans la
réponse qu'il fournit à cette proposition, refusa de remettre les choses
comme elles étaient en 1618, particulièrement pour l'intérêt de la
religion catholique et du duc de Bavière, consentant de ne se point
mêler des différends qui pourraient, après la paix générale, survenir
entre la France et l'Espagne, à condition que la France ne se mêle-
rait point non plus de ceux entre l'empereur et l'Empire et la Suède ;
366 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
il consentit à Tamnislie, et déclara qu'à Tégard de Télargissement de
dom Edouard, il s'en remettrait au roi d'Espagne, qu'il reconnaissait
pour seul roi de Portugal ; mais il soutint qu'il n'appartenait aucune
satisfaction à la France, ce que ses ministres prétendirent justifier
dans un écrit qu'ils firent tout exprès pour cela, se fondant particu-
lièrement sur les traités que Louis Xlll avait faits avec la Suède et
puis avec les fttats des quatre cercles, par lesquels il avait promis de
ne rien garder de toutes les places dont ses troupes s'empareraient
en Allemagne. Néanmoins, ils offrirent peu après de céder au roi,
pour sa satisfaction, les trois évêchés de Metz, Tout et Verdun avec
Pignerol.
Les Français, dans la réplique qu'ils firent de vive voix à cette
réponse des Impériaux le 7 janvier 1646, demandèrent qu'outre ces
choses qui appartenaient d'ancienneté à la couronne, on cédât encore
au roi, pour sa satisfaction, la haute et la basse Alsace y compris le
Snndgau, Brisach et le Brisgau, et les villes forestières avec tous les
droits que les princes de la maison d'Autriche y possédaient avant cette
guerre, et que l'Empire lui cédât encore Philippsbourg avec son ter-
ritoire et les lieux nécessaires pour la libre communication avec le
royaume de France ; offrant de rendre tous les autres lieux qu'ils tenaient
en Allemagne et même de tenir ces provinces en fief de l'Empire, à
condition que le roi y aurait séance et voix délibéralive parmi les
princes ; ils persistèrent de plus k demander que l'empereur, moyen-
nât la délivrance de dom Edouard, qui avait été arrêté par son
ordre, lorsqu'il portait les armes pour son service, et qui était encore
détenu prisonnier dans le château de Milan, et qu'il leur accordât
encore les autres demcandes contenues dans leur dernière proposition,
auxquelles ils ajoutèrent que l'empereur ne put troubler le roi dans
les États du duc de Lorraine qui appartenaient à Sa Majesté par le
traité de 164 1.
Les ministres de l'empereur s'écrièrent extrêmement contre ces
demandes qui les touchaient bien plus au vif que celles des Suédois,
qui ne demandaient que des biens d'Église et la Poméranie pour
laquelle on prétendait aussi récompenser l'électeur de Brandebourg
en lui donnant quelques évêchés, au lieu que les Français demandaient
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 367
le patrimoine même de la maison d'Autriche. Aussi l'archiduchesse
Claude de Médicis, mère des jeunes archiducs d'inspruck, de l'apa-
nage desquels l'Alsace faisait partie, s'en plaignit à tous les Ktats de
l'Empire, les conjurant d'empêcher qu'on ne fît cette injustice à ses
mineurs qui n'avaient point eu de part à toutes ces guerres. Les
Suédois mêmes, quoique nos alliés, craignant que les Français ne
missent le pied en Allemagne et qu'ils ne fussent en état de s'y faire
considérer, publiaient hautement que ces demandes étaient déraison-
nables et exorbitantes, mais pendant que les alliés de la France
s'opposaient à sa satisfaction, l'électeur de Bavière, alors son ennemi,
obligea l'empereur de la lui accorder.
Ce prince avait toujours été le plus ferme appui des empereurs
Ferdinand II et Ferdinand 111, auxquels il avait conservé le royaume
de Bohême, même la couronne impériale et leurs provinces hérédi-
taires, puisque, s'il les avait abandonnés, il y a grande apparence
que les Suédois les auraient chassés, sans beaucoup de peine, de toute
l'Allemagne. 11 y avait longtemps qu'il avait eu pour sa récompense
l'Électorat qu'on avait ôté au palatin, outre lequel l'empereur lui avait
encore vendu le haut Palatinat pour 13,000,000 d'écus d'or qu'il avait
prêtés à l'empereur ou dépensés pour son service. Ainsi , comme il se
voyait extrêmement vieux et ses enfants fort jeunes , il souhaitait de
les laisser paisibles possesseurs de la dignité électorale et du haut
Palatinat; mais comme il ne pouvait obtenir l'un et l'autre que par un
traité de paix, il souhaitait passionnément de le voir conclure pendant
sa vie à son avantage.
Pour y parvenir il jugea qu'il n'y avait point de meilleur parti
pour lui que d'attirer la France dans ses intérêts; il y envoya son
confesseur, qui ayant fait connaître à la reine combien il importait
à la religion catholique que la dignité électorale ne lui fut point ôtée
pour la donner à un hérétique, et que la religion calhoHque qu'il
ava.'l iiilrv.duite dans le haut Palatinat, y fut conservée, obtint encore
promesse qu'on maintiendrait à l'avenir les intérêts de son maître, à
condition qu'il obligerait l'empereur à donner la paix k l'Empire et à
satisfaire les deux couronnes. Ainsi, depuis ce temps-là, les ministres
de France travaillèrent près des Suédois pour les obliger de n'être
368 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
point si contraires au duc qu'ils Tétaient auparavant, et de lui laisser
la dignité électorale et le haut Palatinat; le duc agit de son côté
vigoureusement auprès de l'empereur pour l'obliger à faire des offres
raisonnables aux deux couronnes, menaçant de faire son traité parti-
culier s'il ne les voulait pas contenter.
Ce furent donc les instances et les menaces de cet électeur qui
obligèrent l'empereur à offrir par degrés à la France ce qui lui a été
donné pour sa satisfaction ; car l'empereur offrit d'abord seulement
les deux Alsaces, puis, après y avoir ajouté le Sundgau, il fut long-
temps sans vouloir lui céder Brisach, croyant que la paix ne pourrait
pas être stable si la France possédait quelque place au delà du Rhin.
Ainsi il offrit seulement de le démanteler et de consentir que le roi
fît fortifier quelque place au deçà du Rhin, vis-à-vis de Brisach; enfin
les Français le voulant absolument, les ministres de l'empereur l'ajou-
tèrent à leurs offres. Ils ne firent d'abord toutes ces offres que pour
le roi et ses successeurs, rois de la maison de Bourbon, et à condition
de donner 5 millions d'écus aux archiducs d'inspruck pour leur
dédommagement, avec un secours contre le Turc; le roi ne voulut
point de la première condition, pour ne laisser à ces peuples aucune
espérance de pouvoir un jour retourner sous la domination de la
maison d'Autriche. Il voulut que cette cession lui fût faite et à tous
ses successeurs rois; à l'égard du dédommageraient de ces princes, il
y consentit volontiers et offrit de leur payer tous les ans 50,000 écus
qui était tout au plus ce qu'ils retiraient de ce qu'ils cédaienC au roi,
d'envoyer un secours d'hommes contre le Turc pendant trois années;
enfin il convint de leur donner 3 millions de livres une fois payés, à
condition qu'ils fissent au roi une cession en bonne forme.
Il ne restait plus que l'article de Philippsbourg, sur lequel le roi
avait permis à ses plénipotentiaires de se relâcher s'ils le jugeaient à
propos; mais comme l'électeur de Trêves, qui était aussi évêque de
Spire, consentit vers ce temps-là que le roi de France et ses succes-
seurs fussent protecteurs de révêchc de Spire et tinssent garnison
dans Philippsbourg, l'empereur consentit enfin que le roi et ses suc-
cesseurs eussent droit de protection et de garnison perpétuelle dans
Philippsbourg; si bien que la France s'étant départie de ses pré-
LIVUK IV. - CHAPITRE XI. 369
tentions sur le Brisgau et sur les villes forestières, et s'étant contentée
qu'on démolît les fortifications de Neubourg, Benfeld, Saverne et de
quelques autres places d'Alsace qu'elle prétendait retenir, ce qui con-
cernait la satisfaction de la France, fut réglée le 13 septembre 1646.
Lorsqu'on voulut depuis dresser les articles qui devaient contenir
cette satisfaction, il s'y rencontra diverses difficultés, entre autres deux
considérables, dont la première était que les Impériaux n'avaient
compris dans la cession des trois évéchés que leurs droits tempo-
rels, et avaient excepté nommément les fiefs des ducs, comtes, barons
et autres vassaux qui en relevaient ; mais les plénipotentiaires de
France firent en sorte que premièrement on ôtât le mot de temporel
pour ne laisser aucun doute sur la cession qu'on faisait au roi de la
souveraineté dans toute l'étendue de ces évéchés , tant pour le spiri-
tuel que pour le temporel , c'est-à-dire dans toute l'étendue de leur
diocèse ; en second lieu, ils firent effacer l'exception des fiefs qu'on
y voulait apposer; de sorte que l'empereur et les États de l'empire
consentirent tacitement que la souveraineté de Sa Majesté s'étendît
sur tous les seigneurs qui relèvent de ces évéchés, ou qui ont leurs
fiefs situés dans l'étendue de leurs diocèses.
Cependant ces États firent alors une déclaration, que leur inten-
tion était que le roi ne pourrait exercer sa juridiction royale dans ces
évéchés que comme il faisait auparavant; et que sous prétexte de
droit diocésain, de feudalité ou pour quelque autre que ce fut, il ne
la pourrait point étendre hors du détroit de ces évéchés ni sur les
fiefs que les États de l'empire ou la noblesse immédiate tiennent de
ces évéchés : le sieur Servien ne voulut point recevoir cette décla-
ration.
La seconde difficulté roulait sur ce qu'on était d'abord en France
dans quelque disposition de tenir de l'empire le landgraviat d'Alsace,
afin d'avoir séance dans les diètes de l'empire; mais quand on consi-
déra depuis le peu d'honneur qu'il y aurait au roi de n'avoir séance
dans les diètes que comme landgrave aa-dessous d'un grand nombre
d'autres princes, et que l'empereur pourrait procéder contre Sa Majesté
par le ban impérial , même le faire condamner à mort comme un
vassal, s'il entrait en guerre ouverte contre lui, on jugea plus à propos
II. 2k
^ y.-.'i
370 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
que Sa Majesté possédât tous ces Étals souverainement et sans aucune
dépendance de l'empire.
• Ainsi le 11 novembre 1647 les articles qui contenaient la satis-
faction de la France furent mis au net, .et signés par les secrétaires
des ambassadeurs de l'empereur et du roi dans les mêmes termes dans
lesquels ils furent depuis transcrits dans le traité de paix.
Lorsque Boulanger, secrétaire de l'ambassadeur de France, signa
ces articles, les plénipotentiaires de France, pour ne point laisser
aucun titre ni prétexte à l'empereur ou à quelque autre prince de sa
maison de répéter un jour ces provinces, firent une déclaration por-
tant que cette signature n'aurait point d'effet, à moins que les pléni-
potentiaires de l'empereur ne leur donnassent leur parole par écrit
que l'empereur ni aucun autre prince de sa maison ne prendrait plus
le titre ni les armes de landgrave d'Alsace et de comte de Ferrette.
Volmar répondit qu'il n'avait aucun ordre de promettre cela; il
demanda que les ambassadeurs de France convinssent que 2 livres et
demi tournois s'évalueraient à une rixdale lorsqu'on payerait les 3 mil-
lions de livres tournois à l'archiduc d'Inspruck. Il fit une autre décla-
ration que la signature apposée par son secrétaire sous ces articles
serait nulle, à moins que les plénipotentiaires de France ne promis-
sent par écrit que les Jivres tournois qu'on devait donner aux archi-
ducs seraient évaluées à raison de 2 et demi par rixdale.
Enfin le nonce fit une protestation que sa présence à la signa-
ture de ces articles ne pourrait préjudicier aux droits du saint-siége
sur les évêclïés de Metz, ïoul et Verdun ; le sieur Servien protesta au
contraire que cette protestation ne pourrait nuire aux anciens droits
de la couronne sur ces trois évêchés.
Pendant qu'on négociait cette satisfaction, on travaillait aussi
aux articles qui concernaient les alliés de la France. Comme l'élec-
teur de Bavière s'était employé pour la France, elle s'employait
aussi près des ministres de Suède , afin qu'ils ne s'opposassent
point trop aux avantages du duc de Bavière en faveur du Palatin;
à quoi elle réussit si bien, qu'elle les fit consentir que la dignité
électorale fut laissée au duc de Bavière avec le haut Palatinat, et
qu'on créât un huitième électorat pour le Palatin. On travailla aussi
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 371
pour les intérêts des autres alliés de la France et de la Suède, et à
faire la paix entre la France et l'Espagne.
Comme il se trouva des obstacles insurmontables à cette paix,
cela pensa aussi empêcher la conclusion du traité entre Tempcreur
et le roi de France: parce que celui-ci ne voulait pas que l'empereur
pût le troubler dans la possession de la Lorraine, ni après la paix
faite secourir le roi d'Espagne dans le cercle de Bourgogne, pas
même comme archiduc d'Autriche ; h quoi l'empereur ne voulait pas
consentir, déclarant qu'il ne pouvait abandonner un prince son parent
duquel il était héritier, surtout lorsque le roi voulait se réserver la
liberté d'assister le roi de Portugal contre le roi d'Espagne.
Plusieurs différends qui restaient encore h terminer entre les
catholiques et les protestants retardaient aussi la conclusion du
traité, si bien qu'il semblait qu'on n'en verrait jamais la fin; mais
les électeurs de Mayence et de Bavière obligèrent les catholiques de
s'accommoder avec les protestants , et persuadèrent l'empereur de
passer par-dessus toutes ces difficultés, quoique d'une part les Espa-
gnols fissent leurs efforts pour empêcher l'empereur de consentir à
la paix, et que de l'autre le sieur Servien fut d'avis que le roi ne fît
point la paix avec l'empereur sans la faire en même temps avec
l'Espagne. Le traité fut enfin signé à Munster le 2/i octobre 1648,
le même jour que le traité d'Osnabruck fut signé entre l'empereur et
la reine de Suède.
Le duc de Longueville, voyant que le sieur Servien avait seul
le secret du roi, et que les états généraux avaient fait leur paix avec
l'Espagne, avait demandé son congé et s'était retiré : la mésintelli-
gence entre les sieurs d'Avaux et Servien avait obligé depuis la
cour de révoquer le premier , de sorte que le sieur Servien acheva
seul le traité avec l'empire. Cependant pour ne pas priver les trois
plénipotentiaires de l'honneur d'avoir achevé le traité pour la con-
clusion duquel ils avaient tant travaillé, ils y furent nommés aussi
bien que le comte de Trauttmansdorff qui avait aussi été rappelé,
comme s'ils l'avaient conclu et signé.
Par ce traité, on rétablit la paix entre l'empereur et ses alliés,
savoir la maison d'Autriche et les électeurs, princes et États de
372 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Tempire, et le roi très-chrétien et ses alliés, savoir, la reine et le
royaume de Suède et aussi les électeurs, princes et États de l'empire.
On convint respectivement qu'après que la paix aurait été faite entre
la France et l'Espagne, le cercle de Bourgogne demeurerait cercle
de Tempire; mais que l'empereur ni aucun État de l'empire ne se
pourrait mêler des guerres qui s'y faisaient; que si ces deux cou-
ronnes rentraient en une nouvelle guerre, la paix entre tout l'empire
et le royaume de France subsisterait, en sorte qu'ils n'aideraient les
ennemis l'un de l'autre, mais qu'il serait libre à chaque État de
secourir l'un des deux hors de limites de l'empire, pourvu que cela
se fît suivant les constitutions de l'empire.
J'ai déjà marqué ce que porte ce traité touchant la Lorraine;
ainsi je n'en dirai rien ici, non plus que des articles suivants, qui
concernent l'amnistie générale dans l'empire et la restitution d'un
K^hacun dans ses biens, le rétablissement de l'électeur de Trêves,
l'accommodement entre les électeurs de Bavière et Palatin, le réta-
blissement de divers autres seigneurs, surtout des marquis de Bade,
la satisfaction de la landgrave de Hesse, et divers règlements pour
les affaires de l'empire. J'omets tous ces articles pour venir à ceux
qui contiennent la satisfaction de la France.
Par ces articles on convint que le domaine suprême, les droits
de souveraineté et tous autres sur les évêchés et villes de Metz, Toul
et Verdun, de même que sur leurs districts, nommément sur Moyen-
vie, appartiendraient à l'avenir à perpétuité, et irrévocablement, à la
couronne de France de la manière dont ils appartenaient à l'empire,
à la charge que l'archevêque de Trêves y conserverait toujours son
droit de métropolitain ; que François, duc de Lorraine, serait rétabli
dans la jouissance de l'évêché de Verdun et de ses abbayes et biens
patrimoniaux, pourvu qu'il prêtât serment de fidélité au roi et n'en-
treprît rien contre son service.
En second lieu, l'empereur céda au roi et à ses successeurs les
droits de domaine direct de souveraineté et tous les autres que lui et
l'empire avaient sur Pignerol.
En troisième lieu, l'empereur tant pour lui que pour la maison
d'Autriche céda au roi tous les droits que Tempire et la maison
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 373
d*Autnche avaient sur Brisach, le iandgraviat de la haute et basse
Alsace, le Sundgau, la préfecture provinciale de dix villes impériales
d'Alsace, savoir: d'Haguenau, Colmar, Schelestadt, Wissembourg ,
Landau, Obernhein, Rosheim, Munster au Val Saint-Grégoire, Kay-
sersberg et Turckheim, avec les villages de Ilochstedt, Niederimsing,
Harten et Acharren qui dépendent de la ville de Brisach, pour appar-
tenir au roi en toute souveraineté, sans préjudice des privilèges accor-
dés à cette ville par la maison d'Autriche; qu'il en serait de même de
ce Iandgraviat, de cette préfecture, et de tous les lieux et hommes
qui en dépendaient, sans que l'empereur, l'empire, ni aucun prince
de la maison d'Autriche y pussent jamais prétendre aucun droit;
que le roi serait néanmoins tenu de conserver la religion catholique
en chacun de ces lieux, de même qu'elle y était établie sous les
princes de la maison d'Autriche, et d'en ôter toutes les nouveautés
qui s'y étaient glissées pendant cette guerre.
Enfin on convint, du consentement de l'empereur et de tout
l'empire, que la couronne de France aurait un droit perpétuel de
garnison dans Philippsbourg pour sa garde; en sorte que cette garnison
serait. limitée à un certain nombre de soldats qui ne pourraient don-
ner d'ombrage aux voisins, et que le roi y pourrait faire passer des
soldats, des munitions, et autres choses par les États de l'empire;
mais que la propriété, la juridiction, et les revenus appartiendront
comme par le passé à l'évêque et au chapitre de Spire.
Pour d'autant plus assurer à Sa Majesté la cession de ces pro-
vinces qui étaient du patrimoine de la maison d'Autriche, l'empereur,
l'empire et l'archiduc d'Inspruck, Ferdinand-Charles, délieront tous
les habitants du serment qu'ils leur avaient prêté, les remirent à
l'obéissance du roi et du royaume de France, qu'ils établirent dans
la souveraineté et propriété de tous ces pays, renonçant au droit
qu'ils y avaient; on convint aussi que l'archiduc d'Inspruck et son
frère ratifieraient cette cession, parce qu'ils y avaient un particulier
intérêt, et qu'ils feraient faire une pareille cession et renonciation par
le roi d'Espagne dont ils délivreraient un acte en bonne forme le
jour qu'on signerait ce traité. L'empereur et l'empire dérogèrent
outre cela aux lois de l'empire qui défendent d'en aliéner aucune
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LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 375
nonobstant toutes confiscations et donations faites par le roi ou par
les officiers de la Suède et les confédérés, mais qu'on n'aurait point
de répétition des confiscations des choses qui consistaient en poids,
nombre et mesures; que le roi laisserait dans la liberté et dans la
possession de la dépendance immédiate de Tempire les évêques de
Strasbourg et de Baie, et les autres États sujets immédiatement de
l'empire dans Tune et dans l'autre Alsace, savoir : les abbés de Mur-
bach et'de Luder, l'abbesse d'Andlau, le monastère au Val-Saint-Gré-
goire, les palatins de Lutzelstein, les comtes et barons de Hanau, de
Flekenstein et d'Oberstein et toute la noblesse de la basse Alsace; de
même que les dix villes impériales qui relèvent du bailliage de Hague-
nau; en sorte qu'il n'y pourrait prétendre aucune juridiction royale,
mais qu'il se contenterait des droits qui appartenaient à la maison
d'Autriche, de manière néanmoins que par cette déclaration, on ne
prétendait point'déroger au droit de souverain domaine que lui avait
été accordé; que le roi, pour récompense des choses qu'on lui avait
cédées, payerait trois millions de livres tournois à l'archiduc Ferdi-
nand, savoir : un million par chacune des années 1649, 1650 et 1651;
qu'il se chargerait encore de payer les deux tiers des dettes légitimes
de la chambre d'Ensisheim, et qu'on députerait des commissaires de
part et d'autre, qui conviendraient des dettes que chacun payerait;
qu'il ferait rendre à l'archiduc les titres qui concernaient les terres
qu'il lui devait restituer, et des copies authentiques de ceux qui regar-
daient aussi par indivis les terres cédées h Sa Majesté; que pour
empêcher le renouvellement des différends entre, les ducs de Savoie
et de Mantoue touchant le Montfcrrat, le traité de Querasque du
6 avril 1631 et l'exécution qui en avait été faite demeureraient en
leur force et vertu, excepté à l'égard de Pigncrol qui demeurerait au
roi, suivant l'acquisition qu'il en avait faite que l'empereur et le
roi n'aideraient point ceux qui voudraient contrevenir à ce traité;
qu'ils empêcheraient au contraire qu'il ne fût violé; que le roi paye-
rait au duc de Mantoue les /i9/i,000 écus que le feu roi Louis XIII
avait promis de payer au feu duc de Mantoue à la décharge du duc
de .Savoie, lequel ne pourrait jamais être inquiété pour ce sujet; que
l'empereur accorderait au duc de Savoie, outre l'investiture des
HISTOIRE DES TRAITES DE PAIX.
liiii-tTJr E:a:^ ie i^'^z =:ai=.:.Q. celle des lieux qu'il avait acquis par
-: -^- - :e «j-ierisrie- -r: de* fiefs de Montfort, de Neufsine, de
M. ::: i-e:"^ ^^. :e «lkî-:-r.'î"r. rie le duc Victor-Amédée avait acquis
lî :«::.-cr:; l'>>i; ^le Tecipiereur confirmerait les privilèges des
:;:s le Siviie. et empêcherait qu'ils ne fussent troublés dans le
ir.i: ie s^.iiveraineté qu^ils ont sur les fiefs de la Rocheveran, d'Olme
ii ie Ccl>:'!es q-ii ne dépendent point de l'empire; que les donations
-•^ .::v-fî^:.ires de ces fiefs faites à d'autres seraient révoquées,' et que
.^: :cin:e le V-rue serait rétabli dans les fiefs d'Olme et de Césoles,
•?■. ea !i quatrième partie de celui de Rocheveran ; que l'empereur
:^:rx.: rendre aux comtes de Cacheran le fief de la Roche- d'Arazc
^•.-•c >s dépendances ; enfin que l'empereur déclarerait que les fiefs
de R-eczioIo et de Luzara étaient compris dans l'investiture donnée au
iuc de Mantoue ; qu'ainsi le duc de Guastalla serait tenu de lesresti-
:uer au duc de Mantoue, sans préjudice de ses droits pour 6,000 écus
de rente qu'il prétendait , touchant lesquels ils plaideraient devant
l'empereur.
Pour ce qui est des alliés que chacune des parties a coutume de
comprendre dans les traités de paix, on convint que l'empereur ni
le roi n'en nommeraient aucuns, parce que le sieur Ser>ien ne voulut
jamais consentir que l'empereur nommât parmi les siens le roi
d'Espagne et le duc de Lorraine qui demeuraient encore en guerre
avec la France.
Le 18 octobre 1618, six jours avant la signature de ce traité,
te* Espagnols voyant qu'ils n'en pouvaient empêcher la conclusion ,
4V^ut fait faire par Pierre de Veimbs, président de la province de
Ijuembourg et soi-disant ambassadeur de la maison de Rourgogne
I Irtuté de Munster, une protestation contre ce traité dans laquelle
$t plaignait premièrement de ce que, nonobstant rattachement
Iq roi d'Espagne son maître avait toujours eu pour l'empire,
5P?ur ne Tavait point compris dans ce traité parmi ses alliés;
aeni, de ce que le cercle de Rourgogne qui ne devait pas
de pire condition que les autres avait été exclu de ce traité
que la présente guerre durerait avec les Français; troisième-
le l'empereur s'était fait fort que le roi d'Espagne
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 377
renoncerait à ses droits sur l'Alsace qui était le patrimoine de sa
maison, et avait promis à la France des assurances suffisantes en cas
qu'il ne le fît pas; quatrièmement, de ce qu'il était convenu que le
Palatinat serait restitué au Palatin sans qu'il y pût être apporté
d'opposition par le roi d'Espagne qui le possédait , et qui l'avait
acquis à grands frais en conséquence du mandement de l'empereur;
ainsi cet ambassadeur protesta contre ce traité qu'il déclara ne pou-
voir prcjudicier aux droits de son maître ni déroger aux anciens
concordats et aux constitutions de l'empire, et il demanda que cette
protestation fût insérée dans les registres publics.
Le roi d'Espagne n'ayant donc point voulu ratifier ce traité, le
sieur Servien demanda qu'au lieu du consentement que le roi catho-
lique devait fournir pour l'aliénation de l'Alsace il fût permis au roi
de retenir les quatre villes forestières, et que les États de l'empire
s'obligeassent de défendre cette province contre l'Espagne, si elle
était attaquée : en effet, nonobstant l'opposition des ministres de
l'empereur il convint avec les États de l'empire, le 28 janvier 16/i9,
que le roi pourrait retenir les villes forestières et les 3 millions jus-
qu'à ce que l'empereur lui eût fourni le consentement du roi d'Es-
pagne pour l'aliénation de l'Alsace.
Le roi ayant envoyé la ratification du traité de Munster, les
États de l'empire firent grand bruit de ce que le roi s'y était nommé
avant l'empereur : ainsi il en fallut avoir une autre qui fut dressée,
en sorte que l'empereur ni le roi n'y étaient point nommés l'un devant
l'autre. Lorsqu'on échangea ces ratifications, le sieur Servien se
contenta que les États de l'empire lui donnassent une obligation en
bonne forme, qui suppléât au défaut de la renonciation du roi d'Es-
pagne à l'Alsace, et les impériaux acceptèrent une protestation qu'il
fit, le 18 février 1649, contre toutes les gloses et explications qu'on
pourrait faire pour annuler ce qu'on avait fait en faveur de la
France pour sa satisfaction.
378 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
VIIÏ.
Traité de Nuremberg, entre les mômes, pour l'exécution du traité de MQnster
(1050).
Pour Texécution du traité de Munster les plénipotentiaires de
l'empereur et du roi s'assemblèrent à Nuremberg avec ceux de la
couronne de Suède et de tous les princes de l'empire qui y avaient
intérêt : le prince Piccolomini, duc d'Amalfi, Isaac Volmar et Jean de
Crâne s'y trouvèrent de la part de l'empereur : Henri Groulart de La
Court, François Caset de Vautorte, et Charles d'Avaugour de celle
du roi.
Les principales difficultés qui y devaient être traitées regar-
daient le temps auquel l'empereur casserait ses troupes et les places
seraient restituées de part et d'autre : le premier de ces points fut
réglé, au mois d'octobre 1649, par un traité entre les généraux de
l'empereur et de la reine de Suède; et on convint bientôt de la resti-
tution des places, hoi'mis de celle de Franckenthal qui était entre les
mains des Espagnols depuis l'année 1635, et qui n'en voulaient point
sortir : cela faisait bien de la peine aux Français, qui ne voulaient
point évacuer les places qu'ils devaient rendre sans avoir quelque
assurance que les Espagnols sortiraient aussi de Frankenthal.
Ils avaient fait convenir les États de l'empire et même l'électeur
de Trêves qu'Harmerstein serait déposé entre les mains de l'électeur
de Mayence k la charge de la remettre aux Français après un an , si
dans ce temps les Espagnols ne sortaient de Franckenthal; mais
rcnipereur et les Suédois même, ne voulant pas que cette place courut
risque de tomber entre les mains des Français, s'opposèrent à cet
expédient, et proposèrent de remettre plutôt Benfeld en Alsace à
l'électeur Palatin jusqu'à ce qu'il eut recouvré Franckenthal ; à quoi
les Français refusèrent pareillement de consentir, parce que la démo-
lition de Benfeld faisait partie de leur satisfaction, et qu'ils crai-
gnaient que cet électeur ne remît Benfeld aux Espagnols pour recou-
vrer Franckenthal, ce qui aurait encore plus incommodé les Français
en Alsace : enfin on convint de remettre Heilbronn entre les mains de
l'électeur Palatin jusqu'à ce qu'il fut rentré dans Franckenthal.
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 379
Ainsi les plénipotentiaires de Tempereur et du roi passèrent un
traité le 2 juillet 1650, par lequel ils convinrent que Tempereur
casserait et retiendrait les troupes marquées dans la convention faite
le 5 octobre 1649 entre ses généraux et ceux de la reine de Suède;
que la restitution réciproque des places occupées se ferait en trois
termes, dont le premier serait le 10 du mois de mai auquel Tempe-
reur ferait évacuer Ehrenbreitstein, Franckenthal, Rottweil, et quel-
ques autres places; et les Français sortiraient aussi de Mayence,
d'IIeilbronn, de Montbéliard et de quelques autres; que les fortifica-
tions de Neubourg sur le Rhin seraient rasées dans ce terme; que si
Franckenthal n'était point rendu dans le premier terme on ne laisse-
rait pas de rendre les autres places; mais que l'empereur ferait son
possible pour faire faire cette restitution, et que cependant on remet-
trait Heilbronn entre les mains de l'électeur Palatin sans préjudice de
sa liberté et de sa dépendance immédiate de l'empire : enfin qu'on
raserait aussi dans le premier terme les fortifications de Benfeld et du
fort de Rheinau qui en est proche.
Le deuxième terme fut assigné au 24 juillet auquel on convint
que les troupes de l'empereur sortiraient de LandsthuI, d'IIarmer-
stein, de Dormont et d'Hombourg; et celles de France de Spire, de
Worms, de Lauingen, de Lusenich, de Creutzenach, d'AItzeim, de
Schombourg et de Baccarat. Comme les trois premières places que
l'empereur devait évacuer, étaient entre les mains du duc de Lorraine,
et que les ministres du roi ne paraissaient pas assurés que ceux qui
commandaient dans les cinq dernières places qu'ils devaient restituer
obéissent aux ordres qu'ils leur en donneraient, on convint respecti-
vement que si ces places n'étaient point rendues par la désobéissance
des gouverneurs, cela ne passerait point pour infraction au traité,
sans préjudice de la restitution et de la garantie portée par le traité
de paix. On convint encore que les fortifications de Saverne ,
et du château de llohêmbar seraient démolies dans ce deuxième
terme.
Le troisième terme fut assigné au 7 août, auquel on convint que
l'empereur rendrait Sybourg, Beyembourg et Landscron; et le roi
les villes forestières, Haguenau, Landau, et d'autres places : de plus
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LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 381
la déclaration de Tcmpereur dont j'ai parlé, se fondant sur une
déclaration du nonce du pape et de l'ambassadeur de Venise, qui
portait que le sieur Servien était convenu que lorsqu'on ferait le
payement de ces trois millions, deux livres et demie tournois seraient
évaluées à une rixdale.
Les ministres du roi soutenaient au contraire que le roi n'avait
point été en demeure de faire ce payement, puisqu'on ne lui avait
point fourni la renonciation du roi d'Espagne, de sorte qu'il ne devait
payer qu'en trois termes suivant le traité, et ne devait point d'intérêts ;
et que quand à la valeur des livres tournois c'était une chose publi-
que; si bien que le traité ne changeant point la valeur qu'elles
avaient en France, elle devait plutôt être suivie que ces déclarations
qui portaient une chose dont le sieur Servien n'était jamais convenu
d'être tombé d'accord.
Enfin après plusieurs contestations, l'agent de l'archiduc passa
à Paris, le 16 décembre 1660, un traité avec les commissaires du roi,
par lequel cet archiduc renonça au comté de Ferrette qui n'avait
point été nommément exprimé dans le traité de Munster, sans néan-
moihs aucune garantie, parce que c'est un fief de l'évêché de Bâle :
en sorte que depuis ce temps-là ces évêques en ont demandé un
dédommagement au roi. Le roi de sa part promit à l'archiduc de lui
payer les trois millions de livres tournois dans les années 1661, 1662
et 1663, un million chaque année : l'archiduc renonça à tout ce qu'il
pourrait prétendre en conséquence des attestations du nonce et de
l'ambassadeur de Venise, et convint de 'ne demander aucuns intérêts
à Sa Majesté, déclarant qu'il se tiendrait pour content en lui payant
cette somme en écus blancs à raison de trois livres pour écu.
Ce traité fut ainsi exécuté , le roi ayant payé exactement cette
somme à l'archiduc dans les termes qu'il lui avait promis.
X.
Traité do Vieono entre Léoi)old et Louis XIV, pour alliance ( 1C71 ).
L'empereur Ferdinand III , en considération des Espagnols ,
n'accorda point au duc de Savoie l'investiture qu'il était obligé de
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LIVRE IV. — CHAPITRE XI. "383
savoir : l'électeur de Saxe, les évêques d'Eichstaedt et de Constance et
la ville de Ratisbonne de la part de l'empereur; et les électeurs de
Mayence et de Cologne, le roi de Suéde et la maison de liesse de la
part du roi.
Ces arbitres ne purent faire convenir les parties de la forme du
serment que les seigneurs et les villes d'Alsace prêteraient au roi, et
ne s'étaient point encore expliqués sur les prétentions de Sa Majesté
sur les vassaux des trois évéchés , lorsque le roi fut obligé d'envoyer
quelques troupes en Lorraine en 1670, que le duc s'étant retiré dans
l'empire recourut à la protection de la Diète qui commit cette affaire
à Tamiable interposition de Tempereur.
• L'empereur ayant envoyé en France le comte de Windin-Graetz,
le roi lui fit connaître qu'il avait eu seulement dessein de ranger ce duc
à son devoir, et pria l'empereur de ne se point mêler de cette affaire,
h quoi il consentit.
Les choses étaient en cet état lorsque le roi forma le dessein de
faire la guerre aux états généraux des Provinces- Unies : ainsi craignant
que l'empereur ne s'opposât h ses desseins nonobstant les obligations
qu.'il lui avait pour le secours qu'il lui avait envoyé en 1664, et qui
lui avait sauvé la Hongrie et peut-être l'empire^même, il résolut
de faire un traité avec ce prince pour s'assurer qu'il n'assisterait
point ses. ennemis et qu'il ne prendrait aucun prétexte pour lui faire
la guerre. Ce traité fut conclu, le 1" novembre 1671, entre les
plénipotentiaires de l'empereur et le commandeur de Grémon ville,
envoyé extraordinaire du roi vers Sa Majesté impériale.
Par ce traité les deux princes confirmèrent la paix de Munster,
promirent de ne point assister les ennemis l'un de l'autre, et con-
vinrent que comme par cette paix les États de l'empire ne pouvaient
poursuivre leurs différends par la voie des armes, mais devaient les
terminer par les sentences du juge, le roi ne pourrait assister direc-
tement ni indirectement ceux qui voudraient maintenir leurs droits
par les armes, et qu'il n'empêcherait point qu'on n'exécutât le juge-
ment des juges; que les différends entre l'empereur et le roi et entre
le roi et les Étals de l'empire seraient terminés par des arbitres qu'ils
choisiraient de chaque côté en nombre égal ; et que si les arbitres ne
B8fi HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
s'accordaient point ils conviendraient d'un sur-arbitre; que le roi
observerait le traite d'Aix-la-Chapelle , et consentait que l'empereur
en promît la garantie au roi d'Espagne; que pourvu que cette paix
demeurât en son entier l'empereur ne se mêlerait qu'en amiable
compositeur des guerres que le roi pourrait avoir hors de l'empire
contre les rois d'Angleterre et de Suède ou contre les états généraux;
qu'il ne ferait aucune alliance contre le roi et n'enverrait aucun
secours à ses ennemis ; que ce traité ne porterait point préjudice aux
alliances que l'empereur avait faites pour la défense de l'empire et
de ses États, et le roi pour la défense du royaume de France ; que
ni l'un ni l'autre ne pourraient faire aucun traité contraire à celui-ci
ni s'en exempter pour raison de quelque traité déjà fait; que ce traité
ne préjudicierait point non plus aux garanties qu'ils avaient promises
ponr le traité de Clèves qui est le traité fait en 1666 entre Télecteur
de Brandebourg et le duc de Neubourg pour le partage des États
dépendants de la succession de Clèves et de Julliers ; ni aussi à celle
à laquelle ils étaient engagés pour la paix faite au même lieu et en
la même année entre les états généraux et Tévêque de Munster;
enfin que ce traité serait secret ^ et qu'un des deux ne le communi-
querait à qui que ce fût sans le consentement de l'autre partie.
L'empereur le ratifia le 15 décembre suivant.
XI.
Traité de paix de Nimègue entre les raêinea (février 1079).
Encore que par le traité précédent l'empereur se fût obligé de
ne point prendre part à la guerre que le roi pourrait faire aux états
généraux, néanmoins il ne laissa pas de faire avec eux, dès le mois
de juillet 1672, un traité par lequel il leur promit de les secourir
contre le roi, comme il fit en l'année 1673, et il engagea l'année
suivante tous les princes de l'empire même en corps à lui faire la
guerre sous prétexte que le roi faisant la guerre aux états généraux
s'était emparé des places qu'ils tenaient dans le duché de Clèves;
que l'électeur de Brandebourg ayant commis des hostilités contre
l'électeur de Cologne et l'évêque de Munster en haine de ce qu'ils
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 385
s'étaient alliés avec le roi. Sa Majesté avait fait passer le prince do
Turenne dans son comté de La Mark; que le roi avait fait brûler
quelques arches du pont de Strasbourg, sachant qu'on y voulait faire
passer une armée pour attaquer la France ; enfin que les armées de
France avaient commis quelques désordres, particulièrement dans les
états de l'électeur de Trêves après qu'il se fût allié avec les états
généraux, et dans ceux de l'électeur Palatin et autres voisins, où les
armées de France furent obligées d'entrer pour tâcher d'empêcher
que l'armée de l'empereur, qui venait au secours des états généraux,
ne passât plus avant. Mais il y [a bien apparence que la véritable
raison qui engagea l'empereur en cette guerre fut qu'il craignit
qu'après que le roi se serait emparé des Provinces-Unies il ne lui
prît aussi envie de s'emparer des Pays-Bas espagnols sous prétexte
que le roi d'Espagne avait violé le traité d'Aix-la-Chapelle en four-
nissant des troupes aux états généraux lorsqu'ils mirent le siège
devant Charleroi, en 1673.
Quoi qu'il en soit , cette guerre fut poursuivie avec un succès
assez égal ; l'empereur ayant Philippsbourg sur le roi et le roi Fri-
bourg sur l'empereur.
Lorsque toutes les parties qui étaient en guerre envoyèrent leurs
plénipotentiaires à Nimègue pour y traiter la paix, les plénipoten-
tiaires de l'empereur ne demandèrent point autre chose dans leur
proposition contre la France sinon que le roi restituât tout ce qu'il
avait pris sur l'empereur leur maître, sur l'empire, et sur tous ses
alliés; et qu'il réparât les dommages qu'il leur avait causés : le
roi ne demanda de sa part que le rétablissement des traités de
Weslphalie.
Dans la réponse que l'empereur fournit à la proposition de Sa
Majesté, il se plaignit de ce que le roi avait dépouillé le duc de
Lorraine de ses États, en 1670 ; de ce que, faisant la guerre aux Pro-
vinces-Unies, il s'était emparé de quelques villes de l'empire; de ce
qu'il avait fait brûler le pont de Strasbourg sans en permettre la
réparation; de ce qu'il avait ruiné le pays de l'électeur de Trêves et
pris même sa capitale sous prétexte qu'il s'était allié avec les Pro-
vinces-Unies; de ce qu'au lieu de protéger les dix villes d'Alsace, il
n. 25
386 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
les avait démantelées ; de ce qu'il avait ruiné les États de rélecteur
Palatin, et accablé le cercle de Bourgogne. Ainsi supposant que par
tous ces attentats la France était déchue des bénéfices de la paix de
Westphalie , il redemanda que tout ce que les Français possédaient
encore dans Tempire lui fût remis, savoir l'Alsace et Brisach avec
Philippsbourg qu'il avait depuis peu, le droit de juridiction sur les dix
villes impériales d'Alsace, et le droit de feudalité sur ce que les
vassaux des évêchés de Metz, Toul et Verdun possèdent hors des
districts de ces évêchés dans l'étendue de l'empire.
Le roi dans sa réponse soutint que l'empereur ne pouvait pas
refuser de s'en tenir à la paix de Wesphalie , étant même obligé de
l'observer par la capitulation à laquelle il s'était engagé sur cela,
quand il avait été fait empereur.
Le roi, dans son projet des conditions de la paix qu'il proposa
le 15 avril 1678, déclara encore qu'à l'égard de l'empire il n'insistait
que sur le rétablissement des traités de Westphalie, offrant à l'empe-
reur l'alternative ou de rendre Philippsbourg à Sa Majesté, laquelle
lui remettrait Fribourg; ou de garder Philippsbourg, laissant Fri-
bourg au roi sans changer du reste aucune chose de ce qui était
porté par ces traités.
Les ministres de l'empereur furent longtemps sans accepter la
paix à ces conditions et firent ce qu'ils purent pour empêcher que les
états généraux ne fissent leur paix particulière, déclarant qu'à leur
égard ils ne pouvaient ni rendre Philippsbourg aux Français ni con-
sentir de leur laisser Fribourg : néanmoins, quand ils virent que les
états généraux et le roi d'Espagne même avaient fait la paix avec la
France conformément à ce projet, ils déclarèrent, le 21 octobre 1678,
qu'ils acceptaient l'alternative proposée le 15 avril, et qu'ils étaient
prêts de faire la paix sur le pied de cette alternative et du traité de
Munster.
Quoique le temps que le roi avait donné pour accepter cette
alternative fût passé, les ambassadeurs de France ne laissèrent pas de
déclarer qu'ils étaient prêts de traiter, en sorte que le roi se conten-
terait de Fribourg et du chemin nécessaire pour y aller, pourvu que
Philippsbourg fût rasé : les ministres de l'empereur ayant refusé de
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 387
céder au roi Fribourg, à moins que Philippsbourg demeurât à l'empe-
reur, les plémpotentiaires de France prétendirent que l'empereur
retenant Philippsbourg devait céder au roi en échange Fribourg et le
Brisgau qui en est une dépendance : enfin l'empereur déclara qu'il
voulait retenir Philippsbourg et laisser au roi le droit de tenir gar-
nison dans Fribourg avec les trois villages de Lehn, Metzhausen,
Kirckzart, qui en dépendent.
Les choses en étant venues là, chacune des parties proposa un
projet de traité. Les plénipotentiaires de France présentèrent leur
projet conforme au traité qui fut signé depuis, hormis qu'ils laissaient
en blanc la désignation des dépendances de Fribourg, et qu'ils y
ajoutèrent des articles séparés par lesquels ils demandaient que
l'empereur s'obligeât de faire que le prince régent de Bade satisfit
madame sa mère de toutes ses conventions et de toutes les sommes
qui lui étaient dues ; que le prince de Salm ne pût être troublé par le
duc de Lorraine dans tous les droits dépendants de sa principauté,
et que ce qui avait été fait au préjudice de ses droits fût annulé ; que
le duc de Lorraine s'obligeât de payer à ce prince toutes les rentes
qui lui étaient dues sur le domaine de Lorraine; que l'électeur
Palatin rendît au maréchal de Schomberg les bailliages d'Altheim et
de Neustadt; que l'empereur fît aussi payer ce maréchal de la somme
de trente mille écus qui lui était due par la ville de Francfort,
nonobstant la confiscation qui en avait été faite au profit de l'électeur
de Mayence; enfin que le duc de Lorraine laissât aussi jouir ce
maréchal de la terre de Sagemonde jusqu'à ce qu'on lui eût rem-
boursé la somme pour laquelle cette terre lui avait été engagée.
D'autre part , l'empereur avait fait mettre dans son projet que
le château et le duché de Bouillon seraient remis incessamment à
révoque et au chapitre de Liège; que les arbitres nommés par
l'empereur et l'empire, d'une part, et le roi, de l'autre, jugeraient au
plus tôt les diff'érends pour raison des dix villes d'Alsace; et que
cependant ces villes seraient remises en l'état auquel elles étaient
avant la guerre; qu'il en serait usé de même touchant les différends
qui étaient entre le roi et les vassaux des évêchés de Metz, Toul et
Verdun, la noblesse immédiate d'Alsace, l'évêque de Baie, les abbés
388 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
de Murbach et Luder, la ville de Strasbourg et autres; que cepen-
dant on n'entreprendrait rien de part ni d'autre; qu'on laisserait
tous les lieux dépendants de Tempire, et qu'on ne pourrait appeler
les vassaux de l'empire hors de l'étendue dudit empire; que le roi
octroierait à tous les sujets de Tempereur et de Tempire , spéciale-
ment aux villes de Lubeck, Brème et Hambourg, les privilèges pour
la navigation et le commerce qu'il avait octroyés ou qu'il octroierait
aux nations alliées de la France ; que les sujets du roi jouiraient réci-
proquement des privilèges dans l'empire; qu'on* rendrait au prince
Jean-Adolphe de Schwartzemberg les biens qui avaient été confisqués
au profit du roi, nonobstant l'échange qui avait été fait; enfin que le
roi réduirait la garnison de Fribourg à un nombre médiocre qui ne
donnerait point de jalousie aux voisins.
Tous ces articles proposés de part et d'autre ne furent point mis
dans le traité de paix, soit parce que c'étaient des articles particuliers
sur lesquels les plénipotentiaires n'avaient point d'ordre, soit parce
que les plénipotentiaires s'y opposèrent, comme firent aussi ceux
de France à la plupart de ces articles qui allaient contre les droits
acquis à Sa Majesté par le traité de Munster : de sorte que les
plénipotentiaires de l'empereur s' étant désistés de l'inclusion de ces
articles dans le traité de paix, ils en ont été tacitement déboutés.
Enfin tous les différends qui avaient retardé jusqu'alors la con-
clusion du traité étant levés, il fut signé par les plénipotentiaires,
le 5 février 1679.
Je ne répéterai point les articles qui concernent les intérêts
du duc de Lorraine, parce que j'en ai parlé suffisamment ci-devant :
je me contenterai de marquer que l'empereur et le roi rétablirent
l'amitié entre eux, leurs héritiers et leurs États; qu'ils convinrent
que le traité de Munster serait rétabli dans son ancienne vigueur
en tous ses points, à l'exception de ceux auxquels il serait dérogé
par celui-ci; que le roi, tant pour lui que pour ses héritiers et
successeurs, cédait à l'empereur et à ses héritiiBrs et successeurs
le droit de prptection et de perpétuelle garnison dans Philippsbourg;
que d'autre part, l'empereur, tant pour lui que pour toute la maison
d'Autriche, cédait au roi et à ses successeurs et héritiers en toute
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 389
propriété , souveraineté et droit de patronage , la ville et château
de Fribourg avec les trois villages qui en dépendent, savoir Lehn,
Metzhausen, et Kirckzart et leur banlieue, sans préjudice des pri-
vilèges accordés à cette ville par la maison d'Autriche, et du droit
diocésain et des revenus que Tévêque et Téglise de Constance y
pouvaient avoir ; que le roi aurait libre passage de Brisach à Fribourg
par le chemin appelé Landraff, en sorte qu'il y pourrait faire passer
des troupes, des convois et autres choses nécessaires à la garnison
de Fribourg; que les convois pour la garnison qui passeraient à
Fribourg par ce chemin ne seraient chargés d'aucun impôt ni
péages; que les vivres qu'on tirerait de Brisgau pour les soldats et
les bourgeois ne payeraient aucune chose, et que les autres marchan-
dises payeraient comme si elles étaient transportées dans les autres
lieux appartenant à l'empereur ; qu'on nommerait dans un an des com-
missaires de part et d'autre pour convenir des dettes légitimes dont
la ville de Fribourg devait être chargée; que le roi ferait rendre les
titres de la chancellerie du conseil souverain et de la chambre de
Fribourg à moins que ces papiers ne concernassent la ville de Fri-
bourg et les trois villages qui en dépendent ; auquel cas les conmiis-
saires conviendraient du lieu où ils seraient gardés, à condition d'en
donner des copies authentiques toutes les fois qu'il en serait besoin ;
que non-seulement le chapitre de Bâle et tous les membres du
conseil souverain et de l'université de Fribourg, mais aussi tous les
habitants de cette ville en pourraient sortir dans l'année, et trans-
porter leurs biens meubles sans empêchement ni être chargés d'aucun
impôt , et qu'ils pourraient ensuitre vendre , retirer ou administrer
par eux-mêmes leurs biens immeubles ; que l'évêque de Strasbourg
et le prince Guillaume Égon de Furstenberg son frère, le prince
Antoine Égon de Furstenberg leur neveu et leurs officiers, seraient
rétablis dans leurs biens et dignités nonobstant tous les actes con-
traires , et que le prince Guillaume Égon serait remis en liberté
aussitôt après l'échange des ratifications; que tous les sujets et
vassaux de l'un et de l'autre parti, tant ecclésiastiques que séculiers
seraient rétablis dans tous les biens et bénéfices dont ils jouissaient
avant la guerre; que le traité conclu le même jour avec le roi de
390 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
Suède tant pour lui que pour le duc de Gottorp aurait pareille force
que s*il était compris dans celui-ci ; en sorte que l'un et l'autre ne
seraient censés qu'un même traité ; que l'empereur s'emploierait près
du roi de Danemark, de l'électeur de Brandebourg, de Tévêque de
Munster, et des princes de la maison de Lunebourg, et le roi près du
roi de Suède, pour les porter à faire la paix ; mais que s'ils n'y pou-
vaient réussir, l'empereur n'apporterait aucun obstacle à la France
et à la Suède pendant cette guerre, et ne permettrait point que les
troupes de leurs ennemis prissent dans l'empire aucun quartier
d'hiver ni d'été hors de leurs propres États ; que le roi pourrait dans
cette vue tenir garnison dans Chasselet, Hui, Verviers au pays de
Liège, Aix-la-Chapelle, qui est une ville impériale sur les limites du
pays de JuUiers, Duren, Linnik au duché de Julliers, Nuys, et Zons
dans l'archevêché de Cologne; à la charge de rendre ces places à
ceux sur qui il les aurait prises aussitôt que la paix pour les provinces
situées dans l'empire aurait été conclue; que le roi ne pourrait
assister les ennemis présents et à venir de l'empire; que confor-
mément à la paix de Munster toutes les autres places seraient de part
et d'autre restituées de bonne foi un mois après l'échange des ratifi-
cations ; que la contestation pour la forteresse et le duché de Bouillon
serait terminée à l'amiable ou par des arbitres choisis par les parties
trois mois après la ratification de ce traité , le duc de Bouillon demeu-
rant cependant en possession; que le payement des contributions
continuerait jusqu'à l'échange des ratifications; que tout ce qui jivait
été arrêté par le traité de Munster touchant l'affaire de Montferrat
demeurerait dans sa force , particulièrement ce qui regardait le duc
de Savoie; que tous les rois, princes, et républiques pourraient
donner à l'empereur et au roi leurs garanties pour l'exécution de ce
traité ; enfin que comme l'empereur avait été prié par les électeurs
et princes de l'empire, en vertu d'une résolution de la diète le
31 mai 1677, de prendre soin de leurs intérêts , il fournirait leurs
ratifications sans s'arrêter aux contradictions et protestations que le
directoire de l'empire pourrait faire contre ce traité , lesquelles ne
seraient point reçues et n'auraient point lieu.
Les* ambassadeurs de l'empereur firent, le 3 février, deux jours
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 391
avant la signature du traité, une déclaration portant qu'ils avaient
espéré qu'en cas que les contestations qui étaient entre l'empire et
le roi très-chrétien touchant les dix villes unies, la noblesse immédiate
d'Alsace, les vassaux des évêques de Metz, Toul et Verdun, Tévêque
de Bâle , les abbayes de Murbach et Luder, la ville de Strasbourg et
autres ne pussent être accordées dans cette assemblée , elles seraient
renvoyées aux arbitres dont on était convenu; mais que comme les
ambassadeurs de France leur avaient déclaré qu'ils n'étaient pas
informés de ces différends, ils avaient mieux aimé omettre l'article
qu'ils avaient inséré pour ce sujet dans leur projet de paix ; cependant
ils protestèrent par cet acte que cette omission ne préjudicierait point
aux droits de l'empire ; et après avoir fait leur déclaration en pré-
sence des ambassadeurs de France, ils prièrent les médiateurs de la
vouloir insérer dans leur registre.
Les ambassadeurs du roi de Danemark, de l'électeur de Bran-
debourg, et des princes de la maison de Brunswick et de Lunebourg
protestèrent contre cette paix , comme ayant été faite par l'empereur
au préjudice des traités par lesquels il avait promis de ne point faire
la paix que conjointement avec eux.
Le nonce du pape protesta aussi contre cette paix, parce qu'elle
avait pour fondement le traité de Munster contre lequel le pape
Innocent X avait autrefois fait protester par son nonce; enfin l'électeur
de Cologne prince et évêque de Liège et le chapitre de cette ville
protestèrent aussi contre ce traité à cause de l'article qui concerne le
duché de Bouillon.
Cependant il fut ratifié, d'une part, par l'empereur et les électeurs,
princes et États de l'empire assemblés à la diète de Ratisbonne;
d'autre part, par Sa Majesté , en sorte que les ratifications furent
échangées au mois d'avril suivant.
Autre traité de Nimègue, entre les mêmes, pour rexécution du précédent traité
(juinet 1679).
Le 2T article du précédent traité portant que l'empereur et le
roi nommeraient des commissaires pour son exécution , l'empereur
392 HISTOIRE DES TRAITÉS DE PAIX.
nomma pour commissaire de sa part Tévêque de Gurk et le sieur
de Stratman, qui avaient été ses plénipotentiaires au traité de paix ;
et le roi nomma en la même qualité le sieur Colbert, marquis de
Croissy, qui avait aussi été son ambassadeur et plénipotentiaire en
cette assemblée. Ces commissaires s'étant assemblés, ceux de l'empe-
reur donnèrent au sieur Colbert, le 12 juin, un mémoire des villes et
autres lieux que les Français devaient rendre, parmi lesquels ils
mettaient les villes impériales et autres lieux d'Alsace qu'ils préten-
daient relever immédiatement de l'empire; de même que d'autres
aux environs de la Saar que les Français occupaient, et qui appar-
tenaient aux ducs des Deux-Ponts, aux comtes de Nassau et autres.
Après plusieurs conférences, ces commissaires passèrent enfin
au même lieu de Nimègue, le 17 juillet de la même année, un traité
par lequel ils convinrent : que l'empereur ferait retirer au plus tôt ses
troupes de toutes les terres de l'empire qui n'appartenaient point par
droit héréditaire à la maison d'Autriche, nommément des cercles de
Souabe et de Franconie, du cercle électoral du Rhin et de celui du
Haut-Rhin, des places qui y sont situées de Bonn, Strasbourg, Ofîem-
bourg, Hochberg, Landau, Cronweissenbourg et généralement de
toutes celles qui n'appartenaient point à Sa Majesté Impériale par la
paix de Munster ni par celle de Nimègue; en sorte que dans le
10 août ses troupes fussent retirées dans la Bohême et dans les autres
pays héréditaires ; que le roi retirerait aussi au plus tôt ses troupes de
toutes les provinces de l'empire, nommément des archevêchés de
Mayence, de Trêves et de Cologne, du palatinat du Rhin, de l'évêché
de Liège, du duché de Julliers, et des places et villes qui y sont
situées; comme aussi du Brisgau, hormis de Fribourg et des villages
de Lehn, Metzhausen, et Kirkzart, qui avaient été cédés à la France,
et généralement de tous les lieux qui n'appartenaient point au roi par
le traité de Munster ni par celui de Nimègue; en sorte que ses
troupes seraient aussi retirées en France avant le 10 août ; que le
traité de paix serait néanmoins exécuté pour les huit places qui y
étaient nommées; que ceux qui devaient être rétablis en vertu de
l'amnistie le seraient avant ce jour-là s'ils ne l'étaient point encore ;
que ce qui restait à payer des contributions de part et d'autre serait
LIVRE IV. — CHAPITRE XI. 393
aussi réglé avant le 10 août; que les communautés qui auraient
donné caution ou des otages pour ce qu'elles devaient, ne seraient
point contraintes au payement pour les autres qui auraient différé
de payer, à moins qu'elles ne fussent obligées solidairement; que
celles qui ne payeraient point pourraient être contraintes au payement
par exécution militaire ; enfin qu'on nommerait au plus tôt des com-
missaires pour l'exécution du traité au sujet des papiers et titres
trouvés dans Fribourg.
Ainsi il parait que les dix villes d'Alsace et lieux situés aux
environs de la Saar ne furent point nommés parmi les pays dont
les troupes se devaient retirer ; le marquis de Croissy ne l'ayant pas
voulu permettre, de peur que cela fît tort aux droits du roi.
FIN LES TRAITÉS ENTRE LES EMPERBDRS, LES ARCHIDUCS
ET LES ROIS DE FRANCE
ET FIN DU TOME DEUXIÈME
^■..
TABLE
DU TOME DEUXIÈME
LIVRE TROISIEME
DEUXIÈME PARTIE
TRAITÉS ENTRE LA MOSCOVIE ET LES AUTRES ÉTATS
DE l'eUROPE
CHAPITRE 1
Pages.
Suite des grands ducs de Moscovie depuis l'année 1598 jusqu'à présent.. \
Titres et qualités des grands-ducs de Moscovie ' 4
Tzar et grand-duc de toute la Russie. — Grand-duc de Sraolensk o
Udor, Obdor, Condim et Sibérie r.
CHAPITRE H
Traités entre la Moscovie et les états généraux 6
Traités entre Michel Fœdorowitz et les états généraux pour renouvellement d'al-
liance 7
CHAPITRE III
Traités entre la Moscovie et la Pologne 7
I. — Traité de Kiverova-Horca, entre Jean Basilowitz et Etienne Bathori , pour
une trêve de dix années (1582) 7
II. — Traité entre Vladislas, prince de Pologne, en qualité de grand-duc de
Moscovie et les États de Pologne, pour les limites des deux États ( 4648) . . 8
396 TABLE DU TOME DEUXIÈME.
III. — Traité entre Michel Fœdorowilz et Sigismond, pour une trêve de qua-
torze années (1618) 9
IV. — Traité de paix de Polianova entre Michel Fœdorowilz et Yladislas (1634). 9
y. — Traité de Niémetz entre Alexis Mikhaïlowitz et Jean Casimir, pour une
trêve de douze années ( 1 656 ) 10
VI. — Traité d'Androussova entre 1rs ir.ômes princes, pour une trêve de treize
années (1667) 12
VU. — Traité de Radzyn entre Alexis Mikhaïlowitzet Michel Wiecnoviecki, pour
une trêve de trente années 13
CHAPITRE IV
Tbaités entre les grands-ducs de Moscovie et les grands seigneurs 13
Traité entre Alexieiewits et Mahomet IV, pour une trêve (1681 ) 13
LIVRE QUATRIEME
Note préliminaire • . 16
état nominatif des ambassadeurs, envoyés,
ministres et autres agents poutiques de la cour de france
prfs les puissances étrangères
1500 — 1830
Table des articles 17
I. — Ambassadeurs, ministres, etc., auprès des empereurs d'Allemagne ou
d'Autriche 17
II. — Ambassadeurs, ministres, etc., près la Diète germanique, ou près les
assemblées et congrès de l'empire d'Allemagne 19
m. ^ Ambassadeurs, ministres, etc., près les princes et États de Tempire d'Al-
lemagne en général î'
IV. — Ambassadeurs, etc., auprès des électeurs de Mayence 2
Ambassadeurs, auprès de l'électeur archichancelier de l'empire, depuis
prince-primat, grand-duc de Francfort
V. — Envoyés extraordinaires, etc., près les électeurs de Cologne
VI. — Ambassadeurs près les électeurs de Trêves
VU. — Ambassadeurs, ministres, près l'électeur palatin
VIU. — Ambassadeurs, ministres, près la cour de Bavière
IX. — Ambassadeurs, ministres, etc., près la cour de Saxe
Envoyés extraordinaires, etc., auprès de l'archiduc électeur.de Salzbourg,
depuis, en 1806, grand-duc de Wurtzbourg
X. — Envoyés extraordinaires, etc., près la cour de Hanovre
TABLE DU TOME DEUXIÈME. 897
Pages.
XL — Ministres plénipotentiaires, etc., près les électeurs de Brandebourg et les
rois de Prusse Î9
XIl. — Ambassadeurs, ministres, etc., auprès des princes ecclésiastiques d'em-
pire autres que les électeurs 30
XIIL — Ambassadeurs, ministres, etc., auprès des princes séculiers de Tempire
non électeurs 3i
XIV. — Ministres, etc., auprès des cercles de l'empire 36
Commissaires français dans les pays situés entre la Meuse, la Moselle et
le Rhin, et pour les règlements relatifs aux dettes, aux péages, à la
navigation, à l'octroi du Rhin 36
XV. — Ambassadeurs, ministres, etc., dans les provinces unies des Pays-Bas. . 37
XVI. — Ambassadeurs, etc., à la cour de Bruxelles 39
XVIL — Ministres, etc., auprès des villes hanséatiques et impéi iales iO
XVIU. — Ambassadeurs, ministres, etc. , en Danemarck 4S
XIX. — Ambassadeurs, ministres, etc., en Suède 43
XX. — Envoyés extraordinaires, etc., en Honjîrie, et en Transylvanie 44
XXL — Ambassadeurs, ministres, etc., en Pologne 45
XXIL — Ambassadeurs, ministres, etc., en Russie 47
XXIII. — Ambassadeurs, ministres, etc., à la cour de Rome 48
XXIV. — Ambassadeurs auprès des États d'Italie en général, et auprès de ceux
du second ordre 51
XXV. — Ambassadeurs, ministres, etc., près les rois de Naples et de Sicile 55
XX \T. — Ambassadeurs, etc., près la république de Venise 56
XXVIl. — Envoyés extraordinaires, ministres, etc., à Gènes 57
XXMII. — Ambassadeurs, ministres, etc., près la diète et les cantons suisses. . . 58
XXIX. — Ministres, etc., auprès des alliés des cantons suisses 61
XXX. — Ambassadeurs, ministres, etc., près les ducs de Savoie, roi de Sar-
daigne 63
XXXI. — Ambassadeurs, ministres, etc., auprès des rois d'Espagne 65
XXXIL — Ambassadeurs, etc., en Portugal 67
XXXIII. — Ambassadeurs, ministres, etc., près le gouvernement anglais 68
XXXIV. — Ambassadeurs, ministi*es, etc., près la Porte Ottomane 74
XXXV. — Ambassadeurs, etc., au Maroc, et près les régences barbaresques. ... 76
XXXVI. — Ambassadeurs, etc., en Afrique et en Asie 78
XXXVIL — Ministres, etc., aux États-Unis 78
XXXVIII. — Ambassadeurs, etc., auprès de l'empereur du Brésil 79
^w
TABLL UU 1.
ÉTAT NOMINATIF DES AMBASSADEURS,
ENVOYÉS EXTRAORDINAIRES, MINISTRES PLÉNIPOTENTUIRES , CHARGÉS d'aFFAIRES
DE FRANCE PRÈS LES PUISSANCES ÉTRANGÈRES
1830 — 1861
Pages.
Autriche 80
Bavière 80
Saxe 80
Hanovre 81
Prusse 81
Pays-Bas ..; 81
Wurtemberg 81
Bade 84
Hesse-Cassel 8î
Hesse-Darmstadt 82
Duchés de Saxe en général et en par-
ticulier duché de Saxe-Weimar. . . 82
Confédération germanique et ville de
Francfort 82
Ville de Hambourg et les autres villes
hanséatiques 8i
Suisse 83
Deux-Siciles 83
Sardaigne 83
Toscane 83
Espagne 83
Belgique. 8i
Danemark 84
Suède 84
Russie 84
États -Romains 85
Portugal 85
Grande-Bretagne 85
Porte Ottomane 85
Grèce 86
Patres.
AMERIQUE
Amérique centrale (Guatemala) 86
Bolivie 86
Brésil 86
Chili 87
Colombie 87
Equateur 87
États-Unis de l'Amérique septentrio-
nale 87
États-Unis mexicains 87
Haïti 87
Pérou 87
République argentine 87
Texas 88
Venezuela 88
Uruguay 88
AFRIQUE
Maroc 8>
Tripoli de Barbarie 8
Tunis f
Egypte
ASIE
Chine
Perse
TABLE DU TOME DEUXIÈME. 399
LIVRE QUATRIEME
HISTOIRE DES TRAITÉS ENTRE LA FRANCE ET LES AUTRES ÉTATS
DE l'eUROPE
CHAPÎTRE I
Pages.
Suite des rois de France depuis 4598 jusqu'à présent, et leurs titres
ET qualités 89
Titres et qualités des rois de France 91
Roi de France ; 92
Roi de Navarre 93
Duc de Milan, comte d'Ast, seigneur de Gênes 95
Dauphin de Viennois 97
Roi très-chrétien 99
CHAPITRE II
Traités entre la France et la Grande-Bretagne 400
I. — Traité de Greenwich entre Henri IV et Elisabeth, pour alliance (1596; 104
II. — Traité de Hamptoncourt entre Henri IV et Jacques I", pour une ligue
défensive (1603) 108
ni. — Traité de Paris entre les mêmes, pour le comnr.erce (1606) 109
IV. — Traité de La Haye entre les mêmes et les états généraux, pour la garantie
du traité de trêve entre TEspagne et les Provinces-Unies (1609) 111
V. — Traité de Londres entre Louis XIII et Jacques I*', pour alliance et com-
merce (1610) 11«
VI. — Traité de Fontainebleau entre les mêmes, pour le commerce (1623) 114
VII. — Traité d'Avignon entre les mêmes et autres, pour la ligue contre la maison
d'Autriche (novembre 1623) 114
MIL — Traité de Paris entre les mêmes, pour le même sujet (août 1624) 117
IX. — Autre traité entre Louis XIII et Jacques I*', pour le mariage de Charles,
prince de Galles, avec Madame Marie-Henriette de France (novembre 1624) . 119
X. — Traité de Londres entre Louis XIII et Charles I", pour Texécution de ce
mariage (1626) 121
XL — Traité de paix de Suse entre les mêmes 123
XIL — Traité de Saint-Germain entre les mêmes, pour quelques vaisseaux pris
et pour la restitution du Canada (1632) 124
XHL — Autre traité de Saint-Germain entre les mêmes, pour le commerce (1632). 125
XIV. — Autre traité entre les mêmes pour le même sujet (1635) 1 26
XV. — Traité de Ruel entre Louis XIV et Charles I*', pour alliance (1634) 127
XVL — Traité de Westminster entre Louis XIV et Olivier Cromwell, pour la
paix et le commerce entre les deux nations 128
&00 TABLE DU TOME DEUXIÈME.
Pages.
XVII. — Traité de Paris entre les mêmes, pour alliance (mars 4657) 434
XYIII. — Autre traité secret entre les mêmes, pour le même sujet (mai 4657) . . 436
XIX. ^ Autre traité de Paris entre les mêmes, pour le même sujet (mars 4658). 438
XX. — Autre traité de Paris entre Louis XI\' et Richard Cromwell, pour alliance
(4658) 438
XXI. — Traité de Westminster entre les mêmes, pour la garantie du traité de
Rotschild (février 4659) 438
XXII. — Traité de La Haye entre les mêmes et les états généraux, pour procurer
la paix entre la Suède et le Danemark (mai 1659) 439
XXIII. — Traité de Fontainebleau entre Louis XIV et Cliaries IL pour le com-
merce (1661) 440
XXIV. — Traité de Londres eniic les mêmes, pour la vente de Dunkerque
(4662) 440
XXV. — Traité de paix de Bréda entre les mêmes (1667) 444
XXVI. — Traité de Saint-Germain entre les mêmes et les états généraux, pour
procurer la paix entre la France et TEspagne ( 1 668) 4 43
XXVII. — Traité de Whitehall entre Louis XTV et Charles II, pour alliance
contre les états généraux (4670) 444
XXVIII. — Autre traité de Whitehall entre les mêmes, pour le même sujet
(février 4672) 146
XXIX. — Traité d*Heswich entre les mêmes, pour ne faire la paix que conjoin-
tement (juillet 4672) 447
XXX. — Traité de Saint-Germain entre les mêmes, pour le commerce (4677). . 448
XXXI. — Autre traité entre les mêmes, pour Tavancement de la paix 449
CHAPITRE III
Traités entre la France et le Danemark 150
I-n. ^ Traités d'Avignon et de Paris entre Louis XIII, Christian IV et autres,
pour alliance contre la maison d'Autriche (4623-4624) 454
m. — Traité de Copenhague entre les mêmes, pour le commerce (1645; 454
IV. — Traité de Paris entre Louis XIV et Frédéric III, pour le commerce
(février 4663) "465
V. — Autre traité de Paris entre les mômes, pour alliance (août 4663) 457
VI. — Traité de La Haye entre les mêmes et les états généraux, pour la garantie
du traité de paix qu'on ferait avec l'Angleterre (4 666) 45
VII. — Traité de paix de Fontainebleau entre Louis XIV et Christian V (4679).. . 4f
CHAPITRE IV
Traités entre la France et la Suède
I. — Traité de Paris entre Louis XIII, Gustave et autres, par alliance (4624;.. . .
H. — Traité entre les mêmes, pour des subsides
ni. — Traité de Bernwald entre les mêmes, pour alliance (4C31 )
TABLE DU TOME DEUXIÈME. 401
Pages,
IV. — Traité d'Heilbronn entre Louis XIII et Christine, pour alliance (<633) 466
V. — Traité de Francfort entre les mêmes et les Étals confédérés des quatre
cercles-, pour remettre Philippsbourg au roi (août 1 634) 4 68
VI. — Second traité de Francfort entre les mômes, pour alliance (septembre
( 1 634,j 470
VIL ~ Traité entre les mômes, pour les villes d'Alsace (octobre 4634) 474
VIII. — Traité de Paris entre Louis XIII, la reine Christine et les Élats confédé-
rés, pour alliance (novembre 4 634) 472
IX. — Traité de Compiègne entre les mêmes, pour alliance (4635) 474
X. — Traité de Wismar entre les mêmes, pour alliance et subsides (4636) 475
XL — Traité de Hambourg entre les mêmes, pour le même sujet (1638) 477
XII. — Autre traité de Hambourg entre les mêmes, pour le même sujet (4644 ). 479
XIII. — Négociation entre Louis XÏV et Christine, pour alliance (1654) 479
XIV. — Traité entre Louis XIV et Charles-Gustave (4 656) 4 83
X\. — Traité de Mayence entre les mêmes et plusieurs autres princes d'Alle-
magne, pour une ligue défensive (4 658) 4 84
XVL — Traité de Francfort entre Louis XIV, Charles XI et autres, pour le même
sujet (août 4664) 485
XVÏI. — Traité de Fontainebleau entre Louis XIV et Charles XI, pour alliance et
commerce 486
XVIII. — Autre traité entre les mêmes, pour les affaires do Pologne (janvier 4662) . 488
XIX. — Traité do Stockholm entre les mêmes, pour annuler les précédents traités
(44 décembre 4662; 488
XX. — Second traité do Stockholm entre les mêmes, pour alliance et subsides
(24 novembre 1662) 489
XXL — Troisième traité de Stockholm entre les mêmes, pour le commerce
(30 novembre 4662) 490
XXII. — Quatrième traité do Stockholm entre les mômes, pour alliance et com-
merce (4672) 494
XXIII. — Traité de Versailles entre les mômes, pour le commerce 4675 496
CHAPITRE V
Traités entre la France et la Moscovie 4 97
Traité de Moscou entre Louis XIII et Michel Theodorowitz 497
CHAPITRE VI
Traités entre la France et les Provinces -Uni es 498
L — Traité entre Henri IV et les étots généraux , pour alliance (4 596) 200
H. — Traité de La Haye entre les mêmes, pour alliance et garantie de la paix
qu'on traiterait entre l'Espagne et les États (4 608) 203
u. 26
402 TABLE DU TOME DEUXIÈME.
Pages.
II(. — Autre trailé de La Haye entre les mêmes et Jacques 1*% pour alliance et
garantie du traité de trêve entre l'Espagne et les États ( 1 609) i05
IV — Troisième traité de La Haye entre Henri IV et les États, pour subsides
( 4 609) Î05
V. — Traité de La Haye entre Louis XIII et les États, pour conGrmer les précé-
dents traités 205
VI. — Traité entre les mêmes, pour alliance {4 681 ) 206
VII. — Traité de Compiègne entre les mêmes, pour des subsides (juin 4624)... 207
VIII. — Traité de Paris entre les mêmes et autres, pour alliance (août 1624) 209
rx. — Traité de La Haye entre les États et le connétable de Lesdiguières, pour
un secours de vingt vaisseaux (décembre 1624) 240
X. — Traité de La Haye entre Louis XIII et les États, pour le même sujet
(4625) 244
XI.— Traité de Paris entre les mêmes, pour une alliance pendant neuf ans (4627). 242
XU. — Second traité de La Haye entre les mêmes, pour subsides et alliance (4 630) . 244
XIII. — Troisième traité de La Haye entre les mêmes, pour augmentation de
subsides (avril 4634) 245
XrV. — Quatrième traité de La Haye entre les mêmeis, pour une compagnie de
cavalerie et un régiment d'infanterie (avril 4634) 246
XV. — Troisième traité de Paris entre les mêmes, pour chasser les Espagnols des
Pays-Bas (4636) 247
XVI. — Traité entre les mêmes, pour le mol de l'armée commune (mars 4 635). . 249
XVII.— Cinquième traité de La Haye entre les mêmes, pour des subsides (4636). 220
XVIII. — Sixième traité de La Haye entre les mêmes pour le commerce (4637) ... 224
XIX. — Traité de Saint-Germain entre les mêmes, pour autres subsides (4639). 222
XX. — Quatrième traité de Paris entre les mêmes, pour le même sujet (4644). . 222
XXI — Septième traité de La Haye entre les mêmes, pour subsides et trente
compagnies d'infanterie (4 642) 222
XXU. — Cinquième traité de Paris entre les mêmes, pour subsides (mars 4643) . 223
XXin. — Premier traité de La Haye entre Louis XIV et les États, pour confirma-
tion du précédent traité (4643) 223
XXrV. — Second traité de La Haye entre les mêmes, pour l'emploi des armées et
subsides (février 4644) 224
XXV. — Troisième traité entre les mêmes, pour renouvellement d'alliance et une
ligue de garantie (mars 4 644) 225
XXVI. — Quatrième traité de La Haye entre les mêmes, pour des subsides
(mars 4645) 227
XXVU. — Cinquième traité de La Haye entre les mêmes, pour le même sujet
(avril 4 645) 228
XXVIII. — Traité de Paris entre les mêmes, pour autres subsides (6 avril 4646). 228
XXIX. — Autre traité de Paris entre les mêmes, pour le commerce par mer
(48 avril 4646) 229
XXX. — Traité de Bréda entre les mêmes, pour la conservation de la religion
catholique dans Anvers (4646) 234
TABLE DU TOME DEUXIÈME. 403
Pages.
XXXI. — Traité de La Haye entre les mêmes, pour la garantie du traité de paix
M 647 ) 233
XXXn. — Traité de La Haye entre les mêmes, pour quelques prises faites sur
mer (1657) 239
XXXIÎL — Traité de La Haye entre les mêmes et Richard Cromwell, pour procu-
rer la paix entre le Danemark et la Suède (1 639) 242
XXXIV. — Traité de Paris entre les mêmes, pour le commerce et alliance (1662). 242
XXXV. — Acte donné au roi par les états généraux, pour la garantie de l'acqui-
sition de Dunkerque ( 1 663) 246
XXXVI. — Traité de La Haye entre les mômes et le roi de Danemark, pour
garantie du traité de paix (1 666) 247
XXXVII.— Traité entre Louis XIV et les États, pour la jonction de leurs armées
navales (1667) 248
XXXVIÏI. — Traité entre les mômes et le roi d'Angleterre, pour procurer la paix
entre la France et l'Espagne ( i 668 ) 248
XXXIX. — Conférences de Cologne entre les mômes, pour la paix de 1674 248
XL. — Traité de la paix de Nimègue entre les mêmes (1678) 252
XLI. — Autre traité de Nimègue entre les mêmes, pour le commerce 257
CHAPITRE VII
Traités entre les rois de France et les princes d'Orange 260
I. — Article du traité de Vervins entre Henri IV et Philippe, pour les intérêts du
prince d'Orange (4598) 262
IL — Traité de Rueil entre Louis XIII et Frédéric, pour agir contre l'Espagne
:i639) 263
III. — Traité de La Haye entre Louis XIV et Guillaume, pour armement contre
l'Espagne (4650) 265
IV. — Traité d'Avignon entre Louis XIV et le comte de Dolina (1660) 267
V. — Article du traité de Nimègue, entre Louis XIV et les états généraux, con-
cernant le prince d'Orange ( 1 678) 268
CHAPITRE VIII
Traités entre les rois de France et les ducs de Lorraine 269
n
I. —Traité de Saint-Germain entre Henri IV et Charles III, duc de Lorraine
(1594) 274
IL — Traité de Vie entre Louis XIII et Charles IV, pour remettre Marsal au roi
(janvier 1632) 275
III. — Traité de Liverdun entre les mêmes, pour remettre au roi Stenay, Jamets
et Clermont (juin 4632) 279
V. — Traité de Nancy entre les mêmes, pour remettre au roi Nancy et pour
casser le mariage de la princesse Marguerite (4 633) 280
m TABLE DU TOME DEUXIEME.
V. — Articles accordés à Charmes entre les mômes, pour le môme sujet
(1633) 283
VI. — Traité .de Paris entre les mômes, pour remellrc le duc dans ses Élats
fl641) 284
VII. — Traité de Guénin entre les mômes, pour le môme sujet (1644) 287
VIII. — Négociation à Munster entre Louis XIV, d'une part, et Ferdinand IK et
Philippe IV, de l'autre, pour les intérêts du duc de Lorraine (4648 ) 289
IX et X. Traités de Paris et do Villeneuve-Saint-Georges entre les mômes, pour
retirer son armée de France ( 1 65i ) 292
XI. — Traité de Compiègne entre les mômes, pour faire passer son armée au
service de la France 293
XII. — Articles du traité des Pyrénées entre Louis XIY et Philippe IV, pour le
rétablissement du duc de Lorraine (4659) 29o
XIII. — Second traité de Paris entre Louis XIV et le duc Charles, pour le môme
sujet ( 4661 ) 298
XIV. — Troisième traité de Paris entre les mômes, pour la cession de la Lorraine
au roi ( 4 662 ) 302
XV. — Traité de Metz entre les mêmi^s, pour remettre Marsal au roi ( 1663) . . . 304
XVI. — Articles du traité de Nimèguc entre TerajHîreur Léopold et le roi
Louis XIV, pour le rétablissement du prince Charles de Lorraine (1679). . 306
CHAPITRE IX
Traités entre les rois de France et les ducs de Bouillon 311
I . — Traité de Torci entre Henri IV et Henri, duc de Bouillon, pour remettre
Sedan au roi pendant quatre ans (1606) 31 «
II. — Traité de Loudun entre Louis XIII et Henri, duc de Bouillon et autres,
pour mettre Sedan sous la protection du roi (1616) 314
IIL — Traité de Mézières entre Louis XIII et Frédéric-Maurice, pour remettre le
duc dans les bonnes grâces du roi ( 1 6i1 ) 31 4
IV. — Traité de Pierre-Encise entre les mômes, pour remettre Sedan au roi. . , . 316
V. — Traité d'échange entre Louis XIV et Frédéric-Maurice (1651) 318
CHAPITRE X
Traites entre les rois de France et les Suisses, et les Grisons et leurs
ALLIÉS 31 g
I. — Traité de Soleure entre Henri IV et les Suisses, les Grisons et leurs alliés,
pour le renouvellement de l'alliance ( 1602 ) 3Î2
H. — Autre traité de Soleure entre Henri IV et les cantons catholiques, pour réser-
ver leurs alliances avec le duché de Milan et la Savoie ( 1 601 ) 326
III. — Traité entre Henri IV et les cantons protestants, pour leurs intérêts parti-
culiers (1602 ) 3|-7
TABLE DU TOME DEUXIÈME. /|05
[V. — Traité do Coiro entre Henri IV et les Grisons, pour le passajço dans leur
iwiys ; IGOi; 3i8
V. — Traité entre Henri IV et le canton de Fribourg • ICOî>) 3i9
M. __ Traité entre Louis XHI et le canton de Zurich, pour alliance (1614 ) 329
Vn. _ Traité de Tirano entre Louis XIII, la république de Venise et le duc de
Savoie d'une jvart, et les Valtelins de l'autre, |)Our être remis sous la pro-
tection du roi (1614) 330
Vllî. — Traité entre le duc do Rohan et les Grisons, i>our retirer les Français de
la ValU^line ; 1637) 332
IX; — Traité do Soleure entre Louis XïV et les cantons catholiques et l'abbé de
Siiint-Gall ( l6:j3-l6o4-16o5; 333
X. — Traité de Soleure entre le roi et les Dizaines du pays de Valais, pour le
m^me sujet ( 1 6o7) 334
XI. — Traité entre le roi et les protestants du canton do Glaris, pour le môme
siijot ' 1 657 ; 33.*)
XII. — Traiui entre le roi et Henri, duc de Longucville, comme comte de Nouf-
chûlol ( 1 657 ) • 336
Xni. — Traité d'Arau entre le roi et les cantons protestants, pour le môme sujet
; 1658) 337
XIV. — Traité de Soleure entre le roi et les cantons suisses et leurs alliés, pour
étendre le renouvellement d'alliance (1663) 338
CHAPITRE XI
Traiiés de -ai\ entre les empereurs, les archiducs et les rois dkFranle. 339
I. — Traité do Rivalte entre Ferdinand, Louis XIII et autres, pour une trôve
(septembre 1630) 345
II. — Traité de Ratisbonne entre Ferdinand II et Louis XIH ix)ur accommoder
les affaires de la succession de Mantoue (le 13 octobre 1630) 349
III. — Traité do Casai entre les mômes et autres, pour retirer les troupes étran-
i:éres du Montferrat [ octobn» 1 630 ) 352
IV. — Premier traité deQuerasque entre Ferdinand II et Louis XIII pour accom-
moder les différends des ducs de Savoie et de Mantoue (6 avril 1631 ) 353
V. — Second traité de Querasque entre les mêmes, pour le même sujet (19 juin
1631 ) 357
VI. — Traité de Hambourg entre Ferdinand HI et Louis XIH pour les prélimi-
naires de la paix ( 1641 ) 359
Vil. — Traité de paix de Munster entre Ferdinand IH et Louis XIV ( 21 octobre
1 648 ) 363
VIII. — Traité de Nuremberg, entre les mêmes, pour l'exécution du traité de
Munster ( 1650) 378
IX. — Traité de Paris entre Louis XIV et Ferdinand-Charies, archiduc d'Inspruck,
pour le payement des trois millions (1660) 380
406 TABLE DU TOME DEUXIÈME.
Pages.
X. — Traité de Vicufinc entre Léopold et Louis XIV, pour alliance ( 1671 ) 381
XL — Traité de paix de Nimègue entre les mêmes ( février 1 679 ) 38i
Autre traité de Nimègue, entre les môme?, pour l'exécution du précédent
traité (juillet 1679) 391
PIN DF. LA TABLE D i: TOME DEtXlKMK.
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