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Full text of "Résultats du voyage du S.Y. Belgica en 1897-1898-1899 : sous le commandement de A. de Gerlache de Gomery. Rapports scientifiques publiés aux frais du gouvernement belge, sous la direction de la Commission de la Belgica"

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EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


RÉSULTATS 


DU 


VOYAGE  DU  S.  Y.  BELGIGA 

EN     1897-1898-1899 


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SOUS   LE   COMMANDEMENT   DE 


A.   DE   GERLACHE   DE   GOMERY 


RAPPORTS  SCIENTIFIQUES 

PUBLIÉS   AUX   FRAIS    DU    GOUVERNEMENT    BELGE,    SOUS    LA    DIRECTION 

D^  LA 

COMMISSION  DE  LA  BELGICA 


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METEOROLOGIE 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


A.  DOBROWOLSKI 

Membre  du  personnel  scientifique  de  l'Expédition 


AN  VERS 

IMPRIMERIE  J.-E.  BUSCHMANN 

REMPART    DE   LA   PORTE    DU    RHIN 

igo3 
Printed  in!  Belghun 


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LA   NEIGE    ET   LE    GIVRE 

PAR 

A.  DOBROWOLSKI 

Membre  du  personnel  scientifique  de  l'Expédition 


D      2 


Sorti  des  presses  de  J.-E.  BUSCHMANN,  Anvers 
le   i5  Août  igo3 


LA   NEIGE   ET   LE   GIVRE 

PAR 

A.  DOBROWOLSKI 

Membre  du  personnel  scientifique  de  l'Expédition 


INTRODUCTION 

Pendant  l'hivernage  de  la  Belgica,  en  iSgS/99,  j'ai  fait  une  série  d'observations  sur  la 
forme  et  la  structure  du  givre  et  surtout  de  la  neige. 

Je  dois  dire  que  les  conditions  dans  lesquelles  ces  observations  ont  été  faites  n'étaient  pas 
des  meilleures.  Ainsi,  d'autres  occupations  m'empêchaient  souvent  d'étudier  au  microscope 
beaucoup  de  formes  intéressantes,  que  je  devais  me  contenter  d'examiner  à  la  loupe.  Mais  le  plus 
grand  inconvénient  était  le  manque  d'appareil  microphotographique,  absolument  nécessaire  pour 
fixer  des  formes  essentiellement  fugaces  de  par  la  rapidité  de  la  fonte  et  de  l'évaporation  ; 
j'ai  dû,  par  conséquent,  me  borner  à  des  dessins,  voire  même  à  des  descriptions.  Mes  dessins, 
inévitablement  plus  ou  moins  inexacts,  ne  reproduisent  souvent  que  de  simples  fragments  des 
formes  observées,  ou  bien  ne  font  ressortir  que  certains  caractères  de  celles-ci,  ou  enfin,  dans 
le  cas  de  figures  trop  compliquées,  deviennent  schématiques.  De  plus,  dans  ce  domaine,  la 
photographie  seule  permet  des  mensurations  précises.  A  défaut  d'un  moyen  si  essentiel,  mon 
travail  constituerait  un  véritable  anachronisme,  si  les  recherches  systématiques  basées  sur  cette 
méthode  n'étaient  pas  si  récentes,  et  si  les  procédés  primitifs,  tout  défectueux  qu'ils  soient, 
ne  pouvaient  encore  fournir  quelques  données  nouvelles  sur  les  nombreuses  lacunes  de  nos 
connaissances  sur  ce  sujet,  ou  tout  au  moins  aboutir  à  la  confirmation  de  certains  faits  admis. 

Des  malentendus  possibles  nécessitent  encore  une  dernière  remarque.  La  question 
peut-être  la  plus  importante  dans  toute  étude  cristallographique,  est  de  savoir  si  la  forme 
observée  est  un  individu  unique  ou  bien  un  groupement  cristallin.  Souvent  la  simple  observation 
peut  induire  en  erreur  ;  seule  l'étude  des  propriétés  physiques,  et  tout  particulièrement  des 
phénomènes  optiques,  est  capable  d'y  répondre.  Or,  n'ayant  pas  fait  ces  recherches,  je  ne 
saurais  évidemment  me  prononcer  dans  les  cas  douteux.  Par  conséquent,  partout  où,  malgré 
l'incertitude,  j'envisage  une  forme  donnée  comme  individu  unique  ou  comme  groupement,  il  ne 
faut  voir  qu'une  présomption,  ou  même  une  simple  commodité  de  description. 

Enfin,  je  me  permets  de  remercier  ici  MM.  A.  Lancaster,  directeur  du  Service 
météorologique  de  l'Observatoire  royal  d'Uccle,  et  F.  Stober,  chargé  de  cours  de  minéralogie 
à  l'Université  de  Gand,  de  l'intérêt  qu'ils  ont  témoigné  à  mon  travail,  et  de  leurs  conseils 
concernant  la   rédaction  et   la  publication   de  celui-ci. 


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PREMIERE    PARTIE 
LA    X  E I  G  E 

L'examen  de  la  neige  fut  fait  en  général  à  l'occasion  de  la  prise  des  notations  météoro- 
logiques horaires.  Assez  souvent  les  observations  eurent  lieu  dans  l'intervalle,  et  parfois  même 
furent  poursuivies  d'une  façon  continue  afin  de  se  rendre  compte  de  la  succession  des  formes. 

Dans  trois  cents  cas  environ,  j'utilisai  la  loupe  et  le  microscope  ;  dans  les  autres,  la  loupe 
seulement. 

Les  mensurations  ont  été  presque  exclusivement  faites  à  la  loupe  et  ne  peuvent  donc 
prétendre  à  une  grande  précision.  L'échelle  dont  je  me  servais  n'ayant  été  graduée  qu'au 
demi-millimètre,  j'ai  dû  estimer  approximativement  les  grandeurs  d'ordre  inférieur.  Les  erreurs 
possibles  ont  été,  évidemment,  d'autant  plus  sensibles  que  les  formes  observées  étaient  plus 
petites. 


PRINCIPAUX   TYPES 

Toutes  les  formes  observées  ont  pu  être  ramenées  aux  deux  grands  types  des  investi- 
gateurs modernes  (G.  Hellmann,  G.  Noedenskjôld,  W.  A.  Bentley)  :  type  lamellaire  (longueur 
de  l'axe  principal  très  petite  relativement  à  celle  des  axes  secondaires  (*))  et  type  en  bâtonnet 
(longueur  de  l'axe  principal  ordinairement  plus  grande,  rarement  un  peu  plus  petite). 

Bien  fréquemment,  il  est  vrai,  il  tombait  des  éléments  le  plus  souvent  informes  et 
d'aspect  grenu,  qui  semblaient  s'écarter  de  ces  types.  Mais,  en  revanche  et  plus  souvent  encore, 
j'en  observais  de  tout  à  fait  analogues  que  je  pouvais  distinctement  rattacher  aux  cristaux  types, 
soit  qu'ils  en  fussent  des  agrégats,  des  débris,  ou  des  déformations  par  dépôt  de  givre.  Or, 
quand,  chose  assez  fréquente,  ces  deux  catégories  tombaient  simultanément  ou  successivement 
dans  la  même  chute,  on  pouvait  suivre  une  série  de  transitions  bien  nettes.  Il  en  résulte,  et  cela 
confirme  l'opinion  des  observateurs  modernes,  qu'il  serait  bien  difficile  de  conclure  à  des  formes 
s'écartant  des  deux  grands  types. 

Quant  à  la  fréquence  relative  des  deux  types,  le  lamellaire  était  prédominant  : 

Nombre  d'observations  où  la  forme  de  la  neige  a  été  déterminée  :  708  ; 

»  »  »    le  type  lamellaire  a  été  distingué  :    404  ou  64  %  ;  ' 

»  »  ■»    le  type  en  bâtonnet  a  été  distingué  :  41g  ou  5g  %. 


(1)    Axe  principal  =  l'axe  vertical  ;  axes  secondaires  =  les  trois  axes  horizontaux. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


Cela  concorde,  d'une  façon  générale,  avec  les  résultats  des  autres  observateurs  ;  mais  dans 
nos  parages  la  prépondérance  du  type  lamellaire  s'est  montrée  moindre  ('). 

Ces  deux  types  fondamentaux  étaient  en  général  très  bien  tranchés,  et  les  formes  de 
transition  (lamelles  trop  épaisses,  bâtonnets  trop  courts),  difficiles  à  y  rattacher,  étaient  très  rares. 
Pourquoi  la  neige  prend-elle  tantôt  l'un,  tantôt  l'autre  habitus  ?  Quelles  sont  les  conditions 
qui  font  ses  cristaux  s'accroitre  de  préférence  suivant  certains  axes  ?  Moins  encore  que  pour 
les  autres  substances  à  habitus  variable,  on  ne  saurait  ici  rien  répondre  de  positif  à  cette 
question   primordiale  (2). 


TYPE  LAMELLAIRE 

Forme 

Le  caractère  saillant  de  ce  type  est  l'extrême  diversité  des  formes. 

Cela  tient,  avant  tout,  à  ce  qu'ici  les  cristaux  sont  le  plus  souvent  incomplets  :  on  a  des 
cristaux  plus  ou  moins  déchiquetés,  squelettes  cristallins  (j),  au  lieu  de  la  lamelle  hexagonale 
pleine.  Or,  le  degré  et  la  modalité  de  cette  défectuosité  peuvent  être  a  priori  très  variables  ;  c'est 
là  d'ailleurs  un  fait  connu  pour  d'autres  substances  qui,  d'habitude  ou  dans  certaines  conditions, 
cristallisent  incomplètement.  En  outre,  ces  squelettes  cristallins  retrouvant  des  conditions  de 
croissance  normale,  tendent  à  se  compléter  ;  et  ici  également,  le  degré  et  la  modalité  du 
phénomène  peuvent  varier.  Enfin,  une  lamelle,  complète  à  son  origine,  peut  s'accroitre,  dans 
la  suite,    d'après   le  type  squelettaire. 

Outre  ce  facteur,  il  en  est  d'autres.  Tout  d'abord  les  lamelles,  complètes  ou  déchiquetées, 
sont  bien  souvent  hémiédriques,  et  la  différence,  quantitative  et  qualitative,  entre  deux 
sextants  (4)  voisins,  peut  être  très  variable.  Ensuite,  ces  cristaux  sont  loin  d'être  toujours  d'une 
régularité,  d'une  symétrie  parfaites,  et  le  degré  et  la  modalité  de  leur  irrégularité,  de  leur 
asymétrie  peuvent  encore  être  très  divers.  De  plus,  ils  peuvent,  sur  tout  leur  pourtour  ou  par 
endroits  seulement,  présenter  des  courbures  variables  (bords  concaves,  angles  émoussés).  Enfin, 
une  nouvelle  congélation  succédant  à  une  fonte  partielle  est  encore  une  source  de  variabilité  des 
formes. 

Des  nombreuses  formes  que  j'ai  vues  et  de  celles  publiées  par  les  auteurs,  il  n'en  est  pas 
une  qui  trancherait  plus  ou  moins  nettement  sur  l'ensemble  :  il  parait  possible  de  toujours 
passer  d'une  variété  donnée   à   une  autre,   par  une   série  progressive   et  serrée  de   formes   de 


(i)  G.  Hellmanx,  tablant  sur  ses  propres  observations  et  sur  celles  de  Scoresby  et  de  Rohrer,  estime  à 
environ  y5  °  ,,  la  part  du  type  lamellaire  (Schneekrystalle.  Berlin,  i8o3  ;  p.  3g).  Les  méthodes  du  calcul  sont  différentes  : 
tandis  que  mes  chiffres  ne  donnent  que  la  fréquence  proprement  dite,  c'est-à-dire  le  °/0  d'observations  où  l'on  a  trouvé 
les  cristaux  de  l'un  ou  de  l'autre  type,  Hellmann  donne  le  °/0  de  spécimens  lamellaires  observés. 

Je  fais  rentrer  dans  le  type  en  bâtonnet  les  combinaisons  du  prisme  avec  une  ou  deux  lamelles. 

(2)  On  suppose  que  l'état  électrique  de  l'atmosphère,  positif  ou  négatif,  serait  peut-être  un  facteur  de  cette 
diversité.   (W.  A.  Bentley,  Twenty  years'  study  of  snow  crystals.  Monthly  Weather  Review,  -May,  1901,  p.  214.) 

(3)  Comme  on  trouve  dans  d'autres  substances  assez  bien  de  formes  d'accroissement  analogues  aux  figures  de 
la  neige  lamellaire,  il  est  permis,  surtout  depuis  les  expériences  bien  connues  de  Dogiel,  de  considérer  celles-ci 
comme  différentes  formes  d'accroissement  d'un  cristal  lamellaire  hexagonal,  ce  qui  n'élimine  pas  l'existence  possible, 
parmi  ces  figures,  de  groupements  cristallins  imitant  la  forme  d'un  cristal  unique. 

(4)  Par  «  sextant  »  j'entends  ici  et  dans  la  suite  l'espace  délimité  par  l'intersection  de  deux  axes  voisins  (axes 
des  rayons  dans  le  cas  d'étoiles,  diagonales  passant  par  le  centre  dans  le  cas  de  tablettes). 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


transition.  Cette  continuité  de  forme  s'observait  bien  souvent  aussi  parmi  les  différentes  variétés 
tombant,  lors  d'une  même  chute,  simultanément  ou  successivement.  Il  n'en  résulte  point  qu'on 
pourrait  arranger  toutes  les  variétés  de  la  neige  lamellaire  en  une  seule  série.  En  effet,  partant 
de  la  même  variété,  on  pouvait  souvent  aboutir,  par  des  séries  de  formes  de  transition  différentes, 
à  plusieurs  variétés  distinctes  ;  d'un  autre  côté,  entre  deux  formes  données  il  pouvait  exister 
plusieurs  séries  de  transition  différentes.  La  continuité  de  forme  devrait  donc  ici  être  figurée  par 
un  réseau  complexe  plutôt  que  par  une  ligne. 

Le  fait  que  les  différentes  formes  observées  semblent,  souvent  dans  la  même  chute,  reliées 
entre  elles  par  des  formes  de  transition,  fait  qui  n'était  que  le  résultat  d'une  pure  comparaison, 
ne  permet  évidemment  encore  d'en  tirer  aucune  conclusion  légitime  quant  aux  différentes  phases 
du  développement  d'un  cristal.  Ce  n'est  qu'en  s'aidant  de  l'étude  de  la  structure  intime  que  l'on 
peut  aborder  l'histoire  de  ces  cristaux. 

Quelque  grand  que  soit  le  nombre  des  variétés  lamellaires,  il  me  semble  pourtant  montrer 
des  limites.  Presque  toutes  les  formes  observées  se  répétèrent  au  moins  une  fois,  sinon 
absolument  identiques,  du  moins  avec  des  variantes  insignifiantes  ;  très  rares  sont  les  formes  que 
je  n'ai  notées  qu'une  fois.  D'un  autre  côté,  m'étant  procuré  une  collection  assez  riche  de  la 
neige  dessinée  et  photographiée  ('),  j'ai  été  frappé  par  la  ressemblance  plus  qu'essentielle  de  ces 
figures  avec  les  formes  que  j'ai  observées  :  j'en  ai  vu  fort  peu  dont  je  n'aie  pu  trouver  de  très 
analogues  parmi  mes  dessins  de  la  neige  lamellaire,  dessins  dont  je  ne  donne  guère  ici  que  les 
schémas,  non  à  cause  de  cette  ressemblance,  mais  parce  qu'ils  ne  peuvent  être  comparés  aux 
belles  et  si  exactes  microphotographies  des  auteurs  modernes. 

Principales  variétés  du  tjrpe  lamellaire 

Il  est  ici  fait  abstraction  des  phénomènes  d'hémiédrie,  d'asymétrie,  de  contours 
courbes,    etc. 

Une  classification  grossière,  mais  naturelle  et  assez  commode,  peut  être  basée  sur  le 
degré  de  défectuosité  ;  elle  donne  comme  formes  extrêmes  :  lamelle  hexagonale  simple  (cristal 
complet),  étoile  sans  champ  central,  à  six  rayons  simples  (cristal  le  moins  complet). 

A.  Etoiles  sans  champ   central. 

I.  Rayons  très  étroits  relativement  à  leur  longueur. 

Les  rayons  se  présentent  sous  deux  aspects  principaux  : 

a)  L'aspect  typique  est  en  aiguille  aplatie  (fig.  i,  schéma  A')  dont  la  pointe  proximale  (2) 
contribue  à  former  le  centre  de  l'étoile.  Assez  souvent  le  rayon  semblait  composé  de  deux  ou 
plusieurs  aiguilles  alignées  bout  à  bout  suivant  une  même  droite  (schéma  A11). 

b)  Très  fréquemment  pourtant  l'extrémité  distale,  au  lieu  de  s'effiler,  présentait  un 
contour  semi-hexagonal  (schéma  B1),  ou  même  un  hexagone  allongé  incomplet  dépassant 
légèrement  la  largeur  du  reste  du  rayon  (schéma  B"). 

L'extrémité     proximale     pouvait     parfois,     elle     aussi,     perdre    tout    caractère    d'acuité 


(i)  De  la  célèbre  collection  de  microphotographies  offerte  par  W.  A.  Bentley  au  Harvard  Mineralogical 
Muséum,  je  n'ai  eu  l'occasion  de  voir  que  des  reproductions  publiées  dans  Monthly  Weaiher  Review,  May,  igoi. 

(2)  J'emploie  le  terme  11  proximal  »  dans  le  sens  de  «  tourné  vers  le  centre  »;  le  terme  «  distal  »  signifie  :  «  tourné 
vers  la  périphérie  ». 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


(schéma  BIU).  Donc,  un  rayon  entier  pouvait  figurer  une  lamelle  semi-hexagonale  énormément 
allongée. 

Lorsque  les  deux  aspects,  a  et  b,  se  présentaient  simultanément  ou  successivement  dans 
une  même  chute,  ou,  mieux  encore,  sur  une  même  étoile,  les  rayons  d'aspect  b  paraissaient 
généralement   plus   larges. 

Les  bords  latéraux  du  rayon  (abstraction  faite  des  appendices  possibles)  étaient  unis  ou 
bien  montraient  des  incisures,  des  échancrures,  etc. 

Les  rayons  dépourvus  d'appendices  latéraux  étaient  relativement  rares.  L'abondance 
relative  des  appendices  variait  de  la  simple  paire  à  la  série  très  serrée.  Leur  répartition  le  long 
du  rayon  était  aussi  variable  :  elle  pouvait  être  uniforme  ou  non,  et  dans  ce  dernier  cas,  le  plus 
ordinaire,  être  plus  ou  moins  déterminée  (par  exemple,  appendices  intéressant  seulement  la 
moitié  ou  l'extrémité  distales  du  bras)  ou  tout  à  fait  indéfinie  ;  assez  souvent  on  avait  affaire  à  un 
trèfle  terminal  composé  d'une  paire  d'appendices  et  de  la  portion  distale  du  rayon  égale,  ou  à  peu 
près,  à  la  longueur  de  ceux-ci,  ce  trèfle  représentant  donc  le  squelette  d'un  semi-hexagone 
terminal  (fi g.  i,  schéma  C).  Quant  à  la  forme,  un  appen- 
dice pouvait,  lui  aussi,  ou  bien  être  aciculaire  ou  bien 
figurer,  par  son  ensemble  ou  à  son  extrémité  distale  seule-  ai  a  a  n, 
ment,  un  hexagone  allongé  incomplet  ;  bien  souvent 
pourtant  ils  s'étalaient  en  larges  pétales  [Stella  pennata  de 
G.  Hellmann),  mais  alors  leur  longueur,  beaucoup 
moindre  en  moyenne,  n'atteignait  jamais  la  longueur 
maximale  des  précédents. 

Supposant,  pour  la  clarté  de  l'exposé,  les  étoiles 
symétriquement  développées,  la  longueur  moyenne  des 
appendices  variait  d'une  étoile  à  l'autre,  depuis  la  simple 
ébauche  jusqu'à  un  maximum  permis  par  le  diamètre  de 
l'étoile.  Sur  un  même  rayon,  lorsque  les  appendices  de  la  région  proximale  étaient  suffisamment 
serrés,  ils  devaient  naturellement  se  raccourcir  progressivement,  depuis  un  certain  point  vers 
le  centre  de  l'étoile  ;  un  phénomène  analogue,  mais  à  marche  inverse,  s'observait  généralement 
aussi  à  l'extrémité  distale  du  bras.  Ailleurs  la  longueur  pouvait  varier  d'une  façon  quelconque, 
mais  le  plus  souvent  on  pouvait  discerner  un  certain  ordre,  lequel,  joint  à  une  répartition  plus 
ou  moins  déterminée  des  appendices,  faisait  que  le  pourtour  de  l'étoile  considéré  globalement 
dessinait  une  forme  définie,  analogue  à  des  lamelles  plus  complètes.  En  voici  quelques  types 
dans  les  diagrammes  A1 — F  de  la  figure  2,  que  l'on  pourrait  encore  compléter  par  des  formes  de 


Bff{ 


1h 


FlG. 


FlG.    2 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


transition.    Ces    différentes    modalités    de   variation   de   la  longueur  des   appendices    pouvaient 

être  aussi   combinées   sur  un   même   rayon. 

Parfois  les  appendices  relativement  longs  pouvaient 
alterner  régulièrement  avec  des  appendices  courts  (fig.  3, 
schémas  A   et  B). 

Les  appendices  primaires  pouvaient  porter  des  ap- 
pendices secondaires,  ceux-ci  des  appendices  de  troisième 
ordre,  etc.  ;  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  des  appen- 
dices  primaires,   trouve  place   ici  aussi,  mutatis  mutandis. 

Fig.  3 

II.  Rayons  plus  ou   moins  fortement  élargis. 

Cet  élargissement  pouvait  n'intéresser  que  la  partie  tout  à  fait  distale  du  rayon.  Alors 
celui-ci  se  terminait  en  large  hexagone  incomplet,  régulier  ou  bien  étiré  suivant  la  longueur  ou 
la  largeur  (fig.  4,  schémas  A1,  A" ,  A'11).  Le  rayon  pouvait  aussi  se  présenter  en  rhomboïde  à 
angle  distal  de  1200  (schéma  B),  ou  en  feuille  pointue  aux  deux  extrémités  (schéma  C).  (Les 
rayons  élargis  plus  ou  moins  uniformément  ou  vers  l'extrémité  proximale  forment  déjà,  évidem- 
ment, des  étoiles  à  champ  central.)  Ces  différentes  formes  pouvaient  aussi  se  combiner  et  donner, 
par  exemple,  un  rayon  s'élargissant  en  escalier  vers  son  extrémité  distale  (schéma  D). 


A" 


\S 


Sr" 


FlG. 


Dans  cette  seconde  classe,  chose  à  prévoir,  le  développement  des  appendices  est  beaucoup 
plus  faible  ;  très  souvent  ils  faisaient  défaut,  et  s'ils  étaient  môme  nombreux,  ils  restaient 
rudimentaires. 

L'élargissement  des  ravons  pouvant  s'accuser  à  des  degrés  variables,  on  pouvait  passer  de 
cette  classe  à  la  précédente  par  tous  les  stades  de  transition  ;  ceux-ci  se  trouvaient  parfois  réalisés 
dans  une  même  chute,  simultanément  ou  successivement.  D'un  autre  côté,  si  l'on  suppose  les 
appendices  du  schéma  C  de  la  figure  1  et  des  schémas  B  et  C  de  la  figure  2  s'élargissant  jusqu'à 
soudure  complète,  on  a  une  nouvelle  espèce  de  séries  de  transition  entre  les  deux  classes 
d'étoiles  sans  champ  central,  séries  qui,  parfois,  se  réalisèrent  aussi  dans  une  même  chute. 


B.  Étoiles  à  champ  central. 

I.   Champ  central  en  lamelle  hexagonale. 

Rayons  insérés  aux  angles  de  la  lamelle  centrale,  sur  le  prolongement  de  ses  trois  axes. 

a)  Ravons  très  étroits,  analogues  à  ceux  de  la  classe  A,  I.  Comme  ils  ne  convergent  plus 
en  un  point,  quelques  dispositions  nouvelles  des  appendices  sont  possibles  (fig.  5,  schémas  A'-C  ; 
comparer  respectivement  aux  schémas  A',  A" ,  D,  E  de  la  fig.  2  et  au  schéma  C  de  la  fig.  1). 

Des  transitions  vers  la  classe  A,  I  (diminution  graduelle  du  diamètre  de  la  tablette 
centrale)   ont  parfois  été   observées   dans   une   même   chute,  simultanément  ou  successivement. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


b)  Rayons    élargis.    Comme    ils    ne    convergent    plus    en    un    point,    l'élargissement    peut 
intéresser  aussi   la   portion   proximale  du   rayon.    D'où   nouvelles   formes   possibles  : 


Fig.  5 


i.  Rayons  élargis  uniformément  suivant  toute  la  longueur  :  lamelles  semi-hexagonales 
étirées  (fig.  6,  schéma  A)  ou  en  hexagone  presque  complet  (schéma  B1).  La  diminution  de  la 
longueur  des  rayons  en  hexagone  allongé  (schéma  B1)  peut  conduire  à  des  rayons-hexagones 
réguliers  (schéma  B"). 


Bn 


Fig.  6 

Deux  sortes  de  séries  de  transition  rattachent  l'espèce  précédente  (B,  I,  a)  à  celle-ci  :  l'une 
se  faisant  par  élargissement  progressif  et  uniforme  des  rayons,  l'autre  par  élargissement  et 
soudure  éventuelle  des  appendices  (sous  ce  dernier  rapport,  comparer  la  fig.  6,  B1,  B[I  à  la  fig.  5, 
A',  A"  ;  la  fig.  6,  B"  à  la  fig.  5,  C).  Ces  transitions  ont  été  parfois  observées  dans  une  même 
chute,  simultanément  ou  successivement. 

2.  Rayons  s'élargissant  vers  l'extrémité  proximale.  Figure  7  (on  voit  que  la  forme  du 
rayon  des  schémas  B1  et  BH  est  inverse  de  celle  réalisée  dans  les  schémas  B  et  D  de  la  fig.  4). 


Fig.  7 


1: 


D      2 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


Supposant  les  appendices  du  schéma  B  de  la  figure  5  s'élargissant  jusqu'à  la  fusion,  on 
obtiendra  une  série  de  transition  entre  celui-ci  et  le  schéma  B1  de  la  figure  7,  réalisée  parfois 
dans  une  même  chute,  simultanément  ou  successivement. 
Remarque  générale  à  la  classe  B,  I. 

Supposant  les  rayons  réduits  de  plus  en  plus,  on  arrivera  à  des  lamelles  ne  montrant  aux 
angles  que  de  simples  pointes  ou   boutons  (fig.  8,  schémas  A,  B,  C),  et  éventuellement  à  de 

simples    lamelles    hexagonales    complètes.     Des 
séries  de  transition  de  ce  genre  ont  été  souvent 
observées  dans  une  même  chute,  simultanément 
pIG  8  ou  successivement. 

II.   Champ  central  formé  simplement  par  les  bases  des  rayons  tels  qu'en  montrent  la  figure  6, 
A  et  la  figure  7,  A1,  A11  (fig.  9). 


A 


Bn 


/ 


Fig.  9 


Supposant  les  rayons  des  formes  de  la  figure  6,  A  et  de  la  figure  7,  A1,  A"  s'élargissant, 
ou  la  lamelle  centrale  se  réduisant  de  plus  en  plus,  on  aura  des  séries  de  transition  réalisées 
assez  souvent,  dans  une  même  chute  de  neige,  simultanément  ou  successivement.  D'un  autre 
côté,  on  a  trouvé,  dans  une  même  chute  de  neige  également,  des  transitions  entre  les  formes  de 
cette  classe  et  celles  de  la  classe  A,  I  (élargissement  progressif  des  appendices  jusqu'à  soudure  ; 
comparer  la  fig.  9,  A,  B1,  B"  à  la  fig.  2,  A',  D,  E).  Enfin,  supposant  les  rayons  des  formes  de 
la  figure  9  s'élargissant  de  plus  en  plus,  on  arrivera  à  de  simples  lamelles  hexagonales  complètes; 
des  transitions  de  ce  genre  ont  été,  souvent  aussi,  observées  dans  une  même  chute  de  neige. 

Remarques  générales. 

1.  Dans  cet  exposé  nous  n'avons  pas  voulu  épuiser  toutes  les  complications  observées, 
mais  en  donner  simplement  les  éléments.  Différentes  formes  des  rayons  que  nous  avons  décrites 
isolément,  pouvaient  être  différemment  combinées  dans  un  même  rayon.  L'absence  ou  la 
présence  des  appendices  primaires,  secondaires,  etc.,  leur  forme,  leur  longueur,  leur  abondance, 
leur  répartition,  variables  autant  dans  la  classe  B  que  dans  la  classe  A,  sont  de  multiples 
facteurs  de   la  diversité  des  étoiles  de   neige. 

2.  Les  hexagones  incomplets  terminaux  des  rayons  (et  même  des  appendices)  pouvaient, 

quand  ils  étaient  assez  larges,  être  munis  eux  aussi,  à 
l'instar  des  lamelles  hexagonales  centrales,  de  rayons 
en  général  peu  développés,  occupant  ordinairement  un 
ou  trois  angles  distaux,  voire  même  les  cinq  angles. 
Exemples  :  figure  10. 

3.   La  faculté  d'émettre  des  appendices  semblait 
diminuer  avec  la  largeur  du  rayon,  et  augmenter  avec 


Fio.   10 


sa  longueur. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


4.  On  remarquait  généralement  une  certaine  relation,  mais  inverse,  entre  la  longueur  des 
appendices  (aussi  bien  que  des  rayons)  et  leur  largeur. 


Rapport  entre  la  forme  et  le  diamètre. 

Ce  rapport  était  en  général  bien  marqué. 

Voici  les  résultats  de  mes  observations  à  ce  sujet  (')  : 

Catégorie -classe  -  espèce  -variété. 


N. 


Première  catégorie  :  Étoiles  les  moins  complètes  —  pas  de 
champ  central,  rayons  très  étroits  relative- 
ment à  leur  longueur  1  classe  A,  II.     .     .     . 


1.  Appendices  relativement  longs 

a)  Appendices  serrés 

b)  Appendices  rares  [jusqu'à  une  seule  paire' 

2.  Appendices    moyens courts rudimen- 

taires nuls 

a)  Appendices  moyens 

b)  Appendices  courts  : 

a)  plus  ou  moins  serrés 

(3)  une  seule  paire  (vers  l'extrémité  distale 

c)  Appendices  rudimentaires  et  nuls  .  .  . 
v.)  rudimentaires,  fins,  fortement  serrés  . 
(3;  nuls 

Deuxième  catégorie,  intermédiaire 

1.  Etoiles  sans  champ  central,  à  rayons  élargis 

vers  leur  milieu  ou  vers  l'extrémité  distale 
seulement 

a)  Sans  appendices 

b)  Avec  appendices  (faiblement  développés). 

2.  Étoiles  à  champ   central  hexagonal  ou  bien 

formé   par  les  bases   des  rayons,   petit  par 
rapport  à  la  longueur  de  ceux-ci 


Troisième  catégorie 

1.  Lamelles  étoilées  à  champ   central   relative- 

ment grand  par  rapport  aux  rayons.     .     .     . 

2.  Lamelles  hexagonales  simples 


D.  moy, 


D.  m  a. y. 


D. 


min. 


14 

3,1  mm 





— 

3.8mm 





90 

4.0mm 

IO.Omm  (*) 

2.0mm 

21 

3.4mm 

5.0mm 

2.0mm 

— 

2.0mm 



. — . 

II 

2.6mm 

4.0mm 

I.omm 

7 

3.omm 

4.0mm 

2.0mm 

18 

2_  jmm 

4.0mm 

q  yram 

— 

j  _  ™nm 





i5 

I.41™ 

2.0mm 

o.3mm 

27 

1.9mm 

4.omm 

o.5mra 

60 

1.9  mm 

— 

— 



I.gmrn 





22 

2  Qmm 

4.5mm  (3) 

Q     «mill 

11 

1.6mm 

3.5mm 

LU"™ 



I.grnm 

5.0mm   (4) 

0.3mm 

08 

1  Z(.mm 

— 



— 

I.5mm 

4.5mm  (5) 

0.3mm 

— 

I.3mm 

3.0mm 

o.3mm 

On  voit  qu'en  général  les  cristaux  lamellaires  sont  d'autant  plus 
complets  :  les  plus  grands  sont  des  étoiles  sans  champ  central,  à  rayons 


grands  qu'ils  sont  moins 
relativement  très  étroits  ; 


(1)  Ar=  nombre  d'observations  où  la  catégorie-classe-espèce-variété  donnée  a  été  notée  et  mesurée;  D.  moy.— 
diamètre  moyen  ;  D.  max.—-  diamètre  maximal  ;  D.  min.=  diamètre  minimal. 

(2)  Ce  maximum  fut  observé  deux  fois  ;  parmi  les  diamètres  dépassant  5.orara,  ceux  allant  jusqu'à  6.omm  furent 
notés  sept  fois  ;  à  8.omm,  une  fois  ;  à  g.omm,  une  fois. 

(3)  Observé  une  fois  seulement. 

(4)  Rayons  fortement  dendritiques  ;  en  général,   les  plus   grandes  dimensions  (3.omm,  4.0™")  se  rencontraient 
dans  les  étoiles  à  rayons  dendritiques. 

(5)  Rayons  dendritiques  ;  les  lamelles  à  rayons  dendritiques  étaient  en  général  les  plus  grandes. 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


les  plus  petits  sont  des  lamelles  hexagonales  simples.  Ce  résultat  concorde  avec  celui  des  autres 
observateurs  (J).  Pourtant  cette  règle  ne  va  pas  sans  restriction,  ou  plutôt  sans  complément  ;  car 
il  en  résulterait  que  le  plus  grand  diamètre  moyen  devrait  caractériser  des  étoiles  sans  champ 
central  à  six  rayons  étroits  simples.  Or,  l'observation  montre  que  dans  la  première  catégorie  le 
diamètre  moyen  est  d'autant  plus  grand  que  les  appendices  sont  plus  développés  (2)  ;  parmi  les 
étoiles  à  champ  central,  les  plus  grands  exemplaires  étaient  aussi  ceux  dont  les  rayons  étaient 
dendritiques.  On  dirait  qu'une  forme  lamellaire  donnée  peut  avoir  un  diamètre  d'autant  plus 
considérable  que  l'étendue  de  ses  contours  est  plus  grande  par  rapport  aux  contours  de  cette 
même  forme  complétée  en  lamelle  hexagonale  simple.  A  mon  avis,  ce  fait  n'est  pas  nécessaire- 
ment en  contradiction  avec  la  règle  qui  est  naturelle  et  à  prévoir  a  priori  (3),  mais  en  constitue 
plutôt  un  complément  particulier  ;  il  signifierait  seulement  que  les  rayons  simples  et  à  ramifi- 
cations faibles  ne  peuvent  rester  tels  que  pour  autant  que  l'étoile  ne  dépasse  pas  un  certain 
diamètre. 

Le  diamètre  des  différentes  formes  lamellaires  montre  certaines  limites.  Ainsi,  dans  mes 
observations,  il  n'y  a  pas  de  lamelles  hexagonales  simples  dépassant  3.0"™  ;  au-dessus  de  5.omm, 
il  n'y  avait  que  des  étoiles  sans  champ  central  à  appendices  fortement  développés,  lesquelles 
n'existaient  pas  au-dessous  de  2.omm. 

Lorsque  les  différentes  formes  lamellaires  tombaient,  simultanément  ou  successivement, 
dans  une  même  chute,  on  constatait  très  souvent,  parfois  même  jusque  dans  les  détails  et  dans 
des  spécimens  très  voisins,  cette  relation  entre  le  diamètre  et  la  forme. 

Formation  des  facettes. 

Une  lamelle  ne  montrant  que  par  hasard  ses  faces  latérales  et  celles-ci  étant  très  étroites, 
il  est  difficile  de  constater  les  modifications  des  arêtes  et  moins  aisé  encore  de  les  déterminer 
quantitativement.  G.  Hellmann  (4)  a  eu  deux  fois  l'occasion  d'en  constater  directement  la 
troncature.  Quant  à  moi,  il  ne  m'est  arrivé  de  conclure  à  ce  phénomène,  si  important  pour  la 
théorie  des  halos,  qu'indirectement,  d'après  les  bordures  foncées  plus  ou  moins  distinctes,  donc 
probablement  dans  des  lamelles  d'une  certaine  épaisseur  seulement  ;  ces  bordures,  je  les 
constatai   assez  souvent. 


(i)  G.  Hellmann  (Schneekrystalle,  p.  34)  donne  les  chiffres  suivants  : 

Str.  Sterne  mit  plâttehenartiger 
Strahlige  Sterne  Verbreiterung  der  Spitze  Plattchen 

Zahl  der  Fâlle 22  10  22 

Mittlerer  Durchmesser 2.35mm  i.57mm  i.32mm 

Le  chiffre  donné  par  l'auteur  pour  les  Strahlige  Sterne,  c'est-à-dire  pour  notre  première  catégorie  (2.35mm),  est  de 
beaucoup  inférieur  au  nôtre  (3.imm),  chose  qui  pourrait  peut-être  s'expliquer  par  cette  circonstance  que  chez  nous  le 
nombre  prédominant  d'observations  de  cette  catégorie  portait  sur  des  étoiles  fortement  ramifiées,  de  diamètre  très 
considérable  (3.8mm  en  moyenne). 

(2)  G.  Hellmann  (Ibid.,  p.  40)  constate  aussi  que  ce  sont  les  formes  ramifiées  de  cette  première  catégorie 
qui  donnent  les  plus  grands  diamètres. 

(3)  En  supposant  que  les  différents  cristaux  de  neige  se  forment,  ceteris  paribus,  aux  dépens  des  mêmes 
quantités  de  vapeur  d'eau,  il  est  clair  que  les  cristaux  plus  ou  moins  complets  seront  plus  petits  que  les  plus  ou  moins 
déchiquetés.  G.  Hellmann,  qui  fait  cette  remarque,  la  confirme  par  un  calcul  abstrait,  très  simple  (Ibid.,  pp.  61-62). 

(4)  Ibid.,  pp.  3i-32. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  ï3 


Hémiédrie. 

L'inégalité  alternante  de  la  longueur  des  côtés  et,  en  général,  la  variation  alternante  de 
l'aspect  extérieur  des  sextants  (T)  étaient  bien  communes  dans  les  lamelles  simples  et  les  étoiles  à 
champ  central.  Sans  appareil  microphotographique,  je  ne  pouvais  constater  ce  phénomène  que 
lorsqu'il  était  bien  apparent  ;  je  ne  saurais  par  conséquent  dire  rien  de  positif  sur  la  relation 
entre  la  fréquence  de  l'hémiédrie  et  la  forme  extérieure  du  cristal  (2).  Les  lamelles  presque 
triangulaires  ont  été  observées  assez  rarement  ;  les  lamelles  complètement  triangulaires,  jamais, 
les  sommets  du  triangle  étant  toujours  plus  ou  moins  tronqués. 

Irrégularités. 

(anomalies  de  la  symétrie  EXTÉRIEUREI   (31. 

A.  Lamelles  simples. 

a)  Côtés  inégaux,  mais  gardant  leur  parallélisme.  Symétrie  normale  réduite  à  une 
symétrie  bilatérale  par  rapport  à  deux  axes  perpendiculaires  l'un  à  l'autre  (fig.  n,  A1, A")  ou 
par  rapport  à  un  seul  axe  (fig.  n,  B1,  Bn)  ou  à  une  asymétrie  (fig.  n,  C). 

b)  Anomalies  des  angles  (liées  éventuellement  à  l'inégalité  des  côtés).  Symétrie  généra- 
lement bilatérale  par  rapport  à  un  seul  axe.  Exemples  :  figure  u,  D,  E. 

c)  Lamelles  pentagonales.  Je  n'ai  observé  de  cette  forme  qu'un  exemplaire  représenté  par 
le  schéma  F  de  la  figure  il,  où  la  pointe/)  ne  montrait  aucune  troncature  visible  au  grossissement 
moyen.  Symétrie  bilatérale  par  rapport  à  un  seul  axe.  Comparer  aux  schémas  B  et  E  de  la 
même  figure  u. 


BB 


Fig.  ii 


(i)  Voir  remarque  au  bas  de  la  page  5. 

(2)  D'après  G.  Xordenskjôld  (Communication  préliminaire  sur  une  étude  des  cristaux  de  neige.  Chapitres  : 
Tables  hexagonales,  Cristaux  étoiles.  Bulletin  de  la  Société  française  de  Minéralogie,  tome  16),  les  lamelles  simples 
seraient  rarement  holoédriques,  tandis  que  les  lamelles  étoilées  présenteraient  rarement  un  développement  hémiédrique 
bien  prononcé. 

(3)  Le  manque  d'appareil  microphotographique  a  fait  que  les  déterminations  quantitatives  de  ces  anomalies 
n'ont  pas  été  faites  et  que  seules  des  anomalies  frappantes  furent  notées. 

Les  formes  lamellaires  étant  généralement  très  minces  et  leurs  faces  latérales  difficiles  à  étudier,  la  description 
se  rapporte  exclusivement  à  leurs  faces  basales. 


I4  EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


d)  Lamelles  hexagonales  paraissant  composées  de  deux  fragments  lamellaires.  Exemples  : 
figure  12,  D,  E  ;  voir  aussi,  parmi  les  figures  de  G.  Nordenskjold  (Communication  préliminaire, 
etc.),  le  numéro  25  ;  parmi  celles  de  Hellmann  (Schneekrystalle),  la  lamelle  droite  et  inférieure 
du  numéro  3  ;  Bentley  en  mentionne  aussi.  Expliquer  ce  phénomène  comme  une  concrescence 
de  deux  débris  d'étoiles  cassées  ou  partiellement  fondues,  serait  d'autant  plus  problématique 
que  de  telles   formations  se  rencontrent  aussi   dans   le  givre  fraîchement  formé. 

B.  Étoiles. 

a)  Anomalies  du  champ  central  hexagonal.  Elles  sont  analogues  à  celles  des  lamelles 
simples.  Je  n'en  ai  observé  que  de  comparables  à  celles  représentées  dans  les  schémas  A,  B1  et  D 
de  la  figure  il. 

b)  Lamelles  hexagonales  déchiquetées  par  endroits  seulement.  Exemples  :  figure  12, 
A,  B,  C.  Des  transitions  vers  les  lamelles  complètes  d'une  part,  vers  les  lamelles  à  six  rayons 
individualisés  au  même  degré  de  l'autre,  ont  été  observées  simultanément  dans  une  même  chute 
de  neige. 


FlG.    12 

c)  Inégalité  de  la  longueur  des  rayons. 

Les  étoiles  à  six  rayons  sensiblement  égaux  étaient  relativement  peu  fréquentes.  Cette 
inégalité  pouvait  être  accusée  de  façon  très  variable  et  à  des  degrés  très  divers.  Nous  décrirons 
cei'tains  cas  où  elle  semblait  présenter  un  ordre  déterminé. 

1.  Deux  rayons  opposés  longs,  les  autres  relativement  rudimentaires  (fig.  i3,  A',  A11). 
Cette  tendance  à  la  forme  allongée  était  surtout  marquée  dans  les  étoiles  sans  champ  central. 
Lorsque  les  rayons  plus  courts  ne  dépassaient  pas  la  longueur  des  appendices  des  deux  rayons 
longs,  la  limite  extérieure  de  l'étoile  pouvait  se  rapprocher  du  contour  de  la  lamelle  de  la 
figure  11,  A1,  et  les  rayons  réduits  pouvaient  être  considérés  comme  de  simples  appendices 
basaux  des  rayons  longs  (fig.  i3,  A1).  Une  figure  relative  à  ce  phénomène  se  trouve  parmi  les 
photographies  de  Bentley  reproduites  dans  la  Monthly  W eather  Review ,  May,  1890  (fig.  23). 

2.  Très  souvent  la  longueur  des  rayons  diminuait  d'une  extrémité  de  l'étoile  à  l'extrémité 
opposée  (fig.  i3,  B1,  B").  L'étoile  présentait  alors  une  portion  à  rayons  relativement  longs, 
l'autre  à  rayons  réduits.  Lorsque  tous  les  rayons  d'une  étoile  étaient  sensiblement  inégaux, 
je  remarquais  assez  souvent  que  si  r,,  r,,  r3,  r4,  r5,  r0  représentaient  des  rayons  de  longueur 
progressivement  croissante,  r,  et  r0,  ra  et  r5,  r3  et  r4  étaient  opposés,  comme  s'il  y  avait 
tendance  à  égaliser  les  trois  diamètres  de  l'étoile  ;  le  même  fait  s'observait  souvent  aussi 
dans   le  givre.   Je   ne   sais  s'il   faut  voir  là  autre  chose   qu'un  pur  accident. 

3.  Dans  les  étoiles  à  champ  central  anormal,  on  pouvait  remarquer  parfois,  dans  la 
variation  de  la  longueur  des  rayons,  une  tendance  à  corriger  cette  anomalie.  Exemple  :  dessin  C 
de   la  figure   i3   (un  peu   schématisé). 

4.  La  réduction  de  la  longueur  des  rayons  pouvait  aller,  surtout  dans  les  étoiles   sans 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


i5 


champ  central,  jusqu'à  leur  effacement  complet  :  étoiles  fragmentaires,  à  cinq,  quatre,  trois, 
deux  rayons.  Dans  mes  observations,  les  rayons  voisins  seuls  s'effaçaient  ou  persistaient. 
Les  étoiles  à  trois  rayons,  c'est-à-dire  les  demi-étoiles,  étaient  les  plus  communes.  Les  étoiles 
fragmentaires  sans  champ  central  hexagonal  pouvaient  se  terminer,  du  côté  des  rayons  absents, 
en  simple  pointe  (fig.  i3,  D1);  mais,  assez  souvent,  à  la  place  de  ceux-ci  on  avait  une  petite 
lamelle  en  hexagone  incomplet  ;  cet  hexagone  basai  pouvait  être  orienté  de  deux  façons,  l'une 
différant  de  l'autre  de  3o°  et  cela  indépendamment  du  nombre  des  rayons  (fig.  i3,  Du  et  D"1  ; 
comparer   au   schéma  C  de   la  fig.    12). 

5.  On  trouvait,  enfin,  de  vrais 
rayons  isolés,  dont  l'extrémité  proxi- 
male  se  présentait  en  pointe,  simple 
ou  semi-hexagonale,  ou  bien  en 
petite  lamelle  analogue  à  celle  décrite 
dans  les  étoiles  fragmentaires.  Il  se 
peut  que  ces  rayons  isolés,  ainsi  que 
les  étoiles  fragmentaires,  n'étaient 
parfois  que  de  simples  débris  d'étoiles 
complètes  qui  se  seraient  brisées 
dans  la  chute.  Mais  comme  des  for- 
mations analogues  se  rencontrent 
clans  d'autres  substances  (')  et  ont 
été  souvent  observées  dans  le  givre, 
on  doit  admettre  l'existence,  comme 
formes  particulières,  des  étoiles  frag- 
mentaires, éventuellement  des  rayons 
isolés. 

d)  Je  n'ai  jamais  trouvé  une 
seule    étoile    dont    tous    les    rayons 
eussent  un  aspect  absolument  iden- 
tique ;  même  dans  les  formes  les  plus  régulières,  on  pouvait  toujours  constater  une  différence,  en 
vérité  parfois  insignifiante. 

e)  Si  l'on  envisage  isolément  un  rayon  muni  d'appendices,  on  est  loin  d'y  constater 
toujours  une  symétrie  parfaite.  Celle-ci  était  si  rare  qu'on  devrait  ici  parler  plutôt  d'une 
tendance  à  la  symétrie.  Les  appendices  étaient  bien  rarement  tout  à  fait  égaux  et  se  corres- 
pondant exactement  des  deux  côtés  du  rayon.  Un  appendice  quelconque  pouvait  s'allonger 
énormément,  devenir  même  plus  long  que  les  rayons,  et  cela,  évidemment,  au  détriment  des 


Fig.   i3 


(1)  Déjà  Behrens  a,  en  ces  termes,  attiré  l'attention  sur  le  phénomène  de  la  réduction  des  rayons  : 
«  Das  Axenskelett,  welches  die  erste  Anlage  eines  Krystalles  darstellt,  ist  nicht  immer  gleichmâssig  ausgebildet; 
an  den  Krystalliten  des  Brechweinsteins  ist  oftmals  einer  der  drei  Hauptstrahlen  nur  durch  einen  kleinen  Sporn 
angedeutet,  roitunter  ist  sogar  nur  tin  Strahl  zur  Entwickelung  gekommen  ;  an  den  Krystalliten  des  im  regulâren 
System  krystallisierenden  salpetersauren  Bleioxyds  sollten  aile  Hauptstrahlen  gleich  lang  sein,  statt  dessen  sieht 
man  sehr  haufig  je  zwei,  derselben  Axe  angehôrige,  verkiirzt  und  die  Verkùrzung  kann  so  weit  gehen,  dass 
kaum  noch  eine  Spur  der  zweiten  Axe  zu  erkennen  ist....  11  (Die  Krystalliten.  Mikroskopische  Studien  ùber 
verzôgerte  Krystallbildung.  Kiel,   1874;  p.   112). 


l6  EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


appendices  du  rayon  voisin  et  même  de  ce  dernier.  Parfois  une  couple  de  tels  appendices 
anormaux  se  correspondant  des  deux  côtés  du  rayon,  se  trouvait  associée  à  une  autre  couple 
d'appendices  inclinés  de  1200  sur  le  rayon  et  fixés  au  même  point,  ceux-ci  pouvant  être 
considérés  comme  les  appendices  basaux  de  la  première  couple  ;  on  avait  alors,  à  l'extrémité 
du   rayon,    une  vraie   étoile  secondaire. 

Contours  courbes  ('). 

Les  contours  courbes  étaient  presque  généralement  de  règle,  sinon  sur  tout  le  pourtour 
du   cristal,    du   moins  sur  une   partie   de   ce   pourtour. 

Les  côtés  des  lamelles  hexagonales  simples,  des  lamelles  hexagonales  centrales  des 
étoiles,  des  lamelles  hexagonales  incomplètes  terminales  des  rayons  et  des  appendices,  pou- 
vaient   devenir    plus  ou   moins  concaves,   d'où   saillie  relative  des   angles  sortants. 

D'un  autre  côté,  les  angles  pouvaient  s'arrondir  plus  ou  moins,  d'où  convexité  apparente 
des  côtés   dans   le   cas   d'angle   sortant. 

Un  de  ces  phénomènes  et  même  leur  combinaison  pouvaient  caractériser  tout  l'individu 
donné  ou  y  être  localisés  de  façon  très  variable.  Assez  fréquemment  j'a*vais  affaire  à  des 
lamelles  souvent  très  compliquées,  entièrement  délimitées  par  des  lignes  courbes,  sans  trace 
de  contour  rectiligne.  Voir,  parmi  les  photographies  de  G.  Nordexskjôld,  les  numéros  21, 
24,   43,    54,    5o,   et  surtout  61. 

Il  se  peut  que  l'émoussement  des  angles  soit  simplement  la  conséquence  d'une  fonte 
ou  d'une  évaporation,  dont  les  effets  se  font  sentir  tout  d'abord  aux  saillies  du  cristal.  Mais 
comme  des  courbures  analogues  caractérisent  souvent  des  formes  de  givre  fraîchement  formé, 
comme,  d'un  autre  côté,  elles  se  retrouvent  clans  des  cristaux  d'autres  substances,  elles  peuvent 
constituer   ici   un   phénomène   primaire. 

Remarques. 

Nous  avons  vu    : 

i°  Qu'un  hexagone  incomplet  terminal  d'un  rayon,  et  même  d'un  appendice,  pouvait 
se  développer  en  véritable  individu  lamellaire  secondaire,  rattaché  seulement  par  un  de  ses 
angles  à  l'individu  primaire   et  pouvant   même   porter  des   rayons  ramifiés  ; 

2°  Que  l'extrémité  d'un  rayon  dendritique  pouvait  former  une  véritable  étoile  secondaire  ; 

3°  Qu'un  des  rayons  pouvait  se  développer  au  point  de  faire  considérer  les  autres 
comme  constituant   ses   appendices  ; 

40   Qu'on  trouvait  des  rayons  isolés. 

Donc,   d'un  côté  on  rencontrait   des   individus   isolés,   en  tous  points  semblables  à  des 


(1)  Une  courbure  n'ayant  rien  de  commun  avec  celles  dont  il  s'agit  ici,  est  celle  du  plan  même  de  l'étoile. 
Le  6  octobre,  entre  61'  et  711,  tombèrent  des  étoiles  sans  champ  central,  fortement  dendritiques,  de  diamètre 
atteignant  jusqu'à  5.omm,  à  côté  d'autres  plus  petites,  à  rayons  légèrement  élargis,  surtout  vers  l'extrémité,  et 
dépourvues  d'appendices.  Or,  parmi  les  plus  grandes  des  premières,  j'en  remarquai  quelques-unes  légèrement 
concave-convexes.  Malheureusement,  j'ai  négligé  de  noter  à  quelle  face,  supérieure  ou  inférieure  par  rapport  à 
la  chute,  correspondait  la  concavité. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  i7 


membres  d'individus  ;  d'un  autre  côté,  certaines  portions,  surtout   distales,   pouvaient  se   déve- 
lopper au   point   de   simuler  complètement   de  vrais   individus   ('). 

STRUCTURE 

I.   —  Fentes  et  trous. 

Lorsqu'une  étoile  de  neige  trouve  des  conditions  d'accroissement  normal,  elle  tend  à 
se  compléter.  Les  appendices  d'un  même  rayon  s'élargissent  jusqu'à  se  confondre  et  les 
rayons  eux-mêmes  tendent  à  se  fusionner  par  réunion  de  leurs  appendices.  Ce  phénomène 
se  présentant  à  différents  stades  de  son  développement  dans  une  même  chute,  voire  sur 
un  même  spécimen,  n'est  généralement  pas  uniformément  accusé  dans  les  différents  points 
d'un  sextant   (-),    d'où   la  possibilité  de   lacunes  à   contour   fermé,   trous  ou   fentes. 

Les  contours  des  portions  positives (5)  d'un  sextant  présentant  des  formes  caractéristiques, 
conformes  aux  lois  cristallographiques  et  plus  ou  moins  symétriquement  disposées,  il  en  est 
évidemment  de  même  pour  ses  portions  négatives,  et  le  remplissage  s'opérant  de  façon  plus  ou 
moins  symétrique,  il  en  résulte  que  les  lacunes  fermées  jouissent  de  ces  mêmes  caractères.  Les 
six  sextants  étant  plus  ou  moins  semblables  (abstraction  faite  des  phénomènes  d'hémiédrie), 
les  trous  et  les  fentes  s'y  répéteront  d'une  façon  plus  ou  moins  analogue  quant  à  leur  forme, 
leur  nombre,    leur  disposition. 

Le  fait  que  l'importance  de  la  portion  négative  d'une  lamelle  augmente  généralement 
vers  la  périphérie,  conduirait  à  penser  qu'il  doit  en  être  toujours  de  même  pour  les  espaces 
négatifs  fermés  ;  mais,  d'un  autre  côté,  les  rayons  et  appendices  étant  souvent  surtout  développés 
vers  leurs  extrémités  distales,  l'étoile  tend  à  s'y  compléter  plus  rapidement.  Il  faut  donc 
tenir  compte  de  ces  deux  facteurs. 

La  forme  et  la  disposition  des  espaces  fermés  doivent  à  priori  être  variables.  Pour- 
tant cette  variabilité  me  semble  assez  limitée,  car  non  seulement  les  mêmes  figures  se 
répétaient  souvent  au  cours  de  mes  observations,  mais  j'en  ai  retrouvé,  parmi  les  micro- 
photographies des  auteurs,   de  tout   à   fait   analogues,   voire   même  identiques. 

La  ressemblance  essentielle  de  ces  lacunes  fermées  avec  les  cavités  internes  dont  nous 
parlerons  plus  loin,  m'a  amené  à  les  étudier  de  plus  près.  J'en  ai  pris  un  nombre  de 
dessins  plus  ou  moins  schématiques  (fig.  14).  Comme  elles  ne  sont,  en  somme,  que  les 
vestiges  d'intervalles  qui  séparaient  les  rayons  et  les  appendices,  et  comme  leur  forme  dépend 
donc    en    tout    premier    lieu   des    contours    de    ces    rayons    et    appendices,    il    conviendrait    de 


(1)  Behrens  a  signalé  des  phénomènes  plus  ou  moins  analogues  pour  d'autres  substances,  comme 
l'indique  la  citation  suivante  :  «  Allgemeine  Verlaimmerung  von  Nebenstrahlen  fùhrt  in  letzter  Consequenz  zu 
blossen  Axcnkreuzen  (Xatronsalpeter),  in  weniger  extremen  Fallen  zu  dendritischen  Krvstallanlagen...  und  wenn 
dièse  ausgefùllt  werden,  zu  kreuzfôrmige.n  Zwillingskrystallen  (pikrins.  Ammoniak.  Alizarin,  Indigoblau),  deren 
Zwillingswinkel  den  Winkeln  der  Yv'achsthumsaxen  von  vollkommenen  Krystallen  der  betreffenden  Substanz 
gieich  sind.  Mann  kann  sagen,  dass  bei  diesem  Vorgang  jeder  Hauptstrahl  (jede  Halbaxe)  des  Krystalliten  zur 
Grundlage  fur  den  Aufbau  eines  vollstândigen  Krystalls  wird....  Jeder  Straltl  eines  Krystalliten,  einerlei  welchei 
Ordnung,  kann  bei  genugender  Verlângerung  :u  einem  Hauptstrahl  mut  damit  sur  Grundlage  eines  Krystalls  werden,  von  dem 
er  eine    Wachtsthumaxe  darstellt.  >'    (Die  Krystalliten,    p.    1 1 3 .) 

(2)  Voir   la   remarque   au    bas   de    la    page   5. 

(3)  Pour  la  commodité  de  la  description,  une  lamelle  squelettaire  est  considérée  ici  comme  un  hexagone  de 
même  diamètre,  étant  la  somme  de  l'espace  occupé  par  le  corps  du  spécimen  (portion  positive)  et  des  espaces  vides 
(portions  négatives),  lesquels  remplis  le  spécimen  deviendrait  une  lamelle  hexagonale  complète. 


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EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


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LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


19 


reproduire  également  ceux-ci.  Malheureusement,  il  m'était  souvent  difficile  de  dessiner  plus 
ou  moins  exactement  des  formes  trop  compliquées  ;  c'est  pourquoi  je  ne  reproduis  pas  ici 
les  trous  et  les  fentes  in  situ,  mais  isolés,  dans  trois  sextants  voisins  que  je  délimite  par  des 
lignes  pointillées. 

Ces   espaces  fermés  peuvent  être  classés  comme  suit  : 

1.  Espaces  fermés  représentant  des  vestiges  d'intervalles  séparant  les  rayons  voisins, 
donc  disposés  suivant  la  bissectrice  du  sextant  (').  Leurs  contours,  très  variables,  présentaient 
généralement   une  symétrie  par  rapport  à   cette  ligne. 

a)  Fentes  allongées  dans  le  sens  de  la  bissectrice  du  sextant  ou  fractionnées  en  trous 
disposés  suivant  cette  ligne   (fig.   14,  schémas  A1 — AVI)  ; 

b)  Fentes  allongées  perpendiculairement  par  rapport  à  la  bissectrice  du  sextant  (fig.  14, 
schémas  Hr—Hm)  ; 

c)  Formes  combinées  et  formes  de  transition,  ces  dernières  observées  souvent  dans 
une   même  chute,   voire  sur  un   même  spécimen   (fig.   14,   schémas  B' — G1'). 

2.  Espaces  fermés  représentant  les  vestiges  d'intervalles  compris  entre  les  appendices 
et  leur  support  (rayon,  ou  appendice  d'un  ordre  moins  élevé),  donc  disposés  plus  ou  moins 
symétriquement  par  rapport  à  celui-ci  (fig.   14,  schémas  V — N). 

a)  Fentes  parallèles  au  support  préalable  ; 

b)  Trous  plus  ou  moins  arrondis  et  alignés  parallèlement  au  support  ; 

c)  Fentes  formant  un  angle  généralement   de  6o°  avec  le  support  correspondant  ; 

d)  Formes  combinées  et  formes  de  transition,  ces  dernières  observées  souvent  dans 
une   même  chute,   voire   sur  un   même  spécimen. 

3.  Transitions  entre  les  groupes  1  et  2. 

Les  contours  des  portions  positives  d'une  étoile  étant  souvent  courbes,  il  en  était 
évidemment   de  même  pour  les   portions   négatives,    donc  pour  les  espaces  fermés   (2). 

II.  —  Cavités  internes  ('). 

[Kapillare  Hohlràume  de  G.  Hellmann  ;  cavités  organoïdes  de  G.  Nordenskjôld). 

Ces  cavités  sont  bien  caractéristiques  de  la  neige  lamellaire,  sans  toutefois  être  constantes; 


(1)  Cette  expression  abrégée  signifie  :  «  la  bissectrice  de  l'angle  formé  par  deux  axes  secondaires  voisins  ». 

(2)  On  pourra  voir  beaucoup  de  ces  formations  in  situ  dans  des  photographies  de  G.  Nordenskjôld  (n°  5o, 
où  elles  sont  comparables  aux  schémas  CI!  et  L1  de  notre  figure  14),  de  G.  Hellmann  (Taf.  III,  N°  3,  un 
spécimen  au  centre,  l'autre  à  droite  et  en  bas,  où  elles  sont  comparables  au  schéma  G1  de  notre  figure  14  ;  N°  4. 
un  spécimen  inférieur,  où  elles  sont  comparables  au  schéma  Cv  de  notre  figure  14),  de  W.  A.  Bentley,  publiées 
dans  la  Monihly  Weathcr  Review,  May,  1901  (N05  7,  8,  11,  12,  14,  24,  où  elles  sont  presque  identiques  à  certaines 
de  notre  figure   14.) 

Deux  fois  j'ai  observé  des  lamelles  étoilées  avec  un  trou  central  hexagonal,  comme  le  montrent  les  deux 
schémas  ci-contre  ;  mais  je  me  suis  convaincu  que  c'était  là  un  phénomène 
accidentel  dû  à  la  disparition,  par  fonte  ou  évaporation,  de  la  partie  centrale, 
très  mince  relativement  aux  portions  périphériques  ;  car  non  seulement  j'ai 
observé  simultanément  d'autres  spécimens  de  cette  même  variété  conservant 
leur  portion  centrale,  mais  aussi  je  les  voyais  se  perforer  sous  mes  veux.  Le 
même  phénomène  a  été  observé  par  Rohrer  {Wicn.  Akad.  Ber.,    i85g,  35.   Chapitre  :  Eissterne). 

(3)  D'après  Hellmann,  ces  cavités  ont  déjà  été  signalées  par  Rossktti  (1681),  sans  pourtant  être  justement 
interprêtées.   Que   ces  formations  soient  de  véritables  cavités,    on    peut    s'en   convaincre    déjà   d'après   leur  aspect. 


EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


j'ai,  en  effet,  eu  l'occasion  d'observer  des  spécimens,  assez  rares,  qui  en  étaient  totalement 
dépourvus  et   qu'on  retrouve   d'ailleurs  parmi   les  microphotographies   des  auteurs. 

Les  cavités  internes  se  rencontrent  aussi  dans  des  formes  d'eau  cristallisée  autres  que 
la  neige  :  elles  sont  assez  communes  dans  la  glace  et  j'en  ai  rencontré,  quoique  rarement, 
dans  le  givre,  où  elles  ressemblaient,  par  leur  aspect  et  leur  arrangement  symétrique,  à  celles 
de  la  neige  ;  elles  caractérisaient  aussi  des  lamelles  de  poudrin,  formé  en  toute  probabilité 
dans  les  couches  les  plus   basses   de   l'atmosphère. 

On  sait  que  d'autres  substances  cristallines  peuvent  aussi  montrer  des  cavités  internes 
remplies  de  magma  ou  de  gaz  (')  et  présentant  parfois  un  aspect  et  un  arrangement  déter- 
minés,  conformes  aux  lois  cristallographiques  de   la  substance  (2). 

La  forme  et  la  disposition  de  ces  cavités  dans  la  neige  lamellaire  sont  variables  ;  pourtant 
cette  variabilité  me  semble  assez  limitée  ;  car  non  seulement  des  cas  essentiellement  ou 
identiquement  les  mêmes  se  sont  répétés  bien  souvent  au  cours  de  mes  observations,  mais 
j'ai  retrouvé,  parmi  les  microphotographies  des  auteurs,  des  figures  tout  à  fait  analogues  aux 
miennes,  voire  même  identiques. 

Abstraction  faite  des  cas  d'hémiédrie  ou  de  symétrie  réduite,  elles  se  répétaient  géné- 
ralement, avec  les  mêmes  dimensions,  forme  et  arrangement,  dans  chacun  des  six  sextants  (3)  de 
la  lamelle.  Pourtant,  de  même  que  les  fentes  et  les  trous  dont  nous  avons  parlé  plus  haut, 
elles  pouvaient  ne  pas  être  identiquement  les  mêmes  dans  les  six  sextants  des  formes 
holoédriques  :  dans  l'un  d'eux,  par  exemple,  elles  pouvaient  être  plus  ou  moins  effacées  ou,  au 
contraire,  anormalement  développées. 

On  peut  dire  d'une  façon  générale  que  les  cavités  internes  se  développent  surtout  vers 
les  bords  d'une  lamelle,  et,  dans  le  cas  de  plusieurs  rangées  concentriques,  elles  s'accentuent 
ordinairement,  mais  pas  toujours,  dans  le  même  sens. 

Comme  pour  les  intervalles  fermés,  leurs  contours,  projetés  sur  le  plan  basai,  pouvaient 
être  constitués  par  des  droites,  orientées  conformément  aux  lois  cristallographiques,  ou  bien 
par  des  courbes.  Seulement,  le  dernier  cas  était  ici  habituel,  le  premier  rare. 

Ainsi  que  les  fentes  et  les  trous,  les  cavités  internes  peuvent  être  classées  en  deux 
groupes  : 

i)  Cavités  disposées  suivant  la  bissectrice  du  sextant  et  à  contours  symétriques  par 
rapport  à  celle-ci  ; 


D'ailleurs,  G.  Nordenskjôld  semble  être  arrivé  à  la  démonstration  expérimentale  de  leur  existence  :  <(  En  obser- 
vant sous  le  microscope  et  en  photographiant  ces  cristaux  dans  un  liquide  bleu  (huile  d'aniline  colorée  de  bleu 
de  méthylène),  j'ai  pu  constater  qu'on  avait  ici  affaire  à  de  véritables  cavités  remplies  de  gaz  lentement  absor- 
bable  par  l'huile  colorée  (oxygène  ?).  Le  liquide  bleu  pénétrait  dans  les  canaux  ouverts  en  absorbant  peu  à  peu 
le  gaz  qu'ils  contenaient,  jusqu'à  ce  qu'enfin  tout  le  vide  se  trouvât  rempli  de  liquide  colorant.  »  (Note  préli- 
minaire, etc.,  in  Bull,  de  la  Soc.  franc,  de  Miner.,  t.  16.) 

(i)  Voir,  par  exemple,  H.  Behrens,  Die  Krystalliten  (pp.  105-107)  ;  O.  Lehmann,  Molekularphvsik  (Skelett- 
bildung,  pp.  332,  342  ;  Schichtkrystalle,  p.  40S,  expérience  de  Klocke). 

(2)  Voir,  par  exemple,  Bruno  Doss  (Kunstliche  Darstellung  von  Anatas  und  Rutil  mittelst  der  Phosphorsalzperle. 
.V.  Jahrb.  f.  Miner.,  1894,  Taf.  II,  Fig.  9,  10,  il,  12,  18,  26,  32,  3g  (Rutil);  52  (Anatas);  explications  dans  le  texte, 
Glas-  und  Gaseinschlùsse  :   Rutil,  p.  167  ;  Anatas,  p.  190). 

(3)  Voir  la  remarque  au  bas  de  la  page  5. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


2)  Cavités  disposées  symétriquement  des  deux  côtés  des  axes  secondaires  et  à  contours 
symétriques  par  rapport  à  ces  axes. 
Premier  groupe. 

1.  Cavités  en  triangle  isocèle  à  sommet  proximal,  de  hauteur  et  de  largeur  relatives 
variables,  intactes  ou  fractionnées  perpendiculairement  à  la  bissectrice  du  sextant  en  une  rangée 
de  deux  ou  de  plusieurs  cavités  (fig.  i5,  A1 — B"). 

2.  Canalicules  allongés  dans  le  sens  perpendiculaire  à  la  bissectrice  du  sextant,  avec  la 
limite   distale  ordinairement   un   peu   plus  large  que   la  proximale   (fig.   i5,  E' — EX1U). 

3.  Canalicules  allongés  dans  le  sens  de  la  bissectrice  du  sextant,  s'élargissant  ordi- 
nairement vers  l'extrémité  distale,  intacts  ou  fractionnés  en  une  rangée  de  plusieurs  vésicules 
(fig.  iS,H,J). 

4.  Vésicules  très  réduites,  rarement  hexagonales,  ordinairement  rondes,  ovalaires  ou 
vaguement  triangulaires  (fig.  i5,  F' — F,v). 

5.  Différentes  combinaisons,  souvent  bien  compliquées,  des  formes  pécédentes  et  de 
formes  de  transition,  ces  dernières  observées  parfois  lors  d'une  même  chute,  voire  sur  un 
même   spécimen. 

Second  groupe. 

1.  Canalicules  allongés  parallèlement  à  leur  ligne  de  symétrie,  de  longueur  variable, 
parfois  fortement  élargis  à  l'extrémité  distale  ;  souvent  disposés  à  plusieurs  sur  une  même 
droite  ;  pouvant  pousser  des  rameaux  latéraux  inclinés  de  6o°  (le  plus  souvent)  ou  de  1200  (plus 
rarement).  Extrémité  proximale  le  plus  souvent  effilée  et  fréquemment  terminée  en  très  petite 
ampoule  (fig.   i5,  MT—MIXJ. 

2.  Vésicules  très  réduites,  alignées  parallèlement  à  leur  ligne  de  symétrie  (fig.  i5,  MIX  O). 

3.  Canaux,  ampoules,  séries  de  vésicules,  allongés  dans  le  sens  de  lignes  faisant  un  angle 
de  6o°  ou  1200  sur  leur  ligne  de  symétrie  ;  ce  dernier  angle  se  rencontrait  principalement  tout 
près  de  la  périphérie  (c'est-à-dire  des  angles)  des  lamelles  hexagonales  simples,  des  lamelles 
constituant  le  champ  central  des  étoiles  et  des  rayons  à  terminaison  distale  en  hexagone 
incomplet.  (Fig.  i5,  schémas  P' — Px). 

4.  Combinaisons  et  formes  de  transition,  ces  dernières  observées  parfois  dans  une  même 
chute,   voire   sur  un   même   spécimen. 

On  trouvait   aussi   des  transitions  entre  les  deux  groupes. 

La  particularité  du  second  groupe  était  qu'une  couple  de  cavités  se  correspondant  des  deux 
côtés  de  leur  ligne  de  symétrie,  pouvaient  prendre  communication  en  un  point  de  cette  ligne, 
laquelle  alors  subissait,  en  ce  point  et  dans  le  plan  des  cavités,  une  solution  de  continuité 
(exemples  :  fig.   i5,  schémas  PV1,  Pv"). 

Les  cavités  internes  étant  un  phénomène  si  commun  dans  la  neige  lamellaire  qu'elles 
en  constituent  un  des  caractères  saillants,  il  serait  très  intéressant  de  se  rendre  compte  du 
mécanisme  de  leur  formation.  N'ayant  jamais  eu  l'occasion  de  suivre  le  développement  d'un 
cristal  d'eau  ('),  j'ai  dû  me  contenter  d'une  méthode  comparative,  en  cherchant  des  analogies 
et   des  formes   de  transition. 


(1)  C'est  pourtant  tout  à  fait  possible  dans  le  givre.  Ainsi,  parmi  le  givre  déposé  à  la  face  intérieure  de  la  fenêtre 
de  la  chambre  tout  à  fait  close  du  compas,  j'ai  observé  une  fois  de  vraies  étoiles  de  neige,  avec  belles  cavités  internes 
visibles  à  l'œil  nu  (voir  fig.  32).   Pour  profiter  de  telles  occasions,  il  faudrait  installer  commodément  le  microscope, 


EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


Un  système  de  cavités  internes  d'une  forme  lamellaire  se  trouvant  sensiblement  dans  un 
même  plan  parallèle  au  plan  basai,  l'imagination  peut  décomposer  un  tel  cristal  en  une  couche 
lamellaire  interne,   occupant  le  niveau  des  cavités  et  d'épaisseur  égale  à  l'épaisseur  de  celles-ci, 


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Fig.    i5 


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attendre  l'apparition  de  la  précipitation  et  en  suivre  le  développement,  chose  à  laquelle  il  ne  m'était  pas  même  possible 
de  penser.  La  méthode  d'observation  directe  du  développement,  qui  seule  peut  donner  des  résultats  certains,  ne 
présentant  point  ici  de  difficultés  techniques  insurmontables,  est  à  recommander  vivement  à  tout  observateur  du 
suivre . 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


23 


et  deux  couches  lamellaires  externes,  couvrant  chacune  une  de  ses  faces.  Les  choses  se  passent 
comme  si  le  cristal  était  constitué  par  une  lamelle  incomplètement  développée,  montrant 
des  trous  et  des  fentes  d'aspect  et  de  disposition  conformes  aux  lois  cristallographiques, 
lamelle   recouverte  sur  chacune   de  ses  faces  par  une   lamelle  complète. 


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Fig.   i5 


Il  est  facile  de  se  convaincre  de  la  ressemblance  essentielle,  parfois  même  détaillée, 
qui  existe  entre  la  forme  et  la  disposition  des  cavités  internes  et  celles  des  fentes  et  des 
trous  constatées  dans  les  étoiles  tendant  à  se  compléter.  Il  suffit  pour  cela  de  comparer  les 
schémas  de  la  fig.  i5  à  ceux  de  la  fig.  14.  On  dirait  que  la  couche  interne  a  essentiellement 
le  même  aspect  qu'une  étoile  qui  ne  se  serait  complétée  qu'imparfaitement,  laissant  des 
espaces  fermés. 

Pour  développer  cette  analogie  et  lui  donner  des  bases  quelque  peu  positives,  il  nous 
faudra  répondre   à  une   série  de  questions   de   plus  en  plus   spéciales. 


24  EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 

Tout  d'abord,  la  division  du  cristal  en  trois  lamelles  étant  arbitraire,  il  faut  se 
demander  s'il  est  de  règle  de  trouver,  parmi  la  neige  lamellaire,  des  spécimens  se  montrant 
comme  la  superposition  de  lamelles  bien  distinctes,  différentes  clans  leurs  contours,  donc 
inégalement  développées.  L'observation  montre  que  c'est  là  un  phénomène  très  commun. 
Bien  souvent  on  trouve  une  étoile,  avec  ou  sans  champ  central,  centrée  d'une  et  parfois 
même  de  deux  lamelles,  orientées  de  la  même  façon  que  la  lamelle-support.  Les  dimen- 
sions relatives  de  ces  lamelles  centrales  étaient  variables,  mais  le  plus  souvent  de  beaucoup 
inférieures  à  celles  de  la  lamelle-support.  Leur  épaisseur,  très  variable,  pouvait  être  des  plus 
minimes  ou  s'accentuer  au  point  de  provoquer  une  saillie,  qui  pouvait  dans  certains  cas 
figurer  un  beau  prisme,  réalisant  ainsi  une  combinaison  de  la  neige  prismatique  avec  la 
lamellaire.  Quant  à  leur  forme,  c'étaient  ou  bien  des  lamelles  hexagonales  simples  (cas  le 
plus  fréquent),  ou  bien  des  étoiles  à  champ  central,  à  rayons  peu  développés  simples  ou 
avec  échancrures   symétriques  ;    les  contours  des  étoiles   étaient   le   plus  souvent   courbes. 

En  second  lieu,  il  faut  voir,  tout  d'abord,  si  l'on  trouve  des  spécimens  formés  d'au 
moins  trois  lamelles  superposées  bien  distinctes,  dont  l'interne  serait  totalement  recouverte 
par  les  externes,  de  façon  que  ses  espaces  négatifs  (')  éventuels  formeraient  des  cavités  s'ouvrant 
au  dehors  ;  ensuite,  si  les  contours  de  cette  couche  interne  sont  en  tous  points  comparables 
aux  contours  des  cavités  internes  telles  que  nous  les  avons  décrites.  L'observation  semble 
ici  répondre  également  par  l'affirmative,  quoique  la  constatation  directe  et  indubitable  de  ces 
faits  soit  assez  difficile  lorsque  la  lamelle  interne  est  très  mince.  Maintes  fois,  examinant  à 
la  loupe  le  bord  latéral  des  lamelles  favorablement  tombées,  je  l'ai  vu  manifestement  dédoublé 
par  une  cavité  très  mince  communiquant  avec  l'extérieur,  ce  qui  impliquerait  l'existence  de 
deux  lamelles  réunies  par  une  mince  couche  intermédiaire.  Et  en  effet,  en  observant  ces  mêmes 
spécimens  de  face,  j'ai  vu  les  limites  de  cette  couche  intermédiaire  se  dessiner  très  distincte- 
ment. A  deux  reprises,  j'ai  retrouvé  de  semblables  spécimens  parmi  la  neige  prismatique 
et  j'ai  constaté  des  transitions  entre  eux  et  la  combinaison  d'un  prisme,  d'environ  imm  de 
hauteur,  avec  deux  lamelles  terminales.  Le  nombre  des  cas  de  spécimens  se  présentant 
par  leur  bord  étant  trop  restreint,  j'ai  tenté  de  poursuivre  ce  phénomène  intéressant  des 
lamelles,  apparemment  composées,  sur  des  spécimens  observés  de  face,  en  décelant  les  limites 
d'une  couche  intermédiaire.  La  difficulté  était  de  ne  pas  prendre  pour  celles-ci  les  lignes 
d'accroissement  latéral  dont  nous  parlerons  plus  loin.  En  général  pourtant  les  premières  me 
paraissaient  plus  belles,  mieux  marquées,  conserver  la  même  netteté  sur  toute  leur  étendue 
et  ne  pas  présenter  d'effacement  local  ;  en  un  mot,  elles  avaient  tout  à  fait  l'aspect  des  contours 
des  cavités  internes.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  doute  persistait  fréquemment,  d'où 
l'impossibilité  d'avoir  une  notion  exacte  de  la  fréquence  du  phénomène  et  de  n'avoir  qu'un 
nombre  restreint  des   dessins  s'y   rapportant   (fig.    16)  ("). 


(i  )  Voir  remarque  (3)  au  bas  de  la  page  17. 

(2)  Lors  de  mes  observations,  je  ne  connaissais  pas  encore  la  courte,  mais  très  riche  Note  préliminaire  sur 
une  étude  des  cristaux  de  neige,  de  G.  Nordenskjôld  (Bull,  de  la  Soc.  franc,  de  Miner.,  t.  16,  pp.  59-74),  ou>  entre 
autres  constatations  importantes,  l'auteur  semble  avoir  remarqué  des  phénomènes  analogues  :  «  Le  cristal  fig.  16 
montrait  au  microscope  une  belle  étoile  en  son  centre  composée  de  deux  ou  de  plusieurs  lamelles  superposées,  ayant 
la  même  orientation.  Les  divers  hexagones  indiquent  les  limites  extérieures  de  ces  lames.  Deux  d'entre  elles  étaient 
réunies  par  un  col  limité  de  la  manière  indiquée  par  l'étoile  cent/aie.  Le  cristal  formait  en  dehors  de  cette  étoile  centrale 
deux  lames  séparées  par  une  couche  d'air.  Le  cristal  fig.  14  est  construit  d'une  manière  analogue,  quoique  ici  l'étoile 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


25 


La  diversité  déjà  considérable  de  quelques  contours  reproduits  semble  montrer  que 
la  variabilité  de  ces  lamelles  internes  est  presque  aussi  grande  que  pour  les  lamelles  isolées. 
La  plupart  de  leurs  formes  ont  été  d'ailleurs  retrouvées  en  des  spécimens  isolés  ;    cependant 


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Fig.   16 

elles  présentaient  une  tendance  plus  marquée  à  la  courbure  et  l'angle  des  appendices  était  le 
plus  souvent   de  1200  au  lieu  de  6o°. 

Si  l'on  envisage  les  contours  des  cavités  ouvertes,  délimitées  dans  chaque  sextant  par 
l'espace  entre  les  deux  rayons  d'un  côté  et  les  lamelles  externes  de  l'autre,  on  remarque  qu'ils 
ressemblent  essentiellement,  voire  même  jusque  dans  les  détails,  à  ceux  de  beaucoup  de  cavités 


limitant  la  surface  de  contact  entre  les  deux  lames  est  plus  compliquée La  fig.  16  montre  le  type  le  plus  commun 

des  flocons  de  neige  cristallisés  en  tables  hexagonales.  Elles  forment,  comme  je  viens  de  le  dire,  deux  tables  hexagonales 
remîtes  par  une  couche  de  glace  étoilée  ». 


IV 


D     2 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


closes  de  la  fig.  i5  (comparer,  par  exemple,  les  schémas  B,  C,  D,  J1,  K> ,  O',  N,  M,  L1  de  la 
fig.  16  respectivement  aux  schémas  E"  ou  EUI,  EIV,  D,  A',  Evu  ou  AIV,  C" ,  C11',  E>,  G"  de  la 
fig.  i5). 

Un  troisième  point,  avant  de  conclure  à  l'ouverture  primitive  des  cavités  internes  et  à  leur 
fermeture  ultérieure  d'après  le  même  principe  que  pour  les  espaces  négatifs  des  lamelles  isolées 
à  fentes  et  à  trous,  est  de  voir  si  l'on  rencontre  des  lamelles  internes  bien  distinctes  à  espaces 
fermés  et  s'il  existe  des  stades  de  transition  entre  celles-ci  et  les  lamelles  identiques  encore 
dépourvues  d'espaces  fermés.  Malgré  le  nombre  restreint  de  lamelles  internes  indubitablement 
constatées,  j'ai  eu  la  chance  d'observer  ces  transitions  dans  la  même  chute  (comparer  les 
schémas  J>  et  Ju ,  K'  et  K" ,  L1  et  L",  O'  et  0JJ ,  Q>  et  Qn  de  la  fig.  16).  Mieux  encore,  j'ai  vu 
et  dessiné  trois  cas  (schémas  L11 ,  O",  Q")  où,  tout  comme  dans  les  spécimens  isolés  à  fentes 
et  à  trous,  les  sextants  d'une  même  lamelle  interne  étaient  inégalement  remplis,  les  uns  ne 
présentant  encore  que  des  cavités  ouvertes,  les  autres  montrant  déjà  des  cavités  tout  à  fait 
fermées.  Les  dessins  internes  des  fig.  16  et  38  de  G.  Xordexskjôld  semblent  montrer  le  même 
phénomène  ('). 

Les  considérations   précédentes   peuvent   être  résumées  comme   suit  : 

Généralement,  les  lamelles  de  neige  ne  sont  pas  uniformément  développées  dans  le  sens 
vertical  :  les  sections  parallèles  à  la  base  ne  sont  pas  toutes  semblables  ;  autrement  dit,  les 
couches  constitutives  horizontales  ne  sont  pas  toutes  également  développées.  Il  arrive  notamment 
qu'une  de  ces  couches  est  développée  faiblement  quant  au  diamètre  ou  défectueusement  quant 
à  la  forme,  se  différenciant  par  là  des  autres.  Elle  se  présente  ainsi  en  vrai  individu  lamellaire, 
comparable  en  tous  points  à  des  cristaux  lamellaires  proprement  dits  tombant  isolément.  Comme 
ceux-ci,  elle  peut  affecter  toutes  les  formes,  depuis  la  lamelle  hexagonale  complète  jusqu'à  la 
lamelle  plus  ou  moins  déchiquetée,  squelettaire  ;  je  ne  l'ai  pourtant  jamais  constatée  en  étoile 
sans  champ  central.  Comme  de  vrais  cristaux  lamellaires,  les  variétés  plus  ou  moins  squelettaires 
de  cette  couche  peuvent  se  compléter  à  des  degrés  différents,  laissant  des  trous  et  des  fentes  de 
forme  et  de  disposition  conformes  aux  lois  cristallographiques.  Dans  le  cas  où  cette  couche 
n'est  pas  externe,  mais  interne,  ces  fentes  et  ces  trous,  chevauchés  par  des  couches  parallèles 
contingentes,  deviennent  des  cavités  internes  du  cristal. 

Les  cas  bien  communs  où  la  limite  distale  de  la  cavité  interne  court  parallèlement  au 
bord  correspondant  du  spécimen  et  tout  près  de  celui-ci,  semblent  montrer  que,  lorsque  la 
couche  en  question,  devenue  interne,  c'est-à-dire  recouverte  par  deux  couches  voisines  plus 
développées,  trouve  des  conditions  pour  se  compléter,  la  région  de  prédilection  de  ce  phénomène 
est  l'espace  tout  à  fait  périphérique  compris  entre  les  bords  des  lamelles  recouvrantes  ;  toute  la 
portion  négative  de  la  couche  interne  étant  ainsi  fermée,  il  se  forme  une  cavité  à  limite  distale 
parallèle  et  tout  proche  du  bord  du  spécimen,  et  le  développement  de  la  couche  interne  est 
arrêté. 

Les  faits  observés  ne  préjugent  évidemment  rien  au  sujet  de  la  question  de  savoir  si  un 
cristal  à  une  couche  interne  distincte  doit  être  considéré  comme  cristal  unique,  les  lamelles 
constitutives  ne  représentant  alors  que  des  couches  successives  d'accroissement  vertical,  ou  bien 


(i)  Dans  l'ouvrage  cité  du  Dr  G.  Nordenskjôld  se  trouve  une  observation  qui  se  rapproche  beaucoup  des 
idées  exposées  dans  ce  chapitre  :  «  La  fig.  17  présente  un  type  assez  commun  et  différent  de  la  (fig.  16)  en  ce  que  la 
couche  centrale  est  plus  développée.  Elle  occupe  tout  V  intervalle  entre  les  deux  cristaux  à  l'exception  des  vésicules  fermées  ». 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  27 


comme  agrégat  régulier  de  cristaux  lamellaires  superposés.  Ils  ne  disent  rien  non  plus  de  la 
succession  réelle  des  couches  lamellaires  distinctes,  c'est-à-dire  si  la  couche  interne  défectueuse 
se  forme  d'abord  et  est  recouverte  ultérieurement  par  d'autres  plus  développées  ;  ou  bien  si 
elle  se  développe  sur  une  lamelle  préexistante  et  est  recouverte  ensuite  par  une  seconde  ; 
ou,  enfin,  si  ces  deux  cas  peuvent  se  présenter.  Certaines  de  mes  observations  me  font  supposer 
que  le  second  processus  est  parfois  réalisé.  Ainsi  il  arrive  assez  souvent  que  deux  cavités, 
symétriques  par  exemple  par  rapport  à  l'axe  d'un  rayon,  prennent  communication  sur  un  point 
de  cet  axe  ;  comme  je  n'ai  jamais  observé  de  cristal  isolé  présentant  des  solutions  de  continuité 
sur  les  diagonales  centrales  d'une  lamelle  ou  sur  les  axes  d'un  rayon  ou  d'un  appendice, 
je  crois  peu  probable  ici  l'existence  préalable,  comme  lamelle  indépendante,  de  la  couche 
interne.  D'autres  observations,  où  je  n'étais  malheureusement  pas  assez  certain  d'avoir  affaire 
à  une  couche  interne,  seraient  encore  plus  concluantes.  En  effet,  si  les  dessins  T1,  T" ,  T'11 
de  la  figure  16  représentaient  réellement  les  limites  d'une  couche  interne,  celle-ci  se  montrerait 
désagrégée  symétriquement  en  portions  nettement  séparées  l'une  de  l'autre,  ce  qui  écarterait 
la  probabilité  d'une  existence  indépendante  à  l'origine. 

III.  —  Lignes  d'épaississement  (M. 

Ce  sont  de  légères  saillies  linéaires  intéressant  les  faces  basales  des  cristaux  lamellaires. 

Ces  lignes,  en  général  très  communes,  semblent,  dans  les  étoiles  sans  champ  central,  un 
phénomène  constant.  Bien  souvent  aussi  je  les  ai  observées  dans  le  givre  lamellaire  et  on  les 
a  signalées  dans   d'autres  substances  de  cristallisation   analogue  (2). 

1.  Lignes  d'épaississement  axiales,  occupant  les  trois  axes  secondaires.  Elles  sont  générale- 
ment longées  des  deux  côtés  par  des  cavités  internes  canaliculaires  ou  en  série  de  vésicules. 
Considérés  isolément,  ces  bourrelets  constituent  donc  une  étoile  à  rayons  très  minces,  parfois 
épaissis  près  du  centre  (3),  ou  même  partant  des  angles  d'un  épaississement  hexagonal  central, 
ou,    au   contraire,    ne   commençant  qu'à  une  certaine  distance  du   centre. 

2.  Lignes  d'épaississement   latérales. 

a)  Èpaississements  axiaux  des  appendices  des  rayons.  Ils  peuvent  eux  aussi  être  longés  par 
des  canaux  ou   séries  de  vésicules. 

Les  appendices,  en  s'élargissant,  peuvent  se  fusionner  des  deux  côtés  de  leur  support, 
au  point  que  les  contours  du  cristal  ne  trahissent  en  rien  leur  existence.  Mais  leurs  nervures 
axiales  persistent  et  servent  ainsi  souvent  de  clef  pour  l'histoire  du  cristal  donné  (schémas 
A1 — Avin  de  la  figure  17,  où  la  striation  représente  des  lignes  d'épaississement).  Ce  phénomène 
est  très  bien  visible  sur  les  photographies  des  auteurs,  par  exemple  sur  la  fig.  1 1  (étoile  gauche) 
de  G.  Hellmann  et  surtout  dans  les  figures  de  A.  A.  Sigsox  (+). 

Les   étoiles   à  rayons   élargis  ayant  très    communément   présenté    ce    phénomène,    il   en 


(1)  Rippen  de  G.   Hellmann  ;  nervures  de  G.   Nordenskjôld. 

(2)  Voir,  par  exemple,   Bruno  Doss  :   Kùnstliche  Darstellung  von  Anatas   und  Rutil   mittelst  der  Phosphor- 

salzperle.  N.  Jahrb.f.  Miner    1894.  Krystallskelette  von  Anatas  :   «  Axialstrang welcher  sich  immer  deutlich  von 

seiner   Nachbarschaft  abhebt und  dadurch  hervorgerufen,    dass  lângs  seines  Verlaufes  die  Dicke  des  Skelettes 

eine  grôssere  ist  als  seitlich  davon  ». 

(3)  Comparer  à  l'observation  analogue  de  G.  Hellmann,  1.  c,  p.  29  et  Taf.  II,  n"  2,  grande  étoile. 

(4)  Meteor.  Zeitschrift,  1894.  Taf.  III. 


2S  EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


résulte  qu'elles  dérivaient  ordinairement  d'étoiles  à  rayons  dendritiques.  Fait  curieux,  ces 
épaississements  bilatéraux  faisaient  assez  souvent  avec  leur  ligne  de  symétrie  un  angle  de 
I20°  au  lieu  de  6o°,  angle  normal  des  appendices  (figure  17,  schémas  Au ,  AIV,  AVI)  ;  or  je  n'ai 
jamais  vu  que  cet  angle  fût  caractéristique  des  étoiles  isolées  à  appendices  non  fusionnés  ;  nous 
avons  signalé  cette  même  particularité  à  propos  de  la  couche  interne. 

Les  appendices  courts  en  larges  pétales  (stella  pennata  de  G.  Hellmann)  trahissaient 
souvent  par  la  présence  de  nervures  leur  origine  de  la  fusion  des  appendices  secondaires 
(figure  17,  schémas  B1,  Bu). 

Les  larges  hexagones  incomplets  terminaux  des  rayons  ou  des  appendices  présentaient 
constamment  ces  mêmes  nervures,  de  même  signification  (figure  17,  schémas  C — Dv).  Les 
types  D1 — Dv  de  la  figure  17  étaient  les  plus  communs  (comparer  aux  Taf.  I  et  IV,  n"  6  de 
G.  Hellmann,  figure  58  de  G.  Nordenskjold,  figure  10  de  Bentley)  ;  ils  présentent,  outre  la 
nervure  médiane,  une  ou  deux  couples  de  nervures  latérales  ;  toutes  ces  nervures,  convergeant 
généralement  vers  un  même  point  proximal,  pouvaient  former  entre  elles  l'angle  normal  de  6o° 
(schémas  Dl,  Dn),  mais  plus  souvent,  la  couple  latérale  distale  avec  la  nervure  médiane,  ou  bien 
la  couple  latérale  proximale  avec  la  couple  distale,  semblaient  former  un  angle  de  3o°  environ 
(les    mesures  précises  n'ont  pas  été  prises  ;   schémas  D1U,  DIV,  Dv). 

b)  Epaississements  concentriques  des  lamelles  hexagonales  et  des  hexagones  incomplets  terminaux 
des  rayons  et  appendices  (exemples  :  schémas  Du ,  E  de  la  figure  17  ;  la  figure  47  des  photogra- 
phies de  G.  Nordenskjold  en  donne  un  très  bel  exemple).  Ils  étaient  bien  fréquents,  et  l'on 
pourrait  les  considérer  comme  indices  de  la  fusion  d'appendices  inclinés  de  1200  sur  leur 
support,  fusion  qui  aurait  porté  non  seulement  sur  les  appendices  d'un  même  support,  mais 
aussi  sur  les  appendices  opposés  de  deux  supports  voisins.  Mais,  je  le  répète,  je  n'ai  jamais  vu 
que  l'angle  de  1200  fût  caractéristique  des  étoiles  isolées  à  appendices  non  fusionnés. 

Il  est  à  remarquer  que  dans  les  lamelles  à  symétrie  réduite  les  nervures,  tout  comme  les 
cavités  internes,  montraient  aussi  une  disposition  anormale,  souvent  analogue  à  celle  men- 
tionnée à  propos  des  hexagones  incomplets  terminaux  des  rayons  et  appendices  (schémas  F1, 
F11  de  la  figure  17). 

VI.  —  Lignes  d'accroissement  latéral. 

Fait  très  caractéristique,  quoique  inconstant,  de  la  neige  lamellaire,  l'élargissement 
des  lamelles  hexagonales  et  des  rayons  se  fait  de  façon  que  les  limites  des  zones  successives 
d'accroissement  latéral  restent  marquées  par  un  système  de  lignes  concentriques,  à  l'instar 
de  ce  qui  se  passe  dans  un  tronc  d'arbre.  Exemples  :  figure  18,  schémas  A— G  ;  ce  phénomène 
est  richement  représenté  sur  les  microphotographies  des  auteurs,  surtout  sur  deux  étoiles  de 
G.  Nordenskjold  faites,  que  je  sache,  au  grossissement  le  plus  fort  que  l'on  ait  réalisé  (140/!  à 
peu  près)  ('). 

Le  même  phénomène  s'observe  dans  le  givre.  Il  se  présente  aussi  dans  d'autres  substances 
à  cristallisation  analogue  (2). 


(1)  Genlogiska  For.  i  Stokh.  Fôrh.  Band  20.  Tvenne  fotografier  of  snôkristaller.  Taf.  7  et  8. 

(2)  Voir,  par  exemple,  H.  Vogei.sang,  Krystalliten.  Bonn,  1875.  Taf.  VII,  IX,  X,  XI  ;  Otto  Lehjiaxx. 
Molekùlarphysik,  fig.  i5o,  i55,  etc.  ;  W.  Florence,  Darstellung  mikroskopischer  Krystalle  in  Lothrohrperlen. 
A  .  Jahrb.  f.  Miner.  1898.  Chap.  Zinkonerde.  Taf.  IX,  N°  23,  figures  très  compliquées,  très  ressemblantes  à  celles 
de  la  neige. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


29 


Ces  lignes  peuvent  être  très  peu  marquées,  d'où  la  possibilité  de  leur  effacement 
complet.  Une  ligne  d'accroissement  correspondant  à  un  moment  de  l'histoire  du  cristal, 
peut  ne  pas  être  également  nette  dans  tous  les  points  ;  des  effacements  locaux,  allant  jusqu'à 
la  solution  de  continuité,  se  présentent  souvent,  leur  distribution  pouvant  être  régulière  (fig.  18, 
schémas  B1,  B")   ou   irrégulière   (schéma  C). 


B1 


D1 


Am 


Aw 


Dm 


w 


A™ 


Cïï 


QIV 


Dv 


Fig.  1 


F*  A 


La  forme  extérieure  du  cristal  étant  ainsi  notée  à  différents  moments  de  son  élargis- 
sement, ces  lignes,  mieux  encore  que  les  lignes  d'épaississement,  que  les  solutions  de  continuité 
ou  les  cavités  internes,  permettent  de  lire,  sur  lui-même,  l'histoire  d'un  cristal  donné.  Ainsi 
elles  font  bien  souvent  reconnaître  le  noyau  primitif  du  cristal  et  les  changements  successifs 
de  celui-ci. 

Le  noyau,  pour  autant  que  l'on  puisse  le  déchiffrer,  présente  en  général  la  forme 
typique  des  cristaux  lamellaires  observés,  c'est-à-dire  lamelle  hexagonale  complète  ou  plus  ou 
moins  squelettaire.  Les  épaississements  prismatiques  centraux  qu'on  trouve  assez  souvent,  per- 
mettent de  présumer  un  noyau  prismatique,  quoique  un  tel  épaississement  central  puisse  aussi 
bien  être  le  fait  d'un  phénomène  secondaire.  Une  forme  spéciale  est  représentée  par  le  noyau 
à  contour  circulaire  ;  il  est  très  petit  (parfois  visible  seulement  au  fort  grossissement),  le  plus 


3o 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE   MELGE 


souvent  bombé  ;    il    s'observe   assez  fréquemment,    parait   être    constant    dans    les    étoiles    sans 
champ  central   et   semble   représenter  le   stade   le   plus  jeune   des  cristaux  lamellaires  ('). 

Ces  lignes  montrent  tantôt  que  le  cristal  s'est  accru  plus  ou  moins  uniformément, 
tendant  à  conserver  sa  forme  primitive  (exemple  :  fig.  18,  schéma  C),  tantôt  qu'il  a  succes- 
sivement acquis  de  nouvelles  particularités  de  forme  (schémas  A,  BT,  B1]),  tantôt  que  le  noyau, 
d'abord  irrégulier,  s'est  régularisé  dans  la  suite  (schéma  D)  ou  inversement  (schéma  E),  tantôt 
enfin  que  son  orientation  s'est  modifiée  de  3o°.  Tous  ces  cas  ont  aussi  été  exposés  par 
Bentley.  Quant  à  la  dernière  transformation  (schémas  F111,  G),  on  peut  parfois  en  supposer  le 
mécanisme  dans  un  développement  spécial  des  appendices.  Les  schémas  F1,  Fu ,  F111  de  la 
figure  18  représentent  trois  stades  observés  de  ce  développement,  enregistrés  parfois  par  des 
particularités  de  structure   intime  de   la   lamelle  transformée. 


F1 


Fn 


Fig.   18 

La  forme  primitive  des  rayons  étant  très  souvent  totalement  ou  partiellement  enregistrée 
par  ces  lignes,  j'ai  pu  constater  que  les  rayons,  dans  leur  forme  primitive,  étaient  presque 
toujours  munis  d'appendices  rudimentaires.  D'étoiles  sans  champ  central,  à  rayons  dépourvus 
d'appendices,  je  n'en  ai  observé  au  microscope  que  quelques-unes  où  ne  se  trouvait  décelée 
leur  ramification  primitive,  soit  par  des  lignes  d'accroissement  latéral,  soit  par  des  nervures, 
soit  par  les  unes  et  les  autres.  Il  en  résulterait  que  les  rayons  de  la  plupart,  si  non  de 
toutes  les  étoiles,    sont  primitivement  pourvus  d'appendices  qui  se  fusionnent  ultérieurement. 

Les  lignes  d'accroissement  latéral  doivent,  sans  doute,  impliquer  la  diversité  des 
conditions  par  lesquelles  le  cristal  a  successivement  passé.  Mais  quelles  étaient  ces  conditions. 


(i)  Voir  les  figures  des  tableaux  I,  II  (n°  i),  IV  (nos  5  et  6)  de  G.  Hellmann  ;  les  figures  46  et  5i  de 
S.  Nordenskjôld  ;  les  figures  1  et  4  de  Bentley.  Cette  forme  du  no_vau  se  rencontre  aussi  dans  des  cristaux  analogues 
d'autres  substances  (voir,  par  exemple,  la  fig.  146  dans  la  «  Molekùlarphysik  »  de  O.  Lehmann). 


LA   NEIGE  ET  LE  GIVRE 


3i 


à  quelles  conditions  nouvelles  correspond  une  zone  d'accroissement  différente,  ces  hiéroglyphes 
ne  nous  en  disent  rien  de  plus  ou  moins  précis.  D'après  W.  A.  Bentley,  la  plus  grande 
autorité   actuelle   en   matière  d'étude   de   la  neige,  les  conditions  tendant  à  modifier  la  forme 

du  cristal   après  la  formation   du   noyau,    sont   diverses  :   «  the    chief  among   them    being 

the  height,  number  and  vertical  clepth  of  the  cloud  strata  and  the  résultant  variation  in 
température,  atmospheric  pressure  and  humidity  due  to  thèse  ;  the  character  of  the  storm, 
whether  local  or  gênerai,  and  the  portion  of  the  storm  région  from  which  the  crystals  corne. 
To  thèse   must   also   be  added  the   initial   and  subséquent   movement   of  the  crystals  whithin 

the  clouds That  they    (crystals)   are    greatly    modified    by   thèse  flights  in   the    clouds,    is 

clearly  shown  by  the  interior  structure  of  many  of  the  crystals  outlining  many  of  the 
transitory   states  »  ('). 

De  semblables  lignes  se  retrouvant  aussi  dans  des  formes  du  givre  dont  les  conditions 
présidant  à  leur  formation,  n'ont  apparemment  pas  subi  de  modifications  appréciables,  je 
pense  qu'un  infime  changement  de  l'ambiance  peut  retentir  sur  la  forme.  La  question  me 
paraît  donc  très  complexe,  difficile  à  résoudre,  et  l'étude  du  givre  et,  mieux  encore,  la  méthode 
expérimentale  sont  peut-être  seules  capables  de  jeter  sur  elle  un  peu  de  lumière  et  de  nous 
fournir  des  données  qui  permettraient  de  déduire  de  la  structure  les  conditions  par  lesquelles 
le  cristal  a  passé. 

Remarque    générale. 

Comme  nous  l'avons  fait  dans  le  chapitre  précédent  pour  la  forme,  de  même,  dans  le 
présent  chapitre,  nous  n'avons  pas  voulu  épuiser  toutes  les  particularités  et  complexités  de  la 
structure  et  moins  encore  les  expliquer,  mais  simplement  en  décrire  les  éléments  les  plus 
communs  et  les  plus  simples.  Quant  aux  figures  internes  d'une  complexité  extrême,  des  plus 
énigmatiques,  je  n'en  reproduis  que  quelques  faibles  exemples  schématisés  dans  la  figure  19, 
dont   les  trois  premiers   se   retrouvent   parmi   les  microphotographies  des  auteurs. 


AM        I. 


'/    I    V» 


»  < 
.0 

Do 
!° 


'/' 


Fig.   19 


(1)  Waters  a  le  premier,  me  semble-t-il,  signalé  ces  lignes  et  essayé  d'en  tirer  des  conclusions  en  partie 
analogues  à  celles  de  Bentley  (Certain  lines  in  snow  crystals,  Memoirs  of  the  liter.  and  philosoph.  Society  of  Manchester, 
VI,  1875,  p.  6-10). 


32  EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


NEIGE  EN  BATONNET 

Elle    comprend    deux    classes    principales  :    neige    prismatique    et    neige    aciculaire. 

Les    deux   s'observaient    avec    sensiblement    la    même    fréquence  : 

„+  ni  •  .  i     r  (prismatique      ,   ,  (  2i3,      .    (  3o  % 

Nombre  d  observations  ou  la  tonne  ]      .     ,   .  a  ete  remarquée  :  .    soit  ; 

(  aciculaire  (  200,  (  29  % 

d'observations   où   la  forme  de   la   neige   a  été   notée. 

Les  cas,   où   ces  deux    classes   tombaient    simultanément,    étaient    rares,    celles-ci    étant 

alors  ordinairement   bien  tranchées,    rarement  réunies  par  des   formes  de  transition. 


NEIGE   PRISMATIQUE 

Forme 

On  trouve  deux  formes  principales  :  prisme  hexagonal  à  deux  bases  planes  générale- 
ment parallèles  (forme  la  moins  fréquente],  et  prisme  hexagonal  à  une  extrémité  plus  ou 
moins  pointue,    donc  probablement  hémimorphe  (forme  la  plus  fréquente). 

Deux  tendances  tout   à  fait   caractéristiques   s'accusent   nettement  : 

i°  Tendance  des  prismes  hémimorphes  à  la  formation  d'agrégats  radiaires,  par  union  de 
leurs  extrémités  pointues.  Les  prismes  pointus  isolés  étaient  relativement  rares,  et  il  ne  fut 
pas  une  seule  chute  de  prismes  où  cette  tendance  ne  se  trouvât  réalisée,  à  un  moment 
donné  tout  au   moins.    Bien   souvent,   une    chute    présentait    la    succession    suivante  :    prismes 

isolés  exclusifs   ou   dominants prismes   agrégés prismes  isolés  exclusifs  ou  dominants, 

succession   en   général   parallèle   à   la   variation   de   l'abondance. 

Les  prismes  constitutifs  d'un  agrégat  pouvaient  être  sensiblement  de  même  grandeur 
ou  de  grandeur  très  diverse.  Les  angles  qu'ils  formaient  entre  eux  n'ont  pas  été  mesurés, 
mais  simplement  estimés  ;  les  angles  de  900,  de  6o°  et  leurs  multiples  prédominaient  ;  parmi 
les  autres,   plus  difficiles  à  estimer,  j'ai   cru   remarquer  l'angle   rapproché  de   3o°. 

A  leur  convergence,    les  pointes  pouvaient  rester  distinctes   à  des  degrés  variables. 

Un  agrégat  pouvait  présenter  deux  points  centraux  (fig.    20,    schéma  A"). 

Le   nombre  de  prismes  variait   de   deux  à  sept   autour  d'un   même   point  central. 

Ils  pouvaient  être  disposés  dans  un  même  plan  ou  dans  des  plans  différents.  Fait 
curieux,  le  nombre  de  prismes  d'un  même  plan  ne  dépassait  jamais  quatre  ;  ainsi  je  ne  suis 
jamais  parvenu  à  découvrir  d'étoile  à  six  rayons  représentés  par  six  prismes  agrégés  dans  un 
même  plan.  Par  contre,  j'ai  observé  assez  souvent  des  étoiles  à  quatre  rayons  représentés 
par  quatre  prismes  maclés  dans  un  même  plan  et  formant  entre  eux  l'angle  de  go°  (fig.  20, 
schéma  A1),  ou  une  sorte  de  double  étoile  formée  autour  de  deux  centres  situés  dans  un  même 
plan  et  sur  une  même  droite  (schéma  A"),  ou,  enfin,  une  étoile  à  six  prismes  agrégés  dans 
deux  plans  perpendiculaires  et   formant   entre   eux  l'angle   de  go°  et    1800  (schéma  A111). 

De  tous  ces  agrégats,  les  plus  intéressants,  peut-être,  sont  ceux  formés  par  deux 
prismes  disposés  sur  une  même  droite,  c'est-à-dire  formant  entre  eux  l'angle  de  1800,  une 
telle   macle   pouvant   prendre  l'aspect   d'un   prisme  unique   limité  par  deux  bases  planes.    La 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  33 


fusion  des  composants  pouvant  se  faire  à  des  degrés  variables,  on  passait  des  macles  où 
l'individualité  des  deux  prismes  était  très  distincte,  par  l'intermédiaire  de  celles  qui  ne 
montraient  qu'une  faible  échancrure  circulaire  ou  même  n'intéressant  qu'une  seule  face, 
jusqu'à  des  prismes  d'aspect  holoédrique,  apparemment  tout  à  fait  unis,  sans  traces  de  leur 
composition,  si  ce  n'était  parfois  une  faible  strie,  circulaire  ou  partielle,  ou  bien  l'implan- 
tation en  son  milieu  d'un  ou  deux  prismes  pointus  supplémentaires  marquant  ainsi  le  centre 
d'agrégation  (fig.  20,  schémas  Bl-BVIh).  Il  en  résulte  qu'il  est  difficile,  voire  même  impossible, 
d'affirmer,  d'après  le  simple  aspect,  si  un  prisme  donné,  limité  par  deux  bases  planes,  est  un 
cristal   unique  ou   bien  une  macle.   (On  sait  qu'il   en  est  de  même  pour  d'autres  substances.) 

Il  est  très  probable  qu'au  moins  une  grande  partie  des  prismes  d'aspect  holoédrique 
n'étaient  que  des  macles.  Ils  s'observaient  moins  fréquemment  et  presque  toujours  à  côté  des 
prismes  d'aspect  hémimorphe.  Dans  une  même  chute,  ils  étaient  ordinairement  moins 
nombreux  et  apparaissaient  le  plus  souvent  aux  moments  où  ces  derniers  se  présentaient  en 
macles  bien  distinctes  ;  on  pouvait  alors  aisément  constater  toutes  les  transitions  entre  les 
prismes  d'aspect  parfaitement  holoédrique  et  les  macles  manifestement  composées  de  deux 
prismes  hémimorphes.  Leur  longueur  était  en  moyenne  supérieure  à  celle  des  prismes 
hémimorphes,  sans  toutefois  jamais  atteindre  2  millimètres  ;  elle  s'abaissait  relativement 
rarement  au-dessous  de  omm,5,  chose  très  fréquente  pour  les  prismes  hémimorphes  qui  dépas- 
saient rarement  1  millimètre  ;  cette  différence  de  longueur  a  été  assez  souvent  constatée 
lors  d'une  même  chute,  où  parfois,  sans  différence  sensible  d'épaisseur,  les  prismes  d'aspect 
holoédrique  étaient  en  moyenne  à  peu  près  une  fois  plus  longs  que  les  hémimorphes  qui 
tombaient   simultanément. 

2°  Tendance  à  former  des  combinaisons  avec  les  formes  lamellaires,  les  prismes  hémimorphes 
avec  une,  les  prismes  d'aspect  holoédrique  avec  deux  lamelles.  Celles-ci  sont  fixées  à  la 
base  plane  des  prismes  par  leur  face  basale,  dans  une  position  centrale,  exceptionnellement 
excentrique  (exemple  fig.  20,  schéma  Dl"),  et  orientées  conformément  à  l'orientation  du  prisme. 

Ces  formes  combinées  étaient  plus  fréquentes  que  les  prismes  simples.  Elles  se 
retrouvaient  presque  invariablement  dans  toutes  les  chutes  de  neige  prismatique,  tout  au 
moins  à  un  moment  donné  de  celles-ci.  Bien  souvent,  aux  prismes  simples  du  début  d'une 
chute  s'ajoutaient  dans  la  suite  des  prismes  lamelles,  qui  devenaient  bientôt  prépondérants, 
voire  même  exclusifs,  pour  céder  de  nouveau  la  place  aux  prismes  simples,  vers  la  fin  de  la 
chute  ;  simultanément  ou  même  un  peu  avant  l'arrivée  des  prismes  lamelles,  on  constatait 
ordinairement  l'apparition  des  lamelles  isolées. 

De  diamètre  très  variable,  quoique  n'excédant  jamais  2  millimètres,  ces  lamelles  terminales 
surplombaient  assez  rarement  le  prisme  de  beaucoup,  mais  leur  diamètre  n'était  jamais 
inférieur  à  celui  du  prisme.  Ordinairement  dans  une  même  chute  on  assistait  au  dévelop- 
pement ou  à  la  régression  de  ces  lamelles  ;  on  pouvait  ainsi  avoir  la  succession  ci-après  : 
prismes  simples  —  prismes  à  lamelles  à  peine  distinctes  —  prismes  à  lamelles  bien  distinctes. 
Dans  un  agrégat  radiaire,  les  diamètres  des  lamelles  terminales  pouvaient  être  sensiblement 
égaux  ou  très  différents.  Les  mêmes  rapports  existaient  pour  les  prismes  d'aspect  holoédrique  : 
les  deux  lamelles  pouvaient  être  de  diamètre  très  différent  (exemple  fig.  20,  schéma  C"),  et 
même  on  ne  distinguait  parfois  qu'une  lamelle  terminale.  Assez  souvent  un  prisme  d'aspect 
holoédrique  semblait  combiné  à  trois  lamelles,  dont  une  plus  ou  moins  au  milieu  (fig.  20, 
schémas  C'v,  C  ),  parfois  même  à  quatre  lamelles  (schéma  C17)  ;  on  croirait  dans  ces  cas  avoir 


D     2 


34 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


affaire  à  deux  ou  trois  prismes  réunis  entre  eux  par  une  ou  deux  lamelles  ;  très  souvent  on 
observait  alors  que  les  lamelles  intermédiaires  étaient  plus  petites  que  les  lamelles  terminales 
(schémas  Cv ,  CVJ)  ;  parfois  j'ai  pu  constater  que  la  lamelle  intermédiaire  était  nettement 
dédoublée,  au  point  d'impliquer  un  trait  d'union  central  (schéma  Cvn).  Nous  avons  déjà  dit 
plus  haut  que  parfois  on  trouvait  toutes  les  transitions  entre  un  prisme  lamelle  et  deux 
lamelles  réunies  par  une   lamelle   intermédiaire  plus  petite. 

Quant  à  leur  forme,  les  lamelles  hexagonales  simples  étaient  les  plus  fréquentes  (fig.  20, 
schémas  D1 ,  DUI)  ;  ou  bien  on  avait  des  lamelles  plus  ou  moins  étoilées,  mais  à  champ  central 
toujours  au  moins  égal  au  diamètre  du  prisme,  à  rayons  généralement  peu  développés  et 
faiblement  ramifiés.  Quand  elles  tombaient  en  même  temps  que  les  lamelles  isolées,  elles 
leur  ressemblaient,  mais  n'en  reproduisaient  que  les  formes  les  moins  compliquées  et  les  moins 
ramifiées.  Après  la  lamelle  hexagonale  simple,  le  type  le  plus  commun  était  celui  du 
schéma  D11 ,  la  ligne  pointillée  représentant  le  contour  de  la  base  du  prisme  vu  par  trans- 
parence. Toutes  ces  lamelles  pouvaient  présenter  des  irrégularités  analogues  à  celles  des 
lamelles  isolées  (schémas  D,v,  Dv).  Une  fois  se  présenta  une  forme  bien  curieuse  :  c'était 
une  lamelle  dont  la  face  externe  semblait  montrer  un  enfoncement  central  hexagonal  de 
diamètre  égal   à  celui   du   prisme  (schéma  DVI). 


Particularités  de  la  forme. 

1.  Formes  supposées  régulières. 

Il  m'a  semblé  remarquer  assez  souvent  une  hémiédrie  sur  les  prismes,  toujours  modérée, 
et  on   la  retrouvait   au   même   degré   sur   les   lamelles  agrégées. 

Quant  au  rapport  de  la  longueur  à  l'épaisseur,  les  prismes  hémimorphes  seuls  peuvent 
fournir  des  données  certainement  comparables,  ceux  d'aspect  holoédrique  pouvant  n'être  que 
de  simples  macles.  Faute  de  mesures  précises,  surtout  pour  l'épaisseur,  je  n'ai  pu  m'en 
rendre  compte  que  par  des  estimations  plus  ou  moins  grossières.  Ce  rapport  se  rapprochait 
le  plus  souvent  de  2  :  1  ;  son  minimum  descendait  au-dessous  de  1  :  1  ;  son  maximum  s'élevait 
jusqu'au-dessus  de  5  :  1  ;  les  valeurs  maximales  et  minimales  étaient  rarement  réalisées  ;  elles 
étaient  en  outre  vagues,  vu  qu'elles  se  trouvaient  à  la  limite  des  transitions  entre  les  prismes 
et  lamelles  d'un  côté,  entre  la  neige  prismatique  et  aciculaire  de  l'autre,  —  transitions  qui 
ont  été  rarement  observées.  Quant  à  savoir  s'il  y  a  une  loi  régissant  ce  rapport,  j'ai  dû  me 
contenter  d'une  étude  plutôt  simplement  qualitative.  Dans  certaines  chutes,  il  semblait  exister 
un  rapport  inverse  entre  la  longueur  et  l'épaisseur  ('),  donc  une  tendance  à  conserver  le 
même  volume.  Dans  d'autres,  au  contraire,  la  longueur  variait,  même  assez  fortement, 
l'épaisseur   restant  sensiblement  la   même. 

Il  m'a  été  difficile  de  mesurer,  dans  les  terminaisons  pyramidales,  l'angle  de  troncature  ; 
il   me  semble   que  cet  angle,    par  conséquent  l'acuité  de  la  pvramide,  n'était  pas  constant. 

A   acuité    égale,    le    rapport    des    longueurs    des    portions    pyramidale     et    prismatique 


(1)  Fait  observé  par  G.  Hellmanx  :  <;  Bei  einem  und  demselben  Schneefall  pflegt  das  Verhaltniss  der  Lange 
zur  Dicke  dasselbe  zu  bleiben.  s  (L.  c.,  p.  35.) 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


35 


changeait,    naturellement,    avec  la  longueur  (et  l'épaisseur)  du  cristal  ;   on  arrivait   ainsi  à  des 
spécimens  à  portion  prismatique  très  réduite  et,    dans  deux  chutes  où    ils    étaient    combinés 


A1 

A* 

Am 

_X_ 

=n=n= 

~V 

B 


a 


C1 


gnr 


}/V 


~^y~ 


QVT 


B 


w 


CE                   QUI 

C 

nr 

1 

cv 

QVI 

1 

i 

Dm 


)/v 


•m 


F1 


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G" 


qui 


_^ 


Hw 


Bm 


QVU 


D 


vu 


F' 


m 


S 


QIV 


J 


FlG.    20 


36  EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


aux  lamelles,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  de  vraies  pyramides  simples  (fig.  20,  schémas 
El,  En,  Ew)(>). 

Parfois  la  pointe  pyramidale  n'était  qu'ébauchée  par  des  troncatures  plus  ou  moins 
distinctes  sur  les  arêtes  basales  ;  on  observait  les  transitions  entre  cette  ébauche  et  la 
pyramide  pointue. 

2.   Irrégularités. 

Les  prismes  bien  réguliers,  c'est-à-dire  les  holoédriques  à  deux  bases  tout  à  fait  parallèles, 
les  hémimorphes  à  portion  pyramidale  bien  pointue  et  nettement  tranchée  de  la  portion 
prismatique,  n'étaient  pas  fréquents.  Les  arêtes  et  les  angles  pouvaient  être  émoussés,  donc 
les  premières  peu  nettes,  les  seconds  arrondis,  d'où  le  vague  bombement  des  extrémités 
planes,  l'aspect  en  doigt  de  gant  des  extrémités  pointues.  Ces  phénomènes  pouvaient  aussi, 
naturellement,  ne  constituer  qu'une  déformation  due  à  l'évaporation  et  à  la  fonte.  Rarement 
et  seulement  dans  les  prismes  très  courts,  les  faces  latérales  étaient  légèrement  concaves, 
d'où  saillie  des  arêtes  correspondantes  (fig.  20,  schéma  Dvu,  contour  de  la  base  vu  à  travers 
la  lamelle  combinée). 

Ainsi  que  dans  la  neige  lamellaire,  on  constatait  parfois  une  irrégularité  des  faces 
latérales  et  des  anomalies  dans  la  valeur  des  angles.  Dans  les  prismes  à  deux  extrémités 
planes,  celles-ci  pouvaient  ne  pas  être  tout  à  fait  parallèles  (exemple  fig.  20,  schéma  G'). 
Parfois,  du  moins  à  en  juger  d'après  la  forme  de  la  base,  le  prisme  aurait  été  tétragonal 
(fig.  20,  schémas  F1,  F11 ,  F1"),  ce  qui  n'était  probablement  qu'une  malformation.  La  troncature 
pyramidale  pouvait  ne  pas  intéresser  toutes  les  arêtes  de  la  base  (fig.  20,  schémas  Gu ,  G"1,  GIV)  ; 
un  exemple  d'une  malformation  analogue  est  donné  par  les  schémas  H1  et  H"  de  la  figure  20. 

Assez  souvent  l'extrémité  pointue  simulait  un  faisceau  de  bâtonnets  longitudinaux 
(fig.  20,  schémas  Hr-Hn ,  Enl)  ;  ce  fut  même  une  fois  un  phénomène  constant  pour  tous 
les  prismes  d'une  même  chute. 

Enfin,  les  prismes  avaient  souvent  l'aspect  fortement  déformé,  sans  la  moindre  limite 
plus  ou  moins  régulière  (fig.  20,  schéma  J).  Parfois  cette  déformation  était  accentuée  au  point 
de  faire  croire  à  tout  autre  chose,  si  concurremment  il  n'était  tombé  d'autres  prismes,  plus 
ou   moins   nets 

STRUCTURE 

Comme  les  cristaux  lamellaires,  les  prismes  contenaient  aussi,  presque  généralement, 
des  cavités  internes.  Parfois,  dans  des  prismes  pointus,  ce  semblaient  être  des  vésicules  disposées 
sans     ordre    déterminé  ;    mais    ordinairement    leur     forme    et    leur    localisation    étaient    bien 


(1)  Scoresby  dit  avoir,  dans  l'Arctique,  par  une  forte  biise  du  Nord,  observé  en  grande  quantité  des  pyramides 
hexagonales  simples,  non  combinées  à  des  lamelles,  et  parmi  elles  une  pyramide  apparemment  trigonale  (fig.  44 
et  47  de  ses  dessins).  Je  ferai  remarquer  que  j'ai  observé  assez  souvent  une  sorte  de  grésil  pj'ramidoïde,  a  base 
vaguement  hexagonale,  pentagonale,  tétragonale  ou  tout  à  fait  indéfinie,  mais  qui  provenait  d'un  abondant  dépôt 
de  givre  sur  de  simples  lamelles  ;  souvent  une  augmentation  de  la  force  du  vent  annonçait  ces  chutes.  Mais  les 
pyramides  proprement  dites  doivent  être  excessivement  rares  ;  je  n'en  ai  vu  que  trois  exemplaires,  comme  réduction 
limite  de  la  portion  prismatique  dans  les  prismes  pointus  ;  ni  Hellmann,  ni  Nordenskjôld,  ni  même  Bentley  n'en 
ont  observé.  Par  contre,  dans  le  givre  granuleux,  les  formes  purement  pyramidales,  de  dimensions  microscopiques, 
se  rencontraient  assez  souvent. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


37 


caractéristiques  et  en  tous  points  comparables  à  celles  décrites  et  photographiées  par  les 
auteurs.  Dans  les  cristaux  hémimorphes,  leur  forme  correspondait,  grosso  modo,  à  celle  du 
cristal  :  on  avait  une  vésicule  axiale,  élargie  vers  la  base  plane,  et  s'amincissant  vers  la  pointe  ; 
habituellement,  surtout  dans  sa  portion  élargie,  elle  présentait  des  étranglements  circulaires 
ou  même  semblait  figurer  les  marches  d'un  escalier  (fig.  21,  schémas  A'-Av).  Une  fois, 
j'ai  vu  comme  deux  cavités  emboîtées,  la  base  de  la  cavité  interne  se  montrant  par  trans- 
parence sur  la  base  du  prisme  (fig.  21,  schéma  B)  ;  je  ne  saurais  me  prononcer  sur  la 
signification  de  ces  doubles  lignes  ;  peut-être  l'une  d'elles,  l'externe,  ne  représentait-elle  que 
la  surface  d'accroissement  du  prisme,  analogue  aux  lignes  d'accroissement  latéral  des  cristaux 
lamellaires.  Dans  les  prismes  d'aspect  holoédrique,  tout  comme  dans  les  macles  de  deux 
prismes  hémimorphes,  on  avait  deux  cavités,  orientées  inversement  (fig.  21,  schémas  Cr,  Cn)  ; 
le  plus  souvent  ces  deux  cavités  communiquaient  entre  elles  par  un  fin  canalicule,  mais 
parfois  elles  restaient  isolées  ;  j'ai  observé  aussi  des  cas  où  entre  ces  deux  cavités,  suivant 
le  prolongement  de  leur  axe,  s'étendait  un  canalicule  fin  ou  même  une  série  de  vésicules 
indépendantes.  Outre  ces  cavités  axiales,  les  prismes,  aussi  bien  les  hémimorphes  que  ceux 
d'aspect  holoédrique,  en  montraient  d'ordinaire  d'autres  encore,  non  axiales,  sous  forme  de 
canaux   longitudinaux  ('). 


Fig.  21 


(1)  Vésicules  baculiformes  de  G.  Xordenskjôld.  D'après  cet  auteur,  ces  vésicules  seraient  au  nombre  de  trois, 
symétriquement  disposées  dans  trois  sextants  alternes  (1.  c,  fig.  1).  —  Xordenskjôld  a  fait  cette  constatation  très 
curieuse  que,  dans  certains  cas  au  moins,  les  vésicules  des  prismes  pointus  contenaient  de  l'eau  surfondue,  vu  que 
lors  d'une  chute  de  ces  prismes,  par  une  température  de  -  8°  à  -12°  et  sous  un  ciel  voilé,  les  toits  des  maisons  montrèrent 
un  écoulement  ininterrompu  ;  il  dit  aussi  avoir  vu  ces  prismes  se  transformer,  après  leur  chute,  en  lamelles  hexago- 
nales transparentes,  sans  lignes  ou  cavités  internes.  Je  n'ai  pas  eu  l'occasion  d'observer  tous  ces  phénomènes,  lesquels 
peuvent  m'avoir  échappé.  Quant  à  la  question  de  la  transformation  des  prismes,  j'ai  pu  seulement  constater, 
plusieurs  fois,  une  liaison  entre  les  prismes  et  certaines  formations  lamellaires  particulières  dont  il  sera  parlé  plus 
loin. 


38 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


Les  prismes  montraient  bien  souvent  des  rayures  longitudinales  sur  leurs  faces  latérales  ('). 

Outre  les  cas  où  elles  marquaient  plus  ou  moins  le  milieu  d'un  prisme  d'aspect 
holoédrique,  trahissant  ainsi  l'agrégation  de  deux  prismes  hémimorphes,  on  rencontrait  assez 
rarement  sur  la  surface  des  prismes  des  stries  transversales  circulaires  ;  elles  représentaient 
peut-être  des  lignes  d'accroissement  vertical  du  prisme,  analogues  aux  lignes  d'accroissement 
latéral   des   cristaux  lamellaires. 

Formations  lamellaires  apparentées  aux  prismes. 

Lors  de  maintes  chutes  de  neige  prismatique,  j'ai  observé  des  formations  lamellaires 
particulières,  semblant  sous  tous  les  rapports  liées  intimement  aux  prismes  tombant  simul- 
tanément. Elles  se  comportaient  toujours  absolument  comme  ces  derniers  :  ceux-ci  tombaient- 
ils  isolés,  agrégés  radialement  ou  de  façon  irrégulière,  elles  se  présentaient  sous  ces  mêmes 
formes.  Mieux  encore,  un  même  agrégat,  radiaire  ou  irrégulier,  pouvait,  dans  ces  cas,  être 
composé   en  partie   de  prismes,    en  partie  de   formations  lamellaires. 

Leurs  dimensions,  surtout  la  longueur,  correspondaient  généralement  à  celles  des 
prismes    concomitants. 

En  général,  leur  forme  était  hexagonale,  parfois  très  bizarre  ;  elles  étaient  commu- 
nément allongées  et  à  symétrie  bilatérale,  ou  composées  d'une  chainette  rectiligne  de  lamelles 
agrégées.  Ordinairement  simples,  elles  pouvaient  cependant  porter  des  appendices,  prenant 
ainsi  l'aspect  de  rayons  d'étoile.  On  peut  en  voir  différents  exemples  dans  la  figure  22 
(schémas  A-J  observés  à  la  loupe,  les  extrémités  non  achevées  représentant  les  points  d'attache 
sur  un   agrégat   radiaire  ;   schémas  K-M   examinés   au   microscope). 


FlG.    22 


Fait  qui  se  produit  invariablement  chaque  fois  que,  dans  une  même  chute,  il  s'agit 
des  formes  de  deux  catégories  distinctes,  surtout  voisines,  on  constatait  entre  les  prismes  et 
les  formations  lamellaires  un  certain  antagonisme  ;  ainsi  les  formations  lamellaires  apparaissant 
à   un   moment   donné  de   la  chute   en  très  petit    nombre    parmi    les    prismes,    pouvaient    dans 


(1)  Rapprochés  l'un  de  l'autre,  ces  faits  de  ra3'ures  longitudinales,  de  «  vésicules  baculiformes  »  et  de  différen- 
ciation de  la  portion  pyramidale  en  bâtonnets  longitudinaux,  montrent  peut-être  que  les  prismes  auraient  pu  présenter, 
à  l'origine,  un  faisceau  régulier  de  bâtonnets  fusionnés  ultérieurement  et  dont  ces  phénomènes  constitueraient  des  traces. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


39 


la  suite  augmenter  progressivement  en  nombre  au  point  de  prédominer  et  même  de  devenir 
exclusives. 

La  parenté  de  ces  deux  formes  était  surtout  frappante  dans  les  quelques  cas  où, 
au  cours  d'une  même  chute,  se  succédaient  des  prismes  de  plus  en  plus  aplatis  parallèlement 
à  leur  axe,  donc  de  moins  en  moins  prismatiques,  pour  aboutir  enfin  à  de  vraies  formations 
lamellaires. 

Parfois,  avec  ces  formations,  tombaient  des  étoiles  dont  les  rayons  leur  étaient  analogues. 

Vu  la  curiosité  de  ce  phénomène,  j'en  donne  ici  quelques  exemples  concrets,  tirés  de 
mon  journal   de  la   neige  ('). 

Le  22  novembre  1898 


6h— 6  72h 


Neige  peu  abondante, 
très  fine, 
fondante. 


Formes. 

Prismes  hémimorphes 


Ier  moment  : 

simples 

hexagones 
combinés  aux  rudimentaires, 

étoiles 

en  agrégats  radiaires, 

dimensions  excessivement  petites  (longueur  <  omm,3). 

2e  moment  : 

Dans  les  agrégats  radiaires,  les  prismes  sont  peu  à  peu 
remplacés  par  des  formations  lamellaires  allongées,  de 
type  hexagonal,  mais  de  forme  en  général  très  difficile 
à  déterminer  ;  bien  souvent  ce  sont  des  chapelets 
d'hexagones  très  menus  ifig.  22,  schéma  D). 

3e  moment  : 

Dans  les  agrégats  radiaires,  les  éléments  diminuent 
de  nombre,  augmentent  de  dimensions,  et  les  formations 
lamellaires  y  deviennent  prédominantes. 

8h— 8''40 

Neige  assez  abondante, 
fine, 
presque  fondante. 


Formes. 


ier  moment 


Formations  lamellaires,  en  agrégats  radiaires  (deux,  trois 
individus  et  plus)  ;  individus  en  chapelets  de  très  menus 
hexagones  (fig.  22,  schéma  D\. 


2e  moment  : 

Dans  les  agrégats  radiaires,  les  formations  lamellaires 
sont  peu  à  peu  remplacées  par  des  prismes  hémimorphes, 
lesquels  bientôt  deviennent  dominants.  —  Agrégats 
fréquents  composés  de  trois  ou  quatre  individus  situés 
dans  un  même  plan,  perpendiculairement  l'un  à  l'autre. 

Il  apparaît  aussi  des  prismes  d'aspect  holoédrique,  le  plus 
souvent  avec  plus  ou  moins  de  traces  de  l'agrégation 
de  deux  prismes  hémimorphes  (échancrure  ou  strie  cir- 
culaires ou  partielles,  ou  bien  petit  prisme  hémimorphe 
fixé  vers  le  milieu  du  prisme).  —  Prismes  simples  ou 
combinés  à  des  hexagones  assez  épais,  de  diamètre 
dépassant  à  peine  celui  du  prisme.  —  Surface  des 
prismes  légèrement  rugueuse,  à  nombreuses  raies 
longitudinales. 

3e  moment  : 

Rien  que  des  prismes  ;  encore  deux  catégories  ;  de 
plus  en  plus  grossiers  ;  à  surface  de  plus  en  plus 
inégale,  parce  que  hérissés  de  grains  de  givre,  de  plus 
en  plus  abondants,  de  dimensions  minimes,  mais  varia- 
bles (très  petits  en  comparaison  du  prisme  support),  de 
forme  prismatique,  fixés  en  général  perpendiculaire- 
ment aux  faces  latérales  des  prismes,  aux  faces  basales 
des  hexagones  combinés,  disposés  irrégulièrement, 
couvrant  toute  la  surface  vers  la  fin  de  l'observation. 

9h— 974h 

Neige  très  peu  abondante, 
fine. 
Formes  :  1.  Prismes  comme  précédemment. 

2.  Formations  lamellaires,  aussi  en  agrégats  radiaires  ; 
individus  en  chapelets  très  capricieux  et  très  variables, 
de  forme  plus  ou  moins  hexagonale,  très  menus. 


(1)  Pour   les   conditions    atmosphériques    concomitantes,    voir   les   tableaux   météorologiques   de   la   présente 
collection. 


4° 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


Transitions  entre  les 


Formes  :  i .  Prismes 


combinés  à  des 


3-  Hexagones  simples,  petits.  Dépôt  de  givre  très 
abondant,  en  menues  excroissances,  de  forme  difficile  à 

déterminer  à  la  loupe. 

hexagores  simples 

étoiles 

(échancrures  triangulaires  marginales,    plus  ou  moins 
prononcées,  au  milieu   de  chaque  côté). 

ioii_io  '/4h  ' 

Ier  moment  : 

Neige  abondante, 
fine. 

hémimorphes, 
d'aspect  holoédrique, 
hexagones, 
étoiles, 
les  hémimorphes  en  agrégats  radiaires. 

Dépôt  d'espèce  de  givre  sous  forme  de  prismes  et 
de  formations  lamellaires  minimes,  celles-ci  d'aspect 
très  variable,  de  t}'pe  hexagonal,  allongées,  simples  ou  à 
appendices  courts  (exemples  fig.  22,  schémas  A,  H). 

Rayons  des  étoiles  combinées  aux  prismes  analogues 
à  certaines  de  ces  formations  lamellaires. 

2.  Formations  lamellaires,  de  forme  analogue  à  celle 
du  givre  ci-dessus,  de  dimensions  sensiblement  égales 
à  celles  des  prismes  ;  aussi  en  agrégats  radiaires.  Cer- 
tains agrégats  radiaires  constitués  de  ces  formations 
et  des  prismes  en  même  temps. 

3.  Hexagones  simples,  d'aspect  grossier  (dépôt  de 
givre). 

4.  Etoiles  isolées,  de  même  type  que  celles  combinées 
aux  prismes,  montrant  une  sorte  d'hexagone  simple 
collé  à  leur  centre. 


2e  moment  : 

Neige  peu  abondante, 
fine. 
Forme  dominante  :  prismes  hémimorphes,  analogues  à  ceux  du 
Ier  moment,  mais  à  givre  principalement  ou  exclusive- 
ment prismatique. 

Vers  10  72h 

Neige  assez  abondante. 

fine 

hémimorphes 
Formes  :  Prismes  ,  le  plus  souvent  cora- 

il aspect  holoédrique 

binés    à   des    étoiles    à    rayons    simples    en    hexagone 

allongé,  ou,  plus  rarement,  à  des  hexagones. 


Il1 


-11  w 


Neige  peu  abondante, 
fine. 
Formes .:  1.  Prismes  hémimorphes,  combinés  à  une  étoile  du  type 
précédent  ;    en    agrégats  radiaires  ;    dimensions    très 
petites  (souvent  longueur  <  omm,  3   ;   surface   rugueuse 
dépôt  de  givre  en  prismes  minimes). 

2.  Agrégats  radiaires,  composés  partiellement  ou 
exclusivement  de  formations  lamellaires,  de  dimensions 
plus  ou  moins  égales  à  celles  des  prismes. 

3.  Etoiles  isolées,  de  forme  identique  à  celle  des 
étoiles  combinées  aux  prismes    rares  . 

12i' 

Neige  assez  abondante, 
très  fine. 
Formes  :  Agglomérations  irrégulières  d'hexagones  simples  et  de 
formations  lamellaires  allongées  très  menues. 


Le  15  décembre  1898 


3'' 


Neige  assez  abondante, 
très  fine. 


Formes. 


Ier  moment 


Prismes 


hémimorphes  ; 


d'aspect  holoédrique  ; 
réguliers,  lisses,  brillants  ; 
longueur  <  i  millimètre  ;  assez  fins  ; 
rarement  isolés 

ordinairement  en  agrégats  radiaires  ; 
ceux  d'aspect  holoédrique  montrant  souvent  des  traces 
de   l'agrégation  de  deux  prismes  hémimorphes. 


les  hémimorphes 


2e  moment  : 

i.  Prismes  du  Ier  moment. 

2.  Mêmes  prismes  combinés  à  des  étoiles  à  rayons 
simples  en  hexagone  allongé  incomplet,  régulières, 
lisses,  brillantes,  de  i  à  i  '/s  millimètre  de  diamètre. 

Neige  assez  abondante, 
très  fine. 
Formes:  i.  Comme  le  2,  2e  moment,  3h. 
Observation  microscopique  : 
Arêtes  et  angles  parfois  arrondis. 
Raies  longitudinales,  non  uniformes. 
Dans   les  prismes  hémimorphes,  vésicules  non  axiales, 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


allongées  parallèlement  à  l'axe,  et  différenciation  de  la 
pointe  terminale  en  bâtonnets  longitudinaux. 

Dans  les  prismes  d'aspect  holoédrique,  cavités  axiales, 
canalicules  longitudinaux  et  traces  de  l'agrégation  de 
deux  prismes  hémimorphes. 

2.  Formations  lamellaires. 

D'abord  peu,  puis  de  plus  en  plus  nombreuses. 

Rarement  isolées,  ordinairement  en  agrégats  radiaires, 
et  alors  souvent  avec  des  prismes  ;  parfois  en  chapelets 
rectilignes  isolés  ou  agrégés  radialement 

Longueur  et  largeur  ne  différant  guère  de  celles  des 
prismes. 

Type  hexagonal  ;  symétrie  ordinairement  bilatérale  ; 
plus  ou  moins  allongées  ;  d'ailleurs  de  forme  très 
variable  et  souvent  irrégulière. 

Figures  internes,  assez  régulières,  à  symétrie  ordi- 
nairement bilatérale. 


Les  très  allongées  montraient  fort  souvent  une 
ressemblance  frappante  avec  les  prismes  ;  souvent 
difficulté  de  distinguer  les  deux  formes,  car  il  y  en 
avait  qui  n'étaient  pas  tout  à  fait  planes  et  présentaient 
les  raies  longitudinales,  caractéristiques  des  prismes. 


3.  Hexagones  simples 


(formes  dominantes:. 


Etoiles 

Les  hexagones  simples  semblent  très  souvent  agré- 
gés :  a)  agrégats  radiaires,  un  hexagone  central  portant 
à  ses  six  angles,  quand  il  était  holoédrique,  à  ses  trois 
angles,  quand  il  était  hémiédrique,  des  hexagones  plus 
petits,  orientés  conformément  au  support  ;  b)  agrégats 
en  chapelets  rectilignes. 

Les  étoiles  sont  analogues  à  celles  combinées  aux 
prismes  ;  elles  font  souvent  l'impression  de  provenir  de 
la  fusion  de  plusieurs  hexagones  agrégés. 


Le  9  janvier  1S99 


i\.\i 


Neige  assez  abondante, 
très  fine. 
Formes  :   i.  Prismes  hémimorphes, 
très  menus, 
en  agrégats  radiaires. 

2    Formations  lamellaires, 
de  largeur  et  longueur  ne  différant  guère  de  celles  des 
prismes  ; 

de  type  hexagonal,  allongées  ; 
en  agrégats  radiaires,  parfois  avec  des  prismes. 

3.  Étoiles, 
petites  H  millimètre)  ; 
à  champ  central  réduit  formé  par  les  bases   des  rayons 


en  semi-hexagone  allongé  (comme  si  elles  étaient  des 
agrégats  réguliers  de  six  formations  lamellaires)  ; 
ordinairement     isolées,    rarement   accolées    deux   par 
deux  par  leurs  faces  basales. 

5'' 

Neige  peu  abondante, 
fine. 

Formes  :  Etoiles, 

de  dimensions  et  de  forme  comme  à  4h,  mais  rayons 
souvent  plus  longs  et  alors  munis  d'une  paire,  alors 
distale,  ou  de  deux  paires  d'appendices. 

Semblent  toutes  centrées  d'un  hexagone  simple,  très 
petit. 


Le  25  février  1S99 


9h 


Neige  assez  abondante, 

très  fine. 

Formes  :  hémiaiorphes, 

Prismes  ,       , 

d  aspect  holoédrique, 

combinés  à  des  hexagones. 

Les  hémimorphes  :  longueur   <  i  millimètre,  épais- 
seur plus  que  la  moitié  de  la  longueur  ; 
en  agrégats  radiaires  d'au  plus  cinq  individus  ;  souvent 
quatre  individus  dans  un  même  plan,  formant  entre  eux 
un  angle  de  go°. 

Ceux  d'aspect  holoédrique    en   général    plus    longs 
que  les  hémimorphes. 

Le   diamètre    des   hexagones    combinés    dépasse     à 
peine  celui  des  prismes. 


10h 


Neige  assez  abondante, 
très  fine. 

Formes  :   i .  Formations  lamellaires, 

en  hexagone  allongé  à  symétrie  bilatérale  ; 
dimensions  égales  à  celles  des  prismes  observés  à  9h  ; 
en  agrégats  identiques  à  ceux  de  ces  prismes. 

2.  Hexagones  simples, 
isolés  ; 

forme  régulière  ; 
bords  ébréchés  ; 

très  minces,  transparents,  sans  structure  ; 
dépôt  de  grains  de  givre,  très  peu  abondant. 


VI 


D 


42 


EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


11» 

Neige  assez  abondante, 
fine. 
Formes  :  I.  Formations  lamellaires, 

le  plus  souvent  en  hexagone  allongé  à  symétrie  bilaté- 
rale, plus  rarement  en  feuille  à  bords  symétriquement 
dentelés  (fig.  22,  schéma  J)  ; 
en  agrégats  radiaires  ou  en  agglomérations  irrégulières. 


2.  Étoiles, 

à  champ  central  réduit  formé  par  les  bases  des  rayons 
de  mêmes  dimensions  et  de  mêmes  formes  que  les 
formations  lamellaires. 

Souvent  semblaient  centrées  d'un  hexagone  simple, 
très  petit. 

3.  Hexagones  simples,  comme  à  ioh. 


Le  1er  mars  1899 


6'' 


Neige  assez  abondante, 
fine. 
Formes  :  Très  petits  flocons  composés  de  : 
i.  Prismes  himimorphes  ; 
longueur  <  omm,5  ;  épaisseur  plus  que  la  moitié  de  la 
longueur  ; 
en  agrégats  radiaires. 


2.  Formations  lamellaires  ; 
en  hexagone  allongé  à  symétrie  bilatérale  ; 
en  agrégats  radiaires  identiques  à  ceux  des  prismes  ; 
parfois  deux  formes  dans  un  même  agrégat. 


Le  3  mars  1899 


51'— 5  Vv1' 


Neige  assez  abondante, 
fine. 


Formes. 


Ier  moment  : 


Prismes  himimorphes, 
très  menus, 

en  agrégats  radiaires,  ceux-ci  réunis  en  petites   agglo- 
mérations. 

2e  moment  : 

Idem,  mais  dans  les  agrégats  radiaires  apparaissent, 
à  côté  des  prismes  normaux,  de  plus  en  plus  fréquem- 
ment, des  prismes  plus  ou  moins  aplatis  parallèlement  à  leur 


axe,  se  rapprochant  donc  des  formations  lamellaires  ; 
leurs  longueur  et  largeur  sont  celles  des  prismes  nor- 
maux ;  ils  sont  simples  ou  portent  de  petits  appendices 
hexagonaux  latéraux  ou  terminaux. 

3e  moment  : 

Il  s'y  ajoute  des  hexagones  simples,  isolés,  menus, 
mais  de  dimensions  variables,  minces,  transparents, 
sans  structure. 

4''  moment  : 

Il  s'y  ajoute  encore  des  aiguilles,  de  dimensions  ordi- 
naires (d'environ  2  millimètres  de  longueur  ,  isolées  ou 
en  petits  flocons,  couvertes  de  givre  granuleux. 


NEIGE  ACICULAIRE  (') 

Outre   la  difficulté   de  se   rendre  compte   des   limites  cristallines  (2),   la  fréquence  parti- 
culière   des    dépôts    de   givre  jointe    à    la    déformation    par    suite    de    la    fonte    résultant    des 


(1)  J'emprunte  ce  terme  à  G.  Nordenskjôld. 

(2)  Les  anciens  observateurs  décrivent  généralement  ces  acicules  comme  hexaédriques  et  les  font  rentrer  dans 
la  neige  prismatique.  Parmi  les  modernes,  Pénard  les  décrit  comme  «  fines  aiguilles  hexaédriques  parfaites,  vingt  à 
trente  fois  aussi  longues  que  larges  »  (Arch.  des  se.  phys.  et  natur.,  i8g3,  3o,  pp.  658-66o)  ;  tandis  que  G.  Nordenskjôld 
en  fait  une  classe  distincte  des  «  prismes  hexagonaux  »  et  des  «  fioles  de  glace  »,  et  comprenant  «  de  minces 
aiguilles  ou  des  agrégations  ordinairement  parallèles  d'aiguilles,  généralement  sans  limites  cristallines  reconnaissables  ». 
Quant  à  moi,  je  n'ai  pu  bien  distinguer  que  sur  un  seul  spécimen  une  limite  hexaédrique. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  43 


températures  relativement  élevées  présidant  en  général  à  l'apparition  de  cette  espèce  de 
neige,   rendaient   son   étude  très   difficile. 

Il   m'a  semblé   pouvoir  distinguer  deux  catégories  : 

i.  Bâtonnets,  très  minces  et  d'épaisseur  sensiblement  uniforme,  pouvant  atteindre  une 
longueur  dépassant  des  dizaines  de  fois  l'épaisseur.  C'était  la  forme  la  plus  commune  et  la 
plus  simple  (fig.  23,  A1,  A11,  A111).  Le  plus  souvent,  une  ou  les  deux  extrémités  étaient 
tronquées,  plus  rarement  pointues,  et  parfois,  au  contraire,  présentaient  un  épaississement 
terminal  (').  Les  cavités  internes  et  les  striations  longitudinales  faisaient  défaut.  Par  contre, 
assez  souvent,  surtout  sur  les  spécimens  relativement  longs,  on  trouvait  des  raies  transversales 
circulaires,  assez  distantes  (fig.  23,  B1,  Bn)  ou  très  rapprochées  (-£>"'),  Ie  bâtonnet  semblant 
constitué,  dans  le  premier  cas,  de  plusieurs  bâtonnets  plus  petits,  dans  le  second,  d'un  certain 
nombre  de  grains  alignés  suivant   une   droite. 

Ces  bâtonnets  étaient  ordinairement  réunis  parallèlement  en  minces  faisceaux,  lesquels 
à  l'œil  nu  ressembleraient  à  des  bâtonnets  simples,  n'était  la  forme  particulière  des  extrémités 
des  faisceaux  trahissant  leur  état  composé.  La  longueur  des  bâtonnets  constitutifs  n'étant 
généralement  pas  la  même,  leurs  extrémités  n'affleuraient  pas  toutes  au  même  niveau  et 
donnaient  à  la  pointe  du  faisceau  des  aspects  très  variables,  dont  les  types  les  plus  communs 
sont  représentés  dans  les  schémas  C1,  C" ,  C"  de  la  figure  23  (2).  Le  degré  de  la  fusion  des 
bâtonnets  constitutifs  était  variable,  mais  en  général  ceux-ci  restaient  plus  ou  moins  distincts 
et  délimitaient  même  au  sein  du  faisceau  des  cavités  internes  allongées  dans  le  sens  de 
celui-ci  (-1). 

Ai  I  1      A*  <=-  ==>  Am  -= 


B1^  _ 1 Q    Bn  ^ 


zc 


c<fX:  i,'=f  cïï 


Fig.  23 

2.  L'autre  catégorie  était  représentée  par  des  individus  très  courts  et  relativement 
épais.  Ils  tombaient  généralement  en  même  temps  que  ceux  de  la  première  catégorie,  mais 
en  quantité  relativement  moindre.  Leurs  dimensions  et  leur  aspect  semblaient  les  rapprocher 
des  individus  de  la  neige  prismatique.  N'ayant  jamais  eu  l'occasion  de  les  observer,  au 
microscope,    par    leurs    extrémités    ni    d'en    distinguer,    outre    la   projection    de    leurs    limites 


(i)  Rohrer  attribue  cet  épaississement  terminal  à  la  fonte  :  «  Hâufig  findet  sich  bei  den  einfachen  Nadeln  an 
ihrem  untern  Dritttheile  oder  an  ihrem  einen  Ende  eine  Verdickung,  welche  durch  die  beim  Schmelzen  sich  zusam- 
menziehenden  Wassertrôpfchen  gebildet  wird  ».   [Wien.  Akad.  Ber.,  i85g,  35.) 

(2)  Comparer  aux  extrémités  des  prismes  pointus  dissociées  en  bâtonnets. 

(3)  Rohrer  a  observé  le  même  phénomène  :  «  Bestehen  die  Nadeln  aus  mehreren  parallelen  Prismen,  so 
liegen  hâufig  Luftblâschen  dazwischen.  »  (L.  c.) 


44 


EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


latérales,  plus  d'une  arête,  je  ne  me  rends  exactement  compte  ni  de  leur  forme  ni  de  leur 
structure  véritables.  L'une  ou  les  deux  extrémités  pouvaient  être  tronquées  ou  plus  ou  moins 
pointues,  parfois  surmontées  de  courts  bâtonnets.  La  figure  24,  A1 — A r,  montre  leurs  aspects 
habituels  observés  au  microscope.  Les  lignes  figurées  à  l'intérieur  représentent  probablement 
la  projection  des  limites  des  cavités  internes,  plus  ou  moins  comparables,  quant  à  la  forme 
et  à  la  disposition,  à  celles  des  prismes  d'aspect  holoédrique.  A  côté  de  ces  formations,  il  en 
tombait  encore  d'autres,  d'aspect  plus  ou  moins  comparable,  mais  où  il  m'était  encore  plus 
malaisé  de  m'orienter  (fig.  24,  B'-Bu)  ;  peut-être  leurs  particularités  étaient-elles  simplement 
dues   à  la  fonte  ;    elles  faisaient   l'impression  d'être  constituées  de  bâtonnets  parallèles. 

La  longueur  des  individus  de  la  neige  aciculaire,  beaucoup  plus  grande,  en  moyenne, 
que  celle  des  prismes,  variait  assez  fortement,  mais  une  certaine  longueur,  oscillant  entre 
imm,5  et  2mm,5,  prédominait  nettement;  les  longueurs  maximales  (4  à  5  millimètres)  et  minimales 
(au-dessous  de  omm,5)  étaient  rares.  La  longueur  variait  aussi,  d'une  façon  plus  ou  moins 
continue,  suivant  les  différents  moments  de  la  chute,  habituellement  minimale  au  commen- 
cement et   à   la   fin   de  celle-ci. 

Ce  qui  différenciait  surtout  cette  espèce  de  neige  des  prismes,  c'était  que  les  individus 
ne  montraient  de  tendance  ni  à  la  combinaison  avec  des  lamelles,  ni  à  la  formation  d'agrégats 
radiaires  (').  Par  contre,  ils  montraient  une  tendance  bien  marquée  à  l'agrégation  parallèle. 
Les  faisceaux  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  pouvaient  se  réunir  encore  en  faisceaux 
plus  considérables.  Leurs  flocons,  c'est-à-dire  leurs  agglomérations  plus  ou  moins  lâches,  se 
présentaient  assez  souvent  sous  forme  de  paquets  d'individus  ou  de  faisceaux  de  premier 
ou   de   second   ordre  orientés  parallèlement. 


A1 


An 


\m 


B 


IV 


B} 


Fig.  24. 


B 


VI 


(1)  Dans  une  chute  de  longs  bâtonnets  simples,  d'épaisseur  uniforme  et  à  extrémités  tronquées,  j'ai  trouvé,  à 
côté  de  ceux-ci,  des  étoiles  faisant  l'impression  d'agrégats  de  six  bâtonnets  égaux,  situés  dans  un  même  plan  et 
formant  entre  eux  des  angles  de  6o°.  Ces  étoiles  n'ayant  été  vues  qu'à  la  loupe,  l'observation  demande  à  être  vérifiée. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  45 


Souvent,  à  l'arrivée  d'une  chute  plus  ou  moins  abondante  d'aiguilles,  la  force  du  vent 
augmentait   considérablement. 

Granules  apparentés  à  la  neige  aciculaire. 

Assez  souvent  la  bruine  à  fines  gouttelettes  liquides  passait  à  une  espèce  de  neige  en 
granules  dont  il  était  impossible  d'étudier  la  forme,  non  seulement  à  cause  de  leurs  dimensions 
minuscules,  mais  surtout  de  leur  fonte,  le  phénomène  ayant  généralement  lieu  à  une  tempé- 
rature oscillant  autour  du  zéro.  Parfois  les  dimensions  de  ces  granules  augmentaient  succes- 
sivement dans  une  seule  direction  (par  agrégation  ?)  et  l'on  arrivait  ainsi  à  des  bâtonnets  très 
courts,  lesquels  pouvaient  atteindre  la  longueur  normale  de  la  neige  aciculaire  et  même  tomber 
en  flocons  ;  ordinairement  ces  changements  successifs  avaient  lieu  de  manière  qu'aux  granules, 
à  un  certain  moment,  s'ajoutaient  des  bâtonnets  devenant  ensuite  prédominants,  éventuellement 
exclusifs.  Le  phénomène  inverse  pouvait  caractériser  la  fin  de  la  chute,  les  granules  repassant 
alors  à  la  bruine.  Il  arrivait  aussi  que  les  granules  précédaient  et  suivaient  la  chute 
d'aiguilles,  sans  être  eux-mêmes  précédés  ou  suivis  par  de  la  bruine,  ou  bien,  dans  de  courtes 
chutes,  granules  et  aiguilles,  reliés  par  des  formes  de  transition,  pouvaient  constamment 
coexister. 

Poudrin. 

Cette  espèce  de  précipitation,  bien  connue  partout  où  le  froid  est  suffisamment  intense, 
était   évidemment   un  phénomène  ordinaire   dans   nos  parages. 

Comme  partout,  le  poudrin  s'observait  presque  toujours  par  temps  calme  et  température 
suffisamment  basse  (J),  ordinairement  peu  abondant,  rarement  en  vrai  brouillard.  Il  se  formait, 
selon  toutes  probabilités,  dans  les  couches  les  plus  inférieures  de  l'atmosphère.  Souvent  on 
constatait  simultanément  des  phénomènes  de  halos,  de  parhélies,  de  cercle  zénithal,  de 
fontaines  lumineuses  au  sommet  du  mât,  lesquels  semblaient  généralement  apparaître  et 
disparaître  avec   lui  (2). 

Il  était  plus  difficile  à  étudier  que  la  neige  proprement  dite.  En  effet,  ses  individus, 
très  petits  et  très  fins,  ne  trahissaient  d'ordinaire  leur  présence  que  par  des  points  brillant 
dans  l'air  et  descendant  avec  une  lenteur  extrême,  faits  qui,  joints  à  leur  évaporation 
rapide  et  même  à  leur  fonte  sous  la  simple  action  de  la  chaleur  du  corps  de  l'observateur, 
rendaient  des  plus  difficile  la  préparation  microscopique.  D'autres  circonstances  s'ajoutant, 
je  n'observai  que  quelques   fois   au   microscope  cette  précipitation   intéressante. 

C'étaient  exclusivement  des  formes  lamellaires,  de  diamètre  dépassant  rarement  i  milli- 
mètre et  très  communément  inférieur  à  omm,5,  ordinairement  en  lamelles  hexagonales  simples  ou 
en  étoiles  le  plus  souvent  à  champ  central.   Parmi  les  étoiles  dépourvues  de  champ  central,  je 


(i)  Nombre  d'observations  où  le  poudrin  a  été  noté  :  55  (chiffre  sans  doute  trop  bas)  ;  température  moyenne  : 
—  iq°,o  ;  température  maximale  :  — 7°,3  ;  température  minimale  :  — 36°,5. 

(2)  Voir,  dans  la  présente  collection,  le  journal  des  phénomènes  optiques  observés  pendant  l'hivernage  de  la 
Belgica,  rédigé  par  H.  Arctowski. 


46 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


n'en  ai  jamais  vu  à  rayons  portant  des  appendices  bien  développés.  Les  formes  frappaient  par 
leur  beauté,  due  à  une  symétrie  parfaite,  à  leur  finesse,  leur  poli,  leur  éclat,  leur  transparence. 

Quant  à  leur  structure,  on  y  remarquait  des  lignes  d'épaississement,  des  lignes  d'accrois- 
sement latéral,  des  lignes  limitant  des  lamelles  internes,  des  cavités,  tout  comme  dans  la 
neige  lamellaire  ordinaire.  Quelques-uns  des  exemples  observés  sont  représentés  dans  la 
figure  25  (au   premier  stade   d'évaporation,  éventuellement   de   fonte). 

Parfois,  sur  les  spécimens  les  plus  épais,  j'ai  pu  présumer,  de  la  présence  d'une  bordure 
foncée,    la  troncature   des   arêtes. 

Les  individus  montraient  une  tendance  très  marquée  à  former,  par  leurs  faces  basales, 
des  groupements   réguliers,   centraux  ou   excentriques. 


FlG.    25 


Neige  couverte  de  givre. 


Dans  nos  parages,  la  formation  du  givre  aux  dépens  des  particules  de  la  brume  aussi 
bien  qu'aux  dépens  de  la  vapeur  invisible,  était  un  phénomène  journalier.  Évidemment,  il 
pouvait  se  déposer  sur  l'eau  solidifiée  comme  sur  des  substances  étrangères,  saupoudrant 
alors  ou  hérissant  de  jolis  bouquets  la  glace  fraîchement  formée  dans  les  fentes  du  pack, 
ou  se  développant,  sous  les  yeux,  sur  la  neige  tombée.  Il  est  tout  naturel  aussi  que  la  neige 
puisse   se   couvrir  de  givre  pendant   sa  chute  même. 

En  effet,  dans  la  majorité  des  cas,  les  formes  de  neige  montraient  un  dépôt  de  givre, 
tout  à  fait  analogue  d'ailleurs  à  celui  qui  se  déposait  sur  des  objets  quelconques;  seulement, 
le  support  étant  ici  un  cristal  et  de  même  substance,  on  constatait  naturellement,  dans  le 
cas  de  givre  cristallin,  une  orientation,  parfois  un  arrangement  déterminés  des  éléments  de 
celui-ci. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  47 


Le  plus  souvent  on  l'observait  sur  la  neige  aciculaire,  qui  plutôt  rarement  était  lisse, 
et   sur   les  étoiles   dendritiques  ;    le   moins  souvent   sur   la   neige   prismatique. 

L'abondance  du  dépôt  et  le  développement  de  ses  éléments  variaient  suivant  la  chute, 
suivant  le  moment  et  dans  le  même  moment  d'une  chute.  Les  formes  absolument  lisses  à 
un  moment  donné  (par  exemple  au  début)  pouvaient  montrer  successivement  un  dépôt  de 
plus  en  plus  abondant  et  de  plus  en  plus  développé,  ou  inversement.  Il  pouvait  varier  aussi  sur 
le  même  individu  suivant  les  portions  envisagées,  et  pouvait  aller  non  seulement  jusqu'à  couvrir 
complètement  le  support,  mais  encore  jusqu'à  en  masquer  tout  à  fait  les  contours  et  à  le  rendre 
absolument  méconnaissable.  L'abondance  de  givre  pouvait  parfois  varier  nettement  suivant  les 
différentes  espèces  de  neige  tombant  simultanément  ;  ainsi,  une  fois,  des  étoiles  tombant  en  même 
temps  que  des  aiguilles,  les  premières  étaient  fortement  recouvertes,  les  secondes  très  faiblement. 

Le  givre  d'aspect  amorphe,  c'est-à-dire  sans  limites  cristallines  reconnaissables,  semblait 
ici,  comme  dans  le  givre  ordinaire,  se  produire  de  préférence  dans  la  brume  et  à  des  températures 
plus  élevées;  le  givre  cristallin,  à  des  températures  plus  basses.  A  défaut  d'étude  des  phénomènes 
optiques,  je  ne  saurais  évidemment  dire  si  les  formes  de  givre,  amorphes  extérieurement, 
l'étaient  aussi  intérieurement. 

Givre  granuleux. 

Le  plus  commun. 
Forme.  Grains  : 

a)  D'aspect  amorphe,   comme  de   simples  gouttelettes  d'eau   figées  ; 

b)  D'aspect  cristallin  :  prismes  simples  ;  prismes  à  troncature  sur  les  arêtes  de  la  base, 
donc  surmontés  d'une  (?)  ou  de  deux  pyramides  pointues  ou  tronquées  ;  pyramides  simples  (?) 
ou  doubles.  Le  prisme  simple  et  la  combinaison  du  prisme  avec  la  pyramide  tronquée  étaient  les 
formes  cristallines  les  plus  communes.  La  différence  entre  la  longueur  et  l'épaisseur  des  grains 
n'était  généralement  pas  très  sensible  ;  les  prismes  considérablement  allongés  suivant  l'axe 
principal  étaient  peu  fréquents,  moins  encore  les  prismes  fortement  aplatis,  c'est-à-dire  en 
lamelles. 

Les  grains  d'aspect  amorphe  et  ceux  d'aspect  cristallin  coexistaient  très  souvent  sur 
le  même  support,  leurs  dimensions  oscillant  sensiblement  dans  les  mêmes  limites.  En  outre, 
toujours  sur  un  même  support,  on  trouvait  des  grains  que  l'on  aurait  dit  d'aspect  intermé- 
diaire (grains  d'aspect  amorphe  tendant  à  la  forme  polyédrique  ;  grains  cristallins  à  arêtes  et 
angles  peu  distincts). 

Dimensions  :  Toujours  au-dessous  d'un  dixième  de  millimètre  ;  variables,  une  certaine 
grandeur  moyenne,  oscillant  dans  des  limites  restreintes,  semblant  pourtant  prédominer.  Les 
grains  juxtaposés  pouvaient  parfois  se  fusionner  plus  ou  moins  ;  il  en  résultait  des  grains 
composés,  de  dimensions  anormales  ;  et  comme  les  grains  cristallins  étaient  orientés  uniformé- 
ment, conformément  au  cristal  support,  une  telle  fusion  pouvait  simuler  un  simple  individu, 
qui    lors  de   la  fonte  pouvait  trahir  son   origine  composée. 

Dans  la  figure  26  sont  reproduits,  dans  la  position  sous  laquelle  ils  se  sont  présentés, 
des   grains  de  givre  observés  au   microscope. 

1.  Sur  la  neige  lamellaire  (surtout  sur  les  étoiles  dendritiquesK  Sur  une  face  basale 
de  la  lamelle,  les  grains  cristallins  semblaient  toujours  fixés  de  façon  que  leurs  axes  principal 


4S 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


et  secondaires  fussent  parallèles  à  ceux  du  support  ;  sur  un  bord,  donc  sur  une  face  latérale,  leur 
mode  de  fixation  était  difficile  à  saisir  ;  souvent  pourtant  j'ai  pu  voir  leur  axe  principal 
parallèle  au   plan   basai   du   support   et   perpendiculaire  au   bord   correspondant. 

Les  grains  pouvaient  être  développés  sur  les  deux  faces  basales  du  support,  et  générale- 
ment alors  sur  l'une  plus  que  sur  l'autre  ;  ils  pouvaient  aussi  n'intéresser  qu'une  seule  face  ; 
ces  diverses   alternatives  s'expliquent   facilement. 


A<("\      Aiïf&\        B'f 


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Fig.  26 


H 


Leur  répartition  sur  une  même  face  pouvait  être  irrégulière,  très  capricieuse  :  par  exemple, 
certains  rayons  de  l'étoile  couverts  totalement,  les  autres  peu  ou  point.  Mais  la  tendance  à 
une  localisation  plutôt  périphérique  était  bien  marquée  ;  souvent  les  deux  régions,  centrale 
et  périphérique,  étaient  nettement  séparées  ;  ainsi  il  arrivait  que  les  hexagones  incomplets 
terminaux  des  rayons  étaient  couverts  de  givre,  tout  le  reste  en  étant  totalement  dépourvu. 
La  tendance  inverse  était  plutôt  rare  et  ne  s'accusait  nettement  que  dès  le  moment  où  le 
dépôt  de  givre  se   composait   de   plus   d'une   couche. 

L'accroissement  latéral  des  grains  juxtaposés  d'une  même  face  pouvait  en  amener 
la   fusion,    d'où   des  grains   composés,    des   formations  bizarres,    un  réseau   capricieux. 

Dans  les  cas  de  givre  relativement  peu  abondant,  l'étoile  conservait  encore  ses  particularités 
de  forme,  seulement  la  surface  perdait  son  aspect  lisse,  délicat,  et  devenait  rugueuse,  grossière. 
Si  le  givre  était  plus  abondant,  les  contours  des  rayons  et  des  appendices  se  déformaient, 
ceux-ci  se  soudaient,  mais  les  limites  globales  de  l'étoile  étaient  encore  reconnaissables. 
A  partir  de  ce  stade  du  développement  du  givre,  la  surface  de  l'étoile  paraissait,  à  l'œil 
nu,  ou  bien  absolument  couverte  de  rugosités,  prenant  ainsi  un  aspect  grossièrement  grenu, 
ou,  au  contraire,  tout  à  fait  lisse,  d'un  blanc  d'éclat  faible,  comme  enduite  de  chaux. 
L'étude  microscopique  a  montré  que  dans  ce  dernier  cas  les  grains,  de  grandeur  plus  ou 
moins  uniforme,  bien  serrés,  étaient  disposés  plus  ou  moins  uniformément,  sans  lacunes 
ni   encombrements  locaux,    et    que  dans    le    premier   cas    l'inverse    avait    lieu.   —   A  un   stade 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


49 


encore  plus  avancé,  on  a,  quelle  que  soit  la  forme  primitive  du  support,  une  plaque  épaisse, 
lourde,  à  contour  vaguement  polygonal,  montrant  encore  les  six  côtés  ou  seulement  cinq  ou 
quatre.  —  Enfin,  quand  le  dépôt  de  givre  se  présentait  en  couches  superposées,  la  forme 
lamellaire  disparaissait  et  l'on  arrivait,  par  des  séries  de  formes  de  transition,  ou  bien  à 
une  motte  irrégulière,  plus  ou  moins  isodiamétrique,  ou  bien  à  des  formations  pyramidoïdes.  Ces 
dernières  impliquent  une  tendance  progressive  des  grains  à  se  localiser  vers  le  centre  du 
support  et  à  étager,  sur  une  face  de  celui-ci,  des  couches  successives  de  diamètre  décroissant. 
Parfois  une  telle  formation,  vue  d'en  haut,  au  faible  grossissement,  montrait  une  série  de 
lignes  concentriques,  alternativement  sombres  et  claires,  représentant  les  limites  de  ces  couches. 
Comme  on  pouvait  le  prévoir,  ces  pyramidoïdes  étaient  ou  bien  simples,  à  base  plane  ou 
plus  ou  moins  convexe,  ou  bien  doubles,  l'un  des  composants  étant  moins  développé,  c'est-à-dire 
moins  haut  que  l'autre  ;  la  base,  comme  les  plaques  épaisses  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  était  vaguement  polygonale,  à  six,  cinq  ou  quatre  côtés  encore  distincts  ;  les  angles 
et  les  arêtes  étaient  arrondis  et  souvent  très  peu  distincts,  d'où  l'aspect  plutôt  conoïde  du 
spécimen  ;  la  hauteur  des  pyramidoïdes  d'une  même  chute  était  variable,  tandis  que  le  diamètre 
de  la  base  changeait  peu  ;  le  sommet  était  arrondi  ;  la  pyramide  pouvait  être  tronquée  à 
différentes  hauteurs  (suivant  différents  stades),  la  troncature  pouvant  être  plane  ou  bombée. 
Les  dessins  de  la  figure  27  en  représentent  des  exemples  (C',  C",  vus  d'en  haut  ;  D1,  D11 ,  D111, 
vus  de  profil).  Les  formes  de  transition  se  présentaient  en  formations  piano-convexes  ou 
biconvexes,  souvent  encore  à  six  pointes  de  rayons  distinctes  (exemple  fig.  27,  A',  A",  face; 
B',  B",  profil)  ('). 


ac& 


An 


■•~*YS?S'-;. 


profil 


f« 


ace 


profil 


C* 


•  ■.•■-isp.s 


D 


-vïSïSSîiS 


'  éZÉ& 


Fig.  27 


2.  Sur  la   neige  prismatique. 

Dans  les  grains  cristallins,  le  prisme  simple  semblait  la  forme  de  beaucoup  dominante  ; 
ils  étaient   aussi   plus  souvent  allongés  que   sur  les  lamelles,    et    alors   fort   minces. 

Dans  les  cas  où   les   prismes  de  neige  cédaient   la  place  à  des  formations   lamellaires 


(1)  Des  formations  analogues  ont  été  observées  par  Pémard  :  «  Cristaux  complètement  recouverts,  sur 
une  ou  deux  faces,  de  globules  d'eau  figées.  Parfois  ces  perles  de  glace  s'allongent  et  donnent  à  l'étoile 
l'apparence  d'une  petite  boule  de  neige  aplatie  aux  deux  pôles  et  garnie  de  six  encoches  sur  ses  méridiens.  » 
(Arch.  des  se.  phys.  et  natur..    1890,  3o,  pp.  65S-66o.) 


VII 


D     2 


5o 


EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


qui  leur  semblaient  apparentées,  le  givre  montrait  parfois  une  modification  analogue  et 
parallèle  ;  ainsi  les  grains  prismatiques  allongés  étaient  peu  à  peu  remplacés,  partiellement 
ou  totalement,   par  des   formes  aplaties   semblables  à   celles-ci. 

Sur  les  faces  latérales  du  prisme,  les  grains  cristallins  étaient  généralement  fixés,  leur 
axe  principal   perpendiculaire  à  la  face   correspondante. 

Les  grains  juxtaposés  pouvaient  se  fusionner  à  des  degrés  variables,  de  même  les 
grains   superposés,    d'où   différentes   formations  irrégulières  (croûtes,   excroissances). 

L'abondance  du  givre  pouvait  être  telle  qu'on  n'avait  plus  sous  les  yeux  qu'un  amas 
grenu   informe. 

3.  Sur  la   neige  aciadairc. 

L'aspect  cristallin  ne  se  présentait  jamais  de  façon  distincte,  peut-être  à  cause  de  la  fonte. 

Sur  les  aiguilles  simples,  dont  l'épaisseur  ne  différait  le  plus  souvent  pas  sensiblement 
du  diamètre  des  grains,  entre  autres  dispositions  permises  par  la  forme  du  support,  on  pouvait 
trouver  un  ou  plusieurs  chapelets  parallèles  à  l'axe  de  l'aiguille,  ou,  parfois,  de  courts 
chapelets  perpendiculaires  à  cet  axe,  d'où  l'aspect  ramifié  de  l'aiguille.  Les  grains  d'un 
chapelet  pouvaient  se  fusionner  à  des  degrés  variables,  et  il  pouvait  éventuellement  en 
résulter  un  bâtonnet  longitudinal  ou  transversal,  ne  montrant  que  lors  de  la  fusion  son 
caractère  composé.  Nous  avons  vu  que  les  aiguilles  isolées  semblaient  parfois  composées  de 
grains  alignés  et  soudés  et  que  celles  d'aspect  uni  pouvaient,  dans  le  cours  de  leur  fonte, 
se  différencier  en   pièces  analogues   à  des  grains   de  givre. 

Givre   en  soies  de  glace. 


D'aspect  tout   à  fait   amorphe,    il   hérissait   la   surface  des   lamelles,    des  prismes  et  des 

aiguilles,    le    plus    souvent    recouverte    déjà    d'une    couche    de    givre  granuleux. 

Souvent    ces    soies    de    glace    étaient    difficiles    à    distinguer    des    chapelets    de   grains 

fusionnés. 

Des    lamelles,  aussi    bien    isolées    que    combinées    aux    prismes,     elles    n'intéressaient 

ordinairement    qu'une    seule    face,    fixées   verticalement  ;    sur    les    faces    latérales    des    prismes 

et   sur  les  aiguilles,   elles  étaient   aussi   perpendiculaires  (exemple  fig.   28,  A,  prisme  combiné 

à  deux  lamelles'». 

Quand  elles  étaient  peu  nombreuses,  leur  disposition  était  parfois  régulière  ;  par  exemple, 

on  pouvait  voir  six  soies  identiques  sur  une  même   face  d'une  lamelle,  fixées  sur  ses  angles 

(éventuellement   sur  les    extrémités   des    rayons).    Dans    deux   cas,    identiques    à   cet    exemple, 

chaque    paire    de    soies    voisines   était    de    plus    reliée    par    une    membrane    de   glace    d'une 

minceur   extrême,   un    bord  appuyé 

sur     la     lamelle,     l'autre     concave. 

B1  °i  la  Comme  schémas  de  cette  disposition 

régulière,   voir  figure   28,   B1  (face), 

B»  (profil),  B'"  (■). 
Fig.  28 


lllllllllllll 

z= 

|M'll|IH|ii| 

— 

(1)  G.  Nordenskjôld,  qui  avait  observé  ce  même  fait  curieux,  dit  que  ces  soies  étaient  des  prismes  hexagonaux 
minuscules  (1.  c,  chapitre:  «Flocons  de  neige  formés  d'un  amas  de  tables  hexagonales»,  fig.  3).  Dans  mes  observations, 
ces  soies  ne  montraient  aucunes  limites  cristallines. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


5i 


Givre  en  buissons. 


Observé  exclusivement  sur  la  neige  lamellaire. 

Le  point  de  départ  d'un  buisson  semblait  un  grain,  de  dimensions  inférieures  à  la 
normale  du  givre  granuleux.  La  première  ébauche  se  présentait  au  microscope  en  petite 
excroissance,  excessivement  délicate,  irrégulièrement  zigzaguée  ;  les  coudes  de  ce  zigzag 
montraient  un  épaississement,  souvent  distinct  comme  un  petit  grain  de  givre,  et  une 
tendance  à  émettre  des  ramifications  de  même  nature  (fig.  29  ;  A,  grossissement  faible  ;  C, 
fragment,  grossissement  moyen).  A  ce  stade,  le  support  apparaissait,  à  l'œil  nu,  comme 
saupoudré   de  farine. 

A  un  stade  plus  avancé,  le  givre  simulait  des  buissons  morts,  plus  hauts  que  larges,  la 
ramification  se  faisant  dans  tous  les  plans  et  de  la  façon  la  plus  capricieuse  (fig.  29,  B!,  Bu  ). 

Quant  à  la  disposition  de  ce  givre  sur  une  même  lamelle,  elle  était  analogue  à  celle 
du  givre  granuleux,    avec  renforcement   de  la  tendance  vers  la  localisation  périphérique. 

Quand  ils  étaient  suffisamment  longs,  on  pouvait  souvent  estimer,  plus  ou  moins 
grossièrement,  surtout  quand  ils  bordaient  les  limites  latérales  de  la  lamelle,  le  plan  dans 
lequel  ils  se  trouvaient,  et  l'angle  qu'ils  formaient  avec  le  support  ;  cet  angle,  ouvert  tantôt 
vers  le  centre,  tantôt  vers  la  périphérie,  semblait  généralement  rapproché  de  6o°  et  se  trouvait 
dans  un   plan  vertical   passant   par  le  centre. 

Dans  les  cas  où  les  buissons  bordaient  les  portions  distales  des  rayons  et  étaient  tous 
inclinés  de  même  façon,  il  en  résultait  l'ébauche  d'un  pvramidoïde  creux,  chacune  des  faces 
triangulaires  futures  communiquant  avec  l'intérieur  par  une  fente  médiane.  Les  buissons 
continuant  à  se  développer  et  à  se  multiplier  sur  la  même  face  du  support,  sans  toutefois  en 
recouvrir  le  centre,  on  arrivait  ainsi  à  une  des  deux  formations  pyramidoïdes  suivantes  : 
dans  le  cas  où  l'angle  des  buissons  était  ouvert  vers  le  centre,  on  avait  une  pyramide  à  base 
formée  par  la  lamelle  support,  à  sommet  tronqué  à  des  hauteurs  différentes  suivant  celles 
des  buissons,  à  cavité  axiale  se  rétrécissant  vers  le  sommet  et  y  affleurant,  à  faces  trapézoïdes, 
se  rapprochant  du  triangle,  enfoncées  suivant  leur  ligne  médiane  (fig.  29,  D1,  Dn  )  ;  dans  le 
cas  où  l'angle  des  buissons  était  ouvert  vers  la  périphérie,  on  avait  une  pyramide  renversée, 
à  sommet  toujours  tronqué,  la  surface  de  troncature  étant  donnée  par  la  lamelle  support,  à 
base  plus  ou  moins 
large  suivant  la  lon- 
gueur des  buissons  et 
formée  par  l'ensemble 
des  extrémités  de  ceux- 
ci,  à  cavité  axiale 
affleurant  à  la  base 
(fig.  29,  E).  Dans  les 
deux  cas,  la  cavité 
axiale  et  les  enfonce- 
ments médians  des 
faces  latérales  étaient 
toujours  plus  ou  moins  Fig.  29 


BJ 


x<^9 


Ba 


52 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


distincts  ;  par  contre,  le  support  pouvait  être  masqué,  quand  un  léger  dépôt  de  givre  se 
développait  un  peu  sur  la  seconde  face.  On  pouvait  facilement  dissocier  ces  pyramides,  suivant 
des  plans  passant  par  l'axe,  en  six  pièces,  formées  chacune  des  deux  moitiés  adjacentes  de 
deux  sextants  voisins. 


Givre  en  plumes. 


Observé   exclusivement   sur   la   neige   lamellaire. 

C'étaient  des  tiges  fines,  portant  des  rameaux  latéraux  serrés,  développés  fortement 
ou  très  faiblement  et  inclinés  sur  elles  de  6o°.  Les  deux  systèmes  de  branches,  occupant 
les  deux  côtés  d'une  tige,  se  trouvaient  d'ordinaire  dans  un  même  plan,  plus  rarement  dans 
deux  plans  différents  formant  entre   eux   un   angle  variable. 

Généralement  ces  plumes  formaient  des  angles  variables  sur  une  même  face  du  support; 
on  remarquait  pourtant  le  plus  souvent  l'angle  rapproché  de  6o°,  ouvert  vers  le  centre  ou 
la  périphérie,  et  situé  dans  un  plan  perpendiculaire  au  support  et  passant  par  son  centre. 
Parfois   l'angle   des   plumes   d'une   lamelle   était   plus  ou   moins  constant. 

Quand  elles  atteignaient  une  longueur  considérable  sur  une  étoile  dendritique,  on 
aurait   dit   que   l'on   avait   affaire  à   des   rayons   surnuméraires. 

Leur  abondance  et  leur  développement  ainsi  que  leur  distribution  sur  un  même 
support  variaient  de  même  façon  que  dans  le  givre  granuleux.  Elles  pouvaient  se  fixer  à 
plusieurs  sur  un  même  point,    donnant   ainsi   de   petits   bouquets. 

Quand  elles  étaient  peu  nombreuses,  leur  disposition  était  parfois  régulière.  Exemples  : 

a)  Six  plumes  (trois  dans  le  cas  d'hémiédrie  du  support)  identiques  fixées  aux  angles  de 
la  lamelle  (éventuellement  aux  extrémités  des  rayons),  formant  avec  le  support  un  angle  de 
6o°,  ouvert  vers  la  périphérie  et  situé  dans  un  plan  vertical  passant  par  les  axes  de  la  lamelle 
(éventuellement   par  les   axes   des  rayons).    (Fig.    3o  ;    A1,   face  ;   A" ,   profil.) 

b)  Le  même,  mais  où  les  plumes  sont  fixées  vers  le  milieu  des  axes  de  la  lamelle, 
à   égale   distance   du   centre.    (Fig.    3o  ;   B1,    face;   Bn ,    profil.) 

c)  Le  même,  mais  où  les  plumes  sont  fixées  au  centre.  (Fig.  3o  ;  C,  profil.)  Dans  ce 
dernier  exemple,  si  le  support  était  une  étoile  sans  champ  central,  on  obtenait  une  sorte 
d'étoile  à  rayons   multiples  disposés  dans  plusieurs   plans. 

Comme  il  était  à  prévoir,  on  trouvait  aussi  des  formations  pyramidoïdes  tout  à  fait 
comparables  à   celles  constituées  par   le  givre  en   buissons. 


Aa 


B' 


Bn 


Fig.  3o 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  53 


Groupements  de  cristaux  de  neige. 

La  neige  à  givre  cristallin  représente  l'agrégation  d'un  cristal  de  neige  et  de  cristaux 
de  givre.  De  tels  agrégats  supposent  toujours  un  support  primitif,  qui  est  le  cristal  de  neige, 
et  le  dépôt  cristallin,  qui  est  un  phénomène  ultérieur.  Les  individus  de  ce  dernier  sont 
ordinairement  très  petits  et  ne  se  retrouvent  pas,  en  général,  dans  leur  forme  et  dans  leurs 
dimensions,    comme  cristaux  isolés. 

Dans  les  groupements  dont  nous  allons  parler  ici,  il  est  généralement  difficile  de 
distinguer,  du  moins  d'une  façon  non  arbitraire,  un  «  support  »  et  un  «  dépôt  »,  ainsi  que  de 
se  rendre  compte  si  leurs  éléments  constitutifs  étaient  groupés  dès  l'origine  ou  non.  Leurs 
éléments  constitutifs  se  retrouvent  généralement,  dans  leur  forme  et  leurs  dimensions,  en 
individus   isolés,    souvent  même  à  côté   d'eux. 

Parmi  ceux  que  nous  décrirons,  il  se  peut  qu'il  se  trouve  des  formes  qui  n'en  aient 
que  l'apparence. 

Quelquefois  j'ai  remarqué,  lors  de  la  fonte,  que  certains  de  ces  agrégats  se  dissociaient 
ou  se  laissaient   facilement   dissocier  en   leurs   éléments  constitutifs. 

Il  est  à  peine  nécessaire  de  remarquer  qu'entre  la  neige  à  givre  cristallin  et  les  groupe- 
ments de  cristaux  de   neige  il   n'existe  pas  de   ligne  de   démarcation. 

Agrégats  montrant  une  certaine  régularité. 

Les  agrégats  radiaires  de  prismes  hémimorphes,  les  combinaisons  d'un  prisme  avec 
une  ou  plusieurs  lamelles,  et  les  faisceaux  d'aiguilles  parallèles  ayant  été  mentionnés  plus 
haut,    il  ne   nous   reste  à   parler  que   de  ceux  de   la  neige   lamellaire. 

Le   parallélisme   des   bords  est   la  règle  générale. 

A.  Agrégats  de  lamelles  hexagonales  simples  parallèles. 

Très  communs. 

1.  Par   leurs  faces   basâtes. 

i.  Les  centres  coïncident.  Naturellement,  ces  agrégats  n'étaient  distincts  comme  tels 
que  lorsque  les  diamètres  des  lamelles  agrégées  différaient.  Ils  ont  déjà  été  mentionnés  dans 
le  chapitre  relatif  aux  cavités  internes  de  la  neige  lamellaire.  Une  fois  j'en  ai  observé  un 
composé   de  quatre   lamelles  concentriques   (fig.    3i  ;   A1,   face;   A11,   profil). 

2.  Les  centres  ne  coïncident  pas. 

a)  Coïncidence  d'un  axe  secondaire  (fig.  3i,  B').  Quelquefois  on  avait  six  lamelles 
égales,  relativement  très  petites,  occupant  les  angles  d'une  centrale,  plus  grande  (fig.  3i,  Bn); 
une  fois  ces  six  lamelles  étaient  allongées  dans  le  sens  de  l'axe  de  coïncidence,  donc  radia- 
lement   par  rapport   à   la  lamelle  centrale   (fig.    3i,   Bm). 

b)  Coïncidence   d'une  bissectrice  du  sextant  (')   (fig.    3i,    C). 

c)  Arrangement   quelconque. 

II.  Par  les  bords  ou  les  angles  (c'est-à-dire  faces  et  arêtes  latérales).  Rares.  Fig.  3i, 
DT-DIV.  J'ai  vu  une  fois  six  lamelles  hexagonales  égales,  relativement  très  petites,  occupant 
les    angles  d'une  centrale,   plus  grande  (fig.   3i,   DIV). 


(i)    Voir  remarque  (i)  au  bas  de  la  page  19. 


5+  EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 

Remarque.  Les  agrégats  de  lamelles  hexagonales  parallèles  en  nombre  suffisant  montraient 
parfois  une  tendance  à  la  formation  d'une  lamelle  hexagonale  composée.  Figure  3i,  E,  en  est 
l'exemple  le  plus  simple  ;  c'est  un  agrégat  de  trois  lamelles  constituant  presque  la  moitié 
d'une  lamelle  d'ordre  supérieur.  Les  schémas  Bn ',  BHI  montrent  aussi  une  tendance  analogue. 
La  même  tendance  s'observait   dans   le   givre. 

B.    Agrégation  parallèle  et  par  les  faces  basâtes  d'une  étoile  sans  champ  central 

avec  des  lamelles  hexagonales  simples. 

Ces  lamelles,  très  minces,  transparentes,  sans  structure,  étaient  très  petites  relativement 
à  l'étoile.  Leur  localisation  était  le  plus  souvent  centrale.  Si  elles  étaient  allongées,  leur 
grand  axe  passait  par  le  centre  de  l'étoile  et  pouvait  coïncider  avec  celui-ci,  soit  par  son 
milieu  (cas  rare),  soit  par  un  point  quelconque,  soit  par  un  point  qui  serait  le  centre  d'un 
hexagone  régulier  découpé  aux  dépens  d'une  extrémité  de  la  lamelle  allongée  (fig.  3l,  F). 
De  beaux  exemples  de  cette  agrégation,  très  commune,  se  trouvent  clans  les  photographies 
de   Hellmann   (Taf.    I   et   IV,   nos  5   et  6). 

C.   Agrégation  parallèle,   par  les  faces   basâtes,    d'étoiles  généralement  sans  champ   central. 

1.  Agrégation   centrale. 

i.    Les  axes  secondaires,   donc  les  axes  des  rayons,   coïncident. 

a)  Deux   étoiles   entières  :    aspect   d'une   étoile   entière  en    rayons   doubles. 

b)  Une  étoile  entière,  l'autre  fragmentaire  :  aspect  d'une  étoile  à  six  rayons,  dont 
deux  à  cinq  doubles. 

c)  Deux  étoiles  fragmentaires  :  tendance  à  se  compléter  mutuellement  de  façon  à  réaliser 
ou  à  se  rapprocher  d'une  étoile  entière  (fig.  3i,  G).  La  figure  45  des  photographies  de 
G.    Nordexskjold   semble  en   présenter  un  exemple. 

d)  Une  étoile,  entière  ou  fragmentaire,  combinée  à  un  ou  plusieurs  «  rayons  »  indé- 
pendants. L'extrémité  supposée  proximale  de  ces  «  rayons  »  supplémentaires  coïncidait  ou 
non  avec  le  centre  de  l'étoile  supposée  entière  ;  c'était  parfois  leur  extrémité  distale  qui  était 
dirigée  vers  le  centre  du  support.  Même  tendance  que  dans  le  cas  précédent.  Aspect  :  étoile 
composée,    entière   ou   fragmentaire. 

2.  Les  axes  secondaires,  donc  les  axes  des  rayons,  ne  coïncident  pas.  Aspect  :  étoile  à  douze  rayons 
(les  deux  étoiles  supposées  entières).  Le  plus  souvent  les  rayons  d'une  des  étoiles  formaient 
avec  ceux  de  l'autre  un  angle  de  3o°,  cet  angle  pouvant  aussi  être  quelconque  (fig.  3i,  H1,  H11). 

IL    Agrégation   excentrique. 

Différents  cas   analogues,    mutatis  mutandis,   à  ceux  d'agrégation  centrale. 

D.  Agrégation,  par  les  faces  basâtes,  de  lamelles  hexagonales  et  de  formations  lamellaires  allongées. 

L'ensemble  donnant  parfois  une  vraie  étoile,  entière  ou  fragmentaire,  à  rayons  munis 
d'appendices   (fig.    3i,  J). 

E.   Agrégation  autre  que  par  les  faces  basâtes. 

Agrégation  d'une  étoile,  généralement  sans  champ  central,  entière  ou  fragmentaire, 
et    de    fragments,    réduits  à   un    ou  à  deux  rayons,  fixés    par  leur    pointe    sur  une   ou    sur    les 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


55 


deux  faces  du  support.  Analogie,  quant  à  la  variation  de  leur  abondance  et  de  leur  répartition,  avec 
les  plumes  de  givre,  dont  ils  diffèrent  en  ce  qu'en  même  temps  tombaient  aussi  des  fragments 
identiques  isolés.  L'angle  d'insertion  de  ces  rayons  surnuméraires  était  variable,  mais  tendait 
vers  6o°  ;  ordinairement  il  était  ouvert  vers  la  périphérie,  rarement  vers  le  centre  du  support. 
—  Sur  une  même  face,  leur  répartition  était  variable,  tantôt  quelconque,  tantôt  périphérique, 
tantôt  centrale  ;  il  y  avait  une  tendance  à  la  localisation  suivant  les  axes  secondaires,  donc 
suivant  les  axes  des  rayons  du  support.  Dans  le  cas  où  ces  rayons  surnuméraires  étaient 
fixés  au  centre  du  support  seulement,  on  avait  l'aspect  d'une  étoile  à  rayons  disposés  dans 
plusieurs  plans  ;  si,  dans  une  telle  formation,  le  centre  était  plus  ou  moins  enveloppé  de 
givre  granuleux,  les  rayons  semblaient  partir  d'un  noyau  grenu  (genre  2,  espèce  b  de  Scoreshy)  ; 
si  l'abondance  de  givre  était  suffisante,  on  arrivait  à  une  motte  grenue,  hérissée  encore  de 
pointes   (extrémités   des  rayons),   ou   même   ne  trahissant  en  rien   son  origine. 

Remarque.   Des  agrégats    montrant    une    certaine    régularité    et    analogues  à  ceux  que  je 
viens  de   décrire,    s'observaient   aussi   dans   le  givre. 


A'.JÙ.:-.- 


QIV 


Fig.  3i 


Agglomérations  irrégulières. 


Elles    semblaient    tout    à    fait    accidentelles  et  se  composaient,    en   général,    d'un   plus 
jrand  nombre  d'individus,  ceux-ci  d'une  même  espèce  ou  d'espèces  différentes.  Elles  pouvaient 


56  EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


aussi  représenter  la  réunion  d'agrégats  plus  ou  moins  réguliers,  et  d'un  autre  côté  se  combiner 
entre   elles  en  agglomérations   d'ordre   supérieur. 

Souvent  elles  étaient  bien  compactes,  surtout  celles  composées  de  prismes,  et  leurs 
éléments  constitutifs   peu   distincts,    surtout  quand   ils  étaient  déformés  ou  fragmentaires. 

Le  dépôt  de  givre  masquait,  naturellement,  la  forme  des  éléments,  en  donnant  l'aspect 
d'une  motte  grenue   informe. 

Flocons  de  neige. 

La  neige  en  touffes  d'éléments  généralement  non  soudés  n'était  pas  très  fréquente 
dans   nos  régions  : 

Nombre  d'observations   de   la   neige  non  floconneuse  :    890  ; 

Nombre  d'observations   de   la   neige   floconneuse  :    283. 

Celle-ci  entre  donc  pour  un  quart  à  peine  dans  l'ensemble  des  observations  où  la 
distinction   entre   la   neige   floconneuse  et   la  neige  non  floconneuse  a  été  faite. 

Elle   n'apparaissait  généralement   qu'à   des  températures  élevées  : 

Température  :  Pour  cent  d'observations  de  la  neige  floconneuse  : 

de   +i°,o  à     — 5°,o  83"  ., 

de  — 5°,i  à  — io°,o  9% 

au-dessous  de — io°,o  8% 

d'où  45  °/0  pour  la  température   oscillant   autour  du  zéro. 

Les  flocons  pouvaient  se  composer  de  cristaux  d'une  même  espèce  ou  d'espèces  différentes, 
ou  bien  d'agrégats  ou  d'agglomérations  de  cristaux.  La  neige  aciculaire  et  les  étoiles  dendri- 
tiques  s'aggloméraient  le  plus  facilement  en  flocons,  la  neige  prismatique  le  moins  souvent. 
Fréquemment,  il  était  impossible  de  se  rendre  compte  de  leur  composition,  laquelle  pouvait  alors 
se  déduire  seulement  par  analogie  des  flocons  déchiffrables  qui  les  avaient  précédés  ou  suivis  ; 
ainsi  on  avait  assez  communément  affaire  à  des  flocons  se  pulvérisant,  aussitôt  tombés  sur 
l'écran,  en  grains  farineux.  —  Chose  à  prévoir,  les  flocons  marquaient  ordinairement  le 
maximum  d'intensité  de  la  chute,  et  leurs  dimensions,  qui  pouvaient  atteindre  quelques 
centimètres,  suivaient  l'abondance  de  celle-ci.  Parfois  pourtant  on  constatait,  par  temps 
calme,    des  chutes  d'énormes  flocons   sporadiques. 

Relations  entre  les  propriétés  des  cristaux  de  neige  et  la 

température  observée. 

Les  propriétés  de  la  neige  tombée  —  forme,  structure,  dimensions  —  doivent  être 
l'expression  des  propriétés  physiques  des  couches  où  elle  s'est  formée  et  par  lesquelles  elle 
a  passé  pendant  sa  chute,  et  même  pendant  sa  montée,  dans  le  cas  d'air  ascendant.  Si  cette 
relation  était  connue,  on  pourrait  d'un  de  ses  termes  conclure  à  l'autre.  Mais  dans  l'état 
actuel  de  nos  connaissances,  cette  relation  se  présente  encore,  pour  ainsi  dire,  en  équation 
avec  deux  inconnues.  Deux  méthodes  pourraient  concourir  à  la  déterminer  :  l'une,  par 
excellence  cristallographique  et  expérimentale,  c'est-à-dire  la  production  artificielle  des  cristaux 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


de  neige  dans  différentes  conditions  ;  l'autre,  météorologique,  c'est-à-dire  la  recherche  de 
données  sur  l'état  physique  des  couches  dans  lesquelles  la  neige  se  forme  et  par  lesquelles 
elle  passe. 

La  première  voie  n'a  pas  encore  été  explorée,  vu  les  difficultés  dont  elle  est  hérissée. 
L'étude  du  givre,  précipitation  qui  présente  nombre  de  formes  et  de  structures  rencontrées 
dans  la  neige,  et  des  conditions  dans  lesquelles  il  se  forme,  y  pourrait  peut-être  suppléer 
partiellement. 

Quant  à  la  seconde  méthode,  elle  a  été  utilisée  partiellement,  pendant  de  longues 
années,  par  YV.  A.  Bentley  et  avec  succès.  La  relation  entre  le  caractère  et  les  différentes 
portions  d'une  tempête  d'un  côté,  entre  la  forme  et  la  structure  de  la  neige  de  l'autre,  en 
est  le  principal  résultat.  Bentley  croit  que  l'on  pourrait  arriver  à  des  résultats  plus  positifs 
encore  par  des   observations  simultanées    sur    un    réseau    de    stations    suffisamment    serré. 

Partant  de  comparaisons  directes  entre  les  propriétés  de  la  neige  et  les  données 
météorologiques  concomitantes  prises  à  la  surface  du  sol,  il  semble  difficile  d'établir  des 
relations  positives  ;  en  effet,  ces  données  ne  correspondent  pas  nécessairement  à  celles  des 
régions  plus  élevées  de  l'atmosphère.  J'ai  cherché  une  relation  possible  entre  certaines 
propi'iétés  de  la  neige  (forme  et  dimensions)  et  la  température  observée  au  niveau  de  notre 
station  d'hivernage.   Les  résultats,   comme  on  le  verra,  ne  semblent  pas  bien  concluants. 

i.    Température  et  forme. 

Parmi  les  nouveaux  investigateurs,  G.  Hellmanx  a  cherché  si,  dans  ses  observations, 
à  certaines  limites  de  température  correspondait  la  prédominance  de  certaines  formes.  Avant 
envisagé  la  forme  lamellaire,  il  est  arrivé  à  un  résultat  tout  à  fait  défini  :  son  calcul  montre 
très  distinctement  qu'avec  l'abaissement  de  la  température  la  fréquence  des  lamelles  hexago- 
nales augmente,    et  que  celle  des  étoiles  sans  champ   central   diminue. 

Les  tableaux  ci-dessous  montrent  ce  qui  semblait  se  passer  au  cours  de  mes  observations. 


Nombre  d'observations 

de     +i°,o  à      —  5°,o 

de     — 5°,i  à  — io°,o 

de  — io°,i  à  — i5°,o 

au-dessous  de  — i5°,o 


de    +i°,o     à      —2°, 5 
Température  moyenne 
Température  minima 
Température  maxima 


Tableau  I. 

Neige  lamellaire. 

Neig 

e  prismatique. 

Neige  aciculaire 

454 

2l3 

206 

52.2  % 

62.5% 

84.6  0/0 

23.6 

24.4"  0 

12.9% 

18.9  °/° 
5.3% 

i3.i% 

{       2.5% 

100. 0 

100. 0 

IOO. O 

3o.3  % 

43.2 "  o 

66.2% 

—5°,  9 

—4", 4 

—  2°,4 

—210,9 

— 14°>7 

-i7°,6 

+i°,4 

—  i°,o 

4- i°,i 

VIII 


D 


5S 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


Tableau   1 1 . 

Lamelles  hexagonales  simples. 
Étoiles  sans  champ  central,         Étoiles  sans  champ  central,  lamelles  étoilées  à  champ 

appendices  bien  développés,  appendices  rudimentaires  ou  mils.         central  considérable 

relativement  aux  rayons. 

140  35  161 


43.6  % 

8.6  % 

22.9% 

34.3  % 

27.8  % 

54.3% 

5.7% 

2.8% 

100. 0 

100. 0 

-7^ 

— io°,o 

— 2i°,g 

-190,8 

+o°,7 

+o°,5 

59.6% 

21. 1  % 

i3.d% 

fi  3  0/ 

100. 0 

— 5°,i 

—190,8 

+o",8 

Nombre  d'observations 

de      +i°,o  à     —  5",o 

de     — 5°,r   à  — 10", o 

de  — io°,i   à  — i5°,o 

au-dessous  de  — i5°,o 


Température  moyenne 
Température  minima 
Température  maxima 

2.   Température   et   dimensions. 

Il  est  à  prévoir  à  priori  que  plus  la  température  de  formation  sera  basse,  plus  les 
cristaux  de  neige,  eeteris  paribus,  seront  petits,  la  quantité  de  vapeur  diminuant  avec  l'abais- 
sement de  la  température.  Mais  les  données  de  la  station  peuvent  ne  pas  toujours  démontrer 
cette  relation,  la  température  des  couches  inférieures  de  l'atmosphère  pouvant  notablement 
différer    de    celle    des    couches  supérieures. 

Le  tableau  de  G.  Hellmann  montre  cette  relation  d'une  façon  évidente.  Ayant 
envisagé  les  étoiles  sans  champ  central,  cet  auteur  a  calculé,  d'après  ses  microphotographies, 
que  les  dimensions  des  cristaux  de  cette  classe  diminuent  très  nettement  avec  la  tempé- 
rature   et    à    peu    près    dans    les    mêmes    proportions    que    la    quantité    de   vapeur. 

Les  dimensions  étant  aussi  fonction  de  la  forme,  j'ai  pris,  dans  la  neige  lamellaire, 
une    forme   tout    à    fait    définie    et    assez    fréquente,    la    lamelle    hexagonale    simple. 

Limites  de  température  : 

de  +I°,0  à  — 2°,  5 
de  — 2°, 6  à  — 5°,o 
de  — 5°,i  à  — 70, 5 
de  — 7", 6  à  — io°,o 
de  — io°,i  à  — 12°, 5 
de  — 12°, 6  à  — i5°,o 
au-dessous  de  — i5°,o 

Entre  les  dimensions  des  prismes  et  des  aiguilles  et  la  température,  je  n'ai  remarqué 
aucune  relation  bien   définie. 

Remarque.  Dans  le  poudrin,  où  je  n'ai  jamais  trouvé  que  des  formes  lamellaires,  les 
étoiles    sans    champ    central    étaient    rares,  et   je    ne    leur   ai  jamais   vu    d'appendices  plus  ou 


Nombre  d'obser\ 

ations  : 

Diamètre  moyen 

3o 

Imm,6 

i3 

Imm,6 

5 

imm,7 

9 

imm,4 

6 

Imm,3 

6 

jmm)0 

7 

omm,7 

LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE  5g 


moins  développés.  Ces  cristaux  étaient  aussi  en  moyenne  plus  petits  que  ceux  des  chutes 
ordinaires,  et  leurs  dimensions  maximales  étaient  de  beaucoup  inférieures  à  celles  que 
pouvaient  atteindre  les  spécimens  de  la  neige  proprement  dite.  Le  poudrin  apparaissant 
ordinairement  à  des  températures  basses,  ces  faits  semblent  donc  montrer  une  relation 
nette  entre  la  température  d'un  côté,  la  forme  et  les  dimensions  de  l'autre.  Mais  il  se 
peut  qu'ils  montrent  simplement  que  les  cristaux  de  poudrin,  formés  probablement  dans  les 
couches  tout  à  fait  basses,  sont  en  moyenne  moins  développés  que  les  cristaux  de  la  neige 
ordinaire,  formés  dans  les  couches  plus  ou  moins  élevées  et  pouvant  s'accroître  encore 
pendant  leur  chute. 


SECONDE    PARTIE 
QUELQUES    OBSERVATIONS    SUR    LE    GIVRE 

Cette  espèce  de  précipitation  montre  des  formes  excessivement  nombreuses  et  souvent 
très  compliquées,  parmi  lesquelles  beaucoup  sont  analogues  à  des  cristaux  et  groupements 
de  cristaux  de  neige.  Le  refroidissement  rapide  de  la  vapeur  ou  des  gouttelettes  de  bruine 
en  contact  avec  un  écran  froid,  peut-être  aussi  la  forte  adhérence  et  l'inégalité  de  la  surface 
du  support,  fùt-elle  même  apparemment  tout  à  fait  unie,  sont  probablement  certains  des 
facteurs  concourant  à   la  variabilité   et   à  la  complexité  des   figures  du  givre.  * 

L'étude  du  givre  me  paraît  d'une  grande  importance,  car  les  conditions  extérieures 
de  sa  formation  (état  de  l'atmosphère,  caractère  du  support,  etc.)  pouvant  être,  du  moins 
en  partie,  déterminées,  et  les  difficultés  techniques  de  l'observation  microscopique  directe 
de  son  développement  n'étant  pas  insurmontables,  on  pourrait  peut-être  trouver  ici  l'explication 
de  maintes  propriétés  morphologiques  et  structurales  de  la  neige,  dont  les  conditions  de 
formation  ne   nous  sont  généralement   pas    accessibles. 

Phénomène  journalier  dans  nos  parages,  c'était  là  une  occasion  de  l'étudier  systéma- 
tiquement et,  avec  une  bonne  installation  pour  l'étude  microscopique,  on  aurait  pu  toujours 
attendre  l'apparition  des  premières  ébauches  et  en  suivre  directement  le  développement. 
Malheureusement,  différentes  circonstances,  notamment  d'autres  occupations,  ne  m'ont  pas 
permis  d'en  profiter  pour  faire,  de  certaines  questions  que  j'aurais  pu  me  poser,  une  étude 
systématique,    en  poursuivant   une   série  suffisante   d'observations. 

Je  me  borne  donc  ici  à  citer  simplement  quelques  observations  choisies  parmi  les  moins 
superficielles  et  les  moins  hâtives.  De  ces  observations  détachées,  sans  reproductions  micro- 
photographiques, sans  étude  des  phénomènes  optiques,  sans  observation  directe  du  développe- 
ment, l'auteur  ne  s'excuse  que  par  la  pauvreté  relative  des  données  que  nous  possédons  sur 
le   givre. 

Pour  l'étude  macroscopique  du  développement  progressif  du  givre  pendant  la  journée, 
je  fixai  verticalement  sur  le  toit  de  l'abri  météorologique  un  tube  de  verre,  que  je  nettoyais 
le  matin  et  le  soir  ;  le  couvercle  en  bronze  de  la  boussole  servait  de  second  écran  plus  ou 
moins  lisse.  Sur  ces  supports,  le  givre  ne  se  développait  d'abord  qu'en  surface.  Ainsi  on 
avait  premièrement  un  rare  semis,  puis  des  groupes  d'étendue  diverse,  enfin,  si  les  conditions 
favorables  persistaient,  on  arrivait  à  une  mince  croûte  étalée,  composée  d'éléments  plus 
ou  moins  serrés  (grains,  lamelles,  arborescences,  gerbes,  etc.).  Cette  couche,  que  j'appelle 
horizontale,  couvrait  d'abord  la  seule  surface  exposée  au  courant  d'air  et,  dans  des  conditions 
favorables,  s'étendait  progressivement  sur  la  face  opposée.  Deux  couches  horizontales  pouvaient 
se  superposer  ;  la  couche  secondaire,  d'ordinaire  invisible  à  l'œil  nu,  était  alors  disséminée 
sur    la   couche    primaire    en    de   petites    formations    qui   çà  et    là    s'accroissaient  latéralement, 


62 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


n'atteignant  cependant  jamais  une  étendue  considérable.  —  Lorsque  les  conditions  favorables 
persistaient,  le  givre,  à  un  moment  donné,  se  développait  sur  la  couche  horizontale  princi- 
palement dans  une  direction  plus  ou  moins  verticale  par  rapport  à  cette  couche.  En  général, 
on  voyait  d'abord  des  grains  distincts  à  l'œil  nu  qui,  s'accroissant,  donnaient  des  bâtonnets, 
aiguilles,  buissons,  plumes,  dont  le  nombre  et  les  dimensions  augmentaient  progressivement. 
Comme  la  couche  horizontale,  cette  couche  verticale  s'étendait,  dans  des  conditions  favorables, 
progressivement  de  la  face  du  support  exposée  au  courant  d'air  à  la  face  opposée.  Il 
pouvait  y  avoir  une  couche  verticale  secondaire  :  par  exemple  la  surface  des  plumes  se 
couvrait,  à  un  moment  donné  et  progressivement,  de  petits  bouquets  ou  buissons  très  déli- 
cats la   saupoudrant. 

Pour  l'étude  microscopique  j'ai  employé,  outre  le  givre  recueilli  sur  des  objets  divers, 
des  porte-objets,  qu'après  avoir  soigneusement  essuyés  et  laissé  refroidir,  j'exposais  au  courant 
d'air   et   examinais  dès   l'apparition   de   la   couche  horizontale. 


COUCHE    HORIZONTALE 


Le  S  octobre  1898,  matin 


Givre  développé  à  la  face  interne  de  la  vitre  du  cou- 
vercle du  compas,  la  chambre  en  étant  tout  à  fait  close.  Les 
formes  ont  été  observées  à  la  loupe  à  travers  cette  fenêtre, 
c'est-à-dire  par  leurs  faces  adhérentes  au  verre. 

État  de  l'atmosphère.  Température  :  — 15°,3  (minuit  .  — i7°,7 
(Sh),  — 12°, 7  (midi).  Ciel  clair- 

I.  Formes  sans  limites  cristallines  distinctes. 

i)  Tiges,  de  dimensions  variables;  isolées  ou  groupées  de 
façon  tout  accidentelle;  à  ramifications  très  serrées,  unilaté- 
rales ou,  plus  souvent,  bilatérales.  Forme  prédominante.  Les 
tiges  et  ramifications  étaient  rectilignes  ou  courbes.  Dans  le 
premier  cas,  l'angle  des  branches  était  variable,  mais  toujours 
le  même  du  même  côté  d'une  tige;  parfois  les  branches  se  cor- 
respondant des  deux  côtés  de  la  tige  étaient  sur  la  même  droite. 

2  Trois,  quatre  ou  un  grand  nombre  de  tiges  ramifiées 
du  type  précédent,  groupées  de  façon  à  constituer  une  étoile 
irrégulière,  à  centre  indétermine,  de  dimensions  variables. 

3)  Formes  étoilées  dont  les  rayons  et  leurs  ramifications 
étaient  peu  distincts,  soudés  pour  la  plupart,  et  composés  de 
petits  grains  d'aspect  cristallin.  Nombre  de  rayons  variable. 
Rares.  Diamètre,  2-4  millimètres. 

4'  Étoiles  à  rayons  simples  plus  ou  moins  distincts  et 
presque  partout  composés  de  petits  grains.  Nombre  de  ravons 
variable,  toujours  >  6.  Rares.  Diamètre,  2-3  millimètres. 
Figure  32,  A. 

II  Formes  à  limites  cristallines  distinctes.  Rares.  Petites. 
Arêtes  rectilignes  ;  angles  nets. 

1 1  Lamelles  hexagonales  simples  régulières.  La  figure  32,  B.  en 
donne  un  exemple  1  diamètre,  1  millimètre  environ  .  Au  centre, 


une  petite  figure  hexagonale,  centrée  elle-même  par  une 
rosette,  et  entourée  d'un  système  de  cavités  internes.  Plus  en 
dehors,   une  figure  hexagonale  à  angles  saillants. 

2  Formes  intermédiaires  entre  la  lamelle  hexagonale  simple  et 
l'étoile  La  figure  32,  C,  en  donne  une  curieuse.  Du  champ  central 
partent  quatre  pétales.  Deux  d'entre  eux  présentent  une  ligne 
axiale  ;  tous  montrent  de  très  fines  stries  latérales  courbes 
plus  ou  moins  distinctes.  Le  champ  central  est  constitué  par 
une  formation  étoilée,  à  rayons  peu  distincts,  à  structure 
granuleuse. 

3)  Lamelli  à  champ  central  plus  ou  moins  important. 

Six  rayons,  à  surface  souvent  convexe,  d'inégale  longueur.  Les 
rayons  diminuaient  de  longueur  généralement  d'une  extrémité 
de  l'étoile  à  l'extrémité  opposée.  Si  )',,  r,.  ;-.,,  r(,  rh,  ra  repré- 
sentent les  rayons  d'une  étoile  d'après  leurs  longueurs  crois- 
santes, j'ai  souvent  remarqué  que  r-,  et  :-,,  r,  et  r,,  rt  et  r3 
étaient  opposés.  Les  rayons  se  terminaient  toujours  en  hexa- 
gone incomplet.  Exemples  : 

Figure  32,  D.  Le  diamètre  ri-r,  =  2mm,5.  Chaque  rayon 
présente  une  ligne  axiale  et  de  très  fines  striations  latérales, 
en  général  courbes  rectilignes  seulement  sur  rx).  r,:  et  r« 
montrent  des  saillies  latérales,  symétriques  ou  asymétriques. 
Les  rayons  les  plus  longs  montrent  vers  leur  extrémité  des 
canalicules  internes  symétriques,  parallèles  aux  côtés  distaux  du 
rayon.  Au  centre  même  de  l'étoile  on  voit  une  double  figure 
hexagonale  incomplète  ;  celle-ci  est  entourée  d'une  formation 
hexagonale,  allongée  légèrement  dans  le  sens  n->'i,  à  contour 
interne  indécis,  à  côtés  légèrement  concaves,  à  angles  saillants, 
à  structure  granuleuse. 


LA  XEIGE  ET  LE  GIVRE 


63 


Figure  32,  E.  >\  manque  complètement.  Dans  les  hexa- 
gones incomplets  terminaux  de  ru  et  rs,  d'un  point  de  la  ligne 
médiane  situé  dans  leur  partie  proximale,  partent  des  lignes 
droites  vers  les  angles  ;  les  triangles  ainsi  formés  montrent 
des  stries  serrées,  parallèles  à  leurs  bases,  se  correspondant 
d'un  triangle  à  l'autre,  rectilignes  clans  f.,,  courbes  dans  rH. 
Une  figure  étoilée  h,  incomplète,  à  contours  courbes,  très  fins, 
est  inscrite  dans  l'étoile.  Plus  en  dedans,  une  autre  figure  (h') 
en  hexagone  incomplet,  à  côtés  rectilignes  ;  là  où  la  ligne 
médiane  de  r„  atteint  l'un  des  angles  de  cette  figuie,  on  dis- 
tingue une  rosette  à  quatre  pétales.  Une  partie  considérable  du 
champ  central  est  constituée  par  une  matière  granuleuse,  d'où 
partent  deux  petits  rayons  comparables  à  ceux  d'étoiles  du 
type  --1  de  la  figure  32.  A  certains  angles  des  hexagones  incom- 
plets terminaux  de  r„  et  rh  étaient  fixées,  dans  le  même  plan, 
des  formations  granuleuses;  leurs  grains  constitutifs,  d'aspect 
cristallin,  étaient  de  dimensions  variables  et  les  plus  petits 
étaient  très  peu  distincts.  Un  semblable  amas  de  grains  plus 


grand,  fixé  à  re,  montrait  une  tendance  à  la  forme  hexagonale; 
les  côtés  étaient  sensiblement  parallèles  aux  côtés  de  l'hexa- 
gone incomplet  terminal  du  rayon  et  présentaient  des  échan- 
crures  analogues  à  celles  du  rayon  Une  des  saillies  latérales 
du  rayon  ri,  montrait  en  un  certain  point  une  structure  granu- 
leuse. 

D'abord,  j'avais  supposé  que  les  formations  granuleuses 
centrales  servaient  simplement  de  support  aux  étoiles.  Mais 
ayant  enlevé  le  couvercle  du  compas  et  observant  les  étoiles 
par  leur  autre  face,  j'ai  vu  que  ces  formations  constituaient  la 
partie  centrale  du  corps  même  des  étoiles. 

Dans  cette  observation,  et  dans  beaucoup  d'autres,  j'ai 
noté  des  formes  étoilées  implantées  dans  un  champ  de 
givre  granuleux  ;  elles  étaient  entourées  chacune  d'une  zone 
tout  à  fait  libre.  Cette  zone  i  Hof  des  Allemands),  montrant  que 
ces  étoiles  ont  été  formées  aux  dépens  de  la  substance  du 
givre  granuleux  avoisinant,  est,  comme  on  le  sait,  un  phéno- 
mène très  commun  pour  d'autres  substances  cristallisables. 


Fig.    32 


Le  9  octobre  1S9S,  matin 


État  de  l'atmosphère.  Température  :  — 12". 7  :midi  de  la 
veille,  — ii°, 9  1 1 711  de  la  veille),  — 13°,3  minuit),  — S°,5  'Shl, 
— 6°,o  (midi).  Comme  la  veille,  ciel  clair  ou  légèrement 
couvert. 

Observation  des  changements  que  les  figures  de  la  veille 
avaient  subis. 

Figure  32,  B.  Intacte. 

Figure  32,  C.  La  formation  granuleuse  constituant  le 
champ  central  s'était  étendue  jusqu'à  l'intérieur  des  pétales, 
surtout  dans  les  plus  longs  Ile  supérieur  et  le  gauche  . 

Figure  32,  D.  Double  hexagone  incomplet  interne  resté 
intact.  La  matière  granuleuse  avait  envahi  tous  les  rayons  ; 


les  rayons  les  plus  longs  r,.,  r-,  ri)  avaient  été  remplacés  par 
trois  rayons  de  mêmes  dimensions,  mais  déformés,  de  struc- 
ture granuleuse,  serrés  entre  eux,  munis  de  nombreuses 
branches  courtes,  peu  distinctes,  granuleuses  aussi;  des  trois 
autres  rayons,  les  extrémités  seules  étaient  restées  intactes. 

Figure  32,  E.  La  formation  granuleuse  du  champ  central 
s'était  étendue  principalement  dans  la  direction  du  rayon 
manquant  l  >-,  )  et  de  plus  envahissait  lentement  et  progressive- 
ment le  rayon  inférieur  de  haut  en  bas  et  de  gauche  à  droite. 
La  racine  de  r-,  montrait  une  structure  granuleuse.  Les  amas 
granuleux  fixés  aux  angles  des  hexagones  terminaux  incom- 
plets avaient  augmenté  en  nombre  et  en  étendue. 


64 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


Le  21  octobre  1898,  vers  81'  matin 


Givre  développé  pendant  la  nuil  du  20  au  21  octobre  sur 
la  face  interne  de  la  vitre  du  couvercle  du  compas,  la 
chambre  en  étant  tout  à  fait  close.  Observé  à  la  loupe. 

État  de  l'atmosphère.  Température  :  —6°, 9  fiSh  la  veille), 
—70,9  (minuit),  —  140,2  i6h),  — 13",8  (7h),  — 13°,9  Sh  .  Brume, 
bruine  ou  fine  neige  jusqu'à  4b;  puis  le  ciel  s'éclaircit. 

I.  Formes  sans  limites  cristallines  distinctes  1  prédominantes!. 

1)  Arborescences  isolées  ou  groupées  irrégulièrement, 
composées  de  tiges  courbes  à  ramifications  unilatérales  ou.  la 
plupart,  bilatérales,  courbes  aussi,  très  rapprochées.  Dimen- 
sions variables. 

2)  Touffes  stellaires,  où  les  tiges  ramifiées  du  type  précé- 
dent, nombreuses  et  très  serrées,  étaient  arrangées  de  façon 
à  former  une  étoile  irrégulière,  à  centre  encore  mal  déterminé, 
et  se  confondaient  par  leurs  extrémités  proximales  en  une 
masse  compacte. 

3)  Trois  à  six  tiges  ramifiées  du  type  précédent,  mais  à 
courbure  très  légère,  réunies  de  façon  à  former  une  étoile 
à  3-6  rayons  distincts. 

41  Etoiles  dont  les  rayons  rectilignes  ;  parfois  seulement 
légèrement  sinueux:  se  présentent  en  tiges  a  ramifications 
légèrement  courbes,  formant  entre  elles  un  angle  très 
rapproché  de  6o°. 

II.  Formes  à  limites  cristallines  distinctes- 
Arêtes  et  angles  en  général  nets. 

1)  Lamelles  hexagonales  simples  régulières  ;  diamètre  variable, 
de  o,llm.5  à  imm,o.  Homogènes  ou  à  figures  internes  (trois 
diagonales  passant  par  le  centre  ;  hexagones  inscrits  très 
nombreux,  équidistants  . 

2)  Formes  éioilées. 

ai  Lamelles  étoilées  à  six  rayons  simples  émanant  d'un 
champ  central  plus  ou  moins  étendu.  Comme  dans  l'observa- 
tion du  S  octobre,  les  rayons  diminuent  généralement  d'une 
extrémité  de  l'étoile  à  l'extrémité  opposée  et  souvent  r,  et  ;,. 


n  et  r2,  rt  et  r3  sont  opposés.  Le  diamètre  varie  de  1  à  2  milli- 
mètres. La  figure  33,  *4,  en  donne  un  exemple  avec  certaines 
particularités  :  les  rayons  sont  ici  représentés  par  des  hexagones 
incomplets  dont  les  angles,  dans  les  rayons  r6,  »-,.,  rt,  sont 
légèrement  émoussés,  peut-être  par  évaporation  ;  ils  montraient 
une  ligne  axiale  et  des  stries  latérales  courbes,  très  serrées  et 
très  fines;  le  centre  de  la  lamelle  montrait  un  noyau  en  petite 
étoile  se  distinguant  nettement  par  son  éclat  ;  bientôt  la 
lamelle  étoilée  a  disparu  par  évaporation,  mais  l'étoile  centrale 
était  restée  intacte. 

h  Etoiles  sans  champ  central,  à  six  rayons  terminés  en 
hexagone  incomplet,  inégaux,  cette  irrégularité  montrant  les 
particularités  indiquées  plus  haut.  Le  diamètre  variait  de 
2  à  4  millimètres.  Chaque  rayon  montrait  une  ligne  axiale. 
Dans  les  hexagones  incomplets  terminaux,  d'un  point  de  la 
ligne  médiane  rapproché  de  leur  partie  proximale,  partent  des 
lignes  vers  les  angles;  les  triangles  ainsi  formés  montrent  de- 
stries très  serrées,  parallèles  à  leurs  bases,  équidistantes  et  se 
correspondant  d'un  triangle  à  l'autre.  Les  deux  bords  du 
rayon  sont  échancrés  de  façon  à  présenter  deux  séries  symé- 
triques de  saillies;  ces  saillies  se  développent  rarement  en 
appendices  à  forme  et  à  structure  semblables  à  celles  du 
rayon.  Exemple  :  figure  33,  B. 


Fig.  33 


Le  11  novembre  1S9S,  entre  1  7-j1'  et  2  ' ._,''  matin 


Givre  développé  sur  le  couvercle  en  bronze  de  la  boussole. 
Il  avait  commencé  à  se  former  vers  1S11  la  veille. 

Etat  de  l'atmosphère.  Température  :  — 7°,S  uSh  la  veille), 
— 15°,4  (minuit),  — i7°,S  (31,).  Léger  courant  du  quadrant 
de  S.  Ciel  clair. 

Observation  faite  A  la  loupe. 

I.  Arcs  s'amincissant  vers  les  deux  extrémités  jusqu'à 
s'effiler.  Cette  forme  de  givre  est  très  commune  sur  le  tube  de 
verre,  à  des  températures  plus  ou  moins  basses.   Mais  ici  les 


arcs  étaient  d'une  longueur  extraordinaire,  atteignant  parfois 
2  centimètres;  leur  largeur  était  aussi  beaucoup  plus  considé- 
rable que  d'ordinaire.  Ils  étaient  ordinairement  groupés,  et 
ces  groupements  montraient  une  tendance  à  la  régularité,  à  la 
symétrie,  même  quand  les  arcs  constitutifs  ne  se  touchaient 
pas  'fig.  34,  groupe  A1,  A11,  A'11  ;   groupe  B). 

1  Arcs  dépourvus  de  branches  (fig.  34,  A1). 

2  Arcs  pourvus  de  branches  courbes  très  fines,  disposées 
uniformément  : 

a)  Semblant  partir  d'une  des  extrémités  de  l'arc  et  diverger 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


65 


très  légèrement  vers  l'autre,  d'où  l'aspect  d'une  aigrette  (fig.34, 
A",  AI",  B); 

b)  Formant  des  ramifications  unilatérales  (fig.  34,  C). 

3)  Arcs  composés  de  petits  bâtonnets  très  légèrement 
arqués  et  arrangés,  sans  se  toucher,  de  la  façon  indiquée  par 
le  schéma  D  de  la  figure  34.  Les  bâtonnets  constitutifs 
pouvaient  aussi  être  fusionnés  par  leurs  extrémités  tournées 
vers  la  concavité  de  l'arc  fi). 


2.  Etoiles  à  six  rayons  égaux.  Pas  de  champ  central,  si  ce 
n'est  formé  par  la  réunion  des  parties  proximales  distinctes 
des  rayons.  Lignes  axiales  et  stries  latérales  plus  importantes 
que  dans  les  lamelles  hexagonales.  Relativement    rares. 

a)  Rayons  simples.  Deux  formes  :  B1  (ordinaire)  et  B!l 
(rare)  de  la  figure  35. 

6!  Rayons  ramifiés  :  forme  Bm  de  la  fig  35.  Les  plus 
importants  et  les  plus  fréquents. 


D   (t 


\ 


Fig.  34 


II.  Formes  à  limites  cristallines  reconnaissahles. 

A.   Cristaux  parfaitement  réguliers. 

1.  Lamelles  hexagonales.  Les  plus  fréquentes  parmi  les 
cristaux  réguliers.  Dimensions  petites  (diamètre  maximal, 
imm,25).  Souvent  bordures  sombres  (troncatures  sur  les  arêtes). 

al  Hexagones  tout  à  fait  homogènes,  transparents  (figure 
35,  A'). 

b\  Hexagones  montrant  une  structure  :  trois  diagonales 
passant  par  le  centre;  fines  figures  hexagonales  inscrites, 
nombreuses,  équidistantes  ;  une  ou  deux  lamelles  hexagonales 
paraissant  reposer  au  centre  de  l'hexagone.  La  figure  35,  A", 
représente  un  cas  où  tous  ces  caractères  structuraux  se  trou- 
vent  réunis. 

ci  Hexagones  dont  les  côtés  montraient,  perpendiculaire- 
ment à  leur  milieu,  des  incisions  identiques;  ils  représentaient 
donc  l'ébauche  d'une  lamelle  étoilée  (fig.  35,  A111). 


(1)  Celte  forme  curieuse,  que  l'on  rencontre  communément 
sur  des  surfaces  plus  ou  moins  lisses  et  à  des  températures 
basses,  me  semble  avoir  été  observée  pour  la  première  fois 
par  Behiîens  sur  la  cristallisation  de  l'acide  picrique  dans  une 
solution  alcoolique  très  diluée  :  «  Jeder  Zweig  besteht  ans 
einer  grosser  Zahl  von  Mikroliten,  die  in  geradlinigen  Partien 
schnurgoade  hintereinander  liegen,  in  den  Krummlinigen 
dagegen  so  gestellt  sind,  dass  jeder  foïgende  ein  wenig  melii 
<ler  concaven  Seite  der  Curve  zu  verschoben  ist  als  seiner  Vol  in  r, 
und  dass  ein  jeder  so  gegen  die  Curve  (die  Verbindungslinie 
der  Halbirungspunkte)  geneigt  ist,  dass  sein  altères  Ende  sich 
der  convexen  Seite  derselben  zuwendet.  »  (Krystalliten,  pp. 
96-97.)  La  vraie  signification  des  formes  semblables,  comme-  en 
général  des  formes  si  variées  des  trichites,  ne  semble  pas 
encore  bien  élucidée  et  les  avis  des  cristallograpb.es  sont 
partagés.  Comparer,  par  exemple,  les  opinions  de  Lehmann 
et  de  Vogelsaxg-Behrens.) 


e)  Formes  intermédiaires  :  forme  B!  de  la  figure  35,  avec 
des  encoches  latérales. 

B.  Cristaux  plus  ou  moins  irréguliers. 

1.  Lamelles  hexagonales  irrégulières.  Exemples  :  figure  35, 
C1,  C11.  Relativement  rares. 

2.  Étoiles  irrégulières,  prédominantes. 

a)  Entières.  Six  raN'ons  inégalement  développés.  Divers 
degrés  d'inégalité  des  rayons.  Comme  dans  les  observations 
précédentes,  les  rayons  diminuaient  généralement  de  longueur 
d'une  extrémité  de  l'étoile  à  l'extrémité  opposée,  et  parfois  j'ai 
constaté  que  r,.  et  t\,  r-,  et  r.,  r,  et  r3  étaient  opposés. 

a)  Les  six  rayons  dans  le  plan  du  couvercle  (plutôt  dans 
le  plan  tangent).  Relativement  plus  rares. 

(3  Quelques  rayons  voisins  dans  le  plan  du  support  ;  les 
autres,  dans  d'autres  plans  en  général  peu  inclinés  par  rapport 
au  premier.  La  position  de  ces  rayons  soulevés  était  d'ailleurs 
tout  à  fait  conforme  à  l'ensemble  de  l'étoile.  La  figure  35,  D. 
montre  une  des  étoiles  les  moins  irrégulières.  Les  trois  rayons 
les  plus  grands  montrent  chacun  des  incisions  aux  deux  angles 
et  des  lignes  inscrites  courbes  excessivement  fines.  Les  deux 
rayons  les  plus  petits  présentent  des  bordures  amincies.  Un 
petit  hexagone  régulier,  très  fin,  sans  structure,  agrégé  à 
l'angle  terminal  d'un  rayon  et  dont  les  côtés  seraient  parallèles 
aux  rayons,  s'ils  n'étaient  pas  dans  un  plan  un  peu  incliné  sur 
celui  de  l'étoile. 

J'ai  vu  une  étoile  dont  les  cinq  rayons,  du  type  Bul  de  la 
figure  36,  étaient  dans  le  plan  du  support.  Le  sixième,  de  même 
forme,  qui  s'élevait  un  peu  au-dessus  de  ce  plan,  était  fixé  non 
pas  au  centre  de  l'étoile,  mais  excentriquement,  sur  l'axe  du 
rayon  opposé.  En  outre,  un  septième  rayon,  surnuméraire, 
était  fixé  au  centre  même  de  l'étoile  :  il  surplombait  un  rayon 


IX 


D 


66 


EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


et  différait  des  autres  par  ses  dimensions  relativement  petites 
et  par  sa  forme  particulière  ifig.  35,  E). 

h  Fragmentaires  :  les  plus  fréquentes;  à  cinq,  quatre,  trois 
et  deux  rayons.  Les  rayons  étaient  toujours  voisins,  formant 
toujours  entre  eux  un  angle  de  6o°.  Tous  les  rayons  dans  le 
plan  du  couvercle  ou  bien  quelques-uns  dans  ce  plan  et  les 
autres  dans  des  plans  plus  ou  moins  inclinés  par  rapport  au 
premier,  en  position  conforme  à  l'ensemble  de  l'étoile. 

3.  «  Rayons  »  indépendants,  c'est-à-dire  individus  de  forme 
et  de  structure  semblables  à  celles  des  rayons  d'étoiles  du  type 
B111  de  la  figure  35.  Assez  fréquents. 

4.  Une  sorte  d'étoile  désagrégée  formée  par  des  «  rayons  » 
tout  à  fait  indépendants,  c'est-à-dire  qui  ne  se  touchent  pas. 
J'en  ai  vu  deux  exemples  seulement  : 


a  Six  rayons  indépendants,  s'élevant  toujours  au-dessus  du 
niveau  du  couvercle  et  disposés  de  façon  que  leurs  projec- 
tions sur  le  plan  du  couvercle  constituent  une  étoile  dont 
les  rayons  forment  entre  eux  un  angle  de  6o°. 

b  Six  rayons  indépendants,  placés  tous  dans  le  plan  du 
couvercle,  tous  du  type  B111  de  la  figure  35,  et  disposés  en 
étoile.  L'excentricité  des  pointes  proximales  libres  était 
diverse  et  celles-ci  étaient  légèrement  incurvées,  toutes  dans 
le  même  sens.  Mais  les  limites  distales  des  rayons  se  corres- 
pondaient toutes  parfaitement,  les  côtés  correspondants  des 
hexagones  terminaux  incomplets  coïncidant  avec  les  côtés 
d'un  seul  hexagone  imaginaire  'fig.  35,  F\  li  . 


Fie.  35 

Le  28  novembre  1898,  entre  3'1  et  5h  matin 

6 


Bn 


État  de  l'atmosphère.  Température  :  — 16°, 3  (3h),  - 
— 13",2  (5h).  Brume.  Très  faible  courant  de  SW. 

Givre  recueilli  sur  un  porte-objet  exposé  au  vent.  Obser- 
vation microscopique. 

Il  se  composait  de  grains  dont  la  majeure  partie  montraient 
nettement  une  forme  cristalline  Souvent  ils  s'aggloméraient. 
La  figure  36  en  donne  des  exemples  dessinés  dans  les  diverses 
positions  dans  lesquelles  ils  ont  été  vus.  Les  basses  pyramides 
tronquées  étaient  la  forme  la  plus  commune  ;  les  prismes 
simples,  assez  fréquents;  les  pyramides  pointues  (A111),  rares. 


t)  On  aurait  donc  ici  un  arrangement  régulier,  conforme 
aux  lois  cristallographiques,de  six  cristaux  n'entrant  en  contact 
en  aucun  point  et  reposant  directement  sur  le  couvercle.  La 
non-existence  des  actions  à  distance  entre  les  cristaux  ayant 
trouvé  sa  preuve  directe  déjà  dans  les  expériences  de  Franken- 
heim  (i836),  confirmées  par  celles  de  Kopp  et  Sénarmoxt,  on 
pourrait  peut-être  expliquer  ce  phénomène  en  supposant  que 
les  six  cristaux  se  seraient  primitivement  déposés,  non  pas 
directement  sur  le  bronze,  mais  sur  un  support  cristallin  de 
glace  commun,  effacé  ultérieurement  par  suite  de  l'évapo- 
ration. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


67 


La  portion  supérieure  de  la  pyramide  Bv  montrait  une  striation 
fine  sur  ses  faces  latérales  ;  la  portion  inférieure,  plus  petite, 
était  déformée. 

Parmi  les  grains  cristallins,  on  distinguait  des  cristaux 
relativement  gros,  de  volume  parfois  triple  et  même  plus. 

Sur  ces  grains,  j'ai  trouvé  une  étoile  à  six  rayons  formant 
entre  eux  un  angle  de  6o°.  Les  rayons  ne  se  rejoignaient  pas  au 
centre,  mais  s'appliquaient  sur  la  portion  périphérique  d'une 


lamelle  hexagonale  centrale.  Ils  n'étaient  semblables  ni  au 
point  de  vue  de  leur  longueur  ni  sous  le  rapport  de  leur 
aspect  et  de  leur  structure.  Trois  rayons  voisins  étaient  plus 
longs  et  plus  abondamment  couverts  de  grains  que  les  trois 
opposés.  Les  grains  de  givre  couvrant  l'étoile  étaient  pour 
la  plupart  cristallins.  La  figure  37  représente  un  de  ces 
rayons  à  structure  plus  simple,  et  la  lamelle  centrale   h  . 


Fig.  37 


Le  2  décembre  1898,  entre  l'1  et  51'  matin 


État  de  l'atmosphère.  Température  :  — 14°,4  (ih),  — i4°,o  (2h;, 
— 13°,3  [3h),  — 13",4  !4hj,  — 12°,9  (5h).  Presque  calme.  Le  ciel 
paraît  clair;  pourtant  quelques  étoiles  de  neige  étaient  tombées 
pendant  l'observation. 

Givre  obtenu  sur  plusieurs  porte-objets,  légèrement  con- 
vexes, exposés  au  vent. 

A  l'œil  nu,  c'étaient  des  groupes,  plus  ou  moins  importants, 
disséminés  à  la  surface  des  porte-objets.  Ils  étaient  composés 
de  tiges  ramifiées.  Les  tiges,  les  branches  primaires  et  secon- 
daires avaient  sensiblement  même  épaisseur.  La  forme  et  la 
structure  des  différents  groupes  étaient  variables,  mais  carac- 
téristiques pour  un  groupe  donné;  à  ce  point  de  vue,  je 
distinguais  plusieurs  types  : 

i>  Longues  tiges  isolées,  avec  des  ramifications  relative- 
ment très  courtes,  d'un  seul  ou  des  deux  côtés. 

21  Tiges  isolées  munies  de  très  longues  et  abondantes 
ramifications,  d'un  seul  ou  des  deux  côtés. 

3)  Groupes  composés  de  tiges  parallèles  portant  en 
général,  toutes  d'un  seul  et  même  côté,  de  courtes  ramifica- 
tions. 

4)  Trois,  quatre,  cinq  ou  six  tiges  ramifiées  bilatéralement, 
réunies  de  façon  à  former  une  étoile. 

5)  Étoiles  à  limites  cristallines  manifestes. 

Tous  ces  types  peuvent  se  ramener  à  deux  catégories  : 
givre  étoile  et  givre  non  étoile. 


Observation  microscopique. 
I.  Givre  non  étoile. 

Composition.  Tiges  à  branches  latérales  primaires  et  secon- 
daires. Branches  primaires  formant  en  général  avec  la  tige 
un  angle  de  6o°;  de  même  avec  les  branches  secondaires. 

Remarque.  L'angle  de  60''  prédominait.  Cependant,  parfois, 
les  systèmes  droit  et  gauche  des  branches  collatérales  étaient 
sur  la  même  droite,  de  sorte  que  l'un  d'eux  formait,  avec  l'axe 
de  sa  tige,  un  angle  de  60°;  l'autre,  un  angle  de  1200  (exemple 
fig.  38,  B):  parfois  même,  du  même  côté  de  la  même  tige,  je 
rencontrais  les  angles  de  6o°  et  de  1200.  Parfois  l'angle  oscil- 
lait autour  de  ces  deux  valeurs;  il  arrivait  aussi  que,  par  suite 
soit  de  l'irrégularité  de  forme  (fig.  38,  *4',  A1',  A111),  soit  de 
l'état  rudimentaire  de  la  branche  (fig.  38,  C),  il  était  impossible 
de  lui  attribuer  un  axe  et,  par  conséquent,  d'évaluer  l'angle. 

Les  branches  secondaires  étaient  presque  toujours  bilatérales. 
En  général,  elles  étaient  plus  développées  d'un  côté  que  de 
l'autre,  ou  elles  étaient  souvent  même  rudimentaires.  Quant  à 
leur  forme,  les  branches  secondaires  présentaient  quelques 
types  : 

1!  Branches  secondaires  irrégulières,  à  contour  courbe  plus  ou 
moins  irrégulier.  Elles  étaient  en  même  temps  les  moins 
développées.  C'est  ici  que  les  écarts  par  rapport  à  l'angle 
de  6o°,  ordinairement  clans  le  sens  négatif,  ont  été  rencontrés 


6S 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


le  plus  souvent.  La  figure  3S,  .4',  .-l7',  représente  les  formes 
typiques  des  branches  secondaires  irrégulières  ;  la  figure  3S,  B, 
est  plutôt  transitoire  vers  les  types  suivants. 

2)  Branches  secondaires  d'aspect  intermédiaire  (fig.  38,  C).  Les 
contours  ne  sont  pas  encore  rectilignes,  mais  s'en  rapprochent. 
Les  extrémités  distales  sont  limitées  de  façon  à  former 
l'ébauche  d'un  semi-hexagone  terminal,  caractéristique  pour 
les  branches  secondaires  régulières.  Elles  sont  plus  longues, 
plus  larges   que   les   irrégulières.  Elles  forment   toujours  un 


angle  de  6o°  avec  l'axe  de  la  branche  primaire.  Dans  certains 
groupes,  leurs  contours  sont  plus  onduleux;  dans  d'autres,  plus 
rectilignes. 

3)  Branches  secondaires  régulières,  à  contours  rectilignes,  en 
hexagone  allongé  incomplet  'appendice  supérieur  gauche  de 
la  fig.  38,  A"'  . 

Chaque  groupe  était  caractérisé  par  la  prédominance 
plus  ou  moins  prononcée  de  l'une  ou  de  l'autre  des  trois  formes 
envisagées. 


Fig.   38 


II.  Givre  iioiïi. 

A.  Étoiles  qui  ont  conservé  les  caractères  du  givre  non  étoile. 

Elles  étaient  fragmentaires  (à  trois,  quatre  ou  cinq  rayons  > 
ou  entières  à  six  rayons  1.  Les  rayons  voisins  formaient  entre 
eux  un  l'angle  de  6o°.  Les  branches  primaires,  toujours  bilaté- 
rales et  se  correspondant,  étaient  parallèles  au  rayon  voisin 
réel  ou  virtuel.  Les  branches  secondaires  étaient  orientées  par 
rapport  à  leurs  branches  primaires  de  la  même  façon  que  ces 
dernières  l'étaient  par  rapport  à  leurs  rayons.  En  général,  les 
branches  primaires  et  secondaires  semblaient  de  même  largeur. 

Les  rayons  de   la  même  étoile  n'avaient  pas   la  même 


longueur,  le  degré  de  cette  inégalité  étant  très  variable.  Ils 
diminuaient  généralement  de  longueur  d'une  extrémité  de 
l'étoile  à  l'extrémité  opposée,  le  groupe  des  plus  grands  étant 
opposé  à  celui  des  plus  petits.  Assez  souvent  r,  et  rx  ,n  et  r2, 
rt  et  r3  étaient  opposés. 

Rarement  deux  branches  primaires  se  correspondant  des 
deux  côtés  du  rayon  étaient  sensiblement  de  même  longueur  ; 
les  branches  appartenant  au  même  côté  du  rayon  (ou  bien  de 
la  branche  primaire)  étaient  aussi  de  longueur  très  variable. 
Les  branches  de  deux  rayons  voisins  iou  de  deux  branches 
primaires  voisines)  semblaient  s'empêcher  mutuellement  de  se 
développer.  Les  longueurs  des  branches  successives  du  même 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


69 


côté  du  rayon  (ou  de  la  branche  primaire  1  ne  présentaient  pas 
une  gradation  régulière,  sauf  près  de  l'extrémité  distale  du 
rayon  'ou  de  la  branche  primaire),  où  elles  paraissaient  dimi- 
nuer progressivement  vers  cette  extrémité. 

Les  rayons  d'une  étoile  convergeaient  vers  un  point 
central  où  ils  se  trouvaient  en  continuité  complète;  on  aurait 
dit  qu'un  rayon  était  une  simple  ramification  du  rayon  voisin. 
Les  étoiles  à  deux  ou  trois  rayons  montraient  souvent,  tout 
près  du  point  de  convergence,  comme  accolée  à  lui,  une 
figure  plus  ou  moins  arrondie  (fig.  39,  A).  Cette  figure  accusait 
souvent  une  tendance  vers  la  forme  hexagonale.  En  effet,  une 
fois  j'ai  vu  un  hexagone  incomplet,  à  symétrie  bilatérale,  en 
continuité  complète  avec  le  point  de  convergence  d'une  étoile 
à  trois  rayons.  Cet  hexagone  (fig.  39,  B  montrait  une  structure 
curieuse  :  un  dessin  symétrique  au  milieu,  offrant  l'aspect 
d'un  monument  cavités  internes  ':);  une  rangée  de  lignes  semi- 
hexagonales  dé'icates  parallèles  aux  trois  côtés  inférieurs  de 
l'hexagone   et  à  angles  arrondis  ;  enfin,  des  lignes  ondulées, 


aussi  délicates,  transversales  par  rapport  aux  premières  e 
assez  symétriques 

La  structure  des  étoiles  était  celle  du  givre  non  étoile. 
Les  branches  secondaires  n'atteignaient  jamais  la  forme 
d'hexagone  allongé  incomplet  ;  souvent  elles  se  rapprochaient 
de  celles  représentées  dans  la  figure  38,  C,  mais  à  contour 
plus  onduleux,  plus  irrégulier. 

La  figure  3g,  C,  montre  une  étoile  à  six  rayons,  faiblement 
grossie,  schématisée.  Sur  elle  était  appliquée  excentriquemeut 
une  lamelle  hexagonale  régulière,  à  côtés  parallèles  aux 
rayons,  homogène  et  assez  opaque  pour  ne  permettre  qu'une 
transparence  très  faible  des  éléments  qu'elle  recouvrait.  Prés 
d'elle,  on  voit  un  grain  de  forme  arrondie,  aussi  opaque  et 
homogène. 

Les  grains  étaient  assez  communs  sur  les  étoiles. 

Entre  le  givre  étoile  et  le  givre  non  étoile,  il  y  avait 
toutes  les  formes  de  transition. 


B-  Étoiles  à  limites  cristallines  bien  distinctes. 
Le  nombre  des  rayons  variait  de  deux  a  six.  Une  fois  même 
j'ai  trouvé  un  <•  rayon  »  indépendant,  c'est-à-dire  un  individu 
isolé  à  forme  et  à  structure  caractéristiques  des  rayons  d'étoiles 
de  cette  catégorie  ;  ses  deux  extrémités  sont  représentées  dans 
la  figure  40  IA,  A). 

Il  n'y  avait  pas  de  champ  central  proprement  dit  :  les 
rayons  convergeaient  vers  un  point  commun,  où  ils  se  trou- 
vaient en  continuité  parfaite.  Souvent  ce  point,  dans  les  étoiles 
à  deux  et  à  trois  rayons,  présentait,  tout  contre  lui,  une  for- 
mation en  hexagone  incomplet,  parfois  déformée  (fig.  40,  Si, 
en  continuité  avec  le  point  de  convergence. 

Les  rayons  d'une  même  étoile  n'étaient  pas  de  même 
longueur.  Les  rapports  entre  les  rayons  d'une  même  étoile 
étaient  les  mêmes  que  ceux  décrits  dans  le  chapitre  A. 

Il  n'y  avait  pas  de  branches  secondaires.  Les  rayons  et 
les  branches  primaires  ilesquelles  manquaient  parfois)  se 
terminaient  en  hexagone  incomplet. 

Tant  que  la  préparation  n'était  pas  en  fonte,  les  angles 
étaient  assez  nets,  rarement  arrondis. 


Fig.  3g 

Les  étoiles,  ou  bien  ne  montraient  aucune  structure 
(fig.  40,  C),  ou  bien  présentaient  des  lignes  d'accroissement 
latéral  (fig.  40,  A)  et  des  cavités  internes  ifig.  40.  £'. 

Exemples  : 

Figure  40,  C.  Une  partie  d'un  rayon  d'une  étoile. 

Figure  40,  B-  Une  étoile  à  deux  rayons,  qui  était  accolée 
à  une  autre,  à  4  rayons,  de  façon  à  constituer  avec  elle  une 
étoile  à  six  rayons  formant  entre  eux  un  angle  de  6o°.  Les  six 
ravons  étaient  tous  de  longueur  différente,  mais  r„  et  r, .  ;-3  et  r2, 
r,  et  r3  étaient  opposés.  La  figure  en  représente  les  plus  petits  : 
r,  et  r>.  Le  dessin  a  été  pris  au  début  de  la  fonte,  d'où  la 
déformation  du  rayon  r,.  On  voit  la  terminaison  du  point  de 
convergence  des  deux  rayons,  ordinairement  hexagonale,  ici 
déformée;  elle  était  plus  opaque  que  le  reste  de  la  figure. 
Sur  ri  on  voit  des  cavités  internes. 

Figure  40,  A,  A.  Un  «rayon»  indépendant.  A  gauche, 
son  extrémité  «distale»;  adroite,  son  extrémité  «proximale». 
Il  était  assez  long  et  portait  de  nombreuses  branches  termi- 
nées en  hexagone  incomplet  allongé.  A  remarquer  les  lignes 
d'accroissement  latéral. 


7o 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


v^^T 


Fig.  40 


III.  Grains. 


Disséminés  sur  le  givre  étoile  et  le  givre  non  étoile.  Sur  ce 
dernier  ils  étaient  les  plus  abondants  ;  il  yen  avait  le  moins  sur 
les  étoiles  d'aspect  cristallin.  Ils  montraient  une  prédilection 
pour  l'axe  des  tiges  et  des  branches,  où  ils  s'arrangeaient 
souvent  en  chapelet,  ordinairement  discontinu;  sur  ce  mêmi 
axe,  on  trouvait  souvent  des  formations  allongées  dont  la 
largeur  était  en  général  égale  au  diamètre  des  grains  de  givre 
et  qui  montraient  parfois  des  stries  transversales  (fig.  38,  B). 
Quant  à  leur  forme,  c'étaient  ordinairement  des  formations 
plutôt  arrondies,  sans  limites  cristallines  reconnaissables. 


A* 


\nr 


Parmi  ces  grains,  il  3-  avait  des  formations  dont  les  dimen- 
sions dépassaient  considérablement  celles  des  grains  ordi- 
naires :  c'étaient  des  lamelles  tendant  souvent  vers  la  forme 
hexagonale  'fig.  41,  B")  et  au  parallélisme  des  bords  par 
rapport  aux  lignes  cristallographiques  de  l'étoile;  mais  le 
plus  souvent  elles  se  présentaient  en  quadrilatères  allongés, 
dont  le  grand  axe  était  parallèle  aux  ramifications  immédiates 
de  la  tige  ou  de  la  branche  sur  laquelle  ils  étaient  appliqués. 

Enfin,  on  trouvait  parfois,  comme  grains  de  givre,  de 
véritables  cristaux  du  système  hexagonal,  généralement  en 
pyramides  tronquées,  orientes  toujours  conformément  à  la 
direction  des  axes  du  support   fig.  41,  C',  Cu<- 


ca 


Fig.   41 

IV.  Fente. 
Le  plus  souvent,  pendant  la  fonte,  les  tiges,  les  branches  primaires  et  secondaires,  dont  l'aspect  n'était  pas  franchement 
cristallin,  se  résolvaient  en  grains  très  petits. 

Le  10  décembre  1898,  entre  3h  et  6'1  matin 


Etat  de  l'atmosphère.  Température  :  —8", 7  (3h),   —  S°..:. 
— S°,i  (5h),  — 7°,i   6h).  Presque  calme.  Pas  de  brume. 

I.  »  Givre  »  recueilli  sur  un  porte-objet  sur  lequel  j'avais 
soufflé.  Observé  au  micros< 

1  Grains  sans  aucune  trace  de  forme  cristalline.  Séparés 
ou  réunis  en  petites  agglomérations  de  forme  irrégulière 
fig.  42,A',A",A"l). 


2)  Individus  lamellaires,  relativement  considérables,  à  con- 
tours plus  ou  moins  arrondis,  divisés  en  territoires  irréguliers 
dont  les  dimensions  surpassaient  considérablement  celles  des 
grains  (fig.  42,  B1,  B11). 

Pendant  la.  fonte,  les  territoires  constitutifs  des  individus 
lamellaires  se  divisaient  en  territoires  plus  petits,  ceux-ci  en 
grains,    ceux-ci  en  granules,  lesquels   eux-mêmes  semblaient 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


montrer  une  structure  très  finement  granuleuse;  quant  aux 
grains,  ils  se  divisaient  généralement  en  granules  montrant 
une  structure  très  finement  granuleuse. 

II.  En  même  temps,  j'ai  placé  un  porte-objet  sur  un  verre 
à  moitié  rempli  d'eau.  Bientôt  la  surface  du  porte-objet  tournée 
vers  l'eau  est  devenue  mate  ;  sous  le  microscope,  elle  s'est 
montrée  couverte  de  très  fines  gouttelettes  d'eau,  serrées  et 
même  partiellement  fusionnées  au  centre,  désagrégées  vers  la 
périphérie  de  la  préparation. 

Ce  n'est  qu'entre  5h  et  6h  que  la  préparation  a  commencé 
à  se  figer,  dans  sa  partie  périphérique.  Le  «  givre  »  ainsi 
formé  était  disséminé  en  groupes  de  dimensions  variables, 
dont  les  éléments  étaient  plus  ou  moins  serrés,  mais  en 
général  la  périphérie  d'un  groupe  était  plus  lâche  que  son 
centre. 


Observation  microscopique  : 

i  Partie  centrale  d'un  groupe.  Constituée  de  grains,  rare- 
ment isolés,  pour  la  plupart  réunies  latéralement  ffig.  43, 
.-l'-.-l'1  .  Dans  ce  dernier  cas,  les  grains  prenaient  ordinaire- 
ment la  forme  polyédrique.  Le  plus  souvent  les  grains  se 
réunissaient  en  chapelets  irréguliers  qui  formaient  parfois  un 
réseau  capricieux. 

2]  Partie  périphérique  d'un  groupe. 

a\  Lamelles  A  contours  plus  ou  moins  arrondis  ou  étoilées.  Rela- 
tivement rares.  Petites.  Homogènes  ou  bien  constituées  de 
grains  plus  ou  moins  distincts. 

b  Bandes  rectilignes.  Elles  pouvaient  présenter  des  solu- 
tions de  continuité.  Les  plus  simples  étaient  composées  de 
grains  !d'où  l'aspect  d'un  tissu  polygonal)  qui  ne  montraient 
nulle   part   une  tendance   à   la   fusion      II   n'y   avait   pas   de 


A'       A"         A" 

O     ©      CD 


Fig.    42 


bourgeons  latéraux.  D'autres  bandes  montraient  déjà  des 
bourgeons  latéraux,  dans  la  plupart  desquels  les  grains  consti- 
tutifs n'étaient  plus  distincts.  Les  bandes  plus  développées 
encore  possédaient  des  ramifications  latérales,  souvent  puis- 
santes, formant  d'ordinaire  un  angle  de  6o°  ou  de  1200  environ 
avec  l'axe  de  la  bande.  La  symétrie  était  rare,  mais  en 
général  les  points  d'insertion  des  membres  latéraux  se  corres- 
pondaient d'un  côté  de  la  bande  à  l'autre  (fig.  43,  schéma  B}. 
Parfois  les  membres  latéraux  possédaient  eux-mêmes  des 
bourgeons  latéraux,  ou  même  des  branches  assez  puissantes, 
lesquelles  formaient  d'ordinaire  avec  l'axe  du  membre  un  angle 
de  6o°  ou  de  120"  environ.  Ces  appendices  secondaires  ne 
montraient  pour  la  plupart  aucune  structure.   —   La  partie 


intérieure  des  bandes  développées  montrait  souvent  une  diffé 
renciation:  suivant  l'axe,  les  grains  s'arrangeaient  en  chapelet, 
parfois  même  semblaient  fusionnés  en  une  ligne  axiale.  —  La 
figure  43,  C,  représente  une  partie  d'une  bande  discontinue,  sans 
bourgeons  latéraux,  particulière  en  ce  que  les  grains  constitu- 
tifs ne  sont  plus  distincts  :  la  bande  est  composée  de  lamelles 
homogènes. 

Pendant  la  fonte,  les  lamelles  homogènes  se  divisaient 
généralement  en  territoires,  ceux-ci  en  grains,  ceux-ci  en 
granules  qui  eux-mêmes  montraient  un  aspect  très  finement 
granuleux.  Quant  aux  grains,  mêmes  phénomènes  que  ceux 
notés  dans  l'observation   précédente  (fig.  43,  Dl ,  Dn  . 


Fig.    43 


72 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


Le  13  décembre  1S98,  entre  l1'  et  3h  matin 


État  de  l'atmosphère.  Température  :  —  g°,3  i1' .  -S°,9(2h), 
■ — n". 2   3hi.  Légère  brume.  Calme. 

Givre  recueilli  sur  un  porte-objet  exposé  au  très  faible 
courant  d'air. 

i  ,:  ervation   macroscopique.    Nombreux    groupes,    d'étendue 
diverse,  composés  d'éléments  plus  lâches  et  plus  distincts  vers 
leur  périphérie,  serrés  en  une  masse  compacte  au  centre. 
rvation  microscopique. 

1.  Partie  centrale  d'un   ;roupe.     Composée   de   bi 
gones,   clairs,   brillants,  parfaitement  accolés  par  leurs  i 

à  la  façon  des  cellules  d'un  épithélium  pavimenteux  simple. 
Les  bords  des  polvgones  étaient  plus  brillants  que  le  reste  ; 
on  voyait  parfois  qu'ils  étaient  doubles,  ou  même  on 
pouvait  discerner  un  intervalle  très  étroit  entre  deux  côtés 
appliqués  l'un  contre  l'autre.  Aux  bords  des  lacunes,  on  voyait 
que  ces  polygones  étaient  les  faces  supérieures  de  prismes 
polygonaux  de  hauteur  très  réduite.  Les  polygones  présen- 
taient des  dimensions  variables  ;  pourtant  une  certaine 
grandeur  prédominait,  paraissait  typique  ;  parmi  les  polygones 
qui  s'en  écartaient  considérablement,  ceux  qui  étaient  plus 
grands  étaient  beaucoup  plus  nombreux  que  ceux  qui  étaient 
plus  petits.  Le  nombre  des  côtés  d'un  polygone  variait  de 
quatre  à  huit  ;  le  plus  souvent,  il  était  de  cinq  ou  six.  Les 
côtés  étaient  rectilignes.  rarement  incurvés;  les  angles  bien 
nets,  rarement  arrondis. 

On  n'y  voyait  pas  trace  d'organisation,  d'arrangement 
défini. 

2.  Partie  périphérique  d'un  croupe.  Constituée  d'individus 
distincts  dont  la  forme  devenait  de  plus  en  plus  définie  vers 
les  limites  du  groupe. 

La  plupart  se  présentaient  en  bandes  rectilignes  de  longueur 
et  de  largeur  diverses,  celle-ci  pouvant  varier  aussi  d'un  pi  mit  à 
l'autre  d'une  même  bande. 

Les    bandes    rectilignes    qui    atl  une    certaine 

largeur  présentaient  des  appendices  latéraux.  Dans  les  bandes 
les  plus  rapprochées  de  la  partie  centrale  du  groupe,  ils  se 
présentaient  sous  forme  de  bourgeons  très  petits  < 
nombreux  —  Dans  les  bandes  plus  périphériques,  les  bour- 
geons latéraux,  çà  et  là,  s'allongeaient  considérablement; 
leur  axe  tendait  alors  à  couper  l'axe  de  la  bande  sous  un 
angle  à  peu  près  constant  pour  la  même  bande  et  qui  rare- 
ment s'approchait  de  6o°;  parfois  on  constatait  une  tendance 
à  la  symétrie  par  rapport  à  l'axe  de  la  bande.  La  plupart 
avaient  la  forme  d'un  hexagone  allongé  incomplet.  —  Enfin, 
dans  les  bandes  les  plus  périphériques,  les  bourgeons  étaient 
rempl  li  i  par  des  branches  latérales,  simples  ou  ramifiées  à 
le  ir  tour,  formant  souvent  avec  l'axe  de  la  bande  un  angle 
de  6o°  environ.  Les  points  d'insertion  des  branches  primaires 
se  corn  spondaient  généralement  des  deux  côtés  de  la  bande; 


souvent  on  constatait  une  symétrie  par  rapporta  l'axe  de  celle- 
ci.  Les  branches  primaires  et  la  plupart  des  appendices 
secondaires  se  terminaient  en  hexagone  allongé  incomplet. 

Quant  à  la  structure,  le  corps  des  bandes  était  toujours 
composé  de  polygones.  Dans  les  appendices,  on  constatait  deux 
structures  :  polygonale  ou  homogène,  celle-ci  prédominant.  Entre 
ces  deux  extrêmes,  on  trouvait  les  stades  intermédiaires.  La 
transition  se  présentait  sous  trois  types  :  effacement  plus  ou 
moins  complet  des  contours  de  polygones  constitutifs  ;  appen- 
dices composés  de  territoires,  de  champs  plus  ou  moins 
homogènes  ;  effacement  plus  ou  moins  complet  des  limites  de 
ces  territoires.  La  structure  homogène  affectait  surtout  les 
appendices  ayant  la  forme  d'hexagones  allongés  incomplets. 
—  Dans  les  bandes  aux  appendices  les  plus  développés, 
parfois,  suivant  l'axe  même,  les  polygones  s'arrangeaient  de 
manière  à  former  un  chapelet  axial. 

Outre  les  bandes,  on  rencontrait  aussi,  quoique  relative- 
ment rares,  des  individus  à  contours  plus  ou  moins  arron 
de  petites  dimensio  p  tsés  généralement   de  terri!-  ■ 

homogènes,  pouvant  même  être  tout  à  fait  unis. 

te,  les  appendices  homogènes  se 
divisaient  généralement  en  petits  territoires,  ceux-ci  en  poly- 
gones qui  prenaient  ordinairement  un  aspect  granuleux. 

3.  Grains  de  givre  disséminés  sur  ces  groupes. 

La  plupai  1  t  forme  des  grains  isolés  des  figures 

42   et    43.     Les    dim  :s,     quoiqu'une 

certaine  grandeur  prédominât;  parfois  leurs  limites  corres- 
pondaient plus  ou  moins  exactement  à  celles  des  polygones, 
mais    1  :  al    ils    étaient    plus    petits      Leur   distribution 

n'était  pas  uniforme  :  très   abondants  en  un  point,  ils  étaient 
très  rares  dans  un  autre.   En  général,  ils  semblaient  ép  u 
les  appendices,  surtout  ceux  à  structure  homogène.   Dans  les 
bandes  a  chapelet  axial,  ils  étaient  beaucoup  plus  abondants 
sur  celui-ci  que  sur  le  reste. 

Parmi  ces  grains,  on  distinguait,  sur  les  bandes,  des 
lamelles  relativement  considérables,  ordinairement  allongées,  et 
dont  le  grand  axe  était  orienté  de  la  même  façon  que  les 
appendices  latéraux  :  pour  la  plupart,  leur  structure  était 
homogène;  cependant,  parfois,  elles  se  montraient  composées 
de  petits  territoires. 

Pendant  la  fonte,  mêmes  phénomènes  que  ceux  indiqués 
plus  haut  :  les  grains  simples  prenaient  un  aspect  liés  finement 
granuleux,  les  lamelles  homogènes  se  divisaient  en  territoires 
et  ceux-ci  en  polygones. 

Figure  4),. 4',  .-1",  .1"'.  Exemples  de  bourgeons  la; 
de  bandes  peu  développées  encore.  Sur  le  bourgeon  A  ' .  on  voit 
encore   les   éléments   dont   celui-ci    est  formé.    La  forme  du 
bourgeon  An  était  typique. 

Figure  44.  B',  Bu.  B!n,  Exemples  de  branches  latérales  di 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


73 


bandes  bien  développées.  Sur  la  figure  Blu  l'appendice  est  au 
premier  stade  de  la  fonte  :  son  sommet  subit  une  déforma- 
tion ;  l'appendice  secondaire  supérieur  gauche  se  dissout  en 
polygones  et  ceux-ci  présentent  une  structure  granuleuse  ;  la 
grande  partie  du  côté  droit  et  toute  la  partie  proximale  du 
membre  se  divise  en  territoires  avant  que  ceux-ci  se  dissol- 
vent en  polygones.  Ce  processus  de  la  fonte  s'accomplissait 
sous  mes  yeux. 

Figure  44,  C  (schématisée).  Fonte  d'une  puissante  branche 
primaire  homogène  munie  d'appendices  secondaires  Elle  s'est 
transformée  tout  entière  en  tissu  polygonal.  On  vo}rait  une 
partie  des  polygones  arrangés  en  un  chapelet  axial.  Bientôt 


les  polygones  ont  commencé  à  montrer  une  structure  finement 
granuleuse. 

Figure  44,  D'-Dyn.  Exemples  de  lamelles  homogènes 
disséminées,  comme  les  grains  de  givre,  sur  les  bandes.  La 
figure  D1  montre  une  sorte  de  transition  entre  les  grains  et 
les  lamelles  homogènes.  La  lamelle  supérieure  de  la  figure  DVI 
et  celle  de  la  figure  Dvl1  (recouvrant  la  base  d'un  appendice) 
montrent  la  forme  hexagonale  :  phénomène  rare. 

Les  figures  Dv,  Dv  représentent  une  même  tablette  par 
rapport  à  deux  positions  différfntes  de  l'objectif;  cette  forme 
quadrilatérale  était  assez  commune  sur  les  bandes,  où  son  grand 
axe  était  orienté  de  la  même  façon  que  les  appendices  latéraux 
de  la  bande. 


Fig.  44 


Le  10  mars  1S99,  entre  71'  et  111'  matin 


Etat  de  l'atmosphère.   Température  :    — S°,o    i-h-gh),   — 8°,7 
io'1  .  — S°,S  (n'1).  Brume.  Presque  calme. 

J'ai  observé   plusieurs  préparations  de  la  couche  horizon- 
tale recueillies  sur  des  porte-objets  exposés  au  vent. 


Observation  macroscopique  : 

Petits  groupes  d'arborescences  plus  ou  moins  distinctes. 

Observation  microscopique  : 

Les  différents  groupes  étaient  composés  d'individus  de 


D 


EXPEDITION   ANTARCTIQUE  BELGE 


forme  parfois  très  irrégulière  et  bizarre,  formés  par  un  tissu 
polygonal  analogue  à  celui  observé  le  i3  décembre  1S9S.  Les 
contours  des  polygones  présentaient  même  netteté  et  finesse. 
Nombre  des  côtés  et  dimensions  différents.  Les  côtés  sont 
rectilignes  ou  légèrement  courbes.  Les  polygones  sont  plus  ou 
moins  isodiamétriques  ou  allongés.  Dans  les  appendices, 
structure  polygonale  parfois  très  faiblement  marquée,  mais 
nulle  part  de  structuie  tout  à  fait  homogène.  Parfois  le  tissu 
polygonal  prenait  un  arrangement  spécial  'par  exemple  la 
partie  gauche  de  la  fig.  45.  D\  ;  les  polygones  pouvaient  même 
être  remplacés  par  d'autres  figures  par  exemple  figures  en 
fourchette  ondulée,  sur  la  partie  droite  de  la  fig.  45.  D). 
Sur  le  tissu  polygonal  étaient  disséminés  des  grains,  en  géné- 
ral plus  petits  que  les  polygones,  peu  abondants  et  de  même 
forme  que  les  grains  de  la  figure  43,  A1,  Au.  A111. 

La  plupart  de  ces  individus  se  présentaient  en  figures  de 
deux  catégories  différentes  :  figures  fortement  allongées   band 
appendices  bilatéraux  et  figures  plus  ou  moins  isodiamétriques  a  appen- 
dices radiaires. 

Dans  la.  première  catégorie,  les  membres  latéraux  montraient 
toujours  la  composition  polygonale,  quoique  parfois  très  peu 


distincte  ;  les  grains  superposés  montraient  une  prédilection 
pour  l'axe  de  l'individu. 

Dans  la  seconde  catégorie  fig.  40,  A),  toute  la  partie  inté- 
rieure était  occupée  par  le  tissu  polygonal  non  différencié. 
Les  bourgeons  périphériques  radiaires,  tout  à  fait  analogues 
aux  bourgeons  latéraux  des  individus  de  la  première  catégorie, 
montraient  toujours  une  structure  polygonale,  quoique  parfois 
les  polygones  constitutifs  étaient  très  peu  distincts.  Les  grains 
superposés  montraient  une  prédilection  pour  les  racines  des 
bourgeons  périphériques,  de  façon  à  marquer  une  limite  bien 
nette  entre  le  champ  central  et  la  périphérie  bourgeonnée  :  en 
outre,  très  souvent  un  grain  superposé  se  trouvait  seul  au 
centre  de  l'individu.  Il  est  remarquable  que  souvent  les  indi- 
vidus de  cette  catégorie  s'unissaient  en  une  chaîne  rectiligne. 

Figure  45,  B  :un  peu  schématisée1.  Une  partie  d'un 
individu  de  la  première  catégorie.  On  voit  bien  la  composition 
polygonale,  même  dans  les  appendices  latéraux,  et  la  prédi- 
lection des  grains  superposés  pour  l'axe  de  l'individu. 

Figure  45,  C,  C".  Exemples  de  lamelles  plus  ou  moins 
isodiamétriques,  à  structure  polygonale  différenciée. 

Figure  45,  D.  Individu  de  forme  bizarre  et  à  structure 
particulière. 


Fig.   45 


COUCHE  VERTICALE 

A.     Bâtonnets 
Le  10  mars  1S99,  vers  lh  matin 


Couche  verticale  de  givre  hérissant  la  couche  horizontale, 
en  croûte,  développée  sur  le  tube  en  verre.  Le  givre  a 
commencé  à  se  développer  vers  191',  la  veille,  et  s'était  accru 
lentement,  progressivement. 


Etat  de  l'atmosphère.   Température:   —5°. 4    [i8h   la  veille  1, 
-7°,3  (minuit^  — 7°,2  (ih).  Brume.  Très  léger  courant  d'air 

A  l'a-il  nu,  c'étaient  des  bâtonnets  de  o,5  cent    à   1  cent. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


75 


de  longueur,  de  imm,S  à  2mra  d'épaisseur  (1);  ordinairement 
réunis  par  leurs  bases  en  groupes  de  deux  ou  trois  ;  à  sur- 
face hérissée  de  grains  et  paraissant  composés  de  grains 
semblables. 

Observation  microscopique  :  Les  bâtonnets  étaient  composés 
d'éléments  comparables  aux  grains  si  communs  sur  la  couche 
horizontale,  ne  montrant  généralement  pas  de  limites  cristal- 
lines distinctes.  Leurs  dimensions  étaient  variables  ;  les  plus 
grands  se  montraient  souvent  composés  d'éléments  de  formes 
diverses  et  plus  ou  moins  distincts.  Parmi  les  plus  grands, 
beaucoup  avaient  l'aspect  de  prismes  à  base  en  rectangle 
généralement  allongé   et  un  peu  déformé  (angles  émoussés. 


côtés  légèrement  incurvés  1  ;  ces  prismes  étaient  le  plus  souvent 
orientés  de  façon  que  leur  base  était  à  peu  près  perpendicu- 
laire à  l'axe  du  bâtonnet  ;  leur  diamètre  variait  dans  des 
limites  assez  restreintes  ;  souvent  ils  étaient  comme  fêlés  sur 
la  face  basale,  de  façon  à  montrer  leur  composition  d'éléments 
plus  petits  ;  leur  épaisseur  variait  considérablement  :  il  y  avait 
toutes  les  formes  intermédiaires  entre  une  mince  lamelle 
quadrilatérale  et  la  forme  presque  cubique.  Rarement  ces 
quadrilatères  étaient  rhombiques,  plus  rarement  encore  ils 
montraient  des  transitions  vers  la  forme  hexagonale.  Exemples  : 
figure  41,  A'-B". 


B.     Baissons 


Le  13  décembre  189S,  entre  lh  et  31'  matin 


Couche  verticale  de  givre  développée,  pendant  la  nuit  du 
12  au  i3  décembre,  sur  la  couche  horizontale. 

État  de  l'atmosphère.  Température  :  — 3°, 2  'i8h  la  veillel, 
—  8°, 9  (minuit),  — n°,i  (3h).  Brume.  Calme. 

A  l'œil  un,  c'étaient  de  petits  bouquets  se  rétrécissant  vers 
le  point  de  fixation,  avant  l'aspect  farineux.  Il  était  impos- 
sible de  distinguer  les  éléments  constitutifs   des  bouquets. 

Observation  microscopique.  Les  bouquets  étaient  composés 
de  buissons  présentant  un  système  tout  à  fait  irrégulier  de 
ramifications  dans  tous  les  plans.  Les  ramifications  formaient 
entre  elles  des  angles  très  aigus  Par  places  on  voyait  qu'elles 
étaient  composées  d'éléments  plus  petits,  lesquels  parfois  se 
montraient  composés,  quoique  peu  distinctement,  d'éléments 


plus  petits  encore.  Le  diamètre  des  ramifications  variait  d'un 
point  à  l'autre.  Des  grains  étaient  disséminés  çà  et  là  sur  les 
ramifications.  La  figure  46  représente  une  des  branches  con- 
stitutives d'un  buisson  ;  sur  cette  branche,  on  voit  une  lamelle 
hexagonale  superposée  (7z). 


Fig    46 


C.      Plumes 


Le  28  novembre  1898,   entre  l1'  et  4h  matin 


Couche  verticale  de  givre  développée  progressivement, 
à  partir  de  23h  la  veille,  sur  la  couche  horizontale. 

Etat  de  l'atmosphère.  Température:  — n°,3  .22''  la  veille), 
—  i4°,o  (minuit),  — 16°,3  I3h',  — 15°,6  l4h).  Brume.  Très  faible 
courant  d'air. 

Observation  à  l'œil  nu  et  à  la  loupe. 

L'épaisseur  de  la  couche  était  de  2  à  2ctm,5.  Le  givre 
était  très  délicat  et  se  détruisait  facilement  sous  l'action  d'un 
choc  ou  d'un  souffle.  Il  était  composé  de  fines  et  régulières 
plumes,  pour  la  plupart  du  type  A1  de  la  figure  47,  fixées  par 
une  extrémité  I inférieure  sur  la  figure  1.  Par  places,  la  couche 
dans  toute  son  épaisseur  était  formée   exclusivement  par  la 


(1)  Une  fois,  l'accroissement  du  givre  étant  assez  rapide, 
ces  bâtonnets  ont  atteint,  dans  une  journée,  de  4  à  5  centi- 
mètres de  longueur:  ils  se  présentaient  alors  en  cônes  allongés 
fixés  par  leur  base  d'environ  octm,5  de  diamètre. 


juxtaposition  de  grandes  plumes  triangulaires,  mais  ordinaire- 
ment des  triangles  plus  petits  étaient  fixés  l'un  sur  l'autre, 
sous  un  angle  variable,  en  général  petit. 

Dans  chaque  individu,  on  pouvait  distinguer  une  ou 
deux  tiges  portant  des  branches  unilatérales  ou  bilatérales 
(dans  ce  dernier  cas,  les  points  d'insertion  se  correspondant 
exactement  des  deux  côtés  de  la  tige),  très  serrées,  équidis- 
tantes,  formant  avec  la  tige  un  angle  de  60°.  La  branche 
inférieure,  insérée  tout  près  du  point  de  fixation  de  l'individu, 
était  la  plus  longue  et  ordinairement  aussi  longue  que  la  tige  ; 
à  partir  de  ce  point,  les  branches  du  même  côté  de  la  tige 
diminuaient  de  longueur,  en  grénéral  très  régulièrement,  de 
façon  que  leurs  extrémités  formaient  ensemble  une  droite 
joignant  le  sommet  de  la  tige  à  l'extrémité  de  la  branche 
inférieure.  Ordinairement  un  système  latéral  de  branches 
montrait  une  striation  parallèle  à  la  tige,  très  fine  (appendices 
secondaires  1.  La  tige,   les  branches  et  les  stries  paraissaient 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


parfaitement  rectilignes.  La  figure  47,  A1,  représente  la  forme 
la  plus  commune  :  un  triangle  isocèle,  donc  comme  un  sextant 
d'une  lamelle  hexagonale  régulière.  Sur  la  figure  An,  on  voit 
deux  systèmes  de  branches,  dans  le  même  plan  :  l'ensemble 
forme  comme  le  tiers  d'une  lamelle  hexagonale  régulière. 
Figure  A111  :  comme  un  bras  d'une  étoile  dendritique.  Figure 
AIV  :  deux  systèmes  de  branches  du  même  côté  de  la  lige  : 
l'inférieur  est  constitué  de  branches  formant  avec  la  tige  un 
angle  de  6o°  et  striées  parallèlement  à  celle-ci,  tandis  que  le 
supérieur  a  des  branches  parallèles  à  la  tige  et  ses  stries 
forment  avec  cette  dernière  un  angle  de  6o°.  Figure  ,4 r 
(préparation  endommagée)  :  deux  tiges  formant  entre  elles 
un  angle  de  6o°,  donc  comme  une  demi-lamelle  hexagonale  ; 
à  l'intérieur  de  cet  angle,  les  ramifications  des  deux  tiges,  qui 
s'empêchent  mutuellement  de  se  développer,  semblent  lutter. 
Figure  A  rl  (préparation  endommagée)  :  une  tige  portant  d'un 
côté  un  système  de  branches  formant  avec  elle  un  angle  de  6o°  ; 
la  branche  basale  sert  de  base  pour  un  autre  système  de 
branches  formant  avec  elle  un  angle  de  6o°  ;  à  ce  système  est 
uni,  par  une  de  ses  branches,  un  individu  dont  le  plan  forme 
avec  celui  de  son  support  un  angle  de  6o°  et  dont  la  base  est 
parallèle  à  la  branche  basale  mentionnée.  Figure  A yn  : 
exemple  d'une  tige  portant  deux  systèmes  de  ramifications, 
dans  deux  plans  différents  qui  peuvent  former  entre  eux  un 
angle  de  6o°,  cet  angle  pouvant  être  d'ailleurs  quelconque 
et  souvent  très  petit.  Figure  Arnl :  exemple  de  trois  plumes 
fixées  l'une  sur  l'autre  par  leurs  branches  basales,  ces  der- 
nières coïncidant  avec  une  branche  de  leur  support  ;  les 
plumes  formaient  entre  elles  des  angles  très  petits. 

Observation  microscopique. 

i.  Forme  la  plus  simple  ifig.  47,  B).  A  l'œil  nu,  elle 
ressemblait  à  la  figure  A11  ;  seulement,  comme  il  n'y  avait  pas 
d'appendices  secondaires,  on  ne  voyait  pas  de  striation.  Sur  la 
figure  B,  une  partie  seulement  en  est  représentée.  Deux 
S3rstèmes  de  branches,  dans  le  même  plan  ,  leurs  points 
d'insertion  se  correspondaient  parfaitement  des  deux  côtés  de 
la  tige.  Une  double  ligne  axiale,  à  contours  légèrement  ondu- 
lés, aboutissait  jusqu'à  la  base  de  l'individu.  Les  branches 
étaient  en  continuité  parfaite  avec  la  tige.  Les  contours 
des  branches  étaient  courbes,  irrégulièrement  ondulés  ;  la 
cause  en  était,  peut-être,  que  la  préparation  se  trouvait  au 
début  de  la  fonte  :  sous  mes  yeux,  les  branches  se  raccour- 
cissaient, s'amincissaient  et  leurs  extrémités  s'effilaient  /  . 
Des  grains  de  givre,  dont  j'ai  représenté  quelques-uns,  distincts 
des  points  de  fonte,  étaient  disséminés  sur  les  branches  et  sur 
la  tige  ;  leur  aspect  était  arrondi,  sans  limites  cristallines  ; 
rarement  ils  montraient  des  contours  plus  ou  moins  hexa- 
gonaux. —  Au  moment  de  l'observation,  j'ai  constaté  aussi 
l'apparition  de  très  petites  pointes  hérissant  la  surface,  bien 
distinctes  comme  telles  aux  bords  de  la  figure  et  se  piésentant 
en  ponctuation  sur  la  face  appendice  f\  ;  c'étaient  les  pro- 
duits de  la  fonte. 


2.  Formes  à  appendices  secondaires  dont  la  présence 
donnait  à  la  loupe  la  striation  des  systèmes  des  branches 
primaires  (comparer  les  fig.  AI-AynI'. 

a)  Formes  ressemblant  à  celles  de  la  figure  S;  seulement  les 
branches  primaires  étaient  ramifiées  et  de  la  même  façon  que 
la  tige  :  les  branches  secondaires  étaient  bilatérales  et  formaient 
avec  la  branche  primaire  un  angle  de  6o°.  Relativement  rares. 

bj  Branches  secondaires  unilatérales  1  forme  la  plus  com 
mime).  Dans  les  individus,  comme  sur  les  figures  .4  z,  A11,  A111, 
A711,  toujours  du  mime  cote  des  branches  primaires,  à  savoir  du 
côté  tourné  vers  le  sommet  de  la  tige.  La  figure  C  représente 
une  partie  d'une  branche  primaire  avec  des  ramifications 
secondaires  unilatérales,  qui  par  places  semblent  fusionnées, 
montrant  des  traces  plus  ou  moins  distinctes  de  leur  indivi- 
dualité ;  on  y  voyait  des  figures  internes  lagéniformes,  orien- 
tées, par  rapport  à  la  branche  primaire,  de  la  même  façon  que 
les  branches  secondaires  (cavités  internes  ?).  La  double  ligne 
longitudinale  interne,  axiale  sur  la  figure  B,  se  trouve  ici 
au  bord  de  la  branche  primaire. 

Parfois,  dans  un  système  de  branches  primaires  à  ramifi- 
cations unilatérales,  se  trouvait  une  région  de  branches  à 
ramifications  bilatérales  ;  la  double  ligne  longitudinale  margi 
nale  redevenait  alors  axiale. 

Souvent  les  branches  secondaires  d'une  branche  primaire 
s'allongeaient  fortement  et  devenaient  ainsi  des  branches 
principales  d'un  nouveau  système,  adjacent  au  premier  et 
faisant  avec  lui  un  angle  de  6o°  ;  ces  branches  portaient  des 
branches  secondaires  unilatérales  (comparer  la  fig.  AIV . 

Aux  extrémités  des  branches  primaires,  du  côté  libre  des 
tiges  et  des  branches,  en  général  aux  limites  de  l'individu,  on 
voyait  très  souvent  des  formations  lamellaires  qui  semblaient 
accolées  aux  parties  limitantes  de  l'individu  et  qui  souvent 
montraient  une  forme  cristalline  1  hexagonale)  et  de  fins  dessins 
internes.  La  figure  D1  montre  une  préparation  endommagée, 
observée  à  la  loupe,  où,  du  côté  libre  de  la  tige  mu,  on  voit 
de  petits  bourgeons  tubulaires  /.  La  figure  Dn  représente, 
vue  au  microscope,  une  partie  du  bord  libre  de  cette  tige, 
garni  comme  toujours  de  la  double  ligne  marginale  aa.  Nous 
voyons  ici  d'abord  une  lamelle  irrégulière  /,  qui  semble 
accolée  à  la  face  inférieure  de  la  tige  ;  puis,  deux  lamelles 
adjacentes,  l,  et  h,  allongées  fortement  dans  le  sens  delà  tige, 
accolées  sur  celle-ci  et  symétriquement  par  rapport  à  la  double 
ligne  aa  ;  puis  une  lamelle  semblable  /,.  plus  étroite,  asymé- 
trique par  rapport  à  la  double  ligne  aa  et  qui  paraissait 
appliquée  sur  la  lamelle  h  ;  enfin,  une  grande  lame  L,  en 
hexagone  allongé  dont  le  grand  axe  forme  un  angle  de  6o° 
avec  la  tige,  et  déformé  dans  sa  partie  supérieure  gauche. 
Cette  lame  semblait  inférieurement  placée  par  rapport  à  /;  ; 
sur  elle  se  dessinait  un  système  de  lignes,  plus  ou  moins 
symétrique  par  rapport  au  grand  axe  de  la  lame,  formant  une 
espèce  d'hexagones  incomplets,  inscrits  dans  la  lame  et  se 
rétrécissant  irrégulièrement  vers  la  racine  de  celle-ci;  on  y  voit 
des   cavités  internes,  allongées  suivant  le  grand  axe  de  la  lame. 


LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE 


77 


Modifications  de  la  couche  verticale  après  ih  matin. 

Tout  en  croissant,  elle  se  modifiait  :  elle  prenait  l'aspect 
farineux.  Cet  aspect  provenait  de  ce  que  les  plumes  constitu- 
tives de  la  couche  verticale  se  couvraient  de  givre  de  plus  en 
plus  abondant  d'un  type  spécial.  C'étaient  des  grains  de  givre, 
sans  aspect  cristallin,  agglomérés  en  chapelets  de  façon  à 
former  des  buissons  plus  ou  moins  perpendiculaires  à  la  surface 
de  la  plume.   Les   ramifications  se  fixaient  accidentellement 


l'une  à  l'autre  de  façon  irrégulière  ;  elles  étaient  de  diamètre 
variable  et  leurs  contours  étaient  courbes  et  irréguliers.  Par 
places,  les  grains  semblaient  se  fusionner  en  boudins  plus  ou 
moins  longs;  entre  les  chapelets  de  grains  distincts  et  les 
boudins  à  structure  homogène,  il  y  avait  tous  les  stades  de 
transition.  La  figure  47,  E,  montre  une  partie  d'un  buisson 
examinée  au  microscope.  Ce  givre  était  donc  analogue  à  celui 
observé  le  i3  décembre. 


Fig.  47 


7§ 


EXPEDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 


D.     Écailles 


Le  11  novembre  1S9S,  entre  9h  et  10'1  matin 


Givre  qui  s'était  développé,  pendant  la  nuit  du  10  au 
il  novembre,  sur  la  porte  de  l'abri  météorologique  (en  bois 
non  peint  i,  exposé  au  vent,  et  sur  son  toit  (en  bois  peint), 
presque  parallèle  au  courant  d'air. 

État  de  l'atmosphère.  Température  :  — 7°,S  fi8h  la  veille  , 
— 15°,4  (minuit),  — 17°,8  <3'  .  — 12°,0  10  .  Faible  courant  d'air. 
Ciel  clair. 

A  l'œil  nu,  ce  givre  présentait  l'aspect  d'écaillés  hérissant 
la  surface  du  support. 

A  la  loupe,  c'étaient  des  lames  tétra-,  penta-  et  (la  plupart) 
hexagonales,  fixées  par  un  des  angles  ;  ordinairement  plusieurs 
lames  (2-4)  se  fixaient  au  même  point,  formant  entre  elles  des 
angles  variables.  Tendanceà  la  symétrie  bilatérale  par  rapport 
à  un  axe  passant  par  le  point  d'insertion. 

Au  microscope,  ces  lames  présentaient  une  structure  parti- 
culière. Du  point  d'insertion  partaient  des  diagonales  qui 
divisaient  ainsi  toute  la  lame  en  triangles,  deux  dans  un  • 
gone,  trois  dans  un  pentagone,  quatre  dans  un  hexagone.  Les 
diagonales  étaient  constituées  d'ordinaire  par  une  double 
ligne  formant  une  sorte  de  nervure,  à  bords  ondulés  irrégu- 
lièrement,   mais    parfois    de   façon   assez    symétrique  ;    cette 


nervure  pouvait  être  continue  ou  plus  ou  moins  discontinue, 
comme  fractionnée;  parfois  on  trouvait  comme  deux  nervures 
inscrites  l'une  dans  l'autre.  Ces  nervures  se  rétrécissaient, 
plus  ou  moins  distinctement,  vers  leur  point  de  convergence. 
Les  triangles  étaient  striés  transversalement  par  des  lignes 
simples  ou  doubles,  parfaitement  droites,  qui  se  correspon- 
daient d'un  triangle  à  l'autre.  Ils  faisaient  l'impression  de  ne 
pas  être  tous  dans  le  même  plan,  comme  s'ils  constituaient 
différentes  faces  d'un  polyèdre  ;  ainsi,  par  exemple,  sur  l'écaillé 
représentée  par  la  figure  48,  les  triangles  droit  et  gauche 
étaient  plus  sombres  et  leur  striation  moins  distincte  que  dans 
le  triangle  du  milieu.  La  partie  gauche  de  la  figure  était  déjà 
en  fonte. 


Fig.  4S 


Le  2  décembre  1S98,  vers  S'    matin 


Givre  développé  pendant  la  nuit  sur  l'abri  météorologique. 

État  tie  l'atmosphère.  Température  :  —8°, 2  (i8h  la  veille^, 
—  iS°,o  [minuit),  — 2i°.4  [411:,  —  16e. o  1. S1,  .  Léger  courant  d'air. 
Ciel  clair. 

A   l'ail  nu  :   écailles.    1  En   même  temps,    sur    le   tube    de 
verre,  j'ai  trouvé  une  croûte  de  la  couche  horizontale  héi i 
de  bâtonnets.) 

Au  microscope,  c'étaient  des  formes  tout  à  fait  analogues  à 
celles  observées  le  11  novembre  à  la  même  place.  C'étaient 
des  lames  pentagonales  et  hexagonales,  à  côtés  inégaux.  Le 
mode  de  fixation,  les  détails  de  la  structure  étaient  les  mêmes. 
Même  impression  de  figures  polyédriques. 

Quelques  cas  particuliers  : 

Fi^  49,  A.  Une  lame  hexagonale  à  structure  homogène, 
à  côtés  opposés  égaux. 

Fig.    49,    B.    Lame   hexagonale    incomplète    a  ;    le    côté 


manquant  remplacé  par  une  formation  b  terminée  en  pointe. 


B 


Fig.  49 


TABLE  DES  MATIERES 


Introduction      ....... 

Première  partie  :   La  xeige. 

Principaux  types  ..... 

Type  lamellaire  :   Forme 

Structure 

Neige  prismatique  :   Forme 

Structure     . 

Formations  lamellaires  apparentées  aux  prismes 

Neige  aciculaire    ..... 

Granules  apparentés  à  la  neige  aciculaire 

Poudrin  ...... 

Neige  couverte  de  givre 

Groupements  de  cristaux  de  neige 

Flocons  de  neige  ..... 

Relations  entre  les   propriétés  des  cristaux  de  neige 
Seconde  partie  :  Quelques  observations  sur  le  givre  . 

Couche  horizontale        ...... 

Couche  verticale  ....... 


et  la  température  obs 


ervee 


PAGES 

3 

4 
5 

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32 

36 
38 
42 
45 
45 
46 
53 
56 
56 
61 
62 

74 


LISTE  DES  RAPPORTS  SCIENTIFIQUES 

PUBLIÉS    SOUS    LA    DIRECTION    DE   LA 

COMMISSION  DE  LA  "BELGICA,, 

Les  mémoires  dont  les  titres  sont  précédés  d'un  astérisque  (*)  ont  déjà  paru. 
Le  classement  des  rapports  dans  les  volumes  III,  IV,  VI,  VII,  VIII  et  IX  sera  fait  ultérieurement. 


VOLUME  I. 


RELATION  DU  VOYAGE  ET  RESUME  DES  RESUL- 
TATS, par  A.  de  Gerlache  de  Gomery. 

TRAVAUX  HYDROGRAPHIQUES  ET  INSTRUCTIONS 
NAUTIQUES,  par  G.  Lecointe.  ' 

VOLUME  II 


NOTE  RELATIVE  A  L'USAGE  DES  EXPLOSIFS  SUR 
LA  BANQUISE,  par  G.  Lecointe. 


ASTRONOMIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE. 


♦ETUDE  DES   CHRONOMETRES  fdeux  parties!, 

par  G.  Lecointe Frs  33, 5o 

RECHERCHE    DES    POSITIONS    DU    NAVIRE    PEN- 
DANT LA  DÉRIVE,  par  G.  Lecointe. 

OBSERVATIONS  MAGNÉTIQUES,  par  C.  Lagpange   et 
G-  Lecointe. 


NOTE  RELATIVE  AUX  MESURES  PENDULAIRES, 
par  G.  Lecointe. 

CONCLUSIONS  GÉNÉRALES  SUR  LES  OBSERVA- 
TIONS ASTRONOMIQUES  ET  MAGNÉTIQUES,  par 
Guyou. 


VOLUMES  III  et  IV. 
MÉTÉOROLOGIE. 


RAPPORT  SUR  LES  OBSERVATIONS  METEOROLO- 
GIQUES HORAIRES,  par  H.  Arctowski. 

♦RAPPORT  SUR  LES  OBSERVATIONS  DES  NUAGES, 
par  A.  Dobrowolski Frs  20,00 

*LA  NEIGE  ET  LE  GIVRE,  pj  A.  Dobrowolski.     <>     10,00 


♦PHENOMENES  OPTIQUES  DE  L'ATMOSPHERE,  par 

H.  Arctowski Frs    6,00 

*AURORES  AUSTRALES,  par  H.  Arctowski    .    Frs  11,00 
DISCUSSION  DES  RÉSULTATS  MÉTÉOROLOGIQUES, 
par  A.  Lancaster. 


VOLUME  V. 
OCÉANOGRAPHIE  ET  GÉOLOGIE. 


RAPPORT  SUR  LES    SONDAGES    ET    LES   FONDS 

MARINS   RECUEILLIS,  par    H.   Arctowski  et  A.  F. 

Renard. 
RAPPORT  SUR  LES  RELATIONS  THERMIQUES  DE 

L'OCÉAN,  par  H.  Arctowski  et  H.  R.  Mill. 
♦DÉTERMINATION  DE  LA  DENSITÉ  DE  L'EAU   DE 

MER,  par  J.  Thoulet Frs    7,5o 

♦RAPPORT  SUR  LA  DENSITÉ  DE  L'EAU  DE  MER, 

par  H.  Arctowski  et  J.  Thculet Frs    3,oo 

NOTE  SUR  LA  COULEUR  DES  EAUX  OCÉANIQUES, 

par  H.  Arctowski. 

VOLUMES  VI, 


LES  GLACES  ANTARCTIQUES  (Journal  d'observations  rela- 
tives aux  glaciers,  aux  icebergs  et  à  la  banquise),  par  H.  Arc- 
towski. 

NOTE  RELATIVE  A  LA  GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE 
DES  TERRES  ANTARCTIQUES,  par  H.  Arctowski. 

LA  GÉOLOGIE  DES  TERRES  ANTARCTIQUES,  par 
A. -F.  Renard. 

NOTE  SUR  QUELQUES  PLANTES  FOSSILES  DES 
TERRES  MAGELLANIQUES,  par  M.  Gilkinet. 


VII,  VIII  et  IX. 


BOTANIQUE  ET  ZOOLOGIE. 
Botanique. 


DIATOMÉES  fmoins  Chaetoccrcs),  par  H.  van  Heurck. 
PÉRIDINIENS  ET  CHAETOCÉRÉS,  par  Fr.  Schùtt. 
ALGUES,  par  E.  De  Wildeman. 
CHAMPIGNONS,  par  MMmes  Bommer  et  Rousseau. 
♦LICHENS,  par  E.  A.  Wainio Frs  12,00 


♦HEPATIQUES,  par  F.  Stepiiani \ 

♦MOUSSES,  par  J.  Cardot S       rs  2  ,0° 

CRYPTOGAMES  VASCULAIRES,  par  Mme  Bommer. 
PHANÉROGAMES,  par  E.  De  Wildeman. 


Zoologie. 


FORAMINIFERES,  par  A.  Kemna  et  Van  den  Broeck. 
RADIOLAIRES,  par  Fr.  Dreyer. 
TINTINOIDES,  par  K.  Brandt. 

^SPONGIAIRES,  par  E.  Topsent Frs  16,00 

HYDRAIRES,  par  C.  Hartlaub. 
SIPHONOPHORES,  par  C  Chun. 
MÉDUSES,  par  L.  Schultze. 
ALCYONAIRES,  par  Th.  Studer. 
PENNATULIDES,  par  H.  F.  E.  Jungersen. 
♦MADRÉPORAIRES  et  HYDROCORALLIAI-   j 

RES,    par  E.  v.  Marenzeller >  Frs    5,oo 

♦ACTINIAIRES,  par  O.  Carlgrex ) 

CTÉNOPHORES,  par  C.  Chun. 

HOLOTHURIDES,  par  E.  Hérouard. 

ASTÉRIDES,  par  H.  Ludu-ig.  . 

=■■  ÉCHINIDES  ET  OPHIURES,  par  R.  Kcshler.   Frs  i7,5o 

ORINOIDES,  par  J.  A.  Bather. 

PLANAIRES,  par  L.  Bôhmig. 

CESTODES,  TRÉMATODES  et  ACANTHOCÉPHALES, 

par  P.  Cerfontaine. 
NÉMERTES,  par  Bùrger. 
NÉMATODES  LIBRES,  par  J.  D.  de  Man. 
NÉMATODES  PARASITES,  par  J.  Guiart. 
CHAETOGNATHES,  par  O.  Steinhaus. 
GÉPHYRIENS,  par  J.  W.  Spengel. 
OLIGOCHÈTES,  par  P.  Cerfontaine. 
POLYCHÈTES,  par  G.  Pruvot  et  E.  G.  Racovitza. 
BRYOZOAIRES,  par  A.  W.  Waters. 

♦BRACHIOPODES,  par  L.  Joubin Frs    5,oo 

ROTIFÈRES  ET  TARDIGRADES,  par  C.  Zelixka. 
PHYLLOPODES,  par  Hérouard. 
OSTRACODES,  par  G.  W.  Mùller. 

!:COPÉPODES,  par  W.  Giesbrecht Frs  25, oo 

CIRRIPÈDES,  par  P.  P.  C.  Hoek. 
CRUSTACÉS  ÉDRYOPHTHALMES,  par  J.  Bonnier. 
SCHIZOPODES  ET  CUMACÉS,  par  H.  J.  Hanses- 
CRUSTACÉS  DÉCAPODES,  par  H.  Cûutière. 


Frs  n,oo 


PYCNOGONIDES,  par  G.  Pfeffer. 

ACARIENS  LIBRES,  par  A.  D.  Michael  et  D*  Trouessart. 

ACARIENS  PARASITES,  par  G.  Neumann. 

ARANÉIDES,  par  E.  Simon. 

♦MYRIAPODES,  par  C.  v.  Attems i , 

♦COLLEMBOLES,  par  V.  Willem )■■ 

ORTHOPTÈRES,  par  Brunner  von  Wattenwyl. 

HÉMIPTÈRES,  par  E.  Bergroth. 

PÉDICULIDES,  par  Y.  Willem. 

DIPTÈRES,  par  J.  C.  Jacobs. 

COLÉOPTÈRES,  par  Schouteden',  E.  Rousseau,  A.  Grou- 
velle,  E.  Olivier,  A.  Lameere,  Boileau,  E.  Brenske, 
Bourgeois  et  Fairmaire. 

HYMÉNOPTÈRES,  par  C.  Emery,  Tosquinet,  E.  André  et 
J.  Yachal. 

SOLÉNOCOXQUES,  par  L.  Plate. 

♦GASTROPODES  ET  LAMELLIBRANCHES,  j 

par  P.  Pelseneer /Frs  25, oo 

♦CÉPHALOPODES,  par  L.  Joubin    .     .     .     .     .) 

TUNICIERS,  par  E.  Van  Beneden. 

POISSONS  ET  REPTILES,  par  L.  Dollo. 

BILE  DES  OISEAUX  ANTARCTIQUES,  par  P.  Portier. 

OISEAUX  Biologie),  par  E.  G.  Racovitza. 

OISEAUX   Systématique),  par  Howard  Saunders. 

♦CÉTACÉS,  par  E.  G.  Racovitza Frs  24.00 

EMBRYOGÉNIE  DES  PINNIPÈDES,  par  E. Van  Beneden. 

ORGANOGÉNTE  DES  PINNIPÈDES,  par  Brachet  et 
Leboucq. 

ENCÉPHALE  DES   PINNIPÈDES,  par  Brachet. 

PINNIPÈDES  {Bietogie},  par  E.  G.  Racovitza. 

-PINNIPÈDES    (Systématique),  par 

E.  Barrett-Hamilton     ....     Frs    4,00 

BACTÉRIES  DE  L'INTESTIN  DES  ANIMAUX  ANT- 
ARCTIQUES, par  J.  Cantacuzène. 

LA  BIOGÉOGRAPHIE  DE  L'ANTARCTIDE,  par  E.  G. 
Racovitza. 


VOLUME  X. 

ANTHROPOLOGIE. 

MEDICAL  REPORT,  par  F.  A.  Cook. 

REPORT  UPON  THE  ONAS,  par  F.  A.  Cook. 

A  YAHGAN  GRAMMAR  AND  DICTIONARY,  par  F.  A.  Cook. 


REMARQUES.  —  Par  la  suite,  plusieurs  autres  mémoires  s'ajouteront  à  cette  liste. 
Il  ne  sera  éventuellement  mis  en  vente  que  cinquante  collections  complètes  des  mémoires.   Ceux-ci 
pourront  être  acquis,  séparément,  aux  prix  indiqués  sur  la  présente -couverture  : 

à  ANVERS,      chez  J.-E.  BUSCHMANN,  éditeur,   Rempart  de  la  Porte  du  Rhin, 
à  PARIS,  chez  LE  SOUDIER,  174-176,  Boulevard  Saint-Germain, 

à  BERLIN,       chez  FRIEDLANDER,  ri,  Carlstrasse,  X.  W.  6. 
à  LONDRES,  chez  DULAU  &  C°,  3y,  Soho  Square,  W. 

Ces  prix  seront  réduits  de  20  %  pour  les  personnes  qui  souscriront  à  la  série  complète  des  mémoires 
chez  l'un  des  libraires  désignés  ci-dessus.  Toutefois,  lorsque  la  publication  sera  terminée,  les  prix  indiqués 
sur  cette  liste  seront  majorés  de  40  %,  pourries  mémoires  vendus  séparément,  et  de  20  %,  pour  les 
mémoires  vendus  par  série  complète. 


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