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Q
115
E 21
\.
EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
RÉSULTATS
DU
VOYAGE DU S. Y. BELGIGA
EN 1897-1898-1899
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, 5= = rr[
SOUS LE COMMANDEMENT DE
A. DE GERLACHE DE GOMERY
RAPPORTS SCIENTIFIQUES
PUBLIÉS AUX FRAIS DU GOUVERNEMENT BELGE, SOUS LA DIRECTION
D^ LA
COMMISSION DE LA BELGICA
r r
METEOROLOGIE
LA NEIGE ET LE GIVRE
A. DOBROWOLSKI
Membre du personnel scientifique de l'Expédition
AN VERS
IMPRIMERIE J.-E. BUSCHMANN
REMPART DE LA PORTE DU RHIN
igo3
Printed in! Belghun
\
LA NEIGE ET LE GIVRE
PAR
A. DOBROWOLSKI
Membre du personnel scientifique de l'Expédition
D 2
Sorti des presses de J.-E. BUSCHMANN, Anvers
le i5 Août igo3
LA NEIGE ET LE GIVRE
PAR
A. DOBROWOLSKI
Membre du personnel scientifique de l'Expédition
INTRODUCTION
Pendant l'hivernage de la Belgica, en iSgS/99, j'ai fait une série d'observations sur la
forme et la structure du givre et surtout de la neige.
Je dois dire que les conditions dans lesquelles ces observations ont été faites n'étaient pas
des meilleures. Ainsi, d'autres occupations m'empêchaient souvent d'étudier au microscope
beaucoup de formes intéressantes, que je devais me contenter d'examiner à la loupe. Mais le plus
grand inconvénient était le manque d'appareil microphotographique, absolument nécessaire pour
fixer des formes essentiellement fugaces de par la rapidité de la fonte et de l'évaporation ;
j'ai dû, par conséquent, me borner à des dessins, voire même à des descriptions. Mes dessins,
inévitablement plus ou moins inexacts, ne reproduisent souvent que de simples fragments des
formes observées, ou bien ne font ressortir que certains caractères de celles-ci, ou enfin, dans
le cas de figures trop compliquées, deviennent schématiques. De plus, dans ce domaine, la
photographie seule permet des mensurations précises. A défaut d'un moyen si essentiel, mon
travail constituerait un véritable anachronisme, si les recherches systématiques basées sur cette
méthode n'étaient pas si récentes, et si les procédés primitifs, tout défectueux qu'ils soient,
ne pouvaient encore fournir quelques données nouvelles sur les nombreuses lacunes de nos
connaissances sur ce sujet, ou tout au moins aboutir à la confirmation de certains faits admis.
Des malentendus possibles nécessitent encore une dernière remarque. La question
peut-être la plus importante dans toute étude cristallographique, est de savoir si la forme
observée est un individu unique ou bien un groupement cristallin. Souvent la simple observation
peut induire en erreur ; seule l'étude des propriétés physiques, et tout particulièrement des
phénomènes optiques, est capable d'y répondre. Or, n'ayant pas fait ces recherches, je ne
saurais évidemment me prononcer dans les cas douteux. Par conséquent, partout où, malgré
l'incertitude, j'envisage une forme donnée comme individu unique ou comme groupement, il ne
faut voir qu'une présomption, ou même une simple commodité de description.
Enfin, je me permets de remercier ici MM. A. Lancaster, directeur du Service
météorologique de l'Observatoire royal d'Uccle, et F. Stober, chargé de cours de minéralogie
à l'Université de Gand, de l'intérêt qu'ils ont témoigné à mon travail, et de leurs conseils
concernant la rédaction et la publication de celui-ci.
45921
PREMIERE PARTIE
LA X E I G E
L'examen de la neige fut fait en général à l'occasion de la prise des notations météoro-
logiques horaires. Assez souvent les observations eurent lieu dans l'intervalle, et parfois même
furent poursuivies d'une façon continue afin de se rendre compte de la succession des formes.
Dans trois cents cas environ, j'utilisai la loupe et le microscope ; dans les autres, la loupe
seulement.
Les mensurations ont été presque exclusivement faites à la loupe et ne peuvent donc
prétendre à une grande précision. L'échelle dont je me servais n'ayant été graduée qu'au
demi-millimètre, j'ai dû estimer approximativement les grandeurs d'ordre inférieur. Les erreurs
possibles ont été, évidemment, d'autant plus sensibles que les formes observées étaient plus
petites.
PRINCIPAUX TYPES
Toutes les formes observées ont pu être ramenées aux deux grands types des investi-
gateurs modernes (G. Hellmann, G. Noedenskjôld, W. A. Bentley) : type lamellaire (longueur
de l'axe principal très petite relativement à celle des axes secondaires (*)) et type en bâtonnet
(longueur de l'axe principal ordinairement plus grande, rarement un peu plus petite).
Bien fréquemment, il est vrai, il tombait des éléments le plus souvent informes et
d'aspect grenu, qui semblaient s'écarter de ces types. Mais, en revanche et plus souvent encore,
j'en observais de tout à fait analogues que je pouvais distinctement rattacher aux cristaux types,
soit qu'ils en fussent des agrégats, des débris, ou des déformations par dépôt de givre. Or,
quand, chose assez fréquente, ces deux catégories tombaient simultanément ou successivement
dans la même chute, on pouvait suivre une série de transitions bien nettes. Il en résulte, et cela
confirme l'opinion des observateurs modernes, qu'il serait bien difficile de conclure à des formes
s'écartant des deux grands types.
Quant à la fréquence relative des deux types, le lamellaire était prédominant :
Nombre d'observations où la forme de la neige a été déterminée : 708 ;
» » » le type lamellaire a été distingué : 404 ou 64 % ; '
» » ■» le type en bâtonnet a été distingué : 41g ou 5g %.
(1) Axe principal = l'axe vertical ; axes secondaires = les trois axes horizontaux.
LA NEIGE ET LE GIVRE
Cela concorde, d'une façon générale, avec les résultats des autres observateurs ; mais dans
nos parages la prépondérance du type lamellaire s'est montrée moindre (').
Ces deux types fondamentaux étaient en général très bien tranchés, et les formes de
transition (lamelles trop épaisses, bâtonnets trop courts), difficiles à y rattacher, étaient très rares.
Pourquoi la neige prend-elle tantôt l'un, tantôt l'autre habitus ? Quelles sont les conditions
qui font ses cristaux s'accroitre de préférence suivant certains axes ? Moins encore que pour
les autres substances à habitus variable, on ne saurait ici rien répondre de positif à cette
question primordiale (2).
TYPE LAMELLAIRE
Forme
Le caractère saillant de ce type est l'extrême diversité des formes.
Cela tient, avant tout, à ce qu'ici les cristaux sont le plus souvent incomplets : on a des
cristaux plus ou moins déchiquetés, squelettes cristallins (j), au lieu de la lamelle hexagonale
pleine. Or, le degré et la modalité de cette défectuosité peuvent être a priori très variables ; c'est
là d'ailleurs un fait connu pour d'autres substances qui, d'habitude ou dans certaines conditions,
cristallisent incomplètement. En outre, ces squelettes cristallins retrouvant des conditions de
croissance normale, tendent à se compléter ; et ici également, le degré et la modalité du
phénomène peuvent varier. Enfin, une lamelle, complète à son origine, peut s'accroitre, dans
la suite, d'après le type squelettaire.
Outre ce facteur, il en est d'autres. Tout d'abord les lamelles, complètes ou déchiquetées,
sont bien souvent hémiédriques, et la différence, quantitative et qualitative, entre deux
sextants (4) voisins, peut être très variable. Ensuite, ces cristaux sont loin d'être toujours d'une
régularité, d'une symétrie parfaites, et le degré et la modalité de leur irrégularité, de leur
asymétrie peuvent encore être très divers. De plus, ils peuvent, sur tout leur pourtour ou par
endroits seulement, présenter des courbures variables (bords concaves, angles émoussés). Enfin,
une nouvelle congélation succédant à une fonte partielle est encore une source de variabilité des
formes.
Des nombreuses formes que j'ai vues et de celles publiées par les auteurs, il n'en est pas
une qui trancherait plus ou moins nettement sur l'ensemble : il parait possible de toujours
passer d'une variété donnée à une autre, par une série progressive et serrée de formes de
(i) G. Hellmanx, tablant sur ses propres observations et sur celles de Scoresby et de Rohrer, estime à
environ y5 ° ,, la part du type lamellaire (Schneekrystalle. Berlin, i8o3 ; p. 3g). Les méthodes du calcul sont différentes :
tandis que mes chiffres ne donnent que la fréquence proprement dite, c'est-à-dire le °/0 d'observations où l'on a trouvé
les cristaux de l'un ou de l'autre type, Hellmann donne le °/0 de spécimens lamellaires observés.
Je fais rentrer dans le type en bâtonnet les combinaisons du prisme avec une ou deux lamelles.
(2) On suppose que l'état électrique de l'atmosphère, positif ou négatif, serait peut-être un facteur de cette
diversité. (W. A. Bentley, Twenty years' study of snow crystals. Monthly Weather Review, -May, 1901, p. 214.)
(3) Comme on trouve dans d'autres substances assez bien de formes d'accroissement analogues aux figures de
la neige lamellaire, il est permis, surtout depuis les expériences bien connues de Dogiel, de considérer celles-ci
comme différentes formes d'accroissement d'un cristal lamellaire hexagonal, ce qui n'élimine pas l'existence possible,
parmi ces figures, de groupements cristallins imitant la forme d'un cristal unique.
(4) Par « sextant » j'entends ici et dans la suite l'espace délimité par l'intersection de deux axes voisins (axes
des rayons dans le cas d'étoiles, diagonales passant par le centre dans le cas de tablettes).
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
transition. Cette continuité de forme s'observait bien souvent aussi parmi les différentes variétés
tombant, lors d'une même chute, simultanément ou successivement. Il n'en résulte point qu'on
pourrait arranger toutes les variétés de la neige lamellaire en une seule série. En effet, partant
de la même variété, on pouvait souvent aboutir, par des séries de formes de transition différentes,
à plusieurs variétés distinctes ; d'un autre côté, entre deux formes données il pouvait exister
plusieurs séries de transition différentes. La continuité de forme devrait donc ici être figurée par
un réseau complexe plutôt que par une ligne.
Le fait que les différentes formes observées semblent, souvent dans la même chute, reliées
entre elles par des formes de transition, fait qui n'était que le résultat d'une pure comparaison,
ne permet évidemment encore d'en tirer aucune conclusion légitime quant aux différentes phases
du développement d'un cristal. Ce n'est qu'en s'aidant de l'étude de la structure intime que l'on
peut aborder l'histoire de ces cristaux.
Quelque grand que soit le nombre des variétés lamellaires, il me semble pourtant montrer
des limites. Presque toutes les formes observées se répétèrent au moins une fois, sinon
absolument identiques, du moins avec des variantes insignifiantes ; très rares sont les formes que
je n'ai notées qu'une fois. D'un autre côté, m'étant procuré une collection assez riche de la
neige dessinée et photographiée ('), j'ai été frappé par la ressemblance plus qu'essentielle de ces
figures avec les formes que j'ai observées : j'en ai vu fort peu dont je n'aie pu trouver de très
analogues parmi mes dessins de la neige lamellaire, dessins dont je ne donne guère ici que les
schémas, non à cause de cette ressemblance, mais parce qu'ils ne peuvent être comparés aux
belles et si exactes microphotographies des auteurs modernes.
Principales variétés du tjrpe lamellaire
Il est ici fait abstraction des phénomènes d'hémiédrie, d'asymétrie, de contours
courbes, etc.
Une classification grossière, mais naturelle et assez commode, peut être basée sur le
degré de défectuosité ; elle donne comme formes extrêmes : lamelle hexagonale simple (cristal
complet), étoile sans champ central, à six rayons simples (cristal le moins complet).
A. Etoiles sans champ central.
I. Rayons très étroits relativement à leur longueur.
Les rayons se présentent sous deux aspects principaux :
a) L'aspect typique est en aiguille aplatie (fig. i, schéma A') dont la pointe proximale (2)
contribue à former le centre de l'étoile. Assez souvent le rayon semblait composé de deux ou
plusieurs aiguilles alignées bout à bout suivant une même droite (schéma A11).
b) Très fréquemment pourtant l'extrémité distale, au lieu de s'effiler, présentait un
contour semi-hexagonal (schéma B1), ou même un hexagone allongé incomplet dépassant
légèrement la largeur du reste du rayon (schéma B").
L'extrémité proximale pouvait parfois, elle aussi, perdre tout caractère d'acuité
(i) De la célèbre collection de microphotographies offerte par W. A. Bentley au Harvard Mineralogical
Muséum, je n'ai eu l'occasion de voir que des reproductions publiées dans Monthly Weaiher Review, May, igoi.
(2) J'emploie le terme 11 proximal » dans le sens de « tourné vers le centre »; le terme « distal » signifie : « tourné
vers la périphérie ».
LA NEIGE ET LE GIVRE
(schéma BIU). Donc, un rayon entier pouvait figurer une lamelle semi-hexagonale énormément
allongée.
Lorsque les deux aspects, a et b, se présentaient simultanément ou successivement dans
une même chute, ou, mieux encore, sur une même étoile, les rayons d'aspect b paraissaient
généralement plus larges.
Les bords latéraux du rayon (abstraction faite des appendices possibles) étaient unis ou
bien montraient des incisures, des échancrures, etc.
Les rayons dépourvus d'appendices latéraux étaient relativement rares. L'abondance
relative des appendices variait de la simple paire à la série très serrée. Leur répartition le long
du rayon était aussi variable : elle pouvait être uniforme ou non, et dans ce dernier cas, le plus
ordinaire, être plus ou moins déterminée (par exemple, appendices intéressant seulement la
moitié ou l'extrémité distales du bras) ou tout à fait indéfinie ; assez souvent on avait affaire à un
trèfle terminal composé d'une paire d'appendices et de la portion distale du rayon égale, ou à peu
près, à la longueur de ceux-ci, ce trèfle représentant donc le squelette d'un semi-hexagone
terminal (fi g. i, schéma C). Quant à la forme, un appen-
dice pouvait, lui aussi, ou bien être aciculaire ou bien
figurer, par son ensemble ou à son extrémité distale seule- ai a a n,
ment, un hexagone allongé incomplet ; bien souvent
pourtant ils s'étalaient en larges pétales [Stella pennata de
G. Hellmann), mais alors leur longueur, beaucoup
moindre en moyenne, n'atteignait jamais la longueur
maximale des précédents.
Supposant, pour la clarté de l'exposé, les étoiles
symétriquement développées, la longueur moyenne des
appendices variait d'une étoile à l'autre, depuis la simple
ébauche jusqu'à un maximum permis par le diamètre de
l'étoile. Sur un même rayon, lorsque les appendices de la région proximale étaient suffisamment
serrés, ils devaient naturellement se raccourcir progressivement, depuis un certain point vers
le centre de l'étoile ; un phénomène analogue, mais à marche inverse, s'observait généralement
aussi à l'extrémité distale du bras. Ailleurs la longueur pouvait varier d'une façon quelconque,
mais le plus souvent on pouvait discerner un certain ordre, lequel, joint à une répartition plus
ou moins déterminée des appendices, faisait que le pourtour de l'étoile considéré globalement
dessinait une forme définie, analogue à des lamelles plus complètes. En voici quelques types
dans les diagrammes A1 — F de la figure 2, que l'on pourrait encore compléter par des formes de
Bff{
1h
FlG.
FlG. 2
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
transition. Ces différentes modalités de variation de la longueur des appendices pouvaient
être aussi combinées sur un même rayon.
Parfois les appendices relativement longs pouvaient
alterner régulièrement avec des appendices courts (fig. 3,
schémas A et B).
Les appendices primaires pouvaient porter des ap-
pendices secondaires, ceux-ci des appendices de troisième
ordre, etc. ; ce que nous avons dit plus haut des appen-
dices primaires, trouve place ici aussi, mutatis mutandis.
Fig. 3
II. Rayons plus ou moins fortement élargis.
Cet élargissement pouvait n'intéresser que la partie tout à fait distale du rayon. Alors
celui-ci se terminait en large hexagone incomplet, régulier ou bien étiré suivant la longueur ou
la largeur (fig. 4, schémas A1, A" , A'11). Le rayon pouvait aussi se présenter en rhomboïde à
angle distal de 1200 (schéma B), ou en feuille pointue aux deux extrémités (schéma C). (Les
rayons élargis plus ou moins uniformément ou vers l'extrémité proximale forment déjà, évidem-
ment, des étoiles à champ central.) Ces différentes formes pouvaient aussi se combiner et donner,
par exemple, un rayon s'élargissant en escalier vers son extrémité distale (schéma D).
A"
\S
Sr"
FlG.
Dans cette seconde classe, chose à prévoir, le développement des appendices est beaucoup
plus faible ; très souvent ils faisaient défaut, et s'ils étaient môme nombreux, ils restaient
rudimentaires.
L'élargissement des ravons pouvant s'accuser à des degrés variables, on pouvait passer de
cette classe à la précédente par tous les stades de transition ; ceux-ci se trouvaient parfois réalisés
dans une même chute, simultanément ou successivement. D'un autre côté, si l'on suppose les
appendices du schéma C de la figure 1 et des schémas B et C de la figure 2 s'élargissant jusqu'à
soudure complète, on a une nouvelle espèce de séries de transition entre les deux classes
d'étoiles sans champ central, séries qui, parfois, se réalisèrent aussi dans une même chute.
B. Étoiles à champ central.
I. Champ central en lamelle hexagonale.
Rayons insérés aux angles de la lamelle centrale, sur le prolongement de ses trois axes.
a) Ravons très étroits, analogues à ceux de la classe A, I. Comme ils ne convergent plus
en un point, quelques dispositions nouvelles des appendices sont possibles (fig. 5, schémas A'-C ;
comparer respectivement aux schémas A', A" , D, E de la fig. 2 et au schéma C de la fig. 1).
Des transitions vers la classe A, I (diminution graduelle du diamètre de la tablette
centrale) ont parfois été observées dans une même chute, simultanément ou successivement.
LA NEIGE ET LE GIVRE
b) Rayons élargis. Comme ils ne convergent plus en un point, l'élargissement peut
intéresser aussi la portion proximale du rayon. D'où nouvelles formes possibles :
Fig. 5
i. Rayons élargis uniformément suivant toute la longueur : lamelles semi-hexagonales
étirées (fig. 6, schéma A) ou en hexagone presque complet (schéma B1). La diminution de la
longueur des rayons en hexagone allongé (schéma B1) peut conduire à des rayons-hexagones
réguliers (schéma B").
Bn
Fig. 6
Deux sortes de séries de transition rattachent l'espèce précédente (B, I, a) à celle-ci : l'une
se faisant par élargissement progressif et uniforme des rayons, l'autre par élargissement et
soudure éventuelle des appendices (sous ce dernier rapport, comparer la fig. 6, B1, B[I à la fig. 5,
A', A" ; la fig. 6, B" à la fig. 5, C). Ces transitions ont été parfois observées dans une même
chute, simultanément ou successivement.
2. Rayons s'élargissant vers l'extrémité proximale. Figure 7 (on voit que la forme du
rayon des schémas B1 et BH est inverse de celle réalisée dans les schémas B et D de la fig. 4).
Fig. 7
1:
D 2
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Supposant les appendices du schéma B de la figure 5 s'élargissant jusqu'à la fusion, on
obtiendra une série de transition entre celui-ci et le schéma B1 de la figure 7, réalisée parfois
dans une même chute, simultanément ou successivement.
Remarque générale à la classe B, I.
Supposant les rayons réduits de plus en plus, on arrivera à des lamelles ne montrant aux
angles que de simples pointes ou boutons (fig. 8, schémas A, B, C), et éventuellement à de
simples lamelles hexagonales complètes. Des
séries de transition de ce genre ont été souvent
observées dans une même chute, simultanément
pIG 8 ou successivement.
II. Champ central formé simplement par les bases des rayons tels qu'en montrent la figure 6,
A et la figure 7, A1, A11 (fig. 9).
A
Bn
/
Fig. 9
Supposant les rayons des formes de la figure 6, A et de la figure 7, A1, A" s'élargissant,
ou la lamelle centrale se réduisant de plus en plus, on aura des séries de transition réalisées
assez souvent, dans une même chute de neige, simultanément ou successivement. D'un autre
côté, on a trouvé, dans une même chute de neige également, des transitions entre les formes de
cette classe et celles de la classe A, I (élargissement progressif des appendices jusqu'à soudure ;
comparer la fig. 9, A, B1, B" à la fig. 2, A', D, E). Enfin, supposant les rayons des formes de
la figure 9 s'élargissant de plus en plus, on arrivera à de simples lamelles hexagonales complètes;
des transitions de ce genre ont été, souvent aussi, observées dans une même chute de neige.
Remarques générales.
1. Dans cet exposé nous n'avons pas voulu épuiser toutes les complications observées,
mais en donner simplement les éléments. Différentes formes des rayons que nous avons décrites
isolément, pouvaient être différemment combinées dans un même rayon. L'absence ou la
présence des appendices primaires, secondaires, etc., leur forme, leur longueur, leur abondance,
leur répartition, variables autant dans la classe B que dans la classe A, sont de multiples
facteurs de la diversité des étoiles de neige.
2. Les hexagones incomplets terminaux des rayons (et même des appendices) pouvaient,
quand ils étaient assez larges, être munis eux aussi, à
l'instar des lamelles hexagonales centrales, de rayons
en général peu développés, occupant ordinairement un
ou trois angles distaux, voire même les cinq angles.
Exemples : figure 10.
3. La faculté d'émettre des appendices semblait
diminuer avec la largeur du rayon, et augmenter avec
Fio. 10
sa longueur.
LA NEIGE ET LE GIVRE
4. On remarquait généralement une certaine relation, mais inverse, entre la longueur des
appendices (aussi bien que des rayons) et leur largeur.
Rapport entre la forme et le diamètre.
Ce rapport était en général bien marqué.
Voici les résultats de mes observations à ce sujet (') :
Catégorie -classe - espèce -variété.
N.
Première catégorie : Étoiles les moins complètes — pas de
champ central, rayons très étroits relative-
ment à leur longueur 1 classe A, II. . . .
1. Appendices relativement longs
a) Appendices serrés
b) Appendices rares [jusqu'à une seule paire'
2. Appendices moyens courts rudimen-
taires nuls
a) Appendices moyens
b) Appendices courts :
a) plus ou moins serrés
(3) une seule paire (vers l'extrémité distale
c) Appendices rudimentaires et nuls . . .
v.) rudimentaires, fins, fortement serrés .
(3; nuls
Deuxième catégorie, intermédiaire
1. Etoiles sans champ central, à rayons élargis
vers leur milieu ou vers l'extrémité distale
seulement
a) Sans appendices
b) Avec appendices (faiblement développés).
2. Étoiles à champ central hexagonal ou bien
formé par les bases des rayons, petit par
rapport à la longueur de ceux-ci
Troisième catégorie
1. Lamelles étoilées à champ central relative-
ment grand par rapport aux rayons. . . .
2. Lamelles hexagonales simples
D. moy,
D. m a. y.
D.
min.
14
3,1 mm
—
3.8mm
90
4.0mm
IO.Omm (*)
2.0mm
21
3.4mm
5.0mm
2.0mm
—
2.0mm
. — .
II
2.6mm
4.0mm
I.omm
7
3.omm
4.0mm
2.0mm
18
2_ jmm
4.0mm
q yram
—
j _ ™nm
i5
I.41™
2.0mm
o.3mm
27
1.9mm
4.omm
o.5mra
60
1.9 mm
—
—
I.gmrn
22
2 Qmm
4.5mm (3)
Q «mill
11
1.6mm
3.5mm
LU"™
I.grnm
5.0mm (4)
0.3mm
08
1 Z(.mm
—
—
I.5mm
4.5mm (5)
0.3mm
—
I.3mm
3.0mm
o.3mm
On voit qu'en général les cristaux lamellaires sont d'autant plus
complets : les plus grands sont des étoiles sans champ central, à rayons
grands qu'ils sont moins
relativement très étroits ;
(1) Ar= nombre d'observations où la catégorie-classe-espèce-variété donnée a été notée et mesurée; D. moy.—
diamètre moyen ; D. max.—- diamètre maximal ; D. min.= diamètre minimal.
(2) Ce maximum fut observé deux fois ; parmi les diamètres dépassant 5.orara, ceux allant jusqu'à 6.omm furent
notés sept fois ; à 8.omm, une fois ; à g.omm, une fois.
(3) Observé une fois seulement.
(4) Rayons fortement dendritiques ; en général, les plus grandes dimensions (3.omm, 4.0™") se rencontraient
dans les étoiles à rayons dendritiques.
(5) Rayons dendritiques ; les lamelles à rayons dendritiques étaient en général les plus grandes.
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
les plus petits sont des lamelles hexagonales simples. Ce résultat concorde avec celui des autres
observateurs (J). Pourtant cette règle ne va pas sans restriction, ou plutôt sans complément ; car
il en résulterait que le plus grand diamètre moyen devrait caractériser des étoiles sans champ
central à six rayons étroits simples. Or, l'observation montre que dans la première catégorie le
diamètre moyen est d'autant plus grand que les appendices sont plus développés (2) ; parmi les
étoiles à champ central, les plus grands exemplaires étaient aussi ceux dont les rayons étaient
dendritiques. On dirait qu'une forme lamellaire donnée peut avoir un diamètre d'autant plus
considérable que l'étendue de ses contours est plus grande par rapport aux contours de cette
même forme complétée en lamelle hexagonale simple. A mon avis, ce fait n'est pas nécessaire-
ment en contradiction avec la règle qui est naturelle et à prévoir a priori (3), mais en constitue
plutôt un complément particulier ; il signifierait seulement que les rayons simples et à ramifi-
cations faibles ne peuvent rester tels que pour autant que l'étoile ne dépasse pas un certain
diamètre.
Le diamètre des différentes formes lamellaires montre certaines limites. Ainsi, dans mes
observations, il n'y a pas de lamelles hexagonales simples dépassant 3.0"™ ; au-dessus de 5.omm,
il n'y avait que des étoiles sans champ central à appendices fortement développés, lesquelles
n'existaient pas au-dessous de 2.omm.
Lorsque les différentes formes lamellaires tombaient, simultanément ou successivement,
dans une même chute, on constatait très souvent, parfois même jusque dans les détails et dans
des spécimens très voisins, cette relation entre le diamètre et la forme.
Formation des facettes.
Une lamelle ne montrant que par hasard ses faces latérales et celles-ci étant très étroites,
il est difficile de constater les modifications des arêtes et moins aisé encore de les déterminer
quantitativement. G. Hellmann (4) a eu deux fois l'occasion d'en constater directement la
troncature. Quant à moi, il ne m'est arrivé de conclure à ce phénomène, si important pour la
théorie des halos, qu'indirectement, d'après les bordures foncées plus ou moins distinctes, donc
probablement dans des lamelles d'une certaine épaisseur seulement ; ces bordures, je les
constatai assez souvent.
(i) G. Hellmann (Schneekrystalle, p. 34) donne les chiffres suivants :
Str. Sterne mit plâttehenartiger
Strahlige Sterne Verbreiterung der Spitze Plattchen
Zahl der Fâlle 22 10 22
Mittlerer Durchmesser 2.35mm i.57mm i.32mm
Le chiffre donné par l'auteur pour les Strahlige Sterne, c'est-à-dire pour notre première catégorie (2.35mm), est de
beaucoup inférieur au nôtre (3.imm), chose qui pourrait peut-être s'expliquer par cette circonstance que chez nous le
nombre prédominant d'observations de cette catégorie portait sur des étoiles fortement ramifiées, de diamètre très
considérable (3.8mm en moyenne).
(2) G. Hellmann (Ibid., p. 40) constate aussi que ce sont les formes ramifiées de cette première catégorie
qui donnent les plus grands diamètres.
(3) En supposant que les différents cristaux de neige se forment, ceteris paribus, aux dépens des mêmes
quantités de vapeur d'eau, il est clair que les cristaux plus ou moins complets seront plus petits que les plus ou moins
déchiquetés. G. Hellmann, qui fait cette remarque, la confirme par un calcul abstrait, très simple (Ibid., pp. 61-62).
(4) Ibid., pp. 3i-32.
LA NEIGE ET LE GIVRE ï3
Hémiédrie.
L'inégalité alternante de la longueur des côtés et, en général, la variation alternante de
l'aspect extérieur des sextants (T) étaient bien communes dans les lamelles simples et les étoiles à
champ central. Sans appareil microphotographique, je ne pouvais constater ce phénomène que
lorsqu'il était bien apparent ; je ne saurais par conséquent dire rien de positif sur la relation
entre la fréquence de l'hémiédrie et la forme extérieure du cristal (2). Les lamelles presque
triangulaires ont été observées assez rarement ; les lamelles complètement triangulaires, jamais,
les sommets du triangle étant toujours plus ou moins tronqués.
Irrégularités.
(anomalies de la symétrie EXTÉRIEUREI (31.
A. Lamelles simples.
a) Côtés inégaux, mais gardant leur parallélisme. Symétrie normale réduite à une
symétrie bilatérale par rapport à deux axes perpendiculaires l'un à l'autre (fig. n, A1, A") ou
par rapport à un seul axe (fig. n, B1, Bn) ou à une asymétrie (fig. n, C).
b) Anomalies des angles (liées éventuellement à l'inégalité des côtés). Symétrie généra-
lement bilatérale par rapport à un seul axe. Exemples : figure u, D, E.
c) Lamelles pentagonales. Je n'ai observé de cette forme qu'un exemplaire représenté par
le schéma F de la figure il, où la pointe/) ne montrait aucune troncature visible au grossissement
moyen. Symétrie bilatérale par rapport à un seul axe. Comparer aux schémas B et E de la
même figure u.
BB
Fig. ii
(i) Voir remarque au bas de la page 5.
(2) D'après G. Xordenskjôld (Communication préliminaire sur une étude des cristaux de neige. Chapitres :
Tables hexagonales, Cristaux étoiles. Bulletin de la Société française de Minéralogie, tome 16), les lamelles simples
seraient rarement holoédriques, tandis que les lamelles étoilées présenteraient rarement un développement hémiédrique
bien prononcé.
(3) Le manque d'appareil microphotographique a fait que les déterminations quantitatives de ces anomalies
n'ont pas été faites et que seules des anomalies frappantes furent notées.
Les formes lamellaires étant généralement très minces et leurs faces latérales difficiles à étudier, la description
se rapporte exclusivement à leurs faces basales.
I4 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
d) Lamelles hexagonales paraissant composées de deux fragments lamellaires. Exemples :
figure 12, D, E ; voir aussi, parmi les figures de G. Nordenskjold (Communication préliminaire,
etc.), le numéro 25 ; parmi celles de Hellmann (Schneekrystalle), la lamelle droite et inférieure
du numéro 3 ; Bentley en mentionne aussi. Expliquer ce phénomène comme une concrescence
de deux débris d'étoiles cassées ou partiellement fondues, serait d'autant plus problématique
que de telles formations se rencontrent aussi dans le givre fraîchement formé.
B. Étoiles.
a) Anomalies du champ central hexagonal. Elles sont analogues à celles des lamelles
simples. Je n'en ai observé que de comparables à celles représentées dans les schémas A, B1 et D
de la figure il.
b) Lamelles hexagonales déchiquetées par endroits seulement. Exemples : figure 12,
A, B, C. Des transitions vers les lamelles complètes d'une part, vers les lamelles à six rayons
individualisés au même degré de l'autre, ont été observées simultanément dans une même chute
de neige.
FlG. 12
c) Inégalité de la longueur des rayons.
Les étoiles à six rayons sensiblement égaux étaient relativement peu fréquentes. Cette
inégalité pouvait être accusée de façon très variable et à des degrés très divers. Nous décrirons
cei'tains cas où elle semblait présenter un ordre déterminé.
1. Deux rayons opposés longs, les autres relativement rudimentaires (fig. i3, A', A11).
Cette tendance à la forme allongée était surtout marquée dans les étoiles sans champ central.
Lorsque les rayons plus courts ne dépassaient pas la longueur des appendices des deux rayons
longs, la limite extérieure de l'étoile pouvait se rapprocher du contour de la lamelle de la
figure 11, A1, et les rayons réduits pouvaient être considérés comme de simples appendices
basaux des rayons longs (fig. i3, A1). Une figure relative à ce phénomène se trouve parmi les
photographies de Bentley reproduites dans la Monthly W eather Review , May, 1890 (fig. 23).
2. Très souvent la longueur des rayons diminuait d'une extrémité de l'étoile à l'extrémité
opposée (fig. i3, B1, B"). L'étoile présentait alors une portion à rayons relativement longs,
l'autre à rayons réduits. Lorsque tous les rayons d'une étoile étaient sensiblement inégaux,
je remarquais assez souvent que si r,, r,, r3, r4, r5, r0 représentaient des rayons de longueur
progressivement croissante, r, et r0, ra et r5, r3 et r4 étaient opposés, comme s'il y avait
tendance à égaliser les trois diamètres de l'étoile ; le même fait s'observait souvent aussi
dans le givre. Je ne sais s'il faut voir là autre chose qu'un pur accident.
3. Dans les étoiles à champ central anormal, on pouvait remarquer parfois, dans la
variation de la longueur des rayons, une tendance à corriger cette anomalie. Exemple : dessin C
de la figure i3 (un peu schématisé).
4. La réduction de la longueur des rayons pouvait aller, surtout dans les étoiles sans
LA NEIGE ET LE GIVRE
i5
champ central, jusqu'à leur effacement complet : étoiles fragmentaires, à cinq, quatre, trois,
deux rayons. Dans mes observations, les rayons voisins seuls s'effaçaient ou persistaient.
Les étoiles à trois rayons, c'est-à-dire les demi-étoiles, étaient les plus communes. Les étoiles
fragmentaires sans champ central hexagonal pouvaient se terminer, du côté des rayons absents,
en simple pointe (fig. i3, D1); mais, assez souvent, à la place de ceux-ci on avait une petite
lamelle en hexagone incomplet ; cet hexagone basai pouvait être orienté de deux façons, l'une
différant de l'autre de 3o° et cela indépendamment du nombre des rayons (fig. i3, Du et D"1 ;
comparer au schéma C de la fig. 12).
5. On trouvait, enfin, de vrais
rayons isolés, dont l'extrémité proxi-
male se présentait en pointe, simple
ou semi-hexagonale, ou bien en
petite lamelle analogue à celle décrite
dans les étoiles fragmentaires. Il se
peut que ces rayons isolés, ainsi que
les étoiles fragmentaires, n'étaient
parfois que de simples débris d'étoiles
complètes qui se seraient brisées
dans la chute. Mais comme des for-
mations analogues se rencontrent
clans d'autres substances (') et ont
été souvent observées dans le givre,
on doit admettre l'existence, comme
formes particulières, des étoiles frag-
mentaires, éventuellement des rayons
isolés.
d) Je n'ai jamais trouvé une
seule étoile dont tous les rayons
eussent un aspect absolument iden-
tique ; même dans les formes les plus régulières, on pouvait toujours constater une différence, en
vérité parfois insignifiante.
e) Si l'on envisage isolément un rayon muni d'appendices, on est loin d'y constater
toujours une symétrie parfaite. Celle-ci était si rare qu'on devrait ici parler plutôt d'une
tendance à la symétrie. Les appendices étaient bien rarement tout à fait égaux et se corres-
pondant exactement des deux côtés du rayon. Un appendice quelconque pouvait s'allonger
énormément, devenir même plus long que les rayons, et cela, évidemment, au détriment des
Fig. i3
(1) Déjà Behrens a, en ces termes, attiré l'attention sur le phénomène de la réduction des rayons :
« Das Axenskelett, welches die erste Anlage eines Krystalles darstellt, ist nicht immer gleichmâssig ausgebildet;
an den Krystalliten des Brechweinsteins ist oftmals einer der drei Hauptstrahlen nur durch einen kleinen Sporn
angedeutet, roitunter ist sogar nur tin Strahl zur Entwickelung gekommen ; an den Krystalliten des im regulâren
System krystallisierenden salpetersauren Bleioxyds sollten aile Hauptstrahlen gleich lang sein, statt dessen sieht
man sehr haufig je zwei, derselben Axe angehôrige, verkiirzt und die Verkùrzung kann so weit gehen, dass
kaum noch eine Spur der zweiten Axe zu erkennen ist.... 11 (Die Krystalliten. Mikroskopische Studien ùber
verzôgerte Krystallbildung. Kiel, 1874; p. 112).
l6 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
appendices du rayon voisin et même de ce dernier. Parfois une couple de tels appendices
anormaux se correspondant des deux côtés du rayon, se trouvait associée à une autre couple
d'appendices inclinés de 1200 sur le rayon et fixés au même point, ceux-ci pouvant être
considérés comme les appendices basaux de la première couple ; on avait alors, à l'extrémité
du rayon, une vraie étoile secondaire.
Contours courbes (').
Les contours courbes étaient presque généralement de règle, sinon sur tout le pourtour
du cristal, du moins sur une partie de ce pourtour.
Les côtés des lamelles hexagonales simples, des lamelles hexagonales centrales des
étoiles, des lamelles hexagonales incomplètes terminales des rayons et des appendices, pou-
vaient devenir plus ou moins concaves, d'où saillie relative des angles sortants.
D'un autre côté, les angles pouvaient s'arrondir plus ou moins, d'où convexité apparente
des côtés dans le cas d'angle sortant.
Un de ces phénomènes et même leur combinaison pouvaient caractériser tout l'individu
donné ou y être localisés de façon très variable. Assez fréquemment j'a*vais affaire à des
lamelles souvent très compliquées, entièrement délimitées par des lignes courbes, sans trace
de contour rectiligne. Voir, parmi les photographies de G. Nordexskjôld, les numéros 21,
24, 43, 54, 5o, et surtout 61.
Il se peut que l'émoussement des angles soit simplement la conséquence d'une fonte
ou d'une évaporation, dont les effets se font sentir tout d'abord aux saillies du cristal. Mais
comme des courbures analogues caractérisent souvent des formes de givre fraîchement formé,
comme, d'un autre côté, elles se retrouvent clans des cristaux d'autres substances, elles peuvent
constituer ici un phénomène primaire.
Remarques.
Nous avons vu :
i° Qu'un hexagone incomplet terminal d'un rayon, et même d'un appendice, pouvait
se développer en véritable individu lamellaire secondaire, rattaché seulement par un de ses
angles à l'individu primaire et pouvant même porter des rayons ramifiés ;
2° Que l'extrémité d'un rayon dendritique pouvait former une véritable étoile secondaire ;
3° Qu'un des rayons pouvait se développer au point de faire considérer les autres
comme constituant ses appendices ;
40 Qu'on trouvait des rayons isolés.
Donc, d'un côté on rencontrait des individus isolés, en tous points semblables à des
(1) Une courbure n'ayant rien de commun avec celles dont il s'agit ici, est celle du plan même de l'étoile.
Le 6 octobre, entre 61' et 711, tombèrent des étoiles sans champ central, fortement dendritiques, de diamètre
atteignant jusqu'à 5.omm, à côté d'autres plus petites, à rayons légèrement élargis, surtout vers l'extrémité, et
dépourvues d'appendices. Or, parmi les plus grandes des premières, j'en remarquai quelques-unes légèrement
concave-convexes. Malheureusement, j'ai négligé de noter à quelle face, supérieure ou inférieure par rapport à
la chute, correspondait la concavité.
LA NEIGE ET LE GIVRE i7
membres d'individus ; d'un autre côté, certaines portions, surtout distales, pouvaient se déve-
lopper au point de simuler complètement de vrais individus (').
STRUCTURE
I. — Fentes et trous.
Lorsqu'une étoile de neige trouve des conditions d'accroissement normal, elle tend à
se compléter. Les appendices d'un même rayon s'élargissent jusqu'à se confondre et les
rayons eux-mêmes tendent à se fusionner par réunion de leurs appendices. Ce phénomène
se présentant à différents stades de son développement dans une même chute, voire sur
un même spécimen, n'est généralement pas uniformément accusé dans les différents points
d'un sextant (-), d'où la possibilité de lacunes à contour fermé, trous ou fentes.
Les contours des portions positives (5) d'un sextant présentant des formes caractéristiques,
conformes aux lois cristallographiques et plus ou moins symétriquement disposées, il en est
évidemment de même pour ses portions négatives, et le remplissage s'opérant de façon plus ou
moins symétrique, il en résulte que les lacunes fermées jouissent de ces mêmes caractères. Les
six sextants étant plus ou moins semblables (abstraction faite des phénomènes d'hémiédrie),
les trous et les fentes s'y répéteront d'une façon plus ou moins analogue quant à leur forme,
leur nombre, leur disposition.
Le fait que l'importance de la portion négative d'une lamelle augmente généralement
vers la périphérie, conduirait à penser qu'il doit en être toujours de même pour les espaces
négatifs fermés ; mais, d'un autre côté, les rayons et appendices étant souvent surtout développés
vers leurs extrémités distales, l'étoile tend à s'y compléter plus rapidement. Il faut donc
tenir compte de ces deux facteurs.
La forme et la disposition des espaces fermés doivent à priori être variables. Pour-
tant cette variabilité me semble assez limitée, car non seulement les mêmes figures se
répétaient souvent au cours de mes observations, mais j'en ai retrouvé, parmi les micro-
photographies des auteurs, de tout à fait analogues, voire même identiques.
La ressemblance essentielle de ces lacunes fermées avec les cavités internes dont nous
parlerons plus loin, m'a amené à les étudier de plus près. J'en ai pris un nombre de
dessins plus ou moins schématiques (fig. 14). Comme elles ne sont, en somme, que les
vestiges d'intervalles qui séparaient les rayons et les appendices, et comme leur forme dépend
donc en tout premier lieu des contours de ces rayons et appendices, il conviendrait de
(1) Behrens a signalé des phénomènes plus ou moins analogues pour d'autres substances, comme
l'indique la citation suivante : « Allgemeine Verlaimmerung von Nebenstrahlen fùhrt in letzter Consequenz zu
blossen Axcnkreuzen (Xatronsalpeter), in weniger extremen Fallen zu dendritischen Krvstallanlagen... und wenn
dièse ausgefùllt werden, zu kreuzfôrmige.n Zwillingskrystallen (pikrins. Ammoniak. Alizarin, Indigoblau), deren
Zwillingswinkel den Winkeln der Yv'achsthumsaxen von vollkommenen Krystallen der betreffenden Substanz
gieich sind. Mann kann sagen, dass bei diesem Vorgang jeder Hauptstrahl (jede Halbaxe) des Krystalliten zur
Grundlage fur den Aufbau eines vollstândigen Krystalls wird.... Jeder Straltl eines Krystalliten, einerlei welchei
Ordnung, kann bei genugender Verlângerung :u einem Hauptstrahl mut damit sur Grundlage eines Krystalls werden, von dem
er eine Wachtsthumaxe darstellt. >' (Die Krystalliten, p. 1 1 3 .)
(2) Voir la remarque au bas de la page 5.
(3) Pour la commodité de la description, une lamelle squelettaire est considérée ici comme un hexagone de
même diamètre, étant la somme de l'espace occupé par le corps du spécimen (portion positive) et des espaces vides
(portions négatives), lesquels remplis le spécimen deviendrait une lamelle hexagonale complète.
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LA NEIGE ET LE GIVRE
19
reproduire également ceux-ci. Malheureusement, il m'était souvent difficile de dessiner plus
ou moins exactement des formes trop compliquées ; c'est pourquoi je ne reproduis pas ici
les trous et les fentes in situ, mais isolés, dans trois sextants voisins que je délimite par des
lignes pointillées.
Ces espaces fermés peuvent être classés comme suit :
1. Espaces fermés représentant des vestiges d'intervalles séparant les rayons voisins,
donc disposés suivant la bissectrice du sextant ('). Leurs contours, très variables, présentaient
généralement une symétrie par rapport à cette ligne.
a) Fentes allongées dans le sens de la bissectrice du sextant ou fractionnées en trous
disposés suivant cette ligne (fig. 14, schémas A1 — AVI) ;
b) Fentes allongées perpendiculairement par rapport à la bissectrice du sextant (fig. 14,
schémas Hr—Hm) ;
c) Formes combinées et formes de transition, ces dernières observées souvent dans
une même chute, voire sur un même spécimen (fig. 14, schémas B' — G1').
2. Espaces fermés représentant les vestiges d'intervalles compris entre les appendices
et leur support (rayon, ou appendice d'un ordre moins élevé), donc disposés plus ou moins
symétriquement par rapport à celui-ci (fig. 14, schémas V — N).
a) Fentes parallèles au support préalable ;
b) Trous plus ou moins arrondis et alignés parallèlement au support ;
c) Fentes formant un angle généralement de 6o° avec le support correspondant ;
d) Formes combinées et formes de transition, ces dernières observées souvent dans
une même chute, voire sur un même spécimen.
3. Transitions entre les groupes 1 et 2.
Les contours des portions positives d'une étoile étant souvent courbes, il en était
évidemment de même pour les portions négatives, donc pour les espaces fermés (2).
II. — Cavités internes (').
[Kapillare Hohlràume de G. Hellmann ; cavités organoïdes de G. Nordenskjôld).
Ces cavités sont bien caractéristiques de la neige lamellaire, sans toutefois être constantes;
(1) Cette expression abrégée signifie : « la bissectrice de l'angle formé par deux axes secondaires voisins ».
(2) On pourra voir beaucoup de ces formations in situ dans des photographies de G. Nordenskjôld (n° 5o,
où elles sont comparables aux schémas CI! et L1 de notre figure 14), de G. Hellmann (Taf. III, N° 3, un
spécimen au centre, l'autre à droite et en bas, où elles sont comparables au schéma G1 de notre figure 14 ; N° 4.
un spécimen inférieur, où elles sont comparables au schéma Cv de notre figure 14), de W. A. Bentley, publiées
dans la Monihly Weathcr Review, May, 1901 (N05 7, 8, 11, 12, 14, 24, où elles sont presque identiques à certaines
de notre figure 14.)
Deux fois j'ai observé des lamelles étoilées avec un trou central hexagonal, comme le montrent les deux
schémas ci-contre ; mais je me suis convaincu que c'était là un phénomène
accidentel dû à la disparition, par fonte ou évaporation, de la partie centrale,
très mince relativement aux portions périphériques ; car non seulement j'ai
observé simultanément d'autres spécimens de cette même variété conservant
leur portion centrale, mais aussi je les voyais se perforer sous mes veux. Le
même phénomène a été observé par Rohrer {Wicn. Akad. Ber., i85g, 35. Chapitre : Eissterne).
(3) D'après Hellmann, ces cavités ont déjà été signalées par Rossktti (1681), sans pourtant être justement
interprêtées. Que ces formations soient de véritables cavités, on peut s'en convaincre déjà d'après leur aspect.
EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
j'ai, en effet, eu l'occasion d'observer des spécimens, assez rares, qui en étaient totalement
dépourvus et qu'on retrouve d'ailleurs parmi les microphotographies des auteurs.
Les cavités internes se rencontrent aussi dans des formes d'eau cristallisée autres que
la neige : elles sont assez communes dans la glace et j'en ai rencontré, quoique rarement,
dans le givre, où elles ressemblaient, par leur aspect et leur arrangement symétrique, à celles
de la neige ; elles caractérisaient aussi des lamelles de poudrin, formé en toute probabilité
dans les couches les plus basses de l'atmosphère.
On sait que d'autres substances cristallines peuvent aussi montrer des cavités internes
remplies de magma ou de gaz (') et présentant parfois un aspect et un arrangement déter-
minés, conformes aux lois cristallographiques de la substance (2).
La forme et la disposition de ces cavités dans la neige lamellaire sont variables ; pourtant
cette variabilité me semble assez limitée ; car non seulement des cas essentiellement ou
identiquement les mêmes se sont répétés bien souvent au cours de mes observations, mais
j'ai retrouvé, parmi les microphotographies des auteurs, des figures tout à fait analogues aux
miennes, voire même identiques.
Abstraction faite des cas d'hémiédrie ou de symétrie réduite, elles se répétaient géné-
ralement, avec les mêmes dimensions, forme et arrangement, dans chacun des six sextants (3) de
la lamelle. Pourtant, de même que les fentes et les trous dont nous avons parlé plus haut,
elles pouvaient ne pas être identiquement les mêmes dans les six sextants des formes
holoédriques : dans l'un d'eux, par exemple, elles pouvaient être plus ou moins effacées ou, au
contraire, anormalement développées.
On peut dire d'une façon générale que les cavités internes se développent surtout vers
les bords d'une lamelle, et, dans le cas de plusieurs rangées concentriques, elles s'accentuent
ordinairement, mais pas toujours, dans le même sens.
Comme pour les intervalles fermés, leurs contours, projetés sur le plan basai, pouvaient
être constitués par des droites, orientées conformément aux lois cristallographiques, ou bien
par des courbes. Seulement, le dernier cas était ici habituel, le premier rare.
Ainsi que les fentes et les trous, les cavités internes peuvent être classées en deux
groupes :
i) Cavités disposées suivant la bissectrice du sextant et à contours symétriques par
rapport à celle-ci ;
D'ailleurs, G. Nordenskjôld semble être arrivé à la démonstration expérimentale de leur existence : <( En obser-
vant sous le microscope et en photographiant ces cristaux dans un liquide bleu (huile d'aniline colorée de bleu
de méthylène), j'ai pu constater qu'on avait ici affaire à de véritables cavités remplies de gaz lentement absor-
bable par l'huile colorée (oxygène ?). Le liquide bleu pénétrait dans les canaux ouverts en absorbant peu à peu
le gaz qu'ils contenaient, jusqu'à ce qu'enfin tout le vide se trouvât rempli de liquide colorant. » (Note préli-
minaire, etc., in Bull, de la Soc. franc, de Miner., t. 16.)
(i) Voir, par exemple, H. Behrens, Die Krystalliten (pp. 105-107) ; O. Lehmann, Molekularphvsik (Skelett-
bildung, pp. 332, 342 ; Schichtkrystalle, p. 40S, expérience de Klocke).
(2) Voir, par exemple, Bruno Doss (Kunstliche Darstellung von Anatas und Rutil mittelst der Phosphorsalzperle.
.V. Jahrb. f. Miner., 1894, Taf. II, Fig. 9, 10, il, 12, 18, 26, 32, 3g (Rutil); 52 (Anatas); explications dans le texte,
Glas- und Gaseinschlùsse : Rutil, p. 167 ; Anatas, p. 190).
(3) Voir la remarque au bas de la page 5.
LA NEIGE ET LE GIVRE
2) Cavités disposées symétriquement des deux côtés des axes secondaires et à contours
symétriques par rapport à ces axes.
Premier groupe.
1. Cavités en triangle isocèle à sommet proximal, de hauteur et de largeur relatives
variables, intactes ou fractionnées perpendiculairement à la bissectrice du sextant en une rangée
de deux ou de plusieurs cavités (fig. i5, A1 — B").
2. Canalicules allongés dans le sens perpendiculaire à la bissectrice du sextant, avec la
limite distale ordinairement un peu plus large que la proximale (fig. i5, E' — EX1U).
3. Canalicules allongés dans le sens de la bissectrice du sextant, s'élargissant ordi-
nairement vers l'extrémité distale, intacts ou fractionnés en une rangée de plusieurs vésicules
(fig. iS,H,J).
4. Vésicules très réduites, rarement hexagonales, ordinairement rondes, ovalaires ou
vaguement triangulaires (fig. i5, F' — F,v).
5. Différentes combinaisons, souvent bien compliquées, des formes pécédentes et de
formes de transition, ces dernières observées parfois lors d'une même chute, voire sur un
même spécimen.
Second groupe.
1. Canalicules allongés parallèlement à leur ligne de symétrie, de longueur variable,
parfois fortement élargis à l'extrémité distale ; souvent disposés à plusieurs sur une même
droite ; pouvant pousser des rameaux latéraux inclinés de 6o° (le plus souvent) ou de 1200 (plus
rarement). Extrémité proximale le plus souvent effilée et fréquemment terminée en très petite
ampoule (fig. i5, MT—MIXJ.
2. Vésicules très réduites, alignées parallèlement à leur ligne de symétrie (fig. i5, MIX O).
3. Canaux, ampoules, séries de vésicules, allongés dans le sens de lignes faisant un angle
de 6o° ou 1200 sur leur ligne de symétrie ; ce dernier angle se rencontrait principalement tout
près de la périphérie (c'est-à-dire des angles) des lamelles hexagonales simples, des lamelles
constituant le champ central des étoiles et des rayons à terminaison distale en hexagone
incomplet. (Fig. i5, schémas P' — Px).
4. Combinaisons et formes de transition, ces dernières observées parfois dans une même
chute, voire sur un même spécimen.
On trouvait aussi des transitions entre les deux groupes.
La particularité du second groupe était qu'une couple de cavités se correspondant des deux
côtés de leur ligne de symétrie, pouvaient prendre communication en un point de cette ligne,
laquelle alors subissait, en ce point et dans le plan des cavités, une solution de continuité
(exemples : fig. i5, schémas PV1, Pv").
Les cavités internes étant un phénomène si commun dans la neige lamellaire qu'elles
en constituent un des caractères saillants, il serait très intéressant de se rendre compte du
mécanisme de leur formation. N'ayant jamais eu l'occasion de suivre le développement d'un
cristal d'eau ('), j'ai dû me contenter d'une méthode comparative, en cherchant des analogies
et des formes de transition.
(1) C'est pourtant tout à fait possible dans le givre. Ainsi, parmi le givre déposé à la face intérieure de la fenêtre
de la chambre tout à fait close du compas, j'ai observé une fois de vraies étoiles de neige, avec belles cavités internes
visibles à l'œil nu (voir fig. 32). Pour profiter de telles occasions, il faudrait installer commodément le microscope,
EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
Un système de cavités internes d'une forme lamellaire se trouvant sensiblement dans un
même plan parallèle au plan basai, l'imagination peut décomposer un tel cristal en une couche
lamellaire interne, occupant le niveau des cavités et d'épaisseur égale à l'épaisseur de celles-ci,
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attendre l'apparition de la précipitation et en suivre le développement, chose à laquelle il ne m'était pas même possible
de penser. La méthode d'observation directe du développement, qui seule peut donner des résultats certains, ne
présentant point ici de difficultés techniques insurmontables, est à recommander vivement à tout observateur du
suivre .
LA NEIGE ET LE GIVRE
23
et deux couches lamellaires externes, couvrant chacune une de ses faces. Les choses se passent
comme si le cristal était constitué par une lamelle incomplètement développée, montrant
des trous et des fentes d'aspect et de disposition conformes aux lois cristallographiques,
lamelle recouverte sur chacune de ses faces par une lamelle complète.
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Il est facile de se convaincre de la ressemblance essentielle, parfois même détaillée,
qui existe entre la forme et la disposition des cavités internes et celles des fentes et des
trous constatées dans les étoiles tendant à se compléter. Il suffit pour cela de comparer les
schémas de la fig. i5 à ceux de la fig. 14. On dirait que la couche interne a essentiellement
le même aspect qu'une étoile qui ne se serait complétée qu'imparfaitement, laissant des
espaces fermés.
Pour développer cette analogie et lui donner des bases quelque peu positives, il nous
faudra répondre à une série de questions de plus en plus spéciales.
24 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Tout d'abord, la division du cristal en trois lamelles étant arbitraire, il faut se
demander s'il est de règle de trouver, parmi la neige lamellaire, des spécimens se montrant
comme la superposition de lamelles bien distinctes, différentes clans leurs contours, donc
inégalement développées. L'observation montre que c'est là un phénomène très commun.
Bien souvent on trouve une étoile, avec ou sans champ central, centrée d'une et parfois
même de deux lamelles, orientées de la même façon que la lamelle-support. Les dimen-
sions relatives de ces lamelles centrales étaient variables, mais le plus souvent de beaucoup
inférieures à celles de la lamelle-support. Leur épaisseur, très variable, pouvait être des plus
minimes ou s'accentuer au point de provoquer une saillie, qui pouvait dans certains cas
figurer un beau prisme, réalisant ainsi une combinaison de la neige prismatique avec la
lamellaire. Quant à leur forme, c'étaient ou bien des lamelles hexagonales simples (cas le
plus fréquent), ou bien des étoiles à champ central, à rayons peu développés simples ou
avec échancrures symétriques ; les contours des étoiles étaient le plus souvent courbes.
En second lieu, il faut voir, tout d'abord, si l'on trouve des spécimens formés d'au
moins trois lamelles superposées bien distinctes, dont l'interne serait totalement recouverte
par les externes, de façon que ses espaces négatifs (') éventuels formeraient des cavités s'ouvrant
au dehors ; ensuite, si les contours de cette couche interne sont en tous points comparables
aux contours des cavités internes telles que nous les avons décrites. L'observation semble
ici répondre également par l'affirmative, quoique la constatation directe et indubitable de ces
faits soit assez difficile lorsque la lamelle interne est très mince. Maintes fois, examinant à
la loupe le bord latéral des lamelles favorablement tombées, je l'ai vu manifestement dédoublé
par une cavité très mince communiquant avec l'extérieur, ce qui impliquerait l'existence de
deux lamelles réunies par une mince couche intermédiaire. Et en effet, en observant ces mêmes
spécimens de face, j'ai vu les limites de cette couche intermédiaire se dessiner très distincte-
ment. A deux reprises, j'ai retrouvé de semblables spécimens parmi la neige prismatique
et j'ai constaté des transitions entre eux et la combinaison d'un prisme, d'environ imm de
hauteur, avec deux lamelles terminales. Le nombre des cas de spécimens se présentant
par leur bord étant trop restreint, j'ai tenté de poursuivre ce phénomène intéressant des
lamelles, apparemment composées, sur des spécimens observés de face, en décelant les limites
d'une couche intermédiaire. La difficulté était de ne pas prendre pour celles-ci les lignes
d'accroissement latéral dont nous parlerons plus loin. En général pourtant les premières me
paraissaient plus belles, mieux marquées, conserver la même netteté sur toute leur étendue
et ne pas présenter d'effacement local ; en un mot, elles avaient tout à fait l'aspect des contours
des cavités internes. Il n'en est pas moins vrai que le doute persistait fréquemment, d'où
l'impossibilité d'avoir une notion exacte de la fréquence du phénomène et de n'avoir qu'un
nombre restreint des dessins s'y rapportant (fig. 16) (").
(i ) Voir remarque (3) au bas de la page 17.
(2) Lors de mes observations, je ne connaissais pas encore la courte, mais très riche Note préliminaire sur
une étude des cristaux de neige, de G. Nordenskjôld (Bull, de la Soc. franc, de Miner., t. 16, pp. 59-74), ou> entre
autres constatations importantes, l'auteur semble avoir remarqué des phénomènes analogues : « Le cristal fig. 16
montrait au microscope une belle étoile en son centre composée de deux ou de plusieurs lamelles superposées, ayant
la même orientation. Les divers hexagones indiquent les limites extérieures de ces lames. Deux d'entre elles étaient
réunies par un col limité de la manière indiquée par l'étoile cent/aie. Le cristal formait en dehors de cette étoile centrale
deux lames séparées par une couche d'air. Le cristal fig. 14 est construit d'une manière analogue, quoique ici l'étoile
LA NEIGE ET LE GIVRE
25
La diversité déjà considérable de quelques contours reproduits semble montrer que
la variabilité de ces lamelles internes est presque aussi grande que pour les lamelles isolées.
La plupart de leurs formes ont été d'ailleurs retrouvées en des spécimens isolés ; cependant
B
D
F
H
J'
Jn
K'
Kn
i^, ^
Q*
r*
N
r
'^JU^
Fig. 16
elles présentaient une tendance plus marquée à la courbure et l'angle des appendices était le
plus souvent de 1200 au lieu de 6o°.
Si l'on envisage les contours des cavités ouvertes, délimitées dans chaque sextant par
l'espace entre les deux rayons d'un côté et les lamelles externes de l'autre, on remarque qu'ils
ressemblent essentiellement, voire même jusque dans les détails, à ceux de beaucoup de cavités
limitant la surface de contact entre les deux lames est plus compliquée La fig. 16 montre le type le plus commun
des flocons de neige cristallisés en tables hexagonales. Elles forment, comme je viens de le dire, deux tables hexagonales
remîtes par une couche de glace étoilée ».
IV
D 2
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
closes de la fig. i5 (comparer, par exemple, les schémas B, C, D, J1, K> , O', N, M, L1 de la
fig. 16 respectivement aux schémas E" ou EUI, EIV, D, A', Evu ou AIV, C" , C11', E>, G" de la
fig. i5).
Un troisième point, avant de conclure à l'ouverture primitive des cavités internes et à leur
fermeture ultérieure d'après le même principe que pour les espaces négatifs des lamelles isolées
à fentes et à trous, est de voir si l'on rencontre des lamelles internes bien distinctes à espaces
fermés et s'il existe des stades de transition entre celles-ci et les lamelles identiques encore
dépourvues d'espaces fermés. Malgré le nombre restreint de lamelles internes indubitablement
constatées, j'ai eu la chance d'observer ces transitions dans la même chute (comparer les
schémas J> et Ju , K' et K" , L1 et L", O' et 0JJ , Q> et Qn de la fig. 16). Mieux encore, j'ai vu
et dessiné trois cas (schémas L11 , O", Q") où, tout comme dans les spécimens isolés à fentes
et à trous, les sextants d'une même lamelle interne étaient inégalement remplis, les uns ne
présentant encore que des cavités ouvertes, les autres montrant déjà des cavités tout à fait
fermées. Les dessins internes des fig. 16 et 38 de G. Xordexskjôld semblent montrer le même
phénomène (').
Les considérations précédentes peuvent être résumées comme suit :
Généralement, les lamelles de neige ne sont pas uniformément développées dans le sens
vertical : les sections parallèles à la base ne sont pas toutes semblables ; autrement dit, les
couches constitutives horizontales ne sont pas toutes également développées. Il arrive notamment
qu'une de ces couches est développée faiblement quant au diamètre ou défectueusement quant
à la forme, se différenciant par là des autres. Elle se présente ainsi en vrai individu lamellaire,
comparable en tous points à des cristaux lamellaires proprement dits tombant isolément. Comme
ceux-ci, elle peut affecter toutes les formes, depuis la lamelle hexagonale complète jusqu'à la
lamelle plus ou moins déchiquetée, squelettaire ; je ne l'ai pourtant jamais constatée en étoile
sans champ central. Comme de vrais cristaux lamellaires, les variétés plus ou moins squelettaires
de cette couche peuvent se compléter à des degrés différents, laissant des trous et des fentes de
forme et de disposition conformes aux lois cristallographiques. Dans le cas où cette couche
n'est pas externe, mais interne, ces fentes et ces trous, chevauchés par des couches parallèles
contingentes, deviennent des cavités internes du cristal.
Les cas bien communs où la limite distale de la cavité interne court parallèlement au
bord correspondant du spécimen et tout près de celui-ci, semblent montrer que, lorsque la
couche en question, devenue interne, c'est-à-dire recouverte par deux couches voisines plus
développées, trouve des conditions pour se compléter, la région de prédilection de ce phénomène
est l'espace tout à fait périphérique compris entre les bords des lamelles recouvrantes ; toute la
portion négative de la couche interne étant ainsi fermée, il se forme une cavité à limite distale
parallèle et tout proche du bord du spécimen, et le développement de la couche interne est
arrêté.
Les faits observés ne préjugent évidemment rien au sujet de la question de savoir si un
cristal à une couche interne distincte doit être considéré comme cristal unique, les lamelles
constitutives ne représentant alors que des couches successives d'accroissement vertical, ou bien
(i) Dans l'ouvrage cité du Dr G. Nordenskjôld se trouve une observation qui se rapproche beaucoup des
idées exposées dans ce chapitre : « La fig. 17 présente un type assez commun et différent de la (fig. 16) en ce que la
couche centrale est plus développée. Elle occupe tout V intervalle entre les deux cristaux à l'exception des vésicules fermées ».
LA NEIGE ET LE GIVRE 27
comme agrégat régulier de cristaux lamellaires superposés. Ils ne disent rien non plus de la
succession réelle des couches lamellaires distinctes, c'est-à-dire si la couche interne défectueuse
se forme d'abord et est recouverte ultérieurement par d'autres plus développées ; ou bien si
elle se développe sur une lamelle préexistante et est recouverte ensuite par une seconde ;
ou, enfin, si ces deux cas peuvent se présenter. Certaines de mes observations me font supposer
que le second processus est parfois réalisé. Ainsi il arrive assez souvent que deux cavités,
symétriques par exemple par rapport à l'axe d'un rayon, prennent communication sur un point
de cet axe ; comme je n'ai jamais observé de cristal isolé présentant des solutions de continuité
sur les diagonales centrales d'une lamelle ou sur les axes d'un rayon ou d'un appendice,
je crois peu probable ici l'existence préalable, comme lamelle indépendante, de la couche
interne. D'autres observations, où je n'étais malheureusement pas assez certain d'avoir affaire
à une couche interne, seraient encore plus concluantes. En effet, si les dessins T1, T" , T'11
de la figure 16 représentaient réellement les limites d'une couche interne, celle-ci se montrerait
désagrégée symétriquement en portions nettement séparées l'une de l'autre, ce qui écarterait
la probabilité d'une existence indépendante à l'origine.
III. — Lignes d'épaississement (M.
Ce sont de légères saillies linéaires intéressant les faces basales des cristaux lamellaires.
Ces lignes, en général très communes, semblent, dans les étoiles sans champ central, un
phénomène constant. Bien souvent aussi je les ai observées dans le givre lamellaire et on les
a signalées dans d'autres substances de cristallisation analogue (2).
1. Lignes d'épaississement axiales, occupant les trois axes secondaires. Elles sont générale-
ment longées des deux côtés par des cavités internes canaliculaires ou en série de vésicules.
Considérés isolément, ces bourrelets constituent donc une étoile à rayons très minces, parfois
épaissis près du centre (3), ou même partant des angles d'un épaississement hexagonal central,
ou, au contraire, ne commençant qu'à une certaine distance du centre.
2. Lignes d'épaississement latérales.
a) Èpaississements axiaux des appendices des rayons. Ils peuvent eux aussi être longés par
des canaux ou séries de vésicules.
Les appendices, en s'élargissant, peuvent se fusionner des deux côtés de leur support,
au point que les contours du cristal ne trahissent en rien leur existence. Mais leurs nervures
axiales persistent et servent ainsi souvent de clef pour l'histoire du cristal donné (schémas
A1 — Avin de la figure 17, où la striation représente des lignes d'épaississement). Ce phénomène
est très bien visible sur les photographies des auteurs, par exemple sur la fig. 1 1 (étoile gauche)
de G. Hellmann et surtout dans les figures de A. A. Sigsox (+).
Les étoiles à rayons élargis ayant très communément présenté ce phénomène, il en
(1) Rippen de G. Hellmann ; nervures de G. Nordenskjôld.
(2) Voir, par exemple, Bruno Doss : Kùnstliche Darstellung von Anatas und Rutil mittelst der Phosphor-
salzperle. N. Jahrb.f. Miner 1894. Krystallskelette von Anatas : « Axialstrang welcher sich immer deutlich von
seiner Nachbarschaft abhebt und dadurch hervorgerufen, dass lângs seines Verlaufes die Dicke des Skelettes
eine grôssere ist als seitlich davon ».
(3) Comparer à l'observation analogue de G. Hellmann, 1. c, p. 29 et Taf. II, n" 2, grande étoile.
(4) Meteor. Zeitschrift, 1894. Taf. III.
2S EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
résulte qu'elles dérivaient ordinairement d'étoiles à rayons dendritiques. Fait curieux, ces
épaississements bilatéraux faisaient assez souvent avec leur ligne de symétrie un angle de
I20° au lieu de 6o°, angle normal des appendices (figure 17, schémas Au , AIV, AVI) ; or je n'ai
jamais vu que cet angle fût caractéristique des étoiles isolées à appendices non fusionnés ; nous
avons signalé cette même particularité à propos de la couche interne.
Les appendices courts en larges pétales (stella pennata de G. Hellmann) trahissaient
souvent par la présence de nervures leur origine de la fusion des appendices secondaires
(figure 17, schémas B1, Bu).
Les larges hexagones incomplets terminaux des rayons ou des appendices présentaient
constamment ces mêmes nervures, de même signification (figure 17, schémas C — Dv). Les
types D1 — Dv de la figure 17 étaient les plus communs (comparer aux Taf. I et IV, n" 6 de
G. Hellmann, figure 58 de G. Nordenskjold, figure 10 de Bentley) ; ils présentent, outre la
nervure médiane, une ou deux couples de nervures latérales ; toutes ces nervures, convergeant
généralement vers un même point proximal, pouvaient former entre elles l'angle normal de 6o°
(schémas Dl, Dn), mais plus souvent, la couple latérale distale avec la nervure médiane, ou bien
la couple latérale proximale avec la couple distale, semblaient former un angle de 3o° environ
(les mesures précises n'ont pas été prises ; schémas D1U, DIV, Dv).
b) Epaississements concentriques des lamelles hexagonales et des hexagones incomplets terminaux
des rayons et appendices (exemples : schémas Du , E de la figure 17 ; la figure 47 des photogra-
phies de G. Nordenskjold en donne un très bel exemple). Ils étaient bien fréquents, et l'on
pourrait les considérer comme indices de la fusion d'appendices inclinés de 1200 sur leur
support, fusion qui aurait porté non seulement sur les appendices d'un même support, mais
aussi sur les appendices opposés de deux supports voisins. Mais, je le répète, je n'ai jamais vu
que l'angle de 1200 fût caractéristique des étoiles isolées à appendices non fusionnés.
Il est à remarquer que dans les lamelles à symétrie réduite les nervures, tout comme les
cavités internes, montraient aussi une disposition anormale, souvent analogue à celle men-
tionnée à propos des hexagones incomplets terminaux des rayons et appendices (schémas F1,
F11 de la figure 17).
VI. — Lignes d'accroissement latéral.
Fait très caractéristique, quoique inconstant, de la neige lamellaire, l'élargissement
des lamelles hexagonales et des rayons se fait de façon que les limites des zones successives
d'accroissement latéral restent marquées par un système de lignes concentriques, à l'instar
de ce qui se passe dans un tronc d'arbre. Exemples : figure 18, schémas A— G ; ce phénomène
est richement représenté sur les microphotographies des auteurs, surtout sur deux étoiles de
G. Nordenskjold faites, que je sache, au grossissement le plus fort que l'on ait réalisé (140/! à
peu près) (').
Le même phénomène s'observe dans le givre. Il se présente aussi dans d'autres substances
à cristallisation analogue (2).
(1) Genlogiska For. i Stokh. Fôrh. Band 20. Tvenne fotografier of snôkristaller. Taf. 7 et 8.
(2) Voir, par exemple, H. Vogei.sang, Krystalliten. Bonn, 1875. Taf. VII, IX, X, XI ; Otto Lehjiaxx.
Molekùlarphysik, fig. i5o, i55, etc. ; W. Florence, Darstellung mikroskopischer Krystalle in Lothrohrperlen.
A . Jahrb. f. Miner. 1898. Chap. Zinkonerde. Taf. IX, N° 23, figures très compliquées, très ressemblantes à celles
de la neige.
LA NEIGE ET LE GIVRE
29
Ces lignes peuvent être très peu marquées, d'où la possibilité de leur effacement
complet. Une ligne d'accroissement correspondant à un moment de l'histoire du cristal,
peut ne pas être également nette dans tous les points ; des effacements locaux, allant jusqu'à
la solution de continuité, se présentent souvent, leur distribution pouvant être régulière (fig. 18,
schémas B1, B") ou irrégulière (schéma C).
B1
D1
Am
Aw
Dm
w
A™
Cïï
QIV
Dv
Fig. 1
F* A
La forme extérieure du cristal étant ainsi notée à différents moments de son élargis-
sement, ces lignes, mieux encore que les lignes d'épaississement, que les solutions de continuité
ou les cavités internes, permettent de lire, sur lui-même, l'histoire d'un cristal donné. Ainsi
elles font bien souvent reconnaître le noyau primitif du cristal et les changements successifs
de celui-ci.
Le noyau, pour autant que l'on puisse le déchiffrer, présente en général la forme
typique des cristaux lamellaires observés, c'est-à-dire lamelle hexagonale complète ou plus ou
moins squelettaire. Les épaississements prismatiques centraux qu'on trouve assez souvent, per-
mettent de présumer un noyau prismatique, quoique un tel épaississement central puisse aussi
bien être le fait d'un phénomène secondaire. Une forme spéciale est représentée par le noyau
à contour circulaire ; il est très petit (parfois visible seulement au fort grossissement), le plus
3o
EXPEDITION ANTARCTIQUE MELGE
souvent bombé ; il s'observe assez fréquemment, parait être constant dans les étoiles sans
champ central et semble représenter le stade le plus jeune des cristaux lamellaires (').
Ces lignes montrent tantôt que le cristal s'est accru plus ou moins uniformément,
tendant à conserver sa forme primitive (exemple : fig. 18, schéma C), tantôt qu'il a succes-
sivement acquis de nouvelles particularités de forme (schémas A, BT, B1]), tantôt que le noyau,
d'abord irrégulier, s'est régularisé dans la suite (schéma D) ou inversement (schéma E), tantôt
enfin que son orientation s'est modifiée de 3o°. Tous ces cas ont aussi été exposés par
Bentley. Quant à la dernière transformation (schémas F111, G), on peut parfois en supposer le
mécanisme dans un développement spécial des appendices. Les schémas F1, Fu , F111 de la
figure 18 représentent trois stades observés de ce développement, enregistrés parfois par des
particularités de structure intime de la lamelle transformée.
F1
Fn
Fig. 18
La forme primitive des rayons étant très souvent totalement ou partiellement enregistrée
par ces lignes, j'ai pu constater que les rayons, dans leur forme primitive, étaient presque
toujours munis d'appendices rudimentaires. D'étoiles sans champ central, à rayons dépourvus
d'appendices, je n'en ai observé au microscope que quelques-unes où ne se trouvait décelée
leur ramification primitive, soit par des lignes d'accroissement latéral, soit par des nervures,
soit par les unes et les autres. Il en résulterait que les rayons de la plupart, si non de
toutes les étoiles, sont primitivement pourvus d'appendices qui se fusionnent ultérieurement.
Les lignes d'accroissement latéral doivent, sans doute, impliquer la diversité des
conditions par lesquelles le cristal a successivement passé. Mais quelles étaient ces conditions.
(i) Voir les figures des tableaux I, II (n° i), IV (nos 5 et 6) de G. Hellmann ; les figures 46 et 5i de
S. Nordenskjôld ; les figures 1 et 4 de Bentley. Cette forme du no_vau se rencontre aussi dans des cristaux analogues
d'autres substances (voir, par exemple, la fig. 146 dans la « Molekùlarphysik » de O. Lehmann).
LA NEIGE ET LE GIVRE
3i
à quelles conditions nouvelles correspond une zone d'accroissement différente, ces hiéroglyphes
ne nous en disent rien de plus ou moins précis. D'après W. A. Bentley, la plus grande
autorité actuelle en matière d'étude de la neige, les conditions tendant à modifier la forme
du cristal après la formation du noyau, sont diverses : « the chief among them being
the height, number and vertical clepth of the cloud strata and the résultant variation in
température, atmospheric pressure and humidity due to thèse ; the character of the storm,
whether local or gênerai, and the portion of the storm région from which the crystals corne.
To thèse must also be added the initial and subséquent movement of the crystals whithin
the clouds That they (crystals) are greatly modified by thèse flights in the clouds, is
clearly shown by the interior structure of many of the crystals outlining many of the
transitory states » (').
De semblables lignes se retrouvant aussi dans des formes du givre dont les conditions
présidant à leur formation, n'ont apparemment pas subi de modifications appréciables, je
pense qu'un infime changement de l'ambiance peut retentir sur la forme. La question me
paraît donc très complexe, difficile à résoudre, et l'étude du givre et, mieux encore, la méthode
expérimentale sont peut-être seules capables de jeter sur elle un peu de lumière et de nous
fournir des données qui permettraient de déduire de la structure les conditions par lesquelles
le cristal a passé.
Remarque générale.
Comme nous l'avons fait dans le chapitre précédent pour la forme, de même, dans le
présent chapitre, nous n'avons pas voulu épuiser toutes les particularités et complexités de la
structure et moins encore les expliquer, mais simplement en décrire les éléments les plus
communs et les plus simples. Quant aux figures internes d'une complexité extrême, des plus
énigmatiques, je n'en reproduis que quelques faibles exemples schématisés dans la figure 19,
dont les trois premiers se retrouvent parmi les microphotographies des auteurs.
AM I.
'/ I V»
» <
.0
Do
!°
'/'
Fig. 19
(1) Waters a le premier, me semble-t-il, signalé ces lignes et essayé d'en tirer des conclusions en partie
analogues à celles de Bentley (Certain lines in snow crystals, Memoirs of the liter. and philosoph. Society of Manchester,
VI, 1875, p. 6-10).
32 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
NEIGE EN BATONNET
Elle comprend deux classes principales : neige prismatique et neige aciculaire.
Les deux s'observaient avec sensiblement la même fréquence :
„+ ni • . i r (prismatique , , ( 2i3, . ( 3o %
Nombre d observations ou la tonne ] . , . a ete remarquée : . soit ;
( aciculaire ( 200, ( 29 %
d'observations où la forme de la neige a été notée.
Les cas, où ces deux classes tombaient simultanément, étaient rares, celles-ci étant
alors ordinairement bien tranchées, rarement réunies par des formes de transition.
NEIGE PRISMATIQUE
Forme
On trouve deux formes principales : prisme hexagonal à deux bases planes générale-
ment parallèles (forme la moins fréquente], et prisme hexagonal à une extrémité plus ou
moins pointue, donc probablement hémimorphe (forme la plus fréquente).
Deux tendances tout à fait caractéristiques s'accusent nettement :
i° Tendance des prismes hémimorphes à la formation d'agrégats radiaires, par union de
leurs extrémités pointues. Les prismes pointus isolés étaient relativement rares, et il ne fut
pas une seule chute de prismes où cette tendance ne se trouvât réalisée, à un moment
donné tout au moins. Bien souvent, une chute présentait la succession suivante : prismes
isolés exclusifs ou dominants prismes agrégés prismes isolés exclusifs ou dominants,
succession en général parallèle à la variation de l'abondance.
Les prismes constitutifs d'un agrégat pouvaient être sensiblement de même grandeur
ou de grandeur très diverse. Les angles qu'ils formaient entre eux n'ont pas été mesurés,
mais simplement estimés ; les angles de 900, de 6o° et leurs multiples prédominaient ; parmi
les autres, plus difficiles à estimer, j'ai cru remarquer l'angle rapproché de 3o°.
A leur convergence, les pointes pouvaient rester distinctes à des degrés variables.
Un agrégat pouvait présenter deux points centraux (fig. 20, schéma A").
Le nombre de prismes variait de deux à sept autour d'un même point central.
Ils pouvaient être disposés dans un même plan ou dans des plans différents. Fait
curieux, le nombre de prismes d'un même plan ne dépassait jamais quatre ; ainsi je ne suis
jamais parvenu à découvrir d'étoile à six rayons représentés par six prismes agrégés dans un
même plan. Par contre, j'ai observé assez souvent des étoiles à quatre rayons représentés
par quatre prismes maclés dans un même plan et formant entre eux l'angle de go° (fig. 20,
schéma A1), ou une sorte de double étoile formée autour de deux centres situés dans un même
plan et sur une même droite (schéma A"), ou, enfin, une étoile à six prismes agrégés dans
deux plans perpendiculaires et formant entre eux l'angle de go° et 1800 (schéma A111).
De tous ces agrégats, les plus intéressants, peut-être, sont ceux formés par deux
prismes disposés sur une même droite, c'est-à-dire formant entre eux l'angle de 1800, une
telle macle pouvant prendre l'aspect d'un prisme unique limité par deux bases planes. La
LA NEIGE ET LE GIVRE 33
fusion des composants pouvant se faire à des degrés variables, on passait des macles où
l'individualité des deux prismes était très distincte, par l'intermédiaire de celles qui ne
montraient qu'une faible échancrure circulaire ou même n'intéressant qu'une seule face,
jusqu'à des prismes d'aspect holoédrique, apparemment tout à fait unis, sans traces de leur
composition, si ce n'était parfois une faible strie, circulaire ou partielle, ou bien l'implan-
tation en son milieu d'un ou deux prismes pointus supplémentaires marquant ainsi le centre
d'agrégation (fig. 20, schémas Bl-BVIh). Il en résulte qu'il est difficile, voire même impossible,
d'affirmer, d'après le simple aspect, si un prisme donné, limité par deux bases planes, est un
cristal unique ou bien une macle. (On sait qu'il en est de même pour d'autres substances.)
Il est très probable qu'au moins une grande partie des prismes d'aspect holoédrique
n'étaient que des macles. Ils s'observaient moins fréquemment et presque toujours à côté des
prismes d'aspect hémimorphe. Dans une même chute, ils étaient ordinairement moins
nombreux et apparaissaient le plus souvent aux moments où ces derniers se présentaient en
macles bien distinctes ; on pouvait alors aisément constater toutes les transitions entre les
prismes d'aspect parfaitement holoédrique et les macles manifestement composées de deux
prismes hémimorphes. Leur longueur était en moyenne supérieure à celle des prismes
hémimorphes, sans toutefois jamais atteindre 2 millimètres ; elle s'abaissait relativement
rarement au-dessous de omm,5, chose très fréquente pour les prismes hémimorphes qui dépas-
saient rarement 1 millimètre ; cette différence de longueur a été assez souvent constatée
lors d'une même chute, où parfois, sans différence sensible d'épaisseur, les prismes d'aspect
holoédrique étaient en moyenne à peu près une fois plus longs que les hémimorphes qui
tombaient simultanément.
2° Tendance à former des combinaisons avec les formes lamellaires, les prismes hémimorphes
avec une, les prismes d'aspect holoédrique avec deux lamelles. Celles-ci sont fixées à la
base plane des prismes par leur face basale, dans une position centrale, exceptionnellement
excentrique (exemple fig. 20, schéma Dl"), et orientées conformément à l'orientation du prisme.
Ces formes combinées étaient plus fréquentes que les prismes simples. Elles se
retrouvaient presque invariablement dans toutes les chutes de neige prismatique, tout au
moins à un moment donné de celles-ci. Bien souvent, aux prismes simples du début d'une
chute s'ajoutaient dans la suite des prismes lamelles, qui devenaient bientôt prépondérants,
voire même exclusifs, pour céder de nouveau la place aux prismes simples, vers la fin de la
chute ; simultanément ou même un peu avant l'arrivée des prismes lamelles, on constatait
ordinairement l'apparition des lamelles isolées.
De diamètre très variable, quoique n'excédant jamais 2 millimètres, ces lamelles terminales
surplombaient assez rarement le prisme de beaucoup, mais leur diamètre n'était jamais
inférieur à celui du prisme. Ordinairement dans une même chute on assistait au dévelop-
pement ou à la régression de ces lamelles ; on pouvait ainsi avoir la succession ci-après :
prismes simples — prismes à lamelles à peine distinctes — prismes à lamelles bien distinctes.
Dans un agrégat radiaire, les diamètres des lamelles terminales pouvaient être sensiblement
égaux ou très différents. Les mêmes rapports existaient pour les prismes d'aspect holoédrique :
les deux lamelles pouvaient être de diamètre très différent (exemple fig. 20, schéma C"), et
même on ne distinguait parfois qu'une lamelle terminale. Assez souvent un prisme d'aspect
holoédrique semblait combiné à trois lamelles, dont une plus ou moins au milieu (fig. 20,
schémas C'v, C ), parfois même à quatre lamelles (schéma C17) ; on croirait dans ces cas avoir
D 2
34
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
affaire à deux ou trois prismes réunis entre eux par une ou deux lamelles ; très souvent on
observait alors que les lamelles intermédiaires étaient plus petites que les lamelles terminales
(schémas Cv , CVJ) ; parfois j'ai pu constater que la lamelle intermédiaire était nettement
dédoublée, au point d'impliquer un trait d'union central (schéma Cvn). Nous avons déjà dit
plus haut que parfois on trouvait toutes les transitions entre un prisme lamelle et deux
lamelles réunies par une lamelle intermédiaire plus petite.
Quant à leur forme, les lamelles hexagonales simples étaient les plus fréquentes (fig. 20,
schémas D1 , DUI) ; ou bien on avait des lamelles plus ou moins étoilées, mais à champ central
toujours au moins égal au diamètre du prisme, à rayons généralement peu développés et
faiblement ramifiés. Quand elles tombaient en même temps que les lamelles isolées, elles
leur ressemblaient, mais n'en reproduisaient que les formes les moins compliquées et les moins
ramifiées. Après la lamelle hexagonale simple, le type le plus commun était celui du
schéma D11 , la ligne pointillée représentant le contour de la base du prisme vu par trans-
parence. Toutes ces lamelles pouvaient présenter des irrégularités analogues à celles des
lamelles isolées (schémas D,v, Dv). Une fois se présenta une forme bien curieuse : c'était
une lamelle dont la face externe semblait montrer un enfoncement central hexagonal de
diamètre égal à celui du prisme (schéma DVI).
Particularités de la forme.
1. Formes supposées régulières.
Il m'a semblé remarquer assez souvent une hémiédrie sur les prismes, toujours modérée,
et on la retrouvait au même degré sur les lamelles agrégées.
Quant au rapport de la longueur à l'épaisseur, les prismes hémimorphes seuls peuvent
fournir des données certainement comparables, ceux d'aspect holoédrique pouvant n'être que
de simples macles. Faute de mesures précises, surtout pour l'épaisseur, je n'ai pu m'en
rendre compte que par des estimations plus ou moins grossières. Ce rapport se rapprochait
le plus souvent de 2 : 1 ; son minimum descendait au-dessous de 1 : 1 ; son maximum s'élevait
jusqu'au-dessus de 5 : 1 ; les valeurs maximales et minimales étaient rarement réalisées ; elles
étaient en outre vagues, vu qu'elles se trouvaient à la limite des transitions entre les prismes
et lamelles d'un côté, entre la neige prismatique et aciculaire de l'autre, — transitions qui
ont été rarement observées. Quant à savoir s'il y a une loi régissant ce rapport, j'ai dû me
contenter d'une étude plutôt simplement qualitative. Dans certaines chutes, il semblait exister
un rapport inverse entre la longueur et l'épaisseur ('), donc une tendance à conserver le
même volume. Dans d'autres, au contraire, la longueur variait, même assez fortement,
l'épaisseur restant sensiblement la même.
Il m'a été difficile de mesurer, dans les terminaisons pyramidales, l'angle de troncature ;
il me semble que cet angle, par conséquent l'acuité de la pvramide, n'était pas constant.
A acuité égale, le rapport des longueurs des portions pyramidale et prismatique
(1) Fait observé par G. Hellmanx : <; Bei einem und demselben Schneefall pflegt das Verhaltniss der Lange
zur Dicke dasselbe zu bleiben. s (L. c., p. 35.)
LA NEIGE ET LE GIVRE
35
changeait, naturellement, avec la longueur (et l'épaisseur) du cristal ; on arrivait ainsi à des
spécimens à portion prismatique très réduite et, dans deux chutes où ils étaient combinés
A1
A*
Am
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J
FlG. 20
36 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
aux lamelles, j'ai eu l'occasion d'observer de vraies pyramides simples (fig. 20, schémas
El, En, Ew)(>).
Parfois la pointe pyramidale n'était qu'ébauchée par des troncatures plus ou moins
distinctes sur les arêtes basales ; on observait les transitions entre cette ébauche et la
pyramide pointue.
2. Irrégularités.
Les prismes bien réguliers, c'est-à-dire les holoédriques à deux bases tout à fait parallèles,
les hémimorphes à portion pyramidale bien pointue et nettement tranchée de la portion
prismatique, n'étaient pas fréquents. Les arêtes et les angles pouvaient être émoussés, donc
les premières peu nettes, les seconds arrondis, d'où le vague bombement des extrémités
planes, l'aspect en doigt de gant des extrémités pointues. Ces phénomènes pouvaient aussi,
naturellement, ne constituer qu'une déformation due à l'évaporation et à la fonte. Rarement
et seulement dans les prismes très courts, les faces latérales étaient légèrement concaves,
d'où saillie des arêtes correspondantes (fig. 20, schéma Dvu, contour de la base vu à travers
la lamelle combinée).
Ainsi que dans la neige lamellaire, on constatait parfois une irrégularité des faces
latérales et des anomalies dans la valeur des angles. Dans les prismes à deux extrémités
planes, celles-ci pouvaient ne pas être tout à fait parallèles (exemple fig. 20, schéma G').
Parfois, du moins à en juger d'après la forme de la base, le prisme aurait été tétragonal
(fig. 20, schémas F1, F11 , F1"), ce qui n'était probablement qu'une malformation. La troncature
pyramidale pouvait ne pas intéresser toutes les arêtes de la base (fig. 20, schémas Gu , G"1, GIV) ;
un exemple d'une malformation analogue est donné par les schémas H1 et H" de la figure 20.
Assez souvent l'extrémité pointue simulait un faisceau de bâtonnets longitudinaux
(fig. 20, schémas Hr-Hn , Enl) ; ce fut même une fois un phénomène constant pour tous
les prismes d'une même chute.
Enfin, les prismes avaient souvent l'aspect fortement déformé, sans la moindre limite
plus ou moins régulière (fig. 20, schéma J). Parfois cette déformation était accentuée au point
de faire croire à tout autre chose, si concurremment il n'était tombé d'autres prismes, plus
ou moins nets
STRUCTURE
Comme les cristaux lamellaires, les prismes contenaient aussi, presque généralement,
des cavités internes. Parfois, dans des prismes pointus, ce semblaient être des vésicules disposées
sans ordre déterminé ; mais ordinairement leur forme et leur localisation étaient bien
(1) Scoresby dit avoir, dans l'Arctique, par une forte biise du Nord, observé en grande quantité des pyramides
hexagonales simples, non combinées à des lamelles, et parmi elles une pyramide apparemment trigonale (fig. 44
et 47 de ses dessins). Je ferai remarquer que j'ai observé assez souvent une sorte de grésil pj'ramidoïde, a base
vaguement hexagonale, pentagonale, tétragonale ou tout à fait indéfinie, mais qui provenait d'un abondant dépôt
de givre sur de simples lamelles ; souvent une augmentation de la force du vent annonçait ces chutes. Mais les
pyramides proprement dites doivent être excessivement rares ; je n'en ai vu que trois exemplaires, comme réduction
limite de la portion prismatique dans les prismes pointus ; ni Hellmann, ni Nordenskjôld, ni même Bentley n'en
ont observé. Par contre, dans le givre granuleux, les formes purement pyramidales, de dimensions microscopiques,
se rencontraient assez souvent.
LA NEIGE ET LE GIVRE
37
caractéristiques et en tous points comparables à celles décrites et photographiées par les
auteurs. Dans les cristaux hémimorphes, leur forme correspondait, grosso modo, à celle du
cristal : on avait une vésicule axiale, élargie vers la base plane, et s'amincissant vers la pointe ;
habituellement, surtout dans sa portion élargie, elle présentait des étranglements circulaires
ou même semblait figurer les marches d'un escalier (fig. 21, schémas A'-Av). Une fois,
j'ai vu comme deux cavités emboîtées, la base de la cavité interne se montrant par trans-
parence sur la base du prisme (fig. 21, schéma B) ; je ne saurais me prononcer sur la
signification de ces doubles lignes ; peut-être l'une d'elles, l'externe, ne représentait-elle que
la surface d'accroissement du prisme, analogue aux lignes d'accroissement latéral des cristaux
lamellaires. Dans les prismes d'aspect holoédrique, tout comme dans les macles de deux
prismes hémimorphes, on avait deux cavités, orientées inversement (fig. 21, schémas Cr, Cn) ;
le plus souvent ces deux cavités communiquaient entre elles par un fin canalicule, mais
parfois elles restaient isolées ; j'ai observé aussi des cas où entre ces deux cavités, suivant
le prolongement de leur axe, s'étendait un canalicule fin ou même une série de vésicules
indépendantes. Outre ces cavités axiales, les prismes, aussi bien les hémimorphes que ceux
d'aspect holoédrique, en montraient d'ordinaire d'autres encore, non axiales, sous forme de
canaux longitudinaux (').
Fig. 21
(1) Vésicules baculiformes de G. Xordenskjôld. D'après cet auteur, ces vésicules seraient au nombre de trois,
symétriquement disposées dans trois sextants alternes (1. c, fig. 1). — Xordenskjôld a fait cette constatation très
curieuse que, dans certains cas au moins, les vésicules des prismes pointus contenaient de l'eau surfondue, vu que
lors d'une chute de ces prismes, par une température de - 8° à -12° et sous un ciel voilé, les toits des maisons montrèrent
un écoulement ininterrompu ; il dit aussi avoir vu ces prismes se transformer, après leur chute, en lamelles hexago-
nales transparentes, sans lignes ou cavités internes. Je n'ai pas eu l'occasion d'observer tous ces phénomènes, lesquels
peuvent m'avoir échappé. Quant à la question de la transformation des prismes, j'ai pu seulement constater,
plusieurs fois, une liaison entre les prismes et certaines formations lamellaires particulières dont il sera parlé plus
loin.
38
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Les prismes montraient bien souvent des rayures longitudinales sur leurs faces latérales (').
Outre les cas où elles marquaient plus ou moins le milieu d'un prisme d'aspect
holoédrique, trahissant ainsi l'agrégation de deux prismes hémimorphes, on rencontrait assez
rarement sur la surface des prismes des stries transversales circulaires ; elles représentaient
peut-être des lignes d'accroissement vertical du prisme, analogues aux lignes d'accroissement
latéral des cristaux lamellaires.
Formations lamellaires apparentées aux prismes.
Lors de maintes chutes de neige prismatique, j'ai observé des formations lamellaires
particulières, semblant sous tous les rapports liées intimement aux prismes tombant simul-
tanément. Elles se comportaient toujours absolument comme ces derniers : ceux-ci tombaient-
ils isolés, agrégés radialement ou de façon irrégulière, elles se présentaient sous ces mêmes
formes. Mieux encore, un même agrégat, radiaire ou irrégulier, pouvait, dans ces cas, être
composé en partie de prismes, en partie de formations lamellaires.
Leurs dimensions, surtout la longueur, correspondaient généralement à celles des
prismes concomitants.
En général, leur forme était hexagonale, parfois très bizarre ; elles étaient commu-
nément allongées et à symétrie bilatérale, ou composées d'une chainette rectiligne de lamelles
agrégées. Ordinairement simples, elles pouvaient cependant porter des appendices, prenant
ainsi l'aspect de rayons d'étoile. On peut en voir différents exemples dans la figure 22
(schémas A-J observés à la loupe, les extrémités non achevées représentant les points d'attache
sur un agrégat radiaire ; schémas K-M examinés au microscope).
FlG. 22
Fait qui se produit invariablement chaque fois que, dans une même chute, il s'agit
des formes de deux catégories distinctes, surtout voisines, on constatait entre les prismes et
les formations lamellaires un certain antagonisme ; ainsi les formations lamellaires apparaissant
à un moment donné de la chute en très petit nombre parmi les prismes, pouvaient dans
(1) Rapprochés l'un de l'autre, ces faits de ra3'ures longitudinales, de « vésicules baculiformes » et de différen-
ciation de la portion pyramidale en bâtonnets longitudinaux, montrent peut-être que les prismes auraient pu présenter,
à l'origine, un faisceau régulier de bâtonnets fusionnés ultérieurement et dont ces phénomènes constitueraient des traces.
LA NEIGE ET LE GIVRE
39
la suite augmenter progressivement en nombre au point de prédominer et même de devenir
exclusives.
La parenté de ces deux formes était surtout frappante dans les quelques cas où,
au cours d'une même chute, se succédaient des prismes de plus en plus aplatis parallèlement
à leur axe, donc de moins en moins prismatiques, pour aboutir enfin à de vraies formations
lamellaires.
Parfois, avec ces formations, tombaient des étoiles dont les rayons leur étaient analogues.
Vu la curiosité de ce phénomène, j'en donne ici quelques exemples concrets, tirés de
mon journal de la neige (').
Le 22 novembre 1898
6h— 6 72h
Neige peu abondante,
très fine,
fondante.
Formes.
Prismes hémimorphes
Ier moment :
simples
hexagones
combinés aux rudimentaires,
étoiles
en agrégats radiaires,
dimensions excessivement petites (longueur < omm,3).
2e moment :
Dans les agrégats radiaires, les prismes sont peu à peu
remplacés par des formations lamellaires allongées, de
type hexagonal, mais de forme en général très difficile
à déterminer ; bien souvent ce sont des chapelets
d'hexagones très menus ifig. 22, schéma D).
3e moment :
Dans les agrégats radiaires, les éléments diminuent
de nombre, augmentent de dimensions, et les formations
lamellaires y deviennent prédominantes.
8h— 8''40
Neige assez abondante,
fine,
presque fondante.
Formes.
ier moment
Formations lamellaires, en agrégats radiaires (deux, trois
individus et plus) ; individus en chapelets de très menus
hexagones (fig. 22, schéma D\.
2e moment :
Dans les agrégats radiaires, les formations lamellaires
sont peu à peu remplacées par des prismes hémimorphes,
lesquels bientôt deviennent dominants. — Agrégats
fréquents composés de trois ou quatre individus situés
dans un même plan, perpendiculairement l'un à l'autre.
Il apparaît aussi des prismes d'aspect holoédrique, le plus
souvent avec plus ou moins de traces de l'agrégation
de deux prismes hémimorphes (échancrure ou strie cir-
culaires ou partielles, ou bien petit prisme hémimorphe
fixé vers le milieu du prisme). — Prismes simples ou
combinés à des hexagones assez épais, de diamètre
dépassant à peine celui du prisme. — Surface des
prismes légèrement rugueuse, à nombreuses raies
longitudinales.
3e moment :
Rien que des prismes ; encore deux catégories ; de
plus en plus grossiers ; à surface de plus en plus
inégale, parce que hérissés de grains de givre, de plus
en plus abondants, de dimensions minimes, mais varia-
bles (très petits en comparaison du prisme support), de
forme prismatique, fixés en général perpendiculaire-
ment aux faces latérales des prismes, aux faces basales
des hexagones combinés, disposés irrégulièrement,
couvrant toute la surface vers la fin de l'observation.
9h— 974h
Neige très peu abondante,
fine.
Formes : 1. Prismes comme précédemment.
2. Formations lamellaires, aussi en agrégats radiaires ;
individus en chapelets très capricieux et très variables,
de forme plus ou moins hexagonale, très menus.
(1) Pour les conditions atmosphériques concomitantes, voir les tableaux météorologiques de la présente
collection.
4°
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Transitions entre les
Formes : i . Prismes
combinés à des
3- Hexagones simples, petits. Dépôt de givre très
abondant, en menues excroissances, de forme difficile à
déterminer à la loupe.
hexagores simples
étoiles
(échancrures triangulaires marginales, plus ou moins
prononcées, au milieu de chaque côté).
ioii_io '/4h '
Ier moment :
Neige abondante,
fine.
hémimorphes,
d'aspect holoédrique,
hexagones,
étoiles,
les hémimorphes en agrégats radiaires.
Dépôt d'espèce de givre sous forme de prismes et
de formations lamellaires minimes, celles-ci d'aspect
très variable, de t}'pe hexagonal, allongées, simples ou à
appendices courts (exemples fig. 22, schémas A, H).
Rayons des étoiles combinées aux prismes analogues
à certaines de ces formations lamellaires.
2. Formations lamellaires, de forme analogue à celle
du givre ci-dessus, de dimensions sensiblement égales
à celles des prismes ; aussi en agrégats radiaires. Cer-
tains agrégats radiaires constitués de ces formations
et des prismes en même temps.
3. Hexagones simples, d'aspect grossier (dépôt de
givre).
4. Etoiles isolées, de même type que celles combinées
aux prismes, montrant une sorte d'hexagone simple
collé à leur centre.
2e moment :
Neige peu abondante,
fine.
Forme dominante : prismes hémimorphes, analogues à ceux du
Ier moment, mais à givre principalement ou exclusive-
ment prismatique.
Vers 10 72h
Neige assez abondante.
fine
hémimorphes
Formes : Prismes , le plus souvent cora-
il aspect holoédrique
binés à des étoiles à rayons simples en hexagone
allongé, ou, plus rarement, à des hexagones.
Il1
-11 w
Neige peu abondante,
fine.
Formes .: 1. Prismes hémimorphes, combinés à une étoile du type
précédent ; en agrégats radiaires ; dimensions très
petites (souvent longueur < omm, 3 ; surface rugueuse
dépôt de givre en prismes minimes).
2. Agrégats radiaires, composés partiellement ou
exclusivement de formations lamellaires, de dimensions
plus ou moins égales à celles des prismes.
3. Etoiles isolées, de forme identique à celle des
étoiles combinées aux prismes rares .
12i'
Neige assez abondante,
très fine.
Formes : Agglomérations irrégulières d'hexagones simples et de
formations lamellaires allongées très menues.
Le 15 décembre 1898
3''
Neige assez abondante,
très fine.
Formes.
Ier moment
Prismes
hémimorphes ;
d'aspect holoédrique ;
réguliers, lisses, brillants ;
longueur < i millimètre ; assez fins ;
rarement isolés
ordinairement en agrégats radiaires ;
ceux d'aspect holoédrique montrant souvent des traces
de l'agrégation de deux prismes hémimorphes.
les hémimorphes
2e moment :
i. Prismes du Ier moment.
2. Mêmes prismes combinés à des étoiles à rayons
simples en hexagone allongé incomplet, régulières,
lisses, brillantes, de i à i '/s millimètre de diamètre.
Neige assez abondante,
très fine.
Formes: i. Comme le 2, 2e moment, 3h.
Observation microscopique :
Arêtes et angles parfois arrondis.
Raies longitudinales, non uniformes.
Dans les prismes hémimorphes, vésicules non axiales,
LA NEIGE ET LE GIVRE
allongées parallèlement à l'axe, et différenciation de la
pointe terminale en bâtonnets longitudinaux.
Dans les prismes d'aspect holoédrique, cavités axiales,
canalicules longitudinaux et traces de l'agrégation de
deux prismes hémimorphes.
2. Formations lamellaires.
D'abord peu, puis de plus en plus nombreuses.
Rarement isolées, ordinairement en agrégats radiaires,
et alors souvent avec des prismes ; parfois en chapelets
rectilignes isolés ou agrégés radialement
Longueur et largeur ne différant guère de celles des
prismes.
Type hexagonal ; symétrie ordinairement bilatérale ;
plus ou moins allongées ; d'ailleurs de forme très
variable et souvent irrégulière.
Figures internes, assez régulières, à symétrie ordi-
nairement bilatérale.
Les très allongées montraient fort souvent une
ressemblance frappante avec les prismes ; souvent
difficulté de distinguer les deux formes, car il y en
avait qui n'étaient pas tout à fait planes et présentaient
les raies longitudinales, caractéristiques des prismes.
3. Hexagones simples
(formes dominantes:.
Etoiles
Les hexagones simples semblent très souvent agré-
gés : a) agrégats radiaires, un hexagone central portant
à ses six angles, quand il était holoédrique, à ses trois
angles, quand il était hémiédrique, des hexagones plus
petits, orientés conformément au support ; b) agrégats
en chapelets rectilignes.
Les étoiles sont analogues à celles combinées aux
prismes ; elles font souvent l'impression de provenir de
la fusion de plusieurs hexagones agrégés.
Le 9 janvier 1S99
i\.\i
Neige assez abondante,
très fine.
Formes : i. Prismes hémimorphes,
très menus,
en agrégats radiaires.
2 Formations lamellaires,
de largeur et longueur ne différant guère de celles des
prismes ;
de type hexagonal, allongées ;
en agrégats radiaires, parfois avec des prismes.
3. Étoiles,
petites H millimètre) ;
à champ central réduit formé par les bases des rayons
en semi-hexagone allongé (comme si elles étaient des
agrégats réguliers de six formations lamellaires) ;
ordinairement isolées, rarement accolées deux par
deux par leurs faces basales.
5''
Neige peu abondante,
fine.
Formes : Etoiles,
de dimensions et de forme comme à 4h, mais rayons
souvent plus longs et alors munis d'une paire, alors
distale, ou de deux paires d'appendices.
Semblent toutes centrées d'un hexagone simple, très
petit.
Le 25 février 1S99
9h
Neige assez abondante,
très fine.
Formes : hémiaiorphes,
Prismes , ,
d aspect holoédrique,
combinés à des hexagones.
Les hémimorphes : longueur < i millimètre, épais-
seur plus que la moitié de la longueur ;
en agrégats radiaires d'au plus cinq individus ; souvent
quatre individus dans un même plan, formant entre eux
un angle de go°.
Ceux d'aspect holoédrique en général plus longs
que les hémimorphes.
Le diamètre des hexagones combinés dépasse à
peine celui des prismes.
10h
Neige assez abondante,
très fine.
Formes : i . Formations lamellaires,
en hexagone allongé à symétrie bilatérale ;
dimensions égales à celles des prismes observés à 9h ;
en agrégats identiques à ceux de ces prismes.
2. Hexagones simples,
isolés ;
forme régulière ;
bords ébréchés ;
très minces, transparents, sans structure ;
dépôt de grains de givre, très peu abondant.
VI
D
42
EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
11»
Neige assez abondante,
fine.
Formes : I. Formations lamellaires,
le plus souvent en hexagone allongé à symétrie bilaté-
rale, plus rarement en feuille à bords symétriquement
dentelés (fig. 22, schéma J) ;
en agrégats radiaires ou en agglomérations irrégulières.
2. Étoiles,
à champ central réduit formé par les bases des rayons
de mêmes dimensions et de mêmes formes que les
formations lamellaires.
Souvent semblaient centrées d'un hexagone simple,
très petit.
3. Hexagones simples, comme à ioh.
Le 1er mars 1899
6''
Neige assez abondante,
fine.
Formes : Très petits flocons composés de :
i. Prismes himimorphes ;
longueur < omm,5 ; épaisseur plus que la moitié de la
longueur ;
en agrégats radiaires.
2. Formations lamellaires ;
en hexagone allongé à symétrie bilatérale ;
en agrégats radiaires identiques à ceux des prismes ;
parfois deux formes dans un même agrégat.
Le 3 mars 1899
51'— 5 Vv1'
Neige assez abondante,
fine.
Formes.
Ier moment :
Prismes himimorphes,
très menus,
en agrégats radiaires, ceux-ci réunis en petites agglo-
mérations.
2e moment :
Idem, mais dans les agrégats radiaires apparaissent,
à côté des prismes normaux, de plus en plus fréquem-
ment, des prismes plus ou moins aplatis parallèlement à leur
axe, se rapprochant donc des formations lamellaires ;
leurs longueur et largeur sont celles des prismes nor-
maux ; ils sont simples ou portent de petits appendices
hexagonaux latéraux ou terminaux.
3e moment :
Il s'y ajoute des hexagones simples, isolés, menus,
mais de dimensions variables, minces, transparents,
sans structure.
4'' moment :
Il s'y ajoute encore des aiguilles, de dimensions ordi-
naires (d'environ 2 millimètres de longueur , isolées ou
en petits flocons, couvertes de givre granuleux.
NEIGE ACICULAIRE (')
Outre la difficulté de se rendre compte des limites cristallines (2), la fréquence parti-
culière des dépôts de givre jointe à la déformation par suite de la fonte résultant des
(1) J'emprunte ce terme à G. Nordenskjôld.
(2) Les anciens observateurs décrivent généralement ces acicules comme hexaédriques et les font rentrer dans
la neige prismatique. Parmi les modernes, Pénard les décrit comme « fines aiguilles hexaédriques parfaites, vingt à
trente fois aussi longues que larges » (Arch. des se. phys. et natur., i8g3, 3o, pp. 658-66o) ; tandis que G. Nordenskjôld
en fait une classe distincte des « prismes hexagonaux » et des « fioles de glace », et comprenant « de minces
aiguilles ou des agrégations ordinairement parallèles d'aiguilles, généralement sans limites cristallines reconnaissables ».
Quant à moi, je n'ai pu bien distinguer que sur un seul spécimen une limite hexaédrique.
LA NEIGE ET LE GIVRE 43
températures relativement élevées présidant en général à l'apparition de cette espèce de
neige, rendaient son étude très difficile.
Il m'a semblé pouvoir distinguer deux catégories :
i. Bâtonnets, très minces et d'épaisseur sensiblement uniforme, pouvant atteindre une
longueur dépassant des dizaines de fois l'épaisseur. C'était la forme la plus commune et la
plus simple (fig. 23, A1, A11, A111). Le plus souvent, une ou les deux extrémités étaient
tronquées, plus rarement pointues, et parfois, au contraire, présentaient un épaississement
terminal ('). Les cavités internes et les striations longitudinales faisaient défaut. Par contre,
assez souvent, surtout sur les spécimens relativement longs, on trouvait des raies transversales
circulaires, assez distantes (fig. 23, B1, Bn) ou très rapprochées (-£>"'), Ie bâtonnet semblant
constitué, dans le premier cas, de plusieurs bâtonnets plus petits, dans le second, d'un certain
nombre de grains alignés suivant une droite.
Ces bâtonnets étaient ordinairement réunis parallèlement en minces faisceaux, lesquels
à l'œil nu ressembleraient à des bâtonnets simples, n'était la forme particulière des extrémités
des faisceaux trahissant leur état composé. La longueur des bâtonnets constitutifs n'étant
généralement pas la même, leurs extrémités n'affleuraient pas toutes au même niveau et
donnaient à la pointe du faisceau des aspects très variables, dont les types les plus communs
sont représentés dans les schémas C1, C" , C" de la figure 23 (2). Le degré de la fusion des
bâtonnets constitutifs était variable, mais en général ceux-ci restaient plus ou moins distincts
et délimitaient même au sein du faisceau des cavités internes allongées dans le sens de
celui-ci (-1).
Ai I 1 A* <=- ==> Am -=
B1^ _ 1 Q Bn ^
zc
c<fX: i,'=f cïï
Fig. 23
2. L'autre catégorie était représentée par des individus très courts et relativement
épais. Ils tombaient généralement en même temps que ceux de la première catégorie, mais
en quantité relativement moindre. Leurs dimensions et leur aspect semblaient les rapprocher
des individus de la neige prismatique. N'ayant jamais eu l'occasion de les observer, au
microscope, par leurs extrémités ni d'en distinguer, outre la projection de leurs limites
(i) Rohrer attribue cet épaississement terminal à la fonte : « Hâufig findet sich bei den einfachen Nadeln an
ihrem untern Dritttheile oder an ihrem einen Ende eine Verdickung, welche durch die beim Schmelzen sich zusam-
menziehenden Wassertrôpfchen gebildet wird ». [Wien. Akad. Ber., i85g, 35.)
(2) Comparer aux extrémités des prismes pointus dissociées en bâtonnets.
(3) Rohrer a observé le même phénomène : « Bestehen die Nadeln aus mehreren parallelen Prismen, so
liegen hâufig Luftblâschen dazwischen. » (L. c.)
44
EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
latérales, plus d'une arête, je ne me rends exactement compte ni de leur forme ni de leur
structure véritables. L'une ou les deux extrémités pouvaient être tronquées ou plus ou moins
pointues, parfois surmontées de courts bâtonnets. La figure 24, A1 — A r, montre leurs aspects
habituels observés au microscope. Les lignes figurées à l'intérieur représentent probablement
la projection des limites des cavités internes, plus ou moins comparables, quant à la forme
et à la disposition, à celles des prismes d'aspect holoédrique. A côté de ces formations, il en
tombait encore d'autres, d'aspect plus ou moins comparable, mais où il m'était encore plus
malaisé de m'orienter (fig. 24, B'-Bu) ; peut-être leurs particularités étaient-elles simplement
dues à la fonte ; elles faisaient l'impression d'être constituées de bâtonnets parallèles.
La longueur des individus de la neige aciculaire, beaucoup plus grande, en moyenne,
que celle des prismes, variait assez fortement, mais une certaine longueur, oscillant entre
imm,5 et 2mm,5, prédominait nettement; les longueurs maximales (4 à 5 millimètres) et minimales
(au-dessous de omm,5) étaient rares. La longueur variait aussi, d'une façon plus ou moins
continue, suivant les différents moments de la chute, habituellement minimale au commen-
cement et à la fin de celle-ci.
Ce qui différenciait surtout cette espèce de neige des prismes, c'était que les individus
ne montraient de tendance ni à la combinaison avec des lamelles, ni à la formation d'agrégats
radiaires ('). Par contre, ils montraient une tendance bien marquée à l'agrégation parallèle.
Les faisceaux dont nous avons parlé plus haut pouvaient se réunir encore en faisceaux
plus considérables. Leurs flocons, c'est-à-dire leurs agglomérations plus ou moins lâches, se
présentaient assez souvent sous forme de paquets d'individus ou de faisceaux de premier
ou de second ordre orientés parallèlement.
A1
An
\m
B
IV
B}
Fig. 24.
B
VI
(1) Dans une chute de longs bâtonnets simples, d'épaisseur uniforme et à extrémités tronquées, j'ai trouvé, à
côté de ceux-ci, des étoiles faisant l'impression d'agrégats de six bâtonnets égaux, situés dans un même plan et
formant entre eux des angles de 6o°. Ces étoiles n'ayant été vues qu'à la loupe, l'observation demande à être vérifiée.
LA NEIGE ET LE GIVRE 45
Souvent, à l'arrivée d'une chute plus ou moins abondante d'aiguilles, la force du vent
augmentait considérablement.
Granules apparentés à la neige aciculaire.
Assez souvent la bruine à fines gouttelettes liquides passait à une espèce de neige en
granules dont il était impossible d'étudier la forme, non seulement à cause de leurs dimensions
minuscules, mais surtout de leur fonte, le phénomène ayant généralement lieu à une tempé-
rature oscillant autour du zéro. Parfois les dimensions de ces granules augmentaient succes-
sivement dans une seule direction (par agrégation ?) et l'on arrivait ainsi à des bâtonnets très
courts, lesquels pouvaient atteindre la longueur normale de la neige aciculaire et même tomber
en flocons ; ordinairement ces changements successifs avaient lieu de manière qu'aux granules,
à un certain moment, s'ajoutaient des bâtonnets devenant ensuite prédominants, éventuellement
exclusifs. Le phénomène inverse pouvait caractériser la fin de la chute, les granules repassant
alors à la bruine. Il arrivait aussi que les granules précédaient et suivaient la chute
d'aiguilles, sans être eux-mêmes précédés ou suivis par de la bruine, ou bien, dans de courtes
chutes, granules et aiguilles, reliés par des formes de transition, pouvaient constamment
coexister.
Poudrin.
Cette espèce de précipitation, bien connue partout où le froid est suffisamment intense,
était évidemment un phénomène ordinaire dans nos parages.
Comme partout, le poudrin s'observait presque toujours par temps calme et température
suffisamment basse (J), ordinairement peu abondant, rarement en vrai brouillard. Il se formait,
selon toutes probabilités, dans les couches les plus inférieures de l'atmosphère. Souvent on
constatait simultanément des phénomènes de halos, de parhélies, de cercle zénithal, de
fontaines lumineuses au sommet du mât, lesquels semblaient généralement apparaître et
disparaître avec lui (2).
Il était plus difficile à étudier que la neige proprement dite. En effet, ses individus,
très petits et très fins, ne trahissaient d'ordinaire leur présence que par des points brillant
dans l'air et descendant avec une lenteur extrême, faits qui, joints à leur évaporation
rapide et même à leur fonte sous la simple action de la chaleur du corps de l'observateur,
rendaient des plus difficile la préparation microscopique. D'autres circonstances s'ajoutant,
je n'observai que quelques fois au microscope cette précipitation intéressante.
C'étaient exclusivement des formes lamellaires, de diamètre dépassant rarement i milli-
mètre et très communément inférieur à omm,5, ordinairement en lamelles hexagonales simples ou
en étoiles le plus souvent à champ central. Parmi les étoiles dépourvues de champ central, je
(i) Nombre d'observations où le poudrin a été noté : 55 (chiffre sans doute trop bas) ; température moyenne :
— iq°,o ; température maximale : — 7°,3 ; température minimale : — 36°,5.
(2) Voir, dans la présente collection, le journal des phénomènes optiques observés pendant l'hivernage de la
Belgica, rédigé par H. Arctowski.
46
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
n'en ai jamais vu à rayons portant des appendices bien développés. Les formes frappaient par
leur beauté, due à une symétrie parfaite, à leur finesse, leur poli, leur éclat, leur transparence.
Quant à leur structure, on y remarquait des lignes d'épaississement, des lignes d'accrois-
sement latéral, des lignes limitant des lamelles internes, des cavités, tout comme dans la
neige lamellaire ordinaire. Quelques-uns des exemples observés sont représentés dans la
figure 25 (au premier stade d'évaporation, éventuellement de fonte).
Parfois, sur les spécimens les plus épais, j'ai pu présumer, de la présence d'une bordure
foncée, la troncature des arêtes.
Les individus montraient une tendance très marquée à former, par leurs faces basales,
des groupements réguliers, centraux ou excentriques.
FlG. 25
Neige couverte de givre.
Dans nos parages, la formation du givre aux dépens des particules de la brume aussi
bien qu'aux dépens de la vapeur invisible, était un phénomène journalier. Évidemment, il
pouvait se déposer sur l'eau solidifiée comme sur des substances étrangères, saupoudrant
alors ou hérissant de jolis bouquets la glace fraîchement formée dans les fentes du pack,
ou se développant, sous les yeux, sur la neige tombée. Il est tout naturel aussi que la neige
puisse se couvrir de givre pendant sa chute même.
En effet, dans la majorité des cas, les formes de neige montraient un dépôt de givre,
tout à fait analogue d'ailleurs à celui qui se déposait sur des objets quelconques; seulement,
le support étant ici un cristal et de même substance, on constatait naturellement, dans le
cas de givre cristallin, une orientation, parfois un arrangement déterminés des éléments de
celui-ci.
LA NEIGE ET LE GIVRE 47
Le plus souvent on l'observait sur la neige aciculaire, qui plutôt rarement était lisse,
et sur les étoiles dendritiques ; le moins souvent sur la neige prismatique.
L'abondance du dépôt et le développement de ses éléments variaient suivant la chute,
suivant le moment et dans le même moment d'une chute. Les formes absolument lisses à
un moment donné (par exemple au début) pouvaient montrer successivement un dépôt de
plus en plus abondant et de plus en plus développé, ou inversement. Il pouvait varier aussi sur
le même individu suivant les portions envisagées, et pouvait aller non seulement jusqu'à couvrir
complètement le support, mais encore jusqu'à en masquer tout à fait les contours et à le rendre
absolument méconnaissable. L'abondance de givre pouvait parfois varier nettement suivant les
différentes espèces de neige tombant simultanément ; ainsi, une fois, des étoiles tombant en même
temps que des aiguilles, les premières étaient fortement recouvertes, les secondes très faiblement.
Le givre d'aspect amorphe, c'est-à-dire sans limites cristallines reconnaissables, semblait
ici, comme dans le givre ordinaire, se produire de préférence dans la brume et à des températures
plus élevées; le givre cristallin, à des températures plus basses. A défaut d'étude des phénomènes
optiques, je ne saurais évidemment dire si les formes de givre, amorphes extérieurement,
l'étaient aussi intérieurement.
Givre granuleux.
Le plus commun.
Forme. Grains :
a) D'aspect amorphe, comme de simples gouttelettes d'eau figées ;
b) D'aspect cristallin : prismes simples ; prismes à troncature sur les arêtes de la base,
donc surmontés d'une (?) ou de deux pyramides pointues ou tronquées ; pyramides simples (?)
ou doubles. Le prisme simple et la combinaison du prisme avec la pyramide tronquée étaient les
formes cristallines les plus communes. La différence entre la longueur et l'épaisseur des grains
n'était généralement pas très sensible ; les prismes considérablement allongés suivant l'axe
principal étaient peu fréquents, moins encore les prismes fortement aplatis, c'est-à-dire en
lamelles.
Les grains d'aspect amorphe et ceux d'aspect cristallin coexistaient très souvent sur
le même support, leurs dimensions oscillant sensiblement dans les mêmes limites. En outre,
toujours sur un même support, on trouvait des grains que l'on aurait dit d'aspect intermé-
diaire (grains d'aspect amorphe tendant à la forme polyédrique ; grains cristallins à arêtes et
angles peu distincts).
Dimensions : Toujours au-dessous d'un dixième de millimètre ; variables, une certaine
grandeur moyenne, oscillant dans des limites restreintes, semblant pourtant prédominer. Les
grains juxtaposés pouvaient parfois se fusionner plus ou moins ; il en résultait des grains
composés, de dimensions anormales ; et comme les grains cristallins étaient orientés uniformé-
ment, conformément au cristal support, une telle fusion pouvait simuler un simple individu,
qui lors de la fonte pouvait trahir son origine composée.
Dans la figure 26 sont reproduits, dans la position sous laquelle ils se sont présentés,
des grains de givre observés au microscope.
1. Sur la neige lamellaire (surtout sur les étoiles dendritiquesK Sur une face basale
de la lamelle, les grains cristallins semblaient toujours fixés de façon que leurs axes principal
4S
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
et secondaires fussent parallèles à ceux du support ; sur un bord, donc sur une face latérale, leur
mode de fixation était difficile à saisir ; souvent pourtant j'ai pu voir leur axe principal
parallèle au plan basai du support et perpendiculaire au bord correspondant.
Les grains pouvaient être développés sur les deux faces basales du support, et générale-
ment alors sur l'une plus que sur l'autre ; ils pouvaient aussi n'intéresser qu'une seule face ;
ces diverses alternatives s'expliquent facilement.
A<("\ Aiïf&\ B'f
B*^à
B
m
B
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D1
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Dn',
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Fig. 26
H
Leur répartition sur une même face pouvait être irrégulière, très capricieuse : par exemple,
certains rayons de l'étoile couverts totalement, les autres peu ou point. Mais la tendance à
une localisation plutôt périphérique était bien marquée ; souvent les deux régions, centrale
et périphérique, étaient nettement séparées ; ainsi il arrivait que les hexagones incomplets
terminaux des rayons étaient couverts de givre, tout le reste en étant totalement dépourvu.
La tendance inverse était plutôt rare et ne s'accusait nettement que dès le moment où le
dépôt de givre se composait de plus d'une couche.
L'accroissement latéral des grains juxtaposés d'une même face pouvait en amener
la fusion, d'où des grains composés, des formations bizarres, un réseau capricieux.
Dans les cas de givre relativement peu abondant, l'étoile conservait encore ses particularités
de forme, seulement la surface perdait son aspect lisse, délicat, et devenait rugueuse, grossière.
Si le givre était plus abondant, les contours des rayons et des appendices se déformaient,
ceux-ci se soudaient, mais les limites globales de l'étoile étaient encore reconnaissables.
A partir de ce stade du développement du givre, la surface de l'étoile paraissait, à l'œil
nu, ou bien absolument couverte de rugosités, prenant ainsi un aspect grossièrement grenu,
ou, au contraire, tout à fait lisse, d'un blanc d'éclat faible, comme enduite de chaux.
L'étude microscopique a montré que dans ce dernier cas les grains, de grandeur plus ou
moins uniforme, bien serrés, étaient disposés plus ou moins uniformément, sans lacunes
ni encombrements locaux, et que dans le premier cas l'inverse avait lieu. — A un stade
LA NEIGE ET LE GIVRE
49
encore plus avancé, on a, quelle que soit la forme primitive du support, une plaque épaisse,
lourde, à contour vaguement polygonal, montrant encore les six côtés ou seulement cinq ou
quatre. — Enfin, quand le dépôt de givre se présentait en couches superposées, la forme
lamellaire disparaissait et l'on arrivait, par des séries de formes de transition, ou bien à
une motte irrégulière, plus ou moins isodiamétrique, ou bien à des formations pyramidoïdes. Ces
dernières impliquent une tendance progressive des grains à se localiser vers le centre du
support et à étager, sur une face de celui-ci, des couches successives de diamètre décroissant.
Parfois une telle formation, vue d'en haut, au faible grossissement, montrait une série de
lignes concentriques, alternativement sombres et claires, représentant les limites de ces couches.
Comme on pouvait le prévoir, ces pyramidoïdes étaient ou bien simples, à base plane ou
plus ou moins convexe, ou bien doubles, l'un des composants étant moins développé, c'est-à-dire
moins haut que l'autre ; la base, comme les plaques épaisses dont nous avons parlé plus
haut, était vaguement polygonale, à six, cinq ou quatre côtés encore distincts ; les angles
et les arêtes étaient arrondis et souvent très peu distincts, d'où l'aspect plutôt conoïde du
spécimen ; la hauteur des pyramidoïdes d'une même chute était variable, tandis que le diamètre
de la base changeait peu ; le sommet était arrondi ; la pyramide pouvait être tronquée à
différentes hauteurs (suivant différents stades), la troncature pouvant être plane ou bombée.
Les dessins de la figure 27 en représentent des exemples (C', C", vus d'en haut ; D1, D11 , D111,
vus de profil). Les formes de transition se présentaient en formations piano-convexes ou
biconvexes, souvent encore à six pointes de rayons distinctes (exemple fig. 27, A', A", face;
B', B", profil) (').
ac&
An
■•~*YS?S'-;.
profil
f«
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profil
C*
• ■.•■-isp.s
D
-vïSïSSîiS
' éZÉ&
Fig. 27
2. Sur la neige prismatique.
Dans les grains cristallins, le prisme simple semblait la forme de beaucoup dominante ;
ils étaient aussi plus souvent allongés que sur les lamelles, et alors fort minces.
Dans les cas où les prismes de neige cédaient la place à des formations lamellaires
(1) Des formations analogues ont été observées par Pémard : « Cristaux complètement recouverts, sur
une ou deux faces, de globules d'eau figées. Parfois ces perles de glace s'allongent et donnent à l'étoile
l'apparence d'une petite boule de neige aplatie aux deux pôles et garnie de six encoches sur ses méridiens. »
(Arch. des se. phys. et natur.. 1890, 3o, pp. 65S-66o.)
VII
D 2
5o
EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
qui leur semblaient apparentées, le givre montrait parfois une modification analogue et
parallèle ; ainsi les grains prismatiques allongés étaient peu à peu remplacés, partiellement
ou totalement, par des formes aplaties semblables à celles-ci.
Sur les faces latérales du prisme, les grains cristallins étaient généralement fixés, leur
axe principal perpendiculaire à la face correspondante.
Les grains juxtaposés pouvaient se fusionner à des degrés variables, de même les
grains superposés, d'où différentes formations irrégulières (croûtes, excroissances).
L'abondance du givre pouvait être telle qu'on n'avait plus sous les yeux qu'un amas
grenu informe.
3. Sur la neige aciadairc.
L'aspect cristallin ne se présentait jamais de façon distincte, peut-être à cause de la fonte.
Sur les aiguilles simples, dont l'épaisseur ne différait le plus souvent pas sensiblement
du diamètre des grains, entre autres dispositions permises par la forme du support, on pouvait
trouver un ou plusieurs chapelets parallèles à l'axe de l'aiguille, ou, parfois, de courts
chapelets perpendiculaires à cet axe, d'où l'aspect ramifié de l'aiguille. Les grains d'un
chapelet pouvaient se fusionner à des degrés variables, et il pouvait éventuellement en
résulter un bâtonnet longitudinal ou transversal, ne montrant que lors de la fusion son
caractère composé. Nous avons vu que les aiguilles isolées semblaient parfois composées de
grains alignés et soudés et que celles d'aspect uni pouvaient, dans le cours de leur fonte,
se différencier en pièces analogues à des grains de givre.
Givre en soies de glace.
D'aspect tout à fait amorphe, il hérissait la surface des lamelles, des prismes et des
aiguilles, le plus souvent recouverte déjà d'une couche de givre granuleux.
Souvent ces soies de glace étaient difficiles à distinguer des chapelets de grains
fusionnés.
Des lamelles, aussi bien isolées que combinées aux prismes, elles n'intéressaient
ordinairement qu'une seule face, fixées verticalement ; sur les faces latérales des prismes
et sur les aiguilles, elles étaient aussi perpendiculaires (exemple fig. 28, A, prisme combiné
à deux lamelles'».
Quand elles étaient peu nombreuses, leur disposition était parfois régulière ; par exemple,
on pouvait voir six soies identiques sur une même face d'une lamelle, fixées sur ses angles
(éventuellement sur les extrémités des rayons). Dans deux cas, identiques à cet exemple,
chaque paire de soies voisines était de plus reliée par une membrane de glace d'une
minceur extrême, un bord appuyé
sur la lamelle, l'autre concave.
B1 °i la Comme schémas de cette disposition
régulière, voir figure 28, B1 (face),
B» (profil), B'" (■).
Fig. 28
lllllllllllll
z=
|M'll|IH|ii|
—
(1) G. Nordenskjôld, qui avait observé ce même fait curieux, dit que ces soies étaient des prismes hexagonaux
minuscules (1. c, chapitre: «Flocons de neige formés d'un amas de tables hexagonales», fig. 3). Dans mes observations,
ces soies ne montraient aucunes limites cristallines.
LA NEIGE ET LE GIVRE
5i
Givre en buissons.
Observé exclusivement sur la neige lamellaire.
Le point de départ d'un buisson semblait un grain, de dimensions inférieures à la
normale du givre granuleux. La première ébauche se présentait au microscope en petite
excroissance, excessivement délicate, irrégulièrement zigzaguée ; les coudes de ce zigzag
montraient un épaississement, souvent distinct comme un petit grain de givre, et une
tendance à émettre des ramifications de même nature (fig. 29 ; A, grossissement faible ; C,
fragment, grossissement moyen). A ce stade, le support apparaissait, à l'œil nu, comme
saupoudré de farine.
A un stade plus avancé, le givre simulait des buissons morts, plus hauts que larges, la
ramification se faisant dans tous les plans et de la façon la plus capricieuse (fig. 29, B!, Bu ).
Quant à la disposition de ce givre sur une même lamelle, elle était analogue à celle
du givre granuleux, avec renforcement de la tendance vers la localisation périphérique.
Quand ils étaient suffisamment longs, on pouvait souvent estimer, plus ou moins
grossièrement, surtout quand ils bordaient les limites latérales de la lamelle, le plan dans
lequel ils se trouvaient, et l'angle qu'ils formaient avec le support ; cet angle, ouvert tantôt
vers le centre, tantôt vers la périphérie, semblait généralement rapproché de 6o° et se trouvait
dans un plan vertical passant par le centre.
Dans les cas où les buissons bordaient les portions distales des rayons et étaient tous
inclinés de même façon, il en résultait l'ébauche d'un pvramidoïde creux, chacune des faces
triangulaires futures communiquant avec l'intérieur par une fente médiane. Les buissons
continuant à se développer et à se multiplier sur la même face du support, sans toutefois en
recouvrir le centre, on arrivait ainsi à une des deux formations pyramidoïdes suivantes :
dans le cas où l'angle des buissons était ouvert vers le centre, on avait une pyramide à base
formée par la lamelle support, à sommet tronqué à des hauteurs différentes suivant celles
des buissons, à cavité axiale se rétrécissant vers le sommet et y affleurant, à faces trapézoïdes,
se rapprochant du triangle, enfoncées suivant leur ligne médiane (fig. 29, D1, Dn ) ; dans le
cas où l'angle des buissons était ouvert vers la périphérie, on avait une pyramide renversée,
à sommet toujours tronqué, la surface de troncature étant donnée par la lamelle support, à
base plus ou moins
large suivant la lon-
gueur des buissons et
formée par l'ensemble
des extrémités de ceux-
ci, à cavité axiale
affleurant à la base
(fig. 29, E). Dans les
deux cas, la cavité
axiale et les enfonce-
ments médians des
faces latérales étaient
toujours plus ou moins Fig. 29
BJ
x<^9
Ba
52
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
distincts ; par contre, le support pouvait être masqué, quand un léger dépôt de givre se
développait un peu sur la seconde face. On pouvait facilement dissocier ces pyramides, suivant
des plans passant par l'axe, en six pièces, formées chacune des deux moitiés adjacentes de
deux sextants voisins.
Givre en plumes.
Observé exclusivement sur la neige lamellaire.
C'étaient des tiges fines, portant des rameaux latéraux serrés, développés fortement
ou très faiblement et inclinés sur elles de 6o°. Les deux systèmes de branches, occupant
les deux côtés d'une tige, se trouvaient d'ordinaire dans un même plan, plus rarement dans
deux plans différents formant entre eux un angle variable.
Généralement ces plumes formaient des angles variables sur une même face du support;
on remarquait pourtant le plus souvent l'angle rapproché de 6o°, ouvert vers le centre ou
la périphérie, et situé dans un plan perpendiculaire au support et passant par son centre.
Parfois l'angle des plumes d'une lamelle était plus ou moins constant.
Quand elles atteignaient une longueur considérable sur une étoile dendritique, on
aurait dit que l'on avait affaire à des rayons surnuméraires.
Leur abondance et leur développement ainsi que leur distribution sur un même
support variaient de même façon que dans le givre granuleux. Elles pouvaient se fixer à
plusieurs sur un même point, donnant ainsi de petits bouquets.
Quand elles étaient peu nombreuses, leur disposition était parfois régulière. Exemples :
a) Six plumes (trois dans le cas d'hémiédrie du support) identiques fixées aux angles de
la lamelle (éventuellement aux extrémités des rayons), formant avec le support un angle de
6o°, ouvert vers la périphérie et situé dans un plan vertical passant par les axes de la lamelle
(éventuellement par les axes des rayons). (Fig. 3o ; A1, face ; A" , profil.)
b) Le même, mais où les plumes sont fixées vers le milieu des axes de la lamelle,
à égale distance du centre. (Fig. 3o ; B1, face; Bn , profil.)
c) Le même, mais où les plumes sont fixées au centre. (Fig. 3o ; C, profil.) Dans ce
dernier exemple, si le support était une étoile sans champ central, on obtenait une sorte
d'étoile à rayons multiples disposés dans plusieurs plans.
Comme il était à prévoir, on trouvait aussi des formations pyramidoïdes tout à fait
comparables à celles constituées par le givre en buissons.
Aa
B'
Bn
Fig. 3o
LA NEIGE ET LE GIVRE 53
Groupements de cristaux de neige.
La neige à givre cristallin représente l'agrégation d'un cristal de neige et de cristaux
de givre. De tels agrégats supposent toujours un support primitif, qui est le cristal de neige,
et le dépôt cristallin, qui est un phénomène ultérieur. Les individus de ce dernier sont
ordinairement très petits et ne se retrouvent pas, en général, dans leur forme et dans leurs
dimensions, comme cristaux isolés.
Dans les groupements dont nous allons parler ici, il est généralement difficile de
distinguer, du moins d'une façon non arbitraire, un « support » et un « dépôt », ainsi que de
se rendre compte si leurs éléments constitutifs étaient groupés dès l'origine ou non. Leurs
éléments constitutifs se retrouvent généralement, dans leur forme et leurs dimensions, en
individus isolés, souvent même à côté d'eux.
Parmi ceux que nous décrirons, il se peut qu'il se trouve des formes qui n'en aient
que l'apparence.
Quelquefois j'ai remarqué, lors de la fonte, que certains de ces agrégats se dissociaient
ou se laissaient facilement dissocier en leurs éléments constitutifs.
Il est à peine nécessaire de remarquer qu'entre la neige à givre cristallin et les groupe-
ments de cristaux de neige il n'existe pas de ligne de démarcation.
Agrégats montrant une certaine régularité.
Les agrégats radiaires de prismes hémimorphes, les combinaisons d'un prisme avec
une ou plusieurs lamelles, et les faisceaux d'aiguilles parallèles ayant été mentionnés plus
haut, il ne nous reste à parler que de ceux de la neige lamellaire.
Le parallélisme des bords est la règle générale.
A. Agrégats de lamelles hexagonales simples parallèles.
Très communs.
1. Par leurs faces basâtes.
i. Les centres coïncident. Naturellement, ces agrégats n'étaient distincts comme tels
que lorsque les diamètres des lamelles agrégées différaient. Ils ont déjà été mentionnés dans
le chapitre relatif aux cavités internes de la neige lamellaire. Une fois j'en ai observé un
composé de quatre lamelles concentriques (fig. 3i ; A1, face; A11, profil).
2. Les centres ne coïncident pas.
a) Coïncidence d'un axe secondaire (fig. 3i, B'). Quelquefois on avait six lamelles
égales, relativement très petites, occupant les angles d'une centrale, plus grande (fig. 3i, Bn);
une fois ces six lamelles étaient allongées dans le sens de l'axe de coïncidence, donc radia-
lement par rapport à la lamelle centrale (fig. 3i, Bm).
b) Coïncidence d'une bissectrice du sextant (') (fig. 3i, C).
c) Arrangement quelconque.
II. Par les bords ou les angles (c'est-à-dire faces et arêtes latérales). Rares. Fig. 3i,
DT-DIV. J'ai vu une fois six lamelles hexagonales égales, relativement très petites, occupant
les angles d'une centrale, plus grande (fig. 3i, DIV).
(i) Voir remarque (i) au bas de la page 19.
5+ EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Remarque. Les agrégats de lamelles hexagonales parallèles en nombre suffisant montraient
parfois une tendance à la formation d'une lamelle hexagonale composée. Figure 3i, E, en est
l'exemple le plus simple ; c'est un agrégat de trois lamelles constituant presque la moitié
d'une lamelle d'ordre supérieur. Les schémas Bn ', BHI montrent aussi une tendance analogue.
La même tendance s'observait dans le givre.
B. Agrégation parallèle et par les faces basâtes d'une étoile sans champ central
avec des lamelles hexagonales simples.
Ces lamelles, très minces, transparentes, sans structure, étaient très petites relativement
à l'étoile. Leur localisation était le plus souvent centrale. Si elles étaient allongées, leur
grand axe passait par le centre de l'étoile et pouvait coïncider avec celui-ci, soit par son
milieu (cas rare), soit par un point quelconque, soit par un point qui serait le centre d'un
hexagone régulier découpé aux dépens d'une extrémité de la lamelle allongée (fig. 3l, F).
De beaux exemples de cette agrégation, très commune, se trouvent clans les photographies
de Hellmann (Taf. I et IV, nos 5 et 6).
C. Agrégation parallèle, par les faces basâtes, d'étoiles généralement sans champ central.
1. Agrégation centrale.
i. Les axes secondaires, donc les axes des rayons, coïncident.
a) Deux étoiles entières : aspect d'une étoile entière en rayons doubles.
b) Une étoile entière, l'autre fragmentaire : aspect d'une étoile à six rayons, dont
deux à cinq doubles.
c) Deux étoiles fragmentaires : tendance à se compléter mutuellement de façon à réaliser
ou à se rapprocher d'une étoile entière (fig. 3i, G). La figure 45 des photographies de
G. Nordexskjold semble en présenter un exemple.
d) Une étoile, entière ou fragmentaire, combinée à un ou plusieurs « rayons » indé-
pendants. L'extrémité supposée proximale de ces « rayons » supplémentaires coïncidait ou
non avec le centre de l'étoile supposée entière ; c'était parfois leur extrémité distale qui était
dirigée vers le centre du support. Même tendance que dans le cas précédent. Aspect : étoile
composée, entière ou fragmentaire.
2. Les axes secondaires, donc les axes des rayons, ne coïncident pas. Aspect : étoile à douze rayons
(les deux étoiles supposées entières). Le plus souvent les rayons d'une des étoiles formaient
avec ceux de l'autre un angle de 3o°, cet angle pouvant aussi être quelconque (fig. 3i, H1, H11).
IL Agrégation excentrique.
Différents cas analogues, mutatis mutandis, à ceux d'agrégation centrale.
D. Agrégation, par les faces basâtes, de lamelles hexagonales et de formations lamellaires allongées.
L'ensemble donnant parfois une vraie étoile, entière ou fragmentaire, à rayons munis
d'appendices (fig. 3i, J).
E. Agrégation autre que par les faces basâtes.
Agrégation d'une étoile, généralement sans champ central, entière ou fragmentaire,
et de fragments, réduits à un ou à deux rayons, fixés par leur pointe sur une ou sur les
LA NEIGE ET LE GIVRE
55
deux faces du support. Analogie, quant à la variation de leur abondance et de leur répartition, avec
les plumes de givre, dont ils diffèrent en ce qu'en même temps tombaient aussi des fragments
identiques isolés. L'angle d'insertion de ces rayons surnuméraires était variable, mais tendait
vers 6o° ; ordinairement il était ouvert vers la périphérie, rarement vers le centre du support.
— Sur une même face, leur répartition était variable, tantôt quelconque, tantôt périphérique,
tantôt centrale ; il y avait une tendance à la localisation suivant les axes secondaires, donc
suivant les axes des rayons du support. Dans le cas où ces rayons surnuméraires étaient
fixés au centre du support seulement, on avait l'aspect d'une étoile à rayons disposés dans
plusieurs plans ; si, dans une telle formation, le centre était plus ou moins enveloppé de
givre granuleux, les rayons semblaient partir d'un noyau grenu (genre 2, espèce b de Scoreshy) ;
si l'abondance de givre était suffisante, on arrivait à une motte grenue, hérissée encore de
pointes (extrémités des rayons), ou même ne trahissant en rien son origine.
Remarque. Des agrégats montrant une certaine régularité et analogues à ceux que je
viens de décrire, s'observaient aussi dans le givre.
A'.JÙ.:-.-
QIV
Fig. 3i
Agglomérations irrégulières.
Elles semblaient tout à fait accidentelles et se composaient, en général, d'un plus
jrand nombre d'individus, ceux-ci d'une même espèce ou d'espèces différentes. Elles pouvaient
56 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
aussi représenter la réunion d'agrégats plus ou moins réguliers, et d'un autre côté se combiner
entre elles en agglomérations d'ordre supérieur.
Souvent elles étaient bien compactes, surtout celles composées de prismes, et leurs
éléments constitutifs peu distincts, surtout quand ils étaient déformés ou fragmentaires.
Le dépôt de givre masquait, naturellement, la forme des éléments, en donnant l'aspect
d'une motte grenue informe.
Flocons de neige.
La neige en touffes d'éléments généralement non soudés n'était pas très fréquente
dans nos régions :
Nombre d'observations de la neige non floconneuse : 890 ;
Nombre d'observations de la neige floconneuse : 283.
Celle-ci entre donc pour un quart à peine dans l'ensemble des observations où la
distinction entre la neige floconneuse et la neige non floconneuse a été faite.
Elle n'apparaissait généralement qu'à des températures élevées :
Température : Pour cent d'observations de la neige floconneuse :
de +i°,o à — 5°,o 83" .,
de — 5°,i à — io°,o 9%
au-dessous de — io°,o 8%
d'où 45 °/0 pour la température oscillant autour du zéro.
Les flocons pouvaient se composer de cristaux d'une même espèce ou d'espèces différentes,
ou bien d'agrégats ou d'agglomérations de cristaux. La neige aciculaire et les étoiles dendri-
tiques s'aggloméraient le plus facilement en flocons, la neige prismatique le moins souvent.
Fréquemment, il était impossible de se rendre compte de leur composition, laquelle pouvait alors
se déduire seulement par analogie des flocons déchiffrables qui les avaient précédés ou suivis ;
ainsi on avait assez communément affaire à des flocons se pulvérisant, aussitôt tombés sur
l'écran, en grains farineux. — Chose à prévoir, les flocons marquaient ordinairement le
maximum d'intensité de la chute, et leurs dimensions, qui pouvaient atteindre quelques
centimètres, suivaient l'abondance de celle-ci. Parfois pourtant on constatait, par temps
calme, des chutes d'énormes flocons sporadiques.
Relations entre les propriétés des cristaux de neige et la
température observée.
Les propriétés de la neige tombée — forme, structure, dimensions — doivent être
l'expression des propriétés physiques des couches où elle s'est formée et par lesquelles elle
a passé pendant sa chute, et même pendant sa montée, dans le cas d'air ascendant. Si cette
relation était connue, on pourrait d'un de ses termes conclure à l'autre. Mais dans l'état
actuel de nos connaissances, cette relation se présente encore, pour ainsi dire, en équation
avec deux inconnues. Deux méthodes pourraient concourir à la déterminer : l'une, par
excellence cristallographique et expérimentale, c'est-à-dire la production artificielle des cristaux
LA NEIGE ET LE GIVRE
de neige dans différentes conditions ; l'autre, météorologique, c'est-à-dire la recherche de
données sur l'état physique des couches dans lesquelles la neige se forme et par lesquelles
elle passe.
La première voie n'a pas encore été explorée, vu les difficultés dont elle est hérissée.
L'étude du givre, précipitation qui présente nombre de formes et de structures rencontrées
dans la neige, et des conditions dans lesquelles il se forme, y pourrait peut-être suppléer
partiellement.
Quant à la seconde méthode, elle a été utilisée partiellement, pendant de longues
années, par YV. A. Bentley et avec succès. La relation entre le caractère et les différentes
portions d'une tempête d'un côté, entre la forme et la structure de la neige de l'autre, en
est le principal résultat. Bentley croit que l'on pourrait arriver à des résultats plus positifs
encore par des observations simultanées sur un réseau de stations suffisamment serré.
Partant de comparaisons directes entre les propriétés de la neige et les données
météorologiques concomitantes prises à la surface du sol, il semble difficile d'établir des
relations positives ; en effet, ces données ne correspondent pas nécessairement à celles des
régions plus élevées de l'atmosphère. J'ai cherché une relation possible entre certaines
propi'iétés de la neige (forme et dimensions) et la température observée au niveau de notre
station d'hivernage. Les résultats, comme on le verra, ne semblent pas bien concluants.
i. Température et forme.
Parmi les nouveaux investigateurs, G. Hellmanx a cherché si, dans ses observations,
à certaines limites de température correspondait la prédominance de certaines formes. Avant
envisagé la forme lamellaire, il est arrivé à un résultat tout à fait défini : son calcul montre
très distinctement qu'avec l'abaissement de la température la fréquence des lamelles hexago-
nales augmente, et que celle des étoiles sans champ central diminue.
Les tableaux ci-dessous montrent ce qui semblait se passer au cours de mes observations.
Nombre d'observations
de +i°,o à — 5°,o
de — 5°,i à — io°,o
de — io°,i à — i5°,o
au-dessous de — i5°,o
de +i°,o à —2°, 5
Température moyenne
Température minima
Température maxima
Tableau I.
Neige lamellaire.
Neig
e prismatique.
Neige aciculaire
454
2l3
206
52.2 %
62.5%
84.6 0/0
23.6
24.4" 0
12.9%
18.9 °/°
5.3%
i3.i%
{ 2.5%
100. 0
100. 0
IOO. O
3o.3 %
43.2 " o
66.2%
—5°, 9
—4", 4
— 2°,4
—210,9
— 14°>7
-i7°,6
+i°,4
— i°,o
4- i°,i
VIII
D
5S
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Tableau 1 1 .
Lamelles hexagonales simples.
Étoiles sans champ central, Étoiles sans champ central, lamelles étoilées à champ
appendices bien développés, appendices rudimentaires ou mils. central considérable
relativement aux rayons.
140 35 161
43.6 %
8.6 %
22.9%
34.3 %
27.8 %
54.3%
5.7%
2.8%
100. 0
100. 0
-7^
— io°,o
— 2i°,g
-190,8
+o°,7
+o°,5
59.6%
21. 1 %
i3.d%
fi 3 0/
100. 0
— 5°,i
—190,8
+o",8
Nombre d'observations
de +i°,o à — 5",o
de — 5°,r à — 10", o
de — io°,i à — i5°,o
au-dessous de — i5°,o
Température moyenne
Température minima
Température maxima
2. Température et dimensions.
Il est à prévoir à priori que plus la température de formation sera basse, plus les
cristaux de neige, eeteris paribus, seront petits, la quantité de vapeur diminuant avec l'abais-
sement de la température. Mais les données de la station peuvent ne pas toujours démontrer
cette relation, la température des couches inférieures de l'atmosphère pouvant notablement
différer de celle des couches supérieures.
Le tableau de G. Hellmann montre cette relation d'une façon évidente. Ayant
envisagé les étoiles sans champ central, cet auteur a calculé, d'après ses microphotographies,
que les dimensions des cristaux de cette classe diminuent très nettement avec la tempé-
rature et à peu près dans les mêmes proportions que la quantité de vapeur.
Les dimensions étant aussi fonction de la forme, j'ai pris, dans la neige lamellaire,
une forme tout à fait définie et assez fréquente, la lamelle hexagonale simple.
Limites de température :
de +I°,0 à — 2°, 5
de — 2°, 6 à — 5°,o
de — 5°,i à — 70, 5
de — 7", 6 à — io°,o
de — io°,i à — 12°, 5
de — 12°, 6 à — i5°,o
au-dessous de — i5°,o
Entre les dimensions des prismes et des aiguilles et la température, je n'ai remarqué
aucune relation bien définie.
Remarque. Dans le poudrin, où je n'ai jamais trouvé que des formes lamellaires, les
étoiles sans champ central étaient rares, et je ne leur ai jamais vu d'appendices plus ou
Nombre d'obser\
ations :
Diamètre moyen
3o
Imm,6
i3
Imm,6
5
imm,7
9
imm,4
6
Imm,3
6
jmm)0
7
omm,7
LA NEIGE ET LE GIVRE 5g
moins développés. Ces cristaux étaient aussi en moyenne plus petits que ceux des chutes
ordinaires, et leurs dimensions maximales étaient de beaucoup inférieures à celles que
pouvaient atteindre les spécimens de la neige proprement dite. Le poudrin apparaissant
ordinairement à des températures basses, ces faits semblent donc montrer une relation
nette entre la température d'un côté, la forme et les dimensions de l'autre. Mais il se
peut qu'ils montrent simplement que les cristaux de poudrin, formés probablement dans les
couches tout à fait basses, sont en moyenne moins développés que les cristaux de la neige
ordinaire, formés dans les couches plus ou moins élevées et pouvant s'accroître encore
pendant leur chute.
SECONDE PARTIE
QUELQUES OBSERVATIONS SUR LE GIVRE
Cette espèce de précipitation montre des formes excessivement nombreuses et souvent
très compliquées, parmi lesquelles beaucoup sont analogues à des cristaux et groupements
de cristaux de neige. Le refroidissement rapide de la vapeur ou des gouttelettes de bruine
en contact avec un écran froid, peut-être aussi la forte adhérence et l'inégalité de la surface
du support, fùt-elle même apparemment tout à fait unie, sont probablement certains des
facteurs concourant à la variabilité et à la complexité des figures du givre. *
L'étude du givre me paraît d'une grande importance, car les conditions extérieures
de sa formation (état de l'atmosphère, caractère du support, etc.) pouvant être, du moins
en partie, déterminées, et les difficultés techniques de l'observation microscopique directe
de son développement n'étant pas insurmontables, on pourrait peut-être trouver ici l'explication
de maintes propriétés morphologiques et structurales de la neige, dont les conditions de
formation ne nous sont généralement pas accessibles.
Phénomène journalier dans nos parages, c'était là une occasion de l'étudier systéma-
tiquement et, avec une bonne installation pour l'étude microscopique, on aurait pu toujours
attendre l'apparition des premières ébauches et en suivre directement le développement.
Malheureusement, différentes circonstances, notamment d'autres occupations, ne m'ont pas
permis d'en profiter pour faire, de certaines questions que j'aurais pu me poser, une étude
systématique, en poursuivant une série suffisante d'observations.
Je me borne donc ici à citer simplement quelques observations choisies parmi les moins
superficielles et les moins hâtives. De ces observations détachées, sans reproductions micro-
photographiques, sans étude des phénomènes optiques, sans observation directe du développe-
ment, l'auteur ne s'excuse que par la pauvreté relative des données que nous possédons sur
le givre.
Pour l'étude macroscopique du développement progressif du givre pendant la journée,
je fixai verticalement sur le toit de l'abri météorologique un tube de verre, que je nettoyais
le matin et le soir ; le couvercle en bronze de la boussole servait de second écran plus ou
moins lisse. Sur ces supports, le givre ne se développait d'abord qu'en surface. Ainsi on
avait premièrement un rare semis, puis des groupes d'étendue diverse, enfin, si les conditions
favorables persistaient, on arrivait à une mince croûte étalée, composée d'éléments plus
ou moins serrés (grains, lamelles, arborescences, gerbes, etc.). Cette couche, que j'appelle
horizontale, couvrait d'abord la seule surface exposée au courant d'air et, dans des conditions
favorables, s'étendait progressivement sur la face opposée. Deux couches horizontales pouvaient
se superposer ; la couche secondaire, d'ordinaire invisible à l'œil nu, était alors disséminée
sur la couche primaire en de petites formations qui çà et là s'accroissaient latéralement,
62
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
n'atteignant cependant jamais une étendue considérable. — Lorsque les conditions favorables
persistaient, le givre, à un moment donné, se développait sur la couche horizontale princi-
palement dans une direction plus ou moins verticale par rapport à cette couche. En général,
on voyait d'abord des grains distincts à l'œil nu qui, s'accroissant, donnaient des bâtonnets,
aiguilles, buissons, plumes, dont le nombre et les dimensions augmentaient progressivement.
Comme la couche horizontale, cette couche verticale s'étendait, dans des conditions favorables,
progressivement de la face du support exposée au courant d'air à la face opposée. Il
pouvait y avoir une couche verticale secondaire : par exemple la surface des plumes se
couvrait, à un moment donné et progressivement, de petits bouquets ou buissons très déli-
cats la saupoudrant.
Pour l'étude microscopique j'ai employé, outre le givre recueilli sur des objets divers,
des porte-objets, qu'après avoir soigneusement essuyés et laissé refroidir, j'exposais au courant
d'air et examinais dès l'apparition de la couche horizontale.
COUCHE HORIZONTALE
Le S octobre 1898, matin
Givre développé à la face interne de la vitre du cou-
vercle du compas, la chambre en étant tout à fait close. Les
formes ont été observées à la loupe à travers cette fenêtre,
c'est-à-dire par leurs faces adhérentes au verre.
État de l'atmosphère. Température : — 15°,3 (minuit . — i7°,7
(Sh), — 12°, 7 (midi). Ciel clair-
I. Formes sans limites cristallines distinctes.
i) Tiges, de dimensions variables; isolées ou groupées de
façon tout accidentelle; à ramifications très serrées, unilaté-
rales ou, plus souvent, bilatérales. Forme prédominante. Les
tiges et ramifications étaient rectilignes ou courbes. Dans le
premier cas, l'angle des branches était variable, mais toujours
le même du même côté d'une tige; parfois les branches se cor-
respondant des deux côtés de la tige étaient sur la même droite.
2 Trois, quatre ou un grand nombre de tiges ramifiées
du type précédent, groupées de façon à constituer une étoile
irrégulière, à centre indétermine, de dimensions variables.
3) Formes étoilées dont les rayons et leurs ramifications
étaient peu distincts, soudés pour la plupart, et composés de
petits grains d'aspect cristallin. Nombre de rayons variable.
Rares. Diamètre, 2-4 millimètres.
4' Étoiles à rayons simples plus ou moins distincts et
presque partout composés de petits grains. Nombre de ravons
variable, toujours > 6. Rares. Diamètre, 2-3 millimètres.
Figure 32, A.
II Formes à limites cristallines distinctes. Rares. Petites.
Arêtes rectilignes ; angles nets.
1 1 Lamelles hexagonales simples régulières. La figure 32, B. en
donne un exemple 1 diamètre, 1 millimètre environ . Au centre,
une petite figure hexagonale, centrée elle-même par une
rosette, et entourée d'un système de cavités internes. Plus en
dehors, une figure hexagonale à angles saillants.
2 Formes intermédiaires entre la lamelle hexagonale simple et
l'étoile La figure 32, C, en donne une curieuse. Du champ central
partent quatre pétales. Deux d'entre eux présentent une ligne
axiale ; tous montrent de très fines stries latérales courbes
plus ou moins distinctes. Le champ central est constitué par
une formation étoilée, à rayons peu distincts, à structure
granuleuse.
3) Lamelli à champ central plus ou moins important.
Six rayons, à surface souvent convexe, d'inégale longueur. Les
rayons diminuaient de longueur généralement d'une extrémité
de l'étoile à l'extrémité opposée. Si )',, r,. ;-.,, r(, rh, ra repré-
sentent les rayons d'une étoile d'après leurs longueurs crois-
santes, j'ai souvent remarqué que r-, et :-,, r, et r,, rt et r3
étaient opposés. Les rayons se terminaient toujours en hexa-
gone incomplet. Exemples :
Figure 32, D. Le diamètre ri-r, = 2mm,5. Chaque rayon
présente une ligne axiale et de très fines striations latérales,
en général courbes rectilignes seulement sur rx). r,: et r«
montrent des saillies latérales, symétriques ou asymétriques.
Les rayons les plus longs montrent vers leur extrémité des
canalicules internes symétriques, parallèles aux côtés distaux du
rayon. Au centre même de l'étoile on voit une double figure
hexagonale incomplète ; celle-ci est entourée d'une formation
hexagonale, allongée légèrement dans le sens n->'i, à contour
interne indécis, à côtés légèrement concaves, à angles saillants,
à structure granuleuse.
LA XEIGE ET LE GIVRE
63
Figure 32, E. >\ manque complètement. Dans les hexa-
gones incomplets terminaux de ru et rs, d'un point de la ligne
médiane situé dans leur partie proximale, partent des lignes
droites vers les angles ; les triangles ainsi formés montrent
des stries serrées, parallèles à leurs bases, se correspondant
d'un triangle à l'autre, rectilignes clans f.,, courbes dans rH.
Une figure étoilée h, incomplète, à contours courbes, très fins,
est inscrite dans l'étoile. Plus en dedans, une autre figure (h')
en hexagone incomplet, à côtés rectilignes ; là où la ligne
médiane de r„ atteint l'un des angles de cette figuie, on dis-
tingue une rosette à quatre pétales. Une partie considérable du
champ central est constituée par une matière granuleuse, d'où
partent deux petits rayons comparables à ceux d'étoiles du
type --1 de la figure 32. A certains angles des hexagones incom-
plets terminaux de r„ et rh étaient fixées, dans le même plan,
des formations granuleuses; leurs grains constitutifs, d'aspect
cristallin, étaient de dimensions variables et les plus petits
étaient très peu distincts. Un semblable amas de grains plus
grand, fixé à re, montrait une tendance à la forme hexagonale;
les côtés étaient sensiblement parallèles aux côtés de l'hexa-
gone incomplet terminal du rayon et présentaient des échan-
crures analogues à celles du rayon Une des saillies latérales
du rayon ri, montrait en un certain point une structure granu-
leuse.
D'abord, j'avais supposé que les formations granuleuses
centrales servaient simplement de support aux étoiles. Mais
ayant enlevé le couvercle du compas et observant les étoiles
par leur autre face, j'ai vu que ces formations constituaient la
partie centrale du corps même des étoiles.
Dans cette observation, et dans beaucoup d'autres, j'ai
noté des formes étoilées implantées dans un champ de
givre granuleux ; elles étaient entourées chacune d'une zone
tout à fait libre. Cette zone i Hof des Allemands), montrant que
ces étoiles ont été formées aux dépens de la substance du
givre granuleux avoisinant, est, comme on le sait, un phéno-
mène très commun pour d'autres substances cristallisables.
Fig. 32
Le 9 octobre 1S9S, matin
État de l'atmosphère. Température : — 12". 7 :midi de la
veille, — ii°, 9 1 1 711 de la veille), — 13°,3 minuit), — S°,5 'Shl,
— 6°,o (midi). Comme la veille, ciel clair ou légèrement
couvert.
Observation des changements que les figures de la veille
avaient subis.
Figure 32, B. Intacte.
Figure 32, C. La formation granuleuse constituant le
champ central s'était étendue jusqu'à l'intérieur des pétales,
surtout dans les plus longs Ile supérieur et le gauche .
Figure 32, D. Double hexagone incomplet interne resté
intact. La matière granuleuse avait envahi tous les rayons ;
les rayons les plus longs r,., r-, ri) avaient été remplacés par
trois rayons de mêmes dimensions, mais déformés, de struc-
ture granuleuse, serrés entre eux, munis de nombreuses
branches courtes, peu distinctes, granuleuses aussi; des trois
autres rayons, les extrémités seules étaient restées intactes.
Figure 32, E. La formation granuleuse du champ central
s'était étendue principalement dans la direction du rayon
manquant l >-, ) et de plus envahissait lentement et progressive-
ment le rayon inférieur de haut en bas et de gauche à droite.
La racine de r-, montrait une structure granuleuse. Les amas
granuleux fixés aux angles des hexagones terminaux incom-
plets avaient augmenté en nombre et en étendue.
64
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Le 21 octobre 1898, vers 81' matin
Givre développé pendant la nuil du 20 au 21 octobre sur
la face interne de la vitre du couvercle du compas, la
chambre en étant tout à fait close. Observé à la loupe.
État de l'atmosphère. Température : —6°, 9 fiSh la veille),
—70,9 (minuit), — 140,2 i6h), — 13",8 (7h), — 13°,9 Sh . Brume,
bruine ou fine neige jusqu'à 4b; puis le ciel s'éclaircit.
I. Formes sans limites cristallines distinctes 1 prédominantes!.
1) Arborescences isolées ou groupées irrégulièrement,
composées de tiges courbes à ramifications unilatérales ou. la
plupart, bilatérales, courbes aussi, très rapprochées. Dimen-
sions variables.
2) Touffes stellaires, où les tiges ramifiées du type précé-
dent, nombreuses et très serrées, étaient arrangées de façon
à former une étoile irrégulière, à centre encore mal déterminé,
et se confondaient par leurs extrémités proximales en une
masse compacte.
3) Trois à six tiges ramifiées du type précédent, mais à
courbure très légère, réunies de façon à former une étoile
à 3-6 rayons distincts.
41 Etoiles dont les rayons rectilignes ; parfois seulement
légèrement sinueux: se présentent en tiges a ramifications
légèrement courbes, formant entre elles un angle très
rapproché de 6o°.
II. Formes à limites cristallines distinctes-
Arêtes et angles en général nets.
1) Lamelles hexagonales simples régulières ; diamètre variable,
de o,llm.5 à imm,o. Homogènes ou à figures internes (trois
diagonales passant par le centre ; hexagones inscrits très
nombreux, équidistants .
2) Formes éioilées.
ai Lamelles étoilées à six rayons simples émanant d'un
champ central plus ou moins étendu. Comme dans l'observa-
tion du S octobre, les rayons diminuent généralement d'une
extrémité de l'étoile à l'extrémité opposée et souvent r, et ;,.
n et r2, rt et r3 sont opposés. Le diamètre varie de 1 à 2 milli-
mètres. La figure 33, *4, en donne un exemple avec certaines
particularités : les rayons sont ici représentés par des hexagones
incomplets dont les angles, dans les rayons r6, »-,., rt, sont
légèrement émoussés, peut-être par évaporation ; ils montraient
une ligne axiale et des stries latérales courbes, très serrées et
très fines; le centre de la lamelle montrait un noyau en petite
étoile se distinguant nettement par son éclat ; bientôt la
lamelle étoilée a disparu par évaporation, mais l'étoile centrale
était restée intacte.
h Etoiles sans champ central, à six rayons terminés en
hexagone incomplet, inégaux, cette irrégularité montrant les
particularités indiquées plus haut. Le diamètre variait de
2 à 4 millimètres. Chaque rayon montrait une ligne axiale.
Dans les hexagones incomplets terminaux, d'un point de la
ligne médiane rapproché de leur partie proximale, partent des
lignes vers les angles; les triangles ainsi formés montrent de-
stries très serrées, parallèles à leurs bases, équidistantes et se
correspondant d'un triangle à l'autre. Les deux bords du
rayon sont échancrés de façon à présenter deux séries symé-
triques de saillies; ces saillies se développent rarement en
appendices à forme et à structure semblables à celles du
rayon. Exemple : figure 33, B.
Fig. 33
Le 11 novembre 1S9S, entre 1 7-j1' et 2 ' ._,'' matin
Givre développé sur le couvercle en bronze de la boussole.
Il avait commencé à se former vers 1S11 la veille.
Etat de l'atmosphère. Température : — 7°,S uSh la veille),
— 15°,4 (minuit), — i7°,S (31,). Léger courant du quadrant
de S. Ciel clair.
Observation faite A la loupe.
I. Arcs s'amincissant vers les deux extrémités jusqu'à
s'effiler. Cette forme de givre est très commune sur le tube de
verre, à des températures plus ou moins basses. Mais ici les
arcs étaient d'une longueur extraordinaire, atteignant parfois
2 centimètres; leur largeur était aussi beaucoup plus considé-
rable que d'ordinaire. Ils étaient ordinairement groupés, et
ces groupements montraient une tendance à la régularité, à la
symétrie, même quand les arcs constitutifs ne se touchaient
pas 'fig. 34, groupe A1, A11, A'11 ; groupe B).
1 Arcs dépourvus de branches (fig. 34, A1).
2 Arcs pourvus de branches courbes très fines, disposées
uniformément :
a) Semblant partir d'une des extrémités de l'arc et diverger
LA NEIGE ET LE GIVRE
65
très légèrement vers l'autre, d'où l'aspect d'une aigrette (fig.34,
A", AI", B);
b) Formant des ramifications unilatérales (fig. 34, C).
3) Arcs composés de petits bâtonnets très légèrement
arqués et arrangés, sans se toucher, de la façon indiquée par
le schéma D de la figure 34. Les bâtonnets constitutifs
pouvaient aussi être fusionnés par leurs extrémités tournées
vers la concavité de l'arc fi).
2. Etoiles à six rayons égaux. Pas de champ central, si ce
n'est formé par la réunion des parties proximales distinctes
des rayons. Lignes axiales et stries latérales plus importantes
que dans les lamelles hexagonales. Relativement rares.
a) Rayons simples. Deux formes : B1 (ordinaire) et B!l
(rare) de la figure 35.
6! Rayons ramifiés : forme Bm de la fig 35. Les plus
importants et les plus fréquents.
D (t
\
Fig. 34
II. Formes à limites cristallines reconnaissahles.
A. Cristaux parfaitement réguliers.
1. Lamelles hexagonales. Les plus fréquentes parmi les
cristaux réguliers. Dimensions petites (diamètre maximal,
imm,25). Souvent bordures sombres (troncatures sur les arêtes).
al Hexagones tout à fait homogènes, transparents (figure
35, A').
b\ Hexagones montrant une structure : trois diagonales
passant par le centre; fines figures hexagonales inscrites,
nombreuses, équidistantes ; une ou deux lamelles hexagonales
paraissant reposer au centre de l'hexagone. La figure 35, A",
représente un cas où tous ces caractères structuraux se trou-
vent réunis.
ci Hexagones dont les côtés montraient, perpendiculaire-
ment à leur milieu, des incisions identiques; ils représentaient
donc l'ébauche d'une lamelle étoilée (fig. 35, A111).
(1) Celte forme curieuse, que l'on rencontre communément
sur des surfaces plus ou moins lisses et à des températures
basses, me semble avoir été observée pour la première fois
par Behiîens sur la cristallisation de l'acide picrique dans une
solution alcoolique très diluée : « Jeder Zweig besteht ans
einer grosser Zahl von Mikroliten, die in geradlinigen Partien
schnurgoade hintereinander liegen, in den Krummlinigen
dagegen so gestellt sind, dass jeder foïgende ein wenig melii
<ler concaven Seite der Curve zu verschoben ist als seiner Vol in r,
und dass ein jeder so gegen die Curve (die Verbindungslinie
der Halbirungspunkte) geneigt ist, dass sein altères Ende sich
der convexen Seite derselben zuwendet. » (Krystalliten, pp.
96-97.) La vraie signification des formes semblables, comme- en
général des formes si variées des trichites, ne semble pas
encore bien élucidée et les avis des cristallograpb.es sont
partagés. Comparer, par exemple, les opinions de Lehmann
et de Vogelsaxg-Behrens.)
e) Formes intermédiaires : forme B! de la figure 35, avec
des encoches latérales.
B. Cristaux plus ou moins irréguliers.
1. Lamelles hexagonales irrégulières. Exemples : figure 35,
C1, C11. Relativement rares.
2. Étoiles irrégulières, prédominantes.
a) Entières. Six raN'ons inégalement développés. Divers
degrés d'inégalité des rayons. Comme dans les observations
précédentes, les rayons diminuaient généralement de longueur
d'une extrémité de l'étoile à l'extrémité opposée, et parfois j'ai
constaté que r,. et t\, r-, et r., r, et r3 étaient opposés.
a) Les six rayons dans le plan du couvercle (plutôt dans
le plan tangent). Relativement plus rares.
(3 Quelques rayons voisins dans le plan du support ; les
autres, dans d'autres plans en général peu inclinés par rapport
au premier. La position de ces rayons soulevés était d'ailleurs
tout à fait conforme à l'ensemble de l'étoile. La figure 35, D.
montre une des étoiles les moins irrégulières. Les trois rayons
les plus grands montrent chacun des incisions aux deux angles
et des lignes inscrites courbes excessivement fines. Les deux
rayons les plus petits présentent des bordures amincies. Un
petit hexagone régulier, très fin, sans structure, agrégé à
l'angle terminal d'un rayon et dont les côtés seraient parallèles
aux rayons, s'ils n'étaient pas dans un plan un peu incliné sur
celui de l'étoile.
J'ai vu une étoile dont les cinq rayons, du type Bul de la
figure 36, étaient dans le plan du support. Le sixième, de même
forme, qui s'élevait un peu au-dessus de ce plan, était fixé non
pas au centre de l'étoile, mais excentriquement, sur l'axe du
rayon opposé. En outre, un septième rayon, surnuméraire,
était fixé au centre même de l'étoile : il surplombait un rayon
IX
D
66
EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
et différait des autres par ses dimensions relativement petites
et par sa forme particulière ifig. 35, E).
h Fragmentaires : les plus fréquentes; à cinq, quatre, trois
et deux rayons. Les rayons étaient toujours voisins, formant
toujours entre eux un angle de 6o°. Tous les rayons dans le
plan du couvercle ou bien quelques-uns dans ce plan et les
autres dans des plans plus ou moins inclinés par rapport au
premier, en position conforme à l'ensemble de l'étoile.
3. « Rayons » indépendants, c'est-à-dire individus de forme
et de structure semblables à celles des rayons d'étoiles du type
B111 de la figure 35. Assez fréquents.
4. Une sorte d'étoile désagrégée formée par des « rayons »
tout à fait indépendants, c'est-à-dire qui ne se touchent pas.
J'en ai vu deux exemples seulement :
a Six rayons indépendants, s'élevant toujours au-dessus du
niveau du couvercle et disposés de façon que leurs projec-
tions sur le plan du couvercle constituent une étoile dont
les rayons forment entre eux un angle de 6o°.
b Six rayons indépendants, placés tous dans le plan du
couvercle, tous du type B111 de la figure 35, et disposés en
étoile. L'excentricité des pointes proximales libres était
diverse et celles-ci étaient légèrement incurvées, toutes dans
le même sens. Mais les limites distales des rayons se corres-
pondaient toutes parfaitement, les côtés correspondants des
hexagones terminaux incomplets coïncidant avec les côtés
d'un seul hexagone imaginaire 'fig. 35, F\ li .
Fie. 35
Le 28 novembre 1898, entre 3'1 et 5h matin
6
Bn
État de l'atmosphère. Température : — 16°, 3 (3h), -
— 13",2 (5h). Brume. Très faible courant de SW.
Givre recueilli sur un porte-objet exposé au vent. Obser-
vation microscopique.
Il se composait de grains dont la majeure partie montraient
nettement une forme cristalline Souvent ils s'aggloméraient.
La figure 36 en donne des exemples dessinés dans les diverses
positions dans lesquelles ils ont été vus. Les basses pyramides
tronquées étaient la forme la plus commune ; les prismes
simples, assez fréquents; les pyramides pointues (A111), rares.
t) On aurait donc ici un arrangement régulier, conforme
aux lois cristallographiques,de six cristaux n'entrant en contact
en aucun point et reposant directement sur le couvercle. La
non-existence des actions à distance entre les cristaux ayant
trouvé sa preuve directe déjà dans les expériences de Franken-
heim (i836), confirmées par celles de Kopp et Sénarmoxt, on
pourrait peut-être expliquer ce phénomène en supposant que
les six cristaux se seraient primitivement déposés, non pas
directement sur le bronze, mais sur un support cristallin de
glace commun, effacé ultérieurement par suite de l'évapo-
ration.
LA NEIGE ET LE GIVRE
67
La portion supérieure de la pyramide Bv montrait une striation
fine sur ses faces latérales ; la portion inférieure, plus petite,
était déformée.
Parmi les grains cristallins, on distinguait des cristaux
relativement gros, de volume parfois triple et même plus.
Sur ces grains, j'ai trouvé une étoile à six rayons formant
entre eux un angle de 6o°. Les rayons ne se rejoignaient pas au
centre, mais s'appliquaient sur la portion périphérique d'une
lamelle hexagonale centrale. Ils n'étaient semblables ni au
point de vue de leur longueur ni sous le rapport de leur
aspect et de leur structure. Trois rayons voisins étaient plus
longs et plus abondamment couverts de grains que les trois
opposés. Les grains de givre couvrant l'étoile étaient pour
la plupart cristallins. La figure 37 représente un de ces
rayons à structure plus simple, et la lamelle centrale h .
Fig. 37
Le 2 décembre 1898, entre l'1 et 51' matin
État de l'atmosphère. Température : — 14°,4 (ih), — i4°,o (2h;,
— 13°,3 [3h), — 13",4 !4hj, — 12°,9 (5h). Presque calme. Le ciel
paraît clair; pourtant quelques étoiles de neige étaient tombées
pendant l'observation.
Givre obtenu sur plusieurs porte-objets, légèrement con-
vexes, exposés au vent.
A l'œil nu, c'étaient des groupes, plus ou moins importants,
disséminés à la surface des porte-objets. Ils étaient composés
de tiges ramifiées. Les tiges, les branches primaires et secon-
daires avaient sensiblement même épaisseur. La forme et la
structure des différents groupes étaient variables, mais carac-
téristiques pour un groupe donné; à ce point de vue, je
distinguais plusieurs types :
i> Longues tiges isolées, avec des ramifications relative-
ment très courtes, d'un seul ou des deux côtés.
21 Tiges isolées munies de très longues et abondantes
ramifications, d'un seul ou des deux côtés.
3) Groupes composés de tiges parallèles portant en
général, toutes d'un seul et même côté, de courtes ramifica-
tions.
4) Trois, quatre, cinq ou six tiges ramifiées bilatéralement,
réunies de façon à former une étoile.
5) Étoiles à limites cristallines manifestes.
Tous ces types peuvent se ramener à deux catégories :
givre étoile et givre non étoile.
Observation microscopique.
I. Givre non étoile.
Composition. Tiges à branches latérales primaires et secon-
daires. Branches primaires formant en général avec la tige
un angle de 6o°; de même avec les branches secondaires.
Remarque. L'angle de 60'' prédominait. Cependant, parfois,
les systèmes droit et gauche des branches collatérales étaient
sur la même droite, de sorte que l'un d'eux formait, avec l'axe
de sa tige, un angle de 60°; l'autre, un angle de 1200 (exemple
fig. 38, B): parfois même, du même côté de la même tige, je
rencontrais les angles de 6o° et de 1200. Parfois l'angle oscil-
lait autour de ces deux valeurs; il arrivait aussi que, par suite
soit de l'irrégularité de forme (fig. 38, *4', A1', A111), soit de
l'état rudimentaire de la branche (fig. 38, C), il était impossible
de lui attribuer un axe et, par conséquent, d'évaluer l'angle.
Les branches secondaires étaient presque toujours bilatérales.
En général, elles étaient plus développées d'un côté que de
l'autre, ou elles étaient souvent même rudimentaires. Quant à
leur forme, les branches secondaires présentaient quelques
types :
1! Branches secondaires irrégulières, à contour courbe plus ou
moins irrégulier. Elles étaient en même temps les moins
développées. C'est ici que les écarts par rapport à l'angle
de 6o°, ordinairement clans le sens négatif, ont été rencontrés
6S
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
le plus souvent. La figure 3S, .4', .-l7', représente les formes
typiques des branches secondaires irrégulières ; la figure 3S, B,
est plutôt transitoire vers les types suivants.
2) Branches secondaires d'aspect intermédiaire (fig. 38, C). Les
contours ne sont pas encore rectilignes, mais s'en rapprochent.
Les extrémités distales sont limitées de façon à former
l'ébauche d'un semi-hexagone terminal, caractéristique pour
les branches secondaires régulières. Elles sont plus longues,
plus larges que les irrégulières. Elles forment toujours un
angle de 6o° avec l'axe de la branche primaire. Dans certains
groupes, leurs contours sont plus onduleux; dans d'autres, plus
rectilignes.
3) Branches secondaires régulières, à contours rectilignes, en
hexagone allongé incomplet 'appendice supérieur gauche de
la fig. 38, A"' .
Chaque groupe était caractérisé par la prédominance
plus ou moins prononcée de l'une ou de l'autre des trois formes
envisagées.
Fig. 38
II. Givre iioiïi.
A. Étoiles qui ont conservé les caractères du givre non étoile.
Elles étaient fragmentaires (à trois, quatre ou cinq rayons >
ou entières à six rayons 1. Les rayons voisins formaient entre
eux un l'angle de 6o°. Les branches primaires, toujours bilaté-
rales et se correspondant, étaient parallèles au rayon voisin
réel ou virtuel. Les branches secondaires étaient orientées par
rapport à leurs branches primaires de la même façon que ces
dernières l'étaient par rapport à leurs rayons. En général, les
branches primaires et secondaires semblaient de même largeur.
Les rayons de la même étoile n'avaient pas la même
longueur, le degré de cette inégalité étant très variable. Ils
diminuaient généralement de longueur d'une extrémité de
l'étoile à l'extrémité opposée, le groupe des plus grands étant
opposé à celui des plus petits. Assez souvent r, et rx ,n et r2,
rt et r3 étaient opposés.
Rarement deux branches primaires se correspondant des
deux côtés du rayon étaient sensiblement de même longueur ;
les branches appartenant au même côté du rayon (ou bien de
la branche primaire) étaient aussi de longueur très variable.
Les branches de deux rayons voisins iou de deux branches
primaires voisines) semblaient s'empêcher mutuellement de se
développer. Les longueurs des branches successives du même
LA NEIGE ET LE GIVRE
69
côté du rayon (ou de la branche primaire 1 ne présentaient pas
une gradation régulière, sauf près de l'extrémité distale du
rayon 'ou de la branche primaire), où elles paraissaient dimi-
nuer progressivement vers cette extrémité.
Les rayons d'une étoile convergeaient vers un point
central où ils se trouvaient en continuité complète; on aurait
dit qu'un rayon était une simple ramification du rayon voisin.
Les étoiles à deux ou trois rayons montraient souvent, tout
près du point de convergence, comme accolée à lui, une
figure plus ou moins arrondie (fig. 39, A). Cette figure accusait
souvent une tendance vers la forme hexagonale. En effet, une
fois j'ai vu un hexagone incomplet, à symétrie bilatérale, en
continuité complète avec le point de convergence d'une étoile
à trois rayons. Cet hexagone (fig. 39, B montrait une structure
curieuse : un dessin symétrique au milieu, offrant l'aspect
d'un monument cavités internes ':); une rangée de lignes semi-
hexagonales dé'icates parallèles aux trois côtés inférieurs de
l'hexagone et à angles arrondis ; enfin, des lignes ondulées,
aussi délicates, transversales par rapport aux premières e
assez symétriques
La structure des étoiles était celle du givre non étoile.
Les branches secondaires n'atteignaient jamais la forme
d'hexagone allongé incomplet ; souvent elles se rapprochaient
de celles représentées dans la figure 38, C, mais à contour
plus onduleux, plus irrégulier.
La figure 3g, C, montre une étoile à six rayons, faiblement
grossie, schématisée. Sur elle était appliquée excentriquemeut
une lamelle hexagonale régulière, à côtés parallèles aux
rayons, homogène et assez opaque pour ne permettre qu'une
transparence très faible des éléments qu'elle recouvrait. Prés
d'elle, on voit un grain de forme arrondie, aussi opaque et
homogène.
Les grains étaient assez communs sur les étoiles.
Entre le givre étoile et le givre non étoile, il y avait
toutes les formes de transition.
B- Étoiles à limites cristallines bien distinctes.
Le nombre des rayons variait de deux a six. Une fois même
j'ai trouvé un <• rayon » indépendant, c'est-à-dire un individu
isolé à forme et à structure caractéristiques des rayons d'étoiles
de cette catégorie ; ses deux extrémités sont représentées dans
la figure 40 IA, A).
Il n'y avait pas de champ central proprement dit : les
rayons convergeaient vers un point commun, où ils se trou-
vaient en continuité parfaite. Souvent ce point, dans les étoiles
à deux et à trois rayons, présentait, tout contre lui, une for-
mation en hexagone incomplet, parfois déformée (fig. 40, Si,
en continuité avec le point de convergence.
Les rayons d'une même étoile n'étaient pas de même
longueur. Les rapports entre les rayons d'une même étoile
étaient les mêmes que ceux décrits dans le chapitre A.
Il n'y avait pas de branches secondaires. Les rayons et
les branches primaires ilesquelles manquaient parfois) se
terminaient en hexagone incomplet.
Tant que la préparation n'était pas en fonte, les angles
étaient assez nets, rarement arrondis.
Fig. 3g
Les étoiles, ou bien ne montraient aucune structure
(fig. 40, C), ou bien présentaient des lignes d'accroissement
latéral (fig. 40, A) et des cavités internes ifig. 40. £'.
Exemples :
Figure 40, C. Une partie d'un rayon d'une étoile.
Figure 40, B- Une étoile à deux rayons, qui était accolée
à une autre, à 4 rayons, de façon à constituer avec elle une
étoile à six rayons formant entre eux un angle de 6o°. Les six
ravons étaient tous de longueur différente, mais r„ et r, . ;-3 et r2,
r, et r3 étaient opposés. La figure en représente les plus petits :
r, et r>. Le dessin a été pris au début de la fonte, d'où la
déformation du rayon r,. On voit la terminaison du point de
convergence des deux rayons, ordinairement hexagonale, ici
déformée; elle était plus opaque que le reste de la figure.
Sur ri on voit des cavités internes.
Figure 40, A, A. Un «rayon» indépendant. A gauche,
son extrémité «distale»; adroite, son extrémité «proximale».
Il était assez long et portait de nombreuses branches termi-
nées en hexagone incomplet allongé. A remarquer les lignes
d'accroissement latéral.
7o
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
v^^T
Fig. 40
III. Grains.
Disséminés sur le givre étoile et le givre non étoile. Sur ce
dernier ils étaient les plus abondants ; il yen avait le moins sur
les étoiles d'aspect cristallin. Ils montraient une prédilection
pour l'axe des tiges et des branches, où ils s'arrangeaient
souvent en chapelet, ordinairement discontinu; sur ce mêmi
axe, on trouvait souvent des formations allongées dont la
largeur était en général égale au diamètre des grains de givre
et qui montraient parfois des stries transversales (fig. 38, B).
Quant à leur forme, c'étaient ordinairement des formations
plutôt arrondies, sans limites cristallines reconnaissables.
A*
\nr
Parmi ces grains, il 3- avait des formations dont les dimen-
sions dépassaient considérablement celles des grains ordi-
naires : c'étaient des lamelles tendant souvent vers la forme
hexagonale 'fig. 41, B") et au parallélisme des bords par
rapport aux lignes cristallographiques de l'étoile; mais le
plus souvent elles se présentaient en quadrilatères allongés,
dont le grand axe était parallèle aux ramifications immédiates
de la tige ou de la branche sur laquelle ils étaient appliqués.
Enfin, on trouvait parfois, comme grains de givre, de
véritables cristaux du système hexagonal, généralement en
pyramides tronquées, orientes toujours conformément à la
direction des axes du support fig. 41, C', Cu<-
ca
Fig. 41
IV. Fente.
Le plus souvent, pendant la fonte, les tiges, les branches primaires et secondaires, dont l'aspect n'était pas franchement
cristallin, se résolvaient en grains très petits.
Le 10 décembre 1898, entre 3h et 6'1 matin
Etat de l'atmosphère. Température : —8", 7 (3h), — S°..:.
— S°,i (5h), — 7°,i 6h). Presque calme. Pas de brume.
I. » Givre » recueilli sur un porte-objet sur lequel j'avais
soufflé. Observé au micros<
1 Grains sans aucune trace de forme cristalline. Séparés
ou réunis en petites agglomérations de forme irrégulière
fig. 42,A',A",A"l).
2) Individus lamellaires, relativement considérables, à con-
tours plus ou moins arrondis, divisés en territoires irréguliers
dont les dimensions surpassaient considérablement celles des
grains (fig. 42, B1, B11).
Pendant la. fonte, les territoires constitutifs des individus
lamellaires se divisaient en territoires plus petits, ceux-ci en
grains, ceux-ci en granules, lesquels eux-mêmes semblaient
LA NEIGE ET LE GIVRE
montrer une structure très finement granuleuse; quant aux
grains, ils se divisaient généralement en granules montrant
une structure très finement granuleuse.
II. En même temps, j'ai placé un porte-objet sur un verre
à moitié rempli d'eau. Bientôt la surface du porte-objet tournée
vers l'eau est devenue mate ; sous le microscope, elle s'est
montrée couverte de très fines gouttelettes d'eau, serrées et
même partiellement fusionnées au centre, désagrégées vers la
périphérie de la préparation.
Ce n'est qu'entre 5h et 6h que la préparation a commencé
à se figer, dans sa partie périphérique. Le « givre » ainsi
formé était disséminé en groupes de dimensions variables,
dont les éléments étaient plus ou moins serrés, mais en
général la périphérie d'un groupe était plus lâche que son
centre.
Observation microscopique :
i Partie centrale d'un groupe. Constituée de grains, rare-
ment isolés, pour la plupart réunies latéralement ffig. 43,
.-l'-.-l'1 . Dans ce dernier cas, les grains prenaient ordinaire-
ment la forme polyédrique. Le plus souvent les grains se
réunissaient en chapelets irréguliers qui formaient parfois un
réseau capricieux.
2] Partie périphérique d'un groupe.
a\ Lamelles A contours plus ou moins arrondis ou étoilées. Rela-
tivement rares. Petites. Homogènes ou bien constituées de
grains plus ou moins distincts.
b Bandes rectilignes. Elles pouvaient présenter des solu-
tions de continuité. Les plus simples étaient composées de
grains !d'où l'aspect d'un tissu polygonal) qui ne montraient
nulle part une tendance à la fusion II n'y avait pas de
A' A" A"
O © CD
Fig. 42
bourgeons latéraux. D'autres bandes montraient déjà des
bourgeons latéraux, dans la plupart desquels les grains consti-
tutifs n'étaient plus distincts. Les bandes plus développées
encore possédaient des ramifications latérales, souvent puis-
santes, formant d'ordinaire un angle de 6o° ou de 1200 environ
avec l'axe de la bande. La symétrie était rare, mais en
général les points d'insertion des membres latéraux se corres-
pondaient d'un côté de la bande à l'autre (fig. 43, schéma B}.
Parfois les membres latéraux possédaient eux-mêmes des
bourgeons latéraux, ou même des branches assez puissantes,
lesquelles formaient d'ordinaire avec l'axe du membre un angle
de 6o° ou de 120" environ. Ces appendices secondaires ne
montraient pour la plupart aucune structure. — La partie
intérieure des bandes développées montrait souvent une diffé
renciation: suivant l'axe, les grains s'arrangeaient en chapelet,
parfois même semblaient fusionnés en une ligne axiale. — La
figure 43, C, représente une partie d'une bande discontinue, sans
bourgeons latéraux, particulière en ce que les grains constitu-
tifs ne sont plus distincts : la bande est composée de lamelles
homogènes.
Pendant la fonte, les lamelles homogènes se divisaient
généralement en territoires, ceux-ci en grains, ceux-ci en
granules qui eux-mêmes montraient un aspect très finement
granuleux. Quant aux grains, mêmes phénomènes que ceux
notés dans l'observation précédente (fig. 43, Dl , Dn .
Fig. 43
72
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
Le 13 décembre 1S98, entre l1' et 3h matin
État de l'atmosphère. Température : — g°,3 i1' . -S°,9(2h),
■ — n". 2 3hi. Légère brume. Calme.
Givre recueilli sur un porte-objet exposé au très faible
courant d'air.
i ,: ervation macroscopique. Nombreux groupes, d'étendue
diverse, composés d'éléments plus lâches et plus distincts vers
leur périphérie, serrés en une masse compacte au centre.
rvation microscopique.
1. Partie centrale d'un ;roupe. Composée de bi
gones, clairs, brillants, parfaitement accolés par leurs i
à la façon des cellules d'un épithélium pavimenteux simple.
Les bords des polvgones étaient plus brillants que le reste ;
on voyait parfois qu'ils étaient doubles, ou même on
pouvait discerner un intervalle très étroit entre deux côtés
appliqués l'un contre l'autre. Aux bords des lacunes, on voyait
que ces polygones étaient les faces supérieures de prismes
polygonaux de hauteur très réduite. Les polygones présen-
taient des dimensions variables ; pourtant une certaine
grandeur prédominait, paraissait typique ; parmi les polygones
qui s'en écartaient considérablement, ceux qui étaient plus
grands étaient beaucoup plus nombreux que ceux qui étaient
plus petits. Le nombre des côtés d'un polygone variait de
quatre à huit ; le plus souvent, il était de cinq ou six. Les
côtés étaient rectilignes. rarement incurvés; les angles bien
nets, rarement arrondis.
On n'y voyait pas trace d'organisation, d'arrangement
défini.
2. Partie périphérique d'un croupe. Constituée d'individus
distincts dont la forme devenait de plus en plus définie vers
les limites du groupe.
La plupart se présentaient en bandes rectilignes de longueur
et de largeur diverses, celle-ci pouvant varier aussi d'un pi mit à
l'autre d'une même bande.
Les bandes rectilignes qui atl une certaine
largeur présentaient des appendices latéraux. Dans les bandes
les plus rapprochées de la partie centrale du groupe, ils se
présentaient sous forme de bourgeons très petits <
nombreux — Dans les bandes plus périphériques, les bour-
geons latéraux, çà et là, s'allongeaient considérablement;
leur axe tendait alors à couper l'axe de la bande sous un
angle à peu près constant pour la même bande et qui rare-
ment s'approchait de 6o°; parfois on constatait une tendance
à la symétrie par rapport à l'axe de la bande. La plupart
avaient la forme d'un hexagone allongé incomplet. — Enfin,
dans les bandes les plus périphériques, les bourgeons étaient
rempl li i par des branches latérales, simples ou ramifiées à
le ir tour, formant souvent avec l'axe de la bande un angle
de 6o° environ. Les points d'insertion des branches primaires
se corn spondaient généralement des deux côtés de la bande;
souvent on constatait une symétrie par rapporta l'axe de celle-
ci. Les branches primaires et la plupart des appendices
secondaires se terminaient en hexagone allongé incomplet.
Quant à la structure, le corps des bandes était toujours
composé de polygones. Dans les appendices, on constatait deux
structures : polygonale ou homogène, celle-ci prédominant. Entre
ces deux extrêmes, on trouvait les stades intermédiaires. La
transition se présentait sous trois types : effacement plus ou
moins complet des contours de polygones constitutifs ; appen-
dices composés de territoires, de champs plus ou moins
homogènes ; effacement plus ou moins complet des limites de
ces territoires. La structure homogène affectait surtout les
appendices ayant la forme d'hexagones allongés incomplets.
— Dans les bandes aux appendices les plus développés,
parfois, suivant l'axe même, les polygones s'arrangeaient de
manière à former un chapelet axial.
Outre les bandes, on rencontrait aussi, quoique relative-
ment rares, des individus à contours plus ou moins arron
de petites dimensio p tsés généralement de terri!- ■
homogènes, pouvant même être tout à fait unis.
te, les appendices homogènes se
divisaient généralement en petits territoires, ceux-ci en poly-
gones qui prenaient ordinairement un aspect granuleux.
3. Grains de givre disséminés sur ces groupes.
La plupai 1 t forme des grains isolés des figures
42 et 43. Les dim :s, quoiqu'une
certaine grandeur prédominât; parfois leurs limites corres-
pondaient plus ou moins exactement à celles des polygones,
mais 1 : al ils étaient plus petits Leur distribution
n'était pas uniforme : très abondants en un point, ils étaient
très rares dans un autre. En général, ils semblaient ép u
les appendices, surtout ceux à structure homogène. Dans les
bandes a chapelet axial, ils étaient beaucoup plus abondants
sur celui-ci que sur le reste.
Parmi ces grains, on distinguait, sur les bandes, des
lamelles relativement considérables, ordinairement allongées, et
dont le grand axe était orienté de la même façon que les
appendices latéraux : pour la plupart, leur structure était
homogène; cependant, parfois, elles se montraient composées
de petits territoires.
Pendant la fonte, mêmes phénomènes que ceux indiqués
plus haut : les grains simples prenaient un aspect liés finement
granuleux, les lamelles homogènes se divisaient en territoires
et ceux-ci en polygones.
Figure 4),. 4', .-1", .1"'. Exemples de bourgeons la;
de bandes peu développées encore. Sur le bourgeon A ' . on voit
encore les éléments dont celui-ci est formé. La forme du
bourgeon An était typique.
Figure 44. B', Bu. B!n, Exemples de branches latérales di
LA NEIGE ET LE GIVRE
73
bandes bien développées. Sur la figure Blu l'appendice est au
premier stade de la fonte : son sommet subit une déforma-
tion ; l'appendice secondaire supérieur gauche se dissout en
polygones et ceux-ci présentent une structure granuleuse ; la
grande partie du côté droit et toute la partie proximale du
membre se divise en territoires avant que ceux-ci se dissol-
vent en polygones. Ce processus de la fonte s'accomplissait
sous mes yeux.
Figure 44, C (schématisée). Fonte d'une puissante branche
primaire homogène munie d'appendices secondaires Elle s'est
transformée tout entière en tissu polygonal. On vo}rait une
partie des polygones arrangés en un chapelet axial. Bientôt
les polygones ont commencé à montrer une structure finement
granuleuse.
Figure 44, D'-Dyn. Exemples de lamelles homogènes
disséminées, comme les grains de givre, sur les bandes. La
figure D1 montre une sorte de transition entre les grains et
les lamelles homogènes. La lamelle supérieure de la figure DVI
et celle de la figure Dvl1 (recouvrant la base d'un appendice)
montrent la forme hexagonale : phénomène rare.
Les figures Dv, Dv représentent une même tablette par
rapport à deux positions différfntes de l'objectif; cette forme
quadrilatérale était assez commune sur les bandes, où son grand
axe était orienté de la même façon que les appendices latéraux
de la bande.
Fig. 44
Le 10 mars 1S99, entre 71' et 111' matin
Etat de l'atmosphère. Température : — S°,o i-h-gh), — 8°,7
io'1 . — S°,S (n'1). Brume. Presque calme.
J'ai observé plusieurs préparations de la couche horizon-
tale recueillies sur des porte-objets exposés au vent.
Observation macroscopique :
Petits groupes d'arborescences plus ou moins distinctes.
Observation microscopique :
Les différents groupes étaient composés d'individus de
D
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
forme parfois très irrégulière et bizarre, formés par un tissu
polygonal analogue à celui observé le i3 décembre 1S9S. Les
contours des polygones présentaient même netteté et finesse.
Nombre des côtés et dimensions différents. Les côtés sont
rectilignes ou légèrement courbes. Les polygones sont plus ou
moins isodiamétriques ou allongés. Dans les appendices,
structure polygonale parfois très faiblement marquée, mais
nulle part de structuie tout à fait homogène. Parfois le tissu
polygonal prenait un arrangement spécial 'par exemple la
partie gauche de la fig. 45. D\ ; les polygones pouvaient même
être remplacés par d'autres figures par exemple figures en
fourchette ondulée, sur la partie droite de la fig. 45. D).
Sur le tissu polygonal étaient disséminés des grains, en géné-
ral plus petits que les polygones, peu abondants et de même
forme que les grains de la figure 43, A1, Au. A111.
La plupart de ces individus se présentaient en figures de
deux catégories différentes : figures fortement allongées band
appendices bilatéraux et figures plus ou moins isodiamétriques a appen-
dices radiaires.
Dans la. première catégorie, les membres latéraux montraient
toujours la composition polygonale, quoique parfois très peu
distincte ; les grains superposés montraient une prédilection
pour l'axe de l'individu.
Dans la seconde catégorie fig. 40, A), toute la partie inté-
rieure était occupée par le tissu polygonal non différencié.
Les bourgeons périphériques radiaires, tout à fait analogues
aux bourgeons latéraux des individus de la première catégorie,
montraient toujours une structure polygonale, quoique parfois
les polygones constitutifs étaient très peu distincts. Les grains
superposés montraient une prédilection pour les racines des
bourgeons périphériques, de façon à marquer une limite bien
nette entre le champ central et la périphérie bourgeonnée : en
outre, très souvent un grain superposé se trouvait seul au
centre de l'individu. Il est remarquable que souvent les indi-
vidus de cette catégorie s'unissaient en une chaîne rectiligne.
Figure 45, B :un peu schématisée1. Une partie d'un
individu de la première catégorie. On voit bien la composition
polygonale, même dans les appendices latéraux, et la prédi-
lection des grains superposés pour l'axe de l'individu.
Figure 45, C, C". Exemples de lamelles plus ou moins
isodiamétriques, à structure polygonale différenciée.
Figure 45, D. Individu de forme bizarre et à structure
particulière.
Fig. 45
COUCHE VERTICALE
A. Bâtonnets
Le 10 mars 1S99, vers lh matin
Couche verticale de givre hérissant la couche horizontale,
en croûte, développée sur le tube en verre. Le givre a
commencé à se développer vers 191', la veille, et s'était accru
lentement, progressivement.
Etat de l'atmosphère. Température: —5°. 4 [i8h la veille 1,
-7°,3 (minuit^ — 7°,2 (ih). Brume. Très léger courant d'air
A l'a-il nu, c'étaient des bâtonnets de o,5 cent à 1 cent.
LA NEIGE ET LE GIVRE
75
de longueur, de imm,S à 2mra d'épaisseur (1); ordinairement
réunis par leurs bases en groupes de deux ou trois ; à sur-
face hérissée de grains et paraissant composés de grains
semblables.
Observation microscopique : Les bâtonnets étaient composés
d'éléments comparables aux grains si communs sur la couche
horizontale, ne montrant généralement pas de limites cristal-
lines distinctes. Leurs dimensions étaient variables ; les plus
grands se montraient souvent composés d'éléments de formes
diverses et plus ou moins distincts. Parmi les plus grands,
beaucoup avaient l'aspect de prismes à base en rectangle
généralement allongé et un peu déformé (angles émoussés.
côtés légèrement incurvés 1 ; ces prismes étaient le plus souvent
orientés de façon que leur base était à peu près perpendicu-
laire à l'axe du bâtonnet ; leur diamètre variait dans des
limites assez restreintes ; souvent ils étaient comme fêlés sur
la face basale, de façon à montrer leur composition d'éléments
plus petits ; leur épaisseur variait considérablement : il y avait
toutes les formes intermédiaires entre une mince lamelle
quadrilatérale et la forme presque cubique. Rarement ces
quadrilatères étaient rhombiques, plus rarement encore ils
montraient des transitions vers la forme hexagonale. Exemples :
figure 41, A'-B".
B. Baissons
Le 13 décembre 189S, entre lh et 31' matin
Couche verticale de givre développée, pendant la nuit du
12 au i3 décembre, sur la couche horizontale.
État de l'atmosphère. Température : — 3°, 2 'i8h la veillel,
— 8°, 9 (minuit), — n°,i (3h). Brume. Calme.
A l'œil un, c'étaient de petits bouquets se rétrécissant vers
le point de fixation, avant l'aspect farineux. Il était impos-
sible de distinguer les éléments constitutifs des bouquets.
Observation microscopique. Les bouquets étaient composés
de buissons présentant un système tout à fait irrégulier de
ramifications dans tous les plans. Les ramifications formaient
entre elles des angles très aigus Par places on voyait qu'elles
étaient composées d'éléments plus petits, lesquels parfois se
montraient composés, quoique peu distinctement, d'éléments
plus petits encore. Le diamètre des ramifications variait d'un
point à l'autre. Des grains étaient disséminés çà et là sur les
ramifications. La figure 46 représente une des branches con-
stitutives d'un buisson ; sur cette branche, on voit une lamelle
hexagonale superposée (7z).
Fig 46
C. Plumes
Le 28 novembre 1898, entre l1' et 4h matin
Couche verticale de givre développée progressivement,
à partir de 23h la veille, sur la couche horizontale.
Etat de l'atmosphère. Température: — n°,3 .22'' la veille),
— i4°,o (minuit), — 16°,3 I3h', — 15°,6 l4h). Brume. Très faible
courant d'air.
Observation à l'œil nu et à la loupe.
L'épaisseur de la couche était de 2 à 2ctm,5. Le givre
était très délicat et se détruisait facilement sous l'action d'un
choc ou d'un souffle. Il était composé de fines et régulières
plumes, pour la plupart du type A1 de la figure 47, fixées par
une extrémité I inférieure sur la figure 1. Par places, la couche
dans toute son épaisseur était formée exclusivement par la
(1) Une fois, l'accroissement du givre étant assez rapide,
ces bâtonnets ont atteint, dans une journée, de 4 à 5 centi-
mètres de longueur: ils se présentaient alors en cônes allongés
fixés par leur base d'environ octm,5 de diamètre.
juxtaposition de grandes plumes triangulaires, mais ordinaire-
ment des triangles plus petits étaient fixés l'un sur l'autre,
sous un angle variable, en général petit.
Dans chaque individu, on pouvait distinguer une ou
deux tiges portant des branches unilatérales ou bilatérales
(dans ce dernier cas, les points d'insertion se correspondant
exactement des deux côtés de la tige), très serrées, équidis-
tantes, formant avec la tige un angle de 60°. La branche
inférieure, insérée tout près du point de fixation de l'individu,
était la plus longue et ordinairement aussi longue que la tige ;
à partir de ce point, les branches du même côté de la tige
diminuaient de longueur, en grénéral très régulièrement, de
façon que leurs extrémités formaient ensemble une droite
joignant le sommet de la tige à l'extrémité de la branche
inférieure. Ordinairement un système latéral de branches
montrait une striation parallèle à la tige, très fine (appendices
secondaires 1. La tige, les branches et les stries paraissaient
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
parfaitement rectilignes. La figure 47, A1, représente la forme
la plus commune : un triangle isocèle, donc comme un sextant
d'une lamelle hexagonale régulière. Sur la figure An, on voit
deux systèmes de branches, dans le même plan : l'ensemble
forme comme le tiers d'une lamelle hexagonale régulière.
Figure A111 : comme un bras d'une étoile dendritique. Figure
AIV : deux systèmes de branches du même côté de la lige :
l'inférieur est constitué de branches formant avec la tige un
angle de 6o° et striées parallèlement à celle-ci, tandis que le
supérieur a des branches parallèles à la tige et ses stries
forment avec cette dernière un angle de 6o°. Figure ,4 r
(préparation endommagée) : deux tiges formant entre elles
un angle de 6o°, donc comme une demi-lamelle hexagonale ;
à l'intérieur de cet angle, les ramifications des deux tiges, qui
s'empêchent mutuellement de se développer, semblent lutter.
Figure A rl (préparation endommagée) : une tige portant d'un
côté un système de branches formant avec elle un angle de 6o° ;
la branche basale sert de base pour un autre système de
branches formant avec elle un angle de 6o° ; à ce système est
uni, par une de ses branches, un individu dont le plan forme
avec celui de son support un angle de 6o° et dont la base est
parallèle à la branche basale mentionnée. Figure A yn :
exemple d'une tige portant deux systèmes de ramifications,
dans deux plans différents qui peuvent former entre eux un
angle de 6o°, cet angle pouvant être d'ailleurs quelconque
et souvent très petit. Figure Arnl : exemple de trois plumes
fixées l'une sur l'autre par leurs branches basales, ces der-
nières coïncidant avec une branche de leur support ; les
plumes formaient entre elles des angles très petits.
Observation microscopique.
i. Forme la plus simple ifig. 47, B). A l'œil nu, elle
ressemblait à la figure A11 ; seulement, comme il n'y avait pas
d'appendices secondaires, on ne voyait pas de striation. Sur la
figure B, une partie seulement en est représentée. Deux
S3rstèmes de branches, dans le même plan , leurs points
d'insertion se correspondaient parfaitement des deux côtés de
la tige. Une double ligne axiale, à contours légèrement ondu-
lés, aboutissait jusqu'à la base de l'individu. Les branches
étaient en continuité parfaite avec la tige. Les contours
des branches étaient courbes, irrégulièrement ondulés ; la
cause en était, peut-être, que la préparation se trouvait au
début de la fonte : sous mes yeux, les branches se raccour-
cissaient, s'amincissaient et leurs extrémités s'effilaient / .
Des grains de givre, dont j'ai représenté quelques-uns, distincts
des points de fonte, étaient disséminés sur les branches et sur
la tige ; leur aspect était arrondi, sans limites cristallines ;
rarement ils montraient des contours plus ou moins hexa-
gonaux. — Au moment de l'observation, j'ai constaté aussi
l'apparition de très petites pointes hérissant la surface, bien
distinctes comme telles aux bords de la figure et se piésentant
en ponctuation sur la face appendice f\ ; c'étaient les pro-
duits de la fonte.
2. Formes à appendices secondaires dont la présence
donnait à la loupe la striation des systèmes des branches
primaires (comparer les fig. AI-AynI'.
a) Formes ressemblant à celles de la figure S; seulement les
branches primaires étaient ramifiées et de la même façon que
la tige : les branches secondaires étaient bilatérales et formaient
avec la branche primaire un angle de 6o°. Relativement rares.
bj Branches secondaires unilatérales 1 forme la plus com
mime). Dans les individus, comme sur les figures .4 z, A11, A111,
A711, toujours du mime cote des branches primaires, à savoir du
côté tourné vers le sommet de la tige. La figure C représente
une partie d'une branche primaire avec des ramifications
secondaires unilatérales, qui par places semblent fusionnées,
montrant des traces plus ou moins distinctes de leur indivi-
dualité ; on y voyait des figures internes lagéniformes, orien-
tées, par rapport à la branche primaire, de la même façon que
les branches secondaires (cavités internes ?). La double ligne
longitudinale interne, axiale sur la figure B, se trouve ici
au bord de la branche primaire.
Parfois, dans un système de branches primaires à ramifi-
cations unilatérales, se trouvait une région de branches à
ramifications bilatérales ; la double ligne longitudinale margi
nale redevenait alors axiale.
Souvent les branches secondaires d'une branche primaire
s'allongeaient fortement et devenaient ainsi des branches
principales d'un nouveau système, adjacent au premier et
faisant avec lui un angle de 6o° ; ces branches portaient des
branches secondaires unilatérales (comparer la fig. AIV .
Aux extrémités des branches primaires, du côté libre des
tiges et des branches, en général aux limites de l'individu, on
voyait très souvent des formations lamellaires qui semblaient
accolées aux parties limitantes de l'individu et qui souvent
montraient une forme cristalline 1 hexagonale) et de fins dessins
internes. La figure D1 montre une préparation endommagée,
observée à la loupe, où, du côté libre de la tige mu, on voit
de petits bourgeons tubulaires /. La figure Dn représente,
vue au microscope, une partie du bord libre de cette tige,
garni comme toujours de la double ligne marginale aa. Nous
voyons ici d'abord une lamelle irrégulière /, qui semble
accolée à la face inférieure de la tige ; puis, deux lamelles
adjacentes, l, et h, allongées fortement dans le sens delà tige,
accolées sur celle-ci et symétriquement par rapport à la double
ligne aa ; puis une lamelle semblable /,. plus étroite, asymé-
trique par rapport à la double ligne aa et qui paraissait
appliquée sur la lamelle h ; enfin, une grande lame L, en
hexagone allongé dont le grand axe forme un angle de 6o°
avec la tige, et déformé dans sa partie supérieure gauche.
Cette lame semblait inférieurement placée par rapport à /; ;
sur elle se dessinait un système de lignes, plus ou moins
symétrique par rapport au grand axe de la lame, formant une
espèce d'hexagones incomplets, inscrits dans la lame et se
rétrécissant irrégulièrement vers la racine de celle-ci; on y voit
des cavités internes, allongées suivant le grand axe de la lame.
LA NEIGE ET LE GIVRE
77
Modifications de la couche verticale après ih matin.
Tout en croissant, elle se modifiait : elle prenait l'aspect
farineux. Cet aspect provenait de ce que les plumes constitu-
tives de la couche verticale se couvraient de givre de plus en
plus abondant d'un type spécial. C'étaient des grains de givre,
sans aspect cristallin, agglomérés en chapelets de façon à
former des buissons plus ou moins perpendiculaires à la surface
de la plume. Les ramifications se fixaient accidentellement
l'une à l'autre de façon irrégulière ; elles étaient de diamètre
variable et leurs contours étaient courbes et irréguliers. Par
places, les grains semblaient se fusionner en boudins plus ou
moins longs; entre les chapelets de grains distincts et les
boudins à structure homogène, il y avait tous les stades de
transition. La figure 47, E, montre une partie d'un buisson
examinée au microscope. Ce givre était donc analogue à celui
observé le i3 décembre.
Fig. 47
7§
EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE
D. Écailles
Le 11 novembre 1S9S, entre 9h et 10'1 matin
Givre qui s'était développé, pendant la nuit du 10 au
il novembre, sur la porte de l'abri météorologique (en bois
non peint i, exposé au vent, et sur son toit (en bois peint),
presque parallèle au courant d'air.
État de l'atmosphère. Température : — 7°,S fi8h la veille ,
— 15°,4 (minuit), — 17°,8 <3' . — 12°,0 10 . Faible courant d'air.
Ciel clair.
A l'œil nu, ce givre présentait l'aspect d'écaillés hérissant
la surface du support.
A la loupe, c'étaient des lames tétra-, penta- et (la plupart)
hexagonales, fixées par un des angles ; ordinairement plusieurs
lames (2-4) se fixaient au même point, formant entre elles des
angles variables. Tendanceà la symétrie bilatérale par rapport
à un axe passant par le point d'insertion.
Au microscope, ces lames présentaient une structure parti-
culière. Du point d'insertion partaient des diagonales qui
divisaient ainsi toute la lame en triangles, deux dans un •
gone, trois dans un pentagone, quatre dans un hexagone. Les
diagonales étaient constituées d'ordinaire par une double
ligne formant une sorte de nervure, à bords ondulés irrégu-
lièrement, mais parfois de façon assez symétrique ; cette
nervure pouvait être continue ou plus ou moins discontinue,
comme fractionnée; parfois on trouvait comme deux nervures
inscrites l'une dans l'autre. Ces nervures se rétrécissaient,
plus ou moins distinctement, vers leur point de convergence.
Les triangles étaient striés transversalement par des lignes
simples ou doubles, parfaitement droites, qui se correspon-
daient d'un triangle à l'autre. Ils faisaient l'impression de ne
pas être tous dans le même plan, comme s'ils constituaient
différentes faces d'un polyèdre ; ainsi, par exemple, sur l'écaillé
représentée par la figure 48, les triangles droit et gauche
étaient plus sombres et leur striation moins distincte que dans
le triangle du milieu. La partie gauche de la figure était déjà
en fonte.
Fig. 4S
Le 2 décembre 1S98, vers S' matin
Givre développé pendant la nuit sur l'abri météorologique.
État tie l'atmosphère. Température : —8°, 2 (i8h la veille^,
— iS°,o [minuit), — 2i°.4 [411:, — 16e. o 1. S1, . Léger courant d'air.
Ciel clair.
A l'ail nu : écailles. 1 En même temps, sur le tube de
verre, j'ai trouvé une croûte de la couche horizontale héi i
de bâtonnets.)
Au microscope, c'étaient des formes tout à fait analogues à
celles observées le 11 novembre à la même place. C'étaient
des lames pentagonales et hexagonales, à côtés inégaux. Le
mode de fixation, les détails de la structure étaient les mêmes.
Même impression de figures polyédriques.
Quelques cas particuliers :
Fi^ 49, A. Une lame hexagonale à structure homogène,
à côtés opposés égaux.
Fig. 49, B. Lame hexagonale incomplète a ; le côté
manquant remplacé par une formation b terminée en pointe.
B
Fig. 49
TABLE DES MATIERES
Introduction .......
Première partie : La xeige.
Principaux types .....
Type lamellaire : Forme
Structure
Neige prismatique : Forme
Structure .
Formations lamellaires apparentées aux prismes
Neige aciculaire .....
Granules apparentés à la neige aciculaire
Poudrin ......
Neige couverte de givre
Groupements de cristaux de neige
Flocons de neige .....
Relations entre les propriétés des cristaux de neige
Seconde partie : Quelques observations sur le givre .
Couche horizontale ......
Couche verticale .......
et la température obs
ervee
PAGES
3
4
5
i7
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36
38
42
45
45
46
53
56
56
61
62
74
LISTE DES RAPPORTS SCIENTIFIQUES
PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE LA
COMMISSION DE LA "BELGICA,,
Les mémoires dont les titres sont précédés d'un astérisque (*) ont déjà paru.
Le classement des rapports dans les volumes III, IV, VI, VII, VIII et IX sera fait ultérieurement.
VOLUME I.
RELATION DU VOYAGE ET RESUME DES RESUL-
TATS, par A. de Gerlache de Gomery.
TRAVAUX HYDROGRAPHIQUES ET INSTRUCTIONS
NAUTIQUES, par G. Lecointe. '
VOLUME II
NOTE RELATIVE A L'USAGE DES EXPLOSIFS SUR
LA BANQUISE, par G. Lecointe.
ASTRONOMIE ET PHYSIQUE DU GLOBE.
♦ETUDE DES CHRONOMETRES fdeux parties!,
par G. Lecointe Frs 33, 5o
RECHERCHE DES POSITIONS DU NAVIRE PEN-
DANT LA DÉRIVE, par G. Lecointe.
OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES, par C. Lagpange et
G- Lecointe.
NOTE RELATIVE AUX MESURES PENDULAIRES,
par G. Lecointe.
CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUR LES OBSERVA-
TIONS ASTRONOMIQUES ET MAGNÉTIQUES, par
Guyou.
VOLUMES III et IV.
MÉTÉOROLOGIE.
RAPPORT SUR LES OBSERVATIONS METEOROLO-
GIQUES HORAIRES, par H. Arctowski.
♦RAPPORT SUR LES OBSERVATIONS DES NUAGES,
par A. Dobrowolski Frs 20,00
*LA NEIGE ET LE GIVRE, pj A. Dobrowolski. <> 10,00
♦PHENOMENES OPTIQUES DE L'ATMOSPHERE, par
H. Arctowski Frs 6,00
*AURORES AUSTRALES, par H. Arctowski . Frs 11,00
DISCUSSION DES RÉSULTATS MÉTÉOROLOGIQUES,
par A. Lancaster.
VOLUME V.
OCÉANOGRAPHIE ET GÉOLOGIE.
RAPPORT SUR LES SONDAGES ET LES FONDS
MARINS RECUEILLIS, par H. Arctowski et A. F.
Renard.
RAPPORT SUR LES RELATIONS THERMIQUES DE
L'OCÉAN, par H. Arctowski et H. R. Mill.
♦DÉTERMINATION DE LA DENSITÉ DE L'EAU DE
MER, par J. Thoulet Frs 7,5o
♦RAPPORT SUR LA DENSITÉ DE L'EAU DE MER,
par H. Arctowski et J. Thculet Frs 3,oo
NOTE SUR LA COULEUR DES EAUX OCÉANIQUES,
par H. Arctowski.
VOLUMES VI,
LES GLACES ANTARCTIQUES (Journal d'observations rela-
tives aux glaciers, aux icebergs et à la banquise), par H. Arc-
towski.
NOTE RELATIVE A LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
DES TERRES ANTARCTIQUES, par H. Arctowski.
LA GÉOLOGIE DES TERRES ANTARCTIQUES, par
A. -F. Renard.
NOTE SUR QUELQUES PLANTES FOSSILES DES
TERRES MAGELLANIQUES, par M. Gilkinet.
VII, VIII et IX.
BOTANIQUE ET ZOOLOGIE.
Botanique.
DIATOMÉES fmoins Chaetoccrcs), par H. van Heurck.
PÉRIDINIENS ET CHAETOCÉRÉS, par Fr. Schùtt.
ALGUES, par E. De Wildeman.
CHAMPIGNONS, par MMmes Bommer et Rousseau.
♦LICHENS, par E. A. Wainio Frs 12,00
♦HEPATIQUES, par F. Stepiiani \
♦MOUSSES, par J. Cardot S rs 2 ,0°
CRYPTOGAMES VASCULAIRES, par Mme Bommer.
PHANÉROGAMES, par E. De Wildeman.
Zoologie.
FORAMINIFERES, par A. Kemna et Van den Broeck.
RADIOLAIRES, par Fr. Dreyer.
TINTINOIDES, par K. Brandt.
^SPONGIAIRES, par E. Topsent Frs 16,00
HYDRAIRES, par C. Hartlaub.
SIPHONOPHORES, par C Chun.
MÉDUSES, par L. Schultze.
ALCYONAIRES, par Th. Studer.
PENNATULIDES, par H. F. E. Jungersen.
♦MADRÉPORAIRES et HYDROCORALLIAI- j
RES, par E. v. Marenzeller > Frs 5,oo
♦ACTINIAIRES, par O. Carlgrex )
CTÉNOPHORES, par C. Chun.
HOLOTHURIDES, par E. Hérouard.
ASTÉRIDES, par H. Ludu-ig. .
=■■ ÉCHINIDES ET OPHIURES, par R. Kcshler. Frs i7,5o
ORINOIDES, par J. A. Bather.
PLANAIRES, par L. Bôhmig.
CESTODES, TRÉMATODES et ACANTHOCÉPHALES,
par P. Cerfontaine.
NÉMERTES, par Bùrger.
NÉMATODES LIBRES, par J. D. de Man.
NÉMATODES PARASITES, par J. Guiart.
CHAETOGNATHES, par O. Steinhaus.
GÉPHYRIENS, par J. W. Spengel.
OLIGOCHÈTES, par P. Cerfontaine.
POLYCHÈTES, par G. Pruvot et E. G. Racovitza.
BRYOZOAIRES, par A. W. Waters.
♦BRACHIOPODES, par L. Joubin Frs 5,oo
ROTIFÈRES ET TARDIGRADES, par C. Zelixka.
PHYLLOPODES, par Hérouard.
OSTRACODES, par G. W. Mùller.
!:COPÉPODES, par W. Giesbrecht Frs 25, oo
CIRRIPÈDES, par P. P. C. Hoek.
CRUSTACÉS ÉDRYOPHTHALMES, par J. Bonnier.
SCHIZOPODES ET CUMACÉS, par H. J. Hanses-
CRUSTACÉS DÉCAPODES, par H. Cûutière.
Frs n,oo
PYCNOGONIDES, par G. Pfeffer.
ACARIENS LIBRES, par A. D. Michael et D* Trouessart.
ACARIENS PARASITES, par G. Neumann.
ARANÉIDES, par E. Simon.
♦MYRIAPODES, par C. v. Attems i ,
♦COLLEMBOLES, par V. Willem )■■
ORTHOPTÈRES, par Brunner von Wattenwyl.
HÉMIPTÈRES, par E. Bergroth.
PÉDICULIDES, par Y. Willem.
DIPTÈRES, par J. C. Jacobs.
COLÉOPTÈRES, par Schouteden', E. Rousseau, A. Grou-
velle, E. Olivier, A. Lameere, Boileau, E. Brenske,
Bourgeois et Fairmaire.
HYMÉNOPTÈRES, par C. Emery, Tosquinet, E. André et
J. Yachal.
SOLÉNOCOXQUES, par L. Plate.
♦GASTROPODES ET LAMELLIBRANCHES, j
par P. Pelseneer /Frs 25, oo
♦CÉPHALOPODES, par L. Joubin . . . . .)
TUNICIERS, par E. Van Beneden.
POISSONS ET REPTILES, par L. Dollo.
BILE DES OISEAUX ANTARCTIQUES, par P. Portier.
OISEAUX Biologie), par E. G. Racovitza.
OISEAUX Systématique), par Howard Saunders.
♦CÉTACÉS, par E. G. Racovitza Frs 24.00
EMBRYOGÉNIE DES PINNIPÈDES, par E. Van Beneden.
ORGANOGÉNTE DES PINNIPÈDES, par Brachet et
Leboucq.
ENCÉPHALE DES PINNIPÈDES, par Brachet.
PINNIPÈDES {Bietogie}, par E. G. Racovitza.
-PINNIPÈDES (Systématique), par
E. Barrett-Hamilton .... Frs 4,00
BACTÉRIES DE L'INTESTIN DES ANIMAUX ANT-
ARCTIQUES, par J. Cantacuzène.
LA BIOGÉOGRAPHIE DE L'ANTARCTIDE, par E. G.
Racovitza.
VOLUME X.
ANTHROPOLOGIE.
MEDICAL REPORT, par F. A. Cook.
REPORT UPON THE ONAS, par F. A. Cook.
A YAHGAN GRAMMAR AND DICTIONARY, par F. A. Cook.
REMARQUES. — Par la suite, plusieurs autres mémoires s'ajouteront à cette liste.
Il ne sera éventuellement mis en vente que cinquante collections complètes des mémoires. Ceux-ci
pourront être acquis, séparément, aux prix indiqués sur la présente -couverture :
à ANVERS, chez J.-E. BUSCHMANN, éditeur, Rempart de la Porte du Rhin,
à PARIS, chez LE SOUDIER, 174-176, Boulevard Saint-Germain,
à BERLIN, chez FRIEDLANDER, ri, Carlstrasse, X. W. 6.
à LONDRES, chez DULAU & C°, 3y, Soho Square, W.
Ces prix seront réduits de 20 % pour les personnes qui souscriront à la série complète des mémoires
chez l'un des libraires désignés ci-dessus. Toutefois, lorsque la publication sera terminée, les prix indiqués
sur cette liste seront majorés de 40 %, pourries mémoires vendus séparément, et de 20 %, pour les
mémoires vendus par série complète.
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