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Full text of "Réunion des sociétés des beaux-arts des départements .."

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9(3IS3I0^ 


From  thc  Lihrary  ofthc 

Fogg  ^uscum  of  Art 
Harvard  Univcrsity 


^X^f0&^. 


(%J0^^ 


REUNIOIV 


SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ARTS 


DES   DEPARTEMENTS 


EN    1898 


/• 


MIMSTKRK  nK  I/INSTIilXTION  PrBLiOrK  HT  KES  liKM'N-AlîTS 


DIRECTION   DES  BEftUX-IRTS 


Bureau  de  rEuseig^uepient  et  de«  If&aufacturoH  iiAtiotialâH 


p 


REUNION 


DEH 


P r_ 


SOCIETES  DES  BEALXARTS 

DES    DEPAKTEMEJNTS 

SALLE  DE  L  HÉMICYCLE,  A  L  ÉCOLE  NATJONALK  I)H:S  BKALX-ARTS 


viM«T-iiKiimièiif;  ifK»i»i<ii 


Outfra^C    ofHi*    de    cinquantë-trQii    ptnurhr'^ 


PARIS 


TYPOGRA.PHIK    DE    IL    PLON,    NOURRIT    kt    C" 


yucccKcvtii 


FOGQ  ART  MUSEUM 
^  HARVARD  UNIVER6ITT 


n 


« 


HUI.r.ETIN  DU  COMITE 


} 


MINISTERE  DE  L'INSTRUCTION-  l'URLlQUE  ET  DES  BEAUX-ARTS 


DIRECTION   DES  BEAUX-ARTS 


Sursau  de  1*  Enseigne  ment  et  des  Maaufâotures  sâtionales 
H-  4  r  DÉC£M8ft€  i897 

BULLETIN 

COMITÉ  DES  SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ARTS 

DES  DÉPARTEMK\TS 

AdeM  adfmnisfraiifi.  —  Se»sion  de  189ÎÎ  :  Oirt^ulaire  n"  5.  —  Compte  rmiiti  i\* 
la  îics^ion  de  1897.  —  Table  dt^s  viri|jl  prf^mier*  volumes  des  scisioo*  dr* 
Seciét<!ii  des  Bp«ui-Art«.  —  Partît'  dûcumentaire,  —  (jui'i^ttonii.*-^  Il  r  pou  s  en. 
—  KftiU  ou  découverte!!.  —  Xûcrolo^le.  —  échange»  de  publications.  — 
BibEJo^rftphb. 


SESSION    DE   1R99 
CJJtCULJlïllK     K"*    % 

RÉPUBLiyiE  FRAXCAISE 

pjilîiis-Royal,  h  V'  décùmhre  IRÎtT» 
Bureau  th  l'etisâignement  et  dis  Manufactura  nationaies. 
S^  réunion  aanuelie  des  Soeiétéi  dcH  Beiiui>Arts  de&dJpârtemcalii  (IS^Ki. 

Ainsi  que  j'ai  eu  Thonnour  de  vous  Pannoncpr  jïîir  irm  cîrfuluir*i  liti 
îil  mai  IHÎ17,  un  arrèié  minislêriel  û\e  au  mardi  \-2  rtvrîl  JHtW  Touvit- 
lurcde  la  22**  session  des  SociïHéadfs  11(?nu\-Artï;  des  drp«rl(rmi'i;ls. 

Le&  sèiknces  auront  lieu  du  mardi  12  nu  vcmlredi  ITi  avril.  La  séance 
«générale  est  fivée  au  16  avril. 

Les  manuscrits  seront  récusa  la  Direction  desIîcaux-Arl??,  rue  do  V^ilots, 

1°  ^^  jusqu^au  31  janvier  1898  inclusivement.  Pasi^é  ce  dtiiaii  aucun  Ira* 

vail  ne  pourra  être  soumiâ  à  Texamen  du  Comité,  .rnjoutf?  fjue  les  lrntau\ 

comportant  des  pitces  juâliflcatives,  qui  ocraient  adres^sés  dau^  le  dèiaî 

X*  4  f 


XVIII  — 


prescrit,  sans  que  les  pièces  «n  question  fussent  jointes  au  mémoire  pro- 
prement dit,  ne  seraient  pas  soumis  au  Comité.  Certains  auteurs  ont 
estime  pouvoir  relarder  Fenvoi  des  annexes  ou  appendices  à  leur  texte. 
Le  Comité  a  jugé  que  cette  façon  de  procéder  constituait  un  abus  qu'il 
importe  de  faire  cesser.  C'est  donc  la  copte  intégrale  des  mémoires  pro- 
posés par  leurs  auteurs  qui  doit  être  parvenue  à  la  Direction  des  Beaux- 
Arts,  le  31  janvier  1898  au  plus  tard. 

Les  auteurs  sont  également  prévenus  que,  désormais,  les  copies  de 
pièces  inédites  jointes  aux  mémoires  soumis  à  Texamen  du  Comité  devront 
ôtrc  authentiquées,  soit  par  les  directeurs  des  dépôts  d'archives,  soit  par 
les  notaires,  soit  par  les  propriétaires  des  papiers  communiqués* 

Le  grand  nombre  des  communications  m'oblige  à  rappeler  aux  auteurs 
qu'il  leur  est  accordé  vingt  miuutcs  au  plus  pour  lire  ou  résumer  leurs 
travaux.  Les  mémoires  qui,  à  Timpression,  exigeraient  plus 
de  vingt  pages  du  format  du  compte  rendu  devraient  être 
l'objet  de  suppressions  qui  seraient  demandées  aux  auteurs 
avant  la  mise  sous  presse. 

Comme  je  vous  l'ai  fait  savoir,  les  cartes  d'invitation  et  les  lettres  de 
pai cours  sur  les  chemins  de  fer  seront  envoyées  aux  seules  personnes 
nominalement  désignées  par  les  présidents  des  Sociétés  des  départements 
et  aux  membres  non  résidants  ou  correspondants  du  Comité  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  qui  auront  exprimé  l'intention  formelle  de  prendre  part 
à  la  session. 

Lesdélégués  qui  auront  besoin  d'une  lettre  de  parcours  indiqueront  l'itiné- 
raire qu'ils  se  proposent  de  suivre  pour  se  rendre  à  Paris.  Si  le  voyage  doit 
s'effectuer  sur  des  réseaux  différents,  ils  devront  le  mentionner  dans 
leurs. demandes  et  signaler  les  gares  où  aura  lieu  le  changement  de  réseau. 

Les  demandes  de  cartes  et  de  lettres  de  parcours  devront  parvenir  à  la 
Direction  des  Beaux-Arts  avant  le  l""*  février  au  soir,  terme  de  rigueur. 

L'envoi  de  ces  imprimés  aux  ayants  droit  sera  fait  du  l**"  au  15  mars. 
MM.  les  délégués  sont  invités  à  prendre  bonne  note  de  ces  dispositions. 
Il  ne  saurait  être  répondu  aux  lettres  de  réclamation  tendant  à  obtenir 
les  pièces  mentionnées  ci^dessus,  antérieurement  h  la  période  qui  vient 
d'être  indiquée. 

Recevez,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  considération  très  distinguée. 

Le  Ministre  de  T Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts. 

Pour  le  Ministre  et  par  autorisation  : 
Le  Directeur  des  Beaux-Arts, 
H.  Rouo\. 

A'.  B.  —  Chaque  année,  les  auteurs  des  mémoires  acceptés  par  le 
Comité  et  insérés  dans  le  compte  rendu  de  la  session  demandent  à  la  Direc- 
tion des  Beaux- Arts  l'autorisation  de  faire  des  tirages  à  part  de  leurs  tra- 
vaux. MM.  les  auteurs  sont  prévenus  qu'ils  peuvent  traiter,  pour  les  tirages 
ù  part,  avec  l'éditeur  du  compte  rendu,  sans  que  la  Direction  des  Beaux- 
Arts  ait  à  intervenir  en  aucune  manière  dans  ces  négociations.  Il  ne  sera 


—    XIX 


donc  pas  répondu  aux  lettres  des  collaborateurs  du  Gomité  qui  auraient 
trait  à  celte  question.  —  Les  tirages  h  part  ne  sont  livrables  aux  auteurs 
qu'après  rachèvement  et  la  distribution  du  compte  rendu  de  la  session. 


COMPTE  RENDU  DE  LA  SESSION  DE  1B97 
Le  Compte  rendu  de  la  session  tenue  en  1897  est  achevé  dMmprimer, 
Il  renferme  quarante-buit  des  mémoires  lus  dans  la  salle  de  rHcmicycle 
et  ne  comporte  pas  moins  de  II 77  pages.  50  planches  hors  texte  ajou- 
tent à  Tintérêt  du-  lolume,  qui  sera  distribué  dans  quelques  semaines 
aux  auteurs  des  travaux  publics. 


TABLE  DES  VINGT  PREMIERS  VOLUMES  DES  SEh^SIONS 
DES  SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ARTS 

La  Table  analytique  des  matières  contenues  dans  les  comptes  rendus 
des  vingt  premières  sessions  (1877-1896),  réclamée  au  cours  de  la  session 
de  1896,  est  terminée.  Le  texte  de  cet  important  travail,  entrepris  sur 
Tordre  de  M.  le  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  sera 
prochainement  sous  presse. 


QUESTIONS 

Le  peintre  L.-J.  de  Launay.  —  Lue  correspondance  dérouverte 
récemment  aux  Archives  d'Ille-et-Vilaine  nous  apprend  qu  un  peintre  d'origine 
bretonne,  Louis-Jacques  de  Launay,  chevalier  (de  Saint-Michel),  quitta,  vers 
1724,  la  Cour  de  Pologne,  renonçant  aux  honneurs  et  aux  Arls,  pour  embrasser 
la  vie  religieuse  dans  un  couvent  de  Chartreux,  à  Laon.  Tourrait-on  fournir  des 
renseignements  sur  ce  peintre,  qui  parait  avoir  joui  d'une  certaine  célébrité  au 
commencement  du  dix-iiuitiéme  Biècle,  mais  qui  est  aujourd'hui  absolument 
incoonu?  Serait-ce  le  de  Launay  simplement  cite  dans  la  Notice  des  tableaux 
de  r  École  française  au  Loutre,  parmi  les  copistes  du  peintre  Hyacinthe  Rigaud? 
—  P.  P...,  à  Rennes. 

L'abbaye  de  TEstrée.  —  Connaît-on  une  Vue  de  l'abbaye  de  l'Estrée 
(ordre  de  Citeaus),  près  Dreux?  —  E.  V...,  au  Mesnil-sur-l'Ëstrée  (Eure), 

RÉPONSES 

Les  expositions  au  dix-haitièxne  siècle.  — i^*.  C..,,  à  Xaucy  (n»3 
du  Bulletin).  —  Le  texte  du  Rapport  adressé  au  Roi,  en  17 V6,  sur  les  exposi- 
tions se  trouve  aux  Archives  nationales,  série  0,  n°  10,095,  p.  150,  de  l'Etat  de 
la  dépense  et  régie  des  Académies  royales.  —  V.  B...,  à  Metuo. 

Salon  de  1748.  —  àL  R..,,  à  Grenoble  (n.  3  du  Bulletin).  —  Les  Lettres 
écrites  de  Paris  à  Bruxelles^  sur  le  Salon  de  1748,  out  été  publiées  dans  la 
Revue  universelle  des  Arts,  t.  X,  p.  433-462.  —  A.  C...  à  Angers, 


FAITS    OU    DÉCOUVERTES 
—  Un  coUectionneor  bien  connu,  M.  J.  Maciet,  a  fait  présent  au  Musée  du  Louvre 
.  quatorze  peintures  flamandes  ou  allemandes  du  quinzième  et  du  seizième  siècle. 


—   XX    — 


«^Les  meubles  deBouUe  exposés  dans  la  galerie  d'Apollon  et  qui  avaient  subi, 
probablement  sous  Louis-Philippe,  des  remaniements  et  des  adjonctions  déplo- 
rables, ont  été  remis  en  leur  état  primitif.  Un  dessin  de  Tépoque  de  l'auteur, 
appartenant  au  Musée  des  Arts  décoratifs,  a  permis  de  mener  k  bonne  fin,  en  toute 
certitude,  cette  œuvre  de  restitution  nécessaire. 


NÉCROLOGIE 


•  Le  23  novembre  1897,  le  Comité  a  perdu  Pun  de  ses  membres  les  plus 
autorisés  et  les  plus  dévoués,  dans  la  personne  de  M.  A  Bardoux,  séna- 
teur, membre  de  F  Institut,  ancien  ministre  de  Tlnstruction  publique  et 
des  Beaux-Arts,  décédé  à  Paris  dans  sa  soizaDte-septiëme  année.  Nul 
plus  que  M.  Bardoux  ne  suivait  avec  une  sympathie  profonde  le  mouve- 
ment provincial,  attesté  par  le  succès  croissant  des  sessions  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  des  départements. 


ECHANGE  DE  PUBLICATIONS 

MM.  les  présidents  des  Sociétés  des  départements  sont  invités  à  faire 
parvenir  à  la  Direction  des  Beaux-Arts  (bureau  de  TEnseignement  et  des 
Manufactures  nationales),  3,  rue  de  Valois,  les  Bulletins  ou  Mémoires 
périodiques  renfermant  les  travaux  des  membres  de  leurs  sociétés.  Ils  rece- 
vront, en  échange^  le  Bulletin  du  Comité  der  Sociétés  des  Beaux-Arts  des 
départements,  et  chaque  numéro  du  Bulletin  contiendra  les  extraits  des 
sommaires  des  publications  reçues,  intéressant  Tart  ancien  ou  moderne. 

Bulletins  ou  Mémoires  des  Sociétés  des  départements.  —  Périodiques,  — 
Extrait  des  sommaires  intéressant  l'Art  ancien  ou  moderne, 

Alpks  (Hautes-). — Bulletin  de  la  Société  d'études  des  Hautes-Alpes  (2*  série, 
n«  23,  3*  trimestre  1897.  Gap,  Jouglard,  1897,  în-8'*).  —  Description  des  por- 
traits gravés  intéressant  les  Hautes-Alpes,  par  M.  J    Roman. 

Garonne  (Hactk-).  —  Bévue  des  Pyrénées  (t.  IX,  1897,  livraisons  1  à  4.  Tou- 
louse, 1897,  Privât,  1897,  in-8'').  —  Madrid  au  dix-huitiéme  siècle,  par  M.  Des- 
devises, du  Désert.  —  L'Art  paradoxal  à  Toulouse,  par  Desazars.  —  Abrégé  de 
l'histoire  du  Languedoc,  par  M.  Roscbach.  —  Les  Pyrénées  à  l'Opéra  :  Messidor; 
la  vallée  de  Bethmale,  par  M.  de  Labondès.  —  Trois  siècles  de  vie  provinciale  en 
Languedoc,  par  M  Roschach.  —  Le  c  Triomphe  de  Joseph  •  et  le  «  Déluge  i 
d'Hilaire  Pader,  par  M.  Lestrade. 

Ouvrages  sur  Vart  ancien  ou  moderne  reçus  pendant  le  dernier  trimestre. 

Marsy  (comte  dk).  —  Les  dalles  tumulaires  de  la  Belgique  (Paris,  Picart, 
1896,  in-8*'^avcc  planches).  —  Dalles  tumulaires  découvertes  à  Gand  et  se  ratta- 
chant aux  treizième  et  quatorzième  siècles.  —  Dalles  de  Xamur,  etc. 


MINISTERE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE  ET  DES  BEAUX-ARTS 


DIRECTION    DES    BEAUX-ARTS 


Bureau  de  l'Etuelg-neitieiit  et  dea  Manufactures  nattonalea 
)('  &  r  MARS   IS9S 

BULLETIN 

COMTÉ  DES  SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ARTS 

DES  I)ÉPARTEME\TS 

SOVniAIRK 

Acfes  adminhtrafi/f.  —  Sessiort  de  1898  t.  Circulaire' û'  3,  —  XomiDûlion  d'un 
correspoiidanl  duCqmilf^^^  Partif  documentaire .  — Qurilions.  —  Répon^ci. 
—   FaHa  au  docoavertei.  — »  \L'cralo^fie    —  ICchitige   de  pubtlcûtion».  — 

SESSlO>î    DE    1B98 

RÉPLlflLlQUE  FRAXÇ.^ISB 

Pûlfljï-Royal,  ïe  1'^  mars  im^. 
Bureau  de  t  Enseignement  ei  des  Manu  [m  tares  nationales^ 
22*  réunion  aantielle  dos  sociétéà  des  B«iux*Arls  itci  départemcirt^^  (tSilS). 

MûXSIEiai 

J'ai  rhonneur  de  ifoua  al1^c^ssG^  soua  ce  pli  : 

1*  L'ne  carte  nominative  de  Délï-^jué  à  la  si'i^SLon  |>rocliâinË  (les 
Sociélés  des  Beaux-Arts  des  df'parîeinenls  à  l'Kcolt^  nalionale  des 
Beaux-jlris; 

12'  L'île  lettre  d'invitation  devant  vo"s  permet tre  Je  vous  rendre 
à  Paris.  * 

Les  Compagnies  de  nliemins  de  fer  ont  Itîen  voulu,  sur  ma 
] amande,  étendre  aux  Dêléjf|ués  des  Sociétés  des  Heaui-Arl^  ta 
iaveur  déjà  accordée  aux  Délégués  des  Soeîétés  aavauleiiî,  en  leur 
«15 


concédant  une  réduction  de  50  pour  100  sur  le  prix  des  places 
(Palier  étant  intégralement  perçu  et  le  retour  gratuit). 

Les  lettres  dMnvitation,  établies  d'après  le  modèle  adopté  par  le 
Syndicat  des  Compagnies  de  chemins  de  fer,  seront  i/alables  à  partir 
du  3  avril  et  tiendroni  lieu  de  billets  de  retour,  pourvu,  tou- 
tefois, que  toutes  les  formalités  indiquées  en  note  aient  été  remplies 
exactement  et  que  le  retour  soit  effectué  du  16  au  21  avril  inclus* 
Toute  irrégularité  dans  la  lettre  d'invitation,  dans  le  certificat  de 
présence  aux  réunions  ou  dans  les  visas  entraînerait  la  déchéance 
du  droit  au  retour  gratuit. 

Pour  la  ligne  du  Midi,  la  lettre  devra  être  visée  au  retour  dans 
la  gare  terminus  de  ce  réseau  (Bordeaux-Saint-Jean,  Agen,  Mon* 
tauban,  Toulouse,  Albi,  Cette  ou  Montpellier,  suivant  le  cas). 

Je  vous  rappelle  que  les  séances  seront  tenues,  comme  les  années 
précédentes,  dans  la  salle  dite  de  VHémicycle,  à  TÉcole  nationale 
des  Beaux-Ar4s,  du  mardi  12  au  vendredi  15  avril  inclusivement. 

La  Séance  générale  aura  lieu  le  samedi  16  avril,  dans  le  grand 
amphithéâtre  de  la  Sorbonne* 

Recevez^  Monsieur^  l'assurance  de  ma  considération  très  dis- 
tinguée. 

Le  Ministre  de  Tlnstruction  publique  et  des  Beaux-Arts, 

Pour  le  Ministre  et  par  autorisation  : 

Le  Directeur  des  Beaux- Arts, 

H.  RoujON, 

NOMINATION  DE  CORRESPONDANT  DU  COMITÉ 

Par  arrêté  en  date  du  30  décembre  1897,  rendu  sur  la  proposition  du 
directeur  des  Beaux- Arts,  M.  H.  Labande,  conservateur  de  la  Bibliothèque 
et  du  Musée  d'Avignon,  a  été  nommé  correspondant  du  Comité  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  des  départements. 

QUESTIONS 
Problème  épigraphique»  —  L'n  lecteur  du  Bulletin  demande,  pour  la 
solution  d'un  petit  problème  épigraphique,  si  quelqu'un  conuatt  l'auteur  au  pen- 
tamètre latin  suivant  : 

Inciti  superunt  limina  sacra  pedes, 

V.  P...,  à  Vannes. 

Chardin.  —  Le  peintre  Chardin,  nommé  membre  de  l'Académie  de  Rouen, 
a-t-il  fait  un  séjour  dans  citte  ville?  À-t-il  réellement  été  c  officier  i  à  la  com- 

Sagnie  normande,  comme  le  veulent  plusieurs  de  ses  biographes?  Un  correspon<* 
ant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  dénartements  serait  bien  recon-> 
naissant  envers  celui  de  ses  confrères  qui  pourrait  réclaîrer  sur  ce  point,  que  la 
distance  où  il  se  trouve  Tempéche  d'élucider  personnellement. — F.  G. . . ,  à  Cognac. 


r 


n 


—    XXMI    — 


REPOJSE3 


Jehan  Bourdlchon*  —  f)    V..,<f  T/mtmn  (n^  3  *îa  BtdUiin). — Witia 

iomenes  heurcui  du  pouvoir  rppandrE  à  la  qurittion  po^rc  Aur  Bourdichon  par 
les  JjfjtLts  suirtnlcs  qu^  iidu^  atani  toitl  lieu  dr  croire  im^dîtci  :  tUJeàiin  îîour~ 
dicàon,  paiatrc  et  enlumtrx^ur,  la  nommer  de  iche  livres  dix  donirra  tournnix  i*n 
dii  eicux  d'ordeimij  foUj  demt!f  ionrao'if  la  pit^ct%  à  lui  ord(inii<<<*  par  IrdU 
■ergnotir  durant  tcdîl  mois,  tint  pour  si'a  prini?«  pL  inUjiirci  il'avoir  pauNriiicI  el 
paînl  huil  palrûnï  dé  pfiisif'ur»  aorlo  de!  plaisir  dudit  %pi^Mf*ur  que  au4«i  p<Jtir  le 
récûmpcMif-r  d'un  rujfai[«;  par  lui  fait  partant  de'  Toura  jutijut!*  à  Thnuari  devfrt 
ledit  âéigneur  ûû  il  a  vacqué  dii  juurs  entiers,  pour  ce  cy  par  vrrtu  dudit  ruola 
du  Roy  et  quictaoc^  dudit  Bourdichon  c»cp*le  le  if  jour  de  mar»  mil  CCCC  III J** 

rv  rendre  ladicle  somme  dt- •.*«,,.«...     ivj  Itir.  i  d.  t.  t 

(Arcliîvei  TîatjonaleSf  Complet  de  ta  chambre  du  Roi,  KK  G'*,  fol,  tll  r"  et  tf^.) 
^M.  R  .  ,  èLjon 

Abbatiale  de  Cluny.  —  A,..,  à  Paris  (q**!  ei  Z  du  Bulleiîn).  —  Je^tn^ 

Gabriel  CkarrH.  artiste  de^stnatruri  t'&t  ru-,  non  k  Lyon,  mais  à  Serrii^refr 
{Ardécfas},  v.n  J750;  &un  porlrait,  pjir  DûUAt  Vunnolto,  eïL  ati  IhliHi^e  du  LoubT^!* 
La  lue  de  TaLside  de  rabl>aj'e  de  Cluny,  à  l'encre  de  Cliinc,  eii,  en  effet,  entre 
les  nuîu»  de  sod  prtil-fîls.  —  L.  C.,  ii  iVris. 

Le  peintre  Ii,-J,  de  Launay.  —  P.  P..  à  iiennfs  ^n"  4  du  Bullethi). 
—  Dom  llftn:el  àe  Lauimy^ni-  iiXautes  en  JliHfî,  tlL  profe^i^ion  m  la  Chsrlrpnfie  du 
Val  Saint- Pi  erre,  le  -iO  juillet  1T3V,  et  m<iiîrtJl  ù..,.  Je  2S  mai  tTrdï.  t"e*t  tant 
te  que  nous  ré^'élent  de  cet  *  habiL'  peintre  t  |i?r  architi^s  de  Jn  («raude  Qiar- 
treuie.  Quelques  noies  fecrtHeii  repr^ïpntent  1*0  relifjLeux  L'omnit^  étant  atmlii- 
laire  cl  uiisanthrope.  mai>(  rependant  i  austère  pour  lui.  p\act  et  modeste  à 
TégUse  ? ,  On  n'a,  de  Jacques  de  Launay,  aucune  peinture  k  la  (irandt*  rjiarlrea!«e, 
et  on  n'en  connaît  pas;  h  il  a  continué  à  peindrei  après  son  entrée  en  relii^ioit^ 
se^  (euvresdniient  ^e  retrom^cr,  au  moioA  en  pirtip,  dans  la  re;^iuii  du  Vâl  Saiot" 
pierre.  —  Victor  Adïiclle,  à  Pari», 


FAITS  01  DECOl VERTES 

—  La  Chronique  des  Artx  et  de  la  curiosité  (numéro  du  20  novcmbrt*  1897} 
décrit  une  fresque  d'une  jurande  importance^  découverte  JJ  y  a  pende  temp»,  »ouft 
UD  eudoil  de  plâtre,  dans  une  villa  voisine  de  Klorenee,  Cette  fresijue,  frtrt 
eadomma^iée,  maiii  où  Ton  dislinj^uc  encore  le  dessin  de  cinq  Goures  d  lin;nme9 
nui  en  des  mouvements  de  haetffmnale .  tuerait  de  In  nuilleurft  moiuiêrc  d'-lutoTtio 
Pollaînoio,  Il  est  ù  désirer  qu'on  en  relève  minutieusemeut  tout  ce  qui  eu  reâte, 
car  le  local  ne  se  prête  pas  à  U  photoi^rj]|iliip. 

—  On  a  troutréi  Gina.dans  une  di^s  diTcbar^^i^^  de  iMcailcmîe  de  dessin,  un  biislê 
drapé  de  Bonaparte  premier  consul,  q^tic  certiiins  coanajsâcurs  bel^jcs  sont  tcntét 
dattriliuer  h,  Krançoi:<f  Rude, 

—  Il  a  été  tyrt^nm^f  au  mois  d'aoïVt  dernier,  i  Saint-Jean  de  Luz  ( Hais es-Py ri- 
nces),lous  les  auspices  de  la  Société  nutiuuali'  d  ^Itlino^iraphie  et  d'Art  popnhiire. 
Qua  série  de  t.  fêles  de  la  tradition  en  pays  bâsqiie  t.  Là  manifi^fïtation  rp;iinnale 
iê  complétiit  par  une  exposition  et  un  couvres.  Taules  les  parties  du  proj^rajume 
ont  un  vîfvalérèt, 

—  l)ei  manifestations  toutes  seoiblablcîî  avaient  eu  lieu  fafmre  ilerniére,  à  \Iort, 
>our  la  région  du  bas  Poitou.  On  annonce,  pour  l'élé  prorlmici,  âa^  as»(ï.eâ  du 

èmc  ordre  ii  Honfleur,  pour  la  \ormaodie,  et  A  llcuir»^,  pour  la  iîre^se.  Ce  mau^ 
sment  de  décentralisation  mérite  d'être  attentitement  ^uivi. 


—   XXIV   — r 


NÉCROLOGIE 


Le  Comité  a  perdu  deux  de  ses  membres  depuis  la  publication  da 
dernier  numéro  du  Bulletin. 

M.  Gasnault  (Paul-Charles),  conservateur  du  Musée  des  Arts  décora- 
tifs »  appartenait  au  Comité  depuis  le  24  février  1890.  Il  est  décédé  le 
6  janvier  1898. 

M.  Lavoix  (Henri),  administrateur  de  la  Bibliothèque  Sainte -Gene- 
viève, avait  été  nommé  membre  du  Comité  le  30  janvier  1897.  Il  n'a  pu 
assister  qu*à  quelques  séahcesd'e  celle  iassémbiée,  qui  était  en  droit  d'at- 
tendre de  lui  une  collaboration  précieuse.  11  a  élé  emporté,  à  cinquanteuei 
un  ans,  le  27  décembre  1897. 


ÉCHANGE  DE  PLBLICATIONS 

MM.  les  présidents  des  Sociétés  des  départements  sont  invités  à  faire 
parvenir  h  la  direction  des  Beaux-Arts  (bureau  de  l'Enseignement  et  des 
Manufactures  nationales),  3,  rue  de  Valois,  les  Bulletins  ou  Mémoires 
périodiques  renfermant  les  travaux  des  membres  de  leurs  sociétés.  Ils 
recevront,  en  échange,  le  Bulletin  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-- 
Arts  des  départements,  et  chaque  numéro  du  Bulletin  contiendra  les 
extraits  des  sommaires  des  publications  reçues,  intéressant  l'art  ancien  ou 
moderne. 

Bulletins  ou  Mémoires  des  Sociétés  des  départements.  —   Périodiques.. 

Extrait  des  sommaires  intéressant  l  Art  ancien  ou  moderne. 

Hérault.  —  Bulletin  de  la  Société  languedocienne  de  géographie  (X   XX 
3«  trimestre  de  1897.  Montpellier.  1897,  ia-S»). 

HiÎRAULT.  —  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Béziers  (.3*  série,  t.  II, 
i'*  livraison.  Béziers,  Sapte,  1897,  in-8«).  —  Musiciens  et  compositeurs  biter-^ 
rois,  par  M.  Donnadieu.  —  La  cathédrale  de  Saint-Xazaire,  par  M.  Nfou<ruiep. 

LoiRB.  —  Bulletin  de  la  Diana  (t.  IX,  n*»  6,  avril-juin  1897.   Montbrison 
Brassarl,   io-8°,  avec   planche).   —  La  collé({iale  de  Saint-Just,  de  Lyon,  par 
M.  Richard.  —  Peintures  du  seizième  siècle  découvertes  dans  l'ancienne  chapelle 
de  la  Chartreuse  de  Sainte-Croiz,  par  M.  Favar. 

LoiRB.  —  Becueil  de  mémoires  et  documents  sur  le  Forez  (t.  XII,  Montbri- 
.son,  Brassart,  1897,  in-8°).  —  Carcabeaux  ou  mercuriale  de  Cliarlieu,  de  1700 
à  1783. 

Lot.  —  Bulletin  de  la  Société  des  études  littéraires^  scientifiques  et  artis^ 

tiques  du  Lot  (i.  XXII,  2*  fascicule.  Gahors,  Coueslant,  1897,  in-S»), Noces 

d'argent  de  la  Société  des  études,  par  M.  G.   Larroumet.  —  La   céramique 
grecque  dans  le  bas  Quercy,  par  M.  Momméja. 


DISCOURS 

PROCÈS-VERBAUX   ET  RAPPORTS 


i 


f 


REUNION 


DIS 


SOCIETES  DES  BE4UX-ARTS 

DES  DÉPARTEMENTS 

DANS   LA  SALLK  DE  L*r4|IICVCLE   DE   l'£C0L1    NATIONALE  D£S  ISAll^AATS 


EK    11 


VIN«T  OELXIÈHE  SEifSIO» 


Ouverture  de  ta  session  ei  constitution  du  Bureau. 

Par  arrêté  reDdii  sur  la  proposition  du  Directeur  des  Beaui^Arts, 
en  date  du  25  mai  1897,  le  ministre  de  rinstruf^lion  publique  et 
des  Béaui-Arfs  a  décidé  que  la  fiesaion  annuelle  des  délé<juès  des 
Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départements  aurait  lieu,  du  12  au 
16  avril  1898,  ii  TÉcole  nationale  et  spéciale  des  Beaui-Arts. 

Un  second  arrêté,  rendu  sur  la  proposition  du  Directeur  des 
Beaux-Arts,  décide  que  les  séances  de  la  session  seront  siiccessitti- 
ment  présidées  : 

Le  12  avril,  par  M,  Edouard  MiLUUn,  sénateur,  ancien  ministre, 
membre  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  ; 

Le  13  avril,  par  M,  Lucien  Marcheis,  sons-bibliothécaire  à  TÉcole 
nationale  et  spéciale  des  Beaux-Arts,  membre  du  Comité  des 
Sociétés  des  Beaux^Arts  ; 

Le  14  avril,  par  M.  Gustave  Sërvuis,  directeur  des  Archiies, 

mbre  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts; 

^e  15  avril,  par  M.  Maurice  Toubxeux,    liomme  de  lettres, 

imbrB  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts. 


5  SEA^'CB    DU    12    AVBIL, 

Le  vice-président  de  chaque  séance  sera  choisi  parmi  les  délé- 
gués des  Sociétés  des  Beaui-Arts. 

Le  président  et  le  vice-président  seront  assistés  pendant  la  ses- 
sion par  M*  LXrost,  chef  du  bureau  de  rËnseignement  et  des  Ma- 
nufactures nationales,  secrétaire  du  Comité,  et  par  M*  Henry  Jouin, 
lecrétaire  de  l'École  des  Beaux-Arts,  qui  rempli ra,  en  outre,  les 
fonctions  de  rapporteur  de  la  session  * 

Séance  du  mardi  12  atriL 

PRÉSIDENCE    DE   M.    EDOUARD  UILLAUD. 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures,  sons  la  présidence  de 
HL  Edouard  Millaud^  sénateur,  ancien  ministre,  membre  du  Comité 
des  Sociétés  des  Beaux-Arts,  assisté  de  M.  Crost,  chef  du  bureau 
de  rEnseignement  et  des  Manufactures  nationales,  et  de  M.  JouiN, 
secrétaire  rapporteur  du  comité p 

Outre  les  délégués,  assistent  à  la  séance  : 

MM.  Dbandreis,  sénateur;  GmFPRfiv,  membre  du  Comité,  admi- 
nistrateur de  la  ManuFacture  nationale  des  Gohelins-  U.  L,  Favre, 
bibliothécaire  du  Sénat;  AlfhandehYp  conseiller  à  la  Cour  de  cas- 
sation; Bè^aru,  architecte,  ancien  prix  de  Rome;  Levasseur,  du 
ministère  delà  justice;  G.  L&roque,  avocat;  Servois,  directeur  des 
Archives,  membre  du  Comité;  de  Foukcâud,  membre  du  Comité, 
professeur  à  Tlîcole  des  Beaux-Arts;  Moïse,  ingénieur  en  chef  des 
ponts  et  chaussées;  Marcou,  inspecteur  général  adjoint  des  monu- 
ments historiques,  membre  du  Comité. 

S'est  excusé  :  M.  Victor  de  Swârte,  correspondant  du  Comité  à 
Lille. 

M.  le  président  invite  M,  Massillov-Rouvet,  correspondant  du 
Comité  à  Nevers^  à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-présidence, 
et  prononce  Tallocution  suivante  : 

«  Mesdames,  Messieurs, 

«  Déjà  plusieurs  fois  j'ai  eu  la  fortune  d'ouvrir,  en  cette  salle 
illustre  de  rHémicyclei  la  session  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des 
départements. 


ALLOCUTIOl    B£    II.   tDOt/Ain    IfILLAUD.  | 

*L  Appelé  Â  présider,  cette  année  encore,  votre  première  séante, 
je  «lois  cet  honneur  aux  liens  étroîla  qui  m'unissent  à  mus,  le  ne 
saurais  assez  remercier  M.  le  ministre  d'avoir  choisi,  pour  être 
aajourd'biiî  son  représentant,  un  de  vos  plus  fidèles  amis. 

(^  A  ce  titre,  recherchant  à  cette  place  même,  en  ]>i94,  queU 
pourraient  être  les  meilleurs  moyens  de  multiplier  votre  action, 
je  vous  faisais  remarquerj  non  sans  regret^  (jn'îl  était  des  ré^jions 
d'où  le  comité  supérieur,  institué  au  ministère  de  l^Instrueilon 
publique,  n'avait  jamais  reçu  ni  un  document  ni  uu  manuscrit. 
Tandis  que  ces  observations  demeurent  encore  vraies  pour  quelques 
grandes  villes,  il  n'est  que  juste  de  signaler,  en  1898,  une  len-^ 
dance  Eueiileure. 

f  Dans  Tensemble  de  la  France  le  progrès  est  incontestable  ;  on 
nous  envoie  maintenant  plus  de  mémoires  dignes  d*étre  lus,  et 
nous  vofons  s'accroître  le  nombre  de  nos  correspondants,  je  m'em- 
presse de  le  constaterp 

a  Pour  ne  parler  que  de  la  session  actuelle,  le  Comité  a  vu  grossir 
ses  cadres  de  huit  collaborateurs  nouveaux,  érudits  ou  chercheurs, 
qui  sont  venus  lui  apporter  un  savant  concours. 

i  SI  uu  voeu  devait  être  renouvelé,  ce  serait  que  les  auteurs  des 
mémoires  consentissent  le  plus  possible  à  nous  entretenir  de  leur 
département,  de  leur  canton,  mieui  encotfï  de  la  ville  ob  ils 
demeurent,  d'un  monument  ou  d'une  collection  daus  cette  ville, 
d'an  artiste  de  valeur  y  ayant  vécu  ou  séjourné. 

a  A  vrai  dire,  cette  obligation  ne  saurait  dire  absolue  -,  mais,  même 
à  îie  Tobserver  qu'à  demi,  une  telle  règle  aurait  pour  conséquence 
de  donner  plus  de  suite  à  des  communications  excellentes  eu  elles- 
mêmes.  11  est  permis  d'ajouter  que  si,  dans  cette  entreprise  méri- 
toire, les  auteurs  ne  négligeaient  jamais  de  mettre  en  lumière  les 
relations  qui  eiiî^tent  entre  le  sujet  traité  par  eux  et  le  point  de 
vue  eflthétiqne,  il  en  devrait  résulter  de  sérieux  avantages  « 

•  lue  telle  méthode  a  été  conseillée  trop  souvent  pour  qu'tl  soit 
nécessaire  d'insister. 

a  Dès  à  présent,  le  Comité  se  félicite  du  souci  montré  par  ses  cor- 
respondants à  élîmmer  de  leurs  travaux  des  dissertations  archéo- 
ogiques  d'érudition  pure*  lous  avez  compris,  Messieurs,  qu'une 
démarcation  nette  doit  distinguer  les  mémoires  présentés  par  vous 
'le  ceux  des  Sociétés  savantes  destinés  à  être  lus  en  Sorliunne, 


4  S&ABîCB   DU   13   ÂVEIL. 

it  Vous  ne  vous  y  trompes  point,  d'ailleurs  :  de  telles  remarques 
sont  inspirées  par  Timportance  méine  de  vos  productions;  elles 
ne  s'ejtplic|ueraieiit  pas  si  vos  écrits  étaient  moins  riches  et  irotre 
compétence  moins  étendue, 

*i  Loin  d'user  votre  vigueur,  la  durée  la  développe,  et  votre  vita- 
lité apparaît  plus  intense  à  chaque  session. 

«  An  déhnt  de  ces  réunions,  on  pouvait  craindre  que  tons  ne 
vous  enfermiez  trop  dans  un  programme  immuable;  combien  vous 
avez  prouvé  le  contraire  à  la  Direction  des  Beaui-ârtsi 

t  Vous  ne  vous  êtes  point  bornés  à  trier  vos  regards  sur  les 
cathédrales  dont  vous  avez  dévoilé  les  mystères  et  expliqué 
les  symboles,  sur  les  édifices  de  tons  les  âges  dont  vous  avez 
compris  les  beautés,  sur  le^  statues  par  vous  animées,  sur  les 
toiles  de  toutes  les  écoles  pnr  vous  célébrées  ou  sauvées  de  Touldi, 

u.  On  vous  a  du  des  notes  inédites  sur  la  vie  des  peintres,  des 
sculpteurs  et  d'autres  artistes  du  passé;  vous  vous  êtes  installés 
daos  les  musées,  dans  les  archives,  dans  les  bibliothèques,  pour 
rectifier  une  erreur,  affirmer  ou  contester  une  attribution,  éclairer 
plus  d*une  question  controversée*  Les  matériaux  accumulés  par 
vous  remplissent  des  volumes  où  se  manifeste  T étonnante  variété 
de  vos  conoaissances  et  de  vos  goûts. 

'L  Approuver  vos  efforis  et  vanter  vos  succès,  c'est  louer  une 
qualité  très  française,  quoi  qu'on  nous  la  refuse  :  la  persévérance. 

Il  Sans  contredire  ce  que  je  rappelais,  il  y  a  un  instant,  des  diffé- 
rences qui  vous  séparent  des  Sociétés  savantes,  je  u'hésite  point  à 
proclamer  que,  dans  le  milieu  oii  elles  vivent,  dans  leurs  petites 
patries^  ^os  Sociétés  font  sagement  de  diriger  leurs  investigations 
vers  toute  œuvre  qui  s^éciaire  d'un  rayon  d  art  et  de  génie. 

(t  Moins  périlleuses  que  celles  des  voyageurs  vers  les  mystères 
des  pôles  ou  sur  le  chemin  des  lacs  silencieux  du  sud  de  fAfrique, 
vos  explorations  ne  sont  pas  moins  dignes  de  passionner  les  esprits. 
Elles  répondent  aux  mêmes  penchants  très  hauts  qui  nous  portent 
vers  l'inconnu  et  le  voilé, 

ii  Seule  Tinerte  banalité  ne  vous  retient  point.  Votre  domaine 
très  large  embrasse  tout  ce  qui  relève  des  Beaux-Arts.  Que  d'émo- 
tions et  de  surprises  à  le  parcourir  atec  vous! 

a  Voici  de  vieux  meubles  sculptés  qui  font  penser  à  quelque 
tercet  de  Dante  :  en  bas,  des  têtes  grimaçantes  ont  sur  les  lèvres 


ALLÛGUTIO:^    DE    U.    EDOUlRU    UILLAUD  S 

un  rictus  de  malédiction;  en  baut,  des  chérubins  ailés  s*extasidnt 
sur  des  disions  célestes. 

tt  Alain  tenant^  notre  admiration  s'arrête  devant  une  de  ces  tapis- 
serîes  tissées  de  soie  et  d'or  qui  furent  la  gloire  des  manufactures 
françaises*  En  bordure»  toutes  les  splendcnri  de  la  flore  enguir* 
landent  des  écussons  fleurdelisés.  Sur  le  fond,  une  reine,  vêtue 
d'une  robe  ans  plismagnîGques,  les  épaules  couverte»  d'un  manteau 
d'bermiuË,  nous  fascine  de  ses  prunelles  bleues,  £n  un  cotTret 
rempli  de  perles  et  de  joyaux  fouillent  ses  doigts  fuselés,  Autour 
d'elle  des  pages  et  des  princesses,  à  ses  pieds  im  lion  qui  som- 
meille, 

tt  Qui  de  nous  n'a  déploré  que  de  pareilles  compositions,  jadis 
ornements  fplendides  des  palais,  gisent  aujourd'hui  dans  Tobseu* 
rite  froide  d'un  garde-meuble? 

ti  De  tel  pastel  décrit  par  vous,  merveille  de  séduction  et  de  déli- 
catesse, s'échappent  des  tiédes  dentelles  et  des  boucles  d'une  che- 
velure blonde  de  si  pénétrants  parfums  qu'ils  enivrent,  après  deux 
siècles,  celui  qui  a  la  sensation  de  les  respirer!  Il  estdi^s  médailles 
dont  le  seul  relief  est  un  chef-d'œuvre,  des  pierres  gravées  dont  le 
profil  souverain  vaut  une  statue,  des  verreries  où  sur  des  courbes 
éthérées  se  jouent  des  arcs-en-ciel,  des  émaux  dans  le  fondant 
desquels  la  lumière  captive  vivifie  la  matière;  il  est  des  morceaui 
d'argent  ciselés  en  poignée  d'épée  dignes  des  héros,  des  minia-^ 
tores  tant  eiquises  qu'elles  centuplent  le  prix  des  livres  sur  lesquels 
les  peignirent  des  artistes;  il  est  des  ivoires,  des  poteries,  des 
étaiûs,  des  bronzes,  des  cuivres  que  leurs  possesseurs  n*échan- 
géraient  point  contre  des  trésors. 

4  Je  connais  des  rampes  d'escalier  et  des  margelles  de  puits  qui 
justifient  un  voyage  de  l'autre  cùté  des  Alpes. 

eOui,  Forfèvrerie,  la  ferronnerie,  la  mosaïque,  la  <[Iyptique,  la 
xylographie,  la  céramique,  Timagerie,  l'imprimerie,  Tenluminure, 
Vaqaa-tinta  sont  de  nobles  arts,  à  coté  de  rarchitecture,  de  la 
statuaire  et  de  la  peinture!  Personne  n'oserait  le  nier  sans  s'ex- 
poser i  être  déclaré  profane.  Les  Sociétés  des  Beaux- Arts  remplis- 
^eat  exactement  leur  mission  quand  elles  ne  négligent  aucune  des 
Wches  de  Testhétique» 

u  Elles  ne  sont  pas  moins  dans  leur  rà\e  lorsque,  s*aidant  de 
<luelque  manuscrit  ou   de  quelque   estampe  de  répot|ue,  elles 


6  SEANCE    DU    13   AVRIL, 

reconstituent  ]a  vie  intime  et  les  moeurs  publiques  de  nos  pères, 
les  costumes,  les  fêtes,  les  spectacles  des  siècles  abolis. 

tt  Bourgeois  coiffés  de  feutre,  moines  encapuchonnés,  conseillers 
en  robe  écarlate,  compagnons  du  guet  aux  moustaches  épaisses, 
arquebusiers  auï  buffleteries  reluisantes,  èchefins  en  bonnet 
carré  vous  appartiennentp 

«.  Je  leâ  sais  nôtres  aussi. 

Les  rcïtrei  è  p&nache  et  les  matïvaj!;  ^«fçonsi, 
Doal  le  nre  tintait  aux  tilrei}  des  auberf^es  \ 

et  ces  ribaudes  effrontées  servant  d'échansons  à  des  buveurs  rouges 
et  lippus. 

m  On  aime  atec  vous  â  suivre  les  processions  marchant  lentement 
au  son  des  cloches,  ou  les  cortèges  royaux,  précédés  de  musiciens 
jouant  à  Tunisson  des  airs  naïfs  que  la  foule  accompagne  de  ses 
acclamations  et  de  ses  cris. 

V  Ne  cessez  point,  Messieurs,  de  faire  re|jaraitre  sur  les  vieilles 
murailles  les  fresques  eSacées,  d^énumérer  les  trésors  de  nos 
églises;  demandez  aux  champs  de  bataille  célèbres  ou  aux  sépul- 
tures antiques  des  armes,  des  bijoux,  des  agrafes  incrustées  de 
sardoine  et  d'onys,  des  aiguilles  d'or  à  télé  de  sphinx,  des  glaives 
et  des  boucliers  burinés  par  des  maîtres;  cherchez  sous  la  patine 
du  temps  l'élégance  des  modèles;  allez  ou  vous  attirent  la  pureté 
des  contours,  la  souplesse  des  lignes,  la  fermeté  du  dessin; 
inittez-nous  à  tout  ce  qui  vous  a  semblé  unir  la  sûreté  de  l'exé- 
cution à  une  conception  victorieuse. 

■^  Rares  sont  les  jours  où  réapparaissant  à  nos  regards  des  tètes 
accolées  comme  celles  du  camée  de  Gonzague,des  coupes  pareilles 
à  la  K  Minerve  au  rocher  «  du  trésor  d'Hîldesheim,  ou  une  ado- 
rante acrolithe  semblable  à  celle  du  musée  du  Louvre;  mais  que 
de  joies  encore  pour  vos  études  sur  des  découvertes  destinées  à 
une  renommée  moindre! 

■  La  table  analytit|ue  des  matières  contenues  dans  les  comptes 
rendus  de  vos  vingt  premières  sessions  est  terminée.  Ce  recueil 
est  la  preuve  de  la  diversité  si  vivante  de  vos  mémoires;  je  ne 
citerai  volontarrement  aucun  des  écrits  vers  lesquels  vont  mes 

*  Albert  MiR/iT^  Vieîiie  ettampe. 


ALLOCUTION    D£   II.    EDOUABD   MILLAUD.  7 

souvenirs,  je  me  contenterai  de  remercier  nos  correspondants. 

u  Nous  tressons  des  couronnes  aux  maîtres  qui,  par  leurs  créa- 
tions, offrirent  à  lears  contemporains  Tadmiration  d*an  chef- 
d'œuvre  nouveau. 

d  Ceox  qui  ressuicttent  ou  déf oilent  nne  richesse  artistique  per« 
due  appellent,  eux  aussi,  toute  notre  gratitude. 

a  On  se  plaît  à  se  relrouver  parmi  vous,  parce  que  vous  êtes 
des  bienfaiteurs  de  Thumanité. 

a  Ce  qui  est  beau  est  moral  v,  a  écrit  quelque  part  Flaubert.  Si 
cela  est  vrai,  ainsi  que  je  le  pense,  vous  êtes  aussi  des  moralistes. 

ft  Je  n'irai  pas  jusqu'à  dire  que  Tarrété  ministériel  de  1879,  par 
lequel  vous  fut  conférée  une  vie  distincte  de  celle  des  Sociétés 
savantes,  vous  avait  déjà  ainsi  qualifiés.  Ce  que  je  sais  bien,  c^est 
que  Tépithète  était  dans  la  pensée  de  Jules  Ferry. 

«  Lorsque  vous  voudrez  connaître  sans  incertitude  le  programme 
qui  vous  fut  tracé;  après  avoir  lu  le  rapport  classique  de  M.  de 
Cbenevières»  reportex-vous  au  beau  discours  prononcé  par  le 
ministre  à  la  Sorbonne,  le  19  avril  1879. 

a  Avant  tout,  il  vous  était  recommandé  de  vons  vouer  à  l'histoire 
de  Tart  en  province,  principalement  à  Tépoque  qui  précéda  et 
suivît  la  Renaissance,  puis  au  dix-septième  et  au  dix-huitième 
siècle^  enHn  durant  la  période  révolutionnaire.  La  prévoyante 
ambition  de  Jules  Ferry  vous  mêlait  également  aux  réalités  de  nos 
jours  €t  aux  espoirs  des  lendemains. 

a  Les  projets  de  monumcnfs,  la  restauration  des  édifices  et  leur 
décoratiotf,  les  écoles  de  dessin  et  les  musées,  rien  de  ce  qui 
touche  aux  arts  plastiques  ne  devait  vous  demeurer  étranger.  Les 
conférences,  les  expositions,  Tart  dramatique  et  musical  entraient 
aussi  dans  votre  ressort. 

u  Les  Sociétés  des  Beaux-Arts,  disait  le  ministre,  resteront  libres  ; 
nous  serons  là  seulement  pour  les  encourager,  les  subventionner, 
et  poar  leur  indiquer  la  direction  dans  laquelle  elles  doivent 
s  ^engager,  d 

«  Puis,  ayant  au  passage  gratifié  d'une  boutade  le  vieux  conser- 
vateur qui  considère  le  musée  comme  étant  sa  propriété  plutôt  que 
celle  du  public,  il  insistait  sur  cette  idée  que  les  chercheurs  des 
choses  d'autrefois  étaient  les  meilleurs  préparateurs  des  choses 
^itores*    a  Entre  le  passé  et  Ta  venir,  proclamait-il,  il  n'y  a  ni 


8  SÉANCE    DU    li   AVRIL, 

divorce  ni  conlradiction*  La  Révolution  française  n'était  pas  une 
rupture,  mais  un  dénouemeiit.  » 

«  A  TOUS,  Messieurs,  de  profiter  de  la  liberté  qui  vous  .a  été 
laissée  en  1879  et  qu'aucune  circulaire  n'a  entravée  depuis  lors. 

u  J'ai  fait  partie  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  dés  son 
origine  :  je  peux  témoigner  des  idées  qui  présidèrent  à  son  orga- 
nisation. Combien  ont  déjà  disparu  de  ceux  qui  pourraient  apporter 
le  même  témoignage  :  Charles  Blanc,  Ed.  Charton,  Paul  de  Saint- 
Victor,  Edmond  About,  Schœlcher,  Castagnary,  Emile  Perrin, 
Liouvillep  ViolIet-le-Duc,  E.  Véron,  Ambrotse  Thomas,  Cham- 
fleury^  Vaucorbeil,  Paul  Maiitz!  D'autres  encore  qui  ne  sont  plus, 
desquels  je  crains  d*cmettre  le  nom. 

tt  Entre  tous,  j'évoquerai  celui  d'un  homme  qui  fut  toujours 
acquis  et  ardemment  dévoué  à  vos  associations.  Bardoux  avait 
souvent  présidé  vos  séances.  Comment  ne  pas  rappeler  que  la 
passion  du  beau  le  possédait  tout  entier!  Député,  sénateur, 
ministre,  il  ne  s'est  jamais  démenti  dans  ses  livres,  dans  ses  dis^ 
cours  et  dans  ses  actes.  S'il  était  parmi  nous,  il  vous  inviterait  à  ne 
point  ménager  votre  initiative*  à  ne  point  craindre  qu'on  la  blflme, 
et  à  lui  laisser  libre  carrière.  Aux  heures  de  lutte  où  tous  les  con- 
cours sont  requis,  personne  n'a  le  droit  de  se  soustraire  à  sa  tâche, 
serait-ce  par  une  modestie  excessive. 

a  Le  progrés  est  incessant,  répète-t-on.  La  formule  est  vraie,  mais 
trop  vague.  Des  peuples  rivaux  nous  enserrent.  Il  en  est,  jadis  à 
notre  suite,  à  présent  impatients  â  nous  dépasser.  Quels  que  soient 
notre  n>le  et  notre  position  sociale,  ne  supportons  pas  que 
d'autres  nations  s'emparent  du  rang  de  la  France.  Au  milieu  du 
tumulte  des  concurrences  internationales,  ne  perdons  pas  la  plus 
petite  quantité  de  nos  forces.  Pour  étendre  votre  influence  et 
resserrer  les  liens  qui  doivent  unir  entre  eux  les  correspondants  et 
les  membres  non  résidants  du  comité,  on  avait  songé  à  vous 
recevoir  à  Paria,  une  seconde  fols,  en  dehors  de  la  session  d'avril. 

u  Puisque  ce  projet  parait  se  heurter  à  des  difficultés  d'ordres 
divers,  jincline  à  croire  que  les  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  dépar- 
tements ne  pourraient  que  gagner  à  organiser  en  province  des 
réunions  régionales  au  moment  des  grandes  vacances. 

u  En  ces  journées  bientôt  consacrées  par  l'usage,  les  questions  à 
discuter  ne  feraient  pas  défaut,  surtout  gi  quelques-unes  avaient 


âLLOCtJTionr  de  m.  edouaro  uillavù,  § 

déjà  fijtjuré  aa  Bulletin  mensuel.  De  rindication  dei  trntaux  entre- 
pris, de  la  révélation  dea  découverti's,  de  la  comnmnierition  cIeb 
iQJets  à  traiter  sortirait  nécessaire  ment  une  méthode  profitable  I 
toiis>  Le  plaisir  de  se  retrouver,  Téclian^ge  familier  des  idées,  une 
cordialité  facile  ne  tarderaient  pas  a  faire  de  ces  rencontres  de 
véritables  fêtes  où  Testhétique  et  les  lettres  dédiées  aux  arts  oceu-^ 
peraieiit  la  première  place, 

«•  La  musique  et  la  poésie  y  étant  aussi  les  bienvenues^  j'imagine 
que  le  public,  trop  écarté  de  vos  assemblées,  ne  sa  plaindrait  point 
si  vous  radmettieï  à  entendre  quelque  mélodie  d'un  archaïsme 
savon reui  ou  des  fragments  sympboniques  eihumés  d'un  parcbe- 
min  jauni.  Il  ne  serait  même  pas  impossible  de  reconstituer  modes^ 
te  ment,  sans  frais,  avec  tes  instruments  de  l'époque,  des  parties 
de  vieux  opéras  dans  la  simplicité  d'un  décor  sbakespearien. 

a  Sans  attendre  la  réalisation  peut*étre  lointaine  de  res  souhaits^ 
il  me  semble  qu'une  occasion  solennelle  va  se  présenter  pour  vous 
de  vous  entretenir  de  telles  propositions  et  de  toutes  autres  que 
TOUS  jugerez  propres  à  stimuler  les  volontés  hésitantes,  à  fortifier 
votre  activité  commune,  à  affirmer  votre  existence, 
tt  Je  veux  parler  de  l'Exposition  de  1900. 
0  Cet  appel  des  peuples  aux  rives  de  la  Seine  ne  doit  pas  aboutir 
uniquement  à  une  exhibition  de  curiosités,  en  un  rendez-vous  de 
plaisirs. 

ttLa  Chine  elle-même,  ou  les  signes  de  la  politesse  et  la  faton 
dépeindre  le  visage  datent  de  milliers  d'années,  e!it  capalde  de 
produire  des  merveilles^  encore  que  figée  dans  des  usages  sécu- 
laires, 

u  II  importe  de  viser  plus  baut, 

a  Lorsqu'elle  recevra  chez  elle  ses  visiteurs,  la  Frant  e  doit  appa- 
raître, aux  yeux  du  monde,  robuste  de  toutes  ses  forces,  parée  de 
toatesses  gloires. 

iSar  ce  concours  prodigieux  des  nations,  à  Taube  du  vingtième 
siècle,  doivent  planer  des  idées;  il  faut  que  des  livres  et  de  lu 
parole,  de  la  scienee  et  des  arts,  du  foyer  allumé  sur  le  sol  de 
Pms,  se  dégagent  des  pensées,  beaucoup  de  lumière,  une  fierté 
morale,  une  orientation  nouvelle. 

^  Vous  prendrez  certainement  une  part  capitale  à  Torganisatian 
de  L'eïpositîon  rétrospective  destinée  au  plus  vif  éclat.  L'obtention 


10  SÉANCE   DU   12   AVRIL. 

des  prêts,  le  choix  si  délicat  des  pièces  à  exposer,  réltmination 
parfois  plus  difficile  de  celles  imparfaites,  la  manière  de  produire 
les  objets  retenus,  rétablissement  de  leur  état  civil ,  le  aouci  de 
veiller  à  leur  conservation,  imposeront  une  lourde  tâche  :  vous 
devez  la  revendiquer  et  l'accomplir. 

a  Votre  place  est  marquée  aussi  dans  le  palais  où  s  outriront 
pendant  Tannée  1900  de  nombreux  et  intéressants  congrès. 

a  Si  je  suis  utilement  renseigné,  vous  n'avez  qu*à  vouloir.  Aucun 
encouragement  et  aucun  appui  ne  vous  feront  défaut  :  vous  êtes 
attendus. 

a  Je  n'ai  pas  qualité  pour  énumérer  ici  les  questions  qui  pour- 
raient être  abordées  par  les  congressistes;  il  vous  appartiendra  de 
les  désigner  et  de  les  discuter  avec  toute  l'ampleur  qu'elles  com- 
porteront* 

tt  Si  j'étais  autorisé  à  en  indiquer  une,  j'élèverais  la  voix  pour  que 
le  congrès  de  vos  Sociétés  consacrât  une  ou  plusieurs  de  ses  séances 
à  la  question  d'un  catalogue  synthétique  de  toutes  les  publications 
traitant  des  beaux-arts  :  histoire,  philosophie,  biogi*aphie5,  mono- 
graphies, critiques,  etc. 

a  Après  l'inventaire  des  richesses  artistiques  de  notre  pays,  l'in- 
ventaire, la  bibliographie  cataloguée  de  tous  les  livres  ou  manu- 
scrits se  rapportant  aux  Beaux-Arts  dans  toutes  les  bibliothèques  de 
France. 

«  Les  cas  n*ont  pas  été  rares,  en  province,  où  l'on  a  vti  se  dis* 
perser  les  plus  riches  collections  de  livres,  ainsi  qu'il  advînt  à 
Paris,  au  début  de  la  Révolution,  pour  les  manuscrits  de  TAbhaye 
de  Saint-Victor,  qui  furent  partagés  en  trois  lots,  dont  Tun  fut 
porté  à  la  Bibliothèque  nationale,  l'autre  à  l'Arsenal,  et  le  troisième 
à  la  Mazarine. 

a  Le  répertoire  que  je  sollicite  permettrait  d'abord  de  connaître 
un  livre  se  rapportant  à  l'esthétique,  quel  que  lût  le  dép6t  dans 
lequel  il  existerait.  Il  aiderait  ensuite  aux  échanges  des  ouvrages 
et  favoriserait  le  complément  des  éditions  disséminées  en  divers 
endroits. 

a  Tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  lettres  attendent  la  continua* 
tion  du  catalogue  de  notre  Bibliothèque  nationale,  dont  le  premier 
volume  a  paru  Tannée  dernière,  précédé  d'une  si  remarquable 
introduction.  La  discussion  ouverte  sur  le  sujet  qui  me  préoccupe 


ALLOCUTIOBS    DE   H.    ÉBOUAltl   IflLLAUD.  11 

par  des  bammea  d'une  compétence  indiscutée  conduirait  pour  une 
branche  du  génie  bumaîn,  celle  des  Beaui-Arts,  à  un  résultat  dont 
TOUS  saisissez  toute  la  portée.  Ainsi  commencerait  à  le  réaliser  le 
vœu.  exprimé  par  M.  Léopold  Dclisle  :  h  La  fusion  des  catalogues, 
dont  la  nécessité  s'imposera  un  jour,  préviendra  des  doubles 
emplois  et  des  df^perdttions  de  force*  » 

a  Je  m'excuse  de  m'en  tenir  à  ces  quelques  mois  sur  un  tel  sujet  ; 
mais  je  ne  m'accorde  pas  le  droit  aux  développements.  Malgré  les 
circonstances  trop  rares  où  il  m*est  loisible  de  m'adresser  à  vous, 
je  ne  pais  m  abandonner  à  un  entretien  qui  éloignerait  Tinstantob 
nous  allons  applaudir  les  lectures  annoncées. 

A  D'ailleurs,  n'aurai-je  pas  achevé  ce  discours  quand  j'aurai 
répété  une  fois  de  plus  que,  Tart  intoressanl  Tordre  public,  TEtat 
doit  sa  protection  aux  artistes  et  à  tous  ceux  qui  répandent  le  sen- 
timent du  beau?  Les  peuples  qui  ont  été  les  plus  grands  par  la  jus* 
tice  de  lenrâ  lois,  les  plus  riches  par  leur  supériorité!  industrielle, 
furent  ceux-là  aussi  qui  comptèrent  le  plus  de  poètes,  ces  attise urs 
d'Ames,  et  le  plus  d'artistes,  ces  charmeurs  de  la  matière, 

il  Le  barbare  qui  égorge  les  vaincus  est  le  même  qui  brise  les 
statues  des  divinités  de  rHellade. 

d  Pour  qu'une  industrie  soit  sans  rivales,  ce  n'est  pas  assez  quVlle 
ait  une  prééminence  technique,  elle  doit  encore  s'épanouir  dans 
un  milieu  de  goût,  de  luxe,  de  tradition  élégante,  au  cœur  d'une 
société  où  le  sens  de  la  beauté  pénètre  dans  les  esprits  avec  Tair 
dans  ]es  poumons* 

B  L'art  seul  ne  fait-il  pas  de  nous  de  véritables  voyants  au  sens  le 
plus  exact  du  mot?  Inconscients  des  émotions  qu'il  procure,  nous 
ressemblerions  à  l'aveugle  privé  de  l'azur  du  jour  et  du  scintille- 
ment des  étoiles,  ignorant  des  sillons  argentés  sur  les  vagues  de 
l'Océan,  des  teintes  roses  des  glaciers,  des  arbres  et  des  fleurs,  du 
sourire  sur  les  lèvres  d'un  enfant. 

a  Les  Sociétés  des  fieaui-Arts,  propagatrices  de  vérité,  direc- 
trices de»  intelligences  vers  TidéaL  remplissent  à  côté  des  artistes, 
dans  la  république  des  lettres,  une  mission  civilisatrice.  Elles  me* 
filent  toute  la  sympathie  d'un  gouvernement  éclairé. 

u  Au  nom  du  ministre,  je  vous  souhaite.  Messieurs,  la  bien- 
venue, et  je  déclare  ouverte  la  22'  session  des  Sociétés  des  Beaux- 
Arts.  » 


13  SEAnrCE   DD    IS  AVRIL. 

La  lecture  de  M.  Massillon-Rouvet,  correspondant  du  Comtlép 
à  Nerers,  sur  les  faienceâ  d*art  à  NeverSp  est  d'une  împoi'tance 
sérieuse.  L'auteur  établit  avec  un  ensemble  de  preuves  probantes 
que  les  Conrade  de  Sairone  ont  été  les  véritables  importateurs  de 
la  faïence  dans  le  Nivernais.  Jusqu*icî  le  rôle  de  ces  céramistes 
n'avait  pas  été  bien  défini,  \L  JUassillon-Bouvet  les  met  en  lumière 
et  cite  à  Pappui  de  son  argumentation  des  documents  de  toute 
valeur. 

A  la  suite  de  la  lecture  de  M.  Massillon-Rouvet,  M.  Le  Bhetoiï, 
correspondant  du  Comité,  à  Rouen,  revendique  pour  Masseot  Aba- 
quesne,  de  Rouen,  Thonneur  d'avoir  devancé  les  faïenciers  de 
Ne  vers.  Abaquesne  a  signé  des  carrelages  de  sa  composition  en 
1547,  en  1549,  en  1557.  Les  observations  très  précises  de  M.  Le 
Breton  n'infirment  pas  les  affirmations  de  M.  Massillon-Rouvet, 
qui  s'est  surtout  appliqué  à  établir  qu'à  ses  yeux  les  Conrade  ont 
devancé  Gambin,  leur  ouvrier,  et  méritent  d'être  appréciés  comme 
des  initiateurs,  alors  que  Gambin  n'a  pas  droit  au  ménie  éloge. 

La  parole  est  donnée  à  \L  Jacquot  (Albert),  correspondant  du 
Comité,  à  Nancy,  sur  le  graveur  Charles  Eisen.  Ce  n'est  pas  une 
étude  approfondie  de  Tœuvre  du  graveur  qui  a  tenté  M.  Jacquot; 
mais  un  document  très  inattendu  s' étant  ofTeit  à  lui  sur  la  mort 
d'Eiaen  et  les  agissements  de  son  logeur  après  le  décès  de  l'artiste , 
M.  Jacquot  a  voulu  mettre  en  lumière  cette  pièce  inédite^  Elle 
complète  ce  qui  jusqu'ici  avait  été  dit  sur  Eisen. 

M.  Benêt  (Armand),  membre  non  résidant  du  Comité,  à  Caen, 
donne  co  m  mm  uni  cuti  on  de  ses  mémoires  :  1"  Peintres  des  diœ~ 
septième  et  dix-huitième  siècles.  Documents  extraits  des  archives 
du  Calvados^  et  ^'^  artistes  d'âvranches^  Bayeux^  Cherbourg^  etc.^ 
dix-huitième  siècîe.  Ces  mémoires  sont  une  contribution  curieuse 
à  l'histoire  des  artistes  normands  durant  les  deui  derniers  siècles. 
Ce  sont  autant  de  mentions  inédites  et  précieuses  tirées  de  divers 
fonds  d'archives, 

M.  Le  Breton  (Gaston),  correspondant  du  Comité,  à  Rouen, 
donne  lecture  de  son  Etude  critique  sur  deux  tapisseries  du 
musée  de  Rouen.  Les  deux  œuvres  diffèrent,  mais  Tune  et  Vautre 
sont  précieuses.  La  tapisserie  d'ânet,  notamment,  qui  complète 
une  suite  bien  connue,  est  une  pièce  de  la  plus  grande  valeur. 
M.  Le  Breton  l'a  décrite  avec  toute  compétence.  Le  Musée  de 


SÉANCE    DU   12  AVRIL.  13 

Roaen,  qai  possède  cette  œuvre  rare,  n'a  rien  à  envier  aux  plus 
riches  galeries. 

M.  DsNAis  (Joseph),  correspondant  du  Comité,  à  Angers,  a  la 
parole  sur  le  Maître-autel  de  Denis  Gervais,  à  Saint-lfaurice 
d*Angers.  Cet  autel  date  de  1755.  Il  est  remarquable  et  n*a  pas 
souffert  depuis  sa  mise  en  place.  La  brève  monographie  de  H.  Denais 
est  justifiée  par  Tintérét  que  présente  ce  spécimen  de  Tart  déco- 
ratîrsons  Louis  Xl^ 

L*ordre  du  jour  appelle  la  communication  de  H.  Cavrois,  secré- 
taire général  de  TAcadémie  d'Arras,  sur  VÉmail  de  Vaulx  en 
Artois  (1581).  Celte  courte  note  a  son  importance.  Elle  peut 
servir  de  guide  à  plus  d'une  Société  provinciale  dans  le  sauvetage 
des  œuvres  d*arl  d*une  région.  M.  Cavrois  a  rappelé  des  faits  qui 
sont  tout  à  rhonneur  de  la  commission  des  monuments  historiques 
da  Pas-de-Calais. 

If.  Leroy  (G.),  correspondant  honoraire  du  ministère  de  Tln- 
slraction  publique  à  Melun,  donne  lecture  de  son  mémoire  :  la 
Céramique  à  Boissettes  (Seine-et-Marne),  1732-1781.  Dans  ce 
travail,  Tauteur  établit  que  les  historiens  de  la  céramique,  sur  la 
foi  d'un  monogramme,  ont  souvent  attribué  à  un  fabricant  Orléa- 
nais des  pièces  provenant  de  Boissettes.  La  révélation  de  M.  Leroy 
est  de  nature  à  mettre  en  éveil  la  sagacité  des  amateurs. 

H.  Tabbé  Bouillet,  correspondant  du  Comité,  à  Caen,  est  invité 
à  lire  son  étude  sur  les  Boiseries  sculptées  de  l'église  de  Laval-Dieu 
(dii-septième  siècle).  Une  description  très  précise  de  ces  boiseries 
bien  conservées  et  de  bon  style  fait  du  travail  de  M.  Bouillet  une 
source  à  consulter  par  les  historiens  futurs  de  Tart  décoratif  sous 
Uuis  XIV. 

C^estune  histoire  anecdotique  très  prestement  écrite  que  M.  Char- 
VET(Lèon),  membre  non  résidant  du  Comité,  à  Lyon,  nous  a  donnée 
àe\ Hôtel  de  ville  d'Arles  et  de  ses  huit  architectes  (dix-septième 
siècle).  Nous  ne  pouvons  rappeler  ici,  après  M.  Charvet,  les  com- 
pétitions, les  rivalités  de  toute  nature  qui  entravèrent  pendant  de 
longues  années  la  construction  de  rhôlel  de  ville  d'Arles.  Bornons- 
nons  à  dire  queMansart  est  Tauteur  de  la  partie  lu  plus  importante 
erëdifiee. 

M.  LoBiN,  secrétaire  de  la  Société  archéologique,  à  Rambouillet, 

onne  lecture  de  ses  mémoires  sur  V  Pierre  Dupais,  i)€intre  de 


14  SÉANCE    DU   12   AVRIL. 

MontfoTt^  et  â'  les  Quatre  saisons,  de  Sauvage.  De  Pierre  Dupuis, 
M,  Lorin  ne  cite  pas  d*œuvres  importantes.  En  revanche»  il  fait 
plus  nombreuses  les  sources  dMnformations  sur  Tartiste.  En  ce  qui 
touche  Sauvage,  peintre  fort  en  vogue  à  la  fin  du  dernier  siècle, 
M.  LorÎQ  décrit  des  panneaux  d*une  importance  appréciable. 
L*étude  rétrospective  que  M.  Lorin  consacre  à  ce  peintre  qui  eut 
sa  spécialité,  reporte  les  esprits  vers  un  art  oublié,  très  en  honneur 
chez  nos  grand^pères. 

La  Section  entend  M.  Mazerolle  (Fernand),  correspondant  du 
Comité,  à  Dijon,  sur  les  Dessins  de  médailles  et  de  jetons  attri- 
bues  à  Bouchardon.  M.  Mazerolle,  dans  ce  travail,  établit  la  part 
qui  revient  à  Bouchardon,  à  Duvivier  et  à  Roëttiers  dans  les  des- 
sifisconservésàrUùtel  des  monnaies,  et  qu'on  était  enclin  à  ranger 
en  totalité  parmi  les  dessins  de  Bouchardon.  Les  preuves  apportées 
par  M.  Mazerolle  à  Tappui  de  sa  discussion  sont  décisives. 

La  brève  étude  de  M.  Ponsonailhe  (Charles)»  correspondant  du 
Comité,  à  Béliers,  relative  à  up  Dessin  sur  Thermidor,  par  Hubert 
Robert,  permet  à  Tauteur  de  rectifier  plus  d*une  inexactitude 
échappée  à  la  plume  des  biographes  du  peintre.  Le  dessin  décrit 
par  Al.  Pousonailheest  conservé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Mont- 
pellier, et  personne  encore  ne  s'était  avisé  de  signaler  cette  œuvre 
exécutée  par  l'artiste  sous  les  verrous  de  Saint-Lazare. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Maillard  (Jules),  membre  de  la 
Société  archéologique  de  Rambouillet,  à  Versailles,  pour  sa  com- 
munication sur  les  Appartements  et  le  mobilier  du  château  royal 
de  Saint-Hubert ^  Ce  château,  rendez-vous  de  chasse  sous  Louis  XV 
etLouisXVLa  complètement  disparu.  Il  était  situé  non  loin  de  Ver- 
sailles, Gabriel  cd  avait  été  Tarchitecte.  L'étude  deM.  Maillard,  iné- 
dite dans  toutes  ses  parties,  est  un  travail  trèsapprécié  par  la  Section. 

La  Section  entend  M.  Deligivières  (Emile),  membre  non  résidant 
du  Comité,  à  Abbe  ville,  sur  des  Peintures  anciennes  de  F  École 
flamande.  Ces  peintures  extrêmement  curieuses,  découvertes  chez 
un  amateur  par  M,  Delignières,  sont  des  fragments  d*un  retable 
eiécLité  mî-pattie  au  quinzième  et  mi-partie  au  seizième  siècle. 
M.  Deliynières  les  étudie  en  historien  et  en  critique,  avec  compé- 
tence et  avec  goût. 

L'onire  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  six  heures. 

Demain  mercredi,  à  une  heure  et  demie,  suite  des  communica- 


tîonSp  SOUS  la  présidence  de  HL  Lucien  MahcubiXp  sous*- bibliothé- 
caire à  rÊcole  des  Beaux-ArU^  membre  du  Comité  det  Sociétés 
des  Beaui-Arts. 


Séance  du  mercredi  13  avril. 

PRÉSIDENCE    DE   U.    LUCIEN   UJIACHËIX. 

La  iéaocQ  eit  oairerte  sous  la  présidence  de  M.  Lncien  MaicïieiXi 
lOQS- bibliothécaire  h.  T Ecole  nationale  et  spéciale  des  Itoaiii-Arts, 
membre  du  Comité,  assisté  de  M.  L.  Chost,  chef  Ju  bureau  de 
rEnseignemeot  et  des  Manufactures  nationales,  et  de  M.  Henry 
Joutitf,  secrétaire  rapporteur. 

Outre  les  déb'gués,  assistaient  à  la  séance  : 

M>  Lp  CaoST,  chef  du  bureau  de  TEoseignement  et  des  \ïaniifac'> 
lures  nationales  ï 

U.  SËBTOia,  directeur  des  archives,  membre  du  Comité  ; 

M.  Margou,  inspecteur  ^^énéral  adjoint  des  monuments  histo- 
riques, membre  du  Comité. 

M,  le  président  invite  M.  Quarré-Reybourhon,  correspondant  du 
Comité^  à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-présidence,  et  pro- 
nonce ralloGution  suivante  : 

0  MESSlELRâ, 

CL  Vous  avez  ¥u  à  cette  place  jusqu'à  ce  jour,  et  vous  y  verrej; 
encore^  dès  demain,  des  hommes  connus  de  voua,  connus  de  tous 
pour  leur  talent  ou  pour  leur  érudition  :  ni  Tautorité  ne  manquait 
aui  avis  que  vous  atlendiez  d'eux,  ni  le  prix  aux  éloges  qu'il  tous 
fallait  bien  subir^  ni  la  compétence  à  ces  objections  qui  sont  le  sel 
de  la  louange.  Cette  autorité^  cette  compétence  me  manquent»  Je 
n'aurai  pas  la  présomption  de  donner  des  conseils  à  des  hommea 
qui  tous  auraient  quelque  chose  à  m'apprendri?,  et  dont  plusieurs, 
s'ils  ouvraient  école,  me  verraient  accourir  sur  leurs  bancs. 

ttMais  M-  le  ministre  a  sans  droite  pensé  —  je  Ten  remercie  et 
s  m'en  félicite  —  que  si  des  artistes  ou  des  historiens  d'un  mérite 
Bcoanu  ont  seuls  qualité  pour  critiquer  vos  travaux,  vous  avez 
toit  aussi  à  la  bienvenue  de  tous,  et  que^  pour  vous  souhaiter 


te  SEANCE    DU    13   AVRIL. 

ceLte  bienvetxuer  à  défaut  de  notoriété,  de  science  et  d  éloquence, 
il  suffit  d'aimer  Thistoire,  d  aimer  Tartj  d'aimer  la  France...  et  de 
VOUA  avoir  lus. 

w  C'est  ce  que  j'aî  failj  Messieurs;  Je  vous  aî  lus,  atrec  quel  pro* 
ât!  avec  quelle  sympathie  surtout!  c^est  ce  que  je  vouttrais  vous 
dire  :  si  parfois  je  semblais  prendre  le  r6le  de  panégyriste,  dont  je 
ma  défends,  ou  celui  de  pédagogue,  qui  ne  me  convient  pas,  la 
faute  en  sera  à  vous,  non  à  moi,  car  votre  œuvre  est  de  celles  qui 
se  louent  elles-mêmes,  et  elle  est  pleine  des  conseils  les  plus  effi- 
caces, je  veuî  dire  de  bons  exemples  et  d'eicellents  modèles. 

Ci  Cette  œuvre  commence  à  être  considérable  :  depuis  vingt- 
deux  ans  elle  va  grandissant,  s'étendant  d'année  en  année.  Je 
Toîs  sur  les  rayons  de  la  bibliotbéque  de  cette  Ecole  s'aligner 
les  uns  à  côté  des  autres,  toujours  plus  gros,  toujours  plus  com- 
pacts, les  volumes  où  vivront  vos  travâui  :  aui  in-octavo  de  1877, 
1878,  I87Df  de  tatUe  déjà  raisonnable,  mais  svelle  encore,  comme  tl 
convient  à  des  conscrits,  ont  succédé  des  tomes  de  plus  en  plus 
et  sans  doute  aussi  de  mieux  eu  mieux  nourris,  moins  élégants 
peut-être  dans  leurs  proportions,  mais  imposants  par  leur  ampleur  : 
on  croirait,  dans  cette  revue  livresque,  après  les  alertes  régi- 
ments de  Tarmée  active,  voir  défiler  la  territoriale  solide  ;  seule- 
ment ici  ce  sont  les  plus  jeunes  qui  demandeut  les  babits  les  plus 
larges  :  la  classe  1897  en  particulier  se  recommande  par  sou 
emhonpoint,  et  c'est  avec  une  véiltal)le  admiration  que  nous 
Tavons  immatriculée  à  la  suite  de  ses  aînées  :  ses  douxe  cents  pages, 
gros  bataillon  où  il  y  a  plus  d'une  compagnie  d'élite,  se  sont  tout 
de  suite  tenues  correctement  sur  la  tablette  —  j'allais  dire  sur  le 
champ  de  bataille,  —  et  le  reste  de  Tarmée,  12,000  vétérans  un 
peu  fatigués  de  la  lutte^  se  repose  sur  elle  sans  la  faire  flécbir  ; 
mole  sua  stat. 

tt  Si  vos  vingt  et  un  volumes,  rien  qu*à  les  voir,  inspirent  le  res- 
pect, combien  celte  impression  se  renforce  lorsqu'on  les  consulte 
et  qu'on  les  feuillette,  lorsque,  après  avoir  trouvé  le  renseigne- 
ment qu'on  cherchait,  on  en  rencontre  un  autre  et  un  autre  encore, 
et  avec  ces  renseignements  des  vues  nouvelles,  des  hypothèses  ingé- 
nieuses et  si  prudentes,  que  plus  d'une,  émise  dans  le  volume  pré- 
cédent, se  voit  conGrmée  dans  le  volume  suivant! 

<<  Pour  glaner  ces  faits,  dont  Thistolre  un  jour  fera  sa  gerbe, 


Î0U8  ne  ménagea  ni  voire  temps,  ni  vos  pas,  ni  vos  peinns;  vous 
Touillez  votre  ville,  votre  canton  ;  à  quelques-uns  leur  arrondisse- 
menl,  leur  département  même  ne  suffit  pas»  et  vous  en  pourriez 
nommer  dont  Tactivilé  ne  s'arrête  pas  aux  bornes  de  leur  province . 
Vous  explorer  des  régions  que  les  ignorants,  voire  les  savaols 
croyaient  connues;  vous  visitez  des  monuments  où  vos  devanciers 
n'avaient  pas  tout  vu,  des  bibliothèques  où  ils  n'avaient  pas  tout 
la;  vous  exhumez  de  nouvelles  ruines  et  presque  de  nouveaux 
grtnds  hommes  :  pour  vous,  le  greffe  secoue  sa  poussière,  Tadml- 
nistratîon  ouvre  ses  archives,  certains  notaires  entr 'ouvrent  leurs 
mtons;  et  vouâ  allez  ainsi  déchiffrant,  regardant,  mesurant  et 
photographiant^  ne  laissant  nulle  place  où  ht  main  ne  passe  et 
repasse  dans  ce  vaste  champ  où  chaque  coup  de  bêche  «  à  qui  sait  le 
donner,  livre  une  parcelle  du  trésor  national, 

a  De  ce  trésor  vous  avez  déjà  retrouvé  hlen  des  pièces,  celles-ci 
brillantes  encore,  celles-là  à  demi  effacées,  rongées  par  Tinjure 
des  hommes  plus  que  par  celle  du  temps  ;  vous  en  avei  signalé 
plus  d'une  à  l'insouciance  de  son  propriétaire,  et  vous  avez  épargné 
quelques  remords  à  notre  âge  qui  se  prétend  artiste  et  qui  a  dé» 
Iruit  tant  d' œuvres  d'art.  IV'est-ce  pas  un  de  vous,  M.  Léon  Giron, 
qui  a  tiré  des  églises  et  des  châteaux  delà  Haute-Loire  les  fresques 
fiâives  qui  racontent  maintenant  aux  visiteurs  du  Mu.sée  du  Puy, 
av«c  nos  vieilles  légendes  sacrées,  une  partie  de  T histoire  do  k 
peinture  au  moyen  âge?  un  autre.  If.  Delignî^res^  qui  nous 
doDnaît  le  catalogue  de  500  peintures  et  dessins  du  château  de 
Mûreuil,  dont  quelques-uns  portent  la  signature  et  même  la  griffe 
de  Daiid  oa  d'Ingres?  C'est  par  la  plume  d*un  des  vôtres, 
M.  Marionneau,  que  l'Aquitaine  nous  rappelait  Tanliquité  de  sa 
dviliftation  et  que  Bordeaux  nous  envoyait  la  longue  liste  de  ses 
peintres,  ouverte  par  le  Gallo-Romain  Amabilis,  un  nom  de  bon 
aagare  et  qui  lui  a  porté  bonbeur.  C'est  M.  Jacquot  qui,  il  y  a 
quelques  années ^  retrouvait,  encastré  dans  un  mur  de  village,  un 
bâi-relief  de  Ton  des  Richier;  c'est  M.  Tbîollîer  qui  vous  signalait 
dans  h  Forez  trois  statues  de  notre  Renaissance, trois  belles depuif^ 
trais  cents  ans  au  bois  dormant. 

«^  Et  ce  n'est  pas  seulement  du  sommeil,  mais  de  la  mort  même 
ne  voire  amour  parfois  cherche  à  tirer  la  beauté  disparue  :  i\L  Na- 
&]}s  Rondot  a  reconstitué  pour  vous  le  tombeau  du  cardinal  de 


1 


I 

I 


|g  SÉANCE    DU    13    AVRIL. 

Saluces;  M.  Denais  vous  a  presque  remis  devant  les  yeux  celui 
du  roi  Reué  et  d  Isabelle  de  Lorraine.  Vous  essayez  même  de 
réparer  dans  la  mesure  du  possible  les  méfaits  de  nos  pères,  et 
M.  BaHeau  vous  a  raconté Tliistoire  tragi-comique  et  fait  le  portraîl 
de  trois  saints  sculptés  par  GirardoD,  badigeonnés  en  1793  et  trans- 
formés à  la  mode  du  temps  par  un  spirituel  abbé,  mais,  hélas  î  re- 
connus sous  leur  déguisement  par  Taeil  sévère  du  Comité  de 
Tendroit  et  immolés  sans  pitié  sur  Tautel  de  la  patrie  française  par 
des  Champenois  qui  croyaient  être  des  Lacédémoniens, 

a  Pleins  de  regrets  pour  les  belles  œuvres  disparues,  d'inquié- 
tudes pour  celles  que  ne  menacent  pas  seulement  les  intempéries, 
vous  n'oubliez  pas  celles  qui  reposent  maintenant  en  sûreté,  ou  à 
peu  près,  dans  nos  collections  :  vous  ne  voulez  pas  que  ce  repos 
soit  celui  de  la  mort  et  qu'un  musée  soit  un  cimetière,  y  compris 
la  fosse  commune,  je  veux  dire  Tanonymat,  Vous  les  visitez,  ce» 
œuvres  qui  sont,  avec  leslivres^  nos  amis  d*avant  nous,  vous  vous 
informez  de  leur  santé,  vous  les  interrogez  sur  leur  origine,  voua 
dressez  leur  état  civil,  vous  savez  leur  parenté,  leurs  voyages,  leurs 
vicissiliuies.  Q^^  ^^  doivent  pas  les  Musées  de  Rouen,  de  Besan- 
con, de  Tours,  de  Versailles,  d'Avignon,  de  Cambrai,  de  Poitiers 

pour  ne  nommer  que  ceux-là  —  à  MM.  Le  Breton,  Caslan,  de 

Grandmaison,  Dutilleux,  Duhamel,  Durieux  et  Brouillet,  et  à  tant 
d'autres  auxiliaires  ardents  et  bien  informés  de  la  Commission  de 
r inventaire  de  nos  richesses  d'art,  que  souvent  ils  devancent,  que 
parfois  ils  complètent? 

A  En  étudiant  les  œuvres,  Messieurs,  vous  ne  pouviez  négliger 
tes  hommes  :  dans  les  biographies  de  nos  grands  artistes  vous 
rétablissez  les  dattes,  vous  rectifiez  les  erreurs,  vous  comblez  les 
lacunes;  aux  belles  légendes  vous  substituez  la  vérité,  que  vous 
estimez  plus  belle  encore-  Sur  Nicolas  Froment,  sur  Simon  Mar- 
mîon  et  Bellegambe,  sur  Jacques  Morel  et  sou  neveu  le  Moiturier, 
sur  ce  Re*inault  qui  reprenait  Tannée  dernière  sa  place,  toute  sa 
place  auprès  de  Michel  Colombe,  sur  les  Auguîer,  Le  Poussin  et 
Puqet,  sur  Philippe  de  Champagne  et  sur  Claude  Lefévre,  sur 
Watteau,  sur  Jngres  et  sur  Delacroix,  nous  vous  devons  mille  ren- 
seignements, et  quelques-uns  d*entre  eux  vous  doivent  un  regaiQ 
d'immortalité. 

w  Votre  dévotion,  qui  revient  sans  cesse  aux  grands   dieux, 


ALLOCLTIO»    DE    M.    LtJCÎB\    It.^nCilEIX.  19 

r^mme  il  est  juste,  nui  iieux  de  tout  l«  paya,  ne  néglige  pas  les 
difinités  locales,  tottte  cette  estimable  troupe  de  lalentâ  secon- 
daires qui  melteni,  en  ie  rapetissAnt,  en  le  vol.^arisant  un  peu  — 
<:omiiient  s*en  étonner?  —  l'art  des  plus  grands  k  h  portée  des 
pïus  petits;  Satellites  modestes  qui  préparent  les  yeux  à  soutenir 
UD€  lumière  plus  éclatante  et  qui  renvoient  partout  les  reQets, 
mifiants  encore,  d'un  soleil  trop  lointain. 

«  Enfin,  Messieurs,  —  et  c'est  la  partie  peut-être  la  plus  utile  de 
TOtre  œuvre,  —  tous  avez  largement  contribué  à  l'histoire  de  cei 
irts  qui  veulent  Inen  s'appeler  mineurs;  vous  savez,  vous,  f|u'il  ne 
faut  pas  les  prendre  au  mot  \  que  peu  importent  les  dimensions,  le 
lujet  apparent,  la  matière  et  Toutil,  là  où  Tàme  a  jfuidé  la  main: 
et  qu'elle  peut  inTuser  au  bois»  k  Tor  ou  au  fer  sa  fierté  ou  sa  ten- 
dresse dans  Tenroiilement  d'une  volute  ou  Télan  d'un  rameau, 
comme  dans  le  geste  d'un  héros  ou  l'agenouillement  d'un  saint. 
Aussi  vos  livres  sont-ils  pleins  de  pages  qui  décrivent  et  de  photo- 
graphies qui  reproduisent  mille  objets  dont  s'est  embellie  la  vie 
françatse  aui  siècles  passés  :  ftgurines  d* ivoire,  naïfs  et  précis  lou- 
venirs  d'époques  qui  souvent  n'ont  plus  guère  d'autres  témoins; 
meables  hardiment  sculptés  en  plein  bois  par  la  rude  et  loyale 
main  de  nos  vieux  bncbiers  ou  curieusement  fouillés  par  le  délicat 
et  savant  ciseau  des  ébénistes  de  la  Renaissance;  feuillages  frémis* 
lants  au  nos  bons  menuisiers  ont  fait  sourire  les  anges  et  chanter 
les  oiseanx;  majestueuses  tapisseries  qui  mettaient  le  printemps 
f>u  Tautomne,  les  fêtes  du  ciel  et  de  la  terre,  autour  des  devis 
courtois  des  preui  chevaliers  et  des  nobles  dames;  coETrets  d'une 
païenne  élégance  d'où  s'exhale  encore  le  parfum  des  belles  qui 
furent  aimées;  dur  fer  qui  s*est  tordu  en  souples  branches  ou 
épanoui  en  fleurons  printaniers  sous  le  marteau  du  forgeron; 
(aîences  où  Thumble  argile  sous  mille  formes  charmantes  s'est 
êmaillée  de  couleurs  qui  ne  vieilliront  pas;  vieux  vitraux  dont  le 
soleil^  divin  complice  du  verrier,  fait  des  tapis  d'émeraude,  de 
mhjs  et  d'améthyste  ;  ostensoirs  d'où  i  rayonné  le  soleil  des  âmes, 
reliquaires  qui  ont  /ait  des  miracles,  ciboires  où  le  Dieu  qui  aime 
les  pauvres,  mais  qui  ne  hait  pas  les  artistes,  se  plaisait  à  s'enfer- 
jer  dans  Tor  :  tout  ce  qui  nous  raconte  les  coutumes  et  les  amours^ 

vie  et  Tidéal  de  nos  pères,  vous  Taimez,  vous  le  recherchez,  vous 
.  décrivez  avec  un  soin  pieux  ;  et  à  voir  passer  sous  les  yeux,  quand 


30  SEANCE    PU    13   AVAIL. 

on  VOUS  feuillette,  les  spécimens  des  slylesque  noire  pays  n'a  cessé 
de  créerjuiqu'au  commencement  de  ce  siècle^  on  croit  suivre  dans 
sa  lente  évolution  Fdme  française,  rud^  et  fière,  maïs  non  sans 
grâce  déjà  au  donzîème  sîèclep  et  enseignant  aux  autres  nations, 
au  temps  de  saint  Louis,  Tart  des  temps  nouveaux  ;  mettant  au 
quinzième  siècle  sa  mesure  dans  la  richesse  flamande  ;  au  seizième, 
sa  netteté  un  peu  sèche  dans  lexuhérance  italienne,  puis  remplis- 
sant le  monde  d'un  faste  majestueux  qui  sut  rester  sohre,  jusqu'au 
jour  oiif  ayant  fait  siens  tous  les  éléments  empruntés  k  rantiquîté 
et  aux  pays  voisins,  affmée  par  Tusage  du  monde,  désabusée  du 
faste  pour  Tavoir  trop  payé,  de  la  majesté  pour  Tavoir  trop  ¥iie^ 
et  de  rnustérité  pour  Tavoir  trop  entendue,  elle  se  fit  un  art  bien 
à  elle,  qui  ne  fut  ni  italien,  ni  flamand,  ni  espagnol,  mais  uni- 
quement français,  où  elle  apparaît  encore  à  nos  yeux  charmés 
avec  le  clair  bon  sens,  la  noblesse  aisée  et  la  Une  tendresse  de  la 
société  la  plus  polie  qui  fut  jamais. 

«  Ah!  Messieurs,  le  joli  costume,  les  jolis  meubles!  le  moyen 
d'être  sotte  ou  même  laide  sous  ces  galants  déshabillés  de  formes 
si  coquettes  et  de  couleurs  si  gaies?  Comment  eût-on  osé  être  un 
pleutre  avec  cette  épée  au  cûté?  Qui  serait  resté  lourdaud  sous  ce 
frac  léger  et  ces  Sues  dentelles?  Qui  n'aurait  eu  de  resprît  dans 
ces  fauteuils  faits  pour  la  conversation  et  non  pour  s'endormir  en 
fumant  après  diner? 

H  Comparez,  ces  costumes  et  ces  meubles  avec  le  costume  que 
nous  ne  pouvons  plus  renvoyer  en  Angleterre,  et  avec  les  meubles 
que  nos  Crésus  devraient  bien  y  laisser.  Que  ne  vous  ont-ils  lusl 
Que  n'assistent-ih  à  vos  réunions,  ces  favoris  de  la  fortune  plus 
que  de  la  nature,  ces  victimes  peu  intéressantes  du  snobisme  et 
d'habiles  commis  voyageurs!  Ils  sauraient  que  la  France  a  créé 
en  tous  temps  d'assez  beaux  modèles  en  tous  genres  et  assez  variés, 
pour  n'avoir  pas  besoin  d'aller  chercher  hors  de  chez  elle  quoi? 
de  lourdes  imitations  de  ce  qu'elle  a  fait  autrefois  et  de  ce  qu'elle 
dédaigne  sottement.  Nous  avons  encore  assez  d*habiles  ouvriers 
pour  qu'on  puisse  faire  ici,  et  à  moins  de  frais,  du  Louis  XVf  non 
dégénéré.  Oui,  Messieurs,  s'ils  vous  avaient  lus,  ils  sauraieni  tout 
cela,  Jls  commanderaient  des  meubles  français  à  des  ouvriers  fran- 
çais, et,  s'ils  fussent  restés  après.,,  ce  qu'ils  étaient  avant,  du 
moins  ne  le  saurait-on  pas,  dans  kur  salon,  avant  qu'ils  aient  parlé  î 


ALLOCLTIO»    DE    U.   LUCIEN    MARGHËIX.  il 

K  Si  ce  n'était  là,  Messieuràf  qii*un  fait  isolé,  si  ce  n'éUit  qu'une 
mode  destinée  à  passer  c^mm^  le»  grands  canons  oti  ]es  vet\u*]g-* 
dins,  OD  en  prendrait  son  parti,  H  i)  serait  ridirnie  de  jeter  pour 
si  peu  le  cri  d'alurnie.  AlaiB  U  n'en  est  pas  ainsi  ;  parcoures  Doi 
ex]positions,  feuilletez  ces  revues  paradoxales  oii  une  jeunesse  vieil- 
lote  proclame  la  gloire  de  la  décadente;  tenez  les  yeux  ouverte,  si 
vous  le  pouvez,  devant  tous  les  bariolages  dont  des  Uotlicelli  de 
carrefour  prétendent  décorer  nos  murs;  regarder  ces  estampes  ou 
des  couleurs  exaspérées  hurlent  en  prétentieuses  dissonances  sur 
des  formes  indistinctes  —  et  pour  cause  —  dans  les  compositions 
ùh  le  préraphaélisme  anjjlais,  le  réalisme  japonais,  la  bizarrerie 
chinoise  et  le  dernier  chic  de  Montmartre  se  combinent  et  se  com- 
battent, se  repoussent  et  s'enlacent,  se  contournent  et  s'enclievé- 
trent,  àla^^randeadmirationd  amateurs  trop  peu  intelligents  et  de 
dames  trop  intelleetnelles.  Voyez  partout  ce  débordement  d'eso* 
lisme  et  de  mauvais  goût,  Tun  suivant  Tau  Ire,  et  dites  si  ce  ne  sont 
pas  là  les  symptùmes  d'un  mal  profond,  contre  lequel  il  fautré^^glr, 

u  Ce  mal,  on  pourrait  être  tenté  de  l'attribuer,  à  première 
lae^  à  Taffluence  et  à  TînEluence  excessive  des  élrangeris.  Mais 
est-ce  que  la  France  a  jamais  cessé  d'attirer  chez  elle  des  étran- 
gers et  d'en  refaire  sa  chair  et  son  sang  en  leur  communiquant 
son  àme?  Est-ce  qu'elle  n'a  pas,  a  plusieurs  reprises,  emprunté 
à  l'Italie,  à  la  Flandre,  à  F  Espagne,  à  TAllema^jne  et  à  l'Angle- 
terre  des  formes  d'art  et  des  idées  qu^etle  a  su  s'approprier?  Et 
si  aujourd'hui  elle  se  sent  menacée  d'être  al»sorbée  au  lieu  d'ab* 
sorber  et  de  devenir  allemande,  anglaise  ou  américainef  n'est-ce 
pas  tout  simplement  faute  d'être  assez  française? 

lï  Voilà  le  mal,  llessieurs,  et  vans  le  connaissez  bien;  vous 
connaissez  aussi  le  remède,  c'est  de  ranimer  le  goût  français» 
C'est  ce  goût  dont  on  a  éloquemment,  mais  follement  médit  quel- 
queloiSf  formé  à  l'école  des  logiciens  et  des  numanistes,  nourris 
des  traditions  et  des  exemples  de  la  Grèce  et  de  Home,  éclairé  au 
seiiième  siècle  d*un  sourire  de  Fltalie,  ce  goût,  fait  de  tact,  de 
mesure,  de  clarté  et  de  fermeté,  c'est  lui  qui  en  accueillant,  en 
"appelant  de  partout  ce  qui  convenait  à  notre  nature,  en  écartant  ce 
^uî  lui  répugnait,  à  créé  et  défendu  cette  France  intellectuelle  qui 
va  encore  maintenant,  quoi  qu'on  t^n  dise,  au  delà  dos  Vosges,  au 
delà  da  Rbin,  au  delà  des  Alpes  et  de  l'Océan. 


l4  SÉAMCE    DU    iS   AVRIL, 

a  D'où  venalt'il?  De  la  Grèce  et  de  Rome  &uiant  que  de  Gaule. 
Où  avait-il  ptiisé  ses  (jtialltés?  Dans  le  vieux  fonds  gaulois  saDi 
doute»  mais  aussi  dans  les  lettres  et  les  arts  de  Tanliquîté.  Corn* 
ment  s'est-il  entretenu?  En  remontant  à  plusieurs  reprises  à  ses 
origines  et  en  se  rattachant  à  son  propre  passé. 

H  Cest  de  la  même  façon  qu'il  peut  reprendre  une  nouvelle 
vigueur  :  en  attendant  une  renaissance  des  humanités,  qui  se  fera 
le  jour  oïl  on  le  voudra  vraiment,  c*est  à  vous,  Messieurs,  à  tous 
ceuK  qui  connaissent  et  aiment  ThUtoire  de  lart,  de  travailler  k 
la  résurrection  du  goût  français  —  disons  mieux  en  disant  plus 
court  —  du  goût.  En  tirant  de  TombrCj  en  mettant  sous  tous  les 
jeux  dans  des  oiui^ées,  dans  des  livres,  dans  des  conférences,  les 
œuvres  où  éclate  ce  goût  et  les  hommes  qui  Tout  porté  le  plus 
haut,  vous  amènerez  la  France  à  se  retrouver  elle-même,  à  se 
reprendre  :  elle  n'est  point  si  fardée  ni  si  déGgurée  qu'elle  ne  se 
reconnaisse  dans  ces  portraits  qu'ont  tracés  d'elle,  aux  temps  de  sa 
jeunesse  et  de  sa  gloire,  ses  poètes  et  ses  peintres,  ses  architectes 
et  ses  sculpteurs;  elle  rejettera  avec  dégoût  les  oripeaux  qui  Fen- 
laidissent  ;  elle  verra  les  rides  qu'elle  croit  avoir  s'effacer  avec  ses 
tristesses  d'emprunt,  et  elle  s'apercevra  avec  un  joyeux  étonne- 
ment  qu'elle  est  encore  belle,  qu'elle  est  encore  Jeune  et  qu'elle 
n'a  pas  cessé  d'être  elle-même;  car  un  peuple  ne  meurt  que  lors- 
qu'il le  veut  bien  et  n'est  vieux  que  lorsqu'il  se  l'imagine.  Et  sa 
faiblesse,  Messieurs,  disparaîtra  avec  son  erreur,  et  Tesperance  lui 
reviendra  avec  la  force,  et  elle  se  remettra  par  la  bouche  de  se^ 
orateurs,  par  la  plume  de  ses  poêles,  par  le  ciseau  de  ses  sculp- 
teurs et  par  le  pinceau  de  ses  peintres,  par  tous  les  outils  de  tous 
ses  ouvriers^  à  parler  net  et  clair,  à  parler  français  au  lieu  de 
radoter  dans  le  volaptick  de  tous  les  pays. 

ti  Vous  avez  déjà  travaillé,  vous  travaillerez  encore,  Messieurs^ 
h  cette  restauration  du  goût  français,  qui  sera  la  restauration 
même  de  la  patrie-  Vous  y  pouvez  beaucoup  ;  vous  ne  pouvez  pas 
tout;  il  y  a  dans  Tàme  des  peuples  une  force  mystérieuse  dont  le 
principal  ressort  ne  dépend  pas  de  la  volonté  consciente,  une  force 
qui  s'engourdit  ou  s'éveille,  s*alanguit  ou  s'exaspère  par  des  lois 
qui  nous  échîippent  :  lorsque  les  efforts  de  ceux  qui  sont  le  cerveau 
d'une  nation  coïncident  avec  les  réveils  de  Ténergie  populaire,  alors 
les  obstacles  s'abaissent ,  les  fautes  se  réparent,  les  nuages  se 


s£A!tf€S    DU    13   AVaiL,  fi 

dÉâsipenl,   et,    sous  un  cîet   rasséréné,   Tari  peut  i*épanouir  et 
chanter, 

«  En  Tenant  ici  de  toutes  les  parties  de  la  France,  en  traversant 
nos  campagnes,  vous  avei  vu  sous  la  tiédeur  d'avril  di!«paraîlre  les 
dernières  traces  de  rbiver  :  les  bourgeons  éclataient  aui  branches 
de  la  forêt,  la  prairie  s'émaillait  de  fleurs,  h  blé  montait  dans  le 
sillon,  Taltiuette  prenait  T essor  et  lançait  dans  un  rayon  de  soleil 
son  salut  joyeux  au  printemps^  «  Vous  ^issistL^rez  bientôt,  mes- 
sieurs, j*en  ai  la  ferme  espérance,  à  une  Fête  plus  belle,  au  renou- 
veau de  la  patrie  et  de  Tart  français,  â  Le  sol  a  été  Jabouré,  en 
dépit  du  mauvais  temps;  la  moisson  cjerme;  Talouette,  la  vail- 
lante  alouette  gauloise  est  là  sur  le  bord  du  sillon  ;  à  peine  écbappée 
de  Torage,  elle  frémit  encore;  mais  elle  regarde  le  blé  qtii  pousse, 
le  soleil  qui  lui  sourit  :  tout  à  Theure  elle  la  s'élancer  et  remplir 
le  ciel  de  sa  chanson,  » 

Lecture  est  ensuite  donnée  du  procés-verbat  de  la  séance  pré^ 
cédente»  qui  eat  adopté. 

Li  parole  est  donnée  à  M.  Quârrê-Revboviibon  (L.),  corres- 
pondant du  Comité  à  Lille,  pour  la  lecture  de  son  mémoire  sur  les 
Peintres  Van  OosC  à  Lille  (dii-septiéme  siècle).  C'est  aux  archives 
de  sa  région  que  l'auteur  a  puisé  les  documents  inédits  qu'il 
apporte  sur  les  Van  Oost.  Le  tableau  qui  est  le  motif  de  ce  mémoire 
est  placé  par  M.  De  baises  dans  son  ouyroge  le  Nord  monumental, 
parmi  les  ex^voio  dont  il  reste  peu  de  spécimens  dans  les  Flandres 
françaises.  M.  Quarrê-Reybourbon  donne  de  nombreui  rensei^ 
gnements  sur  les  peintres  dont  il  s'occupe  et  termine  par  bi  publi- 
cation de  pièces  justificatives  et  d'une  généalogie  des  Van  t)ost. 

U<  Gauthier  (Jules),  membre  non  résidant  du  t]omitéâ  Besançon, 

lit  sa  notice  sur  le  Mtisée  Jean  Gigoux  à  Besançon.  Ce  n'est  qu'une 

préface  à  Têtude  que  voudra  fuire  Tauteur  après  Tinstallation  des 

toiles  et  des  dessins  légués  par  le  peintre  Gigoui  à  sa  ville  natale. 

Mais  si  brève  qu'elle  soit,  cette  note  permet  d'apprécier  Timpor^ 

tance  du  Musée  Gigoui  et  rintérèt  que  revêt  cette  riche  collection  « 

M.  Tabbé  BauNE,  correspondant  du  ministère  â  Ucaume-les- 

less leurs  (Jura),  lit  son  élude  Peintures  et  sculptures  de  V église 

mnt'Antoine  en  Viennois.  C'est  une  dissertation  critique  et  bisto- 

ique  très  fouillée  sur  k  façade  de  l'église  de  Saint-Antoine  elles 


il  SÉANCE    DO    13    AVRIL. 

peintures  murales  de  cet  édifice.  M.  Brune  incline  à  vo'Wf  non  sans 
raiaûn,  la  main  de  Le  Moîtuner  dans  les  sculptures  de  la  façade. 
Les  raisons  qu'il  apporte  à  Tappul  de  son  opinion  sont  de  pretoier 
ordre. 

M.  Victor  Adviblle  demande  la  parole  sur  la  communication  de 
y,  Tabbé  Brune  et  fait  coanaïtre  le  résultat  de  ses  propres  recherches 
sur  les  travaux  e:tècutés  à  Saint-Antoine  en  Viennois;  mais  ses 
recherches  ont  été  sur  beaucoup  de  points  infructueuses. 

M.  Tabbé  Brune  réplique  que  les  archives  notariales  et  les 
archives  diocésaines  d'Avignon  permettent  encore  d^espérer  que 
rhistotre  des  artistes  qui  ont  travaiUé  à  Saint-Antoine  s  enrichira 
de  documents  nouveaux, 

La  parole  est  donnée  à  M.  de  GaÂNG&s  ue  Subgères,  correspondant 
de  la  Société  des  antiquaires  de  France;  à  Nantes,  sut  la  cathédrale 
de  Nantes.  Documents  inédits  (1631),  Il  s'agit  de  parties  impor- 
tantes de  r édifice  que  Ton  savait  avoir  été  construiles  au  dii- 
septième  siècle,  mais  dont  les  auteurs  n'étaient  pas  connus.  Des 
pièces  découvertes  dans  des  minutiers  de  notaires  ont  permis  à 
U.  de  Granges  de  Surgères  de  nommer  tes  arcbitectes  nantais  qui 
ont  exécuté  ces  travaux. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  M*  Biais  (Emile),  corres- 
pondant du  Comité  à  Angouléme,  sur  les  grands  amateurs  angou- 
moisins  du  quinzième  au  dix-huitième  siècle.  Ce  sont  autant  de 
portraits  de  bibliophiles,  de  curieux ,  de  coliectioDDeurs  de  la 
Saintonge  et  de  rAngoumois  que  M,  Biais  a  su  grouper  en  une 
galerie  restreinte,  non  sans  avoir  eu  le  soin  d'indiquer  ses  sources, 
ce  qui  ajoute  à  la  valeur  de  son  travail. 

L*ordr6  du  jour  appelle  la  lecture  de  M.  Bouilion-Landau, 
correspondant  du  Comité  à  Marseille,  sur  le  Musée  de  Marseille, 
Son  transfert  au  palais  de  Longchamp*  L  auteur  est  conser- 
vateur honoraire  du  Musée  dont  il  écrit  Thistoire.  Il  est  donc  bien 
informé,  et  les  renseignements  les  plus  circonstanciés  abondent 
sous  sa  plume  à  Toccasion  de  T  installa  lion  brillante  des  collée* 
tions  d'art  de  ï^farseille  dans  le  riche  monument  élevé  par  Espé- 
randreu. 

La  section  entend  W*  Lafoivd  (Paul),  correspondant  du  Comité  à 
Pau,  sur  François  et  Jacques  Bunel, peintres  de  Henri  IV .  L'étude 
de  M.  J^afond,  1res  documentée,  ne  laisse  rien  dans  Tombre  de  ce 


SÉANCE    DU    13   AVRIL.  25 

qoî  concerne  les  Banel.  Les  œuvres  de  ces  maiires  ayant  disparu»  il 
est  dooblement  intéressant  de  les  bien  connaître  dans  leurs 
personnes,  dans  leurs  travaui.  Des  indications  précises  et  nom- 
breuses sont  les  plus  sûrs  jalons  pour  retrouver  les  peintures  qui 
eiisteraient  encore  à  Tinsu  de  tous. 

M.  Maxe  Werly  (Léon)»  membre  non  résidant  du  Comité  i  Bar- 
le-Duc,  donne  lecture  d*un  travail  intitulé  VArt  et  les  artistes  dans 
k  Barrais.  C'est  une  nomenclature  précieuse  d'artistes  oubliés  ou 
de  monuments  disparus  qui  s*8Joute  aux  précédentes  communi- 
cations du  même  auteur  et  les  complète.  Les  futurs  historiens  de 
Tancien  duché  de  Bar  trouveront  d'utiles  indications  dans  ces  réco- 
lemenls  dressés  par  un  érudit  à  qui  rien  n'échappe  du  passé  de  sa 
province. 

H.  Tabbé  PorAe,  membre  non  résidant  du  Comité  à  Boumain- 
ville  (Eure),  est  invité  à  lire  son  travail  sur  le  Monogramme  de 
Masséot  Ahaquesne.  Deux  vases  de  pharmacie  dont  le  décor  paraît 
devoir  être  attribué  à  Ahaquesne  portent  un  monogramme  que 
H.  Porée  estime  devoir  être  celui  du  céramiste  rouennais.  Le  jalon 
posé  par  U.  Porée  servira  sans  doute  de  point  de  départ  de  recherches 
décisives  sur  la  question.  Il  est  vraisemblable  que  Técrivain  a 
raison. 

M.  Tabbé  Requin,  membre  non  résidant  du  Comité  à  Avignon, 
est  invité  à  lire  son  mémoire  sur  le  sculpteur  Imhert  Boachon. 
C'est  un  maître  du  seizième  siècle,  originaire  de  Màcon,  dont  il 
reste  deux  œuvres  très  remarquables  à  Avignon.  M.  Requin  a 
découvert  un  certain  nombre  de  pièces  inédites  sur  Boachon,  qui 
lai  permettent  de  reconstituer  la  monographie  de  cet  artiste  de 
haut  mérite. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  M.  Vincent,  membre  de  la 
Société  archéologique  de  Touraine,  à  Tours,  sur  une  association 
de  maîtres  joueurs  d'instruments  au  dix-septième  siècle.  L'étude 
de  M.  Vincent  n*a  que  quelques  lignes,  mais  elle  ne  laisse  pas 
d'être  instructive  et  attachante.  Les  douze  citoyens  qui,  par  contrat, 
se  mettent  en  société  pour  jouer  dans  les  fêtes  publiques  et  privées 
âe  leur  région,  semblent  avoir  tout  prévu  relativement  à  la  disci- 

line  de  leur  troupe.  Il  est  regrettable  qu'ils  aient  omis  de  joindre 

leur  acte  de  Société  le  répertoire  des  morceaux  de  musique  qu'ils 

'baient  le  dessein  d'exécuter. 


M  SÉANCE    DU    14   AVRIL. 

Le  mémoire  de  M.  Momuéja  (Jules),  membre  non  résidant  du 
Comité  k  MontauboQ,  sttr  ta  salle  des  actes  de  la  faculté  de  théo^ 
lotjie protestante  de  Montauban^  est  une  étude  critique  très  docu- 
mentée et  inédite  dans  toutes  ses  parties.  La  décoration  dont 
s^occupe  M.  Momméjà  est  de  plusieurs  époques.  C*est  donc  à  tort 
qu'une  tradition  populaire  attribue  à  Ingres  père  un  travail  auquel 
cet  artiste  n'a  d'aill(!urs  pris  aucune  part.  M.  Momméja  nomme  les 
décorateurs  du  dii-septième  et  du  dix-huitième  siècle  qui  ont 
exécuté  les  sculptures  de  Mon  tau  ban. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  quatre  heures 
et  demie. 

Demain  jeudi,  &  une  heure  et  demie,  suite  des  communications 
iDus  la  présidence  de  M,  Gustave  Sbrvois,  directeur  des  Archives, 
membre  du  Comités 


Séance  du  jeudi  14  avril. 

-    PRËS[DE\C£  OË  U.  GUSTAVE  SERVOIS. 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures,  sous  la  présidence  de 
M*  Gustave  Servois,  directeur  des  Archives,  membre  du  Comité, 
assisté  de  M.\L  Chûst,  chef  du  bureau  de  TEnseignement  et  des 
Manufactures  nationales,  et  Henry  JouiN,  secrétaire  rapporteur. 

Outre  les  délégut-s,  assistaient  à  la  séance  :  MM.  Tourneux, 
homme  de  lettres,  membre  du  Comité;  Chatel,  ancien  archiviste  du 
Calvados;  Colabd,  archiviste  de  Seine-et-Oise. 

M.  le  président  imite  M.  Jules  Gauthier,  membre  non  résidant 
du  Comilt',  à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-présidence  et 
prononce  Talloeution  suivante  : 

i<  Messieurs, 

4i  Appelé  à  rhonneur  de  présider  la  troisième  séance  de  votre 
congrès,  et  invité,  suivant  Tusage,  à  l'ouvrir  par  une  brève  allocu- 
tion, je  céderai  à  une  ioclination  toute  naturelle,  commune  du 
moins  à  bien  des  gens^  si  je  vous  parle  de  choses  de  mon  métier. 
C'est  d'ailleurs  vers  des  choses  d'archives  que  me  conduit  tout 


i 


r 


ALLOCtlTlON    DE    U.   CtSTâVE   SEBVOU.  fl 

d'abord  un  souvenir  éveillé  en  moi  pôr  vos  iutèreâsantee  lecturet, 
etqu'M  ne  me  parait  pas  ians  a-propos  de  rappeler  ici. 

i  Au  temps  élorgné  où  me  reporte  ce  iM}ui/enir,  vers  1S65,  le 
Comité  des  travaux  historlcjUGs  ne  recevait  encore,  parmi  les  com- 
munications de  ses  correspondants,  qu'un  très  petit  nombre  de 
dt^uments  relatifs  à  lart  et  aux  artistes.  Il  le  regrettait,  mais  il  ne 
l'en  montrait  pas  surpris.  •»  Les  documents  de  ce  genre,  écrivait 
Tun  de  ses  membres^  sont  extrêmement  rares  dans  les  dépôts  d'ar- 
chives. 1)  A  ce  jugement  quelque  peu  téméraire,  on  pourrait 
opposer,  j'allais  d'rre  triompbalement,  les  très  nombreux  et  1res 
méritoires  travaux  que  vous  airex  su  tirer  de  doctimenls  ori'pnaux, 
c^nsenés  dans  les  archives.  \e  craignez  pas  que  j'en  lentp  réou- 
mération.  La  lisle  de  leurs  titres  ressemblerait  de  trop  prrs  à  cette 
iable  des  matières,  contenues  dans  vos  mémoires,  dont  M.  le 
«énateur  llillaud  vous  annonçait  la  prochainR  publication,  ou 
encore,  ce  qui  reviendrait  an  même,  à  celle  des  rapports  généraui, 
toujours  si  exacts  et  si  complets,  sans  parler  de  leurs  autres  mérites^ 
que  TOUS  applaudissez  très  justement  chaque  année.  Il  faudrait, 
de  plus,  qu'elle  reproduisît  presque  entièrement  les  tables  des 
revues  dont  vous  êtes  les  collaborateurs  et  la  bibliograpbie  des 
ouvrages  dont  vous  êtes  les  auteurs. 

«  Du  moins  de  vos  mémoires,  de  vos  revues,  de  toutes  vos 
œuvres,  et  aussi  de  renseignements  recueillis  çk  et  là,  et  le  plus 
souvent  auprès  de  vous,  aurais-je  voulu,  par  goût  professionnel, 
eilruire  le  sujet  d'une  dissertation  sur  ceux  de  nos  fonds  d*arcbivflB 
qui  vous  ont  oGTert  jusqu'ici,  et  qui  vous  oiFrirout  longtemps 
encore,  de  précieuses  ressources  pour  écrire  l'histoire  de  l'art 
français.  Une  conférence  de  ce  genre  eût  été,  j*en  conviens,  d'une 
utiliLé  contestable  devant  des  explorateurs  d'ardiiies  aussi  habiles 
que  vous  Fêtes,  beaucoup  plus  expérimentés  assurément  que  je 
ne  le  puis  être  moi-même,  n'étant  guère  qu'un  témoin  des  travaux 
d'autruî.  Le  projet  néanmoins  était  séduisant,  la  matière  pouvant 
d'aîllears  se  traiter  à  peu  de  frais.  Mais  le  programme  que  je 
m'étais  tracé  coniplaisamment  s'est  évanoui  dés  que  j'ai  commencé 
^.  feuilleter  les  volumes  des  procès-verhaux  de  vos  sessions,  ainsi 
|ue  l'ont  fait  successivement  tous  vos  présidents,  jUmagine,  avant 
'écrire  leur  premier  discours,  ainsi  que  le  Gt  au  moins  mon 
"sgretlé  maître  et  ami  AI.  de  Roziêre,  lorsqu'il  dut  présider  une 


■r^ 


38  SEANCE    OU   14  AVRIL. 

séancfi  du  congrès  de  1890,  «  J'ai  voulu,  disait-it  en  vous  contant 
K  Tembîirras  où  Pavait  jeté  Tobli^jation  de  choisir  un  sujet  de 
tt  harangue,  j'ai  voulu  m'inspirer  des  modèles  offerts  par  mes 
ft  éDiînents  prédécesseurs.  J'ai  relu  leurs  discours  et  me  suis 
tt  pénétré  de  leurs  conseils,  f/est  ce  qui  m*a  sauvé.  ^  Pour  moi. 
Messieurs,  la  même  curiosilc,  la  même  recherche  de  modî^le^  a 
suivre  m'a  perdu,  je  veux  dire  m'a  Tait  perdre  la  conférence  quelque 
peu  doctrinale  que  Je  méditais  de  vous  faire  ex  cathedra.  Après 
avoir  lu  de  nouveau  les  excellents  et  très  éloquents  discours  ou 
M.  de  Kozière  lui-mêiue,  MM,  de  Montaigloo,  Guiffrey,  Havard, 
Nuitter,  d'autres  encore,  s'étaient  faits  vos  guides  à  travers  nos 
collections,  j'ai  du  renoncer,  en  effet ,  à  rallocutioii  projetée.  Je 
la  remplacerai,  avec  votre  permission,  par  une  modeste  causerie, 
non  pas  sur  un  sujet  qui  puisse  vous  paraître  neuf,  mais  tout  au 
contraire  sur  une  question  très  souvent  traitée,  et  qui  Va.  été  ici 
môme  dans  plusieurs  discours  que  lotts  n'avez,  pas  oubliés.  En 
raison  du  temps  écoulé  et  des  changements  survenus,  je  voudrais 
ajouter  â  ces  discours  un  simple  post-scriptum* 

Ci  S*il  est  une  question  peu  nouvelle,  c'est  bien,  n'est-ce  pas? 
celle  des  archives  du  notariat,  qui,  réapparaissait  avant-hier  au 
congrès  de  la  Sorbonne,  sous  les  auspices  du  Comité  des  travaux 
historiques.  £t  cependant  j'y  reviens  encore,  au  risque  de  vous 
fatiguer  de  redites.  11  y  a  des  causes  qu'il  ne  faut  pas  s*e^ poser  à 
perdre  par  prescription  et  qu'il  convient  de  recommander  avec 
persévérance  à  Tattention  de  qui  de  droit*  Maintenons  donc  celle- 
ci,  toute  vieille  qu*elle  soit^  â  l'ordre  du  jour  de  nos  réunions,  et 
à  celui  de  votre  congrès  aussi  bien  que  de  tout  autre.  Elle  vous 
touche  particulièrement,  car  les  actes  notariés  constituent  une 
mine  inépuisable  de  renseignements  sur  la  vie  et  les  œuvres  de 
vos  artistes  :  les  témoignoges  en  abondent  également  dans  vos  écrits 
et  dans  les  procès- verbaux  de  vos  réunions.  »  Les  archives  du 
a  notariat  renferment,  au  point  de  vue  historique,  des  trésors 
tL  inappréciables;  c'est  un  monde  à  explorer  »,  disait,  en  1884, 
mou  confrère  et  collègue  M.  GuiGTrey,  qui,  en  souvenir  de  fouilles 
heureuses^  avait  le  premier  introduit  auprès  de  vous  cette  ques- 
tion des  archives  notariales,  devenue  aujourd'hui  presque  fameuse 
à  force  d'être  débattue.  C*est  sur  Tinvitation  du  ministre  de  Tin- 
Btruction  publique  et  des  Beaux-ilrts  que,  deux  ans  plus  tardj 


r 


ALLOCUTION    DE    y.   GUSTAVE    SERVOIS.  ff 

M*  Hasard  la  ramenait  devant  vouis,  sians  nnlTe  pensée  de  polé<^ 
mique,  avec  le  désir  de  signaler  une  fois  de  plus  à  votre  curiosité 
des  collections  trop  peu  connues  d'actes  précieiii. 

Et  Enfin,  après  un  silence  de  quatre  ans,  M.  de  Roiîèrê  reprenait 
la  même  question,  et,  dans  un  dfscuurs  plein  de  raison,  il  la  traitait 
en  érudit,  en  jurisconsulte,  avec  Tautorité  qui  s'attachait  à  son  tUre 
de  président  ou  de  futur  président  de  la  commission  spéciale  qui 
devait  présenter  au  ^jarde  des  sceaux  un  projet  de  loi  ou  de  régle- 
mentation sur  la  conservation^  et  peut-être  la  coDceutration^  des 
minutes  notariales.  Cetfe  commission,  objet  d*espérances  dont 
M,  de  Roziëre  vous  faisait  les  canGdents,  n*a  jamais  siê^^jè,  ayant 
cessé  de  vivre  le  lendemain  ou  le  surlendemain  de  sa  naissance. 
Bien  qu'il  n'y  ait  plus  lieu  de  compter  à  bref  délai  sur  une  lot,  ni 
même  sur  une  réglementation  devant  laquelle  s'élèvent  des  diffi- 
cultés plus  ou  moins  insurmontables,  j'estime  que  la  question  des 
minutes  et  des  protocoles  Dotariaui  n'est  pas  de  celles  qui  sont 
demeurées  et  demeurent  dans  un  immobile  statu  quo^  iVous 
sommes  encore  loin,  si  elle  doit  jamais  intervenir,  d'une  solution 
pleinement  satisfaisante  pour  tous;  mais,  à  mon  sentiment,  les 
temps  sont  bien  changés  depuis  le  jour  où  un  jeune  avocat  de  la  ville 
de  Thiers,  qui  devait,  quelques  années  plus  tard,  devenir  Tarchî- 
Tîste  de  la  Seine,  dénonçait  les  dangers  que  couraient  beaucoup 
d  anciens  fonds  de  notaires,  antérieurs  à  la  Révolution  :  nous  ne 
parlons,  bien  entendui  que  de  ceux-lù. 

A  C'est  en  1861  que  doivent  se  placer,  je  crois,  les  origines 
d'une  querelle  toujours  courtoise,  mais  sans  cesse  renaissante, 
ehgines  qui  ne  sont  guère  connues,  que  des  plus  vieux  membres 
du  Comité  des  travaux  bistoriqueSt  dont  je  suis.  Tout  ravi  de 
la  rencontre  qu'il  avait  faite,  dans  un  miputier  de  son  pays, 
it  docnments  intéressants  sur  un  artiste  ignoré,  M.  Sainf-Joanny 
saisissait  successivement  de  ta  cause  dont  il  s'était  fait  l'apùtre, 
qu'il  soutenait  avec  tin  zèle  mêlé  d*un  peu  de  candeur,  le  Comité 
des  travaux  historiques,  les  Sociétés  savantes,  les  conseils  généraux 
et  les  ministres.  Dans  le  premier  de  sps  mémoires,  imprimé  à 
Tfaiers,  il  suppliait  le  Comité  des  trairaux  historiques  de  demander 

1  d  obtenir  le  versement  de  toutes  les  archives  des  nota  ires  dans 
^es  propres  archives^  k  Paris,  au  ministère  même.  Les  archives  du 

lomité  eussent  été  trans Formées  eu  un  dépôt  spécial,  aussi  vaste 


«Ô  SÉANCE    DU    14    AVRIL. 

que  celui  de  T hôtel  Soiihise,  lieauconp  plus  vante  même,  si  j'en 
crois  Tun  des  honorables  orateurs  qui  ont  pris  part  à  la  discusaion 
de  la  Sorbonne  :  neuf  cents  salles ,  disait-il,  suffiraient  à  peïna 
pour  contenir  les  archives  notariales  de  France.  N  en  fallùt-il  que 
le  quart,  la  concentration  proposée  par  M.  Safnt-Joanny  n'eu  eût 
pas  moins  été  une  ima«{tnation  bien  singulière.  II  ne  tarda  pas  à 
le  comprendre  lui-même,  et,  sa  résignant  aux  concessions,  il 
annonça  qu'il  m  contenterait  de  voir  cenlralisee  à  Paris  la  portion 
a  historique  ^  des  archives  notariales  :  il  voulait  bien  laisser  le  reste 
à  la  province.  C'eût  été  reasusciter  très  malencontrensement  les 
bureaux  de  triage  institués  ou  décrétés  pendant  la  Hévolution;  mais 
le  respect  des  fonds  était  alors  le  moindre  des  soucis  de  \L  Saint- 
Joanny.  Heureusement  il  n'avait  pas  encore  charge  d'archives. 

«  Tel  n*était  pas,  il  est  superflu  de  le  faire  remarquer,  le  pro- 
gramme de  M.  de  Roziére.  Pour  lui,  la  meilleure  et  la  plus  sûre 
des  concentrations  était  celle  dont  bénéOcteraienl  les  archives 
départementales  dans  les  conditions,  prudemment  déterminées,  où 
elle  s'était  déjà  opérée  sur  divers  points,  et  où  elle  s'opère  encore 
peu  à  peu  :  je  pourrais  citer  des  villes  importantes  dont  les  études 
n'ont  rien  conservé  de  leurs  archives  d'ancien  régime. 

S'il  pouvait  jamais  arriver  que  la  solution  préconisée  par  M.  de 
Rozîère  obtint  l'assentiment  universel,  les  emplacements,  il  faut 
en  convenir,  deviendraient  bientôt  insuffisants  rk  et  là;  mais  n'ou- 
blions pas  que  les  conseils  généraux  ont  souvent  réclamé  les 
mesures  de  protection  que,  de  leur  cOié,  souhaitent  les  érudils,  et 
ne  mettons  pas  en  doute  qu'ils  cesseraient  de  s'en  tenir  à  des  vœux 
purement  platoniques,  le  jour  où  ils  en  seraient  sollicités.  Aussi, 
me  laissant  aller  à  des  espérances  que  l'on  jugera  sans  doute  bîeti 
optimistes  Je  prévois,  à  Une  date  plus  ou  moins  prochaine,  l 'instal- 
lation,  en  divers  départements,  soit  d'un  dépôt  unique  d'anciennes 
archives  notariales,  soit  de  plusieurt  petits  dépôts,  tels  qu'on 
souhaitait  en  1789  qu'il  s'en  établît  dans  les  sénéchaussées  da 
Péngord  :  ce  dépôt  unique  ou  ces  moindres  dépôts  se  consli-^ 
tueraient  avec  le  concours  dns  asseniblées  départementales  et  des 
chambres  de  notaires,  sous  la  garde  et  sous  llnspeclîon  de  per^ 
sonnes  choisies  ou  agréées  par  des  collèges  noiariaux. 

K  Qui  pourrait  affirmer  qu'à  une  grande  œuvre  de  préservation 
ne  viendraient  point  s'associer,  par  des  contributions  volontaires. 


ALLOCtlTIO]^    DE    U.    GUST,^\f^    SEBVOIS.  If 

ceox  qui  pensent  que  rbistoire  mtîme  de  nos  grands  artistes,  de 
tous  no5  grands  hommes  ou  même  de  nos  propres  familles,  si 
modestes  qu'elUs  aient  pu  èlre,  mérite  bien  quelques  sacrifices? 
]V'ai-je  pas  appris,  ces  jours  derniers,  qu'un  ami  des  études  Itislo* 
riquesotfrlra  sous  peu  aux  nnlaires  de  sa  contrée,  en  faveur  de  leurs 
vieilles  minutes  et  de  leurs  vieux  registres,  un  bâtiment  construit 
ou  aménagé  à  ses  frais,  dont  ils  pourront  jouir  nvec  Tindèpen^ 
dâttce  et  les  garanties  désirables,  comme  jadis  les  notaires  et 
tabellions  de  rancien  régime  usaient,  en  quelques  pays,  des 
B chambres  du  gros  »,  des  u  chambres  des  contrats  t^ ,  des  »  bu- 
reaux de  tabellionage  ti  ?  Jusqu'au  succès  de  ce  libéral  projet, 
je  devrai  taire  le  nom  de  celui  qui  l'a  formé.  Si  plus  tard  vous  êtes 
appelés  à  le  connaître,  vous  ne  scre^  {»as  surpris  de  le  voir  attaché 
à  une  tentative  que  lé  goût  de  l'histoire  et  le  patriotisme  ont 
inspirée. 

K  En  attendant  de  meilleures  destinées  pour  tous  les  fonds  no- 
tariaux sans  exception,  il  f^emble  permis  de  croire,  en  dépit  de 
certaines  révélations  apportées  mardi  à  la  Sorbonne,  que  les 
lamentables  descriptions  dont  nous  nous  étions  émus  jadis  ont 
presque  partout  cessé  d'être  exactes,  et  que  le  plus  souvent  la 
vigilance  des  intéressés  a  conjuré  tout  péril,  dés  qu'elle  a  été 
mise  en  éveiL  Je  veux  tenir  pour  certain  que  désormais  on  ne 
laissera  plus  échapper  des  études  le  moindre  des  actes  relatifs  à 
Vun  des  artistes  ou  des  artisans  dont  vous  vous  êtes  constitués  les 
biographes^  non  plus  qu'aucun  testament  de  reine  de  France,  non 
plus  m^me  qu'aucune  donation  faite  par  le  plus  humble  des 
f^a^jnenleniers. 

9-  Ce  n'est  pas  assez  que  nous  prenions  confiance  en  la  durée 
illimitée  des  minutiers  qui  subsistent  en  totalité  ou  partiellement; 
ce  B'est  pas  assez  que  la  courtoisie  de  leurs  possesseurs  tes  rende 
plus  accessibles  de  jour  en  jour  au :i  érudits  qui  sont  dignes  decon* 
fiance.  Nos  vœux  sont  encore  que  ces  minutiers  soient  tous  classés 
et  répertoriés,  comme  le  sont  ou  le  seront  tous  les  fonds  qui  con- 
tiennent une  partie,  ne  fût-ce  quedes  parcelles  de  notre  histoire. 
•  Sur  ce  dernier  point,  j'aimerais  a  vous  citer  un  certain  nombre 
le  faits  heureux,  qui  m'apparaissent  comme  des  signes  de  temps 
auveau.^.  Mais  il  faut  se  bâter.  Pour  Paris,  je  me  borne  à  vous 
appeler  l'impression  partielle,  duc  à  M.  Coyecque  et  consentie^ 


I 


3a  '  SEAXCE    DU    U   AVfllL, 

fOii3  le  pensez  bien,  par  le  notaire  intéressé,  d'nnalyse^  tirées  d'un 
minutier^  nouvellemetit  classé,  du  seizième  siècle.  Ces  analyses^ 
que  plusieurs  d'entre  ¥oub  ont  déjà  utilisées,  se  coutinueut,  et 
peut-être  seront-elles  intégralement  publiées  dans  Tune  des  collec- 
tions historiques  du  conseil  municipal* 

u  Je  passe  aux  indices  favorables  qui  se  produisent  en  province. 
Un  ancien  administrateur,  plein  de  zèle  pour  Térudition,  complé- 
tait récemment  Tun  de  ces  états  sommaires  qu'ont  dressés  pour 
elles-mêmes  diverses  chambres  denotaireSj  et  qui  donnent  la  liste 
des  titulaires  successifs  de  chaque  office,  avec  les  dates  extrêmes 
des  actes;  puis  ilTinsérait  dans  \e  Bulletin  delà  Société  savante  de 
rarrondissement,  qui  est  celui  de  S&mur  en  Ausois.  Je  ne  veux  pas 
surfaire  Timportance,  assurément  fart  modeste,  de  cette  réimpres- 
sion de  quelques  pages.  Eu  reproduisant  au  profit  de  tous  une  liste 
précédemment  destinée  à  quelques-uns  et  dont  Tédition  est  d*ail- 
leurs  épuisée,  M.  de  Saint-Genis  a  simplement  montré  la  voie  ou 
d'autres  pourront  s'engager^  dans  les  pays  dont  les  archives  nota- 
riales n'ont  pas  encore  été  Tobjet  d*uû  récolement.  La  réimpression 
que  je  signale^  du  reste,  n*est  que  le  prologue  de  travaux  de 
dépouillement  el  d'analyses  que  M.  de  Saint-Genis  aurait  Tambi- 
tiou  de  diriger  k  travers  les  minutes  de  son  arrondissement,  si  ses 
collègues  de  la  Société  savante  dont  il  fait  partie  avaient  le  loîsir 
de  lui  prêter  a&sistance.  Réussira-t-il  à  les  entraîner  à  sa  suite  dans 
sa  laborieuse  et  délicate  exploration?  A^oua  le  saurons  plus  tard* 

^  C'est  un  métier  que  de  faire  un  livre  )«  ,  a  dit  La  Bruyère, 
C'en  est  un  autre  de  rédiger  Tinventaire  d'actes  de  cette  sorte,  et 
on  métier  qui  exige  beaucoup  de  discernement,  et  de  plus  Texpè- 
rîence,  les  yeux^  la  patience  d'un  paléographe,  La  tâche  devrait 
cependant,  en  province  comme  il  arrive  chaque  jour  à  Paris,  tenter 
des  travailleurs  d'esprit  éclairé.  C'est  ainsi  qu'on  aimerait  à  savoir 
qu*il  est  quelque  part  un  canton  favorisé,  où  quelque  notaire  de 
bon  vouloir  et  de  hou  exemple  consacre  ses  heures  de  liberté 
â  explorer  les  minutes  de  sa  contrée  et  à  préparer  un' choix  d'ana^ 
lyses  et  de  citations  qui  puisse  venir  en  aide  aux  études  histo- 
riques, sociales  ou  économiques,  ainsi  qu'à  vos  études  biogra- 
phiques sur  les  artistes  qui  vous  sont  cbers. 

à  Mais  une  seconde  fois  se  présente  à  moi  la  tentation  de  me 
montrer  peu  discret,  et  une  seconde  fois  je  n'y  résiste  qu'à  moitié* 


SiAMCE   DU   14  AVRIL.  38 

«  Ce  notaire  qae  j^appellc  de  mes  vœux,  que  je  souhaite  de 
rencontrer  pour  le  proposer  comme  modèle,  il  serait  déjà  trouvé, 
si  je  m*en  rapportais  à  Ton  de  nos  correspondants,  que  je  regrette 
de  ne  pas  voir  parmi  vous  :  présent,  il  nous  eut  donné  les  éclair- 
cissements qui  me  manquent  encore  sur  le  projet  qu'il  me  fait 
connaître.  Je  vous  désignerais  par  son  nom  le  notaire  érudit  dont 
il  s'agit,  archiviste  volontaire  du  notariat,  s'il  ne  restait  encore 
quelque  chose  d'un  peu  vague  dans  la  correspondance  échangée  au 
sujet  de  son  offre  de  concours,  et  s*il  n'était  prématuré,  d'autre 
part,  de  citer,  même  entre  nous,  le  canton  où  les  vieilles  archives 
du  notariat  semblent  devoir  s* ouvrir  avec  une  très  louable  libéra- 
lité. Puisse  le  catalogue  que  Ton  nous  annonce  ne  pas  se  faire 
attendre  longtemps!  Il  pourrait  devenir,  dans  notre  vaste  collec- 
tion d'inventaires  départementaux,  le  premier  volume  d'une  série 
nouvelle,  formée  des  fonds  conservés  dans  les  études,  et  prenant 
place,  avec  l'assentiment  des  conseils  généraux  et  des  notaires,  à 
côté  de  la  série  où  sont  fictivement  réunies  les  archives  rurales. 

a  Mais  n'est-ce  pas.  Messieurs,  vous  arrêter  trop  longtemps 
sur  une  question  d'archives?  Il  est  temps  de  revenir  aux  questions 
d'art  dont  vous  entretenait  si  éloquçmmeut  votre  président  d'hier. 
Vous  avez  la  parole,  Messieurs,  et  nul  de  vos  auditeurs,  au  cours  de 
cette  séance,  ne  sera  plus  attentif  à  vos  dissertations  et  à  vos  ensei- 
gnements que  votre  président  d'aujourd'hui,  d 

La  parole  est  donnée  à  M.  Gauthibr  (Jules),  membre  non  rési- 
dant du  Comité,  à  Besançon,  sur  Conrad  Meyt  et  les  sculpteurs 
de  Brou  en  Franche-Comté.  L'exode  des  maîtres  de  Brou  en 
Franche-Comté,  les  vicissitudes  qu'ils  endurèrent  dans  celte  ré- 
gion, sont  tracés  avec  une  grande  sûreté  par  M.  Gauthier.  A  celte 
partie  historique  se  joint  une  partie  critique  dans  laquelle  M.  Gau- 
thier décrit  les  sculptures  du  temps  qu'il  attribue  à  Conrad  Meyt, 
à  ses  compagnons  ou  à  ses  successeurs  immédiats.  Le  mémoire  de 
M.  Gauthier  est  un  excellent  chapitre  de  Thistoire  de  la  sculpture 
dans  l'est  de  la  France. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  communication  de  M.  Briqlehave 
Charles),  membre  non  résidant  du  Comité,  à  Bordeaux,  sur  les 
^cintres  de  l'hôtel  de  ville  de  Bordeaux,  professeurs  de  V École 
icadémique.  Ce  titre  général  embrasse  un  ensemble  de  faits  que 

3 


34  SÉANCE    DU   14  AVRIL. 

Tauteur  ne  pouvait  aborder  en  un  seul  mémoire  ;  aussi  M.  Rra- 
quehaye  nVt-il  présenté  dans  son  étude,  lue  en  1898,  que  le 
peintre  Le  Blond  de  Latour,  portraitiste,  décorateur  et  professeur. 
La  monographie  de  cet  artiste  provincial  a  été  composée  avec  un 
très  grand  soin  par  son  auteur. 

La  section  entend  M.  Thoison  (Eugène),  membre  de  k  Société 
historique  du  Gàtioaîs,  à  Larcliant.  Son  mémoire,  intitulé  :  Céra- 
mique et  verrerie  (seizième  siècle),  a  pour  objet  une  découverte 
d*instruments  de  musi([ue  en  verre  et  en  terre  cuite.  La  commune 
de  Larchant,  où  a  eu  lieu  cette  découverte,  paraît  avoir  été,  à  la 
fin  du  seizième  siècle,  un  lentre  de  fabrication  d'instruments  en 
terre.  Les  preuves  fournies  par  M.  Thoison  semblent  péremp- 
toiree. 

Au  cours  de  sa  lecture,  M.  Thoison  fait  circuler  des  trompettes 
de  terre  du  seizième  siècle  entre  les  mains  des  assistants,  et  plus 
d'un  des  membres  présents  tire  de  ces  instrumenta  primitifs  des 
sonH  d'une  harmonie  sévère  qui  laissent  regretter  qu'une  répétition 
préalable  n'ait  pas  permis  de  préparer  un  concert  qui  eût  apporté 
sa  note  joyeuse  à  la  session  de  1898. 

AL  Deligni^res  demande  la  parole  sur  la  communication  de 
KL  Thoison,  qu'il  remercie  d'avoir  cité  M.  Viguier,  amateur 
abbevillois,  11  ajoute  qu'en  Picardie  on  use  encore,  dans  les 
champs,  de  cornets  qui  se  rapprochent  des  instruments  décrits  par 
M.  Thoison. 

M.  DE  Ghanpmaison  (Charles),  membre  non  résidant  du  Comité, 
à  Tours,  dans  son  étude  sur  les  Tapisseries  de  Montpezat^  résout 
un  problème  qui  avait  embarrassé  plus  d*un  historien.  M  éclaircH 
le  miracle  dit  des  u  Bonets  »  de  saint  Martin,  a  Bonets  n  signifie 
bas  de  manche.  Lne  pièce  de  la  tenture  de  Montpezat  reproduit  ce 
miracle.  M.  de  Grandmaîson  a  donc  fait  une  incursion  dans  l'his- 
toire proprement  dite  à  propos  d'une  tapisserie. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  communication  de  M.  de  Lovgueuade 
(Paul),  président  de  la  Société  des  antiquaires  de  Normandie  à 
Caen,  sur  les  Sphinx  de  Paviily.  Ces  sphinx  sont  des  sculptures 
du  dix-septième  siècle  que,  dans  la  région  normande,  on  attribue 
volontiers  à  Puget.  L'étude  de  M.  de  Longuemare  orientera  3an& 
doute  les  chercheurs  vers  le  document  décisif  qui  liendrait  con* 
firmer  cette  attribution. 


SEANCE    OU    ti  AVatt,  1( 

U  Section  eatend  ensuite  M.  de  GflAi^'DifAlsON  (Louis),  corres- 
pondant  dti  Comité,  à  Tours ^  sur  la  Tombe  de  Lancelot  du  Fau, 
fWi^ufd^€/ii/f<iff(15'2^)>  C'est  un  joaillier  qui  obtient  la  commande 
de  ce  Lambeau,  mais  le  m&rché  porte  qu'il  ^era  exécuté  en  cuivre 
el richement  orné.  Un  orfèvre  connu  dans  TEcole  tourangelle  du 
seizième  siècle  se  porte  garant  du  joaiflier.  La  présence  de  ce  maître 
an  le  notaire  qui  ri^di^^e  le  contrat  porte  \I*  de  Grandmaison  à 
croire  que  le  tombeau  ile  Laurclot  du  Fau  dut  être  Tœuvre  de 
TorfËire.  Le  raisonnement  doit  être  juste. 

M  Tabbé  BossEBOËtJP(L.),correiipondant  du  Comité,  à  Tours,  est 
m\{é  à  liie  sa  brtHe  notice  sur  Un  maiire  de  l'œuvre  du  Mont 
kini'Miehel  au  dix-septième  siècle.  Le  point  de  départ  de  cette 
élsde  est  nne  pierre  tumulaire  conservée  dans  Tancienne  abbaye 
du  mont.  L'inscription  funéraire  porte  le  nom  d*un  architecte.  A 
»Ue  inscription  révélalrice  M.  Bossebœuf  ajoute  des  indications 
fournies  par  des  pièces  d'archives,  et  ainsi  se  trouve  ébauché  le 
pfofil  d'un  maître  hier  encore  inconnu. 

U  Section  entend  la  lecture  de  M.  GABEâu  (Alfred),  membre  de 
la  Société  archéolo^'jique  de  Ton  raine,  à  Tours,  sur  le  Mobilier  du 
àâteau  de  Chanteloup.  La  partie  intéressante  de  cette  étude  est 
die  qui  â  trait  îiux  peintures  dn  château,  entrées  en  majeure 
partie  à  Pépoque  de  la  Révolution  dans  le  Musée  de  Tours.  Les 
hUtoriens  de  ce  musée  puiseront  dans  le  travail  de  M.  Gabeau  plus 
d'an  renseigne  meut  utile  sur  Télat  ciiîl  de  certains  tableaux. 

U  parole  est  donnée  à  M.  Gucatix  (Robert),  membre  de  la 
Société  des  antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens,  sur  des  Tableaux 
offeru  è  ta  confrérie  de  Noire-Dame  du  Puy,  à  Amiens.  Deux 
peJQtures  occupent  M.  Guerlin.  telles  sani  e^jalement  curieuses. 
htm  C4irflctère  est  avant  tout  iconique.  Ce  sont  ies  portraits  qu'elles 
r^QferoieQt  qui  constituent  leur  intérêt.  Exécutées  à  Amiens,  ces 
peintures  sont  F  indice  d'un  foyer  d'art  en  Picardie  au  seizième 
siècle, 

M,  Lex  (Léonce),  correspondant  du  Comité,  à  MAcon,  lit  sa  notice 
sur  C.-F,  Moreauj  êvéque  de  Màcon  (1703-1790),  protecteur  de 
Ormze  et  (k  Prud'hon.  C'est  surtout  Prud'bon  qui  est  redevable  à 
3féque  de  Mûc4}n  d'avoir  été  envoyé  à  l'École  de  Dijon  alors  qu'il 
^taiÈ  encore  qu'adolescent.  Le  haut  talent  de  Prud'hon  rend  atta- 
ante  la  mémoire  de  son  premier  protecteur,  qui  fut  en  même 


l 


M  SEANCE   DU    Ib  AVBIL. 

temps  un  amateur  éclairé  et  rinitiateur  de  T Ecole  de  dessin  de 
UàcOD. 

M.  VËCrCLlîtf  (V.-E.),  correspondant  du  Comité,  à  MesniUsur- 
TËstrèes  (Eure),  est  invité  à  lire  ses  trois  mémoires  : 

1"  Les  origines  du  Musée  de  Bernay  ; 

2*  UÂrt  campanaire  et  V ornementation  des  docfàes  au  dix* 
sepiième  siècle; 

3*  L^Art  dramatique  à  Lisieux  pendant  la  Révolution. 

Le  cadre  de  ces  études  est  circonscrit  dans  la  région  normande. 
Les  difficultés  éprouvées  par  les  fondateurs  du  AI  usée  de  Bernay 
seront  un  enseignement  pour  les  hommes  d'initiative  que  tentera 
la  création  d'une  collection  municipale.  Dans  ses  recherches  sur 
rornementatiot)  des  cloches,  M.  Veuclîn  donne  d'intéressants  dé- 
tails sur  des  fondeurs  normands.  Le  théâtre  à  Lisieui  pendant  la 
Révolution  renferme  des  indications  précieuses  sur  les  mœurs  et 
[es  goûts  de  la  province  à  Tépoque  de  commotion  sociale  dans 
laquelle  Tauteur  a  circonscrit  son  travail. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  AL  LA&Ai^nE,  correspond 
dant  du  Comité,  à  Avignon ,  sur  Un  miniaturiste  avignonnais^ 

Cet  enlumineur  de  réel  mérite ^  dont  M.  Labande  fait  passer  de 
nombreuses  compositions  sous  les  yeux  des  délégués,  est  Tocca- 
sîon  pour  Técrivain  de  mettre  en  lumière  une  suite  de  maîtres  du 
Comtat  i]ui  n'étaient  qu'imparfaitement  connus. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  cinq  heures. 
Demain  vendredi,  séance  à  deu^  heures,  sous  la  présidence  de 
M.  Maurice  Tourbeux,  homme  de  lettres,  membre  du  Comité; 

Suite  et  Gd  des  communications  et  lectures. 

A  la  même  séance,  lecture  du  rapport  général  sur  les  travaux  de 
la  Section  par  M.  Henry  Joum,  secrétaire  rapporteur  du  Comité. 


Séance  du  vendredi  1 5  avril. 
Pbb3id£pîge  oe  m.  MAuaiCE  Tourbeux, 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures,  sous  la  présidence  de 
If.  Ifaurice  TooaitfEuXp  homme  de  lettres,  membre  du  Comité, 
assisté  de  AL  L.  CaosT,  chef  du  bureau  de  rEnseignement  et  des 


âLLOCCTiOlV    DE    M.    UAUIIGB    TOtia^VEUX.  37 

Manufactures  nationales,  secrétaire  du  Comité,  ef  de  M.  Henry 
JoiiiB.,  secrétaire  rapporteur , 

Outre  leâ  déléguéfl,  assistaient  à  la  séance  : 

M,  Maiîmilien  Boïjrgeois,  statuaire,  et  divers  représentants  def 
Sociétés  savantes  se  rattachant  aux  autres  sections. 

M.  le  président  invite  M.  Herllison,  correspondant  du  Comité, 
à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-préiîdence  et  prononce  l'allo* 
cul  ion  suivante  : 


«  Messieurs, 

9.  C'est  à  un  biblio<[raphe  qu'est  échu  Thonneur,  assurément 
très  inattendu,  de  présider  la  quatrième  séance  de  votre  congrès; 
et,  bien  qu'en  prenant  possession  du  siège  ma  surpriiie  soit  compa- 
rable à  celte  qu'éprouva,  dit-on,  le  doge  de  Gènes  dans  la  grande 
galerie  de  Versailles,  je  me  crois  néanmoins  fondé  à  me  dire  votra 
confrère,  puisque  je  sers  de  mon  mieux,  dans  mes  moments  de 
loîaîr,  une  cause  qui  nous  est  chère  à  tous  :  celle  de  l'bfstoire  de 
notre  art  national.  Toutefois  comme,  suivant  un  vieil  adajfje,  il 
souvient  toujours  à  Rohïn  de  sesOûtes,  c*est  encore  le  bibliographe 
qai  voudrait  vous  soumettre  une  idée  dont  il  ne  saurait  assumer  la 
paternité,  mais  dont  il  serait  très  fier  de  pouvoir  se  dire  un  jour  le 
parrain. 

»  Le  temps  n'est  plus»  Messieurs,  et  ne  reviendra  probablement 
jamais  ou  un  secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie  française  pouvait, 
au  début  d'une  notice  sur  La  Bruyère,  écrire  avec  dt's  in  voiture  : 
«  On  ne  sait  rien  de  sa  famille,  et  cela  est  fort  indifférent*  n  Si 
M.  Suard  revenait  au  monde,  il  serait  fort  surpria  de  voir  que  noua 
avons  changé  tout  cela,  et  que  la  généalogie  d'un  grand  écrivain  ou 
d'un  grand  artiste  ne  nous  semble  nullement  négligeable.  Que  de 
fois  une  date  ou  une  alliance  a  expliqué  un  fait  jusqu'alors  obscur! 

i<  11  vous  faut  donc  des  documents,  il  vous  en  faut  beaucoup,  il 
vous  en  fant  d'authentiques,  et  vous  n'épargnez  aucune  peine  pour 
nous  apporter  chaque  année  une  gerbe  plus  épaisse  t^t  mieusi  triée 
de  monographies,  où  vous  vous  efforcez  de  ne  rien  omettre  de  ce 
qui  peu  t  les  re  ndre  plus  prèci  ses .  Ces  docu  m  en  ts ,  vous  tes  deman  dez 
à  vos  archives  locales  ou  départementales,  aux  minu tiers  des 
notaires,  à  vos  papiers  de  famille,  à  des  livres  peu  consultés,  par- 


38  SÉANCE    DU   13   AVRIL. 

fois  à  des  traditions  orales;  mais  il  est  on  vaste,  un  immense 
répertoire  dont  vous  vous  servez  fort  peu,  je  crois,  parce  que,  dans 
son  état  actuel,  il  est  à  peu  près  impossible  de  s*en  servir. 

tt  Vous  connaissez  tous.  Messieurs,  la  formidable  série  des  inven- 
taires des  archives  départementales  dont  l'impression,  commencée 
en  1860  par  ordre  du  ministre  de  Tlntérieur,  n'est  pas  encore 
achevée.  Je  sais  tons  les  reproches  que  les  spécialistes  ont  adressés 
à  cette  volumineuse  et  encombrante  collection  ;  je  sais  qu'au  débuts 
du  moins,  la  préoccupation  bizarre  de  donner  à  chaque  fascicole 
des  proportions  à  peu  près  égales  y  avait  fait  introduire  des  énu- 
mérations  oiseuses,  et  que  par  contre,  pour  obéir  aussi  aux  circu- 
laires ministérielles,  rédigées,  comme  le  disent  MU.  Langlois  et 
Stein,  par  des  bureaucrates  incompétents,  on  s'était  borné  à  ne 
donner  que  les  dates  extrêmes  de  chaque  article,  laissant  ainsi  le 
chercheur  indécis  sur  ce  qu'il  avait  chance  d'y  rencontrer;  mais 
je  sais  aussi  que  lorsqu'on  a  le  courage  de  dépouiller,  la  plume 
à  la  main,  quelques-uns  de  ces  fascicules,  on  a  grande  chance  de 
n*avoir  point  perdu  son  temps;  c'est  ainsi  que  Tun  des  érudîts 
dont  je  viens  de  vous  citer  le  nom,  M.  Henri  Stein,  a  pu,  il  y  a 
dix  ans^,  présenter  à  Tun  de  vos  congrès  le  résultat  de  ses  recherches 
dans  les  archives  de  l'Isère  et  apporter  un  notable  complément  aui 
patientes  investigations  de  M.  Edmond  Maignien  sur  les  artistes 
grenoblois.  Mais  M.  Maignien,  comme  M.  Stein,  n'avait  en  vue 
qu'une  seule  province,  sinon  même  qu'une  seule  ville,  et  le  but 
de  la  publication  que  nous  sommes  quelques-uns  à  rêver  serait  de 
mettre  à  la  disposition  de  tous  ce  qui,  jusqu'à  présent,  n'a  pu  favo^ 
riser  que  des  travaux  entrepris  sur  place. 

tt  Vous  n'ignorez  pas.  Messieurs,  combien  nos  vieux  maîtres, 
peintres,  sculpteurs,  architectes,  ont  été  nomades.  Lorsqu'on  par-* 
vient  à  reconstituer  la  série  des  pérégrinations  de  l'un  d'entre  eux, 
on  reste  stupéfait  des  distances  qu'ils  ont  parcourues  si  l'on  songe 
aux  difficultés  multiples  que  présentaient  alors  de  pareils  voyages^ 
et,  sans  vouloir  pousser  l'affirmation  jusqu'au  paradoxe,  on  peul 
alléguer  que  ceux  qui  ont  travaillé  sur  place  sont  assurément  en 
très  petit  nombre.  Le  nom  de  Martin  Claustre,  originaire  del'Isère^ 
s'est  retrouvé  à  plusieurs  reprises  sur  les  bords  de  la  Loire.  Le 
véritable  lieu  de  naissance  du  mystérieux  Jacques  d'Angouléme  est 
encore  un  problème  dont  ni  la  Champagne,  qui  serait,  disait-on,  eti 


I 


droU  de  le  réclamer  comme  un  de  les  fiU,  ni  la  Saintonqe  n*0nt 
trouvé  la  saluUoQ.  Woh  venait  et  où  alla  mourir  ce  »  mnltreiean  i«, 
qii* Albert  Durer,  dans  le  journal  de  son  voyage  au i  Pays-Bas  (1531), 
qualifie  de  (^  sculpteur  français  v  ^  tout  en  le  disant  oriffiuaire  de 
Mets,  et  c}ijHI  paraît  avoir  tenu  en  haute  estime,  puisqu'il  dessina 
son  portrait  et  qu'il  lui  offrit  son  œuvre  ;[{ravé?  Au  fond  de  quelle 
province  dUtalie  se  fiia  ce  Nicolas  Pinson,  de  Valence  (Drôme}» 
qu'il  ne  fuut  pas  confondre  avec  le  peintre  brugeois  pinson  ou  Fin- 
soniu5«  dont  M,  de  Chennevières  a  jadis  retrouvé  la  trace  ot  les 
tableatix  dans  les  vieilles  églises  d'.Aîi  en  Provence? 

A  Si  je  cite  ces  exemples  aunqueU  on  pourrait  assurément  en 
ajouter  beaucoup  d'antres,  c'est  parce  que  Tobscurilè  qui  plane 
encore  sur  tant  de  noms  célèbres  ou  dignes  de  le  devenir  serait 
peut-^tre  dissipée  en  recourant  aux  ressources  que  nous  otfrent  les 
inventaires  imprimés  des  archives  départementales. 

tt  Comment  donc  en  tirer  parti? 

K  Sans  douïe  un  érudit  qui  constate  à  Aix  —  je  formule,  j'ai  à 
peîoe  besoin  de  le  dire,  une  supposition  tout  à  fait  gratuite  —  la 
présence  d*un  peintre  ou  d'un  sculpteur  né  à  Dunkerquc,  ou  rire 
versa,  est  toujours  en  mesure  d'écrire  à  l'archiviste  du  départe- 
ment pour  lui  dcmattder  copie  d'un  acte  dont  il  a  constaté  la  pré- 
sence dans  son  dépôt;  mais,  quelle  que  soit  la  proverbiale  oblr- 
geancede  MXI.  les  archivistes,  il  en  est  bien  dans  le  nombre  qui 
peuvent  ne  pas  être  tentés  de  donner  satisfaction  à  Timpétrant,  et 
Térudït  qui  ne  peut  traverser  la  France  pour  aller  vérifier  une  date 
ou  un  nom  propre,  court  grand  risque  de  ne  recevoir  qu'une 
vague  réponse  et  parfois  même,  si  Ton  en  croyait  de  méchantes 
langues,  pas  de  réponse  du  tout, 

«  Eh  bien,  Messieurs,  s*il  existait  un  répertoire  méthodique  de 
ces  actes  tantôt  soi <|neu»ement  analysés,  tantôt  reproduits,  lorsqu'il 
y  a  lieu,  in  extenso^  ne  croyez- vous  pas  qu'il  s'ensuivrait  des  décou- 
vertes piquantes  et  une  réelle  économie  de  temps?  Et  pour  atteindre 
ce  résultat,  que  faudrait-il?  D'abord  procéder  k  un  relevé  sur 
ficbes  dans  chaque  dépôt  de  toutes  les  pièces  intéressant,  à  un  titre 
quelconque,  l'histoire  de  Part.  Une  commission,  autant  que  pos- 
sible peu  nombreuse,  réunie  par  les  soins  de  la  direction  des 
Beaux-Arts,  eiamîneraît,  sur  le  vu  du  résumé  fourni  par  les  archi- 
viatcs»  celles  de  ces  pièces  qu'il  y  aurait  lieu  de  transcrire  et  de 


40  SÉANCE    DU    15   AVIIL. 

publier  'mtégralement.  Dans  rarfirmative,  une  indemiiité  pécu- 
niaire serait  allouée  à  Tarchiviste  qui  transcrirait  de  sa  main  ou 
ferait  copier,  sous  ga  direction  et  sa  responsabilité,  les  pièces  ainsi 
admises,  et  lorsque  tout  un  fonds  auraU  été  inventoiié  et  qu'il  aurait 
donné  un  résultat  plus  ou  moins  copieur,  on  imprimerait  en  nu 
ou  plusieurs  fascicules  Tensemble  des  documents  fournis  par 
cbaqiie  dépôt, 

(4  Entreprise  simultanément  et  poursuivie  avec  patience ,  cette 
enquête  apporterait  certainement  à  vos  études  une  contribution 
dont  il  est  impossible  de  prévoir  Timportance,  mais  qui  ne  laisse- 
rait pas  que  d'être  considérable.  11  ne  faudrait  pas  attendre  d'ail- 
leurs qu'elle  fut  terminée  sur  tous  les  points  du  territoire  pour 
mettre  le  public  auquel  elle  s'adresse  en  mesure  d'en  goûter  les 
fruits,  et  si,  par  exemple,  le  fascicule  de  T Yonne  était  prôt  avant 
celui  de  l'Ain,  it  n'y  aurait  pas  lieu  de  tenir  compte  de  Tordre 
alphabétique,  et  il  faudrait  imprimer  ians  retard* 

d  Rien  n'est  si  facile,  écrivait  Diderot  dans  un  fragment  destiné 
i^à  passer  sous  les  yeux  de  Catherine  El,  rien  n'est  si  facile  que  d'or- 
adonner  un  grand  empire,  la  tête  sur  son  oreiller,  v  Rien  ne  va  non 
plus  si  vite  que  notre  pensée  lorsqu'elle  n'a  à  compter  ni  avec  les 
obstacles,  ni  avec  les  critiques.  Cependant  notre  rêve  —  comme  tous 
les  rêves  —  est  exposé  à  se  heurter  à  de  dures  réalités.  Sans 
attendre  les  objections  qui  surgissent  déjà  peut-être  dans  votre 
esprit,  je  vais  vous  indiquer  moi-même  celles  auxquelles  j'ai 
songé.  J'en  entrevois  d'ores  et  déjà  de  trois  sortes.  Le  résultat 
compensera-t-il  Teflort?  Ne  serait-il  pas  cnieï  de  priver  du  béné- 
fice et  delà  joie  de  la  trouvaille —  bénéfice  tout  intellectuel  et  joie 
bien  innocente  —  de  savants  archivistes  et  de  laborieux  cher^ 
cbeurs?  Ou  et  comment,  enfin,  trouver  l'argent  nécessaire  pour 
l'impression  de  ces  fascicules? 

u  Sur  le  premier  point,  je  crois.  Messieurs,  qu'il  faudrait  apporter 
une  grande  circonspection  dans  le  choix  des  pièces  à  mettre  eu 
lumière  et  refuser  les  honneurs  de  la  lettre  moulée  â  une  foule 
d'artisans  et  de  praticiens  qui  ne  peuvent  légitimement  se  voir 
qualifier  d'artistes.  Cependant  le  départ,  comme  on  dit  aujourd'hui, 
est  fort  délicat  à  établir,  et  T humble  maçon  inscrit  sur  un  compte 
obscur  est  pent-étre  «  un  maître  des  œuvres  n  dont  le  nom  ne  doit 
pas  périr.  En  semblable  occurrence,  le  rôle  de  la  commission  serait^ 


ALLOCUTION   DE    M.  MAUBICE   TOURNEUX.  41 

ce  mé  semble,  de  se  montrer  très  libérale  et,  pour  quelques 
mentions  iûsignifianteSy  de  ne  pas  s*exposer  à  en  sacrifier  de 
capitales. 

a  Passons  à  la  question  de  rinédit,  considéré  comone  un  droit 
d'aubaine.  Est-il  juste  de  frustrer  un  archiviste  du  plaisir  de  mettre 
an  jour  sous  son  propre  nom  un  document  conservé  dans  son 
dépôt,  retrouvé  par  lui  et  apportant  sur  un  point  de  Thistoire  de 
Part  une  lumière  inattendue?  Assurément  non  ;  mais  veuillez  bien 
remarquer.  Messieurs,  que,  loin  de  déposséder  Tarchiviste  du  pri- 
vilège que  lui  confèrent  sei  fonctions,  notre  projet  l'obligerait,  au 
contraire, à  dépouiller  telle  ou  telle  liasse  sur  laquelle  il  n'avait  pu 
jeter  les  yeui,  ou  dont  l'intitulé  n'avait  pas  jusqu'alors  eicité  sa 
curiosité.  L'honneur  de  la  découverte  lui  appartiendrait  donc  tout 
entier,  et  d'ailleurs  le  Comité  compte  parmi  ses  correspondants 
nombre  d'archivistes  qui  savent  fort  bien,  le  cas  échéant,  faire 
œuvre  d'historiens.  A  vous-mêmes,  Messieurs,  quelle  serait  votre 
part?Cest  à  vous  qu'il  incomberait  le  plus  souvent  de  mettre  en 
œuvre  et  en  valeur  le  document  parfois  découvert  à  l'autre  bout 
de  la  France  et  qui  viendrait  se  juxtaposer  parmi  ceux  que  vous 
auriez  déjà  rassemblés.  Dès  lors  aussi,  point  ne  serait  besoin  de 
flanquer  vos  Mémoires  de  tout  un  appareil  de  preuves  qui,  si  pré- 
cieuses qu'elles  soient,  ne  laissent  pas  que  d'alourdir  notablement 
chaque  volume  de  vos  congrès.  Un  simple  renvoi  suffirait  là  oii 
vous  êtes  aujourd'hui  obligés  d'accumuler  des  textes. 

ti  Reste  la  question  d'argent,  sur  laquelle»  et  pour  cause,  je  serai 
très  bref,  car  la  direction  des  Beaux-Arts  a  seule  qualité  pour  la 
trancher  de  sa  propre  initiative,  ou  pour  la  soumettre  aux  délibéra- 
tions de  la  Commission  du  budget.  Trouverait-elle  sur  ses  pro- 
pres fonds  les  crédits  nécessaires  ?  Ferait-elle  appel  à  la  sollicitude 
des  conseils  généraux  ?  Notre  rôle  se  borne  à  lui  indiquer  discrè- 
tementl'un  de  nos  desiderata,  et  toute  notre  ambition  doit  être  que 
notre  motion  ne  passe  pas  inaperçue. 

«  Telle  est.  Messieurs,  dans  ses  grandes  lignes,  mais  aussi,  si 
j'ose  dire,  dans  toute  sa  naïveté,  l'idée,  la  velléité  plutôt,  que  je 
me  proposais  de  vous  soumettre,  et  sur  laquelle  j'appelle  votre 
attention.  C'est  à  vous  qu'il  appartient  de  voir  ce  qu'elle  peut  pré- 
senter de  pratique  et  de  fécond,  c'est  à  vous  de  dire  si  elle  est  viable 
ou  caduque.  Aussi  bien  vous  ai-je  assez  et  peut-être  trop  longtemps 


43  SÉANCE   DU   15  AVRIL. 

entretenus  de  ce  qui  n*est  pas,  de  ce  qui  ne  sera  peut-être  jamais, 
et  je  me  reprocherais  d'empiéter  sur  le  plaisir  que  nous  nous  pro- 
mettons des  savants  mémoires  et  du  spirituel  rapport  général  qui 
nous  restent  à  entendre.  L'ordre  du  jour  donne  sans  doute  au  pré* 
aident  de  la  séance  le  droit  de  parler  le  premier,  mais  je  serais 
désolé  qu'on  put  m'accuser  d*avoir  abusé  de  la  permission.  « 

Lecture  est  ensuite  donnée  du  procés-¥eçbal  de  la  séance  précé- 
dente, qui  est  aftopté. 

L'ordre  du  Jour  appelle  la  lecture  de  MM.  Hebluison  (Henri), 
correspondant  du  Comité,  et  Leroy  (Paul)^  membre  de  la  Société 
des  amis  des  Arts,  à  Orléans,  sur  Sergent-Marceau ^  peintre  et 
graveur.  Cet  artiste  est  connu.  Il  a  eu  ses  historiens,  et  lui-même  a 
5oii?ent  écrit.  Mais  une  partie  de  sa  vie  s'est  écoulée  en  eiil,  et 
c'est  sur  cette  période  de  Teiistence  de  Sergent  que  MM.  Herluison 
et  Leroy  ont  réuni  un  nombre  important  de  pièces  habilement 
présentées. 

M.  lADâRT  (Henri),  membre  non  résidant  du  Comité,  à  Reims, 
a  la  parole  sur  un  portrait  de  Louis  XIII,;  il  s'agit  d'une  peinture 
oubliée  qui,  vers  1630^  décora  l'ancien  hôtel  de  ville  de  Reims. 
M.  Jadart,  qui  a  découvert  cette  peinture,  la  décrit  avec  soin.  Elle 
comporte  de  nombreuses  scènes  sur  son  pourtour,  et,  à  ce  point  de 
vue,  elle  revt^t  une  importance  documentaire  qu'il  n'était  que  juste 
de  faire  ressortir.  M.  Jadarty  est  parvenu. 

L'ordre  du  jour,  appelle  la  communication  de  H.  Hënault 
(Maurice),  correspondant  du  Comité,  à  Valenciennes,  sur  Antoine 
Gilîs,  sculpteur  et  peintre  (1702-1781).  Ce  maître,  qui  vécut  tour 
à  tour  à  Valenciennes  et  à  Tournai,  eut  une  assez  grande  notoriété 
à  son  époque.  C'est  dans  son  atelier  que  se  forma  Jacques  Saly,  le 
sculpteur  du  roi  de  Danemark.  A  ce  titre,  il  méritait  d'être  connu 
de  la  génération  présente.  M.  Hénaulta  mis  an  jour  de  nombreuses 
pièces  inédites  sur  Gilis. 

M.  Pahhocel  (Pierre),  correspondant  du  Comité,  à  Marseille, 
donne  lecture  de  sa  monographie  de  VArc  de  triomphe  de  la 
porte  ^Aix,  à  Marseille.  C'est  une  étude  puisée  ani  archives 
municipales,  et  Tautenr  n'a  rien  omis  des  délibératioiis  traccessires 
auxquelles  donna  lieu  le  monument  de  Marseille,  décrété  sons 
Louis  XVïet  terminé  seulement  sous  Louis-Philippe.  M.  Parrocel 


I 


' 


SÉANCE   DU   15  AVRIL.  48 

a  soigneuiement  décrit  en  artiste  Tœuvre  collective  de  Pencbaad, 
de  David  d'Angers  et  de  Ramey. 

La  section  entend  H.  Goste  (Numa),  correspondant  du  Comité, 
à  Aix,  sur  Pierre  Pugei  à  Aix.  Cette  fois,  ce  n'est  pas  le  sculpteur 
qui  est  en  cause,  c^est  le  peintre.  Une  importante  commande  de 
peintures  religieuses  faite  à  Puget  par  les  jésuites  d'Aii  est  le 
point  de  départ  de  Tétnde  de  H.  Coste.  Les  documents  qu*il  a  mis 
en  œuvre  sont  inédits.  Bougerel,  Lagrange^  ne  les  avaient  pas 
connus.  Ils  éclairent  d*nn  nouveau  jour  Texistence  traversée  du 
maître  marseillais. 

M.  GiNOUX  (Charles),  membre  non  résidant  du  Comité»  à 
Toulon,  dans  sa  notice  sur  Jacques  Rigaud,  dessinateur  et  gra- 
veur  marseillais^  s*est  appliqué  à  séparer  la  personnalité  de  Jac- 
ques Rigaud  de  celle  de  son  neveu  Jean-Baptiste.  M.  Ginoux,  en 
possession  d*une  note  autobiographique  de  Rigaud,  rectiKe  des 
erreurs  commises  sur  cet  artiste  par  la  plupart  des  historiens  qui 
s'étaient  occupés  de  lui. 

Rien  de  plus  curieux  que  le  mémoire  de  M.  GiaoN  (Léon), 
membre  non  résidant  du  Comité,  au  Puy|  sur  une  Assomption,  de 
François  Le  Moyne.  C'est  à  Taide  des  archives,  à  demi  détruites 
par  le  feu,  de  Tabbaye  de  Saint-Julien-Chapteuil  que  H.  Giron  ^ 
reconstitué  Thistoire  du  tableau  peint  par  Le  Moyne  en  1718,  à  la 
demande  de  M.  de  La  Roche-Aymon,  évéqne  du  Puy. 

M.  DB  Beauuont  (Charles),  correspondant  du  Comité,  à  Tours, 
a  la  parole  sur  Pierre  Vigni  de  Vigny  ^  architecte.  Le  même  auteur 
s'était  occupé  à  une  session  précédente  de  Pierre  de  Vigne,  membre 
de  l'Académie  d'architecture  au  dernier  siècle.  Des  documents 
nouveaux,  découverts  par  M.  de  Beaumont,  lui  permettent  de  pré- 
ciser aujourd'hui  certains  points  de  l'existence  de  l'artiste  qui  res- 
taient à  élucider. 

Le  mémoire  de  H.  de  Beaumont  étant  le  dernier  des  travaux 
inscrits  à  Tordre  du  jovr.  If.  le  président  donne  la  parole  à 
M.  Henry  Jounr,  seerétaire  à  l'École  nationale  des  Beaux-Arts,  pour 
la  lecture  de  son  rapport  général  sur  la  22*  session. 

Cesl  une  étude  complète  sur  les  travaux  qui  ont  été  soumis 
an  Comilé  et  les  avec  ami  assentiment.  H.  Jouin  examine  chaque 
mémoire  et  rattache  par  des  liaisons  heureuses  les  différentes 
ètndes  dont  il  rend  compte.  Il  caractérise  l'ensemble  des  travaux 


4i  SÉA^ÏCE   DU   15  AVRIL. 

de  1898,  et,  après  avoir  trouvé,  pour  chacun  des  auteurs  qui  €Dt 
été  admis  aux  faanneurs  de  la  lecture,  un  mot  d*éIoge,  il  reporte 
ses  féUcitatioQâ  sur  les  Sociétés  des  Beaux-Arts  et  sur  rinstitution 
des  Congrès  annuels. 

La  lecture  du  rapport  général  étant  achevée,  H.  le  président 
remercie  les  délégués  et  déclare  close  la  session  de  1898. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 


'      RAPPORT  GÉNÉRAL 

8U&  LES  TAAVACX  06  LÀ  SESSiOlV  DES  SOCIÉTÉS  0ES  BEâUX^ARTS,  LU  DANS 
LA  SÉANCE  DU  T5  AVfilL,  Paa  &f.  HEN&Y  JOUIKp  SECEÉTilIRl  EIPPOE^ 
TEUR  DU  COUITÉ. 


u  Monsieur  le  Président  ' , 
"  Mesbavbs, 
u  Messieurs, 

u  L'n  bistorieQ  deraDCienne  Rome  raconte  qu'un  ami  deCicéron 
iroulut  le  détourDer  d'écrire  ses  plaidoyers  contre  Verres.  Vous 
Yous  souvenez  des  incidents  de  cette  cause  fdtueuse.  Vous  n'aveE 
pas  oublié  le  proconsul  infidèle  courbant  la  tête  sout  les  cbarges 
accablantes  des  Siciliens  et  prenant  de  lui-même,  avant  toute  sen- 
tence, le  cbemin  de  Tes  il, 

a  Les  célèbres  Verrines,  à  T exception  de  la  première,  furent  donc 
composées  après  coup,  lorsque  Tbomine,  sans  cesse  objurgué  dans 
ces  pages  vébémentes,  était  déjà  loin  de  Home,  \-ous  cû  m  prenons 
alors  que  les  familieni  de  Cicéron  aient  songé  à  lui  épargner  la 
peine  que  lui  donnerait  la  rédaction  de  ses  inutiles  plaidoyers. 
Mais  Cicéron  de  leur  répondre  : 

^  Vous  ne  soupçonnez  pas  les  joies  que  me  réserve  1  énuniéra- 
it  tion  des  œuvres  rares  enlevées  par  Verres  aux  Siciliens,  n 

i  Ce  mot  me  revient  à  l'esprit  à  Theure  où  j'entreprends  moi- 
même  un  Inutile  plaidoyer.  Certes,  entre  vous,  Messieurs,  et  le 
gouverneur  de  Sicile,  nul  rapprochement  possible.  Toutefois,  quand 
votre  groupe  compact,  jeune,  ardent^  enthousiaste  se  dirige  vers 
Paris,  une  ^jrande  cause  est  en  jeu.  C'est  la  cause  de  Tart  dans  nos 

'  M.  Maurice  Toaroeui,  membre  du  Comilc. 


46  RAPPORT    GÉNÉRAL. 

provinces.  Mais  ce  ne  sont  pas  des  témoins  à  charge  qui  vous  oDt 
précédés  dans  cette  enceinte*  Des  amis,  des  conseillers,  des  aînés 
vous  attendent,  et  leur  approbation  vous  est  assurée,  l'ou* le  savez, 
Messieurs,  votre  cause  est  gagnée  d'avance.  Lors  donc  que  le  mi- 
nistre, le  directeur  des  Beaux-Arts,  les  membres  de  votre  Comité 
se  disposent  chaque  année  à  élever  la  voix  pour  applaudir  â  votre 
initiative  généreusep  ceux  qui  vivent  auprès  d*eux,  les  témoins  du 
labeur  quotidien  qui  enlève  tout  loisir  aux  ^hommes  eu  fonction 
seraient  tentés  de  les  dissuader  d'un  travail  superflu.  Ne  craignez 
rien;  ceux-ci  ne  se  laisseront  point  détourner  de  leur  tâche» 

iL  Vous  ne  soupçonnez  pas,  diraient-ils  aux  fâcheux  qui  leur 
conseilleraient  le  silence,  vous  ne  soupçonnez  pas  la  joie  que  nous 
réserve  un  applaudissement  renouvelé  de  ces  bonnes  volontés,  de 
Teffort  général,  de  Tbeureuse  forhme  de  plusieurs  qui  chaque 
année  attestent  en  ce  lieu  la  richesse  de  la  province  et  sa  vitalité. 

H  Soyez  Jonc  salués,  Messieurs,  vous  tous  qui  venez  de  la  Pro- 
vence ou  des  Flandres,  de  la  Picardie  ou  du  LanguedoCi  en  mes- 
sagers Je  la  bonne  nouvelle. 

il  Mais  le  poète  nous  Ta  dit  : 

A  ce  (^hœur  joyeuï  de  la  route 
Qui  conmiençitit  k  lant  de  voix, 
Chji4[iie  fois  qiiA  J'cireiJIe  écoute 
Une  ¥ori  manque  chaque  fois. 

^  Cette  année,  Messieurs,  votre  Comité  a  perdu  cinq  Je  ses 
membres. 

4  M.  Paul  Casimir-Périer,  sénateur  de  la  Seine-Inférieure^  est 
décédé,  âgé  de  quatre-vingt-cinq  ans^  le  7  juin  1897.  11  apparte- 
nait au  Comité  depuis  dix-huit  années,  et  aucune  des  questions 
traitées  par  vous  ne  le  laissait  inJilTërent. 

u  Plus  jeune,  entré  dans  le  Comité  depuis  quelques  mois  à  peine, 
Henri  Lavoix  a  succombé  le  27  décembre.  Je  n^ai  pas  à  vous 
apprendre  la  valeur  de  ses  livres  appréciés  sur  la  musique  française 
et  l'instrumentation. 


tt  Paul  Gasnaultf  Tamatear  passionné,  Tapùtre  convaincu  île  la 
céramique,  —  c'est  un  mol  He  M.  Geaqjes  Uerger,  prononcé  sur 
la  Lombe  du  eonserratetir  du  Musée  de»  ArU  décoiatits,  —  esl 
mort  le  6  janvier.  Son  renom  Je  connaisseur,  sa  distirtciiont  son 
désintéresaement  ravaienl  désigné  pour  faire  pariie  du  Comité  en 
1890. 

M  Mais  le  vide  le  plus  profond  qui  ae  soit  produit  dans  nos  rangs 
depuis  une  année  est  dû  à  )el  mort  de  M.  Ilanfoui^  sénateur, 
aticien  ministre,  membre  de  l'Académie  des  sciences  morales, 
membre  de  votre  Comité  tiepuis  1879.  Je  n'ai  pas  à  rappeler  ici  la 
place  qu'occupa  \L  Uarttoux  clans  te  E^arlement.  Su  baute  intelli- 
gence, son  aménité^  sa  bouté  faisaient  de  lui  le  champion  spontané 
des  causes  les  plus  obscures,  le  défenseur  tenace  des  clients  les  plus 
htimbles.  Avec  quelle  régularité  n'assistai t-il  pas  aux  séances  du 
Comité  des  Sociétés  des  Deaux-Arls  !  II  vous  lisait,  i^Iessieurs,  ce 
n'est  pas  assnz  dire,  il  tous  aimait.  Ses  analyses  de  vos  travaux 
étaient  empreintes  de  Itienveillance  et  de  sagacité.  Il  était  lieureux 
fin  succès  grandis.sant  de  vos  sessions,  et  c'est  avec  une  joie  visible 
qu'il  présidait  vos  séances.  Écrîvriin  cbàtié,  soocieui  des  sources, 
sacbant  ei traire  d'un  document  toutes  les  déductions  qu'il  ren- 
ferme en  puissance,  AL  Banloux  u  laissé  des  monographies  qui 
sont  des  modèles  de  sincérité,  d*atticisme  et  d'élévation,  \olre 
devoir,  Messieurs,  est  de  nous  proclamer  ses  obligés. 

«  A  ce  nom  respecté  s'arrêtait  le  cruel  nècroloi|e  de  Tannée^ 
lorsque  la  mort  a  de  nouveau  frappé  l'un  des  nôtres,  C  bar  les 
Vriarle,  inspecteur  général  des  Iteaui-Arts,  Il  a  succombé  le  7  avril 
1898.  Sa  tombe  esta  peine  fermée.  Vriarte  était  entré  dans  le  Comité 
le  30  janvier  1897,  et  dès  le  20  avril,  il  y  a  moins  d'une  année,  ïl 
présidait,  au  nom  du  ministre,  la  séance  d'ouverture  de  votre  ses-- 
sion.  Son  discours  fut  bref;  mais  avec  i{uel  empressement  n'a-t-il 
pas  rendu  hommage  à  votre  noble  patience  î  «  C'est  pfir  vous,  disait- 
t'  Il  d'une  voii  émuCp  que  nous  connaissons  les  oubliés  et  lesdédai- 
^  gnés;  vous  les  vengez  de  rabaudojj,  vous  restituez  de  glorieux 
e  inconnus  dont  le  nom  s'est  efTacé  et  n'a  pu  franchir  les  limites  de 
*  la  province.  »  Ce  compatriote  de  (ioya,  Français  de  cœur,  Italien 
par  une  certaine  affinité  intellectuelle,  se  séparait  sans  eilbrt  des 


4S  RAPPORT    GÉNÉRAL. 

Médicis,  des  Borgia,  de  Françoise  de  Kimïai,  dont  Thistoire  pres- 
tigieuse et  traversée  Tavait  séduit  delontfue  date,  pour  s'approcher 
de  vous  et  applaudir  à  vos  études.  En  la  personne  de  Charles 
Vriarte  vous  perdez  ud  ami. 

tt  Après  avoir  évoqué  trop  rapidement  le  souvenir  4]ouloureiix 
des  disparus,  je  passe  aux  vifants. 

^  On  a  dît  que  la  distance  est  un  obstacle  à  rautorité  d'un  pouvoir 
central.  11  n'est  pas  douteux  en  effet  qu'un  ordre  donné  soit  moins 
ponctuellement  exécuté  dans  des  régions  éloignées  qu'il  ne  Test 
dans  le  voisinage  immédiat  du  chef.  Cela  est  vrai  toutes  les  fois  qu'il 
s'agit  de  commandement.  Mais,  j[  faut  le  croire^  votre  Comité  ne 
donne  pas  d'ordres.  Il  fait  plus,  il  vous  invite  au  labeur  désinté- 
ressé, et  de  toutes  les  régions  françaises,  des  points  extrêmes  du 
territoire,  répond  à  son  appel  Tadhésion  cbaleureuse  des  travail- 
leurs. A  la  vérité,  le  mot  d'ordre  se  transmet  d'une  province  à 
Tantre,  la  contagion  de  Texemple  se  manifeste  de  proche  en  proche, 
si  bien  que  les  érudits  ou  les  amateurs  des  cités  les  plus  lointaines 
ne  savent  plus,  en  se  mettant  â  Tœuvre,  s'ils  obéissent  aux  appels 
d'un  Comité  central  oii  sHls  sont  conviés  à  Tétude  par  rinitiative 
entraînante  du  voisin. 

**Ces  réflexions  se  présentent  d'elles-mêmes  en  face  des  mémoires 
nombreux  et  de  toute  provenance  apportés  â  cette  tribune  pendant 
la  session  qui  s'achève. 

a  De  la  zone  la  plus  rapprochée  de  Paris  sont  venus  quatre  délé- 
gués :  MM.  Thoison,  Maillard»  Lorin  et  Leroy* 

'i  M.  Thoison,  membre  de  la  Société  historique  du  Gàtinais,  à 
Larchant,  apporte  à  riiistoire  de  la  musique  en  France  une  contri- 
bution bien  in  attendue.  Des  ouvriers^  creusant  un  puisard  à  Lar^ 
chant,  ont  mis  à  Jour  environ  trente-quatre  instruments  en  verre  et 
en  terre.  Je  passe  sur  les  instruments  en  verre*  Ceui-ni  ne  sont  pas 
extrêmement  rares  dans  les  collections  publiques.  Mais  il  en  est 
autrement  des  trompes  et  olifants,  des  cors,  des  trompettes  on 
pseudo-trompettes  en  terre  cuite*  Ces  objets,  au  nombre  de  vingt- 


4 


RAPPORT    G^.\ÉRilL,  40 

quatre,  sont  des  plm  curieux*  CoDceves-vouâ  i\e%  vor^  à  deux  et 
trois  tours  dont  le  tube  présente  ua  développement  dépassant 
2  mètres?  Concevez- vous  des  itisiruments  innomés  dans  la  langue 
de  nos  jours,  fjui  participent  à  la  fois  de  la  trompelle,  du  cornet  et 
du  clairon  ?  M.  Thoisou  est  d^avts  que  ta  découverte  dont  il  vous  a 
parlé  n'a  rien  de  fortuit,  Larchant  n'est  pas  dépourvu  d'argile;  on 
peut  donc  supposer  que  Fart  céramique  fut  en  honneur  dans  cette 
lo€a]ité,  et  peut-être  les  céramistes  de  Larchant,  au  seizième  siècle» 
avaientHls  la  spécialité  des  instruments  de  musique,  Fabricants  ou 
vendeurs  se  sont  en  tout  cas  groupés  à  Larciiant,  La  Satire  Ménippie 
nous  montre  un  avocat  bouffon  muni  d*un  cornet  de  verre  pro- 
venant de  Larchant.  Si  le  verre  a  été  travaillé  vers  1590  dans  la 
région  dont  s'occupe  M.  Thoison,  ce  dut  être  par  des  Italiens;  mais 
Targile  a,  sans  doute»  été  pétrie  par  des  mains  francafses.  Ainsi  se 
trouve  ébauché  en  cette  session  le  premier  chapitre  d'une  Histoire 
des  luihiers  en  terre  de  la  Brie  Jraneaise. 

■  A^ous  entrons  chez  Louis  \\\  C'est  à  M,  Maillard,  membre  de  la 
Société  archéologique  de  Rambouillet,  que  nous  devons  d*étre 
présentés.   La  rencontre  a  lieu  dans  le  château  royal  de  Saint- 
Iïut>ert,  non  loin  de  Versailles.  Le  cadre  est  charmant.  L'architecte 
Gabriel  Ta  tracé.  Slodtz,  Falconel,  Pigalle,  Coustou,  Verbreckt, 
Bachelier,  Carie  Van  Loo  Font  rempli  de  leurs  ouvra;]es.  La  pièce 
d'honneur  est  n  le  salon  « .  Quoi  de  plus  intime  que  ces  simples 
mots  :  a  le  salon  I  i^  Cette  pièce  n'a  donc  pas  ses  similaires  dans  le 
château?  Louis  XV  et,  plus  tard,  Louis  XVI  nVmèneront  à  Saint- 
Hubert  que  de  rares  invités,  le  plus  souvent  des  compagnons  de 
chasse,  M.  Maillard  a  retrouvé  T inventaire  descriptif  de  cette  rési- 
dence aujourd'hui  détruite,  et  nous  éprouvons  à  le  suivre  à  travers 
les  appartements  disparus  quelque  chose  du  charme  pénétrant  qui 
s*échappe  des  ruines  les  plus  célèbres.  Remercions  notre  guide. 
M.  Maillard  est  un  nouveau  venu  dans  cette  enceint4\  Salve I  II  y 
a  plu$*  M.  Maillard  est  au  premier  chef  un  homme  heureux.  Les 
pièces  d'archives  s'étaient  offertes  d'efles-mémes  à  ce  chercheur 
avisé.  Et  voilà  que  sa  tâche  étant  remplie,  deux  documents  curieux 
«t  précis  émanant  d'un  tabletierdu  roi  nommé  Compi;][né  s^ajoutent 
lux  écrits  du  temps.  Ce  sont  des  plaques  d'or  et  d'étain,  mi-partie 
peintes,  mi-partie  en  relief,  remontant  à  Tannée  1770  qui  nous 

4 


SO  RAPPORT   GÉNÉRAL. 

donnent  Taspect  du  château  construit  par  Gabriel.  Vu  amateur  ver* 
saillals,  M.  ârnauld,  détient  ces  précieui  objets  dans  sa.  collecttoo. 

tt  Ce  qui  a  survécu  de  Pierre  Dupuis,  peintre  de  fleurs  et  de 
fruits,  membre  de  T Académie  royale ,  en  1663,  c'est  sou  portrait 
par  Mfiotas  Miguard.  M.  Lorin;  secrétaire  de  la  Société  archéolo- 
gique à  Rambouillet,  a,  si  j'ose  dire,  replacé  cette  toile  dans  son 
cadre.  Je  me  trompe,  ce  ii^est  pas  l'oeuvre  de  Mignard  qui  a  été 
Tobjet  de  Tétude  de  M.  Lorin,  c'est  Dupuis  en  personne.  L'hon- 
nête peintre  était  originaire  de  Montfort^  et  cette  commune  possé- 
dait, au  dix-septième  siècle,  an  tabellion  dont  le  minutier  n'a  pas 
été  dispersé.  M*  Lorin  s'y  est  plongé,  et  les  renseignements  ilc 
divers  caractères  qu'il  a  puisés  à  cette  source  éclairent  la  physio^ 
nomie  de  Tar liste.  Ses  proches  gravitent  autour  de  lui.  IVous  les 
coudoyons,  nous  leur  serrons  la  main.  Ce  sont  tous  de  braves  gens. 
Dupuis,  désormais  connu  dans  son  intérieur,  n'attend  plus  de  vous, 
Messieurs,  qu'un  récolement  bien  fait  de  ses  peintures.  La  tâche 
est  délicate;  elle  exige  qu*on  s*y  applique,  mais  elle  ne  dépasse 
pas  les  forces  humaines. 

<  Les  camaïeux  de  Piat-Joseph  Sauvage  sont  moins  rares  que  les 
tableaux  de  Dupuis.  Dans  un  second  mémoire,  \L  Lorin  vous  a 
décrit  les  Quaire  Saisons  exécutées  par  Sauvage,  en  1787,  pour  la 
laiterie  de  Raml»oufl]et.  Sauvage  eut  son  heure  d'éclat.  Il  fut  !e 
premier  peintre  du  prince  de  Condé.  L'Académie  lui  ouvrit  ses 
rangs.  Lei^  Mémoires  secrets  exaltent  sa  valeur*  La  Correspondance 
de  Grimm  lui  est  hostile.  Entre  ces  deux  extrêmes,  je  vous  propose 
de  rester  indifférents.  Entendons-nous.  Les  recherches  de  M.  Loïin 
méritent  attention.  II  a  bien  fait  de  décrire  des  pages  connues  de 
lui  et  dues  à  un  artiste  jadis  apprécié.  Mais  l'intérêt  qui  s'attacbe 
à  r étude  de  votre  confière  ne  ramènera  pas  la  popularité  sur  le 
nom  de  Sauvage.  Ses  bas-reliefs  simulés,  ses  grisailles  adroites» 
curieuses,  ses  trompe-l'œil,  que  Ton  est  tenté  de  vérifiera  Paide 
du  toucher,  relèvent  du  procédé.  Wiertz,  le  compatriote  de  Sau- 
vage, s'est  livré  à  ces  jeux  de  coloris  il  y  a  moins  d'un  demi-siècle. 
On  ne  dit  pas  qu*il  y  ait  acquis  une  grande  notoriété.  L'étude  rêtrcH 
spective  de  M,  Loriu  est  donc  opportune.  Elle  a  sa  place  dans  l'his- 
toire des  variations  du  goilt. 


r 


lAPPORT   GÉNiniL.  lit 

«  Les  initïales  prêtent  h  bieti  dei  mépriies.  M.  Leroy,  correspoD- 
d&at  honoraire  du  ministère  à  Melun,  vous  Ta  dit*  Cesl  la  pre- 
mière fois  tjue  M.  Leroy  prend  la  parole  dans  celte  assemblée,  et 
ion  début  est  une  plaidoirie  en  reBtiliilion.  Doissettes  est  une 
immble  commuoe  de  Seine-et-Marne.  Elle  vit  s^ouvrir  sur  son  ter* 
ritoire,  en  1732,  une  faïencerie  et  en  1776  une  fabrique  de  por* 
celaine.  Les  braveâ  artisans  qui  ont  dirigé  ces  manufactures  y  ont 
mil  trop  d'abnégation.  Ils  marquaient  leurs  produits  de  la  lettre  B, 
Et f oyez  Terreur  I  Les  historiens  de  la  céramique  française  en  ce 
ilècle  reportent  à  la  manufacture  d*un  certain  Bourdon-Sauzay, 
d'Orléans,  Thonneur  d'avoir  fabriqué  toutes  les  pièces  marquées 
à  Tinitiale  fatidi(]ue.  M.  Leroy  noua  met  en  garde.  Où  lies  esprits 
trop  prompts  avaient  prononcé  le  nom  de  Bourdon^Sauiay,  nous 
estimerons  équitable  de  prononcer  parfois  celui  de  Boissettes. 

a  Le  mouvement  s'accentue.  Après  leséruditsdertle-de-France 
on  de  la  Drle,  ceux  de  la  seconde  zone  se  mettent  en  marcbe.  Ils 
viennent  de  Mesnil-sur^rEstrée.de  Bournainville.de  Rouen,  d'Ab- 
beville,  d'Amiens,  de  Reims,  d*Orléans, 

t  Soyons  attentifs  à  leors  discours, 

«  Quand  nous  étions  jeunes,  je  me  trompe,  quand  j'étais  jeune, 
—  car  aucun  de  vous,  Messieurs,  n'a  vieilli,  — je  fredonnais  avec 
les  enfants  de  ma  génération  la  romance  d'un  poète  oublié  : 

J'aime  à  ravoir  mt  XormAadîe. 

a  M,  Veucliu,  correspondant  du  Comité  à  Mesnil-sur-rEsirée, 

bit  mieux  que  de  fredonner  les  couplets  de  Frédéric  Uérat,  il 

les  met  en  pratique*  Trois  notices  ont  été  lues  par  M.  Veurlin  a 

celte  session  :  Les  Origines  du  Musée  de  Bernay^  VOrmmenta* 

tion  des  cloches  au  dix-septième  siècle j  VArt  dramatique  à  Lisieux 

pendant  la  Révolution^  Le  cadre  de  ces  trois  études  est  circonscrit 

dans  la  province  normande.  Elles  ne  constituent  pas  des  chapitres 

^'endus  de  l'histoire  de  Fart  dans  cette  région.  Ce  sont  ptut6t  de 

rves  échappées  sur  le  théâtre  à  une  époque  de  notre  histoire  peu 

roprce  au  développement  de  l'art,  sur  la  fonte  d*une  cloche  par 

rel,  le  célèbre  praticien  de  Rouen,  sur  la  création  pénible  d'une 


&3  SUPPORT  GÉKÉaiL* 

irolleciioii  municipale  dans  une  vûie  de  âii  mille  âmes.  Ces  aper- 
çus, j'oserats  dire  ces  ouvertures  prenant  jour  sur  ]a  scène,  un 
musée  et  (juelques  ét^lises  normandes,  ont  le  charme  d'une  aqua- 
relle sanâ  prétenlion  assez  comparable  aux  aimables  stances  de 
Bérat. 

u  Massent  Abaquesne,  le  céramiste  rouennais,  n'a  pas  d'histoire* 
M.  rabbé  Porëe,  membre  non  réaidant  du  Comité  à  Bon  mai  avilie, 
essaye  de  poser  un  jalon  dont  T utilité  serait  grande.  Il  s'agit  de 
déterminer  le  monogramme  de  ce  maître.  Abaquesne  vivait  en  1 542. 
U  est  Tauteur  d'un  carrelage  primitivement  placé  au  château 
d'Ëcouen  dans  lequel  les  verts  vifs,  les  violets  légers,  les  jaunes 
cltrin,  les  rinceaui  filiformes  bleu  lapis  composent  une  gamme 
eiquise.  Or,  M,  Porée  a  découvert  à  Manies  et  à  Font^Audemer 
deux  vases  de  pharmacie  dont  le  décor  est  d'un  caractère  iden- 
tique à  celui  du  carrelage  d'ËcoiieiK  Et  l'un  et  l'autre  de  ces  vases 
portent  en  monogramme  les  initiales  \L  A.  B.  La  déduction  devait 
tenter  lu  plume  d'un  savatit.  Déjà  M.  Le  Breton,  un  Kouennais, 
s'était  plu  à  recoimaitre  dans  les  lettres  L.  A.  B.  également  grou- 
pées le  monogramme  de  Laurent  Abaqnesne,  fils  de  Musséot  et 
céramiste  comme  son  père.  La  preuve  resta  à  faire,  mais  Tindice 
a  sa  portée*  AL  l'abbé  Porée  ne  s'arrêtera  pas  à  miK:hemin>  Il  sait 
voir  et  trouver.  Mous  lui  devrons  un  jour  Ja  justification  de  sa 
conjecture  parfaitement  admissible. 

u  Je  n'imagine  pas  de  gens  plus  heureux  que  les  romanciers. 
Toutes  digressions  leur  sont  permises^  Je  gage  que  M*  Le  Breton, 
correspondant  du  Comité  à  Rouen,  ne  s  est  pas  souvenu  que  c^Tin- 
génieux  hidalgo  de  la  Manche  ?>,  Don  Quichotte,  a  parlé  en  fort 
bons  termes  de  Teniers  et  de  Tend  roi  t  des  tapisseries,  n  U  me 
«(  semble,  dit-îl,  que  quand  on  lit  un  ouvrage  traduit  d'une  langue 
(L  dans  une  autre,  c'est  comme  quand  on  regarde  des  tapisseries 
«  de  Flandre  à  Tenvers  :  ou  voit  bien  les  figures,  mais  elles  sont 
a  pleines  de  fils  qui  les  rendent  confuses,  et  elles  ne  paraissent 
u  point  avec  le  poli  et  la  couleur  de  Tendroit.  n  M.  Le  Breton  s'esl 
précisément  occupé  d'une  lapisserie  qu'il  serait  tenté  d'attribuer 
avec  certitude  à  Jean  Grenier,  à  moins  que  ce  ne  soit  à  Jean  de 
Bftcre,  Tun  et  l'autre  tapissiers  â  Tournai,  au  début  du  seizième 


RlFFOaî    GÉNÉRAL.  1% 

siècle.  Ràtonâ-tious  de  dire  que  voire  confrère  étudie  cette  tenture 
à  Teodroît.  Bile  représente  un  payiage  entouré  de  palissadt^s  au 
milieu  duquel  sont  des  cerfs  ailés.  D'où  qu*elle  vienne,  cette  ten- 
ture superbe  doit  être  admirée.  L'allure,  le  dessin  des  cerfs  qtti 
eoDsUtuent  le  motif  principal  du  décor,  leurs  Imnnières  revêtues 
d'inscriptions  françaises  bien  rythmées»  IVcu  de  France  suspendu 
à  leur  cou  par  une  couronne  royale  ornée  de  pierreries»  Captivent 
le  regard*  Qu'ai-je  dit? 

«■  Une  tenture  du  château  d*Anet  est  voisine.  Je  me  laisse  dis- 
traire. Cette  page  est  hors  de  pair.  Quatre  panneau i  étaient  connus. 
H.  Uoreau,  propriétaire  d'Aiiet  en  1878,  les  avait  acquis.  Mats  la 
iérîe  n'était  pas  camplète.  Il  y  nianqimit  une  pièce.  Ktle  est  à 
Rouen,  et  SI.  Le  Breton  tous  Pa  dérrile.  Pourquoi  Anatole  de  Mon* 
taiglon  et  If.  Roussel,  les  commentateurs  enthousiastes,  il  y  i 
YÎngt  ans^  des  tapisseries  d*Anet,  n*étaient-ils  pas  hier  dans  cet 
hémicycle?  Ils  eussent  applaudi  Tusufruitier  de  rette  fpuvre  rare, 
Diane,  à  genoux  aux  pieds  de  Jupiter,  implore  le  maître  des 
dieuï.  Junon,  Mercure,  Minerie  et  Mars  font  cortè^je  au  roi  de 
rOlympe,  Mais  je  ne  puis  reprendre,  après  M,  Le  Breton,  la  des- 
erlptîoti  minutieuse  du  paysage,  des  scènes  accessoires,  de  Tarchi- 
lecture,  des  emblèmes,  des  chiffres,  des  trophées,  tissés  avec  un 
art  achevé  par  un  maître  du  plus  haut  mérite,  «tans  doute  aui 
ordres  de  Diane  de  Poitiers  et  de  Henri  II.  \'ous  irons  tous  à 
Rouen,  si  vous  le  voulez,  applaudir  à  Theureuse  fortune  de  la 
ville  qui  a  fait  entrer  cette  tenture  dans  son  Musée. 

u  11  ne  faut  pas  confondre  la  gloire  avec  le  mérite.  Ce  sont  choses 
différentes.  La  gloire  est  toujours  nominale.  Le  mérite  est  trop 
souvent  anonyme.  Vous  vous  souvenez  de  l'étude  de  M.  Emile 
Delignières  sur  des  Peintures  anciennes  de  t école  flamande ^  En 
dépît  de  leur  mérite»  elles  sont  sans  gloire,  mais  M.  Deli^jniéres, 
qoi  les  a  découvertes  chez  un  amateur  ahhei illois,  les  a  niii^es  en 
belle  lumière.  Trois  de  ces  peintures,  d'un  art  admirable  et  d'une 
larfaite  conservation,  appartiennent  au  quinzième  sièrie.  Quatre 
tatre»  sont  de  date  plus  récente  et  moins  bien  conservées.  \'on 
u>Dt4?nt  de  les  faire  connaître  en  artiste,  netre  correspondant  a 
roula  xeslltuer  leur  histoire  en  homme  bien  informé.  Lu  manu* 


5i  RAPPORT   GÉNÉRAL. 

* 

«crit  de  la  biblmthëque  d'AbkeviDa  lui  a  révélé  qu'avant  la  Révolo- 
tîoo  ces  peintures  avaient  fait  partie  d'un  grand  retable  à  la  char- 
treuse de  ThuiBon.  Mais  ce  retable  n'avait  pas  été  foroié  d'un  seul 
coup,  11  était  composé,  la  chose  est  établie  par  documents,  de  trois 
éléments  distincts  :  une  Passion  sculptée,  probablement  du  sei- 
zième Blècle*  et  qui  a  disparu;  quatre  peintures  du  temps  de  Phi- 
lippe le  Bon,  duc  de  Bourgogne,  et  qui  paraissent  avoir  été  données 
par  ce  prince  au  monastère,  et  quatre  peintures  nouvelles  exécu- 
tées sur  le  revers  des  panneaui  primitirs,  sciés  depuis  en  épaisseur. 
M.  Delignîères  plaide  si  bien  pour  faire  reconnaître,  dans  les  trois 
compositions  du  quinzième  siècle,  la  Cènej  V Ascension  et  la  Pen- 
tecôte^ leâ  ouvrages  offerts  au i  Chartreux  par  le  duc  de  Bourgogne, 
qu'on  est  tenté  de  lui  donner  raison,  A  coup  sur  ces  peintures 
sont  magnifiques  et  constituent  un  ensemble  de  premier  ordre. 
\L  Delignîères  les  estime  flamandes,  de  la  main  d'un  très  grand 
maître.  Toutefois  notre  correspondant,  qui  montre  dans  son 
mémoire  une  véritable  érudition,  se  borne  modestement  a  à  pré- 
luder ^ ,  comme  il  le  dit,  a  aux  recherches  k  faire  touchant  Tauteur 
de  ces  peintures  n .  Ces  recherches  nous  conduiront  sans  doute  à 
une  attribution  certaine,  et  c'est  à  M.  Delignières  qu'appartiendra 
rhonneur  de  Tavoir  provoquée.  On  aura  Tceil  k  Tavenir  sur  ces 
pages,  hier  encore  ignorées.  Malheureusement,  le  quatrième  épi- 
sode, la  Résurrection^  a  oté  séparé  des  trois  autres,  et  Ton  prétend 
quMI  ne  serait  pas  impossible  de  le  retrouver  dans  quelque  collec- 
tion toulousaine*  Avis  aux  chercheurs  du  Languedoc.  Les  quatre 
figures  décorant  Vextérieur  des  volets  semblent  être  de  quelque 
artiste  du  nord  de  la  France  et  de  Técole  archaïsante.  Klles  n*en 
ont  pas  moins  de  charme  et  de  valeur.  Elles  représentent  la  Vierge 
mère^  saint  Jean-Baptiste  et  deux  saints  évéques.  Tels  sont  cea 
chefs-d'œuvre  dont  M.  Delignières  s'est  fait  le  chroniqueur  patient, 
le  critique  plein  de  goût.  Et  voilà  quMl  faut  désormais  ajouter  quel- 
ques pages  à  l'histoire  des  retables  fameux  de  Saint-Denis,  de 
Reims,  de  Troyes,  de  Nojon,  de  Brou.  Ces  pages  sont  signées 
Delignières.  On  vous  les  a  lues.  Nous  les  intitulerons  :  a  Le  retable 
de  la  chartreuse  de  Thuison.  ^ 

a  II.  Guerlin,  membre  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie 
à  Amiens,  vous  a  parlé  de  plusieurs  peintures  offertes  à.  l'église 


cattiédrale  par  la  confrérie  de  Notre-Dame  du  Poy.  Tout  d'abord  p 
votre  confrère  s'applique  à  revendiquer  pour  »a  région  les  atiteura 
de  ces  peintures.  L'École  picarde  ae  dessine.  Lebel,  Jehan  de 
l^ans,  Maressal,  habitent  i^miens  à  la  fin  du  seizième  siècle  et  y 
reçoiTent  des  commandes.  Mathieu  Prieur  se  mêle  à  leur  groupe. 
Il  travaille  en  1600.  Il  a  reprèsenlé  les  membres  de  la  fainille  de 
VîUers  réunis  sur  un  même  panneau,  en  compagnie  de  person- 
nages illustres,  parmi  lesquels  figure  Henri  IV.  Tous  sont  vus  de 
face  au-dessous  d'une  Vierge  tenant  FKnfant  Jésus  et  assise  sur 
DU  tnVne  devant  la  porte  de  la  cité  mystique  décrite  dans  TApoca- 
lypse.  L  œuvre  est  éminemment  curieuse.  Prieur  ne  hrille  pas  par 
la  composition,  mais  en  revanche  il  donne  k  ses  têtes  le  cardclèra 
et  le  relief. 

â  Pins  agréable  d'aspect  est  le  panneau  d'un  peintre  inconnu, 
consente  au  village  de  Coullemont,  représentant  un  donateur  age- 
nouillé, entouré  de  ses  proches^  Dans  la  partie  supérieure,  la 
Vierge»  assise  sur  un  char  d'or  traîné  par  des  licornes,  est  entourée 
de  petits  anges  qui  célèbrent  sa  victoire  sur  ThérL^sic.  I/hydre  à 
sept  têtes  a  été  la  pierre  d'achoppement  du  peintre  ■  mais  un 
paysage  apaisé^  d'une  profondeur  sagement  compriBe,  rachète  les 
tâtonnements  du  pinceau  dans  rexècution  de  Phydre.  JIL  Guerlin 
noua  doit  la  suite  ile  Thistoire  de  PEcole  picarde. 


a  Le  point  de  départ,  roccasion  du  discours  sont  le  plus  souvent 
fournis  par  le  hasard.  Interrogez  M.  Henri  Jadart,  membre  non 
résidant  du   Comité   à   Reims.   Sous  le   titre  :    Un  poriraii  de 
Louis  XIII  avec  alïégories,  M.  Jadart  tous  a  raconté  sa  trouvaille 
fortuite  d'un  dessus  de  cheminée  de  Fancien  h^tel  de  ville  de 
Reims.  L'œuvre  parait  dater  de  ÏG^Ù,  XjXï  grenier  lui  servit  d'asile 
pendant  plus  d'un  siècle*  La  peinture  est  médiocre,  mais  elle  con- 
stilne  un  document  historique  d'une  valeur  réelle*  Ites  emblèmes, 
des  scènes  multiples,  des  devises  entourent  )a  figure  royale  placée 
au  centre  d^un  panneau  «  aplani  au  rabot  -^  et  mesurant  dans  tous 
'aa  sens  pins  d'un  mètre.  M.  Jadart,  eu  homme  qui  sait  tout,  ou 
eu  «*en  faut,  sur  la  ville  de  Reims,  étudie  cette  effigie  de  circon- 
^ratice  dont  il  serait  superflu  de  rechercher  Tau  leur.  Puis,  rap- 
prochant cette  image  des  statues  de  Nicolas  Jacques  et  de  Milbomme^ 


hB  RAPPORT    GÉNÉRAL* 

ainsi  que  iVuvie  peioture  et  d'un  dessin  conservés  an  Muaêe  de 
Reims,  M.  Jadart  a  trouvé  T occasion  d*éerire  d'eiceltenles  pages 
sur  riconographio  de  Louis  XIII^  que  Tou  ne  consultera  pas  sana 
proËt.  5 

u  M.  Herluison,  correspondant  du  Comité,  et  M.  P.  Leroy,  de  la 
Société  des  Amis  des  Arts  d'Orléans,  ont  rappelé  devant  vous  leiis- 
tence  tourmentée  de  Sergent-Marceau,  Ce  fut  un  artiste  de  second 
plan  et  uu  acteur  improvisé  du  drame  révolutionnaire.  Ces  deux 
mots  laissent  pressentir  les  lacunes  et  les  delà  il  lances,  Mais  Sergent 
avait  débuté  par  être  un  curieux.  Durant  toute  sa  vie  il  a  fait  preuve 
d'initiative  et  de  fertilité  d*esprit.  Aux  jours  sombres,  il  sauva  la 
tête  de  Goasec  et  de  Larive.  11  sut  être  Tavocat  heureux  de 
Marceau f  son  beau- frère.  II  y  a  plus  :  le  foyer  de  Sergent  ressemble 
à  la  chaumière  sans  orages  de  Philémon  et  de  Uaacis-  Queparlé-je 
de  foyer?  Les  proscrits  o*ont  qu^une  tente.  Ils  la  dressent  le  matin 
en  un  lieu  propice  et  la  replient  au  premier  soleil!  Les  plus  belles 
années  de  Sergent-Marceau  se  sont  écoulées  bors  de  la  patrie.  Les 
pièces  inédites  qui  ont  motivé  Tétude  de  MM.  Herluison  et  Leroy 
«t  qui  en  constituent  la  sève  sont  datées  de  Teiil.  Vous  penserez 
comme  moi  :  La  souffrance  et  les  larmes  effacent  bien  des  fautes. 
Nous  demanderons  à  Sergent-Marceau  ta  note  personnelle  qu*îl  est 
en  mesure  de  nous  fournir  sur  une  époque  tumultueuse,  Nous  ne 
lui  tiendrons  pas  rigueur  sur  ses  heures  d'oubli.  Ainsi  raisonnait 
le  héros  de  Chateaubriand.  »  Les  rois  de  vos  pères,  lui  dit  une  pér- 
it sonne  aimée,  ont  été  des  ingrats.  —  Qu'importe,  réplique  Aben- 
0^  Hametj  ils  ont  été  malheureux!  ^ 

ti  Admirez  avec  moi,  Messieurs,  la  contagion  de  l'exemple.  Voici 
que  des  collaliorateurs  du  Comité  se  lèvent  en  foule.  Ils  viennent 
vers  nous  de  Tours,  de  Dijon,  de  Nevers,  d'Angouléme,  de  Uâcon, 
de  Lyon,  du  Puy.  Ouvrons  tes  portes  toutes  grandes. 

K  M.  Charles  de  Grand  maison,  membre  non  résidant  du  Comité 
à  Tours p  en  examinant  avec  soin  Tun  des  quinze  sujets  que  ci)m- 
porte  la  Tapisserie  de  Montpe^at,  a  fait  une  découverte  hagiogra- 
phique non  moins  importante  que  fortuite.  11  s'agit  d'une  relique 
désignée  sous  le  titre  de  i^  Bonels  de  Saint^Martin  n  enlevée  de  It 


RAPPORT   GiNÉRAL.  67 

cathédrale  de  Saint-Gatien  de  Tours  lors  du  pillage  de  cette  église 
par  les  protestants  en  1562.  Qu*est  devenue  la  relique?  Quelle' 
était  sa  nature?  Saint  Martin  s'étant  dépouillé  de  sa  tunique  en 
faveur  d*un  pauvre  se  trouva  incomplètement  vêtu  le  lendemain 
de  cet  acte  charitable  pour  célébrer  la  messe.  Ses  avant-bras, 
notamment,  demeuraient  nus,  et  c*esl  alors  que,  selon  la  légende, 
deux  anges  lui  apportèrent  des  bas  de  manches  ou  «  honets  « 
ornés  de  pierreries. 

Angex  ont  tes  bras  rev«itu 

De  boaets  riches  et  moult  gents. 

c  M.  de  Grandmaison  a  voulu  retrouver  Torigine  de  la  légende. 
D  a  découvert  qu'elle  était  connue  dès  le  douzième  siècle,  sinon 
plus  tôt,  et  un  vitrail  du  siècle  suivant,  conservé  au  Mans,  repro-» 
dnit  la  scène  du  miracle.  Quant  à  la  commande  des  tapisseries, 
elle  est  due  à  Jean  Desprez  de  Hontpezat,  évéque  de  Montauban 
de  1519  à  1539,  qui  voulut  doter  Téglise  de  sa  ville  natale  d*une 
tenture  dont  Tezécution  fut  confiée  à  une  fabrique  tourangelle. 
L*étude  de  H.  de  Grandmaison  éclaire  la  vie  de  saint  Martin  et 
complète  ce  qu'avait  écrit  M.  Devais  sur  le  même  sujet  dans  le 
tome  m  des  Annales  archéologiques. 

«  Un  joaillier  el  un  orfèvre  se  présentent  à  nous  sous  les  auspices 
de  M.  Louis  de  Grandmaison,  correspondant  du  Comité  à  Tours. 
Le  premier  s'appelle  Jean  Rembert;  le  second,  Claude  Content.  Il 
s'agit  du  tombeau  de  Lancelot  du  Fan,  évêque  de  Luçon,  à  élever 
dans  la  cathédrale  de  cette  ville  en  1523.  Un  aigle  de  lutrin  est 
compris  dans  la  même  commande.  Ces  deux  œuvres  seront  en 
cuivre  et  de  la  plus  grande  richesse.  Rembert  se  tient  au  premier 
plan.  Mais  Rembert  n'est  qu*un  joaillier.  Claude  Content  est  un 
orfèvre,  et  son  nom,  son  habileté,  sa  fortune  nous  sont  connus. 
M.  de  Grandmaison  constate  en  outre  que,  dans  le  marché  conclu 
avec  Rembert,  Claude  Content  se  porte  garant  du  joaillier.  Au  cours 
du  même  acte,  Rembert  s'engage  à  «  faire  faire  ^  et  le  tombeau  et 
le  lutrin.  Or,  le  cuivre  ouvré,  ciselé,  rehaussé  de  matières  pré* 
cîeuses,  se  réclame  de  l'orfèvre  et  non  du  joaillier.  M.  de  Grand» 
maison  conclut  donc,  et  nous  pensons  comme  lui  que  les  œuvres 
somptueuses  dont  s'enrichit  la  cathédrale  de  Luçon  au  début  du 


58  RAPPORT   GÉNÉRAL. 

seizième  siècle  sortirent  de  Tatelier  célèbre  de  Claude  Content. 
Quant  à  Rembert,  le  voilà  réduit  au  rôle  d'homme  de  paille. 

De  DOS  cailloux  froUéSi  il  sort  des  étincelles. 

^C*est  un  alexandrin  de  Voltaire,  que  M.  Charles  de  Beaumont, 
rorrespondant  du  Comité  à  Tours,  rappelle  avec  â-propos  au  sujet 
d'un  architecte  du  dernier  siècle,  Pierre  Vigne  de  Vigny,  d'humeur 
irascible.  N'oublions  pas,  je  vous  prie,  que  cet  architecte  est  du 
temps  passé.  M.  de  Beaumont  noua  Tavait  fait  connaître  il  y  a 
(|iiatre  ans.  Il  nous  le  présente  à  nouveau  en  apportant  des  preuves 
à  Tappiii  de  ses  hypothèses  anciennes.  Il  est  désormais  certain  que 
de  Vigny  est  élève  de  Robert  De  Cotte.  Il  est  également  indéniable 
qu*il  eut  un  caractère  difficile.  Le  malheureux  I  Ne  va-t-il  pas  jus- 
qu'à faire  saisir  un  paysan,  son  voisin,  pour  a  avoir  cueilli  de 
a  rfaerbe,  éijourgeonné  de  la  vigne  et  pris  une  serpe  dans  sa  pro- 
u  prièlè  n  !  Belles  peccadilles!  De  Vigny  n'avait  donc  pas  lu  les 
Animaux  malades  de  la  peste  !  Mblis  hâtons^nous  de  dire  que  pour 
ie  compte  d 'autrui  de  Vigny  avait  plus  de  clairvoyance  et  de 
dignité.  Je  n'en  veux  comme  preuve  que  son  expertise  en  faveur 
des  religieux  de  Saint-Martin  de  Paris  contre  un  sieur  Le  Tellier 
qui  avait  abusé  de  leur  bonne  foi  !  Là  du  moins,  dé  Vigny  est 
dans  la  mesure.  Mais  Le  Tellier  avait  un  appui  dans  Mansart  au 
sein  de  l'Académie  d'architecture.  Vous  devinez  le  reste.  Ce  fut 
un  duel  à  mort  entre  les  deux  collègues,  de  Vigny  et  Mansart. 
Je  le  répète,  Messieurs,  ces  choses  se  passaient  il  y  a  cent  cin- 
quante ans. 

^  Vincent  Rogerie,  dont  vous  a  parlé  M.  Tabbé  Bossebœuf,  cor- 
respondant du  Comité  à  Tours,  a  sa  pierre  tumulaire  dans  l'église 
abbatiale  du  Mont  Saint-Michel.  Il  est  mort  en  1620.  Là  se  bornait 
l'histoire  de  Vincent  Rogerie.  M.  Bossebœuf  s'est  attaché  à  sa 
mémoire,  et  des  pièces  inédites  lui  ont  révélé  que  Rogerie  porta  le 
titre  de  u  maître  maçon  de  l'œuvre  de  ce  lieu  » .  Saluons  cet  archi- 
tecte- A  la  lérité,  nous  ne  savons  pas  encore  dans  quelle  mesure  il 
exerça  le  nVie  de  maître  d'œuvre,  pendant  combien  d'années,  et 
quelles  parties  de  l'édifice  pourraient  être  signées  de  son  nom. 
Mais  lorsqu'il  s'agit  d'un  joyau,  tout  porte  à  croire  que  les  mains  qui 
Tout  façonné  ou  serti  n'avaient  rien  de  médiocre.  Nous  voilà  bien 


RAPPORT   GÉNÉRAL.  S9 

près  de  tenir  Rogerie  poor  un  homme  supérieur.  Aucune  preuve 
encore,  mais  de  fortes  présomptions. 

«  If.  Gabeau,  membre  de  la  Société  archéologique  de  la  Ton- 
raine,  un  nouveau  venu  dans  vos  rangs  et  qu*il  convient  de  saluer, 
nous  a  dit  les  splendeurs  du  mobilier  du  château  de  Chanteloup. 
Nous  avons  passé  d'heureux  instants  dans  la  compagnie  de  ce  guide 
instruit»  plein  de  naturel,  épris  He  son  sujet.  Le  duc  de  Cboisenl, 
aprèslui  le  ducde  Penthièvre,  ont  possédé  Chanteloup.  Les  tableaux 
y  étaient  nombreux,  les  meubles  riches^  les  lambris  ornés  de 
glaces.  On  dirait  un  Versailles  en  miniature.  Au  surplus,  M.Gabeau 
n*a-t-il  pas  usé  d'une  locution  presque  royale  lorsqu'il  vous  a 
parlé  de  la  «  petite  cour  de  Chanteloup  «  ?  Le  souverain  de  ce  lieu 
privilégié  parait  avoir  le  Goût.  Mais  n'oublions  pas  que  nous 
sommes  en  J785.  C*en  est  fait  du  style  Louis  XIV,  et  même  du  style 
Louis  XV.  Nous  sommes  en  pleine  vogue  du  style  Louis  XVI,  essen* 
liellement  gracieux.  Les  sièges,  les  glaces,  les  plafonds,  les  corni- 
ches ont  reçu  le  visa  de  François  Boucher  et  des  Van  Loo.  Parmi 
les  tableaux  que  garde  avec  amour  If.  de  Choisenl,  je  ne  compte 
pas  moins  de  six  bas-reliefs  simulés  de  Sauvage»  Fbomme  aux 
trompe-l'œil.  Mais  j'allais  omettre  de  vous  dire  que  M,  Gabeau  ne 
s*est  pas  attardé  chez  le  duc  de  Penthièvre.  II  a  lu,  il  a  étudié 
Tinventaire  de  Chanteloup  en  1794,  et  c'est  en  investigateur  adroit 
qu'il  s'est  appliqué  à  suivre  Texode  des  peintures  qui  l'avaient 
séduit  tout  à  l'heure  par  leur  réunion  dans  le  château. 

a  M.  Vincent,  membre  de  la  Société  archéologique  de  Touraine, 
débute  au  milieu  de  vous  par  une  communication  d'un  caractère 
imprévu.  Il  s'est  entretenu  avec  vous  d'une  association  de  joueurs 
d'instruments  formée  à  Tours  en  1657.  Les  sociétaires  sont  au 
nombre  de  douze.  Leur  contrat  doit  durer  quatre  années.  Ces 
hommes,  épris  de  musique,  se  feront  entendre  aux  ballets,  bals, 
aubades,  sérénades  et  visites,  noces  et  festins,  tant  à  la  ville  qu'à  la 
campagne.  Ah  !  les  gais  compères,  les  gens  avisés  I  C'est  à  regret- 
ter de  ne  les  avoir  pas  rencontrés  et  applaudis.  Ne  les  prenons  pas 
pour  des  bohémiens  ;  je  gagerais  qu'ils  étaient  rangés,  de  bonne 
compagnie,  distingués,  ayant  du  savoir-vivre.  Et  leur  répertoire 
était  varié.  Les  parts  de  sociétaires  durent  être  bonnes.  L'acte  est 


fiO  RAPPORT   GÉNÉRAL 

bien  fait.  Ces  braTeagena,  âans  y  être  tenus,  se  sont  imposé  de  par- 
tager le  fonds  des  amendes  entre  u  les  malades  de  rHôtel-Diéu,  la 
H  boîte  des  prisonniers  et  les  pauvres  de  la  Charité  v.  Ce  détail 
nous  touche.  Des  artistes  de  ce  caractère  n*ont  pu  jouer  que  de 
bonne  musique. 

li  Règle  généra  le,  deux  collaborateurs  se  font  plus  de  tort  que  de 
bien.  M,  Fernand  Mazerolle,  correspondant  du  Comité  à  Dijon,  a 
întitulé  le  mémoire  qu'il  a  lu  devant  vous  Dessins  de  médailles  et 
de  jetons  attribués  à  Bouchardon.  Je  sens  déjà  la  pointe  du  fleu- 
ret. Cet  ti  attribués  »  ne  me  dit  rien  qui  vaille.  Il  sent  le  prêt 
bénévole  d'une  lieue,  la  donation  précaire  et  toujours  révocable. 
Boucbardon  me  parait  être  dans  un  mauvais  pas.  Vous  vous  souve- 
nez du  diCTérend.  Al.  Henri  Bouchot  et  M.  Alphonse  Roserot  avaient 
pensé  que  les  dessins  de  jetons  conservés  à  la  Monnaie  et  se  ratta- 
chant au  règne  de  Louis  XV  étaient  l'œuvre  deBouchardon.  M.Ma- 
zerolle  reconnaît  plusieurs  mains  dans  cette  suite  de  projets.  J.  Du- 
vivier  et  J.-C.  Roëttiers  ont  évidemment  eiécuté  plusieurs  des 
dessins  visés*  Ce  qui  le  prouve,  c'est  Tabbé  Gougenot,  biographe 
de  Du  vivier,  qui  nous  raconte  la  brouille  du  graveur  avec  le 
sculpteur  à  Toccasion  d'un  profil  du  roi  que  Duvivier  refusa 
d'exécuter.  Ce  qui  le  prouve  encore,  c'est  la  présence  à  la  Mon- 
naie de  compositions  similaires  pour  un  même  sujet,  Tune  à 
peine  esquissée,  l'autre  très  arrêtée.  Je  crois  que  tout  le  monde 
est  d'accord.  Bcuchardon  est  l'auteur  du  croquis  initial,  et  Roët- 
tiers ou  Duvivier  ont  précisé  le  trait  avant  de  graver  leur  coin. 
Mais  Victor  Hugo,  ^'adressant  à  un  statuaire  de  son  temps,  n'a-t-il 
pas  dit  : 

L$.  forme,  û  ^rànâ  sculpteur,  c'est  tout  et  ce  n'est  rien  : 
C'est  tout  avec  resprjt,  ce  n'eit  rien  sans  l'idée. 

aBouchardon  peut  se  réclamer  de  ces  vers.  A  lui  l'idée  rapide* 
ment  écrite  ;  à  Roëttiers,  à  Duvfvier  la  forme  impeccable,  la  com- 
position dernière,  de  proportions  voulues,  d'aspect  séduisant. 
M.  Mazerolle  a  raison  au  nom  de  l'érudition;  mais  tenons  pour 
véniel  le  tort  de  ses  devanciers.  Ils  n'avaient  pas  bluté,  estimant 
peut-être  que  la  farine  tout  aussi  bien  que  le  son  pouvaient  être 
comptés  à  BoiJchardoD. 


BAPPOBT   GÈXÉRAL.  61 

ik  Les  faïences  d*ari  à  Nevers.  —  Ce  titre  trop  modeste  ne  laisse 
pas  soupçonner  l*importance  du  mémoire  de  M.  Hassillon-Rouvet, 
^correspondant  du  Comité  à  Nevers.  Nous  assistons  avec  lui  à  un 
procès  en  réhabilitation,  et,  avocat  muni  de  preuves,  votre  confrère 
a  gagné  sa  cause»  Exposer  le  juste  et  le  vrai  est  un  acte  de  Tintel- 
ligenee.  Hais  détruire  une  erreur  accréditée,  venger  une  mémoire 
digne  d'illustration,  replacer  Fauréole  sur  un  front  découronné» 
voilà  qui  satisîut  le  besoin  de  combativité  d'une  nature  généreuse 
et  met  en  vibration  tout  Tétre  moral.  Améric  Vespuce  détrôné 
par  Christophe  Colomb,  Fulton  par  Joufiroy,  Daguerre  par 
Niepce  de  Saint-Victor,  voient  leur  groupe  s*augmenterdeScipion 
Gambin,  qualifié  trop  longtemps  du  titre  enviable  de  a  premier 
a  importateur  de  la  faïence  à  Nevers  p  «  Sus  à  Fusurpateur  I  De 
Thou  nous  avait  prévenus,  u  On  raconte,  écrit  cet  historien,  qu*un 
«Italien  qui  avaitaccompagnéen  France  un  duc  de  Nivernais  aperçut, 
aen  se  promenant  aux  environs  de  Nevers,  la  terre  de  l'espèce  dont 
cse  faisait  la  faïence  en  Italie.  Il  la  prépara  et  fit  construire  un  petit 
«  four  où  fut  fabriquée  la  première  faïence  en  France.  «  Cet  Italien, 
Messieurs,  client  de  M.  Hassillon-Rouvet,  est  Dominique  Conrade 
de  Savone,  compagnon  d'armes  de  Louis  de  Gonzague.  Fixé  à 
Nevers,  il  appela  près  de  lui  ses  deux  frères,  Baptiste  et  Augustin. 
Tous  trois  furent  naturalisés  Français  en  1578,  et  ce  sont  les  Con- 
rade qui  importèrent  en  France  l'art  de  fabriquer  la  faïence  à  la 
façon  de  Savone.  Hais  Scipion  Gambin?  Ce  n'était  qu*un  de  leurs 
ouvriers.  Les  Conrade,  «  sculpteurs  en  terre,  maistres  pothiers  en 
•  œuvres  blanche  et  aultres  coulleurs  » ,  les  protégés,  les  amis  de 
Louis  de  Gonzague,  recouvrent  l'héritage  de  gloire  trop  gratuite- 
ment attribué  à  Scipion  Gambin,  leur  valet.  Il  y  avait  captation,  et 
le  Code  Tinterdit. 

s  Ce  n'est  pas  une  galerie,  c'est  un  cabinet  que  M.  Emile  Biais, 
correspondant  du  Comité  à  Angouléme,  a  entr'ouvert  devant  nous. 
Les  grands  amateurs  angoumoisins  dont  il  vous  a  entretenus  for- 
ment une  réunion  d'effigies  très  variée.  Pas  un  portrait  en  pied, 
mais,  en  revanche,  quelques  bustes,  des  médaillons,  des  médailles, 
plusieurs  pastels,  le  tout  de  bon  style  et  d'aspect  agréable.  Vous 
nommerai-je  les  personnages?  C*est  d'abord  l'aïeul  de  François  1", 
Jean  d'Orléans^  dit  le  Bon,  c'est  le  roi-chevalier,  c'est  Marguerite 


êÏÏ  RAPPORT    GENERAL. 

d'Angouléme,  puis  Jen-Limis  de  .\ogaret,  Guez  de  Bahac,  Charles 
de  Sainte-Maure,  duc  de  Hfoniamier,  Gourville  et  Charles-Rosalie 
de  Rohan-Chabot,  comte  de  Jarnac.  J^  ae  nomme  que  les  princi- 
paux. AL  Biais  connaît  sa  province  ;  aussi  a-Ml  loullipliê  les  profils 
célèbres,  ou  simplement  aimables,  dans  rétucle  i|u'il  projetait 
d'écrire.  Mais  voyez  Tembarra»  de  tant  d'opulence!  Voire  collë,'{ue 
savait  que  le  temps  lui  serait  compté  et  l'espace  ménagé  ;  aussi 
n*a-tHl  pas  échappé  à  une  gène  visible.  C'est  en  homme  hàtif  qu*tl 
énumère  les  belles  œuvres,  les  pièces  rares.  Son  cadre  était  trop 
vaste.  M.  Biais  ne  nous  a  donné  quVn  a  coup  d*œil  ^  sur  des 
richesses  dont  il  sait  la  valeur,  et  il  voudra  s*y  reprendre  en  Taisant 
halte  devant  un  seul  de  ces  amateurs  dont  il  a  souhaité  d'être  rhis-* 
lorieu  et  le  juge  autorisé- 

ft  Gabriel-François  Moreau,  èvèque  de  Màcon  en  1763,  nous  est 
présenté  par  M*  Lei,  correspond aut  du  Comité  dans  cette  lillfl^ 
sous  le  patronage  de  Prud'hon.  C'est,  eu  eflèt,  ce  prélat  qui  recom* 
manda  Prud'hon,  adolescent,  aux  Ëtata  du  Maçonnais,  le  17  mai 
1774,  et  otïlint  qu'on  Teuvoyàt  étudier  à  TÉcoIe  de  dessin  de 
Dijon.  Une  aussi  heureuse  initiative  méritait  d'être  connue.  Mais 
M.  Péïéque  de  Mâcon  eut  encore  Phontleur  de  fonder  dans  sa  ville 
épiscopale  une  Ecole  d'art  qu'il  inaugura  en  personne.  Greuze  fut 
chargé  de  peindre  son  portrait  que  désiraient  lui  offrir  les  États. 
11  commanda  lui-même  à  Greuze  le  portrait  de  M.  de  Valras,  son 
prédécesseur.  Et  par  surcroît,  son  palais  était  un  Musée.  Plus  de 
cinquante  tableaux,  des  sculptures,  des  tapisseries,  des  gemmes 
remplissaient  les  salles  de  cette  demeure  d'artiste.  M>  Lex  a  été  bien 
inspiré  en  replamnt  dans  son  jour  cette  figure  efiacêc  d'un  évéque 
amateur,  au  sens  le  plus  élevé  de  Peipression,  11  a  aimé  Tart  en 
homme  de  goût,  en  homme  de  cceur,  en  citoyen  d'une  intelligence 
supérieure»  Ce  fut  quelqu'un. 

fn  U Hôtel  de  ville  d'Arles  et  ses  huit  architectes,  tel  est  le  titre 
du  curieux  mémoire  que  M,  Charvet,  membre  non  résidant  du 
Comité  à  Lyon,  a  lu  à  cette  session.  Nous  sommes  en  1(?65,  Louis- 
François  de  Royers  de  la  Valfenière  est  choisi  pour  construire 
l'édifice*  Alais  il  n'est  souveraineté  qui  soit  à  l'abri  d'une  usurpa- 
tion*   Puget  faisait  grand  bruit   dans  la  région.  Les  consuls  ont 


lifPOiT   GÉfVÉRAL.  B% 

Tidéif  de  rappeler  à  Ailes,  U  g'y  rend  par  deux  Tois  ea  1G72  et 
loinnet  ses  plans.  On  les  discute.  Pendant  ce  temps,  un  certain 
frère  Clément,  relîgîeui  auyuitîn,  entre  en  Ike,  Il  est  assisté  d'un 
architecte  de  Tarascon,  Nicolas  Lîetitaud*  Puis  vient  le  tour  d'un 
peintre  artésien,  Jacques  Peitret.  Et  les  plans  de  pleuvoir!  Mais 
Dominique  Pille  porte  se  présente,  et  Jean  Rochair  le  suit  de  près> 
Le9  consuls  délibèrent  et  ne  «^entendent  pas.  C'était  à  prévoir. 
Pour  achever  de  les  rendre  perpletes,  Jules  Hardouin-Xlansart, 
Agé  de  vingt-sept  ans,  vient  augmenter  le  nombre  des  concurrents. 
M*  Cbarvet  vous  a  dit  les  réclamations  de  La  Valfenière.  Ses  con* 
frères  firent  évidemment  comme  lui.  Peine  perdue!  Le  vestibule 
voûté  en  pierre  est  l'œuvre  de  Mansart,  et  c'est  à  lui,  le  huitième 
larron,  que  revient  Fhonneur  de  la  construction  dans  ce  qu'elle  a 
de  remarquable.  Incidemment,  M.  Charvet  fait  passer  sous  la  voùle 
hardie,  ceuvre  du  jeune  Mansart,  la  belle  Mme  de  {Irignan.  Cette 
apparition  toute  gracieuse  ajoute  à  Hntérôt  de  sou  étude, 

H  Est-ce  une  page  d'histoire  que  vous  a  lue  \L  Léon  Giron, 
membre  non  résidant  du  Comité  au  Puy»  à  propos  de  V Assomption 
de  François  Le  Mo^ne,  coOt^rvêe  dans  Tèglise  de  Saint-Julieti- 
Chapteuil?  Oui,  certes;  mais  Thistoire,  dans  la  circonstance,  ne 
laisse  pas  d'être  romanesque.  La  mère  de  Le  lUoyne,  veuve  eu 
IG93,  alors  que  son  fils  était  dgé  de  cinq  ans,  avait  épousé,  cette 
même  année^  le  peinte  Vrac  de  Tourniére.  l  uion  de  courte  durée. 
En  1702,  Tourniére  et  sa  femme  se  sèparaîenL  Quelque  dix 
ans  plus  tard.  Le  ïlloyne  avait  grandi.  L'Académie  royale  le  comp- 
tait parmi  ses  membres.  L'honnête  peintre  recueillit  sa  mère  à 
■on  foyen  iV'en  soyons  pas  surpris  :  il  habitait  rue  des  lions- Enfants. 
L'évéquedu  Pu  y,  M.  de  La  Roche-Aymon,  ayant  souhaité,  en  1718, 
de  pouvoir  offrir  une  peinture  au\  moines  de  Saint-Julien,  s'ou- 
vrit de  son  désir  au  duc  d'An  tin,  qui  chargea  Le  Aloyne  de  satisfaire 
le  prélat.  Le  Moyne  avait  deux  palettes  :  c'est  un  détail  que  relève 
M.  Giron.  La  première  comportait  comme  couleurs  fondamentales 
le  jaune  et  le  rouge,  dont  te  mélange  permettait  au  peintre  d'oble- 
ûir  des  tons  roux.  H  en  usait  pour  ses  scènes  mythologiques.  Le 
rouge  et  le  blanc  dominaient  sur  la  seconde  palette.  Celle-ci  servait 
à  peindre  les  sujets  religieux.  Le  Moyne,  on  le  voit,  était  un  homme 
métbodique.  U  fut  aussi,  pour  son  époque,  un  consciencieux.  11 


4é  RAPPORT    GÉNÉRAL. 

avait  le  respect  île  la  nature.  Se  ¥oyant  chargé  de  peindre  une 
Assomption  pour  M.  de  La  Roche*/! ymon,  il  s^avisa  de  nous  laisser 
le  portrait  de  sa  mère  dans  la  figure  de  la  Vierge  qui,  les  mains 
jointes,  assise  sur  des  nuages,  s'élève  dansles  airs  escortée  par  des 
groupes  d*anges  dont  François  Boucher,  disciple  de  Le  Moyne, 
se  souviendra  plus   tard  et,  sans  grand  effort^  fera  des  Amours 
potelés  et  souriants.  Je  m'attarde.  Mais  cette  histoire  a  son  épi- 
logne.  Le  lUojfne  perdit  sa  mère,  puis  sa  femme,  puis  son  protec-^ 
leur  le  due  d'Anlin,  et  enfin...  la  raison.  La  main  tremblante  du 
peintre  devint  inhabile  à  tenir  le  pinceau.  La  plume  n'aurait  pu 
traduire  ses  pensées  confuses.  C'est  alors  qu'un  de  ses  élèves» 
Nonotte,  le  suppléait  comme  secrétaire,  et  M,  Giron  a  retrouvé 
dans   les  papiers  respectés  par  Tincendie  de  Tabbaye  de  Saint- 
Julien  cette  curieuse   mention  :  «^  M.  Xonotte  nous  mande  de  la 
a  part  de  Al.  Le  Moyne  pour  qne  soit  lacérée  ou  brûlée  la  Vierge 
«  Marie  dont  M.  Téiréque  de  La  Roche-ilymon  a  fait  don  au  prieuré 
ti  en  1718.  Mp  Le  Moyne^  en  démence,  prétend  qu'il  fut  sâcrilége 
4^  de  ponrtraire  sa  mère,  et  qne  pour  ce,  sa  mère  sonfire  dans  les 
it  flammes  du  Purgatoire,  Nous  prions  pour  lui.  »>  Ces  lignes  ne 
rendent-elles    pas    deux  fois    précieuse  V Assomption  de    Saini- 
Julten-Chapteuil? 

4(  Pendant  que  je  suis  dans  l'Auvergne,  tout  occupé  de  Le  Moyne, 
les  provinces  frontières  se  sont  levées.  On  accourt  vers  Paris  de 
toutes  parts.  J'entends  des  voix  connues  :  AÏM.  Bouillet,  Benet^  de 
Longuemare,  Denais»  de  Granges  de  Surgères  réclament  leur  tour 
de  parole, 

ti  L'étude  de  M.  Tâbbé  Bonillet,  correspondant  du  Comité  â 
Caen,  sur  les  Boiseries  de  la  Val-Dieu j  renferme  un  enseignements 
Ces  boiseries  sont  Tœuvre  d' un  hnchier  dont  le  nom  ne  nous  est  pas 
connu.  Leur  importance  n'a  rien  de  considérable.  Elles  datent  de 
la  fin  du  dix-septième  siècle.  Des  guirlandes»  des  pilastreSp  quelques 
cariatides  s'écbappant  d'une  gaine  ornée  constituent  le  décor  de- 
vant lequel  s'est  arrêté  M.  Bouillet  dans  Téglise  de  la  Val-Dieu. 
Mais  cotre  confrère  vous  Ta  dit  ;  «  Cette  œuvre  est  belle  autant  par 
u  la  perfection  du  travail  que  par  Theureux  agencement  des  parties 
«qui  la  composent.  Les  sculptures,  ornements,  draperies,  chapi- 


BAPPOHT   GÉnffeEAL.  65 

uleatix^  figurei,  fettilla^^es  et  fl«urs  ont  été  fouillés  en  plein  bois 
■  par  1IT1  cifieaii  cFime  énergir  sans  préciosité,  avec  une  vigueur 
isure  d'elle*inéDie  et  maitre£âe  de  ses  eOets.  C'est  de  Tart,  mais 
sde  l'art  puissant  et  robuste.  »  M,  Rouillet  tiendrait-il  un  autre 
lingaije  s'il  avait  à  juger  des  pages  décoratives  d'un  Coyzevox  ou 
d'un  Buyster?  Conclusion,  Messieurs  :  TÉcole  française  au  dii* 
leptiëme  siècle  a  sa  doctrine  et  son  style  perceptibles  sous  le 
ciseau  de  lartisaD  tout  aussi  bien  que  dans  le  travail  des  maîtres 
en  renom*  Cette  unité,  cette  foi  ei^t  à  son  honneur,  et  j'ignore  si 
lei  ouvrages  que  Ton  exécute  aujourd'hui  présentent  un  caractère 
analogue;  j'ignore  si  la  disciplina;  de  nos  décorateurs  permettra 
dans  denx  cents  ans  de  préciser  l'^^poque  à  laquelle  ils  auront 
tcDu  Foutil,  L'art  sous  Louis  \[V  porte  une  date  qui  n'est  pas  sans 
gloire, 

«IL  Armand  Benêt,  inenihre  non  résidant  du  Comité  à  Caen, 
H\  l'auteur  de  deux  mémoires  puisés  à  des  sources  différentes, 
mm  présentant  certaines  analogies.  Ils  ont  pour  titre,  le  premier  : 
Peintres  des  seizième  au  dix^huitième  siècles,  noies  et  documents 
i^lraùs  des  fonds  paroissiaux  des  archives  du  Calvados;  le 
lecoiid  :  Artistes  d'AvrancheSj  Baymx,  Cherbourg,  Coutances, 
Sûint-Làjf  Valognes  et  Vire  au  dix-huitième  siècle,  d'après  les 
rôles  de  la  capitatfon.  Ce  sont  deui  répertoires  inédits  que  vous 
offre  U.  Benêt.  J'entends  l'observation  des  metteurs  en  œuvre.  Hé  ! 
Hessieur!},  soyons  de  bonne  foi  !  l^s  ouvrages  les  plus  consultés, 
les  guides  les  plus  «ûrs,  les  plus  familiers  de  quiconque  touche 
lui  études  historiques,  ce  sont  prt^risément  les  dictionnaires,  les 
Domenclatures  bien  établies,  les  tables  méthodiques,  les  réper- 
toires faits  de  clarté  et  de  prérision.  En  ce  temps  de  vie  fiévreuse, 
qui  donc  a  le  loisir  de  Lout  lire  et  de  compulser  les  chartes  origi- 
oalesî  Sachons  gré,  croyez-moi,  au  lecteur  préalable,  au  chercheur 
modeste,  patient^  obstiné,  qui  consent  à  disposer  pour  nous  u  à  pied 
ff  œuvre  n  les  éléments  de  nos  livres  de  demain.  Ne  faisons  pas  fi 
des  répertoires.  Saint-Simon  nous  révèle  qu'à  son  époque  les  gens 
dé  goût  disaient  volontiers   d'une  personne  qui  se  souvenait  de 

acoup    de  choses  et  se  montrait  toujours  prête  à  instruire  les 

'es  :   «  C*est  UD  répertoire!  ^  Conservons  à  ce  mol  le  sens  élo- 

iii  que  lui  donnait  Saint-Simon. 

5 


€é  RAPPORT   GÉNÉRAL. 

«  heA Sphinx  de  Pavîlly  donl  s^est  occupé  M.  P.  de  Longuemare^ 
membre  de  la  Société  des  antiquaires  de  ]tiormandie,  sont  deux 
sculptures  énergiques,  de  grand  aspect,  datant,  selon  toute  vraisem- 
blance, du  dii-septieme  siècle.  Elles  décorent  le  parc  de  M.  le 
comte  d'Auray.  Le«  têtes  ont  un  peu  souffert,  maïs  la  poitrine  se 
dessine  bien,  et  les  corps  de  lion  sont  presque  intacts.  Un  écusson 
sculpté  sur  la  housse  qui  recouvre  le  corps  des  sphm]i  paraît  ren-* 
fermer  les  armoiries  des  Le  Alarchand  de  Bardouville  ou  des  Cara- 
das,  EaC-ce  dans  les  archives  de  ces  maisons  qu'il  conviendrait  de 
chercher  le  prix  fait  des  sculptures  de  Pavilly?  On  serait  tenté  d'y 
Toîr  des  œuvres  de  Pnget.  Le  maître  a  ïravaiUé  au  Vaudteuil  en 
Normandie»  Mais  nulle  preuve  de  cette  attribution  trop  flatteuse, 
pour  qu'on  raccueille  sur  le  simple  eiamen  des  sphinx  en  question. 
Ce  sont  de  belles  œuvres.  Sachons  gré  à  \1.  de  Longuemare  de  nous 
en  avoir  révélé  le  mérite,  mais  tenons  réservée  la  question  d'attri- 
bution. 

n  Ce  n'est  pas  une  plume,  c'est  un  crayon  très  fin  qu'il  faudrait 
tenir  à  la  main  pour  reproduire  dans  ses  détails  la  maitre-autel  de 
la  cathédrale  d'Angers  dont  vous  a  parlé  M.  Joseph  Denais.corres- 
pondant  du  Comité.  L'auteur  de  ce  décor  fastueut  s'est  appelé 
Denis  Gervais.  11  s'est  qualifié  lui-même  sculpteur  et  pensionnaire 
du  roi.  La  justification  de  ce  double  titre  nous  échappe,  mais  assu- 
rément TAcadêmie  royale  dut  compter  dans  ses  rangs  au  dernier 
siècle  des  hommes  moins  habiles  que  ce  Denis  Gervais,  Il  excellait 
à  façonner  le  marbre  ou  ralbâtre,  à  disposer  des  colonnes,  &  simu- 
ler les  nuages,  k  cadencer  les  ligures  d'anges,  les  cassolettes,  les 
diadèmes.  Bref,  ce  fut  un  homme  eupert  en  Tan  de  grâce  1755. 
M,  Denaîs  ¥ous  a  communiqué  le  contrat  passé  entre  Gervais  et  le 
Chapitre  de  la  cathédrale*  Tout  le  monde  fut  d'accord.  On  était  en 
veine  de  conspiration  contre  les  lignes  sévères,  le  style  simple  et 
grand.  On  aimait  le  bruits  la  rechercbe,  la  pompe  et  Tor  prodigué* 
Gervais  tenait  réserve  de  ces  articles  en  abondance.  Il  servit  les 
chanoines  à  souhait*  Son  oeuvre  n'est  pas  sans  aspecL  Elle  porte 
une  date,  qui  le  conteste?  Mais  si  notre  sens  critique  trouve  à  re-- 
prendre  dans  le  baldaquin  surchargé  de  l'autel  de  Denis  Gerva 
par  contre,  cette  œuvre  reste  un  spécimen  très  complet  du  st] 
retentissant  en  honneur  sous  Louis  XV, 


i 


ItAPPOHT    GÉNÉRAL,  if 

«  JU.  de  Granges  de  Surgères,  correspoodaiit  de  la  Société  des 
inlîquaires  de  France  à  îVantca,  un  èrudit,  un  chercheur  c|u«  Hen 
ne  lasse,  se  mêle  â  votre  groupe  pour  la  première  foisi.  I^rètons 
loretlle.  Votre  nouveau  confrère  a  frappé  au  hou  endroit.  Il  a  dé- 
pouillé les  mi  nu  tiers  de  sa  ville.  Et  grflce  à  eeii  découvertes,  nouf 
savons  maintenant  que  les  grandes  ¥oùles  de  la  cathédrale  de  Mantes, 
commencées  en  1626,  furent  achevées  en  1^30,  \ous  savons  (fue  le 
transept  méridional  fut  adjugé,  le  27  mars  1631,  pour  32,000  livres 
à  René  Lemeunier,  Ifîchel  Poirier,  Jacques  Corhineau^  Mario 
Gadenîer  et  Guillaume  Belliurd,  tous  maîtres  architectes  de  la 
ville  de  Nantes.  Cette  révélation  nous  satisfait,  car  il  vsi  ttien  peu 
d'artistes  ou  d'historiens  de  lart  qui  ne  se  soient  rendus  au  moins 
une  fois  dans  ce  transept  où  rayonne  le  superi)e  lomheau  du  der- 
nier duc  de  Bretagne  par  Michel  Colomb.  Les  perles  fines  sont 
hors  de  prix,  mais  il  n'est  pas  indifférent  que  Técrin  qui  leur  sert 
de  cadre  et  les  protège  soit  de  bonne  fahriqne.  lU.  de  Granges  de 
Sttrgêres  vous  a  fait  Thistoire  de  Técriu. 

&  Je  sois  trop  long.  Vos  confrères  de  la  région  de  TËst  s'impa* 
tientent.  Faisons  silence.  MM.  Gauthier,  Brune,  lilaie-Werlf , 
Jacquot  ont  la  parole, 

•  Conrad  Meyt  ei  les  sculpteurs  de  Brou  en  Franche- Comté j 

lel  eat  le  sujet  traité  par  M,  Jules  Gauthier,  membre  non  résidant 

du  Comité  à  Besançon.  Conrad  Meyt  vous  est  connu,  M.  Pinot ^ 

U.  Charvet  ont  parlé  de  lui.  M.  Gauthier  s'attache  à  ses  pas,  je 

veux  dire  à  ses  œuvres  maîtresses.  CVst  un  sculpteur  allemand  que 

son  rare  mérite  désigna  comme  directeur  des  chantiers  de  llrou, 

avec  la  haute  mission  de  sculpter  les  têtes  et  les  mains  des  [jisants 

princiers  de  ce  Saint-Denis  de  la  Bresse,  lin  Florentin,  Mario Ito,  est 

son  lieutenant.  Van  Boghem,  esprit  ombrageux,  lasse  la  pntience 

de  Conrad.  Celui-ct  émigré  à  Lons-le-Saunier.  Mariotto  Taroom- 

pagne.    Phi  liberté   de  Luxembourg  leur   confie    reiécution   de 

superbes  tombeaux*  Ils  se  mettent  à  l'œuvre.  Mais  Henri  de  Nassau 

vient  à   la  traverse.  Phi  liberté  dépossédée  de  ses  biens  ne   peut 

^ver  sa  noble  entreprise.  Conrad  et  Mariotto  se  trouvent  sans 

»uiSr    sans  salaire  sur  terre  franc^comtofse.   C'est  alors  que 

Gauthier,  tant  avec  le  secours  des  sculptures  de  l'époque  encore 


61  RAPPORT    GÉNÉRAL. 

Visibles  qu'à  l*aïde  de  pièces  d 'archives ,  ressaisit  les  deux  maîtres 
ainsi  que  leur  imitateur  Claude  Luiier  et  reconstitue  leur  œuvre 
dans  ses  pages  essentielles.  Quelques  afBrmatîoDs  de  M>  Gauthter 
inquiètent  Vhistonen  que  la  méthode  rigoureuse  en  honuenr 
aujourd'hui  rend  circonspect,  mais  les  rapprochements,  les  aperçus 
dont  le  travail  de  votre  confrère  est  tissé,  à  l'exemple  d'une  trame 
solide  et  serrée,  ne  permettent  pas  de  le  contredire.  Des  statues  de 
haut  style,  anonymes  jusqu'à  ce  jour,  sont  restituées  par  M.  Gati* 
thier  auï  hommes  dont  il  s'occupe.  Si  quelque  hésitation  subsiste 
dans  Tesprit  de  son  lecteur,  M.  Gauthier  ne  sera  pas  combattu.  Il  a 
pour  lui  beaucoup  de  preuves  irréfutables  et  des  vraisemblances 
évidemment  très  proches  de  la  vérité.  Les  Bisontins  voudront  tenir 
compte  de  la  réclamation  formulée  par  leur  compatriote  au  sujet 
de  la  Pieta  de  la  cathédrale  de  Besançon, 

«Une  porte  s'entre-bâille,  et  M.  Gauthierp  qui  tout  àTheurea  fait 
œuvre  de  critique  et  d'historien,  nous  apprend  en  quelques  mots 
rapides  ce  que  renferme  la  salle  voisine.  Elle  contient  le  Musée 
Gigoux,  c'est-à-dire  450  toiles  et  3,000  dessins  légués  par  le 
peintre  à  sa  ville  natale.  L'eiemple  est  salutaire.  Il  a  été  donné  par 
Ingres  â  Montauban,  par  le  statuaire  David  à  Angers,  par  IVicar  à 
Lille.  Le  Musée  Gigoux  aura  son  intérêt,  car  le  vieil  artiste  que 
nous  avons  personnellement  connu  était  un  délicat  et  un  collec- 
tionneur. Nous  nous  souvenons  d'une  vente  de  dessins  à  rbûtel 
Drouot,  en  mars  1883,  qui  rapporta,  dit-on,  100,000  francs.  Ces 
dessins  provenaient  de  chez  Gigoux.  M.  Thiers,  amateur  à  ses 
heures,  ne  voulait  rien  conclure  avec  les  marchands  d'muvreâ  d'arl 
sans  avoir  pris  conseil  de  (ligoui.  ÎVous  avons  raconté  dans  des 
pages  dictées  en  partie  par  le  peintre  ses  relations  sans  nombre 
avec  ses  contemporains;  aussi  sommes-nous  assurés  que  les  histo- 
riens futurs  de  TEcole  française  au  dii-neuvième  siècle  seront 
tenus  de  visiter  le  Musée  Gigoux  sous  peine  d'être  incomplète- 
ment pénétrés  du  mérite  des  peintres  ou  des  dessinateurs  dont  ils 
voudront  parler.  Les  Jobannot,  Delacroix,  Cabat,  Couder,  Fran- 
çais, Laiiron,  Marquise t  et  cent  autres  ont  été  les  amis  de  Gigoux 
et  lui  ont  offert  quelque  ouvrage.  M.  Gauthier  rappelle  égalemei 
certaines  peintures  anciennes  de  la  collection,  mais  U  n'a  pas  1 
loisir  d'en  retracer  la  genèse,  d'en  établir  l'authenticité.  Ce  ser 


EAPPOET  GinÉEâL.  «9 

8ft  tâche  prochaine.  Votre  confrère  semble  détirer  qu*an  buste  en 
marbre  du  donateur  soit  un  jour  placé  au  milieu  de  sa  collection. 
Rien  de  plus  louable,  et  le  buste  superbe,  modelé  ad  vivum  par 
M.  Looîft-Noêl  à  la  veille  du  Salon  de  1882,  sera  Teffigie  sculptée 
la  pins  vraie,  la  plus  vivante  qu'il  conviendra  de  placer  en  pendant 
du  portrait  du  maître,  par  M.  Bonnat,  au  Musée  Gigoux. 

«  Vous  avez  présentée  la  mémoire  la  communication  de  M.  Tabbé 
Brune,  correspondant  du  ministère,  à  Baume-les-Messieurs.  Il  vous 
a  parlé  de  sculptures  et  de  peintures  conservées  depuis  plusieurs 
siècles  dans  Téglise  de  Saint-Antoine  en  Viennois.  En  Técoutant, 
je  me  rappelais  cette  boutade  d*un  pamphlétaire  :  u  Rien  n*est  plus 
tt  difficile  à  retenir  que  de  la  gloire  volée  :  elle  revient  tôt  ou  tard  à 
a  son  premier  maître.  »  Antoine  Le  Moîturier  a  été  longtemps 
dépouillé,  mais  ici  même  M.  Tabbé  Requin  a  plaidé  en  faveur  de 
ce  grand  artiste  que  Michel  Colomb  proclamait  u  souverain  tailleur 
d'images»  I  Et  spontanément.  Messieurs,  vousavez  ordonné  la  resti- 
tution lojale  à  Le  Hoiturier  de  ses  belles  œuvres  sculptées  à  Dijon 
et  à  Avignon.  M.  Brune  poursuit  le  procès.  La  façade  de  Téglise  de 
Saint-Antoine  comprend  une  centaine  de  statues.  Celles  qui  déco- 
rent Tarchivolte,  dans  sa  partie  la  plus  voisine  de  la  porte,  sont  au 
nombre  de  douze.  Elles  représentent  des  prophètes.  Leurs  propor- 
tions sont  plus  grandes  que  celles  des  groupes  disposés  dans  la 
seconde  et  la  troisième  zone  ,de  Tensemble  décoratif.  Le  caractère 
de  ces  prophètes  est  donc  nettement  écrit.  Or,  M.  Brune  n*hésite 
pas  à  réclamer,  au  nom  de  Le  Moiturier,  toute  la  sculpture  de  la 
&çade.  Le  sens  critique  approuve  cette  réclamation.  Ce  que  Ton 
sait  de  la  vie  du  maître  autorise  à  penser  qu*il  vécut  de  longues 
années  à  Saint-Antoine.  Mais  ce  n*est  pas  seulement  Le  Moiturier, 
c'est  le  peintre  Robin. Favier  que  M.  Brune  a  le  noble  désir  de 
remettre  en  possession  de  son  patrimoine,  et  je  ne  serais  pas  sur- 
pris que  des  pièces  écrites  vinssent  justi6er  un  jour  ses  conclu- 
sions plausibles. 

K  Très  Jaciunt  eapitulum.  Le  chapitre  sera  complet  avec  ce 
isième  mémoire  de  M.  Maxe-Werly,  membre  non  résidant  du 
mité  à  Bar-le-Duc,  sur  FAri  et  les  artistes  dans  le  Barrois. 
lie  fois,  Tautenr  a  voulu  traiter  des  imagiers,   des  maîtres 


70  RAI^FORT    GÉNÉRâL, 

d'œuvres,  des  verrriers  et  des  hommes  de  thé&tre.  Le  cadre  est 
vaste,  M.  Maxe-Ucdy  ne  Va  pas  restreint  par  lassitude  ou  par 
oubli.  Statues r  retables,  objets  mobiliers,  effigies  gravées  ou 
peintes,  tout  Tintéresse  et  lattire.  Sépultures j  mausolées  de 
princes,  de  donateurs  émitients,  de  personnages  illustres,  sont 
poursuivis  dans  les  caves,  les  greniers,  les  pièces  de  débarras  où 
personne  ne  songe  à  s^aventurer.  Quel  patient  chercheur  M.  Max&- 
Werlyj  Est-il  uioiDs  heureux  dans  le  domaine  de  Tart  dramatique 
ou  lorsqu'il  s'occupe  de  verrières?  Ne  le  craignez  pas.  Sa  moisson 
est  de  toute  richesse,  de  toute  variété.  Les  glaneurs  perdront  leur 
temps  après  lui.  Et  à  Tappui  de  son  teite,  M.  Maxe-Werly  a  mul- 
tiplié l'image,  si  bien  que  son  mémoire  a  rattrait  d'un  Musée. 
Suivez,  Messieurs^  suivez  l'exemple  de  votre  confrère  du  Barrois, 
et  que  toutes  nos  provinces  donnent  lieu  à  des  répertoires  concii, 
lumineux,  dans  le  caractère  de  celui  que  M.  Mare-Werly  a  cou* 
sacré  à  su  première  patrie. 

ix  Certaines  époques  se  révèlent  à  nous  sous  un  aspect  aimable. 
Les  maîtres  de  ces  temps  faciles  sont  de  taille  moyenne,  mais  ils 
nous  apparaissent  avec  un  sourire  éterneL  Tel  est  le  dix-huitième 
siècle  avant  le  coup  de  tonnerre  de  1789  ;  tel  est  Charles  Ëisen,  le 
graveur  valenciennois,  dont  ilL  Albert  Jacquot,  correspondant  du 
Comité  à  Nancy,  vous  a  dit  la  mort  humiliée,  il  en  faut  rabattre 
de  Taisance  dorée  que  laissent  supposer  les  estampes  d'Eiseu  dans 
les  Contes  de  la  Fontaine ^  édités  en  1762  ppur  les  Fermiers  géné- 
raux. Ëisen  li  connu  le  res  angusta  domL  C'est  hors  de  France 
qu'il  succombe,  le  4  janvier  1778.  11  s'éteint  à  Bruxelles,  soli- 
taire, insolv&blep  chez  un  logeur  nommé  Clause,  qui  n'est  rien 
moins  qu'un  fripon.  Ledit  Clause  s'approprie  clandestinement 
nombre  de  dessins  laissés  par  son  locataire,  entre  autres  une  com- 
position qui  paraît  être  importante  et  que  raccusateur  de  Clause 
intitule  :  la  Séduction^  Qu'est  devenue  cette  page?  Quel  châti- 
ment fut  infligé  au  voleur?  La  pièce  apportée  ici  par  M.  iacquut 
est  muette  sur  ces  deuJt  points.  Qu'importe?  Xous  faisons  un  pas 
de  plus  vers  la  lumière  au  sujet  d*un  petit  maître  du  demie 
siècle, 

■  De  TEst  au  Nord,  il  n^y  a  qu'un  pas.  Ne  faisons  pas  attendr 


j 


EAPPOIT   GÉNÉRAL.  11 

MM.  Qaarré-Reybonrbon ,  Cavroit»   Hénault,  vos  confrères  da 
Nord. 

«Je  soapçonneM«  Quarré-Rejboorbon,  correspondant  du  Comité 
à  Lilk,  d'avoir  éprouvé  un  malin  plaisir  à  retracer  ici  la  vie  de 
Jacques  Van  Oost.  Songes  donc!  Noos  sommes  à  Paris,  et  Van  Oost» 
né  à  Bruges,  vers  1640,  prit  un  jour  la  résolution  de  venir  se 
perfectionner  dans  Tart  de  peindre  auprès  des  maîtres  de  TAcadémie 
royale.  Quel  projet  plus  louable  que  celui-là!  Mais  Tartiste  6t  une 
balteà  Lille,  et  Lille  le  retint  pendant  quarante  années.  Cest  à  Lille 
quMl  prit  femme,  eut  des  enfants  et  multiplia  ses  tableaui.  Capoue 
avait  eu  raison  de  Ténergie  d'Annibal.  Lille  centupla  les  forces  de 
Van  Oost.  Et  c'est  à  cette  tribune,  en  plein  Paris,  qu*un  écrivain 
lillois  raconte  ces  événements.  Paris  en  est  presque  confus,  à 
moins  que  Paris  n*en  soit  heureuiL»  Somme  toute,  personne  n*a 
perdu  à  ce  stage  des  Van  Oost,  le  père  et  le  fils,  dans  les  Flandres 
françaises.  Leurs  œuvres  y  ont  été  en  honneur.  Ces  deui  peintres, 
descendants  assagis  de  Rubens,  habiles  imitateurs  de  Van  Dyck, 
ont  bien  fait  de  vivre  dans  un  cadre  à  leur  taille.  Ils  j  ont  gagné  de 
h  renommée,  de  la  fortune  et,  ce  qui  est  plus  rare,  un  biographe 
attentif. 

«  Les  voyages  sont  instructifs,  mais  parfois  ils  peuvent  être  mor- 
tels. Que  vous  a  raconté  M.  le  baron  Cavrois,  secrétaire  général  de 
Tacadémie  d'Arras?  Ne  vous  a-t-il  pas  dit  le  péril  de  mort  que 
courut  Témail  de  Vaulx-Vraucourt  à  la  suite  d'un  voyage  qui 
semblait  devoir  être  inoffensif  !  Cet  émail  est  vénérable.  11  date  de 
1581,  et,  depnis  sa  naissance,  cette  pièce  de  choix  était  Tornement 
du  trésor  de  Vaulx.  Voilà  qu'en  1896  la  ville  d^Arras  ouvre  une 
exposition  rétrospective.  On  porte  Témail  de  Vaulx  à  Arras.  Là, 
on  Tadmire,  on  Tétudie,  on  le  flatte.  L'exposition  prend  fin.  Notre 
émail  est  transporté  chez  un  amateur.  Dans  quel  but?  Dans  la 
pensée  de  le  rapprocher  momentanément  d'un  certain  nombre  de 
pièces  datant  également  du  seizième  siècle  et  provenant  de  Limoges 
mme  Témail  de  Vaulx.  Aventure  toute  simple.  Mais  Tamateur 
eède  subitement.  On  pose  les  scellés  sur  sa  porte.  On  met  aux 
chères  sa  collection I  0  terreur!  Ce  passant,  ce  visiteur  d'un 
ar,  ce  commensal  accidentel  est  compris  dans  les  biens  de  Tama- 


It  RAPPORT    GÉXÉRALp 

teor,  et  c'en  est  fait  de  $a  libi^rlé!  Mais  le  PaB-de-Calatâ  possède 
une  commission  des  monumenls  historiques  à  l'œil  vigilant.  £lle 
eut  recours  au  préfet,  (|ui  ne  permit  pas  qu'un  jour  d'école  buts- 
âonnîère  entraînât  la  mort  du  flâneur.  L'émail  de  Vanlx  es!  de 
retour  au  village.  Félicit^nâ  Af.  Cai^rois  de  nous  avoir  conté  cette 
odyssée.  I/émaîl  de  1581  renferme  de  si  charmants  portraits  de 
donateurs  que  sa  disparition  serait  une  perte  regrettable,  II  a,  paraît- 
il,  ses  semblables  au  Musée  de  Cluny.  Tous  nos  compliments  â  ce 
Musée, 

<i  Antoine  Gilîs,  sculpteur  et  peintre,  est  un  heureni.  M,  Hénanlt, 
correspondant  du  Comité  à  Valenciennes,  vient  de  lui  consacrer 
une  élude  approfondie.  M,  Eugène  Soil  avait  eu  le  même  souci  à 
l'endroit  de  Gilis.  Il  est  vrai  que  ce  sculpteur  a  eu  deux  patries  : 
Tournai  et  Valenciennes.  il  est  juste  qu'il  ait  rencontré  deux 
biographes.  Gilis,  à  Valenciennes,  fut  le  maître  de  Jacques  Saly,  et 
il  ne  quitta  cette  ville  qu'à  Tàge  de  cinquante-cinq  ans.  M,  Hënault 
aiait  donc  la  plus  belle  période  de  la  lie  de  son  modèle  à  raconter 
à  Taide  de  pièces  inédites.  Il  en  a  fait  ample  moisson,  et  Tbontiéte 
sculpteur  valenciennois  ,  quelque  peu  redondant  et  tourmenté  à  en 
juger  par  un  Hercule  terrassant  l'hydre,  personnage  trapu  dont 
nous  avons  vu  une  reproducKon  entre  les  mains  de  M.  Hénault,  est 
désormais  ressaisi  dans  les  événements  les  plus  circonstanciés  de 
son  existence.  Xous  n'exigerons  pas  qu'on  lui  élève  un  bronze  dans 
la  gslerîe  des  maîtres  de  V  al  en  ci  enn  es,  mars  sa  médaille  y  est  à  sa 
place,  et  nous  restimons  bien  frappée* 

ft  Le  Af  idi  réclame  !  Le  Midi  1  Locution  vague  dont  nous  avons  fait 
la  dénomination  d'un  groupe  de  provinces  ricbes,  studieuses, 
promptes  à  Teflort,  c'est -à -dire  le  Béarn,  le  Quercy,  le  Languedoc, 
la  Protence  et  le  Comtat.  Laissons  pénétrer  les  envoyés  de  ces 
ttelles  régions.  Un  délégué  de  TAquilaine  a  pressé  le  pas  et  les 
précède. 

a  Les  titres  bonorîfiques  n'ont  qu'une  valeur  viagère*  Lorsqr 
rhomme  qui  les  porte  vient  k  disparaître,  c'en  est  fait  de  Fécl 
qu'ils  ajoutaient  au  nom.  Vous  avez  entendu  \!.  Cbarles  lïraqui 
baye,  membre  non  résidant  du  Comité  à  Bordeaux,  retracer  la  v 


RAPPORT    GB\ÉRâL, 


73 


d*Antoine  Le  Blmid  de  Latour,  peintre  de  riidtel  de  ville  de  cette 
grande  ctlé.  Le  Blond  s'est  qualifié  acadéitiicteii  et  pettilre  du  roi. 
Or,  les  documenti  que  noua  a  laiiséâ  raticteune  Académie;  de  pein- 
ture, s'ils  ont  été  bien  lus^  ne  permettent  pas  dVtabtir  raulhen- 
tjcîté  de  ce  doubh;  titre.  Mais  Le  Blond  est  mort  en  1706,  et  ses 
oentres  noua  dispensent  de  nous  attarder  aui  qualificatifs  de  sa 
personne.  Les  quatre-viugt^iefiEe  portraits  de  jnrats  qu'il  peij[jDit 
pour  le  compte  de  la  irille»  de  1668  à  1090,  juslifient  le  projet 
caressé  par  U.Marionneau  et  réalisé  par  M.  Braquehaye.  Le  Blond 
méritait  une  notice.  Elle  est  faite.  Votre  eenfrère  Ta  rédigée  à  Taide 
de  pièces  d'archives  à  demi  consumées  par  la  flamme  des  incendies. 
Sachons-lui  gré  d'aioir  fait  pjjrler  les  cendres.  Le  Blond  peignit 
aussi  des  portraits  de  princes  et  de  souvaruins.  Il  fut  Tartisan  des 
entrées  somptueuses  dans  sa  ville  d'adoption.  Il  ouvrit  école  et 
foulut  être  éducateur.  Son  crayon  ne  lui  suffit  point.  Il  prit  la 
plume.  J'avoue  que  sa  Lettre  sur  la  peinture  atteste  plus  de  bonne 
volonté  que  de  réel  talent.  Le  Blond  n'est  pas  écrivain.  Mais  s'il  fut 
bon  peintre,  il  a  droit  au  respect.  M.  Braquebaye  n'a  malheureu- 
sement retrouvé  que  les  portraits  d'un  «  clerc  de  ville  n  et  de  sa 
femme.  11  se  peut  que  des  descendants  des  jurais  ajoutent  tôt  ou 
tard  à  ces  deux  toiles  quelques  portraits  d'ancêtres  dont  ils  ne 
soupçonnent  pas  Torigine  et  qui  soient  T œuvre  de  Le  Blond. 


H  Agrippa  d'Aubigué,  c'est  U,  Paul  Lafond,  correspondant  du 

Comité  à   PaUr  qui  nous  le  rappelle,  se  plaignit  un  jour  en  un 

quatrain  mordant  que  le  roi  de  Navarre  lui  eût  ufTcrt  ion  portrait. 

Le  satirique  laisse  deviner  que  la  peinture  offerte  tenait  lieu  d'argent 

gagné.  Si  la  peinture  était  bonne,  d'Aubignépoumit-il  se  plaindre? 

H*  Lafond  a  voulu  savoir  quel  était  Pau  Leur  du  portrait.  Et  dés  la 

première  heure  de  son  enquête,  il  sVst  trouié  en  face  des  Uunel. 

Ces  peintres  sont  au  nombre  de  trois  :  Jean,  François  et  Jacob,  Jean 

exerce  son  art  à  Blois  en  1518.  François,  soti  fils,  doit  naître  entre 

1515  et  1530,  à  Blois,  sans  doute.  Jacob,  son  petit-tils,  verra  le 

jour  à  Biais  en  1558.  Français  est  de  bonne  heure  valet  decbauïlrre 

peintre  du  roi  de  Vavarre  à  la  petite  cour  de  Pau.  Les  livres  de 

mptes  compulsés  par  M.  Lafoud  nous  montrent  François  Bunel 

îs  employé  et  peu  paye  !  L  or  ctait  rare.  Plus  rare  encore  aujour- 

hui  est  un€  peinture  authentique  de  François^  Ton  Les  ses  œuvres 


n4  EAFPÛRT  OÉKÉBAL. 

ont  dîsparu  ou  nous  échappent.  Jacob,  le  petU-fiU,  est  plus  à  portée 
de  ThisLorieD.  Il  a  voyagé  ea  Espagne^  il  s'est  éprts  de  Titien  et  a 
-travaîUé  pour  Philippe  H.  De  retour  en  France,  il  collabore  avec 
Oubreuîl  à  la  décoration  de  Fontainebleau.  11  peint  à  lui  seul  uue 
galerie  de  portraits  que  le  feu  détruira.  Peintre  en  titre  de  Henri  IV, 
conservateur  <Iu  cabinet  du  roi,  il  a  son  logement  au  Jjouvre,  et 
c'est  lui  qui  donnera  les  premières  leçons  de  dessin  à  Louis  Xltl 
enfant.  Ses  peintures  ont  subi  le  sort  des  ouvrages  de  son  père,  maià 
Thomas  de  Leu  a  tout  au  moins  sauvé  par  son  burin  le  portrait 
de  Henri  IVi  Bunel  a  bien  vu.  Le  roi  de  France  sous  son  pinceau  a 
le  type  consacré  par  Pourbus  et  Du  pré.  Remercions  M,  Lafond  de 
son  excellente  monographie  des  Bunel,  si  riche  en  révélations  de 
tout  ordre. 

u  On  reproche  souvent  aux  vieux  historiens  de  faire  graviter  les 
hommes  d'une  époque  dans  lorbite  d'un  seul  personnage*  AL  Mom- 
méja^  membre  non  résidant  du  Comité  à  Montaubaui  vous  a  prouvé 
^ue  le  reproche  s'appliquerait  encore  avec  raison  aux  historiens  de 
notre  époque.  Il  s'agit  de  la  décoration  de  la  salle  des  actes  de  la 
Faculté  de  théologie  protestante  à  Mon lauban.  Ce  travail,  commandé 
«n  1685  par  les  Minorités  ou  religieuses  de  Sainte -Claire,  fut 
parachevé  en  I77L  Or,  la  tradition  orale  vent  que  cette  décoration 
sott  l'œuvre  d'Ingres  père*  Nous  savons  d'ailleurs  par  les  études  de 
M.  Edouard  Forestiè  qu^aux  environs  de  1771,  Ingres  père  était 
non  pas  à  Montaut»an,  mais  à  Nice.  De  plus,  il  n'avait  alors  que 
dix-sept  ans.  Voilà  pour  Tachèvement  du  travail*  Quant  à  la  partie 
commandée  en  1685,  Je  bon  sens  nous  dit  (prelle  ne  peut  être 
attribuée  à  un  contemporain  de  Louis  XV.  Au  surplus,  M.  Mom* 
mèja  nomme  les  décorateurs  de  1771  «  Us  se  sont  appelés  Burcq  et 
Granjac.  D'autre  part,  un  écrivain  local  a  nommé  Fartiste  de  1685. 
Il  s'appela  Dussaut.  M.  Afomméja  souhaiterait  de  ridenlilier  avec 
un  Jacques  du  Soit  de  1652,  peintre  et  doreur;  mais  ce  du  Soit 
n'est  inscrit  nulle  part  dans  les  comptes  des  bâtiments  postérieurs 
À  1664,  L'artiste  se  dérobe*  En  revanche,  son  œuvre,  d'une  abon* 
dance  robuste,  ses  panoplies,  ses  trophées,  ses  rubans,  ses  médaillons 
modelés  et  peints  indiquent  que  nous  sommes  en  présence  d'un 
auivant  de  Le  Brun,  qui  avait  emporté  dans  un  pli  de  sa  mémoire 
«les  lessouvenirs  de  Versailles. 


RAPPORT    GÉ\ÉRAL.  fi. 

«  Ici,  Messieurs,  je  me  récuie.  M.  Charles  Ponsonailhe,  corres- 
ponilattt  du  Comité  k  Béziers,  vous  a  sijfjnalé  un  cyrieui  Jcssin 
d^Huberl  RoberE,  sur  Thermidor,  Je  voudrais  rendre  jusliceà  votre 
con frère r  mais  ma  plume  hésite.  Je  ne  puis  oublier  que  notre  pré* 
sîdent  a  seul  autorité  pour  bien  parler  de  T époque  dans  laquelle 
s'est  confiné  cette  fois  M.  Ponâonailhe.  Vous  cannaisBez  comme  moi 
la  Bibliographie  de  t  histoire  de  Paris  pendant  la  Révolution  Jran^ 
caise^  œuvre  monumentafe  cjue  publie  en  ce  moment  M,  Maurice 
Tourneux.  Il  n'est  pas  un  sujet,  pas  un  trait  isolé,  m  rattachant  à 
la  période  révolutionnaire,  qui  ne  soit  en  puissance  dans  cette 
Somme  d'un  nouvel  ordre,  ie  n*ose  donc  franchir  le  jîuichet  de 
Saint-Lazare  avec  M,  Ponsonailhef  tant  je  crains  de  trébucher  sous 
le  ferme  re^^ard  de  T historien  assis  à  ma  droite.  Terreur  inoppor- 
tune, sans  Joute,  car  le  vrai  savoir  est  indulgent.  Admirons  donc 
ensemble  ce  singulier  dessin  /a  Délivrance  des  prisonniers^  com- 
posé par  Hubert  Robert  entre  le  9  et  le  17  thermidor  an  11^  jour 
de  sa  mise  en  liberté.  C'est  une  allégorie.  J  aperçois  une  jeune 
femme  qui  tient  une  caf|e ou^rerte  d*oii  s'échappent  de  petits  oiseaui. 
La  Faculté  de  médecine  de  Montpellier  détient  ce  dessin.  Je  ne  sais 
où  \  igée  a  puisé  ses  renseignements.  \e  parle-t-il  pas  d'innom- 
brables croquis  dessinés  par  Hubert  Robert  dans  sa  prison?  Vigée 
exagère,  ou  alors  un  destin  mauvais  s'est  acharné  sur  les  sanguines 
de  l'artiste,  car  M,  Ponsonailhe  n'en  a  pu  découvrir  que  quatre  ou 
peut-être  cinq.  Le  dessin  de  Montpellier  était  inédit,  oublié,  ignoré. 
Il  a  pour  nous  rintérèt  d'un  document  psychologique.  Il  donne  la 
mesure  chez  son  auteur  d'une  possession  de  soi  toujours  rare  aux 
heures  de  crise,  Alais  les  prisons  de  la  Teri  eur  comptèrent  plus 
d'un  artiste  à  T&me  assez  virile  pour  échapper  au  découragement. 
C'est  aux  Madelonnettes,  je  crois,  que  Qualremère  de  Quincy 
modelait  les  statues  de  la  Liberté  et  de  rE;jali1é  à  Taide  d'un  ébau- 
choir  taillé  dans  une  planche  du  cachot;  Loir  dessinait  le  piédestal. 
Rebourg  et  Guilbert  reiécutaient  en  carton  avec  le  tranche!  d'un 
cordonnier,  et  LaCbabeaussière ,  pour  tracer  les  inscriptions  du  socle, 
osait  d'un  cure-dent.  Au  surplus,  M.  Tourneux  vous  eût  dit  cela 
nieux  que  moi,  car  c'est  à  lui  que  j'emprunte  Tanecdote. 

«  M-  Pierre  Parrocel,  correspondant  du  Comité  à  Marseille,  a 
BU.  rbeureuse  pensée  de  retracer  ici  1  histoire  de  la  Porte  d  Atx. 


tt  RAPPORT  GÉVÉRiïL. 

C'est  le  nom  populaire  de  Tare  de  triomphe  de  marseiDe.  On  tous 
Ta  dit.  C<^  moDument  (|ue  Puget  avait  rêvé  fut  décrété  eti  1784,  et 
les  sculptures  qui  le  décorent  portent  la  date  de  18S9.  En  écou- 
tant M.  Parrocel,  nous  ne  pouvions  nous  défendra  de  soDger  aai 
vicissitudes  qui  ont  marqué  Texécution  laborieuse,  sans  cesse  tra- 
versée, de  Varc  de  TEtoile  et  de  Tare  du  Carrousel  à  Paris.  Mêmes 
obstacles,  mêmes  exigences,  Penchaud  fut  Tarcbitecte  de  ta  Porte 
d*Aix  -f  Ramey  fils  et  David  d'Angers  en  ont  été  les  décorateurs.  Le 
gros  oeuvre  est  d'un  praticien  consciencieux^  babile,  Pierre  Blu, 
dont  votre  rapporteur  est  particulièrement  heureux  de  rappeler  le 
nom.  Les  édiles  de  17S4  espéraient  édifier  un  monument  à  la  gloire 
de  Louis  XVL  Cens  de  1828  eurent  la  pensée  d^bonorer  le  duc 
d'Angouléme,  La  révolution  de  Juillet  fit  rejeter  les  esquisses  de 
David  et  de  Ramey,  qui  reçurent  Tordre  de  composer  de  nouveaux 
emblèmes  à  Thonnenr  de  Tarmée  française*  Rendons  hommage 
atix  deux  statuaires,  car  leur  tâche  importante  fut  vraiment  désin- 
téressée. Je  n'ose  inscrire  ici  les  sommes  dérisoires  qui  leur  furent 
allouées.  Et  cependant,  Messieurs,  n'est*^e  pas  le  statuaire  qui  pré- 
cise la  pensée  maUressB  d'un  mûnument  triomphal?  Supprimez  les 
reliefs  éloquents  de  l*arc  de  Constantin,  il  ne  restera  plus  qu'une 
maçonne  rie  >  Si  donc  nous  sommes  jamais  appelés  à  donner  notre 
avis  sur  un  monument  similaire  de  la  Porte  d'Aix^  prenons  tous 
rengagement  de  songer  tout  d'abord  à  sa  parure,  à  l'éclat,  à  Topu^ 
lence  du  manteau  de.  marbre  que  des  maîtres  bien  doiiéi  seront 
chargés  de  jeter  sur  Tossîiture  de  pierre. 

41  L'histoire  ensoleillée  du  Musée  de  Marseille,  tracée  par 
M.  Roui  lion -Landais,  correspondant  du  Comité,  est  une  page  qui  re- 
pose l'esprit.  Sans  doute  le  nuage  traverse  çà  et  là  le  ciel  du  tableau. 
Où  donc  Tazur  est-il  éternel?  Mais  votre  confrère  nous  fait  assister 
auK  débuts  modestes  d'une  collection  provinciale,  à  ses  développe* 
meuts  et  enfin  à  son  installation  princière  dans  le  palais  de  Long- 
champ.  Cette  progression  e$i  attachante,  et  il  semble  que  la  grande 
cité  ait  pour  un  jour  fait  silence  autour  des  belles  œuvres,  peintures 
de  valeur,  marbres  ou  bronzes  de  Lequesne,  deBarye  et  de  Cairelier 
qu'elle  portait  joyeuse  dans  TédiGce  construit  par  l'architecte  de  haut 
mérite  Ëspérandicu.  Ce  sont  là,  Messieurs,  des  souvenirs  d'hon- 
neur, et  M.  Bûuillon-Laudaiâ,  qui  aurait  eu  le  droit  de  dire,  en  par^ 


RAPPORT   GÉNÉRAL.  77 

lant  de  ces  éTénements  oubliés  :  quorum  pars  magna  Jui,  laisse  à 
peine  soupçonner  le  rôle  dont  il  s'acquitta  en  conservateur  vigi- 
lant et  actif.  Soyons  plus  équitables;  les  conservateurs  de  Musée 
sont  des  trésoriers,  et  quiconque  fait  fructifier  un  trésor  au  profit  de 
tons  a  quelque  droit  à  la  reconnaissance  publique. 

«  Pugei  à  Aix,  tel  est  le  titre  d*une  brève  étude  de  M.  Numa 
Coste,  correspondant  du  Comité  à  Aix.  C'est  le  peintre  qui,  chez 
Puget,  a  tenté  la  plume  de  votre  confrère.  II  vous  a  dit  la  genèse 
de  deux  toiles  que  Thistorien  de  Haitze,  en  1679,  semble  con* 
fondre  dans  un  même  éloge,  alors  que  H.  Coste,  avec  plus  de 
critique,  nous  avertit  de  l'inégale  valeur  des  deux  peintures. 
VAnnaneiaiion  est  connue.  Lagrange  l'a  décrite,  mais  il  n'a  pas 
dit  que  ce  tableau  renfermât  les  armoiries  de  la  famille  Meyronnet 
de  Saint-Marc,  ce  que  constate  M.  Coste.  Lagrange  a  également 
regretté  de  n'avoir  pu  découvrir  une  pièce  quelconque  établissant 
la  date  d'exécution  de  cette  peinture;  or,  l'écrivain  qui  m'occupe 
vous  a  lu  le  prix  fait  de  treize  tableaux  confiés  à  Puget  par  les 
Jésuites  d'Aix,  et  V Annonciation  fut  la  première,  peut-être  la 
seule,  des  peintures  exécutées  par  le  mattre  à  la  suite  de  l'accord 
conclu,  le  2  janvier  1658,  entre  lui  et  les  Jésuites.  La  découverte 
de  H.  Coste  a  son  mérite.  Elle  fixe  une  date.  Elle  nous  révèle  en 
outre  que  l'homme  qui,  de  son  propre  aveu,  se  plaisait  aux  grands 
ouvrages,  ne  se  sentait  pas  troublé  par  la  commande  de  treize 
peintures!  II  est  vrai  que  la  commande  resta  lettre  morte.  L'An- 
nonciation  parait  être  de  la  main  de  Puget.  La  Visitation^  pleine 
de  ressouvenirs  de  l'éronèse,  ne  doit  pas  être  l'œuvre  personnelle 
du  peintre  auquel  on  doit  le  Salvator  mundi.  M.  Coste  vous  a  dit 
les  difficultés  survenues  entre  les  Jésuites  et  Puget.  C'est  une  page 
inédite,  curieuse,  qui  s'ajoute  aux  pages  douloureuses  de  la  vie  du 
grand  homme.  Théophile  Gautier  a  dit  un  jour  :  a  Les  contem- 
K  porains  pardonnent  volontiers  au  talent  stérile;  par  contre,  la 
«  fécondité  du  génie  ne  séduit  Thumanité  qu'avec  le  recul  des 
K  siècles.  9  Je  propose  aux  futurs  historiens  de  Puget  d'adopter  cette 
sentence  pour  épigraphe. 

B  Un  autographe  sur  la  marge  d'un  dessin  !  M.  Ginoux,  membre 
)n  résidant  du  Comité  à  Toulon,  s'est  attaché  à  la  personne  de 


Tt  RAPPORT   GÉNÉRAL. 

Jacques  Riyaud,  dessinateur  et  graveur  marseillais.  On  le  disait 
Paristen.  On  le  faisait  naître  en  1700.  On  le  prénommait  JeaD- 
Baptiste.  Autant  d'erreurs.  Jean-Daptiste  est  le  neveu  de  Jacques, 
et  à  diverses  reprises  Tiin  et  l'autre  ont  collaboré  auï  J/ues  de 
châteaux  et  de  maisons  royales^  éditées  par  Jacques  Rigaud.  Les 
archives  de  Marseille  n'ont  pas  encore  livré  Tacte  de  naissance  de 
Jacques  Rigaud^  mais  qu'avons-nous  besoin  de  ce  document?  Vous 
vous  âouvene2  de  Tattaque  infructueuse  du  prince  Eugène  et  du 
coûte  de  Savoie  contre  la  ville  de  Toulon  en  1TÛ7>  Jacques 
Rigaud  était  là.  II  fut  témoin  du  bombardement.  Vite  des  crayons 
et  de  Tencre  de  Chine.  Voici  la  scène  reproduite  en  un  dessin 
superbe  mesurant  plus  d'un  mètre  de  largeur.  Rigaud  fera  présent 
de  son  dessin  à  La  moignon  de  Bdville,  intendant  du  rof  en  Lan- 
guedoc. Cest  un  personnage  putsaanL  L'occasion  parait  bonne 
pour  solliciter  sa  protection.  Aussi,  dans  sm  dédicace  »  notre  artiste 
exprime-t-tl  le  désir  d'entrer  dans  le  bureau  des fertifications  de 
la  cour.  Et  comme  corollaire  de  sa  requête,  il  se  dit  de  MarsullËi 
âgé  de  vingt-six  ans.  Quelles  pièces  d'archives  vaudrai  entée  témoi- 
gnage relevé  par  M.  Ginoux  sur  le  magnifique  dessin  de  Jacques 
Rigaud  que  conserve  le  Musée  de  Toulon? 

a  M.  Labande,  correspondant  du  Comité  à  Avignon,  entre  ici 
pour  la  premitTe  fois.  Ouvrons-lui  nos  rangs.  Mais  cVst  à  tort 
que,  sur  la  foi  d'une  annonce,  nous  avions  pensé  qu'il  se  présen-^ 
terait  accompagné  d'un  simple  enlumineur.  Il  n'en  est  rien.  A  la 
vérité,  Guyot  tialetet,  miniaturiste  avignonnais  du  quinzième  sièclet 
est  à  la  droite  de  M.  LabanJe.  l)  tient  sous  le  bras  le  Livre  d'heures 
qu'il  acheva  d'orner  de  ses  eiquises  compositions  sur  léltn  le 
28  avril  1488,  mais  j*aperçois  derrière  lui  tout  un  groupe  d'ar- 
listes  suluniineurs,  ses  contemporains.  Ce  sont  Nicolas  Prevot, 
Colin  de  Toysie,  Guillaume  Gaslel,  Georges  Trubert,  Antoine  et 
Etienne  Bolely,  Olivier  Bon-Ami ,  que  sais-je  encore?  Ces  vieux 
maîtres,  dont  AL  Reijujn  vous  avait  en  1889  signalé  reiislence, 
nVni  pas  voulu  que  vous  puissiez  douter  du  mérite  de  leur  con- 
frère Guyut  Baletet.  Ils  le  couvrent  de  leur  propre  renom.  Et  tous 
ce»  artisans  de  petits  chefs-d'œuvre  vous  demandent  de  contre* 
signer  pour  tes  siècles  futurs  les  lettres  patentes  de  TÉcolc  de 
miniature  avignonnaise,  Xous  chargerons  M.  Labande  d'un  décret 


RAPPORT    GÉHJÉHAL,  1» 

bien  en  règle,  libellé  par  rotre  Comité»  donnant  saliafaclîon  aux 
maîtres  du  ComIaL 


a  y.  rabbéRm{ULn,  membre  non  résidant  du  Comité  à  Avignon^ 
a  reconstitué  la  biograpbie  d'un  sculpteur  mAconnab  du  spt^îème 
siècle,  Imbert  Roacbon.  C*eftt  un  maître  de  Hère  allure,  Deus 
œuvres  de  cet  artiste  subsistent  encore  à  Avignon.  i\L  Requin  en  A 
dit  la  valeur  et  aussi  les  mutiJatious.  Le  retable  de  la  rbapelle  dei 
Parpaille  à  Féglise  Saint-Pierre  est  un  morceau  à  la  fois  puissant 
et  délicat.  Le  ciseau  de  fîoacbon  est  d'une  souplesse  lemarquable. 
Pourquoi  ce  retable  est-il  déshonoré  par  trois  figures  île  fabrique 
industrielle  récemment  placées  entre  des  pilastreit  dont  le  de-cor, 
d*un  style  eicellent,  rappelle  \e^  fines  arabesques dcJeand^Udine? 
Des  verrnesde  cette  importance  sur  un  visage  où  tout  est  lumière 
sont  une  profanation.  1/aulcl  et  le  retable  de  la  cbapelle  des  Doni 
à  TéglisË  de  Saint-Agricol  ont  également  souffert,  mais  combien 
précieux  sont  les  restes  inidtérûs  de  ces  pages  maîtresses!  Kt  ce 
qoi  ajoute  au  prix  île  pareils  ouvrages,  ce  sont  les  détails  doulou- 
reui  que  nons  donne  M.  Requin  sur  les  contestations,  lea  procès 
dont  souffrît  Boacbon  avant  d'obtenir  payement.  Vous  vous  rap- 
peler le  mot  de  \L  Poirier,  dans  la  comédie  d*Augier:  »  Comment^ 
^s*ccrie  Gaston  de  Presles,  trouvene2*vous  mauvais  qu'on  protège 
»  Ie5arts?iiEt  M.  Poirier  lui  répond  :  «Qu'on  protège  les  arts,  bien  î 
■  mais  les  artistes,  non.,.  »  M.  Poirier  doit  être  de  vieille  soucbe. 
Les  Doni  d'Avignon,  au  seizième  siècle,  pensaient  comme  IuL 

a  J*ai  fini.  Messieurs.  Mon  interminable  discours  a  lassé  votre 
patience-  Je  m'en  eicuse,  mais  vous  êtes  responsables  dans  nue 
large  mesure  de  Tètendue  de  ce  rapporL  Deui  fois  seulement 
depuis  vingt-deux  ans  votre  Comité  avait  inscrit,  comme  il  Va  fait 
cette  année,  croquante  mémoires  à  Tordre  du  jour  d'une  même 
session.  Sans  doute  votre  nombre  qui  va  grandissant  nous  donne 
le  secret  de  cette  fertilité  qui  est  votre  bouneur.  Xfals  je  soupçonne 
une  autre  cause  à  cette  éclosion  soudaine  d'excellentes  éliîdes  en 
la  présente  année  1898.  Vous  êtes  des  crudits,  Messienri^,  mais 
/ous  êtes  avant  tout  des  patriotes.  A  ce  double  titre,  voLts  avez  eu 
résentes  à  la  pensée  les  grandes  journées  de  Tbermidor  an  VI, 
ont  un  siècle  révolu  nous  invite  à   fâter  le  centenaire.  N^esUce 


Itl  &&PPORT    GÉNÉftAL. 

pas  le  9  thermidor  de  l'année  magique  dont  j'évoque  h  souvenir 
que  Ton  vît  se  déployer  depuis  le  Muséum  irhiatoire  oaturelle 
jusqu'au  Champ  de  Mars  un  cortège  de  dieui?  Raphaël,  Zampieri, 
Titien,  Véronèae,  Corrège  avaient  déserté  leur  patrie  natale,  et 
Paris  acclamait  au  nom  de  la  France  ces  maîtres  de  toute  majesté 
et  de  tonte  séduction.  Le  Laocoon^  le  Gladiateur^  VAnlinoUs^ 
Mdpomèm  et  cent  autres  chefs-d'œuvre  dominaient  les  vingt-sept 
chars  pliant  sous  le  faii  des  dépouilles  opimes  dont  notre  pa^s  se 
sentait  redevable  aux  vainqueurs  d'Arcole  et  de  Rivoli.  In  million 
d'hommes  étaient  debout.  Les  acclamations  de  k  France,  repré- 
sentée par  Télite  de  ses  penseurs,  se  mêlaient  aux  salves  des 
canons.  Et  lorsque  les  chars  furent  disposés  en  hémicycle  sur  le 
Champ  de  Mars^  dans  Tenceinte  radieuse  efrcouscrile  par  ces 
trésors^  les  dépositaires  du  pouvoir  reçurent  la  charte  k\^%  con- 
quêtes* L'état  volumineux  des  peintures,  des  marbres,  des  ivoires, 
des  vélins,  des  médailles,  des  camées  apportés  d'Italie  fit  trembler 
d'émotion  les  mains  qui  le  recelaient.  Un  hymne  patriotique  écrit 
par  Lesueur  sur  des  vers  de  Lebrun-IMndare  releva  la  pompe  de 
cette  solennité.  Puis  le  chant  des  siècles,  le  Carmen  sœculare 
d'Horace,  dont  Phllidor  avait  }adjs  noté  les  stances,  fut  entonné 
par  un  peuple  ivre  de  joie. 

<i  Événements  prestigieux,  heures  magniGques  dans  la  vie  d'une 
nation!  ^, 

u  Mais,  on  Ta  dit,  Thistoire  est  un  perpétuel  recommencement. 
C'est  pourqnof.  Messieurs,  depuis  vingt-detix  ans  vous  donnez  h  la 
France  le  spectacle  d'une  marche  triomphale  de  peintures  ancienues, 
de  marbies  oubliés,  de  tapisseries  et  de  tentures  habilement  tissées, 
de  miniatures,  de  plans  d'églises  ou  de  châteaux,  de  documents 
véridiques  et  précieux  sur  les  maîtres  de  l'Ecole  française.  Depuis 
vin^ft-dcuî  ans,  vous  ne  vous  lasser  pas  de  reprendre  le  chemin 
de  la  capitale,  contribuables  volontaires  de  la  Provence,  duComlat, 
du  Languedoc,  de  l'aquitaine,  de  la  Rretagne,  de  F  Artois,  des 
Flandres,  de  la  Normandie,  de  la  Franche-Comté,  de  la  Picardie, 
de  l'Ile-de-France,  de  l'Orléanais  et  de  la  Touralne!  Avais-je  tort. 
Messieurs,  de  parler  à  Tiustant  de  la  force  de  persuasion  de  votre 
Comité,  sensible  aux  points  les  plus  extrêmes  du  territoire?  La 


SÉABffCE    GÉNKBALE.  SI 

France  laborieuse  n'est-elle  pas  ujagnifiquement  représentée  par 
vous  tous,  qui  que  vous  soyez ,  archivistes,  amateurs ,  houimes  iPen- 
seignemeat,  artistes  ou  mafjîâtrats?  L^ancienne  France  ne  fut 
témoin  qu'une  fois,  en  Thermidor  an  VI,  d'une  marche  tnnmphale 
de  che&'d  œuvre,  1^  France  de  nos  jours  aMi!»te  depuis  vingt- 
deux  ans  au  tribut  iucessant  îles  provinces.  Et  si  nous  constatons  le 
succès  particulier  de  la  session  présente,  c'est,  n'eD  doutons  pat, 
qu'il  vous  a  plu  de  célébrer  avec  éclat  le  centenaire  des  trophées 
de  Tan  VL  Je  Taccorde,  les  vingt-sept  chars  de  Thermidor  auraient 
été  superflus  pour  transporter  le  fruit  de  vos  conquêtes;  sans  doute 
vous  n*avei  pas  vu  sur  votre  passage,  a  us:  approches  de  rette  salle, 
un  million  d'hommes  debout  et  attentifs.  Alais  un  ministre  d'hier, 
deséradits,  des  critiques,  des  maîtres  vous  attendaient  ici«  et  ils  ont 
applaadi  à  vos  découvertes.  Les  trésors  d*art  dont  vos  Diains  sont 
remplies,  pour  être  moins  célèbres  peut-être  que  les  pages  d'un 
Raphaël  ou  d'un  Corrège.sonl,  en  revanche,  des  oeuvres  françaises 
qui  n'ont  pas  à  craindre  un  1815.  N'est-ce  rien.  Messieurs,  je  le 
demande,  que  de  bien  connaître  ses  ancêtres?  Les  Conrade,  Aba- 
queane,  Boachon,  Baietet,  les  Bunel,  Claude  Luiier,  Le  Moiturier, 
Claude  Content,  IVicolas  Jacques,  Ëisen,  Mansart,  fiouchardon, 
Puget,  Le  Moyne,  sont  pour  nous  des  ancêtres,  et  nous  ne  nous 
lasserons  pas  d'apprendre  sur  leur  compte.  Voilà  pourquoi  vos 
études,  les  pièces  d'archives,  les  critiques  apportées  par  vous  à 
cette  tribune  ont  tant  de  prix  à  nos  yeui.  aussi  quand  je  rap- 
pelais tout  à  r heure  les  cinquante  mémoires  que  vous  avez  lus 
depuis  quatre  jours  en  ce  glorieux  centenaire  de  Tan  VI,  cet 
ensemble  de  bons  travaux  m 'apparaissait  comme  une  sorte  de 
Camien  sœculare^  plus  durable,  plus  utile,  miens  approprié  aui 
intérêts  élevés  de  notre  grande  nation  et  non  moins  harmonieux 
que  06  Iê  fut,  il  y  a  cent  ans,  Thymne  oublié  de  Philldor.  i^ 


Séance  générale  du  samedi  16  avriL 

PHÉSinEKCB    DE   U.    A,    ÏÏAUEAVn. 

a  samedi  16  avril  a  eu  lieu,  dans  le  grand  amphithéâtre  de  la 
ivelle  Sorbonne,  sous  la  présidence  de  M.    Alfred  H;\UBAUn, 


ga  siAXGE    GÉNÉRALE. 

ministre  de  Flnstruclion  publique  et  des  Beau^c-Arts,  rassemblée 
générale  qui  c\ùï  chaque  année  le  Confjrès  des  Soeiétés  savantes  de 
Paris  et  des  tléparteinents,  et  des  Sociétés  "des  Beaux-Arts  des 
déf^artements* 

Le  ministre  est  arrivé  à  dauî  heure»,  accompagné  de  M.  L.Liâeid, 
membre  de  TEnstitut,  directeur  de  l'Enseignement  supérieur,  con- 
seiller d'État  ;  de  M,  A.  Sacqlix,  chef  du  cabinet,  et  de  M,  Levuier, 
chef  du  secrétariat  particulier. 

Il  a  été  reçu  par  HfM.  les  doyeas  de  la  Faculté  des  lettres  et  delà 
Faculté  des  sciences,  M.  de  Sal\t-Abroiian,  chef  du  bureau  des 
traraus  historiques  et  des  Sociétés  savantes  ;  par  les  hauts  fonc- 
tionnaîres  de  TUniversité,  M.  le  secrétaire  de  Tacadéniie  de  Paris 
et  par  MM.  les  membres  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scîen- 
tifiquts* 

M.  Alfred  KÂyoAiD  a  pris  place  sur  Teslrade,  ayant  k  sa  droite 
iUlU.  Alexandre  Bertrand,  de  IMnstitut,  président  de  la  section 
d'archéologie  du  Comité,  président  du  Congrès;  Ch*  TfiAitfCHAKrr, 
vice-président  de  la  section  des  sciences  économiques  et  sociales  ; 
Xavier  CuAftiifEs,  de  Mnstitul,  directeur  honoraire  au  ministère  de 
rinstrnclîon  publique  ;  Léon  Vaillant,  secrétaire  de  la  section  des 
sciences  ;  G-  Sehvois,  directeur  des  Archives  nationales,  membre 
du  Comité;  —  à  sa  gauche  :  HLM.  L>  LiABD,  de  Thistitut,  directeur 
de  rKnseignemenl  supérieur,  conseiller  d'État  ;Levasseur,  de  Tln- 
stilut,  présidentde  la  section  des  sciences  économiques  et  sociales; 
Bouquet  oe  la  Grye,  de  Tlnstitut,  président  de  la  section  de  géo- 
graphie historique  et  descriptive  ;  Milne-Euvaros,  de  Tlnstitut, 
vice-président  de  la  section  des  sciences  ;  DARfiOUX,  de  linstitut^ 
membre  du  Comité;  Janssen»  de  Tlnstitut,  directeur  de  robserva-- 
toirô  de  Meudon,  membre  honoraire  du  Comité. 

MM.  SACQIÎ13J  et  Levdier,  chef  du  cabinet  et  chef  du  secrétariat 
particulier;  de  SAiiiT-ARaoïiAN,  chef  du  bureau  des  travaux  histori* 
ques;  le  docteur  HasiY,  Himly,  Glassox,  Grarididiêb,  E,  Babelon, 
JuGLAR,  de  rinstitut;  F.  BuissoNi  BiE^VAYUÉ,  Octave  iVoEL,  MauivOIR, 
Henri  Cordiei,  Gabriel  Marcel,  prince  Roland  Bonaparte,  Ditan\e, 
Henri  Omont,  Jules  Guifprey,  HounAS,  E.  Lefevre-Pontalis,  mem- 
bres du  Comité;  BAflBiËH  DE  Meynard,  de  Tlnstitut,  administrateut 
de  rÉcole  spéciale  des  langues  orientales  vivantes  ;  Bergerom,  sb 
crétaire  perpétuel  de  TAcadémie  de  médecine  ;  E,-A,  Martsl 


t 


DISCOtJRS    DE    U.    LE    UIMSTRE  SS 

Lotiis  RoussiLfiT,  Deugnières,  Georges  Hariiane),  E,  Trutat,  Léon 
SàLËFitAivQLB,  le  Jocteur  l\  Ledé,  Fraxcue,  lous-chef  du  bureau 
des  Iravaux  Instoriqueâ  et  des  Socii'té^  savantes,  etc.,  etc.,  ont  èga« 
lenient  pris  place  sur  lestrade.  I 

Aur  premiers  rangs  de  1  hémicycle  on  remarquait  UM.  FaiN- 
G«£T,  NiËWBKGLOWSRi,  Adrien  Ûupt  v%  Héuok,  Juless  GautieAp  Livii* 
¥ïLLB,  Pësteljiho,  inspecteurs  d^Acudémîe  ;  flBiTAGiVE,  FouatEAU, 
Staub,  CuviLLtËR,  VotâjN,  Jalbtte^  AÎorlkt,  proïUeurs  et  censeurs 
des  lycées  de  Paris  ;  Braquehaye^  l'ubliê  Daiid,  Le  Sbrgevt  de 
MovNËCOVB,  R.  DE  Là  (jiASSËHtE,  Léon  Maxe-IVealv»  comte  db 
Ifâisv,  DE  HIalarcb,  Justin  Du^ovr.  le  docteur  IUrthè^,  Ludovic 
DftAPËYROM,  Jules  GâtiTHiER,  AleiandfL'  BotTRoUE,  Toussaint  LoCA, 
Léon  db  Vesly,  docteur  RoiiitiB,  IL  et  M""  Efi\E;iT  CifAKTRH, 
Aog.  CHAtiviGNÉ,  DtJRa.^D-LAPtE,  Gauthiot,  GbsIou  Le  Breton, 
QtîARBtrRBvBoURBO»,  Gabriel  Vektbnat,  Geor^jes  Bloxdel,  Cauoik 
BE  Vbkgb,  Emile  Rblloc,  Henri  Escofpieh,  Ckarlier-Tabië, 
GUBSNON,  Eugène  Chatel,  de  Bbau&ïovt,  All>ert  Jacquot,  Maurice 
HÉNAtJi.T,  etc.,  etc. 

La  musique  àa  24*  régiment  d'infanterie  prétait  son  concours 
à  cette  cérémonie. 

If.  le  ministre  a  ouvert  la  séance  et  donné  la  parole  à  M,  Darlu» 
membre  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scieulîGques,  qui  a  lu 
le  discours  d'usage. 

M.  le  ministre  a  pris  ensuite  la  parole  en  ces  termes  : 

«  Messieurs^ 

tt  Depuis  le  jour  où  M.  Guiiot  organisait  Tunion  ies  Sociétés 
savantes,  Bn  lui  donnant  pour  charte  la  liberté,  Tinstitutioa  n*a 
cesAé  de  prendre  de  nouveaui  développements  et,  tout  le  monde 
en  convient,  de  se  perfectionner, 

tt  A  travers  ces  modifications,  ont  persisté  deux  or.ianismes, 
dont  chaque  jour  met  en  lumière  plus  vive  T utilité  et  la  nécessité* 

M  D'une  part,   te  Comité  ûvs  travaux  historiques,  devenu    le 

^omité  des  travaux  historiques  et  scientifiques, et  dont  le  r6le  con- 

ste,  comme  Ta   voulu   M,   Guizot,   à   transmettre  aux   Sociétés 

ivantes,  «d'un  centre  commun,  les  moyens  de  travail  et  de  succès 

qcij  ne  sauraient  leur  venir  d'ailleurs  et  recueillir  à  ce  même 


14  DISCOURS   DE   M.   LE    MlUISTRE. 

(i  centre  les  fniiis  de  leur  acliïité  pour  les  répandre  dans  uoe 
il  sphère  plus  élevée  ^ . 

V.  D'autre  part,  le  Congrès  des  Sociétés  savantes^  qui  se  réuuii 
annuellement  à  Paris  et  ou  tous  venez,  avec  la  pleine  liberté  qu  a 
voulu  vous  assurer  votre  fûDdateur,  mettre  en  commun  et  livrer  h 
ja  |)lus  large  publicité  les  résultats  de  vos  recherches  eÉ  de  vos  tra* 
vaux. 

u  Votre  congrès  a  subi  dlmportantes  modiGcations,  car  ioutes 
les  sciences  sont  venues  tour  à  tour  y  reueiiiliquer  et  y  occuper  leur 
place  légitime.  Au%  deux  sections  qu  avait  seules  prévues  M.  Guizot, 
celle  d'histoire  et  philologie  et  celle  d'archéologie^se  sont  ajoutées 
celle  des  sciences,  puis  celle  des  sciences  économiques  et  sociales, 
puis  celle  de  géographie  historique  et  descriptive.  La  section  des 
sciences  a  du  elle-même  se  subdiviser  en  sous-sections  qui  tendent 
à  devenir  plus  nombreuses. 

a  IV'ouhtîons  pm  que,  parallèlement  à  vos  travaux,  se  poursai'- 
vent  ceux  des  Sociétés  des  Beaux-Arts,  réunies  dans  la  splendide 
salle  de  rHémi  cycle,  où  le  pinceau  de  Delà  roche  a  convié  les  artistes 
du  passé  à  entourer  les  trônes  réservés  aux  trois  grands  génies 
artistiques  de  lancienne  Hellade. 

tt  Mous  nous  croyons  en  mesure.  Messieurs,  quelque  ampleur 
que  doivent  prendre  dans  ratrenir,  par  le  progrès  même  des  sciences, 
vos  futures  assises,  de  les  suivre  dans  tous  les  développements  que 
vous  jugerez  à  propos  de  leur  donner.  Il  n'est  pas  à  craindre  qne 
Paris  puisse  jamais  faillir  à  ses  devoirs  d'hospitalité  envers  les 
représentants  provinciaux  de  la  science  et  de  Tart  français. 

Cl  Ce  n'est  donc  aucune  inquiétude  de  ce  genre  qui  m'a  porté  à 
étudier  le  projet  tendant  à  faire  alterner  entre  Paris  et  quelques 
villes  des  départements  Thonneur  de  recevoir  le  Congrès  desSociëtés 
savantes. 

n  Ce  projet,  soumis  d'abord  à  Feiamen  du  Comité,  y  a  ren- 
contré une  approbation  unanime. 

ft  H  est  donc  entendu  que  votre  prochain  Congrès  se  tiendra  dans 
une  ville  de  province;  le  suivant,  celui  de  1900,  viendra  néces- 
sairement contribuer  à  Téclat  dont  rayonnera  la  métropole  de  h 
France;  et  ainsi  se  poursuivra  ralternance. 

u  Les  avantages  de  la  réforme  sont  évidents.  Celles  de  vos  ses- 
sions qui  auront  pour  théâtre  une  de  nos  villes  de  province,  —  el 


DISCOURS    DE    M     LE    iïl.VlSTRB,  t| 

non  pas  stiiilement  une»  Ir^s  grand**  vrllo,  non  pas  sptjlemeni  nne 
ville  fiUniîfersité,  mais  lontf  ville  (|uî,  parmi  les  comp^'iflion»  qu'il 
est  bien  permis  de  prévoir,  aura  f\xp  voïre  cIumi,  -^  trouveront 
dans  lorî^inalilé  même  du  milieu  pioïinciil  un  renouieaude  vita- 
lité et  de  fécondité. 

*  Tel  centre  vous  oflTrrra  I  attrait  d  in  rn  m  para  h  [es  merveilles 
archéologiques  et  prébistaii(|uts;  ti  I  autre,  celui  d  uue  réjpon  intî- 
niment  intéressante  au  point  de  vue  géologique,  rnmmelesont.par 
exemple,  la  Bretagne  avec  ses  granih  ImttUîide  l'Oréan.  1  Auvergne 
avec  ses  volcans  éteints,  le  Languedoc  aver  s^^?.  causses  pleines  de 
surprise;  ici  vous  serez  sollicités  par  des  institulions  de  grand  inté- 
rêt économique  ou  social:  Ik,  dans  un  de  nos  grands  porté,  vous 
serez  comme  tm  ignés  deffluves  marina,  vous  sert  tire/  tout  proche 
les  mondes  que  vous  croyiez  lointains,  et  tout  prés  de  votre  cœur 
les  Frances  d'outre-mer.  Quelque  jf>«r,  peut-être,  vous  serei 
tentés  de  passer  la  Méditerranée^  et  d'a!l»>r  installer  vos  assises  dans 
cette  Algérii^  où  les  Houmù  ont  retrouvé  h  trace  des  Romains,  ou 
hïen  au  pied  de  la  colline  ou  se  dressa  Carthage,  Partout  vous 
rencontrerez  un  accueil  empressé  Jes  mêmes  souhaits  de  bienvenue 
dans  les  accents  dont  la  variété  même  lait  le  charme  de  iiotrr^  lan- 
gue; partout  votre  présence  suffira  à  faire  sortir  de  I  ombre  des 
trésors  d'art  et  de  «cience,  suscitera  des  collaborations  inattendues, 
affranchira  des  bonnes  volontés  qu'enchaînait  peut-ètrf  trop  de 
modestie;  et  le  réveil  de  vie  que  voua  aurez  provoqut^  sur  votre 
passage  profitera  peut-être  à  Téclat  de  vos  futures  sessions  pari- 
siennes. 

-Et  ne  serait-ce  pas  déjà  un  grand  avantage  que  d'avoir  mieux 

fait  connaître  la  province  aux  savants  de  l'a  ris,  et  aux  provimianx 

mêmes  les  provinces  que,  sans  une  telle  occasion,  \h  naiiraienl 

jamais  visitées?  Peut-être  avons-nous  le  tort  de  vivre  un  peu  trop 

chacun  chez  soi;  si  le  provincial  affectionne  son  coin  de  |mys,pour 

beaucoup  de  Parisiens,  Paris  n  est  quun  coin  dont  ils  ne  sortent 

pas  volontiers.  Le  Congrès^  les  eu  fera  sortir,  les  promènera  au 

Nord  et  au  Sud,  à  TOuest  et  à  I  Est,  leur  révélera  la  variété  infinie 

'originalité  de  ces  provinces  françaises  qui  se  souviennent  d  avoir 

autrefois  des  nations,  avec  leurs  lois,  leurs  parlements,  leur 

se,  leur  dialecte,  leui-s  costumes,  leur  art,  leur  littérature,  tout 

moios  leur  folk-tore.  C'est  de  la  forte  originalité  de  ces  petites 


ï 


f4  ÛiaCOURS    DE    M,    LE    MINISTRE. 

patries  que  sont  faits  le  charme  et  la  puissance  de  la  .grande  patrie. 
Michelet  a  drjà  montré  comment  de  tous  ces  esprits  locaux  s'est 
formé  l'esprit  national,  La  France,  si  diverse  de  races,  est  avant 
tout  une  liarmonie. 

H  Revenons  aux  travaux  que  voos  avez  accomplis  cette  semaine. 
Toutes  vos  section  a  ont  rivalisé  de  féconde  activité. 

ti.  La  réunion  des  Sociétés  des  Beaiix-Arts  vous  a  vus,  suivant 
l'henreuse  expression  de  \LMillaud,  sénateur,  un  de  vos  présidents, 
H  diriger  vos  Investigations  vers  toute  œuvre  qui  s'éclaire  d'un 
a  rajon  d*art  et  de  génie  n , 

■  La  section  d'histoire  a  mis  au  jour  de  précieux  documents^ 
précisé  d'imporlants  poinls  de  détail,  sur  lesquels  pourront  se 
fonder  eu  tonte  sérnritB  les  travau\  trensemUle,  Ica  liardies  et 
larges  gênérdli^^ations  comme  celles  dont  M.  Darlu  nous  a  otféri, 
au  début  de  son  discours,  un  éloquent  exemple. 

*  J'ai  vu  avec  yrantt  plaisir  que  votre  section  d*hisEoîre  n'a  pas 
négligé  la  période  révolnlionnaire  :  beaucoup  de  lectures  ont  eu 
pour  objet  de  nous  faire  comprendre  comment  fonctionnèrent  dans 
tel  tlépartenipnt  les  assemblées  locales  créées  par  la  [lévolntion; 
comment^  au  plus  fort  de  la  tourmente,  Doml>re  de  localités  trou- 
rérent  moyeu  de  livre  en  plein  repos;  et  le  président  de  la  séance, 
un  historien  d'une  compétence  incomparable,  M.  Aulard,  a  eu  soin 
de  faire  resaortir  combien  «  Thistoiiede  ces  communes,  dont  la  vie 
a.  fut  normale,  a  un  intérêt  considérable  pour  Fhistoire  générale  de 
V  la  Kétrolution  * . 

tt  La  section  d'archéologie,  par  delà  les  monuments  des  âges 
historiques,  nous  a  fait  remonter  aui  origines  de  Tindustrie  du 
fer,  au  développement  déjà  si  riche  de  la  primitive  céramique,  à 
h  première  lueur  d'une  pensée  artistique  chez  des  hommes  qui  se 
terraient  dans  les  cavernes. 

*  La  section  des  sciences  économiques  et  sociales  a  rendu  de 
gérîeux  services  à  la  politique  et  à  Thumanîté  en  étudiant  les 
moyens  d'enrayer  la  dépopulation  des  campagnei*,  les  divers 
aspects  du  fermage  et  du  métayage,  la  question  des  habitations  À 
bon  marché,  la  statistique  et  les  causes  de  la  criminalité,  1&- 
ceuvres  de  mutualité  et  de  prévoyance,  la  procédure  criminelle  et 
correctionnelle,  le  régime  fiscal  des  valeurs  mobilières,  la  condi* 
tion  de  Tétranger  en  France,  la  réforme  successorale  en  Allemagne 


DlSCOUfiâ    DE    11.    LK    MIVK^TRE.  it 

et  moD  attention  a  été  particulièremeot  attirée  par  la  iiouif^auté  et 
la  précision  des  procédés  de  crUicjue  appliqués  àTo^ufre  de  Jean* 
Jacques  Rousseau. 

^^  La  section  de  géographie  a  soulevé  d'intérossants  problèmes, 
comme  ceux  qui  concernent  les  courant»  tie  TOcéan,  les  îles 
Chaussey,  les  antiques  foréïs  disparues,  les  pt^ckeries  loIntaineHf 
les  colonies  françaises, 

a  Les  sous-sections  icieotifiques  ont  apporté  de  précieuses  con- 
tribulions  à  l'étude  des  maladies  épiiiémique»,  des  maladies  para- 
sitaires, comme  à  toutes  les  branches  des  sciences  naturelles. 

^  Peut-être,  parmi  ces  sous-sections,  le  principal  honneur  des 
dernières  journées  revient-il  à  celle  de  photographie.  Ceui  d'entre 
vous  qui  ont  as^^isté  à  ses  travaux  sont  encore  sous  la  vive  impres- 
sion des  révélations  de  M.  le  lieutenant-colonel  ftfarssard  sur  tes 
services  que  rend  la  photographie  aui  sciences  astronomiques,  et 
de  MIL  Lumière  sur  les  procédés  qui  leur  ont  permis  de  réaliser 
la  photographie  en  couleurs  et  d'annoncer  une  révolution  totale 
dans  la  librairie  illustrée. 

^  Je  m'arrêle,  car  je  vois  que  je  me  laisse  entraîner  à  citer  des 
noms,  et  je  m'étais  imposé  de  n'en  citer  aucun,  pas  même  les 
noms  de  ceux  dont  les  travaux  ont  le  plus  contrihué  à  Téclat  de 
cette  session.  Pourtant,  j'en  citerai  encore  quatre,  mais  parce  que 
cVst  vous-mêmes,  Messieurs,  qui,  par  les  présentations  arrêtées 
dans  les  sections  du  Comité,  les  avez  désignés  à  Tattention  du  Gou- 
vernement. 

a  Comme  Pannée  dernière,  et  pour  les  mêmes  raisons,  cVst-à" 
dire  parce  que  le  contingent  attribué  â  mon  département  pour  les 
nominations  dans  la  Légion  d*honneur  est  épuisé  depuis  le  mois  de 
janvier,  je  ne  puis  aujourd'hui  que  proclamer  ces  noms,  mais  j*ai 
Passurancequele  ministre  de  Plnstruction  puhlique,  quel  que  soit 
l'homme  qui,  en  juillet  prochain,  détiendra  ce  portefeuille,  rati- 
fiera ma  promesse. 

t*  Vous  applaudirez,  Messieurs,  dés  anjourdliui,  j'en  suis  certain, 
à  la  présentation  qui  sera  faite  alors  à  Al.  le  Président  de  la  Répu- 

que,  pour  le  grade  de  chevalier  de  la  Légion  d'fionneur,  de  : 

a  M.  Edouard-Alfred  Martel,  membre  de  la  Sociélè  de  géogra* 

ie  de  Paris,  de  la  Société  de  spéléologie,  de  nombreuses  Sociétés 

liantes  en  France  et  à  l'étranger,  le  hardi  explorateur  des  cavernes 


fjli  DISCOURS   DE    M.   LE    MINISTRE. 

qui,  de  celles  des  îles  Britanniques,  de  la  Dalmatle,  du  Monté- 
négro, de  la  Grèce,  a  transporté  son  aclivîté  et  son  audace  à  celles 
de  rAveyron,  de  la  Lozère,  des  Alpes;  qui  de  ce  monde  souler- 
ratn  a  rapporté  tant  de  notions  précieuses  sur  le  régime  et  la  com- 
position des  eaus,  la  faune  des  abîmes,  rhumanité  préhistorique, 
et  qui  hier  encore  vous  tenait  sous  le  charme  de  sa  parole  si 
éloquente  et  si  précise  ; 

H  M.  Louis  RoLisselet,  membre  de  la  Société  de  géographie  et  de 
plusieurs  autres  Sociétés  savantes,  le  voyageur  qui  voulut  revivre 
sur  place  l'histoire  des  Dupleii  et  des  Bussy ,  et  qui  nous  a  donné 
VInde  des  rajahs,  le  continuateur  de  Vivien  de  Saint-Martin  dans 
la  publication  du  Dictionnaire  de  géographie  universelle^  Tauleur 
enfin  de  tant  de  publications  agréables  ou  utiles  à  la  jeunesse 
française;  ^ 

u  M.  Ernest  Petit,  président  de  la  Société  des  sciences  histo- 
riques et  naturelles  de  TVonne,  membre  non  résidant  de  votre 
Comité,  lauréat  de  rinstitut,  et  à  qui  nous  devons  tant  de  travaux 
émtnents  sur  Thistoire  de  la  Bourgogne; 

■  Enfin,  M,  Emile  Delignières,  président  de  la  Société  d'émula- 
tion d'Abbeville,  proposé  au  ministre  par  le  Comité  des  Sociétés  des 
Beaui*/lrts,  pour  ses  savantes  publications  sur  les  artistes  et  les 
monuments  artistiques  de  la  région  du  Nord. 

a  Messieurs,  de  cette  enceinte  où  vous  êles  aujourd'hui  rassem- 
blés, qu'il  me  soit  permis  de  reporter  ma  pensée  vers  d*autres 
laborieux,  d'autres  vaillants,  d'autres  savants,  qui  s'honorent 
d'être  vos  collaborateurs  dans  la  recherche  ardente  de  la  vérité 
scientifique  et  dans  le  dévouement  passionné  à  la  grandeur  fran- 
paise.  Ils  travaillent  loin,  parfois  très  loin  de  vous,  et  plusieurs,  en 
ce  moment  peut-être,  endurent  la  fatigue,  les  privations,  et  courent 
péril  de  la  vie- 

«  Je  voudrais  vous  rappeler,  en  quelques  mots,  les  missions 
accomplies  dans  le  courant  de  cette  année  ou  que  sont  en  tram 
d'accomplir  ces  courageux  PVanraîs,  Ce  sera  pour  leurs  efforts  une 
première  récompense  que  ta  proclamation  de  leurs  .noms  devant 
les  représentants  des  Sociétés  savantes  de  la  France  entière.  ■ 

*  Parmi  les  nombreuses  missions  qui  ont  sillonné  TAfriqu 
inconnue,  je  parlerai  seulement  de  cellea  qui  ont  fonctionné  soi 
les  auspices  du  ministère  de  Tlnstruction  publique.  Celle  de  M.  1 


r 


W 


DlSCOU&â   DE   U.    LE    ll1[\tSTl£.  gO 

capitaine  GazemajoLi  opère  en  C€  moment  dan^  le  Sokoto  et  ses 
environs,  et  je  n*eii  ai  pas  encore  de  nouvelles  certaines.  En 
revanche,  jai  soae  les  yeui  les  documents  relatifs  au  voyage 
accompli,  avec  une  bravoure,  une  endurance,  une  précision  dans 
la  recherche  scientifique  tout  k  fait  remarquable,  par  M.  Edouard 
Foa*  Coupant  sur  plusieurs  points  les  itinéraires  de  Livingstone  et 
de  plusieurs  autres  de  ses  devanciers,  il  a  abordé  TAfrique  par 
Tembouchure  du  Zambèze,  remonté  le  Chirë,  explorée  fond  les  lacs 
Nyassa  et  Tanganyika,  ainsi  que  leurs  abords,  et  regagné  FAtlan- 
l&ntique  en  suivant  le  cours  du  Congo,  ayant  parcouru  10,000  kilo- 
mètres dont  6,000  entièrement  à  pied,  rapportant  des  observations 
astronomiques,  hygrométriques  et  météorologiques  qui  rendent 
définitifs  pour  la  science  les  rêsnitats  de  son  exploration,  et  enfin 
enricbissant  nos  Musées  de  collections  Infiniment  prêcieuftes. 

«Dans  TAfrique  du  IVord,  il  convient  de  signaler  la  continua- 
tion des  fouilles  du  J*.  Delattre  sur  le  sol  de  Carthage,  et  Tétablis- 
lemeut  d'une  carte  très  développée  delà  vieille  métropole  punique. 
Je  dois  ici  remercier  MM.  les  ministres  de  la  Guerre  et  de  la  Marine, 
qui  n*ont  rien  négligé  pour  aider  les  savants  patronnés  par  le 
ministre  de  Tlnstruction  publique  et  par  TAc^démie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres* 

^  iV  Madagascar^  M.  Guîtiaume  Grandidier,  marchant  sur  les 
traces  et  désireux  d'accroître  T héritage  sciejitiBque  de  son  illustre 
père^  reprend  Texploration  de  la  grande  île  et  compte  préciser  ses 
recherches  par  des  fouilles  dans  les  gisements  de  fossiles. 

■*  En  Egypte,  prés  d*Ahydos,  M,  Amelineau,  s'attaquant  k  de 
véritables  collines  formées  par  les  débris  de  poteries  antiques,  y  a 
relevé  des  fragments  de  dessins  ou  d'inscriptions  qui  permettent 
de  déterminer  ce  qu'était  lit  civilisation  égyptienne  sept  ou  huit 
mille  ans  avant  notre  ère. 

«  Je  viens  de  recevoir  des  dépèches  m'annonçant  que  M.  Loret 
a,  dans  les  ruines  de  Tbèhes,  retrouvé  les  tombeaux  de  deux  des 
plus  illustres  pharaons  :  Aménophis  U  et  Thoutmès  IJL  C'est  sur 
les  traces  glorieuses  de  Manette,  de  Maspéro  et  de  Jacques  de 
"  'gan  que  marche  le  nouveau  &  directeur  des  antiquités  égyp* 
-le»»- 
En  effet,  M.  Loret  a  succédé  en  cette  qualité  à  M.  de  Morgan 

,  ainsi  que  vous  te  savez,  va  entreprendre  de  nouvelles  fouilles 


ne  DlSCOmS    DE   II,    LE    UINISTRE. 

en  Perse,  grAce  au  crédit  de  plus  de  500,000  francs  que  j*ai  obtenu 
du  Parlemenl,  et  grâce  à  un  Irai  lé  fort  avantageux  conclu  airec  le 
slmli  et  qui  laisse  à  la  France  la  propriété,  par  moUié,  dea  objets  à 
découvrir, 

«  Les  dernières  lettres  que  j*aie  de  M.  de  Morgan  m  annoncent 
seulement  la  marche  de  900  kilomètres  qu'il  vient  d  accomplir  de 
Téhéran  h  Suze,  constamment  barcelé  par  des  tribus  pillardes, 
r^belteg  au  roî  de  Perse,  et  contre  lesquelles  notre  archéologue  a 
du  se  retrancher  toutes  les  nuits,  en  fuisant  le  guet,  son  fusil  à  la 
main,  Nullement  découragé  par  les  fatigues,  les  privations  et  les 
daugeri»,  il  m'informe  que  je  puis  compter  ^ —  et  croyez  bien  que 
je  n'en  ai  jamais  douté. —  u  sur  sa  prudence  et  sou  énergie  n  _ 

iv  Un  autre  de  nos  missionnaires,  M.  Sylvain  Léfi^  professeur  au 
Collège  de  France,  eiptore  en  ce  moment  Mnde  et  les  conHns  de 
rinde.  A  Bénarès,  la  ville  sainte  des  Hindous,  il  a  conversé  en  sans- 
crit avec  les  brahmanes  qui,  abdiquant  tout  fanatisme.  Pont  traité 
comme  un  des  leurs,  comme  nu  pandit.  Le  Xépaul,  qui  se  ferme 
si  jalousement  aux  Européens,  s*est  ouirert  à  lui  ;  sa  dernière  lettre 
m'est  arrivée  de  Katmandou;  le  maharadja  lui  a  livré  sa  biblio- 
thèque de  manuscrits  rares.  Xous  pouvons  espérer  de  ce  voyage 
un  précieux  accroissement  de  nos  connaissances  comme  de  nos 
collections. 

u  La  mission  présidée  par  M.  Bonin  entreprend  un  itinéraire 
qui  doit  la  mener  de  la  Birmanie  au  Mékong,  et  de  Sining-fou  à 
Irkoutsk  en  Sibérie. 

4L  D'autre  part,  M.  Chaffanjon,  déjà  connu  pour  sa  mission  sur 
rOrénoque,  à  peine  reposé  de  son  voyagea  travers  l'Asie  centrale, 
est  reparti  avec  le  dessein  d'explorer  la  Sibérie,  la  Mandchourie  et 
la  Corée,  de  dresser  la  ciirte  de  ces  pays  et  d'y  faire  des  recherches 
d'ethnographie  et  d'histoire  naturelle. 

«  Je  dois  rappeler  que  récemment  une  femme,  Mme  Isabelle 
Massieu,  sous  les  auspices  du  ministère  de  l'Instruction  publique, 
mais  sans  aucune  subvention,  a  parcouru  la  Birmanie,  les  Etats 
Shang,  la  Mongolie,  la  Sibérie  et  le  Turkeslan. 

u  Ainsi  les  itinéraires  français  se  croisent  sur  l'immensité  f^" 
l'Asie,  et  nos  voyageurs  rivalisent  de  zèle  avec  les  Anglais  et  les 
Russes,  mais  ne  sont  mus  que  par  Pamour  désintéressé  de  la 
science,  tandis  que  nos  rivaui  ou  alliés  se  préoccupent,  très  légili 


DÏSeoURl   Ûi   lf<    LES    UliriSTRE.  91 

m^inetit  d'à  illeurs,  de  leurs  In  Lé  ré  U  natînnatix  dans  des  régions  si 
Toisines  de  leurs  possessiom. 

a  L'Amérique  n*eit  point  délaissée  par  nos  explorateurs,  et  prcH 
efaainemeDl  «^ouvrira  au  Vluséum  Texposition  des  eollectïatis  que 
M,  le  comte  Henri  ile  là  l  aiili  a  rapportées  de  son  foyage  à  travers 
la  Patagonle. 

kNods  Q^abandonnons  pas  non  plus  le  sol  de  la  Grèce,  oCi  lant 
de  découvertes,  et  tout  récemment  les  fouitles  tle  Delphes,  ont 
honoré  le  nom  frauçai«i>  Grâce  a  un  nouveau  crédit  annuel  de 
20,000  francs  que  vient  de  voter  le  Parlement,  le  service  des 
fouilles  est  assuré  et  notre  Kcole  d'Athènes^  ilont  les  re;fants  sont 
déjà  fixés  sur  Tile  sainte  de  Délos,  n'atini  rien  à  envier  auK  mis- 
sions alleniandes,  anglaises  ou  américarnes. 

«  Les  espérances  que  nous  font  concevoir  les  travaux  de  vos 
Sociétés,  Messieurs,  et  les  hardies  entreprises  de  vos  émules  en 
pays  lointains  ne  peuvent  nous  empéchpr  de  faire  un  retour  sur  ce 
que  Tannée  écoulée,  féconde  et  glorieuse  à  tant  d'égards,  nous  a 
ipporté  de  deuils  et  de  regrets, 

H  l^e  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  a  perdu  quatre 
de  ses  membres  :  dans  la  section  d'archéolo*jie,  M.  le  Ulant;  dans 
la  section  des  sciences  économiques  et  sociales,  M*  Bufnoir;  dans 
la  section  de  géographie,  lU.  Schefer;  dans  la  section  des  sciences, 
M,  Aimé  Girard. 

M  ivdmond  le  Blant,  membre  de  Tlnstitut,  ancien  directeur  de 
notre  École  de  Rome,  avait  consacré  sa  vie  à  letudc  de  nos  ori* 
gines  religieuses.  Son  Recueil  des  iitscripûons  chrétiennes  de  la 
Gaule,  qui  lui  valut  la  première  médaille  au  concours  des  anti- 
quités nationales  de  ]85'2;  sa  collection,  commencée  eu  1878,  des 
Sarcophages  chrétiens  de  la  Gaule,*  son  étude  sur  les  Persécuteurs 
et  les  Martyrs  au  premier  siècle  de  notre  ère,  resteront  ses  princi- 
paux titres  de  gloire  et  l'honneur  impérissable  de  sa  mémoire- 

ft  II  y  a  bien  peu  de  semaines  que  nous  disions  le  dernier  adieu 

À  M,  Dufnoir,  Tun  des  maîtres  les  plus  éniinents  qui  aient  honoré 

notre  École  de  droit,  un  des  collaborateurs  les  plus  assidus  de  votre 

^'  nité,  on  sa  droiture  de  caractère  et  Félévation  de  ses  idées  ont 

iiè  un  souvenir  inoubliable. 

i  Presque  dans  le  même  temps  notre  École  des  langues  orien- 
ta perdait  son  directeur,   Charles  Scbefer,  qui,   avant  d'être 


Éi  PISCOURS   DE    M.   LE    MIMSTRE. 

appelé  à  la  tète  de  la  maison  où  II  fut  d'abord  élève,  exerça  les 
fonctions  du  drogmanat  à  Beyrouth,  à  Smyrne,  à  Alexandrie, 
eoGu  à  Constaiiiinople.  Il  fut  mêlé  à  d'importantes  négociations: 
celles  qui  aboutirent  au  traité  de  1856,  celles  qui  nous  valurent 
la  colonie  d'Obock  ;  dans  Tintervalle,  il  avait  accompagné  la  petite 
armée  française  qui  pacifia  le  Liban.  11  était  depuis  1857  professeur 
de  persan  à  l'École  des  langues.  Il  possédait,  dans  la  môme 
perfection,  Tarabe  et  le  turc.  Nommé  directeur  de  TÉcole,  il  lui 
assura  nn  nouveau  local  et  une  autonomie  plus  complète,  y  fit 
créer  de  nouvelles  chaires  et  conférences,  — dont  il  m'a  été  donné 
d'augmenter  encore  le  nombre,  —  enrichit  la  bibliothèque,  qui 
passa  de  325  volumes  à  plus  de  4Q,000,  comjnença  la  série  des 
Publications  de  técole  qui  compte  plus  de  60  volumes,  ainsi  que 
le  Recueil  des  voyages  et  documents,  enfin  rédigea  de  sa  main 
pour  ces  deux  collections  des  ouvrages  de  premier  ordre. 

u  Le  jour  même  où  s'ouvrait  votre  Congrès,  nous  apprenions  la 
mort  d'Aimé  Girard,  Téminent  professeur  de  chimie  à  Tlnstitat 
agronomique  et  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers. 

u  Parmi  les  membres  honoraires  duComité,  nousavonsàregi'etter 
la  perte  de  Georges  Ville,  qui  a  rendu  tant  de  services  aux  sciences 
agronomiques  ;.  de  Léon  Gauthier,  l'historien  amoureux  de  nos 
Institutions  et  de  notre  littérature  du. moyen  âge,  Térudit  dont  les 
Épopées  françaises  furent  une  révélation  niéme  pour  le  monde 
savant,  et  dont  le  livre  sur  la  Chevalerie  et  l'édition  définitive  de 
la  Chanson  de  Roland  ont  rendu  le  nom  populaire  jusque  sur  les 
bancs  de  nos  écoles  ;  —  et  enfin  de  A.  Bardoux,  le  plus  aimable 
et  le  tnelHeur  des  hommes,  qui  fut,  comme  ministre  ou  comme 
membre  du  Parlement,  un  serviteur  passionné  du  progrès  de 
Tiostruction  publique  à  tous  ses  degrés,  et  qui,  présidant  en  1878 
votre  Congrès^  définissait  avec  tant  de  justesse  votre  rôle.  Parlant 
du  grand  effort  que  venait  d'accomplir  la  France  pour  son  relè- 
vement intc!ilectuel ,  il  vous  disait  :  u  Les  Sociétés  savantes  en 
1  représentent  un  des  côtés  les  plus  rares  :  Tinvestigation  sagace  et 
•^  patiente,  l'amour  profond  des  origines,  la  recherche  minutieuse 
u  des  faits,  tout  cet  ensemble  d'études  provinciales  qui  apporte  les 
t<  matériaux  de  Tédifice...  n 

K  Messieurs,  qu*il  s'agisse  d'apprécier  les  travaux  qui  vous  oi 
été  lus  dans  ce  palais  de  la  Sorbonne,  ou  d'envoyer  une  paro^ 


DISCOURS    DE    U.    LE    MIKISTRE.  9S 

d'encouragement  â  ceux  qui  travailleiit  et  combattent  loin  de  vous 
pour  ta  même  cause  que  vous,  ou  d'évoquer  le  sotuenirde  ceui 
qae  la  mort  a  enlevés  dans  nos  rangs,  nos  cœurs  battent  à 
Tutiisson,  émus  des  mêmes  joies,  des  marnes  espérances  ou  des 
mêmes  tristesses. 

c  Je  voudrais  que  les  étrangers  qui,  sur  tel  rumenfi  ou  les 
(umultes  de  la  rue,  jugent  sévt^remenl  et  jugent  mal  la  nation 
fr&Dçaise,  et  qui  s'imaginent  peut-être,  pour  avair  lu  des  articles 
de  polémique,  que  ce  peuple  est  voué  k  la  division  et  à  l'impuis- 
sioce»  je  voudrais  qu'ils  se  donnassent  un  moment  le  spectacle 
que  j'ai  aujourd'hui  sou»  les  yeni.  Ils  commence  rai  eut  à  savoir  ce 
qu'est  vraiment  la  nation  française,  car  vous,  les  laborieux  de  la 
iclence  et  de  Tart,  vous  êtes  ici  comme  la  représentation  et  comme 
l'élite  des  laborieux  de  la  terre  et  de  Tatelier, 

a  Ceux-ci,  tandis  que  vous  accroissez  le  patrimoine  intellectuel 
de  la  France,  travaillent  sans  relàcbe  à  Taccroissement  de  sa 
fortune  matérielle.  Dédaigneux  des  vaines  clameurs,  ils  fécondent 
céscbamps  sous  les  renflements  desquels  vous  retrouvez  parfois 
les  ossements  de  leurs  aîeui  héroïques;  ils  tissent,  ils  taillent  et 
iU forgent;  ils  créent,  sans  se  reposer,  la  richesse  de  la  patrie  ; 
ilt  accumulent  l'épargne  qui  aux  jours  critiques  la  rendra  mattresse 
cférheurc  ;  ils  recrutent  de  robustes  soldats  ses  légions;  ils  sont 
Tartnée  immense  des  bons  citoyens,  respectueux  des  lois  et  soucieux 
deTavenir  de  k  nation.  Entre  eux  et  vous,  il  y  a  Tair  de  famille 
et  le  sentiment  de  la  solidarité  dans  le  bien.  En  eux  comme  en 
Toasi  je  salue  de  tout  coeur  la  province  française.  Et  comme  c'est 
Jans  la  province  française  que  se  retrouvera  le  Congrès  qui  cl6t 
tajourd'hut  sa  session  parisienne,  en  vous  disant  merci  au  nom  du 
Gouvernement,  qu'il  me  soit  permis,  en  tant  que  membre  de 
plusieurs  de  vos  Sociétés,  d'ajouter  ce  mot  :  An  revoir  I  t> 

M.  DBSitiar-^AiJiOiiAKr  donne  ensuite  lecture  d'arrêtés  ministériels 
décernant  des  palmes  d'ofEcier  de  rinstruction  publique  et  d*of(i- 
cier  d*AcadémiB. 


04  KOyiîîATlOKS. 


Chevalier  de  la  Légion  d*hùnneur  ei  officiers  d'Académie 
nùmmés  sur  lapréseniation  du  Comité  des  Socieies  des  Beaux-ârtê^ 

1*  Chevalier  de  la  Légion  d'honneur* 

M.  ÉmiJe  D£LiGnJiia£S,  préaident  de  la  Société  d'émulatiOTi  d*Abbe- 
ville,  membre  non  résidant  du  Comité  à  Abbeville, 

2*  Officiers  d'Académie. 
(Arrélé  du  23  tvril.) 

UM«  BEAUUONT(Cbar]es-Joseph-\far]e  de:  liBoniviniërede),  membre 
de  la  Société  archéologique  de  Totiraine,  correspondant 
du  Comité  des  Sociétés  de»  Beauï-Arts  des  départements. 

L'abbé  BossEBOEUF,  président  de  la  Société  archéologique  de 
Touraine.GorrespoQdântdu  Comité  des  Sociétés  des  Beaox- 
Arls  des  départenietita, 

HÉNAULT  (Maurice),  bibliothécaire  adjoint  dn  la  ville  de  Valen- 
eienneSf  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux- 
Arts  des  départements'. 


^  Qfi  trouvera  à  la  fin  du  v^iEuiae  Im  Uite  complète  àen  d'niincÛooM  honoris 
fiqufli  iccordéea  sur  k  préienUUoa  du  Comité  depuii  sa  fondit  ion. 


LECTURES 

COMMUNICATIONS 


I 


i 


NOTICE 

itrn 

DEUX  A\XIEXKËS  TAPISSERIES  Dl    MISËE 

DES  ANTIQUITÉS  DE  ROtlEN 

La  tapisserie  est  la  plus  haute  expression  de  I  art  dècomUf  el 
l*nne  des  formes  les  plus  élevées  de  la  pi^inture.  Implantée  en 
France,  depuis  plus  de  cinq  siècles,  elle  y  est  devenue  un  art  véri- 
tablement national I  qui  a  contribué  plus  qu'aucun  autre  à  répandre 
à  Tétranger  ta  renommée  du  gaùl  français.  Aussi,  le  \Iusée  dépar- 
temental des  antiquités  de  la  Seine-Inférieurp  étant  très  pauvre  en 
tapisseries,  nous  sommes^nous  fuit  un  devoir  de  iherclier  h  com- 
bler cette  lacune,  en  au^fmentant  ses  collections,  par  deui  pièces 
de  cette  nature. 

Les  deux  photographies  qui  âccompa]|^nent  là  présente  notice 
permettront  de  se^ rendre  compte  de  leur  importance  artistique  et 
de  leur  rareté. 

La  plus  ancienne  de  ces  deux  tapisseries  ofTre  dans  son  ensemble 
un  aspect  très  décoratif  '. 

Sur  un  parterre  semé  de  fleuri,  se  détachent  trois  cerfs  ailés, 
d'une  grande  allure,  et  portant  les  andouillers  d'un  cerf  dti  cors. 

L'un  de  ces  cerfs  occupe  le  centre  de  la  tapisserie  -  il  est  accosté 
de  deux  autres  cerfs  debout  et  alfrontés. 

cerf  du  milieu  est  assis  dans  un  champ  clos,  fermé  par  une 
"■de  de  branches  d'arbres  enlacées,  11  soutient  ayec  ses  pieds 

d^rèi,  pUucbe  L 


98  DËDX  ANCIENNES  TAPISSERIES  DU  UUSÉB  0£  ROUEN. 

la  hampe  d'une  bannière,  fond  rou^e,  ornée  de  soleils  d*or,  au  centre 
de  laquelle  on  voit  Tarchange  saint  Michel  terrassant  le  dragon* 
L'archange  tient  un  glaive  de  la  maîu  droite,  et  de  Tantre  un 
bouclier. 

Il  porte  Tarmure  complète  de  la  secomie  moitié  du  quinzième 
siècle^  c*est*à-dire  formée  de  deux  plaques,  recouvertes  par  deux 
plastrons  également  en  fer,  Tun  pour  garantir  la  poitrine,  et 
Tautre  lei  épaules.  La  cuirasse,  descendant  jusqu'à  la  taille,  est 
rejointe  par  une  jupe  de  mailles,  qu'enveloppent  des  lames  ajustées 
à  recouvrement  appelées  Tauldes,  Les  coudièrea  et  les  genouillère» 
sont  munies  de  gardes,  et  les  pieds  chaussés  de  poutatnes  sont 
protégés  par  des  solerets. 

La  lame  du  glaive  est  large  et  à  deux  tranchants,  les  quillons 
droits  et  le  pommeau  rond  et  aplati  en  Formelle  disque.  Le  bou- 
clier à  bords  recourbés  porte  une  croti. 

Une  banderole  ou  phylactère  enroulée  autour  de  la  hampe  de  la 
bannière  est  chargée  de  cette  légende  eiplicative  en  vers  de  huit 
et  ne uT pieds: 

Cest  CBland&rt  eit  une  en  seiche 
Qui  t  lûUl  frân coîft  etiieî^'jDC 
De  jamaift  ne  la  bandonacr 
S'il  ne  veuU  sûn  hotmeur  donner. 

A  droite  et  à  gauehe  de  la  tapisserie,  les  deux  cerfs  afTrontés 
debout  partent  une  couronne  fleutonnée  de  lis,  ouverte,  enricbie 
de  pierreries,  k  laquelle  est  suspendue  un  écu  aux  armes  de 
France. 

Une  banderole  se  déroule  du  cou  du  cerf  de  droite  sur  laquelle 
on  lit  : 

^  Armes  porEa  très  glorïeuiea 

£t  iur  toules  viclorïetijtes. 

Sur  la  banderole  du  cerf  de  gauche  se  voit  également  cette 
légende,  qui  complète  la  pensée  émise  sur  la  précédente  : 

Si  Doblei  na  de«flOulï  les  cjeuli. 
Je  ne  paurraye  porter  mieuli. 

Dans  le  bas  de  la  tapisserie  et  au  centre,  se  trouve  le  blason  de 
France,  sur  un  écu  de  forme  recourbée,  beaucoup  plus  grand  qur 
tes  deux  autres»  qui  sont  suspendus  au  cou  des  deus  cerfs.  Cetéci 
est  accosté  de  deui  lions  affrontés,  couchés  sur  le  parterre  semé  d 


\ 


<       -^ 


£      S 


i 


DEUX   ANCIËV\ËS   TAPI39Sai&S    DU   lfUS££    BB    ttÛUEN,     91 

fleoretles  et  d'iris  bleus  et  blancs,  quîp  petit-ètre  ici,  Uenneiit  lien 
de  lis'. 

Sur  le  côté  gauche  de  la  tapiRserle,  d«s  Iruiâioni  de  rosei*  et 
d'arbastes,  qui  paraissent  être  déjeunes  sorbiers ^ 

Lne  partie  des  bords  de  la  tapisserie  a  disparu  du  rôle  droit, 
mais  ce  qui  eiiste  sur  Tautre  indique  suffisamment  que  les  dfiur 
côtés  présentaient  une  disposition  analogue. 

Cette  tapisserie,  telle  qu'elle  est  actuellement,  mesure  3"|47 
de  hauteur  sur  3", 80  de  laryeur* 

Au  sommet,  se  trouvent  dcui  châteaux  forts  à  tours  crénelées, 
lurmontanl  des  rochers  escarpés,  d*oii  Ton  distingue  un  vaisseau^ 
aux  voiles  déployées,  suivi  par  une  barque.  L'architecture  nous 
8«mble  indiquer  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle. 

Quoique  postérieure  d'un  siècle,  celte  tapisserie  pourrait  être 
classée  dans  la  catégorie  de  celles  qui  figurent  dans  Tinv^^n taire  de 
Charles  V,  sous  la  désignation  de  tapisserie  d'armoirU,  On  trouve 
éc^alement  mentionné  dans  cet  inventaire  *  :  u  Vu^  grand  tappiz 
et  ungbânequier  vermeil,  semez  de  fleursde  lys  azurées,  lesquelles 
fleurs  de  lys  sont  semées  d'autres  petites  fleura  de  lys  jaunes,  et  au 
milieu  un  lion,  et  aux  quatre  coins,  bestes  qui  tiennent  haiiières.  n 

Pour  ce  qui  concerne  les  légendes  eiplicalives  en  lerft  frunrais, 
les  poètes  les  plus  réputés  de  ce  temps-là  ne  dédaignaient  pas  d'y 
travailler.  Les  œuvres  de  maitre  Henri  Haude,  que  Jules  Quicherat 
s  publiées,  sont  un  eiemple,  entre  plusieurs,  de  ces  dietz  moraux 
fOur  mettre  en  tapisserie^  ainsi  que  les  désigne  lui-même  le  poète. 

H  nous  resterait  à  déterminer  Tépoque  et  Tnrigine  de  cette 
tapisserie  du  Musée  de  Rouen,  sur  laquelle  nous  n'avons  pu 
malheureusement  jusqu'à  ce  jour  recueillir  aucun  renseignement 
soui  le  rapport  de  la  provenance^     . 


'  &□  efTet,  cËrt&îns  auteur»  pensent  quVl  faut  T&ir  l'origine  des  lîn  qui  /iffurent 
■ttr  h»  àrniei  de  France  daat  J'irJi,  et  notamment  daai  J'îrli  des  maraii.  tVjiutrrs, 
tu  coatnire,  pencfaeot  pouf  des  ftirj  (!e  lance,  etc.,  etc. 

•  A  considérer  ta  forme  de  ces  buisson*  de  ro*cf ,  il  n^rftil  po^sîbjft  de  \ft  pren- 
dre pour  de»  camélias,  aJ  Ton  or  savait  d'aiïleuri  que  cei  artïustri  ne  iuTeni  intro* 
lu  en  Europe,  par  U^  Père  Camdli,  qifen  1739. 

'  Cc^i  arbres  passa  lent  ators  pour  servir  de  préservatif  contre  tes  iortiJèf|es  et 
mftlëlîces. 

LaftAATE,  in^enttdrt  du  mobiiitr  de  C harki  V^  roi  de  France,  Part»,  lê79, 
17%  et  fui?» 


100  .DEUX   ANCIENNES   TAPISSERIES   DU   MUSÉE   DE    ROUEN. 

i  De  rexamen  de  Tensemble  même  de  cette  tapisserie  ei  de  cer* 
tains  détails,  tels  que  les  légendes  explicatives  écntes  dans  notre 
langue,  il  nous  parait  résulter  qu'une  origine  française  peut  lui 
être  attribuée.  Les  légendes  qui  figurent  sur  les  tapisseries  fla- 
mandes proprement  dites  sont  le  plus  souvent  en  latin,  ou  en  alle- 
mand pour  les  tapisseries  de  cette  origine  ou  de  provenance  suisae. 
Quant  à  songer  à  trouver  une  date,  on  sait  combien  elles  sont  rares 
sur  les  tapisseries  du  quinzième  siècle  ;  à  plus  forte  raison  ne  faut-il 
pas  compter  y  rencontrer  une  signature  \ 

.  Cependant  par  le  caractère  décoratif  assez  spécial  de  cette 
tapisserie,  la  forme  paléographique  des  lettres  qui  composent  ses 
légendes,  celle  de  la  couronne,  de  l'écu  et  des  fleurs  de  lis,  de  la 
cuirasse,  et  d'autres  détails,  tels  que  les  fauldes,  gardes  et  pou- 
laines  à  solerets,  ainsi 'que  Tarchitecture  des  édifices,  le  genre  de 
flore  employé  pour  décorer  les  fonds  de  cette  tapisserie,  etc,  tout 
cela  semble  devoir  nous  permettre  de  faire  remonter  son  origine 
à  la  fin  du  quinzième  siècle,  c'est-à-dire  aux  règnes  de  Cbarlea  l  III 
ou  de  Louis  XH. 

Sa  couronne  ouverte,  ses  fleurs  de  lis,  ainsi  que  ses  deu^E  lions, 
sont  d'ailleurs  à  peu  près  analogues  à  ceux  qui  se  trouvent  sur  le 
sceau  de  Louis  XII,  en  1498*. 


I  Consulter,  Achille  Jubinal,  Les  anciennes  tapisseries  historiées;  Vffirtair^ 
de  la  tapisserie,  depoit  le  moyen  âge  jusqu'à  nos  jours,  par  M.  Juiei  GrrfFR£v. 
Tours,  M.DGGG.LXXXVI.  —  La  tapisserie,  par  M.  Eugène  Mintz.  Paris,  (juan- 
tin.  —  V  Histoire  générale  de  la  tapisserie  :  Tapisseries  flamandes,  par 
M.  Alexandre  PiNCHAtT.  Paris,  Dalloz;  Les  tapisseries  françahejt,  par  M.  Jutes 
GuippRKY  ;  Les  tapisseries  bruxelloises  et  historiées ,  par  M.  WiiuTEiiâ  :  Les  tapis- 
series de  haute  lisse  de  fabrication  lilloise  du  quatorzième  au  dix^hutiiéme 
siècle^  par  Jules  Houooy.  Piiris,  Aubry,  1871,  etc.,  etc. 

'  Au  sujet  de  la  couronne  fermée,  noi|s  lisons  dans  Menestrîer  ce  qui  suit  : 
c  Quelques  uns  prétendent  que  Charles  VIII  est  le  premier  qui  ait  pris  Li  cq^^ 
ronoe  fermée,  lorsqu'en  1495  il  prit  la  qualité  d'Empereur  d'Orient.  CepeDdant 
l'on  voit  des  écusd'or  et  autres  monnoyes  de  Louis  XII,  successeur  de  Charles  VUE, 
où  la  couronne  n'est  point  fermée.  Il  paroit  donc  qu'on  doit  rapporter  celle  iis<age 
à  François  I*',  qui  ne  vonloit  céder  en  rien  à  Charles-Quint  et  À  Henri  VIII,  rot 
d'Angleterre,  qui  avoient  pris  la  couronne  fermée,  t  Nouvelle  Méthode  raisonnée 
du  blason,  du  P.  Mbnbstikr.  p.  230.  Lyon,  M.DCC.LXX. 

Pour  ne  citer  qu'un  exemple  à  l'appui  de  cette  opinion,  une  trèi  hellerelji 
de  la  collection  de  M.  Dutult  de  Rouen,  faite  pour  François  l*^,  porte  les  an 
de  France,  timbrées  d'une  couronne  fermée,  avec  l'F  et  la  salamandre.  L'ouvr 
ainsi  relié  a  pour  titre  :  lambliehus  de  mysteriis  Mgyptormn,  Chaidaeon 
etc.  Venetiis,  inœdibus  Aldi  et  Andreœ  soceri,  1516.  In-fol.  veau  fauve  1  ^ 


i 


r 


DEUX   âKCIBHRÎEf   TÂPlfSEBÏËS    DÎI   IIIIsIb    DE    BOUE».      lOI 

Pour  ce  qui  est  de  Temploi  îles  banderoles  (on  phylactères) 
chargées  de  légendes  deicriplives  que  Yon  voit  sar  la  tapisserie  du 
Musée  de  Rouen,  d'autres  exemples  semblables  eiisteut  égalemeni 
Eur  des  tapisseries  françaises  de  ta  même  époque  et  antérieure!. 
Elles  sont  assez  fréquentes  comme  parti  pris  décoratif,  surtout  en 
ce  qui  concerne  les  tapisseries  allemandes  et  suisses.  Il  serait  aisé 
d'en  fournir  de  nombreuses  preuves  :  à  savoir^  la  tapisserie  du 
Bfusée  germanique  de  \ureniberg,  qui  représente  des  promenades 
et  des  jeux  sur  les  remparts,  ainsi  que  celle  des  dourt^  apAlres 
dans  Téglise  Saint-Laurent  de  la  même  ville,  etc.  ;  d*autres  tapisse- 
ries à  Bâte,  de  même  origine,  ou  suisses,  dont  une  représente  une 
partie  de  la  légende  dea  neufpreui  et  une  autre  un  sujet  symbolique 
sur  rameur,  etc.,  etc. 

Enfin,  pour  revenir  à  la  France ^  nous  citerons  également  une 
frise,  du  commencement  du  quinzième  siècle,  sur  laquelle  on  voit 
d«a  anges^  d'nn  charme  exquis,  portant  les  attributs  de  la  Passion. 
Cette  tapisserie  appartient  à  Téglise  Xotre-Dame  de  Xantilly  à  Sau- 
mur.  Elle  offre  un  eiemple  entre  plusieurs  de  Temploi  des  légendes 
explicatives  sur  les  tapisseries  françaises  de  celte  époque  '. 

Maintenant,  en  ce  qui  concerne  le  caractère  décoratif,  assez  parti- 
culier d  ailleurs,  de  la  tapisserie  du  \Iusée  de  Kotien,  nous^  dirons 
que  la  tenture  si  remarquable  du  Musée  de  Cluuy,  Thistoire  de  la 
Dame  à  la  licome  (qui  est  cependant  du  conimen€ement  du 
seizième  siècle),  nous  semble  s*en  rapprocher  sous  certains  cûtéip 
notamment  par  les  animaux  héraldiques,  les  bannières,  etc.  La 
tapisserie  du  Musée  de  Rouen  n*a  pas,  il  est  vrai,  de  personnageft 
comme  les  tapisseries  provenant  de  Houssac,  mais  elle  nous  paraît 
Déanmoin»  appartenir  à  la  même  familfe  et  dénoter  aussi  une  même 
ongine  bien  française,  quoique  pouvîint  être  plus  ancienne  de 
quelques  années. 

A  quel  atelier  devons*nous  alors  rattacher  cette  tapisserie,  du 
Musée  de  Rouen?  On  sait  qu'à  Tépoque  oàelle  fut  tissée,  T Artois  et 
la  Flandre  appartenaient  à   la   France,  Il  y  avait  bien  aussi  des 

— *■  zt  fleurs  de  lis,  Ir.  dor  Vous&irûaa  cité  cet  auvrftcje  de  préféroni^Ë  à  caui»  de 

.te  de  1516.  D'autres  rdmre«  de  ce  rm  portent  é^jalemeat  les  mi^me^  armi.'â  qu# 

païenne  CDU ro Due  fermée,  UeQestdemâmepouf  desmartunies^ïece  rot»  etc. 

M  Upiueriei  ent  été  publiée»  par  MM,  Jule»  Guiffrey  et  Yai^,  Muuti  ditni 

■*™"ei  ciléi  précédemment. 


n 


103     DEDX  ANGIBf^ICES   TAPISSERIES    DU   MUSÉE   DE    ROUEN. 


fttelîers  à  Paris  ^  à  Reims»  à  Troyes,  à  Bourges,  à  Rennes,  etc.; 
mais  i)â  ne  constituaient  pas  en  réalité  un  centre  da  fabrication. 

Les  recherches  auxquelles  les  savants  les  plus  compétents  se  sont 
livrés  de  nos  jours,  sur  Phistoire  de  ]a  tapisserie»  ont  donné  certai- 
nement déjà  des  résultais  très  précieux.  Ces  recherches  toutefois 
ne  sont  pas  encore  assex  avancées  pour  permettre  d'établir  une 
disUnction  spécrale  parmi  les  œuvres  sorties  de  ces  ateliers  de  tapis- 
siers. Il  en  est  de  même  pour  ceux  de  Bruxelles,  Tournai,  LilTe, 
Gand,  Atidenarde,  etc,  elc»  *. 

Ri  nous  pnssans  très  rapidement  en  revue  les  diverses  phase$  de 
rhistoire  de  la  tapisserie  en  Europe,  Paris  et  Arras  occupèrent  tout 
d'abord  le  premier  rang,  au  quatorzième  siècle,  purs  dans  la 
seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  ces  villes  furent  dépaï^sées  par 
Tournai,  Bruxelles  et  Bruges.  Au  seizième  siècle,  la  suprématie 
revient  à  Bruxelles,  &  Tltalie  et  même  à  la  France,  pour  appar- 
tenir définitivement  à  cette  dernière,  pendant  les  siècles  suivants. 
Dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  Tournai  et  Bruges  se 
disputent  la  vo^ue  dans  Tari  de  la  tapisserie  et  reçoivent  les  com- 
mandes des  ducs  de  Bourgogne,  notamment  de  Philippe  la  Bon. 
Bruges  semble  même  l'emporter  pour  la  finesse  de  l'exécution  et 
par  la  distinction  de  Tart  qu'elle  doit  surtout  à  son  École  de  pein* 
tare,  ce  qui  lui  vaut  la  clientèle  des  Hédicis.  Il  nous  sera  cependant 
permis  de  faire  remarquer  ici  que,  dans  cette  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle,  la  ville  de  Tournai  était  celle  entre  toutes  qui 
paraissait  jouir  de  la  plus  grande  vogue  pour  ses  tapisseries.  Déjà 
ses  ateliers  de  fabrication  avaient  pris  un  très  grand  essor  de  1449 
à  1453,  mais  Toccupation  d* Arras  par  Louis  XI  en  1477  porta  nn 
coup  mortel  à  Tart  de  la  tapisserie  dans  cette  ville.  Tournai  semble 

'  Oo  petit  même  Attribuer  k  uti  ttelier  parisien  l'admirale  tapisat^ric  h  Couron* 
nement  de  la  Vierge ^  conservée  dans  le  trésor  de  la  cathédrale  diî  Sent,  que  août 
considéroua  comme  le  chct-d'i^uvre  de  cet  art,  au  commencement  du  seizième 
itèdo^  La  eommande  en  aurait  été  faite  par  Tarchevêque  Tristan  de  SàUzar  au 
niaïtre  tapl^sif^r  AIJardin  de  Suuyn,  qui  travaillait  à  Paris  dans  IliAtel  même  de 
cet  arctievéquc  de  Sen^i.  It  u'exi^te  d'ailleurs  que  très  peu  de  dûcuments  sur  ta 
iabrjoatioa  de  la  tapisserie  4  Paris  à  cette  époque.  Cette  tapisierie  du  trésor  de 
Séos  dénote  ent^ore  uue  LnflueDce  flamande,  notamment  celle  de  T école  ^^ 
Bruges. 

^  Nous  n'avons  pas  â  nous  otïruper  ici  des  ateliers  d'Allemagne,  de  Suiue 
d^ltalie,  la  tapt&serie  du  Mum<c  de  Rouen  ne  nous  paraissant  pas  devoir  letir  i 
•Itrihui^e. 


DfiTJ]C   ABrCÎI^IhËS   TAPISSERIES    DU   IfUSÉE    DK    iOtEH.       lOS 

devenir  alors  le  grand  centre  où  s'approvisionnent  les  princes  et 
les  grands  seigneurs  pour  les  Upisseries.  C'est  ainsi  que  le  <:ardjoal 
Gearges  d'Atn boise,  le  Mécène  dealers,  s'adresse  pour  rornemen* 
tation  de  son  palais  à  Antoine  Grenier,  un  des  membres  d'une 
famille  qui  a  occupé  une  situation  prépondérante  parmi  les  tapis* 
liers  toumaiftiens de  la  seconde  moitié  du  quinaérne  siècle'. 

Déjà  Tun  d'eui,  en  1459,  Pasquier  Grenier,  avait  vendu,  pour  U 
somme  de  5,000  écus  d'or,  au  duc  de  Bourgogne,  une  riche  ten- 
ture lie  rhistoîre  d'Ali^ïtandre.  Philippe  le  Beau  avart  acheté  au 
même  en  1461»  pour  4,000  écus  d'or,  ait  tapisseries  de  U  passion 
deMatre-Seigneur;  puis,  en  1462,  nue  tenture  de  l'histoire  d'As- 
luérns,  et  une  autre  histoire  du  chevalier  du  Cygne,  en  trois 
tableaui. 

En  1472,  le  magistrat  francde  Bruges  «^adressait  au  même  tapis- 
sier pour  une  tenture  de  la  destruction  de  Troie,  offerte  en  présent 
à  Charles  le  Téméraire*  Ce  qui  semblerait  indiquer  pour  cette 
époque  la  supériorité  des  ateliers  de  Tournai  sur  ceux  de  BrugesV 

Plus  tard,  Jean  Grenier  fournit  diverses  tentures  à  Philippe  le 
Beau,  parmi  lesquelles  an  voit  mentionnés  une  histoire  du  ban* 
quet  et  d'autres  personnages  de  vignerons  ou  bûcherons*  Il  reçoit 
pour  un  seul  payement,  2,472  litres. 

Eofin,  à  cette  triste  date  de  1513,  où  Tournai  est  rat  le  à  la 
France,  c'est  encore  à  Jean  Grenier  que  s'adresse  le  magistrat  de 
cette  ville,  pour  la  fourniture  de  six  pièces  qui  sont  offertes  à  Mar- 
guerite d'Autriche,  à  l'occasion  de  sa  nomination  au  goufernement 
des  Pays-Bas. 

Il  nous  serait  facile  de  fournir  d'autres  eiemples,  en  citant  éga- 
lement Jean  de  Bacre,  auquel  les  nicigistrats  de  Tournai  s'adresi$ent 
pour  une  tapisserie,  sortant  de  son  aLelicr,  qu'ils  offrent  au  grand 
historien  Philippe  de  Commines  '. 

'  L.e  candiiul  éuit  pourUnt  à  m£mp  de  recourir  k  des  Ililieni.  tûtnm^  it  le 

hHËit  pour  d'tutrfi  arU,  Ce  qui  prouve  t^Dcore  davantage  la  réputaliou  di-s  «Lc- 

It^n  de  Toumai  à  cfiîte  i^poque, 

'Cautukter  fouvri<^e  de  ïl.  Eufiène  Soa,  L^s  tapUstries  de  Tournai, 

^  Lei  fûémes  ma^blraU  qui   le  moatraiGEit  lî  <{t^uéreux  enven  PliHippe  de 

mine»  pcJUTakut  parailre  cncûre  plus  empresiés  auprès  de  GliaHci  VI ti  ou 

fouii  XII  et  leur  faire  honiina<je  é^jalemeut,  d'une  Upîsscrif  comme  celle  du 

ie  de  RoiuD,  dont  lea  tégei^ei  étiienl  li  flaUease»  paur  eui  et  pour  Ir 


104     DBUX    ANCIENNES   TAPISSERIES    DU   MUSÉE    DE   ROOËIN. 

En  1501,  Nicolas  Blayart,  de  la  même  uilie,  vendail  pour 
442  livres  quatre  pièces  de  lapisseries  à  Philippe  le  Beau,  etc. 
Comme  on  vient  de  le  voir,  Tournai  avait  acquis  uue  réputation 
universelle,  et  aucune  autre  ville,  même  Bruges,  n'ëlait  mîeui  en 
mesure  de  pouvoir  fournir  une  tapisserie  au  roi  de  France.  D'ail- 
leurs, son  blason,  trois  fois  répété  sur  la  tapisserie  du  Musée  de 
Rouen  et  les  légendes  si  chevaleresques  qui  s'y  trouvent  permettent 
plutôt  de  croire  à  un  don  fait  au  Roi  qu'à  une  commande  faite  par 
lui. 

Nous  n'avons  fait  jusqu'ici  qu'émettre  certaines  probabilités  sur 
l'origine  de  la  tapisserie  du  Musée  de  Rouen  ;  nous  souhaitona  vive- 
ment que  d'autres  plus  habiles  puissent  mieux  que  nous  préciser 
Tatelier  d'où  elle  est  sortie.  *  ^  * 

TAPISSERIE    nE    L*ATELIER    DE    FONTAINEBLEAU, 

La  seconde  tapisserie,  que  nous  venons  d'acquérir  également 
pour  le  Musée  départemental  des  antiquités  de  la  Seine-Inférieure, 
-provient  de  la  fabrique  de  Fontainebleau,  fondée  par  François  \", 
que  Henri  II  plaça  sous  l'habile  direction  du  célèbre  architecte  Phi- 
libert Delorme. 

Elle  nous  parait  avoir  été  faite  pour  le  chAtean  d'Anet,  qui  venait 
d'être  reconstruit,  vers  1555,  par  ce  grand  artiste,  pour  Diane  de 
-Poitiers.  Cette  tapisserie  porte  d'ailleurs  les  attributs  de  Tillustre 
châtelaine,  tels  que  les  trois  croissants  enlacés  et  TH  de  Henri  IT 
qui  se  marie  au  D  de  Diane,  etc.  '  ;  de  même  que  le  delta  grec,  avec 
*les  arcs,  les  carquois,  les  flèches  et  les  têtes  de  cerf,  rappellent  la 
divinité  antique,  à  laquelle  cette  tapisserie  est  consacrée*  Sur  les 
extrémités  de  l'écharpe  qui  flotte  autour  de  la  taille  de  la  déesëe 
on  voit  également  TH  de  Henri  II  enlacé  avec  le  D  de  Diane. 

La  déesse  antique  est  représentée,  croyons^nous,  sous  les  traits 
de  Diane  de  Poitiers,  implorant  Jupiter  (sous  les  traits  de  Henri  fï) 
pour  obtenir  de  lui  le  don  de  chasteté.  Junon,  Minerve,  Mars  et 
Mercure  entourent  le  maître  des  dieux^  dont  les  attributs,  l'aigle 
et  la  foudre,  sont  au  bas  du  trône. 

Dans  le  lointain  on  voit  un  temple  élevé  en  l'honneur  de  la 

'  Voir,  ci-contre,  planche  II.  ^ 


'^^ 


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<     -5 

s  I  1 


n%V%  JIT^CISNKBS   TAPISSERIES   HU    UrsÉE    DE    RÛtJElV.     105 

déesse  al  h  serpent  Python  qu'Apollon  et  elle  viennent  de  frapper 
mortellement  de  leurs  flèches. 

Dans  le  haut  de  la  tapisserie,  placée  sur  sa  bordure  et  tissée  à 
même,  se  trouve  cette  légende  eiplicatÎTe  en  vers,  inscrite  sur  une 
tablette  encadrée  dans  un  cartouche  qu'accompagnent  deux  têtes 
de  chèvre  : 

*     "  Depuis  pour  mieui  iui  cbftdRci  a'adoDni^r 

A  Jupiter  %CÈ  prii-rei  âdre ue, 
L»c  supplient  oliAfllelé  luy  donner, 
Came  à  PâlUif  de»  ,i|uerrei  tt  mtîalreiie. 
En  même  tempt,  Phisbui  m^  «rnirA  dreue 
Contre  P^thoD  et  pr  i>  c^nud  verlu 
I  D(r  mille  tr«iti  tt  U  mort  Abbalu. 

Le  peuple  ton  qui  i^esluuu  ei  coalëple 
Va; «Ht  des  dieuK  l'cnaf^my  ci>mifiUu 
Pour  lûn  hoDoeur  luy  a  dreate  ua  ti^mple. 

On  lit  ensuite  dans  la  bordure  sur  des  phylactères  : 
D'un  côté.,,  sic  immola  manetj  et  de  TaLitre...  non  frustra 
Jupiter  amhas^  (Ces  deux   hémisliches  des  légendes  forment  un 
hexamètre  complet.) 

Les  deux  têtes  de  chèvre  qui  arcompagnent  la  tablette,  sur 
laquelle  se  trouve  la  légende  en  vers,  ont  ici  leur  raison  d'être,  en 
ce  sens  que  les  deux  chèvres  servaient  de  supports  aux  armes  du 
connétable  Louis  de  Brpzé,  grand  sénéchal  et  gouverneur  de  Nor- 
mandie, dont  la  devise  était  : 

Tant  gritle  chiètre  que  mai  ^i^lc. 

Ce  document  concorde  bien,  d'ailleurs^  avec  le  passage  de  la 
Relation  des  cérémonies  observées  aux  obsèques  de  Louis  de 
Brezéj  où  il  est  dit  : 

u  Le  premier  gentilhomme  porloit  ung  estendard  de  taphelas 
aux  coulevrsdudlt  feu  sieur,  qui  sont  jaiiue  noir  et  rouge.  Où  estoit 
figurée  une  sainte  Barbe  et  une  chîèvre  avec  des  eei'  qui  signifie 
Brezé  (on  sait,  en  effet,  que  Brezœus  au  vociitif  fait  Brezœe;  de  là 
les  trois  eee)^  et  avoit  escrîpt  «Tant  gratte  chiévre  qi>e  mal  gisîe.» 

On  peut  voir  également,  dans  la  catlunlnilede  Houen,  sur  le  tom-^^ 
beau  de  Louis  de  Brezé,  les  deux  chèvres  i>upportant  un  cartouche 
qui  renferme  deux  Ë  gothiques,  run  mînuïïculeet  l'autre  oncial  ', 

1  Co  dcTaot  de  colïre  en  iHïit  de  cliifue  iculplé  qui  nou»  appartient  montre 
égdement  lei  Iroii  croiuaati  ûe  Diana,  iînsi  que  les  deux  tintes  de  ciièvre 


J06    J)£rX  ASCIBNIVES   TAPISSERIES   DU  UUSÉE   DE    ROUeiB, 

La  bordure  de  la  tapisserie,  d*un  goût  et  d*une  élégance  remar- 
qDables,  porte  cette  devise  : 

Tu  mihi  toU  places. 
•^  *  (Seule  tu  me  plais.) 

Cette  devise,  si  spécialei  donne  lieu  de  rappeler  ici  le  sujet 
principal  de  notre  lapisserie,  c'est-à-dire  la  déesse  antique  invo- 
quant Jupiter  pour  obtenir  de  lui  le  don  de  chasteté. 

On  sait  que  Diane  de  Poitiers  eut  parfois  une  étrange  façon  de 
concilier  ses  devoirs  d'épouse  avec  les  faveurs  qu'elle  accordait 
à  son  royal  amant. 

Conservant  toujours  le  costume  de  veuve,  elle  inscriiait  Teiprei- 
sion  de  ses  regrets  pour  son  mari  défunt  sur  les  murs  du  château 
d'Anet,  que  lui  faisait  bâtir  Henri  II.  Demeure  princière  pour 
taquellop  disions-nous  en  commençaDt,  cette  tapisserie  avait  dû 
être  exécutée  ' . 

I,  BrGttto  hffc  $ta(uit  pergrata  Diana  marito 

Ut  diaturoa  iul  dnt  moDomento  viri. 

(Diane  reconoaissante  a  élevé  ce  monument  à  Brezé,  son  époux, 
aGn  qu'il  restât  un  souvenir  durable  de  lui.) 

Ue  même  que  sur  le  tombeau  de  Louis  de  Brezé  dans  la  catfaé* 
drale  de  Rouen^  on  peut  lire  les  quatre  vers  qui  suivent  : 

Uûc  Lodoice  tibi  posuit  Brezœe  sepulchrum 
PictoDÏs  àmisso  roxiMta  Diana  viro 
lodîvulca  tïbi  quondam  et  ûdissima  conjux 
Ut  fuit  in  thalamo  sic  cHt  in  tumulo. 

(0  Louis  de  Brezé,  Diane  de  Poitiers,  désolée  de  la  mort  de  son 
mari,  t'a  élevé  ce  sépulcre.  Jadis  inséparable  et  fidèle  épouse  dans 
le  Ut  conjugal,  elle  le  sera  encore  dans  le  tombeau.) 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  laissant  de  côté  cette  particularité  tout  à  fait 

étrangère  à  Tart,  la  tapisserie  qui  vient  d*entrer  au  Musée  de  Rouen 

est  une  œuvre  réellement  hors  ligne»  non  seulement  en  raison  de 

-sa  provenance  célèbre,  mais  surtout  par  la  finesse  de  son  eiéculioo, 

l'harmonie  et  la  conservation  des  couleurs,  le  caractère  des  figures 


I  Consulter  sur  h  a  bateau  d'ilnel  les  travaux  de  MM.  Roussel  et  Anatole  à 

kîùuiaiglon. 


.BSCX   ANCItlIÎIÏES   TiirrSSEBreS    DI;    UIISÉE    nt   BOUBV.      lûT 

et  des  ornemeots   et  la   beauté   décorative  àe  sa  compasitîon. 

Les  bordures  Dotamment  lont  d  une  éli'gance  et  d'une  sobriété 
qui  juiiti fient  à  elles  seules  rinfluenee  du  célèbre  architecte,  sous 
la  direction  duquel  elles  ont  été  eiécutées.  On  sent,  en  effet,  dans 
leur  ensemhie  un  caractère  arefaitectural  et  décoratif  de  premier 
ordre,  qui  dénote  surtout  la  main  d'un  architecte  dont  les  créations 
sont  si  pondérées  et  at  rrançaises. 

Ainsf  que  Ta  si  justement  fait  ressortir  M.  Jutes  Guiffrey, 
rémînent  administrateur  de  la  Manufacture  nationale  des  Gobelins', 
Ê,  on  ne  saurait  rien  ima^^iner  de  plus  riche  et  de  plus  in;{énieui 
A  à  la  fois  que  ces  admirables  bordures,  bien  françaises  d  inspiration 
ft  et  de  goût.  Il  est  visible  que,  lors  de  leur  eiécutton,  Philil>ert 
s  Delorme  a  remplacé  les  Italiens  comme  suprême  ordonnateur 
i<  des  constructions  et  des  Manufactures  royales.  C'est  lui,  sans  nul 
«  doute,  qui  donne  àTatelierde  Fontainebleau  Tejicellenle  direction 
a  que  nous  lui  voyons  suivre  dans  les  Arabesques  et  dans  la  tenture 
a  de  Diane  ,  Voilà,  certes,  des  œuvres  faisant  le  plus  ijrand  honneur 
u  à  nos  artistes  et  capables  de  soutenir  la  comparaison  avec  les 
R  chefs-d*œuvre  les  plus  vantés  des  fabriques  ètrantjéres.  ^ 

Cette  tapisserie  du  Musée  de  Rouen  fut  sans  doute  donnée  à  la 
famille  Grillo de  Gènes,  ou  acquise  par  elle,  au  dix-septième  siècle  ; 
toujours  est^il  qu'elle  a  substitué  ses  armes ^  par  places  au  delta 
grec,  ainsi  que  les  lettres  initiales  de  son  nom,  les  deux  G,  an 
chiffre  enlacé  de  Henri  lE  et  de  Diane  de  Poitiers'. 

Nous  avons  déjà  dit  que  cette  tapisserie  avait  dû  être  faite  pour 
le  château  d'Anet.  En  effet,  dans  la  partie  de  cet  édiRce  il  remar-» 
quable  qui  renferme  le  grand  escalier  d'honneLir,  se  trouvent  cinq 
grands  trumeaux  remplis  autrefois  par  cinq  tapisseries.  Quatre 
seulement  de  ces  tapisseries  achetées  cent  mille  francs  ont  pu  ^tre 
réintégrées  à  leur  place  prîmitiie,  il  y  a  une  vingtaine  d'années 
environ^  par  M.  Iforeau,  ancien  syndic  des  a<;entsde  Paris  (décédé 
depuis)^  qui  avait  fait  restaurer  le  château  (M™*  Moreau  en  est 

(  Mttoirt  de  la  tapùâerie,  p.  218, 

*  Le  grillon  qui  tî^ure  sur  ces  irmés  iiidïi|ue  déjà  sufâiammcni  les  armgîrrei 

Aille*  de  cette  ftmille.  QuadI  1  h  forme  de  Vécu ,  il  noiu  paraît  bit'o  apparleuir 

!ji-wpUème  siècle. 

Il  CBt  fAcik  de  se  rendre  compte  de  celte  mbitiUtioa  Aur  i'eprruve  photo- 
«.phiqae  de  cette  l&pisierie  qaJ  tccompagne  celte  qoLîccn  cin  vott  eocore  VH. 

App«rftSl  deiTÎère  lei  deux  G  tittacé». 


wm^w^^r^^^^mÊf^ 


^ 


.lOS      DEUX   ANCIENSBS   TAPISSERIES    DU   MUSÉE  DE    ROUEN. 

encore  acUiellement  propriétaire).  Ces  quatre  tapisseries  sonl 
semblaMes  comme  époque  à  celle  du  Musée  de  Rouen,  et  montrent 
le  même  parti  pris  décoratif  et  les  mêmes  attributs  de  Diane  de 
Poitiers.  La  disposition  de  cette  grande  pièce  indique  bien  encore 
aujourcrhui,  par  ses  proportions  monumentales  et  sa  hauteur, 
qu'elle  avait  été  faite  pour  recevoir  les  cinq  tapisseries  en  question. 
D'ailleurs f  la  place  que  devait  occuper  autrefois  la  tapisserie  du 
Musée  de  Rouen  est  encore  restée  vide  actuellement  au  château 
d'Anet  (ainsi  que  nous  lavons  constaté  nous-méme  à  une  récente 
visite). 

Nous  aurions  mauvaise  grâce  à  ajouter  (il  est  cependant  facile 
de  s*en  rendre  compte)  que  cette  dernière  tapisserie  du  Musée  de 
Rouen  est  la  plus  remarquable  des  cinq,  d'abord  en  raison  des 
portraits  de  Diane  et  de  Henri  11,  ainsi  que  par  sa  composition  et 
par  la  conservation  de  ses  couleurs.  11  y  a  notamment  des  rouges 
rubis  sur  la  robe  et  sur  les  manches  de  Junon  en  rappel  de  ton  sur 
le  bêtement  très  court  qui  recouvre  la  cuirasse  de  Mars,  qui  sont 
d'une  coloration  admirable, 

La  tapisserie  du  Musée  de  Rouen  mesure  4", 84  de  hauteur  sur 
4*',07  de  largeur. 

Les  tapisseries  actuellement  au  château  d'ilnet  sont  dans  les  mêmes 
dimensions.  Elles  représentent  Laione  changeant  les  paysans  en 
grenouilles^  (c*csl  la  naissance  de  Diane),  Diane  délivrant  Ipki^ 
génie^  Diane  tuant  le  chasseur  Orion  et  la  Mort  de  Méléagre. 

Xous  connaissions  déjà  deux  suites  de  tapisseries  exécutées  pour 
Diane  de  Poitiers,  celles  du  château  d'Anet  dont  la  tapisserie  du 
Musée  de  Rouen  fait  partie,  une  pièce  de  la  collection  Maurice 
Kann,  et  d'autres  qui  appartenaient  à  AL  Emile  Peyre. 

Une  troisième  suite,  qui  se  trouve  depuis  plus  de  quatre-viDgts 
ans  dans  la  famille  de  M.  le  général  Bezard,  a  fait  l'objet  d*ùne 
communication  de  M.  Eugène  Muntz,  membre  de  Tlnstitut,  à  V Aca- 
démie des  inscriptions,  dans  la  séance  du  ^1  mai  1897.  Ces  tapis* 
reries  lui  avaient  été  sifjnalées  par  M,  Col li gnon. 

Cette  suite,  exécutée  en  1610,  est  une  reproduction  des  tentures 
du  seizième  siècle  que  nous  venons  de  mentionner, 

^  Cette  tipiiserie   a   éié   reproduite  daiis   VHisiotre  de  la  tapisserie, 
\l.  Julei  GvîrfRUVt  p.  317,  cl  dans  La  tapisserie ^  par  M.  Eugène  Mi^NTZt  p-  S 


* 


r 


DEUX   A»;CIENN£3   TAPtSSËRlBS    DU    U13É6    DE    ROUE»       109 

Lei  tapïsiïerte^  du  château  d'Anet  et  du  Uusée  de  Rouen  oui 
certamementété  composée!  âur  les  indications  de  Dtane  de  Poi- 
lierSi  ainsi  que  le  prouve  les  attrIbtiU  et  les  emblèmeg  cFioitii 
par  elle< 

D'ailleurSf  elle  n'avait  qu'à  consulter  son  eieniplaîre  des  Métû^ 
morphoses  d" Ovide j  dont  un  manuscrit  eiistait  doua  la  bîblio- 
ritèque  d*ilnet,  pour  guider  ensuite  les  artistes  sur  les  divers  épi- 
iodes  qui  s*y  trouvaient  retracés.  Cea  données  devaient  scnlr  à 
eialler  la  déesse  antique  qu'elle  avait  choisie  pour  se  glorifier 
d!e*mènie.Ce  qui  explique  les  trois  croissants  pris  par  elle  comoie 
emblènnes,  qui  sont  une  sorte  d'allusion  à  cette  espace  de  pairo* 
nage  olympien  sous  lequel  laducbessede  Valentinois  s'était  placée, 
et  à  la  fameuse  devise,  Donec  toinm  impleat  orbem.  D'ailleurs,  la 
tapisserie  du  Musée  de  Kouen  nous  montre  son  propre  portrait 
amsi  que  celui  de  Henri  IL  Mous  serions  également  tenté  de  supposer 
que  les  autres  divinités  antiques  qui  s'y  trouvent  peuvent  être  aussi 
des  portraits  de  personnages  de  la  cour  de  Henri  II. 

Nous  sommes  heureux  de  soumettre  à  nos  collègues  des  Sociétés 
des  Beaui-Arts  des  départements  la  primeur  de  cette  notice  et  des 
deax  photographies  des  tapisseries  récemment  acquises  par  nous 
pour  le  Musée  départemental  des  antiquiléa  de  lu  Seine-Inférieure, 
oii  désormais  notre  art  national  sera  dignement  représenté  par 
deuK  œuvres  femarquables.  ^ 

Gaston  Le  Breto!u, 

'  Carre#p»ndaat  de  l'Inflilutt  directeur  du  Ifus^e 

dëpArIfmealil  àei  tntiqiiîtéi  de  Ja  Seme^ 
înfmeure  et  du  Musée  cérimique  de  Rouep, 
Gorrespoodint  du  Gomîté  det  Sociétés  des 
fieaui^Arii  dei  di- parte  m  enta. 


ilO      '      PEINTftfeS  BE8   XVI",    XViV  ET   X  Vlîl*  flllc  LES* 


II 

t 

PEINTRES  DES  XVI',  XVIÎ*  ET  XVIII*  SIÈCLES 
NOTES  ET  D0CUMEJS3TS 

EXTRltTS  DES  FONDS  PAHOIS&IAETX  DES  âlCHlTES  DU  CALVADOS 

t 

Une  des  principales  sources  de  Tbistoire  des  anciens  artistes  est 
la  colleclion  des  titres  des  églises  qui,  aux  larmes  de  k  loi  du 
5  brumaire  an  V,  devraient  se  trouver  réunis  aux  archives  dépar* 
tementales  (série  G)  >  malheureusemeîit  la  «  centralisation  >* , 
exécutée  d*uae  manière  bien  imparfaite,  a  été  ultérieurement 
détruite  par  des  ^  versements  n ,  par  des  a  restitulions  ^ ,  à  tous 
points  de  vue  déplorables  ^ 

D*une  part,  les  municipalités  n'envoyèrent  à  i'adminî&tralioo 
qu'une  partie  des  pièces  et  registres  déclarés  propriétés  nationales 
(loi  du  5  novembre  1700),  surtout  ceux  qui  pouvaient  fournir 
des  titres  u  utiles  n  au  point  de  vue  de  la  vente  des  biens  nationaux 
et  du  recouvrement  des  créances  :  de  là,  bien  des  documents  restés 
dans  les  dépôts  communaux  ;  puis  ce  furent  les  envois  aux  hôpi- 
taux %  sous  prétexte  de  cessions  de  rentes  nationales;  enfin,  lors 
des  u  restitutions  v  aux  églises^,  des  abandons,  aussi  maladroits 
qu'intempestifs,  furent  faits  à  diverses  reprises,  sous  \apolcnn  1*^  et 
la  Restauration  :  en  comparant  les  documents  alors  livrés  à  Téglise 
Saint'Pierre  de  Caen  avec  ceux,  du  même  fonds,  qui  sont  encore 
conservés  aux   ^Archives   du  Calvados  —  absolument  de   même 

1  Les  déJibératlona  coa<ervéei  aux  «rcliive»  cammuDalËs  comptèLe^nl  tei  fands 
porojsâîaut.  Ci,  plusieurs  menLiait»  d'arliile»  daua  mes  inveatatret  de  la  aérle  E 
iupplëmcnt. 

'  Cf*  rooQ  Inventaire  des  Atckites  hospilaiiéns de  H&njleur,  B.  25  (H.  Sup- 
plémeQt  1508),  cûmpk^i*  dt  U  CQnfrL'fiç  du  Kosnirc  de  l'égïise  Sainte -€)itlie  ri  ne 
de  Honflrur,  David  X'cvcui.  al.  Ke^m,  sculpteur,  orgaoîstea,  etc. 

^  Où  bif^n  des  pièces  «Fai^nt  été  oubliées  dans  los  aacritlio,  lei  eloctiert.  \t» 
prcsbytèrei. 


PElSfTIES   DES  XVÎ%   XVIV  ET   HVlïV  SÏÈCLIS.  Ut 

nature —  on  peut  juger  Je  la  «  mélhoite  •»  de  la  a  coDftcience  » 
apporlées  à  cette  opération,  dont  le  plm  clair  résultat  fut  le  dé- 
membremeut  des  collections. 

II  n'en  reste  pas  moins,  aux  Archive!  do  Calvados,  une  impor- 
tante et  volnmineuse  série  de  titres  paroissiaux  :  on  constituant  ses 
fonds,  notamment  pour  Tenlévement  des  pièces  étrangères,  j'ai 
rassemblé,  au  hasard  des  classements,  des  notes  et  documents  sur 
plus  de  cent  peintres  des  seizième,  dîx^septième  et  dix-liuiliëme 
siéeles  :  sans  foulolr,  bien  entendu,  chercher  à  présenter  un, 
dépouillement  complet —  principalement  pour  les  registres  dont 
j*ai  dû  laisser  de  côté  un  certain  nombre  —  et  à  devancer  en  toutes 
les  mentions  utiles  t'inirentairii  ultérieur  —  et  lointain. 

Les  notes  qui  suivent  seront  Truct ne u sèment  consultées  àdivera 
points  d«  vue  :  d'abord  pour  Ti  m  en  taire  des  richesses  d  art,  en 
raison  de  l'origine,  de  V  h  état  civil  n  de  tableaux  encore  exposés 
dans  les  églises  ;  puis  pour  la  u  restitution  n  de  ceux  qui  ont  disparu 

—  par  exemple  celui  de  Hestout  â  Rots,  dont  le  maire  de  cette 
commune,  M.  Gaston   Le  Hardy,   n*a    pas  oublié  la  destruction; 

—  puis  encore  pour  Tbistoire  des  anciens  peintres,  déjà-connus  ou 
inédits ':  et  Ton  pourrait  peut-être  me  reprocher  d'avoir  recueilli, 
malgré  leur  intérêt  spécial,  bien  des  notes  de  peinture  purement 
k  industrielle  ?ï,  si  on  ne  savait  —  on  en  trouvera  de  nouveaux 
exemples  dans  ces  notes  —  quNiIors  les  artistes  s' eu  chargeaient 
an  même  titre  que  des  *  travaux  d*art  n , 

Il  est  re«{rettable  sans  doute  que  les  documents  soient  relati- 
?ement  modernes,  qu'ils  appartiennent  surtout  à  une  époque  où 
Caen  avait  cessé  d*étre  un  centre  artistique  :  il  suffit  d'un  coup 
d*œil  sur  le  matrolnge  de  la  charité  de  Saint-Xicolas  de  Caen  "  qui 
servît  du  quinzième  au  dix-huitième  siècle;  il  suffit  de  comparer 
les  miniatures  —  malheureusement  endouimagées  —  et  les 
ornements  du  début,  avec  le  Saint-Xicolas  aux  empâtements  ridi- 
cules qu'au  commencement  du  dix-huitième  siècle  présente  la  lin 

'  Cr.  par  eiempte  lei  piècci  iur  Elouis,  qui,  rapprochées  de  la  Wts^e  (lérie  F) 

dftnnèe  pir  M.  Ferjiaad  Engcraud,  prouvent  *pi'ou  «   eu  torl,   lûut   r^kcftinient 

re^  de  le  coufontlrp  avec  la  conter irateur  du  Musée  4{*Caenï  ec  ^uiit    demi 

ites  dilTéreal»  du  même   nùm.  Cne  mentiod   spédolc  i^at  due  aux  dticumniils 

Tnant  ■  Champagtic  J^  Fnye  « , 

rehîvea  dëpdrtemeatilet,  série  G^  fuiid^  de  SAiat-Xicula». 


lis  PEINTRES   DESXVr,  XVII*  ET  XVIIl*  SIÈCLE  S. 

du  registre,  pour  saisir  rirrémédiable  et  profonde  déchéance  ou 
Fart  caennais  était  alors  tombé  ^  Ou  ne  s'étonnera  pas,  dans  ces 
conditions,  de  voir  lés  trésoriers  de  Saint-Sauveur  s'adresser  à  des 
artistes  parisiens',  comme  le  fit  Tingénieur  en  chef  Lefebvre  pour 
les  statues  de  Thôtel  de  Tlntendance  au  sculpteur  Mouchy  *,  comme 
bien  d'autres  le  firent,  en  s*adressant  à  Paris,  à  Rouen,  en  d^autrea 
lieux,  pour  les  «  commandes  »  les  plus  diverses^.  Et  pourtant,  loia 
de  me  repentir  d'une  trop  grande  hospitalité  envers  des  arliaans  — 
des  a  barbouilleurs  » ,  eomme  portent  plusieurs  pièces  —  dont  la 
mémoire,  à  première  vue,  ne  semble  pas  mériter  d'être  sauvée 
de  roubli»  je  suis  plutôt  tenté  de  regretter  de  n'avoir  pas  accueilli 
plus  largement,  plus  complètement,  d'avoir  laissé  de  côté  bien 
ct*autres  noms,  bien  d*autres  notes,  qui  auraient  sans  nul  doute 
pu  fournir  aux  chercheurs  des  matériaux  utiles,  dans  un  sujet  si 
neuf  encore  pour  le  Calvados. 

Armand  Bénet, 

Membre  non  résidant  du  Comité,  à  Cacn, 
Archiviste  du  département  du  Cftlradoi. 


AiQNEiiONT  (Guillaume  n'). 

Quittances  au  curé  du  Tourneur  :  de  91  livres,  pour  avoir  peint,  doré 
et  argenté  les  deux  petites  contretables  de  Téglise,  outre  ^a  nourriture 
pendant  deux  mois  et  demi  qu'il  a  passés  à  faire  Jed.  ouvr&[je  ;  de 
12  livres,  outre  sa  nourriture,  pendant  15  jours  qu'il  a  employés  à 
peindre  les  fonds  bapCismaux,  les  portes,  les  corniches  de  la  nef^  les 
deu\  statues  de  la  Vierge  et  de  S*  Jean,  et  le  confessionnal  à  M,  Le  Houx 
(1763), 

*  J'en  donnerai  ultérieurement  d'autres  preuves  dans  un  mémoire  sur  les  Écoles 
«nbtiques  à  Gaen  avant  et  pendant  la  Révolution. 

*  Cr  plus  loin  Delaplanche,  Lélu,  et  diverses  autres  pièces  du  fondi  de  Saiot- 
Sauveur,  pour  la  construction  de  Tautei. 

'  CL  les  pièces  publiées  dans  mon  Inventaire  de  la  série  G,  t.  IV,  dont  Vm 
bonnes  feuilles  ont  été^utilisées  au  dernier  Congrès  par  M.  de  Loa>{uemare. 

*  Pour  les  orgues,  ornements  d'église,  cf.,  entre  autres,  H.  63,  ôâ,  abb&je 
d'Ardeones.  £tc. 


ï 


PEIRTBES    DES    XV1^    Xlll'  ET   XVlir  SièCtK»,  113 

hmnr. 

u  ânjourd'huy  dimanche  premier  Jour  dé  décembre  mil  flepi  cent 
&oiiante  seiie,  à  Tissue  de»  vesprei  de  h  parroiaâe  de  Carpiquet,  eo 
conséquence  de  semonce  faitle  ce  |ourd'buy  au  pré  ne  de  la  messe  par- 
roissiale  par  M'  CharJea  Bazin ,  prélre^  curé  de  cette  parroisse,  au  «on  de 
la  cloche  et  auLrea  foriùalités  prescnUes  par  \ts  règlements  diiement 
observées,  se  sont  assemblés  hs  parroissîen&  possédant  font  en  général, 
les  présents  faisant  fort  pour  les  absents,  pour  délibérer  «ur  quelques 
Avantages  proposés  À  1*  fabrique;  premièrement,  il  a  été  représenté  par 
Iv  s'  curé  que  Moniieur  Aubry,  peintre  à  Caen  et  tréfoncîer  de  lad,  par- 
aisse, afoit  été  cbargé  de  faire  deux  tableaux t  Tun  de  S*  Martin,  l'autre 
de  S*"  Anne,  pour  le  grand  autel  qui  vient  d'être  construit,  et  ca  aui  frais 
de  la  fabrique*  Led.  s'  Aubry  les  a  faits  de  très  bon  goût  et  de  prix,  mais 
il  n*a  voulu  j  en  mettre  aucun  ;  il  en  fait  présent  à  la  fabrique.  Sur  quoi 
leftd.  délîbérans,  pour  marquer  leur  reconnoissance  aud.  ^f  Aubry,  en 
at^eptant  le  don  par  ky  fait.  Tout  décbargé  et  le  déchargent  pour  toujours 
par  la  présente  de  trois  livres  de  rente  qu'il  étoit  tenu  faire  à  lad.  fabrique^ 
pour  la  place  de  banq  qu'il  occupe  dans  Téglise,  aiasy  que  des  arrérages 
(^'il  peut  maintenant  devoir,  et  consentent  qu'il  jouisse  de  lad.  place  de 
banc,  sans  en  payer  aucune  redevance,  ^y  — Registre  pour  servir  aux  délî- 
bératioDs  de  la  paroisse  de  Carpiquet,  da  1774  à  1780,  f"  12  v  et  13. 

Avici. 

*  A  M*  Notl  A  vice,  paintre,  pour  avoir  paint  l'image  S^  Jean  et  envi- 
TOUS  d'icelle,  XXII  L  X  s.  »  —  Caen,  S'  Nicotas.  Compte  de  164)3-1605. 

Bagot, 

A  Bagot,  peintre,  <■  pour  travail  d^avoirfaict  les  deuiescriptz  des  deux 
bouts  du  grand  autel  »,  4  1.  —  Goulonces.  Compte  de  109-2-1693, 

BssLf  (ng), 

«  A  Michel  de  Bail  y,  painctre,  pour  avoir  fait  le  protraict  de  U  croLi, 
MX  i,  •  1546.  —  Caen,  S^  Nicolas.  Compte  de  1545-1546. 

Eékaud. 

aktances  au  curé  de  Gueron  :  de  40  livres  u  pour  un  tableau  de  la 

S 


114  PEINTRES    D£S   XVl\   XVII*  ET   XVIII*  SIÈCLES, 

Transfiguration,  que  je  luy  promest  fournir  et  livrer  pour  le  retable  de 
■on  église  «  (Caen,  19  novembre  1714);  —  de  ^  livres  u  pour  deux 
moyeni  tableaujt  dont  Tun  est  du  S*  Bernard  et  Fautre  d'une  Vierge  en 
donleurs  ayant  son  fiU  mort  près  d'elle  »  (5  octobre  1722).  A  la  suite  de 
cette  dernière  quittance  \  Payé  à  Pierre  PeJlevey  81.  pour  les  deuK  cadres 
desd.  tableaux  places  dans  le  chœur  le  5  décembre  1722  ^ 

BoiTO.  * 

A  François  BoilOi  peintre,  41.,  ponr  avoir  nettoyé  le  tableaa  du  grand 
autel  et  celui  de  S^  Sébastien.  1774.  Caen,  S*  Ouen.  —  Quittance  dud. 
Boilû  de  3  livres,  poar  avoir  nettoyé  le  tableau  de  S*  Micbel  (1774).  Vire. 
Ëgliâe  Noire -Dame.  Confrérie  de  S' Michel, 

Blondel. 

A  Blondet,  pour  un  lableau  de  S*  Sébastien  et  pour  2  petits  morceaux 
de  tapiâserie,  13  1.  5  s.  A  Blondel,  pour  avoir  fourni  la  peinture  de  la 
cbapelle,  26  1.  14  s.  A  Blondei,  pour  avoir  peint  et  doré  les  4  chandeliers, 
3  1.  15  s.  Caen.  S'  Sauveur.  Compte*  de  la  Charité  de  1739  à  1751. 

Quittances  diverses  par  Blondei,  à  la  Charité  de  S^  Sauveur  de  Caen, 
des  années  1751,  1758,  1759,  1760,  1761,  1762  et  1763:  travaux  de 
dorure,  peinture.  Les  quittances  de  1761  et  1763  signées  Jacques  Blondet. 

«  \Iémoire  des  ptnture  fait  en  la  chappelle  de  la  charité  de  S'  Sauveur 
de  Caen,  fourny  : 

lîv.  s.  d. 

Dix  livres  de  ceruze,  ponr  ce 4  0     0 

Trois  pot  d'huil  de  lin,  pour  ce 3  18     0 

Quatre  livres  d'huil  de  noix,  pour  ce ,  3  4    0 

Pour  Ukuï  de  Prusse ,  ,  3  0     0 

Pour  de  Thuil  d^aspic .  0  10     0 

Pour  façon,  quatre  livres 4  0     0 

TOTALLK.  18  12     0 


<  D^pensi!  figurant  nu  compte  de  i7ÎO-i7S3,  qui  contient  £d  qutre  :  47  Utrea 
pour  le  tableau  de  Saint  Germain.  Parmi  les  pièces  jnstilicatJvei,  quittance»  de 
6  livrei,  pour  un  fjrand  cadre,  pour  un  tableau  dans  le  chœur  (4  janvier  1715}  ; 
de  7  livre»,  pour  le  cadre  et  le  châssis  du  tableau  de  SakU  Germaia  donné  par  te 
curé  {fÙ  mai  17lâ)  ;  de  6  I.  12  s.  6  d.,  pour  fourniture  de  drof^uG^  ponr  perndr 
les  portes  di.'  TécjtiHi?  et  les  trois  grands  tableaux  du  grand  autel  par  derrière 
(3  novembre  171S),  etc* 

^  ièid.  i  Au  peintre  pourravoir  raquemodé  le  tableau  de  Saint  Sétwitien  v ,  IS  s 


PEINTRES    DES    \\\\   %\IV  ET   IVIll'  flÈCLBS,  H» 

E«çiie  te  contenue  au  présent  meEnoire  par  lei  mains  àe  Monsieur  Bidet^ 
écbevin  en  &ar<|e  de  la  charité  de  Saint^anireiir  de  Caen,  donc  je  tiens 

qEtUte.  A  Caen  ce  trente  octobre   mif  ippt  ceni  cïnquaate  sif.  Jacque 
Bbndel.  ■ 

«  Mémoire  des  débourcé  que  j'ay  fait  et  fonrny  pou  r 
la  cbapelle  de  frères  de  la  Charité  de  S'  Sauveur  de  Caen, 
premièrement,  acoir  graté  et  colé  sii  flambeau,  fourny  t« 

papier,  pour  ce. 0  liv.  1%  è. 

De  pltii  avoir  pin  sîk  teste  de  mors  et  raquemodé  six 

lutres,  pour  ce ,    2  0 

De  pluâ  pour  du  gros  papier  et  épingle ,0  f> 

Pour  carton  une  livres  dit  sols  . 1  10 

Pour  noir  et  coHe  .  .  , 0  là 

Pour  chtsy,  une  livres »,     I  0 

Pour  papier  blanc .  ,  «  .     0  3 

Pour  doux ^  ^    0  4 

Pour  façon  de  toni 1  4 

Pour  un  cbandel  lier  raquemodé 0  5 


i 


m 


Reçue  U  contenue  au  présent  par  kê  mains  de  Monsieur  Bidet,  échem 
en  large  de  la  Charité  de  S*  Sauveur  de  Caen,  donc  je  tins  quitte.  A  Caen, 
ce  él%  mars  mil  sept  cens  cinquante  huit,  i*  Bloudeh  n 

Travau^i  à  S*  Martin  de  Caen  (dèpente  non  spécifiée).  Compte  de  1775 
cl  1776, 

Bloitet. 

K  Mémoire  de  Fouvrage  fait  en  peinture  &  la  cbapelle  de  la  Chanté  de 
S*  Etienne  de  Caen, 

liv.     s, 

Premi^remenl,  pour  avoir  peint  en  fond  bleu  du  haut  en  bas 
la  chapUe  et  le*  cordons.   .   .   , *   ,  •     20     i* 

Plus,  avoir  peint  en  jaulne  te  cadre  du  tableau^  la  croiï, 
les  deux  vases,  le  devant  de  Tautel  et  ses  côtés.   ....»,,       6     » 

Plus   pour   avoir  peint,    marbré  et  rechampi   les  deux  co-- 
jmnes , 10     ■ 

De  plus,  pour  les  étoilles.   .  .  ,  .   , ,  .  ^     12    n 

De  plus,  pour  la  vigne  et  rorneEXieat 30     * 


116  TEINTRES    DES   XVl\   XVIT  ET   XVIir  SIÈCLES, 

De  ptui,  pour  récrileau  ti  le  fond 6  • 

De   plus,    pour    avoir   écrit    Je    nom    de    S*    Marcoul    et 

ravoir  peint   ..*..*,,. ,   .  1  5  i. 

Déplus,  pour  avoir  peint  }a  petite  barrière  ..«.,...  1  15  b* 
De  plusi  pour  avoir  renfraicbi  le  tableau  de  TaQlet  de  la 

ebapelle ,.....,.,.....  2  » 

De    plus,  pour   avoir  raccommodé  k  hanière,  fourni   un 

gland  elremfraîcbl  Jes  deux  tableaux  ,   ,   -  ,   - 3  " 

Total 92  n 


i%  reconuois  avoir  reçu  de  M'  Desobaui  le  montant  du  présent*  A 
Caen  ce  vingt  un  d'octobre  mît  sept  cent  quatre  vingt  onie.  i.  Blouet.  n 
Charité  de  S'  Nicolas  de  Caen,  réunie  à  S^  Etienne. 


fiOMNIHER. 

Compte  rendu  par  ^  maistre  Jacques  Bonnemer,  painstre,  escbevin  de 
la  cbaritt^  des  glorieux  Sainct  Jacques  et  Saîuct  Crestospbles,  fondée  en 
Téglise  Saine t-Oer vais  de  Fallaïse  n ,  pour  Tannée  de  sa  charge  commen- 
çant le  26  juillet  1609  et  finissant  à  pareil  jour  1670.  Parmi  les  noms  ; 
Alexis  Bonne  01  er,  de  la  Trinité.  Falaise.  S*  Gervais.  —  Jacques  Bon  ne- 
mer,  peintre,  figure  parmi  le*  redevables  à  lad.  église  S*  Ger?aîs.  Cf- 
compte  de  1685. 

BoBDEAii  (Louis), 

Travaux  à  S'  Désir  de  Lisieux^ 

tt  Débours  faits  pour  Tautel  de  S^  Désir,  commencé  le  cinq  aoust  mil 
lept  cents  soiiante  et  Iraixe. 

!iv,  I.    à, 

75  pains  de  eraye  âne  ..».,<. *  ,         I  17     6 

6  liv,  de  colle  de  Flandre .         4  16     » 

26  pains  de  craye ...,.».*.         «  136 

2  tiv.  de  colle  de  Flandre 1  lî     « 

Ëmpioy  de  drogues  pour  nétoyer  le  tableau  ......         1  12     > 

Peintures  pour  le  marbre  des  plaintes 1  10     ■ 

4  oncea  de  vermillon ,..,..         1  12     ■ 

23lfvreU  d  or  à  2  liv.  5  s,   .,,..._...,.  ,       51  15     • 


TT 


FEIKTHES    DES    XVl\   XVlï*  KT    XVIir   SIÈCLES.  HT 

1  liv.  i/4  dVrpîn  pour  lei  edté  du  lirubrf â  12  « 

PeÏDture  de  deui  ciergei  et  le  papier  marbré, I  6  • 

Mordant 4  »  » 

Payé  à  Fouché,  menuisierf  par  quiUnce 9  2  » 

Suite  de  réparations.  Le  li  de  mars  1778^  jur  l«s  coté* 
de  l'aiilel  et  aux  anges  et  posé  du  blanc  atii  endroits  gâlei, 

8  onces  de  colle,  12  pnins  de  craje  ,...,.,....  n  14  « 

Orptn  pour  le  devant  d'autel  ,  .   .   , t*  6  ■ 

Mordant ^  1  1  % 

Etnplo|é  5  IkreU  1/2  dV  à  2  \iv.  5  r  ...,.,   .  12  7  6 

Dgaocfts.  ...  96  16  6 

Décoration  du  aerdce  de  feu  Louis  XV 15  »  h 

Trente  jours  et  un  quart  à  travailler  k  raison  de  2  liv. 

paj-jour  (et  12  henrei  parjoar) 60  10  » 

Total  du  tout,  .   .  .  172  6~6 


J'ay  reçu  de  Monsieur  Deigenetez,  thrésoner  ancien  de  la  par- 
aisse de  S*  Dèsirp  du  consentement  de  Meisieura  les  curés,  trésorier, 
députez  actuels,  le  montant  du  présent  tnéuioire.  Fait  ce  cjuaton«  avril 
mil  sept  cents  loiitante  et  dix-huit.  Louis  Bordeaux.  » 

Mémoire  des  dépenses  faites  pour  te  service  de  Louis  XV,  célébré  en 
relise  S^  Germain  de  Lisieux,  le  P'  juin  1774.  Pour  les  armoiries 
fourmes  par  Bordeaux  Lafontaine,  au  nombre  de  200,  à  4  s.,  40  liv.  — 
Quittance  par  Louis  Bordeaux  et  François  Samson,  4»  armoiristes  n  à 
Lifiieux,  au  trésorier  de  la  fabrique  de  S^  Germain,  de  IK  liv.  pour  avoir 
décoré  et  fourni  les  armoiries  tètes  de  mort,  les  9  et  10  octobre  1783, 
pour  le  serrice  de  feu  Téirêque  de  Lîsieux,  19  dud,  mois.  —  Quittances 
diverses  pour  travaux  à  S*  Germain  de  Lisieux,  [TOT,  1775,  Ï784. 

A  Bordeaux,  pour  décoration  et  armoiries  au  service  du  Daupbin, 
12  lîv.  —  Honfleur  S^'  Catherine.  Compte  de  1766. 

Boucher. 


A  Gilles  Boucher,  peintre  et  doreur,  48  liv.  pour  avoir  peint  et  doré 
image  de  S'  Paul  et  son  autel,  suivant  le  pouvoir  que  lui  en  ont  donné 
*3  paroissien  s  «  devant  le  notaire  de  THôtetlerie.  CourtonneL  Compte 
i  1776, 


11g  PEINTRES  DES  XV1%  XVII*  ET  XVIIl*  SIÈCLES. 


BlIOlJZK. 

Qjiittance  dudit  à  Bidet,  trésorier  de  S*  Sauveur  de  Caen,  de  59  l\v.  4 1., 
pour  le  plan  et  dessin  du  grand  autel  de  lad.  église,  frais  et  dépenie*  de 
voyage  de  Paris  à  S^Denis.  Caen,  26  novembre  1770. 

Caernie. 

«  Pour  le  tableau  d'une  benniëre  baillés  par  Michel  Gaennie,  m^*  pein- 
tre »,  11  livres  (acquit  du  4  novembre  1684).  Viessoix.  Compte  des  tré- 
soriers. 

Caiqvaro. 

A  Caignard,  peintre,  pour  avoir  peint  les  faux  flambeaux  de  la  cbarîté, 
1  liv.  10  s.  1743.  Gaen.  S*  Martin.  Compte  de  la  charité. 

Travaux  à  S*-Sauveur  de  Caen.  Quittance  à  Le  Fèvre,  échevin  de  la 
charité,  de  101  liv.,  pour  le  tableau  de  la  bannière  et  avoir  doré  le  damai, 
ferrure,  etc.  1737.  {Signé  .'Cagniard.)  —  A  «  Cagnard  »,  peintre,  I2ïlv.^ 
pour  avoir  redoré  le  coq  du  clocher.  1746.  —  A  Caignard,  peintre,  3  liv,, 
«  pour  avoir  repeint  la  figure  du  S'  Esprit  de  la  Chaire  et  celte  du 
Sauveur  ».  Compte  de  1749-1751. 

Autre  quittance  (signée  Caignard),  à  Guillaume  Michel,  échevin  de  la 
charité,  de  70  livres,  pour  un  tableau  de  S*-Sébastien,  qu'il  a  fourni  pour 
la  chapelle  de  la  confrérie  (30  juin  1750 ■). 

A  Caignard,  peintre,  et  à  Vautier,  48  liv.  pour  avoir  fait  plusieurs 
dorures  et  peintures  au  banc  du  trésor  (1754,  1755). 

A  Caignard,  peintre,  pour  décoration  de  la  chapelle  des  confrères  de 
S'  Sébastien,  suivant  quittances  de  1760,  42  liv.  (compte  de  la  charité). 

Autres  quittances  de  1756  et  1760,  Tune  de  celles  de  17G0  signée  Caî-> 
^nard  de  La  Haye. 

Travaux  au  grand  autel  de  Notre-Dame  de  Caen.  Compte  de  1737-1 138. 

Carabie. 

Travaux  à  Téglise  de  Vaucelles  de  Caen.  Cf.  comptes  de  n5&«1760  et 
1765. 

1  Cf.  Compte  de  k  charité  de  1739  à  1751.  A  Cagniard,  pour  le  Uhleta  Ût 
V  I  hôtel  f ,  70 1.  ;  à  Mëry,  pour  avoir  fait  et  fourni  l'autel,  1S0  l  il  s. 


PEINTIBt   DES   %Vl\   XVîV  l¥   %VUV  Sj|ci,lS*  119 

QuiltADce  pomr  trairait  h  TËgliBê  S*  Je&n  de  Bayeui.  1787. 

Marchés  et  quîitatices  d«  Jean  Conard,  peintre,  bourgeois  de  S'  Milo  de 
Bijeux,  pour  travaux  de  peinture,  dorure,  k  réalise  de  S'  Sulpîce  prèi 
Bajeoï,  de  1730  à  1743,  Entre  autres  :  quittances  du  27  septembre  1737» 
de  9  Itv.  10  fl,  H  pour  avoir  paint  à  Thuille  le  deux  etvéques  Sulpîâce  et 
Saint  Vigord  et  et^oir  mis  de  la  dorrure  19  ;  de  5  liv.  10  s,  ^  pour  avoir  paint 
en  Oeurs  et  ornement  le  deux  porte  du  cœur  de  leGlise  de  Saint-Sulpiice  *. 

i  11  a  été  arresté  entre  M^*  lean  Couard,  peintre  en  h  parroisie  de 
S*  Malo  de  Bayeui,  et  M***  Sitnon  Pitard,  tréiorier  en  charge  de  la 
parroifisede  S^  Sulpice^  en  la  présence  et  du  cons^entement  du  sieur  curé^  de 
M' Le  Roy  de  Fontaine,  escuier,  et  de  plusieurs  autres  par  roi  ssi  eus  de  lad, 
parroisse  souslgnésj  scavoir  que  )ed^  sieur  Conard  s'oblige  psindre  à 
huille  les  deux  petites  cou trela blés  des  autels  de  la  même  manière  qu^ils 
étoîenl  auparavant,  rajuster  tes  deux  tableaux,  remettre  une  toille  derrière 
celuy  de  S**  Anne,  comme  auss^^  paindre  à  huille  un  devant  d^antel  des 
deux  costés,  dont  l'un  servira  aux  (jraudes  f estes,  qui  sera  paint  de  la 
même  manière  que  celuy  de  la  parrojsse  de  Longue,  et  Tautre,  où  il  y  aura 
du  violet  et  du  ver  i|ui  domineront  dans  les  ûeurs,  qui  servira  pour 
TAvent  et  ie  Caresme  et  les  dymanehes  de  l'année,  et  le  tout  à  la  volonté 
du  sîeur  curé  et  trésorier,  de  plus,  s'oblige  paindre  à  huille  les  quatre 
pilastres  qui  «npportent  la  cantretable  du  eœur  en  marbre  de  couleur 
noire,  à  Teieeption  des  chapiteaux  qu'il  paindra  de  la  couleur  qu'on  luy 
désignera,  au  moyen  et  parce  qu'il  luy  sera  payé  par  Joseph  Nkolle, 
ancien  tréxorier,  en  déduction  de  ce  qu'il  peut  devoir  au  trèzor,  la  ï^omme 
de  quatre-vingt  livres.  Fait  aujourdy  dytnancbe  vingt  neufvième  d'octobre 
mil  tept  cents  trente  sept.  Signé  :  de  FoNTâiN!«E  le  Rov,  Jacques  Ddiort. 
iean  LEFSavnE,  M,  Hébolt.  F.  Galiek.  F.  H^aollt.  Q.  Svaru.  Guillonme 
CoKâRt».  J'ay  receut  de  Joseph  X'jcolle,  trésorner  de  Saint-Sulpisce,  la 
somme  de  aoitsainte  livres-  Fait  ce  vingt  six  avril  mil  sept  cents  lerente 
huit*  JeanCûNAan.  De  pelus  receut  la  somme  de  vingt  livres.  Fait  ce  trots 
d'aust  mil  sept  terente  huit.  Conabd.  » 

CoxconDK. 
A  Nîeolii  Concorde,  peintre^  «  pour  avoir  lave  et  rafraichts  le  tableau 


130  P£llUTaES    DES    XVl*.    XVIV  £T   XVIIT   SIÈCLES. 

du  maltr^^ulel  av€c  le  cadre  n ,  12  Hv,  Honfleur.  S**  ^Cathârine.  Compta 
de  1747. 


CoVTANCXi. 

A  Poisson,  imprîmeor,  et  CouLances^  peintre^  pour  avoir  imprimé  les 
noms  des  frères  servaûta  et  échevina,  avoir  peint  et  écrit  en  lettres  dorées 
les  tableaux  qui  servent  à  montrer  lesd,  noms»  17  \iv.  15  s>  17H9.  — 
Caen.  S*  Martin.  Compte  de  la  cbarilé^ 

Dalécbahps. 

u  Au  B'  Delonchamps  n^  pour  avoir  peint  et  dore  un  faux  livre  pour 
lervir  à  la  S^  Sacrement,  2  liv.  1772.  {La  quittance  porte  k  slguatare  : 
JJ,  Dalégbamp3«  Caen.  Notre-Dame,) 

Dehors. 

Quittance  de  24  Itv.  pour  avoir  nettofé  six  tableaux  de  TégUse  S*  Ger^ 
main  de  Lisieux,  repeint  leurâ  cadres  et  redoré  ce  qui  était  effacé  de 
Tancienne  dorure  des  cadres.  1768.  —  Travaux  au  presbytère.  Compte 
de  Saint-Germain  de  Lisieux  pour  1787* 

DgLAFLAIfCBE. 

Mémoire  et  toisé  détaillé  des  ouvrages  de  peintures  et  dorures  fails  à 
l'église  de  S>  Sauveur  de  Cean,  lesd,  ouvrages  faits  dans  le  commencement 
de  l'année  1771,  par  DeEaplancbe  le  jeune,  m*  peintre  et  doreur  de  l'aca- 
démie de  S^  Luc,  à  Paris,  y  demeurant  rue  Neuve  S*  Mery,  dans  uae 
porte  cochère  en  face  du  bureau  des  jurés-crieurs. 

A  une  crédence,  le  tournant  de  la  ceinture  cont.  &4^ 
(correct.  83  1/2)  sur  8*  1/2  (correct.  8»  4  1.)  com- 
pensée, vallent. 411     60 

Les  deux  consolles  de  cbacune  36'  {correct.  35*  1/2) 
sur  12"  (correct,  11")  de  développement  sur  cbacque  sens  , 

vallcnt  les  deux ,   .  ,   .         6 

La  noix  de  IS"  sur  11°  dévelopée  sur  cbacque  sens, 
V ..,...,.,..         1     7     60 

L'autre  consolle  cont.  idem  v 12     7     10 

(Correct.) 22   1/2 


FEINTKES   DB4    JiV t\   IVIl'  CT  IVIlT  SIÈCLES,  If] 

A  Teiposition,  k  calotLe  du  dessus  de  26*  sur  24" 
double  la  plus  talieue  de^s  oves  évaluée  à  6*  rédujl, 
Tallent , , 9     2     0  0 

Trois  consoLles,  dont  une  conL  i2°  de  développe- 
ment sur  k  hauteur  et  15  pouces  de  profil,  compensée, 
vallent 4     A    60 

Trois  vaxes  au-dessous  desdites,  de  chacun  d  pouces  sur 
5*   1/2,  vallent  ensemble Il     36 

Trois  gutriandes  de  cbacune  ââ*  sur  7^  valleut 
eosemble .   ,   .         2  10    ti  0 

Les  trois  pommes  du  dessus  de  chacune  0  l^'^ 
(correct.  9«)  sur  6' compensée,  va  Eleut 12    30 

Le  plateau  du  bas  de  22"  sur  19*,  vaut 2  10  10  0 

Deux  gloires  au-dessus  des  archivolte  de  chacune  trois 
lettes  de  chérubins  avec  leurs  ailles  et  nuag^^  de  chacune 
S  pieds  9^,  sur  2  pieds,  totsée  comme  unie  et  demandée 
double  pour  la  sailty  et  développeuieot,  voilent 22     0     0  0 

(Correct.),  Ensemble  réduites  à 16     8     0  0 

Quatre  gerbes  de  bled  et  raisins  de  chacune  sçavQir, 
la  branche  jusqu'au  feuilles  de  raisin  de  l^  sur  2" 
9  lignes,  les  feuilles  et  raisins  de  ensemble  IH"  (cor- 
reei.  16»  9  1,)  sur  15^  de  développement  sur  chacque 
sens,  les  épis  de  l^"*  (correct.  11}  sur  9',  val  lent  ensemble 
les  quatre.  . Il     5     6  0 

La  bordure  du  UbUu  de  37  p^  1/2  feorr.  36,  2)  de 
tour,  sur  1  p^  (corr.  II"  6)  de  proOl,  vdlenl 37     6     0  0 

(Correct) _   ,       34     7   11  0 

La  plusTalleuc  du  ruban  tournant  sur  le  devant  de  lad. 
et  le  fesseau  de  baguette  du  derrière  éirallué»  enâenible  à.         3     0     0  0 

(Correct),   .,, 2     4     00 

Les  deux  tour  creuse  contréne  chacune  sravoir  ta 
coquille  du  haut  du  panaii  de  II*  sur  9»  (corr.  12),  y 
compris  les  feuilles  attenante  en  forme  de  \olutte, 
vaJlent,  ,... ,. 0     8     30 

Le  neud  de  ruban  et  le  bout  pendant  de  ensemble  45"* 
sur  3'  vallent .,. OU     30 

Les  guirlandes  de  ensemble  8  pied^  de  développement 
sur  7*  compensée,  vallent ,-.- 4     8     00 

Au  carteil  du  millieu,  les  ^uirlatideâ  de  ensemble  5(i'* 
(corr.  60}  de  développement  sur  6*  compensée T  vallent.  .         2     6     0  0 

La  rozette  de  2i«  de  diamelre  sur  un  sens,  et  20*  sur 


1 


îtS  PEINTRES   DES   XV1%   XVII*  ET   XVIII'  SIÈCLES. 

Ta  litre  t  v  compris  les  bandes  unies  reignant  autour,  val- 
lent  (addition  :  duire  pour  les  angles  20,  non  réduits).  ,         3     4    0  0 
Les  guirtaodes  et  rosasses  de  80^"  de  développement 

sur  2^  l/2œEn pensée,  vallent 1     5110 

Au  bds  de  lad.  tour  creuse,  la  guirlande  de  58*  de  dé- 

v<?loppement  sur  3«  compensée,  vaut 1B60 

Les  partie  d'ornement  de  ensemble  60®  de  développe- 
ment sur  4*'  de  profil  compensée,  vaut.  .  •  .  4  .  •  .  .         !     4    0  0 

(Correct.) 8 

L'ngrafe  du  bas  de  12*  sur  6*  de  développement  sur 

chacque  sens,  v 0     6     0  0 

La  moulure  renfermant  led.  panau  de  26  pieds  8*  de 

tour  sur  3*  1/4  compris  listel,  vallent 7     2     80 

L'autre  tour  creuse  idem,  qui  avoit  été  obmises.  »  .  .       24    2     7  0 
Les  deux  partie  de  bandeau  au-dessus  de   ensemble 

5  pieds  sur  3%  vallent ^13    00 

Au  pan  en  u  derrière  le  tabernacle  la  moulure  de 
18  piedi  1/4  (corr.  16-2)  sur  4»  (corr.  3*  9)  de  profil 

compris  listel,  vaut 6     L     00 

(CorrO 5    2    30 

Au  tleu%  panaux  d'appuis  des  moulures  contienent 
ensemble  14  pieds  4*  sur  3*  de  profil,  compris  listel, 

vallent 3    7     0  0 

r«es  trois  partie  comme  simaizes,  stragalles  et  soe 
contiene    ensemble   56*  sur  ensemble   1   pied    1*   1/2, 

vallent 5    0     80 

A  un  pilastre,  le  chapitau  cont.  27*  sur  37*  compensée 

en  trois  partie,  vallent 6  11     3  0 

(Correct,) .  2 

Au  millieu  dud.  pilastre,  les  partie  d*ornement  sortant 
des  canauï  de  30"  (correct.  32*  6)  de  développement  sur 
ensemble  H*  (corr.  9*6),  les  canaux  de  42*  sur  ensemble 

lJ*{com  10*  6)  de  profil,  vallent 5     8    60 

Ensemble. 13    4  10  0 

Les  Utes  de  22*  1/2  sur  11*,  vallent 2    8     76 

(Lesdp  trois  lignes  de  chiffres  et  la  suivante  rayées  et 
remplacées  par  80.  5.) 

Cinq  autres  pilastres  idem,  vallent 71     9     8  0 

Plus  pour  les  canaux  d*un  desdits,  qui  avoit  été  doré  et 

bruni  et  qui  a  été  redoré  matte,  vallent 3     2    60 

Addition. 11/2 


r 


PEIttTHES   DES    XVl\  XVIl*  ET   HVUV  SlICLBS.  113 

A  la  gloire,  le  corp  de  hâ,  eoniîtUist  en  nuagei, 
13  l«Ues  de  cbérubias  avec  leurs  nïtJes,  cont.  H  pieds  iur 
9  piedi  toisée  comme  unie  et  demandée  double,  évalua- 
lion  failles  des  laillis  tant  des  13  tettet  avec  leitn  aillea 

que  des  nuages,  vallent «  •  .  ,  ^  .  [4i 

(Correct.). 104 

Plus  pour  avoir  doré  en  ûr  vert  37  lettres,  à  raison  de 

15  s,  chacune,  font.  .   .  > 27  15  0 

Les  rayons  sçavoir  : 

N"  L  —  De4  ptedide  développement  sur  la  longueur, 

sur  li^  de  profil  compensée  val  lent.  .  ,  4  H  0  0 

2.  ~  De  1  pied  3»  sur  11*  1/2,  valJent 12  4  6 

3.  —  De  2  pieds  3-  sur  11%  vallent 2  0  9  0 

4.  —  De  1  pied  7-  sur  9*,  vallent 12  30 

5.  —  De  5  piedi  3*  (corr,  2-) ,  sur  14*  (corr.  13'  6) .  6  1  6  0 

6.  —  De  2  pieds  3*  sur  1^  (corr.  10*  3) 2  0  9  0 

7.  —  De  3  pieds  2  sur  13*.  .   ,  ,  , 3  5  2  0 

S,  —  De  l  pied  3  sur  9"  i/2 -  .  .  .  1  0  6  0 

9.  —  De  3  pieds  6  sur  1 1* .  -  .  ,  2  7  9  0 

JO.  —  De  1  pied  10-  sur  12 1  10  0  0 

IL—  Del  pied  6  sur  8 1 

12.  —  De  2  pieds  6  sur  10* 2  1  0  0 

13.  —  De  2  pieds  6  sur  11- 2  3  6  0 

14.  —  De  I  pied  6  sur  8*  1/2 1  0  9  0 

15.  —  De  1  pied  0  sur  1  L   ....  , 1  7  46 

16.  —  De  3  pieds  6  sur  t2-  1/2 .  3  7  9  1 

17.  ~  De  1  pied  5  sur  10»  1/2 1  2  10  6 

18.  ^  De  3  pieds  sur  ih  1/2 2  7  60 

19.  —  De  2  pieds  5  sur  9 111  3  0 

20.  —  De  5  pieds  4  sur  H 6  2  8  0 

21.  —  De  1  pied  4  sur  10  1/2 1  1  4  0 

^.  —  De  2  pieds  1  lur  10 ,   ,   .  1  8  10  0 

23,  —  De  1  pied  3  sur  12 1  3  0  0 

24.  —  De  4  pieds  sur  13  1/2. .  ,  .  4  2  0  0 

B,  —  De  1  pied  sur  7» .  0  7  0  0 

C— Del  pied  4' sur  8  1/2 0  11  0  0 

D-  -  De  1  pied  3-  1/2  sur  8 0  10  i  0 

Total  des  pieds  d'or. 426  9  7 

Les  426  pieds  9*  7  lignes,  à  raison  de  6  Itv.  le  pied, 

rii  convenu,  fait .  , 2,560  10 


134  PEINTRES   PESXVIS   XVir. ET  XVIir  SIÈCLES. 

Marbra , 

'  ■■ 

Le  panati  sous  le  cadre  du  tablau  derrière  le  tabernacle 
de  8  pieds  (corr.  7)  tur  2  pieds  1/2  compris  les  partie  en 
pLâtrCp  le  dessuB  du  cadre  de  8  pieds  (oorr.-7)  sur  lO  com- 
penflée  les  deux  tour  creuse  de  21  pieds  de  haut  (corr.  37) 
sur  ensemble  4  pieds  9*  la  plainte  autour  du  lambrf  de 
40  pieds  sur  1  pied,  un  gradin  de  21  pieds  1/2  sur  I  pied 
Tallenl  ensemble  5  (corr.  6)  toisses  13  pieds  1/4  à  24  liv. 
la  toise,  compris  le  verni  gras,  font 128  n 

(Corr,),   _   .  , 132  . 

Bois  verni, 

La  corniche  de  50  pieds  de  tour  sur  2  pieds  toisée  double 
à  cause  de  la  longueur  des  modillons  et  danticullet,  les  em- 
brazem'*  ou  wousures  des  archivoltes  de  26  pieds  de  tour  sur 
ensemble  10  pieds,  le  restant  des  lambris  de  54  pieds  àa  tour 
sur  10  piedâ,  à  prendre  du  dessous  de  la  corniche;  à  déduire 
pour  les  wuideâ  des  arcbivoltes  de  chacune  9  pieds  1/2  sur 

7  pieds  le  surplus  vaut 28  1/4 

(CorrecL) 25  1/4 

A  raison  de  6  liv,  font ,  .  170  » 

Total 2,886  15 

liv.     a. 

Payé  pour  Tembalage  et  caise  du  cadre 16  s 

Pour  la  peinture  et  rechampisage  de  la  grille 30  * 

Pour  le    raeoniodage  de  la  gloire  et  du  cadre  esiîmei 

ensemble  k B  * 

Les  37  lettres  rechampie  en  bleu  à  2  s.  chacune 3  14 

Avoir  apprêté,  blanchy  et  adoucy,  ensuitte  couché  de  La  in  te  et 

\ieriiy  10  fiches  en  couleur  de  cire,  à  raison  de21iv.  chacune,  20  n 

A«oîr  argenté  6  chandeliers,  à  raison  de  5  liv.  chacun.  .  30  * 

Marbre,  61 132  p 

Verni,  25  1/4 ,  .  151  10 

Lettres. 24  « 

Chandeliers ' 24  ■ 

Table  et  Ocbes 18  i» 

415  pieds  1/2 , 2,495  » 

Total.  .......  2,844  10 


4 


PEINTRES   DES   XW,   HVW   ET   XVIir  SIÈCLEfl-  lit 

J^al  ioussigtté  recourroîs  avotr  reçu  de  Monsieur  Bîdet,  tréiorier,  la 
lomme  de  deux  mille  huh  cenU  quarante  quatre  Itvrei,  tant  en  argent 
qu'en  deus  btllels  payable  dans  les  termes  conycnuif  pour  les  ouvrages 
de  peintures  et  dorures  par  moy  faits  en  T église  do  Sâint-*Saaveur  de 
Caen,  dont  je  le  tients  quitte.  A  Caen  ce  douie  octobre  mil  sept  cent 
soixante  unze. 

Siyné  :  Delapunchb. 

A  M.  de  La  Planche,  90  liv,  pour  tes  ouvraj^es  de  peinture  et  dorure 
qn^il  a  faits  à  la  chapelle  de  la.  confrérie.  1771«  Compte  de  la  charité 
de  Sainl-Sauveur  deCaen. 

Dupoum. 

A  Jean  Desdcuys  ou  antres  à  son  droict,  pour  la  peinture  du  m«  autel 
et  eocoignenrei,  sac  rai re,  et  tableau  de  parmy  paiut  itir  bois,  21  écus. 
Cuen.  S>  Gilles.  Compte  de  juillet  1584  à  juin  ]&85>. 

'  EïlraiU  dnd.  compte* 

A  Jean  Angot,  serra  ri  er,  qui  a  fait  quatre  ■  etcrieus  i  et  quatre  t  vyi  *  pour 
tfficher  le  tableau  dud.  m*  autel,  et  pour  une  verge  de  fer  et  deui  <  ploteli  » , 
45  t. 

A  Thomas  Le  Petit,  grossier,  pour  5  aunes  de  cJimelat  de  t  LUIe  t ,  pour  Taire 
tiD  rideau  à  mettre  devant  led.  tableau,  t  ^ru  %  t. 

Pour  trois  quarterons  t/î  de  targette  pour  faire  la  frang^a  aud*  rideau,  37  s. 
6d. 

A  h  veuve  Jean  de  Basly  pour  la  façon  de  lad.  freuge  el  10  anae»  de  rubao  à 
appliquer  led.  rideau  4  ïid.  verge,  It  i, 

2  douxai Des  d'au aeaui  de  cuivre  pour  iccommoder  led»  rideau,  10  i, 

  Madeleine,  femme  de  O^pneo  Regnaud^  ponr  son  salaire  d'avoir  cottfto  lad, 
frange  et  le  ruban  à  Fentour  du  rideau,  et  avoir  cherche  et  quis  le  fil  pour  le 
eondrc,  10  i 

Ponr  avoir  approprié  et  assis  led.  tableau,  IS  d. 
:  Pour  une  aune  1/1  de  ctrnebt  pour  éltrgîr  le  rideau,  SO  s. 

Pour  iB  auiiei  de  grand  passement  large  pour  border  et  renforcer  li  tapisserie 
de  iVglise,  35  s. 

Ponr  un  quartier  1/3  de  grande  frea^e  de  sargette  pour  mettre  à  la  lai  se  dn 
rideau.  S  s.  6d. 

A  lladeleine,  femme  de  C^prien  Regnauld,  qui  a  élargi  te  rideau  et  cousu  les 
SS  aunes  du  passement  k  Fenlour  de  lad.  tapisserie,  tant  pour  sa  peine  que  pour 
le  El,  10  s, 

A  Jean  Angot,  serrurier,  qui  a  élargi  lad.  verge  et  a  Tsit  deux  ■  pitci  »  oeufs 
pour  afficher  icelle,  10  s. 

U  âme  camp  te  t  icbat  à  la  foire  de  Guibray  de  cbappes,  tapis,  façon  de  Flan- 
e,  etc. 

A  un  mirchaitd  de  Flandre^  pour  «  un  g  petit  jfmage  avec  Tes  lu  le  pour  servir 

jourde  VAseeocbn  eu  )id.  église  t,  40  s. 


lie  PEIIVTRES    DES    XVT,    XVll*  ET    XVÎIl'  SIECLES, 


Desté, 

A  I^icûlftft  Desté,  4  liv,,  pour  avoir  rarraichî  les  tableaux  et  les  gradim 
de  réglUe,  suivant  quittance  du  21  septembre  1742,  le  curé  ayaat  pa^è 
le  iarplus.Cbeus. 

DaouAis.    ^ 

«I  Au  «^  Droais  i  pour  des  peintures  au  lableau  du  grand  autel,  1  tir.  5  s  » 
Lîsleux.  S'  Désir.  Compte  de  1703.  —  A  Drouais,  pour  le  tableau,  9  liv^ 
fUd,,  174L  — *  A  Drouais,  doreur,  15  liv.,  pour  t  Técarrie  du  dais  pour 
porter  le  5*  Sacrement  »<  Auvillars.  Compte  de  173^1735. 

Dtaoïs  (J.-B.)- 

Quittance  de  4  Hv.  pour  petniure  par  lui  faite  à  la  niche  du  S^  Sacrement 
de  la  paroisse  S'  Germain  de  Lisieux.  1742,  3  juin. 

DOBREUL   (P,). 

Quittance  au  curé  de  fîueron  de  36  s.,  pour  avoir  peint  6  ^oucbes 
(Bayeui,  4  mai  1773). 

DtcasTEL  (iean)< 

Quittancés  de  1767,  1768  et  1769,  pour  travaux  de  peinture  à  S*  Ger* 
main  de  tisieux, 

DltbÉf-Jlhel  (B.). 

Quittance  au  curé  d'Hermanville  de  24  livres  pour  avoir  fait  le  tableau 
de  la  bannière  dud,  lieu  (Caen,  7  juillet  1686). 

hmhu 

A  Du  val,  peintre,  pour  le  tableau  de  k  S^'  Vierjje  et  pour  deuK  boites 
de  torches,  41  liv.  Compte  de  la  confrérie  du  Rosaire  de  Bure^^^  pour  les 
années  1757*17671, 


^  Uéme  compte  :  A  DciviJ,  fiïencier  à  Vire,  pour  le  pktde  qaéte,  10 1.  Pu-mi 
les  pièces  juitiiiefttivei,  quittaoce  ds  Louis  DaviU  i  dionatidicr  *,  boargeoî*  de 
Vire,  de  6  s.t  pour  avoir  raccommodé  un  des  chsûdelicrs  de  li  coarrérie. 


► 


PEINTRES    DES    %\l\    XVlV   ET    XIIH"    StËCLES.  121 

A  t  EEèazard  «,  peintre,  du  Tourneur,  40  Ih.»  pour  le  taUleau  du 
maltre^iitd.  Bény-Bocage.  Compte  de  1754-1763. 

ËL0UI5. 

A  «  Pelouif  ■,  peînlre,  pour  le  vernrs  du  banc  du  trésor^  30  Uv,  (!aeii. 
S*  EUenne.  Compte  de  1752-175:*.  —  ibid.,  1755.  A  Elouîi,  pur  moîr 
doré  rexp(»îttOD  du  S^  Sacrement,  18  Ih. 

Qatltance  de  200  ]iv«  pour  aider  i  paf  er  ta  dorure  de  la  eontretable  de 
Féglise  d'Auvillars.  17  septembre  1756. 

A  EIouîs,  peintre,  pour  avoir  parfait  Tautel  de  la  eliapelle  de  la  rhu- 
rite,  43  liv.  Caen.  S*  Etienne.  Compte  de  la  charité  de  1759  è  1765. 

A  u  Louis  df  peintre,  pour  avoir  peint  et  ^  accomode  »  le  chandelier 
pascal  de  régli^e,  6  liv.  Caen,  S'  Mcolas.  Compte  de  la  S'  Jeun  1760-1701. 

A  Ëlouis,  peintre,  15  liv.  4  s.,  pour  avoir  repeint  les  gradins  du  graud 
Intel,  rafraîchi  les  tableaui  et  fourni  le  bâton  de  la  croix  neuve.  Cbeux. 
Afances  du  curé  de  Cbeux  remboursées  en  1701, 

Quittance  d^Elouis  an  trésorier  de  S*  Nicolas  de  Caen  de  6  liv,,  pour 
avoir  peint  en  blanc  h  Thuile  le  chandelier  pascal  de  lad.  paroisse  et  avoir 
fait  des  filett  en  or  couleur  sur  led.  chandelier.  5  mars  17ti2. 

*i  A  \l'  Eloûif,  pour  avoir  mis  en  blanc  poly  les  faux  cierges  de  lu 
paroisse  »j  3  liv>  Caen,  &  Nicolas,  Compte  de  170f),  i>t  quittance, 

I  Aujourd'hui  vingt  trois  mars  1774,  il  a  été  conrenu  entre  Messieurs 
les  députés  de  la  paroisse  de  Bernière  et  le  sieur  Eloiiiâ,  peintre  et  doreur 
de  la  ville  de  Caen,  s^avoir  que  ledit  sieur  Ëtouis  s'oblige  de  dorer  et 
peindre  la  contretable  de  l^éfjlise  de  ladiite  pnroisj^e  di'  Dernière,  scavoir  ; 
U  croix  du  haut  de  ladilte  contretable  sera  dorée  en  face  la  couronne  qui 
est  autour  de  même  ainsi  que  tout  le  reste  de  la  contretable,  les  orne- 
ments du  cadre  de  la  niche  seront  dorés,  et  1^9  fondit  en  un  beau  bhnv 
(en  correction  de  m^r^r^},  les  grandes  guirlandes  seront  dort-es,  les 
modillons,  les  denticullcs  et  les  rosettes  qui  sont  dans  h  corniche  dorés, 
les  chapiteaux,  lef  embase  des  col  Ion  nés  dorées,  ^X  1rs  ornements  qui 
sont  autour.  Les  pilastres  derrière  les  colonnes,  qui  ne  sont  presque  pas 
vue,  seront  seullement  en  cou  Heur  d*or,  Le  cadre  du  tableau  sera  doré  et 
les  fonts  du  dit  cadre  en  marbre  [blanc  ^  ajouté).  Les  figures  seront  peinte 
'un  beau  blanc  avec  un  gallon  d*or  aux  e\trénïîiées  qui  ce  découvre  à 
eurs  habillement^  c'est  &  dire  â  ce  qui  est  visible.  Les  ornements  qui 
ont  autour  des  portes  qui  sont  au  bas  de  la  contretable,  seront  dorés,  le 


w^pït:  r^T'V"»  ' 


1S8  PEINTRES   DES   XVI',   XVII*  ET   XVIII*  SIÈCLES. 

tombeau  sera  redoré,  et  générallement  toutes  la  scalptnre  de  ladîtte 
contretable,  exepté  les  figures  qui  seront  habillées  cooiine  il  est  men- 
tionné  ci-dessus.  Tout  ce  qui  est  par  dessus  les  ornements,  el  tout  ce  que 
la.  vue  ne  découvre  pas  à  une  distance  raisonnable  ^  sera  seullement  mis 
en  coulleur  d*or,  et  générallement  tous  les  fonts  seront  peint  en  1res  beau 
(en  correct,  de  diJérenU)  marbre  (blanc  et^  ajouté)  convenable  k  Tou- 
vrage.  Le  tableau  sera  netoyé,  les  deux  portes  seront  peinte  d^une  coulleur 
convenable.  Tout  Touvrage  mentionné  cidessus  sera  peint  et  doré  à  Thuille 
d*un  bel  or  et  le  tout  bien  conditionné  suivant  ce  devis.  En  conséquence 
de  quoy  nous  sus  dit  députés  avons  accordé  audit  sieur  Eloûis  la  somme 
de  quinze  cens  livres,  payable,  un  tier  au  commencement  de  Touvrage^ 
un  tier  au  millieu  de  Touvrage,  et  le  dernier  tier  à  la  fin  de  l'ouirrage. 

Messieurs  les  députés  chargeront  le  trésorier  de  faire  faire  une  établie 
bonne  et  solide,  convenable  à  l'ouvrage,  et  de  fournir  les  échelles  néces- 
saires, parce  qu*en  outre  les  ouvrages  cy-dessus  détaillés  le  s*"  Elouïs 
s^oblige  de  dorer  six  pots  à  fleurs  servants  à  la  décoration  de  FauteK 
Entendu  par  le  présent  marché  que  led.  s'  Klouis  se  logera  et  nourira 
lui  et  ses  ouvriers  à  ses  frais.  Et  a  été  accordé  pour  le  vin  des  ouvriers 
une  somme  de  douze  livres.  Fait  et  aresté  double,  à  Bernièrea,  le  vingt 
trois  mars  mil  sept  cens  soixante  quatorze.  » 

Signé  :  EloUis.  Housset.  L*abbé  de  Toucbkt.  Ausert^ 
curé  de  Bemiëres  sur  la  Mer. 

«  Et  depuis  le  marché  cy-dessus.  Messieurs  les  députés  se  sont  portés  à 
faire  mètre  en  or  les  ornements  des  pilastres  qui  sont  derrière  les  colon* 
nés,  lesquels  par  le  1*'  marché  ne  devoint  être  peint  qu  en  couleur 
d*or,  de  plus  ils  ont  fait  peindre  aud.  s' Ëlouis  le  lambri  du  sanctuaire, 
sur  lequel  ont  été  appliquées  trois  couches  de  couleur,  pour  quoi,  ea 
considération  des  augmentations  cy-dessus.  Messieurs  les  députés  ont 
accordé  aud.  s'  Ëlouis  une  somme  de  cent  quarante  quatre  liirres,  et 
attendu  qu*il  ne  s'est  pas  trouvé  nécessaire  de  redorer  le  tombeau,  ainsi 
qu*il  avoit  été  convenu  et  aresté  par  le  susdit  marché,  le  s'  Ëlouis  a  con^ 
senti  diminuer  sur  la  somme  à  lui  accordée,  celle  de  quarante  huit  tSvres; 
partant,  la  somme  totalle,  tant  en  principal  que  vin  du  susdit  marché,  est 
fixée  à  celle  de  seize  cens  huit  livres,  qui  sera  payé  aud.  s'  Ebuis,  si  fait 
n'a  été,  suivant  les  conventions  et  aux  termes  portés  aux  susdit  marché. 
A  Bemiëres,  le  premier  aoust  mil  sept  cens  soixante  quatorte»  » 

Signé  :  Housset.  ëlouis.  Aubebt, 
curé  de  Bemiëres  sur  la  Mer. 

'  Gomme  les  cétés  des  pieds  d'esteauz,  collones  et  autre  chose  pareille,  rayé. 


PEINTRES  BES   XVl\    XV\\*  ET    TLVllV  SIÈCLES.  m 

«  Le  septième  jour  de  juin  ttiM  sept  cent  soixaiite  sdie,  en  conséquence 
d'une  dëLibé ration  du  général  des  parroissiens  poâi^édfint  fonds  de  b 
parroisse  de  Cnrpitjuet  sou3sein<|,  en  datte  du  19  maj  dernier,  qui 
autorize  M"^'  Bazin,  curé  de  lad.  parrojise,  Aitbry,  Pied  plu  et  Michel 
Larcher,  fîU  Archange,  conjointcmenl  avec  M*  lotirent  Limy,  trésorier 
en  charge,  de  faire  décorer  le  grand  autel  de  Té^^lise  parnùsiiifiliï  dud* 
lieu  en  dorure,  peinture,  marbre  feint  et  lahleâux,  aux  dèpen.^  de 
ia  fabrique  et  de  bon  goût;  le»!,  i'*  curé,  tréiori^r  et  députés  se  sont 
assemblés  avec  plusieurs  personnes  de  Tart,  pour  examiner  les  ouvrages 
à  faire  oud,  autel,  et  contenir  avec  <juelqii*nn  du  prii  de  la  confection 
d'iceux,  et  après  avoir  entendu  le  raport  desrj.  artistes,  peintres  et 
doreur.^,  qui  ne  portoient  pas  U  décoriilion  à  uioins  de  do^ixf'  cent  livres, 
a^oir  pareillement  examiné  les  forcer  de  la  fabri<|ue,  ses  rei^enuâ  annuet^i 
et  ses  ehar^es^  ils  ont  $enti  rimposâibitilé  de  faire  actuellement  cette 
dépense  en  entier,  sans  faire  un  etnprunt  sur  le  compte  de  lu  fabrique, 
ils  se  se  rotent  dêterntinés  à  ne  faire  actuellement  que  les  décorations  les 
plus  urj^entea  et  les  plus  provisaires,  relatiïj*nicnt  aux  forces  actuelles 
de  la  fabrique,  vu  qu'il  est  nécessaire  qu'il  reste  toujours  des  fonds  à 
la  fabrique  pour  les  dépenses  ordinsiren  et  aecidenLelles,  Sur  ce  s'est 
présenté  le  sieur  Elouis,  peintre  doreur  à  Caen,  lequel  a  représenté  aux 
S"*  curé,  trésorier  et  députés,  que  celle  décoration  fattte  en  deiiï  foîsiseroit 
estropiée  el  manquée;  que  led.  autel  étoit  de  bon  <;oiJt  et  tin  y  et  de  voit 
être  duemenl  décoré  au  désir  de  la  délibération  du  général  des  parroîs- 
sienii,  que  pour  faciliter  iViécution  actuelle  des^d.  décorations,  il  offroit 
de  faire  partie  des  avances  et  de  prendre  des  ternies  pour  ce  qui  resteroil, 
IL  les  S'*  députés  \ouloient  s*arei»<jer  wvtx  lu  y.  Sur  quoi  lesd.  s"^'  curé, 
trésorier  et  députés  ayant  eutreux  délibère  ont  été  d'avis  que  U  propo- 
sition du  sieur  Elouîs  est  avantageuse  n  la  fabrique,  vu  que  ce  dernier 
s'est  relâché  à  ^:ne  somme  d'onte  cent  livres  pour  la  confection  desd. 
ouvrages,  parce  que  le  s'  curé,  pour  en  l'ailjler  l'exécution  et  faire 
Tuirantage  de  la  fabrique,  a  volontairement  offert  au  s'  Elouis  sa  table 
pendant  la  confection  d'iceui.  En  conséquence,  et  en  lertu  des  pouvoirî* 
  eux  donnés  par  la  délibération  vantée,  ils  sont  convenus  avec  led. 
s^  Elouîs  de  ce  qui  suit  : 

h  Led.  3^  Elouis  se  charge  de  décorer  led.  autel  et  la  conl retable  dans 
toutes  SCS  parties  en  dorure,  peinture  et  marbra  feint  partout  oii  il  ser^ 
nw^essaîre  ainsy  qu'il  est  cy-aprês  eiplîqoé,  à  Texception  des  tableau i 
qui  ne  sont  point  à  sa  charge; 

2"  La  porte  du  tabernacle,  la  niche  ou  exposition  du  S^  Sacrement  et 
*■  scabellnm  seront  dorés  en  plein!  Les  ornemens  du  torps  du  tabernacle 

ceux  des  gradins  seront  pareilleuient  dorés  avec  un  ïond  sablé  de  bon 


130  PEINTRES   DES    X  V  l^   XVIT  ET    XVnT  SIÈCLES. 

goûtje  tombeau  dud.  aulol  fiera  feint  en  marbre  clair  conforme  à  T  échan- 
tillon présenté  par  le  s'  Elouîs  nuv  s"  députés;  moÀn  la  cartoucbe  étant 
au  milieu  sera  dorée  en  plein  avec  un  fond  en  argenU  La  baguette  ou 
cardon  qui  environne  led.  tombeau  j^era  pareULement  dorée  ainsy  que  le« 
ornement  des  pieds  corniers,  la  tuble  descrédense»  sera  feinte  en  marbre, 
mais  les  ornemens  d'iceliee  ainsy  (|ue  les  consoles  qui  les  souËienEeiii 
seront  dorées  en  tant  que  des  parties  vues  en  devant  \ 

3^  Le  fond  de  la  cont retable  restera  en  btanc,  ainsi  que  le  fond  des 
ornemens,  mais  toutte  la  seulplure  et  ornemeniid'icelle  sera  dorée,  comuse 
ba^es  et  chapttaux  des  pilastres,  graines  et  cordons  d'iceiiv,  Jes  guir- 
landes, les  consoles  qui  soutiennent  les  petits  tableaux,  modillons  et  den< 
ticules,  La  gloire  avec  ses  rayons  sera  dorée  en  plein,  le  Jehova  pourra 
avoir' un  fond  en  argent,  Tagneau  ainsy  que  les  ornemens  sur  lequel  il 
est  appuyé  sera  doré;  aînsy  que  les  palmes  et  autres  ornemens  du  cou- 
ronnement dud.  autel  et  ceux  des  petits  vases  et  de  la  croix  qui  forment 
r amortissement,  le  fond  de  lad.  croix  pourra  être  sablé,  les  flammes 
des  deux  grands  vases  latéraux  ainsy  que  les  ornemens  d'iceuv  et  ceux 
des  urnes,  en  tant  que  des  parties  vues,  seront  dorés,  les  fumées  seront 
feintes  en  couleur  naturelle  et  la  plus  analogue  à  la  place.  Le  gable  de 
Téglise,  qui  forme  au-dessus  de  T entablement  le  fond  dud.  autel,  sera 
peint  de  deux  couches  de  peinture  à  rbuiie  petit  grix,  les  cadres  des  trois 
tableaux  seront  feinls  en  marbre  noir  luisant  veiné  en  or,  la  baguette  des 
cadres  des  trois  trumeaux,  qui  sont  sous  les  tableaux,  sera  dorée,  le 
rétable  ou  socle  de  lad,  contretable  sera  feint  en  marbre  de  la  couleur  et 
à  la  bauteur  que  le  s'  Elouîs  jugera  le  plus  convenable  et  généralement 
toutte  la  sculpture  et  omt^ment  de^^d.  autel  et  contretable  seront  dorés  en 
bel  or,  tout  Tonvrage  mentionné  cy-dcssus  sera  peint  et  doré  à  T huile 
avec  les  couches  de  peinture  nécessaire»  pour  la  béante  et  solidité  de 
TouvragC;  le  tout  bien  conditionné  conformément  aux  rf^gles  de  Tari  et  à 
ce  devis  et  rendus  prêts  pour  la  fm  du  mois  prochain.  Est  encore  entendu 
que  tout  ce  qui  est  par  de.^sus  les  ornemens  et  touttcs  les  parties  que  la 
vue  ne  découvre  pas  k  une  distance  raisonnable  sera  seulement  mis  en 
couleur  d*or,  se  chargeant  lesd,  s*^  trésorier  et  députés  de  faire  faire  des 
échafaudages  solides  aux  frais  de  la  fabrique,  pour  la  confection  desd. 
ouvrages,  et  sera  tenu  led,  s*"  Elouis  de  se  fournir  de  toutes  les  matières 
nécessaires  pour  lad.  décoration,  pour  la  confection  et  fourniture  des- 
quels lesd.  S"  curé^  trésorier  et  députés  en  leurs  diltcs  qualités  ont  accordé 
aud,  i'  Elouis  une  somme  d'onze  cent  Livres,  de  laquelle  il  luy  sera  payé 
sous  quinze  jours  par  M'  Laurent  Lamy,  trésorier  en  charge,  la  somme 
de  gix  cent  lierres,  et  le  surplus,  montant  h  cinq  cent  livres,  sera  payé  par 
le  trésorier  pour  lors  en  charge  aud.  s^  Elouis,  sçavolr,  celle  de  trois  cenj 


r 


PEIMTHES   DES    XVl\   XVII*  f  T  iriU"  SIÈCLES  Ut 

livres  i  la  fête  de  tous  les  sainli  mlL  ^pt  cent  soiiantp  dis  sept,  et  te  rei- 
Lant  montant  à  deux  ceTit  \hrei  luy  «era  payé  ù  pareil  juur,  un  an  aprÊs, 
c'est-Â-dire  en  mil  sept  cent  soiiante  dix  huit,  dont  du  tout  re  que  deisui 
iesd.  parties  lonl  demeurées  d'aeord  et  contentes,  et  ont  sîgné  double,  À 
Carpiquetf  le  jour  et  an  que  dessus. 

Signé  *  Baxixi  curé,  L.  Lauv.  J,  Plii>fLcr. 
Michel  LAiii:Bp.B,  tli.otfts. 

Reen  à  cont  sur  le  pr[è]sant  fa  somme  de  six  cent^  livres,  \r  présant  et 
le  double  ne  valant  qun  seul  et  mâme.  Ce  tmiie  jun  mil  sep  cent  soixante 
aalie. 

Si^né  :  ËiMis.  » 

A  Elouis,  peintre^  133  lh\  pour  avoir  fait  te  tableau  de  li  bannie  re, 
avoir  fourni  le  bâton  et  la  ferrure.  1779.  Caen,  Saint-Ouen. 

A  EȔianlt,  bourgeois  de  Vire,  4  pour  airoir  peint  et  mis  en  fleur  le 
rideau  de  la  vhàhe  pascballe  de  réfjli$»e  v,  30  s.»  sahant  $a  quittance  du 
10  mai  1091.  Bény-Bocage.  Compte  de  1693-U>9(i^ 

A  Gilles  Enault  pour  peindre  la  eontretablc,  3tî  t'w.  Couloncei.  Compté 
des  confréries  de  S'  Gilles  et  S^  Marcoul,  de  172i  à  1735. 

Quittance  par  Etienne,  >t  pintre  >*,  de  la  paroisse  de  S>  Oervaif^  de 
Falaise,  au  trésorier  de  S'  Germain  de  Fourcbes,  de  ^Kl  lii.  pour  avoir 
fait  et  fourni  »  le  tablot,  ferrures,  bastnn^  garniture  et  pente  »  d'une 
bjjnnière  qu*il  a  faite  |K>ur  tad.  paroisse.  1789,  30  septembre.  Fourches. 

F£CGEtuv  (Pierre), 

Quittances  de  Pierre  Feug^ray,  «  pnintre  »  à  Cnen,  au  prieur  de  S  Ger- 
main-la'Blancbe-Herbe  :  de  70  s.  pour  a?oir  peint  une  paire  de  -^Lidins 
Iburnis  poui'  Taulel  par  Pierre  iJtival,  menuigjer  k  Caen  (lti±)j;  de 
10  sols  t. ,  tant  pour  avoir  peint  les  rj^uatre  bâtons  qui  s'entretiennent  et 
servent  à  porter  le  dais  on  tente  que  le  bâton  ou  verge  et  pommes  de  la 
bannière  de  Téglise  (1630).  —  0  A  Pierre  Fetigerey,  painetre  b,  12  liv. 

'  Aud.  campte,  t  au  pdatre  qui  t  placé  le  tableau  du  grand  auiH  t^  1  liv.  IS  i. 


182  PEINTRES   DES  XVI*,   XVir  ET   XVIir  SIÈCLES. 

«  pour  avoir  painct  la  toille  à  servir  en  Garesme  devant  le  crudBx  où 
estpainctuneNostre-Damede  Piété  tenant  Nostre  Seigneur  sur  son  giron, 
avec  autres  figures  de  la  Passion  ».  1647.  Gaen.  Vaucelles. 

Gauoain. 

Quittance  pour  le  tableau  de  la  chapelle.  1787.  Caen.  S'  Sauveur. 
Chanté. 

GoD  (Charles). 

Quittance  de  Charles  God,  peintre,  bourgeois  de  Caen,  à  Jacques 
Feuillet,  trésorier  de  S'  Michel  de  Vaucelles,  de  15  liv.  t.  a  pour  mes 
paines,  sallaires  et  vacations  d'avoir  faict  et  fabricqué  le  tableau  qui  sert 
de  font  au  days  possé  sur  le  grand  autel  de  lad.  églize  ».  15  octobre 
1646.  (Signature  avec  Le  devant  son  nom.) 

Gosse. 

A  Gosse,  peintre,  pour  avoir  revemi  et  racommodé  les  cassures  qui 
étaient  au  tableau  de  la  bannière,  6  Hv.  Caen.  S*  Etienne.  Compte  de  la 
charité  de  1719-1722. 

GoT  ou  Le  Got  (Crespin). 

a  A  M*  Crespin,  paintre,  pour  les  douze  enseignes  qu*il  a  faictes  pour 
mettre  aus  chaperons  [des  frères  servans  à  la  charitlé],  6  liv. 

«  A  M*  Isac  Baillebache,  m*  niason,  suivant  Talou  qui  a  esté  faict 
avecques  luy  pour  fere  Tautel  de  S*  Raphaël  et  S'*  Barbe,  36  liv. 

«  A  M'  Crespin  Got,  paintre,  pour  avoyr  painct  les  deux  images  qui 
sont  sur  led.  autel,  qui  est  Timage  de  S*  Raphaël  et  Pimage  de  S'*  Barbe, 
15  liv. 

«  Aud.  M*  Crespin,  pour  avoyr  faict  le  tableau  qui  est  dans  led.  autel, 
qui  est  Tistoire  de  Tobye,  et  pour  avoyr  paint  et  doré  led.  autel,  54  liv. 

tt  A  M'  Crespin  God,  M*  paintre,  pour  avoyr  painct  toult  à  Tentour  de 
la  vitre  de  S'  Raphaël,  et  faict  deux  tabeaulx  es  deulx  coslés  de  celuy  du 
contrautel  et  pour  avoyr  painct  ce  qu'il  y  a  d'aultre  painture,  30  liv.  » 

Comptes  de  la  charité  de  Vaucelles  de  Caen  pour  1613-1614. 

tt  A  M*  Chrespin  Le  Guot,  paintre,  pour  avoir  dorey  le  sacrere  et  dix 
figures  pour  garnir  icelluy,  paint  et  dorey  les  marches  qui  sont  sur  Tautel 


\ 


PElNTfiES   DES    \VÏ\   XVU'  ET   XVUt'  SIÈCLES.  I3S 

et  repaint  les  grandi  images  de  desiui  le  bault  dud.  autel  et  paindre  an 
cïel  façon  de  Damai  pour  couvrir  led.  aulel,  cent  livres,  iuivant  ion 
marché  et  alleu  du  3'  jour  de  mars  1019.  n  Caen,  Vaucelles.  1619  ', 

«  A  M*  Crespin  Le  Got,  paîntre^  pour  avoir  repainl  et  mi»  en  coulleur» 
la  grande  benn|ère,  reniîs  de  l'or  et  argent  aux  endrot»  iie»sei;aires  tant 
du  tableau  que  sur  la  damas»  repaint  le  bastcm  d'icelle^  doré  et  rc'paint  le 
baston  de  U  croix  d'argent  a,  1 S  liv.,  suivant  le  marché  fait  avec  lui  et 
son  acquit  du  H  awril  1623,  Caen,  Vauiïelles,  Chanté.  1023, 

tt  a  Crespio  Le  Gol,  M*  paintre  en  celte  ville  de  Caen,  pour  avoir  faicl, 
quis  et  fourny  doaie  tableaux  en  hulKe  sur  fer  blanc  pour  servir  d^orne* 
mens  aux  torches  et  aierges  dHcelle  charité  3»,  25  livri-s»  i^uiviint  le  marché 
fait  avec  lui  et  son  acquit  du  20  septembre  162i.  Ibid. 

Aud.  Le  Got  u  pour  avoir  paint  deux  grans  traiatret  pour  servir 
à  mettre  les  torches  4  es  pendantes  d'icelle  charité,  et  pour  avoir  pain  et  dix 
hastons  servant  à  icelles,  paint  les  douic  escussons  de  bop  sur  quy  sont 
doués  les  douse  petits  tableaux  de  fer  blanc  »,  10  liv.  8  s.,  suivant  son 
acquit  du  10  mars  16^5.  Ihid, 

^  a  M'  Crespin  Got^  paintre,  pour  avoir  fajct  nnne  ngure  de  S*  Michel 
à  mètre  dans  le  rouUeau  de  Tun  des  chaperons  des  frères  servanti  de 
lad.  rbarité  »,  15  s>  îbid.  Compte  de  1628-1029. 

■  A  M'  Crespin  Got,  paintre^  pour  avoir  fourny  trois  histoires  ou  figures 
S'  Michel  pour  mettre  .sur  troys  des  chaperrons  servant;  aux  frérei  de 
lad.  charité  »,  40  s.  Ibid,  Compte  de  1032^16:1^1, 

^  a  M*  Crespin  Got,  paintre;  pour  avoir  paint,  quis  et  fourny  cinq 
roudeaulx  sur  lesquels  sont  paint  $  la  ficjure  S*  Michel  pour  servir  aulx 
chaperons  desd,  frères  »,  4  liv,  Itid.  Compte  de  10SM634, 

>i  A  M*  Crespin  Gol,  peintre,  pour  avoir  fourny,  peint  et  estofey 
plusieurs  figures,  peintures  et  estofes  au  s:  images,  austel  et  closture  de 
lâ  chapelle  S'  Sébastien,  suivant  Talleu  et  cndorse  faict  sur  icelluy  du 
20-  de  febçrier  1636  - ,  52  lii.  md.  Compte  de  1635-1636, 

Quittance  a  Crespin  God,  de  KM)  s.  pour  une  année  de  rente  au  trésor 
<le  Vaucellei,  à  lui  donnée  en  paiement  de  tableau,   1647*. 


'  I&id.,  pour  ivoîr  ftit  rapporter  le  t  sacrere  ■  de  eheE  le  peinlre,  5  i. 
*  El  traits  de«  compter  de  la  Cbarltê  de  Vtucelfes  ; 

De  15dâ-1599i  ■  Payé  à  Jacques  Hébert,  Ihrésorier  d'icelle  éj^liie,  pour  avûrr 
faiet  apporter  et  quii  ung  image  du  saint  SébaaUeD,  suitaut  l'acquit  ifuj,  Keberl, 

'5'  de  ïDây  1599,  t  écus  15  i.  Plu^  payù  au  peiulrc  qui  a  peint  hd.  ymaj^o 

-  Sébastlea,  3  écas  12  d. 

a  1043- 1&44,  «  A  un  paicitre,  pour  avoir  quia  et  fûuroy  ud  ymaf^ue  de  ««lut 

bel  paint  sur  carte  paur  mettre  à  i'uu  de»  cbaperans  des  friTO^  sériant»,  eu 

de  celluy  qui  f  estoit  rompu  ■ ,  l  i. 


134  PEINTRES   DES   XVl\   XVIV  BT   X¥Iir  SIÈCLES. 


Divers  travaux  de  peiiiiure  à  S*  Sauveur,  1770»  1773,  1774,  elc.  Sa 
note  de  1770,  sur  la  chemise^  porle  i  Au  «  barbouilleur  n .  —  1776. 
À  GoubJn,  pour  avoir  peint  quatre  porte-cierges ,  1  liv.  Caen»  S*  EUenna» 
—  A  Goubin,  pour  peinture  des  staïles  du  chœur  el  de  la  porle  du 
cimeLiÊre,  58  llv,  10  s.  Compte  de  S'  Martin  de  Caen  de  1777  et  1778  K 

GOVÊR, 

A  Goyer^  peintre,  pour  avoir  peint  1*  t  exposition  n,  12  liv,  1783, 
ai  octobre.  Caen,  S"  Paix^,  s 

Grevûst. 

Quittance  de  «  Josph  Grevost  « ,  peintre  à  Ca«n,  rue  de  TOdon,  à  Queu- 
deville,  trésorier  de  Carpiquet,  de  5  liv»  pour  deux  tableaux  à  lui  vendus 
(1762)  \ 

GuÉiunD. 

Qoittance  à  Léger,  syndic  des  confrères  de  la  charité  de  S^  Sauveur  de 
Caen,  de  6  11  v,,  pour  réparation  k  la  bannière  de  la  confrérie,  1788, 

Hallbv  (Loub). 

A  Lo\ih  Halle,  suivant  le  marché  fait  avec  lui  le  1*^  septembre  1706, 
pour  fournir  à  l'église  un  tableau  avec  le  cadre,  les  gradins  et  le  devant 
d^autelp  127  tiv.  10  s.,  suivant  ses  quittances  dea  ^7  juin  et  27  sep- 
tembre, et  ÎG  Janvier  1708. 

A  Louis  Halley,  137  liv.  10  s.  pour  un  t  quesson  n  enrichi  de  sculptures 
et  une  exposition  dessus  avec  deui gradins,  deux  petits  cadres ,  quittances 
des  26  septembre  1108  el  2  octobre  1700.  —    Même  compte,  pour  la 

^  Alâtne  compte  :  A  Caboùrgt  pour  avoir  raccommodé  la  statue  de  saint  Pierre, 
kl 

'  lèid.   A  Gcrmuln,  5  novembre   1782,  6  L.,  pour  a¥oir  lait  la  couranoe  c^-^ 

reipontîon  et  autres  ouvrages. 

^  iàid.  QuHtiiiice  dp  Oouiléede  3  1.  10  a.  ^  pour  ua  tableau  veadu  à  Tégliae  d 
Carpjqut^l  (176^),  —  Quittance  de  Cahagnet,  de  30  a,,  pour  avoir  fait  dea: 
cadrées  pour  serirrr  à  deui  tableaux  de  Téglûe  de  Carpiquet. 


JPEINTHES    DES   XVr,    XViV   ET    XVUr  SlfcC  LES.  135 

dourrilure  du  peintre  qui  éitTenu  placer  dant  régLlie  le  Ubt*rnacle,  30i. 
Cheui. 


HÉienr  (Païquei). 

Novembre  1591.  v  A  Parquet  Hébert^  m*  du  meaUer  de  pamclre  et 
vitrier  ^^  pour  ftvoir  assis  à  la  lanterne  dp  deisu^i  le  choeur  de  Te^liie  lea 
quatre  vitres  neuves  auxquelles  il  y  a  108  pieds  de  verre  au  prix  de  5  i^ 
chaque  pied,  0  écus. 

10  juUIel  Î5i^,  .*\  Pasquet  Hébert,  viirier,  pour  avoir  ^  racoutrey  « 
plusieurs  panneaut  et  mh  en  piomb  aeuf  a\ec  plusieurs  losani^es  aux 
autres  titres,  1  écu  30  s,  Caen.  S*  Nicolas.  Compte  de  1501-1502. 

Jahodel, 

1769.  A  Jahouel,  pour  avoir  doré  l'eiposUion  du  îjrâîid  autel,  avec  les 
panneaux  de  calé,  siriirant  ^n  marché,  212  liv.  Au  même,  pour  avoir 
fourni  la  f^lace  deTeiposition,  42  liv.  10  s.  Caen.  5*  \icolas. 

177i,  2lî  juin.  Marché  entre  Lair,  trésorier  de  la  paroisse  S*  Kicolas  de 
Caen,  et  Jahouel,  maître  doreur  à  Caen,  qui  s'oblige  dorer  le  grand 
■  hoslfïl  *  de  lad.  paroisse,  h  cadre  seulement,  c'est-à-dire  le  gros 
E  cardron  «  dud.  cadre,  en  or^  sjnsî  que  k  rbevelure  et  les  ailes  du 
chérubin,  et  les  deux  morceaux  d'ornement  au-dessus  du  cadrer  les 
moulures  des  deux  cétés  seront  peintes  en  marbre  blanc,  ain^i  que  le 
esdre  du  devant  de  Y  u  hùtel  ^^  l'appui  de  communion  .^era  peint  de  trois 
couches  de  peinture  à  l'huile  en  noir,  pour  empêcher  au  fer  de  rouiller, 
les  boutons  et  grenette  seront  dorés  en  or  du  meilleur  et  du  plus  beau,  le 
tout  sujet  h  visite,  moyennant  107  lit.  Quittance,  Cf.  les  comptes*  — ^ 
Autre  quitlaoce  du  même  de  18  liv,  pour  avoir  peint  de  trois  couches  en 
noir  et  avoir  doré  le  lutrin  de  S^  Nicolas,  et  avoir  aussi  peint  le  pied,  qui 
esl  en  pierre,  en.  couleur  de  marbre^  avoir  fourni  k  peinture,  l'or  et  la 
main  d'ceuvre  (1771,23  juin).  Cf.  les  comptes. 

Quittance  du  même  k  Bidet,  trésorier  en  charfje  de  k  paroisse 
S'  Sau¥eur  de  Caen,  de  9  liv.,  pour  avoir  fait  et  vériûé  le  loisé  de  U 
dorure  de  Tautet  de  kd.  église  (1771,  14  octobre) , 

1788,  Il  février.  Marché  par  lequel  Jabouel,  peintre  doreur,  bourgeois 
de  Caen,  s'oblige  envers  Louve!  La  Maindelle,  pour  l'église  de  Bour^^uébus, 
*~rer  i  la  colle,  c'est-A-dire  &  Tor  bruni,  sti  chandeliers  et  une  croix 

lufel,  dans  le  même  genre,   de  la  ménie  njaniere  et  du  même  or  que 

"le  des  chandeliers  du  grand  autel  de  S'  Pierre  de   (ken,   plus  faire  et 

irnir  six  souches  de  5  ou  6  pieds  de  haut,  etc.,  avec  une  septième  boite 


136  P£I\TnES    DES    XVl%    XVII*  ET   XVIIl'  SIÈCLES, 

ùu  fut  pour  le  cirîer,  pour  lui  servir  de  modelé»  moyennaot  18  Iîï,  par 
pièce,  !»oi(  126  Jlv.,  pour  la  dorure  et  arraug[e[nent  des  chandeliers,  ti 
pour  les  souches  40  sols  du  pied,  prêtes  à  placer.  Diminulion  de  G  Hv, 
par  jour  de  rebrd  au  terme  ^ixè^  â  moins  qu'il  ne  (ombdt  malade,  Plua 
I  liv.  4  s.  pour  le  vin  du  garçon, 
i 

JiriIEL  ET  Lis  JtlllEL. 

Robert  ^  .Tamet,  palutre  »,  1677.  21  liv.  pour  avoir  peint  le  devant 
d'anld  de  la  chapelle  S' Séhaslien  et  aulre*  travalL  Caen-  Vaucclles.  Chanlé. 

Robert  Jaiiiel.  55  liv.  pour  avoir  fait  le  tableau  de  la  bannière  et  avoir 
racommodê,  repeint  et  repassé  le  tableau  de  la  grande  bannière,  ibîà* 
Compte  de  1677-1078. 

A  Aobert  Le  Jumel^  peintre  à  Caen,  30  liv.  pour  avoir  fait  et  fourni  le 
tableau  de  la  bannière  ■.  Quittance  du  16  octobre  1690.  —  A  Pierre 
Le  Jumelf  peiulre,  14  liv.  pour  avoir  peint  le  devant  d'autel  de  S*  Sébas- 
tien *,  quittance  du  27  septembre  1691.  Caen.  S*  Gilles.  Compte  de  !a 
charité»  pour  les  années  1690^1692. 

A  Pierre  Le  Jumel,  peintre,  ÏSS  liv,  pour  avoir  peint  le  plafoud  de 
derrière  Tautelde  l'église.  Caen,  S'  Gilles,  Compte  de  IG94rl696. 

A  Suzanne  Jumel^  %  liv.  ponr  avoir  raccommodé  une  bannière,  doré 
les  pommes  et  un  bâton  de  croix  peints.  Compte  de  la  charité  S^  Gilles  de 
Caen.  1715-1717. 

La  Babbiie  (A,)» 

Aud.  peintre,  100  s.  pour  avoir  peint  lea  crédences  du  chœur,  IG86. 
Falaiiic,  S'  Gervais. 

La  Droiaise. 

Travaux  de  peinture  à  Téglise  de  S^  Désir  de  Lisieux.  Comptes  de  165& 
et  1(>58, 

La  Hay£  (de). 
A  M*  Qahriel  de  La  Haye,  0  liv.  pour  avoir   u  painct  et  eseript  en 

'  A  Fhilippi;  Uu5Qel,  marebEindà  Caea,  ^i  l.  pour  avoir  fait  et  four  ni  la  bao- 
nière  de  du  ma*  rouge  cramai^i,  — *  Autres  palemenù  pour  la  ferrure  et  moatur 
de  h  h^ajère. 

^  A  Le  Fraaçms.  père  et  Bh,  menuisiers,  11  1.  5  *.,  pour  avoir  fait  le  devay 
d'autel  de  la  cbapetle  de  saint  Sébastieu  et  fourni  le  bois. 


PEINTRES    OES    \VV.    XVII*  ET  XVHl*  SliCLES.  131 

letrei  4' or  Ja  chasse  du  grand  aiilel  n.  1617,  Fiilabe.  S*  Gertais. 
Reconaaissaace  taile  en  1671  pour  Toussaint  de  La  Hafe,  peintre, 
bourgeois  de  Falaise,  par  les  trésoriers  de  Guibray;  de  la  fieffé  à  lui  faile 
en  16îl,  d'une  loge  construite  en  appentis  contre  Téglise  et  dans  le 
cimetière,  led.  de  La  Haye  ayant  remontré  que  dès  il  y  a  long  temps  il 
avait  fourni  en  lad.  église  ply sieurs  tableaux,  en  coasé{|uence  de  quoi  il 
avait  joui  de  lad,  loge  aans  contredit,  et  qu'aujourd^bui  il  désire  fieffer 
à  perpétuité  lad.  loge,  et  pour  ce  faire  fournir  en  lad,  è^ViÈc  quelques 
tableaux  à  ce  néces^^aires»  et  outre  payer  annuellement  quelques  sommes 
dedenîcrsau  tré&or  :  assemblée  des  paroi^^siens  portant  que  led.  de  La  Haye 
denit'urera  quitte  de  la  jouissance  qu^il  a  eue  de  lad.  loge,  au  moyen 
qu^il  a  promis  bailler  et  fournir  ù  lad.  église  de  Gutbray  un  tableau  de 
S'*  iVnne  en  huile,  et  pour  l'avenir  elle  lui  sera  fieffée  pour  construire  et 
faire  eonçrir  de  tuile  ainsi  qu  il  avisera  bon,  moyennant  f>0  sols  de  rente 
foncière.  Falaise.  Guibray. 

La  HâVE. 

Aud.  peintre,  pour  travaux  au  grand  autel  de  \otre*Dame  de  Caen, 
Compte  de  1737-173$, 

Lawisieiv, 

a  A  M''  Laniiien,  pour  avoir  fait  une  inscription  en  lettre  d'or  au  côté 
du  maiti%  autel  a,  IB  lîv.  Falaise,  S'  Laurent  de  Vaston.  Compte  de 
1769^1772, 

La  Piëark. 

A  La  Pierre^  peintre ^  suivant  quittance  du  Si}  août,  5  liv«  15  s.  1756. 
Caen.  S*  Nicolas, 

A  Marie  dit  La  Pierre,  peintre,  01  lîv.  pour  avoir  doré  gradins,  taber- 
nacle, suppôt  des  reliques^  cadre  derrière  TauteL  1773.  Caen,  Notre-Dame, 

A  Marje  dit  Lapierre,  croquetier,  son  mémoire  de  peintures  dans  Téc^liâe 
et  au  clocher,  1773*  Caen,  Notre-Dame.  —  IhùL  à  Lupierre,  peintre, 
26  liv.  10  s.  pour  travaux  de  peinture,  1774  ;  autres  travaux  de  peîniurie 
et  dorure  en  1776^  par  Marte  dit  l^a  Pierre,  peintre. 

Laroche, 

Quittance  de  F,Laroclie,  de  5  liv*  pour  deux  tableaux  qu'il  a  ti  racom* 
'^és  ^  dans  deux  cbapelles  de  Téglise  S^  Sauveur  de  Caen,^  17G9. 


ÏH  FEINTEES    DES   XV4',    XVIT  ET    tVilV  SIÈCLES, 


Le  Bataid. 

A  Jean  Le  Balard,  peintre,  pour  avoir  peint  lei  vieux  bancs  ftutoar  du 
chœur  de  Té^li^e  pour  la  décoration  nnifortne,  3Û  litr«  Gaen.  S'  ÉUeaDe. 
Compte  de  1752-1753,  ...  •    *     . 

'      Le  Febvië» 

A  M'  Jacques  Le  Febrre  \  4  éciis  k  déduire  sur  ce  qu*on  lui  doit  pour 
faire  le  tableau  du  banc  de  la  Chanté,  —  Compte  de  La  Charilé  de 
S»  Gilles  de  Caen  »  pour  lannêe  1596-1 597.  ' 

Le  FgVE, 

■  A  M*  NicolL  Fayei  sieur  de  La  Champagne,  paiotre  et  scuUeur  aud. 
Caen,  pour  avoir  paint  la  chasse  du  m*  autel  de  Lad,  égUze  de  .S^  Nicoll^ 
et  doré  romemenl  de  feuilJes  d'ollives  de  lad.  chasse  et  autre  bcsoti^ne 
contenue  en  son  alleu  du  22"  febvrier  1654,  55  livres,  n  Caen.  S*  Nicolas. 
Compte  de  1653-1654. 

iMarchè  avec  la  Charité  de  Vaucelles, 

«An  jourd'huy  vingt  huicl*  jour  de  janvier  mil  six  cent  cinquante 
cinq,  marché  et  alleu  a  esté  ce  jourd'huy  faicl  entre  M*  Nicollas  Le  Feye^ 
M*  peintre  et  bourgeois  de  Caen,  et  honneste  homme  Jean  Gauquelin, 
esche  vin  de  la  charité  de  Te  église  parroissiallc  de  S*  Michel  de  VauceUes 
de  Caen,  par  lequel  led.  Le  Fe^'e  s^eft  submis  et  obligé  faire  une  haniàre 
au  tableau  de  laquelle  il  y  peindra  d^m  coslé  riraage  de  la  S'*  Trinité  en 
trois  figures  et  de  l'autre  ces  le  d*icel1e  Timage  et  représentation  de 
S^  Michel,  en  forme  d'ange  habillé  par  le  des&us  d'un  corselet  qui  sera 
faict  pareil  et  semblable  A  un  tahleau  de  S*  Michel  qui  est  de  présent  au 
couvent  des  religieuises  de  la  Visitalion  de  cesle  dille  ville,  et  lequel  a  esté 
veu  pnr  Monsieur  le  curé  de  lad.  esgitze,  comme  ansf^y  la  planche  sur 
laquelle  sera  faicl  le  lableati  de  la  Saîncte  Triniîé.  Par  ce  que  led.  Le 
Faye  fournira  le  couelil  neuf  de  chanvre  sur  lequel  seront  peint'par  l(iy 
lesd.  tableaux,  comme  aussy  le  bois  et  ferreures  nécessaires^  lequel  hois 
et  pommes  au  nombre  de  trois  seront  dorées,  et  mesmes  le  baston  sei^^ 

*Gf.  compte  de  1597-1598,  A  M*  Jacques  Le  Febvre,  menul«[er^  qui  a  Ikit  L 
Ubleau  du  banc  de  h  Gharilé,  4  ccufl  îj^  restant  du  paiement. 

^  Ibid,  1599*1600.  A  Hector^  pour  refidre  h  Ubleau  et  méniG  peor  avûlr  c 
#uir  et  de  clou,  V*  5.  6  d.  ,  « 


4 


PEI!UTKiLS    t>E5  XVr,   XXIV  ET    XlllT  SIECLES.  Uff 

^ant  à  porter  Ud,  banière  ju«qii«â  à  Teilreamilté  du  bord  de  Ift  frange  de 
tad,  baniàre.  Et  en  tant  que  Je  dàma:^,  frange^  bouppes  et  soye  néces-^ 
sairei  el  montures  dud,  tableau,  ilï  leront  faktes  faire  el  fournies  par 
led^  e»cbevJn.  El  sur  te^  deux  co$iet  et  fanonis  dud.  damas  iera  fatct  deii 
trophées  d'or  de  S^  Mlcbel  juiques  au  nombre  de  traiie  de  chacun  costé 
d*1celle  nn\  frais  et  despeirs  dud.  Le  Feye.  Bt  sera  le  tableau  d'irelle 
banière  dr  la  mesme  grandeur  que  celuy  qai  a  e»\è  depuia  peu  Taict  par 
led.  Le  Feye  pour  la  chnppcUe  du  S'  Sacrement  en  TesgUse  de  S^  Jean. 
Le  préienl  alleu  et  marché  faiet  en  la  présence  et  du  consentement  de 
noble  et  diacrelte  personne  M'  Jean-Jacque«t  Le  Bourber,  p*",  curé 
d'icelle  esgUiie,  honnesle  homme  \oel  x-^uber»  s''  de  Mendre,  \f"  X^icollai 
Danois  et  François  Guillot,  thrésorîers  de  lad,  esgliie,  par  le  prit  et 
somme  de  quatre  vingt z  dix  livres,  qui  luf  seront  pale;  par  led.  steur 
GauqueliD,  cscbevin,  sçavoir  est  une  moictyé  présentement  comptant  et 
1* antre  motctyé  lors  que  hd,  banière  seru  faicle,  qu  jl  a  promis  rendre 
preste  dans  le  jour  de  Pasques  prochaines.  Faict  Tan  et  jour  de^snsd.  i 
Parmi  les  signatures  ;  Al*  Le  Feye.  Annexée,  quittance  dud.  Nicolas  Le 
Feye,  à  Uechevin,  de  10  \h,  t.  pour  reste  de  ÎKJ  liv.  à  Ini  promis  pour 
led.  tableau.  7  septembre  1655.  Cf.  Comptes  de  ta  charité  de  [(j54"If>55  i 
H  A  M*  Nicollas  Le  Fayes,  m*  paintre  en  cesie  ville  de  Caen  n,  90  liv. 
pour  avoir  fait  un  tableau  h  la  bannière  que  Ton  prétend  faire^  suivant 
Talleu  et  certificat  des  paroissiens  du  31  janvier  1G55.  ^  Au  sieur  Faye^ 
peintre t  pour  avoir  doré  ta  lampe  de  lad.  église  n,  6  liv^  1657.  Caên. 
Vaucelles. 

Ëitrait  des  registres  de  la  charité  de  S'  Sauveur  de  Caen,  par  Jacques 
Le  Canu.  u  Jacques  Le  Canu,  pour  la  ^t"  fois  esche  vin,  en  165$  a  fait 
paîndre  dens  le  fronton  ou  amortlssemeni  du  banc  ^  le  mârtir  de  S^  Séhas- 
lien  par  le  *'  de  I^a  Champaigne  Feye,  et  a  cousté  12  liv.  et  pour 
replacer  icelluj  il  y  a  eu  procès  contre  les  trésoriers  quy  le  voullourent 
empèse  her,  et  particullié  rement  M'  Cbarleâ  Le  Lu  bois,  un  d'iceui,  dont  il 
y  eut  sentence  en  bailliage  pour  le  replacer.  En  i050  a  fait  nrgenter  les 
trois  6gures  quy  sont  sur  le  pied  de  la  croix  et  furent  portée  h  Tari^  pour 
cet  efet,  et  a  coosté  6  liv.  A  fait  faire  deux  petits  tableaux  pour  mettre 
AUX  sieurgeSf  un  représentant  la  Nativité  de  Nostre  Seigneur  et  Tantre  du 
S*  Sacrement,  etcoastent  3  liv*  10  s...  Pour  avoir  fait  faire  T  amortissement 
du  haut  du  banc  quy  est  un  tableau  en  fasaon  du  Mont  de  Tabort,  12  Ijtr.*  i^ . 

ï  De  U  Charité.  Cf.  Saînt-ïgny,  sculpteur,  Luautrp  texte  dit  i  dens  Ip  oIuirjiw 
ui  ou  Amo  ri  LUC  ment  du  bsoc  t . 

«  Cf.  r  i  Etat  géBL^ral  de  In  vtïleur  du  papier  de  lu  charit*y  de  S'  Sauveur  s , 
iprcs  les  «aciem  complei,  depuîi  156ë.  En  1607.  >  A  été  l«  table&u  qui  eit 


UO  PEINTRES   DES    \Vl\    XVIT  ET   XVIIT  dIÈ  CLES- 

u  A  Monsieur  de  La  Champngne  Fap,  painlre^  pour  le  tableau  de  Ift 
banitre  «,  90  liv,  ïbid,  Damas  el  frange,  elc,  pour  la  Jbaitnïère.  Caeii, 
S'  Nicolas.  Comple  de  1661-l66i. 

ti  .\  Mens'  de  La  Champaigne  Faiv  »,  pour  la  dorure  et  peinture  de 
neuf  tableaux  des  indulgences,  6  \h\  Caen,  Notre-Dame.  Compte  da 
1"  mars  16G9-1670. 

Quittances  de  Nicolas  Le  Feye,  peintre  de  Caen  (signées  N.  Le  Feyë), 
au  curé  d'Herman ville  :  de  20  liv.  pour  avoir  peint  et  doré  les  montres 
de  rborloge  de  Téglise  {îiO  mai  1697)  ;  de  25  liv,  pour  un  tableau  repré- 
sentant S*  ^iîcclas,  placé  à  une  des  chapelles  de  régUse  (30  mars  1700). 

r 

Le.  Fsftsçoïs. 

A  Le  François,  peintre,  pour  le  grand  autel  ^  70  \\v.  Pour  rautel 
S'  Paul^  la  balustrade  et  avoir  blanchi  Téglise,  54  liv.  Pour  Taulel 
S'  Lnbîn  et  le  vernis  de  la  chaire,  pour  le  chœur  et  les  bancs,  néant, 
Courtonnel.  Compte  de  1758. 

Le  Grand.  ^ 

A  Le  Grand  (Nicolas),  peintre,  5  liv.  pour  avoir  raccommodé  le  tabtean 
de  S*  Joseph.  Vî liera- sur-Mer.  Charilé.  Compte  de  1712-1713. 

A  Le  Grande  pour  avoir  dégraissé  et  h  vernisé  »  les  3  tableaux  du 
chœur,  SA  liv.  Audits  pour  avoir  peint  et  marbré  la  conlretable»  45  liv. 
Honfleur.  S*"  Catherine.  Comple  de  1749,  —  fbid.  corn  pie  de  1750.  A  Le 
Grand,  peintre,  pour  avoir  nettoyé  le  tableau  de  T Annonciation,  8  liv. 

Quittance  par  Le  Grand,  doreur  à  Caen,  de  45  liv,,  pour  travaux  k  la  ~ 
croix  d^autelf  chandeliers,  etc,  i7tilf.  Caen,  Notre-Dame. 

Le  Gba». 

A  Le  Gras,  pour  avoir  peint  le  coq  qui  est  sur  la  tour,  20  «.  169G. 
Caen.  S^  Nicolas. 

Le  Hi^EitcY, 

*  A  ung  paiuctre   el  à  un  g  meneurier  pour  avoir  visUey  le  sacralre^ 

ealumiaei  fcîtauï  fraî«  de  lad,  cliariti^y,  t  165S.  ■  Le  mirtir  S'  Sebastien  a  esté 
paint  den^  \e  frontou  du  dc^u»  du  bauc.  s  1659.  i  Fait  faire  deui  petis  lablcaui 
pour  tnettre  &UX  sieurgea  1 ,  etc.  —  Cf.  ibid.  Dons  de  petits  tableauï  pour  alU- 
cher  aui  dermes,  16ïâ^  , 


PEiMaES  DES  xvr.  xvtr  it  xi  iir  siècles  ui 

Vf,  t,  R    ■  A  \fassiot  Lé  Hérichf  pour  ung  portrsit  qu'il  avott  pour  led. 
lacraire,  V  s.  L  »  Gaen,  S'  Mcolas,  compte'  de  ISîM, 

Ail  côoiple  commençint  le  i  ocliïbre  I5')5  :  <i  Masstot  Le  Hérichje, 
pour  avoir  faict  deutx  feneslre»  el  pour  le  clou  à  pendre  ïesd.  fenestres, 
IX  i.  Il  d«  n  —  Au  compte  de  deu:i  an^  commençant  le  a  octobre  I5M  : 
à  Massiot  Le  Héricy  pour  siroir  fait  quatre  r  lieotrins  t.,  \]ld.  Au  mêrne 
pour  2  bâtons  de  torche  pour  la  ïèiç  de  \'oel|  â  s. 

Le  Lys. 

A  Robert  Le  Ljf,  peintre,  40  liv,,  pour  avoir  peint  la  chapelle  des 
ûttfs  et  rafraîchi  et  doré  Timage  Notre-Dame.  Caen,  Vaucellei.  Compte 
de  16;i7-1638. 

Le  MAtTtB. 

12  révrier  1*595 .  A  Jacques  Le  Poissonnier,  pour  la  façon  du  boii  du 
tableau  alloué  à  faire  à  M*  Louys  Le  Maître,  ^>  s. 

Pour  ^  grands  ab  achetés  de  bois  sec  pour  faire  led.  tableau,  45  s. 

Paie  à  un  homme  qui  Ta  porté  chez  led.  Le  M\  jiaintre,  XVIU  denieri^. 

Pour   une  douve  à  faire  une  barre  aiid.  tableau.  Il  s.  VI  d* 

Le  samedi  de  PAques,  â  un  homme  qui  a  apporté  led.  tableau  de  chez 
le  peintre  à  Pêglise,  ^  i. 

Led.  jour,  aud.  Le  M%  paintre,  pour  avoir  faitled.  tableau,  suivant 
Talleu  qui  lui  en  aurait  été  fait,  15  éeus  soL 

Pour  6  vis  qui  retiennent  led,  tableau  et  :à  autres  qui  portent  une  vercje 
de  fer  pour  pendre  un  rideau  et  pour  lad.  ver^e  de  terf  55  i.  Caen, 
S'Xicoki,  Compte  de  1594-1595. 

*  Le  sieur  Jacque  Lemaltre,  peintre,  demeurant  à  Bayeux,  parroi^se 
S'  Malo,  s'oblige  de  peindre,  marbrer  et  dorer  le  grand  autet  de  PéjjUse 
de  Hubercy,  de  la  manier re  qui  suit  :  de  marbrer  tous  lea  paneaux, 
colounes^  eornieheâ,  frise,  orcbil raves,  vajies,  pît-ds  deataui,  socles,  f^ra- 

^  ihid.  Pour  avoir  apporte  led.  ftacrair^.  bàilk^  à  ua  porteur.  15  d.  A  un  »errij^ 

rieur  pour  â  couplets  el  3  flerrures  à  mettre  and,  sacTAire,  >^  %.  ti  d«  A  â  maroo& 

pour  ariiir  fait  U  place  à  mettre  led.  »acruire,  74  ».   «  Aui  meoeuriere  pour  avoir 

ftict  led.  »acraîre,  xlv'^  t.  i    >  En  dpi^pi'nsr  quiind  ou  eut  èaû%  led.  sacmirc,  atjk 

mcDeuriers.  mâchons,  vitriers  et  ymagiciier^,  x^xv  t.  t   t  Pour  le  verre,  et  pour 

>atDct  \ên  ymàfjes  dud.  ^acraire,  xri"  x  s,  t.  -^ 

Martin  Vlaceut,  pour  avoir  remuey  leii  yma;{ej  du   maîilre  autel,    n\    s, 

"         _    ■  A  Pierres  Le  Révérend  et  k  sou  varlel  pour  avoit  rcfaicl  le  porteiuaiû 

(        ---'re  autcL  pour  leurs  journées,  »  s.  L  i 


I 


n 


142  PEINTRES   DES    XI  1%   XVIP  ET   XVIIT  3IÈC  LE  S. 


dins,  cadres,  chambranles,  plelntes,  le  tout  de  di (Té renU  marbres  assortis 
au  goût  dudit  sieur  Le  Maître,  lequel  marbre  sera  verni:;,  et  de  peindre 
en  blanc  toiis  les  montant  ou  bâtis  dudit  autel,  de  dorer  une   moulure 
autour  du  devant  d'autel,  celle  qui  règne  tout  autour,  la  moulure  des 
paneaux  qui  sont  aux  deux  bouts  du  devant  d*autcl,  les  baguettes  ou 
simaises  des  pieds  destaux,  les  moulures  des  six  paneaux  dosdîts  piedi 
destaux,  les  troix  moulures  des  gradins,  les  moulures  des  iroix  paneaux 
au-dessus  desdits  gradins,  ainsy  que  la  baguette  qui  règae  au-dessus  àe^- 
dits  paneaux,   les  bases  des  colonnes,  les  chapiteaux,  1a   ba^^uette  da 
cadre,  les  deux  grandes  moulures  de  Farchitrave,  les  moulures  des  cinq 
paneaux  qui  sonts  sous  la  corniche,  les  denticulles,  les  modillons  et  la 
moulure  qui  les  enchaîne,  la  baguette  qui  règne  sous  les  modillon^,  une 
baguette  aux  pieds  destaux  des  vases,  les  baguettes  des   v^ases  et  les 
pommes  de  pin  qui  sont  dessus,  la  croix  du  haut  de  Taulel,  les  moulurei 
des  troix  paneaux  des  portes,  les  moulures  qui  fonts  le  tour  des  quatre 
paneaux  qui  sontsur  les  deux  portes,  et  enfin  la  moulure  au-dessus  desdits 
paneaux,  de  peindre  deux  saints  dans  les  deux  grand  paneaux  qui  sonb 
sur  lesportes,  de  peindre  en  beaujeaune  les  moulures  des  paneaux  qui  sont! 
derrière  les  colonnes,  de  décrasser  la  dorure  du  tabernacle  et  le  repeindre 
et  marbrer,  de  peindre  en  gris  le  pignon  ou  mur  au-dessus  dudit  autel^ 
de  repeindre  les  deux  statues  de  la  Vierge  et  S*  Laurent  et  dorer  le  bord 
de  la  robe  de  dessus  de  la  S*'  Vierge,  ainsy  que  le  bord  du  chasuble  de 
S»  Laurent  partout  où  il  est  doré,  c*estp-à-dire  le  devant,  et  dorer  les  cro* 
chets  du  livre  de  S*  Laurent  et  repeindre  le  Christ  encûuleurdechairet 
en  décrasser  la  draperie,  parce  que  Monsieur  le  curé  de  ladite  parroisse, 
et  Monsieur  des  Lagues,  écuyer,  ont  promis  comme  députés  du  général 
de  la  parroisse  de  payer  audit  sieur  Le  Mailre  la  somme  de  quatre  cents 
cinquante  livres  et  six  livres  de  vin  à  la  fin  dudit  outrage,  et  que  Monsieur 
le  curé  dudit  lieu  a  bien  voulu  se  charger  de  la  nouiiture  et  loj^euietU 
dudit  sieur  Le  Maître  et  de  ses  ouvriers.  Le  présent  fait  et  signe  double 
après  lecture,  ce  deux  may  mil  sept  cents  quatre  vingt  cinq.  i>    Signé  àm 
Le  Maître  et  de  Des  Marais,  curé  de  Rubercy.   u  De  plus,  convenu  avec 
Monsieur  des  Lagues  et  Monsieur  Cohué  de  trente  deux  hvires  pour  dorer 
deux  moulures  à  la  corniche  verte  qui  est  sous  les  colonnes  et  une  mon-* 
lure  autour  du  tableau  et  netoyer  et  vernir  ledit  tableau. 

J'ai  reçu  de  maître  Phillipe  Tostain,  trésorier  en  charge  de  la  parroisse 
de  Rubercy,  la  somme  de  quatre- vingt  huit  livres,  aiec  celte  de  quatre 
cents  livres  que  le  sieur  Ravenelle  m*a  payée,  cela  aquitte  entierremenl 
le  présent  marché.  A  Rubercy,  ce  12  février  1787. 

Signé  :  Le  Maître,  pintre,  » 


F 


PElBfTRES   DES    %Vl\    %XIV  ET    XVllV  SttCLBS.  14S 


Le    PALLUiËtl. 

QuitLaaces  au  trésorier  de  S^  Exupèrô  de  Bayf  ux  :  de  22  Vw.  pour 
peuttarect  dorure  de  rappiii  decommuiiion,  ele.  (LT82);  de  iU  lh\  pour 
avoir  doré  le  support  du  Christ  de  lad.  église  (1781). 

«t  Aujourd'hui  trente  jultlet  mil  sept  cent  quatre  vingt  huit,  mitrché  et 
attar bernent  a  été  fait  par  Messieurs  les  députés  soussignés  de  la  paroisse 
S<  Jean  de  Ba^eux^  pour  la  réparation  et  décoration  de  Tliôtel  de  la  dite 
paroisse,  suivant  h  délil>ération  passée  le  dimanche  vingt  trois  juillet  mil 
sept  c^nt  quatre  vingt  six,  à  M'  ï^e  Pniilmier,  peintre  dor**ur,  demeurant 
en  cette  ville,  paroisse  S'  André,  lequel  s'est  chargé  de  ladite  réparation 
et  décoration,  suivant  le  devh  qui  suit,  savoir  :  de  peindre  le  fond  de  la 
rontretable  du  maître  hôtel  en  blanc  à  quatre  couche,  peindre  le  Père 
éternel,  et  les  deux  anges  qui  Taccompagnc,  de  couleuî^  naturelle,  dorer 
la  draprie  du  Père  éternel ,  ainsy  que  la  croix  et  la  draprie  des  anges 
et  rornemenl  du  médaillon  qui  est  autour,  dorer  les  Haines  âa  deux 
i^ases  qui  sont  sur  la  corujche  et  les  drapries  qui  sont  autour,  dorer 
les  moulures  de  la  corniclift  et  touii  les  modlllon^,  dorer  les  ornemens 
qui  sont  â  Tarchitraves,  dorer  rornement  du  cadre  du  tableau,  dorer 
ïes  chapiteaux,  dorer  la  vigne  qui  est  autour  de^  colounes,  dorer  les 
enn basses  des  colonnes,  dorer  les  consultes  qni  sont  des  d^^ux  côtés 
des  colonnes,  dorer  les  mouhire^^  des  piedf  d'e^lnuv  et  lambris,  mar* 
brer  te  lambris  et  les  pieds  d%v^taux  jusqu'à  la  hauteur  de-î  colonnes 
en  blanc»  dorer  la  draprie  qui  est  autour  des  pieds  d'estauï,  dorer 
r ornement  des  cuLs  de  lampes  et  paniers  de  fleur  qui  sont  au-dessus, 
ajnsy  que  toutes  les  moulures  des  panneaux  et  ba^uetes  des  corniches 
et  des  pieds  d'estaux,  redorer  le  tabernarlc,  Tt'xpositîon  et  les  f^  ra- 
dins quant  â  rornement  pour  ces  dernieri,  et  le  reste  devant  être  en 
marbre  blane,  dorer  la  moulure  qui  est  au  cadre  du  devant  d'hôtel, 
juarbrer  le  surplus,  netoyer  fe  tableau ,  le  racomoder  et  reloucber  par 
tout  où  besoin  sera;  peindre  le  gable  en  bleu  céleste  avec  des  étoiles, 
peindre  les  deux  Ogures  en  couleur  naturelle,  dorer  l'ornement  de 
S'  Siphorien,  et  la  croix  de  S^  Jean,  auquel  on  ajoutera  un  A^mis  Dei^  le 
mouton  sera  argenté;  pRindre  un  baldaquin  à  la  voirte  au-dessus  du  Père 
éternel ,  avec  un  rideau  des  deux  cotés  en  blanc  et  rouge,  avec  des;  her- 
mines dans  le  fond;  rè]>arer  tout  ce  qui  concerne  la  menuiserie  et  hi 
pture  dudil  hôtel,  y  compris  deux  tabletes  à  meire  en  neuf  sur  le  cul 
ampe,  qui  seront  propres  et  marbrées  avec  un  cordon  qui  sera  doré, 
'  aussy  obligé  ledit  sieur  Lepaulmier  mètre  un  très  beau  vernis  sur 


r 


m^a^ 


144  PEINTRES   DES   XVl'.   XVII     ET   XVTir  SIÈCLES. 

lesdîU  ouvrages.  Ledit  aleu  et  atUchement  cy-dessus  fait  par  le  prix  et 
somme  de  quatre  eent  livres,  dont  un  tïer  sera  pafè  en  commeaçânt 
Touvrage,  le  second  à  la  moitié,  et  le  troblëme  et  dernier  après  le  parf^iit 
jugé,  parce  que  mondit  sieur  Le  Paaimier  s'oblige  commencer  rouïrra|e 
iur  le  champ,  el  le  coatinuer  sans  interruption.  Paît  et  arrêté  double  ce 
dit  jour  et  an. 

Signé:  Lcuarcuanu.  Hébert  Dorial. 
Lepaulmier,  » 

QnitUncei  de  t«p«ulmi«r  (ITSS^llSî)}. 

'i  Au  Paulmîer  » ,  peintre,  5  llirrea  pottr  visite  de  la  eontretable. 
Compte  de  Jean  Gouet,  trésorier  de  Villîerfi-le-Séc,  pour  1791- 

Le  Rduain, 

A  Denis  Le  ttomaîn,  peintre,  14  livres  pour  avoir  peint  le  tabernacle 
et  les  gradins  de  Téglise,  suivant  son  acquit  du  24  décembre  1673,  Compte 
de  Téglise  de  S*  Sulpice  près  Bayeux  pour  1674-1676. 

■ 

LÉLir. 

*  Je  soussigné  m'oblige  par  le  présent  à  faire  et  h  livrer  dans  le  mois 
d'avril  mil  sept  soixante  dlï  à  la  fabrique  de  la  paroisse  S*  Sauveur  de 
Caen,  Basse-Xormandie,  un  tableau  original  de  ma  composition  repré- 
sentant le  mistèra  de  la  Transfiguration  de  Jésus-Christ  sur  le  Tabor,  et 
ce  dans  les  former  prescrites  pour  la  hauteur  et  pour  la  largeur  par  le 
plan,  sur  une  toile  de  choix  et  sans  aucun  de f faut  qui  puisse  préjudicier 
soit  à  la  duré  soit  À  la  bauLé  général  du  tablan^  pour  la  «lomine  de  sept 
cent  livres,  prist  convenu  et  arrêté  avec  moy  par  le  sieur  Briouse,  chargé 
de  cette  affaire  parles  margnilliers  de  la  ditte  paroisse^  qui  s'obligent  de 
me  le  payer  content  sur  le  vu  de  Taprobalion  des  principaux  membres  de 
rAccadémie  Roya!  de  peinture  et  de  ÊCupture,  h  qui  je  le  soumeltray  pour 
preuve  du  talent  que  j'ay  acquis  k  Rome  dans  Part  que  je  professe.  Fait 
â  Paris  ce  â7  may  1769. 

Signé:  Pierre  Léll.  r 

■   J'ay    reçu  de  monsieur  Bidet,  trésorier  en  charge  de  la  paroisse 
S*  Sauveur  de  Caon,  la  somme  de  sept  cent  livres  pour  le  prix  convenu 
du  tablau  du  maître  autel  que  j'ay  fait  et  mis   en  place  ce  jour   d'I 
pour  laditte  paroisse.  A  Caen  ce  31  octobre  mil  sept  cent  soixante  et  ^ 

Signé  :  P,  lAuî,  « 


^ 


TEIIVTRES   DES   XVI\   XVlV  ET   XVUt'  SlI^CLES  US 


Lkwalxt. 

1705,  16  avrilf  paiemi^nt  par  le  curé  de  La  Lande-Vaumotit  û  «  Mon- 
sieur Lesnaut,  peintre  ■,  de  60  sois  pour  avoir  raccomodé  et  repeint  le 
tableau  du  grand  autel  de  l'église,  ^ûjnaiure  :  Lenault.  Xfémoire  des 
iffoires  de  l  église  de  La  Lande- Vaumont,  1704-1705, 

Quittante  par  <*  CHstoîIcs  ï^sselinne  i»,  bour^eoîi  de  Caen,  à  fiiffard, 
ÉcbvlQ  de  la  cbarité  fondée  on  fégltâe  S*  Sauireur  de  Caen,  dû  V-i  sou» 
pour  deux  petite  tableaux  pour  le  service  de  la  charité  (I66H). 

1  A  Essellnne^  paintre,  pour  avoir  argenté  lei  troi&  images  de  iaCrotes 
êLrepaîns  lesdeu^  grands  cbandeliern  de  bois  et  y  avoir  mis  six  pommes 
soubs  les  pies  »,  39  s,  0  d.  Compte  de  la  chanté  de  S^  Sauveur  de  Caen. 
1691-1693, 

Le  Totzsf . 

Âud.  peintre,  pour  avoir  raccomodé  les  trois  tableaux  et  avoir  p<int  le 
iisut  de  Vaute)  en  bleu,  52  lîv.  —  Compte  de  Guillaume  Vimard,  trésorier 
d£  S'  âubia  d'Ar^nenaf,  pour  un  an  dfî  la  S*  Michel  1766  à  la  mémiï 
dite  1767. 

Le  Vaitloh  et  Le  Hou  ou  nE  Hoir. 

A  LoQÎs  Le  Vaulori  peintre»  30  Uv.  pour  avoir  peint  ta  grand  autel  et 
fourni  les  couleurs  ^ 

Aud,  {ik)  Le  Hou,  peintre,  20  liv,  pour  avoir  peint  la  chapelle 
S' François  et  fourni  de  drogue  nécessaire.  Condé-sur-Noireau.  S'  Sauveur. 
Compte  examiné  le  Ix"  août  1712. 

Ibid.  Compte  de  1686-1687.  Au  s'  de  Hou,  peintre,  12  liv.  pour  dw 
peiatures  faitet  à  S'  Sauveur, 

LonoT,  tiOt?ixoT,  LoisSiiD. 
Quittances  par  LouUot  (signature)  :  an  curé  de  Gueron^  pour  un  devant 

P  *  'M,  A  Pierre  Picard ,  cabaretîer.  70  a.  pour  iv^oir  fourni  de  ddre  au  peintre 

^eiot  réglîse. 

4t)  Ragntiuh,  50  s.  pour  avoir  fourni  de  pala  cl  viande  et  au  piMntrtr, 
■«^  CbauviUi  IS  B.  pour  avoir  servi  te  sculpteur. 


146  PEINTRES    DES    XVl%   XVIl*   ET   XVIII'   SIÈCLES 

d'autel  qu*il  lui  a  peint  pour  la  paroisse  (Bayeux,  18  juillet  1743)  ■,  au 
trésorier  de  Fresné-sur-la-Mer  (S*  Gdme  de  Fresné],  de  34  Wv,^  «  pour 
avoir  peint  une  baniëreet  vasse  et  bâton  »  pour  lad.  paroisse  (SB  mat  17^). 

Paiemeiits  àLoisôt  (en  correction  de  Loison),  peintre,  en  1752  et  1753. 
Comptes  dti  S^Georges-d'Aunay. 

Quittances  par  Loizot  (signature),  au  curé  de  Port-en-Beasin,  de  9  liv* 
12  s.,  pour  avoir  peint  un  bâton  de  croix  et  avoir  raccomodé  le  tableau 
du  grand  autel  et  celai  de  Fautel  de  la  Vierge  (1759).  Le  compte  de  U 
même  année  porle  :  Loison. 

1770,  6  mai.  Alleu  par  Nicolas  Peullier,  trésorier  de  S'  George*  d'Au- 
nay^  à  Loiseau,  peintre,  demeurant  à  Bayeux,  stipulé  par  Jean  Fossey, 
un  de  ses  ouvriers,  «  de  peindre  et  dorer  le  tabernacle  et  gradins  dud. 
lieu  de  S'  Georges,  de  décrasser  la  contretable  et  peindre  en  marbre  les 
em basses  des  pilliers  d'icelle,  donner  une  couleur  en  bleu,  au-dessous  do 
tableau  de  la  contretable,  tant  à  ce  qui  est  vieux  que  neuf,  donner  une 
couche  à  tous  les  fonds  bleu  de  lad.  contretable.  Et  pour  ce  qut  regarde 
le  tabernacle,  toute  la  sculture  et  moulure  sera  dorée  d'or  mdlte  et  tous 
les  fonds  seront  en  peinture  la  plus  propre  ;  lequel  ouvrage  sera  fait 
sujet  à  vlsitle  pour  la  feste  de  Dieu  prochaine.  Parce  que  led.  Peullier  en 
$ad.  qualité  s*oblige  de  nourrir  led.  s'  Fossey  pendant  ted.  ouvrage,  et 
luy  payer  en  outre  la  somme  de  cent  vingt  trois  livres,  tant  pour  Tou^ 
vrage  que  [>our  les  drogues  convenables,  et  ce  après  la  perfection  du 
susd,  ouvrage.  Fait  et  ar resté  double  ced.  jour  et  an.  Bien  entendu  que 
la  doreure  sera  appliquée  au  mordant.  Et  sera  envoyé  un  cheval  aud.  sîeur 
Fnsgey  potir  venir  de  Bayeux  faire  le  susd.  ouvrage,  le  saniedy  d'après 
rAscenSLon  prochaine.  {Signé  :)  J.  Fossey.  n  Quittance  par  Jean  Fo^^e^^ 
le  18  août  1770. 

Malherbe. 

A  Malherbe,  peintre,  pour  avoir  peint  et  doré  la  bannière,  100  liv^^ 
H  HDÛt  17S0.  Comptes  de  la  charité  de  S*  Nicolas  de  Caen.  làid.  A  Boi- 
sard«  lapisiâier,  pour  fournitures  et  faconde  Ja  bannière,  195  liv. 

Paiement  de  travaux  pour  la  bannière,  301  liv.  à  une  ehasubliëre,  à 
un  serrurier,  à  un  bourrelier  et  à  Malherbe,  peintre,  1790,  Caen. 
S*  Marlin.  Comptes  de  la  charité. 

Maltot. 

A  \îaltot,  doreur,  39  liv.  pour  avoir  blanchi,  raccommodé  et  «  luatr 
le  christ*  chandeliers  et  lampe.  1773.  Gaen.  Notre-Dame, 


PElSiTRËi    DËI   XVl\  XVIE"  Et   XVtir  SlÊCLBi.  t4T 


UiliSfET  DU  Mâ&TET, 

177 L  A  Marnetf  peinlrCf.  sans  désif^nalion^  ^1  liv.  10  i.  Autres  pste-'- 
menis  à  Marlel,  |K>tir  avoir  peint  dans  la  triimne,  4  liv,  10  i.;  à  \f.  Os- 
mocil,  pour  noir,  céruse  et  citerge,  61  liv,  19  *.  HotiQeur.  S*»  Catherine. 

A  Gilles  AEartln,  peintre,  pour  avoir  peint  U  crédencf  faite  par  Le 
Roux.  menuÎBÎer,  lad,  annâe,  1689.  Caen,  S^  NicoUs* 

MAnQLY, 

Quittance  de  u  François  Marquj^.  italien,  fleuriste  de  pldtre  «,  de  40  i. 
it  pour  avoir  pain  deux  christ  couleur  de  chair  et  le$  avoir  doré  »,  1776. 
Cms.  Notre-Dame.  Le  compte  écrit  :  >i  >faquery.  » 

A  Mougaudin,  doreur  à  B&jfeux,  pour  le  ^  fornisEement  h  et  dorure 
ties  deux  contretables  pour  orner  les  deux  autels  de  la  nef,  |]8  ]lv. 
Compte  de  Jean  Léger,  curé  de  S*  Vigor- le -Grand,  ci'Klevant  curé  de 
S*  Sulpict,  de  la  gestion  qu'il  a  eue  du  trésor  dud.  lieu  en  lô9^1696. 

MotJSSAAD, 

Quittance  au  curé  de  Gueron  de  15  s.  pour  avoir  doré  un  petit  amor* 
tissemeot  pour  le  tabernacle.  1709« 

NOLHY. 

A  Jacques  Xoury,  peintre,  pour  une  bannière  représentant  d'un  cMé 
!a  S"  Trinité,  de  Tautre  S*  Michel,  lôO  liv.  Caen,  Vaucelles,  Compte  de 
1770-1771. 

OïkFiOY  (Jean) . 

Requête  dei  curé,  prêtres  et  paroissiens  de  Gueron  au  vicomte  de 
eux,  remontrant  que  Jean  Onfroy,  doreur  en  cette  ville,  s't^sl  obligé 
le  commencement  de  juin  précédent  dorpr  et  placer  pour  la  fin  de 

llet  le  grand  cadre,  les  gradins  et  i  que,^5on  n  avec  Tes  position  d'une 


us  PEINTRES   DES    XVl".    XVIT  ET   XVllP  SIÈCLES. 

eontretabic  de  leur  église,  suivant  le  marché  par  eux  fait  le  lOdud.  mois, 
lequel  il  refuse  d'eié-cuLer;  demande  de  permission  d^as  signa  lion  (26sep« 
tembre  1107);  aij]  ni  fi  cation  aud,  Onfroy;  obligation  de  satisfaire  (30  sep- 
tembre); {quittance  ditd.  Onfroy  de  48  liv^  pour  led.  travail  de  dorure 
{25  octobre  1707).  Quittance  du  même  au  curé  de  Gueron  de  65  sols, 
pour  avoir  doré  et  fourni  (>  vases,  une  «  archîvote  » ,  une  croix,  et  duré 
à  plusieurs  endroits  au  tabernacle  de  lad.  église  (25  mars  1712). 

Pabev   (]^îchel). 

A  ^^che]  Parey,  peintre,  6  liv,  pour  avotr  la  table  et  V  "  encastîleure  »  , 
du  grand  au  tel,  suivant  son  acquit  du  2*î  mars  16IÎ8»  Compte  de  S^  Ger- 
main de  Lisieux,  pour  1637.  Ibid.  *  A  M'  Nicollas  de  La  Court,  éloffeur 
d'or  fl,  \QZ  livres  pour  ta  dorure  du  tableau  S*  Germain  {1(Î37).  —  Au 
même  100  livres  ù  déduire  sur  Taccord  avec  lui  fait  au  compte  de  1638, 
Paiement  du  re^Le  des  600  liv.  promises  aud,  de  La  Cour,  estoffeur,  pour 
faire  V  m  encaslilleure  v  du  ^raud  ^t  hostel  n,  suivant  Tordonnance  des 
curé  et  députés  du  22  juin  1638.  —  A  Michel  Pare|%  peintre,  4  liv.  10  s. 
pour  six  armoiries  du  Roi,  qu'il  aurait  faites  pour  être  mises  en  Téglise 
pendant  le  service  célébré  pour  le  Roi,  suivant  Tordonnance  des  députés 
[du  trésor]  du  ^7  mai  1643.  Mandat  de  paiement  du  même  jour.  Lisicus. 
S^  Germain.  Ibid.  A  Michel  Potiier,  pour  sa  peine  d^avoir  attaché  contre 
Téglise  les  armoiries  du  Roi,  6  s, 

P!G.\V, 

Au  s'  Pîgny,  peintre,  5  liv.  Caen.  S'*  Paix.  Compte  de  1774.  A 
M""  Pigny,  pour  avoir  peint  le  bâton  de  croix,  1  liv.  Caen,  S'*  Paix. 
Compte  de  1777-1778.  —  A  l^ïgny,  peintre,  pour  le  racommodage  des 
tableaux,  66  liv.  Caen.  Vaucelles.  Compte  de  1777-1778.  Aux  comptes 
intérieurs,  divers  travaux  par  le  même. 

PiUET  (Pierre), 

Quittance  dudii  au  curé  de  Port-en-Bessin  de  24  liv.,  pour  avoir  peint 
la  bannière .  1745, 

Poisson. 
u  A  Roch  Poisson  *  pour  avoir   repain t  les  deux  ymages  d^anges  de 

*  DdCR  le  compte  de  1613-1614,  paif'mcat  à  Rocb  Poîïsoo^  mcnutsîer,  de  i 
pour  ivoir  Tait  de»  «  irillagEs  I    à  l'égliie*  —  ISM^,   Parmi  hs  oraements 


P.EI\TRES   D£S   %Xl\    %\lV   ET    XVIII'  «ifcCLES  149 

dessus  Us  coalombeSf  x  »«  n    Caen,  Saml-Nicola».  Co[iiple  de   160^ 


Il 


II 


QUENTTK. 

A  Guiltaum^  Quenlin,  35  s.  pour  avoir  peml  Ttiacalier  el  rerait  la  lan- 
terne det  reliques.  1630.  Li&îeui.  S*  Germain* 

61  liv,  à  Marc  «  Rclodt  ",  peintre,  bourgeois  de  Cflen,  pour  avoir 
peint  en  buile  le  mbleau  (de  Tayteï)  el  icelul  aidé  à  placer  Rois.  Compte 
delfHià  1653. 

1-  Au  sieor  Hetout,  paintre^  la  ionitne  de  M  solz,  pour  avoier  racotn- 
mode  un  tableau  sur  boià  et  avoier  escript  dana  icelJuy  en  lettres  d'or 
(iadulgertces  pteniêrea)  et  reaiuré  îcelluy  tableau,  n  I6^U.  Caen.  Vuu- 
celles. 

"  A  M*  Marc  Restout,  peintre,  pour  un  tableau  par  iuy  fourny  à  Tautei 
de  !a  Vierge,  50  liv.  a  HermanFiUe.  Compte  de  1609-1670.  Sa  quittança 
du  16  novembre  1671. 

ROLTER. 

Payé  à  Gilles  Kouyer,  pemtre  et  doreur  de  Vire»  14  liv.,  pour  avoïr 
repeint  el  racommodè  3  tableaux  et  fourni  la  loile.  Compte  de  S'  Gercnain* 
de  Tallevende^  pour  1755-1758, 

Rl'fALLEY. 

B  A  Ropaley^  pour  le  tableau  de  la  S"  Vierge  ^ ,  30  L  Quittance  du  4  avril 
174;3,  Audit.,  aO  liv.  pour  le  tableau  de  Tautel  S'  MicbeL  Quittance  du 
13  juillet  I74;3.  Gueroo,  compte  de  1737-1742.  V  joint  les  deux  quit- 
tances portant,  celle  du  4  avril ,  pour  un  tableau  de  V Annonriathn  placé 
dans  une  des  chapelles;  celle  du  13  juillet,  pour  le  tableau  de  la  chapelle 
de  TAnge  gardien. 

S*-G£RM.4IN. 

A  SainHicrmain,  3  liv.  pour  la  peinture  des  bâtons  du  grand  dais^ 


fiei  choie»  acbetéf^B  &  la  foire  franebe,  lelie  tableaux,  4  I.  16  §.  îbid.  — 
pte  de  S'  XjcoUb  de  16i^-L6i4.  A  Jean  Pais5an.  meDuLsier,  puur  iToir  fait 
uis  le  boi$  d'uaa  ■  etfarrye  »  à  mettre  au  ^rand  tabk^du,  50  a. 


I 


150  PEINTRES    DES   \Xl\   XVIV  ET   XVIIÎ*  SIÈCLES, 

Ca€Q,  VaucelleSp  1763-1764.  —  Travaux  non  dénommés.  Ibid*  1765- 
1766, 

A  S*  Germain,  pour  avoir  peint  les  souches  qui  serrt^ t  à  Tautel^  9  liv. 
Compte  de  !769-n70. 

Compte  de  1770^1771.  A  Saint-Germain,  peintre  doreur^  pour  la  ban- 
nière [faite  par  Noury.  Voir  p,  147j,  78  liv. 

QuJtUueci  de  J.-D,  S*-OfmiaîD,  printre  :  au  trésorier  ilf  VMtfllei  (1770)  :  à  cïloi 
d'Hermaai'ilIft,  de  ^  L.  pour  troir  pdnt  ^n  marbre  les  fonU  J»ipti»inaui  et  1«  Ikinltifr  du 
bat  de  l'églLie  en  HIÛ  (HTS). 

Saïjvt-Igny  (de). 

Jacques  Le  Canu^  échevin.  (<  Plus,  en  ladite  année  1653,  a  fait  faire 
un  fronton  pà  amortissement  sur  le  haut  du  hanc  [de  la  charité]^  pour 
rornemenl;  d*icellu|^,  et  pu u ravoir  faitpaindre*  deux  grans  chandeliers  Ae 
bois  quy  avoient  estez  donnes  par  Mons'  Puel,  cy^devant  eschevîa,  a  esté 
payé  par  ledit Canu  au  s^  de  S'  Vgnj,  m*  sculteur,  pour  le  fronton  et  pain- 
ture  des  chandeliers ,  H  liv.  ^^  Caen.  S'  Sauveur.  Ëxlrait  des  registres  de  la 
cbarité,  par  Jacques  LeCaiiu  (XVII'  siècle). 

Quillance  par  Jean  de  S'  Ir^ny  (sit^nature),  au  curé  d'Hermanville,  de 
11  liv,,  pour  avoir  doré  la  niche  pour  exposer  le  Saint^acrcmenl  (1695). 

u  Je  sonbs  signé  Marie  Le  Peltier,  veufve  de  Jean  de  S^  Igny,  de  la  pro- 
fession d%  doreur,  m'oblige  de  faire  à  Téglise  de  Hcrman ville  l'ouvrage 
qui  ensuit. 

^^étoye^  et  blanchir  à  deux  couclies  de  blanc  de  se  ruse  à  huile  de  noix 
toute  ia  contretabte  de  la  chapelle  de  la  Vierge  de  lad*  église  avec  les  por^ 
tiques  étant  à  côté. 

Item,  blanchir  comme  dessus  le  devant  d*aulet  de  pierre  et  le  côlè  dnd. 
autel  avec  le  cadre  de  la  couirelable  dud.  autel  de  pierre  qui  est  dans  la 
nef. 

Item  dorer  le  eardron  dud.  devant  d*  au  tel. 

Item,  dorer  les  deux  cardrons  dud.  quadre^  avec  buict  feuilles  d^or  aod« 
quadre. 

Item,  blancbir  le  gradin  dud.  autel  et  dorer  le  quardron  et  la  moulure 
dud.  gradin^  led.  blanc  h  huile  comme  dessus. 

Item,  peindre  en  bleuf  les  deux  (gradins  du  grand  autel  de  lad.  église^ 
dorer  les  quardrons  desd.  <^radins  ei  y  graver  des  figures  eu  or. 

Lequel  ouvrage  m'oblige  de  faire  bien  et  deument  pour  la  somme  f^ 
cinquante  livres  qui  seront  payées  par  led.  sieur  curé  des  deniers  du  ti 

J  Et  tuurtr,  ajoute  un  autre  texte  dud.  extrait. 


PElRyTBlS    DBS    XVI',    XVlV   ET    XVIII*  SIÈCLES*  151 

fort,  le  lout  faict  sous  le  bon  plaisir  de  mongievr  le  marquis  d'Herman- 
ville^  en  pi-éscûce  et  du  conâentement  du  sieur  curé,  praires  et  trésorier 
et  parrf>i!».sîens  de  lad.  parrotssr  qui  ont  été  d' ad  ris  que  led»  ouvrage  ^It 
faict  à  lad.  écjlise  pour  le  prix  ef -dessus.  Faicl  aud.  Heu  le  dimanche 
Useplembre  1698.  * 

»  Mémoire  des  atigmefitatlons  fatcLes  &  la  conlrelable  de  Téglise  d^Her* 
manville  par  mo|-  Marie  Le  Teltier,  veufve  de  Jean  de  S'  V^^ny. 

Je  repeint  les  deoK  anges,  les  deux  figurer  de  S<  Pierre  et  S'  Paul  et  les 
Ëgures  du  tabernacle. 

Uem  argenté  la  clef  de  S^  Pierre  et  Tépée  de  S^  PauJ,  et  repeint  la  dra- 
perie. 

Item,j*ay  faict  des  Glets  d'oraux  pied,^  d'estauï  desd.  fj^uri^â. 

llem  j^ay  doré  les  moulures  qui  sont  au-dessous  du  ronpoiut  des  portes 
d&  h  sacristie. 

Item,  j^ay  mis  en  bleu  et  fafct  un  petit  ornement  en  or  au  pied  du 
labernadï*. 

Item,  j*ay  relairé  et  reverny  le  tableau  de  la  chapelle  de  la  Vierge. 

Item,  j*fly  relavé  et  merny  les  deux  ovales,  ay  mis  du  vermeil  à  Tor 
des  dites  ovales  et  reblancby  les  coins. 

llem,  j*ay  repeint  et  redoré  de  neuf  la  Résurrection  .qui  est  au-dessus 
du  Ubemacle. 

J'ay  soubsignée  Marie  Le  Pelletier,  vefvede  Jean  deSoitîtijjriy,  ty  reçeu 
de  \I'  le  curé  d'Hermanville  la  Boni  me  de  vingt  livres  pour  If  mémoire 
ey-dessus,  Fait  audit  lieu  ce  23  sept.  lt>OH,  en  présence  d' l'Etienne  Royer 
et  Noël  Le  Marinier,  i^  Marque  n  de  lad.  Le  Pelletier,  n 

Quittances  diverses  de  Marie  Le  IMtier  {aL  Le  Pelletier),  leuve  de  Jean 
de  $*  Igny  (al*  Saintigny))  doreur,  et  de  son  fil^  (signature  :  de  Satntlgny), 
1698, 

A  It  veuve  du  feu  s'  de  S'  Igny,  peintre,  2(i  liv.  10  s.  pour  les  quatre 
chandeliers  dorés  avec  la  croix.  Caen.  S*  Gilles.  Compte^i  de  la  charité, 
1700- n02V. 

Aa  s''  de  S'  ïgny,  doreur,  106  liv.  pour  ouvrai^es  au  fjrand  autel.  Cnen. 
Xolre-Dame.  Compte  de  1737-1738.  Ibid.  au  même,  pour  avoir  doré  le 
coq  du  clocher,  12  liv.  Notre-Dame.  Compte  de  1740-1741.  —  /Vu  s-^  de 
S*  Igns,  doreur,  pour  avoir  blanchi  4  faux   cierges,  2  l.  8  ï.  Caen, 


J.  A  F***  Le  François  dit  ritalien,  5  1.  pour  4  chanifelicn  de  buis  ooirc». 
,/re  Oafroy,  tant  pour  avoir  Inascrit  les  iadulgeacei»  de  la  ch«nlé  que  pour 
"oami  les  peinturei  et  la  veliu^  4  L  ^  s. 


^^r^^p 


tH  PEITÏTRES   DES   XVI*.    XllP  ET  XYIII*  SIÈCLES. 

S'  Etienne,  Compte  de  1740-1741,  —  Au  même  pour  dorure  faîle 
au  grand  autel,  10  liv,  Ibid,  Compte  de  1740-1750,  —  Quatances 
signée»  de  5*  Igny  à  la  charité  de  S^  Sauveur  de  Caen,  pour  travaux  de 
dorure  (1742-1744).  Cf.  compte  de  La  charité  de  S'  Sauveur  de  Caen  du 
27  cet,  1739  k  1751,  Paiement  à  u  M'  S'  îgni  n  pour  travaux  de  sculp- 
ture et  dorure. 

-  A  S'  Egny,  pour  avoir  blanchi  buU  faux  cierges,  5  lir.  5  s.  1742. 
Caen*  S*  Martin. 

1748.  Au  s'  de  S*  ïgny,  pour  avoir  doré  les  pots  à  Oeur  de  Téglbe, 
2:2  l\v.  —  1750p  Au  même,  pour  avoir  blanchi  six  faux  cierges,  3  liv. 
12  s.  Ibid. 

S^  Jêav  (de). 

I  Au  paintre  de  S*  Jean,  auquel  fut  faict  alleu  de  paindre  Tïmage 
K"  Dame,  lu  y  fut  paie  XI  litr.  X  «.  —  Pour  Le  vin  dud.  marché  X\X  s.  * 
Caen.  S'  Nicolas,  Compte'  de  1601-1602. 

SAHâON.  , 

Quittance  de  F*  Samson,  peintre  doreur,  au  trésorier  de  La  Pommerap, 
de  3  Livres^  pour  avoir  peint  un  chapiteau  et  une  Vierge  pour  L'égLîse, 
(Lisieux,  :Î0  janvier  1786.) 

«  Mémoire  pour  Monsieur  Marabour,  trésorier  en  charge  de  la  paroisse 
de  S*  Germain  de  Lisieux,  pour  L'ouvrugc  fait  et  fourni  par  moi  F.  Sam- 
sott,  peintre,  doreur,  armoiriate^  à  Tégard  de  saize  écussons  represealans 
les  armes  de  la  dite  paroisse,  pour  mètre  aux  flambeaux  de  Messieurs  les 
trésoriers  pour  la  procetsioadu  S^  Sacrement.  Lesdrts  écussons  fairts  par 
ordre  de  Monsieur  Le  Coge,  m^  épicier,  ù.  neuf  sois  piëce^  font  sept  livres 
quatre  ^ots,  et  livrés  le  quatorze  juin  dernier.  Reçu  le  contenu  du  pré- 
sent, à  Liâieux,  ce  vingt  et  un  novembre  mil  sept  cents  quatre-vingt-sept. 
Ce  que  j'ai  signé.  F.  Samson,  peintre.  «  —  Cf,  p,  H7. 


'  Bid.  t  Paie  pour  l^image  de  S'  Mcollas  eitaul  au  portail  contre  U  porte  de 
l'église,  acbapté  k  Rouc^n,  4  1.  10  s, 

I  Pour  le  port  du  u  a  vire  auquel  oa  a  voit  mia  Led.  j^iuâge  et  deiieudu  mr  lei 
quayi,  xv  ^, 

t  Pour  le  paiatre  qui  airoit  paipt  en  liuille  M.  y  mage,  lx  i. 

t  Pour  deux  porteurs  qui  avoreot  apporté  iceliuy  à  TegLiie  et  aydé  i  le  i 
-en  place,  xv  ^. 

t  Pour  ]e  mareschal  ayant  fdct  une  cbeville  de  fer  avec  deux  erappoas  ei 
te  plaitre,  ix  t.  * 


PEIIÏTRES   HBS    Xri',   TtVll'  IT   XV\U*  SIÈCLE».  153 


Scelles. 

A  Jean  Scelles,  pour  avoir  peint  )e  tableau  »  G  liv.  Compte  de  la  chartlé 
de  S'  Gilles  de  Caen,  pour  172)4-1730. 

SpmDLEIB. 

A  Spindler,  peintre,  pour  aroir  di-eraisé  el  verni  un  tableau,  6  Ik, 
Liaieux,  S^  Germain.  Compte  de  1785. 

I- 

Toni?fELLE. 

Quittance  de  Toamellef  peinlri%  de  G  liv.,  pour  avoir  nettoyé  les  trois 
tableaux  des  autels  de  l'église  de  Livarot  (25  février  1775).  —  Quittance 
an  curé  de.  lu  l"**  portion  de  u  Berna  y  !i  n  (Hernes{|),  de  3  Uv*  pour  avoir 
nettoyé  ei  n  renouvelé  *  tous  les  tableaux,  de  l'église,  tant  ;^rands  que 
peliLs,  15  janvier  17B2,  V  joint,  billet  de  Le  Moirjne,  curé  de  Berne :»q,  à 
La  Fontaine  Le  Tuai,  trésorier,  concernant  led.  travail  :  le  porteur  est 
cenu  le  trouver  et  a  offert  de  nettoyer  les  tableau i  de  Tèglise  et  faire 
revivre  les  couleurs  ;  il  a  montré  au  curé  plusieurs  attestations  de  diffé- 
rents endroits  où  il  a  passé  et  a  raccomnÉodè  les  tableaux  ;  le  curé  coa* 
natt  même  la  signature  de  quelques-uns,  comme  de  La  Carnbe  etTrévitres  ; 
îl  demande  3  livrei,  etc^ 

Vassault, 

A  Vassault,  peintre,  pour  peinture  employée  à  l'essente  de  la  couver^ 
ture  du  clocher,  01  Vtv.  Honfleur.  S^'  Catherine.  Compte  de  1718. 
Au  compte  de  1752,  il  est  qualifié  vitrier. 

Ve^te  (de  La). 

u  A  Si'  de  La  Vante,  paintre  i ,  pour  le  restant  de  Taccord  fait  par  feu 
l'abbé  de  La  Paluelle,  curé  de  la  paroisse,  et  les  paroissiens,  pour  la 
peinture  de  U  contretable  et  du  cbœur,  40  lîv.  Clînchamps  (Vire). 
Compte  de  1712, 

Quittances  de  F.  de  La  Vente  :  a  lie  Chartier,  diacre  de  bi  paroisse  de 
Campagnolles,  de  9  liv,  restant  de  92  liv*  18  s.,  pour  avoir  peint  l'autel 
Rosaire  dans  Tét^lise  dud,  lieu  et  pour  avoir  doré  la  petite  Hi^ure  de  la 
erge,  pour  lad.  confrérie  (18  octobre  17^>5);  k  Robert  Auvray,  «  ma- 
r  *  de  la  confrérie  du  Rosaire  en  Té^lise  de  Burcy,  i  liv.  16  s.  pour 


ISâ  PEÏBJTKES   DES    Xll".  XVIT  ET   XVUV  SIÈCLES, 

avoir  peml  en  couleur  de  fayence  4  pots  h  fleur  pour  Ud.  confrérie, 
(Vire,  31  mai  1769.) 

Quittance  de  V--J.-F.  de  La  Vente,  peintre,  ù  Bonne-Sœur,  «  majeur  ^ 
de  la  confrérie  dp  S*  Michel  en  Téglbe  Noire- Dame  de  Vire,  de  10  ûcus, 
complément  des  50  écus  ci-deian(  reçus,  formant  les  180  \k\^  dont  on 
était  convenu  pour  le  prix  du  tableau  par  lui  fourni  à  lad.  commutiauté» 
(Vire»  19  octobre  1782.) 

VERPRAt. 

Obligation  de  Verpray  (sij^nature),  envers  les  paroissiens  de  Guibray, 
de  leur  noircir  ei  dorer  la  h  ainsi  rade  de  fer  étant  au  devant  du  cheeurde 
lad,  paroisse.  17S;2.  Cf.  le  compte  :  à  u  Verperay  «,  39  liv.  pour  avoir 
doré  et  noirci  la  balustrade,  17^2,  Falaise.  Guibray. 

A  Verpray,  pour  avoir  doré  le  coq  du  clocher,  li  liv.  1741.  Falaise. 
Guibray,  Compte  de  1740-1743. 

Pour  avoir  doré  l'autel  S'  Sébastien,  \M^  liv.  Ibid. 

A  Verprê,  pour  nvoir  peint  les  banièrcs  du  cimetière,  3  liv.  10  s. 
S*  Laurent-de-Vaslon.  Compte  de  175*3-1759. 

VlQVeSïtEL. 

Ce  jourd'buy  dix*  de  juillet  mil  sept  cents  vingt  neuf,  nousp^"%  cureï, 
trésorier  et  députtez  de  la  parroisse  de  S^  Désir  de  Lisieu^,  sommes 
convenus»  avec  le  s'  Jean  Viquesnel,  bourgeois  dud.  lieu,  doreur,  pour 
dorer  la  conlretable  du  grand  mitel  de  lad.  église  de  la  somme  de  sept 
cents  livres  dont  la  moitié  lui  sera  payée  en  commençant  led.  ouvrage,  et 
le  reate  à  la  fin  dud,  ouvrage,  sujet  à  visite  aux  frais  du  tort,  parce  que 
led.  sieur  ViquesnE*]  s'oblige  dorer  tonte  la  sculpture,  les  moulures  qui 
bordent  les  panneaux.  Les  quatre  colomnes,  cbspiteaux  et  am bases  et 
quarrezdoreï,  et  les  gorges  des  colomnes  seront  blanches,  la  croix  dorée, 
le  quart  de  rond  doré  el  la  gorge  en  sera  blanche,  et  un  quarré  au-des- 
sous de  k  gorge  doré,  et  la  plintf*  blanche,  les  deux  palmes  du  haut  de 
la  gloire  toute  dorées,  les  nuages  et  les  ailes  des  chérubims  dorées  et  le 
fond  d*un  bleu  célesle,  les  gaudrons  des  deux  vases  dorées  et  les  flamet 
rouges  et  les  gorges  blanches.  Le  l***  talon  de  la  grande  corniche  doré, 
les  denticules  dorées,  un  quart  de  rond  au-dessous  des  denticules  doré, 
dont  les  fonds  seront  hlaocs,  la  r«  moulure  de  T architrave  et  une  autre 
petite  moulure  dorée  et  les  fonds  blancs,  le  talon  du  grand  quadre  doré 
et  le  quarré  de  dehors  dud.  quadre  doré  et  la  gorge  blanche,  et  tous  les 
lulres  quadres  du  même  profil  dorées  et  les  gorges  blanches,  le  fond  des 
niches  bleu,  tous  les  chérubims  carnationnez  et  les  ailes  dorées,  le  pied 


?E1NTBE3    Dga    XVI*,    XXiV  ET    %VIU*  SIÈCLES,  t&5 

dVstail  des  colomnes  dont  la  I'*  moulure  ^era  Horépf  h  bs,(^uetU  de 
dessous  H  Mue  ^ot^e  dorée  et  les  quadrei  d'alentour.  Les  petits  pan- 
neaux ou  il  y  a  de  la  sculpture  leront  pareillenipnt  dorées  el  les  fonds 
«n  seront  blancs,  deui  ba<^ueUe«  du  bas  du  pied  d' estai I  dorées,  Je 
boudin  «era  rou^^e  et  la  bajjuelte  de  dessous  dorée  ^  et  les  quadres  des 
paoneaui  du  bas  du  pied  d'eslail  dorées  ^  tous  les  fonds  btancs^ 
tous  les  lilest  de  dedans  Jes  pannenu^t  de  la  «gloire  dorées  et  deux  qui 
font  sur  les  figures»  Je  bord  du  gradin  et  une  30 rg^*  au-dessous  du 
gradin  dorées  et  les  fond;^  blancs.  Tant  Le  piramide  du  tabernacle 
jusqu'à  la  bulustre  sera  doré  et  les  vaseï^  tous  dorée?;,  et  les  cofomnes 
pareillement,  la  face  de  la  corniche  du  corps  du  tabernacle  et  architrave 
dorée  et  tous  les  boutons  dorées  et  \eA  fonds  blancs^  Jes  nioulun^s  dorées 
el  te  tour  des  niches  des  figures  de  S>'  dorées  et  touis  les  fonds  hhiMCS,  la 
tomiche  du  pied  d'estait  doré  et  l'amba^^e  dud.  pied  d'esiuil  doré,  tous 
leâ  fonds  dud,  tabernacle  (addition  :  marbrées)  blancs,  le  radre  du  de\rant 
d'autel  (en  addition  :  marbré  ou)  blanc  et  le  quart  dt'  rond  rouge  (en 
addition  :  tout  blanc  ou  tout  rouge).  Leâ  pieds  d'estail  des  figures  blancs 
(en  addition  :  marbrées)  avec  des  jllest  d'or  au  tour  les  moulures  et  le 
tout  du  meilleur  or.  Vn  petit  filet  d'or  au-dessus  de  la  plinte,  et  la  plinte 
et  le  talon  blanc  (en  addition  :  en  buiJle)  au  bas  de  la  contretable.  Tou- 
tes lesquelles  pièce:»  ted.  s'  Viquenel  s'oblige  rendre  bien  et  parfaittes  et 
sujettes  h  visite  et  s'oblige  commencé  led.  ouvrage  dan^  la  moitié  du  mois 
d'ftouât  prochain  et  le  continuer  jusqu'4  sa  perfection,  sans  entreprendre 
d^autres  ouvrages.  Fait  et  arrêté  ced.  jour  et  an  que  dessus.  Fait  double. 

Signé  :  Viqlesnël,  Lk  LièvtiK.  Le  Grahu, 


Au  dos  :  <<  Je  soussigné  Jean  Viquesnel,  doreur^  bourgeois  de  Lisieux, 
reconnois  avoir  receu  la  somme  de  trois  cents  cinquante  livres  sur  le 
marché  contenu  en  J*aulre  part,  à  compte.  Fait  ce  cinq*  d'aouit  mil  sept 
eents  ïingt-neuf,  »  Signé  :  *  Viquesnek  «  a  Je  soussigné  Jean  Vii)uesnel^ 
doreur,  bourgeois  de  Lîsieui,  recongnois  avoir  receu  Ja  somme  de  cent 
cinquante  livres,  sur  le  marché  contenu  en  l'autre  part,  &  compte.  Ce 
trois' juillet  mil  sept  cens  trente.  ^  Signé  :  ^  Vîquesuel.  ^  u  Cejourd'buy 
31*  8^  1730^  j'ay  ssigne  Jean  Hquenel,  M»  doreur,  à  Lisieu\,  receu  la 
somme  de  deux  cens  livres  pour  le  restant  du  marché  contenu  en  l'autre 
pari,  de  la  contretahle  de  5'  Désir  dud*  Lisieuif  partant  je  descbarge  I0 
thr^K^r  dud.  lieu,  ced.  jour  et  an  que  dessus.  «  Signé  ;  u  ViquesneL  n 

Ce  trentième  jour  de  septembre  de  Tannée  mil  sept  cents  quarante,  se 
*  asiemblei  les  s^  cures,  tbrésoriers,  députez  de  la  parroisse  S*  Désir 


L.  \t>^THtBi},  etc.  i 


156     ARTISTES   D'ÂVRANCHES,   BATEUX,   CRERBOtlRC,  ETC. 

de  Lisieux,  lesquels  ayant  délibéré  au  sujet  de  tout  T ouvrage  qui  est  «u 
bois  sans  dorure,  tant  aux  cotez  que  dedans  la  conlretablc  du  maistre 
autel  dudit  lieu,  et  voulants  le  faire  dorer,  ont  fait  venir  le  s'  Viquestiel^ 
doreur,  demeurant  sur  la  parroisse  S^  Ja^jues  de  cette  vitief  avec  lequel 
ils  sont  convenus  de  la  manière  qui  suit.  Le  s'  \  îquesnel  s'oblige  k  dorer 
à  plein  les  deux  pots  à  fleur  avec  leur  corbeUler  Sa  sculpture  des  six 
paneaux,donl  quatres  sont  dans  la  gloire  et  deux  sur  les  têtes  de  S*  Désir 
et  S*  Eutrope,  la  frize  au-dessus  du  grand  quadre,  les  chutes  des  deuE 
cotez  du  tableau.  De  plus  à  dor^r  les  ornements  des  deux  grandes 
consônes  régnantes  le  long  de  Tautel,  la  comicbe  du  haut  des  panetux, 
conforme  à  celle  des  piliers,  tonte  la  sculpture  dedan>j  les  paneaux,  les 
quadres  et  les  ornements  extérieurs  desdits  paneaux,  les  ûeux  petites 
consônes  joignantes  les  paneaux,  les  quadres  au-desâou^i  desdits  paueaux^ 
Tappuy  des  petites  consônes  et  les  quadres^  le  tout  d*or  bruni  »  et  à  mettre 
et  placer  à  ses  fraits  tout  Touvrage  qui  a  été  défait  pour  être  doré;  et 
les  dits  s'*  curez,  thrésoriers  et  députez  luy  payront  pour  le  dit  ouvrage 
en  son  entier  la  somme  de  cent  quatre  vingt  quinze  livres  payable  h  la  fin 
de  l'ouvrage,  qui  sera  sujet  à  visite,  et  le  dît  s'  Viquesnel  s'oblige  à  rendre 
Tonvrage  parfait  pour  le  jour  de  S'  Butrope  prochain.  Fait  double  ledit 
jour  et  an  que  dessus.  » 

Signé  :  Viquesnel.  P,  Cordie»,  J,  Boupfard.  Motaillé. 
A.  Desgekrtez.  N.  Le  Lièiiie. 

Cf.  les  comptes  de  S<  Désir  de  Lisieux.  HiO  et  174L 


III 


ARTISTES 

D*AVRANCHES,     BAYEUX,     CHERBOURG,     COUTÂNCES,     SAtKT*LO| 
VALOGNES   ET   VIRE    AU   XVIII*    SIÈCLE, 

D'âPRis  LES   ROLES  DE   LA   CAPITATION  CONSKRIIËS  At?C    AacRtVÉS 
DiPARTEMBNTALES   DL'    CALlTJIDOa, 


Malgré  leurs  imperfections,  leurs  lacunêâ^  leurs  msuffîsanct 
les  anciens  registres  d^impositions  sont  une  source  précieuse  i 


AATUTES    t»  AVAA\CUEâ,    BAVELX,    GHËABOLnfî,    ZTQ.      151 

reconstUuUoQ  :  en  inventoriant  les  rôles  de  la  rapitatton  des  bour* 
geois  que  conserve  le  fonds  de  T intendance  de  Oten,  j*ai  recueilli 
de  nooibreuBes  notes  sur  tes  artistes  dea  Jeux  villes  qui,  avec  le 
cfaef-lîen,  dépendent  aujourd'hui  du  Calvados,  Bayrux  et  Vire',  et 
de  cinq  principales  de  la  Manche,  Avranches,  Cherbourg,  Con^ 
tances,  Saint-Lô  et  Valognes*  :  en  les  complétant  à  laide  des 
cahiers  de  même  nature  qui,  pour  la  Rn  de  Fancien  régime  —  à 
la  suite  des  institutions  nouvelles  qui,  avec  ramoindrissement  des 
attributions  des  intendants,  commencent  déjà  la  Révolution  — 
existent  dans  le  fonda  de  la  commission  intermédiaire  de  Basse- 
IVormandie,  j'ai  réuni  des  matériaux  dont  la  réunion  ne  saurait 
manquer  d'intérêts 

Sans  doute,  les  lacunes  sont  grandes  :  c'est  ainsi  que  le  fonds  de 
IMniendance  ne  conserve,  pour  Avranches,  à  Tarticle  C.  4536,  que 
les  rôles  de  1740  (arrêté  le  15  décembre  1739},  1751,  1773, 
1780,  1781,  1787,  plus  le  contrôle  en  1756  des  bourgeois  et  habi- 
tants de  la  ville  et  bourgeoisie  d'Avranches,  relevé  des  rôles  de 
capitatîon,  divisé  en  quatre  classes  suivant  les  impositions,  com- 
plétés, dans  le  fonds  de  la  commission  intermédiaire  (C.  8122), 
par  le  rôle  de  1189;  de  même,  pour  Baveux  (C.  i538-loi7),  les 
registres  ne  remontent  qu*à  1768;  viennent  ensuite  ceux  de  1775* 
1777,  1779.  1781,  1782,  1783,  1784,  1785  et  1787  ;  on  n^en 
trouvera  pas  moins,  dans  tes  simples  notes  qui  suivent,  les  pre- 
miers éléments,  en  grande  partie  inconnus,  d^une  statistique  des 
artistes  de  la  Basse-Xormandie  '  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle. 

,.  »  Armand  BÉiVET, 

Mnmlirc  non  résident  <tu  Comité,  à  Cacn, 
ArcbiviAlf!  ilu  tléptrlcTQCQt  du  Cafradoi, 

1  CaJ  QDtés  leroDt  ultérieuremenl  com\ûéiéei  par  rfes  tiitrntts  de&  rtMin  àe% 
diiièmei  ei  vingHèmcB  de  6fl|eui  et  de  Vira,  <^g»lemeiit  caoservés  dan»  le  fondi 
de  J'inteodaDce  de  Capo. 

'Les  rdJes  de  CarcnUn  et  Mortain  manquent.  —  Pûntorioii.  C.  4.537,  rûlei  de 

1772,  1773,  1780,  i7«l,  1787  :  Fontaine,   or^aoîata,   rue  S'  Miciicl.  178U  ;   Il 

veave  Giltes  Pitat,  organiste,  rui^  du  Ctidleau,  1772^  U  mi^me,  l^q  1773,  sani 

désignation  d'or^janîste.  —  Thohjfoy,  G.  4558  el  WriO,  Pineï  frèrei,  architectes, 

écarts  de  Thori^^ny,  1767  (18  litre*],  176Bï  Us  (iffuraol  mus  le  litre  d'archi- 

as  au  r51c  de  1773.  C.  SLtt>,  Troussât,  peintre,  demeurant  t  lïaillcd*   h^ult», 

osé  â  1  livre.  1789. 

Les  notet  reçue  il  liai  sur  Caeii  feront  l'objet  d'un  travail  ultérieur. 


l 


158      ARTISTES    D  AVaANCHES.    BAYBUX.    CHEaBOURG,   ETC. 

AVRANCBES. 

(G.  4536,  8122.) 

Lapierre  dit  ^ar^^ra,  peintre,  imposé  à21iv.  sur  un  revenu  de20lîv«f 
rue  S^  Pierre,  1T8T, 

S^tt^  ou  Seylt/  (Jean -François),  relieur  et  doreur,  31iv,,  rue  du  Puis 
àe  L'vveU  I751>  Ëa  L7o(>,  5  liv,  —  £n  1773,  1780,  ctc,  il  est  seulement 
qualifié  relieur* 

Vaudatin  (Joseph),  doreur  (porte  deFoBto  el  Grand  Tertre),  1180- 
1781  ;  en  1787,  rue  Pendante. 

Rùgtr  (Jean),  vendeur  d'images,  1740,  1751,  etc. 

ÂHamènt  (Georges),  sculpteur,  rue  Pendante,  imposé  à  4  IIf,  sur  un 
revenu  de  40  IK\  1781,  -*  Au  rôle  de  1789,  le  s^  Artamènef  sans  indica* 
tion  de  profession,  même  rue,  6  liv. 

Cahet,  sculpteur,  â  liv.,  rue  Saugnière.  1789. 

Gogeard  (Jean),  sculpteur,  4  liv.  5  s.  rue  des  Champs*  1740.  —  Au 
rdle  de  1751,  Boulevard,  le  fils  de  Jean  Gogeard,  sculpteur,  3  liv,  (rayé)* 
—  En  1751,  Jean  Oogeard,  sculpteur,  rue  des  Champs,  4  liv.  (rayé,  et^ 
en  addition,  le  fils  de  feu  Jean  Gogeard,  2  liv.).  —  En  1773,  la  ireuve 
Jacques  Gogeard,  sculpteur,  1  liv.  10  s.,  etc,  —  En  1781,  la  veuv* 
Jacques  Gogeard  et  fîh,  rue  des  Champs. 

James  (Pierre),  sculpteur,  rue  des  Trois-Rois,  4  liv.  5  s.  1740. 

Houet  (Laurent),  n  architecque  »,  rue  Saugnières,  1773.  —  En  1780, 
Houel,  architecte,  même  rue.  En  1781^  rue  des  Champs, 

Martin,  ingénieur.  1787,  1789, 

Morei  (Nicolas),  géomètre,  rue  S»  Pierre.  1773,  1780.  En  1781,  1787, 
1789,  pas  do  prénom, 

Orlèvres  :  les  enfants  d'AUain-Noël  Ûérard,  orfèvre,  1740  ;  -^  Liiirt^ 
ou  Xi«r«  (Français),  1740,  1751,  1756  ;  —  Littré  (Jean-François),  1773, 
1780,  1781  ;  —  Litlré,  sans  prénom,  1787,  1789,  place  Ha udange:  ^  lei 
enfants  Bellîn  (en  correction  de  AUain),  1751  ;  —  Gérard  (^oël),  1751  ; 
Gérard,  1780,  1781,  1787;  Gérard,  ci-devant  orfèvre,  1789;  —  ifarfrey, 
1789  1 

Jubtin  (Joseph),  maître  de  danse,  rue  Pomme  d*Or.  1773. 

1  Menuisier»,  en  1740  ;  La  Fontaine,  Charles  Reuloi,  La  Fosse,  Jean  DAVigodu, 
PoiUiîviiï,  Pierre  Gaucher.  Reué  Dubois,  François  Coup  t',  Tho  ma  a  Tesson  ^  tiveu--^ 
de  Gilles  Cutrel,  Pierre  Beaumont,  Duperré,  Jacques  Rauliue,  TauquerAo*  Jeai 
Baptiste  Hyou,  Julien  Le  Loup,  Longrayc,  Jean  Baudet. 

Tourneurs  :  î^lichel  Samson  et  son  fils,  etc. 


ARTISTES    DAVRAIVCHES.    BAVEL^.    CREHBOIBÛ,    ETC.      150 

VùUin^  maUreidiû  danse  «  Le  Tour  du  Marcbé  et  butte  am  Vaches  ^  ta 
1780;  rue  Boudrîe,  en  1181  ï  rue  du  Pot-d^ï-JUin,  en  1787  ï  roe  Neave, 
en  1789, 

GUbeH,  marcliajid  etïDiisideiii  rue  Pomme-d'Or.  1799. 


ÛATSUI. 

(C.  433ê-4547,) 

Peintres, 

Aitard  ou.  ^/^i  (Jean-Joseph),  pami^iae  S'  Loup,  1779  à   1787.  (De 
1  liv,  16  s.  à  3  liv.)  Xommé  Joseph  seiilemenL  en  17H5  et  1787. 
'     Chrétien  (.4 od ré),  paroisse  S' Jean»  1775  à  tlHl.  (Ile  1  liv.  4  s,  à  3  lit. 
4  s.  3  d.) 

Cuminal  (Pierre),  paroisse  de  la  Madeleine,  178^  à  1787,  (D'abord 
â  iïv.  8  s.,  puis  1  llv,  4  s.) 

Douard,  paroisse  S'  Patrice.  1781  à  1785,  En  1787,  Douard,  peintre, 
ou  héritiers, 

Fouey  (Jean),  paroisses  :  S' Jean,  1775-1777  ■  S'  Malo,  1779;  S*Saii?eur» 
1781-1785,  (De  1  liv,  4  i,  à  3  liv,)  Sa  veuve,  1787,  paroisae  S*  Sau- 
veur. 

Hébert^  paroisse  &  Patrice,  1782-1787,  (i  Uv,,  puis  3  liv.  11  s- 
6d,) 

La  HousMaye{de}t  paroisse  S^  Patrice.  J775>  1  lîv.  4  s,  La  Houssafe* 
et  Pierre  de  La  Houssaye,  paroisse  S^  Sauveur,  1777,  1779,  Pierre 
La  Houssafe,  paroissL*  de  la  Madeleine,  178 1>  1787. 

La  Pierre,  paroisse  S^  Mnio,  1  iiv,  4  s.,  1777. 

Le  Boiteux  (Michel),  paroisse  S>  Patrice,  1787. 

Le  Champenois  (Claude),  paroisse  &  Malo,  1777  \  Claude  ChampeDoîs, 
paroisse  S*  Martin,  1779. 

Le  MaUre  (Jacques),  paroisse  S*  Malo,  1775-1787,  (De  3  â  12  Ib.) 

te  Telîier  (Ihomîiii) i  paroisse  S'  Jean»  1777,  1  liv,  10  s. 

Le  Tellier  (Jean),  paroisse  S'  Sauveur,  1782-1785,  2  liv.  8  s.,  puis 
2li¥,  2s.  9  d. 

loitot  (Michel),  paroisse  S*  Malo,  17B8,  4  liv. 

Mahier  (Pierre),  paroisse  S'  Sauveur,  1782-1787,  (2  liv,  8  *,,  puîi 
3  liv.  Ils.  6d.) 

Paios  (Jean-Iïaptiste),  paroisse  S^  Vigor  le  Petit,  1785,  1787,  2  liv. 

..  9  d.,  puis  1  liv.  4  s, 

^upaliey  on  Ruppalky   (Joachîm),  paroisse  S'  Jran,   l7t>H^l779,  Au 

p.  de  1768,  figure  avec  les  héritiers  de  la  veuve  du  Saui^  su  belle-mt^re, 


■▼^" 


ItiO      ARTIâTËS    D'AVaAMCHES,    BAVEUX,    CHERBOtHG,    ETC. 

3  U?.  En  1775,  1777,  1  Ik.  4  s,  ;  en  1779,  1  lir.  10  ».  £a  1781,  1782, 
même  paroisse,  !a  veuve  «  Rupaley  n ,  peintre. 

^ 

Auguite  (la  veave),  sculpteur,  paroisse  S'  Sauveur,  1775,  1777. 

Auguste  (Alexandre),  paroisse  S'  Sauveur,  1 779-1 7S2,  la  Madeleioet 
1783*1785, 

Durand  (Jacques),  paroisse  de  la  Madeleine,  1777.  Durand^  sculpteur^ 
sani  prénom,  paroisse  S*  Patrice,  1787* 

Mangin  (ican-Loiiis),  paroisse  S*  Loup,  1768j  1775. 

Mangin  (Saiomon),  paroisse  de  la  Madeleine,  1776*1787  (en  1775 
Mengiu;  en  1787,  sans  prénoui). 

Pauîet  {François},  paroisse  S*  Martin^  1775. 

Pichard  (Jacques),  paroisse  de  la  Madeleine,  1768-1787,  Au  rdledfi 
1768,  il  figure  comme  ayunt  épousé  la  veuve  Hasiey. 

RupalUy^  Ruppatleyou  RupaUy  (Jean),  paroisse  S*  Jean,  1775*17871 
il  Ggure  au  râle  de  1777  avec  les  prénoms  Jean-Bapliste, 

Orfèwes. 

Desmarêi  (veuve  Gabriel),  paroisse  S'  Malo^  1768-1787.  Successivement 
25  liv.,  32  liv.,  36  liv.,  40  iiv.,  79  liv.  10  s.,  80  liv.,  71  Iiv,  10  i.  En 
1768  ;  veuve  et  héritiers. 

£ksmarei  (héritiers  ddivier,  orfèvre,  et  de  sa  femme) ^  paroisse 
S*  Martin,  1768. 

Guérin  (Sébastien),  paroisse  S^  Malo,  1775,  1777.  Sa  veuve,  1779; 
veuve  Guérin,  orftvre,  1781-1784  ;  Madeleine,  veuve  Gnérin^  ancien 
orftvre,  1785,  1787, 

Le  Provost  (Henri-Charles),  argentier  ou  orfèvre^  paroisse  S*  Jean^ 
1775-1783.  Henri-Cliarles  Provôt,  orfèvre,  paroisse  S'  Martin,  1784, 
1785.  ProvÔl,  sans  prénom,  orfèvre,  paroisse  S^-Marlin,  1787. 

Marquel  (Jean),  doreur,  paroisse  S'  Sauveur*  1768.  îd.,  argentier, 
puis  orftvre^  paroisse  S^  André,  1775^1187. 

Arcàit££U$, 

Blancagnei  (Pierre),  paroisse  S*  Malo,  I7C8-  Auic  rôles  de  1768, 1775, 
1777,  Jacques  lllancagnel,  entrepreneur  de  bAtiments,  paroisse  S'  Jean, 

Fouquet  (Philippe),  paroisse  S'  Patrice,  1770-1787-  Eu  1782  et  1784, 
marqué  architecte  pour  la  ville. 

Goueimeij  paroisse  S^  Martin,  1779-1783;  paroisse  S^  Malo,    178f 
1787, 


I 


iBTISTEâ    D\%VR.^NCRES.   BAYEIÎX.    CHERBOtrBG.    ETC.     16] 

Laloë  (Pierre),  paroisse  S*  Jean,  1785-1187. 
Mutd  (héritier*  Micliel),  paroisse  S'  Malo,  HSL 

Mutkiem,  etc.  '. 

Champeaux  {^eaa-B^pitsle)^  or^jamste,  paroisse  S' Patrice^  1777-1783, 
Veui^e  el  hérîlieri^  ITHi^  1785, 

Chapuy  au  Chapputf  (Claude),  musicien,  paroî^ise  S^l^up,  1768.  En 
1775,  1777,  \119,  1781^  Claude  Ckapuy,  maître  à  danse  r,  paroiAift 
S'  Martin» 

Dticàamps  (Jacques),  orgânîile,  paroiise  S'  Sauveur,  lliîS. 

Dtibuismnou  Duhisson,  maitre  à  danser,  paroisse  S*  Main,  1 777-1 78  V 

HuberUt  ou  HeberUif  (Audré)j  muticien,  paroÎMe  S*  Laurent,   1776- 

Jouet  (Louis-Philippe),  lui  hier,  paroisse  S*  Sauveur,  1775-1782, 
1784.  Sans  prénoms,  I78:j,  1785,  I7S7, 

/^  Jeune ^  maître  de  musique,  paroisse  S'  Sauveur,  1785;  paroisse 
S- Martin,  1787, 

Morel  (Joseph),  mnitre  de  dan-^e,  paroisse  S"  Vigor-le-Pelil,  178â, 
1783,  1785,  1787;  paroisse  S'  Martin,  I78i. 

Parmi  les  Potiert*. 

âuwatf,  S^Sauvenr,   1784. 

Catherin  (Jean^Uapliste).  S' Patrice,  1763. 

ÇauviUe  (ïhmmi^).  S'  Malo,  1775-1779. 

Chand^voine  (Marie),  potière.  S' Martin,  1768. 

Clairet  (François).  S»  Martin,  1768. 

Coutt  (itilien).  La  Madeleine,  1775.  S^  Jean,  1781,  1782. 

Dastenasi  (veuve  Joseph).  S*  Jean,  1768, 

Drurie  (Germain).  La  Madeleine,  1768, 

Dupont  (Michel).  Saaurfent,  1779-1787. 

Enauid  ou  EnauU  (Jean^Bapliâte).  S*  André,  1782-1787. 

/cron  (La  femme  Jacques).   1787.  "' 

Foimrd  (Jean).  La  Madeleine,  1775. 

Fouques  (Jean).  S*  Malo,  1775-1779. 

Fré manger  (Jean-Michel).  La  Madeleme,  1779- 1785* 

Gardin  (Jean).  S'  Eïupère,  1775-1787. 

Giffard  (Antoine),  S'  Loup,  1768. 

l'état  des  non-vtlcuri  de  la  capîtalloo  de  1771  (C,  470:>)  ;  Leudormy, 
p0tiers  d'étain  ont  été  lâifséi  de  câtë. 

il; 


t 


162     ARTISTES    D^AVRANCHES.   BAYEUX,  CHERBOURG,    ETC. 

Gantier  (Louis).  S»  Jean,  1779-1787. 

Gosselin  (Jean-François),  S»  Malo,  1775-1777. 

(rrani^'n  (Charles).  S' Jean,  1779-1782. 

Guilkhert  (Jean).  S»  Malo,  1775.  Jean  Gmlbert,  S*  Sauveur,  1777- 
1779. 

Hébert  (veuve  Pierre).  S'  Jean,  1768. 

Héricy  ouHérUsy  (Michel).  S»  Malo,  1768-1779. 

Jemble  (Jacques).  S*  Malo,  1768. 

Laisné  ou  Laine  (Pierre).  La  Madeleine,  1775-1 779- 

Lainé  (Jacques).  La  Madeleine,  1779. 

Le  Comte  (Louis).  S»  Patrice,  1768. 

Le  Fettey  (Louis).  S»  Patrice,  1768-1775.  Sa  reuve.  &  Patrice,  1777- 
1784. 

Le  François  (Michel).  S»  Loup,  1777-1783.  Sa  veuve.  S*  Loup,  1784- 
1787. 

Le  Grand  (Georges),  S»  Malo,  1768-1779. 

Le  Grand  (Jean),  potier  de  terre.  S»  Sauveur,  1768-1777. 

Lehot  (Jean).  S*  Malo,  1768. 

Marie  (Julien).  La  Poterie,  1782-1787. 

Martragny  (veuve  Gabriel).  S'  Jean,  1768. 

Jlfor«/ (Simon).  S»  Exupère,  1775-1783.  Sa  veuve,  1784-1787. 

Moyon  (Jacques-Henri),  dit  La  Rivière.  S*  Malo,  1768-1775.  St  veuie, 
1777-1779. 

Néel  (Robert).  S»  Sauveur,  1768» 

Robert  (Jean).   S»  Martin,  1777. 

SaUn  (Louis).  La  Poterie,  1768. 

Saussaye  (Jacques).  La  Madeleine,  1768-1775.  Veuve  el  bériLiers, 
S»  Patrice,  1782. 

Simon  (Jacques).  S>  Martin,  1782-1783. 

Tillard  (veuve  et  héritiers).  S'  Jean,  1768. 

Vautier  (Jean),  S»  Jean,  1768. 

Ymr  (Michel)^  S»  Patrice,  1775.  Sa  veuve,  1777-1785,  etc. 

Cherbourg. 
(C.  4561,  8128.) 

Viilère  (François  de),  peintre,  1740,  3  liv» 

Freret  (Pierre),  sculpteur,  ancien  quai,  1780,  2  liv.  10  â.  ;  1781,  4  lif^ 
16  s.  4  enfants.  £n  1787  et  1789,  la  veuve  e!  fiU  dud.  sculpUurt 
Le  Tetrel  (Pierre),  orfèvre,  1740  (article  rayé). 
/2(m/ane^  (Jacques-René),  orfèvre,  1789* 


ilîtSTES    D  AVRAniCHE^,    iilYEUX,    CHERBOURG,    tlC,      163 

/hi/mr  (Charles),  orj^anîatc,  rue  dei  Cordmes  (1180,2  llv.  lOi.;  IT81 
et  1787,  1  ti?.  16  â,}^  ieaftnli.  En  173^9,  pas  d'indication  da  ruo,  5  Itv. 

langiùis  (Jean),  maître  de  danse,  1789, 

Fondeur*  :  SimonnH  ( Jacquet),  1740,  175L  Vkt  (Pierre),  1780, 
1781,  1787,  1780, 

CoifTANCES. 
(G.  4555,  81Î.10 

Aistiin  (Françoii),  peintre,  rue  de  la  Mi^alonf  177-1,  3  liv,  —  Aiseliir 
{laos  prénom),  peintre,  rue  des  Cohues,  17H0,  10  liv,;  178l|  19  liv.  ; 
17»7,  1788,  1789,  13  liv.  (i  sols. 

Bkkue  (Jacques),  peintre,  et  sa  mère,  imposés  à  I  lîv,  ^  Mnrché  h 
bled,  t  17 iO,  [deni  en  1711,  avec  la  note  :  I^auvre^  Idem  en  1751,  — 
&îcbue  (sans  prénom),  peintre,  rue  du  Pilori,  imposé  à  10  liv.;  ion 
domeslique,  1  lir,  16  5,,  1773,  En  1780,  Basse  rue,  Robert  Bkhue, 
pemire.  Va  liv,  10  s*;  en  1781,  25  Itv.  13  u\  en  1787,  25  li?,  13  s.  ; 
plas  ton  domestique,  imposé  à  lad,  somme;  en  1788»  le  même,  finale 
roe;  en  1789,  la  leuve  de  fiit-hue,  peintre,  mûme  rue. 

Blanchet  (Jacques),  peintre,  rue  des  Cohues,  en  1780,  4  liv.  \  en  1781, 
7  Uv,  12  s.  En  1787,  1788  et  1789,  rue  du  Sîége,  U  liv.  8  *. 

pQlice  (André),  peintre  (la  veuve  de),  rue  d'Egypte,  1710>  Me  m 
en  1741,  avec  note  :  Sans  profession  ni  rummerce, 

Rd^in  (Louis),  peintre,  rue  S>  Pierre.  En  1773,  l  liv.  10  s.;  1780, 
21iv.;  1781,  1787,  1788,  1789,  3  liv.  16  s, 

LtMlèrt  (Jean)i  «  m^  d'imago  ».  1773. 

La  Lande  (Pierre  de),  sculpteur,  rue  du  Pilort,  1788,  .|i 

rGu^cn^  marbrier,  rue  des  Cohues,  1787,  178S,  1780. 
Doibonnc^  architecte,  rue  des  Capucins  et  de  la  Mission,  1781,  1787, 
7  ïiv,  12  s.  En  1788,  môme  rue,  «  Dohonne  n  ;  en  1789,  b  Dosbonne  % 
71iv.  lis. 
CharitU  (Jacques -Phi lippe),  orfèvre,  Grande  rue,  1773,  1780,  1781, 

1787,  1788,  1789, 
La  TBuve  Dominique  Le  Moine,  orfèvre,  1773,  1780,  1781,  1787, 

1788,  1789, 
Dupraimu,  or ffev  re, marché  â  blé,  1 780.  Dupralot,  orfèvre,  rue  S^  Xicola  s , 

1781,  Michet-Pierre  ïïupratot,  orftire,  Grande  rue,  1787,  1788,  1TH9. 

^'%rd  (François),  orfèvre,  Grande  rue.  1740.  En  1741,  marché  au 

*Ln  1773,  Grande  rue,  La  veuve  François  Gérard,  orfèvre.  Grande 

^780,  1781  ;  idem,  sm$  prénom  1787,  1789, 

*^Ut  (Gaspard),  orfèvre,  Grande  rue,  1749,  1741,  17.11.  La  veuve 


164     ART1S.TES   D^AVRANGHES.   BAYEUX.   CHEBBOCAdt  ETC. 

Gilles  Goadelét,  orfèvre,  el  ses  enfants, , Grande  rue,  1773;  la  veuve 
Gilles  Goudeiel,  orfèvre,  Grande  rue,  J780,  1781;  iàem  et  ^s  deux 
filles,  1787,  1788,  1789.  Bernard-François  Gou  de  le  t,  orfèvre.  Grande 
rue,  1773,  1780,  1781;  sa  veuve,, Grande  rue,  1787,  1788,  1789;  le 
fils  héritier  de  Bernard-François  Goudelet,  orfèvre,  1788,  1789.  Louis 
Gondelet,  orfèvre.  Grande  rue,  1780,  178L 

Le  Rond,  orfèvre,  Grande  rue,  1787,  1788,  1789, 

Maille  (Jean),  perruquier,  et  son  ûls,  orfèvre,  solîdnirement.  Grande 
rue,  1740.  Idein  1741,  1751,  avec  note  en  1741  :  Pauvre  et  safis  aucun 
exercice  de  sa  profession. 

Clémmt  (Pierre),  organiste,  Grande  rue,  1773,  1  llv.  6  s,;  1780, 
lliv.  4  s.;  1781,  3  liv.  16  s.;  1787,  5  liv.  14  s.;  1788,  17H9. 

Laporte,  maître  de  danse,  xue  des  Cohues,  en  1787,  1788;  rue  du 
Pilori,  en  1789.      . 

Le.VatcLsseur,  maître  de  danse,  175L 

Voitin  (Louis),  maître  de  danse.  Tournées  Ç*  NicoUs*  1773.  En  1780^ 
rue  de  la  Mission.  En  1781,  Tournées  S*  Nicolas  et  marche  à  chaux  (tans 
prénom). 

Poirier  (Jean),  musicien,  rue  S»  Pierre,  1787,  1789  i, 

Saint-Lo. 
(G.  4557,  8125.) 

Martin  (Jacques),  peintre,  rue  des  Ruettes.  En  1773,  1  llv.  7  s.  En 
1780,  1  liv. 

Durand  (lean-rBaptiste),  architecte.  En  1787,  3  llv.  Il  s.  7  d,;  une 
domotique,  308.  1789,  3  liv.  12  s.  9  d.;  sa  dpme.stique,  îdem. 

Hervieu  (Jalien),  architecte,  1773,5  liv,  158.  ;  en  1780,  2  liv.;  en  1781, 
3  liv.  To  s.  9  d.  ;  plus,  sa  servante. 

1  Le«dits  rM«r*à  campléler  par  les  états  de  noii*va1eurs  (G.  45Î4,  45£S» 
,4708)  ;'.,.... 

1736.  T  <*  5'  de  La  Duerie,  sculpteur. 

1762.  Le  lavasseur,  maître  de  danse.     .  , 

176^.  Le  Dé,  maître  de  daàse  (demeure  en  pension  et  n'a  point  de  domieile 
tixe).  —  Rehuty,  maître  de  danse,  avec  cette  annotation  i^i^niGcclÏTe  :  On  no  loi 
connaît  aucun  meuble  i saisir  (il  était  imposé  à  1  livre!). 

1769.  Le'Dpz  et  Rebnty,  maîtres  de  danse^ 
,  1770.  Le  Dé,  maître  de  danse  :  n'a  point  de  domicile  Gxe,  et  on  ne  lui  connut 
pas  de  meubles  saisissables. 

1771. 'Jacques  Hubert^  orfèvre;  Le  Dé,  maître  de  dame;  Jetn  Guérb,  pj 

1772.  Le  Dé,  roaître-de  danse,  bourgeois  de  Coutance»,  1  t.  11  s.  9  H  ^ 
\nt%  Hébert,  orfèvre,  1 1.  l.s.  3  d* 


F 


ARTISTES   D  AIHARLCHES.    BAVEUX.   C1I£JIB01RG^  ETC.      165 

Orfèvres  :  ITiO,  la  veuve  àe  Jacqucii  Chemin,  orfèire;  la  veu?t  et 
béritiers  de  Danid  Saint^  orfèvre.  tliO,  1751  «  la  veuve  de  Jacques  Du 
Bù$q  et  ion  fils,  orfèvre,  1740,  Pierre  Sainl,  orftvre,  —  1740,  Jean 
Fauckan^  orfetre.  —  1740,  lei  damei  />a  Fmne,  orfi'vreii  llol,  la 
dame  Du  Freine,  orfèvre.  —  1751,  Tbomas  Saint,  arf**vre.  *-  1751» 
Dftuiel  Saint,  orfèvre,  —  1751,  Jean  âe  La  Landei  Hopkins,  orfèvre»  — 
1773,  1780,  1781,  Alexandre  Grantlly,  orfî-vre.  —  1773,  Thomas 
R&uâiù,  orfèvre,  —  1773,  1780.  Jean-Ba|}tiile  Dtt  Bosq  ou  Duboiq* 
orftvre.  —  1773,  la  veuve  Daniel  Suint,  orfèvre.  1780,  la  veuve  Stint, 
orfèvre,  1781,  les  héritiers  de  la  veuve  Saint,  orft^vre.  —  1773,  1780, 
1781,  1787,  1780,  Micliel  Saint,  orfèvre.  —  1780,  GuiUaame  PiédùU, 
orfèvre,  1787,  Guillaume  Piédokt,  orfèvre  (lans déâir^Tialion  da  proféKiiori 
inr  le  rôle  de  1781).  1780,  Guillaume  Fiédoîs,  orfèvre.  —  1787,  1780, 
Pierre  G  i  II  et,  compagnon  orfèvre,  —  1789^  A  m  h  rois  e  Cuminef^  corn- 
l>a<}oon  orfèvre. 

Germain  Le  PretU^  fondeur,  1773. 

Julien  Béchêtoii  Bée/té,  fondeur,  1780,  1781,  1787,  1789. 
-    Alexandre  (Pierre),  organiste,  1773,  1  liv,  7  ■.;   1780,  l  1.;  1781, 
Hiv.  17r  ÏOd.;  1787,  IL  I5s,  10d.;!789,  lIiv.lGs.,Michel*Pierre, 

Darlàenajf  (Jean-Baptiste),  ort^anlsle,  1773,  t  liv.  7  s. 

La  Porte,  mattre  de  danse,  178t^>,  178K 

il* 
Valogkis,, 
(C.  45Ô0,  8IÎT  ) 

DeBnùyers  (Jean*Marîn},  peintrç,  rue  des  RcUgieuses,  1  liv,,  1787. 

Hamel  (François),  peintre,  rue  de  Potterie»  3  liv.,  1780,  1789, 

i^  Berrier  (François),  peintre,  ruR  de  Potlerie,  J780,  5  liv.;  1781, 
9  liv,  15  s.  ;  1787  (sans  prénom), 0  lii.  10  s.;  n89(Bmier),  12  liv.  5  s. 

L'Eèrequier  (Pierre),  peintre,  rue  de  Venise,  l  liv,  1780,  En  1781 
(L'Ebréqué),  même  rue,  1  I,  19  s. 

Le  CocquerrCt  peintre,  rue  de  la  Trinité.  17?"'0,  3  Itv.  ;  1781,  5  liv. 
17  ».  i^n  Le  Cocquierre,  sans  profession,  indiqué  rue  des  R{*li|;ieLJses, 
figure  au  rôle  de  1787,  3  liv,;  rue  de  la  Trinité,  L?  Cocqnierre.  Uhralre^ 

L^  François  (Loui«),  peintre,  rue  des  Porli^s  TFvi^que,  1787,  En  1789, 
3  liv.  5  1. 

,     Le  Rotf^  peintre  et  fermier,  rue  au  Magnen,  6  Uv,  18  «.  3  d,,  J773. 
Indiqué,  même  rue,  comme  peintre,  i  liv.,  1780;  7  liv,  IG  s.,  1781, 

rrfy  (Louis),  ditJ^eOanoifl,  doreur,  rue  du  **  BoucacUard  ■,  ^  liv,,  1740^ 
^sœandre  (Thomas),  tculpteur,  rue  de  TAuditoire,  2  liv,  15  s.  3  d., 
-  compagnon,  2  liv,  1  t,  6  d.,  1773,  En  17H0|  G  liv^.  G  s,,  pas  de 


IfiS     ARTISTES   D\^VflANCHËS.    BAYEUXt  CHERBOURG.   ETC. 

rompagnon,  rue  du  GUors.  Même  rue,  12  1.  13  s*  6  d.,  1781.  En  1787, 
métne  rue,  les  lié  ri  tiers  Thomas  Alexandre. 

Menfjin  (Jacques),  sculpteur,  rue  de  la  Trinité  (addition  ;  la  venve  cl 
héritiers  de),  7  liv.  10  s.,  1740<  1751,  même  rue,  les  ûl les  hérîlières  de 
la  veuve  de  Jacques  Mengin,  sculpteur,  10  liv.  1773,  la  fjlle  de  Jacques 
Mengin,  sculpteur.  —  Dans  Tétat  des  décharges  et  modérations  de  la 
eapiUlion  de  1736  (C.  4711)  :  Bourgeois  de  Valog  nés.  Jacques  «  Mengy  », 
sculpteur,  modéré  par  ordonnance  du  20  mars  1737  de  â  liv.  4  s. 

Orfèvres,  1740,  la  veure  de  Jean  Bréard,  orfèvre.  —  1740,  Xicolas 
Gérard,  orfèvre.  —  1740,  1751,  Jean  JbJorrf,  graveur  orfèvre  et  son 
flli»  1773^  la  demoiseite  Jobarl  et  Jean^Antoine  Lefrançois,  représentant 
lohart,  orfèvre.  —  1751,  Jacques  Lt  Forestier^  orfèvre.  1773,  Hugues 
Le  Forestier,  orfèvre.  1780,  1781,  1787,  Le  Forestier,  orfèvre,  sans 
prénom.  —  1780,  Jean*Anloine  I^  François^  orfèvre*  1781^  1787, 
1789,  Le  François,  orftvre,  sans  prénoms. 

Mkhel  (Louis),  fondeur,  1740. 

1740,  François  Philippes,  dit  La  Cadence^  «  m*  à  dancer  »,  bouton* 
nier  (addition  :  la  veuve  ei  héritiers  de).  Au  rôle  de  1751,  Jean  Philip* 
pes,  dit  La  Cadence,  sans  désignation  de  profession.  —  1740,  la  veuve  de 
Charles  Dujour^  maître  de  musique  (article  rayé).  —  1740,  1751,  Jean 
Garnkr,  maître  à  danser.  »-  1751,  Jacques-André  Clément ,  maître  à 
danser.  1773^  1780,  1781,  Clément  (sans  prénoms),  maître  à  danser. 
£n  1787,  rue  S'  Lin,  Clément,  sans  profession.  —  1780,  1781,  Gmn-^ 
grtt,  maître  à  danser.  1780,  Philippe^  maître  à  danser. 

VlBE. 

(G.  «552,  8129.) 

La  Venit  (François  de),  peintre,  rue  de  La  Douve,  1768*  f^es  venvd  et 
enfants,  rue  auK  Fèvres,  1775.  La  veuve  et  les  deui  lils  du  s'  de  Lt 
Vente,  peintres,  même  rue,  1782,  etc.  En  1789,  lesd-  veuve  et  fiU,  rue 
S'  Thomas. 

Pùrqmtt  peintre,  rue  aux  Fèvres,  1787. 

Cahe/j  sculpteur,  rue  aux  Brebî»,  1783. 

Ro^er  (Xicolaa),  sculpteur,  rue  du  Haut  Chemin,  1787,  1789. 

Le  Breton  (Pierre-Armand)  et  son  fils,  orfèvre,  rue  de  La  Saunerie, 
1768.  La  veuve  Pierre-Armand  Le  Breton  et  son  fils,  orfèvre,  rue  San -^ 
nérie,  1775, 

Mkhauli,  argentier,  rue  de  la  Saunerie,  1787,  1789. 

Vautier  (Jean-Baptiste),  fondeur,  «  rue  Dupont  etBourgneuf  ■,  Tn 

Baiché,  architecte,  rue  de  la  Douve,  1775,  1781,  1782, 


LÉUâlL   DE    tâULX    EN    ARTOIS.  Î6T 

Bemmant  (Jean-Baplisle),  architeelCf  rue  roïssonnerie,  1782,  1783, 
Banse,  organiste,  rue  aux  Ffevres,  1775, 

Ikscàamptf  organiste,  rue  de  h  Cbauftsêe,   1783,    1787,   1789.  Cf, 
C.  4712,  décharge»  et  modérations  de  la  capilation  de  1761,  Deicbampi, 

orgâniite. 


IV 

LÉMAtL  DE  VAULX  EX  ARTOIS 


Le  Trésor  de  Vaulx-Vraucourt  ou  Vauls  en  Arloi*  renferme  nnâ 
pièce  du  pins  grand  intérêt  :  c'est  un  émail  do  Pierre  Reymond, 
(\\ïï  a.  été  signalé  d^ahord  dans  le  catalogue  de  noite  Exposition 
rélrospective  de  1896  qui  en  donne  celte  description  sommaire  : 
s  Ex-voto  de  M.  G[riinb]ert  (?)  et  sa  femme  offert  (1581)  à  la  con^ 
frérîe  du  Saint-Sacrement  érigée  par  Paut  lU  en  Téglise  de  cette 
coturouoe  (l auli-Vraucourt) ,  émail  peint  de  Limoges,  ovale, 
158  X  190  mm.  n  Ensuite,  nous  le  retrouions  d'une  façon  très 
inattendue  et  que  nous  expliquerons  plus  loin,  dans  la  vente  des 
collections  de  M.  Deusy,  en  juin  1897,  sous  celte  rubrique  ; 
'iK*  65*  —  Reymond  (Pierre)*  —  Plaque  ovale  représentant  Vex- 
toio  de  M>  G[rimbert]  ?  et  sa  femme.  —  Saint  Paul,  saint  Grégoire, 
saint  Dominique,  saint  Jérôme;  au  bas  les  donataires  (fractures)*,  n 

Ces  descriptions  étant  incomplètes,  erronées  ou  inexactes,  il 
noua  paraît  nécessaire  de  commencer  par  dire  très  précisément  ce 
que  représente  cet  émail. 

Sur  nn  fond  de  verdure  avec  un  ciel  bleu»  se  dresse  d'abord  au 
centre  la  personne  du  Christ,  tenant  dans  sa  main  gauche  un  calice 
surmonté  d'une  hostie»  et  levant  la  main  droite  en  prononçant  les 
paroles  de  la  consécration  rappelées  dans  le  phylactère  qui  envi- 
FAn^e^Q  léte  î  HOC  EST  COHPVS  UEVM,  A  sa  droite  est  incontestable- 
'  saint  Paulf  bien  reconnaîssable  à  Tépée  qu^il  soutient  de  la 

■^îr,  cl-»prèif  plftûdie  IIL  i 


im  L'ÉUAIL   B&   VAULX    £  lU    ARTOIS: 

main  droite,  et  aun  paroles  çitiaiteB  de  sa  prfimièie  épitre  aux 
Corînthietis  qu'il  indique  de  la  maiîi  gauche  :  acckh  a  dovuxo  qvùd 

TAADIDI  ¥0B1S. 

A  lu  gauche  du  Christ  se  trouve,  non  pas  saint  Douiinîquef  mais 
saint  Thomas d'Aquin  qui  porlelecostumedeson  ordre.  Le  chantre 
de  rËucharislie  lient  dans  sa  main  gauche  un  catice  et  dans  la  droite 
un  phylaclère  avec  ce  verset  de  sa  célèbre  prose  Lavda  sion  : 

DOGMA   DAT  va    XRIAMS 

QVOD    ÏN   CARIVEM    TRANSIT   PAMS 

ET  VUVH  (sic)  IK  âANGVlNEU. 

Nous  nous  demandons  maintenant  comnieut  on  a  pu  voir  saint 
Grégoire  et  saint  Jérôme  dans  les  deux  personnages  non  nimbés 
qui  sont  sur  les  côté.s  de  l'émail,  alors  que  leur  costume,  aussi  bien 
que  les  paroles  qu'on  leur  met  dans  la  bouche,  dénotent  des  pon- 
tifes de  r Ancien  Testament  :  ils  sont  les  Ggures  de  la  loi  mosaïque 
représentant  k  loi  nouvelle.  Que  dit  en  eifet  celui  qui  est  à  c6té  de 
saint  Paul?  — OFFEnBO  panëm  £T  vinvm  deo.  Ccst  le  grand  prêtre 
Mekhisédech  qui  oB're  le  pain  et  le  vin  du  sacriGce  antique  :  il 
porte,  en  effet,  une  coupe  recouverte  des  pains  de  proposition. 

A  Tautre  extrémité  de  Témail  est  représenté  le  sacerdoce  de 
Tancienne  loi  sous  les  traits  du  grand  prêtre  Âaron,  car  il  tient  uti 
agneau  sur  le  bras  gauche,  et  dit  cette  parole  qui  annonce  les 
temps  nouveaux  :  fine  accipivmt  saghificia  hea.Sou  nom  est  écrit 
fious  ses  pieds  :  harÔ. 

Devant  le  Sauveur  est  placé  Tagneau  symbolique,  tenant  la 
hampe  d'une  croii  où  flotte  un  gonfanon,  avec  cet  exergue  :  ecce 
AGMVS  DËi.  Au-dessous  jaillissent  des  fontaines  sous  lesquelles  on 
lit  :  OUKES  5iTiE\TES,  vEmTE  AU  AQVAS,  textfi  surmouté  du  millé- 
sime de  J 581, 

-Dans  le  plan  inférieur  se  trou  vent  cinq  personnages  d'une  stature 
beaucoup  plub  petite.  Cest  d'abord  un  évèque  debout,  tenant  une 
crosse  et  un  livre  ouvert,  probablement  ce|ui  de  Cambrai,  Robert 
de  Croy,  dans  lettiocèse  duquel  était  situé  Vaulx-Vraucourt,  et  qui 
avait  transmis  à  celte  église  la  Bulle  apostolique  de  Paul  MI,  dont 
nous  parlerons  plus  loin.  Il  ne  peut  être  le  patron  du  donateui 
puisqu'il  n'est  pas  nimbé. 

Arrive  enfin  la  famille  des  donateurs  cui-mémes  (et  non  de 


m^m 


Piiarlt#  III 


KtHl 


Pi^f  ittS, 


\ 


L  ÉMAIL   DE   X'AILX   E  Rî   ARTOIS.  169 

donataircâ,  comme  le  dit  le  catalogue  délavante  Deusy).  A  gauche, 
on  homme  vénérable  est  à  geDou:t,  leg  mains  jointes  ;  on  a  bien 
fait  de  mettre  un  point  d'interrogation  apn's  son  nom  proposé  de 
Grimbert,  caria  fracture  de  Témail  n'a  rcâpt^cté  ijne  trois  ou  (juatre 
lettres,  â  Taide  desquelles  il  est  bien  djrticilc  de  reconstituer  un 
mol.  On  lit  d'abord  uneMave^  un  point,  qui  peut  signifier  Messire. 
La  première  lettre  du  nom  qui  suit,  à  moitié  ébn^chcop  nepeut^tre 
qu'un  G,  un  G,  un  o  ou  un  q;  ne  pouvant  y  retrouver  ni  Jean,  ni 
Maximilien  de  Longueiâl,  seigneurs  de  VauU-Vrau court  à  cette 
époque,  on  en  est  réduit|  à  des  conjectures.  Les  trois  dernièrei 
lettres  du  nom  sont  :  ert;  mais  rinterTalle  compris  entre  la  pre- 
mière et  les  dernières  lellres  est  trop  large  pour  n'y  placer  que  le 
seul  nom  de  Grimbert.  Il  faut  donc  chercher  une  autre  solulionp 
que  nous  proposerons  tout  à  Theure. 

Derrière  ce  vieillard  à  barbe  blanche  sont  deux  jeunes  gens  à 
genoux,  et  en  face  de  iul,  également  à  genoux  et  les  mains  jointeSt 
tenant  qd  chapelet,  sa  femme  en  costume  de  Tépoque,  coitï'ée  d*un 
bonnet  noir  a  haute  forme,  portant  au  cou  une  ;|uimpe  blanche^ 
ornée  d*une  ruche,  et  aux  poignets  des  manchettes  tuyautées*  Près 
d'elle  est  un  livre  posé  par  terre. 

Au  moment  oii  nous  cherchions  à  Identifier  ces  deux  person-- 
nageSj  nous  avons  découvert,  au  MuBce  de  Cluny  à  Paris,  deux 
émaux  ovales,  du  même  Pierre  Redmond,  inscrits  sous  les  n^'4G37 
et  4638,  mesurant  0"',09  sur  0",12.  Ils  représentent  Ton  et  l  autre 
la  scène  bien  connue  de  Suzanne  au  bain  avrc  les  deui  vieillards  : 
or,  sur  le  premier,  on  aperçoit  derrière  ces  vieillards  la  personne 
du  donateur  qui  est  identiquement  celui  de  notre  émail  di^  Vauli» 
comme  ressemblance,  comme  pose  et  comme  costume!  Kt  sur  le 
second,  à  la  même  place,  se  trouve  sa  femme  également  Cfïpiée 
sur  le  modèle  de  la  nôtre.  Afals  ce  qui  donne  à  ce  rapprorhpment 
un  intérêt  capital,  c*eat  que  le  nom  du  marfi]y  est  écrit  vn  toutes 
lettres  avec  la  date  de  Y^x-voto  :  ^  M.  lEHAX  GVh:\lX\  L>SL  * 
Son  patron.  S'  Jean-Baptiste,  montrant  Fagni-au  figuratif,  est  debout 
a  ses  côtés.  Le  nom  patronymique  de  la  femme  ne  nuus  est  pas 
révélé;  mais  elle  est  accompagnée  de  sa  palrorint»,  aussi  debout, 
S"  Marie-Madeleine,  portant  le  vase  de  parniiiis,  toujours  avec  le 
même  millésime  1581. 
•    Cette  identité  absolue  de  personnages  et  de  dates  pourrait  nous 


170  L  ÉUAIL  DE    VAULX    £  ^l   ARTOIS. 

autoriser  h  attribuer  rémail  de  Vauk  à  la  libéralité  du  même 
M-  GvENiîs  ;  son  nom  élait  probablement  guiti  de  celui  d'un  fief 
finisâant  par  ËRT»  L'ilrmorîal  de  Picardie,  dressé  pard'Hozier,  un 
siècle  plus  tard,  nous  apprend  que  Nicolas  Guétiin^  eonseiller  du 
Roi,  président  des  Traites  de  Péronne,  n  porte  de  sable  à  irois 
croissanis  d'argent^  denx  et  un^* 

Tel  est  Tensemble  de  cette  pièce  magnifique.  J'avais  donc  raison 
de  dire  qu'elle  élait  digne  de  faire  partie  du  Trésor  de  Vaulx  en 
Artois.  C'est  bien  là  qu'elle  était  encore  en  1896,  avant  rExpoaî- 
llon  rêtrospecliire  'd'Arras,  où  elle  fut  apportée  par  un  délégué  du 
conseil  de  Fabrique  de  celte  paroisse.  Mais  quand  on  l'en  retira, 
au  lieu  de  la  reporter  dans  T église  à  laquelle  elle  appartient,  on  la 
laissa  à  M.  Deuay,  qui  possédait  déjà  d'autres  émaux  du  même 
artiste  de  Limoges,  Elle  fut  alors  comprise  dans  Tintentaire  des 
objets  d'art  qui  fut  dressé  après  le  décès  de  ce  collectionneur  infa- 
tigable, et  elle  allait  être  mise  en  vente  par  adjudication  publique^ 
lorsque  survint  la  haute  intervenHon  de  la  Commission  des  monu- 
ments liiatoriques  du  Pas-de-Calais,  qui  arrêta  l'affaire  et  fit  surseoir 
à  la  vente.  Ce  sursis  fut  le  salut  de  l'émaiL  M.  le  préfet  renvoya  la 
question  à  l'examen  du  Comité  eséculif  qui  m'a  fait  Pbonneur  de 
me  la  confier.  Après  avoir  recfaercbé  et  établi  la  propriété  incon- 
testable de  la  Fabrique  de  Vaulx-Vraucourt,  nous  avons  demandé, 
par  Tentremtse  et  l'autorité  de  révécfaé,  la  rèiutégralion  de  VEjC'- 
170/0  dans  l'église  de  cette  paroisse.  C*est  aujourd'hui  chose  faite» 
puisque  les  300  francs  représentant  le  prix  de  Pémail  ont  été 
remboursés  À  la  succession  de  M.  Deusy,  et  l'objet  d'art  rendu  à 
.son  lé|{itime  propriétaire. 

Mais  dcvTons-nous  en  rester  là?  Ce  qui  s*est  fuît  une  fois  ne 
pourrait-il  pas  se  renouveler?  C*est  ce  que  notre  Commission  avait 
le  lievûir  d*empècher.  Jl  existe  heureusement  une  loi  récente,  en 
date  du  30  mars  1887,  pour  la  conservation  des  monuments  et 
objets  d'art  ayant  un  intérêt  historique  et  artistique;  elle  porte,  en 
elfet,  dans  son  article  8,  que  le  classement  est  fait  par  les  soins  du 
ministère  de  riustruction  publique  et  des  Beaux-Arls.  Les  articles 
suivants  stipulent  que  les  objets  classés  appartenant  aux  Fabriques 
ne  pourront  être  restaurés,  ni  aliénés,  qu'avec  rautorisation  du 
Ministre,  et  que  l'aliénation  faite  en  violation  de  cette  loi  seranuUe. 
Par  conséquent  Tarrâté  de  classement  ne  dépouille  pas  la  P'abrique 


\ 


VEUAlh   DE   TAULX   EN    ARTOIS,  Ht 

de  la  propriété  des  objetf  qui  lui  appartiennent,  mais  il  les  rend 
înAliénahles  sans  i  autorisnlion  ministénelle. 

Vexpmè  qui  précède  nous  dictait  notre  conduite  ;  aussi  ai-je  eu 
l'bonneur  de  proposera  la  Commission  des  monuments  historiquei 
de  demander  à  l'autorité  compétente  le  classement  de  Témail  de 
Vauli-Vrancoiirtr  ce  qui  a  été  voté  à  runanimîté. 

Cette  demande  de  classement  comprend  éjjalement  une  autre 
pièce  rarissime,  appartenant  au  Trésor  de  la  même  paroisse  :  c'est 
la  Bulle  en  parchemin  qui  a  érigé,  le  27  aoûl  1549,  une  confrérie 
du  Saint-Sacrement  dans  cette  église^  coufrérie  à  laquelle  le  susdit 
émail  a  été  oBert'. 

La  Bulle  mesure  0'',75  de  hauteur  sur  0",59  de  largeur  :  elle  a 
perdu  les  sceaux  dont  elle  était  munie,  mats  le  l)ord  inférieur 
replié  sur  lui-même  en  porte  encore  la  trace.  C'est  une  formule 
imprimée  qu'en  termes  de  chancellerie  on  appelait  instrument um  : 
elle  comprend  quatre-vingt-qualorze  lignes  de  teite  in-folio  et 
contient  aussi  des  blancs  qu*on  a  remplis  à  la  main  pour  iudiquer 
notamment  le  nom  de  la  paroisse  affiliée  et  la  date  de  Fagrégation. 
Nous  y  lisons  donc  ee  passage  manuscrit  que  nous  transcrivons  : 
*  Ad  instantiam  communitatis  et  hominum  oppidi  de  VauLt, 
Cameracejisis  diocesis,  pro  confraternitate  Sancti  Martini  prœdie- 
tùrum  oppidi  et  diocesis  erecta,  « 

Encadrée  d'une  hordure  de  0°',1Û  ornée  de  feuillages  poly- 
chromes» elle  est  rehaussée  de  cinq  médaillons.  Les  trois  médail- 
lons placés  dans  la  bande  supérieure  représentent  :  au  centre  un 
calice  avec  hostie  porté  par  deux  anges  et  abrité  sous  un  pavillon  ^ 
—  à  gauche  et  à  droite,  saint  Pierre  et  saint  PauL 

Les  deux  médaillons  inférieurs  sont  plus  finement  peints  que 
les  précédents  et  ne  paraissent  pas  émaner  du  même  artiste  :  ils 
ont  sans  doute  été  ajoutés  au  moment  de  la  délivrance  de  la  Dulle 
à  la  confrérie  de  Vaulx.  L*uu  rappelle  ce  trait  de  saint  Alartin, 
patron  de  k  paroisse ,  partageant  son  manteau  avec  un  pauvre 
mendiant;  Tautre  donne  les  armoiries  de  Jean  de  Longueval  qui 
était  seigneur  de  Vaulx  en  Artois,  et  qui  fonda  la  nouvelle  église 
de  ce  lieu,  achevée  seulement  en    t5M,  avec  le  concours  de  sa 

ame  Jeanne  de  Rosimboz,  Leur  Sis  Maximilien  porta,  le  premier. 

Voir,  d-«prcs,  pUncbe  IV. 


17f 


Ll  CATHEDRALE  DE  NANTES. 


le  titre  de  baron  de  VauiXj  devint  gouverneur  d^Arras,  et  fut  tué 
en  1581  auâi^ge  de  Tournay;  îl  avait  épousé  lUarguerîte  de  Lille. 
L'écusson  des  Longue  val  est  bandé  d€  vair  et  de  gueules  de  six 
pièces.  —  Supports  :  deux  grifTons.  —  Heaume  sunnotifé  d'un 
griflbii  pour  eimîer. 

On  dûDue  une  curieuse  eiplieatronsur  rorigiae  de  ces  armoiries. 
Un  Longueval  faisant  partie  de  Teipédition  des  croisades,  pour 
rallier  ses  troupes  qui  avaient  perdu  leur  étendard,  tailla  dans  son 
manteau  des  bandes  d'étoffe  qu'il  mit  au  bout  d'une  pique;  et 
comme  son  manteau  était  rouge  d'un  c6té,  et  bleu  avec  paillettes 
d'argent  de  rautre,  on  y  vit  lea  gueules  et  le  vair  qui  devinrent  ses 
couleurs  héraldiques.  Les  Sarrazius  Tavaientsarnomméle  Dragon. 

Il  nous  semble  donc  que  la  Bulle  de  1549  et  Témaîl  de  1581 
méritaient  bien  d'être  sortis  de  Toubli  dans  lequel  ils  ont  été  trop 
longtemps  ensevelis. 

Baron  Caveois, 

Ciiancelier  de  l'/lcadémle  d'Arrtf,  Délé- 
gué par  la  OammisMiïn  dci  MonumeDti 
,  liiatoriquei  du  PiS'Klû-Ciiali, 


V 


LA  CATHÉDRALE  DE  NANTES 

DOCtrit£\TS  IVÉDlTâ 
J63Ï 


L'histoire  des  anciens  monuments  religieux  si  Importants  et  ai 
nombreux  qui  peuplent  le  sol  de  la  France,  a,  de  tout  temps,  attiré 
l'attention  des  amis  des  arts  et  de  nos  antiquités  nationales. 

C'est  que,  bien  plus  que  les  architectures  civile  et  miltfaire,  Tar- 
chitecture  religieuse  est  le  reOet  des  aspirations  artistiques  d'un 
peuple.  Alors  que  les  châteaux  Torts  et  les  édifices  civils  sont,  le 
plus  souvent,  Tœuvre  d'un  seul  ou  de  quelques-uns,  on  peut  dire 


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LA   CATflÉDRALB   DE   NANTES.  173 

que  DOS  cathédrales,  qui  demeuraient  inachevées  et  comme  en 
chantier  pendant  des  siècles,  s*élevant  peu  à  peu  par  le  concours 
pécunier  et  sous  les  influences  do  tous,  prêtres»  nobles  et  bourgeois, 
sont  véritablement  le  produit  des  communs  efforts  de  plusieurs 
généralions,  et  par  conséquent  rcxprossion  sincère  et  complète  de 
notre  génie  national  aux  siècles  passés. 

Dans  ces  monuments  séculaires,  on  peut  suivre,  comme  en  un 
livre,  les  évolutions,  les  émancipations,  les  triomphes  et  jusqu'aux 
défaillances  du  goût  de  nos  ancêtres.  Les  pierres  dont  ces  édiflces 
sont  faits,  les  sculptures  et  les  verrières  qui  les  ornent,  disent  et 
redisent  cet  amour  de  Testhéfique  et  ce  souci  du  beau  et  du  grand, 
qui  furent,  de  tout  temps,  le  partage  de  notre  race. 

Aussi,  quelle  satisfaction  pour  l'artiste  de  s'attacher  à  Tbistoire 
de  quelqu'une  de  ces  basiliques,  de  la  suivre,  contrats  et  marchés 
en  main,  depuis  la  pose  de  sa  première  pierre,  si  c'est  possible, 
jusqu'à  son  complet  épanouissement,  la  voyant,  à  travers  les  Ages, 
se  développer,  s'embellir,  ou  se  modifier  dans  ses  plans  primitifs 
sons  le  souffle  des  écoles  nouvelles! 

Rien  d'ailleurs,  comme  la  connaissance  des  plans  et  des  devis 
des  travaux  exécutés  successivement,  n'aide  à  comprendre  l'ar* 
cbîlecture  d'un  édifice  dans  ses  grandes  lignes,  ne  permet  de 
saisir  ces  mille  détails  qui  passeraient  inaperçus  autrement. 

De  même  qu'un  voyageur  ne  peut  comprendre  la  constitution 
des  peuples  qu*il  visite,  leurs  mœurs,  leurs  coutumes  et  leurs 
usages,  s'il  ne  sait  leur  histoire  ancienne,  de  même  il  ne  sera 
donné  qu'à  celui  qui  connaltrjBi  bien  l'historique  d'un  monument 
de  pénétrer  les  secrets  de  son  architecture  et  d'en  saisir  les  beautés. 

Ajoutons  enfin  que  ce  n'est  qu'à  l'aide.d^s  mai'chés  ou  des  procès- 
verbaux  de  visite  des  travaux  qu'on  peut  reconstituer,  ou  tout  au 
moins  connaître  les  parties  d.*un  édifice  détruites  ou  détériorées 
par  les  injures  du  temps,  par  la  maladresse, des  uns  ou  par  les 
passions  révolutionnaires  des  autres. 

Telles  sont,  très  sommairement  déduites,  quelques-unes  des 
considérations  qui  nous  avaient  porté  à  penser  que  le  Comité  des 
.  Beaux-Arts  accueillerait  avec  faveur  la  communication  de  quelques 
pièces  relatives  à  la  construction  de  la  catliédrale  de  Xantes, 
monument  parachevé  depuis  peu  d'années  et  classé  ajuste  titre 
ifhvm\\t%  Monuments  historique^. 


174  LA   CATHÉDRALE   DE   NANTES. 

'  La  Revue  des  provinces  de  tOuest  publiait,  il  y  a  bjeDl<5t  qua- 
rante aits  *,  sous  la  signature  de  M.  A.  de  la  Borderle^  taut  un 
ensemble  de  documents  éclairant  d*un  jour  nouveau  rhîstoire 
assez  obscure  jusqu'alors  de  Tantique  cathédrale  de  Nantes*  Les 
archives  de  Févéché,  ainsi  que  celles  du  chapitre  de  Saint-Pierre, 
mises  à  la  disposition  de  Tauteur,  avaient  révélé  leurs  secrets  :  de 
leur  |)0us8iére  était  sortie  une  florissante  gerbe  de  marchés  et  de 
contrats  d'adjudication. 

Il  s'en  fallait  cependant  de  beaucoup,  —  Tauteur  ne  rignorait 
point,  —  que  toutes  les  pièces  intéressant  Tœuvre  de  la  cathédrale 
aient  été  retrouvées  et  mises  au  jour. 

Sans  parler  de  la  partie  ancienne  de  Tédifice,  au  sujet  de  laquelle 
on  n*appodait  que  quelques  dates,  qu'un  rapide  jalonnement»  si 
nous  pouvons  ainsi  dire,  du  labeur  entrepris  et  accompli  avant  le 
quinzième  siècle,  il  faut  bien  reconnaître  que  les  différentes  étapes 
de  la  construction  moderne  n'avaient  pu  le  plus  souvent  qu'être 
sommairement  indiquées. 

Au  quinzième  siècle,  on  le  savait,  revenait  l'honneur  d'avoir 
achevé  le  portail,  la  façade  et  les  deux  tours;  au  seizième^  appar- 
tenaient la  nef  et  ses  bas  côtés  ;  enfin,  au  dix-septième,  les  graniles 
voûtes  de  la  nef,  la  voûte  des  orgues,  la  façade  du  chœur  -,  le 
transept  sud  et  les  deux  <^hapelles  collatérales  au  delà  de  ee 
transept. 

Cependant,  même  pour  ce  dix-septiime  siècle,  si  près  de  nous 
relativement,  pour  ce-lsiècle  qui  avait  vu  se  produire^un  %\  bel  élan 
en  faveur  de  Tachèvemenl  dugrandœuvre,les  plus  grosses  lacunes 
ne  cessaient  de  subsister. 

Ces  lacunes  devaient  MiemxA&tiï  exister  dans  les  archives  capî- 
talaires,  x:ar  il  e^  eertoin  ^é  Fauteur  n'était  pas  homme  à  passer 
à  côté  d' un' 'document  important  sans  le  saisir  pour  rincorporer 
daâs  son  mémoire,  '      ^ 

Depuis  lors,  il  semblait  donc,  avec  raison,  qu*au  hasard  seul  ^il 

1  Tome  m;  tDoée  1855,  p^.  ^7  et  321. 

*  G* est  ainsi  ^ue,  dans  ces  derotères  années,  on  a  préteildu'qûe'^df^Faïl  unique- 
,  ment  être  désigné  l'aocien.' ^'ii^tf',  déoioli; depuis  peu.  On  a' même  avaacn  qai 
.  ^  l' expression  jubé  étai^  ua£  expce&si«i^  toti^e.  moderne.  On  pourra  ae  coavAÎacre,  e 
jetant  un  coup  d'ceil  sur  notre  pièce  jûstMciitive  n^  H,  qu^elle  était  déjà  parfaf 
tcment  en  usage  au  commencemoat  dû  dix*septième  siècle; 


LA   CATHEbRALK   0B    ^tfAl^TES,  175 

pot  èlrê  réservé f  sinon  il*achever  cet  historique,  au  moins  de  le 
campléter  dans  quelque  parlit.^  etaentiellQ* 

C'ett  à  lui  que  nous  devons  aujourd'hui  d  avoir  retrouvé,  en 
poursuivant  des  recherches  dans  les  archives  de  la  chambre  des 
uDlatres  de  Nantes,  un  certain  nombre  d  actes  reiatirs  aux  trâvau\ 
eiêcutés  à  la  cattiédrale  au  commencement  du  dit-septième  siècle. 

Quelques  lignes  rapides  sont  indispeûsahles  pour  montrer  Tin* 
tèrêt  de  ces  actes. 

La  première  et  importante  donnée  qui  s'en  dégage  est  relative  à 
la  construction  des  grandes  voûtes. 

Ouâ  écrit  qu'elles  furent  commencées  en  1028  \  Cette  date  ne 
laurait  èfreeiacte.  Le  marché  de  ce  travail  très  important,  adjugé 
à  Michel  Poirier,  René  Le  Meunier,  Guillaume  Belliard  et  Marin 
Godenier\  étant  du  3  novembre  I62G\  il  n'est  pas  doutent  qu'il 
dut  être  immédiatement  commencé  et  rapidement  exécuté.  Déi  le 
10  mars  1631,  en  eflet,  on  mettait  ë  l'adjudication  la  plomberie 
de  la  couverture  de  ces  voûtes  ^  ;  mieux  que  cela  méuie^  dans  le 
procès-verbal  de  la  visite  de  ces  voûtes,  faite  par  divers  archi- 
tectes, le  '22  août  1631  -,  il  est  formellement  dit  qu'elles  étaient 
achevées  depuisi  plus  d*an  an  ou  deux. 

Il  faut  donc  conclurai  que  ce  travail  fut  commencé  vers  la  (in  de 
Tannée  1626  ou  vers  le  début  de  Tannée  1627,  et  qu'il  fut  terminé 
au  plus  tard  dans  les  premiers  mois  de  Tannée  ItiSO. 

Faisons  remarquer  en  pas.^^ant  que  le  procès-verhal  du  22  août 
1631 1  que  nous  venons  de  citer,  vient  fort  heureusement  à  point, 
parles  détails  techniques  qu'il  contient,  pour  suppléer,  au  moins 
en  partie,  au  marché  du  3  novembre  1626,  que,  malgré  toutes  nos 
recherches,  nous  n'avons  pu  retrouver  dans  les  archives  de  la 
chambre  des  notaires. 


'  Cf.  TtstSRS,  HUioire  de  \^atUe$,  U  1!I.  p.  ÎT2:  t'ariicte  déjà  cjlé,  dioi  h 
Hetsue  dej  prottinces  de  t Ouest,  l,  lïh  p-  id  et  40,  et  tautf  «  tei  natîeefl  publiéËs 
depuis  lur  \m  question, 

'  Naïf e  livre  ^  «et uelIerûeDt  sou»  preise,  Les  artistes  nantais ,  cotitîendra  fur 
cet  archileetes  dei  nolic^e»  ou^quelle»  naut  rpnt/uyorts  le  lecteur. 
*  Vait  la  pièce  juitificative  o^  IK 
Au%  termes  de  ce  marché^  passd  devAut  M*  iiarnier,  notairi',  cette  plomberie 
idjuj^ée  à  Prerre  (juyot.  M*  piD[iii»jer>  IW  ce  mâ[u«  acte^  det  cliarpeatet  ï 
we  ioirt  adjugée»  à  Michel  Poirierr  M'  charpentier. 
Voir  ta  pièce  juMiOcative  n^  11.  ' 


176    '  tk   CATHÉDBALE  DS  NANTES. 

On  remarque  notamment  que  les  clefs  de  ces  voûtes  étaient 
crtiées  des  armes  royales  et  de  celles  des  alliances  de  la  Cooronae. 
Ces  armoiries  n'existent  plus  depuis  longtemps, 

La  seconde  donnée  importante  apportée  par  nos  actes  concerne 
la  construction  du  transept  méridional  de  la  cathédrale,  de  ce  bras 
de  croîx  dans  lequel  est  aujourd'linî  placé  le  chef^-d^œuvre  de  k 
Renaissance  dû  au  prestigieux  ciseau  de  Michel  Colombe»  le 
tomlieau  du  dernier  duc  de  Bretagne,  vulgairement  appelé  le 
tombeau  des  Carmes. 

L'auteur  du  travail  que  nous  avons  cité  au  début  de  ce  mémoire 
écrit  ce  qui  suit  au  sujet  de  ce  transept  : 

a  L'évéque  Cospeau  parait  avoir  imprimé  aux  travaux  de  la 
cathédrale  une  grande  activité.  £n  1628  \  je  Tai  déjà  dit,  il  fit 
commencer  les  voûtes  de  la  nef,  qui  furent,  semble-t-11,  assez 
rapidement  exécutées;  et  tout  de  suite  après  Ton  entreprît  un  plus 
grand  travail,  Pérectlou  du  bras  de  croix  méridional...  n 

Seule,  une  requête  des  archîlectes,  datée  de  1637  \  requête  de 
laquelle  ou  pouvait  conclure  que  ce  trunsept  était  achevé,  per- 
mettait à  rauteur  de  parler  de  la  construction  de  ce  hras  de  croix. 
Les  déductions  qu'il  en  tirait  étaient  exactes^  nous  ne  faisons 
aucune  difficulté  de  le  reconnaître;  mais  il  est  manifeste  qu'il  avait 
inutilement  cherché  dans  les  archives  capitulaires  Tacts  d'adjudi- 
cation de  ce  travail. 

Cet  important  marrhé,  nous  le  reproduisons  in  extenso  ^t  nous 
bornant  à  rallég:er  des  formules  iniïtiles  du  protocole  final.  Ainsi 
sera  fixé  d'une  façon  complète  et  définitive  Thifitorique  de  cette 
partie  de  l'édifice. 

C'est  le  27  mars  1631  que  fut  adjugé  cet  important  travail^  pour 
la  somme  de  32,(M>0  livres  \  à  Léonard  Malherbe,  René  I^e  Meunier, 
Michel  Poirier,  Jacques  Corbineau,  Marin  (lodenier  et  Guillaume 
Belliard,  tous  maîtres  architectes  de  la  ville  de  Nantes,  qui  s'en- 
gageaient à  l'avoir  terminé  et  à  rendre  leur  renable  trois  ans  après. 


1  Nous  avons  déjfk  TâiÊ  remariiuer  (|uo  ce  iDtrcbé  ^Uit  àt  lfil6. 

*  Cr.  Heeue  des  proeïnces  de  tOuest^  l.  III,  p.  321. 

*  Voîi'  Ia  pièce  juattûciiljve  n^  L 

*  Ceii  k  lorl  que,  dans  rârlicle  suivtié  de  lu  Rttue  hiilorique  de  i'Ouettt 
dftus  ceux  qui  ont  éXn  publiés  depuis,  au  a  écrit  que  le  prii  d'adjudicAlioii  tr 
élé  de  33,000  livres. 


LA   CATHBDilâLE    DB    NANTES.  ITT 

On  sait  qu'iin  arrêt  de  la  Cour  des  comptes^  rendu  le  1 2  décembre 
1637,  fit  ajouter  8,000  livres  au  montant  de  Tadjadication.  De  la 
sorle,  le  pris  de  ce  travail  fut,  aa  total,  de  la  somme  de 
40,000  livres. 

Le  mari]uis  DE  GaAXGES  de  Sudgères, 

Correipundâot  de  U  Société  oationale  des  anti- 
qtiftirei  de  France  ^  membre  do  Comité  con- 
ilituë  pour  l'ftclkèvement  de  la  cathédrale  de 
Xaotei. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


DOCtUËVT    N*    I, 

I631j  27  mars,  —  hf arche  de  la  conUruction  du  bras 
de  croix  tnéridional  de  la  cathédrale  de  Nantes. 

Par  deuant  Messieurs  les  trésoriers  de  Friince  et  généraux  des  finances 
tn  Brela^jne,  commis^^aires  deppuLés  par  le  ftoy^  presanls  nobles,  véné- 
rable! et  diicrets  mtaaîres  Jean  Fourché,  grand  archidiacre  de  Nantes» 
Jean  Gtraud,  abbé  de  Melleray  et  chanoine  de  Teglise  cathédrale  dudit 
A^antei,  Michel  Dubreit,  pénitencier  Dt  chanoine  en  ladite  église,  Julien 
Pageot,  atissy  chanoine  de  ladite  églises,  monsieur  M'*  Jean  Fourché, 
escuterf  sieur  du  Bi^ou,  conseiller  du  Roy,  maUre  de  ses  comptes  en  Rre- 
tai^ne,  et  Michel  loriot,  eâcuier,  sieur  de  la  Noc,  aénéchal  des  Regaires  dudit 
Nantis,  et  cy^deuant  maire  audtct  \''antes,  tous  assemblés  en  l'église 
cathédralle  dudit  Nantes;  présents  ausay,  Guillaume  Blanchard,  escuier, 
sieur  de  la  Chapelle,  conseiller  du  Roy  et  son  procureur  au  siège  présidial 
dudil  kVantes,  a  été  remoustré  que,  pour  continuer  i*œuvre  de  rembellis- 
sèment  et  augnienlation  de  ladicle  é^^liâe,  IL  auroit  esté  cy  deuant  faict 
diuerses  proposilions  au  chapitre  de  ladicte  écjlise  entre  lesquels  n*en 
ayanL  esLé  trouué  aucunes  plus  à  propos,  ulile  et  remarcabie,  que  de 
commancer  à  bastîr  la  croisée  du  grand  corps  de  Téglise  à  peu  près  de 
Taucien  modelle  d'icetle,  affin  d'accompagner  les  voûtes  de  la  nef  qui  ont 
depais  peu  esté,  par  la  grâce  de  Dîeu^  paracheuées,  il  auroit  esté  aduisé 
de  faire  assigner  et  publier  le  marché  de  Tune  des  ailles  de  ladicte 
,  au  vingt  quatrjesme  du  prenant  mots  de  mars,  pour  essayer  de 
jir  à  prendre  si  bien  les  mesures  dudict  bastiment  que  le  tout  peust 
sir  &  rhonneuret  à  la  gloire  de  Dieu.  Et  pour  cest  effect  auroit  este 
'^'Â  nrdannance  par  mesdicts  sieurs  généraux i  portant  commandement 

13 


r 


178 


LA   CATHÉDRALE    DE   NANTES. 


au  premier  sergent  royal  de  faire  la  publication  dadict  tnarehé,  c«  qae 
ayant  faict  en  plusieurs  et  diuers  lieux,  tant  de  ceste  vîUe  que  cireon- 
uoisins  pt  ù  diuerg  jours  de  marchés,  lesdicts  sieurs  cy-dessus  nommex  se 
seroient  tous  trouués  à  cedîct  jour,  vingt  quairiesme  de  mars  mil  six  cens 
trante  un^,  sur  les  troys  heures  de  Taprès  midy,  en  ladicte  grande  église 
au  pareillement  se  seroient  rencontrés  grand  nombre  de  M*'  architectes, 
sculpteurs,  cherpantiers,  couureurs  et  autre  expers,  pour  le  sublect  de 
ladkte  assignation,  suiuant  laquelle  il  auroit  esté  requis  de  la  part  desdîcts 
sieurs  du  chapitre  qu*il  soit  procédé  &  la  réception  des  offres  de  ceux  qui 
TOudroient  entreprendre  ledict  œuure;  sur  quoy,  Michel  Loyson,  sergent 
royal,  et  Bougîart,  trompette  ordinaire,  ayant  déclaré  auoir  bien  et  deue- 
ment  banny  et  publié  ladicte  assignation,  les  quinze  et  vingt  deu^iesma 
dudiet  moiSf  ledict  marché  en  plusieurs  endroits,  suiuant  Tordonnance  à 
eulx  deUîurée  àcedictjour,  dont  ils  auroient  raporté  procès- uerbal,  lequel 
ils  auroient,  par  serment  d*eux  pris,  certifGé  véritable,  auroit  eslé  faict 
lecture  à  hauUe  voix,  tant  de  la  bannye,  que  du  deuis  dudict  bastimenl  de 
Vaae  des  ailles  de  ladicte  croisée  du  costé  du  Chapitre,  après  laquelle 
lecture  ouye  par  tons  lesdicts  entrepreneurs  et  expers  presans^  lesquels 
auroient  requis  en  auoir  communication  et  qu*il  leur  feust  permis  et  don- 
ner  temps  pour  voirs  le  lieu  dudict  bastiment,  prendre  les  mesures  et 
proportions  de  remplacement  et  advuiser  ensemble  à  faire  valloîr  les 
choses  bonnestement,  ce  que  lesdicts  sieurs  commissaires  auroient  accordé 
et  pour  ce  ordonné  leur  estre  delliuré  coppie  dudict  deuis ,  1  assignation 
dudict  marché  auroit  esté  remise  au  vendredy  vingt  septième  dudict  pré- 
sant  mois,  auquel  jour  estans  tous  lesdicts  sieurs  rassemblés  en  la  nef  de 
ladicte  grande  église,  sur  'les  deux  heures  d'après  midy,  pour  Teffect 
dndict  marché,  où  se  seroient  semblablement  trouués  grand  nombre  de 
peuple  expers,  .M**'  architectes,  entrepreneurs  et  autre$î  artisans,  en  la 
prèsance  desquels  ledict  Bougiard,  trompette,  ayant  certiftié  auoir  banny 
de  reclief  ladicte  remise,  auroit  esté  faict  lecture  à  haulte  voix,  de  toul  le 
deuis  de  la  construction  et  des  bastiments  de  ladicte  aille  de  la  croisée 
vers  le  chapitre,  dont  la  teneur  ensuilt  : 


PBBMIÈRBMEKT. 

Est  requis  considérer  Tordre,  haulteur  et  grosseur  d'un  arc  doubleau 
antien  basti  et  esleué  contre  la  tour  du  cœur,  joignant  la  chapelle  Sai net- 
Clair,  lequel  arc  il  faudra  conduire  et  mettre  à  perfection  ainsy  qu'il  est 
commence,  et  au  bout  de  la  chapelle  de  la  Madelaine,  proche  duCbapît 
et  faire  nng  pareil  audict  antien  commancé,  lequel  pijlier  sera.de  pie 
de  grain  esligy  à  la  haulteur  du  paué  par  le  dedans  é(  par  le  dehc 


14   CATHÉ1>RALB    DE    »A\Tei.  110 

montant  ledîct  gvmu  de  pareille  haylleur  cl  fm^iori  que  sont  les  aulre» 
pilliers  de  la  nef,  et  «erft  apptîyé  d'ua  autre  pîEIier  qui  aurn  lullant  de 
buttée  et  saîtlye  vers  le  Chapitre  comme  ont  rem  qui  sont  fairU  en  la  nef, 
Sera  ledict  piJUer  fondé  mt  un  bon  roc  bien  ferma  et  sUhle  pour  porter 
le  fais  et  pesanteur  qui  sera  posé  par  dessus,  et  en  îcelluy  seront  faictes 
[es  mesmes  architectures  et  aracbementz  de  voûte  et  impostes,  comme 
elles  sont  à  cetluy  qui  eâl  planté  sur  kdkl  premier  pi I lier ^  comme  it  e^^té 
dicl  cf-demnt,  et  seront  eouduistz  les  deux  pilliers  h  mesme  hauteur  de  la 
net  Kt  la  murûUe  qui  est  entre  lesditz  pilliers,  ou  est  la  petite  ^allerie 
qyi  sera  acheuée  d'être  conduicte  A  la  mesoie  hauteur  desdicti  pilliers  et 
do  ta  nef  et  enlablèe  eofume  ladicte  nef* 

Oultre,  sera  faict  sur  ledkt  entablement  des  ballustres  et  galleryes, 
comme  il  y  u  à  ladicte  nef  H  de^  gargouilles  au  dehors ^  pour  jeter  Teau 
et  aussjf  des  piramides  pour  amortir  lesdictz  pilliers,  de  la  ^mèmf  J  sculp- 
ture que  celles  cy-deuanl  falctes  du  meitne  cas  té. 

£t,  à  l'autre  coité  qui  joinct  U  lacristiei  il  sera  faict  un  mesme  piMierf 
qai  sera  de  mesme  grosseur  que  celuy  joînct  ladicte  chapelle  de  fa  Made> 
laine,  comme  a  esté  parlé  cy-deuanl,  auecq  la  mesme  sallye  et  pillier  en 
irboultant,  qui  sera  reuesty  de  pierre  de  ^rain  pur  dedans  et  par  dehors, 
et  de  mesme  architecture  que  l'autre  pillier  et  pareil  à  ceiii  de  la  nef  et 
Fondé  sur  un  bon  roc  ou  fonds  sollide  pour  porter  ladiHe  cpuure.  Et  sera 
pknié  lediet  pillier  au  lieu  où  est  la  muraille  qui  cIqs  ladirte  sacriitie  et, 
d'aultani  qu^elle  ne  porte  pas  Tespesseur  requise,  sera  esN^y  dedans  la 
petite  caue  que  tient  h  présent  missire  hac  Ra^uideau,  sacrifie,  et  pour  lit 
sûreté  de  ladicte  sacristie,  auant  que  de  Tûuurir  sera  faict  un  par^miu  de 
luffeau,  qui  conduira  jusque  sous  les  arcades  des  deux  voûtes, 

ADSSjf,  entre  Icdtct  pillier  et  le  pillier  de  la  Maddelaine,  sera  faict  le 
pignon  de  ladicte  croisée  vers  le  chapitre,  lequel  i^era  fondé  &ur  un  bon 
roc  au  fond  sollide  et  dans  icelluy  pignon  y  aura  un^  petit  portique  au 
millieu  pour  descendre  audict  chapitre  et  aller  vers  l'é^^lise  Sainct-LaurenSi 
et  y  sera  mis  aultant  de  marches  qu'il  en  faudra,  au-dessus  duquel  por* 
tique  et  au  milieu  dudict  pignon  sera  eslirjy  ung  grand  vitrail  qui  aura 
pour  le  moings  de  largeur  vincjt  trois  pieds  plus  ou  jnotf);|S,  if? Ion  que  la 
pUce  le  pourra  permettre,  lequel  vitrail  montera  uusiy  hauU  que  la  cir- 
f^onférence  de  la  voûte  de  ladicte  croisée.  Et  sera  bien  deuement  ambrasé 
à  la  proportion  de  la  muraille,  qui  aura  pour  Le  moings  s\%  pieds  d'espes- 

et,  par  le  fondi»,  dix  pieds  jusquea  ù.  reslîgemcnt  dudict  vitrai  et^era 
pif  de  bonnes  pierres  de  tuffeau  blanc  comme  celui  qui  est  employé 

""ïtes  et  arboutans.  Sera  aussy  tedîct  vitrai  rempli  de  montant  de 


180  LA   CATHEDRALE   DE    NANTES. 

pierre  de  Tailleboiirg,  aultant  qu^il  en  sera  requis  auecq  des  roseâ  entre 
lesdictz  montans,  selon  leur  proportion,  et  pour  tenir  Jes  diclz  monlans 
sera  nécessaire  de  mettre  en  faisant  la  massonnerîe,  des  barres  de  fer, 
tant  en  la  largeur  dudict  vitrail  qui  entre  chacun  desditz  monlans, 
pour  tenir  et  attacher  les  vitres  dudict  vitrai  et  les  maintenir  contre  Jn 
force  des  venlz,  lequel  fer  et  vitraiges  les  entrepreneurs  ne  seront  lentu 
de  fournir.  Ledict  pignon  sera  esleué  de  son  carré  aussy  hauU  que 
lesdictx  pilliers  de  la  nef,  et,  au-dessus  de  ladicte  haulteur,  sera  fsict  une 
pointe  en  pignon  qui  sera  conduict  selon  la  charpente  et  enbihje  d!un 
cheuron  brizé  en  rampant.  Et  pour  Tamortir,  sera  faicl  une  croix  auecq 
son  pied  d'estail,  qui  sera  bien  elduement  lyé  de  bons  liens  de  fer  et  os 
de  bœuf,  pour  maintenir  ladicte  croix  contre  la  force  des  ventjE  et  cïi 
icelle  pointe  de  pignon  y  aura  ung  o,  pour  esclairer  sur  les  voultes,  qui 
sera  faict  en  rond^  dans  lequel  il  sera  mis  et  posé  une  croix  de  fer  pour 
maintenir  le  vitraige  que  lesdictz  entrepreneurs  ne  seront  lenu£  de  fournir. 

Entre  le  pillier  qui  joindra  la  sacristie  et  à  la  quadrature  du  pillier  àe 
la  Madelaine  et  un  vieil  pillier  encommancé,  ser^basty  ung  autre  piltter 
qui  regardera  de  ses  eslignements  ledict  pillier  antien  et  celluy  du  coing 
de  la  sacristie  et  sera  aussy  près  de  la  vieille  tour  de  son  architecture 
comme  est  celluy  qui  est  planté  sur  ledict  antien  pillier^  et  en  cûs  qu'il  se 
trouue  ung  aussy  bon  fondement  de  pierres  de  grain,  corne  audict  antien 
pillier,  les  entrepreneurs  pourront  planter  Tarchitecture  à  la  hauUeur 
qu*est  celle  dudict  antien  pillier  et  conduire  la  mesme  architecture  aux 
impostes  et  arachementz  pour  suporter  le  grand  doubleau  qui  portera  Vun 
des  carrez  de  la  grande  voultedu  cœur  et  sur  lequel  doubleau  on  laissera 
des  rettraites  et  arachementz  .de  voûte  pour  vouller  le  cœur  quand  Ion 
voudra.  Et  sera  ledict  doubleau  razé  et  à  la  haulteur  de  la  dicte  nef  et  piU 
lier  pour  porter  la  cherpente. 

Et,  en  cas  que  le  fondement  ne* se  trouuast  propre  et  bon  pour  venir  à 
la  quadrature  desdictz  pilliers,  les  preneurs  seront  tenu^  de  chercher  ung 
bon  fondement. 

Entre  ledict  pillier  et  celluy  qui  joindra  la  petite  rue  qui  conduict  à  Saint- 
Laurens,  au  coing  de  ladicte  sacristie,  il  sera  faict  une  longère  de  pareille 
haulteur  et  largeur  que  celle  d'entre  les  pilliers  du  costéde  la  Madelaine  et 
pareil  entablement  et  balustre.  En  laquelle  longère,  il  se  fera  une  arcade, 
à  rentrée  du  cœur,  sur  un  pillier  vers  la  sacristie,  au  derrière  duquel  pil^ 
lier  sera  faict  des  attentes  pour  continuer  les  bastimentz,  tant  du  cœur  et 
sacristie  que  des  voultes  d'iceux,  quand  Ton  voudra.  Et  sera  ladicte  arcade 
de  largeur  de  saize  pieds,  plus  ou  moings,  selon  que  la  place  le  poui 
porter,  pour  passer  les  processions  qui  iront  allentour  dudit  cœur. 

Et,  au  hault  d'icelle  longère,  il  sera  faict  deux  vitraux  pareîli  à  ce 


LA    CATHKDHALK    DE    !«AKTÈS.  ISt 

qui  sont  desïa  plantas  en  la  Joni^êredc  la  Madt^^laine,  Ifiquoli  seront  ausây 
paracbeijez  par  lesdicU»  preneurs  h  la  mesni«  haulleurde  l'arasement,  vï 
eiligeront  unj^  vitrai  dans  b  cosliere  de  ladict^  sacrtstie,  du  coi(è  vers  le 
mldy,  pour  donner  jour  en  leelle  de  la  <|riindeur  requise. 

Tous  les  paremens  de  Jadicle  croisée  seront  esleuez  en  bonne  pierre  du 
grain  aussy  faaull  qu^îlï  sont  dans  la  nef,  et  le  surplus  qui  ira  sûubf  la 
voulle  sera  esleué  de  bon  iufreau  blanc  par  dehorst  el  par  dedans^  sani 
qu*ÎL  en  puisse  auoir  de  noir  nî  de  tresae. 

Seront  tenus  lesdîcts  entrepreneurs  de  faire  bienetduementtfs  voiiltes, 
doubleauif  ogiues^  eomme  portent  les  pi I liera  et  arrachements  qui  sont 
desia  plantez,  de  bon  tuffeau^  comme  sont  les  f^outtes  de  la  nef,  et  seront 
hùlUs  au  hmultdeiidîcteiî  voultèj  le.s  armoiries  qai  leur  seront  commandées. 

Et  pour  aider  et  serti ir  h  faire  tout  Touuraîj^e  sera  baili/^  au!(  entre- 
preneurs par  mejïdictx  sieur:;  du  cbapiLre  le  jardin  et  cJoître  antien  dont 
jouist  à  présent  vénérable  et  discret  inissire  Pierre  Vivien,  pour  mettra 
iears  matériaux  et  ouurter.s  et  tailleurs  de  pierres. 

Seront  losdicti  en l repreneurs  tenuz  d'aster  les  terriers  et  \îdanges  qui 
ïortiront  des  fondetnenix  et  aultres  délivres  ])rovetrant  de  leurs  outrra^es 
H  les  faire  conduire  sur  la  \IotLe  ou  hors  la  viUe. 

Feront  aussy  lesdictz  entrepreneurs  les  desrnolîtions  qu^ii  conti tendra 
faire,  pour  faire  et  bastir  ladicte  œuvre,  parce  que  aussy  ih  ae  pourront  se- 
ruirde  toutes  les  vieilles  matières  qui  se  Ironuerontâusdictesdesmoliitions, 

Sera  le  plan  pied  de  la  dicte  croisée  esleué  de  trois  marcbeâ  plus  que 
la  nef  en  laquelle  lesdJctes  niarchea  seront  posées,  el  pour  le  surplus  des 
iuîtres  marches  nécessaires  pour  monter  au  ctpur  et  A  fa  sacristie,  elles 
seront  posées  en  Tespesseur  du  pillier  et  de  la  Um^jueur  que  portera 
larlicte  arcade,  Et  soubz  ladicte  montée  sera  esli^é,  au  costé  lers  Sa J net- 
LaurenSf  une  petite  porte  pour  aller  à  la  cbapeffe  de  5aiii«t-Gobard. 

Pour  le  regard  de  la  cherpenle  qu^ll  eonuiendra  faire  sur  ladtcle 
croisée,  lesdirLx  entrepreneurs  seront  tenui  faîr*^  et  fournir  ladicte  cher- 
pente  de  bon  boi^  de  cliesne,  conformément  à  celle  de  la  nef,  et  Taccom- 
pai^Tier  des  noues  qui  seront  nécessaires  et  se  trouueront  à  la  rencontre 
de  raticienne  cherpeule^  pour  tirer  les  catiï,  lesqueîle.'  couleront  le  lonjj 
de  la  gallerie  par  des  canaux  qui  seront  faiclzâ  la  forme  de  ceux  qui  sont 
à  pré«ns.  Laquelle  cherpente  sera  de  bon  bois  de  cheane,  comme  dtct 
est,  Inyal  et  marchand,  de  pareille  grosseur  et  longueur  el  espace  que 
celle  qui  est  sur  ladicte  nef. 

^*  ~Kïur  la  couverture,  seront  tenuz  lesdictïî  entrepreneur^i  de  faire 

^jC  ladicte  croisée  du  costé  dudict  cbapitre  de  bonns'  ardoisr  de  poil 

"  ~  are,  de  pierre  d'Angers  el  aussy  de  toutes  sorles  de  clous  el  Utiies 

^^fttte,  jusques  à  la  perfection  de  ladicte  Œuvre,  selon  et  au  désir 


182  LA    CATHÉDRALE   DE    NANTES. 

du  presant  deuys,  sans  toutefois  que  lesdictz  entrepreneurs  soîeni  subieti 
de  fournir  de  plomb  aux  lieux  et  endroictf  où  il  en  sera  requis  et  où  Ion 
voudra  en  mettre. 

Seront  encor  les  entrepreneurs  tenus  de  faire  et  fournir  le  paué  requis 
à  ladicte  croisée  de  pierre  de  Ray  rie. 

Sera  monstre  ausdictz  entrepreneurs  une  place  pour  (aire  une  perriere 
&  tirer  aultant  de  pierre  de  massonne  quMl  leur  sera  requis,  pour  le 
basti.ment  de  ladicte  œuvre,  laquelle  pierre  ils  seront  lenuz  de  tîrer  et, 
passé  de  ce,  faire  remplir  ladicte  perriere  à  leurs  frais  el  d^spetis,  sans 
neanmoyns  que  lesdicts  sieurs  desputez  soient  subiects  en  aucun  garan- 
taige  ny  obligation  en  façon  quelconque. 

Sera  pareillement  baillé  place  ausdictz  entrepreneurs,  au  porL  de 
Richebourg,  près  de  la  riuiere,  pour  mettre  et  placer  leurs  matériaux, 
chau,  sable,  pierre  de  tuffeau  et  autres  matériaux  qui  seront  requis  à 
faire  ladicte  œuvre. 

Et,  d^aultant  qu'il  a  esté  cy-deuant  commandé  de  faire  faire  plusieurs 
desseings  pour  le  bastiment  de  ladicte  église  et  mesme  ung  modèle  en  tuf- 
feau de  tout  ce  qui  semble  estre  requis  de  faire,  tant  pour  ladicte  croisée 
du  grand  corps  de  Téglise  qu*en  ceste  du  cœur,  pour  eslre  dorénavant 
suiuy  aux  occasions  qui  ont  trauaillé  ausdictz  desseings  et  fajct  ledict 
modelle  et  delliurer  lesdicts  dessings,  parce  qu'ils  mettront  et  poseront 
à  leurs  frais  ledict  modelle  au  lieu  qu'il  sera  aduisé  par  ledict  chapitre 
pour  y  estre  conserué. 

Et,  après  la  lecture  duquel  deuis  cy-dessus  a  esté  par  ordonTiance  de 
mesdicts  sieurs  publyé  à  haulte  voix  par  Bougiard,  trompette,  si  aucuns 
voudroient  entreprendre  de  faire  ledict  œuvre,  selon  les  articles  cy-dessus. 
Sur  quoy,  a  esté  par  Jacques  Corbineau,  maistre  architecte,  offeri  faire 
faire  ladicte  œuvre,  suiuant  ledit  deuis,  pour  quarante  huit  mil  liures, 
sans  voûter;  par  Pierre  Parisi,  pour  quatre  mil  Hures  moings,  aussy  snns 
y  comprendre  les  voûtes;  par  ledit  Corbineau,  a  esté  mis  mil  Mures 
moins;  par  ledict  Parisy,  aussi  mil  Hures  moings;  par  ledict  Cort^ineau, 
a  esté  le  marché  mis  à  quarante  mil  Hures;  par  ledicL  Parisi,  deux  mil 
liures  moings;  par  Guillaume  Belliard,  &  mil  liures  inoings;  par  ledict 
Parisi,  mil  liures  moings;  par  Sébastien  Guesdon,  M'  massou,  ù  trante 
cinq  mil  Hures;  par  Guillaume  Babinot,  M*  masson,  k  trante  quatre  mil- 
liures;  Michel  Poirier,  mil  liures  moings;  Guillaume  BelUard,  mil 
liures  moings;  ledict  Corbineau,  à  trante  mil  liures;  ledkt  Patisi, 
à  vingt  neuf  mil  cinq  cens  Hures;  Hélye  Brosset,  aussy  sans  cgt"* 
prendre  les  dictes  voûtes,  a  minué  à  vingt  neuf  mil  liures;  ledict  Ba 
binoty  à  vingt  huict  mille  cinq  cens  livres  et  par  ledict  Belliard  à  vin 
huict   mil  Hures.  Sur  quoy,  tous  lesdictz   sieurs   s'eatant   assemblez 


LA   CATHÉDRALE    DE    NANTES.  18S 

resoUen  qu^îl  ne  seroit  faict  qu'un  seul  marché,  tant  pour  ledict  œuvre 
que  pour  les  voûtes,  pour  meilleur  mesnagement  et  déclaré  à  nng  chacun 
qu'ils  eussent  &  faire  leurs  offres  ansdictes  conditions  de  faire  les  voûtes 
de  ladicte  croisée  et  que  autrement  elles  ne  seroient  receues.  Ayant  faict 
allumer  la  chandelle,  qui  se  seroît  diuerses  fois  estainle  sans  qu'aucun 
iroallnst  parler,  et  enfin  après  auoir  longuement  attendu  et  estre  par  ledict 
Belliard  offert  faire  ladicte  œunre,  auec  lesdictes  voûtes,  pour  trente  et 
trois  mil  liures,  et  sur  ce,  ayant  esté  la  chandelle  réallumée,  puis  estainte 
et  encores  réaliumée,  puis  estainte  et  encore  réailumée,  ledict  Poirier 
auroit  offert  prendre  tout  ledict  marché,  compris  lesdictes  voultes,  à 
trente  deux  mil  liures  et  ung  denier  à  Dieu  de  cent  escus,sur  lequel  offre 
la  chandelle  estant  estainte  et  encor  réallumée  diuerses  fois,  sans  que 
aucun  se  présentast,  voiant  que  la  plus  grande  part  des  assîstans  se  reti- 
roient  à  estre  d*un  commun  aduis,  par  mesdicts  sieurs  les  commissaires, 
le  marché  dodict  œunre  adjugé  à  ladicte  somme  de  trente  deux  mil 
liures  audict  Poirier,  qui  a  déclaré  estre  tant  pour  luy  que  pour  lesdicts 
Corhineau,  Belliard,  Marin  Godenier  et  René  Le  Meusnier,  presantz,  qui 
ont  ensemblement  accepté  ladicle  déclaration  dudict  Poirier,  tant  pour 
eux  que  pour  Léonard  Malherbe,  auquel  ils  ont  promis  de  faire  ratifier. 
Et  ont  promb  de  faire  bien  et  deuepient  et  accomplir  ladicte  œuvre, 
aaecq  lesdites  voûtes,  fournir  de  tous  matériaux  et  autres  choses  néces- 
saires, ainsi  qu'il  est  porté  par  ledict  deuis  cy-dessus  et  en  rendre  leur 
renable  dans  d*huy  en  trois  ans  prochains  venans,  moyennant  ladicle 

somme  de  trante  deux  mil  liures Le  vingt  septiesme  jour  de  mars 

mil  sept  cent  trente  et  un. 

Signé  :  Fourcbé  ;  Michel  du  Breil;  Paoeost  ;  Michel  Loaioi; 
J.  Blanchard;  M.  Poyrikr;  Gorbixeau;  Guillaume 
Bellimid;  René  Le  Meunier;   Marin   Gquenier; 
'    Garnier  et  Denis,  notaires  royaux. 

Four  copie  certifiée  conforme  par 
t archiviste  souitigné, 

Poirier. 

DOCUMENT   N*  2. 

1631  y  22  août.  —  Procès-verhal  de  la  visite  des  voûtes  de  la  cathédrale 
et  renable  rendu  par  les  adjudicataires. 

Deuant  MM.  les  trésoriers  de  France  et  généraux  des  finances  en  Ere* 
^ne,  commissaires  députez  par  le  Roy  ^t  en  la  présence  de  nobles  et 


184  LA  CATHÉDRALE  DE  NANTES. 

discrets  missires  Pierre  Coupperie,  coadjuteur  de  l^arcbîdiaconé  de  fa 
Mée,  Jan  Giraud  et  Estienne  Bouet,  clianoine  de  Téglise  de  Xantes,  des* 
putez  du  cfaappitre  d'icelle^  monsieur  maître  Jan  Fourché,  con^eltler  du 
Boy  et  maître  ordinaire  de  ses  comptes  en  Brelaigne  et  de  noble  bomme 
Guillaume  Blanchard,  sieur  de  la  Chappelle,  aussi  conseiller  de  Sa 
Majesté  et  son  procureur  au  siège  présidiai  dndit  Nantes  et  inRÎro  audîct 
Nantes,  tous  assemblez  en  i^ église  cathédralle  dudict  NanLes,  a  esté 
remontré  par  Michel  Poirier,  Bené  Le  Meunier,  Guillaume  Belliard  et 
Marin  Godenier,  tant  en  leurs  noms  que  pour  Jacques  Corbbeau  et 
autres  associez,  tous  M*'  architectes,  leur  ayant  esté  fait  marché  des  te 
troisiesme  de  nouembre  mil  six  cens  vingt  six,  pour  la  construction  dci 
voûtes  de  la  nef  de  ladicte  église  et  arboutans  nécessaire*»,  accardcrent 
mesmes  de  réparer  toutes  les  chouses  qui  pouroieat  estrc  en dom  mâchées 
durant  ladicte  construction,  ainsi  qu^ilest  contenu  au  marché,  ils  Tau- 
roient  entièrement  acomply  au  mieux  qu*il  leur  a  esté  po&sible,  y  atant 
plus  d^un  an  ou  deux  que  les  chouses  sont  parfailes,  ainsy  que  chacun 
sait.  Et  d*autant  qu'ils  sont  obligés  de  rendre  ung  renable  de  tout  ledict 
œuure,  duquel  il  leur  reste  à  pàier  encores  quelques  sommes^  dont  îk  ne 
peuvent  rien  toucher,  faire  raporter  le. procès-verbal  dudict  renable,  c« 
qui  les  incommode  fort,  ils  auroient  supplié  mésdicts  sieurs  de  vouloir 
recevoir  icelluy  renable,  quMls  entendent  présentement  rendre  et  faire 
visiter  toute  la  besogne  par  eux  faite,  auecq  offre  de  satisfaire  enUèrement 
à  ce  qu'ils  sont  obligez;  ce  que  mesdils  sieurs  commissaires  et  despalcz 
leur  aient  acordés  et  pour  y  procéder  faict  apeller  nombre  d^expers 
trouuez  en  ceste  ville,  entre  autres  Helye  Brosset,  François  Richard,  Lau- 
rent Benaudin  et  Jacques  Peandeau,  M"  architectes,  Pierre  Guiot,  XI"  plom- 
beur  et  Estienne  Legrand,  M*  couvreur,  ausquels  aîans  fitict  nieLtrc  et 
déliurer  le  marché  faict  audict  Corbineau  et  faict  faire  le  sermant  de  se 
porter  fidellement  à  la  visite  desdictes  voûtes,  arboutans  et  autres  rbou^es 
contenues  audict  marché,  aians  députez  aucuns  de  mésdicts  sieurs  pour 
se  transporter  et  descendre  aux  endroilz  plus  importuns,  aïtsîslei  du 
notaire  soubsigné  et  de  ses  oxpers,  lesdits  Brosset,  Biehflrd,  Heuaudîn, 
Peandeau,  Guiot  et  Legraqd,  aians  ouy  la  lecture  du  contenu  audict 
marché,  qu'ils  auroient  dit  bien  entendre,  auroient  coniinenoê  au-dessus 
desdites  voûtes  qu'ils  auroient,trouuées  en  bon  estât  et  bien  faict.  El  aians 
veu  et  considéré  le  dessous  d*icelles,  qui  sont  dans  la  nef  de  ludiLc  église, 
les  arcs  doubleaux  et  diagonaux  et  arachemens  d'icelles  voulcs,  aueeq 
leurs  molut-es  d'architecture,  conduits  unaniment  comme  les  ordres 
antiens,  ensembles  les  clefs  desdites  voûtes  pendantes  ennchies  d 
armes  du  Roy,  enseftibles  des  alliances  de  France  auecq  leurs  collii 
d*ordre,  rinceaux  et  feillages,  pour  simetrier  et  enrichir  lesdîtes  arm 


r 


LES   UAITHES    JOUECRS    D'IÏïSTB  UUE  N5,  1I& 


îe  lotit  coniutftnt  en  Tare  et  ordre  des  vauleg  el  arebUeclures,  lesdiU 
eipers  ont  trouvé  Je  tout  eilre  bien  et  deuement  faict. 

Plus,  aîani  veu  Ici  rampana  et  ôrnemeiti  qui  auroientesté  faict  au  jubé 
dépendant  de  Tarchi lecture,  comme  arqultraves^  friseSi  corniche,  auroient 
rec:t}g[tu  tout  ce  qui  esl  des  orïîemens  dépeadAna  dudît  jubé  estre  bien  et 
Jninent  racommodés  et  uns  en  estât  par  piàses  de  tuffeau,  et  en  telle  aorte 
qttll  ne  reste  rien  à  réparer, 

Faict  le  Tingtdeiixiesme  jonr  d'aoujit  nail  sU  cent  trante  unjj, 

^lyni;  J.  Gm^na;  F.  Coufferie;  £.  Bouvict;  Jan  FoiacuK; 
H.  Bho^srt;  g.  HtiLLi£ii;  M.  Povrier;  ë.  Boi;- 
CHAID;  tleué  L(£  \ÎEL-%-iea;  F.  PoVDti^s;  Marin 
GonK^TEa;  Guillaume  Beluard;  Gabmëh  et  Dekis, 

notaires  royaux, 

Pmr  copie  certifiée  conforme  par 
tarc/tîvhU  sowtsi^éj 

PojRiEt. 


VI 

'  .   *  i.- 

LES  MAITRES  JOUEURS  D*I!VSTRUME^S 

AU  XVir  SIÈCLE 

iSOGlÉTI?;» 

à  Le  vîngl-qnatr'  jour  de  décemb  mil  sii  cent  cinq"  sept,  en  la 
Cour  du  Roy  noire  âîre  a  Tours,  pardcvatit  nous  notaire  en  icelle 
ont  été  pri^saDs  de  leur  personnç  et  due  ment  sou  b  mis  les  sieurs 
E^tienne  Bru  net  Taisnép  Cbarles  Deshaye*,  Jean  Pottier,  Joiseph 
Potlier,  Jean  et  Philippe  Hamelot,  Jean  Petite  Giraud  AloutloUj 

'^nne  Drunet,  Jean  Pattierp  René  Moreau  et  Jean  Simon, 

^'te  dn  24  décembre  H>57,  deraul  M"  (^liarlL^s  Hudiiy,  nolJirrÊ  ii  T<juri.  — 
s  de  il*  G.  ViDcent  Gis, 


lae  LES    MAITRES    JOUEURS    D'IN  STRUàlEN  S. 

a  Toas  m*'  joueurs  d'instrumens  demeurant  en  cette  dicte  ville  de 
Tours f  entre  lesquels  ont  esté  faictes  les  accords,  conventions,  pro- 
messes et  obligations  quy  en  suivent. Cestàsavoirqu'ils  ont  promis 
et  s^obligent  pendant  et  durant  le  temps  de  quatre  aimées  à  com- 
mencer lors  et  aussy  tost  que  les  partyes  n'auront  plus  d'engagement 
avecques  autres  personnes  leurs  associés  avecque  lesquels  lesd. 
Pottier  et  consorts  doibvent  jouer  durant  quatorze  mois  et  lesdits 
De^hâfye^^  Ifam'elot  et  consortsie  tenips'quy  reste  à  empirer  de  leur 
societté  reçue  par  nous;  et  lorsqu'ils  seront  ainsy  d'accord,  en 
sera  faict  acte  à  la  suite  des  présentes,  pour  les  quatre  années  de 
ia  présente  societté  avoir  cours  du  jour  dud.  acte,  déjouer  conjoinc- 
lement  de  leurs  instrumens,  s'advertir  les  ungs  les  autres  lorsque 
Tun  d'eux  aura  esté  mandé,  pour  les  proffitz  quy  en  proviendront 
estre  entre  eux  partagés  également  tant  des  ballets  que  bals, 
aubades,  serainades,  estrennes,  visites  que  autrement,  mesme  les 
vins  et  marchés  quy  seront  donnés. 

tt  Et  quand  aux  estraines  que  les  mariés  donneront  le  jour  de 
leurs  espousailles  ou  le  lendemain  appartiendront  à  ceux  quy 
aurons  servy  à  lad.  nopce. 

a  Et  ne  délaisseront  les  susdits  de  participer  aux  profGtz  encore 
qu'ils  fussent  mallades  ou  indisposez. 

«  Si  par  ung  des  susdits  est  reçu  quelque  profBt  pour  lo  service 
qui  aura  esté  rendu,  sera  rapporté. 

a  Et  sy  quelqu'uns  estaient  mandés  et  fissent  service  hors  celte 
dite  ville  et  fauxbourgs,  les  proffitz  qu'ils  en  auront  leur  appar* 
tiendront  seuls  sans  estre  tenus  à  aucun  rapport. 

«  Les  susdits  ou  partie  d'eux  allans  à  la  campagne  faire  service, 
les  frais  et  dépenses  qu'ils  feront  mesme  des  instrumens  que  Ton 
fera  porter  seront  commungs  entre  eux,  lorsque  ceux  quy  mèneront 
chevaux  pour  leiirs  montures  seront  tenus  de  paier  la  dépense  de 
leursd.  chevaux. 

.  a  Ceux  quy  iront  à  la  campagne  à  leurs  afiaires  particulières  ou 
pour  servir  n'auront  rien  aux  proffitz  quy  se  feront  pendant  le 
temps  de  leur  absence;  et  estant  de  retour,  le  feront  savoir;  s'ils 
reviennent  le  matin,  ils  participeront  au  proffit  quy  se  fera  le  lonir 
du  jour;  et  ne  revenans  qu'après  midy,  ils  ne  participerons  qu'an 
proffit  de  Taprès  diner  et  du  soir. 

Il  Sy  quelqu'uns  sont  menés  à  la  campagne,  et  que  ceux  quy  U 


tES   MAITRES  JOUEURS   D*INSTRUMBNS.  1S7 

aqroDS  menés  les  ramenassenl  en  cette  ville  et  fast  par  eux  fait 
baiU  donné  aubades  on  serainades  le  mesme  jour  de  leur  retour, 
ils  ne  seront  tenus  de  raporter  aucune  chose  de  leur  profBt  à  la 
communauté. 

«  Et  sy  Ton  est  mandé  pour  aller  jouer  sur  Teau  ou  dedans  de 
cette  dicte  ville  et  bancslieux,  ceux  quy  servirons  raporterons  à  ceux 
qui  resterons  en  ville  ;  et  ceux  quy  resterons  en  ville  raporterons 
le  profBt  de  leur  service  à  ceux  quy  aurons  esté  sur  Teau. 

«  Sy  Tung  joue  seul  ne  sera  tenu  à  aulcun  raport  ;  et  sy  deux 
ensemblent  jouent  et  servent  et  que  le  mesme  jour  et  le  soir  les 
autres  ou  aulcuns  d*eux  ne  facent  aulcun  service,  le  proffit  que 
lesd.  deux  joueurs  aurons  fait  leur  appartiendra,  et  sy  quelques 
antres  jouent  le  mesme  jour  ou  le  soir,  le  tout  sera  raporté  en 
commung. 

«  Si  Ton  est  mandé  pour  aller  faire  visite,  ou  que  Ton  y  aille  de 
son  propre  mouvement,  le  proffit  sera  commung  à  tous  les  susd., 
et  sy  iceluy  ou  ceux  quy  aurons  esté  mandé  et  chez  lesquels  le 
messager  se  seroyt  directement  adressé  ne  se  trouvaient  lors  dq 
service,  ils  n^aurons  anlcune  chose  au  proffiL 

«  Sy  quelqu'un  des  susd.  est  requis  par  la  compagnie  de  jouer 
et  qu*il  refuse,  il  ne  sera  tenu  pour  peine  que  de  perdre  sa  part  du 
proffit* 

B  Et  si  lesd.  Hamelotz  ou  Tun  d*eux  et  autres  de  la  susdite 
compagnie  allaient  en  foire,  comme  il  leur  est  permis,  lors  de  leur 
\ibsence,  ils  ne  participerons  à  aulcunes  choses,  et  estant  de  retour 
en  advertissant,  ils  participerons  à  ce  quy  se  gagnera  en  après. 

a  Lesd.  Estienne  Brunet  père,  Charles  Deshayes,  Jean  Pottier 
père,  Joseph  Pottier,  Jean  Hamelot,  René  Rigault  et  Jean  Petit 
tiendront  les  dessus. 

«  Et  les  basses  seront  tenus  par  René  Moreau  et  Jean  Simon. 

«  Et  quand  aux  tailles,  elles  seront  tenues  par  Philippe  Hamelot 
et  Estienne  Brunet. 

a  Et  les  véritables  haultes  contre,  par  Jean  et  Jacques  Pottier  ; 
lesquelles  véritables  haultes  contre,  ils  porterons  et  non  d^autres. 

tt  Et  quy  que  ce  soyt  ne  pourra  entrer  en  lad.  troupe  sans  le 

utuel  consentement  de  tous,  et  nul  ne  pourra  y  estre  admis  que 
our  tenir  la  basse. 

«  Estant  de  présentement  accordé  que  led.  Jacques  Pottier  ne 


ttt 


LES    MAITRES    JOUEURS    D  INSTRUUESS. 


participera  aur  proflitz  que  pour  lâs  deux  liera  d'un  autre  pour 
quelque  cousidératîon. 

R  El  ne  pourrons  aulcuiis  des  susdits  jouer  ny  s'associer  avecque 
d'aulres  joueura  d'mfilrumaus,  sans  I*éxprès  voulluir  el  consen- 
tement des  autres  à  peine  de  XXllIF  livres  d  amende»  au  paiement 
de  laquelle  le  contrevenant  sera  contmirtt  par  la  saisie  de  ses  biens 
meubles  et  immeubles  lors  et  h  Tinstant  qu'il  ae  trouvera  duement 
convaincu,  hid«  amende  applicable  pour  ung  tiers  h  THôtel-Dieu, 
Tautre  tiers  h  la  boueste  de?  prisonniers,  et  Tautre  tiers  aux  pauvres 
de  la  chnritê  de  cette  ville. 

tt  Seront  les  susdits  tenus  de  s'assembler  tous  les  dimancbes  ett 
la  maison  de  Tun  d'eui  à  Thenre  de  six  heures  du  malin  en  esté, 
et  en  yvert  â  huit  lieures  pour  faire  le  concert,  à  peine  contre 
cbacun  quy  manquera  de  douze  deniers  pour  chacune  fois,  eiîgîhie 
et  applicable  comme  cidessus, 

a  Et  s'il  eM  recognu  que  quelqu'un  des  susdits  recelle  tout  ou 
partyes  de  ce  qu'il  aura  reçu;  ils  seront  tenus  de  perdre  leur  part 
et  de  donner  eu  présence  des  autres  aux  pauvres  pareille  somme 
qu'il  aurons  rec<^IIée. 

«  Car  ainsy  le  tout  a  esté  accorde  entre  les  partyes  par  ces  pré- 
sentes, k  Tentretien  desquelles  ils  s'abljgent  promettant  et  renon- 
çant dont  est  jugez. 

uFaictet  passé  ^n  Tétude  dud.  notaire,  après  midy. 

u  Présents  :  M.  Antoine  Boutault,  praticien  et  Pierre  Cbarpeutîer, 
sieur  de  la  Chouîuière,  demeurant  paroisse  de  S**  Croix, 

u  Donné  avis  du  scel  royal  v . 

Suivent  les  si;jnatures  de  : 

*  Deshayes,  Pottieh,  J.  Pottier>  .L  Hamelot»  p.  HaMELOT, 
Petit,  J,  Sihom,  Etienne  liRuavET,  Jean  Pottieb,  BrÔet,  MoifTON, 
RenéMoREAU,  Cei.^hpentier,  Boltault  et  Du  Puv,  n"  royaL  » 


D  JBDTLfr  lËiiS. 

Et  le  neuvième  jour  de  janvier  mil  six  cent  cinq**  huit,  pardevant 
led,  notaire,  les  associés  ont  déclaré  et  fait  constater  qu'ils  avaient 
rompu  leurs  précédentes  autres  sociél tés  et  commençaient  la  société 
CT-def^sus  du  24  décembre  1657,  en  présence  d'Estienne  Hadou  et 
de  Francoys  Grauier,  praticiens. 

Et  ont  signé  avec  le  notaire. 


LES   MAITRES   JOUEURS   Q'INSTRUIIEIVS.  189 

3  décembre  1658.  ' 

En6n,  par  acte  devant  Du  Puy,  notaire,  du  doux  décembre  mil 
six  cent  cinq**  huit,  Jean  Hamelot,  Jean  et  Joseph  Pottier,  Jean 
Petite  Philippe  Hamelot,  Jean  Simon,  Estienne  Brunet,  tous  joueurs 
d'instrumens,  déclarent  accepter  Martin  et  Pierre  Berlault,  aussi 
joueurs  d*instrumens  en  cette  ville,  pour  jouer  de  leurs  instrumens 
et  jouer  du  basson  pendant  le  temps  qui  reste  k  expirer  de  lad. 
société,  en  présence  du  sieur  Ruer  et  de  Julien  Leconte,  prati- 
ciens  en  cette  ville. 

Suivent  les  signatures  :  Pottiee,  J.  Pottier,  J.  Petit,  M,  Ber- 
TAULT,  J.  Amelot,  P.  Bertault,  J.  SiiioN,  P.  Haiielot,  Esticnne 
BacNET,  Ruer  et  Lecomte,  Dd  Poy,  n'*. 

Tonrt,  10  janfier  1898. 

La  lecture  de  ces  actes  de  société  montre  que  ces  maîtres  joueurs . 
d*instrumens  savaient  parfaitement  discuter  et  préciser  tous  les 
cas  possibles  de  leur  association  assistés  de  conseils,  et  ne  point 
oublier  les  intérêts  pécuniaires.  Ils  pensaient  aussi  aux  pauvres  et 
aax  prisonniers. 

Ils  se  rendaient  à  tous  les  désirs  des  aimables  sociétés  de  Tépoque  ; 
ils  allaient  en  ville  et  à  la  campagne  et  sur  Teau,  comme  à  Venise, 
et  prêtaient  volontiers  les  accords  de  leurs  instruments  variés  aux 
ballets,  bals,  aubades,  sérénades,  étrennes  et  visites,  aux  noces  et 
festins.  De  sorte  que  nobles,  bourgeois  et  vilains  s*amusaient  alors 
comme  aujourd*bui  en  notre  temps  moderne,  fin  de  siècle,  et  aux 
sons  harmonieux  des  maîtres  compositeurs  de  Tépoque,  sans  doute 
deMicbelLambert,  musicien,  né  en  Touraine,  très  connu  à  Tépoque, 
ou  peut-être  du  célèbre  Lulli  devenu  le  gendre  de  Michel  Lambert, 
quoique  bien  jeune  alors,  et  qui  Ct  la  musique  des  ballets  et  inter- 
mèdes qu'on  jouait  à  la  cour  du  grand  Roy  Soleil  Louis  XIV. 

Ad.  Vincent, 

Notaire  honoraire,  membre  de  la  Société 
archéologique  de  Touraine,  à  Tours. 


IM  LES    «    QLATRE    SAlSOKfS   t    DE    SAUVAGE, 


VII 

LES 
■^QUATRE  SAISONS.  DE  SAUVAGE 

La  laiterie  de  la  Reine  à  Rambouillet  possédait  en  1786  la 
Nymphe  à  la  chèvre  fie  Julien;  elle  possède  encore  la  jiuzanne  de 
Beauvalltit.  La  Nymphe  à  la  chèvre  et  la  chaste  Suzanne  ont  l&îl 
Tobjet  des  deux  études  que  nous  avons  lues  en  1897  à  la  réunion 
du  Congrès  des  Heaux-Arls»  Mais  en  même  temps  qu  en  1786 
M«d*AngitJler  commandait  à  Julien  %\LNympheà  la  chèvre^  il  en^ja- 
gêait  le  peintre  Sauvage  pour  Teiécution  de  grisailles  dans  un  petit 
pavillon  dépendant  de  la  Laiterie. 

Le  peintre  Sauvage  (Piat-Joseph),  néà  Tournai  eu  1747  et  par 
conséquent  alors  d^jè  de  trente-neuf  ans,  quand  il  vintàRamboujIlet, 
avait  d'abord  été  ouvrier  vitrier^  comme  son  père,  puis  îlavait  suivi 
des  cours  â  TÉcole  de  dessin  de  Tournai  '  \  il  termina  son  éducation 
artistique  à  Anvers ^  dans  Tatelier  de  Martin-Joseph  Geerauts, 

Sauvage  se  rendit  ensuite  â  Paris*  en  1781,  il  exposait  pour 
la  première  fois  à  l'Exposition  de  peinture,  et,  en  1783,  il  était 
admis  à  TAcadémie  royale. 

Bans  une  lettre  sur  le  Salon  de  1781,  du  25  août,  Bacbaumont 
rend  justice  à  Sauva^E^,  nouvel  agréé,  sur  rillusion  que  causaient 
ses  bas-reliefs  exposés  à  ce  Salon. 

£n  1783,  le  même  critique  s'exprimait  ainsi  à  deux  reprises  sur 
le  tatetil  do  Tauteur  belge  : 

u  Je  vous  ai  entretenu  plusieurs  fois  de  M.  Sauvage,  cet  enchanteur 
animant  la  matière  morte  et  donnant  un  relief  trompeur  aax 
surfaces  les  plus  planes,  ^f 

Le  23  septembre,  il  ajoutait:  «&  M.  Sauvage  a  trompé  par  des 
camées  â  gouache  représentant  des  fêtes  à  Gérés  et  a  Bacchuai 

^  Rellier  PC  LÀ  CH4VitiNEiU£,  BlcUonnaire  des  artistei. 


L^8   •  QUATRE    SAISONS  «    DB   SAUVAGE.  101 

imitant  tellement  le  relief  qae  le  spectateur  était  obligé  d'y  porter 
la  main'.» 

Lœutre  de  Sauvage  au  Salon  de  1783  qui  excitait  ainsi  Tadmi- 
ration  de  Bacfaanmoni  était  : 

Une  tablf  garnie  d'un  tapis  de  Turquie  sur  lequel  est  placé 
V Enfant  à  laçage  de  Pigalle,  un  casque,  le  vase  de  Médicis  en 
bronze,  eu  bas  uti  bouclier  et  d^autres  objets. 

Grimm^  de  son  côté»  critique  ce  morceau.  «Ce tableau, dit-il, est 
composé  d*une  manière  large,  et  il  a  beaucoup  de  vérité.  On  lui. 
a  reproché  cependant  une  lumière  trop  égale  sur  tous  les  objets. 
Cet  artiste  ne  varie  point  assez  ses  sujets.  Tous  ses  autres  ouvrages 
sont  des  bas-reliefs  d^enfants  imitant  le  bronze  ou  le  marbre...  Oc 
observe  encore  que  ses  bas-teliefs  imitent  plutôt  le  plâtre  bronzé 
que  le  bronze  même,  et  Ton  pense  que  le  contraire  serait 
mieux.  » 

En  1785,  Sauvage  expose  :  deux  bas-reliefs  imitant  le  bronze  : 
des  enfants  jouant  avec  un  lion  ;  des  bas-reliefs  imitant  le  vieux 
marbre  :  sept  enfants  préparant  un  sacriGce.  * 

En  même  temps  le  peintre  de  Tournai  exécutait  dix  dessus  de 
porte  au  château  de  Compiëgne. 

Grimm,  en  1785,  accentue. sa  note  de  reproche  de  1783  : 

a  Les  bas-reliefs  imitant  le  bronze,  dit-il,  ou  la  terre  cuite,  exposés 
cette  année  par  M.  Sauvage,  soutiennent  la  réputation  qu'il  s*est 
aequisedans  ce  genre,  mais  neTaugmentent  point.  11  est  un  mérite 
d'imitation  auquel  on  n^est  pas  plus  accoutumé  qu^on  y  attache 
assez  peu  de  prix,  d 

Sauvage  était  devenu  le  premier  peintre  de  $•  A.  Monseigneur 
le  prince  de  Coildé. 

Sa  réputation  était  alors  à  son  apogée  ;  c'est  sans  doute  à  ce 
titre  qae  M.  d'Angiviler  jeta  les  yeux  sur  lui  et  lui  confia  le  soin 
d* exécuter  les  Quatre  Saisons  pour  la  Laiterie  de  Rambouillet. 

tt  Aux  côtés  de  la  grille  d'entrée  de  la  Laiterie,  dit  Tauteur  de 
TAlmanachde  1791  du  département  de  Seine-et-Oise,  il  y  a  deux 
tourelles;  dans  celle  qui  est  à  gauche,  se  voit  un  salon  d'assemblée 
dans  lequel  on  a  peint  des  bas-reliefs  qui  sont  d'une  illusion  si 


'  Bacbaumont,  t.  XXIV,  p.  35,' lettre  da23  septembre  1783,  lettre  du  25  «o6t 

rsi.  ♦      •  '     — ' 


102 


LES    «  QUATRE  SAISONS   »    DE    SAUUAGfi. 


complète  que  le  toucher  seul  peut  rectifier  Je  sens  de  la  vue  et 
donner  la  conviction  que  ces  objets  sont  peints*.  « 
.A  gauche  en  entrant»  le  peintre  a  représenté  THiver  :  des  enfants 
se  chauffent  à  un  brasier,  tendant  les  mains  Vers  la  flamme  ;  d'autres 
enfants  nus  apportent  du  bois  pour  alimenter  le  feu  ;  d'autres  sont 
montés  sur  un  arbre  pour  couper  des  branches. 

Au  fond,  toujours  à  gauche,  c'est  le  Printemps  ;  ce  sont  toujours 
des  enfants,  avec  des  couronnes,  des  vases  de  fleurs;  un  Amour 
plane  au-dessus  de  la  scène  avec  des  couronnes;  deux  enfants 
exécutent  une  danse,  deux  autres  s'entourent  la  taille. 

A. droite  en  entrant,  vous  avez  TAulomne  ;  c'est  la  saison  des 
vendanges;  un  enfieint  est  assis  sur  un  bouc  qui  semble  émerger  du 
tableau  et  est  merveilleusement  mis  en  relief;  un  autre  enfant  boit 
dans  une  urne  :  une  amphore  est  à  côté  de  lui*. 

Le  dernier  tableau  donne  l'illusion  de  TÉté;  c'est  le  tableau  qui 
est  dessiné  au  fond,  à  droite;  des  enfants  emportent  des  gerbes  de 
blé  dans  leurs  bras,  d'autres  coupent  le  blé  avec  la  faucille;  un 
enfant  dort;  deux  autres  le  préservent  des  rayons  du  soleiK 

Ces  compositions  sont  fort  gracieuses  et  bien  conservées. 

Elles  furent  exécutées  en  1786  ou  1787.  Au  Salon  de  1787^ 
Sauvage  exposait  des  camées,  luais  il  trouvait  de  moins  en  moins 
grâce  devant  Grimm,  qui  écrivait  en  novembre  : 

ttll  y  a  dans  la  plupart  des  petits  camées  de. H.  Sauvage  de  la 
grftce  et  de  la  facilité,  mais  on  y  remarque  plus  de  pratique  que  de 
vrai  talent.  Ses  bas-reliefs  imitant  le  bronze,  la  terre  cuite,  le  stuc, 
ont  fait,  en  général,  cette  année,  assez  peu  de  seqsation;  c'esL  une 
sorte  de  magie  dont  Tillusion  n'est  pas  longue.  » 

En  1786,  les  bas-reliefs  de  Sauvage  avaient  donc  tout  au  moins 
Tattrait  de  la  nouveauté,  à  défaut  de  qualités  que  les  uns  trouvaiepl 
très  grandes  et  où  les  autres  découvraient  surtout  du  procéilê. 

Sauvage  ne  persista  pas  moinsâ  exposer  jusqu'en  1810,  toujours 
dans  le  même  genre. 

En  1795,  il  expose  deux  tableaux  imitant  des  bas-reliefs  en 
bronze'. 


*  Almanach  de  Seine^et-Oise  de  1791. 

*  Voir,  ci-contre,  planche  V. 

*  Salon  du  dix-huitième  siècle,  réimpression  de  Guiflrey,  t  XII  t,  p. 
t.  XIV,  p.  273;  t.  XV,  p.  162. 


^39: 


s  1 1 

o      -^     « 
H     2     . 


t\EHKB    DUPUJ5.  liiS 

Ses  grisailles  soDt  Irèa  nombreuBe»;  les  Musées  «le  Uonipetlier» 
d'Orlcant,  de  Mlle,  de  AiuiituLjhan  en  posBècleot, 
Ses  œuvres  le»  plus  remarquables  sont  ; 
La  Mort  de  Germanium; 
Les  Sepi  Sacrements^  d  après  Poussin  ; 
Le  Sommeil  dC Endymion  j 
So  H  par  ira  it  par  lu  i-  m  cm  c,  à  Ton  rna  i . 
Sauvage  mourut  dans  sa  v»lle  natale,  le  10  juia  ISIS. 

Secrétaire  ^t^t^nêral  Jp  fa  Snd^^lé  «rchéû- 
io^iquiï  h  R«tiibi>ujlliri. 


VIII 


IMERRE  DLPLIS 

PEIMTRE    DE    ilOSTFO«T 

« 

Les  documents  ii*abandent  pas  sur  Pierre  Du  puis;  mais  si  aucune 
œuvre  rj\i  survécu  de  ce  peintre  qui  ne  fut  pas  sans  valeur,  au  moins 
ses  traits  ont  été  tianstnis  à  la  postérité  ^jrâi'e  à  \Ii<]nard  d'Avi- 
gnon et  à  un  autre  peintre,  qui  Pun  et  l'autre  firent  son  portrait. 

Xous  connais^sons  le  portrait  de  Mijjnard  piir  la  Jiravure  d'Antoine 
\Iassun,  et  nous  avons  une  pliolo^rapliie  iVun  autre  portrait  qui  se 
trouve  aujounlhui  à  t^undres  :  ce  portrait  serait  atLrilujè  à  Jacob 
Van  l/oo  de  Sluys. 

Le  portrait  de  Dupuis  gravé  par  Antoine  Masson  porte  la  date  de 
1663  i  il  est  enlourc  de  cette  inscription  ni^  Peints  Dupuis  Montfor- 
iensis pictor  regius  Acailemicus  r  ^  et  au  bas  du  portrait  est  tracée 
cette  autre  inscription  :  ^ 

Je  pcin«  el  je  suif  peiut  par  mei  meilleurs  am!}, 
\'(ïU!i  Aïooa  en  cecy  tous  IroU  màme  tivaiiU^fo^ 
tî«r  >i  pûur  m*oMi<jcr,  i|&  n'j'  oni  nen  obmU, 
L'iionaeur  qui  eit  ua»  prU  é&I  lé  prix  de  l'ûuvniga. 

13 


194  PIERRE    DUPLIS. 

Cette  dernière  inscription  indique  donc  bien  que  le  portrait  de 
'  Pierre  Dupuis  a  été  exécuté  par  deux  de  ses  amis. 

EoGn,  une  troisième  inscription  placée  sur  la  gravure  nous 
donne  le  nom  de  son  auteur  et  le  nom  du  peintre  d'après  lequel 
elle  est  faite  : 

N.MignardAvenionensispinxit.  Ant,  Masson  sculpebai.  1663. 

Nicolas  Mignard  s'appelait  Mignard  d'Avignon,  parce  que,  après 
avoir  étudié  la  peinture  à  Rome,  il  vint  s'installera  Avi;jnon,  où 
Louis  XIV  le  rencontra,  quand  il  alla  épouser  Tinfanle  d'Espagne 
et  lui  commanda  son  portrait;  en  1660,  Mignard  venait  à  Paris; 
en  1663,  il  était  nommé  membre  de  PAcadémie  de  peinture  et 
professeur  en  1664. 

Le  portrait  de  Dupuis  fait  par  lui  est  cité  comme  ud  de  ses  meil- 
leurs avec  les  portraits  du  duc  d'Harcourt,  de  Drjsacier  et  de  la 
Tour  d'Auvergne. 

Tous  ces  portraits  furent  gravés  par  Antoine  Masson,  graveur 
beaucoup  plus  jeune  que  Mignard  et  Dupuis,  et  ils  sont  regardés 
comme  des  chefs-d'œuvre. 

Pierre  Dupuis  naquit  à  Montfort-PAmaury,  le  3  mars  1610  :  son 
acte  de  naissance  est  ainsi  conçu  : 

a  Du  11'  mars  audit  an  fut  baptizé  Pierre  filz  de  Michel  Dupuys 
et  de  Yzabel  sa  f*.  Le  parain  Charles  filz  de  honorable  ho*  Ëslieone 
Ysabel  eslu  pour  le  Roy;  la  mareinne  Denize  Toutain,  leuve  de 
feu  Pierre  Dupuys*.  )> 

Le  père  de  Pierre  était  marchand  à  Montfort;  sa  mère,  âgée  «le 
vingt-trois  ans,  quand  elle  le  mi  tau  monde,  appartenait  aussi  à  une 
famille  montfortoisé,  ainsi  que  cela  résulte  de  son  extrait  bapListai  re  : 

ttDu  lundy  seizième  février  audit  an  (1587)  fut  baptisée  Simonne 
Ysabel,  fille  de  Grégoire  Ysabel  apothicaire  et  de  Madeleine  Canée, 
sa  femme )> 

Les  époux  Dupuis-Ysabel  eurent  de  leur  mariage  quatre  autres 
enfants  : 

Mathieu,  qui  embrassa  la  profession  de  chirurgien;  deux  filles, 
Marie  et  Elisabeth,  et  un  garçon,  nommé  Michel,  qui  naquit  le  2  mai 
1620*. 


>  État  civil  de  MoDtfort-rAmaary. 
«  Ibid. 


r 


IMËHUE    DL^PIIS.  Ifi 

Ed  1635  et  1636,  Michel  Dupuii  e^t  )e  quatrième  margtiillier 
àe  VègViBe  i\e  MontCbrL 

Nddh  ne  savons  rjen  deTenfance  de  Pierre  UiipuiSf  qui  se  destina 
à  la  peinture;  oti  peut  supposer. qu'il  se  rendit  k  Rome  pour  se 
perfeclionner  dans  son  art  entre  1630  et  164fO,  et  qu'il  connut  la 
Pierre. Mignardj  qui  était  de  deux  anni^es  plus  jeune  que  lui. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'annéii  même  ou  son  portrait  est  .gravé  par 
Antoine  Masson  et  où  Pierre  Mlgnard  est  lui-méuie  reru,  noas  le 
toyons  noQimé  académicien. 

En  effet,  naus  lison»surles  procès-verbaux  de  lAcadémie  royale 
de  peinture  et  sculpture^  s^^ance  du  2  juin  1663  : 

*i  Le  aieur  Pierre  Dupuy,  peintre,  ayant  présenté  des  tabteauK  de 
fruits  de  son  ouvra^jc,  a  éto  resçue  dans  TAcadémie  dont  il  a  preste 
le  sermen  en  la  mauière  accoutumée  ^  >• 

Le  nom  de  Pierre?  Dupuis  Ggure  aux  séances  de  TAcadémie  des 
7  juillelt  7  anùt,  Il  août  1663,  puis  n'y  est  plus  nientiouné  les 
années  suivantes. 

Bu  puis  était  surtout  un  peintre  de  fleurs  et  de  Fruits,  ^fous  le 
r&trourons  sur  le  livret  de  T  Ex  position  de  peinture,  faite  en  t673, 
dans  la  cour  du  Palais-Royal;  ce  livret  porte  : 

itDe  M.  Dupuy,  un  jjrand  tableau  qui  représente  un  tapis  et  un 
singe,  * 

VLdeHlontaiglonf  quiifatt  réimprimer  ce  livret,  ajoute  au  texte  t 
££p*..,.  Le  dessin  sur  parchemin  (du  portrait  gravé  par  Antoine 
\bsson  de  Pierre  Dupuis)  existe  en  notre  Musée  de  dessins.  Ce 
même  portrait  a  été  gravé  en  manière  noire  par  Pierre-François 
Dupuis,  fils  de  Pierre,  qui  sur  la  planche  prend  le  titre  de  Minonty.  ^ 

\ous  perdons  de  vue  Pierre  Dupuis  à  Paris,  mais  nous  le  retrou- 
vons à  Montfort,  dans  les  années  qui  suivent. 

Son  père  est  mort  vers  IQH^,  et  sa  succession  est  partagée  entre 
ses  héritiers;  Pierre  Dupuis  se  rend  à  AJontrort, 

liVau  1676,  le  30 octobre,  furent  présens  Pierre  du  Puys,  peintre 
du  Roi  en  son  Académie  royale^  demeurant  à  Paris,  rue  de.^i  Petits» 
Champs»  paroisse  Saint-Honoré,  étant  de  ce  jour  â  Montfurt, 
Mathieu  du  Puys,  chirurgien  ordinaire  du  roi,  demeurant  audit 
Uontfort;  Marie  et  Elisabeth  Dupuys  filles  majeures,  tous  héritiers, 

'  Tome  P'  dei  Procéi~vetbauXj  p«r  An«lot«  de  Momtaicloiv, 


||0  »  FICRBE    DUrt^lS. 

chacon  pour  un  quatrième  de  défunts  \Iichel  Dupuyiï  el  Simonne 
\sabel>  leurs  père  iH  mère,  lesquels  pour  parvenir  au  partage  de 
ladite  succes^sionont  fait  état  des  biens  et  char^jé  Claude  Lanqueat, 
Nicolas  Quesnay  ctGuyon  Barat,  bourgeois  de  cette  irille»  pour  en 
faire  l'estimation*  n 

Kl  résulte  de  cet  acte  reçu  par  le  notaire  de  Montfort^  qu'en 
1676  tous  les  enfants  de\Iicbel  Dupuig  moins  un  existaient  encore. 

Le  notaire  partage  les  biens  entre  Pierre  Du  puis  et  ses  frère  al 
sœurs. 

Mathieu  Dupuis',  qui  était  devenu  chirurgien  de  la  personne 
du  roi  et  héraut  d'armes  de  France  »  se  retira  à  \Iontfort. 

Pierre  Dupuis  le  peintre  mourut  à  Paris,  le  18  février  1682*. 

Ses  deui  sœurs,  Marthe  et  Elisabeth,  lui  survécurent.  Dans  son 
testament  du  9  juin  1703,  Elisabeth»  qui  ne  s'était  pas  mariée,  fait 
un  certain  nombre  de  legs,  parmi  lesquels  figurent  des  tableaux. 

Xous  ne  savons  rien  du  mariajje  de  Pierre  DupiliSj  mais  îl 
résulte  de  la  cotubiuaison  de  diverses  pièces,  notamment  du  testa- 
ment de  Marie-Marthe  Dupuis,  qi^il  avait  eu  au  moins  deur 
enfanta  :  Marthe  Dupuis  et  un  fils  qui  entra  che2  les  Cordelîers. 

En  effrl,  dans  le  testament  de  Marie-Marthe  Dupuis  du  25  dé- 
cembre 1709  déposé  le  8  juillet  1721,  il  est  fait  mention  d'un 
frère  qu  elle  avait  chez  les  Cordeliers. 

Marthe-Marie  légua  le  portrait  de  son  père  par  Mignard  à  TAca- 
demie  royaie  de  peinture*.  ., 

Ces  notes  sur  Pierre  Dupuis  sont  bien  sommaires  et  un  peu 
rudes,  mais  nous  avons  pensé  qu'il  y  avait  intérêt  à  fournirqnelques 
renseigtiements  sur  ce  peintre,  qui  se  rattache  par  sa  naissance  a 
notre  région, 

SËcrë taire  général  de  la  S^ciétë  ftrcfaé(>- 
l(»,|^ique  ù  tUmbauiJjel. 

^  Le  père  du  C4?]èbre  économiste. 

*  Bfj-ukr  we  Li  (^HAVifi\£fliK.  Dîctïonnaire  (fff  urthifs.  ~    ~ 

'  TabcLlïoané  Je  XluntforL  Hecuetgnemeiit»  de  Xf .  Je  comte  de  Diûn.  ^ 


^ 


Li    CÉfiAUIQLK    A    BOtSSCTTES.  Iff 


ÏX 


*     LA  CEHAMIOLE  A  BOISSETTES 

(lEI\E*BT-BfAaNE) 

1732-1781 

Sur  le  bord  de  Va  Seinet  à  moins  de  4  kilomètres  au-dessous  Ab 
Meluiif  se  trouve  Boissettes,  un  tout  petit  village ,  peuplé  d'environ 
cent  habitâiiti;.  Sa  situation  est  charmante,  sur  la  pente  d^tn  coteau 
Insensihle,  protégée  des  vents  du  nord  par  les  bois  de  Botssiier 
bordée  veri  le  midi  par  des  prairies  arrosées  par  la  Seine.  Au  delà 
du  fleuve,  les  coteâui  de  Farry,  de»  Vives-Eaux  pt  de  Vosves, 
couverts  de  cultures  et  de  beaux  parcs»  farment  un  décor  qu'on  ne 
se  lasse  d'admirer. 

De  longue  date,  des  bourgeois  de  Melun  et  de  Paris,  séduits  par 
le  site,  Y  ^^^  possédé  des  oijiisons  de  campagne,  modestes  dans 
l'origine,  de  petits  châteaux  maintenant. 

En  1721,  un  sienr  Thomas  Desrues  de  Boudreville,  qualifié 
bourgeois  de  Paris,  mourait  en  sa  maison  de  Boissettes.  [1  laissait 
trois  enfants.  L'aîné  était  dans  les  ordres,  diacre,  licencié  de  Sor- 
ijonne  ;  un  autre,  Jacques-Thomas,  ïigé  de  vingt-quatre  ans,  n^était 
pas  Gié  dans  sa  vocation;  une  jeune  KUe  était  encore  mineure. 

Jacques-Ttkomas,  qui  eut  dans  son  lot  la  maison  ile  Boissettes, 
resta  dans  le  pays,  et  se  mit  en  tête,. lui  oisif,  de  briguer  des 
boDDeurs.  A  son  instigation,  le  Boij  par  êdit  du  mois  d'août  1722, 
crée  VofGce  de  syndic  de  la  paroisse  de.  Boissettes,  qu*îl  achète  à 
beaux  deniers  comptante,  au  pri^t  de  255  livres  \  Ce  n'était  pas 
payer  trop  cher  les  honneurs  et  prérogatives  attachés  à  ce  titre.  Un 
svndic  de  village  marchait  immédiatement  après  le  seigneur  dans 

\  processions;   peut-être,  aussi,  partageait-il  avec  lui  Tencens 

^  Archiver  de  k  prérectare»  He;|utre  des  Causer  dii  Roy*  C    ST^  f  VI, 


138  LA   CÉaAMtQ^E   A    B^OISSETTES. 

prodigué  par  le  curé.  Il  avait  son  banc  au  chœur  de  Tègliâe»  et 
jouissait  d'autres  dvoits  réputés  superbes  à  Tépoque  '. 

Mais  ces  fonctions  étaient  peu  absorbantes  pour  Tactivité  d'un 
jeune  homme  de  vingt-quatre  ans;  on  ne  peut  pas  toujours  pro« 
cessionner  ni  trôner  au  chœur.  Jacques-Thomas  Desrues,  époux 
de  Charlotte-Éléonore  Rognon,  qui  était  (ilie  du  directeur  de  U 
manufacture  de  Montereau-faut-Yonne,  rêva  d'industrie. 

A  Melun,  dans  la  rue  de  la  Pescherie,  aujourd'hui  des  Potiers, 
eiListaient  deux  ou  trois  fabriques^  de  poterie  commune,  grossière 
d'exécution,  dont  les  produits,  vendus  à  bas  prix,  trouvaient  leur 
écoulement  dans  la  ville  et  dans  les  villages  limitrophps.  L'expor* 
tation  de  cette  fabrication,  donnant  du  travail  à  un  petit  nombre 
d'ouvriers,  ne  dépassait  pas  ces  limites.  Esprit  observateur  et  entre* 
prenant,  Desrnes  y  trouva  l'inspiration  d'une  fabrication  analogue, 
perfectionnée,  à  créer  dans  sa  maison  de  Boissettes.  Des  gisemeriis 
argilo-calcaires  et  des  couches  de  sable  de  forma  lion  marine, 
existant  dans  le  pays,  lui  parurent  des  matériaux  ulîlîsableâ  pout- 
des  poteries  de  bonne  qualité. 

Modeste  bourgeois,  cadet  d'une  famille  peu  fortunée,  les  fonds' 
de  premier  établissement  lui  manquaient.  Il  recourut  â  rassociatîon 
des  époux  Joly,  domiciliés  à  Paris.  D'après  un  traité  passé  devant 
Hargenvilliers,  notaire  en  cette  ville,  le  14  janvier  1732,  Desrues, 
en  compensation  de  l'apport  de  ses  procédés,  recevait  de  ses  asso- 
ciés 10,000livres,  pour  les  bâtiments,  moulins,  outils  et  ustenif^iles 
qui  lui  étaient  nécessaires,  plus  3,000  livres  destinées  à  Tachât  de 
matières  premières.  Le  traité  était  conclu  pour  neuf  au  douie  ans» 

De  nos  jours,  rien  ne  s'opposerait  à  une  exploitation  immédiate. 
Sous. l'ancien  régime,  en  vertu  dés  lois  et  règlements  sur  les  arts 
et  manufactures,  édictés  sous  le  ministère  de  Colbert,  la  sanction 
royale  était  indispensable.  11  s'agissait  de  créer  un  monopole,  et 
d'interdire  à  des  concurrents  semblable  fabrication  dans  un  rayon 
déterminé  autour  de  Boissettes.  Nous  n'avons  pas  à  rechercher  si  ce 
monopole,  entrave  de  la  liberté  commerciale,  tournait  a  Tavan- 
tage  de  l'intérêt  public. 

i  Le  17  juin  1736.  en  vertu  d'un  contrat  devant  Besnard,  notaire  à  Melnn^ 
Desrues,  t  maître  de  la  manufacture  de  faycncc  v,  obtient  du  curé  pL  des  habi- 
tants de  Boissettes  la  concession  de  lu  jouissance  de  la  chapelle  Saiol-Frinçoii* 
dans  l'église,  moyennant  ilO  soU. 


F 


Dans  un  placol  pri'-acnlé  ait  Roi  en  son  conseil,  Dcsnies  ei posait  : 

^^Quayanl  trouvé  aux  environs  du  lillage  de  HorftftcUes,  prèa  de 
i-  la  ville  de  MeluD,  des  terres  très  propres  pour  la  fabrication  de 
'  fayence,  dont  il  a  Tait  différgntfï  essays  rpii  en  ont  produit  d'aussi 
u  belle  que  celle  qui  se  fait  à  Houenelà  Lillcj  il  aurait  formé  le  des  * 
a  sein  d'en  établir  une  maijti facture  dans  le  village  de  Boisscl tes.  lo 

Il  insistait  sur  l'avantage  qui  résulterait  pour  Paris,  ou  en  toute 
saison,  au  moyen  de  la  navijijatton  de  la  Seine,  la  faïence  de  llois- 
seltes  pourrait  être  transprirtée.  Il  réclamait  un  privilège  exclusif 
ilu  droit  de  fabrication  dans  la  localité;  Teieniption  des  tailles  pour 
ses  ouvriers  et  pour  lui  ;  la  faculté  d'obtenir,  de  la  gabelle  de  Paris, 
du  sel  de  morne  pour  la  composition  des  émaui;  en  (in  le  titre  Au 
manufacture  royale  '. 

Desrues  ne  s'illuâionnait^il  pas  en  affirniaiit  que  ses  produits, 
aon  encore  jugés  par  la  durée  de  rexpèrienee,  valaient  ceiii  de 
Rouen  et  de  IJlle?  Plus  juste  eût  élé  de  dire  qu'il  en  essayerait 
rimitation  et  s'inspirerait  de  leur  mode  de  fabriciition.  Maïs  il  était 
de  règle,  À  répoque,  que  les  requêtes  pour  Tobtention  de  faveur», 
ile  concessions,  de  grâces,  ou  reunses  de  dettes  et  d'impôts,  eiagé- 
rassent  en  bien  ou  en  mal  les  fa  ils  qui  s'y  trouvaient  énoncés. 

A  la  date  du  l"ilécembre  I73îi,  le  Conseil  d'Etat  liu  Roy,  où 
siégeaient  d'Agueâseau,  Cliauiclin,  de  Harlay,  statuait  sur  la 
demande  du  futur  manufacturier  de  Botssettes,  et  lui  acconlait 
tous  les  privilèges  qu'il  avait  réclamés^  en  y  ajoutant  T obligation 
de  mettre  la  martufactnre  en  état  de  travailler  dans  un  délai  d'un 
an,  sous  peine  de  nullité  de  Tarrét* 

Dès  février  173!^,  Desrues  avait  acbelé  du  curé  et  des  babilants 
de  Boîssettes  un  pré  de  30  perclies^  au-dessous  du  jardin  de  sa 
maison,  pracbe  le  puits  commun  île  la  paroisse,  en  la  rue  condui- 
sant à  la  rivière*.  C*est  là  qu'il  établit  sa  majiufdCture,  dont  la  con- 
struction était  en  cours  au  mois  de  septembre  de  la  même  anuée  ^ 

Devançant  Tarrèt  du  conseil,  rendu  le  l*"^  décembre  1733,  Des- 
nieSp  dans  les  actes  qu'il  signe  en  1732,  prend  le  titre  de  ^  maître 
A  de  la  faïencerie  royale  établie  à  Uoissettes^.  Parfois,  la  qualîH- 

'  Archive!  Daliouales.  F^  1100,  n''  iO. 

*  CûDlrat  dftftnL  llodîn,  notaire  è  Molun,  du  S  février  173t. 

^  Procès-vert*aL  d'arpcnta([e  du  U  septembre  17^2'  ^  Ite^lsire  coaiené  k  L« 

lirie  de  BoUtettca. 


im  LA    CE^BAlIEQtJE    A   BOISSETTES, 

calion  modeste  de  fayencerte  se  transforme  en  rappellalion  plus 
pompeuse  de  maDufaclure.  Tantôt  Desrues  e&t  nu  hourgeois  de 
Paris  résidant  en  sa  maison  de  campagne,  tantôt  it  est  directeur  de 
la  manufacture  royale. 

C'est  avec  ce  dernier  titre  qu'il  assiste  à  Tînliumation  an  sel-» 
gneur  du  village,  le  11  novemlire  1733,  ou  qu*il  sr^jne  les  actes  de 
baptême  des  enfants,  assez  nombreux,  qui  naquirent  de  son  union 
avec  Charlolte-Éléonore  Rognon  ^ 

Le  13  août  1733,  avant  Toctro!  du  privilège  royal,  le  four  de  la 
faïencerie  est  cKanlfé  pour  la  première  fois.  C'est  au  curé  du  vil* 
lafje  que  DesLues  accorde  Hionneur  d^allumer  le  feu,  cérémonie 
accompît^née  d'une  bénédiction  solennelle,  avec  les  chanis  et  oran 
sons  d'usage,  et  de  la  consécration  de  la  manufacture  h  ^aint 
Antoino  de  Padoue,  Lo  caré  consigne  sur  les  registres  paroissiaui 
le  récit  détaillé  de  la  journée  *- 

La  fabrique  fonctionne,  mais  elle  est  peu  importante,  peu 
d'ouvriers  y  sont  occupés,  son  essor  est  restreint,  ses  afTdires  lan-* 
guîssantes.  L'association  contraclée  avec  les  époux  Joly  est  dis- 
soute en  1736,  cinq  ans  avant  la  date  fixée  par  le  traité.  Desrues 
est  constitué  débiteur  envers  eux  d'une  somme  de  14,000  livres  ^ 
Des  bruits  défavorables  circulent  sur  sa  solvabilité.  En  juillet  1737, 
il  cite  drvant  la  Prévôté  aeigneuriale  un  habitant  qui  la  diflaméf 
en  prétendant  qu'il  ne  payait  personne,  qu'il  faisait  du  tort  à  tous 
ses  domestiques  et  à  ses  ouvriers  *. 

Desrues  supporte  (lifficilement  cette  crise.  Il  abandonne  sa  fabri** 
cation.  Quand  sa  femme  meurt,  en  1751,  l'inventaire  fait  par  un 
notaire  de  Meluu  constate  que  le  matériel  est  sans  importance  ; 

—  Il  Un  moulin  à  broyer  les  corn posi irons  pour  la  fayence;  quatre 
n  (ours  à  faire  et  façonner  la  fayence.  n  Les  magasins  sont  vides* 

—  a-  Dans  les  lieux  et  endroits  de  l'ancienne  fayencerie  de  fiois^ 
M  settes,  dit  encore  l'inventaire,  il  ne  s'est  rien  trouvé^.  » 

^  Rejjîilnri  pnrciiÂJitauï  de  la  commune  de  Boissettes.  Mairie,  (jt-efft*  du  fntiaua] 
civil  de  première;  id«|iince  de  Mt4un. 

*  VicU  infrà,  Aunes^es,  IL 

^  TnVPtilairt'  njifèâ  le  décès  de  h  dame  Desrues,  dressé  par  DL'tacauHlCi  nolairé 
à  Melun,  te  ^1  unût  1751. 

*  Arctiîvf^s  de  la  prérerlure  de  SeiDe-et-Maroe.  Titres  et  pièces  de  la  prëtdté 
de  Boisaettes. 

^  luvcnUÎre,  par  Dclacoartie,  notaire,  El  nuùt  1751. 


LA  CÉBAIflQUE   A  BOIS8ETTE8.  SOI 

,  Les  produite  obtenus  par  Desraes  étaient  supérieurs  à  ceui  des 
potiers  de  Ifelan.  Ils  étaient  de  matière  tendre»  opaque,  à  base 
d*argile  calcarifère,  prenant  de  la  consistance  sous  une  épaisse 
CooTertore  d*émail  stanifère,  blanc,  décoré  de  dessins  au  grand 
feu,  rappelant  les  bleus  de  Nev^rs,  représentant  des  fleurs,  des 
animaux,  quelquefois  des  personnages,  grossièrement  exécutés  \ 

Moins  coûteuse  que  la  faisselle  d*étain,  la  faïence  de  Boissettes 
fat  adoptée  dans  les  ménages  de  paysans  et  d*artisans.  Elle  n*eut 
jamais  de  cachet  artistique  qui  pût  la  rendre  digne  de  la  recherche 
des  amateurs.  Des  débris  trouvés  en  assez  grande  quantité  sur  les 
lieux  où  elle  fut  fabriquée,  et  dont  Taulhenticité  n'est  pas  dou- 
teuse, en  disent  la  nature,  le  faire,  le  genre,  atec  plus  de  certitude 
qu  on  ne  l'obtiendrait  de  pièces  complètes,  qui,  à  défaut  de  marque 
spéciale,  ne  fourniraient  qu'une  attribution  contestable  ou  dou- 
teuse. 

Avec  des  ustensiles  d'usage  journalier,  en  fiaïence  blanche,  com- 
muns de  forme  et  d*ornementation,  Boissettes  fabriquait  aussi  des 
pots,  et  vases  en  terre  vernissée,  des  épis  pour  les  toitures  des  bâti- 
ments, de  couleur  bleue,  verte,  brune,  obtenue  par  des  oxydes 
métalliques. 

Des  gisements  d'argile  et  de  sable  du  pays  fournissaient  la 
matière  première,  matériaux  médiocres,  trop  vantés  par  Desrues 
dans  son  placet  au  Roi  en  1732. 

Malgré  leur  infériorité  de  matière,  de  forme  et  de  décoration, 
les  produits  de  Boissettes,  rehaussés  de  bleus  foncés,  étaient 
agréables  à  l'œil,  comme,  en  général,  les  faïences  monochromes. 
Il  ne  serait  pas  étonnant  que  Thabileté  de  brocanteurs  contempo- 
rains eût  fait  accepter  les  meilleures  pièces  pour  des  œuvres  de 
fabrique  en  renom  du  siècle  dernier.  Le  goût  et  la  connaissance 
des  collectionneurs  ne  sont  point  infaillibles*. 

Avec  un  marché  plus  étendu,  Boissettes  aurait  pu  prospérer. 
Malheureusement,  les  transports,  rendus  coûteux  et  difficiles  par 
le  mauvais  état  des  chemins,  ne  permettaient  pas  la  vente  de  ses 

'  Fragments  trouvés  sur  l'emplacemeat  de  la  fabrique. 

'  Il  y  a  quarante,  cinquanteans,  on  trouvait,  chez  les  marchands  revendeurs  de 
elun,  d'anciens  plats,  lourds,  massifs,  en  faïence  blanche,  avec  Blets,  bouquets, 
issios  bleus,  qu'ils  disaient  être  du  vieui  Nevers  ou  du  Rouen,  et  qui,  plus  vrai- 
imblablement,  provenaient  de  Boissettes. 


2Qà  LA   CÉRAMIQUE    A    BOiSSETTES. 

produits  ail  delà  cl*un  rayon  de  quelques  lieues.  Le  coche  d'Auierre 
et  de  Montereau/qui  passait  devant  Boissetles,  prenait  les  envois  a 
destination  de  Paris.  Mais,  dans  la  capitalç,  ou  affluait  la  fabrica- 
lion  des  principales  manufactures  du  royaume  «  la  conciirrence 
était  écrasante  et  insoutenable.  Desrues  avait  encore  trop  présumé 
en  avançant  que  son  industrie  procurerait  Tabondance  dans  la  ville 
i|e  Paris, 

C*est  à  Mdun  et  dans  les  villages  environnants  que  ta  faïence  de 
Boissettes  trouva  son  principal  débouché,  assez  restreint^  il  faut  le 
dire,  car,  là  aussi,  elle  avai{  à  lutter  entre  les  fabrifjues  du  pays. 
Son  prix  réduit,  son  entretien  facile,  la  firent  préférer  à  la  vaisselle 
dViain  qu'il  fallait  polir  et  nettoyer  sans  cesse  pour  lui  conserver 
.^ati  brillant.  Elle  fut  le  cadeau  à  la  mode,  fait  aux  mariées  de  vil- 
lii;]e  pour  garnir  et  orner  le  dressoir  qui  était,  au  dix-huitième 
stî'cle,  le.  principal  meuble  d'un  jeune*  ménage,  après  la  couche  à 
piliers,  avec  ciel  et  courtine  en  étoffe  à  ramages. 

Mais  tout  passe,  la  vogue  est  éphémère.  Récherchée  nn  instant 
par  les  habitants  de  la  campagne,  la  lourde  faïence  de  Boissettes, 
peinturlurée  de  bleus  niternais,  fut  délaissée.  D'autres  produits 
céramiques,  plus  légers  ou  plus  décoratifs,  mis  en  faveur  par  la  mode 
capricieuse,  la  remplacèrent,  sans  que  le  goût  y  gagn^U  au  change. 
-  \on  renouvelée,  subissant  la  destruction  dé  Tusage  et  du  temps, 
elle  finit  par  disparaître.  Qui  sait  s'il  en  existe,  au  fond  de  nos  viU 
Jfiges,  quelques  épaves  intactes,  provenant  de  l'héritage  des  vieux 
parents?  Et  ces  spécimens,  rarissimes,  introuvables,  dépourt^us  de 
marques,  sont  d'une  attribution  très  douteuse.  C'est,  comme  je  Tai 
dit^  par  les  débris  recueillis  sur  l'emplacement  de  la  fabrique, 
qu'on  est  exacteihent  renseigné  sur  les  œuvres  des  maîtres  faîen* 
ciers  de  la  très  modeste  manufacture  royale  de  Boissettes. 

Fermé  à  la  suite  des  embarras  financiers  de  son  fondateur, 
latelierde  Boissettes  est  rétabli  par  un  gendre  de  Desiues,  qui, 
après  l'avoir  exploité  quelque  temps  et  n'y  réussissant  pas  mieux 
que  son  beau-père,  le  donne  en  location,  le  26  mars  1757,  à 
Jacques  Leclerc,  potier  de  profession,  pour  le  prix  annuel  de 
t  ,250  livres,  une  assez  grosse  somme  à  l'époque  '. 

'  Archives  de  la  préfecture.  —  Titres  et  pièces  de  la  prévôté  leigOËuriate  de 
Baiisettes. 


t\   CtnXMlQVZ    â    BOISSETTKS,  ^01 

Aprèa  une  courte  exploltolîon,  Boîssetlen,  où  le*  élénienis  de 
SQCcès  font  défautp  est  atix  prrscs  avec  de  nouvelles  tlifficultéâ.  Des 
créanciers  sévîssent  contre  Leclerc,  en  1759,  deut  ans  à  peine 
après  sa  prise  de  possession.  Bientôt,  lout  est  saisi;  il  donne  son 
coKjïentement  à  la  venle  du  matériel,  deâ  machines,  des  nmrclmn* 
èmst  qui  sont  devenus  le  gage  des  créanciers'. 

[toi^settes  ne  sombra  pas  dans  cette  mêsavetîturn.  Desnies  de 
Boiulreville,  qui  existait  encore  e^  ne  mourut  que  le  17  mai  1775, 
(oujoùrs  propriétaire  de  T immeuble,  concourut  à  son  maintien, 
aidé  de  ses  enfants*. 

En  1766,  apparaît  IjOuîs  Quiclet,  ^  directeur  de  la  manufaclure 
«de  Boissettes  ^  ,  remplacé  plus  tard  par  Etienne- Dominique 
Pellevé^f  auquel  deux  actes  de  Télat civil,  des  20  et  21  mars  17 76; 
donnent  le  mCnie  titre*-  Celui-ci  est  un  céramiste  de  profession; 
il  lente  de  rehausser  la  valeur  de  ses  produits.  Son  pi'^re,  Pierre 
Pellevé,  avait  organisé  la  faïencerie  de  Sinceny,  vers  17^7,  Des 
pièces  marquées;  ^  Ëtiolles,  1770^  Pellevè  ^  peuvent  s'appliquer^ 
an  pêrct  aussi  bien  qu'à  son  fils,  Ktienne-Doniinique,  qu'on 
rencontre  à  BoissetEes  quelques  années  plus  tanl. 

Soussa  gestion,  cette  fabrique  fonctionne  activement,  lesouvriers 
y  sont  plus  nombreux  qu'autre  foi  :i.  Les  registres  pnroissiau3i  en 
citent  quelques-uns  :  Charles  Fautré,  qui  assiste  au  bapti^me  er 
à  rînhumation  d'un  enfant  de  son  patron  eu  ]77(>  ;  Joseph  .4tl>ert, 
père  d'un  enfant  mort  le  15  fi^vrier  1777,  Précédemment,  en  1751*, 
on  trouve  Paul  Homont,  mouleur.  Tous  ces  ouvriers  sont  étrangers 
au  pays»  qui  ne  parait  avoir  fourni,  couiuie  employés  à  rusiiie^  que 
des  terrassiers  et  des  hommes  de  peine. 

L'exploitation  de  la  faïencerie  Je  Boissettes  s* acheminait  vers 
sa  fm.  Au  cours  de  1776^  Pellevé  vendit  son  matériel,  liquida  ses 
marchandises,  céda  son  entreprise.  La  modeste  manufacture,  dont 
les  destinées  n'avalent  jamais  été  très  brillantes,  fut  défmilivement 
fermée  comme  faïencerie.  Avec  des  fortunes  diverses,  une  prospé- 

^  Archivet  de  U  préhciUTê.  ^  Tîtr&i  et  pièces  de  U  prévAté  icïjfn^urial^  de 

»  Ibid. 

*  Domîjiiquc  Petlevé  avait  précéderamenl  IravalUë  àtaraïenccrjc  deSaint-Denl!!* 
r-Siirthi>n  (Omi^)»  Joot  ton  pèr*?,  |>eni*-l'ierrc,  fut  dirt'cïi^ur  du  1750  à  1755. 

*  Heghxvcs  paroitsitui  de  BoiflteltËi.  Greffe  du  Ifibyiiai  çjvit  de  premièrB 
-uiaitce  àe  Uelan. 


ÛQ^  LA   CÉAÂyiQUB   A    BOlS3ETT£3, 

rite  <le  coude  durée,  des  revers  fréquents»  quaiaute-Ginq  années 
^'étaient  écoulées  itepuis  sa  fondation  par  DeETues  Je  Boudreville, 
en  1732- 

Grâce  à  la  découverte  des  kaolins  de  Saint-Vrieiï,  vers  1768,  la 
porcelaine  de  luxeT.dont  la  France»  jusqu'alors,  avait  ététnhutâtre 
de  la  Saxe,  de  la  Chine  et  du  Japon,  accessible  seulement  aui 
grands  seigneurs  et  aux  traitants,  se  vulgarisa  et  s'introduisit  dans 
Ips  intérieurs  bourgeois  et  aisés.  Sèvres  donna  Tessor  à  la  fabrj- 
catian  des  nouveaux  produits.  On  rechercha  les  moindres  objets 
en  porcelaine  dure,  d'origine  française,  d'abord  à  titre  de  curiosité, 
ensuite  pour  leur  utilité.  Les  étagères  s'en  ornèrent,  les  collée- 
tjonneurs,  les  curieu]^,  comme  on  disait  alors,  la  mirent  â  la  mode. 
La  vaisselle  d'argent,  déjà  rare  par  suite  de  son  transport  à  la 
Monnaie,  dans  les  temps  de  pénurie  du  numéraire,  ne  se  rencontra 
plus  <{ue  dans  les  vieilles  familles  ne  sacrifiant  pus  au  goût  nouveau. 
^  On  fit  cas  des    pièces  décorées  par  des  artistes  qui   excellaient  à 

\  ,        peindre  des  sujets  dans  le  style  de  Tépoque,  dont  Boucher,  U  atteau, 

1^  Natoire,   étaient   les  maîtres  incontestés.  On  s'engoua   pour  les 

frivolités,  les  statuettes,  les  bonbonnîêreSr  les  boîtes  à  poudre, 
f  mille  riens  délicats,   aimable^,    charmants,    que   les    céramistes 

façonnaient  avec   la  nouvelle   matière,   et  que    des   spécialistes 
'  décoraient. 

Les  grands  seigneurs  se  prirent  àencourager  l'industrie  naissante. 
D'aucuns  voulurent  avoir  leur  manufaciurc  de  porcelaine,  établie 
à  grands  frais  dans  le  voisinage  de  leurs  châteaux,  s'y  livrant  à  des 
essais  coûteux,  et  obtenant,  avec  des  pièces  de  prix  qu'ils  se  réser- 
vaient, desobjetâ  d'usage  courant  répandus  dans  le  commerce.  On 
u'a  pas  besoin  de  citer  les  fabriques  ouvertes  ou  encouragées  par 
le  duc  d'Orléans,  le  comte  d'Artois,  Monsieur  comte  de  Provence, 
le  prince  de  Coudé,  le  duc  de  Villeroy,  ta  reine  Marie-Autoinette 
elle-même. 

L'émulation  ne  resta  pas  le  pritrilège  de  la  nolîlesse.  Des  praticiens 
céramistes  s'engagèrent  dans  la  même  voie.  Dès  le  commencement 
du  règne  de  Louis  XVI,  Paris  et  ses  environs  virent  s'ouvrir  des 
manufactures  de  porc^kine  dont  les  produits  légers,  délicats, 
finement  décorés,  acquirent promptement  une  légitime  réputation. 
£n  octobre  1776,  Jacques  Vermonet  père  et  Jacques  Vermonet 


LA   CÉRAMIQUE   A   BOISSETTtS.  S05 

fils  traitèrent  avec  Pellevè  de  Tacquisition  de  sa  faïencerie,  dans 
Tintention  d*y  sabstitaer  une  porcelainerie  où  ils  introdalraient 
les  procédés  des  principales  manufactures  du  royaume.  Ils  se 
disaient  inventeurs  d*une  pâte  supérieure  en  Mancheur  et  qualité 
aux  autres  pâtes  connues,  à  Tépreuve  de  la  plus  forte  chaleur,  et 
pouvant  être  livrée  à  des  prix  modiques. 

Sans  plus  tarder,  ils  présentent  un  placet  au  Roi  pour  la  réali- 
sation de  leur  projet.  lis  demandent  le  titre  de  manufacture  royale, 
Texemptlon  de  toute  milice,  logement  de  guerre  et  autres  charges 
publiques,  un  privilège  exclusif  pendant  trente  ans,  Tinterdictioû, 
pour  autrui,  d*établir  semblable  usine  à  deux  lieues  à  la  ronde  ; 
la  faculté  de  créer  un  entrepôt  à  Paris  pour  le  débit  de  leurs 
marchandises.  Toutes  ces  faveurs  leur  furent  accordées  par  arrêt 
du  Conseil  signé  le  2  janvier  1778*.  La  fabrication  commença 
immédiatement.  Le  14  février  suivant  figure,  sur  les  registres  de 
Boissettes,  a  Jacques  Jubin,  tourneur  en  porcelaine  de  la  manu* 
«  facture  établie  en  cette  paroisse  v  # 

Pendant  combien  de  temps  se  poursuivit-elle?  Mes  recherches 
ne  m*ont  fourni  aucun  renseignement  pour  rétablir.  Les  registres 
paroissiaux  contiennent,  au  contraire,  une  indication  qui,  loin 
d'éclaircir  le  fait,  jette  une  conjecture  sur  le  sort  de  la  porcelainerie 
de  Boissettes. 

Le  28  février  1781,  on  baptise  dans  Téglise  du  lieu  une  fille, 
née  le  même  jour,  «  du  sieur  Bernard-Mathieu  Aubry,  directeur 
ft  de  la  manufacture  de  porcelaine  de  M>'  le  duc  d*Orléans,  et  de 
«  demorselle  Jeanne  Audibert  n . 

Le  duc  d*Orléans,  qui  résidait,  en  compagnie  de  Mme  de 
Montesson,  à  Sainte-Assise,  distant  d*une  lieue  de  Boissettes,  et  où 
il  mourut  en  1785,  s*était-il  substitué  dans  la  fabrique  des  Vermonet, 
qui  n'ont  laissé  nulle  trace  dans  le  pays,  ni  sur  les  registres  de 
Tétat  civil,  ni  dans  les  contrats  des  notaires?  On  sait  qu'en  ce 
temps,  Louis-Philippe-Joseph,  duc  d*Orléansf,  avait  pris  sous  son 
patronage  la  porcelainerie  du  Pont-aux-Choux,  à  Paris.  Ses  produits 
portent  le  chiffre  du  prince  L.  P.  Boissettes  est  simplement  marqué 
"jn  3  en  cursive  majuscule. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  singulier  de  trouver  fixé  à  Boissettes,  en 

^  Archives  Datiooales.  FJ*,  1496. 


206  Ifi    CÉRillfI(}UE.    BOISSETTES 

ll&l»  à  Tépoque  où  il  est  permis  de  penser  que  la  juAnufacture 
cféiftfMli^aittr plus  tôt  ét^it  en  pleine  activité,  a  un  directeur  de 
u  k  m  iniiTif  fcm  in  yiwnilninr  de  M^'  le  duc  d'Orléans  n , 

Je  dois  à  TobligeMM^  dltlL^  Kdjouard  Garnier,  rênidit  conser- 
vateur du  Musée  et  des  coffeclWHi^dlt  S&ii^es,  des  renseignemeuls 
sur  les  produits  de  Boissettes,  dont  rtl^limivienl,  confié  à  ses 
soins,  possède  des  spécimens.  La  pâte  maiHf«it|iMft4We  ua  peu  de 
blancheur,  mais  la  fabrication  et  la  dorure  en  s«il  Ii4s  $4%nées. 
Les  peintures,  paysages  et  fleurs,  assez  bien  exécutées,  «tsuttl  pas 
très  glacées.  Les  pièces  portent  la  marque  B  en  cursîie  uia|tt$e«k, 
bleue,  rogge  ou  or  '• 

A  Genèvft,  au  Musée  Ariana,  j*ai  vu*  en  1892,  quelques  beau^ 
produits  de  Boissettes,  deux  soupières  rondes,  dont  le  couvercle  est 
surmonté  d'un  fruit  artistement  moulé,  une  théière,  quatre  lasses, 
marquées  comme  le^  pièces  conservées  à  Sèvres**  M,  (.lodefroy 
Sidler,  le  directeur,  tient  cette  porcelaine  pour  assez  rare,  Elle  est 
peu  fréquente  dans  les  ventes  de  curiosités;  toutefois,  son  prii 
n*est  pas  plus  élevé  que  celui  des  produits  similaires  de  Cli^uancourt 

Des  marchands  et  des  experts  m*ont  conGrmé  la  rareté  des  por- 
celaines de  Boissettes,  que  d'aucuns  n'ont  jamais  vue.  La  fabri- 
cation, qui,  selon  les  apparences,  dura  quatre  ans  à  peine,  dut  être 
peu  importanie« 

Elle  n'était  pas  représentée  à  l'Exposition  rétrospective  de  la 
céramique,  organisée  Tannée  dernière,  dans  le  Palais  des  Beaui- 
Arts,  au  Champ  de  Mars. 

Le  Musée  de  South  Kensington^  à  Londres,  que  je  visitais  en 
1896,  Ta  mise  au  nombre  de  ses  desiderata.  Riche  en  produiLs 
céramiques  de  toutes  les  parties  du  monde,  il  n'a  pu  trouver 
encore  aucune  pièce  de  Boissettes.  Un  sommaire  des  anciennes 
porcelaines  françaises,  affiché  dans  les  galeries,  et  sur  lequel  figure 
notre  modeste  manufacture,  m'avait  donné  Tespoir  que  j'y  rencon- 
trerais ses  produits.  Une  lettre  du  directeur  du  célèbre  Musée  ma 
désillusionné  '. 

Cluny  est  également  dénué  de  faïences  et  de  porcelaines  de 
Boissettes.  Le  savant  et  regretté  M«  Darcel,  que  j*interrogeais  à  ce 

>  Vide  in/rà,  Annexes,  III. 
•  Ibid.,  Annexes,  IV 
^  Ibid.y  Annexes,  V. 


LA   CÉRAMIQUE    A   B0I8SETTES.  S07 

sujet,  m'avoua,  en  toule  sincérilé,  qu*il  en  entendait  parler  pour  la 
première  fois  '. 

Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  céramique,  M.\f.  Jacquemart, 
Ris-Pacquot,  Demmin,  Gerspach,  M.  Lhuillier,  dans  une  commu- 
nication au  Congrès  des  Sociétés  savantes,  en  1883,  ont  mentionné 
Boissetles,  sa  faïence  et  sa  porcelaine. 

MM.  Jacquemart  et  Leblanc,  plus  explicites  et  pins  documentés 
dans  leur  Histoire  artistique,  industrielle  et  commerciale  de  la 
porcelaine  •,  analysent  le  privilège  acconié  aux  Vermonet  en  1778. 
et  avancent,  ce  qui  est  exact,  qu^ii  reçut  sa  complète  exécution. 
D'après  une  note  conservée  dans  les  Archives  de  Sèvres,  ils  attri- 
buent à  dès  pertes  considérables  la  cessation  de  la  fabrication  et  la 
fermeture  de  rétablissement. 

Ce  fait  possible  n*e$t  confirmé  par  aucun  document  authentique. 
Certainement,  à  Boissettes,  Texploitation  était  coûteuse.  Les 
matières  premières  étaient  tirées  de  loin  :  le  kaolin  de  Saint-Yrieix, 
largile  plastique  de  Montereau-faut-Vonne,  le  sable  siliceux  de  la 
forêt  de  Fontainebleau.  Répartis  sur  une  production  restreinte,  les 
prix  de  revient  étaient  élevés,  laissant  peu  de  marge  aux  bénéfices 
du  commerce  courant.  Pour  soutenir  l'entreprise,  il  aurait  fallu  la 
fantaisie  d'un  grand  seigneur  riche  et  prodigue.  La  trouva-t-elle 
dans  le  duc  d'OrIfans,  qu'on  entrevoit  à  Boissettes  en  1781?  Mais 
avec  la  fin  du  concours  du  duc,  en  admettant  qu'il  lui  ait  été  acquis, 
Boissettes  dut  éteindre  son  lont  et  fermer  ses  ateliers.  Ce  dénoue- 
ment peut  justifier  la  note  des  Archives  de  Sèvres,  qui  attribue  sa 
disparition  à  des  pertes  considérables. 

MM.  Jacquemart  et  Leblanc  élèvent  un  doute  sur  l'attribution 
certaine  en  faveur  de  Boissettes  des  pièces  a  assez  répandues, 
c  disent-ils,  en  porcelaine  dure,  fort  blanche,  décorée  de  fleurs  et 
0  de  bouquets,  qui  portent  pour  marque  nn  B  majuscule  en  bleu  v . 
Ils  ne  voiient  guère  aucune  autre  usine  à  laquelle  la  marque  et  les 
caractères  de  cette  poterie  conviennent  mieux.  Pourtant,  ils  livrent 
ceci  aux  amateurs  comme  une  simple  conjecture. 

Il  est  vrai  qu'une  objection  s'est  élevée  sur  l'identité  des  porce- 
laines à  la  marque  B»  On  a  paru  vouloir  en  déposséder  Boissettes, 


<  Lettre  puUcuiière  de  M.  Darcel  à  Taoteur,  22  mars  1892. 
*1]d  volame  îD-foI.  Paris,  Techner,  1862,  p.  590. 


n 


308  LA   CÉRAMIOUE   A   BOISSËTTES. 

au  profit  d'une  usine  qui  aurait  fonctionné  vers  le  même  temps  à 
Orléans,  et  dont  Tinitiale  du  nom  de  son  directeur  est  un  B.  Avant 
d'accueillir  cette  opinion,  il  faut  tenir  compte  que  les  fabriques  de 
céramique  du  dii-huitième  siècle  adoptaient  généralement  pour 
marque  lé  nom  du  lieu  où  elles  s'exploitaient,  ou  un  signe  parti- 
culier sur  lequel  on  ne  pouvait  se  méprendre,  tel  le  cor  de 
Chantilly. 

Indépendamment  de  son  B  initial,  Boissettes  a  un  autre  carac- 
tère, qu'il  partage  avec  les  produits  similaires  de  Paris  et  de  la 
banlieue.  Ces  produits  sortent  des  mains  d'artistes  formés  à  une 
même  école,  sMnspirant  des  peintres  délicats,  charmants,  maniérés, 
aussi,  de  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Leur  pâte  peut 
différer  de  blancheur  et  d'éclat,  mais  les  peintures  qui  en  sont 
Tornement,  les  fleurs,  les  fruits,  les  bouquefs,^  les  guirlandes»  les 
personnages,  les  scènes  champêtres  ou  galantes  qui  s'y  trouvent 
représentés»  ont  un  cachet  particulier  qui  constitue  ce  qu'on  peut 
appeler  l'École  parisienne  de  la  céramique,  et  que  les  porcelaines 
françaises  de  province  n'avaient  pu  encore  égaler.  Il  en  est  de  la 
céramique  comme  des  médailles  à  légendes  incertaines  que  les 
numismatistes,  par  des  apparences  spéciales,  déterminent  sûrement 
et  facilement.  Ce  cachet  particulier,  possédé  par  Boissettes,  est 
comme  une  seconde  marque  de  fabrique  qu'il  est  difficile  de 
méconnaître  et  de  lui  contester,  pour  l'attribuer  à  une  fabrique 
orléanaise. 

Jusqu'à  ce  que  des  preuves  plus  convaincantes  qu'un  simple 
doute  aient  été  fournies,  il  faut  conserver  à  Boissettes  toutes  les 
porcelaines  du  dix-huitième  siècle,  marquées  d'un  B  en  cursive 
majuscule,  bleu,  rouge  ou  or. 

Par  une  singulière  ironie,  Timmeuble  où  s'était  exercée  une 
Industrie  qui  sMnspirait  d'art  décoratif  vit  s'oûvrir,  sous  le 
premier  Empire,  une  prosaïque  manufacture  de  lacets,  qui  dura 
pendant  plusieurs  années.  Avec  sa  disparition,  c'en  fut  fait  de 
toute  fabrication,  dje  toute  industrie,  dans  le  minuscule  village  de 
Boissettes. 

Aujourd'hui,  l'ancienne  faïencerie  de  Desrues  de  Boudreville, 
Téphcmère  porcelainerie  des  Vermonet,  est  transformée  en  une 
agréable  habitation  de  campagne,  au  milieu  de  riants  jardins  qui 
s'étendent  jusqu*au  bord  de  la  Seine. 


LA    CÉRAMIQUE    A    BOlSBKTTSS.  iQO 

Leg  souvenrrs  locaui  de  Tindustrie  céramique  d'autrefoii  le 
lûDt  éteints  avec  les  t tei  1  lards  qni^  naguère,  il  y  a  une  cinquantaine 
d'années,  en  avaient  des  notions  va^jnes.  lis  parlaient,  au  milieu 
des  fat  ta  restés  (Tans  ]cur  mémoire  débile,  de  visites  des  seigneurs 
du  voisinage,  des  châtelains  de  Sainle-Asslse  —  le  duc  d'Orléans 
peut-être  —  aux  fours  de  la  porcelatnerie,  quand  on  sortait  des 
mouCteg  les  pièces  S{>u mises  à  la  cuisson*  Ces  traditions  ont  dispara 
avec  les  derniers  survivants  de  ceui  qui  les  conservaient. 

il  titre  de  dernière  trace  ou  de  dernier  souvenir  de  la  manufac- 
ture de  BoissetteSp  de  temps  à  autre,  sur  l'emplacement  où  elle  a 
eiîsté,  des  ouvriers  ramènent  à  la  surface  du  sol  des  détiris  de 
faïence  ou  de  porcelaine,  l»risés,  abandonnés  à  l'époque  de  leur 
exécution.  Us  a'en  montrent  étonnés  au  même  degré  que  le 
nomade  qui,  dans  les  sables  du  désert,  ethum^  dos  vestiges  de 
civilisations  d'autrefois,  à  peine  mentionnées  par  les  historiens,  et 
dont  la  mémoire,  fugitive  comme  le  souffle  de  Tair,  est  peu 
connue  des  sociétés  modernes. 

G,  Leroy, 

Bibliothécaire  de  la  villâ  de  If  et  an, 
Correupoodinl  hû  non  ire  du  nilai»- 
1ère  di?  rtnslruclion  f>ubU([ue  pour 
les  triivaui  titstori(|ties. 


JUelun,  iai«QÙer  1^98, 


riÈCES  JUSTIFICATIVES 


I 


Arrêt  du  Conseii  ^Etat  du  Roy  en  faveur  du  sieur  Desruei  de  Boudrevilief 
portant  concemon  du  droit  d'étahlir  une  manujaciure  de  Jayen£t 
à  Boisiettes.  —  1  Décembre  1733. 

Sur  ce  cjui  a  été  reprejienlé  au  Roy  en  son  Conseil  par  le  sieur  Jacques 

Thomas  Desrues  de  Boudrei'ille,  cju'ûyant  trouvé  auK  environs  dix  village 

de  Boissetles,  près  de  la  ville  de  Mcltin,  des  terres  très  propres  pour  la 

f»ljrJcaLjon  Je  fayence^  dont  il  a  fait  différens  essays  qui  en  ont  produit 

atjsây  belle  que  celle  qui  âe  fait  â  Uouen  et  a.  Lille,  il  aurait  formé  le 

^ssein  d*en  établir  une  manufacLure  dans  le  village  de  Bois^ellea  ; 

Que  cet  établissement  serait  d'autant  plus  avantn^jeux  que  la  fayence 

14 


l 


ElO  til    CERAMIQUE    A    BOISSETTES. 

qui  serait  fabriquée  dons  la  dite  manufacture  pouvant  estre  conduite 
à  pAriAf  par  la  rivière,  dans  toutes  les  «aïsons  et  en  un  jouFf  calle  facililî 
tn  procureraU  Tabondance  dans  la  dite  ville,  dans  les  tems  mêmes  où  la 
sécheresse  et  les  basses  eaui  empêchent  qu'il  n^y  en  soit  apporté  des 
manufactures  du  Royaume,  d^où  elle  vient  ordinairement  par  la  rivière  \ 

Pourquoy  requeroil  le  suppliant  qu'il  plus!  à  Sa  Majesté,  pour  le  mettre 
en  état  de  se  dédommager  des  dépenses  considérables  quMI  sera  obligé 
de  faire  pour  former  son  élablîssemenl,  de  luy  accorder,  et  à  ses  hoirs  et 
ayant  cause  : 

1*  t]n  prjvil&ge  à  perpétullé  pour  faire  fabriquer  de  !a  fayence  dans  le 
village  de  Doissetles,  avec  deffenses  à  toutes  personnes  de  faire  aucun 
pareil  établissement  dans  la  distance  de  six  lieues  k  la  ronde. 

^^  L'exemption  de  la  taille  pour  luy  el  les  ouvriers  qui  seront  employez 
à  l'exploitalion  de  ladite  manufacture. 

3*  La  liberté  de  lever  la  quantité  de  quatre  minois  de  sel  de  morue 
tous  les  tiioiâ  des  gabelles  de  Paris,  suivant  la  taxe,  pour  être  employez 
a  la  composition  des  émaux  des  ouvrages  de  faycnce  de  sa  manufacture  ; 

Enfîn,  lé  litre  de  manufacture  royale  en  faveur  de  sa  fabrique. 

Et  Sa  Majesté  désirant  traiter  le  suppliant,  vu  Tavls  du  sieur  de  Harlay, 
conseiller  tPEtat  ordinaire,  intendant  et  commissaire  départy  dans  la 
généralité  de  Paris,  ensemble  les  observations  des  Fermiers  généraux  et 
Tavis  des  Députez  du  commerce  ;  ou  y  le  rapport  du  sieur  Orry,  conseiller 
d^Ëlat  et  ordinaire  au  Conseil  royal,  controUeur  général  des  Finances  ; 

Le  Roy  en  son  Conseil  a  permis  et  permet  au  dit  lieur  Jacques  Thomas 
Des  rues,  ses  hoirs  et  ayant  cause,  d'établir  dans  le  village  de  Boisseltes, 
une  manufacture,  et  d'y  faire  fabriquer  toutes  sortes  d'ouvrages  de  fayence 
pendant  le  lems  et  espace  de  vingt  années  à  compter  du  jour  et  date  du 
présent  arrêt  ;  fait  Sa  Majesté  deffenses  à  tontes  personnes,  de  quelque 
qualité  et  condition  qu'elles  soient,  de  faire  pendant  le  dit  lems  de 
vingt  années  aucun  pareil  établissement  dans  l'étendue  de  quatre  lieues 
à  la  ronde  du  dit  village  de  Uoisseltes^à  peine  de  confiscation  des  ouvrages 
qui  y  auroient  este  fabriquez,  des  mattereaux,  o utils  et  usteuciles  qui 
auroient  servi  à  leur  fabrication,  et  de  trois  niilte  livres  d' Amende  appli- 
cables moi  lié  au  profGt  de  Sa  Majesté,  el  l'autre  moitié  au  profit  du  dit 
sieur  Desrues  ou  de  ses  hoirs  et  a^ant  cause  ; 

Veut  Sa  Majesté  que  ledit  Desrues,  ses  hoirs  et  ayant  cause,  successeurs 
en.  la  dite  entreprise,  et  les  ouvriers  qui  seront  employer  dans  la  dite 
manufacture  soient  et  demeurent  personnellemcnl  exempts  de  la  tuille 
pendant  le  dit  temps  de  vingt  années,  pourvcu  qu'ils  n'y  ayent  pas  esté 
dejii  im[)osez  ;  qu'ils  n'ayent  pas  d'autres  biens,  et  ne  fassent  autre 
commerce  que  leur  travail  dans  la  dite  manufacture^  même  que  ceux  des 


.LA   €ÉAÂMIQUE    A*  BOISSETTE  S.  ;SIt 

dilf  oaTrieri!  qtir  se  trouveraient  sctuetJement  comprit  dans  quelque  rolle 
d'impofilUons  ne  puissent  estre  imposez  à  une  plus  roiie  cotte,  sous 
prétexte  de  lenr  travail  dna^  la  dite  manu  facture  ;  à  L'effet  de  quof  le  dit 
Décrues,  3€s  hoirs  ou  ayant  caa^e,  sprorit  tenus  de  remettre  chaque  année, 
avant  le  premier  jour  du  moîi  d'octobre»  aux  scindlcs  et  collecteurs  de  ta 
paroisse  de  Bobsetles,  un  état  d'eux  certîfTti^  de  tous  les  ouvriers  qui  seront 
employés  dans  la  ditt«  manufacture,  le  tout  à  U  charge  par  le  dit  hesrues 
de  n'employÇE*  pour  la  fabrication  de  ses  ouvrages  que  du  hors  btanc 
leuiement^  et  à  la  condition  qu'il  établira  ladiLte  manufacture  et  la  mettra 
en  état  de  trarailler  dans  Tespace  d'une  année,  ù  compter  du  jour  et  datte 
du  présent  arrêt,  à  peine  de  nullité  d'iceluf  et  d' estre  deschcu  du  privi- 
lège de  la  ditte  manufacture,  et  seront  sur  le  présent  arrêt  toutes  lettres 
oécessaires  e.ipédiées« 

Si^:  D*AoiEâ8£Atr,  CHAtnrii.rsr,  OftHY. 


i 


n 

Bénédiction  et  inauguration  de  la  manufacture  dé  Bomtttu^  — 
13  août  173:^, 

Cejourd'huy  jeudi  treize  du  moiâ  d'août  de  la  présente  année 
mil  sept  cent  trente  trois,  nous  Etienne  Baron,  curé  de  Uoissettes,  sous- 
signé, ay^ïnt  été  requis  par  \L  Jacques  Thomas  lïesrues^  maUre  de  la 
manufacture  royale  de  fayencc  établie  en  cette  paroisse  jjar  privilège  du 
Roy,  de  bénir  le  four  à  fayence  et  autres  lieux  dèpendans  de  la  susdite 
manufacture,  comme  il  se  pratique  en  pareil  cas^  et  suivant  Tusa^e  des 
autres  manufactures  établies  dans  le  Royaume,  avons  procédé  à  la  susdite 
héoédiction,  assisté  de  \f.  le  curé  de  Robsise-la-Bertrand,  accompagné  de 
ncktre  clergé  ordinaire,  du  dit  siear  Desrues,  dt  tous  les  ouvriers  de  li 
susdite  manufacture,  des  hahittanïj  de  notre  susdite  paroisse  et  de  beaucoup 
d'étrangers,  qui  sont  venus  e^cprès  de  la  ville  de  Melun  et  du  voisinage  ; 

Xous^  accompagné  comme  dit  est,  sommes  transporté  processionnel- 
lement  de  nostre  église,  avec  la  croii^,  deuï  chandeliers  à  côté,  la 
bannière,  le  bénitier  et  Tencensoir,  étant  tous  entrés  en  cérémonie 
ians  la  susdite  manufacture,  sommes  descendu  dans  l'endroit  où  est  )e 
four  à  fayencc,  et,  nous  y  estans  arrêté,  avons  commencé  la  susdite 
cérémonie  par  t'inlonnation  de  Thymne  Veni  Creaior  que  nous  avons 
tous  chanté  à  genoux  «  El  après^  avoir  dit  PoraisQu  Deus  qui  corddt  âvona 


n 


219  LA   CÉRAMIQUE    A   B0I8SKTTES, 

mis  le  feu  poos  même  aa  bois  préparé  pour  chauffer  le  dit  four  pour  la 
première  fois  qu^il  a  élé  chauffé  ;  ensuite  de  quoy  nous  avons  chanlé  a^ec 
notre  clergé  les  Litanies  et  Oraisons  des  Saints,  pendant  Jesquellas  nous 
avons  fait  tant  dans  le  dit  four  que  dans  les  lieux  de  la  manufacture,  en 
dehors  et  en  dedans,  Faspersion  de  l*eau  bénite  et  les  encensements,  et, 
à  cet  effet,  sorti  par  la  grande  cour  de  la  dite  matui  facture,  sivùb&  passé 
derrière  la  tournerie  et  le  dit  fonr  sur  les  prés,  affin  de  bénir  aussi  en 
dehors  les  susdits  lieux,  et  sommes  revenus  à  la  susdite  matiufacltire,  par 
la  rae  proche  Téglise,  dans  la  petite  cour  d'entrée,  et  sommes  descendu 
au  bas  du  dit  four,  où  nous  avons  achevé  de  chanter  les  susdites  lilanies 
et  oraisons  qui  les  suivent,  et  après  avons  dit  Toraison  Te  Deum 
mMdpotefUem^  comme  dans  le  Rituel,  et  celle  de  saint-rVntoine  de  Padoue, 
patron  de  la  ditte  manufacture,  laquelle  étant  finie,  avons  chanté  solen* 
nellement  Thymne  Te  Deum  en  actions  de  grâces,  laquelle  étant  finie,  en 
nous  en  retournant  à  Téglise,  nous  avons  chanté  le  Sakt  Re^tia  et  Toraiion, 
Ce  que  nous  curé  susdit  certifions  véritable,  et  en  foy  de  quoy  nous 
avons  signé  le  présent  procès-verbal,  les  jour  et  an  que  dessus,  pour 
servir  et  valoir  ce  que  de  raison  et  en  tems  et  lieu. 

Signé  :  Barow  curé  de  Bois  set  tes, 

(Archivei  du  greffe  du  tribunal  civil  de  Melun,  —  Hcsiilre^  paroiMiaui  d«  BoîifCilvtr 
Année  1733.) 

LUU  des  porcelaines  de  Boissettes  appartenant  au  musée  de  Sèvres, 

N*  4315,  *—  Saucière  à  deux  versants,  à  anses  latérales  géminées  ; 
filets  d*or  dentelés*  —  Marque  B. 

N^  4326.  • —  Assiette  à  dessert,  bord  lobé  treillis  se  dans  la  pâte,  décor 
de  fleurs  détachées.  —  Marque  B. 

N*  6422.  — ^  Cafetière  ornée  de  filets  d*or  dentelés»  —  Marque  B. 

N*  8176»  —  Cafetière  mince  à  anse  ornemaniséet  Décor  de  paysage 
avec  personnages  en  costume  du  XVIU*  siècle.  — *  .Marque  B. 

(Communication  de  M.  Ed.  €arnier,  directeur  du  Umée  da  li  Maniilicturf?  national^ 
de  Sèvres,) 

IV 

Porcelaines  de  Boissettes  appartenant  au  musée  Ariana  à  Genève, 

Deux  soupières  rondes,  ornées  de  bouquets  de  fleurs  variées.  Charmante 
décoratlonXoavercles  surmontés  d^unfruit,  -»  Marq  ue  B,bleu  sous  couverte. 


LA  CÉRAMIQUE   A  BOISHETTRS.  91d 

Petite  théière^  même  décor  et  même  marqoe« 

Qoatre  tasses  avec  gnirlandes  et  ruban  rouge,  ornées  de  |iottqnets 
variés.  —  Marque  B.  en  or. 
(CoBamnlcAtion  àe  II.  Goàéfnj  Sidler,  dirsctew  en  Untée  Aritat.) 


V 

Souih'Kennngion  Mutmm.  —  Por€elain  o/BoiueUes, 

«  I  am  directed  to  express  regret  that  Ibis  Muséum  does  not  possess 
any  spécimen  of  tbe  porceiain  made  in  Ibe  last  centur]f  at  Boîssettes. 
Yonr  impression  tbat  it  did,  arose,  no  doubt,  from  your  baving  seen  tbe 
Dame  on  tbe  lists  of  factories  de  poUery  bnng  in  tbe  ceramic  galiery  of 
tbe  Muséum,  n 

The  Secretary,  Department  of  Science  and  art,  London,  S.  W. 

Signé:  {lllmbU.) 


VI 

CoîkctUmt  partieuUèrei. 

Un  amateur»  M.  de  Ricbeboorg,  capitaine  an  2*  cbasseurs,  qui  tint 
garnison  à  Melnn  il  y  a  une  dizaine  d* années,  possédait  quelques  spécimens 
de  la  porcelaine  de  Boîssettes  :  une  cafetière,  plusieurs  tasses  avec  leurs 
soucoupes,  décorées  de  bouquets  et  de  fleurettesi  et  marquées  d*nn  B  en 
cursive  majuscule  bleu. 

L*année  dernière,  au  cbflteau  de  Voisenon,  dans  le  voisinage  de 
Boissettes,  à  la  vente  qui  suivit  le  décès  de  la  marquise  des  Ligneris,  il 
parut  un  lot  de  plusieurs  assiettes  de  même  porcelairie,  provenant  de 
services  différents,  tontes  marquées  d*un  B  en  cursive  majuscule  bleu 
sous  couverte,  ornées,  avec  plus  ou  moins  de  profusion,  de  bouquets 
imitant  le  Saxe,  et  aux  bords  lobés  et  dorés. 

Le  lot,  qui  comprenait  quatre  assiettes,  fut  acheté  par  M.  Rapin^  de 
Melun,qui  en  céda  deux  à  des  amateurs  de  Paris,  entre  autres  au  proprié- 
taire actuel  de  Fimmeuble  où  exista  la  manufacture  de  Boissettes  ;  *— 
m'offrît  la  troisième,  et  se  réserva  la  dernière,  la  plus  élégamment  décorée. 

Il  est  bon  de  remarquer  que  le  mobilier  du  cbâteau,  sauf  quelques 
modifications  introduites  par  le  goût  et  la  mode  variant  avec  le  temps, 
s*était  transmis,  à  peu  près  sans  cbangement,  de  propriétaire  à  autre, 
iepnis  la  vente  du  domaine  de  Voisenon,  comme  bien  national,  après 


^4  Là   CÉBÂUIQUE    A   BOlSSETTES. 

rémigrattoD  de  son  propriétaire^  Ckampion  de  Cicé^  bèr  tier  des  Fusée  de 
VobenoD,  auxquels  se  raltacliait  Tabbé  de  ce  nom. 

Or,  flans  être  taxé  de  témérilé,  ne  peut>on-  admettre  que  les  asiietteâ 
irendues  en  1S91  saut  des  débris  de  services  ayant  existé  autreroU  au 
chftteau,  où  peut-être  ils  avaient  été  introduits  quand  florîssail  la  porce- 
Jaînerie  de  Boissettes,  e'est-Â-dire  peu  d'années  avant  la  RévolulJon? 
L'idée  n'a  rien  d*  in  vraisemblable,. 

Be  plus»  eUe  a  son  importance  eomme  réponse  à  ta  contestation  de  Tatlri- 
bution  h  Boissettes  des  porcelaines  marquées  du  B  en  eursîve  majuscule. 
Voisins  de  la  porcelainerie,  dont  îh  étaient  distants  d'une  lieue  à  peine,  pn 
s* explique  que  les  prapriétairc^s  de  Voisenon  aient  voulu  posséder,  à  une 
époque  oCi  la  porcelaine  française  était  rare  encore,  des  services  de  table, 
élégants,  agréablement  décorés,  provenant  d'une  manufacture  locale,  et 
qui  rappelaient,  avec  des  prix  moindres,  les  produits  similaires  de  Saxe. 
Les  spécimens  vendus  Tannée  dernière  seraient  des  témoins^  épargnés  par 
le  temps,  échappés  aux  risques  d'un  usage  séculaire,  des  services  de 
Boissettes  -qu'auraient  possédés  les  anciens  châtelains  de  Voisenon.  On 
peut  contester  cette  appréciation  -  mais,  en  la  repoussant,  il  sera  difficile 
d'expliquer  comment  ces  incontestables  prckluils  de  Boissettes  sont  venus 
échouer  dans  les  armoires  d'un  château  briard. 

J'ajouterai  que  de  mômes  produits  se  trouvent  peut-être. aussi  dans 
les  châteaux  des  environs  de  Melun,  dont  les  mobiliers,  transmis  de  père 
en  fils,  sont  antérieurs  h  fa  Hévolulion,  et  se  sont  accrus^  quand  Boissettes 
fonctionnait,  de  quelques*unes  de  ses  œuvres.  La  vogue  de  ta  nouvelle 
porcelaine  française,  la  protection  que  les  grands  serc^neurs  accordaient 
aux  fabriques  qui  existaient  dans  les  environs  de  Paris  et  même  dans  la 
capitale,  qu'ils  subventionnaient  et  soutenaient  -au  prix  de  sacriHces 
onéreux  i  le  caprice,  t'esprit  d'imitation^  tout  fait  croire  que  ces  fabriques, 
Bois^^etles  entre  antres  pour  spécialiser,  durent  avoir  pour  clientèle  la 
noblesse  du  voisinage.  Il  ne  sérail  donc  pas  étonnant  que  les  quelques 
châteaux  de  la  vallée  de  la  Seine  autour  de  Melun,donl  les  mobiliers  sont 
restés  intacts  depuis  une  centaine  d'années,  possédassent,  en  pi  us  ou  moins 
grand  nombre,  des  produits  ignorés  de  Boissettes,  comme  on  en 
a  r exemple  à  Voisenon, 


CHARLES   EISEN.  SIS 


X 

CHARLES  EISEN 

Jal,  dans  son  Dictionnaire  critique  de  biographie  et  d* histoire^ 
a^démontré  que  Charles-Josepb-DominiqaeEisen,  le  graveur^  était 
né  Français,  paisqu*il  naquit  k  Valenclennes  et  y  fut  baptisé  le 
17  août  1720. 

Fils  de  François  Eisen  et  de  Uarie-MargueriteGainse,  il  habitait 
et  travaillait  à  Paris  à  la  fin  de  1742  ;  il  y  épousa.  Tannée  suivante^ 
eroit-on,  Anne  Aubert,  de  treize  ans  plus  âgée  que  lui.  lia  eurent 
cioq  enfants,  dont  deux  filles. 

Deux  fils  seulement  survécurent  à  leur  père:  Christopbe-Cbarles 
et  Jacques-Philippe. 

Le  premier,  maître  peintre  à  Paris,  et  le  second,  peintre  et  doreur 
àCaen.  Tous  deux  assistèrent,  dit  Jal,  à  Tapposition  du  scellé  qui 
eut  lieu  aux  domiciles  de  leur  père,  après  le  4  janvier  1778, 
jour  du  décès  de  Charles  Eisen  (à  Bruxelles).  C'est  des  domiciles 
de  Parts,  bien  entendu,  que  Jal  veut  parler. 

L'époque  et  le  lieu  de  ce  décès  sont  connus  des  biographes, 
qui  se  sont  contentés  de  dire  qu'Eisen  mourut  dans  un  état  voisin 
de  Tindigence. 

Jal  fait  connaître  ensuite  le  procès-verbal  de  l'apposition  du 
scellé  et  une  lettre  jointe  à  cette  pièce,  qui  sont  déposésaux  archives 
de  l'Empire. 

Il  établit  qu'en  1777,  Eisen  se  rendit  à  Bruxelles,  non  pour  ses 
affaires,  ainsi  que  le  déclare  sa  pauvre  femme,  Anne  Aubert,  a  qui 
•e  montra  fort  réservée  v  mais  pour  quitter  cette  digne  compagne 
qu'il  avait  abandonnée  depuis  longtemps  déjà,  pour  vivre  à  Paris 
avec  Marie-Charlotte  Martin,  demeurant  rue  Saint-Hyacinthe,  et 
veuve  d*un  sieur  René  du  Coudray. 

Eisen  habitait  donc  Bruxelles,  de  1777  à  1778,  où  il  s'était  établi 

ez  un  quincaillier  nommé  Jean-Jacques  Clause,  rue  au  Beurre,  où 

meubla  une  chambre. 


2t6  CHARLES   EISBIV. 

Lalettre  de  Clause,  adressée  à  madame  «  Saint-Martin  n  (c'egtainst 
que  Eisen  faisaît  nommer  cette  femme],  c^tpose  bien  qu'il  lui  doit 
une  somme  de  376  florins,  752  livres  en  argent  de  France.  Noua 
n'analyserons  pas  cette  lettre  qne  tout  le  monde  peut  lire  dans 
rintéressant  oui^rage  de  Jal,  lettre  dans  laquelle  il  ose  réclamer 
renvoi  de  Targent  sur  ce  que  la  vente  du  mobilier  de  Paris  peut 
produire,  car  il  estime  que  celui  qui  garnit  la  chambre  d'Eisen  à 
Bruxelles,  ainsi  que  sa  bibliothèque,  ne  lui  payeront  pas  la  moitié 
de  ce  qui  hn  est  dû. 

Or,  ce  que  Jal,  et  ce  que  tout  le  monde  ignore  jusqu^ici,  c'est 
que  cette  bililiotbèque,  comme  Tappelle  le  propriétaire  quincaillier 
Clause,  renfermait  une  collection  des  oeuvres  du  maître,  collection 
dont  ce  Clause  connaissait  la  valeur  et  que,  par  une  ruse  déloyale, 
ce  Clause  s'était  fait  adjuger. 

Nous  a  tans  eu  la  bonne  fortune  de  retrouver,  d^ins  les  aicbivei 
de  Belgique,  un  document  qui  jette  un  jour  nouveau  sur  cette 
question.  Nous  nous  empressons  de  le  transcrire;  son  importance 
et  sa  netteté  nous  dispensent  d*y  ajouter  aucun  commentaire. 

C*est  d'abord  la  déposition  de  Jansens,  peintre  et  doreur  de 
Bruxelles,  puis  la  décision  prise  par  les  magistrats  contre  ledit 
Clause'. 

u  J.'J.  Jansens,  peintre  et  doreur,  demeurant  en  cette  ville, 
ù  expose  qu'il  est  parvenu  à  sa  connoissauce:  Charles  Eisen,  dessi- 
<£  naleur  célèbre,  est  mort  à  Bruxelles  le  4  janvier  1778.  L'on  croit 
^  qu'il  aïoit  femme  et  enfans  à  Paris.  11  ètoit  logé  ici  chez  le 
tL  nommé  Clause,  marchand  quincailler,  près  de  St-N^icolas,  de  qui 
a  Ton  tient  les  circonstances  suivantes  relativement  k  la  vente  qut 
tt  s'est  faite  le  10  dudit  mois  Taprès  dîner  dans  la  maison  du 
<  St-Esprit,  de  tous  les  effets,  habits,  linges,  objets  et  surtout  de 
a  plusieurs  dessins  de  prix  délaissés  par  ledit  Eisen. 

^  Ledit  Clause,  entrant  dans  un  endroit  public,  le  samedi 
«  10  janvier,  vers  les  six  heures  du  soir,  y  débita  pour  nouvelle  en 
u  présence  de  nombre  personnes,  qu'il  venoit  d'avoir  fait  un  l>on 
('Coup,  quil  avoit  gagné  de  quoi  faire  une  nouvelle  façade  à  s^ 
IL  maison,  qu'il  étoit  devenu  propriétaire  de  tous  les  dessins  e 

*  ■  Bruiellcj.  S(?crétairerie  d*État  et  de  Guerre,  r  —  Rêgiilre  573*,  to\ .  t54. 


ClTARLEg    EISEK  fil 

â  ouvrages  qne  le  célèbre  Ëîften  âVûitdélaîiaéâ;  qu'il  étoit  ptr^enu 
«  à  se  procurer  ces  {Tesaeîns  an  moïen  d'une  permission  qu*il  avoit 
B  obtenue  du  Ma,^*  de  Bruxelles,  par  le  canal  derEchevin  Oui  pour 
t  faire  vendre  tous  ces  cfTets  à  son  profit  ;  que  cette  vente  s'étoit 
^  effectuée  ta  mesme  après  dîner  dans  la  maison  du  Si- Esprit,  et 

■  qu*il  s'y  étolt  trouvé  peu  Je  monde,  que  pour  avoir  les  desseins 
«  à  l>ofi  compte,  il  avoit  eu  soin  de  les  arranger  à  sa  façon  chez  lui 
à  dans  les  dlSerens  portefeuiltes  qui  les  contenoient,  qu'il  avoit 
«  commencé  par  faire  mettre  en  vente  le  plus  beau  de  ces  desseins, 
"  représentimt  la  Sédaclion,  sur  lequel  ainsy  que  sur  le»  autres 

■  il  avoit  été  le  seul  enchérisseur,  pareeque  aucun  de  ceux  qui 
R  étoieut  présent  à  la  vente,  la  plupart  fripiers,  ne  connoissoient 
^  pas  ces  sortes  de  choses  ;  qu'il  avoit  ce  beau  dessein  de  ici 
^  Séduction^  pour  dix-sept  florins  et  qu'il  ue  le  donneroit  pas 
«  pour  six  cent,  qu'il  avoit  également  tous  les  autres  ouvrages 
td'Eiseu  pour  lesquels  il  fcroit  bien  son  compte,  qu'il  étoit 
tt  d'intention  de  faire  annoncer  dans  les  feuilles  puldiques  que  ceux 
a  q  tj  i  vo  ud  roi  en  t  ache  ter  de  ces  o  u  v  rages  pou  rroi  en  i  s'ad  resser  chez 
a  lui,  qu'aPm  de  pouvoir  plus  facilement  parvenir  à  obtenir  seul 
^  à  la  vente  tous  ces  desseins  il  n  avoit  prévenu  personne  que  cette 
«t  vente  de  voit  se  faire,  que  cependant  quelques  jours  avant,  le 
K  valet  de  chambre  de  M»'  le  duc  d'Lrjsel  éloit  venu  de  la  part  de 
tiSon  maître  lui  demander  quand  cette  vente  se  feroit  parcequ'ïl 
'  désiroit  beaucoup  d'y  faire  quelqu'emplette,  que  lui.  Clause 
d  avoit  répondu  qu  elle  ne  se  feroit  pas  de  sitôt,  qu'il  devoit  aupa- 
a  ravant  écrire  à  Paris,  que  \L  le  Comte  de  Cuypers  dêsireroit 
0,  d'avoir  la  Tabatière  d*Eisen^  sur  laquelle  il  y  avoit  un  dessein, 
tt  avoit  aussi  fait  demander  chez  lui  quand  cette  vente  se  feroit,  eu 
^  le  priant  de  vouloir  acheter  pour  luy,  Comte  de  Cuypers  cette 
a  tabatière  à  tel  prix  qu'elle  pourrok  se  vendre.  Quelques  personnes 
^  de  la  Compagnie  indignées  d'un  tel  procédé,  observèrent  à  Clause 
^  qu'il  n'étoit  pas  permis  d'agir  ainsi,  vu  que  tous  les  amateurs  de 
ic  desseins  attendoient  avec  impatience  cette  vente  et  que  lui-même 
^  d'ailleurs  devoit  être  intéressée  la  faire  valoir  le  plus  que  possible 
«  afin  d'être  payé  des  prétentions  qu'il  avoit  à  la  charge  d'Eisen, 
'  et  en  même  tems  tenue  pour  acquitter  les  prétentions  des  autres 
*  créanciers  qu'Eisen  avoit;  surquoy  Clause  dit  qu'il  ne  s'inquiét oit 
^  pas  des  autres^  que  tout  l'argent  que  Fou  avoit  fait  de  vente  ne 


n 


218  CHARLES   EISEN. 

ft  siiffiroit  pas  encore  pour  sa  seule  prétention  et  qu'il  croioit 
a  d'autant  plus  cette  vente  faite  en  règle  qu'elle  avoitété  annoncce 
tt  par  le  Belleman  dans  la  paroisse  de  St-Nicolas  le  matin  même  du 
a  jour  de  la  vente.  » 

Suivent  les  conclusions  et  les  décisions  des  magistrats  :  les  voîci  i 
a  Parler  du  préjudice  pour  les  autres  créanciers  d'Eiseii.  Tromper 
a  Tattente  des  amateurs  de  dessein,  flétrissure  pour  la  mémoire 
(c  d'Eisen.  On  a  surpris  la  religion  duMag'ou  d*un  de  ses  membrei 
d  pour  obtenir  la  promesse  de  faire  cette  vente  précipitée  etobrep- 
«  tive  et  clandestine  en  cellant  sans  doute  qu'entre  les  bardes, 
«  linges,  etc.»  il  y  avoit  les  desseins  de  prix. 

Cl  Conclure  à  ce  que  la  permission  du  Mag*  soit  déclarée  nulle 
tt  comme  urb.  et  obreptivement  abvenue,  et  par  conséquent  ulté- 
a  rieure  la  vente  qui  s'en  est  suivie  également  nulle  et  camme  non 
^a  avenue.  Ordre  à  Clause  sans  dire  expurgation  de  remettre  au 
tt  Curateur  que  le  Conseil  trouvera  bon  de  dénommer  pour  la 
«créance  d'Eisen,  généralement  tous  les  desseins,  ouvrages  et 
a  d'autres  effets  quMI  a  obtenus  à  cette  vente  ou  qui  se  sont  Iroui^ès 
tt  dans  sa  maison,  lorsde  lamortd'Eisen,pourle  tout  être  revr.ndu 
«  de  nouveau  après  préallables  afGcbés,  et  avis  dans  les  feuillea 
tt  publiques  comme  il  est  de  règle  et  convenable  dans  un  cas  partt- 
u  culier  tel  que  celui  où  il  s'agit  de  louvrage  d'un  artiste  célèbre 
«  qui  ont  un  prix  indéfini. 

tt  Pour  sûreté  des  créanciers  demander  provisionnellement 
(c  permission  d'arrêt  sur  les  desseins  de  la  vente  entre  les  mains 
«  du  vendeur  public.  Et  à  ce  que  Clause  soit  condamné  à  tous 
«  frais,  dommages  et  intérêts  résultés  et  à  résulter  de  cette  pouf^ 
tt  suite. 

tt  Demander  provisionnellement  que  Clause  ait  à  consigner  au 
tt  devans  les  vingt  quatre  heures,  tout  ce  qu'il  a  obtenu  à  cette 
tt  vente.  » 

On  consultera  avec  intérêt  la  notice  que  M.  Jules  GuiflVey 
consacre  à  Charles  Eisen  dans  le  tome  VI,  12'  volume  des 
Nouvelles  Archives  de  Vart  français  \ 

'  2*  série,  t.  VI,  12*  vol.  de  la  collection,  publiée  par  Jules  Guirrrey,  1771^ 
1700.  Paris,  Charavay.  i 


i 


LE   UAlT&E-AtlTEL   Dfi    DENtS   GBRVAIS.  tl» 

Celte  Dotice  ajoute  un  ÎDtérét  de  plus  et  se  lie  au  fait  que  noui 
relevons  ;  elle  reproduft  le  ccrliGcat  d'inhumation  de  Charles  Eisen 
au  cimetière  de  Saitite-Gudule,  à  Bruxelles,  dounaïil  ainsi  la  date 
eiacte  du  décès  du  graveur,  le  4  janvier  1T7B,  ^  chez  le  S'  J.-Jt 
«Clausej  marchand  q  Cl tncalller,  demeurant  rue  au  Beurre  et  inhumé 
A  le  6  du  mente  mois  ^  , 

Celte  notice  contient  également  le  curieux  procës-verbat  d'appo- 
sition de  scellé  à  Paris,  en  date  du  13  janvier  1778,  dans  lequel 
U.  Guiffrey  fait  remarquer  le  nom  du  «jraveur  Palassc-,  que  Jal 
avait  lu  Patusse  et  qui  demeurait  nie  du  Plàtre-Saint-Jacques,  celui 
du  S.  Jean-Baptisle  Roger,  professeur  de  musique  h  Paris,  rue 
Beaubourg,  tuteur  de  4'^*  Aiméc-Jusiinc  Roger,  sa  fjlle,  et  de 
demoiselle  Catherine-Justine  Eisen,  son  épouse. 

M.  Jules  GuiOTrey  a  publié  aussi  une  série  de  pièces  sur  Charles 
Eisen,  émanant  des  archives  des  Commissaires  au  Châtelet^* 

Albert  Jacquot, 

CorreipomlAnt  du  Comité  de«  Socîétéi 
des  Ë€sui-Arti  di?a  dëpart«^nieQU,  à 


XI 

LE  MAITRE-AUTEL   DE  DENIS  GERVAIS 
à  saiNT-yÂnRicË  n'ANceas 

(1758) 

Bien  que  le  maitre-autel  de  Saint-Maurice  d'Angers  soit  d'une 
ordonnance  qui  ne  s*accorde  pas  avec  le  slyle  général  de  rédîGce 
fdouziènie^treiziënie  siècle)^  il  mérite  cependant  une  mention  par- 


'  C'est  du  graveur  Pilu  qu'il  i*agit« 
'  Courrier  de  VÂrt,  ÏMk. 


iaO  LB    IIAITRB-AUTEL   DE    DENI8   GËRVAIS. 

ticuliëre,  comme  un  des  spécimens  les  plus  iraporlants  qui  nous 
soient  restés,  do  la  décoration  religiense^au  milieu  du  dii^huiUème 
tîècle. 

C'est  une  justice  â  rendre  à  TÉglise  de  France  —  et  on  la  lui  a 
rendue  déjâ^  —  que  de  constater  qu'elle  fut  la  dernière  à  aban* 
donner  les  pures  traditions  de  simplicité,  de  logique  et  de  goût, 
dans  la  construction  et  rornemeniatîoti  de  ses  autels.  L'Italie, 
TEspagne.  pins  tôt,  et  TAltemagne,  dè^  le  quatorzième  siècle,  coti^ 
Traient  leurs  autels  de  ces  clochetons  et  de  ces  rxirps  d'architecture 
encombrants  que  Tabbé  Thiers,  les  voyant  apparaître  en  notre 
pays,  ati  prix  d'irréparables  sacrifices,  ne  craignît  pas  d'appeler, 
en  16S8,  de  ^  monstrueuses  décorations». 

Mais  après  les  retables  monumentaux,  plaqués  au  fond  du  chœur, 
sous  Louis  XUl  et  encore  sous  Louis  XIV,  la  mode  s'imposa,  par- 
tout où  ou  put  la  suivre,  d'ériger  de  grands  autels  avec  des  espèces 
de  dhorium,  ou  de  baldaquin  ^  comme  à  Rome,  à  Saint- Pi  erre  et 
presque  partout.  A  Faris,  même,  Dulaurecite  en  ce  genre,  comme 
étant  <i  d*un  Eiel  effet  ^^  Tautel  de  Saint-Jean  en  Grève,  dessiné 
par  Blonde],  et  achevé  en  1724;  il  assure  encore  que  Tautel  de 
Saint-Bartbélemy,  œuvre  des  frères  flamands  Slodz  (l'un  mort  en 
1754,  l'autre  en  1758),  «  mérile  les  regards  des  curieux*  u,  et 
signale  aussi  le  baldatfnin  du  l  al-de<Grâce. 

Les  chanoines  d'Angers  n'échappèrent  pas  plus  longtemps  à 
rinfluence  de  fa  mode. 

En  1754,  le  Chapitre  se  préoccupe  de  remplacer  Tautel,  recon'- 
strurt  en  1699,  par  un  autel  à  haldaquin',  etdes  plans  sont  deman- 
dés à  un  artiste  dont  nous  voyons  le  nom  pour  la  première  fois, 
Denis-Antoine  Gervais,  qui,  dans  le  marché  conclu,  s'intitule 
(i  sculptoor  de  rAcadémîe,  à  l'aris,  et  pensionnaire  du  Roy  »,  et 
qui  est  nommé  a  sculpteur  ordinaire  des  bâtiments  du  Roy  ï»  ,  dans 
Tacte  de  muria^e  de  son  fils,  a  sculpteur  architecte  deTAcadémie 
de  Pa  r is ,  pensionnai  re  d  e  Sa  Maj  esté  ^ ,  dans  son  acte  de  décès ,  il  étai  t 


'  VioLLiîT-LR-Dic,  Dictionnaire  d* architecture,  t.  I,  p.  4t. 

'  Xou^elle  Description  des  curiosités  de  Paris,  ^  édit^  1787,  t.  1,  p.  6fi; 
t*  tl.  p.  i:jo. 

^  Archive»  rnuTilcipalcs  d'Anfjcrs,  GG.  33,  105.  • — Arcfaivesdfï  MaidC-ct-Loife, 
K.  2610.  ^  CL  Ctil.  PoïiT,  Les  artistes  angecint,  1881,  p.  lâS-lâfl,  et  Dto 
tionnaire  de  Maine ■et'-Loire,  t.  Il,  p,  257, 


LB   UAITRE-AVTEL  DE   DENIS  GERVAI8.  tSl 

alors  âgé  de  cinqatnte-six  tns  et  ne  vécut  pas  aa  delà  de  soixante  '• 
Noos  aurons  dit  sur  Denis  Gervais  tout  ce  que  nous  savons,  si 
nous  ajoutons  qn*il  mourut  avant  d*avoir  terminé  le  grand  autel 
d'Angers,  le  28  septembre  1758,  dans  une  pauvre  chambre  garnie 
dé  la  cité  de  cette  ville,  où  il  redevait  trois  mois  de  loyer  k  rb6* 
tesse,  soit  10  livres  par  mois,  et  que  ses  deux  filles,  dont  Tune 
mariée  à  un  épicier  de  Paris,  renoncèrent  &  sa  succession,  comme 
son  fils,  Jean-Jacques,  qui  devait  continuer  et  terminer  Tœuvre. 
Notons,  toutefois,  que  Jean-Jacques  était  né  vers  1733  à  Angers 
même,  où  il  devait  se  marier  à  vingt-six  ans  et  où  il  demeurait 
encore  en  1766,  rue  du  Cornet  :  ce  n*est  peut-être  pas  se  basarder 
beaucoup,  après  cela,  que  de  supposer  que  Denis  Gervais  était 
Angevin,  tout  au  moins  par  ses  alliances. 

Après  avoir  examiné  les  plans  que  Tarliste  leur  avait  commu- 
niqués le  17  janvier  1755,  les  chanoines  déléguèrent  plusieurs 
d'entre  eux  pour  conclure  un  marché.  MH,  de  Montéclerc,  Pocquet 
de  Livonnière,  Bruneau,  Rousseau  de  Pontigny  et  Houdbine 
signèrent  Tacte,  au  nom  du  Chapitre,  le  28  mars  suivant. 

Denis  Gervais  s'engagea,  moyennant  un  prix  de  22,000  livres 
(qu'il  fallut  presque  doubler  ),  à  exécuter,  dans  le  délai  de  dix-huit 
mois,  la  reconstruction  du  maitre-autel  de  la  cathédrale,  d  après 
les  plans  présentés. 

Mais  c*est  seulement  à  Theure  même  où  il  eût  dû  livrer  son 
œuvre  que  Gervais  la  put  commencer.  L*évéque  Jean  de  Vaugirault 
bénit  la  première  pierre  le  18julllet  1757',  et,quatorze  mois  après, 
le  27  septembre  1758,  Tartiste  mourait,  laissant  Tautel  inachevé. 
On  raconte  que,  moribond,  il  se  fit  transporter  sur  un  matelas,  à  la 
cathédrale,  pour  expliquer  ses  projetsdebaldaquin'.et,  comme  nous 
lavons  dit,  c*est  son  fils  Jean-Jacques  Gervais  qui  termina  la  tâche. 
Un  nouvel  évêque,  Jacques  de  Grasse,  consacra  le  grand  autel  le 
23  juillet  1 759,  après  plus  de  cinq  ans  de  pourparlers  et  de  travaux  *» 

Au  total,  le  monument  ne  coûta  pas  moins  de  40,000  livres  *.  Les 


'  L'ami  du  Meerétaire^  par  Brossikb.  Ma.  656  de  la  Bibliothèque  d'Angers. 

*  Us.  656  de  la  Bibliothèque  d'Angers,  t.  I  (Autel).  —  Archives  de  Maioe-et- 
>ire,  G.  385. 

*  Jean  de  Vaxtfirauld^  par  M,  Bailli  (dix-haitième  siècle).  Ms.  633  de  la 
Hliothèque  d'Angers» 

^Ms.  656. 


2»^  Xft^HAiTRE-AUTEL   DE   DENIS   GERVAtS. 

chanoines,  quf»  diftITSQi «nient  obtenu,  à  cet  effet,  du  grand  maître 
ides  eaux  et  forêts  dé  ib  fjtw/ifîilifft,  la  permission  d'aliéner  cent 
soixante-treize  grands  cfiffluft,  imiapn  sur  leurs  domaines  de 
Saint-Denis  d'Anjou  et  de  Çhen^fr^  «-^iiraRt  aîdés,  dans  celte 
•dépense,  par  Tévèque  Jean  de  Vaugiraull;  ^^  d^oa  11,000  livres 
de  ses  deniers,  et  aussi  par  les  ha^kajits,  qui  ftpwl  luw  loterie. 

Au  surplus,  nous  renvoyons  au  texte- même  du  matcfc^îalnt  à 
cette  notice*. 

Tel  qu'il  existe  encore  aujourd'hui,^  le  maitre-mUel  de  Saint- 
Maurice  d'Angers  n'est  pas  sans  quelque  analogie  avec  ka  balda- 
quins dont  nous  avons  parlé  de  Saint-Jeai\  en  Grève  et  de  S^t- 
Barthélemy,  dont  le  souvenir, — tout  ce  qu'il  en  reste  à  cette  heure, 
—  est  conservé  au  cabinet  des  estampes  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale' :  avec  son  immense  gloire,  Tautel  de  Saint-Darlhélemy  est 
plus  étriqué,  moins  harmonieux  dans  son  ensemble*, 
.  Quant  aux  détails  de  l'ornementation,  ce  sont  à  peu  près  ceux 
qu'on  a  coutume  de  voir  à  cette  époque^  où  la  li^ne  droite  et  la 
symétrie  démodées  étaient  remplacées  par  les  contre-parties  non 
symétriques  et  les  courbes  les  plus  capricieuses.  Des  dessîus  de  la 
collection  Poterlet,  dus  à  l'artiste  allemand  François  Habermann  * 
et  à  BabeP  ont  des  rocailles  gracieuses  et  légères  qui  rappellent 
singulièrement  celles  du  baldaquin  d'Angers;  les  dessins  de  Charles 
Ëisen^  sont  plus  lourds.  Enfin,  je  ne  serais  pas  étonné  que  les 
trophées  d'Amours  etdechasse,composéspar  J.  Dumont  le  Romain 
et  gravés  par  Blondel*,  ainsi  que  les  cartouches  de  Nicolas  Pineau, 
gravés  par  Hérisset,  chez  Jean  Mariette,  aient  pu  fournir  à  Torne- 
maniste  Denis  Gervais,  ou  à  son  fils  Jean-Jacques,  des  modèles 
qu'ils  auraient  copiés  ou  plutôt  interprétés,  d'ailleurs  avec  une 
véritable  habileté. 

*  L'autel  à  baldaquin  du  Val-de-Grâce  coûta  60,000  liFres,  au  lên]OJ<^^e  de 
Dulaurc. 

'  Voir  ci-dessous,  p,  227.  ^ 

>  Carton  Autels, 

*  Grave  par  Moreau. 

^  François-Xavier  Habermann  (1721  f .  1796).  Voir  Les  maiires  omemanisks^ 
^\.  157. 

®  F.-E.  Babel,  ornemaniste  français,  milieu  du  diz-huîtîèine  liècU.  ilUd*^ 
pi.  59.) 

'  Ibid.,  pi.  54. 

»  Ibid.,  pi.  45. 


i 


I 


JLK   liAITRE-ALTEL    Dt    DBMS    GERVAIS.  ttl 

Ce  qui  distingue  le  maïtrp-atitel  d* Angers,  c'est,  à  la  fois,  la  soli- 
dité imposante»  on  pourrait  dire,  majestueuse,  du  corps  principal 
d'architecture,  et  la  proportion  rationnelle  du  couronnement, orné 
awec  cette  légèreté  maniérée  qui  diBtin;f[ue  les  dessinateurs  français 
desorne  maniâtes  alleaiaiidSf  p  resq  ue  touj  ou  rs  Inzarres  et  i:o  w  m  uns'» 

J/idée  d'un  autel  monumental,  énorme,  —  idée,  je  tiens  à  le 
répéter,  tout  à  fait  discutable,  —  élant  admise  ici,  Tarliste,  on  peut 
laffirmer,  a  résolu  un  problème  que,  trop  souvent,  n'ont  même 
pas  compris  des  ornemanistes  ou  des  architectes  de  ce  temps.  Denis 
Geri^aîs  a  su  donner,  à  lautel  et  aux  colonnes  qui  lesurmontent,  la 
solidité  qui  rassure  et,  en  même  temps  a  son  couronnemeal,  la 
grâce  qui  plaît  à  la  vue. 

Là,  du  moins,  les  yeux  ne  donnent  pas  cette  préoccupation  ins- 
lîuctive,  celte  inquiétude  plus  ou  moins  consciente,  qu'on  éprouve  à 
Taspect  de  ces  constructions  défiant  le  sens  commun ,  où  des  colonnes 
trop  grêles,  des  arceaux  trop  légers,  des  cariatides  trop  faibles,  sup- 
portent comme  en  un  château  de  caries  un  ciborinm  trop  lourd, 
an  groupe  trop  considérable,  voire  même  des  niches  tout  à  fait 
écrasantes.  V  a-t-il  ricD  de  plus  pénible  pour  un  auditeur  que  de 
¥oir  une  vaste  tribune  de  chaire  à  prêcher,  juchée,  comme  en  équi- 
libre, sur  un  pédoncule  trop  mince,  de  sorte  que  Ton  redoute, 
comme  un  vrai  péril  pour  Torateur,  le  moindre  de  ses  gestes  et  le 
plus  simple  de  ses  mouvements? 

Les  Gervais  ont  évité  ce  travers.  Les  pompes  religieuses  peuvent 
se  déployer  ici  en  toute  sécurité  ;  il  ne  peut  venir  à  la  pensée  de 
personne  qu'un  écroulement  du  baldaquin  soit  seulement  possible. 
Les  règles  de  la  proportion  et  de  la  logique  sont  ici  respectées. 

Il  me  reste  peu  k  dire  pour  compléter  rhistorique  de  ce  monu- 
ment. 

Denis  Gervais,  en  son  contrat,  s'était  réservé  de  faire  au  plan 
primiliries  changements  qui  pourraient  paraître  utiles*  Ce.st  aiusi 
que  furent  ajoutées,  en  forme  d^acrotères,  les  deux  cassolettes  qui 
surmonteal  les  côtés  de  la  corniche  et  dont  le  marché  ne  parle 
Uas,  C'est  pour  une  autre  raison,  par  économie  sans  doute,  que  ne 
jrent  point  exécutées  les  deux  crédences  de  bois  dore,  qui  devaient 

^  Voir,  cl-»prèi,  pi,  6* 


1 


^234  LE    lIAITRErAUTEL   DE    DENIS   GERVAIS. 

être  posées  dans  rentre-colonnement,  pas  plus  que  les  di  verses  dé- 
corations de  bronze  doré  au  tombeau  de  Tautel. 

Mais  je  ne  saurais  dire  si  Técusson  de  18  pieds  aui  armes  du 
Chapitre  (de  gueules  à  Pescarhoucle  à  huit  rais  d^or),  qui  devait 
être  incrusté  dans  le  marbre  du  marchepied  de  lauteh  fut  exécuté 
ou  non  :  il  n!existe  pas  aujourd'hui.  Peut-être  a-l-il  été  détruit  à 
la  fin  du  dernier  siècle. 

L'œuvre  de  Denis  Gervais  subit  heureusement  peu  d'altérations 
à  Tépoque  où  Saint-Maurice  d'Angers  fut  transformée  eu  Temple 
Décadaire  (1797)'  pour  lequel  David,  père  du  célèbre  statuaire, 
sculpta  un  autel  de  la  Patrie,  qu'on  peut  voir  au  Musée  de  la  vïUe*, 
On  se  contenta  de  couvrir  la  croix  d'un  bonnet  phrygien  et  de  faire 
disparaître  les  tabernacles*.  Mais,  pour  la  construction  d^eetrades 
ofGcielles,  on  avait  enlevé  le  marchepied  de  Tautel^  et,  lorsqu'on 
put  le  rétablir,  en  1805,  on  ne  devait  pas  songer  à  reconstituer  des 
armoiries,  en  admettant  qu'elles  eussent  existé  avant  la  Révo^ 
lution. 

L'ange  du  couronnement,  au  lieu  d'une  custode  ou  pîxide,  tient 
en  ses  mains  une  couronne  royale  de  bois,  or  et  vermillon,  com- 
mandée à  David  père,  en  1805', 

Depuis  que  les  études  archéologiques  sont  plus  répandues,  par 
une  réaction  assez  explicable,  mais  excessive,  contre  T éclectisme 
irraisonné  des  derniers  siècles,  il  y  aurait  quelques  tendances  à  de 
nouvelles  destructions,  en  vue  de  rendre  strictement  uniforme,  en 
son  style,  tout  monument  ancien.  Si  l'autel  de  Saint-Maurîce 
d'Angers  n'a  pas  encore  couru  le  risque  d*être  détruit,  il  faillit  être 
déplacé,  transporté  à  Paris,  au  Panthéon  de  Soufflot,  contemporain 
de  Denis  Gervais. 

Mais  la  Commission  archéologique  de  Maine-et-Loire  fit  entendre 


'  Deux  fois  l'autel  a  été  repeint  et  doré,  en  1831  notamment  :  la  coraEche  fui 
d*abord  peinte  en  marbre  rouge;  elle  est  maintenant  en  marbre  blanc  reiaé  de 
gris. 

*  Voir  Henry  JouiN,  Histoire  et  description  des  musées  d'Angers  (1AS5), 
p.  211. 

'  Le  tabernacle  actuel,  en  bois,  peint  en  malachite,  avec  ornemeoU  dorés,  esi 
de  François-Edme  Desfui-Lamarre.  (Registres  de  fabrique,  1809.) 

^  Registre  des  délibérations  du  conseil  de  fabrique.  (Archives»  de  la  cathé- 
drale.) 

^  Archives  départementales.  (Travaux  de  la  cathédrale,  an  W.) 


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P^meliv  l'J 


yAlTRK-AlîTKL 


t*jig«  ii4. 


LZ    UAITHE-ALTEL    DE    DENlâ    GËRVAlil.  1ÎS 

des  proteslatioiis  fort  vives  contre  ce  projet,  que  la  dèsairectatioiide 
Sainte-Geneviève  ne  permet  pas  de  cruindre  aujourd'hui'. 

Qoelle  (\ue.  soit  l' importance  de  Tau  tel  cottslrint  h  «grands  frriii 
par  Denis  Gervafs,  il  est  impossible  de  ne  pas  êproLiier  de  rerjrels, 
quaod  OD  sait  qu'i]  a  remplacé  un  autel  déjà  recoi^struit  depuis 
cinquante-cinq  ans^sans  doute  (à  Tépoque  où  la  manie  du  change- 
ment  privait  la  France  de  lant  d'ol>jels  d'art  a  jamais  sarrîfîes), 
mais  qui,  sur  sa  «impie  maroiiuerie  de  pierre,  n'en  montrait  pas 
moins  des  ornements  très  précieuïi  du  moyen  âge*. 

Du  c6té  du  cbceur,  Tancien  nutel  était  orné  d'un  [larement  de 
vermeil  donné  par  Tévéque  \orinand  de  Itaiic,  mort  en  I  ISpL  Ce 
parement,  qui  représentait,  sous  quinze  arcades  cintrées,  Jésus, 
les  Douze  apôtres,  et  deux  évvgues  (profiablf^menl  S.  Maurille  et 
S.  Renéj  ou  encore  le  portrait  du  donateur).  Fournil  une  réponses 
laquesfion  que  se  posait  Viollet-le*Uuc  lorsqu'il  se  demandait  s'il 
y  eut  en  France,  hormis  Marseille,  des  devants  d'autel  ornés  de 
ll.^ures  de  saints  ou  de  personnages  divins  antérieurement  au  quin^ 
lièine  siècle^ 

L'autre  face  de  l'ancien  autel  répond  également  à  cette  interro- 
gation «  Ëlte  présentait  un  autre  pariMiient  d'autel^  en  vermeil  et 
filigranes  d'or,  dont  les  bas-reliefs  représentaient  la  Nativité, 
V Adoration  des  Bergers,  la  Visitation  de  la  Vierye,  VAnuoncia- 
tioïïj  tes  Mages  devant  Hérode,  V Adoration  des  Mages,  le  A/ffj- 
saere  des  Innocents,  le  Trépassfmenî  et  le  couronnement  de  ta 
Vierge,  enfin,  agenouillé,  le  donateur,  l'évÊque  Ouillanme  de  Beau- 
ment,  njort  eu  1^40. 

Depuis  qu'on  avait  abandonné  les  traditions  primitives,  où  detf\ 
chandeliers,  quatre  au  plus,  élaleiït  placés,  ci  plat,  sur  Tau  tel ^ 
ilepuis  qu'on  avait  construit  des  gradins  sur  la  table  de  1  autel^  on 
ne  se  faisait  pas  faute  d'y  placer  au^si  des  cbà^ses,  des  armoire!?  ou 
niches  avec  repréientatrons  de  saints.  Aux  deux  ccHés  du  grand 
autel  d'Angers,  s'élevaient  deux  de  ces  niches,  à  volets,  en  bois 

'  l'oîr  dans  le  Répertoire  arttiéologiqrtc  de  fAnjtift,  1t4(il,  Bruits  fâcheux^ 
r  V.  (loMiUi-FjiiiLTRiER,  et  Conimuniaitiom.  pi*r  ii,  Uhuik^ii, 
*  Voir  L.  DE   Fahcï,  Xaiices  ar^tiéùlQ^hiuts  sur  tts  ftukiii  dv  ta  ntf/irdrfite 
^^ers.  AngvFs,  i87l(.  td-8'"  (1<*  iiO  |inîjt'» 
Dktiùnmiire  raisonné  ttarctdtç^turt /rmi^aise^  t  1,  p.  3"i, 

n 


%M  LE    UAITKE-AUTEL    DE    DEVIS    GEKlilIg. 

sculpté  et  doré»  exécutées  en  J50i  ptir  Mkhel  Heuzé  ou  Huzé, 
pour  abriter  deux  grandes  statues  d'argent  doré  de  plus  de  4  pieds, 
celle  de  la  Vierge^  qui  aidait  coulé  400  écus  d'or  au  doyen  du  Cba- 
pilrc  Ji^an  delà  Vignole^  en  1462,  et  celte  de  S.  Maurice^  qui  n'avait 
pas  coûté  mofns  de  569  livres  de  main-tl^œuvrep  chez  rorfèvre  tie 
Tours  Hans  Mangolt,  au  commencement  du  seizième  siècle  L 

Au  lendemain  de  la  consécriitîon  du  fjrand  autel  de  Denis  Ger- 
vais,  ees  précieux  objets  d'art  disparurent,  pour  acquitter  les  dé- 
pruses  de  construction.  Vendues  au  poids,  les  statues  d'argent  doré 
de  la  Vierge  et  de  5.  Maurice;  irendus,  les  parements  d'autel  du 
douzième  et  du  treizième  siècle,  vendus  au  poids  ci  auéantis  l 

C'était  à  celte  époque  véritahlement  barbare  (1755)  ou  la  caliié- 
drale  d'Amiens^  sacrifiant  auî;«;i  son  magnifique  autel  de  1483,  était 
u  bouleversée  pour  faire  place  à  des  images  de  plaire  et  à  de^ 
rayons  de  bois  doré,  avec  grosses  cassolettes,  draperies  cliitfonnées, 
gros  anges  etfaroucbés,  également  eu  plâtre  '  ^^  ;  —  où  Chartres 
démolissait  son  autel  et  son  jubé  du  treizième!  siècle  ;  —  où  Saint* 
Denis  se  «  modernisait  ^  î  —  où  \oïre-D;ïme  ile  Paris  procédait  à 
la  destructrou  de  son  ancien  au  tel,  de  ses  reliquaires,  de  ses  tombes 
épjscopales;  —  où  tant  d'églises  brisaient  leurs  vitraui  t 

Angers  n'eut  rien  à  envier  aux  pires  Vandales,  pendant  le  dii- 
huitième  siècle  tout  erstier. 

La  nomenclature  de  ses  destructions  serait,  hélas!  trop  longue* 
Il  n'est  pas  sans  nlilité  ni  sans  enseignement  d'y  faire  alIusioD. 

Le  vandalisme  n'a  point  ericgre  partout  abdiqué.  Mais  c*est  une 
justice  â  rendre  à  notre  époque,  que  de  le  reconnaître  :  les  actes  de 
destruction  devienuent  de  moins  en  moins  fréquents.  Il  faut 
espérer  qu'ils  dis  para  liront  tout  à  fait.  Nos  Sociétés  des  Ueaui- 
Arts,  des  réunions  comme  celIesKîi  contribueront  beaucoup  à 
atteindre  un  résultat  aussi  désirable. 

Joseph  Dexais, 

Cûrra^paudaui  clu  l^omîté  d»  Soctctéi 
des  Bt'&iii-^^ti^  des  dépArtemeoU  à 
t  Augera. 

'Sur  Huns  ua  Jean  Manyoll.  voif  K.  Guïauoet,   Les  artisîrs  (ouran^^^ 
1885,  p.  2S1.  (Mémoires  de  k  Sûch'U*  ûrchétitogiqu*.^  Je  Tourame.) 
'  VlOLLET-LE-Dt  c,  Dkthnnairt  raisonné  d'mxhiucturc,  t.  1,  p,  53. 


m:    M.^I TEIËL-UTEL    DK    &Ë»|ft   CKaVâU*  iSf 


PifcCKS    JISTIFICATIVES 

Archives  déparUmentaiei  de  Mai nt-£t- Loire,  séné  ff.  ,n"i(i4>. 

^8  mars  1*755.  —  Ihù^  et  ntiircliè  ik'â  ouvrages  de  sculpture  en  boi?*, 
menuiserîa,  charpente,  doiures,  marbres  el  maronnerie  ?t  po^es  qii*il 
cortvient  faire  pour  le  f^rand  AuU'[  de  i'Ef{Iiâi^  île  k  Catliûdraië  Je  Saiol- 
Maurice  d' A u^ers^  par  îes  ordres  de  Munseigneurriivèque  et  Messii?urs  U»» 
Chanoines  du  Chapitre  sur  les  dessins,  plaus^  prolH^,  é!évaltoriâ  et 
cozîduites  du  Àicur  Gervrtiï,  sculpteur  de  ^A(^Kdl'^mie  iï  Paris,  et  pcfi.sion« 
naire  du  Roy^  on  marâ  mil  sept  cent  cinquante-cinq, 

Sivoir  t 

Sera  déuioM  le  ^rnnd  nulel  tel  qu'il  se  comporte  aujourd'hui  pour 
éti'ê  reconstruit  plus  ai^nt,  dnn!»  le  chœur,  ce  qui  $era  aiT4)te  af^C 
Messieurs  lesComnnssaîre»,  et  en  enlever  tous  les  maL(>riaux  délivrés  qtii 
ne  pourront  point  me  servir,  le  tout  à  mon  profit,  savoir  :  les  matériaui 
tant  en  bois  doré  qu'en  pîerrp  de  niarcbe»  d'autel ^  coffre,  parquet, 
gradins  et  tabernacles  et  guéridons  portant  les  fi^^ure^i  de  la  Vîerc^e  et  de 
S.  Maurice,  même  pierre  de  niarunnerie.  Le  surplus  de  ce  qui  compose 
ledit  autel  restera  audit  f^ha pitre. 

StTn  construit  lu  niiiâse  d'un  nouvel  autel  au  lien  et  h  ta  phi  e  dessluén 
et  marquée  sur  le  plan  agréé,  qui  aura  environ  2i  picd<>  de  lonf{,  et 
9  à  10  pieds  de  larj^e,  y  compris  le  massif  des  siït  colonnes,  niaronnée 
en  pierre  des  ïlalries  '  pour  les  piédestaux  et  en  pierre  d'ardoise  pour  les 
tombeaux  et  murcheiï,  k  chau^t  el  sable,  fondé  sur  le  solide  ou  bon  fond 
«t  que  tà  hs  fondements  passaient  six  pieds,  il  n'en  serait  tenu  compte, 
k  Teâtimation, 

Seront  faites  et  fournies  six  colonnes  de  marbre  rou^e  de  Laval  ou  de 

tablette  la  hauteur  de  Vi  pieds  de  fûts,  grosses  à  proportion,  s^uivant 

Tordre  corinthien,  avec  leurs  piédestaui^  corniches,  et  bases  joign^rot  les 

deux  tombeaux  d'autels;  lesquels  deux  tombeaux  seront  avec  leurs  tables 

4e  marbre  en  plein  de  trois  morceaux,  chaque  table  de  marbre  de  devant 

€t  derrière  bombée  sur  son  plan  d'élévation  avec  moulures,  cadres,  lîslets, 

revêtements  et  incrusteuients  des  quatre  côtés,  le  tout  suivant  les  plans 

'^*  'dessins  qui  sont  donnés,  et  de  ceu£  qui   seront   tracés  en  grand  et 

ïês,  cocnnie  aussi  les  couleurs  et  qualités  des  marbres,    des  panneaux 

dcaîre  juratsique  des  Aairici,  près  Durtal  (Ma[ue*eL-LoireK  —  1    U. 


ÎSH  LH    MAITHË-AUTEL    DE    DEXIS    CERÏÏÂlS' 

de  devant  et  de  derrière  des  tombeaux,  tantdeî>pÊédesUui(  que  îles  devants 
d'autelSf  savoir  :  ks  deux  devants  d^auleU  eu  marbre  incrustés  de  brèche 
violette f  les  panneau V  des  piédestaux  des  colounes  seront  soit  en  marbre 
au!Ssi  tnscmté,  en  ceracoJiu  verif  '  ou  marbre  d'au  tin  (f}i  le  tout  bien  ajusté 
et  uiastlquêf   atlnebèsi  avec  agrafes  et  travaillé  avec  tout  Tart  possible, 

Sera  fait  quatre  gradins,  deux  derrière  et  deux  devanti  de  la  hauteur  de 
0  pouces  et  de  la  lougueur  des  autels  euvîron,  étant  interrompu  et  par 
les  tabernacles  et  les  Jotgnans  ornés  d'une  gauderone  et  gorge  qut  sera 
revêtue  d'une  frise  en  marbre  inscrutée  de  brèche  violetle  de  toutes  les 
longueurs,  derrière  et  devant,  ayant  14  pouces  au  plus  large  ;  chaque 
gradia  sera  cbantourué  sur  son  plan. 

Sera  fait  les  deux  tables  des  marchepieds  des  autels  en  plein,  formant 
les  pleins  murs  et  qui  aura  par  le  devant  i  pieds  de  large,  et  sera  incrusté 
dans  le  milieu  de  Técusson  de  saint  Maurice,  en  marbres  différents;  il 
aura  de  long  EH  pieds  ou  environ,  (>  pouces  de  haut  godronnés,  et  les 
marches  de  1(1  pouce.s  parle  devant  et  de  IZii  14  par  le  derrière  en  largeur^ 
toutes  sur  six  pouces  de  hauteur;  le  tout  suivant  le  plan  qui  en  sera  arrête 
par  devant  Messieurs  les  Commissaires  nommes,  et  pareillement  la  table 
du  marchepied  de  Tautel  de  derrière,  â  l'exception  qu'elle  sera  plus  petite 
que  celles  du  devant  et  tes  marches  aussi,  le  tout  en  marbre  noir  bien  poli. 

Sera  fait  G  bases  en  bronze  pour  les  six  colonnes  de  marbre  tournées 
et  fondues  suivant  les  c^rosseur  et  hauteur,  avec  leurs  moulures  tores  et 
carrées  conforme  k  Tordre  ci-dessus. 

Sera  fait  et  fourni  deux  boites  de  tabernacle  en  plomb,  retâtu  en  bols 
par  dedans.,  devant  et  derrière,  ouvrant  k  clefs  avec  serrures  et  accom* 
paguées  de  deux  amortissements  riches  ornés  de  rocaiUes,  raisîas  et 
feuilles  de  pampres,  et  dans  le  milieu  des  deux  tabernacles,  il  sern 
pratiqué  une  plate-forme  ornée  d'un  tailloir  en  marbre  de  couleur,  pour 
y  poser  soit  une  grande  Crois  ou  une  Exposition  du  Saint-Sacrement,  telle 
qu'elle  est  dans  le  Trésor, 

Sera  fait  G  chapiteau jc  en  bois  de  Tordre  corinthien,  enrichi  de  ses  volutes^ 
tailloirs,  feuilles  d'olivier  et  callicoles  (ik),  le  tout  dans  ses  proportions. 

Sera  fait  la  cornicbe  au-dessus  desdîts  chapiteaux  et  du  mente  ordr?^ 
enrichie  de  tous  ses^  marbres  d'architecture,  rose:»,  modillons  et  autres 
ornements  tant  dans  ta  frise^  avec  plusieurs  attributs  de  saint  Maurice 
et  d'e^lisG,  et  autres  ornements,  sur  les  marbres  d'architectures  dauï* 
toutes  les  quatre  faces  devant,  derrière  et  cfVtcs,  suivant  plans  et  profils, 
te  tout  eu  bois  collé,  chevillé,  mortaizé  à  clefs  que  assemblé  avec  *^"* 
l'art  et  la  force  convenable  à  un  pareil  ouvrage. 

*  Sttrfancûlia  d'ilbel  (ïlftulcs-Pyréneea).  — JD, 


LE    miTEt£-.^LTEL    DE    PEMS    {^ERV.US.  t39 

Sera  fait  »ur  h  datant  de  la  corniche^  enlre  les  chapit^aiix,  une  Gloire 
ou  il  y  aura  im  Ange  tenant  une  stispen^ion,  l'ange  nura  une  draperie» 
et  soutenu  par  de^  aïlps  et,  derntre,  arec  des  tèies  de  cbénibins  qui 
raccompagneront^  comme  aussi  des  rayons  sortant  de  derrière. 

Le  derrière  sera  orné  d'une  gloire  enricbie  de  cinq  létes  de  chérubini 
accompagnés  de  nues  et  rayon i^,  le  tout  en  hoj«  doré  et  peint. 

Au-dessu*  de  la  corniche ,  sera  posé  un  socle  c[uî  recevra  les  cotonnês 
du  baldaquin  ;  il  sera  de  la  hauteur  d^un  pied  sealement,  le  chapiteau 
à  f;ocle  sera  peint  en  marbre  vert  Campan. 

Sera  fait  au^desius  desdits  socle.'^  i  cotisotes  et  2  enfants  '  formant 
le  baldaquin,  mariées  toutes  le^  unes  airec  les  autres  et  s'arcordant  par  le 
haut  avec  un  groupe  de  nuéea  et  de  i  tètes  de  chérubins  tant  derrière  que 
devant  et  accompagneront  une  boute  mi  globe  du  inonde  entortillé  d'un 
serpent  et  surmonté  d'une  croii,  qui  te rtnincra  le  tout. 

Chaque  console  du  baldaquin  pourra  avoir  l!2  à  13  pieds,  enrichie  de 
palmes,  festons  de  fleurs,  blés,  fi^^nes,  raisins  et  autres  orntMnents, 
feuillefi  rocailléeâ,  volutes  percéea  A  jour^  Le  tout  en  bois  bien  assemblé 
et  de  tout  ce  qui  pourra  ^tre  nécessaire  à  la  solidité  de  l'ouvrage. 

'^ra  fftit  toutes  tes  dorures,  tant  en  mat  que  bruni,  du  plus  bel  or  juune 
que  Ton  pourra  trouver,  savoir,  tout  le  baldaquin,  les  têtes  des  chérubins, 
palmes,  rayons ^  ûeurs,  guirlandes,  pampres  de  vignes,  raisins,  chapiteau\, 
partie  de  marbre  de  ta  corniche,  attributs,  ornements  des  deuv  labernacleSj 
la  custode,  l'ange  la  tenant  et  généralement  ce  qui  est  expliqué  »u 
modèle,  d'or,  à  Te^ception  de  toutes  les  nues  qui  seront  peintes  en  bleu, 
de  ciel;  le  reste  de  la  corniche  sera  peint  en  marbre  lîe  différents  couleurs 
et  qui  seront  choisis  par  écrit,  comme  aussi  le  sucle. 

Seront  faits  tous  les  bronzes  de»  ornements  du  tombenu  des  autels 
devant  et  derrière,  savoir  par  devant  les  deux  consoles  et  sur  les  angles 
tî  an  grand  cartel  d'où  sortira  des  «juirlandcs  de  raisius  et  bleds,  et 
joindront  lesdites  consoles  des  deu\  côtés,  .  Le  derrière  sera  orné  d'un 
pareil  cartel  comme  devant,  avec  seulement  deut  consoles  sur  les  cùïèi. 
Tous  les  bronzes  seront  mis  en  couleur  d^or  k  fo^t^e. 

Sera  fourni  par  moi  les  deux  fjlaces-  pour  les  deux  rarteb  en  broni^e 
des  deuï  devants  d'autels  on  doit  être  posées  les  reliques. 

Sera  posé  et  renfermé,  comme  dans  une  boite  ou  rigole,  le  cordon  de 
soie  qui  Sïuspendra  la  custode  et  descendra  le  lon;^  d'une  des  coEonnes 
sans  être  aperçu  et  fermera  à  clef,  ainsi  qu'il  est  actEtellenient> 

Seront  par  moi  fournis  tous  les  échuf  fa  uds  nécessaires,  soil  pour  mou  ter 
iolonnes,  la  corniche,  le  baldaquin^  et  dorer,  p<;indre  le  tout,  Jusqu'à 


t  230  LE    MAITRE-AUTEL    DE    DENIS    GEKVAIS. 


f  rentière  perfection  dadit  ouvrage,  même  le  transport  des  (>  colonne*  et 

^  du  reste  de  Touvrage  à  saint-Maurice  ;  le  tout  à  me^  frais. 

Plus  sera  fait  et  fourni  deux  crédences  en  bois  doré  dont  les  dessus 

f  seront  en  marbre  et  attachés  entre  les  colonnes  du  baldaquin. 

I'  Tous  lesquels  susdits  ouvrages  ci-dessus  et  de  Taulre  pari  meolîonrrés, 

>^  seront  par  moi,  Gervais,  soussigné,  bien  et  dûment  fait;^  el  fourntî;,  bien 

\'  polis,  travaillés,  sculptés,  dorés,  peints,  mis  en  couleurs  et  en  beau  bois, 

r^  posé  avec  toute  la  solidité  et  précision  possible  et  convenable,  ménie  avec 

ferrements  et  gros  fer  ,  boulons  dans  les  6  colon  nés  baut  et  bas,  bien 

coulés  et  scellés.  Tous  les  plombs  et  bronzes  seront  bien  ciselés,   doré;» 

ou  en  couleur  d'or. 

N  Le  tout  ci -dessus  expliqué  pour  le   prix  et  somme  de  vin^t-deui 

mille  livres,   réservant  qu^il  me  sera  permis  de   faire  tous   les   pctiU 

^,.  changements  que  je  trouverai  bien  à  faire,  soit  dans  hs  ornements  ou 

positions  des  figures  ou  têtes  de  chérubins,  sans  cependant  rtcn  diminuer 

^*  de  Touvrage  préposé  et  ne  rien  prétendre  au  surplus  du   marrhé  eî- 

^  dessus,  et  que  sUl  se  fait  des  changements*  ou  au^menlalionit,  de  <;oncerL 

avec  Messieurs  les  commissaires,  ils  me  seront  payés  vn  plus-value  h 

Testimation  et  à  Tamiable.  Lesquelles  vingt-deux  TTiL)]e  livres  me  seront 

payées  au  fur  et  à  mesure  que  mes  ouvrages  avanceront  par  messieurs  du 

Chapitre. 

Lesquels  ouvrages  moi,  Gervais,  promets  faire  et  fournir  pour  ladite 
somme  de  vingt-deux  mille  livres,  avant  la  fête  de  Saint  Maurice  pro- 
•  chaîne,  en  un  an. 

Et  nous,  commissaires  du  Chapitre  de  TEglise  d'Angers,  soussignés, 
promettons  aux  dits  noms,  faire  payer  audit  sieur  Gervais  ladite  somme 
de  vingt-deux  mille  livres  pour  les  ouvrages  compris  dans  le  présent 
marché  que  nous  promettons  lui  payer  à  furet  à  niesure  que  Touvrage 
avancera,  de  façon  quUl  reste  à  lui  payer  la  somme  de  G^OOO  livres  lors 
de  la  réception  de  Fouvrage. 

Fait  à  Angers,  double,  sous  nos  seings,  le  28  mar»  1755. 

Signé  :  de  Montéglers,  Pocqust  de  LivoN^tlaE, 
Bruneau,  V.  R.  Rousseau  de  PANimmi, 
HovoBiNE,  D.  Gervais. 

(Contrôlé  à  Angers  le  29  mars  1756  par  Delaage,  qui  »  reçu  soiiadle^quinie 
livres  douie  sols.) 

Suivent  :  l**  L'ordonnance  de  Philippe  Barthélémy  Levesque,  cheval 
seigneur  de  Gravalle  et  autres  lieux,  conseiller  du  Roi  en  ses  conse 
grand  maître  des  eaux  et  forêts  de  France  au  dépailement  dea  provin 


LES    Pl^tMHKS    VA\    OOâT.  331 

deÎDiirarne,  AnJQu.  h  Maine,  hatil  H  bas  VtridcVtTiol!»,  commetlant  U  sieur 
ée  VïUeneuhe,  mattn?  partlculirrclp  lamnilriscci'An^r^rs,  pr>ur  reconnaître 
et  vigile r  173  pledî^de  ch^ne.  épar«  sur  le^  domaines  du  Chapitre,  paroï^se 
S.  Denii  d'Anjou  et  Chemiré,  u  aux  offre»  de  les  employer  en  nnlure  ou 
le  pm  en  provensnl  à  la  construction  du  maître  autel  n  de  S.  Maurice 
d'Angers.  (Paris,  5  février  n5(î.) 

^  Proc£>ii-verbauK  de  visites  par  Joseph  Lehaf  de  Vilteneufv^e,  pour  U 
reconnaitsance  desdits  chênes.  {25  mars  1756  —  2^  marsi  1756.) 


XH 

LES  PEIXTRES  \  W  OOST 

    LILLB 
A  PROPOS  D  UX  TABLEAU  IJLLOIS  HE  \OTRE  Ci>LLEGT10.V 

En  189! .  noDS  achetions  à  la  vente  apr^s  iUvh  d'un  descendant 
d'une  ancienne  feinille  lilloise  un  curioui  tahleau  attribué  par 
divers  aonateara  à  Van  Oost  le  Vieux;  cela  nous  donna  Tidée  de 
rechercher  la  trace  du  sAjour  à  Lille  des  artistes  de  ce  nom.  C'est 
le  résultat  de  nos  recherche»  qite  nous  pulïlions  et  que  nous  divise- 
rous  en  trois  chapitres  : 

1"  Le  séjour  à  Lille  des  Van  Oast; 

2*  Leura  œuvres  à  Lille  ; 

3*  Tableau  lillois  de  notre  coileclion. 

Le  travail  est  complété  par  des  notes  justiticatives. 

r 

LE  SÈJOUB  .\    LILLE  DES  VA»  OOST 

Dfiflcamps  '  nous  apprend  ijue  Jacques  Van  Oosl^  surnoninié  le 
m^  naquit  vers  1600  à  Bruges  et  mourut  dans  celte  ville  eu 

cscAUPS,  La  vî€  dei  peintres  flamands^  ni  femamh  ef  koHfin^afs,  t- 11,  p.  51* 


Î3Ï  LES    PEINTRES    VAX    OOST. 

1671  ;  que  ce  peintre,  après  avoir  visité  Tltalie,  pat'   amour  de 
sa  patrie,  revint  à  Bruges,  où  il  se  fi  sa. 

Dans  sa  jeunesse,  V  an  Oost  auaîl  copié  Rubens  et  Van  Dyck  avec 
tant  d'art  que  ses  copies  trompenl  tous  les  jours.  Voilà  où  il  a 
eoiumencéâ  prendre  la  couleur,  sa  fonte  et  sa  belle  totiche. 

Le  Guide  des  étrangers  à  Lille  ^  et  Descamps  *  nous  apprennent 
qu'à  Lille,  à  Té^liâe  Saint-Maurice,  dans  la  chapelle  de  Notre- 
Dame  de  Liesse,  au-dessous  des  croisées  se  trouvait  le  tableau  de 
]*épitaplie  d* Antoine  Legillon  et  d'Anna  sa  sœur,  représentant 
r Enfant  Jésus,  la  Vierge  et  saiut  Joseph  ;  le  frère  et  la  sœur  y  sont 
à  genou. \,  en  prières;  cest  un  beau  tableau  peint  avec  fermeté 
par  J.  lan  Oost  le  père. 

Cette  composition  a  de  Tanalogie  avec  celle  dont  nous  nous 
occupons* 

A 1  f re  tl  ^l  t c h  i  e  1  s ,  dans  son  Hîs to ire  de  la  pe in  tit re  fia man de  ^ , 
parle  de  Jacques  Van  Oost  dit  le  Vieux  en  ces  termes  :  -Cétait  un 
imitateur  de  Hubena.  Il  était  né  à  Bruges,  eu  fêtrrier  1601,  dans 
une  fauiille  ancienne,  qtii  po:iisédait  des  biens  de  ce  monde,  Elîe 
lui  fit  donner  une  éducation  brillante,  dont  il  se  félicita  toute  sa 
vie.  Comme  on  le  destinait  k  la  «glorieuse  et  difficile  carrière  de  la 
peinture,  où  le  précédait  son  frère  aine,  il  négligea  insensiblement 
ses  autres  études,  « 

Selon  le  même  auteur,  Jacques  Van  Oost  était  bon  musicien  et 
fréquentait  les  meilleures  sociétés  :  il  avait,  d'ailleurs,  une  figure 
aienante^  les  mauTères  d'un  homme  du  monde  et  la  conversation 
d'un  bomme  instruit.  Ayant,  <lès  ses  débuts,  fait  preuve  d'un 
talent  peu  commun,  il  était  surchargé  de  travaux;  on  lui  deman^ 
dait  surtout  des  images  d*église  et  des  portraits,  Ce  dernier  genre, 
à  lui  seul,  r  occupait  beaucoup. 

Pour  donner  de  la  vie  aux  portraits»  Van  Oost  représentait  souvenl 
les  personnages  occupés  d'une  manière  conforme  a  leur  profession ^ 
à  lenr^  babiludcs  ou  à  leur  caractère.  Il  avait  peint,  par  exemple, 
un    médecin    tétant   le  pouls  de  sa   femme  avec   une   attention 

ï  Grade  des  ètrangrrii  à  Ulle,   in-12,  p.  Kî)    Lîlle.  Jacqucr,  ÏIDCCLXXIK 

*  Uhsc.*mi*îj,  Voi/iifje  pklot'cjtfjue  dt  la  Flandre  ti  du  Brabant^  m-%'\  p, 
Rouen /MI>CCL\l'\. 

*  Histùire  de  ta  peinture  flamande^  depuis  ses  débuis  jusqu'en  IBtii-,  t,  V 
p.  ^âl  cl  auiv. 


r 


LES    PEINTRES    MAS    OOST.  a:i;i 

eslréme,  ci  clierchaiU  la  cause  tle  son  mal.  Lu  pati^tile,  qui  élait 
eticeinle,  épiait  en  quelque  sorle  le  visage  An  son  murif  et  atten- 
dait, pleine  «rinquiétude,  le  jugement  qu'il  albit  porter  sur  son 
état. 

M.  Waulers.  dans  sa  Pehiiure  flamande  piirue  i  îTemment,  con- 
firme ces  assertions  \  ainsi  que  tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur 
les  peintres  flamands. 

Il  eiiste  â  Lille  des  taldeauï  de  Van  Oost  le  lieut,  qui  dut  ^' 
séjourner;  mais  nous  n'avons  trouvé  trace  de  ce  séjour  ni  aux 
urchiies  départementales,  ni  aux  archives  municipales, 

K^aminons  maintenant  ce  qu  était  Jacques  Van  Oost  le  Jeune, 

Cet  artif^te,  né  à  Bruges  en  1(J:21^  y  mourut  en  Ï713, 

Destamps*  nous  donne  des  détails  sur  la  vie  de  ce  peintre,  qui, 
après  être  allé  en  Italie  et  avoir  travaillé  sérieusement  à  Bruges 
sous  la  direction  paternelle,  désira  aller  a  Paris. 

Van  Oost  en  passant  par  Lille  s'arrêta  pour  y  voir  quelques  amis 
artistes,  mais  ik  lui  donnèrent  IWcasion  de  peindre  plusieurs  por- 
traits qui  eurent  tant  de  succès  que  les  premiers  de  la  ville  ren- 
gagèrent à  abandonner  le  projet  d'aller  k  Paris,  Il  se  détermina 
donc  à  rester  à  Lilte,  et  il  y  épousa  \IIIr  Marie  Bourgeois^;  il 
demeura  quarante  et  un  ans  dans  celte  ville,  qu'il  n  aurait  pas 
quittée  sans  la  mort  de  sa  femme.  Van  Oost,  devenu  veuf,  retourna 
à  Bruges. 

Descamps  ajoute  :  ^  I^a  manière  de  Van  Onsl  le  Jeune  approclie 
de  celle  de  son  père  ;  il  e^^t  cependant  plus  pàteui ,  et  sa  touche  plus 
franche;  il  drapait  de  plus  grande  manière;  ses  compositions  ne 
sont  pas  abondantes,  mais  réfléchies  ;  ses  figures  sont  correctes  et 
€JipressivL's.,.  Comme  son  père,  il  peignait  très  bien  le  pcirtrait; 
(|nelques  partisans  zélés  ont  osé  comparer  quelques-uns  de  ses 
lableaui.  à  ceux  de  \an  Dyck.  La  comparaison  est  outrée,  mais  il 
^'lait  le  meilleur  de  son  temps,  v 

Alfred  Jlichiels  *  dit:  «  Jacques  Van  Oost  fils,  si  peu  connu,  si  ppu 
Jlatté  par  les  historiens  qui  ne  l'oublient  pas,  est  un  homme  encore 

ï  WALT£âs  (A.-J.),  La  peinture  flattmnde,  îo-S'%  p.  VW.  P-ari?ï,  QnaiTtui*  n.  tl, 
ESt^iuiPs,  toc^  cit.,  I.  ]|î,  p.  57. 

oir  au!t  Pièces  juitiQcttîvL'a  le  eonlriil  ilo  marlai|c  de  Jiici[tie»  Van  thjnt  et 
Urîe  B&yrgeoiâ. 
iiiaire  de  la  peinture Jlamande,  t.  IX,  p.  ÈTypi  suiv. 


^  234  LES    PEINTRES    VAIV    OOST 

[  supérieur.  Les  tableaux  de  sa  main  que  poasèile  LiUe  sotil  faits 

['  pour  enthousiasmer  les  connaisseurs.  Il  fut  baptisé  à  Bruges  Je 

^  11  février  1637.  Il  n'eut  d'autre  professeur  qi»?  son  père*  Tout 

l  jeune  encore,  il  étudia  la  peinture  avec  passion  \  il  était  l'eicniple 

I  de  ses  camarades,  évitait   les  moindres  causes  de  dérangcmftit 

l  et,  absorbé  dans  son  travail,  réjouissait  le  ctpur  du  vieux  Van 

l  Oost.  » 

f_  Alfred  Michiels  donne  ensuite  des  renseignements  sur  les  tni'^ 

p  vaux  et  la  vie  du  peintre,  et  termine  sa  notice  : 

}  tt  Après  une  longue   union,  Van  Oost,  ayant  perdu  sa  feoime, 

^  retourna  déBnitivement  à  Bruges,  ou  il  termina  ses  jours  !e  29  sep- 

^  tembre  1713,   Il  fut    enseveli   dans   le  bas  côtr  méridional  de 

^  Téglise  des  Dominicains,  et  Ton  encastra  sur  la  tombe  un  losan<je 

t  de  marbre  blanc  où  était  gravée  cette  inscription  funèbre  :  »Cy  gist 

«  le  corps  du  sieur  Jacques  Van  Oost,  peintre  fameux,  Gla  de 
f  «  Jacques  et  de  demoiselle  Marie  ToUenacre,  épottx  de  demorsell*^ 

>  a  Marie  Bourgeois,  qui,  après  quarante  rt  un  ans  de  résidence  à 

i  u  Lille,    mourut   à  Bruges,  son   domicile  et   sou  lieu   nat^il,  le 

V  tt  29  septembre  1713,  âgé  de  soixante-treize  ansi,  et  plusieurs  de 

;  a  ses  sœurs.  Priez  Dieu  pour  leurs  âmes,  n 

Bien  que  Van  Oost  le  Jeune  soit  né  à  Bruges,  11  est  plutôt  Lillois 
)  par  ses  attaches.  C'est  à  Lille  qu*il  se  marie  en  ItJTO  ^  ;  il  se  fait 

,  recevoir  dans  la  même  année  bourgeois  de  cette  vHIe  et  devient 

marguillier  de  la  Madeleine  ^  C'est  à  Lille  que  naissent  ses  enfanta 
Dominique-Joseph  et  Marie-Marguerite,  et  les  descendants  de 
Dominique  perpétuent  son  nom  dans  cette  ville,  î^es  œuvres  y  sont 
nombreuses;  quelques-unes,  très  remarquables,  ont  mérité  d'être 
attribuées  à  Rubens.  (Voir  Église  des  Capucins,  p.  2^1.) 

Dominique-Joseph  Van  Oost,  fils  de  Jacques,  est  né  à  Lille 
(paroisse  Saint-Étienne)  le  8  août  1677,  a  rponsè  Marie-Monique 

*  Nous  publions  en  appendice  les  documents  d*Arctiîves  que  nous  aroni»  trouto-s. 
Nous  devons  à  M.  Rigtux  la  découverte  de  l'acte  de  batir^coiste  de  Van  Oo^t, 
inscrit  à  la  table  des  registres  aux  bourgeois  sous  le  nom  de  Van  CooL 

*  Nous  trouvons  dans  V Histoire  du  décanat  de  ia  Madeleine,  par  lï.  De.sm^m- 
CHBLiBR  (in-8«,  fig.,  p.  39.  Lille,  1892),  la  phrase  âiiiiante  : 

c  Parmi  les  autres  marguilliers  qui  ont  partie  uli  un- m  eut  droit  à  nolfâ  rer 
naissance,  nous  devons  mentionner  M.  Jacques  V  ao  Oo^t,  peiolre  cétébrt^, 
donna,  lors  de  la  consécration  de  l'église,  un  superbe  lablean  ovaif,  la  Béiurr 
tion  de  Lazare,  très  estimé  des  connaisseurs.  « 


IZS    PÊUTflES    VAN    OOST  1^5 

Dourdain  le  25  mai  Ifï99,  paroisse  Sainl-Éhenne,  bourgP4»it  de 
Lille  le  30  déc«mbrf>  1GÎ>9,  a  épousi'  ru  deuxièmes  noef>»  Uarbe 
Delaporte,  paroisse  SainKVfiiuricer  dérédie  à  Lille  le  30  septembre 
1738,  paroisse  Sainl-Afaurice,  ^ 

Ce  peintre  a  laisst-  qiielf[ije*  ti^bleaux  n  Lille  qui  ne  manqoetit 
paade  valeur.  4 

Ce  peintre  étant  né  à  Lille,  Di^scamps  et  \IfchieU  ne  Ton!  pas 
chssé  parmi  les  peintres  flamands,  1 

Les  enfanta  de  Dominique  ne  contÎDuèreut  pas  la  prûFessIon  de 
peintre. 


II 

OEUrRI^S    DES    TROIS    VA\    OOST    Qll    £X1STA1BKT    A    LILLE 
AtJ   SIÈCLE    nEHX^KIt     P'T    CELLES    COSîKlES    QUI    S*Y    TROLTF.KT    ENCORE, 

Tableaux  de  Van  Oosi  le  Vieux  ^ 

Église  Saint^Maurice,  —  Dans  la  chapelle  de  ■Votre-D&me  de 
Liesse,  au-dessous  des  croisées,  le  tableau  de  Tépitapbe  d'Antoine 
L«gillon  et  d'Anne,  sa  sœur,  représente  T  En  Tant  Jé.^^us,  la  Vierge 
et  saint  Joseph.  Le  frère  ci  la  srpur  y  sont  à  ^jenoux,  en  prières^ 
C'est  un  jolî  talileau  hien  composé,  et  peint  avec  fermeté  par 
Jacques  Van  Oosl  le  père. 

DiKiiiirs,  t*ffjf*y€  piitot^tffui  dé  U  Flandre  et  du.  Mraèvil,  170 £.  p.  C. 
Guide  de*  ^trartgerê  à  Lilit.  llTi,  p.  HO. 

Eglise  Saint" André ^  —  Le  tableau  du  maitre-autel  représente 
la  Transfifjuraiion  :  le  Christ  et  les  apôtres  sont  mal  drapés;  ce 
tiest  pas  un  beau  tableau  :  il  est  peint  par  Van  Oost  le  père. 

DucAun,  l'&^afi^  déjà  citi.  p.  1» 

Eglise Saitit-Elientie.  —  Le  tableau  d'autel  de  la  seconde  cha- 
pelle représente  la  Transfiguration  ;  Jielle  composition  par  l'an 
Oost  le  père. 

rïde  det  éira»^€rt  à  Lilti,  àè\k  cité,  p-  71,  ^ 

gîisedes  Jacobins,  —  L'autel  d'une  chapelle  a  pour  tableau  le 
*rtjfre  de  saint  Pierre ^  de  l'Ordre  de  SaJut-Dominif|ue.  Cm\  un 


236  LES    Pfi!\TRES    VA\    OOST 

assez  boD  tableau  tiui  a  poussé  an  noir  :  il  est  peint  par  Van  Post 
le  père, 

DBSCiilI'B,   VùtjagSt  dËjàfîti^t  p.   IQ. 

Guide  dt$  èlran^en  à  LdU,  déjà  lité,  |i.  ?3. 

Le  catalogue  du  Alusue  Je  Lille,  publié  en  187 '3  par  Ed.  Rey- 
nart,  porte  : 

VanOost  le  Vieux,  n*  270.  Saint  Jean  de  la  Croix  pâmant  la 
jambe  (T un  frète  de  son  ordre. 

\"  271.  Fondation  de  tordre  des  CarméUies* 

N'  272.  Un  Augustin  et  la  Vierge. 

K^  273,  Suinte  Famille. 

Dans  le  catalogue  publié  eu  1893  par  M,  Lenglart,  ces  tableaux 
n'y  figurent  plus  sous  le  nom  de  Vau  Ooât  le  Vieux.  Les  n"  270, 
271 ,  272  et  273  sont  attribués  à  lun  Oost  le  Jeune. 

Ce  dernier  catalogue  attribue  à  Van  Oost  le  Vieux  ;  Un  portrait 
d' homme j  sôus  le  n^  576. 

# 

Tableaux  de  l/an  Oost  le  Jeune, 

Collétjfiale  de  Saint-Pierre.  — ^  Dans  la  chapelle  paroissiale,  le 
tableau  Ju  maitre-autel,  peint  par  Jacques  Van  Oost  le  fils,  repré- 
sente la  Sainte  Famille. 

Guiiie  dig  éifangert  à  LiUf;^  éè\k  vi\è,  p,  OTÎ. 

Eglise  Saint-Etienne.  —  On  voit  eu  entrant,  â  Ja  droite,  le 
tableau  d  autel  de  la  première  chapelle  qui  représente  T  En  Tant 
Jésus  sur  les  genoux  de  sa  mère,  montrant  à  des  anges  les  iostra- 
ments  de  la  passion  ;  derrière  lui  est  placé  saint  Joseph  :  peint  en 
lt>80  par  Jacques  Van  Oost  le  Gis.  Los  télés  sout  d'un  beau  carac- 
tère et  d'une  belle  façon  de  faire.  Le  soleil  a  au  peu  mangé  la  cou- 
leur. —  A  Ja  droite  du  chœur,  dans  la  chapelle  de  Sainte-Barbe,  le 
tableau  de  Tau  tel  représente  le  martyre  de  cette  sainte,  peint  par 
J.  \  an  Oost  le  fils. 

—  Dans  la  même  cbapelle,  on  voit  dans  la  boiserie  Yfm- 
maculée  (Conception ^  beau  tableau,  peint  par  J.  Van  Oosf  '" 
fils- 


LES    PEIKTRES    VA»  008T.  231 

Ces  trois  tableaux  ont  été  détruits  lors  de  rincendie  de  Féglite, 
en  1792. 

Église  Saint-Sauveur.  —  Au  maitre-autel  est  représentée  :  la 
Transfiguration,  par  J.  Vao  Oost  fils.  La  composition  n'est  pas 
heureuse  :  les  figures  couchées  en  bas  sont  cependant  belles. 

Dekaups,  Voyage,  déjà  cit^,  p.  4. 

Guide  des  éiran^ert  à  Lille,  dëji  cite,  p.  S3. 


lise  Saint-Maurice.  —  Le  tableau  d*autel  de  la  chapelle  de 
Sainte-Anne  représente  une  Sainte  Famille,  sujet  composé  et  peint 
afec  fermeté  par  J.  Van  Oost  le  fils. 

—  Dans  la  chapelle  Saint-Nicolas,  de  chaque  côté  de  Tautel,  sont 
Saint  Pierre  ei  Saint  Jérôme  peints  par  Van  Oost  le  fils. 

De8c%iifs,  Voyage,  d^jà  cité,  p.  6. 

Guide  de»  étranger»  à  Lille,  déjà  cil4,  p.  78  et  81. 

Église  des  Capucins.  —  Sur  les  deux  volets  qui  ferment  le 
chœur  sont  peints  par  Van  Oost  le  fils,  d'un  côté,  à  la  droite,  saint  Bo- 
navcnture,  cardinal,  et  à  la  gauche  saint  François.  La  bonne  cou- 
leur et  la  belle  façon  de  faire  soutiennent  assez  bien  ces  deux 
tableaux  à  côté  de  celui  du  milieu.  (Descente  de  Croix  de  Rnbens 
du  Musée  de  Lille.) 

DsicAiirs,  Voyage,  dëjà  cité,  p.  15. 

Le  mérite  de  ces  deux  tableaux  les  a  fait  attribuer  à  Rubens, 
sous  le  nom  de  qui  ils  figurent  dans  le  catalogue  du  Musée  de 
Lille,  n"  673,  674. 

Église  des  Capucines.  — On  voit  quatre  tableaux  de  J.  Van  Oost 
le  fils;  ils  représentent  le  Mariage  de  la  Vierge,  V Adoration  des 
bergers,  la  Fuite  en  Egypte  et  la  Présentation  au  temple. 

Au  maître-autel,  le  tableau  représente  TEnfant  Jésus  sur  un 
globe;  il  semble  désirer  les  instruments  de  sa  passion  que  les 
Anges  lui  présentent  :  Dieu  le  Père  et  le  Saint-Esprit  sont  dans  le 
ciel  ;  cette  composition,  qui  est  de  Van  Oost  le  fils,  est  intéressante, 
et  la  couleur  approche  celle  de  Van  Dyck. 

DK8C4ifP8.  Voyage,  déjà  cité,  p.  15. 

Guide  de»  itrùnger»  à  Lille,  déjà  cité,  p.  110  et  111. 

glise  des  Carmes  déchaussés.  —  On  voit  à  droite  trois  tableaux 
Van  Oost  le  fils.  La  Sainte  Thérèse  est  faible  de  couleur,  les 
rps  sont  d'une  belle  façon  de  faire. 


r 


\ 


23S  LES    rET^fTIlES    V A^    OOST 

La  chapelie  de  ilroitc  a  pour  tableau  sainte  Thérèse,  qut  reçoit 
un  cbapelct  de  la  Vier;jê  -  auprès  d'elle  sont  saint  Joseph  et  des 
anges.  C'est  ini  beau  tableau,  peint  avec  fermeté  par  Van  Oost  le  Ëls. 

La  cba]»el)e  de  la  Vior^^^o  esjt  orncË  d'un  tableau  de  \  an  Oost  le 
fils,  représentant  saint  Albert  qui  reçoit  le  Scapiilaire  iù  la  sainte 
Vierge  :  ce  tableau  est  l»ien  composé. 

On  voit  an  maitre-aiitet  la  Vier^je  et  saint  Joseph  qui  présentent 
TËnfant  Jésus  à  la  vue  du  peuple;  dans  le  ciel  est  assis  Dieu  le 
Père  et  pins  Ims  le  Saint-Esprit.  Au  bas  de  ce  tableau  est  placé 
saint  Jean  enfant  avec  son  agneau  ;  à  ses  cotés  sont  uii  saint  et  une 
sainte  de  T Ordre  ;  c'est  un  des  beaux  tableaux  de  \'an  Oost  le  bis. 

Au-dessus  des  confessionnaux,  â  gauche,  les  meilleurs  tableaux 
sont  Saint  Jean  de  la  Croix  qui  panse  la  jambe  d'un  frère  de 
V Ordre,  peint  par  Van  Oost  le  fils,  et  lantre,  la  Dèiivnincc  de 
saint  Jean  de  la  Croix  de  la  prison,  peint  par  Dominique  Van 
Oost  le  pelit-fils. 

DtscAur^i  r^^n^f,  tti'jà  cité,  p,  15  et  16. 

Guide  des  étranger t  à  tille,  d(fjà  cîtp,  ji.  101^103. 

Église  de  t hôpital  de  la  Conception  ^  —  Le  tableau  d'autel 
représente  V Adoration  des  bvrtjers;  \\  est  peint  par  Jacques  Van 
Oost  le  fils-  lia  composition  est  grande  et  d'un  bon  elfet;  il  y  a  un 
peu  de  la  manière  de  Carie  Xîaratti, 

Uksiiampi.  Voifaqf,  àf\k  cité,  p.   1^. 

GuiiU  des  itratitjert  à  Lille,  déjà  cité,  ji.   U  8« 

Eglise  de  V hôpital  de  la  Charité.  ~  A  ruutel  est  uo  beau 
tableau  de  J.  Van  Oost  le  fils,  représentant  la  Visitation;  le  cos- 
tume y  est  ridicule,  excepté  la  hgure  de  la  Vierge  ;  mais  il  est 
piquant  pour  i'ciïet,  correct  de  dessin,  d'un  bon  pinceau,  et  les 
têtes  toutes  belles  et  bien  expressives. 

Dans  la  salle  des  malades,  Notre-Seignfur  attaché  sur  la  croix. 
Tableau  de  J.  Van  Oost  le  fils.  Beau  comme  s'ij  était  peint  par  Van 
Dyck. 

I)i:iM:AiJH,   Voifiigi\  iJrjà  cité,  \i.  VJ. 

Guidt  dtë  tri  m  Hy  cri  à  L  ille ,  ij  q  j  ût^,  [i .  I H , 

Les  catalojjues  des  tableaux  du  Musée  de  Lille  de  1832  et  18^^ 
mentionnent  de  Van  Oost  le  Jeuue  quatre  tableaux  : 
i\*  28,  Une  Vierge. 


r 


LES    rEU'TKEâ    l'A%'    OOST.  S30 

%*  !Î9,  Un  Carme  pansant  la  Jambe  J*  un  frère  de  son  ordre. 

S'^  30.  in  Atifjtisiift  et  ta  Vierge. 

SJ*31,  Lu  Vierge  et  saint  Joseph  présentant  l Enfant  Jésui. 

Cps  quaire  tableau  s  san(  iii[Ut|uûa  (l;uiâ  le  cnlalogije  ilc  1872 
cûinmt'  rtiiit  de  lati  Ooï;t  Iv  Vteuï.  Le  catalogue  de  189^î  ro^iilua 
cesf[ualre  œuvres  à  son  auteur,  sous  les  n"*  571  >  51  î2,  57 3 ^  571,  eu 
loi  donnant  sous  le  n*"  biy9  un  poHrait  et  le  n'  570  un  portraîL  il'un 
.guerrier  en  costuma  du  temps  de  LouÎ!$  XIV,  cl  encore ,  sous  le 
n  57$,  le  portrait  de  Gombert  pèrt\  nrchilcetL^ 

Le  personnage  de  ce  tableau p  coilTê  de  longs  cheveux  bouclés  et 
ï^tu  d'une  robe  de  chambre  de  couleur  chamois,  reyurde  en  face 
en  montrant  les  plans  de  Trylise  Saint-André  de  Lille.  j 

Tableaux  de  Van  Oost  le  Vieax  et  Dominitpte  le  Jeune  I 

qui  sont  encore  consentes  dans  les  éfjlises  de  la  ville  de  IMle  et  chez  ( 

des  partieuliers.    ^  i 

Eglise  Saint' llaun  ce.  —  Saint  Chartes  Bo  r  ramée  ;  Saint 
Fratiçois  devant  le  Cruvijtj:/  VAnge  gardien  et  la  i  î situ t ion  de  • 

minte  Thérèse* 

EtjUse  Saint-André.  —  L'Enfant  Jésus  recevanl  de  son  Père  lu 
mission  de  sauver  le  monde,  et  saint  Simon  Stock  recevant  le  Sea- 
pu  la  ire  des  mains  de  la  âainlti  \  ier«je. 
Eglise  de  la  Madeleine,  —  La  Résurrection  de  Lazare. 

-U*  Lenglart^  propriétaire,  rue  Négrier,  à  Lîlle,  uulcur  du  der- 
aier  catatogue  du  Musée  de  Lille,  possède  dans  sa  galerie  une 
Sainte  Famille  :  la  Vierge,  TEnTant  Jésus,  suinte  Anne  et  saint 
Jean-Baptiste,  peinte  par  \an  Oost  le  Jeune,  Ce  tableau  est  bien 
can serve. 

XL  le  comte  ^d'Hespelj  rue  de  la  Barre,  à  Lille,  conserve  deux 
portraits  du  même  peintre,  exécutés  dans  le  getire  de  ceux  de 
Largillière. 

il/.  DehaUj  membre  du  conseil  général,  maire  de  Boulines, 
possède  la  Visitation  de  S.  \an  Oost  le  Jeune,  dans  le  ve^titiule 
il**  son  château.  Cest  une  peinture  fort  belle. 

E  Musée  de  la  ville  de  Bailleul  possède  VAjfothéose  de  sainte 

rrèscj  pravenanide  Léylisu  des  Carmélites  de  Lille.  Ce  tableau 

^ntfert. 


2A0  LES    PEINTRES    VAM    OOST. 

Ces  deux  dernières  œuvres  étaient  autrefois  la  proprii*Lé  de 
M.  Langtart. 

M.  le  comte  Van  der  Cruisse  de  IVaziers  possède  dans  son 
château  de  Sars,  à  Fiers,  près  Lille  un  beau  portrait  du  cliâiioine 
Hugues  de  Lobel,  dé  la  collégiale  de  Saint-Pierre  de  Lille.  St§né  : 
J.  VanOost,  1690*. 

Tableaux  de  Dominique-Joseph  Van  Oost.  ' 

La  ville  de  Lille  possède  quelques  tableaux  de  Donimîque 
Joseph  Van  Oost,  second. fils  de  Jacques  Van  Oost  le  Jeune. 

Descamps  et  le  Guide  de  Lille  nous  apprennent  qu'un  tableau  ik 
ce  maître,  représentant  la  délivrance  de  saint  Jean  de  la  Croi^  de  la 
prison,  se  trouvait  autrefois  dans  Téglise  des  Carmes  déchausùs. 

Le  Musée  de  Lille  possède  sous  le  n"  5G8  le  portrait  de 
Patou,  jurisconsulte,  peint  par  Dominique  Van  Oost;  derrière  la 
toile  il  est  écrit  :  ^^  Peint  par  D.  J.  Van  Oost.  « 

M.  Henri  Frématix,  propriétaire  et  généaloyisle,  nie  Négrier, 
à  Lille,  possède  dans  ses  salons  deux  portraits  attribués  à  Domi- 
nique Van  Oost,  représentant  : 

Henri-Ignace Herreng»  licencié  endroit,  procureur  et  syndtc  de 
la  ville  de  Lille  (1707-1739),  né  en  1675,  mort  lu  lUjuin  1709, 
et  Marie -Thérèse  d'Haffrengues  d^Hellemiucs,  sa  femme,  née 
en  1694,  morte  en  1773. 

M.  Lamp,  restaurateur  et  marchand  de  tableaux,  façade  de  TKs- 
planade,  à  Lille,  possédait  un  portrait  de  Dominique  \an  Oost; 
derrière  la  toile  se  trouve  la  signature  D.  J.  Van  Oost,  1721.  Ce 
tableau  a  été  vendu  à  un  amateur  de  Paris. 


m 

Tableau  lillois  de  notre  coUeciion^ 

Comme  nous  le  disons  au  commencement  de  ce  tratfail,  c*est  eu 
mai  1891  que  nous  fîmes  l'acquisition  d'un  tableau  genre  Ex^ 

'  \  oir,  ci-conlre,  planche  VII. 


PUoelic  VII. 


P«8«  2^ 


LE    CHANOINE    HUGUES    DE    LOBEI. 

PAR    J,     VAV    OOST    1690 

(Colleclion  de  M.  ie  comte  Van  der  Craiuv  d<>  \Vazii>rs  > 


L£9    PEIVTBEB   VAX    OOST  i4f 

roio.  En  qualilé  ih  collectionneurs,  nous  recevions  le  catalogue 
d'une  ^ente  d'anliquités  h  Douai  ^;  le  ti'  -ÏO  indiquait  :  u  Un 
tableau  représentant  un  Christ  sur  croix.  Au  pied  du  ChriMt  se 
trouvent  les  portraits  de  M,  et  de  Mme  Le  Clercq.  Derrière j  on 
aperçoit  les  principaux  monuments  de  la  vdte  de  Lille.  Au  bas 
est  écrit  :  ^  Anthoine  Lectercq  fut  nommé  eschecin  de  la  ville 
de  Lille  le  premier  de  novembre  1642  «  {Hauteur  :  l  tnètre  50  cent,; 
largeur  :  0,80  centimètres,)  '  n  II  nous  fut  adju'jê. 

Le  savant  Mgr  Dehnisnes  préparait  depuis  de  longuaâ  années 
un  ouvrage  :  Le  Nord  monumental  et  artistique  ',  c|tii  parut  eu 
février  1897,  quelques  jours  avant  la  mort  de  son  vénéré  et  regretté 
auteur. 

Dans  la  description  des  peintures,  Tauteur  du  Nord  monun 
mental  h  consacré  un  article  sur  leiï  Ex-voto  de  la  manière  suî* 
vante  \  u  fl  est  une  catégorie  de  tattleaux  que  nous  devons  faire 
connaître  au^st  à  nos  lecteurs  :  ce  sont  ceui  qui  sont  désignés  sous 
le  nom  d^ex-voto  et  sur  lesquels  Ggurent  les  cominettunts,  c'est- 
à-dire  les  personnes  qui  les  ont  fait  exécuter.  II  y  avait  des  tableaux 
de  ce  genre  à  Lille  dans  tes  églises  Saiut-i^trenne  et  Saint-Mau- 
rice, à  Dunkerque  dans  les  chapelles  de  Saint-Eloi,  ^des  Carmes 
déchaussés  et  de  la  confrérie  Saînt-Séliaslit'u,  et  an  un  grand 
nombre  d'autres  villes  et  de  villages.  Plusieurs  o\istent  encore  *.  ^ 
Malheureusement,  ceux  qui  n'ont  pas  disparu  sont  pour  la  plupart 
en  mauvais  état  ou  restaurés  plus  ou  moins  convenaldement,  La 
bonne  conaervation  de  celui  que  nous  possédons  lui  donne  une 
grande  valeur. 

Ce  tableau  est  peint  sur  toile;  sa  conseriatton  est  parfaite»  et, 
selon  Tavisde  peintres  et  amateurs,  il  n'asuhi  aucune  retouche,  U* 
coloris  est  bon. 

Comme  description,  nous  ne  pouvons  niieuit  faire  que  de  trans- 
crire celle  faite  de  main  de  maître  par  le  savant  auteur  du  Nord 
monumental j  qui  voyait  le  tableau  tous  les  jour^, 

*  Ville  lie  Douai.  7>  rue  de  h  Croix  dï>r,  —  Vt!nti^  d'aatiquilcji,  fateucpj*  et 
porcelaines,  meubles,  tableau i  et  livre»  aucieni,  etc..  le  li>ui  nyuat  appaHeuii  à 
'--j  il.  Le  Cleretj  des  UbAmpiigjjeSr  'iont  la  lealf  iiura  lit^u   à  Uoija^  h  21  mi4L 

9L  I V8  û"**  ei  divers.)  Voir  ci-après,  pf.  VÏH, 

■  I^f  \'ord mOHtimcalalÉi ariuiiqtH\-ptir%\^rhEH\i^\^&,  aiee cent pUulûly pie», 

-4",  Lille.  Uantvlj  t894.  Publié  souà  les  jmsjiii^t'i  de  iâ  Stuiité  des  science^. 

^  DKaM\ss,  toc.  eiL,  p.  222. 


242  LES  PEINTRES  VAN  OOST. 

a  Un  collectionneur  lillois,  M.  Quarré-Reybourbon,  possède  un 
tableau  qui  oifre  de  l'analogie  avec  les  précédente.  Ce  tablenu 
représente  le  Christ  en  croix.  Deux  personnages  y  sont  age- 
nouillés les  mains  jointes  :  le  mari  porte  aussi  le  grand  collet 
rabattu  du  dix-septième  siècle;  et  la  dame,  une  large  garniture  de 
dentelles  sur  les  épaules.  On  lit  an  bas  :  a  Anthoine  Leclerqfut 
«  nommé  eschevin  de  la  ville  de  Lille ,  le  premier  jour  de  no- 
tt  t?^w6ra  1642*.  »  C'est  une  œuvre  de  valeur  qui  est  restée  jus- 
qu'en 1891  dans  la  famille  Le  Clerq. 

A  cette  mention  nous  devons  ajouter  que  le  Christ  est  très  beau  \ 
il  rappelle  ceux  de  Van  Dyck.  Nous  en  possédons  un  authenlique^ 
provenant  de  Tabbaye  de  Marquette;  il  nous  est  facile  de  fatr& 
chaque  jour  la  comparaison.  Les  deux  portraits  sont  peints  el  exé- 
cutés avec  soin;  il  est  hors  de  doute  qu'ils  étaient  d'une  grande 
ressemblance. 

Ce  souvenir  de  famille  devint  la  propriété  de  la  septième  branche 
de  la  famille  Le  Clercq  en  la  personne  de  Pierre-Auguste-Matbieu 
Deschampagne,  dont  le  fils  se  fixa  à  Douai  où  il  mourut  en  1891, 
et  à  la  vente  duquel  nous  en  fîmes  racquisition. 

Nous  sommes  porté  à  croire  que  le  tableaif  de  notre  collectioa 
est  Tœuvre  de  V^an  Oost  le  Vieux  ;  il  présente,  d'ailleurs,  une  cer* 
taine  analogie  avec  le  tableau  de  Legillon  peint  par  le  même 
maître  et  qui  existait  à  Saint-Maurice.  Cependant,  nous  laissons  à 
de  meilleurs  connaisseurs  le  soin  de  trancher  la  question. 

Comme  complément,  nous  croyons  devoir  dire  quelques  mots^ 
sur  le  personnage  pour  qui  a  été  exécuté  ce  tableau, 

Antoine  Le  Clercq  appartenait  à  une  honorable  fa  nu  Ile  bour- 
geoise de  Lille,  et  dont  les  descendants  occupent  encore  une  haute 
situation  dans  le  barreau. 

La  famille  Le  Clercq  remonte  au  commencement  du  seizième 
siècle.  Elle  a  eu  pour  auteur  Antoine,  mort  avant  1575. 

Malgré  une  généalogie  de  la  famille  Thèry-Le   Clercq*  faite 
avec  soin,  les  documents  sur  Antoine  Le  Clerc([  ne  sont  pas  ttom- 
breux.  Nous  n^avons  pas  trouvé  son  extrait  de  naissance, 
.    Le  premier  acte  se  rapportant  à  Antoine  Le  Clercq  que  tious 

•  Dehaisnbs,  loc.  cit.,  p.  223. 

■  Généalogie  de  la  famille  Théry-Le  Clercq,  8;S  pa^cs  ÎJi-V.  Lille, 
MDCCCLXXXVIII 


lancbc  VIII. 


CHRIST    KM    CROIX 

KX-VOTJ)     PAR    L'iX     I»K8    V  W    OOST 
((i'olieclion  Quarri'-Rrjbuutbou.) 


LES  PËtMTRES  VAK  nOST.  343 

rencontroni  est  celiiî  Je  son  maria;fe  avec  Marguerite  LeTebvre  le 
5  février  1612,  à  Téglii^  Saint-Klîcnne  à  Lille, 

Le  registre  aux  liourgeois  noua  appre&J  ejue  :  Anthoine  Le 
Clercc|,  GU  de  feu  Aulhoine  et  de  Simonne  du  Humel,  ayant 
épousé  Marguerite  Lefebire,  marchand  grossier,  acquit  la  bour- 
geoisie par  relief  le  11  d'octobre  1G12  '. 

La  famille  Le  Clcrcq  jouisaait  d'une  grande  ronsidération.  Plu- 
sieurs de  âes  membres  tirent  partie  du  Magistrat  de  la  vitli^ 

Antoine  Le  Olercq  eierça  les  fonctions  écbevinales  durant  les 
années  16^27  à  1657. 

Nous  n'avons  pas  trouvé  la  date  de  sa  niorL  Les  registres  aus  | 

dècés  commencent  trop  lard,  en   lG.)i  pour  Saint-Etienne,  C'est  | 

sans  doute  ce  qui  fait  qu'on  iir  le  trou  ire  pas. 

Une  branche  de  cette  famille  s*est  perpétuée  à  Lille,  et  un  de  ses 
membres  par  sa  femme,  Al.  Tliéry-Le  (llerrq,  sénateur,  ancien 
membre  de  l'Assemblée  nationale,  ancien  bâtonnier  de  Tordre  des 
avocats,  est  mort  le  28  décembre  1896  dans  sa  quatre-vingt-diiième 
année. 

L.    Qu.lRRÈ-iiEYBOUaBON,  I 

Olâckr  df^  rUiilruction  iMibttqui-,  llembrâ  di*  U 
Commission  bistoriqEK-  du  déparleoieat  du 
iVûrd,  de  h  Socièié  de»  Sci^ocet,  LeHriM^  et 
Arti.  Correj^ponHinl  du  tlomilë  de^t  SocMlés 
dût  fiesui-'ArU  da  du^trtemrati,  à  LilJe. 


PIÈCES  IL'STIFICATÎVES 

AaCHIlES    COUMtKALE»    DE    LiLLfi. 

Rtgistrei  aux  HimrgeoU. 

VIIl*  foL  104  v^  «  Jacques  Van  Oost,  tiU  de  Jacques  et  de  Uarie  de 
Tollenaer^  natif  de  Bruges,  niarchand  et  maître  peintre,  ayant  e^pouïsé 
Marie  Bourgeoisie  BUe  de  Jean  et  de  Catherine  Regnautt,  saii^  iMift^tris, 
par  achat,  le  VU*  de  mars  1670.  Payé  XV  livres,  n 

1\"  foL  32  v,  «  Dominique-Josepd  Vain  Oosl,  ftls  dfl  Jacques  et  de  feue 
rie  Bourgeois,  aiant  espousé  VIo(rirp»e  Dounlin  Dlle  de  fnuz  B.irttio- 
lé  et  de  Marie-Christine  Dciprez.  Par  relief  le  WXdedi'cénitire  lOl^D.  * 

Aegisirç  6,  fol.  B  p^». 


244 


LES  PEINTRES  VAX    OOST. 


XI*  foL  73,  tt  Jacques-Joseph  Van  Oost,  fils  de  Dominique- Joseph  et 
de  Marie^JkloQjqtie  Dourdin,  ayant  épouse  Marie-Anne-Tiiérèse  Jombart, 
ûWe  d'Antoine  et  de  Jeanne-Thérèse  Daséonneville,  Par  relief,  3  jan- 
vier 1735*  n 

GËXÉALCKilE  DK  JACQUES  VAN  OOST  ET  MARIE  DE  TOLLfiNDER 


JtctfiM  ViD  Ooil,  It  prialrip  né  k  Brogci, 

KpfrMMi  É  LHl«  Iff  9  Jiniier  1670  {pin>i«»  Sitot-Étlfant) 

Uwit  Doargtoii,  déccdtfft  1a  !U  iànsi^r  |t)U7  à  LUI*  (pvroiiM  û*  h  Utâislrinr), 

Fit  tr^u  hûai^to'n  ûr  LMt  h  1  mari  1070. 


Domitiiqgt-JMiiph  Ut  a  Oaii, 
Df   i     X.i\h    tpàTunit    S«lDt-tIliruat1«    le 
8   tPÙL    JUT7f    I   fpoftii    Uiiii'lEciDtqa* 
Dtmrdatji  It  36  mai  1654.   p&rqLi>É  SiiH- 
Eti««ù«^  JIdu*]^^»  dt  J^1ll«  le  30  dtcem^ 

1 G  parle,  p«t4Mi*  !)iiTiU]|tutkri  Je  V  taûi 
J7IL,  drcrdé  à  LUI*  k  10  irptrntr^ 
i^ôà^  paroi*!»  S^iBl-UiDriiit, 

1^'  n3ari4^«. 


uir  k  la  MadtlfJDB  Te  3  «ctohr«  ISÎB,  d^ 


Jtio-Btptliif 

Jbltpli, 
né    ftunint    5«n)l' 
EtîfBDfJfîïjaitM 

Jtr^Dia-jDHpk 
Van  Obi!. 

pé  à  Lillr,  pareil» 
Saint' KiJMiir» ,     la 

DÉ'    piroilt'i'    Siibf' 
Xtifiifif,    ■«  8  mtn 
1704.    a    pour    QiA-^ 

Marif^CalJieriDi 

Jo»pll, 

na    paToJua    Suof* 

EtJpUDF,  If    li    Mp- 

lacqaai'DoniDJqat 

Jowpb. 
D^    piroliat    Saisl- 
Eiiaatit^    If    7    ml 

JTOO. 

i&    «ai     1101,      a 

riiua  3Ud<-Citbc- 

Iftbbrr  I70ô.i  poqr 

J7I3,    4  poar  pu- 

•poiué    Uarif-Afibn 

Tiai^  Vaû  Ooii, 

mi  m  i  D  t  JaiD  □  ■«€!> 

nia    Jeta-HapHM-^ 

Thàrriri<  JofBbArt,  le 

ibtrîae    Vaa    Uûal  > 

Jo»fpL  V»  Cou 

7  i«E»tli*r  \l.\i.  pB- 
roiiu    âalint'Audrie^ 

BaargaoJÉ  la  A  |ga- 
vîrr  lT:i5,dc<è4«la 

^ 

iî  jtav»tr  17^6. 

C^l^iriDi^oifphi 

ATant^:l|i^BtUbf 

JiïD-QtpUiia 

]»btlla-'rb*rrie 

ïftnc-LoglM 

Il'âa,  pAnILMf>S«iBU 

Ja»7pll, 
an     It     il    jaLllÊt 

jHepfa, 
U'^laâaE:lubrFJ7iOi 

Jo«pb, 
Mtlt  1  imtri  17.13^ 

Jo«ph. 
D«l«âDCU3l>rt['fa. 

i|»1iré^      Lt|Jiimft 

17^7,   pafojita 

filrûtiat 

t>exaiu«  HtJQi^ïTiq- 

pu  la  Bijia|«. 

SAJul^-CllhlflD»  , 

rif  a ,      déccd^e      It 

Tpar,      dccf^r*     la 

ét^tié»  la    i4   dc- 

I0r«triar  11-16^ 

ea«lïi«  1743. 

Registres  paroissiaux, 

Parojase  de  Saint- Ktien ne,  le  9  janvier  1670, 

Mainage  Van  Ooit  Bourgeois. 

n  Ex  dispensatione  n,R,D.l>,  vicariorum  Tornacensîum  et  lirugeaâ. 
Jaeolïus  Van  Oost  et  Maria  Bourgeois  prcsenlîhiis  Joane   Bourgeo' 
D.  Andréa  CàiiJet  Sacerdote.  n 


LES  PEiKTfie;s  vA\  ooRT  syii 

Paroisse  Saiiit*l!!tL£Eine.  Naissance  le  S  aoùl  Itn7, 

u  Domians  Jo^^eph  Van  Oost  11  lins  Jacobt  H  D.  Uarie  Bourgeoi:»  ron* 
jugarn  auseepioribua  D-  Arnulphe  Joseph  Théry  comissario  ^  O.U.  Status 
Tûrnacensis  et  D,  Leonora  Van  Oost,  ^ 

Faroiiie  de  h  Madeleine,  le  S  octobre  Uï78.  ^ 

a  If  aria  Xtargarita  Van  Oost  Blîa  Jacobi  ^t  Marie  dt*  Bourgeois  con- 
jtigum  Suiceptores  Dominus  Jacobui  Vana-esbuâ  eL  Mnrganla  f^opon,  n 

Paroisse  de  la  Madeleine,  Décès  le  2-1  décembre  1678. 
B  Vona^  Marie-MargueriLe  fille  de  Jacques  *  >^ 

Paroisse  de  la  xMadeleine,  àèchs,  le  19  août  1007. 
X  Maria  Bourgeois  uxor  D.  Jacobi  Van  Oost^  eictjuie  aolemneif  înbu- 
atâta  ta  choro.  n 

Paroisse  Saint^Ktienne,  mariage,  2(1  mai  11)99, 

ff  0)6  26  maiL  1690  obtenta  dispensatione  super  duaUus  denunclaitiliui 
ib  îlliistri^siQio  I).  Fipiscopo  ToniacenAi  Doniinus  Joseph  Van  Qo>t  el 
HJaria  Montca  l>ourdin  matnmonîo  juncti  »unt  pre&entibus  Jacobo  \nn 
Oo^t  et  Joanne  Baptisla  Dourdin  per  nie  intra  ^criptum  ]ui:^loreni. 
5  Maria-  Magdaleinae  Insulensia  de  Specicill  licentia  pastoris  S.  Slephani 
^tdecani  cbmtianitatU  etiam  prjesentisFt  subsi,^nali. 

Damimque-Josepb  Van  Oost.  —  Jacob  Van  Oost.  —  Marie  M,  IHiur- 
<fia.  —  J,-B.  Dourdin.  —  B.  Bourgeois  pnstor  aancU  M.  Magdalena*.  — 
f^f-  Dâ^qneus  p,  S.  Stepb,  decan,  chrislianitalis  Ini^ulensi».  » 

Paroisse  Saint-Ritieunef  naissance,  le  25  mai  1702. 

"  DtÊ  25  maii  1702  Jacobus  Joaepb  fUitia  Domini  Dominici  Joseph 
lao  Oost  mensce  pauperuin  hujus  paroebia;  admtnjsttaloris  et  domicellie 
Mariât  Monic^  Dourdin  coojugum  ad  baplismi  gratium  pervenit  lusctpien- 
tibus  Domino  Jacobo  Van  Oost  et  domicella  Maria  rloanna  Dourdin. 

D.  J.  Van  Oost.  J.  Van  Oost,  Ma rie^ Jeanne  Dourdin,  Fr.  De^queuiL 
p.  Stepb.  decan.  cbrîatis  Ensulensis.  ■ 

Paroisse  Saini-Maurice.  Maria*|e,  le  9  août  1711. 

^  Demi  nique' Josepb  Vanbot  épouia  Barbe  Dele  porte  en  présence  de 
François-Lêopold  Deleporte  frère,  et  de  Daiinen  fîQurjjeois  oncle  de 
Té poux,  n 

Paroisse  Saint-Etienne,  naissance,  le  7  mai  1712, 

a  Die  7  maii  1712  Jacobus  Dominicus  Joi^epb  filius  Domini  Dominici 
I  Van  Oost  et  Domicella?  Barba ra?  Deleporte  conjuguni  ad  bapiismi 

;  A  pervenit    sti^cipientibus   Joanne  Bapttsta  Joseph,    Van    Oo^t  el 

1  "^^a  Anna  Henr|, 


l 


246  LES    PEINTRES    V A^    003T. 

D«  J«  Van  Oost.  Jean-Baptiste-Joseph  Van  Oosl  Anne  Henry  la  veu?e 
du  s' du  chambge. 

F.  Desqueux  p.  S.  Sleph.  Decan.  Christi  InsuLensîs.» 

Paroisse  Saînt-Andrë,  mariage,  7  janvier  I73i, 

a  Prœmissis  tribus  solitis  proclamationibus  quarum  prima  die  i,  secitnda 
-die  3,  leriia  die  sexta  hujus,  inter  missa  parûcbialis  âolemnta  habita  f?$t 
Dulloque  legîtimo  impedimento  detecto  ego  inrrascrîptuf;  hiiju^  parochl^ 
pastor  oialrimonio  conjunxi  Jacobum  Joseplmm  Van  Oost  flliuni  domiuici 
Josephi  et  Mariœ  Monics  Dourdain  et  Mariam  annam  Thercsiam  Jombart 
ûliam  anlonii  et  Joannœ  Theresiœ  Dassonneville  b\  hfl}  parocbia  embos, 
prsesentibustestibus  Michaele  Martino  Dupont  et  Jacobo  Jombarl*  P;  De- 
leplanque,  pastor.  » 

Paroisse  Saint-Pierre,  décès,  10  juin  175o. 
u  10.  Obiit  anna  Maria  Vannot  inhumala  propre. 
Saceilum  B.  M.  V.  » 

Paroisse  Saint-Maurice,  décès,  30  septembre  1738  est  enterré  t  Domi- 
nique Vannoost,  pinlreépoux  de Delepoilêf  décédé  le  29  d^ 

Paroisse  Saint-Maurice  le  24  décembre  1 7 13  est  finterré  ^  Mane-Anjvé- 
lique-Joseph  Vannoosl,  fille  de  Jacques-Joi^epti,  procureur^  et  de  Marie^ 
Anne-Thérèse  Jombart,  décédée  hier  « . 

Le  père  présent  a  signé. 

Paroisse  Saint-Maurice.  Le  21  octobre  1744  n.  été  enterrée  u  TsaLdte- 
Joseph  Vannoost,  fille  de  Jacques- Joseph,  praticien ^  et  de  Marje-Anne- 
Thérèse  Jombart,  décédé  hier  » . 

Paroisse  Saint-Maurice,  le  24  jauvier  \liiy  est  enterré  n  Jacqaeâ^ 
Joseph  Vannoost,  procureur,  époux  de  Marie-Anne  Jornbarl,  décéJé 
le  22». 

Paroisse  Saint-Maurice.  Le  11  février  1740  est  enterrée  u  Marie* 
Louise-Joseph  Vannoost,  fille  de  feu  Jacques  procureur,  et  de  Marie- 
Anne  Jombart,  décédé  hier  » . 

Paroisse  de  la  Madeleine.  Le  6  mars  17 iT,  décès  de  Vanoost  Jeanne- 
Catherine,  âgée  de  soixante  et  onze  ans,  veuve  de  Ch>  AL  Lecanips. 

Paroisse  Sainle-Calherine.  Le  3  janvier  1756  est  enterré  ^  Marie^ 
Catherine-Joseph  Vanosle,  veuf  de  Jean-Baptiste  Hocbart,  marehand, 
décédé  hier,  ...  ilgée  de  cinquante  ans  ». 

Présents  Joseph-Henri-Casimir  Deberkom  son  cousin  issu  germe 
Pierre  Reynarl  son  cousin. 


LF.S    PEIVTKES    VAN    OOST,  2^7 

Paroisse  Salnt-tCtienne,  le  10  avril  1777,  t&i  enterrée  a  An^cjélique- 
Thérëiie-iToseph  Vanoost,  éjiooae  da  sieur  Fliîlippe*Joscph  GoudemaHi 
Ucenlié  l's  Iojï  H  ancien  gendarme  du  Roy^  décédée  hier,  'âgée  de  cin^ 
quante-six  ans  s. 

Présents  son  fils  Philippe-Iiojnain-ifogepli  Oondetnan  et  Anloine-Henr^ 
Deteporle  snn  cousin  f^ermain  et  Pierre  Reynart,  son  cousin. 

Paroisse  Saint-Etienne^  Décès. 

^  Le  2G  août  1789,  Mûrie- Vlonique^foseph  Vanoost^  épouse  de  Louis» 
Joseph  Martel,  maître  serrurier,  décédée  le  :t%^  d{]ée  de  cinquante-quatre 
ans,  a  été  inhumée Présens  Charles  Martel  son  iih  et  Théophile- 
Joseph  I^chapelle»  son  ami.  » 

Tfibeiîion^ 

1670-  9  janvier^  —  Contrat  de  mariage  entre  Jacques  Van  Oost,  Hls 
de  Jacques  -  Marchand  peintre  demeurant  préfrentemenl  en  cesli*  ville  de 
Lille  s  et  dumoi  selle  Marie-îtouri^eois,  fille  de  Jean  et  di^  Catherine 
Régna  ult,  hourgeois  et  marchand  à  Lille. 

(âjnuin  Dpfluidnfs,  noiure  à  UlJe.  umifis  1670,  Acte  d»  330.) 

Comparurent  en  leur»  personnes  le  sit^ur  Jacques  Van  Oost^  fils  de  Jacques , 
marcbatul  peinLre  demeurant  présentement  en  ce^^le  ville  de  Lille,  assisté 
et  accompaigné  du  sieur  Pierre  Destrez  rt  de  Monsieur  André  Caillet 
prEsbslreses  amis  acquis  d'une  part.  Damoiselle  Marie  Bourgeois,  mar- 
chand en  ceste  ville,  assistée  et  accompaj^née  de  ses  père  et  m^re,  du 
Âieur  Jean  Begnauld  son  prre  rjriind,  d\Ai»dré  Re^^nault  sfin  oncle  du 
costé  malemelle  et  de  \icolas  ï>iscan  son  j^rand  oncle  d'aultre, 

I^esquels  comparant  reco^^nurent  et  déclarèrent  que  traicté  de  marla|^e 

s'esLoiL  meu  ei  pourparlé  entre  lesdits  sieur  Jacques  Van  Oo.*t  et  ladite 

damoiselle  \lane  Bourgeois  futur  niarians,  lequel  au  plaisir  de  Dieu  se 

fera  et  solemnisera  en  face  de  nostre  mère  la  Sainte  Es<^Ii;<e  s'y  avant 

^uVJJe  y  contente,  mais  avant  aulcun  lien  dudit  mariage  lurent  diets, 

devisez,    conditionnez    et   accordez    les    portemens,    retours    et   anitres 

clauses  d'icelny,  en  Ja  forme  et  manière  que  s*ensuit.  Premiers  quant  au 

portement  dudit  marlanL  ladite  future  espouzc,  assistée  comme  dessus,  nt 

déclaré  de  s'en  tenir  pour  contente  et  bien  appaysèe  et  au  regard  du  port 

^"vance  ieelle  se.s  dits  père  et  mère,  icelle  deuernent  auclorisée  de  son 

^.  ce  qu'elle  obt  en  elle  avoir  pour  ajf{réahle  ont  donnés  à  Jeur  àïié 

H  luy  ont  promis  paier  sitost  cedil  mariage  parfaict  et  nui  sommé,  !ïi 


248  LBS    PEinSTHES    VW    OOST 

somme  de  quatre  cens  livres  de  groâ  ei  arrivant  lu  dissolution  dudit 
mariage  par  le  prédècès  dudU  futur  mariant  soit  que  d'ieellay  y  eut 
enfrant  vitrant  né  ou  appâtant  k  naistre  ou  non,  en  ctmcun  desdiU  t-as 
ladite  future  mariante!  nura  et  remportera  tous  et  chacuns  les  habits^ 
hajjues  et  jo^au^  servanâ  à  ses  chef  et  corps^  la  somme  de  quattre  cens 
florins  une  fols  pour  sa  chambre  estoffée,  son  droict  de  vesve  coustumier 
tel  que  dîst  ta  constitution  de  la  ville  et  escbevinage  de  Lille,  ousque  la 
maison  mortuera  n'y  ad  viendront^  ensemble  ladite  somme  de  quattre  cens 
livres  de  gros,  par  elle  cy  dessus  portée  en  mariage  avec  tous  doirs*  suc- 
cessions et  hoiries  que  constant  ce  mariage  lu  y  ad  viendront  et  eschoiront 
on  ta  valeur  de  re  que  vendu,  cbergé  ou  allièné  scrat  et  pour  son  droict, 
prélix  et  amendement  conirenttonnel  le  tiers  avant  de  son  dit  portemeu^ 
de  mariage,  le  tout  librement,  franchement  et  à  prendre  (sans  charge 
d^aulcuncsdebtes,  obsèques  rty  funérailles  de  sondit  futur  mar|)  sur  tous 
les  plus  clers  et  upparans  biens  quM  délaissera  au  jour  de  son  trespas  à  la 
réserve  seulle  debtes  et  obligations  dont  lesdits  dons,  successions  et 
hoiries  pourraient  avoir  venu,  ebargez  ou  si  mieux  semble  à  ladite  fyture 
mariante,  ^lle  se  poudra  tenir  au  droict  coustumier  de  cesie  ville  de  Lille, 
que  lorfl  elle  aura  aus.^y  avant  part  tous  ses  habits,  bagues  6t  joyaux  ser- 
vans  â  ses  chefs  et  corps  avec  son  droict  de  çeive  coustumier  tel  qu'est 
prescript  par  ladite  coustume  de  Lille,  ores  que  la  maiion  mortuaire  n*y 
ad?icndroit  et  pour  par  icelle  mariante  délibérer  auquel  des  deulx  droits 
elle  ^^e  voudra  tenir,  elle  aura  le  terme  et  espace  de  quarante  jours,  b 
compter  du  jour  du  Irespas  de  son  dit  futur  mary  iceluy  venu  de  sa 
cognoLSsance,  pendant  lequel  terme  elle  poudra  demeurer  en  la  maison 
mortuère  dudit  deffut^t  et  vivre  avec  sa  famille  des  biens  y  estant  sans 
pour  ce  pouvoir  eslre  réputée  pour  veive  demeurée  aus  biens  et  debtes 
d'icelluy,  non  plus  allendroist  de  ses  créditeurs  qu'héritiers  et  le  ras  con- 
traire arrivant  que  ladite  mariante  viendrait  à  prétermîner  ledit  mariant 
sans  dudit  mariage  dèlaii^ser  enffant  vivant,  en  ce  cas  Icelluy  sera  tenu  et 
subject  de  rendre  et  restituer  auv  plus  prochains  héritiers  d^icelle  ou  à 
ceux  au  prouffict  desquels  elle  y  aura  disposé,  de  quoy  faire  il  Tautlioriâe 
dès  maintenant  et  pour  lors,  ladite  somme  de  quatre  cens  livres  de  gros 
avec  tous  dons,  successions  et  hoiries  qny  durant  ce  mariage  seroïent 
advenus  à  la  préterminée  ou  la  valeur  de  ce  que  vendu  chargé  ou  alliénê 
serat  et  par-deâsns  ce  tous  les  habits  bagues  et  joyaux  ayant  serv)  à  ses 
chefs  et  corps,  saiilf  que  sur  lesdits  biens  subjects  à  restitution,  lequel 
mariant  pourra  retenir  la  somme  de  deulx  cens  livres  de  gros  une  fois, 
et  moiennant  quoy  tous  les  au I très  biens  dont  lesdits  futurs  conjo 
seroient  lors  Jouissans,  appartiendront  en  pleine  propriété  audit  "" 
Haiît  à  charge  de  par   luy  de  payer  touttes  debtes^  obsèques  et  fi 


LES    PË1KTHE3    VAN    OOST*  litf 

raillci,  à  la  réservé  Be  celles  donl  lesdlU  rions,  succcsitons  el  hoiries 
seroient  advenus,    cbarfiei.   En   considération    el   cotilem|}lfltîon   duquel 

tttarîâ<je  IcsdiU  âîéor  Jean  Bourgeois  et  ladite  dAiDoiàcUe  Galhcrine 
Iletjnauld,  icelle  airctoris^'e  f|ue  dessus  et  ledit  Kieur  Pierre  Désirez  en 
qualité  de  procureur  spécial  du  dît  Jacques  Van  Oost  et  damoi^^elle  Marie 
de  Tolenare,  père  et  mère  dudît  futur  mariant,  fondé  de  procuration 
donnée  de  Louis  Bachuus,  notaire  rotai  de  la  résidence  de  Itruj^e, 
le  !][['  de  ce  présent  mois,  laquelle  sert  joîncte  à  ce  présent  contrat  pour 
en  acoir  reeourrier  lors  besoing  aurai,  lequel  en  verlu  de  rlnuse  specialïe 
ÎQserrée  en  ladite,  procure  ont  aceordés  repré^eitt^ilion  ânx  enffjin*$  quf 
Daistront  du  présent  mariage  en  leur  hoirie  et  mccession  pour  par  iceus 
enffans  et  ultérieurs  descendant  y  avoir  el  prendre  loutte  telle  pari  et 
portion  qu'euissent  fait  lesdiL^  futurs  marians  en  cas  qu'ils  les  euissenl 
FurvescuT  mesmeincut  ont  promis  d'instituer,  lesdits  marîans,  leurs  héri^ 
tiers  auÉ^sy  avan  1  que  leurs  uul  très  entCans.  Tout  ce  que  dessus  lesdites  parties 
Cûmparanles,  chacun  en  leur  re^^ard  et  qualité  ont  récîproqueme^nt  procnis 
teniTi  entretenir,  rournir  €t  aeconiplir.,  soubs  rohlic^uliou  sravoir  ledit 
aîeur  Destrez  des  biens  desdits  sieur  Jacques  Van  Oost  et  danioi selle 
Marie  de  Tollenaere,  ses  constituant  el  lesdils  futurs  rnarians  avec  lesdils 
Jean  Bourgeois  et  sa  compaigne»  de  leurs  propres,  vers  tous  seigneurs  el 
jtiitîceSf  renoncheans  au  radie rlissement  de  san^,  eul\  entiers  par  lettre, 
ensemble  à  toultes  tois^  coustumes,  usaiges  et  choses  a  ce  contraires, 
spécîatlement  ii  la  couslume  de  Flandres,  auxquelles  en  tant  que  besoinf{ 
se  soit,  atesté  Jéro^ué,  mesmes  ladite  femme  de  Tauctorilé  prédicte  à  la 
lof  du  senatus  consultus  velleam  et  à  t'autentique  si  qua  mu  lier  h  elle 
donné  à  entendre.  Ce  fut  ainsy  fet  et  passé  audit  Lille,  le  IX*  de  janvier 
X\b  septante  pardevant  moy  Simon  Deflandres,  notaire  publicq  y  résidant 
soubsigné  es  présences  de  tous  lest  parens  assistans  audit  maria<;e  pris 
pour  témoins  et  du  sieur  Jean-Uatiste  Van  Oute,  Urcntié  es  lojx,  advocat 
postulant  audit  Lille,  tesmoiii  ad  ce  requis  et  appelei. 

Signé  :  Jacobis  V'jis  Oost,  MAari:  Boi  auEors,  Jeav  BotuGSOtSi  CjiTHnaixK 

itno. 

{SimOD  DeÛAndrei,  notaire  k  Litli',  aaui'e  IKTQ,  AHf^  n"^  lêO  ) 


250  COXRAD    MEYT    ET    LES    SCULPTEURS    DE    liaOl- 


XllI 

CONRAD  MEYT  ET  LES  SCULPTEURS  DE  BROU 

EN    FRANCHE-COMTÉ. 

LEUR  œUVRE.  —  LEURS  IMITATEURS, 

(1524-1563) 

Au  moment  où  Marguerite  d'Autriche  commençait  ii  bàlir  sur  la 
terre  de  Bresse  ]e  merveilleux  édifice  consacré  à  la  mémoire  de 
son  époux,  la  petite-fille  de  Charles  le  Téméraîm  devenait  à  la 
fois  gouvernante  des  Pays-Bas,  du  Charolais  et  du  comté  de  Bour- 
gogne, et  rentrait  ainsi  dans  une  part  de  l'héritage  de  son  aîeuK  Sa 
prédilection  pour  la  Franche-Comté  s*était  affirmée  déjà  en  y  choi- 
sissant des  officiers  et  des  serviteurs  qu'elle  savait  fidèles  et  en  y 
rattachant  par  des  emplois  ou  des  terres  les  plus  intimes  de  ses 
conseillers  ;  elle  s'affirma  et  s'accentua  davantage  encore  de  1507 
à  1530  par  des  relations  et  des  bienfaits  continuels  qui  ont  rendu 
son  nom  longtemps  populaire  chez  nos  aïeux  '.  Si  IVuire  de 
Téglise  de  Brou  avait  emprunté  aux  Flandres,  où  la  vte  artistique 
était  intense,  son  architecte,  ses  sculpteurs,  ses  verriers,  sans 
négliger  toutefois  d'utiliser  les  conseils  ou  les  services  de  matnt 
artiste  français  ou  italien,  la  direction  et  la  snrveiilance  des  travaux 
se  trouvèrent  en  grande  partie  concentrées,  du  débuta  rachèvemeiit, 
entre  les  mains  de  personnages  francs-comtois. 

J'ai  cité  naguère,  ici  même*,  Laurent  de  Gorrevod,  baron  de 
Marnay,  gouverneur  de  Bresse,  et  Antoine  de  Alontcut,  abbé  de 
Saint-Vincent  de  Besancon  et  confesseur  de  Marguerite,  qui  eurent 
seuls  le  privilège  d'obtenir  à  Brou  une  chapelle  et  une  sépulture  à 

^  Voir  Ed.  Clerc,  Histoire  des  Etats  généraux  en  Franche-CQmtéy  t.  I^ 
p.  247. 

*  Les  initiateurs  de  fArt  en  Franche^Comté,  au  seizième  iiéde.  —  17'  fiéu^ 
nion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  1893.  p.  609-6^5. 


i 


CO\RAD    MEYT    ET    LES    SCrUPTKlRS    T>K    BROl'.  251 

côté  de  leur  maîtresse.  J'aurais  à  citrr  encore  Louis  Uarangier, 
sf^crétatre  et  mailre  de»  requêtes  de  rarcliidiicliesse,  greffier  ea 
chef  de  son  parlement  de  Dole  \  Claude  de  Doisset,  doyen  de 
Poligny  avant  d'être  arcftidiacre  d'Àrras  ',  un  ei éditeur  teîitamen- 
tatre  de  Marguerites^  le  trésorier  Jean  de  Maruii,  seigneur  de  Tou- 
louse, Hugues  Marmier,  président  du  parlement  de  Dole  quanti 
Gatinara  se  fut  démis  de  celte  cliarge\  et  bien  d'antres  qui  <nil 
partagé  avec  leur  [>rotectrice  l'honneur  d'introduire  le  goùl  dvA 
arts  dans  leur  pays  d'origine  ou  d'adoption.  Ce  pays,  fertile  alors 
en  gens  avisés  et  intelligente»,  possédait  dans  la  région  du  vignoble 
jurassien  de  précieuses  t'arriéres  de  marbre  noir  et  d'alInUre^  où 
avaient  déjà  puisé  au  quinzième  siècle  les  ducs  de  Bourgogne  pour 
leurs  tom beaux  et  leurs  chapelles.  Ces  carrières  furent  rouvertes 
par  les  soins  de  Jean  Le  Maire ,  qui  s*en  (it  Tapolo/p^te  *  ;  Barnn- 
gîer,  aidé  de  Simon  de  Chanlrans,  capitaine  de  Xîontniorot,  eL  du 
receveur  de  Poligny,  Tachonnier  (jlouvet,  organisa  pour  la  durée 
des  Irataux.  de  1510  a  1h^30,  une  exploitation  fictive  di^s  alhàtres 
de  Sainl'Lothatn  '\  Après  avoir  pris  dans  lt)s  flancs  du  Jura  ces 
matériaux  de  choix  qui^  de  modestes  imagiers  locaux  utilisaient 
dès  longtemps,  le  contrôleur  Ikrangier  aiait  cru  y  rencontrer  aussi 
un  sculpteur  d'assez  large  envergure  pour  tnller,  sur  tics  modèles 
ou  patrons  empruntés  à  de  vrais  artistes,  fe?  ligures  et  les  statues 
des  tombeaux  de  Dron,  Appelé  de  Satins,  ce  sculpteur,  nommé 
Thîébaud^  fut  de  suite  agréé  par  Jean  Perréal^  mis  h  Tessai,  et 
commença  le  tombeau  de  Philibert  de  Savoie;  la  tàctie  était  trop 
haute  pour  son  talent  médiocre,   il  ne  justitia  point  la  contiance 


^  Louis  Baranj^ier  grefUrr  du  parlemtïnl  de  Dole  de  1508  â  îHXh),  ciiterri^  dins 
*%  chNpellc  df  \.-D.  de  Dolo. 

'  llofi  en  Flaudre  en  15'*7;  on  vôyatl  au  aiècte  deraifr  dans  l'r'jftjsp  de  \*-l)* 
de  Date  uoe  insrrJpLioQ  À  sa  louante.  Chrv  ALr^tR^  Jftrmohes  sur  Poiign^^  L  l, 
p.  lie. 

*  (lugues  Marmier  fut  président  du  partcment  df  Dote  de  151 S  k  I54r>t>t  mou- 
rut en  1553. 

*  a.  \y  en  iv^pagne,  ny  ca  tlalir,  ny  en  i'inj^tï'lerre^  n'eu  y  n  point  qui  TapriKhc 
i!n  bonLéT  bc^auk'  et  polisâemenL.  «  l^^Ure  dt^  Lemuirc  k  tWchiduchCHse*  21  no- 
vembre 151 1»  LiJïLitv,  Anaif^ctes,  p.  tt. 

^  Mandement  de  Uar^jULTile.  preseriiant  à  eei  per«onna^efl  t  di'  lain-  traire, 
tter,  lever  et  charger  une  boanL- quanli té  d'albaslrt^  de  la  carrière' Je  Sainl-Lolain- 
x^Palîgny^  pour  faire  mener..,  en  Bresise.  151U.  ■  S,  ViMyt,  Loui<i  t'a»  lîotjhcm. 
12*  Session  des  Sociétés  des  Bi^mx-Ard,  1^88,  p.  190, 


S59 


CONRAD    MEYT    ET    LES    SCLLPTEURS    DE    BRDï. 


qu*a valent  mise  en  lui  ses  protecteurs.  UtEigraeiédès  1511,  relégué 
tout  au  moinâ  àrarrîère>plan,  sinon  congédié,  il  dut  céder  la  place 
à  de  plus  habiles  '.  On  sait  la  suite,  à  partir  de  1512,  Tàrcbitecte 
Van  Bogheni,  substitué  à  Jean  Perréat  par  la  volonté  de  Marguerite 
d'Autricbe,  assume  la  re.sponsabilité  des  constructions  de  Orou  et 
dirige  les  moindres  détails  de  la  construction  et  du  décor.  Dès 
1^22  *,  ouvrages  anonymes  de  maîtres  ciseleurs^  les  retables  des 
sept  Joies,  dan^  la  chapelle  de  Marguerite,  de  la  Passion,  dans 
celle  de  Laurent  de  Gorreiod,  des  sept  Douleurs,  dans  celle  de 
Tabbé  de  Saint-Vincent,  et  de  nombreus^es  statues  destinées  au 
portail,  au  maître  autel,  à  diverses  parties  de  T édifice,  même  aui 
trois  tombeaux  de  Marguerite,  de  Philibert  et  de  Madame  de  Hour- 
bon,  sont  prêts  à  être  posés.  Exécutés  sur  des  dessins  de  Jean  de 
Bruxelles,  peut-être  de  Van  Boghem  luî-mêtne  en  partie,  ces 
retables  et  ces  figures,  œuvres  d'artistes  souvent  inégaux,  ont 
emprunté,  sembie-t-il,  en  majeure  part  des  ciseaux  flamands,  a  en 
juger  par  le  style  qui  y  prédomine,  et  par  le  détail  de  Parcbi lec- 
ture et  par  relui  des  costumes,  A  partir  de  1526,  c'est  un  maître 
allemand,  tout  flamand  d*allures  du  r^^sïe,  qui  va  venir  donner  à 
cet  ensemble  le  couronnement  qui  lui  manque  encore,  en  sculptfint 
les  pièces  capitales,  les  statues  gisantes  du  prince  et  des  deux  prin- 
cesses, et  les  a-  transisf ,  c'est-à-dire  Icscadaircsdépouillésde  tout 
ornement  autre  qu*un  suaire,  qu'on  aperçoit  à  Pelage  inrérieur  des 
sépultures  de  PJiiiibert  et  de  Marguerite.  Ce  maître,  c'est  Conrad 
Meyt,  né  à  ll'orms  \  attaché  depuis  151i  au  service  immédiat  de 
l'arclii duchesse  pour  laquelle  il  a  créé  mainte  effigie  de  bronze, 
de  marbre  ou  de  bois*.  Autour  de  lui,  toute  une  pléiade  d'auxi- 
liaires italiens»  florentins,  picards  et  llamands,  Thomas  Meyt  son 
frère  j  Aï  nié  Quîtrré,  Onorrio  Campiloglio,  le  Florentin  Jean-Bup  liste 
Mariotto,  Denoit  de  Serins,  Jean  de  Louhans,  Jean  Rollin,  fouille 
Palbdtre  et  le  marbre,  taille  de  délicates  dentelles  semées  d'ar- 


1  M  Je  veoyc  bien  que  maislre  TKiçbaut  ne  sçavojt  riea.  >  Perrétl  à  Hirangi^r, 
30  mars  15 tl.  Lkci^u',  Anaiectes,  i^m,  p.  3:i0. 

*  KeconoAisiiaace  des  travaux  de  Brou»  âO  juillet  15i2,  J.  ïiki\,  Histoire  de 
Céglise  de  Brmt^  ^^  udilion^  p,  VOT* 

^  Ed.  SlâncHj^L,  La  sculpture  et  torfhrerie  belges.  Bruxelles  1895,  p.  23f 
Î37 ,  t59. 2417-30 1 ,  ;103 ,  ht'}. 

*  lèid,  et  CiifliivET,  Les  édifices  de  Brou^  2t*  Seision  des  SùCÎétéi  des  Btnu^r 
Arts.  1897,  p.  252^89. 


CONRAD   MEYT   ET   LES    SCULPTEURS    DE    BROli  353 

moiries  et  devises,  modèle,  puis  achève  avec  une  rare  perfection  le 
détail  des  armures  ou  des  parures  et  les  contours  charmants  de 
délicieuses  allégories.  Aux  termes  de  son  marché,  Conrad  Meyt 
doit  s'appliquer  de  préférence  aux  visages,  aux  mains,  aux  statues 
vivantes  étendues  sur  les  lits  de  parade;  mais  il  a  |e  droit  de  se 
faire  aider  par  son  frère  et  par  d'autres  a  bons  et  experts  ouvriers  i»  ; 
Van  Boghem  eàt  chargé  des  Bgures  secondaires  qui  doivent 
entourer  les  tombeaux.  On  sait  le  reste,  grâce  aux  recherches 
érudiles  de  nombre  de  nos  confrères  '  :  pendant  cinq  ans  Conrad 
Meyt,  aux  prises  avec  nombre  de  difGcultés,  dont  le  mauvais  carac- 
tère de  Van  Boghem  lui  prodiguait  Tamertume,  travailla  assidû- 
ment aux  tombeaux  de  Brou  *  dont  la  réception  officielle  fut  faite 
le  12  mars  1532  par  deux  sculpteurs,  Tun  Espagnol,  l'autre 
Anversois'.  Au  moment  où  Ton  réglait  ces  comptes  et  où  Ton  pré- 
parait à  Halines  le  transfert  du  cercueil  de  Marguerite  d'Autriche 
(morte  le  1*'  décembre  1530)  dans  les  caveaux  de  Brou,  nombre 
d'artistes  avaient  abandonné  déjà  les  chantiers  de  cette  église, 
pour  chercher  ailleurs  fortune  ou  tout  au  moins  salaire.  Depuis  le 
23  janvier  1531,  Conrad  Meyt,  Jean-Baptiste  Mariotto,  Aimé 
Quarré  avaient  accepté  non  loin  de  Bourg  une  sérieuse  commande. 
A  Lons-le-Saunier  on  l'on  venait  de  transporter  le  corps  de  Phili- 
bert de  Chalon,  prince  d'Orange,  mort  glorieusement  aux  portes 
de  Florence  à  la  tête  d'une  armée  impériale,  Philiberte  de  Luxem- 
bourg, sa  mère,  voulait  à  grands  frais  élever  une  tombe  digne  de 
la  race  illustre  qui  s'éteignait  en  lui.  Après  avoir  fait  dessiner 
entre  Milan  et  Naples  les  plus  belles  sépultures  \  après  s'être 
entourée  des  renseignements  les  plus  compétents,  la  princesse 
d'Orange  se  décida  à  faire  venir  de  Bourg  les  maîtres  qu*on  lui 
signalait  comme  les  plus  capables  de  réaliser  son  désir.  Le  23  jan- 
vier 1531,  dans  le  château  de  Lons-le-Saunier,  en  présence  de  ses 
principaux  officiers  et  conseils,  tous  les  détails  du  magnifique 
mausolée  de  Philibert  de  Chalon  furent  mis  par  écrit  et  acceptés 


>  Voir  les  divers  travaux  consacrés  aux  artistes  de  Brou,  par  Gharavay,  Char- 
^^,  FÎDOt,  Piocbart,  Leglay,  J.  Baux,  etc.  (on  en  trouvera  la  bibliogrnphie  dans 
lARVET,  Édifices  de  Brou). 
''oir  J.  Baux  et  Fixot,  loc,  cit. 
FixoT,  Description  des  travaux  de  Brou.  Archives  du  \ord,  B,  2*3.'38. 
ièces  justi6catives,  n»  III. 


ïa4  CONRAD    MEYT    ET    LES    SCULPTEURS    DE    BBOO. 

par  Conrad  Meyt  prenant  eu  charge  toute  riniagerio,portraîÊiire  et 
personnages  du  lomboau,  par  Jean-Uapliste  ITariolto  s'ohligeant  à 
faire  et  paiTaîre  toute  la  maçonnerie^  ceîàt-à-djre  toule  rarchilec- 
ture,  les  piliers  d  albâtre  avec  leurs  moulures  Snement  profilées, 
les  antiquailles,  billets,  feuillages,  armoiries  et  inscriptions 
rehaussées  t!*or'.  Voici  les  grandes  lignes  de  cette  architecture  qui 
devait  couvrir  toute  la  paroi  droite  du  chœur  des  Cordelîerâ  de 
Lons-Ie-Saunier  et  égaler  comme  richesse  les  splendides  décors 
des  tûml»eaui  de  lirou.  Qu'on  se  représente  sur  une  largeur  de  neuf 
mètres  etiTÎron,  sur  une  hauteur  constante  de  quatre  à  cinq  mètres 
attei<(nant  dans  la  partie  centrale  sept  k  huitmètres,  avec  une  saillie 
moyenne  de  trois  pieds,  une  vaste  composition  arclii tectonique, 
conçue  dans  le  style  du  lit  runêraire  de  Marguerite  d'Autrîcbe.  Aa 
centre,  une  chapelle  à  double  éta«^e,  disposée  sous  un  arc  triomphal  ; 
dans  Tétage  supérieur  apparaît  la  statue  agenouillée  et  priante  de 
Ptiiljbert  de  Cbalon,  la  Toison  d'or  sur  les  épaules,  recouvrant  le 
manteau  ducal  ;  devant  lui  s'élève,  sur  des  nuées,  portée  par  deux 
anges,  la  Vierge  de  Lorelte,  objet  de  ses  regards  suppliants.  Der- 
rière le  prince,  une  figure  de  la  Bonne  Renommée,  escortée  de 
deui  génies,  tient  de  la  gauche  une  palme  et  de  la  droite  semble 
présenter  Philibert  à  la  Vierge  qu'il  implore. 

Au-dessous  de  cette  cbapelte,  sous  une  voûte  soutenue  de  courts 
piliers  et  embellie  d'antiquailles,  une  seconde  &gure  du  prince 
d'Orange  est  étendue,  rigide  comme  celle  d'un  u  transy  mort 
depuis  huit  jours  ^  .Au-dessus  du  grand  arc  triomphal  qui  ouvre  la 
chapelle  de  Pfdljbert  de  Cbalon  et  que  Mariotto  doit  entourer  de 
fines  moulures,  surmonter  de  frises  élégantes,  semer  d'antiques, 
de  médaillons,  de  feuillages,  la  déesse  Pallas  est  étendue»  vêtue  en 
amazone,  teuaut  un  boudier  et  une  lance,  sur  un  lit  décoré  de 
trophées  belliqueux,  casques,  éperons,  armes  de  toute  sorte,  ser^ 
¥ant  de  support  à  une  chouette  ;  deuL  génies  lui  fout  face,  portant 
des  écus  et  des  emblèmes.  Derrière  elle  s'échafaude  un  couronne- 
ment monumental,  dont  les  multiples  membrures  sont  cliargées 
de  médailles,  d'anges,  d'ornements  à  Tantique,  et  abritent  dans 
une  enfonçurc  la  statuette  du  neuvième  Preux,  les  huit  autr^^s 
couronnant  quatre  par  quatre  les  deux  piliers  ajourés  qui  accostei 

'  Voir  le  tnarché  aux  pièces  justincativei,  u^  IV. 


r 


f 
CO^EAI>    MEVT   ET   tES    SCULPTEURS    [>E    BIOL.  irij 

la  chapelJê  funéraire!.  Tout  en  haut,  eiilouré  du  collier  Je  la 
Toison  d'or,  eoiSe  cl' un  timlirE?  avec  la  couronne  ducale  de  Gra* 
vina,  âoulenu  par  deux  petil^  an^jes,  apparaU  un  «jrand  écu  aui 
pleines  armes  de  Chalon  :  une  hande  d  or  sur  chauip  de  «jui^uleâ, 
Les  deux  piliers  il'allmhe  qui  épaulent  l'arc  triomphal  corn- 
portent  cbacuti,  outre  un  aoit  basse  nient,  décoré  dei  armoiries  de 
Clialon  et  de  Lniembourg,  avec  supports,  une  ^fraude  ouverture 
au  cintre  léj[^èremeat  surbaissé,  avec  cavité  profonde  en  forme  de 
nicbe.  A  gauche,  Jean  de  Cbalon,  père  de  Philibert,  est  agenouillé, 
en  costume  de  prince,  l'ordre  de  France  au  col,  avec  "  dicticrs  et 
épitaphes  i> ,  Dans  le  pilier  dç  dnute,  la  figure  symétriquement 
agenouillée  de  Pbiliberte  de  Luii^ml^our^j  est  sculptèi*  a  au  plus 
prés  du  V if  n .  I^e  haut  des  pilierii,  d*une  belle  et  svelte  ai  clii lecture, 
se  divise  en  deux  étages  :  au  premier  étage,  une  statue  de  dimen- 
sion moyenne  personnifie  une  des  quatre  Vertus-  au  second, 
quatre  statuettes  représentent  autant  de  Treux,  soit  huit  Preui  sur 
les  deux  piliers,  le  neuvième  ay^int  trouvé  place  dans  le  couronne* 
ment  du  motif  centraL  Sur  les  flancs  de  chacun  des  piliers  s'ajt- 
pyient  comme  des  contreforts  deux  autres  piliers  dits  ^^  à  la  Reine  r , 
chacun  mesurant  deun  mètres  de  largeur  avec  moulures,  frises  el 
supports  analogues  à  ceux  des  autres  parties  du  monument.  Sous 
Tare  de  gauche,  voisin  du  maître  autel  et  de  la  première  fenêtre 
deTabside,  est  une  enfoneure  en  cul-de-four,  destinée  à  recevoir 
les  sièges  du  célébrant  et  des  diacres;  â  droite,  une  porte  en  pierres 
de  taille,  à  contours  très  ornés,  conduisant  à  la  sacristie  des  Corde- 
liers.  Au-dessus  de  ces  piliers  latéraux  les  statues  de  deux  l  ertus 
placées  â  la  même  hauteur  et  dans  un  cadre  analogue  à  celui  des 
deux  autres  Vertus  des  piliers  adjacents.  De  plus,  aunlessus  de  la 
porte  de  la  sacristie,  un  second  étage  est  disposé  avec  cul-de- 
lampe  destiné  à  receioir  une  dernière  statuette.  Outre  te  mau- 
solée proprement  dit  et  ses  annexes,  les  deux  maîtres  imageurs 
s'étaient  obligés  à  créer  encore,  pour  uu  prii  total  de  I0,000francs, 
un  bénitier  surmonté  d^un  ango  et  la  niche  du  lavabo  du  maître 
autel,  et  à  livrer  le  tout  dans  le  délai   de  deux  ans, 

Oans  cette  décoration,  Jean-Uaptiste  Mariotto  devait  exécuter 

.te  rarchitecture  et  maçonnerie^  depuis  les  degrés  eu  pierres  de 

lUê  et  les  soubassements  armoriés  jusqu'aux  fines  dentelles  de 

c  triomphal  et  des  niches  en  piliers  adjacents,  y  compris  les 


[ 


'l^ 


SS6  CONRAD    ïfEYT   ET    LEâ    SCULPTEtJHS    DE    BROU, 

aDges,  les  bestloks  et  les  triom plies  mêles  aux  feuillages  et  aui 
rinceaux  des  dais  et  du  couronnement^  y  compris  encore  les 
médailles  et  les  rénovations  de  TanUque^left  inscriptions,  épitaphes 
et  devises  qui  devaient  courirp  avec  profusion,  d'un  botil  à  Tantre 
des  frises,  sans  y  laisser  aucun  vide  et  aucune  partie  lisse. 

Au  robuste  talent  de  Conrad  Meyt  revenaient  les  trois  statues 
agenouillées  et  vivantes  de  Philibert  de  Chalon,  de  Jean  scn  père 
et  de  Philiberle  de  Luxembourg,  IVffigie  coucbée  et  morte  de 
Philibert,  les  quatre  Vertus,  les  neuf  Preux,  la  Noire- Dame  de 
Lorette  portée  par  les  anges,  Bonne  Renommée  et  Pallas  avec  les 
quaire  génies  groupés  a  leur  suite. 

Dès  1532,  Meyt,  MarloUo  et  leurs  aides,  parmi  lesquel  Aimé 
Quarré  (ou  le  petit  Picard)',  sont  en  chantier,  et  quand,  au  retour 
des  funérailles  de  Marguerite  d'Autriche  et  du  transport  de  son 
corps  à  Brou,  célébrés  les  10,  12  juin  de  cette  année,  le  maréchal 
de  Bourgogne r  Antoine  de  Lalaing  et  Claude  de  Boisset  vinrent 
saluer  à  Lons-Ie-Saunier  Philiberte  de  Luxembourg,  Meyt  put 
leur  montrer  avec  orgueil  plusieurs  belles  pièces  d'imagerie  des- 
tinées à  la  sépulture  dont  Téclat  devait  le  disputer  au  tombeau 
même  de  Marguerite,  et  reçut  des  visiteurs  enchantés  une  gratifia 
cation  quUl  ne  dédaigna  point  d'accepter*.  A  Tbeure  même,  un 
de  ceux  qui  avaient  encouragé  davantage  Meyt  et  ses  collabora- 
teurs, Tabbé  Antoine  de  Moulent,  mourait  à  Brou  et  était  hihumé 
dans  la  chapelle  de  Notre-Dame  des  Sept  Douleurs;  une  de  ses 
dernières  recommandations,  consigoces  dans  un  codicilledu  20juiQ 
1 532,  avait  été  Tordre  formel  de  transporter  dans  son  église  abba- 
tiale de  Saint-l  tncent  de  Besançon  la  Pteta  de  marbre  blanc  exé- 
cutée pour  lui  par  Conrad^.  Son  exécuteur  testamentaire^  le  tré- 
sorier bien  connu  Louis  Vyonnet,  exécuta  ce  dernier  vœu  de 
Paumùnier  de  Marguerite.  La  Pieia  fut  transportée  à  Besançon^ 
la  chapelle  Saint-Antoine  fut  décorée  de  vitraui  et  d'argenterie, 
Tabbaye  Saint- Vincent  vit  terminer  son  clocber  baut  de  200  pieds 
dû  à  la  libéralité  de  Tabbé  de  Moutcut,  et  jusqu'au  dii-huitième 

I  Voir  lefi  pièces  jaMilkatives  VI-X. 

*  UfAiilJcatJun  de  21  s.  Junnéa  à  Conrad  Meyt,  par  Autuinc  de  Lal&a^,  15 
(Public''  par  PiucLurl,  tt'iipri^A  le  rejjUtrc  1S3-1  de  la  Chambre  des  complet 
Bruvelle?,) 

^  PiciTos  juiiliGcaLive!»,  a*^  I[« 


i 


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CONHAD   MEYT   £7    LES    SCULPTEURS    DE    BROU.  257 

siècle  on  montra  et  on  admira  an  maitre-autel  de  l*abbatiale  un 
retable  en  bois  scalpté  portant  la  statue  de  saint  Vincent  et  quatre 
bas-reliefs  représentant  son  martyre,  avec  une  longue  inscriptioup 
datée  de  1524,  rappelant  les  bienfaits  de  Taumônier  *.  Cette  date, 
le  fait  que  Conrad  Meyt  et  Antoine  de  Montcut  vivaient  à  l'époque 
précise  dans  la  domesticité  de  la  gouvernante  des  Pays-Bas,  ren- 
dent singulièrement  plausible  lattribution  à  Meyt  de  ce  retable 
que  Besançon  a  laissé  périr,  tandis  que  sa  cathédrale  a  recueilli  et 
possède,  sans  s*en  être  doutée  jusqu*à  ce  jour,  la  Vierge  de  Pitié 
sculptée  en  1532,  sur  laquelle  nous  aurons  à  revenir. 

Si  dans  la  commande  du  tombeau  de  Philibert  de  Cbalon  Jean- 
Baptiste  Mariotto  n'avait  été  chargé  que  de  Tarchilecture  et  du 
décor,  ce  n'était  point  qu'il  ne  fut  capable  de  faire  jaillir  du  marbre 
00  de  l'albâtre  de  Saint-Lothain  autre  chose  que  des  ornements, 
des  bestioles  ou  des  médaillons  à  la  florentine,  mais  uniquement  pour 
délimiter  d'une  façon  très  nette  son  champ  d'action  avec  celui  où 
devait  se  mouvoir  Conrad  Meyt,  exclusivement  chargé  de  toutes  les 
figures;  un  document  suggestif  va  le  prouver  jusqu'à  l'évidence. 

Tout  en  travaillant  côte  à  côte  avec  le  sculpteur  de  Worms  au 
tombeau  du  prince  d*Orange,  Mariotlo,  dont  l'habileté  semble  avoir 
séduit  Pbiliberte  de  Luxembourg,  avait  accepté  de  la  princesse 
une  seconde  commande,  dont  l'ensemble,  comme  le  détail,  était 
abandonné  à  son  exclusive  direction.  Pour  le  prix  total  de 
2,800  francs,  le  8  mai  1531 ,  le  Florentin  avait  pris  charge  d'élever 
au  milieu  du  chœur  des  Cordeliers  de  Lons*le-Saunier,  sur  le 
caveau  où  dormaient  déjà  leur  dernier  sommeil  Jean  de  Chalon  *, 
Jeanne  de  Bourbon,  sa  première  femme  ^  Claude,  seigneur  d*Ar- 
.guel,  leur  unique  enfant\  et  Philibert  de  Chalon,  né  d'un  second 
mariage  %  une  sépulture  à  trois  gisants*.  Longue  de  dix  pieds, 
large  de  sept  avec  soubassements,  piliers  aux  quatre  coins  servant 
de  gîte  aux  statuettes  des  quatre  frères  d*Hercule,  »  anticaiiles  « , 

*  Pièces  JQttificatives,  n»  I. 

*  Jean  de  Gulon,  prince  d'Oraoge,  mort  à  Loos-Je-Saunier,  le  25  avril  1502. 
(Inscription  du  caveau  funéraire  de  Lons-Ie-Saunier.) 

.    ^  Jeanne  de  Bourbon,  princesse  d'Orange,  morte  le  10  juillet  iVXl.  [Id.) 
'  '^laude  de  Cbalon,  seigneur  d'Arguel,  mort  en  novembre  1500.  (Id.) 

'hilibert  de  Chalon,  prince  d'Orange,  lieutenant  <[éuéral  de  i'Eiiipcrdur  en 
,  tué  à  Pistoie  le  3  août  1530.  (id.) 
"^ces  justificatives,  n^  V. 

n 


u^ 


1258  CONRAD    MEYT    ET    LES    SCULPTEURS    DE    BaOU. 

feuUIages,  armoiries  el  inscriptions  tout  à  reoloufr  cette  sépul- 
ture devait  porter  étendue  Timage  du  prince  Jean  de  Chalon, 
ayant  à  sa  droite  Jeanne  de  Bourbon,  à  sa  gauche  Philiberte  de 
Luxembourg,  tous  en  riches  costumes  de  cour.  A  la  tête,  deux 
anges  debout  portant  les  armes  des  Chaton-Orange  ;  aux  pieda  du 
prince  etagenouilléeylafigured'unpetit  enfant  de  deux  ans,  Claude 
d'Arguel,né  de  Jeanne  de  Bourbon.  Pour  ceux  qui  sont  familiarisés 
avec  rhistoire  de  Téglise  de  Brou,  cette  description  (à  la  matière 
près,  puisque  les  gisants  y  étaient  de  bronze)  n'e^t-elle  pas  la  repro- 
duction de  celle  que  donne  le  P.  Rousselet,  à  propos  du  tombeau 
que  Claudine  de  Revoire  éleva,  avant  1533,  dans  la  ulmpelle  des 
Gorrevod,  à  la  mémoire  de  Laurent  I"  de  Gorrevod  et  de  ses  deux 
femmes  '  ?  Comparons  plutôt  :  «  L'on  y  voit  la  Ggure  de  Laurent  de 
Gorrevod  en  bronze,  plus  grande  que  nature,  étendue  sur  une 
table  en  marbre  noir,  ayant  à  sa  droite  sa  première  femme,  avec 
une  petite  fille  qu'il  en  avait  eue,  et  à  sa  gauche,  sa  seconde  femme. 
On  voit  aux  quatre  angles  du  mausolée  quatre  génies  debout^  p  v 
Quoi  d'étonnant  d'ailleurs,  puisque  les  amitrcs  qui  sculptaient  à 
Lons-le-Saunier  avaient  fourni  un  ample  contingent  aui  richesses 
d'art  accumulées  à  Brou,  qu'ils  en  aient  apporté  dessins  et  patrons 
pour  les  utiliser  au  profit  de  Philiberte  de  Luxembourg  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  délai  accordé  à  Mario tto  pour  la  sépulture 
d'albâtre  dont  nous  avons  résumé  le  devis,  n'était  que  d*un  an  ; 
l'artiste  stimulé  par  la  présence  continuelle  de  Philiberte  à  Lons- 
le-Saunier,  et  par  les  payements  exacts  dont  nous  avons  recueilli 
de  nombreuses  traces,  dut  mettre  à  cette  œuvre  assez  d'activité 
pour  livrer  en  1533,  faite  et  parfaite,  la  sépulture  et  ses  gisants, 
outre  le  tabernacle  et  les  deux  statues  de  la  Vierge  et  de  saint 
François  destinés  au  maitre-autel  des  Cordeliers.  Ce  qui  non»  I« 
fait  croire,  ajuste  titre,  c*est  le  témoignage  du  P.  Fodèré,  dans  sa 
description  des  monastères  franciscains  de  la  province  de  Saint- 
Bonaventure,  publiée  en  1619,  malgré  les  erreurs  de  détail  de  cet 
annaliste  '.  Mais  le  tombeau  de  Philibert  de  Cbiilou,  que  Xlariotto  el 

>  P.  Paciûque  Rousselet,  Histoire  et  description  de  l'église  rotjaie  de  SroM. 
Bourg  [1767],  p.  74. 

•  Ibid. 

•  Narration  historique  et  topographique  des  couvents  de  l'ordre  de  S.  Frû 
çois^  par  Jacques  Fodèrè.  Lyon,  1619,  ln-4<>. 


CU^R.^D    MEVT    ET    LES    SCLLPTEtfftS    DE    BBiïU.  25ÎI 

He^'t  poursuivaient  aprf*s  l'achèvement  de  la  st'piiItuL-e  du  milieu 
du  choeur,  n'ÎMait  point  acheté  dans  le  délai  tiiè  par  Phililmrte  ; 
Heft  y  traïuillâit  eucore  le  23  janvier  J534^  Des  eTenementî^ 
imprévus  allaient  tout  arri>ter  el  disperser  les  artistes  aiant  i|ue 
Uur  œuvre  soit  acconiphe  et  que  le  rêve  de  FfiiliKerle  de  t^uxrm- 
bour<^  soK  en  sou  entier  réalisé.  Philibert  de  Chalori  avail  une 
sœur,  mariée  à  Henri  de  \asswni  ;  celuî-ci,   héritier  de  son   heau- 
frère,  employa  contre  Phililicrte  des  procédés  violents  et  discour- 
tois, fit  saisir  ses  mol)iliers,  ses  liijoux,  sa  vaisselle  dar;jent  au 
mépris  de  toutes  convenaores.  Découra»jée,  la  princesse,  ahandtm- 
tiant  tout,  même  la  tombe  de  son  Hls  et  le  projet  de  h  rendre  non- 
pareille,  se  réfugia,  pour  y  mcuirir,  dans  nu  rhàteau  (jU^lle  possé- 
flflit  à  Mont-Saint'iean,  au  duché  de  Uour;|o;jnr*.  Et  il  ne  resta 
«f^ana  celte  é*]  lise  des  Cordrliers,  qui  fut  devenue  autrement  le  pen~ 
àant    des  Au;]iistius  de  Brou,  qu'un  caveau  funéraire  ^ver  quatre 
cercueils  déposés  sur  des  talîtes  de  pierre  et  des  inscriptions  arnîf>- 
t'iées      rappelant  le  nom  de  ces  mortj^,  et'  auprès  de  la  sépulture 
Wii>^   par  ^lariotto,  nombre  de  superbes  statues  d'alhutre  ou  de 
^Àrhre  sculptées  par  Meyt  pour  un  ensemble  qui  ne  dotait  jamais 
eiistei-.  En  1595,  Tarcbiduc  Albert,  traversant  Lons-le  Saunier,  tes 
''^p   les  admira  et  pro[»osa  de  les  acquérir  pour  le»  eiripurier  aux 
%s~lias.  En  101 U,  en  \6M,  divers  témoins  signalent  «  un  yrand 
iioiul^^g  de  belles  et  grandes  statues  de  marbre  blanc  de  diverse!) 
%Lir^g^   li-^5  bien  polies,  taillées  et  gravées  d'après  le  naturel... 
^mt    quelques-unes  k  Tenlour  du  grand  autel,  sans  y  observer 
iincmi    ordre  qui  [jenst  représenter  quelque  chose,».  V  «  En  1737, 
"fn  subsistait  encore  plusieurs,  au  témoignage  de  Duuod  V  (ïn  cher- 
coeraît   vainement  aujourdbuî    le    moindre    vesiige    de    r<puvre 
^ccortipJie  à  Lons-le-Saunier  par  Meyt  et  le  ÎUarlotto,  de  1531  a 
."^    ^-  Privés  brusquement  d'un  travail  qui  devait  nécessiter  encore 
^    ^Oticjs  efforts,  retenus  quelque  temps  au  mbins  au  couïtè  de 
^***"ac*gne  par  Tespoir  du  retour  de  l'biliberle,  ou  d'une  ilérision 
^    U.  de  IKassau,  favorable  à  leurs  intérêts  et  à  la  continuation 

^  Pièces  juifificfltjrM,  n"'  X, 

M.  Clekc.  Phitihtrt  de  Ckahn^  ISTâ.  [Bulktin  de  rAcadtmie  dt  Bemn- 
p.  80.) 

^oD^iiÉ,  Nutfadon  hutortifut. 
DîfOD,  HUtoire  du  comté  de  Bottrgopte^  L  Ih  p.  321. 


3G0  COiVHAD    UËVT    £T    LES    SCLLI'TELRS    DE    BAOl). 

des  Lombeaui,  les  deux  sculpteurs  durent  chercher  autour  d*eux 
des  commandes  pour  utiliser  soil  les  matériaux  amassés  â  grands 
frais,  soit  leur  ciseau  brusquement  paralysé.  Cette  nécessité  de 
trouver,  à  bref  délai  et  sans  déplacer  leur  chantier,  des  commandes 
et  un  gagne-pain,  valutà  la  Frauche-Comté  quelques ceuvres  d'art, 
dont  deux  au  moins  survivent,  d'une  délicieuse  facture  et  d'un  très 
grand  intérêt. 

La  première  est  un  retable,  de  petites  dimensions,  conserTé 
dans  l'église  deMoutier-Vilfars,  à  Poligny,  à  deuî  ou  trois  lieues  â 
peine  des  carrières  d'albâtre  de  Saint-Lothain  ;  la  seconde  est  une 
exquise  statue  de  la  Vierge  à  TEnfant,  lendue  par  Téglise  Saint- 
Just  d'Artois,  il  y  a  quarante  ans  environ,  au  musée  de  Cluii},  où 
elle  est  placée  dans  la  salle  des  tapisseries  du  seizième  siècle. 

Le  retable  de  Moutier-Villars  (ou  de  Poligny],  rectangle  d'albâtre 
haut  d'uD  mètre  t^ingt,  large  de  trois  mètres,  comporte  un  soulias- 
sèment,  trois  bas-reliefs  encadrés  par  des  pilastres  cannelés,  avec 
chapiteaux  ornés  de  bucrilnes,  un  entablement  avec  corniche 
légèrement  saillante.  Entre  les  multiples  moulures  de  cpUe  cor- 
niche et  de  rarchitrave,  une  inscription  court  sur  la  frise,  en  belles 
capitales  romaines:  [koble.  uessire.]  iehak.  DAGii.  [escvier] 
A,  FâiCT,  FAUE.  CE.  TABLEâVL.  EN.  LAN.  1  534.  Cette  date  :  1534, 
est  répétée  une  seconde  fois  au-dessus  de  L  arc  surbaissé  du  bas- 
relief  central,  atiie  c^tés  d'un  ècu  brisé  :  un  lion  surmonté  d'un 
chef,  armoiries  de  Jean  Dagay,  qui  lui  sériait  de  clef  de  vaùte  ^. 

Les  trois  bas-reliefs  représentent  en  partant  de  la  gauche  : 
rAnmmciation,  TAdoration  des  bergers,  l'Adoration  des  Mages, 
soit  trois  des  sept  mystères  joyeux  ISgurés  à  Brou  dans  le  retable 
des  Sept  Joies.  Tous  trois  sont  exécutés  aiec  une  linesse  extrême 
et  un  art  de  composition  qui  révèle  des  artistes  exercés.  Le 
marteau  imbécile  des  terroristes  a  malheureusement  passé  pnr 
]k\  an  leur  eût  pardonné  d'effacer  les  mots  noble  et  eentjer  de 
rinscriptton  de  la  frise  ;  leur  bêtise  et  leur  brutalité  ont  niallieu^ 
rensement  abattu  les  testes  ou  brisé  les  membres  de  nombre  deft 
personnages  délicats,  émergeant  en  vigoureux  relief  des  uiasslb 
d*albàtre. 


1  Voir  ci-conlrc>  planche  1\-  M.   de  Laijuèrk  Tnc^ntionnf  â^nn  le  BuUmiiu 
monumenfai,  anpt^c  IHBl,  ce  retable  que  uous  ccnuaissoni  dèi  IS67. 


O  - 

*      C        I 

>    i    I 


-3         H       ^ 


CO\'A;lD    UEVT    ET    LES    SCULrTELIlS    DE    BHOlJ.  2Qt 

DansVAnnonciation  toute  la  scèncse  passe  dans  un  orataite,  donl 
le  plafond  à  caissons,  les  murs  avec  frises  ajourées,  arcades,  porte 
surmatitéë  d*uti  fronton  triangulaire,  sont  des  réminiscences  de 
Tatilique;  ]a  Vierge  agenouillée  à  droite,  regardant  le  spectatt^ur, 
tout  en  a  appuyant  sur  un  pupitre  très  orné,  écoute,  dans  une 
pose  charmante,  la  parole  de  l'ange  Gahriel,qui  se  tient,  res* 
pectueux,  à  Tangle  gauche  du  lalileau. 

Dans  VAdoration  des  bergers,  la  scène  est  en  plein  air, 
devant  le  porche  d'un  édicule  aonien,  dont  le  fronton  triangu- 
laire percé  d*un  octibts  va  se  retrouver,  réduit,  dans  V Adoration 
des  Mages,  La  Vierge  agenouillée  et  T enfant  nu  sur  un  pan  de 
langes,  escortés  de  saint  Joseph  dont  la  Rgure  monacnh*  se  pencha 
en  avant»  écoutent  les  accords  d'une  cornemuse  dont  jcuc  l'un  des 
adorateurs  :  un  berger  est  couché  à  plat  ventre-  un  nutre,  dt^bout, 
accompagné  d'une  bergère,  s'avance  suivi  d*irh  chien;  derrière 
euî,  tout  un  lointain  de  personnages,  de  rochers  et  de  pay^vage, 
ou  de  jofeuâes  farandoles  s'ébauchent  sur  robscurltè  des  fonds. 

Dans  V Adoration  des  Mages ^  la  Vierge  est  assista  tenant  TEn- 
f^nt  debout,  de  son  bras  gauche,'  derrière  elle,  den\  persomiagcs, 
dont  saint  Joseph;  devant,  agenouillé  dans  une  attitude  pleine  de 
recueillement,  un  des  mages;  deu%  autres  debout  derrière  lui, 
armés  à  Tan  tique  et  casqués.  Sur  les  borduresdu  vètcnieiM  de  Tun 
d'eux,  cette  inscription  intraduisible  :  NiCHiTiGos-iBMOVs,  deux  fois 
répétée;  par  derrière,  tout  un  fouillis  de  têtes  de  serviteurs,  nègres 
ou  autres,  des  casques,  des  panaches,  des  chevaux  charï|és  de  pré- 
sents et  de  cofifres,  et  par  delà,  au-dessus  de  la  silhouette  d'un 
grand  château,  Tétoile  des  mages  plane  au-dessus  des  nuées. 

La  date  de  1534^  qui  coïncide  avec  Tabandon  des  traviiux  de 
Lons-lc-Saunier,  le  voisinage  immédiat  de  Saint-Lothain,  mais 
par  dessus  tout  Tallnre,  le  style,  la  maestria  des  bas-reliefs  du 
retable  de  Jean  Dagay  ne  laissent  aucun  doute,  dans  notre  pensée, 
à  cette  opiEiion  formulée  pour  la  première  fois  dans  celle  étude  : 
Teitécutioti  du  retable  de  Moutier-Villars  ne  peut  être  attribuée 
qu'aux  sculpteurs  de  Brou,  employés  k  Lons-le-Saunier. 

Des  considérations  semblables  d'art  et  de  style  imposent  une 
ronclusion  analogue  pour  la  statue  de  la  Vierge  à  U'^nlaiitr  dite 
J*Arboiii,  conservée  au  AI  usée  de  Cl  un  y*  Ce  magnifique  morceau 
"albiïtrej   de  grandeur  presque  nature,  représente  Xotre-Dame 


1 


909'  CONRAD    MEYT    ET    LES    SCLLPTEUïlS    DE    BROU. 

debout,  le  poids  du  corps  portant  sur  la  janilie  droite  pour  fatre 
lïqnilihre  an  mouicmenl  di^  rcnfatit  divin  presque  coîiîplèleiïiéDt 
nu;  SI'  précipitant  à  ganche  par  nn  gracieuse  élan,  La  tète  de  la 
Vierge,  dont  Topulente  chevelure  tombe  par  longues  boucles  sur 
les  épaules  et  les  bras,  deux  boucles  accrochées  formant  collier^ 
est  empreinte  d'un  mélancolique  recueillement;  celle  de  TEnfant, 
qui  tient  dans  ses  petites  mains  une  pomme,  est,  au  contraire, 
animée  par  un  sourire.  Le  riche  coutume  de  la  Vierjje,  son  manteau 
drapé  avec  huijileté,  partie  sur  Tepaule  gauche,  paitie  sur  le  flanc 
droit,  est  d'une  facture  très  primesautiérc.  Des  retiauts  d*or  avi- 
t;ent  et  font  valoir  ra  et  ta  les  délicatesses  des  bordures  de  la  robe 
et  du  manteau.  Dans  cette  Vierge  d'Arbois  se  retroutent  toutes 
les  ('^léjfances  des  sculpteurs  de  llrou.  Pas  d'hésitation  sur  la  date 
h  lui  assrguf^r  :  1530  à  1534;  mais  nous  n  avons  plus  la  ressource 
d'une  inscription  et  d'un  millésime,  comme  dans  le  retalde  de 
Poligny;  essayons  d'y  suppléer  pour  retrouver,  à  défaut  d'un  nom 
d'artiste,  le  nom  du  donataire  K 

Une  enquête  faite  à  Arl>ois  nous  a  permis  de  retrouver  dans  lâ 
chapelle  a  gauche  du  chœur,  à  l'extrémité  du  colla téral^  IVmpIa- 
cement  qu'a  occupé  trois  cents  ans  la  madone  que  nous  venons  de 
décrire.  Or  cette  chapellep  dédiée  à  \otre-Dame  et  à  saint  Jean- 
Baptiste,  ^st  la  chapelle  funéraire  des  deux  cardinaux  Pirrre  de  la 
Baume  (1542-1544)  et  Claude  de  la  Baume  (1544^1584),  tous 
deux  prieurs  de  Saînt-Jusl  d'AHiois  et  archevêques  de  Besançon.  I 

Le  premier  de  ces  prélats,  chassé  en  1 528  de  son  ê\  êché  de  Genéte,  | 

vînt  se  réfugier  à  Arboîs,  où  il  séjourna  sans  discontinuer  jusqu'en 
1533,  et  oîi  il  mourut  le  4  mai  1544,  A r bois  étant  sa  résidence  i 

favorite,  c'est  donc  à  lui  que,  sans  hésitation  aucune,  on  doit  altri^  m 

buer  le  déror  dt*  la  cirapelle  Notre-Dame,  et  tout  porte  à  croire 
que  la  statue  superbe  qu'il  y  avait  laissée  comme  souvenir  fut 
sculptée  de  1 530  à  1533,  c'est-à-dire  avant  le  retour  éphémère  du  1 

prélat  dans  son  évêché  de  Genève,  par  un  des  artistes  exeellentf 
employés  aux  tombeaux  des  princes  d'Orange,  L'œuvre,  bien 
homogène,  n'a  pas  nécessité  l'association  de   plusieurs  ciseaux* 

Son  allure  plutôt  florentine  que  flamande  semble  indiqr'^" 
comme  auteur  l'Italien  Mariotto  de  préférence  au  Flamand  Me 

'  RlcnARD,  Hhtoirt  dit  diocèse  de  Besançon^  t.  II,  p.  tlî. 


Cû:VRAD    WEYT    et    l.t^^    SClLPTKTilS    DE    HIIOU  1*13 

A  côté  de  la  l^ifrge  (TArbois  ei  eu  Retahlr  de  Palùjmj^  llesaiiçon 
fl  coniervc,  lui  ansBi,  une  épave  des  sculpteurs  de  Uron^  la  Piefa^ 
lé<fuée  en  1532  pnr  l'alibé  Antoine  de  Montent  h  son  ablmye  de 
Sûint-Vincent  ', 

Haut  de  I*,8fl,  large  de  1*,S0,  ce  groupe  de  marbre,  mutila 
imrles  déplacements  qu'il  a  dû  tubir,  est,  depuis  1793,  date  de  la 
fermeture  de  lu  pluparË  des  églises  paroissiales  ou  conventuellfs, 
devenu  la  propriété  de  Téglise  ealbédrale,  enricbie  par  son  ruré 
CQDstitiUionnel,  l*abbé  Itoy,  des  dépouilles  d'autres  éili lires.  Assise 
sor  un  riîclier,  la  lier<]R  desi  lïouli'nrs  relient  h  grand "jïpi ne  le 
corps  de  son  fils  qui,  fa  tt^le  appuyée  sur  bi  poitrine  de  sa  mère, 
glisse  sensiblement  au  bas  du  rorber.  Ost  en  vain  qu'un  ange 
agenouillé  dont  le  vf^lement  plissé,  bardiment  taillé  dan^  le  mar- 
bre j  fait  valoir  l'anatomie  très  étudiée,  s'efforre  d'aider  la  Vierge 
à  soiiienir  Je  Sauprun  La  fête  du  Clirisl,  relie  de  Tange,  celle  de 
la  Vierge^  autant  (]uV)n  en  peut  juger  malgré  sa  mutilation,  sont 
de  fort  beaux  morceanxî  les  jambes  du  Christ,  ses  main^ï  muMlées, 
le  pied  nu  de  TAngp  sont  traités  avec  le  naluralisme  sincère  des 
gisants  de  Brou*  La  restauration  d'un  pareil  morceau,  son  trans- 
fert en  place  honorable,  car,  mis  â  contre-jour  contre  runir|ue 
fenêtre  de  bi  chapelle  des  fonts,  il  échappe  â  tous  les  regards,  s*ini- 
posent  aujourd'hui  que,  yràee  â  des  documents  inédits,  Torigine 
tle  l'œuvre  est  devenue  manifeste*. 

Les  travaux  de  sculpture  semés  par  Conrad  \!eyt  et  ses 
auxiliaires,  de  Lons-le-Saunier  à  Besançon,  tandis  que  des  maçons^ 
des  ouvriers  de  moindre  importance,  sortis  également  de  Brou» 
apportaient  à  Teeuvre  de  Notre-Dame  de  D6le,  k  celle  de  Xolre- 
Dame  tle  Gray  \  à  celle  du  clocher  de  Saint-Vincent  de  Hcsanrof» 
et  à  celle  du  château  des  (îorreiod  à  Marnay^  un  concours  dont 
Te  m  p  rein  te,  très  caractérisée,  reste,  pour  qui  sait  lire,  encore  très 
visible,  devaient  servir  de  modèle  aux  sculpteurs  qu'à  son  tour  la 
terre  franc-comtoise  devait  enfanter.  Après  ce  Thiébaud,  de  Salins, 

'  Voir,  cUaprù^,  planche  X, 

*  Piècet  JustïrifatKPS,  n'  tl. 

'  Le  portail  de  N.-U.  de  Gray  ofTre  une  anahigie  frappanle  avec  le  pivrlail  de 
^gtiie  de  Bour^  et  eertainf^  détaiU  de  telle  lie  Brou. 

*  L'auteur  a  recueilli  h.  Mania  y  (Haule-Satiue).  dans  Le  cbiteau  liAiî  par  Liurent 
s  Gofrcvod,  vert  15Î5,  de»  chapiteaux  aiec  Ie4  inuialts  L  et  Ct  utcn1îr|ties  à 
mi  publiés  p«r  M,  Ctiarvel,  en  l)<i97. 


264  C'Oh'R^Û    MEVT    ET    LES    SCULPTEURS    DE    UROU. 

que  son  inexpérience  fit  renvoyer  de  Brou,  apièice  Landry»  peuU 
être  son  élvve,  f[ui  taillait  dans  Talbâtre  de  Sâitit-Lothain  les 
médaillons  des  douze  Césars  pour  le  chancelier  Granvelle  et  te 
portrait  de  son  Sis  le  cardinal',  nous  avons  rencontré  déjà  et 
étudié  à  diverses  reprises  ce  Claude  Anroux,  dit  Lulier,  qui, 
originaire  de  Gray,  comino  rarchitecle  Sambin,  créa  tour  à  tour 
la  chapelle  funéraire  de  Guillaume  de  Visemal,  à  Rahon  S  le  jnbé 
de  la  cathédrale  Saint- Jean  à  Besançon  %  la  chapelle  des  d 'And e lot 
à  PesmesV  La  biographie  de  celui  que  Thisitorien  Gollut,  et  après 
lui  .Jean-Jacques  Chilttet,  avaient  célébré  comme  un  émule  de 
Poljcléte.va  s'enrichir  d  une  œuvre  nouvelle ^  retrouvée  grâce  mi 
hasard,  auejuel  nous  autres  chercheurs  nous  devons  tant  de  bienfaits; 
ett  chose  euriense,  cette  œuvre,  qui  par  certains  et  très  importants 
délaîls  va  se  rattacher  a  Tœuvre  des  sculpteurs  de  Brou,  fera 
reiiire,  grâce  à  des  dessins  jusqu'ici  ignorés,  lo  tombeau  des 
Gorrevod  à  Brou,  le  tombeau  desChalon  à  Lons-Ie-Saunier  qui  lui 
ont  servi  de  modèles.  De  même  que  pour  le  tombeau  ite  Guillaume 
de  Vise  mal,  écuyer  et  compagnon  fidèle  de  Philibert  de  Cbalon, 
Claude  Lulier  s'était  inspiré  des  statues  agenouillées  de  Jean  de 
Chalon  et  de  Phi  liberté  de  Luxembourg,  modelées  et  ciselées  par 
Conrad  Meyt,  de  même  pour  un  tombeau  qui  lui  fut  commandé  à 
Gray,  en  1553,  il  alla  chercher  des  patrons  soit  à  Lons,  soit  à 
Brou,  et  sMospira  visiblement  du  tombeau  de  bronze  de  Laurent 
de  Ctorrevod  et  de  ses  deux  femmes,  de  celui  de  Jean  de  Chalon- 
Orange  et  de  ses  deux  épouses,  gisant  sur  un  sépulcre  d'albâtre. 
Quand  le  président  Hu^pies  Marmier  prit  à  sa  charge  la  dépense 
d*une  des  chapelles  qui  dans  l'église  Notre-Dame  de  Gray  détail 
faire  vis-à*\is,  sur  le  flanc  gauche  de  Fabside,  à  celle  des  Vandenesse 
tmtie  sur  le  flanc  droit,  son  désir  n'allait  pas  plus  loin  que  de 
manifester  ses  pieux  sentiments  dans  sa  ville  natale  et  que  de 
prE^ parer,  dans  cette  chapelle  dédiée  à  la  Vierge  des  douleurs,  un 
chantier  pour  lui  et  tes  siens.  Quand  il  fut  mort,  en  J553|  après 

'  Vurr  Sissition  des  Beaux- Ji ris  de  1893,  Les  initiîit^urs  de  l'Art  en  Franche' 
Comté,  par  J,  Gaithikh,  p,  020, 

'  tàid.,  aimée  JH9*Î,  La  chapelle  de  Guillaume  de  Visemal,  par  J,  G.iUTHfEH. 

'  Claude  Ut  lier,  par  J.  G^lthikr,  Bulletin  de  V  Académie  de  Besùnçorit  1890. 
*  La  chapelle  des  d  Aude  kl  et  l'église  de  Pesmes,  par  J.  GAUTHïsn  cl  G.  i»K 
BiALîîkJOLft,  CciD^rès  de  U  Sodélé  française  d'archéologie,  1^02. 


PI«nche  \. 


PIKTA 

SAIVT-VIVCKVT     DH     BKSAVCOV 
,\Urbr<>,   par  Conrad   \Iryl.  —    iri;(2.  i 


Page  KU 


( 


CO:URAD    UÊYT    ET    LES    SCLLPTELRS    DE    BROU-  26ri 

ATûir  passé  par  la  plus  liaute  forlune,  connu  la  {lisrjrâce  el  trouvé 

dans  l>stiaie  publique,  mais  surtout  dnns  le  lionheur  du  foyer,  un 

remède  aui  HDiertumes  de    la  vie,  sa  seconde  femme,  Anne  de 

Poli^ny,  voulut  élever  à  sa  mémoire,  dans  cetle  chapelle  oh  Ton 

venait    de  T  in  h  u  tuer,   un  monument  digne  de  ses  mérites,    La 

Franche-Comté  n'avait  qu'un  sculpteur,  Luher;  ce  sculpteur  était 

de  Gray,  double  motif  pour  Tatlacher  a  ses  plana  et  le  charger  de 

leur  réussite.  Elever  comme  à  Urou,  dans  la  chapelle  desOorrcvod, 

dont  la  chapelle  des  \Iarmier  à  Gray  reproduisait  exactement  la 

disposition  :  fenôtre  ouvrant  au   midi,  antel  tourné  vers  Touest  * 

avec  porte  latérale  conduisant  derrière  le  chevet  et  jour  prati<|ué 

sur  le  sanctuaire,  un  relablo  monumental  derrière  Taulfïl;  placer 

du  coté  opposé  k  Tautet  un  tombeau  dont  le  massif  serait^  sur  deu.^ 

faces  visibles,  décoré  déniches  et  de  pleureuses,  et  dont  la  table  dt^ 

mai  bre  porterait  les  statues  gisantes  d*Hugues  Marmier  el  de  ses 

deui  femmes,  sculptées  en  albâtre,  1elli>  fut  la  donnée  primitive. 

Claude  Lu  lier  la  réalisa,  en  donnant  au  président  sou  costume  de 

palais,  la  robe  doublée  d'hermine,  aui  deux  femmes  le  costume 

des  yrandes  dames  de  la  cour,  et  on  ajoutant,  curieux  rapproche- 
ment avec  ses  modèles,  entre  le  président  et  sa  première  femme 
Louîsiï  Gautbiot,  un  enfant  de  deui  ans,  agenouillé,  seul  fruit  de 
ce  premier  mariage,  tandis  que  du  second,  contracté  à  soixante- 
div  ans,  le  robuste  vieillard  avait  eu  sept  enfants,  tous  en  vie  quand 
il  mourut.  Par  le  dessin  inédit  décrit  pour  la  première  fois  dans 
celle  étude,  on  peut  juger  de  la  façon  dont  le  sculpteur  graylois 
s'acquitta  de  sa  ttiche,  soit  en  modelant  les  principales  figures, 
stiit  en  taillant  les  douze  statue  lies  qui  décorent  les  niches  du 

soubassement.  A  la  tète  du  tombeau,  un   bas-relief  encastré  dans  g 

le  mur  montrait  deui  petils  ^frnies,  de  belle  allure,  soutenant 
d'un  bras  à  gaucbe  Técu  des  Alaruiicr  :  une  marmotte,  el  le  geai 
couronné  des  Gautbiot,  à  droite  Técu  des  Alarmier  et  celui  des 
l'ûligny  :  un  cbe^ron,  coupé  d*ao  échiqueté  (Frontenay),  tandis 
que  leur  autre  bras  élevait  bien  haut  la  toque  du  président  du 
parlement  de  Dùle,  du  représentant  le  plus  élevé  de  TEmpereur 

n  son  comté  de  Bourgogne,  La  tête  des  irois  gisants,  comme  à 

ïourg»  repose  sur  des  oreillers;  aux   pieds  des  deux  femuics,  uu 

bien    et   un   lévrier   étendus   rappellent    leur    fidélité;   aucune 

!gende.  En  regard  du  tombeau,  Fuutel;  derrière  Taulel,  le  retable; 


" 


266  CONRAD    MBYT    ET   LES    SCULPTEURS    DE    bttOU- 

un  socle,  un  panneau  central  compris  entre  deux  colonnes  moitié 
cannelées,  moitié  en  forme  de  balustre  à  panses  arrondies,  déco- 
rées de  têtes  de  chimères;  au  chapiteau  composite,  une  architrave 
soutenue  de  cinq  consoles,  une  frise  et  une  corniche.  Le  milieu 
du  tableau  est  occupé  par  une  niche  avec  pilastres  et  cintre  dont 
le  cul-de-four  est  orné  d'une  coquille.  Une  Vierge  de  douleur, 
grandeur  nature,  s'y  tient  debout,  contemplant  les  yeux  baissés, 
les  mains  jointes  et  tombantes,  drapée  dans  les  longs  plis  d'un 
voile,  son  divin  fils  étendu  mort  à  ses  pieds.  Celui-ci,  rigide,  est 
couché  sur  nn  suaire;  à  sa  tète,  à  ses  pieds,  a^^is  sur  le  rac,  deux 
petits  génies  ou  anges  sans  ailes  sont  assis,  tenant  Vun  lu  boule  du 
monde,  l'autre  une  tête  de  mort,  tandis  que  leur  secontl  bras  sou- 
tient Tovale  de  leur  visage'.  Aux  côtés  de  Tautel,  deux  niches 
égales  à  celle  du  retable,  cantonnées  chacune  de  deux  pilastres 
cannelés,  avec  entablement  et  soubassement  tj^s  deiolnppé.  Dans 
la  niche  de  gauche,  un  personnage  en  robe  de  magistrat,  carac- 
térisé par  un  écu  aux  armes  de  Marmier,  blasonné  an  bas  de  rèdî<- 
cule.  Dans  la  niche  de  droite,  une  femme,  avec  convre-chef  en 
forme  de  voile,  robe  à  longues  manches,  un  rosaire  dans  les 
mains.  Une  longue  inscription  placée  dans  un  cnrlouche  au-densus 
d'une  porte  voisine  nous  révèle  le  nom  des  deux  personnages  : 
Jean  Marmier,  président  du  Luxembourg,  et  Simonne  de  Falle- 
tans,  sa  femme,  morte  à  Gray  le  11  juillet  J505.  Ses  armoiries  r 
une  aigle  éployée,  sont  d'ailleurs  sculptées  aux  pieds  de  cette  der^ 
nière.  Une  claire-voie  ajourée  de  sculptures  i^ur  boîs^  permettant 
de  suivre  la  messe  célébrée  au  maître-autel  de  Téglise.  une  grille 
en  fer  forgé  donnant  accès  à  la  chapelle  du  c6lc  du  transept,  enfin 
une  verrière  aux  armes  de  Marmier  écartelées  de  celles  d'Empire, 
ainsi  qu'en  usaient  tous  les  hauts  fonctionnaires  de  Chartes-Quint, 
complétaient  le  décor  dé  la  chapelle,  auquel  vinrent  s'ajouter,  an 
fur  et  à  mesure  de  nouveaux  décès,  de  nouvelles  tombes  des 
descendants  d'Hugues  Marmier,  de  nouvelles  statues,  des  bas- 
reliefs,  des  inscriptions,  des  armoiries  et  des  supports.  Mais 
du  tombeau,  le  morceau  principal  de  notre  premier  sculpteur  de 
la  Renaissance,  les  moindres  vestiges  ont  disparu,  bas-reliers, 
figures  de  Jean  Marmier  et  de  Simonne  de  Fallelans,  Vierge  des 

*  Voir,  ci-contre,  planche  XI. 


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COI^R^ID    AÎEYT    ET    LE!t    KCLLPTEtnS    DE    BAOU.  $31 

douleurs;  loul  s^est  cfTondrc  dans  un  irreiiiétlialïlr  clé^fi«t1r(^  ^  Seul 
le  Christ  au  tombeau,  resté  intact  avec  s4>h  deu^  au  «{es,  survit, 
transporté  dans  la  première  chapelle  du  collatéral  yauche,  landis 
que  l'ancienne  chapelle  des  Marmiec,  devenue  la  chapelle  de 
Notre-Dame  de  Montaigu,  n'a  pas  consert»''  le  moindre  souvenir  de 
se*  fondateurs.  Le  faire  de  ce  Christ,  Tei pression  de  ses  traits^ 
le  iTiodefé  de  ses  membres,  la  physionomie  des  deux  anges,  iden- 
tique à  celle  des  deux  anyes  qui  portent  à  THùti^l  de  ville  de 
DôIe  la  detise  de  Charlea-Quiut  :  plus  ovltre,  à  rtdie  des  deux 
anffes  qui  portaient  dans  l'abbatiale  de  Wont-Saïute-Marrc  les 
instruments  de  la  Passion,  ne  laissent  aucun  doute  sur  Tattrihution 
de  Tceuvrc  totale  à  Claude  Lulier,  le  prince  des  sriilpteurscomtois* 
Lue  dernière  preuve ^  tirée  cette  l'ois  d'un  dorument  ^încore  inédit^ 
esl  la  suivante.  Le  22  àiril  15HK,  F'aule  de  Pontailtier,  veuve  de 
Jéati  Marniier,  gentilhomme  de  la  bouclie  du  Hoi,  f|ui  venait  de 
mourir  dans  les  ronctiûns  de  yonverueur  deGiay,  voulu!  Ini  élever, 
dans  la  chapelle  de  sa  famille,  un  tombeau  décoré  de  deux  statues 
a[[enouilIées,  d*allmtre,  la  sienne  et  celle  de  son  mari .  (Claude  Lulier 
était  inort  depuis  une  dizaine  d'années,  ce  fut  son  fils  Guiltaume 
Lulier^  héritier  de  sou  talent,  alors  bourgeois  de  Dùle,  qu'elle  fit 
veoîr  et  qu'elle  chargea  de  cette  commande  \  fidèle  à  la  mémoire 
du  vieux  sculpteur  qui  avait  cru  rendre  immortels  eu  les  imprimant 
dans  le  marbre  île  nos  montagnes  les  traits  de  ses  devanciers. 

Malgré  des  destructions  déplorables,  documents  d'archives  et 
matèriauji  d'art  qui  s'éclairent  mutuellement,  subsistent  assez 
nombreux,  nous  croyons  l'avoir  prouvé  dans  cette  thèse,  pour 
détiiontrcr  d'une  façon  palpable  que  c'est  aux  sculpteurs  de  Brou 
et  à  leurs  créations  exquises,  soit  sur  les  confins,  soit  dans  le  cœur 
de  la  provinrcp  que  la  Franche-Comté  a  dû^  au  seizième  siècle, 
Hujtiative  de  ses  premiers  sculpteurs. 

Jules  Galthiër, 

Arclijvisle rlii  tlauL^.romm Ui^AÎre de  J« Sot^Ji^té 
fruac-comtoiii.^  des  Jicaiiit-Artj,  membre 
noD  résidant  du  Coniïtû  de»  Socif-tê^  dt^A 
Beam-Arlsdesd^pArtemenls,âfit*âivrirnii. 

r  iCous  avons  découvert  tes  dossio»,  ab^duiKieut  inccinaui,  dans  tes  arcEiivesd'iifi 
vieil  Ami,  U.  le  duc  de  Marmier. 
*  Arch,  de  AL  U  duc  de  Alarmier, 


268  COÎVn.^n    MEVT    ET    LES    SClJLPTEUKS    DE    DïlOtJ* 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES 

I.  —  Description  d'un  retable  en  bois  sculpté  offert  par  Antoine  dt 
Mùntcutj  abbé  de  Sainte  Vincent  de  Besancon j  amônîer  de  Marguerîte 
d'Autriche,  pour  décorer  le  înuitre  autel  de  son  abbaye.  —  1524. 

Domiaus  Antoiiius  fie  Mantecuto,  primus  commendatarius,  fieri  curavit 
antiquaai  tabulam  majoris  altarîs,  in  cujus  medio  po^iLa  est  statua  devoLa 
Ucet  li^nea  Saiicti  VincPiitii.  Hinc  et  Inde  cjualuor  gtatus  eju^  inurtyrii  in 
sculptura  représentât!  et  supra  liasîm  quae  sequiintur  scrîpla  sunE  : 

AO  LIVDEU  DEI  PRESENTE  y  TABVLAU  FiEHl  FEClT  R*^**   }% 

CBHIâTO  PATER  KT  DOUtWS  .ANTOSJIV»  DK  MOATECVTO  COV- 

MEVI>.ÎTAHI\  S  PEfiPETVVS  HIEVS  MOÏASTERIi  S.    UIXCENTU 

KLEEMOSINABll  S  ET  CONFESSOB  ILLVSTHiSSIll*  PRlNCi- 

p  i  ssj€  do  m  1 X  €  M  \  nn  \  r  i  t.ï  co.m  it  isa«  bv  ne  ^motm  a  xx  Q 

DKI,   1524. 

ïp^e  aedîficnvit  exrelsam  turrim  campanitem  laptdibiia  quadrîs  haben- 

tem  c^ntuui  pedes  altitudinî^i  et  super  eam  ercvit  âagittam  seu  acum  fprro 
albo  tectimi,  cjusdem  iikitudiais  centum  peduin,  et  in  turri  majus  t^mpa- 
num  fierî  fecit  in  pondère  quinqiie  millmm  lihrarum.  PraeTuil  ab 
anno  1520  et  obiit  1532. 

(Fonds  Saint- Vincent,  (Titre*  génëraui  )  4T(rhir«iiii  Doub».) 

IL  —  Codicille  de  l*ahhè  Antoine  de  Montcut  réglant  diverses  fondations 

et  cértlmonifs  qui  se  devront  faire  après  sa  mari  en  son  abbaye  de 
Saint' Vinrent  et  ordonnant  entre  autres  choses  de  Ira  fis  porter  sur 
t  autel  de  la  chapelle  hàtie  par  lui,  dans  r  église  abbatiale  j  la  Pie  ta  de 
marbre  commandée  par  lui  à  Conrad  Meyt  et  de  remplacer  les  viirau3^ 
iléjà  posés  par  d'autres  verrières  représentant  rAnnonciation  et  la  Visite 
à  sainte  Elisabeth^  avec  son  port  rail  agenouillé,  —  Brou,  2ùjain  1532. 

X'overint  universi  et  sintjuli  présentes  inspecturi  quod  ej^o  Ayrao  Mar- 
ti net^  de  Sancto  Mavhiiino,  Tharentastensiâ  diocesis,  âuctoritatibus  apost(>- 
[ica,  impérial]  et  illustrisiiiini  principis  et  doniini  nostrt  doniint  Sabau- 
die,  etc.,  notarius  pubiicus,  recepi  de  anno  Dommi  millesimo  quingenle- 
simo  tri^esjmo  secundo,  indictione  quînla  et  die  vigesima  niensis  junii,  b 
secunda  post  nieridiem  seu  circa,  quemdRni  codiciUiLm  teâtamentî  eor 
per  révérend una  dorainum  Anloîiium  de  Monteculo,  abbatem  seu  ce 


i 


C0\R.1D    yEVT    ET    LES    SCULPTKIHS    DE    BBOU.  209 

nifn^l&tarium  perpeluum  altbniie  Sancti  Vincentii,  rn  quo  quîdem  codicillo 
inler  étalera  coiilinenlur  cInu-^uU  subscrîple.  rrinio  quod  prefâtus  rêve- 
T«nduf  dominuâ  abbas,  addendo  d\cio  testaniento  et  atteri  ti>dicîJlo 
jam  ïmtea  dieni  predictam  facta,  intra  lanieri  iilorum  deroijalionem  lU'rum 
codicillando  presenUbua  vtill  et  ordinat  quod  post  \\ts'\us  rp^ereodi  domïnï 
^odïciHanlis  ab  bumanis  deeessum,  videlic€t  quampriitiuEii  ad  notiliam 
fenerabllium  damiaorum  reltgio^ioruiu  dkte  abbalie  sive  ecelesi^  Sancll 
Vi  Dteii  tii  Bis  u  n  ti  n  l  de ve  n  e  r  i  t ,  c  e  le  b  re  n  t  u  r  p«^  r  i  p  s  o  >$  do  m  i  no  s  rel  i  g  i  oso^  très 
magne  misse  primo  de  oflicio  Sancli  Spiritus,  alia  de  officia  Beale  Marie 
lîrginis  el  reliijua  de  ofQcio  defuncloruin,  necnon  centum  aile  misse 
i^oce  submissaf  tam  ipso  dit  qiio  dicté  magne  misse  celebrabunlur  quam 
alii.i  proiime  sequentibus,  usque  ad  dirtum  ikumerum  ceiituni  tnîâsaruni. 
cuin  etiam  decantalione  vigUiarum  mortuorum  ad  novem  ïecliones  al  ta 
voce,  eo  die  quo  dicte  magne  misse  eefebrabuntur.  Et  ipsis  domiaiA  reti- 
gbsis  dait  et  soivi  per  ejus  lesta menii  eiequu tores  pro  qyalibet  magna 
mÏAAii  ditodecrm  solidos  turonenses  et  pro  tjualibet  par  va  seu  que  submi^-^a 
vttce  celebrabitiir  duos  ^olidos  turoirottse»,  el  pro  dictts  vigiïiis  cuîlibei 
astanlr  in  eradem  quatuor  albos  turonenses. 

Item  vuli  et  ordinat  quod  dicta  diL%  qua  dicte  magne  misse  cetebrabim* 
tur,  coûvocenturiu  dicta  rccle^ia  Sancli  Vinceiitii  omnes  pracessiones  civi- 
tiiLis  Bisontine  controcari  solile  et  dur!  et  soK  i  c-apilulis  sunclorum  Jobannis 
et  Stepbani  centum  solidos  tiironenses,  et  reliquîs  eommunitatibus  sive 
capital  ts  aut  colJegiis  etiiltbet  viginti  solidos  turoneust?^  capilulo  Ben  le  Marie 
Magdalenes  quinquaginta  sotidos  turonenTieâ.  Item  luminare  ?^  un  m,  die  qua 
dicte  magne  misse  celebrabuntur  in  dicta  ecclesiii  Sancli  Vinrenlii  esse  lull 
et  ordinat  idem  dominus  codiciLlan^  de  duodecim  lacibus  eereis  p^jnderis 
duarum  Jibrarum  pro  qualibet  necnon  de  ses  eereis  pure  quolibel  pondé- 
rante unamiibram.  llcmdat  et  lejjatacjurelegati  relinquitduodecimCbrisli 
pauperîbus,  dictait  duodecim  faces  deferenlihu:^,  dicla  die  qua  die  Le  magne 
misâe  celebrabuniur,  cuilibei  eorumdeui  unam  vestem  panni  nigri,  valorîs 
quatuor  francborum  pro  qualibet.  Item  vuJt  et  ordinal  ipsc  dominus  codi- 
ci  flans  quod,  sotulis  primo  et  adtmpletis  omnibas  biis  leyalis  ijuprà  el  anlea 
îndiebus  ullîmo  suo  testamenLo  et  codieillu  facti:;  el  ordinalis,  perîe(-lr>que 
clmbailatorio  dicte  eccLeste  Sancli  Vincentii,  quod,  de  pecuniis  et  rébus  suis 
suprameniLonatis  non  legatis   et  re^lantibns  seu  que  supereîunt,  capella 
per   euui   reirerendum   dominum  codicillanlem   conslrucUi  et  fundala  in 
dicta  ecclesia  Sancti  Vincenlil  seu  constral  incboata  perfinatur,  videlict^t 
quod  vitrine  que  sunt  apposite  in  eadeui  tollantur  et  amoveiHitur  a  loco  in 
s  uni  po^ite  ei  reponanlur  in  fenestris  superioribus  ilirli  cimballatorii 
s  magis  opportunis  el  decenlibus;  et  loco  eniunidenï  iitritjanim  niiM- 
^«"■"um  Fult  et  ordinat  idem  reverendua  dsmiinLis  cudîcSIÏanâ  qand  liant 


270  CONRAD    MEYT    ET    LES    SCULPTE  U  ftS    DE    BROt/- 

alie  vitrine  ditiores  et  pulchriores  seu  magis  décore  que  apponantur  iei 
dicto  loco  a  quo  predicte  amote  fuerunt.  Et  quod  m  altéra  eartimdeni 
depingatur  imago  Annunciationis  Béate  Marie  Vir^^iniâ  et  In  alia  imaj^o 
Visitationis  sancte  Helisabeth,  cum  suis  taberoacuHfi  coiïgruis  et  dcceo- 
tibus,  quodque  in  carumdem  vilrinarum  altéra  cum  prcdiclis  îmagioibus 
et  tabernacults  depingatur  ipse  dominus  codicillans,  ûexïs  genibus.  Item 
vuU  et  ordinat  idem  reverendus  dominus  codicUlnns  quod  dicte  vilnne 
claudantur  ab  exleriori   parte  pro  illarum  con^ertratione,  uno    tritlerio 
composito  filio  cupri  quod  vulgari  idiomate  dicitur  Jille  d'archait.  lt£oi 
vuit  et  ordinat  idem  dominus  codicillans  quod  de  dictis  pecunils  rcâtan- 
ibus  prout  supra,  imago  Beale  Marie  Virginis  dé  Pietale  per  eum  tieri 
ordinata  magistro  Conrardo  Meits  de  lapide  marmorco  conducutur  ad 
dictam  capellam  et  reponatur  supra  altare  ipaîus.  Item  vuh  et  ordinat 
quod  in  dicta  capella  de  premissis  rébus  et'pecuniîs  re^tantibu^»  Gaiiiiii 
circuitu  partis  interioris  scanna  que  vulgo  appellantur  archehanc.  Iieiu 
vult  et  ordinat   ipse    dominus   codicillans   quod    de   dicLis    pecLinm  et 
rébus  ut  supra   restantibus   dicti   exequutores    seu   ip^orum  aller  fi^ri 
et  construi  faciant  sive  faciat  in  parte  anteriori   dicte  cappeliurtie   suuui 
trillerium  ferri  ad  claudendam  ipsam  capeilaniam   arriDrjendum  ^upp^ 
uno  abbassamento  lapidem  tallie  altitudinis  trium  pedum  hoininï^  con- 
dendo,  scilicetad  instar  trillerii  capelle  in  dicta  eclesia  fundate,  ut  asse- 
ritur,  per  quemdam  référendum  dominumHugoncm  de /^gicuria,  abbalem 
dicte  abbalie  Sancti  Vincentii.  Item  vult  et  ordinut  idem  dominus  cndt- 
cillans  quod  dicti  exequutores  eandem  capellaniaoi  consecrare  faciant  et 
quod  archa  seu  coffrum  in  eadem  capellania  cum  calice  argenleo,  bidrik 
et  aliis  ornamentis  dicte  capelianie,  que  ipse  révérend  us  dontinus  codi- 
cillans jam  in  eadem  reponi  fecit,  remaneant  perpetuo  in  eadem  cctpH- 
lania  ad  illius  usum.  De  quibus  premissis  et  aliis  m  dicta  codicille  coa* 
tenlis  prefatus  reverendus  dominus  codicillans  petiita  me  supra  nominato 
et  subsignato  notario  publicum  inslrumentum  et  lot  quoi  erunl  necessariit 
ad  opus  quorum  intererit  quod  et  que  eidem  concessi  cjl  uno  iiicumbeuli 
tabellionatus  seu  notariatus  officio.  Datum  et  actum  Burgi  m  dorno  cène- 
randi  domini  Nicolai  de  Ponte,  canonici  ecclesie  calbedralis  Béate  Marie 
Burgensis,  ibidem  presentibus  nobili  Johanne  Vyonet  et  Claudio  ejtjs  filio, 
Monelo  Gharbonerii,  Lavalionerio,  civibus  Burgi,  lest! bus  astantibus  et 
rogatis. 

Et  me  jamdicto  et  subsignato  notario,  qui  clans ulas  supra  scriptas  a 
predicto  codicillo  per  me  die  vigesima  mensis  junii  recepto  licet  manu 
alterius  notarii  vice  mea  scriptas  ad  opus  venerabiliurn  dominorum  i 
giosorum  abbatie  Sancti  Vincentii  Bisuntini,  poi>cente  reverendo  don 
Johanne  de  La  Jonchiëre,  priore  Bonevallis,  pro  predîctis  religionts  if 


COKiRiD    \iK\T    KT    LES    SCULPTEHIS    DE    BBOU, 


2:1 


alibaiië  Sancli  Vincentii  Jevarl   el    espedlri  sub  signato    meo    oiaauaU 
Signalum  :  U^nTtyrr,  avec  parafe. 


IIL  —  fnstrucfhns  tîantj^is  par  PhlUberie  de  Laxembour^  à  tet  servie 
kurs  Analolt  Came  fin  ci  Odot  Hoy^  je  rendant  à  \apUs  (en  traver* 
sanl  toute  Vlialie)  pour  remplir  diventi  mmmis  et  ne  procurer  "  en 
dtuln  lêyer  n  h  portrait  des  plm  belles  sépultures  de  la  Pén insuie, 
pour  Jacilittr  i' érection  du  tombeau  de  Philibert  de  Chalon,  son  fih, 
—  Lcm-U- Saunier^  31  décembre  lo^iO. 

^  Mémoire  à  Anathoile  Cameliji  et  Odot  Roy  lic  ce  que  Madame  leur  a 
ordonné  ti^nt  suyvant  le  contenu  ou  aullrei  m^traetions  des  atïûire»  d« 
X'aples  où  ri  le  les  emioye  que  en  aiiltre  eÉ  adjousiant  k  kdles^  fait  le  der- 
nier de  décembre  ù  Loriâ  le  Siiulnier. 

Premterâ,  que,  après  a\oir  ou  y  les  3ri*]rîeurs  cardinal -secrétaire,  geni 
de  la  Régye  court  et  aultres  ^1  cuj  ilz  :>ont  adres^^r;,  sur  le  fait  de  leur 
charge  et  depescber  des  affaires  de  niad.  dame^  il*  pourront  congnoislre 
i\\  sera  beâoin;^  pour  leur  meilleur  et  plus  brïefve  depe^icbe  et  mes  mes 
poar  avoir  arjjcnl  content  de  faire  prissent  aui  desssusdicls  ou  a  aylcuns 
d'eux,  auquel  cas  qu'il  semble  eslre  nécessaire  ils  le  feront  selon  leur  dis* 
créiion  et  les  qualités  el  services  de»  personnaiges  et  par  cspecial  afin 
d'avojr  plus  d'argent  content, 

Slfjné  :  Li  XEMBOtBc.  n 

[\  celle  pièce  sur  mt^me  papier  et  comme  annexe,  de  l'écriture  pro- 
bable de  Pbibberle  de  LuxemhoiïCj]  et  non  plus  de  son  secrétaire,  est  joint 
le  billet  suivant  :} 

a  i\r*^jnoire  de  recouvrer  et  appourtcr  ù  Madame  psir  AnathoileCameliu  el 
Odot  Roy,  ses  serviteurs  qui  ^oixi  à  Xaple^  ce  (fue  s'ensoyt. 

Premièrement  n'oublieront  de  recouvrer  de  la  (inné  matière  el  en  prie- 
ront le  secrêlaîre  Martirano, 

Item  à  Milan,  à  Rome  ou  ail  leurs  que  mieuk  faire  se  pourra  recouvre* 
ronl  des  pierreries  de  busse  valeur  et  de  diverses  couleurs  et  des  plus 
apparentes  pour  rêves  tir  rdi  quia  ires  comniun;]^^. 

*'  iui  verront  les  sépultures  plus  belles  quHlz  pourront  entendre  et  de  ce 
U  trouveront  exquis  appourleront  en  pourtraîcl  létjier,  « 
jiioal,  papitj.  Fond*  CtniloB*  E  J301  (cote  -U  10).  Arctjïïei  du  Doub*.) 


â7i  COXAAD    UKVT    ET    LES    iîCULFTEIJHS    DE    flROL. 


IV'.  —  Marché  passé  mire  Philiberte  dp  Luxembourg ^^  Conrad  Mti/t, 
sculplmr  Jlamand,  H  Jean-Baptisie  Mariotto^ sculpteur  florentin, pour 
t exécution  du  tombeau  de  Philibert  de  Chalon,  prince  d'Orange, 
dam  l'église  des  cordeiiers  de  Lons^k-Saunier .  ~~  Lom-le-Saumcr^ 
tZ  janvier  I53I. 

A  lou5  presena  et  avenir  appariase  évidemment  et  soît  chose  notoire  et 
nmnt féale,  que  en  la  présence  et  par  devant  Jean  Pariset,  de  Loni^le- 
Saunier,  clerc,  notaire,  juré  el  condjuteur  des  cours  et  tabellionnéi  du 
Uaiîliaïîe  d'Aval  ou  comté  de  Bourgoîngne  et  dt'  la  cour  de  rOfficiaîité  df 
Besançon  et  des  témoins  aval  nommés,  personnellemeiU  elablye  haidle 
très  noble  et  puissante  dame  madame  Philiberte  de  Luxeml^oiirg,  prin- 
cesse d'Oranges,  conilesse  de  Charny  dame  dudit  Lons-l4?-Sannîer,  Hc, 
d*nne  part,  et  maislres  Gonra  \fait,  flamand^  et  Jean  Baptiste  ditMari^iut, 
florin LÏD  tailleurs  et  i majeurs  d'autre  part,  lesquelles  parties  bien  adfl^ee^ 
en  leurs  faits,  de  leurs  bonnes  volontés  et  pour  ce  que  ainsi  leurs  \\  plru 
et  plait»  pour  elles  leurs  hoirs  et  successeurs,  ont  fai?:,  contenu  et  accorda» 
et  par  cettes  font,  conviennent  cl  accordent  les  marchefs  cy  après  déclarés 
ainsi  que  s'ensuit,  mêmes  tceui  maistrcs  Goura  et  Jean-Daptiate  de  faire 
et  pnrfuire  et  rendre  fais  et  parfais  :  asçavoir  led.  M'  Jean  Baptiste  toute 
la  massonnerie  et  led,  maistre  Gonra  toute  T imagerie  portraiture  persou- 
nages  [  J  et  autres  quels  qu'ils  soient  des  ouvrages  de  h» 

sépulture  que  niad.  Dame  veut  et  entends  estre  faite  au  cbœur  de  l'église 
du  courent  des  frères  mineurs  dud.  Lons,  le  tout  cy  après  divisé  et 
déclarés. 

Premièfement  de  commencer  et  faire  ladite  sépulture  de  pierres  d'aile* 
baslre  contre  et  ou  déans  de  la  muraille  d'entre  led,  chteur  de  lad.  é^lUe 
et  la  sacristie  d'icelle,  pourquoy  faire  sera  enfoncé  déans  lad.  muraille 
d'environ  deux  pieds  ou  plus  selon  qu'il  sera  nécessaire  et  a  ri  se  pour  le 
bien  de  la  chose;  et  sera  de  la  largeur  et  grandeur  dès  le  bout  des  formes 
et  sièges  étans  oudit  chceur  de  ladite  église,  jusqu'à  la  fenestre  et  ver^i^^c 
étant  emprès  le  bout  du  grand  autel  du  costé  de  lad.  sacristie,  et  de  la  b^ul- 
tcur  àouffîsante  et  qu'il  sera  uêcessaire  pour  pourtionner  et  consonnant  à 
lad,  largeur  pour  la  beauté  et  perfection  desd.  ouvraîges  et  sépulture. 

Sera  tenu  et  promet  led.  Jean  Baptiste  de  faire  un  gros  et  grand  |ù1ier 
de  ladite  pierre  d'ail ebastre  au  lon«j  et  du  côté  desdits  sièges  et  formes 
que  sera  bien  fnit  de  bonne  apparence,  enricby  et  revestu  d'ouvrages  fais 
d'auticailJes,  feuillage  et  de  bonne  massonnene  et  le  plus  beau  qae  F 
se  pourra,  lequel  piller  sera  de  la  hauteur  de  lad,  sépulture  et  fera  ri 
pied  droit  devers  lesd.  sièges.  Et  au  pied  d'îcetuy  sera  faite  une  j>o-' 


CO\R.*D    \IEVT    ET    LES    SCULPTE  LHS    DE    HROtJ. 


HZ 


la  grandeur  ei  [argeur  nécessaire,  au  lieu  de  celle  y  étant  de  présent 
eutranl  aiid.  rouirent,  que  Hera  bîrn  faites  revesLue  el  «garnie,  ensemble 
led.  piJIîer,  le  loul  d*ouvra<^{>s  ta\&  d*anLicaj|[e!t,  molurei  petites  et  cjroâses 
molures,  biUels  et  feuillages  et  autres,  et  le  plus  riche  que  f^tre  se 
pourra.  Et  dessus  ladite  porte,  en  montant  contre  mont,  seront  faites  deux 
places  et  sièges  esquclles  deu^t  places  et  sièges  ledit  mnistre  Gonra  fert 
mettre  et  asserrn  :  a  scavoir  Jiu  bas  i*îmage  de  Tune  di's  quatre  Vertujs,  et 
en  la  place  dessus  une  autre  y  mage  et  portraiture  telle  quVIfe  luy  sera 
ordonné  de  par  mad,  damei  icelies  images  et  portraitures  faites  de  bonnes 
ft  &oufïlsantes  grandeurs  et  proportionnées  seloii  Tout  rage  et  Je  mieux 
faites  et  auprès  du  vif  que  faire  se  pourra. 

hem.  dud.  cÔtê  fera  led.  maistre  Jean  Baptiste  un  autre  beau  et  ,qrand 
piltier  cjue  sera  bien  fait  et  enrichy  desd.  ouiraiges  fait^  d'anticaiilps,  e\c.^ 
comme  dessus,  déans  lequel,  ou  bas  d'icoluy  pillieri  ^era  laissée  une 
place  dedans  Eaquelle  sera  faite  et  mue  par  led.  maistre  Gonra  la  portrai- 
ture de  mad.  dame  h  genoux  et  les  mains  jointes,  ijuc  s^ra  de  sa  gran- 
deur et  bien  fuite  au  plu.^  prës  du  iif  que  faire  se  pourra;  et  au  jned 
d'iceMe  sera  fait  le  blason  de  ses  armes  avec  telles  épitaphes  et  dictiers 
grands  et  gravés  qu'il  luy  plaira  ordonner  y  estre  mis. 

Item  dessus  lad,  portrailture,  en  cinq  autrcB  places  qui  y  seront  laissées 
propres  par  led*  malstre  lean  Baptistes^  led.  maistre  (loora  sera  tenu  et 
promet  faire  mettre  et  asseoir  les  j^rtraiturea,  a  scavoir  de  Tune  des 
quatre  Vertus  ou  millieu  dud.  pillier,  que  sera  plus  apparente  et  élevée 
que  les  autres  personnages  iceux  quatre  autres  représentations  quatre  des 
neuf  Freux  que  seront  mis  eu  dessus  et  seront  fais  de  telle  grandeur  et 
grosseur  qu'il  appartient  et  emprés  le  vif,  et  enricbis  et  rev'e±;tus  d'ou- 
vrages comm'ît  appartient. 

Toutes  lesquelles  portraitures  auront  et  tiendront  les  epitapbes,  escus 
et  blasoDS  tels  qu'il  seront  ordonnés  et  avisés;  et  seront  lesd,  épitapbea 
aussi  gradés  et  dorés  de  fm  or. 

hem  fera  et  promet  led.  maitre  Jean  Baptiste  de  faire  un  arc  en  volte 

triomphant,  joignant  aud.  pilUer,  en  forme  et  façon  de  cbappelle,  la  plus 

belle    et    enrichie   que  faire  se    pourra,  tant   d' ouvrai ges  d'anticnilles, 

médailles,  feuillages,  frises,  que  autres,  dèans  laquelle  led.  maistre  Gonra 

fera  mettre  et  assera  la  portraiture  de  feu  monseigneur  (que  Dieu  absoille) 

à  genouix,  bien  fait  et  emprès  du  vif  et  habillô  en  babit  ducal,  tecouronnel 

sur  sa  leste,  le  coller  de  la  Toiâon  au  col,  de  telle  haulseur  et  grairdeur 

que  faire  se  pourra  et  devra;  devant  lequel  et  dèans  UA.  cbappelle  il  fera 

i  r image  de  Nôtre  Dame  de  Lorelte,  droilcmeni  à  T aspect  et  regard 

,^  feu  seigneur;  lad.  image  de  \6tre  l>ame  faite,  élevée  et  soutenue  par 

-«^it  et  sur  nues  ainsi  qu'il  appartient. 

18 


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21A 


CONRAD    MEYT    ET    LES    SCULPTEURiî    DE    BROl\ 


Item  oudéansdod.  arc  et  chappelle,derrier  lad.  porLraittur(>dud.  Seigneur, 
ledit  maistre  Gonra  fera  une  portraiture  représentant  Bonne  Rfaotnméc 
que  sera  bien  faite  et  taillée  de  bonne  hauteur  et  grande,  bien  enrichie,  fit 
au  plus  prés  du  vif  que  faire  se  pourra;  et  tiendra  en  Tune  de  âes  mainâ 
une  palme  et  de  Tautré  main  présentera  led.  feu  seigneur,  lequel  person- 
naige  représentant  Bonne  Renommée  sera  revestu  de  deux  antres  bien  (m, 
comm'  il  est  es  portraits,  et  emprès  les  genoux  dudit  feu  seigneui-  S'^ra 
fait  et  mis  le  cbappeau  ducal  sur  un  oreillier  fait  à  damas;  et  sous  les 
genoux  d*iceluy  feu  seigneur  aura  un  autre  tel  orcitler,  le  tout  fait  le  plus 
richement  que  faire  se  pourra;  et  encore  emprèii;  lad.  porlraltture  dudtl 
feu  seigneur  sera  fait  un  lévrier  en  son  repos,  bien  fait  et  proportionné* 

Item  sous  léd.  arc  et  chappelle  sera  faite  par  led.  niaiatrc  Jean  Baptiste 
une  volte  et  concavité  revestue  par  devant  de  beaux  pilticrs,  le  toirt  bien 
faits  et  enrichis  d'anticaille  et  d*ouvrages  semblables  comme  dessus,  dèsns 
laquelle  sera  faite  par  led.  maistre  Gonra  la  portraiture  d'un  tranjij^y  et 
mort  d'environ  huit  jours,  le  tout  de  grandeur  soutfîâante,  nièine  led- 
transsy  comme  étoit  led.  feu  seigneur  et  le  mieux  que  faire  se  pourra. 

Item  fera  led.  maistre  Jean  Basptiste  sous  led.  transsy  les  marches  et 
degrés  tous  le  long  et  de  a  lentour  de  lad.  sépulture  de  telle  hauteur,  gran- 
deur, largeur  et  ouvrages  quMl  appartient,  pour  correspondre  et  ctm- 
sonner  au  surplus  desd.  ouvrages. 

Item  dessus  led.  arc  triomphant  et  chappelle  ou  sera  ladite  portraiture 
dud.  feu  seigneur  aura  et  sera  faite  une  belle  place,  de  la  largeur  d'icelle 
chappelle,  déans  laquelle  place  sera  faite  et  mise  par  ledit  maistre  Gonra 
une  portraitture  représentant  Palas  déesse  des  guerres,  que  sera  couchée 
et  armée  par  le  corps,  tenant  un  escu  et  une  lance  revestue  et  îmbellfe  de 
deux  anges  et  desd.  ouvrages  fais  d'^nticailles.  Et  seront  fais  et  mi^ 
emprès  d'elle  le  armet,  les  espérons,  une  chouette  et  les  autres  rhoies 
nécessaires  selon  qu'il  sera  avisé,  avec  aussi  les  épilaphes  et  dlctiers  que 
seront  divisées,  que  y  seront  gravées  et  dorées  de  fîn  or. 

Item  dessus  lad.  portraiture  de  lad.  déesse  aura  une  autre  place  bien 
laite,  en  laquelle  le  dit  M*  Gonra  fera  mettre  et  asseoir  le  neuvième  Preux, 
que  sera  bien  fait  et  le  toutgarny  et  revêtu  de  bon  ouvraiges  d^anticaille^* 
frises,  médailles,  anges  et  autres  choses,  menus  ouvrages  nécessaires,  et 
sera  led.  Preux  et  aussi  les  autres  Preux  arméj>,  vestus,  faîs«  parfais 
selon  leur  nature  et  emprès  les  vifs,  garnis  et  revestus  de  leurs  escui  et 
épitaphes  que  seront  avisés  et  ordonnés. 

Item  de  l'autre  costé  aevers  lad.  fenestre  et  verrière,  led.  \f*  Jeaa 
Baptiste  fera  un  autre  grand  pillier  à  deux  étages,  joignant  a  lad.  volt 
chappelle,  devers  le  premier  étage  duquel  pillier  et  nu  bas  d'iceluy,  ei 
led.  pillier  et  l'autre  prochain  sera  faite  et  laissée  une  belle  et  somptu' 


CONRAD    UËVT    ET    LKâ    SCULPTELHâ    DK    BROt.  S75 

place;  et  devers  îcelle  âern  nm  ¥i  éfcvè  b  repn^?ifiitaltoii  cl  portrailure  de 
fea  de  très  recommandée  mémoire  inan&iedr  messlre  Jefian  de  Chalon,  à 
aon  rivant  pntiee  d'Oranges,  mary  de  miiditc  daine,  que  âera  fait  par  led. 
maîlre  Gonra  el  habillée  en  prinoe,  l*t>rdr<?  do  France  au  cof,  avec  ses 
dielierïclépitaphes que  seront  <travé!^  teb  t\tM'th  seront  ordonnés  et  divisés; 
#1  lera  faite  une  înia^e  devani  lu  y  telle  que  m^id,  damn  ordonnera. 

Etern  au-dessus  du  second  éla^ji?  du  pilUer  seront  laites  et  laissées  par 
led.  Baptiste  cinq  places  bien  faites,  semblables  a  celle  du  second  pillier^ 
deTautre  des  rôtés  preraièremenl  cy  devant  metiiionnéesi  lesquelles  places 
feront  remplies  et  -garnies  de  quatre  Preux  et  de  Tune  dc^s  quatre  Vertus, 
que  feront  fait  par  led.  M*  Gonra  comme  \m  autres  cy  devant. 

Item  sera  fnit  par  led.  maislre  Baptiste  un  autre  ]^r«nd  pillier  à  la  reine 
an  bnr^  du  iavabo  et  de  lu  fenestre  de  kdile  verrière,  emprès  le  grand 
autel,  bien  fais  d'ouvra<{es  d^antieatlles,  'feuillages  et  frises  et  revestus 
comme  les  autres  ry  devant  mcntionnézi  de  diverses  !;orI«^s,  au  bas  duquel 
pjKîer  sera  fiiite  en  lad.  mu  mille  une  en«^raveure  eu  forme  de  cul  de 
lampe  et  arvolï,  pour  y  mettre  et  asseoir  les  s^^î]es  des  prestres,  diacre  et 
sons  diacre  et  le  dci^sus  selon  fa  forme  et  de  la  façon  du  premier  pillier 
c^deirant  mentionné.  ?X  le  dedanjf  sera  revestn  d'ouvrat^es  d*anticailles, 
imii;;es  et  autres  le  mieux  que  passiMe  sera. 

Item  au  dessus  de  tous  lesdils  ouvra;f;es  sera  fmt  un  <(rand  blason  des 
plaines  armes  de  mond.  feu  seigneur  le  Prince,  de  bonnr  grandeur,  pour 
eslre  bien  veu^  timbré,  couronné,  la  Toison  d'or  à  I  entour  et  autre, 
accoustré  ainsi  qu'il  appartient.  Et  encore  esd.  pilliera  et  au  dessus  ded. 
ouvrages  seront  fais  des  triomphes  et  diverti té^  d^'onvruges  d*anticnilles, 
médailles,  anges,  enfans,  imajjes,  besiions  et  personnages  en  grand 
nombre,  bien  faits,  pour  remplir  et  pour  rembellissemcnt  desd.  ouvrages 
et  sépultures  et  les  plus  beaux  et  ricbes  que  faire  se  pourra,  et  encore 
mieux  qae  ne  monstrent  lesd.  port  rai  U  sur  ce  fajls* 

Item  faire  une  porte  de  pierre  de  pays  pour  entrer  dès  le  dedans  de 
ratilre  porte  devant  mentionnée  en  lad.  sacrislie,  que  sera  bien  faite  et 
revestûe  de  taille. 

item  feront  de  pierres  d*allebaslre  le  lavabo  estant  emprès  et  servant  au 
grand  autel*  que  sera  bien  fait  taillé  d*anlicailles  et  menusées  pour  corres- 
pondre ausd.  ouvrages;  et  ^  seront  fais  le:^  be:^ttons  et  im^iges  nécessaires. 
'itena  sera  fait  un  eau  beneslje  que  sera  bien  fait  et  revestu,  taillé  de 
bons  et  ricbe»  ouvrages  comme  dessus  \  et  y  aura  un  ange  dessus  et  le  tout 
fait  le  mieux  que  faire  se  pourra  selon  lesdites  portraits  qui  sera  mis  ou  il 
avisé  pour  le  mieux;  et  feront  et  engraveront  lesd.  uuvriers  tous  les 
'-^rs  et  cpitaphes  que  leurs  seront  baillés  et  ordonnés,  et  iceux  dore- 
rl«>  lîo  or  fi  leurs  frais. 


216  CONRAD    MEYT    ET    LES    SCULJ'TEL'ftB    DE    BROU. 

•  Item  doreront  iceux  ouvriers  de  fin  or  k  leurâd.  frais,  chacun  en  ion 
endroit,  tous  led.  ouvrages  pour  les  lieux  el  circonstances  nécessaires  : 
ascavoir  led.  maître  Gonra  tous  lesd.  personnages  pourLraïtures,  imag^^, 
anges  et  aultres  qu'il  est  tenu  faire  comme  dit  e&l;  et  led.  maistre  Jeaa 
Baptiste  toute  lad.  massonnerie  qu'il  a  charge  et  ei^t  tenu  de  fairen,  comme 
devant  est  dit. 

Item  après  led  maistre  Jean  Baptiste  a  son  péril,  charge  ei  fortune  de 
enfoncer  dedans  lad.  muraille  et  faire  poser  et  bien  lier  le^d.  ouvrages  à 
la  seureté,  fellement  que  les  voltes  de  lad.  église  n^  lad.  sacristie  n'en 
soient  empirées  ni  endommagées. 

Item  seront  tenus  lesd.  ouvriers  de  faire  et  parfaire  outre  les  ouvrages 
cy  devant  déclarés  les  autres  ouvrages  que  n^y  sont  écrils  pour  la  perfection 
et  embellissement  de  lad.  sépulture  selon  les  deux  pourLrails  dud.  mtUre 
Jean  Baptiste,  laissés  es  mains'  de  mad.  Ftamc  et  au  mieux  que  leur  sera 
possible,  et  en  outre  de  faire  e(  parfaire  ce  que  leur  peut  e^re  dit,  divij^és  et 
ordonné  par  et  de  part  mad.  Dame  estre  fait  en  lad.  sépuhurc  pour  la  beauté 
et  perfection  d^icelle,  tant  d'imageries  que  massonnerie  que  pourroit  avoir 
été  obmis  de  déclarer  cy  dessus  et  esd.  pourlraïts.  Mad.  dame  Princesse  foi- 
niera  ausdits  ouvriers  la  place  etperrière  à  Saint-Loutbain  pour  tirer  led* 
allebastre  pour  faire  lesdites  sépulture  et  ouvrages^  avec  aussi  les  pierres  de 
marbre  noire  qu'elle  entend  estre  mises  en  icelle  sépultures  qu'elle  fera 
en  place,  crues,  à  ses  frais,  et  lesd.  ouvriers  feront  aussi  à  leurs  frais  U 
traite  et  charroy  de  lad.-  pierre  d'allebastre  et  toutes  autres  choses  néces- 
saires pour  la  perfection  desd.  ouvrages  ;  et  tireront  led.  allebaslre  sans 
faire  dommage  et  interrest  à  M.  l'abbé  de  fiaume,  auquel  appartient 
ladite  perrière,  ny  endommager  certain  conduit  y  étant  ;  et  porterunt  la  terre 
de  la  découverte  ou  l'on  a  accoutumé  de  la  mettre  et  estre  portée.  Lesquels 
sépulture  et  ouvrages  lesd.  maistres  Gonra  Maît  ei  Jean  Baptiste,  ei  chacun 
d'eux  en  son  endroit,  ont  promis  et  promettent  à  mad.  Dame  la  Princesse 
présente,  stipulant  et  acceptant  faire  parfaire  et  rendre  fart  ei  parfait, 
comme  ditest,  à  dits  d'ouvriers  connoissans  à  ce,  et  au  mieux  que  leur  sera 
possible,  dedans  deux  ans  prochainement  venans,  que  commencent  le 
premier  jour  du  prochain  mois  d'avril  et  seront  fînis  à  iel  jour,  et  ce 
moyennant  et  parmy  la  somme  de  dix  mil  frans  monnoye  courante  en 
Bourgoingne,  que  pour  ce  mad.  Dame  la  Princesse  a  promis  et  proiu€t  payer 
ou  faire  payer  et  délivrer  ausd.  Gonra  et  Baptiste  par  moitié,  que  pour 
chacun  d'eux  cinq  mil  frans,  que  leurs  seront  délivrés  à  scavolr  h  la  un 
d'un  chacun  mois  déz  qu'ils  commenceront  à  besongner  a  chacun  desd. 
ouvriers  deux  ceirs  frans  ou  plus  ou  moins  selon  qu'ils  besougnei 
auront  et  entretiendront  des  ouvriers. 

Prometlans  lesdites  parties  et  chacune  d'elles  endroil  soy,  etc., 


COAiKAD    MEVT    ET    LES    $»CT  LPTËUKS    DB    BROU.  ^11 

[êurs  sermens,  pour  ce  [>ar  chaeytie  d'elles  eorpareUeoient  tr>uchés  sur 
Sfiins  évaogiles  de  Dieu,  etc.,  a  seavoîr  led.  majLres  Gonra  et  Jean 
Baplisle  lesdils  ou^ra^eii  et  choses  devant  déclarées  faire,  purfarre  et 
accomplir,  comme  il  est  c\  devant  dit  et  dêcUrcs,  etc.,  et  lad.  riame 
Princesse  leura  pn^er  [esd,  div  mil  frans  ainsi  i\\te  dit  e*l,  elc,,  oblij^jeans 
tùui  et  singuliers  leurs  biens,  etc.,  et  iceux  Gonra  et  Baptiste  leurs 
propre»  corps,  pour  eslre  contraints  par  l'emprisonnement  et  incercéra- 
lion  d*iceux  à  faute  de  faire  et  accomplir  ce  tjue  dessus  de  leur  part» 
renoDceants,  etc,  submettans^  etc.  Fait  et  donné  aud.  Lons-le -Saunier  au 
vergier  dudit  couvent,  sous  les  seels  de  Montmorot  et  Jk^aneon  le  ungt 
troisième  jour  du  mots  de  janvier  l'an  mil  cinq  cen.>^  et  trente,  presens 
ni>bïes  seigneurs  messire  Claude  de  Salins,  chcvalltT,  seigneur  de  Vin- 
celles,  CJaude,  baill^'  du  Charrolbis,  Claude  de  Buts  y,  ^cuj^er,  s**  de  Chan- 
tepaulme,  nobles  bommes  et  s&i^es  mes«ieurs  Kttenne  Eïerbizey,  Philibert 
Vieux,  docteur  es  droi^,  maître  Jean  lUitte,  etc.,  Louis  Marchand,  témoins 
à  ce  requis. 

Aimî  iigné  :  Parïset,  avec  parafe, 

iQûple  rtu  dii^hnltiùmv  «îèrJo,  Urée  dfM  trfltlrf»  dr   \a.  tiiii»un  di'  f!hAluo,   —  Attiurelte 
aequiiiliao,  térie  £.  —  ilrchJTei  du  Doubsi  ) 

V-  —  Marché  pa^sé  entré  Phitibirle  de  Luxembourg  et  Jean-Baptiste 
Marioito  (ou  Mario),  sculpteur  Jhrcnl in,  pour  texéculion,  au  prix  de 
2,800  francs^  d'un  tombeau  à  trois  gisants ^  pour  Jean  de  Chaîon 
prince  d'Orange,  son  défunt  époux,  Jeanne  de  Bourbon  sa  première 
femme  et  etie-méme,  dam  t église  des  CordtUtrt  dv  Lons-le-Saunier. 
—  Lom-k^Saunier,  8  mai  153L 

Haute f  Iréit  noble  et  puissante  Dame,  madame  Pbiliberte  de  Lu\em- 

bourg,  princesse  d'Oranges^  comtesse  de  Cbariiy,  dame  de  Lons-le- 
Saunier,  etc.,  d'une  part,  et  maîstre  Jean  Baptiste  dît  \Jariant,  tlnri'ntin, 
tailleur  d'images,  d'autre  part;  celles  partie;*  de  leurs  bonnes  volontés,  et 
pour  ce  que  ainsi  que  Leur  plait,  etc.,  ont  fait  et  font  entr'elles  les  mar* 
chiefs  des  ouvrages  et  choses  cy  après  déclarées  ainsi  que  s'ensuit  : 

PremlèremenC  a  prins  en  luy  la  charge  et  promet  par  celtes  led.  maistre 
Jean  Baptiste  de  faire  et  parfaire  au  milieu  du  chœur  de  l'église  du  cou- 
rent des  frcres  mineurs  dud.  f^ons  une  belle  et  riche  sépulture  de  pierres 
d'alhastre,  la  mieux  faite  et  reicstue  à  l'enlour  d'ouî?ragcs  d'anticailtes  et 
rpiiïlt^ge  et  autres  y  nécessaires  pour  rembeMis^ement  de  lad.  soputiure; 
elle  sépulture  sera  de  la  longueur  de  div  pieds  et  de  sept  pieds  de 
eur   outre  les  sou  basses,  et  sera   poï^ëe  aud.  chirur  ou  il   lu  y  a  été 
''•é,  u  commencer  de  la   rive  de  la  pierre  qui  se  lièi^e  pour  entrer  es 


1 


578  CONRAD    MEYT    ET    LES    SCULPTEURS    DE    BROL\ 

degrés  du  charnier  en  devers  el  Lirant  contre  le  grnnd  autel.  Et  sur  icelle 
iépulLure  seront  fais,  mis  el  enleirés  trois  personnages  gisans  représcnlans 
Tune  la  personne  de  feu  de  bonne  tnêmoire  monsieur  messire  â^&Q  de 
Chabn,  à  son  vivanl  prince  d'Oranges  (que  Dieu  ait),  habillé  en  habits 
de  prince^  l'ordre  de  France  au  col»  Fautre  reprét^nlant  feue  madame 
Jeanne  de  Oourhon,  feue  femme  première  dud.  feu  seigneur,  el  Taulre 
gisant  représentant  mad.  dame  Iîi  princesse  à  présent  vi\'ant,  tous  lesd. 
personnages  faits  et  le  mieux  habillés  et  plus  richement  en  prince  et  prin- 
cesse que  faire  se  pourra. 

llem  ledit  glsanl  représentant  led,  feu  seigneur  prince  sera  mis  an 
milieu  desd.  autres  deux  gisans,  ayant  un  oreiller  sous  sa  teste,  damassée, 
et  au  chîefs  deux  anges  bien  fais  et  bien  taillés  de  bonne  grandeur  el  pro- 
portionnés lenans  le  blason  des  armes  d'ieeluy  feu  seigneur  et  à  la  dcxtre 
dud.  seigneur  sera  mis  et  enlevé  îed.  gisant  représentant  mnd.  dame  la 
princesse  ii  présent  vivant,  et  l'autre  coslé  h  senestre  celle  de  lad.  feue 
dame  de  Bourbon  sa  première  femme,  le  tout  garny  et  bien  rei^eslûe 
d'anges  au  rhief  d'un  chacun  desdits  gisaDS,  avec  blasons  el  oreillers  tels 
que  dcisus. 

Item  aux  pieds  ditd.  gisant  représentant  led.  feu  seigneur  sera  faille 
gisant  d*un  pelil  enfant,  le  mieux  fait  tjue  faire  se  pourra,  représentant 
feu  monsieur  d'Arguel  son  fils»  que  sera  habillé  comme  un  enfant  de 
prince,  ajant  deui  ans,  mis  à  genoux  ou  ainsi  qull  sera  avisé  pour  le 
mieux* 

Item  es  qiralre  coings  de  ladite  sépulture  seront  fais  quatre  beaux  riches 
pîlhers,  bien  fais  et  revestus  d'ouvrages  d'anticailles,  feuillages  et  médailles 
de  telle  grosseur  et  proportionnés  tomm'  il  appartient,  sur  lesquels  pilliers 
seront  faites  et  mises  les  quatre  frères  d'Hercules,  richement  enlevés, 
selon  qu'elles  luy  seront  bailléi.'s  par  écrit  par  madite  dame. 

Item  à  l'entourde  lad.  sépulture  seront  gradés  tels  dietîers  et  épitaphes 
qu'il  plaira  h  ma  dite  dame  ordonner  y  estre  mis. 

Item  plus  sera  revestue  lad.  sépulture  au  bas  d^ieelle  de  toutes  antt- 
cailles,  médailles,  personnages  et  autres  choses  nécessaires  pour  Tembel- 
lissement  d'icelle. 

Item  a  ht  soubassede  lad.  sépulture  belle  et  riche,  du  respet  el  regMrd 
du  dessus  d'icelle,  bien  garnie  et  revestùe  de  toutes  anticdilles,  médailles 
et  blasons  le  tout  audit  de  gens  ii  ce  connoissans  et  entendus  et  selon  le 
portruit  sur  ce  fait  par  led^  maître  liaptiste  et  mieux  comme  iceluy  ttialtre 
Baptiste  la  pourra  faire. 

îlem  plu.4  est  tenu  et  a  promis  faire  le  dît   maître  Jean  Baptiste 
images  de  Nôtre  Dame,  de  Saint  François,  avec  un  beau  ciboire,  les  p 
riches  que  faire  se  pourra,  lesdttes  images  de  hauteur  et  grandeur  née 


COIVRAD    WËVT    ET    LES    SCLLrTELRS    DE    BJIOL.  27ti 


sairc  et  auprès  hs  vifs,  métnetncnt  de  cinq  h  six  pieds  de  hauteur,  avec  I 

et  outre  lei  soubaases  et  led.  ciboire  de  hauteiir  plus  «fraude  que  JeâdUes 
imatjpSf  cûmme  il  a  été  dit. 

ftem  seronl  fais  quatre  an^es  pour  mettre  sur  les  quatre  pilliersï  h 
rentour  dud.  grand  autel,  de  trois  pfeds  de  grandeur  et  haulteur  et  les 
miem  fais  et  plus  riches  que  faire  se  pourra. 

Item  fera  led.  maître  Itaptiste  de  la  vieille  sépulture  de  lad,  feue 
Jeanne  de  Bourbon ^  aâcavoir  du  gisant  d'ictIJe  sépulture  une  image  de 
Sainte  Barbe  bien  faite  et  taillée  pour  mettre  où  il  plaira  k  mad.  dame. 
Jtem  fera  led.  juattre  Jean  Baptii^te  de.s  pan»  et  ima^fe^t  qu'estoîent  à 
l'entour  dud.  sépulcre  trois  ou  quatre  tableaux  d'autels  pour  mettre  et 
asseoir  où  aussi  il  plaira  à  mnâ.  liante  et  le  surplus  et  reste  de  ladite  tieiBe 
sépulture,  led,  maître  Jean-Dapliste  le  mettre  en  œuvre  ainsi  que  plaira  A 
m  ad.  dame  atiser  de  l'ordonner. 

Item  a  promis  led<  Baptiste  fournir  le  doucier  toute  lad.  .sépulture 
neuve  qu'il  fera  d'îmajjes  et  autres  choses,  qu'il  fera  comme  dit  ejît  et  où 
il  sera  nécessaire  de  Jin  or  et  à  ses  frai:j> 

Seront  fais  tous  lesd,  ouvrages  de  bonnes  et  belles  pierres  d'aUebastre 
que  led,  Baptiste  fournira  lunt  la  traitte  que  te  rbarro^  et  le  tout  à  ses  frais 
et  mad.  Dame  la  i)errifere  seulement,  Et  aus^^i  fournira  «lad.  ïlamc  en 
place  à  ses  frais  le  marbre  qu'il  luv  plaira  cstre  niiâ  ù  lad,  sépulture. 

Item  sera  tenu  led.  maître  Jean-Baptiste  quatre  sou  basses  belles  et 
riches  faites  à  grosses  et  jietites  molures,  Jilets  et  autre:^  Idéaux  ouvrages, 
de  telles  pierres  qu*il  plaira  â  mad.  Dame  ordonner,  pour  mettre  et 
asseoir  dessous  les  quatre  pilliers  ètans  au  long  et  devant  le  grand  auteL 
Tous  lesquels  ouvrages  devant  déclarés  b^d.  Maître  h^nn  Baptiste  a 
promis  et  promet  faire  et  reodre  fais  et  parfais  à  ses  frais,  comnie  dessus 
est  dit,  des  plus  beaux  et  riches  ouvrages  que  faire  se  pourra  et  k  dits 
d'ûutrriers  connoissans  à  ce,  déans  d'huy  eu  un  an  procbainetnent  venant,  ^ 
et  mad.  Dame  luy  a  pour  re  promis  et  promet  payer,  ou  fairt*  payer  et 
délivrer  la  somme  de  deux  mil  huit  cens  frans  mon  noyé  courant  en  Brmr^ 
goingne,  que  luy  seront  payes  en  faisant  led.  ouvra^^e,  et  selon  qu'iceloy 
tnaitre  Jean-Baptiste  y  ouvrera»  fera  ouvrer  et  y  aura  ei  entretiendra 
d*ouvriers- 

Fromettans  lesdites  parties  ei  une  chacune  d'elles,  endroit  ^sny,   par 

leurs  sermens  ponr  ce  par  chacunes  d'elles  corporellement  touchés  sur 

saints  évangiles  de  Dieu,  ascauoir  ledit  maître  Jean  Baptiste  fiùre,  parfaire 

lesd.    ouvrages  et  sépulture,  ainsi  que  dit  est,  et  déans  left.  ternie,  etc., 

tad.  Dame  la  Princesse  payer  lad.  somme  de  deux  mil  huit  crus  frans 

i  et  en  la  manière  devant  déclarée,  etc.,  oblir^ennt  quant  à  ce  tous  et 

uliers  leurs  bîens,  même  iceluy  maître  Jeiin-Baptiste  son  rorps  pour, 


380  dOMtAD    MEVT    ET    LES    SCULPTEURS    DE    UROU, 

à  faute  de  ca  que  dejssus^  estre  conLmint  [>Rr  Tempriâonnement  et  intareé- 

«  ration  dUceluy,  etc.,  submeUant,  etc« 

Fa  il  et  donné  aud.  Lons-le-Saunier  en  lad.  église  dud.  coorenl^  sous  Jes 
I  scela  de  Bourj^oitigne  et  Besançon,  le  huitième  jour  du  mois  de  may  Tan 

^  mil  cinq  cens  trente  et  un,  preseus  honorables    hommes   luaîtres    Jean 

Ralte,  secrétaire  de  Tï^mpiïreur  et  de  niad.  Dame  la  Princesse,  Antoine 
Lombarde^  de  Noseroy,  et  plusieurs  autres  témoins, 

Âmsi  signé  :  Pabiset,  avec  parafe. 

Collatlonaé  aux  originaux  parÉcuyer  conseiller-secrétaire  du  Roy,  mai- 
son, couronne  de  France. 

Signé  :  Tahon  u'Algëeaxs. 

(CopiH  du  dii-hintif^sii-  aiècle,  WrAf-  de^  ir<-htre»  de  U  mAïson  ùq  Ctiâton.  —  Xauirt^lle 
Acquiflttion,  iiTii' E.  ^ilrthiici  du  Doubi.) 

Vl-X,  —  Cinq  quittanûÈt  données  à  Philihcrtc  du  Luxembourg  pour 
travaux:  exécutéx  au  tombeau  de  Philibert  de  Chalon  par  les  seupl- 
tmrs  Jean-Baptiste  M ariùîlù  [ou  Mario)  j  Florentin ^  Conrad  Âtet/t,  Fla- 
mand, et  Aimé  Quarrel^  dit  le  Petit  Picard ,  serviteur  de  Meyt,  dans 
l'église  des  Cordeliers  de  Lons-le-Saunicr  {total  des  quittances  : 
548/--  10  gros  i/2).  — Lons^e-Saunier^  5  octobre  16^1-2'^  janvier 
1534.  ^ 

VU  ^Boctùbre  I53i. 

H  on  norab  I  e  hom  m  e  Jeha  n-Baptis  tendit  Ma  ri  ot ,  tlo  ren  l  i  n ,  c  on  f es  se  avoi  r 
beu  et  reçeu  de  haulle,  très  noble  et  puissante  dame  dame  Philiberle  de 
Luxembourg,  princesse  d'Orainges^  par  les  mains  de  honnorable  homme 
et  sâi<je  messire  Philibert  Vieui,  docleur  es  droU,  bailli  de  madicte  dame 
présent,  etc...  la  somme  de  deux  cens  frans  inonnoie  conteos,  réalmeTil 
et  de  fait,  en  testons  solz  de  llay  et  aultre  mon  noie  bien  contée  et  nombrée, 
et  ce  pour  et  en  déduction  de  ce  que  madicte  Dame  peult  et  pourra  debvoir 
aiidict  Jean-Baptiste,  a  cause  de  Touvrage  qu'il  fait  de  la  sépulture  de  feu 
Monseigneur,  de  laquelle  j^omme  desdictâ  deux  cens  frans  il  est  contenu 
et  en  quite  madicte  Dame  et  tous  aultres,  promectant,  etc.,  obligeant,  etc. 

Donné  à.  Lons  le  Saulnier  soubz  Bourgon^ne  et  Besançon,  le  cinquième 
jour  d'octobre  Tan  mil  cinq  cens  trante  et  ung.  Présens  honnorable 
homme  Guillaume  Maignin  le  jeune  et  Jehan  Prost,  dit  de  Baulme,  dudîct 
Lons  le  Saulnier,  tesmoinga. 

Signé  -  N.  Devu.lehs. 

(Original  :  Arcfiiïi'fl  dn  Dattb«.  £.  1300.  A.  2ÎJ  ) 


( 


\ 


r 


COSBâD  1J8YT   BT    LES   SCULPTEUBS    DE    BROU-  tSI 

VIL  —  â4  octobre  1531, 

Honnorfible  liomme  Jehan -Bo pirate  dît  Mariât,  flort^ntio^  confeise  evoir 
heu  el  reçu  àe  hautle  Irès  nol>le  et  puissant  âame  Jamo  Phîlilierte  de 
Luiembourg,  prïnce^sp  d^Orangen,  par  \e&  rmilnA  de  honnorahle  liûmoie  et 
iage  messire  Philibert  Vieux ^  de  Loni-le- Saunier,  dorieur  os  droits,  baiJly 
de  madicte  I^ame  présent,  etc.,  la  somme  de  cinquante  franii  monnaie, 
bien  comptée  «t  nombrée  et  ce  pour  cl  en  déduction  de  ce  que  madirte 
dame  peult  et  pourra  dehvolr  aadict  Jeban-Bapttste  h  cuuse  de  Touvrage 
qu'il  fait  de  ta  âcpulture  de  feu  Monseigneur,  desquels  cinquante  frans 
ledîct  Baptiste  est  content  et  en  quîcte  madicte  Dame,  promectant,  etc., 
obligeant,  etc.,  rcnanccant,  elc» 

Donné  andict  hotu  souhz  Montmorot  et  Besancon,  le  vingt-quatricime 
jour  d^octobre  l'an  mil  cinq  cens  trente  ung.  Présent,  honnorablei 
hommes  et  sa*je  maistrc  Jehan  Courvojsier,  licencié  es  droia,  el  Katberin 
Mareschal  dudict  Lons,  tesmoings  ad  ce  requis. 

Si*jïté  :  Depheu. 

\ni  —  25  octobre  15:^, 

Qtiictance  de  maistre  (lonrault  de  VHI^^  frans. 

Je  maistre  Conrault  Meyt,  îmageur,  confesse  avoir  receu  de  Madamei 
madame  fa  princesse  d^Oranges  la  âomme  de  huit-iinglz  frons  monnaie, 
sur  en  tant  moins  déduction  et  rabat  de  ce  qui  me  pourroit  et  pourra  estre 
deu  àes  ouvrai^es  pour  ta  sépulture  de  feti  .Monseigneur  le  Prince,  que 
Dieu  absoilJe  ;  laquelle  somme  est  venue  du  récepteur  de  Chas li Mon,  el 
icelJe  promets  rabattre  et  deffarquer  a  madicte  dame  sur  ce  que  dicL  est. 
Tesmoing  mon  seing  manuel ^  cy  mis  avec  celluy  du  notjùre  soubscrifit  k 
requeste,  le  X\V'  d'octobre  W^  trente  trois,  presens  bannoiables 
hommes  el  saiges  maistre  Philibert  Vieux  et  Antoine  Cact,  docteur  es 
drots,  et  Claude  Noël,  tesmoins. 

Signé  :  BoiLLAnuz. 

{OrigiDâl  I  Afcbife*  du  Dûub»,  t.  I3(».  A    ^Jltj,) 

IX,  _  5  décembre  4533. 

J**  Amey  Qnarrel,  dit  le  pelit  Picart,  serviteur  de  maistre  Cnnrrault 
i,  tiiïHeur  d'pnages,  certiffie  avoir  receu  de  madame  madauiE?  la  prin- 
1  d* Oranges,  etc.,  présente,  etc.,  la  somme  de  quatre  vings  cinq  frans 
re  groK  et  demy  monnoie,  sur  et  en  tant  moings  de  ce  que  sera  deu 


SS3 


LE    MtSËË    JEAN   GIGOCX- 


audid  Courauld  à  raison  des  y  matées  de  la  sèpuUare  qu'il  faîct  pour 
madicle  Dame  :  lesquels  lllI^^V  frans  lUI  gros  gI  demy  je  promecU  loy 
desduire  et  faire  deaduire  sur  ce  que  dessus,  i^oubi  mou  nom  et  le  seing 
du  notaire  soubscript  cy  mis,  à  Xoieroy,  le  V""  de  décembre  XV'  XXXUl, 
présensp  muosleur  Tbilibert  Vieux,  Jacques  Terrier  et  autres. 

Sifffté  :  Amé  Quakeil»  dit  le  petit  Picart. 
Siyné  ;  Rate. 

(Copie  3  Archiv^â  du  Doub».  E.  1309,  A.  SIH.) 

X,  —2^jatmer  1534. 

Je  Conrauld  Meyt,  tailleur  [d'ymaiges],  co<{nois  et  confesse  avoir  eu  fit 
receu  de  baulle,  très  noble  et  puiësanle  dame,  dame  Phîllberte  de  Lu:iani- 
bourg,  princesse  d^Oranges,  etc.^  absente,  le  notaire  soubsigné  stîpu* 
lant,  etc.,  la  somme  de  sept  vingt  treze  frans  et  demy  monnoie,  ^ur  et 
en  lant  moin[(s  de  ce  que  m'est  et  pourra  estre  [deu]  pour  la  façon  des 
ymaiges  de  la  sépulture  de  feu  monseigneur  monseigneur  le  Prince,  etc., 
h  Lons  le  Saulnier,  Desqaeb  sept  vingt  tre^e  frans  demi  je  suis  conlantep 
la  qnicle  et  promectz  les  lui  desduire  sur  ce  que  dessus,  proniectaht,  etc., 
obligeant,  etc.,  renunceant^  etc. 

Donné  ù  Lon»  le  Saulnier,  le  WIU''  jour  de  janvier  mil  V*=  trente  trois, 
prèsens,  maistre  Odot  Roy,  chanoine  de  No*eroy,  [Aniey  Quarrcl]  dict  le 
Picart  et  Claude  Le  loyer,  escuier,  tesmoings,  etc. 

Signé  :  Rate. 

(Copîfl  :  Arciikes  du  Donbs    E,  I30î».  A.  218  ) 


XIV 


LE  MUSEE  JEAN  GIGOUX 

A    BESA»€0\ 


Danî^  là  pléiade  romantique  des  peintres  <je  î»30,  te  tium 
Jean  Glgoui  n'est  pas  Ttin  des  moindres,  et  s1l  n'a  pas  bri 
tout  à  fait  au  premier  rang^  ses  toiles  historiques,  ses  table™ 


j 


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LE   MVaÉE   JEâN    GIGOUX.  J||i 

d' église  ou  de  genre,  ses  portraits  enfin  ont  ocrupê  longtentps  !a 
critique  et  mérité  la  vogue  \  S'il  atteignit  dès  IH.)5  Tapogée  de 
son  talent  en  peignant  la  Mor£  de  Léonard  de  Vinci^  reitée  juste- 
ment célèbre,  son  pineeau  fécond  a  produit  de  J82K  à  J8ït2  une  ' 
œuvre  considérable,  et  son  crayon  tiahîle  et  conjsciencîenx  laisse  J 

nombre  de  lithographies  charmantes  ou  d^illustrations  cotaposées  I 

pour  des  livres  de  gravures  \ 

Le  succès  et  la  fortune  n'avaient  point  gAté  ce  laborieui  fils 
d'artisan,  dpnt  romour  Gtial,  loin  de  rougir  de  1  atelier  de  muré- 
chai  ferrant  où  il  était  né,  entourait  ses  vieux  parents  de  soins 
délicats,  après  les  avoir  immortalisés  par  des  portraits  supcrhes;  " 

son  cœur,  passionnément  attaché  à  sa  ville  natale,  en  a  fait  T héritière 
presque  universelle  de  collections  d'art  patiemment  amassées.  Ce 
le^f  princier  de  quatre  cent  quarante-einq  tableaux  et  de  trois  mille 
dessins  de  toute  date  et  toute  école,  venant  aecroitre  le  patrimoine 
artistique  d'une  province  justement  Gère  de  ses  sculpteurs  et  de  ses 
peintres,  assurera  à  jamais  à  Jean  Gigoust  la  reconnaissance  de  ses 
concitoyens.  Besançon  a  installé  d'une  façon  digne  d'elle  les  collec- 
tions léguées  par  le  peintre  franc-cumtois  ;  on  en  prépare  le  cata- 
iogue  ',maisenatten;1ant  qu'il  paraisse  je  voudrais,  dans  un  rapide 
aperça,  faire  connaître  quelques-uns  de  leurs  trésors,  et  rendre 
âtî]si  au  vieux  maître,  qui  m'honora  d'une  hienveillante  amitié» 
un  hommage  auquel  il  eût  été  sensihte. 

Quand  la  mort  le  frappa  le  1  ï  décembre  1894,  k  Paris,  dans  ce 
petit  hôtel  de  k  rue  de  Chateaubriand,  fréquenté  par  une  élite 
d'artistes,  d'écrivains,  de  compatriotes  et  d'amis,  ses  dispositions 
généreuses  étaient  prises;  dès  1879, il  s'était  dessaisi  au  profil  de 
Besançon  de  cinq  cents  dessins  de  maîtres  et  de  quatre  cents  litho- 
graphies, premier  acompte  de  ce.  qu'il  lui  destinait;  un  testa* 
ment  du  10  juin  1883  lui  assura  le  surplus  de  ses  collections. 

Empruntées  à  plus  de  deux  cents  peintres  diGTérents,  formées 
pièce  à  pièce  et  au  hasard,  quelquefois  très  heureux,  des  encans 

^  Xé  &  BeiflDçon.  le  6  septembre  1806,  ^ur  ta  pîafe  df^a  Mirécliaux.  Jc*n  (Jl^jotn 
éit  mort  k  Pari»  te  H  décembre  |»1)4,  rue  de  CliiUeaybrtaBd,  17. 
'  Voir  ta  subslaottelLc  Xoike  lur  Jean  Gigoux^  ses  oeuvres  ef  sfs  coller f ions ^ 
IL    iV,  EaTic.VARO*   BesnQi'on,  tS95,  în-Ho  de   ik'-i  pages»  avec  21  pliutoly- 

I    Paul  Lapret,  peintre,  exécuteur  testamentaire   et  It-^ataire   uuiiertel  de 
GigDui,  avec  la  coti«b(» ratio o  de  J  auteur  de  eeUe  aûiJce. 


7 


i|^4  LE   UUSËE   JEAlti    GIGOtIX* 

et  des  i^entes  publiques,  elles  possèdent  des  morceaux  de  grand 
mérile,  qui  ne  seraient  déplacés  dansaucune  des  galeries  célèbres.  La 
majeure  part  des  tableaux  est  de  valeur  réelle  et  d*orîgine  indiscu- 
table; le  surplus,  copies  anciennes  et  de  bonne  maiup  orîgiuaax 
qui  ont  perdu  leur  nom,  esquisses  étudiées,  tableaux  inachevés, 
pocbadfls  d'inconnus,  offre  un  intérêt  de  curiosité,  un  objet  d'étude 
d'où  se  dégageront  à  la  longue  nouabre  d'enseignements  ou  de 
renseignements. 

Dans  ces  qnalie  cent  quarante-cinq  tableaux,  toutes  les  écoles 
sont  représentées,  anciennes,  modernes  ou  contemporaines  ;  et 
d'abord  TEcole  française. 

Çn  seul  tableau  du  seizième  siècle,  une  copie  de  François  Clouet, 
le  portrait  de  Cbrétienne  de  Danemark,  duchesse  de  Lorraine, 
a  surtout  une  importance  historique,  mais  il  supplée  du  moins  à 
Tabsence  d*im  original,  aujourd'hui  perdu*;  les  toiles  du  dis- 
septiénie  siècle  deviennent  heureusement  nombreuses.  De  Simon 
Vouët  une  exquise  composition:  Sainte  Madeleine  mouranle,  soute- 
nuepar  dsuœ  anges  ;  la  pâleur  des  chairs,  Texpression  intense  d'un 
regard  qui  a'éteintsont  d'une  exécution  parfaite  ;  Tœuvre  est  connue 
d'ailleurs,  grâce  au  burin  de  Claude  Mellan,  dont  le  Musée  Gigotix 
possède  du  reste  un  tableau  de  piété  \  Une  Visitation,  une  Sainie 
Famille  de  Vouèt  \  deux  grandes  allégories  de  t^esueur,  une  Afinene 
et  une  Fortune  décorant  jadis  l'bôtel  Lambert  \  nombre  d'esquisses, 
copies  ou  œuvres  possibles  de  Claude  Lorrain  eL  du  Poussin  %  une 
Sainte  Famille  de  Sébastien  Uaurdon  \  coudoient  quatre  portraits 
de  Largillîère  :  un  abbé,  un  magistrat,  deux  dames  de  la  cour.  De 
ces  dernières,  une  qui  dépasse  la  quarantaine  à  cette  grâce  suprême 
qu'outre  la  naissance,  Tintelligence  et  la  bouté  donnent,  à  défaut 
de  la  beauté  où  de  la  jeunesse.  Graude  distinction  du  reste,  mervelU 

1  Sur  le  p«Qneaii  mèitiep  «u^dessu^  de  la  lèïe  de  taducht-'^sCp  ces  mots  devenu» 
presque  illisibles  ;  la  mère  uv  rzv  me  kt  de  celvv  ^ii  est  \  phesist.  cd  t^llr^ 
jadis  liorécEï.  Au  dos,  C(ïtle  cote  d'un  inventaire  du  début  du  dii-septit^me  sîèdt- 1 
Chresliemte  de  Datmttnark]  fiUt;  de  Chrîstiernt  rai  de  Uann[emark]  fi  d'Eii- 
saheth  dWusirich  seuur  dt  f  empereur  Chariet-Quiut,  reufve  de  François  duf 
de  Lorraine  et  de  Bar.  numéro  40.  —  iV*  338  proviioire. 

»  Cti  Mîtit  Jean,  n"  322. 

*  L(î*ueur.  o*'  ^35-:JO0. 

»  lorrain,  n"*  307-3U9;  Poussiu.  n^*  361-373, 

«  Bûurdon.  n^  4t. 


r 


LE    Ul^BÊE    JEAN    GICOUX.  lÈh 

lerii  lU'Iails  de  coilFure,  de  tlrapericâ  et  de  dentelles,  ne  tniiaanl 
en  rien  à  respresaian  du  visage,  dans  cette  œuvre  eiceptîûnnelle  '. 

Trois  porlraîUj  d'inégale  facture,  appartenant  à  Rifjaud  :  un 
eardmal  de  F^olignac,  un  peu  terne,  qui  fut  gravé  par  Drflvet  ;  un 
président  au  parlement  de  Paris,  de  figure  légèrement  poupine; 
iiD  Hegnard  dont  le  visage  et  les  niains,le  eoâtume,  les  dentelles  et  le 
matitoau  Kleu  sont  traités  avec  une  maestria  ^surprenante  ^  lu 
Père  de  VÉglise  de  SuMeyras*,  une  jolie  tcte  de  jeune  fillo  de 
Greuze  *,  deux  groupes  d'Amours  (de  Bûucher]  \  uu  Louis  XV  de 
Mattier^  c[uelc|ues  pnstels  de  Chardin,  dont  Tun,  daté  de  1776,  est 
b  copie  du  portrait  fumeus  de  la  mère  de  KemUrandt  '  ;  un 
Ckrisi  avec  la  Madeleine,  de  DrouaisV  une  Vieille  femme  de 
Lépicié  ',  nue  autre  de  Lenain  '*,  des  natures  mortes  d'Oudry  et 
de  Jeaurat,  voilà  pour  te  dix-huitième  siècle, 

Lart  contemporain  est  de  lieaucoup  le  mieux  partagé.  J*îûdî- 
querai  seulement  vingt  tableaux  de  Jean  Gigoux  Iui-[néme,quoique 
deux  ou  trois  :  le  portrait  de  sa  mère,  celui  de  son  père,  re  vient 
maréchal  ferrant  dont  Tarti^ie  avait  été  Tapprenti  et  s*en  glorifiait, 
soient  de  petilsehefs-d'œuvre  *\  car  devant  des  hôtes  le  maître  delà 
maison  doit  toujours  â'effacer.  Place  à  ses  contemporains,  à  ses 
mattres^à  ses  amis.  David  est  représeuté  dausla  galerie  par  trois  télés 
d  étude  destinées  an  Serment  du  Jeu  de  paume '^  ;  Hoilly,  par  Uti 
întroyable  '  ^  ;  Prudhon,  par  une  Innocence  poursuit  ie  par  le  lice  '  *  ; 
Géricaiilt,  par  nombre  d'études,  soldats  ou  marins  de  la  Méduse'^  \ 
Redouté,  par  des  Fleurs  **•,  Gérard,  par  un  solide  portiait  du  bon 

«  Urgillièfe,  n- ÎH1.5S7. 

"  Sublcym,  n*  J^àT. 
Mlrcuie,  o*»  214. 
'  Bt»uirfier,  n«  39-40, 

*  ^Attie^.  0^  341. 

^  Cbtrdiu,  a-  59-63. 

*  Drouait.  n"  107. 

*  Lépicië,  D«  29f 

*  Lfnaiu.  n"'  290^îôl. 
"  tiit^oui,  n^'  171-188. 
"Ml«vid,  n*»'ft3-95. 

oilly,  n**  %i\ 

rudiiûo,™"  377*378. 

érÎMult,  n"  159169. 

edouté,  n"  Wàf. 


[ 


SSe  ,     LE    UUSEE    JEAN    GIGOUX. 

DuGÎs  ^  ;  lïigrea,  par  un  portrait  de  Desdebans';  Delaroche,  par  une 
fi^jure  nue  dans  une  vasque  \  Voici  à  pleines  mains  tous  les  paysa- 
gistes: Décampa,  llarilhât,  Corot,  Noyon,  Cabat,  Courbet,  Théodore 
Rousseau,  Baron,  Frane;aîs,  les  gloires  de  noire  incomparable  école- 
Le  genre  coudoie  le  portrait  :  les  deux  Johannot,  Ferdinand  Perron. 
Granet,  Léopold  Robert,  Meissonier,  Dubufe  et  bien  d'autres,  et 
au  milieu  de  toutes  ces  toiles  si  variées,  d'aucuns  diraient  presque 
disparates,  un  magistral  portrait  de  Gigoui,  signé  Bonnat,  mais  qui 
se  passerait  presque  de  signature,  immortalisant  les  traits  énergi- 
ques du  généreui  donateur  *. 

A  c6té  des  primitifs  des  treizième,  quatorzième,  quinzième  siècles 
suflisamment  nombreux,  TÉcole  italienne  abonde  en  intéressatits 
documents  et  en  précieuses  épaves.  Jugez-en  par  ce  Masaccio,  uu 
jeune  gentilhomme  avec  cette  devise  que  le  temps  a  presque  effacée 
d'ailleurs;  El  tem*o  co\svma  •,  par  cette  copie  ancienne  de  Boni- 
fazio  (une  Vierge  aux  saints)',  ce  Borgognone,  cette  Sainte 
Famille  de  Lorenzo  dî  Credi,  cette  Vierge  à  lenfant  de  Crivelli  ", 
ces  trois  toiles  du  Guercliin*,ce  Christ  au  tombeau  de  Sodoma*, 
un  Saint  Jean-Baptiste  dn  Corrège  '%  des  poi  traits  deGiorgione  ". 

Du  Titien,  voici  le  portrait,  qui  semble  bien  aothentique  d'un 
duc  de  Fer  rare,  dont  la  tête  est  énergique  et  expressive,  malgré  son 
teint  maladif  et  le  sombre  aspect  d'un  décor  poussé  au  noir  *'  ;  du 
Tintoret  cinq  portraits  en  quatre  toiles.  La  première  montre  toute 
une  famitle  patricienne,  père,  mère,  fils  et  fille,  traités  avec:  cette 
robustesse  et  cette  suprême  élégance  que  rillustre  maître  savait 
donner  a  toutes  ses  figures  ;  la  seconde,  un  jeune  gentilhomme  dont 
les  traits  fins,  le  regard  vif,  se  détachent  vigoureusement  sur  un  cos- 
tume de  soie  doublé  de  fourrures;  les  deux  antres,  deux  sénateurs 

^  Gérard,  n''  158. 

*  Inj|Ptts,  ij«>  Î55. 

^  Uebrqche.  jf  100. 

*  Boimal,  «^  au-;il. 

*  Borgojfjnûue,  ii"  ST. 
'Crîvellt,  ir  88. 

8  GutTctiiu,  u"  218-2ÎQ. 

"  Sodom*,  11^  V3:i. 

'*"  Corrège,  n^*  75-76.  < 

i«  fiiorgione,  n"  189-193. 

ï*  Tiliea,  û^  451-457. 


LE    Ur^ËE    JEAV    GIGOLX.  SKI 

vénitiens,  en  busle,  aus  yeiii  plus  ardenU  t\ne  leurs  robes  rouges 
en  velours  frappé '.AjoiilonR  à  cette  liste  déjà  Ion -jue  des  tBbleauUns 
ou  des  tableaux  d'Annibal  Carrache,  do  Tiepolo,  dti  fîarocrio,  de 
Guardi,  et  une  esquisse  très  vitrante  de  Sfimson  et  Ùalita  du  Véro- 
aès€,  et  Ton  conviendra  que,  pour  un  romantique,  Gi*jout  avait  su 
faire  à  litalie  une  large  part  dans  ses  justes  admirations. 

Chez  nous,  lableaus  allemands  et  tabif'au;!  anglais  surtout  ont 
toujours  rté  rares;  notre  collectionneur  semble  avoir  voulu  n'agir- 
•  contre  cette  manière  de  voir.  E^armi  les  Allemands  de  bonne  et  vieille 
date,  son  maître  préféré,  après  Holbein,dont  il  n'avait  pu  se  procu- 
rer que  deux  fragments  de  médiocre  importance*,  était  Cranach, 
.  dont  voici  cinq  panneaux.  Cranach,  à  côté  d*un  dessin  najf,  possède 
une  grande  finesse  d'expression  et  un  colorisdea  pi  us  remarqua  Ides  « 
témoin  cette  Kaiade  couchée,  cmiiertc  d'une  ceinture  en  gaze  trans- 
parente, dont  le  sommeil  et  les  charmes  sont  protégés  par  cette 
inscription: 

P03VTIS  NYltPHA[E]  SACRi  S0lïx[l]VM  \E  HVIÎPE  QVIESCO  ', 

Témoin  cette  Lucrèce  qui  se  perce  le  sein  devant  une  draperie 
de  velours  ^  :  cet  Adam  et  cette  Eve  que  Lucas  Cranach  a  si 
souvent  répétés'  et,  par-dessus  tout,  cette  œuvre  très  originale  et  très 
vivante,  dégagée  de  la  formule  un  peu  surannée  des  autres  compo- 
sitions» DU  Ton  voit  un  vieux  Mardochée  présentant  requête  amou- 
reuse à  une  courtisane  pleine  de  séductions,  aussi  dorées  que  son 
costume  *,  Aldegraver  avec  son  portrait  de  Philippe,  évéque  de 
Spire  et  prévit  de  Wissemburg^mèle,  rude  et  consciencieuse  pein- 
ture^, maïs  surtout  Schorel,  avec  une  figure  de  jeune  femme, 
tiennent  la  place  d'honneur  parmi  les  meilleurs  morceaux  de 
rÉcole  allemande*  Schorel  a  peint  une  Allemande  du  Nord  au  type 
fruste,  mais  intelligent,  dont  Tàme  se  révèle,  vibrante,  sous  son 
bonnet  de  lingerie  empesée  tel  qu'eu  portent  encore  k  présent  les 
Dalécarliennes;  le  coloris  est  sobre,  mais  d'une  justesse  étonnante, 

>  Tîntoret. 

*H->tbein.  D-i^*a-î4L 

'  Cranach,  vt"  %ô> 

v^^  84. 

«TAnaclt,  n"  8Î* 
\ldi*grav<?T.  n"^  i* 


agg  Li:  uLisÉË  J£a:v  gigoux. 

les  cbaîrâ  d'une  tonalilé  parfaite,  \e  lohUaiii  île  paysage  ilélicieux 
de  fraîcheur,  le  costume  sévère  du  seizième  siècle  bien  en  valeur; 
l'œuvre,  si  elle  êlait  au  Louvre,  mériterait  nue  place  dans  un 
secQud  Salon  carré  '. 

Gigoux  a  eu  la  main  heureuse  clans  le  choix  des  maîtres  anglais. 
Regardez  plutôt  ce  Mmdin  de  Constable,  où  tûut  est  moussu,  ver- 
dàtre  et  lumineux.  Bâtisses,  arbres,  vieux  murs  tapissés  de  lichens, 
eau  stagnante  et  profonde,  tout  est  rendu  avec  une  vérité  étonnanle 
et  séduit  quiconque  peut  vivre  en  communion  d'idées  avec    le 
peintre,  dans  une  gamme  mélancolique.  Voyez  encore  ce  second 
tableau  à  Thorizon  nuageux  oii  les  plans  se  succèdent  et  où  la  poésie 
s'étend,  diffuse,  sur  un  décor  de  paysages  qu^aucune  figure   ne 
vient  compléter*;  de  Gainshorough,  de  Turner,  qui  reste  pour  ses 
compatriotes  le   véritable  géant  des  tempêtes,   voici  de  calmes 
paysages,  des  lacs  bleus,  des  horizons  recueillis  ^DMIogartb,  le 
peintre  de  caractères  etdegenrCfCbezqni  Tidée,  plus  vigoureuse  et 
plus  souple  que  le  pinceau,  apparaît  et  conduit  au  delà,  trois  beaux 
tableaux  dont  deux  portraits  \  One  grande  toile,  qui,  dans  une 
ville   horlogère  comme  Besançon,  aura  grande  chance  de  plaire, 
nous  montre  un  rajah  avec  sa  suite  visitant  à  Londres  la  boutique 
d'un   horloger;  la  peinture  est   médiocre,  mais  la  composition 
charmante  et  pleine  de  spirituelles  figures  et  d'élégants  cou  tours  . 
Un  des  portraits  aux  traits  îrréguliers  rappelle,  quoique  ce  soit  un 
portrait  d'homme,  la  délicieuse  Shrimp  Girl  de  la  National  Gallery, 
au  charme  si  étrange  et  si  pénétrant  *.  D*un  Intérieur  de  Wilkie*^ 
passons  aux  deux  perles  anglaises  de  la  collection  Gigoux,  deux 
portraits  de  Thomas  Lawrence  \  L'un  est  celui  du  duc  de  Riche- 
lieu, d'allure  vraiment  magistrale,  supérieur  à  une  réplique  que 
TAngleterre  possède;  l'autre  est  celui  de  la  très  gracieuse  duchesse 
de  Sussex,  qui,  malgré  ses  cheveux  rouges,  sa  toilette  disgracieuse 
de  la  Restauration,  la  présence  d'un  kings-Charles  qui  lui  serf  de 

'ConftUbie,  q"  70-71. 

^  Turaep,  n*'  463;  Gainshorough,  n"  155*  "- 

^  Hyyarlh,  u- 237-239. 

*  La  Jîite  aux  erecettes,  (t'Hogirlb  {Shrimp  ùiri),  porle  le  a^  116J  de  U 
Naitoual  GalUry. 

*  VVilUe,  D-  470. 

^  Lawrence,  d^'  288-289, 


riiacl^^    Ml 


P^HB  iHh. 


LA     MERE     DES    CAR()\I)ELET 

PAR    l\    PRIVTKK     DR     M4|.I\KS,     VKRS     152.' 
(UoRi^c  Jfaa  (iigoux,  à  n<>Mnçon. 


Ll  MUSÉB   JSâtV  GiCOtrX* 


Sft9 


coDtetiance,  Ititle  avec  lout  lavantaye  d'un  leïtil  charmant  et  de 
superbes  épaules  pour  rhonneui  et  la  primauté  d'Old  Engtand. 

L'esprit  écIectîquedeGigoiji  avait  des  leîidress«;s  pou  rrËcntf;  espa- 
gnole et  pour  sa  merveilleuse  couleur.  Murillo,  Zurbaran.  Ribéra, 
Herreraet  Goya  la  représentent  très  botiorablement  dans  son  \Iutèe. 

ZuibaraOr  par  une  Fniie  en  Egypte^;  Murillo,  par  un  Saint 
tenace  eu  eilase,  d'une  cjipressioti  surhumaine  et  d'un  colûris 
étonnant*.  Un  hidalgo  d'Herrera  à  rouge  et  ilégaù  tante  face  est  d'un 
naturalii^ntc  protti;jjeu]i;  quatre (ioyRp  dont  Jeuji scènes  de  c8nDit>a' 
lUme  ;  la  Mori  de  f  archevêque  de  Québec^  sont  d'une  verre  et 
d'un  Inouïsme  surprenanb'.  Mais  la  palme  reste  au  Rlbèra,  dont 
le  Saini  Sébastien  mourant  d'un  sentiment  indicible,  le  Saint 
Jérôme,  h  Saint  Pierre  transportent  Idme  dans  des  rt^gions  qu'un 
art  infiniment  supérieur  peut  seul  atteindre  *  ;  ces  toiles  de  premier 
ordre,  le  portrait  d*architecte  qui  les  accompagne  suffiraient  à 
enorgueillir  une  collection. 

Les  Flamands  et  les  Hollamlais  affluent  nombreux  dans  une 
incroyable  variété  de  portraits  incompanibles  deïi  seizième  et  diît- 
septième  siècles^  ile  scènes  de  genre,  de  patientes  miniatures  de 
fleurs,  d'intérieurs  de  cabaret,  de  n^itures  mortes  des  dîx-septtème 
et  dii-huitiéme  siècles.  De  Druielles  à  Anvers,  de  Delft  à  Dor- 
drecht,  tableaux  de  toute  dimension  s'amaljjament  par  douzaines. 

De  l'École  de  Van  dcr  Weyden,  quelques  létes  superlx  s  *;  tie 
Quentin  Hctzis,  une  Vierge  délicieuse  '^  ;  d'un  peintre  inconnu  de 
Malines,  un  portrait  de  dame  dont  le  blason  m^a  fait  reconnaître  la 
njère  des  Carondelet  ^;  de  Ferdinand  Roi»  un  portrait  de  lïeillard 
digne  du  Turenne  de  Pfiilippc  de  Champaigne  qu'on  va  saluer  à 
&|unich*.  De  Ruhens,  nombre  d'esquisses  ou  de  copies  anciennes*; 
de  Jordaena,son  portrait  et  celui  de  sa  femme,  puis  Mars  et  Vénus, 
un  soudard  secouant  tendrement  une  plantureuse  commère  dont  la 


f  ZurbartD,  d'  4^3. 
•MariUo,  H"  339-340. 

*  Ribéra,n'-387-3yO. 

^  Vâû  der  Wejdîcn,  n  *  475- U8. 

"  MeUii.  n-  3îM:â5. 

'  Anonyme  de  Malinef,  u'  344.  Voir,  ci-deinus,  ptntiche  XII* 

*  Bol,  II*»  Î7. 

'  fiubeas,  1*"  484-513«  Voir,  d-«près,  plancfie  Xtll, 


IV 


290  LE    UUSÉE    JEAX    CIGOUX. 

teint  a  pétri  de  fromage  et  de  conRtures  de  groseille  «  (comme 
disait  Taiae  II  y  a  trente  ans  dans  cet  liémrcycle  où  je  Técoutaifl 
recueilli)  eicite  ses  amoureux  désirs  ' ,  Après  un  portrait  ext]tiis  dû 
au  pinceau  de  VanCeulen  ',  voici  des  Qeurs,  desfrtiiladeVanBayeren, 
des  vaches  de  KIomp,  des  cavalier»  de  Van  der  Meulen  et  de  Wou* 
verni  an  s,  un  portrait  de  Terburg,  un  Intérieur  de  Van  Oslade, 
d^autres  portrails  de  Franz  Uak,  de  Van  Schupen  (une  tête  de 
chanoine  digne  du  Lutrin)^  de  Govaert  Fliack,  une  HàteUerie  de 
€uyp,  un  ccucher  de  soleil  de  J.  Both  où  Ton  ne  sait  qu'admirer 
davantage,  du  paysage,  des  fijjuresà  cheval  ou  de  la  lumière  douce- 
ment et  harmonieusement  filtrée.  Qu'on  me  laisse  citer  encore  des 
tabagies  et  d^s  paysans  de  Brauwer,  des  natures  mortes  de  Snyder^, 
des  paysages  de  Van  Asch»  \xii  Intérieur  de  Witt,  et  mettre  presque 
au  premier  rang,  quoique  ce  soient  de  simples  natures  mortes:, 
les  tableaux  exquis  de  Van  Héda  i  orrèvreries  chatoyantes  a^e^* 
leurs  reflets  d*oret  d'argent,  vins  des  Canaries  ou  de  Xérès  scintil- 
lant dans  des  coupes  à  panse  veïitrue,  citrons  en  pelure ^  pâtè^ 
éventrés,  traités  avec  Tart  consommé  d'un  dessinateur  et  d'un 
coloriste  impeccahle,  et  j'aurai  fini  des  Flamands  et  Hollundaîs. 

Dans  cette  rapide  esquisse,  je  me  suis  borne  ziui  peintures  «  et  je 
n'entr'ouvrirai  pas  aujourd'hui,  même  pour  y  révéler  des  Durer, 
des  Holbein,  des  Léonard  ou  des  Rubens^  les  portefeuilles  ou 
dorment  Irois  mille  dessins  de  toute  école. 

J'en  ai  dit  assez,  toutefois,  pour  dèniontrerce  que] 'ex primais  au 
début,  c'estque  les  cnUeclions  léguées  à  Besnnçon  par  Jean  Gigoui 
sont  d'il  ne  haute  valeur  artistique.  Au  milieu  de  ses  propres  œuvres, 
au  milieu  des  trésors  d'art  recueillis  par  sa  persérérance  et  son 
labeur,  distribués  par  la  générosité,  un  buste  du  Maître,  que  son 
ht-ritier  va  pieusement  consacrer  à  sa  mémoire,  pourra  regarder 
fièrement  Tavenir  et  attendre,  de  la  posléritc,  Thommage  permn- 
nent  d*un  reconnaissant  souvenir, 

Jules  GAUTmEE, 

Archivblc  Ju  Doub?,  coinmisaairedc  U  Socir  ï^ 
frftnc-^camluhc  des'  Beniii-^^rli,  membre 
non  résident  an  Comité  des  SocitHés  de* 
Beauï-Aris  Jcs  départements^  à  Besaitf  oii* 

"VmiiCeulen.  0-89. 

"\  


Viiutht  \i» 


PAQB   ÉWi 


If.lnS    ET    VHAfUS 
(UaMt  (îlgdai.  à  BfMRCoii  ) 


LES  CO\;&âDE  q^i 


l 


XV 


INTRODUCTION  DES  FAIKNCES  D\4RT  A  XÉVEllS 
LES  CONRADC 

L^  nom  des  ConraJe  domine,  inrontestablement,  Thistûire 
arUsttfjue  de  la  lille  de  Ne  vers  delà  On  du  seizième  si^'deou  coin* 
mencement  du  dix-seplièmfi  sièrie, 

Par  contre»  son  èclal  rejaillit  sur  une  grande  \ttle  dp  \orniaiidîe  : 
sur  Rouen.  Ces  faits  sont  connus  par  les  publrc^itions  de  M.  du  Broc 
de  Segan^^e  à  \evers  et  de  M*  PoCtier  à  Rouen, 

Aussi  nous  dispenserons-nous  de  nous  étendre  sur  ce  sujet. 

Ce  qui  ¥a  faire  Tobjet  de  notre  étude,  c'est  de  reculer  b  date 
connue  de  l'introduction  des  raïonces.  M.  du  Broc  de  Seyanjje  n'a 
pa»  tiré  tout  le  parti  utile  de  ses  docunienis;  nous  le  hrou$j  en 
y  ajoutant  de  nouveaux  documenta  encore  inédits. 

L'historien  nivcrnais  avait  plus  d'une  lionne  raison  pour  Irailer 
le  sujet  des  faïences;  il  possédait,  nousdit-îl,  un  dossier  relatif  h  la 
famille  Qmrade, 

Le  22  février  1640,  son  arrière-grand-onclc  avait  été  parrain 
d*une  fille  Conrade.  Pois  le  14  jiiilli*[  il^'A,  dil-il,  une  petile-fille 
d'unConrade,  llarie-Calherine  ISiankj,  épouse  François  du  Broc, 

Voilà  évidemment  un  auteur  é|uj  tient  à  faire  une  eicellente 
biographie  de  la  famille  des  Conrade.  Ajoutons  même  qu*il  Ta  faite 
avec  la  plus  grande  impartialité;  comtnen  d'auires  auteurs,  sur  ce 
sujet,  se  sont  départis  de  cvUe  impartialité,  malgré  des  preuves 
irréfragables  contre  leurs  thèses  ! 

C'est  en  1602  que,  pour  la  première  fois,  M,  dtj  Broc  trouie  sur 
1rs  registres  de  paroisse  le  nom  des  trois  îirlisl<^s  ;  Au^^nsliu^ 
Baptiste  et  Dominique. 

Dès  lors  il  s  attache  â  leurs  pas  au  travers  des  états  civils  et  ne 
es  quitte  plus.  Il  cherche  leurs  titres  qui  sont  :  sculpteurs  en  terre  j 
Hûisirepoihiefj  maistreen  vaisseUe^nohleSeir/neurf^.Xc  dernier 


àm  LES    GOXBADE. 

titre  Télonne,  sans  doute,  el,  sachant  quMU  Bont  d  origine  italienne, 
il  écrit  au  chevalier  Promia,  bibliothécaire  du  Roi  âTurm, 

Par  ce  dernier,  il  sait  que  celte  famille  apparlicot  à  la  noblesse 
de  Sa¥one  sous  le  nom  de  Coradengus. 

Le  voUà  en  veine,  il  cherche  et  trouve  les  lettres  de  naturali- 
sation données  par  Henri  III,  en  janvier  1578,  lesquelles  portent  les 
armoiries  des  Conrade;  il  en  donne  copie.  Il  sait  qu*ih  sont  natifs 
d'Albissola,  village  sur  la  mer,  tout  près  Je  la  lille  de  Savone  sur 
la  l'iiière  de  Gènes;  mais  n'ose  parler  de  leur  parenté. 

II  (rouvc  et  transcrit  un  brevet  de  faïencier  du  20  août  1644, 
puis  une  lettre  de  provision  de  par  le  Roy;  enfin  un  cerlificat 
attestauL  que  l'un  de  ses  membres  est  gentilhomme  de  la  maison 
du  roi  de  t'Vance.  Passeport  et  contrats,  toutes  les  pièces  défilent 
en  entier  sous  sa  plume.  C'est  avec  satisfaction  qu'on  sent  le 
bonheur  de  Fauteur  cataloguant  chaque  document. 

* 

Mais  l'état  civil  lui  a  dorme  d'autres  révélationâ.  Gabrielle  Pan- 
seron,  la  femme  de  Baptislo,  lui  donne  sept  enfants  : 

Son  aîné,  Augustin,  devient  premier  médecin  de  la  reine  de 
Pologne;  il  est  seigneur  du  \1arest;  le  troisième,  Charles,  a  pour 
parrain  et  marraine  le  duc  et  In  duchesse  de  Mevers  ;  la  cinquième, 
Jeanne,  épouse  Hyacinte  de  Biauki,  grarïd  trésorier  de  Pologne; 
la  siiième  épouse  Henri  de  Bolacre. 

Si  Augustin  n'a  aucune  postérité,  M.  du  lîroc  n*a  pas  pu,  non 
pins,  trouver  le  nom  de  sa  femme»  qu'à  tort  il  appelle  Françoise 
Conrade  \ 

Mieuï  renseigné  avec  Dominique  dénommé  gentilhomme,  il 
inditfue  trois  enfants  nés  de  sa  femme  Henriette  Samatlet  i  le 
second  de  sea  enfanls  est  qualifié  de  noble  faïencier  ordinaire  ci 
gendarme  de  la  Iteyne;  A^  faïencier  de  la  maison  du  Roi  et  bri- 
gadier de  chevau-légers  de  ta  Reyne, 

Tels  sont  les  trois  chefs  de  famille  que  nous  présente  M*  du 
Bvoc  avec  uue  bien  légitime   satisfaction.  Aussi  indjqiie-t-<' 


lûâ  niémcft  actes  quelipetots. 


LES    COIURADE.  398 

fiâtes  où  ces  noms  se  rencoDlrenl  depuis  1602,  la  première  pour 
lui: 

Pour  BaplUte,  tes  11  août  1602,  8  octobre  1601,  17  oclobre 
T606.  8  septembre  1608  et  24  janvier  JC13. 

Pour  Dominique,  les  IS  juillet  1602,  8  avril  et  3  novembre 
1604. 

Pour  Augustin,  il  ne  trouve  qu'une  seule  date,  le  11  août  1002. 

Voîlà  cerles  une  biographie  qui  semble  complète,  et  pourtant 
rien  ne  décide  Tauteur  à  donner  le  degré  de  parenté  de  cas  ar- 
tistes. 

Peut-être  eût-il  pu,  du  moins,  faire  ressortir  le  nom  d'Augustin 
àTalné  des  fils  de  Baptiste,  faisant  présumer  un  parrainage  et  Icd 
bonnes  relations  entre  eux.  Il  s*en  abstient. 

Lorsque  M.  du  Drocaltorde  Vimportalian  de  la  faïence  à  devers, 
il  devient  contrarié  et  perpleie.  On  sent  qu^il  voudrait  attribuer 
cet  honneur  aux  Conradc,  et,  avec  regret,  il  le  donne  â  un  autre  ; 
kScipion  GambinL., 

Et  pui^ique  son  honnêteté  Ty  oblige,  il  donne  Têtat  civil  suivant  : 
a  1592,  le  28  du  même  mois  (avril)  fut  baptisé  Sripion  fils  de 
Jehan  Malicieux  et  Perrette  Galopin,  ont  été  parrains  Scipiou 
Gamhin  (Potuisr)  et  Henri  Vanon;  sa  marraine  :  Marie  Micot, 

^  Signé  :  Jours; aux.  » 

Et  Tauteur  ajoute  —  (ah  !  que  l'on  sent  bien  qu'il  est  navré  !)  ; 
—  u  Pendant  dix  ans  on  ne  trouve  plus  le  nom  de  Gambin,  ni 
d'aucun  potier,  n 

Mélancoliquement  il  écrit  :  tj^  Scipion  Gambin^  en  tout  état  de 
cause,  doit  être  considéré  comme  le  pnEUiEa  i\iPORT?\TEua  de  la 
faience  à  Nevers  '  !, ,.  » 

Mais  aussitôt  M.  du  Broc  se  rattrape  de  cet  aveu  :-  u  N^ous  ne 
pensons  pas,  dit-il,  qu  on  puisse  lui  attribuer  Pinitialive  de  cette 
grande  fabrication  célèbri!  à  la  fin  du  régne  de  Henri  IV' ^  « 
Eh  bien^  que  son  àme  tressaille  d'aise,  il  vient  de  pressentir  la 
vérité,  ainsi  que  la  réhabilitation  de  ses  parents  les  Conrade. 

£t  celte  rébahilitation  pourra  vous  paraître  aus^^i  complète 
moi, 

-DU  BnoCf  t.  f,  p.  58. 


^ 


304  LES    CONRADE. 

*    * 

Il  aurait  été  bien  étrange»  en  effet,  que  Gauihin»  important  h 
faïence  à  Nevers,  eût  une  si  grande  obscurité^  et  que  les  Conrad e 
en  eussent  eu  tant  d*honneur  à  son  détrîmenU  Quoiijtie  encore  de 
nos  jours  ces  choses-là  se  voient  trop  Rouvent,  il  est  inadmissible 
de  les  garder  sans  preuves,  ainsi  que  Ta  fait  M.  du  Broc  de  Ségange, 
Gambin  n*élait  qu'un  ouvrier  de  Conrade.  Voilà  Topinian  que 
j'espère  vous  faire  partager.  Dès  à  présent  retenons  un  fait  brutal  : 
en  1592  il  se  faisait  de  la  faïence  à  Nevera, 

De  Thou,  bistorien  contemporain  des  Conrade  \  écrit  :  h  On 
raconte  qu'un  Italien  qui  avait  accompagné  en  France  un  doc  du 
Nivernais  aperçut,  en  se  promenant  aux  environs  de  Neyers,  la 
terre  de  Tespèce  dont  se  faisait  la  faïence  en  Italie.  Il  la  prépara 
et  fit  construire  un  petit  four  où  fut  fabriquée  la  pre^ièbe  faiesice 
E\  Fra\ce...  » 

Cette  assertion  n*est  pas  mise  en  doute  par  un  célèbre  auteur 

anglais,  Marryat,  et  jamais  on  n'a  mis  en  doute  de  Tbou  sur  les 

faits  qu'il  avance,  lorsque  ces  faits  n*ont  pas  un  caractère  religieux 

Mais  n'est-il  pas,  en  notre  pays,  dans  les  habitudes  de  rechercher 

la  vérité  chez  les  nations  rivales? 

Nous  allons  en  trouver,  ici,  une  nouvelle  preuve.  Marryat  est 
affirmatif,  il  fait  mieux,  il  exhume  la  dédicace  d'un  auteur  nii^er- 
nais»  inconnu  dans  son  pays,  qui  en  1590  Ht  une  brochure  en 
latin  dédiée  à  \ 

u  LHlIustre  prince  Lodovico  de  Gonzflgne,  duc  du  Nivemats  et 
de  Rethel,  v 

Cet  auteur  s'appelle  Gaston  Claves;  voici  la  traduction  de  sa 
dédicace  : 

K  Parmi  les  hommes  qui  procurent  la  célébrité  aux  villes,  il 
faut  compter  les  ingénieux  artistes  en  toute  sorte  d'art.  C'est  ainsi 
que  les  artistes  habiles  dans  le  travail  de  la  verrerie,  de  la  poterie 
et  de  VemaiUure,  appelés  par  vos  ordres  et  attirés  par  l'immunité 
des  impi^ts,  ont  six  produire  d'excellents  oui  rages  non  momê  utiles 
à  nos  concitoyens  qu'admirables  aux  yeux  des  étrangers.  « 

^  Ké  co  1553,  mort  en  1617,  a  fait  l'histoire  de  son  temps,  de  |.546  à  Ifi 


Je  me  demande  comment  c«Ue  dédicace,  donnée  par  H,  du 
Broc,  n*a  pas  éveillé  son  esprit  affiné. 

^  Des  ariisies  d*art^  ingénieux  et  habiles  en  poteries...  d'ex- 
eetlenis,  ouvrages  admirable» pour  les  étrangers!.-,  » 

Mais  c'esl  Tindastrie  dévoilée  €n  plein  succès,  en  pleine  prospé- 
rité, par  un  auteur  qui  décrit  ce  qu^il  voîl^  qui  vil  dans  ce 
inîlifiu.,..  1^  concordance  enirc  de  Thou,  historien  à  rari«,  et 
Gaston  de  Claves,  à  \'eversj  est  absolue.  C'est  la  vérité  confirmée 
par  l'Anglais  Marryat. 

Mais  retenons  ce  fait^  deux  ans  avant  que  Gambin  signât  comme 
témoin,  en  1590,  Nevers  avait  des  faïences  et  des  faïenciers.  C'est 
le  fait  indiscnté  et  indiscutable.  Et  de  Gambin  importateur,  noua 
pouvons  facilement  nous  affranchir,  -, 

m  «- 

Depuis  peu  de  temps  je  possède  des  notes  au  crayon  qui,  dés 
Tabord,  n'avaient  pas  attiré  mon  at1G^ti^n^ 

Ces  notes,  fort  incomplètes  et  quelquefois  énigmatîques,  m'ont 
engagé  à  vérifier  ce  qu'elles  renferment  et  à  faire  d'autres  recher- 
ches; c'est  par  ces  dernières  que  je  pense  jeter  un  jour  particulier 
sur  le  prohit'me  que  je  viens  de  poser. 

Augustin,  Baptiste  et  Dominique  sont  trois  frères,  nous  le  ver- 
rons. Ils  sont  originaires  d'AlbtssoIa  où  était  encore  leur  mère, 
en  1608. 

En  effet,  pour  Dominique ,  les  lettres  de  naturalisation  de 
Henri  lit  nous  disent  qu'il  est   d'Albissola* 

Mais  Baptiste  est  aussi  d'Alhissola,  en  voici  la  preuve  :  avec  sou 
frère  Dominique,  dit  un  acte,  ils  iront  voir  leur  mère  :  a  Le  24  iU- 
K  cemhre  1608,  par  devant  Pelté,  notaire,  comparaissent  hono- 
V.  rnbles  hommes  Baptiste  et  Dominrque  Corade  frères,  maîslres 
(t  polhiers  en  cBuvre  blanche  et  aultres  coulleurs. 

«  liaptiste  demeurant  à  Nevcrs  et  Dominique  à  S*-Esloy  sciem- 
u  ment  Tunfï  Taultre  iront  à  Gètmes  en  Ilalje  leurs  pays,  ?oir  leur 
u  mère  et  parents. 


ei  noies  11*0111  mxt\m  uam  d'autaur;  je  crois  pourlaui  ju'ellei  oui  élé  rAÏlei 
lu  BouvcAuJt«  •       -  ■    .*. 


IM  LES   CONRADE. 

u  Ils  accompliront  certains  vœux  en&emblement.  Ils  ont  promis 
(^  et  seront  tenus  ensemblement  partir  de  cette  ville  dans  PasquËS 
a  charnels  prochainement  venant  et  ont  y  ceuU  Corade  de  ne  se 
«point  laisser,  ijuittcr,  ni  abandonner  Tung  Taultre*  En  cas  de 
V-  refus  de  Tune  des  parties  ou  buit  jours  aprëii;  pour  tout  délays, 
a  celui  qui  refusera  sera  tenu  de  paj^er  et  bailler  à  Taullre,  celuf 
tf  qui  fera  le  voyaigt^  la  somme  de  trente  livres  tournois 

u  S'est  le  dit  défaillant  engagé  corps  et  hîen> 

il  Ont  signé  deux  témoins,  Corade  et  le  juré  ;  notaire  Pelle-  « 

Cette  pièce  nous  apprend  formellement  que  Dominique  et  Bap- 
tiste sont  frères,  qu'ils  ont  encore  leur  mère  près  de  Gènes  et  des 
parents;  (]u'ils  avaient  leur  habitat  distinct,  et  que,  quoique  faïen- 
ciers â  Nevers,  Dominique  habite  SaintrEioi  :  à  sii  kilomètres  de 
Nevers  et  près  des  ducs  de  Mevera  qui  avaient  résidence  au  même 
endroit* 

D^où  découle  naturellement  qu'ils  travaillaient  ensemble.  Recon- 
stituer cette  association  est  élémentaire.  Par  les  lettres  de  naturali- 
sation on  sait  que  Daniioiquet  depuis  sa  prime  jeunesse,  est  au 
service  de  l'armée  française;  qu'il  est  resté  le  compagnon  d^armes 
du  iluc  de  Gonzague.  Il  est  donc  surtout  soldat,  homme  d*arnies,  et 
non  faïencier. 

Ce  deruier  titre  appartient  h  ses  frères.  Quant  à  lui,  avec  la  suite 
du  due  de  Nevers  dont  il  fait  toujours  partie  en  ICOS,  il  vient  dans 
cette  ville,  VoiHi  bien  les  faits  historiques  selon  de  Tbou  expliqués. 
Et  maintenant  commentons  :  Ses  frères,  faïenciers  à  Savone,  vien- 
nent voir  Dominique,  qui  leur  attire  les  bonnes  grâces  du  prince. 

Cette  bonne  «jràee  n'est-elle  pas  naturelle?  Le  duc  est  Italien,  il 
accueille  ses  concitoyens  et  connaît  la  faïence  artistique  d'Italie.  Il 
sait  que  cette  industrie  lui  apportera  de  la  gloire  et  de  la  fortune 
dans  son  duché. 

C'est  le  fait  que  nous  allons  voir  se  compléter  par  une  renais- 
sance architecturale  dans  Téglisc  des  Minimes,  que  la  ville  de  IVevers, 
avec  nos  prétentions  de  connaisseurs,  vient  de  détruire  il  y  a 
encore  peu  de  jours,  et  par  une  pièce  très  importante  encore  iné- 
dite des  Archives  communales  —  A.  A*  26  —  161 1-1670,  arcFiives 
Brisson  —  :  une  donation  du  16  mai  161 J,  par  Augustin  Corn 

V  Honorable    homme  Augustin  Corrade,    maistre   pothîer 
a  œuvre  blanche  et  dame  Francisque  de  Douaigue,  sa    Tem 


j 


.  ._^ 


ix  déclarent  qu'ils  ont  été  naturalisés  par  le  Roi  depuU  qu'ils  sont 
*<  en  FraDcc. 

■  Uais  quMU  sont  natifs  dltalye  et  demeoraDt  dans  la  ville  de 
«  JVewerB  depuis  plus  de  vingt-sept  ans. 

ttOnt  signé  les  témoins  :  Honoralde  homme  Loys  Ikfamndat  — 
o(juy  Cbaatenier,  poltiier».  a 

D'antre  part,  nous  avons  trouvé  joint  k  cotte  importante  pièce 
aux  archives  communales  rinveotaire  du  28  seplemlire  1612 
fait  aprèâ  décès  de  Conrade,  c'est  la  mise  à  exécution  de  la  do* 
nation  « 

Elle  est  de  Tétade  Pellép  notaire  de  Conrade,  elle  appelle  te 
défunt  le  îeigneur  Augustin  Conratle  maistre  pothier,  demeurant 
rue  de  la  Tartre,  paroisse  S*  Laurent, 

Les  appréciateurs  (e^tpcrts)  se  nomment  Jules  Gambin^  maistre 
pothler,  et  Estienne  Naqueau,  maistre  menulf^ier. 

Les  témoins  sont  tous  potiers;  ils  s'appellent  Guy  Cbastigner^ 
François  Cliappu^,  Estienne  Gay,  et  demeurent  à  Keiera. 

u  Comme  la  veuve  fîouaigue  (V  Conradej,  Chappina  dit  n^  savoir 
signer.  » 

L'estimation  suit  en  trente>quatre  articles  se  montant  â  8  40  livres 
3  sous. 

Nous  venons  de  redresser  Terreur  de  M.  du  llroc-  1^  femme 
d'Augustin  s  appelait  Francisque  de  DonaiguCf  et  non  Françoise 
Conrade.  Les  Conrade  sont  trois  frères  venus  à  Xevers  depuis  plus 
de  vingt-sept  ans,  disent-il^;  mais  ils  précisent  :  depuis  leur  naîu- 
ralisationj  soit  1578  ou  vingt-quatre  ans  avant  la  date  de  1602 
donnée  par  M.  du  Broc. 

\ons  avons  démontré  aussi  que  Dominique  a  précédé  ses  frères; 
qu'il  les  a  installés  et  s'est  associe  avec  eu%\  que  sa  haute  situa- 
tion auprès  du  duc,  près  de  qui  il  est  encore  (à  Saint-Floi)  en  1608, 
a  facilité  et  fait  prospérer  T  indu  strie.  Cette  prospérité  nous  apparaît 
non  seulement  par  la  dédicace  de  Gaston  Clave,  mais  d'une 
façon  tengîLile  par  rhotel  fastueux  qu'habifciit  Augustin  rue.  de  la 
Tartre- 
Cet  hôtel  en  ruine  existe  encore  au  n"  58  de  cette  rue;  et  il  y  a 

uï  n^en  voulons  pûor  pretii'e  qtie  deux  si^^TiaLiiresque  oouii  donnons,  pri^e^ 
^  même  acte  en  IG08,  par-dé^aot  Sîmoziru,  pour  \m  mnrdié.  Voir  appCD- 
'>    Ici  signatures  1  et  2,  pago  ^ÎOi/ 


f08  LES    CONRADE. 

environ  vingt  ans,  nous  avons  va  opérer  la  démolition  de  itoh  de 
sfis  fours.  M,  de  Le5pi nasse,  président  de  la  Société  Nivernaise, 
nous  Ta  rappelé  à  notre  lecture  »  en  séance  de  celte  Société. 

Au  devant  de  cet  hôtel,  situé  près  des  remparts,  était  une  grande 
cour  au  fond  de  laquelle  se  voit  encore,  en  ruine^  son  élégant 
perron. 

Mais  ce  ne  sont  pas  les  seules  conclusions  découlant  de  cm 
pièces.  V appréciateur  GanAin  n*est-îl  pas  le  parent  de  Sci- 
pion? 

Son  origine,  par  la  consonance  (Gambino),  n'cst-elle  pas  d'Italie? 

Dans  ce  cas^  tout  s'explique,  et  Scipion  Gambin  était  potier  cbci 
les  Conrade. 

Jusqu'en  163^,  on  ne  connaît  pas  d*autre  fabrique  que  celle  des 
Conrade;  la  première  connue  est  celle  de  Dourcier  et  puis  celle  de 
Custode. 

Mais  l'un  et  Tautre,  on  connaît  ce  détail,  avaient  été  potiers  chc2 
les  Conrade. 

Au  surplus,  vofcJ  encore  d'autres  extraits  des  archives  conima- 
nales  :  «  G.  C.  246-1599.  Au  seïgneur  Augustino  Corado,  maistre 
de  la  poterie  de  cette  ville,  44  cens  pour  garniture  de  4  huSTets  de 
vaisselles  de  terre  blanche  peinte  envoyée  à  Paris,  v 

On  dit,  notons-le  bien,  la  poterie  d^  cette  ville.  Il  n'y  en  a  pas 
deux. 

C.  C.  254-1603:  «Au  seigneur  Auguste  Conrade  66'^  pour  dousd 
douzaines  de  vaisselle  faïence.  » 

£n  16!  1  on  signale  encore  son  nom, 

Baptiste  est  aussi  qualifié  de  seigneur  en  1606,  tfil2  et  1614. 
Et  Dominique  en  1604, 

Voici  qu'en  T59(),seizeans  avant  la  date  de  l'inventaire  et  douze  ans 
avant  la  date  première  donnée  par  AL  dd  Broc,  Dominique  fabri- 
quait de  la  faïence  avec  ses  frères.  Ces  vaisselles  sont  envoyées  att 
trésorier  de  Moulins,  à  Paris,  a  la  Ville  de  Paris,  etc.,  etc.  C'est- 
à-dire  que  leur  commerce  est  prospère  et  bien  connu. 

11  existe  pourtant  une  mention  qui  mérite  une  place  à  part,  elle 
est  de  1606.  «  On  a  payé  à  Baptiste  CouradCppo/iVr  sculpteur^  26" 
pour  avoir  fait  une  figure  de  terre  et  un  lion  de  plâtre,  n 

Poiier-scuipteur^  voilà  la  dénomination  précise  de  Fosuvre 
aptlste* 


LES   COXRâD£. 


109 


Nous  venons,  je  Tespère»  de  rt  habiliter  comme  elle  le  méritait 
la  mémoire  des  Conrad^. 

Xous  avons  donné  à  ce»  artistes  étrangers  la  gloire  et  le  mérite 
d'avoir  pu  créer  et  fait  prospérer  en  plein  Xivernais  une  industrie 
d'art  L>ien  connu,  ^u  preiuière  ek  FadNCEr ,  nous  dit  de  Thou.  Elle 
a  eu  et  a  encore  une  haute  renom méCp 

Celle  Ecole  proiincrale  du  clix-sepliéme  sîétîe  a  eo  son  reflet 
(quelques  années  après  à  Rouen* 

Mais,  en  réhabilitant  les  Conrade,  il  faut  aussi  donnera  Lodoiico 
de  Gonzague,  et  non  à  son  fils  Charles  »  Thon  n  eu  r  d'avoir  facililé 
les  créations  de  ces  genlilshmmnea  ouvriârs  iVart, 

Jusqu'ici  on  ne  Tavait  pas  fait.  Je  suis  heureux  de  rétablir  cette 
vèi'ilé  historique.  Vous  ne  serez  pas  indifférents,  Messieurs,  à  celte 
coDcloston;  car  combien,  parmi  les  bons  collectionneurs,  ont 
apprécié,  depuis  longtemps,  les  pièces  de  faïence  authentiques  des 
Conrade  de  la  première  génération  ? 

IUa&sillo^i  RotJVET, 

Archit^cle.  corre^potiJant  du  Ministère 
de»  Beau  1- Arts  el  membre d«  lftSori<^t« 
X'irerDAiic. 


300 


LES    COXRâDE. 


APPEXDICE 


Apiti  iToir  leni  tn  Fr«ùc«  H-m  t«  eflinni#pç*miiiil  d*  **  jeannif,  rttoif  tn  IB7B 

dri  It^tlrvt  ft«  iildrtLiiafiDn  d*  Htnri  ll[.  Aliiflire  piiljtr  dtmpuraDl  à  [Vei^i  il  S  jaJh 

Ift  JftOiJ]    tf'îlrH  p4]tfaiflr  i^D  VA^4ietïc  d«  faieuti  i\\  AQièfubrr  JC04),  quïLng^d:*  frw 

^iifur  iJamntgvff  df  Cu'Arru/f  (H  ■iril  I64Ï4N  L'iv^il  niors  ta  Ifi^lH.  ^  A^AJit  fpou» 

HtaiiMUt  SftBidtt. 

f  

Aulbniti*  AdtolD*,  3  Dortmbrf  L004.  Aprèa  ivair  itrrl  prodiiif  qdt-  i^tqntM 

lî  Juillfl    1(>0£.     loT»  tq>,  ett  uuiktGÉ  ptL  Jea4,  Jt  ffmvr,  du  sirtre  poUîtr  Tcriicr    pd    Ttifs- 

PD  riÉiirllQ  drfiirnrt^  Î7  mti  M^lJ,  de  nobh  Anlhaiiu  4»  ce,  |  T  Août  LS.^)i» 

Ca/tm^lft  marciBad  faitnritfr,  30  «uuL   Ifiii,  g«aiilk$iiiin?  ■.iklIcd  unfi!id« 

iPrTADÏ,  fuiBOciPT  qpdjniire  «1  geodafine  *!«■  l»  Rf  inp.  0  Btn  DUHI    ilf    Hf  ni  né 

16dB^  j^eslilbbiDiiF  el /niffitrirr  dp  ta  maison  du  Roi,  brJ-  lé  18  jdliïlet  [ATiO. 
g«djar  de  I*  i:dui|i«g&J4d  dtfi  {:h«tmd'lé34<ri  de  la  Beyne',  -J- 
tl  JDid  ll>4M,  tvaif  «paijfe  CïÛieriDf  Hpdaie«a. 


U^mtDiqgr 

Jelian 

Miirir 

Aine-FriûfgiK 

Cbu-iffi-1/ïDU 

M«n« 

ijuillft]J33ti-l&:iO. 

:i«crnbrtl6Aâ, 

b  tiintr  le^A.  ËQD 

$K  fïvrirr    1640.   ■ 

ÎTotrrlaSl    t>Ar- 

â«cldir«Jl!U 

Kat>l«Û«mldi(|d»de 

jiarrAiitBoblf  boutai 

rlè  iiJdimliLBAbtia 

riJn    Cbarlpl    (tf 

Coonilfi  ,      àlaistre 

(Jbtrk*  dp    t>lrrihe 

df  (jvaMga*  «{   ds 

Laugrrâd, 

fùimçinr   ordinaire 

co&trdltDTdfrlspriD' 

flUivM.prJiicfafsdt 

d0  Sa  JJfl>f  M,  s* p- 

cfAK  Utrie  de  Qab- 

McdtddAHdelIodl- 

darmc  d^  la  eompi- 

iigDP:  ed  tOôâfir? 

fcrî#t*ï!l|tld    IHTTjlJD 

fdit  ië    U    Eltlke, 

fdl    aa-TraiDfr    ntc 

Dablt^&mKPAcbiHf 

}(i^\  ,  j^ruilihtmmr 

UqilUuâirQafCvIng, 

dq  HFfl«.  •irui«*  »ei' 

itTVQAt   St    Mij«ai^ 

- 

pracorfqr  do  Hoi  da 

gnnr  d»  M«Q.n. 

«[    géudArmé    de     la 

I>l«c{j4>d  du  Nkrr- 

Urifit.  riiatt  épod» 

d#Ji. 

UlQJfr 

F.diii< 

\ird|«» 

Cbarl^llP 

|^aij**iliri» 

5ttia#|rirfnbrD 

tum. 

^  airil  IG$H. 

7  jtmipr  lltTI. 

Hr«cidlbp. 

iflea 

1ï  ii-ptpdiLr« 

Adyuitlp,  poH 

*r,  dcmfdfact  «E 

Iitgli  dr  SMdl-FmAi 

<||  aairt  l60Ji,«f<it 

#pdaiH<  KraDdiM{d« 

B*dii|if. 

N'rul  pj*  d» 

poRlëriEé, 

BaplUtp.  jtottier,  dcmunrAtil  Pd  li  maiinn  dr  SiiutWapqu^t  (IJ  tobl  Itliri^  ârolplvar  rd  iDriv  d«fkrriit*(K  «^l< 
JflOi).  ll*ilrç  pottli^r  *n  poienn  bîadcbe,  pult^r  Ko/ffi^wr  (17  orlobra  leiKïj.  Il  aï  Ere  «q  vitMcUr  de  fwKW  î<  i 
Imbrf  LIHl8).  Xebl*  iei^dtur  ^^1  jiorvr  IttlSj,  ivaU  cpuuii^  GabrldU  Paoï^roDH  ËtiJl  dtjl  uorf  pd  lAlS. 


lluga»tiu 
{[\  à»ûi  IMï), 
dwririir  fp  di^* 
flvouf  ;  premier 
midi'd.n  dr  11 
trine    d*     PdI«- 

I0â4«>l  pla»iiH 

rcrbildttaïaûr], 
SiigDf«r  dv  JUi- 
ml,  IfiU  :  di' 
eiFqr^t  A  Maû' 
Udi  (  ElvorboB- 
a^Lt  lONb'IHHS. 

Aï*tl  £pou*e 
PifrtTtli       >l4  - 
]jdk«ï]^dDdlilfill 
Qoa  6Llt»  Mtnr- 


Antliùlae 

ïi   actobr^ 

LttOi. 


Cbârlti 
tT^rqbrvIlHHiî 
rdt  papF  parrai» 
\[r  Chirlea  de 
lîod&ague  ft  d# 
CUkTv.  da«  dq 
NJKTtdila  ft  do 
H«t«lqUt  pridC* 
de  M«qtafii!  ;  » 
miiTâiue^  piiD- 
ee»ba  Bp|d^e  i« 
iromjqr^  priu- 
ettêë  du  lliinv^ 


J»fi 

JO  jabti^r 


Jrb^SdQ 
n  dilâf  L4SI0, 
«pOiliP  Ënrd  -^ 
PJitUppc,  avilie 
badioifr,  un  dp» 
fbeiftd-lF^f  M  dt! 
h  cump^guie  de 
Jt  Ftrliec- ,  fn 
UiJd.  Uere  OIhi- 
rjagà  nwiatt,  le 
4  iDâri  lOâ, 
UafK,  piBEBird#4^ 
pq  PcLogn^  psr 
Min*  dp  GaniB^ 
^1L«1;  elle  t^p<i:tpM 
Kt^cinle  B^itkii, 
^rt&d     triftaripi 


G«br|p|lH 
Â4]iii«ipr  tttl3^ 
iépo^aa  «d  lOàti 
pdble  Ueqtl  de 
Bg|*£r«,  lituit^ 
dtbl  gi^déral  kui 
btiiliaget^l  p«irte 
do  NiiernaAt^ri- 
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1611 


1630 


1631 


LES   COXRJIO&. 

APPEMUGE 


30 1 


« 


(      at^^ir'a^^* 


^ 


{*) 


{') 


DomÎDique  Coorrade  {marché  du  n  décembre  l60&).  — -^rchivei.  M*  Simu 

îurradiî-Gascom^j,  20  Juin  1611. 
hamie  Courade,  BapH^inc.  i>  juin  lOO.  à  SaÏpMii'oè*. 
lûurrade.  tiapléme,  28  murs  1031,  à  Saîut-llenès. 


302 


LES   GONRADfi. 


1631 


1834 


(0 


(") 


1637 


(yf 


<f^^CJiÀ?g^^jy  0 


1643 


1)04nA:^€^Vit    }(f      G  nkUAJi 


o 


'  Gouradc.  Baptêmes  des  28  mars  1631»  12  septembre  1633,  4  février  163V. 
25  septembre  1634,  à  Saint-Genès. 

^  GabrielleCourrade,  24  avril  1634.  Baptême  à  Saiut-Genès. 
'  Marie  Oourrade.  Baptême,  1637,  à  Saint-Genès. 

*  Anthoine  Gonrade,  28  juin  et  12  septembre  1641.  Saiot-Geoès. 

^  Augustin  Courrade,  médecin  de  Louis  XIII  (il  signera  le  procès-verL 
sa,  mort),  22  novembre  1642.  Baptême  à  Saint-Genès. 

*  Dominique  de  Gonrade.  Baptême,  16  mars  1643,  à  Saint-Genès. 


r 


lefô 


LES    COKRADfi. 


<^g'^z)e''   0, 


^:^^  C^a)e  "   ' 


16V5  ^«iH^W^icC       â(y    Qo-nAAi^         (") 

1  Kobic  Antîioîoe  Cooraile./fijeHrtVr  ùrJiuaire  de  la  maison  du  Uoy,  15  iù- 
vrïcr   lôVf.  Haplâmt!  u  Saint-(ji'iièK. 

■  Dominique  de  Conradi?,   Il    septembre  l6Vri  ft  ÎH  atril  iOVS*  BapU'rtir  & 

^  FîU  *ie  Domidiqyi;  de  Conradc,  RapUViie,  23  ûctobre  16V5,  ji  Stint-Grut"*, 
*  Conride,  13  janvier  I6^#îl,  baplùrne  à  Stiut-lït  iiès. 
^  Fîîi  de  Dominiqnc  de  Conriicle.  tî  ntril   tt/tS.   Uaplâme  ^  SiiiiiMj^fiès. 
;litD  de  Conradc,  là  décembre  H)V8.  ltii[il(^me  k  Saint -{jeiièA. 
.b&rlei^Louij  de   Coarade,  éludiiint,    là   JEinuL^r   1035,    Ikpièmc  à    Snittt- 

ï^Sl 

onrAde^  26  juin  1655.  Bip  té  me  à  Saint-Ccnûi. 


1 


304 


1659 


LES   CONRADE. 


/Je^a^^  a:^ryt^<^^ 


(') 


*  i^ta  i»  Coorade,  23  ortohrc  1059.  Bapttmc  à  Stinl-Gen^B. 
*llllrne  d'uae  des  r«ïeace»  de  (loorade. 


PEIKTUKES    iSCOJVnrïJBS    SB    L  ÉCOLE    PlAlfâNDE.  305 


XVI 

NOTICE 

SUR 

PLUSIEURS  ANCIENÏVES  PEINTURES  INCONNUES 
DE  f/ÉCOLE  FLAMANDE 

PaOLÉ€OUÈ»£3 

Nous  avons  eu  VoccasioD,  il  y  a  tléjà  un  certain  temps,  de  voir 
à  Abbeville  des  panneaux  peints  qui,  à  un  premier  examnn,  nous 
avaient  paru,  par  les  sujets,  par  leur  mode  de  composition,  par  le 
Sul  de  leur  exécution  et  enfin  par  certains  détails  caractéristiques, 
devoir  remonter  a.  la  ^rjrandt?  Ecole  flamande  du  quinzi{*[nc  siècle. 
L'étude    plus   approTondie   qu'il  nous  a  éiè  douué   d*en  faire 
ensuite,  et  au  cours  de  laquelle  nous  avons  pu,  à  Taide  de  docu- 
ments, découvrir  leur  provenance  et  préluder  aux  recherches  sur 
leur   origine,    est  venue  conQrmur  notre   prenjière  impression. 
Nous  avons  enfin  été  amené,  par  les  dates  et  par  des  examens 
comparatifs,  à  hasarder  quelques  conjeckires  sur  Tauteur  possible 
de  ces  peintures. 

C'est  le  résultat  de  ces  observations  et  de  ces  recliercbea,  faites 

eiclusivement  au  point  de  vue  de  Tart  et  de  l'esthétique^  que 

nous  venons  présenter  au  Comité  des  Sociétés  t\e^  Beau^-Arts  tles 

départements,  pour  lequel  nous  les  avûns  faites  tout  spécialement. 

Les    tableaux  dont  nous  présentons  des  reproductions  photo- 

graphie] lies  sont,  à  n*en  pas  douter,  les  restes  d'un  ;jrand  rctahlc 

{Hilyptique  ;  ils  étaient,  il  y  a  trente  à  trente-cinq  ans  environ,  au 

-e    de   quatre,    peints   de  cljaque   côte  des   volets,  ceux-ci 

"oaisseur  de   10  à  15  millimètres;  ils  ont  alors  été   sciés 

paisseur  du   bois^   puis  rendus  bien   rigides   au   moyen 

rquetage  appliqué  derrière^  de  niauiére  à  présenter  ainsi. 


aOO  PEINTUKES    IIVCO^NIES    DE    U'EGOLB    FL^UÂXDE. 

élan!  dédouhiês,  huit  panneaux  pouvant  é{r&  vufi  en  même  leoips 
et  suspendus  contre  des  parois  d'un  appartement  à  la  spiEe  les  uns 
des  autres.  ï/un  de  ces  panneaux  a  été  donné  ^1  y  â^  plusieurs 
années,  et  Ton  en  a  malheureusement  perdu  la  trace  ;  îl  u'en 
reste  donc  aujourd'hui  que  sept  que  nous  avons  pu  étudier. 

Trois  de  tes  peintures  représentent  la  Cènâj  V Ascension  et  la 
Pattecoie;  celui  disparu  représenlait  la  Résurrection.  Sur  les 
quatre  autres  pauneaui  sont  de  grandes  figures  isolées,  en  pied* 
encadrées  en  quelque  sorte  dans  des  niches  surmontées  d'un  dais; 
deux  de  ces  dais  sont  de  forme,  ogivale,  et  deux  autres  d'une 
architecture  un  peu  diOTérenle.  Ceâ  derniers  représentent  la  l'ierge, 
Saittl  Hugues  y  évoque  de  Lincoln,  Saint  Jean-Baptisfe,  bI  Saint 
Honoré,  évêque  d'Amiens. 

Ce  sont,  à  n'en  pas  douter,  des  peintures  originales,  toutes 
hien  intactes  et  en  hnn  état  de  conservation^  toutefois  quelques 
traces  de  retouches  y  apparaissent,  surtout  dans  Jes  quatre  pan^ 
neaux  reprrsenlant  des  fî[{urps  isoIres  ;  mais  elles  n'ont  pas  altéré 
sensthlement  l'œuvre  priinitîie,  Tousces  panneaux  portt^nt  comuio 
dimensions,  en  dedans  des  cadres  qui  sont  très  simples^  unis,  et 
tout  modernes,  1"',60  de  hauteur  sur  0",49  de  lar^jeur.  I^ 
peinture  a  été  appliquée  sur  un  ou  plusieurs  enduits  formant  une 
épaisseur  d*un  millimètre  et  demi  eniiron,  ce  qui  dénote  tout  le 
soin  qu'apportaient  les  peintres  de  cette  époque  à  Texécution 
matérielle  et  à  la. conservation  de  leurs  œuvres.  Les  couleurs  sont 
restées  relativement  d'une  graïidc  fraîcheur,  les  ors  é^faleiDenl, 
après  pins  de  quatre  siècles! 

Ces  panneaux,  disons-le  de  suite,  sauf  à  y  revenir  plus  loin  avee 
documents  à  I  appui,  proviennent  d'une  ancienne  abhayo  de 
Chartreui,  détruite  à  k  Révolution,  et  qui  existait  très  florissante 
et  très  riche,  dès  le  quatorzième  siècle,  au  faubourg  de  Ttiui&on 
prés  d^Abbcïille,  sous  le  vocable  de  Sainî-Honoré,  Ces  bois 
peints  formaient  les  volets  du  retable  du  grand  autel  dans  rôgliso 
du  couvent  ;  cette  destination,  qui  n'était  sans  doute  pas  la  primi<- 
tive,  leur  était  donnée,  en  tout  cas,  au  dix*huitième  siècle,  d'aprè:^ 
un  manuscrit  de  1774. 

On  peut  se  rendre  compte,  par  la  différence  bien  tranche, 
eiiste  entre  quatre  de  ces  panneaux  et  les  autres,  de  la  mat, 
dont  ils  devaient,  au  moins  k  cette  époque,  se  trouver  présenté' 


I 


— -^ 


PËI\TtJllES    I»fCO\\llES    DE    L'ÉCOLE    PLA31A:ïDE.  30T 

i'aulelï  nom  «n  iferrotis  plus  loin,  ilu  reste,  l'indrcalioii  précise  et 
même  ta  reproduction  naïve  itaris  le  maiiuscrit  précité.  Lei 
granilc!^  Ggures  en  pied  de  lasamte  Vierge,  de  saint  Jean-Bapttj^te, 
de  saint  Honoré  et  de  saint  Hu.^ues,  de  dimensions  en  hauteur 
panant  entre  0",87  et  0'',90,  se  trouvaient  à  reitérieur  quand 
le  retable  était  fermé,  et  les  sujets  peints  à  l'intérieur  des  pan^ 
neaujï,  Iti  Cène,  la  Résurrection  (disparue),  \  Ascension  et  la 
PeniecôtÉ^  étaient  ilstbtes  seulement  quand  les  rolets  étaient 
déployés,  deu&  à  deux  de  chaque  c6ti%  pour  laisser  apparaître 
alors,  au  milieu,  un  retable  sculpl*^  en  chêne  qui  représentait  la 
Passion.  Ce  retable  ne  devait  pas  exister  au  moment  uh  les  sujets, 
d'une  époque  antérieure,  pensons-nous,  aux  figures  en  pied,  ont 
été  placés  originairement  sur  TauteK 
Occupons-nous  d'abord  de  ceux-ci  : 

LES    DESCRIPTIONS 

C'est  d'abord  la  Cène  ' .  P!llle  est  représentée  dans  un  appartement 
au  fond  duquel  eî^t  appliquée  une  tenture  en  basane  ou  cuir  gaufré, 
rehaussée  d'arabesques  dorées,  et  surmontée  d'un  baldaquin  peint 
en  grisaille,  à  trois  compartiments  ornés  de  filets  qui  forment  des 
triangles  et  des  losanges.  Ces  compartiments  sont  séparés  chacun 
par  une  sorte  de  contrefort;  au-dessus  est  tendue,  en  forme  desoti* 
pente,  une  étoffe  rouge  avec  petite  frange  de  même  couleur  dont 
Jes  quelques  plis  sont  rendus  avec  une  étonnante  vérité*  Chaque 
augle  supérieur  du  tableau  est  urne  de  filets  dorés,  entre-croisés  et 
formant  encoignures;  ces  ors  ont  conservé  une  grande  vigueur; 
tout  en  haut,  enfin,  court  une  mince  bordure  verte. 

Le  Christ  est  debout,  an  fond,  devant  nue  table  autour  de 
laquelle  sont  groupés  les  douze  apOIres.  L'alteution  se  concentre 
sur  cette  belle  figure  du  Sauveur  que  nous  retrouverons  semblable 
dans  ^Ascension,  La  tète,  admirablement  belle,  se  détaclie  du 
nimbe  crucifère  doré  qui  Tentoure  ;  elle  est  d'une  grande  régu- 
krité  sous  ses  cheveux  longs  tombant  droit  sur  les  épaules  en 
'  '  "nt  le  cou  bien  dégagé;  la  barbc^  rougeàtre»  est  en  pointe; 
eui,  assez  fendus,  sont  d'une  grande  douceur  d^exjKression. 


^L  d^prés,  pluicbd  XiW 


308  PEIIVTDAËS    INCONNUES    DE    L  ÉCOLE    FLAMA^DE. 

Le  Christ  est  vêtu  d*une  robe  d'un  bleu  fonce  avec  henlure  doréc^ 
à  poïQtcs  au  cou  et  aux  manches  [  la  main  gauche  est  posée  sur  le 
bord  de  ta  table,  et  il  léiteiid  Tau  Ire  vers  un  plut  où  est  Tagoeaii 
pascal  en  partie  découpé;  les  mains  sont  belles,  les  doigts  seule- 
ment  trop  lou^js.  A  côlé  de  lu),  à  droite,  se  trouve  saint  Pierre, 
debout,  la  tête  entourée  d'un  simple  cercle  doré,  reconnaissable  à 
sa  barbe  blauche  et  à  sa  couronne  de  clipveux  sous  le  haut  du 
crâne  chauve  ;    sa  robe   bleu   pâle  est  recouverte  d'un  manteau 
Tert    foncé   avec   une   sorte  de  rabat  rouge  et  à  bordure  dorée 
tombant  devant  la  poitrine.  11  regarde  le  Christ  et  parait  lai  indi- 
quer du  doigt  Judas,  assis  à  Tautrecôtc  delà  table  au  premier  plan, 
à  droite,  reconnaisaablc   à   son   escarcelle  rouge  à  glands  dorés 
suspendue  à  son  côté  en  bandoulière,  et  ayant  un  autre  petit  sac 
également  suspendu.  Ce  personnage,  au  type  juif  bien  caractérisé, 
et  dont  la  (rgurc,   au  front  déprimé,  au  nez  arqué,   se  détache 
nettement  de   profil,  comme  celle  de  son  voisin  de  gauche,  sur  la 
nappe  bîancUe,  semble  protester  en  se  levant  à  demi  de  son  siège, 
et  en  écartant  les  bras  avec  les  niains  levées;  il  est  vêtu  d'une  robe 
d'un  rouge  pâle  sous  un  manteau  rouge  très  foncé,  à  orfroisdorél 
en  losanges  dans  le  bas,  et  qui  laisse  les  bras  dégagés.  A  gauche 
du  Christ  se  trouve  sainlJean,  aux  cheveux  rouges,  la  robe  rouge 
foncé  recouvej'le  d*un  manteau  bleu  p*ile  ;   il  est  assis,  les  bmi 
posés  sur  la  table,  le^  ^itniL  baissés;  it  para  Et  endormi,  appuyant 
sa  figure  imberbe,  douce,  contre  le  corps  du  Sauveur.  A  coté  de 
lui,  plus    à  gauche,  un  autre  apùtre,  à  la  longue  barbe  et  au^ 
cheveux  blancs,   nimbé  d'un    cercle  doré,  revêtu,  sur  une  robe 
dorée  serrée  à  la  ceinture,  d'un  manteau  à  large  capuchon  baissé, 
pose  la  main  sur  Tépaule  de  saint  Jean  comme  pour  le  réveiller* 
Le  personnage  qui  se  trouve  à  côté  de  Judas,  au  premier  plan,  et 
qui  fart  face  directement  au  Christ,  est  tu  de  dos,  la  figure  tournée 
à  gauche,  de  profil,  les  cheveux  assez  longs^  ainsi  que  la  barbe  ^ 
il  est  assis  sur  une  chaise  triangulaire  dont  le  pied  du  milîeui  pro- 
longé, est  surmonté  d*un  dossier  cintré»  Cet  apôtre  est  vêtu  d'un 
manteau  rouge  a  capuchon   violet    foncé    avec    petite    bordure 
dorée^  recouvrant  une  robe  d*uu  rouge  cramoisi  sur  Torfroi  de 
quelle,  au  bas,  sont  tracées  des  lettres  qu'on   distingue   un  p 
difficilement;  à  gauche  :  xoqeaesorpv;  à  droite  :  D  :  ixïi,  puis 
continuant,  et  dans  les  plis  :  ot,  et,  als.  Celui  qui  est  à  coté, 


l'Uucbf  XI\  . 


ri.jlf  :wi8. 


LA    CKJVK 


RKTABI.K    DK    L  WCMIVNK    r.IHnTIlKrSK    DK    SAI\T-UO\OHK.    S    ll:BrVIM.K 
fPitrni  inlf'rj#nri*    Hu    nrrniifr    tuiri    i 


-;^* 


1^    ill^    If  WlBil   I       <I<^PPV""       I      ii 


FEIXTLiaES    l\CO^X[lEâ    DE    L'KCOtE    FLAyANÛE.  Z0*> 

gauche»  à  Topposé  de  Judas^  a  une  robe  bleue  recouverte  d*un 
TÊtement  en  drap  d'or  uni  mat. 

Les  autres  disciples  sont  assis  autour  de  la  table,  les  uns 
Joignant  les  maing,  tous  «jêut^ralcmcnt  dans  Tattitiide  du  respect 
et  ile  Tadoratian;  les  figures  sont  moins  suignées  que  celle  du 
Cbrist,  plus  rudes,  les  cheveux  et  la  barbe  rendus  avec  une  grande 
iinessej  les  costumes  généralêmenl  brodés  d'nr,  les  draperies  bien 
étudiées^  rextréniîté  des  plis  des  manteaux  formant  pour  la  plu- 
pari  des  pointes  anguleuses;  toutes  li-s  couleurs  sont  bien  fondues 
et  harmonieuses  de  ton,  Mous  signalons  comme  bien  caractéristique 
rinlersité  de  vie  qui  se  dégage  des  yeux  de  tous  ces  personnages 
et  qui  se  remarque,  au  surplus,  dans  les  deux  autres  sujets  de 
ces  volets  intérieurs  ;  nous  aurons  plus  loin  à  y  revenir  en  basardant 
quelques  conjectures  lors  de  la  recherche  du  nom  du  peintre 
auquel  ces  sujets  pourraient  être  attribués,  selon  nous,  non  sans 
quelque  vraisemblance. 

Entre  saint  Pierre  et  Judas,  à  droite,  sont  trois  personnages^ 
dont  ]*un,  debout,  à  coté  de  saint  Pierre,  est  le  même  que  celui 
qui,  comme  nous  le  verrous  dans  VAscension,  a  la  lêie  complèle- 
ment  renversée  en  arrière;  son  voisin,  à  la  ligure  imberbe,  la  tête 
couverte  d*une  sorte  de  capujet,  se  retrouve  aussi  nettement 
semblable  dans  la  Pentecôte,  les  cheveux  coupés  droit  sur  le 
front,  revêtu  d*un  justaucorps  verdàlreavec  large  col  uni,  entière- 
ment doré;  il  parait  être  un  portrait. 

Les  accessoires  sont  traités  aiec  un  soin  et  un  réalisme,  pour- 
rait-on dire,  digues  de  remarque;  notamment  au  premier  plan,  à 

droite,    une  corbeille  à  pain  et  un  pot  ou  cruche  en  grès  couverte 

par  un    bouchon  de  linge.  Xotons  encore  la  garniture  de  la  table; 

celle-ci  est  recouverte  d*une  nappe  d'une  blancheur  éblouissante  sur 

laquelle   se   détachent  nettement  des  petits  pains  ronds  presque 

en   boules,  des  salières,  des  verres  à  boire^  de  petites  assiettes; 

puii»  encore,  devant  chaque  convive,  une  petite  tablette  de  forme 

carrée  oblongue,  avec  un  couteau  à  côté. 

Xous    devons    parler  maintenant  de  deux    autres   parties   du 

tableau  qui  ne  sont  pas  moins  intéressantes  et  qui  montrent  bien 

,     caraclère  tout  flamand  de  cette  Œuire. 

V  droite,  par  Fem brasure  d'une  porte,  se  trouve  représentée 

i     rjs  le   fond  la  scène  du  Lavement  des  pieds ^  vue  à  une  certaine 


1 


3Ï0  PEI\TURES    UCOWUES    DE    LECOLE    FLAMANDE. 

dUtance.  Le  Sauveur  est  à  genouj,  les  manclieâ  relevées,  ayanl  uo 
tablier  devant  lui  ;  il  lave  dans  un  bassin  doré  les  pretls  de  saint 
Pierre.  Celui-ci  est  facilement  reconnaissable  à  la  couronne  iè 
cbaveui  blancs  et  à  son  crâne  nu  comme  dans  le  sujet  principal  ; 
k  ressemblance  est  étonnante.  Les  autres  apôtres,  là  au  nombre 
de  dii^  tous  nimbés  en  plein  comme  le  Christ,  sont  gtoupé^, 
debout,  autour  de  lui. 

A  gaucbe,  et  par  Tembrasure  d*une  croisée  ouverte  dont  l'ita» 
poste  fixe  est  garnie  de  petits  carreaux  plombés  en  losange  et  dont 
les  volets  sont  repliés  en  dedans,  on  aperçoit  un  carrefour  de  villiî 
flamande  au  moyen  âge  ;  ce  £otit  bien  là  ces  anciennes  maisons  à 
étages p  avec  larges  fenêtres  à  plusieurs  montants  comme  celles  Je 
la  maison  des  Itateliers  à  Gand,  ces  pignons  élancés  à  rebords  dé- 
coupés on  escalier  ou  pas  de  moineaux ,  ces  lucarnes  de  grenier,  etc*; 
dans  le  fond,  vers  la  droite,  un  clocher  eu  pointe  élevée;  plus  à 
droite,  une  haute  tour  ronde  qui  se  dresse  au-dessus  dn  comble 
de  réglise,  environnée  d'une  couronne  de  pignons  assez  fantai- 
sistes. Cette  tour  peut  rappeler  jusqu'à  un  certain  point  celle  de 
Druge^»  mais  elle  ne  rappelle  pas  moins  celle  de  Salnt-Pierre  de 
Louvain  et  d'ailleurs  beaucoup  d'autres  ^  c'était  une  sorte  de  motif 
courant.  On  remarque  vmq  personnages  de  dimensions  minus- 
cules (()'*', ÔT8  à  0™,020},  mais  on  les  distingue  très  nettement.  A 
gauche,  deuît  hommes  paraissent  sortir  d'une  maison,  Tun,  par  de- 
vant, le  maître,  coiffé  d'un  bonnet  à  pointes,  peu  élevé  et  à  bords 
relevés,  vêtu  d'un  ample  manteau  ousouquenille  à  larges  manches 
qui  lui  descend  jusqu'aux  pieds;  il  est  suivi  d'un  valet  ou  soudard 
coiffé  d'un  chapeau  rond,  couvert  d'un  vêtement  rouge  tombant 
au-dessous  des  genoux  et  à  manches  un  peu  larges,  les  jambes 
prises  dans  une  sorte  de  buut-de-chausses^  ayant  des  souliers  à  In 
poulaîne  qui,  comme  le  costume,  sont  encore  l'indication  d'une 
époi|ue;  il  tient  à  la  main  irne  longue  hallebarde,  La  porte  par 
laquelle  viennent  de  sortir  ces  deux  personnages  est  assez  élevée 
et  surmontée  d'un  porche  ogival  à  pointe  élancée.  Du  même  rùlé 
on  aperçoit,  penchée  à  la  fenêtre  d*une  maison  plus  loin,  au-deli 
de  la  place,  une  femme  dont  ne  voit  que  le  liant  du  corps,  la  télé 
couverte  d*un  voile  blanc  qui  retombe  sur  les  côtés;  elle  est  \ 
d'une  robe  rouge.  Au  milieu,  la  place,  à  laquelle  aboutissent 
sieurs  rues  ;  à  droite,  et  à  Centrée  d*une  de  ces  rues,  sont  arr 


PEINTURES   INCONNUES   DE    L'ÉCOLE   PLAUAXDE.  3|l 

un  homme  et  une  femme  paraissant  causer  ensemble,  la  femme 
vôlue  d*une  longue  robe  bleuâtre  avec  voile  blanc  sur  la  télé  et  sur 
les  épaules  ;  Thomme,  qu'on  ne  voit  qu'en  partie»  est  coiffé  d'un 
bonnet  rouge,  et  couvert  d*un  long  vêtement  blanchâtre  à  gros  plis, 
d'un  haut-de-chausses  rouge,  et  il  porte  également  des  souliers  à  la 
poulaine.  Cette  échappée  sur  la  ville,  prise  en  quelque  sorte  sur  le 
vif  avec  ses  passants,  a  été  étudiée  comme  une  véritable  enlu- 
minure ;  elle  est  bien  éclairée,  avec  des  détails  exquis  de  naïveté, 
de  vérité,  et  elle  a  été  peinte  avec  une  finesse  qui  affronte  l'épreuve 
de  la  loupe.  N'oublions  pas  enfin  près  de  la  fenêtre,  dans  l'appar- 
tement de  la  Cène,  une  cage  suspendue  renfermant  un  oiseau  qui 
paraît  être  un  perroquet  '. 

V Ascension  est  traitée  de  la  même  manière,  et  on  y  reconnaît 
presque  tontes  les  figures  dont  plusieurs  se  retrouvent  avec  une 
ressemblance  frappante,  de  même  que  les  costumes*. 

Au-dessus  du  globe  de  la  terre  qui  est  à  mi-hauteur  de  la 
composition  et  qui  en  occupe  presque  toute  la  largeur,  le  Christ 
s'élève  dans  les  airs,  les  pieds  nus,  venant  à  peine  de  quitter  le 

I  Soivant  one  indication  dont  nous  remercions  Tâuteur  de  liante  compétence, 
M.  Louis  de  Fonrcaod,  professeur  d'histoire  d'art  et  d'esthétique  à  l*École  natio- 
nale des  Beaui-Arts,  •  la  composition  de  la  Cène  pourrait  être  rapprochée  du  même 
sujet  traité  par  Thierri  Boots  (cathédrale  de  Louvain).  La  période  d'activité  de  Bouts 
s'étend  de  1448,  époque  où  on  le  trouve  marié  à  Louvain,  jusqu'à  1475,  dat^desa 
mort.  Toutefois,  il  n'est  guère  possible  de  suivre  sa  carrière  que  depuis  1466,  et 
nous  ignorons  quels  tableaux  il  a  pu  exécuter  avant  cette  époque.  Sa  Cène  offre  des 
draperies  fort  différentes  de  celles  ordinaires  à  l'artiste  dans  la  plupart  de  ses 
œuvres,  et  point  de  ces  ensembles  de  luxueus  costumes  et  de  détails  somptuaircs 
qui  lai  sont  si  familiers;  les  fenêtres  laissent  apercevoir  la  ville,  etc.  Certaines 
attitudes  et  même  certains  types  font  peuser  à  cerlaioes.  attitudes  et  à  certains 
types  de  la  Cène  de  Thnison.  Resterait  &  comparer  les  factures.  S'il  était  prouvé 
que  les  panneaux  de  Thuison  sont  de  maître  Rogier,  le  fait  serait  d'une  <{rande 
importance  pour  la  biographie  de  Bouts,  qui  passe  déjà,  quoique  sans  preuve, 
pour  être  rélève  de  Van  der  Weyden.  S'il  pouvait  être  admis,  par  contre,  que  ces 
panneaux  sont  de  Bonts,  lui-même,  en  sa  jeunesse,  comme  tes  trois  pcintnros 
d'.^bbeville  sont  de  la  même  main,  nous  aurions  un  admirable  témoif{na<^e  de  son 
point  de  départ...  Il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  le  goût  de  réalisme  tout  hullan- 
dais  qui  se  produit,  par  exemple,  aux  écussons  du  premier  plan,  et  Bouts  ost 
d*origine  hollandaise;  cependant  on  ne  voit  rien  d'analogue  ni  dans  la  Crne  de 
*  ^uvain,  ni  dans  la  Pdque juive  de  Berlin;  mais  les  accessoires  de  la  Jusiire  de 

•npereur  Othon  (Musée  de  Bruxelles)  sont  traités,  au  moins,  dans  un  sentiment 

relief  et  d'impeccable  réalité,  v 
'  oir,  ci-après,  planche  XV. 


(P^mi  iulrripuri'  du  Ir  .i 


312  PEINTURES    IAïC0»NUE3    DE    LECOLE    FLAMANDE. 

sol,  tenant  la  main  il  roi  le  levée  et  bè  [lissant-  Le  corps  (Q'^,39) 
est  droit,  raide,  assez  long,  révolu  d'une  robe  d*un  vîolel  foncé, 
très  longue,  serrée  au  cou,  aux  larges  plis  qu'il  tient  de  la  main 
gancfae  en  la  relevant  sur  le  c6tê,  ce  qui  laisse  voir  une  partie  de 
la  jambe.  La  Ggure,  vue  de  face,  est  d'une  belle  expression,  d^une 
sérénité  grave  et  impûsante,  les  yeux  grands  ouv€^rts  ;  la  léte  est 
entourée  d'un  nimbe  crucifère  doré,  les  cheveux  et  la  harbe  rouges; 
le  corps  est  au  milieu  de  rayons  d'or  partant  du  haut  du  ciel  et  un 
peu  caché  par  des  nuages  à  droite  et  à  gaucbe,  au*desaus  de  deux 
paysages  dont  nous  allons  parler  plus  loin.  Sur  la  bordure  dorée 
du  bas  de  la  robe  du  Christ  on  lit  suivant  les  plia,  de  gauche  adroite, 
les  parties  suivantes  de  versets  en  Tbonneur  de  la  Vierge.:  Salve 
sancta  Dcigenitrix,.,  opéra  manuum...  lu..,  bon. 

Devant  le  globe  terrestre  qu'ils  cachent  en  partie,  et  de  chaque 
c6té,  sont  groupés  les  apûtres,  à  genoux,  dans  des  atliludes 
diverses,  quelques-unes  assez  forcées,  exprimant  toutes  Tétonne- 
ment  et  Tadoration,  la  Sgure  et  les  mains  levées  vers  le  Christ; 
ils  sont  tous  drapés  dans  des  costumes  très  amples  et  fort  lougs 
avec  bordures  dorées  et  à  ornements,  plus  ou  moins  larges. 

On  remarque  tout  particulièrement  vers  la  gauche  la  Vierge  à 
genoux,  les  mains  (dont  les  doigts  sont  très  longs)  jointes  à  plat, 
la  tète  levée,  les  yeux  d'uue  expression  lueifahle  d'adoration,  de 
regret  et  de  résignation.  Cette  figure  de  la  mère  du  Sauveur  est 
d'un  modelé  achevé,  d*une  extrême  douceur,  aux  yeux  vivants, 
pourrait-on  dire  ;  nous  la  retrouverons,  absolument  du  même 
type,  non  moins  belle,  mais  peut-être  sans  la  même  intensité  du 
regard,  dans  la  Pentecôte.  Ici  malheureusement  (et  c'est  peut-être 
la  seule  détérioration  qui  existe  dans  ces  peintures,  d'ailleurs  si 
bien  conservées)  la  figure  a  reçu  un  choc,  qui  a  fait  une  éraflure 
et  l'a  ainsi  un  peu  altérée  vers  le  milieu  à  l'endroit  du  nez  et  du 
haut  de  la  joue,  mais  qui  cependant  ne  lui  a  pas  fait  perdre  son 
admirable  caractère.  La  Vierge  a  la  tête  couverte  d*un  voile  blanc 
qui  lui  tombe  jusque  sur  les  yeux  et  qui  lui  couvre  de  ses  plis  le:^ 
épaules  et  le  haut  de  la  poitrine  ;  sous  sa  robe  qui  est  noire  et 
dont  la  doublure  d'hermine  se  voit  au  bord  des  manches  et  dans 
le  bas,  est  posé  un  grand  manteau  largement  drapé  qui,  relei 
sur  le  haut  de  la  tête,  un  peu  relevé  sous  le  coude,  tombe  en  pJ 
gracieux  jusque   par  terre    en   formant    une  sorte    de    roton 


PEINTURES    INCONKUES   DE    L'ÉGOLE    FLAMANDE.  333 

derrière  la  Vierge;  ce  manteau  est  garni  d'un  assez  large  orfroi 
8Dr  lequel  on  distingue  les  mots  suivants  d'une  antienne  :  Regina: 
misericordie  :■  vita  :  dulcedo  :  e  spes  noitra  :  sahe. 

Derrière  la  Vierge,  plus  à  gauche,  on  reconnaît  saint  Jean,  avec 
un  court  manteau  d*un  bleu  très  pâle,  presque  blanc,  formant  une 
sorte  d*écharpe  soutenue  par  les  bras,  et  qui  tranche  sous  sa  robe 
d'un  rouge  un  peu  effacé,  les  mains  jointes,  les  cheveux  rougeàtres 
abondants,  un  peu  crépus,  sans  barbe,  aux  traits  doux,  réguliers, 
aux  beaux  yeux  expressifs,  la  tète  rejetée  en  arrière  comme  les 
autres,  la  bouche  légèrement  entr*ouverte  ;  l'attitude  générale, 
enfin,  rendant  bien  le  sentiment  d'admiration  et  d'extase. 

Toujours  au  premier  plan,  mais  à  droite  et  en  face  de  la  Vierge, 
saint  Pierre,  bien  reconnaissable  aussi,  est  prosterné  presque  à 
genoux  dans  la  même  attitude,  les  mains  un  peu  écartées,  vu  de 
côté;  ses  traits  sont  assez  rudes,  mais  non  moins  expressifs;  il  est 
couvert  au-dessus  de  sa  robe  d'un  bleu  paie  d'un  large  manteau 
rouge  à  bordure  dorée  qui  s'étend  sur  le  sol. 

Parmi  les  autres  personnages  au  second  et  au  troisième  plan,  tous 
habilement  groupés,  dans  des  poses  et  sous  des  costumes  un  peu 
différents,  on  en  remarque  deux  au  milieu,  vis-à-vis  l'un  de  l'autre» 
le  premier  représenté  complètement  de  dos,  portant  une  robe 
d'étoffe  cramoisie,  d'une  grande  richesse  avec  ses  ornements 
brodés  d'or,  et,  par-dessus,  son  manteau  à  orfrois,  serré  k  la  taille, 
d'un  rouge  très  foncé;  il  tient  sur  ses  bras  une  sorte  d'écharpe  d'un 
bleu  pAle;  le  second  est  revêtu  d'une  robe  et  d'un  manteau  verts; 
tous  deux  ont  la  tète  complètement  renversée  en  arrière  en  regar- 
dant le  Christ  qui 's'élève  immédiatement  au-dessus  d'eux;  leurs 
tètes  se  présentent  ainsi  en  complet  raccourci,  et  on  n'aperçoit,  du 
premier  surtout,  que  le  haut  du  front  et  le  nez.  Nous  ne  pourrions 
détailler  tous  ces  personnages,  mais  on  y  reconnaît  la  plupart 
des  mêmes  types  qui  sont  représentés  dans  la  Cène,  l*un  notam- 
ment dans  le  fond  vêtu  d'une  robe  d'un  tissu  uni,  entièrement 
dorée;  les  plis  des  manteaux  forment  également  des  pointes  angu- 
leuses. 

Tout  au  premier  plan,  le  sol  se  compose  d'un  gazon  que  le  peintre 
i    c^maillé  de  (leurs  de  toute  espèce  :  des  pensées,  des  héliotropes, 
s  chardons,  des  pâquerettes,  des  ancoles  et  autres,  rendus  avec  un 


1    'y  une  ténuité  et  une  délicatesse  merveilleuses.  Cette  partie  du 


^ 


311  .       PEIKTUAES    INGO^NMLES    DE    L  ECOLE    FLAMANDE. 


tableau  indique  encore  maDlfestement  une  époque  et  une  origine'. 
Nous  devons  enGn, comme  daos  le  premier  volet,  appeler  Fatten- 
lîon  sur  les  c6tés  du  tableau  qui  présentent  un  non  moindre  intérêt; 
cette  partie  accessoire  est  bien  canicti-rislique  aussi  au  point  de 
ïiie  de  la  recherche  de  Tauteur  de  ces  peintures.  Ce  sont  deui 
paysages  qui  se  déroulent  au  loin»  derrière  la  boule  du  monde,  de 
chaque  côté  du  Christ.  A  gauche,  un  amas  de  rochers  d'une  grande 
hauteur,  abrupts,  où  croissent  des  arbustes  en  boules^  et  devant 
lesquels,  â  un  premier  plan,  s'élèvent  deui  grands  arbres  à  la  tije 
frêle  €>t  élancée  au  haut  de  laquelle  les  branches  et  les  feuilles  délî- 
catenient  fouillées  se  détachent  légèrement;  au  bas  s'étend  un  cours 
d'eau  ou  lac  qui  fuit  à  perte  de  vue  dans  une  belle  perspective. 
Enfin  au  loin,  sur  le  ctMé  et  derrière  un  gros  bouquet  d'arbres 
touffus,  on  aperçoit  une  église  airec  clocher  surmonté  d*une  flèche 
élancée;  plus  loin  encore  d'autres  édifices. 

L*échappée  de  dnïite  est  encore  plusjolieetsurtout  plus  intéres- 
sante. C*est  d'abord  une  verte  prnirle  assez  étendue  devant  laquelle, 
au  premier  plan»  se  dressent  trois  grands  arbres  semblables  à  ceux 
i  de  gauche;  la  prairie  est  pcirsemèe  plua  loin  d'arbustes  en  boule 

entre  lesquels  serpentent  des  chemins  et  un  cours  d'eau  qui  va  se 
déverser  dans  le  lijc.  Au  delà  est  représentée,  dans  une  attrayante 
perspective  et  presque  à  vol  d'oiseau,  toute  une  ville  flamande  du 
moyen  dge  avec  ses  murailles,  ses  tours  diversement  étagées^  ses 
maisons  et  êdiflces,  notamment  ses  églises  monumentales.  Tune  à 
gauche,  vue  de  côté,  avec  ses  contreforts  de  la  nef,  son  clocher 
carré  avec  flèche  en  pointe  accotée  aui  angles  d'éperons  surmonlès 
d'élégants  pinacles;  une  autre  éfjlise  se  voit  plus  à  droite,  avec 
clocher  garni  de  colonnettes  aux  angles  et  se  terminant  par  une 
flèche  ronde.  Ces  monuments  et  autres  constructions,  éclaires 
d*une  manière  tout  intense,  se  détachent  bien  nettement,  atecleuri 
innomhraldes  détails  d'architecture  rendus  avec  une  netteté  et  une 
flnesse  merveilleuses,  sur  le  vert  d'une  colline  qui  se  voit  au  delà, 
parsemée  de  nomhreuK  bouquets  d*arbres  d'un  vert  sombre;  cette 
ville  parait  rappeler  celle  de  Bruges.  I*lus  loin  enfin  et  au  dernier 

'  A  Ces  Itêitri^iscments,  qui  vù'fiDent  dc«  inmialtiriAleâ,  cueuitië   ocms  II'  tii 
rf^marqucr  M.  Lanh  do  Foyrcuud,  <;oul  cEier$  à  E't'kolc  Ûftmande  prîmitivi 
pfut  les  voir  nu  promtor  plaa  du  taltleau  de  V slgn^mi  de  Van  Eyck  el  danf 
dos  œjirfc^  di)  quirnièmc  iiéclt-n  ■ 


f 


PEINTURES   INCONNUES   DE    L'ÉCOLE    FLAMANDE.  S15 

plan,  s'élève  une  monlagne  assez  escarpée  oii  Ton  distingue  d*une 
manière  un  peu  confuse^  dans  une  sorte  de  bruine,  des  construc- 
tions de  toute  nature,  des  tours,  des  clochers  paraissant  çà  et  là 
entre  des  arbres  et  des  arbustes  *. 

Le  troisième  sujet  représente  la  Pentecôte*. 
Dans  un  vaste  local  en  longueur  avec  carrelage  de  marbre  blanc 
et  noir,  éclairé  sur  les  côtés  et  dans  le  fond  par  des  croisées  à  petites 
vilres  maillées  en  losanges,  apparaît  le  Saint-Esprit  sous  la  forme 
traditionnelle  d'une  colombe  aux  ailes  étendues,  entourée  d'un 
nimbe  d'or;  elle  se  présente  avec  un  relief  étonnant.  Du  lour  du 
nimbe  partent  des  rayons  dorés  parsemés  de  langues  de  feu  et 
qui  tombent  en  rayonnant  sur  les  apôtres  groupés  autour  de  la 
Vierge.  La  pièce  est  traversée  dans  le  haut  par  un  dais  entièrement 
doré,  composé  d'un  large  bandeau  où  sont  figurées  au  trait  les  sta- 
tuettes en  pied  de  huit  prophètes  placées  dans  autant  de  petites 
niches;  celles-cî  se  terminent  en  pointe  ornée  de  choux  et  se  déta- 
chent sur  un  fond  rouge  en  tapisserie  qui  fait  ressortir  les  détails 
d'architecture;  ces  niches  sont  séparées  Tune  de  l'autre  par  un 
pilastre  à  moulure  surmonté  d'un  pinacle,  le  tout  encadré  en  haut 
et  en  bas  dans  le  sens  transversal  par  une  moulure  à  doucine  orne- 
mentée. Au-dessous  du  dais  et  le  complétant,  règne  une  arcature 
très  évasée  ornée  de  choux  ;  elle  occupe  toute  la  largeur  de  la  pièce, 
et  la  pointe,  terminée  par  un  large  renflement  formé  également 
de  feuilles,  s'élève  au-dessus  du  dais  proprement  dit  qu'elle  partage 
par  le  milieu  pour  se  raccorder  avec  un  petit  bandeau  à  perles 
parallèle  au  dais  et  dont  il  est  séparé  par  le  fond  rouge;  chaque 
encoignure  est  ornée  de  filets  contournés.  Dans  .le  triangle  formé 
par  le  rapprochement  des  arcatures  est  représenté  l'épisode  du 
serpent  d'airain.  Enfin,  à  chaque  extrémité  du  grand  arc  et  le  sou- 
tenant ainsi  que  le  dais,  se  trouve  un  pendentif  qui  supporte  une 

*    ■   Le  paysage  de  notre  Ascension  peut  aussi,  du  reste,  nous  dit   encore 

M.  L.  de  Fonrcaud,  être  rapproché,  commet  inspiration,  du  paysage  de  VAgnean; 

mais  tout  les  peintres  flamands  primitirs  ont  eiécuté  des  fleurs  de  ce  genre,  nous 

en  avons  des  eiemples  dans  Van  der  Weyden,  Bouts,  Memling,  Gérard  David. 

ns  Tétat  actoeJ  de  dos  connaissances,  on  ne  pourra  arguer  de  ces  fnçons  paysa- 

tes  en  faveur  de  tel  autre  maître  que  si  Ton  peut  établir  la  formelle  ressem- 

nce  d'un  fond  donné  avec  un  fond  connu  du  même  maître.  > 

Voir,  ci-après,  planche  XVI. 


■'i^ 


316  PEINTURES    INCOKNIJES    DE    L^ECOLE    FLAUAEVDE 

slatuette  un  peu  plus  grande  que  celle  des  huit  prophètes;  celle  de 
gauche  représente  Sulomon,  celle  de  droite  David,  celui-ci  recon- 
naissable  par  sa  harpe  qui  esta  demi  sortie  d'une  gaine.  Ces  sla- 
inettes,  surmontées  chacune  d'un  petit  ([ais  à  pointe  élancée  ornée 
de  feuilles,  reposent  i^ur  un  socle  porté,  à  gauclie^  pur  uu  an  je 
accroupi,  et  k  droite  par  na  personnage  grotesque,  également 
accroupi  et  les  mains  posées  sur  ses  genoui;  le  tout  est  supporté 
de  chaque  coté  par  deui  colonnes  dont  le  fût  esta  moitié  caché  par 
le  cadre;  ces  colonnes  sont  eu  marbre  vert;  le  chapiteau  et  ta  base 
sont  dorés.  Ces  détails  d'architecture  et  de  sculpture  sont  d'une 
grande  délicatesse,  d'un  fini  achevé ,  et  T étude  en  est  des  plus  tnté- 
ressautes. 

Le  sujet  lui-même  est  d'une  composition  du  même  genre  que 
celle  des  précédents;  on  y  retrouve  les  mêmes  personnages  dans 
des  costumes  à  peu  près  idetitiques,  et  groupés  d'une  manière  non 
moins  heureuse. 

Ail  milieu  des  apètres,  au  premier  plan  et  bien  en  évidence,  la 
Vierge  est  assise,  ayant  à  gauche  saint  Jean  et  à  droite  saint  Pierre, 
tous  deui  agenouillés;  elle  lève  la  tête  et  les  yeux  vers  le  Saint- 
Esprit,  la  main  droite  posée  sur  son  cœur,  et  elle  tient  sur  ses 
genoux  de  Tautre  main  un  missel  tout  grand  ouvert,  aux  caractères 
noirs  et  rouges,  à  tranche  dorée  avec  omements  en  losanges;  le 
livre  repose  sur  une  gaine  en  étolfe  brodée  sur  les  bords  avec  glands 
dorés  aux  angles.  Cette  figure  de  la  Vierge  est  admirable  de  modelé, 
de  pureté  et  de  Gnl^exprimant  Tadoration  et  l'extase Jes  yenx sur- 
tout d'une  intensité  de  vie  étonnante;  le  type,  au  surplus,  est  le 
même  que  dans  VAscetision.  Un  voile  blanc  couvre  sa  tête  jusqu'aux 
yeui,  descendant  autour  du  cou;  elle  est  vêtue  d'une  robe  noire 
avec  bordure  de  fourrure  aux  poignets  et  dans  le  bas,  et,  par-dessus, 
d'un  manteau  bleu  foncé  airec  orfrois  dorés  à  losanges  et  à  pointes; 
celui-ci,  posé  sur  le  haut  de  la  tête,  retombe  en  large  plia  bien  dra- 
pés jusque  sur  le  sol,  où  il  est  un  peu  relevé  par  devant.  Sur  la  bor- 
dure du  bas  on  lit  ces  mots  d'une  antienne  (en  car;ictëres  romains)  : 
Salve  :  regina  :  rita  :  dulceda  :  et  spes  nostra  :  salve  :  acte  : 
foi;  le  reste  se  perd  dans  les  plîs. 

Les  apôtres  sont  groupés  autour  de  la  Vierge  dfins  des  poses 
sous  des  attitudes  différentes.  Au  premier  plan  à  gauche,  et  lecorj 
en  partie  caché  par  le  cadre,  le  doux  saint  Jean  prosterné  àgenon: 


\ 


l'iUid'     \\t. 


V*n*  :iiij 


I 


» 


i 

II 


PEINTURES   INCONIVUBS    DE    L'ÉCOLE    ?L\UAShE.         317 

facilemeot  reconnaissable  comme  dans  les  deai  aatres  sujets  par 
sa  figure  imberbe,  fine,  d'un  modelé  parfait,  aux  traits  bien  régu- 
liers, vue  de  profil,  les  cheveux  presque  rouges.  Il  est  à  genoux,  les 
mains  jointes  à  plat,  tenant  sons  son  bras  un  manteau  noir  recou* 
vrant  sa  robe  d*un  bleu  pâle  aux  contours  à  orfrois  bordés  de  pointes, 
serrée  à  la  ceinture  par  une  cordelière  noire;  il  a  les  pieds  nus,  la 
té(e  et  les  yeux  levés  vers  la  colombe  et  dans  Tattitude  de  la  prière. 
A  droite,  faisant  face  à  la  Vierge,  saint  Pierre,  à  la  figure  d*une 
certaine  rudesse,  aux  pommettes  saillantes,  mais  toutefois  d'une 
beUe  expression  comme  dans  les  autres  sujets,  un  genou  en  terre, 
la  tête  renversée  en  arrière,  les  mains  écartées  et  tendues.  Il  est 
couvert  d'un  ample  manteau  rouge  doublé  degris/bordé  de  riches 
orfrois  dorés  à  ornements  de  forme  triangulaire,  et  qui  retombe  en 
larges  plis  s'étalant  par  terre;  ce  manteau  recouvre  une  robe  noire 
à  doublure  jaune  relevée  aux  manches  et  laissant  les  pieds  nus  à 
découvert,  de  même  que  le  cou  qui  est  vigoureusement  musclé. 
Plus  loin,  également  à  droite,  maisplus  vers  le  milieu,  on  remarque 
un  autre  apôtre  assis,  la  figure  de  face,  imberbe,  tenant  d'une 
main  un  livre  ouvert  sur  ses  genoux,  les  cheveux  longs,  blancs  et 
crépus,  les  traits  du  visage  non  moins  accentués,  ainsi  que  les 
attaches  du  cou;  il  est  vêtu  d'une  robe  rouge  foncé,  avec  bordure 
à  orfrois   trèfles,  recouverte  d'un  manteau  bleu  pâle  attaché  au 
cou  et  qui  tombe  sur  les  épaules  et  par  devant  sur  les  genoux.  Son 
voisin,  à  Textréme  droite,  est  debout,  la  télé  levée,  vêtu,  sous  son 
manteau  qui  retombe  à  plis  droits,  d'une  robe  d'étoffe  dorée  mate, 
à  ceinture,  aux  larges  manches  blanchâtres  à  nombreux  plis  se 
raccordant  à  une  bande  eu  fourrure  vers  l'épaule.  Plusieurs  des 
personnages  du  fond  se  tiennent  debout,   la  tète  renversée  en 
arrière,   regardant  la  colombe  immédiatement  au--dessus   d*eux; 
l'un   notamment,  tout  à  droite,  sans  barbe,  les  cheveux  assez 
longs,  tenant  les  deux  bras  élevés,  porte  une  robe  ou  tunique  de 
riche  étoffe  de  brocart  entièrement  brodée  d'arabesques  dorées  et 
retenue  au  milieu  du  corps  par  une  ceinture  de  dentelle  blanche 
roulée.  Un  autre  au  milieu,  tout  au  dernier  plan,  vu  entièrement 
'^'i  dos,  lient  la  tôte  complètement  renversée  et  ne  laissant  voir,  en 
tccourci,  que  le  haut  du  front;  il| porte  une  robe  d'un  bleu  foncé. 
nfin,  à  gauche,  Tapotre  qui  se  tient  derrière  la  Vierge  a  la  main 
auche  élevée  à  la  hauteur  de  la  figure  en  regardant  la  colombe; 


r 


aïs  PËt?«TtJRES    fNCDNNK/ES    DE    LBGOLE    FLAUA]^DE. 

sa  robe  est  entièremeni  dorè€ ,  et  it  porte,  reletiu  à  l'épaule,  un  man* 
teaii  bleu  pâle  qui  lui  enveloppe  le  lias  du  rorpa.  Lu  plupart  de  ces 
costumes,  comme  on  le  roit,  sont  très  riches.  On  croît  aussi  recon- 
naître plus  à  gauche,  cleirii^re  deux  autres  apôtres,  le  type  de  Judas 
qui  rappelle  celui  de  la  Cène.  \'ous  ne  «aurrons  détailler  tous  ces 
personuagea^  qui  sont,  non  compris  lu  Vierge,  au  nombre  de  qua- 
torze; mats  il  fautene.>ccepterdeux  qui  se  tienueutcommeàrécart 
h  Textrême  gauche,  au  fond,  dans  Tembrasure  d'une  porte,  et  dont 
ou  ti€  voit  guère  que  la  tète,  le  reste  du  corps  en  partie  caché.  Dans 
celni  en  avant,  on  reconnaît  facilement  T  ho  m  me  que  nous  avons 
remarqué  dans  la  Chie^^  la  lête  enveloppée  d*une  sorte  de  capukt 
blanc  entourant  le  cou  et  descendant  sur  lu  poitrine;  c'est  absolu- 
ment la  même  figure  (un  portrait  peut-être),  d'un  caractère  ascé- 
tique, sans  lïarbe,  le»  cheveux  coupés  droit,  eu  brosse,  sur  le  front. 

£n  résumé,  ces  trois  taidea4ix  de  la  Cène^  de  V Ascension  et  de 
la  Pentecétâ  sont  remarquables  par  la  richesse  et  rharmouiedes 
couleurs,  par  rinlêrèt  que  pressentent  certaines  parties  accessoires^ 
par  la  conscience  avec  laquelle  les  moindres  détails  ont  été  repro- 
duits; ils  le  sont  surtout  par  la  manière  habile  et  étudiée  avec 
laquelle  les  personnages  ont  été  groupés,  par  la  variété  de  leurs 
attitudes  toutes  bien  comprises  et  qui  concourent  à  Teffet  général, 
par  Tel  pression  très  caractérisée  des  visages,  par  la  vivacité  particu- 
lière des  yeux,  par  une  certaine  rudesse  ib?s  traits,  il  Texception  de 
ceux  du  Christ,  de  la  Vierge  et  de  saint  Jean^  tlontles  figures  sont 
tout  particulièrement  belles,  et  enfin  par  le  développement  parfois 
exagéré  des  draperies* 

i^^ous  arrivons  aux  quatre  peintures  de  Veïtérienr  des  volets  qui 
représentent,  isolés  et  en  pied,  la  Vierge^  Saint  Jean-Baptisle, 
Saini  Honoré  et  Saint  Hugues. 

En  supposant,  ce  qui  ne  nous  parait  pas  nn^me  admissible,  qu'elles 
soient  de  la  même  époque  que  celles  de  Tintérieur,  elles  ne  parais- 
sent pas  de  la  main  du  même  peintre  ^  On  peut  notamment  remar- 
quer, à  un  premier  aperçu,  que  le  type  de  la  Vierge  y  est  loni 


^  Elles  ne  »ont  pjs  non  plua  tic  la  même  furlurr;  les  dispos!  lions  archilctU] 
que9  ^ont  ci;rtaîaïïm(.'nt  iWnQ  i^potjtit?  poilûrîeurc.  Ces  nouvelles  peintiircs  éi 


( 


"^^ 


PEIKTUBES    IXGOXMKS    HE    LKCOl.B    n,.^MAXDE.  319 

diflTérent  de  celui  qu'on  trouve  dans  VAscension  el  dans  Ja  Penlt- 
cote;  et  puis  lea  traita  de  ces  personnageiï  iaolés  sont  iufmiment 
pliiâ  doui,  plns'fondu»,  plus  idéalisés,  pourrait-on  dire,  tuais  moin» 
fïvants  peut-être  et  d'une  eipressiori  oiains  caractérisée  que  ceux 
des  aptVtrei  dans  les  sujets  étudiés  plus  haut,  lia  sont  d'utie  inspira* 
lion  plus  élevée,  comme  eipre.sstou,  que  dans  h's  premiers  sujets, 
f't  d'une  r^ravité  sereine  qui  leur  donne  un  plus  gr^nd  caractère. 

Les  persoDnat|es  représentés  sur  ces  quatre  panneaux  sont 
debout,  les  pieds  reposant  sur  un  dalla^ije  de  carreaux  lileus  et  noirs; 
ils  sont  comme  encadrés  cimrnu  dans  une  niche  en  hémicycle 
surmontée  d'un  dais  forinaut  saillie  et  dont  le  dessous  présente 
une  sorte  de  coupole*  Cette  partie  architecturale  est  représentée 
en  grisaille,  La  forme  et  les  détails  de  ce  dais  sont  différents  selon 
les  personnages:  à  trois  pans  coupés  et  de  forme  ogivale,  airec  arc 
tydor  à  chaque  pan,  pour  ta  sainte  Vierge  et  saint  Hugues,  et, 
pour  saint  Jean-Uaptiste  et  î^aint  Honoré,  se  présentant  en  ban- 
deao  droit  formant  saillie  en  courhe  par  devant  et  comprenant 
plusieurs  cartouches  presque  carrés  qui  renferment  des  sujets  eu 
bas-reliefs'.  Cette  différence  dans  l'architecture  du  dais  nous 
paraît  se  rapporter  à  une  certaine  différence  aussi  dans  Texécution 
des  personnages  ;  nous  aurons  à  y  revenir  plus  loin. 

Parlons  d*ahord  des  deux  premteis  panneaui.ceai  représentant 
la  sainte  Vierge  et  saint  Hugues. 

Chacun  des  trois  pans  coupés  qui  compose  le  dais  sous  lequel 
est  placé  le  personnage  conipreud  ua  arc  ogiïai;  au-desgus 
règne  une  partie  pleine  ornée  de  petites  arcatures  appliquées, 
et  le  dessous  est  relevé  de  filets  entre-croisés  à  jour;  les  accolades 
sont  garnies  de  choux,  et  le  sommet  se  termine  par  une  pomme 
ds  pin.  L'angle  de  chaque  pan  coupé  comprend  un  pendentif 
il  doucine  en  haut  et  en  bas  contre  lequel  s'appuie  le  pied 
des  accolades,  ce  pendentif  supporte  une  statuette  de  prophète 
surmontée  d\in  petit  dais  avec  ornements;  le  fond  circulaire  de  la 

acnt  d'uDartiitf^  admirnleur  ile>  vïeoT  pemlrcM  de  la  nic«.  mais  do»l  lei  pniliqijca 
ëïiiîent  déjk  rcnuuveléi^s  et  aiïmcUaient  d'uuLri?!t  éli^ni^rtls  décoralif^.  Ces  arUsk'A 
ae  furent  pas  rares  au  seiziènu'  airclt*,  à  Amiens,  Arra*,  Miuibeii^o,  oie.  {\ote 
de  W.  L.  de  Kourcaud.) 

^  Corrxmc  on  nous  le  hivnit  justemerU  remarquer,  ces  fûrmes  archilertoniques, 
teltes  que  les  baldaquins  idcurvés,  le  Ti^ncoalrcut  à  Di)ùaî^  dans  te  Iript^iiue 
ftmeui  de  bAle^amhm, 


330  PEINTURES   ncONXTES    DB    L*HGOL£    PLAUA\DE 

nîchg,  d'un  rouge  pâle  aioâi  que  la  coupole,  e^t  divisé  en  deux 
partiel  dans  le  seng  de  la   hauteur  et  par  le  miliea,  celle  du  bas 
ornée  de  losanges  remplis  par  de  petits  ornements  de  forme  ronde, 
celle  au-dessus  portant  des  baguettes  a[)pli(juéeâp  parallèles,  qui 
d'entre-croiâent  dans  le  haut  et  qui  sont  séparées  de  la  coupole  par 
deux  petits  bandeaux  dont  Tintervalle  est  ornementé;   enfin  la 
coupole  elle-même  est  coupée  de  losanges  pareils  à  ceui  du  bas  de 
la  niche.  Ces  parties  architecturales  qui  encadrent  en  quelque  sortît 
chaque  personnage  sont  toutes  hien  en  relief  et  ont  été  étudiées 
et  représentées  avec  un  soin  minutieux  et  une  grande  perfection. 
La  Vierye,  nous  Tavonsdit,  est  d'un  type  bien  différent  de  celui 
des  sujets  ;  le  galbe  de  la  figure  est  d'une  grande  pureté,  le  front 
est  élevé,  le  nez  droit,  un  peu  long,  la  bouche  petite,  les  lèvres, 
surtout  celle  inférieure,  un  peu  fortes,  la  figure  plutôt  longue  ;  les 
traUssonI  très  réguliers,  d'une  grande  sérénité,  maïs  aanseï  pression 
particulière'*  La  Vierge  tient  les  yeux  un  peu  baissés;  ceux-ci 
sont  assez  fendus,   les  sourcils  hien  arqués,   très  fins  ;  la  tête,  se 
détachant  du  nimbe  doré  qui  Tentoure,  est  h'^gérenient  penchée 
à  gauche  du  côté  de  l'Enfant  Jésus  que  la  Vierge  tient  sur  son  bras. 
Le  costume,  très  riche,  se  compose  d'une  robii  verte  qui  n'est 
apparente  qu'à  Textrémité  des  bras  et  aussi  dans  le  bas,  et  sous 
taquelle  on  naperçoitque  l'extrémité  d*un  des  pieds,  avec  chanssure 
noire,  en  pointe  ;  cette  robe  est  recouverte  d'un  manteau  rouge, 
de  brocart  brodé  d*or  stir  réiolfe,  à  bandes,  et  avec  arabesques  et 
fleurs  de  chardon  ;   il  est   doublé  d'hermine  et  garni  d'un  large 
parement  à  orfroïs  orné  de  perles  et  d'émeraudes  se  di  tachant  ^n 
relief  bien  accusé  et  reproduites  avec  une  délicatesse  merveilleuse* 
Ce  manteau,  très  Ion*[  comme  la  robp,   tombe  jusqu'à  tenv  en  s'y 
évasant  un  peu  sur  les  côtés  ;  il  est  recouvert  lui-même  d'un  1res 
grand  voile  bleu  foncé  qui,  posé  sur  la  tête  dont  il  cache  les  cheveui 
en  encadrant  la  figure,  tombe  sur  les  épaules,  est  un  peu  retenu 
au  bras,  et  se  déroule  ensuite  en  larges  plis  jusqu'à  terre  comme 
le  manteau  ;  le  voile  est  également  lïordé  d'une  bande  dorée,  ici 
avec  ornements  à  pointes*   EnHn  une  petite  draperie  blanche  sa 
trouve  sur  le  voile  à  gauche  de  la  figure  et  passe,  plissée,  sur  '** 
devant  de  la  poitrine  en  laissant  le  cou  bien   à  découvert*  C 

^  Voir,  ci-coatrc,  pitnche  WII* 


1 


PËIiTUaES    IVCÛX^LES    DE    L'tCOLE    FLAMANDE.  m\ 

draperies  sonL  superbes  dans  leui-  ampleur,   Jeur  richesse,  et  la 
disposition  savante  de  leurs  plis  laryes  et  yracîeu3t. 

La  Vierge  porte,  on  Ta  lu  cî-tlcssus,  l'Etifaril  Jésus  assis  sur  son 
bras  droit  et  le  soutient  tle  la  main  ;  la  tète  de  TenfanLest  entourée 
d'un  nimbe  crucifère.  De  sa  main  gaurlie  élevée  à  la  hauteur  de  la 
poitrine,  la  Vierge  lui  présente  une  figue  que  eehii-ci  paraît 
regarder  aiec  convoitise.  Il  est  rewélu  il'une  petite  robe  blanche, 
à  plis,  un  peu  relevée  et  qui  laisse  à  découvert  ses  jambes  nues; 
il  tîent  sur  son  poiu<j  gauche  un  oiseau  qui  va  pour  lui  liecqueter 
le  doigt  de  Tautre  main.  Le  ty[)e  de  la  Rgure  de  TEnfant  Jéâus  est 
bien  diiïérent  de  celui  de  la  lierge;  si  les  yeux  sont  expressifs,  le 
visage  est  celui  d'un  petit  (''la  m  and  joufflu,  aux  cheveux  frisés,  aux 
traits  relativement  vulgaires  avec  son  nez  épaté,  ses  yrosseslèvres  ; 
le  type  n  a  rien  de  divin,  et  il  rappelle  plutùl  celui  de  quelques 
apOtrea  et  notamment  celui  de  £aint  Pierre  dans  les  autres  sujets  \  il 
ne  semble  pas  lœuvre  du  peintre  de  la  céleste  figure  de  la  Vierge. 

Le  panneau  que  nous  plaçons  après  comme  étant  dêcaré  d'un 
dais,  dont  la  disposition  et  les  ilétaHs  arcbttecloniques  sont  abso- 
lument gemlïlahles  au  premier,  représente,  nous  TavoDS  d\{^  Saint 
Hugues,  évéque  de  Lincoln. 

L'autre  évèque,  qui  figure  sur  Tun  des  deu!it  volets  suivants  dont 
les  motifs  d'arcbi lecture  présentent  un  raraclére  un  peu  différent, 
^^i  Saîni  Honoré,  Ces  deux  saints  devaient  être  particulièrejnent 
en  vénération  à  laCharlreuse  de  Thuisùo,  car  elle  avait  été  fondée 
sous  le  vocable  de  ce  dernier,  et  elle  possédait  les  reliques  de 
Tévêqu*^  de  Lincoln. 

Saint  Hugues,  d'une  noble  maison  de  Bourgogne,  après  avoir 
fait  profession  à  la  Grande  Cliartreuse  près  de  Grenoble,  avait  été 
prieur  de  la  Chartreuse  de  U  ittiuimen  Angleterre,  d'où  il  avaitétê 
placé  sur  le  siège  épiscopal  de  Lincoln,  en  1  I8r>,  et  il  y  mourut  le 
17  novembre  1200  (voy.  la  Chartreuse  de  Saint- Hôtioté,  par 
M,  l'abbé  Lefebube)  \  ses  restes  avaient  élé  donnés  an  monastère  de 
Thuison  par  les  religieux  de  U'itihanK 

Ce  saint j  comme  les  autres  personnages  des  quatre  derniers 
pann**aux,  est  debout  sur  m\  carrelage,  vu  de  fait%  la  léte  légè- 
rement penchée  à  droite:  il  est  rêvé  lu,  sons  son  coslume  de 
Chartreux,  de  ses   orne  m  en  Is  épiscopaux  qui  sont  d'une  grarnie 


1 


322  PEnTURES   INCONNUES   DE    L'ECOLE    FLAMANDE. 

richesse.  Sa  tête,  couverte  de  la  mitre,  est  entourée  d'an  nimbe  doré  ; 
il  tient  sa  crosse  de  la  main  droite  et  de  Tautre  un  calice  d'or  d*où 
sort  TEnfant  Jésus  ;  les  mains  sont  nues,  à  la  différence  de  celles 
de  saint  Honoré;  enfin,  à  côté  de  lui,  à  droite,  se  dresse  un  cygne. 
La  figure  de  saint  Hugues  est  admirablement  modelée,  d*uDe 
grande  régularité  des  traits,  imberbe,  d*une  infinie  douceur,  pleine 
d'onction  et  d'une  suavité  d'expression  presque  comparable,  bien 
que  d'effet  différent,  à  celle  de  la  Vierge  du  panneau  précédent*. 
Les  yeux,  tournés  vers  le  cygne,  paraissent  exprimer  un  sentiment 
de  trouble  et  d*hésitation  qui  sera  expliqué  plus  loin.  Sa  grande 
chape  épiscopale  est  posée  sur  son  costume  de  religieux  ;  celui-ci, 
de  lin  blanc,  recouvert  du  grand  scapulaire,  tombe  jusqu'aux  pieds 
qui  portent  des  chaussures  en  pointe  et  dont  on  n'aperçoit  que  le 
bout.  La  chape  d'un  bleu  foncé,  avec  doublure  verte,  est  superbe 
comme  décoration,  avec  ses  arabesques'  brodées  d'or  et  surtout  ses 
larges  parements  ou  orfrois  rehaussés  de  perles  et  de  pieires 
précieuses  qui  sont  reproduits  avec  une  transparence,  une  netteté 
et  un  relief  étonnants  ;  elle  est  retenue  à  la  poitrine  par  une 
grande  agrafe  ou  plaque  d'or,  ovale,  sur  laquelle  est  représenté  ao 
trait,  dans  un  encadrement  à  lobes,  le  Sauveur  tenant  d*une  main 
la  boule  du  monde  et  de  l'autre  bénissant.  La  mitre  «st  ornée  de 
perles  et  de  cabochons  avec  petit  médaillon  crucifère  sur  chaque 
côté  de  la  bande  verticale  du  milieu;  ces  ornements  sont  dans  le 
genre  de  la  décoration  luxueuse  de  la  chape.  La  crosse,  qui  ici  se 
termine  dans  le  haut  en  volute  comme  d'ordinaire,  à  la  différence 
de  celle  de  saint  Honoré  qui  est  en  pointe  droite  comme  nous  le 
verrons,  est  aussi  d'un  beau  et  riche  travail  comme  structure  et 
ornementation.  Le  bâton  est  blanc,  coupé  dans  sa  hauteur  par  des 
filets  supportant,  dans  le  haut,  sous  la  partie  courbée  qui  est  dorée, 
une  sorte  d'édicule  hexagone  également  doré  avec  soubassement  à 
console;  sur  chaque  pan  coupé  sont  représentées  des  statuettes  de 
saints  en  pied,  dans  de  petites  niches,  couverts  d'un  long  manteau 
retenu  à  la  poitrine  par  une  agrafe.  On  ne  saurait  pousser  la 
description  plus  loin,  car  les  détails,  là,  sont  un  peu  effacés,  à  peine 
visibles;  on  distingue  toutefois,  dans  la  niche  du  milieu,  la  Vierge 
représentée  entre  deux  anges. 

*  Voir,  ci-contre,  planche-  XVIII 


PEINTURES    INCONNUES   DE    L'ÉCOLE    FLAMANDE.  323 

Saiot  Hugues,  avons-nous  dit,  tient  de  la  main  gauche  le  pied 
d'un  calice  d'or  au-dessus  duquel  apparaît  à  demi -corps  TEnfant 
Jésus,  la  tétc  auréolée,  tout  nu,  étendant  les  bras.  Du  même  côté, 
à  droite  du  panneau,  un  grand  cygne,  aux  larges  pattes  rouges, 
dresse  son  long  cou  orné  au  bas  d'un  collier  d'or  uni,  et  il  lient 
par  son  bec  la  manche  de  Tévéque  qui  dirige  ses  regards  de  ce 
côté.  Voici  Texplication  de  cette  particularité  assez  curieuse  ;  elle 
résulte  d*une  tradition  que  le  peintre  a  dû  être  chargé  de  consacrer 
sur  le  panneau  :  Saint  Hugues,  pàrait-il,  avait  conçu  des  doutes  sur 
la  présence  réelle  du  Sauveur  dans  le  sacrement  de  TEucharistie, 
et  le  cygne  représenterait  le  démon  qui,  le  tirant  de  son  bec  par 
la  manche,  Tentrainait  dans  cette  hérésie;  mais  un  jour  le  Christ 
enfant  était  apparu  au  saint  évèque  sortant  du  calice,  et  ce  prodige 
avait  dissipé  ses  doutes.  Une  chose  a  remarquer,  c'est  que  TEnfant 
Jésus  et  aussi  la  main  qui  tient  le  calice,  main  qui  est  trop  grande, 
et  le  calice  lui-même,  sont  peints  d'une  manière  fort  peu  soignée, 
tonte  différente  du  reste  du  panneau,  ce  qui  laisserait  à  supposer 
que  ces  deux  parties  auraient  été  faites  après  coup  ou  retouchées, 
tandis  que  le  cygne,  sous  son  blanc  plumage  très  finement  détaillé, 
est  admirablement  peint,  avec  sa  tête  aux  yeux  vifs;  la  main  qui 
soutient  le  calice  a  dû  être  changée,  et  peut-être  originairement 
caressait-elle  le  cygne. 

Il  nous  reste  à  parler  des  deux  derniers  panneaux  qui  repré- 
sentent, nous  1  avons  dit.  Saint  Jean-Baptiste  et  Saint  Honoré;  ils 
se  trouvent  placés  de  la  même  façon  que  la  Vierge  et  saint  Hugues, 
c'est-à-djre  debout  dans  des  niches  en  hémicycle  surmontées  d'un 
dais  circulaire.  Pour  ces  derniers,  la  forme  architecturale  du  dais 
est  différente  et  parait  se  rattacher  à  une  époque  un  peu  posté- 
rieure; il  se  présente  en  un  large  bandeau  demi-circulaire  '  et  dans 
lequel  se  trouvent  des  compartiments  ou  caissons  presque  carrés 
où  sont  représentés  en  bas-reliefs,  figurés  en  grisaille,  certains  faits 
de  la  vie  du  saint  qui  se  trouve  dans  la  niche  correspondante.  Dans 
Tintervalle  qui  sépare  les  caissons  est  appliqué  un  contrefort  repo- 
sant sur  une  console  à  gorge;  ce  contrefort  est  garni  de  l)aguettes 


*■  On  troave,  aToos-nous  dit  plas  haut,  ces  formes  courbes  dans  le  retable  de 
Bellegambe,  à  Douai. 


^ 


3U  PEINTURES    I\CONK|jËS    DE    LKCOLE    FLAMANDE 

d'angle  (jui  se  rejoignent  en  toiture  dans  le  haut  et  se  terminent 
par  une  pointe  ortice  de  cboui.  La  parties  supérieure  du  dais, 
au-des^sus  des  caissons,  comprend  deux  moulures  séparées  par  une 
gorge  ornée  de  petits  ornements  de  forme  ronde;  le  bas^  égale- 
ment mouluré,  est  bordé  de  petits  pendentifs  trèfles.  Le  fond  de 
la  nirliË  est  garni  de  baguettes  verticules  parallèles  traversées  dans 
le  lias,  à  mi-liauteur  et  dans  le  haut,  par  une  moulure  transversale; 
l'intervalle  des  baguettes  comprend  au  milieu  et  en  haut  une  petite 
inflexion  de  forme  ovoïde. 

Le  Saint  Jean-Bapliste  (qu'on  appelle  aussi  saint  Jean  le  Pré- 
curseur),  la  tête  entourée  du  nimbe  dor  plein,  uni»  a  les  traits 
moins  tins  que  les  précédents;  la  figure^  un  peu  maigre»  a  toute- 
fois une  certaine  douceur  d'expression,  les  yeus  assez  ouverts»  un 
peu  fixes;  les  cheveux,  chiltains,  tombent  longs  et  épais  sur  les 
iôtés  du  cou;  la  barlie,  presque  rousse,  assez  garnie,  est  partagée 
en  deux  pointes ^  le  cou  est  très  dégagé,  maigre,  avec  les  nfiuscles 
ii'attache  très  accusés  '.  Le  saint  porte  une  tunique  d'un  rouge 
brun  dout  on  ne  voit  que  le  haut  sur  la  poitrine;  elle  est  recou- 
verte d'un  long  manteau  ronge  brique  garni  il 'une  petite  bordure 
dorée,  dentelée;  ce  manteau  tombe  à  plis  très  anguleux  jusqu'à 
terre,  il  est  retenu  sur  l'épaule  gauche,  puis  un  peu  relevé  au  bas 
en  laissant  Tautre  bras  nu,  ainsi  que  les  jambes  ;  celles-ci  sont 
raides,  maigres,  sans  anatomie,  dans  le  même  genre  que  celles  du 
(ihrisldans  ÏAscensionj  les  doigts  un  peu  longs. 

Le  saint  porte  de  la  main  gauche  un  grand  livre  fermé  sur 
lequel  est  posé,  les  pattes  repliées,  lagneou  divin,  la  tête  entourée 
du  nimbe  crucifère;  il  le  montre  en  étendant  vers  lui  son  bras  droit 
nu  et  sa  main,  au  doigt  indicateur  d'une  longueur  démesurée. 

lies  sujets  représentés  eu  bas-relief  dans  les  caissons  du  bandeau 
du  dais,  et  qui  sont  comme  celui-ci  de  couleur  grise  imitant  la 
pierre,  so  rapportent  à  la  vie  de  saint  Jcan-ïîapliste  ;  sa  naissance, 
sa  prédication  dans  le  désert,  le  baptême  de  Jésus-Christ,  la  s^cène 
devant  Hérode  et  enfin  la  décollation;  ces  sujets  d'une  compo- 
sition assez  naïve  sont  Cnement  traités  et  dans  un  relief  bien  accusé . 

Le  dernier  panneau  représente  Suinl  Honoré;  c'est  sous  le 
patronage  de  cet  évéque,  nous  l'avons  élit»  que  la  Chartreuse  de 

'  Voir,  fi'conlre.  plauclic  MV* 


VUmtht  XI  ^« 


SilXI     iK  l\-OAJ*  I  ISTfcl 


l'jigp  :iil. 


PEINTURES    INCOXXLES    DE    L'ECOLE    FLAMANDE.  32& 

Thuison  avait  été  fondée  au  quatorzième  siècle.  Il  était  né  près  de 
là,  au  village  de  Port-le-Grand,  à  huit  kilomètres  d'Abbeville,  sur 
les  bords  de  Tancien  estuaire  de  la  Somme,  et  la  mer  venait  encore 
y  battre  il  n'y  a  pas  plus  de  cinquante  ans. 

Saint  Honoré  ^écut  au  sixième  siècle,  il  fut  Tun  des  premiers 
évéques  d'Amiens,  le  huitième,  dii-on;  son  corps,  après  être  resté 
à  Port-le-Grand  jusqu'au  neuvième  siècle,  fut  transporté  à  la  cathé- 
drale de  son  siège  épiscopal  où  il  est  encore,  à  Texception  des 
fragments  d'un  bras  qui  furent  restitués  à  son  village  natal.  Saint 
Honoré  est  le  patron  des  boulangers;  sa  mort  est  fixée  en  Tan  600. 
On  lui  attribue  divers  miracles  qui  sont  représentés  au  portail  laté- 
ral droit,  dit  de  la  Vierge  dorée,  à  la  cathédrale  d'Amiens,  et  dont 
deux  sont  rappelés  dans  un  des  retables  en  bois  qui  proviennent 
également  de  la  Chartreuse  de  Thuison  et  qui  se  trouvent  au  Crotoy 
et  à  Abbeville  '  ;  nous  les  verrons  également  figurer  sur  deux  des 
caissons  du  dais  dans  le  panneau  qui  nous  occupe.  Ils  ne  laissent 
aucun  doute,  en  dehors  des  documents  qui  donnent  Tindication  de 
ce  saint,  sur  le  nom  à  attribuer  au  personnage  peint  sur  ce  pan- 
neau; il  ne  pouvait  manquer  d'ailleurs  de  trouver  place  dans 
l'église  d'un  monastère  qui  portait  son  nom. 

Le  saint  évêque  est,  comme  les  autres  personnages  des  quatre 
derniers  panneaux,  représenté  debout  dans  une  niche  surmontée 
d'un  dais  de  structure  pareille  à  celui  ou  se  trouve  saint  Jean- 
Baptiste.  Il  est  vu  de  face,  le  corps  et  la  tète  un  peu  tournés  à 
droite;  sa  figure,  d'un  beau  galbe,  d'une  grande  régularité,  les 
yeax  bien  ouverts,  respire  la  douceur  et  la  bonté;  mais  Texpres- 
sion  générale,  de  même  que  pour  saint  Jean-Baptiste,  ne  nous 
paraît  pas  présenter  ce  caractère  particulièrement  élevé  que  nous 
avons  admiré  dans  la  Vierge,  ni  ce  degré  de  profondeur  que  nous 
avons  trouvé  dans  saint  Hugues. 

Saint  Honoré  est  revêtu,  comme  le  précédent  évêque,  de  sou 
costume  de  grande  pompée  Sa  mitre,  se  détachant,  avec  la  tête. 


^  Voir  Hagiographie  du  diocèse  d'Amiens,  par  M.  l'abbé  Corblet,  cinq  vol. 
în-8».  Amiens,  1870.  Tome  III,  p.  38-77.  — -  Les  retables  de  l'église  Saint-Paul 
i  'Adbeville  et  de  l'église  du  Crotoy.  par  Kmile  Dklhivikrks.  .Ablieiille.  187)J. 
1  Irochure  in-8«».  —  La  Chartreuse  de  Saint-Honoré ,  à  Thuison, près  d' Ahbeville^ 
j  arTabbéP.-A.  Lefrbvre.  Abbeville,  1885. 

*  Voir,  ci-aprés,  planche  X\. 


V 


^S6  PElSiTUftES    INCON^DES    DE    LÉCÔLE    FLAUAIKDË. 

{Viin  nirahe  d'or  mat,  est,  ainsi  que  les  antres  parties  ornenieDtales 
du  cosUunef  d*iin(*  eitréme  richesse,  lissne  de  peUt^s  jjerlcs  blan- 
chea,  rehausst'e  d'autres  plus  grosses  et  de  cabochons  dans  les  bor- 
dures avec  de  petits  inédai  lions  a  ver  pierre  précieuse  dont  un,  cru- 
ci  ftre,  de  cbarjue  côté,  séparé  enfin  au  milieu  par  une  bande  en 
hauteur  ornée  comme  les  bordures.  Ces  détails  d'ornementation 
qu'on  retroitve  dans  les  autres  parties  du  costume  sont  peints, 
comme  pour  le  saint  Hugues,  avec  une  délicatesse  infinie,  et  aussi 
avec  une  nellelé  et  un  relief  merieillenx  ;  ils  sout  pins  nombreui, 
distribués  à  profusion,  et  nous  retiendront  plus  longtemps. 

Le  costume  se  compose  d'aboni  trune  iiube  blanche,  1res  longue, 
tombant  sur  le  sol  qui  est  carrelé  comme  dans  les  autres  panncaui  ; 
on  ne  voit  de  celle  aube  que  la  partie  inférieure  sur  laquelle,  par 
devant,  est  appliqué  un  carré  d'étoffe  dtlJérenle  où  est  brodée  une 
fleur  de  chardon*  Laube  recouvre  en  parïie  les  pieds  qui  soûl 
chaussés  de  souliers  de  satin,  en  pointe  eL  à  bandes  li rodées.  Par- 
dessus est  posé  uti  pallîuni  d'étoBTe  vert  foncé,  avec  ornements 
dorés  en  aralïcsques  peu  apparents,  et  ^arni  au  cou  et  dans  le  bas 
de  parements  tissus  d'or  et  enrichis  de  perles  et  de  pierres  pré- 
cieuses; celle  partie  du  vêtement  qui  est  yarni  d'un  col,  tombe 
droit,  sans  plis,  depuis  le  haut  de  la  poitrine  jusqu^à  mi-jambes, 
ne  laissant  loir  que  le  bâs  de  laube.  Enfin  le  saint  jiorte  sur  le 
tout,  et  le  couvrant  en  partie,  une  grande  chape  rouge  qu'il  sou- 
tient de  ses  deui  bras  en  la  relevant  un  peu  sur  les  côtés;  rétoÉfe 
de  celte  chape   est  décorée,  comme  celle  de  saint  Hugues,   de 
feuilles  et  de  ItMes  de  chardons  brodées  en  or.  Mais  ce  qui  surloul 
la  rehausse,  et  d  une  manière  très  ornementale  el  très  riche,  c'est 
son  large  parement  divisé  en  plusieurs  compartiments  dans  lesquels 
sont  représentés  les  apôtres,  peints  avec  une  finesse  et  des  détails 
d'encadrement  qui  les  font  ressembler  à  de  véritables  enluminures. 
On  ne  voit  que  neuf  personnages,  les  autres  étant  cachés  par  les 
plis  du  marite.iu;  ils  sont  tous  en  pied,  la  tête  entourée  d'un  nimbe, 
sous  des  costumes  et  avec  des  atlributs  diOerents.  La  description  de 
chacun  d'eux  nous  entraînerait  trop  loin,  mais  ou  distingue  parti- 
culièremenl  en  haut,  h  gaucfie,  saint  Pierre,  reconnaissable  à  sa 
barbe  et  à  ses  cheveux  blancs,  avec  le  dessus  de  la  tête  dénudé, 
tenant  une  clef  de  la  main  droite  et  de  Tautrc  un  livre  ouvert  ;  sur  le 
côté  opposé  saint  Paul,  avec  sou  épée  à  longue  garde.  Ces  person- 


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Ta*  ^''* 


S1I\T    IMl\r»HE 


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PEIAITURES    INCOWL'ES    DE  4.'ÉC0LE    FLAMA.VDE.  327 

nages,  qui  n'ont  que  O^.OGS  de  hauteur,  sont  placés  chacun  dans 
une  niche  encadrée  de  colonnes  et  surmontée  d'un  dais  en  pointe 
sous  une  arcature  ouvragée,  le  tout  figuré  pour  chacun  dans  Tencas- 
trement  d*une  croisée  avec  appareil  de  pierres  au-dessus;  le  fond 
de  chaque  niche  est  tapissé  d'ornements  en  feuilles  de  chardon. 
Pour  revenir  à  la  chape,  elle  est  retenue  a  la  hauteur  de  la  poitrine 
'    par  une  agrafe  ou  plaque  d'or,  de  forme  particulière,  en  losange 
équarri  sur  les  côtés  par  des  demi-cercles  rehaussés  chacun  d*un  ca- 
bochon. Sur  le  milieu  deTagrafe  est  représenté  leChrist/en  buste,  la 
tête  nimbée,  les  yeut  baissés,  les  cheveux  lou;jS,  la  barbe  en  deux 
pointes,  couvert  du  manteau  royal  retenu  par  une  agrafe  ovale;  il 
tient  de  la  main  gauche  la  boule  du  monde  et  lève  l'autre  pour 
bénir* 

Saint  Honoré,  à  la  différence  de  saint  Hugues,  porte  des  gants 
de  peau  blanche,  assez  longs,  et  avec  un  gland  au  poignet;  le 
médium  de  la  main  gauche  est  orné  d*un  anneau,  el  à  la  main 
droite  il  y  en  a  deux,  Tun,  Tanneau  pastoral  avec  une  pierre  pré- 
cieuse placé  au  pouce,  et  Tautre  à  Tindex.  II  tient  de  la  main 
droite  une  patène  en  or  avec  bordure  garnie  d'anges;  au  centre, 
qui  paraît  légèrement  concave,  est  figuré  le  Christ,  debout,  traité 
eu  enluoiinure  comme  les  orfrois  de  la  chape;  il  a  la  tète  nimbée, 
avec  la  couronne  d'épines,  les  pieds  nus  reposant  sur  la  boule  du 
monde,  recouvert  à  mi-corps  d'un  large  manteau  avec  agrafe  ronde, 
le  reste  du  corps  nu;  il  étend  les  bras  en  bénissant. 

La  crosse  mérite  aussi  une  mention  particulière.  Saint  Honoré 
la  soutient  de  la  main  ganche,  à  la  différence  de  saint  Hugues; 
cette  pièce  est  aussi  d'un  beau  travail  et  d'une  grande  richesse.  Le 
b&ton,  coupé  comme  Tautre  dans  sa  longueur  par  des  filets  sail- 
lants, dorés,  se  termine  ici  par  une  tige  droite  en  pointe,  rehaussée 
de  pierres  fines  et  contre  laquelle  est  appliquée,  en  appendice  for- 
mant une  sorte  d'encorbellement,  une  statuette  de  la  Vierge  à 
genoux,  au-dessus  d'un  petit  bandeau  transversal  garni  de  perles 
et  soutenu  par  un  ange  ailé  formant  cariatide  ;  à  côté  d'elle,  au- 
dessus,  se  trouve  un  autre  ange;  on  a  voulu  sans  doute  représenter 
rAnnonciaiion.  Enfin,  sous  cette  partie  supérieure  de  la  crosse, 
.iâte  une  sorte  d'édicule  à  peu  près  semblable  k  celui  du  bâton 
e  saint  Hugues,  à  six  pans  également,  renfermant  dans  des  niches 
lurmontées  de  clochetons  aigus  autant  de  personnages  dont  on  ne 


3Sfi  PEINTURES    l.VCOXlitfES    DE    L*ÉCOLE    FLAMAADE. 

peut  voir  que  trois  :  le  Christ  dans  le  pan  Ae  face,  la  Vierge  à 
gauche,  et  daiiâ  celui  de  droite  un  saint  quon  ne  saurai I  déter- 
miner; ces  Ggures,  qui  ne  paraîssenl  qu*aa  trait,  sont  un  peu' 
effacées.  Toute  cette  partie  supérieure  de  la  crosse  est  dorée. 

Quant  aux  sujets  ou  grisaille  qui  fi.^urent  dans  les  cinq  compar- 
timents du  dais  fH,  0*^,102;  L,  O'^.OGS),  ils  repréaenteul  les  prin- 
cîpaui  épisodes  di*  la  vie  de  saint  Honoré,  figurés  eu  Ims-reliefji 
assez  accusés  et  délicatement  rendus  j  il  nousaurfira  de  les  énon- 
cer sommairement  :  V  saint  Honoré,  à  ^jenoux,  sacré  évéque; 
2"*  le  saint  guérissant  un  paralytique;  3"  Tupparition  d'une  main 
divine  au-dessus  de  Taulel  pentlant  qu'il  célébrait  la  messe;  4*  le 
saint  en  [ïrières  dans  sa  cellule;  5'  Tinvention  par  lui  des  corps  de 
saint  Fuscien,  de  saint  Victoric  et  de  saint  Gentieu. 

Telles  sont  ces  peintures.  Il  pouvait  y  avoir  intérêt  à  les  faira 
bien  conrmître,  tout  d'abord,  dans  leur  ensemble  et  phis  particu- 
lièrement encore  dans  tes  détails;  îl  est  en  effet  de  ces  parties 
accessoires  (|ue  ïa  photographie ^  malgré  tes  soins  apportés,  ne 
peut  reproduire  daus  leur  infinie  délicatesse»  et  la  loupe  seule 
a  permis  de  bien  les  soir  et  de  les  décrire.  Elles  nous  ont  paru 
avoir  leur  importance  au  point  de  vue  du  costume  et  de  rornenien- 
tation^  et  aussi  comme  pouvant  contribuer  peut-être  à  mettre  sur 
la  voie  d'une  iil  tribut  ion  à  donner  à  ces  curieuses  et  belles  pein- 
tures d'une  Ecole  encore  trop  peu  connue. 

l'histoiïîe 

Tassons  maintenant  à  Thistoire  cfes  pannenui;  elle  aura  aussi 
son  intérêt,  croyons-nous^  relativement  aux  conjectures  à  en  tirer 
sur  les  noms  de  leurs  auteurs. 

La  Chartreuse  de  Tbuison,  aux  portes  d'Abbeville,  était  très 
riche  ;  elle  possédai t»  outre  une  étendue  considérable  de  terres  dans 
les  environs,  un  mobilier  religieux  des  plus  remarquables,  \I,  Tabbi^ 
l^eFelivre,  aujourd'hui  décédé,  lui  avait  consacré,  il  y  a  plusieurs 
années,  un  ouvrage  1res  complet  et  ïrés  approfondi.  Dans  le  cha- 
pitre VII  consacré  à  la  description  du  monastère  au  couimenceu 
du  seizième  siècle,  nous  relevons  le  passage  suivant,  page  h 

ti  I.e  [naîlre^.iutel  de  la  chapelle  était  surmonté  d'un  retabl' 


PEINTURES  INCONNUES  DE  L'ÉCOLE  FLAMANDE.    329 

chêne  richement  sculpté  et  entièrement  doré,  représentant  la  Pas^ 
sion  de  Moire-Seigneur.  Ce  magnîBque  ouvrage  n'était  visible  que 
les  jours  de  fête;  ordinairement  il  était  fermé  par  des  volets  ornés 
de  peintures.  Quatre  sujets  y  étaient  représentés  :  la  sainte  Vierge 
et  saini  Jean-Baptiste^  patrons  de  toute  Chartreuse  ;  saint  Honoré j 
patron  particulier  du  monastère,  et  saint  Hugues,  évéque  de  Lin- 
coln, un  des  plus  illustres  enfants  de  saint  Bruno.  »  (M"  Siifait.) 
Ces  indications  étaient  déjà  précieuses,  car  nous  retrouvons  bien 
l'image  de  ces  saints  sur  quatre  des  panneaux;  on  ne  les  voyait 
que  quand  les  volets  étaient  fermés;  mais  quand  ceux-ci  étaient 
développés  pour  laisser  apparaître  le  retable,  la  paroi  intérieure 
des  volets  devait  présenter  également  des  peintures. 

Il  nous  restait  à  en  avoir  la  preuve;  or,  nous  avons  été  assez 
heureux  pour  la  trouver  d*uue  manière  absolument  certaine  dans 
les  manuscrits  même  cités  par  M.  Tabbé  Lefebvre,  mais  qu'il 
n'avait  pas  relevés  en  entier  sur  ce  point.  Il  est  vrai  de  dire  que 
Tauteur  de  Thistoire  de  la  Chartreuse  de  Saint-Honoré  ne  savait 
pas  que  ces  volets  avaient  pu  être  conservés  ;  il  pouvait  croire  qu'ils 
avaient  été  détruits  à  la  Révolution,  et,  ne  connaissant  pas  leur 
existence,  il  n'avait  pas  cru  devoir  s'en  occuper  davantage. 

Ces  manuscrits,  appelés  actuellement  du  nom  de  la  famille  Sif- 
fait  qui  possède  les  originaux,  ont  été  écrits  successivement,  de 
1657  jusque  vers  la  fin  du  siècle  dernier,  par  plusieurs  habitants 
d'Abbeville,  de  noms  différents.  Ils  sont  fort  intéressants,  bien  que 
sous  une  forme  littéraire  parfois  fort  imparfaite;  mais  ils  ont  été 
tenus  sans  prétention,  ils  respirent  dans  leur  naïveté  la  vérité  et  la 
conscience  chez  leurs  auteurs,  et  on  peut  y  ajouter  foi  entière  '. 

Au  tome  V  (1774-1780),  Tauteur,  après  avoir  énuméré  et  par- 
couru les  différentes  parties  du  monastère,  parie  de  Téglise,  de 
ses  chapelles,  et  arrivé  au  grand  autel,  il  le  décrit  en  ces  termes 
(page  32)  :  a  On  y  monte  par  trois  pas;  au-dessus  du  tabernacle 

*  Voici  le  titre  relevé  au  premier  volume  de  ces  manuscrits  :  «  Kvénemeats 
les  plus  remarquables  arrivés  à  Abbciille,  dppuia  raii  KiôT  jusiiu'à  [irèsent, 
poar  servir  de  suite  à  l'histoire  ecclésiastique  et  k  celle  des  mayeiirs  ù  Alibovilie, 
i  imc  à  Paris,  au  mois  de  may  1657.  i  Ce  volume  va  juscpTcn  17L(>.  IL  est 
a  é  :  a  Tiré  des  mémoires  qu'ont  laissés  les  défuDts  M.  Pierre  Amourette, 
n  ind  fripier,  M.  Xtcolas  Amourette,  son  fils,  Al.  Dannel,  marclianl  linj^er, 

â  bâtODoier  du  patronage  de  S^  Geor«{es,  XI.  Jean  (Juelien,  maître  tellier, 

e  --■-»» Abraham  Blaocart,  écuier  contrôleur  de  guerre,  s 


:130  PEIXTLHBS    1XC0\NLËB    PE    L  K  C  0  LE    FLAMAi\DE. 

et  des  gratlîn<ï  est  uni?  boette  où  dedans  ehi  représenté  (sic)  en  sculp- 
ture dorée  la  Passion  du  Sauveur,  et  t[u^nô  elle  est  fermée,  on  y 
voit  en  peinture  sur  les  couverts,  la  sainfe  Vierge j  S'Jean-Baptht^, 
saint  Honoré  et  saint  Hugues  dont  la  représentation  est  à  la  page 
précédente.  Cel  autel  est  éloigné  de  la  mu  rail  te  de  quatre  pieds,  etc,  « 

L'auteur  du  manuscrit  ne  parle  pas,  il  est  vrai,  des  sujets  peints 
sur  la  paroi  intérieure  des  volets,  mais  il  a  fait  plus  et  mieux.  Il  a 
exécuté  eu  effet  à  la  page  précédente,  comme  il  l'indique,  deux 
dessins  a  la  plume  du  ^rand  autel  :  Tnn  le  représentant  avec 
le  retable  fermé  par  les  volets  plies  par-dessus,  Tantre  avec  le 
retable  apparent  avec  les  volets  déployés  présentant  leur  paroi 
intérieure;  ces  dessins  sont  absolument  naïfs  et  enfantins ,  mais, 
malgré  leur  imperfection,  on  retrouve  facilement  sur  les  volets 
fermés  la  sainte  V  ierge  et  tes  saints  indiqués  ci-dessus,  notamment 
le  saint  Hugues,  bien  reconnaissable  par  le  cygne  figuré  à  côlé  de 
lui.  Sur  le  dessiu  du  même  autel,  mais  avec  les  volets  déployé^*, 
et  de  dimensions  semblables,  on  retrouve  également  les  sujets 
de  nos  panneaux,  notamment  Vâscemion  avec  les  rayons  qui 
environnent  le  Cbrist  et  aussi  la  Pentecôte  avec  rarœture  qui  la 
surmonte;  c'est  bien  le  même  autel  qu'il  a  ainsi  représenté  sous 
ces  deux  aspects.  EnGn  nous  ferons  remarquer  que  nos  panneaui 
étaient  réellement  peints  de  cbaqne  côté  à  Torigine,  puisque  ce 
n'est  qu'il  y  a  trente-cînq  â  quarante  ans  quMIs  ont  été  dédoublé* 
par  nn  trait  de  scie  dans  l'épaisseur  du  liois,  ainsi  que  nous  Tavons 
expliqué  ci -dessus,  pour  pouvoir  présenter  ainsi  toutes  les  pein- 
tures à  ta  suite  les  unes  des  autres* 

Ll  ne  peut  donc  y  avoir  de  doute  ;  Tidentilé  est  certaine,  et  ce 
sont  bien  nos  panneaux  que  Tauteur  du  manuscrit  a  vus,  Sfir 
place,  en  1774. 

Ll  A  la  Révolution,  nous  dit  \\^  Tabbê  Lcfebvre,  page  343  des^m 
ouvrage,  en  vertu  des  ordres  donnés  parTautoritédéparteineatale, 
le  conseil  général  de  la  commune  d'Abbeville  lit  procéder  par  une 
commission  à  T  in  i  en  taire  de  tous  les  objets  mobiliers  qui  se  trou- 
vaient dans  le  couvent,  a  Téglise  et  ailleurs.  ^  Cet  inventaire, 
mal  lie  ureu  se  ment,  a  disparu,  de  même  que  le  procès-verbal  -^^  ^* 
vente  qui  eut  lieu  en  1791  ;  ces  documenls  qui  ont  été  br^ 
comme  tous  tes  papiers  du  district,  dans  la  nuit  du  4  au  5  ^ 
ïier  1795  (Pbarond,  Topographie d'AhhctiUe,  t.  !•%  p.  427),  ** 


PEINTURES  INCO\\LES  DE  LECOLE  FLAMANDE.    331 

auraient  révélé  sans  doute  bien  d'autres  œuvres  d  art  et  des  objets 
curieux. 

a  A  cette  époque,  ajoute  M.  Tabbé  Lefebvre,  page  356,  après  le 
départ  des  religieux,  les  objets  mobiliers  furent  mis  à  Tencan. 
Les  nombreux  ouvrages  d'art  dont  on  avait  embelli  Téglise  : 
sculptures,  autels,  retables,  statues,  tableaux,  furent  vendus  à  vil 
prix  et  tellement  dispersés  de  tous  côtés  qu'à  peine  retrouve-t-on 
quelques  débris  de  ce  triste  naufrage.  » 

L*auteqi'  de  Toiivrage  sur  la  Chartreuse  de  Thuison  n'a  pas 
connu,  nous  Tavons  dit,  nos  panneaux  ;  il  n'avait  retrouvé,  de 
tontes  ces  richesses  artistiques,  que  les  deux  retables  en  bois 
relatifs  à  la  Vierge  et  à  saint  Honoré,  et  qui  sont  dans  réglise  Saint- 
Paul  d'Abbeville  et  à  Téglise  du  Crotoy.  «Ce  sont  peut-être,  dit-il, 
les  seuls  objets  qui  restent  comme  souvenirs  de  la  Chartreuse  de 
Thuison.  t>  Les  volets  retrouvés  depuis  sont  venus,  heureusement, 
augmenter  ces  souvenirs. 

Ces  tableaux  avaient  été  achetés  à  la  Révolution,  soit  directement 
du  district,  soit  de  seconde  main,  par  M.  Tâbbé  Cauchy,  alors  curé 
de  réglise  du  Saint-Sépulcre  à  Abbeville  ;  ils  les  avait  donnés,  à  sa 
mort,  à  une  autre  personne,  et  c'est  ainsi  qu'ils  ont  été  conservés, 
presque  inconnus  jusqu'ici  à  Abbeville. 

Il  reste  à  rechercher  comment  la  Chartreuse  s'était  trouvée 
originairement  en  possession  de  ces  précieuses  peintures;  cette 
recherche  nous  permettra  peut-être  de  présenter  quelques  con- 
jectures sur  leur  auteur  ou  sur  leurs  auteurs,  car  nous  sommes 
porté  à  supposer,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  fait  pressentir  au 
cours  des  descriptions,  qu'elles  ne  sont  pas  l'œuvre  d'un  seul. 

Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne  (1387-1467),  après  s'être 
allié  à  Henri  V,  roi  d'Angleterre,  avait  depuis  1422,  date  de  la 
bataille  de  Mons  en  Vimeu  aux  environs  d'Abbeville,  guerroyé 
pendant  plusieurs  années  dans  le  Ponthieu  ;  l'histoire  nous  rapporte 
ses  nombreux  combats  et  ceux  des  Anglais  pendant  le  rogne  de 
Charles  III  ;  c'est  l'époque  de  Jeanne  d'Arc  (1428-1431),  qui 
resta  prisonnière  aux  environs  d'Abbeville,  au  château  de  Drii<{y 
— ^s  Saint-Riquier,  et  au  Crotoy. 

"i  1435,  Philippe  le  Bon  se  détaclia  des  Anglais  et  conclut 
^  Charles  Vil  la  paix  d'Arras  par  la(|uellc  le  roi  de  France  lui 
ait  les  villes  qui  se  trouvaient  sur  les  deux  rives  de  la  Somme  : 


332  TEISTURES    IXCOW  JJ  tJ  E  S    DE    L'KCOLE    FLAM.IMDE. 

Amiens,  AhheiiUt\  Doullens,  Pémiine,  AlonUlidJer,  avec  leurs 
revenus,  le  roi  s'élaiit  réservé  la  souverainelé  el  la  faculté  de 
rachat  qui  plus  Idrd  fut  exercée,  en  1463,  par  Louis  M  \  Lors  de 
ta  pais  d^Arras  il  y  eut  pour  le  Pontliieu  une  période  de  traii- 
iiuillilé  pendant  laquelle  Pfiilipfïe  le  lïon  et  Jean  d'Auxy,  V\m  de 
ges  familiers,  a  niellèrent  de  la  Fhindre  dans  la  Picardie  tle 
nombreux  artistes  venuâ  «turlout  de  la  cour  du  duc  de  Hourgo^^jne 
qui  se  tenait  à  Bruges,  ïiaus  dit  Tabbé  Lefebvre,  p<  110'- 

Philippe  le  Bon  visita  plusieurs  fois  le  eauvenl  de  Saint-Honorè, 
à  Tbuison  ;  c'était  sous  le  priorat  de  Dom  Firmin  Le  Ver  qui  occupa 
ces  fondions  jusqu'en  1440  \  Le  noble  duc,  ¥enant  souient  à 
Abbe ville,  aimait  à  se  recueillir  dans  le  calme  de  la  solitude  de 
Tliuison,  En  souvenir  de  son  séjour  dans  le  monastère,  voyons-nous 
encore  dans  Touvrage  de  \\.  Païibé  Letelïvre,  page  112,  il  donna  i 
Dom  Firmin  Le  Ver  <*  soixante  livres  pari  si  s  en  aum^mas,  une  cha- 
sul)le  de  velours  violet  semée  de  fleurs  de  lys  d'or  et  barrée  d'or  et 
quatre  tableaux  de  bois  doré  que  l'on  met  sur  le  ^jrand  autel  et 
évangeliei's  des  jours  solennels  »,  Et  en  note,  au  bas:  Kalendii- 
rium,  Mss.  de  la  Gramlr  Chartreuse. 

Là  se  horne  la  citation  du  savnnt  auteur  ;  il  n'indique  pas,  il  est 
vrai,  où  il  a  trouvé  ce  précieux  manuscrit  dans  lequel  il  a  puisé  la 
i. 

1  Histoite  fl&t  dut- s  de  Bourgogne,  par  M.  ûjs  Bahaj^tk,  6*  édîK,  t.  lÛ.  — His* 

loirt  il' Àbbemlle ,   par  AJ.  LouA\EmK. 

*  A  Ici  us  r^KiiiEi  H  Xàtice  sur  Emoul  Belf,  entaithnr  damages  ^au  ^ttînzicmâ 
siècle.  —  Bulle  fins  de  la  Socîétr  d' émulai  ion  tflbltei'ille.  1897,  n"  'A. 

^  Firmin  Le  l>r,  d*uiii»  riche  famitlo  d'Abbetïtl*?,  avait  fait  profi'îisîoii  Hau*  !■ 
Charlreuiic  dcî  Suîrtt-HoODré  ;  nommé  prieur  avant  i*tl\},  it  voulni  taîrc  pititïcof* 
riiforiiies  dans  te  CEïUvciit,  et,  dans  tour  inÈ-coot^^nteiueul,  cerlaiaa  relîgit*ni*  nouî 
appremi  IL  l'ubLé  L^^fiîlni'et  l^  di-noiicèrent  en  14-11,  et  il  fut  pui^uyé  pruïisot- 
remont  Jjiiii  un  autrt;  monastère:  il  ne  rentra  datif  sa  maison  de  prurouLoii  qtîi'Ei 
1V2U  H  n*j  Fut  replu  prîpui'  i[\\'eti  1437;  il  remplit  ces  foiJClîoQS  ju^tquVn  VM- 
Celait  un  savant  ft  un  It^ltré,  et  on  toi  doit  un  Dictionnaire  ùitiii-ftarirais,  faU 
par  lui  de  lïll  k  14V0;  ce  truiuiL  est  surtout  prt^cieuK  pour  tVlnJe  de  h  1ia|{ue 
française  de  celle  t>poi[ue.  L'oiitetir  consacra,  dit-oti,  vincjl  an.*  de  *C5  loisirs  *cre* 
Ouvra*je,  composé  de  mille  pagti*  d'uuf  Lelte  éeritnre  ^olhLqnet  avec  cipïiMli<se 
des  Lreiilû  TTjrlle  moU   qui  s*y  trouvent  contenus.  (KapporI  de  M.  le   chant>m* 
Ctti^ûj'  eu  18S'*,  sur  l'ouvrai ^e  de  /-a  Chartreuse  de  Saini-Honort^  à  Thuhoit,  pi^ 
\I,  I  abbé  LnKEïtVïîK.)  Ce  manuscrît  fui  acheté  en  1S*>5  par  Si.  Firmin  iHdu 
vi'ute  du  marquis  ],e  Ver,  q«i,  nous  dfi  \ï.  Eruesl  1*rahi>5;d  dans  Les  homn^es  . 
de  r arrondissement  dWhhevitle^  le  tenait  lui-même  de  H.  Traulié,  d'Abbei 
il  hil  enlin  acquj^  viTh  iHtiS,  par  TlCtat,  pour  la  llïbUothèqnc  nationale*  au  j 
0,000  francs. 


r 


nEÎVTlRKS    INCONHUES    DE    L  ECOLE    FLAy^lSHE.  333 


mention,  dnî Meurs  bien  préci»^  et  hien  formelle,  Xoua  n*àvùTv§ 
\m  p»,  lïifllyré  nos  recherche^*,  lelroiiver  ce  (fonimniit  ;  il  n'a  |>i*s 
fin  être  pnlïlié,  mais  Tauteur  nous  a  éctit  qu'il  TavaiL  eu  <»ti  niiiin  ; 
\\^$[  malbeureii.^pment  clécéilf*  peu  nprès,  il  y  a  rpiplques  ann^eî^. 
La  citation  AoW  être  exacte,  elle  n*a  pas  t^té  ima^jîriée,  car  le  loin 
avec  kquel  Tauteur  de  V Histoire  de  la  Chartreuse  de  Saini- 
Homré^  Ta  relevée,  en  la  mettant  entre  ^'juilleniets^  prouve  surfi- 
samment  qu'elle  a  été  copiée  teitiiellement  par  lui  sur  le 
manuscrit.  Cette  mention  présente  <ion€  tous  les  caractères  de 
véracité  et  d'exactitude. 

Or,  les  îndicationâ  ct-dessuH  sont  absol muent  intéressantes  pour 
létuile  qui  nou5  occupe;  en  effet,  et  en  les  reprenant  une  par  une: 

Quatre  tableaux.,.  C'est  précisément  le  nombre  de  no«  pan- 
ueanx  ilans  leur  état  nrîjjiuaire;  c'est  seulement  il  y  a  quelqitei^ 
années,  nous  lavons  dît,  qu^ils  ont  été  sciés  dans  le  sens  de  leur 
épaisseur. 

De  bois  doré.*.  Les  panneaux  sont  en  bois;  les  peïnlureâ  sont 
dorres  autant  qu'elles  peuvent  Tétre. 

Que  l'on  met  sur  le  (/rand  autel...  Or,  noua  avom  vu,  d*aprés 
lin  document  indiscutable,  les  manuscrits  Silfait,  que  nos  pan- 
neam,  précisément,  étaient  placés  sur  le  grand  autel.  La  refiré* 
seutation  même,  en  deu\  fnis,  de  cet  autel,  ite  laisse  aucun  doute; 
il  n'y  avait  pns  d'autres  titlileaux  que  ceux  dont  nous  nous 
occupons.  Et  puis  enfin,  dirons-nous  encore,  ceux-ci  étaient  aiise^ 
beaux  et  assez  importants  pour  fiyurer  à  cette  pkce  d'tionneur'. 


^  Ceï  ouvrage  a  été  couronné  en  i  884,  par  la  Soeiéléder  aniiqumresde  Pic&r- 
ditf,  k  ilmienA,  sur  le  rapport  df?  \L  l'abbé  Ca|jriy,  de  VL'nératite  mëfEiuîre,  un 
sivant  ci  MO  èrudit. 

^  Il  est  k  tem&rqurr  quË  le  pii^sji^^e  du  Kahndttrittm  (et  il  Paul  le  prendre  dan^ 
sps  termei  et  k  ta  k'ttre)  ne  parle  pas  de  Ju  Passion  en  Loli*  fieuipté;  ce  r/hddi» 
n'(»st  »i*joali^  que  duos  les  maun?critft  SilfaiV  Sans  di>ule,  aîu^i  que  M,  I*.  dr  Kutir- 
eaud  jg  bien  voulu  (ions  le  faire  obscrier.  les  scntptures  encadri-rs  et  timierlej* 
de  loletî  pemta  furent  à  h  mode  de  boimo  hri^re  (uiiU'ï  jmrlalîf  de  iJJjun  de  Jac- 
ques de  ic  Baerze,  avec  peinture  de  RroederlamJ,  et  peUc.  madc  dura  bni;jtGmps'. 
Il  ifya  donc  rien  d1mpo^«Jble  à  ei^  que  iv  retable  âr  Tliuiaun  ait  étL^  ainsi  fait  di's 
snn  iifigioe,  maii  le  Kalendarium  ne  dit  rtoi*  de  pareil;  il  parle  ^imjdi^nu'ul  de 
i  tûfdtmtjc  de  bois  doré  mis  sur  i'atthi,  el  il  wnii  inii  us  pri^uilit*  et;  lenk-  à 

I  '6  Pans  l'interpréter,  Philippe  le  Uon  avait  doncn'  ijuairr  pauni-auii  rira 

^  iritvtiii  une  Pautûn  sculptai'  H    i'n\i  i'ii\Aumive  âf  pamuALii  pfiiit>. 


334  PEI\TLiRES    nCOANUES    DE    L^ECOLE    FLAMAXDE. 

H  y  a  !àj  eerlainement,  ile^i  coïnciJences  multiples  (]ui  sembletifc 
s'imposer.  On  peut  donc  dire  t*n  (oute  vraisemblance,  el  même, 
peut-on  ajouter,  en  toute  certîtucl6f  que  les  tableaux  que  t\ùu$ 
présentons  sont  biea  les  tahhaux  de  bois  doré  si  farmellement 
mentionnés  Jans  le  Kalendarium  et  dans  les  maauâcrtts  de  h 
Grand  e-Chaitreu^e. 

On  a  PU,  d'autre  part,  que  le  don  en  fui  fait  par  Philippe  le 
lïon  au  prieur  Dum  Firmin  Le  Ver;  or  celui-ci  cessa  sou  prieunit 
en  1 440.  Cette  date  est  précieuse  à  retenir, 

îMjiiîpps  le  [ton,  on  le  sait,  était  un  <frand  amateur  d'art  ;  tous 
les  historiens  ont  parlé  de  son  faste  ^  et  les  dons  t|u'il  faisait  aui 
monastères  élaîeut  Ions  réellement  princiers  et  de  haute  valeur, 
(t  Son  réjne,  nous  dit  M.  de  lia ra nie  dans  V Histoire  des  ducs  de 
Bourgogne  (tome  V,  pa^|e  387,  t>'  édition),  resta  da^^slt  méuioire 
comme  une  époque  d'éclat,  Je  [juîssance,  de  rictiesse  et  même  Ji- 
bonheur,  car  jamais  la  Flandre  ne  retrouva  nn  temps  si  prospère.  * 
Et  ailleurs:  ^^  Aucun  roi  n'avait  en  autant  de  puissance  et  de 
richesse.,,  son  rèyne  de  cinquante  ans  fut  noble  et  glorieuK.,.  le 
duc  avait  élé  le  plus  grand  souverain  de  son  temps,  n 

Philippe  le  Bon  était  en  relations  suivies  a?ec  les  artistes 
flamands,  et  nous  savons  qu'il  prit  à  son  service,  en  qualité  de 
peintre  et  de  valet  de  chambre,  Jean  Van  lilyck,  en  qui  il  avait 
placé  toute  sa  confiance  ;  il  fut,  en  1434^  le  parrain  de  son  enfant, 
Jean  Van  Eyrk  mourut  en  1  440,  la  même  année  précisément  que 
le  prieur  de  la  Chartreuse  de  Tbuison  à  qui  le  duc  de  !îouryo^lJ'^ 
avait  donné  quatre  tableaux  de  bats  doré. 

A'ons  nous  bornons  ici  à  indiquer  des  faits,  à  donner  desdatei, 
à  présenter  des  documents,  mais  nous  n'allons  pas  plus  loin  et 
nous  ne  prétendons  pas  le  moins  du  monde  attribuer  ces  peinturE^s 


m*  s'oppose  à  ceUe  indicalion  que  plus  tard,  nu  SËiiièine  siècle,  on  «tt  comp«i^ 
Ljij  relaÛc  avec  utie  PitssioH  ^pii  attrait  eAè  plus  récemmerit  Achetée  a  Ijaod.pr 
ciempte  (où  avait  été  fabfï<juée  ei^lc  de  Bnume-I es- Messieurs),  cl  les  AD&i*iim^* 
peintures  coinpk-léeâ.  pour  leur  aouvet  tfmptoîp  par  dr  aativetlea  pt^iaturr^  **i 
revi^rs.  Commi'  M.  du  Kourcaud  ajoulaU  très  Judicietisemeat^  tact  qu'au  a'ttun 
poi  retrûui^é  tia  document  rormel  ûu  la^  débris  qui  peuveul  »iibsîat€r  du  rcubM 
{&i  taul  cAi  qu'il  l'n  eii^tet,  it  sera  impassible  de  se  faire  une  idée  cerUif? 
ïi*^e.  de  celle  partie  centrale  et  de  la  constitution  primilive  du  relabkv  ' 
stippusition  a  au  muÎDs  Tavantat^e  de  dc  pas  forcer  le  sem  du  leile  du  Ktti 
rium. 


I 


r 


PEINTURES   IXCOWUES    DE    L'ECOLE    FLAM.^XDE.  335 


à  Jean  Van  Eyck,  car  elles  ne  sont  certainement  pas  de  lui.  Nous 
dirons  seulenoient,  dès  maintenant,  que  ces  panneaux,  au  moins 
ceux  représentant  des  sujets,  sont  vraisemblablement  d'un  de  ses 
'  sacccsseurs  immédiats  ou  à  pou  près. 

Parmi  les  peintres  flamands  en  renom  de  la  première  moitié  du 
quinzième  siècle,  il  en  est  un  dont  les  œuvres  nous  ont  paru 
présenter  quelque  points  de  comparaison  avec  les  sujcls  dos  pa- 
rois intérieures  de  nos  volets,  c'est  Roger  de  la  Pasture  ou,  selon 
la  traduction  en  flamand,  Rogier  Van  der  Weyden  ou  encore 
Rogier  de  Bruges,  né  vers  1400,  mort  en  1464.  D'après  plusieurs 
des  ouvrages  qui  ont  été  écrits  sur  les  peintres  de  TEcole  flamande 
primitive,  il  aurait  été  élève   des  Van  Eyck  à  Bru<{es,   où  Plii- 
lippe  le  Bon  tint  sa  cour.  IVaagen,  dans  son  Manuel  de  l'his- 
toire de  la  peinture  ',  tome  I*',  page  129,  tout  en  paraissant  ne 
pas  mettre  en  doute  que  Rogier  Van  der  IVeyden  fut  Télève,  et 
même  le  plus  célèbre,  dit-il,  page  127,  de  Jean  Van  Eyck%  le 
plus  jeune  des  deux  frères  qui  vécut  jusqu'en  1440,  dit  que  ses 
œuvres    révèlent  en  outre  Tinfluence   très  décidée  d*Hubert  et 
qu'tZ  traita  comme  lui  les  sujets  inspirés  par  le  mysticisme  du 
moyen  âge.  Par  l^  pureté  de  style  des  draperies,  il  se  rapproche 
encore   plus  d'Hubert  que  de  Jean,  mais,  dit  encore   Waagen, 
ft  il  ressemble  à  ce  dernier  par  sa  façon  magistrale  de  vendre 

'  D'après  des  indicalions  d'an  grand  intérêt  qui  nous  sont  données  au  cours  de 
ce  travail,  il  ne  parait  pas  établi  que  Rogier  ait  été  Téiéve  de  Van  Eyck.  Pour 
prouver  que  Rogier  a  subi  particulièrement  Tinfluence  d'Hubert^  il  faudrait 
savoir  au  juste  sa  part  de  collaboration  au  tableau  de  YAgneau,  et  sur  ce 
point  il  n'y  a,  parait*il,  que  des  hypothèses.  Rugicr  est  inscrit  en  1427  sur  les 
lifres  de  la  Ghilde  de  Tournai;  on  le  voit  reçu  mnître  eu  1432,  et  il  est  fixé  k 
Bruxelles  en  1435.  Son  seul  maître  authentiquement  connu  est  Robert  Campin  de 
Tournai.  S'il  est  allé  à  Bruges,  ce  ne  peut  guère  être  qu'après  1432,  son  éduca- 
tion terminée,  car  il  ne  fttt  pas  entré  chez  Campin  en  sortant  de  chez  Van  Kyck. 
Il  n  A  donc  subi,  très  probablement,  l'influence  de  Bruges  que  par  voie  d'am- 
biance et  comme  tous  ses  contemporains. 

*  Manuel  de  f  histoire  de  la  peinture,  Kcoles  allemande ,  flamande  et  hollan^ 
daise^  par  G.-P.  Waagkk,  directeur  de  la  Galerie  royale  de  tableaux,  à  Berlin; 
tradaetion  par  M.  Hymans,  conservateur  de  la  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles, 
correspondant  de  l'Institut  de  France,  et  M.  J.  Cadot,  3  vol.  in-H".  Paris,  18()'i. 

*  ^'     Henri   Hymans.  l'êrudit  conseirateur  bien    connu  de  la   Bibliothèque   royale  de 

fi  ^ilea,  nous  a  fait  voir,  au  Congrès  de  Gand,  on  1890,  la  pierre  tombale  J  Hubert  Van 

{  L  qui  s«  trouve  potée  debout  à  l'une  des  ettrémité^  de  l'immense  rcfocloire  de  l'nn- 

c  ne    abbaye  célèbre  de  Saint-Bavon.  Cette  grande   salle  en  lonjfueur,  bien  rei>laurée, 

r         *.  d'autres  pierres  sculptéas  retrouvée»  dan»  les  ruine*  du  monastère. 


•iU  PEOTUKES    IXCOMtfUES    IJ  Ë    L  KCOLË    KLAMAXDE. 

lentire  les  objets,  et  par  fc  peu  de  souci  de  la  beauté  qui  parfois 
<listitigiie  S4^s  aenvres,  La  préoccapatton  trop  absolue  du  réel  le 
cotiduisU  même  quelqucPois  à  représenter  des  sujets  répuguants  et 
sans  jjoùt.  Ainsi  les  nus  soni  maigres,  les  doigts  trop  longs,  les 
pieds,  surtout  dans  ses  premiers  ouvrages,  mal  conformés.  Sa 
couleur,  en  revanche,  sans  égaler  en  profondeur  et  en  éclat  ceîle 
du  maître,  pm^bàe  une  étonnante  vigueur  ;  sea  carnations,  dans  la 
première  pt^riode  '  ont  une  teinte  dorée  qui  se  rafraîchit  par  la 
suite  (page  130).  -^ 

Nous  devons  remarquer  toutefois  ici  que  les  caractères  indiqués 
par  U'aagen,  y  compris  la  couleur  d'un  l)run  doré,  sont,  il  faut  le 
dire,  ceux  tte  presque  tous,  sinon  de  tous  les  successeurs  immédiats 
de  Van  Eyck. 

D'autre  part,  M.  .Alfred  Mlchlels,  dans  son  grand  ouvrage  en 
cinq  volumes  :  Histoire  de  la  peinture  flamande,  publié  à  Paris 
en  1866,  rappelle  aussi  que  Rogier  Van  der  Weytien  fut  Télèvr  le 
plus  important  des  Van  Eyck  ;  utout  au  moins,  ajoute-t-il,  il  peut 
avoir  perfeclionnéson  talent  sous  la  direction  du  plus  jeune,  qu^rui 
il  avait  obtenu  lui-même  le  droit  d'enseigner,  étant  devenu  franC' 
maître  de  la  corporation  de  Saint-Luc  à  Tournai  en  1432,  en 
même  temps  r|ue  Jacques  Daret;  T École  de  Hrnges  à  laquelle  il  sp 
rattache  était  éminement  poétique  et  s'adonnait  au  paysa<jc,  ovk^ 
tahteaux  de  Van  der  IVeyden  à  Berlin  ont  pour  fonds  d'a^//^traË/^i 
paysages  '  ^^ , 

Enlin  M.  A,-J,  Uauters,  qui,  dans  son  ouvrage;  La  peinture 
flamande,  puUUé  kVarh  en  1883',  a  résumé  non  seulement  le 
résultat  de  ses  premières  recherches  remontant  à  1846^  mais  aussi 

>  fl  eût  èlô  in1fife>^5ant  di;  pouvoir  L-omparcmo^  panueauK  aux  premirrs  ouvrai^ea 
di.^  ilogî<?r  Vaii  der  WeyJenj  îtiais,  tjou^  dit  t^iicore  AI*  de  l^'ouTcaud,  le»  |i3us 
Hi)ci(!i]HCa  pcirtturrsi  i  itét?Ei  pur  des  teite^  qîU,  paruiUîl,  disparu  comme  cl'iu  de 
rUAteJ  de  vilte  de  BriixeJles  dont  on  ne  p cul  Juger  que  par  qupli]ues  triiascripli[ïn» 
pa  lupissene  (au  Munster  de  Berne);  Ja  cbroni>lo({ie  dea  rare»  ourreiff:^  i^ti 
maître  qui  peuvent  passer  pour  auibeiitique«  oi^i  bien  difficile  a  établir. 

Rappelons  ijue  ejos  panneaui,  J'aprés  les  documenU^  se  placent  avant  IWO,  et 
ipic  ce  r/eat  fju*en  IHT  ou  1  HO  que  Rotjieï-  liin  der  Weyden  dla  en  tlalie  pI  >  i 
perfeciitmoa. 

'It  faut  dire  que  Jca  tableau i  do  presque  tous  les  Klamands  primitiit 
Qieui  tîes  piL]  sa;|e». 

^  Bihihtheqist  de  renseignement  des  Bemx-Àrtt;  iM  peinture  Jla 
A.-J-  WAUTjsns,  Paris,  Quanlin,  188^1. 


cellesile  AJichiclseE  de  VVaatjen,  3V\priine  ainsi,  page  62,  aiiâiijet 
(icçê  peinlre  :  ^  Rogier  Van  der  Weyden,  tiit-il,  hérita  de  Van 
Ryck  l'art  de  bien  peindre.  Sa  couleur,  sans  égaler  celle  du  mahre 
mm  Je  rapport  de  rhnrmotiie  et  de  la  finesse,  en  possède  Téton- 
uanle  [vuls«»ance.  Ses  talïleaux,  d'un  aspi;€t  si  énergique  et  d'une 
sj  jurande  allure,  sont  hahilemetit  agen<é3,  et  leurs  persou nagea 
esprimeal  un  sentiment  dramatique  très  pénétra  ri  t.  Son  dessin 
est  f  on ect  ;  seulement  dans  le  corps  liumarn  comme  dans  les 
vêlem(*nts,  dont  les  contours  sont  parfois  raides  et  anguleux,  il  a 
toujours  exagéré  la  longueur,  n 

Si  Ton  réunit  ces  divers  éléments  d  appréciation  et  sr^  revenant 
aux  reproductions  des  trois  premiers  pauneaui  décrits,  h  Cène^ 
VAscension  et  la  Pentecôte,  on  cliercli©  à  les  y  applrj[uer,  on  peut 
remarquer  quelques  points  qui  paraissent  les  rattacher  au  «jenre 
de  talent  particulier  de  Van  der  Ueydeiîtà  ses  qualités  commu 
aussi  à  ses  imperfections  \ 

iVons  avons  fait  observer  en  effet,  dans  les  descriptions,  Tbabile 
agencement  des  groupes,  la  longueur  des  vêtements,  le  sentiment 
pénétrant  qu'expriment  toutes  lesli^jures,  leur  aspect  très  caracté- 
risé, mai»  en  même  temps  (^  Tesception  des  belles  tiguresduCbrist 
et  de  la  Vierge  esceptionnellement  douces  et  d'un  nindrlé.  parfait) 
le  peu  de  âonci  de  la  beauté  pour  celles  des  apùtres,  dont  les  traits 
sont  très  accentues,  énergiques,  presquu  rudes  ;   on  constate  que 
les  iiuB  sont  maigres,  les  doigts   trop  tong.s,  les  pieds,  te^  jambes 
mal  conformés,  comme  le  dit  VVaagen  ;  d'autre  part,  on  a  vu  avec 
quelle  étonnante  rigueur,  dans  le  sujet  de  la  Cène,  les  profils  de 
trois  des  apôtres  se  détaebent  sur  la  blancheur  de  la  nap|>e  ;  il  est 
vrai  c|ue  sur  ce  point  on  trouve  une  réelle  analogie  avec  le  même 
sujet  traité  par  Thicrri  Bouts.  Xous  rappellerons  aussi,  au  sujet  des 
paysages  dont  parle  M,  .Mîcliîels,  celui  quia  été  si  bien  traité  ilans 
VAsce/ision/màh  on  trouve  aussi  ces  paysages  dans  d  autres  pein- 
tures de  cette  époque;  de  même  aussi  celte  écbappée,  si  curieuse 
et  si  finement  délai  liée  pur  Tcm brasure  d'une  croisée,  dans  la  Cène^ 

'  Noton>T   d'aillcors»   iq   mnn  de  rimparliBlitr,   que  deux  des  memltPfi  t\u 

Comiié   des    Sodéids  des  Ïï^am-Arts,  après  dioir  vu   t;(?s  heïh's  pemUïTta  tt  tm 

r    reconnu  h  baut  iûtért^t,  mit  dt-cJUPé  n^  recanndtn;  ni  la  main  de  muîtrw 

ier,  ni    celle  de  Tbiixri    itools,  ou  d'aucuu  di-si  maîlrcs   connus  Je    t'titd** 

i»nde.   L'opioion  qui''  nous  fmiUoïi»  iri  atnis  est  donc  piTsoiiutJle,  et  nous  nv 

,  "Qfis  d'aîtletir»  que  sous  ilv  jjrandes  rt*sci'vps. 


%^J^ 


^38  PEINTURES    IXCONKlIES    DE    L'ECOLE    FLA1IA\UE. 

du  carrefour  iFutie  ïîlle  flamatide  au  moyeu  âge.  M.  Bîgarnie,  de 
Beaune,  depuis  décédé,  membre  de  la  CoQimission  des  Antiquités 
de  la  Cùte-d'Or,  tjui  a  ru  ces  peintures  vers  1880,  a  cru  trouver 
daus  les  inoiumierits,  et  particulièrement  dans  ceux  de  VAscefi- 
sioîtt  une  re&seoUdaiice  avec  ceux  de  la  ville  de  Bruges;  nou» 
avons  dit  \yUi$  haut  qu'on  ne  saurait  peuMtre  les  rattacher  plutùt 
à  cette  ville  qu'à  une  autre. 

D'autre  part,  la  comparaison  avec  plusieurs  des  œuvres  asseï 
généralenipnl  attribuées  à  Van  der  U'eyden  peut  fournir  au^si  de* 
éléments  au  point  de  vue  d'une  attribution. 

C'est  ainsi  que  dans  le  remarquable  tableau  des  Sept  Sacrem^nU 
qui  est  au  Musée  d'Anvers,  plnsieui-s  particularités  significatives 
Dous  ont  frappé  comme  se  remarquant  également  dans  les  trois 
sujets  de  dos  premiers  paoneaux  :  la  lon,^ueur  des  vêtement!!,  qui 
est  caractéristîi|ue  dans  Tœuvre  de  Van  der  Weyden,  lesdélails 
d'architecture  reproduits  avec  grande  lidélité  et  d'un  fini  achevé, 
le  groupement  haliile  des  personnages,  la  longueur  des  d»)i;jls: 
nous  signalerons  aussi  le  type  de  la  Vierge  dans  le  compartiment 
du  milieu  des  Sacrements,  type  qui  paraît  se  rapprocher  de  celui 
do  lios  panneaux;  pnîsoncore  les  chaussures  a  la  poulaine  se  rap* 
portant  au  quinzième  siècle,  surtout  dans  la  première  partie.  Eufia» 
et  nous  insistons  tout  particulièremeni  sur  ce  point  comme  layan» 
bien  observé  sur  place,  c'est  Tîntcnsité  de  vie  qui  se  déga^'je  lle^ 
ycnx  des  personnages  comme  dans  nos  peintures  ;  nous  citenms 
notamment,  du  tableau  d'Anvers,  et  bien  que  cela  paraisse  peu 
rraisemblable,  la  vivacité  extraordinaire  des  yeuE  du  moribond 
semblant  avoir  une  dernière  Inenr  de  vie  pendant  que  le  prêtre  lut 
administre  le  sacrement  tic  rEitréme-Onctron. 

Si  nous  nous  arrêtons  à  nn  autre  tableau  qui  est  égalemept 
attribué,  comme  hors  d(^  doute,  à  Van  der  Weyden  le  Vieni,  l** 
Jugement  dernier^  si  célèbre,  de  Thôpital  de  Beaune,  nauî* 
remarquons  encore  le  type  de  la  Vierge  prosternée,  les  main* 
jointes,  et  dans  la  même  attitude  que  dans  V Ascension,  les  traïti 
d*uïie  certaine  vulgarité  et  presque  rudes  de  plusieurs  des  persmi- 
nages,  la  lonyuenr  des  vêtements,  les  défauts  d'anatomie  des 
membres,  notamment  la  déformation  des  pieds;  puis  aus^ 
Hgure  du  Christ  que  l'on  retrouve  avec  quelque  analogie  dan 
Cène  et  dans  l'Ascension  de  nos  panneaux.  Il  en  est  de  "" 


^^ 


PEIITTLIIES   IXCO!^]SCES    f>E    l/ÉCOLE    FLIMIXDE. 


330 


lîîinâ  le  Chrtsi  au  (ombeau  (|ui  est  atj  Mtiseo  du  [.ouvre,  avec  son 

cojp  Iruj»  iang,  ses  membres  maigres  et  le  4]é\elQppement  eita«jéré 

du  maQleau;  ta  figure  de  la  Vierye,  eic.  Xoua  remurquoiiii  égale- 

méat  la  délicaleise  ioBtiie  des  fleurettes  dont  le  loi  eat  èmaillè 

air  premier  plan  et  <[ui  rappelle  celles  de  V Ascension,  purs  enBii  le 

fiierveilleuv  passage  qui  se  déroute  dan^  le  Tond  avec  la  n^présen- 

kllon  d^uiie  vilie  au  loin»  les  arbres  à  la  tige  élevée  et  grêle,  lei 

autre.s  en  boule  au  delà,  aiiE^si  rommr  dans  le  niêmn  panneau.  C^  ne 

sont  pas  là,  sans  dôule,  nous  le  reconiiaîiisoiis,  des  \\ù\x\U  sufH- 

samment  caraclérisUcjues  pour  perniethe  d'asseoir  un  jugement 

certain,  mais  ils  peiuent  être  relevéîi.  On  ne  iaurait  en  tout  cn^, 

croyons-no  lis,    établir  de  comparaison   avec  les  Memling  et  les 

Quentin  Matays^on  se  rapprocherait  plutùfc  du  peintre  maulieugeoîa 

Jean  de  Mabuse,  sauf  la  t|Li€stioi]  de  date  ;  il  ue  faut  pas  s'attacher 

non  plus  à  lan  der  Neire  île  Gand.  car  il  n'af^paruit  que  plus  tard; 

itiyenre  d'aîileura  est  complêlement  diffùreul. 

Les  tableauK  du  \lusée  de  Berlin,  également  attribués  â  Van  der 

UeyJen,  nous  présentent  moins  de  traits  de  ressemblance,  mais 

il  faut  dire  qu'ils  sont  de  la  accoude  manière  du  martre,  après 

qu'il  était  allt\  en  1447  ou  en  1449,  se  [ïerl'eclionncr  en  Italie;  les 

irailsdes  personnages  sont  plus  soignés,  plus  fondus,  d'une  grande 

âuavité  ;  toutefois  nous  croyons  y  reirouver  encore  certains  pointa 

p^rzneftant  la  comparaison,  tels  que  les  dimensions  des  vêtements^ 

1  éclat  des  yeux,  etc.  Le  type  des  ligures  du  Christ  et  de  la  Vierge 

dans  K'  triptyque  de  la  Maissanee  du  Christ  de  Bu r lin  pourrait 

égalenienl  se  rapporter  à  ceux  des  tableaux  de  Thuison,  celui  plus 

particulièrement  du  Christ  dans  ta  Descente  de  croix  à  la  Haye, 

dans  la  Mise  au  tombeau  ani  Offices  à  Florence,  dans  le  Christ 

en  croiœ  h  Dresde,  où  Ton  retrouve  ce  corps  long,  émacié,  ce 

xh^ge  allongé  avec  la  barbe  en  pointe,  de  même  encore  dans  le 

Christ  en  croix  du  Musée  de  Berlin  ;  nous  ne  parlons  ici  de  ces 

coirifiaraîsans   que    d'après    des    photographies    examinées    chez 

BrauDD,  à  I*aris. 

II  existe  à  leglise  d'Ambierle  en  Roannais  un  retable  de  la 
p  —  |-^^  ^^1  ^  fgil  l*0l»jet,  dans  la  Gazette  archéologique,  d'une 
(  très    approfondie  de  \I.  E,  Jean  nez  ;  nous  eu  d*JVons  Tiiidi- 

t         là  DOtre  savant  confi  ère.  M,  le  comte  de  Marsy,  et  nous  sommes 
fc         -IX  de  Ten  remercier  ici.  Or,  AL  Jeannez  a  été  amené,  par 


^m 


340 


PEIXTCRES    LVCOXVLES    HE    L  ECOLE    FLAMANDE. 


les  renâeïyiiiim^nts  iVhisloire  et  Je  clironologie,  à  regarder  Vûh 
der  Ueydeii  comme  l'auLeur  probable,  sinon  certain ,  des  voleti^du 
retable  (r^mbierlo;  i[  y  a  trouvé,  comme  caraclcre  paHictilier  et 
t)ue  noua  retrouvanâcLatis  nos  peintures,  «  la  simplicité  et  la  drgoUé 
des  attitudes,  le  ^jnind  caractère  des  têtes  s'alliant  à  une  imitation 
scrupuleuse  de  la  nature,  le  dessin  parfois  défectueux  dans  les 
pieils  ou  ]e%  mains  toujours  mai,<jre5,  les  plis  carrés  et  anguleux 
des  draperies  ^ .  Il  ajoute  plus  loin,  comme  observations  con^rmaot 
les  premières  :  u  t,e  réalîsnic  le  plus  intentionnel,  les  duretés  de 
détail  tlaus  les  eitrémités,  les  fonds  de  paysajje,  les  premiers  platis 
semés  d'iris,  tie  violettes,  de  myosotis  minutieusement  ctuilit's, 
les  mrrsses  de  roobers,  les  chemins  ijui  serpentent  eit  fuyant  v^^rs 
l'horizon,  etc.  ^i  \e  dirait-on  pas,  véritablement,  tju'il  s*a;jit  tics 
volets  intérieurs  de  la  Chartreuse  de  Thuison?  11  est  vrai  que 
rattribution  à  Rogier  du  retable  d'Ambierle  n'est  qu'hygiothétique 
et  ne  repose  sur  aucun  document  certain,  et  on  ne  saurait  en  f*taycr 
la  base  d'une  attribution  pour  nos  panneaux;  mais  il  y  a  \k  iks 
points  d'analogie  qni  nous  ont  frappé  et  que  nous  avons  cm  devoir 
signaler. 

Xoï\9  ne  prétendons  pas  tirer  ite  cette  étude  comparative  II 
preuve  que  ftogier  Van  der  U  eyden  serait  Tauteur  des  peintures 
de  Thuison  ;  il  nou^  aura  sulfi,  en  simple  amateur  qui  s'est  pas- 
sionné pour  ces  œuvres  d'art,  mais  qui  craindrait  Je  se  laisst*r 
entraîner,  de  poser  quelques  jalons,  d'élucider  le  point  historique, 
d'eiprimer  enfin  des  imprécisions  d'après  une  étude  descriptitc 
détaillée.  .Vous  luissons  à  de  plus  savants  et  à  de  plus  experts  (\\iv 
nous  le  soin  de  se  prononcer  ^l^une  manière  plus  at'tîrmative  sur 
l'auteur  possible,  selon  nous,  de  ces  belles  et  curieuses  peinture* 
du  quinzième  siècle. 


testent  les  quatre  grandes  figures  isolées  qni  figuraient  suri» • 
parois  eitérieures  quand  les  volets  étaient  fermés. 

Ici  nous  ne  pouvons  plus  appliquer  la  mention  du  Kalendanm 
qui  parle  de  tableaux  de  bois  doré^  car  les  dorures  des  offrob 
ne  sontj  en  quelque  sorte,  qu'accessoires,  tandis  que  su  ries '"**'• 
précédents  l'or  domine  partout,  dans  les  rayons  de  VAscenf 
de  la  Pentecôte,  sur  le  dais  qui  surmonte  cette  dernière 
dans  les  draperies  du  fond  et  ailleurs-  Sur  les  quatre  pa' 


PÊINTCRES    IXCOSSl'ES    OE    LÉCOLE    FLAyVXOE.  341 

eilêrleui!;.  au  coiilraire,  les  nichrs  c?t  Ir^  dais,  ainsi  que  les  sujeti 
eu  Im^-rellefs  c|ui  ^'y  Lrouicnt,  sont  latis  pcïiils  en  grisaille. 

D'auLve  pari,  les  détails  d'fircliiteiture,  arcs,  bandeaux,  etc.,  ne 
paraisses l  pas  se  rapporter  à  une  epO(|iir  {intérieure  à  liiO;  ceux 
rumine  Je  Saitii  Jean-Bapiiste  cl  de  Saini  Honoré^  par  leur  forme 
arcbilectDiii([ue,  purais&ent  se  railaeher  phitAi  an  seizième  .siècle; 
aûss\  arons-noiiR  tlêjà  iurlitfué,  lors  des  de^cripliDnft,  nue  ces  deux 
panneau V,  non  seulement  par  Tarehitecture.  niai^  aussi  par  la 
manîcre  dont  lejï  personnages  et  parlirulfèrement  les  fi;|ureiiont 
élé  Irailèa,  nous  paraissent  d'une  cpo([ue  postérieure  an\  deux 
premiers,  rc|ïrése niant  la  Vierge  cl  Saini  Hinjuts;  et  cependant 
h  manière  dont  ils^ont  dispo^éSi  ain."^!  t|ue  1rs  «nslunies,  préscnteut 
aoe  ccrtatne  sîmiLilntfe  ï|ui,  au  preuiier  aspect,  «einlile  Ie.s  rutla- 
d>er  directement  le«  uns  au^i  aulres. 

Si  nous  osions  bosarder  une  hypothèse,  car  nous  sommes  Ici 
èims  le  champ  des  simples  conjeclures,  ne  trouvant  pins  les  élé- 
ments r^iractérisliq  nés  qui  nous  aiaient  guidé  dans  nos  premières 
obscr (talions,    nous    dirions    ceci    ;   Philippe  le  Bon   aurait   hien 
donné,  de  14(7  à  14i0,  re  qui  paraît  établi,  les  quatre  tableaux 
de  boig  doré  représentant  des  sujets,  mais  sans  |>einture  derrière 
les  tableaux ,  Ceuï-cî  garnissaient  bien  rantel  rlès  Torigine,  nous 
le  savons^  d'après  la  mention    formelle  %\ii  Kalendarium  (i.  plus 
Jjâut,  M.  37);  mais  ce  document  ne  parle  pas  du  bas-relief  dn  la 
Passion/  si  ce   retable  avait  existé  ù  cette  époque,  Tauteur  du 
manuscrit  l'aurait  sans  doute  indiqué.  D'ailleurs,  dans  ces  condi- 
tions,  le  retable  eût  été  constilue  d'une   façùn   normale,  et  Ton 
n'aurait  assurément  pas  omis  de  peindre  les  volets  sur  les  deuï 
faces  à  la  fi)is,  et  od  a  du  peindre  plus  tard  la  paroi  eitérieure.  On 
peut  ajouter  que  les  sujets  mêmes  des  paimeaux  n'indiquent  |):is 
qu'ils  dussent  accompa*fner  une  Pnssfoit ;  il  n'y  aurait  guère  que 
la  Cène,  On  peut  se  référer,  ^i  l'éjjard  de  la  recherche  d'unité,  au 
retable  de  Baumc-Ies-Messîeurs*. 

'  La  Passîoa  ïiculptér  au  relabla  Ht*  Bnitme-lei-Messitfurs  (Jura,  près  Lons-tt^- 
SAUDJer),  qui  nout  a  i?té  trèii  obJi^{.'ittinïjeiU  «JÎ^Funlee  lui  cuut-^  de  ce  trniLuil  par 
M,  '  uîs  de  Fourcatid,  est  trnrjiiitrtî*^  et  couverte  Je  iiifinlun^t;  t^lli'  aviAiL  elé 
exi  le  à  Gaïuf,  an  \t\u9  tant  en  15^5,  ë|jofjii{^  où,  nauit  ilit*on,  i^tle  fut  aff^fle 
pai  coTiimiine  de  tjaad  à  Tiibbé  d^  lu  Umnde  Abbii^'e.  liuilliuime  de  Pmippl, 

en   eeonnsiâsanredi?  [|UclquesnrncL' inconnu.  (IloL-umer^ts  pntdniu  ]iar  \U  Vnhhé 
lin  ~«»   Congn*i  des  Sûciélù»  *ttViiutcB,  «ecUt)»  d'iirdii'olojiwp  à  la  Sorbmme 


K   •     ^'.        •*■■  *      .'mm 


"^1 


342  PEINTURES   INOONXUES    DE    L'ÉCOLE    FLAMANDE. 

Ce  n'est  que  dans  les  manuscrits  Siffuit,  celui  du  dix-huitième 
Biëcle,  que  le  retable  en  bois  sculpte  est  mentionné.  De  1437  à 
1440,  époque  où  ont  été  donnés  les  quatre  premiers  sujets  par 
Philippe  le  Bon,  ces  peintures  originaires  ne  pouvaient  se  trouver 
appliquées  que  sur  un  des  côtés;  c'était,  d'après  le  Kalendarium, 
les  quatre  tahleatix  de  bois  doré  que  To^  mettait  sur  le  grand 
nutel;  les  figures  en  pied,  au  revers,  n'existaient  pas  alors,  nous 
«n  avons  la  preuve  par  l'examen  des  peintures  elles-mêmes  qui 
manifestent,  à  coup  sûr,  une  époque  postérieure,  lie  serait-ce  que 
par  les  détails  architectoniques. 

Le  retable  de  la  Passiouj  qui  n'est  pas,  d'ailleurs,  mentionné 
dans  le  Kalendarium,  n'a  dû  être  fait  que  postérieurement  (nous 
Tavons  dit  plus  haut  en  note),  et  quand  il  aura  été  mis  en  place, 
on  se  sera  servi  des  quatre  panneaux  comme   de  volets  pour  le 
recouvrir  et  le  garantir  ainsi  de  la  poussière  ou  des  indiscrétions  ; 
c'est  ainsi,  du  reste,  que  Tauteur  des  manuscrits  Sififait  en  a  donné 
la  représentation.  Mais  à  Tépoque  où  a  été  placé  le  retable, 
époque  qui  doit  se  rapporter  au  seizième  siècle,  ces  (ableaux,  ser- 
vant alors  de  volets,  ne  présentaient  plus  au  dos  que  le  bois  nu  et 
n'avaient  ainsi  à  l'extérieur,  quand  le  retable  était  fermé,  aucun 
caractère  décoratif.  Il  est,  dès  lors,  vraisemblable  de  penser  (et  les 
dessins  comme  les  indications  du  manuscrit  de  1774  nous  en  don- 
nent, pour   ainsi   dire,  la  certitude)   que  les  religieux  ont   dû, 
après  coup  et  successivement,  faire  orner  cette  paroi  extérieure 
de  figures  se  rattachant  directement  à  leur  monastère  :  la  Sainte 
Vierge  d'une  part,  et  Saint  Jean-Baptiste,  patrons  de  toute  Char- 
treuse,  comme  nous   le  dit   M.  Tabbé  Lefebvre;  et  aussi  Saint 
Hugues,  Chartreux,  évèque  de  Lincoln,  dont  le  couvent  possédait 
les  reliques,  puis  enfin  Saint  Honoré^  évèque  d'Amiens,   sous  le 
vocable  duquel  la  Chartreuse  de  Thuison  avait  été  fondée. 

Il  n'y  a  là,  bien  entendu,  qu'une  hypothèse,  mais  on  conviendra 
qu'elle  ne  parait  pas  dénuée  de  vraisemblance. 

A  quelle  époqne  et  par  qui  les  Chartreux  auraient-ils  fait  exé* 
cuter  ces  grandes  figures? 

Ici,  nous  n'avons  aucun  document  qui  puisse  mettre  sur  la  vm»* 

en   1894.)  Ce  retable  venait  certainement  d*étrc  achevé  vers  1525,  mais 

^   morceaux  du  même  ordre  ont  été  nombreux,  nous  ajoute-l*on,  et  les  arti^ 

pour  les  exécuter,  ne  detaient  manquer  nulJe  part,  tant  en  Flandre  qu'en  ^•'•< 


PEINTURES   IXC0NNUE8   DE    L'ÉCOLE    FLAMANDE.  843 

rexamen  des  œuvres  en  elles-mêmes  peut  seul  permettre  de 
baser  quelques  conjectures. 

Les  religieux,  désireux  sans  doute  de  compléter  la  décoration 
extérieure  de  leur  autel  principal,  ont  du  faire  exécuter  des  pein- 
tures qui  fussent  en  rapport  avec  les  premières,  en  s'adressaut  à 
des  artistes  de  talent  qui  étaient  peut-être  du  pays  ou  des  environs; 
la  manière  dont  les  parois  extérieures  des  volets  ont  été  traitées 
le  prouve  suffisamment.  Les  élèves  ou  plutôt  les  continuateurs  des 
Van  Eyck,  des  Van  der  Weyden,  Thierri  Bouts  et  autres  étaient 
alors  nombreux  en  Flandre  et  même  dans  le  nord  de  la  France; 
tout  en  ayant  chacun  leur  genre  propre,  ils  s'inspiraient  de  leurs 
maîtres  ou  de  leurs  devanciers.  Quant  à  attribuer  à  tel  ou  tel  Texé- 
cution  de  ces  peintures,  nons  n'oserions  le  faire,  à  défaut  du 
moindre  document;  les  études  comparatives,  pour  cette  époque  du 
seizième  siècle,  deviennent  beaucoup  plus  difficiles  à  raison  du 
grand*  nombre  de  peintres  qui  existaient  alors,  et  les  conjectures 
sur  des  noms  seraient  peut-être  bien  hasardées. 

Dans  tous  les  cas,  ce  ne  sont  point  la  des  œuvres  ordinaires,  les 
figures  de  la  Vierge  et  de  saint  Hugues,  notamment,  sont  admi- 
rables; tous  les  détails  des  costumes,  ceux  des  dais  avec  leur  archi- 
tecture si  bien  rendue,  sont  d*un  fini  et  d*une  délicatesse  extrêmes; 
la  conservation  de  ces  panneaux  est  parfaite,  sauf,  avons-nous  dit, 
celle  des  quatre  derniers. 

En  résumé,  Tensemble  de  ces  peintures  constitue  une  série 
d^œuvres  d'art  d*un  haut  intérêt;  elles  étaient  restées  presque 
'  ignorées  jusqu'ici,  et  nous  avons  cru  devoir  les  signaler,  en  ajou- 
tant cette  simple  étude  aux  ouvrages  si  complets  et  aux  travaux 
^i  savants  qui  ont  déjà  paru  sur  Tart  flamand  priniitir. 

Ëm.  Delignières, 

Membre  non  résidant  du  Comité  des  So- 
ciétés des  Beaui-Art.s  des  départe- 
ments, k  Abbcville. 


^ 


MA       UX"    MAITRE    DE    Ï/OEL'VIIE    l\ïl    ^OMT-S  AIXT-M IC  HE  L. 


XVII 

UN  MAITRE  DE  L*OELVRE  DU  MONT-SArXT-MÎCHEL 

AU    XVtV    SIÈCLE 

On  a  beâLicniip  étudié  le  Moiil-Sainl-lUlchel  et  Ton  a  beaucoup 
écrit  sur  cette  merveille  iîe  l'OccitleiiL  J'ouilant  toiil  n'a  pas  elé 
approfoniii,  et  il  reste  encore  plus  tVun  doc ti ment  à  mettre  au  jour. 
Un  s^êjoor  d'un  mois  dans  J'fnlimilé  de  la  yij^aiïlesque  abbaye^  au 
cours  de  rannèe  18U7j  nouï^  a  permis  de  reprendre  à  nouveau  plu^ 
d*un  pro blême  imparfaitement  résolu  on  de  découvrir  des  indica- 
tions qui  aidaient  échappé  à  des  visiteurs  trop  pressés  ou  iusuffi- 
samment  rerkseignés.  Pour  le  moment,  notre  but  est  de  parler 
d'un  amître  de  Fœuvre,  dont  on  ne  trouve  la  trace  dans  aucune 
publication. 


Durant  le  moyen  dge,  les  orages  causèrent  des  ravages  fréquents 
au  touvent  du  Mont-Saint-Mkbel,  et  Téglise,  en  particulier,  eut 
beaucoup  à  souffrir.  L'abbatiale  avait  repris  sa  robuste  et  élégaute 
pfiy^ionomie  ogivale  lorsque,  en  1594  Ja  foudre  étant  tombée  tsur 
le  clocher  dont  la  pyramide  estait  une  des  ptus  hautes  du  royauoie, 
elle  fut  totalement  bruslée  avec  le  rond-poînt  du  chœur  et  ta  cou- 
verture ^  vi .  L'abbé  commcndatairo  François  de  Joyeuse,  tout 
cardinal  qu'il  fut^  se  souciait  assez  peu  de  relever  les  mines.  Sur 
Tins  tance  des  religieux,  le  parlement  de  Rouen  rendit  unesenteace 
portant  que,  ^  veu  les  grandes  ruines.,,  il  seroit  nommé  uu 
commissaire  pour  faire  travailler  sur  les  Jieui  aux  frais  de  l^ibi>é' 
et  qu'il  seroit  pris  en  outre  sur  sa  mense  1 ,200  écus  t^  , 


'  D.  Huynea,  Histoire  générale  du  âiorthSaint-Mieht'L 


■9^ 


UN    MAITRE    HE    L'OR  U  VUE    PI'    MO  \  T-S  A  î  VT-MICHEL^       345 

'  Les  travaui  présenLërenl  une  i  relie  iuiportitiice.  On  refil  trois 
piliers  avec  arcadesà  rentrée  Je  réj^lise,  saQS  omettre  d'y  apposer 
lês  aniiâs  du  cardinal  [^  êq  grand  vrd li me  ^  *  Les  débris  de  la  jolie 
flèche  gothique  furent  aliaLtus,  et  Ton  reprit  la  tour.  Ses  hases 
furent  consolidi- es,  et  l'on  éleva  de^suH  une  tour  masshe.  Pin  mOme 
temps  quatre  cloches  furent  fondues  et  placées  dans  le  non  veau 
clocher.  Le  caractère  pacifique  de  la  tin  du  rè^^ne  de  Henri  IV  était 
Taforahle  à  Te^écution  des  ouvrages  de  restauration  el  de  réfection. 
La  date  de  1G09,  jjravée  sur  un  des  piliers,  nous  aide  à  préciser 
Tépoque  oîi  cette  partie  fut  reconstruite,  Sou^  Louis  XIII,  Tabbé 
comme ndataire  qui  succéda  â  François  de  Joyeuse  attacha  son 
nom  à  Tceuvrc  de  consolidation  du  Mon t- Saint- XI ichel.  Il  est  vrai 
que  le  titulaire,  Henri  de  Lorraine  ^IG!  5-164:2)  i  n'avait  alors  que 
cinq  ans  et  n'était  guère  en  mesure  de  prendre  part  fiersoTHipIle- 
iDcnt  àcequi  se  faisait;  mais  son  père,  le  duc  de  Guise,  s'inléressa 
vivement  à  Ta li baye. 

La  direction  spirituelle  du  monastère  fut  conBée  à  Pierre  de 
Bérul[e,  Je  pieux  fondateur  de  TOratoire.  En  même  temps  on 
s*attacbii  à  réparer  les  ruines  faites  f>ar  le  temps  et  par  les  èvéne- 
n^enls.  Sur  rinilialive  de  l'envoyé  de  l'îerre  de  Bérullej  le  prêtre 
Gastaud,  on  dressa  ^  1^  procès- ver  bal  des  ré[)aratians,  lequel 
monta  à  3U,000  escuz  '  »  . 

Charles  de  Lorraine,  duc  de  Guise,  résolut  d'eiécuter  tout  au 
moins  les  ouvrages  réclamés  par  la  solidité  et  la  conservntion  de 
[*ahbaye.  En  1616,  on  répara  diverscH  particsi  du  couvent,  en 
particulier  au  nord  de  l'église,  du  cùlé  de  la  chapelle  située  sur  le 
transept  septentrional  et  dans  le  passade  qui  longe  le  réfectoire  nii 
sa  ¥Oit,  en  plusieurs  endroits,  la  croi:i  de  Lorraine. 

Eo  outre,  les  superbes  bâtiments  élevés  dans  la  deuxième  moitié 
du  douzième  siècle  par  Robert  de  Torigny,  le  grand  bâtisseur  du 
Mont-Saint-Micbel,  dont  il  fit  m  la  cité  des  livres  et  des  arts  n, 
présentaient  des  lézardes  de  nature  à  inquiéter.  En  vue  de  conso- 
lider cette  partie  de  l^ouest,  qui  forme  aniuelleineut  une  terrasse 
devant  l'église,  mais  qui  était  alors  occupée  par  des  constructions, 
1«  duc  de  Guise  fit  faire,  en  1618,  le  contrefort  occidenial.  .Au 
nmet,  il  plaça  ses  armes  et  n'eut  pas  tort,  car  il  s  ajjit,  ici,  d'un 

■*.  Hufneff,  Histoire  ^néraU  du  ManhSahii'Mic/tei. 


346       UN   MAITRE    HE    L'OEUVRE    DU   MOTWT-S  A  INT-MlCHE  L. 

trai^all  considèrîible   qui   coula  14^000  livres,  sotume  fort  impor- 
ta ii  le  pour  répoijiie, 

A  âOQ  tDiir,  Tannée  suivante,  D.  Gagtaud,  vicaire  général  ihi 
Père  de  BéruUe,  embellit  Tîntérieur  de  labbatialc  et  Lermina  le 
lambris  de  la  nel,  sur  lequel  il  mit  également  les  armes  de  Tabbé, 
selon  Tusuge  du  temps,  qui  u  tout  an  moins  Tavatitiifje  ilc  venir  en 
aide  aux  historiens  et  au]t  archéologues,  parfois  embarrassés  quaud 
il  s'agit  de  dater  un  monument  d'une  façon  précise. 


tt 


Une  bouTie  partie  des  travaux ,  exécutés  au  commencement  du  d  \x- 
septième  siècle,  coutiuue  de  Giter  [  attenlion  des  visiteurs  du  Iklont- 
Saiut-JUîcliel,  mais  il  f'st  une  autre  portion  qui  vient  île  disparaître 
dérmitivemcut:je  veux  parler  de  la  tour  élevée  au  centre  de  rinler- 
trausept  et  qui  doit  nous  arrêter  quelques  instants. 

Ou  se  souvient  de  la  silhouette  du  clocher,  qui  vient  d'éfre  rem^ 
placé  par  la  nouvelle  flèclie  :  les  lignes  aussi  bien  que  les  détails 
âccusaleotuettementle  premier  quart  du  dii-septiémeslècIeX'beure 
n'était  plus  alors  aux  sveltes  et  délicates  pyramides,  plus  ou  moins 
ajourées;  rabaissement  des  toits  s'harmonisait  avec  Tépaiisisse- 
ment  des  voûtes  etdes  corniches.  La  tourquadrangulaîredu  transept, 
une  fois  conaolîJèe,  fut  terminée  par  ua  ouvrage  aux  ligues  massives. 
La  partie  supérieure  fut  ornée  d'une  série  de  moulures  et  de 
consoles  de  grande  dimension,  qui  d'ailleurs  ne  manquaient  pas  de 
caractère.  Mais,  sans  doute  par  défaut  d'argent  et  par  suite  de 
l'inquiétude  morale  qui  agitait  le  couvent,  on  se  iK^rna  à  recouvrir 
la  tour  d'un  toit  ordinaire  ([ui  lui  donna  l'allure  d'un  pavillon  très 
élevé,  dont  la  voix  publique,  aussi  bien  que  le  chœur  des  artistes, ti6 
cessait,  surtout  depuis  un  demi-siècle^  de  demander  la  démolition. 

Ce  rempluccmeut,  nous  Tavons  dit,  est  chose  faite,  et  dès  lors, 
comme  il  arriie  d 'or  ii  inaire  en  présence  de  la  disparition  d'un 
monument  ou  d'une  portion  de  monument,  la  curiosité  se  porte 
vers  ce  qui  n'est  plus  ^  On  se  demande  qui  a  présidé  aux  origines  et 

'  \'oijs  avons  la  snttâr&cliûn  de  pû^séder  nac  photo^rapKi^^  des  ddails  de 
Imir,  pnsc  au  momcDt  du  ta  dêmalîtîDn;  nous  Tavons  dû|ioiéa  sur  le  buri?au 


UN    MAITRE    1>E    L'OBUVRE    l)tf    ilO\T-S  UXT-M IC  HEt.       Ail 

Ton  (léiire  savoir  le  du  m  de  raiiteur.  Vous  aussi,  nous  nous  sommes, 
entre  autres  questions,  posé  celle  de  sairïir  quel  architectp  a  diriyi? 
lea  ouvrages  divers  faits  à  Tabbafe,  au  commencement  du  di:i" 
septième  siècle,  Xons  croyons  avoir  dt'-con vert  le  nom  du  ^^  maitrede 
Tœuïre  "  en  étudiant  les  pierres  tomlmles  de  Téglise  et  le»  docu- 
ments écrits  dans  les  archives  de  la  mairie  du  Mont. 


m 


Au  sujet  du  cél^lirf^  monaalèret  pour  cette  pî'riode  du  moins,  les 
chroniqueurs  sont  trop  souvent  muets  à  EVgard  des  artistes  nux(|uels 
nous  sommes  redevables  des  édifices.  Do  m  Huynes,  d'ordinaire  si 
bien  renseigné,  nous  apprend  bien  que  la  surveilbuice  des  reslrtu- 
ratioiiî^  fut  conRée  ^i  au  sieur  de  Brévent,  «jouverneur  du  \Iout,  qui 
*in  remit  le  soin  à  stni  lieutenant  Jean  de  Surtainrifle,  fermier  de  la 
baron  nie  d'Ardcvon  -i  ;  mais  nous  nous  garderons  de  la  méprise 
arrivée  à  ceitains  historiens  en  pareille occnrrenre,  et  qui  consiste  à 
transformer  les  capitaines  et  gouverneurs  en  architecios.  It  s'ayil 
manifeslement  ici  d'un  intendant  qui  surveilla  au  nom  de  labbéf 
et  nullement  d'une  direction  artistique.  Quel  serait  donc  le  maître 
de  Tœuvre  f 

Un  jour  que  nous  interrofjîons  attentivement  les  tombes  renfer- 
mées dans  Téglise  paroissiale  de  Saînt-I^ierre,  en  vue  d'un  livre 
que  nous  préparons  sur  Tabbaye»  nos  regards  ïe  portèrent  sur 
l^une  des  pierres  tonibulesque  Ton  a  groupées  di^^vant  le  sanctuaire, 
lors  de  la  réfection  du  dallage.  La  dalle  de  granit,  au  centre  d'une 
inscription  qui  se  développe  tout  autour,  porte,  en  relief,  une 
équerre  et  un  £1  à  plomb.  La  supposition  que  nous  étions  en 
présence  de  la  tombe  d'un  architecte,  d'un  maître  de  tVuvre.  trouva 
de  suite  une  eonfirmation  dans  la  teneur  même  de  T inscription, 
gravée  en  capitales  romaines,  grasses  et  en  relief,  à  la  manière  de 
celles  que  Ton  trouve  partout  en  llret^gne  à  cette  époque.  Cer- 
tains mots  ont  été  usés  par  le  frottement  des  chaussures,  mais  on 
lit  bien  : 

CmY  gist  Vin  I  cent  Roj^cï-yi?  boiirj^cop  de  \ 
re  tiue  (sic)  \1.  Maison  faici  iiiaitre  par  | 
Kriiico|ÂC  I  V'ger  son  épouse.  16^0* 


M»       UJi    MAIT«E    HE    LOEUVIÏE    DV    M  O^T-SA  [KT-illCHE  L. 

On  a  oiaitre  masson  d  ,  bourgeois  de  céans,  dont  la  dâlIe  funé- 
raire  portait  l'êquerre  et  ie  fil  à  plomli  ne  pouvait  être  uu  ouvrier 
ni  même  un  maître  maçon  quelconque.  Si  certains  critiques  d'arti 
de  nos  jours,  ont  trop  facilement  érige  des  maîtres  oui  ri  ers  mi 
architectes,  nous  n 'aï ions  garde  de  ioniher  dans  un  erreaient 
contraire  en  passant  devant  cette  tombe  comme  devait  celte  d'ua 
ïulgafre  maître  maçoiK  Xotre  tâche  était  toute  tracée,  et  nous 
allâmes  demander  aux:  registres  d^état  civile  déposés  à  la  mairie  — 
un  bâtiment  pitinresque  comme  presque  tous  ceux  du  Mont  —  de- 
mander,  dis-je,  la  réponse  à  la  question  qui  nous  agitait.  Voici  le 
résultat  de  nos  recherches. 

Les  actes  ne  remontent  qu'à  Tannée  1596,  et  encore  offrent-ils 
quelques  lacunes.  \'os  regrets  sont  d'autant  plus  vifs  que  nous 
eussions  sans  doute  trouvé  dan  a  les  registres  qui  font  défaut  des 
renseignements  sur  les  origines  et  les  ancêtres  de  maître  l  incenl 
Bogerye  ou  Rogerie, 

Le  nom  de  Hogerye  apparaît  pour  la  première  fois  en  1611,  et 
pour  la  dernière  fois  en  1618.  H  épousa  en  premières  noces  Guille* 
mine  Motlet,  et  eu  secondes  noces  Françoise  Vger.  De  Tun  et 
Tautre  mariage  il  eut  des  enfants  dont  les  actes  de  baptême  ou  de 
uaissance  —  ce  qui  était  tout  un  à  cette  époque  —  nous  éclaî* 
rent  sur  le  rôle  de  Touvrier,  Vincent  Rogerie  y  reçoit  en  etfet  le 
titre  de  n.  met^tre  masson  de  Teuvre  de  ce  lieu  ^t  (1612)  et  de 
^  M'  d'euvre  i  (1618)-  Les  documents  nous  le  montrent  en 
relation  avec  tous  les  notables  du  Mout-Saint^Michel  ;  mais  nous 
n^avons  garde  de  nous  appesantir  sur  ces  détails.  IVous  avons  vouhi 
seulement  faire  connnitre  un  maître  de  Ttruvre  du  Mont-Saint- 
Michel  sur  lequel  les  renseignements  faisaient  défaut. 

L.    R0SSËB0£UF, 

(lorreupondaDl  du  (loniilé  dci  Sociétés 
di^s  |]eoii\-Arts  des  départeraents, 
à  Tours. 


DESSINS    DK    MËTK^ILLËS    £1    U^    JETONS  ^AB 


XVIII 


LES   DESSINS  DE  MEDAILLES  ET   DE  JETONS 

ATTRIBUÉS    àU    SCULPTEUR     ËDMB    BÛUCIEAROÛIH 


Dans  lin  intéressant  travail  paru  en  188ti  ',  XL  H.  Bouchot 
âi^palait  Tei^iâtence  au  Cabinet  des  Eslampej»  de  U  Bihliottièque 
niitioiiale  d'un  recueil  de  denx  cent  ^OJ\ante-denx  desï^ins  à  ta 
sanguine,  inodètes  de  médailles  et  tie  jet<ms  du  rê;{ne  de  Louis  \V, 
de  JTi7  à  1762'-  Ces  dessins  sont  tous,  sauf  deux  «  des  rontre- 
épreaves  tirées  par  le  .'jraveur  sur  un  autre  dessin  et  souvent  cor- 
rigées par  lui,  M.  H.  Bouchot  n  11  ri  huait  Jps  ori^jinaui  de  ces  dessina 
au  célèbre  tioucbardon,  4jui,  on  le  sait,  surcèda  à  Cbaufuurier  en 
1730,  comme  dessinateur  de  r.^cailémie  des  lielles-LetlreSp  pour 
les  niédanies  et  les  jetons,  fonction  qu'il  touM-rva  juscju^a  «a  mori, 
en  176^.  Le  dernier  dessin  de  le  recueil  est  celui  du  jeton  frappe' 
pour  VEstlraordiuaîre  des  guerres  en  1 762. 

\I.  H<  Bouchot  accompagnait  son  travail  de  la  gravure  de  deust 
dessins  sur  lesquels  ont  dû  être  tirées  Aeu%.  ertutre*i'preuves  du 
recueil  de  la  ilit>liolhèque  nationale ,  l'un  pimr  les  jetons  de^i 
bâtiments  du  Roi  de  1742  et  l'autre  pour  les  j tâtons  de  1743  de 
cette  administration  royale.  Ces  dessins  avaieut  passé  en  vente 
publi(|ue,  à  Thùtel  Drouot,  en  1883, 

M>  FL  Bouchot  attribuait  à  Boucbardon  tous  les  dessins  de  ce 
recueil,  en  se  basant  sur  uiï  pa^^sa^e  de  la  vie  de  Jean  Duiiiilt. 
rédigée  par  t*abbê  Gougetiot,  en  1763',  où  il  est  question  de  Ui 

1  BoucbardoD,  dessinateur  en  méiUillei^  il/.-Jtl^  L  XXXII.  p.  tl%-^i7.) 

*  Hecuml^  Pb.  'M»  provif^it  de  IL  M(>t:u>iHiE.    —    Les  ori^^irt.iux  îles  conlre- 
'    rcuvDs  àc  LT'i3-l7'K^  doîvetit  èire  d«  Ji^cin  illiaiiraui'icr.  i^uî  «(uccétlii  i\An%  1^% 

jetions  de  daBsiusU^ur  au  peintre  lloullon;|iiL*, 

*  L»  DrssiKix,  E.  StiL'LiK,  etc.,  Mémoires  t  ni  dits  sur  In  rie  ei  I^s  outrfi^*'S 
w  membres  de  rAcadéffderoyfji^dt;peiniiirëtt  de  scuiffurt^i.  It  (Parii,  ItiâV), 
317-320. 


▼I 


350  DESSINlS.  DE    MÉDAILLES    £T    DE    JETONS. 

brouille  survenue  entre  J.  Duvivier  et  BouehardotK  Ce  dernier 
fournissait  au  graveur  les  dessins  de  ses  médaUles,  M.  lïoucbal 
inférait  de  ce  passage  que  tous  les  dessins  de  son  recueil  étaient 
dus  à  Bouchardon. 

Ces  dessins  ne  semblent  pas  être  les  originaux  de  Boucliardon. 
Nous  croyons  pouvoir  le  prouver  par  Tiiiscriptiun  i\u\  se  trouve  sur 
mi  dessin  du  recueil  qui  fait  le  sujet  de  cet  article.  .Vous  uvons 
d'abord  à  faille  remarquer  que  les  dessins  du  Cabin<^tdes  Estampes 
ne  sont  que  des  contre-épreuves,  tirées  sur  d'autres  dessins. 

L'érudit  biographede  Bouchardon,  noire  collègue  M.  A.  Roserot, 
a  parlé  ici  même,  il  y  a  trois  ans,  du  célèbre  sculpteur  comme 
dessinateur.  Ln  passage  de  sa  très  intéressante  communication  est 
consacré  à  la  part  que  prit  le  célèbre  artiste  dans  la  composition 
des  sujets  des  médailles  et  des  jetons  officiels  sous  Louis  \l'. 
Comme  M.  H.  Bouchot,  il  attribue  tous  les  dessins  qui  nous  sont 
parvenus  à  Bouchardon  lui-même. 

^  Nous  allons  pouvoir  établir  d'une  façon  prét-ise^  penaons-tious, 
quelle  est  la  part  artistique  qui  revient  k  Bouchardon  dans  tou^ 
les  dessins  que  nous  avons  pu  examiner. 

Il  existe  au  Musée  de  la  Monnaie  un  recueil  peu  connu  '  de 
cent  vingt-quatre  dessins  à  la  sanguine,  ayunt  en  moyenne  210  mil- 
limètres de  diamètre  (Ms.  f°  71).  Ces  dessins,  très  finis,  repro- 
duisent, presque  tous,  les  revers  des  médailles  de  la  série  hii^to- 
rique  de  Louis  XV,  de  1715  à  1764.  Pour  une  des  médailles  de 
cette  série,  la  médaille  commémorative  de  la  paix  d'Aii-la-Chu- 
pelle  (1748),  il  se  trouve  dans  le  recueil  deux  dessins  :  l'un  est  uu 
croquis  rapidement  dessiné,  indiquant  le  sujet  ;  Taulre  est  une  repro- 
duction soignée,  finie  et  assez  différente  de  Tesquisse.  En  tèle  du 
croquis  on  lit  cette  inscription  :  Le  cinq  janvier  17i9,  remis  U 
dessein  à  M.  Roitier,  qui  est  celuy  qu'il  fauU  exécuter  (n°  11:^ 
du  recueil). 

Ce  croquis  est  donc  le  modèle  remis  à  J.-C.  Roétticrs  pour 
exécuter  le  revers  de  cette  médaille.  11  semble  logique  de 
supposer  que  le  second  dessin   est  celui  que  lit  J,-C.    Roetliers 

1  Xous  avons  reproduit  le  dessin  de  la  médaille  btstaHque  relative  su  voji. 
du  tsar  Pierre  le  Grand  en  France  (1717),  dans  un  article  sur  les  Viiitsf 
Pierre  le  Grand  et  de  Nicolas  II  à  la  Monnaie  des  médailles.  {Gazette  ' 
Beaux-Arts^  numéro  de  novembre  1896.) 


r 


1 


nKSEIJVS    DE    l^tBDAILLKS    ET    DE    JETONS.  151 


(Paprès  le  croijuis  qui  lui  avait  Hé  remis  par  Boucha rdoii  lui- 
même.  D'ailleurâ,  ce  second  dessîti,  comme  tous  ceux  qui  com- 
posent 1o  recLieit  du  Muisée  de  k  \loniifiie,  a  une  précision  daos 
les  détails,  un  fini  daua  Teiécution,  qni  indiquent  plutôt  le  crayon 
tl'un  j^jnkvear  que  celui  d'un  dessinateur. 

On  pourrait  doue  in  fêter  que  ce  recueil  coui  prend  les  dessins 
faits  par  les  graveurs  des  médailles  d'après  les  croquis  qui  leur 
étajent  fournis,  et  dont  un  seul  noua  a  èlé  cnnsorvé.  Les  deux 
dessins  reproduits  duns  Tarticle  de  M.  H.  Boucliot  présentent  le 
même  caractt Tt\  et  le  recueil  de  contre-épreuïes  tlu  Cabinet  dea 
Estampes  donne,  ou  sens  inverse,  des  dessins  do  graveurs.  Les 
dessins  de  médailles  du  recueil  de  la  Monnaie  (sauf  un)  et  ceu^t 
du  Cabinet  des  Estampes,  compris  entre  les  deux  dates  1730 
et  17 B2,  sont  donc  la  traduction,  plus  ou  moins  libre,  des 
esquisses  de  Bou  char  don.  Ce  qui  est  d'ailleurs  confirmé  par  le 
passage  de  la  biographie  du  graveur  Jean  Duvivier  par  Tabbé 
Gougenot,  cité  par  \f.  H.  Bouchot  et  rapporté  par  W.  Rose  rot  dan:^ 
sa  communication.  Jean  Duvivier,  1res  capable  de  composer  lui- 
même  le  sujet  des  médailles  dont  il  gravait  les  poinçons,  apportait 
souvent  des  modifications  aux  esqnisseii  que  lui  fournissait  Bou- 
chardon,  ce  dont  co  dernier  ne  s'oflensait  pas.  \îai5  le  ^rairenr 
refusa  un  beau  jour  de  graver  le  profil  royal  d  a[)rés  le  modèle  du 
sculpteur,  ce  qui  amena  la  brouille  entre  les  deu3^  artistes^  en 
1738  ou  en  17:^9,  d'après  \L  Hoserot. 

Ajoutons,  pour  terminer,  que  les  médaiUes  co  m  [irises  dans  le 
recueil  de  la  Monnaie  entre  les  numéros  71  et  121  sont  les  seules 
qui  puissent  avoir  été  exécutées  d'après  des  esquisses  de  Bon- 
cbardou.  Les  graveurs  qui  en  ont  fait  les  coins  sont  des  ariistes 
dont  les  noms  sont  â  juste  titre  célèbres,  Jean  Leblanc,  Jean  et 
Benjamin  Duvivier,  Joseph -Cb^i  ri  es  et  Charle8-\'orlieri  Rt^ëttiers, 
F.  Marteau  ;  toutes  les  médailles  n'ont  pas  été  faites  à  la  date 
qn*  elles  portent.  iVous  renvoyor»s,  pour  plus  d**  dé  t  m  ils,  au  Irai  ail 
de  M.  L  Guiffrey  sur  la  Monnaie  des  nmfailles  ',  et  nous  nous 
contentons  de  signaler,  dans  la  liste  su i liante,  à  la  suite  du  titre  de 
la  médaille,  les  coins  conservés  au  Musée  de  la  Monnaie,  cji  ren- 
ant  au  catalogue  de  18D2.  \'ous  avons  souvent  ajouté  ta  date 

Hr9ue  njtfniimatîqite,  1SS4  et  les  «not-ea  luîraDtci. 


d'exécution,  lorsqu'elle  se  trouve  iiKliquèc  par  le  graveur  $ur  une 

fies  parties  ilu  coin. 

F.  Mazecrolle, 

CoirespQiidant  du  Comité  dc«  Sociét^^t 
de^  BeauJi-ArU  àvs  départements, 
à  Dijoa. 


PIECE  JUSTIFICATIVE 

LISTE    DË3    DKSStXS    A    LA    SANGUfVE:    UKS   KIKU.^lLLEâ    IW   UkOSK   DE   l^l'tà    XV 

GONTEXLS    D.^XS    LE    HECLtilL    COMâ^aVK    AU   MISÉS   0£    LA    UONT^ALE. 

I.  —  Déclarntion  de  la  Rêj^ence  (1715),  —  Coin  «^ravê  par  Jean 
L  e  Bla  ne»  41  a  i  i  II  i  [1k  { Cal  a  lofj  ne  dts  Mèda  ilies  françaises  dont  les  coin  i 
sont  conservés  au  Musée  Monétaire.  Varh^  I8fl:2,  règne  de  lioaîs  Xl^ 
n-  2.) 

^.  —  La  Régence  (1715).  —  Coin  gravé  par  J.  Dollin,  41  millîm, 
(Calai,,  n*  4.) 

3.  —  /Ipplication  du  ]tèï|ent  aux  affaires  (1716).  —  Corn  grare  par 
Jean  Le  Ulaiic,  41  mîllim.  (Catal.j  n°  5.) 

4.  —  Kspérances  données  par  le  ïloî  (1716).  —  Deux  coins  gravé»  par 
Jean  Le  hhmc  et  Jean  Duvivier,  41  mUlini.  {CataL,  n""  (i.) 

5.  —  La  Chambre  de  justice  (171G),  —  Coin  gravé  par  Jean  [>u vivier, 
41  millim,  [CataLj  n'  7,) 

H.  —  Buste  du  RégenL  —  Coin  gravé  par  Jean  Le  Blanc,  41  millïm, 
(Caifl/.,  n'>  181.) 

7.  —  Le  bonheur  de  la  France  (1716).  —  Coîn  gravé  par  Baer, 
41  millim,  [Caial.,  i\-  8,) 

8.  —  Education  du  Boi  (1717).  —  Deux  coins  gravés  par  J.  Datiui  et 
Jean  Duvivi<?r,  41  mitliEn.  [CataLj  n^  9,) 

9.  -—  Entrevue  de  l*ierre  te  Grand  et  de  Louis  XV  (1717),  —  Coin 
gravé  par  Benjamin  Bu  vivier  en  17tîO-  (CataLj  ir  10.) 

lu,  —  Suppression  de  la  Chatubre  de  justice  (17Î7),  — -  Coin  gravé 
par  F.  Alarteau,  41  rnitlim,  {CataL,  n*>  11.) 

IL  —  Proj^ri's  du  ïtoi  (17J8j.  VU  animi  cum  rorpore  crescU.  —  Coin 
grav^  par  Jean  Du  vivier,  41  millim.  {Catal.,  n''  14.) 

12,  —  Progrès  du  Roi  (1718),  Respondet  euris.  —  Coin,  41  lulHtm. 
[CalaLf  n"^  15.) 

Va.  —  Proçïiè!^  du  Boi  (1719).  TaliseDeajactataiumno.  —Coin  p' 
par  Jean  Le  Blanc,  Il  iirilliin.  {Calai.,  n'  Iti.) 


j 


DESSINS    DE    MEDAILLES    BT   DE    iBTO\S.  353 

là.  —  Prise  de  Fonlarabie  (1719).  —  Coin  gravé  par  Jean  Duvivier, 
41  millim.  (CataL,  n»  17.) 

15.  —  L*instrac(ion  <^raloite  (1719).  —Coin  gravé  par  C.*N.  Eoêttiers 
en  1754,  41  millim.  (Caial.,  n»  18.) 

16.  —  Visite  du  Roi  à  la  Monnaie  des  médailles  (1719).  —  Coin, 
41  millim.  (Calai.,  n<'  19.) 

17.  —  Visite  du  Roi  aux  académies  (1719).  —  Coin  gravé  par 
C.-N.  Roëttiersen  1755,  il  millim.  [CataL,  n»  20.) 

18.  —  Instruction  dji  Roi  (1720).  —  Coin  gravé  par  Jean  Du  vivier, 
41  millim.  {Calai.,  n«  23.) 

19.  —  Paix  avec  FEspagne  (1720).  —  Coin  gravé  par  Jean  Le  Blanc, 
il  millim.  [Calai.,  n«  25.) 

20.  —  Audience  de  Tambassadeur  de  Turquie  (1721).  —  Coin  ^ravé 
par  Jean  Le  Blanc,  41  millim.  [Calai.,  n"  2(i.) 

21.  —  Rétablissement  de  la  santé  du  Roi,(1721).  ro^a^tii/ica.  —  Coin, 
41  millim.  [CataL,  n^^^.) 

22.  —  Rétablissement  de  la  santé  du  Roi  (1721).  Laelilia  popuU  pro 
ialute principis .  —  Coin  gravé  par  J.  Dollin,  41  millim.  {CalaLy  n«  30.) 

23  et  24.  —  Projet  de  mariage  entre  Louis  W  etFinfante  Marie-Anne- 
Victoire  d^Espagne  (la  face  et  le  rêver»),  1721.  —  Coins  gravés  par  Jean 
Le  Blanc  et  Jean  Duvivier,  41  millim.  [CataL,  n"*  31.) 

25.  —  Congrès  de  Cambrai  (1721).  —  Coin  gravé  par  Jean  Duv.ivier, 
41  millim.  [Calai.,  n»  32.) 

20.  — Entrée  de  l'Infante  d'Espagne  à  Paris  (1722).  —  Coin  gravé 
par  Jean  Le  Blanc,  41  millim.  [CataL,  n<'33.) 

27.  —  Mariage  de  Louise-Élisabetb  d'Orléans  avec  Louis,  prince  des 
Asluries  (1722).  —  Coin  gravé  parC.-X.  Roëltiers  en  1754,  41  millim. 
[CataL,  no  34.) 

28  et 29.  —  Sacre  du  Roi  (la  face  et  le  revers),  1722.  —  Coins  gravés 
par  Jean  Duvivier,  Rog,  Jean  Le  Blanc  et  J.-C.  Roëltiers,  72,  41,  30  et 
32  millim.  [CataL,  n"  35  a  à  d.) 

30.  —  Sacre  de  Louis  XV  (Louis  XV  debout),  1722.  —  Coin  gravé  par 
Jean  Duvivier,  41  millim.  [CataL,  n"  37.) 

31.  —  Rétablissement  de  l'église  du  Saint-Sépulcre  (1722).  —  Coin 
gravé  par  C.-X.  Roëltiers  en  1754,  41  miliini.  [CataL,  n°39.) 

32.  —  Majorité  du  Roi  (1723).  Imperium  susccptum.  —  Deux  coins 
gravés  par  Jean  Le  Blanc,  41  cl  32  millim.  [CataL,  n''  40  a  cl  b.) 

33.  —  Majorité  du  Roi  (1723).  Imperium  stabilc.  —  Deux  coiiLs,  dont 
l'..«^ravé  par  J.-C.  Roétliers,  41  millim.  [Calai. ,  n'  41.) 

—  Peste  de  Marseille  (172;i).  -:—  Coin  gra\ê  par  J.-C.  Uot;tliers 
ei       "55,  41  millim.  [CataL,  n»  43.) 

23 


354  nESSL\g    HE    \JË  VAILLES    £T    DE    JETO\S. 

S5.  —  La  ville  de  Rennes  rebâtie  (1723).  —  Coin  fjravé  par  J.-C.  Roct- 
tiers  en  1755,  41  iiiilltm>  (Catal.^  n"*  ii.) 

3U.  —  Proniolion  de  chevaliers  de  Tordre  du  Sainl-Esprit  (172^4).  — 
Coin  i^raté  par  Jean  [îu vivier,  il  mil J tin.  ((lalal.^  n"  4>*) 

37.  —  Aled talion  de  la  France  entre  la  Turcjuie,  la  Russie  et  la  Perse 
(1724).  — Coinf^favê  parJ.-C.Iioéttiersfn  1752,  il  millîm.(CaM/.jn''iG,) 

3B.  —  Médiation  de  la  France  entre  Lu  Turquie  el  Jn  Russie  (I7âi).  — 
Coin  grave  parC^-X.  Roëttiers^  41  ntHlim.  [CalaL,  n"*  47.) 

39.  —  Pont  de  Blois  (I72(i  sk,  pour  1724},  —  Coin  grave  par  Jean 
Dutrivier,  il  millim.  {CataL,  n"  48.) 

40.  —  Mariage  de  Louis  XV  avec  Maria  Li^czinska  {\T2o] .  Spei  matum 
fdkilatis.  —  Coin  gravé  par  Jean  Le  Blanc,  il  milllim.  [Calai. ^  n*  4lh) 

4L  —  Célébration  du  mariage  de  Louis  XV  û  Fontainebleau  (1725), 
Scdandae  pofjuiorum  afurietatî,  —  Trois  coins  gravés  par  Jean  Le  Blanc 
en  174i,  72  niItlinK;  par  J,  Dollin,  par  Jean  Le  Blanc  en  17  VJ, 
41  millim,  [CataL,  n**  ,50  a  el  B.) 

42.  —  Mnriarje  de  Louis  XV  avec  Maria  Leczinska  (1725).  Bnsie  4f 
Maria  Leczinska.  —  Coin  rjravé  par  Jean  fïn vivier,  41  millim.  (CaUU.t 

11'51  A.) 

43.  —  Cba^aes  du  Roi  (1725).  —  Deuxcoins,  41  et  32  millim.  {Calai, 
n'  52  A  et  b.) 

4i.  —  Gouvernement  de  Louis  XV  suivant  les  maiimes  de  Louis  VIV 
{172G),  —  Coin  gravé  par  Jean  Duvivier,  41  millim.  (Calât.,  n*  5â.) 

45.  —  Levée  de  soixante  mille  hommes  de  Irgupe  dans  les  provinces 
( 1 726) , — Coin  j^ravé par J .-C ,  Roi* Uicrs en  1 7 52, 41  millim .  [(lalttl. ,  n* 54. ) 

4<L  — Préliminaires  de  paist  (1727).  —  Coin  gravé  par  Jean  Duvivier, 
41  millim.  [Calai. ^  n**  55,) 

47  et  48,  —  \aissance  de  Mesdames  de  France,  1727  (la  face  el  le 
revers).  —  Deui  coins  «{raves  par  Jean  Dtuivîer,  41  millim.  {Ca(fl^^  n**  51ï.} 

40.  —  Rétahll&semenl  des  compagnies  de  cadets  (1727),  —  Coin  gravé 
par  ïlog,  41  tniltini.  (Catal.^  n"  57,) 

50,  —  (iutWison  de  Louis  XV  (172H),  —  Coin  gravé  par  Jean  Dutî- 
tier,  41  millim.  [Caial.^  ir  58.) 

5L  —  Bomhardemi^nl  de  Tripoli  (172H),  —  Coin  gravé  par  J.-C.  Roël- 
lîers  en  1751,  il  niillim.  [Calai. ^  u^  5!il.) 

52,  — Congres  de  Soissons  (1728).  —  Coin  graté  par  J.-C  RoëUiers, 
en  1752,  41  millim.  {CalaL,  n"  60.) 

53,  —  Louis  XV  protecteur  des  sciences  et  des  art*  (1728),  — Coin 
gravé  par  Jean  Le  Blanc,  il  millim.  [Calai. j  n^iil.) 

54,  —  Bonheur  de  la  France  (1729).  —  Coin  gravé  par  Jean  Le  Bl 
41  millim.  {CaluL,  n-  t>2,} 


h 


DESSINS   DE    MEDAILLES   ET   DE    JETOXS.  955 

55.  — Naissance  du  Dauphin  (1729).  Vota  orbU.  —  Coin  gravé  par 
Rôg,  72  millim.  ;  deux  autres  coins,  41  et32  millim.  {Catal.,  n*  64  a  àc.) 

56.  —  Naissance  du  Dauphin  (1729).  Sains  domus  auguslae  propago 
imperii  popularum  félicitas,  — Coin,  41  millim.  (CataL,  n*  65.) 

57.  —  Hommage  du  duc  François-Etienne  de  Lorraine,  duc  de  Bar 
(1730).  —  Coin  gravé  par  Jean  Le  Blanc,  41  millim.  {CataL,  n"  66.) 

58.  — *  Naissance  du  duc  d'Anjou  (1730).  —  Coin  gravé  par  Jean 
Le  Blanc,  41  millim.  {Catal.,  n»  67.) 

59.  —  Pont  de  Compiëgne  (1730).  —  Denx  coins,  5^4  et  41  millim. 
(Catal.,  n«  68  a  et  b.) 

60*  —  Nouvelles  fortifications  de  Metz  (1732).  —  Coin  gravé  par  Jean 
Le  Blanc,  41  millim.  (Catal.,  n«  70.) 

61.  •—  La  bibliothèque  du  Roi  augmentée  de  dix  mille  manuscrits 
(1732).  —  Coin,  41  miUim.  {CataL,  n«  71.) 

62.  —  L'armée  partagée  en  plusieurs  camps  (1732).  — *  Coin  gravé 
par  Jean  Le  Blanc,  41  millim.  {CalaL,  n*  72.) 

63.  —  Travaux  sur  les  routes  royales  (1733),  —  Coin  gravé  par  Jean 
Le  Blanc,  et  autre  coin  sans  nom  de  graveur,  41  millim.  (CataL ^-n''  73.) 

64.  —Prise  du  fort  de  Kehl  (1733).  —Coin,  41  millim.  (CataL,  n«74.) 

65.  —  Conquête  du    Milanais    (1733).   —  Coin    gravé   par  Rôg, 
41  miUim.  (CataL,  n*  75.) 

66.  —  Bataille  de  Parme  (1734).  —  Coin  gravé  par  Jean  Le  Blanc, 
41  millim.  (Catal.,  n-  76.) 

67.  —  Prise  de  Philipsbourg  (1734).  —  Coin,  41  millim.  (CataL, 
n-77.) 

68.  —  Bataille  de  Guastalla  (1734).  —  Coin  gravé  par  Jean  Le  Blanc, 
41  millim.  (CataL,  n*  78.) 

69.  —  Les  Allemands  repoussés  au  delà  de  TAdige  (1735).  •*-  Coin, 
41  millim.  (Catal.,  n»  79.) 

70.  —  Préliminaires  de  paix  signés  à  Vienne  (1735).  —  Coin  gravé 
par  C.-N.  Roêlticrs  en  1752,  41  millim.  (CataL,  n"  80.) 

71.  —  Éducation  du  Dauphin  (1736).  — Coin  gravé  par  Jean  LeBianc, 
41  millim.  (CataL,  n*  SI.) 

72.  —  Réunion  à  la  France  de  la  Lorraine  et  du  duché  de  Bar  (1737). 
—  Coin  gravé  par  Jean  Duvivier,  41  millim.  (CataL,  n«  82.) 

73.  —  Paix  avec  r Allemagne  (1738).  —  Coin  gravé  par  Jean  Duvivier, 
41  millim.  (CataL,  n^  83.) 

^^4.  •—  Pacification  de  la  République  de  Gênes  (1738).  —  Coin  gravé 
pa     Jean  Duvivier,  41  millim.  (CataL ,  n<*  84.) 

—  Renouvellement  du  vœu  de  Louis  XIII  (1738),  —  Coin  gravé 
pa        -C.  Roëttiers  en  1754,  41  millim.  (CataL,  n»  85.) 


!    r* 


35Ô  n«ssi:vs  bb  uedaellë^  et  de  jetoxs. 

76.  —  AlJhîiccsvec  la  Suède  (1738).  —  Coin  gra?6  par  J.-C*  Roëtlicrs 
en  J755,  il  iniMim.  [CaiaL,  n"  8(.>.) 

77»  —  AvôiiemeriL  île  Hon  Carlos,  ills  de  Philippe  \\  roi  4* Espagne,  au 
Irône  des  DeuK-Sieîleîi  (I7^S).  —  Coin  graié  par  C.-\p  RoêUiers  en 
17(>0,  41  raiMim.  [CalaL,  n- 87,) 

7g.  —  Médifliioji  de  la  France  entre  TAlleniagnc,  la  Russie  el  !a  Tur- 
quie (1739),  —  Coin  gravé  par  V .  Matreau^  -il  niillim.  (CaiaL^  n*  HH/« 

79,  —  Mariacje  de  Louîse-Kli^abeih  de  France  atee  Philippe,  inlûnt 
d^Espagne  (ITîiO).  —Coin  gravé  par  C.-N.  Roelliers  en  17(iO^  41  jiîilliin, 
(CataL,  n°89.) 

80.  —  Paeifieation  de  la  Corse  (1740).  —  Coin  graié  par  J.tC,  Roêh 
tiers  en  175^,  41  millim.  {CataL^  n^  !^K).) 

8L  — Secours  envoyés  4i  l'Élecleur  de  RaviiTe  (1741),  —  Cpiji  gfàvp 
par  C.-N.  Roetliers  en  175:2,  41  millim.  [CaiaLy  n^  \)±) 

82,  —  Nouvelle  audience  de  Tamljassadeur  de  Turquie  Saîd-^fl^rendt 
(1742).  —  Coin  j^ravé  par  Benjamin  lïuviïier,  il  inillini.  [Catai.^xi^Sy^} 

83.  —  Départ  de  \à}\ùb  W  pour  la  Flandre  (!74i}.  —  Coin  ^ravé  par 
F,  Marteau,  41  iniliim.  [CataL,  n"  Oi.) 

84«  —  tiatailie  de  ^leniu  jl7iii.  —  Coin  gravé  par  F,  Marteau, 
41  nuïlini.  (CataL^  n*  95,) 

85. — Prise  d'Ypres  |t74i).^ — Coin  grave  par  F,  Marteau,  41  fnilïiat. 
(CataL,  n"*Hi,)^ 

86.  —  Priife  Je  l' urnes  (174i).  —  Coin  gravé  par  J.-C.  Roëlli*'i'St 
4!  minim.  {Calai.,  n-  97.)  _. 

87.  —  Passnfîc  do  Rlitn  (17 ii),  —  Coin  gravé  par  t"*  Marteau. 
41  millim.  iCaiat.,  n-  98.) 

88.  — Maladie  de  Louis  XV  à  Metz  (17  ii).  —  Coin  gravé  par  lienjamiu 
Duvivie£.Bn  1757,  41  miltim,  {Calai. ^  îi"  09,} 

89.  —  Convalescence  de  Louis  XV  (1744).  —  Coin  tjravé  par  F,  Mar- 
teau, 41  millim,  {Calai. ^  n^  \m.) 

ÏH),  —  Guérison  de  Louis  XV  (1744), — Coin  gravé  par  C-X,  Roeltiers, 
en  1751,  41  miliirn.  {Calai,  n"  10 L) 

91.  —  Caiiipaj]ne  d' lia  lie  (I74i).  —  Coin  gravé  pnr  C.*X,  Roèltiersi 
en  1753,  41  miWvm.  \QilaL,  n"  103.) 

Oâ.  — Prise  de  Friboargen  ïlrisgau  (1744).  — Coin  gravé  par  F.  Mar-. 
teau,  41  millim.  [Calai.,  u"  lOi  j 

f)3.  —  Voyage  des  astronomes  française  rÊquateuret  au  pd  le  nord 
(1744).  —  Coin  gravé  par  C,-\.  lîoëtliers  en  1702,  41  mlWïxn,  .{CûtaLt 
n**  105,) 

U4,  —  Mariage  de  Louis,  Dauphin  de  France,  avec  Marie- ÎL 
li'li&pagne  {1745).  Aovufii  dumus  augmtae  vinculunL  — Plusieurs  * 


DBSSIKS   DE   MÉDAILLES    ET    DE    JBTOIVS. 


357 


gravés  par  J.-C.  RoëUiers,  72,  41  et  3i  mîllim.  (Catal,  n*  1(K>  a  à  e.) 

95.  —  Mariage  de  Louis*  Dauphin  de  France  (bustes  affrontés).  — 
Deux  coins  par  F.  Marteau,  41  et  32  millim.  {CataL,  n*  107  a  et  r.) 

96.  —  Campagne  d*IlaUe  (1745).  —  Coin  gravé  par  C.-N.  Koëttiers  en 
1758,  41  millim.  {CaiaL,  n»  108.) 

97.  —  Bataille  de  Fontenoy  (1745).  —  Coin  gravé  par  F.  Marteau, 
41  millim.  {CaiaL,  n»  109.) 

98.  —  Prise  de  Tournai  (1745).  —  Coin  gravé  par  F.  Marteau, 
41  millim.  (CataL,  n«  110.) 

99.  —  Conquêtes  de  Louis  XV  (1745).  —  Coin  gravé  par  J.-C.  Roël- 
tiers,  41  millim.  (Calai,  n*  111.) 

100.  —  Prise  de  Bruxelles  (174(5).  —  Coin  gravé  par  F.  Marteau, 
41  millim.  (CataL,  n«  112.) 

101.  —  Prise  de  Charleroi,  de  Namur,  de  Mons  en  Hainaut,  de  Jem- 
mapes,  de  Bruxelles  et  d'Anvers  (1746).  —  Coin  gravé  par  F.  Marteau, 
41  millim.  (CataL,  n»  113.) 

102.  — f  Bataille  de  Rocoux  (1746).  —  Coin  gravé  par  J.-C.  RoîHtiers, 
41  millim.  (CataL,  n»  114.) 

103.  —  Revision  des  lois  (1747).  —  Coin  gravé  par  F.  Marteau, 
41  millim.  (CataL,  n^  115.) 

104.  —  Gènes  secourue  (1747).  —  Coin  gravé  par  J.-C.  Roëttiers  en 
1763,  41  millim.  (CataL,  n«  116.)    * 

105.  —  Second  mariage  de  Louis,  Dauphin  de  France,  avec  Marie- 
Josëphe  de  Saxe  (1747).  Commune  perennitatis  votum.  —  Quatre  coins, 
dont  Tun  portant  la  signature  de  F.  Marteau,  4L,  :)6,  32  et  29  millim. 
(CataL,  no  117  Aàc.) 

106^  —  Second  mariage  de  Louis,  Dauphin  de  France  (bustes  affrontés) . 
—  Coin,  41  millim.  (CataL,  n°  118.) 

107.  —  BaUille  de  Lawfeld  (1747).  —  Coin  gravé  par  F.  Marteau, 
41  millim.  (Co/a/.,  no  119.) 

108  et  109.  —  Prise  de  Berg-op-Zoom  (1747),  face  et  revers.  —Deux 
coins,  celui  du  droit  portant  la  signature  de  F.  Marteau,  41  millim. 
(CataL,  n»  120.) 

110  et  111.  —  Préliminaires  de  la  paix  d'Aix-la-Chapelle  (1748),  face 
et  revers.  —  Deux  coins,  41  millim.  (CataL,  n«  121.) 

112.  —  Paix  d' Aix-la-Chapelle  (1748).  —  Esquisse  de  Bouchardon 
pour  le  dessin  suivant  ^ 

113.  —  Paix  d'Aix-la-Chapelle  (17-48).  —  Dessin  de  J.-C.  Roitliers. 
Deux  coins  gravés  par  J.-C.  Roëltiers  en  1749,  72  millim.  (avec  la 

^'oîr,  ci-après,  planche  XXI. 


V 


35fl       MOBILIER    r>U    CHATEAU    ROYAL    DE    S  A  I\T-U  UBEKT. 

date  à  Texergire,  ^  ocL  1748),  et  vn  1751,  il  tnillim.,  avef  la  data 
exKle  ;  WllI  OrTOiUtlS  MDCCMAIU.  [CalaL,  n*  122  ft  el  n.} 

lli.  —  Pioloclion  (les  arls  et  manufacturer  (I7il>),  —  Coin  gravé  par 
C.-X.  Roëltmr^  en  17i>2,  M  millim.  (Cû/a/.,  n-  ]%i.} 

I  !5.  ^  Slaîiilité  des  monnaies  (1750).,  —  Coin  gravé  par  J.-C*  Roel- 
tiers  en  175i>.  {Catai.,  n-  12 i.) 

IIG.  —  X'aissanee  du  duc  d'Aquilaîne  (I7t53).  — ^  Coin  grcpé  par 
C*-K,  RotHliers  en  1757.  (Calai,  n^  128.) 

117,  —  Maissttnct?  du  duc  do  Berrj^  (175-4),  —  Coin,  41  mîilîm, 
(CataL,  n'*  13L) 

118,  ^  Kaîsiîarrcc  du  com  le  de  Provence  Louis  XVUÏ]  (1755), —Coii», 
41  millim,  {CaiûL,  n"  UU.) 

119,  —  Prise  de  Port-Malion  (175B),  —  Deuï  coins  gr.ivés  par 
C.-N.  Roôtiiers  et  L.  LeoiT^rd,  il  riiillim.  {Cntai,  w  \'M.) 

J20.  —  Alliance  avec  .Marie-Tliérèse  (I75G).  —  Coin  gravé  par  Ben- 
jamin Duvivier,  41  ïniïlim.  {CainL^  n"  ISTi.) 

12  L  - —  Xai.^isancc  du  coin  le  d'Ailois  [Cliarles  X]  (1757).  —  Cma 
gravé  par  Bt^njamin  Duvivier,  41  millim.  {CaîaL,  n*  l^H.) 

122.  ~  Paiï  avec  TAnglelerre  (I7fâ}.  —  Coin  graié  par  J.-C.  Roel- 
liers,  41  inillini.  [Calai.,  n"  lil.) 

12ï^.  —  Slatiie  éqncslre  du  Itoi  sur  la  place  Ix^uîs  XV.  GalUa  plaudcnU 
(1763).  — Deux  coins  gravés  par  B,  Du  vivier  en  17G3  cl  17G8,  41  milliav. 
[CataL,  n*  li2B,) 

12i.  —  Pose  de  la  premitre  pierre  de  Téi^îlise  Sainte-Geneviève  (17Gi)* 
—  Coin  j^ravê  par  C.-IV.  RoeLliers»  il  milMm.  [CainL,  n*  1  i3.) 


i 


XIX 

APPARTEAIEXTS   ET   MOBILIER 

DD     CHATEAU     HOYAL     DE     SAlXT-HUBEflT 

(Paroi «*e  déi  &i»«ni-Je-Bi>î), 

Louts  XV  avait,    dès  sa  jennrsiie,    pris   Pbabilude  de  chaiseï 
fréquemment  dans  la  forât  de  Baoïbouillet.  Celle  forêt  lui  pUfsail 


Ul2J< 


1 


MOBILIER   DU   CHATEAU    ROYAL   DE    SAIMT-HUBBRT.       859 


\ 
•  •  •    '. 

et  longtemps  rhospitalité  qu'il  avait  reçae  chez  la  comtesse  de  !.;  ; 

Toaloase,  au  château  de  Rambouillet,  lui  avait  été  agréable.  Il  la  {JV  : 

paya  mal:  après  la  mort  du  comte  de  Toulouse  (1737),  il  multiplia  i'^ 

les  importunités  dans  le  but  de  décider  la  comtesse  de  Toulouse  '•*.- 

et  son  Gis»  le  jeune  duc  de  Penthièvre,  à  lui  vendre  Rambouillet.  :.j 

11  n'y  parvint  pas.  Ainsi  il  dut  se  résoudre  à  recevoir  Thospitalité 
du  duc  de  Penthièvre.  j' 

Quelques  années  plus  tard»  la  situation  se  compliquait  des  fai- 
blesses du  Roi  pour  i\f  mede  Pompadour  :  Tatmosphère  de  vertu  dans 
laquelle  Louis  XV  se  trouvait  à  ses  v(»yagesà  Rambouillet  devenait 
gênante.  Cependant,  loin  de  songer  à  renoncer  aux  chasses  de  cet 
endroit,  le  Roi  les  affectionnait  davantage. 

Ce  fut  ponr  en  jouir  plus  à  son  aise  et  sans  quMI  en  coûtât  aucun 
sacriBce  à  sa  vie  privée,  qu'il  ordonna,  en  1755,  la  construction  d*un 
rendez-vous  de  chasse  sur  les  confins  de  la  forêt  de  Rambouillet. 
L'architecte  Gabriel  choisit  pour  emplacement  à  cette  nouvelle 
maison  royale  le  bord  d*un  des  étangs  créés  sons  Louis  XIV  pour 
alimenter  d'eau  Versailles,  Tétang  de  Pouras.  De  là  le  nom  de 
pavillon  de  Pouras  qu'on  lui  donna  d'abord,  et  auquel  succéda 
bientôt  celui  de  château  de  Saint-Hubert. 

Saint-Hubert  était  distant  de  quatre  lieues  et  demie  de  Versailles, 
et  situé  à  cinq  cents  pas,  à  droite,  de  lu  route  de  Versailles  à 
Chartres.  II  fut  terminé  en  1758. 

Alors,  il  ne  comprenait  qu'un  gros  bâtiment  de  vingt-trois  toises 
de  longueur  sur  dix  toises  d'épaisseur  (46  m.  X  20  m.),  avec  un 
avant-corps,  du  côté  de  Tétang.  Cet  avant-corps  renfermait  le  salon. 
Devantle  château,  une  cour  était  précédée  de  deux  petits  pavillons, 
réunis  par  une  grille.  Le  pavillon  de  droite  était  la  conciergerie  ; 
celui  de  gauche  contenait  la  chapelle.  ËnGn  deux  ailes,  en  relour, 
servaient  de  communs. 

De  1761  à  1772,  on  augmenta  le  château  de  Saint-Hubert  :  de 
deux  petits  pavillons  à  l'italienne,  accolés  au  château;  —  de 
quatre  pavillons  d'angle,  dessinant  une  avant-conr;  —  puis  de 
deux  ailes  de  trente-trois  toises  (66  m.)  chacune,  unissant  ces 
pavillons  deux  à  deux.  Une  deuxième  grille  ferma  l'avant-cour. 

Tous  les  bâtiments  avaient  un  rez-de-chaussée,  un  entresol,  un 
premier  étage  et  un  deuxième  étage  mansardé,  sauf  les  communs 
qni  n^avaient  qu'un  seul  étage. 


I 
À  I 


360        MOBILIEU    Di;    CHATEAU    ROYAL    DE    B  A  I  \  T-H  U  BE  lîT. 

Cinq  avenues  a  l)ou  tissaient  à  l'entrée  du  citâleau.  Celle  du  ceolre 
était  planÈée  de  quatre  rangées  (l'arhrcs. 

Pour  senii'  d'annexés  au  cKaleau  de  SoluUHnbetl,  on  acquit  le 
petit  clïàteau  de  r.'^rtoire,  situé  dans  le  voisinage,  de  Tautre  aMê 
de  la  route  de  Chartres,  et  Ton  coofitrursit  une  nmison  de  la  poste, 
des  bâtiments  pour  la  mitrécliaussée  el  les  menus  plaisirs,  et  une 
petite  église  paroissiale.  Un  village  fut  fondn  auprès  du  château  et 
nommé  Saint-Hubert.  Il  ne  se  développa  pas,  par  suite  de  l'alïsence 
du  commerce.  Mais  le  cliûleau,  on  le  voit  par  cette  courte  descnp- 
tion,  était  considérable.  11  ne  r^^nlenait  pas  moins  de  cent  crn< 
qnante  logements. 

Cependant,  si  vaste  que  fut  ce  château  de  Saint-Hubert,  tl  neuous 
offrirait  qu'un  bien  minime  intérêt  si  les  voyages  de  la  cour  n'y 
avaient  été  nombreux,  el  si  la  décoration  des  appartements  n'ai  ail 
montré  que  le  îïoi  attachai  pendant  un  temps,  beaucoup  de  pri:c 
à  cette  demeure. 

Depuis  sa  fondation  jusqu'en  IT^G,  Sarnt-Hubert  reçut  tous  les 
personnages  marquants  de  France  :  Louis  XV,  le  duc  d*Orléanf, 
le  prince  de  Condè,  tous  les  seigneurs  et  les  dames  qui  accom- 
pagnaient le  Hoî  dans  ses  chasses;  la  uiarqurse  (te  Pompadour. 
la  comtesse  du  Barjy ■  Louis  XVÏ,  son  beau- frère  l'empereur  d'Au- 
triche, le  roi  de  Suéde,  Marie-Antoinette  qui  y  soupa  et  y  cliassa 
maintes  fois;  le  comte  d'Artois,  pour  qui  Ton  y  installa  un  jeu  di^ 
paume,  etc.  Et  que  de  f;iits,  digues  d'être  relatés  dans  la  vie  de 
ces  hùtes  célèbres,  constituent  les  fastes  de  Saint-Hubert!  que  de 
curieuses  aventures  de  chasse!  Ils  trouveront  leur  place  dans  une 
autre  étude  que  nous  préparons,  à  laquelle  a  bien  voulu  s'intéres- 
ser la  Société  des  Sciences  morales^  de  Versailles. 

Ici,  nous  voulons  entrer  dans  un  détail  particulier  de  la  déco- 
ration, du  mobilier  et  de  Tameublement  du  château  de  Saint- 
Hubert.  —  A  sa  décoration  sont  attachés  les  nomsdeSlodlz,  Pîgalle, 
Falconet,  Couslou,  U'erbreck,  Bachelier,  Carie  Vanloo.  Elle 
mérite  donc  bien  rattention.  Quant  à  son  mobilier,  les  in^eutaires 
que  possèdent  les  Archives  nationales  nous  le  décriveni  avec 
précision,  et  nous  en  sentons  toute  la  beauté  et  tout  le  luxe, 
sorte  qu'eu  dehors  de  la  curiosité  qu'où  apporte  toujours  à  connai 
la  demeure  des  grands,  il  est  intéressant  pour  Thistoire  de  Tar* 


I 


MOBILIER   DU    CHATEAU    ROYAL   DB    SAINT-HUBERT.       361 

dii-huilième  siècle  de  s'attarder  un  peu  à-  ces  descriptions;  de 
rapprocher  les  divers  éléments  du  mobilier,  afin  de  reconstituer 
Tameubiement  des  appartements  tel  qu'il  était  sous  les  yeux  des 
hôtes  du  château.  I/intérét  même  s*accroit  lorsqu'on  songe  que 
c'est  Mme  de  Pompadour  qui  présida  à  cet  ameublement.  Un  des 
historiens  de  la  marquise,  Capefigue,  dit  de  Saint-Hubert:  «Les 
rendez-vous  de  chasse  étaient  devenus  des  palais,  et^  dans  le  dernier 
temps  de  la  marquise,  le  Roi  paraissait  spécialement  affectionner 
le  pavillon  de  Saint-Hubert...  Le  mobilier  en  était  fort  riche  et 
avait  coûté  800,000  livres.  r> 

D'après.les  dépenses  faites  pour  les  appartements,  nous  pouvons 
juger  qu'ils  formaient  un  cadre  convenable  aux  merveilles  du 
mobilier.  Les  comptes  des  bâtiments  établissent,  que  le  sieur 
Rousseau  reçut  16,237  livres  pour  des  sculptures  d'écoratives  ;  le 
stucateiir  Clérici,  28,703  livres  pour  les  dix-huit  mois  qu'il  avait 
passés  à  Saint-Hubert  à  faire  des  imitations  de  marbres  antiques 
dans  le  salon  du  château  et  dans  un  cabinet  de  l'appartement  du 
Roi  ;  ce  qui  n'empêcha  les  marbriers  Trouard  et  Dropsy  de  fournir 
pour  plus  de  30,000livres  d'ouvrages  de  marbre.  Les  fournisseurs 
d'ouvrages  de  ciselure  et  bronze  doré,  de  glaces  et  dorures  tou- 
chèrent dans  la  môme  proportion.  Remarquons  combien  il  y  a  loin 
de  ces  riches  appartements  de  Saint-Hubert  au  rendez-vous  de 
chasse  que  les  auteurs  s'étaient  imaginé  capable  tout  au  plus  de 
fournir  le  nécessaire  à  un  débotté. 

Saint-Hubert  n'était  pas  moins  luxueux  que  Bellevue,  lileudon 
et  Choisy.  Il  avait  le  même  rang  parmi  les  résidences  royales,  et 
i]  n'importeras  moins  pour  les  arts  au  dix-huitième  siècle. 

La  merveille  du  château  de  Saint-Hubert  était  le  salon  :  un 
cheFrd*œuvre  de  Gabriel.  Il  était  situé  au  rez-de-chaussée,  dans  un 
avant-corps  du  pavillon  principal,  du  côté  de  l'étang  de  Pouras. 
Cest*à-dire  qu'il  était  sur  le  derrière  du  château. 

Quatre  arcades  ouvraient  ce  salon  circulaire  et  s^appuyaient 
contre  huit  pilastres  corinthiens,  sur  lesquels  régnait  un  entablement 
composite,  surmonté  d'une  calotte,  avec  un  percé  au  centre.  L'une 
*-s  arcades  était  occupée  par  la  porte  d'entrée  ;  une  autre  par  une 

3aiinée,  ornée  de  glaces. 

Au-dessus  de  la  porte,  un  buste  de  Diane  et  deux  enfants  avaient 


V. 


ZBÛ       MOBILIER    DU    CHATEAU    ROYAL   DE    S  .^OT-HUaE  HT. 

été  sculptés  par  Slodtz.  Une  frise,  tout  autonr  du  salon,  étaitnrnèQ 
de  quatre  têies  fde  cerf,  quatre  de  sanglier,  et  de  vingt-quatre 
cliiens,  avec  des  guirlandes  et  des  consoles.  Les  cliîens  étaient  de 
Uerbreck.  Quatre  bas-reliefs  avaient  été  distriliuiVs  à  Slodïz, 
Pigaile,  Falcojnet  et  Coustou.  Chacun  de  ces  trois  derniers  avait 
travaillé  également  à  la  frise.  Mais  les  huit  trophées  de  chasse  qui 
décoraient  la  calotte  avaient  été  réservés  à  Slodtz,  et  celui-ci  se 
trouvait  de  la  sorte  le  principal  ouvrier  de  ces  chefs-d^œuvre. 

On  peut  noter,  en  passant,  que  ces  artistrs  tcçnrent  pour  leurs 
travaux  :  Soldtz,  4,900  livres;  Werbreck,  l,ri84  livres  (Osons; 
Pigaile,  Falconet,  Coustou,  1,200  livres  chacun,  (Cotnpt,  des  Bat.) 

Quant  à  Tefiet  de  ce  salon,  on  peut  s'en  imaginer  la  gnlce  et  la 
fraîcheur  par  le  contraste  du  stuc  blanc  des  sculptures  nvecles 
marbres  jaunûlres  peints  par  Clérici  ;  par  les  jeu\  de  lumii^re  qut* 
créaient  les  percés  de  la  voûte  et  des  arcadi^s,  qui  donnaient  un 
air  de  légèreté  à  cette  architecture,  égayée  de  tant  d'aLtrilïuts  ilc 
chnsse,  pour  en  caractériser  la  destination. 

Malheureusement  pour  les  artistes  qui  avaient  dépensé  leur  talent 
à  ^aint-Hubert,  ce  salon  ne  devait  pas  contribuer  de  lon^pies 
années  à  leur  fournir  sa  part  de  gloire.  Il  rencontra,  au  lendemain 
même  de  son  achèvement,  un  ennemi  terrible  ;  Thumnlité  eiiraor- 
d inaire  de  cette  région,  qui  a  valu  à  la  foret  de  Rambouillet  le 
nom  i*Iveline.  Gabriel  n'avait  rien  prévu  contre  cet  ennemi  qu'il 
ignorait.  A  partir  de  Thiver  1759-60,  on  entretint  tous  les  ans, 
pendant  la  saison  rigoureuse,  un  feu  suffisant  pour  empêcher  le 
salpêtre  de  se  former  dans  le  salon  jusqu'à  cinq  pieds  de  haut, 
mais  modéré  assez  pour  qu'il  ne  fit  pas  éclater  le^luc, 

Clérici  revint  fréquemment  faire  des  réparations,  sous  Louis  XV. 
Sous  Louis  XVI,  le  salon  de  Saint-Hubert  fut  encore  bien  entre- 
tenu; mais  de  1788  à  1797,  il  resta  entièrement  abandonné.  De 
sorte  qu'au  moment  où  le  château  fut  vendu,  comme  bien  national 
(lui  de  ventôse  an  IV),  il  était  passablement  u  endommagé  '  ^ . 

Ses  propriétaires  Tentretinrent  jusque  vers  1867,  où  il  fut 
démoli  et  ses  sculptures  acquises  par  des  amateurs. 

Deux    peintres    seulement    travaillèrent    pour    Saint-Hubei 
'  Procès-verbal  d*c$tiina(ioo,  du  21  thermidor  an  IV. 


r  ' 


MOBILIER   DU   CHATEAU    ROYAL   DE    SAINT-HUBERT.       363 

Bachelier  peignît  le  plafond  du  salon  et  fit  un  dessus  de  porte  pour 

Ja  chambre  à  coucher  du  Roi.  On  lui  paya  3,300  livres.  Carie  Vanloo 

donna  un  Saini  Hubert  h  la  chapelle  du  château.  M.  de  Marigny, 

directeur  des  bâtiments,  lui  avait  écrit,  le  7  janvier  1758,  pour 

lui  commander  un  tableau  d'autel,   ci  Je  veux  que  ce  tableau  soit 

d*un  grand  maître,  et  j'ay  jeté  les  yeux  sur  vous.  Je  laisse  le  sujet 

à  votre  choix;  vous  ne  serez  gôné  que  par  les  dimensions...  ^ 

Vanloo  peignit  une  Conversion  de  saint  Hubert  .*;le  Christ  lui  apparaît 

entre  les  cornes  du  cerf  qu'il  poursuit.  1/œuvre  était  digne  du 

maître.  Ce  Saint  Hubert  sl  toujours  été  cité  avec  éloge.  Mais  il  ne 

fut  pas  épargné  parThumidité.  Malgré  des  soins  spéciaux,  il  n'était 

pas  en  bon  état,  en  1785,  lorsque  Louis  XVI  le  fit  transporter  à 

i  église  paroissiale  de  Rambouillet.  Il  fut  réparé  et  gâté.  C'est  dans 

cet  état  qu'on  le  voit  aujourd'hui. 

Pour  montrer  à  quel  point  Thumidité  a  ruiné  le  château  de 
Saint-Hubert,  nous  relèverons  ce  détail,  qu'une  copie  du  tableau  de 
Vanloo  avait  été  faite  pour  la  petite  église  paroissiale  du  village  de 
Saint-Hubert.  En  1785,  c'est-à-dire  au  bout  de  vingt  ans,  elle  était 
pourpe  et  réduite  en  poussière.  —  Le  Saint  Hubert  de  Vanloo  lui 
avail  été  payé  2,000  livres  ^ 

Les  appartements  de  Saint-Hubert  eurent  aussi   un  véritable 
ennemi  dans  les  solliciteurs  de  logements.  Ceux-ci  ne  dégradèrent 
rien  ;  mais  ils  génèrent  à  la  splendeupd'appartementssi  richement 
aménagés  et  meublés,  dont  le  nombre,  bien  que  considérable,  ne 
suffisait  jamais  aux  puissantes  demandes  qu'avait  à  examiner  le 
Roi.  11  en  résultait  qu'on  réduisait  chacun  au  minimum  d'espace 
possible  pour  contenter  plus  de  monde.  Les  quelques  lignes  sui- 
vantes, extraites  d'une  note  présentée  au  Travail  du  Roi,  en  17()5, 
donnent  une  idée  del'emharras  que  devaient  causer  les  réclama- 
fîons  de  personnages  de  première  marque  :   a  11  est  absolument 
nécessaire  que  Votre  Majesté  ait  la  bonté  de  penser  à  l'arrangement 
lies  logements  de  Saint-Hubert...  Il  n'y  a  que  trois  logements  de 
dames,  et  Votre  Majesté  en  mène  quelquefois  cinq  on  six.  M.  le 
prince    de  Condé,  comme  grand  maître,    y  a  un  loycnient  très 
H    diocre.  M.  le  duc  d'Orléans  et  M.  le  duc  des  Deux-Ponts  iront 

lomptes  des  bâtiments,  0'2258. 


1 


364       MOBILIER   DU    CliATEaU    ROY.^L    DE    S  A  I\  T-H  LBE  RT. 


sûrement  tnusles  ans,  et  les  jambes  Ju  premier  prince  du  sanj  ne 
paraissent  pas  assez  bonnes  pour  le  second  étage.  M.  le  marquis 
de  Marigny  demande  qu'on  augmente  son  lo^jement  an  cfiAleau, 
n'  19,..  B  Ainsi,  hormî  les  apparlements  d'assemblée  et  ceux  du  Roi 
et  de  sa  maîtresse,  les  autres  étaient  disputés,  et,  par  suite,  étroiu. 

Louis  XV  habitait  le  premier  éîage  dn  pavillon  principal.  Il  n'y 
disposait,  du  reste,  que  d'une  chambre  et  d'un  cabinet.  Sa  garde- 
robe  était  reléguée  à  l'entresol, 

£n  1T4j^,  \Ime  de  Pompadour  avait  également  une  cbambreet 
un  cabinet,  et  un  second  cabinet  ou  garde-robe  à  l'entresoL 

L'appartement  du  Roi  était  meuble  de  damas  cramoisi,  garni  de 
deui  galons  d'or'.  L'ameublement  du  lit,  v.  en  baldaquin  a  calolle 
à  la  royale  *> ,  était  de  gros  de  Tours  cramoisi  ^*  bordé  (F un 
petit  f^Ion  d'or  avec  deust  tresses  d'or  et  leurs  glands  v .  L  ne 
garniture  comprenait  u  cent  dou^e  plumes  blanches  montées  de 
cramoisi  et  de  cinq  aigrettes  »  « 

La  couchette  était  à  deux  chevets,  a  bombée,  sculptée  et  dorée  i^. 

Le  damas  reparaissait,  bordé  d'un  petit  galon  d'or,  aux  portières 
et  aux  doubles  rideau  s,  d'une  b  auteur  de  quatre  aunes.  Pour 
rideauiL  de  fenêtres,  du  gros  de  Tours  blanc.  Lu  tapis  de  la  Savon- 
nerie couvrait  le  sol  sur  cinq  aunes  et  demie  de  long  et  quatre  aiine« 
et  demie  de  large.  Le  commis  du  garde^meuble  Ta  décrit  avec  la 
même  simplicité  de  termes  que  tiou^  retrouverons  partout  dans  sou 
inventaire  :  —  »  Fond  brun,  <*hargé  d'un  grand  compartiment  foad 
jaune,  au  milieu  duquel  est  une  rose  moresque  entourée  de  fleurs 
de  lys  et  fleurons  ;  aux  coins  et  milieu  sont  six  grandes  fleui's  de 
lyscoulaur  de  bronze  entourées  de  guirlandes  de  fleurs.  La  bordure 
aussi  couleur  de  bronze,  n 

On  ne  saurait  vraiment  reprochera  cette  chambre  de  sentir  son 
rendez-vous  de  chasse,  dont  le  titre  évoque  la  peusée  d'une  iostaU 
lalion  sommaire* 

Deux  fauteuils,  deui  carreaux,  un  écran,  un  paravent  de  quatre 
feuilles  étaient  recouverts  n  de  même  damas...  chamarrés  et  garnjs 
de  galons  d'or...  Les  bois  sculptez  et  dorez...  n 

*  Itwâtiiaires  de  Saint'Hnbett.  ArchU^es  natiiyaalej,  0i3ï«i9* 


>iOBILIER   DU    CHATEAU    ROYAL   DE    8 A1\T'HUBERT.       365 

En  plag,  un  marchepied  couvert  de  damas  ;  un  fauteuil  de 
toiliette  en  maroquin  rouge.  Le  bois  sculpté  et  doré. 

Deux  meubles  : 

«  Une  commode  de  bois  de  rose  à  fleurs  de  bois  violet  et  dessus 
de  marbre  brèche  violet,  ayant  par  devant  deux  grands  tiroirs 
fermant  à  clef,  enrichie  de  divers  ornemens  de  bronze  doré  d'or 
moulu  ;  longue  de  quatre  pieds  huit  pouces...  »  Et  une  table  de 
nuit  u  de  bois  violet  et  rose  » . 

Et  pour  compléter  cet  ameublement  :  une  grille  .de  bronze 
devant  la  cheminée  ;  deux  paires  de  bras,  à  doubles  branches,  de 
bronze  doré  ;  une  pendule  a  faite  par  Hloysy,  le  cadran  d*émail 
dans  dei;  cartes  de  bronze  doré  »  ;  u  un  chandelier  de  cristal  de 
Bohême  à  consoles  et  six  branches,  les  fontes  dorées,  avec  son 
cordon  de  soye  cranioisy  i>  • 

Le  cabinet  du  Roi  n'avait  point  d*ameublement;  seulement  deux 
rideaux  de  gros  de  Tours  blanc,  à  la  fenêtre. 

Pour  mobilier,  ^i  uu  secrélaire,  en  armoire,  de  bois  de  rose  à 
fleurs  de  bois  violet,  orné  de  bronze  dorez  d'or  moulu,  ayant  en 
bas  deux  batlans  fermant  à  clef.  L*aballant,  couvert  de  velours 
cramoisy,  renferme  cinq  tiroirs  à  boutons  dont  un  à  droite  est 
garny  d'encrier,  poudrier  et  bocHe  à  éponge  d'argent.  » 

Dans  la  garde-robe  du  Roi,  le  mobilier  était  de  palissandre  (chaise 
d'affaire,  bidet),  sauf  deux  jolies  encoignures  de  bois  d'amaranle 
et  de  rose,  garnies  de  trois  tablettes  de  marbre  vert  de  Campan, 
et  ornées  de  pieds  de  bronze  doré. 

Mme  de  Pompadour  avait  choisi  pour  son  appartement  une  étoffe 
de  damas  rayée  vert  et  blanc,  garnie  de  crête  de  soie.  C'était  très 
modeste  par  rapport  au  damas  cramoisi  chamarré  d'or  qui  meublait 
la  chambre  du  Roi  ;  mais,  en  cela  même,  le  choix  était  de  bon  goût  ; 
il  Tétait  plus  encore  par  Texpression  délicate  que  la  douceur  du 
contraste  de  ces  deux  teintes,  vert  et  blanc,  donne  au  mobilier 
et  à  Tameublement  uniformes  d'une  pièce. 

Le  lit  à  quatre  colonnes  se  drapait  dç  vingt  les  d'étoffe,  qui  se 
jent,  de  même  que  les  portières,  de  cordelières  de  soie  garnies 
<      glands  de  soie. 


V 


3GG       MOBILIER   DU   CHATEAU    ROYAL   DE    SAINT-HUBH  HT. 

Deux  fauteuils  et  six  chaises  à  dos  couve^rtâ  u  de  même  damai, 
tt  garnis  de  ladite  crête  » ,  et  un  fauteuil  en  confessionnal  ét&îefil 
répandus  dans  la  chambre  de  la  marquise,  u  Les  bols  âciilpteiet 
CL  û  moulures  rechampis  vert  et  blanc  » ,  dit  Finventaire* 

«  Un  écran  à  coulisse  couvert  des  deux  cotez  de  même  damoj 
a  avec  sa  tresse  de  soye  terminée  d*un  glaniL  ^  Un  fauteuil  de 
toilette,*  de  hêtre  et  canne,  garni  de  damas. 

Il  y  avait  aussi  a  une  niche  pour  deux  chiens,  couverte  dudii 
tu  (lamas  »  • 

Les  meubles  de  cette  chambre  étaient  :  deux  commodes  de  boïa 
de  rose  et  de  satiné,  avec  mosaïque  de  placages,  dessus  de  marbre 
brèche  violet;  deux  tiroirs,  avec  entrées  de  serrure,  mains  û\és, 
chutes,  fleurons  et  chaussons  de  bronze  doré  ; 

Une  table  de  nuit  de  bois  violet  et  rose  ; 

Un  écran  de  bois  violet  massif;  le  châssis  couvert  de  papier  des 
Indes  à  fleurs,  avec  sa  tresse  de  soie. 

Dans  le  cabinet  attenant  à  la  chambre  de  la  marquise,  Tameii* 
blement  était  tout  semblable. 

Le  mobilier  se  composait  d*un  secrétaire  de  hois  violet  et  rose 
à  placages,  orné  de  chutes,  fleurons  et  chaussons  de  cuirre  doré, 
avec  trois  tiroirs,  et  d'une  table  à  écrire  de  bois  de  rose  et  fleurs 
de  bois  violet,  recouverte  de  maroquin  noir. 

Il  est  peut-être  indiscret  de  suivre  le  commis  du  '{arde-aieuble 
inventoriant  la  garde-robe  de  Mme  de  Pompadour.  On  n'a  point 
d*embarras  à  en  décrire  les  quatre  pièces  de  tapisserie  ude  papi^^ 
u  peintde  figureschinoises,  collées  sur  toile  et  âttachéessurrhassisi^ . 
La  plupart  des  autres  meubles  échappent,  indtgnes  probablement, 
par  leur  banalité,  de  la  mention  «  Madame  de  Pompadour  i . 

Mais,  au  contraire,  le  bidet  a  Phonneur  d'une  ample  description, 
que  nous  nous  couvrons  de  Pautorité  du  document  pour  reproduire; 
■  Un  bidet  à  seringue,  de  bois  de  noyer,  avec  couvercle  et  dossier 
de  mnroqBÎn  ronge,  cloué  de  clouds  dorez,  ayant  dans  le  doflS**r 
deux  flacons  de  cristal...  » 

Le  salon  de  stuc,  comme  on  appelait  le  salon  de  Saint-Uube 


UOBILIBR   DU   Cf^^TEAU    ROYAL   DE    SAINT-HUBERT.       367 

était  meoblé  de  la  même  tapisserie  que  la  chambre  du  Roi  :  damas 
cramoisi  à  galon  d*or. 

On  y  voyait  :  six  demi-bergères,  douze  chaises  courantes,  une 
chaise  pour  le  Roi,  un  paravent,  un  écran,  garnis  tous  de  damas 
cramoisi  et  de  galon  d'or  cloué. 

Vingt  et  une  tables  de  jeux  divers  étaient  destinées  au  salon, 
toutes  d'une  riche  et  jolie  ébénisterie. 

Sur  la  cheminée,  une  pendule  de  Moysy,  «  terminée  en  haut 
a  d*un  enfant  assis  sur  un  nuage  tenant  un  paon,  le  tout  en  bronze 
tt  doré  d*or  moulu  ;  haute  de  vingt  pouces  r , 

Devant  la  cheminée,  une  grande  grille  de  bronze  était  ornée 
d'une  tête  de  lion  et  d*une  tète  de  loup. 

Le  centre  du  salon  était  occupé  par  un  grand  tapis  rond,  de  la 
Savonnerie.  L'inventaire  de  17621e  détaille  ainsi  :  »...  Tond  noir, 
ayant  au  milieu  un  grand  compartiment  fond  cannelle,  au  milieu 
duquel  est  une  coquille  moresque  entourée  d'une  vingtaine  de 
fleurs  et  accompagnée  de  quatre  compartiments.  Le  reste  du  tapis 
est  orné  de  mosaïque,  de  quatre  fleurs  de  lys  et  de  quatre  coquilles. 
Le  tout  entouré  de  guirlandes  de  fleurs  ;  des  oves  couleur  de 
bronze  formant  la  bordure.  Le  tapis  de  six  aunes  trois  quarts  de 
diamètre.  » 

Saint-Hubert. possédait  encore  un  autre  tapis  de  la  Savonnerie, 
dans  son  vestibule,  et  deux  remarquables  paravents,  sortis  de  la 
même  manufacture  :'  Tun  de  six  feuilles,  placé  dans  la  salle  à 
manger;  l'autre  de  quatre  feuilles,  déposé  dans  le  vestibule. 

La  tapisserie  de  ces  paravents  était  de  fond  jaune;  au  milieu, 
sur  un  cartouche  de  fond  bleu,  était  représenté  un  oiseau  :  autour 
du  cartouche,  divers  ornements,  et,  au  bas,  un  vase  de  fleurs. 
Chaque  feuille  du  paravent  portait  un  oiseau  différent. 

Ces  tapisseries  méritaient  une  mention  spéciale.  Il  n'en  faudrait 
pas  conclure  qu'après  les  objets  des  trois  principaux  appartements 
que  nous  venons  ^e  décrire,  elles  closent  la  liste  des  richesses 
d'ameublement  de  Saint*Hubcrt.  Certainement,  le  salon,  Tappar- 
t~  lent  du  Roi  et  celui  de  Mme  de  Pompadour  surpassaient  de 
1  aucoup  en  luxe  les  autres  appartements.  Cependant,  on  trouve- 
I    i  sans  peine,  dans  la  salle  à  manger,  dans  la  chapelle,  dans  les 


^ 


^ 


368       MOBlLlIia    DU    CHiTRAU    ROYAL    t)  Ë    S  A  ISJT-H  LBE  RT- 


appartemetita  de  darneset  des  pri ne i pan i  seigneurs,  des  tapisseries, 
des  bronzes,  des  meubles  d'éliénisterie  qui  mériteraient  un  éb^je 
et  un  moment  d'attentioti.  Tels  les  secrétaires  qui  servaient  au 
comte  de  \aailles  et  à  G^ihricl,  et  le  bureau  orné  de  bronzes  ciselés 
et  dorés  du  duc  de  Cliolseul  ;  telles  la  jolie  r.ommode  de  boîs  vlulet 
et  rose  et  )a  table  a  écrue  de  même  bois  de  II <  de  Durâs^  etc. 

Saint-Hubert  n'était  que  comparable  à  lîellcvue  et  à  Cboisy  pour 
la  beauté  et  ]a  ricbesse  de  sou  niubilier;  il  les  surpassait  pour  U 
profusion  des  meubles, 

Des  mutations  se  produisirent,  dans  le  mobilier  de  Saint-Hubert, 
durant  les  règnes  de  I^ouis  XV  et  de  Louis  XVK  En  mai  17B5,  par 
exemple,  Tameubl émeut  de  Vappartement  de  Afme  de  Pompadour 
fut  reuToyê  an  garde-menlïle  de  Paris.  Cependant,  Tensemble  des 
meubles  resta  à  peu  prés  le  même  jusqu'en  1784.  A  cette  date, 
tout  partit  pour  Itanibouillel^  i{ue  Louis  \VI  venait  d'acquérir Jl 
ne  resta  à  Saint-Hubert  que  ce  qui  était  i  indispensable  pour  un 
déjeuner  et  en  cas  d'accident  n  . 

Pour  éviter  d'avoir  à  entretenir  des  biltimenls  devenus  îuuLiles» 
Louis  WHU  démolir  les  deux  ailes  de  ravant-eourdeSalnt-Hubcrl, 
Dcniénagenient  el  destruction  s'accomplirent  en  même  temps  :  le 
caprice  royal  Pordonnait  ainsi. 

Cependant  le  cliàleuu  de  Kambouiliet  ne  pouvant  contenir  tout 
le  mobilier  de  Saint-Hubert,  on  dut  en  diriger  plusieurs  chitr^e- 
menls  de  voitures  sur  le  garde*meuble  de  Paris,  sur  Saint-Ctouil, 
sur  Tria  non, 

Kambouiliet  n'eut  que  quelques  me  utiles  particuliers,  exigé» 
par  la  proportion  des  pièces.  A  l'exception  de  deux  tapisseries 
demandées  par  la  Keine,  il  reçut  tout  de  Saint-Hubert.  ■ 

Or,  le  14  oclotîre  ITÎï^tj  les  commissaires  de  la  ronvenlion 
cbar<jés  de  U  vente  (les  meubles  du  c;  ci-devant  Roi  »  rendfreDi 
compte  que  le  produit  du  mobitier  de  Kambouiliet  et  de  Saint- 
Hulîert  (ce  qui  était  tout  un)  s'était  élevé  à  590,000  bvres', 
distraction  faite  de  tous  les  galons  d'or  et  d'argent  ;  des  matelas, 
couvertures  et  lin[[c  propre  uux   bôpitaux  ;   des  deux  Justrci 

*  Bvimpreisbiï  du  Monikur  unîi^rsd,  L  XVlîï.  p,  lt6i 


MOBILIER   DU   CHATEAU    ROYAL   DE    SAINT-HUBERT!       369 

lanternes  qui  avaient  décoré  le  vestibule  et  la  salle  à  manger  do 
Saint-Hubert,  et  de  quelques  tapis  de  la  Savonnerie  :  ces  objets 
ayant  été  gardés  pour  le  Muséum. 

En  citant  plus  haut  Cape6gue»  lorsqu'il  jetait  comme  un  cri 

d*admiration  devant  un  mobilier  qu'il  estimait  à  800,000  livres, 

ai  nous  avions  discuté  la  modicité  du  chiffre,  nous  aurions  pu  être 

accusé  de  parti  pris.  11  n'en  saurait  être  de  même  après  le  rapport 

des  commissaires  de  la  Convention,  après  une  vente  qui  donna 

590,000  livres,  pendant  la  Révolution,  et  qui  ne  comprit  pas  les 

retraits  laits  en  1785,  ni  ceux  qu*ordonnèrent  les  commissaires 

chargés  de  la  vente.  Nous  ne  retiendrons  de  ces  chiffres  que  la 

confirmation  que  le  mobilier  du  château  de  Saint^Hubert  a  été 

i'uD  des  plus  riches  et  des  plus  artistiques  des  maisons  royales,  au 

dix-huitième  siècle. 

J.  Maillard, 

Membre  de  la  Société  archéologique  de 
Rambouillel,  à  Veruilles. 


PIECE  JLSTIFICATIVE 

Le  court  espace  de  temps  pendant  lequel  le  cluUeau  de  Saiiit-Huhert  a 
connu  la  prospérité  est  la  seule  raison  par  laquelle  on  puisse  expliquer 
que  sa  réputation  ne  se  soit  pas  établie.  A  moins  que  cette  demeure  n  ait 
été  plus  fermée  que  d'autres.  « 

En    échappant  aux  cointaérages  qui  entretenaient  la  vie  à  Versailles, 
elle  se  préparait  Toubli.  Mais  ce  qui  étonne,  ce  n'est  pas  que  les  mémo- 
rialistes aient  peu  conté  sur  Saint-Hubert,   c^est  que  la  peinture  et  la 
^gravure  ont  méconnu  celte  maison,  hospitalière  aux  arts. 

On  trouve  au  Musée  de  Versailles,  dans  la  salle  des  Résidences  royales, 
un  tableau  au  bas  duquel  est  inscrit  :  u  Le  château  de  Saint-Hubert, 
vers  1722.  » 

Voilà  une  peinture  nationale  dont  Tinexaclitude  est  pleine  d*e\ciises. 
Car  on  ne  saurait  faire  un  château  de  Saint-Hubert  de  quelque  vrais(Mii- 
blance  «  vers  1722  »,  puisque  les  fondations  du  cliûleau  ont  été  jeltM»s 
en  april  1755,  et  les  bâtiments  n'ont  jamais  ressetnbli*  à  la  peinture  de 
V^ersiiUes. 

Lb  correction  sera  facile  à  faire  :  décrocher  le  tableau. 
N(   •"    connaissons  deux  jolis   petits  tableaux   du  château  de    Saint- 

24 


-1 


3*70      ■!  UN    DESSIN    SUR  «  THERMIDOR   ». 

Hubert  :  deux  pelits  chefs-d'œuvre  de  Compîgné,  »  tahlettier  du  Bof  >. 
Ils  ont  été  faits  sous  Louis  XVI,  avant  la  deilruclion  des  Ij^lirneDt^  de 
Tavant-cour,  par  conséquent  avant  1785* 

L'un  des  tableaux  montre  la  façade  du  cfiûteau,  le  déï:eloppeûient  de§ 
bAtiments  autour  des  cours,  les  grilles.  L'autre  fait  loir  la  Icrras^edu 
château  sur  les  étangs,  le  derrière  des  bdlimenU  aipc  le  Salon,  et  enfin 
l'avenue,  située  au  delà  des  étangs,  que  les  Dntnes  de  [^ort-Hoyal  avaieal 
ouverte  dans  leur  bois,  pour  faire  plaisir  uu  Roi  et  pour  éviler  Texpro- 
priation. 

Tous  les  détails  figurés  par  Compigne  î^oni  d'tinc  exactitude  parfaite. 

Les  lignes  d'architecture  et  les  détaiU  sont  icpoitssôs  sur  une  ï^urface 
d'étain  qui  a  été  dorée  ensuite.  Mais  tandi;^  que  dairs  les  êlains  repotisséj 
de  Compigne  cette  surface  dorée  est  le  plus  souvent  iinirornie,  dans  ks 
deux  tableaux  de  Saint-Huhert,  des  ombres  peintes  de  couleurs  adéquate» 
ajoutent  à  la  perspective  du  dessin  et  enlèvent  à  la  dorure  son  ton  eriard, 
L'étain  apparaît  dans  l'un  des  petits  tableaux  pour  former  le  riel;  dans 
l'autre  tableau,  pour  imiter  l'eau  des  él^in|^s.  Quelques  persan na^ei,  des 
animaux,  des  arbres,  de  la  verdure,  sont  peinte  en  divers  plan^. 

Nous  avons  dû  à  M.  Couard,  archiviste  du  déparlement  de  Seine-et- 
Oise,  de  connaître  l'existence  de  ces  deux  chefs-d'œuvre  (appartenant  à 
M.  Arnauld,  prop'*  à  Versailles)  dans  lesquels  nous  nxon^  eu  le  plaisir  de 
trouver  deux  documents,  rigoureusement  d'accord  avec  les  pièces  de* 
Archives  nationales. 


XX 


UN  DESSIN  SUR   «  THEHMIDOR  ^ 

PAR    HUBERT-nOBERT 
A   L\    FACULTÉ    DE    MEDECINE   DE   UOKTPELLJEn 


Nous  sommes  au  siècle  deV  Histoire  par  F  Image  ^  désireui  d'a^*^'        1 
conaiamment  sous  nos  yeux  la  chosi^  vite,  la  sensation  eproui 
préférant  à  la  page  d'un  écrivain  le  croquis  du  peintre,  ou  ciig 
que  l'un  et  l'autre  se  commentent.  Celte  tenilance,  ce  sûtir 


I 


i\   DESSIK   SUR  c  THERMIDOR  a.  371 

vérité  artistique,  ce  goût  des  apports  de  lart  dans  le  domaine  de 
riiistoire  tous  rendra  indulgents,  je  Tespère,  pour  cette  modeste 
communication. 

Il  s'agit  d'un  dessin  au  crayon  rouge,  d'une  allégorie  du  peintre 
Hubert-Robert  sur  la  Délivrance  des  prisonniers  après  la  journée 
de  Thermidor.  Ce  qui  donne  à  cette  œuvre  un  intérêt  particulier, 
c'est  une  inscription,  un  autographe  mentionnant  que  Tarliste 
crayonna  ce  sujet  sous  les  verrous  de  Saint-Lazare,  tandis  qu'après 
dix  mois  de  détention,  il  comptait  les  heures  lentes  le  séparant 
encore  de  sa  famille,  de  ses  proches,  de  la  liberté. 

lUais,  me  dira-t-on,  comment  se  fait-il  qu'il  y  ait  des  tableaux 

àaires  que  ceux  retraçant  la  courbe  d'une  maladie  dans  une  Faculté 

de  médecine ?Ën  second  lieu,  croyez-vous  votre  dessin  rare  et  inédit? 

Je  répondrai  d'abord  que  dans  la  ville  universitaire,  académique  et 

certainement  intelligente  et  éprise  de  travail  de  Montpellier,  son  an* 

tique  etvîeilleFacultédemédecinefutdurantplusieurs  siècles  et  de 

nos  jours  jusqu'à  la  création  du  Musée  Fabre,  le  cœur  et  le  cerveau 

de  la  cité.  A  elle  venaient  toutes  les  donations,  aussi  bien  celle  de 

J'érudit  et  de  l'artiste  que  celle  du  savant  ou  du  docteur.  Parmi  les 

donateurs  figurent  Chaptal  avec  tous  les  manuscrits  de  la  «  reine 

Cbvistine  de  Suède  «.  Parmi  les  donations  exclusivement  d'art  on 

rencontre  des  portraits  de  Puget,  des  dessins  de  Raphaël,  des  Sébas- 

^'en  Bourdon,  tout  l'œuvre  gravé  de  Natoire.  J'en  passe,  et  des 

meilleurs.  Il  existe  là,  en  somme,  un  précieux  cabinet  d'amateur, 

conservant  son  intérêt  à  côté  des  richesses  léguées  au  Musée  de 

la  ville  par  le  baron  Fabre,  MM.  Valedeau,  Bruyas,  Cabanel,  etc. 

Cette  collection  sera  un  jour  prochain  mise  en  valeur  par  un  fort 

aimable  et  très  savant  érudit,  M.  Paul-Jules  Itier;  pour  le  moment 

je  me  contente  en  vous  décrivant  le  dessin  d'Hubert-Robert  de 

rappeler  le  vieil  adage  :  Ab  uno  disce  omnes. 

Quant  à  la  seconde  objection,  sur  Tinédit  d'une  œuvre,  propriêlc 
d'une  ville  ou  de  l'État  —  les  termes  des  donations  rendent  liti- 
gieux ce  point,  vis-à-vis  des  objets  d'art  de  la  Faculté  de  Montpel- 
lier—  quant  [à  cette  question  d'inédit,  je  ne  vous  cacherai  pas 
qu'elle  m'a  d'abord  préoccupé.  J'ai  feuilleté  tous  les  auteurs  ré- 
cents ou  anciens,  j'ai  questionné  les  maîtres  de  rériiditioii  sur  la 
période  révolutionnaire,  et,  comme  tous  sont  restés  muets,  j'ai  pris 
Tau-'^ce  de  parler. 


372  UN    DESSl\    SUR    «   THERM[DOR    »* 

Mon  interrogatoire  a-l-il  été  complet,  ai-je  appelé  Ions  l«s 
témoins?  probablement  non.  Cependant,  en  fait,  les  anciens  bio- 
graphes d'Hubert-Robert  :  Vigée,  Villot,  Milliu,  (]liarles  Blanc;  de 
nos  jours,  lll.  Gabillot,  dans  une  magistrale  et  complète  étuJe, 
parue  récemment,  ne  soufflent  mot  de  celte  e^  Allégorie  >i ,  Remarque 
inattendue,  M.  Jules  Renouvier  dans  son  important  travail  sur 
V Art  sous  ta  Révolution^  M.  Renouvier,  né  à  Montpellier,  résidant 
à  Montpellier  et  sans  contredit  le  plus  émineiit  des  membres  de 
,i* Académie  des  sciences  et  lettres  de  cette  viïle,  en  matière  artis- 
tique, semble  ignorer  ce  croquis.  Il  cite  Huberl-Robert  cinq  ou 
six  fois,  il  traite  spécialement  des  Allégories,  des  Féies  et  des 
Journées;  il  parle  du  9  thermidor  de  Lethièrcj  et  rien  de  Hubert- 
Robert  sous  sa  main. 

Enfin,  le  petit-fils  du  poète  Roucher,  M,  Antoine  Guillois,  This- 
torien  consciencieux  de  ^^  Napoléon  r>  et  de  la  [^  Terreur  »  ,  apm 
un  voyage  de  recherches  historiques  fait  à  Montpellier,  est  revenu 
sans  soupçonner  Texistence  de  cette  œuvre  d*art. 

Et  tous  ces  silences  ne  proviennent  pas  de  la  vulgarité,  de  la 
fréquence  des  sanguines  d*Hubert  Robert,  comme  on  pourrait  le 
croire,  après  la  citation  suivante. 

Racontant  la  vie,  d'une  héroïque  tranquillité  d'âme,  gaieté,  santé 
d^esprit  et  de  corps,  d*Hubert-Robert  en  prison,  son  ami  Vigéc 
nous  dit,  en  eflet:»  Se  consolant  par  le  travail,  il  peignit  durant  son 
internement  cinquante-trois  tableaux  et  d'innombrables  dessins,  n 

Que  sont  devenues  ces  innombrables  pa;jes^  Je  pose  la  question 
et  serai  très  heureux  que  cette  assemblée  de  chercheurs  vonlùt 
bien  m'aider  à  la  résoudre,  explorer  avec  moi  ce  iilon  de  notre 
histoire  artistique.  Pour  le  moment,  en  sus  du  Thermidor  *le 
Montpellier,  les  ouvrages  qui  font*autorilc  et  mes  inrestr/jatinm 
personnelles  ne  m'ont  révélé  qu'une  toute  petite  poignée  d  œuvres^ 

En  voici  la  brève  énumération. 

Dans  le  legs  des  collections  de  M.  Parent  de  Rosan  à  la  mairie 
d'Auteuil,  on  rencontre  deux  croquis  révolutionnaires  d'Hubert. 

1**  Le  corridor  de  Germinal  à  Saint-Liizare;  on  y  Voit  le  mar- 
quis et  la  marquise  Giambone  en  tenue  de  miséreux  d'hûpî!*'  ^' 
devant  la  porte  d'une  cellule   deux  hommes  cuisinant  prés 
poêle  mobile  ;  certains  auteurs  veulent  reconnaître  en  eui  Ro 
et  Robert.  II  existe  une  reproduction  lithographique  à  la  XatI 


hX    DESSl»    Sia  t    TIIERUIDQH    t,  itt 

2**  Un  groupe  derrière  une  ft^nèlre  grillée  r  une  femme  jeune  et 
jalîe  sous  ses  iiccoutremenfs  de  citoyenne  (et  en  dépit  de  la  ^implt- 
cite  de  sa  coitrure  et  de  son  costume j  soutient  suries  ;{eriOiii  un 
enfant  de  cinq  à  sîx  ans;  une  seromle  femme  debout  regarde.  La 
jeune  femme  assise  est  muthinoiselle  de  Coigny^  la  «  Captite  ■*  de 
rimniortel  Cbênier;  le  f^amin,  le  petit-  Émilfi  Houcher^  ^  ïe  moins 
mallieur6ii.\  des  prisonniers  de  Saint-Lazarei^,  écrit  dani  sa  dédi- 
cace Hubert-HoberL 

3*  M,  Haro,  fils  de  Teipert,  possède  une  fort  agréable  nq  un  relie 
de  tonalité  bleue  et  légère^  qui  nous  montre  le  peinlre  coucbé  sur 
sa  large  table  de  travail,  et,  devant  une  baie  h  gros  barreaux, 
lisant  quelques  feuillets. 

4'  \L  Roucher.tin  des  descendants  du  poMe  célèbre,  a  conservé 
comme  des  reliques  de  fumille  une  étude  ile  femme  et  tt' enfant 
ayant  servi  à  un  «  dessin  consacré  a  la  mémoire  de  Uarni  *^ .         * 

5*  L'fdUuneur  de  réverbères  de  Saini-tazûrâj  avec  son  pitto- 
resque altifiiil, 

6^  lue  lettre  dont  Ten-lète  signalé  dans  les  Consolations  de  ma 

captivité  porte  d eu  i  p rôti Is  de  femmes,  V Espérance  et  XnFaHence. 

Le  Louire  n'a  rien.  L'Ecole  des  Beaux-. Arts  pas  plus.  Le  Musée 

Carnavalet,  ce  trésor  des  pièces  révolutionnaires,  n'était  pas  ptu;^ 

riclie  avant  la  présente  année,  tl  vient  d'arquérir  ; 

Lue  1res  intéressante  contre-épreuve  d'une  sanguine  représen- 
tant une  façade  de  prison,  analogue,  sauf  le  perron  en  moins,  au 
dessin  de  Montpellier;  le  sujet  dillérant  d'ailleurs  par  ses  autres 
détails.  Un  groupe  de  mères  et  d'enfants  s'est  avancé  pour  êclianger 
i|uelques  mots,  an  moins  un  regard  avei!  tb's  prisoirniers  jucbés 
sur  une  terrasse  dominant  rédifice.  Hélas!  rtn  sans-culotte  les 
repousse.  Et  comme  dérision  un  grand  peuplier,  u[i  arbre  de  la 
Jiiierté  érige  son  mât  près  de  la  porte  clos^e! 

La  seconde  acqutsitian,  sanguine  originale,  représente  une  statue 
de  la  République  traînée  à  bras  par  des  ouvriers  patriotes  vers  le 
socle  carré  qui  Tattend,  Sur  Tun  des  côtés  «le  ce  piédestal,  nous 
lisons  :  Hubert-Robert  in  Sancti  Lazari  .^Jdibns  noetnrnos  suos 
tabores^  Minervœ  dicat.  Cette  inscription,  ou  le  peintre  assimile  la 
^'^^iihlTque  avec  tous  ses  accessoires  symbolique»  a  la  sa^^e  Pallas 
Ihènes,  noua  intéresse  deux  fois,  iîllle  dit  le  retour  â  la  rai^âoti 
^,9 père  le  prisonnier  et  surtiajt  nous  toit  comprendre  à  quelles 


1 


374  UN   DESSIN    SUR  >  THERMIDOR  i. 


heures  son  infatigable  goût  du  travail  lui  permettait  d'esquiâser  tes 
innombrables  dessins  qu*il  distribuait  à  ses  amis- 

Excusez  cette  énumération,  elle  vous  est  preuve  convamcante  de 
la  nécessité  de  remettre  au  jour  cette  part  de  l'œuvre  d'Hubert- 
Robert,  si  fort  éparpillée,  si  égarée  après  une  durée  d'un  seul 
siècle.  Elle  m'excuse  aussi  d'avoir  songé  à  tirer  de  Toubli  le  des- 
sin  thermidorien  du  vaillant  maître. 

V Allégorie  conservée  à  Montpellier  célèbre  rbeure  la  plus 
douce  d'une  période  delà  vie  d'Hubert-Robert,  infiniment  mallieir' 
reuse  et  où  les  heures  douces  furent  peu  fréquentes.  En  revanche, 
ce  temps  d'adversité  met  en  haute  place  les  quîilités  dVime  de 
Tartiste  et  nous  prouve  que,  chez  lui,  le  cœur  é^^alait  le  talent. 
Tous  ses  biographes  sont  unanimes  à  constater  que  du  8  brumaire 
an  H,  date  de  son  mandat  d'arrestation,  au  17  thermidor  an  111, 
Hubert-Robert  fut  le  plus  gai,  le  plus  courageux,  le  plus  conslant 
d'humeur  des  prisonniers  de  Sainte-Pélagie  d'abord,  puis  de  Sainl- 
Lazare.  Il  se  levait  à  six  heures  du  matin,  peignait  jusqu'à  midi, 
descendait  dans  la  cour  guider  la  partie  de  ballon  à  veut,  y  pre- 
nant part  avec  une  adresse  et  une  vigueur  extraordinaires,  puis,  te 
soir,  après  les  conversations  dans  ces  cellules  ou  se  pressait,  Uèhsi 
une  élite,  il  reprenait  ses  crayons  fort  avant  dans  la  nuit,  Aubin 
Millin  l'admira  surtout,  lors  du  transfert  d'une  prison  à  Taiitre. 
Tandis  que  chacun  redoutait  pour  fin  de  cet  épisode  les  scènes  d'ègor- 
gement  des  journées  de  Septembre,  Hubert-Robert,  campe  dans  sa 
charrette,  n'ayant  pris  avec  lui  que  sa  boite  à  crayons,  dessinait  ave< 
un  sang-froid  absolu  le  décor  pittoresque  du  cortège  Jes  gens  el  les 
choses,  les  effets  de  lumière  des  flambeaux  et  du  jour  naî^saut. 

Mais  ce  sont  là  des  faits  bien  connus  et  que  les  intéressés  peuvent 
lire  longuement  dans  les  œuvres  de  MM.  Gain) tôt,  GuiIIlms,  de 
Lescure,  Dauban;  arrivons  au  9  thermidor,  à  respiration  Je  cetti? 
captivité  qui  fut,  hélas!  pour  les  poètes  Rouclier  et  Chéuier,  ce& 
amis  d'Hul)erl-Robert,  le  stage  de  Téchafaud! 

Les  prisonniers  furent  mis  immédiatement  au  courant  des  évé- 
nements politiques,  puisque  leur  tyran,  l'administrateur  Bergol, 
paya  sa  cruauté  de  sa  tète  et  fut  un  des  cent  treize  exécutés  avfc 
Robespierre. 

La  Terreur  avait  pris  fin.  La  joie,  une  joie  mouillée  de  larL 
de  regrets  chez  beaucoup,  vu  les  dernières  fournées,  Tespér 


s, 


L'N    DESSIM   SUB   «   THERMIDOB  «.  31^ 

se  reprit  à  fleurir  dans  le  préau  de  Saint-Lazare.  Mille  rêves  di 
liberté,  de  voyages,  de  campagne  s*envoIèrent  par-dessus  les 
frondaisons  du  parc,  vers  cet  horizon  où  le  Mont-Valérien  dessinai I 
sa  courbe.  Les  salons  se  rouvrirent,  on  revit  de  délicieuses  jeunes 
femmes  tenir  cercle  et  bureau  d*esprit  tout  le  soir  comme  au  temps 
où  régnait  le  bon  concierge  Naudet,  aux  premiers  mois  de  déten- 
tion. 

EnGn,  huit  jours  après,  le  17  thermidor,  Hubert-Robert  assis- 
tait à  la  levée  de  son  écrou.  Il  embrassait  sa  femme  bien-aimée, 
Catherine  Soos,  revoyait  ses  amis;  puis  le  bouillant  sexagénaire, 
pour  se  refaire  de  ses  dix  mois  de  captivité,  allait  excursionner  bien 
plus  loin  qu*au  delà  du  Mont-Valérien.  Il  regagnait  une  fois  encore 
ritalie;  il  retrouvait  Rome  et  ses  chères  ruines. 

Cest  au  cours  de  la  dernière  huitaine  de  son  incarcération  qu'en 
bistorien  et  poète,  Hubert-Robert  allégorisa  par  un  dessin  sa  mise 
en  liberté. 

L'allégorie  est  fort  transparente;  cependant  Tartiste,  et  nous  n'y 
perdons  point,  Ta  complétée  par  de  nombreux  et  précieux  auto- 
graphes*. Voici  la  façade  d^un  édilice  grave  et  renfrogné.  Un  per- 
ron grossier,  laissant  apercevoir  sous  une  arcade  Tentrée  de  cachots 
obscurs,  conduit  à  une  massive  porte.  Cette  porte,  aujourd'hui 
ouverte,  nous  témoigne  par  son  solide  verrou,  son  judas,  sa  serrure 
et  la  qualité  de  ses  pentures  qu'elle  est  porte  de  prison  et  non  de 
]<>gis  hospitalier.  Vainement  le  peintre  Tagréménte,  la  couronne 
d'uD  lourd  fronton  triangulaire,  vainement  par  habitude  et  par 
goût  d'élégance  fait-il  courir  une  frise  et  termine-t-il  par  un  balcon 
cette  façade  :  porte  et  maison  restent  d'abord  peu  engageant. 

Mais  sur  le  palier  du  perron  une  jeune  femme  se  silhouette  ;  elle 
est  vêtue  fort  simplement,  coiffée  d'un  foulard  ;  son  costume^ mi- 
antique  et  mi-populaire  rappelle  les  petites  Sabines  de  M.  David. 
Mais  la  jeune  femme  ne  sépare  point  des  combattants,  elle  aurait 
encore  trop  à  faire.  Elle  se  contente  de  donner  charitablement  la 
volée  à  des  oiseaux  qu'enclosaient  trois  cages.  Les  oiselets  s'eufuient 
à  tîre-d'aile,  vers  un  horizon  de  bois  et  de  collines. 

Au  premier  plan,  une  dalle  funéraire  porte  cette  inscription  : 

^.    ROBERT    IN  SPEM   LIBERTATIS   DELIIVEAVIT  I\   S"  LAZA...  CARCEREM 
DÎr,  ci-Après,  planche  WII. 


7 


37G  UN    DESSIN    SUR    <"  TIÏ£H11ID0H   i. 

1794.  n  Enfm  un  chien,  allusion  au^  nombreux  chiens  de  garde 
(les  prisons  de  Pai'is,  est  couché,  bien  tranquille,  el  n'a  cure  du  vol 
d'oiseaui  qui  bat  des  ailes  et  *jagne  les  champs  derrière  lui. 

u  yy.  Robert  fvcit  Parisiisj  1 794  «  ,  lîUon  sur  la  marge  de  ce  desRÎn 
qu'encadrent  deux  file  (s,  et  à  côté  le  titre  que  lui  veut  donner  flou 
nnteurnA  La  délivrance  des  prisonniers.  ^  Toutes  ces  inscriptions 
sont  nianuGcrilea,  et  de  sa  main.  N'oublions  pas  la  plus  importante. 
Dans  un  cartouche  an-dessus  de  la  porte  et  en  caractères  lapidaires 
se  lisent  en  trois  lignes  ccs^mots  :  a  c.^rcerbs  tandeu  âpertf.  t» 

Telle  est  la  page  d'Iris toire  que  possède  k  l'acuité  de  médecine 
de  Monl|ïellier,  et  sur  laquelle  j'ai  cru  devoir  appeler  votre  indul- 
gente attention. 

Si  je  irélaispaintdans  un  milieu  d'éruditSij'achèverdîs  mon  récit. 
Je  monlrcrais  en  J801  Hul»ert-Uobert  revenant  au  Louvre,  repre- 
nant par  un  décret  du  Directoire  ses  fonctions  de  conservateur.  Je 
conterais  son  acquisition  d'nnfi  délicieuse  retraite  d'été,  la  maison 
de  Boîleau  à  Auteuil,  et  je  décrirais  cette  maison  pins  spacieuseque 
celle  de  Socrate,  mais  toute  pleine  cependant  de  vrais  et  illustres 
amis:  Ducfs,  Andrieux,  Delille,  Bilaubé,  CoUin  d'Harleville. 

Tout  cela,  vous  le  savez  comme  moi  ;  je  me  contenterai  donc  de 
dire  que  lu  fin  de  la  journée  compensa  pour  Huhert-Robert  les 
tristesses  du  chemin  de  sa  soixantième  année,  et  que  le  soir  de  h 
vie  fut  lumineux  et  doux  pour  cet  honnête  homme,  ce  vaillaEïl 
artiste,  ce  vrai  Français. 

Charles  roNSOKrAtLRK, 

Membre  de  La  Société  Ar<!béolo;^]c(Dc  et  LiU^ 
raire  dr  Relier»,  rorre^pondant  du  Cnnjitt 
des  Socirlé*  des  Deaui-.Arls  tlcâ  dépaH*' 
*  menU,  ù  BézJers. 


1 


|*Uncl><>  Wll. 


l\    DKLIVUAXCK     I)  K  S     ï' H  I  S()\  \  I  K  H  S 

I)  K  s  s  I  K     P  1  R     H  L*  B  K  K  T  -  R  O  U  K  It  T 
(!kIuM«  de  tt  Kaculli-  d«   ui^dt-ciur  tir   Muulpcllirr  ) 


r«ge  371». 


i 


C£ftA|IIQl]E   ET    VERRERiË    MUSICALES.  ^Él%: 

XXI 

CÉRAMIQUE  ET  VlvRitEHII':  Ml  SICALËS 

f 

Les  objets  qufi  je  vais  décrire,  en  nccompagnjint  cetle  clescrip- 
(fon  de  quelques  rûiiiarques,  ont  été  mis  au  jour  il  y  «  plusieuns 
années  déjà,  mai^  sont  encore  inconnus  du  puldic,  puisqn  ils 
n*onl  êlê  exposés  nulle  part.  Ils  appartiennent  presque  tons  à 
deui   catégories   artistir|ues  vni^rnra   t'une  de   Tautre  :  la  Céra^  J 

mique  et  [a  Verrerie  musicales,  si  l'on  peut  donner  le  nom  de  *| 

u  musique  V  aux  sons  rauques  qu'on  en  tirait  avant  qu'ils  fussent 
brisés.  l 

Car  ces  ïnstrnment!!  n'ont  jiB^  èié  découverts  dans  Tètat  d'tnté-  \ 

gritê  où  on  les  voit.  Le  sol  les  a  restitués  très  fragmentés,  et  il  a 
fallu,  pour  les  reconstituer,  une  patience,  une  iiagacitè  et  une 
adresse  auxquelles  je  crois  devoir  rendre,  en  commençant,  un  hom- 
mofjc  mérité. 

Au  nord-ouest  de  Tarron  disse  ment  de  Fontainebleau  et  dans  le 
voisina^^e  de  iVemours,  une  très  ancienne  bnnrtpde  qui  fut  long- 
temps SAiNT-MATfiiiRi.'u  DE  Laiicma.\t,  aujourditui  décfiue,  appau* 
irrre^  ilésertée,  se  survit  à  elle-même  sous  le  nom  de  Lahchant, 

A  la  lin  du  troisième  siècle,  y  n.iqnit,  et  au  coninieneement  du 
quatrième,  y  fut  iubumé  Ualfiurin  dont  la  sainteté  se  révéla  par  de 
noDihreux  miracles  posthumes.  Il  ne  saurait  certes  y  avoir  de 
miracles  plus  ou  moins  merveilleux;  ils  le  sont  tous  à  un  é^^ul 
de,'fré;  pourlant  les  ffuéri^ons  opérées  par  saint  Mallnirin  nous 
doivent  donner,  par  leur  difliculté  même,  une  baute  idée  de  son 
pouvoir  :  il  améliorait  les  méchantes  femmes  î  II  avait  encore  une 
autre  »  spécialité  a  ;  il  chassait  le  malju  esprit  du  corps  des  pos- 
sédés, et  ramenait  les  fous  à  la  raison  ^ 

*  Gug-  TholSO!!^  Sairti  Mathurin,  élude   Ijialonqofi  et  rcoiiD^irapbiqiii?.  Paria, 


3T«  CÉRAMIQUE    ET    VERRERIE    MUSICALES* 

• 

Une  église  s'éleva  tout  à  côté  de  son  tombeau,  et  la  foule  des  pè]e- 
rïtis  se  précipita  vers  ce  sanctuaire  iVoii  Ton  rapportait  le  soulage- 
ment aux  manx  les  plus  grands  qui  puissent  aHlÊger  T humanité. 

Jusqu'au  milieu  du  seizième  siècle,  Larcliant  se  vit,  àcorlaîns 
jours,  envahi  par  des  milliers  de  fidèles,  et  son  pèlerinage  fut 
parmi  les  plus  fréquentés.  Puis  le  vent  dei;  guerres  civiles  passa 
sur  lui;  les  huguenots  le  dévastèrent  à  plusieurs  icprisiis,  et,  le 
25  octobre  1567,  ruinèrent  irrémédiablement  Tèglise  \  après 
avoir  dispersé  les  reliques  de  saint  Matburin.  Ce  fut  la  uiort  ilu 
pèlerinage  et  la  fin  de  la  prospérité  du  pays  :  Larcliant  descendit 
peu  h  peu  au  rang  de  simple  village. 

C'est  dans  ce  village  modeste,  mais  si  plein,  pour  le  chercheur 
et  Tarchéologue,  de  surprises  et  d'intérêt,  que,  vers  le  milieu  Ae 
juillet  1890,  des  travaux  entreprig  pour  la  construction  d'un  pui- 
sard dans  la  cour  de  la  maison  où  pendait  autrefois  pour  enseigne 
V Homme  sauvage^  f  firent  constater  Texistencr  d'une  sorte  de  puits 
carré  solidement  maçonné  et  descendant  jusqu'à  la  roche  qui  rt'gue 
sous  une  grande  partie  du  sol  lyricantois.  Le  mot  de  puits  est  donc 
certainement  impropre,  et  je  serais  porté  à  voir  ict  nue  ancienne 
fosse  d*aisances'.  Puits  ou  fosse,  ce  trou  pouvait  remplacer  le  piii« 
sard  projeté,  et,  comme  il  était  plein,  on  se  mit  à  le  vider. 

On  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  qu*il  avait  été  remblayé  avec  une 
qucinlité  de  morceaux  de  verre  et  de  poterie  mf^lès  à  de  la  terre; 
on  ne  prit  pourtant  pas  garde  tout  de  suite  à  cette  singularité,  et 
l'on  commença  à  transporter  dans  les  chumps  le  déblai  ainsi 
coni[)osé.  Par  bonheur,  un  voisin,  ancien  mouleur  attaché  au 
Musée  de  sculpture  du  Trocadéro,  M.  Ernest  Uarbey,  fut  informé 
de  ce  qui  se  passait  :  intelligent  et  artiste,  il  reconnut  bien  vite 
rintét'ét  de  ces  débris,  en  fit  arrêter  le  tninsport,  et  obtint  que 
Textraction  de  ce  qui  restait  dans  le  trou  carré  fut  faite  avec 
soin.  Déplus,  il  rapporta  chez  lui,  par  panerèes,  tout  ce  qu'il  put 
retrouver  de  morceaux  là  où  Ton  avait  constitué  le  dépôt  de  ces 

^  Kug.  Thoisov,  L'église  de  Larchant.  NVmours,  i89ti,  in-S", 

■  Kuij.  Thoisox,  Les  anciennes  enseignes  de  Larchant,  FoaUiQpbtc4u.   lS9f| 

'  Rcnj.  Fii.LOv.  L'art  de  terre  chez  les  Poitevins^  cltf*.  plusieurs  découtt'  " 
fïUes  dans  de  vieilles  latrines,  et  notamment  (p.  209;  à  la  Criftinièrc,  eontn 
de   MDuticrs-sous^Ciiantemcrle  (I)cux-Sèvrcs),   où  Vaa  recneUMt   de    pombr- 
débris  de  verre. 


.CRRAlk1IQL£    ET    VBI^BRniE    MUSICALES, 


tf9 


etlraorel inaires  gravats,  les  emmina,  classa,  rapprr>cha  tout  â  idfl 
aise^  et  eut  TiDcIufilrie  d'en  Taira  soiiîr  trenie-quatre  instrumenti 
de  mui^jqiie  con]|ili't5  oti  à  peu  proa,  dont  li)  en  verre  et  fï4  eu 
terre.  Je  ne  parle  <|ue  pour  mémuire  d'autres  objets  comme  coupes, 
flacons,  verres  à  boire,  réchaud,  cruche  en  terre,  etc* 

Avant  d'insister  sur  t'impnrlance  relative  de  la  découverte,  je 
doii^  indiquer  Tépoque  probable  de  IVnrouiMemeut  :  une  monnaie 
de  Henri  111,  de  1571),  et  une  caractéristit|ue  petite  cuiller,  trou- 
vées parmi  les  terres  c^!railE?s  du  trou  et  au  milieu  des  tessons^ 


Fk^   L  —  Tnouri;  f.\  ixniiK  tintai, 

permettent  de  la  fi^er  à  la  Hu  du  seizième  siècle  ou  au\  pre- 
mières années  du  di^-sepliëme'. 

Examinons  ma  tri  tenant  les  instruments  en  verre  :  ils  affci^ti'nt 
deux  formes  seulement,  celle  de  la  trompe  de  ciiassc  (î)  eiem- 
plaires)  et  celle  du  cor  à  un  seul  lour  (i  exetn|)latrt);  mais  le 
coloris  et  la  décoration  en  sont  asset  variés.  Xons  avons  du  verre 
bleu,  du  verre  rouge,  du  verre  opalin  Mculé,  et  du  verre  d'uu 
blanc  mat  à  Toiyde  d'étain. 

IVJous  avons  des  instruments  h  la  surface  unie  et  sans  ornements 

sauf  un  filet  au  pavillon,  d'autres  autour  desquels  s'enroule  une 

baguette  de  verre   t|uî   se  termine  en  un  ruban  froncé  formai nt 

in  eau  pour  attacher  le  cordon  de  suspension,  \  oici  un  éclianlillon 

ce  type,  le  seul  qui,  dan^î  la  trouvaille»  ait  son  similaire  (tig.  !  \\ 

mesure  25  centimètres  de  lon<jueur« 


"'T^ 


I 


3S0  GKKAMIQUE   ET   VERRERIE    MllSIGALES. 

La  pÂte  des  uns  est  monochrome  et  homogène  ;  celle  des  autres 
contient  des  cannes  blanches  s'allongeant  en  filets  dans  le  sens  de 
rînstrument,  ou  des  ^an;i^^  vertes  on  brunes  ondulant  sur  le  tra- 
vers et  donnant  un  aspect  jaspé.  Dans  une  trompe,  ces  jaspures 
font  une  légère  saillie  (Gg.  2).  La  trompe  blanc  opaque  est  lâchée 
de  mouchetures  bleues  ;  celle  en  verre  opalin  a  la  surface  rugueuse 
comme  si  Von  avait  voulu  imiter  la  corne;  une  autre  entin  est 
ornée  de  feuilles  noires  au. pavillon  et  à  rembauchure. 
^^  En  n'sumé,  nos  dix  instruments  forment  tieuf  varîélés- 


FiG.  2.  —  Troupe  kn  vkrrb  dlku,  avec  j.^si-tnB^  dxlkës. 
((]olleclioD  de  M.  E.  Btrbey  ) 

Quoique  assez  peu  communs,  les  spécimens  de  ceUe  verrerie 
ne  sont  pas  absolument  rares;  on  en  voit  au  Musée  du  Louvre  : 
c'est  un  cornet  de  chasse  en  verre  bleu  décoré  d'une  bagiietlc  de 
laHicinio  en  relief  et  en  spirale,  absolument  comme  le  cor  à  un 
jour  de  notre  trouvaille  (Gg.  3).  Le  «cornet  t^  du  Louvre  vient 
de  la  cinllection  Sauvageot,  e{  Ggure  dans  le  catalogue  de  Sauzay 
{1867}  sous  la  cote  F.  135. 

Au  Musée  de  Cluny,  sous  le  n"4827,  est  un  cornet  en  verre  décoré 
de  H  tels  blancs,  et  M.  Gerspach  a  gravé  dans  son  Art  de  la  verreritj 
p.  2în,  lig.  144,  une  trompe  de  verre  appartenant  au  même  Musée, 
objet  de  luxe,  mais  d'un  aspect  général  rappelant  nos  trompes» 

Le  Musée  du  Conservatoire  de  musique  possède  trois  Ins 
meuts  du  même  genre;  nous  ne  les  connaissons  que  par  le^^  i. 
cations  plus  que  sommaires  de  Tancien  catalogue  :  n''  413  et  4 


f 


CÊRAUtOI^È    BT    VËRRËHIK    UHStCALES 


*il 


tt  pelits  cors  île  verre  de  Venise  ^;  \r  431),  «  Irompelte  en  verre  t , 
Lne  trompe  en  verre  assez  richement  décorée  G^juraJt  dans  la 
collection  Victor  Gay,  eï  est  dessinée  dans  le  Glossaire  archéoio- 
gique^,  t""  Cor  ;  Tau  leur  Ici  do  une  an  «inatorzième  siècle,  et  â 
l'école  inGâane,  sans  nous  indiquer  les  motifs  de  cette  attribution. 
11  est  hors  de  doute  que  d*aiitres  collection  neufs  peuvent  pos- 
séder des  objets  de  cette  ramille;  nous  n'avons  pas  eu  le  loisir  de 
les  recbercter*  El  faut  Dientionaer  pourtant  des  trompes  ou  des 
çon  de  chasse  eu  verre  détournés  par  le  fabricant  de  leur  destiûa- 


¥m.  -1.   —  Qon  t.n  i  tnar.  iilki  . 
(r:#IJ«ttinQ  dé  U.  S.  StrbiT.) 

tïon  primitive  et  devenus  des  verres  à  hoire  :  ainsi  la  trompe  du 
musée  céramique  de  Sèvres  (n"  5:2(17)^  et  le  cor  de  la  collection 
fiertbet  donné  par  \L  Ed.  (îarnier,  Histoire  de  la  verrerie  et  de 
Cémaitlerie^  p.  :ï<ï5,  fiy.  49, 

Peut-être    arriverai t-on    assez    fafilement    à    ratai o.'fufïr    une 

douzaine  de  ces  fra<]ite9  instruments;  lu  découverte  de  Larctiant 

viendra  prest|ue  doubler  ce  nombre,  mais  ce  seront  encore  des 

curiosités  rechercbéi'S*  \êan moins  leur  abond^rtre  ou  Unir  rarolé 

I3*est  pas  en  cnase;  ils  sont  biÉ?n  connue   par  les  textes  du  moyen 

^^e  et  par  ceux  des  temps  postérieurs]  tcs^tes  4]ue  le  man]uis  <le 

l>orde,  Glossaire  français  du  moyen  àye^  i"  Voïrke,  et  Victor 

y.   Glossaire  archéologique  du  mot/ en  à^je  et  de  la  Renai^i- 

ice^  aui  mots  Cor  et  CoR\iiT,  ont  patiemment  rassemblés. 


382  CÉRAMIQLE   ET   VERKERIE    MUSICALES- 

Je  ne  reproduirai  pas  ici  cette  énumération  où  nous  loyons  les 
cornets  de  verre  considérés  comme  objets  précieux  et  protéyes  par 
des  custodes  ou  étuis.  Rien  d'étonnant,  d'autre  pari,  à  ce  qu'ils 
semblent  le  privilège  des  rois  et  des  grands  seigneurs;  leur  prîi 
devait  être  relativement  élevé,  et  leur  usage,  coûteux  par  leur 
fragilité  même;  en  outre,  les  inventaires  que  nous  possédons  pour 
les  quatorzième,  quinzième  et  seizième  siècles  sont,  en  très 
grande  majorité,  ceux  de  mobiliers  princiers.  \ous  verrons 
cependant  tout  à  Theure  que  ce  privilège  n*a  rien  d  absolu,  ot  que 
des  cornets  de  verre  pouvaient  se  rencontrer  chez  des  gens  de  la 
classe  moyenne,  sinon  de  la  classe  pauvre. 

Peut-être  se  demandera-t-on  si  nous  avons  affaire  h  de  léri- 
tables  instruments,  à  autre  chose  que  des  pièces  de  dressoir.  A 
Torigine,  oui  :  a  Geuffroy  a  donc,  dit  un  texte  de  1387,  s'arma  et 
puys  prinst  un  cor  de  verre,  et  le  pendit  à  son  col.  »  Lu  [leu  apr^s, 
il  en  sonne,  et  est  entendu  de  ses  gens  '.  Il  est  possible  et  même 
probable  que  plus  tard  les  cors  de  verre  prirent  place  au  milieu 
des  objets  de  pur  ornement  sans  cesser  de  rendre,  h  Tocrasion, 
les  services  d'autrefois;  c'est  un  point  qui  semble  établi, 

Nous  expliquerons  sans  beaucoup  plus  de  difficulté  rexistencc 
du  dépôt  là  où  il  fut  trouvé  :  la  maison  de  YHomme  muvwje 
abritait  très  certainement  un  marchand  de  »  quincaillerie  ^  reli- 
gieuse et  de  quincaillerie  profane. 

Une  ordonnance  de  Charles  VI,  du  15  février  1391,  souvent 
citée,  va  justifier  cette  expression;  elle  débute  ainsi  ; 

—  Nous  avoir  oye  la  supplication  des  povres  gens  dcmourant 
au  Mont  Saint-Michel,  faisans  el  vendans  enseignes  de  monsei- 
gneur saint  Michel,  coquilles  et  cornez  qui  sont  nomtnèjj  et  appelés 
quincaillerie  *. 

On  trouve  dans  Tinvenlaire,  dressé  en  1558,  des  armes,  bi- 
joux, etc.,  de  Philippe  II,  roi  d'Kspagne,  «^deux  cornets  de  voirre 
venant  de  Saint-Hubert,  comme  on  dit...  »  \ 


'  V.  Gay,  Glossaire,  v»  Cor. 

^  De  Laurière,  Ordonnances  des  rois  capétiens,  t.  Vil,  p.  590.  —  S" 
venons  d'apprendre  (|uc  des  trompes  et  des  cornets  avaient  été  (lëci)UUT|5,  il 
une  dizaine  d'années,,  en  fouillant  les  fondations  d'une  maison  au  Wmxi  Sl*11id 
mais  on  ignore  ce  que  ces  objets  sont  devenus. 

^  V.  Gay,  Glossaire,  i  "  Cornet, 


1 


CBRAIflQUË    ET   VKHttEKtE    MUSICALES.  SBf* 

« 

Ces  conietft  ûppurlciiaient  donc  Lien  ù  Ja  quiiiraillene  ou  bim- 
beloterie lies  [n^ierinafies  célèbres^  et  d'au  tien  pi  ères  lïû  verre  ou 
déterre  compiotaient  Ta^ji^ariiaient du  maijafiiti.  Or  j'ai  rappelé  que 
I^rc  liant  était  un  de  ces  peie  ri  nages;  de  pi  us,  en  1471^  le  prévôt 
de  l^archnnt  renoiivelie  la  défense  aux  femmes  d'aller  ûu-d«iant 
des  pélerinH  avec  chaniieites  de  cire,  enacfgnea^  eU:.\  en  L4^J8,  un 
blbelotîer  e^t  établi  chez  nous;  en  154rj,  un  autre;  celui-ci  se 
nom  mat  t  Malhurin  Cnntn,  et  voilà  peut-être  le  nom  du  mârrhantl 
dont  la  pacotilte  nous  arrête  aujourd'hui^  Enfin  W Satire  Métùipre 
nous  apporte  la  confirmation  la  plus  certaine  et  la  moins  attendue 
de  ce  que  nous  avançons.  Au  noml>re  des  pièces  qui  composent 
cette  Satire  fameuse,  figure,  tm  le  sait,  Y* Histoire  des  sinfjeries  de 
la  Ligue  par  Jean  de  La  Taille,  et  voîci  comment  lauteur  y  décrit 
un  personnage  défilant  sous  ses  yeux  : 

—  Va  advocai  fol,  armé  de  mesme.*.  à  scavoïr  dNm  vîeil  corps 
de  cuirasse  de  fer  lUnnc,  uJie  btiurguignotte  d'Auvergne  en  teste ^ 
panachée  et  enliarnacliée  d'un  superbe  trophée  de  plumes  de 
paoD,  une  fourcbeflère  sur  son  espaule  gauclïe,  le  bec  tirant 
contre  l>as*...  un  cornet  de  verre  pendu  en  sa  ceinture  (/ai  dis  oit 
avoir  apporté  de  Saint-Maîliurin  de  VArvhant  en  la  faveur 
duquel  il  laisoit  accourir  une  infinité  de  Ikadaui,..  ^ 

ï'ar  conséquent, en  ITiOOdu  environ,  on  achetait  encore  à  Larchanl 

des  cornels  de  verre»  (leux  qui  viennent  il'étre  retrouvés  sont- ils 

des  invendus,  et  par  suite  de  quel  événement,  de  quelle  cata.stroplie 

ont-ils  été  brisés  et  jetés  pêle-mêle  avec  d'autres  débris  de  verrerie 

et  de  paierie  dans  ce  trou  ^ans  destination  certaine,  rien  rie  nous 

rapprend.  \ous  saroiiï)  seulement  que  la  fin  du   seizième  siéckp 

marquée  par  la  ruine  de  Tégliseet  du  pèlerinage^  vit  aussi  la  ruinô 

du  cninniercB  local,  et  que  Tai  luinulation  de  tous  ces  fragments 

date  précisément  de  cette  Jin  de  siècle,  allais  sont-ce  des  invendus  ? 

Car,  après  Tavoir  éludée  le  plus  possible,  nous  voici  niaiutenanl 

eu  présence  de  la  diftîrulté  la  plus  sérieuse  et  forcé  au  moins  de 

poser  le  problème.  D'où  vejiairnt  ces  objets  d'un  aspect  si  arlis^ 

tique  ?   Étaient' il  s    les   produits  d'une  fabrique  locale,    ou  d'une 

"  'irique  foisine^  ou  d'une  fabrique  élranji^ère? 


OEiwrex  dt  Jfa»  dé  La  Tniile,  édit.  Rcnt'  iïe  Mulok,  t.  I,  Uistuirc  des  W«- 
i^s  de  ta  Ligne,  p.  vnu 


I 


( 


384  CÉRAMIQUE    ET   VERRERIE    MUSICALES. 

J'avoue  être  hors  d'état  de  répondre  d*antre  façon  qif  en  pré- 
sentant les  arguments  pour  et  les  raisons  CDnLre  une  fabrlcalion 
l^ricanloise,  avec  Tespoir  que  Feiamen  atlcntif  auquel  je  couvie, 
permettra  de  trancher  la  question. 

Tout  d*abord,  il  faut  redire  que  les  objets  reconstitués,  olifantâ 
et  coupes,  sont  loin  de  représenter  toute  la  verrerie  delà  trouvaille  ; 
ils  étaient  accompagnés  de  fragments  extrêmement  nomlireui  d'au- 
tres coupes,  d*autres  olifants,  de  verres  à  boire,  de  tlar^ns,  etc., 
fragments  dont  les  plus  intéressants  ont  été  réunis  par  le  posses- 
seur en  deux  tableaux,  mais  dont  il  serait  facile  de  former  plu- 
sieurs collections. 

Malheureusement,  d*après  M.  Gerspach  \  «^  on  ne  saurait  con- 
clure à  coup  sûr  à  la  présence  de  fabriques  d'une  accuniuIaLjon 

plus  ou  moins  considérable  de  pièces  de  verre m   D'après  le 

même  auteur,  la  découverte  de  scories  au  lien  lir  racruiiinlation 
serait  un  peu  plus  probante  ;  mais  il  n*est  pas  certain  que  Fou  en 
ait  trouvé  à  Larchant,  à  peine  un  très  petit  agglomérat  de  verre, 
vraisemblablement  fondu  dans  un  incendie. 

On  avait  cru,  au  moment  de  la  fouille,  voir  comme  un  cintre 
indiqué  dans  une  des  parois  du  faux  puisard  et  y  reconnaitre  l'ou* 
verture  d'on  four,  postérieurement  bouchée.  M.  Ed.  Garnîer,  te 
saluant  conservateur  du  musée  céramique  de  Sèvres,  a  visité  rem- 
placement de  la  trouvaille,  et,  quoique  partia.m,  je  le  crois,  d'une 
fabrique  lyricantoise,  soutient  que  rien  n'y  ressemble  à  un  fonr  à 
verrier. 

Enfin,  on  s'étonne  qu'une  industrie  qui  paraît  aïoir  êlc  impor- 
tante n'ait  laissé  nulle  trace  dans  les  documents,  el  il  en  est  cer- 
laujement  ainsi  :  je  suis  forcé  de  déclarer  que  ni  les  registres 
paroissaux,  ni  les  autres  pièces  d'archives  ne  font  mention  d'un  nu 
de  plusieurs  verriers;  mais  je  m'empresse  d'ajouter  que  les  regis- 
tres, qui  commencent,  il  est  vrai,  en  1577,  ^ont  très  incximpteJs 
jusque  vers  16('0,  époque  à  laquelle  la  verrerie  aurait,  dajis  tous  le^ 
cas,  disparu  avec  le  pèlerinage,  etqne  les  documents  sur  Lar^fiant, 
assez  abondants  pour  les  quatorzième  et  quinzième  siècles,  sont 
rares  pour  la  seconde  moitié  du  seizième*. 

Arguments  pour  et  objections  ne  semblent,  jusqu'à  présent 

>  Gkrsp;îch,  L'ari  de  la  rerrerie,  p.  18. 


I 


r 


CËRAUIQUË    ET    VEAHËHIB    MUSICALES.  Sflâ 

Ua  Mm  ni  lai  autres,  très  décitifâ  ;  Ilenjamin  Filloti  va  me  fournir 
une  dernière  observation  qui  a  son  prix  : 

«  Pour  c|ue  cette  opînîoit  [rexistence  de  fours]  pût,  dit-U,  être 
acceptée»  il  faudrait,  d'abord,  qu'on  trouvât  sur  les  mémeiiE  lieui, 
comme  dans  les  fabriques  roniano^gauloises,  des  dél>ris  <le  vases 
coQtemporaios  mal  réu«!sia.,, ',  n  Or^  c  est  justement  ce  qui  le  passe 
ici;  tous  ou  presque  tous  les  écliantillons  retrouvés  ont  une  lare  \ 
dans  une  trompe,  c'est  rembouchure  qui  est  «jauche;  dans  une 
aatre,  c'est  le  pavillon;  une  coupe  pèche  par  les  bords,  utie  autre, 
par  les  pieds,  etc.  Remarquez  que  la  supposition  admise  d*UDe 
(ahnque  locale  ne  ruine  pas  mon  bypotbèse  d'un  marchand  :  le 
^bricant  pouvait  vendre  lui-même  ses  produits. 

Maïs  toute  cette  verrerie  de  fantaisie  a  un  cachet  vénitien  très 
pronoacé  ;  ri  le  est  certainement  due  à  des  ouvriers  formés  à  la 
grande  école  ;  il  faut  donc  en  chercher  l'origine  hors  et  bien  loin 
de  Larcfaant,  —  Le  caractère  italien  du  travail  ^st  absolument  incou- 
testable  et  incontesté;  il  est  non  nioiiiii  incontestable  que  Venise 
eiporiait  ses  artistiques  et  élégantes  productions.  Pec^onne  ne  peut 
être  tenté  de  le  nier  en  présence  de  cet  article  d*nn  compte  de 
1394  :   fl  ..,  Pour  des  verres  que  les  galëes  de  lenise  ont  avan 
apportent  en  nostre  pays  de  IHandre...  quatre  francs*.  ■  Il  est  donc 
à  la  rigueur  possible  que  notre  marchand  lyricâutois  se  soit  appro* 
visionné  dansquelque  dépôt  ou  à  quelque  marchand  vénitien.  Rien 
n'est  moins  certain  pourtant,  car  on  constate  tous  tes  jours  la  pré- 
sence, en  France,  de  verriers  de  Murano  attirés  par  les  largesses  de 
François  I",  de  ses  successeurs  ou  des  <jrands  sei^^neurs,  et  bravant 
les  peines  sévères   édictées  par  la  République  :  en  1552,   c'est 
Henri  11  qui  fonde  la  verrerie  de  Saint-Germain,  et  en  accorde  le 
privilège  à  un  vénitien  ;  en  1572,  c'est  le  gouverneur  du  Poitou, 
le  comte  du  Lude,  qui  prend  sous  sa  protection  Fabiano  Salviati, 
geutilbomme  de  lUurano,  sa  famille  et  son  atelier,  deux  eiemples 
entre  cent. 

Et,  si  ToQ  trouve  que  Larchant  ne  mérite  pas  Tbonneur  que  je 
roudraiïi  avec  grand  plaisir  lui  voir  attribuer,  on  sofi[[era  que  Fon^ 
tainebleau   n'en  est  pas  à  plus  de  quatre  lieues,  et  Ton  se  souviendra 


'  B«nj*  FfLLov,  L'art  dt  terré  ehet  Us  Poifecins,  p.  11. 
'  L.  I>E  LaboIOB,  GlQitaire/rajiçaii,  v^  Voirre^ 


386 


CERAMIQUE    ET    VERREUIE    VILSICALES. 


de  la  pléiade  d^artistes  italiens  dont  le  génie  se  surpassa  dani  cette 
royale  résidence. 

,  Faut-îl  ajouter  enfin  que  les  carrières  du  plus  beau  sable  à  ver- 
reries sont  k  Bonnevault,  hameau  de  Larclinnt,  et  m  rien  conclure, 
car  aiihuc  subjudice  lis  est. 

Après  les  productions  d'un  ari  délicat,  je  voudrais  montrer 
celles  d'un  art  plus  grossier.  Je  parle  des  inslrumenU  en  terre 
commune  trouvés  confondus  aveçceui  en  verre. 

Si  les  trompes  et  les  cornets  de  verre  sont  presque  rares,  les 
trompes,  les  cors  et  les  trompettes  de  terre  que  je  vais  décrire 
rapidement  sont  uniques.  Un  bon  juge  en  pareille  matière, 
M.  Ed.  Garnier,  m*écrivait  :  «  Je  ne  conniiis  rien  qui  ressemble 


FiG.  4.  —  Trompittb  pkruv]î;v\k  e\  tak(il  ciite. 
(Maiée  erramiqoa  da  Sèrrci.) 

aux  trompes  de  Larchant...  »  Et,  de  fait,  je  pense  que  peu  de  col- 
lectionneurs le  démentiront. 

Une  seule  pièce,  dans  toutes  les  collections  interrogées,  se  rsp- 
proche  de  nos  trompettes,  encore  en  illlfère^t-ellepar  la  couleur  de 
la  terre;  c'est  celle  qui  porte  au  musée  céramitiue  de  Sèvres  le  nu- 
méro 2801,  et  que Teitrême  obligeance  ducousenatear  me  permel 
de  reproduire  (fig.  4).  Cette  trompette,  donnée  par  Tamiral  Du  petit* 
Thouars,  provient  de  la  fabrique  de  Trust  illo(l^érou)  et  appartient  à 
l'ancien  art  péruvien.  L'histoire  de  la  poterie  oiïre  des  hizarrericsdu 
mémegenre  etdes  similitudes  aussi  si  ngulîéres  r  sLins  parler  des  va^es 
du  Sénégal  ressemblant  a  étonnamment  »  à  ceux  du  bas  Poitou,  m 
vase  des  Deux-Sèvres  a  des  formes  et  une  décoration  identique^  à 
celleç  que  présentent  les  poteries  des  vieilles  peuplades  de  l*Aœe- 
riquedu  Nord*.  Ce  neserait  pas  ici  le  lieu  de  philosopher  àce 


Beoj.  FiLLON,  0/7.  cit.,  lotroductipD. 


■^ 


CERAMIQUE    ET   VERHERIB    MUSICALES.  SSl 

En  avançant  que  nos  insiraments.  sont  uniques,  je  ne  prétends 
pas  que  l'on  n*ait  jamais  faitnulle  part  des  trompes,  ni  des  cors  de 
terre,  témoin  le  cornet  à  bouquin  dont  on  abuse,  trois  ou  quatre 
jours  ran,  an  grand  déplaisir  des  oreilles  sensibles  ;  mais  il  est  en 
grès,  c'est-à-dire  en  argile  très  cuite,  additionnée  d*une  forte  pro- 
portion de  sable  ;  à  moins  qu'il  ne  soit  en  bois  recouvert  de  peau, 
auqoelcasilfaisaitjusque  sous  Louis  XIII,  sa  partie  dans  les  orches- 
tres royaux.  Témoin  encore  l'espèce  de  trompette  entrée  récem- 
ment au  musée  de  Sèvres  c^t  provenant  de  la  fabrique  d'Aubagne 
en  Provence  ;  mais  elle  est  en  terre  vernissée  comme  la  trompette 
véritable  qui  figure  dans  la  collection  de  M.  lllgnier,  d*Ai)beville, 
et  fabriquée  à  Sorrus  '. 

Les  quelques  échantillons  connus  de  cette  céramique  instrumen- 
tale offrent  donc  avec  les  nôtres  des  différences  assez  sensibles  pour 
que  celles-ci  constituent  une  classe  à  part.  D'ailleurs,  contraire- 
ment à  ce  qui  se  passe  pour  les  instruments  de  verre,  aucun  texte 
n^t  encore  été  cité  mentionnant  ceux  de  terre,  si  Ton  en  juge  par 
cette  phftse  de  V.  Gay  : 

—  On  faisait  au  moyen  âge,  pour  la  chasse  et  pour  la  guerre, 
des  cors  de  laîtoa,  d'ivoire,  de  corne,  de  verre,  de  cristal  et  même 
de  bois. 

Des  cors  déterre...  point.  Peut-être  faudrait-il  les  reconnaître 
dans  les  cors  et  les  cornets  «  noirs  »  que  Ton  relève  dans  certains 
inventaires;  simple  hypothèse  d'ailleurs,  et,  jusqu'à  preuve  du  con- 
traire, nous  pouvons  nous  dire  et  nous  croire  en  présence  d'objets 
inédits.  Mais  viendrait-on  à  en  découvrir  dans  quelque  collection 
à  présent  ignorée  un  rare  spécimen,  il  demeurerait  certain  que  l'on 
ne  s'est  jamais  trouvé  en  face  d'une  réunion  aussi  riche;  personne 
par  suite  ne  s'est  occupé  sérieusement  de  cette  branche  toute  spé- 
ciale delà  céramique.  Je  dis  :  sérieusement,  pour  ne  pas  omettre 
les  quelques  lignes  sans  intérêt  que  lui  a  consacrées  M,  Ris-Paquot'. 
Je  in*en  félicite  et  le  regrette  :  je  le  regrette,  parce  qu'ayant  eu  des 
devanciers,  j'aurais  pu,  comme  cela  $e  fait  tous  les  jours,  leur 
emprunter  beaucoup  de  choses  et  présenter    une   notice  mieux 

Près  de  Montreuil-iur-Mer  (Pas-de-Calais).  Wigxikr  a  dessiné  celte  trom- 
p    •■-,  fig.  35  de  soQ  ouvrage  sur  les  Poteries  vernissées  du  Pontàieu. 

is-Paquot,  La  céramique  musicale  et  instrumentale.  Paris,  1889,  in-t*^ 

K>  1. 


¥VJ^ 


388  CERAMIQUE    ET   VERRERIE    JUUSlCALES.  ' 

documentée;  je  m*en  félicile»  parce  que  j'espère  qu'on  voudra 
bien  me  pardonner  mon  inexpérience  trop  évidente,  en  faveur  de 
la  nouveauté  du  sujet. 

Nos  vingt-quatre  instruments  peuvent  se  classer  en  quatre  caté- 
gories: les  trompes  ou  olifants  (sept)»  les  cors  àuntour(sii),Iescor« 
à  deux  tours  (quatre),  les  cors  à  trois  tours  (trois)  et  les  trompettes 
(quatre),  en  employant  cette  expression  faute  d'une  meilleure. 

La  trompe  de  la  plus  petite  dimension  mesure  0*^,25  àO~,î8; 
mais  nous  en  avons  une  de  0",40  et  upe  de  O'^fiO  de  longueur. 


FiG.  5.  —  Cor  en  tbriiî  rx\rs* 
(ColIecUoD  d«  raatenr.) 

Voici  un  cor  à  un  tour  (fig.  5);  les  cinq  autres  sont  semblables 
ou  à  peu  près.     , 

L'échantillon  des  cors  à  deux  tours,  dont  ci^des^ous  un  croqtiii 
(fig*  6),  est  la  seule  pièce  trouvée  entière,  à  Texception  pour- 
tant de  son  pavillon  qui  a  été  refait.  Ce  cor  donne  les  notes 
ordinaires  du  cor  sonore  sans  pistons  :  do  grave,  sol,  «fo,  mi,  Aol 
aigu,  ces  trois  dernières  presque  justes  ;  peut-être  lei  donnait-il 
justes  toutes  les  cinq  dans  son  état  d'intégrité  primitive,  11  déve- 
loppe  environ  l*,12de  tuyau;  les  autres  ont  ou  quelques  centi- 
mètres de  plus,  ou  quelques-uns  de  moins.  Il  est  clair  qu'il  ne  faut 
demandera  ces  instruments  ni  grande  régularité  de  forme,  l 
faite  similitude  dans  les  dimensions. 

tes  trois  cors  à  trois  tours  rappellent  à  s^y  méprendre,  ^ 


cIbAUTQUE    et   verrerie   yUÏIGALES, 


390 


¥oir  que  des  dessins»  le  cor  hébreu  —  et  puisque  j'ai  I  occasion  de 
parler  d'un  peuple  de  ranliquifé,  j*en  profiterai  pour  faire  remar- 
quer que  Ton  ne  trouve  d'instruments  de  terre  ni  chez  les  Grecs , 
tti'  chez  les  Romains*  ^^  Le  plus  grand  de  nos  trois  cors  mesure 
ei]TLron2~,20  supposé  déroulé. 

Quant  à  la  quatrième  catégorie,  son  type  ne  ressenilile  absolu- 
ment ni  à  la  trompette,  ni  au  clairon»  ni  au  bugle,  tout  en  ayant 
des  rappo rts  avec  ces  trois  înstr u men ts  mode rnea ^  et  c'est  peu t-étrep 


FtG.    6,    —    Col    A    DËL'I    TÛLHfl    UK    TKnilt    CLITl. 

(Appartlint  à  U.  A,  Conti) 

par  Ja,  la  plus  intéressante  de  la  collection.  La  gravité  du  son  y  a 

été  obtenue  comme  ailleurs  par  raltongenieut  du  tube,  mais  on 

est  arrivé  à  cet  allongement  à  l*aide  d'un  procédé  qui  suppose  uu 

certain  tour  de  main,  et  produit  un  effet  peu  banal  :  celui  d'une 

corde  nouée  lâche  (fig,  7),  On  s'en  rendra  compte,  d'ailleurs,  en 

jetant  un  coup  d'œil  sur  la  figure  ci-dessous;  l'original  existe  à 

deux  exemplaires  presque  identiques*  Les  deux  autres  pièces  de 

la  quatrième  catégorie  sont  conçues  à  peu  près  de  la  mùme  façon 

que  celle-ci,  sauf  que  le  iube  y  fait  un  mou  ire  ment  de  moins.  La 

plus  grande  des  deux  développe  environ  1"*,75, 

Autant,  tout  à  Tbeure,  je  me  suis  montré  hésitant  et  réservé  sur 
l'origine  des  cornets  de  verre,   autant  je  crois  pouvoir  être  affir- 


\ 


890 


CÉRAMIQUE    ET    VERRERIE    MUSICALES. 


matif  8iir  celle  des  trompettes  de  terre  :  le  potier  qui  t^s  fabriqua, 
j'en  ai  la  conviction»  habitait  Larcbant. 

Pourquoi  y  s'il  en  était  autrement,  n'aurait-on  encore  ai^até 
nulle  part  des  spécimens  entiers  ou  fragmentés  de  cette  induBlrie 
particulière?  FaudraiUil  supposer  un  potier  travaillant  eidusiva* 
ment  pour  les  marchands  lyricantois  ?  Avouez  quë  ce  serait  biea. 
extraordinaire  ;  avouez  qu'il  léserait  non  moins  que  ce  potier  spé- 
cial n'eut  laissé  dans  sa  paroisse,  en  produits  manques  ou  autre- 
ment, aucune  trace  de  sa  fabrication.  A  Larcbant,  au  contraire, 
détail  à  noter,  tandis  que,  depuis  189Q,  on  n'a  ramassé  dans  les 
champs,  quoique  l'on  y  cherche  attentivement,  qu'un  seul  morceau 
de  trompe  en  verre,  les  morceaux  d'instruments  en  terre  ne  sont 


FiG.  7.  —  Trqmpbttb  ex  tbrbb  cuitb. 
(ColUclion  lie  M.  E.  Barb«y.) 


pas  rares  à  la  surface  du  sol,  et  combien  n'en  a-t-on  pas  détruit  par 
ignorance  et  inattention  ?  J'en  ai  réuni  toute  une  série  recueillis  un 
peu  partout  dans  notre  vallée. 

Le  plus  important  de  ces  fraga^ents  a  été  trouvé  a  douze  ou 
quinze  cents  métrés  du  village  et  )|emblerait  devoir  fournir  une 
forme  inédite.  v 

Il  est  bon  d'ajouter  que  l'argile  plastique  ne  manque  paschei 
nous  ;  elle  se  rencontre  à  une  faible  profondeur  au  lieu  dit  le 
Moulin  à  vent;  et  Ton  a  constaté,  vers'  le  milieu  de  ce  siècle,  au- 
près de  la  ferme  du  Chapitre,  Teiistenàe  d'anciens  fours  à  potier* 
Nous  croyons  même  qu'une  meule,  dont  tfu  quartier  fut  déterré,  il  J 
a  quelque  temps,  et  dont  la  pierre  beaucoup  trop  lisse  et  polie  n*a 
jamais  dû  écraser  de  grain,  a  pu  servir  à  broyer  la  terre  d*un  pol 

Dans  tous  les  objets  que  nous  avons  examinés,  le  travail  pa 
primitif:  les  embouchures  sont  peu  soignées,  les  tubes  assez  i' 


CÉRAMIQUE    ET   VERRERIE    MUSICALES.  391 

gulièrement  fabriqués  à  la  main,  ont  été  retoacbés  à  Taide  d*un 
outil  qui  a  laissé  des  traces  évidentes  à  la  surface  ;  ces  remarques 
sont  générales,  mais  la  matière  n'est  pas  pour  tous  identique. 

Un  morceau  de  cor  à  un  tour  légèrement  déformé  à  la  cour- 
bure, est  en  terre  très  Gne  et  uniformément  noire;  un  autre  est 
en  terre  presque  blanche,  recouverte  d'une  sorte  de  barbotine 
noire;  en6n  une  embouchure  —  d'ailleurs  unique  —  est  en  terre 
blanche  et  sans  couverte.  Comme  rien  ne  prouve  que  ces  frag- 
ments ne  soient  pas  contemporains,  et  qu'il  faille  voir  dans  ces 
variétésv  des  différences  chronologiques,  ni  les  effets  d'un  perfec- 
tionnement ou  d'une  déchéance,  j'y  retrouve  tout  simplement  la 
main  de  plusieurs  ouvriers  s'approvisionnant  en  divers  lieux^ 

Car  il  n'est  probablement  pas  indispensable  de  chercher  à  Lar- 
chant  des  potiers  de  profession.  Écoutez  Charles  IVignier'  : 

—  Nous  n'avons  point  connaissance  qu'il  y  ait  eu  à  Sorrus  un 

établissement  ou  une  fabrique  proprement  dite  :  les  habitants 

se  réunis)saient  en  famille  pour  occuper  les  loisirs  que  pouvait 
leur  laisser  la  culture»  et  se  livraient  à  la  confection  des  poteries  et 
ustensiles  pour  Tusage  domestique...  Ils  produisaient  encore  des 
sifflets,  cornets,  trompettes,  etc. 

J'imagine  que  ce  qui  se  passait  encore  à  Sorrus  au  dii-huitième 
siècle  peut  très  bien  s'être  passé  aussi  à  I^rchant,  au  seizième 
siècle,  et  sans  doute  plus  t6t. 

Quoi  qu'il  en  soit,  professionnels  ou  potiers  par  occasion,  nos 
ancêtres  lyricantois  avaient  su  se  créer  une  spécialité  que  le  hasard 
nous  a  tardivement  révélée.  J'aurais  voulu  que  quelqu'un  de  plus 
compétent  que  moi  en  entretint  le  monde  savant;  à  défaut  de  ce 
«  quelqu'un  n ,  je  me  suis  aventuré  sur  un  terrain  qui  m'était  peu 
familier;  heureux  si  j'ai  pu  néanmoins  faire,  tant  bien  que  mal, 
connaître  et  apprécier  une  découverte  certainement  intéressante. 

Eugène  Thoison, 

Correspondant  du  ministère  pour  les  travaux 
historiques,  à  Larchant  (Seine-et-Marne). 

"^h.  VJiGmKB,  Les  poteries  vernissées  de  l'ancien  Ponthieu,  1887,  in-8'. 


39S  LE   MONOGRAMME    DE   MASSEOT   ABAQlfESNE. 

XXII 

LE   MONOGRAMME  DE  MASSÉOT   ABAQUESNE 

Il  y  aurait  un  bien  curieux  chapître  à  faire  sur  le  potier  émailleur 
MasséotAbaquesne.  Mais  ces  pages,  les  écrira-t-on  jamais? Qui  nous 
retracera  Tbistoire  de  ses  premières  années,  sa  vocation  artistique, 
ses  voyages,  ses  essais  peut-être  longs  et  pénibles,  en  tout  cas  cou- 
ronnés d'éclatants. succès?  A  son  sujet,  la  pensée  se  reporte  ters 
un  autre  émailleur  du  seizième  siècle,  et  Ton  se  demande  s'il  uy 
aurait  pas  plus  d*un  rapprochement  à  faire,  plus  d'une  analogie  à 
établir  entre  la  vie  du  célèbre  potier  saÎDtongeais  et  celle  de  notre 
Bernard  Palissy  normand.  Malheureusement,  les  documents  relatiEs 
à  Masséot  Abaquesne  sont  eitrémement  rares.  Sun  num  métue 
passa  longtemps  inaperçu;  on  attribuait  à  Palissy  ce  qui  était  bîeu 
son  oeuvre.  C'était  du  moins  déjà  en  reconnaître  la  valeur. 

Les  premiers  indices  furent  fournis  par  rinscription  :  a  ho!JE\ 
1542,  qu*on  lisaitsnr  un  carrelage  provenant  du  châtf^au  d'Ëcouen  ' , 
et  par  le  nom  :  Macutus  Ahaquesne  Jignlus^  1549,  compris  dans 
une  liste  intitulée  Chronologia  inclytae  urhis  Roihomagtnsis, 
publiée  en  1658  à  la  fin  de  Touvrage  de  Gabriel  Du  Moulin,  curé 
de  Menneval  :  Les  Conquestes  et  trophées  des  Norman^FrançoU. 
Le  rapprochement  de  ces  deux  données  paraît  avoir  été  fait  pour 
la  première  fois  par  André  Pottier  ;  mais  ce  n'était  encore  qu'une 
présomption  que  rien  ne  venait  confirmer.  Qu'était  cet  Abaquesne, 
un  nom  bien  normand,  assurément?  On  n'en  rencontrait  aucune 
trace  dans  les  auteurs  contemporains.  Le  mérite  d'avoir  résolu  la 

*  Les  deux  grands  fragments  du  carrelaijc  d'Écoiieo  (ïfucius  Scevola  cl  Mar- 
eus  Gurtius),  conservés  par  Alexandre  Leaoir  dauft^ûQ  Musée  dt^s  monutnt^nU  fran- 
çats  et  attribués  par  lui  à  Bernard  Palissy  { Musée  d^$  monuments françau*  \.  IH. 
planche  GXVIII  et  GXIX,  p.  123),  font  iLiijoui-d'Iiiii  pirtm  des    cotlcrtfàû»  de 
Chantilly.  Dans  la  scène  de  Gurtius,  on  lit  Aur  ud  drapeau  que  porte   ua  ao 
A  ROVEN  1542.  Des  portions  plus  ou  moins  importantes  du   mâme  carre 
sont  con<<enrées  dans  les  Musées  du- Louvre,  deCliiuy.de  Sèvref,  de  Rop — 
Bernay.  etc. 


LE   UONOGBAUUE    DE    UASSÉOT   ABAQtKSNE.  393 

question p  dès  ]869,  revient  À  U.  Ë.  Gofseliîi.  Ses  fructtieuais 
recherches  dans  les  archîvea  de  l'ancien  tabellionajje  de  Rouen 
loi  ont  permis  d'aUrihuer,  avec  une  certitude  absolue,  à  Masséot 
Abaquesne,  (t  esmailleur  en  terre  demeurant  h  Houcn  « ,  le  splen- 
dide  carrelage  du  chAteau  d'Ecnuen  eiécuté  pour  le  connétable  de 
Montmorency,  et  dont  plusieurs  pièces  portaient  le  lîeu  et  la  date 
A  &OUBN  1542'. 

D'autres  carrelages  dans  les  diàteaui  de  la  Bastie  d'Urfé  et  de 
Polïsy,  la  frise  du  colombier  de  Uoos.sont  Tceuvre  du  même  artiste 
fit  de  son  fils  Laurent,  qui  travailla  d'abord  uiec  son  père,  puis 
ft*étabHt  h  son  compte  sur  la  paroisse  Saint-Pierre  T  Honoré  à  flouen  * . 

M.  Gosselin  a  reproduit  un  acte  notarié  du  21  mai  1545,  par 
lequel  «  Masséot  Abaquesne,  esmailleur  en  terre,  demeurant  en 
la  paroisse  Saint-Vincent  de  Rouen  v ,  vend  et  s'engage  à  livrer  «  à 
Pierre  Dubosc,  apothicaire,  demeurant  en  la  paroisse  Saint-Martin 
du  Pont  à  Rouen  ^ ,  un  assortiment  complet  de  vases  de  pharmacie 

I  lï  résùlu  dc*A  doranif^otft  pr<?d(iU«  par  M,  Gi>sRelirt  i]u'à  h  ditt^  du  21  dérem- 
bre  t5'ï3,  Ua^ol  AJ>tf|i]4>«iie^  <  b^iir;feoH  et  marciisnl  df^maurant  «n  lu  piroiise 
de  Saîni-Viticenl  de  Rqueo  »,  prend  chtz  lui  un  ouvrier  potier*  nommé  Pierre 
RoiiUart,  pour  y  (ravaiNer  «dft  san  cslat  i ,  Le2'#  mai  ITi^fS,  commande  de  Tapo- 
thicdri^  Pierre  Oitboïc,  dont  it  eut  pftrK'  plu»  loiu.  Le  7  m^ti  I5VH,  ^Aiuéot  A}i«- 
qoeine,  dool  t* atelier  éUit  litué  ^  lur-  la  paroisse  de  SoUrvilli'  ii^i  Houoo  i ,  donne 
quiUftnce  <  4  mai^trc  .\ndré  Radeau,  notaire  et  iîe<'fél«iriî  du  Roy,  fec^pveur  de 
le»  aydei  rt  lailles  en  ce»te  ville  de  Rouen  t ,  de  fi  «omme  de  cent  ^eus  d*or  soleil 
i  pour  certain  nombre  de  carreau  de  terr^  esraaillOe  qn**  ledit  Abac}ueiite  »  estnit 
snbmift  et  oblitjé  faire  nndi^t  fiieiir  connrjttable,..  ;  prrtens  à  rn,  llarioii  DuraïKlf 
fpmnie  dudict  AbarjuesDt',  et  Laiireru  Abnqiieiine,  fdt  dudict  \la!isènt  et  de  ladicte 
Marion,  aRrrinant  estre  a<|i3  de  vm^î  et  un  «n  et  plu«  i .  Le^i  cent  t-cui  d'or  «soleil 
dûot  il  douce  quittance,  sont  un  «i»lde  de  eompte.  La  1^  mai  1553,  devant  \ea 
QolAirej  de  Rouen,  Muiéot  Abaquesne  reconnaît  que  le  aieur  Rijault,  jjre Hier  des 
appeaux,  vient  de  lui  prêter  VD  livres  qui  lui  sont  nt-ees^airei  t  pour  W 
<:arreaua  qiiUI  est  lenu  bailler  et  fournir  pour  parer  les  seuls  el  autres  èdillces  do 
messire  le  connectable  de  France  i.  Le  Sî  septembre  1557,  il  donne  quitlimcâ  i 
André  Rar^eau,  secrétaire  dps  finances  du  Roi,  d'une  somine  de  557  livres  tournois^ 
■  pour  la  façon  et  fourni Inre  d'un  cerlain  nombre  de  carreau  de  terre  eKmailléL\ 
qu'il  avait  Cf  devant  entreprise  de  faire  et  parfaire  potif  le  sieur  Ilurftt,  comme 
gouverneur  de  monsei^jneur  le  dauphin,  selon  les  putirtraicts  et  JinisL-s  que  U'dit 
Dorfé  lui  avoit  bailléi  à  celte  tin  ■ .  Au  i%  décembre  l'itiV,  Muis^i^ot  était  mort^ 
ear  &  cette  date  on  voit  ■  Marîon  Durand,  veufve  tl*.'di*runcl  Miissi'ut  Abnqiiesne» , 
a'pngajijeri  faire  et  fournir  à  Barnahi^  Baral,  itipubot  comme  prmureur  de  mes- 
iire  \tartin  de  Beaullen,  afabt.^  du  Valasi^e  et  de  ('olombs,  <  le  nombre  et  quantité 
e  quatre  milliers  de  carreau  esmailié  d'a^nr^  blanr,  jm^lne  et  vert  i.  £.  Uust^B- 

,  Gtanef  hûionquei  normand f s.  Rouen  ^  lëtill. 

■  E,  &>5B«Lm.  ioc^  cit.,  p.  M  et  45. 


\ 


f 


894  LE    MONOGRAMME    DE    MASSËOT   ABAQlËâlVË. 

de  forme  et  décontenance  diverses,  «  bons,  lopulx  et  marchands, 
et  bien  esmaillez  comme  il  appartient  '  « . 

La  commande  était  fort  importante,  puisqu^elU  comprenait  troii 
cent  quarante*six  douzaines  de  vases  émaillésV  II  semblerait  que 
les  épaves  d'une  aussi  formidable  livraison  dussent  se  retrouver  en 
grand  nombre  aujourd'hui.  Il  n'en  est  rien,  et  les  spécimens  des 
vases  de  Masséot  sont,  au  contraire,  fort  rares;  je  ne  sais  mémes*il 
en  existe  dans  les  collections  publiques. 

Lors  du  Congrès  archéologique  tenuà  Caen,  en  1883,  M.  Gaston 
Le  Breton  remarqua  dans  la  pharmacie  de  Thospice  de  Bayeux  on 
petit  vase,  de  style  italien,  qui  était  Tœuvre  de  Laurent  Abaquesne^ 
dont  il  porte  le  monogramme.  Ce  vase  a  la  forme  d'un  biberon  ; 
il  est  orné  sur  la  panse  d'une  tête  d'homme  coiffée  du  chapean 
Louis  XI,  entourée  d'une  couronne  de  laurier  de  laquelle  partent 
des  rinceaux  analogues  à  ceux  que  Ton  voit  sur  le  carrelage 
d'Ecouen.  Sur  la  face  opposée  se  trouve  le  monogramme  composé 
des  lettres  l  a  b  *. 

Au  cours  de  mes  excursions  archéologiques  de  1893,  j'ai  ren- 
contré deux  échantillons  de  la  faïence  de  Masséot  Abaquesne,  et 
qui,  vraisemblablement,  proviennent  de  la  commande  faite  par 
l'apothicaire  Dubosc,  en  1545.  Je  ne  crois  pas  qu'on  les  ait  jamais 
signalés  à  l'attention  des  curieux  *. 

L'un  de  ces  vases,  ayant  autrefois  figuré  dans  les  vitrines  de  la 
très  ancienne  pharmacie  Baston,  à  Pont-Audemer,  appartient  à 
M.  Charles  Verger,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Canel.  Il  a  la 
forme  d'un  biberon  ou  chevrette,  et  mesure  0'",22  de  hauteur  sur 
0'",18  de  diamètre  à  la  panse.  Sur  la  face  antérieure,  un  chapeau 
de  triomphe,  ou  couronne  de  laurier  vert  clair,  avec  fleurettes  vio- 

*  E  GossBLi.v,  Glanes  historiques  normandes,  p.  37. 

*  Ce  chiffre,  à  première  vue,  parait  invraisemblable;  mais  le  détail  et  le  pm 
de  ces  innombrables  douzaines,  ou  mieui  séries  de  douzaines,  sont  clairemi^nl 
indiqués  dans  Tacte  notarié  cité  par  Gosselin. 

'  Congrès  archéologique  de  France,  Sessions  générales  tenues  à  Caen  en  i%83. 
Paris,  1884,  p.  246;  et  Gaston  Le  Bretox,  Le  Musée  céramique  de  Rouen,  p.  S. 
M.  le  comte  Charles  Lair  possède,  dans  sa  très  remarquable  collection  céramique* 
une  assiette,  des  carreaux  de  revêtement  et  une  demi-douzaine  de  pots  de  pdar- 
macie  qui  proviennent  à  coup  sûr  des  ateliers  d'Abaquesne  et  de  ses  successeurs - 
Tua  de  ces  vases  porte  la  marque  de  Laurent,  L  A  B;  les  autres  n*ont  point  le 
mono<{ramme. 

*  Voir,  ci-contrc,  planche  XXIII. 


l 


LE    UO\OGRâUU£    Ug    UAS$ÊOT    AfiAQLËSNË.  3£^â 

hï  mauvê  aui  élaminesjaunp  ctlriu,  ^ntouri!  1c  buste,  vu  deprofil^ 
d  UD  goerrier  casqué  ;  U  bambe  du  casque  est  bleue,  la  cri^lt<  i^t  la 
visière  jaunes.  Deux  gros  fleurons  jarmes  en  forme  dt'  hibpe 
laissent  échapper  de  longs  rinceaui  filiformes  bleu  lapis,  avec 
feuillages  de  même  nuance^  analogues  à  cea  ^^  riîiceauï  formés  de 
tiges  eitrémement  ténues  qui  s*enrouIent  afec  une  impeccable 
sûreté  de  maîn  et  se  terminent  en  feuilles  courtes,  ramassées,  à 
hant-relief^  n»,  que  Ton  rencontre  fréquemment  sur  les  meubles 
de  la  Renaissance.  De  larges  fVIets  jaune  d'ocre  courent  autour  dn 
pred,  de  Fanse  et  du  coL  1/anse,  qui  était  courte  et  plate,  est 
cassée  ;  au-dessons  se  trouve  le  monogramme  de  Masséot  Aba- 
quesne,  mas,  encadré  d'un  lar;f}o  trait  jaune  entre  deiti  filets  bleus. 
L'émafI  est  d'un  blanc  légèrement  rosé. 

Le  décor  est  très  largement  dessiné.  Les  arabesques,  ninsi  que 
la  couronne  de  laurier,  décèlent  une  grande  sûreté  de  main;  la 
tète  du  guerrier  est  moins  correcte.  On  sent  qu'il  s'ajgil  beaucoup 
moins  d'une  œuvre  d'art  proprement  dite  que  d'un  objet  de  fabri- 
cation courante;  c'est  nnc  décoration  improvisée  par  un  artiste 
capable  de  beaucoup  mieiu  faire  \ 

Le  second  vase  que  nous  avons  reconnu  fait  partie  de  la  rieh*' 
collection  de  Al.  Grave,  ancien  pharmacien  à  Mantes.  11  a  tes 
mêmes  formes  et  dimensions  que  le  précédent.  Le  décor  des  rin- 
ceaux bteu  lapis  est  identique,  ainsi  que  Ten  cadre  ment  courant 
formé  d*un  large  trait  jaune  d'ocre  entre  deux  filets  biens,  La  cou- 
ronne de  laurier  encadre,  cf  tte  fois,  le  buste  vu  de  profil  d'un  per- 
sonnage peint  en  camaïen  bleu  avec  glacis  jaune  clair  et  quelques 
rehauts  orangés.  La  tète  est  couverte  d'un  capuchon  qui  rappelle 
absolument  Ir  costume  traiiilioniiel  de  Pétrarque.  Du  reste,  Tîmi- 
tation  du  style  italien  est  flagrante  dans  ces  deu3t   faïences  %  les 

^  Box^iAFri,  Lt  meuble  en  France  au  stiiiême  siècle,  p.  Wî. 

*  \ou*  ae  TOudrJQus  pas  prête mln^  i\\ic  rc^s  m&t's  Jf  pljurniacii?  iai^^nl  nui- 
qoement  rccuvre  perfonnelle  àe  \[â«!^eot  .^baquoi^ne;  H  avait  dci  Aitlcn  qui 
ciceuUicDt  ift  besogne  commiioc  ite  TalL^lit^r  ;  muifn  il  devait  it^^  rpluntbor, 
Après  un  avoir  domié  \e  patron  ou  di<3i»i[i.  CVst  le  nionoi^rammc  i[ui  dotmi^  un 
intérêt  particulier  k  ces  btimble»  fiiifîrji'es,  t^t  c'est  ce  iïicnu;[r;inir]io  i|ur  nou^ 
avons  l'otdu  surtout  sit^naier  aui  amateurs  de  ta  «.vramitjiie  iiorniuudc 

^  Ihrci^l  disait  à  propos  du  carrek^i'  d'Ilcouni  :  t  On  recoTiimit  diiiis  ces  yaves 
tine  tmttatioD  manire»tL>  dea  procirdL*s  itabeas.  mais  tin  «pûl  tout  frani mis  dans  \(^ 
têtes  de  cbî  mère  s  qu'on  f  rencontre^  ai  tou^  les  curactéreK  d'uise  eii^t^'lleut^*  fabri- 
cation :  des  coyieur::  vîtes  et  b«rmoaieii»emrtit  londuÊi  dans  un  email  pur  suw 


30fi  L'HOTEL   DE    VILLE    D'ARLESp 

arabesques  semblent  copiées  sur  celles  que  représente  la  Bgure  100 
de  la  planche  XXXII  de  Tonvrage  de  Cipriano  Picol passe j  /  ire  Uhri 
deir  arte  delvasajo,  traduit  parClaudius  Popeliu. 

On  m'avait  présenté  ces  deux  rares  pièces  comme  appartenant 
à  quelque  fabrique  du  nord  de  Tltalie  ;  la  méprise  était  fort  expli- 
cable. Mais  le  monogramme  mab  ne  laisse  aucun  doute  sur  Pori- 
glne  rouennaise  de  ces  deux  pièces,  car  c*est  bien  celin  de  Masséot 
Abciquesne^  On  retrouve  d'ailleurs  dans  les  deux  vases  de  Pofit- 
Audemer  et  de  Mantes  ces  verts  vifs,  ces  violets  légers,  ces  jaunes 
cilrins,  aussi  bien  que  les  rinceaux  filiformes  bleu  lapis  qui  carac- 
térisent la  gamme  si  fine  et  si  lumineuse  du  carrelage  d'Eceuen, 

Je  suis  persuadé  quMl  existe  dans  d'autres  collections  privées 
des  vases  de  pharmacie  analogues  aux  deux  que  nous  irenons  de 
décrire.  Leur  monogramme  si  caractéristique  permettra  de  les 
restituer  à  leur  auteur,  Masséot  Abaquesne. 

L'abhê  PobAe, 

Membre  non  réaîdaat  du  Comité  de« 
Sociétés  des  6c«ui-Àrii  des  dépirte^ 
ments,  à  Bouroaînvrtle  (Hure). 


XXlll 


L'HOTEL  DE  VILLE  D'ARLES 

ET   SES   HUIT   ARCHITECTES 

C'est  une  histoire  fort  intéressante  que  celle  de  la  conslruction 
laborieuse  de  cet  édifice  qui  se  range,  ajuste  titre^  parmi  les  meil- 
leurs de  ce  genre. 

une  glaçure  brillante,  b  Notice  des /aïences  peintes,  italiennes^  hispano^-mc- 
ques  et  françaises,  1864,  p.  373. 

^  Le  monogramme  peint  sur  les  deux  vases  mesore  :  Tua  0*,06,  et  l*a«^ 
0«,t)S  de  hauteur. 


J 


t  HOTKL    DE    VILLE    D'ARLRS.  39T 

On  sait  que,  dans  la  seconde  moilïé  du  dix-septième  siècle,  lei 
municipalités  rivalisaient  pour  les  grands  travaux  ;  Lyon  venait 
d'achever  son  magnifique  Hôtel  de  ville,  et  naus  avons  précisément 
détailU'  ici  les  ouvrages  considéralilcs  de  décoration  qu*y  avait 
exécutés  le  peintre-architecte  Thomas  BlancAet  \ 

Aussi  nous  trouvons  le  conseil  d* Arles  très  préoccupé  te  16  aoùl 
I6G5;  il  délibère  ^  de  bâtir  une  maison  de  ville  et  de  faire  une 
B  salle  assez  grande  pour  contenir  le  grand  nombre  de  conseillers 
■  qui  assistent  aux  élections,  ne  pouvant  demeurer  dans  celle 
«  actuelle  sans  confusioiK  Les  consuls  seront  assistés  du  quatre 
a  nobles  et  de  quatre  bourgeois  pour  travailler  au  plan  et  dessin 
tt  et  donner  les  prix  faits  ^  v 

Consuls,  nobles  et  bourgeois  se  hâtèrent  si  bien  que,  nous  rap- 
portant à  ce  qui  est  expliqué  an  conseil  du  8  novembre,  les  prix 
fails  étaient  donnés  à  cette  date,  aux  enchères  publiques,  aux 
maçons  et  même  aux  menuisiers  et  aux  plâtriers;  un  plan  el  dessin 
avait  été  commandé  à  des  maîtres  jurés  et  entendus  architectes,  on 
ne  les  nommait  pas,  et  nous  le  regrettons  fort,  car  cela  eut  allongé 
encore  la  liste  qui  va  se  dérouler  devant  nous. 

Le  6  décembre,  Ton  achetait  une  maison  du  pri.v  de  9,000  livres 
pour  obtenir,  avec  la  maison  de  ville  ancienne  qu'on  avait  abattue, 
un  édifice  convenable;  entiu,  le  dernier  janvier  1GG6,  T intendance 
du  bâtimetkt  était  donnée  à  un  iL  Chalamon,  auquel  on  allouait 
pour  cela  une  gratiGcatiou  de  300  livres  quUl  accepta,  mais  qu'il 
se  réserva  de  donner  par  tiers  à  des  établissements  de  charité. 

L'alFaire  semblait  donc  n'avoir  plus  qu'à  suivre  son  cours  naturel; 
mais  il  nVn  fut  rien»  Car,  quantité  de  personnes  «'étant  mêlées  de 
dresser  des  plans  et  de  donner  des  dessins,  cela  n'eut  pour  résultat 
que  de  faire  tomber  dans  la  plus  grande  perplexité. 

Si  nous  nous  en  référons  aui  habitudes  de  notre  temps,  nous 
estimerions  que  les  consuls  auraient  du  couper  court  en  ouvrant 
un  concours  ou  en  choisissant  et  en  chargeant  purement  et  sim- 
plement un  seul  architecte  capable  de  toute  la  direction*  Cela  ne 
pouvait  pas  même  venir  à  leur  esprit,  parce  que,  à  cette  époque, 
l'organisation  des  travaux  n'était  pas  du  tout  la  même  que  celte  d'à 

[VU'  ¥ol.  dei  Héuniofis  des  Sociétés  des  Beaux^Arîs  des  diparUments, 

Cofittih  de  ia  viiiê  d'Aries  {1064-16TO,  1  BB  3i). 


308 


LàOTEL    DE    VILLB    D'ARLBâ- 


présent.  Réellement  il  né  fallait  à  ces  consuls  que  des  pians  à  leur 
convenance  :  ils  entendaient  rester  maîtres  en  tout  et  se  chargeaient 
de  diriger  Texécution,  aidés  des  maîtres  d'œuvre  des  divers  métiers. 
C'est  pourqnoi  la  noblesse  du  pays  et  quelques  personnes  com- 
pétentes leur  conseillèrent  d'avoir  recours  aux  lumières  d'un  gen- 
tilhomme d'Avignon,  M,  de  la  Valfenière;  a  homine  très  expert  et 
«  très  intelligent  en  ces  matières  »',  et  de  le  faire  veair  à  Arles 
pour  qu'il  pût  examiner  les  plans  et  dessins  qui  aiaient  été  pro- 
posés par  les  uns  et  par  les  autres,  choisir  le  meilleur,  ou  en  faire 
un  nouveau  *. 

Ce  gentilhomme  d'Avignon  n'était  autre  que  le  fils  aine  du  iéné- 
rable  architecte  de  TÉvéché  de  Carpentras,  de  Tabbaye  des  dames 
dé  Saint-Pierre  à  Lyon  et  de  nombre  d'autres  édifices,  François  de 
Royers  de  la  Valfenière j  alors  âgé  de  quatre-vingt-onze  ans  et  qui 

mourut  l'année  suivantei  le  ^2 
mars. 

Né  à  une  époquR  que  nous 
ignorons,  mais  qui  doit  se  rap* 
procher  de  161),  Louis-Fran- 
çois de  Royers  de  la  Valfenière 
est  mort  avant  1688,  puisque 
Marie  de  Rigolet^  qu'il  avïiU 
épousée,  était  veuve  à  cette  date. 
11  fitson  testament  le  H  octobre 
1678  au  couvent  des  (lapucrns 
d'Avignon,  légua  2,000  livres  à 
chacun  de  ses  eufaiits,  Pierre- 
François,  Claude  ou  Claudhis  et 
Elisabeth,  et  fit  un  legs  àsa^œur 
Anne,  veuve  de  IVicolas  Des- 
landes. 11  voulait  être  enterré  aux  Célestins  d'Avignon,  dans  le 
tombeau  de  son  père  dont  on  conserve,  au  Musée  de  celte  i  file,  la 
pierre  où  ses  armoiries  sont  gravées  (Gg.  1).  U  a  du  prêter  un 
concours  actif  aux  travaux  de  son  père,  surtout  dans  sa  vieillesse. 
On  lui  doit  l'agrandissement  du  chœur  de  la  métropole  d'Avignon, 
ville  où  il  a  fait  construire  une  maison  rue  Saint-Marc^  pour 


FiG.    1. 


*  Conseil  du  20  février  16<(6. 


Jéiuites,  11  Gt  ilea  travaux  au  monastère  de  la  Miséricorde  d'Avî*- 
^OR,  en   IGTTt  et  à  rê^jltae  de  Iludarridei  (Vaucluse),  en  1684  ^ 

II  se  rendit,  le  19  maip  nne  première  fois  k  Arles,  afin  de  voir  le 
bâiimeat  el  de  donner  les  mesures  et  dessins  que  les  prifacteurs 
devaient  suivre;  le  7  juillet^  il  re^ut  29  livres  pour  afoir  apporté 
I*élévation  du  bè liment. 

Xolons,  en  passant,  qu*en  août,  les  conseils  étaient  log^s  dans 
la  maison  de  Mme  de  Goull,  attendu  la  démolition  de  lancietine 
maiaon  de  ville,  et,  en  décembre,  dan;!!  partie  de  la  maison  de  Uel- 
kriû.  Le  14 septembre,  il  recelai l  161  livres;  ^  ,\  noble  Françoii 
i'  de  Revers  de  Valfenière  pour  ses  frais  de  voyage  le  (tremier  de 
i^  ce  Diois  pour  donner  nux  maçons  leâ  mesures  et  lu  li^ne  qu'ils 
^doivent  tenir  à  Télévation,  Télévaliun  des  portes  el  des  fenêtres 


Via,  2. 

»  et  encore  le  dessin  et  les  mesures  pour  la  grande  montée  quf  sera 
"  faite  en  von  te  suspendue  (ft<p  2).  n 

Le  2  novembre,  on  lui  paya  24  livres  pour  airoir  apporté  encore 
des  dessins;  enGn,  le  18  du  même  mois,  52  livres  pour  sa  direc- 
titm  pendant  vinr^t-sîx  journées  de  séjour.  L'ensemble  fies  ïiommea 
quMI  a  touchées  monte,  en  ronsé({ut'nce,  â  295  Jivrc^s^ 

L^édlfice  fut  élevé  ainsi  justju^ï  la  hunteur  de  deuiL  cannes 
(3'^,05!2).  Toutefois,  tout  ce  travail  ayant  Jinr  par  ne  plus  recueillir 
les  sutTrages  de  radminislratiou  municipale,  il  apparaît  qu'on  ne 
tarda  pas  à  le  raser.  Xous  pourrons  apprendre  plus  juin  sinon  les 
détails,  du  moins  les  avantages  de  ce  plaUp 

L'affaire,  nous  no  savons  pourquoi,  sommeilla  jusqu*en  1672, 
époque  où  tout  fut  remis  en  question.  La  muiiicipalilé  contfuuait 
à  siéger  dans  la  maison  où  elle  était  installée  lorsque,  le  7  août, 
les  consuls  invitèrent  te  conseil  à  [i rendre  une  décision  lUnnilive. 

*  Le* de  Hoyers  dt  la  Vai/enière.  Lyon,  Vjni[lni]jer.  tSTO:  J/rMoire^  de  fâca- 

étnîe  de  Vaucittie.  Atij^nciii,  IH^JV^  «tLi/o»  artittique.  Architectes ^  ftftÉtU? /',  de 

yers  dt  la  Vai/enîére,  L|ojJh  Bcrnoti^  el  Cu^niu,  1^9^.  Ce£  Irotti  ourrui^i»,  par 

CUJiKVET, 


400  L'HOTEL   DE    VILLE   D'ARLES. 

Les  uns,  dans  cette  circonstance,  opinèrent  qu'il  ne  fallait  paâ 
bâtir,  et  les  autres  que  c*était  indispensable.  On  se  rallia  à. cette 
dernière  motion,  et  Ton  nomma  huit  conseillers  nobles  et  bourgeois 
pour  s'occuper  sérieusement  de  la  construction.  Ceui-ci  £*adressè- 
renl  alors  à  Pierre  Puget,  qui,  revenu  de  Toulon  et  IravaHIant  en 
ce  moment  à  Marseille,  où  il  finit  par  se  fixer,  se  rendit  à  Arles  par 
deux  fois,  ainsi  qu^on  le  constate  par  les  délibérations  suivantes  : 

u  DavantagiB  a  esté  représenté  par  Messieurs  les  consuls  qu'en 
a  suitte  de  la  déllibération  qua  este  prinse  an  conseil  tenu  le  sep- 
a  tîesme  août  dernier  de  faire  bastir  incessamment  THôtel  de  ville 
u  sur  tel  projé  et  dessain  qu*il  seroittreuvé  à  propos.  Ils  ont  envoyé 
K  quérir  le  sieur  Pujet  architecte  de  la  ville  de  Marseille,  à  cette  fia 
H  de  faire  le  projé  et  dessain  de  la  d.  bâtisse  auquel  pour  les  paines 
«  et  soingt  qu*il  a  prins  de  venir  en  ceste  ville  de  voir  la  place  où 
a  le  dit  liostel  doibt  estre  basti  et  de  prendre  ses  dimensions,  ils 
tt  luy  ont  donné  soixante  livresdesquelles  ils  en  demandent  Tappro- 
n  Nation.  Le  conseil  a  unanimement  dellibéré  d  accorder  les  d. 
u  so rxante  livres  et  qu'elles  seront  admises  au  corn ptc  d u  trésorier  ' .  v 

<^  Messieurs  les  consuls  ont  demandé  Tapprobation,  etc.,  etc> 

tt  En  cent  cinquante  livres  payées  au  sieur  Pujet,  architecte  à 
«  Marseille,  pour  les  fraiz  d*un  second  voyage  qu'il  a  fait  en  cette 
^  ville  au  sujet  de  la  batice  de  Thostel  de  ville  que  pour  le  séjour 
a  qu'il  y  a  fait  pendant  seize  jours  pour  travailler  et  fere  son  projé 
u  du  plan  et  eslevation  dudit  hostel  que  du  travail  qu'il  avoit  fatct 
u  au  dit  Marseille  en  conséquence  de  son  premier  voyage*,  u 

Les  fonds  des  210  livres  furent  avancés  par  les  consuls,  chargés 
de  la  direction  des  travaux,  et  portés  à  Marseille^  la  quittance  est 


^^^ 


Fie.  3. 


signée  le  21  octobre  1672  par  GaspardPuget  (fig.  3),  maUre  nmcon, 
frère  de  Pierre,  lequel  il  aidait  dans  ses  travaux. 


t  Coûseils  du  9  septembre  1672.  Fol.  267-269  (I BB  35.  1670't675). 
«  Ibîd.,  21  novembre  1672.  Fol.  285-286. 


L^UOTEL    DE    VtLLB    [>'ARLE8..  401 


I  Ptft  plus  ciue  celui  de  là  Valf^nière,  le  projet  de  ce  deuxième 

I  ATchhede  ne  convint  aux  Arléâiens,  bien  que  le  grand  artiste, 

âge  alors  de  citiquante  ans,  (ùi  à  l'apogée  de  son  talent,  et  mes- 
sfeur»  du  conseil  lui  mirent  eo  balance  —  qai  pourrait  le  croire? 
—  le  12  féviier  1673,  un  troisième  projet  qui  leur  était  pré- 
seuté  par  les  conseillers  qui  s'occupaient  de  la  bâtisse,  celui  d*un 
frère  Clément,  reli(ïieut  augustin  d'Arles',  assisté  d*un  Nicolas 
Leoiaud  ou  Lieutard^  architecte  de  la  ville  de  Tarascon.  Nous 
Toila  déjà  à  quatre  architectes!  On  serait  disposé  à  penser  que 
c'était  Suî?  non;  îl  ne  tarda  pas  à  en  apparaître  un  cinquième, 
ni  c'était  Jacques  Peitret,  qualilié  maître  peintre  d'Arles,  lequel 
pourrait  bien  avoir  été  au  fond  Tiûstigateur  occulte  de  toutes 
ces  hésitations.  Quoique  non  spécialiste,  il  avait  rédigé  un  qua- 
trième plan, 

Dana  le  conseil  du  20  avril  1673,  on  apporta  les  quatre  projets 
sur  la  table>  cette  foii  avec  T intention  ferme  de  prendre  une  décision 
déCnitive.  Mais  —  cela  ne  pouvait  manquer — un  conseiller,  après 
avoir  fait  remarquer  que  Ton  avait  déjà  accepté  le  plan  Clément^ 
conclut  que,  puisqu'on  n  avait  encore  rien  commencé,  il  fallait 
s'en  remettre  à  ce  que  les  consuls  décideraient,  et  tous  opinèrent 
de  même.  Ce  n'était  qu'ajourner  la  solution;  car  nous  ne  voyons 
pas  pour  cela  de  projet  choisi.  Malgré  cela,  le  2  juin,  on  donna  le 
prix  fait  pour  exécuter  la  délibération  du  7  avril  :  a  pourtant  que 
"  l'host&I  de  ville  qui  a  esté  demoly  sera  incessamment  rebaty 
K  jusqii*à  son  entière  perfection.  » 

ËîiGn,  en  présence  de  T urgence  extrême  à  procéder  à  un  choix 
parmi  iouB  les  plans  présentés,  voici  ce  que  Ton  décida.  On  s'arrêta 
snr  l'un  de  ceux  qui  avaient  été  proposés  (sans  dire  lequel  dans  la 
délibération),  uy  adjoustant  et  y  repparant  »  ce  qu*on  croyait  rai- 
sonnable, et  on  chargea  de  mettre  au  net  cette  «  réparation  n,  un 
Dominique  PUleporie^  architecte  d'Arles,  espérant  obtenir  ainsi 
toutes  le»  commodités  désirables.  Vaine  illusion!  car,  malgré  ce 
sixième  architecte,  il  se  produisit  quelques  appréhensions  sur  la 
solidité  possible  de  l'ouvrage  à  cause  du  grand  nombre  de  personnes 
QUI  pourrait  remplir  les  salles  du  premier  étage  dans  certaines 
asJDHft-  Alors,  pour  se  rassurer,  on  en  fit  venir  un  septième, 

'  T'flçut  pour  ce  invait,  Ië  6  mftrs  1873.  1â  somme  de  60  livres. 

26 


K  40S  L*HOTEL   DE    VILLE    D'ARLES. 


Jean  Rochair  ou  Rochas  S  maître  maçon  (rAiignon^  qaaliGé 
quelquefois  architecte.  Quelle  dérision!  c'était  ce  maître  qui  m\{ 
agrandi,  en  1670,  le  chœur  de  la  métropole  d'Avignon  som  h 
direction  de  Louis*François  de  Royers  de  la  Valfenîèrel 

Rochair  approuva  le  plan  proposé. 

Entre  temps,  il  parait  que  de  la  Valfenière  avait  cunsenè  un 
chaud  défenseur  dans  la  personne  du  sieur  de  Somcyre,  lequel, 
pouf  la  forme,  fit  insérer  le  7  juin  dans  le  Fegi.'^lre  une  sém 
d'observations  curieuses  qui  nous  fournissent  ^es  délails  sur  Tédi- 
fice,  primitivement  commencé  en  1666,  puis  dômolL 

«  Àdvis  du  d.  Sieur  de  Someyre. 

tt  Du  septième  jour  do  dict  mois  de  juin,  le  dit  sietir  de  Some) t6 
a  a  dit  qu'il  est  d'advis  de  bastir  sur  les  fondemens  qui  ont  esté 
«  construits  suivant  le  dessin  du  d.  sieur  de  la  ValfenJère  et  qui 
a  avoit  esté  apreuvé  par  délibération  du  conseil  et  ensuite  eslever 
a  d'environ  deux  cannes  sur  les  vieux  fondemens  et  il  est  eu  eM 
«  de  faire  voir  que  ce  dessin  ester t  bon  et  bien  imagint*  et  qu'il  est 
«  à  tous  cas  facille  de  réparer  le  trop  grand  nombre  de  fenestm 
a  condamnées  par  ceux  qui  ne  voudroient  pas  suivre  le  d.  dessin 
tt  et  quelques  avez  (?)  et  quelques  degrés  qui  estoient  au  porche  du 
a  plan  de  la  cour  (l'arrière- façade)  au  marché  soutenant  le  dit  sieur 
a  de  Someyre  que  par  dessus  l'aprobaon  du  d.  conseil  il  n'est  poinl 
a  de  personnes  entendues  qui  ne  cognoisse  que  la  plate  forme  Jout 
«  s'agit  estoit  bien  mesnagée  et  qu'il  se  treuvoitau  d«  dessin  toutes 
aies  commodités  nécessaires  aux  usagés  pour  lesquels  lad.  maison 
c  commune  est  bastie. 

u  Que  quand  il  seroit  ainsy  et  que  non  que  le  dessin  du  d.  siettr 
a  de  la  Valfenière  heust  des  deffaults  qui  dussent  obliger  M^  U^ 
«  consuls  de  ne  le  suivre  pas,  les  deffauts  pourtant  n'estant  pas  im 
«  fondements  ou  s'il  y  en  a  du  côté  du  marché  (la  place  de  la  Répu- 
a  blique)  pour  n'estre  pas  tout  à  fait  à  lescaire  (équerrt?)  cela  pou- 
a  vant  estre  facillement  reparé  comme  il  Tavolt  offert  par  Tarchi- 
«  tecte  et  leslevaon  (élévation)  qui  avoit  esté  faite  et  qu'il  paroit 
a  encore  et  il  rapelle  mesmes  par  un  rapport  faict  parBricharpan- 
a  teur  commis  par  ordonnance  de  monsieur  le  lieutenanl  le  septième 
«  septembre  1667  (passage  illisible)  il  peut  avoir  faict  de  nouv^ 

*  Un  Jean  Rochas  est  mort  à  Avignon  en  1752.  (L'abbé  RiQptv) 


'    L'ffOTEL    DE    IILLE    D'AnLES.  40« 

9  dessins  ou  Us  beautés  et  les  comoililés  d'ooe  maison  telle  qae 
u  celle  en  question  se  peuirent  rencontrer.  Il  insiste  pour  que  cest 
ft  préférable  que  le  d.  bastitnent  par  on  espargnera  bien  du  temps 
«et  bien  d'argeuL 

«  Et  en  ce  qui  concerne  le  dessein  qui  vient  d*étre  esposé  (celui 
«  de  Pilleporte  approuvé  par  J.  Rochair)  il  y  a  lieu  destonnemant 
a  que  celluy  du  d.  Sieur  de  la  VaUentère  soit  rejeclé  pour  suyvre 
^  celluy  la,  n'y  ayant  personne  tant  soit  peu  entendue  en  architec- 
a  ture  qu'il  n'y  remarque  une  infinité  des  deffauts  et  des  plus 
u  considérables  heu  esgard  a  la  plateforme  et  aux  usages  pour 
■  lesquels  la  d.  maison  doîbt  estre  bastie. 

it  Et  ces  deffauts  consistent  le  premier  a  ce  que  la  plateforme  du 
«  d.  bastiment  n'estant  que  denviron  huictante  a  nouante  cannes  il 
Il  paroist  estrange  qu'on  employé  soixante  quatre  à  un  porche 
u  (vestibule)  et  que  par  la  il  soict  retranché  des  comodités  des 
m  membres  (salles)  bas  qui  sont  uécessaires  comme  il  est  sensible 
it  et  cogneu  sans  les  pârtlcuUrttez  outre  que  ce  grand  porche  est 
«  non  tant  seulement  superflu  puisque  la  dite  maison  aboutit  a 
CL  deux  grandes  places  mais  que  ne  sera  indubitablement  qu'une 
w  halle  pour  la  retraite  des  paysans  dont  il  sera  impossible  de  les 
»  tirer. 

tt  Le  second  que  le  degré  est  mal  p lassé  de  la  mectre  du  costé 
u  de  la  place  du  marché  (de  la  République)  qui  est  un  aspect  qu'il 
u  falloil  conserver  pour  faire  des  logements  visants  au  dict  marché 
a  du  costé  du  midi  qui  cest  un  simple  degré  d'une  maison  parti- 
al culiëre  et  qui  na  non  seulement  rien  de  beau  (il  a  été  agrandi 
a  clans  les  plans  postérieurs)  mais  qui  est  irrégulier  vysant  a  trois 
«  rampes  qui  ne  peuvent  esire  imposantes  qu'a  un  degré  a  lanterne 
a  qui  a  par  ta  diverses  beautés. 

m  L*e  troisième  deflaut  et  q^'il  est  la  suitte  du  second,  est  que  du 
d  d.  degré  on  n'entre  pas  dans  la  grande  salle  mais  seulement  dans 
^  unB  moindre  ce  qui  est  une  grande  irrégularité  (ce  défaut  a  été 
«  corrigé  dans  les  plans  postérieurs). 

s  L»e  quatriesme  consiste  en  ce  que  le  d.  degré  fait  perdre  la 

a,  fmmodité  de  plasser  les  archives  au  lieu  ou  elles  estoient  desti- 

es  suyvant  le  dessein  du  S'  de  la  Valfeuiére  et  de  tous  les 

litres  qui  ont  esté  proposés  quy  est  la  chambre  de  la  tour  de 

^'^rloge  a  costé  de  laquelle  et  sur  la  rue  de  sa  maison  du  prieur 


404  L'HOTEL  DE    VILLE    D'ARLES. 

a  da  Holins  il  y  avoit  une  chambre  qui  auroyt  este  des  àèpm- 
c  dances  des  dictes  archives  et  celle  du  d.  horloge  peult  eitre 
«  rendue  plus  claire  en  luy  faisa^nt  une  croysée  convenable  est 
a  marquée  au  dessein  qu*il  est  proposé  ou  la  d.  chambre  est  destinée 
a  pour  une  chapelle  qui  est  la  chose  la  plus  inu tille  pour  la  d. 
«  maison. 

a  II  s'ensuit  de  la  présente  un  cinquiesme  défiaut  que  les  d. 
tt  archives  sont  mal  plassées  suivant  le  dessein  contre  la  miirsille 
a  mitoyenne  avec  la  maison  du  roy  ny  ayant  pas  par  la  une  égalle 
a  asseurance  (sûreté)  et  on  peut  dire  que  cest  un  manquemeQt 
c  insupportable  de  plasser  le  plus  précieui  d*uDe  commuDâuté 
K  contre  une  muraille  mitoyenne  puisqu'elle  pourrait  estre  percée 
a  et  ouverte  et  d'ailleurs  que  les  archives  ne  seront  pas  à  défeodre 
a  du  feu  dans  cet  endroit  comme  dans  la  d.  toar  où  les  murailles 
«  sont  du  moins  de  six  pans  despesseur  sans  voisinage  e£  que  avec 
«  une  porte  de  fer  peuvent  estre  a  Tabri  et  a  couvert  de  toutes 
«  sortes  d'accidens  et  cest  mal  profiter  de  cette  rencontre  et  de  cette 
«  situation  que  de  les  transporter  ailleurs. 

a  Le  sixiesme  déffault  est  au  petit  escallier  touchant  la  situation 
a  dicelluy  puis  que  outre  qu'ils  gâteront  lordre  et  la.slmetrie  des 
tt  fenestres  du  costé  du  marché  il  faut  pour  y  aborder  par  le  bai 
a  passer  dans  la  chambre  du  concierge  et  au  second  e^tage  par  le 
tt  cabinet  de  M'*  les  consuls  ce  qui  est  une  grande  suiectioQ  et  par 
tt  la  cest  escallier  est  irrégulier  et  mal  mesnagé. 

tt  Dans  le  plan  cy.  dessus  dont  sagist  ou  il  est  pris  une  partie  da 
tt  marché  et  plus  du  costé  de  la  maison  du  roy  que  de  la  rue  de 
tt  l'horologela  fassade  du  costé  du  d.  marché  présantera  mal  pour 
(c  estre  plus  avancé  dans  la  dite  place  d'un  costé  que  de  l'autre. 

u  II  n'y  a  nulle  nécessité  de  faire  les  lignes  du  dit  bastiment 
tt  esgalles  celle  estant  impossible  du  t)out  de  la  ligne  a  lautre  prin- 
tt  cipallement  estant  basties  et  interrompues  par  diverses  murailles 
tt  de  séparation  et  il  voudroyt  bien  mieux  conserver  la  régularité 
tt  des  angles  que  légalité  parallèle  des  lignes. 

tt  Et  par  ces  moyens  le  d.  S'  de  Someire  soustient  que  le  dessein 
«  déposé  n'est  pas  recevable  et  perciste  a  tout  cas  qu'on  ae  doibt 
tt  pas  se  despartir  de  bastir  sur  les  Gondemens  déjà  faicts,  ^ 

Signé  :  a  Sou£ia&.  m 


r 


( 


L'HOTEL    DE    IILLE    D'ARLES,  4ù^ 


Quel  était  ce  plan  de  la  Valfeniëre?  Il  n  a  pas  été  CûRservé. 
Touterois  il  est  regrettable  (jue  Tavïs  qu'an  vient  de  lire  o  ait  pas 
été  entendu,  puisque  partie  des  défauts  signalés  apparaissent  clai- 
rement dans  la  distribution  du  bâtiment  actuel.  Nous  n  aurions  pas, 
il  est  vrai,  ce  cher^d'œuvre  de  coupe  de  pierres  qui  constitue  la 
Toute  du  vestibule,  lequel  a  conté  pas  mal  de  tracas  à  la  munici- 
palité d'Arles,  ainsi  qu'on  te  verra  plus  loin. 

11  est  exact,  d'autre  part,  que  nous  avons  vu  nous-mème,  un 
jour  de  marché,  avec  la  pluie,  ce  ve^tjtyule  hondé  de  paysans.  Où 
est  le  mal?  M.  de  Someire  n'était  qu'un  aristocrate... 

Par  contre,  le  grand  escalier  n'est  ouvert  que  dans  les  occasions 
importantes  ;  c*esi,  en  effet,  en  passant  par  la  loge  du  concierge,  ce 
à  quoi  on  ne  s'allend  guère,  que  Ton  parvient,  à  l'aide  d'un  tout 
petit  escalier,  aux  bureaui  de  la  mairie,  soit  deux  pièces  qu'il  faut 
encore  traverser  pour  arriver  jusque  dans  la  salle  magnifique  où 
reçoit  M,  le  maire. 

Vraisemblablement  les  distributions  iutérieures  furent  le  résultat 
de  la  a  réparation  n  opérée  par  Piileports  sur  les  plana  de  Pug^t^ 
du  frère  Clément  de  concert  avec  Leolaud  et  de  Peitret^  pour  la 
partie  décorative,  sur  ceux  de  ce  dernier  et  de  Puget. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  consuls  engagèrent  les  travaux  sur  ces 
données  qui  avaient  été  du  res^te  approuvées,  ainsi  que  nous  Taïons 
expliqué  plus  haut,  p^r  Rochair.  On  éprouvait  bien  encore  quel- 
ques doutes  sur  la  solidité  possible  de  la  voûte  à  construire  sur  le 
grand  vestibule;  mais  Rochair  soutint  que  le  plan  était  bien  fait. 
Les  consuls  se  décidèrent  alors  à  donner^  le  7  juin,  le  prix  fait 
à  Charles  TroHs  et  à  Claude  RouXj  entrepreneurs  d'Arles,  et  Ton 
posap  le  10,  la  première  pierre  dans  les  fondements  contre  la  tour 
de  l'horloge  du  côté  de  la  rue  au  levant. 

Mais,  le  12,  de  grands  personnages  arrivèrent  à  Arles  :  le  coad- 

joteur,  l'archevêque  et  Mamart et  il  se  produisit  un  nouveau 

coup  de  théâtre  au  sujet  duquel  nous  nous  permettrons  une  petite 
digression. 

Pendant  que  les  travaux  étaient  suspendus,  le  29  janvier  1669, 

^mncoise-Marie  de  Sévigné  épousait  Francois-Adhémar  de  Mon- 

,  -Omlede  Grignan^  lieutenant  général  au  gouvernement  de  Pro- 

'"^  en  Tabsence  du  duc  de  Vendôme  qui  ne  s'y  rendit  presque 

i«;  madame  de  Grignan^  qui  avait  alors  vingt  et  un  ans,  «  ta 


406  L'HOTEL   Dfi    VILLE    D*ARLES, 

plus  jolie  fille  de  France  '  » ,  en  prenant  a  non  pas  le  plus  joli 
garçon,  mais  un  des  plus  honnestes  hommes  du  royaume*  s 
espérait  qu*il  ne  s'éloignerait  pas  de  Paris  et  de  la  cour  oii  Ton 
parlait  beaucoup  de  son  mérite  et  de  ses  qualités.  Même  M''*  dt 
Sévigné  avait  refusé  MM.  de  Caderousse  et  de  Mérinvâk, 
précisément  parce  que  leurs  terres  étaient  situées  en  Provence, 
Les  événements  changèrent  tous  ces  calculs  d'amour  et  de  ten* 
dance  maternelle;  le  comte  de  Grignan,  au  contraire,  séjourna 
presque  constamment  en  Provence,  et  la  France  doit  se  féliciter 
de  cette  circonstance;  car,  si  la  fille  fût  restée  auprès  de  la 
mère,  peut-être  n'aurions  nous  pas  cette  correspondance  detrenae 
célèbre. 

En  effet,  Theure  de  la  séparation  ne  se  fit  pas  attendre;  le  comte 
partit  de  Paris  le  19  août  1670,  et,  en  février  1671,  Mme  de  Grl- 
gnan  dut  quitter  sa  mère  pour  se  rendre  à  Avignon,  Arles,  Ait, 
Marseille,  où  elle  fut  reçue  «  comme  une  reine,  et  haranguée  par 
«  une  foule  de  notables,  qu*elle  écouta  sans  rire,  chose  éton- 
«  nante'  d.  En  même  temps  pleuvaient  les  cadeaux.  On  )ît  dans 
les  registres  des  conseils  d* Arles  que»  le  16  juillet  1673,  le  comte 
de  Grignan,  sa  femme  et  madame  de  Sévigné  étant  arrivés  à  Aii, 
les  consuls  d'Arles  n'ont  pas  manqué  d'aller  les  saluer  et  de  leur 
ofirir  vingt-quatre  boîtes  de  confitures. 

Toutefois,  n'anticipons  pas  ;  il  fallut  pourtant  se  reposer  quelque 
part,  et  le  comte  conduisit  son  épouse  au  château  de  Griynan,  ancien 
édifice  placé  sur  un  rocher  fsolé,  construit  dans  la  première  moitié 
du  seizième  siècle  et  qui,  s'il  avait  fort  bon  air,  ceci  dit  sans  plaî- 
sauterie,  ne  se  trouva  pas  présenter  tout  le  confortable  qu'eii* 
geaient  les  fêtes  que  les  Grignan  y  donnaient.  En  janvier  1G72> 
Mme  de  Sévigné  s'y  rendait  à  son  tour  et  ne  le  quitta  que  le  5  oc* 
tobre  1673. 

Or,  qui  est-ce  qui  allait  restaurer  ce  château?  C'était  JuU%' 
Hardouin  Mansart,  âgé  de  vingt-sept  ans  alors  S  dont  la  répa- 
tation  grandissante  lui  avait  procuré  les  Grignan  pour   clieDti* 

*  Lettre  de  madame  de  Sévigné  da  18  août  1668. 
^  Ibid,,  4 décembre  1668. 
'  Ibid.,  du  4  mars  1671. 

^  V'oir  la  notice  que  nous  lui  avous  consacrée  dans  Lyon  artistique.  Arckii 
Lyon,  Bernoux  et  Cumin,  1898 


L^&OTEL    DE    VILLE    DMULEB^.  4(n 

El  qui  est-ce  qui  allait  ûuirir  sa  Kourse,  pour  cm  travaux,  au 
mmie  de  Grignan  qui  ft'entleltait?  Celait  Jean-Baptiste  Adhémar 
de  Monteilj  son  oncle ^  coa<)juteur  de  Tarchevéché  d'Arles  de- 
puis IG67^ 

Ainsi  sVxptique  la  présence  de  ces  personnages  en  Profence. 

Maintenant  nous  allons  passer  la  plume  aux 

Mémoires  de  Je^h  de  Sabatieh^  gentilhomme  d'Arles*^ 

tt  Jetois  à  Tara»con  pour  des  alfaifcs  particulières  el  j*y  rencon- 
^  Irai  M*  le  coadjuteur  qui  venoit  de  la  cour  et  qui  partait  de  là 
ï  pour  aller  à  AU,  Il  me  demanda  ce  qu'il  y  atoit  de  nouveau  et 
1^  comme  Je  lui  eus  appris  la  peine  ob  nous  avions  été  pour  choisir 
■  un  dessin  pour  notre  H6tel  de  ville,  H  me  dit  que  Mansartj 
V  fameux  architecte,  étoit  descendit  aiec  lui  ju&qu'à  Avignon,  qu'il 
<i  étoit  allé  voir  le  pont  du  Gard  et  les  arènes  tte  Mmeâ,  el  qu'il 
h  lui  écriroit  pour  nous  conseiller  sur  notre  hàtiment;  je  le  priai 
<t  de  nous  accorder  cette  grâce. 

ii  Quelques  jours  après,  Mansart  vint  à  Arles,  je. le  fis  savoir  au 
a  sieur  de  Grille,  alors  consul,  et  à  ses  collègues,  et  nous  fumes 
&  tous  le  trouver  à  Tarchevéché  ou  il  logcoit.  Il  vit  le  plan  et  Télé- 
ci  vation  de  Peitrct;  il  fut,  avec  nous,  sur  le  lieu  du  bâtiment  et, 
t»  après  avoir  loué  te  def^sln  de  notre  architecte,  il  dtt  qu*il  y  avoil 
«  quelque  chose  do  mieux  à  faire  si  on  souhaitait  qu'il  fit  un  projet 
f  de  sa  façon.  Les  consuls  le  prièrent  d'y  Iravniller  pourvu  qu'il 
f  ne  changeât  pas  les  foudemens  et  qu'il  ne  fallut  pas  abattre  la 
u  tour  de  Thorloge;  il  dit  que  cela  le  génoit;  mais  qu'il  emploie- 
il  roit  tout  son  art  pour  nous  faire  un  dessin  qui  lui  fît  honneur 
ti-  et  qui  fut  propre  à  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  une  maison 
a  commune.  Il  fit  donc  celui  que  Ton  voit,  que  Peitrei  fît  exécuter 
€t  fidèlement  et  qu'il  a  même  enrichi  de  quelque  chose  de  $on 
C4  imagination. 


*  C'est  lui  qui  a  Tait  cooslruire  Tarchevéché  d'Arles  attcaaDt  à  rôr]lise  Saint- 

Tfl^pliiaie,  où  il  fut  enseveli  dans  la  chapelle  (ie  Saint-Genez  avec  son  oncle  Frari- 

r,  archevêque  d'Arles,  mort  le  9  mars  1689.  à  l'âge  de  quatrc-vin<^t-six  ans, 

^C  il  fut  le  coadjuteur  pendant  vingt-deux  ans.  Il  est  mort  le  2  novembre  1697. 

Bfîbfiotbèque  d'Aix  en  Provence,  publiés  dans  Le  Musée,  Revue  ariésienne, 

-^ie,  p.  193-194. 


408  L'HOTEL   DE    VILLE   D  A&LBS. 

«  Mansart  ne  fit  pas  Tescalier  comme  il  le  voulut  à  cause  des 
«  fondemens.  » 

On  voit  ainsi  comment  la  munieipaUté  ne  manqua  pas  d'alkr 
consulter  an  bnitième  architecte,  et  il  es!  fart  heureux  que  cela 
ne  paraisse  pas  avoir  encore  motivé  un  nouveau  retard. 

Nous  allons  nous  arrêter  à  présent  assez  tonguement  sur  celle 
période  de  raffaire,  qui  est  la  plus  importante  pour  rhi^toire^le 
l'art,  puisque  les  utis  disent  que  rédilice  est  tout  de  Mansart, 
tandis  que  d'antres  croient  que  tout  Thonneur  revient  kPeitrei^ 

Nous,  nous  n'essayerons  pas  de  trancher  la  question  entre  les 
deux  parce  que  nous  savons  d'avance  que  cette  recherche,  qu'on 
persiste  à  faire,  envers  et  contre  tout  dans  des  circanstances  ana- 
logues, ne  saurait  donner  aucun  résultat  certain* 

Car  c*est  une  erreur  que  Ion  commet  constamment  de  nos  jours 
que  d*étudter  les  œuvres  anciennes  et  de  juger  les  artistes  qui  f 
ont  travaillé  selon  ce  qui  se  pratique  à  notre  époque  dans  tes  tra* 
vaux  de  bâtiment.  Il  n'y  a  aucune  analogie  possible,  parce  que 
encore  au  dix-septiéme  siècle  les  administrations  et  les  particuliers 
se  préoccupaient  bien  plus  de  s'entourer  des  meilleurs  avis  de  tous 
ceux  qu'ils  consultaient,  que  de  leur  tresser  des  couronnes  pour 
leur  gloire  future  dans  les  biographies  en  n'admettant  aucun  par- 
tage. 

En  réalité,  les  œuvres  d'architecture  d'avant  le  dix-huitième 
siècle,  en  France,  ne  sont,  pour  le  plus  grand  nombre,  que 
le  résultat  d^efforts  collectifs»  ainsi  qu'on  le  constiite  par  THôtel  de 
ville  d'Arles,  et  il  s'en  trouve  fort  peu  d'individuelleâ. 

Pourquoi  donc  s'entêter  à  ne  vouloir  y  inscrire  qu'un  seul  nom, 
lorsque  la  plupart  de  ceux  qui  y  ont  coopéré  étaient  des  pralicieni 
complets,  par  la  raison  bien  simple  que  dans  ces  temps  on, avait 
le  bon  sens  de  ne  pas  séparer  l'art  du  métier? 

Mansart  prit  quelques  jours  pour  examiner  les  divers  projets, 
après  lesquels  il  remit  un  .plan  où  il  supprimait  les  piliers  <!^i 
voûtes  du  vestibule,  son  opinion  étant  qu*il  pouvait  èlre  voûté  sur 
toute  sa  surface  sans  ces  piliers;  il  indiqua  aussi  que  le  grand 
escalier  ne  devait  aller  que  jusqu'au  premier  élage  et  détermina 
d'autres  détails. 

Enfin,  il  fit  exécuter  un  dessin  de  la  façade  sur  la  place 
Marché  par  la  main  de  Peitretj  et,  en  partant,  il  pria  las  consi 


"STi 


4 


PUnche  XXIV.  l'ajl»^  40K 

DKSSI.V     l»OLH     I.  A    F  A  C  n>  K    l>  K    l/IIOTKI.    DK    \  I  M.  K    D  AHI.KS 

SLR     \.\     rL^«;K     ou     I'L1\     I»K     I.  \     i.tU  H 

(Kig.   i.) 


1 


r 


L'HOTEL    DE    VILLE    D  ARLES.  -M» 


de  rau1orifi€r  à  remmener  avec  lui  juiiju'à  Béziers,  où  il  allait 
pour  le  bâlimenl  de  rëféijDe,  afin  de  pouvoir  lui  faire  dessiner, 
soQS  sa  direction,  la  façade  du  côté  de  la  place  du  plan  de  la  cour 
(Tarri ère-façade)  et  de  lui  donner  toutes  instructions,  modèles  et 
panneau :i  pour  les  voàtes  du  bâtiment. 

Peiiret  partit  à  Béziera  avec  Mansart^  le  7  juillet;  il  y  était 
encore  le  16. 

ï^zMansarî/i\  n'est  resté  à  THôtel  de  ville  qu'un  dessin  (à  0*^,35. 
—  L.  0",24)  de  la  façade  posté  ri  eu  1*6  ;  en  hnut,  on  lit  de  son 
écriture  ; 

Ortftographie  du  costé  du  pian  de  la  cour  ou  autrement  la 
façade  que  tay  faict  pour  icelttypour  l'hostel  de  mite  d'Arte. 

Sifjné  :  Habdoliv  MANSAt^T^ 

Derrière,  cette  note  ;  Ce  croquis^  vendu  à  la  ville  par  Michel 
Dugres,  n'est  pas  du  vrai  Mansart  Jules-Hardouin,  mais  de  son 
fi'ère  Michel  Hardouin  Mamart^  comme  lui  ingénieur  et  archi- 
tecte du  roi,  La  preuve  se  trouve  au  registre  I,  CC,  691,  titre  125 
d  255*  13'  armoire,  2'  rayon >  Archives  communales. 

Réellement,  ce  dessin  est,  ainsi  qu^on  Yieni  de  le  voir,  de  la 
main  de  Peitret  sous  ta  direction  de  Jules^Hardouin  Mansart; 
mais  c'est  son  frère  Michel  qui  la  signé  en  même  temps  quM 
touchait  pour  lui  le^  500  livres. 

Dans  ce  dessin,  les  fenêtres  du  premier  éta^je  sont  différentes  fte 
celles  esécutées;  elles  oGTrent  une  arcade  dans  le  yenre  de  cellesdu 
rez-de-Hrbaussée  dans  laquelle  s'inscrit  le  quadrilatère  de  la  fenêtre  ; 
cette  disposition  a  été  maintenue  à  peu  près  pour  la  fenêtre  ceti- 
Irale  sur  la  place  de  la  République  (fi;j.  9). 

Il  fut  alloué  cinq  cents  livres  à  Mansart  pour  son  travail,  les- 
quelles furent  comptées  à  son  frère  Michel  (fig.  6)  au  vu  de  la  pro- 
curation suivante: 

a  Procuration  donnée  par  Messire  Julle-Ardoin  Manssat,  con- 
«  seiller  du  Roy,  ingénieur  etarchitecte  des  bàtimens  de  Sa  Majesté, 
«  à  Hessire  Hichel-Ardoin  Mansat,  conseiller  du  Roy,  ingénieur 
«  et  architecte  des  bastimens  de  Sa  M<ijeslé,  son  frère,  par  devant 

^  Voir  ci-dessus,  planche  XXIV. 


] 


410 


L'HOTEL   D£   VILLE   D'ARLES. 


tt  le  notaire  royal  Look,  dans  le  palais  épîscopal  de  Saint-Pons  de 
«  Tbomiëres  poor  recevoir  en  son  nom  des  consuls  d'Arles  la 
%  somme  de  cinq  cens  livres,  pour  un  dessin  qa*il  faict,  etc.,  etc. 
«(5  août  1673).  » 

Signé  : 


-yêw^ûui/f  %^]i3^Ja4^L 


FiG.  5. 


R«9itfrc  I  ce  691,  nM25. 

Voici  la  signature  de  Michel:  Arles,  7  août  1673' 


Fio.  6. 


La  Valfenière  n'avait  touché  que  295  livres,  et  Pugei  210; 
mais  ils  n'étaient  pas  présentés  par  un  si  grand  et  si  haut  person- 
nage que  le  coadjuteur. 

JuleS'Hardouin  Mansart  simplifia  depuis  sa  signature  cl  ne 
signa  plus  que  Mansart  tout  court,  ainsi  qu'il  résulte  de  celle 

*  Jacques  V  Gabriel  àcheia  de  sa  veuve,  le  il  juillet  1687.  sa  charge  de  i 
trôleur  général  alternatif  des  Bâtiments  du  Roi.  (\lipe  G.  Despibrrbs,  I.  XIX 
Comptes  rendus  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départements,  p.  WJ.) 


LHOTEL   D£   VILLE  .  DlARLEft. 


411 


apposée  sur  une  contention  du  21  février  1702/faUe  ^ovrdefprix 
de  bois  de  charpente  â  rournir  à  Versailles.'. 


Fifi.  1. 


Pendant  ce  temps ^  PUleporte  condaisait  les  travaux  avec  le  con- 
trôle de  Cliambarranf  bourgeois,  qui  avait  été  délégué  par  le  con- 
seil dan£  ce  but,  et  qui  fut  chargé  de  le  régler  le  5  juillet  1673. 


Cpî/U^ûfitj 


FiG.  8. 

Nous  venons  de  voir  comment  fut  désintéressé  Mansart;  Rochait 
«VAvignon  n'avait  reçu  le  J8  juin  que  72  livres. 

a  La  somme  de  Tl  livres  vtn  sieur  Jean  Rochaet  M*  architecte 
^  d*Avignon  pour  le  voyage  et  séjour  par  Iny  fait  pSur  décider  cer- 
u  laines  djfticuUès  proposées  contre  le  plan  fait  par  Dominique 
u  Pilleporie,  M'  architecte  de  cette  ville,  pour  le  bastiment  de 
a  rUôtel  de  Ville,  lesquelles  difficultés  il  nous  a  résolues  et  décla- 
u  rées  par  le  certïGcat  du  3  de  ce  mois,  le  dit  plan  est  bien  et 
-  deuenient  faict.  « 

Peiiret,  outre  les  sommes  qu*il  avait  reçues  auparavant,  fut  payé 
comme  il  suit,  le  15  novembre  1673  '. 

«  Mandat  de  224  livres  à  Jacques  Peitret,  peintre  et  architecte  de 
a  cette  ville,  pour  les  soins  et  vacations  par  lui  employés  à  la  con- 
«  duite  des  dessins  dressés  par  M.  de  Mansart  pour  la  bâtisse  de 


Archives  nationales,  CotTespondance,  carton  10201. 
Registre  I  CC  69t,  n»  225. 


t'HOTBL   DB    VILLB   D'ARLES.  418 

I  FHôtel  de  Ville,  voyage  par  lai  faict  à  Béziera  oh  étoit  le  dil  Man- 
i  sari  poar  prendre  de  lay  les  instractions  et  divers  avis  poar  ledit 
i  dessin  d^élévation  par  luy  faites  de  la  façade  da  côté  da  marché 
'  et  iceiluy  du  plan  de  la  coar  et  aatrement  pour  toat  ce  qa*il  a 
;  lail  pour  la  d.  bâtisse  depuis  le  mois  de  may  dernier,  jusqu'à 
i  présent.  > 


Mi/yJ- 


FiG.  10. 

Le  dernier  décembre  on  accorda  60  livres  à  Antoine  dit  La 
liviire,  M*  maçon  d*Aiz,  pour  un  modèle  des  voûtes  du  porche  ou 
estibule;  car  il  est  de  toute  évidence  que  si  Peitret,  artiste  peintre 
e  son  métier,  pouvait  être  compétent  pour  la  décoration,  il  ne 
était  pas  pour  la  coupe  des  pierres. 

On  rapportait,  au  conseil  du  18  mars  1674,  que  les  travaux  ' 
vaient  marché;  on  avait  élevé  jusqn^à  la  corniche  du  premier  ordre 

rustique  »  ;  toutefois,  certains  travaux  n'avaient  pas  été  réglés 
ux  entrepreneurs,  on  leur  donna  un  acompte  et  on  nomma  des 
xperts  pour  estimer  le  travail  exécuté. 

Cependant,  la  voûte  du  vestibule  ne  cessait  de  donner  de  Tem- 
arras;  on  appela  à  Arles  Jean  Vaille,  dit  Bonaventure^  maçon  et 
rchitecte  à  Marseille,  à  ce  qu'il  parait  désigné  par  Mansart  pour 
ss  modèles  et  panneaux,  et  on  lui  paya  42  livres  pour  ce  travail 
insi  que  pour  une  loge  en  bois  qu*ii  avait  faite  sur  la  place  du 
larché  aGn  que  les  ouvriers  de  THôtel  de  ville  puissent  s*y  réfu- 
ter en  cas  de  mauvais  temps. 

Le  même  jour,  on  donna  le  prix  fait  des  ferrements,  etle  18  juillet 
elui  de  la  charpente  d*après  les  dessins  de  Peitrei,  qui  de  peintre 
tait  passé  définitivement  Tarchitecte. 

\kk  discussion  s*éleva  le  12  août, entre  lui  el  les  entrepreneurs 
laçons,  au  sujet  du  mur.de  refend,  séparant  la  salle  du  salon  qu^il 
oulait  qu'on  bâtit  et  qu'ils  ne  voulaient  pas  élever  encore  ;  le  con- 
sil  donna  gain  de  cause  aux.  entrepreneurs.  Mais  ceux-ci,  livrés 
insi  à  des  directeurs  de  travaux  sinon  incompétents,  du  moins 
raillés  par  toutes  sortes  d*avis,  se.  trouvaient  en  présence  d'un 


414  L'HOTEL   DE    VILLE    D'ARLES. 

antre  ennui  ;  c'était  le  moment  de  construire  la  voûte  du  vestibule. 
Ils  avaient  bien  les  modèles  d'Antoine  dit  La  Rivière  et  de  Jean 
Vallié,  dit  Bonaventure ;  Mansart  en  avait,  parait-il,  commandé 
un  autre  à  Paris  ;  mais  il  ne  venait  pas  ! 

Les  travaux  allaient  être  arrêtés  ;  on  écrivit  en  conséquence  à 
l'éditeur  de  Mansart^  le  coadjuteur,  lequel  répondit  de  Paris,  le 
dernier  août  : 

a  Messieurs,  je  ne  puis  qu'approuver  la  résolution  que  vous  avez 
«<  prise  de  faire  travailler  à  la  voûte  de  vostre  Hostel  de  ville  sans 
tt  attendre  le  modelle  que  M.  Mansard  avoyt  promis  de  vous  en- 
tt  voyer;  les  ouvriers  qu'il  y  a  fait  travailler  sy  sont  appliqués 
a  avec  tant  de  négligence  que  leur  longueur  est  capable  de  lasser 
a  la  plus  grande  passience;  je  vous  avoue  que  jestoys  desja  au 
tt  bout  de  la  mienne  et  que  jay  este  fort  aize  que  vous  ayex  prii 
tt  parti  de  n'attendre  plus.  Jay  vu  le  dessein  que  S'  Peytré  vous 
tt  avoye  dressé  à  Arles  étcelluy  qu'on  avoit  commencé  iey  et  il  me 
tt  semble  qu'il  y  a  beaucoqp  de  conformité  et  que  vous  pourriez 
tt  en  sûreté  faire  exécuter  \e  premier.  Jay  bien  du  regret,  Mea- 
tt  sieurs,  de  n'avoir  pas  pu  vous  procurerer  la  satisfaction  que  voui 
«  avez  désirée  de  mes  soins  dans  cette  affaire»  etc.  y^  Ceci  était 
expliqué  le  16  septembre. 

Il  fallait  donc  se  résigner  à  se  passer  de  ce  modèle  !  On  ouvrît  les 
avis,  et,  comme  toujours,  le  conseil  s'en  remit  à  la  prudeoce  des 
consuls.  Cependant,  le  3  novembre,  on  annonça  enfin  qu'on  avait 
reçu  de  Paris  le  fameux  modèle;  toutefois  sur  Tinsistance  de  Pei- 
tret  on  avait  commencé  la  voûte  qui  porte  le  mur  de  refend  de  la 
grande  salle.  Voici  ce  qui  fut  alors  résolu  : 

a  Considérant  que  le  premier  dessain  de  voultes  que  lions  lUan^ 
«  sard  avoyt  remis  au  S'  Peytret,  estoyt  le  plus  beau  et  le  meilleur, 
«  d'aultant  qu'il  déchargoyt  davantage  la  muraille,  du  costé  du 
«  plan  de  la  cour  outre  quils  sont  tons  demeurés  daccord  que  pour 
&  exécuter  ce  nouveau  dessein  il  falloit  surbaisser  l'arc  qui  doiybt 
«  porter  la  d.  muraille  de  refTend  et  ce  faisant  desmoUr  les  tas  de 
ft  charge  qui  sont  faits  et  qui  vont  sous  les  voûtes  ce  qui  Duyrolt 
«  extrêmement  à  l'ouvrage,  de  sorte  que  tous  ces  messietirs...  ont, 
a  d'une  commune  voyx  conclu  et'  attesté  qu'il  falloyt  continuer 
a  premier  dessein  de  M.  Mansard.  » 

La  seule  différence,  parait-il,  entre  celui-ci  et  le  dernier  modi 


L'HOTEL    DE    VILLE    D'ARLES. 


415 


envoyé  était  que  la  voûte  du  côté  de  la  place  de  la  République 
eût  été  un  peu  plus  basse  que  la  graode  du  côté  de  la  taçade  pos* 

térieare. 


FiG.    11. 

jS.  Porte  4a  càté  d«  U  pl«e«  dt  la  Répabliqa*.  —  B.  Porte  da  côté  de  U  plte«  da  plan  d«  la  coor.  — 
C.  Entré*  4«  |rand  mealiar.  —  D.  Tour  d*  l'Horloge.  —  E.  Coaciergo  «l  antre*  da  l'eaealier  d««  baraaai 
d«  la  mMkrim. 


On  paya  225  livres  au  coadjuteur  qui  avait  avancé  Tardent 
pour  payer  ce  modèle. 

Lorsqu^on  examitie  ce  vestibule,  on  se  demande  pourquoi  il  y 
m  un  avancement  des  deux  côtés  au  midi  et  que  la  voûte  y  est 
moins  large.  Cela  a  été  exigé  pour  porter  les  murs  de  refend  sépa- 


416  L'HOTEL   DE    VILLE    D'ARLES. 

Tant  les  salles  aundessus  et  renforcer  ainsi  la  grande  voûte.  Toutes 
ces  tergiversations  nous  ont  valu  un  chef-d'œuvre  de  coupe  de 
pierres  que,  par  tradition,  visitent,  en  môme  leoips  que  la  vis  de 
Saint-Gilles,  tous  les  compagnons  tailleurs  de  pierre  faisant  leur 
tour  de  France. 

La  sculpture  des  chapiteaux  et  modillons  des  façades  fut  exécutée 
par  Jean  Lapierre,  Jean-Baptiste  MamaiUe  et  Jean  Andrieu^ 
sculpteurs.  Celle  des  armoiries  du  Roi  et  des  trophées  par  Jean  de 
Dieu. 


p^QcK 


FiG.  12. 
(16  septembre  1673.) 

Ce  sculpteur  exécuta  également  une  statue  équestre  de  Louis  XIV, 
placée  en  1675  dans  la  niche  du  vestibule  en  face  du  grand  escalier 
(laquelle  fut  brisée  pendantja  Révolution),  ainsi  que  les  deux  lions 
qui  se  trouvent  à  Tentrée  de  cet  escalier.  Il  paraît  qu'il  accompagna 
à  Paris  la  statue  antique  de  la  Vénus,  qu'on  crut  longtemps  être 
une  Diane,  trouvée  le  5  juin  1651  par  le  bénéficier  Naufari  Brun 
au  pied  des  deux  colonnes  du  théâtre  romain,  qui  lui  fut  payée 
61  livres  par  la  municipalité  et  qui  fut  offerte  à  Louis  XIV,  par 
délibération  du  conseil  du  17  novembre  1683,  Ce  fjit  IVf.  de  Grille, 
premier  consul,  qui  fut  député  au  Roi  pour  la  lui  offrir,  et  il  rendit 
compte  de  sa  mission  le  23  janvier  1684.  Il  avait  été  naturellement 
fort  bien  reçu,  et  on  lui  avait  donné  une  chaîne  d*or  avec  une 
médaille  de  la  valeur  de  plus  de  2,000  livres.  Le  Roi  le  remercia 
en  ces  termes  : 

tt  Monsieur,  vous  pouvez  assurer  MM.  d*ArIes  que  j'ay  esté  bien 
a  touché  de  la  joye  et  de  Tempressement  qulls  ont  témoigné  pour 
tt  me  faire  plaisir  en  me  donnant  leur  statue.  Vous  pouvez  leur 
tt  dire  de  ma  part  que  je  leur  en  sais  un  bon  gré  et  que  je 
Cl  feray  tous  ceux  que  je  pourray  dans  toutes  les  occasions  a 
«  présenteront,  s 


I/HOTEL    DE    VILLE    D'ARLES.  411 

C'est  au  coadjuteur  que  la  ville  (l*Arles  doit  de  s'être  dépouillée 
(le  cette  statue,  car  c'est  lui  qui  en  avait  parlé  au  Roi  et  qui  avait 
provoqué  la  délibération  du  17  novembre  1683.  De  cette  manière, 
le  coadjuteur  put  faire  sa  cour;  de  Grille  reçut  un  cadeau 
vraiment  royal,  et  la  ville  d'Arles...  rien  du  tout. 

On  sait  qu'en  creusant  le  sol  pour  établir  une  citerne,  on  ren* 
contra  d  abord  la  tête;  puis,  les  consuls  ayant  fait  travailler  tout 
autour,  on  découvrit  bientôt  le  corps  et  les  pieds.  Il  n*y  eut  que 
les  bras  qu'on  ne  put  retrouver;  ils  furent  restaurés  par  Girardon; 
toutefois  il  esiste  une  estampe  8i<]née  :  Jean^Michel  Ogier.  Ltu/d, 
sculp.,  où  elle  est  représentée  sans  eux  '.  Un  moulage,  en  fort 
mauvais  état,  est  plate  sur  le  premier  palier  du  grand  escalier  de 
THôtel  de  ville. 

Deux  inscriptions  furent  placées  dans  Tintériçur  du  vestibule, 
rappelant  le  commencement  et  la  lin  des  travaux»  Tune  de  1673, 
avec  les  noms  de  Jacques  de  Grille*,  Jean  Autran,  Gaspard 
Brunet  et  JeanSopiis/e  Jehan,  consuls,  et  l'autre  de  1684,  avec 
ceux  de  Jean-Baptiste  de  Forbin,  André  Pazin,  Elzéar  Vachier 
ei  André-Barthélémy  La  ne  au  ;  celle  dernière  n'existe  plus. 

Le  22  mars  1G76,  on  accorda  à  Peitret  une  indemnité  »  pour 
a  avoir  conduit  la  bâtisse  de  THotel  de  ville  avec  beaucoup  de  soin 
u  et  d'industrie,  et  pour  s'être  a|)pli(|ué  aussi  à  enlever  l'obélisque 
a  du  Jardin  où  il  était,  et  le  faire  transporter,  etc.,  etc.  » 

Kn  effet,  Peitret  s'employa  à  Topération  de  l'érigement,  sur  la 
place  principale  devant  THùtel  de  ville,  d*un  obélisque,  provenant 
probablement  de  la  spina  du  cirque  romain,  et  dont  il  dessina  le 
piédestal  (6g.  9).  Il  fut  élevé  en  une  demi-heure,  le  20  mars 
1676,  par  Claude  Pagnon,  marchand  de  la  ville  de  Illarligues, 
aidé  iV Antoine  Barthélémy,  maître  d'aches  ou  d'argués  (c'est-à- 
dire  de  cabestans)  de  Marseille,  par  suite  d'un  marché,  ratifié  le 
15  janvier,  d'une  somme  de  3,700  livres  à  forfait. 


>  fiibliothèqae  ualionale.  Estampes.  Topo<jraphie  de  la  France.  Arles  (Bouches* 
du-Rliône). 

•  Jttcques  t"  de  Griltây  seigneur  de  Robins  et  d'Estoubleau,  déjà  nommé  par 
Je-n  DE  S.4BATIER.  fut  fondateur,  en  1622,  de  la  Société,  dite  du  Bel  Ksprit,  qui 
devînt  TAcadémie  des  BouU-rimés  et  prit  le  titre  d'Académie  royale  par  ordon- 
na ice  royale  de  1666,  mais  qui  dura  peu  {Académie  d'Arles  au  \i  ii»  siècle,  par 
Ta    bé  A.-J.  Raxce). 


418  LE    SCULPTEUR   IMBERT    BOACUOK 

Il  existe  six  ou  sept  estampes  '  de  cet  obélisque,  dont  tinp 
grande,  en  perspective,  de  1676  :  De  Poïlly^  Sculp,  Cura  Jac. 
Peitret  arelat.  arch.  Il  repose  sur  quatre  petits  Itous,  posés  »ur 
un  piédestal  très  simple,  entouré  d*une  barrière  formée  de  borner 
reliées  entre  elles  par  des  barres  de  fer. 

Les  inscriptions  des  quatre  faces,  qui  ne  sont  pas  lisibles  sur  le 
monument,  se  trouvent  au-dessous  en  légende. 

Une  des  estampes  plus  petites  a  été  gravée  par  Jean  Atwan,  L  ne 
somme  de  700  livres  fut  payée  à  un  sieur  Raubin,  le  2  jamler 
1678t  pour  celles  présentées  au  Roi. 

E.-L.-G.  Charvkt, 

Membre  non  résidant  du  CoibHë  dei  Socié- 
tés des  Beaux-Arts  des  déportemeaii, 
à  Lyon. 


XXIV 

LE  SCULPTEUR  IMBERT  BOACHON 


Il  ne  reste  presque  plus  rien  des  monumenlâ  tpie  la  Renais 
sance  avait  édifiés  dans  notre  région  avignonuaise*  L^égUse  de 
rObservance,  à  peu  près  complètement  décorée  à  cette  époque,  a 
été  détruite  de  fond  en  comble,  si  bien  que  peu  de  nos  eoni pa- 
triotes pourraient  en  indiquer  remplacement;  les  cbàleaum  de  la 
Tour-d* Aiguës  et  du  Barroux,  qui  auraient  pu  souLeiiir  la  compa-^ 
raison  avec  les  châteaux  des  bords  de  la  Loire,  sont  au]aurd*Iiui  eu 
ruine.  Aussi,  pour  apprécier  dans  notre  pays  d'Avignon  cet  artp 
qui  a  produit  en  France  des  merveilles,  en  sommes-nous  réduite 
à  étudier  quelques  œuvres,  modestes  au  moins  par  leurs  propor- 

^  Bibliothèque  nationale.  Estampes.  Topographie  de  la  Fronce  (Jkucbe. 
Rhône). 
'  Probablement  François^  car  ils  étaient  trois  frères. 


te    SCULPTEUR   llfBERT   BOACHO\. 


419 


tîons.  Cesï  re  qui  nous  amètie  à  vous  parler  tlNin  sculpteur, 
ftnbert  Boaclioti,  dont  le  nom  n'a  jamais  Hc  cité,  et  qui  a 
eep#Q{lant  laissé  dans  notre  ville  quelques  travaux  remarquables, 
dont  Jeux  fiiiEisislent  encore  aclueUetnent. 

Imlert  Doachon  —  quelquefois  appelé  JSochon  ou  Ulanchon  — 
était  originaire  du  diocèse  de   Mâcon  ;  divers  actes  en  font  foi. 
D'oiï  venait'il,  quand  il  arriva  dans  Avignon?  Nous  ne  saurions  le 
dire;  mais  il  est  certain  qu'il  avait  habité  quelque  temps  Alais, 
puisqu'il  s'y  maria  avec  Jeanne  Fabrègue.  De  ce  maria  (je  naquit 
un  fils  nommé  Dooi inique  qui  devint  sculpteur  comme  sou  père  et 
travailla  avec  lui;  d'après  une  quittance  de  Tannée  1527,  nous 
Toyons  [[ue  Dominique  était,  à  cette  époque,  à^è  de  seize  ans,  ce 
qui  nous  permet  d^afrirmer  que  le  marîa.^e  de  fîoacbon  n'eut  pas 
lieu  plus  tard  que  15tO.  Boaclion  possédait  même  une  maison  à 
Alais,  5oit  qu'il  Peut  achetée  pendant  son  séjour  dans  cettn  ville, 
joll  qu'elle  fit  partie  de  la  dot  de  sa  femme.  Le  1 J  septembre  1527', 
il  donne    à   maître   Hartliêlemjf  Berton,  son  serviteur,  une  pro- 
curation qui    permet  à  celui-ci  de  vendre  cette  maison  ^  â  qui 
bon  lui  semblera  et  au   prix  qu'il  voudra,  pourvti  toutefois  qu'il 
s'entende  au  préalable  avec  Jacques  Fabr^gue,  prêtre,  prieur  de 
Saint-Lazare  et  beau-frère  du  sculpteur.  Ou  pourrait  peut-être 
aussi  prétendre  qu^il  avait  séjourné  au  Pont'Saint'Esprit  ;  en  effet, 
dans  une  autre  procuration,  it  charge  le  mémeBerion  de  recouvrer 
la  somme  de  trois  écus  d'nr  sol,  moins  cinq  sous,  due  par  André 
Lombard  ,   praire  du  Pont-Saint*Ksprit  '.   .Vous  avuns  vainement 
cherché  à  quelles  œuvres  Boacbon  avait  pu  occuper  son  ciseau, 
Êoii  à  A  lais,  sait  au  rout-Saiut-Msprit.  Notons  eue  are  en  passant 
que  Bertoti  était  chargé  également  dans  la  dernière  procuration  de 
recouvrer  une  croix  de  pierre  à  sept  pcrào nuages,  laquelle  devait 
être  en  souffrance  au  péage  de  Grignan*,  ou  bien  d'en  réclamer  iç 
prWp  si  la  croix  avait  été  vendue. 

A^ous  donnons  toutes  ces  indications  pour  faciliter  les  recherches 


^  Archives  dépurlcmciitale»*  ^ond/i  Pons,  n"  1067,  f°  5S. 
*  Cette  maiaoa  tétait  me  dcvàui  U  dmelièrfi  ât  YégVus  paroismle  de  Saint* 
JeAa. 

'  Notes  brèreii  de  Gcor^^es  Safourey,  1515,  T'^IOB.  —  Étude  deM'de  Beâuîjcu. 

^  Chef- H  eu  de  cantoQ  de  la  Drâme|  dans  rurrûndïîiemeat  de  MoaléliniAr* 


420  LE    SCULPTEUR    IMBEIH'    HO/^CïrOX. 

futures  sur  notre  artiste,  et  nous  passons  aiii  travaux  qu'il  eiéciita 
dans  Avignon. 

il  était  établi  dans  la  ville  des  papt^s  notis  ne  savons  depuis 
quelle  époque  ;  mais,  le  29  octobre  152i,  il  promît  au  manioc  et 
spectable  mesire  Perinet  Pûrpalha,  docteur  en  chacun  droyt  ft 
chevalier,  de  lui  édifier  el  sculpter  /^  retable  de  le  autier  et  en 
entrée  de  sa  sacristie  de  sa  chapelle  située  en  l'église  de  Saint- 
Pierre^de- Avignon  '.  Le  contrat  nous  reiivoîe,  comme  toujours  en 
pareil  cas,  à  un  portrmt  —  plan  et  dessin  —  signi*  diîs  parties, 
alors  annexé  à  Tacte,  mais  aujourd'hui  perdu,  {jui  éctairdrait 
d'une  façon  singulière  les  clauses  un  [leu  conTusês  du  prix  fait, 
Cependant  on  peut  conclure  avec  certitude  qu*il  s'agit  ici,  iiort  iWih 
simple  tabernacle,  mais  d'un  autel  et  de  son  retable,  L'acle  notarié 
ne  spécifie  rien  sur  Tautel  proprement  <lit,  sinon  qu'il  ne  sera  fM 
construit  en  pierre  de  Pernes  ou  de  VvJlcTon  comme  le  reste  thi 
monument.  Le  contrat  exige  que  Tartistc  li^présente  au-desstis  de 
Tautel  la  (Jène  de  Xotre-Seigneur,  et  plus  liant  trois  statues  :  là 
sainte  Vierge  tenant  Tenfant  Jésus  dans  ^es  bras,  saint  Sébastien  et 
sairtt  Rocb,  avec  les  ornements  qui  les  accompagnent,  c'est-à-dir* 
les  niches,  les  pilastres,  etc.*  En  outre,  Bimclion  devait  sculpter 
rentrée  de  la  sacristie  particulière  de  cette  chapelle  et  faire  une 
armoire  aussi  grande  que  possible  dans  Vantel,  nraioîre  qui  devait 
s'ouvrir  du  côté  de  la  sacristie.  Tout  ce  travail  devait  être  terminé 
et  posé  à  la  fête  de  Noël  de  Tannée  suivante,  moyeu naot  lu  somme 
de  40  écus  d'or  sol,  de  deux  tonneaux  de  \in  à  la  mesure  d\4il* 
gnon  et  de  deux  petites  charges  de  hU  k  la  mesure  du  Coiuhil, 

L'autel  était  à  peu  près  à  la  même  place  qu'il  occupe  aujour- 
d'hui, c'est-à-dire  contre- la  paroi  orientale  de  la  chapelle,  dan^ 
le  même  sens  que  le  maître-autel  et  la  sacnslie,  assez  csîgue. 
devait  se  trouver  dans  le  passage  qui  donne  actuellement  accê«  ^ 
la  petite  porte  du  nord,  du  côté  de  Tancien  cloître.  Plusieurs  foi^ 
changé  de  place,  le  retable  a  perdu  sa  destination  première,  pane 
qu'on  le  prenait  pour  un  tombeau  —  tious  dirons  pins  bas  pour 
quel  motif;  —  l'autel  et  la  porte  de  lu  sacristie  ont  disparu  ;  àh 
place  de  Tautel,  on  a  mis  une  base  carrée,  lourde  et  disgracieuff 


*  Arcliives  départemeulales  de  Vaucluse.  Fotjd'î  l*oii,s  u**  557,  P*  IVL 

*  Voir,  ci-coutrc,  planche  \\V,'  , 


V,fP    liii 


LK    WKTiBLK    »K     rKHUKT    ï'AHIMll.l.K 

rttt   m  m  lit   nu  ii.iit>\. 


LE    SCULPTEUR    UIBERT   BOACHON. 


in 


X  moelIoQS  blancs,  sur  laquelle  repose  directement  la  Cène^  qui 
rvait  de  gradin  à  Taulel. 

Sculpfée  en  demi-relief»  la  Cène  mesure  2", 22  de  large  sur 
,34  (le  haut.  Au  centre,  Notre-Seigneur  ;  autour  de  lui,  assis 
près  de  la  table,  rangés  par  groupes  de  deui  ou  trois»  les 
ôtres  s'interrogent  du  regard  et  semblent  se  dire  :  «  Quel  est  le 
lire?  y>  Saint  Jean»  à  côté  du  Sauveur,  a  la  tète  appuyée  sur  la 
lie,  et,  tout  k  fait  au  bord  à  droite,  Judas  tient  sa  bourse  dans 
main  dissimulée  sous  la  table,  et  d*un  air  sceptique  pose  au 
itre  la  même  question.  Plus  haut,  trois  niches,  séparées  par 
t  pilastres  Renaissance  ornés  de  fines  arabesques,  se  terminent 
coquilles;  elles  sont  surmontées  par  une  architrave  couverte 
rabesques  au  milieu  desquelles  on  voit  le  lion  armé  de  Par- 
(le  '.  Au-dessus,  dans  de  riches  frontons  à  arc  surbaissé,  on 
t,  au  centre,  Dieu  le  Père  (à  mi*corps)  bénissant,  et,  de  chaque 
^,  un  ange  tenant  des  phylactères.  A  la  place  des  statues  de  la 
ite  Vierge,  de  saint  Sébastien  et  de  saint  Roch,  disparues  au 
ns  depuis  la  Révolution,  on  a  mis,  de  nos  jours,  les  statues 
Sacré-Cœur,  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  de  la  même 
ur  artistique  que  celles  que  Ton  voit  à  chaque  pas,  dans 
s,  à  la  devanture  des  magasins  des  environs  de  Téglise  Saint* 
lice. 

9  retable  a  longtemps  passé  pour  le  tombeau  de  Périnet* 
aille  ',  fils  du  précédent,  qui  portait  le  même  prénom  que 
père  et  comme  lui  avait  été  primicier  de  PUniversité.  Il  aban- 
la  la  religion  catholique  pour  un  froissement  d*amour-propre» 
iva  la  ville  d'Orange  dont  il  présidait  le  tribunal,  s'empara 
rases  sacrés  et  fut  pris  à  Bourg-Saint-Andéol  au  moment  où  il 
npagnait  ceux  qui  allaient  les  vendre  à  Lyon.  Il  fut  ensuite 
,  condamné  et  mis  à  mort  dans  Tune  des  cours  du  Palais  des 
s.  Comme  il  avait^  avant  sa  mort,  donné  des  signes  de 
itir  et  qu'il  était  revenu  à  la  foi  de  ses  pères,  il  fut  enseveli 
le  tombeau  de  sa  famille,  situé  dans  la  chapelle  où  se 
ait  le  retable,  d'où  Ton  avait  conclu,  dans  la  suite,  que  ce 
le   était  le  tombeau  même  des  Parpaille.  11  s'ensuivit  toute 

blason  des  Parpaille  porte  d'argent  au  lion  de  gueules  armé. 
ist  de  son  nom  qu'est  venue  Tépithète  de  Parpaillots,  donnée  aux  prêtes- 
B  signe  de  mépris.  « 


•4 


►fi'*-  il 


I  ■ 


422  LE   SCULPTEUR  IMBERT   fiOACHON. 

une  légende  :  ou  racontait  que  les  héritiers  de  Péri  net,  demeurés 
fervents  catholiques,  avaient  fait  sculpter  la  Cène  sur  ce  tombeau 
afin  de  protester  contre  la  négation  du  dng[ue  de  la  présence 
réelle,  négation  qui  constitue  l'un  des  articles  priocipaux  de  k 
croyance  des  réformés. 

L'histoire  est  en  contradiction  formelle  avec  la  légende.  Il  est 
certain  d*abord  que  la  Cène  n'a  pas  été  sculptée  dans  ce  but, 
puisqu'elle  fut  commandée  avec  le  retable  en  1524  et  que  Péri- 
net  Parpaille  fils  eut  la  tète  tranchée  le  9  septembre  1562.  Eu 
outre»  le  retable  était  distinct' du  tombeau.  Pour  établir  ce  point, 
nous  n'avons  qu'à  citer  la  description  de  ce  monument  par  le  cha- 
noine de  Véras,  qui  dépeint  ce  qu*il  a  vu  de  ses  propres  yeui '* 
Après  nous  avoir  raconté  la  fin  de  la  vie  de  Péri  net  Parpaflle,  il 
ajoute  :  (^  Il  fut  inhumé  dans  la  sépulture  de  ses  ancêtres  qui  est 
dans  Téglise  collégiale  et  paroissiale  de  Saint-Pierre,  joignant  la 
sacristie  où  sa  famille  lui  a  fait  élever  un  mausolée  composé  de 
trois  statues  de  pierre  blanche  de  trois  pieds  de  hauteur  repré- 
sentant saint  Pierre  avec  ses  clefs,  saint  Paul  avec  son  épée,  saint 
André  avec  sa  croix  d'une  main  et  de  l'autre  tenant  un  rouleau 
sur  lequel  on  lit  ces  mots  :  Suscipe  discipulum.  Au  pied  de  ces 
saints  sont  deux  chanoines  à  genoux  en  surplis  et  au  musse  priant 
Dieu  pour  ledit  Parpaille,  dont  on  voit  le  squelette  parfaitement 
travaillé  au  bas  duquel  on  voit  ces  vers  en  lettres  gothiques  : 

Qnisquis  ades,  tu  morte  cades,  sta,  rcspicCf  plori, 

Sum  quod  eris,  modicum  ciaeris,  pro  me,  prect^r,  ora*  t 

H  ne  me  paraît  pas  qu'il  soit  utile  d'insister  :  c'est  bien  le 
retable  d'Imbert  Doachon  qui  est  resté  debout,  quoique  mutilé,  et 
non  le  tombeau  commandé  par  les  héritiers  de  Périnet  Parpaille 
fils.  ,  * 

Avant  que  ce  retable  fût  complètement  payé,  Boachon  avait 
entrepris  un  ouvrage  du  même  genre  qui  lui  fut  commandé  par 
Paul  Doni  l'ainé  '.  Celui-ci  voulait  décorer  une  chapelle  qu'il  avait 
demandée  au  chapitre  de  Saint-Agricol,  et  il  passe  le  contrat  de  prix 
fait  avantmémed^avoir  obtenu  des  chanoines  l'autorisation  définitive. 


*  Manuscrit  de  Véras,  f»  69. 

^  Archives  départementales.  Fonds  Pons,  n«  1792,  ^  U8, 


LE    SCULPTEUR   lUBEftT   BOACHON. 


An 


retable,  en  pierre  de  Pernes,  devait  être  orné  de  vingt  statues, 
èdaillons  et  d^autres  ornements  conformément  au  dessin  fait 
né  par  Tartiste  et  contresigné  par  Paul  Doni  et  le  notaire, 
le  prix  de  800  écus  d'or  dont  il  reçut  300  immédii^tement» 
on  s'engageait  non  seulement  à  sculpter  le  retable,  mais 
B  à  le  mettre  en  place  à  ses  frais.  Il  se  mit  à  Tœuvre  sans 
,  si  bien  qu'il  avait  complètement  terminé  son  ouvrage  au 
l'octobre  :  le  prix  fait  avait  été  passé  le  29  avril  1525.  Mais 
anoines  allaient  moins  vite,  et,  par  une  lenteur  tout  ecclé* 
ue,  laissaient  désirer  longuement  l'autorisation.  Aussi  Paul 
ut-il  obligé  de  leur  adresser,  le  5  octobre  1525,  la  supplique 
te:  a  Messieurs  le  doyen,  capisco  (capiscol)  et  chanoine  (sic) 
se  à  vous  le  noble  Paul  Dony  leyne  (Painé)  que  autres  fois 
i  a  parlé  de  fère  fere  le  retable  à  l'oter  (l'autel)  de  Saint- 
)fle  au  fons  de  la  lée  (allée,  nef  latérale),  vers  les  claustres, 
retable  est  ja  faict  jusques  à  poser  corne  scamcs  ;  et  partant 
lUS  lui  aves  promis  les  quatre  pilliers,  c'est  du  bénécbier 
s  a  l'autier  du  mein  entrant  par  la  petite  porte,  et  lui  pré* 
e  y  funder  une  confrérie  de  la  Anuntiation,  de  que  non 
ut  estre  sevelis  (ensevelis)  dedans  ladite  chapelle  fors  que 
|ue  y  ont  leurs  tombeaux  et  de  présent,  ou  ceux  qui  seront 
ite  confrérie.  Partant  vous  plera  de  moy  concéder  ladite 
e  et  donner  licence  au  maistre  de  poser  ledyt  retable  ansi 
a  luy  semblera  et  de  ce  m'en  fere  acte  par  votre  secretayre 
y  puisse  fere  ce  que  me  playra  juxte  ma  dévotyon  '.  « 
;banoines,  cette  fois,  ne  se  firent  plus  prier;  ils  consentirent 
nande  de  Paul  Doni,  en  sauvegardant  toutefois  les  droits 
hevéque  pour  ce  qui  concernait  l'érection  de  la  confrérie. 
norons  si  le  prélat  (it  des  difficultés  sur  ce  point;  ce  qu'il 
I  de  savoir,  c'est  que  le  retable  fut  mis  en  place  à  Tendroit 
,  oii  il  se  trouve  encore  aujourd'hui.  Seulement,  il  y  eut 
)s  difficultés  pour  le  payement,  d'abord  entre  Boachon  et 
mi  Tainé,  ensuite,  à  la  mort  de  celui-ci,  avec  son  frère, 
>ni  le  jeune,  qui  continua  le  procès  devant  le  lègat.  Louis 
)bé  de  Saint-André  de  Villeneuve,  fut  même  nommé  par 
:  pour  juger  PaiTaire  ;    mais  après   plusieurs  années  de 


A^ 


■\i' 


■I.: 


I  1 


brevet  de  François  Morini,  1525,  f"  173.  —  Elude  de  M' de  Beauiieu. 


^. 


424  LE    SCULPTEUR   IMBERT    BOACHOX. 

querelles,  les  parties  (inirent  par  se  mettre  H'acconl.  Les  deu 
adversaires  en  furent  pour  leurs  frais  de  procédure,  et  Paul  Donj 
s'engagea  à  donner  à  Boachon  les  15  écus  qu'il  réclamail  '.  Ces 
procédés  n'étonnent  guère  de  la  part  de  nos  ancélres,  qui  se  plai- 
saient.dans  la  chicane;  ils  surprennent  encore  moius  leuant  des 
Doni,  qui,  s'ils  aimaient  les  arts,  n'étaient  pas  toujours  géuéreui 
envers  les  artistes,  et  avaient  de  la  peine  à  payer  même  Michcl-An<{e. 

Ce  retable  des  Doni  occupe  encore  sa  place  primitive  et  serl  de 
fond  à  la  nef  latérale  de  droite,  dans  Téglise  paroissiale  île  Saint- 
Agrîcol,  entre  la  petite  porte  du  sud  etTentrée  du  clui^ur.  Il  forme 
pour  ainsi  dire  trois  parties  distinctes. 

D*abord,  une  base,  sévère  —  surtout  si  on  la  compare  au  reste 
du  monument  —  sans  aucune  sculpture,  avec  quatre  pilastres  en 
saillie,  au  milieu,  un  petit  autel  soutenu  par  deux  colonnes 
carrées  ^  ;  au-dessus,  au  gradin  de  Tautel,  una  vulgaire  plaque  de 
marbre  sur  laquelle  on  lit  :  Ave  Maria^  et  qui  tient  aujourd'hui 
la  place  d*un  bas-relief;  de  chaque  côté,  sur  les  pilastres,  îles 
médaillons  d^une  belle  facture  \ 

Plus  haut,  dans  ce  que  j'appellerai  la  seconde  partie  du  moDu- 
menty  au-dessus  de  l'autel,  sous  une  arcature  surbaissée  soutenue 
par  des  pilastres  couverts  de  délicates  arabesques,  le  mystère 
de  TAnnonciation  en  ronde  bosse;  au  sommet,  Dieu  le  Père;  à 
gauche,  la  sainte  Vierge  debout,  et  à  droite,  l'ange  Gabriel  s'age- 
nouillant.  A  la  même  hauteur,  entre  les  grands  pilastres,  dans 
une  niche  gracieuse  un  ange  tenant  un  enfant  par  la  main.  On 
voit  au-dessus  et  au-dessous  de  cette  niche  Técu  des  Doni  :  lî'aznr 
au  lion  d^or  à  la  bande  de  gueules  chargée  de  trois  croissants 
d'argent  brochants  sur  le  tout. 

Enfin,  au-dessus  de  l'entablement,  couvert  comoie  presque  tout 
le  retable  d*ornements  d*une  finesse  exquise,  dans  un  rectangle 
allongé  encadré  par  des  pilastres,  un  groupe  de  ciuq  anges,  en 
haut  relief»  qui  font  de  la  musique,  et  tout  au  sommet  un  fronton 
triangulaire,  surmonté  en  pointe  et  sur  les  c6tés  de  trois  anges 
portant  chacun  un  écusson.  Au  milieu  du  fronton  s'étale  la  Aeor 
de  lis  florentine. 

1  Notes  brèves  de  François  Morini,  1532,  f»  32.  —  Étude  de  M'  âe  Bcaatîrfl. 

*  Cet  autel  a  été  construit  récemment. 

*  Voir,  ci-contre,  pi.  XXVI. 


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K I.  T  i  B I. K   n  v:  s    r) o M 


IMSl-KEI,IKK    l»^;COI  VEUT    E%     l»*IH 


1 


b 


LE    SCULPTCUB    IMBERT    BOACHON. 


é^b 


Tout  ce  travail,  d'une  délicatesse  exquise,  a  élé  barl>ouilIé 
isieurs  fois  d'une  couche  de  couleur  grisâtre  ;  les  statues  du 
lieu  polychromées  d'une  façon  indigne  se  détachent  sur  un  fond 
0  bleu  intense  constellé  de  fleurs  de  lis  d*or.  Un  des  côtés  du 
ablea  été  coupé  pour  faire  une  nouvelle  porte  à  la  sacristie,  ce 

donne  à  Tensemble  du  monument  un  aspect  désagréable, 
près  les  clauses  du  contrat,  les  statues  devaient  être  au  nombre 
ringt  ;  il  n'en  reste  plus  que  treize  à  Theure  actuelle  ;  si  Ton  y 
t  les  deux  qui  ont  été  enlevées  quand  on  a  coupé  le  côté  gauche 
retable,  nous  atteignons  au  chiffre  de  quinze  ;  les  cinq  qui 
iquent  devaient  occuper  la  place  de  la  plaque  de  marbre  sur 
elle  on  lit:  Ave  Mariai  A  la  retombée  de  la  voûte,  sur  le 
r  du  sud-ouest  de  cette  travée  de  la  nef  latérale,  en  face  du 
droit  du  retable,  Boacfaon  avait  placé  un  bénitier  d'un  dessin 
gracieux,  décoré  des  armes  desDoni,  bien  que  ce  travail  ne 
as  indiqué  dans  le  prix  fait.  Aucune  pièce  d'archives  ne  prouve 

en  soit  l'auteur,  mais  le  faire  seul  vaut  un  document, 
ndant  que  le  procès  des  Doni  durait  encore,  Boachon  et  son 
ominique,  à  peine  âgé  de  seize  ans,  s'obligèrent  à  construire, 

l'église  de  l'Observance,  une  chapelle  pour  le  compte  de 
lin  et  de  Henri  de  Rouvillasc  ;  ils  promettaient  d'y  élever  un 

d'y  sculpter  un  retable  et  d'y  construire  un  tombeau  *. 
;I  devait  être  placé  sur  la  paroi  orientale  de  la  chapelle,  dans 
me  sens  que  le  maître-autel;  cette  disposition  était  semblable 
5  de  la  chapelle  des  Parpaille.  Au  retable,  qui  ne  devait  pas 
moins  de  10  pans  (2°, 50)  de  haut  sur  9  pans  (2", 25)  de 

l'artiste  était  tenu  de  sculpter  le  mystère  de  la  Xativilé  et 
ter  la  statue  de  sainte  Elisabeth  à  celles  qui  étaient  déjà 
ées  sur  le  croquis  fourni  par  Boachon.  Sur  le  gradin,  à  la 

uîs  que  nous  avons  écrit  ces  lignes,  on  a  enlevé  cette  plaque  de  marbre 
iécouvert,  encadrées  dans  des  niches.  les  cinq  statues  qui  manquaient  ; 
euiement  elles  avaient  élé  maçonnées  avec  du  plâtre  et  dos  débris  de 
p*r  le  vandale  qui  avait  fait  poser  la  plaque  de  marbre,  et  il  a  été 
le  de  les  dégager  de  cette  gangue  sans  les  mutiler  gravement, 
lie  de  Gilles  Roberty.  —  Etude  de  M^  Vincenti.  notaire  à  Avignon.  Les 
luviliasc,  originaires  de  Celles  en  Piémont,  avaient  acquis  la  seigneurie 
ox  oà  ils  avaient  fait  édifier,  dans  le  style  de  la  Renaissance,  un  château 
mi  en  ruine.  Peut  être  pourrait-on  prétendre  qu'ils  avaient  employé 
à  fa  décoratioo  de  ce  château;  mais  nous  n'avons  aucun  document  qui 
roove. 


1  I 


426  LE    SCULPTEUR   IXIBERT    BOACHOX. 

place  où  se  trouve  la  Cène  dans  le  retable  des  Parpaiile,  ïktûchoQ 
était  obligé  de  représenter  Thistoire  des  Rois  Alagei^s.  Sur  le  mur 
du  fond  de  la  chapelle,  notre  artiste  devait  construire  le  lombe«a 
au-dessous  du  vitrail.  Il  est  à  regretter  que  le  contrat  ne  nous 
donne  aucun  autre  détail  et  nous  renvoie  dm  portrait , 

L*ouvrage  devait  être  terminé  huit  mois  après  la  coticluâion  de 
Tacte,  pour  le  prix  de  160  écus  d'or  sol  et  de  deux  sulmées  de 
blé;  Boachon  en  avait  reçu  déjà  120  avant  d'avoir  couiniencé  le 
travail,  et  il  s'engageait  à  n'accepter  aucune  besogne  pour  lui  ni 
pour  son  fils,  avant  d*avoir  achevé  celle-là.  Nous  ignorons  s'il  tint 
parole,  mais  tout  nous  le  fait  supposer»  car  il  fut  iulégmlctiient 
payé  le  22  octobre  1528.  Malheureusement,  il  ne  reste  alKsoluiVi^nt 
rien  de  cette  chapelle,  et  nous  ne  pouvons  apprécier  la  valeur  de 
cette  œuvre  de  Boachon. 

Nous  sommes  obligé  d'eiprimer  les  mêmes  regrets  sur  le  derDÎer 
travail,  connu  de  nous,  que  Boachon  exécuta  dans  no(re  ville.  Son 
client,  Jean  de  Cocils,  dit  Agaffin,  prévôt  des  monnaies  du  Pape, 
avait  commandé,  le  24>  août  1527,  à  Antoine  Rocheiort,  maçon  t\ 
sculpteur  d'Avignon,  un  ciborium  pour  Téglise  de  Saint-Pierre.  Ce 
ciborium,  semblable  aux  édifices  gothiques  du  même  genre,  fol 
placé  entre  le  raaître-aute'  A  la  sacristie,  et  il  était  presque  ter- 
miné le  15  août  1528.  A  cette  date,  Rochefort  était-il  mort,  avant 
d*avoir  mis  la  dernière  main  à  son  œuvre  ?  Était-il  incapable  d'achever 
convenablement  le  travail  commencé?  ou  bien  encore  avatl-il  cessé 
de  plaire  à  Jean  de  Cocils?  Nous  ne  saurions  nous  prononcer^  mais 
il  est  certain  que  Boachon  fut  chargé  de  sculpter  trois  slittues  pour 
ce  ciborium  :  au  milieu,  celle  de  la  sainte  Vierge,  tenant  lenfaDt 
Jésus  dans  ses  bràs;  à  droite,  saint  Jean-Baptiste,  et  n  ^jaucbe  saint 
Jacques.  Il  s'engageait  également  à  finir  el  à  réparer  divers  orni:^* 
ments,  et  en  particulier  les  armes  des  Cocils;  ceci  semblerait  indi- 
quer que  le  prévôt  des  monnaies  n'était  pas  content  du  travail  de 
Rochefort.  Enfin,  et  surtout,  Boachon  promettait  di'  sculpter  la 
statue  de  saint  Jean  et  de  la  poser  sur  un  cul-de-lampe  aux  armes 
des  Cocils,  au-dessus  de  la  porte  de  la  sacristie,  sous  ud  dais  sem- 
blable à  ceux  des  statues  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  '* 

1  Notes  brèves  d'Honoré  Johannis,  1528,   f«  185.  —  Étude  de  U"  Viacen 
notaire  à  Avignon. 


XXV 

LA  SALLE  DES  ACTES 
DE  LA  FACULTÉ  DE  THÉOLOGIE  PROTESTANTE 

DE  MONTAUBAM 

En  commençant  cette  courte  étude,  je  pense,  comme  malgré 
noi,  à  un  livre  qui  fit  un  certain  hruit  à  son  heure,  je  veux  dire 
e  Vandalisme  révolutionnaire,  de  M.  Eugène  Despois,  cette  élude 
loqaente  et  passionnée  où,  aux  brutales  dévastations  dont  se 
*endit  coupable  la  populace  déchaînée,  sont  opposées  les  admi- 
ables  créations  littéraires,  artistiques  et  scientifiques  de  laConven- 
ïon.  De  même,  mais  sans  fiel,  sans  parti  pris,  on  pourrait  écrire 

CheMiea  de  canton  du  département  du  Gard,  sur  les  bords  du  Rhdnc,  et  qui 
filait  autrefoit  partie  do  diocèse  d'Avignon. 


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ACULTÉ    DE   THÉOLOGIE    PROTESTANTE    DE    MONTAUBAN.    4SI 

Nous  ignorons    si    ces   divers    travaux    furent    exécutés    par 
oachon  ;  le  contrat  de  prix  fait  ne  porte  point  de  quittance 

larginale,  et  nous  n'avons  pas  trouvé  de  quittances  ailleurs;  mais  >  .v 

)ci  n*est  pas  une  preuve  de  la  non-exécution  du  contrat.  i  <|v-«' 

Que  devint  ensuite  Boachon?  La  transaction  passée  avec  Paul  j  î:'  j 

oni  nous  apprend  qu'il  était  à  Roquemaure  Me  1"*  mars  1532. 
u'y  faisait-il?  Que  devint-ii  ensuite?  Nous  l'ignorons.  Il  était 
;sté  environ  cinq  ans  à  Avignon,  et  il  y  avait  laissé  des  traces  non 
luivoques  d*un  vrai  talent.  Aussi  bien  nous  parait-il  désirable 
ae  sa  biographie  puisse  être  complétée  par  des  recherches 
IVérîeares. 

L'abbé  Requin, 

Membre  non  résidant  du  Comité  des 
Sociétés  des  Beaoï-Arts  des  dépar- 
tements, à  Avignon. 


V 


1 

i 


428    FACULTE    DE    THKOLOGIE    PROTESTANTE    DE    lllÛNTALifiA^, 

SOUS  le  titre  de  Vandalisme  prolestant  une  autre  étude  non  moins 
curieuse»  dans  laquelle,  sans  rien  dissimuler  des  excès  iconoclastes 
qui  signalèrent  trop  souvent  les  soulèvements  huguenots,  et  en  ne 
manquantpas  de  flétrir  la  répulsion  féroce  pour  toutes  les  manifes- 
tations artistiques  qui  a  si  tristement  caractéiisé  le  calvinisme 
genevois,  il  serait  facile  de  faire  lu  part  belle  à  la  Réforme,  en 
nommant  les  grands  artistes  qu*elle  a  fournis  à  la  Renaissance 
française,  et  en  esquissant  à  grands  traits  Thistoiredes  Ecolesd'art 
protestantes,  d'Albert  Durer  à  Chodo.wiecki  ;  d'Holbein  à  Petitot  i 
de  Rembrandt  àRuysdaël;  de  William  Hogarth  à  U  illram  Turner. 
S'il  se  trouve  jamais  un  écrivain  pour  tenter  cettt?  œuvre  ailrayaiite 
et  colossale,  je  lui  recommande,  à  titre  de  curiositt'^  tout  au  moins, 
^histoire  de  la  Salle  des  actes  de  la  Faculté  de  théologie  protestante 
de  Montauban. 

Pour  raconter  celte  histoire,  il  faut  esquisser  en  quelques  lignes, 
tout  d'abord,  celle  du  couvent  des  Minorités  de  la  même  ville*  U 
fut  fondé  en  1258  et  successivement  enrichi  pardii  erg  bienfaiteurs, 
en  tête  desquels  il  faut  compter  Alphonse  de  Poiliers,  qui  leur 
donna,  »  pour  le  repos  de  son  âme  et  de  celle  do  son  aimable 
femme  n,  une  importante  propriété  aux  portes  de  Moutauhan,  por 
lettres  datées  d'Armasavitas,  près  Aigues-Mortes,  en  mai  1^70', 
Le  couvent  fut  installé  en  dehors  de  la  ville,  en  avant  du  ruisseau 
de  Fossat  et  du  Castelar  de  Montmirat.  En  1368,  les  religieuses, 
craignant  à  juste  raison  les  pillards  de  tous  les  partis  déchaînés 
par  la  guerre  de  Cent  ans,  se  réfugièrent  dans  une  maison  située 
au  centre  de  la  ville,  où,  après  nombre  d'empêchements  suscités 
par  les  ordres  rivaux,  elles  s'établirent  à  demeure  ^  En  1561,  elles 
en  furent  violemment  expulsées  par  les  huguenots  qui  tentèrent 
vainement  de  les  convertir,  et  établirent  un  temple  dans  leur 
couvent  ^  Dès  lors,  il  semble  qu'une  fatalité  leur  était  attachée  qui 
les  condamnait  à  n'élever  des  chapelles  que  pour  servir  de  temples 
aux  protestants.  En  1631,  les  portes  de  Montauban,  où  la  tolérance 
était  entrée  pour  un  moment,  leur  furent  rouvertes,  mais  leurs 

>  Archives  de  Tarn-et-Garonne.  H.  175.  Inventaire  sommaire,  p.  k99, 
*  MouLEXQ,   Documents  historiques  sur  le  Tarn-et'Garonne,   L  U,  p. 

Lk  Brbt,  Histoire  de  Montauban^  t.  I,  p.  156. 

•   '  MouLEKQ,  loc.  cit.,  t.  II,  p.  111;  Cathala-Coturb,  Histoire  du  Querc^^ 

p.  403. 


r 


I.TÉ     DE    THÉOLOGIE    PROTESTANTS    DE    MONTALBAN.    ^29 

bfttiments  conventuels,  en  partie  détruits,  ne  leur  offraient 
I  asile  provisoire.  Klles  les  vendirent,  et  rachetèrent  Templa* 
ni  de  l^ancien  monastère  où  elles  en  édifièrent  un  nouveau» 
la  première  pierre  fut  solennellement  posée  le  20  juin  1640, 
nessire  Arnaud  de  Lacombe,  doyen  du  chapitre  collégial  de 
L-Étienne  de  Tescou  '.  Vers  1690,  Tinstallation  était  complète; 
mvent  prospérait,  les  intendants  de  la  province  y  envoyaient 
ntiers  les  filles  des  huguenots  inflexibles'  ;  une  pension  y 
pèrait,  des  professeurs  de  chant  y  étaient  admis';  on  s*y 
>ccupaît  de  colifichets  :  un  jour,  on  achetait  delà  cannelille,  un 
e  jour  (les  a  cache- m  useaui  *  n  .  Puis  vint  la  Révolution:  le 
[octobre  1702,  le  couvent  fut  fermé;  le  23  septembre  1793,  des 
rrettes  sinistres  y  déchargeaient  cent  quarante-quatre  prison- 
rs,  parmi  lesquels  Tex-convenlionnel  Garât  *.  Le  25  janvier  1 705, 
lement,  Tancien  couvent  des  Minorités  fut  vidé  de  ces  malheu- 
IX.  Enfin,  le  5  septembre  1809,  un  arrêté  du  «jrand  maître  de 
nîversité,  en  exécution  d'un  décret  impérial  du  17  septembre 
08»  y  Installait  la  Faculté  de  théologie  protestante*. 
Le  couvent  des  Minorités,  ou  sœurs  dje  Sainte-Claire  sous  la 
[{le  de  Saînt-François,  est  une  assez  vnste  construction,  sans 
i-actère  architectural,  telles  qu'en  élevèrent,  à  la  fin  du  dix- 
ptième  siècle,  les  ordres  monastiques  durement  éprouvés  par 
s  guerres  de  religion,  et  dépossédés  de  leurs  riches  domaines 
autrefois.  Comme  compensation,  il  est  magnifiquement  situé  sur 
\  quai  Montmurat,  en  face  du  Tarn  et  de  la  vaste  plaine  enso- 
Mllèe  qui,  de  ce  dernier  épaulement  du  Qnercy,  déroule  ses  flots 
'arbres  et  de  moissonsjusqu'au  pied  des  Pyrénées,  dont  les  cimes 
leigeuscs  emplissent  Thorizon.  Mulle  position  ne  pouvait  être 
[oîeui  choisie,  et  c'était  déjà  faire  preuve  de  goût  que  de  s'y 
installer.  Les  dames  de  Sainte-Claire  étaient  généralement  recrutées 
dans  les  meilleures  familles  du  pays,  dont  leurs  ahbcsses  portaient 
les  plus  grands  noms,  et  par  conséquent  elles  conservaient  dans  le 

*  Archives  de  Tarn-et-(iaronnc.  H.  185.  Inventaire  sommaire^  p.  505. 
«  Ibid.,  H.  196.  Ibid.,  p.  508. 
MAirf.,  H.  185.  Ibid.,\},  507. 
♦/6irf..H.  185.  Uid. 

*  Km.  FoRKSTié  neveu,  Ephémèriles  historiques  de  Montuubau,  p.  8S,  172- 
173. 
«/i«.,  p.  211. 


430    FACULTÉ    DE    THÉOLOGIE    PROTESTANTE    DE    AI OtVTAUb AS. 

cloitre  des  goûts  artistiques  et  de  bien  naturelles  préoccupations  de 
luxe  dont  la  tradition  remontait  loin,  puisque,  dès  h  quatorzième 
Bîècle,  Térudit  éditeur  des  Livres  de  comptes  des  frères  Bonis  en 
a  noté  les  traces  \  Et  ces  goûts  et  ces  préoccupations  nous  ont  valu 
la  charmante  chapelle  qui  est  devenue  depuis  la  Salle  if  es  actes  de 
la  Faculté. 

Rien  de  plus  simple,  pourtant,  même  de  plus  humMe,  au  moins 
comme  matière  :  de  grossiers  murs  de  brique  ne  valant  que  par 
leur  décoration,  et  cette  décoration  consistant  uniquement  en  toile 
peinte,  en  plâtre  et  en  bois,  mais  le  tout  supérieurement  entendu, 
bien  appropriée  sa  destination,  d'une  exécution  presque  parfaite. 

Voici  ce  qu'était  la  chapelle  des  Minorités  avant  sa  récente  re&- 
-tauration,  dont  nous  aurons  à  dire  quelques  mots.  L'n  vaiîiseau  de 
.dimensions  moyennes,  plutôt  même  petites,  sur  plan  barlotig,  sans 
chapelles,  niches,  ni  séparation  architecturale  pour  le  sanctuaire* 
Devers  rentrée,  une  tribune  supportée  par  six  colonnes  et  éeui 
pilastres  cannelés,  d^ordre  ionique  très  orné.  Au  mur  de  gauche, 
trois  grandes  fenêtres  légèrement  cintrées  ;  au  mur  de  d  roi  te;,  nw* 
série  d'ouvertures  surbaissées  fermées  par  un  griJlage  de  menus 
bois  posés  en  diagonale,  grâce  auquel  les  religieuses  cloltréei» 
pouvaient  assister  aux  offices  sans  être  vues  du  public.  Entre  ces 
baies  grillées  et  les  fenêtres,  de  grands  bas-reliefs  en  plâtre,  et 
d'autres  bas-reliefs  plus  petits  au-dessous  des  baies.  Au  bas,  un 
haut  lambris.  Quant  à  Tautel  et  aux  ornements  qui  décoraient  le 
mur  du  fond  auquel  il  était  adossé,  la  Révolution  n'en  avait  rien 
laissé  subsister  qu'une  gloire  aux  rayons  de  bois  doré,  piteuse  atec 
son  reste  de  luxe  sur  ce  mur,  d'une  désolante  nudité,  que  masquait 
fort  mal  la  lourde  chaire  des  soutenances  de  thèses.  Comme  abri, 
un  plafond  plat,  de  toile,  qu'un  ornemaniste  fort  expert  a  perc^ 
d'une  audacieuse  perspective  de  balcons  à  balustres  étages,  sup- 
portés par  des  colonnes  ioniques,  alternant  avec  de  grands  vase^  île 
fleurs;  le  tout  surmonté  d*un  attique  couronné  par  des  cassoleitef 

'  Edouard  FoRESTié,  Les  livres  de  comptes  des  frères  Bonis.  MtouUuÏMn,  1S9IK 
1894.  Introduction,  p.  lxiii,  lxxix,  cxx,  t.  I,  p.  9,  66,  121,  de.  —  U*  di  Cl^i- 
SADK,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Midi{i%%%),  elnou^m^me 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Tam^et-Garonne  (1890,  p.  174) 
nous  nous  sommes  occupés  du  sceau  de  Marie  de  Penne,  que  Chari  irr,  dans  »at. 
Catalogue  des  sceaux  matrices  de  la  collection  Dongé,  avail  atlriLué  k  uo 
abbesse  espagnole. 


^^^|PV^ 


if 


TÉ    DB   THÉOLOGIE    PROTESTANTE    DE   MONTAUBAN.    431 

ies  qui  laissent  monter  la  famée  de  leurs  parfums  dans  un 
:arré  de  ciel  trop  bleu  où  courent  quelques  nuages  blancs, 
bnd,  très  caractéristique  et  fort  bien  conservé,  estune  assez 
adaptation  à  une  simpje  chapelle  du  splendide  plafond  que 
m  a  peint  pour  le  grand  escalier,  dit  des  Ambassadeurs»  au 
Je  Versailles.  Il  est  permis  de  douter  qu*il  en  existe  d*au^i 
sants,  je  ne  dis  pas  seulement  dans  le  Midi»  mais  même 
mie  la  France. 

i  plus  simple  est  le  lambris'  à  grands  panneaux  cintrés 
)Iale,  encadrés  de  larges  moulures  sobrement  ornées  à  leur 
1  médian  d*un  bouquet  de  fleurs  variées»  et  séparés  par  des 
98  cannelés  de  même  style  que  ceux  de  la  tribune.  Quoique 
ucoap  postérieur,  comme  nous  le  verrons  plus  loin»  au  res- 
ta décoration»  ce  lambris  s*y  rattache  naturellement  et  sans 
ites.  Malgré  le  défaut  de  concordance  entre  ses  panneaux  et 
ui  les  surmontent»  il  a  été  évidemment  exécuté  d'après  les 
{  de  Tarchitecte  qui  conçut  Tensemble.  Du  reste»  c*est  un 
^nt  travail  de  menuiserie»  d*un  beau  dessin  logique  et  clair 
L  simplicité  fait  valoir  Tornementation  exubérante  des  murs, 
erait  folie  que  de  vouloir  décrire  celle-ci  par  le  menu,  mais 
it  du  moins  essayer  d*en  donner  une  idée  '.  Commençons  par 
-  de  droite.  Il  est  divisé  verticalement  en  sept  travées  par 
[rands  panneaux  chargés  de  trophées,  alternant  avec  quatre 
lions  circulaires  remplis  d'attributs»  que  surmontent  les 
{rillées  de  la  tribune  extérieure.  Les  médaillons  représentent 
sivement»  en  partant  de  Tentrée»  les  principaux  symboles  de 
snne  alliance  :  la  table  des  pains  de  proposition»  Tautel  des 
as»  Tarche  d'alliance  et  lautel  des  holocaustes  sur  lequel 
iTagneau  pascal»  emblème  mystique  du  Christ, 
grands  panneaux»  d'un  symbolisme  beaucoup  plus  vague, 
'un  genre  infiniment  plus  décoratif.  Ce  sont  des  trophées  où 
e-croisent  des  chandeliers  à  pointe  au  pied  supporté  par  des 
is  puissantes,  des  cierges  redressant  leur  longue  flamme»  des 
ix  curieusement  ciselés,  des  ostensoirs  rutilants  et  des  calices 
es  de  pierreries  :  armes  pacifiques  enchevêtrant  leurs  hampes 
lées  auxquelles  s'accrochent  des  bénitiers»  des  encensoirs»  des 


1 


i  i 


iff  ci-dessus,  planche  XXVII. 


432    FACCJLTE    DB    THEOLOGIE    PROTESTAMTE    DE    M  OX  TAU  BAI. 

étoles,  (les  lampes  d'église,  des  instruments  de  musique;  et  qui 
portent  au  milieu  —  boucliers  de  ces  saintes  dépouiller  opimes^ 
soit  un  grand  livre  ouvert,  soit  un  livre  fermé  d*o(i  pr^ndent  les  sept 
sceaux  apocalyptiques  et  sur  lequel  est  couclié  nu  agnpaii,  soit  une 
main  bénissante  sortant  d'une  gloire,  soit  un  groiipo  potelé  de  cliè- 
rubins  cravatés  de  petites  ailes.  Autour  de  ces  armes  mysLiquei, 
qui  à  force  de  grandiose  ampleur  font  oublier  le  réalisme  minti* 
tieux  de  leur  représentation,  des  palmes,  des  rameauK  d'ûlrvier, 
des  bandelettes  flottantes,  des'liuages  de  parfums.  Le  tout  sesuspentl 
à  d*opulentes  cascades  de  rubans  qu'un  grand  nœud  nnx  complit^ft* 
tions  infinies  parait  retenir  au  sommet  d'un  c<idre  aui  purssanies 
moulures,  avec  des  amortissements  circulaires  tinx  anglfs  ou  B\n 
-extrémités.  Il  est  aisé  d'énumérer  méthodiquement  Ions  c€â  al  tri- 
buts divers;  mais  ce  qu'il  est  impossible  de  décrire,  c'est  la  science 
impeccable  qui  a  présidé  à  la  composition  de  ces  panoplies  ecclé- 
siastiques, le  grand  souffle  lyrique  qui  les  anime  et  les  pénètre,  un 
peii  redondant  et  {jongoresque  peut-être,  déroulant  outre  mesure 
les  anneaux  flottants  des  banderoles,  faisant  saillir  avec  une  force 
irrésistible  de  grands  reliefs  d'un  faire  gras  et  oiictueux,  écbe- 
vêlant  furieusement  les  flammes  des  lampes  au  vent  qui  fort  de$ 
lèvres  potelées  des  chérubins,  impétueux  comme  s^il  lenatt  (le 
crever  les  outres  d'Eole.  Le  grand  souffle  de  Charles  Le  Brun  a 
certainement  passé  par  là...  et  ceci  nous  conduit  à  parler  de  Tau- 
teur  de  ces  beaux  ba3-reliefs  dont  le  plâtre  s'est  si  complai^aïu- 
ment  prêté  aux  puissants  caprices  d'un  ébauchoir  endiaiilé. 

D'après  M.  Mila  de  Cabarieu,  qui  publia,  en  ISSi,  une  trèsinté- 
ressante  contribution  à  l'histoire  des  Minorités  inoiitalbanaises,  lu 
chapelle  de  ces  dames  fut  décorée  en  1()85  par  le  siuilptetir 
Dussaut  '.  Mon  érudit  et  vénérable  collègue  a  niaUieureasemeat 
égaré  les  notes  d'après  lesquelles  il  rédigea  son  traiail,  et  je  ne 
puis  recourir,  en  ce  moment,  aux  volumineux  recueils  de  sources 
qu'il  veut  bien  m'indiquer.  Quel  pouvait  être  ce  Dussaut? 

Dans  la  liste  des  artistes  compris  dans  Tétat  de  la  Maison  du 
Roi,  en  1652,  que  M.  de  Montaiglon  a  publiée  dans  l&s  Archires 
de  rArt  français  *,  figure  un  certain  Jacques  du  Soll,  peinlr*;  et 


*  Bulletin  archéologique  de  Tarn-et-Garonne,  i.  Xil,  p.  ti4. 
"^  Documents,  t.  V,  p.  196. 


FACULTÉ  DE   THÉOLOGIE   PftOTESTAXTE    DE    UONTAUBAN.    433 

doreur.  C'est  probablement  lui  qaî  a  conçu  ce  bel  ensemble  déco- 
ratif et  qui  a  exécuté  tout  au  moins  les  peintures  du  plafond. 
A-l-il  exécuté  de  mémeles  bas-reliefs  de  plâtre?  C*est  fort  possible, 
les  diverses  spécialités  artistiques  n'étant  pas  alors  aussi  nettement 
séparées  que  de  nos  jours;  mais  il  serait  téméraire  de  Taffirmer.  Ce 
qui  est  hors  de  'doute,  c*est  Torigine  des  trophées.  Les  premiers 
du  même  genre»  si  je  ne  me  trompe,  se  trouvent  à  la  Chartreuse 
de  Pavie;  mais  combien  les   Daniel  Uarot,  les  Lepautre  et  les 
Bérain  n ont-ils  pas  ajouté  à  ces  thèmes  primitifs!   En  fouillant 
dans  les  œuvres  de  ces  éminents  ornemanistes,  on  ne  manquerait 
certainement  pas  de  trouver  les  modèles   dont  8*est  librement 
inspiré,  ou  qu*a  soigneusement  reproduits  le  sculpteur  des  dames 
de  Sainte-Claire.  Du  reste,  les  panneaux  de  plâtre  de  celui-ci  sont 
pareils  —  sauf  de  légères  modifications  dans  Tencadrement  et  le 
rapport  des  dimensions  principales — à  ceux  que  Jules  DegouUons 
sculpta,  en  1702,  d'après  les  dessins  de  l'architecte  Jacques  Gabriel, 
pour  les  lambris  des  anciennes  stalles  de  la  cathédrale  d'Orléans  ^ 
Notons  en  passant  que  DegouUons  séjourna  à  Angouléme  pendant 
les  deux  années  1677  et  1678  ^  Aurait-il  poussé  ses  pérégrinations 
jusqu'en  Quercy? 

Notons  encore  que  le  sculpteur  Marc  Arcis  travailla  longtemps 
à  la  décoration  de  la  cathédrale*  de  Montauban;  c'était  un  des 
ornemanistes  que  Le  Brun  avait  dirigés  à  Versailles.  Si  mes  souve- 
nirs ne  me  trompent  pas,  il  y  a  sur  les  piliers  de  la  nef  de  la 
chapelle  de  ce  palais  des  bas-reliefs  très  proches  parents  de  ceux 
de  Ja  cathédrale  d'Orléans  et  de  la  chapelle  des  Minorités  de  Mon- 
tauban. Y  aurait-il  quelque  relation  entre  le  séjour  de  Marc  Arcis 
ians  la  vieille  cité  quercinoise  et  les  sculptures  en  question? 
Saperons  que  l'avenir  nous  l'apprendra. 

A  Montauban  même,  sans  doute  parce  qu'on  a  oublié  la  très 
récise  indicatioa  de  M.  Mila  de  Cabarieu,  on  répète  sans  hésiter 
ue  la  décoration  de  l'oratoire  de  la  Faculté  de  théologie  protes- 
nfe  est  l'œuvre  d'Ingres  père.  Les  erreurs  ont  la  vie  dure,  pour 

s   G.  ViGVAT,  Les  anciennes  stalles  de  la  cathédrale  d'Orléans.  Réunion  des 
ciéiés  des  BeauX'Arts  des  départements,  1893,  p.  732,  planche  XXXI. 
»  Émlie  Biais,  Les  stalles  de  Bassac.  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des 
-^^riemenU,  1881,  p.  597. 
£ai.  FoRKSTii  neveu,  loc,  cit.,  p.  207 

28 


434    FACL'LTE    DE    THEOLOGIE    PROTESTANTE    DE    ilOIÏTALBAS 

si  évidentes  qu'elles  soient;  c'est  pourquoi  il  importe  de  hm 
entièrement  justice  de  celle-là. 

.  Le  membre  de  la  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne 
qui  a  mis  en  avant  cette  hypothèse  plus  qu'aventureuse  —  car 
pour  l'admettre  il  faudrait  supposer  que  Joseph  Ingres  se  fût 
astreint  à  imiter  un  style 'démodé  et  de  cent  ans  autérieur  aai 
modèles  en  vogue  de  son  temps  — ^  nous  a  donné  pour  la  réfuter 
la  teneur  de  deux  mémoires  très  intéressants  pour  rhisloire  île 
notre  chapelle.  Les  voici  in  extenso  \  collationnés  d'ailleurs  sur  les 
originaux.  Devis  de  la  dorure  du  retable  et  tabernacle^  chaire  à 
prêcher  de  Véglise  des  religieuses  de  Sainte-Claire  de  cette  ville, 
par  Burq,  en  177 L 

Sçavoir  Tatique  où  est  le  Père  Eternel,  il  y  sera  doré  la  cor- 
niche, console,  mouleure,  ornemens  et  druperies  du  Père  Eternel, 
et  ses  nudités  en  couleur  de  cher. 

Les  quatre  vertus  qui  sont  sur  la  grande  comiche,  les  attributs 
et  draperies  seront  dorés,  leurs  nudités  en  couleur  de  cher. 

Les  deux  vases  à  fleurs  qui  sont  sur  la  ^frande  corniche,  il  y 
sera  doré  toutes  les  parties  saillantes,  comme  fleurs,  grande  roue 
et  mouleures. 

Les  deux  figures  couchées  sur  la  grande  cornicbe,  leurs  dra* 
peries  et  atributs  seront  dorés  et  leurs  nudités  en  couleur  de 
cher. 

La  grande  corniche  il  y  sera  doré  toutes  les  mouleures,  denti- 
cules  et  modelions. 

A  la  frize  il  y  sera  doré  les  ornemens  qui  s'y  trouvent. 

AParchetrave  il  y  faut'dorer  trois  mouleures. 

Les  quatre  chapetos  et  vases  de  colonnes  seront  dorés. 

Les  quatre  jalougies  et  leurs  cadres  seront  dorés. 

Les  deux  grandes  figeures  seront  peintes  en  blanc  estatuère  et 
Jeurs  niches  peintes  en  blanc  véné  en  or.  Les  ornements  qui  sont 
au  long  des  niches  seront  dorés. 

Les  deux  queues  de  lampes  qui  suportent  les  figures  seront 
dorés. 

*  H.  DB  France,  A  traversée  vieux  Montauban,  Bnthtîn  de  la  Société  an 
logique  de  Tarn-et-Garonne,  t.  XX,  1892,  p.  144.  Archives  de  T*rû-el-G«r* 
II.  203.  Inventaire  sommaire  y  p   509. 


É   DE  THÉOLOGIE    PROTESTANTE    DE    MOXTAUBAN.    435 

and  cadre  du  tableaa  sera  doré. 
s  les  mouleures,  corniches  et  ornemens  seront  dorés, 
eux  portiques  qui  vont  de  chaque  côté  du  sentoire,  il  y 
ë  les  cornées,  mouleares  et  ornemans. 
>ernacl6  sera  doré  en  plein,  et  la  chère  filetée  en  or  et  ses 
peins  en  façon  de  marbre,  et  le  fon  du  susdit  rétable  et 
,  et  murs  de  derrière  Tautel  sera  pein  en  blanc  à  jard. 
it  sera  fait. pour  le  prix  et  somme  de  1800  livres. 

ires  des  ouvrages  en  menuiseries  pour  les  dames  reli- 
Mainte-Claire  par  Granjac^  maître  menuisier  à  Montau- 
1771. 

i,  idem,  les  quatre  grandes  grilles  en  face  des  fenêtres  de 

36  livres. 

ivoir  fourni  deux  châssis  pour  toile  à  pans  coupez  au- 

is  retables  et  mis  en  place  huit  pièces,  cy  16  livres. 

trois  dits  sur  la  tribune,  sept  pièces,  21  livres. 

burni  demy  livre  de  cole  d'Holande,  6  sols. 

i  lambris  de  Téglise  sans  encoignures,  900  livres. 

m  1771,  les  dames  de  Sainte-Claire'  faisaient  placer  le 
t  confiaient  à  un  peintre  doreur  le  parachèvement  du 
de  la  chaire  à  prêcher  de  leur  chapelle.  Que  conclure  de 
nents  positifs,  sinon  que  déjà  existaient  les  sculptures 
i  avons  donné  la  trop  longue  description  ?  Il  n*est  guère 
i*on  pose  les  lambris  et  les  meubles  avant  que  la  décora- 
lurs  soit  parachevée.  En  ceci  nous  ne  pensons  pas  pouvoir 
-edit  par  quiconque  est  le  moins  du  monde  au  courant 
X  de  cette  nature. 
chons  de  cette  indication  ce  que  nous  savons  d*Ingres 

,  mort  le  14  mars  1814,  à  Tàge  de  soixante  ans,  d'après 
e  décès*,  était  né  en  1754.  A  onze  ans,  il  entra  à  TAca- 

Lppelaît  indifTéremment  dames  de  Sainte-Claire,  dames  cloilrécs  do 
tint-Francis,  et  autrefois  de  Saint- Damiens,  Minorités  ou  Clarisscs. 
•e  étude  dans  la  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départe* 
.  documents  d'état  civil,  t.  IV,  p.  Î359. 


f-M 


436    FACULTÉ    DE    THÉOLOGIE    PROTESTANTE    DE    MOBfTâDBAV. 

demie  des  Beaux-Arts  de  Toulouse  d'oïi  il  s'échappa  à  dix-nenf  ans, 
en  1773,  année  où  M.  Edouard  Forestié  a  pu  coustater  sa  présencF 
k  Nice.  Enfin,  en  1775  seulemenÈ^  dit  son  scrupuleux  biographe  ', 
il  \int  s'établir  à  Montauban.  Que  l'on  veuille  bien  comparer  ce& 
dates  avec  celle  des  mémoires  de  Granjâc  et  de  Burq,  et  Ion  verra 
s'il  est  encore  possible  d  attribuer  de  bonne  foi  les  bas-reliefs  de  la 
Faculté  de  théologie  à  celui  qui  devait  être  un  jour  le  père  an 
grand  Dominique  Ingres. 

Que  ^i,  d'ailleurs»  il  restait  le  moindre  doute,  on  dei^rait  cooi- 
parer  ces  magistrales  sculptures  à  celles  dont  Joseph  Ingres  décora, 
en  1778,  le  chœur  de  Té^jlise  de  Falguières,  pauvretés  lamentables 
à  tous  les  points  de  vue,  sans  invention,  sans  dessin,  sans  esprit, 
indignes  comine  trav.ail  mat<'riel  de  ce  dont  était  alors  capable  un 
simple  maître  plâtrier,  et  que  pourtant  le  bonhomme  n'eut  pas 
konte  de  signer  en  toutes  lettres. «.  Ll  devint  plus  expert  daus  h 
suite;  mais,  je  Taffirme  hautement,  aucune  des  œuvres  quH  a 
laissées,  pas  même  la  décoration  de  la  chambre  à  coucher  de 
Tévéque,  à  Thôtel  de  ville  de  Montflut>an^  n'approche  de  la  magts- 
traie  ampleur  des  sculptures  sur  plâtre  de  la  chapelle  des  Mino- 
rités. 

.  Achevons  de  décrire  celle-ci.  Du  côté  des  fenêtres,  il  n'y  a  que 
deux  panneaux  sculptés.  Celui  du  milieu  était  masqué  par  la  chaire 
qui  était  peinte  en  façon  de  marbre,  avec  des  filets  dorés,  ainsi  <}uc 
nous  rapprend  le  devis  de  maître  Burq.  Enfin  l'ornementalioa 
murale  n  existait  pour  ainsi  dire  pas  sur  le  mur  du  sanctuaire  que 
masquait  un  grand  retable  dont  il  est  facile  de  se  faire  une  idée 
en  se  basant  sur  les  mêmes  devis,  et  qui,  sans  doute,  doit  se 
trouver  dans  quelqu'une  des  églises  de  Montaubau. 

Nous  avons  dit  ce  qu'élait  cette  chapelle  pendant  ces  dernières 
années,  on  peut  par  la  pensée  h  rétablir  dans  sa  splendeur  première, 
avec  son  relable  aux  colonnes  et  aux  ligures  peintes  et  dorées  »  enfer- 
mant un  grand  tableau  £ouiptueusement  encadré,  avec  se-s  deux 
grandes  statues  accompagnant  Tautel,  sa  chaire  également  peinte 
et  dorée.  For  enfin  répandu  partout,  sur  les  jalousies  de  la  tribune 
extérieure,  sur  les  niches,  les  cufs-de-bmpe,  les  portique*    "*'* 

*  É.  FoRESTii,  Jean-AIarie-Joseph  Ingres  père.  Moniauluii,  lïîS^i 
laiv. 


.TE    DE    THEOLOGIE    PROTESTANTE    DE    MONTAUBAK.    437 

res  et  les  corniches»  peut-être  même  sur  les  ornements  en 
(les  murs.  Nous  insistons  sur  cette  prodigalité  de  dorures  et 
uleurs  qui  établissait  une  pondération  nécessaire  entre  le 
trop  froid  des  mu;*s  et  le  ton  soutenu,  presque  sombre,  de  la 
re  du  plufond.  Toutes  ces  applicatious  d'or  ont  depuis  long- 
disparu  ;  aussi  y  a-t-il  dans  celte  belle  chapelle  un  manque 
nt  d*unité  qui  frappe  les  moins  eipérimentés,  et  qu*on  eût 
Hier  jusqu'à  un  certain  point»  en  Tabsence  du  monumental 
]uin  de  Tautel,  par  Templo:  discret  de  quelques  filets  dorés 
»ute8  les  boiseries.  Ceci  nous  conduit  tout  naturellement  à 
n  mot  des  restaurations  récemment  faites  à  la  chapelle  des 
ses. 

and,  au  commencement  de  Tannée,  il  fut  parlé  de  ce  projet 
3stauration,  tous  les  amis  des  monuments  montalbanais 
irent  ;  le  bruit  courait  de  chancj^ements  radicaux,  de  Fenlève- 
du  plafond  peint,  à  cause  des  risques  d*incendie,  de  rema- 
ent  des  trophées  sculptés  dont  le  symbolisme  esssentiellement 
liqne  jurait  avec  la  nouvelle  destination  de  la  chapelle.  Que 
e  encore?  Celui  qui  écrit  ces  lignes  s'émut  et  allait  prendre 
ume  pour  protester  contre  ce  vandalisme,  quand  une  infor- 
m  publiée  dans  le  Courrier  de  Tarn-et-Garonne,  par  notre 
confrère,  H.  Edouard  Forestié,  vint  le  déctiarger  de  ce  soin, 
r  avait  rien  de  vrai  dans  tous  ces  racontages. 
œuvre  de  la  restauration  est  maintenant  terminée  et  a  obtenu 
Dction  de  tous.  Il  est  évident  que  pour  la  salle  des  actes  d'une 
Ité  de  théologie  protestante,  on  ne  pouvait  songer  à  refaire  la 
)tueuse  omementaiion  du  chœur,  et,  d'ailleurs,  l'eiit-on  voulu, 
lùt-on  retrouvé  l'autel,  le  retable,  les  statues,  sans  compter  le 
!  Éternel,  qui  s'y  trouvaient  jadis?  Il  fallait  donc  aviser  aux 
ens  de  décorer  le  mur  du  sanctuaire,  sans  autre  préoccupation 
rfiarmonie  générale.  Pour  cela,  on  s'est  borné  à  placer  sur  ce 
les  moulages  de  trois  des  trophées  d*emblèmes  religieux  que 
I  avons  décrits;  puis,  au-dessus,  a  été  modelé  un  grand  livre 
Brt  dont  une  des  pages  couverte  de  lignes  en  hébreu  symbolise 
cienne  alliance,  tandis  que  la  nouvelle  alliance  est  fi(]iirée  par 
caractères  grecs  de  l'autre  page.  De  chaque  côté  du  livre  flotte 
banderole  portant  l'inscription  suivante  :  La  Parole  de  notre 
u  subsistera  éternellement.  C'est  la  seule  man|ue  prolestante 


438 


TABLEAUX  OFFERTS  A  NOTRE-DAME  BU    PU¥, 


qui  apparaisse  dans  cette  chapelle,  et  on  ne  saurait  la  dcsirer  plus 
anodine  :  les  ombres  des  pieuses  dames  de  Sa! nie-Claire  peafol 
toujours  hanter  leur  ancienne  chapelle,  si  belle  grâce  à  leurs 
soins,  elles  n*y  trouveront  rien  qui  puisse  les  scandaliser. 

H  faut  féliciter  sans  réserve  M.  le  doyen  Bruâton^  M.  le  pas- 
teur Vielle,  directeur  du  séminaire  protestant,  M.  le  professear 
Leenhardt,  M.  G.  de  Mombrison  et  leurs  zélés  auxîtiairea  d'avoir 
aussi  discrètement,  aussi  judicieusement  restauré  cette  chapelle, 
un  des  rares  monuments  montalbanais  qu*on  puisse  qualifier  de 
vraiment  beaux.  Les  protestants,  qui  au  seizième  siècEe  ont  détruii 
tant  d'églises  dans  les  mêmes  lieux,  ont  donn6,  en  conseruant^t 
en  reproduisant  si  scrupuleusement  les  attributs  essentielleuient 
catholiques  de  celle-ci,  un  excellent  exemple  de  respt'Ct  pour  les 
monuments  du  passé  :  exemple  dont  un  grand  nombre  de  curés 
de  campagne  devraient  bien  faire  leur  profit. 

Jules  Mou3iiÈJA, 

Membre  non  résidant  du  Comité  de»  SûcÎËté^  âe^ 
Beaux-Arts  des  départements,  à  Mootaubm. 


XXVÏ 


NOTES 

SUR   LES. TABLEAUX   OFFERTS   A  LA 

CONFRÉRIE  DE  NOTRE-DAME  DL   PUV 

A    AMIENS 


§  1 .  Les  tableaux  du  Puy  sont-ils  V œuvre  d^artistes  locaus  f 

L'origine  des  peintres  qui  ont  exécuté  les  remarquables  table 
offerts  à  la  cathédrale  d'Amiens  par  les  maîtres  de  la  Coiifrtw 
Notre-Dame  du  Puy  est  assurément  Tune  des  questions  qui  pîq(< 


TABLEAUX  OFFERTS  A  NOTRE-DAME  DU  PL'Y.     439 

le  plus  vivement  la  curiosité  des  historiens  de  notre  ville.  Jusqu'à 
présent»  cette  question  était  demeurée  à  peu  près  sans  solution, 
mais  voici  que  de  patientes  recherches  dans  les  diverses  études  de 
notaires  où  sont  conservées  les  minutes  des  contrats  passés  entre 
artistes  et  bourgeois  commencent  à  éclairer  ce  problème. 

Pourquoi  ces  peintures  si  intéressantes  n'appartiendraient-elles 
pas  an  patrimoine  artistique  de  notre  cité?  Pourquoi  vouloir  les 
attribuer  à  des  artistes  étrangers  ?  De  la  saveur  même  de  ces 
œuvres,  de  leur  ensemble,  une  influence  locale  me  semble  se 
dégager  nettement.  Qu*une  partie  ait  été  exécutée  par  des  Fla- 
mands venus  à  Amiens,  ou  par  des  Picards  ayant  étudié  dans  les 
Flandres  ou  sous  des  Flamands,  soit.  Mais  pourquoi  aussi  une 
part,  —  et  une  bonne  part,  —  ne  serait-elle  pas  Tœuvre  d'artistes 
du  cru  ?  —  Les  types,  les  paysages,  Tallure  générale  de  plusieurs 
des  tableaux  qui  nous  restent  autorisent  cette  supposition. 

Je  le  répète,  les  archives  locales  ne  nous  ont  point  encore  livré 
leur  secret  à  ce  sujet  :  toutefois,   plusieurs  noms  ont  été  déjà 
retrouvés,  notamment  par  mon  infatigable  collègue,  M.  Dubois. 
Je  citerai  : 

A.  9  août  1568  '  (Roche,  notaire  à  Amiens).  Marché  entre  Robert 
de  Sacby,  seigneur  dMIaudvillers,  bourgeois,  marchand  drapier 
et  édfievin,  maître  du  Puy  en  1567,  et  Firmin  Lebel,  maître 
peintre  à  Amiens. 

Firmin  Lebel  promet,  pour  le  1*' décembre,  «  peindre,  dorer, 
Ternir  et  acoustrer  un  tableau  de  menuiserie  de  quatorze  pieds 
de  haut  sur  sept  de  large,  fait  par  Mathieu  Labesse,  menuisier. 
Faire  V histoire  donnée  et  les  pouriraicis  de  de  Sachy,  sa  femme 
et  ses  amis.  PJus  peindre  et  dorer  douze  grands  tableaux  qu*on  dit 
sonnets  et  deux  cent  cinquante  petits.  De  plus,  un  petit  tableau 
de  la  même  histoire  que  le  grand  ci-dessus,  pour  le  jour  de  Pâques 
suivant,  v 

Le  tout  «  moyennant  neuf  vingt-deux  livres  tournois  n . 

B.  27  février  1570*  (Roche,  notaire  à  Amiens).  Marohé  entre 

>  t  '  Ces  deux  dates  1568  et  1570  me  surprennent  un  peu  ;  Robert  de  Sachy 
avai.  été  maître  en  1567;  il  aurait  donc  attendu  bien  tard  pour  commander  son 
tabl  au.  Pour  Jehan  Boistel,  maître  en  1569,  il  n'est  pas  impossible  qu'il  ait  été 


UQ  TABLEAUX   OFFERTS   A   KOTHE-It.^ME    DU    PUY. 

Jehan  Boistel,  chapelain  de  Notre-Dame  d'Amiens,  chanoine  de 
Picquigny,  maître  du  Puy,  en  celte  aimée  {1569,  voir  la  noie, 
p.  439),  et  Firmin  Lebel,  >naitre  peintre,  qui  devra  dorer  et 
peindre  suffisamment  un  grand  et  un  peiU  tahleau  ;  le  tout  sulvànl 
les  modèles  qui  lui  seront  donnés. 

Prix  convenu,  six-vingts  escus. 

Cétait  encore  Mathieu  Labesse  qui  avait  lété  char^jé  de  la  meDoi- 
série  (même  date,  même  not.).  li  devait  fourni r  un  ^rand  tableau 
de  douze  pieds  de  haut  sur  six  de  large,  un  petit  tableau  de  deui 
pieds  et  demi,  plus  deux  cents  sonnets,  dont  si.i  avec  bords*  —  Le 
tout  pour  65  livres. 

C.  19  avril  1581  (même  notaire).  Marché  entre  Jchau  Du- 
fresne,  bourgeois  d'Amiens,  maître  du  Puy,  et  Jehan  de  Ports, 
peintre  à  Amiens  (reçu  maître  le  28  novembre  1567),  demeu- 
rant paroisse  Saint- Kemi,  a  pour  \\i  peinture  et  dorure  d'un 
tableau^  moyennant  60  écus  d*or.  Il  devra  peindre  et  représenler 
au  naturel  les  histoires,  fasces  et  visages  que  ledit  Dufre^n* 
lui  présentera;  peindre  et  dorer  un  petit  (ableuu  de  quatre  pieJs 
de  hauteur  suivant  ledit  pourtraict,  sauf  que  ledit  Dufresiie  ^ 
pourra  mettre  telles  figures  que  bon  lut  semblera,  au  lieu  de 
celles  qui  sont  représentées  audit  pourlraict,  —  peindre  auss^î 
deux  cents  sonnets  ;  livrer  le  grand  tobleau  au  dedans  du  jour 
Notre-Dame  des  Avents,  et  les  sonnets  et  petit  tableau,  la  veille  de 
la  Chandeleur.  » 

A  la  même  date  et  chez  le  mémn  notaire,  était  passé  r^cle 
avec  le  menuisier  Jehan  Salle,  pour  là  confection  du  tableau. 
u  Pareil,  est-il  marqué,  à  celui  de  Lois  Petit  (maîk^e  du  Puy  en 
1580),  à  ceci  près  qu'au  lieu  de  pilastre,  il  mettra  quatre  colouJies 
torses  à  chacun  des  piliers,  et  une  figure  au  mitant  (milieu |  des 
quatre  piliers.  Il  fera  de  plus  un  petit  tableau  de  quatre  pieds 
environ,  large  à  Téquipolent;  plus  deux  cents  sonnets  dont  il  y 
aura  quarante  plus  grands  que  les  autres,  à  fournir  au  dedans  du 
15  août,  n 


continué  pour  des  raisons  qui  nous  échappent,  <  nr  ]«  n*ai  pas  de  nom  pour 
et  en  1571  je  trouve  pour  maître  Pierre  Boistt^J,  m**. 


I 


TABLEAUX    OFFERTS    A    NOTRE-DAME    DU   PUY.  441 

Voici  quelle  était  Tinscription  de  ce  tableau,  suivant  un  manu- 
scrit de  la  bibliothèque  des  antiquaires  de  Picardie  : 

Au  clos  de  Dieu  et  de  la  Vierge  Mère, 
Par  Jehan  du  Fresoe  ofTerl  fut  ce  tableau 
L*an  que  ta  mort  de  sa  compagne  chère 
Borna  te  cours  de  son  âge  plut  beau. 

D.  25  avril  1584  (Roche»  notaire),  Charles  de  Sachy,  seigneur 
d'Haudvillers,  bourgeois  et  marchand,  M'  du  Puy,  charge  Pierre 
Normand,  maître  menuisier,  demeurant  paroisse  Saint-Firmin  en 
Castillon,  «  de  construire  la  clôture  de  la  chapelle  des  Drapiers, 
à  la  cathédrale,  moyennant  100  escus  sols.  Il  fera  de  plus  unpetit 
tableau  et  image,  et  mettra  quatre  colonnes  doriques  au-dessus 
au  lieu  de  quatre  consoles  ;  quatre  figures  ou  images  élevées  en 
bosse  au-dessus  des  piliers  ou  colonnes,  il  y  apposera  des  con- 
soles, au  lieu  de  Touvrage  rustique  désigné  au  modèle  ;  deux  dou- 
zaines de  tableaux  à  bord  :  deux  cents  petits  sonnets  ;  un  tableau 
pour  peindre  et  apposer  dans  ladite  église,  de  même  hauteur  et 
largeur  que  celui  de  maître  Onophre  Marchand.  »  (Honoré  Mar- 
chand, maître  en  1583.) 

A  vrai  dire,  il  n*est  pas  question  ici  du  traité  avec  le  peintre, 
mais  le  fait  même  de  la  confection  du  panneau  à  Amiens  ne  prouve- 
t-il  pas  surabondamment  que  le  tableau  a  été  exécuté  aussi  à 
Amiens? 

E.  L'acte  suivant,  du  3  avril  158()  (Roche,  notaire),  est  plus 
intéressant  encore  à  ce  point  de  vue  qu'il  nomme  un  peintre  sur 
lequel  j'ai  recueilli  maints  documeniset  dont  j'ai  déjà  même  parlé 
au  Congrès  des  Beaux-Arts,  à  propos  des  tapisseries  des  Ursulines 
d'Amiens.  — Il  s'agit  de  Raoul  Maressal,  père  de  Jean,  peintre  du 
Roi,  et  beau-père  de  Quentin  IVarin.  C'est,  on  s*en  souvient,  la 
fille  de  ce  dernier,  Aladeleine  Warin,  qui  dirigea  l'atelier  où  les 
Ursulines  exécutèrent  les  merveilleuses  broderies  que  j'ai  pré- 
sentées aux  membres  du  Congrès  de  1891. 

Cette  pièce  m'a  paru  mériter  d'être  transcrite,  je  la  donne  donc 
^ûctenso. 
Comparut  en  personne  honorable  homme  Toussains  Rolland, 
rsreois   d'Amiens,  maître  en  cette  année  de  la   confrérie  de 


442      TABLEAUX  OFFERTS  A  NOTRE-DAME  DU  PUY. 

Notre-Dame  du  Pviy,  en  ceste  ville  d'Amiens,  demeurant  audicl 
Amiens,  paroisse  Sainct-Fremin  le  Confez,  d*une  part  :  et  Biiaiil 
Maressal,  peinftre,  demeurant  audict  Amiens,  dicte  paroisse,  cfaultre 
part.  Et  ont  recongnu  entre  eulx  avoir  faiet  le  marcfié  eiusemUle 
quy  ensuict.  C*est  asçavoir  que  ledict  Maressal  a  promis  et  sera 
tenu  peindre,  enrichir  et  dorer  la  closture  de  la  chapelle  que  ledid 
Rolland  a  délibéré  faire  faire  à  Tune  des  chapelles  {sic)  de  ré^jlise 
Nostre-Dame  d'Amiens,  qui  est  celle  que  on  dict  des  tanneurs,  en 
la  forme  et  figure  qu'elle  luy  sera  baillée  par  Jehan  Salie,  tnaîstre 
menuisier,  demeurant  Amiens,  suivant  le  marché  fnicl  entre  lesl 
Rolland  et  Salle,  le  treiziesme  apnril  dernier,  duquel  marché  lec- 
ture a  esté  faicte  audict  Maressal  par  Tun  .desd.  notaires,  r.iuUre 
présent.  Au-dessus  de  laquelle  closture  sera  ledict  Marossal  tenu 
pareillement  peindre  et  dorer  uniableau  qui  y  sera  appose  eu 
ovalle,  suivant  le  pourtraict  reprins  par  ledict  marché,  qiiy  vn  a 
esté  pareillement  exhibé  audict  Maressal  en  passant  les  preseutes. 
Ensemble  peindre,  enrichir  et  dorer  ung  petit  tableau  en  forme 
d*ovalle  ou  aultrement,  tel  quy  luy  sera  baillé  pnr  ledict  Sallt\ 
avecq  deux  cens  sonnets,  dont  il  y  en  aura  quarante  plus  ^jrauds 
que  les  aullres  et  dix  à  bords  dorez  bien  et  suffisamment^  sujets 

a ation,  en  laquelle  closture,  et  fermeture,  ledict  Maressal  «era 

tenu   dorer brunyr  toutes  les  figures,   masques,   visages  ou 

mufles  qui  y  sont  apposées  et  appliquées,  rendre  tous  les  feuillages 
d*or  mat  ou  À  huille,  ensemble  les  folletz  des  moitllures  et  i^m- 
niches,  et  faire  tous  aultres  enrichissements  requis  en  icelle 
closture  et  tableau,  rendre  les  collones,  assçavoir:  celles  du  bas  de 
jaspe  d*une  fachon,  et  celles  de  hault  de  jaspe  d'aullre  faction,  et 
peindre  le  bas  d'icelle  closture  deppuis  les  collones  vi\  coullcur  de 
bois,  ensemble  le  dos  et  derrière  d'icelle  closture  et  tableau.  Le 
tout  faict  et  achevé  en  dedans  le  quinziesme  jour  de  di^cembre 
prochain  venant  ;  sauf  les  sonnetz  et  petit  tableau  qu'il  sera  tenu 
livrer  en  dedans  le  vingtiesme  jour  de  janvier  prochain,  et  ce 
moîennant  la  somme  de  quatre-vingtz  escus  d*or  sol,  tant  moins 
desquelz  ledict  Rolland  a  paie  et  advanché  comptant  audîet  Maressal 
la  somme  de  trente-trois  escus  ung  tiers,  et  le  reste  lui  sen*  naré 

à  mesure  que  Touvraige  se  fera.  Promectant le  tout  ac£ 

plir...  obligent  Tun  envers  Taultre  leurs  biens  et  héntages,.* 
«  Passé  à  Amiens,  après  midy,  le  vingtiesme  jour  de  juta  ' 


TABLEAUX    OFFERTS    A    \OTRE-DAME    DL    PUY.  Ii3 

cinq  cens  quatre-vingt  et  six,  pardevant  nottaires  royaux,  en  la 
maison  d'Alexandre  Roche,  Tung  desd.  nottaires,  et  ont  les  conipa- 
rans  signé  la  minute  des  présentes.  » 

Il  n*est  pas  sans  intérêt  de  mentionner  également  Tacte' relatif  au 
meûuisier^  Jean  Salle  :  ce  qui  nous  reste  des  cadres  de  Notre-Daite 
DU  POY  fait  encore  Tadmiration  de  tous  les  visiteurs  du  Musée  de 
Picardie,  ^eurs  auteurs  ont  fait  œuvre  non  d*artisans,  mais  d'ar- 
tistes. 

Voici,  d*après  M.  Dubois,  un  extrait  du  contrat  passé  entre 
Toussaint  Rolland  et  Jean  Salle  : 

a  Ce  dernier  construira  la  clôture  de  la  chapelle  des  Tanneurs, 
moyennant  133  escus  ung  tiers.  Il  fera  de  plus  un  tableau  pn 
forme  d'ovale,  de  la  hauteur  de  trois  pieds,  pour  mettre  dans  ht 
maison  dudit  Rolland^  plus  deux  cents  sonnets  dont  cent  quarante 
plus  grands  et  dix  à  bord  pour  dorer.  Cette  clôture  devra  être  de 
la  même  hauteur  que  celle  de  Jean  '  de  Sachy.  d 

Remarquons  que  le  petit  tableau  est  dit  u  pour/nettre  dans  ta 
maison  dudit  Rolland  » .  Dans  les  contrats  précédents,  j'ai  souligné  la 
mention  d'un  petit  tableau,  à  peu  prés  pareil  au  grand.  Il  est  » 
croire  que  les  maîtres  du  Puy,  obligés  par  les  statuts  de  la  cou-* 
frèrie  d'oflrîr  à  la  cathédrale  un  tableau  et  de  Ty  laisser,  tn 
faisaient  exécuter  pour  eux-mêmes  une  copie  réduite,  destinée  à 
leur  demeurer  en  souvenir  de  leur  maîtrise.' 

F.  M.  Dubois  a  publié  in  extenso,  dans  sa  monographie  de  Blafi- 
set,  le  contrat  passé  le  28  février  1600,  entre  «  Lois  de  Villers  le 
jeune,  marchant,  demeurant  en  la  ville  d'Amyens,  et  Pierre  Salle, 
maîstre  menuisier,  et  Mathieu  Prieur,  maistre  paintre,  aussi 
demeurant  à  Amiens  "  :  je  me  borne  à  en  résumer  les  points  qui 
concernent  la  confrérie  de  \^otre-Dame  du  Puy  dont  Louis  de 
Villers  était  maître  en  cette  année  1600. 

Pierre  Salle  fera  une  clôture  de  bois  pour  Tune  des  chapelles  de 
la  cathédrale':  il  sera  tenu  faire  aussi  un  tableau,  qui  représert- 
tera   la  transfiguration,  plus  un  autre  petit  tableau   de   mômt-^ 

Ne  serait-ce  pas  pintdt  Charles  de  Sachy,  cî-dessus,  m*  ea  158V?  Il  n'y  a  piis 
^       ^ean  de  Sachy,  m*  du  Puy,  avant  1601. 
Celle  de  Saint-ÉtieoDc. 


I 

i  444  TABLEAUX    OFFBnTS    A    i\;  OT  H  Ë-P  A  M  E    Pli    Pl/Y. 

^  dimensions  que  celui  qui  couronnerfi  la  clôture,  (Donc,  en  somme, 

I;  deux  petits  tableaux.)  Mâlhieu  Prieur  peindra,  dorera  et  décorera 

r  le  tout.  Le  passage  relatif  au  tableau  qui  doit  représenter  la  Trans- 

:  figuration  me  donne  à  penser  qu  il  s'agit  ici  d'un  panneau   aîec 

'  bas-relieis  que  Mathieu  Prieur  aura  polychronié  après  coup.  Quonl 

ï-[.  au  petit  tableau  placé  au-dessus  de  la  clôture,  nous  verrons  ïiku- 

L  tôt  quel  était  son  sujet.  (Ci^après  p*  AAS,  447.)  Il  eiisle  encore 

l  aujourd'hui. 

G.  Frère  Antoine  Peslel,  prieur  des  Jacobins,  fut  maître  du  Puy 
^  en  1602.  Au  lieu  d'une  peinture,  îl  donna  la  cliaire  à  prêcher; 

r  non  pas  celle  que  nous  voyons  aujourd'hui  et  qui  est  du  sculpteur 

'  Dupuis,  mais  une  plus  ancienne.  Salle  (Pierre)  est  chargé  de  ce 

travail,  par  acte  du  24avril  IG02,  devant  Martin,  notaire  à  Amien?. 
:  Mais,  outre  la  chaire,  il  devra  livrer  aussi  un  petit  tableau  à  Prieur 

qui  a  mission  de  le  peindre,  M'oublions  pas  de  mentionner  aussi 
;  dans  le  lot  de  Salle  une  douzaine  et  demie  de  tableaux  en  bois  et 

six  douzaine  de  sonnets. 

H.  En  1630,  voici  un  conlratanalogue  aux  précédents.  Alexandre 
Leclercq,  maître  es  arts,  chanoine  et  préchantre  de  la  cathédrale, 
confie  à  Pierre  de  Paris ^  maître  peintre  à  Amiens,  reçu  maître  en 
1597,  le  soin  de  peindre  et  décorer  une  table  d'autel  et  un  tableau. 
Le  menuisier  est  Henri  Salle.  {5  août  1630,  Martin  Caron,  notaire.) 

I.  Ajoutons  à  ces  noms  celui  dnfrère  Luc,  rècollet,  né  à  Amiens 
et  qui  peignit  plusieurs  tableaux  pour  la  cathédrale,  notammeui 
celui  donné  en  16fifî  par  Fraurois  Quignon,  chirurgien,  M'  da 
Puy,  et  Jeanne  Véru,  son  épouse,  et  celui  offert  en  1671  par  le 
chapelain  Mathieu  IVaase.  Je  ne  fais  que  citer  ici  cet  artiste,  me 
réservant,  comme  pour  Raoul  Maresset,  de  traiter  plus  complète- 
ment sa  biographie.  Les  documents  que  j'ai  recueillis  me  per- 
mettent dès  à  présent  de  lui  consacrer  une  notice  spéciale. 

Il  est  intéressant  de  rapprocher  des  contrats  précédents  les  de^ 
criptions  des  tableaux   et  de  leurs  cadres  qui  nous  ont  été 
servéesdans  les  manuscrits  du  bourgeois  Pages»  Je  les  rapport 
dans  Tordre  que  jVi  suivi  ci^dessus. 


TABLEAUX  OFFERTS  A  NOTRE-DAME  DU  PUY.      445 

A.  €L  La  Mère  de  Dieu  n'ayant  rien  perdu  de  sa  virginité  par  sa 
fécondité,  le  Gis  de  Dieu  estant  sorti  de  son  chaste  sein  comme  les 
rayons  de  soleil  passent  à  travers  le  verre  sans  le  rompre,  on  a 
représenté  la  très  sainte  Vierge  sous  cette  idée  dans  un  tableau 
posé  contre  une  de  ces  colonnes,  offert  par  M.  Robert  de  Sachy, 
seigneur  d*AudvilIers,  échevin,  en  1567.  Ce  sage  magistrat  y  est 
peint  vestu  d*une  robe  d'échevin  ;  son  air  paraît  grave,  sa  physio* 
Domie  heureuse;  une  longue  barbe  noire  le  rend  vénérable.  Les 
paroles  qu'il  a  mises  pour  refrain  dans  son  tableau  portent  :  Châssis 
où  luit  le  soleil  de  justice,  conviennent  assez  à  la  représentation 
de  ce  tableau  et  faisoient  allusion  à  son  nom  de  famille  :  —  Sachy, 
avec  le  chuintement  picard,  donne  Cbacby,  —  et  aux  armes  qu'il 
portoit  autrefois  :  d*aznr,  au  châssis  de  fenêtre  d*or,  vitré  d'argent, 
éclairé  par  un  soleil  d'or  mouvant  du  côté  du  chef,  et  accom- 
pagné de  trois  étoiles  deux  et  une,  aussi  d'or.  Cette  famille  porte 
à  présent  :  échiqueté  d'argent  et  de  sable,  à  l'orle  d'axur. 

«  Lç  cadre  de  ce  tableau  est  orné  aux  côtés  de  deux  statues  iso- 
lées et  sculptées  de  bois  doré,  qui  représentent  deux  dryades  ou 
nymphes  des  bois,  aux  pieds  fourchus,  posées  sur  deux  tortues.  9 

B.  Le  tableait  du  chapelain  Boistel  n'est  que  mentionné  dans 
Pages  :  il  est  dit  sommairement  qu'il  faisait  allusion  au  nom  du  dona- 
teur qui  avait  pris  pour  devise  :  Boistel  sacré  rempli  de  toute  grâce. 

C.  L'offrande  de  Jean  du  Fresne  est  plus  longuement  décrite,  et 
Pages  entre  à  son  sujet  dans  d'intéressants  détails. 

tt  Ce  môme  triomphe  de  Marie  (l'Assomption)  est  encore  peint 
dans  un  autre  tableau  attaché  à  la  septième  colonne  isolée  du 
même  côté  (à  droite)  de  la  nef,  donné  l'an  1581  par  M.  Jean  Du- 
fresne,  marchand.  Les  apôtres  sont  peints  en  petit  autour  du  tom- 
beau de  la  sainte  Vierge,  dans  lequel  ils  cherchent  son  corps  qui 
s*élève  dans  le  ciel;  au  côté  de  cette  Assomption,  le  peintre  a 
placé  dans  le  même  tableau  la  Résurrection  de  J.-C...  M.  Du- 
fresne  est  peint  dans  ce  tableau  avec  sa  famille,  n  Pages  fait 
observer  que  les  hommes  étaient  coiffés  de  chapeaux  à  petits 
rds,  avec  une  forme  basse,  ce  qui  était  une  nouveauté. 

)evise  :  Fresne  élevé  par  dessus  toutes  plantes.  J'ai  déjà  rap- 

*l^rin9cription  (p.  441). 


446      TABLEAUX  OFFERTS  A  \OTRE-DAME  DU  PtY- 

D.  Comme  le  tableau  de  Jehan  Boistel,  celui  de  Charles  de  Sachy 
est  brièvement  mentionné  dans  Pages. 

Miroir  parfait  où  le  peuple  se  mire,  telle  è\m\  la  detise  du 
donateur:  comme  je  Tai  expliqué  plus  haut,  à  propos  de  Robert 
de  Sachy,  cette  devise  jouait-  sur  le  nom  et  les  armes  des  Sacby  : 
châssis,  miroir.  Le  peintre  s*en  était  inspiré  pour  la  composition 
de  son  tableau,  où  a  la  sainte  Vierge  était  considérée,  dit  Pages, 
comme  un  miroir  de  perfection  d.  Il  ajoute  :  «  Le  coloris  de  ce 
tableau  est  tendre  et  délicat.  » 

E.  Nous  avons  éprouvé  une  vraie  déception  en  constatant  t|ue 
Pages  ne  donne  aucun  détail  sur  le  tableau  peint  par  Raoul  Mares- 
sal  pour  le  compte  de  Toussaint  Rolland.  Il  se  borne  «À  quelques 
réflexions  sur  la  clôture. 

u  Cette  clôture,  dit-il,  qui  est  de  bois  peint  et  doré,  fut  offerte 
en  1586  par  M.  Toussaint  Rolland,  marchand;  son  architecture  est 
ornée  de  quatre  colonnes  d*un  ordre  particulier  et  dont  on  ne  voit 
pas  de  semblables  dans  tous  les  ornemens  qui  embellissent  notre 
cathédrale.  Il  est  à  préjuger  que  le  sculpteur...  a  voulu  montrer 
qu'il  n*ignorait  pas  les  ornemens  les  moins  usités  d^ns  Tarchitec' 
ture...  n  (Suit  un  paragraphe  sur  Torigine  des  Cariatides  et  Topr- 
nion  de  Vitruve  à  leur  sujet.)  Le  tableau  jouait  évidemment  sur  le 
nom  du  donateur  et  avait  été  inspiré  par  sa  devise  :  Fleur  de  tous 
saints  roulant  dujlot  de  grâce. 

F.  tt  Le  tableau  dont  je  vais  vous  parler  sert  de  couronnemeul  I 
la  clôture  de  la  chapelle  de  Saint-Etienne,  faite  d'une  sculpture  de 
bois  bien  travaillé  ^  La  sainte  Vierge  y  est  peinte  assise  devant  une 
des  portes  de  cette  ville  mystérieuse  décrite  dans  le  vingt  et  unième 
chapitre  de  TApocalypsc.sous  la  Ogure  de  sainte  Jérusalem,  des- 
cendant du  ciel,  dont  la  grande  muraille  de  jaspe  avait  douxe 
portes,  trois  de  chaque  côté  des  quatre  vents  et  à  chaque  porte  un 
ange.  Cette  cité  d*or  pur  n'avait  point  de  temple,  car  le  Seigneur 
tout  puissant  en  étoit  le  temple  et  Tagneau;  elle  n'étoît  point 
éclairée  du  soleil  ny  de  la  lumière,  car  la  lumière  de  Dieu  réclai-' 
roit  et  Tagneau  en  étoit  la  lumière. 

*  Voir,  ci-contre,  planche  XXVIII. 


i 


TABLEAUX   OFFERTS    A    \OTRE-DAME   OU    PUY.  447 

a  C*e8t  à  cette  Mère  de  miséricorde,  ainsi  placéeà  la  porte  de  la 
Jérusalem  céleste,  que  nous  pouvons....  donner  la  qualité  de  Porte 
du  Ciel...  Cette  clôture  fut  oflerte  en  Tan  1600  par  M.  Louis  De- 
viilers,  seigneur  de  Rousseville,  et  dlle  Marie  Gonnet,  son  épouse. 
II  y  est  peint  avec  sa  famille.  On  y  voit  son  écu  où  il  porte  «  d'or 
à  trois  roses  de  gueules,  tigées  et  Teiiillées  de  synople  v  ;  son 
épouse  porte  «  d*argent  à  trois  fasces  ondées  de  gueules  « . 

B  II  est  à  préjuger  que  M.  Devillers  pour  peindre  dans  son 
tableau  un  sujet  qui  6t  allusion  à  son  nom,  a  choisi  cet  endroit  de 
TApocalypse  où  il  est  marqué  que  saint  Jean  vit  la  cité  de  Jérusa- 
lem descendant  du  ciel,  qui  est  apparemment  le  temps  que  le 
peintre  a  voulu  marquer  pour  dire  que  la  ville  estoit  en  Tair.  » 
I^  devise  de  Louis  de  Villers  :  Z>i«  Jubilé  belle  Ville  airs  résonnent, 
rentrait  dans  cet  ordre  d'idées. 

J'ajoute  que  les  Villers,  comme  les  Sachy,  ainsi  que  nous  l'avons 
vu  plus  haut,  avaient  changé  à  plusieurs  reprises  d'armoiries  : 
ils  avaient  eu  d'abord  pour  armes  parlantes  une  ville  soutenue  par 
des  nuées. 

Pour  compléter  cette  description,  je  suis  heureux  de  pouvoir  y 
joindre  la  photographie  du  tableau  lui-même;  il  est  du  petit 
nombre  de  ceux  qui  ont  été  conservés  à  Amiens,  et  cette  circon- 
stance double  l'intérêt  de  la  découverte,  par  M.  Dubois,  du  contrat 
et  du  nom  du  peintre.  Mathieu  Prieur^  dorénavant,  devra  être 
cité  par  tous  ceux  qui  écriront  sur  l'Art  à  Amiens. 

Parmi  les  vingt-buit  portraits  qui  figurent  sur  le  tableau,  je  ferai 
remarquer,  —  outre  les  membres  de  la  famille  de  Villers,  — 
Henri  IV  et  deux  personnages,  dont  l'un,  celui  placé  à  la  gauche  du 
roi,  est  vraisemblablement  Sully.  Le  second  serait-il  Dominique 
de  Vie,  ce  gouverneur  qui  avait  su  remplir  avec  tant  de  tact  la  dif- 
ficile mission  qui  lui  était  échue  au  lendemain  de  la  reprise  de 
notre  cité  sur  les  Espagnols,  qu'il  se  concilia  Testime  et  lafTection 
de  tous  les  habitants? 

G.  Nous  avons  vu  (p.  444,  ci-dessus)  que  ce  fut  aussi  le  peintre 
Prieur  qui  fut  chargé  du  tableau  offert  en  1602,  avec  la  chaire,  par 
frère  Antoine  Pestel,  docteur  en  théologie,  prieur  des  Jacobins 
d^Amiens.  Cette  œuvre  est  disparue.  Nous  savons  seulement  que  ce 
panneau  était  placé  au  couronnement  de  la  chaire,  et  que  Prieur, 


r 


UH  TABLEAUX   OFFERTS    A    XOTRE-DA\IE    DU    PlîY. 

en  vrai  patriote,  y  avait  encore  représenté  Henri  IV  et  le  Dauphin 
qui  fut  depuis  le  roi  Louis  XIII.  (Cf.  Pa^jès,  p,  275.) 

H,  Le  présent  d'Alexandre  Leclercq  n'est  pas  menllonné  dans 
Pages. 

i  *  Quant  aux  tableaux  peints  par  le  frère  Luc  —  Claude  François 
dans  le  monde,  — comme  je  me  propose  d'en  parler  d'une  manière 
plus  détaillée  dans  une  monographie  spéciale,  je  me  borne  à  men- 
tîoaner  ici  les  sujets  qu'ils  représentaient.  Celui  nfifert  en  166fi  par 
François  Quignon,  jouant  sur  le  nom  de  ce  maitro  et  inspiré  par 
sa  devise  :  Croiat  aimable  à  Jésus  quoi  Quiguomimeuse^  montiiit 
la  Vier;je  tenant  entre  ses  bras  TEnfant  Jésus  qui  regardait  amou- 
reusement une  Croix.  —  A  l'intérieur  des  volets  étaieut  représpn- 
lées  V Annonciation  et  la  Nativité  de  J.-C.  en  camaïeu  « 

Le  tableau  offert  par  M'  Mathien  Wasse  élait  une  Assomption. 
II  n'avait  pas  été  exécuté  pour  la  Confrérie  du  Puy»  mais  tit  Tobjet 
d'un  doti  particulier. 

En  résumé,  grâce  aux  contrats  qui  prrî^dent,  voici  les  noms  des 
auteurs  de  huit  des  tableaux  du  Puy  retrouvés...  et  retrouvés  à 
Amiens  : 

FirmmleBel,  1567  et  1569. 

Jeban  de  Paris,  1581. 

Raoul  Maressal,  1586. 

Mathieu  Prieur,  1600  et  1602. 

Pierre  de  Paris,  1630. 

Frère  Luc»  1666  (je  ne  compte  pas  le  tableau  de  1671), 

Pounjuoi  ces  artistes   n'auraient-ils   pas   exécuté   d'aulre^  la* 
bleaux?  Pourquoi  les  tableaux  antérieurs  n  auraient-ils  pas  trouvé 
aussi  dans  notre  ville  des  pinceaux  assez  habiles  pour  les  exe 
cuter?    Zacharie  de  Cellers,   par  exemple,    qui^  à  ma  connais 
sance,   fut   chargé,   vers   1550-1560,   de  divers  portrait»,   était 
certes  de  taille  à  donner  satisfaction  aux  demandes  des  maîtres 
du  Puy-  et  antérieurement,  les  d'Ypres,  les  Barbe,  les  Bcugier 
et  tant  d'autres  dont  j'ai  récolté  les  noms,  n'ont-ils  pas  fot 
une  pléiade  artistique  offrant  aux  membres  de  la  Confrérie  ai 
noise  toutes  les  ressources  et  toutes  les  garanties  désirables  i 


I 


f 

w 


TABLE.ALX    OFFERTS    A    NOTRE-DAME    DU    PUY.  449 

faire   exécuter  sur  place  le   tableau   composé  par  les  statuts? 
Et  comment  s'en  étonner?  Cette  Confrérie,  à  elle  seule,  n'était- 
elle  pas  capable  de  donner  Télan  artistique  à  la  cité  et  d'y  déie- 
Jopperle  goût  du  beau? 

In  autre  fait,  postérieur,  vient  conBrmer  ma  thèse  et  prouver 
Texistence  à  Amiens  d'importants  ateliers  de  peinture.  C'est 
l'exportation  des  œuvres  exécutées  à  Amiens. 

Les  actes  du  tabellionage  de  Rouen,  compulsés  en  1607  et  1608 
par  M.  Gosselîn,  pour  son  u  Histoire  de  la  marine  normande  et  du 
commerce  rouennais  r> ,  ont  fourni  à  ce  propos  une  révélation  d'un 
intérêt  capital. 

£n  1606»  un  industriel  de  Rouen,  nommé  Henri  Tillien,  maître 
peintre,  chargeait  sur  un  navire  de  Dieppe  vingt-six  tableaux  peints 
à  riiuile  et  représentant  des  sujets  religieux:  Descentes  de  croix^ 
figures  de  1\[.-S. ,  deN.-D. ,  etc.  Ces  tableaux  sortaient  de  son  atelier  ; 
mais,  ponr  finir  son  chargement,  le  maître  peintre  s'était  adressé  à 
ses  confrères  d'Amiens,  qui  lui  avaient  expédié  cent  cinquante-huit 
tableaux. 

tt  ...  Plus  deux  tableaux  en  albâtre,  dit  le  contrat  notarié,  et 
treize  douzaines  de  petits  tableaux  enluminés  ;  ces  derniers,  ainsi 
que  les  deux  d'albâtre,  n'étant  pas  de  la  fabrique  dudit  Tillien, 
mais  fait  venir  par  lui  de  la  ville  d'Amiens  » . 

La  oiêoie  année,  dans  le  mois  de  novembre  1606,  le  sieur  Til- 
lien  chargeait  sur  un  autre  navire  du  port  de  Dieppe  deux  caisses 
pleines  de  tableaux  à  Thuile  peints  par  lui  et  ses  ouvriers  plus  une 
caisse  de  tableaux  peints  à  la  détrempe,  des  tableaux  d'albâtre,  des 
plafonds...  le  tout  fait  venir  de  la  fabrique  d'Amiens  et  envoyé 
avec  ses  propres  tableaux  en  Espagne.  (Actes  du  tabellionage  de 
Rouen,  9  mai  1607  — 4  avril  1608.) 

C'était  en  effet  vers  Séville  que  les  productions  des  peintres  nor- 
mands et  picards  étaientdirigées.  On  peut  supposer  qu'elles  étaient 
destinées  à  orner  les  murs  des  couvents,  soit  en  Espagne,  soit  dans 
les  colonies.  (Comm.  de  M.  Janvier.) 

Il  est  aisé  de  comprendre  qu  après  les  troubles  de  la  Ligue  et  le 
COI  :errible  qui  frappa  notre  ville  d'Amiens  en  1597,  le  goût  des 
Bel  .-Arts  et  les  dépenses  somptuaires  aient  dû  diminuer  dans 
not       cité.  Les  artistes,  ne  trouvant  plus  de  débouchés  sur  place, 

20 


k 


450      TABLEAUX  OFFERTS  A  NOTRE-DAME  Dt  PUY, 

comme  par  le  passée  dorent  cesser  de  faire  de  Tart  pour  faire  du 
métier  et  chercher  de  toutes  les  manières;  possibles  à  se  procurer 
des  moyens  d'existence  que  la  misère,  conséquence  du  siège 
d*AmienSy  ne  leur  permettait  plus  de  Irouver  chez  eux.  Bien  heu* 
reux  encore  de  rencontrer,  comme  leurs  collf'gup.s  d'Anvers,  nu 
entrepreneur  de  brocantage  artistique.  (CT  Fernand  Donnet,  d'An- 
vers, communication  au  Congrès  de  Ganden  18%*) 

Dans  ma  notice  sur  le  sculpteur  amiénois  Jacques^Firmin  VimeuXi 
présentée  au  Congrès  des  Beaui-Arts  en  1894,  je  disais  que  le* 
artistes  peintres  étaient  relativement  rares  à  Amiensau  dix-seplièm^ 
et  au  dix-huitième  siècle.  Ne  serait-ce  pas  dans  les  funeâtefî  événe- 
ments de  1597  qu'il  faudrait  chercher  la  cause  tle  la  déodeuee 
d^ateliers de  peinture  florissants  aux  quinzième  et  seizième  sièclei^ 
assez  florissants  pour  avoir  produit  au  moins  une  partie  des  pré* 
cieuses  peintures  du  Puy.  Nos  archives,  je  le  répète,  n  oiU  point 
encore  livré  tout  leur  secret  sur  cette  question,  mais  on  cxinviendra 
du  moins  qu'elle  a  fait  un  pas  appréciable.  Les  cautrats  exhumes 
les  noms  retrouvés,  les  descriptions  de  Fa^jès  viennent  singulière* 
ment  appuyer  ma  thèse,  et  je  ne  pense  pas  qu*îl  soit  téméraire  de 
revendiquer  peur  les  AmiénoisThoniieur  d'avoir  créé  les  peintnrr.^ 
dont  s^enorgueilliss^it  notre  cathédrale. 

§  2.  Note  sur  un  tableau  provenant  de  la  Confrérie  amunùhf 
de  Notre-Dame  du  Puy. 


Les  recherches  sur  les  auteurs  des  tableaux  du  Puy  doEinent 
des  résultats  encourageants  :  il  en  est  de  même  des  recherches  sur 
les  œuvres  elles-mêmes.  Toutes,  heureusement,  n'ont  pas  été  dé- 
truites I  }1  doit  en  exister  encore  un  certain  nombre,  ignorées  dan? 
des  églises  de  village,  égarées  chez  des  particuliers  qui  n'en  con- 
naissent pas  Forigine,  ou  même  conservées  dans  des  musées  nvei 
une  fausse  attribution.  L*une  des  œuvres  les  plus  intéressantes  de 
notre  Confrérie  amiénoise  ne  se  trouvc-t-elle  pas  depuis  nombre 
d'années  dans  Tun  de  nos  grands  musées...  à  Cluoy...  comme pro- 
l  venant  de  la  cathédrale  de  Reims!  J*ai  promis  h  M.  Saglio  a* 

fournir  toutes  les  preuves  à  Tappui  d'une  rectlficatîoD  pour  ^" 
chaîne  édition  du  catalogue. 


TABLEAUX    OFFERTS    A    KOTRC-DAIIE    DL'    PUT.  451 

L*origine  du  tableau  que  j'ai  Tbonnenr  de  signaler  aujourd'hui 
au  CoDgrès  des  Beaux-Arts  était  également  tout  à  fait  oubliée  :  son 
existence  même  n'était  guère  connue  que  dans  un  cercle  très  étroit, 
perdu  qu'il  était  dans  une  humble  commune  du  Pas-de-Calais,  à 
Coullemont,  village  de  deux  cent  trente-huit  habitants,  canton 
d*Avesnes-le^omte»  arrondissement  de  Saint-Pol. 

Sans  être  comparable  aux  magnifiques  peintures  de  I5I8, 1519, 
I526...,iln'estpasàdédaigner  aupointde  vuepurement  artistique  ; 
mais,  surtout,  il  est  précieux  en  ce  qu*il  ?ient  combler  une  lacune 
entre  les  tableanxqneje  viens  de  citer  et  ceux  du  dix-septième  siècle. 
II  porte  bien  d'ailleurs  le  cachet  de  son  époque  :  le  sujet  lui- 
même  en  est  fort  caractéristique  :  nous  sommes  au  temps  des 
événements  de  la  Réforme. 

Pages  Pavait  déjà  mentionné  dans  ses  Mémoires  :  «  Le  loingtain  )^ 

de  ce  tableau  est  embelli,  écrit-il,  d'un  paysage.  On  y  voit  la  sainte  ;) 

Vierge  portée  dans  un  chariot  d'or  tiré  en  Pair  par  des  chevaux  f: 

d'or.  Au-dessous,  on  voit  sur  la  terre  un  grand  serpent  ou  dragon  '\ 

à  plusieurs  tètes,  qui  semble  vouloir  s'élever  contre  ce  chariot.  : 

a  L'architecture  du  quadre  de  ce  tableau,  faite  de  bois  doré  en 
sculpture,  est  soutenue  par  des  pilastres  ou  colonnes  hermétiques  j 

formées  par  deux  statues  de  femme  en  demi-bosse  sortant  de  leurs 
gaaines.  v 

Cette  description,  pour  sommaire  qu'elle  est,  n'a  pas  été  inutile 
et  m'a  donné  une  preuve  de  plus  à  Pappui  de  l'identification  de 
cette  peinture,  que  j'avais  déjà  reconnue  gr&ce  à  la  devise  et  au 
l>la8on  de  son  donateur.  Augustin  Cousin,  prêtre,  chapelain  de 
la  cathédrale,  maître  du  Pny  en  1548,  l'ofirit  à  la  cathédrale  con- 
formément aux  statuts,  a  et  ledit  jour  chanta  sa  première  messe  i? . 
C'est  du  moins  ce  que  nous  lisons  dans  un  épitaphier  manuscrit 
conservé  dans  la  bibliothèque  des  antiquaires  de  Picardie. 

Je  n'ai,  du  reste,  aucun  autre  renseignement  biographique  sur 
cet  ecclésiastique.  Un  Pierre  Cousin,  vraisemblablement  Pnn  de  ses 
parents,  procureur  en  la  cour  spirituelle,  avait  été  déjà  maître  du 
Pny  en  1513  et  avait  offert  aussi  un  tableau  dont  Pages  parle  en 
iermes  élogieux.  Une  reproduction  plus  ou  moins  fidèle  nous  en 
A  ité  conservée  dans  le  beau  manuscrit  des  chants  royaux  d'Amiens 
^I  iblîothèqne  nationale,  n*  145  français);  on  la  trouvera  au  f'  41 
Si   -e  recueil,  sous  la  devise  :  Clavigère  du  royaume  céleste. 


452  TABLEAUX    OFFERTS    A    MOTRE-DAME    DV    PL'Y. 

Par  quelle  étrange  destinée  le  tableau  de  1548  est-i)  arrivé  dans 
cette  humble  église  du  diocèse  d'Arras?  J*ai  |ni  me  procurer  à  ce 
sujet  quelques  renseignements»  grâce  à  l'obligeance  d'un  ancien 
percepteur  de  Lucheux,  M.  Picard,  membre  de  notre  Sociélé, 

Sorti  de  la  cathédrale  sans  doute  en  même  temps  que  les  autres 
tableaux  du  Puy,  en  1723,  le  présent  d'Augustin  Coiisiu  vint  à 
Lucheuxàiine  époque  que  je  ne  saurais  préciser;  peut-être  immé- 
diatement. Sa  deuxième  étape  est  à  Humbercourt,  village  voisin 
de  Lucheux  et  situé  sur  la  limite  extrême  de  la  Somme  et  du  Pas- 
de-Calais.  Il  y  fut  naturellement  dédaigné  :  J'ai  entendu  dire  qu'on 
ravait  réduit  au  rôle  de  cloison  dans  une  maison  d'ouvrier:  il  subit 
même  à  ce  moment  un  badigeonnage  à  la  chaux.  Aussi  ne  fit-on 
aucune  difficulté  pour  le  vendre,  le  jour  oii  un  babitant  de  Coulle- 
mont/  commune  contiguë  à  celle  d'Humbercourt,  maiâ  dans  le 
Pas-de-Calais»  en  offrit  royalement  la  somme  de. ,.  dix  francs.  11  pat 
emporter  son  acquisition  séance  tenante. 

A  Coullemont,  on  avait  pensé  à  mettre  le  tableau  dans  réglise, 
mais  Tévéque  d  alors,  le  trouvant  trop  profanep  s'y  opposa  :  peut' 
être -n'en  avait-il  pas  très  bien  saisi  le  sujet. 

Il  fallait  un  hasard  heureux  pour  remettre  cette  œuvre  en  lumière: 
cette  occasion  se  produisit:  en  1896,  un  des  membres  du  Comité  de 
TExposition  d'Arras,  dont  la  propriété  est  voisine  de  CoullemaDt 
et  qui  avait  eu  connaissance,  de  cette  peinture,  la  demanda  au  curé 
et  la  transporta  dans  Tune  des  salles  du  palais  Sainl-Vast.  C'est  là 
que  je  la  vis  pour  la  première  fois  :  frappé  tout  d*abord  de  son 
allure  et  m*étant  assuré  que  son  origine  était  totalement  tnconnnep 
je  pris  séance  tenante  des  notes  qui  me  permirent  de  Tidentilifr 
dès  mon  retour  à  Amiens  et  de  la  revendiquer  comme  nôtre. 

J*aurais  vivement  désiré  pouvoir  la  faire  entrer  au  Musée  (le 
Picardie,  mais  toutes  mes  négociations,  à  ce  sujet,  et  les  raisons  lef 
plus  légitimes  échouèrent  devant  la  décision  bien  arrêtée  ,do  cornet 
municipal  de  Coullemont. 

Le  tableau  d'Augustin  Cousin  restera  donc  dans  cette  commune: 
j'espère  qu'il  n'y  sera  exposé  à  aucune  dégradation  ;  mai»  comme 
bien  peu  pourront  Ty  aller  voir,  j*ai  cru  utile  de  communî'juerà 
i\IM.  les  membres  du  Congrès  des  Beaux-Arts  une  photographia 
ce  curieux  spécijnen  des  peintures  offertes  au  Puy  d'Amiei»  vi 
le  milieu  du  seizième  siècle. 


Page  4rii 


ALGISTIX    COL'SIX    ET    SA    KAWILI.K 


1 


r 


SCULPTURES,    PE[\TUEtRS    DE    L  HlISE    S  AI^VT-i  KTOIVK.    4S3 

La  planche  qui  complète  la  présente  Dole  fera  lOiiDaUre  mieni 
qu'une  description  im  sujet  d'ailleurs  facile  â  comprendre'.  La 
vierge  Illarie,  m^'i&e  sur  ud  (^liar  d'or,  orné  de  pierreries,  foule 
victorieusement  rMéresie  représentée  par  quelques  livres  :  des 
chieurs  d'anges  âenibletit  rêlébrer  sa  victoire  ;  au  eliar  sont  atleh^es 
deux,  licornes  ;  cet  animal  faUuleuK,  qu'uni!  Vier^je  seule  poniait 
dompter ,  est  ici  le  symbole.de  la  ville  d'Amiens  qui  Fa  adopté 
comme  support  de  ses  armoiries. 

Au-dessous^  TH^dre  avec  ses  sept  têtes  écrasant  la  brebis  symbo- 
lique -  sujet  qui  a  été  puîsê  manifestement  dans  l'Apocalypse* 
A  droite,  trois  personnages  qui  constituent  une  allégorie  diffîcile  à 
saisir,  mais  relative  à  coup  sur  aux  troubles  reliij^ieux  de  l'époque. 

Enfin,  sur  le  devant  du  tableau,  le  donateur  et  sa  famille.  1 

Tel  est,  en   quelques    mots,   l'ensemble    de  cette   peinture.  | 

Puissé-je  arriver  quelque  jour  à  retrouver  le  contrat  qui  fera  cou-  j 

naître  son  auteur.  I 

Robert  Guërlin, 

Membrt5   de  k  SoeJétâ  des  aDtrquijret 
de  Picardie,  à  Amiettu, 


XXVIÏ 

LES    SCULPTURES    ET    LES    PEfNTlTRES 

DE    L'ÉGLISE    OE   âJIlNT-AlVTUtV  E    £\   VlEJVtVOlS 

I 

L'église  abbatiale  de  Saint*Aatoine  esl  un  des  monuments  les 
plus  remarquables  de  l'époque  ogivale  dans  le  midi  de  la  France. 
LiOOgtemps  demeurée  eu  dehors  du  cercle  des  excursions  consa- 
crées, par  suite  d©  sa  situatioo  un  peu  écartée,  elle  voit  aujour- 
d'hui, grâce  à  la  florissante  communauté  qui  la  dessert,  la  fgule 

4  Voir,  ci*dfs$ui,  plaochi^  XXtki. 


454     SCULPTURES*    PEINTURES   DE    L'EGLISE    S.^  IKT-AKTOÎHE. 

emplir  de  nooYeau  ses  vastes  nefs,  comme  aa  temps  €Ù  le  cuUe  k 
patriarche  des  cénobites  loi  amenait  les  pèlerins  et  les  malades  de 
tous  les  coins  de  FEurope.  — Ce  beau  monumeot  n'a  pas  encore 
sa  monographie  complète;  mon  savant  amî,  Dom  Hippoljte 
Dijon  \  si  bren  renseigné  sur  tons  les  détails  de  son  liiâloire 
architecturale»  est  tout  désigné  poor  mener  à  bien  ce  travail,  qui 
ne  laisse  pas  que  d'être  assez  délicat.  J^espère  bien  qu'il  ne  nous 
le  fera  pas  trop  attendre. 

La  présente  notice  apportera  à  cette  œovre  une  modeste  cm- 
tribation  :  elle  a  pour  bat  de  faire  connaître  deui  œuvres  d'art 
très  importantes  et  d'apporter  un  peu  de  lumière  mr  leurs  ori^ 
gines. 

Un  nom,  longtemps  oublié  dans  rbistaîre  de  Tart,  mats  qui 
bientôt  aura  reconquis  son  ancienne  renommée,  est  attaché  k  notre 
vieille  basilique,  c'est  celui  du  «  souverain  tailleur  d'images  *  v, 
.  Antoine  le  Moiturier. 

Les  archives  de  Dijon  et  d'Avignon  nous  révèlent,  en  effet,  que  le 
maître  sculpteur  a  passé  à  Saint-Antoine  quelques-unes  des  années 
où  il  était  dans  toute  la  vigueur  de  Tâge  et  du  lalent* 

Mais  elles  se  sont  obstinées  à  garder  le  secret  des  travaux  qu'il  j 
accomplit. 

En  1896,  M.  J.  J.  Marquet  de  Vasselot'  a  exprimé  Tat^ls  que  le 
travail  auquel  s'était  livré  Le  Moiturier  à  Saint-Antoine  était  la 
sculpture  du  portail  de  Téglise.  Il  appuie  son  opinion  sur  les 
caractères  de  cette  sculpture,  qui  la  font  rentrer  dans  les  produc-* 
tiens  de  l'École  dijonnaise. 

J'adopte  entièrement  ses  conclusions.  Mais  je  crois  être  en 
mesure  de  pousser  plus  avant  la  démonstration,  en  lappuyant  sur 
une  preuve  positive. 

'  C'est  en  visitant  ensemble  l'église  de  Saint- Antoine  que  nous  avons  pos^  fe* 
jalons  de  cette  notice.  Qu'il  veuille  bien  recevoir  ici  le  témuignage  de  ma  r«f)«a- 
naisaance  pour  les  précieux  renseignements  qne  je  Ini  dois. 

*  Le  mot  est  de  Michel  Coload>e.  Voir  B.  PftosT,  Artistes  drjonmms  dm  fvt^ 
xiêwte  siède^  dau  GaxetU  des  Beaux-ArU^  1891,  p.  23. 

*  Communication  k  la  Société  des  antiquaires  de  France,  Bulletin  de  tS%,  p.  T9> 
Le  traYail  de  M.  de  Vasselot  n  pam  dernièrement  dos  les  Mémoires  de  tAe^ 
démi€  des  itÊScriptions  (foMlatimi  Ea^ène  Pîot,  S^  Indeule  du  t.  IIK  1B9T) 
sous  ce  titre  :  Deux  œuvres  d* Antoine  Le  Moiturier,  L'obligeante  amAbiljié  di 
l'auteur  m'a  permis  d'en  prendre  connaissance,  alors  que  U  préseple  iH^Uce  éà^^ 
terminée.  J'ai  été  heureux  de  constater  la  parfaite  conïoniiité  de  nos  cm^é^étyms 


Planche  XX.X. 


l'aue  AhA. 


KGLISK     DE    S^1\T-.1]VT0I?«E 

Ki:i:Li'TUIlK8     DU     l'OHT^IL 


SCULPTURES,   PEINTDRE8    DE    L'ÉGLISE    SAINT-AKTOINE.     455 

Commençons  par  décrire  briëvelnenk  la  façade  ' . 
Elle  présente  un  ensemble  harmonieux  et  bien  proportionné» 
<|Di  en  eût  fait  Tune  des  plus  distinguées  de  son  époque,  si  son 
couronnement  avait  été  .achevé.  Une  galerie  la  partage  en  deux 
étages,  et  d*élégants  contreforts  à  nervures  prismatiques,  qui  mon- 
tent jusqu'au  iommety  lui  donnent  un  heureux  relief,  en  marquant  \ 
les  divisions  intérieures.  Un  rang  de  grandes  statues  garnissait  la 
partie  inférieure  des  contreforts  et  les  pieds-droits  des  trois  portes; 
des  niches,  ménagées  dans  les  plats  de  l'étage  supérieur,  en  avaient 
reçu  également;  qn  comptait  en  tout  trentre-quatre grandes  statues, 
celles  du  trumeau  comprises.  Une  seule,  et  mutilée  de  la  tète,  est 
encore  en  place  dans  la  gable  de  la  porte  de  gauche. 

Heureusement,  la  triple  archivolte  de  la  porte  principale  a  été 
plus  respectée  et  reste  pour  adoucir  nos  regrets.  Elle  est  garnie 
de  quatre-vingt-cinq  statuettes,  dans  des  niches  surmontées  de 
dais  très  ouvragés. 

Lfa  première  série,  contre  le  tympan,  comprend  douze  person- 
nages, assis  dans  l'attitude  traditionnelle  des  prophètes.  On  y 
reconnaît  Moïse  aux  tables  de  la  loi  et  David  à  la  harpe,  sur  laquelle 
îl  s'appuie*. 

Les  autres  sont  san/  doute  les  grands  prophètes  ou  des  pa- 
triarches. 

Les  deux  autres  séries  se  composent  d'anges,  groupés  deux  à 
deux  et  dominés  par  le  Christ  de  majesté,  tenant  le  globe  du  monde. 
Tous  ces  anges,  aux  ailes  multiples,  sont  debout,  dans  des  poses 
gracieuses  et  très  naturelles.  Us  jouent  de  divers  instruments, 
ouvrent  la  bouche  pour  chanter  sur  des  livres  et  des  banderoles, 
ou  joignent  les  mains  dans  l'attitude  de  l'adoration. 

Ces  trente-six  groupes  sont  extrêmement  variés  et  prouvent  une 

singulière  souplesse  et  une  rare  fécondité  de  talent  chez  le  sculpteur. 

Les  draperies  des  anges  offriraient  bien  des  particularités  dignes 

d'intérêt.  Mais  les  patriarches  et  les  prophètes  du  premier  rang 

1  M.  Marcel  Beymoad,  qui,  en  même  temps  qoe  M.  de  Veiselol,  nommait 
Le  Moitarier  à  propos  des  scolptures  de  la  façade,  croit  reconnaître  dans  cette 
façade  an  caractère  nettement  ilatien.  J'avoue  que  ses  iurguments,  développés 
dans  une  intéressante  brochnre,  ne  m*ont  pas  convaincu.  (V.  Marcel  Rbymono, 
Curactéte  iiaUtn  de  la  /mçade  de  Saini^Anloine  (Isère)  et  Sculpture  de  Le 
Moiiurier.  Eitrait  du  BuUetiu  de  F  Académie  Delphinale,  4«  série,  t.  X,  1896.) 

*  Voir,  ci-dessus,  planche  XXX,  et  ci-après,  planche  XXXI. 


1 


456     SCULPTURES,    PEINTURES    DE    L  EGLISE    S  A  l\  T-.^  KTOISfE, 

surtout  sont  caractéristiques.  Il  suffit  d'être  quelque  peu  familia- 
risé avec  les  sculpteurs  dijonnais  pour  retrouver  iei,  au  premier 
coup  d^œily  Tair  de  famille,  les  procédés  ordij^airesdeleur  facture  : 
ce  sont  bien  les  mêmes  mouvements  des  l>ras  ramenant  le  manteau 
pour  en  cacber  tout  le  corps,  les  mêmes  plis  amples  et  étoffés  îles 
draperies,  que  Fon  retrouve  cbez  les  pleurants  des  tombeaux  de 
Philippe  le  Hardi  et  Jean  Sans  peur,  la  même  expression  des 
visages,  où  le  réalisme  énergique  et  TiDSpiration  s^tinissent  dans 
un  puissant  effort  de  génie. 

Ainsi  le  portail  de  Saint-Antoine  est  bien  une  œuvre  dijon- 
naise  et  peut-être  même,  malgré  la  perte  irréparable  de  toutes 
ses  grandes  statues,  Tœuvre  la  plus  importante  que  nous  gardioDâ 
delà  fameuse  école.  Reste  maintenant  à  examiner  si  Le  Moilurier 
doit  en  être  regardé  comme  Tauteur. 

M*  Tabbé  Requin  '  nous  le  montre  prêt  à  quitter  Avignon  sur 
la  fin  de  Tannée  1452.  Où  se  disposait-il  à  porter  ses  pas?  Aucun 
document  ne  Ta  encore  dévoilé.  On  ne  retrouve  ses  traces  qu'en 
1461,  année  où  il  signe  un  marché  dans  sa  ville  natale.  Au  bout  de 
quelques  mois,  il  quitte  de  nouveau  son  atelier  d'Avignon,  et  on  le 
retrouve,  Tannée  suivante,  à  Saint-Antoine.  C'est  de  là  qti'îl  part 
pour  Dijon,  appelé  par  le  duc  Philippe  le  Bon  à  la  succession  de  U 
Huerta.  Tout  fait  supposer  que  ces  dii  années,  pendant  les- 
queUes  on  perd  sa  trace,  il  les  a  passées  à  Saint-Antoine,  occupé 
à  un  travail  important,  et  ce  traiTail  ne  peut  être  que  la  façade  de 
Téglise. 

M.  Requin,  il  est  vrai,  semble  pencher  à  lui  attribuer  la  déco- 
ration de  la  chapelle  de  la  Trinité.  Muis  cette  cbapelte  fut  élevée 
sous  Tabbé  Jean  de  Pôlley,  mort  en  1438  V  A  cette  date^  maître 
Anthoniet  était  encore  à  Avignon.  De  plus*  d'après  les  anciens 
inventaires,  la  décoration  consistait  uniquement  dans  une  repré- 
sentation de  la  Trinité,  au  milieu  d'un  nuage,  entourée  d'anges 
adorateurs.  Ce  travail  n'aurait  pas  retenu  longtemps  le  maître  qui 
demandait  une  année  et  demie  seulement  pour  terminer  le  retable 
de  sept  métrés  de  hauteur  de  Sainte-Pierre  d'Avignon  *. 

^  Jacques  Morel  et  son  neveu  Antoine  Le  Moitarier,  dAQs  les  Comptes  Ttnd 
des  réunions  des  Sociétés  des  Beaux- Arts,  1890,  p.  18  dti  tirage  i  part, 
*  Aymar  Falco,  Antonianae  Historiae  compendium,  15^J4,  f^d3  v". 
'  L'abbé  Requin^  loc.  cit.,  p.  17 


Pl^ocbe  XWI. 


pKge  456 


ËGLISR     DK    SAI\T-A\TOI\K 

«<:llpti;kkx   uu    i'ohtml 


SCULPTURES.    PEINTURES   DK    L'EGLISE    S  AIKT-A  NTOI\B.     457 

A  ces  vraisemblances»  qui,  k  la  vérité»  touchent  de  bien  près  à 
une  preuve,  bAtons*nou8  d'apporter  un  document  plus  précis. 

A  Tintérieur  de  Téglise»  la  clef  de  voûte  de  la  grande  nef»  contre 
la  façade»  porte  un  écusson  sculpté»  qui  parait  avoir  échappé  aux 
investigations  de  nos  prédécesseurs.  Il  porte  ide.^.à  trois  flammes 
posées  deux  et  un,  la  pointe  en  bas^  au  chef  de...  à  un  lion  de,.., 
issant  d'une  face  diminuée  de...,  un  tau  de  saint  Antoine  entre 
les  flammes.  Ces  armoiries  sont  évidemment  celles  de  Tabbé  qui  a 
fait  édifier  la  façade  de  Téglise.  Or»  elles  ont  une  analogie  frap- 
pante avec  celles  qu'on  attribue  à  la  maison  deBrion. 

Il  est  vrai»  les  généalogistes  dauphinois  mettent»  à  la  place  des 
trois  flammes»  que  nous  avons  cru  voir  distinctement,  soit  trois 
têtes  de  face,  couronnées  de  feuillages  \  soit  trois  écussons, 
d'après  les  blasons  peints  dans  l'ancienne  commanderie  de  Ranvers 
en  Piémont.  De  ces  trois  lectures»  laquelle  est  la  bonne?  Le  fait 
importe  peu,  puisque,  en  toute  hypothèse,  Técusson  de  notre  clef 
de  voûte  doit  être  attribué  à  la  famille  de  Brion.  Mais  ici  surgit  une 
DOuvelle]difficulté.  Deux  Brion  :  Humbert  (1438-1459)  et  son  neveu 
Antoine  (1482-1490),  ont  occupé  le  siège  abbatial  au  quinzième 
siècle.  Auquel  des  deux  attribuer  ce  blason  et  par  conséquent 
l'achèvement  de  Téglise?  Au  premier»  croyons-nous»  et»  à  défaut 
de  preuves  certaines,  nous  avons  des  présomptions  suffisantes. 
L*histoire  des  Antonins  se  contente  de  dire  d'Humbert  que  Tordre 
atteignit,  sous  son  règne,  à  un  très  haut  degré  de  splendeur  et  jouit 
d'une  tranquillité  parfaite  dont  il  fut  privé  sous  ses  deux  successeurs 
immédiats'.  C'était  donc  une  époque  très  favorable  à  Tachèvement 
de  travaux»  que  des  aumônes  princières  venaient  encore  faciliter. 

Son  neveu,  Antoine,  consacra  ses  efforts  à  remplacer  la  toiture 
peu  décente  de  la  basilique  par  une  couverture  de  tuiles  à  dessins 
de  couleur»  et  ensuite  à  la  doter  d*un  pavage  de  marbre  et  de 
pierre  '•  Ce  sont  là  des  travaux  complémentaires  qui  ne  se  font 
qu'après  l'achèvement  du  gros  œuvre  d'un  monument.  C'est  donc 
à  l'abbé  Humbert  qu'il  faut  attribuer,  avec  le  blason  de  la  dernière 
travée,  la  façade  de  Tédifice.  Or»  on  l'a  remarqué,  les  dates  dans 

^  VâLLiBR,  ArmoricU  des  grands  maîtres  et  des  abbés  de  Saint^Antoine  de 
Viennois,  p.  46. 
•  Aymar  Falco,  toc.  cit.,  f*  94. 


F 


458     SCULPTURES.    PEINTURES    DE    L'ÉGLISE    SAINT-.VKTTOIXE. 

lesquelles  se  renferme  son  gouvernement  (1438-1459)  coucordent 
avec  le  séjour  de  maître  Anthonîet  à  Saint-Antoine.  En  effet,  siYon 
fie  peut  préciser  la  date  de  son  arrivée  à  Tabbaye,  <m  sait  qu'il 
quitta  Avignon,  sa  ville  natale,  vers  1452  ;  que  neuf  <iris  plus  fard, 
il  habitait  Saint-^Antoine,  où  le  vint  chercher  la  commande  da 
tombeau  de  Jean  Sans  peur  ';  qu*en  ce  moment,  il  partagea 
son  temps  entre  ce  lieu  et  Avignon,  où  il  exécuta  le  relable  de 
Téglise  Saint-Pierre  et  qu'enfin,  à  partir  de  1464,  il  se  fixa  tlé&nî- 
tivement  dans  la  capitale  de  la  Bourgogne. 

Je  me  crois  donc  en  droit  d*exprimer  les  conclusions  surrâotes  : 
C'est  Tabbé  Hnmbert  de  Brion  qui  a  terminé  la  construction  de 
Téglise  de  Saint-Antoine.  Les  sculptures  de  la  façade  représentent 
le  style  le  plus  pur  de  TÉcole  dijonnaise;  elles  sont,  par  consè' 
quent,  Tœuvre  d^un  des  maîtres  les  plus  habiles  de  cette  École. 
Maître  Antoine  Le  Moiturier  ayant  été  occupé  pendant  Je  temps 
de  Tabbé  Humbert  à  un  travail  important  dans  Tabbaye,  ce  travail 
ne  peot  être  que  la  sculpture*  de  la  façade  de  son  église. 


ï 


II 


-  L^église  de  Saint-Antoine  était  autrefois  couverte  de  peintures; 
simple  ornementation  dans  les  nefs,  ces  peintures  comprenaient  da 
nombreuses  scènes  dans  les  chapelles  qui  furent  édifiées  au  cours 
des  quatorzième  et  quinzième  siècles.  Peut-être  aerait-tl  possible 
d*en  retrouver  de  bons  débris  sons  le  badigeon  dont  au  dîr- 
septîème  siècle  on  a  eu  le  bon  goût  de  lés  recouvrir. 

Le  succès  qui  est  venu  couronner  un  premier  essai  dans  la  cfaa^ 
pelle  dont  nous  allons  nous  occuper  est  bien  fait  pour  stimuler  le 
zèle  de  la  Commission  des  monuments  historiques. 

Ces  peintures  ont  été  décrites  avec  autant  de  compétence  que  de 
charme  dans  une  récente  brochure  ^ .  Je  me  contenterai  d'en 
donner  un  aperçu,  en  renvoyant  à  ce  bon  travail  ceux  qui  désire- 
raient un  plus  long  détait.  Au  reste,  ira  coup  d*Œi[  jeté  sur  les 

>  B.  Pkost,  Artistes  dijonnais  du  quitniême  siècle,  p.  20;  Vahhé  RxQOX, 
Jacques  Morel,  p.  18. 

'  Les  peintures  murales  et  les  tapisseries  de  f  église  de  SaiiU^âmtoime^  p«f 
Dom  H.  Dijon.  Valence,  1897.  —  V^oir,  ci-contre,  planche  XXXÎI. 


.SCULPTUBBS.   PEINTURES   DE    L'ÉGLISE   8AINT-ANT0IXE.    459 

planches  de  ce  mémoire  en  dira  plas  long  qae  les  descriptions. 
Ces  peintures  couvrent  les  murs  de  la  seconde  chapelle  à  gauche 
quand  on  remonte  le  collatéral  nord.  Sur  le  mur  de  face,  une  seule 
figure  est  conservée:  c'est  celle  d*one  vierge  martyre  qui  tient  une 
palme  d'une  main  et  de  Tautre  un  objet  indéterminé.  Les  deux 
autres  murs  se  partagent  quatre  grandes  compositions.  Les  deux 
panneaux  supérieurs  ont  trait  à  la  vie  de  saint  Antoine.  D'un  côté, 
le  saint  apparaît  représente  simultanément  dans  plusieurs  scènes: 
assailli  par  les  démons  sous  la  forme  d*animaux  sauvages;  guéris- 
sant un  possédé  dont  un  autre  personnage  s^efforce  de  contenir  la 
fureur,  etc.  De  Tautre  côté,  vis-à-vis,  saint  Antoine  retrouve,  au 
milieu  da  désert,  le  corps  de  saint  Paul,  premier  ermite,  et  se  tient 
en  prières  auprès  de  lui*.  Le  troisième  panneau  est  consacré  à  la 
légende  de  saint  Christophe  avec  ses  détails  ordinaires.  Le  qua- 
trième servait  de  retable  à  Tautel  ;  c^est  apparemment  ce  qui  a  fait 
choisir  pour  sujet  la  scène  du  crucifiement.  Le  Christ  en  croix, 
imberbe,  la  tète  penchée  sur  Tépaule  gauche,  est  entièrement  nu  ; 
à  ses  c6tés  sont  assis  à  terre  la  Vierge  et  saint  Jean,  celle-ci  la 
tète  appuyée  sur  ses  mains,  Fàpôtre  entourant  son  genou  de  ses 
mains  entrelacées  dans  un  geste  de  suprême  désolation  '.  Près  de 
saint  Jean,  l'archange  saint  Michel  tient  à  la  main  une  balance, 
sur  les  plateaux  de  laquelle  sont  deux  Ames,  sous  la  figure  de  petits 
personnages.  La  balance  incline  à  gauche,  et  Tâme  est  précipitée 
en  bai  la  léte  la  première  ;  au  contraire,  sur  Taotre  plateau  Tàme 
est  deboot  et  ornée,  avec  une  grande  expression  de  calme  et  de 
recneillement.  Du  côté  de  la  sainte  Vierge  et  faisant  pendant  à 
saint  Michel,  est  agenouillé,  les  mains  jointes,  un  prélat  revêtu 
des  ornements  pontificaux,  et  derrière  lui  se  profile  la  majes- 
tueuse  figure  de  saint  Antoine  qui  tient  sur  sa  poitrine  le  livre 
de  la  règle.  De  petits  anges  voltigent  autoor  de  la  divine  Victime 
et  recueillent  son  sang  dans  un  calice;  deux  séraphins  aux  ailes  et 
aux  vêtements  lumineux  planent  au-dessus  de  la  croix. 

La  fond  du  tablean  est  d'une  couleur  rouge  très  chaude  ;  les 
camatkHif  sont  blanchâtres;  les  aubes  des  anges  sont  blanches 
avec  des  rehauts  bleus  ;  la  Vierge  est  vêtue  d'une  robe  rose  k 

>  La  partie  inférienre  da  cette  figure  «  été  détruite  Ion  da  percement  d'nne 

*  Dom  H.  DiioN,  op.  eii,f  p.  7. 


W"" 


460     SCULPTURES,   PEINTURES    l>E    L'ÉGLISE    SM  !VT-A»TOt\E. 

rehauts  blancs  et  (i*un  manteau  bleu  ;  l'apûtre  saint  Jeau,  d'une 
robe  verte  et  (Vun  manteau  rose.  La  cbape  du  prélaL  est  jaune  è 
doublure  verte,  et  saint  Antoine  est  velu  d'un  ample  manteau  tioir, 
couvrant  une  tunique  brun  sombre. 

Les  visages  sont  beaux  et  expressifs;  celui  de  saint  AnLoinc^e 
présente  de  profil  avec  une  noble  majesté*  La  figure  du  prélat  est 
un  portrait  très  vivant;  mais  c'est  surtout  la  tète  du  Christ  qni 
mérite  l'attention  par  son  expression  1res  vive  et  très  réaliste^  quoi- 
que gardant  une  incomparable  dignité.  Celte  lète  est  à  coup  sûr  le 
meilleur  morceau  des  quatre  fresques.  —  La  scène  de  sa  lot 
Christophe  est  également  soignée,  car  elle  était  destinée  k  i^lre  vue 
de  plus  près  que  les  deux  supérieures,  dout  lexécution  est  moins 
serrée.  Peut-être  ces  dernières  ne  sont-ellFs  pas  de  la  même  main. 

Si  Tabbé  représenté  comme  le  donateur  des  peintures  portait 
quelque  indice  qui  le  pût  faire  reconnaître,  nous  aurions,  par  là 
même,  la  date  de  ces  œuvres  précieuses.  Malheureusement,  il  faut 
chercher  ailleurs. —  La  chapelle  date  du  quinzième  siècle  par  son 
style  ;  elles  ne  sont  donc  pas  anioriiMires.  L'association  de  saint  Paul 
ermite  à  saint  Antoine  ne  serait-elle  point  Tindice  que  cette  chapelle 
est  celle  que  Tabbé  Gérenton  de  Cbàteauneuf  construisit,  sous  le 
vocable  de  saint  Paul  ermite,  vers  le  commencement  de  ce 
siècle»? 

Nous  le  croyons  d'autant  mieun  que  la  clef  de  voûte,  bien  que 
martelée»  semble  porter  encore  les  trois  châteaux  des  armes  de 
cette  puissante  famille.  Géreuton»  il  est  vriii,  fut  remplacé  par 
Hugues  de  Châteauneuf,  son  neveu  (1409-1417)*  Mais  celui-ci 
bâtit  une  autre  chapelle»  celle  des  Douze  Apôtres,  dont  remplace- 
ment est  connu.  Il  est  possible,  cependant,  que  son  oncle  lui  ait 
confié  Texécution  des  peintures  de  celle  de  Saint-Paul.  Cette  sup- 
position aurait  Pavantage  de  nous  rapprocher  de  répoqueâ  laquelle 
on  sait  qu'un  peintre  avignonnais  résidai  là  Saint-Antoine.  En  142^, 
tt  maître  Robin  Favier,  peintre,  citoyen  d'Avignon  et  habitant  de 
Saint-Antoine  de  Viennois»,  passait  à  Grenoble  un  contrat  pour 
Pexécution  de  peintures  a  en  bonnes  at  fines  couleurs»  aux  orgues 
4e  la  cathédrale  ^.  Ce  maître  en   peinture   seiait-'il  Tailleur  '^" 

,  >  Aymar  Falco,  loc.  cit.,  f*  8T. 

•  Publié  par  Mgr  Ch.  Brllit,  dans  le  Buitetin  d'hisioirt  eccliii&sti^t 
Valence,  Grenobie,  etc.,  1894,  p.  198,  .r  .    ,. 


LA    TOMBE    DE    LA!VCELOT    DU    FAU.  461 

noire  décoration  ?  C'est  possible  ;  mais,  comme  le  document  qae  je 
viens  de  citer  est  le  seul  par  lequel  il  nous  soit  encore  connu,  il 
convient  de  réserver  la  question  jusqu'à  plus  ample  informé.  II 
me  suffira  d'avoir  appelé  Tattention  sur  ces  fresques,  sans  contre- 
dit Tun  des  plus  beaui  restes  des  anciennes  peintures  murales  de 
nos  églises. 

Souhaitons  qn'un  heureux  chercheur  parvienne  un  jour  à  tirer 
de  Toubli  le  nom  d*un  peintre  qui  mérite  de  prendre  rang  parmi 
les  artistes  les  plus  distingués  du  XV*  siècle. 

L*abbé  P.  Brune, 

Correspondant  du  roinislére  de  l'Instruc- 
tion  publique,    h.    Btume-les-M essieu rs 

(Jura). 


XXVIII 

I 

LA  TOMBE  DE  LANCELOT  DL  FAU  | 

ÉVÉQUË    DE    LUÇOM    ET    L'ORFBVRB    CLAUDE     CONTENT  ;^ 

(1523) 

Le  7  septembre  1523,  par-devant  Etienne  Viau,  notaire  à  Tours, 
M*'  Pasquier  Bignet,  chanoine  de  Luçon,  et  Mathieu  de  Cha- 
bannes,  prêtres,  exécuteurs  testamentaires  de  Lancelot  du  Fau, 
évéque  de  Luçon,  passaient  un  marché  avec  Jean  Rembert,  mar- 
chand joaillier  à  Tours,  pour  faire  faire  la  tombe  de  ce  prélat. 

D'après  cet  acte,  le  monument  devait  être  en  cuivre,  tout  d'une 

pièce,  de  dix  pieds  de  long  sur  cinq  de  large.  Le  défunt  y  serait 

représenté  à  Tantique,  c'est-à-dire,  en  style  Renaissance,  revêtu 

des  habits  pontificaux  et  accompagné  de  ses  armoiries.  La  com- 

ande  comprennait  également  un  aigle  «  manificquement  à  Ten- 

que  rt ,  destiné  à  servir  de  pupitre  dans  la  cathédrale  de  Luçon. 

tout  était  livrable  dans  cette  église  au  jour  de  Noël  suivant. 


1 


462  LA    TOMBE    DE    LA\CELOT    D  L    Fit, 


L'importance  de  ces  ouvrages  ressort  de  leur  poids  total  fîièi 
A  milliers  environ.  Chaque  cent  de  cuivre  ouvré  devait  èlrc  payé 
30  livres  tournois,  ce  qui  fait  pour  \e^  deux  travaux  eiifiron 
1,200  livres,  somme  fort  élevée.  C'est  exmtem^nt  le  prix  que  fui 
payé,  la  même  année,  à  Guillaume  Hegnault  et  k  GE>iU»ume  Cb- 
leveau  le  magniGque  tombeau  des  Poncher  '> 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner  de  voir  les  exécuteurs  testamen- 
taires de  Tévéque  de  Luçon  s'adresser  à  Tours  pour  la  faron  (le 
son  tombeau.  En  effet,  sans  parler  de  la  renommée  qu'avaient 
alors  les  artistes  de  cette  ville,  Lancelot  appartenait  à  utie  de» 
familles  importantes  du  pays  :  il  était  (ils  de  Louis,  seigneur  da 
Fau*,  et  d'Antoinette  de  Henou,  et  c'est  au  chûteau  du  Fau  que, 
peu  avant  sa  mort,  il  avait  fait  son  teslameiit,  le  23  avril  ]523^ 
Ce  prélat,  qui  avait  pour  grand'mêre  paternelle  Jeanne  de  Bour* 
bon,  épouse  de  Jean,'  seigneur  du  Fau,  et  HUe  naturelle  de 
Charles  I*',  duc  de  Bourbon,  et  de  Jeanne  Sondet,  semble  avoir  été 
fort  ami  des  arts.  En  effet,  outre  l'aigle  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion, il  (it  placer  autour  du  mattre-autel  de  sa  cathédrale  cinq 
colonnettes  en  cuivre,  auxquelles  était  suspendu  un  vase  destiné  u 
contenir  les  Saintes  Espèces.  On  lui  doit  également  la  reconstruc' 
tion  d*une  partie  des  cloîtres  de  l'éiéclié  de  Luçotl,  ou  se  trouvaient 
ses  armoiries,  aujourd'hui  martelées^  dans  lesquelles  on  rémar- 
quait des  flenrs  de  lis  *. 

En  rencontrant  le  document  publié  ici,  j'espérais  que  les  dem 

>  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux- AvU  dss  dépariement^,  31' session,  i897, 
p.  89.  Remarquons  tootefois  que,  pour  le  tùmhcnu  âpi  PoDcfiEr^  i<>  iramparl  à 
Paris  devait  être  payé  en  plus  100  livres,  au  lieu  qu'ici  \c  iran^paH  k  Ljiçou  ett 
compris  dans  la  somme  de  1,200  livres. 

'  Le  Fau,  aujourd'hoi  Reignac,  canton  de  Lactics,  à  30  kilumètreK  de  Touri.  — 
Gonf.  Carrk  DR  RussRROLLR,  Dictiounoire  historique  ei  géogmphiquc  dTimîr^-ei- 
Loire,i.  X  (Mémoires  de  la  Société  archéohgique  de  Touratue,  t,  \\'\h,p.î7$ 
et  suiv.  On  y  trouve  notanmient  une  liste  rhrouotQf^iqnc  des  ieigncurs  de  Keî- 
gnac. 

»  GaUia  christiana,  t.  II,  col.  1411-1^1  S  r  pt  Tress^v,  Histoire  des  moimes  ei 
évéques  de  Luçon;  Rallbreau,  Le  livre  d*or  de  Lnçoit 

^Bauerrau,  loc.  cit.,  p.  13.  —  Sclori  U.  C\KRi  ur  Bu^sEROLtRp  Arm^mal 
général  de  Touraine,  t.  I,  1866  (Mémoires  de  la  Société  mckéQÎù^iqne  de  Ton- 
raine,  t.  XVIII),  p.  354,  les  armes  de  la  famille  de  Ftti  ëtaicnl  :  de  fttt' 
à  unefasce  d'argent  de  trois  pièces,  aiiAs,  de  gutukt  à  trois  fmtes  d^arg^ 
mais  probablement  Lancelot  écar(elait-il,en  souvenir  de  sa  graud'nii-rc^  les  ar 
de  sa  famille  de  celles  de  la  maison  de  Bodrbon  ? 


LA   TOMBE    DE    I.ANCELOT    DU   FAU.  463 

monuments  eu  question  subsistaient  encore,  on  tout  au  moins  qu'il 
en  survivait  quelque  dessin.  Il  n^en  est  rien  maUieureusement. 
H.  Léon  Ballereau,  membre  de  la  Société  française  d'arcbèologie 
et  architecte  à  Luçon,  a  en  Tobligeance  de  m*informer  qu'il 
n'existait  aucune  trace  de  ces  œuvres,  détruites  par  les  protestants 
dès  1568.  II  est  donc  impossible  de  se  rendre  compte  de  leur 
valeur  artistique,  probablement  très  importante,  si  Ton  en  juge  par 
la  date  et  le  lieu  où  elles  furent  exécutées  et  le  prix  considérable 
qu'elles  furent  payées. 

Sera-t-on  plus  heureux  en  ce  qui  concerne  Tartiste  chargé  de  ces 
travaux?  Il  ne  semble  pas  que  le  nom  de  Jean  Rembert,  le  joaillier 
qui  s^engageà  livrer  le  tombeau  et  Taigle  en  question,  ait  été  signalé 
jusqu'à  présent.  Il  parait  dans  un  autre  contrat  du  5  septembre 
1527,  mais  là  il  ne  s  agit  plus  d*une  œuvre  d*art,  on  est  en  présence 
d*nn  simple  acte  de  commerce  :  Jean  Rembert  associe  un  bour- 
geois de  Tours  dans  la  propriété  de  la  tierce  partie,  qui  lui  apparte- 
nait, d'un  rubis  balai  de  82  carats,  acheté  par  lui  à  Paris,  de  con- 
cert avec  deux  autres  personnes,  pour  la  somme  de  527  écus  d'or  '. 
Mais  est-ce  bien  Rembert  qui  devait  se  charger  du  travail  qu'il 
«^engage  à  livrer  et  à  ^  faire  faire  » ,  dit  le  marché  ?  Il  y  a  lieu  d'en 
douter.  Une  tombe  en  cuivre,  de  même  qu'un  aigle  en  même 
métal,  doit  plutôt  être  l'œuvre  d'un  fondeur  ou  d'un  orfèvre  que 
celle  d'un  joaillier.  Or  précisément,  dans  lacté  passé  devant  Vian, 
intervient  un  orfèvre  connu,  sire  Claude  Content,  bourgeois  de 
Tours,  qui  se  constitue  caution  que  Rembert  accomplira  son  enga- 
gement. Ne  serait-ce  pas  Content  qui  devait  exécuter  la  tombe  et 
Taigle  destinés  à  la  cathédrale  de  Luçon  ? 

On  possède  d'assez  nombreux  renseignements  sur  l'orfèvre 
Claude  Content,  qui  était  lui-même  fils  d'un  orfèvre  nommé  Collin. 
JLe  2  décembre  1521,  il  avait  acheté  de  Pierre  Gallant,  fils  et  héri- 
tier de  feu  Jean  Gallant,  orfèvre  du  roi,  la  maison  et  boutique  dudit 
Jean,  située  rue  de  la  Scellerie,  près  la  tour  de  la  rue  Chièvre  ^ 


1  Arehhres  d'Iadre-et-Loire,  registre  S  do  noUira  Viau  pour  1527.  f  186. 
*  GuAtJDKT,  Artistes  iùursmgeaux  (Mémoires  de  la  Société  archéologique  de 
^ouraine,  i,  XX^III),  p.  88,  sans  indication  de  source.  —  La  rue  Chièvre  ou 
lèvre  est  la  rue  de  Lucé  actuelle.  Coof.  L.  de  Granohaison,  Mote  sur  le  cime" 
Te  desjmfs  à  Tours^  Parit,  1889,  p.  5  et  9  (plan^,  tirage  à  part  de  la  Revue 
^  études  juives,  avril-juin  1889,  p.  264  et  268. 


^  464  LA    TOMBE    DE    LAXCELOT    DU    FiU, 

On  connaît  une  commande  importante  qtril  tuï  chargé  d'exé* 
;'  cuter  pour  la  ville  de  Tours  en  151S  :  une  coupe  en  argent  dore 

|:  du  poids  de  8  marcs  6  onces  3  [{ros  et  tlemi^  qui  fut  oO'erte  an 

nouvel  archevêque,  Christophe  de  Briihac,  et  pour  laquelle  il  rectil 
l  163  1.  t.  '.  Le  choix  de  cet  orfèvre  par  la  ville^  dans  une  semblable 

U  circonstance,  prouve  qu*il  occupait  un  rang  impoi  tant  dans  sa  cor* 

l  poratron.  Il  devait,  du  reste,  être  fart  riche»  car  on  rencontre  de 

,,.  nombreux  actes  d'acquisitions  de  sa  part,  parmi  lesquels  on  peut 

r  citer  les  suivants  : 

1.  23.  mars  1527,  n.  st.  Achat  de  Guillnume  Girou^^t,  bourgeois, 
;  garde  de  la  monnaie  de  Tours,  de  vignes  dans  ïa  paroisse  de  Chis- 
I                                  seau,  au  fief  des  Arpentis,  pour  la  somme  do  105  K  L  \ 

2.  4  janvier  1528,  n.  st.  Achat  pour  161.  t.  d'un  quartier  de  pré, 
en  la  paroisse  de  Saint-Martin-le-Bcau,  prairie  du  Gros-Ormeau^ 
fief  du  Coudray,  joignant  d'autres  biens  qu'il  possédait  déjà  \ 

3.  30  janvier  suivant.  Achat  avec  clause  de  réméré,  de  la  veuve 
et  du  fils  de  Robert  Gervaise,  marchand-bourgeois  de  Tours,  de 
deux  corps  de  maison  avec  leurs  dépendances^  situés  à  Tours,  en 
la  paroisse,  près  et  vis-à-vis  de  l'église  Saint-Pierre-do-Boile,  au 
fief  de  rarchevéché  de  Tours,  joignant  par  le  derrière  au  pavé  de 
la  rue  du  Chapeau-Blanc  et  par  le  devant  à  celui  de  la  Grand'Rue 
(rue  Colbert  actuelle),  lesdits  bâtiments  chargés  de  20  s.  t*  de 
rente  annuelle  envers  rarchevéché  de  Tours  et  également  de 
20  s.  t*  envers  le  chapelain  de  la  chapelle  Saînt-Jean-Baptiste  eu 
Téglise  de  Tours.  La  vente  a  lieu  moyennant  1300  K  t,,  dont 
1000  1.  payées  comptant^  ;  le  même  jour.  Content  donne  cette 
maison  à  bail  aux  vendeurs  pour  vingt  années,  moyennant  40  1.  t. 
par  an  \ 

'  Ch.  DE  Granduaison,  Documents  inédiix  sur  iet  arts  en  Touraîne,  U  XX  dt* 
mêmes  Mémoires,  p.  306.  d'après  les  Gompte.H  muuicjpauic. 

*  Archives  d'Indre-et-Loire,  registre  àc  \  lau  pour  153(>,  î"  iï40-^Vl, 
'  Ibid.,  registre  1  du  même  notaire  pour  1527,  P"  237. 

*  Le  payement  des  mille  livres  donnée^^  cumpt&at  est  ms«cz  curjeu^t  et  hiasi 
soupçonner  quelque  procédé  usuraire;  il  eomprend  uotammenL  tl±  marcs  i  oocé» 
et  demie  d'argent  blanc  en  5  tasses  à  double  i!ouage  vert,  î  grtndti  pois  i  danblf 
souage  vert,  %  petits  pots  à  un  souage  vert,  une  atgMi(:re  gauderuadt^«  verL,  one 
aiguière  vieille,  évalués  au  prix  de  14  L  l^  le  marc,  ce  qui  fait  h  somin'' 
4521.  7  s.  6  d.  t. 

^  Vente,  Archives  d'Indre-et-Loire,  registre  1  de  Vîta  poûr  1 5Ï7^  f*'S63  et  * 
Bail,  ibid.f  registre  2  pour  1527,  f  351  i^.  —  L'églî*e  Sainl-Prcrfe-dir-' 


1, 


LA   TOMBE    DE   LANCELOT   DU    PAU. 


465 


,  4.  24  février  1528,  n.  st.  Achat  pour  II  U  t.  de  vignes  et 
terres,  eil  la  paroisse  de  Saiût-tfartin-Ie-Beau,  au  clos  du  Bouiay, 
aa  fief  .du  Coudray»  dont  partie  touche  aux  vignes  appelées  les 
Plantes  appartenant  déjà  à  Content  * . 

Tous  ces  actes  d^acquisitions^.dont  Tune  fort  importante,  passés 
en  quelques  mois,  permettent  d'attribuer  sans  témérité  à  Claude 
Content  une  fortune  considérable.  Du  reste,  il  possédait  encore  à 
Tours,  outre  ceux  qu*il  avait  acquis  de  Pierre  Gallant  et  de  la  veuve 
Cervaise,  un  troisième  immeuble  de  valeur  :  deux  corps  de  maison 
se  joignant,  situés  en  la  paroisse  Saint-Pierre-du-Boile,  Tun  sur  la 
Grand'Rue  (rue  Colberl),  faisant  le  coin  de  la  rue  du  «  Signe  » 
(rue  du  Cygne),  Tautre  le  long  de  celte  dernière  rue.  Le  3  mars 
1528,  n.  st.,  il  le  donnait  à  bail  pour  trois  ans,  moyennant  74  1.  t. 
par  an,  à  Pierre  l^éroust,  marchand-bourgeois  de  Tours*. 

En  outre,  Claude  Content  est  souvent  qualifié  sieur  de  la  Touche, 
ce  qui  le  suppose  propriétaire  rural,  probablement  de  la  ferme  de 
ce  nom  située  dans  la  paroisse  de  Saint-Hartin-Ie-Beau  ';  on  a  vu 
en  effet  qu'il  y  possédait  des  biens  et  y  faisait  f)es  acquisitions. 

Il  avait  épousé  Simonne  Charruau,  appartenant  vraisemblable- 
ment à  la  famille  des  orfèvres  tourangeaux  de  ce  nom,  dont  un  des 
membres  fut  lapidaire  et  diamantier  de  la  reine  Anne  de  Bre- 
tagne *. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  qu'un  autre  orfèvre,  nommé  Math. 
Pontlevoy,  est  témoin  dans  presque  tous  les  actes  qui  viennent 
d*étre  cités  '  ;  peut-être  est-il  permis  de  supposer  qu'il  était  associé 
avec  Cl.  Content. 


est  aujourd'hui  détraite  ;  elle  se  trouvait  à  l'angle  ouest  de  la  rue  Colbert,  autre- 
fois la  Graod'Ruc,  et  de  la  rue  Saiot-Pierre.  Quant  à  la  rue  du  Chapeau-Blanc, 
elle  n'est  citée  ni  dans  Logeais,  Les  rues  de  Tours  (1870),  ni  dans  l'ouvra^'ie 
sous  le  même  titre  de  M-  Tabbé  L.  fiossBBOKUP  (1888)  ;  ce  semble  être,  d'après 
les  deux  pièces  citées  ici,  la  rue  actuelle  du  Pelit-Saint-iean. 

^  Archives  d'Indre-et-Loire,  registre  1  de  Viau  pour  1527,  ("»  306-307. 

*  làid, .  registre  2  pour  1527,  (^  410. 

'  CêtiBÉ  DK  BcissBROLLB,  Dictionnaire  historique  et  géographique  d'Indre^ef- 
Loire^  t.  VI  (Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Touraine,  t.  WXll), 
p.  144. 

*  '^imonné  Charruau  paraît  dans  la  plupart  des  actes  cités  ici.  —  Sur  la  famille 
€bâ  ruau,  <M>nf.  Ch.  db  Grandm.%ison,  op.  cit.,  p.  305,  et  Giraudet.  op.  cit.» 
p.   ^4. 

»  Giraudet,  op.  cit.,  p.  335,  parle  d*un  maître  orfèvre  nommé  Martin  Pont. 
lève        vivant  en  1538-1552  et  habitant  à  Tours  la  paroisse  Saint-Vincent.  ' 

30 


l 


466  LA   TOMBE    DE    LANCELOT   DU    FAU. 

Tel  est  rhomme,  probablement  artiste  célèbre  dans  sa  partie, 
qui  parait  avoir  fait  le  tombeau  de  Lancelot  du  Fan  et  Taigte  sd 
cuivre  que  ce  prélat  avait  légué  à  sa  cathédrale  de  Luçon.  RfvH 
ce  qui  vient  d*étre  dit»  la  destruction  de  ces  deux  œuvres  paraîtra 
sans  doute  encore  plus  regrettable. 

Louis  DE  GBA\i}iiAisa;u, 

Correspondant  da  Comité  des  Socîétéjs  de» 
Beàax-Arts  des  dëp«r(emeDU,  à  Tonn. 


PIÈCE  JUSTIFICATIVE 

Le  lundi  septiesme  jour  de  septembre  Fan  mil  cinq  cens  vingt  et  tm 
personnellemeot  establis  etdeuement  soubzmis  en  la  court  du  Roy»  nosLn 
sire,  à  Tours,  vénérables  etdiscrecles  personnes  Mai^tres  PasquierBignet. 
chanoine  prébende  en  Féglise  de  Lusson,  et  Mathieu  de  Chabaoes, 
prestres,  exécuteurs  du  testament  de  feu  [de]  bonne  mémoire  Révérend 
Père  en  Dieu,  Messire. Lancelot  du  Fau,  nagnères  décédé  évesque  dadid 
lieu  de  Lusson,  d*une  part, 

Et  Jehan  Rembert,  marchant  jouellier,  demourant  audict  Tours,  en  la 
paroesse  Sainct-Estienne,  d^autre  part. 

Lequel  Jehan  Rembert  promist  et  promect  de  bonne  foy  faire  faire  d 
construire  une  tnmbe  de  cuyvre,  tonte  d*une  pièce,  de  dix  piedz  de  long 
et  cinq  piedz  de  large,  quy  est  la  grandeur  d^une  de  pierre  quy  est  mise 
et  assise  en  œuvre,  en  la  nefdeFéglise  dudict  Tours,  devantle  Crnxilb,  et 
près  le  grant  coffre  out  sont  receuz  les  pardons  en  ladicte  église  de 
Tours  ',  tailler  dessus  à  l'entîcque  Tymaige  dudict  deffunct  en  pontiGcat, 
emprainte  dessus,  avec  ses  armes  et  escripture  telle  que  luy  sera  devisé» 
selon  le  pourtraict  sur  ce  devisé  entre  eux. 

En  oultre  ung  aigle  raaniûcquement  à  Tenticqne,  de  la  fourme  de  Toa 
de  deux  ou  trois  patrons  que  ledict  Rembert  leur  envoiera  dedans  oog 
moys  prouchain  venant  et  de  celluy  quy  myeulx  leur  semblera,  pour 
servir  de  poupitre  au  cueur  dé  ladicte  grant  église  de  Lusson  ; 

Le  tout  poisant  quatre  milliers  ou  environ,  au  poix  dudict  Tours,  et 
ledict  poix  faict  rendra,  fournyra  et  livrera  ausdis  exécuteurs  en  ladicte 


'  Il  paraît  impossible  de  déterminer  de  quel  tombeau  il  s'agit.  —  Sa. 

l  beaux  de  la  cathédrale  de  Tours,  conf.  L.  PALCSTaz,  Notes  sur  la  caikédrc 

^  Tours,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Touraine,  t.  X"  '** 

.303. 


LA  TOMBE   DE   LANCELOT   DU   PAU.  461 

^litede  Lusson,  le  plus  près  de  Tentrée  de  ladiete  église  que  le  charroj 
poarn  ariver  et  aproocher,  pour  le  pris  et  somme  de  trente  livres  tour^ 
noîs  pour  chacun  cent  de  cuyvre  ouvré  en  la  manière  dessus  dicte,  et 
condfura  ledict  Rembert,  ou  fera  conduire,  mectre  et  asseoir  ladiete 
tambe  en  ladiete  église,  sur  la  sépulture  dudict  deffunct  Révérend  Père  en 
Dieu  Bfessire  Lancelot  du  Fau,  naguères  décédé  évesque  dudict  lien, 
comme  dit  est,  et  ledict  aigle  on  cueur  de  ladiete  église  ;  et  fourniront 
lesdts  exécnteors  de  maczons,  pierre,  chaux  et  sable  qu'il  y  conviendra 
à  leurs  propres  coustz  et  despens,  et  feront  les  despens  andict  Rembert, 
50D  home  et  leurs  chevaulx,  durant  le  temps  qu'ils  vacqneront  à  faire 
faire  ladiete  assiete  ;  et  le  tout  faire  et  acomplir  dedans  Nouel  pronckain 
venant  ; 

Sur  qnof ,  en  fut  baillé,  paie  et  avancé  content,  en  court  par  devant 
ledict  notaire,  par  lesdis  exécuteurs  audict  Rembert,  la  somme  de  cinq 
cens  livres  tournois  en  or  et  monnoie  de  présent  ayant  cours,  dont,  etc., 
quittant,  etc.  ;  et  le  reste  lesdis  vénérables  Maistres  Pasquier  Bignet  et 
Mathieu  de  Chabanes,  exécuteurs  snsdis,  paieront  on  feront  paier  audict 
RemJberl»  en  faisant  ladiete  assiete,  et  icelle  parfaite  audict  lien  de 
Lnssoo;  et  par  deffant  de  ce  faire  et  accomplir  par  chacune  desdictes 
parties,  tons  eoosis,  etc.,  amendes,  etc. 

Et  ad  ce  esloit  présent  honorable  home  sire  Claude  Content,  marchant 
orfeuvre,  bougeois  dudict  Tours,  lequel  à  la  prière  et  requeste  dudict 
Jeban  Rembert  se  constitua  son  pleige  et  caucion  de  faire  et  acomplir  le 
contenu  cy-dessus,  et  asemblablement  Pierre  Bruneau,  apoticaire  demeu- 
rant audict  Tours,  se  constitua  pleige  et  cauciôn  desdis  exécuteurs  de 
parfaire  le  reste  dudict  paiement,  ainsi  et  en  la  manière  dessusdicte. 

£l  quanta  tout,  etc.,  obligeant,  etc.»  renonçant,  etc.,  présens  vénérable 
personne  Messire  Pierre  Béatrix,  prestre,  vicaire  en  Téglise  parroichiale 
5aioct-PierreHiu-Boille  dudict  Tours,  et  Jehan  Rousseau,  orfeuvre, 
demoarant  audict  Tours  \  tesmoings. 

(Signé:)  E.  Viau. 

(Archives  d'Indre-et-Loire.  —  S*  registre  d'Etienne  liau  pour  1523.  f»  121-122.) 

'  Sor  les  orfèvres  du  nom  de  Rousseau,  conf.  Giraudet,  op,  cit.,  p.  356-357« 


1 


468         L'ART   DRAMATIQUE    DANS    LA   VILLE    D£    LISIEUX. 


XXIX 

L'ART  DRAMATIQUE  DANS  LA  VILLE  DE  LISIEUX 

PENDANT   LA   RÉVOLUTION  * 

1789-1790 

Les  deux  premières  années  de  la  Révolution  apportent  peu  de 
changements  dans  la  vie  théâtrale  en  province,  du  moins  dans  h 
région  dont  je  me  ^uis  déjà  occupé  \ 

,.  En  1789,  à  Paris,  les  comédiens  avaient  bien  êtc  Tobjct  d'one 
sorte  de  réhabilitation  morale  qui  les  mettait  au  même  rang  que 
tous  les  autres  citoyens  ;  mais,  en  Normandie,  les  artistes  drama- 
tiques furent  toujours  traités  de  la  même  manière,  c'eât-â*dire 
avec  sympathie,  tout  en  conservant  une  distance  que  Tusage  avait 
marquée  entre  eux  et  la  bourgeoisie. 

Les  années  1789  et  1790,  prologue  pacifique  de  la  plus  sombre 
des  tragédies,  ne  semblent  point  avoir  été  favorables  à  Tart  drama- 
tique en  province.  Durant  ces  deux  années,  en  elfet,  je  n'ai  trouve 
mention  d'aucune  troupe  de  comédiens  venue  à  Bernay  ni  danile^ 
villes  circonvoisines. 

A  Lisieux,  cep^nd^nt,  où  s'arrêtaient  plus  fréquemment  des 
troupes  nomades,  il  est  question  en  1789  d*y  construire  une  salle  de 
théâtre.  Le  S  avril  de  ladite  année,  le  maire  de  Lisieux  écrivait  e^ 
effet  la  lettre  suivante  à  M*  de  Neuville,  directeur  des  spectacles^  : 

a  Nous  n^avons  pu  venir  à  bout  de  traiter  des  terrains  vagues 
qui  sont  sur  le  derrière  de  la  salle  de  concert.  Au  reste,  nous  n'en 
sommes  pas  fâchés;  c'aurait  été  vous  engager  dans  une  dépense 
qui  aurait  considérablement  excédé  les  30,000  livres  que  voa& 

*  Voir  ma  communication  :  Le  théâtre  en  procitice.  (Reumûn  des  Socié^s  dit 
Beaux'Arts  des  départements  de  1895.) 

»  En  1788,  les  sieurs  Honoré  Bourdon,  De  Neuville,  et  M"""  Mârguerifr  ^' 
Montensier,  entrepreneurs  associés  des  spectacles  de  la  province  de  Vonnai 
et  des  villes  de  Versailles,  Tours,  Orléans  et  autres  lieux,  acaicnl  fait  constrt 
au  Havre,  une  salle  do  spectacle  dont  la  première  pierre  fui  posée  le  6  déc^J 
1787. 


I 


LABT   DRAMATIQUE   DANS    LA    VILLB    DB    LISIEUX.         469 

destiniez  à  la  construction  de  votre  salle  de  spectacle.  Nous  croyons 
qa*en  faisant  le  sacrifice  de  notre  écurie  Tancien  bastiment  vous 
éoDviendra...  Vous  êtes  le  maître  de  mettre  la  main  à  Fœuvre 
^and  vous  voudrez.  Il  ne  faudrait  pas  différer,  parce  que  si  ce 
projet  manque,  nous  sommes  informés  que  deux  capitalistes  sont 
décidés  à  faire  construire  une  salle  de  spectacle  ailleurs. 

«  Le  sieur  Broc,  architecte  de  la  ville,  avec  qui  nous  avons  con- 
féré, est  d*avis  qu'avec  30,000  livres  on  peut  non  seulement  nous 
construire  une  salle,  mais  encore  transporter  nos  écuries  dans  une 
autre  partie  de  Thùtel  de  vnîe.  Votre  salle  aura  toujours  quatre-, 
vingt-seize  pieds  de  longueur  sur  quarante  à  quarante-deux  de  lar- 
geur, ce  qui  paraît  suffisant.  » 

Une  cause,  que  j'ignore,  empêcha  la  construction  de  cette  salle 
de  spectacle  à  Lisieux  et  Ton  ne  voit  môme  pas  que  des  troupes 
de  comédiens  soient  venues  en  cette  ville,  en  1789  et  en  1790'. 

1791-1792 

Le  théâtre,  cela  va  de  soi,  suivit  Tesprit  public  pendant  toutes 
les  phases  de  Tépoque  révolutionnaire.  Déjà,  notre  érudit  con- 
frère, M.  de  Longuemare,  nous  a  dit  ici  les  incidents  politiques 
nés  sur  la  scène  de  Caen  jusqu'en  1797  *.  Moi-même  j'ai  rapporté 
comment,  à  Bernay,  les  mesures  prises  contre  le  clergé  provo- 
quèrent, le  8  avril  1791,  un  mouvement  populaire,  à  cause  de 
deux  comédies  intitulées,  la  première  :  Le  Juge  incorruptible  ou 
Juge  du  nouveau  régime;  la  seconde  :  Les  Sœurs  grises  ou  le 
Cagotisme  confondu;  pièces  scandaleuses  que  se  proposait  de 
joaer  un  sieur 'Rillet,  auquel  la  municipalité  bernayenne  eut  le 
bon  esprit  d'interdire  la  représentation  qu'il  avait  annoncée'. 

Les  troubles  qui,  dans  notre  contrée  et  ailleurs,  marquèrent  les 
premiers  mois  de  Tannée  1792,  ne  permirent  point  aux  trouj)es 
de  comédiens  de  venir  égayer  l'importante  fofre  fleurie  de 
Sernay^. 

'  Archives  de  la  mairie  de  Lisieux.  —  Registre  de  la  correspondance. 
•  Cf.  Paul  DR  LoNciKMARB,  Lû  théâtre  à  Caen  (1628-1830).  (Réunion  des  So- 
C     tés  des  Beaux- Arts  des  départements  de  1895.) 

Cf.  ma  Notice,  Le  théâtre  à  Bernay  pendant  ta  Révolution t  et  mon  articie  : 
15     peet  aux  Soeurs  grises, 

Irchives  de  la  mairie  de  Lisieax.  —  Registre  de  la  correspondance. 


1 


470         L*ART   DRAMATIQUE    DANS   LA   VILLE   DE    LTSIEUX* 

Je  n'ai  môme  trouvé  aucune  mention  de  troupes  de  saltitn-* 
banques  ni  des  curiosités  quelconques  venues  à  cette  fotre. 

La  ville  de  Lisieux  fut  plus  favorisée;  on  y  voit,  en  effet,  en 
ladite  année,  le  sieur  Bellouard,  associé  aui  sieurs  Callas  et  Cmr* 
celles^  y  donner  des  représentations  ^  maïs  sans  laisser  de  déblli 
sur  leur  séjour. 

1793-1794 

La  Terreur,  est-il  besoin  de  le  dire?  ne  fut  point  favorable  aui 
expansions  joyeuses  ;  à  part  les  fêtes  civiques,  le  peuple  n'eut 
guère  Toccasion  de  s*amuser  durant  cette  terrible  période  qui  dura 
jusqu'à  la  fin  de  juillet  1795.  Les  grandes  villes  seules  eurent  des 
théâtres  populaires,  et  encore  furent-ils,  pour  la  plupart,  obligés 
de  fermer.  On  trouve  à  ce  sujet,  dans  une  publicatioa  du 
temps  ',  cette  anecdote  plaisante  sur  le  gëtiio  épîgrammatique  des 
Français  : 

a  ...  A  Rouen,  un  entrepreneur  de  théâtre  s'était  avisé  d'en 
élever  un  dans  le  genre  où  Chaumette  voulait  les  voir  tous,  c'est- 
à-dire  bien  sans-culotte.  11  Pavait  placé  sur  le  port,  et  commençait 
à  salir  de  nouveau  l*esprit  du  peuple  par  des  représentations  aus^^i 
fastidieuses  que  démagogiques  :  il  avait  eu  Tinsolence  de  prendre 
pour  inscription  : 

THÉÂTRE   DE   MINERVE 

Un  plaisant  fort  adroit  dans  le  genre  de  lanagi^mme  ne  Ct  qua 
renverser  et  chiffrer  les  lettres,  et  fit  lire  à  la  place  : 

THÉÂTRE   DE   VERMWË 

Le  directeur^  voulant  atténuer  Teffet  de  la  plaisanterie,  inagîas 
d*y  substituer  : 

THÉÂTRE   DES   VARIÉTÉS 

La  même  main  anagrammatique  mit  au-dessous  : 

1  Les  Contemporaines,  t.  X.  —  MaDuscrit  du  dix-geptïème  mh^\i^* 


L'ART   DRAMATIQUE    DANS    LA   VILLE    DE    LISIEUX.        411 


THÉÂTRE   DE   SAVETIERS 

Tout  le  monde  rit  de  la  justesse  du  mot,  personne  n*osa  plus  s'y 
montrer,  et  le  théâtre  fut  fermé.  « 

L*aboIition  du  culte  catholique  et  la  fermeture  4les  églises  dans 
les  derniers  mois  de  1793  amenèrent,  pour  1794,  un  changement 
complet  dans  les  récréations  de  nos  aieux. 

Privé  des  fêtes  religieuses,  de  leur  décorum  et  agréments  maté- 
riels, le  peuple  se  rabattit  sur  les  fêtes  civiques,  qui,  à  c6té  de 
Tattrait  du  nouveau,  offraient  aux  masses  Toccasion  de  prendre 
une  part  directe  à  ces  réjouissances. 

C'est  dire  que,  pendant  plusieurs  années,  les  troupes  ambulantes 
de  comédiens  furent  remplacées,  en  province,  par  les  fêtes  natio- 
nales, qui  étaient,  du  reste,  de  véritables  représentations  théâtrales 
données  pkr  tous  les  orateurs,  poètes,  musiciens  locaux,  avec  le 
concours  des  peintres,  décorateurs  et  autres  artistes  du  cru*. 

Le  30  floréal  an  II  (19  mai  1794),.  on  voit  cependant  installée  à 
Lisieux  une  troupe  de  comédiens  dirigée  par  le  citoyen  L.  ReinaP 
et  composée  de  :  Desvignes  et  sa  femme  ;  Moulin  et  sa  femme  ; 
Fibrac;  Havé  et  sa  femme;  femme  Bremard;  Eugénie  Roland, 
femme  Saint-Par. 

Reinal  ayant  été  dénoncé  à  la  municipalité  lexovienne  comme 
étant  un  accapareur  de  savons  qu'il  fallait  surveiller',  je  pense 

'  A  Beroay,  du  5  pluviAse  an  II  (24  janvier  1794)  au  15  floréal  an  III  (4  mai 
1795),  des  comédies  politiques  furent  représentées  dans  le  local  des  séances  de 
la  Société  populaire,  par  les  élèves  de  TKcole  secondaire,  avec  le  concours  de 
rinstitnt  national  de  musique.  Voir  mon  étude  :  La  musique  à  Bemay  pendant 
l4M  Révolution,  publiée  dans  le  Journal  de  Bemay  (juin-juillet  1897).  —  Le  col- 
iége  de  Bemay,  {Congrès  des  Sociétés  savantes^  en  1896.) 

^  Reinal  se  trouvaitàFécampdans  les  derniers  jours  de  1793,  avec  dix  artistes  : 
F.  Brémard,  régisseur  de  la  troupe,  et  sa  femme,  Balainconrt,  Saint-Léger,  Flo- 
rÎAni  et  sa  femme.  Deschamp  et  sa  femme,  Dorval,  souffleur.  —  Le  14  nivôse 
an  II  (2  janvier  1794),  cette  troupe  avait  fait  un  contrat  d'union,  et  était  venue  à 
Hoofleur,  où,  le  28  du  même  mois,  la  municipalité  lui  avait  donné  un  bon  pour 
avoir  tous  les  jours  douze  livres  de  pain.  Après  s'être  bien  conduite  à  Honfleur,  où 
elle  reste  deux  mois,  cette  troupe  quitte  cette  ville  si  hospitalière  et  vient  à 
l^lsi^ux,  mais  avec  nn  personnel  presque  entièrement  renouvelé. 

ae  lettre  datée  de  Fécamp,  le  14  floréal  an  II  (3  mai  1794),  et  adressée  au 
^i  fteinal,  dîrectenr  de  la  comédie  chex  le  citoyen  Lefèvre,  musicien,  i  Lisieux, 

cm     interceptée  et  envoyée  à  la  municipalité  de  cette  ville,  avec  ordre  de  surveiller 
le,    '*  °'*'Tial,  comme  étant  nn  accapareur  de  savons. 


472^         L*ART    DRAMATIQUE    DANS    LA    VILLE    DE    LISIEDX. 

qu'il  ne  fit  point  un  long  séjour  à  Lisieux,  et,  le  5  thermidor  sai- 
vant  (23  juillet  1794),  le  maire  de  cette  ville  écrivait  la  lettre  sui- 
vante au  citoyen  Codrcbl,  directeur  de  la  comédie  à  Caen  : 

«  Conformément  à  ton  désir,  la  municipalité  de  Lisieux  te  per- 
mettra, ainsi  qu'à  tes  collègues,  déjouer  à  Lisieux,  aux  conditions 
toutefois  que  ce  sera  des  pièces  patriotiques  et  révoltitionnaires, 
t'observant  d'ailleurs  que  les  citoyens  et  citoyennes  qui  désireot  se 
rendre  avec  toi  à  Lisieux  doivent  être  porteurs  d'un  certificat  en 
forme  de  la  commune  de  Caen^  » 

J'ignore  si  la  troupe  Courcel  vint  à  Lisieux  et  si,  durant  Thiver 
de  1794,  cette  ville  fut  favorisée  de  la  comédie. 

J^ignore ' aussi  si  la  société  de  musique  de  la  ville*  dont  le 
citoyen  Pierrelot  était  le  maître,  prenait  part  aux  représentatioD», 
ainsi  que  cela  se  faisait  ailleurs. 

1795-1796 

Le  commencement  de  1795  est  marqué,  à  Lisieux,  par  la  pré- 
sence d'une  troupe  de  comédiens  sur  laquelle  je  n'ai  trouvé  qu'une 
seule  note  datée  13  pluviôse  an  III  (V'  février  1795);  c'tist  un  avis 
adressé  par  le  maire  au  directeur  de  la  comédie  afin  qu'il  dise  a 
son  imprimeur  de  désigner  la  rue  de  l'entrée  du  spectacle  par  son 
vrai  nom,  attendu  qu'il  n'existe  point  de  rue  de  Bailly  en  la  corn- 
mune  de  Lisieux,  ^ 

*  ♦ 

Une  grande  partie  de  l'année  1796  se  passa,  je  crois,  âaûsqae 
notre  région  soit  égayée  par  aucune  troupe  de  comédiens;  mais 
dans  les  premiers  jours  de  vendémiaire  an  V  (septemhre-oclobre 
1796),  alors  qu'il  y  avait  à  Lisieux  une  excellente  troupe  de  comé- 
diens, les  citoyens  Cordier,  Brosse,  Sentier,  etc.,  associés,  artistes 
à  Rouen,  demandèrent  à  la  municipalité  la  permission  de  venir 
jouer,  demande  à  laquelle  il  fut  répondu  ce  qui  suit,  le  13  vcn^ 
démiaire  :  u  L'administration  ne  s'opose  point  à  ce  que  voui 
veniez  à  Lisieux  pour  la  comédie  en  vous  conformant  aux  dispofi^ 

^  Archives  de  la  mairie  de  Lisieux.  —  Registre  de  la  correspond incc  D. 
*  A  partir  du  9  fructidor  au  IV,  le  maître  de  musique  de  la  ville  est  un 
Locquet  ou  Jocquet,  jusqu'au  19  brumaire  an  V. 


I 


( 


L'ABT   DRAMATIQUE    DANS    LA   VILLE    DE    LI8IEUX.        473 

tions  des  loix  sur  la  police  des  spectacles»  mais  elle  croit  devoir 
voua  prévenir  qa*il  y  a  déjà  une  société  qui  jone  la  comédie  avec 
succès»  et  que  la  commune  de  Lisieux  n*est  pas  d*one  étendue  et 
d*ane  population  assez  étendue  pour  que  deux  associations  puisse 
s'y  établir  à  la  fois.  Vous  ferez  sur  cela  les  réflections  que  vous 
croirés  justes.  » 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  les  artistes  de  Rouen  réfléchirent  qu^il 
n'y  avait»  en  efl'et,  pas  place  pour  deux  troupes  à  Lisieux,  et  ils 
laissèrent  le  champ  libre  à  la  société  qui  était  la  première  occupante 
et  qui  jouait  encore  le  26  vendémiaire.  Ce  jour-là  la  représenta- 
tion fut  troublée  par  un  soldat  et  nn  spectateur,  ce  qui  motiva  un 
échange  de  lettres  entre  la  municipalité  et  le  commandant  de  la 
force  armée  '  ;  cependant  l'affaire  n'eut  pas  de  suite,  bien  que  huit 
jours  auparavant,  une  autre  tentative  de  trouble  «it  été  faite,  mais 
sans  succès»  par  un  militaire. 

Quel  était  le  motif  de  ce  trouble?  La  correspondance  municipale 
est  muette  sur  ce  point,  de  même  que  sur  le  nom  de  la  troupe. 

L'amour  des  Lexoviens  pour  la  comédie  donna  lieu»  dans  le 
même  mois,  à  une  manifestation  caractéristique.  Le  27  vendé- 
miaire» en  effet,  faisant  réponse  à  une  pétition  présentée  par  le 
citoyen  Dulong,  entrepreneur  de  bâtiments  à  Lisieux»  l'adminis- 
tration municipale  écrivait  à  l'ingénieur  de  Pont-l'Evéque  qu'elle 
avait  arrêté  qu'en  Tabsence  du  sieur  Quesnet,  ledit  ingénieur 
serait  invité  à  se  transporter  à  Lisieux»  «  aux  fins  de  visiter  et 
expertiser  un  bâtiment  neuf  destiné  à  une  salle  de  spectacle*  9 . 
Cette  nouvelle  salle  de  spectacle  est  acceptée,  et  trois  mois  plus 
tard  est  Inaugurée  par  la  troupe  dont  il  va  être  parlé. 

1797 

Le  2  pluviôse  an  V  (21  janvier  1797),  le  citoyen  Charles  Bour- 
don» entrepreneur  des  spectacles  du  Havre»  Rouen*  et  autres  lieux, 

'  Le  19  brumaire,  il  fut  enjoint  au  commandant  de  la  garde  nationale  de  placer 
an  officier  à  c6lé  d'un  officier  municipal  à  chaque  représentation. 

t  Cette  construction  afait  été  faite,  peu  avant  le  9  août  1795.  par  le  citoyen 
De  lis  Dulong,  entrepreneur  de  bâtiments,  àLisieui,  avecles  matériaux  provenant 
de  la  démolition  de  l'église  Saint4jermain.  (V.  la  notice  de  M.  Remy  Duvivier, 
pa  liée  dans  VAlmanach  de  Usieux  pour  1895,  p.  158  et  s.) 


474         L'ART    DRAMATIQUE    DANS    LA    VILLE    0£    LISIEVX. 

écrit  aux  administratears  municrpaux  de  Lîsieax  qu'il  vient  de 
conduire  en  cette  ville  un  Opéra  quMl  se  propose  de  faire  débuter 
incessamment»  et  il  sollicite  la  permission  nécessaire  qui  lui  mi 
accordée  sous  condition  de  souffrir  la  percepUon  d'un  décime  [)ar 
franc  en  sus  du  prix  de  chaque  billet  d*entrêe,  pour  être  employée 
au  secours  des  indigents,  conformément  à  la  loi  du  7  brumaire 
précédent. 

Bourdon  donne  le  répertoire  général  des  u  Opéra  u  joués  par 
sa  troupe  au  Havre,  savoir  : 

Opéra  en  3  actes  :  La  rosière  de  Salensi.  —  L^  déserteur.  — 
V amant  jaloux.  —  Félix.  —  Le  prisonnier  français  dans  ta 
Belgique.  —  Zémire  et  Azor.  —  Alix  de  Beaucaire,  —  Tim- 
Jones.  —  Parjures.  —  Raoul  de  Créqui.  —  Le  mugnifigue,  — 
Paul  et  Virginie.  —  Raoul  et  Lucas.  —  l^e  soldat  magicien.  — 
Le  petit  matelot.  —  Lucile.  —  Les  deux  Savoyards.  —  Le  d^mn 
de  village.  —  Rose  et  Colas.  —  Spinette  et  Marine.  —  Philippe 
et  Georgette.  —  Le  tableau  parlant.  —  Le  secret.  —  Lapanvn 
femme.  —  Silvain.  —  Ambroise.  —  Le  îonmlier.  —  Le  mélo- 
mane. —  Marianne.  —  La  cinquantaine.  —  Ariane.  —  Le  mare* 
chai.  —  Loiserolles. 

Le  lendemain,  3  pluviôse,  la  municipalité  adresse  à  Bourdon 
un  exemplaire  en  placard  de  son  arrêté  du  19  brumaire  précédent, 
portant  consigne  pour  la  salle  du  spectacle. 

Le  10  du  même  mois,  la  municipalité  s'enteud  ai^ec  le  com- 
mandant de  la  force  armée  afin  qu'une  sentinelle  soit  placée  de 
chaque  côté  au  bout  de  la  galerie  de  la  salle  de  spectacle  du 
citoyen  Dulong,  pour  veiller  à  ce  que  les  personnes  qui  doifent 
être  au  parterre  ne  s'introduisent  pas  dans  des  places  supérieures*. 

Le  30,  Bourdon  est  invité  à  donner  le  lundi  suivant,  au  proiit 
des  indigents,  une  représentation  de  comédie  \  la  municipalilê 
demande  Le  souterrain,  suivi  ou  précédé  du  Secret, 

Le  29  pluviôse  (17  février  1797),  Bourdon  demande  la  permis- 
sion de  donner  au  public  quelques  bals  parés  et  masqués*  La 
municipalité  autorise,  mais  sous  condition  que  personne  ne  poiim 
arriver  ni  sortir  de  la  salle  en  masque  ni  aucunement  traîestî,  à 

'  Ëo  Tan  V,  Silvestre  Gabousse  est  entrepreneur  du  Tbéitre  des  AfIa  ât  .* 
*  Aux  galeries  et  au  parquet,  les  places  étaient  k  40  sob  ;  ccUc^  du  j 
étaient  moins  chères. 


't 


L'ART   DRAMATIQUE   DAKS    LA    VILLE    DE    LI8IEUX.         475 

peine  d'être  arrêté;  que  Ton  ne  se  permettra  aucune  indécence» 
propos  injurieux^  insultants,  etc.  Désirant  pouvoir  permettre  ce 
genre  d'amusement,  principalement  à  cause  du  droit  acquis  aux 
pauvres,  la  municipalité  lexovienne  demande  à  Rouen  des  instruc- 
tions à  ce  sujet.  ,y. 
Malgré  les  restrictions  précitées.  Bourdon  passa  outre,  et,  le                                    JM 
l**  ventôse,  la  municipalité  lui  manifestait  son  étonnement  de  voir  !;; 
que  rafBche  placée  par  lui  portait  que,  ledit  jour,  il  donnerait  un 
bal  paré  et  masqué  ;  défense  lui  est  faite  ;  il  pourra  néanmoins 
donner  bal  paré,  mais  il  devra  finir  à  deux  heures  du  matin.  — ^ 
Le  6,  la  municipalité  constate  que  Bourdon  a  soufiert  des  masques 
dans  son  bal  ;  ordre  lui  est  donné  de  faire  cesser  cet  abus,  sous 
peine  de  voir  fermer  sa  salle. 
Il  semble,  du  reste,  que  Bourdon  en  prenait  à  son  aise  avec  les 
'  autorités  locales.  En  efiet,  le  17  ventôse,  il  se  permet  |d*annoncer 
dans  son  affiche  de  spectacle  une  pièce  qui  n*est  point  portée  dans 
son  répertoire. 

Pour  tout  raccommoder,  Tadministration  prévient  Bourdon,  le 
19  ventôse  (9  mars  1797),  que  le  lundi  prochain,  il  donnera,  au 
profit  des  indigents,  une  représentation  de  Raoul  Barbe  bleue  et 
du  Devin  de  village;  à  quoi  le  régisseur  de  la  troupe,  le  premier. 
Piton,  répond  que  le  citoyen  Belleval  ne  sait  pas  le  rôle  d'isaure 
dans  Raoul  Barbe  bleue,  pièce  non  jouée  depuis  dix-huit  mois,  et 
qoe  le  citoyen  Boobdoiv,  rôle  principal,  est  absent. 

Le  surlendemain,  le  chef  de  brigade  de  la  première  légion, 
casernée  à^Lisieux,  demande  à  la  municipalité  Tautorisation  de 
donner  un  spectacle,  le  soir,  avec  la  troupe  précitée  qui  était  ainsi 
composée  :  Saint-Firmin  et  sa  femme  ;  Pradelle  et  sa  fille  ;  Piton  et 
sa  femme  ;  Lotb  et  sa  femme  ;  Verdier  ;  Mme  Rainville,  etc. 

Le  7  germinal  (27  mars),  Tadministration  écrit  à  Bourdon  pour 
que  les  entrées  de  la  salle  de  spectacle  soient  mieux  éclairées. 

Le  12  germinal,  le  programme  du  spectacle  du  14,  pour  les 
indigents,  indique  :  Raoul  Barbe  bleue  eï  le  Soldai  magicien. 

Le  25  germinal,  la  municipalité  informe  Bourdon  que  des  circon- 
stances particulières  ne  permettent  pas  de  donner  au  théâtre  la 
représentation  de  la  pièce  Les  deux  Pages;  en  conséquence,  il  vou- 
drai bien  s*en  abstenir  et  ne  faire  à  cet  égard  aucune  annonce.  Bour- 
dor  *^e  tient  pas  compte  de  cette  défense  et,  sur  son  affiche  du  29, 


476        L  ART    DRAMATIQUE    DANS    LA    VILLE    DE    Ll&IEUX, 

porte  Les  deux  Pages;  mais,  la  veille,  la  municipalité  lui  réitère 
que  cette  pièce  u  ne  peut  être  jouée  et  ne  sera  pas  jouée  n. 

A  la  suite  de  ce  conflit,  Bourdon  quitte  Lisieux* 

Le  23  floréal  an  V  (12  mai  1797),  une  nouvelle  troupe  arrive  i^n 
cette  ville  et  doit  y  débuter  le  lendemain  24. 

Cette  troupe  est  très  probablement  celle  du  citoyen  Leratslre,  in- 
stallée quinze  jours  plus  tard  et  qui  se  composait  de  quinze  acteurs 
dont  voici  les  noms:  d*HerbouvilIe ;  Davicene;  Saint-^Léger  et  sa 
femme  ;  d'Orvilliers  et  sa  femme;  Munier  et'  sa  femme;  IVosper: 
Marolles;  Leraistre;  Doyal;  Gravraud;  Mmes  Favé  et  Marciliac. 

Le  répertoire  de  cette  troupe  comprenait  les  pièces  suivantes: 

VintérieuT  d'un  comité  révolutionnaire.  —  La  gageure  im- 
prévue. —  La  petite  Nanette.  — Iphigénie  en  Tauride,  —  L'esprit 
de  contradiction.  —  Le  père  de  famille.  — Les  deiur  Jocrisses.  — 
Céphises.  —  Mêlante.  —  Gabriel  de  Vergi.  —  Charles  et  Caro- 
line. —  Clémentine.  —  La  pupille.  —  Les  arts  et  V amitié.  — 
Tancrède.  —  Zelmire.  —  La  mort  de  César.  —  l^  bienfait 
anonyme.  —  L'orphelin.  —  La  brouette  du  vinaigrier.  -=-  Vécole 
des  pères.  —  Le  souper  de  famille.  —  L'école  de  l'adolescente. 
—  L'habitant  de  la  Guadeloupe.  —  Mahomet,  —  Zaïre.  —  La 
somnambule. 

De  ces  pièces,  la  première  ne  fut  point  tolérée  ;  peu  de  jours  aprè«. 
en  eflet»  les  administrateurs  du  département  de  Caen  écrivent  à  Ii 
municipalité  lexovienne  qu*ilssont  surpris  qu*ellc n'ait  pa^  déf«>ncl(i 
qu'on  jouât  Ylntérieur  des  comités  révolutionnaires^  le  Souper 
des  Jacobins,  a  En  vain  dites*vous,  —  ajoutait  «  radminiBlraleur 
tt  central,  —  que  les  partisans  de  Tancienne  Terreur,  à  qui  seuls 
tt  cette  pièce  peut  déplaire,  ne  sont  pas  en  grand  nombre,  qu*îls 
a  sont  dans  Vheureuse  impuissance  défaire  le  mal,  que  les  amis 
(i  de  l'ordre  et  de  la  paix  sont  incapables  de  se  porter  contre  eux  à 
«  aucune  violence,  quand  même  ils  y  seraient  provoqués. 

«  l^ous  ne  pouvez  pas  prudemment  répondre  que  des  bonime^ 
u  auxquels  une  pièce  de  théâtrej9^{//^ejp/afr^,  iie  se  porteront  pa£ 
u  à  des  excès  pour  Tempécher,  et  que  les  partisans  de  celte  pièce 
«  ne  la  soutiendront  pas  contre  eux. 

tt  Vous  devez,  au  contraire,  prévenir  tout  cela,  puisque  la  lo 
tt  raison  et  vos  devoirs  l'exigent.  On  peutsans  inconvénient  et  r 
tt  avecavantage  les  mettre  sur  la  scène  après  la  génération  acti" 


L'ART   DRAMATIQUE    DANS    LA   VILLE    DE    LI8IBIJX.        477 

Une  troisième  troupe  visite  la  <^ité  lexovienne  en  ladite  année; 
ces  comédiens,  venant  d'Alençon,  étaient  dirigés  par  le  citoyen 
BilloûardSaint'Pralx,  le  même  que  Ton  a  vu  cinq  ans  auparavant» 
et  par  la  citoyenne  Châieauneuf.  Le  23  fructidor  «n  V  (9  sep* 
tembre  1797),  ils  avaient  demandé  à  la  municipalité  de  venir 
passer  Tbiver  à  Llsteux,  ce  qui  leur  avait  été  accordé  parce  que  le 
23  fructidor  Billoùard  de  Saint-Pralx  avait  écrit:  « ...  Loréper- 
«  toire  de  ma  direction  est  composé  de  manière  à  ne  pas  Réveiller 
«  dans  Tàme  des  citoyens  ces  malbeureuses  passions  qqi  alimentent 
«  le  feu  des  discordes  :  mon  but  est  d*amuser  et  de  distraire...  « 

Cette  troupe  remplit-elle  ces  promesses  ?  Je  Tignore  ;  mais  on 
pourrait  en  douter,  car,  six  mois  plus  tard,  une  autre  troupe  de 
comédiens  étant  arrivée  à  Lisieux,  la  municipalité  commence  par 
prendre»  le  20  germinal  an  VI,  des  mesures  pour  éviter  les  troubles» 
ce  qui  laisse  croire  qu*il  y  en  avait  eu  précédemment.  Il  semble 
même  que  cette  troupe  ne  s'arrêta  pas,  car  il  n*y  a  pas  d*autre 
mention  de  sa  présence. 

1798 

Un  avis  de  la  mairie,  du  8  pluviôse  an  VI  (27  janvier  1798)» 
annonce  qu'il  y  aura  le  lendemain»  à  la  salle  de  spectacle»  une 
représentation,  et  que,  par  la  suite,  des  représentations  suivies 
seront  données  par  la  troupe  des  artistes  dramatiques  du  théâtre 
des  Arts  de  Rouen. 

Ceux-ci,  le  12  pluviôse,  présentent  une  pétition  à  la  municipa- 
lité» qui,  le  14  \  prend  Tarrété  suivant,  conformément  aux  lois  des 
7  brumaire  an  V  et  2  frimaire  an  VI  : 

1**  Les  pétitionnaires  et  leurs  associés  donneront  chaque  mois» 
pendant  la  durée  du  temps  qu'ils  resteront  dans  cette  commune» 
une  représentation  au  bureau  de  bienfaisance  d'icelle,  dont  ils 
garantissent  le  produit  valoir  au  moins  trois  cents  francs,  à  charge 
par  eux  de  compléter  dans  le  cas  où  la  recette  ne  s'élèverait  point 
ià  cette  somme,  sans  autre  prétention  de  leur  part,  quel  que  soit  le 
p"-oduit  au-dessus  de  trois  cents  francs,  que  de  prélever  les  frais 


'  Le  13  pluviôse,  r/ldminrstratioli  muaicipale  avait  procédé  à  la  rénovation  du 
«oiia  de  bienfaisance. 


i 


l.  478         L'ART   DRAMATIQUE   DANS   LA   VILtl    DE    LISÏEDX. 


de  représentation  ordinaire,  si  toitteroîs  ils  se  trouvent  dans  l'excé- 
dent de  la  somme  garantie. 

S"*  L'administration  choisira  la  pièce  qu^elle  voudra  pour  être 
jouée  au  jour  qu'elle  indiquera  au  bénéGce  des  indigents  et 
des  hospices^  dans  le  répertoire  que  les  artistes  doivent  lui  re- 
meitre  dans  le  délai  de  quatre  jours,  aui  termes  de  son  arrêté 
é«.  jfMur  dlUfis;;  {usccr  qiui  le  répertoire  dont  est  question  con- 
tiendra les  pièces  de  théâtre  qui  devront  être  jouées  pendant 
quinze  jours.  3**  Lesdits  pétitiormaires,  an  moyen  de  Tentière 
et  «xacte  exécution  des  articles  1"  et  ^  auront  à  leur  bénéfice 
le  produit  net  de  tous  les  bals  parcs  et  redoutes  qu'ils  pour- 
ront donner  pendant  leur  séjour  en  cette  commune,  sous  Tauto- 
risation  en  se  conformant  au  règlement  à  ce  relatif.  4*  EnGn 
pour  Texécution  du  présent  et  notamment  des  articles  1"  et  % 
lesdits  pétitionnaires  se  rendront  à  Tadministratton  aussittM  h 
réception  du  présent,  pour  signer  au  registre  tant  pour  eux  que 
pour  leurs  associés. 

On  le  voit,  les  comédiens  avaient  plusieurs  cordes  k  leur  arcj 
du  moins  elles  leur  étaient  offertes  par  ces  bals  parés  et  redoutes 
dont  il  est  parlé  plus  haut.  Cet  arrêté  n'eut  cependant  pas  d'eiTet, 
je  crois,  car  le  registre  municipal  ne  porte  point  tes  signatures  de« 
artistes  pétitionnaires,  et  Ton  voit,  au  contraire,  le  lcndemR:in 
1 5  pluviôse,  l'administration  communale  défendre  de  porter  masqae  ; 
il  y  a  donc  lieu  de  croire  que  la  troupe  de  Rouen  quitta  Llsieai  en 
février  1798. 

Le  16  ventôse  suivant  (6  mars  1798),  des  artistes  drama^ 
tiques  étant  à  Lisieux,  la  municipalité  leur  indique  en  ces  terma 
les  airs  qu'il  convient  de  jouer  à  1  otnerture  des  pièces  ;  a  L'ad- 
tt  ministration  vous  rappelle  les  dispositions  de  Tarrété  do  Dh 
a  rectoire  exécutif  en  date  du  18  nivôse  an  IV  (8  janvier  lTD1)r 
a  portant  en  substance  que  tous  les  djrecfeurs  et  propriétaires 
Il  des  spectacles  seront  tenus,  sous  leur  responsabilité  indiii- 
a  duelle,  de  faire  jouer  chaque  jour,  par  leur  orchestre,  arant 
a  la  levée  de  la  toile,  les  airs  chéris  des  républicains,  tels  que  * 
uLa  Marseillaise,  —  Ça  ira  —  Veillons  au  salut  de  f^""- 
^pire  et  le  Chant  du  départ.  Elle  se  flatte  que  cet  arrêté 
a  son  exécution;  elle  ne  peut  transiger  avec  Texécutiou 
tt  lois.  V 


L'ART   DRAMATIQUE   DANS   LA   VILLE    DE    LI8IEUX.        479 


Une  autre  troupe  arrive  en  cette  ville  dans  les  premiers  jours 
d*avril,  et,  le  20  germinal  (9  avril  1798)»  la  municipalité  prend  les 
mesures  convenables  pour  éviter  les  troubles  durant  les  représen- 
tations théâtrales. 

Cette  troupe,  ayant  à  sa  tète  le  sieur  Billouard  de  Saint-Pralx,  «1 

ne  s'étant  point  conformée  à  Tarrété  municipal,  est  rappelée  à  ^ 


Tordre,  le  1*' prairial  (20  mai),  et,  le  lendemain,,  la  mmucipalilé 
informe  les  citoyens  composant  le  corps  de  musique  de  la  garde 
nationale  '  qu'une  société  de  jeunes  citoyens  de  la  commune  est 
autorisée  à  donner  le  jour  même,  à  quatre  heures  et  demie,  dans 
la  salle  du  ci-devant  grenier  à  sel,  une  pièce  de  tragédie  à 
laquelle  les  citoyens  composant  le  corps  de  la  musique  de  la 
garde  nationale  sont  invités,  a  pour  donner  Témulation  néces- 
«  saire,  à  s'y  trouver  avec  leurs  instruments,  aux  6ns  d'y  jouer 
«  des  airs  républicains.  Nous  comptons  —  ajoutait  le  maire  — 
a  sur  votre  amour  pour  tout  ce  qui  tend  à  développer  les  prin- 
tt  cîpes  et  former  d^s  hommes  pour  le  maintien  du  gouvernement 
«  républicain.  « 

En  présence  de  cette  concurrence»  la  troupe  Billouard  de  Saint- 
Pralx  n*eut  rien  de  mieux  à  faire  que  de  déguerpir  ;  aussi,  le 
25  prairial  (13  juin  1798),  le  directeur  écrivait  à  la  municipalité 
de  Laigle  a6n  d'obtenir  la  permission  d'aller  jouer  en  cette  ville 
l'opéra,  la  comédie  et  la  tragédie. 

De  son  c6té,  le  26  prairial,  la  municipalité  lexovienne  informait 
celles  d'Évreux  et  de  Laigle  que  le  citoyen  Billouard  Saint-Pralx 
désirait  donner  quelques  représentations  dans  ces  deux  villes. 
a  La  protection  que  les  arts  ont  le  droit  d'attendre  des  autorités 
«  constituées,  l'encouragement  que  celles-ci  doivent  leur  donner, 
a  l'intérêt  particulier  que  la  troupe,  dont  est  directeur  le  citoyen 
u  Saiot-Pralx,  inspire,  étant  dans  l'habitude  constant  de  jouer  des 
«  pièces  républicaines,  toutes  ces  considérations  —  ajoutait  la 
«  irunicipalité  de  Lisieux  —  nous  engagent  à  vous  inviter  à  lui 


*  1  le  15  ventôte  précédent,  la  mnoicipalilé  s'élait  plainte  de  ce  qne  la  musique 
hq  ri  «nolisMttt  pas  ton  devoir  aux  fêtes  civiques. 


t 


' 


480         L'ART    DRAMATIQUE    DANS    LA   VILLE    DE    LISIEUX. 

tt  procurer  les  facilités  de  représenter  avec  avantage  dans  votre 
«  commune  conformément  à  ses  désirs.  9 

...      *  * 

Le  10  themidor  suivant  (28  juillet  1798)^  une  ooiivelle  Irou'pe 
d*artistes  dramatiques  fait  ses  débuts  à  Lisieux  avec  :  les  Châteaux 
en  Espagne  et  le  Chanoine  de  Milan;  le  14,  elle  donne:  Le$ 
étourdis  ou  le  mort  supposé  et  1^  Guerre  ouverte  ou  ruses  contre 
ruses;  le  16,  Charles  et  Caroline  et  V Impromptu  de  campagne; 
le  18,  Gahrielle  de  Vergy  et  Madame  Angot  ou  la  poissarde  par- 
venue. —  J'ignore  quelle  était  cette  troupe. 

Il  convient  de  rappeler  ici  que  les  comédiens  trouvèrent  un  fer- 
vent protecteur  en  la  personne  de  François  de  Neufoitâteau,  alon^ 
ministre  de  Tintérieur  et  lui-même  auteur  dramatique-  aussip 
dans  sa  circulaire  ministérielle  du  11  frimaire  an  Vil  (1"  dé- 
cembre 1798),  disait-il:  «  ...  Le  théâtre  est  une  portion  intércs- 
a  santé  de  la  gloire  littéraire  de  la  nation  ;  il  offre  un  amnsemeot 
u  utile;  il  a  servi  à  Tinstniclion  publique  et  ilpeui  être  dirigé  ven 
â  raffermissement  des  principes  républirains.  •» 

C*est  dire  que,  sous  ce  ministre  distingué;  le  répertoire  des 
iroupes  nomades  fut  soigneusement  épuré. 

Du  4  frimaire  au  7  nivôse  (24  novembre,  27  décembre  1798), 
une  troupe  d'artistes  dramatiques,  venue  de  Caen,  séjourna  â 
Lisieux  et  joua  :  Les  Visitandines.  —  Raoul  Barbe-bleue,  -- 
Nina.  —  Arlequin-Joseph.  —  Le  prisonnier  ou  la  ressemblance, 
—  Biaise  et  Babet.  —  Honorine  ou  la  femme  diJJieUe  à  t^mi^ 

1799 

En  1799,  nous  voyons  apparaître  à  Lisieux  une  seule  troupe. 

Le  19  messidor  an  III  (2  juillet  1799),  la  municipalité  invile  le 
commandant  de  la  garde  nationale  à  commander  pour  le  lende- 
main, cinq  heures  du  soir,  douze  grenadiers  et  autant  de  chassears, 
pour  se  rendre  à  la  salle  des  spectacles,  tant  pour  le  maitilliin  de 
Tordre  et  de  la  tranquillité  publique  pendant  la  durée  dti  spi^^- 
tacle  autorisé,  que  pour  probablement  Ggurer  dans  la  pièce.  Ce 
donc  une  pièce  militaire  dont  le  titre  n*a  malheureusemâol 
été  conservé,  de  même  que  le  Qom  du  directeur  de  la  comédie 


LART    DRAMATIQUE    DAX'S    LA    VILLE    DE    LLSIEIJX.        481 


1800 

Les  désordres  de  la  chouannerie  eu  Normandie  devaient  néces- 
sairement avoir  une  influence  fâcheuse  sur  les  représentations  théâ- 
trales; il  n^est  donc  point  étonnant  de  tire  cette  lettre  que  la  muni- 
cipalité de  Lîsieux  adressait,  le  2  pluviôse  an  VIK  (22  janvier  ]  800), 
aui  artistes  dramatiques  qui  égayaient  la  ville  depuis  quelque  temps  : 
»  L'administration  ne  peut  laisser  plus  longtemps  votre  spec- 
tacle se  terminer  à  dix  ou  onze  heures  du  soir  sans  compromettre 
la  sûreté  publique  dans  les  circonstances  critiques  où  nous  nous 
trouvons.  Veuillez  donc  commencer  à  cinq  heures  et  demie  pré- 
cises et  terminer  à  neuf  heures  du  soir.  Vous  nous  ferez  connaître 
ceux  d'entre  vous  qui  seraient  susceptibles  d'occasionner  ce  retard, 
afin  que  Tadministration  prenne  à  leur  égard  le  parti  convenable. 
Nous  aimons  à  croire  que  vous  vous  empresserez  de  defférer  à 
celte  invitation  qui  ne  peut  que  vous  êtes  profittable  en  vous  don- 
nant plus  de  spectateurs.  Comme  les  lois  sur  la  police  des  spec- 
tacles sont   toujours   maintenues,    vous   nous  ferez  connaître  le 
répertoire  de  chaque  décade.  » 

Ces  dispositions  motivèrent-elles  le  départ  des  comédiens?  On 

peut  le  croire  ;  car  un  mois  plus  tard  ils  n'étaient  plus  à  Lisieux, 

et,  le  6  ventôse  (25  février  1800),  le  maire  écrivait  ce  qui  suit  au 

citoyen  Mauduît  la  Rozjëre',  artiste   dramatique  à   Verdun,  en 

réponse  à  sa  lettre  du  29  précédent  :  «  Non  seulement,  en  exécu- 

a  tion  des  lois,  nous  protégeons  les  arts,  mais  nous  y  sommes  portés 

u  d'inclination.  La  troupe  de^  laquelle  vous  faites  partie  peut,  si 

a  elle  juge  bien  pour  ses  intérêts,  se  rendre  à  Lisieux,  mais  comme 

a  nous  n  avons  que  la  police  et  non  les  locaux,  il  conviendra  que 

a  VOUS  VOUS  arrangiez  avec  le  citoyen  Dulong,  propriétaire  de  la  salle 

«  de  spectacle  qui  pourrait  être  arrangé  avec  d'autres.  Nous  croyons 

a  cela  mesure  indispensable.  Quant  à  nous,  pourvu  que  les  troupes 

u  se   conforment  aux  lois  sur  les  spectacles,    elles  peuvent  tMre 

a  assurées  de  trouver  toute  protection.  » 

La  censure  politique  était  alors  bien  injuste  et  môme  ridicule  à 

'  Pierre  Mauduît  la  Rozière,  fils  d'un  marchand  drapier  de  Lisieux,  était  uri<{i- 
naire  de  ceUe  ville,  qu'il  quitta  en  mai  179^,  pour  se  livrer  au  llioàtre.  (\'ote  R, 
Du  vivier.) 

31 


482         L'ART    DRAMATIQUE    DAXS    LA    VILLE    DE    LISIEUX- 

Tégard  de  certaines  pièces  de  premier  onlre.  On  en  peu!  juger  par 
cette  lettre  que  le  préfet  du  Calvados  adressai!,  le  t)  floréal  an  \  III 
(29  avril  1800),  à  Tadministration  municipale  de  la  communs  de 
Lisieux  : 

Citoyens, 

Mon  intention,  toujours  conforme  à  celle  du  rjouv^rnentetit,  est  de  favo- 
riser aulant  que  possible  le  progrès  des  arts;  ils  tendi^nt  à  perfeclionncr 
la  société  qu'ils  embellissent;  mais  il  ne  faut  jamais  f[ue  ces  en  fan  L^  du 
génie  puissent  fournir  aux  ennemis  de  l'ordre  Toccasion  ôb  La  troubler.  Il 
se  pourroit  que  dans  la  cité  que  vous  administrés,  comme  dans  beaucoup 
d'autres  villes,  on  réclamât  l'autorisation  de  reprendre  Atkalie.  Le  eUpf- 
d'œuvre  de  l'immortel  Racine  mérite  sans  doute  les  applaudissemens  àv 
tous  les  amis  éclairés  du  «  Théâtre  franco! s  »,  mais  il  n^a  pas  besoin 
pour  les  obtenir  de  la  part  d'une  certaine  portion  d'hotnmes  inquiets  et 
remuants,  de  leur  offrir  des  allusions  et  des  souvenirs  favorables  à  ucr 
gouvernement  qui  n'est  plus.  Vous  signiffierez  donc  à  tous  les  directeurs 
et  entrepreneurs  de  spectacles,  qui  ont  ouvert  ou  ouvriront  k  scène  dans 
votre  commune,  la  deffense  la  plus  expresse  de  jouer  Atkalit  jusqu*à 
nouvel  ordre;  accusez-moi,  je  vous  prie,  réception  de  la  présente  et 
m'instruisez  si  pareille  demande  vous  aura  clé  faite. 

Salut  et  fraternité. 

CoLLKT-DlMESÎÏIL'. 

J^ignoresi  Tadmirable  tragédie  de  Racine  fut  demandée  par  le 
public  lexovien.  Je  crois  plutôt  qu'il  se  contenta  du  répertoire  tréf 
complet  qui  lui  fut  offert  en  Tan  VllI,  et  dont  voici  la  composition  i 

Le  Jugement  de  Paris  ou  les  Trois  déesses  rivales.  —  Renaud  d'Arsl. 
—  Le  Major  Palmer.  —  Les  Rivaux  d'euv-mèuies.  —  Du  devoir  de  la 
nature  ou  le  Fils  de  son  père.  —  Le  comte  d'Août  ou  le  Porte-clefs 
reconnoissant.  — Consentement  forcé.  —  Sargines  ou  TE  lève  de  l'amour. 
Les  Projets  de  mariage.  —  Les  Deux  frères,  —  Adolphe  et  Clara  ou  1rs 
Deux  prisonniers.  —  Le  Désespoir  de  Jocrisse.  —  Raoul  de  Crwjtii  o« 
Bathilde  et  Avi.  —  Lodoïska  ou  les  Tartares.  —  Le  Fou  rai;!ionnable.  — 
La  Chaste  Suzanne  ou  le  Jugenjent  du  jeune  DanieU  —  Sancho  Tinf^* 
gouverneur  dans  l'île  Baralarin.  —  Les  Deux  fri-res  ou  l'Heureuse  rècoo- 
ciliation.  —  Les  Prétendus  ou  les  Epoux  mécon lents.  '—  Les  Ui^arreries 
de  la  fortune.  —  Mathilde  ou  l'Enfant  victime  de  Terreur  de  sou  pèt 
Euphrosine  et  Corodin  ou  le  Pouvoir  de  l'amour,  —  La  Petite  \f 

*  Arch.  de  la  mairie  de  Lisieux  ;  Théâtre* 


L'âRT    DRAMATIQUE    DA\S    LA    VILLE    DE    LISIEUX.        483 

et  le  Père  Bontemps  ou  TÉcoie  des  fermiers.  —  Camille  ou  le  Souterrain. 

—  Robert  chef  de  brigands.  —  Le  Souper  de  famille.  — Les  deux  tutears 
dupes.  —  La  Brouette  du  vinaigrier.  —  Jérôme  Pointu.  —  Léon  ou  le 
château  de  Montenero.  —  Le  baron  de  Hartwitz  ou  le  Porte-enseigne  et 
le  jeune  militaire.  —  Les  Fourberies  de  Scapin.  —  Le  Jaloui  malgré  lui. 

—  Les  Femmes  à  Zelia.  —  Les  Deux  âges  ou  l'Embarras  du  choix.  — 
Azémire  ou  les  Sauvages.  —  Alexis  et  Justin.  —  La  Porét  périlleuse  ou 
les  Brigands  de  la  Calabre.  —  Ambroise  ou  Voilà  une  journée.  —  Les 
otages  on  la  Révocation  de  la  loi  sur  les  otages.  —  La  \uit  aux  aventures. 

—  Ltsbeth  ouïes  Mœurs  suisses  et  les  otages.  —  Les  Mariniers  de  Saint- 
Cloud  '.  —  La  Fausse  magie  ou  les  Bohémiens.  —  La  Revue  de  Tan  VI. 

—  L'abbé  de  TÉpée.  —  Adèle  ou  la  chaumière.  —  L'Esclavatje.  —  Les 
Deux  chasseurs  et  la  laitière.  —  Les  Prisonniers  français  dans  la  Belgique. 

—  Ariane  abandonnée  dans  Tîle  de  Naxos.  —  Les  Pécheurs.  —  La 
Calomnie.  —  La  Fête  de  la  cinquantaine  ou  les  Trois  âges.  —  Le  Souper 
des  Jacobins.  —  Raoul  Barbe-Bleue  ou  la  Curiosité  punie.  —  La  noble 
veuve  et  le  fils  généreux.  —  Les  Deux  usuriers  ou  les  Dettes.  —  Le  Maré- 
chal ferrant,  etc.,  etc. 

Peut-être  à  cause  des  événements  politiques  qui  troublèrent  la 
France  à  partir  de  1800,  on  ne  voit  réapparaître  des  comédiens  à 
Lisieux  qu'en  1804. 

Là  s'arrôte  donc  cette  étude.  Aussi  bien  Thistoire  du  théâtre  pen- 
dant le  dix-neuvième  siècle  est-elle  facile  à  faire,  grâce  aux  feuilles 
périodiques  dans  lesquelles  on  trouve  tous  les  renseignements  utiles. 

E.  Veuclix, 

Correspondant  du  Comité  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  des  départements,  au 
Mesnil-sur-i'Ëstrée  (Eure). 


'  A  propos  de  cette  pièce,  radministration  centrale  de  l'Eure  écrivait  ce  qui 

wuii^    Je  26  messidor  au  VIII  (15  juillet  1800),  à  radministration  municipale;  de  la 

roiumuoe  d'Ëvreux  :  —  i  Quand  les  factions  s'élèvent  sur  les  ruines  les  unes  des 

c  autres,  elles  réagissent;  mais  qnand  c'est  la  République  qui  triomphe,  elle  est 

K  sag^e,  elle  est  grande.  —  L'intention  qui  a  dicté  la  pièce  :  Les  mariniers  de 

t  Sézint-Cloud  peut  être  louable;  mais  cette  pièce  rappelle  des  souvenirs ,  des 

lialn^fl*  des  passions  qu'il  est  temps  d'éteindre.  Le  gouvernement  ne  veut  point 

d'esprit  de  parti;  son  intention  bien  prononcée  est  que  tous  les  Françoih  soient 

f-éunis  sous  la  bannière  de  la  République.  \ons  ne  doutons  pus,  cito\ons,  que 

vo^9  ^^  ^^^^  hâtiez  d'empêcher  la  représentation  de  cette  pièce.  Telles  sont 

les    vues  da  ministre  de  la  police  générale...  » 

(Arch.  «lép.  do  IKuro  :  L,  suppl.) 


>  484  LES    ORIGIXES    DU    MLSEE    DE    BERU'AY. 


{ 


XXX 

LES  ORIGIXES  DU  MUSÉE  DE  BERftJAY 


La  Révolution  troava  à  Beroay,  petite  ville  de  6,O0U  liabilantâ, 
chef-lieu  d'une  élection,  puis  d*un  district,  une  c><jlise  ahbaliale, 
deux  églises  paroissiales  et  cinq  églises  ou  chapelles  de  couveoU 
et  d'hôpitaux. 

Cest  dire  que  cette  ville,  en  1793,  renfermaîf  une  quantité 
relativement  grande  de  richesses  d*art  que  le  vandalisme  révo- 
lutionnaire, durant  cette  année  et  la  suivante,  dispersa  ou  détruisit, 
ainsi  que  cela  est  constaté  dans  les  procès-verbaux  des  séances  de 
la  Société  populaire. 

Cette  Société,  cependant,  renfermait  dans  son  sein  des  artistes  et 
des  littérateurs  distingués ';  elle  s'était  occupée  de  ror^jaui^alion 
d'une  bibliothèque  publique*  au  moyen  des  livres  provenant  des 
maisons  religieuses  supprimées  et  dépouillées;  entSn,  elle  avait 
créé  une  École  secondaire  où  les  Arts  libéraux  étaient  en  hon- 
neur'. 

Personne  n'eut  donc  la  pensée,  ou  du  moins  n  eut  le  CDuragé 
d'émettre,  le  vœu  de  sauver  d'une  desti*uction  stupide  les  objeti 
d'art  et  d'antiquité  enlevés  des  églises  et  d'en  former  un  Ajusta 
pour  Tinstruction  artistique  de  la  jeunesse  pour  laquelle  on  voulait 
faire  tant  de  sacrifices. 


>  J'eD  ai  cité  quelques-uns.  {Réunion  des  Sociétés  des  Betmx^ArU  dès  dépars 
tetnents,  1893.) 

*  Voir  ma  A'o/iVc  ;  Les  origines  de  la  Bibliothèque  publique  de  Btrnay*  {? 
de  Caumont,  à  Rouen,  1896.) 

'  Voir  mon  Mémoire  :  La  première  Ecole  de  dessin  de  Bernay.  {Réunie 
Sociétés  des  Beaux^Arts  des  départements,  de  i895.) 


LES   ORIGINES    DU    MUSÉE    DE    BERXAY.  483 


II 


Les  pertes  artistiques  causées  par  la  Révolution  à  la  ville  de 
Bernay  furent  donc  immenses  et  fâcheuses  ;'maisà  quelques  lieues 
de  là,  la  riche  abbaye  du  Bec-Hellouin  avait  été  moins  maltraitée, 
et,  en  1807,  elle  renfermait  encore  un  magnifique  autel,  une 
superbe  collection  de  statues'  et  une  précieuse  série  de  sept  dalles 
tumulaires  gravées  au  trail. 

Or,  en  ladite  année,  Napoléon  I"  étant  passé  par  Bernay,  un 
des  curés  de  la  ville,  Tabbé  Lefebvre,  archiprétre  de  Sainte-Croix, 
lui  demanda  pour  son  église  dénudée  les  dépouilles  de  celle  du 
Bec,  ce  qui  lui  fut  accordé. 

On  transporta  4oncà  Bernay  TauteP,  le  banc  d*œuvre,  les  sta- 
tues et  les  pierres  tombales. 

J*ai  dit'  comment  ces  dernières,  à  Texceptionde  deux,  furent 
.découpées  et  mutilées  pour  servir  à  paver  Téglise,  en  1813,  et 
couvrir  la  tombe  d*un  curé,  en  1821.  Quant  aux  deux  restées 
intactes  et  dont  on  ne  savait  que  faire,  ellesservirent  àun  commen- 
cement de  Musée  ;  voici  en  quelles  circonstances  : 


m 


De  1833  à  1841,  le  collège  de  Bernay,  établi,  en  Tan  XI,  dans  un 
ancien  couvent  d*Augustines\  eut  pour  principal  M.  Louis-François 
Bréard,  un  érudit,  venant  du  Havre,  lequel  fit  le  nécessaire  pour 
relever  rétablissement  qui  lui  avait  été  confié. 

M.  Bréard  eut  la  bonne  fortune  d'avoir  sous  ses  ordres  un  jeune 
professeur  très  distingué,   originaire    de    Vire,    mais   Bernayen 


'  Le  chanoine  Porée  a  parlé  de  ces  statues  i  la  Réunion  des  Soclttis  des 
Beitttac^Aris  des  départements^  en  1895. 

'  Voir  la  Notice  de  l'abbé  Dubois. 

^  Voit  ma  Notice  :  La  fin  de  l'abbaye  royale  du  Bec-Halloin,  1877. 

*  Voir  le  rapport  sur  mou  Mémoire,  présenté  au  Congrès  des  Sociétés  savantes^ 
em    .896. 


n 


4ft6  LES    ORHiLXES    Dl    \iUSK£    UË    BER\AV. 


d'adoption,  M.  Jean-François  Ratel,  qui  était  en  même  tenipiiin 
poète  et  ilessinateur  de  talent  '. 

Or,  avant  1839,  jjrâce  prûlmt»lement  à  ces  deux  liomnn^s  Je 
goût^  un  .Uusée  aval  té  té  organisé  au  collège,  et,  le  7  juillet  de  ladite 
année,  sur  Tavis  de  M.  le  docteur  Bardet,  le  conseil  de  faiirique 
de  Téglise  de  Sainte-Croix  consentit  à  faire  déposer  ^  au  Wnm 
élahli  a»  collège  »  les  deux  pierres  tuniulaires  précilées^  lesqueli^s 
étaient, depuis  1807, à  la  porte  extérieure  de  celte  église,  esposées 
aux  injures  du  temps  et  des  hommes. 

Pour  une  cause  que  j*ignore,  ces  pierres  restèrent  ccpendanlà 
la  même  place,  et  ce  ne  fut  qu'en  1842  qu'on  eut  enfin  la  bonne 
pensée  de  les  mettre  à  rintôrieur,  de  chaque  cc^té  de  la  porte 
d'entrée  de  Téglise  de  Safnte-Croix. 

Quant  au  musée  du  rollôge,  jen'en  ai  plus  trouvé  menlioa,  et  il 
est  supposable  qu'il  disparut  aiec  M.  Bréard,  en  1841. 


IV 


En  !849,  la  question  d'un  Musée  municipal  fut  remise  sur  le 
tapis  par  un  artiste  bien  connu,  M.  Lottin  (de  Laval),  propri<^- 
taire  et  homme  de  lettres  normand^  lequel,  s'étant  porté  candidat 
à  la  députation,  à  Bernay,  terminait  sa  profession  de  foi,  datée  du 
21  avril  1849,  par  ce  vœu  Judicieux  ; 

«  Établir  rimpùt  général  du  lOO""  des  quatre  contrilmtioQSp 
ck  pour  le  répartir  exclusivement  sur  la  littérature,  les  arts  et  les 
K  sciences,  a6n  que  TÉtat  dote  chaque  arrondissement  d'unie 
w  bibliothèque  et  d*un  Musée,  ces  grands  moteurs  de  Tintelli- 
û  gence,  u 

Hélas  \  M.  Lottin  ne  fut  poittt  élu,  et  sa  grande  pensée  ne  fut  potal 
comprise.  L'idée  d*une  bibliothèque  existait  bien  à  llema]'  ;  mai* 
la  question  d'un  Musée  ne  fut  même  pas  agitée  par  les  adminr*^ 
trateurs  de  Tépoque. 

*  Voir  te  volume  de»  OEmresdt  Rùtd,  publié  en  ISOl.  pnr  k  Sùdét^Uhrt^ 

TEurê^  seelion  de  fiernay. 


LES    ORIGINES    Dl    MUSEE    DE    BERNAY.  487 


V 


yuit  ans  plus  lard,  en  1857,  un  artiste  peintre,  qui  s*était  fait 
àBernay  une  certaine  réputation,  M.  Vincent  Raverat S  entreprit 
de  réaliser  le  vœu  de  son  grand  ami  M.  Lottin,  et  il  proposa 
à  Tadministration  municipale  d*é(ablir  à  Bernay  :  1"  un  Musée  fie 
peinture  et  de  sculpture;  2"  une  école  communale  de  dessin* \ 
mais,  dans  sa  séance  du  6  novembre  de  ladite  année,  le  conseil 
municipal  ajourna  cette  proposition,  sans  donner  aucune  expli- 
cation. 

*  Il 

L'année  suivante,  un  jeune  archéolo.fjue,  M.  Le  Métayer-Masse- 
lui,  reprit  la  proposition  pour  son  compte  personnel  et  dans  d'autres 
conditions.  Le  24  octobre  1858,  cet  antiquaire  zélé  écrivait  à  la 
municipalité  qu'il  se  proposait  de  faire  des  fouilles  dans  lancienne 
église  abbatiale,  convertie  en  halle  aux  grains,  et  il  disait  u  que 
«  tout  ce  qui  serait  recueilli  par  lui  appartiendrait  au  Musée  de  la 
a  ville  » . 

Dans  le  même  temps,  je  crois,  <<  M.  Le  Métayer,  lit-on  dans  le 
Manuel  du  bibliographe  normand  de  M.  E.  Frère,  otfrit  à  la  ville 
de  Bernay, />owr  ^nyJïiV^  le  commencement  d'un  Musée,  une  col- 
lection de  3,000  médailles  romaines  découvertes  dans  le  département 
de  TEure  » . 

Malheureusement,  le  conseil  municipal  n'avait  point  le  désir  de 
créer  un  Musée,  et  les  résultats  des  fouilles  de  M.  Le  Métayer  furent 
perdus  pour  la  ville  '. 

'  M.  Raverat,  né  en  1801,  citait  venu  à  Beroay  en  1851;  en  185.*),  il  avait 
exécuté  quatorze  grands  tableaux  pour  l'église  de  la  Coulure.  Il  lui  fut  payé 
5,000  francs  poar  huit  de  ces  toiles.  En  1856,  il  fut  sur  le  point  dr  couirir  de 
fresques  la  chapelle  de  la  Vierge  eu  ladite  é<jli$e. 

■  Voir  mon  Mémoire,  présenté  à  la  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux^Arts  des 
dé  artetnents,  en  1896.  n 

De  1856  à  1861,  M.  Le  Métayer  Gt  exécuter  daus  plusieurs  localités  des 
fot  ilies  qai  prodaisirent  une  grande  quantité  d'objets  <{allu-romains  et  une  superbe 
cri  «se  d'abbé  qui  figure  aujourd'hui  au  Musée  de  Cluny. 


488  LES    ORIGINES    DU    MUSÉE    DK    BKBNÂY, 


VI 


Ce  ne  futqu*en  1862  quéfurent  jetés  les  fondements  d'un  \!usèe 
à  Bernay/par  la  donation  que  (It  Mme  veuve  Charles  LenormaDJ 
d'une  armoire  vitrée  renfermant  les  objels  antiques  trouvée,  en 
1854,  à  la  chapelle  Saint-Eloi,  offrande  accompagnée  du  ba&tè 
de  M.  Lenormand. 

Cedernierétaittrès  lié  avec  une  célébrité  bernayenne  et  rrançaisË, 
M.  Auguste  Le  Prévost  :  a  Mon  mari,  écrivait,  le  18  février  1862, 
tt  la  donatrice  au  maire  de  Bernay,  était  extrêmement  attaché 
«  à  la  Normandie,  où  son  amitié  pour  M.  Auguste  Le  Prévost  aiait 
tt  contribué  à  le  fixer.  Des  études  commune:;,  un  ardent  amour  de  II 
tt  science  et  une  indépendance  de  caractère  Je  plus  en  plus  rare 
uavaientforméentrecesdeux  hommes émiuents  le  lien  desympalbie 
tt  et  d*affection  qui  les  unit  d*une  manière  inaltérable,,.  ^ 

A  ce  premier  don  le  gouvernement  y  ajouta,  en  1863,  Irors 
tableaux,  un  certain  nombre  de  vases  en  terre  cuite  provenant  du 
Musée  Campana,  et  plusieurs  statues  en  plâtre. 

Une  somme  de  870  francs  fut  alors  votée  par  le  conseil  niunieipal, 
le  6  mars  de  la  mômeannée,  pour  servir  à  Vorganisation  du  Musétt 
à  l'ameublement  de  la  bibliothèque,  etc. 

Au  mois  de  mai  suivant,  d'autres  dons  de  TÊtat  vinrent  gro^it 
le  petit  noyau  du  musée  naissant,  qu'un  heureni  événement  mit 
en  relief,  Tannée  suivante  ;  voici  comment. 

An  mois  de  juillet  1863,  à  Toccasiondu  Concjrès  de  TA^sociatinD 
normande  tenu  à  Bernay,  se  fit  une  exposition  d'antiquités, 
d'objets  d'art  et  de  curiosité.  Cette  expositionj  bien  qu'improvr^e, 
pour  ainsi  dire,  fut  splendide  et  permit  aux  savants  réuat»  an 
Congrès  et  aux  nombreux  visiteurs  de  constater  les  richcaseï 
artistiques  que  renfermait  la  contrée. 

Cette  exibition  privée,  qui  se  fit  dans  les  salles  du  rez-de-cbaiissee 
de  l'Hôtel  de  ville,  et  dont  la  partie  céramique  fit  l'objet  d'ua 
ntéressant  rapport  '   du  célèbre  collectionneur  normand    Andrt 


'  V Annuaire  normand  pour  1864  doDoe  aussi  des  Jèfnili  trét  intéretsin 
celle  Exposition  arlislique  de  1863. 


l.KÈ   ORI011VBS    nu    MUSÉE    DE    BERX'AY.  489 

Pottier,  eut  pour  heureux  effet  de  réveiller  dans  le  pays  le  goût 
pour  Jes  antiquités  et  de  faire  désirer  encore  plus  la  fondation, 
àBernay,  d*nn  Musée  municipal,  ainsi  qu'il  en  existait  déjà  dans 
plusieurs  villes  normandes. 

Quelques  mois  se  passèrent  pendant  lesquels  ce  désir  ne  fit 
qu'augmenter  et  mûrir;  aussi,  le  4  mars  1863,  l'administration 
municipale,  composée  de  MM.  Emile  Focet,  maire,  Emile  Vy  et 
Hache,  adjoints,  Malbranche,  secrétaire,  Cbarlemaine,  Dubuc, 
DnlacdeFugères,  Duroy,  Fosse  fils,  Gonord  jeune,  Guérie,  Hourdet, 
Lefebvre,  Lemercier,  Victor  Marie,  Motte,  Pesnel,  Philippe  Dela- 
Jonde,  Quemin,  Renou,  Suiron,  Valmont,  vota  une  somme  de 
200  francs  pour  organiser  un  commencement  de  Musée,  dans  les 
pièces  du  rez-de-chaussée  de  THôtel  de  ville  (où  s*était  tenue 
l'exposition  de  Tannée  précédente). 

La  petite  somme  allouée,  promptement  absorbée  par  les  frais 
préliminaires  d'installation,  n'eût  point  permis  d*obtenir  un  résultat 
sensible,  si  quelques  citoyens  dévoués,  amateurs  zélés,  n'eussent 
fait  une  loterie  dont  le  succès  répondit  à  leur  espoir  '. 

De   nombreux  dons   furent  alors  offerts,  la  plupart   par   les 

promoteurs  de  l'œuvre;  cependant  on  ne  trouvait  point  dans  ces 

dons  la  possibilité  de  constituer  un  Musée  proprement  dit,  lorsque, 

Tannée  suivante,  un  enfant  de  Bemay,  M.  Alphonse  Assegond*, 

dont  la  riche  collection  avait  fait  le  plus  bel  ornement  de  Texpo- 

sition  de  1863,  eut  à  honneur  de  combler  le  désir  d'un  grand. 

nombre  de  ses  compatriotes,  en  offrant  à  sa  ville  natale,  qu'il 

affectionnait    sincèrement ,    d'augmenter  subitement,    considéra- 

biement  et  sans  bourse  délier,  pour  ainsi  dire,  son  commencement 

de  Musée  qui,  depuis  1864,  était  resté  stationnaire  et  inachevé. 

Voici  comment  s'accomplit  cet  événement  important,  qui,  selon 
la  judicieuse  expression  d*un  céramiste  distingué  de  la  Xor- 
mandie,  M.  Gouellain,  a  fut  une  circonstance  mémorable  pour  les 
annales  de  cette  ville  «  : 

Par  une  lettre  datée  du  19  mai  1865,  M.  Assegond  informa  le 

'  Par  arrêté  du  18  février  1875,  le  prêrct  de  l'Kure  autorisa  le  maire  de  Bcr- 
najr  k  organiser  une  loterie  de  3,000  billets  à  1  Tranc,  dout  le  produit  devait  être 
esch^iivement  consacré  à  l'institution  d'un  Musée. 

s  [.  A8se<)ond  avait  été  cornmissaire-priseur  dans  sa  ville  natale  et  avait  pu 
aÎDS    recueillir  une  collection  précieuse. 


490  LES    ORIGINES    DU    MUSÉE    DE    BERVAY. 

conseil  municipal  de  l'intention  qu'il  avait  de  céder  à  la  ville,  sous 
certaines  conditions,  la  collection  de  tableaux,  à&  faïences,  diveri 
meubles  et  objets  artistiques  qu'il  avait  composée.  —  Le  même 
jour,  le  conseil  municipal  nomma  une  commission  composée  de 
MM.  Victor  Marie,  Malbranche  et  Duroy,  à  Teffet  d'eiaminer  la 
collection  proposée,  de  dresser  une  liste  descriptive  et  restimaiioti 
des  objets  la  formant. 

Cette  commission,  dont  la  composition  fut  confirmée  dans  la 
séance  du  3  novembre  suivant,  s'adjoignit  le  concotirs  désintéressé 
de  deux  amateurs  en  renom,  déjà  cités  :  MUL  André  Potlier, 
conservateur  de  la  bibliothèque  et  du  cabinet  des  antiques  de 
Rouen,  et  Gustave  Gouellain,  de  la  même  ville,  lesqueb  estimèreol 
la  collection  de  M.  Assegond  à  la  somme  de  19|450  franrjs:  ces 
examen  et  estimation  eurent  lieu  le  24  février  1866, 

Le  6  avril  suivant,  la  commission,  parTorganedëM.  Matbranclie, 
conclut  à  l'adoption  des  offres  de  M.  Assegond,  qui  était  la  cession 
de  sa  collection  moyennant  une  rente  annuelle  et  via^'jère  de 
1,000  francs,  et  de  remplir,  sans  aucune  rémunération ,  les  fonctions 
de  conservateur  du  Musée. 

Faut-il  le  dire?  Les  conclusions  de  ce  rapport  ne  furent  pornf 
acceptées  par  les  membres  du  conseil  munici  pal  présents  à  la  séance 
du  6  avril  suivant  :  a  Considérant,  dit  le  procès-verbal,  que, 
u  malgré  l'intérêt  que  présente  la  collection  de  M.  Assegond  et  ks 
tt  conditions  avantageuses  sous  lesquelles  il  propose  de  les  céder, 
tt  la  ville,  vu  l'état  de  ses  ènsinces,  ne  peut  accepter  CBile  proposUiOD, 
tt  estd^avis  qu'il  n'y  a  lieu  d'acquérir  la  collection  dont  il  s'agît.  ^ 
Pour  rhonneur  de  notre  cité,  les  négociations,  st  fâcheusement 
interrompues,  furent  reprisent  fructueusement  par  AL  Emile  Vj. 
premier  adjoint,  absent  de  Bernay  lors  de  la  délibération  précUée. 
Le  5  mai  suivant,  M.  Vy  remit  donc  sur  le  tapis  la  question  «lu 
Musée  et  de  l'acquisition  par  la  ville  de  la  collection  Assegond, 
en  exposant  judicieusement  que  «  si  les  ressources  de  la  vîIJe  ne 
«  permettaient  pas  de  les  grever  à  nouveau,  on  pourrait  prélever 
tt  sur  le  produit  de  la  loterie  qui  avait  récemment  eu  lieu  pûur 
a  l'organisation  du  Musée,  une  somme  de  2,000  francs,  qui  serait 
«  employée  à  l'acquit  des  annuités  payables  au  V  janvier  1°"^ 
tt  au  !•' janvier  1669,  etc.  » 
Grâce  à  l'activitéde  M.  Vy  et  à  ses  puissants  arguments,  le  cot 


ORKEMENTATIOK    DES   CLOCHES    AL'    XVIl"  SIÈCLE.        491 

muDÎcipaly  en  nombre  cette  fois,  revint  sur  sa  détermination 
première  et,  par  12  voix  contre  8,  arrêta  le  même  jour  qu'tY  y 
aratV/î^  d*acquérir  la  collection  de  M.  Assegond  aux  conditions 
ci-dessus  exprimées.  M.  Victor  Marie  s^abstint  de  prendre  part 
à  la  délibération  à  laquelle  M.  Pesnel,  seul,  n*était  pas  présent. 

Telles  ont  été  les  origines  du  Musée  de  Bernay,  dont  l'ouverture 
officielle  eut  lieu  le  6  janvier  1868. 

Dans  une  notice  que  j*ai  publiée  en  1878,  et  dans  un  petit  livret 
édité  en  1873,  on  trouvera  les  différentes  phases  de  Texistence  de 
notre  petit  Musée  bernayen,  durant  ses  dix  premières  années. 

Ou  trouvera  aussi  dans  une  notice  biographique  consacrée  à  son 
fondateur,  M.  Assegond,  des  détails  complémentaires  sur  ce  Musée, 
qui,  par  les  soins  de  M.  Lottin  de  La\al,  Tinitiatcur  de  1849,  a  été 
transféré  et  réorganisé  dans  Tancienne  maison  abbatiale. 

Le  modeste  créateur  du  Musée  de  1866  m*ayant  honoré  de  son 
amitié,  j'ai  donc  cru  devoir  faire  revivre  le  souvenir  de  son  œuvre 
en  formant  le  vœu  que  le  nom  de  a  Salle  Asscgond  n  soit  donné  à 
Tune  des  salles  du  nouveau  Musée. 

E.  Veuclin, 

Correspondant  du  Comité  det  Sociétés 
des  Beaui-Arts  des  départements,  au 
Mesoil-sur-rEstrée  (Eure). 


XXXI 


L'ART   CAMPANAIRE 

ET 

L'ORNEMENTATION  DES  CLOCHES  AL  XVII-  SIKCLE 

NOTES  I.véoiTKS 

Dans  mes  précédentes  communications,  j'ai  cité  les  noms  d'un 
c<  rtain  nombre  de  fondeurs  de  cloches  ayant  exercé  leurs  talents 


1 


ift2         ORXEME\TâT10N    DES    CLOCHES    A  11    XVII'   SIÈCLE. 

Ien  Normandie,  au  dii-septième  siècle.  De  ces  arlisles,  peu  d'œunres 
subsistent  encore  ;  aussi  je  pense  être  agréable  à  mes  honorables 
'  confrères,  el  utile  à  rhistorre  de  Tart,  en  soumettant  aujourd'hui 

W  quelques  notes  inédites  et  quelques  estampages  se  rapportant  à 

trois  rares  et  beaus  spécimens  de  l'industrie  campanaîre  que  m'oot 
•  fournis  les  nombreuses  ascensions  de  clochers  que  j  ai  faites  dans 

mon  pays. 

Laissant  de  côte  Tintérét  historique  que  présentent  les  cloches 
par  leurs  inscriptions,  je  me  bornerai  à  signaler  les  ornemenla- 
tions  dont  elles  furent  décorées  à  partir  du  di ^-septième  siècle 
seulement,  car  les  cloches  antérieures  à  celte  date,  forl  rares,  du 
reste,  dans  ma  ri^gion  où  je  n'en  connais  que  deux,  sont  dépourvues 
de  tout  ornement  ou  emblème  uffrant  un  réel  intérêt. 

A  en  juger  par  le  fini  des  trois  cloches  dont  je  m'occupe,  Vem- 
prewie  ou  moule  de  leurs  ornements  est  Tœuvre  d*uu  sculpteur 
habile,  peut-être  même  celle  du  fondeur  qui,  souvent,  en  effet, 
exécutait  sur  place,  suitant  les  indications  des  intéressés,  Vem- 
freinte  des  armoiries  ou  autres  emblèmes  locaux. 


î 


Les  calques  n'*  I  et  2  se  rapportent  à  une  cloche  qui  se  balance 
encore  dans  Télégante  tour  \  seizième  siècle,  de  Téglise  du  Plessjs- 
Mahiet,  près  Beaumont-le-Roger  (Eure),  cloche  portant  cette 
inscription  : 

t    lÂV  ËsfÉ   BEMST  PAR  UËSSlHE   GVIlLAVyE  ASSH  PBR£ 

CVBÉ  DV   PLESSIS  \IAH1ËT  ET  ÏIESSIBE  LOVIS  DV 

1101 LIK   PBBE  vicaire:    Ht  DIT   LIEV.   MESSIRE  JACQUES 

GILLES  nARE\D  CUEVALIEB  SEIGNEl'H   UËSMAKVfLLE  POVR 

PARAU.  DAME  MARIE  DE  UARTAIWILLE  FËllXlE  DE  MESSIBE 

ALEXAAOHE  DE  |  V/lLLES  CUEyALlBB  SÊIG^Elffl  DV  LIÊV  PQVa 

UABEAi.   A1C0LA3  LE  SAGE  THRESAVBIEB.  PIERRE  BAROU 

\\\mM^   BVBET   MA   FAITE  1656 


'  Celte   tour  renfefme  tncopo  deux   autres  cloches  aocknnc!^  proieoi* 


ORNEMEXTATIOX    DES    CLOCHES    Al    XV  IT   SIECLE.        4«J3 

Au*de8S0us  de  cette  inscription  se  voient  les  armoiries  de  la 
célèbre  abbaye  du  Bec-Hellouio,  à  laquelle  appartenait  le  patro- 
nage de  la  paroisse  du  Plessis-Mabiet  et  qui  avait  peut-être  coopéré 
pour  une  large  part  à  la  fonte  de  cette  cloche.  Celle-ci  ne  porte 
point  d^autre  décoration  :  pas  môme  un  galon  en  tête,  ni  une  croix, 
ni  une  image  du  patron,  saint  André. 

Je  dois  ajouter  que  le  registre  paroissial,  bien  que  remontant  à 
Tan  1646,  ne  fait  aucune  mention  de  la  bénédiction  de  la  cloche 
précitée. 

II 

Les  estampages  3  et  4  appartiennent  à  une  très  belle  cloche, 
malheureusement  fêlée,  qui  se  trouve  dans  la  curieuse  tour,  quin- 
zième siècle,  de  Téglise  de  \otre-Dame  de  la  Couture  de  Bernay 
(Eure),  cloche  dont  j*ai  déjà  donné  l'inscription  '  et  qui  a  son  his- 
toire et  sa  légende. 

Contrairement  à  la  précédente,  son  ainée,  la  cloche  en  question 
est  superbement  décorée  :  V  d'un  diadème  fleurdelisé  ;  2*"  d*une 
grande  croix  fleuronnée  et  fleurdelisée  ;  3"  d'un  large  écusson  de 
son  parrain,  Tabbé  de  Bernay  ;  4"  de  Timage  de  la  Vierge  mère; 
S*'  d'arabesques  aux  anses. 

J'ai  dit  que  cette  cloche  avait  son  histoire  et  sa  légende.  Voici, 
d  abord,  les  documents  historiques  qui  la  concernent  : 

Le  14  mai  1656,  devant  les  tabellions  de  Uernay  pour  le  vicomte 
de  Montreuil,  se  présentent  Nicolas  Buret,  père  et  (ils,  maîtres 
fondeurs  de  cloches  demeurant  à  Rouen*,  lesquels  font  alleu  de 
marché  avec  les  màrguilliers  de  Téglise  de  Xotre-Dame  de  la  Cou* 
ture,  <<  pour  fondre  la  grosse  et  la  petite  cloche  de  lad.  églize,  par 
tt  lequel  aleu  a  près  que  lesd.  màrguilliers  ont  promis  fournir 
u  auxd.  Buret  tous  les  matériaux  nécessaires  et  hommes  de  journées 
u  pour  les  servir,  iceux  Buret  se  sont  submis  et  obi.  d'aprester 

'  '^oir  ma  notice  :  Les  cloches  de  Bernay. 

•  In  1608,  un  Xicolas  Buret,  fondeur  de  cloclics,  demeurait  en  la  paroisse 
Sai  f-Vinccnt,  à  Rouen.  Il  fondit  de  nombreuses  cloclies  en  cette  lilie  et  aux  euii- 
TOï  i,  de  1610  k  1636.  (Voir  Archives  déparleincnlales  de  la  Seinc-liilerieure.  G. 
69J  5.  7232,  etc.,  etc.) 


494        ORA'EMEIVTATION    DES    CLOCHES    AUXVl^  SIKCLE. 

tt  et  fondre  lesd  deux  cloches  bien  et  deabment,  de  les  mettra 
tt  daccord  avec  les  deux  autres  qui  sont  de  pnt  en  lad.  èglize  au 
tt  dire  dexperts  et  personnes  à  ce  appelez  dans  le  jour  de  Saint- 
u  Jean-Baptiste  prochain,  a  commencer  led.  travail  de  ce  jour,  ted. 
Ci  aleu'  fait  an  moïen  de  la  so'  de  cent  cinquante  livres  que  hd 
tt  marguilliers  se  sont  submis  et  obi.  de  paîer  ausd.  Buret  touLeroia 
tt  et  quantes  après  le  travail...,  ayant  iceux  Buret  promis  de 
tt  fournir  ce  quil  Taillera  de  métal...  par  le  prix  de  douze  souU 
u  chaque  livre  parce  quelz  reprendront  ce  qui  se  trouvera  de  resle 
a  de  métail  au  cas  quel  y  en  ait  au  mesme  prix  de  douze  souk 
«  chaque  livre...  Led.  métail  sera  rendu  parlesd.  Buret  sur  le  qua^ 
tt  de  la  Bouille  de  lequel  lesd  marguilliers  feront  aportcr  en  ce 
tt  lieu  et  lesquels  Buret  feront  suspendre  lesd  deux  cloches  daQi 
a  lesglize  dud  lieu  en  debyoir  prestes  à  en  faire  la  bénédiction..,? 

Cet  alleu  porte  dix-sept  signatures,  y  compris  celles  des  tr^is 
marguilliers,  des  deux  notaires  et  dès  deux  fondeurs-  ceilei-ci 
sont  libellées  N  Buret  avec  parafe;  mais  celle  du  père,  ieau- 
coup  plus  grosse,  est  celle  d'un  vieillard. 

Nos  deux  artistes  ne  furent  point  heureux  dans  leur  traraiij 
ainsi  que  Tapprend  Tacte  suivant  qui  fut  rédigé  par  les  ruèmcs 
notaires,  le  mardi  3  octobre  de  ladite  année  1658,  où  apparaît 
seul  Nicolas  Buret  le  fils,  «  bourgeois  de  Rouen,  W  fondeur  tk 
tt  cloches,  lequel  recongnoissant  après  la  visite  qui  a  esté  fatcte  «n 
tt  sa  pnce  de  deux  cloches  qu'il  a  cy  devant  fondues  en  lesglize  et 
u  paroisse  de  la  Couture  de  ce  lieu...  quelles  sont  mal  fondues  ei 
u  nullement  dacord  avec  les  autres  qui  sont  en  lad.  égUze,  sef^l 
tt  icelluy  Buret  submis  et  obligé  les  refondre  tout  de  nouveau, 
^«  fournir  les  mastereaux,  métail  et  porter  le  deschet  dicelles  et  le^ 
tt  rendre  de  pareille  grosseur  et  pesanteur,  aîftsi  quil  est  porté 
tt  par  led.  alleu  cy  dessus  datte,  les  descendre,  monter  et  posera 
u  la  place  où  elles  sont  le  tout  à  ses  dépens  et  du  tout  les  mettre 
u  bien  daccord  avec  les  autres  cloches  dicelle  églize  aÎQSj  q'  sj' 
tt  estoit  obi.  par  led.  alleu  cy  énoncé...  \  » 

Signé  de  N.  Buret  (le  fils),  de  six  paroissiens  et  de&deux  notaïi'es- 

Les  Buret  ne  semblent  pas  avoir  été  plus  heureux  la  sccon^p 
fois  que  la  première.  Les  comptes  du  trésor  portent,  en  efi'et, 

'  Archives  du  tabelliona^e  de  Bernay.  —  Étude  de  M^  Maudatt. 


ORiVK\lENTATIO\    DES    CLOCHES    AU    XVIT  SIÈCLE.        495 

date  du  17  juillet  1661  :  u  Payé  à  Pierre  Lesage  pour  avoir  fait  un 
«  voyage  à  Rouen  contre  les  Buret2  pour  le  procez  des  cloches 
«  L\'.  Pour  avoir  retiré  la  minutte  de  larrest  IX'  ;  pour  retirer  les 
a  pièces  du  greffe,  VIII'  VI'  ;  pour  le   rapport»  XIII'  IIII'  ;  pour 
^  larrest  en  parchemin,  XII';  au  procureur  pour  ses  peines  d'avoir 
«vacqué  au  procès,  XXVP.  »  Le  lundi  de  Pâques  1662,  il  est 
aussi  payé  même  somme  «  pour  un  voyage  faict  à  Rouen  contre 
lesBurei  et  despense  n  ;  enGn,  le  12  novembre  de  la  même  année, 
le  trésorier  porte  aux  dépenses  la  somme  de  XIIP  XVIII'  a  pour  les 
a  fraictz  du  voyage  faict  à  Rouen  a6n  de  faire  exécuter  les  Buretz, 
a  fondeurs  de  cloches,  et  en  tirer  un  exécutoire  «  .  Ajoutons  qu'au- 
cun versement  n'est  indiqué  pour  la  refonte  des  deux  cloches. 
On  ignore  donc  les  motifs  de  ce  procès  ;  mais  la  tradition  donne 
cependant  quelques  renseignements  vraisemblables;  Ton  dit  que  le 
fondeur,  convaincu  d'avoir  manqué  son  oeuvre,  se  serait  enfui  sans 
même  prendre  la  peine  de  déterrer  les  cloches  en  question,  et  que  ce 
ne  fut  que  plusieurs  années  plus  tard  que  Ton  se  décida  à  exhumer 
lesdites  cloches,  que  Ton  fut  tout  étonné  de  trouver  parfaiteRou  à 
peu  près.  Cependant  les  comptes  postérieurs  au  procès,  qui  durait 
encore  en  1663,  ne  font  point  mention  de  payements  faits  aux  Buret, 
qui  auront  ainsi  perdu  leur  travail  et  ne  touchèrent  pas  un  sol. 

Nous  avons  dit  que  les  cloches  que  Ton  croyait  manquées  furent 
trouvées  à  peu  près  parfaites  ;  elles  laissaient,  en  effet,  à  désirer, 
et,  le  4  novembre  1674,  il  fut  payé  à  Michel  Giraud,  sculpteur, 
qui  réparait  le  buffet  de  l'orgue  de  l'église,  la  somme  7*  10'  pour 
avoir  mis  les  noms  à  une  des  cloches  et  raccommodé  l'autre  \ 
La  première  de  ces  cloches  a  disparu  à  la  Révolution  ;  quant  à  la 
seconde,  bien  que  fêlée  profondément,  elle  occupe  encore  la  place 
où  elle  fut  mise  il  y  a  plus  de  deux  cent  vingt-cinq  ans;  et  à  part 
un  défaut  dans  la  fonte,  à  l'endroit  où  se  trouve  le  nom  du  fon- 
deur» elle  est  splendide  comme  forme  et  décoration,  ainsi  qu'on 
en  peut  juger  par  les  estampages  ci-joints. 


III 


Muzy  (Eure),  la  tour  de  la  très  remarquable  église  (douzième 
8Î<    ^'^)  renfermait  jadis  deux  cloches,  dont  une,  fort  intéressante 


1 


496        OHXEMESTATIOîV    DES    CLOCHES    Al     XVtl'   SIÈCLE 

et  harmonieuse,  a  été  heureusement  conseiiée;  voici  son  inscrip- 
iJûii  : 

\IKSSinE  CHARLES  JOSEPH   BORCHi&T  CHEVALIER  SElGXErR 

DE  B]OH\IOVLJN  ET  CIIAUDON  Gl'tlÉ  DE  MISY  ET  FRIVÇOISE 

DE  MIRE  DAME  ET  MABQU1SE  DE  PIKRRECQVH   COMTESSE  DE 

FAVGVER\OM  BAROSKE  DE   .,,,.1LLE  ET  MESSmE  ÏEA\ 

PRA\<J01S  LE  CO\TE  CHEIMLIER  SEICXEVR  ET  IIARQUIS  D£ 

PIERRECOVR  SElGXEVfi  DE  LQVYB  ET  MLSV.  JE  SVIS  XOMMÉE 

'FRA\Ç0ISE.   TRESORIER  ËiV  CHARGE  lACQUES  EO'ISSE 

ET  AXTOIKE  LEMERE  y  Gl^LE   MARAIS  MA  FETE 

La  ck^co  ration  de  celle  admirable  cloche  consiste  simple  méat  «a 
un  coiiton  lleiirdclis^'  loruianl  diadùmc  el  en  des  armoiries,  deui 
fols  répétées,  qui  sont  celles  des  parrain  et  marraine. 

On  n^manpiera  qne  ce  heau  spécimen  de  Tari  campanaire  nW 
poinl  daté;  mai.s,  commis  le  en  ré  Uorchart  de  Mormoulin  admi- 
nistra la  paroisse  de  Muzy,  de  1G74  à  1G86,  celte  cloche  fui  doDC 
fondue  entre  ces  denx  dales\ 

Quant  au  nom  du  fondeur,  peu  lisihle,  el  que  je  crois  être  GdU 
MaraiSf  je  ne  l'ai  point  encore  rencx)ntrt'  ni  vn  menlionné  daas 
les  ouirages  qui  traitent  de  la  campanologie  normande.  Je  le 
recommande  donc  anx  investigation!)  do  mes  savants  confrères,  et 
il  me  sera  très  agréable  de  Tajouler,  d'une  façon  certaine,  à  la 
liste  que  Je  [)  ré  pare  pour  Vmi  prochain  des  nombreux  artistes 
campanaires  qui,  durant  les  àeait  derniers  siècles,  donnèrent  h 
vie  en  -Vorjnandie  à  tant  de  cloches  sur  lesquelles  Tart  décoratif 
prodigua  de  charmantes  compositions. 

E-  Velclïx, 

Currespundiinl  du  Comité  dei  S<iciét» 
doÈi  [iciiui-Arl5  de*  départeitieDli.  i" 
^le£nîl-jîur-l*£$tri^c  {Eure). 

1  Le  re^iâLre  paralssmt  d&  Ifuiy,  qui  rfinioaté  à  l*aa  1508,  eil  nsutl  iur  U* 


.LES   SPHIXX    DE    PAVILLY.  497 


XXXII 

LES  SPHINX  DE  PAVILLY 


Oq  inédit  souvent  des  Sociétés  savantes;  il  faut  pourtant  convenir 
qu*elle  rendent  parfois  des  services  assez  appréciables,  notamment 
au  point  de  vue  des  objets  d*art,  dont  elles  révèlent  le  mérite  à  des 
gens  qui  ne  le  soupçonnaient  pas  et  qu'elle»  réussissent  quelque-  ' 
fois  à  sauver. 

Une  preuve  en  fut  donnée  au  dernier  congrès  tenu  à  Caen  par 
la  Société  française  d'archéologie.  Ceux  qui  suivirent  ces  séances 
eurent  la  satisfaction  d'entendre  M.  Tabbé  Porée,  curé  de  Bour- 
nainville,  un  savant  et  un  artiste  bien  connu  des  membres  du 
congrès  des  Beaux-Arts,  leur  annoncer  la  découverte  de  fragments 
de  sculpture  dans  lesquels  avec  un  flair  remarquable  il  avait  reconnu 
des  débris  du  groupe  de  TaHercule  terrassant  l'hydre  de  Lerne  n , 
exécuté  au  Vaudreuil  pour  le  marquis  de  Girardin  par  le  grand 
sculpteur  Puget.  Ce  magnifique  ensemble  reconstitué  fut  acheté 
alors  pour  le  compte  delà  ville  de  Rouen  par  M.  Gaston  Le  Breton. 
Ceux  qui  l'ont  vu  au  Musée-bibliothèque  peuvent  apprécier  l'im- 
portance de  cette  découverte. 

Le  Congrès  de  TAssociation  normande,  qui  a  eu  lieu  au  mois 
d*août  dernier  dans  la  petite  ville  de  Pavilly  ( Seine-Inférieure) ,  a 
amené  une  révélation  du  même  genre. 

La  programme  de  Tenquéte  scientifique  portait  la  question  sui- 
vante :  a  Indiquer  les  objets  d'art  existant  dans  la  circonscription, 
qaî  n'ont  pas  été  signalés  jusqu'ici,  ou  qui  ont  été  incomplètement 
décrits.  » 

Par  une  bonne  fortune  qui  n  arrive  pas  toujours,  il  y  avait  parmi 
les  congressistes  un  rédacteur  du  journal  de  Rouen  qui  apporta 
fréquemment  aux  enquêtes  un  contingent  précieux.  Sur  cette 
q  'sstion  spéciale  surtout,  il  fit  une  communication  des  plus  impor- 
ta tes,  signalant  dans  le  parc  du  château  de  Paviliy  deux  statues, 
a,     '^-jx  sirènes  » ,  disait-il,  d'un  travail  en  tous  points  remarquable 

32 


498  .LES    SPHINX   DE   PAVILLY. 

et  dénotant  la  main  d^n  maître.  Le  nom  de  Pugel  était  même 
timidement  prononcé. 

Comme  bien  on  pense,  cette  communication  avait  nltirê  tout 
particulièrement  l'attention  du  bureau,  et  comme  conclusion  une 
visite  au  parc  de  Pavilly  fut  décidée. 

Là,  au  bord  d'une  allée  écartée,  on  trouva,  oubliées  et  négligée» 
depuis  un  temps  immémorial,  deux  statues  en  pierre  envahies  e( 
dégradées  par  une  végétation  parasite,  lierres  et  mousse,  dopt 
jamais  on  n*avait  songea  les  débarrasser  '. 

Dans  le  pays,  cependant,  on  les  avait  remarquées,  on  les  connais- 
sait,  et  on  les  désignait  tantôt  sous  le  vocable  de  sirènes^  lantût 
sous  celui  de  sphinx.  La  première  de  ces  appellations  surtout  esL 
inexacte.  Une  tète  de  femme  sur  un  corps  de  lionne  au  repos,  voilà 
ce  que  représentent  les  deux  statues.  Dans  Tune  et  Tautre,  la 
figure,  d'un  ovale  allongé,  est  d'une  grande  noblesse  qui  apparaii 
encore,  malgré  les  injures  du  temps,  et  qui  affirme  lélrange 
douceur  des  yeux.  Elle  est  auréolée  d'une  opulente  clieielure  qui 
se  noue  en  torsades  et  en  tresses  magnifiques  piquées  diî  Heurs  et 
relevées  par  un  diadème  richement  ciselé. 

Le  buste  repose  droit  sur  les  pattes  de  devant  allongées  et  dont 
les  puissantes  grifies  débordent  le  socle.  Il  est  ornée  d'uu  médaillDu 
dont  le  dessin  disparait  sous  la  mousse,  mais  où  Ton  peut  recon- 
naitre  cependant  un  écusson,  portant  »  trois  roses  feuillées  et  tirées 
au  naturel  placées  deux  et  une  r> . 

Ce  médaillon  s'attache  par  deux  agrafes  à  une  housse  farlrkbe 
brodée  de  losanges  et  d'une  coupe  harmonieuse;  elle  couvre  le 
dos  de  la  bête. 

L'arrière-train  est  incliné  sur  le  côté  gauche^  dans  un  moure^ 
ment  fort  gracieux,  et  la  queue,  passée  entre  les  pattes  ramenées 
en  avant,  vient  se  recourber  sur  la  croupe. 

Les  deux  statues  sont  à  peu  près  d'égale  grandeur,  Inen  *]Mt 
celle  qui  est  sur  un  socle  paraisse  un  peu  plus  ^jrand*?;  le  corps 
des  sphinx  a  1"',20  environ.  La  similitude  des  poses,  une  fmessf 
d'exécution  identique  attestent  la  même  main,  et  c'est  évideramnj^ 
le  même  artiste  qui  a  sculpté  ces  deux  œuvres  qui  ne  préseiitei*^ 
que  de  légères  différences  de  détail. 

*  V'oir,  ci-conlre,  planche  WXIII. 


PUorhe  WXIII. 


I*aj]r   41^8. 


LES    SPHIXX    DK    PAVIM.Y 


f 

h 


LES   SPHIW    DE    PAVILLY.  490 

Ces  appréciations  ont  été  celles  des  membres  du  conjjrès,  et  en 
particulier  de  H.  E.  de  Robillârd  de  Beâurepaire,  directeur  de 
rAssocialion-nopmande,  dont  tout  le  monde  connaît  Térudition  et 
la  compétence  en  matière  d*art,  et  qui  s'est  très  particulièrement 
intéressé  à  cette  découverte. 

Nous  avons  voulu  revoir  ces  magnifiques  sculptures;  notre 
opinion,  qui,  cette  fois,  ne  pouvait  être  influencée  par  Topinion  des 
antres,  est  restée  identiquement  la  même. 

Plus  on  eiamine  les  monstres  fabuleux  du  parc  de  Paviily,  plus 
ils  se  révèlent  avec  prestige  et  avec  charme.  Positivement,  malgré 
les  injures  du  temps  et  Tabandon  des  hommes,  ce  sont  là  de  belles 
choses,  de  véritables  œuvres  de  maître. 

Mais,  bien  que  Puget  ait  travaillé  dans  la  haute  Normandie  et  ait 
notamment  séjourné  quelque  temps  au  Vaudreuil,  nous  n'avons 
pas  de  renseignements  assez  précis  pour  les  lui  attribuer.  Peut- 
être,  grâce  à  des  recherches  nouvelles,  Técusson  signalé  indiquera 
t-il  une  origine  certaine  et  permettra-t-il  de  fixer  et  le  nom  du 
sculpteur  et  celui  delà  famille  à  laquelle  cette  œuvre  était  destinée  ' ,. 
Actuellement,  tout  ce  que  Von  peut  dire,  c'est  que  ces  sculptures, 
/argement   traitées  par  un  ciseau  siîr  de  lui  et  dédaigneux  des 
ondulations  tourmentées  et  des  mièvreries  dans  lesquelles  se  com- 
plaît le  dix-huitième  siècle,  remontent  à  une  date  antérieure.  C'est 
le  genre  ferme,  sain  et  robuste  du  règne  de  Louis  XII,. 

On  a  beaucoup  discuté  pour  savoir  exactement  ce  que  repré- 
sentaient ces  deux  figures.  A  notre  sens,  il  ne  saurait  y  avoir  de 
difficulté;   ce  ne  sont  pas  des  sirènes,  nom  sous   lequel  on  les 
désigne  le  plus  communément  dans  le  pays,  par  le  motif  que  les 
sirènes   mythologiques,  qui  habitent  les  profondeurs  des  mers, 
se  terminent  en  queue  do  poisson,  c'est  là  même  leur  caractère 
distinctif.   Ce  ne  sont  pas  davantage  des  centaures;  ces  monstres 
sont   toujours  représentés  non   pas   couchés,  mais  en    mouve- 
ment,  et  se  composent  d*uu  buste  humain  et  d'une  croupe  de 
cheval.    Ici  il  s'agit  d'un  corps  de  femme  soudé  à  Tarrière-lrain 
d^cine   lionne;   ce   sont  donc  de   véritables  sphynx,    traités  av<'c 

'  Après  recherche^  nouvelles.  M.  Georges  de  Beaurepaire  a  pu  clt'îcliiffror 
récoMOn;  il  porte  «...  au  chevron  iccompatjné  de  trois  roi»os  tij{L'es  i-l  Icuillëe» 
posées  deux  et  une  ».  Le  chevron  a  été  martelé,  mais  on  en  voit  très  bien  les 
traces;  ce  sont,  pensons-nous,  les  armes  des  Le  Marchand  de  Bardouvillc. 


^ 


500  LES   SPHINX    DE    PAVIl-LV, 

une  certaine  liberté,  mais  appartenanl  ù  la  tradition  ég^ptienhe. 
Comment  ces  statues*  se  trou vent-el les  dans  cet  endroit  écartée 
C*est  là  une  question  qu*il  serait  intï-ressant  de  rt^^soudreileurpoitls 
semble  rendre  difGcile  un  déplacement  quelconque,  et  cependant 
on  ne  s'explique  guère  leur  rôle  au  bord  d'une   allée  isolée»  Ce 
qui  est  probable,  c'est  que,  comme  tous  les  grands  parcs,  Pai^iHji 
maintenant  dessiné  à  l'anglaise,  possédai!  ori^jinairement  les  allées        * 
droites,  les  terrasses  spacieuses  de  nos  anciens  parcs  TrançaLâ;  peut- 
être  dans  ce  coin  reculé,  mais  cependant  situé  bien  en  vue  dti        y 
château,  y  ai7ait-il  quelque  petit  temple,  îmilé  de  Tantique,  comme        j 
on  en  trouvait  un  peu  partout  alors;   un    escalier  monumenlâl 
pouvait  y  conduire,  les  sphinx  en  garder  Tentrée,,.  tout  cela,  ea 
sont   des  hypotlièses  auxquelles   nous    ne    nous  arrêterons  pus 
autrement. 

Qu'adviendra-t-il  ce  ces  statues?  Nous  sommes  heureux  de 
rassurer  sur  ce  point  ceux  quMnquiètennt  Téiat  d'abandon  où  elles 
se  trouvaient.  Avant  son  départ,  M,  de  Beaurepaire^  auquel  Tarï 
doit  tant  déjà,  à  voulu  encore  une  fois  faire  œuvre  utile;  il  a  va 
M.  le  comte  d'Auray,  et,  comme  le  cliîHclain  de  Pavilly  est  un 
homme  de  goût  et  un  homme  d'esprit,  il  n'a  pas  eu  de  peine  a  en 
obtenir  la  promesse  que  ces  pauvres  aliandonnées  seraient  rendue* 
à  la  lumière  et  débarrassées  du  vcMement  de  lierre  et  de  mo\im 
qui  les  enveloppait  à  peu  près  complètement  et  qui,  si  on  n'y  pre- 
nait garde,  pourrait  devenir  pour  elles  un  véritable  ItnceuL 

Et  maintenant,  si  l'Association  normande  n'avait  eu  pendant  tout 
son  congrès  d'autre  résultat  que  d'amener  le  ^^auvetage  d  uaa 
œuvre  d'art  de  cette  valeur,  nous  croyons  qu'elle  n^aurait  pas 
perdu  sou  temps. 

l\    Û£    LONGLEllARE, 

Membre  de  la  Soeiété  des  anïjqu*ire«  ^ 
^^>^l|lll^dit^   M'crélaire   de  i\4»ocii^«B 


L'QBUVRK    D  UN    MINIATL' RISTE    A  V  lGN0IV9i  Âl9.  50] 


XXXIII 


LOELVRE  D  UN  MINIATURISTE  AVIGNONNAIS 

DE   LA    RENAISSANCE 

Parmi  les  manuscrits  Tes  plus  intéressants  de  la  Bibliothèque 
d'Avignon,  le  n*"  2595  est  un  de  ceux  qui  doivent  retenir  l'attention 
et  dont  les  miniatures  méritent  d*étre  étudiées  de  près.  C'est  un 
livre  d'heures,  composé  très  probablement  pour  un  personnage 
habitant  l'ancienne  paroisse  de  Notre-Dame  la  Principale  d'Avignon  ; 
le  calendrier  mentionne  en  effet,  outre  les  saints  locaux,  la  dédicace 
de  Téglise  de  Notre-Dame  des  Doms,  qui  venait  tout  récemment 
d'être  élevée  au  rang  des  métropoles,  et  celle  de  Notre-Dame  la 
Principale.  Il  serait  étonnant  que  cette  dernière  indication  ait  été 
portée  sans  motif  particulier,  alors  que  la  dédicace  ou  la  consé- 
cration des  autres  églises  paroissiales  de  la  ville  n'a  pas  été  signalée. 
Ce  manuscrit,  formé  de  125  feuillets'   de  parchemin  de  petit 
format  (137  X  95  millimètres),  est  écrit  en  caractères  gothiques 
de  deux  couleurs,  noirs  et  rouges,  et  orné  d'initiales  d'or  sur  fond 
alternativement  rouge  et  bleu.  11  renferme  toute  une  série  d'heures, 
d'offices  et  d'oraisons,    qui  ne  sont  dignes  que  d'une  médiocre 
considération;  comme  j'en  ai  donné  la  nomenclature  ailleurs',  il 
est  inutile  d'y  revenir  ici  même  et  d'entrer  dans  plus  de  détails. 
Le  volume  se  termine  enfin  par  cette  mention,  qui  lui  donne  une 
très  haute  valeur  :  u  Ces  présentes  heures  furent  achevées  d'escripre 
le  xxviii*  jour  d'avril,  Tan  mil  CCCCLXXXVIII,  par  Guiot  Baletet, 
escrivain  et  enlumineur,  habitant  en  Avignon,  n   Le  manuscrit  a 
donc  une  filiation  absolument  certaine.  Or,  c'est  le  seul  miniature 

1  En  l'état  actuel  il  est  incomplet;  quelques  Teuillets  maoqueot  certaiocmenl, 
par     semple,  après  le  28'  et  le  80*. 

'  .  II  du  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  d' Avignon  {{.  XXVIII 
de  i  »  série  ia-8<»  des  Catalogues  des  manuscrits  des  bibliothèques  des  de  parte" 
tnei  *'>.  p.  571. 


i 


502  L'OEUVRE    D'UÎVJ    MI  .\I  ATURISTE     1  \  IG  .\  O  \  ?J  AIS- 


vers  la  fin  du  quinzième  siècle,  que  je  connaisse  d'une  origitifl 
avignonnaise  aussi  incontestable. 

Et  pourtant  la  rille  d'Avignon,  alors  en  plein  épanouissemenl 
artistique,  comptait  un  assez  grand  nombre  d'ateliers  ou  de  fabriques 
de  ùianuscrits,  hors  des  monastères  et  des  couvents.  Aion  très 
distingué  collègue  et  ami,  M.  Tabbé  Requio,  dans  ses  Documents 
inédits  sur  les  peintres,  peintres-verriers  et  enlumineurs  d^ Avignon 
au  quinzième  siècle,  communiqués  à  la  réunion  tles  Sociétés  dea 
Beaux-Arts  des  départements  de  1889,  a  déjà  relevé  une  liste 
respectable  de  noms  de  miniaturistes  :  c'était,  de  1-150  à  1500» 
pour  ne  citer  que  ceux-là,  Nicolas  Prévôt,  Colin  de  a  Toysie  »» 
Guillaume  Gastel,  Georges  Trubert,  Antoine  t^t  Etienne  *^  îîolety  % 
Olivier  Bon-Ami,  Pierre  Maurice,  Robert  de  «  lUibella  n ,  Sîmou 
u  Bonabuti  » ,  sans  compter  notre  Guiot  Balctet  lui-même.  Or,  «le 
tous  ces  artistes,  il  n'est,  que  je  sache,  rien  resté  dans  les  coUeclioûs 
publiques.  Aussi  le  volume  que  j'étudie  aujourd'hui  en  est-il  plus 
précieux. 

Sur  son  auteur,  Guiot  Baletet,  a  escrivain  de  lettres  de  formes  >?  » 
tt  scriptor  litterae  formatae  n^  a  enlumineur  tu,  on  n'avait  jusqu'ici 
pour  tout  renseignement  que  les  notes  publiées  d'après  les  proto- 
coles des  notaires  par  M.  Tabbé  Requin  dans  ses  Documents 
(n°  42).  On  savait  ainsi  que,  le  21  septembre  14G8,  il  avait 
commandé  deux  manuscrits  sur  parchemin  an  IVère  JeoflVoy  Je 
Closo,  de  Tordre  des  Prémontrés,  ce  qui  tendrait  à  démontrer 
qu'il  ne  pouvait  pas  sufGre  lui-même  à  toute  la  besogne  à  lui 
confiée,  et  qu'il  étaitobligé  d'avoir  quelquefois  recours  à  des  atde-s. 
Un  avait  encore  appris  qu'en  1491  il  avait  ventlu  une  maison  qu*il 
possédait  à  Avignon,  en  la  rue  du  Marché  aux  nuîrs  (portion  de  h 
rue  Bonnetterie  actuelle),  et  qu'il  n'existait  plus  en  Tannée  1510, 
date  du  testament  de  sa  veuve. 

Mais  d'autres  renseignements  puisés  à  des  sources  qu'avec  une 
parfaite  amabilité  le  même  abbé  Requin  m'a  signalées,  m'ont 
permis  de  compléter  celte  brève  notice  biographique.  Guîol  Ba- 
letet,  ayant  cela  de  commun  avec  la  plupart  des  artistes  qui 
travaillèrent  dans  l'ancienne  cité  papale,  n'était  pas  un  enfant  au 
pays  :  il  était  originaire  du  diocèse  de  Besançon,  et  en  1468  il 
encore  assez  nouvellement  établi  à  Avignon  pour  qu'on  mentio- 
dans  les  actes  où  il  comparaissait,  la  contrée  où  il  avait  pm 


L'OEUVRE    DU\   MINIATURISTE    A VIGNOXNAIS.  a03 

sance.  A  cette  époque  (30  juillet  1468),  il  achetait  à  Guillaume 
Trenle-Sous,  et  moyennant  la  somme  de  24  florins  de  24  sols 
pièce,  une  maison  dans  le  voisinage  de  la  rue  actuelle  des  Vieilles- 
Etudes,  entre  les  anciens  et  les  nouveaux  remparts  de  la  ville  \  On 
le  retrouve  encore,  le  31  octobre  1481,  donnant  au  trésorier  de  la 
communauté  d'Avignon  la  quittance  des  cinq  florins  qu'il  avait  reçus 
pour  Tenluminure  de  quatre  bulles  obtenues  au  profit  de  la  ville 
par  le  puissant  légat  Julien  de  la  Rovëre,  le  futur  pape  Jules  H  *; 
puis,  le  29  août  1491,  achetant  prosaïquement  deux  tonneaux  de 
vin  du  cru  du  pays  à  Guillaume  Gervais,  dit  des  Balances,  par- 
devant  le  notaire  Jean  de  UImo  ou  Delorme  ^ 

En  homme  sage  et  prévoyant,  Guiot  Baletet  songea  de  bonne 
heure  à  prendre  ses  dernières  dispositions  pour  le  jour  où  il  serait 
rappelé  dans  un  monde  meilleur  :  une  première  fois  il  fit  son  tes- 
tament devant  le  notaire  Pierre  Borsias,  mais  le  7  août  1494,  il 
crut  devoir  le  révoquer  et  en  dicter  un  nouveau,  où  il  institua  pour 
héritière  universelle  sa  femme Mermette  \  Le  Lieu  qu'il  choisit  pour 
sa  sépulture  est  dans  cette  étude  particulièrement  à  remarquer  :  il 
voulut  être  enseveli  dansTéglise  paroissiale  de  \otre-Dame  la  Prin- 
cipale, dans  le  tombeau  qu'il  s'était  fait  bâtir  près  de  lachapellede 
Jean  Borgesii,  dit  Tarluc.  Ceci  pourrait  faire  supposer  jusqu'à  un 
certain  point  qu'il  avait  composé  le  livre  d'heures,  dont  il  est  ici 
question,  pour  son  propre  usage;  mais  ce  n'est  qu'une  simple 
hypothèse,  que  je  n'ai  ni  la  prétention  ni  les  moyens  de  justifier. 

Les  miniatures  que  Guiot  Baletet  a  peintes  sur  le  manuscrit  qui 
nous  intéresse  sont  au  nombre  de  vingt-sept.  Voici  l'indication  de 
remplacement  et  du  sujet  de  chacune  d'elles. 

Fol.  18  v%  en  tète  d'une  a  devotissinia  deprecatio  ad  beatam 
Virginem  Mariam  » ,  une  Vierge,  assise  dans  une  espèce  de  jardin 
clos  d*une  muraille,  tient  sur  ses  genoux  l'Enfant  Jésus. 

Fol.  22  v%  au  commencement  du  récit  de  la  Passion  selon  saint 
Jean,  le  Baiser  de  Judas.  Le  traître  est  suivi  d'une  troupe  de  gens 
armés  d*épées,  de  lances  et  de  piques.  Au  pied  du  Christ  est  assis 

1  Étnde  de  M'  Giraudy.  —  Étendues  de  J.  de  Brieude,  1449-1 V75,  fol.  IIA. 
>  Archives  municipales  de  la  ville  d'Avignon.  GG,  comptes  de  1481-1482,  fol.  88. 
'  Étude  de  M*  Giraudy.  —  Notes  brèves  de  Jean  de  (Jlmo,  1490-1491,  à  la 
3.   te  du  29  août  1491. 

Voir  Pièce  justificative. 


104  L*(»UVRE    D  UN    MIM ATL'IUSTE   AVIGNO  !^  .VAIS. 

Mâlthus,  auquel  saint  Pierre  vient  de  couper  ToreJUe.  Cetle 
miïiiaiure  est  une  des  moins  heureuses;  les  têtes  surtout  sont  mm 
mat  proportionnées. 

FoL  34,  au  milieu  de  la  première  partie  des  heures  de  la  Vierge, 
la  Vjsitïition.  La  Vierge  debout  tend  la  main  à  sainte  Élisaheth 
qui  se  prosterne.  A  Thorizon  ^du  paysage,  des  collines,  sur  Vmt 
desquelles  esl  une  petite  tour. 

Fol.  40  V*,  en  tête  de  Toffice  de  prime  des  mêmes  heures,  la 
Nativité.  [/Enfant  est  couché  par  terre  sur  de  la  paille  entre  saiuL 
Joseph  et  la  Vierge  agenouillés.  Dans  i'étable  et  derrière  une  claie, 
Fùne  et  Je  bœuf  traditionnels. 

Fol*  42  v\  au  commencement  de  tierce,  l'Appel  aux  bergeri. 
L'n  ftnge  volant  dansles  airs  annonce  la  bonne  nouvollt^  k  un  berger 
debout,  appuyé  sur  son  bàlon,  et  à  une  bergère  agenouillée  tenaul 
une  quenouille.  Le  troupeau  paît  dans  une  plaine  coupée  de 
buissons,  au  pied  d'une  tour  carrée. 

FoK  44,  en  tête  de  sexte,  TAdoration  des  mnges.  La  \  lerge  e*l 
assise  eu  dehors  de  sa  maison  et  tient  TEnfant  sur  ses  ^lenoui 
pendant  que  les  rois  offrent  leurs  présents.  Derrière  la  Vierge, 
on  distingue  la  silhouette  de  saint  Joseph. 

FoL  4B,  au  début  de  l'office  de  noue,  la  Présentation  au  temple. 
Le  grand  prêtre  tient  TEnfant  au-dessus  d'une  table  recouverte 
d'un  linge;  devant  est  la  Vierge,  accompagnée  d'une  autre 
femme,  peut-être  sainte  Anne;  dans  le  fond,  saint  Joseph  partant 
les  t^olombes. 

FoL  47  v%  en  tête  des  vêpres,  la  Fuite  en  Egypte.  La  Vierge 
portaut  riCnfant  est  sur  l'âne,  que  conduit  saint  Jnseph. 

FoL  51  v%  au  commencement  des  compiles,  toujours  des  même* 
heures,  le  Couronnement  de  la  Vierge.  Le  Christ,  assis  sar  son 
trône,  bénit  sa  mère  agenouillée,  que  couronne  un  ange  voUni 
dans  YaiMv  du  ciel  étoile  d'or,  La  scène  semble  se  passer  dans  un? 
cour  bordée  d'une  sorte  de  balustrade. 

FoL  100.  Toutes  les  miniatures  qui  suivent  représentent  ^ 
saint  ou  la  sainte  dont  l'antienne  et  l'oraison  sont  voisines.  Ici  i  'e*t 
saint  Jacques,  patron  des  pèlerins,  marchant  le  bâton  à  la  Jeitr« 
et  lisant  dans  un  livre  \  Il  chemine  sur  une  route  passant  entre  ifei 

'  Voir,  ci-conlre,  planche  \\\IV. 


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5  ss  5  h  l*^  =.'^4^ 
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L'OEUVRE    D'l.\    MINIATURISTE    A  VIG  \0\  \  AIS.  505 

petites  collioes  et  conduisant  à  une  forieresse,  dont  deux  tours  cré- 
nelées et  ajourées  gardent  lentrée.  Au  premier  regard,  on  croirait 
que  Guiot  Baletet  a  voulu  représenter  là  Tentrée  du  fort  Saint-André, 
qui  domine  le  Rhône  en  face  d^Avignon  ;  mais  en  examinant  de 
plus  près  son  œuvre,  on  est  obligé  d'abandonner  cette  conjecture. 
An  verso  du  même  feuillet  sont  deux  autres  miniatures  :  la 
première  montre  dans  une  cour  ré^'|uliérement  pavée  et  fermée  par 
un  mur  bas,  saint  Laurent  debout,  tenant  son  gril  et  un  livre 
fermé  ;  la  deuxième  présente  saint  Christophe,  le  bâton  à  la  main, 
ployant  sous  le  faix  de  TEnfant-Dieu,  en  voulant  traverser  le 
torrent  qui  le  sépare  d'un  rocher  où  l'attend  nn  moine. 

Fol.  lOI,  au  pied  d'une  colline  couverte  de  quelques  petites 
touffes  d*arbres,  et  surmontée  d'une  construction  en  forme  de  châ- 
teau fort,  saint  Sébastien,  nu,  attaché  à  un  tronc  d^arbre,  est  percé 
de  flèches  par  un  archer  qui.  se  trouve  à  quelques  pas  de  lui. 

Fol.  104  v%  la  Trinité  telle  qu'elle  est  figurée  partout*au  quin- 
zième siècle.  Dieu  le  Père,  assis  dans  un  palais  (?),  soutient  par 
les  bras  la  croix  où  est  étendu  son  Fils  et  au-dessus  de  laquelle 
le  Saint-Esprit,  sous  forme  de  colombe,  étend  ses  ailes. 

Fol.  105,  en  haut  de  la  page,  saint  Jean-Baptiste,  vêtu  d'une 
longue  robe  et  d'un  manteau  et  portant  l'Agneau  pascal  sur  son 
bras  gauche,  marche  dans  un  chemin  bordé  d'arbres  et  d'arbustes. 
—  Au  bas,  dans  un  paysage  également  boisé,  saint  Jean  l'Ëvangé- 
liste  avec  une  de  ses  caractéristisques,  le  calice  surmonté  d'un 
petit  serpent. 

Au  verso  du  même  feuillet,  saint  Pierre  et  saint  Paul  avec  leurs 
attributs,  les  clefs  et  Tépée,  debout  dans  un  monument  ajouré  en 
plein  cintre. 

Fol.  106,  saint  Adrien,  un  lion  couché  à  ses  pieds.  Le  paysage 
montre  une  colline,  dont  l'aridité  est  coupée  par  quelques  buissons 
et  que  gravit  un  chemin  conduisant  à  un  petit  château  fort  situé  au 
sommet. 

Au  verso,  saint  Georges  à  cheval,  portant  seulement  une  partie 
de  sort  armure,  transperce  le  dragon  de  sa  lance,  pendant  que 
derrière  lui  une  f<emme  couronnée,  figurant  la  province  de  Cappa- 
do€6  ',  prie  pour  sa  délivrance. 

« 
*  Cf.  P.  GAHntR,  Caractéristique  des  saints,  p.V07. 


506  L'OEUVRE    DU\'    MIMATLRISTE    A  \  IGK  OîtS  AIS. 

Fol.  107,  dans  une  cour  pavée,  bordée  iriiue  maison  et  d'un 
mur  bas,  saint  Nicolas  avec  kes  attributs  les  pltrs  ordinaires. 

Au  verso,  Tévêque  saint  Claude  en  habiU  pontHicaui,  aiec  la 
crosse  et  un  livre  ouvert.  II  est  debout  dans  une  plaine^  à  rhorizo» 
de  laquelle  se  profile  une  colline  avec  un  château  à  plusieurs  tours 
couronnées  de  toits  en  poivrière.  Ces  tours  sont  hs  seules  qui 
soient  ainsi  terminées;  toutes  les  autres  sont  sans  toit  apparent, 
comme  elles  le  sont  réellement  dans  les  forfillcations  proveneaies 
et  comiadines.  Cette  dernière  miniature  est  certainement  une  des 
mieux  réussies  comme  exécution  :  le  dessin,  la  perspective,  les 
proportions,  tout  est  irréprochable. 

Fol.  108v%en  haut  de  la  page,  le  type  classique  de  saint  Antoine 
et  son  compagnon',  dans  un  encadrement  formé  h  gauche  par  un 
rocher  et  le  bas  d'une  maison  ouverte,  et  à  droite  par  une  touffe 
d'arbres.  —  Au  bas,  le  moine  saint  Fiacre  avec  sa  bêche  el  son 
livre  est  clebout  au  milieu  d'une  plaine,  an  fond  de  laquelle  mn\ 
un  pelit  bois  et  un  monticule. 

Fol.  109,  sainte  Barbe,  coiffée  du  hennin,  assise  dans  une  couf, 
du  milieu  de  laquelle  s'élève  une  petite  tour  carrée  et  ajourée  des 
trois  fenêtres  symboliques,  lit  dans  un  livre  posé  sur  ses  genoui. 

Au  verso,  sainte  Apollonie  debout  dans  un  paysage  accidente  H 
dominé  par  une  forteresse.  Elle  est  caractérisée  par  les  tenailles 
serrant  une  dent,  qu'elle  porte  de  la  main  droite. 

Fol.  110,  sainte  Geneviève  au  milieu  d'une  plaine  arkle,  avec 
son  attribut  ordinaire,  c'est-à-dire  avec  le  cierge  allumé  par  m 
ange  et  qu'un  démon  cherche  à  éteindre  avec  un  soufflet. 

Au  verso,  sainte  Avie  ou  sainte  Avoie,  dans  une  tour  ronde,  reçoîl 
par  la  fenêtre  la  communion  que  lui  apporte  une  sainte  femme,  peut- 
être  la  Vierge,  accompagnée  d'un  ange.  La  présence  de  cette  sainte, 
honorée  particulièrement  en  Bretagne,  est  assez  insolite  dans  un  livre 
d'heures  écrit  à  Avignon  :  faut-il  croire  que  celu  i  qui  a  commandé  ce 
volume  de  piété  était  un  Breton  établi  dans  la  ville  papale?  Mai^ 
alors  pourquoi  n'a-t-il  pas  fait  figurer  aussi  sainte  Anne^  la  patronne 
par  excellence  de  son  pays?  Il  y  a  là  un  petit  problème  à  résoudre. 

Ces  miniatures,    de   dimensions   très  réduites,   sont  comprises 


'  Ce  type  est  le  même,  moins  le  T  sur  les  vêteinenti.que  celui  qui  a  éli- 
par  le  P.  Gahikr,  op.  cit.,  p.  MO  et  758. 


'  ■>    »î-  S^TTîF 


LOELVRE    n  LX    MIXI ATURISTE    AVIGXOXXAIS.  501 

dans  un  carré  à  peu  près  régulier,  de  Irois  centimètres  de  côté 
en  moyenne,  et  encadrées  de  filets  de  carmin  et  d*or.  A  Ten- 
coignure  supérieure  de  droite  à  chacune  d'elles  est  encore  une 
initiale  d*or  sur  fond  rouge  ou  bleu.  Cependant  ces  petites  pro- 
portions n'empêchent  pas  la  perfection  des  détails  ;  évidemment  il 
a  fallu  de  toute  nécessité  que  Tenlumineur  se  serve  de  la  loupe. 

Cestnaturellement  la  gouache  qu*ilaemployée,etle genre  auquel 
on  pourrait  rattacher  son  œuvre  est  le  camaïeu,  ce  qui  ne  veut  pas 
dire  que  ses  miniatures  soient  monochromes.  Tous  les  ciels  sont  d*nn 
bleu  intense;  mais  les  terrains,  les  constructions,  les  paysages  sont 
d'un  gris  assez  foncé  ;  sur  cette  teinte  8*enlèvent  en  gris  plus  clair 
ou  plus  obscur,  selon  le  jour  reçu,  les  herbes  du  sol,  les  arbres  et 
arbustes,  les  personnages.  Ceux-ci  sont  même  tellement  en  lumière 
qu'ils  apparaissent  presque  complètement  blancs.  En  outre  toutes 
les  personnes  divines  et  tous  les  saints  sont  nimbés  d'or;  sont  d  or 
également  les  étoiles  du  ciel,  la  crosse  des  évéques,  les  flèches  du 
bourreau  de  saint  Sébastien,  le  diable  de  sainte  Geneviève,  etc'. 
Le  dessin,  sauf  pour  les  animaux,  que  Guiot  Baletet  n'avait  sans 
doute  pas  l'habitude  défigurer,  est  en  général  très  sur;  l'artiste 
est  maître  de  sa  main,  aussi  la  dirige-t-il  avec  habileté.  Le  modelé, 
si  difficile  à  obtenir  avec  d'aussi  petits  sujets,  est  exprimé   très 
suffisamment,  bien  qu'avec  sobriété.  Quant  aux  vêtements,  ils  sont 
admirablement  traités,  ils  tombent  avec  élégance,  ils  se  relèvent 
et  se  drapent  avec  facilité.  Les  mouvements  des  personnages  sont 
également  souples  et  leur  pose  est  naturelle.  Toutau  plus  pourrait- 
on  reprocher  à  l'enlumineur  d'avoir  donné  quelquefois  une  forme 
un  peu  trapue,    un  peu  lourde  à  certaines  de  ses  femmes,   par 
exemple  à  la  Vierge  de  la  Visitation  ;  mais  c'était  un  défaut  dont 
les  peintres  et  sculpteurs  de  son  temps  étaient  encore  assez  cou- 
tumiers  :  faut-il  citer  ici  des  statues  du  retable  bien  connu,  exécuté 
chez  les  Célestins  d'Avignon  par  François  Laurana  quelques  années 
avant  la  composition  de  notre  manuscrit',  statues  que  la  Vierge 
GÎ-dessus  mentionnée  rappelle  à  un  tel  point  qu'on    la  croirait 
dessinée  d'après  elles  ? 

L*or  n'est  plus  appliqué  en  feuilles,  selon  l'habitude  des  enlumineurs  golhi- 
q       ,  mais  au  pinceau. 

Le  retable  du  Portement  de  croix,  commandé  par  le  roi  Rcnéili  François  Lau- 
r)         fut  exécuté  de  1478  à  1481. 


'lii 


508  LOEUVRÉ    D*UN    MINIATURISTE    AV1GN0\\AIS^ 

Guiot  Buletetn  appartient  certainement  plnsàrécole  gothique; 
mais  ce  qut  est  plus  concluant  encore  pour  le  classer  parmi  lei 
miniaturistes  de  la  Renaissance,  c'est  la  faron  dont,  ânm  ses  mînu^ 
cules  tabicciuï,  il  interprète  la  nature,  c'est  son  entenre  du  payfifljje 
On  pourrait  même  dire  que  par  là  il  appartient  à  une  école  avan- 
cée. Eiamînez  comme  une  perspective  suivante  met  ioiites  choses 
en  place,  à  quelle  profondeur  les  horizons  s'élcmlcnt,  nvec  (\\ie\W 
discrétion  sont  marqués  les  objets  les  plus  lornlainsi  les  clmieaux 
et  forteresses  î  observez  surtout  la  manière  toute  nouvelle  pour 
Tépoquedont  sont  indiquées  les  touffes  do.  luiissons,  les  mai^st^s  >i^ 
l'euillages.  Ne  sommes-nous  pas  là  en  plein  art  uioilernc^? 

J'en  ai  dit  assez,  je  crois,  pour  faire  cotiuaître  et  apprécier 
rouvre  t!e  Guiot  Baletet  dans  le  manirscrit  de  la  BiblLolh'Hjiif 
d'Avignon  :  c'était,  à  n'en  pas  douter,  un  véritable  artiste  et  non 
plus  un  simpte  ouvrier  enlumineur. 

Quelques  amateurs  ont  parlé  d*une  école  avignonnaise  de  minia- 
ture au  quatorzième  siècle;  cette  distinction  n'est  pas  fondée,  et  je 
montrerai  un  jour,  j'espère,  que  les  mîniaturiiites  aviynonnais 
n'avaient  ni  procédé,  ni  style  particuliers.  Maïs  faut-fl  croire  qu'une 
école  spéciale  bien  caractérisée  se  soit  localisée  a  Avi^jtion  dans  le 
siècle  suivant,  surtout  dès  le  commencement  de  la  Uenaiâsan^el' 
Il  est  prématuré  de  donner  une  aflirmation  dans  Tuti  ou  Fauln^ 
sens  ;  sans  doute  on  peut  remarquer  dans  le  psautier  dit  de  Bouc i- 
caut  (ms,  10  de  la  Bibliothèque  d'Avignon)  des  enluminures  en 
camaïeu  susceptibles  d*êlre  rapprochées  de  celles  que  Gniol  Bulet^l 
a  peintes  ;  mais  il  faudrait  encore  trouver  une  suile  d  œuvres  de  la 
même  facture,  appartenant  à  des  auteurs  différents  et  bien  iU^in- 
minés,  pour  élre  en  droit  de  se  prononcer,  Aussi  serais-je  beuri'in 
si  cette  modeste  étude  fournissait  Toccasion  d'arriver  à  ce  résultai. 

L.-H»  Labavde, 

Correspondant  d«  Coniik'  d^s  Socîéii* 
des  BetuE-ArU  de*  départLmicuts*  ^ 
Avignon. 

PIÈCE  JUSTIFICATIVE 

^  ■  Testament  de  Guiot  Baletet. 

[liî>4]  Die  sif/tioi-i   mensis  augusti.   Testamentum    majjbtri  ' 
lialtelï,  scriploris  librorum. 


i 


L  OBUVRE    DU\    UIM ATURI8TE   AVIGNONXAIS.  50«J  'v 

Honorabilis  viv  magister  Guyotus  Balte4i,  scriptor  librorum,  civis  et 
faabilator  Avinionensis,  sanus  uienle,  etc.,  considerans  et  actendens,  etc., 
suum  ultiiuun  condidit  testamentum  in  hune  qui  sequitur  modum.  \\ 

Et  primo  recomandavil  animam  suaoi  Domino  nostro  Jhesu  Chrislo,  il^ 

benlissime  ac  gloriosissime  Virgini  Marie,   ejus  matri,  beato  Michaeli  |,:{ 

archangelo,  totique  curie  civium  supemorum.  Et  elegit  suam  seputturam  ■..■* 

infra  ecclesiam  parochialem  beale  Marie  de  Principali  presentis  ciritatis  i  : 

Avinionensis,  et  infra  tamulum  quod  fecit  Oeri  juxla  cappellam  Johannis  ; 

Borgesii,  alias  Tarleuc,  mercatoris,  civis  Avinionensis.  ' 

Et  accepit  ipse  teslator  de  bonis  suis  sibi  a  Deo  collatis  pro  anima  sua 
parenliumqué  et  benefactoriim  suorum,  scilicet  triginta  florenos  monete 

currentis  distribuendos  et  elargiendos  in  missis,  funeralibus,  intorliciis,  i 

candellis,  novene  cantare  finis  annis  et  aliis  piis  causis  ad  voiunlatem 
heredis  sue  infrascripte. 

Et  primo  super  dictis  triginta  florenis  legavit  ac  darî  voluit,  jussit  et 
ordinavit  hospitali  Sancti  Bernardi  Rescassii  Avinionensis  sex  grosses 
dicte  monete  semel  tantum. 

Item,  super  aliis  bonis  suis  sibi  a  Deo  coUaliS,  legavit  ac  dari  voluit, 
jussit  et  ordinavit  cuilibet  de  parentella  suaquinque  solidos  dicte  monete, 
et  hoc  pro  omni  jure  nature  quod  in  et  super  bonis  suis  pelere  possii^l. 
Item,  plus,  super  aliis  bonis  suis  sibi  a  Deo  collatis  legavit  ac  dari 
voluit,  jussit  et  ordinavit  Fabrice  ecclesie  Sancti  Genesii  Avinionensis, 
unum  florenum  dicte  monete  semel  tantum. 

Et  quia  heredis  inslitutio  est  caput  et  fundamentum  cujuslibel  testament! 
et  cujusiibet  ultime  voluntatis,  heredem  suam  universalem  in  omnibus 
aliis  bonis  suis,  mobilibus  et  immobilibus,  presenlibus  et  fuluris,  ubi- 
cunique  sint,  sibi  fecit,  instituit  et  ore  suo  proprio  nominavil,  videlicet 
honeslam  mulierem  dominam  Mermetam,  ejus  uxorem  dilectam,  solam. 
Exequutores  sive  gadiatores  (sic)  suos  fecit  et  esse  voluit,  videlicet  dic- 
ta m  Mermetam,  ejus  uxorem,  et  magistrumJohannem  Bourges,  barbitun- 
sorem,  civem  Avinionensem,  quibus  dédit  omnimodam  potcstatem,  etc. 
Cassans  quecunque  testamenla,  donaciones,  codicillosetspecialiterquod- 
dam  testamentum  sumptum  per  magistrum  Petrum  Borciacii,  quonJam 
notarii,  etc.  Rogans  omnes  et  testes  hic  présentes  et  notarium,  etc. 

Actum  Avinione,  infra  appotecam  magistri  Johannis  Bot\n(es  (v/r), 
iiarbilunsoris,  presentibus  eodem,  magislris  \icolaode  Troye,  Joliànno 
Mallardi,  Antonio  Perroti,  peliiceriis,  Jacobo  \icolay,  reiijjalori'  lihrorinii, 
.Antonio  Marlinoti,  ortolano,  et  Petro  Raynaudi,  affanatore,  iMbilatorihus 
/      inionensibus,  et  me  Guidone  de  Treimilla,  nolario,  etc. 

ode  de  M*  Giraudy,  notaire  à  Avignon.  —   Notes  brèves  de  J.  de  Tremiilla,  1«01- 

t) 


510     MOBILIER   DUN    CHATEAU    A   LA   FIN    DU    XVIII'   SIÈCLE» 


f 


XXXIV 

LE  MOBILIER 

D*UN 


^  CHATEAU  A  LA  FL\  DU  XlUI*  SIÈCLE 

CHANTELOUP. 


I 
INTRODUCTION 

Bien  qu'il  n*eiitre  pas  dans  le  cadre  de  celte  étude  de  sortir  Ju 
château»  nous  croyons  cependant  devoir,  pour  donner  un  peu  de 
lumière  à  notre  travail^  indiquer  en  quelques  lignes  la  situatioude 
Chanteloup  et  son  origine  depuis  le  commenceinent  du  di^t-hm- 
tième  siècle,  laissant  à  de  plus  autorisés  le  soin  de  développer  son 
histoire  et  ses  splendeurs  extérieures. 

Placé  à  environ  deux  kilomètres  d'Amboise,  sur  hi  rive  ^jauche 
de  la  Loire,  presque  au  sommet  du  plateau  qui  domine  la  ville,  If 
cours  argenté  du  fleuve  et  ses  iles  verdoyantes,  Chanteloup  esl 
dans  une  situation  exceptionnellement  belle  ;  aussi  Mme  àes 
Ursins,  séduite  par  la  beauté  de  ce  site,  chargea-t-elle  lk)iitero0e 
d'Aubigny  de  lui  acheter  cette  terre  en  1713;  elle  avail,  k  ce  p*>- 
ment,  le  projet  d*y  faire  bâtir  un  château  de  grande  importance  eu 
remplacement  des  anciennes  constructions  qui  s^y  trouvaient;  mais 
sa  disgrâce,  arrivée  peu  de  temps  après,  vint  Tempèclier  démettre 
son  projet  à  complète  exécution. 

D'Aubigny  devint  lui-même  propriétaire  de  Chanteloup,  puii,  b 
sa  mort,  cette  terre  passa  entre  les  mains  de  Louis  Conflani»,  mar- 
quis d'Armentières,  son  gendre, auquel  le  duc  de  Chois<'Nl  l'actjelA 
devant  M' Renauld,  notaire  à  Paris,  le  24  février  1761  ;  il  en  prît  pos- 
session le  25  avril  suivant,  par-devant  M*  Bliu,  notaire  à  Ambois^ 

ï  Voir,  ci-contre,  planche  W.VV. 


1 


Plucha  XXW. 


Pi8«  5hi. 


PORTRAIT    DU    l)LC    DE   CHOISELL 

u'iPKKS    U.    W.4\    U)0 
(Proceuanl  de  (Ibauleloap.; 


^ 


MOBILIER   D'UN    CHATEAU    A    LA    PIN    DU    WIIT  SIÈCLE.     511 

Choiseal  acheva  et  transforma  le  château,  y  créa  des  jardins 
magnifiques  et»  par  suite  d*acquisitions  successives,  fit  la  grande  et 
belle  avenue  qnî,  par  deux  rampes,  s'amorçaità  la  route  d*Amboise 
à  Tours,  puis,  avec  les  matériaux  de  la  Bourdaisière  qu'il  avait 
fait  démolir  pour,  dit-on,  être  désagréable  au  duc  d'Aiguillon,  pro- 
priétaire de  Véretz,  auquel  la  Bourdaisière  servait  de  point  de  vue, 
il  fit  construire,  sous  la  direction  de  Tarchitecte  Le  Camus,  la 
Pagode,  ce  J)izarre  et  unique  monument  inspiré  du  goût  chinois 
de  Fépoque  (2  septembre  1775  au  30  avril  1778). 

Après  la  mort  du  duc,  arrivée  en  1785,  ses  héritiers  vendirent 
la  terre  de  Chanteloup  et  ses  dépendances  —  20  juillet  1786  —  à 
Louis-Jean-Marie  duc  de  Bourbon-Penthièvre.  Ce  dernier  étant  mort 
en  1793, Chanteloup  passa  àLouise-Marie-Adélaïde.  Louis-Philippe- 
Joseph  Égalité,  son  mari,  ayant  été  déporté  en  vertu  de  la  loi  du 
1*'  août  1793  «comme  individu  de  la  famille  Capet» ,  les  biens  de 
la  duchesse  d'Orléans  furent  séquestrés  et  mis  sous  les  mains  delà 
nation  le  i  frimaire  de  la  même  année  par  Guyot,  notaire  à 
Nazelles,  et  Pierre  Héron,  commissaires  nommés  à  cet  effet  par  le 
district  d'Amboise. 

L'Etat  revendit  Chanteloup  au  comte  de  Chaptal,  le  célèbre  chi- 
miste, qui  s*en  dessaisit  lui-même  et  le  céda,  en  1823,  à  la  bande 
noire  qui  Ta  démoli  de  fond  en  comble. 

Quand  on  a  sous  les  yeux  ce  colossal  inventaire  qui  non  seule- 
ment donne  le  détail  du  mobilier,  mais  laisse  entrevoir  Taménage- 
ment  et  la  décoration  intérieure  de  cette  somptueuse  habitation,  on 
reste  confondu  de  sa  magnificence  et  on  se  prend  à  maudire,  avec 
plus  de  force  encore,  ces  révolutions  qui,  en  dispersant  ou  anéan- 
tissant toutes  ces  merveilles,  viennent  priver  les  générations  à  venir 
de  la  jouissance  qu'elles  pourraient  avoir  à  les  contempler  et  à  s'en 
inspirer  pour  élever  encore  plus  haut,  si  c'est  possible,  le  niveau  de 
l'*art  et  du  beau. 

Au  milieu  de  toutes  les  splendeurs  qui  y  étaient  amoncelées,  on 
rencontre  peu  de  ce  qu'on  est  convenu  d*appeler  des  objets  d'art  ; 
pas  de  bronzes,  pas  de  statues,  seulement  quatre  tapisseries  des 
Gobelins  de  la  suite  de  don  Quichotte,  quelques  rares  sièges  de 
cette  même  fabrique,  trois  tapis  de  pied  de  la  Savonnerie  et  quatre 
vases  de  marbre  blanc,  alors  épars  sur  les  tapis  verts  et  qui  sont 
30Joiird'hHi  placés  à  l'entrée  du  pont  de  Tours. 


' 


512      MOBILIER   D'UM    CHATEAU    A    LA    Fll«    DC    XVlir    SIECLE, 

Quant  aux  tableaux,  pour  lesquels  M,  de  Cliofseul  arait  une  pré- 
dilection particulière,  —  le  fameux  recueil  d'estampes  ilc  son 
cabinet,  gravé  parBasan  en  1771,  en  est  la  preuve,  —  notre  inren- 
taire  nous  en  signale  quatre-vingts  dont  vingt-cinq  au-dessus  Aes 
portes,  cinq  dans  les  trumeaux  des  glaces,  huit  dans  ta  chapelle, au 
Jieu  de  sept  indiqués  par  Rougeot,  douze  dans  une  armoire  et  le 
surplus  réparti  dans  les  appartements.  Tous  portent  dans  l'inven- 
taire la  mention  «réservé" ,  à  TeKception  de  deux,  qui  portent  celle 
de  a  resté  3)  (n««1518,  15111). 

Nous  savons  par  Rougeot,  le  créateur,  en  1760,  de  l'école  gra- 
tuite de  dessin  dans  la  ville  de  Tours,  chargé  de  faire  rinvenlaire 
des  tableaux  de  Chanteloup  en  17U4,  probablement  après  lii  \mt 
des  scellés,  que  soixante-trois  de  ces  tableaux  furent  déposer  dans 
les  différents  locaux  désignés  pour  leurdonnerasile  et  assurericur 
conservation,  et  qu'après  des  déplacements  successifs,  ils  restèrent 
dans  les  bâtiments  de  Tancienne  Intendance  jusqu'en  1825,  époque 
à  laquelle  le  Musée  actuel  fut  construit  pour  cette  destination. 

En  1890,  M.  de  Montaiglon,  membre  de  la  Commission  de  l'in- 
ventaire des  richesses  d'art  dv  la  France,  <le  concert  avec  XI-  I^«- 
rent,  conservateur  du  Musée,  fit  un  catalogue  des  tableaux  de  U 
ville.  Dans  ce  travail,  MM.  de  Monlaiglon  et  Laurent  ont  constalo 
comme  provenant  de  Chanteloup,  tout  eu  leur  donnant  des  atlrilm- 
tions  et  des  désignations  quelquefois  ditrêrenteSf  trenie-iteuf 
tableaux  portés  à  Tinventaire  de  Rougeot  et  un  qui  n'y  figure  pas: 
Un  jeune  garçon^  page  49,  ligne  37  du  catalogue  de  Monlaiglon* 
Enfin,  ils  désignent,  comme  d'origine  mconnue,  quatre  des  prin- 
cipaux tableaux  inventoriés  par  Rougeol  en  1704  :  la  VacktÎQ, 
V  Enlèvement  de  Proserpine^  le  Triomphe  de  Gala  Ire  ëi  Vt^nm  sur 
les  tfûMo:,  appelé,  par  de  Montaiglon,  le  Triomphe d*Âmpkitri!e. 
'  Pourquoi  MM.  de  MontiïîgEon  et  Laurent  ont-ils  cru  pouvoir 
leur  nier  la  provenance  de  Cltanieloup,  alors  qu'elle  est  officielle 
ment  constatée  par  Rougeot  ::'  Çcst  un  mystère  que  je  ne  j^oi* 
approfondir,  mais  que  M.  Laurent,  le  distingué  conservateur  du 
Musée,  pourrait  peut-être  expliquer. 

Bien  que  M.  de  Grandmaii^on  ait  publié  le  document  de  Rott.<^^t 
dans  les  Nouvelles  Archives  de  V art  français  en  J879,  et  qu  il 
reproduit,  en  note,  dans  les  Hichesses  d*artde  la  France^  ai 
nous  l'empruntons  nous-méme,  no^iis  croyons  devoir»  pour  p* 


UOBILIEa   D'UN   CHATEill    A    LA    FI\   DL    Xl'lIT  SIÈCLE.     51:) 

darté  dans  notre  travail  et  pour  justifier  nos  observations,  le  donner 
de  nouveau  ici  et  mettre  en  regard,  en  un  tableau,  les  articles  des 
Richesses  d'art  de  la  France  qui  y  ont  rapport;  le  lecteur  se  rendra 
plus  facilement  compte  des  toiles  de  Cbanteloup  encore  existantes 
au  Uusée  et  des  vingt  qui  Manquent  à  Tappel. 

Quant  aux  dix-sept  tableaux  que  Rougeot  n'a  pas  constatés  et  que 
signale  Finventaire  général  de  Guyot,  que  sont-ils  devenus  ?  Peut- 
être,  fixés  aux  trumeaux  des  glaces  ou  au-dessus  des  portes,  ont-ils, 
malgré  la  mention  de  réserve,  été  vendus  avec  les  démolitions  en 
1823,  et  font-ils  partie  des  toiles  qui  ont  été  retrouvées  dans  le  pays, 
au  fond  des  caves  ou  dans  les  trumeaux  utilisés  par  la  suite,  chez  les 
particuliers.  L*examen  que  nous  nous  proposons  de  faire  du  procès- 
verbal  de  la  vente  mobilière  nous  renseignera  peut-être  à  ce  sujet. 
Quant  aux  principaux   meubles,  glaces,  bronzes  d^ornement, 
notre  inventaire  nous  apprend  qu*ils  ont  été  enlevés  ou  réservés 
par  rÉtat,  pour  aller  orner  ses  vaisseaux  ou  meubler  ses  nouvelles 
administrations,  et  que  le  surplus  de  cet  immense  mobilier  a  été 
l'isperaè  au  feu  des  enchères. 

Une  question  que  nous  n'avons  pu  approfondir,  et  qu'il  eut  été 
cependant  bien  intéressant  de  connaître,  c'est  de  savoir  si,  après  la 
mort  du  duc  de  Choiseul,  arrivée  en  1785,  ses  héritiers  ont  vendu 
avec  Cbanteloup  et  ses  dépendances  le  mobilier  qui  garnissait  le 
château.  Le  duc  de  Choiseul  a  laissé  dans  le  pays  de  tels  souvenirs 
que,  lorsqu'on  parle  d*un  meuble  provenant  de  Cbanteloup,  c'est 
toujours  à  lui  qu'on  l'attribue,  et  nul  ne  songe  au  ducdePenthièvre, 
et  cependant  c'est  son  mobilier  que  la  Révolution  a  saisi  et  fait 
vendre  en  1794. 

Bien  qu&  nous  n'en  ayons  aucune  preuve  certaine,  n'ayant  pu 
retrouver  Tacte  de  vente  des  héritiers  de  Choiseul  au  duc  de  Pen- 
thiëvre,  nous  sommes  cependant  porté  à  croire   que  le  mobilier 
avait  été  vendu  avec  le  château,  et  c'est  sur  l'inventaire  de  Rou'jeot 
que  nous  appuyons  cette  supposition  ;  en  effet,  dressé  en  1 794,  huit 
ans  seulement  après  l'acquisition  du  duc  de  Penthièvre,  cet  inven- 
taire indique  les  appartements  dans  lesquels  étaient  placés  la  plu- 
part  des  tableaux,  et,  notamment,  vingt-sept  comme  sortant  du 
cabinet  de  M.  de  Choiseul;  il  nous  semble  donc  que,  s'ils  avaient 
été  apportés  par  le  duc  de  Penthièvre,  Roujeot  eut  si;{nalé  cette 
provenance  et  non  celle  de  AI.  de  Choiseul. 

33 


I.VVEXTAIRE  DE   ROIJGEÔT  EN    1794. 


,     „   ..  l   Kblfrfffif Dj  d'Iuurop*. 

Ll      V'ibl      ]l» ,    »     .     r    <     .    «     .    .     .    H 

tltili  T^otênL  Jt  PrvitrpÉBi 

TriDivpài^  d»  tiilatre,  ,«*...*, 
l>am  *qr  Iti  ftai  ^  ...»...„  ^ 

Rrpni  At  ÙiMù*.,.    ,,._,.., 

CooclirT  Hi  It  mtrlft . . 

RiFlatir  â  It  Bf  r^tnrn .  .  ^ ,  . .  h  . 
Vqï  dl«  nom*  tdriiB*  dit  P«^*) 


B0l»lb§Mttr4iDfj., 


ftfibHt.. 


Santan*  (é'if^rviK 


ÂtQriR*  . 


Vu  RfLicoai^iPT. ,. ,  ,  * 
I    Bii-f«Uefd'f»ruti  . 


Pa;iiS«r, 


I   U.  d«  C&nij^nl 

(   HJidfmr  âe  izTàTsmaut 

jlfiuilus  «iultiii  LtIffB*. , . , , 
Renidd  et  Atmiàû , . .  ^  < , , . . , 
^flrif  fay^at  \f  \aQf .  . . ,  ^  «  * 
Vdi  âtf  Veatit,  ^  »««»,.,,, , 

l  Q«  ât  Mflitit  ...'.,  +  .*,. 

Tnc-  lldcrbtatF  ^dtai-fignr*). 
Fiitif  t  «fiLtt, .  «  H .  « «  P 


1>«  cêMflfl  dr  U.  étÇbbWfl^^ 


&«  »biB»L  d«  II.  4t  OsiKi'' 


Dobran  , . . .  ^ , .  « . . 
îiptorfll , 

Ti<U«a   d'iiptikt) 

\1igDird  H  ► 


PctrErtîl  dff  UiDfif  »H ,^«  . ,  »  F . .  t 

Portribt  df  V'tpqi t.  r ,-..-.+  +  ,  i ,  ^  .*.,  H  , 

Judith  eûlTUl  i&Bt  II  ll^Btl  d'UlDpbfllîlf 

F**iif  ïeniiniinp ..-»,« 

Fituçnit  J'T  fiiMst  Kl  «ditDt  1  UirgDvrili  B^bea  . 

(    Lk  Pa«it, p  ,-».,...,...*.,,,.*.**,.  H. . 

*  J    L'^rrbilf cEnre .  . *...*..-. 

r    L»i  lljuttrci  AtiÈ  r#|>rétrai^i  pv  dfi  jfai  d'uful!, , 


AaÉdM  Vaa  Ltïo. 


LnliBL 


Hàétinm  At  Pûupqdanx  itw  u  Wfjfwt.. 

l^Udf  moiiflJfl  AJciAiidTtaf ,  h  fiLIc 

Ud  gnud  dfittti  (ïQ«  d'Ambotif).  .  ^ .  ,  ,^ 

Vi*  di  I*  V(BTgi ,._ ... 


Ff-r*  tlt>bfrt.. 


D«U  c&apvitfr. 


RICHESSES  DE  LA  FRANCE.  —  MUSÉE  DE  TOURS 

(CATILOGLE   r\a    DE    UOVTJ(reUÏ!V   ET   UtJRRXT) 


DESCRIPTION  DES  TABLEiltX. 


pnr  É#  jàvtiQi  ai  V.ipb^le. . . 


di^Kiiropi, 


■7*r  Id. ..  , 

I  d«   PruifrpiH 

^h*  de  GbUIM  .....,-...,,,.. 

tWM'  dr    II wii'r ...„..* .. 

'jb^m  4r  Di*B«  . 

Id^TV   4m  lrBvp«ï« . .  ,  ^ .  ^ 

Eiap«  V«f  €4aa- ^ , 

bL*#4  #1  t  3tfc  dm  â^ptitft'SfvJîïi,  > . . , 
Wp^U  df  JspU^r  (upït^nt.  ....,.,  ^ ,  . 

jhba«f^ 


PROV£NA!lfCES. 


ATTRtBl^TIOKS. 


C^LalvLou^  i^<u^.  lie  J 1  bl4. 


Idcudddi. 


CtUBtf  lonp  (îDi.  ût  n9A)^ 


\ittiti»ti  dit  Ja  GgtTïbiA. 

Hoalognc  (Loal^i},  Iv  j^oda. 
PoDtr  I  J«dpo  dtK  dit  11  Iîuhqii. 
IpcDQdu.  Ee*l*  d'Jdi*  ivm*  ttpels. 

âuïerïr. 


irCfetré*  en  p*m  h«li  da  Ch«irUJ«T. , 

iT^Ki^t  pfcf  df  Ck&ol4>loDp,. 

|9Hftl-Ou»a  prié  df<  Cfanbldosp  ..  ,^ 

Vt  S«'kt  «■  uEiôbt  àt  Puit. 

>  C^r  iv  tvwmm. 


Cfatbtcîoap  (i&t.  d«  rsij 


Hqd«I. 


Papl«  (JifdpodqlVdJI  II  Baïunn. 


«e    T»pi*i4>rtf  il«i  ffDbfiiiQi,  pif  C&UtIf  ^ 

ifjfl* jffHiM  «ive  HB  Cb*r 

E  «Bt  Kjnpbt- ,  ...  K .,  ...  ^ ....  ^ ,  K , 
ilwi»*i  ■  Ib  11*  d«ù»  Içt  btti  dv  â|1tle. . . .. 

lu  W  Lo«p  i|<i>ii1v  a  bkué. » 

b  Yc^c*  |tfii*  àù.  psBl  dt  !■  PiiUi. . .  « 

BSieU».*.... * 


I  svbUl  |!b*  Urr^èFB  doDDf  d#  rbtrbt  à  dda  chéir». . 
I  9twÂr.  D«f  irrgPTF  4a pm  d*4af  fgnUJD*,  aa  ptaïtT 


GhêMt\(ysp(iût.Û9l19i}. 


cb&jii«ioBp  (im,  di  nai) 


p  «ttl»  ^  B«t|irf«  miit*  aat  çhèm  ti  Iruii  moni^a». 


I#  1  AmaBr. . . , „  , ,....,.».,.,! 

4B#Bf?  dr<«Bt  01d|)riirrB« .,...,,.,.... 

l«Jt * .    H 


B  dMiBbolM ......... 

B  d*  Cb^alflBDp 4  ............  . 

L'Ep  f«iit  J  i<ftb  »  d#baDl ,  livp  t  rmbra  iié«  1«  Vit r|? 
^Bi  «it  BwiF.  dtiriér*  juJjit  Jûacpib 


€|]a4tilBafi(lDv.dil7D4), 


b«»rt 


-Brfii,  t^ti  df  fic«>  FDilfè  d'ttb  BAucJiQÎr 
B  «f  I ODf  à  deutA 


Chialebdp  (iav.  dr  170  ÏJ 


Cai«ll<  id  tpr^i  F. -H.  DrewAli.) 
BaocbiT' 

IiiïeDBii.  Ecdia  d'Itftllc  ifi)i*û#cl«. 

rBeonoD.  Kcolv  frapcitit  ivii*  ■JhU- 
CllÉRrinu  Pflp!  V«rûi]i"PF(iq»p|^r«  dej- 

l'*cf}lîo  Tiiiiinu  d'iprf»). 


LinTaiil. 


Aaerlgbl  dit  It  Clinfifi  (d'iprk)* 


[ac4iiGU.  Eea1«  frinraitt  ma"  liccU. 


516      MOBILIER    DUN    CHATEAU    ALA    FIX    DU    XllU'    SItCLE- 

Nous   sommes   dans  une  époque  oii   tout  ce  qui  se  rapporie 
aux  choses  d*art,  à  quelque  titre  que  ce  soit,  aux  bibi'lols,  aux 
meubles  rares  ou  de  style,  fixe  Tattention  de  tous,  et  les  meubles 
f  de  Chanteloup  étaient  bien  faits  pour  faire  naître  le  péché  d'etivie; 

nous  espérons,  toutefois,  que  nos  lecteurs  n'en  défendront  point k 
lecture  à  leurs  femmes,  à  leurs  filles,  comme  dangereuse  pourk 
tranquillité  de  leur  foyer. 

A  Tépoque  à  laquelle  le  duc  de  Choiseul  a  bdti  Chanteloupp  une 
grande  révolution,  commencée  sous  Louis  Xïl^  s'était  opérée  clam 
Tart  de  meubler  les  habitations.  Le  luxe  intérieur  s'était  accru,  le 
goût  s'était  aftiné,  et  aux  bahuts  et  crédences,  aux  sièges  à  dm- 
siers  élevés  et  à  membres  grêles,  aux  tentures  sombres  et  sévèm 
de  Henri  H  et  de  Louis  XHI,  avaient  succédé  des  meubles  moins 
lourds,  couverts  de  velours  et  de  soie,  aux  châssis  dorés  et  d'as- 
pect théâtral,  plus  en  rapport  avec  le  caractère  fastueux  et  galant 
du  Roif-Soleil. 

Les  Boulle,  les  Riesener  et  les  Gouthiëre,  pour  ne  citer  que  les 
plus  renommés,  avaient  mis  à  la  mode  les  marqueteries  de  cuivre 
et  d'écaillé,  puis  les  marqueteries  de  bois  des  Indes  garnis  de 
bronzes  ciselés  et  dorés. 

Sous  la  Régence,  les  contours  s'arrondirent  et  devinrent  plus 
gracieux,  puis,  avec  Louis  XV,  les  rondeurs  s'accentuèrent  encore 
et  les  rocailles  se  multiplièrent. 

Mais  tout  change,  la  mode  surtout,  et  bientôt  devait  se  faire 
sentir  un  retour  aux  lignes  droites,  mais  légères,  aux  fines  canne- 
lures et  aux  délicates  sculptures  qui  ont  donné  naissance  ao  style 
Louis  XVI,  le  plus  pur  et  le  plus  gracieux  des  styles,  et  icela,  une 
douzaine  d'années  avant  Tavëuement  du  malheureux  prince  qai 
lui  a  donné  son  nom. 

Qu'y  a-t-il  de  plus  charmant  que  ces  sièges  dorés  ou  peints  de 
couleurs  claires,  entourés  de  perles  et  de  guirlandes,  avec  leurs 
dossiers  où  perchent  et  se  béquètent  des  colombes  amoureuses,  où 
se  croisent  des  carquois  et  des  flambeaux  retenus  par  des  nœuds 
de  rubans  gracieusement  enroulés? 

Rien  d'étonnant  donc  que,  sacrifiant  à  la  mode  du  jour,  le  duc 
de  Choiseul   et,  quelques  années   après,   le   duc  de   Penthtèi 
aient  exclu  les  meubles  démodés  et  incommodes  de  leurs  aieii 
pour  s'entourer  d'objets  au  goût  de  leur  époque. 


PltDclir  XXXI 1.  I 

TAPISSERIE    D  APKÈS    DROUAiS 

ACTLKLLIfyKMT   Ali    MUMKK    UK   TOUKS 
^ProiCB«Bl  de  ClMBlcloup.) 


1 


MOBILIER   D'UN   CHATEAU   A    LA   FIN    DU    XVIIP  SIÈCLE.     611 

On  conçoit  difficilement,  en  effet,  les  duchesses  et  les  marquises 
qui  se  succédaient  et  se  pressaient  à  la  petite  cour  de  Chanteloup 
se  hissant,  avec  leurs  robes  bouffantes,  sur  les  meubles  hauts  et 
droits,  à  peine  rembourrés,  de  Tépoque  de  Louis  XilF. 

A  pareilles  élégances,  à  semblables  mœurs,  il  fallait  des  sièges 
bas  et  moelleux,  des  sofas  et  des  fauteuils  aux  coussins  remplis 
de  duvet  de  cygne,  des  plafonds  à  corniches  de  guirlandes  dorées, 
des  plafonds,  dis-je,  sur  lesquels  étaient  peintes  par  les  Boucher 
et  les  Van  Loo  les  scènes  de  la  mythologie  galante  ou  des  amours 
lutinantdes  bergères.  Aux  murs,  il  fallait  de  riches  tentures  alter- 
nant avec  des  glaces  qui  reflétaient  Téclat  des  mille  bougies  de  tous 
ces  lustres  et  de  toutes  ces  girandoles  et  dans  lesquelles  se  miraient 
les  grands  seigneurs  et  les  grandes  dames  de  Tépoque  '. 

Pauvres  habits  noirs  et  redingotes  plus'lamentables  encore,  que 
la  comparaison  vous  est  lourde!  Quand,  par  hasard,  vous  vous 
égarez  dans  celles  de  ces  somptueuses  galeries  que  les  révolutfons  et 
la  guerre  ont  oubliées,  si  vous  jetez  en  passant  un  regard  furtif  sur 
leurs  glaces  sans  fin,  comme  votre  sombre  silhouette  vous  doit  don- 
ner la  vision  du  convoi  funèbre  de  toutes  ces  grandeurs  passées  ! 
Ce   goût   nouveau  explique  encore  Tabsence   de    tapisseries, 
trouvées  lourdes,  et  qu*on  remplaçait  par  des  glaces,  des  soieries 
brodées  des  Indes  et  de  la  Chine,  des  lampas,  des  gros  de  Tours 
et  de  Naples,  des  toiles  de  Jouy  doublées  de  taffetas  qui  s'harmo- 
nisaient  mieux  avec  les  meubles  nouveaux  que  Ton  recouvrait 
d*éto8es  semblables  aux  tentures,  et,  horreur!  fussent-ils  chinois, 
par  des  papiers  peints  d'invention  nouvelle. 

Le  luxe  de  Chanteloup  ne  consistait  pas  seulement  dans  Tameu- 
blement,  et  notre  inventaire  nous  montre  des  boiseries  entières, 
des  portes  encadrées  de  fleurs  et  de  rocailles,  sculptées  en  plein 
bois,  d'une  délicatesse  infinie,  des  fenêtres  et  des  volets  couverts 
d*or,  des  cheminées  de  marbres  rares  de  toutes  les  couleurs,  avec 
des  guirlandes  et  des  retombées  de  bronze  ciselé  et  doré,  avec  des 
plaques  de  potin  ou  de  fonte,  aux  armes  des  anciens  possesseurs, 
et  des  côtés  intérieurs  ornés  de  sujets  d'après  les  peintres  galants 
de  Tépoque.  Nous  avons  sous  les  yeux  un  de  ces  foyers  :  la  plaque 
du  fond,  très  en  relief,  est  aux  armes  de  Bouteroue  d'Aubigny, 

1  Voir,  ci-dessus I  planche  XXXVI • 


I 


aiS      MOBILIER    D'UN    CH.^TEAU    A    LA    Fl\^    DG    XVIlT   SIÈCLE- 

«eigiieiir  de  Chanteloup  et  de  Chargé^  grand  maître  des  eaux  et 
forêts  de  France  au  département  de  Tauraine,  Maine  et  Anjoo  i 
d^QT  à  la  bande  vairée  d'argent  ei  de  sable j  timbrée  d^ une  couronne 
de  marquis;  les  côtés  :  au  milieu  de  guii lande»  et  d'entrelacs  du 
plus  pur  Louis  XV,  deux  amours  forgent,  sur  une  enclume  fleurie, 
des  cœurs  enflammés;  Tnn  des  amours  les  oiartelle  à  tour  de  bras, 
tnndis  que  Vautre  fait  marcher  le  soufflet. 

Pou  rue  pointdevenir  trop  fastidieux  par  une  interminable  nomen- 
clature de  deux  mille  sept  cent  quaranie-liuit  numéros,  nous  ne 
'  décrirons  que  les  principaux  apparlements  et  quelques  chambres 
à  coucher  avec  les  annexes  qui  en  dépendaient;  le  lecteur  pourra 
ainsi  se  faire  une  idée  rxacte  de  ce  qui  composait  alors  le  mobilier 
de  ces  galeries,  de  ces  salons  et  de  ces  chambres  ;  il  oe  lui  restera 
qu'à  suspendre  aux  murs,  par  la  pensée,  les  tableaux  compris 
dans  Tinientaire  de  Rouyeot,  qu'il  lui  sera  facile  de  reconnaître 
parmi  ceux  qui  existent  au  Musée  de  Tours,  et  il  aura  rccoustitué 
ces  appartements  avec  leurs  meubles,  étofles  et  tentures. 

Si  le  lecteur  désire  connaître  plus  eu  détail  ce  loluminem 
inventaire  mobilier,  nous  le  renvoyons  à  la  fin  de  ce  travail,  où  ce 
document  se  trouve  reproduit  dans  ses  parties  principales. 

Nous  avons  recherché,  dans  le  procès-terbal  de  la  vente  qui  a 
suivi,  les  prix  qu*ont  atteints  ces  meubles,  et  nous  les  indiquons 
partout  où  il  nous  a  été  possible  de  les  appliquer  d'une  façon 
certaine  ;  malheureusement  nous  n'avons  pu  retrouver  que  la 
première  partie  de  cette  vente,  comprenant  huit  cent  quarante-^inq 
articles^  la  seconde  a  disparu  ;  peut-être  le  hasard  uous  k  fera441 
rencontrer  an  jour. 

Nous  aïons  encore  tenté  de  retrouver  les  heureux  possesseurï 
de  quelques-uns  de  ces  objets,  et,  le  procès-verbal  de  vente  àli 
main,  de  reconstituer  ce  que  nous  appellerons  leur  état  civil;  fmt 
nos  recherches  n'ont  pas  élè  couronnées  de  beaucoup  de  succès, 
car  la  plupart,  et  ce  sont  les  meilleurs,  ont  été  enlevés  par  1« 
marchands  d'antiquités,  leur  trace  est  perdue,  et  c'est  aujoard'hai 
dans  les  palais  de  l'Étal  et  chez  les  grands  collectionneurs  qu'il 
les  faudrait  chercher. 

A  Tappui  de  nos  dires,  nous  pouvons  citer  le  beau  bureau  « . 
corps  et  à  multiples  tiroirs,  eu  acajou  et  eu  marqueterie  quadr 
de  bois  des  Indes   satiné,  garni  de  cuivres    dorés  de  Ter 


MOBILIER   D  ON    CHATEAU   A    LA   FIK    DCJ    XVlir  SIÈCLE.     519 

Loaii  XVI  (n"  1922  de  notre  inventaire);  la  bibliothèque  à  hauteur 
d^appui,  de  même  époque,  également-en  acajou  satiné,  avec  sa 
galerie  découpée  et  ses  ornements  de  cuivre  doré  (n*  1925  de 
Tinventaire)  ;  la  magnifique  commode  Louis  XV  en  laque  noire  de 
Coromandel,  à  personnages  en  relief  et  à  dessusde  marbre,  garnie 
à  profusion  de  bronzes  ciselés  et  dorés  (n°  1975  de  Finventaire). 


COMMODE   EN   LAQL'R   DE   GOROMAN'DKL    ACTUKLLKMBNT   A    LA    PRKPICTUIB    D'INORB-KT-LOIRK. 

(Profenant  de  Chanteloup  ^.) 

Ces  trois  beaux  meubles  sont  à  la  préfecture  d'Indre-et-Loire,  et 
nous  devonsà  la  bienveillante  Complaisance  de  M.  le  préfet  d*avoir 
pu  en  prendre  la  description,  vérifier  la  marque  et  leur  appliquer 
les  numéros  qui  les  concernent  dans  l'inventaire. 

Le  n*  1922  y  est  estimé  cent  livres  ;  - 

Le  n^  1825,  trente  livres  ; 

Le  n'  1975,  cent  livres; 

Or  nous  ne  croyons  pas  exagérer  en  disant  que  ces  trois  meubles 
valent  aujourd'hui  cent  fois  leur  valeur  d'estimation. 

NoDS  citerons  encore  le  beau  salon  Louis  XVI  composé,  d'après 
M.  Palustre  dans  V Album  de  l'exposition  rétrospective  de  Tours* ^ 

'  Ce  cliché  et  les  deux  planches  iosérées  dans  le  texte  de  la  prt'sente  étude  sont 

i      raits  do  magnîBque  ouvrage  Amboise,  le  château  et  la  ville,  grand  in-4o  de  plus 

I      600  pages  et  de  près  de  300  planches,  sorti  des  presses  de  la  maison  Marne. 

<      mblié  par  la  Société  archéologique  de  Touraine,  qui  les  a  mis  à  notre  disposition. 

Tours.  Périoat,  i  vol.  iii-4%  p.  55, 1891. 


i 


5-20      MOBILIER    D'UN    CHATEAU    A    LA    FIN    DL    XVIIT  SIÈCLE/ 

de  :  un  canapé,  un  écran,  huîtgrands  fauteuils,  huit  petits  fauteuils, 
deux  bergères  et  quatre  chaises,  qui  ornait  la  salle  du  tribunal  de 
commerce  de  Tours  et  qu'une  récente  décision  a  fait  tendre  à 
M.  Hersent,  de  Paris,  pour  la  sommede  25,000  francs  et  remplacer 
par  un  mobilier  moderne.  Nous  ne  pouvons  nous  «mpAcher  de 
déplorer  amèrement  cette  aliénation  ;  ce  meuble  était  recouvert 
de  soieries  dites  gros  de  Tours  qui  pouvaient  intéresser  à  un  haut 
point  la  fabrication  tourangelle,  un  des  fleurons  industriels  de 
notre  province  ;  si  ce  meuble  n'était  pas  assez  étendu  pour  les 
besoins  en  vue  desquels  il  était  destiné,  il  pouvait  être  augmenté, 
et  s'il  ne  présentait  plus  la  solidité  nécessaire,  le  Musée  de  la 
ville  de  Tours  lui  aurait,  pensons-nous,  donné  asile,  comme  à  un 
type  de  Tart  industriel  français  d^  dix-huitième  siècle. 

Malgré  la  perte  et  la  dispersion  des  beaux  meubles  de  Chante- 
loup,  la  plus  grande  partie  de  cet  énorme  mobilier  ayant  éiv  versée 
dans  le  pays,  il  ne  faut  pas  s'étonner  du  grand  nombre  d'objets  de 
style,  de  faïences,  de  porcelaines  et  de  bronzes  d'ornement  qui  oot 
été  retrouvés  depuis  soixante  ans;  nous-méme  nous  en  avons 
recueilli  quelques  épaves. 

Tous  cesmeubles,  autant  que  cela  était  possible,  étaient  marqués 


avec  un  fer  à  feu  dont  nous  reproduisons  ici  Temprelnte  en  gran- 
deur d'exécution. 

Nous  avons  constaté  ce  fer  sur  les  meubles  de  la  préfecture 
nous  venons  de  parler,  sur  la  seconde  commode  de  laque  de  C 
mandel  signalée  dans  l'inventaire,  —  n*   2803   —    que  r 


«OfilLlEH   D'UN    CHATEAU   A    LA   FIN    DU   XVIir  SIÈCLE.      521 

possédons,  sur  une  bergère  qui  se  trouve  chez  M.  BrugeroIIes, 

marchand  de  nouveautés  à  Amboise,  et  sur  quelques  autres  sièges. 

Nous  avons  constaté  également  ce  second  chiffre,  qui  ne  diffère 

du  premier  que  par  la  taille  et  par  les  lettres  qui  le  composent, 


sur  un  meuble  de  minime  importance,  acheté  en  1852  à  la  vente 
mobilière  faite  au  château  d'Amboise,  à  la  suite  de  la  confiscation 
des  biens  de  la  famille  d'Orléans.  Ce  petit  meuble  intime  avait  sans 
doate  été  réservé  en  1794,  avec  tant  d*autres,  pour  Tusage  des 
employés  du  château,  appelé  alors  la  citadelle,  et  y  était  resté. 

Noos  retrouvons,  du  reste,  les  instruments  eux-mêmes  qui 
servaient  à  faire  ces  empreintes  consignés  dans  l'inventaire  dressé 
à  la  même  époque,  au  château  d^Amboise  et  ainsi  décrits:  uN»  14. 
Deux  fers  à  marquer  au  feu,  estimés  5  livres.  » 

Sur  les  bronzes,  où  il  était  impossible  de  marquer  au  feu,  les 
chiffres  étaient  faits  à  coups  de  burin  et  simplifiés;  Tancre  était 
sopprimée,  ainsi  que  les  trois  branches  intérieures  de  la  couronne; 
ils  portaient  en  outre  lin  numéro  d'ordre,  sur  les  chenets,  du  moins, 
ainsi  que  nous  Tavons  constaté  sur  de  beaux  chenets  Louis  XVI  en 
bronze  ciselé  et  doré  appartenant  à  Mme  de  S'...  V'...,  à  Amboise, 
qui  a  bien  voulu  me  permettre  de  le  reproduire  ici. 
Voici  ce  chiffre  : 


tais  que  voulaient  dire  ces  lettres  différentes?  Dans  le  premier 


622     MOBILIER   D'UN   CHATEAU   A   LA    FIN    DU    XI  UT  SIÈCLE. 

fer,  est-ce  Cbanteloap  (première  et  dernière  lettre  du  mot),  ou 
Chanteloup-Penthièvfe?  Et  dans  le  second  ferp  esl-ce  Amboisc 
(première  et  troisième  lettre),  ou  Amhoise-Bourboti  ? 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  Tun  et  l'autre  de  ces  fers 
étaient  apposés  sur  les  meubles  de  la  succession  du  duc  de  Pen- 
thiévre  que  la  Révolution  a  fait  saisir  et  vendre  en  1794. 

L'inventaire  nous  révèle  le  nom  de  rarchitccte  de  Mgr  1^ 
duc  de  Penthièvre.  Il  s'appelait  Goupy  et  avait  à  Chanteloup  des 
appartements  à  son  usage.  Cet  architecte  mérite  une  mention 
spéciale  et  son  nom  d'être  sauvé  de  Toubli  auquel  il  aurait 
peut-être  droit  sans  cela,  car,  —  à  moins  qu'il  n'ait  été  que 
Texécuteur  des  hautes  œuvres  et  n'ait  agi  que  par  ordre  supérieur, 
—  c'est  sans  doute  à  lui  que  nous  devons  une  partie  des  muti- 
lations qu'ont  subies  les  appartements  de  Charles  Vllt,  de  Louis  XII 
et  de  François  I*'  au  château  d'Amboise,  et  cet  aménagemeot 
d'auberge  que  Mgr  le  duc  d'Aumale  vient  de  faire  disparaître 
à  grands  frais,  en  vue  d'une  restauration  en  cours  d'exêcutroa, 
confiée  à  l'habile  direction  de  M.  Gabriel  Ruprich-RoberL 

Si  la  Révolution,  en  délogeant  de  ClianteloLip  cet  architecte^  a 
sauvé  le  château  de  son  vandalisme,  elle  n'a  fait  malhenreusemeot 
qu'en  retarder  la  ruine,  car  après  Cbaptal,  k  bande  noire,  plus 
radicale  encore,  n'y  a  pas  laissé  pierre  sur  pierre  ;  [a  Pagode  seule 
a  fait  exception,  ainsi  que  les,  pavillons  des  coneiergeS)  dont  ces 
barbares  modernes  ne  pouvaient  tirer  aucun  profit. 

Cet  inventaire,  commencé  le  15  ventôse  de  Tan  II  (5  mars 
1794),  n'a  été  terminé  que  le  2  thermidor  (20  juillet)  :  il  a  dune 
trente-huit  jours  de  travail  effectif,  du  lever  au  coucher  du  soleil  ; 
il  contient  4,227  articles  dont  1,467  sont  consacrés  au  mobilier 
du  château  d'Amboise,  2,748  au  mobilier  de  Chanteloup,  enliuW 
douze  derniers  au  Feuillet. 

L'estimation  s'est  élevée  à  la  somme  de  110,935  livres,  dont 
93,269  livres  pour  Chanteloup  et  le  surplus  pour  Amboise  et  le 
Feuillet.  Les  commissaires  ont  reçu  pour  leur  salaire  2,416  tin^ 
(note  de  Guiot,  notaire  à  Nazelles,  du  16  fructidor  an  IIl). 


MOBILIER    DUW   CHATEAU    A    LA    FIX    DU    XVIII"  SIÈCLE.     52S 

II 

DESCRIPTION    DES    PRINCIPAUX     APPARTEMENTS 

Antichambre,  !!••  1468  à  1473;  estimalion  :  158  liv.  10  sols. 

L'inventaire  à  la  main,  nous  pénétrerons'dans  Tanticbarobre  du 
principal  corps  de  bâtiment  :  là  nous  trouverons  un  grand  poêle 
de  fiiïence,  quatre  banquettes  et  dix  chaises  couvertes  de  velours 
d'Utrecht  fond  vert  à  fleurs  rouges  et  blanches,  deux  grandes  con- 
soles peintes  en  gris  avec  leurs  tables  de  marbre  rouge  et,  suspendu 
au  plafond,  un  lustre  de  cuivre  doré. 

SaUe  à  manger,  n'»  1474  à  1483  ;  estimation  :  325  livres. 

Deux  portes  battantes,  couvertes  de  velours  semblable  à  celui 
des  banquettes,  nous  donneront  accès  dans  la  salle  à  manger, 
éclairée  par  trois  fenêtres  garnies  de  rideaux  de  coton  blanc  enca- 
drés d'indienne  à  fleurs  rouges  et  bleues. 

Les  murs  sont  tendus  de  six  panneaux  de  papier  chinois  enca- 
drés de  bois  doré;  au-dessus  des  deux  portes,  deux  tableaux  éga- 
lement encadrés  de  bois  doré. 

An  milieu  de  la  pièce,  une  grande  table  de  bois  d'acajou  montée 
sur  six  pieds;  d'un  côté  de  la  fenêtre  du  milieu,  une  petite  table  à 
écrire,  de  l'autre  un  quinola  et,  rangées  le  long  des  murs,  vingt- 
quatre  chaises  couvertes  de  coton  chiné  fond  gris;  enfin,  un  grand 
paravent  à  six  feuilles,  garni  de  drap  rouge,  et  une  lanterne  à  cinq 
bobèches  en  cuivre  étamé  qu'un  cœur  de  plomb  permet  de  monter 
et  descendre,  complètent  l'ameublement  de  celte  pièce. 

Salle  de  billard,  n-  1484  à  1494  :  575  livres. 

A  côté,  la  salle  de  billard.  Le  principal  meuble,  le  billard,  est 
en  acajou  massif  et  sa  couverture  en  maroquin  jaune.  La  salle  est 
éclairée  par  quatre  fenêtres  garnies  de  rideaux  de  taffetas  vert  et 
chaoifée  par  un  poêle  de  faïence  avec  un  report  de  chaleur  chauf- 
fant également  la  salle  à  manger. 

Quatre  portes  y  donnaient  accès  i  l'une  d'elles,  [à  deux  battants], 
communiquait  au  grand  salon;  elles  étaient  surmontées  de  quatre 
jleanx  en  imposte,  représentant  des  paysages;  les  cadres  étaient 
i  bois  doré.  Il  y  avait  encore  un  grand  tableau  et  une  carte  d'Am- 
ise,  avec  cadres  de  bois  doré;  ils  ont  été  ensemble   estimés 


^ 


524     MOBILIER    D'UX    CHATEAU   A    LA    FI\    DU    XVIir   SIECLE- 

dîx  livres.  Ces  deux  objets,  ainsi  que  les  quatre  dessus  de  porte, 
ont  été  enlevés  par  TEtat,  et  Tinventaire  de  Rougeot  nous  indique 
que  le  grand  tableau  dont  il  est  ici  question  est  Procrts  mourant 
dans  les  bras  de  Céphale,  du  Guerchin,  actuellement  au  Musée 
de  Tours  ;  quant  à  la  carte  d'Amboise,  elle  est,  je  crois,  à  la  Pré- 
fecture. Aux  murs  sont  encore  fixées  quatre  girandoles  en  cuivre 
doré  avec  leurs  cristaux. 

Une  grande  table  à  jouer,  garnie  en  ftric-trac,  avec  ^es  cornets  en 
maroquin,  ses  dames  et  ses  dés  en  ivoire;  deux  tables  à  jouer  en 
encoignure,  en  bois  d'acajou,  couvertes  en  drap  vert;  un  i^anapè 
et  son  marchepied  couverts  de  velours  d*Utrecht;  neuf  fauteuils  à 
coussins  remplis  de  plume  et  couverts  de  tricot  de  dilTérentes 
nuances;  quatre  chaises  foncées  de  paille  et  un  paravent  à  sii 
feuilles,  couvert  de  tricot  et  de  damas  rouge. 

Grand  salon,  n"  1495  à  1516;  estimation  :  1,365  liv-  10  sols. 

Immédiatement  après  le  billard,  le  grand  salon.  Cette  pièce  a 
six  fenêtres  garnies  de  douze  rideaux  de  gros  de  Tours  vert  et  de 
six  stores  à  monture  de  fer.  Le  plancher  est  parqueté,  et  les  mars 
sont  couverts  de  riches  boiseries  dorées,  ainsi  que  les  cadres, 
portes  et  croisées.  La  cheminée,  en  marbre  blanc,  est  ornée  de 
placards  et  de  guirlandes  en  bronze  doré  finement  ciselé  ;  1b  contre- 
feu,  ainsi  que  les  côtés  intérieurs,  sont  en  potin;  des  chenets  à 
à  deux  branches  et  à  pommes  dorées,  pelle,  pincettes  et  tenaille 
à  boutons  de  cuivre  doré  la  complètent. 

Sur  la  cheminée  est  un  grand  trumeau  de  glace  en  trois  pièees^ 
de  dix  pieds  de  hauteur  sur  cinq  pieds  trois  poqces  de  largeur,  daoi 
un  cadre  de  bois  sculpté  et  doré;  un  autre  trumeau  semblable 
était  placé  en  face  de  la  cheminée,  et,  de  chaque  côté  de  ces  Jeui 
trumeaux,  quatre  bras  de  cuivre  doré  étaient  fixés.  Au  phïmi 
était  suspendu  un  grand  lustre  en  bronze  doré  garni  de  eristaui. 

Aux  murs  encore,  deux  baromètres  de  bois  doré. 

Comme  meubles  :  quatre  CQUsoles  de  bois  doré  avec  leur  d^soi 
de  marbre  blanc;  deux  quinolas  carrés,  un  autre  rond,  en  hm 
d'acajou,  avec  tapis  verts;  une  table  à  écrire;  une  table  creuse 
pour  mettre  des  fleurs,  et  un  guéridon,  le  tout  en  boisd^acajaa. 

Un  canapé  et  quatre  fauteuils,  couverts  de  tapisserie  des  L 
lins  à  fleurs;  deux  bergères  avec  leurs  coussins  et  rondins  raar 
de  plume  et  couverts  de  satin  broché  fond  blanc,  couleur  rou,' 


MOBILIER    D'UN    CHATEAU    A   LA   FIN    DU   XVIII*  SIÈCLE.      525 

bleue,  une  bergère  et  douze  chaises,  avec  leurs  coussins  remplis 
de  plume,  couvertes  de  satin  fond  jaune,  avec  fleurs  4rertes,  et 
six  fauteuils  à  châssis  de  bois  doré,  couverts  de  satin  broché  de 
nuances  variées. 

Sept  écrans  de  différentes  formes,  en  bois  d*acajou  ;  deux  grands 
paravents  à  chacun  six  feuilles,  couverts  de  damas  fond  vert;  deux 
autres  petits  paravents  à  écran  couverts  de  même  étoffe. 

Dans  un  salon  intermédiaire  contign,  éclairé  par  trois  croisées 
garnies  de  six  rideaux  de  gros  de  Tours  vert,  nous  trouvons  une 
cheminée  en  marbre,  avec  intérieur  entièrement  garni  de  fonte 
ouvragée;  cette  pièce  est  parquetée,  les  murs  sont  recouverts  de 
boiseries  entièrement  dorées,  ainsi  que  les  portes  et  les  croisées* 

Sur  la  cheminée  se  trouve,  dans  un  cadre  de  bois  doré,  une 
glace  de  sept  pieds  de  hauteur  sur  quatre  pieds  de  large,  sur- 
montée d*un  tableau  ;  sur  la  tablette  deux  petits  écrans  à  main; 
un  autre  trumeau  semblable,  également  avec  un  tableau,  lui  fait 
lace;  quatre  bras  de  cheminée,  en  cuivre  doré,  sont  placés  de 
chaque  côté  de  ces  deux  trumeaux,  et  trois  fausses  croisées  en  bois 
doré,  ayant  chacune  huit  carreaux  de  glace,  font  vis-à-vis  aux  trois 
fenêtres  de  Tappartement;  un  lustre  à  six  lumières,  en  cuivre 
doré,  garni  de  cristaux,  descend  du  plafond,  soutenu  par  un  gros 
cordon  de  soie  verte;  appuyés  aux  murs,  six  bas  de  buffets,  que 
nous  voulons  croire  en  marqueterie  de  Boulle,  garnis  de  treillis 
et  de  rideaux  verts,  en  gros  de  Tours,  servent  de  bibliothèques; 
un  quinola,  un  guéridon  ployant,  une  boite  sur  quatre  pieds, 
garnie  intérieurement  de  cpivre  jaune,  et  un  écran  garni  de  taffetas 
vert;  comme  sièges  :  un  canapé  à  montants  de  bois  doré,  son 
matelas  et  deux  oreillers  remplis  de  duvet,  le  tout  couvert  de  satin 
broché,  fond  blanc,  à  fleurs  et  rayures  de  différentes  couleurs; 
quatre  fauteuils  de  bois  doré,  couverts  de  pékin,  et  deux  cabriolets 
à,  carreaux  remplis  de  plume,  couverts  de  satin  brodé,  à  fleurs  de 
différentes  couleurs. 

Boudoir,  n"  1530  à  1548;  estimation  :  546  livres. 

Nous  passons  ensuite  dans  le  boudoir,  boisé  d'acajou  et  de  bois 
I  rose;  deux  fenêtres  Téclairent,  mais  dans  chacune  d'elles  des 
i  -reaux  déglace  de  huit  pouces  de  large  sur  dix-buit  Je  haut 
1     oiplacent  les  vitres  transparentes,  maintenues  à  hauteur,  ces 


1 


526     MOBILIER   DL'N    CHATEAU    A    LA   FIN    DU    WllV  SIÈCLE» 


dernières  garnies  de  huit  petits  rideaux  et  de  stores  de  lampas  de 
la  Chine,  -les  embrasures  recouvertes  de  même  étoffe, 

•Le  plafond  s'élève  en  dôme  et  forme  une  galerie  supérieure 
entourée  par  un  balcon  de  fer  forgé;  là  se  trouvent  quatre  placards 
à  deux  battants  garnis  de  rideaux  de  taffetas  vert,  qui  pourraient 
bien  être  ceux  de  la  bibliothèque  de  Tours,  car  ils  ont  été  réservés 
par  Tinventaire. 

Les  murs  du  boudoir  étaient  ornés  de  six  panneaux  de  gtace  de 
quarante-huit  pouces  de  haut  sur  vingt  de  largeur,  et  Tun  d*eux 
fermait  Feutrée  d'un  petit  escalier  conduisant  à  la  galerie  supé- 
rieure. 

Comme  meubles  :  un  secrétaire  eu  bois  de  rose  et  acajou. 
Comme  sièges  :  une  bergère  et  quatre  fauteuils  garnis  de  cha- 
cun leur  coussin,  plus  quatre  grands  coussins,  le  tout  couvert  de 
lampas  delà  Chine.  Du  plafond  pendaient  deux  laïUerues. 

Dans  le  cabinet  du  boudoir,  on  trouvait  toutes  les  commodités 
possibles  :  un  seau,,  une  cuvette,  deux  pots  à  eau,  quatre  pots  de 
nuit,  le  tout  en  faïence;  un  bidet  et  sa  monture,  une  chaise  de 
nuit,  son  pot  et  accessoires  obligés,  une  petite  poêlette  à  parfums 
en  cuivre  rouge. 

Chambre  à  coucher  et  garde-robe  à,  côté,  n*'  1549  à  1577; 
estimation  :  2,318  livres. 

A  la  suite  est  une  chambre  à  coucher;  elle  est  éclairée  par  deux 
croisées  avec  quatre  grands  rideaux  de  gros  de  Tours  vert  et  deui 
stores  de  canevas;  elle  est  parquetée,  et  les  murs  sont  recouverte 
de  boiseries  dorées  en  plein,  ainsi  que  les  portes  et  fenêtres;  h 
cheminée  est  en  marbre  noir,  garnie  de  cuivre  doré  et  ciaele^Vm- 
térieur  en  fonte;  les  chenets  sont  à  deux  branches  et  à  trois 
pommes  de  cuivre  doré;  pelle,  pincettes  et  tenaïUe,  une  autr« 
petite  pelle  à  brûler  des  odeurs,  un  soufflet  à  deux  vents» 
balai,  etc. 

Sur  la  cheminée  :  un  trumeau  avec  sa  glace  en  deu^  morceaDXt 
de  neuf  pieds  de  hauteur  sur  quatre  de  largeur,  dans  un  cadre 
de  bois  doré;  un  trumeau  sem'blable  fait  face  au  premier,  et  ud  troi- 
sième de  même  hauteur,  sur  trois  pieds  et  demi  de  largeur,  e^t  place 
entre  les  deux  fenêtres.  De  chaque  côté  du  trumeau  de  la  chem 
et  de  celui  qui  lui  fait  vis-à-vis  sont  quatre  bras  d  applique  à  ' 
branches  en  bronze  doré;  au  milieu  du   plafond,   un  luitri 


MOBILIER   D'UX    CHATEAU   A   LA   FIN    DU   XVIIl*  SIÈCLE.      h%1 

bronze  doré,  orné  de  cristaux,  soutena  par  un  gros  cordon  de  soie 
verte. 

Le  lit  et  son  impériale  sont  en  bois  doré;  le  sommier  est  en 
crin,  les  deux  matelas  en  laine,  la  couette  et  le  traversin  en  duvet 
^e  cygne  ensouillés  de  basin  blanc  recouvert  de  taffetas  blanc,  la 
housse,  la  courtepointe,  les  bonnes  grâces,  fond,  dossier,  pentes 
et  tentures  sont  en  gros  de  Tours  vert;  il  existe  à  Timpériale  une 
palmette  de  cuivre  doré. 

Une  commode  à  cinq  tiroirs  en  bois  des  Indes  satiné,  avec 
dessus  de  marbre  ;  un  écran  de  bois  des  Indes  avec  ses  tiroirs  et 
encriers,  recouvert  de  gros  de  Tours  vert;  un  autre  écran,  pareille- 
ment recouvert;  une  table  à  écrire  en  acajou;  un  guéridon  à  deux 
rangs  et  à  balustre. 

Un  canapé  à  deux  dossiers,  couvert  de  basin  des  Indes  brodé,  un 
lit  de  plume,  matelas  et  deux  rondins  couverts  de  même  étoffe, 
deux  oreillers  de  duvet  couverts  de  gros  de  Tours  vert. 

Une  bergère,  son  coussin  et  rondin,  deux  fauteuils  avec  leurs 
coussins,  le  tout  rempli  de  plume  d'oie  et  recouvert  d'étoffe 
cannelée  à  rayures  blanches  et  vertes  à  petits  bouquets  verts  et 
rouges;  six  fauteuils  à  châssis  de  bois  doré  et  une  chaise  prie-Dieu 
recouverts  de  pékin. 

Dans  la  garde-robe  de  cette  chambre,  une  table  de  nuit  en  bois 
d'acajou,  dessus  de  marbre  rouge,  et  ses  accessoires  obligés;  un 
bidet  en  faïence  et  sa  monture,  en  bois  des  Indes;  une  chaise  de 
nuit  de  même  bois,  son  pot  et  deux  autres  pots  de  nuit,  le  tout  en 
faiencede  Rouen,  une  boîte  à  parfums  en  cuivre  rouge,  cafetière  de 
môme  métal;  un  bas  de  buffet  en  bois  des  Indes,  avec  portes  à 
coulisse  et  deux  tablettes  de  marbre  blanc,  en6n  un  chauffe- 
chemise  d*osier. 

Deux  chambres  à  coté,  n"*  1578  à  1600;  estimation  : 
467  liv.  10  sols. 

Dans  deux  chambres  à  côté,  un  mobilier  moins  luxueux  et  que 

nous  laisserons  pour  arriver  à  la  pièce  suivante,  donnant  sur  la 

galerie  de  Tappartement  des  bains,  et  que  je  présume  être  le 

cabinet  qu'occupait  M.  de  Choiseul,  car  nous  y  trouvons  les  quatre 

jssus  de   porte    Vues   de   Rome^   attribuées  à  tort  à   Hubert 

[>bert,   que    signale   Rougeot    et   que   notre   inventaire  estime 

^  livres  avec  cinq  autres  tableaux,  tous  bordés  de  cadres  de  bois 


528     MOBILIER    D'UN    CHATEAU    A    LA    FIK    DU   WIIT  SIÈCLK. 

doré.  Ces  quatre  vues  de  Rooie  étaient  :  //  Campo  Vaccino;  le 
Colisée  et  VArc  de  SepHme-Sevère ;  le  TempU  de  Jupiter;  la 
Pyramide  de  Caius  Sextius.  Elles  sont  encore  au  Musée  de  Tours. 
Ce  cabinet  était  parqueté,  les  boiseries  étaient  dorées  ainsi  que 
les  contrevents  des  croisées  et  les  ferrures.  Il  était  éclairé  par  trois 
fenêtres  garnies  de  six  grands  rideaux  de  gros  de  Taura  rert,  sa 
cheminée  était  en  marbre  avec  intérieur  en  fonte;  le  feu  ou  che- 
nets était  à  deux  branches  et  les  autres  accessoires  déjà  dcciits 
dans  les  cheminées  s'y  trouvaient  également. 

Sur  la  cheminée,  un  trumeau  de  glace  en  deux  morceaux  de 
neuf  pieds  de  hauteur,  sur  quatre  de  largeur,  dans  leur  cjidrêile 
bois  doré; de  chaque  côté,  deux  bras  de  cheminée  à  trois  brandies 
en  cuivre  doré.  Un  autre  trumeau,  semblable  au  préccdent,  lui 
faisait  face. 

Un  thermomètre  à  cadre  de  bois  doré. 

An  plafond,  un  lustre  de  bronze  garni  de  cristauv  soutenu  par 
un  cordon  de  soie  verte  et  or,  semblable  aux  cordons  de  la  die* 
1  minée. 

1^  Un  lit  de  repos,  avec  ses  matelas  et  oreillers  couverts  dVioffe 

F  cannelée,  rayée  fond  bleu  à  fleurs  rouges  et  vertes.  Deux  ber<jéreii 

1^  et  neuf  fauteuils,  avec  leurs  coussins  recouverts  d'êtofle  semblable 

I  à  celle  du  lit.  Un  fauteuil  de  toilette  à  canne  dorée  et  couvert  de 

j  maroquin  vert. 

Une  table  de  toilette  et  son  tapis  de  serge  rouge,  huit  boites  dâ 

^  toilette,  un  miroir  et  sa  couverture  de  perse  à  fleuri,  doublée  de 

i  taffetas  blanc.  Une  table  à  écrire,  en  bois  saline,  et  sou  écritoire 

i  argentée;  enfin,  deux  écrans  couverts  Tun  de  t:iffotas  vert  et  l'autre 

de  papier  chinois. 

Galerie  des  bains,  n"'  1616  à  1()31  ;  estimation  :  3,610  litres. 
De  là,   nous  entrons   dans  la  galerie  qui  suit,   faisant  retour 
d'équerre  à  la  pièce  précédente;  nous  la  cotisitlérous  comme  \t 
plus  belle  des  salles  de  Chanteloup. 

Elle  était  parquetée  et  boisée  dans  son  entier;  la  boiserie  étiiit 
dorée  et  relevée  en  bosse;  elle  prenait  jour  par  six  fenêtres,  ^^' 
nies  de  douze  grands  rideaux  de  gros  de  Tours  vert,   bordés^e 
crépine  verte  et  or;  la  cheminée  était  en  marbre  et  llntiTieo 
fonte,  le  feu  en  élait  à  deux  branches  et  à  trois  pommes  dorce 
or  moulu,  pelle,  pincettes,  tenaille,  etc. 


MOBILIER   D'UN    CHATEAU   A   LA   FIN    DU    XVlli*  SIÈCLE.      529 

Sur  la  ebeminée  uq  trumeau,  eu  deux  pièces,  de  huit  pieds  de 
haut  sur  cinq  de  large,  avec  cadre  doré  et  deux  girandoles  de  cuivre 
doré  en  or  moulu,  garnies  de  cristaux.  Quatre  autres  girandoles 
semblables  étaient  réparties  dans  l*appartement,  et  une  seconde 
glace  à  cadre  doré,  de  qnatre*vingt-seixe  pouces  de  hauteur,  sur 
soixante  de  largeur,  faisait  face  à  la  porte  d'entrée,  dont  les  pan- 
neaux étaient  formés  par  quatre  carreaux  de  glace  entourés  de 
guirlandes  d^une  finesse  d'exécution  extraordinaire. 

En  outre  des  boiseries,  quatre  tapisseries  des  Gobelins  ayant 
pour  sujet  VHistoire  de  Don  Quichotte,  estimées  500  livres,  gar- 
nissaient les  murs,  ainsi  que  cinq  cadres  de  bois  doré,  remplis  par 
àe^  tapisseries  de  soie  verte. 

Trois  lustres  de  cuivre  doré,  garnis  de  cristaux,  pendaient  au 
plafond,  soutenus  par  leurs  cordons  de  soie  verte  et  or  fin. 

Comme  sièges  :  quatre  canapés  garnis  de  crin,  avec  chacun 
leur  coussin  et  deux  oreillers  remplis  de  duvet  de  cygne,  six  fau- 
teuils, le  tout  de  bois  doré  en  or  moulu  et  couverts  de  damas  vert,  à 
fleurs,  avec  galons  en  or  fin,  quatre  glands  en  soie  et  or  fin  à  chaque 
oreiller  ;  an  écran  à  cadre  de  bois  doré  en  or  moulu  et  couvert  de 
daoïas  semblable  aux  canapés  et  fauteuils  et  aussi  galonné  d'or. 

Cinq  grandes  bergères  à  bois  peint  en  blanc,  avec  leurs  coussins 
remplis  de  duvet  de  cygne,  dont  trois  couvertes  de  satin  broché 
fond  cramoisi  à  fleurs  vertes  et  blanches  et  deux  couvertes  de 
damas  vert.  Huit  fauteuils  à  bois  peint  en  gris,  avec  chacun  leur 
coussin  rempli  de  plume,  couverts  de  damas  vert  à  fleurs  et  ga- 
lonnés d'or  fin. 

Un  qninola  pliant,  en  bois  des  Indes,  couvert  de  drap  vert,  et 
qoatre  petits  écrans  de  dififérents  bois. 

Appartement  n'  2,  n*'  1632  à  1661  ;  estimation  :  593  livres. 
Vient  ensuite  l'appartement  ii*  2,  composé  de  trois  pièces;  nous 
ne  trouvons  à  y  relever  que  le  n*  1634  :  deux  tableaux  à  cadre 
doré,  l'un  représentant  une  Vue  d'Amboise  et  l'autre  une  Vue  de 
Chanteloupy  estimés  ensemble  quinze  livres  ;  ce  sont  les  deux  belles 
aqoarelles  de  Lenfant,  actuellement  au  Musée  de  Tours  ;  le  n**  1641  : 
deux  tableaux  à  cadre  de  bois  doré,  estimés  dix  livres  ;  deux  fau- 
te "Us  peints  en  gris^  recouverts  de  tapisserie  au  petit  point;  une 
co  -8ole  de  bois  doré  à  dessus  de  marbre,  et  la  tenture  de  la  pièce, 
qu  >  ^*ait  en  damas  terX. 


1 


530     MOBILIER    D'UX    CHATEAU    A    LA    FIK    DU    XttU*   SEËCLE 

Chambre  à  la  suite  de  la  galerie j  n'*  1662  à  1673;  estiûiâtion: 
2,171  livres,  el  la  garde-robe^  n"  1690  à  1700;  estimalion  : 
250  livres. 

Nous  pénétrerons  maintenant  dans  la  chambre  qui  vient  à  li 
saite  de  la  galerie,  grande  pièce  éclairée  par  trois  fenêtres  garnies 
de  rideaux  en  gros  de  Tours  rayé  vert  et  blanc  et  de  six  petits 
rideaux  de  mousseline  rayée.  La  chambre  est  boisée,  et  des  coloones 
et  pilastres  en  bois  soutiennent  les  corniches;  toutes  les  moulurer 
sont  dorées;  la  cheminée  est  en  marbre  et  son  intérieur  en  fonte; 
le  feu  est  à  deux  branches  et  à  trois  pommes  de  caivre  doré  ;  elle  i 
tous  ses  accessoires  ordinaires. 

Sur  la  cheminée  :  un  trumeau  avec  une  glâce  en  deux  morceam 
de  huit  pieds  de  haut  sur  trois  et  demi  de  large;  le  cadre  est  en  bms 
doré;  deux  bras  de  cheminée,  à  deux  branches^  en  cuivre  doré,  ^ 
sont  fixés.  Une  autre  glace,  de  deux  pièces,  ayant  sept  pieds  et 
demi  de  haut  sur  quatre  pieds  de  large,  est  placée  entre  deui 
fenêtres;  son  cadre  est  doré. 

Le  lit  est  à  deux  chevets,  à  colonne  et  i  impériale  ;  il  a  uu  som- 
mier de  crin,  deux  matelas'de  laine»  une  couette  et  deux  traver- 
sins remplis  de  duvet  de  cygne,  ensouillés  de  basin  blanc;  la  housse 
en  gros  de  Tours  rayé  vert  et  blanc,  les  quatre  bonnes  grâces, 
chantournés,  pentes,  fond,  courtepointe  et  soasbastement  depektn 
doublé  de  gros  de  Tours  vert. 

Une  grande  commode  de  bois  satiné  à  cinq  tiroirs  garnis  de 
cuivre  doré,  dessus  de  marbre. 

Une  toilette  de  différents  bois,  son  tapis  de  camelot  rouge,  buil 
boites  de  toilette  en  bois  peint  rouge  et  or,  le  miroir  et  sa  conver- 
verturede  perse  doublée  de  taffetas  blanc;  une  table  à  écrire  avec 
ses  encriers  en  bronze  argenté. 

Un  écran  couvert  de  taffetas  vert,  une  chiffonnière  à  trois  tiroin, 
une  petite  table  creuse,  le  tout  en  bois  d'acajou  et  des  Indes  . 

Une  bergère,  son  coussin  et  rondin  couverts  de  satin  des  Indes 
fond  blanc  et  fleurs  de  différentes  couleurs.  Un  canapé  à  fut  de 
bois  doré,  avec  deux  oreillers  remplis  de  duvet;  six  faoteuits  à 
fûts  de  bois  doré,  avec  chacun  leur  carreau  rempli  de  duvet,  le 
tout  couvert  de  pékin  à  fleurs  et  personnages. 

Dans  la  garde  robe  à  côté  : 

Un  fauteuil  de  bureau  à  canne  et  bois  doré;  une  encoignur 


MOBILIER   D'UKT   CHATEAU    A    LA   FIN   DU    X¥Ur  8IÈ€LE.     Sdl 

boîft  satiné;  une  table  de  noit  en  bois  d'acajou  et  des  Indes  satiné, 
dessus  de  marbre  ;  un  bidet  de  bois  des  Indes  satiné  ;  un  siège  ; 
huit  pots  en  faieûce  de  Rouen;  une  boite  &  parfums  et  autres 
objets  de  toilette. 
Appartement  à  la  suite,  n"*  1674  à  16S9;  estimation  :  1,1 20  lit . 
L*appai*tement  à  la  suite  est  parqueté  et  éclairé  par  deux  fenêtres 
garnies  de  quatre  grands  rideaux  de  gros  de  Naples  blanc,  encadrés 
de  bordures  peintes,  à  fleurs,  avec  leurs  cordons  de  soie  et  quatre 
petits  rideaux  de  mousseline. 

La  tenture  est  composée  de  cinq  panneaux  de  taffetas  vert,  enca- 
drés de  bois  doré.  La  boiserie,  les  portes,  volets,  cornicbes,  mou- 
lures et  guirlandes  sont  dorés;  la  cheminée  est  en  marbre  blanc, 
ornée  de  cuivres  ciselés  et  dorés,  Tintérieur  est  en  fonte;  le  feu 
est  à  deux  branches,  avec  trois  pommes  de  cuivre  doré,  dont  une 
à  personnage;  elle  est  en  outre  garnie  de  tous  ses  accessoires  ordi-< 
naires. 

Un  trumeau  d*une pièce,  de  cinq  pieds  de  haut  sur  cinq  de  large, 
avec  cadre  de  bois  doré  et  deux  bras  de  cuivre  doré  à  deux  branehes; 
one  autre  glace  de  cinq  pieds  de  haut  sur  cinquante  pouces  de 
large,  avec  cadre  en  bots  doré. 

Cinq  tableaux  à  cadre  de  bois  doré,  estimés  ensemble  cent  livres. 
'    Deux  encoignures  de  bois  des  Indes  et  leur  dessus  de  marbre 
blaoc;  une  table  en  bois  d*acajou,  à  forme  de  console,  à  trois 
tiimrs,  balnstre  en  cuivre  et  dessus  de  marbre,  ^n  corps  de  biblio- 
thèque de  bois  des  Indes  satiné  avec  balustre  en  cuivre  doré  ;  un 
^iobe  et  une  sphère  sur  pieds  de  bois  doré;  une  table  à  écrire  de 
bois  deS'Indes  satiné;  un  petit  paravent  à  quatre  feuilles,  en  bois 
saiioédes  Indes,  couvert  d'un  côté  de  papier  chinois  et  de  Tautre  de 
taffetas  vert;  un  petit  écran  de  bois  d'acajou  doublé  de  taffetas  vert. 
Deux  bergères  et  six  chaises  à  châssis  de  bois  doré  rechampi, 
les  deux  bergères  avec  leurs  coussins  remplis  de  duvet,  un  écran 
h  châssis  doré,  le  tout  couvert  de  gros  de  Naples,  fond  blanc, 
brodé  aux  Indes,  représentant  les  Fables  de  La  Fontaine,  estimé 
troM  cents  livres;  deux  autres  bergères  à  châssis  de  bois  doré,  leurs 
coussins  remplis  de  duvet,  le  tout  recouvert  de  satin  broché,  fond 
bl  >ioc à  fleurs  de  différentes  couleurs. 

Itfous  nous  contenterons  maintenant  de  signaler  dans  chaque  pièce 
le  (  objets  pouvant  présenter  un  caractère  artistique  ou  de  curiosité. 


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532     MOBILIER   D'UN    CHATEAU   A   LA    Fl\    DU    XVIir  SIÈCLE. 

Chambre  ouvrant  dans'  la  galerie,  n*'  1701  â  1721,  et  son  anti- 
chambre, estimation  :  463  livres. 

Nous  reviendrons  donc  avec  Tinventaîre  dans  une  chambre 
ouvrant  dans  la  galerie;  nous  y  trouvons,  n''  1711,  un  grand  ta- 
bleau à  cadre  de  bois  doré,  estimé  cinq  livres,  et  un  autre  tableau, 
aussi  avec  son  cadre  de  bois  doré»  estimé  vingt  sois. 

Autre  chambre  à  coucher  et  garde-^robe,  a"  1722  à  1744  ;  esti- 
mation :  2,012  livres. 

Dans  une  autre  chambre  à  coucher  : 

Les  tentures  et  rideaux  étaient  en  loile  de  iouy,  fond  blanc,  à 
fleurs  et  oiseaux  de  différentes  couleurs.  La  commode  était  en  bois 
des  Indes,  ainsi  que  deux  petites  banquettes  de  croisée,  qu'on  pb- 
çait  dans  les  embrasures.  Il  y  avait  aussi  un  lustre  de  bronze  doré, 
garni  de  cristaux,  deux  l>ras  de  cheminée  en  bronze  doré  et  deui 
trumeaux  de  glace. 

Grand  cabinet  particulier j  n**  1745  à  1760;  estimation  : 
1,081  livres. 

Dans  un  cabinet  particulier,  au  bout  du  corps  de  bâtiment 
formant  équerre  du  côté  du  pavillon  des  bains,  nous  trouvons  ud 
feu  à  deux  branches  analogue  à  ceux  précédemment  décrits;  deux 
trumeaux  de  glace,  deux  bras  de  cheminée,  un  lustre  en  cuivre 
doré.  Les  meubles,  tentures  et  rideaux  en  toile  de  Jouy.  Lue 
grande  console  à  balustre;  deux  embrasures,  une  table,  un  écnn 
en  bois  des  Indes  satiné  ;  le  paravent  et  les  portes  battantes  en 
velours  d*Utrecht. 

1"  Étage.  —  Appartement  «•  4  :  antichambre,  chambre  de 
domestique  et  garde-robe,  n''*  1761  à  1780;  321  livres.  Riens 
signaler. 

Chambre  de  maître  :  cabinet  de  toihtle,  autre  cabinet  et 
garde-rokej  n"  1781  à  1816;  2,120  livres. 

Dans  la  chambre  de  maître,  la  tenture,  les  rideaux,  couverture 
des  meubles,  tout  est  en  lampas  des  Indes.  11  y  a  quatre  grïiti» 
glaces  et  des  bras  de  cheminée,  une  commode  et  deux  encolgnttra 
en  bois  des  Indes  satiné;  la  table  à  écrire  est  également  en  bois 
des  Ii^des  ;  les  châssis  des  sièges  sont  peints  en  grîs. 

Dans  les  cabinets,  les  murs  sont  tendus  de  papier  chinois, 
y  rencontre  les  mêmes  objets  que  dans  les  chambres  prt^ 
ment  décrites  et  un  tableau  à  cadre  doré  estimé  trois  livres 


MOBILIER   D'UX   CHATEAU   A   LA   FIN   DU   XVIIl*  SliCLE.     583 

Appartement  n*  5  :  petite  chambre  à  coucher,  antichambre, 
autre  petite  chambre. 
Chambre  de  maître,  garde-robe,  n**  1817  à  1848;  1,363  litres- 
Dans  la  chambre  de  maître,  les  tentures,  rideaux  et  couvertures 
(les  meubles  sont  en  toile  de  Jouy,  fond  jaune  sablé,  à  fleurs  de 
différentes  couleurs.  Le  lit,  les  fauteuils  et  bergères  sont  peints 
en  gris,  les  tables  en  acajou. 

Appartement  «•  6  :  antichambre,  petite  chambre  à  côté, 
chanibre  de  maître,  cabinet  et  garde^robe^  n**  1849  à  1892; 
1,739  livres  10  sols. 

La  tenture  est  en  damas  jaune  à  fleurs,  les  rideaux  sont  en  gros  de 
Tours  jaune,  les  sièges  sont  peints  en  gris  et  couverts  de  même  étoffe. 
Appartement  n*  7  :  deux    antichambres,   n*»    1893  à  1914: 
209  livres. 
Une  commode  de  bois  satiné. 

Pièce  à  droite  de  la  dernière  antichambre  servant  de  biblio- 
thèque,  n"*  1915  à  1960;  751  livres. 

Trois  trumeaux  de  glace;  six  bras  de  cheminée  à  trois  branches 
en  cuivre  doré;  deux  petits  cerfs  en  bronze  doré;  deux  tasses  à 
café  et  soucoupes  en  porcelaine  de  Chine,  quatre  autres  en  sèvres 
bleu  étoile  d*or,  un  sucrier.  Les  meubles,  tentures  et  rideaux  sont 
en  perse  fond  blanc  à  fleurs,  les  rideaux  sont  doublés  de  taffetas 
vert;  un  corps  de  bibliothèque  de  bois  satiné  des  Indes,  à  balustre 
de  enivre  doré,  un  autre  petit  corps  de  bibliothèque  dans  lequel 
se  trouvent  quarante-deux  volumes  dont  vingt-huit  sont  reliés  en 
maroquin.  Un  bureau  de  bois  de  placage  à  trente-deux  tiroirs  garnis 
de  cuivre  doré,  estimé  cent  livres. 

Deux  tableaux  au-dessus  des  portes;  un  fauteuil  de  bureau 
canné  et  à  bois  doré;  quatre  encoignures,  dont  deux  en  bois  .satiné 
des  Indes  et  deux  en  acajou. 

Pièce  intermédiaire  et  appartement  à  la  suite,  cabinet,  n*»  1957 
à  1990;  1,657  livres. 

Dans  une  chambre  intermédiaire  et  Tappartement  à  la  suite  : 
un  trumeau  et  deux  autres  grandes  glaces,  dans  leurs  cadres  de 
trMs-doré;  quatre  bras  de  cheminée  à  chacun  trois  branches  en 
b    >nze  doré. 

Les  tentures  et  rideaux  des  croisées  et  du  lit,  couvertures  des 
n     ables  sont   en  perse  fond  blanc,  à  fleurs  de  couleur;  deux 


534     MOBILIER    D'UN    CHATEAU    A   LA   FL\    OU    XVlir    SIECLE. 

tableaux  en  dessus  de  portes,  dans  leurs  cadres  dorés.  Une  com- 
mode en  laque  de  Coromandel  à  deux  tiroirs^  garnis  de  conre 
doré,  dessus  de  marbre,  estimée  cent  livres.  Deux  lustres  de 
cuivre  doré,  garnis  de  cristaux.  Deux  cartes  des  dépendances  de 
Chanteloup  et  d*Amboise  encadrées  de  bois  doré. 

Une  lanterne  en  or  et  argent  dans  sa  boîte  de  chagrin  vert, 
estimée  cinquante  livres. 

Une  autre  carte  des  environs  de  Chanteloup. 

Appartement  à  gauche  de  Vantickambre,  n»  1991  à  lâ98; 
414  livres. 

La  pièce  à  côté  est  tendue  de  toile  de  Jony,  trumeau  de  glace 
surmonté  d'un  tableau;  un  lustre  cuivre  doré;  deux  brag  de  che- 
minée à  deux  branches  cuivre  doré.  Une  console  en  bois  doré.  Deui 
antres  tableaux  au-dessus  des  portes. 

Dans  la  pièce  suivante^  n"'  1999  à  2005  ;  270  libres. 

Un  trumeau  de  glace,  surmonté  d'un  tableau  ;  deux  bras  de 
cheminée  de  cuivre  doré  à  deux  branches  ;  une  commode  de  bots 
satiné. 

La  chambre  est  tendue  de  toile  de  Jouy. 

Dernier  appartement  sur  la  galerie  conduisant  à  la  chapeÛe, 
n«*  2006  à  2033;  815  livres. 

Le  dernier  appartement  sur  la  galerie  conduisant  à  la  cfaapeUe 
est  tendu  en  toile  de  Jouy  fond  blanc  à  fleurs.  Lne  console  an  boit 
doré,  une  pendule  à  répétition,  garnie  en  écaille,  différeati 
menbles  en  bois  satiné  et  acajoa;  les  canapé,  fauteuils  ci  chal&es 
peints  en  gris,  recouverts  en  toile  de  Jou}  < 

Un  lustre  en  cuivre  doré,  garni  de  cristaux;  deux  petits  tableaiii 
au-dessus  des  portes,  estimés  six  livres;  deux  encoignures  de  boU 
satiné. 

Dernière  chambre  à  coucher  du  corridor  n"!  : 

Une  commode  en  bois  à  placage  garnie  de  cuivre  doré. 

Et  Tinventaire  se  poursuit  ainsi,  relatant  dans  presque  tous  les 
appartements  des  meubles  de  bois  rares,  des  soieries  précieuses,  des 
velours  ou  des  toiles  de  Jouy,  dont  la  valeur  était,  à  cette  époque, 
presque  égale  à  celle  des  soîes  et,  en  tout  cas,  aussi  à  ta  cocïde. 

AITred  Gabeau, 

Inspecteur  de  fa  Sociélé  «rbéolo^ïtiDr 
Tourtinc,  pour  le  cuitoi  d'Ambmi 


MOBILIER   D'IJN   CHATEAU   A   LA  FIN   DU   XVIII'  SIÈCLE.     535 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 

Nota.  —  Les  numéros  omis  ne  prétentaient  pas  un  intérêt  artistique  suffisant  et 
lurebargeaient  inutilement  cet  inventaire. 

Extrait  de  l*lnventaire  du  mobilier  de  Cbanteloup. 

Aujourd*huy  vingt-neuf  pluviôse  Tan  second  de  la  République  Fran* 
caise  une  et  indivisible. 

Nous  Joseph-Louis  Guyot,  notaire  public,  demeurant  commune  de 
Noizay,  et  Albert  Legrand  aussi  notaire  public  en  la  commune  de- 
Nazelles,  commissaires  nommés  par  les  citoyens  administrateurs  du 
district  d'Amboise,  du  seize  de  ce  mois  pluviôse  à  Teffet  de  procéder  à 
l'inventaire  des  meubles,  effets,  litres  et  papiers  qui  appartenaient  à 
Louise-Marie-Adélaide  Bourbon-Penlhièvre,  veuve  Philippe  d'Orléans,  et 
qui  sont  tant  au  château  actuellement  citadelle  d'Amboise  et  à  Chante- 
loup,  pour  cet  effet  nous  sommes  chargés  de  faire  la  reconnaissance  des 
scellés  appo&és  par  le  commissaire  nommé  par  Tad m inist ration  du  dis- 
trict de  lever  lesdits  scellés,  et  de  requérir  les  citoyens  juges  de  paix  de  la 
commune  d'Amboise  et  de  Saint-Denis-Hors  pour  reconnoitre  les  scellés 
par  eux  apposés  et  donner  main-levée  ainsi  que  des  objets  qui  sont  en 
évidence. 

Le  quinze  de  ventôse  de  Tan  second,  accompagnés  de  Loyau,  apprécia- 
teur, nous  commissaires  nous  sommes  transportés  en  la  maison  de  Chan- 
teloup,  commune  d^Amboise  extra-muros  où  étant  s*y  sont  trouvés  les 
citoyenssf  laude  Moisson,  officier  municipal,  Antoine  Robin,  agent  national 
de  ladite  commune' d'Amboiseextra*muros,  commissaires  de  ladite 
municipalité  nommés  par  délibération  de  ce  jour,  lesquels  cy  présents  ont 
consenti  de  nous  assister  au  dit  inventaire. 

S*est  égallement  trouvé  audit  lieu  de  Chanteloup  le  citoyen  Cormier, 
juge  de  paix  du  canton  d'Ambbise  extra-muros,  auquel  nous  avons  exhibé 
notre  commission  et  requis  de  faire  la  reconnaissance  des  scellés  par  lui 
apposés  en  cette  maison  à  la  requête  de  feu  Philippe  d'Orléans  et  d'Eu, 
donner  main-levée  pour  être  par  nous  procédé  à  l'inventaire  de  ce  qui 
est  sous  lesdtts  scellés  et  en  évidence,  après  que  nous  aurons  reconnu 
sa'is  et  entiers  les  scellés  apposés  par  le  commissaire  nommé  par  le 
di  Irici  ainsi  que  nous  y  sommes  autorizés  par  notre  commission,  et 
a(]  es  avoir  par  ledit  citoyen  juge  de  paix,  reconnu  et  donné  main-^levée 
de  'différents. scellés  apposés  sur  les  portes  de  différents  appartements, 


536     MOBILIER   D'UIV   CHAT£AU   A  LA    FIN    DU    XI  Uï'  SEECLE. 

nous  avons  procédé  audit  inventaire  en  présence  des  ciLayens  Cbarlei- 
Antoine  Havé,  Jean-Pierre  Sauvé  et  Claude  Guérin,  gardiens  et  déposi- 
taires  desdils  scellés  et  effets  en  évidence,  nous  avons  préalablement 
requis  ledit  citoyen  Havé  de  nous  représenter  les  effets  en  évidence  il 
laissés  à  sa  charge,  ce  qu*il  a  offert  de  faire  avec  exactitude;  ce  faîti 
nous  avons  inventorié  les  effets  qui  suivent  : 

Antichambre  (1468  à  1473). 

1470.  Deux  grandes  consoles  de  bois  peintes  en  gris  et  leurs 

tables  de  marbre  rouge ,  estimées 1^  &r. 

Vendues  601iv.  à  Loyau  François,  fripier  à  Aniboiâe. 

1471.  Un  lustre  en  cuivre  doré,  estimé 15    i 

Enlevé  par  Tadministration. 

Salle  à  manger  (1474  à  1483). 

1478.  Un  quinola  de  différents  bois  couvert  de  drap  vert, 

estimé IS    ' 

Vendu  30  liv.  à  Hubert  Martin,  horloger. 
14^2.  Deux  tableaux  en  dessus  de  porte  à  cadres  de  boîs  doré.  ' 

Enlevés  par  Tadministration. 

Salle  de  billard  (1484  à  1494). 

1486.  Un  grand  tableau  à  cadre  doré  et  la  carte  d'âmboise 

et  ses  cadres,  estimés 10    • 

Réservés  par  l'administration. 

1487.  Sixgirandoles  montées  en  cuivre  doré  garnies  de  criital, 

estimées 10    • 

Vendues  20  liv.  à  Sanche  Talné. 
1489.  Une  grande  table  à  jouer,  garnie  en  tric-lrac  avec 
ses  cornets  de  maroquin,  dames  d*y voire  et  day3, 

estimée .  1^    ' 

Vendue  51  liv.  à  Sanche  Fainé. 
1493.  Quatre  tableaux  en  imposte  représentant  des  paysages, 

avec  leurs  cadres  de  bois  doré,  estimés.  .  .  .  .  p  .         ^t    * 
Enlevés  par  l'administration. 

Salon  (1495  à  1516). 

1495.  Un  grand  feu  à  deux  branches,  cinq  pommes  dont 
deux  dorées  et  accessoires,  estimés. 


à 


MOBILIER   DUN   CHATEAU    A   LA   FIN    DU   XVIIT  SIÈCLE.     531 

Vendus  242  liv.  à  Loyau  François. 

Un  griind  contre  feu  en  yoUn,  ainsi  que  les  côtés  inté- 
rieurs.  Les  montants,  devant  et  tablette  de  ladite 
cheminée  en  marbra  blanc  garnis  de  placards  et 
guirlandes  de  cuivre  doré. 

1496.  Au-dessus  de  la  cheminée,  un  trumeau  de  glace  en 

trois,  pièces  de  dix  pieds  de  hauteur  sur  cinq  pieds 

trois  pouces  de  large,  avec  son  cadre  doré,  estimé.        300     » 

1497.  Un  autre  trumeau  semblable,  estimé 300     >» 

1498.  Quatre  bras  de  cheminée. de  cuivre  jdoré,  estimés.  .  .  60     » 

1499.  Sept  écrans,  dont  six  petits  et  un  grand  en  bois  d'aca- 

jou, couverts  d'étoffe  verte,  estimés 18     » 

Vendus  79  liv.  19  sous,  en  deux  lots,  à  Bodin  et  Billard. 

1500.  Denx  grands  quinolas  quarrés  de  bois  d'acajou  couverts 

de  drap  vert,  estimés 30     » 

Vendus  81  liv.  en  deux  lots  à  Loyau  et  Bertin. 

1501.  Un  autre  quinola  rond  en  bois  d'acajou,  couvert  de 

drap  vert,  estimé 15     n 

Vendu  37  liv.  à  femme  Polha. 

1502.  Une  table  à  écrire  en  bois  d'acajou  et  autres  bois, 

garniede  deux  tiroirs,  estimée 20     » 

Vendue  60  liv.  à  femme  Loignon. 

1503.  Quatre  consoles  de  bois  doré  et  leurs  dessus  de  marbre 

bhinc,  estimées 20     » 

Enlevées  par  l'administration. 

1504.  Deux  bergères  et  leurs  coussins,  couvertes  de   satin 

broché  fond  blanc,  couleurs  rouge  et  bleue,  avec 

leurs  rondins»  estimées 40     » 

Vendues  151  liv.  à  Loyau  François. 

1505.  Une  bergère  garnie  de  son  coussin  et  rondin  et  douze 

chaises  avec  coussins  remplis  de-  plume,  couvertes 

de  satin  fond  jaune,  fleurs  vertes,  estimées 100     * 

Vendues  525  liv.  à  Stival,  poélier  à  Tours. 

1506.  Six  fauteuilsJ>ois  doré»  avec  leurs  coussins  remplis  de 

plume,  couverts  de  satin  broché,  estimés. 60     » 

Vendus  200  liv.  à  Loyau  François. 

1507.  Douze  rideaux  de  croisée  de  gros  de  Tours  vert,  estimés.        100    » 
Vendus  687  liv.  k  Stival,. Loyau  et  Billard. 

>8.  Un  canapé  etquatre  fauteuils  couverts  de  tapisserie  des 

Gobelîns,  massif  à  fleurs,  estimés 100     n 

Vendus  100  liv.  à  Loyau. 


538     MOBILIER    D  UM    CHATEAU    A   LA    FIN    DU    XVIIT    SIÈCLE* 

1509.  Un  porte-talons  et  son  coussin,  couvert  de  cannelé  à 

rayure  verte,  estimé.  .  .  .  ^ 5 

Vendu  16  liv.  à  Norbert,  apothicaire  à  Ainboise. 

1510.  Deux  baromètres,  estimés 15 

Enlevés  par  l'administration. 

1511.  Deux  grands  paravents  à  cadre  de  bois  doré,  de  chacun 

six  feuilles,  couverts  de  damas  fond  vert,  estimés.   .  40 
Vendus  226  liv.  à  Loyau  François. 
1515.  Un  luslre,  les  montures  en  enivre  doré  garni  de  cris- 
tal, estimé. .  •  •  .  < iO 

Le  dit  appartement  est  parqueté  et  boisé,  les  cadres  et 
boiseries,  portes  et4;roisées  sont  dorés. 

Salon  intermédiaire  (1517  à  1529). 

1517.  Un  feu  à  deux  branches  et  cinq  pommes  avec  acces- 

soires, estimés 60 

Vendus  150  liv.  ù  Loyau  François. 

1518.  Un  trumeau  de  cheminée  en  deux  pièces  de  sept  pieds 

et  demi  de  hauteur  sur  quatre  pieds  de  large,  ion 

cadre  de  bois  doré  et  tableau,  estimé 150 

1519.  Un  autre  trumeau  vis-à-vis^  en  deux  pièces  de  pareille 

hauteur  et  largeur,  son  cadre  et  tableau,  estimé  .   .        150 

1520.  Quatre  bras  de  çhen^inée  en  cuivre  doré,,  de  chacun 

trois  branches,  estimés iO 

1521.  Trois  fausses  croisées  de  huit  carreaux  de  glace  par 

chaque  croisée  en  bois  doré,  estimées 300 

1522.  Un  canapé,  montants  de  bois  doré,   son  matelas  et 

dessus  remplis  de  crin,  deux  oreillers  de  dnvel,  le 
tout  couvert  de  satin  broché,  fond  bleu,  fleurs  et 

rayures,   estimé. 30 

Vendus  80  liv.  à  Loyaa  François. 

1523.  Quatre  fauteuils  à  châssis  de  bois  doré,  garnis  de  crin, 

couverts  de  péquin,  estimés iO 

Vendus  100  liv.  à  Angellier. 

1527.  Six  bas  de  buffets,  servant  d^  bibliothèque,  en  bois 

d'acajou,  garnis  de  treillis  et  rideaux  en  gros  âe 

Tours  vert,  estimés 50 

Vendus  210  liv.  un  bas  à  Stibal  et  les  cinq  antres  à 
Loyau  .pour  27J  liv. 

1528.  Six  rideaux  de  croisée  en  gros  de  Tours  vert,  estimés  .        .8^ 


MOBILIER  D'UN   CHâTSAU   A   LA   FIN   DU   XVIII*  SliCLE.     539 

Vendas  2,595  liv.  en  trois  |oU« 

1529.  Un  lastre  à  six  branches  en  cuivre  doré,  garni  de  cris- 

tan^,  estipié  «•«.«•«•^^«••. 30    » 

Vendtt  106  liv.  &  Loyau  François. 

L'intérieur  de  la  cheminée  est  garni  d'une  plaque  de 

fonte,  ainsi  que  les  côtés;  les  montants,  défauts  et 

tablette  en  marbre.  L'apparteuient  est  parqueté,  boisé 

et  doré,  ainsi  que  les  portes  et  croisées. 

1530.  Une  glace  de  48  pouces  de  haut  sur  20  pouces  de 

large,  estimée , 20    » 

1531.  Une  autre  de  même  hauteur  et  largeur  fermant  l'en» 

trée  d'un  petit  escalier,  estimée •••  20     » 

1532.  1533.  Deux  autres  semblables,  estimées 40    » 

1534.  Une  autre  au-dessus  du  secrétaire,  de  48  pouces  de 

hauteur  sur  42  pouces  de  large,  estimée 80     » 

1535.  Une  aptre  semblable,  vis-à-vis,  estimée 80     » 

1536.  Une  bergère  et  4  fauteuils,  avec  leurs  coussins  couverts 

de  lampas  de  la  Chine,  rideaux,  stores  et  quatre 
autres  grands  coussins,  couverts  de  même  étoffe, 

estimés • 100     » 

Vendus  407  liv.  en  3  lots  à  Stibal,  Loyau  et  Doré. 

1537.  La  boisuredu  dit  cabinet  en  bois  de  rose  et  acajou;  un 

secrétaire  de  même  bois,  dessus  de  marbre  blanc, 

estimés  ensemble 100     » 

La  boisure  a  été  réservée  par  Tadministration  et  le  sur- 
plus vendu  199  lîv«  19  s.  à  Bodin. 

1538.  Dans  les  deux  croisées,  huit  carreaux  de  glace  de 

13  pouces  de  Urgeur  sur  18  de- hauteur,  estimés  .  .  50     » 

Réservés  par  Tadministration. 

1540.  Huit  rideaux  de  taffetas  vert,  estimés 20     » 

1550,  1551,  1552.  Ti-ois  trumeaux  de  glace  de  deux  pièces  de 
9  pieds  de  hauteur  sur  quatre  de  large  dans  leurs 
cadres  de  bois  doré,  estimés  ensemble 800     » 

1553.  Quatre  rideaux  de  croisée  en  gros  de  Tours  vert,estimés,  60     » 
Vendus  166  liv.  à  Stival  et  Poltra. 

1554.  Une  commode  en  bois  des  Indes,  satiné  à  cinq  tiroirs  et 

son  dessus  de  marbre  estimée  ..' 00     n 

Vendue  191  liv.  a  Loyau. 
1     rxM.  Vn  canapé  à  deux  dossiers  couvert  de  bazin  des  Indes 
brodé,  lit  de  plume,  matelas,  deux  oreillers,  Tun 
couvert  de  gros  de  Tours,  estimés •  40     » 


5^0     MOBILIER   D'UK    CHATEAU   A   LA    FIN    DU   XVIIT  SIÈCLE. 

Vendus  195  liv.  à  Sanche  l'ainé. 
1557.  Quatre  bras  de  cheminée,  cuivre  doré  k  trois  brancb&s, 

estimés ^  ^  ^  .  «  # .  «  .  40 

Réservés  par  Tadmintstration. 

1559.  Une  couchette  à  bois  doré,  sommter,  deux  matelas, 

une  couette  et  un  traversin  de  duvet  de  cygae  en- 

1^,  souillés  de  taffetas  blanc,    la   housse  en  gros  de 

i,  Tours  vert,  la  courtepointe,  pentes  et  tentures,  Fim- 

r  périale  en  bois  doré.  Six  fauteuils  à  chaasiâ^  bot!»  doré 

et  une.  chaise  4)rLe-Dieu,  estimé 1,CN)0 

'  Réservés  par  Tadministration. 

1562.  Un  écran. avec  <sa  tablette,  garnie  de  ses  tiroirs  et 
encriers,  de  bois. des  Indes,  couvert  de  ji^ros  de  Tours. 
Un  autre  écran  garni  de  gros  de  Tours  vert,  e^lîméi.  10 

Vendus  .50  Uv.  à  Stival. 
1565.  Un  lustre  ea  cuivre  doré,  orné  de  cristaux,  esttmé  .   •  30 

LMntërieur  de  la  cheminée  garni  en  fonte,  les  mon- 
tants, devant  et  tablette  de  marbre  noir,  garnis  àe^ 
enivre  doré. 

Galerie  de  V appartement  des  bains  (1601  à  1615). 

1602.  Un  trumeau  avec  son  cadre  de  bois  doré,  estimé  .   .   .        250 
Réservé.  par.Fadministration.   .   . 

1603.  Un   autre   trumeau   vis-à-vis    de   pareille    grandeur, 

estimé 250 

1604.  Deux  bras  de  cheminée  à  trois  branches  en  cuivre  doré, 

estimés 30 

Vendus  80  liv.  à  femme  Fleury. 

1605.  Un  thermomètre. à. cadre  de  bois  dore,  estime.  ...  *  00 
Vendu  15  liv.  à  Boisse. 

1610.  Un  lustre  en  cuivre  doré,  garni  de  crî5tau?£,  son  cordon 

de  soie  et  or/ estimé 30 

Vendu  101  liv.  à  Renard. 

1613.  Cinq  tableaux  à  cadre  de  bois  doré,  eslrmès.  .   .  *  .   .  50 
Enlevés  par  radministration. 

1614.  Quatre  dessus,  de  .porte  jsU  tableaux  reprêsenlant  les 

vues  de  Rome  et  leurs  cadres  de  bois  doré,  estimés,  .  ^ 

Enlevés  par  Tadministration. 
L'intérieur  de  la  cheminée  en    fonte,   les   monlanls 

devant,  (ablette  çt  càiès  en  marbre. 


MOBILIER   D'U\    CHATEAU   A   LA    FIIV    DU   XVIU*  SIÈCLE.     541 

La  chambre  est  parquetée  et  boisée  avec  dorure,  ainsi 
quOes  ^co/itrevents  des  croisées  et  les  ferrures. 

Galerie, 


1616.  Un  feu  à  deux  branches,  deux  pommes  de  fer,  trois 

pommes  de  cuivre  doré  en  or  moulu,  pelles,  pin- 
celtes,  et  tenailles  avec    leurs,  boutons  en  .cuivre 

doré,  etc.,  estimés 80 

Emportés  par  Tadministration. 

1617.  Un  trumeau  au-dessus  de  la  cheminée  de  huit  pieds  de 

hauteur  sur  cinq  de  large,  avec  son  cadre  doré,  estimé.        300 
Réservé  par  Tadministration. 

1618.  Trois  girandoles  de  cuivre  doré  en  or  moulu,  garnies 

de  cristaux,  estimées 20 

Réservées  par  Tadministration. 

1619.  Quatre  canapés  garnis  en  crin,  chacun  leur  carreau 

aussi  rempli  de  crin,  chacun  deux  oreillers  remplis 
de  duvet,  six  fauteuils  g<irnis  de  crin,  le  tout  en  bois 
doré  en  or  moulu,  couvert  de  damas  vert  à  fleu- 
roni  et  garni  de  galons  d'or  fin,  leurs  couvertures 
en  toile  grise^  quatjre  gjlinds  à  chaque  oreiller  en 
soie  et  or  fin,  un  écran  à  cadre  ds  bois  doré  en  or 
moulu  et  sa  couverture  de  damas  vert  à  fleurs  pareil 
aux  canapés  et  fauteuils  et  aussi   galonné  en  or, 

estimés 1,200 

Réservés  par  Tadministration. 

1620.  Trois  grandes  bergères  peintes  en  blanc,  garnies  en 

crin  et  chacune  leur  coussin  rempli  de  duvet,  cou- 
vertes de  satin  broché,  fond  cramoisi,  fleurs  vertes 

et  blanches,  estimées  « •  .  .  •  •        100 

Vendues  420  liv.  à  Poitevin,  Joubert  et  femme  Pleury. 
1621*  Deux,  grapd.cs.h^rgèi'es,  .les  mçntures  peintes  en  ^ris, 
garnies  de  crin  et  chacune,  leur  coussin  rempli  de 
plume  d'oie,  couvertes  de  damas  vert,  estimées.  •  •  60 

Vendues  215  liv.  à  Benoit  et  Fleury. 
1622.  Huit/aut^uiU  à.c^djre  de  bois  jptàvd  en.  ^ris,  garnis  de 
crin  et  chacun  leur  coussin,  rempli  de  plume  d*oie, 
couv^l^  de.d^n^as  vert  à  fleurs,  bordés  d'une  tresse 
d'or,  estimés  •••••••>••••••••••••        150 

Vendus  550  liv.  à  Loyau, 


Ma     MOBILIER   D'VN   CHATEAU   A   LA  FIN   DU   XVIll*  SIÈCLE 

1623.  Une  tenture  des  Gobelîns  en  quatre  pièces,  représeu- 

tant  rhistoire  de  Don  Quichotte,  estimée ^        500 

Enlevée  par  Fadministration. 

1624.  Une  glace  de  96  pouces  de  hauteur  sur  60  de  Ur<]ê, 

avec  son  cadre  doré»  estimée 500 

Réservée  par  Fadministration . 

1625.  Trois  girandoles  de  cuivre  doré  avec  leurs  cristaux, 

estimées «  IS 

Réservées  par-  Tadministraiion  ;    > 

1627.  Douze  rideaux  de  croisée  en  gros  de  Tours  vert,  les 

douze  rideauxbordés  chacun  d^une  crête  d'or  et  soie 
verte,  chaque  rideau  ayant  son  cordon  et  glands  de 
soie  verte  et  or,  estimés 400 

1628.  Cinq  cadres  en  bois  doré,  garnis  de  tapisserie  de  taf- 

fetas vert-,  estimés. 30 

Vendus  260  liv.  à  Gourlin-Gandron. 

1629.  Trob  lustres  en  cuivre  doré,  garnis  de  lears  cnstauK, 

cordons  et  glands  de  soie  verte  et  or,  estimés ....        100 
Réservés  par  Fadministration. 

1630.  Deux  glaces  de  porte  d'entrée,  formant  quatre  pièces, 

faisant  vis-à-Vis-à  la  dernière  glace  ci-dessus,  Jes 

glaces  seulement,  rrtiméffr  ..>•;•«.' 100 

Réservées  ^r  IHiéotiini^ftratibii . 

La.  cheminée  de  la  ^ité  galerie  est  eh  marbre,  la  gamU 

^iture  intérieure  est  eh  foiite. 
La  dite-galerie  est  parquetée  et  boisée,  4a  boisure  est 

dorée  et  relevée  en  bosse.  • 

Appartement  »•  2. 

1634.  Deux' tableaux  à  cadre  de  bois  -doré,  Fnn  représentant 
une  vue  d' Amboise  etFautreune  vue  de  Chanteloup, 

estimés ,  .  ,  15 

Enlevés  par  Fadministration. 

1640.  Un  trumeau  en  deux  pièces  de  sit  pieds  et  demi  de 

haut  sur  trois  pieds  et  demi  de  large,  avec  cadre  bois 

doré,  estimé  - GO 

Réservé  par  Fadministration. 

1641.  Deux  tableaffx^à  cadré  doré,  estimés.   .  • |" 

Enlevés  par  Fadmimstration^. 

1643.  Cinq  fauteuils  de  bois  peint  en  gnîs,  avec  leurs  cous- 


MOBILIER   D'UN    CHATEAU   A    LA   FIN    DU   XVIIi'  SIÈCLE.     543 

sins  pleins  de  plume,  couverts  trois  en  étoffe  can- 
nelée, et  deux  en  tapisserie  au  petit  point  de  diffé- 
rentes couleurs,  estimés 50     n 

Vends  150  lîv.  à  Benoit. 

1644.  Quatce  rideaux  de  croisée  en  gros  de  Tours  vert,  estimés.  50     » 
Vendus  150  liv.  à  la  femme  Potha. 

1645.  Une  cootole  de  bois  doré  et  son  dessus  de  marbre, 

estimée.  .  .  ^ 5    » 

1646.  Une  tenture  de  damas  vert  à  fleurs  en  six  morceaux, 

estimée 20    • 

Vendae  60  liv.  A  femme  Fleurj. 

Appartement  suivant, 

1674.  Un  feu  à  deux  brancbes,  deux  pommes  de  fer,  trois 
poipmes  .de  cuivre, doré,  dont  une  à  personnage, 
pelle,    pincettes,  tenaille   avec  boutons   de  cuivre 

doré,  etc.,  estimés 80     » 

Réservés  par  Tadministration. 
1683.  Un  corps  de  bibliothèque  en  bois  des  Indes  satiné  avec 

baluBtre  en  cuivre  doré,  estimé 40     » 

Vendu  500  liv.  à  Pillerault. 

1686.  Un  globe  et  une  sphère  sur  leurs  montants  en  bois  doré, 

estimés • 10     » 

Emportés  par  Tadministration. 

1687.  Cinq  tableaux  à  cadre  de  bois  doré,  estimés  .'•...         100     » 
Emportés  par  Tadministration. 

1711.  Un  grand  tableau  à  cadre  de  bois  doré,  estimé .....  5     » 

Enlevé  par  Tadministration. 

1721  Un  tableau  à  cadre  de  bois  doré,  estimé 1     » 

Emporté  par  l'administration. 
1748.  Une  glace  de  six  pieds  de  hauteur  en  deux  pièces,  sur 
trente-six  pouces  de  large,  son  cadre  en  bois  doré    . 

et  .tableau,  estimée.   • 80     » 

Réservée  par  Tadministration. 
1750.  Une  grande  console  de  bois  des  Indes  k  baiustre  en 

cuivcB  dora  et  table  en  marbre  blanc,  estimée.  ...  30     » 

Vendue  28:^  liv.  à  Bodin. 
*  801.  Deux  petits  bras  de  cheminée  à  deux  branches  de  cuivre 
doré  garnies  de  fleurs  d'émail  peint  de  différentes 
cojilçurs,  çsUmés .•••.••.••••  5    » 


544     MOBILIER   D'UIV    CHATEAU    A    LA   FIN    DU    Wlll*  SIÈCLE- 

Vendus  43  liv.  àForest. 
1806.  Un  tableau  à  cadre  bois  doré,  estimé  . â 

Vendu  74lLv.  à.Molard. 
1919.  Deux  petits  cerfs  de  bronze  sur  leurs  pieds  de  cuivre 

doré,  estimés ,  5 

Réservés  par  l'administration.  ' 

1921.  Une  carte  du  département  et  environs,  cadre  et  rou- 

leau en  bois  doré,  estimée.  ......  ^ 1 

Réservée  par  Fadministration. 

1922.  Un  bureaji.de  bois  à. placage. garni  de  cuivie  doré» 

garni  de  trente-deux  tiroirs,  estimé,  ••.,....        100 
Enlevé  par  l'administration. 
1925.  Un  corps  de  bibliothèque  en  boià  satiné  des  !ndes,  ba- 

lustre  et  garniture  de  cuivre  doré,  estimé 30 

1928.  Deux  tableaux  au-dessus  des  portes,  à  cadres  de  bois 

doré,  estimés 10 

Enlevés  par  l'administration. 
1973.  Deux,  tableaux  aurdessus  des  portes,  à  cadres  de  bois 

doré,  estimés S 

Enlevés  par  Tadmimistration. 
1975.  Une  commode  da  Goromandel  à  deux  tiroirs,  garnie 

de  cuivre  doré,  estimée 100 

Enlevée  par  l'administration  (est  actuellement  à  la  pré- 
fecture wde  Tours). 

1977.  Une  lanterne  en  or  et  argent,  dans  une  boite  en  cha» 
grin  vert,. laquelle  lanterne,  nous  commissaires  avons 
prise  pour  la  déposer  au  district  d'Amboise,  estimée.  50 

1980.  Deuxxartes*:  une  des  dépendances  de  Cbanteloup,  l'au- 

tre de  la  ville  d'Amboise,  avec  leurs  cadres  en  bois 

doré,  estimées ^  *  1^ 

Enlevées  par  l'administration. 

1981.  Deux  lustres,  un  de  l'appartement  précédent  et  Tautre 

du  présent  appartement,  tous  deux  en  cuivre  doré, 

garnis  de.  cristaux,  estimés -  •  .  .  .^ 40 

Réservés  par  l'administration. 
1988.  Une  carte  des  environs  de  Chanteloup  et  un  cadran 

avec  leurs  cadres  en  bois  doré,  estimés.  •*,,..  3 

Enlevés  par  l'administration. 
1992.  Un  trumeau  de  deux  pièces  de  4  pieds  de  hauteur  sur 
36  pouces  de  large,  avec   sa  boisure  et  tableau, 
estimé... ..,,,,, 


MOBILIER   D'UN    CHATEAU    A   LA    Fl\    DU   XVIII*  SIÈCLE.     545 

Réservé  par  Tadministration. 
1996  Une  console  de  bois  doré,  son  dessus  de  marbre,  estimée.  20     n 

Vendue  50  liv.  &  femme  Loignon. 
1998.  Deux  tableaux  au-dessus  des  portes,  h  cadres  de  bois 

doré,  estimés •  5     » 

Enlevés  par  Tadministration. 

2000.  Un  trumeau  de  vingt-huit  pouces  de  haut,  sur  trente- 

quatre  pouces  de  long,  sa  boisure  et  son  tableau, 

estimé •  .  •  .  .  15     » 

Le  tableau  enlevé  par  Fadministration,  le  trumeau 
vendu  à  Benoit  171  liv.  avec  le  n"  suivant  (2001). 

2001.  Deux  bras  de  cheminée  en  cuivre  doré  à  chacun  deux 

branches,  estimés •••.••••••••  10     n 

2004.  Une  table  en  tric-lrac,  garnie  de  ses  dames,  cornets  et 

bobèches  de  cuivre  argenté,  garnie  d'un  tapis  vert, 

estimée.   ••••••.••••••••••••••  15    » 

Vendue  169  liv.  à  Benoit. 
2021.  Deux  petits  tableaux  au-dessus  des  portes,  à  cadres 

de  bois  doré,  estimés ••••••  6     » 

2091  Trois  petits  tableaux  au-dessus  des  porles,  estimés  ,  ,  10     » 

Vendus  120  liv.  à  Benoit. 
2252.  Deux  tableaux  au-dessus  des  portes,  représentant  des 

paysages,  à  cadres  de  bols  doré,  estimés 5     » 

Enlevés  par  Tadministralion. 
2263.  Un  grand  tableau  et  son  cadre  de  bois  doré,  estimé  ,  «  3     » 

Enlevé  par  Fadministration. 
2265.  Une  tenture  de  papier  velouté  bleu  et  blanc  sur  ^oile  et 

deux  tableaux  champêtres  au-dessus  des  portes,  avec 

leurs  cadres,  estimés • 5     n 

Tableaux  enlevés  par  Fadministration,  tenture  vendue 

30  liv.  à  Doisteau. 
2312.  Deux  tableaux  à  cadre  de  bois  dore  représentant  des 

paysages,  estimés.   ••.••••••/« 3     o 

Chapelle. 

liv.     s. 
2801.  Deux  vases  de  marbre  sur  leurs  pieds  de  pierre  de 

lierre,  estimés ••••••••••  1     10 

^**^2.  Deux  canapés  et  leurs  coussins  retpplis  de  crin, 
six  banquettes  aussi  remplies  de  crin,  deux  cous- 
sins de  genouilf  remplis  de  plume,  huit  coussins 

35 


i 


546     MOBILIER   DUX    CHATEAU   A    LA   FI\    Dl'    X  l  U  r   SIÈCLE. 

t  de  coude,  (rois  couvertures  d*appui^  le  tout  cou^ 

■*  verC  de  velours  d'Utrecht,  fond  et  fleurs  verlês, 

estimés 100 

Les  banquettes  enlevées  par  Fadministration. 

2803.  Quatre  chafses  à  prîe^Dieù  garnies  de'  crin,  cou- 
vertes dUndienne  à  fleurs,  estimées 8 

2804.  Huit  tableaux  avec  leurs  cadres  de  bois  doré, 
estimés 15 

Enlevés  par  Tadminist ration. 

2805.  Deux  consoles  en  bois  doré  et  leurs  dessus  de  mar- 
bre, estimées .  10 

2806.  Deux  grands  chandeliers,  une  croix  de  cuivi^ 
argenté  et*  deux'  petit»  bras'  de  cuivre  doré, 
estimés ^ 

2807.  Deux  cierges  de  fer  blanc  couverts  de  cire,  estimci».  3 

2808.  La  couverture  *dè  J'aut'erde  'velours'  d*Ulrècht  à 
mouches  ronges  et  la  nappe  dé  toile,  estimées  .  5 

2809.  L*autel,  marchepied  et  gradins,  estimés  .....  5 

2810.  Dans  fa 'sâcrislie  :*  lin  trumeau  de  vingtHjuatre 
pouces  de  large  sur  trente-quatre  pouces  de  hau- 
teur et  son  cadre  en  bois  peint  en  gris,  esttmés..  10 

I  28II.  Deux   petits  rideaux  de  porte  vitrée  en  gros  de 

Tours  vert,  es'timés H 

2812.  Un  calice,  sa  patène^  une  paire  de  burettes,  on 
bassfn  et  une  sonnette,  le  tout  d'argent  pesant 
ensemble  six  marcs,  estimé  à  raison  de  dn* 
quante-deux  livres  le  marc  revenant  à  trois  c(*nt 
six  livres ^ÏOU 

2813.  Une  chasuble,  une  étore,' un  manipule,  un  voile, 
une  bourse  à  corporal,  le  tout  de  gros  de  Xaples 
à  fleur  fond  blanc  garni  de  crêtes  et  franges  dW 
fin,  estimés éO 

Lesquels' argènlerieeCornëoâehts  (Tes  deux  derniers 
articles,  nous  commissaires,  avons  sur-le-champ 
fait  porter  au  district. 

2814.  Une  autre  chasuble,  une  étole,  un  manipule,  un 
voile  £i  une  étole  fond  argent  garnie  de  galons  et 
de  franges  d'or  fin,'  estfm'és'  /.'.','.* 10 

Également,  nous  avo/hs  fait  porter  les  effeU  da 
dernier  article  à  Tadministration  du  district. 

2815.  Trois  chasubles,  une  de  damas  violet,  uùe  dedîl- 


MOBILIER    Ù'IiX    CHATEAU    A    LA    Fl\    DU    XVIll     SIÈCLE.      547 

férentos  étoffes  de  soie  et  Tautre  de  velours  noir 
avec  leurs  étoles,  voiles,  munipules  et  bourses, 

esiiiiiées>  •.••*...• 15       » 

2817.  Six  volumes  de  livres  estimés 1       » 

La  tribune  parlicuUêre^n  bois,  {)ort£d*entjré£,ileu( 
glaces,  un  tapis  de  pieds  en  moquette  à  fleurs 
rouges,  deux  cbaises  garnies  de  crin,  la  tenture 
et  le  plafond  en  velours  dTlrecbt,  fond  blanc  et 
petites  fleurs  bleues,  estimés 30      » 

\0T,\,  —  A  partir  du  n<>  2804  les  numéros  sont' renouvelés  jusqu'à  28i9i 

Dhns  les  appartements. 

2803.  lue  commode  de  Coromândet  ^  d'eux lirbis  fermânC 

à  clef  et  son  dessus  de  marbre  estimé 50       » 

2930.  Dans  une  armoire.  Douze  tableaux  à  cadre  de  bois 

doré,  estimés 12       » 

Enlevés  par  Tadministralion. 

2948.  Quatre  bras  de  cheoiînée  de  cmvre  pêiiits  de  diffé- 
rentes couleurs  et  leurs  bobèches  en  cuivre  clore.  3       » 

2049.  Deux  autres  *bras  de  cheminée  montés  sur  bois, 

fleurs  en  émail  de  différentes  couleurs 10       f> 

2959.  Une  housse,  rideaux  d'alcôve  et  pentes  de  satin  et 
taffetas  cramoisi,  le  tout  galonné  et  bordé  de 
franges  d'or,  et  composé  de  vingt  morceaux, 
compris  deux  souilles  d'oreiller  et  les  deux 
mains  galonnées  de  même  que  la  housse  et  les 
rideaux  d'alcdve,  estimés 200       » 

2963.  Quatre  banquettes  de  différentes  grandeur^  cou- 
vertes de  moquette  fond  blanc  moucheté  vert  et 

rouge,  estimées 35       « 

Enlevées  par  l'administration. 

3970.  Un  secrétaire  de  bois  satiné,  son  dessus  de  marbre 

blanc,  estimé "^0      » 

Enlevé  par  l'administration. 

2973.  Trois  jrands  tapis  de  pieds  en   tapisserie  de  la 

Savonnerie,  estimés 30       » 

enlevés  par  l'administration. 
'>eux  banquettes  remplies  de  crin,  couierles  de  mo- 
quette fond  blanc,  fleurs  rouges  et  vertes, estimées.  20       » 


I 


548     MOBILIER   D'UN    CHATEAU    A   LA   Fl\'    DU    Xiril'  SIÈCLE. 

Enlevées  par  radmlnislration . 
2981.  Deux  grandes  chaises  à  châssis  remplies  de  ciiu, 

couvertes  de  damas  cramoisi,  estimées.  .  «  .  .  10      * 

S009.  Une  tenture  de  toile  peinte  fond  hlanc  fleurs  bleues, 

estimée  •  , 0      t 

3028.  Une  élévation  d*une  porte  et  la  citadelle  d*AmboÎHe 

en  carton,  estimée ,.**  3      > 

Enlevée  par  Tadministration. 
3044.  Cinq  grands  tableaux  à  cadres  de  bois  doré,  estimés  i  3€      * 

Enlevés  par  Tadministration. 
3051.  Quatre  grands  coussins  de  canapé  et  dix-neuf  car* 

reaux  remplis  de  crin,  couverts  de  tapisserie, 

estimés .  «10      > 

3070.  Six  panneaux  de  toile  peinte  en  camaïeu  bteu, 

estimés.    .  •  •  • ,  3      ■ 

Pavillon  (Us  bains. 

3747.  Deux  bras  de  cheminée  de  cuivre  peint  et  Heurs 

d^émail,  estimés • 8      ■ 

Vendus  21  liv»  à  Doisteau. 
3970.  Un  tableau  à  cadre  de  bois  doré,  représentanl   une 

femme,  estimé 5      • 

4087.  Cent  cinquante-cinq  flambeaux  de  cuivre,  godranncs 

ou  dorés,  estimés •  •  • Î05      t 

Enlevés  par  Tadministration. 
4089.  Six  flambeaux  de  bureau  à  trois  branches,  cuivre 

doré,  estimés • ,  .    '  là      » 

Enlevés  par  Tadministration. 
4102.  Deux  grands  tableaux  k  cadre  de  bois  doré,  esUïséjs.  5       * 

Enlevés  par  Tadministration. 
4117.  Un  tableau  à  cadre  de  bois  peint  en  gris,  estimé.  .  1     10 

Enlevé  par  radminislration, 
4146.  Sur  le  tapis  vert  au  midi  du  principal  bâlinianl  de 
Chanteloup  et  près  la  Pagode,  quatre  vase^  et 

leurs  dés  en  marbre  blanc,  estimés âO      t^ 

Enlevés  par  Tadministralion  (aujourd'hui  à  ren- 
trée du  pont  de  Tours). 
4214.  Est  le  dernier  article  de  Tinvcntaire  des  meubler; 
du  château  de  Chanteloup  qui  se  termine  par  la 
description  des  litres  et  papiers  groupés  par  liasses, 


UOBILIER   D'L!\    CHATEAU   A   LA    FIX    DU   XVilT  SIÈCLE.     549 

au  nombre  de  159  pour  Cbanleloup  et  ses  dépf  n- 
dances,  la  Bourdaisière,  etc.,  et  33  pour  Montri-» 
chard.  «  Qui  sont  tous  les  titres  et  papiers  que 
«  nous  avons  trouvés  dans  les  dites  archives  sus- 
tf  ceplibles  d*étre  inventoriés,  nons  réservant 
u  néanmoins  de  faire  un  nouvel  examen  de  ceux 
«  que  nous  avons  mis  an  rebut  et  destinés  à  être 
tt  brûlés.  Calcul  fait  du  montant  des  meubles  et 
«  effets  compris  au  présent  inventaire,  il  s*est 
«  trouvé  être  de  cent  dix  mille  neuf  cent  trente 

u  cinq  livres  « 1 10,935       » 

Fait  et  arrêté  le  présent  inventaire  le  jour  et  an  que  dessus  (2  thermidor 
an  second),  avons  laissé  lesdits  titres  et  papiers  à  la  charge  et  garde 
desdits  gardiens  qui  s*en  sont  chargés  pour  les  représenter  lorsqu'ils  en 
seront  requis  et  ont  signé  avec  nous  après  lecture  faite. 

Signé  en  fin  :  Moissox,  Robin,  Gliot  et  Leorand, 
commissaires. 

Enregistré  à  Amboise  le  21  thermidor  Fan  deux  de  la  République 
française  une  et  indivisible. 

Reçu  cinq  cent  quarante-cinq  livres  dix  sols. 

Signé  :  Le  Ferme. 


INTITULÉ   DE  LA   VENTE 

M  Aujourd'hui,  14  fructidor,  an  second  de  la  République  française  une 
et  indivisible,  nous  Joseph-Louis  Guyot,  notaire  à  Noizay,  commissaire 
nommé  par  l'administration  du  district  d*Amboise,  en  date  du  douze  de 
ce  fructidor  à  Teffet  de  procéder  à  la  vente  des  meubles  et  objets  qui 
sont  en  la  maison  deChanteloup,  conjointement  avec  le  citoyen  Le  Grand, 
et  compris  en  F  inventaire  fait  devant  moi  commissaire  susdit,  en  son 
commencement  du  29  pluviôse  dernier;  pourquoi  nous  sommes  transportés 
en  ladite  maison  de  Chanteloup,  située  commune  d* Amboise  extra-muros, 
où,  étant  à  F  heure  de  dix  du  matin,  en  présence  du  citoyen  Jean  Des* 
places,  administrateur  du  district,  et  du  citoyen  Antoine  Robin,  a,'][ent 
national,  François  Merville...,  commissaires  nommés  par  la  municipa- 
d^Amboise  extra-muros. 

pour  faire  la  prisée  des  dits  meubles  et  effets,  nous  avons  nommé 
''-sonne  du  citoyen  Autrive,  concierge  du  district  d'Amboise. 


1 


550  LES    TAPISSERIES   DE    MOXTPEZ.lT, 

Ce  fait;  nous  avons  procédé  à  ladite  vente  ainsi  qu'il  suit  ; 
Premièrement,  etc.  n 
(Suit  la  vente.) 

(A  la  fin  de  la  première  partie  de  la  vente.) 

u  Et  attendu  Theurede  quatre  survenue,  nous  nous  sommes  retir^^r  fL, 
attendu  que  la  dite  vente  doit  être  continuée  par  le  cilo^en  Le^^rand»  com< 
missaire  nommé,  nous  avons  annoncé  que  la  dite  vente  serait  continuée  nu 
lendemain  de  la  décade  prochaine;  néanmoins,  nous  avons  arrêté  \q  pro- 
sent procès-verbal  à  Teffet  de  nous  rendre  compte  de  ladite  venLe  failf 
ju8qu*à  ce  jour,  calcul  lait  de  la  présente  vente,  elle  s'est  montée  à  la  somme 
de  cent  cinquante-deux  mille  cinq  cent  trente-trois  liiTea  dii-liuii  âols. 

Enregistré  à  Amboise  le  17  frimaire  de  Fan  troi,H  dt'  h  République 
française  une  et  indivisible;  reçu  1,256  livres. 

Signé  :  Lefeeue. 

'  NoTâ.  —  (Cette  première  partie  de  la  vente  a  duré  dix-neuf  jouri  cl  a  aér^ï* 
site  trente-huit  séances.  La  deuxième  partie  de  la  vente  cal  perdue,  ou  toul  «a 
moins  égarée.)  A^  E- 


XXXV 

LES  TAPISSERIES  DE  MONTPEZAT 

ET  LA  RELIQUE  APPELEE 
LES  BONETS  DE  SAINT  MARTIN  DE  TOURS 

La  cathédrale  de  Tours  possédait  au  seizième  siècle,  el  sans  doufc 
depuis  longtemps,  une  relique  de  saint  Martin  qui  n'est  meplioDnée, 
à  ma  connaissance,  dans  aucun  document  antérieur  à  cette  époque^ 
D'après  le  procès-verbal  du  pillage  du  trésor  de  celte  égWse  parld 
.  protestants  en  1 562,  dont  j'ai  publié  un  extrait  en  J  870  \  elle  consis- 
tait en  des  fragmentsde  taffetas  conservés  dans  deux  tubes  d'srgeai. 
et  était  appelée  par  les  chanoines,  les  JJoneis  de  saint  llartio  *. 

'  Documents  inédits  pour  servir  à  f  histoire  des  Arts  rit  T(mrâim,  p- 
ln-8».  Paris,  Dumoulin,  1870. 

*  Voir-  ci-coutrc,  planche  XXXVIl. 


PUacbe  XXXVlf.  P«H«  â&O. 

LE    MIRACLE    DIT    DES     >  BOIVETS  >     DE    SAINT    MARTIM 

TAPISSKRIK    UK.    U0\TPE£.4T 


f 


1 


LES   TAPISSERIES    DE    MONTPEZAT.  551 

De  savants  ecclésiastiques,  frès  versés  dansThistoire  du  diocèse, 
interrogés  par  moi,  au  sujet  de  cette  relique  et  du  nom  assez 
singulier  sons  lequel  elle  était  désignée  dans  mon  'texte  \  ne 
purent  donner  aucune  eiplication.  L*appeIlation  môme  de  Bonets 
de  saint  Martin  leur  était  inconnue.  Comme  la  relique  a  été  détruite 
par  les  protestants,  en  1562,  il  n'en  est  plus  question  après  cette 
date.  11  y  avait  donc  là  un  petit  problème  intéressant,  dont  la  solu- 
tion ne  pouvait  venir  que  d*une  heureuse  rencontre. 

M.  Tabbé  Bas,  curé  de  Mettray  près  Tours,  qui  vient  de  publier 
uae  nouvelle  vie  du  grand  tbaumatarge  des  Gaules,  très  documentée 
au  point  de  vue  artistique,  ayant  eu  la  pansée  de  faire  photogra- 
phier de  curieuses  tapisseries  conservées  dansTéglisedeMontpezat 
prés  MoDtauhan,  et  représentant  diverses  scèoes  de  la  vie  du  saint, 
voulut  bienm'en  communiquer  les  épreuves.  Ces  tapisseries,  qui 
mesurent  l",84de  hauteur  sur  23", 90  de  longueur,  sont  divisées, 
dans  ce  dernier  sens,  en  cinq  pièces,  contenant  chacune  trois 
tableaux,  séparés  par  des  colonnes  de  formes  antiques.  Au-dessus 
de  chaque  tableau,  une  inscription  en  vers  français  octosyllabiques, 
tracée  en  caractères  gothiques  blancs,  sur  un  fond  rouge,  explique 
le  sujet.  Or  Tavant-dernier  tableau,  le  quatorzième,,  nous  montre  à 
gaacbe,  saint  Martin  sortant  de  la  sacristie  suivi  d*un  clerc  et  don- 
nant sa  tunique  à  un  pauvre  presque  nu;  dans  la  partie  principale, 
Févêque  de  Tours,  en  habits  pontiGcaux,  célèbre  la  messe.  Au 
moment  où  il  élève  les  mains  et  montre  ses  avant-bras  nus,  deux 
anges  descendent  du  ciel,  lui  apportant  des  brassards,  ou  bas  de 
manches,  richement  décorés,  en  même  temps  un  globe  de  feu 
brille  au-dessus  de  sa  tète. 

La  bordure  supérieure  porte  Tinscription  suivante  : 

Quant  la  robe  au  poure  eut  vestu, 
Lui  cbantaot  devant  pluseurs  gentz, 
Aogelz  ont  sei  bras  revestu 
De  boneti  riches  et  moult  genti. 

A  la  première  vue  de  cette  épreuve,  je  reconnus  que  je  tenais  la 
solution  si  longtemps  cherchée.  Les  Bonets  sont  nommés  dans 
Tinscription  et  figurés  dans  la  tapisserie. 

<  Ce  nom  avait  probablement  été  suggéré  par  la  forme  des  reliques,  qui  était 
4  :11e  d*on  manchon  se  terminant  en  pointe  par  un  bout,  et  ayant  un  peu  Tappa- 
I  'oce  d'un  bonnet. 


513  LES    TAPISSERIES   DE    UO\T?£SAT, 

Restait  à  déterinÎDer  le  Tuît  de  la  vie  de  saint  Martin  qui  est  ici 
représenté. 

Parmi  les  historiens  du  ihaiimaturge,  Grégoire  de  Tonrs  n'en 
dit  rien;  Sulpice«Sévère,  Forlunat,  Péati  GatiDeau  parlent  l^len  de 
pierres  précieuses  apparaigsatit  Aur  les  mains  du  saint  évffjuef 
mais  ils  sont  muets  sur  les  manches,  ou  demi-manches,  on 
objets  analogues.  II  n*en  est  pas  question  non  plus  dans  la  tra* 
duction  de  la  Légende  dorée,  due  à  G.  Bronet,  laquelle  repro- 
duit fidèlement,  dît  le  traducteur,  rort[{inal  souvent  inlerpolè  et 
augmenté,  hh  Légende  Lombardiquet  publiée  par  Lamhertus  Cam* 
pester,  au  commencement  du  ^ieTzième  siërle,  et  qui  n'est  antre 
que  la  Légende  dorée ^  avec  quelques  additions  et  modifrc^lloDS, 
raconte  le  miracle  des  Bonets  associé  à  celui  du  globe  de  feu  '. 
Lambertus  Cam pester  emprunte  à  Sulpice-Sévère  Tapparitiori  du 
globe  au-dessus  de  la  tète  de  saint  Martin  céli'brant  la  messe  aprèi 
avoir  donné  sa  tunique  à  un  pauvre^  puis  il  ajoute  qu'au  uiomeat 
où  Tévéque  élevait  les  mains  à  Dieu,  ses  bras,  que  ne  couvraient 
plus  les  manches  de  la  (unique,  apparurent  nus  jusqu^au  coude,  et 
qu^alors  des  anges  apportèrent  des  bracelets  enncliîs  d'or  et  de 
pierreries  pour  les  couvrir,  iïalgré  la  variante  des  bracelets  pour 
les  brassards,  on  a  bien  ici  le  même  fait  que  dans  la  tapisserie. 
Lambertus  dit  avoir  pris  ce  second  miracle  dans  Jean  Belelb, 
théologien  parisien  du  douzième  siècle,  qui  avait  écrit  divers 
ouvrages  religieux  dont  un  sent,  je  crois,  a  étéjmpnmé:  c'est 
le  Rationale  dwinorum  officiorum,  où  Ton  trouve  au  chapitre 
de  la  fête  de  saint  Martin  le  miracle  des  bracelets  d'or  venant 
couvrir  les  bras  du  saint  '.  II  paraît  donc  avoir  été  introduit  asseï 
tardivement  dans  la  légende  écrite.  Mais  il  fut  promptemeutadopit^. 
au  moins  dans  notre  région,  car,  dés  le  treizième  siècle,  il  figure 
dans  les  vitraux  des  catliédrales  de  Tours  et  du  Mans  ^ 


'  Legenda  sanctorum,  que   Lombard ka  Aifsforia  dicitur.    In -4^°,  goltitqae, 
Lyon,  1517,  f»  126  v». 

'  Voir  aui  Pièces  justiOcativei. 

'  Pour  le  Mans,  voir  Lnœv  ue  La  Marchb,  Saint  Martin,  p.  77,  Grud  in-^. 
Tours,  Marne,  1891;  pour  Tuur*.  l'erriêre^  du  thœur  de  tégtise  métropoitte^^* 
de  Tours,  dessinées  par  Marchand,  (cxtt;  par  les  chanoines  Bourassé  et  if 
ceau.  In-fol.  Tours,  A.  Munie,  18VÎ)j  plttnchc  VL  —  Il  e&l  à  noter  que  les  saTj 
chanoines  fiourassé  et  Maacc^KU  n'avak'nU  à  l'époque  de  ccde  publication,  ituci 
notion  du  miracle  des  Booneli  dont  \h  aVAÏent  sous  les  yeui  h  rcpréfcalation. 


LES    TAPISSEHIES    DE    MO\TPEZAT.  5r.3 

Quoi  qu'il  en  puisse  être,  la  tapisserie  nous  donne  bien  notre 
relique  avec  son  nom  particnlier,  et  la  forme  qui  lui  était  attribuée, 
les  reliquaires  n'en  contenant  plus  que  des  fragments.  Le  doute 
n'est  guère  possible;  s'il  snt^ftistait  encore,  il  serait  assurément 
l«vé  par  un  texte  contenu  dans  une  plaquette  rarissime,  publiée 
à  Tours  par  un  Tourangeau,  un  peu  avant  le  milieu  du  seizième 
EÎècIe,  ThUjauIt  Lepleigncy,  dans  sa  Décoration  du  pays  et  duché 
de  Touraine  datée  de  1541,  s'exprime  ainsi,  en  parlant  de  Saint- 
Galien,  cathédrale  de  Tours  : 

u  F^ncore  est  en  la  dicte  esglise  du  dict  Tours  nng  beau  reliquaire 
u  de  sainct  Martin,  car  ainsi,  comme  il  chantoit  une  messe  en  une 
Il  chapelle  fondée  de  sainct Gervais  et  sainct  Protais  ^  près  Tesglise 
«  cathédrale  du  dit  lieu  de  Sarnt-Martin,  avoit  donné  sa  robe  pour 
a  l'honneur  de  Dieu  â  ung  paouvre,  et  n^avoit  vestu  qu'ung  petit 
a  manteau,  qui  n'avoit  que  demy  mencbes,eten  monstrant  le  corps 
i&de  Jésu  Christ,  son  dict  manteau  se  recula  de  dessus  ses  braz, 
il  et  demeurèrent  tout  nudz.  Zi  davant  le  peuple  qui  y  estoit  pré- 
cv  sent,  fut  faict  ung  fort  beau  miracle;  car,  en  présence  de  tous 
a  les  assisians,  luy  fut  par  I  ange  appoiié  une  manière  de  man- 
ft  ches,  dont  it  eut  les  braz  couvers,  et  les  appelle-t-on  les  Bonets 
1^  de  sainct  Martin;  et  les  voie-t-on  par  grande  singularité,  aux 
^  fêtes  annuelles,  en  lesglise  Alélropolitaine  *•  » 

La  légende  reproduite  par  Iiepleigney  est  bien  celle  qu'a  suivie 
■  auteur  des  tapisseries  de  Montpezat.  Rien  n*y  manque,  ni  les 
auges  apportant  à  saint  Martin  les  Bonets^  ni  le  pauvre  recevant  la 
tunique  à  la  porte  delà  sacristie. 

Le  miracle  représenté  dans  la  panneau  de  Montpezat  est  un  des 
moins  célèbres  parmi  ceux  qu'offre  la  vie  de  saint  Martin  ;  il  était 
surtout  connu  à  Tours,  ou  Ton  conservait  les  reliques  àes  Bonets, 
C'était  pour  ainsi  dire  un  sujet  local. On  serait  donc  fondé  à  penser 
que  cette  tapisserie  a  été  exécutée  à  Tours,  où  j'ai  constaté,  au 

pen^nt  qu'an  globe  ds  feu  iDr  ta  léte  de  saint  Martin,  ils  s'expriment  ainsi. 
pâîïO  55  du  texte  '.  Un  ange  nppamit  ait'^essus  de  ta  tête  de  saint  Martin  et 
lainr  échapper  de  ses  mains  des  rayons  lumineux  qui  se  dirigent  vers  les 
''u  èleréesde  î'évéqnc^ 

y  a  ici  un  anActifoniinié;  k  fondation  de  cette  chapelle  est  postérieure  au 

^Ù  viviji  ^înl  ^larlin* 

m^ULT  LepLKiG^tiîv,  /^  décoration  du  pays  et  duché  de  Touraine.  Rëédi- 

'  U  prince  Galitzin.  to-S''.  Tours,  J.  Bouzerez,  18G1,  p.  17. 


554  LES   TAPISSERIES    DE    MONTPEZiT. 

moins  à  partir  de  1520  ',  Texistence  d'ateliers  de  cet  art,  dirigéi 
par  Nicolas  et  Pasquier  de  Morlagpe,  tapissiers  de  haute  Ime,  nés 
en  Flandre,  qai  furent  employés  par  François  1''. 

Je  D  ai  nullement  Tintention  de  faire  une  étude  des  tapisseries 
de  Montpezaty  dont  je  ne  connais  que  quelques  panneaux,  et  encom 
par  des  photographies;  mais,  bien  qu*elle$  aient  éléallribuéesàu 
quinzième,  et  même  au  quatorzième  siècle,  elles  soqI  des  eurirons 
de  1530,  comme  le  prouvent  les  costumes  des  personoagei, 
Tarchitecture  des  édifices,  inspirée  plutôt  qu'imitée  de  Tantique,  et 
dans  laquelle  la  gracieuse  coquille,  caractéristique  de  notrepremi^re 
Renaissance,  se  rencontre  assez  fréquemment;  eii6n  les  armoiries 
du  donateur,  d'or  à  trais  bandes  de  gueules  au  chef  d'azur  chargé 
de  trois  étoiles  d'or,  qui  se  trouvent  au  bas  de  plusieurs  pauneatu, 
et  paraissent  tissées  dans  la  tapisserie  ^Ue-même.  Ces  armes,  que 
surmontent  une  crosse  et  une  mitre,  symbole  de  la  dignité  épisco- 
pale,  sont  celles  de  Jean  Desprez  de  Montpezat,  évéque  de  Mon- 
tautnm,^  1519  à  1539,  doyen  et  biènfartEur  de  la  collégiale  de 
Montpezat,  où  H  Hfmà  £oaàé,  et  doté  à  ses  frais,  six  ckapellenies. 
11  n'y  a  donc  pas  à  hésiter  surTT^puqw^^ la  fabricaliou. 

Quant  à  une  pareille  commande  faite  à  Tours  par  nn  évèque  Ju 
midi  de  la  France,  elle  s'expliquerait  tout  naturelleiiienl  par  le.^ 
relations  de  ce  prélat  avec  un  personnage  qui  habitait  une  région 
du  Poitou  limitrophe  de  la  Touraine.  C'était  Antoine  de  Lettes, 
qui  avait  pour  mère  Blanche  Desprez  de  Montpezat,  propre  steur 
de  Tévéque  de  Montauban.  Il  avait  épousé,  en  1521,  Lyette,  ben* 
tière  de  l'important  château  du  Fou,  qui  existe  encore  à  qiielqui^j 
lieues  de  Cbâtellerault.  Il  suivit  François  I'*^  en  Italie,  et  fut  pri' 
avec  lui  à  la  bataille  de  Pavie.  Il  partagea  même  en  Espagne  U 
captivité  du  roi,  qui  Thonorade  sa  bienveillance,  luiconSadiverse^^ 
missions  et,  après  le  retour  en  France,  le  fit  geatilKouime  de  st 
chambre  et  capitaine  d*une  compagnie  de  ses  ordonnances:  il  Itn 
donna  de  plus  la  fonction  de  mailre  des  eaui  et  forêts  du  Poitou, 
en  remplacement  de  son  beau  père  Jacques  du  Fou,  décédé  en  15'2T. 
Antoine  de  Lettes  eut  une  brillante  carrière  militaire,  retourna 
plusieurs  fois  guerroyer  en  Italie,  et  mourut,  en  1544,  maréchil 
de  France.  La  fréquentation  d'un  prince  passionné  pour  1 

»  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements^  1S8B,  p.  . 


LB8   TAPIS8£BIE8    DE    UONTPEZAT.  555 

et  de  nombreux  séjours  en  Italie  ne  purent  manquer  de  faire 
nailre,  ou  de  développer,  chef  Antoine  de  Lettes,  des  goûts  artis- 
tiques que  partageait  son  oncle,  comme  en  témoignent  ces  tapis- 
series elles-mêmes,  et  le  lieau  château  de  IMquecos,  bâti  ou  tout  au 
moins  agrandi  par  lui,  auprès  de  Montâuban,  et  dont  Louis  XIH 
fit  sa  résidence  pendant  le  siège  de  cette  ville,  en  t621. 

A  part  cette  communauté  de  goûts,  très  explicable  à  une  époque 
où  la  noblesse  et  le  haut  clergé  de  France  rivalisaient  d'ardeur  pour 
introduire  les  procédés  d'au  delà  des  Alpes  dans  la  construction  et 
la  décoration  des  monuments,  on  ne  sait  rien  de  la  nature  et  de 
rétendue  des  rapports  qui  existèrent  entre  Toncle  et  le  neveu. 
Mais  ces  rapports  furent  assez  l)ons  et  assez  constants  pour  que, 
par  testament  en  date  de  1537,  Tévèque  de  Montâuban  instituât 
Antoine  de  Lettes  héritier  de  sa  fortune,  qui  devait  être  impor- 
tante, car  il  avait  recueilli  tous  les  biens  de  sa  famille. 

Ces  considérations,  et  d'autres  qu'on  pourrait  y  joindre,  permet- 
tent de  croire  que  Tévêque  de  Montâuban,  voulant  orner  sa  collé* 
giale  de  belles  tapisseries,  s'est  adressé  aux  ateliers  de  Tours,  dont 
Texistence  lui  était  connue  par  son  neveu,  chez  lequel  il  avait  pu 
en  admirer  les  remarquables  produits. 

Mais  j'ai  iiâte  d'ajouter  que  ce  ne  sont  là,  après  tout,  que  des 
prohabilités,  et  que  Jusqu*à  la  décduverle  d'une  pièce  décisive,  il 
faut  se  garder  de  rien  affirmer  sur  l'origine  des  tapisseries  de 
Montpezat.  C'est  à  proprement  parler  un  point  d'interrogation  que 
je  pose,  et  une  piste  que  je  me  pern^ets  d'indiquer  aux  érudits  langue- 
dociens, auxquels  il  appartient  surtout  de  résoudre  cette  question. 

Charles  de  Grandmaisox, 

Correspondant  de  rinutitut,  membre  non  résidant  du 
Comité  des  Beaux-Arts,  à  Tours. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 
ï 

EXTRAIT  DU  FaOCÈS-VERBAL  DU  PILLAGE  DE  LA  CATHÉDRALE  I)E  SALM-GATIEN 
PAR  LES  PROTESTAKTS  EX  I5G2. 

S,  en   une  cassette  de  hois,  avons  trouvé  deuz  peliles  reliques  que 
les       Is  chanoines  ont  dict  estre  appelées  les  bonets  de  S*  Martin,  conte- 


1 


T 


556  LES    TAPISSERIES    DE    MOXTPEZAT. 

f  nant  chacun  d'euz  environ  demy  pîed  de  long,  et  au  boul  de  chacurï  d'eu; 

y  auroit  une  bordeure  d*argent  doré,  qui  faisoîl  ta  liaison  et  lenoit  un 
christal,  et  par  le  travers  lesdicts  bonels  étoient  creu£,  et  y  pa^aoïl  une 
petite  chaisne  d'argent  ;  Fun  desquels  bordz  a  esté  levé  et  le  clinsLal  u.sLé 
par  lesdicts  orfeubvres^  soubz  lequel  christal,  es! où  un  canon  d'argent 
creuz,  sous  lequel  canon  ont  esté  trouvées  deuz  enveloppes,  ia  première 
estoit  de  tafelard  rouge,  contenant  en  largeur  environ  de  trois  doîj^tfi  et 

1/  quatre  de  longueur,  qui  a  esté  découvert,  et  au  dessoubz  a  esié  trouvé  uae 

enveloppe  aussy  nouée,  laquelle  enveloppe  estoit  de  tafelard  char^g^nni, 
•  eticelle  découverte,  s'est  trouvée  de  longueur  d'un  demi  pied  et  de  largeur 
de  quatre  doigts,  par  tous  les  endroicts,  fors  de  la  «{ueule,  ainsi  qae  seroli 
une  pochette,  et  au  dessoubz  deladicte  enveloppe  eslcil  ledlcl  canon  d'nrgenl, 
et  le  pareil  a  esté  faict  de  l'autre  bonet,  où  ont  este  trouvées  deiiï  enve^ 
loppes,  l'une  de  taffetard  rouge  et  l'autre  taffetard  changeant,  tesqudle^ 
^  enveloppes  de  taffetard  changeant  lesdicts  chanoines  ont  dtcls  eitre 
appellées  les  bonets;  et  lesquelles  enveloppes  de  taffetard  changeant  ont 
esté  trouvées  dissemblables  "en  longueur  et  largeur;  en  l'une  d'ieelle^ 
f  auroit  l'un  des  bonets  qui  estoit  effloré,  et  sy  apparoissolt  qu<?  ledirv 
endroict  avoit  esté  redoublé  pour  avoir  esté  adjoinct^  ou  cousu,  avec  autrr 
chose;  et  par  le  travers  ont  esté  trouvés  quelques  bouts  de  snye  qut  at^oii 
servi  à  glacer,  ainsy  qu'il  arrive  quant  une  chose  est  mise  en  doubteure. 
ou  en  foureure;  et  par  l'autre  bout,  il  y  avoit  un  gousset  faict  en  pointe^ 
contenant  par  un  endroict  la  largeur  d'un  pousse,  venant  en  èstruisslssant, 
jusque  à  environ  de  trois  doigts  de  longueur,  apparoissoit  que  urte  partie 
d'icelle  enveloppe  estoit  cousue  de  soye  et  l'autre  partie  de  fils  de  lin  ou 
chanvre...  Lequel  argent  doré  et  le  canon  d'argent  ont  esté  ^eiés  rt 
trouvés  monter  un  marc  deuz  onces. 

(Archives  d'Indre-et-Loire,  G.  596,  p.  139-140,  copie  de  1020  —  Imprimif  ^ul  /^m^ 
ments  inédits,  loc.  cit.) 

II 

EXTRAIT  DE  JEAK  BKLBTH. 

Sed  quum  nnle  altare,  ut  moris  est  in  praefatione,  sisteret,  maimsqtie 
ad  Dominum  elevaret,  ita  ut  brachia  ejus,  facile  ob  ampliludtaeni  ^t 
brevitatem  manicarum  conspicerentur,  illico  aurei  torques*  ip»  bon«lr 
operuerunt,  et  suprà  caput  ejus  igneus  globus  visus  e^t. 

{Rationaledivinorum  officiorum  Johanne  Bdetko^  theohfjo  PnrtMitfiii ^  atifkorf.  ^  Inpi*' 
à  la  «Dite  du  Rationale  de  Guillaume  Duband,  1574.  Lyon,  Pierriï  Houim,  f«.  y 


FRANÇOIS   ET   JACOB   fiU\EL.  557 


XXXVI 


FRANÇOIS  ET  JACOB  BUNEL 

PEINTRES   DE   HENRI   IV 

Noire  école  française  abonde  en  arlistes  ayant  joui  de  leur  temps 
d*une  grande  célébrité,  que  la  mode  ou  la  disparition  de  leurs 
œuvres  ont  relégués'  depuis  dans   une  ombre  profonde.  Notre 
devoir  n'est-il  pas,  aujourd'hui,  quand  nous  en  trouvons  l'occa- 
sion, de  revendiquer  au  proGt  de  notre  art  national  si  injustement 
dénigré  et  méconnu,  du  moins  pour  Tépoque  de  la  Renaissance, 
quelques-uns  de  ces  artistes  dédaignés  ou  négligés,  et  d'essayer 
de  leur  rendre  la  place  à  laquelle  ils  ont  droit?  Il  ne  faut  pas  se 
le  dissimuler,  les  plus  grandes   difficultés   surgissent  quand  on 
tente  d'établir  les  titres  de  gloire  de  notre  vieille  école  nationale. 
!Vos  maftres  du  quinzième  et  du  seizième  siècle  ont  eu  surtout  le 
tort  de  ne  pas  être  étrangers.  Il  a  été  trop  longtemps  de  mode  de 
dire  et  d'écrire  que  notre  art  doit  tout  à  Tltalie  dont  les  peintres,  les 
sculpteurs  et  les  architectes  seraient  venus  en  France  enseigner 
le  beau  à  des  ignorants  et  à  des  barbares.  Voltaire  n'a-t-il  pas  écrit, 
sans  être  démenti  jusqu'à  ces  derniers  temps,  qu'avant  Louis  XIV 
il  n'existait  pas  d'art  français?  Notre  école  nationale  pure  de  tout 
alliage   étranger,  ne  relevant  que  d'elle-même,  et  qui  pouvait 
s'enorgueillir  d'avoir  produit  les  Ligier,  les  Richier,  les  Pinagrier, 
les  Michel  Colomb,   les  Jean  Goujon,   en  sculpture;  les   Jehan 
Foucquet,  les  Perréal,  les  Bourdichon,  les  Clouet,  en  peinture; 
les  Roger  Ango,  les  Jean  Bullant,  les  Pierre  Lescot,   les  Pierre 
Nepveu,  en  architecture,  etc.,  était  pourtant  en  pleine  efflorescence 
au  commencement  du  seizième  siècle, 

a  Avec  les  meilleures  Intentions  du  monde  )) ,  comme  Ta  si  jusle- 
]  dit  Vitet^  a  François  I"  faillit  rendre  à  noire  art  national 

viTEf,  Etudes  sur  F  histoire  de  l'Art. 


n 


558  FKAÎVCOIS   ET   JACOB   BUXEL. 


un  fort  mauvais  service  » ,  en  ameiiftiii  à  Fontainebleau  colle  Irib 
d'artistes  transalpins.  Cet' engoaeaieiii  du  roi  et  de  la  Cour  pour 
tout  ce  qui  venait  d'Italie  manqua  d'être  tMt,  Avoir  cherche  à  faire 
plier  notre  école  au  despotisme  du  Primatice  et  du  Rosso  a  éiè  uae 
profonde  erreur.  Les  extravagances  de  ces  derniers  ne  luis^êiËnt 
pas,  malheureusement,  d'avoir  une  influence  néfaste  sur  nombre 
de  nos  artistes,  de  les  égarer  jusqu'à  un  certain  point  ;  fort  heureu- 
sement, la  masse  resta  réfractaire  et  notre  art  national,  d'une  si'vc 
si  féconde  et  si  française,  ne  se  laissa  pas  facilen^ent  dévier  sa  vme. 
Au  nombre  des  peintres  ayant  joui  d'une  haute  renommée  ân 
seizième  siècle  et  presque  oubliés  depuis,  Ton  peut  citer  liardi- 
ment  au  premier  rang  les  Bunel.  Ces  Bunel  ne  sont  plus,  pour 
ainsi  dire,  pour  nous,  aujourd'hui,  que  des  êtres  abstraits,  ibntir 
nom  seul  n'est  peut-être  pas  tout  à  fait  inconnu  des  curieux  d'art,  vi 
encore  !  Cet  oubli,  dans  lequel  est  tombée  cette  dynastie  d'artislea, 
s'explique  jusqu'à  un  certain  point  par  deux  raisons  :  d'alwr^f, 
parce  que  leurs. ouvrages  ont  totalement  disparu,  et  ensuîïe  parée 
qu'ils  vécurent  à  cette  malheureuse  époque  où,  les  guerres  Teli- 
gieuses  ayant  mis  la  France  en  feu,  Ton  avait  tout  autre  chose  à  faire 
t|u'à  s'occuper  de  questions  d'art.  Il  ne  faut  pas  oublier  qu^alon 
les  beaux  jours  de  François  I*'  et  de  Diane  de  Poitiers  étaient 
passés.  Les  temps  étaient  devenus  hostiles  à  l'art.  Le^  idées  êuieot 
ailleurs,  et  peintres  et  sculpteurs  n'avaient  que  faire  entre  lï<(ueurï 
et  huguenots.  L'argent  devenu  rare,  l'anarchie  régnant  en  souve- 
raine maîtresse  de  tous  côtés,  la  France  voyait  venir  le  moment  uù 
elle  allait  être  démembrée  par  l'étranger.  La  Savoie  et  TKâpa^jQ^i 
aux  aguets,  n'attendaient  qu'un  signal  pour  se  jeter  à  la  curée. 

Nous  avons  fait  tous  nos  efforts  pour  réunir  sur  les  Bunel,  sqt 
leurs  personnes  et  leurs  ouvrages,  le  plus  de  renseignementi  po^ 
sible,  cherchant  à  établir  leur  état  civil  et  à  donner,  aussi  fidèle- 
ment qu'il  nous  a  été  permis,  la  liste  de  leurs  ou\ rages  et  letrr 
historique.  Notre  moisson  n'a  pas  été  riche,  nos  recherches  sost 
bien  souvent  restées  sans  résultat.  Il  n'en  est,  hélas  !  que  trop  sou- 
f  vent  ainsi  pour  les  artistes  de  ces  temps  troublés.  Que  sait-on  de^ 

l  Corneille  de  Lyon  et  des  premiers  du  Monstier?  Peu  de  choses, 

l  pour  ne  pas  dire  rien.  Connalt-on  seulement  d'eux    un*  '^ 

[  absolument   authentique  ?   Sur   ces    peintres,    l'obâcuril. 

[  peu  près  complète  et  l'on  ne  peut  en  parler  que  par  nr- 


I 


FRA\Ç018    ET   JACOB    BIMEL  5â0 

La  fatalité  semble  s*étre  acharnée  sur  les  Bunel  comme  sur  eux. 
Pour  le  chef  de  la  dynastie  des  Bunel,  Jean  Bunel,  nous  n*avons 
presque  qn*ane  date.  C*est  peu.  Pour  son  fils  François,  sans  cepen- 
dant être  arrivés  à  découvrir  les  dates  de  sa  naissance  et  de  sa 
mort,  nous  serons  plus  explicites  et  nous  pourrons  donner  d'assez 
nombreux  renseignements  sur  sa  vie  et  sur  ses  ouvrages.  C'est 
avec  le  dernier  et  le  plus  connu  des  Bunel,  Jacob  ou  Jacques»  le 
fils  de  François,  que  nous  serons  le  plus  à  Taise,  grâce  à  Testime 
dont  il  a  joui  auprès  de  ses  contemporains  et  même  auprès  de  la 
génération  qui  a  suivi  ;  grâce  aussi  à  Tapaisement  des  esprits,  con- 
séquence de  Tavënement  de  Henri  IV  au  trône  de  France.  Nous 
avons  rencontré  maintes  mentions  le  concernant  dans  les  écrivains 
du  temps;  mais  les  meilleures  sources  auxquelles  il  nous  a  été 
donné  de  puiser  ont  encore  été  les  dépôts  d'archives  et  les  comptes 
des  maisons  royales.  C'est  donc  surtout  par  Tétude  de  ces  docu- 
ments que  nous  allons  essayer  de  raconter  la  vie  et  d'établir  la 
^  liste  des  principales  œuvres  de  François  et  de  Jacob  Bunel.  Malheu- 
reusement, bien  des  points  de  leur  existence  resteront  cachés  à 
no9  investigations  et  enveloppés  de  ténèbres  profondes. 

Le  premier  des  Bunel  dont  on  trouve  trace  est  Jean  Bunel, 
peintre  àBlois,  qui,  en  1518,  reproduisait  des  écussons  aux  armes 
de  la  ville,  sur  les  manches  des  robes  de  cérémonie  des  officiers 
municipaux,  ainsi  que  sur  les  torches  de  cire  que  ces  magistrats 
portaient  aux  processions,  comme  en  fait  foi  un  compte  des  recettes 
i'ï  dépenses  communales  de  Blois  de  cette  même  année'. 

La  famille  Bunel  avaitde  nombreux  représentants  à  Blois,  et  une 
certaine  Rachel  Bunel  native  deDIois,  veuve  de  feu  Martin  Dumont, 
marchand  d'habits, qui  «mourut  le  dernier  jour  de  septembre  1625]»  , 
comme  nous  l'apprennent  les  registres  protestants  de  l'état  civil 
conservés  au  grefie  du  Palais  de  justice,  appartenait  certainement 
à  la  famille  de  nos  peintres*,  lien  était  probablement  de  même  de 
ce  François  Bi^nel,  sieur  de  Boiscarré,  originaire  de  Pont-Audemer, 
qui,  pour  cause  de  religion,  se  réfugia  en  Prusse  \ 

Jean  Bunel  eut  un  fils,  François,  qui  s'éleva  au  rang  de  peintre 

1  A.   UvPKÈ,  Notice  sur  quelques  peintres  blésois.  Gazette  des  Beaux-Art;, 
i      48.  t.  II,  p.  265etiuiv. 

Jal,  DiclionHoire  critique  de  biographie  et  d'histoire. 
UAâ€,  La  France  protestante. 


560  FRAXÇOIS   ET   JACOB    BUNEL. 

de  la  Cour  de  Navarre  et  obtint  même  le  titre  et  la  charge  de  walet 
de  chambre  du  roi,  comme  on  le  verra  plus  loin.  Où  et  en  qaelle 
année  naquit-il?  Probablement  à  Blois»  où  résidait  son  père,  et  pro- 
bablement aussi  entre  les  années  1515  et  1530.  Koos  basons  notre 
hypothèse  sur  ce  que  son  père  y  exerçait  sa  profession  en  1318', 
ainsi  que  nous  l^avons  vu  plus  haut,  que  François  Bunel  y  vit 
naître  son  fils  Jacob  en  1558,  et  qu*en  1589  il  était  encore  au  ser- 
vice du  roi  de  Navarre.. 

A  cette  époque,  Blois  était  une  sorte  de  petite  capitale  et  avait 
la  chance  particulière  d*étre  un  foyer  d'art,  par  suite  du  séjour  qu  y 
fit  la  Cour  pendant  près  de  trois  siècles.  Rien  d'étonnant  alors  dj 
rencontrer  des  artistes. 

En  1 583,  François  Bunel  était  déjà  peintre  de  la  Cour  de  Navarre 
et  valet  de  chambre  du  roi  depuis  un  certain  temps.  Il  fournit  à 
cette  date  un  long  mémoire  de  travaux  exécutés  par  lui,  pour 
lesquels  il  réclama  la  somme  de  125  livres,  chichement  épluché 
par  le  sieur  Duplessis  *,  sans  dbute  un  des  secrétaires  de^  com- 
mandeAients  du  roi  de  Navarre. 

Voici,  d'ailleurs,  ce  mémoire  écrit  de  la  main  du  peintre,  relevé 
aux  archives  des  Basses-Pyrénées  '  ; 

a  Parties  de  peintures  que  j'ay  faictes  pour  le  service  du  roy  et  par 
commandement  de  Sa  Majesté  : 

—  Un  grand  tableau  du  prince  d'Ombes,  que  j'ay  mis  dans  le  cabinet 
de  Sa  Majesté  ; 

—  Deux  créons  de  Sa  Majesté  ; 

—  Deux  petis  pourtraicts  de  Sa  Majesté,  Tun  en  lumineure  et  Taollre  ^ 
huille  à  XV  livres  pièce  Tun  portant  Fautre  ; 

—  Un  pourtraict  en  huille  de  Monsieur  de  Bourbon  ; 

—  Un  dessein  de  navire,  pour  devise  de  sa  dicte  Majesté,  que  j^ay  ^ 
pour  le  brodeur  ; 

—  Un  tableau  et  pourtraict  de  sa  dicte  Majesté  lorsqu'il  estait  aig^ 
seulement  de  troys  ans  »  \ 

Etudions  maintenant  ces  difi'érents  articles  : 

Le  premier  est  un  portrait  de  Henri  de  Bourbon,  prince  J^ 

>  A.  Dipatf,  ioc,  cit.  Gazette  des  Beaux-Arts,  1888,  t.  H,  p.  265  et  suif. 

*  Probablement  Duplessis-Mornay. 
^  Voir  ci-conire,  planche  XXX VI il. 

*  Archives  des* Basses-Pyrénées.  B.  2678. 


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Pagp  hd». 


^ 


FRANÇOIS    ET   JACOB   BU\EL  561 

Dombes  *.  Le  second,  le  troisième  et  le  dernier  consistent  en  cinq 
portraits  du  roi  lui-même,  deux  au  crayon,  un  sur  parchemin,  un 
sur  toile,  à  T^uile,  et  un  dernier  représentant  le  souverain  à  Tàge 
de  trois  ans.  Ces  différents  portraits,  le  dernier  mis  à  part,  étaient 
sans  doute  destinés  à  être  offerts  comme  souvenirs  aux  fidèles  amis 
et  serviteurs  du  roi.  Hais  de  là  faut-ii  conclure,  comme  Agrippa 
d'Aubigné  semble  avoir  voulu  en  accréditer  le  bruit,  que  Henri  de 
Navarre  manquait  de  générosité  et  que  Tenvoi  de  son  portrait  lui 
semblait  un  payement  suffisant  pour  s^ètre  dévoué  à  son  service  ?  Il 
n'y  aurait  alors  qu  a  s* en  rapporter  au  quatrain  suivant,  que  le  sar- 
castique  auteur  des  Tragiques  inscrivit  sous  le  portrait  dont  le 
roi  lui  avait  fait  don  : 

Ce  prince  est  d*étrange  nature. 
Je  ne  tçaii  qui  diable  l'a  fait  ; 
Il  récompense  en  peinture. 
Ceux  qui  le  servent  en  effet. 

D'Aubigné  était-il  bien  en  droit  de  se  plaindre  ?  Entré  fort  gueux 
au  service  de  Henri  IV,  il  fut  nommé  par  lui  maréchal  de  camp  et 
gouverneur  de  Maillezais. 

Mais  revenons  au  mémoire  de  François  Bunel.  Le  quatrième 
article  mentionne  un  portrait  du  prince  de  Condé*  (monsieur  de. 
Bourbon),  et  le  cinquième,  un  dessin  de  navire  devant  servir  de 
.  devise  et  destiné  au  brodeur.  Que  faut-il  entendre  par  là  ?  Il  est 
bien  difficile  de  le  dire  au  juste.  Était-ce  là  un  carton  destiné  à 
être  reproduit  en  tapisserie?  Peut-être,  probablement  même; 
mais  pourquoi  ce  sujet  d'un  navire  ?  Il  ne  peut  être  question  des 
armes  de  la  ville  de  Paris;  Henri  de  Navarre  n'était  point  encore 
Henri  IV  de  France.  On  ne  peut  donc,  en  cette  occurrence,  que 

'  Henri  de  Bourbon,  fils  de  Françoys  de  Bourbon,  duc  de  Montpensier,  ne  le 
12  mat  1573,  à  Méziéres,  village  de  Touralne,  mort  le  27  février  1668,  porta  le 
titre  de  prince  des  Dombes  jusqu^à  la  mort  de  son  père  en  1592,  oix  il  devint  alors 
duc  de  Montpensier. 

*  Henri  1*,  prince  de  Gondé,  fils  de  Louis  de  Condé,  fràre  d'Antoine  de  Navarre. 
^ëre  de  Henri  IV  ;  né  à  la  Ferté-sous-Jouarre  en  1552  et  mort  en  1588.  Ce  prince 
aiisista  dans  sa  jeunesse  aui  combats  de  la  Roche- Abeille  et  de  Moncontour.  Il  fut 
^hlis^  d'abjurer  la  religion  réformée  en  1572  pour  échapper  à  la  Saint-Barthé- 
lémy* 6t  se  sauva  de  la  Cour  quelques  mois  avant  la  mort  de  Charly  I\.  Il  retourna 
alors  se  mettre  à  latêtecfes  calvinistes  et  fut  fait  gouverneur  de  Picardie  à  la  paix 
dç  Beaulieu,  en  1574.  Il  combattit  à  Goutras  aux  côtés  de  Henri  de  Navarre  et 
mourut  Tannée  suivante,  à  Saint-Jean  d'Angely,  empoisonné,  dit-on,  par  sa  fenune. 

36 


662  IfRANGOIS   ET  iAGOB    BU\ËL. 

faire  des  conjectures  plas  ou  moiDS  plausibles.  11  coiivietil  seale- 
ment  de  remarquer  que  déjà  le  fils  de  Jeanne  d*Albiet  avait  soni^é 
à  attirer  dans  ses  États  des  tisseurs  flamands  chassés  de  leur  patrie 
parles  guerres  religieuses,  pour  y  établir  à  demeure  des  métiers 
de  tapisserie,  11  n'y  réussit  guère;  mais  il  haï  néanmoins  ne  pis 
oublier  qu'en  1583  Duplessis  Mornay,  son  cooseiller  inllme,  lui 
adressait,  sur  son  ordre,  un  mémoire  sur  les  moyens  d^installer 
en  Béarn  une  colonie  d^ artisans  flamands  ^  L'on  verra  plus  loin 
que,  si  le  résultat  ne  fut  pas  à  la  hauteur  de  ce  que  Ton  était  en 
droit  d'espérer,  le  prince,  une  fois  roi  de  France,  mît  son  projet  à 
exécution  et  donna  à  Tindustrie  de  la  tapisserie  les  encourage- 
ments qu'il  rêvait  depuis  longtemps  de  lui  accorder^. 

Voici  maintenant  le  mandement  de  payement  du  roi  pour  le 
mémoire  de  François  Bunel  que  nous  venons  d'étudier  '. 

Le  roy  de  Xavarre  a  nostre  amé  féal  conseiller  Monsieur  Vincens  de 
Pedesclaux,  par  nous  commis  à  la  trésorerie  de  nostre  maison  et  recepif 
généralle  de  noz  finances,  salut.  Mous  voulons,  vous  mandons  et  orJon- 
iions  que  des  premiers  et  plus  clairs  deniers  de  vostre  charge'  et  receple  dt 
la  présente  année,  vous  paiez,  baillez  et  délivrez,  ou  faictes  paier,  bailler  «i 
délivrer  comptant  à  nostre  cher  et  bien  amé  paintre  et  varlet  de  cliambrf , 
François  Bunel,  la  somme  de  six  vingtz  dix  sept  escus  sol,  reiertan' 
à  quatre  cens  unze  livres  tz.  que  nous  luy  avons  ordonnée  et-  ordontionf 
par  ces  présentes  à  scavoir  i  quarante  escus  pour  ses  g^ges  de   noslrf 


1  J.  GuiPFRBY,  Histoire  de  la  tapisserie,  Toars.  Alfred  Maine,  édit.  iSi^, 
1  vol.  iii-4». 

'  Les  brodeurs  occupés  par  les  souverains  n'étaient  pas  rares  d'ailleurs  à  ci  tu 
époque,  et  se  trouvent  fréquemment  mentionnés  dans  les  états  de  dépense  desmcH' 
sons  princières  jusqu'à  la  fin  du  seizième  siècle.  Poor  ne  pas  quitter  la  Coor  it 
Navarre,  Ton  peut  voir  qo*en  1545,  Marguerite  d*Angouléme  en  occupait  qeï  Jo 
nom  de  Jacques  Ghamisson,  qui  remplissait  en  outre  la  charge  de  valet  de  rhinihrt 
de  la  reine;  un  peu  plus  tard,  en  1548,  lors  du  séjour  que  cette  princea^i^  fit  i 
Vendôme  avec  Jeanne  d'Albret,  elle  avait  amené  avec  elle,  en  qualité  de  broicîir 
et  de  valet  de  chambre,  un  nommé  Jehan  Commyn.  On  trouve  encore,  i]«ot  Ifii 
registres  de  dépense  de  la  Cour  de  Navarre,  les  noms  de  Robert  et  Jacob  île  fa  %0M 
qui  recevaient  des  gages  comme  brodeurs.  Robert  de  la  Xoue  toucha  nue  SDmfn«il« 
d91  livres,  pour  six  couvertures  en  broderie  avec  les  armoiries  du  roi,  plus  ^h>  Uirm 
.pour  trois  manchons  en  broderie  d'or.  Il  convient  de  noter  aussi  que  Remy,  tam* 
cierge  et  gard&-meuble  du  château  de  Pau,  dont  il  sera  question  dans  le  rfur»  et 
cette  étude,  était  en  mâme  temps  brodeur  et  travaillait  en  celte  qnaltfr  p^nir  h 
Cour.  —  VoirB.  de  Lagrézb,  Le  château  de  Pau.  Paris,  1885,  1  vol.  to-lJ. 

^  Voir,  ci-contre,  planche  XXXIX. 


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\I/\\I)KMK\T    I)K    PAIKMEMT    DU    HOI    DE    \  A  V  A  »  U  K 

KV     KAVKUR    1»K    K.     H  H  .\  K  I. 


Paji**    ô'iii. 


i 


FRANÇOIS    ET   JACOB   BUXEL.  5G3 

variet  de;  chambre  dont  il  nous  a  servi  en  la  présente  année,  comme  appert 
.  p^r  le  certificat  de  nostre  très  cher  et  bien  amé  cousin  le  sire  de  ^liossiens, 
premier  gentilhomme  de  nostre  chambre,  et  quatre  vingts  dix  sept  escus 
restans  pourpartyes  de  paincture  qu*ila  faîctes  par  nostre  commandement, 
signées  etarréstées  par  nostre  dict  cousin,  cy  avec  le  susdict  certifficat 
alUchées  soubz  nostre  contreseel,  et  rapportant  par  vous  ce  présent 
nostre.  mandement  ensemble  les  susdicis  certifficat  et  parties  et  quittances 
dudict  Bunel  de  la  dicte  somme  de  xi**-xvii  w.  revenans  comme  dict  est 
à  la  somme  de  iiii*^-xi  livres  tz.  nous  voulons  îcelle  estre  passée  et  allouée 
en  la  mise  et  despense  de  vos  comptes  ou  de  celny  qui  payée  Paura  par 
noz  améz  et  feaulx  les  auditeurs  d'iceulx,  aux  qoelz  mandons  ainsy  le 
faire  sans  difficulté  ;  car  tel  est  nostre  plaisir.  Donné  an  Mont  de  Marsan 
le  xxvij*  jour  ^e  novembre,  Tan  mil  v^  quatre  vingts  et  trois. 

Veu  par  JDuplessis  Henry 

Registre  Jo€YE  >  (?). 

Cemlindeinentfutsi<;népar  le  roi le27 novembre  1583  àMIont-de- 
Marsan,  comme  nous  voyons.  Voici  maintenant  Tordre  de  payement 
arrêté  à  Pau  le  13  novembre  et  le  certificat  qui  l'accompagne,  daté 
du  len'demain  14,  par  conséquent  plus  vieux  de  deux  semaines  : 

Argentier,  paiez  et  baillez  pour  les  parties  cy-dessus  à  François  Bunel, 
peintre,  la  somme  de  quatre  vinglz  dix  sept  escuz  sol,  a.  quoy  se  monte 
ses  dictes  parties,  les  quelles  ont  esté  veues,  modérées,  calcullées ,  et 
arrestées  sur  ehascunne  article  par  nous,  seigneur  de  Myossens^  premier 
gentilhomme  de  la  chambre  dut  dict  seigneur  roy  de  Navarre  et  conlrol- 
leur  servant  en  quartier.  Faict  ce  xiii*  novembre  à  Paris,  1583. 

Henry  d'Albret*. 

FOOSSART, 

Nous  Henry  d'Albret,  seigneur  et  baron  de  Myossens,  Corraze  et 
Gerdres,  t;onseilIer  du  roy,  premier  gentilhomme  de  sa  chambre  et 
lieutenant  de  sa  compagnie  de  six  vingts  hommes  d'armes,  certiffions  que 
François  Bunel,  peintre  et  valet  de  chambre  du  dict  seigneur  roy,  a  servi 
Sa  Majesté  des  dicts  estais  durant  les  moys  de  juillet,  aoust  et  septembre 
derniers,  en  tesmoignage  de  quoy  nous  avons  signé  ce  présent  certifficat, 
pour  servir  audict  Bunel,  comme  de  raison.  A  Pau  le  xiir  de  novembre 
mil  cinq  cens  quatre  vingts  trois. 

Henry  d'Albret  ^ 

»  Archives  des  Basses-Pyrénées.  B.  2678. 
»  Ibid. 


664  FRANÇOIS    ET   JACOB    fiU\£L, 

Arrivons  maintenant  à  la  quittance  du  peintre  datée,  comme  le 
mandement  de  payement,  de  Mont-de-Marfiau.ûii  il  se  trourattalors 
avec  la  Cour. 

Pour  servir  de  quittance  à  Monsieur  Vincens  de  Pedeselaui,  conseiller, 
trésorier  et  receveur  général  des  maison  et  finances  du  roy  de  ^avarn?, 
de  la  somme  de  quatre  cens  unze  livres  tournoie,  que  j*ay  receue  et  è  mo| 
ordonnée  par  Sa  Majesté  pour  les  causes  cDDtenues  au  mandement  de  ^a 
dicte  Majesté,  qui  m* en  a  esté  expédié  le  \inrjt  EepLiÈme  du  présent  moys, 
dont  et  de  laquelle  somme  de  iiir,  xi  livres  je  me  ttens  pour  content  H 
bien  payé  et  en  ay  quité  et  quitte  le  dict  âieur  roy,  le  diet  de  PedeMlaun 
et  tous  auhres  par  la  présente  que  j'ay  sit^née  au  Mont  de  Marsan,  ït 
xxxii*  de  novembre,  mil  v*  quatre  vingts  et  trois,  es  présences  de  mù) 
controlleur  de  la  maison  de  Madame  soubsslgné. 

GOUDËVER  (?) 

F.  BuNEL.  prêtent  ^ 

Trois  ans  après,  François  Bunel  était  a  la  ïtocbelle,  oiiil  avatt 
suivi  la  Cour,  assez  vagabonde,  du  prétendant  à  la  couronne  de 
France,  comme  en  fait  foi  la  quittance  suivante  donnée  par  lui  en 
cette  dernière  ville,  le  21  septembre  1586. 

François  Bunel  paintre  et  valet  de  chambre  du  roy  de  Warrc 
confesse  avoir  eu  et  reçu  comptan  de  Monsieur  Maltel  conseiller  trésori^ 
receveur  général  des  maison  et  finances  du  seijjneur.roy,  la  somme  de 
quarante  escus  soL  A  moy  dus  pour  mon  gaîge  de  la  présente  année 
a  cause  de  mon  dict  estât,  de  laquelle  somme  de  quarante  escii»  je  quitte 
le  dict  sieur  Mallet  par  la  présente  et  tous  aultres  que  j'ay  sii^né  de  nu 
main.  A  la  Rochelle  le  vingts  et  unième  Jour  de  septembre  mil  cinq  cem 
quatre  vingts  six. 

i'  BujfBL  *- 

L^année  suivante,  François  Bunel  présente  un  nouveau  mêmaire 
de  travaux  dont  voici  la  teneur  : 

Parties  faictes  et  fournies  par  moy  François  Bunel  peintre  €t  valel  de 
chambre  du  roy  de  Navarre  et  par  commandement  de  Sa  Majesté  : 

Premièrement,  pour  avoir  esté  de  Pezenss  en  Avignon,  par  commande- 
ment de  Sa  Majesté,  pour  faire  le  pourtrakt  de  dcffunt  monsieur  le  eir- 


I 


» 


*  Archives  des  Basses-Pyrénées.  B.  2678. 

•  Ibid.,  B.  2822. 


FRANÇOIS   ET   JACOB   Bl'X'EL.  56& 

dinaid*Armaignac,  tant  pour  la  despence  faicte  au  voyage  aller  et  retourner» 
que  pour  la  façon  et  port  dndîct  pourtraict  —  80  escus  —  réglé  a  50  ; 

Plus,  pour  un  pourtraict  de  comédiens  que  Sa  Majesté  a  retenu  — 
50  escus  —  réglé  à  25,  bordure  comprise  ; 

Plus,  pooravoir  faict  deux  pourtraicts  de  Sa  Majesté  ;  assavoir,  un  grand 
et  un  petit  ;  pour  ce,  30  escus  —  réglé  à  20  ; 

Plus,  pour  avoir  faict,  par  commandement  de  Sa  Majesté,  les  pour- 
traicti  de  Messieurs  de  Sainct  Gelais,  Vaudoré  et  Du  Fay,  ausquelx 
Sa  Majesté  les  a  donnes,  la  somme  de  36  escus,  a  raison  de  12  escui 
chacun,  pour  ce,  36  escus  —  réglé  i  15; 

Plus,  le  lundi  30  mars  1587,  Sa  Majesté  a  retenu  nn  grand  tableau  do 
Adonis  et  m'a  commandé  le  fere  border,  70  escus  —  réglé  à  45,  bordure 
comprise  ; 

Plus  i  Sa  Majesté  retenu  deux  autres  moiens  tableaux  l'un  de  Triomphe 
de  la  Véritté  et  Tantre  d'un  Rufisque  italien,  valant  chacun  30  escus,  pouK 
les  deux  60  escus,  —  réglé  à  30  escus,  compris  les  bordures'. 

Da  premier  article  de  ce  second  mémoire,  il  ressort  que  Fran- 
çois BaDel,qui  se  trouvait  à  Pezenas  aux  environs  de  Tannée  1586, 
alla  par  ordre  du  roi  à  Avignon  pour  faire  le  portrait  de  son  vieux 
parent,  qui  venait  de  mourir,  le  cardinal  d'Arnuignae,  Tauteur  de 
la  fameuse  lettre  écrite  à  Jeanne  d'Albret  en  1563  '. 

Vient  ensuite  un  portrait  de  comédiens  sur  lequel  nous  n'avons 
pu  rencontrer  aucun  renseignement  et  que  le  roi  voulut  conserver 
dans  sa  galerie  particulière.  Ces  portraits  de  comédiens  et  de 
bonObns  étaient  très  à  la  mode  pendant  tout  le  seizième  siècle  et  le 
restèrent  pendant  la  première  partie  du  dix-septième.  Philippe  IV 
ne  fit-il  pas  reproduire,  par  le  pinceau  de  Velasquez,  nombre  de 
gens  de  cette  sorte  entretenus  à  sa  cour;  témoins  :  El  nino  de 

>  Archives  des  Basses-Pyrénées.  B.  S678. 

*  Le  cardinal  d* Armagnac  ne  fut  pas  un  mince  personnage.  Évéque  de  Rhodes, 

administrateur  des  évècbésde  Vtbrei  et  de  Lectoure,  il  fut  ambassadeur  à  Venise 

et  à  Rome,  archevêque  de  Toulouse,  associé  comme  coiégat  au  cardinal   de 

Bourbon,  et  légat  à  Avignon,  qn*il  conserva  au  Saint-Siège  par  son  habileté  et  sa 

sage  administration  an  milieu  des  guerres  civiles.  Élevé  au  cardinalat  en  15^4,  il 

succéda  à  Félicien  Capiston  sur  le  siège  d*Avignon.  Il  mourut  en  1585,  à  l'Age  de 

quatre-vingt-quatre  ans.  Le  cardinal  d'Armagnac  aimait  les  choses  d'art.  Il  existe 

ne  correspondance  de  lui  avec  le  connétable  Anne  de  Montmorency,  de  laquelle 

ressort  qu'il  rechercha,  acquit  et  envoya  à  ce  dernier,  de  Rome  en  France, 

ombre  de  marbres  antiques.  —  Voir  F.  db  Lastbvrib,  Le  connétable  de  Mont- 

ioreney.  Gazette  des  Beaux-Arts,  2«  série,  t.  XIX,  p.  101.  —  Millbr.  Les  par- 

efeuilUs  de  Gaignières,  Gazette  des  Beaux- Arts,  1"  pér.,  t.  IX,  p.  75» 


566  FRAXÇOIS    ET  JACOB    fiUXEL. 

VallecQSf  el  bobo  de  CoHa;  Pablillos  de  VaUadolid;  Barba- 
r'ojâ;  el  Prinro,  ett*       "  ^ 

'^'La  liste  continue  avec  deux  portraits  du  roi,  ce  qui,  avec  les 
cînqj  du  premier  mémoire,  fait  sept,  deirant,  probablement  comme 
les  précédents,  être  offerts  à  de  fidèles  amis  du  souverain. 

Le  quatrième  article  énùmère  les  trois  portraits  de  saint  Gelais\ 
Vaudoré'  et  Du  Fay ',  destinés  à  être  donnés  aux  modèles  eux- 
mém.es. 

Le  cinquième  article  consiste  en  un  grand  tableau,  ce  qui  veut 
8|iti9.  floQte  dire  de  figure  de  grandeur  naturelle,  représentant 
Adonis.  Ce  sujet  mythologique  est  bien  dans  Tesprit  du  temps, 
épris  d'antiquité  et  de  paganisme. 

Pour  le  dernier  article,  il  comprend  deux  tableaux  de  moindres 
dimensions  figurant  :  Tnn,  le  Triomphe  de  la  Vérité,  et  Tautre, 
un  Rufiesque  italien.  Le  Triomphe  de  la  Vérité,  c^èK^M  probable- 
ment une  de  ces  allégories  alambiquéés  et  compliquées  telles  que 
la  Renaissance  en  a  tant  produites,  et  par  Rufiesque  italien  il 
faut  sans  doute  entendre  le  portrait  d'un  reitre  ou  d*un  ruffian 
chargé  d'oripeaux,  mi-soldat  mi-bandit,  ce  que  nous  appellerions 
aujourd'hui  une  tête  de  genre. 

La  somme  totale  réclamée  par  François  Bunel  dans  ce  mémoire 

montait  à  326  écus  soleil,  soit  978  livres  du  temps;  mais»  par 

suite  de  la  pénurie  du  trésor  royal,  et  peut-être  aussi   de  la  lési- 

nerie  assez  connue  du  roi  Vert  Galant,  cette  somme  fut  réduite 

>  par  Berziau  seigneur  de  la  Marsillière,  Tun  des  secrétaires  des 

>  Nous  ignorons  s'il  s*tgit  ici  dTrbain  de  Saiat-Gelais,  Gis  naturel  du  aieur  de 
Lanzac,  évéque  de  Comminges  de  1560  à  1613,  ou  d'un  autre  Saint-Gelais,  olfi* 
cier  au  service  de  Henri  deMavarre,  pour  la  veuve  duquel,  dev/enu  roi  de  France, 
Henri  IV  réclama  un  secours  à  son  conseil  des  finaudes  par  une  lettre  datée  de 
1595.  Voir  Bbrgkr  ms  Xivrbv,  "Recueil  des  iettres  missives  de  Henri  /F,  1567- 
1610,  9  vol.  in-V.  Paris,  Imprimerie  Nationale,  1866.        ^ 

'  Françoys  Salomon  de  Bremond,  seigneur  de  Vaudoré,  était  un  gentilhonme 
au  service  do  Henri  IV,  qui  fut  gouverneur  de  Parthenay  et  du  pays  de  Gasiine.  Fir 
suite  d'alliances,  la  terre  de  Vaudoré  entra  plus  tard  dans  la  famille  de  la  Fontenefle. 

*  Ce  Du  Fay  n*ctait  autre  que  le  petit-fils  du  fameux  chancelier  de  THospital. 
Michel  Hurault  de  l'Hospital,  seigneur  du  Fay  ou  du  Faî  et  de  Bel  Esbat,  fils  de 
Robert  Hurault,  seigneur  de  Bel  Ësbat,  maître  des  requêtes  de  Thètel  do  roi,  et 
de  Magdeleioe  de  THospital,  fille  unique  du  chancelier,  fut  d'abord  aecrétairedo 
roi  de  \avarre,  puis  chancelier  de  Navarre  et  gouverneur  de  la  \iUe  de  QolUe- 
beuF.  Il  fut  chargé  de  plusieurs  ambassades  par  Henri  III  et  Henri  IV.  II  moomt 
en  1592. 


-fir 


FRANÇOIS    ET  JACOB   BUNEL.  561 

commandements  du  souverain,  à  185  écus,  soit  533  livres,  c'est-à- 
dire  de  près  de  moitié,  malgré  le  prix  des  encadrements,  comme 
n'oublie  pas  de  le  mentionner  le  scrupuleux  trésorier.  Le  peintre^ 
qui  avait  présenté  son  mémoire  à  la  Rochelle,  fut  payé  dans  la 
même  ville  le  30  mai  1587,  comme  en  témoigne  son  reçu.  Il  se 
trouvait  d*ailleurs  à  la  Rochelle  depuis  plus  d'une  année. 
Voici  ce  reçu  écrit  en  entier  de  la  main  de  Bunel  : 

'  Pour  servir  de  quictance  a  Macé  du  Perray  conseiller  très'  et  R'  gé- 
néral des  maison  et  finances  da  roy  de  Navarre,  de  la  somme  de  cent 
quatre  vingtz  ciiiq  escuz  sol  à  moy  ordonnez  pour  les  causes  portées  par 
son  mandement  du  Vj*  du  présent  moys.  Faict  à  la  Rochelle  le  xxx"* 
jour  de  znay  Tan  mil  cinq  cens  quatre  vingtz  et  sept. 

BoNEL  '.         — 

Un  an  après»  nouveau  mémoire  de  283  écus,  soit  849  livres,  pré- 
senté par  François  Bunel,  vérifié  par  Armagnac,  premier  valet  de 
chambrëdu  roi, le  3  février  1589,  arrêté  à  177  écus,  soit531  livres, 
sans  doute  pour  la  même  raison  d'économie  qui  semble  une  règle 
invariable  de  la  Cour  de  Navarre,  par  Roquelaure,  le  3  mai  1589 
trois  mois  plus  tard,  &  Tours;  et  enfin,  le  13  juin  1590,  payé  au 
camp  de  Gonesse,  par  ordonnance  royale.  Le  peintre,  qui  suivait 
rarmée  du  prétendant,  en  donna  quittance  sous  les  murs  de  Paris, 
le  9  juillet  de  cette  même  année. 

Voici  ce  mémoire,  comme  les  précédents,  très  instructif,  ainsi 
que  Tordre  de  paiement,  et  le  reçu  du  peintre  : . 

Parties  de  peintures  qui  sont  deues  à  Bunel,  peintre  du  roy,  qu'il  a 
faict  par  son  commandement  : 

Et  premièrement  un  grand  tableau  d'une  Charité  qu*il  a  faict  dans  la 
chambre  de  Sa  Majesté  ;  60  escus  —  réglé  à  30  escus  ; 

Plus  un  aultre  enfant  grand  comme  le  naturel  qui  desmontre  la  vie  de 
l'homme  ;  30  escus  —  réglé  à  15  escus  ; 

Plus  pour  avoir  fourni  de  toilles  et  de  couUeures  au  peintre  de 
Monsieur  de  Salaygnac,  pour  faire  un  tableau  d'une  Vanité  et  tout  par  le 
commandement  de  Sa  Majesté  ;  60  escus  —  réglé  à  30  escus  ; 

Plus  un  pourtraict  de  luy-mesme,  en  tableau  commun  qu'il  a  donné 
&  Monsieur  de  Roquelore,  enrichi  d'une  bordure  dorée  ;  12  escus  —  réglé 
à  10  escus  ; 

*  Voir,  ci-dessot,  planche  XL. 


V: 


568  FRANÇOIS    ET    JACOB    BUIVEL- 

Plus  deux  autres  tableau^c  de  Drak  qu'il  a  commandé  de  sembUble 
grandeur  commune  ;  20  escus  —  réglé  à  13  escus  -, 

Plus    un   autre  tableau    commun  de    Sa  dite    Majesté  a    donné  à 
Monsieur  de  Vau,  ministre  ;  10  escus  —  réglé  à  8  escus  ; 
L  *  Plus  un  autre  tableau  commun  de  Monsieur  de  Fonterailles  ;  10  ^cut 

—  réglé  à  8  escus  ; 

^  Plus  autre  tableau  commun  de  Monsieur  de  Faïas  ;  10  esciii  ^  réglé 

P  '  à  8  escus  ; 

•  Plus   un  grand  tableau  de   Sa   Majesté  aussi  grand  que    le  naturtli 

^  d*armes  enrichi,  10  escus  —  réglé  à  8  escus  ; 

Plus  pour  avoir  esté  en  Ré  pour  peindre  le  pelit  de  Monsieur  G4déon  ; 
\'  15  escus  —  réglé  à  12  escus  ; 

:  Plus  un  pourtraict  du  ro;  d^Ëscosse  de  commune  grandeur  ;  10  esciiî 

—  réglé  à  8  escus  ; 

Je  certifie  avoir  faîct  et  fourny  pour  Sa  Ihiajesté  ce  qui  est  îci  de^sui 
mentionné  en  douze  articles,  faict  par  le  commandement  du  rey  le 
3  Febvrier  1589. 

AmiATGKac. 

Les  parties  contenues  de  Taulre  part  en  onze  articl^St  ont  été  veu*»* 
arrestées  et  modérées  à  la  somme  de  buit  vingtz  dix  sept  escuK  soleil  p«r 
nous,  cbambellan  et  maistre  de  la  garde  robe  du  roy  et  le  coutroUeur  àt 
sa  maison  soubssignez.  Faîct  à  Tours  le  tiers  jour  de  ma  y  Tan  mil  fio^ 
cens  quatre  vingtz  neuf, 

pour  177  écus  soU 

RoqUBL&UBE. 

Au  dos  est  écrit  : 

Mandement  du  roy  et  quittance  de  François  Buuel  de  177  écus  sol- 

De  par  le  roy. 

A  nostre  amé  et  iéal  conseiller,  trésorier  et  receveur  de  nos  maison  é 
antien  domaine  de   Navarre,    M*  Vincens  de  Pedescleaui,  salut,  oous 
voulions  et  vous  mandons  que  des   premiers  et  plus  clairs  deniers  df 
vostre  cbarge  et  recepte,  vous  payez  et  dellivrei  comptant  à  Françoys  Bunel, 
nostre  peintre  et  varlet  de  cbambre,  ta  somme  de  huicl  vingtz  dii  »ept 
escus  sol  que  nous  lui  avons  ordonnée  et  ordonnons  par  ces  présentef, 
signées  de  nostre  propre  main,  pour  les  causes  contenue;*  au  roolle  ^ 
certifficat  cy  soulz  nostre  cachet  allachet,  rapportant  les  quelz  ce  présent 
mandement  et  quitance  sur  ce  suffizaute  dudït  fiunci  de  la  dite  so. 
de  177  écus  sol,  nous  voulions  icelle  estre  passée  et  allouée  en  la  mi 
despence  de  voz  comptes  par  nos  amei  et  féauls  les  auditeurs  d'ir< 
aux  quels  mandons  ainsi  le  Taire  sans  difficulté,  car  tel  est  notre  p'' 


FRANÇOIS   ET   JACOB    BtNEL.  501* 

Donné  an  camp  de  Gonease  le  xiii*  juin  cinq  cens  quatre  vingU  dix» 

Hboiy. 
De  Loménie. 
Ven  par  Dnpletsîs  U 

Je  toubi  signé,  peintre  et  variai  de  chambre  du  Roy,  confesse  avoir 
receu  comptant  de  Monsieur  de  Pedesclaoz,  conseiller  dudit  seigneur  roy, 
trésorier  et  receveur  général  de  ses  maison  et  finances  de  Kavarre,  la 
somme  de  huict  vingtz  dix  sept  escus  sol  à  moi  ordonnée  pour  les  causes  con* 
tenues  an  mandement  qui  en  a  eslé  expédié  sur  le  dit  sieur  de  Pedesclaux, 
qoelle  somme  de  177  écns  sol,  je  quitte  le  dit  sieur  de  Pedesclaux,  tréso- 
rier susdit,  et  tons  autres  par  la  présente  que  j'ay  signée  de  ma  main. 

Au  camp  devant  Paris,  le  ix*  jour  de  juillet  mil  cinq  cens  quatre 
vingt!  dix. 

pour  177  écus 

BuviL  *. 

Le  premier  article  de  ce  troisième  mémoire  du  peintre  de  Henri 
fie  Navarre  s'applique  à  un  grand  tableau  d'une  Charité  exécuté 
ponr  tes  appartements  royaux,  une  allégorie  probablement  ;  mais 
^agit-il  des  trois  vertus  théologales,  les  Karites  chrétiennes,  ou 
ties  trois  Grâces,  les  Karites  des  théogonies  grecques?  L'on  n'en 
peut  rien  savoir.  Vient  ensuite  la  représentation  de  grandeur  natu- 
relle d'un  enfant  démontrant  la  vie  de  rhomtne.  Encore  une  allé- 
gorie^ cette  dernière  probablement  relative  à  la  vie  humaine. 

L'article  suivant  prouve  que  François  Bunel  ne  peignait  pas 
seulement,  mais  qu'il  fournissait  en  plus  les  outils  de  leur  métier 
et  du  sien  aux  autres  peintres  employés  par  le  roi,  puisqu'il  livre 
des  toiles  et  des  couleurs  à  un  peintre  au  service  du  sieur  de  Salay- 
^nac  ',  dont  il  néglige  de  dire  le  nom,  chargé  d'exécuter  pour  le  sou- 

'  Archive!  des  Basiet-Pyrénées.  B.  5974.  —  Voir  Paul  RAYMoirD,  Notes  pour 
servir  à  f  histoire  des  artistes  en  Béam.  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences, 
LeUres  et  Arts  de  Pau,  1873-1878,  2*  série,  t.  III,  p.  133  et  suiv. 

*  Archives  des  Basses-Pyréoées.  B.  5974. 

'  Salignae  on  Salaîgnac,  baron  de  la  Mothe-Fénelon,  fat  envo^fé  plusieurs  fois 
en  ambaisade  par  Henri  IV,  notamment  an  roi  de  France,  alors  que  le  Béarnais 
n'était  encore  que  roi  de  Navarre,  et  plus  tard  à  Constantinople. 

Nous  ne  savons  quel  est  le  peintre  employé  ordinairement  par  M.  de  Sali^pac 

»Dt  il  est  question  ici.  Parmi  ceur  dont  on  trouve  le  plus  souvent  les  noms 
mn9  les  comptes  de  dépense   de   la  maison  de  \avarre  pendant  le  règne  de 

;ori  IV,  il  convient  de  citer  Marc  Duval,  qui  jouissait  en  même  temps  d'une 

arge  de  valet  de  chambre  du  roi  ;  Chrestien  Lefebure  (Scbmidt)  ;  Simon  Hemste, 


570  FRAXÇOIS    ET    JACOB    BU\EL. 

VGmn  un  tableau  représentant  une  Vanité,  loujours  àes  alti^gone^. 

Dans  le  quatrième  article,  il  s'agit  d'un  portrait  du  roi;  \t 
sixième,  c'est  encore  un  portrait  du  roi.  Avec  les  sept  dont  iU 
déjà  été  question  précédemment,  cela  fait  neuf,  et  nous  ne  sommes 
pas  au  bout.  Ces  deux  derniers  étaient  destinés  à  être  offerts  à  mes-^ 
sieurs  de  Roquelaure'  et  du  Vau  V  Celui-ci,  ministre  de  la  religioti 
réformée.  Arrivons  donc  à  un  dixième  portrait  du  souverain, 
de  «grandeur  naturelle,  le  représentant  en  pied,  avec  ses  armoiries 
figurées  sur  la  toile. 

Lu  article  précédent  est  consacré  à  deux  tableaux  de  Drak, 
Biêcutés  sur  commande  du  roi,  tous  deux  de  même  dimension* 
Que  signi6e  ce  nom  de  Drak  que  nous  avons  en  Tarn  cherché  dans 
tous  les  glossaires  possibles?  S'agit-il  d'un  sujet  de  chasse?  Dmk 
serait-il  le  nom  d'un  anippal  de  la  ménagerie  du  souverain,  d'aa 
chien  faisant  partie  de  sa  meute,  d'un  fou  attaché  à  la  maison 
royale?  Peut-être,  quoique  nous  n^ajfons  nulle  part  trouvé  trace  «le 
ce  nom  dans  les  comptes  de  dépense  de  la  maison  de  Nârarre. 

peintri?  et  valet  de  chambre  de  Jeanne  d*Albret,  el  eofin  les  Cabery,  dont  I'd*, 
Ifuillaume,  aidé  d*un  charpentier  cachot,  fut  chargé  d'efTocer  les  noms  et  lei  poi^ 
trail»  des  rebelles  da  fameux  tableau  expose  en  lîéarn  jutctu'au  mois  de  jtaii^ 
ITiJ't.  Ce  tableau,  sur  lequel  c  étaient  peiul?  non  feutemeal  lesnomii  Ëtpréaomi 
des  proscrits,  mais  encore  leur  portrait,  de  manière  ù  pouvoir  les  recoonallre  et 
bur  courir  sus  ■  ,  avait  été  exécute  par  les  sDirtf  du  consfil  généra!  de  Pau,  d'iprè* 
im  ordre  de  Jeanne  d'Albret  venu  lie  la  Rochelle  à  une  date  lae^rldac!,  ma»  pro^ 
biblement  au  commencement  de  V&iiîiùti  1570.  —  Vi>ir  Tabbé  DLDAMTZt  if  P'^- 
îi^stantisme  en  Béarn  et  au  pays  basrftte,  1  vol.  rn^^  Pau,  imprimerie  l  [t^aaih- 
CDur,  1895;  Paul  RâTifOND,  loc.  cti,  Btttietin  de  la  Société  dex  Sciencet,  Lfttr^ 
et  Arts  de  Pau.  1873-1878,  2»  série,  t.  lll,  p.  125  et  suiv. 

'  11  y  a  eu  à  la  Gourde  Xavarre  deui  Roquelaure  i  1*  Anloiàe.  baron  de  Roque* 
laurc,  né  en  mars  1544,  mort  le  ^juifj  10^5  k  Lectoure.  Atiaehé  par  Jeanne  à*hi' 
bret  au  service  de  son  fils,  il  accompa;]ua  ce  prince  dans  toutes  ses  espéditioDS  mili- 
taires, à  Moncontour,  àCoulras,ù  Ar|]u0s,  ilirj,  etc-  H  fut  succe^sîvemealmsiire 
de  la  ^arde-robe  du  roi,  conseiller  d'KiatJîeutenant  général  d'Auvert^ne  en  15%, 
d{.'  ïiujenneen-1610.  Henri  IV  n't^ut  pn.s  de  compagnon  plu»  ûdèk  et  plu^déron^ 
H  fui  fjâit  maréchal  de  France  par  Louis  \I[f,  le  17  décembre  t6ÎO,  Roqaelaurf, 
qui  â'était  marié  deux  fois,  eut  dix-buli^^nriints.  ^*i  Le  sieur  de  THostal,  seigaeurdj- 
Ruquelaure,  Sendos  et  Maucor,  lice-cbancelier  du  royaume  de  Xavarre.  (fm 
publia  en  1610  un  ouvrage  appelé  V  Avant  victorieux ^  en  rhooneur  de  Henri  ïl. 

Auquel  de  ces  deux  Ro([ueIaure  était  destiné  le  portrait  dont  il  eit  questàjn 
ici,  il  est  difficile  de  le  dire. 

^  Gilbert  de  Vaux  ou  Devaux,  pasteur  protestaat,  ministre  de  la  k 
réformée  à  Millau  en  1561;  il  avait  été  emplojfé  à  df^s  néi^ociations  aterT 
ma;|iic  en  1573 ;  il  fut  un  des  si^^n&Litrei  du  traité  de  Berge rae  en  15T7  > 
celui  de  Xérac  comme  député  du  Rouergueen  1579.  11  astlsla  en  cette  méor^ 


r 


FRANÇOIS   ET   JACOB    BUXEL.  571 

Parmi  les  fous  du  roi,  noas  avons  rencontré  les  noms  de  Tbomin, 
Chicot»  François  Lalo,  mais  pas  celui  de  Drak  ' . 

En  poursuivant  la  lecture  du  mémoire,  nous  rencontrons  les 
portraits  de  MM.  de  Fonterailles'  et  de  Favas'  offerts  par  le  roi 
anx  modèles  eux-mêmes. 

Le  dixième  article  s*applique  au  portrait  d'on  en£ant  naturel  du 
roi  et  d'Esther  Imbert,  né  en  1587  et  mort  deux  ans  après  en  1589, 
que  François  Bunel,  sur  Tordre  du  souverain,  alla  partraicturer 
dans  nie  de  Ré,  ou  il  se  trouvait  avec  sa  mère  *. 

Le  onzième  et  dernier  article  du  mémoire  fait  mention  d*un 
portrait  du  roi  d'Ecosse  qui  n*étail  point  encore  Jacques  I*'  d'Angle- 
terre, mais  allait  bientôt  le  devenir. 

Entre  ces  deux  mémoires  que  nous  venons  de  reproduire  et 
d'analyser,  nous  aurions  dû  trouver  place  pour  le  reçu  que  voici, 
touchant  les  gages  de  François  Bunel  en  qualité  de  valet  de 
chambre;  mais  il  ne  nous  apprend  rien  que  nous  ne  sachions 
déjà,  qu'il  avait  passé  un  peu  plus  d*un  an  et  demi  à  la  Rochelle 

Uié  à  l'assemblée  pnblique  de  la  Rochelle  en  1588  ;  &  la  conférence  de  \aoties  en 
1593,  ou  les  historiens  protestants  Taccusent  de  s*ètre  laissé  corrompre  par  le 
cardinal  du  Perron.  11  nu>urut  en  1598. 

1  B.  Di  Lagrkzb,  le  Château  de  Pau  et  le  Béarn.  Paris,  1885,  in-12. 
*  Michel  fi*Astarac,  baron  de  Marestang  et  de  Fontraillcs  ou  Fontaraille, 
vicomte  de  Coogofas,  fils  aîné  de  Jean-Jacques  d'Astarac  et  d'Anne  de  Karbonne, 
nommé  colonel  de  cavalerie  par  Jeanne  d'Albret.  et  attaché  au  service  du  roi  de 
Navarre,  fut  successivement  sénéchal  d'Armagnac,  t  gouverneur  des  villes  et 
chasteau  de  Leytonrs  « ,  lieutenant  général  des  pays  d'Armagnac,  Cominges,  Asta- 
rac,  Gauze,  Loumagne  et  Rivière-Verdun  ;  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi  et 
capitaine  de  cent  hommes  d'armes.  Il  avait  eu  une  jambe  emportée  d'un  coup  de 
canon  à  la  bataille  de  Jarnac.  On  iguore  l'année  de  sa  mort  comme  celle  de  sa 
naissance.  Toujours  est-il  qu'il  vivait  encore  en  1604. 

s  Jean  de  Fabas  était  un  gentilhomme  gascon  qui  fut  gouverneur  d'Albret  ou 
L«abrît.  Quoique  catholique,  il  soutint  llontgomery  contre  Montluc  pendant  les 
auerres  de  religion.  II  prit  part  k  la  bataille  de  Lépante  contre  les  Turcs  en  1571. 
En  1576,  chargé  de  la  défense  de  Basas  pour  le  roi  de  France,  il  livra  cette  place 
à  Henri  de  Navarre  après  l'avoir  pillée.  II  se  fit  alors  protestant  et  aida  à  la  prise 
d«  la  Réole  en  1377;  ensuite,  avec  les  armées  huguenotes,  il  inquiéta  Bordeaux  et 
Jes  villes  royales,  puis  contribua  à  la  victoire  de  Goutraset  à  celle  d'ivry  en  qualité 
d*sûd«de  camp  dn  roi  deMavarre.  En  1593,  il  fut  un  des  promoteurs  lic  la  conférence 
I  Perron  avec  les  ministres  protestants.  Il  entra  dans  Paris  aux  côtés  de  Henri  IV. 
]  roi  le  récompensa  en  le  nommant,  en  1597,  gouverneur  du  Condomois  et  du 
I  /s  d'Albret,  et,  en  1605,  érigea  sa  terre  de  Gastets  en  vicomte.  11  mourut  en 
i      *4.  Son  fils  combattit  avec  les  protestants  à  la  Rochelle  contre  Louis  XIII. 

^therlmbert  était  fille  de  Boislambert,  maître  des  requêtes  du  roi  de  Xavarre. 


bl2  FRAXÇOIS   BT   JACOB   BUKBL. 

puisqu'il  y  est  réglé  de  son  mémoire  le  30  mai  1587,  comme 
nous  avons  vu,  et  qu'il  y  reçoit  ses  gagea  de  valet  de  chambre  le 
12  septembre  1588. 

Pour  servir  de  quittance  à  Monsieur  Macé  du  Perray,  trésorié  général 
des  maison  et  ûnances  du  roy  de  Navarre,  de  la  somme  de  6/20  livres 
tournois  pour  mes  gaiges  de  la  présente  année. 

Faict  à  la  Rochelle  le  douzième  jour  de  septembre  Tan' mil  cinq  cens 
quatre  vingts  huict. 

BiimL  ". 

Pour  en  finir  avec  les  quittances  données  par  le  peintre  en  too- 
chant  son  traitement  de  valef  de  chambre,  transcrivons  encore  It 
suivante  et  Tattestation  qui  raccompagne. 

Pour  servir  de  quittance  an  trésorié  général  de  la  maison  et  finances 
du  roy  de  Navarre,  Monsieur  Julien  Mallet,  de  la  somme  de  30  livres 
tournois  sur  mes  gaiges  de  valet  de  chambre  dudict  seigneur  roy,  pour 
la  présente  année  mil  cinq  cens  qnatre  vingts  neuf. 

BmiBL  *.  » 

Voici  maintenant  l'attestation  : 

François  Bunel^  autre  valet  de  chambre  Ta  somme  de  40  escas  sol. 
P'  lu  y  ordonnez  pour  son  gaige  de  la  dicte  année.  Gy  couchez  par  les 
dicts  estât  sans  quitance  pour  la  8ommede40  escns  —effacé  —  lOeseos. 

en  marge  : 

Alloué  pour  somme  de  10  escus  par  quittance  de  la  dicte  somvc 
ci  rendue  et  le  restp  payé  à  faute  de  quittance.  Année  mil  cinq  cens 
quatre  vingtz  neuf*. 

Ces  deux  pièces  sont  les  derniers  documents  que  nous  ayons 
rencontrés  dans  les  états  de  dépense  de  la  maison  de  Navarre  oon- 
cernant  François  Bunel.  Cela  veut-il  dire  que  le  peintre  soit. mort 

Il  eiiste  aux  archives  des  fiasses-Pyrénées  une  quittance  à  la  date  du  15  'fli* 
let  1587,  produite  à  la  chambre  des  comptes  de  Pau  par  le  «ieor  Macé-Dopeirtf, 
trésorier  général  de  Navarre  et  Béarn,  de  la  somme  de  5t,200  éeus  pej ée  à  tet\t 
maîtresse  du  roi  pour  son  entretien  et  celui  de  son  enfant.  Voir  J.  Loca&>B, 
Ephémérides  du  Béarn  et  du  pays  basque.  Orthei,  imprimerie  Goude-Donéiâ, 
1866,  in-8o. 

*  Archives  des  Basses-Pyrénées.  B.  2979. 

*  Ibid,,  B.  3051. 

^  Ihid,  —  Registres  de  la  chambre  des  comptes  du  Trésorier  général,  f 
f»  96  v^ 


FRANÇOIS   ET   JACOB    BU\EL.  513 

vers  cette  époque?  Très  probablement,  quoique  nous  n'en  ayons 
aucune  preuve.  François  Bunel  devait  être  alors  âgé  de  soixante 
à  soixante-quinze  ans  environ,  sMl  était  né  entre  les  années  1515 
et  1530  comme  il  est  présumable. 

Nous  avons  énuméré  dix  portraits  de  Henri  IV  peints  par  François 
Banel,  et  nous  devons  être  loin  d*avoir  cité  tous  ceu^  sortis  de  son 
pinceau.  De  ces  portraits,  deux  ont  été  gravés,  tQus  deux  en  Italie, 
alors,  bien  entendu,  que  Henri  IV  n*était  encore  que  roi  deMavarre, 
puisque  tout  donne  à  penser,  comme  il  vient  d'être  dit,  que  Fran- 
çois Bunel  mourut  avant  Tentrée  du  souverain  dans  Paris. 

Le  premier  de  ces  portraits,  gravé  en  1590  à  Rome,  par  Philippe 
Thomassin,   suscita  au  malheureux  graveur  de  grands  désagré- 
ments, et  peu8*en  fallut  qu'il  n'allât,  pour  ce  travail,  pourrir  dans 
les  cachots  du  Saint  Office.  En  1585  Sixte-Quint  avait  lancé  une 
bulle  d'excommunication  contre  le  roi  de  Navarre  et  le  prince  de 
Condé,  avec  cette  circonstance  aggravante  à  Tégard  du  premier, 
qu'après  s'être  converti,  il  avait  de  nouveau  fait  profession  de  cal- 
vinisme et  «  s'était  déclaré  chef  des  calvinistes  en  France  » .  Cette 
balle,  signée  de  vingt-cinq  cardinaux,  fut  promulguée  et  affichée 
à  Rome  le  21  septembre  1585.  Aussi  ne  faut-il  pas  trop  s'étonner 
si,  quelques  jonrs  à  peine  après  avoir  livré  les  premières  épreuves 
de  son  portrait  du  prétendant  excommunié,  le  mardi  12  juin  1590, 
Philippe  Thomassin   reçut  une  citation    à  comparaître' devant  le 
tribunal  du  Saint  Office  pour  y  répondre  de  l'accusation  d'avoir 
reproduit  le»  traits  du  roi  hérétique  Henri  de  Navarre.  Le  pauvre 
artiste  avoue  avoir,  sur  l'ordre  de  M.  de  Luxembourg,  ambas- 
sadeur de  la  noblesse  de  France,  gravé  le  portrait  d'un  inconnu  ; 
d'en  avoir  tiré  d'abord  vingt  quatre  épreuves  et  ensuite  vingt-cinq 
ou  trente  autres;  il  explique  ensuite  n'avoir  inscrit  sous  ce  portrait 
qae  Francoyes  Bunel  peintre  D.  S.  M*  F.  Les  juges,  suffisamment 
éclairés  par  ces  réponses,  firent  enfermer  au  château  Saint-Ange 
Philippe  Thomassin,  ainsi  qu'un  peintre  nommé  Dominico  de 
Ang^ellnis,  qui  avait  exécuté  une  copie  à  l'huile  du  portrait  incri- 
miné.   Heureusement  que,  grâce  aux  instances  du  duc  de  Luxem- 
bourg, deux  mois  après,  le  17  juin  1590,  Sixtc-Quint  faisait  rendre 
*~  liberté  aux  deux  prisonniers. 

Ze   portrait  de  Henri  IV,  par  François  Bunel,  ayant,  servi  de 
)dèle  à  la  gravure  de  Philippe  Thomassin  et  représentant  le 


1 


514  FRANÇOIS  ET   lACOB   BL'NEL. 

«  prétoidu  roi  de  Navarre»  la  tête  couverte,  on  bâton  à  la  maio, 
revêtu  â*ou  entrasse»  le  nez  long,  le  front  large  çt  la  barbe  lon- 
guette « ,  qu'est-il  d«v6Mi?  L'on  n'en  sait  rien.  Pour  la  copiée  qai 
en  avait  été  faite  par  Dominiço  de  Angelinis»  elle  a  sans  doute  été 
détruite  par  ordre  pontifical.  Noos  n'avims  pu,  non  plus,  décoovrir 
d'épreuve  de  la  gravure  portant,  comme  Tindi^ae  Tinferrogatoire 
de  Philippe  Thomassin,  la  signature  de  François  Banel  suivie  des 
initiales  J).  S.  M.  F. ,  avec  l'inscription  suivante  inscrite  dans  Tovale 
renfermant  l'effigie  royale  : 

Pînge  pietafem  belli  fulmenque  fidemque 
.  .  Henrici  fulfum  piozeris  et  aoimum, 

et  au  dessous  : 

Henricos  quartas  Dei  gratia  Galliae  et  Navarrae  rez.         • 

Cette  dernière  légende  était  la  véritable  raison  des  colères  pon- 
tificales et  les  explique  d'ailleurs  facilement  \ 

Le  second  portrait.de  Henri  IV,  gravé  en  Italie  d'après  François 
Bune),  l'a  été  en  1595  par  Augustin  Carrache  et,  comme  le  précé- 
dent, est  inscrit  dans  un  ovale.  La  planche  fut  généreusement 
payée;  mais  u  il  faut  croire  )) ,  dit  Mariette*,  »  qu'on  n'y  troara 
pas  la  ressemblance  voulue,  et  que  ce  fut  la  cause  de  la  rareté  des 
épreuves.  On  négligea  de  faire  imprimer  la  planche,  au  lieu  que 
le  portrait  du  même  prince,  gravé  par  Goitzîusen  1592,  d'après  an 
tableau  que  je  crois  aussi  de  Bunel,  fut  fort  recherché  parce  que, 
en  effet,  il  est  fort  ressemblant. et  fort  proprement  gravé.  « 

Mariette,  d'ordinaire  cependant  si  bien  informa  et  si  exact,  ne 
se  tromperait-il  pas  cette  fois  en  attribuant  à  François  Bunel  rori- 
ginal  d'après  lequel  a  été  burinée  l'estampe  de  Goltzius  ?  Koas  le 
croirions  volontiers. 

Pas  plus  que  de  la  planche  de  Thomassin,  nous  n'avons  trouvé 
d'épreuves  de  celle  d'Augustin  Carrache;  mais  .rien  d'étonnant 
à  cela,  puisque  ce  cuivre  n'a,  pour  ainsi  dire,  pas  été  imprimé. 
Pour  en  finir  avec  Thomassin,  disons  qu'il  ne  quitta  pas  Rome 
après  les  désagréments  que  lui  occasionnèrent  la  gravure  du  por- 

*  Un  amateur,  A  propos  d'un  portrait  politique.  Gazette  des  Beaux- Ar" 
2*  pér.,  p.  186  et  suiv.  —  Archives  du  Saint-Office,  fonds  fatia  8994.  T 

*  Mariette. 


WUAMÇOin  ET   JACOB    BUNBL.  '  575 

-imt  de  Henri  IV;  il  continua  à  y  vivre  et  à  y  tenir  une  école  de 
gravure  jusqu^à  sa  mort,  survenue  en  1650  K 

Où  trouver»  aujourd'hui,  des  ouvrages  de  François Bunel  ?  Il  est 
bien  difficile  de  le  dire.  Les  hypothèses  mêmes  ne  peuvent  être  que 
très  problématiques  et  sans  autorité  sérieuse;  car  le  point  de  com- 
paraison nécessaire  manque;  ce  poin4  de  comparaison  serait  une 
œuvre  certaine  du  peintre,  et  Ton  n'en  connaît  pas.  Nombre 
de  toiles  pourraient  peut-être  lui  être  attribuées,  mais,  encore 
une  fois,  sans  preuves.  Parmi  ces  dernières,  on  aurait  quelque 
raison  de  compter  le  seul  portrait  authentique  de  Jeanne  d'Albret 
que  Ton  connaisse,  celui  envoyé  par  elle  en  cadeau  à  la  Répu- 
blique dé  Genève  sous  le  règne  de  Charles  IX  et  conservé  à  la 
bibliothèque  publique  de  TUniversité  de  cette  ville  dans  la  salle 
LuHien.  Il  a  été  gravé  par  Le  Rat  et  figure  en  tête  du  volume  de 
M.  Alphir  de  Ruble  :  le  Mariage  de  Jeanne  d'Albret*;  Peut-être 
aussi  pourrait-on  lui  attribuer  également  le  portrait  de  Henri  IV 
enfant,  envoyé  à  la  République  de  Genève  par  sa  mère  en  même 
temps  quelle  sien,  représentant  le  jeune  prince  en  buste,  revêtu 
-d'un  pourpoint  tailladé  et  découpé  À  la  mode  de  1570  avec  le 
Tisage,  bien  entendu^  imberbe  el  rappelant  beaucoup  celui  de  sa 
mère.  Ce  dernier  portrait,  gravé  au  pointillé  par  MchoIasSchenker, 
est  fort  curieux. 

Quant  au  petit  poctrait  de  Henri  de  Navarre,  alors  dans  sa  cin- 
.quiëme  année,  dans  lequel  il  est  représenté  en  pied,  en  pourpoint 
à  crevés,  petite  fraise,  Vépée  au  côté,  faisant  jadis  partie  de  la  galerie 
d'Orléans  et  gravé,  en  1791,  par  Tardieu,  il  semble  devoir  appar- 
tenir à  Técole  des  Clouet.  Cette  gravure,  car  le  portrait  est  perdu 
aujourd'hui,  a  servi  de  modèle  à  Bosio  pour  sa  statué  de  Henri  IV 
enfant.  Dans  les  inventaires  des  meubles,  tableaui,  sculptures, 
joyaux,  tenturesdecorantlechateau.de  Pau  avant  Tavënement  du  fils 
de  Jeanne dlAlbret  au  trône  de  France,  se  trouve  la  mention  de  cer- 
tainesœnvresquipourraient  bien  être  attribuées,  avecquelquerajson, 
à  François  Bunel;  mais,  là  encore,  tout  n'est  qu'incertitude  et  doute. 

Le  château  de  Pau,  résidence  ordinaire  et  officielle  de  Jeanne 
d'Albret  et  de  son  fils,  était  des  plus  somptueusement  meublés, 

IÎ.V  âMATEUR,  loc,  cit.  Gazette  des  Beaux^Arts,  t.  V,  2«  pér.,  p.  186  et  suiv 
Alph.  DE  RiBLE,  ie  Mariage  de  Jeanne  d'Albret.  Paris,  Labitte,  1877,  iD-8\ 
/oir  la  Notice  sur  les  portraits  de  ia  Bibliothèque  de rUoiversité  de  Genève. 


b'.e  FRANÇOIS    ET   JACOB   BVXEL 

rçomme  en  font  foi  les  anciens  inventaires.  [I  se  trouva  complète- 
ment dépouillé  de  ses  richesses  dès  les  premières  atmées  du  rë^nt 
de  Louis  XIII.  Les  œuvres  d'art  qui  y  6guraient  ne  doivent  cepen- 
dant pas,  pour  la  plupart,  être  sorties  des  collections  nationales 
.et  se  trouvent  sans  doute  aujourd'hui  aux  musées  du  Louvre  et  de 
Versailles,  dans  ce  dernier  tout  particulière mentp 

Le  22  décembre  1602,  Henri  IV  siyne  un  reçu  sur  parcbemia 
scellé  de  son  grand  sceau  donnant  décharge  de  tout  ce  qui  restail 
dans  le  château  de  Pau,  de  bagues,  joyaux  et  autres  meubles,  qu'il 
avait  donné  ordre  de  transporter  au  château  tie  Fontainebleau'. 
Les  tableaux,  cependant,  ne  devaient  pas  être  compris  dans  cet 
inventaire,  puisque,  le  20  février  1621,  prèa  de  vingt  ans  plut 
tard,  Louis  XIII  donne  quittance  de  tous  les  portraits  de  famille  et 
de  tous  les  tableaux  exposés  au  château  de  Pau,  qui  avaient  Sié  tûn 
attention  lorsqu'il  était  venu  quelque  temps  auparavant  dans  cette 
ville,  et  qu'il  avait  donné  ordre  de  rapporter  â  Paris  ^ 

Voici,  d'ailleurs,  l'inventaire  dressé  alors  et  conservé  dans  les 
archives  du  département  des  Basses-Pyrénées.  Malgré  sa  longueor 
et  quoiqu'il  ait  déjà  été  imprimé  dans  les  Archives  de  l'Art  fran- 
çaiSy  nous  le  reproduisons,  vu  son  grand  intérêt  : 

Inventaire  des  tableaux  trouvés  dans  Tun  des  cabîneli  du  roy,  m 
son  chasteaudePau,  faict  par  nous  soubssignez  Gratîatrdu  Font,  cortiietLler 
du  roy  en  ses  conseils  d*Estat  et  privé  et  Daniel  de  Cachalon,  Qusii 
conseiller  en  la  Chambre  des  Comptes;  présent  M.  Daniel  Ktmî, 
concierge  dudit  chasteau,  pour  estre,  les  dicls  tableaux  mis  è«  matm 
dudict  de  Cachalon  et  par  lui  conduict  au  Louvre  û  Paris.  Le  tout  suiitoL 
le  commandement  de  Sa  Majesté  et  délivrance  a  ces  faicts  de  tu  M 
dudict  cabinet  par  Monsieur  de  Modens'f  le  vitigu  un  d'octobre  mil  sit 
cens  vingts. 

Prem». 

Ung  grand  tableau  représentant  une  cuisine  et  rbistoîre  de  Tobit  qé 
a  esté  donné  par  le  ro;  à  Monsieur  le  duc  de  Lu^ne^  que  le  dicL  S*  Reoti 
a  déclaré  le  quel  tableau  est  dans  une  caisse  couverte  de  toile  cirée  ; 
-     Cinq  petits  tableaux  de  la  royne  Jehanne  de  Xavart^  en  bois  ; 

(Ing  tableau  de  la  royne  Marguerite  femme -de  Henry  le  Grand; 

'  DdGENNE ,  Ptmorama  historique  et  descriptif  de  Pau .    Piu ,  inipniaenr 
Vigoancour,  io-S*^. 
*  J.  LocHARD,  toc.  cit, 
^  Probablement  Modèoe. 


r 


FRaNÇOlS   BT   JACOB   BUNEL.  577 

Austre  de  Madame  de  Joyeuse; 

Austre  de  la  royne  Catherine  de  Médicis  ; 

Austre  de  la  royne  Elisabeth  d*  Angleterre  ; 

Austre  du  roy  Anthoine  ; 

Deux  de  femmes  en  esmail  ; 

Austre  de  Monsieur  le  prince  de  Condé,  Louis  de  Bourbob; 

Austre  d*une  foie  de  la  royne  appelée  Labure  : 

Austre  de  Louis  Charles  comte  de  Marie  aAgé  de  huict  mois; 

Austre  tableau  d*une  femme  portant  le  deuil  blanc; 

Vingt  six  tableaux  de  femmes; 

Deux  tableaux  de  femmes  portant  le  deuil  ; 

Deux  tableaux  d'enfans  ; 

Austre  tableau  de  S*  Hiérosime; 

Austre  de  Monsieur  le  cardinal  de  Chastillon; 

Austre  de  François  I  roy  de  France; 

Austre  de  Henry  second  roy  de  Navarre  portant  un  oyseau  sur  le  poing; 

Vingt  neuf  petits  tableaux  de  femmes  ; 

Ung  tableau  d'ung  enfant  au  maillot  frère  de  Henry  le  Grand; 

Austre  de  deux  Cupidons  s'entrebaisant  ; 

Ung  petit  tableau  d'un  cardinal; 

Ung  tableau  représentant  Tenfer; 

Austre  de  S*  Hiérosyme  adorant  Nostre  Seigneur  Jesus-Christ  en  la 
.croix  avec  un  lyon  au  derrière; 

Austre  d'une  jeune  f^ mme  habillée  à  l'espagnole  ; 

Austre  de  Thistoire  d'Olofeme  devant  Bethulie  ; 

Deux  docteurs  ou  gens  d'église; 

Quatre  tableaux  de  princes  d'Allemagne  ; 

Ung  tableau  d'une  religieuse  ; 

Ung  fort  petit  tableau  de  Pétrarque,  poète  français; 

Plus  un  grand  mirouer  d'acier  mis  dans  une  caisse  ;  les  quels  tableaux 
^tmirouerje  dict  de  Cachalon  les  ayant  faict  amener  dudict  Pau  en  cette 
ville  et  iceux'  délivrés  et  mis  en  mains  de  Monsieur  de  Luynes  par  le 
commandement  de  Sa  Maj'^  en  a  deschargé  et  descbarge  tant  le  dict  de 
Oachalon  que  Remy  concierge  et  garde-meubles  de  son  chasteau  de  Pau 
et  tous  austres. 

Faict  à  Paris  le  ooiième  jour  de  Feburier  mil  six  cens  vingt  ung. 

Louis  de  Loménie  K 


irchwet  de  l'Art  français^  t.  III,  p.  60   et  suiv.,  document  extrait  des 
nives  des  fiasies-Pyrénées,  communiqué  par  Francisque  Michel. 

37 


OT»  rRâKÇOlS    ET    iACOn    BL>EL. 

Itelevons  dans  celle  longue  énuméralioD  les  articles  suigsRls  : 
Cinq  petits  portraits  de  la  reine  Jeanne  d^Albi^l,  peiots  sarliois; 
on  portrait  du  prince  de  Condè,  Louis  de  Bourbon  et  un  petit  por- 
trait de  cardînaL 

Il  esiîste,  au  musée  de  Versailles',  nu  portrait  de  Jeanne 
d'Albret  en  buste,  en  costume  de  veuve,  Catalogne  sous  le  ir  âl84, 
p(>ut-élre«  un  des  cinq  désignés  dans  cet  iuientiiire  qui  serait 
alora  Toeuvre  de  François  Bunel*  Il  pourrait  aussi,  et  avec  enaire 
plus  de  probabilités,  en  être  de  même  du  portrait  du  prince  àe 
Condé,  Louis  de  Bourbon,  faisant  également  partie  du  musée  tle 
lersailles,  catalogué  sous  le  n*  3187-  L*on  a  vu,  précédemmeDl« 
que  François  Bnnel  avait  fait  le  portrait  de  ce  prince.  C  est  peut- 
être  aussi  celui  désigné  dans  rinventairc  dont  nous  venons  de 
prendre  connaissance.  Mais  est-ce  toujours  le  même  qui  figure 
aujourd'hui  à  Versailles?  Voilà  ce  qu'il  est  difUictle  d'établir.  Pouf 
le  portrait  de  cardinal  de  Tinventaire,  est-ce  celui  du  cardinal 
d'Armagnac  que  Françoi»  Buncl  avait  été  peindre  à  Avignon?  Xooî 
avouons  lignorer  absolument. 

L'on  sait  que  non  seulement  François  Bnnel  remplissatl  TofSce 
de  peintre  ordinaire  de  la  couronne  de  Navarre,  en  portraicturant 
le  roi  et  se  a  familiers,  en  exécutant,  sur  Tordre  du  sonverain, 
quelques  tableaux  mythologiques  ou  autres;,  mais,  de  plus,  qo'il 
fournissait  de  toiles  et  de  couleurs  d'autres  peintres  attacbés 
au  service  de  la  Cour  béarnaise.  Là  ne  se  bornaient  pas  ses 
charges.  En  sa  qualité  de  valet  de  chambre  du  roi,  iJ  était  en  outre 
obligé  de  s'occuper  de  la  direction  des  fêtes  de  la  Cour  et  de  U 
décoration  des  rues  et  pinces  publiques  les  jours  de  cérémonies 
officielles.  Il  ne  faut  pas  oublier,  à  ce  propos,  que  même  beaucoup 
plus  tard  Velasquez^  comme  majordome  de  Philippe  IV»  présida  à 
Torganisatlon  des  fastueuses  cérémonies  célébrées  à  Tile  de* 
Faisans  sur  la  Bidassoa,  qui  précédèrent  le  mariage  de  LouU  \iV 
et  de  Tinfanle  Maria  Tércsa,  â  Saint-Jean  de  Luz. 

François  Bunel  s'est-il  converti  au  protestantisme  quand  il  fat 
attaché  au  service  du  roi  de  Navarre,  ou  son  évolution  religien** 
eut-elle  lieu  à  une  date  antérieure  ?  Nous  inclinerions  vol-^n^i'^'* 


»  De  Xolh^c  et  P^nATd,   Cataiogne  du  mvsé^  de  Versai Ûe t.  —  Viir 
F^rirails  des  pêrxonnatjes  français  k s  plut  iliusirer  dit  seizième  siéct 


FRANÇOIS    ET   JACOB   BUXEL.  579 

vers  cette  dernière  hypothèse.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  François 
Bunel  habitait  Blois  en  1558,  date  de  la  naissance  de  son  61s,  et 
qu'il  séjournait  assez  fréquemment  à  Tours,  comme  nous  Tapprend 
le  peintre  Vignon  dans  une  de  ses  lettres  que  nous  aurons  à  citer 
tout  à  rheure.  C'est  alors,  probablement,  qu'il  se  déclara  pour  les 
idées  nouvelles  dans  lesquelles  Tours  et  tout  le  pays  environnant 
avaient  donné.  Déjà,  vers  1552,  Gerbaull  et  de  TÉpine,  Tua 
ancien  prieur,  l'autre  ancien  moine  de  l'ordre  des  Augustins, 
avaient  répandu  les  doctrines  de  Calvin  dans  toute  la  région,  et 
lorsqa'en  1560  François  II  visita  Tours,  la  plupart  de  ses  habitants 
professaient  la  religion  réformée  ^ 

Si  François  Bunel  n'avait  pas  été  protestant,  il  n'eut  pu  remplir 
les  charges  de  peintre  et  de  valet  de  chambre  du  roi  de  Navarre* 
car,  par  ordonnance  du  30  septembre  1569,  jour  et  fête  de  saint 
Julien,  la  reine  Jeanne  d'Albret,  alors  à  Saint-Maixent,  avait  promul^** 
gué,  par  provision,  diverses  ordonnances  sur  le  fait  de  la  religion, 
contenant  deux  chefs  principaux.  Par  le  premier,  elle  édictait  une 
suspension  de  tous  les  officiers  qui  ne  seraient  pas  religionnaires, 
et  enjoignait  au  lieutenant  général  de  ne  pourvoir  que  des  per- 
sonnes non  catholiques;  par  le  second,  elle  ordonnait  la  saisie  de 
tous   les   biens,   tant   ecclésiastiques  que  laïques,   de  ceux  qui 
auraient  désobéi  à  la  reine;  leurs  meubles  devaient  être  tout  incon-* 
linent  vendus  au  plus  offrante!  dernier  enchérisseur,  et  les  immeu- 
ble» mis  entre  les  mains  de  certains  commissaires  qui  en  devaient 
recouvrer  les  revenus,  dont  ils  demeuraient  répondants*. 

h^  Réforme,  d'ailleurs,  trouva  nombre  d'écrivains,  de  savants 
et  irartiatea  sympathiques  à  ses  débuts;  épris  de  l'idée  de  renou- 
veau qui  agitait  tous  les  esprits  à  cette  époque  de  transition,  ils  ne 
voyaient  en  elle  qu'un  des  aspects  de  la  Renaissance,  celui  qui  per- 
mettait à  ces  intelligences  bouillonnantes  et  comprimées  jusqu'alors 
cl*exprimer  leur  pensée  sans  entrave.  C'est  donc  là  qu'il  faut  cher-» 
cher  la  raison  du  changement  de  religion  de  Bunel  comme  de  bien 
d^aaftres. 

Mais  laissons  cette  question  et  arrivons  enfin  au  (ils  de  François 
Bunel,  Jacob  ou  Jacques  Bunel,  qui  fut  un  artiste  considérable  et 

■    Dfc  Sai  LCY,  Histoire  des  villes  de  France  * 

•   ËstraiHes  rejjistre»  de  la  chambre  des  comptes  de  Pau.  —  Bulletin  de  la 
Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  de  Pau,  1871-1872,  p.  129. 


1 


580  FRAXÇOIS    ET   JACOB    BL\ËL. 

fort  estimé  de  son  temps.  Nous  en  avons,  d'ailleurs,  la  preuve  par 
le  témoignage  de  ses  contemporains.  Il  jouit  non  sçulement  de  li 
faveur  de  Henri  IV,  mais  aussi  de  celle  de  .Uarîe  de  Médicis,  celle 
jeune  reine  que,  selon  les  heureuses  expiessions  de  Vite),  t^l'on 
nous  envoyait  des  bords  de  TArno  n ,  pour  laquelle  «  les  tableaui 
étaient  devenus  un  luxe  nécessaire  et  qui  allait  faire  de  ramoyr  di* 
la  peinture  la  vertu  obligée  des  courtisans  '  ^ . 
,  Cette  réputation  de  Jacob  Bunel  semble  exagérée  eL  surfaite 
aujourd'hui  que  nous  n'avons  plus,  malheureusement,  ses  outrages 
pour  la  contrôler;  mais  avons-nous  bien  \e  droit,  sans  preuves  » 
Tappui,  de  nous  Inscrire  en  faux  contre  le  sentiment  dViine  gf'né- 
ration  entière?  Pouvons-nous,  sans  injustice  flagrantti,  dédaigner 
un  homme  que  toute  une  époque  a  applaudi  et  célébré?  Ce  peiolre, 
en  qui  ses  contemporains  voyaient  le  rival  et  Témule  des  plirs 
grands  maîtres,  ne  mérite-t-il  pas  une  étude  altentiie  et  res- 
pectueuse ? 

Jucob  Bunel  naquit  à  Blois  dan3  les  premiers  jours  de  mai  1558, 
et  non  à  Tours  comme  Ta  éérit  à  tort  Thratonen  Cbalmel  qui 
pourtant  le  connaissait  bien.  Voici,  d*ailleurs,  son  acte  de  baptéui€« 
extrait  du  premier  registre  des  baptêmes  de  Tancienne  paroim 
Saint-Honoré  de  Blois,  donné  par  M.  Dupré,  bibliothécaire  à€ 
cette  ville  : 

Ce  6«  du  mois  d'Octobre  1558  fut  baptisé  JacoL,  fits  de  François  ^utA 
peintre  et  de  dame  Marie  Gueret  sa  femme  ;  les  parrains  htrenl  àhcrtlit 
personne  inaistre  Jacob  Leprebstre  chanoine  en  Téglise  S*  Sftuiear  dr 
Uloys  et  noble  homme  Claude  Rlarchant,  maisUe  des  comptes  k  llluys ;  1> 
marraine,  damoyselle  Marie femme  de  Monsieur  de  Tarni6rf>£^. 

-  Cet  acte  nous  apprend  encore  que  Jacob  Buuel  e^t  né  dans  la 
religion  catholique  professée  alors  par  ses  parents;  que  sa  imin 
s'appelait  Marie  Guérin,  et  enfin  que  sa  famille  jouissait  à  Bloiï 
d'une  certaine  considération,  puisque  renTaiit  fut  tenu  sur  leà 
fonts  baptismaux  par  des  personnages  notables  :  un  chanoine,  tifi 
membre  de  la  noblesse  détenteur  d*une  char;je  publique,  etqtif 
la  marrafhe,  elle  aussi/ appartenait  à  la  noblesse. 


'  L.  ViTBT,  Histoire  (TEustache  Lesueur.  Ptris,  18i3. 

*  A.  Dlpré,./oc.  cit..  Gazette  des  Beaux-Arts,  1S8ÎÏ,  L  J,  p.  îfô 


L 


FBA\ÇOIS   ET   JACOB   BU\EL.  581 

Le  jeune  Bunel  n'eat  point  à  subir  les  angoisses  d'une  vocation  con- 
trariée. Fils  de  peintre,  il  fut  naturellement  peintre.  Il  commença 
ses  études  sons  la  direction  de  son  père,  qui  fut  son  principal 
maître.  D*ailleurs,  à  Tours,  ville  lettrée  et  artiste  où  résidaient 
alors  nombre  de  peintres  et  de  sculpteurs,  séjour  Tréquent  de  la 
Cour  et  des  grands,  où  Jacob  Bnnel  passa  une  partie  de  sa  jeunesse, 
les  enseignements  et  les  heureuses  fréquentations  ne  lui  firent  pas 
défaut.  Il  ne  faut  pas  oublipr  que  c*est  en  Touraine  que  s'est  formée 
la  grande  école  de  peinture  nationale  qui  produisit  les  Jehan  Fou- 
quet,  les  Poyel,  les  Bourdichon,  les  Clonet,  etc.  Le  fameux  sculp- 
teur Michel  Colomb  ne  passa-t-il  pas  la  plus  grande  partie  de  sa 
vie  à  Tours,  où  il  exécuta  ses  principales  œuvres? 

Jacob  Bunel  eut  un  frère  aîné  dont  nous  ne  savons  rien;  mais, 
destiné  sans  doute  par  son  père  à  la  p^nture,  puisqu*il  lui  avait 
donné  le  prénom  significatif  d*ApeIles.  Il  est  à  croire  qu'il  mourut 
en  bas  Age*. 

Jacob  Bunel  suivit  tout  naturellement  la  route  tracée  par  son 
père,  et  il  n'eut  point  à  s*en  plaindre.  La  fortune  se  montra 
cléaiente  à  son  égard;  elle  lui  accorda  toutes  les  satisfactions  qu'il 
étatii  en  droit  d'en  attendre.  Il  jouit  de  Testime  du  roi  et  de  la 
reine,  fut  hautement  apprécié  de  la  Cour  et  s'éteignit,  comme  nous 
le  verrons  plus  loin,  plein  de  gloire  et  d'honneur. 

Ayant  appris  de  son  père  tout  ce  que  celui-ci  pouvait  lui  ensei- 
gner, Jacob  Bunel  partit  pour  TEspagne  dans  le  but  d'y  étudier  les 
peintures  renfermées  dans  les  collections  réunies  par  la  famille 
d'Autriche  '.  Là-bas,  il  s'enthousiasma  particulièrement  du  Titien, 
dont  il  essaya  de  s'approprier  le  coloris.  Philippe  H  se  prit  d'estime 
pour  le  peintre  français  et  lui  commanda,  pour  le  palais  de  l'Escu- 
r/al  qu'il  venait  de  faire  élever,  quarante  tableaux,  chacun  de  trois 
toises  de  hauteur*.  Que  sont  devenus  ces  tableaux  dont  on  ignore 
môme  les  sujets- aujourd'hui  et  dont  parle,  avec  tant  d*admiration, 
Claude  Vignon  ?  Nous  n'en  savons  rien.  Sont-ils  encore  à  TEscurial  ? 
C^est  fort  douteux,  à  moins,  cependant,  qu'ils  ne  soient  mainte- 
nant attribués  à  un  autre  artiste,  ce  qui,  après  tout,  n'est  pas  abso- 

>  Haag.  ia  France  protestante. 

<  DussiBUx./e/  Arthtes  françcds  à  r étranger.  Paris,  1852,  1  vol.  in-12. 
'  Comment  Philippe  II  8*engoua-t-il  d'un   peintre  appartenant  à  la  religion 
^étorrtiéc'î  Voilà  ce  qu'il  est  difficile  de  comprendre. 


] 


582  FRANÇOIS    ET    JACOB    UU!^ËL. 

lument  impossible.  Toujours  esl-il  qu'aucun  des  écrivains  <]ur  se 
sont  occupés  de  ce  célèbre  palais  et  des  coilections  qu'il  reu ferme 
n'en  fait  mention,  pas  même  le  comte  de  La  borde  '  dans  son  Uiné' 
raire  descriptif  de  V  Espagne,  pourtant  si  complet  et  si  précis. 

De  retour  d'Espagne,  Jacob  Bunel  parti L  pour  Rome,  où  il  com- 
mençait à  être  de  mode  pour  un  artiste  d'aller  étudier.  Il  y  séjourna 
un  certain  temps,  travaillant  d'abord  dans  Tatelier  du  vieui  Pome- 
i;ange  et  ensuite  dans  celui  de  Frederico  Zuccharo*;  puj^  il  revint 
dans  sa  patrie  avec  une  connaissance,  peut-être  plus  approfondie^ 
des  ressources  de  son  art,  mais  aussi  avec  un  entichemerit  plus  ou 
moins  heureux  des  procédés  transalpine >  Il  fie  lixa  alors  k  Bloiâ, 
encore  sous  Tinfluencede  la  Cour  de  Marguerite  de  France,  impr^ 
gnée  de  Tesprit  de  Clément  Marot,  qui  y  avait  séjourné  avant  deirt^ 
obligé  de  s*exiler  à  la  Coiy  de  Ferrare. 

A  Blois,  Jacob  Bunel  peignit  de  nombreui  portraits  «t  de  it 
façon  qui  étaient  de  bon  goust  » ,  dit  Hernier  ^  différenlea  compoii- 
tions  religieuses,  entre  autres,  un  tableau  de  choeur  pour  Té^^lise 
des  Capucins,  commandé  par  la  reine  Marie  de  Médicîs,  représen- 
tant encore,  d'après  Bernier,  »  cette  femme  que  TApocalypse  nous 
fdépeint  environnée  du  soleil  avec  des  symboles  à  l'eutour  :  »  tl 
dont  cet  historien  fait  les  plus  grands  clogeiâ.  Mais  laissûiis-luj  la 
parole,  a  II  y  a  tant  d'harmonie  en  cet  ouvrage  et  je  ne  scay  quai 
de  si  noble,  dit-il,  qu*il  pourrait  faire  seul  Téloge  de  son  au- 
teur. » 

Jacob  Bunel  vécut  dans  sa  ville  natale*  jusqu'à  ce  que  Henri  II, 
probablement  en  souvenir  de  son  peintre  ordinaire  et  velet  ai 
chambre  François  Bunel,  son  père,  qui  avait  été  si  longtemps  à 
son  service,  et  aussi  sur  Tinstigation  de  la  reine,  I  appela  à  Vtm 
pour  l'adjoindre  à  Toussaint  Du  Breuîl  pour  Te^écution  de  la  peiik 
galerie  du  Louvre. 

Le  plus  célèbre  travail  de  Jacob  Bunel>  celui  qui  fit  le  plus  poar 
sa  gloire,  est  justement  cette  décoration  de  la  petite  galerie  àû 
Louvre,  appelée  autrefois  galerie  des  rois  et  aujourd'hui  galène 

*  Alexandre  de  Labordb,  Itinéraire  descriptif  dtT Espagne,  Ptria,  iSÔS*5**l 

^  Dom  LiRON,  Bibliothèque  diartraine, 
'  Bekmer',  Histoire  de  Blois,  p.  523. 

*  Haag,  loc.  cit. 


FRA\Ç01S    ET   JACOB    BUXEL.  ôSa 

d'ApoIloD,  qu'il  exécuta  de  concert  avec  Toussaint  DuBrenil.  Tous 
les  écrits  et  mémoires  du  temps  ont  célébré  à  l'envi  cet  ouvrage. 
Voici  ce  que  nous  trouvons  dans  Sauvai  *  à  ce  propos  :  «  Les  his* 
toires  qui  remplissent  la  voûte  que  Bunel  et  Du  Breuil  ont  peintes, 
sont  \\rèe%  des  Métamorphoses  et  de  V Ancien  7'^5/ai7t^n/.  Du  Breuil 
n'était  pas  bon  coloriste  et,  d'ordinaire,  ne  faisait  que  des  cartons; 
mais,  en  récompense,  il  était  si  grand  dessinateur  que  Claude 
Vignon,  peintre,  a  vendu,  à  Rome,  de  ses  dessins  à  François  Bra- 
oîonze,  excellent  aculpteur,  que  celui-ci  prenait  pour  être  de 
Micbel-xlnge.  Des  cinq  on  six  histoires  que  Ton  admire  dans  cette 
voûte,  on  ne  croit  pas  qu'il  y  en  ait  aucune  de  sa  main*  La  Gigan' 
tomachie^  dont  les  curieux  et  les  peintre»  font  tant  de  récit,  est 
d'Artus  Flamand  et  de  Bunel.  »  Ajoutons  que  la  Bataille  des 
géants  et  la  Reine  de  Saba  passaient  pour  6tre  de  Jacob  Bunel  seul. 
Dans  ses  Mémoires,  Brienne*  n*estpas  moins  louangeur  que  Sauvai  : 
«  Cette  Gigantomachie,  écrit-il,  était  un  grand  et  beau  morceau 
de  peinture  allégorique  dans  lequel  paraissait  Henri  IV  sous  la 
figure  de  Jupiter  et  la  Ligue  foudroyée  sous  celle  des  géants  réduits 
en  poudre.  » 

Revenons  à  Sauvai  S  qui  décrit  comme  suit  un  des  principaux 

sujets  de  ces  compositions  :  o-  Mais  il  n'y  a  rien  qu*ott  admire  plus 

qu'un  grand  géant  fort  musclé,  qui  se  réhausse  sur  le  corps  mort 

d*un  de  ses  frères,  afin  de  joindre  de  plus  près  son  ennemi.  La 

taille  immense  de  ce  colosse  épouvantable  occupe  tant  de  place, 

qn^elle  vient  jusqu'à  la  moitié  de  l'arrondissement  de  la  voûte,  et 

quoique,  efiectivement,  cette  figure  se  courbe  et  tourne  avec  la 

voûte.  Du  Breuil,  néanmoins,  l'a  raccourcie  avec  tant  d'art,  que  la 

voûte  en  cet  endroit-là  semble  redressée,  et  qu'enfin,  de  quelque  • 

côté  qu*on  la  regarde,  on  la  voit  toujours  sortir  hors  de  la  voûte 

droite  et  entière.  Ce  raccourci  est  un  si  grand  coup  de  maître,  que 

ioas  ceux  qui  sont  capables  d'en  juger,  non  seulement  l'admirent, 

mais  disent  hautement  que,  dans  l'Europe,  il  ne  s'en  trouve  pas  de 

plus  merveilleux.  »  Et  plus  loin  :  «  La  galerie  des  rois  est  la  mieux 

peinte  et  la  plus  accomplie  de  Paris.  Bunel  et  Du  Breuil,  tous  deux 

'  Sali  AL,  Histoire  et  recherches  des  antiquités  de  la  ville  de  Paris ^  1724-. 
Paris,  3  ¥ol.  iii«fol. 

>  Comte  OE  Bbiexnb,  Mémoires.  Paris.  Poatbieu,  édit.  1828,  2*  édit. 
»  SALVALi  loc.  cit.,  1724,  l.  II,  p.  37  à 80. 


Iv 

f  584  FRANÇOIS    ET    JACOB    BL1\EL, 

l.  excellents  maîtres,  lui  ont  donné  tous  les  ornomcnU  qui  la  hnï 
admirer;  chacun  en  a  peint  la  moitié...  n  Henri  IV  coati nuant  L 

[^  ^                 vouloir,  selon  ses  propres  expressions,  «  marier  Bunel  à  Du  Breuil  » , 

•  -     Tadjoignit  à  ce  dernier  dans  Texécution  des  décorations,  toujourt 

l  pour  la  petite  galerie^  du  Louvre,  composée  d*omement$  d'allé- 

I  gories,  d'emblèmes,  au  milieu  desquels  figuraient  les  poriraits  îles 
^,  princes,  seigneurs,  grands  personnages  aussi  bien  français  qu'élran- 
[(  gers  dont  le  roi  «  voulait  avoir  les  images  au  naturel  n .  Pour  ce 
K  qui  regarde  ses  prédécesseurs,  Henri  IV,  qui  a  les  loulail  autheo* 
^  tiques,  ne  fit  reproduire  que  ceux  qui  aidaient  gouverné  depuis 

II  saint  Louis  p.  Afin  d^arriver  à  pouvoir  peindre  ressemblants  cti 
~*  portraits  dont  les  modèles  étaient  morts  pour  la  plupart,  Jacob 

Bunel  parcourut  la  France  en  quête  de  ^  bonnes  portraicturei  ■ 

^  d'après  lesquelles  il  pût  exécuter  ses  peintures.  Dans  cette  œuvre 

considérable,  il  fut  grandement  aidé  par  sa  femme  Marguerite 

■     Bahuche,  que  Sauvai  '  nous  représente  comme  très  habile  >  à  hivt 

les  portraits  des  personnes  de  son  sexe  » ,  et  quï   peignit  >>  sur 

i  les  dessins  de  son  mari  »  nombre  de  femmes  figurant  dans  cette 

I  galerie. 

Voici  ce  que  dit  Sauvai  ',  auquel  il  nous  faut  sans  cesae  recourir, 
de  cette  œuvre  de  Bunel  et  des  voyages  qu'il  entreprit  à  sou  sujet  : 
((  Il  peignit  diaprés  le  naturel  ceux  des  personnages  qui  vivaient  de 
son  temps.  Pour  les  autres,  il  voyagea  partout  le  royaume  et  prit 
les  copies  des  stucs,  des  cabinets,  des  vitres,  des  chapelles  et  des 
églises  où  ils  avaient  été  peints  de  leur  vivant.  Il  fut  si  beareai 
dans  sa  recherche,  que  dans  cette  galerie  il  n'y  a  pas  un  seul  por* 
trait  de  son  invention,  et  par  le  visage,  et  par  t  attitude,  tant  des 
hommes  que  des  femmes  quMl  y  a  représentée,  on  juge  aisèiBFnt 
de  leur  génie  et  de  leur  caractère.  »  A  une  autre  page  de  son  litre, 
Sauvai  dit  encore  que  toute  cette  collection  fut  e^^écutée  par  Buoel 
et  sa  femme,  à  Texception  d'un  portrait  de  Marie  de  Mèdicis, 
œuvre  de  François  Porbus*. 

'  SAOVâL,  loc.  cit.,  1724,  t.  in,  p.  20. 

*Sauval,  loc.  cit.,  t.  Il,  p.  29,  nous  lisons  :  «  UesatiA  celte  ordooiuiie«  r^gu 
un  attique...  couronné  de  frontons  avec  d'exceileales  fi^Lirei  de  pierre  dm 
la  main  de  maître  Ponce  et  appliqué  à  des  salles  et  k  des  aatlcb^mbrei.  peint 
Bunel.  f  — Voir  Archives  de  C  Art  français,  t.  V.  p.  13, 

'  S/iuvAL,  loc,  cit. 


FRAXÇOIS   ET   JACOB   BUNEL.  ngn 

Voici,  d*aprèB  an  docnment  du  temps  ' ,  ane  liste  des  persoDna<{es 
représentés  : 

Estât  des  tableaux  qai  sont  dans  la  galerie  a  Paris  :  sur  la  porte  qui 
entre  de  la  sale  en  la  galerie  est  le  tableau  du  roy  en  grand  volume  — 
le  tableau  de  la  royne,  grand  volume  —  Joannes  Galeacius  Mediolan^ 
dux  primus  *  —  Fredericns  Feltrus  Urbini  dus  —  Carolus  Burgondie 
dux  —  Antonius  Leua  —  Joan  Galeacius  Sforsa  Mediolan  dux  —  Fran- 
cîsctts  Magnus^  dux  Hétruriœ  II,  grand  volume  — >  Odeto  di  Foix  — 
Fredericns  Tolet  duc  Alb^-  Basilius  Moscovi»  princeps  — -  Ferdinandus 
Magnus,  duc  Hetruriae  III,  grand  volume  —  Christiana  magna  Hetrnriœ 
ducessa  III,  grand  volume  —  Gio,  Bentiviglio  sig.  di.  Bologna  —  Ferd. 
Cortex,  Indomm  domitor  -^  Carolus  Aurelianus  — Cornel.  Centurione  la 
Primatia  de  Cre  «•  Petrus  Soderinus  Vexilllfer  —  Franciscus  Maria 
Feltrius  Urbini  dux  —  Laurentius  Medices  Urbini  dux,  grand  volume 

— r dux  stren  ^-  Sigismundus  Fransi  princeps  —  Léo  X,  pont. 

max.,  grand  volume  —  Gregorius  XIII,  pont,  max  «-  Gregorius  XIIII, 
pont,  max  —  Sixtus  IV,  pont,  max  —  Sixtus  V,  pont,  max  —  Julius  III, 
pont,  max  —  MarcellusII,  pont,  max  -^Clemens  VII,  pont,  max,  grand* 

volume  —  Benedictns  IX  p.  p.  Tarusien  —  Nîcolaus c'est  un  pape 

—  Bonifacliis  VIII  p.  p.  Romanus  — >  Stephanus  VII,  p.  p.  Romanus  ^* 

Honorius   p.   p.     grand    volume   —   Pontianus  primus  p.  p.  Rom  — • 

S.  Silncrius  primus  p.  p.,  frusinon  — >  Benedictus  VIII  p.  p.  Rom  — 

Cosmns  Medices,  pater  patri»,  grand  volume  <—  Lodovicus  Rex  Hung. 

a    Turcis   interfectus  -^  Jacobus    Dei  gratia  Rex  Scotorum    1539  — 

Matbias  Rex  Hungari»  —  Stepbanus  Rex  Polonis  —  Alpbonsus  Rex 

Neapol  —  Joan  Medices  mag,  co.  pater,  grand  volume  —  Julianus  M.  I, 

grand  volume  —  A.  Jax.  Aga  —  Mutilhara  Alcbitrof  Uxor  —  Alchitrof 

.^Ihiopise  Rex  —  Ainaldi  Dinghil  magnus  Abyssinorum  rex  Prête  Janes 

dictus  —  Scyrifus  magnus  Mauritanie  Rex  —  Muleas  Tunes  Rex  — 

Laurentius  de  Medices,  grand   volume  —  Totila   Rex  Gothor.  bab  — 

Caitbejus  Sultan  —  Tamerlanes  Tartarorum  Imperator  Orientis  terror  — 

Solymanus    II  Rbod.  expugnator —  Artaxerces  Pers.  Rex  —  Ariadenus 

Barherussa  —  Joannes  Medices  maj.   Cosmi   fil.    grand  volume  —  G. 

Cssar  Caligula  —  Constantin  III  Imperator  —  Carolus  Magnus  Imp  — 

Otlio  Vespasianus  —  Nero  Claudius  Cœsar  —  Henricus  III  Francorum 

rex,  grand  volume  —  Catherine  de  Medicis,  grand  volume  —  Virginius 

Vesinus  —  Georgins    Castriotus   Scanderbec  —   Joan  Bentiuoglius  — 

'  Pièce  tirée  da  portefeuille  2it  de  la  collection  Godefroy,  conservée  à  la 
t»ibIiothèque  de  l'Institut.  —  Voir  Archives  de  F  Art  français ,  t.  111,  p.  59. 
*  Galeas  Vtscontî. 


1^*  * 


586  FRANÇOIS    ET    JACOB    BLiVEL. 

Alberico  Da —  Vincentius  Capellinua  —  Xarses  eunuchus  —  Une 

duchesse  de  Toscane,  grand  volume  —  Xbr.^iitius   Picinuiï.  —  Kicolaus 

Arcialus   —   Uvido  balualcantes  —  Tb^odorus  Gaia    —  Jacobus 

Sannazarius  —  Cosmus  -mag.  Etruriœ  dtj\  II,  grand  roi  unie  —  Joan 

Jouianus  Pontanus  —  Americus  Vespuciu^  —  Magnus  Canîs  —  

Scaliger  —  Paulus  Joanis  Episcop.  nocer  —  Thomas  Moras  —  Doclor 
Nauarrns  Martinus  ad  Aspicuella  —  Micbael  Angélus  Bonarota  —  Kl 
Platina  —  Franfciscus  Guîoiardinus  —  Ludouicîo  Ariosto,  grand  rolum« 

—  Joan  Carafa  —  "Sanches  Pagrinus  Lucens»  ord.  prédicat  — Petriis 
Depis,  ord.  faeremitarum  Hieronymi  Instilutor  —  Hîppolytus  Mcdice^ 
Cardin  —  Bessarion  Cardin,  Grsecus  —  Tableau  sans  inscription  ;  c'e^i 
un  cardinal  — *  B.^  Bernardo  Tolomœi.  Pri.  de  Mônle  Olivieti  —  B.  P^lro 
del  Morone.  Pri.  de  Celestin  —  Tableau  d'un  cardinal  sans  inscriptioû 

—  Joan  Vitellius  card.  €ornetanus  —  Oliperius  Carafa  cord  —  A»canius 
Sforzai  card  —  Ph.  cardin.  de  la  Bordeziëre  —^  Joan  Medioes  cird*' 
grand  volume  —  Chanino  gon  -r-  Joan  R.  Orsini  principe  de  Talento  ^ 
Sforlia  —  Cosmus  Medices  magnus  Etruria^dux,  grand  volume  —  Peints 
Toletanus  prorex  Neapol  —  Ladislaus  rex  Wapnl  —  Fernando  11  A^  àî 
Napol  —  Philippus  Vicecomes,  Mediolan  duï  —  Andréas  Doria  — 
Matheus  Magnus  Vicecomes  —  Alexander  Medices  flir>renl.  àu\,  f^rand 
volume  —  Ferdinando  Gonzaga  —  Lûdou.  Gonseaga,  March.  di  Mantoun, 

—  Ferdinando  Marchese  de  Pezafa  —  Joan  Medices  fortissimas  — 
Jifcobus  Medices  Marignani  —  Pôfsena  Re  de  Etruria?  —  Grand  ïabifau 
d'homme  sans  inscription. 

Cette  liste,  quoique  longue  et  des  plus  panachéesi,  n'en  est  pal 
moins,  très  cerlainemeDt,fort  incomplète;  caries  portraits  qu'elle 
énumère,  quelque  fantaisistes  qu*étaient  fatalement  nombre  d'eutrt 
eux,  ne  peuvent  que  bien  difficilement  être  de  ceux  que  Jacob 
Bunel  exécuta  d'après  nature  ou  d'après  des  documents  recueilUs 
dans  ses  vojages  entrepris  en  France  à  leur  sujet.  Toujours  est-il 
que  cette  collection,  comme  il  a  été  dit,  —  nous  parlons  des  efCgres 
peintes  par  Du  Breuil  et  par  Jacob  Bunel,  — est,  en  quelque  sorl4*i 
l'embryon  de  nos  galeries  nationales  ;  il  n'est  quejusie,  cependanl, 
d'ajouter  qu'en  plus  de  ces  portraits  dont  certaina  seulement  furent 
sauvés  de  Tincendie  dont  il  va  être  question  tout  à  Theurp,  la  col- 
lection royale  renfermait  de  nombreuses  peintures  mythologiques 
•et  religieuses,  des  sculptures  anciennes  et  modernes,  un  bufl 

'  Julien  de  Médicis. 


FRANÇOIS    ET    JACOB    BL\EL.  6H7 

bois  sculpté,  1a  célèbre  bible  de  Charles  V^  des  objets  d'bisloire 
Datnrelle,  etc. 

Ces  merveilles  d*art,  les  décorations  de  Du  Breuil  et  de  Jacob 
Bunel,  celte  collection  unique  de  portraits,  tout  cela  fut  détruit, 
pour  la  plus  grande  partie,  dans  un  terrible  incendie  qui  éclata  le 
6  février  1661  et  manqua  d*anéantir  le  Louvre*  Les  historiens  et 
les  chroniqueurs  contemporains  nous  ont  laissé  de  nombreux  récits 
de  ce  désastre.  On  préparait  dans  la  grande  galerie  du  palais  la 
représentation  du  ballet  l'Impatience,  dans  lequel  devaient  paraître, 
à  côté  des  plus  habiles  danseurs  gagés  par  le  roi,  différents  sei- 
gneurs et  grandes  dames  des  meilleurs  familles  désignés  par  le 
souverain,  pour  exécuter  les  pas  réglés  par  le  danseur  italien  Buti, 
débiter  les  vers  du  poète  Benserade,  et  chanter  la  musique  de 
Baptiste,  nom  sous  lequel  Lulli  était  plus  généralement  connu.  Un 
théâtre  avait  été  dressé  à  cet  effet  à  Tune  des  extrémités  de  la 
galerie  de  peinture.  Henri  Gissey,  conservateur  de  ces  peintures, 
avait  demandé  Tautorisation  d'enlever  provisoirement  de  leurs 
cadres  les  portraits  peints  et  seulement  appliqués  qui  ornaient  la 
galerie,  pour  les  mettre  à  Tabri  des  accidents,  et  de  les  déposer 
provisoirement  dans  un  garde-meuble;  mais  tous,  hélas!  étaient 
loin  de  pouvoir  être  déplacés. 

C'est  alors  que  Tincendie  éclata.  Il  fut  terrible.  La  Gazette  de 
Renaudot,  à  la  date  du  12  février  1661,  le  raconte  ainsi  :  «  Le 
6  du  c'qui  estait  le  1"  dimanche  du  mois,Je  feu  s' estant  pris  le 
matin  au  Louvre,  en  la  galerie  de  peintures,  s*estendit  jusqu'à  la 
grande,  mais  il  fut  empésché  d'y  faire  aucun  notable  progrez,  par 
ia  diligence  avec  la  quelle  on  travailla  à  l'éteindre,  et  qui  eut  d'au- 
tant plus  de  bon  succez  que  Leurs  Majestez,  suivant  les  meuvemens 
de  leur  insigne  piété,  eurent  recours  au  Saint-Sacrement,  qu'elles 
firent  aussitôt  apporter  de  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois,  d'où 
l'ayant  reçu  à  la  porte  du  Louvre,  après  qu'il  eut  visiblement 
détourné  le  vent  et,  ainsi,  arresté  les  fiâmes,  elles  le  reconduisirent 
jusques  en  la  dite  église,  accompagnés  de  toute  la  Cour,  avec  une 
dévotion  des  plus  exemplaires.  » 

La  Muse  de  Loret,  à  la  même  date,  narre  à  son  tour  cette 

^«'itrophe  sous  sa  forme  particulière  : 

Dimanche  un  feu  prompt  et  mulio. 
Sur  les  neuf  heures  du  matia 


588  FRANÇOIS   ET   JACOB    flUXEL, 

Se  prit  k  la  maison  royale*  m 

Dans  cette  galerie  ou  sale 

Ou  Ton  prétendait  (à  peti  près) 

Danser  ballet,  dix  jours  après  ; 

Et,  telle  fut  sa  violence. 

Les  beaux  portraicts  d'aDtii|uité  ^ 

Dont  on  voyait  là  quantiti^, 

Ayant  Tair,  les  traits  et  ira  marques 

De  nos  reynes,  de  nos  mouar^iicB, 

Avec  leurs  anciens  atours, 

Et  des  Illustres  de  leur  cour, 

Princes,  seitjneurs  et  gmades  dames 

Ne  périrent  pas  par  les  ilâmes  - 

Car,  par  Favis  du  sieur  Gf^S5é. 

Desseignateur,  maître  pa^sé, 

On  avait  depuis  trois  semaines 

Mis  ailleurs  ces  rois  et  ces  rcJnev  ^ 

Citons  encore,  malgré  sa  longueur,  cettfi  relation  d'un  autre 
contemporain,  le  comte  de  Brienne',  qui  donne  sur  cet  inceadie 
de  nouveaux  et  curieux  détails  : 

Il  (le  cardinal  de  Mazarin)  faisait  préparer  bu  Louire,  datiâ  la  gal^ 
rie  des  portraits  des  Rois,  un  superbe  bullel,  dont  h  décoration  àtv^\i 
être  des  colonnes  de  brocatelle  d*or  à  fond  vert  el  vou^e  découpée  à  MiUn, 
quand  le  feu  pris  par  hasard,  ou  si  Ton  veut  par  Tordre  du  cid,  qui 
n'approuvait  pas  ces  folles  dépenses,  dans  celLc  magnifique  décoration, 
gagna  de  là,  les  portraits  des  rois,  tous  de  !a  main  de  Janet  et  àt 
Porbus,  et  consuma  en  peu  d^heures,  le  dessus  de  la  gnlerie  doni  1^ 
plafond  était  peint  par  Fréminet  et  représentait  la  défaite  des  Titane  pa^ 
Jupiter.  C*était  un  grand  et  beau  morceau  de  peinture  allêgériquei 
dans  le  quel  paraissait  Henry  IV  sous  la  fjc^ure  du  Jupiter  et  la  ligue 
foudroyée,  sous  celle  des  Géants  réduits  en  poudre.  Sans  le^  soins  eik 
courtage  d*un  frère  Augustin  du  grand  couvent,  qui  se  signala  dam  cet 
incendie,  tout  le  Louvre  eût  couru  risque  d'être  brûlé,  l^iie  fourche  à  U 
main,  ce  moine  intrépide  attaché  par  le  milieu  du  corps  pi.r  une  grossi 
chaîne  de  fer  et  suspendu  en  Tair  tout  au  rnilîou  des  Gammes  «  délâirhAil 
avec  force  et  précipitait  jusqu'en  bas  les  poutres  et  les  solives  broLsntes. 
On  eût  cru  que  le  feu  Tallait  dévorer,  lori^que,  tout  à  coup,  on  le  ïopii 
sortir  de  ces  brasiers  ardents  comme  les  trois  jeunes  Héhretiit  de  la  four- 
naise de  Babylone.  Je  ne  sais  pas  quelle  récompense   reçut  ce  digPtf 


'  LORET. 

*  Comte  DE  Brisnnb,  loc.  cit. 


t^HANÇOIS    ET   JACOB   fiLNEL.  58» 

religieux  ;  mais,  je  sais  bien  que  s*ii  n'eût  été  apothicaire  de  son  tnélier 
et-  simple  frère  lai,  son  dévouement  méritait  au  moins  un  évéché  ou 
quelque  riche  prélatare.  Je  m^étais  couché  fort  tard  la  nuit  précédente,  je 
dormais  encore  sur  les  sept  heures  du  matin,  qaand  La  Souche«  mon 
maître  d'hôtel,  vint  me  réveiller  en  sursaut  et  m'apprit  que  le  Louvre  était 
en  feu.  Je  me  levai  à  l'instant  et  m'habillai  en  un  tour  de  main  ;  puis, 
me  jetant  dans  un  bateau  pour  être  plustot  au  logis  du  roi,  je  traversai 
la  Seine  et,  passant  au  milieu  des  gardes  qui  étaient  déjà  en  bataille 
autour  du  Louvre,  je  courus  à  l'appartement  du  Cardinal.  Je  le  rencontra 
comme  il  sortait  de  sa  chambre,  soutenu  sous  les  bras  par  son  capitaine 
des  gardes.  Il  était  tremblant,  abattu  et  la  mort  paraissait  peinte  dans  tes 
yeux,  soit  que  la  peur  qu'il  avait  eue  d'être  brûlé  dans  son  Ht  l'eût  mis* 
en  cet  état,  soit  qu'il  regardât  ce  grand  embrasement  comme  un  avertis- 
sement que  le  ciel  lui  donnait  de  sa  fin  prochaine.  Jamais  je  ne  vis 
homme  si  pâle  et  si  défait.  Je  ne  laissai  pas  de  m'approcher  de  lui,  comme 
les  autres  ;  quand  je  vis  qu'il  ne  répondait  à  personne,  je  ne  lui  dis  mot 
et  me  contentai  de  me  faire  voir  à  lui.  Il  monta  dans  sa  chaise  sur  le 
haut  du  grand  degré  et  le  descendit  ainsi  à  l'aide  de  quatre  porteurs  et  de 
ses  gardes,  tandis  que  les  suisses  rangés  sur  les  marches  à  droite  et 
é  gauche  se  passaient  de  main  en  main  les  sceaux  d'eaux^  ou  couraient 
ies  jeter  sur  les  flammes  qui  dévoraient  déjà  Tappartemeut  dont  il  venait 
de  sortir. 

Michel  de  Marelles  n*eut  garde,  de  son  côté,  d'oublier  ce  terrible 
événement  dans  sa  nomenclature  versifiée  des  peintres  et  graveurs 
célèbres.  Voici,  à  ce  sujet,  un  passage  de  son  curieux  manuscrit 
mis  au  jour  par  les  soins  de  M.  G.  Duplessis  : 

C'est  ce  Bunel  qai  fit  cette  ample  galerie 
Au  Louvre,  qu'on  voyait  et  qu'on  pouvait  priser, 
Pour  ses  dessins  savants,  sans  le  favoriser. 
Mais  un  feu  de  théâtre  y  marqua  sa  furie. 
D'entre  ses  grands  tableaux,  cette  belle  descente 
Du  Saint  Esprit  de  lui,  se  voit  aux  Augustins'. 

De  cette  dernière  œuvre  de  Jacob  Bunel  nous  parlerons  en  temps 
et  lieu;  mais  revenons  un  peu  en  arrière.  Après  la  mort  de  Du 
Breuil  en  1612,  Jacob  Bunel  fut  nommé  peintre  du  roi.  C'est 
3Jors  qu'il  travailla  à  Fontainebleau  %  oii  il  exécuta  quatorze  corn- 


^  Michel  DE  MâROLLis.  Catalogue  de  livres^  d'estampes,  etc.  Paris,  1666,  in-S", 
•  HâAG,  loc.  cit. 


r,Oi>  FBAXÇOIS    ET    JACOB    BUIVEL* 

posUioîts  disparues  depuis  longtemps,  soit  (ju'elles  soient  rrrèpam- 
blement  iJétruJtes,  ou  seulement  cachées  sous  <)  autres  peintures 
qui  ont  été,  depuis,  appliquées  sur  les  lambris  du  palais  de  Fnn- 
cois  I*^.  Dans  ces  compositions,  qui  avoîsînaient  les  décoratioD^ 
duPrimatice,  de  SélïasLien  de  Scriio  et  du  Rosso,  si  fort  prisées  et 
estimées  du  roi  et  de  la  Cour,  il  est  tout  naturel  que  Jacob  Baoel 
ait  essayé  de  se  rapprocher  de  ces  maîtres,  qu'il  ait  cherché  les 
musculatures  outrées,  les  raccourcis  violents,  les  poses  emphatiques 
et  déclamatoires,  les  gestes  eicesaiTsmis  à  la  mode  par  ces  derniers. 
Hélas!  la  tradition  de  notre  école  nationale  était  interrompue,  «i 
sêire  naturaliste  dédaignéô. 

En  l^W,  après  r&chèiiemeut  de  Téglise  des  Feuillants,  rue  da 
Faulïourg-Scy ut- Honoré,  qui  appartmait  à  la  congre [fati ou  des  relt- 
gieux  de  CUeaux  réformés  par  Tabhé  Jewi  de  la  Barrière,  Henri  11 
commanda  a  Jacob  Bunel  un  tableau  pour  décorer  le  nfiaJtie-autel 
de  cette  église.  Ce  tableau,  mesurant  dix  métrés  de  hauteur  sur 
sïi  métrés  de  largeur,  représentait  VA^samptwn  de  la  lierfi, 
snjet  probablement  imposé  au  peintre  parla  reine  Marie  de  Mèilicis* 
Cette  vaste  composition,  sur  laquelle  les  armes  des  Médicis  .«ic  trou- 
blaient acculées  auî  arme:^  de  France,  fut  placée  au  milieu  du  chœur 
de  cette  église  décorée  aux  frais  de  la  souveraine.  Divisée  endeui 
scènes  distinctes,  en  \oiet  la  dcscriplioû  :  la  partie  supérieure 
figurait  dans  le  ciel,  entourée  d'anges  qui  Fenlèvept,  la  mère  de 
Dieu  dans  sa  gloire;  la  partie  inférieure,  les  apàtres  assemblés 
autour  du  tombeau  vide,  sur  lequel  est  sculpté  uu  écnsson  aui 
armes  mi-partie  de  France  et  de  Médicis.  On  raconte  que  dans  c^ 
tableau,  en  sa  qualité  de  fervent  calviniste,  Jacob  Bunel  aurait 
refusé  de  peindre  la  tête  delà  Vierge,  qui  serait  alors  l'œuvre  de  U 
Force  ^  Jusqu^à  quel  point  celte  anecdote  est-elle  véridiqueïi'ôn 
n'en  sait  trop  rien* 

Comment  Jacob  Bunel,  épris  de  Fesprit  novateur,  fervent  et 
austère  huguenot,  put*il  accorder  les  idées  de  sa  foi  nouvelle,  qui 
traitaient  les  arts  de  vaines  superstitions  et  en  poursuivaient  b 
destruction,  avec  les  nécessités  de  sa  profession?  Nous  rignoroa^. 
C'était  affaire  entre  lui  et  sa  conscience.  Toujours  es^l-ll  que-  tlan* 


*  HtRTAiT,  Dictionnaire  historique  de  Parii*  Pnrîs,  1779^  h  tU,  p. 

Xcues  A 11^.  Kunsî'Ltxic.  Sïaiïich^  1835. 


FRANÇOIS  ET  JACOB  BU\Et.  591' 

son  œuvre  «rartiste,  il  dut,  jusqu*à  un  certain  point,  laisser  fléchir 
l'austérité  de  la  Réforme. 

Après  la  Révolution  de  1789,  V Assomption  de  Jacob  Bunel» 
enlevée  de  Téglise  des  Feuillants  et  rentrée  dans  le  domaine  de  la 
nation»  fit  partie  du  second  envoi  de  TKtat  fait  en  1803  au  musée 
de  Bordeaux,  en  conséquence  de  Tarrété  du  premier  Consul  du 
14  fructidor  an  VIII,  qui  avait  désigné  un  certain  nombre  d*œuvres 
d'art  disant  partie  du  Musée  Central  pour  être  réparties  entre  les 
divers  musées  de  province  qui  venaient  d*étre,  tout  au   moins, 
réorganisés.  A  Bordeaux,  le  tableau  fut  relégué  dans  les  giesters 
de  la  collection  municipale*  et,  par  conséquent,  lola  des  yeor  du 
pubiic.  Paul  Mantz,  un  des  rares  critique»- dTartqw  Paient  vu,  en 
parle  comme  d'une  œuvre  très  ordinarre.  INnis  le  tableau  de  Jacob 
Bunel,  il  ne  trouve  rien  «  nî  de  bien  remarquable,  ni  de  bien  ori- 
ginal »  ;  a  en  ce  temps  là  » ,  dit-il,  «  nos  maîtres  cessaient  d'être 
français,  dés  qn*tl  s^agrt  de  faire  autre  chose  qu'un  portrait  d'après 
nature.  « 

Dans  Tannée  néfaste  de  1870,  alors  que  Ton  pouvait  craindre  que 
reDDemi  n'arrivât  jusqu'à  Bordeaux,  la  collection  municipale  de 
-tableaux  et  sculptures  fut  enlevée  de  la  galerie  provisoire,  élevée 
dans  les  jardins  de  la  mairie,  et  transportée  à  THùtel  de  ville,  où 
nombre  de  services  publics  étaient  réunis.  Ln  incendie  éclata  le 
7  décembre  dans  une  pièce  occupée  par  les  ofGciers  de  l'inten- 
dance» et  la  toile  de'ïacob  Bunel,  qui  s'y  trouvaitavec  tant  d'autres, 
fut  complètement  brûlée. 

II  est  profondément  regrettable  pour  l'histoire  de  Tart  français 
que  cette  seule  œuvre  authentique  et  importante  du  peintre  ait  été 
ainsi  détruite;  car  nous  ne  pouvons  plus  faire  autre  chose  que  des 
conjectures  à  propos  des  ouvrages  qui  peuvent  lui  être  attribués. 
Nous  nous  trouvons  réduits  à  la  juger  d'après  les  dires  de  ses  con- 
temporains et  les  très  rares  et  pour  ainsi  dire  uniques  reproduc- 
tions de  ses  ouvrages  faites  par  les  graveurs  de  son  temps,  traduc- 
teurs très  libres  et  assez  peu  fidèles,  comme  l'on  sait. 

En  plus  de  VAssomption  de  la  Vierge,  l'église  des  Feuillants 
montrait  encore  dans  le  chœur,  derrière  le  maître-autel,  un  Christ 


>  Clément  DE  Ris,  Les  musées  de  procince.  Paris,  veuve  Renouard,  libr.  édit. 
1861.  2  vol.  in-8^  4.  II,  p.  347  et  suiv. 


af)2  FRANÇOIS    ET   JACOB   BUNfiL. 

priant  au  jardin  des  Oliviers,  de  Jacob  Bunel^  dont  la  tracê  n\ 
absolument  perdue.  Dans  l'église  des  Grands-Atigustins,  dans  h 
chapelle  appartenant  à  cet  ordre  où  elle  Caîsait  célébrer  ses  cété* 
monies  officielles,  Jacob  Biinel  exécuta  une  Descente  du  Saint* 
Esprit  sur  la  Vierge  et  les  Apôtres,  C'est  une  des  meilîeuT« 
toiles  Sorties  du  pinceau  du  peintre,  au  dire  de  ceux  qui  t'ont 
vue;  elle  fut, même  trouvée  si  parfaite  par  les  secrétaires  du  m, 
que  ces  derniers  en  firent  faire  une  copie  pour  leur  chapelle  àt  la 
Chancellerie  au  Palais  de  justice.  On  trouve,  dans  Si  uval,  une 
anecdote  caractéristique  qui  se  rapporte  sans  aucim  doute  a  t^\ 
ouvrage.  Il  raconte  que  Nicolas  Poussin,  après  avoir  vu  dans  \\m 
église  de  Paris  la  Cène  de  Porbus,  aujourd'hui  au  musée  du  Lou- 
vre, dit  que  ce  tableau  et  celui  des  Augustins  de  Du  Breuil  étaient 
les  deux  plus  beaux  qu*il  eût  vus  ^  Sauvai  s'est  trompé  de  Dom\  U 
tableau  des  Grand)s-Augu8tins,  dont  il  est  question  dans  son  rècrt, 
ne  peut  être  que  celui  de  Jacob  Bunel,  le  collahorateur  de  Uu 
Breuil.  D^ailleurs,  dans  une  autre  partie  de  son  ouira<je,  Sauvai 
rend  à  Jacob  Bunel  la  paternité  de  la  composition  en  question. 
Maintenant, le  dire  prêté  à  Nicolas  Poussin  est-il  absolument  authen- 
tique? Impossible  de  le  certifier  '  ;  mais  le  lui  attribuer  est  déjà  sul^ 
(isamment  affirmer  la  haute  considération  dont  jouissaient  alors  lei 
productions  du  peintre  de  Henri  IV. 

C'est  vers  cette  même  époque  que  Jacob  Bunel  décora  les  arcades 
du  chœur  de  Saint-Séverin,  de  fresques  sur  fond  d'or,  renfermant 
quarante-quatre  figures  de  grandeur  naturelle  représenlanl  lÂngt 
annonçant  à  la  Vierge  le  mystère  de  V Incarnation ^  les  Prophètes, 
lés  Sybillesei  les  Apôtres.  Peut-être  en  regraltant  les  murailles  de 
la  vieille  église  retrouverait-on  trace  de  ce  travail  coûsidéxoble 
dont  la  disparition  est  si  regrettable. 

Jacob  Bunel,  comme  on  sait  déjà  par  sa  série  de  portraits  delà 
grande  galerie  du  Louvre,  fut  tout  au  moins  autant  portraitiste  que 
peiutre  de  sujets  religieux  et  mythologiques,.  \'ombre  de  se> 
ouvrages  figurent  dans  les  collections  de  portraits  si  nombreuses 

>  Germain  Brice,  Description  de  Paris,  t.  I,  p.  283. 

'  Sauval,  loc.  cit.,  t.  II,  p.  468. 

^  Frédéric  Reisrt,  Xotice  des  dessins,  cartons,  pastels,  mimatures  t*  «= 
exposés  au  Musée  national  du  Louvre.  Paris^  Imprimeriea  réuniai,  ISIÏ^ 
11-12,  p.  292  et  suiv. 


PRAIVÇOIS    ET   JACOB   BUNEL.  593 

el  si  à  la  mode  pendant  tout  le  seizième  siècle  et  durant  la  première 
partie  du  dix*septième.  On  aimait  alors  à  réunir  les  images  des 
rois,  des  princes  et  des  personnages  célèbres,  dont  on  faisait  Torne- 
meotdes  appartements  d*apparat  des  châteaux,  en  les  encastrant 
dans  les  lambris  et  les  boiseries  des  murailles.  Duplessis  Mornay, 
le  maréchal  de  Retz,  etc.,  possédaient  des  galeries  de  portraits 
historiques.  Richelieu  en  eut  une  de  ce  genre  particulièrement 
importante,  portant  le  nom  de  Galerie  des  hommes  illustres.  Parmi 
ces  portraits  si  fins  et.  si  curieux  que  nous  a  laissés  la  fin  du 
seizième  siècle,  certains  sont  certainement  Tœiivre  de  Jacob  Bunel; 
mais  lesquels  ?  L*on  sait,  par  les  comptes  de  la  maison  du  roi,  un 
certain  nombre  d*effigies  de  princes  et  de  princesses  sorties  de  son 
pinceau;  il  en  existait  également  dans  les  collections  particulières. 
Dans  la  galerie  de  portraits  réunie  au  château  de  Saumur  par 
Duplessis  Mornay,  se  trouvait  celui  de  sa  femme  par  Jacob  Bunel. 
Voici,  d'ailleurs,  la  mention  inscrite  à  ce  propos  dans  les  comptes  de 
ce  personnage  de  Tannée  il 602  :   «  A  Jacques  Bunel,  peintre,  la 
somme  de  124  livres  pour  le  portrait  de  Madame  ^  «  Parmi  les 
portraits  faisant  partie  de  la  galerie  des  hommes  illustres  du  car- 
dinal de  Richelieu,  il  s'en  trouvait  quatre  copiés  par  Simon  Vouet 
d'après  les  originaux  de  Jacob  Bunel  de  la  petite  galerie  du  Louvre. 
Les  meilleurs,  parait*il,  de  la  collection,  dit  Sauvai,  car  pour  les 
autres,  «  il  les  fit  de  caprice  et  tâcha  simplement  de  leur  donner 
des  têtes  et  des  attitudes  qui  répondissent  à  la  grandeur  de  leur 
âme  *  V .  Procédé  des  plus  commodes,  mais  pouvant  laisser  quel- 
ques légers  doutes  sur  la  ressemblance. 

Parmi  les  nombreux  portraits  peints  par  Jacob  Bunel,  il  n'en 
existerait  que  deux  qui  aient  été  gravés,  s'il  faut  s'en  rapporter  à 
]*abbé  de  Harolles  *,  ordinairement  si  bien  informé,  qui  assure 
que  trois  gravures  seulement  ont  été  burinées  d'après  ce  peintre  : 
«  Le  portrait  de  Pierre  de  Franqueville,  architecte  et  sculpteur  du 
roi,  par  Pierre  de  Jode  ;  un  sujet  non  désigné,  par  Henri  Odelin,  et 
11D  portrait  du  roi  par  Th.  de  Leu.  » 

De  ces  trois  planches,  nous  n'en  avons  retrouvé  que  deux;  le 

'  Benjamin  Fulon,  Galerie  des  portraits  de  Duplessis- Mornay,  —  Gaiette 
des  BeauX'ArUy  t.  XX,  2*  période,  p.  223  et  suiv. 

•  Sauvai.,  lœ.  cit. 

*  L'abbé  de  Harolles. 

38 


594 


FRAXCOIS    ET    JACOB    BUX&L. 


portrait  de  Henri  IV  gravé  par  Tli.  de  Leu  '  Pt  celui  de  Fnnque- 
ville  gravé  par  Pierre  de  Joode,  dont  des  épreuves  se  trouvent  ii  h 
Bibliothèque  nationale,  au  cabinet  des  estampes. 

Le  portrait  de  Henri  IV  gravé  par  Thomas  de  Leu  -  nous  montre 
le  buste  du  roi,  la  tête  de  face  et  laurée,  le  cou  émergeant  ^l'un 
col  rabattu  tombant  sur  une  cuirasse  ornementée,  recouverte  irane 
écharpe  d^étoffe  légère  nouée  sur  Tépaule  gauche  et  posée  sunm 
piédouehe  placé  au  fond  d'une  niche  circulaire  entre  quatre 
pilastres  cannelés  d*ordre  corinthien,  soutenant  un  fronton  découpé 
et  tourmenté  '.  Au*dessous  de  la  niche,  à  la  buse  des  piUstren,  lous 
reftigie  du  souverain,  dans  un  cartouche  découpe  que  surmaïUe 
une  tête  de  grotesque,  se  lit  Tinscription  suivante  :  Henricu^  IV 
Franc,  et  Nava.  rex.,  et  tout  à  fiait  au  bas  de  restanipe  \  BmH 
pin,  1605.  Thomas  de  Leu  feciê*. 

Il  existe  deux  états  de  cette  superbe  planche,  1r  plus  belle  effigie. 
peut-être,  qui  ait  été  faite  de  Henri  IV,  Tune  sans  les  mms  iti 
artistes  et  sans  la  date  de  1605  inscrite  au  bas  de  Testanipe ,  l^autre 
avec  les  noms  et  la  date.  Chalmel  loue  beaucoup  le  quatmin  qi» 
Guillaume  du  Peyrat  avait  rimé  pour  cette  gravure.  Toujours 
est-il  qu*il  est  des  plus  flatteurs  pour  le  peintre,  coDiine  Oïi  peut  en 
juger  d'ailleurs,  car  le  voici,  quoique  incomplet  : 

Bunel  ne  pouvait  pas  d*un  prince  plat  insigne 

Henri  peindre  au  vif  le  tableaa  ; 

Henri  ne  pouvait  pas  d'un  peintre  aussi  plus  digne. 
Que  du  rare  Bunel  éjire  le  pinceau. 

Cette  gravure  est-elle  la  reproduction  absolue  du  portrait  peinl 


^  Lbchbvallier-Ghkvignard,  Sur  quelques  portraits  de  Henri  IV\  —  C*»* 
des  Beaux-Arts,  t.  VI,  2»  période,  1872,  p.  371. 

*  Voir  Les  monuments  de  l'histoire  de  France,  —  Michel  Hiï\Ki?f .  Cff/^^Bf* 
des  productions  de  la  sculpture,  de  la  peinture  et  de  la  grature^  rr^ri/irti  i 
^Histoire  de  France  et  des  Français.  Paris,  J.-A.  Delion,  éà\\  J*uVHftP, 
în-8*.  —  L  intermédiaire  des  chercheurs  et  des  curieux  y  a»  du  10  nft««aÉ« 
1883. 

*  Voir,  ci-contre,  planche  XLI. 

*  Thomas  du  Leu,  gendre  du  peintre  Caron,  qu} dessina  les  célèbres  etn«A*^ 
tapisseries  de  l'histoire  d'Arthémise  et  des  tableaux  de  PhiloslrMe.  e^t  un  i]n|Pi^ 
importants  graveurs  de  laûo  du  seizième  siècle.  D'une  habileté  de  mrlier  €iV^^ 
dinairc,  comme  nombre  de  ses  confrères  de  son  époque,  il  alUcha  une  ^  ■ 
importance  à  la  pureté  des  tailles  et  au  détail,  d'où  quelcjtieâ  »échere$»es  ~  ' 
oertaine  dureté  dans  ses  planches. 


PUnib»*    M.l. 


i'»}tc  :.«4. 


H  K  X  U  l  C  L  S     IV     F  H  W  C  .     K  T     X  \  \  A  .     H  K  \ 

<;  w  \  V  K    I'  I  K    r  II      1)  K    I,  K  i: 
^1)  iipr.>  J.    UuLel  ) 


WT' 


FRâXÇOIS   ET   JACOB   BDXEL.  593 


par  Jacob  Banel?  C'est  au  moins  douteux.  Le  buste  du  roi  seul 
doit  être  du  peintre.  Le  restant  est  un  amalgame  hétéroclite 
et  b.zarre  provenant  de  diverses  sources.  Rien  de  plus  comman 
et  de  plus  dans  les  habitudes  du  seizième  siècle  et  de  la  première 
partie  du  dix-septième,  que  ces  gravures  où  s'entremêlent  les  car- 
touches, les  arabesques,  les  ornements  de  toutes  sortes,  ou  les 
tapissiers,  les  céramistes.  les  verriers,  les  orfèvres,  les  ébénistes 
les  architectes,  en  un  mot.  les  artistes  de  tous  les  genres  semblent  * 
avoir  collaboré  pour  la  composition  de  l'œuvre. 

Le  portrait  de  Henri  IV.  d'après  Jacob  Bunel.  est  une  des  plus 
belle»  planches  de  Thomas  du  Leu  et  lui  fait  le  plus  grand  hon- 
neiir.   Aussi  celte,  gravure   a-t-elle  été   bien  souvent  copiée  et 
presque  sans  variante  ni  changements,  notamment  par  L    Gau- 
tbier,  graveur  allemand,    né  à  Wayence  en  1552  et  mort  après 
1628.  qui  s'est  contenté,  pour  ainsi  dire,  de  la  réduire,  et  ainsi 
elle  a  servi  de  frontispice  au  livre  l'Avant  victorieux'    écrit  en 
•honneur  de  Henri  IV  par  le  sieur  de  l'Hostal,  seigneur  de  Roque- 
laure,  dont  nous  avons  parlé  dans  la  première  partie  de  ce  tra- 
vail '.  Gauthier  a  reproduit  d'autres  fois  encore  ce  même  por- 
trait, plus  ou  moins  fidèlement,  sans  la  moindre  vergo^e  II  ne 
fot   pas  le  seul,  d'ailleurs,  à  agir  de  la  sorte;  car  le   buste  de 
Henri  IV  d'après  Jacob  Bunel  devint,  pour  ainsi  dire,  le  portrait 
type  du  chef  de  la  maison  de  Bourbon  et  a  servi  de  modèle  à 
nombre  d'effigies  du  monarque  gravées  après  sa  mort,  notamment 
a  celle  où  il  est  figuré  à  côté  du  portrait  de  son  fils  Louis  XIII 
lors  de  l'avènement  de  ce  dernier  au  trône.  C'est  encore  cette 
même  effigie  que  l'on  retrouve  à  côté  de  celles  de  Louis  XIII  et  de 
Louis  XIV,  publiées  ensemble  sous  le  règne  du  grand  ror 

Le  portrait  de  Pierre  de  Franche  ville',  gravé  par  Pierre  de 

•  Ce  volante  a  été  publié  et  imprimé  en  Bé.irn.  h  Orlhci.  par  A.  Roover   im 
^"T"t  :r  '-  •«*»•  «T  r«  ''«-"«.ent  le.  lettre,  patente,  ,r.„,crhe;  Ha' 
S^iTltimTp   -/«'V'-'"'',':*"".  fc*  l'nprimeurs  el  Horaires  en 
^«f«/^  1052-1883.  Pau.  Imp.  Caret.  Léon  Ribaut,  lib.  édil..  1884   1  vol    in-i» 

*  Voir  note  1,  p.  570. 

»  ^'e""  «Je  ^"«"^heville,  appelé  encore  Francavill.  ou  même  Francoville  né  à 

de  ,Bo'»8ne.  Flamand  comme  lu.,pu..quece  dernier  et  né  à  Douai.  Francheville 
résida  longtemp,  à  Pwe  et  fut  nommé  membre  de  l'.^cadémie  de  scnipiure  de 


Ôp6  FaAXÇOlS  ET  JACOH  BU\EL. 

Joode,  consiste  en  un  ovale  allongé  dans  lequel  le  personnage  ts\ 
représenté  la  tête  de  trois  quarts  touruée  de  gauche  a  droite. 
Comme  le  dit  l'inscription  que  nous  citerons  tout  à  Theore,  il 
accuse  une  soixantaine  d'années.  La  tête  puissante  et  forte  monin 
un  front  découvert  couronné  de  cheveux  gris  et  courts,  légèrement 
frisés  ;  la  barbe,  grise  et  frisée  également,  est  surmontée  de  raouala- 
ches  bien  fournies.  Le  cou  est  engagé  dans  un  large  col  ralKiitv 
qui  retombe  sur  un  justaucorps  boutonné,  agrémenté  d'orneoient^ 
de  fleurs  et  de  feuillages;  les  manches  à  petits  crevés,  dontotit^^ 
voit  que  la  naissance,  sont  d*une  étoffe  plus  claire  que  celle  in 
vêtement.  Le  haut  de  la  planche  consiste  en  un  écnsson  ovale  -m 
armes  de  Pierre  de  Francheville,  surmonté  d'un  heaume  empaci- 
ché  qu'accompagnent,  à  droite  et  à  gauche,  deux  cornes  d'abondance 
laissant  échapper  des  fleurs  et  des  fruits;  sa  base  se  compose  M 
montants  et  de  socles  de  colonnes  d*ordre  composite  avec  rinscrip- 
tion  que  voici  en  occupant  la  partie  centrale  :  Petrus  a  Francêr 
villa  cameracencis,  GaU.  et  Navar.  régis  christianiss.  archiud. 
et  proto  (sculpta^)  academicus  Jlorentinus  ;  et  ob  egregia  arlis 
opéra  civitate  pisana  donatus  M,  VI XIII,  60.  ^  Tout  au  bsp* 
droite,  se  trouve  gravé  :  Jacob  Bunéi  pinxit,  et  à  gauche  :  P-^^ 
Jode  fecit\  Cest  là  une  très  belle  planche,  largement  tmil^' 
par  larges  plans  sans  mièvreries  ni  petitesses,  donnant  une  liâalf 
idée  du  graveur  qui  Ta  exécutée  et  de  la  ptrjnture  d'après  laquelle 
elle  a  été  burinée.  ^ 

Le  Louvre,  dans  ses  réserves,  renferme  trotfs  dessins  attribuée 
aux  Bunel,  ou  plutôt  à  Jacob  Bunel.  Ils  provieiitient  tous  trois  <!' 
la  collection  Crozat.  ^ 

Le  premier,  catalogué  sous  le  n"*  25051,  mesui^nt  G",!-  ^^^ 
0°',10,  exécuté  à  la  pierre  d'Italie,  représente,  vue  àe  troisqu^i^*  i 

Florence.  Rappelé  en  France  par  Henri  IV,  qui  lui  donna,  comi 
plus  loin,  un  logement  au  Loovre,  à  cAtc  de  celui  de  Bunel,  avec  lei 
alors,  il  exécuta  entre  autres  ouvrages  une  statue  du  roi  en  noarbre. 
au  château  de  Pau,  le  groupe  de  David  vainqueur  de  Goliath,  au 
Louvre  ;  le  Tenops  enlevant  la  Vérité,  dans  le  jardin  des  Tuileries,  et  les 
figures  qui  ornaient  le  piédestal  de  la  statue  équestre  de  Henri  IV  sur  l- 
Neuf  vers  1615. 

*  De  quel  de  Jode  ou  de  Joodhe  ou  de  Joode  s  agit-il  ici?  de  Pieter  àt 
le  Vieux,  né  à  Anvers  en  1570  et  mort  dans  la  même  ville  en  16SV,  ou  d* 
fils  Pieter  de  Jode  le  Jeune,  né  également  à  Anvers  en  1602?  Très  probaH 
du  père. 


PRAX'ÇOIS    ET   JACOB    BLXEL.  59T 

et  quart  de  nature,  une  fine  tête  d'apôtre  avec  une  barbe  élégante, 
les  yeux  levés  vers  le  ciel.  Ce  dessin  délicat  et  un  peu  maniéré,  fait 
involontairement  songer  aux  crayons  de  Daniel  du  Monstier,  et, 
n'était  Tauréole  qui  surmonte  cette  tête  bien  française,  Ton  croirait 
volontiers  avoir  affaire  plutôt  à  un  courtisan  des  derniers  Valois 
qu*à  un  apôtre  et  à  un  saint. 

Le  second  dessin,  rehaussé  de  rouge,  portant  le  n*  23052,  figu- 
rant trois  vieillards  nus,  Tun  d'eux,  celui  du  milieu,  assis,  c'est 
très  vraisemblablement  une  copie  ou,  tout  au  moins,  une  inter- 
prétation d'un  groupe  de  la  coupole  de  la  cathédrale  de  Parme 
peinte  par  le  Corrége.  Au  verso  de  ce  dessin  se  lit  l'inscription 
suivante,  d'une  écriture  ancienne  :  »  Soldat  endormy,  étude  pour 
une  résurrextion  à  la  plume  lavé  d'encre  de  la  Chine,  réaussé  de 
blanc  sur  papier  bistré,  v 

Le  troisième  dessin,  de  0",18  sur  0",16,  à  la  pierre  d'Italie, 
comme  le  premier,  rehaussé  de  bistre,  figure  un  Christ  descendu 
de  la  Croix.  Cette  figure  académique,  sans  caractère  particulier, 
est  insuffisante  pour  donner  une  idée  bien  précise  du  talent  et  des 
tendances  de  son  auteur.  Ainsi  donc,  ces  trois  dessins  sont  bien 
peu  importants  malgré  leurs  mérites,  malgré,  surtout,  celui  des 
deux  premiers,  et  ne  peuvent  guère  venir  en  aide  pour  permettre 
d*apprécier  le  style  et  le  faire  de  Jacob  Bunel,  dont  ils  sont  indubi- 
tablement l'œuvre. 

Dans  la  collection  de  dessins  réunie  au  dix-huitième  siècle  par 
le  marquis  de  Robien,  provenant,  pour  le  plus  grand  nombre, 
d'acquisitions  faites  à  la  vente  Crozat  et  faisant  aujourd'hui  partie 
du  musée  de  Rennes,  se  trouve  un  dessin  attribué  à  Jaeob  Bunel. 
Malheureusement  ce  dessin,  mesurant  0"',22  de  hauteur  sur  0",36 
de  largeur,  exécuté  à  la  plume  lavée  de  bistre  et  représentant 
Une  femme  enlevée  au  milieu  d'un  combat,  n'est  pas  une  œuvre 
originale,  mais  seulement  une  copie  d'une  composition  de  Jules 
Romain  ^ 

Henri  IV,  en  faisant  bâtir  par  Malezeau  le  père  et  Dupérac  la 
g^rande  galerie  du  Louvre  en  avait  destiné,  dès  le  principe,  les 
log^ements  inférieurs  aux  plus  familiers  de  ses  artistes  et  artisans. 


<   Catalogue  des  peintures,  sculptures^  dessins  et  gravures  du  Musée  de  la 
viile-de  Rennes.  Rennes,  typographie  Oberthur,  1863,  1  vol.  in-12. 


598  FUA\Ç01S    ET    JACOB    Bl\Ë[-- 

ce  qui,  alors,  était  tout  un.  Jusqu'à  la  révolution  de  J789,  nombre 
de  ménages  d*artiste8  continuèrent  d'y  babitt^r;  leurs  apparlt^ments 
leur  furent  même  rendus  à  la  Restauration  ;  mais  Louis-Philippe, 
à  son  avènement,  supprima  définitivement  ce  prîiilège. 

Jacob  Bunel  fut  du  nombre  des  premiers  artistes  autoriaés  â 
habiter  sous  la  grande  galerie  du  Louvre,  l  uici  la  liste  des  pre- 
miers  occupants  de  ces  logements^  énuniérés  dans  les  lettres 
patentes  accordées  en  1608  par  Henri  IV  à  cet  effet  ; 

Jacob  Bunel,  nostre  peintre  et  vallet  de  chambre  ;  Abraham  â^  li 
Garde,  nostre  orloger  et  aussi  valiet  de  chambre  ;  Pierre  Courtob, 
orfèvre  et  valiet  de  chambre  de  la  reyne;  Franqueville,  sctilptear; 
Jollien  de  Fontenay,  nostre  graveur  en  pierros  précieuiîes  el  valiet  dt 
chambre;  Nicholas  Roussel,  orfèvre  et  parfumeur  ;  Jenn  Séjourne,  sculpteur 
et  fontainier  ;  Guillaume  Dupré,  sculpteur  et  con  trot  Leur  r^êncral  des 
poinçons  des  monnayes  de  France;  Pierre  V^erni^zr,  cousteflier  et  forgeuf 
d'espées  en  acier  de  Damas  ;  Laurens  Sélnrbe  [tieneusier  fai&fur  de 
cabinets  ;  Pierre  des  Martins  peintre  ;  Jean  Petit  fourbbspur  doreur  et 
damasquineur  ;  Estienne  Flantin,  ouvrier-ès-inslrumenit  de  malbém^i'^ 
tiques  ;  Alleaume  professeur  ès-dites  mathématique^^  ;  Maurice  Duboali 
tapissier  de  haute  lisse  ;  Girard  Laurens,  aussi  tnpissior  de  haute  hsst  ; 
Pierre  du  Pont,  tapissier  es  ouvrages  du  Levant  ;  Miirin  ïk>argeoJs,  ami 
nostre  peintre  et  valiet  de  chambre  et  ouvrier  en  globes  moutanï, 
sculpteur  et  aultres  inventions  '. 

Michel  de  MaroUes  n'a  garde  d'oublier  les  artistes  loges  an 
Louvre,  dans  ses  quatrains  : 

Les  bons  peintres  logez  dans  TeDceinif'  du  Louvre, 
Jacob  Bunel,  Picou,  Bernier,  Jacquos  StrlU, 
Les  enfants  de  sa  sœur  vcrtueui  en  ct-b. 
Du  Moutier  père  et  fils  ou  Baladone  f 'oiuvre. 

Simon  Vouet,  X'ocrct,  Bo.irgeois.  Erird,  Bdursone 
Mellon,  Bombes,  Gesse,  Dorigni,  des  Martiits, 
Du  Pré,  le  bon  sculpteur  et -les  deux  Sjtrra^in!;  : 
L'Asne  avec  Séjourné,  pour  décorer  le  Iro^ae^, 

Etc.,  etc. 

'  Archives  de  l'Art  français,  i.  III,  p.  39-41.  Cosnmuoication  de  M,  t* 
nevières. 

*  Michel  DK  Marollks,  Quatrains,  1677.  Paris,  Îq-4%  f.  53^4, 


'.I 


FHA\Ç01S    ET   JACOB    BL\EL.  599 

Daos  la  prenuère  partie  de  cette  étude,  nous  avons  vu  que  Fran- 
çois Bunel  fit  un  dessin  de  navire,  probablement  un  carton  de  tapis* 
série.  Une  fois  logé  au  Louvre,  où  existait,  dès  1613,  un  atelier 
de  haute  lisse,  sur  lequel  nous  manquons  absolument  de  détails, 
et  qui  subsistait  encore  après  1650,  il  est  à  croire  que  Jacob  Bunel 
dessina  quelques  cartons  destinés  à  être  tissés;  le  fait  est  d'autant 
plus  probable,  qu*il  se  lia  aVec  ses  voisins,  habitant  également  la 
grande  galerie,  Laurent  et  Pierre  Dupont,  Tun  tapissier  de  haute 
lice,  Tantre  inventeur  des  lapia  à  façon  du  Levant,  fondateur  de 
la  manufacture  de  la  Savonnerie'.  V  Histoire  de  Diane  y  cette 
superbe  tenture  composée  de  huit  pièces  etattribnée  à  Toussaint 
Dnbreuil,  est-elle  en  son  entier  de  cet  artiste?  Bunel,  son  colla- 
borateur habituel»  n'y  a-t-il  pas  travaillé  avec  lui?  Nous  le  croirions 
volontiers. 

Nous  venons,  tout  à  Theure,  de  nommer  Pierre  Dupont.  Ce 
Pierre  Dupont  est  un  personnage  considérable  dans  Thistoire  de 
la- tapisserie;  il  introduisit  en  France  la  fabrication  des  tapis  de 
Turquie'  et  écrivit,  à  cette  occasion,  un  curieux^ ouvrage  intitulé 
la  Siromatourgie*.  Il  était  fort  lié  avec  Jacob  Bunel,  dont  il  était 
le  voisin  au  Louvre,  comme  il  vient  d'être  dit.  Voici,  à  propos  des 
deux  amis,  une  anecdote  caractéristique  tirée  des  Archives  de 
t  Art  français^  : 

«  S'estant  donc  adonné  à  rilluminure,  feu  madame  deChasteau- 
neuf —  que  Dieu  absolve  —  comme  elle  estait  très  vertueuse  et 
adonnée  du  tout  à  la  piété  et  dévotion,  prit  le  dict  du  Pont  à  son 
service  pour  lui  faire  quelques  paires  d'heures  d'Illuminure  et 
aultres  ouvrages.  De  quoy,  s'estant  fidellement  acquitté,  ilfitveoir 
aussi  à  la  dicte  dame  quelque  temps  après  —  comme  à  la  plus 
curieuse  de  Paris  —  quelques  échantillons  de  toutes  sortes  d'ou- 
vrages de  Turquie  faicts  d'or,  d*argent,  de  soye  et  de  laine,  lesquels, 

1  J.  GciFFRir,  Histoire  de  la  tapisserie.  Tours.  Alfred  Marne,  édit.  1886,  i  vol. 
in^k'*.  — Ettg.  MuNTz,  la  Tapisserie^  Paris,  Quantin,  édit.,  1  vol.  in-i2. 

*  J.  GwnEY,  ibid, 

*  4as  Siromatourgie  ou  de  r excellence  de  la  manufacture  de  tapits  de  Turquie 
SMOUvelletnent  establie  en  France  sous  la  conduicte  de  noble  Pierre  Dupont, 
S^pissier  ordinaire  du  roy  es  dits  ouvrages^  avec  la  devise  :  Mieux  faire  que 
^ien  dire,  fut  publié  en  1632,  eo  un  volume  in-V  de  43  pages,  «  à  Paris,  en  la 
G«llerie  du  Louvre,  en  la  maison  de  Tautheur  » . 

^  Archives  de  l'Art  français,  t.  I,  p.  210  et  suiv. 


600  FRANÇOIS   ET  JACOB   BUMBL. 

comme  chose  non  encore  veuë,  rll^  présenta  à  h  reyne  mère  qui 
les  fit  voir  tout  à  Theure  au  feu  roy,  Je  quel,  peu  de  jûurs  après, 
allant  voir  les  peiùtures  de  sa  yallerie  et  de  sa  sale  des  Antiques 
que  feu  M.  Bunel,  son  peintre,  faisait  alors,  et,  entrant  dans  la 
maison  du  dict  Bunel,  vit  un  fonds  de  chaiBe,  fàict  d'ouvrage  de 
Turquie,  que  le  dict  du  Pont  y  avait  laissé  et,  se  ressouvenant  de  ce 
que  feue  madame  de  Chasteauneuf  en  avait  rapporté  à  la  reyne, 
commanda  à  M.  de  Fourcy,  intendant  de  ses  bastlmans  et  manu- 
factures de  faire  venir  le  dict  Dupont  dans  sa  gallerie.,,  m 

Par  la  citation  ci-dessus,  nous  voyons  que  Henri  IV  ne  dédaignait 
pas  d'entrer  dans  la  demeure  de  son  peintre  favori  et  d'aller  wlt 
dans  son  atelier  où  en  étaient  les  havatix  qu'il  lui  avait  commandée. 
Une  autre  raison  rendait  encore  les  rapports  fréquents  entre  le 
souverain  et  le  peintre;  c'est  que  le  rôi  avait  nommé  Jacob  Bunel 
conservateur  de  ses  tableaux  à  une  époque  que  nous  ne  sauriom 
préciser,  mais  probablement  lors  de  la  mort  de  Toussaint  DubreuiL 

Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  le  roï  confia  à  son  peintre  àt 
prédilection  le  soin  de  faire  le  portrait  du  Dauphin,  trois  mois  h 
peine  avant  la  catastrophe  du  pont  \'euf.  u  Le  mardi  16  février 
1610,  en  estudiant»,  le  fils  de  Henri  IV  «  est  peinct  par  BudcI 
peinctre  excellent  qui  est  au  service  du  roy  » ,  nous  apprend  le 
curieux  et  instructif  journal  d'Hérouard,  premier  mêdeciu  de 
Louis  XIII.  Jacob  Bunel  non  seulement  portrafcturâ  Louis  XIH, 
m£^îs  il  eut  encore  Thonneur  de  lui  donner  des  leçons  de  dessin. 
L'on  sait,  d'ailleurs,  le  goût  et  Tattrart  de  ce  prince  pour  la  pein- 
ture. «  Le  24  octobre  1612  »,  lisons-nous  pins  loin  dans  le  manu- 
scrit du  même  Hérouard,  «  le  roy  va  chez  M*  Bunel,  peintre  en  la 
gallerie.  S'amuse  à  peindre;  le  25,  s'amuse  à  peindre  feue  madame 
la  connétable  »,  probablement  d'après  un  portrait  fait  par  Jacob 
Bunel  se  trouvant  dans  son  atelier  ' . 


'  Jehan  Hérouard,  seigneur  de  Vaugrij^neuac,  né  en  1550  ou  1551 ,  moH  « 
t627,  premier  médecin  de  Louis  XHl,  a  laiiié  un  journal  mannicrit  compo'^  <l< 
6  vol.  in-fol.,  conservé  à  la  Bibliothèque  nallonalc.  déparlemenl  des  maaaf^rrit^. 
dans  lequel  il  a  noté  jour  par  jour,  du  27  septembre  Itifll,  d«te  de  U  niï^uncf  àà 
Dauphin,  jusqu'à  l'année  de  sa  mort,  c'esl-à-dire  en  1627,  non  eeulem*  '  '" 
détails  concernant  la  santé  de  son  royal  clienl,  mais  aussi  nombre  d'autres  TtL 
curieux  et  fort  importants.  —  Voir  Armand  ÏJa5cmkt,  ie  Roi  ckc^  ia  f^im 
Histoire  secrète  du  mariage  de  Loins  Xi  II  €t  d^Anne  d'Autriche.  Parir    ' 
H.  Pion,  1  vol.  in-12,  2«  édit.,  p.  462  et  sulv. 


PRAXÇOIS    ET   JACOB    BUIVEL.  (iOI 

Jacob  Bunel  ne  survécut  guère  plus  de  quatre  années  à  Henri  IV, 
qai  Tavait  employé,  comme  nous  Tavons  vu,  la  plus  grande  partie 
de  sa  i^arrière.  Il  mourut  à  Paris  encore  jeune  et  en  plein  talent,  à 
Tâge  de  cinquante-six  ans,  le  14  octobre  1614  ^  Onze  jours  avant 
sa  mort,  se  sentant  fort  malade,  le  3  octobre,  il  avait  écrit  son 
testament.  Voici  son  acte  mortuaire  relevé  par  Jal  dans  les  registres 
protestants  conservés  naguère  au  Palais  de  justice  et  malheureuse- 
ment brûlés  en  1871  '. 

Le  XV*  dud*  mois  d*octobre  1614  deffunct  Jacob  Bunel  vallet  de 
chambre  du  roy  et  peintre  de  S.  M.  estant  de  la  vraie  religion,  a  esté 
enterré  au  cimetierre  du  faubourg  S*  Germain  par  Jehan  Guillaume 
fossoyeur  dnd'  cimetière,  ou  le  corps  dud'  deffunct  a  esté  accompagné  par 
ses  amis  et  archers  du  guet. 

Après  la  mort  de  son  mari,  Marguerite  Bahuche,  sa  veuve,  solli- 
cita du  roi  la  survivance  de  son  logement  et  de  son  traitement  de 
conservateur  des  peintures  du  Louvre  et  des  Tuileries;  ce  qui  lui 
fui  accordé,  comme  en  fait  preuve  le  brevet  que  voici,  sous  la 
condition  pour  elle  de  fournir  le  logement  à  son  neveu  Robert 
Picou,  peintre  comme  son  mari,  et  de  l'entretenir. 

Anjourd'huy  8*  d'octobre  I6I4  te  roy  estant  à  Paris  mettant  en  considé- 
ration les  longs  et  fidèles  services  que  feu  Jacob  Bunel  vivant,  l'un  de  ses 
peintres  ordinaires,  ayant  lachargede  ses  peintures  au  Louvre  et  Thuilieries, 
a  cy  devant  rendus  tant  au  feu  roy  dernier  déceddé  qu'a  S.  M.  depuis  son 
avénemeot  à  la  couronne,  et,  voulant  recognoistre  iceux  envers  Maguerite 
Bahuche  sa  femme,  sa  veuve,  la  quelle  faict  aussy  profession  de  peinture 
et  y  travailla  journellement,'  S.  M.  par  Tadvis  de  la  reyne  sa  mère,  a 
accordé  à  la  dame  Bahuche  sa  demeure,  sa  vie  durant  dans  le  logis  de  la 
grande  gallerie  du  Louvre  où  demeuroit  et  est  décédé  ledict  Bunel  ;  à  la 
charge  d'y  loger  et  accommoder  Robert  Picou  son  nepveu,  aussy  peintre, 
pour  avoir  soing  avec  elle  des  peintures,  tant  de  la  dicte  grande  gallerie 
du  Louvre  que  des  Thuilieries  ;  et,  pour  leur  donner  moien  d'y  servir  et 
sy  entretenir  dignement,  sa  dicte  M.  leur  accorde  par  moytié  les  j^ages 
et  entretemments  de  1200  livres  dont  soulloyt  jouir  le  dict  feu  Bunel, 
qui  est  à  chascun  deux  six  cens  livres  les  quelles  leur  seront  payez 
par  les  trésoriers  de  ses  bastimens  présens  et  advenir,  chacun  en  Tannée 

Bbbnieb,  ioc.  cit.  —  Jal,  Dictionnaire.  —  A.  DuPRé,  loc.  cit.  —  Gazette  des 
I     rux^Arts,  1888,  t.  II.  p.  265  et  suiv. 
Jal,  ibid. 


] 


602  FRANÇOIS    ET    JACOB    BtJ\Ël. 

de  son  exercice,  à  commancer  da  premier  jour  tle  ce  mms  par  har 
simple  quittance,  sans  quii  leur  soye  l>esoing  d'autres  leUre«  ny  l'ipédî- 
lions  que  le  présent  brevet  qu'il  a  voulu  signer  de  sa  itiain  et  Lceby  eslre 
contresigné  de  nioy  son  conseiller  et  secrétaire  d'e^tat  : 

hùvis. 
De  Laimenrye. 

Et  au  dos  est  escrit  ce  qui  suict  : 

Enregistré  par  moy  intendant  des  bastimens  du  roy  soubzisigaez  à  Par» 
le  3'  jour  de  janvier  1615  ainsy  signé  :  Fourcy. 
CoUationné  a  son  original  sur  parchemin  >. 

Ce  Robert  Picou,  neveu  de  Marguerite  Bahuclie,  auquel  la  «ur^ 
vivance  du  logement  et  des  appointements  de  Jacob  Buuel  était 
accordée  de  moitié  avec  sa  tante,  ne  laissa  pas  Je  jouir  de  son  temps 
d'une  certaine  célébrité*. 

Marie  Bahiiche,  la  veuve  de  Jacob  Bunel,  conserva-l-elle  le  loge- 
ment du  Louvre  et  la  fonction  en  étant  la  conséqueoce»  conjoinle^ 
ment  avec  Robert  Picou  jusqu'à  sa  mort?  C'est  peu  probable;  car 
elle  se  remaria  avec  un  sieur  Paul  Galland,  receveur  des  tailles  i 
l'élection  de  Tours,  veuf  lui-même,  et  ce  nouveau  mariagi"  semble 
impliquer  qu'elle  dut  abandonner  sa  situation  au  Louvre.  On  ignore 
Fépoque  de  ;sa  mort,  qui  eut  lieu  avant  Tannée  1632,  puisque,  le 
9  octobre  de  cette  même  année,  Paul  GallancJ  se  remariait  une  Iroi- 
sième  fois  avec  Marie  Denetz,  6Ile  d'un  auditeur  à  la  Coar  «lei 
comptes'. 

Dans  les  registres  de  Tétat  civil  des  protestants,  détruits  lors  ai 
Tincendie  du  Palais  de  justice  de  Paris  en  1871,  auxquels  noui 

*  Archives  de  T  Art  français^  1. 111,  p.  370  et  suiv.,  pi^ce  pïtraiic  des  ,Arcliif« 
nationales,  section  administrative  et  domaniale,  communiquée  par  C\i.  hêo^^* 
daire,  de  la  manufacture  des  Gobelins. 

*  I  Robert  Picou  de  Tours,  neveu  de  la  femme  de  Ëuad.  dit  XM^r  àe  Utratï», 
nous  a  laissé  de  luy  mesme  quelques  pièces  en  eau-ftirte  ('td'autrtM  de  TinK^n* 
tion  de  Jacques  Bassan  et  d'Herasme  David,  en  a  faict  une  d'après  luj  %\m  »<  ^ 
miracle  de  S'  François  de  Paule  traversant  la  mer  dn  Sicilp.  et  ensuite  If  s  illu*- 
tres  de  son  ordre  jusqu'au  nombre  de  105.  t  Dans  suii  Rhiotre  d^  Tour^m. 
Cu^LMBL  prétend  que  son  compatriote  «  Claude  Vignou  en  faisait  beaucoup  4^"  "^ 
surtout  par  rapport  à  la  pureté  du  trait  ».  — Voir  Michel  ni!  Mab(»llr9,  CiUm 

de  livres,  d'estampes^  etc.    Paris,  1666,  p.  74.  —  Archit^es  de  fArt/rdr 
t.  1,  p.  2t2.  —  Ghalmel,  ibid,,  t.  IV,  p.  379. 
»  Haag,  loc,  cit. 


FRAXÇOIS    ÇT    JACOB    BL\EL.  603 

avons  déjà  fait  un  emprunt  avec  Taide  de  Jal,  il  est  à  maintes 
reprises  question  de  Marguerite  Bahucbe. 

Au  folio  59  recto  se  trouvait  la  mention  suivante  : 

Le  3*  de  marâ  1608  nasqairent  ung  fils  et  une  fille  à  François  Fonlayne 
secrétaire  de  la  maison  et  couronne  de  \avarre  et  de  dam**  Françoise 
Commer  et  ont  été  présentez  au  bap"*  le  15*  dudict  mois  par  M'  du 
Couldray  conseiller  au  parlement  et  damoiselle  Judicq  de  Gourcelles 
femme  de  M'  de  Lozeray  le  quel  ilz  ont  nommé  Androniqueet  la  ûlle  par 
Isaac  poupart   con**"   et  secrétaire   de    feue   Madame   sœur    du  roy   et 

dam'"*  Marye  CoUignon  femme  de  m.  du  Moulin  M.  du  S'  r la  quelle 

a  esté  nommée  Loyse. 

Au  verso,  on  lisait  : 

Marraine  Marg**  Bahuche  femme  de  M'  Bunel  peintre  du  roy. 

Et  au  folio  61  verso,  également,  se  trouvait  répétée  la  même 
phrase  : 

Femme  de  M'  Bunel  peintre  du  roy. 

« 

Cette  demoiselle  Judicq  de  Courcelles,  femme  de  M.  de  Lozeray, 
faisail-elle  partie  d'une  famille  de  Courcelles  dont  il  va  être  ques- 
tion tout  à  rhenre  à  propos  d'un  élève  de  Jacob  Bunel?  C'est  assez 
probable. 

Marguerite  Bahucbe,  au  dire  de  Cbalmel  \  jouissait  de  son 
temps  d'  u  une  telle  réputation  que  les  plus  illustres  personnages 
de  la  Cour  avaient  voulu  être  peints  par  elle  » .  Sauvai  *  nous  la 
représente  comme  très  babile  «  à  faire  les  portraits  des  person- 
nages de  son  sexe  »  el  à  peindre  u  sur  les  dessins  de  son  mari  » . 
Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'elle  l'aida  considérablement  dans  l'exé- 
cution des  effigies  des  princesses  et  grandes  dames  que  Henri  IV 
avait  demandées  à  son  peintre  ordinaire. 

Pour  en  finir  avec  la  famille  de  Jacob  Bunel,  disons  encore  que, 
par  un  acte  découvert  par  M.  Read,  il  ressort  que,  dès  1619,  un 
Pierre  Boule,  qui  était  déjà  ébéniste  du  roi  et  avait  son  logement 
<^n  Louvre,  avait  pour  femme  la  sœur  de  Marguerite  Bahuche  et 


1  Chalmbl,  loc.  cit. 
*  Sauval,  loc.  cit. 


n 


60t  FRANÇOIS    ET    JACOB    BUAEL- 


que,  par  conséquent,  par  son  mariage^  ce  Pierre  Boule  était 
devenu  le  beau-frère  de  Jacob  Bunel  ^ 

Jacob  Bunel  fut  un  artiste  considérable.  Ses  contemporaiQis 
avaient  de  lui  la  plus  haute  idée.  Voici,  enlre  autres  lémorgnages 
à  ce  propos,  celui  du  peintre  Claude  li^inoii,  reproduit  par 
Chaloiel,  auquel  nous  avons  fait  déjà  plusieurs  fois  allusion  :  u  J'if 
eu,  dit  Claude  Vignon,  Thonneur  de  counattre  Jacob  Buuel,  le 
plus  grand  peintre  qui  fut  en  Europe,  et  métue  je  me  ^loiiSe 
d'avoir  reçu  de  sa  bonté  les  premiers  enseignements  de  la  pein- 
inre.  Il  était  natif  de  Tours  en  Touraine.  Il  vivait  à  Paris,  api 
galeries  du  Louvre,  fort  honoré  du  roi  Henri  le  (rraud,  quatrième 
du  nom.  Comme  il  avait  eu  Testime  et  emploi  du  roi  d'Espagne, 
Philippe  II,  il  a  fait  ce  beau  cloître  à  TE^curial,  rempli  de  quaranle 
admirables  tableaux,  chacun  de  trois  toises  eti  ha n leur.  Je  n*ai 
rîen  vu  en  Europe  qui  les  surpasse  en  magnifiques  inventions,  ivoire 
ils  surpassent  tout  par  leur  coloris.  » 

Malgré  ce  que  cet  éloge  peut  avoir  d'hyperbolique,  Jacob  Bnnel 
n'en  reste  pas  moins  un  peintre  fort  apprécie  de  son  temps*  H  foti 
sans  doute,  autant  que  nous  pouvons  en  juger  à  distance,  ut*  artiste 
de  transition,  et,  quoique  ses  nombreux  voyages  Talent  soumis  à 
d'autres  influences  que  celles  du  Primalrce  et  du  Rosso,  tout-pni^ 
sauts  à  la  Cour  de  France,  pendant  sa  jeunesse,  sa  place  semble 
marquée  entre  les  derniers  élèves  de  Técole  de  Fontainebleau  et 
les  premiers  de  celle  de  Simon  Vouet.  Comme  nombre  de  peintres 
de  son  temps,  ce  que  nous  savons  de  lui  donne  à  croire  qu  ît 
oublia  trop  facilement  les  enseignements  des  Jehan  Fouquet.  des 
Perréal,  des  Bournichon,  etc.,  pour  s'engouer  de  Toutrecuidance 
et  de  la  redondance  italiennes.  Il  s*éprit  des  raccourcis  violents,  des 
musculatures  exagérées,  des  figures  extraplafonnantes;  il  evt 
lamour  des  ajustements  bizarres,  ce  goùl  italien  de  rélégance  et  dû 
raffiné  au  milieu  de  la  rudesse  des  mœurs,  qui  est  un  des  carac- 
téres  de  cette  étrange  époque.  .Mais  comment  aurait-il  pu  se 
faire  que  ce  peintre,  vivant  à  la  Cour,  n  eût  pas  suirt  TimpulsTOQ 
donnée  par  le  souverain  ou  ses  courtisans  dispensateurs  des  com- 
mandes et  des  faveurs!  François  I",  en  appelant  le  Frimali''''  ^^ 

'  Archives  de  l'Art  français  ^  t.  IV,  p.  321  et  siiîi.  Pi  erre- André  Bouli^^  < 
meots  communiqués  par  MM.  Read,  Richard,  Laeordaire,  et  unâtés  pir 
iloDtaiglon. 


FhAXÇOIS   ET   JACOB   BLWEL.  605 

R08SO,  Nicolo  délie  Abbate,  —  ne  citons  que  les  principaux,  —  pour 
diriger  les  travaux  des  mainons  royales,  avait  donné  Torientation, 
qui  ne  fut  que  trop  fidèlement  suivie  par  ses  successeurs.  Jacob 
Bunel,  le  protégé  d'une  Médicis,  ne  sut  ni  ne  put  échapper  aux 
contagieux  exemples  qui  lui  furent  donnés.  Loin  de  là,  il  les 
rechercha,  et  leurs  séductions  furent  pour  lui  sans  défense,  trop 
respectueux  qu'il  était  de  ce  qu'on  admirait  et  louait  en  haut  lieu, 
quMl  admira  et  loua  plus  que  personne. 

Aussi  ne  nous  étonnons  pas  trop  s'il  s'éprit,  comme  nous  venons 
de  le  dire,  des  effets  outrés,  des  poses  violentes,  des  raccourcis 
exagérés;  cette  préoccupation  de  ne  voir  dans  l'être  humain 
qu'une  sorte  d'athlète  aux  muscles  enflés,  tendant  les  cuisses 
«t  retroussant  les  pieds,  faisant  avant  tout  métier  de  montrer  ses 
forces,  de  se  renverser  comme  le  grand  géant  de  la  Gigantoma- 
chiCy  dont  il  a  déjà  été  question,  était  bien  dans  l'esprit  du  temps. 
C'était  l'époque  de  la  pédanterie,  et  la  Cour  de  Navarre,  où  avait 
vécu  le  père  de  Jacob  Bunel,  n'en  avait  pas  été  plus  exempte  que 
les  antres.  Jeanne  d'Albret  non  seulement  connaissait  les  langues 
étrangères,  mais  se  montrait  fière  de  savoir  les  langues  anciennes 
et  de  parler  couramment  le  latin,  le  grec,  et  même  l'hébreu. 

Jacob  Bunel  ne  semble  pas  avoir  laissé  d'élèves,  et,  à  part  Claude 
Vignon,  qui  s'honore  hautement  d'avoir  reçu  ses  conseils  dans  la 
lettre  de  ce  peintre  citée  tout  à  l'heure^  nous  n'en  pouvons  rencon- 
trer qu'un,  Jacob  de  Courcelles,  dont  nous  ne  connaissons  aucune 
production  et  dont  nous  ne  savons  rien,  si  ce  n'est  qu'il  travaillait 
avec  Jacob  Bunel  à  la  décoration  du  Louvre,  comme  nous  l'apprend 
la  lettre  que  voici,  extraite  du  Recueil  des  lettres  missives  de 
Henri  IV  réunies  par  M.  Berger  de  Xivrey  *. 

Aux  bourgmestres  de 

Très  chers  et  bons  amys,  ayant  été  advertis  de  certain  procès  pendant 
par  devant  nous,  entre  Jacob  de  Courcelles,  retenu  par  le  peintre  Bunel 
pour  la  conduicte  de  peintures  de  nostre  chasteau  du  Louvre,  et  Nicolas 
Malapert  et  Jehan  Colombier,  ses  tuteurs,  auquel  procès  pour  Toccusion 
susdite,  le  dict  de  Courcelles,  ne  peut  vacquer,  encore  qu'il  luy  importe 
de  la  meilleure  partie  de  son  bien,  nous  \ousen  avons  bien  voulu  escrire 


*  fisRGKR  DK  XiVRBY.  loc.  cît,,  RecucU  dcs   lettres   missives  de  Henri  IV, 
"367-1610.  Paris,  1866,  Imprimerie  impériale.  9  vol.  in-V.  \oir  t.  VII,  p.  486. 


606  GABRIEL-FRAIVÇOIS    MOREAU. 

.  cette  lettre,  pour  vous  prier  comme  nous  faisons,  d'y  vouloir  bien  faire 
considération  pour  Tamour  de  nous,  de  lui  en  rendre  sî  bonnfi  et  prompte 
justice  que  vous  jugerés  estre  du  mérite  de  la  considéralion  de  son  boa 
droict,  en  vous  asseurans  que  nous  le  tiendrons  à  plaisir  très  aj^rèabk 
pour  nous  en  revancher  en  aultre  droicl. 

Priant  Dieu,  très  chers  et  bons  amys,  qu'il  vous  aye  en  sa  satncte  et 
digne  garde. 

Henhv. 

Il  faut  convenir  qu'il  est  heureux  que  Jacob  Bunel  ne  se  soit  pas 
érigé  en  chef  d^écôle.  Ce  n'était  point  un  esprit  assez  fortement 
trempé  pour  servir  de  guide,  encore  moins  un  modèle  dicpie  d'être 
aveuglément  imité.  Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  il  ne  sut  point 
résister  aux  contagieux  exemples  transalpins  et  fut  le  trop  Gilèle 
admirateur  des  Florentins  de  la  décadence,  abattdonnant,  hélas! 
la  belle  simplicité  naturaliste  nationale.  Il  n'en  doit  pas  moins, 
cependant,  avoir  sa  place  marquée  dans  Thistoire  ih  Tart  fntnçais 
place  que,  malheureusement,  la  disparition  de  ses  ouvrages 
empêche  de  fixer  d'une  manière  définitive.  —  11  en  est  de  même 
pour  son  père.  Espérons  qu*un  jour  viendra  ou  Ton  retrouvera 
quelques  œuvres  authentiques  de  François  et  de  Jacob  BuiieK 

Paul  Lafoxd, 

Correspondant  du  Comité  des  SoczétL-i  des  Bclul'^M 
des  départements,  k  Pau. 


XXXVII 

GABRIEL-FRANÇOIS  HOREAU 

ÉVÊQUE   DE   MACOW    (1763-1790), 
AMI   OKS    ARTé    ET   COLLECTIONNEUR,    PROTECTEUR    1>  E    r]|i;il*Qr)l 

Gabriel-François  Moreau  naquit  à  Paris  le  21  septembre  1721*. 
Il  avait  pour  père  François  Moreau,  conseiller  honoraire  au  Pirlp- 

'  Voir,  ci-cootre,  planche  XLII. 


!»««»«    Vl.ll 


n^r   itOfe. 


i; 'l'H.    iHïHK^i.   KVÉQiJK   UK   \i  \ utiiw  (no^i-nim/ 


àpni*     L  «     tM  i« T  ir  I.     Il  l     î  E  II  F 4» 


>ip  ri    UM^itM»   «I»  M^i-i'it  ) 


GABRIEL-FRAIVÇOIS   MOREAU.  607 

ment  et  procureur  du  roi  au  Cbâtelet.  Le  Af  *  Jean  Moreau,  che- 
valier, gravé  par  Lempereur  (1725-1796)  d*après  an  tableau  de 
Valade  (1709-1787),  dont  nous  parlons  plus  loin,  était  probable- 
ment un  de  ses  parents.  La  famille  portait  pour  armes  :  cCor  au 
chevron  d'azur  accompagné  en  chef  de  deux  roses  de  gueules 
tigées  effeuillées  de  sinople  et  en  pointe  d'une  tête  de  Maure  de 
sable  tortillée  d'argent  soutenue  dune  rivière  d'azur  * . 

Aprësavoir  fait  ses  études  au  séminaire  de  Saint-Sulpice,  Gabriel- 
François  Moreau  devint  sucessivement  docteur  et  prieur  de  Sor- 
bonne,  conseiller-clerc  au  Parlement,  chanoine  et  théologal  du 
chapitre  de  Notre-Dame,  vicaire  général  de  Tarchevéque  de  Paris, 
évoque  de  Vence  (29  avril  1759),  puis  de  Mâcon  (29  novembre  1763), 
abbé  de  Mouzon  au  diocèse  de  Reims  et  prieur  de  Morée  an  dio- 
cèse de  Blois.  An  moment  de  la  Révolution,  son  évéché  lui  rappor- 
tait, chiffres  ronds,  57,600  livres,  son  abbaye,  28,000  livres,  et 
son  prieuré,  5,600  livres.  Au  total  92,000  livres,  et  en  déduisant 
pour  charges  10,200,  9,200  et  1,800  livres,  il  restait  net  environ 
70,800  livres*.       • 

En  1790,  son  siège  fut  supprimé  et  ses  bénéGces  sécularisés. 

Le  30  mai  1802,  à  Page  de  quatre-vingt-deux  ans,  il  fut  nommé 
évéque  d'Autun,  et  le  Premier  Consul  demanda  en  même  temps, 
pour  lui,  le  chapeaa  de  cardinal.  Mais  le  8  septembre  suivant,  il 
mourut  à  Mâcon,  où  il  était  venu  régler  quelques  affaires,  et  il  fut 
inhumé  dans  la  chapelle  de  Phospice  de  la  Providence  de  cette  ville. 

Outre  un  «  esprit  éclairé  v ,  un  a  prédicateur  en  renom  »  ,  un 
prélat  qu'accompagnait  •  une  réputation  justement  méritée  d'éru- 
dition et  d'éloquence  »  ',  Mgr  Moreau  était  encore  un  fervent  ami 
des  arts  et  un  collectionneur  entendu. 

Son  goût  pour  les  arts,  il  ne  cessa  de  le  manifester  aux  États  et 
à  la  Chambre  d'administration  du  Maçonnais,  dont,  en  qualité  de 
président-né,  il  dirigeait  les  délibérations  et  déterminait  les  votes. 
C'est,  en  réalité,  à  son  appui  que  la  France  doit  d'avoir  vu  se  révéler 
le^rand  talent  de  Prud'hon,  comme  c'est'à  ses  encouragements 
que  Màcon  doit  d'avoir  eu  de  bonne  heure   une  École  de  dessin. 

'  Armes  parlantes  :  Maure,  eau. 
•  Archives  de  Saôoe-et-Loire,  G.  94,  n"*  $6.  87  et  89. 
'  Db  La  Kochettb,  Histoire  des  éoéques  de  Mâcon,  t.  I],  p.  593  et  594. 
Mâcoo,  1867,  ia-8». 


1 


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608  GABBIEL-FRA^COIg    MÛRIÂU, 


Mous  ne  rappellerons  ici  que  pour  mémoire  lautonsatTon  iloDoée 
sans  difficulté  par  les  Etats  au  sieur  Joseph-François  Hémet^ 
peintre,  demeurant  à  Cluny ,  d'établir  dans  cetle  ville  ^  une  manu- 
facture d'indiennes,  façon  de  toilles  d'Orange,  en  l>on  teint  et  diffé- 
rentes couleurs,  même  en  tapisserie,  sur  toilles,  en  paysages  tant 
en  huile  qu'en  détrampe  »  (29  décembre  1772)  \  et  les  farilttés 
libéralement  accordées  à  la  ?euve  Buys  pour  se  libérer,  envers  11 
province,  du  montant  de  la  caution  qu'elle  lui  avait  donnée  afîa  de 
a  faciliter  au  sieur  Pidoux  rétablissement  d'une  manufacture  de 
.  fayance'fl  (16  février  1782)  \  Signalons  aussi  la  belle  Carte  du 

c  pays  et  comiéduMâconnoiSj  en  quatre  feuilles,  que  Mgr  Moreaii 

fit  lever  par  le  sous-ingénieur  J.-B.  Dernière  et  graver  par  le  sieur 
L.  Joubert,  de  Lyon  (8  février  1775)*. 

Pierre  Prud'hon,  né  à  Cluny  le  4  avril  1758,  était  le  diiièpa 
enfant  de  Christophe  Prud'hou,  un  modeste  tailleur  de  pierre.  11 
avait  seize  ans  en  1774,  etses  heureuses  dispositions  pour  le  dessin 
s'étaient  déjà  manifestée3,  lorsqu'on  le  désigna  à  la  bienveïlUate 
attention  de  MgrMoreau.  « 

Celui-ci  le  présenta  avec  empressement  aux  États  dit  Maçonnais, 
le  17  mai  1774,  et  fit  décider  séance  tenante  qu'il  serait  u  envoyé 
à  Dijon  pour  fréquenter  assiduement  TËcole  de  dessein  [et]  seper- 
fectionner  dans  cet  art,  à  la  charge  de  venir  ensuitte  [l'j  enseigner 
à  Màcon  *  n  . 

a  Pour  encourager  les  talents  de  ce  jeune  homme  qui  se  dévetop- 
p[aient]  d'une  manière  aussi  suprenante  que  satisfaisante  n  Jes  Étals 
lui  votèrent  successivement  des  gratiEications  de  24 livres  (8  février 
1775)%  50 livres  (8  février  n76)'et  120  livres(28 février  1777)*. 

'  Archive»  de  Saône-et-Loire,  G.  494,  f*"  34. 

^  «  Entre  1740  et  1750,  Madame  de  Marron,  Wanne  de  UciUouba  (.'Ijn),  éU- 
blit  daos  son  château  [un]  fourneau  qtii  deiait  aci|uérîr  du  renom.  Ce  11^  dame  nt 
se  contenta  pas  de  peindre  elle-niéme  k^a  oui  rages  qu'elle  l'Oulait  offrir  en  radead; 
elle  appela  des  artistes  du  dehors.  Pidoux  [qui  a]  sifjoé  i  Pidùux,  I7fi5,  à  SHUûmû. 
de  charmantes  jardinières,  fut  certaïuemeul  l'un  dVui.  *  [A.  JACQUKmiT*  Hù* 
toire  de  la  céramique,  p.  481.  Paris.  187;J,  in-S^) 

*  Archives  de  Saône-et-Loire,  C.  497,  f"  58. 

*  Ibid.,  C.  494,  fo  141  v«. 

^  Ihid.,  G.  494,  f»  106.  —  Pièces  jufttîficatjves,  n«  1. 
«  Ibid.,  f'  141.  —Pièces  justiGcaliv*?*,  n*  IL 
'•  Ibid,,  C.  495,  fo  35.  —  Pièces  juili  fie  mi  très,  n"  JtL 
«  Ibid,,  f«  102  vo.  —  Pièces  juslilicativei,  a'  ÏV. 


GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU.  609 

A  sa  sortie  de  TÉcoIe  il  ne  vint  pas  «  enseigner  à  Hàeon  » ,  ce 
qai  n*emp6che  que  les  États  du  Maçonnais,  lorsqu*il  obtint,  à  la 
suite  d'on  concours,  le  prix  fondé  par  les  États  de  Bourgogne,  qui 
permettait  d*aller  passer  trois  ans  à  Rome,  lui  accordèrent  une 
somme  de  100  livres  pour  Taider  à  faire  ce  voyage  (4  août  1784)  '. 

Mais  sa  sollicitude,  Mgr  Horeau  l*avait  étendue  aussi  à  d^autres 
jeunes  artistes  :  un  siearDufour,  «Gis  d*un  artisan  de  Màcon« ,  pen- 
sionné par  les  États  pour  suivre  les  cours  de  TÉcoIe  de  dessin  de 
Dijon  (25  janvier  1779)  *  ;  Louis  Baillot,  âgé  de  quatorze  ans,  «  fils 
de  François  Baillot,  artisan  de  Hàcon  » ,  envoyé  également  à  Dijon 
comme  «  élève  pour  la  peinture  »  au  lieu  et  place  du  sieur  Dufour, 
qui  a  ne  poDv[ait]  proBter  plift  longtems  des  vues  de  bienfaisance 
de  Tadministration  »  (14  avril  1780)  ',  gratifié  de  60 livres  en  1782 
(18  février)  ^  et  de  600  livres  pour  aller  à  Paris  en  1784  (4  aoàt)  ' 
chez  le  peintre  Suvée,  dans  Tatelier  duquel  il  travaillait  encore  en 
1786  et  1787  *  ;  François  Baillot,  frère  cadet  du  précédent,  doué 
«  de  dispositions  très  heureuses  pour  Tàrt  de  Tarchitécture  » ,  en- 
voyé à  Lyon  dans  le  but  d'y  faire,  sur  la  recommandation  de 
Tévéque  lui-même,  «  une  étude  particulière  de  tout  ce  qui  con- 
cerne la  coiipe  dés  pierres,  objet  important  et  peu  connu  dans 
ce  payis,  surtout  par  principes  »,  gratifié  de  50  livres  en  1783 
(31  janvier)^  et  de  350  livres  en  1784  (4  août)*  ;  enfin  Jean*Bap- 
tiste  Chambard,  de  Mâcon,  âgé  de  vingt-deux  ans,  placé  à  TÉcole 
de  Dijon  pour  y  apprendre  le  dessin;  à  raison  de  ses  «  dispositions 
heureuses  pour  Tart  de  la  sculpture,  dans  lequel  il  s'exerç[ait]  de- 
puis quatre  à  cinq  années  «  (5  février  1781)*,  gratifié  de  72  livres 
en  1782  (18  février)  '\  de  300  livres  en  1784  (4  août)'*  et  de 
150  livres  en  1787  (14  février)  ". 

>  Archives  de  Sadne-e(-Loîre,  G.  k%7,  r*  2  v"".  —  Piècei  justificatives,  o^  V. 

•  Ibid.,  C.  496,  ^  30. 
»  /«rf.,  f»  115. 

•  IbU.,  C.  497,  f  60  v«. 

•  /AïU.  a  498,  r»  î  F»,  et  C.  746.  n- 14-17. 

•  7iirf.,C.  511.  fo74et94v«. 

'  Jbid.,  C.  498.  f«  89  v«.  —  Pièces  justificatives,  n*»  VI. 
"  ibid.^  G.  488»  f^  2  v».  —  Pièces  justificatives,  n«  V. 

•  ibid.,  C.  496,  r>  164. 

•  Jbid.,  C.  497,  f~  43  V  et  60  V. 
«  iôîrf..  C.  498,  P»ïv. 
*•  /Wrf.,  C.  511,  f°tl2v. 

39 


610  •  GÂBRlËL-FflilNÇOlS    ÏUORBilU, 

Les  maîtres,  cpmme  les  élèves^  recelaient  des  encoura^jernenU, 
Ainsi  les  États,  désireux  de  ^  montrer  au  sieur  De vosge,  directeur 
de  rËcoIede  dessein,  à  Dijon,  [leur]  reconnoissfiDce  dessoins  qu'il 
donn[ait]  à  Finstruction  des  élèves  qui  lui  [étaient]  envoyés  ^ ,  enrent 
pour  lui  une  attention  très  appréciée  en  Bourgo^jne, — et  oiémeail^ 
leurs,  —  lorsqu'il  décidèrent  de  lui  faire  eipédier  n  franc  de  voi- 
ture et  de  tous  droits,  deux  feuillettes  de  vin  blanc  du  meilleur  cru 
du  pays  »  {18  février  1782)  ', 

C*est  en  1783,  le  24  janvier,  que  le  syndic  des  États  présenta 
à  cette  assemblée  un  rapport  concluant  à  la  création  d'une  École 
gratuite  de  dessin  à  Mdcon  :  ull  n'est  pas  certain ^  disait-il,  que  pen- 
dant Tespace  de  trente  ans,  un  seul  des  artistes  que  vous  aurés  (ait 
élever  et  instruire  aux  frais  du  public  s'établisse  à  Maçon  pour  y 
exercer  les  talents  dont  il  est  redevable  à  la  province*..  L'établii- 
sement  que  j^ai  Thonneur  de  vous  proposer  est  fait  pour  donner  da 
goût,  de  Ténergie  et  des  moyens  de  fortune  aux  citoyens,  non  seu- 
lement de  Màcon,  mais  encore  à|touts les  habitants  du  Itfàconnfiis..* 
A  regard  de  la  ville,  elle  pourra  se  flatter  dans  peu  d'années  d'avoir 
d'habillés  artistes  et  de  bons  artisants  V,.  n  On  vota,  et  le  2^férrier 
1 785,  Mgr  Moreau  inaugura  solennellement  la  nouvelle  école  ^  Rîen 
ne  fut  ensuite  épargné  pour  doter  lesmallresMe  traitements  rémii- 
nérateurs,  les  élèves  de  gratifications  importantes  et  de  prix  inté- 
ressants, le  local  d'améliorations  utiles  et  les  cours  de  modèles 
sans  cesse  renouvelés  \ 

Aussi  les  Etats,  pour  remercier  Mgr  Moreau  des  senices  qu'il 
rendait  au  pays,  lui  demandèrent-ils,  le  20  février  1771,  *  laper* 
mission  de  faire  tirer  son  portrait  eu  grand  par  le  sieur  Greuze, 
peintre  à  Paris,  pour  être  placé  dans  [leur]  salle,  avec  un  cartouche 
contenant  une  inscription  qui  puisse  transmettre  à  la  postérité  U 
reconnoissance  sincère  de  la  Compagnie  et  de  toute  la  province*  * . 

•  Archives  de  SaÔDe*eULûire,  G.  497.  ^  00  v\ 
»  Jbid..  C.  746,  no  18. 

8  Jbid.,  C.  511.  r»  ÎO  bh, 

*  Pascal-Jean  Lenot,  directeur,  et  Fraaçors  BalHot^  proresseur. 
^  Voir  L.  Lbx  et  P.  Mahtim,  Origines  de  VEcùie  de  destin  de  Màtùu.  { 

nion  des  Sociétés  des  Beaux-'ÀrU  des  départemenii,  13'  sessioo.  Firis^ 
in-8%  p.  652.) 

«  Archives  de  Saône-et-Loire.    C.    493,  P"  104  \*.  —  Pièoei  joiliG^ 
n»  VII. 


GABRIEL-FRÂNGOIS    MOREÂU.  611 

Et,  le  7  mars  1787,  les  élus  des  trois  ordres  accompagnés  des  com- 
missaires du  roi,  après  avoir  été  àTÉcole  de  dessin,  où  ils  constaté- 
renrt  les  progrès  des  élèves  et  Texcellence  de  renseignement,  vin- 
rent en  corps  dire  à  Févéque  combien  ils  lui  savaient  gré  a  d'iin 
établissement  entièrement  dû  à  son  zèle  et  à  son  amour  pour  le 
bien  public,  et  dont  Futilité  généralement  sentie  confirm[ait] 
chaque  jour  les  motifs  développés  par  Monseigneur  pour  sa  forma- 
tion '  D  . 

Outre  un  fervent  ami  des  arts  et,  par  suite,  des  artistes,  Mgr  Mo- 
rean  était  encore,  nous  Tavons  dit,  un  collectionneur  entendu.  Son 
palais  épiscopal  nous  apparaît  à  distance  comme  un  musée  véri- 
table de  peintures,  de  pastels,  de  dessins,  de  gtavures,  de  cartes,  de 
sculptures,  de  biscuits,  de  terres  cuites,  de  plâtres,  de  bronzes,  de 
tapisseries,  de  porcelaines  et  de  pierres  précieuses.  On  y  voyait 
côte  à  côte  Bossuet,  Fénelon,  Voltaire  et  Rousseau,  au-dessous  de 
la  Sainte  Famille  une  Vénus  Callipyge  en  porphyre,  près  d*une 
Vierge  la  Clairon. 

Un  inventaire  de  ces  objets  d'art*  fut  dressé  le  26  pluviôse 
an  II  et  jours  suivants,  avant  la  vente  du  mobilier  de  Tévéché,  par 
deux  délégués  de  l'administration  du  district  de  Mâcon  assistés  du 
citoyen  Lenot,  «  artiste  «  et  directeur  de  l'École  de  dessin,  qui, 
conformément  à  la  mission  qu'il  avait  reçue,  en  fit  réserver  la 
presque  totalité  «  à  Teffet  d'être  emploies  à  composer  un  musé 
poblic  V . 

Les  peintures  étaient  au  nombre  de  cinquante  et  une',  dont 
trente-huit  sur  toile,  huit  sur  bois,  cinq  sur  cuivre,  deux  sur  verre 
et  nne  sur  marbre  blanc. 

Raphaël  y  avait  un  u  portrait  de  [s]a  maîtresse  »,  sur  bois,  copie, 

^  Archives  de  Saône-e(-Loire,  G.  498,  f^  104  v».  —  Mgr  Moreau  avait  déjà 
visité  l'école  le  20  mars  de  Tannée  précédente  (17S6).  Ibid,,  fo  62  v». 
>  Ibid,,  Q.  —  Piècei  justificatives,  no  VIII. 

'  Dans  ce  nombre  il  peut  y  avoir  six  gravures  que  le  citoyen  Lenot  a  indiquées 
par  inadvertance  comme  étant  des  peintures,  —  Ainsi  la  Thaïs  de  Greoze  était 
«  S008  verre  b  ,  dit-il.  D'autre  part,  M.  J.  Martin,  conservateur  du  Musée  du 
^oornus,  a  bien  voulu  nous  faire  savoir  que  le  tablean  de  Thaïs  faisait  partie  du 
#>»hinet  Duclos  du  Fresnoy,  vendu  à  Paris  en  1795.  Il  a  été  gravé  par  Jean« 
£;|xArle8  Levasseur,  d'Abbeville  (1734-1804).  —  Enfin  il  nous  suffira  de  signaler 
1^^  titres  de  cinq  antres  prétendues  peintures  pour  donner  à  penser  qu'il  s'agit  ea 
Y-é^  >^^  d®  gravures  :  l'Envoyé  d'Abraham,  etc.  ;  Vous  me  faites  rire,  et  ses  trois 
peo^Ants. 


612  GABRIEL-FRANÇOIS    UÛREAU. 

vraisemblablement,  de  la  Fomarina  de  Flaretice,  de  même  que 
nous  y  trouvons  une  reproduction  de  V Abondance,  de  Rubeos.  De 

.lUignard,  une  Mère  nourrice  badinant  avec  son  enfant  sur  ses  bras 
et  lui  donnant  du  raisin^.  De  Greuze,  Thaïs  ou  la  Belle  Péni- 
tente, et  un  portrait  de  Mgr  de  Valras,  prédécesseur  de  Mgr  MorMu 
sur  le  siège  de  Mâcon.  De  Bloemaert,  deui  musiciens  faisant  pea- 

.dants.  De  Van  Ostade,  Un  Flamand  et  une  Flamande,  sur  cuivre. 
De  Van  de  Velde,  une  Pastorale,  sut  bois»  De  Largîlllère»  deui 

, tableaux  ovales»  sur  cuivre,  en  pendants.  De  J,-J,-Fr,  Taarel,  d«ui 
marines,  faisants  pendants.  De  Del  Ryo  (Del  Rio  ?),  deui  paysages, 
sur  bois.  De  Lienne  (?),  un  paysage,  sur  bois  également. 

Puis  une  certaine  quantité  de  tableaux  anonymes  :  une  Perspec- 
tive des  travaux  Perrache;  les  Apôtres^  sur  bois;  Une  femme 
badinant  avec  son  enfant  sur  ses  genoux j  sur  cuivre;  VAdoraiian 
des  Rois,  sur  bois  ;  le  Repos  de  la  chasse  de  Diane^  sur  coifre: 
sujet  de  religion  ^  sur  bois;  Petit  Pèlerin,  sur  marbre  bkîic;  deux 
peintures  de  fruits,  sur  verre,  formant  pendants  ]  Mohe  dans  un 
buisson  ardent;  Saint  Michel  foulant  un  diable  sous  ses  pieds  ; 

.  Une  Vielleuse;  Jeune  homme  lisant;  Caravane  en  voyage;  t En- 
voyé d'Abraham,  après  que  tous  ses  chameaux  eurent  bu,  pré- 
sente à  Rebecca  deux  pendants  d'oreilles  et  autant  de  braceku; 
Sainte  Famille;  deux  Paysages  antiques^  faisant  pendants;  dem 

petites  marines,  faisant  aussi  pendants  ;  Une  femme  à  sa  toilette; 
quatre  marines  en  pendants  ;  Une  Mère  badinant  avec  son  enfant, 
tableau  ovale;  Tête  de  vieillard;  Atnj)hitrite;  Un  fumeur  en- 
dormi; une  Vierge;  un  Saint  Jérôme;  quatre  pendants,  rott;  me 
faites  rire.  Je  m'en  moque,  la  Pauvreté  me  tourmente  et  VAmaw 
méfait  de  la  peine  ;  le  portrait  du  cardinal  Dubois,  celai  duo 
autre  cardinal  et  celui  de  Mgr  Moreau. 

Deu\ pastels^  des  Têtes  de  Hollandais ,  formant  pendants. 
Un  dessin^  Projet  de  chaire  pour  la  ci-devant  église  de  Saint- 
Vincent,  par  le  citoyen  Lenot. 

Quarante-neuf  gravures^  savoir  :  de  Le  Bas,  les  (Xuvres  de 
Miséricorde,  d'après  Téniers;  de  Smitb,  Adoration  des  Anges, 
d'après  Van  Dyck  ou  Maratti,  avec  un  pendant;  de  IVille,  la  Dévi- 

*  C'est  peut-être  la  copie  de  la  Vierge  à  la  grappe  du  Luavre,  qui  J«  irt- 
à  la  vente  des  meubles  de  M.  Pic,  ancien  nolaire  à  Mâcoa,  et  qui  y  &  é\é  -* 
par  Mme  Gardon. 


GABBIEL-FRANÇOIS   MOREAU.  613 

dense  et  la  Ménagère  hpUandaisej  d*après  Gérard  Dov  ;  de  Patas, 
Henri  IV  laissant  entrer  des  vivres  dans  la  viUe  de  Paris,  d'après 
Caresme  ;  de  Beauvarlet,  Conversation  espagnole  et  Lecture  espa^ 
gnole,  d'après  Van  Loo;  de  Wilie  encore,  Tricoteuse  hollandaise; 
de  '  Van  Osfade,  Intérieur  d*un  ménage  flamand  ;  de  '  Greaze,  la 
Dormeuse;  de  Callot,  Tentation  de  saint  Antoine;  d'un  des 
Visscher,  Famille  allemande;  de'  Greuze  encore,  le  Paralytique; 
d*Aliaroet,  la  Place  Mauhert,  d'après  Jeaurat  ;  de  Chenu,  Amuse^ 
ments  des  matelots,  d'après  Téniers  ;  d'Historical  (?),  Mère  dans 
son  ménage  contemplant  son  enfant  dans  le  sommeil  ;  de  de 
Launay,  la  Partie  de  plaisir,  d'après  Weenîx;  de  Rousseau,  de 
Mâcon  (?),  une  grande  composition  de  Poussin  ;  de  Chenu  encore» 
les  Diseuses  de  bonne  aventure,  d'après  Téniers;  de  Strange,  une 
Vénus,  d'après  le  Titien;  de^  Vernet,  une  marine;  de  Baléchon» 
la  Tempête,  d'après  Vernel  ;  de  Rousseau  (de  Mâcon?),  une  Fon- 
taine; de  Drevet,  les  portraits  de  Bossuet,  du  cardinal  de  Fleury  à 
deux  exemplaires  et  du  cardinal  de  Noailies,  tous  trois  d'après 
Rigand;  de  Cars  et  de  Beauvarlet,  le  portrait  du  cardinal  de  Rohan 
diaprés  Rigaud,  celui  du  marquis  de  Pombal  d'après  Van  Loo  et 
Vernet,  et  celui  de  la  Clairon  d'après  Van  Loo;  de  Le  Mire,  le  por- 
trait de  Washington  d  après  Le  Paon;  de  Littret,  le  portrait  à  deux 
exemplaires  de  M.  de  Sartine,  d'après  Vigée;  de  Henriquez,  le 
portrait  de  l'abbé  Bossut,  d'api%s  Duplessis;  de  Lempereur,  le 
portrait  de  M'*  Jean  Moreau,  d'après  Valade. 

Puis  quelques  pièces  anonymes  :  quatre  gravures  anglaises, 
Josephi  pudicitia,  Ahram  ancillam  Agar  dimittit,  jEsther 
coram  Assuero  suplex,  et  la  Morale;  Jésus  chassant  les  ven- 
deurs  de  colombes  dû  Temple;  Jésus  guérissant  les  malades; 
Sully  remettant  V argent  de  ses  bois  à  Henri  IV;  deux  pendants, 
Afanufacture  des  cristaux  de  Montcenis  et  Fonderie  du  Creusot; 
une  gravure  <(  représentant  une  sépulture» ,  d'après  Simon  Vouet; 
enfila  quatre  portraits,  celui  de  Louis  XIV  d'après  Rigaud,  celui 
du  cardinal  de  Fleury,  celui  du  cardinal  de  Polignac  et  celui  du 
•^sni^  à^  Suitendorf  (?). 

I  11  faut  probablement  lire  «  d'après  b  . 
*  A/- 


614  GABKIEL-FRANÇOIS    MOREÂU, 

Parmi  les  cartes^  signalons  celles  de  la  France,  tle  la  Chine,  ilc 
la  Bourgogne,  du  Maçonnais,  du  diocèse  de  Lfon,  du  si^ge  de  la 
Rochelle,  etc. 

Des  sculptures j  au  nombre  de  dix-sept,  huit  élaienl  sur  marbre, 
deux  sur. pierre,  une  sur  porphyre  et  six  sur  ivoire. 

Marbre  :  Fénelon  et  Bossuet  en  pendants;  deux  husles  de 
I^gr  Moreau;  deux  portraits  de  femmes,  formant  pendants;  une 
sainte  Geneviève  et  «un  Aveugle  déjeunant,  son  conducteur  bavaul 
avec  un  chalumeau  ce  qu'il  se  destinait  » . 

Pierre  :  bustes  de  Bossuet  el  de  d'Alembert  en  pendants. 

Porphyre  :  Vénus  Callipyge  en  bas-relief. 

Ivoire  :  a  une  chasse,  dans  un  morceau  d'ivoire  antique  n  ;  une 
bescente  de  croix;  Une  femme  faisant  Vaumâne  à  un  enfant;  Vn 
vieillard  joignant  les  mains/  Un  pauvre  et  une  pauvresse^  d'après 
Callot. 

Sept  biscuits  :  le  portrait  d'un  prélat;  up  «  pclil  portrait  àt 
vieillard  »  en  sèvres;  un  groupe  représentant  Sully  aux piids 
de  Henri  IV;  quatre  «  petites  figures  villageoises  i^ ,  le  Patineur^ 
le  Dénicheur  de  merles,  la  Fruitière  et  la  Fleuriste. 

Six  terres  cuites  :  un  Atlas  de  trois  pieds  de  hauteur  portant  k 
globe  ;  un  bouquet  de  fleurs,  deux  médaillons,  VAutomnf  é 
biogène;  deux  autres  médaillons.  Voltaire  et  Rousseau,  tbrmanl 
pendants. 

Deux  plâtres  :  des  médaillons  ovales,  dont  Tuq  représentait 
Mgr  Moreau. 

Quatre  bronzes  :  les  bustes  de  Voltaire  et  de  Rousseau  en  pen- 
dants, et  4eux  portefaix. 

,    Lne  tapisserie  des  Gobelins  :  Saint  Michel  foutant  à  scspiids 
un  diable. 

Diverses  porcelaines  :  trois  vases  du  Japon  ;  une  ihéif^re  de  Chbe. 

Pierres  précieuses  :  un  morceau  de  lapis  ovale  encadré;  qttt- 
rante-trois  morceaux  de  marbrent  d'aventurine. 

Citons  encore  des  candélabres  et  des  chandeliers  de  prii  ;  uii« 
urne  en  stuc  imitant  le  marbre  vert  de  Campan  ;  des  presse-papiers 
soixante-douze  a  pièces  en  cuivre  » ,  etc. 

Voilà  les  objets  qui,  sur  les  indications  du  citoyen  Lenot^ . 
transportés  «  en  la  maison  du  Collège  »  pour  y  attendre  la  r^ 
du  tt  muséum  »  projeté. 


GâBRiBL-PRANÇOIS   MOREAU.  615 

Dans  Tinventaîre  du  mobilier  proprement  dit  '  dressé  le  24  fri- 
maire an  II  et  jours  suivants,  nous  relevons  encore  quelques  objets 
intéressants  :  a  Une  colonne  en  stuc  et  sur  icelle  le  buste  en  pl&tre 
da  cy-devant  archevêque  de  Lyon*;  un  très  grand  groupe  en 
bronze  représentant  TEnlèvement  de  Proserpine;  un  portrait  en 
bronze  représentant  Glouque  '  ;  deux  volumes  en  vélin  imprimés 
en  caractères  d*or  ;  une  pièce  en  tapisserie  à  grands  personnages  ; 
sept  autres  pièces  de  tapisserie  à  personnages  ;  un  ivoire  repré- 
sentant la  Charité  ;  un  autre  ivoire  représentant  un  Chartreux  »  ; 
des  meubles  en  marqueterie  et  en  laque»  des  glaces,  des  lustres» 
des  appliques,  des  flambeaux,  des  porcelaines  et  des  faïences. 

Et  dans  le  procès-verbal  de  la  vente  de  ce  mobilier^,  dressé  le 

1*'  ventôse  an  H  et  jours  suivants  :  »  quatre  petits  groupes  en  terre 

de  biscuit;  un  groupe  et  quatorze  petites  figures  en  terre  de  bis« 

cuit;   un  tableau  et  son  pendant  représentant  un  lapin  et  autres 

objets;  deux  petits  tableaux  représentant  une  pêche  et  des  paysages; 

deux  petits  portraits  de  porcelaine  et  quatre  autres  figures  de  por- 

ce/afne;  un  tableau  représentant  un  chat;  quatre  petits  tableaux 

représentant  des  paysages  ;  un  tableau  représentant  un  ballon  ;  un 

ballon  à  cadre  doré  ;  on  autre  ballon,  également  sous  verre  et  à 

cadre  doré  ;  un  autre  ballon  ;  trois  groupes  en  plâtre  et  un  en 

faïence  ;   une  méchanique  en  carton  figurant  le  cy-devant  ch&teau 

de  Romenay  ^  ;  huit  pièces  de  tapisserie  à  personnages  ;  dix-sept 

figures  et  quatre  vases  de  plâtre  ;  cinq  attiques  ou  dessus  de  portes  ; 

nu  tableau   représentant  une  tête  de  vieillard;  un  tableau  sous 

verre  et  son  pendant  représentant  des  repos  flamands  ;  une  colonne 

en  bois  surmontée  d'un  groupe  de  faïence  n  ,  etc. 

Que  devinrent  les  objets  réservés  par  Lenot?  Furent-ils  vendus? 
Aucun  document  ne  permet  de  le  croire.  Dilapidés?  Nous  n*en 
savons  pas  davantage.  En  fout  cas,  ils  n'entrèrent  pas  au  «  muséum  r* , 
qui  ne  resta  qu'à  Tétat  de  projet,  et  ils  ne  furent  pas  non  plus  res- 
titués à  Mgr  Moreau,  car  à  sa  mort  on  ne  trouva  chez  lui,  outre  les 
meubles  et  efi*ets,  que  quelques  bijoux  (une  croix  pectorale  en  or 

'  Archives  de  Sadne-At-Loire,  Q. 

*  Mgr  de  Malvin  de  Montaiet  (1758-1788)  ou  Mgr  de  Marbeuf  (1788-1790). 
'  Le  compositeur  allemand  Gluck  (1714-1787). 
^  Archives  de  Saône-eULoire,  Q. 
'  '  Propriété  detévéqa es  de  Mâcon,  caoton  de  Tournus  (Sadoe-eULoire). 


ei6  GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU. 

estimée  88  francs,  un  anneau  dit  amétis  enchâssé  en  or  et  estimé 
100  francs,  une  tabatière  en  buis  cerclée  d'or  et  estimée  24  francs), 
un  petit  buste  de  Napoléon,  des  gravures  et  des  livres  (28  janvier 
1803)  \ 

Et  qu*en  peut*on  retrouver  aujourd'hui? 

D'abord  le  beau  portrait  de  Mgr  de  Valras,  par  Greu^e,  qui  est 
récemment  entré  au  Musée  de  Mâcon  avec  la  collection  RonotV  Ce 
tableau  est  de  la  bonne  période  de  l'artiste,  celle  où  il  a  poussé  le  mo- 
delé  des  chairs  et  le  rendu  des  étoffes  à  un  degré  voisin  de  la  perfec- 
tion. Le  visage  et  les  mains  du  prélat  sont  d'une  touche  parfaite  Ja 
moiré  de  son  camail  et  la  guipure  de  son  rochet,  d'une  remarqua- 
ble exécution.  Les  tons  ont  l'éclat  modéré  qui  convient  d'ailleurs  a 
un  peintre  moins  coloriste  que  dessinateur,  mais  on  sent  que  te  i^o- 
dèle  est  reproduit  avec  une  entière  précision,  une  absolue  vêrllé. 

Puis  la  tapisserie  des  Gobelins  représentant  «  un  saint  Michel 
foulant  à  ses  pieds  un  diable  » ,  conservée  à  Vanzé  %  chez  Mlle  Po- 
chon,  qui  est  probablement  une  fille  ou  petite-fille  du  sieur  Pochan, 
de  Mâcon,  chez  qui  Mgr  Moreau  habita  depuis  le  mois  de  mars  1791 
jusqu'à  la  fin  de  la  Révolution. 

Enfin  le  buste  de  Tévèque  en  marbre  blanc  que  nous  venons 
d'avoir  la  bonne  fortune  de  rencontrer  chez  un  antiquaire  et  d'ao 
quérir  pour  le  Musée  confié  à  nos  soins. 

C'est  tout.  Si  nos  recherches  n'ont  pas  été  couronnées  d'un  résultât 
meilleur,  du  moins  avons-nous  la  satisfaction  de  pouvoir  ne  plus 
laisser  blanche  la  page  réservée  &  Mâcon  dans  le  livre  d*or  des  collec- 
tionneurs de  l'ancienne  France^.  Avec  le  nom  du  lieutenant  au  bail* 
liage  Claude  Bernard,  dont  le  cabinet  de  numismatique  nous  a  éiè 
tout  dernièrement  révélé  %  il  faudra  y  inscrire  celui  de  Mgr  Moreau. 

L.  Lei, 

Correspondant  du  Comité  dei  So- 
ciétés des  Beaux-Artt  àe%  drptr* 
tements,  à  Mâcon. 

^  Minutes  de  M'Granjon  eu  l'étude  de  M'  Lespinasse,  notaire  à  Mâeoa.  —  Re»^ 
saignement  dû  k  Tobligeance  de  Mgr  Rameau. 

*  Feu  M.  Ronot  l'avait  acquis,  pour  leprixde2,400francs,à]ft  rente  apr^- 
des  meubles  de  M.  Pic,  qui  fut  notaire  k  Mâcon  de  1823  à  1840. 

'Commune  de  Versé  (Saône-et-Loire). 

^  Edmond  fioNNAFFi, /ex  Co/^c/tonntftir^£i(e  t  ancienne  France.  Pirii,  £873, 

*  Dans'  le  catalogue  de  l'importante  bibUotbè^e«de  feu  M.  Dtupbîa  ê^  ^ 


GABRIEL-FRANÇOIS    MOREAU.  017 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 
I 

DÉLIBÉRATION   DES   ÉTATS   DU   MAÇONNAIS 
(17  mai  1774). 

L'an  mil  sept  cent  soixante  et  quatorze  et  le  dix-sept  may. 

Monseigneur  Tévéque  de  Mâcon,  chef  et  président-né  des  Etats  et  pays 
et  comté  du  Mâconnois,  le  révérend  père  dom  Chamoux,  prieur  de  Cluny, 
élu  du  clergé,  Monsieur  Daugy,  maire  de  la  ville  de  Mâcon,  éln  du  tiers- 
état,  et  les  officiers  desdits  Etats  soussignés,  assemblés  au  palais  épiscopal, 
en  la  chambre  des  Etats. 

Monseigneur  rÉvéque  a  dit  que  pendant  le  tenue  du  chapitre  de  Cluny, 
Pierre  Prudhon,  natif  de  laditte  ville  de  Cluny,  âgé  de  seize  ans,  fils  de 
Cristophie  Prudhon,  tailleur  de  pierres,  luy  auroit  été  présenté  accause 
des  talens  qu*il  montre  pour  le  dessein,  qu'ayant  examiné  les  ouvrages 
que  ce  jeune  homme  a  fait  sans  maîtres,  il  avoit  effectivement  trouvé  qu'il 
pouvoit  faire  des  progrès  considérables  dans  cet  art,  à  quoy  il  auroit 
ajouté  qu^ayant  été  instruit  que  les  parens  de  ce  jeune  homme  étoient 
hors  d'état  de  luy  procurer  les  maîtres  nécessaires  pour  se  perfectionner, 
il  avoit  pensé  que  la  province  pourroit  se  déterminer  à  faire  la  dépense 
nécessaire  pour  envoyer  ledit  Pierre  Prudhon  à  Dijon  à  l'école  gratuite  de 
dessein  établie  par  Messieurs  les  élus  généraux  de  Bourgogne,  mais  que 
comme  la  province  ne  peut  se  déterminer  à  une  dépense  qui  n'a  pour 
objet  qu'un  individu,  sans  chercher  à  faire  par  la  suitte  le  bien  publiq  il 
estiînoit  qu'il  convenoit  de  proposer  à  ce  jeune  homme  de  venir  enseigner 
à  MAcon  lorsqu'il  se  sera  suffisamment  perfectionné  à  Dijon. 

La  matière  mise  en  délibération,  il  a  été  unanimement  arresté  que 
ledit  Pierre  Prudhon  sera  envoyé  à  Dijon  pour  fréquenter  assiduement 
Pécole  de  dessein,  se  perfectionner  dans  cet  art  autant  que  ses  disposi- 
lioDs  naturelles  font  présumer  qu'il  est  en  état  d'acquérir  du  talent,  à  la 
charge  par  ledit  Pierre  Prudhon  de  venir  ensnitte  enseigner  le  dessein 
à  Mâcon  sous  les  apointemens  qui  luy  seront  fixés. 

rendue  à  Lyoa  le  4  novembre  1895  et  jours  suivants,  figure  seus  le  n*  1011  : 
Index  de  numùnuUibus  argentis  [sic]...  de  M.  Bernard,  lieutenant  au  présidial 
e  MAcoD.  Maiùcone,  1750.  •  Cet  exemplaire  unique  d'une  plaquette  inconnue 
-isqu*à  ce  jour  a  été  acquis  par  M.  J.  Protat,  imprimeur  à  Mâcon. 


618  GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU. 

Et  Monseigneur  a  été  suplîé  de  vouloir  bien  prendre  la  peine  d'êefire 
à  Monsieur  de  Blancé  pour  rengagera  recommander  cet  élève  au  diredeur 
de  Técole  de  dessein  comme  encorre  de  vouloir  bien  charger  quelqu'u 
à  Dijon  de  chercher  une  pension  convenable  où  ce  jeuni;  homme  puiifc 
être  placé,  le  montant  de  laquelle  pension  sera  payé  de  trois  en  trob 
mois  par  le  trésorier  des  États  de  ce  pays  et  alloué  dans  ses  compter  en 
raportant  extrait  en  forme  de  la  présente  délibération  ei  les  quittances  du 
maître  de  pension.  11  a  été  de  plus  arresté  que  la  province  fera  la  dqirnsc 
relative  àTécolede  dessein  où  il  est  envoyé,  laquelle  déppnse  sera  pareil- 
lement payée  par  le  trésorier  des  Etats  sur  les  mémoires  cerliiïié^  an 
directeur  de  Técole. 
Pierre  Prudon. 

t  Gab.-Fr.,  évêqu£  de  Mâcon,  président-né  des  États. 
D.  Chamoux,  élu  du  clergé. 

R.  RUBAT.  NOLY. 

Girard-Labrely. 

(Archifes  de  Saône-et-Loire,  C.  494,  f»  106.) 


II 

DÉLIBÉRATION    DES   ÉTATS   DU   IIACONNAIS 

(8  février  1775). 

L*an  mil  sept  cent  soixante  et  quinze  et  le  huitième  jour  du  mois  de 
février. 

Monseigneur  rÉvêqùe de  MAcon,  chef  et  président-né  des  États  du  pap 
et  comté  de  Mâconnois^  le  révérend  père  dom  Chamoux,  prieur  de  rabba5e 
de  Cluny,  élu  du  clergé,  M.  Ducrest  de  Montigny,  élu  de  la  uoblejftei 
M.  Jobard  y  commissaire  élu  du  Roi,  M.  Daugy,  maire  de  la  lille  de 
Mâcon,  élu  du  tiers-état,  et  les  officiers  des  États  soussignés  nfsemblés 
à  Mâcon  au  palais  épiscopal  en  la  chambre  des  États. 

Les  États,  renouvellant  en  tant  que  de  besoin  leur  délibératioi]  du 
17  mai  dernier  par  laquelle  le  sieur  Prudon  a  été  placé  à  Técok  du 
dessein  à  Dijon,  aux  frais  de  la  province,  ont  ordonné  qu'il  sera  fauroi 
aux  mêmes  frais  aux  menus  besoins  de  cet  élève  relatifs  à  Téiat  qu« 
l'administration  se  propose  de  lui  donner  ;  il  a  été  de  plus  arrêté  que  poui* 
encourager  les  talents  de  ce  jeune  homme,  qui  se  développent  d'or» 
manière  aussi  surprenante  que  satisfaisante,  il  lui  est  accordé  pour  grali 
fication  une  somme  de  vingt-quatre  livres,  laquelle  somme  lui  sera  pày^ 


GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU.  619 

par  le  trésorier  des  Etats  et  allouée  dans   ses  comples  en   rapportant 
extrait  de  la  présente  délibération  dueraent  quittancé. 
t  Gab.-Fr.,  Mque  de  Mdcon,  président-né  des  États. 
D.  Chaiiolx,  élu  du  clergé.       Ducrest,  élu  de  la  noblesse. 
Jobard,  élu  du  Roi.  Da(joy,  élu  du  tiers^état. 

NOLY.  RUBAT.  GiRARD-LaBRELV. 

(Archives  de  Saône-et-Loire.  C    404.  ^  141.) 


m 

DÉLIBÉRATION    DES  ÉTATS    DL    UACONNAIS 

(8  février  1776). 

L'an  mil  sept  cent  soixante  et  seize  et  le  huitième  jour  du  mois  de  février. 

Monseigneur  TÉvéque  deMàcon,  chef  et  président-né  des  États  du  pays 
et  comtéde  Mâconnois,  M.  de  Mongirod,  doyen  du  chapitre  de  Tournus, 
élu  du  clergé,  M.  le  comte  de  Fussey,  élu  de  la  noblesse,  M.  Jobard, 
commissaire  élu  du  Roi,  M.  Délavai,  maire  de  la  ville  de  Tournus,  élu  du 
tiers-état,  M.  Daugy,  maire  de  MAcon,  conseil-né  des  États,  et  les  officiers 
des  États  soussignés,  à  Mâcon,  au  palais  épiscopal,  en  la. chambre  des 
ÉtaU. 

La  Chambre  s'étant  fait  représenter  la  délibération  du  8  février  1775, 
par  laquelle  elle  s* est  déterminée  à  faire  les  frais  de  l'entretien  à  Fécole 
du  dessein  établie  à  Dijon,  de  la 'personne  du  sieur  Prudhon,  et  attendu 
que  ce  jeune  homme  montre  des  talents  les  plus  décidés  et  fait  des 
progrès  très-satisfaisants  dans  la  science  du  dessein  ; 

Il  a  été  ordonné  que  les  États  continueront  de  fournir  à  la  dépense 
d^ entretien  de  cet  élève,  et  afm  de  Tencourager  il  lui  a  été  accordé  une 
gratification  de  la  somme  de  cinquante  livres,  qui  lui  sera  payée,  ainsi  que 
sa  pension,  par  le  trésorier  des  États,. et  allouées  dans  ses  comptes  en  rap- 
portant l'extrait  de  la  présente  délibération  duement  quittancé. 

t  Gab.-Fr.,  évêque  de  Mâcon,  président-né  des  États. 
De  Momgirod^  doyen  de  Tournus,  élu  du  clergé. 
Le  comte  De  Fusset,  élu  de  la  noblesse. 

Jobard,  élu  du  Roi.     Dëlaval,  maire  de  Tournus,  élu  du  tiers-état. 
Dalqy.  RiBAT.  Girard-Labrely. 

(Archives  de  Sadne-et-Loire.  C.  495,  f>  35  ) 


1 


620  GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU. 

IV 

DÉLIBÉRATION   DES    ÉTATS    DU   MAÇONNAIS 
(28  février  1777). 

L*an  mil  sept  cent  soixante- dix-sept  et  le  vingt-huitième  jour  du  moU 
de  février. 

Monseigneur  TEvêque  de  Mâcon,  chef  et  président-né  des  Etats  du 
pays  et  comté  de  Mâconnois,  M.  de  Mongirod,  doyen  du  chapitre  de  Tour- 
nus,  élu  du  clergé,  M.  le  comte  de  Fussey,  élu  de  la  noblesse,  M,  Délava), 
maire  de  la  ville  de  Tournus,  élu  du  tiers-état,  M\f.  les  oHîciers  de 
Télection,  commissaire  élu  du  Roi  et  les  officiers  des  Etals  soussignés, 
assemblés  à  Mâcon,  au  palais* épiscopal,  en  la  chambre  des  Etals. 

En  laquelle  assemblée  Monseigneur  FEvéque  a  dit  que  le  sieur  Prudon, 
natif  de  Gluny,  entretenu  à  Técole  du  dessin  à  Dijon  aux  frais  de  la  province, 
avoit  remporté  le  premier  prix,  et  qu'en  conséquence  il  avait  obtenu  la 
médaille  d*or  destinée  à  couronner  les  succès  des  élèves  de  celte  école. 

Sur  qu'oy  la  Chambre,  pour  encourager  ledit  sieur  Prudon,  et  lui  donner 
des  marques  de  sa  satisfaction,  a  délibéré  de  lui  accorder  une  gratification 
de  la  somme  de  cent-vingt  livres,  qui  lui  sera  payée  par  le  trésorier  det 
États,  en  vertu  de  la  présente,  lequel  demeure  en  outre  autorise  à  payer 
et  acquitter  le  montant  de  la  pension  et  de  Tentretien  dudit  sieur  Pnidon 
jusqu'à  ce  qu*il  en  soit  autrement  ordonné. 

t  Gab.-Fr.,  évéque  de  Mâcon,  président-né  des  Etats, 
Db  Mongibod,  doyen  de  Tournus,  élu  du  clergé. 
Le  comte  De  Fussey,  étu  de  la  noblesse. 
Delà  VAL,  maire  de  T&umus,  élu  du  tiers-état. 
FoiLLARD,  président  de  l'élection,      Trambly.      Aubbl.      Cadot, 
MioLAND.  Gbandon.        Aubebtin.  Sailmer. 

Rubat.  Dauphin,  procureur  du  Roy. 


Girard-Labrely. 

(Arcliives  de  Saâné-et<Loire.  C.  495,  f«  102  vo.) 


V 


Daugy,  comeiiier. 


délibération  des  états  du  maçonnais 
(4  août  1784). 

L*an  mil  sept  cent  quatre-vingt  quatre  et  le  quatrième  jour  du 
d'août. 


1 


GABaiBL-FRANÇOlS   UOREAD.  6S1 

Monseigneur  TÉvéqne  de  Mâcon,  chef  et  président-né  des  États  parti- 
culiers du  pays,  bailliage  et  comté  de  Mâconnois,  M.  le  Prévôt  des  comtes 
de  Saint-Pierre  de  Mâcon,  élu  du  clergé,  M,  le  comte  de  Mandelot,  élu  de 
la  noblesse,  M.  Daugy,  maire  de  MAcon,  élu  du  tiers-état,  M.  Mioland, 
conseiller  en  Télection,  commissaire  élu  du  Roi,  et  M.  de  Labrely,  syndic 
desdits  États,  soussignés,  assemblés  à  Dijon,  dans  le  logement  de  mondit 
seigneur  TÉvéque. 

Il  a  été  arrêté  et  délibéré,  sur  les  bons  témoignages  qui  ont  été  rendus 
par  le  directeur  et  professeur  de  Técole  gratuite  du  dessin  à  Dijon,  de  la 
bonne  conduite  et  des  dispositions  des  sieurs  Baillot,  Chambard  et  Prudbon, 
élèves  entretenus  à  ladite  école  aux  frais  du  pays,  ce  dernier  devant  aller 
à  Rome,  et  attendu  l'établissement  d'une  école  de  dessin  à  Mâcon,  Tadmi- 
nistration  ne  voulant  plus  faire  cette  dépense,  qu'il  seroit  accordé  au 
sieur  Baillot,  élève  pour  la  peinture,  une  gratification  de  six  cents  livres 
qui  lui  sera  payée  en  trois  termes  à  Paris,  où  l'administration  entend  qu'il 
fasse  sa  résidence  pendant  un  an  en  vertu  d'ordonnance. 

Il  a  été  de  plus  accordé  une  gratification  de  trois  cents  livres  au 
sieur  Cbambard,  élève  pour  la  sculpture,  une  de  cent  livres  au  sieur 
Prudbon  pour  l'aider  à  faire  le  voyage  de  Rome  où  il  est  envoyé  par  les 
États  généraux  de  Bourgogne. 

£t  enfin  au  sieur  Baillot  cadet,  élève  pour  l'architecture  à  l'école  de 
Lyon,  la  somme  de  trois  cent  cinquante  livres,  pour  servir  à  payer 
sa  pension  depuis  le  premier  juillet  jusqu'au  premier  janvier  1785. 

t  Gab.-  Fr.,  évéque  de  Mâcon^  pré$ideni''né  des  Etats. 
L'abbé  D^  Gouvernet. 


BATAaLE  DE  MaNDELOT. 

Daugt.        Pbusilly. 

MiOLAND. 

Tbambly. 

FOCABD. 

BOUBDON. 

(Archirei  de  gaâne-ei-Loire,  G. 

498,  f»  2  ?•.)     .     ' 

VI 

DéLIBÉRATIOK   DES  ÉTATS   DU 

MAÇONNAIS 

(31  janvier  1783). 

A  la  séance  du  matin,  la  Chambre  d'administration  désirant  procurer 
à  la  ville  de  Mâcon  des  artistes  capables  d'y  faire  naître  l'émulation  et  le 
bon  goût,  surtout  dans  ce  qui  concerne  les  bâtimens,  leur  solidité,  leur 
décoration,  leur  distribution,  et  étant  in formé^e]  que  le  sieur  François 
Baillot  montroit  des  dispositions  très  heureuses  pour  l'art  de  l'architec- 


622  GABRIEL-FRANÇOIS    MORE  AIL 

tare,  mais  que  ses  parents  étoient  pauvres  et  par  conséquent  hors  d'éUt 
de  subvenir  aux  frais  de  son  instruction,  la  Chambre  sVst  déterminée 
à  renvoyer  à  Lyon  aux  frais-  du  payis,  en  considération  de  ce  que  cnlU 
dépense  quoiqu'individuelle,  tourne  néantmoins  au  profit  du  public,  par 
les  effets  qu'on  doit  en  espérer.  Ledit  sieur  Baillot  mandé  h  ta  Chambre, 
Monseigneur  TÉvéque  lui  a  recommandé  surtout  de  faire  une  Hnde  parti- 
culiëre  de  tout  ce  qui  concerne  la  coupe  des  pierres»  objet  important  ei 
peu  connu  dans  ce  payis,  du  moins  par  principes.  Enfin  il  a  été  ordonné 
que  le  montant  de  la  pension  dudit  sieur  Baiilot  sera  payé  par  le  trésorier 
des  États,  laquelle  sera  néantmoins  réglée  eu  égard  à  lu  condition  de  eat 
ellëve,  et  quant  à  son  entretien,  il  lui  sera  accordé  la  âomine  de  cjnE|aaiile 
livres  seulement,  la  Chambre  n'entendant  payer  ni  acquitter  âucan 
mémoire  de  quelqu'espèce  qu'il  soit, 
t  Gab.-  Fr.  ,  évêqtie  de  Mâcon^  présiderU^né  des  États, 

L'abbé  Sigorgne,  élu  du  clergé. 

De  Thy,  élu  de  la  noblesse. 

Chaillot,  élu  du  tiers-état, 

Cellard  de  Prusilly.  MioLAEtfD.        Brosse. 

NoLY.  Testées  01  RE. 

RiBAT.  Bourdon.  'Gih:\rd-L^bhbly. 

(Archives  de  Saône-et-Loire,  G.  497,  f»  89v<>.) 


VU 

délibération  des  états  du  maçonnais 
(20  lévrier  1771). 

L'an  mil  sept  cent  soixante  et  onze  et  le  vingtième  jour  du  mois  de 
février,  \LM.  composants  les  États  du  pays  et  comté  de  MâcoEinois  ètaat 
assemblés  au  palais  épiscopal. 

M.  l'abbé  de  Fussey,  prévôt  de  Saint*Pierre,  élu  du  clergé,  a  dil  qur 
l'abonnement  des  anciens  droits  d'aides  qui  vient  d'être  accordé  au  pap 
par  Monseigneur  le  Contrôleur  Général,  à  la  sollicitation  de  Monseigneur 
rÉvéque  de  Mâcon,  chef  et  président  des  États,  conserve  auï  habîlani  du 
Mâconnois  la  tranquillité  dont  ils  jouissent  depuis  le  traité  de  1689,  qu'ti'i 
service  aussi  important  rendu  dans  des  circonstances  aussi  diHjdlrSi 
exigeroit  de  la  province  qu'elle  (îi  élever  un  monument  quî  pùl  traita 
mettre  à  la  postérité  la  vive  reconnoissance  dont  les  cœurs  de  tous  in 
bons  citoyens  sont  intimement  pénétrés,  qu'il  a  cependant  lieu  de  pei 
que  Monseigneur  l'Évéque  de  Mâcon,  satisfait  du  bien  qu'il  a  fait,  n'aa 
qu'adonner  à  un  pays  dont  le  Roy  lui  a  confié  T  administra  lion,  et 


GABRIEL-FRAIVÇOIS   ilORBAÛ.  623 

il  est  le  père  par  son  état,  des  nouvelles  preuves  de  son  zèle  et  de  sa 
bienfaisance  ; 

Que  néanmoins  la  province  ne  sauroit  se  dispenser  de  lui  marquer 
les  sentimens  de  gratitude  dont  elle  est  véritablement  animée  ;  qu'en 
conséquence  il  estimoit  qu^l  convenoit  que  les  États  en  corps  deman* 
dassent  à  Monseigneur  FÉvéque  la  permission  de  faire  tirer  son  portrait 
en  grand  par  le  sieur  Greuze,  peintre  à  Paris,  pour  être  placé  dans  la 
sale  des  Etats. 

S.ur  quoi,  les  États  ont  unanimement  délibéré  et  arrêté  qu'ils  feront 
sur-le-champ  demander  une  audiance  particulière  à  Monseigneur  TÉvêque 
de  Mâcon,  leur  chef  et  président,  pour  avoir  Thonneur  de  renouveler  à  Sa 
Grandeur  leurs  très  sincères  et  très  respectueux  remercimens  au  nom  de  la 
province,  et  pour  lui  demander  en  même  tems  la  permission  de  faire  tirer 
son  portrait  par  le  sieur  Greuze,  pour  être  placé  dans  la  salle  des  Élats, 
avec  un  cartouche  au  bas  du  portrait  contenant  une  inscription  qui  puisse 
transmettre  à  la  postérité  le  service  rendu  à  la  province  par  Monseigneur 
l'Évêque  de  Mâcon,  le  bien  inestimable  qui  en  résulte  en  faveur  des 
habitans  de  ce  pays  et  la  reconnoissance  sincère  de  la  Compagnie  et  de 
toute  la  province. 

A  Finstant  lei  États  ayant  fait  demander  une  audiance  particulière 
à  Monseigneur  TÉvêque  de  Mâcon,  se  seraient  rendus  en  corps  dans  son 
appartement  où  M.  Tabbé  de  Fussey  auroit  porté  à  Sa  Grandeur  le  vœu  de 
la  Compagnie,  et  Monseigneur  ayant  bien  voulu  permettre  que  son  portrait 
fût  placé  dans  la  salle  des  États,  conformément  à  la  délibération  de  ce 
jour,  les  États  ont  chargé  M.  Girard-Labrely,  secrétaire  des  États,  qui 
doit  se  rendre  incessamment  à  Paris  pour  les  affaires  de  la  province,  de 
le  faire  faire  par  le  sieur  Greuze,  peintre  demeurant  à  Paris,  et  de  com- 
mander en  même  tems  un  quadre  convenable,  avec  le  cartouche  dont  il 
est  fait  mention  dans  la  présente  délibération.  Et  ont  signés: 

L'abbé  De  Fcsset,  élu  du  clergé. 

Tbésut,  élu  de  la  noblesse. 

Ravier,  élu  du  Hers-élat.  Cadot. 

NoLY,  président  en  t élection.  Fogard. 

Midland.  Aurertin. 

ChANDON.  SaULNIER.  DaVGY.  SiRAUDm. 

Laborier. 

Sevré.  Girard-Labrely,  secrétaire, 

(Archives  de  S«ône-et-Loire,  C.  493,  f^  104  v<».) 


624 


CABaiEL-FRANCOlS    MOKEAU. 


] 


VIU 

INVENTAIRE    DES   OBJETS    d'aRT    FAISANT  PARTIE   DU   MOBILIBB  DE    MGfi   USmM 
(26  pluiriôse-iS  floréal  an  II). 

Ce  jourd*hui  vingt-six  pluviôse,  Fan  deux  de  la  République  frtnçoLse, 
une,  indivisible  et  démocratique,  en. vertu  de  la  loi  du  17  septembit 
dernier  vieux  stile,  de  celle  du  17  frimaire  aussi  dernier^  dei  différant 
arrêtés  des  représentans  du  peuple  près  Commune-Affr&ucbie  *  et  près 
le  département  de  Saône-et-Loire,  des  d if férens  arrêtés  de  T administration 
du  district  de  Màcon,  notamment  d*un  dernier  arrêté  de  la  même  admi- 
nistration du  vingt-sir  courant,  portant  : 

Article  premier,  que  la  vente  des  bibliothèques  demeure  suspndue, 
qu'il  n'en  sera  fait  quant  à  présent  que  deux  lots,  qui  seroni  conduiU 
séparément  dans  la  sale  de  la  cy-devant  Congrégation  taisant  partie  ét§ 
appartemens  de  la  maison  du  Collège; 

Que  le  premier  de  ces  lots  contiendra  tous  les  livres  de  religion  el 
d'ancienne  jurisprudence; 

Que  le  second  comprendra  tous  autres  livres  possibles,  histoire,  romans, 
voïages,  morale,  etc.  ; 

Art.  2,  que  le  citoïen  Lenot,  artiste,  demeure  nommé  commissaifeâ 
Teffet  de  se  transporter  dans  les  différentes  maisons  desquelles  la  vente 
des  mobiliers  est  affichée,  accompagné  des  commissaires  aux  séquestres 
et  de  deux  officiers  municipaux; 

Qu'il  pourra  se  faire  assister  de  tel  autre  artiste  qu'il  jugera  à  propo.^; 
Que  seul  ou  ensemble  il  sera  procédé  à  la  reconnoiasance  de  touâ  Ir^ 
tableaux  qui  se  trouveront; 

Qu'il  tournera  ceux  qu'il  croira  devoir  être  conservée,  qu'il  appretirra 
les  autres  ; 

Attendu  la  proximité  de  la  vente  des  meubles  qui  garnissent  le  domi- 
cile qu'occupoit  cy-devant  Gbbriel-François  Moreaa,  cy-devant  évéque  àt 
Mâcon,  laquelle  est  indiquée  par  la  dernière  affiche  au  premier  lentofc 
prochain. 

Nous,  Philibert  Romieu  et  Antoine  Dediane,  commissaîrti  Dommèf 
par  l'administration  du  district  de  Afâcon  à  l'effet  de  procéder  dajis  h 
commune  de  Mâcoo  à  la  confection  des  inventaires  chés  les  ètni^f^* 
pères  et  mères  d'émigrés,  prêtres  déportés,  à  déporter  ou  daiîs  k  et* 
de  la  déportation,  absens,  étrangers,  Lionnois,  condamnés  el  acto>  " 

'  Lyon. 


i 


GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU.  €25 

ment  séquestrés,  et  de  saite  aux  ventes  qaî  devront  saivre  lesdits  inven- 
taires, accompagnés  des  citoîens  Ficat,  serrnrîer,  Pierre  Durand,  officier 
municipal,  et  Pierre  Reviilon,  commissaire,  notable  de  la  commune  de 
Mftcon»  nous  sommes,  accompagnés  encore  du  citoîen  Lenot,  artiste, 
transporté  au-devant  des  portes  du  domicile  qu*occupoit  précédemment 
la  cy-devant  évéque.  Là,  après  avoir  reconnu  seins  et  entiers  les  scellés 
par  nous  apposés  tant  sur  la  porte  d'entrée  donnant  sur  la  cour  que  sur 
celle  qui  communique  aux  appartemens  du  rés-de-chausséa  à  droite, 
iceux  levés,  pénétrés  aux  appartemens»  de  Tavis  du  citoîen  Lenot  et  à 
Taide  des  ouvriers  de  force  par  lui  amenés,  nous  avons  opéré  ainsi  que 
suit  : 

Dans  le  vestibule,  deux  médaillons  en  relief,  terre  cuite,  F  un  repré- 
sentant TAutomne,  l'autre  représentant  Diogène  ; 

Une  carte  de  la  Bourgogne  ; 

Une  perspective,  en  mauvais  état,  des  travaux  Perrache  >  ; 

Plan  géométral  de  la  carte  cy-dessus  ; 

Carte  représentant  la  prise  *  de  La  Rochelle  \ 

Carte  du  diocèse  de  Lyon,  en  partie  cassée. 

Ces  objets,  sans  être  trouvés  prétieux  par  le  citoîen  Lenot,  ont  cepen* 
dant,  de  son  avis,  été  distraits,  pouvant  servir  à  orner  une  galerie. 

Nous  ne  les  avons  pas  numérotés,  comme  ceux  qui  suivront,  méritant 
peu  d'attention. 

11  a  été  laissé  dans  le  vestibule  : 

Un  tableau  représentant  Moïse  dans  un  buisson  ardent»  cadre  bois 
noir; 

Un  autre  représentant  saint  Michel  foulant  un  diable  sous  ses  pieds, 
cadre  bois  gris;  estimés  chacun  cinq  livres. 

Dans  la  sale  à  manger,  première  pièce  des  appartemens  à  droite  : 

Un  tableau,  peint  à  Thuile,  représentant  une  vieilleuse*,  à  cadre  doré, 
sous  glace,  n°  1  ; 

Le  pendant,  un  tableau  représentant  un  jeune  homme  lisant,  cadre 
doré,  sous  glace,  n^'S; 

Une  caravanne  en  voïage,  tableau  peint  à  Thuile,  cadre  doré,  sous 
glace,  n^  3. 

Nous  ferons  à  la  fin  de  Télat  des  objets  enlevés  par  Lenot  et  par  lui 
fait  transporter  en  la  maison  du  Collège,  les  énuméralion  et  description 
des  tableaux  par  lui  laissés,  avec  leur  évaluation. 

»  Michel  Perrache,  architecte,  ing<^nieur  et  sculpteur,  de  Lyon  (1685-1750). 
>  Par  Richelieu,  le  28  octobre  1628. 
*  Vielleuse. 

40 


1 


636  GABRIEL-FRANÇOIS    MOREAU. 

Dans  la  chapelle,  derrière  la  sale  à  manger  : 

Gravure  angloise,  sous  ver  et  cadre  doré,  au  bas  de  kquetle  est  écrit 
Josephi  pudicUia,  n*  4; 

Autre  gravure  angloise,  sous  Ter  et  cadre  doré,  au  bas  de  laquelle  on 
lit  :  Abram  ancillam  Agar  dimUtU,  n"  5  ; 

3"  gravure  angloise,  sous  ver  et  cadre  doré,  de  laquelle  rinscription 
est  jEsther  coram  Assuero  mplex,  n»  6; 

Tableau  sous  ver  et  cadre  doré,  au  bas  duquel  on  lit  à  droite  VEnvoté 
d^ Abraham,  après  que  tous  ses  chameaux  eurent  bu,  préseMe  à  Rébecca 
deuxpendans  d'oreille  et  autant  de  bracelets,  n«  7; 

Tableau  sous  ver  et  cadre  doré  représentant  Thaïs  ou  la  belle  pénilente, 
tête  de  G^eu8e^  n^  8; 

Tableau  peint  à  Thuile  représentant  une  Famille  Sainte^  n°  %\ 

Tableau  gravure,  sous  verre  et  cadre  doré,  représentant  Jésus  cba£saat 
les  vendeurs  de  colombe  du  Temple,  n«  10; 

Autre  tableau  gravure,  représentant  Jésus  guérissant  les  malades,  n*  H  ; 

Tableau  peint  sur  cuivre,  cadre  doré,  sans  ver,  représentant  une 
femme  badinant  avec  son  enfant  sur  ses  genoux,  n®  12. 

Tous  les  articles  qui  seront  cy-après  décrits  sont  sous  ver  et  è  cadrt 
doré,  à  moins  quMls  ne  soient  désignés  autrement. 

Dans  la  seconde  pièce,  salon  : 

Port^-ait  du  cy-devant  évêque*,  cadre  doi*é,  sans  ver,  cinq  pieds  de 
haut,  n"  13; 

Tableau  en  tapisserie  des  Gobelins,  cadré  doré,  sans  ver,  représentant 
un  saint  Michel  foulant  à  ses  pieds  un  diable*,  n^  14; 

Tableau,  d'un  pied  de  haut,  un  paîsage  antique,  n*  15; 

Pendant,  autre  paîsage  antique,  n*  15  bis. 

Dans  la  chambre  où  couchoit  le  cy-devant  évoque  : 


*  Jean-Baptiste  Greuze,  peintre  et  graveur,  de  Tournas  (1725>1S05).  Ce;  xMn^ 
est  indiqué  par  le  Dictionnaire  de  Bbllur  os  La  Ghavignbrik  et  Auvftjir  comme 
se  trouvant  aujourd'hui  dans  une  collection  particulière. 

^  Mgr  Moreau.  Ce  tableau,  de  plus  de  1"*,60  de  haut,  paraît  aujourd'hui  pirHe. 
Il  ne  reste  des  portraits  anciens  de  Mgr  Moreau  que  deux  grand»  pithiels  ovâii^^ 
dont  Tun,  conservé  à  l'hospice  de  la  Providence  de  Mâcon,  est  reproduit  en  ihl^ 
de  cette  notice,  et  l'autre,  attribué  à  de  La  Tour,  fait  partie  de  li  coUcclioa  Boiv^t 
au  Musée  de  la  ville. 

^  Cette  tapisserie  se  trouve  aujourd'hui  chez  Mlle  Pochon,  à  Vanié,  d^oannaf 
de  Versé  (Saône -et*Loire),  ce  qui  n'a  rien  d'étonnant,  attendu  que,  danni  touu 
la  Révolution,  Mgr  Moreau  a  habité  à  Mâcon  chez  un  sieur  Pochou,  r^ui  peut 
ou  le  père  ou  le  grand-père  de  Mlle  Pochon.  Dans  l'inventaire  du  niobifier 
24  frimaire  an  II  et  jours  suivants  on  voit  Ggurer  •  un  tableau,  modèle  de  ^eJi 
tapisserie  des  Gobelins  » ,  qui  est  vraisemblablement  le  Saint  Michel  de  ^^'^ 


GABRIEL-FRANÇOIS    MORBAIJ.  627. 

Porlrait  de  la  maitresse  de  Raphaël,  peint  sar  bois,  pur  Urbain*, 
no  16; 

Pastorale,  8  pouces  de  diamètre,  original  de  Van  den  Veld  *,  peint  sur 
bois,  n"  17; 

Pendant,  autre  pastorale,  id.,  n"  17  bù  ; 

Païsage,  6  pouces  quarrés,  peint  sur  bois,  de  Del  Ryo',  n^  18; 

Pendant,  autiy  païsage,  id,,  n"  19; 

Tableau  ovale,  peint  sur  cuivre,  de  6  pouces  de  haut,  par  Largiliëre  ^, 
n«20; 

Pendant,  autre  tableau,  id.,  n*  "20  bU; 

Petite  marine  de  10  pouces  de  haut  sur  8  de  large»  n<>21  ; 

Pendant,  petite  marine,  id.j  n"  21  bis; 

Portrait  gravure  d'Hiacinte  FIcury,  par  Rigo*,  n*  22; 

Les  Œuvres  de  Miséricorde,  par  Théniers%  gravure,  20  pouces  de 
large  sur  18  de  haut,  n*"  23; 

Gravure,  Adoration  des  anges,  par  Smit  ^,  16  pouces  de  haut  sur  12 
de  large,  n»  24; 

Pendant,  autre  gravure  id.  de  Smit,  n**  2^4  bis; 

lableao  peint  sur  toile,  sans  glace^  musicien  de  Bloemaert",  6  pouces 
sur  4,  n«  25  ; 

Pendant,  musicien,  id.,  n<>  25  bis; 

Tableau  à  fruits,  peint  sur  ver,  18  pouces  sur  14,  n"  26; 

Pendant,  id.,  n«  26  bis; 

Petit  tableau  représentant  les  apôtres,  peint  sur  bois,  sans  verre, 
5  pouces  sur  4,  n*  27  ; 

Petit  pellerin,  peint  sur  marbre  blanc,  sans  ver,  5  pouces  sur  4,  n«  28; 

taire  des  objets  d*art  où  il  a  été  indiqué  ci-dessus  comme  •  laissé  dans  le  vesti- 
bule B. 

*  Probablement  une  copie  ancienne  du  portrait  de  la  Fomarina,  maîtresse  de 
Raphaël  Sanzio,  peintre,  d'Urbin  (148^1520).  Ce  portrait  est  conservé  à  Florence. 

>  Adrien  Van  deVelde,  peintre  et  graveur,  d'Amsterdam  (1639-1672). 

*  Del  Rio? 

*  Xicolas  de  Largillière,  peintre,  de  Paris  (1656-1746). 

'  Lire  :  Portrait d'Hercale  Fleury,  par  Hyacinthe  Rigaud.  »~  Hyacinthe  Rigaud, 
peintre,  de  Perpignan  (1659-1743),  a  Tait  un  portrait  du  cardinal  Fleury  qui  a  été 
gravé  par  Pierre  Drevet  en  1730.  C'est  sans  doute  de  cette  gravure  qu'il  s*agit 
ici.  Cependant  on  la  trouve  exactement  décrite  plus  loin. 

^  David  Téniers,  le  jeune,  peintre  et  graveur,  d'Anvers  (1610-1690).  Il  s'agit 
du  tableau  du  Louvre  ({rave  par  Jacques-Philippe  Le  Bas  en  1747. 

*  John  Smith,  graveur,  de  Londres  (1652-1742).  Le  Blanc  cite  de  lui  une  Vierge 
iec  r Enfant  Jésus  et  deux  anges,  d'après  A.  Van  Dyck,  et  la  Sainte  Famille 
X  Anges,  d'après  C.  Maratti. 

^  Abraham  BÏoemaert,  peintre  et  graveur,  deGorcum  (1565-1656). 


628  GABRIEL-FRANÇOIS    ï^fOREAU. 

Un  multipliant*  ovale,  diamètre  5  pouces  l.ù,  n'  29; 

La  Dévideuse,  mère  de  G.  Dow*,  par  Ville*,  15  pouces  sur  11,  n*  30^ 

L'Adoration  des  Rois,  peinte  à  Thuile  sur  bois,  ^  pouceâ  stir  M,  n'  31  ; 

La  Ménagère Hollandoise,  par  Ville*,  8  pouces  sur 6,  n*'  *^2; 

Portraitgravure,rarchevéquedeParis,parRi<{o^20poucesâurl5,  ir33; 

Id.,  Messire  Jean  Moreau,  chevalier,  peint  par  VuUde^  sculpté  par 
L'Empereur',  n"  34; 

Id.,  André-Hercule,  cardinal  de  Pleury,  peint  par  Rigaud,  gravé  par 
Drevet",  20  pouces  de  haut  sur  14  de  large,  n*'  35; 

Id,,  au  bas  duquel  est  écrit  Res  urbanas  moribia  ornat^  Ugihut 
emendat,  peint  par  Vigée*,  gravé  par  Littret  »«,  10  pouces  sut-  T,  n^  30; 

Autre  portrait,  pareil  au  précédent,  à  la  différence  seulement  qu'il  y  a 
une  raie  noire  sur  le  cadre  doré,  n**  37  ; 

Tableau,  peint  sur  cuivre,  représentant  Le  repos  de  la  chasse  de 
Diane,  2  pieds  7  pouces  de  large  sur  25  pouces  de  haut,  cadre  doré,  sans 
ver,  n®  37  his  ; 

Portrait  en  plâtre  de  Tévêque  Moreau,  cadre  doré,  ovale,  8  pouces  de 
diamètre,  n*  38; 

Petit  portrait  d'un  vieillard,  en  biscuit  de  Sève  >^  3  pouces  de  diamè- 
tre, n°  39; 

Portrait  gravure  de  Charles  Bossut,  6  pouces  sur  4,  peint  par  Dyplessis, 
gravé  par  Henriqués  ",  n"  40; 

Portrait  en  biscuit  sculpté  d'un  prélat,  8  pouc«^s  de  dinmèire,  n*  4h 


*  (  Verre  à  facettes  qui  fait  voir  les  objets  répét<'s  pluiîeurà  foU  »  (Lf^AOïJ^st). 
Dans  l'inventaire  du  mobilier  du  24  frimaire  an  II  et  jotirs  i^aivauls  ou  trouie^  un 
miroir  à  multipliant  rond  b  . 

«Gérard  Dow,  peintre,  de  Lcyde  (1613-1675). 

*  Jean-Georges  Wille,  graveur,  d'Obermuble  {1715-1808),  Ln  Détidensf, 
d'après  Gérard  Dow,  a  été  exposée  au  Salon  de  1737 

*  D'après  Gérard  Dow.  Exposée  aussi  au  Salon  de  1157. 

^  Rigaud.  C'est  probablement  le  portrait  du  carJiual  dô  Xo«illes,  gravé  pif 
Pierre  Drevet. 

*  Jean  Valadc,  peintre,  de  Poitiers  (1709-1787). 

'  Louis-Simon  Lempereur,  graveur,  de  Paris  (1755-1796). 

*  Voir  ci-dessus,  p.  627,  n"  5. 

°  Peintre  de  l'Ecole  Trauçaise  (XVUI*  siècle).  Il  s'ûgii  du  porlrail  de  if.  de 
Sartine,  lieutenant  général  de  police,  exposé  à  l'Acaiiém>i'  de  Saiut-liuc  eu  Hti)- 

*^  Claude-Antoine  Littret  de  Montigny,  graveur,  de  Paris  {17:J5-1T75l 

*'  Sèvres. 
'■    '^  Joseph-Sifred  Duplessis,  peintre, de  Carpentras  (17S5-lS0f),a  eipo»(^au  S 
de  1773  on  portrait  de  M.  l'abbé  Bossut,  de  VAtadémie  royale  des  sciet 
Le  Blanc  ne  dit  pas  qu'il  ait  été  gravé  par  Benoît-Luub  Hcuritioci,  grivcuT 
Paris  (1732-i;806). 


GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU.  629 

Pendant,  portrait  de  l^évâque,  en  marbre  blanc  sculpté,  8  pouces  de 
diamètre^  n«  42  ; 

Tableau  peint  à  Thuile,  représentant  une  mère  nourice  badinant  avec 
son  enfant  sur  ses  bras  et  lui  donnant  du  raisin,  par  Mignard  *,  45  pouces 
de  haut  sur  34  de  large,  n<*  43; 

Morceau  d'ivoire  encbftssé  dans  une  caisse  dorée,  à  une  vitre,  le  prin- 
cipal morceau  d*une  seule  pièce,  8  pouces  de  haut  sur  4  de  large,  ceintré, 
sculpté,  travaillé  à  jour,  représentant  la  Descente  d*une  croix,  n«  44; 

Portrait  peint  àThuile,  une  femme  à  sa  toilette,  4  pieds  sur  3,  bordure 
dorée  de  6  pouces,  n"  45; 

Morceau  de  lapis  ovale,  13  pouces  de  haut  sur  10,  encadré  d*une  bor- 
dure de  cuivre  surdorée  d*or  moulu,  n<*46; 

Figure  en  ivoire,  un  vieillard  joignant  les  mains,  6  pouces  de  haut,  sur 
pied  d^estal  noir,  sous  cloche,  n*'  47  ; 

Figure  d*ivoire,  pauvre,  masculin,  diaprés  Calo*,  4  pouces  1/2  de 
haut,  sur  pied  d*estai  noir,  sous  cloche,  n»  48  ; 

Figure  ivoire,  pendant,  pauvre,  féminin,  même  dimension,  n*"  49. 

Dans  le  cabinet  à  gauche  de  la  chambre  : 

Tableau  gravure,  15  pouces  de  large  sur  12  de  haut,  Henri  IV  laissant 
entrer  des  vivres  dans  la  ville  de  Paris,  peint  par  Caresme*,  n**  50 4 

Id.,  gravure,  Bossuet,  par  Rigaud*,  19  pouces  de  haut  sur  13  de 
large,  n"  51  ; 

Tableau  gravure.  Conversation  espagnole,  par  J.  Beauvarlet',  d'après 
Foriginal  de  Carie  Vanloo  <^,  22  pouces  de  haut  sur  1(>  de  large,  n**  52; 

Dessin,  15  pouces  de  haut  sur  12,  projet  de  chaire  pour  la  cy-devant 
église  de  Saint-Vincent  "^^  par  Lenot  ",  n"  53; 

Tableau  gravure.  Lecture  espagnole,  par  Beauvarlet,  d'après  Carie 
Vanloo,  pendant  et  dimension  du  n**  52,  n**  54; 

Id.,  gravure,  Sully  remettant  l'argent  de  ses  bois  à  Henry  IV  ^, 
15  pouces  de  haut  sur  12,  n^  55; 

*  Pierre  Mignard,  peintre,  de  Troyes  (1612-1695).  Serait-ce  une  capte  de  la 
Vierge  à  la  grappe ^  conservée  au  Louvre? 

*  Jacques  Callot,  peintre  et  gravenr,  de  Xaocy  (1592-1635). 

'  Philippe  Caresoie,  peintre  et  graveur,  de  Paris  (1754-1796).  Cette  gravure  est 
de  Jean-Baptiste  Patas,  de  Paris  (1748-1817). 

^  Probablement  la  gravure  de  Pierre  Drevet,  de  Paris  (1697-1739). 

*  Jacques-Firmîn  Beauvarlet,  graveur,  d'Abbeville  (1731-1797).    ,  . 
«  Carie  Van  Loo,  peintre,  de  Nice  (1705-1765). 

^  Cathédrale  de  Mâcon. 

Pascal-Jean  Lenot,  directeur  de  TEcole  de  dessin  de  Mâcon,  commis  à  Testn 
ition  des  objets  compris  au  présent  inventaire. 
'  Probablement  une  gravure  du  tableau  exposé  par  Carcsme  au  Salon  de  1777, 


630  GABRIEL-FRANÇOIS    MORËAU. 

Id.,  gravure,  Tricoteuse  hoilandoise,  par  Ville  \  (15  pouces)  sur  11 ,  n^oG; 

Un  bouquet  de  fleurs,  terre  cuite,  emboétée  sous  verre,  caisse  dorée, 
glace  de  15  pouces  sur  11,  n"  57; 

Tableau,  gravure  par  Ostade^,  représentant  Tintérieur  d*un  ménage 
flamand,  16  ponces  de  haut  sur  13  de  large,  n**  58; 

Figure  en  marbre,  portrait  de  femme,  8  pouces  de  haut,  sur  pied 
^' estai  bois,  rond,  n<^  59  ; 

Pendant,  figure  en  marbre,  portrait  de  femme,  id,,  n"*  60; 

Figure  en  bronse,  dorée  d'or  moulu,  J.-J.  Rousseau,  sur  pied  d'estal 
marbre  blanc,  4  pouces  de  haut,  n<*  61  ; 
-     Pendant,  Voltaire,  n*-  62; 

Tous  deux  sous  cloches  ; 

Une  paire  de  chandeliers,  avec  leurs  bobèches,  dorées  d*or  moulu,  les 
chandeliers  formant  colonne,  marbre  blanc,  ornés  de  chaînes  cuivre 
doré,  n»«63et63  to; 

Tableau  gravure,  La  Dormeuse,  par  Greuse*,  15  pouces  de  haut 
sur  12  de  large,  n*»  64; 

Id.,  gravure,  La  Tentation  de  saint  Antoine,  par  Callo  ^,  18  pouces  de 
large  sur  14,  n'  65  ; 

Id,,  gravure,  Famille  allemande,  de  Visscher  *,  16  pouces  sur  13,  n"  66  ; 

Tableau  gravure  d'un  Rohan  cardinal,  peint  par  Rigaud,  gravé  par 
Cars  *,  18  pouces  de  haut  sur  16,  n"  67  ; 

Un  morceau  d'yvoire  antique,  de  8  pouces  de  haut  sur  4  de  large, 
gravé  en  relief,  représentant  une  chasse',  n*»  68; 

Gravure  de  Beauvarlet,  2  pieds  de  large,  30  pouces  de  haut,  au  bas  de 
lft([uelle  est  cette  inscription  Sebastiano  Josepho  Carvalio  Melio,  mar- 
chioni  Pombalio  »,  n«  69; 


sons  le  titre  de  Sully  donnant  de  l'argent  à  Henri  IV  pour  soutenir  la  guerre 
(Bellikr  de  La  Guavigxerib  et  Auvrav.  —  Ils  n'indiquent  pas,  dans  leur  liste 
de  rœuvrc  gravé  de  Caresrae,  cette  pièce  qui  est  peut-être  un  pendant  de  la  gra- 
vure de  J.-B.  Patas,  cotée  plus  haut  n"  50.) 

'  WiUe. 

'  Adrien  VanOstode,  peintre  et  graveur,  de  Ltibeck  (1610-1685). 

*  Greuze. 

^Galfot. 

^  Jeu  de  Vi»scber,  graveur,  d'Amsterdam  (1636-1692),  on  peut-être  Gomeilie 
de  Vindier,  «on  frère  (1618-1658).       . 

'^Laurent  Gars,  graveur,  de  Lyon  (1699-1771). 

^  (  Une  planche  d'ivoire  représentant  une  chasse  « ,  dit  rinventaire  du  mobilier 
•du  24  frimaire  an  II  et  jours  suivants. 

^  Portrait  du  marquis  de  Pombal,  gravé  en  1772  (Salon  de  1773),  d'à 
L.-M.  Van  Loo  et  J.  Vernet. 


GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU.  631 

Une  loupe  de  3  pouces  1/2  de  diamètre,  cercle  en  corne,  n*  70. 

Dans  le  cabinet  à  droite  : 

Tableau  gravure,  Le  Paralitique  de  Greuse,  2  pieds  de  long  sur  20  pouces 
de  large,  n»  71  ; 

Gravure,  La  place  Maubert,  parJeaurat  ^  16  pouces  de  long  sur  13  de 
haut,  n»  72  ; 

Gravure,  Manufacture  des  cristaux  de  Moncenis*,  20  pouces  de  haut 
sur  14,  n*  73; 

Gravure  flamande,  Amusemens  des  matelots,  par  Téniers  *,  20  pouces 
de  long  sur  15,  n*  74; 

Gravure,  Fonderie  du  Creusot*,  pendant  et  même  dimension  que  le 
n»  73,  n«  75  ; 

Gravure,  Mère  dans  son  ménage,  contemplant  son  enfant  dans  le  som- 
meil, par  Historical*,  21  pouces  de  long  sur  17  de  large,  n"»  76; 

Gravure,  Partie  de  plaisirs^,  gravé  par  Delaunay^,  peint  par  Wernix*, 
23  pouces  de  large,  20  de  haut,  n"  77; 

Tableau  gravure,  Hipolite  de  La  Tude  Clairon  *,  gravé  par  Cars  et  Beau- 
varlet  >*,  d'après  Carie  Vanloo  ",  26  pouces  de  haut  sur  19  de  large,  n»  78  ; 

Vénus  aux  belles  fesses  >*,  bas-relief  en  porphire,  ovale,  7  pouces  1/2 
de  haut  sur  5  de  large,  n*>  79; 

La  Morale,  gravure  angloise,  cadre  doré  et  noir,  15  pouces  de  haut 
sur  12  de  large,  n**  80  ; 

Une  marine  peinte  sur  toile,  par  Taurel  *',  2  pieds  de  large  sur  18  pouces 
de  haut,  n»  81  ;    « 

Autre  marine,  pendant,  n"  82; 

Tableau,  peint  sur  toile,  marine,  3  pieds  de  large,  22  pouces  de  haut, 
n-83; 

Autre  marine,  pendant,  n»  84; 

I  Tableau  d'Etienne  Jeaurat,  peintre,  de  Paris  (1699-1789).  exposé  au  Salon  de 
1753,  et  gravé  par  Jean-Jacques  Aliamet,  d'Abbeville  (1728-1788). 

*Montcenis  (Saône-et-Loire). 

'  David  Téniers,  le  jeune.  Cette  pièce  a  été  gravée  par  P.  Chenu  (Le  Blanc). 

^  Le  Creufot  (Saône-et-Loire). 

5  9^9 

^  «  La  Partie  de  plaisir,  pièce  ornée  d'architecture  et  de  figures    w  (Le  Blanc.) 

'  Xicolas  de  Launay.  graveur,  de  Paris  (1739-1792). 

*  Jean-Baptiste  Weenix,  peintre,  d'Amsterdam  (1620-1660). 

^  «  Dans  le  rôle  de  Médéc.  t  (Le  Blanc.) 

*•  Jacques-Firmin  Beauvarlet,  jjraveur,  d'Abbeville  (1731-1797). 

II  Carie  Van  Loo,  peintre,  de  Xice  (1705-1765). 
>i  Vénus  Callipyge. 

>*  Jean-Jacques -François  Taurel,  peintre,  de  Toulon  (1757-1832). 


632  IGABBIEL-FRANÇOIS   MOREAt. 

Tableaa  comme  les  deux  précédens,  de  16  pouces  de  large  Bar  là  d« 
haut,  n^' 85; 

Autre,  4*  pendant  du  3%  ti»  86; 

Gravure,  portrait  de  Polignac,  cardinal  ',  18  pouces  de  haut  sur  13  de 
large,  n<>  87; 

Id.,  d'après  Poussin  ',  par  Rousseau,  de  Mâcon',  ^  pieds  de  large  sur 
26  pouces  de  haut,  n**  88; 

/{/.,  portrait  du  cardinal  Fleury  ^  19  pouces  de  haut  sur  15  de  large, 
n»89; 

Id,,  portrait  de  Louis  le  Grand,  par  Rigaud,  25  pouces  de  haut  sur  19 
de  large,  n*»90; 

Td,,  Les  diseuses  de  bonne  avanture,  peinture  de  Ténier  ^  gravare  de 
Chenu  ^  18  (pouces)  de  large  sur  13  de  haut,  n^"  91  ; 

Tableau  peint  à  Fhuile,  une  mère  badinant  avec  son  enfant,  oval€, 

3  pieds  de  haut  sur  30  pouces  de  large,  n''  92; 

Id,^  portrait  d'un  cardinal,  19  pouces  de  haut  sur  14  de  large,  W'  93; 
<  Id.,  portrait  du  cardinal  Dubois^,  18  pouces  de  haut  sur  1 3  de  krg?,  ii''94; 
Tableau  peint  à  Thuile,  portrait  de  Tévêque  Valeras  ^,  tête  par  G^eusc^ 

4  pieds  6  pouces  de  haut,  3  pieds  6  pouces  de  large,  bordure  dorée  de 

6  pouces,  n"95; 

Le  sistème  de  Copernic  ^*,  n""  96; 

Deux  vases  de  porcelaine  du  Japon  avec  leurs  couvercle §,  forme  anti- 
que, 16  pouces  1/2  de  haut,  9  pouces  de  diamètre,  n"^  97  et  91  hii  ; 
Figure  en  marbre  blanc,  sur  pied  d^estal  en  boi»^  noir,  le  buste  de 

7  pouces  de  haut,  le  pied  de  4  pouces  1/2,  Fénelon,  n'  08; 
Pendant,  id.,  Bossuet,  n*  99; 

Gravure,  Le  général  Vasington",  gravé  par  Lemire",  iv'  ICK); 

Deux  candélabres,  forme  antique,  pierre  prétieuse,  montés  en  cuim 
doré  d'or  moulu,  5  pouces  1/2  de  haut  sans  la  baub^cbe,  n"  101 
(et  101  hi$). 

>  Melchior  de  Polignac  (1661-1742),  cardinal  en  1713. 

*  Nicolas  Poussin,  peintre,  des  Andelys  (1594-1665). 

s  99? 

^  Voir  ci-dessus,  p.  627,  n.  8,  et  p.  628,  n.  5. 

*  David  Téniers. 

«  Pierre  Chenu,  graveur,  de  Paris  (1730-1792). 

'  Guillaume  Dubois  (1656-1723). 

^  H.-C.  de  Lort  de  Sérignan  de  Valras,  évêque  de  Mâcon  (1731*1763). 

*  Greuze. 

'^  Nicolas  Copernic,  astronome  polonais  (1473-1543). 

^'  Washington.  — D'après  le  tableau  de  Jean-Baptiste  Le  Paon  (1738-178 

1^  Noël  Le  Mire,  graveur,  de  Rouen  (1724-1801). 


GABRIEL-PR^NÇOIS   MOREAU.  633 

Passage  des  greniers  au  cabinet  d'aisance  : 

Une  tête  de  vieillard,  sans  cadre,  n**  102; 

Un  tableau  représentant  Amphitrite,  sans  cadre,  n«  103. 

Dans  une  petite  chambre  à  côté  : 

Un  médaillon  en  plâtre,  18  pouces  de  haut  sur  14  de  large,  cadre  doré 
ovale,  n*  104; 

Tableau  peint  &  Thuile,  FAbondance  \  copiée  diaprés  Rubens*,  sans 
cadre,  de  4  pieds  1/2  de  haut,  ainsi  que  les  deux  précédens,  sur  3  pieds 

8  pouces  de  large,  n*  105; 

Tableau  peint  sur  bois,  un  païsage  de  Lienne  *,  sans  vitre,  cadre  doré, 
14  pouces  de  haut  sur  10  de  large,  n''  106; 

Tableau,  original  de  Stad  ^,  peint  sur  cuivre,  8  pouces  de  haut  sur  5  de 
large,  un  Flamand  et  une  Flamande,  n<>  107  ; 

Tableau  peint  sur  toile,  un  fumeur  endormi,    1   pied  de  large  sur 

9  pouces  de  haut,  n"*  108  ; 

Gravure  de  Strange  *,  une  Vénus  ^,  17  pouces  de  long  sur  15  de  large, 
n-  109; 

Une  cage  d^oiseauz  étrangers,  empaillés,  trouvée  dans  la  chambre  du 
cy-devant  évéqiie,  oubliée,  n°  110; 

Autre  cage,  forme  octogone,  aussi  d^oiseaux  empaillés,  du  sol  de  Iqr 
République,  n<*  111; 

Une  urne  en  stuc,  imitant  le  ver  Canpan^,  garnie  de  tête  de  béliers,  et 
pomme  en  cuivre  doré,  8  pouces  de  haut  sur  1  pied  de  long,  n""  112; 

Porte-fait  en  bronse,  rond  de  bosse,  7  pouces  de  haut,  sur  pied  d'eslal 
en  bois,  n"  113; 

Pendant,  autre  porte-fait,  id.,  n"  113  bis; 

Buste  en  pierre,  Bossuet,  8  pouces  de  haut,  sur  base  de  colonne  en 
bois,  n"  114; 

Pendant,  autre  buste,  d'Alambert,  n**  114  bU; 

Figure,  rond  de  bosse,  marbre  blanc,  un  aveugle  déjeûnant,  son  con- 
dnctant  (sic)  buvant  ce  qu'il  se  destinoit  avec  un  chalumeau,  8  pouces  de 
haut,  sur  un  petit  socle  en  bois,  n**  115; 

Quatre  petites  figures  villageoises,  terre  de  biscuit,  7  pouces  de  haut, 

'  Probablement  COffraiidt  à  l'Abondance  du  Musée  de  Stockholm. 

*  Pierre-Paul  Robens,  peintre,  d'Anvers  (1577-1640). 

'  Peut-être  Joseph  Van  Lierre,  peintre,  de  Bruxelles  (XVI'  siècle). 

*  Adrien  Van  Ostade,  peintre,  de  Haarlem  (1610-1685). 

*  Robert  Strange,  graveur,  de  Poniona  (  1 721-1 79Î). 

'  D'après  ses  dimensions,  ce  doit  être  la  Vénus  nue  couchée,  du  Titien,  gravée 
.768. 
Marbre  vert  tiré  des  carrières  de  Gampan  (Hautes-Pyrénées). 


\ 


.634  GABRIEL-FRANÇOIS    MOREAU. 

Le  Patineur,  Le  Dénicheur  de  merle,  La  Fruitière,  et  Lu  FleurîHi, 
n"  1 16  chacun  ; 

Médaillon  en  terre  cuite,  Voltaire,  cadre  doré,  6  pouces  de  diamètre, 
n«»117î 

Pendant,  J.-J.  Rousseau,  n«  117  bis; 

Deux  candélabres  en  forme  de  vase,  sur  un  pied  d'estal,  marbre  noir, 
de  la  hauteur  de  4  pouces  1/2,  le  vase,  marbre  blanc,  de  7  pouces  1/3, 
surmonté  de  lys  convertis  en  bobèches,  le  tout  orné  en  cuivre  doré  â'ùt 
moulu,  n»  118  et  (118)  bis; 

Un  Atlas,  en  terre  cuite,  portant  le  globe,  la  figure  de  3  pieds  èe  hau- 
teur, n»  119. 

Et  attendu  qu'il  est  Theure  de  sept  et  demi  de  relevée  sonnée,  nous 
avons  renvoie  la  continuation  des  présentes  à  demain,  heure  de  huit  du 
matin,  à  laquelle  tous  les  dénommés  cy-dessus  sont  invités  de  se  trouver 
au  présent  domicile,  avons  mis  tous  les  objets  cy-dessus  décriLs,  détailléi^ 
et  inventoriés  sous  le  n'  1  jusques  et  compris  le  n""  119,  ainsi  que  \bs.  sii 
premiers  articles,  qui  ne  sont  pas  numérotés,  au  pouvoir  du  citoien  Lenoi, 
commissaire  nommé  par  Tadministration  pour  recevoir  ladlsiraclion  qa« 
nous  faisons  desdits  effets  à  Teffet  d*étre  emploies  à  composer  un  mu^é 
public,  lequel  a  reçu  lesdits  objets,  les  a  retirés  en  son  pouvoir  et  les  a 
fait  transporter  de  suite  en  la  maison  du  Collège,  dans  le  local  qui  lui  a 
été  pour  ce  désigné,  pourquoi  nous  demeurons  déchargés  desdils  objets, 
ledit  Lenot  s'en  trouvant  actuellement  seul  chargé,  sauf  à  lui  k  en  rendre 
compte  à  l'administration,  quand,  ainsi  et  de  la  manière  qu'elle  le  jugera 
convenable,  sauf  encore  par  ledit  citoîen  Lenot  à  en  faire  l'emploi  qui  ien 
jugé  convenable  par  l'administration.  Ce  fait,  avons  exactement  refermé 
toutes  les  portes  et  fenêtres  intérieures  et  extérieures  de  la  maison  Mor^au, 
surles  principales  portes  d'entrée  avons  apposé  les  scellés  de  radinititstration 
que  nous  avons  fait  couvrir  de  plaques  de  fer  par  le  citoîen  Fical,  nou^ 
étant  soussignés  avec  les  citoïens  Ficat,  Lenot,  et  les  officiers  uianiripaaï- 

Signé  :  Ficat,  Durand  père,  Dediivë  aine, 
Rkvii.lon,  Romieu. 

Approuvé  l'inventaire  cy-dessus,  du  quel  sera  extrait  avec  forme  le« 
objets  qui  seront  reconnus  ne  pas  être  de  mérite  à  être  contenus  dans  \t 
musé. 

Signé  :  Levot, 

Depuis,  et  ce  jourd'hui  vingt-neuf  pluviôse  seconde  année  républica*"* 
en  vertu  de  tout  ce  que  dessus,  et  toujours  attendu  la  proximité  d> 
vente  du  mobilier  Moreau,    laquelle  se  trouve  indiquée  par  la  derpr 


GABRIEL-PUANÇOIS    MOREÂU.  635 

afGche  au  premier  ventôse,  nous,  Romleu  et  Antoine  Dediane,  commissaires 
nommés  par  radministratlon  du  district  de  Màcon  à  l'effet  de  procéder 
dans  la  commune  de  Mâcon  à  la  confection  des  inventaires  chés  les  émi- 
grés, pères  et  mères  d'émigrés,  prêtres  déportés,  à  déporter  et  dans  le 
cas  de  la  déportation,  absens,  étrangers,  Lyonnois,  condamnés  et  actuel- 
lement séquestrés,  et  de  suite  aux  ventes  qui  devront  suivre  lesdits  inven- 
taires, accompagnés  des  citoïens  Ficat,  serrurier,  Pierre  Durand,  officier 
municipal,  et  Pierre  Revillon,  commissaire,  notable  de  la  commune  de 
Mâcon,  nous  sommes,  encore  du  citoyen  Lenot,  artiste,  transporté  au- 
devant  des  portes  du  domicile  qu'occupoit  le  cy-devant  évéque  de  Mâcon. 
Là,  après  avoir  reconnu  seins  et  entiers  les  scellés  par  nous  apposés  tant 
sur  la  porte  d'entrée  donnant  sur  la  cour,  sur  la  principale  d'entrée  des 
appartemens,  que  sur  celles  qui  communiquent  aux  appartemens  du  rés- 
de-chaussée,  iceux  levés,  pénétrés  aux  appartemens,  de  Tavis  du  citoïen 
Lenot  et  à  l'aide  des  ouvriers  par  lui  amenés,  &  l'aide  encore  du  citoyen 
Piguet,  du  citoïen  Laîné,  de  leurs  femmes,  avec  leurs  voitures,  nous  avons 
opéré  ainsi  que  suit. 

Continuant  les  description  et  distraction  des  objets  qui  peuvent  com- 
poser et  entrer  au  muséum  à  établir  en  cette  commune,  l'opération  des- 
dites description  et  distraction  commencée  par  notre  procès-verbal  du 
vingt-six  du  courant,  contenu  au  présent  cahier,  de  Tavis  dudit  citoïen 
Lenot  nous  avons  distrait  et  mis  en  son  pouvoir  : 

Un  tableau  gravure  représentant  une  sépulture,  de  22  pouces  de  haut 
8or  15  de  large,  par  Si  [non  Vouet  >,  n**  120; 

Tableau  peint  sur  bois,  sujet  de  religion,  3  pieds  6  pouces  de  haut, 
2  pieds  7  pouces  de  larçe,  n*>  121  ; 

Tableau  peint  au  pastel^  représentant  une  tête  de  Hollandois,  de 
20  pouces  de  haut  sur  12  de  large,  n*"  122; 

Pendant,  même  dimension,  n«  ['22  bis; 

Tableau  gravure,  au  bas  duquel  est  écrit  PAilipus  Ludovictts  cornes  a 
Suitendarf,  de  19  pouces  de  haut  sur  14  de  large,  n*>  123; 

Tableau  gravure  de  Verney*,  une  marine,  21  pouces  de  long  sur  18  de 
baut,  n»  124; 

Une  sainte  Geneviève  en  marbre,  sur  pied  d* estai  bois  noir,  9  pouces  de 
haut,  le  pied  d'estal  de  5  pouces,  n<>  125; 

Tableau  gravure  de  Verney,  La  Tempête  de  Baleichou ',  21  pouces  de 
long  sur  18  pouces  de  haut,  n*"  126  ; 


>  Simon  Vouet,  peintre,  de  Paris  (1590-1649). 

*  Claude-Joseph  Vernet,  peintre  et  graveur,  d'Avignon  (1714-1789). 

*  Jean«ioseph  Baléchou,  graveur,  d'Arles  (1715-1764). 


1 


636  GABRIEL-FRANÇOIS   UORËAU. 

Gravure  colorée,  une  fontaine  par  Rousseau  >,  13  poucfs  de  lar^e  sur 
10  pouces  de  haut,  n»  127; 

Buste  de  Févêque,  marbre  blanc,  9  p04tce£!  Je  haut,  sur  pied  d'ouebË 
de  diverses  couleurs,  7  pouces,  n**  128; 

Très  grand  vase  de  porcelaine  du  Japon,  avec  couvercle,  snns  couron- 
nement, 20  pouces  de  haut  sur  1  pied  de  diamètre,  ir  129; 

Deux  couvre-papiers,  en  cuivre  doré  d'or  moulu,  7  pouces,  représen- 
tant 2  levrettes,  n»  130  et  (130)  bis; 

Figure  d'yvoire,  sur  pied  d^ouche  en  bois^  une  femme  faisant  Taumâiie 
à  un  enfant,  5  pouces  de  haut,  n<*  131  ; 

Groupe  en  biscuit,  sur  pied  d*estai  orné,  représentant  Sutly  aux  pledâ 
d^Henry  IV,  9  pouces  de  haut,  n*»  132; 

Une  théière,  porcelaine  chinoise,  n»  133  ; 

Treize  cadres,  avec  leurs  vitres  de  différentes  grandeurs; 

Deux  sans  vitres  ; 

Un  très  grand  poêle  de  fonte  avec  ses  cornets,  en  forme  de  feuilles  de 
palmiers  ; 

Une  armoire  à  4  portes  grillées,  chacune  aïant  un  rideau  de  taffetas 
vert,  ledit  armoire  servant  de  bibliothèque^  plaqué  et  orné  d^une  petite 
tablette  de  marbre  blanc  ; 

Autre  meuble  absolument  pareil  ; 

Meuble  plaqué  à  5  tiroirs,  le  dessus  étant  de  marbre; 

Autre  meuble  parfaitement  pareil; 

Quatre  très  grands  porlefeuils,  tous  fermant  ù  clet,  mais  sans  cleft  en 
maroquin  rouge,  garni  en  argent,  3  en  basatme  noire  ; 

Un  étui  en  maroquin  contenant  une  carte  du  Mdconuoîs  %  7  pouces  de 
long,  6  pouces  1/2  de  large  ; 

Étui  en  veau,  contenant  4  cartes; 

Sept  étuis  en  carton,  papier  marbre,  garnis  de  différenLcs  caries  de  la 
France,  quelques-uns  incomplets; 

Atlas  in-f°  broché,  couvert  en  papier  bleu,  de  différentes  cartes  de  li 
Chine; 

Deux  grandes  encoignures  en  vieux  lac  avec  leurs  pierres  de  marbre  ; 

Un  baromètre  circulaire,  à  cadre  doré  ; 

Une  tabatière  à  boussole,  en  carton; 

1  Nous  connaissons  un  Jacques  Rousseau,  peintre  et  graveur,  de  Pafis  ^IG^t^ 
1693).  Mais  il  s'agit  vraisemblablement  ici  du  Rouaieaii,  de  \IdcoQ.  qui  a  gravé  ua 
tableau  de  Poussin.  Voir  ci-dessus^  p.  632. 

^   Vraisemblablement   la   Carte  du  pays  et  comté  du  Maçonnais,  dédr 
Mgr  Moreau,  par  le  s*"  Demiège,  sous-ingénieur  et  géo'jràpbe  de  la  provii 
levée  en  1775. 


i 


\ 


GÂBRIEL-FRAIVÇOIS   MOREAU.  OST 

Deux  boëtes  contenant  20  morceaux  d*histoire  naturelle,  tant  coquil- 
lages que  pétrifications  et  cristaux,  et  une  serre  de  hommar; 

Un' petit  dévuidoir  en  yvoire,  de  8  pouces  de  haut,  travaillé  à  jour, 
avec  sa  pièce  d'étaux; 

Une  caisse  garnie  de  petits  cailloux  de  marbre,  d*un  morceau  d^aven- 
turine  >,  au  nombre  de  43;  ^ 

Une  boête  contenant  72  pièces  en  cuivre  ; 

Un  écritoire  à  3  vases  en  cuivre  doré,  sonnette  et  couvercles,  aussi 
cuivre  doré,  support  en  bois  ; 

Un  petit  thermomètre  de  Raumur  *  ; 

Une  lanterne  à  4  pans,  baguette  et  montans  cuivre  doré; 

Deux  petits  ressoùvenirs,  cuivre  verni; 

Petit  tableau,  cadre  doré,  7  pouces  de  long,  G  pouces  de  haut,  sujet 
sous  ver,  4  pouces,  une  Vierge  ; 

Pendant,  même  dimension,  saint  Jérôme; 

Tableau  peint  à  Thuile,  cadre  doré,  11  pouces  de  haut,  8  pouces  1/2  de 
large,  sous  ver,  Vous  me  faites  rire  ; 
'   Pendant,  Je  m'en  moque; 

Second  pendant,  La  pauvreté  me  tourmente  ; 

Troisième  pendant.  L'amour  me  fait  de  la  peine. 

Tels  sont  tous  les  effets,  meubles  et  objets  aïant  fait  partie  du  mobilier 
du  cy-devant  évéque,  lesquels  nous  avons  distraits  dudit  mobilier  et  mis 
au  pouvoir  du  citoien  Lenot,  qui  s'en  est  chargé,  nous  en  décharge,  sauf 
à  lui  à  en  rendre  compte  à  Padministration  de  district,  quand,  ainsi  et  de 
la  manière  qui  sera  jugée  convenable,  avons  exactement  refermé  les  portes 
du  domicile  Moreau,  sur  icelles  avons  de  nouveau  réapposé  les  scellés  de 
Fadministration,  que  nous  avons  comme  précédemment  laissées  à  la  charge, 
garde  et  surveillance  du  citoïen  Tardy,  concierge  de  Fadministration,  qui 
8*en  est  chargé;  de  tout  quoi  verbal.  Et  nous  nous  sommes  soussignés  avec 
les  citoïens  Ficat,  Lenot  et  les  officiers  municipaux,  non  les  citoïens  Tardy, 
Piguet  et  Laine,  pour  ne  le  savoir,  ainsi  qu*il$  Tont  déclaré,  de  ce  enquis. 

Signé  :  Rbvillon,  Durand  père,  Ficat, 
Dediake  aine,  Rouiel. 

Approuvé  Tinventaire  cy-dessus,  duquel  sera  extrait  avec  forme  les 
objets  qui  seront  reconnus  ne  pas  être  de  mérite  à  être  contenus  dans  le 
musé  et  vérifié  par  des  commissaires  nommé  par  le  district. 

Signé  :  Levot. 

>  Pierre  artificielle  faite  de  verre  mêlé  de  limaille  de  cuivre  qui  imite  Tor. 
*  Réaumur. 


638  GABRIEL-FRANÇOIS   MOREAU. 

Depuis  etce  jourd'hui  décadi,  seconde  année  de  laRépuhlîqiie  fntnçoitf^ 
une,  indivisible  et  démocratique,  en  vertu  de  tout  ce  c|ue  dessus,  noua 
commissaires  susdits  et  soussignés,  accompagnés  du  citoïen  Ficat,  serru- 
rier, Lenot,  etduciloïen  Pierre  Durand,  officier  municipal,  nou^  sommos 
de  nouveau  rendus. au-devant  des  portes  du  domicile  qu'occi^poit  précc^ 
demment  le  citoïen  Moreau,  cy-devant  évéque.  Ld,  eu  présence  du 
citoïen  Tardy,  concierge  de  T administration,  gardien  par  nous  coiuinis 
aux  scellés  apposés  sur  les  portes  dudit  domicile,  iceux  ievè^^  pénétrée 
aux  appartemens,  nous  avons  avec  ledit  citoïen  LeTiot,  en  pré^i^ence 
desdits  officiers  municipaux,  fait  Ténumération  de  tou^  le^  livrer  com- 
posons la  bibliothèque  dudit  cy-devant  évéque;  il:;  se  sont  trouvés 
au  nombre  de  3,370  volumes,  y  compris  trois  trè^v  grandi!;  allas,  en 
maroquin  rouge,  lesdits  3,370  volumes  en  différens  format!:;  et  de  dîFfé-^ 
rentes  littératures;  nous  avons  à  Tinstant  à  Taide  de^^  citoit^n»  Plgaet, 
Laine,  de  leurs  femmes,  avec  leurs  voitures,  fait  conduire  lesdits  3^370  vo- 
lumes dans  le  magasin  du  Collège,  et  les  avons  laissée  au  pouvoir  du 
citoïen  Lenot,  qui  nous  en  décharge,  sauf  à  en  rendre  compte  à  qui  de 
droit,  avons  ensuite  exactement  fermé  les  portes  du  domicile  j^toreati, 
sur  icelles  avons  de  nouveau  apposé  les  scellés  de  radministratîon,  que 
nous  avons  comme  précédemment  laissés  à  la  charge^  garde  et  surveil- 
lance du  citoïen  Tardy,  qui  s'en  est  chargé;  de  tout  quoi  verbal,  et  nous 
sommes  soussignés  avec  les  ciloïens  Ficat,  Lenol,  et  les  officiers  mum- 
cipaux,  non  les  citoïens  Tardy,  Piguet  et  Laine  ,  pour  ne  le  scovoir, 
ainsi  qu'ils  lont  déclaré. 

Signé  :  Durand  père,  Ficat,  Bevillck, 

DED[A\EuinÉ,  RoiflEl. 

Approuvé  du  présent  corps  d'inventaire  la  scèanre  des  commi^sitiress 
aux  séquestres  en  datte  du  [vingt-]six  pluviôse  Tim  deux,  possédant  dan? 
les  entrepôts  du  Collège  les  objets  y  ennoncé^,  plu^^  celle  en  datie  du 
vingt-neuf  pluviôse  dudit  an,  ainsi  qu'il  est  signé  par  nous  eomuiifisaire 
chargé  par  le  district  pour  le  rassemblement  des  objets  concernant  leï^arb, 
les  sciences  et  l'instruction.  Quand  au  rassemblement  des  livres  dont  II  e^i 
fait  mention  h  la  dernière  scéance  du  présent  procès-verbal,  nous  recon- 
naissons avoir  possédés  dans  les  entrepôs  du  Collège  la  quantité  àesélH 
3,370  volumes,  à  Teffet  de  débarasser  la  maison  du  citoyen  \îorfaiJ, 
jusqu'à  ce  que  l'administration  du  district  ait  pi  éposé  on  bibliothêquajrf 
chargé  de  cette  partie  d'instruction,  lequel  bibliolbéquaire  a  depuis  fiit 
i'enlèvement  desdits  livres,  dont  le  citoyen  Lenot  n>n  a  voit  poiat 
charge  avec  désignation  particulière,  si  ce  n'est  en  nombre  total,  kq 
nombre  a  été  enlevé  par  le  citoyen  Galand,  bibjiothêquaire,  après  aii 


i 


U\£    ASSOMPTION    DE    FRANÇOIS    LEMOYNE.  639 

été  reconnu  et  timbré  par  les  citoyens  commissaires  préposés  par  le  com- 
mîté  de  surveillance,  ce  qai  sert  au  citoyen  Lenot  de  décharge.  A  Mâcon, 
ce  18  floréal  Fan  2  de  la  République  Françoise,  une  et  indivisible. 

Signé  :  Lenot. 

(Archives  de  S«^ne*et-Loire,  Q.) 


XXXVIII 

UNE  ASSOMPTION  DE  FRANÇOIS  LEMOYNE 
1718 


L^œnvre  d*un  peintre  étant  natarellement  dispersée,  il  arrive 
qu'un  certain  nombre  de  ses  tableaux  —  avec  les  années  —  finis- 
sent par  ètrc^ou  égarés  ou  ignorés,  inconnus  enfin*  Rendre  à  Tœuvre 
d'un  maître  —  petit  ou  grand  —  un  de  ces  égarés  ou  de  ces 
ignorés,  c'est  rendre  à  la  mémoire  de  Fartiste  et  à  notre  trésor 
artistique  un  service  signalé,  croyons-nous.  Mais  faut-il  encore 
qu*nn  busard  heureux  nous  en  fournisse  Toccasion.  C*est  à  lui  que 
j*ai  dû  de  restituer  il  y  a  trois  ans,  à  Tœuvre  de  Sigalon  un 
superbe  Christ  en  croix.  Cest  encore  à  lui  que  je  dois,  aujour- 
d'hui, de  rendre  à  Tceuvre  de  François  Lemoyne  une  Assomption 
charmante,  bien  signée,  bien  datée,  et  doAt  on  ne  rencontre 
mention  aucune  dans  la  liste  —  fort  incomplète  du  reste  —  dont 
le  comte  de  Caylus  a  fait  suivre  Téloge  qu'il  lut  de  Lemoyne  à 
TAcadémie,  le  6  juillet  1748.  Ce  tableau  a  une  histoire  curieuse 
comme  une  anecdote  du  dix-huitième  siècle,  et  il  a  fallu,  pour  la 
connaître  et  la  reconstituer,  quelques  lambeaax  d'un  Répertoire 
d'abbaye  heureusement  enfoui  dans  les  Minutes  d'un  notaire  de 
campagne.  Sur  ce  Répertoire,  on  avait  consigné,  péle-méle,  des 
"hiffres  de  redevances  et  quelques  notes  de  mémento;  nous  en 
^parlerons. 
A  propos  de  François  Lemoyne,  je  lis  dans  un  auteur  autorisé  : 


640  UNE   ASSOMPTION    DE    FRANÇOIS   LEMOYNE. 

p  tt  Ses  tableaux  de  chevalet  sont  assez  rares  .t  puis,  dans  un  autear 

'  plus  autorisé  encore,   Paul  Mantz  :    u  II  peignit  beaucoup  de 

tableaux  de  chevalet;  beaucoup  sont  perdus,  et  il  ne  nous  paraît 
pas  impossible  de  les  retrouver.  »  Paul  Mantz  avait  raison,  puisque 
je  viens  d'en  retrouver  un,  et  si  on  les  a  crus  rares,  c'est  qu'ils  sont 
encore,  pour  la  plupart,  ignorés.  François  Le  Moyne,  en  tieui 
mots  et  avec  un  y,  ou  Lemoyne  en  un  seul  mot  ou  Lemoine  ett 
deux  mots  ou  en  un  seul  mot  sans  y  —  car  on  retrouve  toutes  cej 
signatures  dans  son  œuvre  ou  dans  ses  biographies,  Fratuoia 
Lemoyne  naquit  à  Paris»  en  1688.  Son  père,  Michel  Lemopie, 
était  postillon  de  la  maison  du  roi.  Il  mourut;  son  Ëls  o^avait  que 
cinq  ans.  Sa  mère,  Françoise  Dauvin  —  dont  nous  retrou veroiu 
bientôt  le  minois  agréa,ble  avec  son  nez  en  Tair,  sa  bouche  volup- 
tueuse et  ses  yeux  bien  ouverts  —  se  consola  vite  dans  les  hrai 
de  Le  Vrac  de  Tournière,  l'habile  portraitiste  connu  sous  le  nom 
de  Robert  Tournière. 

Après  ravoir  ainsi  consolée  les  premiers  mois  de  1B93,  Tour- 
nière Tépousaità  la  6n  de  Tannée.  L'union  dura,  caliin-caha,  neuf 
ans,  au  bout  desquels,  le  18  mai  1702,  le  Cliâtelet  de  Paris 
prononça  une  sentence  de  séparation  a  de  biens  et  d' habita tioa* 
entre  Robert  Le  Vrac  et  Françoise  Dauvin. 

Nous  allons  maintenant,  messieurs,  et  tl  le  faut,  procéder 
rapidement  par  dates  avec  Fi*ançois  Lemoyne. 

En  1701 9  il  entre  dans  Tatelier  de  Louis  Galloche  qui  eut  san 
fauteuil  à  l'Académie  et  son  jour  de  renom.  Lemoyne  avait  treiie 
ans,  et,  conduit  par  Galloche  à  la  campagne,  il  a  appris  de  lui 
qu'il  y  a  une  nature  que  Ton  peut  étudier  et  dont  on  peut  s'in- 
spirer. Galloche  se  trouvait  être  un  «  révolu liounaire  b   soumoij* 

En  1707,  à  dix-neuf  ans,  Lemoyne  remporte  un  prix  de  dessin 
à  l'Académie  royale,  et,  en  1711,  à  vingt-trois  ans,  le  grand  prix 
de  peinture  avec  le  sujet  donné  :  Ruth  et  Booz.  En  1710  seule* 
ment,  il  fut  agréé  à  l'Académie,  et,  en  1718,  le  30  juitlel«  reça 
comme  membre  avec  Hercule  assommant  Cacus  pour  morceiit 
de  réception.  11  avait  trente  ans. 

François  Lemoyne,  jusqu'ici,  peint  dans  les  teintes  rous&ies,^ 
brûlées  la  couleur  à  la  mode  dans  la  peinture  d'alors.  Dans  I 
talion  des  lignes,  maintenues  académiques  autant  que  posi 
on  peut  pressentir  la  légèreté  et  le  caprice  do  TEcole  qui  va  sa 


UNE    ASSOMPTION    DE    FRANÇOIS   LEMOYNE.  641  \ 

Dans  Tallure  mouvementée  et  le  style  des  Anges  voltigeants  de 
ses  peintures  religieuses,  on  devine  les  petits  Amours  de  Boucher; 
ils  sentent  déjà  le  fagot  des  autels  de  Cythëre. 

J'ai  dit  :  a  peintures  religieuses  » ,  car,  à  la  première  source, 
la  source  académique  de  ses  inspirations,  la  mythologie,  François 
Lemoyne  résolut  d'en  ajouter  une  seconde  :  la  peinture  religieuse. 
Comme  la  plupart  de  ses  contemporains,  il  s'imagina  qu'il  y 
réussirait  tout  aussi  bien.  C'est  pourquoi,  avec  une  interprétation 
inexacte  des  sujets  sacrés,  avec  du  brio,  de  l'invention  pittoresque, 
du  fracas  dans  les  draperies^  du  déginganderaent  dans  les  person- 
nages, comme  les  autres  toujours,  Lemoyne  arriva  à  faire  des 
machines  dont  le  sentiment  religieux  est  absent.  Eh  bien,  c'est  ce 
qu'aimaient  pourtant  et  demandaient  surtout  les  gens  d'église. 

François  Lemoyne  avait  déjà  exécuté  de  la  sorte  un  Saint  Jean^ 
Baptiste  dans  le  désert  pour  Téglise  Saint-Eustache  à  Paris,  une 
Tentation  qui  se  trouve  aujourd'hui  dans  une  église  près  d'Amiens 
et  une  autre  datée  de  1715,  puis  \e%  Noces  de  Cana  et  h  Pro- 
messe  de  V Eucharistie  (1717)  et  le  Baptême  de  Motre-Seigneur 
dans  le  Jourdain  (1717),  tous  trois  actuellement  dans  la  cathé- 
drale de  Sens.  11  avait  peint  ces  tableaux  religieux  tout  au  moins 
et  bien  d'autres  probablement,  quand  arriva  Tannée  I7I8,  celle 
où  il  fut  reçu  académicien. 

Les  artistes  avaient  alors  des  protecteurs  aussi  riches  que  nobles. 
Celui  de  François  Lemoyne  était  le  duc  d'Antin,  fils  légitime  du 
marquis  et  de  la  marquise  de  Montespan,  l'homme  par  excellence 
doux,  liant,  plein  de  ressources  et  d'esprit,  de  finesse  el  de  sou- 
plesse, le  type  du  parfait  courtisan,  et  dont  il  faut,  dans  les 
Mémoires  de  Saint-Simon,  lire  à  l'adresse  de  Louis  XIV  les 
courtisaneries  dignes  des  Mille  et  une  Nuits. 

Le  duc  d'Antin,  très  fort  auprès  du  trône  et  de  sa  situation  fausse 

et  de  celle  si  délicate  de  sa  mère,  avait  été  successivement  colonel 

du  régiment  de  l'Ile-de-France,  lieutenant  général,  gouverneur 

d^Alsace,  et  était,  en  1718,  directeur  général  des  Bâtiments,  donc 

le  dispensateur  des  faveurs  voyales  et  des  commandes  ofljcielles. 

Les   Montespan  et  les  La  Roche-Aymon,  les  uns  et  les  autres  de 

province  d'Aquitaine,  étaient  depuis  des  siècles  liés  d'amitié. 

S8Î,  lorsque  Claude  de  la  Roche-Aymon,  grand  vicaire  de  Mende 

s      is    Mgr  de  Baudry  de  Prencors,  son  oncle,  fils  d'Antoine  de 

41 


ïï/ 


642 


UNE    ASSOMPTION    DE    FRANÇOIS    LEMOYXE^ 


&' 


lu  Roche-Aymon  et  de  Marie  de  Lusignan,  fat  sacré  évéque  du 
Puy,  le  22  juin  1704,  dans  la  chapelle  du  Séminaire  de  Saint- 
Sulpice,  par  Mgr  de  Berchères,  archevêque  de  Xarbonne,  le  duc 
d'Antin  était-il  présent.  L'évéque  du  Puy  alla  prendre  aussitôt 
possession  de  son  siège»  où,  simple,  modeste  et  de  conscience  fort 
scrupuleuse,  il  devint  un  grand  sujet  d'édification  pour  le  popu- 
laire de  son  diocèse. 

Nous  n*en  avons  pas  encore  fini,  messieurs;  tout  cela  est  Tort 
long,  mais  tout  cela  est  utile,  comme  on  le  verra  bientôt. 

Or,  à  quelques  lieues  du  Puy  s'étendait  le  mandement  de  Saint- 
Julien  Cbapteuil  avec  le  château  de  Chapteuil,  berceau  de  Pons  de 
Capdeuil,  le  troubadour  d*Azelaîde  de  Mercœur  et  de  la  première 
croisade. 

Les  évéques  du  Puy,  en  qualité  de  comtes  du  \  elay  et  en  vertu 
d'une  sorte  de  promesse  testamentaire  de  1240,  étaient  posses- 
seurs du  château,  recevaient  les  hommages  des  fiefs  et  t^rre^  de  h 
baronnie  et  y  exerçaient  les  droits  de  justice.  Mars  à  Saint-Julîeu 
Chapteuil  se  trouvait  aussi  un  important  prieuré  de  Bénédictins 
qui  relevait  directement  de  la  puissante  et  riche  abbaye  de  la 
Chaise-Dieu  fondée,  en  Tan  1000,  par  saint  Robert,  et  le  prieure! 
Tévéque  avaient  souvent  maille  à  partir  sur  les  limites  de  leurs 
droits  respectifs. 

En  1717,  le  prieuré  avait  pour  titulaire  dom  Placide  Ardant, 
prêtre  religieux  de  Tabbaye  bénédictine  de  Saint-Jouin  de  Marner 
en  Poitou.  Ardant  de  nom  et  de  fait,  c'était  un  assez  mauiaiâ 
coucheur,  à  ce  qu'il  parait,  et  il  plaidait,  précisément  alors,  devant 
le  Parlement  de  Toulouse,  contre  les  habitants  de  Sain^tilien 
Chapteuil,  prétendant  lever  la  dîme  à  la  gerb(\  tandis  que  lâs 
hommes  du  mandement  excipaient  d'un  droit  de  eottsation  S^e. 
A  tout  ceci,  Mgr  l'évéque  du  Puy  si  simple  et  si  doux,  un  peu 
pusillanime  aussi,  je  croi?,  se  trouvait-il  mélé^  et  dom  Placitie 
Ardant  lui  faisait-il  grand'peur?  Le  fait  est  qu'il  s'imagina  *ic 
donner  en  présent,  au  prieuré  de  Saint-Julien  Chapteuil,  un  beâir 
tableau,  et  il  en  écrivit,  à  Paris,  au  duc  d'Antin,  lui  demandant 
qu'il  lui  fit  exécuter  une  Assomption  \ 

François  Lemoyne  était  le  protégé  du  duc  d'Antin,  on  Ta  çu,  < 


»  Voir,  ci-contre,  planche  XLIIl. 


riAk.<M  \L\ 


r^n   rbwr^ùtê  ttiUùKsn   —    J7IM 


UNE    ASSOMPTION    DE    FRANÇOIS   LEMOYNE.  643 

cefiit  lui  que  le  duc  chargea  de  cette  commande.  Le  peintre  se  mit  à 

l'œuvre  et,  Tceuvre  terminée,  la  signa  avec  faraïeF.Lemoine  1718. 

Cette  Assomption  a  deux  mètres  de  haut  sur  1  mètre  30  de 


La  Vierge  s'élève  bien  vers  le  Ciel,  dans  un  mouvement  d*as« 
ceusion  un  peu  tourmenté.  Le  visage  en  haut  et  les  mains  jointes, 
elle  ressent  une  joie  plus  mondaine  peut-être  que  céleste,  mais 
qui  suffit,  dans  tous  les  cas,  à  donner  à  son  visage  la  grâce 
habituelle  aux  femmes  de  Lemoyne  :  le  maniérisme  italien  légère- 
ment francisé.  Elle  est  posée  avec  quelque  recherche,  et  ses  dra- 
peries sont  précieusement  arrangées.  En  ce  genre,  le  voile  de  la 
tète  nous  semble  une  trouvaille;  mais  a  ce  minois  agréable  avec 
son  nez  en  Tair,  sa  bouche  voluptueuse  et  ses  yeux  bien  ouverts  » , 
nous  est  connu,  et  c^est,  en  effet,  celui  de  la  mère  du  peintre  : 
Françoise  Dauvin,  que  Lemoyiie,  très  bon  fils,  avait  recueillie 
chez  lui  sitôt  qu'il  gagna  un  peu  d'argent.  11  prit  comme  modèle 
la  tète  de  sa  mère,  selon  sa  tendance  à  s^inspirer  de  la  nature, 
quoique  à  sa  façon,  et  ainsi  que  le  révèle  un  lambeau  du  Réper* 
toire  de  dom  Placide  Ardant,  sans  doute. 

Voilà  pourquoi  cette  madone  ressemble  à  une  appétissante 
bourgeoise  de  la  rue  des  Bons-Enfants  où  habitait  le  peintre. 

La  Vierge  est  d*une  tonalité  fraîche  et  rose,  modelée  dans  le 
clair:  la  tète  un  peu  ouatée,  un  peu  molle,  se  détache  sur  le  ciel 
d'un  gris  délicat,  rompu  par  des  touches  de  nuages  vaporeux, 
lumineux  et  un  tantinet  roussis.  lia  robe  est  d'un  rose  tout  à  la 
fois  légèrement  brossé  et  largement  peint.  Le  manteau  est  d'un 
bleu  très  harmonieux  et  très  doux. 

Au  front  et  aux  pieds  de  la  Vierge,  deux  groupes  de  trois 
angelots  chacun;  les  uns,  à  la  tête  ailée,  rient  à  la  Madone;  les 
autres,  au  corps  nu,  se  meuvent,  les  derniers  surtout,  dans  une 
variété  de  postures  charmantes;  certain  est  couché,  à  plat  dos,  sur 
des  roses  et  des  nuées,  dont  la  teinte  gris  sombre  repousse  à  mer- 
veille le  modelé  habile  de  ces  délicates  carnations  enfantines.  Une 
guirlande  de  roses  retombe  de  cette  couche  fleurie  et  aérienne. 
Mettez  entre  les  mains  de  ces  angelots  des  arcs  ou  des  colombes,  et 
vous  aurez  les  Amours  potelés  et  roses  de  Boucher,  dont  Lemoyne 
fut  le  maître. 

Au  bas  du  tableau  est  indiqué,  tout  à  fait  comme  accessoire, 


1 


644  UXË    ASSOMPTION    DE    FRA\COI&   LEUDYNE. 

le  tombeau  ouvert  de  la  Vierge  dans  lequel  ne  restent  plus  qu*im 
bout  de  linceul  et  des  touffes  de  roses,  selon  la  traditioD.  Toutes 
les  roses  de  cette  Assomption  sont  d'une  admirable  fraîcheur  de 
tonalité.  Cest  sous  le  tombeau  que  se  trouvent  la  signature  et  la 
date. 

La  note  agréable,  que  Lemoyne  a  toujours  cherchée,  se  trouve 
dans  ce  tableau.  Tout  cela  n'est  peut-être  pas  irréprochable  de 
dessin,  mais  c*est  plein  de  charme  et  de  saveur,  d'harmonie 
discrète  et  transparente,  le  coloris  étant  formé  de  tons  adoucis  et 
fondus.  Lemoyne  avait,  en  réalité,  beaucoup  de  talent  et  pas  mal 
de  défauts,  mais  ceux-ci  appartiennent  au  siècle  ou  il  a  vécu. 

Et,  ici,  je  dots  vous  communiquer  une  remarque  assez  curieuse 
que  j*ai  pu  et  dû  faire;  c'est  que  Franroîs  Lemoyne,  qui  s'était 
mis  à  peindre  à  la  fois  le  mythologique  fi  le  relîgteuï»  avait 
consciemment  ou  inconsciemment  deux  palettes  dilTéreutes  au 
service  de  POlympe  et  du  Paradis.  Les  fameux  tons  roussis  <'t 
amortis  appartenaient  au  premier,  et  les  tons  roseâ  éclatants,  qu'il 
introduisit  du  reste  dans  l'école  française,  étaient  réservés  aux 
sujets  religieux.  Lemoyne  est  bien  le  père  de  ce  fameux  rayon 
rose  qui,  depuis,  fit  tant  de  ravages. 

Dams  V Assomption,  qu'il  peignit  en  \~^\  à  Saiot-Sulpice  à  la 
coupole  de  la  chapelle  de  la  Vierge,  et  dont  Tesquisse  eiîste 
encore,  les  deux  palettes  sont  en  présence,  et,  tandis  que  la 
Vierge  monte  vers  le  Ciel  dans  les  mêmes  draperies  roses  et 
bleues  de  celle  de  1718,  la  foule  autour,  qui  la  contemple  de  la 
terre,  reste  dans  les  tons  de  sa  palette  mythologique p 

Nous  allons  maintenant  et  rapidement  rappeler  encore  quelques 
dates  :  1723,  le  voyage  de  François  Lemoyne  en  Italie  avec  un 
ami  du  dlic  d'Antin,  le  sieur  Berger,  Receveur  général  des 
finances  du  Dauphiné  et  grand  connaisseur  en  Beaux-Arts;  1730, 
où.  il  se  marie  et  épouse  la  sœur  d'un  de  ses  collègues  à  l'Aca- 
démie; 1732,  où  il  commence  son  immense  plafond  de  V Apothéose 
d'Hercule  à  Versailles,  avec  ses  cent  quarante-deux  personnages 
plus  grands  que  nature,  et  1733,  où  TAcadémie  le  nomme  pro- 
fesseur et  où  il  perd  sa  femme.  En  1736,  le  plafond  de  lerMJIïes 
terminé,  il  est  nommé  premier  peintre  du  roi  Louis  XV  et  "" 
une  pension  de  trois  mille  cinq  cents  livres, 

François  Lemoyne  était  ambitieux,  inquiet,  jaloux,  eaustiq 


UNE    ASS0MPT10\    DE   PR.4\Ç01S    LEyOY^E•  64& 

rencontre  de  ses  confrères  et  même  ses  amis.  En  1736,  tous  ces 
défauts  s'exagèrent;  il  a  perdu  sa  femme  trois  ans  auparavant;  le 
2  novembre,  est  mort  le  duc  d'Antin  son  protecteur*  et  ces  deux 
malheurs  Tout  profondément  affecté.  Comme  premier  peintre  du 
roi,  il  ne  croit  pas  jouir  de  toutes  les  faveurs  dont  Ch.  Le  Brun 
avait  joui  sous  Louis  XIV,  et  il  crie  à  Tinjustice.  De  plus,  sept 
.années  passées  dans  des  postures  renversées,  à  peindre  la  coupole 
de  Saint-Sulpice,  le  plafond  de  Versailles,  ont  eu  sur  sa  santé  des 
influences  fâcheuses.  Il  tombe  dans  une  mélancolie  noire,  d*où  il 
ne  sort  que  par  des  égarements,  et  c*est  alors  qu*il  s*imagine  avoir 
offensé,  de  ses  plaintes,  le  ministre  cardinal  Fleury  et  être  pour- 
suivi de  ce  chef  par  les  archers  chargés  de  le  conduire  à  la 
Bastille. 

Cest  alors  aussi  qu'il  fait  écrire  par  son  élève  Nonotte  au 
prieuré  de  Saint-Julien  Chapteuil  ;  je  déchiffre  en  effet  sur  un  bout 
de  feuillet  du  Répertoire  :  «  Monsieur  \onotte  nous  mande  de  la 
part  de  Monsieur  Lemoine,  pour  que  soit  lacérée  ou  brûlée  la 
Vierge  Marie  dont  Monsieur  l'évèque  de  la  Roche-Aymon  a  fait  don 
au  prieuré  en  1718.  » 

«  M.  Lemoyne,  dément,  prétend  qu'il  fut  sacrilège  de  portraire  sa 
mère,  et  que,  pour  ce,  sa  mère  souffre  dans  les  flammes  du  Purga- 
toire. Xous  prions  pour  lui.  î»  Dès  cette  époque,  Lemoyne  ne 
composait  que  des  scènes  tragiques  et  ne  se  faisait  lire  que  des 
suicides  historiques;  chaque  fois  :  a  Voilà  une  belle  niortl  t> 
s'eiclamait-il.  Lemoyne  habitait  la  rue  des  Bons-Enfants,  du  nom 
des  escholiers  qui  s*y  trouvaient.  Au  deuxième  était  son  atelier,  où 
chaque  matin,  à  neuf  heures,  il  montait  visiter  ses  élèves  et  ses 
aides,  pour  lesquels  il  était  très  doux  et  serviable. 

Un  jour,  il  achevait  en  grisaille  un  dessin  pour  la  thèse  de 
M.  Tabbé  de  Ventadour,  dont  un  des  grands  oncles  avait  été  évèque 
du  Puy,  quand  M.  Berger,  son  ami,  vint  frapper  à  sa  porte  à 
l'étage  au-dessous  de  son  atelier,  pour  le  conduire  à  la  campagne; 
il  frappe,  refrappe,  rien.  Il  entend  enfin  qu*on  se  traîne  derrière 
la  porte;  on  en  tire  le  verrou  :  Tarti.ste  apparaît  alors,  inondé  de 
•*-ng,  et  tombe  dans  les  bras  de  son  visiteur.  Il  avait  cru  à  Tarrivée 

s  archers  et  s'était  percé  de  neuf  coups  d'épée,  sans  pousser  un 

;  il  avait  quarante-neuf  ans. 

Lemoyne  fut  le  plus  élevé,  le  plus  noble  des  peintres  de  Louis  XV 


646  U\E    ASSOMPTIONI    DE    FRANÇOIS    LËMOVVK. 

qui  se  risquèrent  à  regarder  un  peu  du  côté  de  la  nature  et  à  faire 
du  style  avec.  Il  eut  une  École,  et  parmi  ses  él^veâ  furent  liourher, 
ICatoîre  et  Nonotte,  peihtre  de  portraits,  qui  Taida  à  Saint-Sulpice, 
à  Versailles,  et  écrivit  de  lui  une  vie  encore  maniiscrite. 

Je  n*ai  plus  retrouvé  mention  de  sa  mère.  Elle  était  morte  avant 
lui.  Le  bon  et  pieux  évéque  de  la  Roche-Aymoti,  en  juillet  1721), 
avait  été  enterré  eiceptionnellement  dans  le  cloître  de  Xotre<> 
Dame  du  Puy,  à  cause  de  ses  vertus. 

Levrac  Tournières,  lui,  ne  mourut  qu'en  1752  à  Caeti,  et  à 
Tàffe  de  quatre-vingt-quatre  ans,  peintre  ordinaire  du  Roy. 

Les  mentions  des  lambeaux  du  Répertoire  gont  de  la  mètne 
écriture  ferme  et  à  crochets  de  dom  Placide  Ardant,  j'en  jurerais. 
Aucun  autre  document  pour  nous  guider,  les  incendies  au  Puy  ei 
à  Saint-Julien  Chapteuil  ayant  détruit  les  archives  de  Tévéché  et 
du  prieuré. 

Avant  la  Révolution,  les  moines,  en  très  petit  nombre  d^jà, 
avaient  quitté  le  prieuré  de  Saint-Julien  ChapteniL  La  commatie 
acheta  Téglise  romano-byzantine  et  son  mobilier.  La  Révolutic» 
vint.  V Assomption  de  Lemoyne  fut  sans  doute  cachée  chez  quel- 
qne  bonne  àme  de  la  paroisse,  car  le  cadre,  qui  ileiait  <^tre  encom- 
brant, manque;  etce  tableau  est  revenu  — personne  ne ae  rappelle 
quand  et  comment  —  reprendre  sa  place  dans  la  vieille  êglt&e 
modernisée  où,  d'instinct  et  à  distance,  les  touristes  Tont  toujours 
beaucoup  admiré.  Si,  pour  conBrmer cette  admiration^  il  suffît  d'un 
nom,  le  voici,  et  si,  conime  le  disait  le  Poussin,  ^  la  fin  de  la 
peinture  est  la  délectation  n,  je  vous  assure,  messieurs,  qu'il  y  a 
plaisir  délectable  à  contempler  Ti^^^o/z/p/ton  de  François  lemoyne. 

Léon  Gmox, 

Membre  non  réiidanl  du  Comité  é^ 
Sociétés  de»  Heaui-Arb  àm  dépirte* 
ments,  au  Puy. 


V^   PORTRAIT   DE    L0UI8    XIH    Al'BG    ALLÉGORIES.         641 


XXXIX 

UN  PORTRAIT  DE  LOUIS  XIII 

AVEC   ALLÉGORIES 

DESSUS  DE  GHEMlNéE    PROVENANT   DE   L^HOTEL  DE   VILLE 
DE   REIMS   ET   PLACÉ    AU   MUSÉE   EN    1897 

Une  cootome  usitée  de  temps  immémorial  en  France  a  été  de 
placer  le  portrait  du  roi,  comme  chef  souverain  de'  TÉtat,  dans 
Tendroît  le  -plus  apparent  de  Tbôtel  commun  ou  de  Téchevinage 
de  DOS  v'ieilles  cités.  Les  monarques  du  dix-neuvième  siècle,  comme 
nos  présidents  actuels  de  la  République,  ont  en  le  même  honneur, 
mais  leurs  effigies,  tableaux  ou  bustes,  se  trouvent  maintenant  re- 
légués dans  les  combles,  où  ils  furent  successivement  montés  après 
les  anciens  rois,  à  chaque  changement  de  régime.  Une  visite  à  ces 
majestés  du  passé,  déchues  ou  exilées,  à  ces  hautes  célébrités 
nationales  abritées  sous  les  toits,  ne  manque  pas  de  curiosité,  et 
parfois  provoque  la  découverte  d'une  œuvre  d'art,  d'un  panneau 
vraiment  historique  et  digne  d*étre  nettoyé  et  remis  en  lumière. 

Tel  est  le  cas,  en  ce  qui  concerne  THôtel  de  ville  et  le  Musée  de 
Reims,  d*un  portrait  du  roi  Louis  XIII,  peint  vers  1636  sur  un 
large  panneau  décoratif,  historié  d'emblèmes,  d'allégories  et  de 
scènes  multiples  retraçant  les  principaux  événements  de  son  règne. 
Ce  panneau,  plus  intéressant  par  ses  inscriptions  et  ses  trophées 
que  par  sa  valeur  intrinsèque  et  artistique,  était  vraisemblablement 
destiné  à  Torigine  à  orner  le  manteau  de  la  cheminée  de  la  salle  du 
conseil  ou  de  la  salle  des  fôtes  du  palais  municipal.  Il  y  figura 
sans  doute  longtemps,  mais  il  dut  céder  la  place  à  des  décorations 
nouvelles,  probablement  même  avant  la  Révolution,  car  il  fut  re- 
•^'onté  de  longue  date  au  sommet  d'un  pavillon,  dans  l'escalier 

scur  d*un  grenier,  près  du  local  affecté  de  nos  jours  aux  archives. 

I  l'y  oublia  dans  les  temps  révolutionnaires,  alors  que  Ton  brisait 

figure  équestre  du  même  roi  Louis  le  Juste,  qui  se  détachait  du 


1 


648         U\    PORTRAIT    DE   LOUIS    Xill    AVEC    ALLEGORIES. 


frontispice  extérieur  de  la  façade  ^  Le  tablcj^u  resta  sauf,  mais  ri^n 
ne  permet  de  fixer  son  emplacement  primitif,  toutes  les  aticîennei 
cheminées  de  THôtei  de  ville  ayant  disparu  à  tous  les  étages. 

La  construction  et  la  décoration  de  THôtel  de  viH^  de  Reims,  de 
1627  à  1636,  furent  un  fait  important  dans  riiistoire  de  la  cité,  en 
même  temps  qu'une  phase  glorieuse  pour  lea  architectes  et  les 
artistes  locaux.  Nous  n'avons  pas  à  retracer  icf  celte  période  Je 
laborieux  efforts,  qui  aboutit  à  Texécution  des  plans  pour  la  moitié 
de  la  façade  principale  et  pour  la  partie  centrale  avec  le  dùme. 
formant  l'entrée  et  le  vestibule  d'honneur.  Ces  détails  ont  été  déjà 
relevés  avec  le  nom  du  maître  maçon,  Jean  Honhomme,  qui  drrigea 
l'entreprise  et  fut  le  véritable  architecte  du  monument  achairé  seu- 
lement de  nos  jours  à  deux  reprises,  en  1825  et  en  1875  '- 

Il  ne  subsiste  plus  à  l'intérieur  de  rédifiee  aucune  des  décora- 
tions primitives,  et  la  seule  portion  ancienne  dans  les  apparte' 
ments  modernisés  est  une  riche  boiserie  du  ilix-huitiënie  siècle. 
Au  cours  des  travaux  récents  d^embellissement,  on  retrouva  les 
traces  des  peintures  murales  dans  le  plus  pur  al^U  Louis  XIH  qal 
embellissaient  les  murailles,  imitant  les  tentures  et  les  tapjsseriei 
que  les  magistrats  municipaux  ne  pouvaient  sans  doute  pas  acquérir. 
Tous  ces  motifs  si  remarquables  dans  le  goût  du  tem[is  ont  été  re- 
produits, avec  de  superbes  planches  d'ar*:liitecture  gravées  par 
R.  Pfnor  d'après  les  dessins  d^Eugène  Leblan,  dans  un  ournge 
monumental  encore  peu  connu  et  malheureusement  inachevée 

Ne  pouvant  remplacer  notre  vieux  panneau  dans  son  cadre  et  à 
son  lieu  primitif,  les  anciennes  cheminées  n*ayaiit  laissé  aucun 
vestige,  force  nous  est  de  le  décrire  comme  uu  tableau  de  miiiée* 
Il  y  perdra  beaucoup  de  sa  valeur  décorative,  cm  il  était  brossé 
pour  être  vu  en  hauteur,  entre  des  ornements  sculptés  en  sailliâ 
dont  il  formait  le  complément.  Nous  ne  pouvons,  à  cet  égard»  qufl 

'  H.  Jadart,  Les  statues  de  Reims  en  1888.  Reims.  t8HK,  p.  16  k  i%,  tm 
Notice  sur  la  statue  de  Louis  XUI,  sculptée  par  X.  Jacques  en  1636- 

*  Jean  Bonhomme,  architecte  de  THôtet  de  vilie  de  Reimi,  t62T-16.T«.  \'dûre 
avec  les  documents  originaux,  commuoiqués  4  rAcariomie  de  ïïeim»  et  pirbl<^ 
dans  le  t.  XGV  des  Travaux  de  cette  Société  en  1895. 

^  Eugène  Leblan,  Les  monuments  historiques  de  la  mile  de  Reims,  au  pùi 
vue  de  tart  et  de  la  construction.  10  Tascicules  in-foL  ai  ce  teilc  deic^ 
planches  gravées  et  bois  dans  le  texte.  —  Paris,  Imprimenci  réuftiei,  Uoï 
1881-1882.  Les  deux  premiers  fascicules  sont  reUttra  à  THâtel  de  trille. 


J]\    PORTRAIT   DE    LOUIS   Xlil    AVEC    ALLEGORIES.         (i49 

le  rapprocher  de  Tautrc  figure  de  Louis  XIH,  dont  nous  parlions 
plus  haut»  celle  qu'ayait  taillée  Nicolas  Jacques  au-dessus  de  Tentrée 
principale  et  de  la  fastueuse  dédicace  composée  par  Xicolas  Ber- 
gier,  Tantiquaire  rémois  bien  connu,  et  reproduite  de  nos  jours  : 

LVDOVICO  .  IVSTO 

Pio  •  V icTORi .  Clembsti 
Qvi  •  Gallorvm  •  Amor  •  Hostivu  •  Terror 

OrRIS  •  DELICIiS 
/EtERN  •  TROPHiEVM     S  •  P  •  Q     R  •  PP  • 

M .  DC  XXXI I. 

Cette  figure  a  été  brisée  en  1792,  et  remplacée  en  1818  par  une 
autre  de  formes  plus  athlétiques,  due  au  ciseau  d'Aimé  Milhomme. 
—  La  figure  de  Jacques,  chose  curieuse,  était  nn  portrait  que  le 
sculpteur  avait  diî  prendre  ad  vivum  dans  un  voyage  spécial  à 
Paris*.  Le  peintre,  dont  nous  ignorons  le  nom,  qui  fut  chargé  pro- 
bablement à  la  môme  époque  de  reproduire  à  Ilntérieur  les  traits 
du  souverain,  dut-il  aussi  s'inspirer  d'un  modèle  vivant  ?  Il  est 
certain  qu*il  y  eut  quelque  analogie  dans  les  deux  travaux,  et  qu'il 
serait  intéressant  de  les  comparer  si  Tœuvre  sculptée  existait  encore. 

A  défaut  de  ce  monument,  nous  devons  conclure  simplement 
q,ue  le  roi  était  représenté  au  dehors  du  palais  comme  le  monarque 
victorieux  des  ennemis  de  la  France,  figurés  par  deux  captifs  en- 
chaînés', et  qu'il  apparaissait  au  dedans  comme  le  prince  pacifica* 
teur  des  troubles  civils  et  religieux,  le  vainqueur  de  la  Rochelle 
et  du  parti  protestant.  L'imagination  de  Tartiste,  aidé  peut-être 
du  talent  d*épigraphiste  de  Bergier  ou  de  Baussonnet,  se  complut  à 
l'entourer  de  scènes  réelles  ou  fictives  et  d'allusions  transparentes, 
relevées  de  citations  et  de  textes  traduisant  l'opinion  du  temps  sur 


'  Sur  les  conseils  de  M.  de  Sourdis,  X.  Jacquet  est  envoyé  à  Paris  pour  pren- 
dre modèle  de  cette  effigie.  Conclusions  du  conseil  de  ville  de  Reims,  du  24  juil- 
let 1634.  —  Cf.  H.  Jadakt,  Les  Jacques^  sculpteurs  rémois.  Paris,  1890,  p.  8, 
27.  Extrait  du  volume  de  la  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départe^ 
ments,  A  Paris,  en  1890. 

*  Le  Roy  triomphant  ou  la  statue  équestre  de  l'invincible  monarque  Louys  le 
te,  X 111  du  nom,  Roy  de  France  et  de  Navarre^  posée  sur  le  front  de  l'Hoslel^ 
'Ville  de  Reims,  à  la  gloire  de  Sa  Majesté,  fan  MDCXXXVI,  par  feu  M.  René 
La  Ghezk,  Rémois.  —  Reims,  Fr.  Bernard,  1637,  in-V  avec  planche  gravée 
nnant  une  vue  de  cette  statue,  sic^née  :  E.  Moreau  fecit  et  ex. 


650         U\    PORTRAIT    DE    LOUIS    XUI    AVEC    ALLEGOfilES. 

ces  victoires  dues  au  génie  de  Richelieu.  Il  nous  reste  à  décrire  cas 
allégories  reproduites  sur  la  planche  annexe  '. 

Le  panneau  en  bois,  de  forme  oblongue,  est  formé  de  planches 
assemblées  et  aplanies  au  rabot.  Sa  hauteur  est  de  1°,25  et  sa  lar- 
geur de  l^iSS,  dimensions  en  rapport  avec  le  cadre  surmotilanl 
habituellement  les  anciennes  cheminées  *.  La  peinture  offre  uu 
mélange  de  couleurs  vives  et  de  grisailles  dans  les  encadrements. 
Au  milieu,  dans  un  cartouche  ovale,  se  détache  le  portrait  ite 
Louis  XIII,  à  mi-corps,  la  tète  nue,  vôtu  en  guerrier  avec  colle* 
1/  rette,  tenant  un  foudre  de  la  main  droite  et  un  bouclier  fleurdelisé 

%  de  la  main  gauche  \  Sous  le  bouclier  se  trouve  une  sorte  de  symbole 

f;  religieux  qu'il  protège  et  qui  repose  sur  une  table  recouverte  d'un 

^  tapis  ronge.  Ce  symbole  se  compose  d*une  statue  de  femme,  la 

{,  Religion  catholique  tenant  un  calice  surmonté  d'une  hostie  ;  à 

^  côté,  sur  le  môme  socle,  se  dresse  une  petite  croix  en  mêlai,  l'ne 

couronne  fermée  et  fleurdelisée  couronne  le  cartouche,  deux  palmes 
l  montent  sur  les  côtés,  et  une  guirlande  de  feuillages  ainsi  que  des 

t  attributs  guerriers  décorent  la  base. 

{  Au  sommet,  se  trouve  le  titre  sur  une  large  dimperie  tombante, 

c-  que  soutiennent  deux  petits  génies  portant  des  écussons  aux  armes 

de  France  et  de  Xavarre  : 

Lovis  XIII  ROY  DE  France 

Et  de  Navarre  protectevr 

Et  defeksevr  de  la  foy 

Et  relligion  romaine 

De  chaque  côté  de  Teffîgie  royale,  se  tiennent  debout  detri 
femmes,  figures  allégoriques,  en  costume  flottant  et  avec  des  attri- 
buts symboliques  :  à  droite  du  roi,  la  Paiœ,  et,  à  sa  gauche.  U 
Guerre,  Tune  et  lautre  sur  des  socles  can*és  portant  des  inscri|>- 

•  '  Photographie  exécutée  par  XI.  Victor  Gharlier,  employé  à  h  Bibliothèque  ilt 
Reims. 

^  Le  Musée  de  Reims  possède  deux  autres  dessus  de  cheminée  fort  remar- 
quables, TuD  sur  toile,  dans  son  cadre  noir  et  or  du  temps,  offrant  plyfinf* 
figures,  dont  la  principale  représente  la  muse  tragique  :  THAG^'EÛiA,  sfftl^ 
date  de  16Ï7;  Tautre  sur  bois,  orfrant  la  scène  de  Vukain  et  Vénm  dam  (il- 
de  Lemnos,  avec  la  signature  :  Philipes  MilUreau  inr  mtor  ei  plnjiL  16W. 
(Catalogue  du  Musée,  1881,  p.  73.) 

^  Voir,  ci-contre,  planche  XLIV. 


1 


1 


VK    PORTRAIT    DE    iOL'lS    XIII    AVEC    AM.ÉGORIES.         651 

lions.  La  Guerre  est  il^tiout  coiffée  d'tincaâfjuejeâ  pieds  chaussés, 
le  bras  droit  levé.  On  \\i  aa  bas  : 

Et  durât  Ceffroy  de  la  Guerre^ 
Attacque  aussi  violamant 
Les  ennemis  du  tout  puissant 
Qu'est  un  gros  chêne  du  Toonerrê. 

La  Paix  est  coiffée  d'un  chapeau  de  gendarme;  elle  tient  tine 

branche  d'olivier  d'une  main  et  agite  une  lige  de  lis  deTautre.  On 

lit  au  bas  : 

Durant  la  paix  nô  sans  raison, 
Nostre  Roy  sumomè  le  Juste, 
Employé  sa  vertu  auguste 
Au  bien  de  la  Religion. 

Au-dessous  de  lovale  contenant  le  portrait,  s'étend  un  cartouche 
oblong  soutenu  par  deux  anges  aux  extrémités.  On  y  a  peint 
le  défilé  d'une  procession  sortant  d*une  église  et  parcourant  une 
place  publique  :  derrière  les  gens  d'église  tenant  des  cierges,  un 
évêque  s'avance  sous  un  dais  tenant  le  Saint  Sacrement,  et  à  la 
suite  marche  seul  le  roi  tenant  un  cierge,  puis  les  seigneurs  dé  sa 
cour  qui  le  suivent;  en  avant,  se  tiennent  de  nombreux  assistants 
découverts.  Une  banderole  flotte  au-dessus  de  cette  scène,  offrant 
one  légende  presque  totalement  effacée  et  dont  les  premiers  mots 
^mblent  être:  me  accepit... 

Sur  les  côtés  de  cette  décoration  principale  dont  le  roi  occupe 
le  centre,  se  trouvent  deux  montants  ou  pilastres  avec  socles  et 
chapiteaux,  qui  sont  garnis,  sur  toute  leur  hauteur,  de  cartouches 
offrant  les  scènes  accessoires  allégoriques,  quatre  à  droite,  autant 
à  gauche. 

Sur  le  côté  droit  du  roi,  à  gauche  du  spectateur,  quatre  oar- 
touches,  avec  scènes  en  couleur,  se  détachent  de  la  base  au  som* 
met  des  pilastres  peints  en  grisailles.  Chaque  scène,  dans  chaque 
cartouche,  est  accompagnée  d'une  banderole  portant  un  texte  en 
latin  qui  en  forme  le  commentaire. 

Au  sommet,  le  roi  tout  jeune  présente  une  palme  et  des  cou- 
ronnes en  courant  sur  son  char,  et  la  légende  porte  :  hic  metvxt 

PALUAS   BONI. 

Au  second  rang,  on  voit  le  pape  assis  sur  son  trône  et  un  clerc 
tenant  près  de  lui  sa  croix;  en  face,  quatre  personnages  dont  Tun 


1 


652         OX    PORTRAIT    DE    LOtlS    XIII    AVEC    ALLEGORIES. 

ageDouillé  présente  au  pape  une  croix  à  doubla  tiiiyerse,  une 
mitre,  une  crosse  et  un  chapeau  de  cardinal;  l^autre  per^nna^^e  est 
debout  en  costume  de  gentilhomme;  deux  religieux  le  suiveol, 
tenant  des  bourses.  L'inscription  de  la  banderole  supérieure  est 
effacée. 

Au  troisième  rang,  le  roi  siège  sur  son  trône  avec  des  gaides  a 
ses. côtés;  en  avant  sont  des  gentilshommes,  les  uns  à  ijenom,  les 
autres  debout,  Tun  d'eux  tient  une  épée  nue;  une  banderole  au 
bas  offre  ces  mots  :  religio  cvlta  florvit. 

Au  quatrième  rang»  le  roi  se  tient  entouré  de  gentilshommes;  au 
fond  se  dressent  une  église  du  côté  droit  et  un  temple  de  Tautre^ 
figurant  Tancienne  religion  et  la  religion  réformée;  le  roi  ordonne 
de  détruire  ce  temple  bâti  en  rotonde;  la  légende  inférieure  est  en 
partie  fruste^  on  n'y  lit  que  le  mot  :  honor... 

EnGn,  sur  le  socle  carré  du  pilastre,  se  déroule  la  cinquième 
scène  qui  représente  le  siège  d'une  ville,  probablement  celui  de 
la  Rochelle  en  1627.  Au  bord  supérieur  de  reneadremetit,  on  lit; 

TELLVRE  PROBITAS  VINCIT. 

Le  côté  à  gauche  du  roi,  et  à  droite  du  spectateur,  contient  éga- 
lement cinq  scènes  superposées  dans  quatre  cartouches  et  sur  le 
socle  du  pilastre. 

La  scène  du  haut  offre  la  vue  d'un  chevalier  lançant  la  fondre 
sur  des  monstres  qu'il  écrase»  et  on  lit  sur  la  banderole  :  fi  uiixi 

REBELLES  SENTIVIVT. 

Au  second  rang,  apparaît  le  roi  sur  son  trône,  avec  deux  <ijarde« 
à  ses  côtés,  congédiant  quatre  personnages.  On  lit  au-dessus  un 
texte  imparfaitement  conservé  :  lyiiER...  probra. 

Au  troisième  rang,  le  roi,  également  sur  son  trône,  reçoit  rhoni- 
mage  de  deux  personnages  iaclinés  devant  lui  avec  leur  suite.  La 
légende  porte  au-dessous  :  impietas  fvit  gob^fligata. 

Au  quatrième  rang,  c'est-à-dire  à  la  base  du  pilastre,  on  îoit  te 
siège  d'une  forteresse  et  l'incendie  qui  la  dévore  par  endroits.  Il 
s'agit  sans  doute  encore  de  la  Rochelle,  mais  le  texte  est  tllisible. 

La  dernière  scène  garnit  le  socle  inférieur;  c'est  encore  la  îtte 
d'un  port  et  d'une  flotte   qui  vient  l'assiéger  ou    qui   retourne 
après  la  victoire,  ce    qu'expliquerait  la  légende   du   bas  si 
n'était  effacée,  sauf  le  dernier  mot MVTAT. 

Des  trophées  d'armes  et  des  faisceaux  de  drapeaux  garni* 


V\    PORTRAIT    DE    LOUIS   XIII   AVEC    ALLEGORIES.         653 

les  intervalles  entre  les  cartouches;  on  y  voit  aussi  des  palmes  et 
des  guirlandes,  qui  recouvrent  presque  entièrement  le  montant 
des  pilastres. 

Tel  est  dans  ses  détails  les  plus  minutieux  le  tableau  allégorique 
des  actions  du  règne  de  Louis  XIII,  surtout  au  regard  des  luttes 
de  la  Cour  contre  les  protestants.  Le  portrait  du  roi,  dont  le  visage 
est  légèrement  dégradé,  offre  la  figure  du  monarque  à  Tâge  mûr 
et  dans  la  plénitude  de  sa  force,  qui  ne  fut  jamais  qu^éphémère  en 
réalité  à  cause  de  la  débilité  de  sa  constitution. 

11  ne  sera  pas  hors  de  propos  de  signaler  en  terminant  les  deux 
autres  portraits  de  Louis  Xlll  conservés  au  Musée  de  Reims;  ceux- 
ci  le  représentent  dans  son  enfance  ou  sa  première  jeunesse.  L*un 
est  une  peinture  sur  toile  d^u  temps  (vers  1615),  qui  nous  montre 
le  fils  de  Henri  IV  en  buste,  avec  une  armure  enrichie  d'orne- 
ments en  or,  le  cou  entouré  d'une  grande  fraise,  la  tête  nue  et  la 
chevelure  volante  sur  la  gauche*.  Cette  figure  a  une  grande  ana- 
'logie  avec  Tantre  portrait  qui  est  un  dessin  également  du  temps, 
offrant  le  jeune  Dauphin  enfant,  vu  presque  de  face,  reproduit 
d'après  Rubens  (galerie  de  Médicis),  selon  les  données  du  cata- 
logue*. 

Ajoutons  encore,  pour  finir  Ficonographie  de  Louis  Xlll  à 
Reims,  que  lors  du  sacre,  en  1610,  on  sculpta  la  statue  du  jeune 
monarque  dans  des  conditions  assez  curieuses  et  que  Nicolas  Ber- 
gier  nous  décrit  en  ces  termes  :  a  Une  statue  de  pierre  solide,  dit-il, 
faite  en  buste  à  la  façon  des  antiques,  et  représentant  au  plus  près 
que  Tart  de  sculpteur  se  peut  estendre,  la  figure  et  le  visage  du 
roy,  et  à  ceste  fin  avoit  esté  rapporté  de  Paris  un  pourtrait  au 
naturel  de  Sa  Majesté  des  mieux  choisis,  qui  servit  de  modèle  à 
M.  Nicolas  Jacques  qui  en  fut  rouvrier\  n  II  est  donc  certain  qu^en 
toutes  les  circonstances,  les  échevins  de  Reims  se  plurent  à  donner 
la  beauté  et  Téclat  désirables  aux  portraits  de  Louis  Xlll  entrepris 

'  Achetée  en  1846,  fjgiiraiit  au  catalogue  de  1881  srous  le  n**  26  de  l'Iùole  fran^ 
çaise,  attribuée  à  Jean  Martin  (H.  0°*,60;  L.  0"',52),  p.  76. 

'  Provient  de  l'ancienne  Ecole  de  dessin.  Portrait  au  crayon  rou[{c  (haut.  ()°',ld» 
larg.  0<°.  16),  attribution  à  l'école  de  Daniel  Duoaonslier,  dans  \e  Catalogue,  1881, 

273,  n*  58  des  dessins. 

'  Le  Bouquet  royal  ou  Parterre  des  riches  inventions  qui  ont  setry  à  fEn- 

'edu  Roy  Louis  le  Juste  en  sa  ville  de  Reims,  par  \.  Bkrgieu.  Ueiins,  1637, 

4",  ("  50. 


654  \0T1CE    SUR    SERGENT-MARCEAU. 

par  leurs  soins  et  à  leurs  frais,  tant  au  sacre  du  prince  que  dans  la 
décoration  de  leur  somptueux  Hôlel  de  ville. 

Henri  Jamrt, 

Membre  non  rësidtnt  du  Comité  <)#; s  cocîé^ 
tés  des  Beaux- An  s  âe&  dcpSLft^nieDts  1 
Reims,  Secrélaire  ^épèrAl  àe  VAçtdéaut, 
Bibliothécaire  de  la  ville  et  Conaer^'atettr 
du  Musée  de  peioture  et  scpipttu'e. 


XL 

NOTICE  SUR  SERGEXT-MARCEAU 

■m 

PEINTRE   ET    GRAVEUR 

L'histoire  de  Tart,  comme  celle  de  la  littérature,  nous  présenta 
les  spectacles  les  plus  opposés.  Tantôt  nous  voyous  des  talents 
germer  dans  un  milieu  obscur  et  paisible,  se  développer  loin  du 
bruitdela  ruedanslejour  deTatelieret  traverser  la  scène  dtimotid« 
sans  autre  préoccupation  que  Tart  lui-même.  La  gloire  jette  sur 
ces  hommes  privilégiés  Téclat  bienfaisant  de  ses  rayons,  et,  si  elle 
ne  leur  donne  pas  toujours  la  richesse,  du  moins  elle  pénètre  leur 
âme  d*une  douce  jouissance  et  d'uiie  intime  satisfaction,  Taniùt  au 
contraire  nous  assistons  à  la  mêlée  turbulente  des  luttes  politiques 
où  des  esprits  enthousiastes  se  jettent  avec  une  ardeur  fèhrîie,  les 
dirigeant  parfois,  le  plus  souvent  entraînés  par  elles,  en  éprou- 
vant les  contre-coups  violents  et  laissant  à  la  postérité  le  reflet 
puissant  de  leur  époque  dont  l'empreinte  est  marquée  dans  chacun 
de  leurs  actes  publics,  dans  chacune  de  leurs  manifestations  arti^ 
tiques,  dans  leur  œuvre  tout  entière. 

Certes,  si  nous  recherchions  à  laquelle  de  ces  deui  rite? 
d'artistes  a  échu  le  vrai  bonheur,  si  nous  avions  à  dérider  quels 
sont  ceux  qui  ont  pu  cueillir  avec  le  pins  d'agrément  la  fleur  de  b 
beauté  et  goûter  le  charme  de  Tidéal,  notre  hésitation  ue  serait 


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NOTICE    SUR   SERGENT-MARCEAU.  65» 

pas  longue  et  nous  nous  prononcerions  ioiinédiatement  pour  les 
premiers.  Mais  quand  nous  demandons  à  Fart  de  nous  fendre  la 
sensation  du  passé,  de  ses  aspirations  et  de  ses  souffrances,  la  vie 
des  seconds  nous  est  un  champ  d'observation  intense.  Peu  importe 
qu'ils  n'aient  pas  eu  la  flamme  du  génie.  Pourvu  quUls  aient  su 
utiliser  un  talent  personnel  dans  l'expression  de  la  réalité,  nbus 
leur  savons  gré  de  nous  faire  mieux  comprendre  les  temps  agités 
qu'ils  ont  connus  et  traversés.  Les  variations  de  leurs  idées  et  leurs 
vicissitudes  nous  intéressent  au  plus  haut  point,  nous  nous  atta* 
chons  à  eux  comme  aux  personnages  d'un  drame  passionné,  et 
nous  ne  nous  lassons  pas  de  relire  et  de  redire  leur  histoire. 
Sergent-Marceau  fut  un  de  ces  hommes. 

Dans  la  rue  des  Trois  Maillets,  paroisse  Saint«Martin,à  Chartres, 
habitait,  au  dix-huitième  siècle,  un  modeste  arquebusier,  Antoine 
Sergent.  Catherine  Fremy,  sa  femme,  lui  donna,  le  9  octobre  1751 , 
un  fils,  Antoine-François,  qui  fait  l'objet  de  cette  étude  ^  L*arque- 
busier  devait  fournir  des  attributs  et  des  fantaisies  de  chasse  sur 
les  fusils  de  sa  fabrique.  Aussi  tout  en  reconnaissant  que,  dès  la 
sortie  du  collège,  un  goût  naturel  porta  le  jeune  Sergent  vers  le 
dessin,  est-il  permis  de  croire  que  la  direction  paternelle,  en 
l'obligeant  à  cette  besogne  professionnelle  sur  les  armes,  contribua 
à  orienter  son  talent  vers  l'art  de  la  gravure  qui  devait  illustrer  son 
nom.  Les  succès  précoces  qu'il  obtint  dans  sa  ville  natale  lui  firent 
d'autant  plus  sentir  la  nécessité  d'aller  se  perfectionner  à  Paris.  11 
passa  trois  ans  dans  l'atelier  d'Augustin  de  Saint-Aubin.  Il  conquit 
l'affection  de  son  maître,  fut  chéri  comme  un  fils  par  la  belle 
Mme  de  Saint-Aubin  ',  puis  il  vint  s'établir  à  Chartres,  où  il  se  con- 
sacra à  des  travaux  variés,  dont  quelques-uns  contrastent  singuliè- 
rement avec  ses  idées  ultérieures.  Car  le  futur  conventionnel  grava 
des  armoiries  et  fit  des  estampes  pour  bréviaires  et  missels  \  Il 
entreprit  aussi,  avec  le  concours  de  la  municipalité,  un  plan  de 

*  Habile  deinnatrice  au  poiot  d*avoir  enseigné  le  dessin.  Elle  mourut  avant  que 
9on  fils  ait  pu  la  connaître.  Il  fut  élevé  par  sa  grand'  mère  maternelle.  (Voir  Pièces 
anoeies,  lettre  k  M.  Maider.) 

'  Louise-\-iGolas  Godeau,  d'une  .opulente  beauté,  qu'Augustin  de  Saint-Aubin 
avait  épousée,  par  inclination,  en  1764.  — Voir  sur  elle,  outre  la  lettre  à  M.  Mai- 
der, l'ouvrage  de  Sbrgbnt,  Fragment  de  mon  album  et  nigrum,  Brignolles, 
1837. 

^  Voir,  ci^dessus,  planche  XLV. 


636  NOTICE    SUR    SERGENT-MARCEA  l , 

Chartres  que  les  événements  ne  lui  permirent  pas  de  mener  à  fin, 
et  dont  oji  possède  seulement  quelques  épreuves  partielles  très 
rares.  Il  dédia  ce  plan  à  Son  Altesse  Royale  Mgr  le  duc  de  Chartres. 
Dans  le  prospectus  rédigé  par  lui,  il  rappela  avec  attendrissement 
les  pèlerinages  accomplis  à  Tautel  vénéré  de  la  liertfe  par  les 
augustes  aïeux  du  souverain  qui  faisait  a  le  bonheur  de  la  France  m . 
Déjà  dans  ce  projet  se  manifeste  Tadmiration  que  Sergent,  même 
au  plus  fort  de  la  tourmente  révolutionnaire,  ne  cessa  de  professer 
pour  les  merveilles  architecturales  et  sculpturales  de  la  Tteille 
basilique  beauceronne  et  pour  Y  Assomption  Aq  Bridanqui  lui  sem- 
blait tt  un  superbe  morceau  d.  —  Cependant,  si  là,  au  début  de  sâ 
carrière,  le  jeune  graveur  ne  faisait  pas  pressentir  le  futur  jacobin, 
la  médaille  qu*il  grava  pour  les  Chevaliers  de  l'Union  (société  de 
danse  instituée  à  Chartres,  ayant  eu  des  démêlés  avec  Tévéque 
Robert  de  Fleury)  ne  laisse  déjà  aucun  doute  sur  ses  senltmenls 
d^aversion  envers  le  haut  clergé. 

M.  Noël  Parfait,  à  qui  nous  devons  de  si  précieuses  études  sur 
Marceau  et  sur  Sergent,  a  extrait  du  Journal  des  annonces,  affi- 
ches et  avis  divers  du  pays  chartrain  plusieurs  articles  écrits 
par  ce  dernier  et  qui  nous  renseignent  sur  ses  goûts  et  sur  sou  étai 
d*esprit  en  1781  et  1783.  Il  s'occupait,  en  effet,  de  publier  un 
Recueil  de  gravures  et  priait  ceux  qui  auraient  des  livres  à  tendre 
ou  à  transformer  en  sacs  et  enveloppes  d'enlever  et  mettre  à  part 
les  gravures  de  toute  sorte,  jusqu'aux  lettres  initiales  et  aux  froD- 
lispices  permettant  d*avoir  des  dates  et  noms  d'imprimeurs.  Il 
offrait  de  les  payer,  sauf  les  doubles,  6  deniers  pièce.  Sa  curiosfte 
littéraire,  scientifique,  artistique,  philosophique  avait  été  évetllée 
par  la  nature  même  de  son  esprit.  Elle  fut  encore  excitée  par  ta 
société  qu'il  fréquentait,  surtout  par  la  société  féminine.  Et  ici  nous 
n'entendons  point  seulement  parler  de  celle  à  qui  il  drvait  donner  son 
nom,  maisces  femmes  d'esprit  qui  formaient  un  céuacle  à  Chartres  t 
Mme  de  la  Garanchère,  Mmes  Mahon,  de  Rey,  Mlles  Janvier, 
Olivier  et  Pelisson.  Elles  lui  donnèrent  le  goût  d'écrire  et  celui 
d'apprendre  les  langues  :  Tilalien,  l'anglais.  Il  ne  demeura  niétut* 
indifférent  ni  aux  sciences  physiques  ni  à  l'occulttsuie. 

Ëii  1783,  il  entra  en  discussion  au  sujet  d'un  singulier  sysL. 
d'optique  qu'il  préconisait  :  suivant  lui,  les  rayons  visuels  %ùv 
de  notre  œil  pour  aller  à  l'objet.  Il  s'éleva  aussi  contre  ceui 


NOTICE    SLR   SERGENT-MARCEAU.  Obi 

prétendaient  qu^un  ignorant  pût  être  un  artiste  parfait.  Le  maître 
qu'il  rêvait  devait  être  instruit  dans  toutes  les  branches  des  sciences 
fanmaines.  Il  invoqaait»  à  Tappui  de  sa  thèse»  Texemple  de 
Rubens,  de  Poussin,  de  Falconet»  de  Greuze,  et  faisait  valoir 
jusqu'au  sentiment  de  Pline. 

La  même  année,  parut  le  Magnétisme,  une  des  premières  pro- 
ductions intéressantes  de  Sergent,  pièce  curieuse  où  Ton  voit  les 
effets  que  produisit,  surtout  surle  beau  sexe,  le  baquet  de  Mesmer. 
La  gravure  joint  à  une  spirituelle  exécution  le  mérite  de  Tintérêt 
historique.  Aussi  nous  ne  nous  étopnons  pas  des  prix  qu'elle  a 
atteints  dans  les  ventes  d'amateurs.  (V.  Gazelle  des  Beaux-Arts, 
t.  IV,  p.  306,  et  Gustave  Boocard»  les  Estampes  du dix^huitième 
siècle,  guide  manuel  de  l'amateur.) 

Paris,  qui  de  nos  jours  exerce  un  attrait  presque  irrésistible  sur 
les  artistes,  produisit  le  même  effet  sur  Sergent.  Voyant  sans  doute 
que  la  province  ne  pouvait  suffire  à  son  besoin  d*activité,  et  peut- 
être  aussi  obéissant  à  des  aspirations  secrètes  sur  lesquelles  nous 
aurons  l'occasion  de  revenir,  il  quitta  Chartres  pour  aller  résider 
à  Paris.  De  cette  période  date  une  de  ses  premières  œuvres  les 
plus  connues,  la  Galerie  des  personnages  célèbres  de  V histoire  de 
-France,  sorte  de  tableaux  historiques  gravés  en  couleur  avec  texte 
au  bas,  qu'il  fit  pour  le  compte  de  Blin,  imprimeur,  place  JL-mbort. 
et  dont  les  livraisons  furent  mises  en  vente  de  1787  à  1791.  C'est 
aussi  à  la  même  époque  ou  à  son  séjour  antérieur  à  Chartres  que 
l'on  doit  faire  remonter  la  gravure  de  scènes  familières  exécutées 
par  lui  d'après  ses  dessins  {Enlèvement  de  mon  oncle,  la  Foire  des 
barricades  à  Chartres,  etc.)  ou  d'après  d'autres  artistes  (Hauy 
d  après  Favart  et  Monsieur  d'après  Duplessis). 

Déjà,  cependant,  avec  l'année  1789  s'annonçait  le  mouvement 
réformateur  qui  bientôt  devait  devenir  révolutionnaire.  Sergent, 
avec  son  caractère  expansif,  n'y  pouvait  rester  indifférent.  Il 
.  embrassa  les  nouvelles  idées  avec  enthousiasme  et  marqua  la  nou- 
'  velle  évolution  de  ses  sentiments,  en  publiant  la  caricature  du 
Seigneur  des  abus,  ainsi  que  la  Soirée  et  la  Nuit  du  \^  juillet 
1789.  Dans  la  Soirée,  un  peloton  de  gardes  françaises  du  dépôt, 

ulevard   Chaussée   d'Antin,    repousse   un  fort  détachement   du 

3yal- Allemand.  Dans  la  Xuit,  le  peuple  parcourt  les  rues  avec 
flambeaux  et  crie  aux  armes. 

43 


65»  NOTICE    SUR   SERGENT-MARCEAU 

Dès  lors  sa  vie  artistique  va  être  intimement  liée  à  sa  vie 
publique  \  et  celle-ci  aux  événements  principaux  de  Paris  sous  la 
Révolution.  Il  préside,  en  1790,1e  districideSaint-JacquesTHôpital. 
SecrètaH-e  du  club  des  Jacobins,  il  demande  la  libre  publication  des 
ouvrages  littéraires  et  s'érige  en  protecteur  de  soldats  insoumis  et, 
parmi  eux,  de  Davout.Of6cier  municipal  en  1792,  comme  plus  tard 
conventionnel,  s'il  fait  partie  des  Comités  les  plus  violents,  s*il  ne 
protesta  pas  immédiatement  contre  les  massacres  de  Septembre 
auxquels  nous  croyons  qu'il  fut  cependant  étranger,  si  même  on 
Ta  accusé  d'en  avoir  été  Tun  des  instigateurs,  s'il  est  Tami  de 
Marat^  et  mérite  à  ce  titre  de  figurer  à  ses  côtés  dans  le  Thermo* 
mètre  du  sans-culotte  de  Caralfe,  il  déteste  Robespierre  et  sauve 
beaucoup  de  victimes  :  Gossec,  Tartiste  Larive,  Tabbé  de  Barthé- 
lémy, le  marquis  de  Chateaugiron,  etc.  Et,  comme  un  bienfait 
n'est  jamais  perdu-,  à  l'heure  de  l'adversité,  il  trouvera  dans  ceux 
qu'il  a  sauvés  et  dans  leurs  familles  le  souvenir  reconnaissant  et 
l'appui  qui  Taideront  à  ne  pas  tomber  dans  la  misère  ou  à  finir 
tranquillement  ses  jours. 

Les  événements  tragiques  qui  se  déroulaient  à  Paris  ou  sur  les 
frontières  ne  lui  firent  pas  perdre  de  vue  que  la  grandeur  artistique 
est  indispensable  à  un  peuple  qui  veut  se  maintenir  à  la  tête  des  na- 
tions. Si,  à  cet  égard,  il  tomba  dans  de  regrettables  erreurs  de  goût 
et  d'idées,  on  ne  doit  pas  oublier  dans  quel  milieu  il  vivait  et  quelle 
fut  l'atmosphère  surchauffée  dans  laquelle  s'agitaient  les  esprits 
surexcités  et  le  sien  plus  excitable  qu^'un  autre.  Président  de  la 
Société  populaire  des  Beaux-Arts  à  Paris,  il  y  joua  un  rôle  des  plos 
actifs.  Ne  réva-t-il  pas  la  création  d'un  nout^eau  costume  dégageant 
le  citoyen  a  des  entraves  sans  dérober  les  belles  formes  du  corps  «? 
En  fait,  il  dessina  le  costume  sans-culotte  que  Chenard  inaugura  à 
la  fête  civique  du  24  octobre  1792  et  qu'adoptèrent  les  membres  da 
Conseil  général  de  la  commune.  Ce  costume  ne  devait  présenter  de 
difi*érence  entre  les  citoyens  que  parla  qualité  des  étoffes  etatait, 
dès  lors,  pour  des  esprits  égalitaires,  le  vice  inaperçu  de  marquer 
la  prééminence  de  la  richesse.  Il  ne  devait  être  porté  qu'à  vingt 

•  Voir  Carte  (Centrée  à  la  Cofwention, 

^  Au  Salon  de  1793  (n®  257),  Sergent  eiposa  un  dessin  de  la  Liberté ass^ 
Us  débris  d'un  trâne  et  appuyée  sur  un  vase  cinéraire  qui  contient  les  re 
Le  Peletier  et  de  Marat. 


NOTICE    SLR    SERGENT-MARCEAU.  i> jî>  ' 

et  ua  ans  et  devait  tenir  lieu  de  la  robe  virile  des  Romains.  C'était 
vouloir  transporter  chez  nous  des  institutions  qui  n'y  avaient  pas 
raison  d'être.  Répondant  à  la  dénonciation  violente  de  Wicar 
contre  les  gravures  indécentes,  Sergent  montra  que  les  tableaux 
mythologiques  représentant  Danaé,  Léda  et  les  amours  des  dieux 
étaient  nécessaires  pour  donner  .  une  idée  de  la  religion  des 
anciens. 

Son  influence  artistique  ne  se  fit  pas  seulement  sentir  dans  les 
sociétés  populaires,  elle  fut  puissante  à  la  Convention  où  il  siégea, 
dans  les  fonctions  diverses  dont  il  fut  investi,  dans  les  missions 
qu'il  eut  à  remplir.  Avec  Guyton  et  Barrère,  il  fit  partie  de  la 
commission  établie  pour  fa  conservation  des  monuments  des  arts 
et  sciences. 

Les  malveillants  avaient  dégradé  les  chefs-d'œuvre  de  sculpture 
placés  dans  le  jardin  des  Tuileries.  Sur  son  rapport,  la  Convention 
décréta  que  ceux  qui  seraient  convaincus  de  semblables  méfaits 
dans  ce  jardin  et  autres  lieux  publics  seraient  punis  de  deux  ans 
de  détention.  Des  patrouilles  furent  prescrites  le  soir  aux  Tuileries. 
Comme  inspecteur  de  la  salle,  il  fut  chargé  avec  Ficquet  de  juger 
le  concours  ouvert  pour  la  décoration  d*une  pendule  décimale  et 
fit  ainsi  mettre  la  grande  horloge  de  Lepaute  au  fronton  du  château  « 
Sous  sa  direction,  les  travaux  d'embellissement  du  jardin  des  Tui- 
leries furent  entrepris  par  Gisors.  Au  nom  des  Comités  d'instruc- 
tion publique  et  des  inspecteurs  de  la  salle,  il  fit  créer  ou  rétablir 
unegarde  de  soldats  invalides  devant  veiller  sur  a  les  chefs-d'œuvre 
sortis  des  mains  du  peuple  de  Rome  n  et  ornant  les  jardins  des  Tui- 
leries et  du  Palais-Royal.  Dans  la  même  séance  du  13  avril  1793, 
fut  encore  voté,  sur  sa  proposition,  un  décret  destiné  à  prévenir  la 
destruction  des  monuments  qui  portaient  les  attributs  de  la  royauté 
et  ordonnant  qu'une  commission  spéciale  aurait  seule  droit  de  pro- 
poser à  la  municipalité  les  changements  d'attributs  qui  seraient 
jugés  nécessaires.  Disons  en  passant  que  c'est  à  lui  que  nous  devons 
de  voir  à  l'entrée  des  Champs-Elysées  les  chevaux  de  Marly,  chef- 
d'œuvre  de  Coustou. 

Son  biographe,  ou  pour  mieux  dire,  son  panégyriste,  M.  X'oël 
'arfait,  a  raison  de  le  proclamer  créateur,  avec  David,  du  Muséum 

rançais.  Le  rapport  que  Sergent  lut  dans  la  séance  du  25  juillet 

"793,  an  nom  de  la  Commission  des  monuments  dont  il  était  Tàme, 


660  NOTICE    SUR   SE  RGENT-M  ARC  E  .1  L \ 

nous  nmntre  son  admiration  pour  les  premiers  êlëmeoLs  déjà  réuniâ 
au  Louvre.  Il  proposa  d'y  faire  transporter  les  tahleaux  et  slalues 
se  trouvant  à  Fontainebleau  et  au  Luxembourg,  et  ceux  qui  pro- 
venaient de  confiscation.  Pour  enflammer  Tardeur  de  J*Assemblèe, 
il  eut  recours  même  aux  souvenirs  de  la  grandeur  antique  et  aRirma 
incidemment  qu'au  nombre  de  ces  monum^^nts  précieux  il  en  était 
un  qui  avait  figuré  dans  les  bonneurs  d'un  triomphe  romain.  Le 
projet  de  transfèrement  fut  adopté,  et  la  Convention  vota  qu'une 
subvention  annuelle  de  100,000  francs  serait  destinée  aux  achats. 
Au  mois  de  septembre  1793,  il  était  en  mission  k  Chartres  <iiec 
un  de  ses  collègues  de  la  Commission  des  monumenlf^,  le  peinlre 
Lemonnier.  Dans  la  remarquable  étude  de  XL  Courajod,  intitulée 
la  Révolution  et  les  Musées  nationaux ^  on  ne  peut  lire  sans  tristesse 
le  procès-verbal  des  objets  qu'en  présence  des  administrateurs  At  la 
ville  et  du  département  les  commissaires  enlevèrent  soit  de  la 
châsse  de  saint  Théodore,  soit  de  celle  de  la  V  ierge  qui  était  une 
des  principales  beautés  de  l'ancien  trésor  dn  la  {cathédrale,  Celait 
assurément  un  acte  d'odieux  vandalisme  que  notre  époque  ne  peut 
comprendre,  mais  qu'explique,  sans  le  justifier,  le  moment  de  son 
accomplissement.  A  ces  camées  antiques,  détachés  ainsi  des  reli-* 
q^uaires  dont  ils  faisaient  partie  intégrante  et  qui  furent  transportés  à 
Paris,  il  faut  ajouter  des  bas-reliefs^  ayant  appartenu  â  Saint-Père  et 
attribués  à  François  Marchand, qui  furent  promenés  de  Chartres  au 
dépôt  de  IVesle,  et  de  là  à  Saint-Denis.  M.  labbé  Sainsot,  qui  nous 
signale,  avec  M.  Courajod,  ce  premier  épisode  de  la  mission  Ser- 
gent, nous  fait  voir  son  rôle  en  partie  bienfaisant  dans  la  suite  de 
cette  mission.  En  novembre  1793,  le  Conseil  général  JVEure-et- 
Loir,  acceptant  les  offres  d'un  citoyen  Sainsol,  arrêtait  que  tous  le^ 
saints  et  autres  signes  de  superstition  qui  entouraient  le  portail  de 
lléglise  et  d'autres  lieux  extérieurs  seraient  enlevé*.  Déjà  Saïusot 
avait  enlevé  et  brisé  six  statues  du  porche  septenlrional,  quand  Ser- 
gent intervint,  s'opposa  énergiquement  a  la  continuatiou  de  celle 
besogne  barbare  et  sauva  ainsi  les  statues  encore  debout.  Revenu  à 
Chartres  le  16  décembre,  Sergent  présida  à  un  autodafé  ou  furent 
jetés  beaucoup  d'objets  de  culte,  tels  que  missels,  lutrins,  boiserie-s 
réputés  inutiles.  Comment  expliquer,  si  ce  n'est  par  lateu^leoi 
du  fanatisme,  cette  conduite  de  Sergent  qui,  dans  sa  jeunesse, l 
lectionnait  jusqu'aux  gravures  les  plus  insignifiantes  et  s'eSbr 


NOTICE    SUR   SERGEiyT-MARCEAU.  661 

de  les  sauver  de  Toubli  ?  Heureusement,  il  pensa  et  fit  observer 
que  Torgue  pouvait  contribuer  à  Téclat  de  la  Fête  de  la  Raison  et 
obtint,  par  ce  moyen,  sa  conservation.  Le  rapport  de  Sergent  sur 
l'organisation  des  fêtes  décadaires  à  Chartres  mériterait  d'être  cité 
en  entier.  Ici  Tartiste  domine  le  fanatique,  et  Tart,  dans  une  large 
mesure  au  moins,  reprend  ses  droits.  Pour  Sergent,  tout  imprégné 
cependant  des  idées  païennes  de  David  et  de  ses  contemporains,  la 
cathédrale  de  Chartres  est  un  des  plus  magnifiques  monuments 
qu'il  y  ait  en  France.  Tout  dans  cet  édifice  lui  semble  grand 
et  pur  :  style,  construction,  hardiesse,  voûte,  clochers,  sculp- 
tures en  tous  genre.  Elle  sera  toujours  pour  Chartres  un  objet 
d'orgueil  et  une  cause  de  richesse,  car,  quand  la  liberté  sera 
assurée  par  la  paix,  les  voyageurs  viendront  Tadmirer  de  toutes  les 
parties  de  Tunivers.  Au  nom  de  l'histoire  et  de  l'art.  Sergent  pro- 
posa d'arrêter  qu'il  ne  serait  détruit  aucun  des  morceaux  de  sculp* 
ture  ornant  le  temple,  et  spécialement  de  conserver  ceux  qui  sont 
autour  du  chœur.  Cependant,  selon  lui,  il  faut  abattre  les  chapelles 
do  pourtour,  arracher  les  grilles  et  les  envoyer  pour  fabriquer  des 
armes  à  Paris,  renverser  les  autels  et  les  remplacer  par  des  urnes 
sur  le  pied  desquelles  on  lira  des  inscriptions  patriotiques.  Les 
tableaux  de  marbre  de  l'intérieur  lui  semblent  de  mauvais  goiit  et 
doivent  disparaître,  sauf  deux  à  garder  pour  y  mettre  des  inscrip- 
tions. Deux  massifs  de  pierre,  formant  l'entrée  du  chœur,  serviront  à 
constituer  la  tribune.  Les  stalles  disparaîtront  aussi.  Quant  à  la  figure 
de  Y  Assomption,  on  appellera  son  auteur  Bridan,  qui  seul  peut  y 
faire  les  changements  nécessaires.  Cela  était  sans  doute  une  allusion 
à  Taudace  de  Sainsot,  qui  avait  fait  de  Y  Assomption  une  statue 
de  la  Raison  et  des  trois  anges  du  groupe  trois  génies  ayant  sur  la 
tête  une  langue  de  feu,  allumée  les  jours  de  fête.  Les  idées  de  Ser- 
gent ne  furent  pas  mises  à  exécution.  On  se  borna  à  adjoindre  au 
chœur  des  tribunes  ou  amphithéâtres  avec  inscriptions  et  symboles 
révolutionnaires. 

Dans  le  même  mois  de  novembre  1793,  à  roccasion  d'un  rapport 
de  Chénier  sur  l'instruction  publique.  Sergent  rappela  que  l'As- 
«omblée  constituante  avait  décrété  l'érection  d'un  moiuiment  à 

an-Jacques  Rousseau  ;  la  Convention  décréta  que  ce  projet  serait 
nis  à  exécution. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  certaines  particularités  de  la  vie 


1 


662  \OTICE    SUR    SE  RGENT-M  AHCE  A  U. 

de  Sergent  qui  n'ont  point  trait  aux  arts,  et  nous  ne  les  mention- 
nerons qu'en  passant  pour  compléter  les  traUs  de  sa  physionomie. 
•Signalons  à  ce  propos  quMl  prit  le  prénom  d*AndrophiU\  el  qu'il 
présenta  un  amendement  utile  lors  de  Tinstitulion  de  rÈcole  uor* 
maie.  Dans  la  séance  de  la  Convention  du  17  brumaire  ao  11,  un 
ancien  curé  du  diocèse  de  Melun  ayant  déclaré  en  termes  gros- 
siers se  défroquer  etayant  demandé  une  pension,  SergenI  réclamt 
Tordre  du  jour,  en  se  fondant  sur  ce  que  ce  prêlre  ne  pondait  être 
sincère. 

Jusqu'à  présent,  nous  ne  nous  sommes  occupés  que  de  la  vie 
publique  de  Sergent.  Nous  ne  devons  pas  laisser  dans  Tombre  ^î 
vie  privée,  car  Tart  lui-même  y  eut  une  part  considérable  en  favo- 
risant ses  vues  romanesques,  et  lés  affections  qu'il  ressontit  noui 
expliquent  dans  quels  sentiments  de  tendresse  il  reproduisit  le« 
traits  de  Marceau  et  de  la  sœur  du  jeune  général.  Sergent,  dan^  §& 
jeunesse,  avait  entrevu  chez  son  ami  Foreau  la  sœur  de  1\1  arceau, 
et  la  physionomie  de  cette  jeune  fille  avait  éveillé  dans  son  âme  ici 
premiers  feux  d'un  amour  platonique.  A  son  retour  à  Chartres,  il 
avait  retrouvé  son  idole,  séparée  de  Champion  de  Cernel  son  pre- 
mier mari  et  malheureuse.  Il  lui  avait  donné  des  leçons  Je  dessin. 
Puis  Marie  (plus  tard  appelée  Emira)  Marceau  s'était  retirée  dans 
Tabbaye  de  Louye,  vivant  dans  la  continuelle  société  de  Tabbesse, 
Mme'Duportal,  visitant  avec  celle-ci  les  pauireE:  et  les  malades. 
Sergent  la  décida  à  venir  prendre  pension  à  Pari»,  Il  lui  enseigna 
la  gravure,  comme  jadis  il  lui  avait  appris  le  dessin.  Elle  fut, 
parait-il,  assez  habile  pour  exécuter  plusieurs  portraits  de  sa  Gakrii 
des  personnages  célèbres,  et  arriva  à  se  fiiire  apprécier  comme 
artiste.  Quand,  après  l'affaire  de  la  Légion,  Marceau  fut  incarcéré 
à  Tours,  Emira  alla  voir  sou  frère.  Sergent  l'accompaj^nait.  De  là 
ils  se  rendirent  à  Saumur  pour  obtenir  des  représentants  du  peuple 
alors  réunis  dans  cette  ville  que  Marceau  comparût  devant  eui. 
Sergent  fut  assez  heureux  pour  faire  admettre  cette  requête,  el  il 
déposa  sur  le  bureau  du  président  un  mémoire  énumérant  les  ser- 
vices de  Marceau,  qui  fut  absous.  De  retour  à  Paris,  les  deux  artistes 
continuèrent  à  vivre  sous  le  même  toit,  rue  Honoré,  n"  14-49.  et 
à  y  mener  une  existence  assez  simple.  Emira  avait  chez  elle  h  P 
une  vache,  six  poules  et  deux  canards.  Elle  possédait,  en  outn 
Marolle,  une  maison  où  elle  élevait  des  bestiaux.  Dana  ce  comme 


NOTICE    sua   SBRGKNT-MARGEAt.  663 

de  chaque  jour,  s'accentua  et  grandîl  le  culte  de  Sergent  pour  Mar- 
ceau et  pour  Emira. 

Bientôt  vinrent  les  jours  sombres^  et,  à  leur  suite,  les  débuts 
d*une  odyssée  qui,  sauf  quelques  intervalles  de  retour  dans  la  patrie, 
les  promena  de  ville  en  ville  sur  la  terre  étrangère.  On  accasa  Ser- 
gent d^avoir  excité  les  Sections  à  la  révolte,  et,  le  13  prairial  1795, 
on  lança  contre  lui  un  mandat  d'arrestation.  Averti  par  Courtois, 
il  quitta  furtivement  Paris  et  se  cacha  quelque  temps  â  Vaux,  chez 
M.  dTssieu.  Emira  ne  tarda  pas  à  le  rejoindre,  et,  devenue  libre  de 
tout  lien  civil  avec  Champion  de  Cernel,  elle  épousa  son  ami  mal- 
heureux. De  Vaux,  ils  gagnèrent  la  Suisse  au  milieu  de  difficultés 
multiples'  et,  après  des  courses  inutiles,  allaient  se  fixer  à  Bàle, 
où  ils  furent  soutenus  par  Tamitié  reconnaissante  de  Tambassadeur 
Barthélémy,  neveu  de  Tabbé  de  ce  nom,  et  parla  bienfaisance  non 
moins  reconnaissante  d*un  émigré  français,  M.  Rulhières. 

Profitant  du^  décret  d'amnistie  du  A  brumaire  an  IV,  Sergent  se 
rendit  avec  Emira  près  de  Marceau.  Ce  fut  alors  qu'il  fut  pris,  puis 
relAché  par  les  Autrichiens.  Dans  une  lettre  au  Journal  de  Chartres 
(n*  du  21  juillet  1839),  il  a  raconté  les  détails  d^une  entrevue 
avec  le  général,  qui  se  souvenait  d'avoir  été  porté  tout  enfant  sur 
les  genoux  de  son  beau-frère  et  le  confondait  avec  Emira  dans  sa 
confiante  affection.  Sur  le  point  de  se  séparer  d'eux,  Marceau 
supplia  Sei*gent  de  ne  jamais  l'oublier  et  de  joindre  le  nom  de  son 
épouse  à  son  nom  propre.  Dans  cette  même  année,  Sergent  et 
Emira  avaient  voyagé  à  pied,  pendant  un  mois,  à  travers  la  Suisse, 
et  consigné  le  récit  de  leur  voyage  sur  le  livre  de  Tabbaye  des 
Bénédictins  d'Engelherg.  Ce  n  avait  été  là  qu'une  distraction  de 
vacances.  A  Tordinaire,  leur  vie  en  Suisse  fut  laborieuse.  Ce 
n'était  pas  certes  en  vain  qu'ils  avaient  fait  venir  de  Paris  meu- 
bles et  effets,  et  l'attirail  artistique.  Sergent  continuait  à  graver. 
Quand  ils  quittèrent  la  Suisse  pour  rentrer  en  France  en  1797, 
ils  laissèrent  leur  mobilier  en  dépôt  chez  le  citojnen  Micq.  Une 
lettre  au  ministre  des  finances  Ramel  nous  édifie  sur  les  diffî- 


I  Ils  purent  cependant,  avant  de  partir,  se  procurer  un  passeport.  Du  moins 

est  ce  que  déclare  Sergent  dans  une  lettre  du  6  messidor  an  VII  au  ministre  des 

inances.  Cette  lettre  est  uue  supplique.  Aussi  s'explique-t-on  pourquoi  il  se  garde 

^'"Mk  de  faire  allusion  aux  causes  politiques  de  son  premier  exil  et  parle  seulement 

l'attrait  artistique  que  Baie  avait  exercé  sur  lai. 


664  XOTICE    SUR    SERG  ËNT-U  A  HC  E  .itJ. 

cultes  douanières  quMIs  éprouvèrent  el  sur  les  craintes  tjuVc 
Tan  VII  ils  avaient  d*une  entrée  des  Autrichiens  à  Bàle,  De  retour 
à  Paris,  ils  poursuivirent  leurs  travaux  de  gravure,  en  même 
temps  qu'ils  donnaient  leurs  soins  à  un  procès  d'Ëmira  avec  ses 
parents. 

Au  bout  de  peu  de  temps,  le  ministre  Bernadolte  nomma  Tei* 
conventionnel  commissaire  du  gouvernement  près  des  hôpitnm 
militaires,  charge  quMI  remplit  pendant  quatre  ans.  La  dècisiaa 
ministérielle  fut,  comme  l'observe  M.  Noël  Parfait,  une  réponse  à 
Taccusation  qui  avait  été  dirigée  contre  Sergent  et  lui  avait 
imputé,  bien  à  tort,  croyons-nous,  d  avoir  soustrait  nne  agate 
pendant  ses  fonctions  précédentes  ^ . 

Le  portrait  de  Marceau,  gravé  en  couleurs,  œuvre  très  impor- 
tante au  point  de  vue  historique,  figura  au  Salon  de  1798,  En 
juillet  de  la  même  année,  l'auteur  écrivit  à  Goupilfeau  de  lion- 
taigu  une  lettre  dans  laquelle  il  proposait  de  faire  distribuer  ce 
portrait  ou  un  semblable.  Le  député  Abolin  combattit  avec  succès 
cette  motion,  et  le  Conseil  des  Cinq-Cents  passa  à  Tordre  du  jour. 
Néanmoins  Sergent  et  Ëraira  voulurent  offrir  ce  portrait  àcelt* 
Assemblée.  La  lettre  d'envoi,  comme  il  fallait  lùen  s'y  attendre, 
respire  un  enthousiasme  délirant  pour  le  héros. 

L'année  suivante,  Sergent  exposa,  sous  le  n*"  295,  un  deslîr»- 
aquarelle  représentant  le  costume  des  filte^  suisses,  L'auteur 
habitait  alors  au  Rosental,  à  Chaillot,  n"  1.  Dans  le  jardin  \far- 
beuf,  connu  sous  le  nom  d'idalie,  était  installée  une  ferme  avec 
vacherie  suisse  que  desservaient  des  paysannes  bernoises  ou 
originaires  de  la  forêt  Noire.  Elles  lui  servirent  de  modèles  pour 
ce  dessin  où  elles  nous  apparaissent  'groupées  dans  rintédenr 
d'une  chambre  suisse,  et  se  livrant  a  divers  traïaux.  Il  donna,  au 
Salon  de  1801,  Y  Ermite  du  Colisée  Robert  et  un  portrait  de 
femme  (dessin). 

Dans  les  premiers  jours  de  1803,  sous  prétexte  de  complicité 
morale  avec  les  auteurs  royalistes  de  la  machine  infern»lp,  un 
ordre  du  gouvernement  obligea  un  certain  nombre  de  républicains, 
el  parmi  eux  Sergent,  à  quitter  la  France,  Sortant  d*une  loniîue 
maladie,  Tex-convenlionnel  et  sa  femme  se  dirigèrent  vers  Tll. 

*  Voir  cependant  Michelkt,  JHistoire  de  ia  Hétoiuihn. 


NOTICE    SUR    SERGENT-MARCEAU.  U(>5 

Ilsemmenèrent  avec  eux  leur  neveu,  Âgé  d'environ  quatre  ans  et 
demi,  dans  une  calèche' leur  appartenant.  Quant  à  eux,  toujours 
intrépides  voyageurs,  ils  marchèrent  à  pied  et  n'entrèrent  dans 
leur  voiture  qu*à  cinq  lieues  de  Genève,  parce  quMl  se  mit  & 
pleuvoir.  Munis,  de  quelques  recommandations,  ils  restèrent  un 
an  environ  à  Milan  et  cherchèrent  à  y  gagner  leur  vie  honorable* 
ment,  la  femme  en  s'adonnant  à  Téducation  des  jeunes  filles,  le 
mari  en  s'occupant  d'un  grand  ouvrage  :  là  Tableau  de  l'Univers 
et  des  connaissances  humaines,  qui  devait  contenir  300  planches 
coloriées,  mais  qui  fut  arrêté  après  quelques  livraisons. 

De  1804  à  1809,  ils  résidèrent  à  Vérone,  Padoue,  où  en  1805 
ils  connurent  le  feld-maréchal  comte  de  Bellegarde,  Venise. 
Détail  touchant,  qui  honore  la  mémoire  de  Marceau  et  celle  de 
Tarcbiduc  Charles,  en  souvenir  de  son  jeune  adversaire,  le 
prince  autrichien  étendit  sa  protection  sur  la  sœur  et  le  beau-frère 
du  général  français. 

Sergent  a  laissé  le  souvenir  de  ses  impressions  sur  la  reine  de 
l'Adriatique  dans  un  Coup  d'œil  sentimental  et  physique  '  qui, 
si  nous  ne  nous  trompons  point,  n'a  été  publié  ni  en  Italie  ni  en 
France  même.  Se  piquant  d'avoir  le  cœur  sensible  et  la  fibre 
délicate  avec  une  propension  à  la  mélancolie,  myope  etd'un  esprit 
observateur,  il  s'attache  malheureusement  plus  aux  hommes 
qu*aux  monuments  de  l'art.  Si  nous  n'étions  pas  restreints  par  le 
champ  de  notre  étude,  nous  aimerions  à  le  suivre  dans  ses  pro- 
menades vénitiennes  et  nous  mêler  avec  lui  à  la  foule  des 
badauds,  entrer  dans  les  cafés  de  Plorian,  de  la  Reine  de  Hongrie, 
du  Génie,  de  la  Concorde,  fréquenté  par  les  juges  et  les  avocats, 
de  la  Fama,  de  la  Victoire,  des  Filarmonici,  où  les  chanteurs  et  les 
compositeurs  se  coudoient  aux  danseurs  et  aux  sauteurs.  Xous 
lirions  de  curieux  détails  sur  des  mœurs  peu  édifiantes.  Xous 
admirerions  la  Merzeria  ornée  pour  l'entrée  du  vice-roi  Eugène. 
Nous  surprendrions  le  jeune  amoureux  causant  doucement  avec 
sa  belle  à  la  faveur  d'une  sombre  nuit.  Car  on  se  soucie  peu  de 
Téclairage  nocturne.  En  1807,  Sergent  n'eut-il  pas  l'idée   d'un 

Ecrit  à  Brescia  en  1814.  M.  le  professeur  Garbelli,  bibliothécaire  de  la  Que- 
iana  à  Brescia,  nous  l'a  signala,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  pièces  annexées  k 
re  étade.  C'est  ud  devoir  pour  nous  de  le  déclarer  et  de  lui  témoigner  notre 
(*  gratitude. 


I 


666  NOTICE    SLR   SERGENT^M  ARCE  Jï  U 

projet  économique  avec  réverbères?  Quand  il  Ht  |iarL  de  son 
projet  au  premier  magistrat  de  la  cité,  celui-ci  lui  répondit  ;  s.  Od 
a  toujours  vu  assez  clair  à  Venise  depuis  des  siècles  :  nous  n'aroos 
rien  à  attendre  de  vos  eipédients.  »  Et  les  choses  en  restèrent  là 
jusqu'à  ce  que  Napoléon  les  eût  fait  changer.  Ce  que  nous  cher- 
chons, ce  sont  des  impressions  sur  Part.  Rien  sur  les  monuments, 
rien  sur  les  Musées.  Patience  cependant.  Nous  aurons  des  im])re$- 
l:  sions  spéciales  d'art  si  nous  voulons  bien  passer  à  Sergeut  quel-» 

I  ques  invectives  anticléricales.  Nous  souciant  peu  de  semblables 

I  diatribes,  nous  irons  avec  lui  assister  à  Tinstallation  d'un  curé  de 

I  paroisse  vénitienne.  Nous  voilà,  en  plein,  dans  tin  décor  singulier 

^  et,  par  certains  côtés,  artistique.  «  A  Venise,  rinstallatioti  du  curé 

I  u  dans  sa  paroisse  est  annoncée  dès  la  veille  par  le  son  bruyant 

^  tt  des  cloches  de  son  église...  On  orne  les  fenêtres,  les  portes  des 

r  tt  maisons,  on  placarde  des  sonnets  sur  les  murs  :  sonnets  pour 

l  A  lui.  pour  son  père,  pour  sa  mère,  pour  toute  la  famille.  Oo 

^'  a  transforme  les  boutiques  en  décorations  théâtrales  avec  un  i^oiit 

{  tt  admirable...  Quand  la  nuit  survient,  elles  prennent  plus  trèdai 

u  à  cause  des  lumières  réfléchies  par  les  facettes  agitées  des  lus- 
'/  a  très  de  cristal  et  par  une  grande  quantité  de  glâces.  Les  rues 

u  aussi  sont  éclairées  a  giorno  :  le  peuple  circule  en  foule  jusqu'à 
u  onze  heures  ou  minuit  autour  du  spectacle.  On  n'y  risque  rien 
a  que  d*être  volé  :  sans  ce  petit  inconvénient^  trè^  fréquent  a 
a  Venise,  tout  est  dans  le  meilleur  ordre  possible.  Dans  une  place 
a  voisine  de  Téglise  où  assez  ordinairement  est  la  maison  que 
tt  doit  habiter  le  curé,  on  élève  une  baraque  de  bois  à  quatre 
i  faces,  tapissée  de  vieux  chiffons  de  damas,  de  velours*  d'autres 
^  étoffes  de  soie  de  toutes  couleurs,  ornées  de  clinquants,  tie 
tt  dentelles,  d'oripeaux,  relevées  par  des  fleurs  très  lielles,  par  dei 
tt  branches  de  laurrer  (cet  arbre  est  consacré  à  Venise  pour  toutes 
a  les  fêtes).  Ce  monument  triomphal  est  couvert  aussi^r  par  quel- 
u  ques  grossières  peintures  et  décoré  de  sculptures.  A  cùlê  d'uD 
Cl  saint  Jean  s'élève  une  Pomone  ;  Mercure,  Hercule,  figurent 
«  près  d*un  saint  Philippe,  d'une  sainte  Agnès...  Dans  toutes  ce^ 
<(  décorations  d'église,  soit  intérieurement,  soit  extérieurement. 
tt  on  ne  pourrait  juger  de  Topulence  et  du  bon  goût  des  Vt 

tt  tiens A  quelque  distance  de  ce  risible  trophée,   s'élève 

tt  amphithéâtre  dressé  de  même,  sur  lequel  sont  placés  des  m\ 


\OTICE    SUR    SERGEXT-MARCEAII  667 

»  ciens  qui  exécutent  des  morceaux  des  plus  célèbres  composi- 
.a  teurs,  malgré  le  bruit  étourdissant  des  cloches  et  le  fracas  des 
tt  pétards  que  la  canaille  jette  aux  fenêtres,  d*où  les  valets  ripos- 
à  tent  par  des  paquets  de  serpenteaux  enflammés.  Dans  cette 
«  place  ou  tout  près  de  là,  on  a  dressé  sur  des  tréteaux  (sic)  un 
«  petit  théâtre  qui  rappelle  ceux  de  Thespîs  :  les  acteurs  sont 
tt  quatre  ou  cinq  faquins  (c'est  le  nom  qu'on  donne  en  Italie  aux 
tt  hommes  de  peine,  aux  porte-faix  du  coin  des  rues),  le  visage 
tt  enfariné,  barbouillé  de  lie,  de  noir  de  fumée,  la  tète  couverte 
«d'une  énorme  perruque  blanche  à  moitié  pelée,  etc..  A  deux 
a  pas  de  ces  farces  misérables  est  la  façade  de  Téglise  ;  au-dessus 
tt  des  portes  sont  suspendues  d^énormes  guirlandes.  Plus  elles 
tt  sont  lourdes  et  épaisses,  plus  elles  sont  admirées...  Sur  les 
tt  contours  arqués  de  la  principale  porte  sont  placés  à  califourchon 
ttdeux  petits  anges  dorés  en  adoration  devant  le  Sacrum...  Pres- 
tt  que  toujours  on  voit  sur  la  porte  de  la  paroisse  ou  sur  celle  de 
ttTéglise  le  portrait  du  défunt...  »  Le  Coup  d'œil  sentimental dL 
d'autant  plus  de  prix  pour  nous  que  les  renseignements  nous 
manquent  sur  le  séjour,  de  Sergent  à  Venise  qui  dura  six  ans. 
Dans  le  Fragment  de  mon  album  et  nigtum,  Tauteur  fait  une 
courte  allusion  à  sa  servante  Xina,  à  son  amie  la  comtesse  Michieli, 
auteur  de  six  volumes  sur  les  fêtes  de  la  République,  et  à  un 
voyage  de  cent  lieues  à  pied,  avec  son  épouse  et  son  neveu, 
en  1.807,  dans  les  environs  de  Venise  et  dans  le  Frioul.  Et  c'est 
toul. 

Enfin  voici  les  époux  Sergent  à  Brescia,  jouissant  d'une  meil- 
leure situation  depuis  Wagram,  grâce  à  une  circonstance  inespérée. 
Après  cette  bataille,  Tancien  aide  de  camp  de  Marceau,  Constantin 
Maugars,  blessé  à  l'hôpital,  sollicita  de  TEmpereur  une  pension 
pour  la  sœur  de  son  ancien  général.  Le  lendemain,  un  décret 
impérial  accordait  à  Emira  une  pension  annuelle  et  viagère  de 
1,200  francs.  Sergent  avaitquelques  créances  qu'il  lui  était  difficile 
de  faire  rentrer  \  Son  séjour  se  prolongea  pendant  sept  ans  à 
Brescia.  Nous  connaissons  assez  les  époux  Sergent   pour  savoir 

*  Le  général  Donnadieu,  Lampron  fils,  Garnerin  l'aîné,  Chardin,  le  chevalier 
les,  le  libraire  Scboël  étaient,  en  1814,  ses  débiteurs.  Schoel  avait  exercé,  en 
•1  VII,  le  commerce  de  libraire  à  Bàle,  et  Sor^jent  lui  avait  alors  vendu  des 
»^mpes. 


668  NOTICE    SLR   SERGENT-MARC  E  U^ 

qu'ils  n'y  demeurèrent  pas  inaclifs.  Ils  ouvrirent  pour  jeunes  gens 
et  jeunes  filles  des  cours  de  dessin.  Mme  Sergent  oOVit  même  d'ea- 
seigner  gratuitement  les  jeunes  filles  pauvres;  le  29  jiinuier  lïïlï, 
le  podestat,  comte  Baluccanti,  lui  adressa  de  cliauiles  félicitatiom 
pour  son  dévouement  désintéressé.  Ils  conquirent  beaucoup  de 
sympathies  à  Brescia  et  s'y  lièrent  ^vec  deux  compalriotes: 
M.  Deby,  ancien  payeur  divisionnaire  de  Tarméc  irilalie,  pt 
M.  Julien,  le  fondateur  de  la  Revue  rétrospective.  Servis  par  une 
domestique  montagnarde,  vivant  dans  un  intérieur  modeste,  \h 
donnèrent  cependant  des  soirées  recherchées,  Ine  fois  pur 
semaine,  on  jouait  aux  jeuï  de  société.  Une  fois  par  mois,  a^ant 
pour  acteui:s  leurs  élèves.  Sergent  faisait  voir  la  fantasmogcne  &u 
les  ombres  chinoises.  Puis  on  dansait.  Comme  Tétiquette  ue  per- 
mettait que  des  robes  blanches  pour  vêtement  des  jeunes  filles  ti 
des  fleurs  pour  leur  coiffure,  on  appelait  la  réunion  :  &  le  bal  de 
printemps  de  M.  Sergent.  » 

Il  y  avait  longtemps  que  Talma,  instruit  par  Tètudc  de  rhistoire. 
avait  médité  et  réalisé  en  France  la  réforme  des  coutumes  sur  la 
scène,  réforme  déjà  tentée  par  Lekain.  L'Italie  était  à  cet  éf^^rJ 
restée  bien  en  arrière.  Sergent,  qui  était  grand  amateur  de  lliéâlrf» 
prit  goût  à  la  question  et  résolut  de  faire  en  Italie  par  la  plume  et 
le  burin  ce  que  Talma  avait  fait  en  France.  Il  écriiit,  en  }Sl%  SuUû 
riforma  da  far  si  net  vestimenti  teatrali.  Il  projeta  en  même 
temps  un  grand  ouvrage  sur  les  costumes  des  peuples.  L*^ 
28  juillet,  il  demanda  à  TAlhénée  de  Bréscia  la  prrmis.^ion  d'eu  faire 
lire  le  discours  préliminaire.  L'ouvrage  portait  pour  titre  ;  Cos- 
tumi  dei popoli  antichi  et  moderni^  ;\e  premier  fascicule  parut 
en  février  1813.  La  préface  n'est  autre  que  le  discours  prélimi- 
naire lu  Tannée  précédente  à  Brescia.  Cette  préface  est  vniiuienl 
curieuse.  L'auteur  y  célèbre  la  paix,  et  il  émet  Taugure  que  les 
souverains  de  l'Italie  protégeront  son  œuvre.  Il  salue  en  eus  des 
princes  jaloux  de  conserver  la  gloire  des  pay«  soumis  à  leur  domi- 
nation.  Répondant  à  certaines  critiques,  il  déclare  qu'il  a  choisi 
les  modèles  les  plus  élégants  parce  qu'il  écrit  [»oiir  le  théâtre.  A 
propos  du  frontispice,  composition  allégorique  sans  grande  valeur, 
il  insiste  sur  la  nouveauté  du  genre  de  gravure  adopté  par  h 

'  A  Milan,  chez  Fortuoato  Stella,  libraire,  contrado  Sanla  \îarj^bcrîta. 


XOTICE    SLR    SKRGENT-MARCEAU.  669 

fait  allusion  aux  succès  qu'il  a  obtenus  ^  Les  estampes  qui  accom* 
pagneut  le  volume  et  qui  sont,  comme  le  frontispice,  en  couleurs, 
ont  trait  aux  rôles  de  plusieurs  pièces  alors  en  vogue  en  Italie  : 
le  Virginia  d'Alfiçri,  le  ballet  du  Ritorno  d'Llisse  in  Itaca,  etc. 
Les  Costumi  furent  l'occasion  de  lettres  échangées  de  1812  à 
1819  entre  Sergent  et  Stella.  Nous  les  publions  à  la  fin  de  notre 
mémoire.  Il  y  est  question  non  seulement  des  Costumi,  mais  du 
Louvre  et  de  l'art  de  la  gravure  en  France  et  à  l'étranger ,  de  des- 
sins qu'entreprend  Sergent,  et  aussi  soit  de  ses  embarras  d'argent, 
soit  de  son  fils  adoptif,  Agatbophile  Berchet-Marceau,  ancien 
élève  du  lycée  de  Casale,  qui  fut  employé  chez  Stella,  et  qui, 
littérateur  dans  ses  loisirs,  entra  plus  tard  dans  la  direction  des 
travaux  publics  du  royaume  lombard-vénitien.  Mous  n'avons  pas 
besoin  d'insister  sur  l'intérêt  qu'elles  présentent  pour  la  connais-* 
sance  de  l'homme  et  de  l'artiste.  Nous  ne  sommes  pas  surpris  de 
l'admiration  que  Sergent  professe  pour  les  gravures  françaises, 
surtout  pour  les  premières  estampes  de  Moreau  le  jeune.  Mais, 
tout  en  voulant  être  impartial,  peut-être  est-il  téméraire  quand  il 
met  au-dessus  de  tous  Chodowicki,  de  Dantzig,  aux  talents  variés, 
à  la  fois  peintre  eA  miniature  et  émail,  dessinateur  et  graveur.  En 
cela  du  moins  il  était  d'accord  avec  beaucoup  d'amateurs  de  la  fin 
du  siècle  dernier.  Le  Manuel  de  l'amateur  d'estampes  d'Hubert 
et  Rost  (Zurich,  1797)  se  confondait  en  éloges  sur  Chodowicki 
et  le  classait  parmi  les  grands  artistes  dans  son  genre,  soit  pour 
l'originalité  des  idées,  soit  pour  l'esprit  d'exécution.  Deux  gra- 
veurs italiens  furent  en  relations  particulières  avec  Sergent.  X'ous 
présumons  que  ce  fut  pendant  son  séjour  à  Venise  qu'il  entra  en 
rapport  avec  Francesco  Novell i.  Ce  graveur,  en  effet,  naquit  dans 
cette  ville  en  1764.  Élève  de  son  père  Pietro-Antonio,  il  travailla 


'  Texte  original  :  «  A  colori  in  guisa  aiïato  nuovo  e  sconsciuti  degli  incisori 
d'Ilalia  e  nella  quale  mi  fu  da  parccctii  anni  accordata  una  cerla  faroa  dai  Profes- 
sori  di  Pittura,  d'Iacisione  el  dal  Pubiico.  {Legassi  il  Guide  des  amateurs,  par 
Hubert,  ediz.  di  Zurigo,  e  Y  Opéra  sugli  Incisori,  estampala  in  Sienno,  el  nome 
Sergent,  Ant.  Franc.)  » 

Traduction  :  c  En  couleur»  à  la  manière  nouvelle,  inconnue  des  graveurs  ita- 
3S,  dans  laquelle,  il  y  a  peu  d'années,  j*ai  obtenu  un  certain  renom  chez  les 
fesseurs  de  peinture,  de  gravure  et  dans  le  public.  {Lisez  le  Guide  des  ama- 
rs,  par  Hibisrt,  édit.  de  Zurich,  et  V Ouvrage  sur  les  graveurs,  imprimé  à 
ane,  au  mot  Sergent,  Ant.  Franc.)  » 


1 


670  NOTICE    SUR   SBRGENT-M AltC£.lL\ 

en  1815  à  un  Almanacli  pour  Stella.  A  ce  propos,  Sergent  le 
critiqua  et  lui  reprocha  sa  froideur  dans  les  effets  et  sa  lourdeur 
qu'il  attribuait  à  la  pratique  presque  exclusive  des  sujets  relî^^fieiii. 
Et  de  fait,  Kovelli  grava  surtout  d'après  Titien,  Manti^jjtja  el 
Raphaël.  Quant  à  Longhî,  Sergent  paraît  attacher  beaucoup  i!e 
prix  à  son  jugement.  C'est  ce  qui  ressort  de  sa  r<)rri^sprmdànee  et 
du  Fragment  de  Valbum  et  nigrum  où  il  Texalte  romme  ^  un 
a  artiste  célèbre,  grand  dessinateur,  homme  éclairé  sur  tout  ce 
<t  qui  appartient  aux  Beaux-Arts  et  à  la  poésre,  né  k  Milan  ou  les 
a  femmes  sont  généralement  belles,  qui  avait  vécu  k  Rome  oi'i  h 
«  beauté  est  grandiose...  i^  Il  y  a  là  une  erreur  de  lieu.  Giiiseppe 
LoDghi,  dessinateur  et  graveur,  ne  naquit  pas  à  Milan,  maïs  à 
Monza,  en  1766.  Il  fut  élève  pour  le  dessin  lît^  Giulano  Travale>i, 
et  pour  la  gravure  de  Vangelisti.  Le  chevalier  Lorjghi  fut  membre 
de  rinstitut  de  Milan  et  de  Paris,  professeur  à  Técole  du  royaume 
lombard-vénitien,  et  mourut  en  1831.  Son  œuvre  est  consitïé- 
rable.  Outre  les  nombreuses  gravures  dont  le  Manuel  de  l'ama- 
teur d'estampes  donne  la  liste,  il  a  écrit  en  italien  un  traité  sur 
Tari  de  la  gravure.  D'une  grande  habileté  à  manier  le  buriu,  il 
s*înspire  presque  toujours  d'oeuvres  anciennes."  On  lui  reproche 
d'être  inférieur  à  ses  modèles. 

Après  qu*en  1813  il  eut  été  nommé  membre  faoaoraire  de 
TAthénée  de  Brescia,  Sergent  y  lut  plusieurs  iliscours  et  mé- 
moires :  1813,  allocution  de  remerciement  pour  sa  tiomination  et 
Notizi  dei  disegni  di  Virginia  a  studio  d'un  piliore  e  d'un 
commediante  suU  espressione  da  darsi  à  Virginia  %■  1814,  Coup 
d'œil  sentimental  et  critique  sur  Venise^  que  nous  avons  déjà 
cité;  1815,  un  discours  intitulé  :  Quale  di  tufli  i  modi  d^incidtvi 
sia  pin  da  preziarvi*?  dont  on  trouvera  Tanalyse  aux  pièces 
annexes,  dans  une  lettre  à  Stella.  En  1815,  aussi,  fut  représeulé 
au  Teatro  Grande  de  Brescia  le  mélofirame  la  Vestale,  musique 
du  maestro  Pacini,  paroles  de  Félix  Romani.  Sergent  lentendit  et 
fut  saisi  des  imperfections  qui  existaient  dans   Jea  costumes  et 

*  Traduction  :   &  Notices  des  dessins  de  Vir(jioio  ou  éidde  d'un  pmntrr  tî  d'un 
comédien  sur  l'expression  à  donner  è  Virginio.  i  II  s*agit  évîdcœmeDt  du  V 
nio  d'Alfieri. 

'  Traduction  :  •  Quelle  est  de  toutes  les  manières  de  grsrer  celle  qai  a  L 
de  valeur?  » 


NOTICE    SUB   SERGEXT-MARCEAL'.  671 

dans  le  décor.  Il  ne  pouvait  laisser  passer  Toccasion  de  montrer 
ses  connaissances  spéciales  sur  cette  partie  de  Tart  dramatique.  11 
consigna  les  fruits  de  ses  érudites  recherches  et  de  sa  science 
artistique  dans  les  Osservazioni  critiche  qu'il  lut,  le  6  août,  à 
TAthénée.  Nous  en  publions,  aux  Annexes,  les  plus  importants 
passages.  En  1816,  il  lisait  devant  la  docte  Assemblée  une 
curieuse  apologie  des  chiens  (Apologia  dei  cani).  Le  13  juin 
1816,  il  annonçait  son  départ  pour  Milan,  où  il  se  fixait  de  nou-* 
veau  avant  la  fin  du  mois. 

Suivant  une  promesse  par  lui  faite  à  TAthénée  de  Brescia,  il 
adressait,  en  1819,  à  cette  assemblée  le  portrait  de  Canova  gravé 
par  lui. 

Son  séjour  à  Milan  ressembla  beaucoup,  à  tous  égards,  à  celui 
de  Brescia.  Il  fut  marqué  par  une  Description  de  la  cathédrale. 
En  1820,  Sergent  fit  paraître  chez  Giusti,  libraire,  h  iVotice  histo* 
rique  sur  le  général  Marceau,  ornée  de  gravures  qu*il  avait 
exécutées  *.  Il  en  abandonna  le  produit  à  Téditeur,  sous  réserve 
de  certains  exemplaires  destinés  à  des  dons.  Ces  exemplaires 
furent  donnés  par  Emira  à  Louis  WIII,  au  roi  de  Prusse,  an  roi 
de  Suède,  au  roi  de  Wurtemberg,  à  Tarcbiduc  Charles,  au  prince 
de  Saxe-Weimar,  auxCbambresfrancaiseSyàquelques  personnages 
célèbres.  Lui,  le  régicide  exilé,  écrivit  môme  à  cesujetau  ministre 
de  Sa  Majesté  le  roi  de  France.  Autre  sujet  d'étonnement.  Déjà 
nous  avions  été  frappés  de  la  réserve  politique  que  Sergent 
observe  dans  sa  correspondance.  Notre  impression  s'accentue  à  la 
lecture  de  la  lettre  du  8  mars  1820  à  M.  Julien.  Quand  les  Aulri* 
chiens  eurent  reconstitué  le  royaume  lombard-vénitien,  les  Lom* 
bards  avaient  pu  croire  qu'ils  conserveraient  un  reste  d*indé* 
pendance.  Ils  avaient  été  vite  détrompés.  Les  canonniers  montant 
la  garde,  mèche  allumée,  sur  la  grande  place  de  Milan  ne  lais- 
saient point  d'illusion  sur  Tétat  de  choses.  Silvio  Pellico  cependant 
avait  fondé,  en  1818,  le  Conciliateur  contre  la  Bibliothèque  ita- 
lienne, revue  austro-milanaise,  qui  méritait  les  sympathies 
autrichiennes;  il  allait  bientôt  cruellement  expier  ses  velléités 
libérales.  Est-ce  réserve  obligée  de  Texil,  est-ce  eUet  de  Tàge, 

*  Il  Tannonça  dès  i819.  (Voir  la  lettre  du  prince  d'Hardenberg  à  Sergent,  de 
{flin',  30  octobre  1819,  à  propos  de  cette  annonce  e  de  la  translation  du  monu- 
uent  de  Marceau.) 


i^ 


672  XOTICE    SLR    SËRGËNT-U  ARCE  AU. 


est-ce  prudence  de  la  part  du  père  adoplif  ?  dans  aucune  lettre  de 
Sergent,  à  notre  connaissance,  on  ne  sent  déborder  rindi;jnation 
causée  par  un  régime  de  compression  et  de  1}  rantiie.  Il  loue  U 
Bibliothèque  italienne  et  garde  le  silence  sur  le  Conciliateur^'  il 
loue  le  gouvernement  et  serait  presque  tenté  de  lui  pardonner  la 
censure  à  cause  de  quelques  tendances  anticléricales  et  de  la 
création  d'écoles  d'enseignement  mutuel  autorisées  à  Milan  et  à 
Brescia  \  Après  tout,  on  peut  lire  la  Quotidienne^  les  Débuts^  le 
Moniteur j  et,  pour  les  autres  journaux  français,  il  y  a  la  res- 
|j^  source  de  la  contrebande.  Voilà  tout  ce  que  Sergent  (rotiv*^  à  dire 

sur  ritalie  frémissante,  à  la  veille  d'une  iiisurrectîoD.  Pour  ua 
ex-conventionnel,  c'est  le  comble  de  roptimisme* 

En  1821,  il  publia  la  traduction  de  V/conolope  de  Pistrucci; 
à  la  même  époque  appartient  son  portrait  exécuté  par  le  tiietalier 
Longhi. 

En  1824  et  1825,  nous  le  voyons  en  correspondance  avec 
M.  Pouthier,  agent  d'affaires  à  Paris.  Ces  lettres  ne  nous  rensei- 
gnent qu'incidemment  sur  la  vie  artistique  de  Sergent.  Au  mm 
d'avril  1824,  il  fait  appel  de  fonds  à  Pontliier  pour  solder  d*ur- 
gentes  dépenses.  Il  venait,  en  effet,  de  prendrr  un  nouveau  bail, 
et,  pour  obtenir  une  diminution  de  loyers,  il  s'était  engagé  a 
verser  une  année  d'avance.  En  1825,  il  est  toujoiirs  préoccupé  du 

^  Ces  écoles  auxquelles  se  réfère  Sergent  dans  sa  lettre  du  S  m&r&  1K30, 
furent  fondées  à  Brescia  par  Giacunio  Mompiani^  k  Ponle  Vica  par  Caraîllo  Lgonu 
et  ù  Milan  par  Confalonieri. 

Le  premier,  philanthrope  distingué -(1785-1855^,  a?att  créi^  en  1S19,  daûs  à 
-ville  natale,  une  école  de  sourds-muets  avant  d'y  êlabitr,  en  1S19,  une  école  d'eo- 
seignement  Lancaster.  Il  conspira  contre  rAutriche^  mais  ou  te  relâcha  aprri 
quelques  mois  de  prison,  faute  de  charges,  gricc  à  l'habiletc  de  as.  roadarie 
pendant  le  procès.   (Renseignement  fourni   par  \1,    ïe  professeur  GarWili) 

Le  deuxième  futunlitterateurremarquable.il  traduisit  en  italien  le^  Oimmer^- 
taires  de  César  et  les  Fables  de  la  Fontaine  ei  écriv  ît  un*'  liistoirt  de  la  ÎUtér^urt 
italienne  dans  la  dernière  moitié  du  dix-huitième  siècle^  justement  estim^fi!.  l*o 
causes  politiques  Tobligèrent  à  quitter  Tltalie.  W  se  ri-fugio.  d'abord  en  Stituf. 
puis  dans  d'autres  pays,  et  enûn  vint  à  Paris.  Ancien  rédacteur  du  ContUiMort^ 
il  put,  par  rentremise  affectueuse  de  Vitet,  collaborer  au  fj/obt,  et  iW  àsm^t 
avec  Villemain,  Cousin,  La  Fayette,  et  autres  libcniux  rrauçais,  il  ri^ntn  n  firf^- 
ciii  en  1839.  (Renseignement  fourni  par  .M.  {jarbf!|U  et  dans  U  lliogr«{rbjT 
Micbaud,  art.  tgoni.) 

Le  troisième  est  sans  doute  Confalonieri,  l'on  des  fonditteurs  du  CoticiUu 
ce  journal  qui  iuspira  des  craintes  au  gouvernement  aulricbicn  et  qui  Sut 
pri[né  au  bout  d'une  année. 


NOTICE    SUR   SERGENT-UARCBAU.  673 

succès  de  son  ouvrage  sur  les  Costumi  et  de  la  traduction  d'un 
traité  sur  le  dédommagement  de  Tinjure.  Il  lit  le  Journal  des 
Débats,  est  en  relation  avec  des  arlistes  musiciens  italiens»  et  se 
procure  des  livres  d'économie  domestique,  tels  que  YArt  de 
conserver  les  fruits  et  le  Jardinier  des  fenêtres.  Si  l'on  en  croît 
la  note  jointe  à  ces  lettres,  il  offrit  au  libraire  Audot  de  Paris  sa 
traduction  de  la  Vie  de  Canova  et  les  gravures  l'accompagnant 
pour  550  francs.  11  aimait  à  rappeler  que  le  gonvemement 
impérial  et  Hurat  avaient  souscrit  abx  Costumi  et  déclarait,  en 
terminant,  qu'il  avait  présenté  au  Roi  et  aux  Chambres  la  Notice 
historique  sur  Aîarceau.  Il  gravait,  notamment,  d'après  des  maî- 
tres italiens,  et  traduisait,  comme  nous  Tavons  déjà  observé,  des 
ouvrages  de  celte  langue  en  français. 

En  septembre  1827,  il  envoyait  à  l'Athénée  de  Brescia  deux 
gravures  en  couleurs  :  une  Vierge  et  un  portrait,  et  présentait  ses 
œuvres  au  concours  annuel.  De  1827  à  1830,  nous  le  trouvons 
établi  à  quatre  milles  de  Milan  et  cultivant,  à  Gorla,  «  choux, 
crayons  et  belles-lettres  » . 

Nous  ne  savons  combien  de  temps  il  conserva  à  Turin  les  fonc- 
tions de  bibliothécaire  adjoint. 

Après  Turin,  Nice  l'attira.  Il  conçut  l'espoir  que  le  climat  en- 
chanteur des  bords  méditerranéens  ménagerait  à  sa  compagne  et  à 
lui-même  encore  d'heureux  jours.  Quoique  la  révolution  de  Juillet 
l'eût  relevé  de  la  proscription,  il  renonça  à  venir  à  Chartres.  Le 
chemin  était  long,  ses  amis  étaient  morts,  il  eut  été  presque  étranger 
dans  sa  ville  natale,  et  peut-être  plus  d'un  visage  se  serait  montré 
sévère  pour  lui.  Sa  chère  Emira,  l'Idole  de  son  âme,  Tépouse  si 
tendrement  chérie^  lui  fut  enlevée  le  6  mai  1834.  Son  convoi  fut 
suivi  par  le  comte  de  Canclaux,  consul  de  France,  M.  Borg,  vice- 
consul,  un  général  en  retraite,  et  un  certain  nombre  de  compa- 
triotes et  d'amis.  L'époux  désolé  a  consacré  à  la  mémoire  de  sa  chère 
femme  un  précieux  hommage,  auquel  nous  avons  fait  plus  d'un 
emprunt.  Ce  fragment  de  mon  album  et  nigrum  est  illustré  de  trois 
lithographies:  1*  le  Portrait  d*Emira,  lithographie  par  R.  Mereu, 
^  Nice,  d'après  un  portrait  d'elle  dessiné  et  gravé  par  son  époux  en 
808;  2*  sur  un  côté  de  la  couverture,  Emira  dessinée  à  l'âge  de 

ngt  et  un  ans;  3*  sur  l'autre  côté,  le  Cimetière  de  Nice,  Serg- 

sirceau,  del.  1837.  Cette  dernière  lithographie  n'est  pas  la  moins 

43 


n 


674 


NOTICE    SUR    SEnCEXT-MAACEAt 


l 


curieuse.  Sergent  dépose  une  couronne  sur  la  ïombe  d'Emira;  il  esl 
accompagné  d*un  prêtre,  sans  doule  le  uchanoincn  donlilcsl  parlé 
dans  la  lettre  à  Maider  ;  sur  le  mur  du  cimetlire  est  écrit:  *  L*éler- 
nité  nous  réunira.  » 

Depuis  s^on  veuvage,  Sergent  vécut  à  Xit^e  assrz  relire,  jouant  le 
rôle  semi-comique  de  conGdent  îles  femmes  malheureuses,  s' occu- 
pant de  travaux  littéraires'  et  historiques,  et  dans  un  état  voisin  de 
lagOne,  qu'heureusement  le  roi  Louifî-rhilippe  adoucit  en  conti- 
nuant à  Téponx  la  pension  personnelle  et  viagère  accordée  par 
Napoléon  à  la  sœur  de  Marceau  '. 

Qui  pensait  à  lui  en  France,  à  part  quelques  hommes  attachés 
aux  principes  et  aux  hommes  de  la  Révolu- 
tion? L'un  d'eux,  David  d'Angers,  se  senit 
d'un  dessin  d'André  Du  tertre,  élève  Je 
Vien,poiir  modeler,  en  1835,  le  médaillon 
de  ^ex-canvcntioi]nel^  Le  statuaire  lui  en 
adressa  plusieurs  exemplaires.  Le  vieus 
graveur  fut  très  sansildeà  cet  envoi»  et  il  en 
remercia  Tauteur  dans  une  lettre  émue.  Il 
tC  suppliait  en  même  temps  David  d'Angers 
de  faire  le  médaillon  de  Marceau,  et,  à  tdre 
de  document,  il  dessinait  à^Ia  plume  sur  li 
marge  de  sa  lettre  le  croquis  que  nous  re- 
produisons ici  ^  Ce  vœu  ue  fut  pas  exaucé, 
mais  David  donna  place  au  général  dans  le  frontispice  dessiné  |i«r 
lui  pour  une  histoire  de  la  Vendée  miUlaire, 

Hippolyte  Carnot,  qui  connut  Sergent  dans  les  derniers  jours  Je 
sa  vie,  nous  fournit  des  détails  curieux  sur  son  intérieur,  ses  reU- 
4ions  et  le  culte  posthume  qu'il  gardait  à  sa  femme,  u  Morte 
<k  presque  septuagénaire,  son  Kmira  (anngramme   de   Marie)  loi 

*  Voir  La  bonne  fdle  et  le  ramoneur,  hîitoirc  vcrilabli*  m  10  pàga*,  jo*8*> 
traduit  du  journal  italien  Leliure  di  famiyiia,  CAmrktf^*,  t84V, 

*  Cette  pension  fut  plus  tard  grossie  d'une  rente  ili*  40tl  franco  que  Soubâit  [àct 
Vosges)  avait  léguée  à  chacun  de  ses  collèijuej}  naalheur^ui. 

*  Voir,  ci-contre,  planche  XLVI. 

*  La  lettre  de  Sergent -Marceau  à  David  a  éiè  publiée  par  M.  i]«nry  Jain%  i 
son  livre  David  d'Angers  ei  ses  relations  Utièralr^s  (Paris,  I*loii  et  C**,  t' 
ia-8",  p.  102-lOV).  M.  Jouin,  qui  avait  conaf^rvë  un  cal{|ue  du  croquist  d^  Ser^i 
•a  bien  voulu  le  mettre  à  notre  disposition  pour  Str«  io^éra  d^iic  U  préfcriite  étiK 


m^r^m 


?iMci«  XLVt. 


P'])e  iTil. 


SERG£\T    UARCKAU 

l  dam  i«   Truffi-  if  nHVifnaiJf  Hï  «I  ti£  §iypti^mt. 


1 


*w^i. 


à 


NOTICE    SUR    SERGE\T-M/IRCKiHl.  615 

a  apparaissait  belle  et  séduisante  comme  aux  premiers  temps  de 
a  leur  mutuelle  tendresse.  Il  vivait  entouré  de  souvenirs  d*elle  : 
a  chiffons,  portraits  crayonnés,  autographes,  chiffres  entrelacés,  n 
Son  modeste  salon  était  orné  de  quelques  reliques  précieuses  de 
son  beau-frère  :  le  sabre  de  Marceau,  son  écharpe  sanglante,  une 
urne  contenant  une  partie  de  ses  cendres,  et  une  miniature  assek 
médiocre,  mais  d*un  certain  intérêt  historique,  que  Marceau  portait 
toujours  sur  son  cœur,  et  qui  n*était  autre  que  le  portrait  de  sa 
fiancée  Agathe  Leprétre  de  Chateaugiron,  morte  marquise  Dodun. 

Sa  conversation  était  pleine  de  (inesse  et  de  charme.  Il  fréquen- 
tait beaucoup  le  consul  de  France  à  Nice,  le  propre  frère  d*Agatbe» 
Ilippolyte  de  Chateaugiron,  qui  lui  avait  du  son  salut  pendant  la 
Terreur.  Il  visitait  souvent  aussi  la  famille  anglaise  Davenport. 
Une  nuit  qu*il  avait  besoin  de  se  lever,  son  jeune  domestique  vint 
Taider.  Sergent  le  renvoya,  mais,  resté  seul,  il  tomba  et  se  blessa 
grièvement.  Le  lendemain  matin, son  domestique  courut  chercher 
le  médecin.  Le  vieillard  lui  dit:  a  Quand  j*étais  par  terre  celte 
a  nuit,  j'ai  bien  cru  que  j^allais  mourir;  mais  j'aurais  eu  grand 
tt  regret  de  partir  même  en  paradis  sans  vous  avoir  serré  la  main.  « 
Il  avait,  comme  on  le  voit,  le  pressentiment  que  d*un  moment  à 
Taulre,  il  allait  mourir.  Et  comment  aurait-il  pu  se  faire  la  moindre 
illusion,  alors  que,  si  son  esprit  demeurait  lucide,  ses  forces  phy- 
siques déclinaient,  quand  la  cécité  le  plongeait  dans  une  nuit  con- 
tinue, à  Tàge  de  quatre-vingt-seize  ans?  Peu  de  jours  avant  sa  mort,  il 
mandait  à  M.  Xoël  Parfait,  par  Tintermédiaire  d*un  ami  :  a  Je  n'ai  plus 
arien  à  faire  et  je  puis  maintenant  Gnir  moi-même.  Je  crois,  mon  cher 
tt  compatriote,  que  le  moment  ne  se  fera  pas  longtemps  attendre.  » 
H  fit  venir  le  curé  de  sa  paroisse.  Les  controverses  soulevées  au 
sujet  de  ses  derniers  moments  sont  étrangères  à  Tohjet  de  ce  mé- 
moire; aussi  croyons-nous  inutile  de  les  relater  ici.  Le  15  juillet 
1847,  il  rendit  le  dernier  soupir.  Un  petit  groupe  d'amis  accom- 
pagna sa  dépouille  mortelle  jusqu*au  cimetière.  Hippolyte  Carnot 
prononça  sur  sa  tombe  quelques  paroles  émues. 

Ainsi  mourut,  dans  un  oubli  presque  complet»  un  homme  qui 
avait  eu  son  heure  de  célébrité  retentissante,  et  dont  le  nom  se 
trouve  mêlé  à  Tbisloire  de  la  Convention.  Sa  vie  politique  a  pu 
être  l'objet  de  critiques  sévères.  Mais  la  poslérilé  montrera  de  Tin- 
dulgence  pour  sa  mémoire,  parce  qu'il  supporta  les  épreuves  d'un 


i 


f 


616  KOTICE    SLU    SERGEXT-M/l  HC  R  1  U. 

long  exil  et  aussi  parce  qu'il  aima  deux  chose!)  sacrées  :  Tari  qui 
lui  apparaissait  comme  une  des  belles  parures  de  la  patrie,  ei%n 
famille  qui  était,  en  effet,  par  Théroîsme,  la  Ifn  resse  et  la  dèlî- 
calesFe  des  sentiments,  digne  du  culte  qu'il  lui  voLia  jusqu'au  der- 
nier jour. 

H.  Herluison  et  Paul  Lerot, 
Alcnibres  de  la  Société  des  Amï«  âcs  /ïrtft  d'Orl^ns. 


PIECES  JUSTIFICATUKS 

.  S01.RCRS.  —  Les  pièces  cotées  sons  les  n<^  1,  2,  3,  5,  Ul,  m,  29,  3Q,  31,  31. 
33,  36,  37»  38,  39,  40.  41,  42,  43,  font  partie  de  U  coElf  clion  de  U,  KerLuîsos. 
Les  aulre&  sont  tirées  des  Archives  de  la  ville  et  de  J'Aibénce  de  Dreâcm  ', 

N-1. 

Billet  écrit  par  Sergent. 

Le  citoyen  Bayard  voudra  bien  faire  chercher  sur  le  cimmp  un  âecrflairtf 
propre  et  en  état  de  servir  qu*ii  fant  pour  le  Comité  du  Salut  publie.  Le 

>  Nous  croyons  devoir  réitérer  ici  nos  virs  remercie  méats  à  MJe  prafcsfeiir  Gu-~ 
belli,  bibliothécaire  de  la  Queriniana,  qui  a  eu  l'obli^jeaiicr  de  nouji  ligaali^r  et  Ae 
nous  faire  copier  ces  documents,  et  à  l'Athénée  de  BréiiriA  ijul  t  bien  voulu  ouf  nr 
pour  lui  ses  archives.  Nous  remercions  aussi  M.  le  profegf^eur  iïarbcUL  des  uû\^ 
éclaircissements  qu'il  nous  a  transrois  avec  les  copies  dra  doeumenls. 

Outre  les  pièces  que  nous  publions  et  qui  nous  ont  paru  ks  plus  intt^rosnotfs, 
FAthénée  possède  : 

i^^Une  lettre,  datée  de  Brescia,  4  avril  1813,  par  laquelle  rAlbénéc  commu- 
nique i  Sergent  qu'il  a  été  élu  socio  d'onore. 

2°  Une  lettre  du  préfet  du  département,  datée  de  Hroscia,  5  juillet  1813,  ^ui, 
au  nom  du  Ministère  de  l'instruction,  recommande  i  l'AtLéuée  les  Cùstumi,  et  ta 
réponse  de  l'Athénée  à  la  lettre  précédente. 

3*"  Une  lettre  de  Sergent,  datée  de  Brescia,  15  Janvier  IH16.  par  laquelle  U 
demande  de  pouvoir  ajouter  à  son  nom  le  titre  de  mc^mbre  de  l'Alhcnoe, 

4<>  Une  lettre  de  Sergent,  datée  de  Milan,  19  févrirr  l^tT,  pnr  laqueUe  î)  te 
défend  de  cri Uques  dirigées  par  M.  Ferraris  contre  Iûiî  CmtumL 

5**  Réponse  de  l'Athénée  à  la  lettre  précédente  (Biresda,  3  mars  IHLT). 

6*  Une  lettre  de  Servent,  datée  de  Milan,  22  octobre  181S,  par  laquelle  il  oITrv 
à  l'Athénée  le  portrait  de  Canova. 

7*^  Réponse  de  l'Aihénée  (Brescia,  1*'  novembre  1818). 

8<'  Lettre  du  président  de  l'Athénée  à  Sergent,  datée  de  Brescïa,  19  avril  i8tK, 
sur  un  essai  de  l'ouvrage  que  Sergent  avait  Tintention  de  publier  :  Bue  t^^f*^ 
siampe  degli  illustri  nie  Hier  t  italiani. 

Q''  Lettre  de  Sergent,  datée  de  Gorla,  près  Milan,  7  avril  1817,  par  Li^l 
offre  à  l'Athénée  deux  gravures. 

10°  Réponse  de  l'Athénée  (Brescia,  14  avril  1827). 


Porleur  doit  rapporter   la  ttéponse.   Taris  te  Prîmedî  2*  0éc.  nn  â*""  dit 
la  République  une  et  iiidtvtftibtc. 

Signée  SEHtîK\T-\îiecFrtr, 
membre  du  Comité  d*ln$ptclion. 

Sergent  Marceau  em^onventîonnd  au  C'  Bamei  Ministre  des/tnancet. 

Je  me  trouve  Citoyen  dans  im  fjrand  embarraa  dont  touâ  pouvez  me 
SAiivef  ai  je  puis  me  prouitHlre  voire  intérêt  et  ctilerilé  de  vos  bureauï.  IL 
y  a  deox  ans  je  residnis  en  Suisse  en  vertu  de  pasae-port  du  dép*  de 
Paris.  Comme  Tobjet  qui  m'y  aUirait  éiaît  rplntif  uiix  arts  et  que  je 
devais  comme  artiste  y  séjourner  tant  que  in^A  travaux^  mes  études 
re\ii{eraLent,  je  Os  trenir  à  Mie  une  grande  partie  de  mei  erfets  et 
meubles.  Lits,  tables,  fduteuib  ete.  Forcelnine  de  la  Chine  de  seririca  et 
d'à  Jurement  Kslampea  dcsins  montés  sous  verre  et  en  portefeutltes, 
planches  de  cuivre  à  graver,  mannequin  à  peindre,  et  généralement  tont 
ce  qui  coniient  à  un  artiste,  Irnge  de  table  de  chambre  et  de  rorps.  Tout 
cela  me  fui  expédié  par  le  C"  Notelin  caissier  emballeur  rue  de  Cléry 
à  mon  adresse  k  Uàlc  chrE  M**  Micg  uMijociant  faubourri  S^  Jetin,  et  ehurgé 
parle  bureau  dit  roula^je  rue  Martin,  examiné  visité  h  la  barrière  de 
Uourglibrc  el  de  Burgfeld.  Des  malelols  même  me  furent  arrfilés  comme 
étant  de  laine  trop  helU^  et  vous  donnâtes  ordre  qu'ils  me  fixss^enl  remis, 
A  tout  cela  se  joignait  de  rurjjenterie  dont  je  \ous  envoyai  la  note  et 
vous  donnâtes  également  Tordre  pour  que  je  la  passasse  sous  la  promesse 
de  la  rentrer  en  France  à  mon  retour. 

l'ne  1res  grande  partie  de  mes  nteubt^s  et  effets  sont  reslés  k  BQle  chei 
mon  bâte  le  C''  Micg  Préfel  national  et  je  Taî  prié  de  me  les  expédier  de 
suite  par  deu\  motifs»  parce  (sic)  je  forme  un  établissement  à  Paris  et 
que  j'&L  besoin  de  mes  meubles  parreque  je  n'ai  point  trouvé  à  les  vendre 
dans  une  ville  où  on  craint  de  voir  arriver  IVmnemi,  parcequc  mes 
corres|)ondaus  eu  se- même  très  patriotes  et  fonction  un  ires  publics,  faii^ant 
passer  en  France  leurs  effets  propres  ne  peuvenl  laisser  les  miens. 

Ils  me  préviennent  cependant  que  Ton  exige  de  très  gros  droits 
d'entrée  sur  tous  ces  objets  et  qu'il  faul  que  j'es1imf>  chacun  de  me» 
meubles  et  estampes  dont  je  payerai  en  raison  de  ta  taxe  de  chacun 
:omme  marchandises  étrangères  importées  en  France, 

Observés  bien  que  je  les  ai  emportés  pour  mon  u^iai^e  lors  de  mon 
voyage  eu  Suisse  et  ohligé  de  les  passer  à  Bâle  pour  prendre  mon  séjour 


1 


678  NOTICE    S 17  II    SE  KG£  AIT-M  A  nCE  A  U. 

â  A OU  je  devais  rester,  qu'ainsi  je  dois  aAir  la  faculté  de  les  tfnlrer 

avec  moi  sans  payer  aucun  drdt  [luisque  ce  ne  sont  polnl  des  nmrchan- 
dtscBf  puisque  J^fii  pris  notre  alLache  po^r  les  emporter  ^u  fnire  vemr 
avec  moi. 

Je  vous  prie  Citoyen  minislrc  de  faire  droit  à  ma  demande  et  sur  b 
champ  vu  tes  clrcouslancrâ  crudics  qui  mettent  le  resle  de  ce  que  je 
possède  en  danger  chaque  instant  Tout  est  çni batte  mais  jit^ès  quels 
risques  je  cours  plu^  que  tout  autre.  Mon  hèle  Préfet  national  sera  pillé 
À  coup  Hur,  Deux  voisins  qui  détestent  les  Français  et  qui  me  voyaient  de 
très  mauvais  <jd1]  ne  manqueraient  pas  de  déclarer  a u?e  Aulricliiens  qu'il  y 
a  dauK  cette  maison  tout  le  mobilier  d'un  rrancais,  et  celui  qui  ft  encaissé 
mes  estampes  et  tableaux  oulré  partisan  de  TA  ut  riche  cl  leur  correspon- 
dant intime  les  mènerait  droit  à  ma  caisse,  On  attend  pour  charger  ma 
réponse,  et  je  ne  puis  la  faire  citoyen  que  lorsque  vous  aurex  eu  la 
complaisance  de  ni'expcdier  un  ordre,  je  n'ai  rien  qui  justiOe  ijue  le 
reçu  de  mon  hdte  de  reconnaissance  du  dépôt,  et  le  dctalt  des  objeb  ea 
cas  de  mort.  Car  à  la  sortie  aux.  froittîêres  on  ne  mU  expédie  ni  Etats 
ni  rien. 

Salut  fraterneL  • 

Signé:  SëK4;e\t  l^L^a^xn. 

rue  de  flIiJtiJIot,  d^  1. 

P. -S.  —  Indépendamment  des  craintes  qut^  je  puis  avoir  qui  pour- 
raient n*êlre  pus  autant  fondées  et  je  le  souhaite  mon  Ktablissement  ne 
peut  aller  sans  ces  effets  et  chaque  jour  de  relard  me  cause  une  perte 
réelle. 

Si  vouscroyés  que  vous  ne  pnisislés  arranger  cette  affaire  sans  en  causer 
avec  moi  faites  moi  le  plaisir  de  nrindiquer  un  llendcs  vous  prochain* 

Le  *î  nii<W  an  10** 

Letire  de  Sfrrjenl  au  citot/en  Lamy  Ubrairt  rue.  du  Hurcpi^ix^ 

Je  prie  le  citoyen  Lamy  de  donner  pour  mol  au  O"  Jardine  12  petits 
cuivrer  de  k  suite  de  ceux  qu'il  m'a  déj;k  donnés  et  de  cjarder  cette  note 
pour  reçu  en  attendant  que  je  passse  chex  lui. 

Salut. 

Signé:  Skugent-Mabçraq^ 


NOTICE    SUR   SKRGENT-UARCEAU.  6*79 

Breiru,  28  juillet  1812. 

Aux  Membres  de  fAlhenée  (le  Brescia. 

Depuis  lonj^temps  amanl  du  tliédlre,  je  me  suis  occupé  des  différentos 
parties  qui  peuvent  contribuer  à  le  rendre  digne  de  rintérêl  des  gens  de 
goût,  et  les  habitudes  que  j'ai  eues  en  France  avec  des  hommes  qui  y  ont 
brillé  par  des  talents  dus  &  de  profondes  études,  m'ont  procuré  quelques 
connaissances  que  je  n*ai  point  négligées.  Mais  des  éludes  plus  parti- 
culières dans  les  beaux-arts  m*ont  fait  examiner  le  théâtre  sous  le  rapport 
des  Costumes,  et  je  Tai  trouvé  en  Italie  si  loin  du  but  à  cet  égard,  quej*ai 
pensé  faire  une  chose  utile,  en  réunissant  les  matériaux  que  j*avais 
amassés  en  mettant  à  contribution  les  anciens  et  les  modernes,  en  usant 
de  mon  talent  dans  le  dessin  et  la  gravure  pour  donner  aux  artistes 
dramatiques  un  ouvrage  qui  leur  fut  consacré. 

Je  désire  cependant  sou  mettre  cette  idée  à  des  lumières  plus  sûres  que  les 
miennes.  Mon  amour  propre  peut  me  tromper  sur  mes  intentions,  comme 
sûrement  il  m'abusera  trop  souvent  sur  mes  moyens.  Il  me  faut  donc 
consulter  des  amis  avant  que  de  rien  entr^eprendre.  Mais,  étranger  parmi 
vous,  où  trouverai-je  des  amis?  Comment  aurai-je  pu  en  mériter  quand 
à  peine  j'arrive,  quand  rien  ne  m'a  fait  connaître  ?  J'ai  pensé  qu  uu  défaut 
d*amis  éclairés,  ce  serait  dans  une  société  de  littérateurs,  qui  ne  le  feront 
pas  pour  nloi,  qui  n'ai  pas  acquis  de  droit  à  leur  bienveillance,  mais  pour 
r amour  des  arts,  que  je  trouverais  des  Censeurs,  des  Guides,  des  hommes 
vrais  qui  me  diront  dans   la  sincérité  de  leur  cœur,  ou   u  Continuez  et 

comptez  sur  notre  appui  pour  nous  éclairer n  ou  u  Quittez  la  plume 

que  vous  tenez  d'une  main  trop  timide  et  trop  peu  exercée...  »  .  Je  vous 
demande  donc.  Messieurs,  la  permission  de  vous  faire  lire  le  Discours 
préliminaire  de  mon  ouvrage.  Il  a  été  traduit  par  un  de  vos  Membres  qui 
a  bien  voulu  çivoir  pour  moi  cette  condescendance  et  a  qui  je  devrai 
beaucoup  si  mes  idées  vous  paraissent  présentées  avec  quelque  grâce. 
Vous  y  verrez,  ce  que  vous  savez  déjà,  les  motifs  qui  m'ont  conduit  ;  vous 
ne  trouverez  rien  de  neuf  dans  mes  remarques,  dans  mes  critiques,  dans 
mes  vues  :  plusieurs  de  vous,  sinon  tous,  auront  déjà  pçnsé  cent  fois  la 
même  chose.  Aussi  ne  prélends-jc  pas  dans  cet  écrit  vouloir  convaincre 
et,  persuader  les  hommes  qui  cultivent  les  lettres  :  il  est  adressé  à  ceux 
qui  l'érudition  doit  être  étrangère,  et  je  ne  sollicile  que  votre  suffrage 

mme  un  aide  pour  persévérer,  comme  un  bouclier  derriôre  lequel  je 

î  mettrai  à  l'abri  des   trails  de  rignorance  et  des  préjugés  que  j'aurai 


680  NOTICE    SUR    SERGENT-MARCEAU. 

pour  ennemis.  Mille  choses  sonldans  ce  discours  inutiles  pour  une  s<Ki«lé 
comme  la  vôtre  qu*il  faut  dire  au  public.  Vous  aurez  de  [a  puLiertce  en  ]n 
y  entendant,  mais  vous  réfléchirez  que  si  j*en  abuse  en  e«  moment,  c>3l 
pour  apprendre  de  vous  si  ces  vérités  sont  bien  prcseiïlées  à  ceu£  qui  Ici 
ignorent,  si  elles  mériteront  que  les  savants  &Vn  déclarenl  avec  vou^  le» 
apôtres,  les  défenseurs  el  si  enûn  nous  pourrons  espérer  qu'elles  si^rtent 
à  une  régénération. 

Mon  intention  est  de  garder  Tanonyme  en  public  dans  cet  ouvrnge.  Je 
suis  né  chez  un  peuple  qu'on  accuse  peut-être  avec  raison  d'avoir  trop  de 
prétentions,  qu*on  a  le  droit  au  moins  de  juger  trop  précipité  daas  se» 
décisions:  j*ai  craint  de  choquer  Tamour  propre  en  laiss^ant  voir  uneitiâio 
étrangère  qui  présentera  le  remède,  et  par  là  de  courir  les  risques  de  le 
voir  rejetter  (gic)  :  je  me  suis  enveloppé  d'un  manteau  du  p&y«.  Qi» 
ra^importe  qu'on  sache  que  c'est  moi  qui  ai  tenté  de  faire  le  liiefi^  si  je 
parviens  à  l'opérer  ?  Vous  le  saurez.  Messieurs,  et  vouî;  me  rendre» 
justice,  que  j'aie  réussi  ou  non,  en  examinant  mes  efforts  pour  atteindre  le 
terme  et  en  m*appuyant  de  vos  conseils.  J'aurai  alors  obienu  la  rét^otn- 
pense  que  je  sollicite  de  vous  en  cet  instant,  votre  esLime,  puisque  ^om 
calculerez  plutôt  mes  intentions  que  mes  faibles  moyens^ 

J'ai  l'honneur  de  vous  saluer,  Messieurs. 

Signé  :  Sercëm-M arceau, 
Ex-membre  de  la  Commimon  Nai^"  Conservai'* 
des  Monuments  de  sciences  arls  vt  de  celtt  dt 
l'Encouragement  des  arls  en  France. 


N«5. 


Br«MΫ,  le  £5  août  18ii, 


A  Monsieur  Schoël  libraire  rue  des  fossés  S*  Germain-fauxerois 
n»  29  à  Paris. 

11  y  a  apparence,  Monsieur,  que  vos  affaires  vous  ont  fait  perdre  èe 
vue  la  lettre  que  je  vous  écrivis  Tannée  passée  au  maïs  de  juia  et  qui  Int 
portée  par  mon  Epouse,  puisque  j'ai  été  privé  d'une  réponse.  Elle  aiaît 
à  son  départ  donné  un  pouvoir  à  quelqu'un  pour  régler  toutes  mesaffair^f 
et  cette  personne  devait  s'aboucher  avec  vous.  Mais  elle  a  quiué  Piri^ 
sans  pouvoir  s'occuper  de  ce  dont  on  l'avait  chargé.  La  personne  ~ 
vous  remettra  celle  cy  veut  bien  prendre  le  soiit  de  me^  înLérÂl£.  EU 
suffisament  autorisée  pour  terminer  tout  espèce  de  Compta» 


1 


NOTICE    SLft    SEHCEMT-ilARCEAU.  681 

Pour  la  meltre  à  même  de  traiter  utilement  avec  vous  pour  ce  qui  nous 
concerne,  il  faut  que  je  vous  fasse  ici  une  observation  sur  une  réponse 
verbale  de  vous  qu'on  m'a  transmis,  peut  être  pas  assés  exactement  pour 
nous  accorder  et  que  j'eusse  sans  doute  mieux  conçue  si  vous  m'eussiés 
fait  Taniitié  de  m'écrire, 

Vous  avés  dit-on  répondu  à  ma  demonde  de  régler  un  compte  avec 
vous,  que  vous  avtés  vendu  vos  fonds  à  Basle,  Et  que  cela  ne  vous 
regardait  plus.  Je  crois  qu'on  vous  a  mal  compris,  parceque  comme 
négociant  éclairé  vous  savés  que  la  Cession  des  fonds  ne  détruit  ni 
Taclif  ni  le  passif.  Vous  n'ignorés  pas  de  même  que  Votre  acquéreur 
ne  me  connait  point,  et  que  je  ne  serais  pas  fondé  à  me  reporter  vers 
lui  sur  un  appurement  de  Compte  avec  vous  à  qui  j'ai  livré  et  que  jo 
ne  puis  connaître  d'autre  débiteur  que  vous.  Avec  un  compte  réglé 
simultanément'  je  pourrai  me  présenter  à  votre  acquéreur  et  lui  de- 
mander s'il  a  reçu  comme  passif  l'article  qui  me  concerne  et  s'il  con- 
sent à  acquitter.  Dans  le  cas  de  refus,  je  dois  toujours  me  reporter  à 
vous.  Je  ne  vous  apprens  rien,  ainsi  vous  n'avcs  pas  pu  répondre,  comme 
on  me  l'a  raporté,  que  ce  compte  ne  vous  regardait  plus  parceque  vous 
avés  vendu. 

Je  suis  fâché  et  je  l'ai  dit  dans  le  tems  que  mon  Epouse  ne  vous  ait  pas 
vu  elle-même,  elle  vous  eut  mieux  entendu.  Au  surplus  je  m'en  rapporte 
entièrement  à  votre  Probité  qui  m'est  connue,  et  aux  lumières  en  affaires 
de  mon  fondé  de  pouvoir  nouveau. 

Eclaircissons  d'abord  le  point  principal  :  Savoir  que  vous  êtes  d'accord 
de  régler  notre  Compte.  Je  reprendrai  ce  qui  n'a  pas  été  vendu,  quoique 
par  plusieurs  lettres  adressées  à  Basie  avant  mon  départ  pour  l'Italie  et 
tandisque  vous  teniez  encore  vos  fonds,  puisque  j'ai  eu  le  plaisir  de 
recevoir  de  vous  une  lettre  à  Genève,  je  vous  ai  demandé  de  me  faire 
passer  à  Paris  ce  qui  vous  restait  de  mes  estampes  ;  à  défaut  de  réponse 
je  pourais  les  regarder  comme  vendues.  Cependant  je  reviens  à  ma  propo- 
sition de  les  reprendre  en  compte.  Vous  reponderés  de  même  sur  la 
conséquence  de  la  demande  de  règlement  si  vous  solderés,  dans  le  cas  où 
il  me  sera  dû  ou  si  vous  me  mettrés  à  même  de  Télre  sans  difficulté  par 
votre  acquéreur.  Après  celte  réponse  cathégoriquement  donnée  je  vous 
ferai  remettre  sous  les  ieux  ce  compte  que  je  vous  ai  déjà  envoyé 
plusieurs  fois. 

Agrées  l'assurance  d'une  véritable  estime. 

Signé:  Skrgkxt-Marckau. 

Le  6  Thermidor  an  9*  je  vous  ai  envoyé  mon  compte.  Sauf  reprise  en 
lature  il  se  montait  à  2.108^  12*". 


6S2  ^  NOTrCE    StJii    SËHCËXT-U  ARCK  AU. 

A  ce  Comple  élaît  joinl  TEiat  de  ce  que  j'ai  pris  en  payement  clier  voui 
savoir: 

Votfage  de  Bâte  à  Bienne St  nvraisnos. 

Vu^T  cohriées,  pur  Binn^ww .,.,.,.,,       6        — 

Un  Fol.  ^^ej  lî  Césart M        — 

l^St  rame  de  pâjiier  à  IrUre  fia.  ...,,...,  ,  t 

douï"  de  cra^ouâ  Duîn  eu  bois.  «....,»«  i 

I 

K'6. 

Brctci».  la  jauiier  1813. 

Truduciion  ifune  lettre  de  Sergent  à  Slella  telaiive 

aux  Cosiumi  (extrait)  ^. 

, Je  me  d^pOche  le  plus  possible  avec  rintprimerie,  avec  mes.  coW 

risles  pour  élre  prêt  dans  les  derniers  jours  dii  mois  ;  nvanl  que  lotil  mi 
en  ordre,  lanl  âa  choses  se  pre^îcnleot!  Mais  je  liendrul  à  bout  de  iout  ea 
«Uoiulaut  Tuiî^  en  stiumlanL  rautre. 

DrçAcii,  §3  j«nrîor  1813- 

Traduction  d'une  lettre  de  Senjeni  à  Stella  eut  le  même  of/jet 
{ej:traU}  *. 

,....  Voici f  Monaieur,  un  r^ros  paquet  de  leltresique  je  vous  prie  défaire 
parvenir  A  leurs*  desLiuHtairejs.  La  plupart  onl  pour  objet  de  pritT 
Messieurs  le.s  journal  islos  d'a\)iser  le  public  que  mon  premier  fa.*îcicule  nu 
sera   pas  publié  atunt  la   lin  de  février.  Le   moUf  (le  vrai)  est  que  les 


É 


^  TcKlu  ori;|îniil  : 

4  ...Mi  urTretto  il  ptii  po'^iîbile  colla  .Mamperia,  can  i  mîct  colûrblî  pcr  e^iirre 
pronlo  ûjili  ullîini  ^h^tni  del  mrj^e;  avanti  cire  tolto  âia  in  online  octurrooo  ï<inte 
roMc!  Ma  «ara  stipcrnto  tulto  «pronanda  Tun,  «prunando  taliru..-  * 

*  Tesie  nri'pnd  ; 

Extrait  d'une  hitre  au  mémÉ  sur  le  même  ^bjei. 

t  ..  J'icco*  sîjjnore,  un  f^rn&sn  plico  dr  Iclterr  clie  \l  pre;{o  di  far  coTiietjntrf 
ove  dcbbonii  i!5s*!rlo.  La  pin  parle  lia  per  oijgetlo  d\  pfojjnrc  î  sïgjion  giornaltM* 
dî  atviHire  j[  puLblîcEj  die  il  lum  prima  fiiHcicola  non  £arii  pubbltcaLo  prim4  àd\A 
liiie  di  HVbljrain.  Il  moïivo  (Vt'niisijnu)  e  ch&  h  formnlila  davnt«  di  revifiianfl  roi 
liiinno  j'îLiîrduïo  pt relit'  il  preff^llo  non  ha  pen^tq  thc  il  «nu  ispHtore  protv 
imlc  fusse  auLnriïa^n  a  rivcdere  una  taW  nperu  cd  ba  mandato  ïe  mil  cai 


NOTICE   SUR   SERGENT-MARCEAU.  683 

forinalilés  obligaloires  de  révision  m*ont  retardé  parce  que  le  préfet  n*a 
pas  pensé  que  son  inspecteur  fîl^t  autorisé  à  examiner  un  ouvrage  de 
cette  sorte  et  qu*il  a  envoyé  mes  feuillets  à  Milan... 


N«7. 

Brcicia,  7  février  1S13. 

Traduction  d'un  extrait  de  lettre  du  même  au  mime 
sur  le  même  objet  ^ 

...  Je  vous  envoie  un  ordre  pour  notre  ouvrage,  parce  que  je  puis  dire 
notre  maintenant  que  nous  sommes  tous  les  deiix  intéressés  à  son  succès 
et  au  profit.  Je  voudrais  pour  la  semaine  prochaine  200  feuilles  de  papier 
-lélin  de  la  qualité  que  j*ai  choisie... 


Traduction  dune  lettre  adressée  en  mars  1813  par  Sergent 
à  r Athénée  de  Brescia  *« 

Monsieur  le  Président, 

Messieurs  les  Sociétaires  de  i/ Athénée  de  Brescia, 

Si,  avide  fureteur  de  la  vénérable  antiquité,  je  m^occupe  tant  à  chercher 
certains  rapports  avec  les  usages  des  siècles  reculés,  vous  ne  serez  pas 

*  Brescia,  7  febbraio  1813. 

Extrait  d'une  lettre  au  même  sur  le  même  objet, 

c  ...Vî  maodo  uuo coromissione  délia  nostra  opéra,  perché  posso  dir  nostra  ora 
che  siamo  entrambi  intcreisati  al  suo  buoo  esito  cd  ail'  utile.  Vorrei  per  la  lettî- 
inana  veptura  200  fogli  di  carta  velina  délia  qualita  scelta  da  me...  » 

*  Texte  original.  —  (L* Athénée  ayant  communiqaé  i  Sergent  son  élection  en 
qualité  de  socio  d'onore^  celui-ci  y  répond  par  la  lettre  suivante  :) 

SiGNOR  Présidents,  Signori  Socj  dbll  Atknko  di  Brescia. 

Se  avido  indagatore  dcUa  sacra  anlichita  mi  occupo  ta  volta  a  trovare  certi  rap- 
port! nogli  usi  de  sccoli  remoti,  non  vi  faccia  maraviglîa  che,  immerso  nella  sto- 
ria  romana,  io  applichi  a  me  stesso  cio  che  pralicavasi  in  Roma  coi  trionfatori. 
Per  reprimerc  Tesageralo  orgoglio,  srquitavano  il  carro  loro  alcani  che  cantaïaiio 
aile  orecchie  del  triomfatore  vevsi  mordenti  che  gli  faccvano  dalla  generosita  dei 
nnnolo  riconoscere  tutti  que  gli  onori. 

)evo  considerare  come  un  non  merilato  trioiifo  per  me  i'csserc  chiamato  ncl 
o  d'una  si  rispettabile  Societa;  c  nel  momento  stesso  sento  sibilare  le  voci 
la  critica,  che  mi  fanno  avvisato  che  avrele,  Si«{nori   Academici,  avuto  piu 


s; 


684  NOTICE    SUR   SERGENT-MAKC  E  AIL 


étoitnés  que,  plongé  dans  l'histoire  romaine,  je  m^applk|iie  h  moî-mèmp 
ce  qui  se  pratiquait  à  Rome  avec  les  triomphaleurs.  Pour  répriaier 
Torgueil  exagéré,  derrière  le  char  marchaient  certains  p^^rsonnat^es  qui 
chantaient  aux  oreilles  du  triomphateur  des  vers  satiriques  lui  rappelanL 
qu'il  tenait  de  la  générosité  du  peuple  tous  ces  honneurs,  —  Je  doii 
considérer  comme  un  triomphe  supérieur  à  mes  mentes  d'élrc  appelé 
dans  (e  sein  d*une  si  respectable  société,  et  dans  lem^me  moment  jVntendf 
siffler  la  voix  de  la  critique,  qui  me  fait  souvenir  qtie  vous^  Rurtt  ev, 
l  Messieurs  les  académiciens,  plus  égard  à  mon  lEilenUan  de  rendre  ulilrà 

quelques-unes  de  mes  études  qu'au  talent  nécessnirepouratt^indr^  ce  buL 
Je  le  savais  déjà  sans  en  être  averti  par  un  rigide  et  JusLq  censeur  dan.^ 
une  feuille  accréditée;  et  j'étais  bien  loin  de  croire  que  ]e  mériiaU 
l'honneur  de  siéger  au  milieu  de  cette  assemblée,  alors  que,  préscDlaDt 
mon  plan  dans  un  discours,  je  vous  priais  de  me  favoriser  de  votre  m^n- 
timent.  Le  vulgaire  reproche  aux  littérateurs,  au\  arltslc.'i,  de-  se  sounff 
peu  de  la  Fortune  et  de  préférer  une  vaine  et  slérrle  gloire  h  celte  uïWt 
Divinité.  Malheur  à  eux  s'ils  pensaient  comme  le  vulgaire  !  Les  cakvli 
mercenaires  chasseraient  les  talents  de  la  société,  et  te  \ii  îfilérêt  senit 
la  misérable  et  unique  occupation  de  l'humanité.  Iji  dira  ce  que  voudra 
le  vulgaire,  jnais  j'apprécierai  mon  œuvre  seulement  pour  m'aroir 
procuré  l'honneur  d'être  compté  au  nombre  des  Sociétaires  qui  illustrent 


riguardo  alf  inleozione  mîa  di  rcoderc  utili  aleuni  mici  ttudi  che  aï  Ul^nl» 
necesfario  per  giungerc  a  laie  scopo.  Lu  sapevo  già  scnza  es^^erne  av\  ertilo  ài 
rigido  e  giusto  cetisore,  io  un  foglio  accredilato  :  ed  c-ra  Lru  tûulana  dfcl  crfJcre 
di  merilarnii  roaore  ,di  fédère  in  mezzo  a  quesia  radufi»ani»i.  albrcbè  prpfco- 
tando  iinun  discorso  il  mio  piano,  vj  pregai  di  favori  uni  det  tu!tlr4>  parère,  S^nà 
riraproverati  dalla  plcbe  i  Lcltprali,  gli  artisti*  di  cuniral  pnco  diila  forliiiii,  édi 
anteporre  una  vaoa  e  stérile  gioria  a  quesia  utile  Diviuiia.  (iuai  a  iota  »p  p^naf- 
sero  corne  la  plèbe  !  i  calcoli  necessarj  sbaodiderebberû  ddla  Sodeta  i  lalentif  e 
il  vile  interesse  sarebbe  la  misera  ed  unica  occupasionc  delL'  urimna  pro^pu  fit 
dira  cio  che  vorra  il  volgo,  ma  io  pregero  la  mia  op^ru  sol  p^rdii^  essa  mî  Im 
procurato  l'onore  di  essere  conlato  nel  oovero  dei  Soei  c|i«  iUii»tr;iriu  rAlrn<?ft  di 
Brescia,  e  non  l'utile  che  me  ne  ridonderebbc  dallo  suierdo  de^U  eiemplan.  t^ 
Tapprovasione  del  diletlanti  che  i'acquittassero. 

Un  altro  vant»ggio  non  mcno  prcgevolc  sara,  che  m'aicic^  colU  bonla  rosiri^ 
accordato  il  diritto  di  sollecitarc  i  vosiri  consigli  nella  diflicUe  carrim  che  If^ 
di  percorrerc,  e  che  mi  sara  gratissimo  di  accrescere  it  nuniero  dei  fuieî  dut tii 
promcltendo  di  adempirli  tutti  con  quella  fedelta  Icalta  t:  frdnclii'xu  cbe  ȕ  c^o^ 
viene  a  chi  a  l'onore  di  apparteuere  a  qncsto  couleaso  comrncmJabile  per  ^^ 
riguardo. 

Signé  :  SKHi;K\T*MAflCEAii, 

Ej:  membro  dtlla  Commisnonr  a 
vatrice  dei  motmmenti  di  sciet 
belle  arti  iu  Fraticia. 


IVOTICE    SUR   SERGENT-MAttCEAL.  685 

rAlbeneum  de  Brescia,  et  non  pour  l'uUiilé  qui  en  résalierait  pour  moi 
par  la  vente  des  exemplaires,  mais  pour  Tapprobalion  des  amateurs  qui 
8*en  rendront  acquéreurs.  —  Un  autre  avantage  non  moins  précieax  sera 
que  vous  m*avez,  avec  votre  bonté,  accordé  le  droit  de  solliciter  voa 
conseils  dans  la  difGcile  carrière  que  je  tente  de  parcourir,  et  qa*il  me  sera 
très  agréable  d'accroître  le  nombre  de  mes  devoirs,  en  promelfant  de  les 
accomplir  tous  avec  cette  fidélité,  loyauté  et  franchise  qui  conviennent 
à  celui  qui  a  Thonneur  d'appartenir  à  cette  province  recommandable 
à  tous  les  égards. 

Sitfné  :  Sergent-Marceau, 

Ex-membre  de  la  commission  conservatrice 
des  monuments  de  sciences  et  beaux^arts  en  France, 

N»  9. 

Bretcia,  24  mars  1813. 

Traduction  d'une  lettre  adressée  par  Sergent  à  Stella 
sur  rouvrage  des  Costumi  (extrait). 

...\.  Je  vous  envoie,  Monsieur,  cent  cinquante  exemplaires  des  Costumi 
dei  popoli  aniichi  pour  que  vous  en  disposiez  diaprés  nos  conventions... 
Je  suis  débiteur  envers  le  chevalier  Longhi  de  quatre  feuilles  de  cuivre; 
je  lui  écris  de  s'adresser  &  vous  pour  être  payé,  et  toutes  les  fois  qu'il 
aura  à  m'expédier  de  ces  cuivres  de  les  faire  consigner  chez  vous,  et 
qu'ensuite  vous  me  les  ferez  parvenir  par  le  courrier  *. 

N"  10. 

Brescia,  31  mari  18J3. 

Traduction  d'une  lettre  du  même  au  même 
sur  le  même  objet  (extrait)*. 

...  Monsieur  Lechi  que  vous  connaissez  bien  vous  remettra  ce  paquet 

'  Texte  original  : 

Brescia,  34  mario  1813. 

Vi  spedisco,  sîgnore,  cenli  cinquante  quallro  esemplarî  dei  Costumi  dei  popoli 
anfichi,  per  esscre  dlspott  da  voi  a  seconda  delta nostra  scriltura...  lo  sono  dchi  • 
tore  al  Caval.  Longbi  di  quatro  fogli  di  rame;  gli  ho  scrittodi  ricorrere  a  voi  per 
essere  rimborsato  ed  ogni  qualvolta  avra  a  spedirmi  questi  rami  di  farli  conse- 
gnare  a  voi,  cbe  poi  me  li  farete  arrivarc  eol  mcszo  dei  corricre. 

*  Texte  original  : 

Brrscia,  31  niars  1813. 

Extrait  d'une  lettre  au  même  sur  le  même  objet. 
l/i  consegaera  il  sig**  Lechi  gia  da  voi  conoseinlo  assoi,  questo  plico  ncl  qualc 


I 


686  NOTICE    SUR   SERGE\  T*Mil  RCÎS  AH. 

dans  leqael  voas  trouverez  deux  fascicules  ai^ec  des  lettres  îtidu^es, 
destinées  à  deux  journalistes  de  Milan  qui  doivent  faire  mention  de 
Touvrage.  J*ai  déjà  plusieurs  fois  oublié  de  vous  demander  sî  c*e£t  Tubage 
de  leur  donner  un  exemplaire  complet  â\m  ùu\ni^é  quand  il  doit  être 
volumineux  et  publié  ainsi  séparément.  J'avoue  que  c'est  payer  cher 
quelques  'petites  lignes  d*éloge,  mais  si  tes  autrei;  le  font,  je  ne  veui  pus 
innover  ni  me  tenir  en  arrière.  Je  laisse  totjt  h  lotre  drsposUlon.  JVruotf 
aussi  un  Numéro  à  Paris  à  M.  Ginguené  pour  le  Nouveau  Âfanwc 
étranger.  Je  vous  ferai  part  de  sa  réponse  s'il  a  le  temps  de  la  fuirez  de 
même  de  votre  côté  si  vous  avez  ce  journal  et  si  vous  vo^ez  un  a^li^l(^ 
pour  nous,  vous  m'en  aviserez,  je  vous  prie.  Je  vous  laisise  le  soin  d>n 
envoyer  un  Numéro  au  Journal  de  f  Empire,  en  vous  recommsiidiint  À^ 
ne  pas  publier  mon  nom.  il  fut  un  temps  où  nous  étions  trop  divisés  d'opi- 
nion... J'écris  à  M.  le  Conseiller  Scopoli  par  rintermédiaîre  de  M.  Lechi, 
mais  je  vous  prie  de  penser  quelquefois  ù  lui  prét^enier  mes  devoirs  et  h 
le  pousser  pour  la  décision  qui  mMmporle  tant  non-sculemeitt  au  point  é^ 
vue  du  projet  pécuniaire,  mais  aussi  pour  la  satisfaction  de  voir  mno 
ouvrage  honoré  par  le  Ministère  d'une  souscripLion.  Soye^  sûr  que  je  nr 
négligerai  rien  pour  le  rendre  digne  delà  faveur  puMiqua,  parce  que  mon 
esprit  a  toujours  été  beaucoup  plus  tourné  vers  la  «iloire  que  vers  Targenî» 
et  je  veux  être  traité  en  tout  sévèrement.  \Tiiis  il  Taut  un  peu  se  plaindre 
ces  mois-ci  que  j'ai  à  former  les  peintres  en  miniature  qui  sont  peu 
expérimentés.  Ils  arriveront  à  force  de  peine  de  ma  part  à  traiter  cti 

troverete  due  fascicoli  con  Icttere  iiichiust!,  le  {[uall  VAnno  «l  due  ^îornalisti  éH 
Alilano  che  debbono  Tar  menzioii  dcll*  opéra.  Ho  gm  piti  voile  dirnenlicâlo  dî 
domandarvi  se  c*e  Tusodidare  aquesti  un  esernplnre  compleîo  d'un  opéra  iptAndo 
dcve  esscre  voluminosa  e  pubblicaia  cosi  i^ep  ara  (ameute.  Confi-^^u  che  cio  i' 
pagari  molto  qualche  pîccola  liiiea  di  lodi,  mn  stc  ai  ï&  da>[ii  atiri,  non  va«;tin 
esserc  novatore,  ue  indictro.  Lifscio  il  (uito  a  vodra  dÎ!ipr>slKio»e.  SpedÎM:^  aocb<' 
un  Numéro  a  Parigi  dirctto  al  sig'  Gingucne  pcr  II  Mttoro  Xhrcurio  foreMirr*. 
Vi  parlecipcro  la  sua  risposta  se  avra  il  tcmpn  dl  farlA  :  coh  da  parte  vo^tra  m! 
avctc  qucsto  giornale  ese  vcdete  un  articolo  pcr  noî,  mi  avvi?!eriftcr,  i^i  preffo.  Vt 
lasrio  la  cura  di  maiidar  ne  uno  al  Giornale  deit'  împero.  rAccornandandoii  <lî 
non  pubblicar  la  il  mio  nome,  lin  tempo  Tu  i-rovoma  troppo  dîi^aidcEili  di  opi- 
nione...  Scrivo  al  sig**  Consiglier  Scopoli  col  mi^^ED  del  sif^'  Lechi,  ma  vî  prego  di 
pensarc  qualche  voltàa  prcsentargli  i  miei  duterî  rd  a  cccitarlo  pcr  la  dccisJutvr 
che  tanto  m'importa  non  solo  per  l'utile  pccuniârlo,  ma  andip  per  la  jimidisrumnr 
di  vcder  la  mia  opéra  ouvrata  dal  Alinislro  con  uJia  assuciai^îuae.  /\?&iieiirateri  ch<! 
non  trascurero  niente  pcr  rcnder  la  degna  d'un  eoHw  publico.  perche  il  mio  genici 
e  stato  i^emprc  dirctto  pin  assai  alla  gloria  che  al  deuaro  ed  ni  ttitto  voc^Vio  v^sttt 
appa,^ato  corne  il  pin  severo  giudicc.  Ma  bi9o;jnu  un  poeo  compaiite  que*li 
clic  ho  da  formarc  i  miniatori  che  sono  poco  e^-^perU,  itiujseiraiino  a  foricA  di  U 
do  parte  mia  a  trattarc  quesle  figure  delicatameute  c  con  buupf^usla.  $Qti^ 
che  alla  seconda  publicazionc  troverefe  gia  uns  diïïerenïa. 


aiOTlCE    SUR    SKKGEKT'lf/inCËillL  SUT 

fîgurra  délîcatcmertt  eluvee  bon  goût.  Je  sub  cerbiin  qu*à  la  seconde 
publication  vous  Irouverex  déjà  une  dîrrérence. 


NMt- 


Brcmm,  Il  arrit  IHtZK 


7'raduclion  (Tune  hUrc  tlu  même  au  mêtne 
sur  le  mt-me  obju  [extrait)^ 

^..  .rat  PU  une  réponse  oITiciello  du  minifllc-re  de  rinlérieur  jiu  âujcl  de 

lu  âouscriplion RIb  mlionore nia\&   je  suh  resté  le  not   Long, 

Monsieur  Scopolî  m'avait  asaurÈ  que  la  Dircclton  en  prend  rail  25  eiem* 
plaiies.  Jl  devait  en  outre  faire  en  sorlc  que  ce  mini$tÈre  en  ajoutât  2^)  à 
2o  pour  tous  les  ibéâtreai.  Cela  dépendait  de  son  rapport,  et  j-eap«raii* 
dans  ionamitii^  comme  dans  les  llalU'rie»  qu'on  m'avail  faites  que  la  chose 
rétissiriiit..„.  Je  vous  donne  ordre  de  remettre  à  la  Direction  jçénéraie 
cinq  exemplaire!!  ;  ainsi  porte  te  long  Papier  que  j'ai  reçu.  C'est  beaucoup 
pour  honorer  mon  travail,  mais  bien  peu  pour  le  soutenir. 

Brama.  0  mil  ÎHVi^ 

Ti-aduclhu  d'une,  ittlre  dtt  mrvie  au  même 
pùUT  le  même  ohjet  [exlraîl)  *. 

J'ai  Tuil  remettre,  ^ïonsieur,  au  courrier  de  Calcio  hier  H  un  cutis  qui 

^  Teiie  orljf  laal  ; 

BreiciA,  I:!  aiirilfi  IRI3, 

Erfrail  d'une  lettre  tm  mf^me  sur  le  même  objet, 

..Jlo  nviiLituna  rispoMa  tjf filiale  ôa\  MîiîJsipm  dell'  Inlecno  rirra  rassopiâiiiirif . 
\lî  oiiura...  maïuno  ri-^laLn  roi  n«so  Imiiîîo,  Mi  aKevA  A'îsu'urftin  il  sij^'  Scnpidi  clic 
per  lu  dîi'f'^iuue  se  lié  preitdetf^hbcro  25  (M^i'inplarî.  K  pi>i  iloirua  (ave  a\  nuuU 
clir  il  di?Uo  Mîrriàtfifo  ti^  ntï  ftfffïiuK'^csfv  ii\  o  15  ju*f  luLli  i  tûtktri.  Ulprndrv'n  vm 
dal  uto  mppocio  v  spernvo  ni'lla  fiua  jiuitcuin  ctirni?  iii^fh.'  luMin^hË  duhrmj  rlie  la 
«■osa  «arebbj^  rcuàifila.,.  Vi  do  ardiiuî  dî*  carTiti*i|UArL^  alla  tliroziou^  i^rnende  ciiH|n*" 
csemplari  i  c«si  porta  ÏJt  h  iti;ift  cariât  div  hn  ricevata,  K  molta  pcr  outiran;  Il  uijt» 
lavorn  ma  pc»co  as$ai  per  iosUnirrlo^ 

'  Telle  original  : 

Brcurit,  n  Tniifjj[io  IWIÎJ. 

...Hp  falia  0i>[tae;{iiJirc,  BÎijnor,  al  ctirricri*  di  Cuk  in  tcrî  S,  un  tiAlo  cin-  ctm* 
le  escmplari  iHâ  di^f  f^t-cmidu  nmnerii..    tic»  &criUu  af  ;t<['  ScupaJi  ptT  sutle^H 


688  NOTICE    SUR   SERGENT-^U  âRCE  ,1 LJ. 

contient  182  exemplaires  du  second  numéro J*ai   écrit  ik  Momlenf 

Scopoii  pour  le  prier  de  me  faire  part  de  ropinîon  des  epnimîssiirfs  sïir 
mon  ouvrage.  Si  vous  le  voyez,  faites-moi  [e  phisir  de  lui  insîiiuer  mon 
désir  de  connaître  leurs  motifs  :  d*autant  que  je  reçois  dcja  de  quclquei 
côtés  des  complioaenls  pour  le  premier  fascicule. 

NM3. 

Traduction  d'une  lettre  du  mhne  au  même 
sur  le  même  objet  {extrait)  ^^ 

Je  me  suis  flatté,  Monsieur,  ces  jours-ci  de  l*espérance  d'une  lellrc  de 
vous  et  de  Tavis  de  Texpédition  de  papier  et  de  cuivre,  Mantiuant  de  Tun 
et  de  Fautre,  je  suis  bien  malgré  moi  au  repos  et  je  fats  attendre  mes 
peintres.  Les  soins  adonner  tant  à  la  typograptiie  qu'aux  coloristes  m'ont 
retenu  à  Bnescia  et  empêché  de  faire  le  voyage  projeté  â  k  Rlvîera,  où  je 
suis  attendu  pour  choisir  les  qualités  de  papier  qui  me  sont  néccssafres* 

N«  14. 

Traduction  d'une  lettre  du  même  au  im'mt 
sur  le  même  objet  {extrait)  ■. 

Je  me  préparais,  Monsieur,  à  satisfaire  à  voire  demande  en  fooii 
envoyant  20  exemplaires  du  troisième  fascicule,  quand  j'ai  reçu  une  lettre 

tarlo  a  formi  portccipe  dell'  opinione  dei  GommisMri  sulJn  mia  opéra.  Se  b  1:^1^ 
favorite  di  insinuargli  la  mia  buona  vdonta  d'JMniîrmi  âct  loro  molîvi  ;'  giicebe 
ricevo  gia  da  alcunc  parte  complimente  per  il  primo  fascicob. 

Extrait  d,'une  lettre  au  même  sur  h  tnrme  objet. 

Mi  sono  lusingato,  8i<{nore,  questi  giorni  colfa  tperanxa  di  iiaa  sui  cortège  Ivl- 
tera  e  Tawiso  délia  spedizione  di  carta  et  di  rami.  Mancando  dcl  uno  a  ddl*  aKri 
sono  roio  malgrado  in  riposo  e  facendo  aspettare  i  inîei  pitlori.  Le  cure  da  àtn 
tanto  alla  tipographia  quanto  ai  coloristi  mi  hanno  trntienuto  e  tîresHa  ta  impe- 
dito  di  far  il  viaggio  progettato  alla  Riviera  ovc  £ono  aspellato  per  sce^li^re  te 
qualila  di  carta  che  mi  sono  neccssariè. 

*  Texte  original  : 

Brc^tla.  ÎP  loglïn  IRIS 

Mi  preparavo,  signorc,  a  soddisfare  alla  vosira  diimanda  col  tnnudarvi  âOcc 


NOTJCE    suit    SEHGErvT-HfjiftCEAU.  ën9 

en  miniftlra  de  rinlérienr  df!  IVaplesqtii  m^annoncc  que  Sa  \Iajes(é  le  Itoî 
lui  a  ordonné  Tordra  de  souscrire  pour  ^0  eitemplalres  de  mon  ouvrage 
et  me  Les  demande  de  âuile.  Je  dois  donc  déposer  de  ceuK  que  J'avuis 
préparés  pour  vous.,.  JesaU  que  h  rapport  peu  favorable  des  Inspecteurs 
ne  fut  pas  la  cause  dç  la  faible  souicription  de  noire  minisUTC.  Au 
contraire  il  éLaîl  Ici  que  le  Conseiller  croyait  et  espérait  au  moins 
20  exemplaires,  Mais  nous  sommes  tombés  sur  un  jour  d'économie  du 
ministre  qui  ne  ^e  rap])ehi  pas  la  promesse  qu'il  m'avait  faite  et  diminua 
sur  le  rapport  le  nombre  proposé.  Celo  me  console  parce  qu'il  me  déplai- 
sait  de  croire  que  j^avais  eu  peu  de  faveur  auprès  des  lui^pedeiirs.  Mais 
le  ministre  a  promis  de  nouveau  k  un  de  ses  amis  ([ui  est  aus^i  le  mien 
qu'il  ferait  le  possible  pour  réparer  cela,  et  jVspére  qu^il  y  sera  excité  par 
l'ordre  du  roi  de  iVapIcs  qui  le  laisse  en  arrière  des  4/5.» 

Brvudii,  2H  mil  f  Hi  k 

Traduction  d'une  lettre  du  même  nu  ntéme 
Mur  Agatftophile  {dxtrau)  *^ 

FaUes-moi  le  pkisir  d'inscrire  &  mon  compte  50  francs  que  par  le 
moyen  de  votre  correspondance  vous  ferez  payer,  soit  via  de  Tunn,  soit 
via  d'Aïeiandria,  \\  M.  tîussa,  provîseur  du  lycée  de  Casai  Monferrat. 
Cette  demande  a  pour  cause  que  ce  lycée  est  supprimé  et  on  renvoie  les 
élèves:  mon  (fils)  se  trouve  comme  Français  dans  la  catégorie,  ^^ï^^^  '"^Ç** 
avant-hier  l'avis  de  le  réclamer  de  suite. 

del  tcr^D  faBCict^tû  4[uaudq  ric(.'veL  uua  Icltera  dri  juini»trt>  àAV  Tuterno  di  \apidj 
il  quAle  mi  partccip^  cîic  S"  M' il  Fte  «{ti  lia  datu  ordini  dî  a^soduiiaue  pt'i-  20  cc»pîe 
délia  mia  opéra  et  me  b  ilifrmiida  Kubilo,  Devti  duaifue  disporre  di  questi!  che 
erana  prcpurute  p(^r  i^oi...  \oii  bo  che  nun  fii  mr»tivo  délia  picula  associaxianâ  dcl 
nostro  Tninlstera,  il  paco  fuvorcvolt^  rapporto  degli  ispettorL  Adïî  cm  tnic  du-  il 
C^insî^ïiere  crcdcva  e  i^perata  alnicnu  ^5  copié.  Ali  souo  capitalo  un  gJoruu  d'cro- 
nomia  de]  miniAtro  îl  ifuule  non  mninïemuriLnduBÎ  lu  proniense  fatlemi  da  lui,  ha 
troacata  sul  rapporlo  la  L(iiântitu  prapoi^tn.  Gio  me  cimsola  perclie  Jiii  dispincuva 
j\  credcrc  di  avcrft  iivuto  poco  fai^nre  pre^ia  ^[It  îspeltori.  lia  il  nuuiislru  lia  pro- 
inesRO  di  nuaso  ml  im  »i]u  anuco  e  miu  dî  farc?  il  poisibite  per  n'parare  e  sperûcbe 
ranimera  Tordinc  del  râ  di  IVapuli  che  la  fa^cia  itidii^tra  di  4/5, 
'  Teitc  ori^ÏDâl  : 

avoriie  di^porre  «  m!o  conta  L.  50  die  col  me^zodella  vostra  frOrn^pondaiixA 
te  paf{are  rIq  per  ia  \\\\  dî  Ton  no,  sia  per  quélla  d'Alessandna  al  n^*'  Bussa, 
vcditore  del  Liceo  dî  Casai u  Uonferrato.  Queifta  domauita  mi  prc^nne  per  il 

14 


600  \OTICB    SUR   SE  RGENT-M  A  IICK  AU. 


K-  IC. 

Traduction  d'une  lettre  du  même  au  même 
sur  divers  objets  (extrait)  K 

Je  ni*eslime  heureux  de  vivre  avec  ma  rainîlle  patnïircnl(?n)enl  et  non 
comme  un  homme  du  monde,  de  n'avoir  pis  dru\  .^ous  de  deLI«  là  oh 
j'hahile  et  de  laisser  à  mes  nouveaux  concitoyens  une  jutuvc  qul^jf  oitf 
suis  toujours  adonné  au  travail  et  à  un  trai-iiil  qui  |mî<iie  dire  utile..... 
Un  ami  se  présentera  chez  vous  ces  jours-ci  ai  vous  remt^llra  un  gfarJ 

motivo  che  e  sopprcsso  il  Lîcco  e  si  mandano  via  <[li  Sln Jrnli  i  il  nnrt  (ft;{fio)  fi 
trova  coine  francese  netia  categoria'e  ricevei  ien  lultro  l'iivvUu  Ji  ri^hidinaHa 
subiln. 

•  Tcîxte  ori<{inal  : 

Brcicî*,  2  fiîlibiniio  1813. 

Mi  trii<{0  fclice  di  viverc  colla  mia  famiglia  dn  pntfmrca  c  noa  da  uorhs  ât 
sccolo,  di  non  avère  ^ue  soldi  di  debiti  dove  abi^o  c  t\\  bn-îarc  nr  miei  nunvi  ra«- 
r.iladini  una  prova  che  mi  sono  «empre  dalo  al  Uvoro  c  nil  tiu  tavoro  die  passi 
esscre  utile...  Un  amico  si  présentera  da  voi  qm^^ii  «{ionii  g  mî  cun«e<^era  ttfl 
grande  plico  di  carie.  Ecco  il  motivo  :  ho  letto  nelto  S/feilatore  ti'*  19  un  ar4icnb 
8iil  Musco  di  Francia  ed  ho  creduto  dovere  al  Eu  fi^Jolc  &\awU  una  riip<i«la  fn 
(picsto  argomento.  Alla  lettcra  si  aggiungono  alcime  cartes  couif!  autarila,  ^ft^ 
çhc  vi  raccornando  prcmurosamcnle,  cssendo  mi  praiioff  corne  \t  i^arj  noia 
vcdcndole.  (juesla  mia  Icttera  e  diretta  a  voi  iienchc  senUa  io  Tranceif:  rU> 
scritta  nella  mia  lingua  :  1°  perche  roi  era  pîu  facile  il  darn  cr>rst)  a  Kg  mit  idée; 
2"  perche  se  doveste  stamparla  la  mia  pro^a  italiLinn  non  currisponderchb^  puala 
a  quella  doi  vosfri  tradutlori  che  potranno,  vol^jEirîziaiidota,  darle  [|tiiLkh(ï  m^^- 
gior  prcgio.  Mi  sono  lusingato  che  queste  mie  ossêrvuïionl  dnvctanci  L-sseri;  ial^ 
rcs«anti  dopo  l'ingresso  dcîle  potenze  alleate  in  tVandu,  giacdie  da  questo  mt* 
mcnlo  il  Museo  di  Parigi  divcnne  il  Museo  d'Ëuropa.,,.  Ml  cupilf,  c  mïsL  opinion^' 
che  qucsto  monumcnto  pu6  ispiraremag;{iorecuriQ>i;îla  che  uu  Ottitto  Ira^purtit» 
da  Genova  in  questo  museo.  le  voi  la  pcnsate  coii  darG  luogo  uH  ■upptentetBli) 
delto  Spettatore  alla  mia  lettera  ed  ni  taie  casn  vi  domandGro  di  Appmfitttr^ 
delle  composizioni  pcr  farmene  stampare  50  copie  sGpnralitinonlfî.,.  ^'un  irrn 
avuto  bisogiio  di  mandarvi  le  carte  probante  perche  sa  lo  {tvGrsi  Lravcslit^i  U  icriU 
lirmanda  il  mio  srrilto,  dovrci  espormi  personatriicD^*;  acjM  ntLadiJ  di  cliiccIi^$MH 
ma  avendovi  aggiuuta  nua  nota  in  vostro  nome,  rra  mio  dovere  di  rntideroi  eerte 
délia  puutnalita  dellc  mie  alleguzioni.  Adesso  cfae  Fiiele  islruiln  M  tuiio  mi  fAV>~ 
rireto  di  palesare  sinceramente  il  vostro  pensiero  e  la  vasira  JcterminauiïDf'.^. 
...Avete  dimcnticato  di  avvisormi  d*una  novita  che  mi  spiqcqutï.  Mi  Tu  à^Vtm 
questi  giorni  possati  che  il  sig**  Scopoli  non  era  piti  dit-eUtire  dclla  publtca  iitf«- 
zioné;  e  per  le  scienzc  e  per  le  arti  c  per  me,  mi  rmcresci^..,  .'^vrei  piac^rf  ib 
Javorare  per  voi  qualche  picolo  disegno  che,  mi  perdoni  i'arlîsla,  nH  Be\ 
[Uami  des  enfants)^  ne  avete  alcuni  tanto  golTameiite  invcntitli,  e  potrei  pr 
tervi  cose  un  poco  piu  gutlose,  sopratulto  ni  piccoto. 


, 


NOTICE    SUR    SERGE\T-MARCEAL.  691 

paquet  de  papiers.  Voici  le  motif:  J*ai  lu  dans  le  Spectateur  n*  10  un 
article  sur  le  Musée  de  France,  et  j*ai  cru  devoir  à  la  fidèle  histoire  une 
réponse  gur  cet  article»  A  la  lettre  sont  joints  quelques  papiers  comme 
justification,  papiers  que  je  vous  recommande  instamment,  car  ils  me  sont 
précieux  comme  vous  le  reconnaîtrez  en  les  voyant.  Ma  lettre  vous  est 
adressée  quoique  écrite  en  français.  Je  l*ai  écrite  dans  ma  langue  1*  parce 
quMl  m*était  plus  facile  de  donner  cours  à  mes  idées,  —  ^^  parce 
que  si  vous  devez  Timprimer,  ma  prose  italienne  ne  vaudrait  pas  celle 
de  vos  traducteurs  qui  pourront,  en  la  vulgarisant,  lui  donner  quelque 
peu  plus  de  valeur.  Je  me  suis  flatté  que  mes  observations  devaient 
être  intéressantes  après  l'entrée  des  Puissances  alliées  en  France, 
puisque  depuis  ce  moment  le  Musée  de  Paris  devient  le  Musée  d*Ëu^ 
rope...  Vous  me  comprenez,  c'est  mon  opinion  que  ce  monument  peut 
tMIfirer  plus  de  curiosité  qu'une  coupe  transportée  de  Géaes  dans  ce 
nmîie.  Si  vous  êtes  de  cet  avis,  vous  donnerez  place  dans  le  supplément 
ilii'T^mifllfrrfr^  ma  lettre,  et  dans  ce  cas  je  vous  demanderai  de  profiter 
de  la  o^jHfMJtion  pour  m'en  faire  tirer  50  exemplaires  à  part...  Je 
n'aurais  paa^i  besoin  de  vous  envoyer  les  pièces  justificatives  parce  que 
si  j'avais  traveall  |j|  vérité  en  signant  mon  écrit,  je  ne  m'exposerais  person- 
nellement aux  attiMUifit  de  qui  que  ce  soit  ;  mais  y  ayant  joint  une  note  en 
votre  nom,  il  était  J^  mon  devoir  de  vous  assurer  de  l'exactitude  de  mes 
allégations.  MaintenanI  m^.  vous  êtes  instruit  de  tout,  vous  me  ferez 
plaisir  de  me  faire  connalU%4iocèrement  votre  pensée  et  votre  décision... 
Vous  avez  oublié  de  m'avisef  4i*iine  nouvelle  qui  me  déplaît.  On  m'a  dit 
ces  jours  derniers  que  M.  Scop^  n'était  plus  Directeur  de  l'Instruction 

publique;  je  le  regrette  pour  les  t^i^pces,  pour  les  arts  et  pour  moi 

11  me  serait  agréable  de  travailler  p^m  vous  à  quelque  petit  dessin  ;  j'en 
demande  pardon  à  l'artiste,  dans  le  Bew^fi^  {L'ami  des  enfants)  vous  en 
avez  quelques-uns  ridicules,  je  pourrais  v«as  promettre  des  choses  ayant 
plus  de  goût  surtout  en  petit. 

N*  17-. 

Bre««i«.  21  février  1815. 

Traduction  d'une  lettre  du  même  au  m^ime 
sur  divers  objets  {extrait)  '. 


Je  me  suis  proposé  pour  quelques  dessins  en  p«tU  et  même  en 

Texte  original  ; 

Breflcia,  31  febbraio  1815. 

extrait  d*une  lettre  à  Stella  sur  les  dessins  qu'il  p»ut  lui  faire,  sur  ses  aocient 


692  NOTICE    SUE   SERGEK  T-M  A  ftCE  AU. 

^rand  pour  des  livres,  maïs  il  me  semble  d*ap^^s  Us  Le  nues  de  rolra 
lettre  que  vous  avez  compris  aussi  la  gravure.  Autrefois  je  vous  aurais  ' 
dit  oui  parce  que  j'avais  la  pratique  continue  de  graver  en  petit,  et  ce  petit 
cuivre  que  je  vous  envoie  vous  le  prouvera.  Il  plalL  beaucoup  h  Longhi. 
Mais  a^ant  cessé  de  graver  depuis  que  je  suis  parti  de  France  (il  j  a  lians}, 
je  ne  me  trouve  pas  assez  habile.  Je  me  repose  donc  pour  c^etLe  partie  sur 
mes  anciens  lauriers  et  je  me  bornerai  aux  dessins  seuls.  Je  vous  ai  dit, 
je. crois,  que  je  connais  beaucoup  Novelli  qui  est  doué  de  talent,  mab  il 
s'est  tellement  adonné  aux  choses  religieuses  qu'il  n'a  pas  nourri  $on 
goût  avec  des  études  variées,  et  si  gracieuse»  ^ca  cotnpostlions  soient-elJe», 
et  quoiqu'en  tout  cas  je  pourrais  faire  pire,  ettes  n'ont  pas  ce  sentiment, 
ce  caractère  qui  fait  le  prix  des  choses  petites  qui  doivent  être  traitées 
avec  esprit  et  élégance.  H  est  froid  dans  h^  effets,  et  cela  s'observe  géné- 
ralement dans  votre  almanach Je  vous  parkavec  sévérilé,  mab  vous 

travaux  artistiques,  sur  les  estampes  françaÎRes  H  sur  \e»  esUmpcs  de:  Ch<^à- 
wisky.  S'il  a  le  temps,  il  fera  un  dessin  pour  son  altiiaDacb.  ft  ne  grave  plus^  Soit 
jugement  sur  Novelli. 

...Mi  sono  eslbito  per  alcuni  discgni  in  pîccolfi  ed  anche  in  ^mnde  pt^r  librr, 
ma  mi  pare  dalle  parole  délia  vostra  lettera  clie  ablmle  mïem  anche  rincisi^ne. 
Anni  sono  avrei  dctto  di  si  perche  avcva  la  cudtîmm  pralica  d'încidere  in  pîccolo 
e  quel  rametto  chc  vi  unisco  qui  ne  sara  la  prova.  K*\Vi  pîacqu^;  moUa  al  Lon^hi. 
Maavendo  ccssato  d'incidere  in  questo  génère  darctif!  surm  purlilo  delb  Francia 
{t4  aniii)  non  mi  trovo  la  manu  abilc  a  tanto.  .\Ii  riposo  adunque  m  qtjfsU  par^r 
sopra  i  mici  vecchi  allori  e  mi  limitero  ai  discgai  soli.  Vi  bo  delto,  ercda,  ebe 
conosco  molto  il  Novelli  il  quale  e  dotato  di  talcnto,  ma  egli  si  e  ââia  taato  alU 
cose  religiose  che  non  ha  nudrito  il  gusto  con  varîi  sludi  e  c|uantunr|i]e  sieno  gri^ 
ziose  le  sue  composizioni,  cbe  potrel  aile  voile  Tare  pe^gio  io,  non  hauno  quH 
senlimento,  quel  carattere  che  fa  il  pregio  délie  cose  piccoEc  clic  vogliono  essore 
trattate  con  spirito  ed  eleganxa.  Rgli  c  fredd6  nr^fî  effeLti  c  cio  si  o?«ervi  nel 
vostro  almanaco  generaluientc...  Vi  parle  con  scierita,  masapele  die  chi  cooo«cc 
i  disegni  e  le  iucisioni  del  Voltaire,  del  Rousseau,  de<]ii  Bvangeli&tt,  di  Boileau  rd 
ha  vissuto  con  Moreau  c  suoi  incisori,  puo  cancre  g  indice  mena  tadnlgeuU.  5e 
mi  trovo  un  momento  libcro,  faro  una  prova  di  un  dîse«jno  del  vostro  «toiiOACco 
e  vc  lo  mandero  e  del  prczzo  aliora  ne  parlcremo. 

Quanto  ail'  incisore,  vedo  che  avendo  disec^ni  forse  d'un  effello  ma;^<{î(»re  e  con- 
sigliato  di  meltere  sotto  i  suoi  ocbi  ulcune  oclte  slaTnpe  di  tVancia  qualt  gona  le 
sopraccennate,  egli  potra^rivaleggiarc  coi  nostri,  cbe  sona  supc^riurî  a  iMtli.  loi- 
tone  un  Cbodowicky  berlincse  (morto)  al  quale  cheadii.'  ne  dicano  i  miei  fumpi 
trioti  daro  la  corona.  Egli  incise  3,000  pezzi,  cbe  tutLi  ^oao  ricercati  ;  nel  L^iritcr 
si  vedono  cose  di  sua  puuta.  In  tutte  lé  circoislanz^!  sono  impjrziale.,.  L'ni«co  it 
rametto  un  prospectus  di  un  opéra  chc  fu  da  me  principiaU  nelt'  aouu  tlï"  dflU 
nostra  fu  rcpublica  :  ne  ho  falto  tre  fascicoli  e  comincUva  ad  essere  atceiti  3^ 
pubblico,  particolarmente  air  estero,  quaudo  una  miibtljadi  ômû  anni  lue  !&  ^-' ' 
sospendere,  a  dopo  piacque  al  sig"^  Bonaparte  di  farmi  cond^lîare  un  *«Jua 
di  quella  di  Parigi.  Reste  il  lavoro  sensa  esscrt^  ï^c^urLn.  Tencletrï  qiics!o  pru^iM 
e  la  piccola  stampa  fatla  per  le  memorie  storicbe  di  imo  cojjnato. 


^A 


NOTICE    SUR   SERGENT-MARCEAU.  693 

«avez  que  qui  connaît  les  dessins  et  la  gravure  du  Voltaire,  du  Rousseau,  des 
Kvangéltsles,  de  Boiieau,  et  a  vécu  avec  Moreau  et  ses  graveurs,  peut  être  un 
juge  moins  indulgent.  Si  je  trouve  un  moment  de  libre,  j*essayerai  un  dessin 
pour  votre  almanach  et  je  vous  renverrai,  et  nous  parierons  alors  du  prix. 
Quant  au  graveur,  je  vois  qu*ayant  des  dessins  peut-être  d*iin  plus 
grand  effet  et  si  on  lui  met  sous  les  yeux  quelques  belles  estampes  de 
France  de  celles  susindiqnées,  il  pourra  rivaliser  avec  les  nôtres,  qui 
sont  supérieurs  h  tous,  si  Ton  excepte  Cbodowisky,  Berlinois  (mort)  au- 
quel, quoi  qu*en  disent  mes  compatriotes,  je  donnerai  la  palme.  Il  a  gravé 
3,000  pièces,  qui  sont  toutes  recherchées.  Dans  Lavater  on  voit  des  choses 
de  son  bnrin.  En  toutes  circonstances  je  suis  impartial...  Je  joins.au  petit 
cuivre  un  prospectus  d*un  ouvrage  que  je  commençai  Tan  X  de  notre 
ancienne  République.  J*en  a  fait  trois  fascicules,  et  il  commençait 
è  plaire  au  public,  particulièrement  à  Tétranger,  quand  une  maladie  de 
deux  années  me  le  fit  suspendre,  et  depuis  il  a  plu  à  Monsieur  Bonaparte 
de  me  faire  conseiller  un  autre  air  que  celui  de  Paris.  Le  travail  resta  en 
plan.  Gardez  pour  vous  ce  prospectus  et  la  petits  estampe  faite  en  souve- 
nir de  mon  beau-frère. 


N«  18. 

Brescia,  le  0  avril  1815. 

Traduction  étune  lettre  du  même  au  même  concernant  l'ouvrage 
des  Costumi  et  un  discours  sur  la  gravure  {extrait)  ' . 

Tespère  pouvoir  vous  envoyer  A  la  fin  de  cette  semaine  mon  1 1'  cahier 
qui  se  prépare.  Puis  les  autres  suivront  exactement   parce  que  j*en  ai 

'  Texte  0  rîginal  : 

Brescia,  li  0  aprile  1815. 

Spero  di  poter  raandarvi  alla  fine  délia  setlimana  présente  il  mio  li®  quadcrno 

cbe  si  prépara.  Sequiranno  poi  gli  altri  piu  precisadiente  perche  ho  due  altri 

stampalî  e  oe  aspetio  dalla  revisione  allridue.  Le  ouove  discipliae  mibanno  ritar- 

dalo  ed  ho  preso  il  parlito  di  occupare  i  sig*  Censori  della  niia  opéra  continua- 

mente,  quantunque  le  nubi  che  oscurano  adesso  ToriEzôntc  sieno  poco  favorevoli 

per  la  spedizione  délie  nostro  faticbe.  Ma  si  riscbiarera  il  tempo,  biaogna  spe- 

rarlo  e  lavorare  cod  questa  lusinghevole  idea...  Il  signor  Luigi  Lccciil  prendc  la 

fatica  d'estendere  un  arlicolo  suila  mia  opéra  par  il  giornaie  italiaiio.  Vc  lo  spe- 

dîro  coi  qtiaderoi...  Ho  letlo  alT  Ateoeo  un  discorso  suU'  incisioneindue  sedute  e 

oesto  ha  fatto  qualche  scnsazione;  e  piaciuto  agli  acadcmici.Alcuni  mi  lusin* 

aoo  che   se   fosse  stampato  eccitereblc  un  certo   intéresse.  L'ho  confidato  al 

»ig^  Luigi  Lecchi  cbc  non  Tha  inleso.  La  prima  parte  di  questo  discorso  espone 

''>ricamcn(e  ed  alquanto  poeticamenlc  (per  rendcre  vieppiu  amabîlc  le  descri- 


694  NOTICE    SLR    SE  RGENT-M.^  RCE.4  tJ. 

deux  autres  imprimés  et  j*en  attends  de  la  censure  detiat  autres.  I^£ 
nouveaux  règlements  m*ont  retardé,  et  j'ai  pris  te  parti  d'occuper  conli- 
nuellement  Messieurs  les  Censeurs  de  mon  œuvre,  quoique  Jes  nuages 
qui  obscurcissent  maintenant  Thorizon  soient  peu  favorahbi  pour  U 
célérité  de  nos  travaux.  Mais  le  temps  s'éclairctr;?,  il  faut  respcror  et 

travailler  avec  cette  idée  flatteuse Monsieur  Louis  Lechi  prit  lu  \teme 

d'écrire  un  article  sur  mon  ouvrage  pour  le  Jùurnai  ilaiietu  Je  voua 

Texpédie  avec  des  cahiers J'ai  lu   à  rAlhénêe  un  discours  sur  la 

Gravure  dans  deux  séances,  il  a  fait  quelque  sen^iition  et  a  plu  aux 
Académiciens.  Certains  me  flattent  en  disant  que  s'il  élaît  imprimé  IL 
exciterait  un  certain  intérêt.  Je  Tai  remis  à  Monsieur  Louis  Lecchl  qui  nt 
Ta  pas  entendu.  La  première  partie dece  discours  expose  historiquement  fI 
quelque  peu  poétiquement  (pour  rendre  par  là  moins  aride:^  bsdefcriptions 
du  mécanisme)  23  manières  de  graver  le  cuivre  en  relevant  Us  travaux 
des  divers  auteurs  et  en  dévoilant  quelques  secrets.  tl*esl  la  plus  complel^ 
description  qui  ait  été  faite,  et  elle  procède  d'un  homme  quia  eKpénmcnlé 
•toutesles  manières  décrites.  La  seconde  partie  est  toute  de  controverjef, 
d'observations  sur  les  principales  manières,  sur  les  plus  remarquabEei 
modèles  de  chacune  pour  arriver  à  celle  qui  doit  ^tre  le  plus  upprériéet 
et,  sans  une  décisive  conclusion  de  ma  part,  je  fais  appel  au\  atiiatcuri, 
professeurs,  etc.  Je  laisse  mûrir  ce  fruit  de  urcs  vE>ilIes,  et  nous  ^erroos 
quel  cas  en  faire  quand  le  soleil  se  lèvera  sans  nuages. 

N»  19. 

Bref  cia,  le  15  octobre  iSlï, 

A  M,  Joly  Conservateur  du  cabhiit  des  E Hampes 
de  la  Bibliothèque  H. 

J^éprouve  quelquefois,  Monsieur,  que  les  arts  sont  consolateur»,  aussi 
par  reconnaissance  je  leur  suis  attaché  et  les  cultive  au  milieu  du  fraras 
qui  bouleverse  tantôt  un  côté  tantôt  un  autre.  Je  i?ous  eu  donne  la  preu^« 
eu  vous  expédiant  par  une  occasion  de  voyageur  la  suite  de  mon  ourra^, 

zioni  del  mecanismo)  23  manière  d'incidcre  il  rame  rîteifantfo  v^ilorî  [&  kbari?) 
di  varii  autori  e  svelandone  alcuni  secreii.  Questa  e  lu  piu  Fompiula  deKrixiooff 
che  siasi  mai  fafta  e  da  uno  che  ha  sperimentatc  luUe  le  imnii^rc  deficritle,  1^ 
seconde  parte  e  tulta  di  debattiti,  di  osservazioni  aopra  le  prinripali  iziiii»ier«, 
sopra  i  piu  respettabili  modelli  di  ognuna  per  arrivnrc  a  Mpf^ri?  qunle  deve  es^ 
ipiu  pregata  e  senza  una  decisiva  conclusione  dël  niîo  pnrtTé  Tsccio  tppett 
diiettanti,  profcssori,  etc.  Lascio  maturarc  quel  frullo  dcUe  niieve^hc,  e  vedrr' 
quaudo  il  sole  si  alzcra  seoza  nebbia,  che  cosa  ne  Fan». 


\0*TICK    SUR   SERCEnîT-\lAltCEALN  fiO-i 

qui  s  été  rcppndanl  reUrdè  un  pi^ii  par  1rs  evpnemoiiSi  quoique  la  partie 
que  j'habilâ  n*aîl  éprouvé  aucune  ^ecousiev 

Quand  je  trouverai  dea  crrcojiâtanees  facile»  |)Our  voua  eompleUer  do  ce 
qui  aura  été  inihliè^  jo  nie  ferai  ua  plaisir  d^offrir  h  une  collection 
nationale  le  triliul  de  me»  travaux.* 

Acceptés  nvee  autant  de  plaisir  que  j'en  ai  h  voua  le  dire  le  lètiiol^imcfe 
d*une  parfaile  estime  et  d'une  agréable  réminiscence  de  plusieurs  aimées. 

SUjné:  RKEl(JKXT-MAfti:KAU, 

Mtmbrt  dk  l Athénée  de  Hrtâaa  Ih^ 
au  MtUa. 


H.  Liimbcrd  Vénitten. 


C'est  ainsi  qu  on  peut  mVxrire, 


Dri'ïci*.  âJ  jiiiJÏct  iHlfi, 


Tratiuction  d'une  letire  du  mhne  oti  mime  sur  Couorage 
(tes  Co^tumi  (.liraiU)  K 

Je  roiis  enverrai  aussi  un  article  pour  le  Journal  italien^  Vous 

verrez  que  uica  amis  me  servent  avec  une  iollde  amitié  et  rendent  juste 
liommn^e  à  mon  earaclère;  cet  article  écrit  par  un  honiine  de  bon  goùl 
et  parti euliërement  en  matière  de  thêiltre  ne  m'épargne  pas  néaii moins 
la  critique, «,,,  Si  vous  voyez  Pe^zi,  friitea-lui  mes  reproches  et  mes  obaer-* 
valions  sur  son  silence  parce  que  si  j'envoii^  chaque  fascicule  au  Directeur, 
mon  but  est  qu*il  fusse  Télo^^eou  la  critique,  mais  non  pas  qu'il  Tentcrre^ 
ou  je  cesserai  d'envoyer  les  suivants.  Je  ferai  dfï  mémo  avec  le  Journal 
des  Dames.  S'ils  veulent  économiser  quelques  li^nes^  j'économiserai  aussi 
mon  présent, 

*  Texte  oH^mil  : 

Hrp^iiA,  ^l  jnitU-t  IHIj. 

..,Vi  inftaderD  anche  un  arlicolo  per  il  GiornaU  itaîiano,  Vcdretii  die  i  miei 
aniici  mi  lervoiiociMi  aolidn  •midKJa  c  r*^iidtimi  «ipu»ti>  *i  njuj^î^io  al  tant  c«rni:<erÈi 
queeto  nrti^oUi  f^crillo  *\a  un  uorria  di  bmm  ynsln  c  particolar mente  in  maleriu  dî 
M«tri  non  mï  risparniia  neunehe  la  criJicA...  ^f    vedete  iV^ii  ralef^lî  i  iniet  rira* 

reri  c  le  niîe  otservuiiotii  sut  tua  sîieniio,  perche,  se  mandn  ojpu  fiiicici>liï  al 

ellonî  il  m'w  scopo  p  cW  ej^li  faccia  «  l'elni^m  lo  U  tTÏlîca,  ma  non  \o  melto  in 
noicro  o  cefincro  di  mflridirc  i  seguenti,  Coai  f*ra  col  OiorunU  deiie  dame*  Se 

«arminno  alcuuc  liuec  di  scritlura,  risparmiero  anche  il  nno  doûo. 


696  NOTICE   SUR   SB  HGBNT-U  ABCBfl  V. 


N«2I. 

Br«acUt  S  octobre  1  Si:». 

Traduction  (Tune  lettre  du  même  au  même  îur  ics  embarras 
d'argent  (extraU  )  *. 

J^altends  toujours  mes  reventi»  de  Fraiace,  mais  ils  sont  ttcwt 

entravés»  et  cela  empêche  la  puUlîcutioti  de  mon  ouvrage^ 


No  22. 

Traduction  d'une  lettre  du  même  au  même 

sur  Agaihophilt  {extrait}^ ^ 

J*aî  fait  espérer  à  mon  (ils  votre  protection,  et  il  aUeod  le  mom^it 

de  pouvoir  vous  être  utile. 

Traduction  dune  lettre  du  même  au  même 
sur  AgalhophiU  {extrait)  *• 

J*espëre  que  mon  Gis  sera  toujours  plus  dJ^ne  de  voire  palernctie 

çstime  et  de  votre  amitié,  et  que  son  amour  pour  le  travail  vous  donneru 
Tespoir  qu*il  fera  honneur  à  votre  commerce. 

'  Texte  original  : 

Br«u:l«,  8  oltolirp  IBIS. 

Aspctto  sempre  le  mie  sostanxc  di  Fruncia,  nttâ  sodo  impciiite  t-  ciu  itnbtj«a4 
la  pubblicazionc  délia  mia  opéra. 
'  Texte  original  : 

Ho  fatto  gperare  al  mio  figlio  chc  potrebbc  essere  favuriio  da  voi  cd  e^li  a^petio 
il  momenlo  di  poter  csscrvi  utile. 
'  Texte  original  : 

...Spero  che  mio  figlio  sara  sempro  pru  dfjjno  d^lU  ifostra  putcrna  ftim 
aniicizia,  c  clie  il  suo  amore  pel  lavoro  vi  diUTii  «pcrauic  cii'  egli  fucdii  ûtiar 
vostro  negozio. 


r 


IVOTÎGB    »Vtl    AKRGENt-llARCBAU.  «Ï>1 


irvfci»,  ^  mil  ISI6. 

Traduciion  d'une  îettrt  du  même  au  ménit  $ur  k  même 
e(  iur  Emlra  (exirait)  '. 

.....  Recevez  mes  compliments  et  mes  remerciements  pour  mon  fiU, 
Cela  pfaU  aussi  à  ma  Temme  (^ui  a  commencf^  à  ressentir  pour  lui  Tauiaur 
el  reRlime  *jue,  je  ^csp^^e,  il  mt-rilerû  loiïjours  plus.  Eu  cela  iJ  montre 
que  tout  ce  qu'il  dott  au  bon  cœur,  aus:  qt^alUés  .supérieures  cl  à  la  culture 
de  son  affeclueuse  mère,  puurra  loujourii  Tailler  dans  toute  situation^  et 
yen  stth  d'autant  plus  siitiifait  que  voas  voyez  que  ni  présomption  ni 
flatlerie  ne  me  Font  fait  présenter  à  vous  comme  capable  de  satisfuire 
à  vos  déiiiri. 

Traduction  d'une  lettre  du  mt^me  au  président  de  l'Athénée 
de  Brescia^  oà  ii  amtonce  3on  dépari  pour  Milan*. 

MoxSlKVft  LE  PRKSJDEST, 

I 

Mes  înlèri^ls  m'appellent  dans  la  capitale.  Je  serai  dé:^orm?iis,  k  mnn 
grand  regret,  privé  des  dït\iaiits  et  agréables  rapports  avec  les  cljstingnéfl 

*  Telle  orrfjiaftl  : 

...Ttîcevete  t  miei  cumplîmeuLl  e  rlnj^rajfia  menti  pi^r  il  niio  a^^U»  e  qimnEo 
piacn  a  mm  moelle  ihe  pnni^ipîati!  u  sent  ire  per  lui  Tamore  e  la  stini»  che  spcro 
mcri|[?r«  «empre  piu.  In  cia  eijli  mauïrt'sLa  die  tulio  ctu  die  dcve  d  hnmi  eimre» 
«He  doit  eKCelleulî  ed  alla  eolLitra  d^lla  &im  amorosa  TnuiJre,  pokn  tempre  (jiovnr- 
«l[1i  ip  ogrii  «itua^Lonc  e  tie  sono  huiio  piu  cmjLi-ulii  c\n-  vcd<'te  che  ue  pfe,iim]i,inoe 
ne  adu  ludions  mi  fei^ero  preseutar  vdu  coma  cap  ace  di  suddis  ftre  nlie  vostro 
brame. 

*  Texte  origioaT  : 

Briucia.  13  gitignu  IHIG. 

SuiSiORE    PafîSlDKNTe^ 

I  rniej  interessj  mi  duamaiia  nelta  fl^pitole;  Snro,  nrnani,  eon  âommn  min  dis- 
piacerfT^  prito  délie  diUte  et  e  yrad^^ime  correiiifiouj  cu^U  uniatisâiiiii  /^eadi^ioici 
cbe  mi  Iiuiino  onrvraUi  amitieiïtt'iidiHni  mAU  ioni  ?.iicirlfi. 

Ma^ivtjmpje  rni  !»ara  data  la  fat^ollii  di  i^iieri\  non  dJinenlldiDro  mai  ebe  il  min 
do¥cre  sara,  quaaio  po^flitiUesecomb  1  mici  dib^jU  talenli,  di  ^ustcaere  cou  decuru 


k 


698  NOTICE    SUR   SE  RGBNT-M  ATIC  E  A  ir 

Académiciens  qui  in*onl  fait  Thonneur  de  m'adm? lire  dati$  leur  Aociéle* 
Mais  partout  où  il  me  sera  donné  de  vivre,  je  n'oublierai  jamais  que 
mon  devoir  sera,  autant  que  possible  selon  mes  fatbttïs  latents,  de  porter 
avec  décorum  le  litre  qui  m*a  été  accordé  de  membre  de  rAeademie  de 
Brescia.  Il  m*est  plus  facile  d*assurer  cette  respectable  SocîéLé  que  Tbon- 
neur  accordé  à  mes  Costumiy  Taimable  façon  de  vivre  &siec  un  peuple 
bienveillant  et  hospitalier  me  conserveront  mon  souvenir  dans  celte 
I  Académie,  estime  que  ne  m'auraient  pas  méritée  les  peu  nombreux  travaux 

sans  importance  auxquels  vous  avez  daigné  applaudir*  En  tout  temps  les 
qualités  de  bon  citoyen  sont  très  précieuses,  quand  elles  lont  accam' 
pagnées  de  quelque  culture  d'esprit. 

Elle  m*a  permis,  selon  les  statuts  de  T Académie,  d'orner  mon  ouvmf^e 
sur  les  Coslumi  des  peuples,  etc.,  ouvrage  heureusement  encouragé  par 
tous,  avec  le  titre  de  Membre  de  V Athénée^  et  par  là  je  muntrerai 
combien  je  m*estime  honoré  de  me  proclamer  toujours  le  très  dévoué 
compagnon  de  très  distingués  Messieurs  les  Académiciens. 

Signé:  SKiuEM-MAacsAu, 
Ex^membre  de  la  Commission  .V '*  des 
Monuments  des  Sciences  tt  Btaux* 
,      Arts  de  France ^ 

Je  m'empresserai  d'offrir  à  l'Académie  mes  trai/aux  d'art  de  ^{ravure 
L  que  je  pourrai  exécuter  et  qui  pourront  me  mériLer  quelque  faveur  du 

L  public,  si  les  circonstances  me  le  permettent. 

l 

^  il  titolo  accordato  roi  di  /octo  dcir  Accademia  Bresciana.  PJu  fnciU  mi  «  ^aicurare 

^  a  questo  respettabile  Societa.  che  i  roiei  oiM>rati  CoHumi,  il  gpnlijc  modu  iti 

j,  vivere  coq  un  populo  benigno  ed  ospitaliere  mi  cooseri'eratina  la  mU  memorra  la 

questa  Academia,  stima  che  non  m*avrebbero  meritata  i  pocUi  c  uicnle  impor- 
'  tanti  lavori  cui  vi  degnastc  d'applaudire.  In  ogni  tempo  le  qutilita  di  bnon  cilU* 

dino  sono  pregevoli  assai.  quando  sono  scortate  da  qualclic  coUura  tli  sptriio. 

Ella  mi  ba  permesso,  secundo  i  statuti  dell*  Accadeiniiiili  fr^jjimrc  U  mb  upera 
sui  Cosiumi  de*  Popoii,  etc.,  opéra  felicemente  da  tutti  Jncoraifgiata  col  Ittnto  di 
Membro  dell*  Afeneo,  e  concio  provero  quauto  mi  tenyo  onoralo  di  proIctUrmi 
sempre  il  divotissimo  socio  di  Loi  edegli  ornatissimi  si^oori  Acfademici. 

Signé  ;  SRRfiKiïT-IUiinEALî» 
ex  membro  det/n  Commsiitit^  V'"^  c&m* 
seroatrice  de    Mùnuntrnti  ddk  Scifmt 
e  Bellearti  di  Fnmcm, 

Mi  faro  premura  d'orfrirc  ail'  Accademia  i  Lavori  di  \t\û  d'incisiouc,  che  poir 
ese^iierè  c  mcritarmi  qualcbe  Lode  dal  Publico,  se  le  circostansc  me  ne  onro 
il  niczzo. 


N-  25. 


NOTICE    SLB   SERGBNT-MARCEAU.  699 


Milan.  18  juio  1818. 


Traduction  d'une  lettre  du  même  au  même 
sur  les  Costumi  {extrait)  '. 

Dans  votre  lettre  de  ce  mois  je  relève  portées  sur  mon  compte 

dîx-huil  souscriptions  à  mon  ouvrage  sur  les  Costumi. 


N*  26. 

Ililan,  30  notembre  1818. 

Traduction  d'une  lettre  du  même  au  même  sur  les  Costumi 
et  dès  dessins  (extrait)  *.  ' 

Notre  compte  est  liquidé  depuis  longtemps,  je  reste  créancier 

envers  votre  Sociélc,  je  vous  prie  d*en  venir  au  fait,   y  compris   les 
dessins  que  j*ai  faits  pour  les  Béarnais ^  et  que  j*ai  faits  sur  votre  ordre. 

N-27. 

Milan»  9  fëvrier  1819. 

Traduction  d'une  lettre  du  même  à  Stella  et  Fusi,  libraires 
à  Milan^  sur  les  Costumi  {extrait)  >. 

Ayant  Tintention  de  poursuivre  cette  année   mon   ouvrage   des 

Costumes  des  peuples  anciens^  j'ai  fait  la  proposition  à  Monsieur  Pirotta, 

*  Texte  original  : 

Milano.  18  «jiugno  1818. 
filtrait  d*uue  lettre  à  Stella. 

...Dalla  vostra  letlera  del  mese  eorrentc  rilevo  chc  sono  registrati  per  conto 
Tostro  dicciotto  associati  alla  mia  opéra  sui  Costumi... 
'  Texte  original  : 

llilano,  30  novembre  181K. 

...Essendodd  molto  tempo  liquidato  il  nostro  conio  uel  qualc  resto  creditore 
verso  la  voslra  Societa,  vi  prego  di  venire  al  fato,  non  escluii  i  designî  fatti  da 
noe  per  gli  Beamesi  cbc  furono  fatti  per  vostro  ordinc. 

'  Texte  original  : 

Milano,  0  febbraio  1819. 

...Avendo  Tintenzione  di  proseguirc  quest'  anno  la  mia  opéra  dci  Costumi  dei 
jpoli  antichi,  bo  fatta  la  proposizioiie  ul  sig'  stampptore  Pirotta  di  cootiuuarla 


1 


-700  NOTICE    SUR   SERGE  X  T-^ll  A  QCE  AU. 

imprimeur,  de  la  continuer  sous  ses  presses  ei  de  lui  donner  une  àk]&- 
galion  entre  vos  mains  pour  recouvrer  ù  mon  crédit  les  «sommes  que  v^m 
associés  ont  encaissées  sur  cet  ouvrage  pour  toule  publicaliort,  et  cela 
jusqu*au  montant  que  pourra  atteindre  la  cêdulv  de  M.  PiroLta  pour  les 
fascicules  imprimés. 

N«  28. 

tfjtkit,  le  S  m^n  Iti^O, 

Lettre  du  même  A  M  Julien  Direct  de  la  Hevue  EncycL  '- 

Vous  ne  serez  pas  fAché,  Monsieur,  de  recevoir  avec  la  grftce  ifue 
vous  mettez  en  voyant  des  hommes  doués  de  connaiï^sADces,  un  àe^  enlans 
de  la  Lombardie,  attiré  par  la  curiosité^  par  le  désir  de  voir  de  près  des 
hommes  de  lettres  avec  lesquels  il  a  spirituellement  conversé.  Phisieun 
de  mes  amis,  ardens  partisans  de  la  Liberté  et  de  la  raKson  qui  la  fonde, 
m*ont  engagé  à  recommander  le  porteur  de  la  présente^  el  je  me  rens  (?) 
à  leurs  sollicitations  en  vous  adressant  M,  Zonea.  Pcrmetiei  lui  de  voiti 
voir,  de  vous  consulter  sur  le  choix  des  dél asseoie ns  scientifiques  qu'il  r^ 
chercher.  Son  intention  est  aussi  de  voir  l'.^^ngleierre.  Je  me  OnLte  tjuM 
en  reviendra,  comme  a  fait  un  de  nos  riches  Brescians  quî,  après  a\oir 
passé  15  jours  à  Londres,  s'est  empresse^  bien  vUe  de  rêpas.ser  en  France 
pour  se  dédommager,  el  qui  ne  cesse  de  repeller  qu*iï  y  a  une  bien  grande 
différence  entre  TAnglais  et  le  Français  (dont  il  ne  chantait  pas  le^ 
louanges  avant  son  voyage). 

Vous  ne  serez  pas  fdché  sans  doute  d^apprendre  qu'une  Ecole  d^eiisei'» 
gnement  mutuel  qui,  a  été  établie  à  Brescîa  par  le  coraLe  Monpiini  (Jeiitie 
homme  encore),  fait  les  délices  du  paysi  Que  M**  llgoni  président  de 
r Athénée  et  direct,  du  Lycée  en  a  établi  une  pareille  il  Ponte  Vjco  (peu 
distant  de  Bres.)  où  il  a  des  biens.  Et  qu'enfin  \IM.  Pons  et  Gonfalo- 
nieri^  aidés  par  M.  Monpiani,  en  ont  établi  doux  à  Milan,  et  qu'on  ca 
ouvre  en  ce  moment  une  troisième.  Peut-être  aavez-vous  cela  doj:ï  [ïtr  U 
prem.  cah.  de  laBibl,  ital.  de  M.  Curbi.  Les  Milanais  applaudî^^ent  à  ces 
établissemens.  A  côté  de  cela  le  Gouv^  s'occupe  à  affaiblir  les  préjagèt 

sotto  i  snoi  torchi  e  di  dart^li  una  delegazionc  celle  vogtro  manî  per  ritcnolere  i 
miocrcdito  le  somme  che  dai  vostri  associati  a  dcUa  opéra  incassalf^  ad  o^ni  pal»- 
blicazione,  e  cio  sino  alla  somma  alla  quale  si  portera  la  pûljzza  del  «îg'^  Ptrolta 
per  i  fascicoli  slampati. 

'  En  tète,  est  écrite  la  mention  suivante  :  (iCtie  Ictlrc  est  rci]tri.-G  cotrt 
mains  parce  que  la  personne  pour  qui  clic  était  crriie  a  clian^<^  d'avis,  et  reU 
son  voyage  de  queluues  mois. 


NOTICE    SUR    SERGENT-MARCEAU.  ^TOl 

superslilieux;  on  dît  que  Parchevêque  a  reçu  de  \i\  Cour  de  Rome  un  bref 
qui  supprime  le  catéchisme  que  Ton  vient  d*imprimer,  et  un  monitoire, 
qui  foudroie  d'Excommunication  Tabbé  Jozzi  G**  Vie.  qui  a  refusé  Tarche- 
vôché  de  Milan,  et  depuis  le  Patriarcat  de  Venise,  et  Tabbé  Giudici, 
Conseiller  chargé  de  la  Librairie,  pour  avoir  approuvé  le  Catéch.  Le 
Gouv*  a  traité  ce  nouveau  foudre  comme  celui  lancé  sur  Fouvrage  de 
Vabbé  Tamburini  de  Vérone,  en  ordonnant  au  pontife  de  Milan  de  mettre 
les  Brefs  dans  le  panier  sous  la  labié  et  tout  Milan  crie  :  Bravo  !  Nous 
n'avons  ni  moines  ni  missionnaires,  grâce  à  la  prévoyance  autrichienne. 
Mais  nous  n'avons  pas  non  pins  la  liberté  de  la  presse. 

A  propos  de  presse,  je  vous  dirai  qu'en  ce  moment  je  fais  imprimer  en 
français  des  Notices  sur  les  derniers  faits  d*armes  de  Marceau,  et  sur  sa 
mort.  Je  vous  en  ferai  remettre  des  exemplaires. 

Je  guette  aussi  une  occasion  pour  vous  envoyer  tout  ce  qui  a  été  publié 
jusqu'à  ce  momentde  mon  ouvrage  sur  les  Costumes.  M'  Magia,  que  vous 

voyez  quelquefois,   a  dû  ou  doit  vous  remettre  une  lettre  de  moi du 

paquet  et  dans  laquelle  je  vous  exprime  le  désir  d'obtenir  pour  cet 
ouvrage,  qu'il  soutient  ici,  une  mention  honorable  dans  la  Revue. 

Mon  épouse  me  charge  de  ses  complimens  pour  vous  et  moi,  en  me 
rappi'lant  à  votre  souvenir  je  vous  renouvelle  l'assurance  d'une  parfaite 
considération  —  Salut. 

Signé:  Serge\t-M arceau. 

25  mars. 

Depuis  ma  lettre  écrite,  j*ai  appris  que  l'on  va  établir  une  Ecole 
d'Enseig*  mutuel  pour  les  filles,  et  enfin  une  autre,  non  gratuite,  pour  les 
enfants  de  Négocians,  de  Bourgeois. 

Je  vous  parle  des  Excommunications  du  Vatican  à  propos  de  l'abbé 
Tamburini,  vous  n'y  trouverez  peut-être  qu'un  lassi  de  ma  part,  si  vous 
n'êtes  pas  informé  qu'aussitôt  que  l'ouvrage  a  été  publié  l'archevêque 
de  Milan  a  reçu  un  bref  du  Pape  qui  excommunie  l'auteur,  le  libraire, 
les  Marchands,  et  tous  ceux  qui  liront  en  général.  Le  Gouv',  qui  avait 
4'uppprobation  du  Cons.  auliq.  pour  approuver  l'ouvrage  et  sa  publica- 
tion a  ordonné  que  le  Bref  serait  mis  âr  V Index, 

J'avais  cru  que  vous  receviés,  à  échange,  la  Biblioteca  italiana  qui 
est  vraiment  le  seul  ouvrage  périod.  littéraire,  le  seul  écrit  dans  un  genre 
qui  honore  la  littérature,  si  déhontée  en  Italie,  où  l'on  se  prodigue  toutes' 
les  sottises  que  le  répertoire  de  nos  forls  du  port  au  blé  ne  contient  qu'en 
extrait.  Mais  le  Direct'  m'a  dit,  depuis,  qu'il  ne  vous  l'a  jamais  envoyée. 
Imaginant  que  le  premier  n°  de  celle  année  pourrait  vous  faire  plaisir 


702  NOTICE    S^M  K&GENT-M ARCEAU. 


parcequ'il  offre  unTablcnu  de  ritalieimwalÉ^ÎMlust rieuse  en  ce  moment, 
«t  Tanteur  M.  Aurbi  (où  Curbi)  qui  a  eu  le  phBifti  Al  irons  voir  à  Milan 
m'a  chargé  de  vous  en  offrir  un  cahier,  en  vous  îiifjfeal  4'en  dire  un 
mot  à  TËurope. 

—  Vous  ignores  peiil<>éti*è,  car  vons  étîés  déjà  loin  alors,  fm  h 
Gouv*  Autric.  a  életéf  Aourri,  bercé  ce  Journal,  et  je  crois  lui  pass» 
encore  une  somme.  Cèit  au  comte, Sanrau  que  ritalie  le  doit  et  (entre 
n^os)  ce  6ouvernear  s'àmusatt  à  écrire  des  articles  libéraux  qu^il  envoyait 
anonymement  anxOaxëUlers.  -—  Je  ne  vous  citerai  que  celui  ci  pour  votre 
amusement.  On  lut  dans  la  Gazette  de  Milan  à  pea  près  ceci  :  «  Les 
élrangi^rs  qui  veulent  lé  faire  une  idée  de  Tétat  des  arts  à  Milan  devront 
se  faire  apvrir  dêuit  galeries  dans  lesquelles  ils  admireront  des  morceaux 
d*un  beau  choit.  La  première  contient  des  Tableaux  de  nos  anciennes 
écoles  et  des  meillêari  maîtres  ;  la2^«  renferme  une  collection  intéressante  de 
nos  artistes  nationaux  contemporains,  est  un  monument  patriotique  élevé 
h  leur  gloire.  11  no  sera  pas  difficile  à  MM.  les  Etrangers  de  se  faire 
mivrir  ces  galeriel,  il  n*en  est  pas  de  notre  pays  comme  des  autres  peuples* 
Ce  ne  sont  pas  les  Comtes  ni  les  Marquis  qui  font  de  ces  galeries  à  Milan, 

c'est  tout  aîmplement  chez  M cordonnier  rue  de  la  Cerva(?)  qoe  Ton 

verra  les  ou vra<)t!« distingués  de  nos  modernes.  Et  chez  le  tailleur  Galli  que 
reposent  les  Midi-An.,  les  Corrège.,  les  Ve.;...  On  n*a  pas  besoin  de  le 
faire  présenter  chez  eux.  »  —  Qu'en  dites-vous  ?  Est-<e  là  de  Tallemand. 

Il  a  fait  depuis  son  départ  suppimer  le  Collège  des  Noblet,  Pourquoi? 
Pour  le  faire  appeler  tout  bonnement  Collège  Longone,  du  nom  de  son 
fondateur,  qui  apparemment  n'était  pas  même  M.  le  C*.  Cela  a  opéré  des 
chaagemens  dans  son  gouvei*nement  dans  les  professeurs,  et  y  a  inlrodnit 
entre  autres  un  Prof,  de  Physique,  qui  dernièrement  en  démontrant  les 
élémens  de  la  Géodésie,  fut  interrompu^  par  un  élève  qui  stfi|)éfait  de  ce 
que  cela  faisait  remonter  la  création  bien  au  delà  de...  lui  objecta  que 
l'on  ne  comptait  que  5.000  ans:  fe  ne  suis  pas  professeur  de  Théologie, 
mais  de  physique. 

Vous  voyez  que  je  bavarde  beaiicoup,  peut-être  trop,  pour  votre  tems, 
mais  comme  mes  sujets  sont  un  peu  philosof^biques,  et  intéressent  un  pays 
que  vous  avez  habité  vous  ne  jetterez  pas  ma  lettre  au  feu  de  colère,  et 
la  lirei^  peut-être  jusqu'au  renouvellement  de  mes  complimens  et  même  de 
me»  offres  de  service  dont  je  ne  vous  avais  parlé  dans  ma  première 
partie. 

Je  vous  ajouterai  que  quelques-uns  ont  craint  que  les  Revues  n'eussent 
pas  lieu  ici,  mais  on  ne  s'en  occupe  pas,  à  ce  qu'il  paraît,  et  vous  êtes  trai'^ 
comme  la  Quotid,  et  les  Débats,  même  le  Monit,  qui  franchissent  la  fn 
tière.  On  ne  prend  pas  une  tasse  de  caffé  à  Milan  sans  les  Débats^  et  d 


IVOTICR    SUR    SEJICEVT-U^HCEAL.  103 

un  pelit  coin  on  caas«  avec  M  .  Mats  les  aulres  oieltcnt  tous  h^ 

douaniers  aux  alertes.  —  Je  crois  cependant  qu*ils  viennent  en  ballon, 
ou  sur  les  ailes  de  la  Renommée.  Cesi  la  déesse  iutélaire  {TAihvnes  qui 
leur  ouvre  la  roule'. 


No  29. 

LeUre  du  même  A  Son  Excellence  le  minisire  de  F  Intérieur, 

RXCKLLRXCC,  * 

Je  Os  remellre  en  février,  année  courante,  un  mémoire  par  lequel  je 
sollicitais  Texemption  de  la  taxe  de  IGO  f.  pour  le  Quint  Metr,  imposée 
sur  Finlroduction  des  livres  français  imprimés  en  pays  étranger,  en  raveiir 
de  Touvrafje  que  je  viens  de  publier  sur  feu  le  G"'  Marceau  mon  benu- 
frère.  N'ayant  eu  aucune  réponse  sur  cette  demande  j*âi  différé  &  la 
réitérer  jusqu'à  ce  que  Sa  Majesté  ait  agréé  Tbommage  que  lui  a  fait  mon 
Epouse  d'un  Exempl.  J'adresse i\  présenta  V.  Esc.  par  duplicata  le  rirâine 
mémoire,  que  je  la  prie  d'examiner,  autant  sous  le  rapport  de  Tinlérét 
général  que  sur  le  mien. 

Mais  comme  les  Notices  historiques  sur  Marceau  ont  été  écrites  pour 
les  Français  (quoique  déJ4\  quelques  Souverains  les  ont  accueilliii  avec 
intérêt),  je  désire  les  mettre  à  la  portée  de  tous  les  lecteurs,  ce  qui  ne  se 
pourrait  en  supportant  un  taxe  d'entrée  si  considérable.  J'espiTC  que 
Votre  Excellence  voudra  bien  m'înformer  de  ses  intentions  et  de  la 
décision  *. 

Je  suis  avec  respect, 

Signé:  Sebokxt-M arceau. 

Membre  de  l'Athénée  de  Bretcia 

auteur  des  Costumi, 

&lilaa.  If!  19  \brt  1820. 

'  En  marge  est  écrit  :  27  mai.  Envoyé  un  eitrait  de  celle  lettre  à  M.  SM*  Av^r 
invitation  d'y  prendre  ce  qu'il  croira  d'ulilc  pour  la  formation  de  l'article  lialii;  des 
Koutellet  liii.,  destine  au  cahier  de  juin  M. 

*  En  marge  de  la  lettre  est  écrit  :  On  ne  peut  répondre  au  pëtiliuRfiakf'p 
attendu  qu'il  faudrait  afranchir  la  lettre  jusqu'aux  frontières  et  que  ce  n'it^it  puiul 
à  rad"**  à  supporter  ces  frais.  La  demande  ne  pourrait  d'ailleurs  être  uccueîllie 
sans  nuire  à  la  librairie  française.  Classer. 


704  NOTICE    SUR    SERGEAST-UÂRCË  A  D. 


N-30. 

Lettre  du  même  A  Son  Excellence  le  minisire  de  l'Intérieur 
du  Roy  de  France. 

J'ai  adressé  à  Votre  Excellence  au  mois  de  janvier  dernier  un  nirmoire 
par  lequel  je  sollicilais  une  décision  rainislèiieile  pour  resempUon  de  la 
taxe  de  60  0/0  d*un  oufrage  français  orlj^inal^  imprimé  sur  mon  manu- 
scrit à  Milan,  intitulé  ATo/ica '  fin  6r»'  Marceau,   lequel  a  été  présenté 

à  S.  M.  et  aux  Chambres. 

Le  même  mémoire  contenait  des  vues  [générales  sur  T introduction  des 
ouvragesr  écrits  d^origîne  en  français  dans  le&  pays  étrangers , 

C'est  le  second  mémoire  que  j*ai  adre«so  à  Votre  Excellence  pour  Je 
même  objet,  n'ayant  point  eu  réponse  du  premier. 

M.  le  Min.  des  finances,  auquel  je  Tavais  envoyé  d'itbord  croyant  que 
cela  le  regardait»  a  bien  voulu  me  répondre  en  m'indiquant  à  quel  minis- 
tre je  devais  avoir  recours.  Je  n'ai  à  ce  suji?t  nul  intt^rât  spéculntif,  je  ti*aî 
que  celui  qui  regarde  en  général  les  hommes  de  lettres  e{  peut-être  It 
gloire  de  la  langue  française. 

J'ai  prié  M.   le  docteur  mon  ami,    de  SDllicîtcr  à  Pam 

une  réponse  de  Votre  Excellence,  car  je  ne  puis  en  faire  l*ohjet  d'uae 
pétition  aux  Chambres  sans  avoir  proposé  la  question  à  Votre  Excellence, 
ou  avoir  eu  sa  décision. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  respect, 

Signé:  SEncKXT-M^Hr.E.u", 
Membre  de  tACÂéncc  tk  Brescia. 

Milan,  le  20  mai  1821. 


N-3I. 

Milan.  \^^i  «iidi  vmi 

Lettre  du  même  à  Monsieur  Pouthier,  agent  d'affaires^  rue  îîcauimmj, 

n*  49,  Paris. 

Je  me  flalie.  Monsieur,  que  vous  aurez  d^jft  enraissé  le  moniaol  tla 
dernier  semestre  et  que  peut-être  nos  lettres  vont  se  croiser  en    roul** 
N'importe,  comme  je  dois  à  la  S*  Michel  céder  mon  logement  au  propriê^ 
taire  de  la  maison  qui  veut  l'occuper,  je  me  trouve  celte  année  obligt" 
de  nouvelles  dépenses  qui  me  rendent  cet  ar^^ent  nécessaire  dans  le  coura, 
de  sept"  parce  que  je  me  suis  engagé  dans  mon  iionvedu  bitil  à  pajer  ^ 


NOTICE    sua   SERGENT-MARGEÂU.  705 

entrant  l*année  d*avance,  et  cela  pour  avoir  une  diminution  de  loyer.  J*ai 
'  donc  cru  nécessaire  de  vous  prévenir  de  cette  urgence  pour  vous  mettre  en 
mesure  si  avant  la  réception  de  ma  lettre  cela  n*est  pas  encore  disposé  et 
afin  que  vous  m'envoyez  du  papier  à  terme  court. 

Tâchez  d*avoir  de  M"*  V*  Garnerin  *  quelque  chose,  si  vous  ne  pouvez 
avoir  le  tout;  quoique  sa  dette  soit  peu  de  chose  faites->lui  valoir  le  tems 
qui  8*est  passé  et  que  je  ne  lui  demande  pas  d'intérêt.  Cependant  essayez 
à  lui  faire  supporter  les  frais  qui  vous  appartiennent.  Cela  est  assez  juste, 
qu'ils  soient  à  sa  charge. 

Je  n'ai  plus  cet  ami  qut  devait  passer  à  Paris  et  me  rapporter  les 
emplettes  que  je  vous  ai  prié  de  me  faire.  Il  est  revenu  d'Espagne  par  nos 
villes  méridionales,  parce  qu'un  mal  de  jambe  l'a  retenu  à  Barcelone,  plus 
longtems  qu'il  ne  voulait  et  qu'un  séjour  à  Paris  l'e&t  mené  trop  loin 
encore.  Il  est  arrive  depuis  huit  jours. 

Nous  attendons  aussi  une  réponse  au  sujet  de  M"*  Cécile,  l'aéronaute. 
Par  circonstance  il  n'y  a  rien  de  dérangé  par  ce  retard,  car  la  saison  est 
trop  avancée  à  présent  pour  entreprendre.  Ce  sera  pour  le  printems  : 
cependant  M.  Mauvrier  désirerait  savoir  dès  à  présent  s'il  peut  l'avoir  et 
quelles  seront  les  conditions.  Inutile  de  vous  dire  que  M.  Mauvrier  saura 
reconnaître  vos  soins  si  cette  aff*  s'arrange.  Je  vous  prie  de  faire  mettre 
l'incluse  à  la  pet.  poste.  Mad*  Magin  (?)  aura  peut  être  une  occasion  que 
je  lui  indique. 

Je  vous  renouvelle  l'assurance  d'une  parfaite  considération.  Salut. 

Signé  :  Serqent-M arceau. 
N«  32. 

Milan,  le  6  jan? .  1825. 

Lettre  du  même  au  même. 

Voici,  Monsieur,  le  titre  pour  toucher  le  semestre  de  la  pension  comme 
à  l'ordinaire,  mais  voici  le  moyen  de  me  faire  toucher  la  somme  celle 
fois  sans  embarras.  Un  de  mes  amis  d'ici  qui  a  toujours  des  fonds  à  Paris 
à  sa  disposition  me  comptera  ce  semestre  sans  frais  aussitôt  que  je  me 
présenterai  avec  un  reçu  de  son  neveu,  auquel  vous  remettrez  cet  argent. 

C'est-à-dire  quand  vous  l'aurez  encaissé  vous  le  déposerez  entre  les  mains 
de  M.  Ridan,  libraire,  rue  de  l'Université,  n*"  3.  P  compte  de  M.  Ferdi- 
nand Pierdhang  à  Milan  lequel  en  comptera  à  M.  Sergent-Marceau  à  Milan. 

*  Probablement  M*"  Garnerin,  aéronaute   renommée  que  Sergent  connut  à 
lan.  (Voir  le  Fragment  de  mon  album  et  nigrum.) 

45 


706 


NOTICE    SUR   SERGENT-MARCEAU. 


I 


Vous  m* adresserez  par  la  poste  avec  votre  compte  le  reçu  dud.  i"^  Rîdaiii 
par  duplicata,  car  vous  en  garderez  un  double  sans  doule.  ^ 

Vous  aurez  peut-être  reçu  déjà  par  le  docf  Fontanallle  une  1eUr«  i\^ 
je  TOUS  ai  écrite  par  lui.  Je  vous  prie  de  passer  quand  vous  vauîi  Irouverci 
dans  ce  quartier  chez  M'  FayoUe  lib*  près  de  rAâsoinption,  et  lui  faire 
des  reproches  de  n*avoir  pas  envoyé  depuis  7  à  8  mois  à  M,  Dufour,  à 
Milan,  le  petit  fourneau  que  vous  m^avek  acheté,  et  un  jeu  de  chei  Olole, 
PoUchinel  Vampiro,  qu*il  lui  avait  demandé.  M.  Du  four  ae  plaint  que  lui 
ayant  fait  ses  commissions  près  de  M.  Giusli  lib*  surtout  il  ne  lut  ail  p&$ 
même  répondu.  Faites  vous  représenter  le  fourneau,  pour  voir  dans  quel 
état  il  est,  et  assurez-vous  qu'on  en  fera  Tenvoi  à  AK  Dufonr  qui  e^t  peu 
content. 

Il  faudrait  pourtant  voir  à  obtenir  de  M*  Gamerin  le  ^layemeat^  car 
vous  devez  voir  que  son  avocat  a  parlé  de  voyage  pour  tirer  au  loin  et  li 
dispenser  de  payer.  Je  pense  que  vous  n'obtiendrez  d'elle  que  par  In 
moyens  de  justice.  £t  je  ne  puis  être  écarté  avec  mon  (ître,  puisqu'elk  a 
accepté  T héritage  et  sûrement  les  charges.  Je  vous  prie  de  vous  occuper 
encore  de  cette  affaire,  sans  dire  que  vous  m'avez  renvoyé  le  billet.  A 
votre  premier  avis  je  vous  le  renvoyé.  Si  vous  pouvez  vous  accorder 
qu'elle  vous  donne  partiellement  celte  somme,  reteve^  ce  qu'elle  voui 
donnera,  ce  qui  vaudra  toujours  mieux  que  d'attendre  ce  voyage  et  un 
procès  à  Milan  où  il  se  passe  des  années  avant  d'obtenir  une  sentenfe. 

Je  vous  joins  une  lettre  pour  M*  Magin  et  une  pour  M«  Audot.  Je  dési- 
rais que  vous  puissiez  remettre  celle-ci  et  vous  entendre  avec  lui  pour  une 
réponse  que  vous  m'envoyerez  :  ne  le  pressez  pas  fort,  parce  que  je  n'ai 
pas  encore  terminé  ma  traduction  (je  ne  veux  pas  lui  dire)  parce  quelle 
peut  l'être  quand  il  répondra. 

J'ai  reçu  hors  le  fourneau  tout  ce  que  je  vous  avais  prié  de  ni'acheter; 
et  vous  en  remercie. 

Agréez  mes  sincères  complimens  et  l'assurance  de  mon  estime. 

Signé  :  Seboë^t-i^I  abcsau. 

Vous  m'achèterez  chez  M.  Audot  :  l""  tArt  de  camerver  tes  ^firuUs, 
1  fr.  50;  2*  /e  Jardinier  des  fenêtres,  2  francs,  et  les  ferez  remettre  i 
M'*  Magin  pour  la  première  occasion. 

Vous  pouvez  mettre  sous  enveloppe  la  lettre  de  M''*  Magin  et  la  meitre 
à  la  petite  poste. 

Note  jointe  à  la  lettre.  (Copie.) 

Monsieur  Audot,  libraire, 

rue  des  Maçons  Sorbonne,  n^  IL 


NOTICE    SUR   SERGENT-MARCEAU.  707 

Offre  de  la  traduction  de  la  Vie  de  Canova,  la  seule  esiimée  en  Italie 
parce  qu*elle  a  été  écrite  par  un  de  ses  amis,  ]  vol.  8*,  31  feuilles  d*im- 
pression  avec  2  portraits  gravés  et  une  planche  contenant  les  médailles 
gravées  en  son  honneur. 

500  francs  pour  la  traduction,  50  francs  des  dessins  des  gravures  et  2 
en  feuilles  ou  brochés,  et  3  exemplaires  un  relié. 

Si  vous  voulez  orner  cette  édition  du  portrait  gravé  en  couleur  (je  Tai 
gravé  de  son  vivant  Basse  rue  S*  Denis)  comme  on  vient  de  faire  à  2  vol. 
de  Baretti  et  qui  a  eu  du  succès,  je  me  chargerois  de  cet  ouvrage  et  je 
puis  dire  que  j'étois  en  France  le  premier  graveur  pour  ce  genre.  Alors 
je  vous  fourniroi  5  cuivres  gravés  moyennant  200  francs,  vous  paierez  à 
Paris  Fimpression  50  francs  pour  100  au  plus.  VoiI&  tous  les  calculs  fixés 
pour  nous  entendre  si  mon  offre  peut  vous  convenir. 

Je  vous  donne  pour  titre  de  mon  travail  que  je  suis  auteur  d*un  ouvrage 
intitulé  Coitumi  de  popoH  arUichi,  eU.^  avec  des  gravures  en  couleur  pour 
lequel  le  gouvern*  a  souscript  pour  50  exempH  Murât  pour  30.  Je  suis 
chargé  à  Milan  de  la  traduction  en  français  de  toutes  les  œuvres  à^Ennio 
Quirino  Visconti  mort  à  Pi^ris  et  j*en  ai  déjà  7  vol.  4*. 

J*ai  publié  les  Notices  historiques  du  G^  Marceau  mon  beau  frère  1  vol. 
qui  a  été  présenté  au  Boi  et  aux  2  chambres.  11  se  vend  à  Milan  chez 
Giusti  à  son  bénéfice.  Vous  pouvez  me  répondre  par  M.  Pouthier. 

N»  33. 

Milan,  21  mari  1825. 

Lettre  du  même  au  même. 

J*ai  reçu,  Monsieur,  votre  lettre  en  date  du  7  cour*  laquelle  contenait 
le  reçu  de  Audot.  Je  ne  suis  pas  heureux  dans  mes  traductions  à  ce  qu*il 
parait.  Vos  démarches  n*ayant  rien  produit  pour  mes  ouvrages.  J*en  ai 
déjà  un  autre  qui  pouvait  être  d^un  intérêt  fréquent  pour  les  magistrats, 
les  hommes  de  loi  en  France.  C^est  un  traité  excellent  pour  les  dédoma- 
gemens  {sic)  de  V injure.  Cet  ouvrage  moral  philosophique  et  de  juriscon- 
sulte convient  mieux  à  notre  législation  criminelle  qu'à  celle  de  ce  pays, 
où  il  n*y  a  jamais  de  procès  en  calomnie.  Eh  bien  un  des  écrivains  de 
votre  ville  qui  Ta  offert  n*a  pu  trouver  à  placer  cette  intéressante  traduc- 
tion d^un  écrit  utile.  Ne  perdez  pas  de  vue  cependant  mes  Costumes,  il 
i>eut  se  trouver  sans  la  chercher  une  occasion. 

Prenez  vos  instructions  sqr  W*  Garnerin,  elle  a  les  moyens  de  payer^ 
-on,  et  si  vous  avez  quelque  pièce  qui  prouve  qu'elle  a  voulu  entrer 
ec  vous  en  quelque  espèce  d'arrangement,  qui  la  lie  à  la  reconnais- 


I 


708  NOTICE    SUR  SERGEMT-y.^RCeAU. 

sance  de  la  légitimité  de  ma  créance,  alor»  [[  faudra  agir  jtidicîairement 
M.  Toppi,  capit*  en  retraite  qui  vous  reaieltra  robligalion  de  feu  Gtr- 

nerin»  vous  verra  de  tems  en  tems,  et  vous  pourrez  lui  faire  part  de  ce 

que  vous  ferez  à  cet  égard.  Il  connaît  ceiUfamilU. 

Je  n'ai  rien  autre  chose  à  vous  recommander  que  de  croire  à  tonte  la 

considération  que  je  vous  porte* 

Signe  :  SËKOENT-MASCEiicr. 

Est-ce  que  je  ne  vous  avais  pas  prié,  d* acheter  ebez  Audot  lib*  U  Jardi- 
nier des  fenêtres  et  un  autre  livre  d'économie  dome.siique.  Je  ne  les  vois 
pas  dans  votre  note.  Faites-moi  le  plaisir  de  toit  M.  Frîtot  av*  aux  conseils 
S^  Pol  de  fer  S'  Sulpice  n*  141e  saluer  pour  moi,  et  qu'il  vous  remette  le 
manuscrit  du  Traiti  de  t injure  (ce  qu'il  en  a).  Voyef  si  vous  pourrai 
plaire  à  celui-là. 

UiJ«aJa30  arril  18i$. 

Lettre  du  même  au  même. 

Des  lettres  que  je  vous  adresse  sous  ce  pli,  il  en  est  uoe  que  je  recom- 
mande, Monsieur,  à  votre  intelligence  et  k  vos  soins,  car  elle  eu  eiig^. 
Quant  aux  autres  la  poste  vous  servira,  h  moins  que  vous  ne  preuiei 
plaisir  à  voir  ceuiC  à  qui  elles  sont  adressées. 

Celle  donc  qui  demande  le  plus  de  difHeulté  e^t  celle  pour  notre  neveu 
à  la  Louisiane,  et  comme  il  est  question  de  lui  apprendre  la  mort  de  aoû 
père  et  de  sa  mère  dont  il  doit  recueillir  seul  rhériuge,  et  que  depai? 
plus  d'un  an  que  son  père  est  mort  il  n'a  pas  ri^pondu  à  ceulx  qui  lui  on! 
écrit.  Dans  cet  intervalle,  «a  mère  a  suivi  son  mari  qui  était  le  frère  aîné 
de  mon  épouse,  ile  lui  ai  écrit  le  mois  passé  par  L'Angleterre,  el  il  faiTt 
pour  être  sûr  écrire  deux  ou  trois  lettres  par  diffère  us  moféns.  Je  wm 
prie  donc  de  vous  charger  de  celle-ci  pai'  une  voix  certaine.  Je  lut  âùm\t 
votre  nom  et  votre  adresse  dans  le  cas  où  11  aurait  he*soin  d'un  fondé  dt 
pouvoirs,  s'il  ne  vient  pas  en  France.  On  m'assure  que  rhcritage  peut  être 
de  70  à  80,000  francs.  Cela  vaut  la  peine  de  l'instruire. 

Je  vous  ai  accusé  par  M,  Topi  la  réception  de  la  quittance  de  M*  RjïIiii 
et  j'ai  touché  les  fonds  chez  M.  son  oncle.  Adieu,  XJonsieur,  crojez  i  li 
plus  parfaite  considération  et  estime  de  notre  part. 

Signé  :  Sergent-Marceac, 


NOTICE    SLR   SEaGËNT-MiinceAU.  ^09 

N*  34, 

Lettre  de  Sergent  iur  le  coTteoun  artistique  de  Brescia 
A  Mantieur  le  Président  de  î' Athénée  de  Bretcia, 

i^ÎQKSrSlR, 

Lonque  je  mh  en  venle  la  Vierge  que  j^ai  gravie  en  couleur  J*çn  fij  aus- 
sitôt UD  hommage  à  rAlhénécque  ¥qus  présidés,  car  il  me  semblait  incon- 
Tenant  d*cu  retarder  Tenvoî  jusqu':^  une  époque  trop  éloignée,  celle  des 
concoure  pour  les  prix  que  l'Athénée  accorde  lou$  les  ans,  je  me  proposais 
devousprévenlrjorsqu'ilen  serait  teins, que  je  m'estimerais  heureux  d'ajou- 
ter i  ma  qualité  de  membre  honoraire  celte  de  possesseur  d'une  médaille 
que  cette  Société  savante  el  laborieuse  donne  à  titre  de  récompense, 

Pem-âtre  aujourd'hui  suisr-je  encore  à  tems,  car  je  croîs  me  rappeler 
que  itii  jugenienâ  ont  lieu  vers  la  fîn  d'août,  et  que  la  publication  des  prlm 
suit  relie  de  Milan,  qui  \a  bientût  paroitre.  D'ailleurs,  a\  ma  ménmire  ne 
me  trompe  pus,  il  me  semble  qu^un  article  de  vos  rètjlemens  fait  admettre 
nécessairement  au  concours,  sans  que  les  auteurs  le  demandent,  les 
ouvrages  envoyés  dans  l'année,  et  qui  paraissent  le  mériter  ■, 

Je  me  flatte  trop,  sans  doute»  si  d'autres  artistes  vous  ont  soumis  leurâ 
travam,  et  il  en  est  à  .\lilan  dont  on  doit  redouter  la  rivalité,  qui  aspire- 
ront après  tes  couronnes  que  tous  distribuer. 

A  g  réez ,  \Io  ns  ie  u  r  le  présid  eut,  1*  ass  u  ra  n  ce  d  e  m  o  n  d  é  vou  e  m  en  t  res  pec- 
tueux  pour  la  Société  dont  je  me  gloriûe  de  faire  partie,  et  pour  vous  par- 
ticulièrement de  votre  serviteur  et  collègue. 

Signé  :  Sesoekt-IUbceai;. 

K*  35- 

Traduction  d'une  lettre  du  président  de  V Athénée  à  Sergent  mr  l'expo^ 
âiiian  des  gravttres  en  couleur  (  Vierge  et  portrait)  qu'il  avait  enmtfées 
à  Monsieur  Sergent-Marceau^  membre  tthonneur,  Milan  *, 

La  Vierge  et  le  Portrait,  gravures  en  couleur,  que  V.  S.  a  envoyés 

*  I/Atbénëe  de  Brescia  possède  une  lettre  de  Serjjeot,  datée  de  Gorla  près 
llîliD,  7  Avril  18^,  par  laquelle  il  envoie  deui  graviirei  à  cette  suelËlé. 

*  Texte  orîgtBal  : 

Atn  Src*  SincEKT'MsacKâu,  socio  D^oiroitE  IIluvo. 
1  Vergiue,  cd  il  ritralto,  iaciiioiu  ■  coluH,  ebc  V.  S.  spedi  lu  regile  ail' 


^10  NOTICE    SUR   SERGENT-IIARGEAU. 

comme  présents  à  1* Athénée  ont  été  offerts  aux  yeox  da  public  dans 
Texposition  qu'il  fait  chaque  année  dans  la  clôture  de  ses  sessiooi 
annuelles.  Ils  seront  ensuite,  comme  c'est  de  règle,  soumis  au  joge^ 
ment  de  la  commission  qui  se  réunira  dans  les  premiers  mois  de  Taonéa 
prochaine  1828  pour  décider  des  prix  aux  meilleurs  ouvrages  que  dans 
Tannée  courante  ont  produits  Messieurs  les  académiciens.  Il  est  cependant 
nécessaire,  en  vertu  d*un  nouvel  article  qui  a  été  ajouté  &  notre  Règle- 
ment, que  vous  déclariez  n'avoir  pas  présenté  ces  œuvres  pour  le  con- 
cours de  prix  d'aucun  autre  Institut. 

Cette  lettre  est  pour  répondre  à  votre  honorée  du  deux  courant;  et 
je  suis  heureux  de  vous  exprimer  mes  sentiments  d'estime  et  consi- 
dération. 

Signé  :  J.  Salvodi. 


Milan,  le  17  janw ier  1830. 

Lettre  de  Sergent  à  M*  Julien  de  PariSy  directeur  de  la  Reme. 

Je  me  rappelle  à  votre  souvenir  et  à  votre  amitié  car  je  vis  encore  libre 
et  sain  et  puis  en  profiter.  Je  souhaite  que  votre  santé  puisse  égaler  li 
mienne,  surtout  depuis  que  j'habite  les  environs  de  Milan  à  la  campagne. 
où  je  cultive  choux^  et  crayons  et  belles  lettres,  c'est  vous  dire  que  je 
pourrais  être  lieureux  si  le  Pérou  me  donnait  quelques-unes  de  ses  pro- 
ductions; mais... 

M.  Blazis,  mon  ami,  depuis  dix  ans,  est  le  porteur  de  ma  lettre;  vous 
le  connaissez  déjà  par  son  ouvrage  sur  la  danse  en  anglais.  11  se  prépare 
à  publier  de  nouveaux  ouvrages.  Vous  voyez  qu'il  ne  bat  pas  dés  entre- 
chats toute  la  journée  et  que  s'il  fait  des  Pirouettes,  ce  sont  de  celles  qui 
plaisent  non  pas  comme  tant  d'autre&« 


Ateaeo  sono  stati  offert!  agli  occhi  del  pubblico  nelle  espotizione,  ch*  esso  fa  neUa 
ehiusura  délie  sue  aonue  sessioni  :  saranno  poj»  corn'  c;  di  regola  toUA  poitî  al 
giudizio  délia  Censura,  che  si  radunera  nei  prîmi  mesi  del  futaro  anno  1828  per 
aggiudicare  i  premi  aile  megliori  opère  nel  corrente  aono  prodotte  dai  SS*  locî. 
Egli  e  pero  necessario  in  virtu  di  un  nuovo  articolo  stato  aggiunto  al  nostro  Hega-, 
lamento,  ch*  ella  dichiari  di  non  aver  prodotto  qnest'  opéra  sua  pel  concorio  al 
premio  di  alcun  altro  Instituto. 

Questo  e  quanto  a  Lei  dovea  significare  risposta  alla  sua  pregiatissima  de" 
corrente;  e  godo  di  protestarlp  i  sensî dl  mia  estima  e-consideraziona. 

^1^^  ;  G.  SavoLDU 


KOTIGE    SUR   SERGENT-MARCEAU.  111 

Je  VOUS  le  recommande  expressément,  car  il  est  rare  de  trouver  un  dan» 
seur  qui  a  son  esprit  hors  les  jambes. 

Recevex  mes  saluts  avec  amitié  comme  je  vous  les  offre. 

Signé  :  Sergent-Marceau. 
N'37. 

Nice,  le  9  join  1832. 

Lettre  du  même,  à  M.  l'avocat  Caillaud. 

Je  rens  un  dernier  devoir.  Monsieur,  à  un  estimable  ami  que  je  viens 
de  perdre,  en  vous  écrivant,  sachant  par  lui  qUi  me  communiquait  tout  ce 
qui  lui  était  personnel,  et  Tintérét  amical  que  vous  mettiez  à  ses  affaires, 
et  rembarras  qu* elles  vous  causaient,  parce  que  tout  le  monde  ne  parta* 
geait  pas  ses  loyaux  sentiments. 

Je  reporterai  cet  intérêt  que  vous  lui  avei  montré  sur  une  jeune  fille 
à  laquelle  il  a  donné  en  mourant  un  gage  de  Reconnaittance.  Assurez- 
vous,  et  assurez-en  qui  que  ce  soit  que  Couturier  a  cru  acquitter  une 
dette  par  le  legs  qu*il  a  fait  à  Thérèse  Zammaretti.  Seul  au  monde,  avec 
une  vieille  femme  qui  Ta  suivi  au  tombeau,  infirme,  vieillard  déjà  décré- 
pit avant  Tflge  où  la  nature  nous  réduit  à  cet  état,  obligé  à  plus  que  de 
^économie  dans  tout  ce  qui  dépendait  de  la  vie  il  avait  dans  Thérèse  une 
ménagère  à  ses  ordres,  à  eux  et  la  vieille  femme  qui  partageait  avec  lui 
ses  faibles  ressources,  il  avait  une  garde  malade  jour  et  nuit  qui  le  servait 
<}ommc  xxnefiUe,  car  elle  lui  doit  de  savoir  lire,  écrire,  et  d*avoir  quelques 
idées  hors  de  la  sphère  où  elle  est  née  (fille  de  pécheurs).  Moi  el  les  amis 
de  Couturier  lui  rendront  cette  justice  que  sans  ses  soins  le  malheureux 
depuis  longtems  ou  eût  cessé  de  vivre,  ou  eût  vécu  dans  le  dénuement  de 
tout  puisqu^il  avait  perdu  presque  Fusage  des  jambes. 

Je  vous  recommande  donc  au  nom  de  cet  ami  que  je  regrette  de  faire 
tout  ce  qui  dépendra  de  vous  pour  Thérèse,  de  vaincre  Tégoîsme  de  ceux 
qui  s* opposeraient  à  sa  dernière  volonté,  de  ceux  qui  n*ont  su  respecter 
ni  ses  droits,  ni  son  cœur...  Car  je  vous  le  confesse,  je  ne  puis  estimer  des 
enfans  qui  ont  négligé,  abandonné  un  père  qui  a  fait  nonobstant  cela  des 
sacrifices  pour  eux.  Je  leur  préfère  cette  Thérèse  qui  Fa  consolé,  soutenu, 
et  qui  a  supporté  ses  humeurs,  ses  plaintes,  avec  dévoument. 

Agréez,  Monsieur,  Tassurance  de  Festime  que  Couturier  m*a  inspirée 
pour  vous  par  sa  correspondance. 

Signé  :  Sergrnt-Marcbau. 


lis  NOTICE   SUR   SERGENT-lCAftCgâtl 

N*38. 

Lettre  du  même,  à  M.  le  directeur  de  la  Revue  rétroipectm. 

Monsieur, 

J^avais  depuis  quelque  temps  dans  mon  portcfçuiUe  le  manu  se  rit  que 
je  vous  envoie,  et  que  je  déslinois  pour  quetqu^'un  des  journaux  qui  le 
publient  à  Paris.  J*ai  pensé  qu^il  pourrait  vous  conirenir^  quoique  je  ne  con* 
naisse  votre  ouvrage  que  par  les  annonces  (car  on  n'inlroduît  ici  que  U 
Moniteur,  la  Gazette  et  la  Quotidienne). 

Vous  jugerez  sans  doute  comme  moi  que  le  sujet  que  je  traite  peut 
intéresser  la  nation  qui  possède  le  Régenta  qui  vaut  uu  peu  plus  que  U 
médaille  de  plomb  dn  chapeau  de  Louis  XI.  Je  vous  donne  cet  articli 
comme  le  récit  le  plus  véridique...  Enfin  comme  ex-magistrat  supérieur 
de  la  police  de  Paris.  C*est  une  pièce  officielle. 

Vous  pourrez  ^attacher  ma  signature,  je  vous  y  autorise  en  vous  priant, 
si  vous  Tinserez,  de  me  mettre  à  part  une  couple  de  copie  de  t'îtn primé 
que  vous  feriez  remettre  chez  M.  Fritot,  avoué,  rue  des  Bons  Enfaus, 
n*  1.  Je  les  ferai  prendre  quand  il  m*en  donnera  avis. 

Ayant  perdu  beaucoup  de  mes  papiers  et  noies,  je  n'ai  pu  me  rappeler 
les  noms  de  la  mulâtresse,  ni  eaux  de  son  avocat  et  du  banquier,  qui 
demeurait,  me  dit-il,  place  Vendôme,  mais  cela  importa  peu  pour  le  fut 
principal. 

Je  suis  avec  une  parfaite  considération  pour  vous,  Monsieur^  trotr? 
compatriote, 

Signé  :  SERûcvr-MAttCEAn, 
Off*  municipal^  adminiâtrat£ur  de  la  police  m 
1791  et  92,  membre  de  rathénée  de  Brema 
Roy.  Lombard  Ventien. 

De  Nice  (Piémont).  le  5  juia  1834. 

\*39.  '     '^ 

%i€«.  1«  33  X»«  1S34. 

Lettre  du  même,  à  M.  Taschereau,  directeur  de  la  Revue  rétrospeetm. 

MOKSIEUR, 

J*ai  vu  dans  les  annoncer  de  la  Quotidienne  que  vous  avez  fait  im 
mer  dans  la  Revue  la  note  historique  sur  la  journée  du  11  juillet  179 


NOTICE    SUR    SBHGENT-yAaCEÂL.  Itt 

BOUS  mon  nom.  Je  dédre  avoir  cet  {irtîcle,  veuillei  m'adreîïserf  comme 
¥oiiâ  avez  fait  pour  le  voK  le  n*  de  lu  Rt^vue,  seulement  sans  plus,  et  le 
mettre  sous  bande  ik  eette  adresse  : 

A  \L  Franco  h  S'  Laurent  du  Var/  '        **  . 

â 

l^eut-étre  notre  correspondance  ne  se  hornera  pas  à  cela,  mais  en  ce 
moment  j'ai  encore  de»  ménagemens  pour  certaines  susceptibilités. 
Agréez  me»  eomplimens  et  t^nsâurance  d^une  parfaite  estime. 

Signé  :  Seruent-M/isce/iu. 

Le  IS  juin  lA^. 

Lettre  dit  meme^  â  AL  Garnerey  K 

Vous  voyer,  mon  cber^  que  je  ne  mets  pomt  de  relard  à  vos  eommi^ 
«ions,  si  quelque  inexactitude  se  tn^le  à  vos  correspondances,  elle  n^est  pas 
ma  faute,  et  voici  deux  lettres  qui  vous  le  prouvent. 

Je  vous  remercie  des  soins  que  vous  prenez  de  mon  enfant  qui  est 
encore  bien  petit.  Point  surpris  que  le  petit  homme  qui  veut  se  faire 
grand  ne  fasse  pas  de  cas  de  la  proc^éniture  d^ln  homme  probe.  Que 
pourrait-on  faire  de  celte  esptce,  son  père  est  le  plus  bi^te  des  niaii^  ça 
n*a  pas  de  pain  et  ça  veut  que  je  Je  recokc  avec  son  beau  bijou.  Brrr..*.. 

Eh  bien^  laissons-le  là  aussi  en  lui  disant^  tire-t^en  Jacques  si  tu  peux, 
car  je  te  tois  fort  embarrassé,  le  me  dégage  moi  de^  égards  que  je  lui  ai 
annoncés.  Il  a  déchiré  la  Déclaralion  éea  droits^  il  est  habille  â  Fan^laise.*. 
Je  le  méprise,  sa  comédie  grot^'sqtie  des  ossemens  me  fait  pitié  et  il  n*y  a 
que  des  sots  qui  ne  s^aperçoivent  pas  qu'il  se  moque  d*eux.  On  en  rit  ici 
â  présent. 

Je  suivrai  vos  avis  pour  les  libraires  et  surtout  pour  que  vous  ne  voui 
désaississiez  pas  du  manuscrit.  J'en  ai  déjà  perdu  detit  à  Paris  qu'on  n'a 
pu  rattraper  après  les  avoir  congés. 

Je  me  trouve  assez  récompensé  sî  voua  en  tirez  les  3,000  francs  que 
vouft  avez  demandés.  Nous  verrons  cela  quand  je  vous  envoyerai  en 
avance  quelques  premiers  cahiers  qui  auront  du  piquant  en  démentit. 

Et  puis  quand  ious  viendrez  cet  automne  Je  vous  confierai  la  fm 
j'espère* 

^  Nous  n*&P0D5  pu  identilîer  ce  perionntge.  Peut  être  cst^ll  Kippolf  te-Jesn- 
plitte,  pelatre  et  ^nveuv  à  TAquatiotc,  ne  en  l'3$7  et  m<j[-t  en  Î85H,  auteur 
!a  Vue  du  ruines  dé  féglise  Sai ni- Jacques ,  â  Orléans  (Sden  de  1835),  et 
me  Vue  prise  à  Gien  (Salon  de  IS^). 


lU  NOTICE   SUR   SERGENT-MARCEAU. 

VeaiUes-moi  toujours  du  bien,  j*aime  à  être  reconaaiseant,  car  Jd 
trouvé  taot  d'ingrats  que  je  frémis  de  penser  qu'on  puisse  IVtre. 
Adieu»  portez-vous  bien. 
Votre  concitoyen, 

Sbroent-Marceau. 

Le  chanoine  m* a  chargé  ce  soir  de  ses  civilités  pour  vous. 


NMl. 

Lettre,  non  datée  {mais  devant  être  de  1843)  de  Sergent^ 
à  monsieur  Maider,  rue  Salzman,n*  8,  Strasbourg^  dép^  du  Bm~Hhm, 

Monsieur  et  MAbAME, 


Ne  parlons  point  politique  humaine,  ma  vieille  eipérience  m^a  trnp 
appris  rhomme,  heureux  quand  on  peut  écrire  sur  ses  labletles  quelquff 
privilégiés  à  excepter.  Vous  me  dites  avec  raison  que  le  titre  de  républi- 
cain n*est  qu'une  usurpation.  Je  me  rappelle  ce  que  me  dit  Tami  com- 
mun de  votre  père,  le  bon  et  sensible  papa  Micq,  à  propos  d^nn  fier  tévc* 
lutionnaire  Mayençais  séfugié  à  BAle  :  Je  ne  crois  point  au  républicanisme 
d*9in  homme  tiran  domestique  qui  ne  sait  pas  respecter  son  estimable 
femme,  qu'il  réduit  &  Tétat  d'humble  servante,  qui  ne  parle  à  ses  enUm 
que  pour  les  faire  trembler,  et  qui  n'a  su  gagner  l'arfectioii  d'aucun  Jp 

.^fis  subordonnés.  Mais  il  est  probe  au  moins  —  je  le  croîs,,.  S'il  n'avait 
pas  cette  qualité  ce  serait  compleUement  un  misérable.  —  Voilà  pourtinl 
Thistoire...  Vous  vous  attendez  que  je  vais  ajouter  le  mot  fnoderni. 
Hélas  M.,  l'Histoire  sainte  et  prophane  nous  offre  lef  mêmes  passions  et 
les  mêmes  vices.  Si  je  n'ai  pas  succombé  c'est  que  j'ai  eu  le  bonheur  de 
devoir  ma  première  éducation  à  deux  femmes  qui  quoique  d^une  condi- 
tion différente  avaient  des  principes  du  véritable  honneur,  ma  grand* mère 

rmatemelle,  et  l'autre  la  mère  de  mon  premier  ami  de  collège,  époaàe 
maltraitée  par  son  nobk  mari  M.  De  X...  (je  n'ai  pas  connu  ma  mère 

.ilont  l'éloge  restait  dans  toutes  les  bouches).  C'est  que  j'ai  eu  le  bonheur 
d'aimer  même  avant  l'âge  où  l'on  sait  aimer  autre  chose  que  le  plaisir,  et 
enfin  d'être  aimé  par  une  femme  malheureuse  (j'ai  une  destinée,  je  vous 
dirai  cela)  qui  appuyait  toutes  ses  qualités  sur  la  vertu,  elle  a  purifié  mon 
âme,  vous  le  savez  déjà.  C'est  que  j'ai  trouvé  à  Paris  chez  un  artiste 
mérite,  mon  maître,  sa  jolie  et  aimable  épouse,  sans  en  fans,  qui  m'a  ta 
conmie  un  ûlg,  près  de  ces  deux  époux  je  voyais  l'âge  d'or.  —  Ifott  f 


NOTICE    SUR   SERGENT-MARCEAU.  715 

etiDon  girand-père  étalent  dans  le  pays  un  modèle  de  bonnes  mœurs. 

Dites  à  M*  votre  épouse  de  qui  j'ai  reçu  comme  gage  d'amitié  un  joli 
ouvrage  que  je  conserva,  qu'elle  mérite  que  je  lui  offre  comme  hommage 
cat  aveu  que  je  dois  à  des  femmes  les  qualités  qui  m'ont  procuré  quelque 
estime.  Je  veux  vous  expliquer  ma  parenthèse* 

Jusqu^à  présent  j'ai  été  l'ami  de  8  femmes  méritantes,  malheureuses 
par  l'hymen,  5  abandonnées  par  des  maris  livrés  à  de  honteuses  passions. 
Une  est  ici  avec  pèi^e  et  mère  qui  ont  quitté  leur  pairie  pour  la  soustraire 
&  23  ans  aux  folles  fureurs  d'un  misérable  qu'elle  aimait.  En  ce  moment 
celle  que  je  préfère  à  toute  société  reçoit  du  sien  l'annonce  qu'il  va  se 
fixer  à  Paris  et  qu'elle  restera  &  Nice  où  il  passera  tous  les  ans  2  ou 
.3  mois.  Notre  reine  Amélie  lui  a  donné  cette  jeune  femme  riche  pour 
.cadeau  des  soins  qu'il  a  donné  en  littérature  à  deux  de  ses  filles.  Elle 
A  bien  réussi.  Vous  voyez  que  je  devais  d'après  les  décrets  de  ia  Provi- 
dence être  dépositaire  de  secrets  intérieurs  et  toutes  ces  femmes  jouissent 
de  l'estime  et  même  de  l'amour  gén*'. 

Que  les  désordres  politiques  de  la  fourmilière  ne  nous  occupent  pas  il 
semble  que  nous  avons  assez  de  ceux  plus  haut  placés.  Tout  est  hors 
<r équilibre  dans  le  ciel,  les  saisons  sont  changées,  des  froids,  des  neiges 
amoncelés  dans  les  campagne  de  Rome  pendant  les  mois  de  printemps,  des 
'Orages  tous  Tes  jours  à  Nice,  des  journées  froides  d'hiver  au  mois  de  juin, 
de  la  neige  à  Mulhouse,  dans  le  même  mois,  des  tremblemens  de  terre 
partout.  Je  pense  que  le  voyage  de  ces  malencontreuses  comètes  sont  la 
cause  de  cette  disturbation  dans  le  système  céleste^  Cependant  les  Niçois 
espèrent  que  les  pérégrinations  habituelles  favoriseront  leur  ville  cet  hiver, 
aussi  on  voit  s'élever  partout  des  maisons,- qu'on  meuble  avec  un  luxe 
désordonné. 

Je  ne  puis  vous  donner  de  mon  fils  de  nouvelles  satisfaisantes,  il  est 
malade  depuis  8  mois,  une  espèce  de  céphalalgie  depuis  le  décembre  42 
Il  est  incapable  d'écrire,  je  n'ai  eu  de  sa  main  que  deux  petits  billets,  il 
n'y  a  que  le  mois  dernier  qu'on  lui  permet  de  lire,  cependant  il  n'a  pas 
gardé  toujours  le  lit,  on  l'a  même  conduit  15  jours  sur  le  lac  de  Corne. 
Ce  mal  provient  d*excès  dans  le  travail,  chef  de  deux  bureaux  les  plus 
importans,  s'occupant  en  outre  de  travaux  particuliers  littéraires,  il  lui 
iaut  du  repos,  mais  avec  un  emploi  qui  fait  vivre  comment  prendre  ce 
.remède  quand  on  a  comme  mon  fils  trop  de  probité  pour  suivre  le  pro- 
.Verbe  «^  Mettre  du  fom  dans  ses  bottes.  — J'ai  peu  d'espérance  de  trans- 
-mettre  4  1r  postérité  mes  vérités  historiques.  Trois  de  mes  intimes  con- 
naissances,' dont  deux  hommes  de  lettres  distingués  et  répandus  dans  la 
librairie,  ont  échoué  près  des  plus  hauts  éditeurs.  Chacun,  se  chargera 
volontiers  ^e  la  vente  si  je  me  charge  de  faire  imprimer  à  mon  compté... 


716  ]«OTICE    SUR    S£RGENT-}kl  AKG  &  AU. 

moi  pauvre  diable  !  La  plupart  s^imaginent  que  je  repelterai  en  /a  ce 
qiie  d*aùtres  ont  sifflé  en  mi,  dix  autres  en  u/,  et  ils  répondent  le  public 
en  est  las.  Mais  je  viens  d* écrire  à  Fun.  Ce  n^est  pas  mon  cas.  je  dis  ce 
qu'on  n*a  pas  sçn  et  j*efface  ce  que  d'autres  ont  dit  —  c^est  du  neu/ti 
rien  d'usé. 

.Fai  reçu»  après  9  ans  d'interruption  par  les  circonslance«i  une  longue 
lettre  du  Bon  Jean  Micq  directeur  du  cabinet  de  physique  de  Ifadrid,  c'est 
nôtre  troisième  fils.  Il  n'est  pas  heureux,  le  trouble,  le  désordre  est  dam 
son  cœur  par  sa  famille,  comme  dans  l'Etat,  guerre  arec  sa  coapable 
femme,  guerre  avec  trois  de  ses  fils  deux  lieutenans  le  traitent  en  ennemi 
poussés  par  la  mère,  une  de  ses  filles  nubile  encore  vit  près  de  lui  avee 
une  ame  froide,  son  aînée  qui  l'aime  vit  à  Bordeauic  avec  son  mari,  mail 
ils  ont  besoin  de  ses  secours...  Pauvre  Jean!  Félicitez-tous  cher  If. 
d'avoir  près  de  votre  cœur^  époux  heureux,  femme  respectable,  aimable, 
excellente  mère.  Le  fruit  que  votre  amour  vous  a  donné  ne  démentira 
pas  son  origine.  Je  lui  souhaite  de  longs  jours  pour  vous  ce  sera  son 
bonheur,  et  le  tableau  de  votre  douce  union  dont  il  saura  profiler,  j'en  ai 
un  exemple  dans  mon  Milanais  dont  le  cœur  a  ^alsl  les  vertus  de  eelfe  quî 
lui  a  servi  de  mère,  son  sang  n'était  pas  pur,  elle  Ta  renouvelé  par  ion 
amour  et  sa  sagesse. 

Adieu,  cher  ministre  qui  avez  gagné  chez  moi  l'estime  d'un  enfant  de 
Loyola,  obligé  cependant  de  vous  envoyer  au  diable.  Tout  finira  par  s*ir- 
ranger,  l'Union  parviendra  à  ne  nous  rendre  tous  qu'un  sous  un  sful 
Dieu,  je  commence  le  faisceau  en  vous  serrant  affectueusement  la  main  et 
en  vous  assurant  que  je  n'oublierai  pas  de  vous  renonveller  mes  respects 
pour  Madame  et  mes  amitiés  pour  vous.  Deux  baisers  au  bon  Emile. 

Votre  dévoué, 

Signé  ?  SERGevr-MiinGEAir* 

Je  quitte  mon  logement  le  mois  prochain.  Je  serai  au  port  près  de  la 
statue  du  roi. 


N*  42. 

Je  soussigné  Antoine  François  Sergent-Marceau  propriétaire  résident  à 
Brescia  dép<  du  Mella  en  Italip  donne  pouvoir  par  le  présent^  entendant 
lui  donner  la  même  valeur  que  s'il  fut  passé  devant  un  officier  public,  4 
M.  Aubertdu  Pin  prop'*  demeurant  à  Paris,  rue  Guenegant,  n*  ^,  de  poor 
moi  et  en  mon  nom  :  1^  Toucher  de  M.  le  général  Donnadieu  U  son 
de  cinq  cent  quatre  vingt  francs  montant  de  deux  traites  et  les  inté 
d'icelles  jusqu'à  ce  jour,  lui  en  donner  quittance  et  décbarge,  et  4  dé 


NOTICE    SUR   SERGENT-MARCEAU.  117 

de  payement  de  le  Iraduire  en  justice  et  le  poursuivre  jusqu'à  parfait 
payement  par  jugement  ^éûnitif,  ou  de  négocier  lesdits  effets. 

2<*  De  compter  avec  M.  Lampon  fils,  avocat  k  Soissons,  des  sommes  qu'il 
me  doit,  entendre  son  compte,  en  fixer  le  reliquat  et  en  donner  décharge. 

Et  en  cas  de  non  payement,  de  former  demande  en  justice  et  de  pour- 
suivre jusqu'au  jugements  et  arrêts  définitif. 

S*"  De  retirer  des  mains  de  MM.  Schoêl  libraire,  Blin,  Garnerin  Tainé, 
Chardin,  le  chev*'  Salles^  et  autres  particuliers  tous  les  objets  que  je  leur 
ai  confiés,  ou  mon  épouse  pour  moi,  entendre  leurs  comptes,  les  débattre, 
les  régler,  donner  quittance  et  décharge. 

Et  en  cas  de  refus  ou  de  difficultés  de  les  faire  citer  en  justice  et  de 
poursuivre  jusqu'à  jugement  et  arrêts  définitifs. 

De.  composer  et  transiger  avec  les  ci-dessus  nommés  aux  charges 
clauses  et  conditions  qui  paraîtront  à  M.  Aubert  du  Pin  plus  convenables 
à  mes  intérêts. 


Signé  :  Sergent-Marceau. 

De  Brescia.  le  20  octobre  1814  ex  roy«  d'Italie  dep*  du  IfeiU. 

N«43. 

Je  soussigné  Antoine  François  Sergent-Marceau  prop"  résident  à  Brescia 
dép'  du  Mella  en  Italie  donne  pouvoir  à  M.  Aubert  du  Pin,  propriet. 
dem*  à  Paris,  rue  Guenegaut,  n^  25,  de  pour  moi  et  en  mon  nom  retirer 
des  mains  de  M.  Tombis  receveur  de  rentes  à  Paris  y  demeurant,  rue 
Saint-Antoine,  n**  9,  près  la  vieille  rue  du  Temple  les  pièces,  notes  et  ren- 
seignemens  que  mon  Epouse  lui  a  confiés  le  quatre  octobre  mil  huit  cent 
onze,  de  lui  rendre  la  reconnaissance  qu'il  a  donnée  le  d.  jour,  de  régler 
avec  lui  les  déboursés  et  honoraires  qui  peuvent  lui  être  dûs  et  de  les  lui 
payer,  d'en  retirer  quittance  et  de  lui  donner  décharge  desdites  pièces. 

Signé  :  Sergent-Marceau. 

De  Brescia,  dep*  du  Mella  ei  roy«  d'Italie,  le  20  octi>"  18U. 

N»  44. 

'  Extrait  des  «  Observations  critiques  sur  la  Vestale,  mélodrame  repré- 
nté  pour  sa  fête  de  Brescia  en  1815  au  Grand  théâtre  » . 
Sergent  prend  pour  devise:  «  La  critique  éclaire.  » 
Iprès  un  long  préambule,  il  commence  par  examiner  les  costumes  et 


rFT^v 


718  NOTICE    SUR  SERGENT-HÂfiCEÂU> 

les.  eérémonies.  Le  général  romain  Licinius  porte  un  manteau  d'aïur 
quand  il  aurait  dû  avoir  une  chlamyde  de  pourpre.  Les  Vesiales  ^ont  d'une 
élégance  déplacée;  leur  voile  avec  ses  garnitures  ne  convient  pas  à  leur 
condition.  L'habillement  du  Pontife  romain  est  ridicule.  Ilost  xèUi  comntt; 
un  grand  prêtre  juif.  Les  Romains»  gens  du  peuple,  soldats,  ne  se  recon- 
nailroient  pastels  qu*on  les  augurés.  La  céi^émonie  du  Triomphe  dénote 
une  profonde  ignorance  historique.  L*auteur  4^  observations  décrit  ce 
qu'était  un  triomphe^  et  il  entre  à  ce  sujet  dans  d^  longs  développemenli 
d'érudition.  On  ne  s'est  pas  plus  préoccupé  de  la  vérité  historique  dans  le 
supplice.  L'auteur  décrit  ce  qu'était  ce  supplice»  et  il  mpntre  comment  oa 
devait  le  représenter.  Enfin  il  passe  à  la  critique  du  décor^,  Mous  eilrayons 
de  cet  examen  les  passages  suivants  : 

u  J'ai  noté  jusqu'à  présent  les  erreurs  de  l'inventeur  du  costume. dans 
tous  les  personnages  et  du  directeur  des  cérémonies.  11  me  rest«  â  préseul 
à  examiner  si  le  peintre,  quoiqu' habile  en  dessin^  expert  dans  tes  règles 
d^  U  perspective,  intdligent.dans  le  clair  obscur,. s'est  mis  ^n  dehors  de 
la  cvitique.Je.ne  ser.ait  pas. plus  indujgent  pour  loi  qui  a  déjiV  tant  de 
qualités  estimables. 

Les  architectes  romains  du  temps  de  Numa  ne  se  servaient  pas  ^an^  les 
édifices  des  colonnes  corinthiennes  ou  composites,  ils  ne  faisaient  pas  les 
chapiteaux  et  les  socles  de  bronze,  les  marbres  ne  resplendirent  dans  let 
monuments  que  depuis  César.  Le  peintre  craint  peut-être  que  Tordre 
Toscan  ne  lui  suffise  pas  pour  produire  ces  grands  effets  qui  frappent f 
Mais  il  sait  aussi  combien  de  scènes  de  prisons,  de  souterrains  copipofées 
avec  de  solides  pilastres,  avec  des  arcs,  des  escaliers  sans  colonne,  sans 
ornement  ni  sculpture,  ont  été  applaudies.  Son  atrium  du  templç  de  VesU 
a  le  caractère  des  pompeux  monuments  du  siècle  de  Pérîclès  et  non  de 
celui  qui  succéda  au  palais  de  Romulus  couvert  de  paille. 

S'il  eût  consulté  quelque  érudit  dans  les  choses  antiques,  îl  eut  donné 
au  temple  de  Vesla  où  s'introduit  Licinius  la  forme  ronde.  Tel  îl  a  été 
décrit  par  les  écrivains,  tel  on  le  trouve  sur  les  médaillci,  et  tel  le  fai^ 
saient  tout  les  peuples  qui  le  consacraient  à  la  déesse  dme  de  toutes  les 
choses  nées  ;  et  ils  le  construisaient  toujours  dans  le  centre  de  la  dlle.  Oâ 
a-t-il  trouvé  le  modèle  de  cet  autel  si  élevé  et  formé  comme  nu  simple  fut 
de  colonne'?...  La  belle  scène  du  champ  scélérat   est   un   contre-sens 

'  Texte  original. 

Nota.  *—  Ce  texte  italien  a  été  revu  par  an  tiers  incomin  qui  a  enleFé  quel- 
ques imperfections  de  style.  Nous  le  donnons  ainsi  revisé. 

...Ho  notato  fin'ora  gli  errori  dell*  inventore  del  vestiarioin  tutii  i  per»oaA|, 
e  del  Direttore  délie  cerimonie;  mi  resta  adesso  à  esaminare  se  il  pîitorc.  qu4 
tunque  abile  nel  disegno,  perito  nelle  regole  délia  prospetiiva,  inteUjgeAie 


I 


m 


NOTICE    SLR    SBRGEKT-UAHCEAL'.  710 

général.  Mais  je  me  console  de  pouvoir  ^ire  juste  avec  un  artiste  de  tant 
d'espéraji&e.  S^it  y  a  de  notables  erreurs  »  il  a  reçu  la  loi  du  poète  ou  d'un 
directeur  étranger,  et  ce  premier  examen  montrera  que  Jei  Angjab,  malgré 
leurs  grands  voyageurs  qui  achètent  à  Rome  des  antiquités,  malgré  Lenn 
écrivains  de  haute  réputation ^  sont  l>ien  loin  de  la  sévérité  historique  au 


ch]aro-i4!urOt  irait  meiMi  fiiari  dclln  Grltlca;  non  glî  uro  plu  tndislgente  avflndd 
eglt  giâ  tajjte  datl  itiitiobilK 

Gli  archltectî  RamAnî  del  tempo  dî  Numi  non  uiavado  neffli  ediûd  le  coloQue 
corintUne  o  campante,  non  facei^ano  i  capïtelli  e  le  basi  dt  hronzc,  i  marmt  non 
risplendavénû  nel  THOnumenli  che  dûpo  Cciare*  Teme  forie  il  pttlorc  che  non  ^li 
boitasse  l'ofiliiic  To»caoo  per  soitenere  que  grandi  cfreli  che  fanno  co Ipo?  Ma  egli 
ia  pure  quaate  «cena  di  Prlgionl,  di  Sotteranei.  composte  cou.  solidi  pitaAtri,  con 
archi,  icale  hcpu  colonae^  ieaza  fregi  ne  icultora  iono  applauditc.  H  luo  atrio 
de]  tempio  de  VeitA  ha  il  carattere  dJ  pomposi  monumenli  del  tecoto  di  Péri  cl  e 
e  non  di  quello  cbc  iuccedeva  al  palaixo  di  Aomolo  coperto  dî  paglia, 

S'egli  aveiâe  comultato  qualcbe  erudito  netle  coie  antiche^  avrebbe  date  et 
tempio  di  Veita  ove  ilntroduce  Lictnio  la  forma  rotimdn.  Talc  fu  dcicritto  dagh 
scrittûrlf  laie  sî  trova  iutle  medajF[1ie;  c  taie  Jo  faccvaoo  tutti  i  popnli  cbe  lo  con- 
te cravano  alla  dea  anima  di  tutie  le  cosa  nate;  e  lo  co^lrulvami  sempre  net  rentro 
délia  citta.  Ove  faa  trovnto  il  moJello  di  quel  altare  tanto  alto  e  formato  eamc  un 
»eniplice  futto  di  eolonna^.,.  ...La  bella  acvna  del  Campa  Rcelerato  à  un  ccmtra- 
êCDio  tjeueraie.  Ma  mi  coutoLn  di  potere  e^iere  ^iuito  cou  un  arli^U  di  tniitc  ppe- 
rame.  Se  vi  iooo  notabili  errori,  egli  ha  rieevuta  la  legge  dal  pneta  o  da  in  direl- 
lore  forciliero,  e  questo  mîo  e^ame  provera  cbe  gli  Inj^^leii  malgrado  i  loro 
gra^ndi  viaijtjatori  che  contpratio  a  Homa  dclte  antîchita  nialc[rado  i  loro  scrittori 
di  alla  ripulazione,  flono  tutlora  hen  loataiti  délia  teverila  itorica  ne  teatri.  Ne  ho 
la  prova  ne!  tlbretto  venuto  J'Jngbilterra,  il  quale  coctljeue  le  piu  faite  toiînua- 
stoni  iulle  tcene,..  Puo^ii  imoginarc  un  fa^to  di  ittoaumcnti  simile  a  questo  rap- 
preientato  in  un  campo  roUti)  nir  mPitmiii  dopu  il  delittu  di  Tullia  cbe  vi  fece  cal- 
peitrare  da  iuoi  cavalli  il  corpo  del  padre?  Perche  no  a  farne  ingresio  cou  u» 
lemplice  arco,  rustico,  ieuxa  uruamaali,  sul  quale  fii  leggesie  Cttmpus  SceleriUui 
D  non  Sceleratui  A^er?  PrCAso  i  Latioî  la  paru  ta  A^^jer  tîgniilcava  uno  spazjo  fuort 
delta  citta  fertili^xalo  coi  lai'ori  doit'  agricoltura  e  T..  Liviû  cbe  ^am  una  piu  for^ 
m&le  autorila*  come  taati  al  (ri,  lo  chiama  Campus,  Rcila  quiodi  iodeciso  ueJIft 
■cena  le  il  campo ,  \iciuc}  alla  pûrta  detla  folliaa  iîa  dentro  o  fuori  dellc  mura, 
qnando  Tinveniione  pittorc&ca  dovava  preciiamentc  indicare  ch^  e^jli  era  dentro 
e  il  tcmpifi  di  Venere  Eric  in  a  co^trutto  fuor  délie  mura  nd  una  cet*  ta  distania  iî 
trova  troppu  avvïcinato,  colpa  del  libretto, 

4  Si  vedonu,  )^g3^  coii^  nellaiceua  tre  tombe  ptraniidalî  ;  due  di  quette  bannu 
sul  piedeilallo  una  pietra  ocra,  sopra  una  e  Ecritto  Mucia,  iutf  attra  Oppia  a 
IctUre  d'oro.  La  teria  tomba  e  destînata  per  GLulia  :  il  piedeatallo  c  aperto  a 
guiia  di  pictra  e  vi  aj  diiocndc  per  una  scala  pralicabilc.  i  Qb  uoa  potjo  vera* 
mente  addossare  quette  iconvenienze  al  pocta.  Saran[ti>  uate  nel  immajiinaztone 

qualcbc  decoratorc  di  LoudrA.  Come  moi  pensare  cbe  tombe  tan  tu  rîccba  fnt- 

:^  alxate  dalle  famigUé  cbe  ripudiuvaQO  sinu  la  memoria  d'un  nome  caduto  in 

~}»}brio?  Non  ti  iupporra  certamcnte  cbe  sleno  arctte  a  tpeae  del  pubblico,  cbe 

i  riGompentava  ae  non  quei  cbe  avetsero  eal^^aia  ja  patria. 


\ 


7S0 


DOCUMENTS   SDR   PIERRE    VIGNE    DE    VIGXV, 


théâtre.  J^en  ai  la  preuve  dans  le  libretto  venu  d'Angleterre,  qui  conlient 

les  plus  faux  discours  sur  la  scène Peut-on  imaginer  un  fojte  de 

monuments  semblable  à  celui  qui  représente  un  dmrnp  voué  à  T  infamie 
depuis  le  délit  ^e  Tullia  qui  y  fit  fouler  par  ses  chevaux  le  corps  àe  son 
père?  Pourquoi  n*en  pas  faire  Tentrée  avec  un  simple  arc  rustique,  sans 
ornements,  sur  lequel  on  lirait  campus  sceleraiui  et  non  iceieratui  açer? 
Chex  les  Latins  le  mot  Ager  signifiait  un  espace  en  dehors  de  la  ville  ferti* 
lise  avec  les  travaux  de  Tagricullure  et  T.  Live  qui  sera  une  plus  formelle 
autorité,  comme  tant  d^autres,  Tappelle  Campus.  Iteal^  par  là  indécis  d&Ds 
la  scène  si  le  champ,  voisin  de  la  porte  dite  Collina,  esL  en  dedans  on  eu 
dehors  des  murs,  quand  Tinvention  du  peintre  devait  précisément  indiquer 
qu*il  était  en  dedans  et  le  temple  de  Vénus  Ericina,  coustruil  du  dehors  àti 
murs  à  une  certaine  distance  se  trouve  trop  près,  par  la  fauLe  du  libretto. 
J*y  lis  :  u  On  voit  sur  la  scène  trois  lombes  pjframîtlales  :  deui  de 
celles-ci  ont  sur  le  piédestal  une  pierre  noire»  sur  Tune  d'elles  est  écrit 
Mucia,  sur  Tautre  Oppia  en  lettres  d*or,  La  troisième  tombe  est  destinée 
pour  Julia  :  la  piédestal  est  ouvert  à  la  façon  d*une  pierre  et  on  ^  desrend 
par  un  escalier  praticable.  »  Oh  non  je  ne  peux  vraiment  mettre  ces  mcou- 
venances  sur  le  dos  du  poète.  Elle  seront  nées  dans  Tlmaginatton  de 
quelque  décorateur  de  Londres.  Gomment  jamais  penser  que  des  tombes 
si  riches  aient  été  élevées  par  les  familles  qui  répudiaient  jusqu'au  soa- 
venir  d*un  nom  tombé  dans  Topprobre?  On  ne  supposera  certaluemeat 
pas  qu'elles  ont  été  élevé  aux  dépens  de  TÉtat  qui  ne  récompensa  jamais 
que  ceux  qui  avaient  sauvé  la  patrie n 


XLI 


DOCUMENTS  NOLVEAUX  SLR  PIERRE  VIGNE  DE  IIG\T 

ARCHITECTE 


Nous  avons  ici  même,  à  la  session  de  1894,  essayé  une  biogra- 
phie de  cet  architecte  peu  étudié  nommé  Pierre  Vigne  de  Vîgti 

*  Ch.  DE  Bkaumont,  Pierre  Vigne  de  Vigny,  architecte  du  Boi.  1690^ 


DOCUMENTS   SUR   PIERRE   VIGNE   DE    VIGNY.  1%\ 

Depuis  lors,  un  certain  nombre  de  nouveaux  documents  sont  par- 
venus à  notre  connaissance;  ils  complètent  assez  bien  ce  que  nous 
savons  déjà  de  cette  étrange  figure  bien  originale  en  elle-même; 

M.  Louis  de  Grandmaison^  archiviste  d'Indre-et-Loire,  nous 
signale  tout  d'abord  plusieurs  personnages  du  nom  de  Vigne  qui 
semblent  originaires  d'Anjou  comme  la  famille  de  notre  artiste. 
L'un,  Roh^t  Vigne,  qualifié  écuyer  du  comte  de  Serrant  en  1684, 
noble  homme  et  sieur  de  Prémartin  en  1698  \,  dates  auxquelles  il 
parait  comme  parrain  à  Saint-Georges-sur-Loire,  ne  doit  pas, 
croyons-nous,  en  raison  même  de  sa  qualité  de  noble,  être  rattaché 
à  la  famille  qui  nous  occupe.  L'autre,  Uargnerite  Vigne,  épouse  de 
Séverin  Delignac,  écuyer,  seigneur  tfe  Scanacro(?),  est  nommée 
daps  l'acte  mortuaire  de  sa  fille  Françoise  Delignac,  morte  à  l'âge 
de  soixante-huit  ans  et  inhumée  à  Azay-Ie-Rideau  (Indre-et-Loire) 
le  31  décembre  1753*.  Ce  qui  laisse  supposer  l'origine  angevine 
de  cette  Marguerite  Vigne,  dame  Delignac,  c^est  la  présence  dix  ans 
plus  tôt,  comme  parrain,  d'un  membre  de  sa  famille,  messire 
Barthélémy  Delignac,  a  curé  de  Luigné  en  Anjou*  ». 

Mais  ce  ne  sont  là  que  des  suppositions.  Ce  qui  se  rapporte  avec 
plus  de  certitude  à  notre  artiste,  c'est  le  partage  de  la  succession  de 
son  grand-pére  Louis  Brisard  et  de  sa  grand'mére  Marie  Boyot, 
en  date  du  29  novembre  1691.  Il  donne  un  instructif  aperçu  de  la 
fortune  de  sa  famille;  nous  y  voyons  en  efiet  que  par  leur  contrat 
de  mariage  en  date  du  21  décembre  1679^,  Michel  Vigne  et  Marie 
Brisard  reçurent  en  dot  la  somme  de  3,278  livres  10  sols. 

Nous  avions  cra  pouvoir  dire,  en  1894,  que  Pierre  Vigne  vint  à 
Rome  après  son  inspection  à  Constantinople,  c'est-à-dire  en  1722  *. 
Nous  en  trouvons  aujourd'hui  la  confirmation  dans  ce  passage 
d^une  lettre  de  Poerson  au  duc  d'Antin,  datée  du  11  août  1722, 
que  nous  a  obligeamment  signalée  M.  J.  Guifi*rey  : 

dans  le  compte  rendu  de  la  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux^Aris  des  départe» 
menu  ea  1804,  p.  610-652,  et  tiré  à  part.  Paris,  Ploo-Nourrit  et  C",  1894,  in-8» 
de  46  pages  et  un  portrait. 

>  Archives  de  Maine-et-Loire.  E.  suppl.»  p.  336-337. 
^  État  civil  d'Azay-le-Rideau. 

Ibid.t  voir  21  novembre  1740  et  0  novembre  1743. 
*  Leur  acte  de  mariage  est  du  14  janvier  1680.  (Cf.  Gh.  d:^  ëealuoxt,  ioc,  cit.^ 
616,  et  p.  11  du  tirage  à  part.) 
Ibid.^t  p.  611,  et  p.  6  du  tirage  à  part. 

46 


1 


^122  DOCUMENTS    SUR  PIERRE    VlGNÉ    DÉ    VTGNT. 


.  M  II  est  arrivé  depuis,  pea  de  jours  an  jeane  arcbiteete,  élève  de 
ttM.  de  Cotte,  lequel  irient  de  Constantinople  oh  il  a  élé  envoya 
«  pdnr  y  examiner  Tétat  ou  ^e  trouve  le  palais  de  11.  TilaibasM- 
M  deur  du  Roy.  Il  s'appelle  Vignierj,ïeile  s'  Gourlade,  fils  du  maître 
«  d'hôtel  .de  M.  le  cardinal  de  Rohan,  qui  est  élève  dans  rAcadémiei 
«  a  étudié  à  Paris  ayectlui  ^  «    .^ 

Nous  savons  donc  maintenant,  à  n'en  pouvoir  douter^  que  llgny 
était  élève  de  Robei^t  de  Cotte,  ce  que  nous  n'avions  osé  afSroier 
^aute  de  preuves  sufBsanles*  Or,  grâce  aux  renseignements  que 
nous  ont  fournis  MM.  Merghelynck,  d*Ypres (Belgique)»  et  Quarrey- 
Reybourbon,  de  Lille  (fi^ord),  nous  n'ignorons  plus  qu'il  forma 
également  en  1743  et  1744* un  élève  qui  sut  faire  honneur  à  son 
imaitre.'  Né  à  Lille  le  5  janvier  172&,.  Thomas-Prançoîs*JosepIi 
(Gombert  était  fils  de  TJioBias^Jose^ h  Gombert,  maître  maçon,  et  de 
'Marie-Hélène  Buisine.  Ayant  montré  «de bonne  heure  d'heureuses 
;  tt  dispositions  pour  Tétude  des  arts  et  des  maihématiques,  dît 
a  M.  Uipp.  Verly*,  il  alla  étudier  Tarchitecture  à  Paris  eo  174;^  et 
tt  1744,  sous  la  direction  de  Devigny,  architecte  du  Roi,  et  fît  de 
ft  rapides  progrès.  Son  père  étant  mort  en  1745,  il  revint  dans  &3 
tt  ville  natale...  «  On  lui  doit  entre  autres  la  reconstruction  ie 
THôtel  des  Monnaies  de  Lille,  la  transformation  en  hôpital  milh- 
taire  du  collège  général  des  Jésuites,  divers  hùtels  de  Lille,  etc. 
Nommé  inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées  des  Flandres  ei 
de  TArtois,  il  contruisit  le  beau  pont  de  Nieppc  '.  Il  hàlit  aussi  à 
Vpres  le  superbe  hôtelMerghelynck,  auquel  M.  ArtliurMerghelfuci, 
Térudit  archiviste  des  villes  deFurnes  et  Ypres,  a  consacré  une  li 
magistrale  étude*. 

Une  lettre  du  mois  de  février  1744'  sans  doute  adressée  au  duc 
d'Aiitin,  surintendant  des  bâtiments  du  Roi,  nous  montre  de  Vig&]' 


*  A.  DB  MoNTAiGLON  et  J.  GuiFFREV,  Correspondance  det  direclcurs  de  VÀrû- 
demie  de  France  à  Rotne  avec  les  surintendants  des  bâtiments,  décembre  18&Ô, 
t.  VI,  p.  175. 

«  Hippolyte  Vkrlv,  Essai  de  biographie  lilloise  contemporaine,  1896,  p»  IWî- 
107. 

^  Brllier  de  la  Chavignerie  et  L.  Auvrav,  Dictionnaire  générai  des  m^stis 
de  racole  française,  t.  I,  p.  673. 

^    *  A.  Merghelyxck,  Hôtel  Mergàelynck.  Ypres,  1894,  in-fuL  avec  30  vw 
piiototypic. 

^  Voir  Pièce  justificative. 


DOCUMENTS   8U*R  PIERRE  VIGNE   DE   VIGNY.  7SS 

eneore  en  latte  awec  tes -collègues.  II  avait  été  chargé  par  les  reliv 
gieox  de  Satnt^Maf  Hd  de  Pœris  de  vérifier  et  régler  le  mémoire  du 
slear  leTellieri  tnaitfe  maçon  7  s*étant  aperça  de  malfaçons  et 
d'erreurs  graves,  il  crut  devoir  en  parler  à  la  séance  suivante  de 
rAcadéinie  d'architecture;  le  jeune  Mansard  lui  chercha  alors  chi- 
canoi  mais  Vigny  le  releva  d*one  verte  façon,  lui  disant  qu*il  n'avait 
ni  ê(m  expérience  ni  ses  lumières  pour  se  permettre  de  lui  parler 
de  h  sorte.  Hansard,  vexé,  monta  le  Téllier  contre  de  Vigny  d'une 
façon  maladroite  et  lui  attira  mille  désagréments.  An  fond,  dans 
la  cireonstancOy  notre  artiste  avait  raison  et  faisait  preuve  d'un 
esprit  droit  et  intègre,  ne  voulant  pas  qu'un  entrepreneur  fripon 
pût  continuer  impunément  à  tromper  le  public  et  les  autres  archi* 
tectes.  Peut-être  avait-il  employé  des  termes  un  peu  vifs,  mais 
.  aussi  il  faut  bien  reconnaître  que  ses  collègues  étaient  de  carac- 
tère fort  irrascible  :  témoin  une  plainte  déposée  en  1734  par 
l'architecte  J.-BJ*Aug.  de  Beausire  ^  contre  J.-N.  Servandoni,  en 
raison  de  sévices  et  voies  défait*.  On  aurait  pu  leur  citer  ce  joli 
mot  de  Raynouard,  Tauteur  des  Templiers  :  «  Voltaire  a  dit  avec 
«  autant  d*esprit  que  de  raison  :  De  nos  cailloux  frottis  il  sort 
ic  des  étincelles;  Il  faut  frotter  nos  cailloux  pour  en  faire  jaillir  une 
tt  lumière  utile;  mais  gardons-nous  bien  de  nous  les  jeter  à  la 
u  tête.  » 

Malgré  toat  le  désir  que  nous  aurions  de  présenter  de  Vigny  sous 
an  jour  favorable,  nous  devons  à  la  vérité  de  reconnaître  qu'il 
était  de  nature  batailleuse.  Ne  le  trouvons-nous  pas,  en  effet, 
en  1746*,  comme  seigneur  de  cette  petite  terre  de  Penchien,  près 
Luynes  (Indre-et-Loire),  qu'il  avait  achetée  en  1736  ^,  faisant  con- 
damner un  paysan  son  voisin  pour  avoir  cueilli  de  l'herbe,  ébour- 
geonné  de  la  vigne  et  pris  une  serpe  dans  sa  propriété,  à  payer  la 
somme  de  77  sols  6  deniers  et  les  frais?  Le  paysan  s'étant  montré 
réfractaire,  il  le' fit  saisir.  On  voit  que  l'air  sédatif  de  la  Touraine 
ne  calmait  pas  sa  bile  ni  n'amollissait  son  humeur  revéche.  Il  se 
plaisait  bien  pourtant  sous  ce  ciel  si  serein  et  dans  ce  climat  si 

*  Frère  de  celui  avec  lequel  de  Vigny  se  querella  en  1742.  (Cf.  Gh.  os  Bew^ 
r,  lo^.  cit.,  p.  613  et  629,  et  p.  8  et  24' du  tirage  à  part.) 
Revue  de  l'Art  français  ancien  et  moderne^  t.  V,  p.  265. 
Lrchivet  du  château  de  Gbâtigny. 
Ci.  Gh.  DE  Beauhont,  loc.  cit. y  p.  612  et  626,  et  p.  7  et  21  du  tirage  à  part. 


784  DOCUMENTS    SUR   PIERRE   VIGNE    DE    VIGNY* 

agréable.  Aussi  cherchait-il  à  s'agrandir,  et  le  31  août  I75'2lI 
achetait'  une  petite  ferme  dite  closerie  des  Arènes^  du  nom  erroné 
donné  dans  le  peuple  au  superbe  aqueduc  gallo-romain  entre  les 
piles  duquels  sont  construits  ses  bAtiments. 
.  D*autre  part,  une  lettre  adressée  par  notre  artiste  en  1763'  à 
son  neveu  Gille  Lefebvre,  fils  de  sa  sœur,  indique  qu'il  avait  Tîn* 
tention  d*acbeter  une  autre  terre  également  en  Touraine  ;  mais  les 
termes  de  cette  lettre  sont  trop  vagues  pour  qu'on  puisse  de? îner 
laquelle;  cette  négociation  ne  semble  pas  avoir  ahoutu 

Enfin  dans  une  lettre  datée  de  1754'»  destinée  peut-être  à 
Gabriel,  et  relative  à  une  lettre  anonyme  adressée  à  T Académie 
d'Architecture,  il  fait  encore  allusion  à  son  expérience^  doDt  il 
semble  vraiment  bien  infatué  :  »  Depuis  le  temps  que  je  suis  de 
tt  TAcadémie,  dit-il,  j*ay  veu  certainement  bien  des  choses,  à  Féganl 
a  des  jeunes  gens,  qui  ne  sont  pas  suivant  les  règles  de  réquité... 
«  ce  qui  certes  dégoûte  les  jeunes  gens  qui  pnt  du  mérite.  « 

Nous  avons  pensé  que  ces  quelques  lignes,  et  la  correspondance 
qu'elles  accompagnent,  complétaient  assez  bien  la  noirce  que  nous 
avons  jadis  consacrée  à  étudier  la  vie  de  cet  inconnu  de  mérite; 
nous  n*avons  cherché  qu'à  apporter  un  détail  Je  plus  à  Tbisloire 
de  l'Art. 

Charles  de  Beadmont,  ^  . 

Correspondant  du  Comtté  des  Sodété«  dd 
Beaux-Arts  des  dt^partetnenl^,  ÏQ^pecleur 
de  la  Société  archù abdique  de  Tourtine. 


PIECE  JUSTIFICATIVE 


Lettre  de  P.  Vigne  de  Vigny  a.,,,, 

[Février  1744*] 

Monseigneur, 

Vous  avez  receu  des  nouvelles  au  sujet  d*an  grand  bâtiment  que  ii'- 
Religîeux  de  S'  Martin  de  Paris   ont  fait  construire  depuii  1739*  Dei 

'  Archives  du  château  de  Ghâtigny^. 

»  Ibid. 

'  Ibid. 

*  Cette  lettre  porte  en  tète  cette  mention  :  Rec,  16/'  1744,  Elle  pronAt 


DOCUMENTS   SUR   PIERRE   VIGNE   DE   VIGNY.  185 

toiBèun  ont  esté  appelei  pour  vérifier  et  régler  le  Mémoire  dû  s' le  Teliier 
mettre  maçon  qui  Ta  bâty.  Les  Religieux  se  doutant  que  ceux  qui  y 
avoient  mis  la  main  n*avoient  pas  agy  exactement  me  nomèrent  par  un 
acte  capitulaire  pour  le  dernier  examen,  et  j*en  reçus  la  nouvelle  le 
13  octobre  1743.  En  examinant  le  devis  et  marché,  je  tronvay  quelques 
principaux  articles  près  du  double  de  leur  valeur,  et  d'autres  enflez  au  tiers 
au  delà  de  leur  valeur.  Je  blamay  les  Religieux  de  n*avoir.pas  appelé  un 
bonéte  borne  a  ce  marché.  Cependant,  le  mal  estant  fait,  je  n*y  ponvois 
apporter  de  remède.  J*examinay  le  toisé  en  vérifiant  sur  le  lien  le 
mémoire,  je  trouvay  des  erreurs  extraordinaires,  des  demandes  d'ouvrages 
qui  n'avoient  pas  esté  faits,  qu'on  luy  passoit,  et  des  malfaçons  ;  pour 
m'en  éclaircir  davantage,  je  m'bazarday  de  percer  les  planchers,  les  murs 
et  les  voûtes  pour  voir  si  l'ouvrage  estoît  fait  suivant  la  demande  de 
l'entrepreneur  ;  de  230  troux  que  j'ay  fait  faire,  je  n'en  ay  trouvé  que 
cinq  ou  l'entrepreneur  estoit  en  règle,  une  vingtaine  de  douteux  et  le 
restant  contraire  à  ses  demandes  au  devis  et  à  la  solidité  du  bâtiment.  Je 
les  ay  expliquez  à  M'  Gabriel  ',  dans  une  letre  que  je  luy  ay  écrit.  J'en 
parlay  à  notre  Académie,  et  j'en  citay  qui  parurent  incognues  et  j'en 
parlay  come  une  question  académique  afin  de  nous  mètre  en  garde  contre 
les  Entrepreneurs.  Le  S'  Mansard  ^  me  dit  vivement  quel  droit  j'avois  de 
percer  les  ouvrages  de  maçonerie.  Je  luy  répondis  là  dessus,  et 
j*adjoutay  que  quand  il  auroît  la  même  expérience  que  moy,  et  mes 
lamières,  il  auroît  le  même  pouvoir  et  qu'il  n'avoit  pas  raison  d'épouser 
an  entrepreneur  fripon.  Il  s'imagina  que  je  luy  faisois  sentir  qu'il  s*enten- 
doit  avec  cet  entrepreneur.  Certes  ce  n' estoit  pas  là  mon  intention  ;  car 
quand  mes  confrères  m'ont  représenté  la  sottise  que  je  foisois  d'épouser 
certains  entrepreneurs  dont  la  malversation  leur  estoit  cognue,  j'ai  profité 
de  leurs  avis,  et  je  m'en  suis  bien  trouvé.  J'aurois  cru  que  cette  conver- 
fation  n'auroit  pas  transpiré  au  dehors.  Mais  le  S'  Mansard  en  a  instruit 
l'entrepreneur  qui  a  fait  assigner  mes  confrères  pour  déposer  chez  un 
comissaire  ce  qu'ils  avoient  entendu  ;  mais  la  plus  part  ont  esté  indignez 
de  cette  démarche.  M' le  Camus*,  à  ce  que  je  croy,  vous  en  a  écrit  au  nom 
de  TAcadémie.  J'ay  une  grâce  à  vous  demander,  qui  est  de  nomer  les 
plus  éclairez  de  notre  Académie  pour  examiner  les  ouvrages  de  cet  entre- 
collection Gottenet  et  nous  a  été  cédée  par  M.  Etienne  Cbartvty.  (Cf.  Bulletin 
d'iRttopvphes,  n'  276,  janvier-février  1897,  p.  14.) 

1  Jacques  Gabriel,  inspecteur  général  des  Bâtiments  du  Roi. 

*  Sans  doute  Jacques-^Hardouin  Mamart  (1703-1776),  avec  lequel  Vigny  devait 

;ore  se  quereller  en  1758.  —  Cf.  Ch.  de  Beauhont,  loe.  cit.,  p.  613  et  630, 

p.  9  et  25  du  tirage  à  part. 
Nicolas  Le  Camus,  de  Mézières  (1721-1789). 


126  JACQUES   BIGAUD. 

preneur  car  en^  vérité  Téfronterie  des  entrepreneurs  es^  moniht  à  un 
point  que  bous  ne  somet  pas  les  maîtres,  de  leur  faire  faire  de  boni 
ouvrages,  ce  qui  rend  notre  réputation  suspecte  dans  le  public. 

J^ay  rbonneur  d'être  avec  un  profond  respect—  Monsetgoeiir  —  Votre 
très  humble  et  obéisitant  serviteur. 

'  Signé:  De  Vhixt. 

(Autographe.  —  Archives  dn  chAtetu  de  Chfttigny.) 


XLII 


JACQUES  RfGAtJD 

DESSINATEUR   ET  6BAVEUR  MARSEILLAIS, 
IMPROPREMENT   PRÉNOMMÉ   lEAN   OU  JEAN-BAf TlSTE 
PAR   QUELQUES  ÉCRIVAINS.      . 

(1681-1754) 


En  présence  du  grand  et  beau  dessin  complètement  ombré  à  li 

plume,  représentant  le  Siège  et  le  bombardement  de  Toulon  en 

1707  ^  que  possède  le  Musée  de  celte  ville,  iinousestvenu  àTidéf 

de  nous  occuper  de  Tauteur  de  cet  ouvrage,  le  .graveur  Jasquii 

.  Rigaudy  depuis  longtemps  oublié. 

>  L*armée  des  alliés,  composée  de  40,000  hommes  eoviron,  étdt  comi&aadlf 
par  Vrctor-Amédée,  duc  de  Savoie,  secondé  par  le  prince  Eugène,  Lct  hostiLt^ 
furent  commencées  par  les'  ennemis  te  26  juillet,  joor  de  l^^ur  arrlrée  deni^ 
Toulon,  et  le  siège  levé  précipitamment  le  22  août.  Pendant  le«  vin^il-limt  jcwn 
que  durèrent  les  hostilités,  les  alUés  perdirent  pins  de  8,000  hommes,  ei 
dant  qu  ils  opéraient  leur  retraite  sur  la  route  dn  Var,  sans  être  pourtoîT. 
habitants  des  villages,  qui  avaient  été  très  maltraités  par  eui  lors  de  leur  ar* 
en  tuèrent  un  très  grand  nombre. 


JACQUES   RIGAUD.  72T 

En  effet»  tous  les  biographes»  pent*oii  dire,  sont  restés  muets 
sur  eet  artiste  d*un  réel  mérite»  dont  raeBvre>  est  eonsidérable  et 
qui  presqoe  toujours  a  gravé'  d'après'des  dessins  de  son  invention, 
souvent  peuplés  de  nombreufifes  figures  savamment  groupées  et 
dont  les  attitudes  sont  généralement  vraies.  On  peut  avancer  que 
si  Jacques  Rigaudy  ao  lieu  de  s'adonner  à  la  gravure,  s'était  livré 
i  Tétude  de  la  peinture,  il  fût  devenu  nn  peintre  distingué. 

Gh*  Le  Blanc,  dans  son  AmcUeur  d'eitampes,  le  prénomme 
Jean-Baptiste^  Etienne  Parrocel»  le  regretté  écrivain  d*art  marseil'» 
1m,  dans  wm  Annales  de  la  peinture^  et  dans  son  Mémoire  sur 
l-évéque  Belzunce*^  mémoire  oi  îl  parle  de>  quelques  artistes  qui 
ont  peint  la  peste  de  Marseille  de  1720  %  ou  qui  ont  représenté  en 
effigie  cet  auguste  prélat,  ne  mentionne,  nullement  Tintrépide 
graveur  Jacques  Rigaudquî^  pendantque  cette  terrible  peste  faisait 
le  plus  de  ravages  dans  sa  ville  natale»  a  dessiné  sur  place  les  Vues 
du  Port  et  du  Cours,  ainsi  que  les  scènes  de  désolation  qui  s'y 
passaient,  et  les  a  ensuite  gravées.  Le  même  écrivain  cite  seulement 
un  Rigaud  (lequel  ne  peut  être  que  Jo^yrtf^^  Rigaudon  Rigaud  (...), 
son  neveu,  les  seuls  graveurs  connus  de  ce  nom),  comme  ayant 
gravé  les  deux  tableaux  de  cette  même  peste,  peints  par  Serre,  qui 
se  trouvent  au  Musée  de  Marseille;  ce  qui  n^est  pas  admissible^. 

Le^binetdes  Estampes,  à  Paris,  possède  un  volume  de  138  f**, 

relié  aux  armes  royales  et  ayant  pour  titre  :  Les  Maisons  royales 

de  France  dessinées  et  gravées  par  J.  Rigaud,  commencé  en  1730, 

terminé  par  son  neveu. 

'  Outre  les  nombreuses  pièces  que  contient  ce  volume,  Tœuvre  de 


'  Albenard  et  Bérard,  éditeur^,  Paris,  rue  Guéocgaud,  S,  et  même  maison, 
MwteUle,  me  Pavilloo,  25. 

*  Bufletip,  des  Sociétés  des  Eeaux^Arts  des  départemenU,  année  1896,  p.  367. 
Paris,  typographie  de  E.  Pion,  Nonrrit  et  Ç'%  rne  (laraocière,  8. 

'  La  peste  se  déclara  le  27  mai  1720,  sur  un  navire  marchand  venu  du  Levant, 
e(  gagas  hieiptAt  la  ville,  où  elle  sévit  pendant  de  longs  mois. 

4  C^luiqni  le  premier  a  avancé  ce  fait  (voir  le  Catalogue  de  1851,  p.  108,  du 
Ifusée  de  Marseille)  ne  devait  pas  connaître  les  deux  planches  de  la  peste  gra- 
vées par  J.  Rigand  ;  il  aura  tout  simplement  entendu  dire  qu'il  existait  deux  plan- 
ches de  la  peste  gravées  par  If.  Rigaud,  d'après  les  tahleaux  de  Serre.  X'omet- 
ms  pas  de  dire  que  les  compositions  de  Serre  difTèren^  de  celles  de  Rigand.  Les 
rtistes  connus  qui  ont  représenté  en  peinture  la  pes^e  de  Xlarseille  de  1720 
»Dt  :  Serre,  J.-P.  de  Troy  et,  plus  tard,  Monsiau,  Subleyras  et  un  autre  peintre 
t  peint  celle  de  Toulon,  arrivée  en  1721. 


728  JACQUES  NIGAUD. 

Rigaud  est  comflètkp^r  cinquante-quatre  aulres  pièces  non  reliées, 
la  plupart  doubles  de  celles  renfermées  dans  ledit  talume*  Vnt 
seule  pièce,  la  Jautesurla  Seine^  est  signée  fac  {Jacques)  Rigaud; 
toutes  les  autres  ne  portent  pour  signature  que  les  initiales  oo 
monogrammes  I  ou  L  fi.  Les  différents  caialôgties  ne  parlent  que 
de  Jean  et  de  Jean-Baptiste ^  ce  dernier  prénom,  d'après  plusieurs 
écrivains,  étant  celui  du  neveu,  ce  qui  nVst  pas  bien  certain,  les 
initiales  I.  B.  (sic)  ne  le  prouvant  pas  suffisamment*  Toutes  les 
planches  de  Jacques  Rigaud  qui  se  trouvent  portées  sur  le  catalogue 
de  la  calcographie  actuelle  du  Louvre  sont  au  nom  de  Jean  RigaudV 
La  seule  planche  du  même  graveur,  celle  représentant  la  Joute 
sur  la  Seine  que  signale  le  catalogue  ^  de  la  eùllectron  d  estampes 
connue  sous  le  nom  de  Cabinet  du  Roi,  publié  en  1$08,  est  au  nom 
de  Rigaud  J.  Nous  venons  de  voir  que  cette  dernière  planche  est 
signée  lac  (Jacques)  Rigaud^ 

C'est,  sans  doute,  à  Tabsence  de  toute  notice  biographie  sur  notre 
graveur  marseillais,  qu'il  faut  attribuer  Terreur  dan»  laquelle  sont 
tombés  les  auteurs  des  premiers  catalogues  du  CabineidesËstampeSp 
publiés  vers  le  commencement  de  notre  siècle^  c'est^ànlire  cin- 
quante ans  après  là  mort  de  cet  artiste;  erreur  que  plusieurs  écn* 
vains  venus  après  la  publication  de  ces  catalogues  ont  continué  à 
commettre  en  prénommant  Jean  ou  Jean-Baptiste  celui  qu'ils 
auraient  dû  prénommer*  Jacques.  Un  écrit  authentique  de  sa  maiii\ 
que  Ton  trouvera  ci-dessous,  nous  apprend  non  seulement  que 
lacques  était  son  véritable  prénom,  mais  encore  que,  au  lieu  d'élre 
né  en  1700,  à  Paris,  comme  Tout  dit  les  mêmes  écrivains,  il  élail 
au  contraire  né  à  Marseille  vers  1681  ;  et  un  acte  notarié  nous  fait 
connaitrB  qu^il  vivait  encore  en  1753,  à  Paris,  ou  il  dut  tnounr 
Tannée  suivante  (1754),  ainsi  que  s'accordent  à  le  dire  les  écrivaios 
cités  qui,  par  erreur,  lui  ont  donné  un  nom  de  baptême  qui  n*élait 
pas  le  sien.  Sans  indication  précise  de  la  ilate  de  sa  naissance,  ni 
de  la  paroisse  sur  laquelle  elle  a  eu  lieu,  et,  de  plus,  prirè  de 
table  annuelle  et  décennale  de  Tépoque,  il  a  fallu  parcourir  atten- 

^  Xote  signée,  venue  du  Cabinet  des  Estampes,  en  ma  possession. 
*  Xote  signée,  venue  de  la  Glialcograpbie  du  Louvre,  en  ma  possession^ 
s  Catalogue  m'appartenant. 

^  Voir,  aux  Pièces  justificatives,  la  dédicace  placée  nr  la  marge  inTérJeai 
son  dessin  du  siège  de  Toulon. 


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JACQUES   RIGAUD.  129 

tivement  cbaqae  page  des  registres  de  Tétat  civil,  déposés  au 
greffe»  des  paroisses  de  la  Major,  des  Accoules,  Saint-Martin,  Saint- 
Laurent  et  Saint-Ferréol.  Les  Rigaud  s'y  trouvent  en  grand  nombre, 
mais  aucun  ne  porte  le  prénom  de  Jacques.  Il  a  été  rencontré  un 
Jacques  Rigont,  baptisé  aux  Accoules  le  14  octobre  1680  (p.  86 
V*),  fils  de  Jean  et  de  Madeleine  Amaudrigue.  Le  nom  de  Rigont 
est  très  lisible,  mais  il  se  peut  qu*ilait  été  mal  orthographié,  comme 
il  est  possible,  aussi,  que  Tacte  de  baptême  de  J.  At^ati^ ait  échappé 
aux  investigations  de  la  personne  chargée  de  le  découvrir.  Né  dans 
une  petite  commune  de  la  banlieue,  se  serait^il  cru,  dans  ce  cas, 
autorisé  à  se  dire  né  à  Marseille,  où,  d'après  son  dire,  il  était 
connu  et  protégé  de  beaucoup  de  personnes  de  distinction? 

Malgré  nos  recherches,  nous  n'avons  pas  pu  savoir  ce  que  furent, 
dans  son  art,  les  premiers  pas  de  Jacques  Rigaud,  ni  même  quels 
ont  été  ses  maîtres  ou  à  quelle  École  il  a  étudié.  Nous  savons  pour- 
tant, d'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  que  de  bonne  heure  il  s'acquit 
quelque  réputation  dans  sa  ville  natale.  Ce  n'est  qu'à  l'âge  de  vingt- 
six  ans,  après  avoir  exécuté,  à  Toulon,  la  vue  de  cette  place  forte, 
au  lendemain  de  son  siège  et  de  son  bombardement,  en  1707, 
par  Tarmée  du  duc  de  Savoie,  qu'il  nous  apparaît*  pour  la  première 
fois*  Une  longue  dédicace,  placée  sur  la  marge  inférieure  dudessin, 
nous  apprend  que  cette  Vue  de  Toulon  était  destinée  à  être  présentée 
par  son  auteur  à  Mgr  de  Lamoignon  ',  marquis  de  Basvllle.  Dans 
cette  dédicace,  notre  artiste  prie  cet  intendant  de  le  recommander 
à  H.  Le  Peletier',  directeur  général  des  fortifications  de  France, 
en  vue  d'obtenir  la  faveur  d'entrer  dans  le  Bureau  des  fortifications 
delà  Cour.  Il  se  dit  né  à  Marseille,  âgé  de  vingt-six  ans,  connu  et 
protégé  de  quantité  de  personnes  de  distinction.  Il  ajoute  qu'il  se 
flatte  en  entrant  au  service  du*Roi  de  s'acquitter  de  son  devoir  de 
manière  à  satisfaire  le  ministre. 

Nous  ignorons  si  le  dessin  du  siège  de  Toulon  fut  présenté  à 
Mgr  de  Lamoignon,  si  celui-ci  donna  suite  à  la  supplique  de  Tartiste 
dessinateur  et  graveur,  et  si  ce  dernier  fut  admis  dans  les  bureaux 
de  M.  Le  Peletier.  Nous  pensons  que  de  ces  trois  choses  la  dernière 

1  Lamoignon  (Nicolas),  marquis  de  Basville,  intendant  pour  le  roi  en  Langue- 
doc, né  en  1648,  mort  en  1724.  —  Voir,  ci-dessus,  planche  XLVII. 

>  Peletier  (Claude  Le),  direeteur  général  des  fortifications  de  France,  né  à 
Paris  en  1630,  mort  en  1711,  à  quatre-vingt-un  ans. 


4 


730  JACQUES   RI6AUD4 

n*eut  pas  lieu^  et  que  Rigaudvécui  jusqii^en  1720  dan^  la  Provetice, 
prîDcipalement  à  Marseille,  où  il  a  dû  graver,  diaprés  ses  praprea 
dessins,  une  grande  partie  de  ses  planches  représentant  dvs  vues 
ou  pa5fsages  animés  de  nombreux  personnages  et  portant  pour 
titre:  ulbs^embarquent»  ;  «Ilssesauvent  v  ,etc.,  faisant  partie  d'un 
recueil  composé  d*au  moins  dix  planches.  Nous  sommes  d'avii 
qu'il  a  dû,  aussi,  graver  dans  sa  ville  natale  une  suite  d'autres 
planches  où,  au  milieu  des  sites  riants,  sbnt  représentés  des  }tni, 
des  fétés,^  etc.,  en  usage  dans  la  basse  Provence  ^  Il  est  certain 
(jue  ce  n*est  qu*à  Marseille  et  à  Toulon  qu*il  a  pu  flessiner,  pour 
les  graver  ensuite,  les  diverses  phases  par  lesquelles  passaient,  de 
son  vivant,  les  vaisseaux  et  les  galères  de  guerre  à  partir  de  leur 
construction  jusqu^à  leur  mise  hors  de  service. 

Nous  ne  pouvons  suivre  Rigaud  durant  son  séjour  à  Paris  entre 
1720  (?)•  où,  établi  rue  Saint-Jacques^  il  vendait  ses  gravures  de  la 
peste,  et  1730,  année  où  il  entreprit  le  grand  ouvrage  nyant  pour 
titre  :  Les  Maisons  royales  de  France^  qui  fut  terminé  par  son 
ne\en  Rigaud,  et  qui,  peut-être,  a  été  le  dernier  de  ses  travam 
les  plus  importants.'  C'est  en  1739  ou  1740  qu'il  dut  graver,  «le 
concert  avec  J.-F.  Blondel,  les  fèies  données  en  1739  par  la  lille 
de  Paris  (parmi  lesquelles  se  trouve  celle  de  là  Joute  sur  la  Seine 
signée  lac  Rigaud),  k  Toccasion  du  mariage  de  Louise^Élisabeth  de 
France  avec  don  Philippe,  infant  d*Espagne*.  Il  a  été  dit  que  notre 
graveur  a  séjourné  en  Angleterre.  Ce  qui  pourrait  venir  à  rappui 
de  ce  dire,  ce  sont  les  treize  planches  gravées  par  lut  et  représen- 
tant des  vues  de  châteaux,  de  monuments,  de  parés  et  de  jardins  de 
ce  pays  insérés,  à  la  suite  de  celles  des  Maisons  royales  de  France, 
dans  Tin-folio  cité,  relié  aux  armes  royales  et  coiltenaiit  une  grande 
partie  dé  son  œuvre  ;  ce  sont  aussi  les  inscriptions  en  langue 
anglaise  qui  se  trouvent  sur  le  revers  du  dessin  du  siège  de  Toulon 
et  que  nous  n^avons  pas  pu  relever,  parce  qu'elles  sont  aujourd'hui 
cachées  par  un  grand  carton  fixé  sur  le  dos  du  cadre  ;  mscripUoni 
qui  permettent  de  supposer  que  cet  ouvrage  e»t  passé  en  Angleterre, 
d*où  il  nous  est  ensuite  revenu. 

\'Ous  avons  dit  plus  haut  que  notre  Rigaud  vivait  encore  dans  la 

1  Voir  aux  Pièces  justificatives,  Vues  de  Provence, 

*  Les  modèles  qui  servirent  à  graver  les  planches  de  ces  félei  éUïeot  Ûp  f 
vandoni,  de  Bouchard od,  de  Gabriel  et  de  G.  Salley. 


JACQUES   RIGAUD.  IZl 

•capitale  en  1753.  Alors,  âgé  de  soiiante*douz6  ans  environ,  nous  le 
tromroDs  faisant»  le  15  août  de  oette  année»  ufi  placement  de 
16,000  livres  (équivalant,  à  peu  de  ebose  près»  à  60,000' francs 
de  nos  jours)  au  S  pour  100,  devant  par  conséquent  lui  rapporter 
400  livres  par  an;  placement  dont  voici  le  résumé  de  Tacte  passé 
devant  les  notaires  Dumas  et  Levente  :'  «  LelSaoAt  1753,  M.  Duval 
de  Sainte-Marie  cède  à  Hlle  Charveys  un  titre  de  800  livres  de 
rente  qui  lui  appartenait  et  qui  avait  été  constitué,  par  contrat  du 
2  décembre  1720»  au  profit  d|un  sieui;  Putbomm^,  Dans  Facte  du 
15.  août  1753»  Mlle  Charvejs  reçonna^  que  .sur  ces  800  livres  de 
rente,, il  en  appartient  400  à  Jacques  Rigaud,  graveur  y  parce  que 
ce  dernier  lui  a  remis  la  moitié  du  capital  nécessaire  pour  Tacqni- 
sition  qa*elle  vient  de  faire  du  capitaine  Duval.de  Sainte-Marie.  » 
Nous  ne  trouvons  plus  rien  à  dire  touchant  ce  laborieux  et  con* 
sciencieuiK,  giaveur»  doublé  d*un  inventeur»  si  ce  n^estque  ses  com- 
patriotes devront  se  féliciter  de  ce  qu^il  ajt  été  remis  en  lumière 
après  être  resté  oublié  pendant  cent  cinquante  ans»  ou,  du  mpins, 
n*avoir  été  connu»  pendant  tout  le  présent  siècle»  que  sous  un 
prénom  qui  n*était  pas  le  sien  et  çonim^  étant  né  à  Paris  en  1700» 
alors  qu*U  est  avéré  que  Marseille  lui/i  donné  l^jour  vers  1681. 

Ch.  GiMOUX» 

Membre  de  rAeadéiiila  du,  Var,  vice-préii- 

dent  de  k  Gommiwien  coDtulUtive  et  de 

*  sunreilknce  da  Maiée»  membre  non  réti* 

dant  du  Goo^ité  des  Sociétés  des  Beaui- 
Arts  des  cUpartements,  à  Toulon. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


1 

VUE  DE  TOULON  PENDANT  LE  SIÈGE  ET  LE  BOMBARDEUENT  DE  1707, 
PEISE  DES  HAUTEURS  D*ARTIGUE8  ET  DE  SAINTE-CATHERINE. 

Sur  deux  feuilles  de  papier  blanc  réunies.  —  H.  0",43;  L.  1"',26.  — 
•Signé  sur  la  tiaarge  inférieure»  au-dessous  d'une  dédicace  :  Jacques 
ligaud.  — -  Acquis  par  la  ville  en  1895. 

Placé  à  une  altitude  de  80  mètres  envlroii»  et  éloigné  d*une  fois 


782  JACQUES   AIGÀIJD. 

fleolement  la  plus  grande  largeur  du  cadre  qu'il  s'était  donné,  rartUtea 
pu,  par  suite  du  plus  grand  développement  du  plan  perspectif  réiultim 
de  cette  altitude  et  de  cet  éloignement,  c'esf-à-dirc  d'angles  visuels  trb 
ouverts,  faire  entrer  dans  ce  cadre,  relativement  restreint,  tes  priDdpdeâ 
opérations  du  siège,  au  nombre  de  trente-neuf,  indiquées  dans  la  légende 
qui  accompagne  son  dessin,  et.  dont  le  numérotage  correspond  à  celui 
desdites  opérations  contenues  dans  le  plan  perspectif 

Sur  le  premier  plan,  de  nature  rocheuse,  à  gauche,  quelques  arbrei 
et,  pep  au  delà,  une  batterie  ennemie  dont  le  feu  est  dirigé  contre  la 
retranchements  de  Sainte-Anne  où  se  trouve  une  parlîe  des  troupes  do 
Roi  ;  au  deuxième  plan,  à  droite,  lesdits  retranchements  et,  vers  le  milieu, 
hauteur  et  .chapelle  de  Sainte-Catherine  où  Ton  voit  deu?E  batteries 
masquées  établies  par  les  ennemis  dès  l'ouverture  du  siège,  mais  dont  it 
furent  chassée  ;  vers  le  même  point,  on  aperçoit  des  bataillons  français 
sortis  des  retranchements  de  Sainte-Anne  pour  éteindre  le  feu  de  la 
batterie  tirant  sur  ces  retranchements;  en  troisième  plan,  à  droite»  la 
ville,  à  gauche,  parallèle  ou  tranchée  d'investissement  de  la  place  et 
plusieurs  batteries  de  canons  et  de  mortiers  ;  plus  loin,  tout  à  fait  à 
gauche,  une  partie  du  camp  de  l'armée  du  duc  de  Savoie  et  le  fort  de 
Sainte-Marguerite  situé  au  hord  de  la  mer  à  5  k.  de  Toulon  ;  à  droite,  à 
l'ouest  de  la  ville,  château  de  Missiessy,  où  était  logé  le  maréchal  de  Te^fè, 
et  campement  des  troupes  françaises;  au  delà,  dans  un  cinquième  pbn, 
la  petite  rade,  et  la  grande  rade  où  l'armée  navale  des  ennemis  composée 
de  plus  de  cent  voiles  est  arrêtée  par  le  canon  des  forts  de  Sain  te- Margue- 
rite et  de  Saint-Louis;  tout  à  fait  en  dernier  plan,  les  montagnes  de 
Cépet  et  de  Notre-Dame,  et  derrière  elles  la  mer  jusqu'à  T horizon. 

DécUcaee  surmontée  d'armoiries. 

A  Monseigneur  de  la  Moignon  de  Basville,  Conseiller  d'Bstat  et  inten- 
dant pour  le  Boy  en  Languedoc. 

MONSIIONEUR, 

La  réputation  que  vous  avez  dans  tout  le  Royaume  d'être  amateur  el 
protecteur  des  Arts,  et  surtout  la  bonté  que  -  vous  aves  pour  les  Jeunes 
studieux  qui  ont  quelque  talent,  me  font  prendre  la  liberté  de  tous 
présenter  celte  Vue  de  Toulon  et  du  Bombardement  par  les  ennemis,  et 
l'ay  dessiné  à  la  plume  pour  un  témoignage  du  peu  que  scay  et  du  désir 
que  jauro.is  d'entrer  de  le  Bureau  des  fortiGcations  de  la  Cour,  laqn 
depuis  quelque  temps  avait  donné  commission  de  chercher  des  sujets 
eussent  quelque  capacité.  J'ose  espérer.  Monseigneur,  que  par  le  mo 


r 


de  votre  retomoaandatîon  à  MonseigiK'ur  Le  Peletîer,  de  qui  cela  dépend, 
Je  pourray  avoir  rkonneur  que  je  deoiande.  Je  suis  de  Marseille,  âgé  de 
26  anSf  connti  et  protégé  de  quanlilé  de  personnea  de  dislinctîoQ  en  celte 
ville.  Cependant,  Monaeigneurf  si  fon  m'ordonne  d'envoyer  quelqu  antre 
montra  de  mon  travail,  soit  pour  voua  on  pour  Monseigneur  Le  Feletier,  je 
seray  pronlàobèir.  Je  me  flale  qu'en  entrant  au  service  du  Roy  je  ponrray 
m^aquiter  de  mon  devoir  en  manière  que  le  Ministre  sera  sali&fail,  et  que 
vous,  Monseigneur,  me  pardonnerés  i'am|^ilJon  que  j^ay  eue  de  pub  liée  que 
je  suiâ,  Moaseifïueur,  votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur*    ^ 

Jacques  Higald. 

,   •  .  n 

VtJlS  &SPHOVEn:CB*. 

l''  liecueil  composé  d'au  moim  dis;  planches. 

a  Ha  s^embarquent*  n 

A  gauche,  url  vaisseag  armé  de  canons  a  levé  Tancre  et  déploie  ses 
voiles  ;  une  chaloupe  bord  à  quai  rêfoil  les  derûiers  passagers;  à  droite, 
des  momumenls. 

Signé:  J.  Rigaid  j.  s* 

Flojicbe  VL 

L.  0^,^m.  —  Fig.  do  Q^,(m. 

a.  Ils  se  sauvent,  n 

Des  pirates,  chargés  de  hutin,  poursuivis  par  la  maréchaussée,  sont 

préls  a  s'éloigner  du  rivage  aiec  leur  barque;  h  droite,  un  paysage  des 
plus  agrestes  où  Ton  voit  des  pins  et  des  palmiers, 

Sim^:  RiËAUn  fe, 
PUucbe  X. 

L.  0^,261.  —  Fig.  de  0-,03G. 

2*  Recueil  de  quatre  planches^  au  moins. 

a  Bon  voyage.  » 

Hors  la  porte  d'une  ville,  des  personnes  se  salaent  et  s'embrassent  : 
des  palefreniers  tiennent  des  chevaux  par  la  bride. 

Signé:  Riqaud,  jnv.  sculp. 

^  Les  dont e  planches  décrites  qui  vont  suivre  ont  été  trouvées  dans  mon  entou- 
Lge.  Elles  font  partie  des  collections  de  MM.  G...,  Henseliog,  Lenormaod,  Mal- 
>r.  Olive. 


734  JAGQD£S   HIGAUD. 

Planche  l. 

L.  0-»267;  —  Fig.  de  0-,033. 

a  Arrivée  au  giste  (fie).  » 

Les  voyageurs  arrivent  près  d'un  village. 

Signé  :  Rigaud,  iov»  sculp. 
Planche  II. 

L.  0-,267.  —  Tig.  de  0-,024; 
tt  Départ  du  giste.  »  ^ 

Les  voyageurs  montés  en  selle,  Taubergiste  leur  présente  le  coup  d£ 
rétrier. 

Siifné:  J.  Reqaud  jn.  sculp > 
Planche  IIL 

L.  0-,266.  —  Fig.  de  0»;030. 
a  La  Méridienne.  » 

Dans  un  site  ombragé  par  de  grands  arbres,  les  voyageurs  prennent 
leur  repas  du  midi. 

Signé:  Rigaud  j\  sculp. 
Planche  IV. 
L.  0-,263.  —  Fig.  de  0-,030. 

S""  flecueil  de  six  planches. 

u  Exercice  de  la  fronde*  » 

Planche  I. 

«  Les  trois  sauts,  i» 

Cest  moins  rinUrél  que  la  gloire 

Qui  met  eti  peine  ces  sauteurs^ 

Et  l'on  devrait  au  temple  de  mémoire  ' 

Graver  le  nom  des  vainqueurs. 

Aux  abords  d'une  à\)eiènne  petite  ville,  une  nombreuse  foule  entoure 
les  sauteurs.  Dans  un  troisième  plan,  sur  une  place  où  se  trouve  ré^^lisfi 
des  filles  et  des  garçons  exécutent  une  farandole  au  sou  du  tambourin  el 
du  galoubet. 

Signé  :  Rioaud  fecit. 

Planche  IL 

L.0-,267.  —  Fig.  de  0«,p5. 

tt  La  course.  »  i 


1 


JACQI]£S    HtGAUO.  735 

Planche  III. 
«  La  bastide,  »« 

PUnche  IV. 
tt  La  boule.  » 

D'une  main  ferme  et  prudente 
Pour  approcher  le  but  chacun  tente  un  chemin. 

Et  souvent  on  expérimente 
Que  le  plus  court  chemin  n'est  peu  le  plus  certain. 

Des  personnes  en  grand  nombre  s*empressent  autour  des  joueurs ^ 
occupés  à  mesurer  le  point. 

Signé  :  J.  Kjqauo  fecit. 
Planche  V. 

L.  0-,264.  —  Fig.  de  0-,044. 
M  La  Joute.  » 

Pour  célébrer  quelque  fête 
Les  plus  hardis  matelots^ 
Sans  crainte  de  la  tempête. 
Se  jouent  ainsi  sur  les  eaux. 

La  fête  se  passe  dans  un  port  de  mer  ;  une  foule  de  curieux  placés  sur 
les  quais  et  sur  des  barques  assiste  au  tournoi. 

Signé  :  J.  Rigaud  fecit. 
Pbnehe  VI. 
L.  0-.268.  —  Fig.  de  0-,048. 

4<»  Deux  recueils  de  marines  de  6  planches  chacun. 

Construction  de  galères.  —  Baptême  ou  bénédiction  des  galères.  — 
Fêtes  des  galères  de  Marseille.  —  Armement  des  galères.  — -  Coup  (de 
canon)  du  départ  et  embarquement  des  galères.  —  Retour  des  galères. 

Chantier  de  construction  des  vaisseaux.  —  Vaisseaux  prêts  à  être  mis  h 
la  mer.  —  Armement  des  vaisseaux.  —  Départ  des  vaisseaux  de  la  radr 
de  Toulon.  —  Combat  des  vaisseaux.  —  Naufrage  des  vaisseaux  ^ 

'  En  France,  les  premières  galères,  an  nombre  de  treize,  furent  construites  h, 
fois  à  Marseille,  en  1536,  par  quatre  hommes  du  pays.  (Documents  sur  la  ma* 
\e  de  Toulon,  par  V.  Brun,  commissaire  général  de  la  marine,  1. 1,  p.  15.)  L'arse- 
•1  des  galères  était  à  Marseille,  celui  des  vaisseaux  se  trouvait  ù  Toulon,  où  étaient 
alement  construites  des  galères. 


l 


736  JACQUES   RIGAUO; 

5<*  Recueil  composé  de  deux  planches. 

tt  Vue  de  rhostel  de  ville  de  Marseille  et  d*une  partie  du  port  dessiné  «ur 
t  le  lieu  pendant  la  peste  de  1720.  » 

Planche  I. 

L*hostel  de  ville  est  sur  le  premier  plan,  et  l'on  aperçoU  au  fond  h 
tour  Saint-Je^n.  Les  quais  sont  encombrés  ;  des  fumîlles  sont  abritées 
sous  des  tentes,  des  chariots  transportent  des  cadavres.  Une  foule  de 
malheureux  empilés  dans  des  barques,  se  disposent  à  se  rendre  à  Toulon, 
les  consuls  de  cette  ville,  émus  de  pitié,  les  ayant  autorisés  &  faire 
quarantaine  au  Lazaret. 

Signé  ;  J.  RiGAim  inv.  scnip. 
à  Paris>  chez  Tante ur,  rue  5^  Jacques; 

L.  O-.iS.  —  Fig.  de  O-,055. 

«  Vue  du  Cours  de  Marseille,  dessiné  sur  le  lieu  pendant  la  peste  arriièe 
en  1720.  » 

Planche  IL 

Cette  vue  prise  de  Tintersection  du  Cours  et  de  la  Canebî^re,  permet  de 
voir  la  Porte  d'Aix.  Sur*  le  devant,  à  droite,  on  aperçoil  un  Prélit, 
Mv  de  Belzunce  sans  doute,  entouré  de  prêtres,  et  d'infortunés  accouFiii 
vers  lui  et  le  suppliant  ;  à  gauche,  un  tombereau  rempli  de  morts  ;  de-ci, 
de-là,  des  soldats  en  armes,  dont  Tun  reçoit  des  ordres  d'un  personnage 
à  cheval,  probablement  le  chevalier  Rôze.  On  voit  descendre  par  une 
fenêtre  du  quatrième  étage  d^ une  maison  nn  cadavre  attaché  à  une  corde* 

Signé:  J.  Rioaut  (sic)  inv*  et  sculpsît. 
à  Paris,  chez  Tauteur,  rue  S^  Jacques. 

ô^"  Une  seule  planche. 

«c  La  Sainte  Famille  se  rendant  à  Jérusalem,  pour  célébrer  la  fêle  de 
Pâques.  » 

Au  premier  plan,  à  gauche,  un  .grand  arbre  dont  le  sommet  esteoupè 
par  le  bord  de  la  planche;   vers  le  milieu,  sur  un  chemin,  la  Yiergt 
tenant  son  enfant  d'une  main,  et  de  Paulre  lui  montrant  la  ville  sainie 
qu'on  voit  au  loin  ;  à  côté  d'eux,  marche  saint  Joseph  la  main  gi 
appuyée  siir  un    bÂlon  de  voyage  et  tenant  de  Tautre  un  second 
bâton  appuyé  sur  son  épaule  droite,  auquel  est  suspendue  une  b' 


JACQUES    RIGAUD.  737 

Au  second  plan,  à  gauche,  des  fabriques  el  des  arbres;  au  roilmn,  im 
grand  pin;  au  loin,  une  grande  ville  forliBée,  renfermant  de  nombreux 
monuments. 

^  Signé  :  J.  Rig/iud  inv.  sculp, 

C.  P.  R. 

H.  0-,235.  —  L.  0-,407.  —  Fig.  de  0-.055. 

Sur  la  marge  inférieure,  on  lit  :  «  Et  ibant  parentes  ejus  per  omîtes 
annos  in  Jérusalem  in  die  solemni  Paschae.  —  Lucœ,  cap.  2*  v.  4L  n 

111 

LA   JOUTE   SUR   LA  SELVE   SIGNÉE  JACQUES  RIO;(UD. 

A  Toccasion  du  mariage  de  Louise-Elisabeth  de  France  avec  Dnn 
Philippe,  infant  d*Espagne,  en  1739,  la  ville  de  Paris  donna  des  fAlcs  qui 
furent  gravées  par  Blondel  et  Rigaiid.  Parmi  les  planches  exécutées  par 
ce  dernier,  il  s^en  trouve  une  inliluléc  :  La  Joute  sur  la  Seine. 

Signé:  lac  (Jacques)  RicAun. 

Reconnaissance  de  rente. 

Par  acte  passé  devant  M"'  Demay  et  Lecointe,  notaires  à  Pûrisj,  le 
15  août  1753,  Marie-Anne  Charveys,  fille  majeure,  demeurant  Â  Parts, 
quai  de  la  Mégisserie,  a  déclaré  et  reconnu  que  dans  le  transport  pas^è  à 
Tinstant  devant  lesd.  notaires  h  son  profil  par  Edme-Marie  Duvai  de 
Sainte-Marie,  ancien  capitaine,  lieutenant  de  cavalerie  au  ii^fjLiiienl 
d*Anjou,  les  800  livres  de  rente^  au  principal  de  32,000  livres  constitué 
sur  les  aydes  et  gabelles  au  profit  de  S'  François-Pierre  Puthomme^  par 
contrat  passé  devant  M«  Cadot,  notaire  à  Paris,  le  2  décembre  1720,  il  en 
appartient  au  S'  Jacques  Rigaud,  graveur  à  Paris,  400  livres  au  principal 
de  10,000  livres  comme  le  S'  Rigaud  ayant  remis  à  lad.  D"*  Charveys 
qui  le  reconnoist  la  moitié  des  deniers  nécessaires  pour  faire  comme  elle 
Fa  fait  l'acquisition  desd.  800  livres  de  rente. 

(Notes  sur  divers  artistes  des  deux  derniers  siècles,  analysées  et 
commentées  par  M.  Henry  Jouin.  — Nouvelles  Archives  de  f  Art  français, 
t.  VU,  p.  16,  année  1891.) 

Notices  extraites  du  Dictionnaire  des  graveurs  par  Rasan. 

Basan   (Pierre-François),  graveur  à  Teau-forle  et  au  burin,  célèbre 

4-* 


i 


■238  JACQUES    RICALD. 

k  collectionneur  et  éditeur  d^estampes,  né  à  Paris  en  1725,  mort  en  1791, 

f  s'est  trouvé  en  relation  avec  presque  tous  les  graireur^  de  son   temps. 

Ainsi  que  son  père,  marchand  d'estampes,  il  a  du  conimilre  H  même  »e 
trouver  en  rapport  avec  le  graveur  marseillais  Jacques  Er^jiùd.  Dans  k 
deuxième  édition  de  son  Dictionnaire  des  graveurs,  t.  1,  p.  127^  128 
(1789),  on  lit: 

Rigaud  (Jacques) y  dessinateur  et  graveur.  —  On  connaît  de  lui  pluâ  de 
100  Vues  de  châteaux  de  Versailles,  Marly,  Saini-Cioud,  Fontaine- 
bleau, etc.,  etc.  ;  il  est  mort  en  1754. 

j  Rigaud   ( ),  neveu  du  précédent,  a  continué  cette  suite,  mais  afet 

moins  de  succès  que  son  oncle  ^ 

Description  souuairb  de  l'oeuvre  de  Ricaid 

Manuel  de  V  amateur  deslamptt^  par  Ch,  LeBiaiic,  ver  ho  Rigaud^ 
Tome  nr,  p,  337  et  338. 

Rigaud  (Jean-Baptiste*) ,  dessinateur  et  graveur,  né  à  Pu  ris  ver^  1700, 
mort  en  1754.  —  Basan.  Il,  127.  —  Hubert  et  Rost,  Vlïl,  104,  — 
Magler,  X,  187.  —  Bryan,  642.  —  Nagler,  monogr.  111,  â43,  IV, 
n»  354. 

1 .  —  Paysage  avec  scène  biblique,  in  f«,  en  larg. 

^.  —  Réception  des  chevaliers  de  l'Ordre  du  S*  Esprit  en  1724.  1730, 
in  f«  K  état  ;  avant  Tadr.  de  Duchange. 

3.  — Cérémonies  pour  le  mariage  de  M***  Louise- l'^ïisubet  de  Fnnce 
et  de  don  Philippe  d'Espagne,  in  f«  è  Tétat  avant  la  teLtre. 

4.  —  Joutes  faites  sur  la  Seine,  in  f*  en  larg.,  état  avant  toute  lettrv. 

5.  —  Ordre  de  bataille  des  Imj)ériaux  et  des  Suédois  à  Lulien,  in  [*  en 
larg. 

6.  —  Sujets  militaires,  6  p.  in  î^  en  larg.  K  état  avant  la  lettre. 
'7.  —  La  Tactique  des  anciens,  35  p. 

8.  —  Représentations  des  actions  les  plus  considérables  du  siè^je  d'une 
place,  6  p.  gr.  in  f®  ;  l*'  état  avant  toute  lettre.  (Pour  Touirage  ;  La 
science  des  ingénieurs.) 

9.  —  Marines  à  construction  de  galères,  6  p.  in  f*  en  larg.  ;  éLat  av:inl 
toutes  lettres. 

10.  —  Marines,  t.  p.  in  ^  en  larg.  ;{•'  état  avant  la  lettre. 

>  On  ne  trouve  pas  d'autre  graveur  du  nom  de  Rigaud,  dam  tci  dirréreau 
lions  du  Dictionnaire  de  Basan. 
^  Lire  Ri^^aud  (Jacques). 


JACQUES    RIGAUD.  739 

11.  —  La  Douane  au  bord  de  la  mer,  in  8"  en  lar<f. 

12.  —  Vue  de  Parîs,  prise  du  Pont-Royal,  in  4*  en  larg.  I**"  état  avant 
la  lettre. 

13.  —  Vue  des  Invalides,  prise  de  la  grille  royale.  Très  petite  pièce. 

14.  —  Vue  générale  de  Paris,  prise  de  la  hauteur  de  Cbaillot,  in  f"  en 
larg. 

15.  —  Vue  dé  Paris,  prise  de  l'Observatoire,  in  f*  en  larg. 
IG.  —  Vue  de  Paris,  prise  de  Mesnil-Montant,  in  f«  en  larg. 
17-38.  —  Vues  de  Paris,  22  p.  in  f«. 

39.  —  Vue  de  Bicètre  et  de  Thôpital,  in  ^  en  larg. 

40.  —  Le  jardin  du  Luxembourg,  G.  in  f"  en  larg. 

41.  —  Le  jardin  des  Tuileries,  G.  in  f*>  en  larg. 

42.  —  Vue  du  cours  de  Marseille,  pendant  la  peste  de  1720,  G.  in  f*  en 
larg. 

43.  —  VuQ  de  rhôtel  de  Ville  de  Marseille,  pendant  la  peste  de  1720, 
Gr.  in  ^  en  larg. 

44-55.  —  Le  château  de  Versailles,  12  p.  in  f*"  en  larg. 

M<^7.  —  Les  Bosquets  des  jardins   de  Versailles,  12   p.  in  f«  en 
larg, 

68.  -^  Vttft  du  château  de  Versailles,  G.  in  f«  en  larg. 

69-74.  — »  Li  château  de  Marly,  6  p.  in  f''  en  larg. 

75-80.  —  Le  «lAteau  de  Fontainebleau,  6  p.  in  f«  en  larg. 

81-86.  —  Le  cliAIttilde  Chantilly,  6  p.  in  f«  en  larg. 

87-02.  —  Le  château  dk  Sceaux  du  Maine,  6  p.  in  f«  en  larg. 

93-94.  —  Vues  de  Vinc«MA9,  2  p.  in  f<»  en  larg. 

95-100.  —  Le  château  de  MiaAon,  6  p.  in  f*  en  larg. 
.100-102.  —  Vues  de  S*  Germai»  w  Laye,  2  p.  in  f"  en  larg. 

103-104., —  Le  château  de  Ghoisy^  )  p.  in  ^  en  larg. 

105-107.  —  Le  château  d'Anet,  3  pi.  imf''  en  larg. 

108-110.  —  Le  château  d*Ambroise,  3  pL  i»  ("^  en  larg. 

111-112.  —  Le  château  de  Chagny  près  d«  Versailles,  2  p.  in  f*  en 
larg. 

113-114.  —  Le  château  de  Monceau,  3  p.  in  f*  en  hti. 

115-116.  —  Le  château  de  Chambord,  2  p.  in  (^  en  lai^.. 

117-118.  —  Le  château  de  Saint-Ouen,  2  p.  in  f'en  larg. 

119-121.  —7  Le  château  de  Bellevue,  3  p.  in  f«  en  larg. 

122-123.  —  Le  château  de  Bercy,  2  p.  in  f»  en  larg. 

124.  — Le  Palais  royal  de  Madrid,  in  f«  en  larg. 

25.  —  Le  château  de  llamploncourt,  Gr.  in  f»  en  larg. 

26.  —  Vue  de  Greenwich,  Gr.  in  ^  en  larg. 

n.  —Vue  de  rhôpital  de  Greenwich,  Gr.  in  f°  en  larg. 


740  AMTOIXE    CILIS. 

128.  —  Le  Parc  de  S'  James,  Gr.  in  f"  en  larg. 

129.  —  Vue  d*un  château  anglais,  devant  lequel  on^ exécute  un  concert, 
Gr.  in  f°  en  larg. 

130-137.  -:-  Jardins  anglais,  8  p.  f«  en  larj^.  ;  1*  état  avant  la  IcUre. 

138.  —  Livres  de  paysages  cl  marines,  où  sont  représentés  les  aven- 
tures des  voyageurs.  Titre  et  12  p.  petit  in  f";  l*'  état  avant  la  lettre,  6  p. 

139.  —  Paysages,  6  p.  in  f*  en  larg. 

140.  —  Diverses  pi.  pour  les  Comédies  de  Molière,  12  p. 

141.  — Diverses  Vignettes  ^ 

J   B.  R.  sculp.  ï.  R.,  J.  R. 


XLIII 


ANTOINE  GILIS 

SCULPTEUR   ET   PEINTRE 

1702-1781 


Messieurs, 

II  y  a  deux  ans,  M.  Henry  Jouin,  notre  dévoué  secrétaire, 
publiait  une  étude  crudité  et  remplie  d'aperçus  très  nouveaux  sur 
un  artiste  que  PAcadémie  de  peinture  s'honora  de  compter  parmi 
ses  membres,  le  sculpteur  Jacques  Saly  de  Valenciennes  ',  et,  au 
cours  de  son  remarquable  travail,  il  exprimait  le  regret  de  ne  point 
connaître  assez  le  premier  maître  de  Saly. 

J\ii  pensé  qu'il  était  utile  de  combler  la  lacune  signalée  par 
M.  Jouin;  aussi  est-ce  d'Antoine  Gilis,  sculpteur  et  peintre  de 
mérite,  que  je  vais  avoir  Thonneur  et  le  plaisir  de  vous  entre- 
tenir. 

'  Cette  liste  contient  157  planches  et  diverses  vignettes. 

'  H.  Jotix,  Jacques  Saly,  de  l'Académie  de  peinture  de  Paris,  scuipteui  «- 
de  Danemark,  C /tomme  et  Vœucre.  Mdcon,  1896,  in-8".  (^trait  de  la  Hc 
r  Art  frajiçais  ancien  et  moderne.) 


ANTOINE    GILIS.  741 


1.    ANTOINE   GILIS.    —   SA    VIK. 

1.  Séjours  à  Dole,  Anvers  ei  Valenciennes ,  1702-1757. 

Antoine^François  Gilis  naquit  à  Dole  le  7  juin  1702  '  ;  son  père, 
François  Gilis,  avait  épousé,  le  21  novembre  1697,  Barbe  Bauld 
ou  Beaux  ',  qui  lui  donna  neuf  enfants,  dont  le  troisième  fut 
Antoine'.  Comme  on  le  voit  par  cet  acte  de  mariage,  la  famille 
tiilis  n'était  point  originaire  de  lu  Franche-Comté,  mais  d*Anvers. 
Aussi,  lorsque  plus  tard  il  s'agit  de  faire,  pour  le  jeune  Antoine, 
choix  d'une  carrière,  l*envoya-t-on  dans  la  grande  ville  artistique 
des  Pays-Bas,  où  son  père  avait  conservé^  sans  nul  doute,  des 
relations  amicales  et  même  des  liens  de  parenté,  f^onr  obéir  à  une 
tradition  de  famille,  ou  peut-être  à  cause  des  aptitudes  toutes  spé- 
ciales que  montra  Antoine,  dès  ses  plus  tendres  années,  on  le 
destina  à  la  cairière  artistique;  en  1717,  il  fut  inscrit  sur  les 
registres  de  la  gildc  célèbre  de  Saint-Luc  et  entra  dans  Tatelier  du 
sculpteur  Van  der  Voort  *.  Ses  éludes  furent  rapides,  et,  vers  1723, 
il  se  fit  admettre  à  chef-d'œuvre,  puis  à  maîtrise  pour  la  sculpture. 
Gilis  avait  pris  des  leçons  et  commencé  son  apprentissage  en  Tart 
de  peindre,  mais  il  ne  put  le  terminer  à  Anvefs,  à  cause  de  son 
départ  pour  Valenciennes  où  il  s'installa  vers  la  lin  de  1723  ou  au 
début  de  l'année  suivante. 

C*était  une  grave  question,  à  cette  époque,  qu*un  changement 
de  résidence,  car  nombreuses  et  sévères  étaient  les  formalités  en 
usage,  permettant  de  s'établir  à  demeure  dans  la  cité  choisie,  et  il 
était  plus  difficile  encore  d'y  obtenir  jamais  un  rang  honorable.  A 

'  Voir  Pièces  jcislificalives,  ii'  ï. 

*  «  François  Gilis,  d'Anvers,  d'une  part,  et  Barbe  Beaux,  de  cette  ville,  d'autre, 
après  publication  d'un  Imiu  et  dispense  des  deux  au(rcs  et  letlre  d'entrecour,  ont 
contracté  mariage  dans  celte  é({lisc  le  vingl-unième  novembre  seize  cent  quatre- 
vingt-dix-sept,  pardevant  moy  soussigné  vicaire  de  celte  église,  en  présence  des 
soussignés  et  de  plusieurs  autres. 

•  Signé  :  François  Gius,  Barbe  Bkalx,  etc.  » 

(État  civil  de  la  ville  de  Dole.  —  Renseignement  fourni  par  M.  Aluur,  sccrt^tairc  de 
tat  civil.) 
»  fbid, 

^  Nous  tenons  ce  fait  de  AI.  Van  dm  Brauden,  archiiislc  de  la  ville  d'Anvers,  à 

'  nous  adressons  tous  nos  remerciements. 


742  AIVTOINE    GILIS. 

Valenciennes,  comme  partout  ailleurs  du  rcsLc,  on  n'était  pas  tou- 
jours sûr  de  se  voir  accorder  Tinscription  sur  les  registres  très 
fermés  de  Tantique  bourgeoisie  et  sur  ceux  plus  fermés  encore  de 
la  corporatioQ  à  laquelle  des  études  préalables  i?ous  destinaient. 
Dès  son  arrivée  à  Valencieunes,  Gilis  dut  donc  fournir  maints  cer- 
tificats  prouvant  qu*il  avait  bien  et  dûment  fait  Bon  apprentissa^i» 
et  obtenu  la  maîtrise  après  avoir  passé  Texamen  du  chef-dVuvre* 
Ces  formalités  accomplies,  on  le  reçut  maître  sculpteur  en  1724', 
après  qu'il  eut,  chose  très  importante,  payé  les  droits  ordinaires» 
soit  trente  livres  de  première  mise,  puis  dou7,e  autres  au  prolit  des 
maîtres  et  suppôts.  L'ne  fois  admis  sans  conteste  dans  la  jalouse 
corporation,  notre  artiste  ne  tarda  pas  a  sa  faire  remarquer  au 
milieu  des  autres  maîtres  ses  confrères,  cnr  nous  le  voyons,  avec 
Tassistance  du  connétable  Jacques  Le  Quion  et  du  maître  J.-B* 
Bondu,  rendre,  en  qualité  de  juré,  malgré  son  jeuue  âge,  Jldèle  et 
a  faonneste  »  compte  des  revenus  et  dépetisofi  de  la  corporation 
pour  l'année  1725-1726*. 

Gilis  semble  avoir  eu,  dès  cette  époque,  l'intentîon  de  quitter 
Valenciennes,  où  il  s'était  déjà  acquis  nombre  de  sympathies,  sur- 
tout parmi  les  membres  les  plus  influents  do  Magistrat,  qui  son- 
gèrent à  le  retenir  et  à  faire  profiter  la  cité  de  ses  talents  àticon* 
testés*.  Us  ne  s'en  tinrent  pas  aux  promesses,  car  le  2^1  novemtire 
1729  le  conseil  décida  de  donner  à  Gilis  une  pension  annuelle  de 
384  livres^.  Mais  à  cette  époque  notre  artiste  n  etaii  point  encore 
maître  peintre;  il  devait  subir  bien  des  ennuis  avant  que  kou 
admission  fût  prononcée.  Car  la  corporation,  qui  Taiait  d'alK)rd 


'  Registre  des  déliliérations  de  la  corporation  des  pfirntres  et  iculpirurs.  — 
Achives  de  Valenciennes.  H  2-326,  p.  10. 

*  Comptes  des  peintres  et  sculpteurs.  H  2-238,  p  iS^.  —  l/atméf;  roirtmeacut 
pour  ces  pièces  administratives  au  19  octobre,  et  se  termiuail  raunécr  luitinLe  i 
pareille  époque. 

'  c  On  pourrait  encore  citer  à  Tbonncur  des  ma(TÎi(lr«L5  de  Valcncienneit,  qn'» 
1726  (?),  ils  retinrent  dans  leur  lillc  M.  Gilis,  sculpteur  di^  mérite,  i  qui  ib 
assignèrent  une  pension,  pour  qu'il  enseignât  succt-ss^iif^niEiut  le  defidn  k  qiuitrr 
jeunes  gens  des  maisons  des  orphelins  de  la  ville,  llan»  lu  suria^  nombre  d'b*li^ 
tants  de  celte  ville  s'empressèrent  de  mettre  leurs  ûh  cLcz  ce  maître^  et  le  §*$àtf 
fut  de  ce  nombre.  >  (Extraits  de  différentes  lettres  et  autres  pièces  reh'î 
la  statue  de  Louis  AT,  par  Saly,  D  1-620.) 

*  Gilis   toucha  cette  pension  tant  qu'il  demeura  à   VabnciPiinf!!,  €*Mi-i 
jusqu'en  1757.  Voir  les  comptes  de  la  ville,  Archives X  1-71  à  C  l*M. 


• 


A\TOI\E    CJLIS,  fà% 

favoraliletnent  acrueilli,  était,  comme  toutes  ses  jtemlilaMeSf  jalouse 
ail  degré  le  plus  haut  Je  ses  titres  et  privîioyes.  Los  n>[{Iements  des 
dissociations  ouvrières  d'alors  étaient  si  étroits  i|u'il  cfeyenaît 
impossible  de  les  suivre  ilana  toute  leur  hitégrité.  Aussi  lajait^on, 
chose  curieuse  et  pourtant  tri's  naturelle,  tel  de  ses  nicmhrf^s  c]Ui 
transgressait  chaque  jour  ses  statuts  se  montrer  jntrnnsigeant  et 
sévère  au  plus  haut  degrés  lorsque,  réuni  à  ses  confrèn^s,  on  lui 
demaDdait  de  les  mainleuir  dans  toute  leur  rigueur.  Auskî  leMugii- 
trat  et  les  maîtres  avaient-ils  souvent  à  |Mmir  (|iieU|iJe  inTmction 
aux  nombreux  articles  des  charte!^,  à  penjuisiltoitner  ebex  les 
membres  indociles  et  à  sanctionner  mai  nies  saisies  de  travaux  exé- 
cutés contrairement  a  ces  règlements  draconiens.  Gilis  ne  devait 
point  échapper  au  sortcomouin.  Soupçonné  de  fournir  en  fraude 
des  CBuvres  de  peinture  ou  de  sculpture,  plusieurs  descentes  furent 
opérées  dans  son  atelier.  Pui^,  comme  il  était  en  retard  dans  le 
payement  de  ses  cotisations,  maintes  significations  lui  furent 
envoyées;  on  Fempècha  en  tin  de  do  une  r,  sans  acquitter  tes  droits, 
des  leçons  de  dessin  à  des  particuliers'.  Souvent,  et  c'ètaitbien 
pardonnable  après  tant  de  vexations,   il  devenu! t  impossible  de 

^  t  Paye  à  Ji^an  Bourlé  scr^^^^ont  pour  avoir  cilû  avec  te  Conneitablû  rt  m^ 
?)>jUer  la  oiaiiton  <f/\nlom<?  Gililt,  m'^  i^culpteur,  isoupçunné  dv  faïr^  Iratailter  de 
Ja  pelnlure  en  frauth,  el  tnns  rijfjnincaliuii  k  tuy  TAiltc  ]>uiir  nvoir  payement»  drs 
jtppreDtb  cil  desâoùâ  de  lu^\  dont  il  a'ataît  paitit  piiyé  Irtu  droits  ûan*  te  tiTme 
prpfcril  ftani  ha  charU's.  ■  Comptes  d(^  1a  corpùration  des  peintreit  el  fli^tifpleurii 
1731- 1 732.  tt  2-158,  p.  i:il. 

1  En  mf^mç  lemp^  Icd*  m'"  ont  vxïé  authortsci  d'iuterdlre  à  Anlolru'!  Gillii  m'* 
sculpteur  d'«Qseii|ner  de»  ppprentîi  par  plalitr^  tmn  payer  Un  droits  de  trrnle^ 
dmjpat.  cIConrJurcauxAmcade!:  porlceaparleicbirte».  — JnutH'Mirrifïn,  »  Itet^îulfe 
dea  délibérAtioDs  des  peintres  et  sculptinir!;,  ^ë  juin  173â^  H  :^  1)^6,  p.  1^. 

c  he  6  9''"'  t73V  le  voler  a  fait  semooee  h  lotitei  les  peJittrc  el  escuJpteur  pour 
te  trouver  au  etmpiire  d('  È*  Jean,  lieu^  ordinaire  au  suj^c  des  mettre  Antoine  tlit- 
lii  au  suj^er  de  ce  deui  tatle  qitil  doy...  lïiiponmiereuHeSv  t  Itl.  H  2-326^  p.  IH. 

1  Et  le  â  du  dit  uioy  {9^*j  daus  le  rn^me  asanblee  étant  tout  semotieex  4mu 
peîtitre  et  escultenr  pour  voire  la  £eutaijci>  randu  uu  «u«jer  de  rnrttro  Autuiniie 
(jillii  tous  les  diL  siipnLou  ordonnez  au  mai  Ire  el  eontabEe  de  rupeltée  et  de  potir- 
suirre  et  de  prandre  avis  ati  uvocut,  —  Dupummerenltes,  vali-£.  >  Id^  H  2-3i6, 
p.  1». 

i  Lps  matlres  entrant  priHendent  ijue  Gilia  payera  pourdAniaii  Çfj  ouvrier,  ils 
fiouroQl  ayir  contre  tuy  sl\  se  crrti^'Tit  Être  f*indé  pour  rapporter  au  compl.  prn-. 

dn  ce  qui  en  aura  éié  reçu.  ^  Cumplei  de  la  corporaliou  dtis  pt^zitresi  el  seulp^ 

r*.i738-l739.  H  2-328[  p.  183. 

>  Payé  à  Ctiarles   t^emy  ser;(eaiit.  pour  ntioir  enlevé  une*pii!ce  de  ftculptara 

!i  tielï!'...  t  id.  1732^17:13.  H.  :3  32B.  \i    VtÙ. 


ï 

l 

l  744  ANTOINE    GILIS. 

i 

\  garder  le  silence;  une  condamnation  s'ensuivait,  puis  mkrvcnait 

f  Tamende,  saiicUon  inévitable  de  tout  jugement  \ 

\  Une  question  importante  fut  ensuite  agitée.  iVills,  qui  suivait  ea 

amateur  les  excellentes  leçons  du  peintre  FVançois  ICi^en  %  avait 
i  omis  non  seulement  de  poursuivre  Tapprenti^^irge  commencé  à 

[  Anvers,  mais  encore  d'en  acquitter  les  droits  à  Valenciennei.  Ausfii 

f.  voulut-on  le  contraindre  à  refaire  cet  apprentissage,  puis  k  pâsf^er 

son  ctief-d*œuvre  de  peinture.  Gilis  ne  crut  pas  devoir  se  refuser  à 
cette  dernière  formalité,  mais  il  adressa,  au  sujet  de  la  première, 
une  longue  requête  au  Magistrat,  le  priant  de  statuer  sur  son  cas^ 
Cette  demande  fut  favorablement  accueillie,  ce  qui  lui  Ht  ot»tenir 
une  dispense  d*apprentissage.  Les  maîtres,  n  osant  résisfer  ouicr* 
tement,  sanctionnèrent  ce  jugement,  et,  le  20  juillet  1733, Gilis  fut 
autorisé  à  produire  son  chef-d'œuvre.  On  lui  imposa  le  sujet  ordi- 
naire, un  Christ  d*une  hauteur  de  cinq  pieils\  Trois  jnurs  plus 
tard,  eut  lieu  une  réunion  des  membres  de  [a  corporation  afin 
d'examiner  ce  travail,  dont  l'admission  fut  prononcée,  nun  sans 
grandes  difGcultés  ^ 

*  I  Le  2  oltobre  1733,  le  valé  a  fait  ccmoncc...  au  Mij^é  d'Antoine  (IHU,  pour 
e  solis  quil  a  dit  en  plaine  cemoncc  le  17  du  dit  moys...  il  f>n  t^undiné  à  V8  palar 
pour  loiDone  (jénéraie.  Don  Louis  Joseph  DiipommcrciiJlefl.  v  Etet^ii^ire  d«-i  drJi* 
bëralions  des  peintres  et  sculpteurs.  H  2-32C,  p.  17. 

*  I  De  Gillise  aprcnty  par  plaisir  à  François  Hissen  3  I.  t  Compte!  de  li  corpo- 
ration des  peintres  et  sculpteurs,  1727-1728.  H.  2-32S,  p.  »7. 

*  Voir  Pièces  justificatives,  u'  IIL 

*  «  Le  20  de  juillet  1733,  après  semonce  fait  à  tout  supitl  de  l'art  de  pafntfr 
au  sugé  de  ta  demande  du  cliedeuvre  d'Antoine  Gilis  apr^  nvoirt-  eue  iitorû^  pir 
mesieur  du  Magistra  pour  se  aprenlisage,  pourvue  p&v  tu  y  paier  La  somme  iJ^* 
dix  esqut  &  quarante  huit  patar  la  picse  pour  le  racliat  de  se  apri'iitiâij^e  cod) 
tout  autre  on  paiex  sy  de  van  au  corps  de  paintrc  ou  vi  p:ir  de  «ut  le  droii  àe 
réfection  du  cliedeuvre  Ion  na  résout  de  luy  doue  un  crhce  à  luy  pré«<*j]Lf  di: 
5  pied  com  ordiner  de  charte.  François  Flamand  maîtrt' Jm  i^,  ilun  J^i»ui^  iofeph 
Dupommereul  valez,  i  Registre  des  délibérations  di'^  peiuUcâ  ei  ^culptcart. 
H  2-326,  p.  16. 

'  I  Le  22  de  juillet  1733  Ion  na  fait  cemoncc  à  tout  le  supot  de  Tar  éû  pjiÎB^ 
tre  pour  quil  eut  à  se  trouver  le  23  duditdans  le  chapitre  de  S'  Juitt  lient  orif^ 
nairede  leur  scemonce  pour  visiter  le  chedeuvre  du  pom^  Anlciine  <jili%  4tm  U 
suppôt  Ion  condamné  deun  plaine  voix  (de  payer)  douse  Mvtp  à  l'amone  «jem-rdf^.  * 
Le  défaux   quii  on  trouvé  (audit  chef-d'œuvre)   léaiil  bien  voulut  accepter ^- 
pourueut  de  paiex  le...  à  la  dit  omone  et...  le  sieur  dti  mA<jistra  èuni  att.,. 
équt  au  corps  de  paiutre...  et   pardesut  le  droit  ordim^r  de    la  chapéll«  pai 
rachat  de  ses  aprentissagc.  François  Flamand  maître  juré.  >  ïd.  U  ^-^1^0»  p 
«  D'Antoine  Gelis  pour  .ses  aprentissages  de  pintrc,  rerue  fi  t.  i  —  i  U\'la 


AKTOINE    GILIS.  715 

Cette  année-là  même  (1733),  le  8  janvier,  avait  été  célébré  le 
mariage/  de  Gilis,  qui  demeurait  alors  rue  Saint-François',  avec 
Reine  Piévez,  âgée  de  trente-trois  ans,  fille  de  Nicolas  Fiévez,  maître 
de  poste,  et  de  Catherine  Bernard  Dehaynin'.  De  ce  mariage,  na- 
quirent trois  enfants  :  un  fils,  Jean-Michel,  dont  nous  esquissons  en 
note  la  biographie  \  né  en  1735,  mort  fou  à  Tasile  de  Froidmont» 
le  27  décembre  1788 ^  deux  filles,  Marie-Albertine-Joseph,  née 
le  12  décembre  1736*,  et  Marie-Hélène-Joseph,  le  28  février 
1738'. 

Nous  trouvons,  plusieurs  fois  cités,  le  nom  d*Antoine  Gilis  et 
celui  de  sa  femme  dans  divers  documents  plus  ou  moins  curieux, 
relatifs  à  des  questions  d'intérêt.  Ainsi  dans  une  tonstalation,  en 
date  du  25  mai  1736,  des  droits  de  Reine  Ficvez  et  de  plusieurs 
membres  de  sa  famille,  pour  la  succession  du  sieur  Philippe 
Dehaynin,  chirurgien-major  de  la  citadelle  de  Valenciennes,  son 
oncle.  Puis  en  1738,  le  18  janvier,  dans  la  vente  faite  à  André  de 
Warenghien,  marchand  à  Valenciennes,  d'une  rente  de  48  livres, 

Gelis  après  avoir  fait  bien  et  dcuement  son  chef  d'œuvrede  peinture  reçu  30  1.  t 
Comptes  de  la  corporation  des  peintres  et  sculpteurs.  H  2-328,  p.  133  et  135. 

'  Voir  Pièces  justificatives,  n^  I. 

'  Rue  des  Récollcts  acluellcmcnt.  Registre  de  la  capitation,  1731.  G.  2-1197, 
f«  140. 

•  Voir  Pièces  justificatives,  n*  I. 

•  Jean-Michel  Gilis  naquit  à  Valenciennes  en  1735.  Il  suivit  son  père  à  Tournay 
et  l'aida  dans  la  direction  de  l'école  de  peinture  et  de  sculpture  qu'ils  y  fondèrent. 
Atteint  d'aliénation  mentale,  il  dut  cesser  ses  fonctions  et  mourut  misérablement 
à  i'asile  de  Froidmont  le  27  décembre  1788.  On  connaît  de  lui  :  un  tableau  si<]né 
1753,  représentant  la  Nalioiié,  aujourd'hui  dans  Téglisc  du  faubourg  de  Paris,  à 
Valenciennes.  A  Tournay  :  Les  discip'les  dEuàmaùs^  qu'il  fit  pour  l'église  Saint- 
ISJicolas  des  Prés  en  17G3,  et  qui  lui  fut  payé  65  florins  et  demi  (A.  de  La  Gr^ngb 
et  L.  Cloquet,  Etude  sur  l'Art  à  Tournai,  t.  II,  p.  SVl);  Saint  André  montant 
au  ciei^  pour  le  couvent  de  Saint-André  ;  Saint  Nicolas  ressuscitant  un  enfant, 
pour  Téglise  Saint-Piat.  (Calendrier  de  Tournai,  1775,  p.  32  et  36.)  Le  Cata- 
logue du  Musée  de  Tournuy  (18^8)  mentionne  de  lui  les  œuvres  suivantes  :  K°  145, 
Un  groupe  d'oiseaux  morts  suspendus^  fond  imitant  la  planche  de  bois  de  sapin  ; 
n**  144,  Portrait  de  J.^B.  Fouques,  père;  n^  145,  Une  tête  de  vieillard  avec 
barbe  touffue^  coiffée  d'un  bonnet  noir,  genre  Rembrandt;  u°  146,  Saint  Nicolas, 
esqaisse  du  tableau  qui  se  trouve  ù  l'église  Saint-Piat. 

^  Les  registres  de  naissances  de  la  paroisse  \otr'?-Dame  de  la  Chaussée  faisant 
défaut  pour  les  années  1729  et  1736,  nous  ne  pouvons  reproduire  l'acte  de  nais- 
nce  de  Jean-Michel  Gilis.  \ous  savons  seulement  par  son  acte  de  décès  qu'il 
ourat  en  1788,  âgé  de  cinquante-trois  ans.  Voir  Pièces  justificatives,  n"  II. 

•  Voir  Pièces  justificatives,  n"  II. 
'  Ibid. 


746  ANTOINE    GILIS. 

sur  une  grande  maison  sise  rue  du  Boudinet,  a  ob  est  la  poste  aux 
chevaux  « .  Cette  cession  devait  donner  lieu  par  la  suite  (1768)  à  qd 
interminable  procès  avec  un  héritier  de  ce  Warenghien  '. 

Reine  Fiévez  étant  morte  le  11  septembre  1741  %  Gîlis  se 
trouva  seul  avec  trois  enfants  en  bas .  âge.  Ne  pouvant  supporter 
sans  aide  une  charge  aussi  lourde,  il  songea  à  contracter  une  nou- 
velle alliance  et,  le  6  juin  1743,  rpousa  la  veuve  du  sieur  Antoine 
Dutrieux,  Christine  Larose',  alors  âgée  de  quarante-six  ans^. 
Celle-ci  lui  apportait  une  honnête  fortune,  que  plus  tard  elle  légua 
en  partie  aux  enfanis  de  son  mari  '. 

2.  Séjour  à  Tournay,  1757-1781. 

Gilis,  dont  le  nom  s*était  répandu  au  delà  des  étroits  remparts 
de  sa  ville  d'adoption,  surtout  après  les  travaux  considérables  qii*il 
venait  d*entreprendre  pour  Téglise  de  Condé,  s'était  créé  de  nom- 
breuses relations  dans  la  contrée,  principalement  à  Tournay. 

Or  il  advint  qn*en  175G,  le  .sieur  Péterinck,  directeur  de  la 
célèbre  manufacture  de  porcelaine  de  cette  ville,  loulant  faire  à 
Timpératrice  Marie>-Thérëse  un  cadeau  digne  d'attirer  la  bienveil- 
lante attention  de  cette  princesse  sur  son  établissement,  6t  appel 
au  talent  de  Gilis  et  lui  demanda  le  modèle  d'une  sainte  Thérèse. 
Notre  sculpteur  étant  allé  à  Tournay  y  reçut  Taccueil  le  plus 
flatteur  et  se  rendit  compte  aussitôt  du  parti  qu'il  en  pouvait  tirer 
en  vue  de  Taccroissement  de  sa  fortune  et  de  sa  renommée.  Ayant 
apprisque  Ton  n'attendait  plus  qu'un  maître  habile  pour  créer  une 
école  où  seraient  enseignés  les  Beaux-Arts,  Gilis  entrevit  l'espoir 
d'être  désigne  à  ces  hautes  fonctions.  Il  résolut,  pour  y  parvenir, 

»  Registre  des  actes  d'appel.  1701-1777.  F.  315,  P»  87. 

*  Voir  Pièces  justificatives,  ii**  I. 
»  Ihid. 

*  Ibid. 

*  t  Sur  requête  présentée  à  MM.  les  prévôts  jurés  et  échevias...  par  .^Dloiaa 
Gilis,  m*  sculpteur  et  peintre,  et  Christine-Joseph  Larose,  son  épouse,  qu^ils dev- 
raient faire  donation  d'entre-vifs  d'une  maison  située  en  cette  ville,  place  à  Lillr, 
à  Philippe,  Jean-Michel  et  Albertine  Giiis,  tous  trois  enfants  de  Reine  Fiévet.  » 
première  femme,  i  (Il  y  a  ici  une  erreur,  Philippe  n'est  point  fils  de  R.  Fié 
Comme  ces  enfants  n'étaient  point  aptes  à  y  participer,  on  nomme  un  *" 

ad  hoc,  Joseph  Degand.  ^ 

Registre  des  autorisations,  F.  172,  {^  261. 


ANTOINE    GILIS.  747 

d'abandonner  Valenciennes,  son  titre  envié  de  pensionnaire  de  la 
fille,  et  de  déplacer  le  commerce  de  bois  qu'il  exploitait  avec 
profit.  Rentré  à  Vulenciennes,  il  adresse  au  Magistrat  de  Tournay 
une  lettre  dans  laquelle  il  sollicite,  pourson  61s  et  pour  lui,  Fhon- 
neur  de  Tonder  et  diriger  la  nouvelle  école.  Il  demande,  en  retour, 
qu'il  leur  soit  accordé  une  somme  annuelle  de  900  livres  de  France 
et  la  promesse  de  commandes  lucratives  par  la  manufacture  de 
porcelaine.  Il  s'engage,  en  outre,  si  ces  diverses  propositions  sont 
acceptées,  à  se  rendre  à  Tournay  pour  Pâques  suivant.  Cette 
demande  fut  prise  en  considération,  et,  par  délibération  en  date  du 
14  septembre  J756,  on  charge  le  conseiller  pensionnaire  Longue- 
ville  de  s'enlendre  avec  Gilis.  Le  28,  celui-là  se  présente  devant 
les  consaulx  et  déclare  acceptées  par  rartiste  les  propositions 
quelque  peu  moditiées  qu'il  lui  a  soumises.  Un  contrat  en  règle, 
signé  le  19  novembre,  est  ratifié  le  lendemain  par  le  conseil.  En 
vertu  de  ce  contrat,  où  il  est  qualifié  de  «  fameux  dessinateur  et 
sculpteur  » ,  Gilis  s'engage  à  quitter  Valenciennes  pour  le  1*'  avril 
suivant  *.  Bientôt  la  nouvelle  a  Académie  «  ouvrit  ses  cours  dans 
un  local  situé  sur  la  GrandTlace,  à  lendroit  où  se  trouve  la  Bourse  ^. 
Le  2  mai  1757,  Gilis  termina  son  installation,  jusque  là  provisoire, 
et  fit  venir  ses  moules,  meublps  et  tableaux,  qui,  par  faveur  toute 
spéciale,  obtinrent  libre  entrée  dans  les  Pays-Bas  '• 

Les  débuts  de  TAcadémie  furent  heureux,  et  les  deux  Gilis,  par 
la  bonne  direction  imprimée  aux  études,  surent  s'attirer  la  bien- 
veillance du  Magistrat,  qui^  entre  autres  marques  de  satisfaction, 
leur  accorda  plusieurs  exemptions  d'impôts  sur  la  bière  ^.  Un  rap- 
port, fait  aux  consaulx  parle  premier  conseiller  pensionnaire,  nous 
apprend  que  ces, premiers  succès  avaient  trouvé  écho  en  haut  lieu, 
puisque  «  le  ministre  avait  témoigné  beaucoup  de  satisfaction  des 
ouvrages  de  l'Académie  de  peinture,  architecture  et  dessin'  «. 

'  Voir  aux  Archives  communales  do  Tournay  les  Rcgislres  des  délibérations 
des  consaulx  pbur  1756  et  i757.  f«  265.  266  v%  270,  305,  307,  etc.  \ous  ne 
saurions  trop  remercier  rarchivistc,  M.  Hocquet,  de  Tobtigcance  avec  laquelle  il 
nous  a  aidé  dans  nos  recherches. 

•  Klrennes  tournésiennes,  1770,  p.  283.  —  Nous  voyons  qu'à  celte  époque 
%  habitait  rue  des  Grands-Jcsuiles. 

archives  du  royaume,  fonds  219V.  —  Voir  E.  Soil,  loc,  cit.,  p.  87. 
i.  SoiL,  loc.  cit.,  p.  89. 
tegistres  dos  consaulx,  1761,  IV  7'"«. 


748  ANTOINE    GILIS. 

Mais  aux  jours  heureux  allaient  succéder  les  jours  de  deuil  et  de 
tristesse.  Autoiue  Gilis  tombé  malade  dut  bientôt  cesser  ses  leçons. 
Ou  le  nomma  directeur  honoraire  avec  une  pension  annuelle  de 
200  florins  donnée  par  la  ville,  auxquels  on  en  ajouta  cent  autres 
retenus  sur  le  traitement  de  son  successeur.  Il  était  également 
convenu  qu'à  sa  mort  son  fils  se  trouverait  titulaire  de  180  florios 
de  pension,  lesquels  passèrent  pins  tard»  avec  Tassentimenl  des 
consaulx,  à  Tabbé  Philippe,  son  frère.  Presque  à  la  même  époque, 
antoine  Gilis  eut  la  suprême  douleur  de  voir  s'aQaiblir  les  facultés 
mentales  de  son  fils  et  collaborateur.  Celte  terrible  maladie  fut 
relativement  bénigne  àson  début,  puisqu'en  1771  *  il  put  reprendre 
ses  fonctions,  mais  pour  peu  de  temps,  car  le  mal  ayant  redouMé 
de  violence,  on  dut  Tinterner  à  l'asile  de  Froidmont,  où  il  ter* 
mina  misérablement  ses  jours  *. 

A  la  douleur  de  voir  s'aggraver  et  son  mauvais  état  de  santé  et 
la  folie  de  son  iils,  vint  s'ajouter  le  deuil  que  lui  causa  la  mort  de 
sa  femme,  survenue  le  14  mai  1775*.  Par  un  testament,  en  date 
du  20  décembre  de  Tannée  précédente,  celle^i  déclarait  son  fils*, 
Tabbé  Philippe,  légataire  universel  et  le  prenait  .pour  exécutear 
testamentaire.  Accablé  par  tant  de  malheurs,  miné  par  le  chagriu 
et  la  maladie,  Antoine  Gilis  termina,  le  16  novembre  1781  *,  dans 
les  larmes  et  la  misère,  Texistence  toute  de  travail  que  nous  avions 
vue  s'annoncer  sous  les  plus  brillants  auspices*. 

1  Voir  Pièces  justificatives,  n"  I. 

*  E,  SoiL,  loc.  cit.y  p.  89-90. 

'  Voir  Pièces  justificatives,  n**  II. 

^  Nous  n'avons  retrouvé  aucune  trace  des  actes  de  naissance  et  de  décès  de 
Philippe  Gilis.  Un  passage  de  l'acte  dont  nous  avons  parlé  nous  avait  d'abord 
porté  ù  croire  qu'il  était  né  de  R.  Fiévez.  C'est  une  erreur,  car  dans  soi 
testament  dont  nous  analysons  les  clauses  principales,  Christine  Larose  est  dési- 
gnée comme  sa  mère.  «  Elle  institue  pour  son  héritier  universel,  tant  meo- 
bilier  qu'immeubilier,  maître  Philippe  Gilis,  prêtre  et  régent  du  Collège  de 
S*  Paul,  k  charge  de  par  luy  fournir  au  Révérend  Père  N'orbcth  de  S'*  Christiae, 
Religieux  carme  cbaussc  à  Vallenciennes,  une  pension  viagère  oi  annuelle  de  qat- 
rantc  livres...  au  sieur  Jeun-Michel  Gilis,  son  beau-GIs,  semblable  pension  fis* 
gère  et  annuelle  (1501.)...  i  allais  daus  l'empriseaprès  le  testiment,  nous  lisons: 
I  L'exécution  a  été  cmprij«c  par  maître  Philippe  Gilis...  et  sur  son  requis  de  k 
levée  du  scellé...  la  luy  (avons)  accordé  après  que  ledit  maître  Gilis  a  déclaré  de 
se  rendre  et  fonder  héritier  de  ladille  défunte  testatrice  sa  mère,.,  i  .^reb' 
Tournay. 

^  V^oir  Pièces  justificalivcs,  n^  I. 

^  Afin  de  rendre  ce  travail  aussi  complet  que  possible  et  inonircr 


J 


AMTOIXE    CII.ÏS.  liO 


II.    L*OKUVRE. 

Antoine  Gilis  fut  un  grand  travailleur,  et  le»  œuvres  qu'on  lui 
attribue  sont  nombreuses.  Muis  oti  ne  doit  point  les  enregistrer 
toutes  sous  son  nom  avant  de  les  soumettre  à  un  contrôle  sévère. 
Aussi,  appliquant  la  méthode  historique  rigoureuse  à  laquelle  se 
conforma  toujours  M.  Paul  Foucart,  notre  premier  mailre  si  estimé 


étaient  grands  la  renommée  et  le  talent  d'Antoine  (jilis,  nous  avons  cru  utile  de 
donner  la  liste  de  tons  ceux  qui  profitèrent  de  ses  excellentes  leçons  ou  l'aidèrenl 
dans  ses  travaux.  La  plupart  de  ces  noms  sont  tirés  des  précieux  registres  des 
•  Comptes  de  la  corporation  des  peintres  et  sculpteurs,  H.  2-328  et  f329,  paS' 
sim  « .  —  A  Valenciennes.  c  Apprentis  sous  Gilis.  *  —  Les  apprentis  payaient 
6  1.  plus  i  I.  pour  l'enregistrement  '^Sculpteurs :  17S5-26,  Flamand  (Henri); 
1726-27,  Sailis  (Joseph)  ;  1729-30.  Dutoy  (Franc.)  ;  1732-33,  Casimire  (Ant.-Jos., 
dit  Chevalier);  1734-35.  Frogcz  (André),  pauvre;  Gravé  (Fr.-Jos.).  id.;  Delsarl 
(Pliih-Jos.),  frf.  ;  l7-38.:30,  Vandcrkove  (l».-Jo8.-H.);  1739-VO,  Vanstru  (Marie- 
Jos.)  (?);  1741-42,  Gérar  (?)  ;  1742-43,  Dutrieu  (Jean)  (?);  Laurent  (Fr.)  {i); 
Lippens  (?);  Brabant  (P.-Jos.)  (?);  1748-49,  Lecreux(Xic.):  1749-50,  Richarl(?); 
1751-52.  Bouchelet;  1752-53^  Chabanc  (J.-B.);  Gillct  (P.-Jos);  Dorus  (J.-B.); 
1753-54,  Pietle  (Ch.).  —  />eiWrM  ;  1733-34,  Chauvin  (B.);  Ruiter  (J.-B.), 
pauvre;  Bretel  (Fr.),  tU  ;  1735-36.  Lécuier  (Guill.-Jos  )  ;  1738-39,  Bouchelet 
(Ch.-Jos.);  Durez  (?)  (d'après  Grar). 

Ouvriers  de  Gilis,  —  •  Les  compagnons  du  dehors  désirant  bcsoigncr  sous 
quelque  maître...  t  devaient  payer  un  droit  de  40  sous  et  travailler  au  moins 
un  mois.  —  1726-27,  Dutoy  (Dom.-Fr.),  se.  ;  1731-32,  Bouchardnn  (Jacq.-Phil.). 
cavalier  au  rég*  de  Condé;  1733-34.  Cammcis  (André),  se.  ;  Pilart  (J.-B.),  p.;  1734- 
35,  Grouse  (Jean),  p.;  1735-36,  Vanderboroch  (Jos.),  doreur;  1738-39.  Sipers 
(Adam);  1737-40,  Bristain  (Xic).  se;  Gains  (Tho.),  p.;  Vandermer  (Ant.),  p.; 
Horemans  (Phil.).  p.;  Listez  (Uom.);  1741- V2,  Bretel-Becloud; JL744-45,  Vidal, 
soldat  au  rég*  de  Dauphiué.  p.;  Viinhoulle,  p.;  1746-47.  Séiîga;  1747-48,  De- 
mont;  1748-49.  Lecoq;  1751-52.  Cardinal,  p.;  1752-53.  Danezan  (J.-B).  se; 
4754-55,  Druon,  se.  ;  Parisien,  se.  ;  1755-56,  Duloir. 

Leçons  à  des  amateurs.  —  La  tnxe  était  de  60  s.,  plus  10  s.  d'enregistrement. 
—  1730-31,  Clavarot  (P.);  Houdart  (Guill.);  Barbier  (Denis);  1731-32,  Brcva 
(P.-Giiill.).  fils  de  l'ingénieur  en  chef  de  la  ville;  Rochcmore  (H. -Phil.);  1732- 
3a,  IV^  IViddington;  1733r34,  Gouale  (Stam);  Maloteaux  (Ferd.);  1734-35. 
Merlens  (Fr.-Jos.);  1736-37.  Baral  (Dom);  1738-39,  Baral  (P.-Jos.);  1739-40, 
Lucinie  (Phil.-Jos.);  1741-42,  Deler;iue  (Fr.-Jos);  1743-44.  Vaustru  (P.-Am.- 
Jos.);  1744-45,  Jacquemon  (Ch.-Laur.);  1753-54,  Leblond  (Gis),  brodeur. 

Elèves  à  Tournai/  (d'après  Grar  et  Buzières).  —  Bourla,  architecte  des  Inva- 
**'^'Sf  ;  Barbieux.  se.  des  figures  en  bas-relief  de  la  colonne  du  camp  de  Boulogne; 

laine,  p.  de  genre;  Bcllcmatte,  p.;  Lerèvre-Calers,  ciseleur  connu;  Dumor- 

r,  se;  Pointeurs-d'Ebligny,  pens.  de  l'École  de  Rome;  Sauvage,  p.,  membre 

l'Académie  des  sciences;  Delin,  Alanisfcls.  Brélart.  Ladam,  Dcicourt,  Equen- 

9.  p. 


1 


IhO  AlVTOiNK   GILIS. 


dans  cette  enceinte,  nous  somoiés^iiCHls gardé,  au  rîsq ne  île  paraiire 
incomplet,  de  faire  honneur  à.GUis  de  Icavanx  pour  lesquels  tîe 
consciencieuses  et  longues  recherches  ne  nous  ont  point  fonmi  ie 
preuves  irrécusables.  Car  trop  souvent,  nous  ue  ^uriotis  le  receler 
assez,  tout  en  le  prouvant,  Terreur  a  été  propagée  Iora(|ue  Ym 
s'est  contenté  d*enregyis(rer  sans  examen  les  dircâ  d'aulruL 

1 .  Tratemx  à  Valcnciennes, 

Sculpteur  et  peintre  orficiel»  Gilis  exécuta,  pour  la  ville  qai  le 
pensionnait,  des  travaux  nombreux,  mais  souvent  de  peu  d'impor- 
tance. S*ag[issait-il  de  quelques  ornements  à  faire  â  une  chemiDée, 
à  une  porte,  Ton  s'adressait  au  sculpteur.  Pour  une  de  ces  réjouis- 
sances publiques,  iri  nombreuses  au  dix-huitième  siècle,  avait-on 
besoin  de  transparents,  de  portraits,  d'allégorie^t,  le  peintre  se 
mettait  à  Tœuvre.  Mais  si  ces  travaux  étaient  en  général  peu  lurn- 
tifs,  les  loisirs  laissés  à  Tartiste  étaient  nombreux.  11  en  proQia, 
servi  par  son  titre  et  plus  encore  par  son  talent,  pour  exécater 
bien  des  commandes  importantes  que  lui  6rent  les  couvents,  lei 
églises  et  souvent  aussi  certains  particuliers. 

Travaux  pour  la  ville  et  les  particuliers.  —  Le  5  septembre 
1727,  on  apprenait  la  naissance  de  l'héritier  présomptif  de  la  cou- 
ronne, fils  de  Louis  XV  et  de  Marie  I^eczinska.  De  grandes  réjouis- 
sances furent  ordonnées,  parmi  lesquelles  un  splendîde  feu  d'arti- 
fice. Le  Magistrat  s  adressa  à  Gilis  pour  dessiner  les  figures  allégo* 
riques  et  autres  ornements  nécessaires  en  la  circonstance'.  On 

*  •  A  Aatoinne  Gilis,  m' sculpteur,  pour  avoir  crayonné  plusieun  fit^ureâ  mtocir 
du  feu  d'arliûce,  ij'  x  1.  1.  s  Comptes  de  la  ville.  1729-1730.  01.  Tt.  ^  SI  v\ 

La  Bibliothèque  publique  possède  une  petite  brochure  intîtultSc  :  Relaihn  àt  €t 
qui  s'est  fait  et  se  fera  petidant  le  cours  du  mois  de  septembre  1729. . .  p^ur  U 
naissance  de  Monseigneur  le  Dauphin,  Valcnciennes,  Henry,  1720,  \oiu  m 
eitrayons  certains  passades  relatifs  aux  dessins  exécutés  par  Gi]j5. 

Ou  remarquait  entre  autres  choses  «  huit  colonnes  eu  portique  de  mftrbre*. 
chaque  portique  ayant  t  sa  posture  Gnement  travaillée  et  posée  «ur  un  ptêd>tLil  r, 
La  première  représentait  le  génie  protecteur  du  royaume  qui  présente  U  ùm- 
phin  à  la  France.  —  La  seconde,  la  France  qui  reçoit  ce  prédtujc  gaqt  i^ 
ciel  et  le  présente  à  Minerve.  —  La  troisième,  Minerve  nuxrquanl  par  son  ani- 
tude  le  soin  qu'elle  va  prendre  du  jeune  prince,  —  La  quatritimc,  Marspo\ 
les  lauriers  et  les  trophées  qu'il pi-épare  au  Dauphin,  Puis  venaient  ^  / 
l'Abondance,  le  Dieu  Janus,  Bellone,  la  Religion^  la  Justice,  ËuGn,  d's 
représentations  symboliques,  le  Soleil  qui  peint  son  image  diîns  une  claii 


AXTOIME    GILIS.  751 

devait  encore  avoir  recours  à  lui,  lors  de  la  fêle  donnée  pour  la 
convalescence  du  Roi  ',  puis  â  Tépoque  du  mariage  du  Dauphin  *. 
Citons  maintenant,  pour  être  complet,  divers  travaux  que  lui  com- 
manda la  ville  :  deux  lions  pour  la  chambre  de  justice  ',  la  répara- 
tion du  Christ  de  cette  même  chambre^,  des  peintures  de  décors 
pour  le  théâtre  des  Jésuites  \  le  tableau  servant  de  bas  de  che- 
minée à  la  chambre  de  justice  *,  la  sculpture  de  la  cheminée  de  la 
Salelte'',  un  lion  et  deux  cygnes,  armes'  parlantes  de  Valen- 
ciennes,  pour  servir  aux  processions  ',  un  nouveau  tabernacle  pour 
la  chapelle  Saint-Pierre*.  En  1755,  il  blanchit  la  statue  de 
Louis  XV,  œuvre  de  Saly,  et  en  remastique  le  piédestal  '*;  il  peint 

taine,  un  Grand  lion  en  considérant  un  plus  petii^  un  Soleil  brillant,  la  Toison 
d'or,  un  Grenadier,  fArc-nt-ciel  au-dessus  de  f  arche  de  Noé,  U  Palladium,  un 
Jeune  lys^  une  Parélie,  r Etoile  nationale,  une  Douce  rosée,  P Aurore, 

'  c  A  Anloine  Gilis.  pour  le  portrait  do  Roy  en  peinture...  et  pour  avoir  peint 
les  croniques  pour  les  réjouitsanees  k  cause  de  la  convalescence  du  Roy... 
cxxxj.  1.  f  Comptes  de  la  ville,  174^1745.  C.  i-86,  f*  47. 

*  Grar  raconte  à  ce  propqs  que  le  projet  présenté  par  Gilis  fut  préféré  à  celui 
de  son  maître.  Français  Eisen.  Hécart  ajoute  que  celui-ci,  vexé,  se  rendit  dans  le 
cabaret  que  fréquentait  Gilis  et,  muni  d^un  charbon,  caricatura  sou  rival  heureux, 
ainsi  que  le  projet  adopté  par  le  Magistrat. 

*  «  Messieurs  du  Magistrat  ordonnent  à  Charles-.Albert  Drui&re  de  payer  à 
Avtoine  Gilis  la  somme  de  trente  livres  pour  avoir  sculpté  deux  lions  pour  servir 
au  tribunal  de  la  chambre  de  Justice.  Fait  à  Valenciennes  le  8  novembre  1726. 
Silène  :  »k  Rozbl.  Je  soussigné  ay  rrçu  de  Bruyère  la  somme  de  trente  livres  pour 
•voir  sculpté  deux  lions  de  la  tribune  de  la  chambre  de  Justice.  A  Vallenciennes, 
ce  neuf  do  novembre  1726.  Signé  :  Antoine  Gilis.  t  CeUe  pièce  se  trouve  eu  la 
possession  de  M.  H.  Jouin,  qui  Ta  reproduite  dans  son  ouvrage  sur  Saly,  p.  129. 

^  t  A  Autoine  Gilis,  pour  avoir  racomodé  le  Christ  de  la  chambre  de  justice, 
Ixxvj.  1.  xvj.  s.  1  Comptes  de  la  ville,  1735-1736.  C.  1-77,  i^  76  v«. 

*  ■  A  Antoinne  Gilis  pour  les  ouvrages  de  peintures  qu'il  a  fait  pour  le  théâtre 
des  Pères  Jésuites...  c.  iiij"  xij  et.  s  Comptes  de  la  ville,  1739-1740.  G.  1-81, 
P56. 

*  t  A  Antoine  Gilis,  pour  le  tableau  servant  de  bas  de  cheminée  à  la  chambre 
de  justice,  payé  la  somme  de...  cxv'  iiij  s.  >  Comptes  de  la  ville,  1740-1741.  C. 
1-82,  f-  54  V. 

"*  c  ...la  sculpture  pour  la  cheminée  de  la  Sallctte...  s  Comptes  de  la  ville, 
1744-1745,  C.  1-86,  V  47. 

'  c  A  Antoine  Gilis  pour  avoir  fait  k  neuf  le  lion  et  les  denx  cygnes  que  Ton 
porto  à  la  procession  de  ceUe  ville...  xj^xxl.  *  Comptes  de  la  ville,  1750-1751.  C. 
1-92,  r«  49. 

'  M.  tt.  Jouin  qui  possède  le  contrat  original  passé  en  1754,  entre  Gilis  et  le 
pstrat.  l'a  publié  en  entier  dans  son  ouvrage  sur  G.  Saly,  p.  128. 
*  c  A  Antoine  Gilis,  sculpteur,  pour  avoir  blanchy  la  statue  du  roy  et  remas- 
é  le  pied  destal...  c.  iiij"  lijct.  I.  >  Comptes  de  la  ville,  1754-1755.  C.  1-96, 


■JSS  A1VT01N1-:    GILIS, 

et  dore,  en  1756,  le  (ahernacle  de  la  chapelle  Saint-Flocli  \  KnC». 
d'après  M.  Grar,  il  fait^de  noiiv(?aux  panneaus  pour  les  stalles  de 
la  chapelle  Saint-Pierre,  et  sculpte  au  beffroi  hs  louâtes  des  donie 
Césars,  les  bas-reliefs  représentant  \  Histoire  de  Samson  elles 
Quatre  Saisons,  statues  allégorrques  \ 

Certains  particuliers  ou  associalions  eurent  plusieurs  fois  recours 
au  talent  de  Gilis.  Ainsi,  en  1743,  un  riche  hiihitant  de  la  niedo 
Wiéwarde  lui  demanda  nne  statue  pour  soji  jardin.  Les  «livers 
propriétaires  de  cet  bôlel,  qui  se  sont  succédé,  ont  respecté 
l'œuvré  de  Gilis.  C'est  un  Hercule  domptant  Cerbère  \  Uehciul, 
brandissante  deux  mains  au-ilessuîi  de  H^tCtc  une  énorme  massue, 
le  héros  semble  vouloir  écraser  le  ttionsitre  <]if  il  foule  aui  pieds. 
Cette  statue  en  plaire,  mesurant  plus  de  deux  métrés,  est  pleine 
de  vie  et  de  mouvement  ;  le  Ir^vail  d^'note  un  véritable  arti&le  ^ 

Le  Musée  de  Valenciennes  possède  une  petite  terre  curie  qui  a 
pour  sujet  VEnlèvemént  d'Europe.  Une  jeune  femme  est  gracieu- 
sement assise  sur  le  dos  d'un  fiiureau  a^jenouillé.  I^u  main  jijauche 
est  appuyée  sur  la  croupe,  Taulre  seoible  caresï^er  la  tète  de  Ta»*- 
mat  tournée  vers  elle.  L'Amour,  muni  de  son  Hambeau,  se  lient 
debout  sur  une  des  pattes  de  devant  de  la  bAte  agenouillée-  à  terre 
sont  des  coquillages.  Le  sujet  est  charmant,  Tartiste  Ta  traité  arec 
une  délicatesse  exquise;  Fensemble  en  est  un  peu  gilté,  toutefûi]^, 
par  la  peinture  et  la  dorure  dont  tout  le  yroupe  a  été  re%êtii  '. 


^  «  A  Bntoinc  Gilis,  pour  avoir  p^^int  et  doré  ]e   lubcrpacle  de  l«  eli«prl1r 
S'  Roch...  lij.  I.  xvj.  8.  .  Compte»  de  lu  illlç,  Î756-175T.  C.  1-98.  ^m 

«  Grar,  A  Giiis.  Mémoires  de  la  Société  de  l/aienciennis^  i.  Xytlt.  p.  SI.  — 
Jl^cART,  Biographie,  p.  14. 

'  Voir,  ci-conlre,  planclie  XLVIH. 
•-  *  Nous  ne  saurions  trop  remercier  W.  Sùuiicsm,  maire  dé  ValoticJeniief,  à  ^ 
oppartient  celte  statue,  de  l/amabilil4!  iju'it  a.  moulri^e  h.  notre  é<jard  en  non»  per- 
mettant de  reproduire  l'œuvre  deCîlis.  tCti  18(37,  M.  L.  Pesier»  autri?Ritt  posi'^ 
seur  de  cette  maison,  a  exécuté  en  gravure  une  ri'pruduclion  de  celle  slatoCf  «v 
le  socle  de  laquelle  on  lisait  à  celte  épofjuc  une  itifcrtplïon  atijourd^hut  dftparvf  > 
;«  Aiit.  Gillis.  sculp.  —  1743.  t  Je Tf! mer cie  aus<^i  bïen  sincèremeni  moti  mjmif^ 
coijaborateur  RoUault  de  la  photograplvic  vraiment  artisUque  (piî  ierl  de  e«»mp^ 
ment  à  ce  travail. 

^  Cellier  qui  ne  connaissait  pas  Paiiteur  de  ce  c^roiipc*  faute  de  Tavoir  €i«oninr-. 
\c.  place  dans  .«on  Catalogue,  aux  anonymes,  sons  Je  n°  ^]  V.  ]>ans  fi  m  un  lait" 
1882,'  on    s*étuit  aperçu   que  sur   le    socte    se  trouvait    l'inscriplîmi  smtar 
.«  A'  Gilis.  fecit.  1725.  t  Cette  œuvre  ne  trouve  donc  dunfl  celte  édlUcm  tu  i 
son  auteur  (n"  345)  ;  elle  mesure  0°>,:j^  de  hiMil. 


I 


■ 


A:VT0|\E    CILIS.  T33 

11  se  cèlôbrc  tous  les  una  h  Velencii^tinns  une  proccaâîon  dite  du 
Saint-Cordon,  en  souvenir  d*Liii  miracle  aih  ibuo  k  la  Vier.rjo,  Or, 
pendant  Vuu^  de  ces  sorties,  il  advint  qu'un  hrigand  flamand  du 
nom  de  Van  Een,  qui  dé  vas  ta  rt  la  contrée,  fondit  sur  le  eurtè^^je  et 
fi'empara  de  la  cItÂsae  sacrée.  Aussitôt  les  liabitants  des  faubourgs 
9e  metLent  à  sa  poursuite  et  lui  reprennent  les  reliques  paîntes. 
Tour  éviter  le  retour  de  jïareila  faits,  une  gorde  à  cheval,  dite  des  1 

a.  Pucliots  n ,  escorta  cliaqne  procession.  Le  magistrat,  en  souvenir 
lie  celte  aventure,  organisa  une  course  de  bagues.  Un  mannequin, 
représentation  grossière  du  terrilïle  Van  Een,  servait  de  but.  On  J 

demanda  à  Gilis  de  faire  une  nouvelle  effigie  du  fdmeui  briganii, 
véritable  O'uvre  d'art^  qui  fut  détruite  lors  de  la  Hévolution  ',  I 

A  la  suite  d'une  erreur  commise  par  Hécart,  relevée  en  1BG4 
par  \ï,  Grar,  on  avait  regardé  Gilis  comme  un  architecte  de  talent, 
en  lui  attribuant  les  plans  d'une  magnifique  chapelle,  élevée  près 
de  Raismes  en  1713  par  Josepfi  Clément,  archevêque  de  Cologne. 
Sou¥enons-aous  qu'à  cette  époque  Gilis  avait  onze  ans. 

Travaux  pour  tes  églises  et  tes  couvents.  —  Aux  dix-septième 
et  dix-huitième  siècles,  les  églises  et  les  corporations  religieuses 
rivalisaient  de  lune  et  de  dépenses,  tout  artiste  un  peu  connu 
s*attirajt  de  multiples  et  lucratives  commandes  :  Gilfs  fut  de  ce 
nombre.  Xous  avons  pu  retroutrer,  dans  les  registres  de  comptes  ou 
de   délihératious,  la   trace   d 'ouvres  qui  lui    furent   demandées , 

I/église  Saint-Géry,  aujourd'hui  détruite,  Tune  des  plus  riches 
de  la  ville,  lui  commanda  d'ahord  le  modèle  en  terre  d'un  béni- 
tier *  destiné^  sans  doute,  a  être  exécuté  dans  la  suite  en  une  matière 
plus  durable.  En  1741-1742,  Ton  eut  recours  au  peintre  pour  les 
taldeauii  de  deux  gonfanons  et  la  dnriire  de  leur  hampe'.  Quel- 
tjnes  années  après,  dans  rassemblée  des  pairs  et  marguii tiers  de  la 
même  église,  on  résolut  de  faire  une  nouvelle  table  d'autel  pour 
laquelle  on  demanda  àGilia  une  maquette  en  cire -,  Enfin  en  1751, 

^  A.  Djnaux,  'Archives  du  Xord,  t.  V.  p.  3S13. 

*  ■  Au  sieur  Gillis  p'  nifoîr  mocttilé  utt  bi.^iitti(!r  en  terre,  1^  t.  t  Comptai  do 
réglise  Sttint-Géry  pour  17:i(K|7:U ,  G.  2-V5H,  p.  5lî, 

*  ■  l'iiyfî  tin  &^  trillii^  pour  aïolr  pciut  \c-,  iu.\.ï\va.u\  de  dnuï  pnuvt^arit  fontë.nons 
f>t  avotr  doré  H  rour^li  tce^  t^âUjrfâ  n  t'Ié  piiyt'  siiiiant  Bon  itn^muir^  (!y  57  L  tS  9,  i 
ComptPR  Je  Saint-titiry,  il^UtlV^Jl.  2«i7t,  I"  ^l  v^ 

*  1  t'ayé  au  5^  (jilis,  nr  pintrc  aL  acutptcur  pour  Tivranctis.  maiailoïuvre»  et  ûg 
tuutcs  acf  vacatioDH  cvlr^onlmaircs  et  rurroatiou  de  Ift  niaâsc  d^auld  en  cirrc  fai- 


754  ANTOINE    GILIS. 

lui  fut  commandé  un  tableau  représentant  Notre-Dame  d Amour, 
ainsi  que  la  sculpture  et  la  dorure  du  cadre  \  11  aurait  exécuté, 
parait-il,  toujours  pour  Saiiit-Géry,  tes  médaillons  qui  décoraient 
les  stalles  du  chœur*. 

Une  noie  curieuse  de  Gilis,  que  nous  avons  découverte,  nous 
apprend  qu'en  1739,  il  fit  pour  le  chœur  de  Téglise  Saint-Jacques, 
un  grand  tableau  représentant  ta  Transfiguration  de  Notre-Sei" 
gneur  Jésus-Christ  '.  Gilis,  comme  on  le  voit  par  tant  de  témoi- 
gnages, était  un  artiste  de  talent,  qui  obtint  une  renommée  asseï 
grande  dès  le  début  de  sa  carrière,  ce  qui  le  fit  souvent  préférera 
des  maîtres  fort  connus.  Ainsi  nous  voyons  comment  il  obtint,  en 
concurrence  avec  Antoine  Tater,  la  commande  de  travaux  pour 
lantique  association  de  Notre-Dame  du  Puy.  En  1728,  la  table 
d'autel  qui  servait  à  la  confrérie  venait  d'être  fort  embellie  et 
dorée,  mais  il  existait  dans  leur  chapelle  deux  niches  quMl  fallait 
orner.  Plusieurs  des  confrères  s'opposaient  à  toute  dépense; 
a  ...  enfin,  après  plusieurs  semblables  contestations,  il  fut  résolu 
d'appeller  Gillis,  estimé  très  habile  en  son  art  de  sculpture,  le 
marché  fut  fait  avec  luy  pour  en  faire  deux  bustes,  l'un  représen- 
tant Sainte  Victoire  et  l'autre  Sainte  Marguerite  avec  leurs  pied- 
destaux  pour  estre  mis  dans  les  niches  dont  il  est  parlé  cy-dessus, 
mais  Led.Sculteur  aiant  travaillé  quelque  tems,  quand  ce  fut  à  li 
reliirance,  ils  furent  rejettes  n'étant  convenables  en  aucune 
manière  aux  niches  et  aux  desseins  qu'on  luy  avoit  proposés  et  il 
fut  obligé  d'en  faire  d'autres...  »  Pendant  que  Gilis  se  remettait  à 
l'œuvre,  un  orfèvre,  nommé  Crétu,  rapporta  de  Rome  certaines 
reliques  qu'on  voulut  mettre  dans  les  bustes  commandés,  dont  il 
fallait  alors  changer  le  dessin.  Des  difficultés  ayant  été  laites  à 
'Cambrai,  au  sujet  de  l'authenticité  de  ces  reliques,  la  chose  resta 
en  état«  a  Les  deux  bustes  étant  faits  selon  les  premiers  dessins... 
furent  présentés  par  Gilis...  aux  confrères  le  3  d'octobre  Tan  1731 

snnt  la  parraitc  connoissance  de  rncss'*  les  curés,  pères  et  inar<{uilîer...  IH  I.  * 
Comptes  de  SaiiiMiéry,  1747-1748,  G.  2-477,  r»  36  ••. 

'  •  Payé  au  s'  Gilis  sculpteur,  la  somme  de  ceni  septante  deux  livres  seise  sols 
pour  le  tableau  et  sculpture  du  cadre  doré  de  Xotre  Dame  d  amour...  172  I.  Itf  s.  * 
Comptes  de  Saint-Géry,  1751-1752,  G.  2-481.  f  33  W. 

*  D'après  M.  Grar,  Antoine  Gilis,  Mémoires  de  la  Société  de  VaUneiem 
t.  WII,  p.  85.  Xous  n'avons  trouvé  jusqu'ici  aucune  preuve  de  ce  lait. 

'  Voir  Pièces  justificatives,  n"  IV. 


a 


AXTOlîME    CILIS.  "ilib 

et   furent   acceptés  de   tous   et  luy   fut   paie   53   écns   pour  sa 
façon'...  » 

Le  14f  mai  1744,  Louis  XV  arriva  à  l'abbaye  de  Cysoing*,  où  il 
séjourna  pendant  assez  longtemps.  Ses  armées,  à  leur  entrée  en 
campagne»  s'emparèrent  de  nombreuses  villes  dans  les  Flandres,  et, 
le  11  mai  1745,  le  Roi  gagna  la  célèbre  bataille  de  Fontenoy. 
Jaloux  de  conserver  les  bonnes  grâces  du  Iriomphatenr,  les  reli- 
gieux de  Cysoing  imaginèrent  d'élever  un  monument  en  souvenir 
de  ces  succès.  L*abbé  Laurent  de  Rocque  conçut  le  plan  d^une  pyra- 
mide commémorative  %  dont  on  posa  la  première  pierre  en  grande 
cérémonie,  le  3  septembre  1750.  Ce  monument  fut  placé  dans  le 
jardin  du  couvent,  au  centre  d*ane  étoile  à  huit  branches,  a  Les 
angles  rentrans  de  Tétoile,  présentent  huit  berceaux  de  charmille 
où  Ton  a  placé  des  groupes  de  sculpture  qui  font  allusion  auxprin- 
^l|ples  opérations  de  la  guerre  de  Flandre...  »  Ces  groupes,  est-il 
drt  en  OkOle,  sont  de  »...  M.  Gilis,  sculpteur  pensionné  de  Valen- 
ciennes»  éuez  connu  par  son  talent  décidé  pour  les  génies^  » . 


>  Histoire  de  la  chapêik  et  confrérie  de  N.-D.  du  Puy,  Mss.  i^92-629,  î°*  3L 
32,  32  v\  33  v^  35  et  36. 

'  Les  détails  que  Ton  va  lire  sont  tirés  d'un  petit  opuscule  très  rare,  édité  à 
Lille  en  1752,  chez  P. -S.  Lalau,  intitulé  :  Description  de  la  pyramide  élevée  à 
Li  gloire  du  Hoi,  dans  l'abbaye  des  chanoines  réguliers  de  Cysoing. 

'Cette  pymmiJe  existe  encore;  elle  csC  maintenant  la  propriété  du  départe- 
ment du  Xord,  seulement  les  groupes  de  Gilis  oui  été  détruits. 

*  Voici  la  description  complète  de  cette  œuvre  importante.  —  t  Première  allé*- 
gorie.  La  Force,  une  palme  à  la  main  droite,  s'appuye  de  Tautre  sur  la  based*une 
colonne,  le  Génie  qui  Taccompagne  y  fait  observer  ces  roots  :  Securitas  oraeMari" 
limae.  La  Flandre  maritime  mise  en  sûreté  par  les  premières  conquêtes  du  Roi. 
—  Deuxième  allégorie.  La  Flandre,  armée  d'une  pique  et  couronnée  de  tours, 
applaudit  à  la  modération  de  son  vainqueur.  Un  Génie  soutient  ù  ses  cAtés  les 
écussons  accollcs  de  France  et  de  Flandre  avec  ces  mots  :  Flandria  tota  Gallica. 

Troisième  allégorie.  Minerve  armée  de  la  lance  tient  une  couronne  murale  do 

la  main  droite.  Son  Ëgidc  est  portée  par  un  Génie  qui  montre  du  doigt  celte 
ioscription  :  Minerva  victrix.  — Quatrième  allégorie.  La  Victoire,  une  branche 
de  laurier  à  la  muin,  est  accompagnée  d'un  Génie  qui  tient  une  couronne  d'un  air 
enjoué  et  satisfait;  les  mots  qu'on  lit  sur  la  plinthe  :  Victoria  progrediens^  mar- 
quent l'heureux  progrès  des  armes  de  Su  Majesté.  — Cinquième  allégorie.  La 
Valeur,  le  casque  eu  tète,  s'appuie  sur  un  javelot.  Un  Génie  tient  à  ses  côtés 
-ïs  difTérens  attributs  avec  ces  mots  :  Virtus  Gallica,  —  Sixième  allégorie. 
fars  présente  fièrement  un  javelot  chargé  d'une  couronne  murale.  On  lit  ces 
nais  sur  un  bouclier  qu'un  Génie  tient  à  ses  pieds  :  Mars  expagnator,  —  Septième 
%llégorie.  La  Paix  tient  d'une  main  un  rameau  d'olivier  et  de  l'autre  un  flambeau 
lont  elle  brûle  un  monceau  d'armes.  Le  Génie  qui  Taccompagnc  y  jette  des  cas- 


l 


J 


706  AXTOINE    GILIS. 

Ce  serail  le  moment)  croyons-nous,  de  répéter  cetic  wérilé  mîîP 
autrefois  par  iM.  Fustel  de  Coulanges,  reproduite,  il  y  a  peu  de 
temps,  dans  une  de  nos  principales  revues  '  :  «  Cunx  qui  croient 
tout  savoir,  disait-il,  sont  bien  heureux,  ils  n'ont  pus  le  tourment 
du  chercheur.  Les  demi-vérités  les  contentent;  au  hcsûin,  h's 
phrases  vagues  les  satisfont...  Ils  sont  surs  d'eux-aièaies;  ils  mar- 
chent la  tète  haute;  ils  sont  des  maîtres  et  ils  sont  des  juges'.  ■>  A 
combien  d'historiens  ceci  ne  pourrait-il  s'appliquer  !  Ainsi  à  l  alen- 
ciennes  s'est-ou  extasié  jusqu'ici,  à  propos  de  la  ma^^nlfique  chairi^ 
de  vérité  provenant  de  Tabbaye  de  Saint-Jean,  qui,  nprés  h  Révo- 
lution, fut  d'abord  placée  à  Téglise  Saint-Géry,  puis -dans  c^lle  de 
fiaismes;  elle  a  toujours  été  considérée  comme  l'œuvre  de  Gilîs. 
Or,  sur  le  devant  de  la  cuve  de  celte  chaire,  on  peut  lire  la  date  île 
]Gî28;  Gilis  étant  né  en  1702,  il  est  facile  de  tirer  une  concluMon* 
On  cite  encore,  comme  étant  de  notre  sculpteur,  mais  toujaiin 
sans  preuve,  la  belle  «lalue  de  saint  Dominique  qui  ornait  le  par- 
loir du  couvent  de  ce  nom  *,  le  portrait  de  plusieurs  des  moines  de  cet 
ordre,  sous  l'habit  de  cardinaux,  à  la  manière  d'Hyactnlhe  Rigaull  *. 
Voulant  orner  le  devant  de  leur  maison,  ils  fîrcnt  exécuter  un 
magniGque  calvaire,  dont  les  figures,  de  grandeur  uatiirelle.  repré- 
sentaient :  la  Prière  de  Jésus-Chrisl  au  Jardin  d^s  Oliviers^  ft 
Flagellation,  sou  Couronnement,  le  Portement  de  sa  trotjr  et  sa 
Mort.  Celte  œuvre  d*art  remarquable  fut  détruite  lors  de  la  veaïp 
des  biens  de  ces  religieux,  malgré  les  louables  efforts  d'une  soci^^lé 
de  la  ville,  dite  des  Amis  de  la  Constitution^.  Il  aurait  eafin 

qiics  et  des  boucliers.  Oii  lit  sur  la  piothe  :  Pax  augusta,  —  HuitÎL-me  atL'î{ori«. 
Jupiter  élciid  un  bouclier  sur  les  écussons  de  Cysoing  qu'un  Génie  lui  pr€»«Die. 
Les  mots  qu*on  lit  sur  la  pintlie  :  Jupiter  consercaf or,  signiliuiU  que  U  injii«(ii»4r 
Cysoing  doit  sa  conservation  à  la  proleciîou  de  Sa  Mujeslë. 

'  F.  GuiRAi  I),  Uœuvre  historique  de  Fustel  de  Coulanges.  {Rtvue  des  /Met 
Mondes,  1896.  t.  Il,  p.  72.) 

^  Cette  chaire  se  trouve  reproduite,  avec  une  notice,  dans  retceFlf'nt  ntÈxn^t 
de  Mgr  Dkhaisnr,  te  Nord  monumental  et  artistique,  LilLi*,  t^D7,  p.  Ifi^f 
pi.  LXXV. 

'  Le  couvent,  l'église  Saint-Paul  et  les  dépendailùes  dcfi  relrgîent  de  :^aia^- 
Dominique  se  trouvaient  n***  6  et  8,  rue  d'Oultreman,  et  3,  rue  ile«  FoaJaBi  ^ 
Grar,  a.  Gilis,  p.  85. 

*  Hkcart,  Biographie  valenciennoise ,  p.  14. 

*  1791  (12  mars).  «  A  été  fait  lecture  d'une  requôlc  de  la  Sticiëté  tic»  m 
la  Constitution  de  cett(*  ville,  tendant  à  faire  acheter  aux  fraU  de  la  camnifii 
Calmiredcs  Dominicains  de  cette  dite  ville  pour  ôtre  transféré  a  lel  emlrc' 


Ai\T01XE    CILIS.  loi 

sculpté  la  cliaii*e  de  vérité  de  Téglise  des  Récotlels  (Saiiit-Géry 
actuelle),  aujourd'hui  remplacée  par  une  autre  provenant  de 
Tabbaye  de  Saint-Gliislain  '. 

Nous  avons  été  assez  heureux,  en  rédigeant  Tinventaire  des 
Archives  de  Condé*,  de  trouver  plusieurs  documents  curieux  et 
inédits  qui  nous  permettent  d'attribuer  à  Antoine  Gilis  plusieurs 
travaux  importants  dans  Téglise  de  cette  ville.  En  1750,  celle-ci 
menaçait  ruine;  grâce  au  duc  de  Croy,  seigneur  et  protecteur  de  la 
ville,  on  obtint  d'en  faire  la  reconstruction,  qui  dura  pour  le  gros 
œuvre  jusqu'en  1755.  Les  plans  furent  fournis  parle  frère  Louis, 
carme  déchaussé  de  Valenciennes  :  on  Gt  appel  pour  Torner  au 
talent  de  Gilis,  qui  se  mita  Tœuvre  après  avoir  passé  marché  avec 
le  magistrat  en  1753,  lé  5  octobre.  Les  travaux  qu'il  exécuta 
furent  les  suivants  :  les  moulures  du  plafond,  le  dessin  et  la 
sculpture  de  trois  autels  en  pierre  blanche,  un  tabernacle  pour 
lequel  il  reçut  800  florins,  la  perspective  qui  servait  de  fond  an 
grand  autel,  enfin,  et  c'est  la  seule  œuvre  qui  reste,  les  cariatides, 
soutenant  le  jubé*.  Ce  sont  deux  pilastres  à  gaine  surmontés  de 

trouvera  convenir  au  cas  qu'on  vende  tout  le  bien  appartenant  auxd.  Dominicains,  t 
A  Délibéré  y  avoir  égard,  t  Registre  des  délibérations  de  la  municipalité.  D.  1-tO, 
(•  253  v". 

'  Grar,  loc,  cit.,  p.  85. 

'  M.  HiÎNAULT,  Ville  de  Condé-sur-EscanL  Inventaire  sommaire  des  arciiives 
communales  antérieures  à  1790.  Lille,  1897,  avec  une  Notice  historique. 

'  c  Audit  S'  (Gilis)  pour  avoir  Tait  tous  les  moulles  sculptés  pour  les  plafond.n  de 
l'église,  pour  avoir  fait  la  gloire  du  chœur,  dessiné  et  sculpté  les  trois  autels  de 
pierre  blanche,  fait  un  tabernacle  en  bois  uni,  en  attendant  que  l'autre  soit  fait 
et  plusieurs  autres  ouvrages...  427  fl.  4  p.  t  Comptes  de  la  reconstruction  do 
l'église  1750-1757.  Archives  de  Condé  1)D.  23,  f'»  34. 

«  Au  s'  Gilis,  m'  sculleur  demeurant  à  Valenciennes,  pour  les  scultiires  qu'il  n 
faites  à  la  ditte  église,  conformément  à  son  marche  fait  avec  M'*  du  Afagistrat,  le 
5  S^  1753...  264  fl.  .  Id.,  DD.  23,  f°  34. 

1764(19  7'^').  «  Le  si*  Deltombe...  payera  au  s'  Gilis  ûls,  la  somme  de  cent 
vingt  florins  à  compte  que  son  père  a  exécuté  pour  la  reconstruction  de  l'église 
paroissialle...  *  Id.,  DD.  23,  pièce. 

1764  (9  8**'^).  •  Le  si*  Deltombe...  payera  au  s**  Gilis  fils,  la  somme  de  deus  cent 
quarante  florins,  à  compte  des  ouvrages  et  livrances  que  son  père  a  fait  pour  le 
jubé  et  le  tabernacle  de  la  nouvelle  église  paroissialle...  s  Id.^  DD.  23,  pièce. 

1759  (18  9***).  «  Le  s'  Deltombe...  payera  uu  s'  Lecreux,  ouvrier  du  s*^  Gilis, 
'-  somme  de  dix-neuf  florins   quatre   pntars  à   compte  des  ouvrages  que  led. 

Gilis,  m*  sculpteur  a  fait  pour  la  paroisse  de  cette  d"  ville...  «  /</.,  DD.  23, 
èce. 

1760  (7  août),   f  Le  s'  Gilis,  sculpteur  a  fourni  un  tabernacle  que  sa  maladie  a 


h 


•758  ANTOINE    CILIS. 

deux  anges  plus  grands  que  nature.  On  ne  voit  que  U  partie  supé-^ 
rieure  de  leur  corps,  les  bras  élevés  au-dessus  de  ]a  lèle  sotitirn^ 
nent  le  plancher  de  Torgue,  les  ailes  sont  éployées.  Des  guirlandt'j 
de  roses  formant  fronton  réunissent  ces  deux  figures;  rexéculÎM 
en  est  remarquable.  Ces  travaux  donnèrent  lieu,  avant  délre  ter- 
minés, à  des  contestations  dont  nous  trouvons  la  preuve  dans  une 
lettre  intéressante  de  Gilis  '. 

2.  Travaux  à  Tournai/, 

Les  œuvres  que  nous  connaissons  de  Gilis  et  qu'il  i.*xécula  pen- 
dant son  séjour  à  Tournay,  sont  de  deux  sortes  :  celles  que  lai 
demandèrent  les  couvents  ou  églises,  puis  ses  modèles  pour  h 
manufacture  de  porcelaine. 

En  ce  qui  concerne  les  travaux  de  Tartiste,  dans  Tancienne  capi- 
tale des  Nerviens,  nous  n*avons  pu  voir  ni  ses  iiiïirchés,  ni  corn- 
.puiser  les  livres  de  comptes,  à  cause  du  manque  de  temps,  d'abord, 
et,  ensuite,  de  la  difficulté  de  trouver  ces  documeuts,  qui,  s'ib 
existent,  reposent  dans  les  archives  non  classées  et  peu  accesâibles 
de  Tévèché.  Nous  avons  donc  dû  nous  servir  des  publications  des 
historiens  d'art  de  Tournay.  L'une  des  plus  précieuses,  qui  servît 
de  guide  aux  auteurs  postérieurs,  est  le  long  article  qui  parut  en 
1775,  dans  le  calendrier  de  cetie  ville,  sous  ce  titre  :  Description 
clés  meilleures  peintures  et  sculptures  qui  se  trouvent  dans  les 
églises  de  cette  ville  r> .  L'auteur,  demeuré  anonyme,  est  un  con- 
temporain de  Gilis;  nous  pouvons  donc,  croyons-nous,  ajouter  foi 
à  son  récit. 


empêché  de  venir  placer  et  doit  coûter  avec  ses  ornemens.,,  WO  û.  >   Id.^  W 
23,  pièce. 

1760  (7  août).  Il  est  dû  aud.  s'  Gilis,  tant  pour  sculpture  pxêculéc  qii«  p^at 
achever  les  caryatides  qui  supportent  le  jubé,  environ  ^0  Û.  ■  Id.,  DU.  Î3« 
pièce. 

1761  (25  9**").  t  Le  s'  Dehombe...  payera  au  s'  Gilis  m*  scnlpieiir,  1b  sommi 
de  quatre  cent  florins  a  compte  des  ouvrages  qu*il  exécutte  Lunt  yumv  la.  lulrsnct 
d'un  tabernacle  en  sculpture,  que  pour  les  termes  et  ornemenis  des  .iimiieab  cl 
du  dessous  du  jubé  de  lu  nouvelle  é<^lise  paroissialle...  *  Id,^  IllK  ftl^^  pièce. 

1765.  a  Aux  Sieurs  Gclis  et  Allarl...  acompte  des  ouvrat^es  tjii'il*  mu  eir-**'- 
tant  au  tabernacle  du  grand  autel,  que  pour  les  pilastres  à  gaitm  du  jubc  iL  U 
spective  du  fond  du  grand  autel...  804  fl.  8  p.  ■  id.,  DD.  2p),  caljier. 

•  Voir  Pièces  jusliûcalives,  n"  V. 


ANTOI\K    CtLlS;  '  "làO 


3.  Travaux  pour  les  couvait  s  et  les  ét/lises. 

Vers  le  milieu  de  la  nef  de  Ta  rutliédral^,  à  dioile,  se  Irouve  ta 
chaire  de  vérilé.  Au  pied  sont  represcnléeis  Us  trois  vertus  tliéolo- 
«jales,  la  Foi»  TEspéraiice  el  h  Charité,  aous  la  figure  de  troît 
femmes  accompagnées  des  embléuios  onlînaires;  auprès  de  la 
Charité  sont  des  petits  enfants  (ju'elle  accueille,  La  pose  est  un  peu  I 

maniérée,  cependant  on  y  reconnaît  la  main  d'un  urliste  linhile.  | 

Un  palmier  supporte  la  cuve;  Talmt-voix  hg  compose  d'une  dra-  j 

perie  soulevée  par  des  anges  sonnant  de  la  trompelle.  I^es  sujets,  I 

seuls,  sont  de  Gilis;  les  ornements  accessoires  sont  des  frères  j 

Coliers,  habiles  artistes  décorateurs  tournésiens  \  | 

Dans  l'église  Saint-Marc,  l'on  voyait  de  notre  artiste  unemagnî- 
fique  gloire  sculptée  renfermant  un  saint  Augustin  ';  â  Tâhliaye  de 
Saint-Uartin,  la  statue  en  bois  de  ce  saint  rt  celle  de  saint  Eloi,  autre* 
fois  placées  à  Tentrée  du  chœur*;  enOu,  à  régtise  du  couvent  de 
•Saint-André,  une  statue  de  saint  Joi^cph^.  D'après  M.  Itei  nier,  on  doit 
aussi  attribuera  Gilis  le  buste  A\in  ange  gardien  ptacé  acluellenieut 
dans  Téglise  d'Angres,  commune  de  rarrondtâscnieut  de  Mons^. 

Travaux  pour  la  manufacture  de  porcelaines,  —  On  sait  i]ae 
c'est  appelé  par  le  directeur  de  cet  établissement,  le  sieur  Pétc- 
rinck,  que  Gilis  vint  à  Tournay.  Dès  f|u'il  fut  fixé  dans  celte  ville, 
il  exécuta  plusieurs  modèles  qui  fureul  maintes  fois  reprodaîtsA. 

Les  principaux  travaux  que  Ton  peut  lui  attribuer  £ont,  d'après 
Térudit  collectionneur  et  chen-lieur  M.  E,  SoîM  :  la  statue  de 
sainte  Thérèse,  saint  Antoine  tte  Padotie  et  le  buste  de  S.  A.  R.  le 
prince  Charles  de  Lorraine,  gouvernoiir  des  E^ayÂ-llaïi. 

Nous  empruntons  à  M.  Soil  In  dci^cription  de  ces  trois  œuvres 

*  Calendrier  de  Tournay,  1775,  ^i.  (K  —  Roy.iÈnKs,  Ttmrnmj  tincien  et  mo^ 
deme^  l.  II,  p.  382.  —Le  Maistrr  n'A.vïîiAïsa,  Rtcheickts sur Vkhtmrttt i'ar' 
chitecture  de  f  église  cathédrale  de  X.-IJ.  de  Tournay^  î.  I,  p.  ;î5Ï. 

*  Calendrier  de  Tournay,  1775,  (i.  19.  —  Clocqlbt,  Etudesiur  fûHû  Tour^ 
nay.  Mémoires  de  la  Société,  t.  XX.  \u  210 -îll, 

»  Ibid, 

^Clooukt,  ibid.,  p.  210-211. 

*  Th.  Brrn'Ibr,  Dictionnaire  biofjraphique  du  Hainaut^  iHlitiuu  d*?  I87Ï, 
[>.  89. 

®  E.  Soil,  Recherches  sur  les  anciennes  pùrcêtmnes  de  T&urnay,  Mémoires  de 
ia  Société  de  cette  ville,  t.  XVIII,  p.  IM^  âH7,  'im,  |i|.  \VL 


1 


760  ANTOINE    GILIS. 

d^art  :  N'*  368,  statue  de  sainte  Thérèse.  La  sainte  portant  le  costume 
des  Carmélites  est  debout,  les  mains  ramenéessur  la  poitrine»  la  tète 
légèrement  rejetée  en  arrière  ;  elle  regarde  les  cieux,  où  elle  semble 
s'élever.  Le  mouvement  est  superbe,  les  draperies  admirablement 
étudiées.  Le  piédestal  est  formé  de  nuages  sur  lesquels  se  défacheat 
de  jolies  tètes  d*anges.  En  biscuit,  pas  de  marque...  Elle  deiait  avoir 
en  cru  cinq  pieds  trois  quarts  de  hauteur  réduits  à  cinq  pieds  après 
la  cuisson.  Péterinck  envoya  au  comte  de  Cobenzl,  à  Bruxelles,  une 
réduction  en  biscuit  de  cette  statue.  Il  en  reçut  la  réponse  que  voici  : 
«  La  sainte  Thérèse  m*est  bien  parvenue,  je  l'ai  examinée,  je  la  trouve 
bien.  Vous  pouvez  continuer  Tautre  pièce  suivant  ce  modèle;  mais 
il  s'entend  que  le  glacis  n*y  soit  point  oublié,  et  je  souhaite  que  voos 
puissiez  Tacbever  le  plus  tôt  possible  tant  pour  moi  que  pour  le 
bien  que  je  compte  qu'il  en  résultera  pour  le  bien  de  votre  fabri- 
que. Je  suis,  etc.  Bruxelles,  16  juillet  1756.  «  Péterinck  porta 
lui-même  la  statue  à  Bruxelles  vers  la  fin  de  décembre  1756.  On 
en  fit  plusieurs  exemplaires,  comme  on  peut  le  voir  par  la  corres- 
pondance... Hauteur  de  la  statue,  1",  35;  hauteur  totale,  ]*,75'. 

N*"  370.  Saint  Antoine  de  Padoue,  patron  de  la  fabrique,  statuette. 
Il  porte  sur  le  bras  gauche  TEnfant  Jésus  qui  du  doigt  lui  montre  le 
ciel;  le  saint  n'est  vêtu  que  d'un  froc  collant,  sa  figure  exprime  la  con- 
templation et  une  profonde  béatitude. OEuvre  véritablement  artistique 
attribuée  èGilis  père.  Statuette  émaillée  en  blanc,  pas  de  marque*. 

N°  374.  Buste  de  S.  A.  K.  le  prince  Charles  de  Lorraine,  gou- 
verneur des  Pays-Bas.  Œuvre  d'Antoine  Gilis  modelée  en  1756;  il 
fut  livré  vers  la  fin  de  cette  même  année  '. 

Maurice  Henault, 

Archiviste  de  la  ville  de  Valeacieoiies, 
correspondant  du  Comité  des  Sociél^ 
des  Beaux- Arts  des  départements,  A 
Valencienoes. 

'  Archives  de  Tournay.  Registres  des  consaulx,  vol.  267,  fol.  265.  —  Archives 
du  royaume,  correspondance  du  comte  de  Cobenzl.  —  M.  Soit  possède  un  exem- 
plaire de  ceUe  statue,  dont  il  donne  une  reproduction  dans  son  ouvrage  (pi.  XVI). 
Il  ajoute  qu'une  réduction  de  ce  modèle  fut  imitée  grossièrement  au  commeace- 
ment  de  ce  siècle. 

*  Hauteur  0™,23.  —  M.  le  comte  de  Nédonchel  en  possède  un  cxemplai 
château  de  Boussu. 

^  Il  en  est  parlé  dans  la  correspondance  du  comte  de  Gobenit  avec  Pcteri 


AÎVTOIAE    GIMS,  1«| 


IMÊCES  JISTIFIC/ITIIKS 


V  I. 

Ej^irait  dti  regUlres  paroUtiaux  déposés  aux  Archives  de  Vèial  ciml 
de  la  ville  de  [yole  (Jura) . 

(!)  (701(7jmn). 

^  Antainc-Prnnç;oïs  Uh  de  Frarii;oiâ  Gilîs,  et  de  Harhe  Dauld,  a  é\è 
baplrsé  Je  sept  juin,  ses  parrain  et  marraîne  furent  noble  Anioine-Josepli 
Flonmondf  et  d^'*  i\laryue rite-Françoise  JanloL 

Sifjiîé  :  Fj.oniirox»  cl  KonaE,  vieaire,  » 
Pour  extrait  conforme  délit  ré  en  mairie  à  Dole 
le  f  ijaniier  1898^  sur  papier  libre,  pour  service  administratif 

P,  le  Maire. 
Le  l'-^adjt., 
PrixoT, 

(î)  1700  (3  octobre), 

II  Vnn  mil  sept  cens  le  troîzi*îmé  jour  du  mois  d'octobre  je  M,  A.  Va- 
nop^lol  pré  vicaire  de  S^  Jacques  ù  Vnlenrtenne»  sousîj^né  ai  baptiââ  la 
fille  née  le  deuxième  dudit  mois  en  iéjjlUme  mariage  du  s'  Xirolas  Ftével 
iimilre  dfi  postes  et  de  Catherine  Bprnaixl  Delienîn  ses  père  l»1  mère 
habitant  de  cette  paroisse  à  laquelle  on  a  impoié  le  uoin  de  Jeauue- 
Retne,  le  parain  a  été  Nicolas  David,  Au<|usLin  Fièt'et  au  nom  dus**  Jean* 
Antoine  llouhet  la  maraîne  Reine  Uel'royp  Oondu. 

K.  FrÈVKT,  Xifolûs  FiévET- 

Reine  RËtftov  lio^iDll.  ^ 
(PifoliK*  SiiDt-Jftcques.  —  R«gtflf«  14a  ) 

Pour  copie  certifiée  eonforme, 
L'arcbiviâte^ 
W.    HÉX/ltîLT, 

(3)  MU  (8  janvier). 

4  L'an  mil  sept  cent  trente  trois  le  8  janvier  après  la  publicaiion  de 

trois  bans  de  Mariage  faite  à  la  messe  paroissiale  par  de  us  feslps  el  \m\ 

dimanche  entre  Antoijie  Oilis  (Ils  de  feu  François  et  de  Bptrbe  Iltiu  dt*  la 

croisse  de  S*  Gery  d*urie  part  et  entre  Reine  Fièvre  fille  de  feu  \icolas  et 

e  Catherine  Bernard  Dehaynin   de    Tautrc  part    de  erttc  paroisse   de 

"■  Jacques  vcu   le  conj  tu  le  me  ut  de  M*    Herbccq   curé  de    S^   Gtiry  je 


162  ANTOINE    GILIS. 

M*  Adrien  Courbet  curé  doien  de  celle  paroisse  de  S*  Jacques  soussigné  ai 
reçu  deux  la  promesse  et  consentement  de  Mariage  leur  ai  donné  la 
bénédiction  nuptiale,  fait  les  cérémonies  accoutumées  de  TÉglise  el 
célébré  ledit  mariage  en  présence  du  S'^  François  Dumont  et  du  S'  Jean- 
Baptiste  .Gobau  lesquels  ont  signé* avec  moi. 

Antoine  Gius.  Le  Glergq  de  Pujol? 
Reine  Fiévet.  Drhkixlv. 

Bruier  Waroquet.  J.*J.  Goimu. 

Reine  Reffroy  Boxdu.  Courret. 

DaGL'IN    PE   MOXTILLEII..    » 
(Paroiue  s tiot- Jacques.  — Regittrc  142.) 

Pour  copie  certifiée  conforme, 
L*nrchiviste, 

M.    HÉNAILT. 

(4)  1741  (11  T^). 

tt  L*an  1741  le  11"  7^^  fut  inhumée  dans  Téglise  (de  la  chaussée)  au 
2"  état  et  le  12  le  seriuce  de  Reine  Ficvez  épouse  de  Gel isse  peintre  rue  de 
Cambray  âgée  de  41  ans  morte  le  11*  à  2  heures  du  malin,  furent 
présens  ledit  Gelisse  et  le  s'  Jacques  Chauvin  marchand  de  celte 
paroisse. 

Antoine  Gilis. 
Daguix,  curé.  Chauvin.  » 

(Etat  civil.  —  Paroisse  Notre-Dame  de  la  Chaosu^c.  —  Registre  S29.) 

Pour  copie  certifiée  conforme. 
L'archiviste, 
M.  Hénault. 

(5)  1696  (1  7''"). 

«  L'an  mil  six  cent  quattre  vingt*dix-sept  le  premier  du  mois  de  sep- 
tembre M'  A.  Vanopslal  vicair  de  cette  paroisse  ds  S'  Jacq.  de  4a  ville  de 
Vallen.  soubsigné  a  bapzé  la  fille  née  led.  jour  en  légitime  mariage  de 
Anthoine  La  Rose  et  de  \Iarie-Calherine  Caufouria  ses  père  et  mère, 
habitants  de  la  paroisse  h  laquelle  on  at  imposé  le  nom  de  Chreslienne, 
le  parin  Philibert  Coursin  et  la  marine  Chresticnne  Leurat. 

A  VAN  Opstal,  vie,  \Iarcq.  Chreslicne  Leurat.  « 

du  R  parin. 

(Paroisse  Saiot-Jacqucs.  —  Registre  l^i.) 

Pour  copie  certifiée  confia 
L'archiviste, 

♦      M.    IlÉNAlîLT. 


AXTOINE    GILIS.  163 

(6)  1743  (6  juin). 

«  L*an  mil  sept  cens  quarante  trois  le  six  juin  après  la  publication 
d'un  ban  de  mariage  faite  à  la  messe  paroissialle  de  la  paroisse  de 
S*  Jacques  à  Valenciennes  entre  Antoine-François  Gilis  flgé  de  quarante 
un  an  veuf  de  Reine  Fiévez  de  la  paroisse  de  Notre  Dame  de  la  Chaussée 
d*nne  part  et  entre  Christine  Larose  âgée  de  quarante  quatre  ans  veuve 
d*Antoine  Dutrieux  de  la  susditte  paroisse  de  S*  Jacques  d*aulre  part  vu 
la  dispense  de  deux  bans  en  datte  du  quatre  juin  signée  Le  Clercq  vie. 
gén.  du  diocèse  d'Arras  vu  aussi  la  dispense  de  deux  bans  en  datte  du 
trois  juin  signée  Bernard  vie.  gén.  du  diocèse  de  Cambray,  vu  la  publi- 
cation d'un  ban  et  la  permission  du  s'  Daguin  curé  de  la  ditte  paroisse 
de  Notre  Dame  de  la  Chaussée  audit  Valenciennes  Je  Adrien  Courbet 
curé  de  la  ditte  paroisse  de  S'  Jacques  et  doien  de  Chrétienté  soussigné 
ai  reçu  d*eux  les  promesse  et  consentement  de  Mariage,  leur  ai  donné  la 
bénédiction  nuptiale,  fait  les  cérémonies  accoutumées  de  notre  mère  la 
sainte  église  et  célébré  ledit  Mariage*  en  présence  de  maitre  Vincent 
Courbet  curé  de  S*  Vast  en  haut  de  François-Marie  Breydel  d'Ignace* 
Jean  Brejdel  tous  deux  pintre  de  la  ditte  paroisse  de  Notre  Dame  de  la 
Chaussée  et  de  Mad"*  Margueritte  Grenier  de  la  ditte  paroisse  de  S*  Jac- 
ques lesquels  ont  signé  avec  moi  à  Anzin  lesdits  jour  moi  et  an  que 
dessus. 

Antoine-François  Gilis. 

Christine  Larosb. 

Fran«  M"  Breydkl. 

Ignatius-Joannes  Breyurl.  Colrrkt  curé  ^t  doien. 

Marguerite  Grkxier.  de  S^  Jacques.  » 

V.  CotRBET,  curé. 

(Etat  civil.  —  Paroitse  Stint*Jacqucs.  —  Registre  150.) 

Pour  copie  certifiée  conforme. 
L'archiviste, 

M.  Héxault. 

(7)  1775  (16  mai). 

tt  Die  décima  sexlo  maii  1775,  Sepulta  est  in  cocmeteris  Cbrislina 
Larose  pridiedefunctaannos  81  (il  faut  lire  78)  nnta  sacramenlis  munila, 
uxor  Antonii  Gilis.  « 

(État  civil  de  la  ville  de  Toiirnay.  —  Paroisse  Xolre-Dame.  —  Re({istre  224.  p.  110.) 

Pour  copie  certifiée  conforme, 
L^irchtvistc, 

M.  Hé.\ault. 


764  AXTOINE    GILIS. 

(8)  1781  (16  9»'r''). 

Le  seize  (9^'*)  à  2  heures  après-midi  est  décédé  Antoine  Gîlis  né  à 
Dôle  en  Franche-Comté,  veuf  en  premières  noces  de  Reine  Fiévct  et  en 
secondes  de  Catherine  La  Rose,  Agé  de  79  ans,  inhumé  le  17. 

A.  F.  HovixE,  curé.  » 

(Etat  civil  de  la  fille  de  Tournay.  —  Paroisse  Saint-Brice.  —  Registre  28,  p.  262.) 

Poiw  copie  certifiée  conforme. 
L'archiviste, 
M.  Héxal'lt, 

No  2. 

(1)  1736  (12  x»»"). 

«  L'an  1736  le  12  de  décembre  fut  baptisée  Marîe-Al berline  Josepb 
née  le  même  jour  à  deux  heures  et  demie  aprè  mydi  tille  légitime  du  siear 
Antoine  Gilis  raaitre  sculpteur  et  de  Reinne  Fiévet  son  époux  légitime 
tous  deux  de  cette  paroisse  fut  parein  monsieur  Philippe-François-Joseph 
Lplon  mareinne  mademoiselle  Marie-Anne-Albertiue  Lamoralle  tous  deox 
de  la  paroisse  de  S*  Nicolas  le  père  présent  lequel  a  signé  de  ce  înierpellée. 

Antoine  Gius.  M.  A.  Lamoral. 

(Marcq)  Philippe-François- Jospph  Lelon. 
P.  Daguik  curé  de  N.-D.  la  Chaussée.  » 

(Etat  civil.  —  Paroisse  Noire-Dame  de  la  Cliaussëe.  —  Registre  228). 

Pour  copie  ceriifUe  conforme. 
L'archiviste, 

M.  Hkxailt. 

(2)  1738  (28  février). 

tt  L'an  1738  le  28''  février  fut  baptisée  Marie-Heleine  Joseph  née  le 
môme  jour  à  11  heures  du  malin  fille  légitime  du  S'  Antoine  Gilis  sculp- 
teur et  de  Reine  Fievet  son  épouse  de  cette  paroisse  fut  Parein  monsieur 
Jean-François  Dubois  Ancien  Echevln  de  celte  ville  de  la  paroisse  de 
de  S'  Géry  et  Mareine  D""  Marie-Héleine  Claro  de  cette  Paroisse  Le  Père 
présent. 

Antoine  GiMS. 
Marie-Hcléne-îoseph  Claro.  J.-F.  Di;bois.  P.  Daglix,  curé.  • 

(Etat  civil.  Paroisse  Noire-Dame  de  la  Cliaussëe.  Rc^stre  228.) 

Pour  copie  certifiée  con/^ 
L'archiviste^ 
M.  Hkkailt. 


ANTOtlSS    GELI^,  fit 

u  Lf*  27  dôcemlite  17HK,  41 1  son  ;i{-le  Hn  dé^^s  Jean-Mrchi^l  Gillis  tmlif 
(te  VûlcEicienne^  paroiââe  de  la  Clinirsicc. ..  Age  de  5t1  ans,  dikV^dè  hier 
fut  inliumé  dmis  le  ctinetiérc  do  (Froid mûnL)  cette  ^^«Itise  *  en  prL'senee  de 
J.-B.  Pu-monl  et  d'Ambroîae  Piémont.  » 


i 
\ 


«  Sur  requelte  préscnléc  ^  mes^^*^  du  mntjtstrat  de  la  lîlle  de  ValerK 
par  Antoine  Gilles,  ni^  sciilpleitr  en  Cûtte  fille  contenant  qu^a^nnt  prit  i^es 
principes  tant  pour  le  desïiein  que  pour  In  peinlure  en  Ja  ville  d'Anvens 
ci  dana  plusieurs  antres  endroils  il  nvoit  ensuîtte  continua'  de  s*y  appli- 
quer avec  assiduité  depuis  son  t^tabUssement  en  celle  ville  chc2  plnsienrs 
tnaislres  peintres  de  cette  ville  et  n'nyant  point  cru  en  faire  prollt  il 
aitrojt  ohini^  de  se  mettre  en  aprenlis^uge  cependant  iL  reconnoUsoit  plus 
que  jamais  le  bcsotn  dana  lequel  11  éloîC  de  faire  uisa^e  de  lad.  peinture 
tant  à  cause  de  ces.,,  ouvrages  qu'il  luy  convenoit  fuire  chez  luy  pour 
l'utilité  du  pubficq  consistant  en  des  petits  personnages  de  terre  et  autres 
lesquels  pour  plus  i^rand  ornement  deiioienl  tïtre  habillés  de  difrérentes 
couleurs  ce  qui  pou  roi  t  ren^^rtf^er  à  es  suie  r  plusieurs  diflieulLés  avec  les 
maiires  de  Vnvl  des  peintres  de  cette  ville  en  ce  qu'ils  pouroient  soutenir, 
que  n'étant  point  maître  pintre,  il  ne  luy  ètoit  point  permis  de  faire 
pareils  ouvrûf^es  que  les  débats  et  cantesLatious  pf>uroluut  Ten^ager  en 
plusieurs  diffcreus  et  procès  qui,  n'ayant  rien  que  d'odieux,  luy  serotent 
de  plus  préjudiciables  comme  n'hélant  point  en  état  de  soutenir  pareilles 
contestations  contre  tout  un  corps,  parlant  ayont  iulêresL  d'éviter  sa 
perte  et  ruine  ri  Jui  esloit  préférable  de  requérir  et  demander  son  chef 
d^œuvre  de  peintre,  mais  ne  pouvant  le  faire  comme  n'ayant  point  fait 
d'aprentissage,  car  si  quil  uvoit  recours  à  niesd.  sieurs  h  ce  quil  leur  plul 
en  dispensant  le  su  pliant  «ïussi  de  ses  aprentissai^es  ainsy  que  plusieurs 
autres  maitres  modernes  l'avoienl  clé,  ordonner  quil  seroit  admis  h  faire 
sond,  chef  dVuvre  de  maitre  pintre  parnry  l'offre  qu'il  faisnit  de  pa^or 
ics  droits  dus  pour  cet  effet,  pris;  é^anl  qu'étant  maistrc  sculpteur  depuî.^ 
di^  ans  et  plus  il  fuisoit  nombre  ea  .^a  branche  des  sculpteurs  et  maîtres 
peintres  de  cette  ville  qualité  que  les  maitres  peintres  étranj^ers  qui 
auoientété  admis  n'auoîent  point  larsqu'iU  auuît'nl  été  dispensez  de  leurs 


^  \'iiyBnt  pu  nou5  procurer  cet  acte  morluflirc,  nous  reproduirons  ici  i-c  qnVft 
e  \\,  (laAn  dnus  ^an  Etude  sur  Giih,  Hrptte  dé  l'aUthn^nn^s^  t.  WtJ,  p.  8'#, 
.  I.  \l\,  p  491. 


76« 


AXTOINE    GILIS. 


ï^ 


npprenlîss^gies  quoy  faisant  clc...  Sur  laquelle  rD^juetle  pnr  nppoâliïl^  du 
trente  avril  173\  auroit  été  ordonné  que  le  corps  des  ptnlres  seroîlapr^s 
demain  neuf  heures  <H»  malin  entendu  en  seemance  pnrd^  \e&  s"*  oif^cbeuins 
comis  au  mois  et  greffier  cîvîL  Ucsd.  sieurs  ven  lad,  re^juctle  otry  le  corps 
des  pintres  en  seemance  lesquels  osa  liMS  consenlîs  nu  requis  ont  dispensa 
et  dispensent  le  supliant  de  ses  aprentissajpft^  Qrdoniieni  vn  con.^équence 
aux  connétables  et  maistres  desd.  peintres  de  fe  nmmir  à  cher-d*œutr« 
et  mallris^  en  payant  par  luy  les  droits  ordinaires  ei  c#  svu  préjudice 
aux  chartes  M  sans  tirer  à  conséquence. 

Fait  et  dispensé  eh  jugement  à  Valen.  &  la  scemotice  ^t  conjuremeaiÉi 
s'  Walier  lieutenant  préuost  le  comte  le  douze  niay  mil  &epl  cent  (r«nle- 
trois.  n 

(Registre  des  autorisations.  F.  165.  F*  li8.) 

Pour  copie  certifiée  confirme. 
l/archifîsta. 


■      \»  4. 

tt  Je  soupsigné  destre  convenue  avec  Messieurs  Les  Père  de  Glisc  de 
S*  Jaque  pour  Le  tablaux  du  Cœur  représentant  La  traivsfii/uralion  de 
noslre  Seigneur  pour  le  prix  de  soisante  Esceue  siri!;  prrjudic^  à  In  cou- 
vantion  que  j*ay  fait  avec  Madamme  La  Barone  de  UVirden  Laquel  esL  df 
quatre  vingt  Ësceue  orfrant  de  remettre  Les  Soisfinlc  Esceue  au&  dit  Péri 
Lorceque  Le  Payement  sera  fait  de  La  ditte  Damnie,  dont  je  suis  corne- 
nue  que  Lesdils  Père  me  donneront  de  ce  jour  Mutgl  Esceu  et  Lorci*i]Q0 
Ledit  tablaux  sera  fini  autres  vingt  Esceue  et  fi  tuile  ment  vîn^t  autres  un 
an  après  fait  à  Valencinnes  ce  4  octobre  1739.  n 

(Archives.  —  Fonds  non  classe.) 

^  Pour  copie  certifiée  confirmé. 
L\irchivïslef 


N«  5. 

De  Tûomaf ,  le  3  ...  1T61 

Monsieur, 

Je  me  donne  Thonneur  de  vous  réitérer  de  mes  trt*^  humbles  dei» 
et  de  vous  dire  Monsieur  que  je  suis  surpris  que  vous  aype  dit  à  mon 
que  je  demandait  neuf  cent  livres  de  france  pour  le  tabernacle  ce  qyi 


PIERRE    PLGET.  167 

ioatoposée  à  mes  sentiment  puisque  le  tabernacle  a  Estée  fait  chez  moy 
daulieux  que  la  plus  grande  partie  du  desnus  de  Lorgue  a  du  se  faire  à 
Condée  et  en  place  ou  gay  deub  me  nourir  moy  et  mes  ouvrîe  à  Loberge, 
vous  sanlée  bien  Monsieur  que  cela  mest  devenue  for  frayieux  ses  depance, 
joint  au  plâtre  et  autres  matières  et  frais  néssaissaire  pour  cette  ouvrage 
dont  Le  détaille  cerait  un  peux  long  si  il  falait  tout  spécifier  par  partie. 

Je  peux  bien  vous  assurer  Monsieur  que  les  grands  Termes  lestes 
danges  feston  vases  et  tout  ce  qui  dépan  de  celte  ouvrage  du  desous  dorgue 
mérite  plateaux  mil  franc  que  neuf  cent  je  ne  mestait  pas  expliqué  de  La 
valeur  de  chaque  ouvrage  en  particulier  dans  la  précédante  Lettre  que  jay 
eue  Lhonneur  de  vous  Ecrire  scacbandia  confiance  que  vous  avez  toujour 
eue  a  mon  Egar  ce  qui  fait  que  jose  me  flater  Monsieur  quen  Laissant 
Les  deux  ouvrages  aux  prix  de  traize  cent  livre  de  france  tout  comptés 
comme  je  vous  Lay  marquée  dans  ma  susditte  précédante  Lettre  que  je  ne 
demande  que  présisémentquece  qui  mest  deub  et  même  moin. 

Comme  mon  fils  doit  se  reudre  dans  peux  à  Valenciennes  et  quêtant 
posté  pour  dimanche  dovoyr  lihoneur  de  vous  aler  saluer  vous  mobligere 
beaucoup  Monsieur  de  vouloyr  bien  avoir  la  bontée  d*a ranger  les  affaires 
pour  ce  temps  la  jaymeraît  de  profiter  de  son  occasion  pour  me  le 
remettre  et  vous  en  donner  sa  quilance  je  suis  en  attendant  auecq  tout  le 
dévouement  possible  Monsieur. 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

A.  GfLis. 

(Archives  de  Condé.  DD.  20.) 

Pour  copie  certifiée  conforme, 
L*archiviste, 
M.  Hknault. 


XLIV 


PIERRE  PUGET 

A    AIX 


L*existence  mouvementée  do  Pierre  Pugcl  a  fait  l'objet  de  Ira- 
vaux  si  complets  qu'il  semble  difficile  d'y  ajouter  rien  de  nouveau, 


a- 


168  PIERRE    PUGET. 

surtout  après  Tétude  si  documentée  de  M.  Ginoui,  cotnmuniquée 
à  la  réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  en  JKIU. 

Cependant,  en  recherchant  les  traces  du  séjour  de  Puget  à 
Aix,  j^ai acquis  la  conviction  qu*il  restait  des  découvertes  â  faire,  de 
nature  à  éclaircir  quelques  points  obscurs  de  l'ejiistence  de  ce 
puissant  artiste. 

Le  Musée  de  la  ville  possède  quelques  échantillons  de  son  talent, 
entre  autres,  son  portrait  peint  par  lui-même,  œuvre,  golidemml 
modelée,  se  distinguant  par  la  chaleur  du  coloris,  mais  tVune  fac- 
ture lourde  et  pénible. 

La  famille  de  Saporta  conserve  une  ses  plus  belles  pages,  la 
Sainte  Famille,  composition  dans  laquelle  Puget  s  est  représenté 
sous  les  traits  de  saint  Joseph. 

Enfin,  sans  parler  des  morceaux  secondaires  qui  se  trouvent  chei 
divers  particuliers,  on  lui  attribue,  sur  la  foi  de  divers  biographes, 
la  paternité  de  deux  lableaux  représentant  Y  Annonciation  et  la  t'i- 
silation  de  la  Vierge,  qui  ornaient  jadis,  chez  les  Jcsuitf  s,  la  rlia- 
pelle  de  la  congrégation  laïque  des  Messieurs. 

Tous  ceux  qui  ont  parlé  de  ces  deux  ouvrages  Goni  miiels  sur  h 
date  où  ils  furent  exécutés,  et  leur  authenticité  n'est  établie  que  par 
une  tradition  orale  ne  reposant  sur  aucun  document  pnkis. 

On  sait  vaguement  qu*à  Pépoque  de  la  dispersion  des  JésuitfS, 
vers  1763,  un  procès  intervint,  au  sujet  de  la  propriété  du  mnhi- 
lier,  entre  les  membres  de  la  congrégation  des  Messieurs  t\  les 
créanciers  de  la  Compagnie,  qui  voulaient  s'emparer  du  contenu  des 
immeubles. 

Au  moment  de  la  bourrasque  révolutionnaire,  les  œuvres  d'irt 
provenant  des  monastères  supprimés  furent  réunies  dans  divers  lo- 
caux d*oii  elles  furent  tirées  en  partie,  pour  constituer  le  Uuséede 
Marseille. 

Le  tableau  de  V Annonciation,  après  de  nombreuses  vicissituiles. 
finit  par  être  placé  dans  la  chapelle  du  grand  séminaire,  oi^  il  se 
trouve  actuellement  ;  quanta  celui  de  la  Visitation,  il  resta  ran* 
fondu  parmi  les  épaves  du  passé.  Nul  ne  savait  ce  qu'il  était  deieou, 
lorsque,  il  y  a  quelques  années,  en  vérifiant  un  amoncellement  de 
cadres  et  de  vieilles  toiles  déposés  au  rez-de-chaussée  de  Phô 
mon  attention  fut  attirée  par  un  tableau  assez  médiocrement  p 
mais  dessiné  avec  une  précision  et  une  élégance  de  style  qr- 


PIERRE   PUGET.  769 

taient  de  Tordinaire.  L'examen  da  sujet  me  fortifia  dans  ropinion 
que  ce  pouvait  être  le  tableau  de  Puget  que  Ton  croyait  perdu. 
L'administration  le  fit  placer  dans  la  chapelle,  et  aujourd'hui,  il  se 
trouve  dans  un  escalier  du  Musée. 

Si  Ton  s'en  rapporte  aux  indications  des  biographes  les  mieux  in- 
formés, Puget  aurait  été  contraint  de  renoncer  à  la  peinture  pour 
cause  de  santé  à  partir  de  1657.  Bougerel,  qui  a  connu  son  petit- 
fils,  l'affirme  en  ajoutant  qu'ilne  peignit  plus  qu'une  seulçfoiâ,  en 
collaboration,  le  dôme  des  Théatins,  à  Gênes. 

D'autre  part,  le  grand  artiste,  dans  une  de  ses  lettres,  dati^e  de 
1683,  déclare  qu'il  a  cessé  de  peindre  depuis  une  vingtaine  d'an- 
nées. C'est  probablement  entre  ces  deux  dates,  1657  et  1663,  qu'il 
faut  chercher  la  vérité. 

L'acte  de  prix- fait  que  l'on  trouvera  plus  loin  atteste  que  les 
deux  tableaux  ci-dessus  faisaient  partie  d'une  série  de  treize  ta- 
bleaux représentant  les  Mystères  de  la  Vierge,  que  Puget  devait 
exécuter  pour  le  compte  de  la  congrégation  des  Messieurs  êlablje 
dans  le  collège  des  Jésuites. 

Cet  accord,  conclu  le  2  janvier  1658,  nous  apprend  que  le  tra- 
vail devait  être  achevé  dans  le  délai  de  deux  ans,  moyennant  le 
prix  de  2,000  livres,  payables  à  raison  de  120  livres  par  tableau^ 
au  fur  et  à  mesure  de  la  livraison  et  le  reste  après  l'achèveinent  de 
la  commande. 

V Annonciation,  sous  l'invocation  de  laquelle  était  placée  la  con- 
grégation, devait  orner  le  maitre-autel  et,  dans  le  cas  où  le  prf?mier 
tableau,  livré  par  Puget,  n'aurait  pas  été  à  la  convenance  des 
prieurs,  ceux-ci  avaient  non  seulement  le  droit  de  le  refuser,  mai» 
encore  celui  de  résilier  le  contrat. 

Il  était  stipulé,  en  outre,  que  Puget  exécuterait  ce  travail  de  sa 
propre  main,  suivant  le  dessin  convenu.  £t,  comme  laquali(](.'ation 
de  peintre  de  Marseille  indique  suffisamment  qu'il  n'habite  pas  Aix, 
l'artiste  élit  domicile  chez  son  ami  Bernardin  Mimault  et  le  charj^je 
de  le  représenter  en  cas  de  conteslation. 

A  Texpiration  du  délai,  Puget  n'avait  encore  livré  que  deux  ta- 
bleaux. La  congrégation  se  fâche  et  fait  tenir  à  Bernardin  Mîmault 

\  sommation  d'avoir  à  livrer  les  onze  tableaux  restant  à  fournir, 

s  peine  d'en  voir  donner  le  prix-fait  à  un  autre,  à  ses  risiiueset 

•ils. 

49 


170  ^  PIERRIS   PUGET. 

On  ne  connaît  pas  la  réponse  que  fit  Puget  à  cette  sommation.  A 
ce  moment,  il  était  occupé  en  Normandie  à  scnipter  deux  grandes 
statues  pour  le  compte  du  marquis  de  Girardin.  Il  avait  à  terminer 
la  custode  de  la  chapelle  du  Corpus  Domini  à  Toulon,  et  prépa- 
rait, sans  doute,  son  départ  pour  Gênes  on  il  devait  séjourner 
huit  ans. 

Un  acte  de  quittance  du  18  juin  1663  nous  révèle  que  Bernardin 
Mimault  avait  été  substitué  à  Puget  pour  Tachëvement  de  la  besogne. 
Il  avait  reçu  2,000  livres  pour  ce  travail  qu'il  avait  fait  exé- 
cuter à  Rome  par  divers  artistes.  Lui-même  avait  peint  un  tableau 
représentant  la  Musique  des  Anges  destiné  à  la  tribune  de 
Téglise. 

Des  deux  tableaux  livrés  par  Puget,  Y  Annonciation  seule  parait 
devoir  lui  être  attribuée,  ce  qui  semblerait  indiquer  que  ce  fat  son 
dernier  ouvrage  de  peinture.  On  trouve  dans  cette  œuvre  la  largear 
de  facture,  la  magistrale  ampleur  de  dessin  qui  caractérisent  son 
talent  et  se  retrouvent  au  plus  haut  point  dans  ses  œuvres  princi- 
pales, telles  que  Salv(jttor  Mundi  dvt  Musée  de  Marseille,  làSainie 
Famille  de  M.  de  Saporta. 

Tandis  que  dans  la  Visitation,  reproduction,  un  peu  modifiée, 
d'une  composition  connue  de  Paul  Véronèse,  on  devine  une  main 
timide,  plus  respectueuse  de  la  ligne  que  des  formes  intérieures, 
n*osant  pas  s*aventurer,  économisant  la  couleur  et  les  coups  de 
pinceau. 

D'ailleurs,  on  avait  fait,  de  tout  temps,  une  grande  différence 
entre  les  deux,  et  la  congrégation  des  Jésuites  manifestait  un  pins 
grand  respect  pour  V Annonciation  que  Ton  recouvrait  d'un  rideau 
en  taffetas  bleu  qui  n'était  enlevé  que  dans  certaines  circonstances. 
Lorsqu'il  fut  question  de  vendre  ce  dernier  tableau  au  moment  de 
la  liquidation  des  Jésuites,  on  l'avait  estimé  2,000  livres,  et  les  ar- 
moiries de  la  famille  Meyronnet  de  Saint-Marc,  que  l'on  remarque 
à  l'angle  inférieur  droit  y  furent,  sans  doute,  placées  par  quelque 
préfet  de  la  congrégation  désireux  de  le  marquer  d*un  signe  de 
propriété. 

Le  travail  soigné  de  cette  peinture  s'explique  encore  par  la  né^^s- 
sité  de  se  conformer  à  la  clause  rigoureuse  qui  permettait  aux 
gréganistes  de  résilier  le  contrat  si  le  premier  tableau  n'était 
accepté. 


r 


PIEHRE    PUCET.  Itl 


Indépendammfitit  deê  travaux  de  peinture,  Puget  avait  fourni  à 
C€t  établiBsemetit,  pour  romementatioti  des  fenêtres,  diverses  ma- 
quettes en  argile  représentant  des  oroemeots,  des  cartouches,  des 
chérubins  qui  furent  exécutés  en  bois  par  le  sculpteur  Jean  Durand, 
en  vertu  d'un  acte  de  prix-fait  du  17  mars  1659. 

PugeÉ  retint  â  Aix  en  16St>a&n  de  traiter  avec  les  procureurs  du 
pays  de  Provence  pour  Pérection  d'une  statue  étjueatre  de  Louis  XIV 
que  les  Etats,  sur  la  proposition  du  coadjuteur  de  Parchevéque 
d'Arles,  Adhémar  de  Monteil  de  Grignan,  avaient  décidé  d'élever 
dans  la  capitale  de  la  Provence  sur  les  dessins  de  Migoard. 

Le  coadjuteur,  trouvant  les  prétentions  de  Puget  trop  exagérées, 
traita  avec  Desjardins  pour  le  prix  de  90,000  livres. 

Ce  sculpteur  reçut  plusieurs  acomptes,  mais  le  projet  fut  aban- 
donné en  1689  par  suite  de  la  guerre  et  renvoyé  à  des  temps  meil" 
leurs  qui  ne  devaient  jamais  arriver. 

Quant  à  Puget,  il  reçut  en  1690  une  indemnité  de  200  livres  en 
dédommagement  de  ses  courses  et  études. 

La  même  mésaventure  lui  était  arrivée  à  Marseille  ^  son  pays  nataL 
oîi  ce  fut  Clérîon  que  Ton  chargea  de  ta  besogne.  Mais  pas  plus  à 
Marseille  qu'à  Aix,  Louis  XIV  ne  devait  avoir  sa  statue  et  Puget  put 
voir  se  vérifier  le  proverbe  : 

u  Nul  n'est  prophète  en  son  pays,  n 

iVuma  CosTE, 

CorreapodJoat  du  Gomitë  des  Sociéii^A  dea 
*     BedUî-ArtB  des  déparlemeûts^  kAïi. 


PIECES  JUSTIFICATIVES 

THIFFAICT  DES  TABLEAUX  PÛUB  LA  CO.VGUi^G^Tm.V  DKS  .TeSUITESdMïï  ET  PROSÏKSSB 
DE  nvKH  POUR  1*1  ERRE  PlUET  PAlVfaK  UE  L.l   VNLLE  UE  AUrSKILLE, 

Lan  mil  six  cens  cinquantL*  huict  et  le  segond  jour  du  moys  de  janvier 

appres  raîdy  consLitm^  Pierre  PiigeL  ujaistre  painln!  de  1^  v\\k  de  Marseille 

'-quel  de  ^on  gré  pour  liij  el  les  siens  a  promis  et  promet  a  la  vénérable 

ingregation  soubz  le  liltre  de  Xonciation  IVoslre  dame  eslablîe  dans  le  ' 

iUège  dea  reperunds   pères  jésuites  de  cesle  taille  d'Aîï,  Messirc  fienri 

e   Ckpiers   seigneur   de  Vauven argues,  preffecl  en  icelte,  M*  louis  de 


772  PIERRE   PDGET. 

Pelrois  s' de  Alonlauroux,  M*  Antoine  Jullîen  advocat  en  la  coor  adcis- 
tants  au  nom  dicelle  et  suivant  le  pouvoir  a  eulxe  donné  par  delliberatioB 
du  présent  jour  pnts  acceptants  et  stipulants, 

Cest  assavoir  de  faire  et  parfaire  bien  et  deubment  suyvant  iart  inie 
tableaux  représentant  les  misteres  de  la  Sainte  Vierge  entre  lesqueb  est 
compris  le  grand  tableau  du  mestre  haultel  qui  représentera  lanonda- 
tion  de  la  sainte  vierge,  tous  lesquels  tableaux  il  soblige  de  faire  a  Ihoille 
et  suivant  le  dessain  qui  en  sera  faict  et  arreste  entre  les  parties  oonune 
aussi  promet  led.  Puget  de  ramplir  les  feneslres  de  lad.  congrégation 
aussi  suivant  le  mesme  dessain,  en  fournissant  par  led.  Puget  la  toile  et 
generallement  tout  ce  qui  sera  nécessaire  pour  la  perfection  et  accomplis- 
sement desdits  tableaux  et  de  tout  lautre  ouvrage  qui  sera  nécessaire,  et 
sera  obligé  de  les  faire  aporter  en  ceste  ville  a  ses  frais  et  despens 
et  les  poser  suivant  le  dessain  dans  lad.  congrégation  et  acomensera df 
travailler  des  apresent  et  continuera  jusques  a  perfection  a  condition 
neantmoins  quil  aura  achevé  led.  ouvrage  dans  deux  années  dhif 
comptable  pour  tous  déliais  a  payne  de  tous  despens  domages  et  intherest 
et  ce  moiennant  le  prix  et  somme  pour  le  tout  de  deux  mil  livres  payables 
ainsi  que  lesd.  sieurs  de  Vauvenargues,  de  Montauroux  et  Jollien  aux 
dites  quallites,  prometent  savoir  :  cent  vingt  livres  pour  chascung  desd. 
treze  tableaux  qui  lui  seront  expédies  a  mesme  temps  quil  aura  achevé 
ung  ou  deux  desd.  tableaux  et  quils  auront  este  receux  et  poses  et  ce  qai 
restera  pour  lentier  paiement  de  lad.  somme  de  deux  mil  livres  lui  sera 
paye  a  mesure  que  toute  la  besongne  sera  parachevée  et  receue  avec 
pache  neantmoins  que  la  ou  le  premier  tableau  quil  fera  ne  fust  au  gre 
de  lad.  congrégation  il  sera  oblige  de  le  reprandre  et  le  présent  contrat 
demeurra  de  nul  effect  et  valleur,  et  estant  led.  premier  tableau  recea  il 
sera  tenu  de  faire  les  autres  de  sa  propre  main  et  la  mesme  forme  et 
quallité,  et  les  draperies  bleues  seront  dasur  doultremer  et  en  cas  qae 
pour  raison  du  présent  contract  il  arriva  quelque  différant  entre  les 
parties  led.  Puget  a  eslu  et  establi  son  domicilie  en  la  maison  et  personne 
de  Bernardin  Mimault  aussi  maistre  paintre  de  cesle  dicte  ville  auquel 
tous  actes  et  exploits  de  justice  pourront  estre  faits,  le  présent  acte  et 
tout  son  contenu  prometent  lesd.  parties  en  ce  qui  les  conseme  avoir 
agréable  garder  observer  et  n'y  contravenir  a  paine  de  tous  despaos 
domages  intherest  obligeant  a  ces  fins  pour  lobservation  dicellui  respec- 
tivement lesd.  parties  savoir  led.  Puget  tous  ses  biens  et  lesd.  sieurs  de 
Vauvenargues,  de  Montauroux  et  JuHten  les  biens  rentes  et  revenus  de 
lad.  congrégation, suivant  le  pouvoir  quils  ont  dîct  en  avoir  presr 
advenir  a  toutes  cours  du  submission  sde  Provence,  etc. 

Fait  et  publie  a  Aix  dans  lad.  congrégation  en  présence  de  MMc  < 


PIERRE    PUGET.  778 

Jorna  et  Joseph  Auriol  advocatz  en  la  cour  tesmoings  requis  et  soubsi- 
gnes  avec  les  parties. 

Signé  :  Vauvenargues,  Mobitauroux,  Julien  P.  Pcget,  Jorva, 
Auriol  et  moi  Gaspard  Rrynaud,  notaire. 

Sommation    faite    par  la    congrégation  des  jésuites  a   Pibbre   Piget 
M*  peintre  de  la  ville  de  Marseille. 

A  la  reqaeste  de  Messire  Jean  de  Simiane  s*^  de  la  Coste,  preffect  de  la 
vénérable  congrégation  soubz  le  tiltre  lanonciation  Nostre-Dame  establie 
dans  le  collège  des  R.  P.  Jésuites  de  ceste  ville  dAix  et  suyvant  la  delll- 
beration  de  lad.  congrégation  du  treze  du  présent  moys  soit  sommé 
Pierre  Puget  maistre  paintre  de  la  ville  de  Marseille  en  la  personne  de 
Bernardin  Mimault  aussi  maistre  painlre  de  ceste  ville  dAix  domycille 
esleu  par  led.  Paget  quatandu  que  par  acte  du  segond  janvier  mil  six  cens 
cinquante  huîct  led.  Puget  cest  oblige  a  lad.  congrégation  de  faire  et 
parfaire  bien  et  deubement  treze  tableaux  représentant  les  misteres  de  la 
S^  Vierge  a  ce  comprins  le  grand  tableau  du  Mestre  autel  et  remplir  les 
fenestres  de  lad.  congrégation  ainsi  et  comme  est  especifiié  par  led.  acte, 
et  feroit  le  tout  aporter  en  ceste  ville  a  ces  fraix  dans  deux  ans  du  jour 
dud.  acte  comptables  pour  tous  déliais  a  paine  de  tous  despens  domages 
intherest  pour  ce,  moyennant  le  prix  de  deux  mil  livres  payable  en  la 
forme  dud.  acte  et  si  bien  se  sont  passes  plus  de  deux  ans  neantmoins 
led.  Puget  na  baille  que  deux  desd.  tableaux  au  grand  préjudice  de  lad. 
congrégation  laquelle  se  trouve  desprouvue  dune  décoration  sy  sainte. 

Que  led.  Puget  en  la  personne  dud.  Mimault  aye  a  satisfaire  aud.  acte 
et  expédier  suyvant  icellui  lesd.  unze  tableaux  restants  de  la  qualltte  et  en 
la  forme  portée  par  led.  acte  et  ce  dans  un  bref  délai  autrement  led. 
s'  preffait  proleste  pour  lad.  congrégation  de  ses  domages  et  intherest 
soufferts  et  a  souffrir  et  de  bailber  le  priffaict  desd.  unze  autres 
tableaux  au  péril  et  fortune  et  domage  dud.  Puget  et  uttandu  la  nécessite 
de  la  chose  qui  est  pie  et  pour  la  gloire  de  Dieu  et  de  sa  S**  Mère. 

Signé:  De  Sim vannes  a  loriginal. 

Xian  mil  six  cens  soixante  et  le  dix  septiesme  jour  du  mois  de  febvrier 

advant.midy  au  requis  dud.  S'  de  la  Goste  en  la  quallite  quil  procède  la 

lation  réquisition  et  protestation  que  dessus  a  este  faite  par  nous 

lire  royal  à  Aix  soubsigné  a  Pierre  Puget  maistre  paintre  de  la  «ille 

MArgeille  et  cest  la  personne  de  Bernardin  Mimault  maistre  paintre  de 


774  PIERRE    PUGET. 

cesle  ville  dAiz  a  la  personne  et  maison  auquel  a  esleu  son  domydUe  par 
lacté  de  priffait  y  mentionne  lequel  Mîmault  appres  en  avoir  entends  la 
lecture  a  dict  quil  en  requiert  eztraîct  pour  en  advertir  led.  Pnget  de  qaoj 
en  avons  concédé  acte  qua  este  fait  et  publie  a  Aix  dans  la  maison  dud. 
Mimault  en  presance  de  M*  Joseph  Vincens  advocat  en  la  cour  et  jean 
Antoine  Lambert  dud.  Aix  tesmoings  requis  et   sonbsignes  avec  led. 

I  Mimault  a  loriginal»  et  de  moy  Gaspard  Reinaud  notaire. 

j 

L*an  mil  six  cens  soixante  trois  et  le  dix  hnictiesme  jour  du  mois  de 
juin  advant  midi,  constitué  noble  François  de  Séguiran  escuyer  de  ceste 
ville  d'Aix  et  noble  Jean  Augustin  de  Gaultier  s'  de  Vallabre»  en  qualité 
'  de  depputtes  de  Messieurs  les  officiers  de  la  congrégation  sonbs  le  tiltre 
de  lanonciation  de  la  S**  Vierge  érigée  dans  le  collège  royal  de  Bourboo 
dud.  Aix,  par  delliberation  de  lassemblee  du  dixiesme  courant  lesqoeb 
de  leurs  grés  en  ladite  quallité  ont  declairé  et  declairent  à  Bernardin 
Mimault  maistre  paintre  dud.  Aix  présent  acceptant  et  stipulant  quils  ont 
reçu  de  lui  les  tableaux  quil  avoit  fait  faire  a  la  ville  de  Rome  ponr  lad. 
^  congrégation  et  led.  s' Mimault  declairé  avoir  reçu  desd.  s"  officiers  deux 

mil  livres  quil  a  employé  au  paiement  deïd.  tableaur  comme  aussi  led. 
s'  Mimault  declairé  estre  comptant  et  satisfait  desd.  sieurs  de  toutes  ses 
peynes,  travailh  et  vocations  quil  a  fait  au  voyage  de  Rome  ensemble  di 
prix  du  tableau  quil  a  fait,  représentant  la  musique  des  anges  posé  sur 
la  tribune  de  lad.  congrégation,  pour  en  avoir  reçu  paiement  ainsi  quil  i 
dit  et  generallement  de  tout  ce  quil  a  fait  jusques  a  ce  jonrd'hui  sentre- 
quitant  réciproquement  les  ungs  les  autres  de  tout  ce  que  dessus 
prometant  de  ne  sen  faire  Aucune  recherche  etc. 

A  été  fait  a  Aix  dans  nostre  étude  en  présence  de  Jean  de  6oa  de  la 
ville  de  Berre  et  fois  Lieutaud  dAix  tesmoings  soubsignés  avec  les  pardes 
et  moy  Gaspard  Reinaud  notaire. 

Priffait  pour  la  congrégation  des  jésuites  et  promesse  de  paver  pooi 
Jean  Durand  esgultedr. 

Lan  mil  six  cens  cinquante  neuf  et  le  dix  huictiesme  jour  du  mois  de 
mars  après  midi  constitue  Jean  Durand  maistre  esculteur  de  ceste  vifle 
dAix  lequel  de  son  gre  a  promis  et  promet  a  la  devotte  congrégation 
soubz  le  tiltre  de  lanonciation  de  la  très  s**  vierge  érigée  dans  lencios 
de  la  maison  des  révérends  pères  jésuites  de  lad.  vills  Mess,  loeis 
Aulheman  advocat  en  la  cour  et  louis  Bordon  conseiller  secretere  év 
en  la  chancellerie  du  parlement  de  ce  pays  de  Provence  addstants  de 
congrégation  et  M*  Joseph  Cameron  depositere  dicelle  Mous.  H**  An'*- 


dAIb«rt  atissî  conseiller  du  roy  auditeur  et  archivere  en  sa  eour  des 
comptes  aydes  et  finances  dud.  pays  M*  Joseph  Auriol  advocat  en  la  cour 
el  Bernardin  Mimault  tons  deputtés  par  délibération  de  lassemblée  do  lad. 
congrégation  tenue  le  quiniiesme  du  courant  présents  acceptanl  et  pour 
îcelle  estipulant,  cest  assavoir  de  faire  et  parfaire  bien  et  deubment  a  ses 
propres  frais  et  despans  la  comisse  omemants  des  tableaux  et  des 
fenestres  concistant  en  cadres,  consolles  cartouches,  chérubins  et  généra- 
lement tout  ce  qui  sera  nécessaire  faire  tout  autour  delad.  congrégation 
soit  de  charpanterie  ou  menuiserie  quils  entendent  faire  a  lad.  congréga- 
tion et  se  suyvant  et  conformément  au  modelle  dargille  qu*en  a  este  fait 
et  dresse  par  le  s"  Puget,  paintre  de  la  ville  de  Touilon  qui  a  este  veu, 
examine  par  les  parties  et  remis  an  pouvoir  du  s'  Durand  et  ce  de  bols  de 
noyer,  bien  sec  et  allunat  *  et  de  recepte  laquelle  comisse  et  ornements 
comensant  puis  le  hault  de  la  banque  jusqnes  au  plus  hault  fillet  de  la 
comisse  laquelle  haulteur  sera  de  quatorze  pans  quil  posera  sur  le  lieu  à 
ses  frais  et  despens  et  acomenserady  tràvailher  dans  huict  jours  prochain 
et  continuera  journellement  sans  discontinuer  en  façon  que  toute  la 
besougne  soit  faite  et  entièrement  parachevée  entre  ici  et  par  tout  le 
vingt  cinquiesme  jour  du  mois  de  mars  de  lannee  prochaine  mil  six  cens 
soixante  a  peine  de  tout  despans  domages  intherest  et  ce  moyennant  le 
prix  et  somme  tout  led.  travailh  de  sept  cents  vingt  livres  et  aultre  ce 
appartiendra  aud.  s'  Durand  la  vielhe  cornisse  quy  est  dans  lad,  congré- 
gation qui  faudra  obster  en  posant  celle  qui  fera  en  desduction  et  a  bon 
compte  duquel  prix  led.  Durand  a  confesse  avoir  receu  la  somme  de 
cent  livres  etc. 

Et  le  restant  lesdits  députés  promettent  le  payer  aud.  Durand  a  mesure 
quil  aura  fait  ung  cadre  et  mis  en  plasse  en  fournissant  par  lesd, 
s"  deputtés  le  fer  et  piastre  que  sera  nécessaire  pour  poser  lad« 
comisse  etc. 

Acte  fait  et  passé  dans  la  maison  du  s'  dAlbert  en  présence  etc.  et  moi 
Gaspard  Reinaud  notaire. 

(Ifinntes  de  Gasptrd  Reinaad,  notaire.  f«  423.  —  Étude  iMrtud. 
'  Goopé  de  bonne  lune. 


1 


rie  L'EGLISE    DE   LAVAL-DIEU. 


XLV 

.       L'ÉGLISE  DE  LAVAL-DIEU 

(ardennes) 
ET  SES  BOISERIES   SCULPTÉES 

L*église  de  Laval-Dieu'  —  valUs  Dei  —  s'élève,  dans  un  char, 
mant  nid  de  verdure,  à  l*entrée  de  la  délicieuse  vallée  de  la  Semof, 
tout  près  de  Tendroit  oà  cette  rivière  se  perd  dans  la  Heuse.  Cest 
Tancienne  église  d'une  abbaye  dé  Tordre  de  Prémontré,  dont  la 
fondation  remontait  à  la  première  moitié  du  douzième  siècle.  Le 
terrain  où  elle  devait  s'élever  appartenait  à  la  célèbre  abbaye  de 
Saint-Remi  de  Reims,  quand  Tavoué  de  cette  dernière  abbaye, 
Whiter,  comte  de  Retbel  et  premier  de  la  branche  dite  de  Witry, 
s'en  empara  en  même  temps  qu'il  s'appropriait  plusieurs  antres 
terresque  le  monastère  avait  confiées  à  sa  défense.  Whiter  fut  excom- 
munié en  1126  par  Tarcbevôque  de  Reims,  Regnanid  de  Hartigné, 
dont  le  pape  Honorius  II,  à  la  demande  d'Odon,  abbé  de  Saint- 
Remi,  confirma  la  sentence.  Bientôt,  pour  être  relevé  des  censures, 
le  comte  de  Retbel  «  consentit  à  entrer  en  accommodement  :  la  fon- 
dation de  l'abbaye  de  Laval-Dieu  fut,  entre  autres  bonnes  œuvres, 
la  conséquence  du  repentir  de  Tavoué  des  moines  de  Saint-Remi... 
II  donna,  en  1128,  à  Gautier  de  Saint-Maurice,  premier  abbé  de 
Saint-Martin  de  Laon,  le  lieu  dit  de  Bouche^de-Semoy,  pour  y  con- 
struire, sous  le  vocable  de  Saint-Remi,  une  maison  de  chanoines 
réguliers  de  Tordre  de  Prémontré,  qui  jetait  alors  un  si  vif  éclat'*. 

Pierre,  premier  du  nom,  alors  simple  chanoine  à  Saint-Uartin 
de  Laon,  fut  désigné  par  son  abbé  pour  fonder  Tabbaye  de  Laval- 

>  Commune  et  canton  de  Monlhermé,  arrondissement  de  Mésières. 

*  Dom  Albert  Nobl,  Notice  générale  sur  le  canton  de  Montherm.^ 
V  Almanach'-Annuaire  de  la  Marne,  de  t Aisne  et  des  Ardennes,  Reims 
Braine,  1897,  p.  111. 


L'ÉGLISE    DE    LAVAL-DIEU.  7:7 

Dieu«  «  Il  eut  la  joie  d^assister  à  la  consécratioa  solennelle  de  sa 
nouvelle  église,  qui  fut  accomplie  avec  une  pompe  inouïe  par  Tar- 
chevéque  RegnaulJ  de  Martigné,  assisté  de  deux  de  ses  suBra- 
gants  ^  » 

Cependant,  quelques  années  plus  tard,  Hanassés  III,  c^mte  de 
Rethel  et  fils  de  Whiter,  voulut  reprendre  aux  chanoines  ce  que 
son  père  leur  avait  donné.  Mais  Pierre  II,  quatrième  abbé  de  Laval- 
Dieu,  obtint,  par  sa  patience  et  son  humilité,  que  ce  seigneur  con- 
firmât les  stipulations  paternelles  par  une  charte  authentique  que 
nous  possédons  *  :  elle  est  datée  de  1185,  signée  par  Tabbé  dé  Laval- 
Dieu  et  son  prieur  Gilbert  '. 

Hugues  III,  dit  Huart,  fils  de  Manassès,  reconstruisit  en  1227,  à 
peu  de  distance  de  Laval-Dieu,  la  forteresse  de  Chftteau-Regnault, 
sur  le  fonds  de  Tabbaye.  De  là,  de  la  part  de  Fabbé,  alors  Hubert  I*% 
des  réclamations  ;  un  procès  en  résulta,  qui  se  termina  en  1238, 
moyennant  une  redevance  annuelle  et  perpétuelle,  accordée  aux 
chanoines  par  Hugues,  d'un  muid  de  seigle  à  prendre  sur  les  mou- 
lins de  Mézières. 

L'abbaye  possédait  une  magnifique  pêcherie  de  saumons,  qui  fut 
plus  d'une  fois  cause  dé  litiges  et  de  conflits. 

Depuis  Tannée  1199,  en  vertu  d'une  sentence  rendue  par  Bau- 
doin, archidiacre  de  Liège,  en  faveur  de  Tescelin,  cinquième  abbé 
de  Laval-Dieu,  les  paroisses  deHargnies,  deHaybes^  et  deVillerzy, 
qui  relevaient  auparavant  du  diocèse  de  Liège,  appartiennent  con- 
staiûment  à  Tabbaye.  La  plupart  des  douze  chanoines  qui  compo- 
saient la  communauté,  et  dont  le  nombre  varia  peu,  desservaient, 
outre  ces  trois  paroisses,  celles  de  Louette  Saint-Pierre  et  de  Hou- 
drémont  et  d'Orchimont  '.  Celle  de  Haraucourt  ',  qui  appartenait 
aussi  à  Tabbaye,  était  desservie  alternativement  par  un  titulaire 
présenté  par  les  abbayes  de  Mouzon  et  de  Laval-Dieu^. 


*  Dom  A.  NoBL,  op.  cit.,  p.  114. 

^Archives  des  Ardennes,  H.  240. 

'  Dom  A.  XoBL,  op.  cit.,  p.  114. 

^  HargDÎes  et  Haybes,  canton  de  Fumay,  arrondissement  de  Rocroi. 

^  Villerzy,  Louette,  Saint-Pierre,   Houdimont  et  Orchimonf,  canton  belge  de 

inné. 

Haraucourt,  canton  de  Raucourt.  arrondissement  de  Sedan. 

jf.  Dom  Noël,  0/7.  Cl/.,  p.  113. 


178  L'ÈGLISS    DE   LAVAL-DIEU 


Il  est  difficile  de  préciser  ce  qai  subsiste,  dans  Tèglise  actoelle, 
de  Téglise  abbatiale  construite  par  Pierre  I*'.  Je  crois  cependant 
que  le  massif  de  la  tour  et  les  murs  du  chœur  en  sont  des  restes» 
mais  profondément  transformés.  Les  baies  de  petites  dimensions, 
percées  sur  les  quatre  faces  de  la  tour;  les  fenêtres  étroites,  outertes 
sur  les  côtés  du  chœur;  les  arcatures  d'ornement  qui  entourent  ce 
dernier,  portées  sur  des  bandes  murales  et  surmontées  primitiie- 
ment,  sans  doute,  d*une  corniche,  sont  autant  d'éléments  caracté- 
ristiques de  l'architecture  de  la  première  moitié  du  douzième  siècle 
dans  la  région  où  se  trouve  notre  église.  Plus  tard,  apparemment 
au  quatorzième  siècle,  on  ouvrit  dans  le  chevet  la  large  fenêtre  à 
multiples  meneaux  qui  éclaire  le  chœur,  et  aussi  les  baies  en  arc 
brisé  percées  dans  les  faces  latérales  de  la  tour. 

Il  ne  parait  pas  invraisemblable  que  ces  deux  baies,  dont  l'une, 
celle  du  sud,  est  aujourd'hui  murée,  aient  été  pratiquées  poor 
éclairer  davantage  le  chœur  des  religieux,  disposé  sous  la  tour. 
Cependant  certains  détails  permettent  de  conjecturer  [que  des 
constructions  secondaires,  bras  de  transept,  sacristies  on  antres 
dépendances,  s'appuyaient  sur  les  deux  flancs  de  la  tour.  Ainsi  au 
nord,  on  voit,  autour  de  l'ogive  de  Touverture,  les  arrachemeoti 
obliques  d'une  voâte  reposant  sur  deux  consoles  encore  en  place, 
et,  à  droite,  la  base  du  mur  qui  devait  entourer  Tédicule.  Au-dessus 
de  la  voûte  intérieure  du  clocher,  subsistent  encore  les  parements 
de  deux  ouvertures  qui  devaient  donner  accès  dans  les  combles,  et 
la  trace  du  faitage  de  ces  derniers  est  restée  apparente  à  Texténear 
sur  la  face  méridionale. 

Le  10  juillet  1641,  le  Conseil  provincial  de  Namnr  autorisa  las 
chanoines  de  Laval-Dieu  à  transporter  à  leur  abbaye  par  la  Meose 
les  matériaux  nécessaires  à  la  construction  de  leur  église  ;  il  accor- 
dait même  une  sauvegarde  pour  les  ouvriers  qu'on  y  employait 

II.  ne  s'agissait  pas  sans  doute  alors  d'une  reconstroction  de 
l'édifice  entier,  mais  seulement  de  la  nef,  abattue  pour  une  raison 
que  nous  ignorons. 

Les  travaux  étaient  terminés  depuis  peu  d'années  lorsque, 
1696,  un  parti  ennemi  de  la  garnison  de  Maestrich  qui  infestai 


L'ÉGLISE   DE    LAVAL-DIEU.  119^ 

frontière  incendia,  dans  la  nuit  du  16  au  17  août,  le  monastère  de 
Laval-Dieu,  et,  le  27  septembre,  les  villages  de  Thilay  et  deNaux,. 
qui  lui  appartenaient.  A  la  suite  de  ces  désastres,  Louis  XIV 
déchargea  Tabbaye  du  payement  des  décimes  pendant  trois  ans. 
Ces  trois  années  furent  employées  à  reconstruire  le  monastère  et  à 
restaurer  la  partie  de  Téglise  dont  la  construction  venait  à  peine 
d*6tre  achevée.  La  date  de  1699,  inscrite  au-dessus  de  la  porte 
d'entrée,  à  Textérieur,  est  celle  de  Tachèvement  des  travaux. 

La  nef,  telle  qu^elle  existe  aujourd'hui,  forme  un  rectangle; 
deux  fenêtres  en  plein  cintre  Téclairent  ap  nord.  La  façade,  con- 
struite en  briques  avec  chaînages  en  pierre,  ne  manque  pas  d*ori« 
ginalité.  La  porte  d'entrée  s'ouvre  sous  un  entablement  orné  de 
irtglyphes,  supporté  par  deux  pilastres  doriques  en  marbre  rouge 
et  surmonté  d'un  fronton  triangulaire.  Entre  Tentablement  et  l'en- 
cadrement de  la  porte  on  lit,  sur  une  large  table  de  pierre  : 

ADORATB  ET  TIIIETE. 

Au-dessus  du  fronton  est  percé  un  large  oculus,  entouré  d'une 
épaisse  moulure.  Plus  haut,  sur  le  prolongement  de  la  corniche 
qui  coart  à  la  base  du  toit,  se  dresse  un  pignon  à  consoles,  de 
style  flamand.  Des  pots  à  feu  et  des  boules  en  complètent  l'orne- 
mentation. Au  milieu  de  ce  fronton,  une  niche  sobre  et  élégante, 
ornée  d'une  coquille,  abrite  une  statue  de  la  Vierge.  La  tète, 
détruite  à  l'époque  de  la  Révolution,  a  été  rétablie  en  1862  seu- 
lement. 

En  même  temps  que  l'on  réparait  les  dommages  subis  par  la 
nefy  on  modiBait  lés  murailles  du  chœur  de  manière  à  donner 
à  Tune  et  à  l'autre  une  hauteur  uniforme.  Il  fallut  pour  cela  suré- 
lever ces  dernières,  après  avoir  détruit  la  corniche  que  supportait 
Tarcade  d'ornement,  et  surmonter  la  nouvelle  muraille  d'une 
autre  corniche,  semblable  par  son  profil  à  celle  de  la  nef.  On 
ornait  aussi  les  deux  angles  de  la  toiture  du  chœur  de  deux  pots  à 
fieu,  comme  on  l'avait  fait  pour  le  pignon  de  la  façade  principale. 

Il  serait  cependant  possible  que  la  surélévation  des  murailles  du 
chœur  eût  été  accomplie  au  quatorzième  siècle,  alors  qu*on  perçait 
les  ouvertures  du  chevet  et  des  faces  latérales  de  la  tour  et  qu'on 
élevait  contre  ces  dernières  les  édicules  dont  nous  avons  signalé 
plus  haut  les  indications.  Une  trace  qui  se  voit  sur  la  face  orientale 
de  la  tour  serait  celle  du  faîtage  élevé  à  cette  époque,  beaucoup 


780  L'ÉGLISE    DE    LAVAL-DIEU. 

plus  élevé  et  plas  aigu  que  le  comble  actuel.  Dans  cette  hypo- 
thèse on  se  serait  contenté,  à  la  fin  du  dix-septième  âiècle,  de  sor- 
monter  le  chœur  de  la  corniche  et  de  la  charpente  actuelles,  en 
harmonie  avec  celles  qu*on  plaçait  sur  les  murs  restaurés  de  la 
nef. 

«  « 

De  la  même  époque  datent  les  importantes  et  remarquablas  boî 
séries  sculptées  qui  décorent  Tintérieur  de  réglise.  Le  plan  de 
cette  dernière  est  en  forme  de  long  rectangle^;  sur  chacun  des 
grands  côtés,  deux  saillies  indiquent  les  angles  de  la  tour;  une 
troisième,  moins  prononcée,  supporte  la  retombéi^  du  doubleau 
qui  sépare  les  deux  fenêtres  du  chœur.  Il  est  assez  iraisemblable 
.que  ces  saillies  constituent  un  revêtement  sous  lequel  existent 
encore  des  colonnes  de  Téglise  construite  au  douzième  siècle.  La 
date  de  1767  —  MDCCLXVII  —  inscrite  sous  Tare  du  chœur, 
ainsi  que  les  ornements  de  style  rocaille  appliqués  à  ditTérents 
endroits  des  murailles  et  de  la  voâte  actuelle,  indiquent  asseJ 
Tépoque  à  laquelle  a  été  accompli  ou  plutôt  rajeuni  et  complété  le 
revêtement  général  qui  dissimule  les  parties  anciennes  de  la  con- 
struction et  s'harmonisent  avec  la  nef. 

Les  boiseries  régnent  jusqu'à  une  certaine  hauteur*  sur  toute 
rétendue  des  murailles.  Leur  ordonnance  générale  se  compose 
d'un  soubassement  supportant  des  panneaux  rectangulaires  séparés 
par  des  pilastres  jumeaux  et  cannelés  de  style  ionique  qui  sup- 
portent un  entablement. 

La  partie  rectangulaire  qui  précède  la  tour  et  qui  servait  de  nef 
est  d'une  décoration  plus  sobre  que  le  reste.  On  a  cef^endant  fixé 
de  place  en  place  des  sortes  de  cariatides  engainéesqai  semblent 
supporter  de  leurs  mains  la  corniche  de  rentablement  et  qui  sont 
d'une  facture  soignée  et  habilement  exécutée.  A  droite,  daoi 
Tangle  que  forment  la  muraille  et  la  saillie  de  la  tour,  on  a  trans- 
formé en  confessionnal  une  ancienne  porte  qui  donnait  ac^ês  dans 
le  cloître  de  Tabbaye,  et  que  surmonte  un  écusson  épîscopal  dont 

^  Dimensions  dans  œuvre  :  long.  :  SQ'b.Sd;  larg.  :  6™^Î5.  Voir,  cUcoatrr 
planche  XLIX. 
*  Le  sommet  de  la  corniche  qui  fait  le  tour  de  TédiGce  e«t  I  3*, 50  da  mh 


I 


b3 


«A         3 


L'ÉGLISE    DE    LAVAL-DIEU*  ^$l 

les  armes  sont  effacées  ;  cet  écusson  est  placé  snr  un  manteau  lar- 
gement drapé»  que  couronne  un  pavillon  orné  de  glands. 

Dans  la  partie  que  détermine  la  tour,  romementation  est  déjà 
plus  soignée.  Les  volutes  des  chapiteaux  des  pilastres  sont  reliées 
par  des  guirlandes  de  fleurs;  au-dessus  des  panneaux  principaux^ 
des  frontons  semi-circulaires  reuferment  des  tètes  ray^mnantes; 
au-dessus  des  deux  portes  latérales  sont  sculptés  des  altriiïuls  de 
la  Passion.  De  chaque  côté  subsistent  sept  stalles  dont  les  joues 
sont  couvertes  de  feuillages,  d*enrouIements  et  de  guirlandes  fine* 
ment  ciselés,  tandis  que  le  revers  des  sièges  est  couvert  d'orne- 
ments variés  et  que  les  miséricordes  sont  élégamment  ornées  de 
feuilles  et  de  fleurs.  D'autres  stalles  disposées  en  retour  existnient 
autrefois  à  Tentrée  de  cette  partie  de  Téglise  et  isolaient  la  uei  de 
Tenceinte  destinée  aux  religieux;  nous  en  avons  pour  lémoins  les 
joues  qui  sont  restées  appliquées  de  chaque  côté  contre  la  saillie 
formée  par  la  base  de  la  tour. 

On  a  rapporté  à  droite,  au-dessus  de  Tentablenient  de  la  boi- 
serie, une  sculpture  de  forme  semi-circulaire,  complètement 
dorée  :  on  y  voit,  au  milieu  des  nuages,  une  colombe  descendant 
du  ciel  et  entourée  de  têtes  d'angelots. 

C'est  pour  le  sanctuaire  que  le  huchier  a  réservé  les  ressources 
les  plus  délicates  de  son  ciseau'.  L^ornementation  générale  diû'ère 
peu  de  celle  du  chœur  des  religieux.  Mais,  au-dessus  de  Tenta- 
blement,  court  une  frise  couverte  de  feuilles  d'acanthe  d*iin  excel- 
lent style.  Plus  haut  encore,  six  panneaux  sont  ovales,  entourés 
d'encadrements  élégants.  Sur  les  deux  panneaux  du  fond  sont 
peints  en  buste  saint  Pierre  et  saint  Paul.  Sur  les  quatre  autres 
ont  été  clouées,  à  une  époque  postérieure,  de  mauvaises  peintures 
sur  toile,  représentant  des  saints  de  Tordre  de  Prémontré.  \ous 
avons  eu  la  curiosité  de  soulever  momentanément  une  de  ces 
toiles,  et  notre  indiscrétion  a  été  payée  de  l'agréable  surprise  de 
contempler  une  admirable  tête  de  saint  Jean  TÉvangéliste,  mal* 
heureusement  quelque  peu  endommagée. 

La  chaire,  relativement  récente,  ne  mérite  pas  plus  qu'une 
simple  mention. 

Le  buffet  d'orgues,  déjà  lourd  par  lui-même,  a  été  encore  ïilourdi 

>  Voir,  ci-après,  plaochc  L. 


183  L'ÉGLISE   DB    LAVAL-DiEU. 

davantage  par  des  adjonctions  postérieures.  II  n*a  pas  à  beaucoop 
près»  au  point  de  vue  artistique,  la  valeur  des  boiseries  que  nous 
venons  d'examiner.  Il  a  néanmoins  sa  célébrité.  Hébuly  originaire 
de  Givet,  étudia  sur  cet  orgue  sous  la  direction  du  chanoine  Guil- 
laume Hauser^  musicien  distingué,  avant  de  venir  à  Paris  en 
1779. 

*  « 

Plusieurs  pierres  tombales  existent  dans  le  dallage  de  la  nef,  à 
Téglise  de  Laval-Dieu.  Malheureusement  les  effigies  et  les  inscrip- 
tions qu'elles  portaient  sont  tellement  effacées  qu'il  est  presque 
impossible  d'en  tirer  aucune  indication  utile.  Nous  avons  pu  lire 
cependant  sur  Tune  d'elles  la  date  de  1385,  ainsi  que  les  noms 
d'un  certain   a  Gerârt,   jadis  maire   de  Monthermeis  »   et  de 

tt  DAME  MARIE  SA  FAME,   FILLE  A  S...  DE  LAIFFOUR  '  »  . 

A  droite  et  à  gauche  de  l'entrée  du  sanctuaire,  sont  encastrées 
dans  les  boiseries  deux  plaques  de  marbre  blanc  sur  lesquelles 
sont  gravées  des  inscriptions  à  la  mémoire  des  deux  derniers  abbés 
de  Laval-Dieu.  Toutes  deux  sont  surmontées  de  leurs  armes. 

La  plaque  de  gauche'  porte  :  d'azur  au  chetron  éUor,  accom- 
pagné en  chef  de  deux  annelels  cor  donnés  d^ argent  et  en  pointe 
d'un  lion  morné  de  même;  le  tout  surmonté  d'une  couronne  de 
comte,  et  timbré  d'une  mitre  et  d'une  crosse. 

On  lit  au-dessous  : 

D.  mcolaus  oudet 

JURE   ELECTIONIS   RESTITUTO 

FRATRUM   VOTIS 

AD   INFULAS   VOGATUR 

IMPURES   PRESBITER 

ANNO  ,1715. 

VALLEM   DEI   INSTAURAT 

A   FUNDAMENTIS; 

REGULAM  VIX    VERBO 

NUNQUAM   MINIS, 

-  Aujourd'hui  Laifour,  canton  de  Mçntbermé,  arrondisfement  de  Méiîèrea. 
«Haut.  lO», 95;  larg.  :  0»,92. 


3 

'j3 


L'£GLIS£    DE    LÂl  jIL-DIE  [J.  1U 

JUfilTEK    BXEUPLO 

PbOVBBlT 

âD    AMVUU    ^TATIS    80 

VOTORUU    58, 

PBDI   ABBATIAUS    51. 

HIC    SEPELITUR 

26  juui  1765 
Requiescat  in  pace^ 

Le  chaplire  de  Laval-Dieu,  à  qui  des  mlrua  avaient  maintes  fois 
contesté  le  droit  d'élire  aes  abbéâ,  affîritia  ce  droit  en  clioîsissant 
dans  son  sein,  le  10  juillet  1715,  Nicolas  Oudet,  HU  de  Fmnçois 
Oudet,  seigneur  de  Luzy  ;  il  fut  béni  le  29  avril  suivant  à  Reims 
par  le  cardinal  de  MaîHy.  Le  prieur  du  monastère^  le  P.  Fracçois 
d'Aubigny,  soumit  au  couseil  du  Roi  un  savant  mémoire,  rempli 
de  preuves  tellement  coniaiucanies  (jue  le  Régent,  par  une  ordon- 
nance du  2S  janvier  1716,  reconnut  aui  chanoines  le  droit  d'élire 
leur  abbé,  Nicolas  Oudet  mourut  en  I7G5. 


La  plaque  de  droite'  porte  ;  d^ûzur  au  Us  d'artjent  à  dextre^ 
et  à  trois  étoiles  de  méme^  mises  en  pal  à  senestre;  timbré  d'une 
mitre  et  d^une  crosse. 


Et  au-dessous 


D,    O.    M, 

A    M    UÉIIOinE    DE 

ï>.    R  EU  A  CLE    LISSOIR 

AÉ    A    BOUILLOM   LE    12    FÉVKJCR    1730 


'  Haut.  :  O"',»^;  twg,  :  0«',4â5. 


L_ 


784  L'ÉGLISE   DE    LAVAL-DIED. 

DERNIER  ABBÉ   DE   LAVAL-DIEO 
AUUONIER   DES   INVALIDES 

SA  CHARITÉ  FUT   AUSSI  ÉT£\DUE 

QUE   SA  PIÉTÉ   FUT   DOUCE 

ET 

SON    SAVOIR   VASTE    ET   PROFOND 

IL   DÉCÉDA    A  PARIS   LE    13   Mat    180^ 

AU   MILIEU   DE   CES   GUERRIERS 

A   QUI   IL   AVAIT   CONSACRÉ 

LE   RESTE  DE  SES  JOURS. 

PUISSE   CE   MARBRE 

CONSERVER   LE   SOUVENIR 

DE   SES   VERTIS 

R.    /.    P. 

Renaacle  Lissoir  était  abbé  de  Laval-Dieu  depuis  vingt  et  un  ans 
lorsque  le  roi  Tappela,  en  1787,  à  TAssenablée  proviociale  de  Metz, 
et  le  nomma  président  de  celle  du  district  de  Sedan.  En  1790.  il 
fut  élu  député  suppléant  à  TAssemblée  constituante.  Malheureuse- 
ment, ce  prélat  instruit,  laborieux,  attaché  à  ses  devoirs,  préli 
serment  à  la  constitution  civile  du  clergé  et  accepta  de  Tépéqufi 
constitutionnel  de  Sedan  la  cure  de  Cbarleville.  ^  A  Tépoque  da 
rétablissement  du  culte,  il  rentra  dans  le  devoir  et  obtint  une 
place  d^aumônier  adjoint  à  THôtel  des  Invalides,  fouclions  qu'il 
gardajusqu'àsamort'.  » 

De  Tancien  mobilier  de  Téglise  abbatiale  de  La!?al-Dî€u,  rien 
n'est  parvenu  jusqu'à  nous.  Nous  savons  notamment  qu'en  IT^Iâ, 
sous  Tabbé  Oudet/dont  nous  venons  de  lire  Tépitaplie,  le  chapitre 
reçut  de  Louis  d'Estain,  chevalier  de  Saint-Louîs,  ancien  capitaine 
au  régiment  de  Roussillon-infanterie,  «  un  beau  soleil  pe^nt  &it 
marcs  d^argent  ou  environ,  bien  travaillé;  au  pied  son  nom  e^t 
gravé,  à  la  charge  de  donner  la  bénédiction  du  Très  SaiDt- 

»  Cf.  Dora  NoKL,  op.  cit.,  p.  125.  ■ 


L'ÉGLISE    DE    LAVAL-DIEU.  185 

ment,  tous  les  jours  de  la  fête  de  la  Sainte  Vierge,  pendant  le 
cours  de  Tannée  à  perpétuité  '  .« 

En  résumé,  ce  qui  fait  le  grand  intérêt  de  la  très  modeste  église 
de  Laval-Dieu,  c*est  Tensemble  de  ses  boiseries  murales.  Même 
après  la  déplorable  suppression  des  stalles  qui  fermaient,  au  moins 
en  partie,  le  chœur  des  religieux,  elles  constituent  encore  un 
ensemble  des  plus  satisfaisants.  Cette  œuvre  du  dix^septième  siècle 
est  belle  autant  par  la  perfection  dé  Texécution  que  par  Theureux 
agencement  des  parties  qui  la  composent.  Les  parties  sculptées, 
ornements,  draperies,  chapiteaux,  figures,  feuillages  et  fleurs,  ont 
été  fouillées  en  plein  bois  par  un  ciseau  d*une  énergie  sans  précio- 
sité, avec  une  vigueur  sûre  d*elle-même  et  maîtresse  de  ses  effets. 
C'est  de  Tart,  mais  de  Tart  puissant  et  robuste,  dont  les  détails, 
loin  de  conspirer  à  dissimuler  les  lignes  principales,  concourent  à 
en  compléter  les  arrangements  et  à  en  accentuer  rharnionîeuse 
simplicité. 

A.  Douillet, 

GorrespondaDt  du  Comité  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  des  départements, 
à  Xancy. 


Archives  départementales  des  Ardennes^  série  H.  493. 


186  DE   L'ART   ET  DES   ARTISTES   DANS   LE   BARROIS. 


XLVI 

NOTES   ET  DOCUMENTS 
POUR    SERVIR   A   L*HISTOIRE 

DE  L'ART  ET  DES  ARTISTES  DANS  LE  BARROIS 

ANTÉRIEUREMENT   A   L'ÂPOQUE   DE   LA  RENAISSANCE 

(Suite) 

THÉÂTRE 

Alors  que  des  tournois  magnifiques  se  renouvelaient  fréquem- 
ment à  Metz  et  à  Nancy  ;  que  des  joutes,  accompagnements  ordi- 
naires des  réjouissances  publiques,  signalaient  les  fêtes  données 
en  1393  à  Toccasion  de  l'arrivée  à  la  cour  de  Lorraine  de  Mar- 
guerite de  Bavière,  épouse  du  prince  Charles  :  en  1436  à  Tannonoe 
de  la  délivrance  de  René  I*%  puis  lors  du  mariage  de  Marguerite 
d* Anjou  auquel  assistèrent  Charles  VU,  le  dauphin  et  la  reine  de 
France,  nous  ne  voyons  pas  que  le  Barrois  ait  été  le  théâtre  de 
semblables  divertissements. 

Dans  ses  Noies  pour  servir  à  Vhistoire  du  théâtre  en  Lorraine^ 
M.  A.  Jacquot  ne  donne  aucun  renseignement  sur  les  mystères  qui 
furent  représentés  dans  notre  pays  pendant  les  quatorzième  et  quin- 
zième siècles.  Les  Annales  du  Barrois,  si  riches  en  renseigne- 
ments pour  cette  période,  ne  nous  ont  rien  appris  sur  la  célébra- 
tion des  grandes  réjouissances  qui  durent  avoir  lieu  durant  le  long 
règne  de  Robert,  soit  aux  noces  de  ce  prince  avec  Marie  de  France, 
soit  lors  de  la  naissance  de  ses  nombreux  enfants.  On  sait  seule- 
ment qu'à  Toccasion  de  séjours  faits  par  ce  prince  à  Étain,  dans 
les  mois  de  mars  desannées  1363  et  1366,  il  y  eut  dans  cette  ville 
des  joutes  qui  y  attirèrent  une  grande  affluence  de  seigneurs  r 
spectateurs,  venus  de  tous  les  points  du  Barrois  et  des  pays  voi. 
De  pareilles  réjouissances  eurent  lieu  également  à  Ponl-à-Mo"' 


DE   L'ART   ET   DES  ARTISTES   DANS   LE   BARROIS.  787 

en  1372,  à  Dun  en  1399,  mais,  dans  le  rapport  qui  en  a  été  fait, 
il  est  seulement  mention  de  joutes,  de  tournois  et  non  de  repré- 
sentations théâtrales. 

n  n'est  bit  aucune  allusion  aux  fêtes  populaires,  semi-religieuses, 
semi-profanes,  célébrées  un  peu  partout  à  cette  époque;  Thistoire 
ne  nous  a  pas  conservé  le  souvenir  de  Fétes^des  Fous  et  des  Inno- 
cents, cérémonies  souvent  scandaleuses  introduites  jusque  dans  le 
cloitre  de  la  cathédrale  de  Toul  et  dont  nous  retrouvons  des  traces 
à  Ligny,  au  milieu  du  seizième  siècle  *. 

Il  nous  faut  arriver  au  temps  de  René  d*Anjou  pour  rencontrer 
des  documents  précis  sur  les  représentations  de  scènes  de  TAncien 
Testament,  de  Vies  de  saints,  de  Miracles  mis  en  actions  sous  les 
dénominations  de  Jeux  et  mystères  qui,  célébrés  d'abord  dans  les 
églises,  puis  sur  les  places  publiques,  se  prolongeaient  parfois 
durant  plusieurs  jours  et  même  pendant  des  semaines  entières. 
Après  être  demeuré  longtemps  entre  les  mains  des  clercs,  le 
théâtre  était  passé  dès  le  commencement  du  quatorzième  siècle 
dans  celles  des  Confrères  de  la  Passion. 

Le  roi  René  d*Anjou  prenait  grand  plaisir  à  ces  spectacles,  dont 
Texécution  était  souvent  confiée  aux  enfants  de  chœur  de  Téglise  de 
Saint-Laud  d*Angers;  dès  Tannée  1454  il  avait  fait  jouer  dans  cette 
ville  les  Mystères  de  la  Passion,  de  la  Résurrection  et  de  Saint- 
Vincent  Ferrier,  pour  la  célébration  desquels,  a  considérant  quMl 
ne  pourroient  estre  joués  sans  grant  mise  et  dépense  de  deniers  » , 
il  donna  la  somme  de  six  cents  livres  tournois*. 

Ce  prince  aurait,  dit-on,  travaillée  la  confection  de  ces  jeux  et 


1  «  16  aontz  1548,  arrêt  du  Parlement  de  Parts  rendu  entre  M"  les  chanoines 
de  Ligni  et  le  s'  d'Estats  leur  doyen,  par  lequel  la  cour  fait  défense  de  continuer 
Tancicnne  cérémonie  (comme  indécente)  qui  se  pratiquait  par  le  chapitre  et  les 
chapelains  à  la  fête  de  la  Pentecôte.  Cette  cérémonie  consistait  en  ce  qu'ils  choi- 
sissaient un  chapelain,  l'habillaient  en  abbé,  avec  crosse  et  mitre,  auquel  on 
donnait  le  nom  dé  Bayart,  et  lorsqu'il  était  ainsi  accoutré  ils  le  menaient  à  ves- 
pres  et  à  la  messe  la  veille  et  le  jour  de  la  fête,  avec  tambours  et  autres  instru- 
ments, et,  au  sortir  de  l'église,  on  le  faisait  danser  dans  les  rues.  Les  chanoines 
et  chapelains  eux-mêmes  dansaient  avec  les  filles  et  les  femmes  de  la  ville,  i  (Car- 
tulaire  de  Ligny.) 

*  LscoY  OK  La  Marche,  Extraits  de  comptes  et  mémoriaux  du  roi  René,  n<>  738. 
l'année  1409,  Yolande  d* Anjou  assistait  à  la  représentation  t  d'aucuns  jeux  ou 

ees  t  qui  se  donnaient  à  Angers  k  au  lieu  jadis  nommé  le  Marchic  auxbestes..., 

\uéi  on  a  accoustumé  jouer  des  mistëres  i .  Voir  n"  728  et  520, 


1 


188  DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS    LE    B.^RROIS. 

même  on  lui  attribue  le  plan  du  Roy  advenir^  représenté  par  sou 
ordre  et  composé  par  Jehan  le  Prieur,  son  valet  de  chambre. 
Cependant  on  ne  voit  point  que  durant  les  dii/ers  séjours  de  tt 
prince,  soit  à  Bar,  soit  à  Louppy,  il  ait  été  donnée  antérieuremeof 
à  Tannée  1463>  de  semblables  fêtes,  alors  en  si  grande  faveur 
dans  les  pays  voisins  * . 

En  1459,  à  la  suite  de  réjouissances  données  dans  Fabbaye  de 
Saint-Mibiel,  les  religieux  allèrent  assister  en  loges  au  jeu  de  Gri- 
seldis  à  Vheure  de  la  Marande*. 

Plus  tard,  en  1543,  de  pareils  spectacles  devaient  être  célèbres 
dans  Téglise  même  de  labbaye  de  Saint-Mihîel  transformée  en 
théâtre  :  a  Là  furent  joués,  avec  toute  la  pompe  possible,  en 
empruntant  les  costumes  les  plus  brillants  de  la  sacrislie»  le 
concours  des  chantres  et  des  orgues,  les  Jeux  et  mystères  ût 
M.  saint  Etienne^  pape  et  patron  de  V église  parochiale  de  lamhk 
ville  de  Saint-Michel,  composés  par  Dom  Loupvent,  bénédictin  de 
Tabbaye'.  » 

L'examen  du  9*"*  compte  de  Jean  de  Barbonae,  receveor 
général  du  Duché  de  Bar,  fournit,  au  chapitre  intitulé  :  Dépendu 
communes^  de  curieux  détails  sur  la  nature  des  divertiss^nieoL^ 
que  les  courtisans  du  duc  René  offrirent  à  ce  prince,  en  rannèe 
1463,  lors  de  son  séjour  au  Château  de  Bar.  Là,  en  présence  de 
Marguerite  d*Anjou  et  de  son  fils,  le  prince  de  Galles,  on  joua  une 
&rce  dite  des  Pastoureaux,  dont  les  principaux  acteurs  furent  le 
jeune  René  de  Vaudémont,  alors  âgé  de  douze  ans,  chargé  de 
remplir  un  rôle  de  jeune  fille  ^,  puis  ses  amis  René  de  Bourmontf 
Pierre  de  Beauvau  et  Hardouin  de  Bresse. 

1  Le  peuple  de  Metz  aimait  avec  passion  ces  sortes  de  spectacles  auxquels,  à 
rorigiae,  prenaient  part  les  membres  du  clergé,  soit  comme  directeurs,  loil 
comme  acteurs.  Les  premiers  mystères  ou  drames  religieux  furent  joués  à  Meti. 
en  1412. 

•  DuMOXT,  Histoire  de  Saint-Mihiel,  t.  I,  p.  170.  — Le  mystère  de  Griscldis, 
pièce  à  trente-cinq  personnages,  composée  vers  la  fin  du  quatorzième  siècle,  parait 
avoir  été  inspiré  par  une  œuvre  de  Marie  de  France,  qui  avait  raconté  an  trei- 
zième siècle,  dans  son  Lai  delFreisne^  une  histoire  toute  semblable.  Voir  (Mfares^ 
1820.  t.  I,  p.  138. 

'  Voir  pour  les  détails  de  celte  très  curieuse  composition  divisée  en  trc' 
ou  journées,  Duuovt,  Histoire  de  Saint-Mihiel,  t.  ill,  p.  259-264. 

^  Dans  le  Jeu  de  Dame  5'^  Barbe,  joué  à  Metz  en  1483,  le  personnaf 
sainte  était  représenté  par  un  beau  garçon  nommé  Lyonard. 


DE   L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE    BARR0I8.  789 

tt  Le  4  décembre  1463,  24*  8'  9"*  monnoie  de  France  pour  une 
aulne  et  demie  gris,  mesure  de  Paris,  à  ung  escu  Taulne,  pour 
faire  robes  longues  aux  petiz  chambellans  René  de  Bourmont, 
Pierre  de  Beauvau  et  Hardoyin  de  Brezze;  quatre  aulnes  d'autres 
gros  gris,  à  la  dite  mesure  de  12'  6'  Taulne,  pour  faire  petites 
robes  aus  dis  René  de  Bourmont  et  Pierre  de  Beauvau,  pour  jouer 
une  farse  de  Pastoureaux  devant  le  Roy  et  ij  aulnes  duditgris,  à  la 
dite  mesure,  pour  faire  ung  abit  de  fille  à  la  dite  farse  pour  René 
monseigneur  de  Lorraine  '.  »  ' 

Sous  le  règne  de  René  II,  qui,  à  Texemple  de  son  grand-père, 
aimait  fort  ces  sortes  de  divertissements,  les  principales  villes  du 
Barrois  purent  jouir  de  ces  spectacles  peu  fréquents  au  temps  de 
René  d'Anjou,  alors  qu*à  la  même  époque  les  représentations 
dramatiques  telles  que  le  Jeu  de  la  passion  Nostre-Seigneur,  celle 
de  la  Révélation  de  l'Apocalyse  sainct  Jehan,  du  Martire  de  sainct 
Victor,  de  la  Passion  de  madame  saincte  Barbe  et  autres  mystères 
pieux,  étaient  souvent  offertes  au  peuple  de  la  cité  de  Metz. 

En  1474,  au  lendemain  de  son  avènement  au  duché  de  Lorraine, 
u  au  jour  de  karesme  prenant  »  ,  René  II  faisait  jouer  une  moralité 
dont  on  ne  connaît  point  le  sujet. 

En  1485,  les  (^  Gallons  sans  soccy  )? ,  qui  allaient  de  ville  en  ville 
a  jouer  farces,  mystères  et  joyeusetés  n  ,  donnent  à  Bar  des  repré- 
sentations. Les  Chroniques  de  Metz,  qui  nous  procurent  ce  ren- 
seignementy  ne  fournissent  aucune  indication  sur  les  titres  des  pièces 
jouées;  il  y  est  seulement  dit  :  «  Un  jeu  fut  donné  à  Bar  et  dans  ce 
jeu  on  vit  des  hommes  faisant  les  personnages  de  dyables'.  » 

Enfin,  en  1514,  la  reine  de  Sicile  ordonnait  de  remettre  la 
somme  de  12  francs  barrois  aux  individus  qui  avaient  joué,  en  la 
balle  de  Bar,  le  mystère  de  la  Sainte-Hostie*. 

Puisque  nous  avons  parlé  des  Enfants  sans  souci,  troupe  nomade 
qui  parcourait  les  provinces,  allant  à  Metz,  à  Nancy,  jouant  des 
farces  et  soties,  pièces  morales  ou  satiriques,  il  ne  nous  parait 

1  B.  502.  En  1449,  avait  lieu  à  Tarascon  le  pas  de  la  Pastourelle  ou  de  la 
Bergère ^  fête  à  laquelle  prirent  part  Ferry  de  Lorraine,  gendre  de  René,  et  Isa- 
beau  de  Lenoncourt,  vêtue  en  pastourelle» 

Ce  fut  sans  doute  à  l'occasion  du  mariage  de  Philippe  de  Gueidresavec  René, 
.bré  à  Orléans,  le  1*'  septembre  de  cette  même  année.  La  ville  de  Bar  avait 
^rt  la  somme  de  1,000  francs  à  cette  princesse,  à  titre  de  joyeux  avènement. 
B.  620. 


790:  DE    L'ART   ET   DBS   ARTISTES   DANS   LE    BARROIS. 

point  inutile  de  rapporter  ici  qu'un  des  chefs  de  ces  troupes 
joyeuses  devait  plus  tard  dresser  son  théâtre  à  Bar  et  égayer,  en 
1523,  les  réjouissances  du  carnaval  :  a  A  M*  Jehan  Sqngecreux,  la 
somme  de  20  escuz  soleil,  à  luy  ordonnée  par  Monseigneur  ledac 
pour  lui  avoir  fait  passe  temps  durant  les  temps  gras  '  9 ,  pendant 
lesquels,  dit  M.  A.  Jacquot,  on  joua  'probablement  une  des  pièces 
composées  par  Pierre  Gringoire*. 

L'année  suivante,  ce  même  Songecreux  se  trouvait  encore  à  Bar 
pour  les  fêtes  données  à  Toccasion  du  baptême  du  prince  Nicolas  : 
a  A  Songecreux,  20  escuz  au  soleil  que  Monseigneur  luy  a  ordonné 
pour  le  passe  temps  qu'il  luy  a  fait,  par  mandement  donné  à  Bar 
le  20'  jour  de  novembre  1524*.  « 

u  La  feste,  dit  Volcyr,  estoitjouyé  par  Songecreux  et  ses  enfants, 
Mal  me  sert.  Peu  d'argent  et  Rien  ne  vault,  que  jour  et  nuit 
jouoient  farces  vieilles  et  nouvelles,  reboblinées  et  joyeuses  à  mer- 
veilles*, n 


IMAGIERS 

Dans  ce  monde  d*ouvriers,  d'habiles  artisans,  dont  nous  voulons 
évoquer  le  souvenir  et  tenter  de  faire  revivre  les  noms,  les  ima- 
giers ou  tailleurs  d'images  paraissent  avoir  occupé  un  rang  supé- 
rieur. Les  comptes  de  Tépoque  nous  les  montrent  faisant  les  répa- 
rations, entreprenant  grands  et  petits  travaux,  même  en  dehors  des 
choses  proprement  dites  de  leur  métier.  Sculpteurs  en  meubles, 
en  statues,  en  retables,  les  imagiers  exerçaient  une  industrie  qui, 
pour  quelques-uns,  n'avait  point  de  bornes*.  Plusieurs,  devenus 
maîtres  des  œuvres,  élevèrent  des  palais  et  des  cathédrales,  d'autres 
se  rendirent  célèbres  comme  graveurs  et  monnayeurs*;  il  en  est 

I  H.  Lepagk,  Etude  sur  le  théâtre  de  Lorraine. 

«  Ihid. 

=»  Ibid, 

^  Mémoires  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Nancy,  1848. 

^  En  1406,  nous  voyons  Meichior  Broedcrlam  peindre  les  armes  de  Bourgo^ 
sur  la  grande  bannière  de  la  commune,  fournir  les  franges  qui  devaient  la  guair. 
dessiner  cinq  patrons  de  costumes  pour  le  magistrat,  produire  des  modèle 
bijoux  ;  ses  compagnons  remployaient,  comme  c'était  l'habitude,  à  tonte  m 
de  menus  ouvrages. 

^  Jean  Mansuy  a.  tailleur  d*ymaiges  > ,  fils  de  Gauvain  Mansuy  était  «  moaj 


DE   L'ART   ET   DBS   ARTISTES   DANS   LE   BARROIS.      ,    791 

qui  furent  à  la  fois  imagiers,  peintres,  machinistes,  ingénieurs  el 
fortiGcateurs. 

A  ses  débuts,  Tapprenti  imagier  s^exerçait  à  travailler  le  bois,  à 
feire  œuvre  de  menuiserie,  avant  de  tenter  de  reproduire  une  figu- 
rine, une  statuette;  puis,  devenant  plus  habile  à  manier  le  ciseau  et 
s'élevant  peu  à  peu  dans  la  pratique  de  son  art,  il  devait  par  la  créa* 
lion  d'une  pièce  plus  parfaite  mériter  le  titre  de  tailleur  d^images. 

Toutefois  ce  titre  tant  désiré  ne  mettait  point  fin  à  son  appren- 
tissage, car  à  cette  époque  les  œuvres  les  plus  parfaites,  qu^elles 
fussent  de  pierre  ou  de  bois,  ne  pouvaient  se  passer  du  concours 
de  la  peinture.  Le  nouvel  imagier  dut  donc  prendre  le  pinceau 
pour  décorer  ses  meubles,  ses  statues,  ses  retables,  et  joindre  & 
son  talent  de  sculpteur  celui  de  peintre  et  de  doreur  avant  de 
devenir  maître. 

Consistant  le  plus  souvent  en  statues  religieuses,  en  sujets  de 
piété,  leurs  œuvres,  même  les  plus  ordinaires,  devenaient  au  sortir 
de  leurs  mains  des  objets  de  vénération  pour  les  fidèles,  et  Etienne 
Boileau  a  pu  dire  des  imagiers  que  leurs  «  mestiers  n'appartenaient 
fors  que  au  service  de  Notre-Seigneur  et  de  ses  sains  et  à  la  bon- 
nerance  de  Sainte  Eglise  '  » . 

Il  ne  reste  plus  rien  des  œuvres  des  imagiers  qui  vécurent  dans 
le  Barrois  au  quinzième  siècle  et  les  comptes  du  quatorzième  ne 
nous  font  connaître  aucun  des  noms  de  ceux  qui,  dès  cette  époque, 
attachés  au  service  de  nos  princes,  durent  contribuer  largement  à 
Tembellissement  de  leurs  demeures  et  des  églises  de  la  région. 
Au  surplus  dans  notre  pays  on  s'est  peu  préoccupé  jusqu'à  nos 
jours  de  ces  modestes  artisans,  de  ces  imagiers  obscurs,  précur- 
seurs de  cette  école  des  Richier  qui  devait  porter  si  haut  la  grande 
tradition  de  notre  art  national  et  produire  tant  de  chefs-d'œuvres 
durant  près  de  deux  siècles. 

Le  dépouillement  de  nos  archives  nous  ayant  procuré  de  trop 

et  frappeur  en  la  monnaie  • ,  1538-1544.  —  H.  LEPâGE,  Mémoires  de  la  Société 

d'archéologie  lorraine^  1875. 
«  Le  livre  des  métiers. 

t  Quiconques  veut  estre  imagiers  à  Paris,  ce  est  à  savoir  tailleras  de  crucifix, 
manches  à  coutiaus  et  de  toute  autre  manière  de  taille  quele  que  cle  soit,  que 
face  d'os,  d'yvoire,  de  fust  et  de  toute  autre  manière  d'estoffe,  quele  que  ele 
t,  estre  le  puet  franchement,  pour  tant  que  il  sache  le  mestier,  et  que  il  euvre 
ns  et  coustumes  du  mestier  devant  dit.  s  Ghap.  lxi. 


792-  DB   L'ART   ET   DES   ARTISTES   DADS    LE    BAREOIS. 

cpuris  renseignements  sur  ces  imagiers  et  sur  leurs  œuvres,  non» 
devons,  afin  de  bien  établir  que  dans  le  Bârrois  Tart  de  la  scul- 
pture n'était  point  en  retard,  dresser  la  liste  des  principaux  mono- 
ments  élevés  dans  nos  églises,  dans  nos  abbayes,  à  nos  princes,  à 
la  mémoire  de  fondateurs  ou  de  personnages  considérables  qui  f 
avaient  reçu  la  sépulture. 

La  collégiale  de  Saint-Maxe,  cette  petite  merveille  dont  la  cha- 
pelle de  Gilles  de  Trêves  était,  au  dire  deMicliel  Montaigne,  la  plus 
somptueuse  qui  fût  en  France,  renfermait  le  tombeau  de  Mari^  de 
Bourgogne,  petite-fille  de  saint  Louis,  épon&e  du  comte  Edouard  I"^; 
celui  du  comte  Henri  IV  et  de  lolande  de  Flandre.  Ce  derDicr,  en 
marbre  noir,  s'élevait  d'environ  quatre  pieds  au-dessus  du  niveau 
du  sol  de  la  chapelle  de  Saint-Jean-Baptistc^  les  deux  figures,  eu 
marbre  blanc,  étaient  couchées  sur  une  dalle  ;  une  grilla  de  fer 
recouvrait  le  monument  * . 

Il  ne  reste  de  ce  monument  que  la  table  supérieure  TormaDt 
autel  au-dessous  du  squelette  de  Ligier  Richier,  et  l'épitaphe  : 


:■-■  Ci-uilt-tlTC  r  tV.ltliV 

//  '  \-  iiiil)l;r.-!,inm'tV'iiu1Ï!iu. 


>iiftilL'  •  lu;.  in\(\\  ■  mm-WW-\] 


Épitaplie  du  comte  Henri  IV. 

ttCi-gist.  très,  hauts,  et.  nobles,  princes.  messJres.H^n ris.  jadis. 
contes,  de.  Bar.  qui.  trépassât,  à.  Paris.  I*an.  de.  grâce*  mil.  ccc. 
et  XLiiii.  la.  vigile,  de.  Noeil.  Proiez.  por,  11.*  a  ;  puis,  croyons- 
nous,  un  fragment  de  son  écu  chargé  de  deux  bars  adossés  dans 
un  champ  de  croisettes  au  pied  fiché'. 

'  M.  Tabbé  Renard,  Le  château  de  Bar^  autrefois  et  aujotsrd'hui^  p. 

*  Cette  plaque  de  marbre  se  trouve  aujourd'hui  au  Mu$ée  de  Dar, 

*  Ce  fragment,  également  de  marbre  noir,  fait  partie  des  collections  de  Cc 
Musée. 


DE    L'ART   ET   DBS   ARTISTES   DANS   LE   BARROIS.  793 

Dans  le  mur  de  Téglise  existaient  trois  arcades  renfermant  des 
tombeaux  anciens  surmontés  de  statues  couchées;  c'étaient,  croît- 
on,  ceux  de  la  comtesse  de  Garennes,  gouvernante  du  Barrois,  de 
Marguerite  de  Longwy  et  de  Pierre  de  Bar,  seigneur  de  Pierre- 
fort. 

On  peut  s'étonner  de  ne  point  rencontrer,  dans  les  auteurs 
anciens  qui  se  sont  occupés  de  Thistoire  de  Bar,  la  mention  des 
tombeaux  de  Robert,  de  Marie  de  France  et  du  duc  Edouard  Ilf, 
leur  fils,  inhumés  dans  la  collégiale  de  Saint-Maxe.  Seul,  H.  Victor 
Servais  rapporte  que  Ton  y  remarquait  autrefois  le  mausolée  élevé 
à  la  mémoire  de  Robert  et  de  son  épouse,  mais  il  oublie  de  men- 
tionner en  quelle  circonstance  ce  monument  disparut  ^ 

OEuvres  peut-ôtre  d'un  sculpteur  barrisien,  ce  tombeau  et  celui 
du  duc  Edouard  furent  édi6és  dans  le  troisième  tiers  du  quinzième 
siècle,  ainsi  qu'il  résulte  du  document  suivant  dont  nous  devons 
la  communication  à  M.  Fourier  de  Bacourt  : 

Le  21  novembre  1466.,  le  roi  René  fait  délivrer  aux  u  doyen, 
chanoines  et  chappitre  de  la  collégiale  de  Saint-Maxe  la  somme  de 
100  florins  du  Rin  en  monnoye  courante  pour  faire  faire  trois 
tombes  dé  marbre  taillées  comme  il  appartient  sur  les  corps  de 
feuz  Robert  et  Edouard  ses  prédécesseurs  ducz  de  Bar  et  dame 
Marie  de  France  femme  dudit  duc  Robert  que  Dieu  absoille, 
inhumez  en  notre  dite  église  entre  le  mur  et  le  grant  autel  d'icelle 
par  ainsy  que  lesd.  doyen,  chanoines  et  chapitre  promettons  et 
s'obligeront  en  noire  chambre  des  comptes  à  Bar  de  faire  et  asseoir 
lesd.  tombeaux  ainsy  et  en  la  forme  et  manière  qu'il  sera  advisé 
de  faire  par  les  gens  de  notre  d.  chambre'.  » 

Ces  tombeaux  avaient  donc  disparu  longtemps  avant  l'époque  de 
la  Révolution,  puisque  Lepaige,  Maillet,  Dom  Calmet  et  Durival 
n'en  parlent  point  dans  leurs  écrits. 

Dans  le  collégial  de  Saint-Pierre  se  voyaient  deux  tombeaux  dont 
les  figures  d'hommes  et  de  femmes  étaient  couchées  :  »  Elles  sont 
bien  sculptées,  dit  Durival,  mais  leur  auteur  n'est  point  connu.  >> 

On  voyait  autrefois  sur  le  parvis  de  cette  église  une  statue  qui 


Annales  du  Barrois,  t.  II,  p.  461. 
Collection  lorraine,  n°  68.  f«  139. 


794 


DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE    BARROIS. 


dut  être  exécutée  durant  la  période  de  la  première  occupation  de 
la  ville  par  une  garnison  française,  de  1480  à  1483;  nous  vooIods 
parler  de  la  statue  en  pied  de  Louis  XI  qui,  désireux  de  rattacher 
notre  duché  à  la  couronne,  venait  alors  de  prendre  à  bail  la  prèîAté 
et  la  ville  de  Bar.  Se  croyant  désormais  maître  définitif  du  Barrois, 
ce  prince  avait  fait  placer  les  armes  de  France  sur  toutes  les  portes 
de  la  ville. 


Dans  une  enquête  faite  en  1702,  nous  trouvons  le  rapport  sui- 
vant: Cl  Au  grand  portail  d'icelle  (église  Saint-Pierre)  avons  remar- 
qué sur  le  pilier  gauche  dudit  portail  en  enti-ant  la  figure  du  rof 
de  France  de  hauteur  humaine  habillé  d*un  manteau  royale  par- 
semé de  fleurs  de  lis,  les  bras  de  ce  roy  sont  rompus.  11  a  sa 
teste  un  chapeau  qui  a  pour  cordon  une  couronne  royalle  ouv 
et  de  fleurs  de  lis  faittes  à  Tantique,  liées  les  unes  aux  autrer 


DE    L'ART   ET   DES    ARTISTES   DANS   LE    BARROIS.  795 

tin  rimpalei  i]&  perles,  ladite  figure  est  en  bosse  de  mesme  qualité 
et  de  couleur  uDiforme  avec  tout  le  portail  qui  parroijit  un  ouvrage 
très  autantique,  les  traits  du  visage  de  ce  roy  ressemblent  parfai- 
tement aux  estampes  que  Ton  voit  de  Louis  XI  dans  les  histoires 
de  nos  roys  et  cette  ressemblance  saulte  aux  yeux  de  ceux  à  qui 
ces  estampes  sont  tant  soit  peu  familières*,  n 

Le  dessin  reproduit  par  Joly  de  Fleury  s^accorde  parfaitement 
avec  ce  passage  des  Mémoires  de  Philippe  de  Commines,  où  il  est 
rapporté  qu'il  avait  été  demandé  à  Colin  d'Amiens  un  portrait  du 
roi  le  représentant  avec  «le  plus  beau  visaige  que  pourres  faire,  et 
jeune  et  plain,  le  netz  longuet  et  ung  petit  hault,  comme  savez... 
le  netz  aquillon,  les  cheveux  plus  longs  derrière...  » 

Nous  ne  tenterons  point  de  rechercher  ici  à  quel  sculpteur  il 
peut  être  permis  d'attribuer  cette  statue,  qui  dut  disparaître  seule- 
ment à  Tépoque  de  la  Révolution  ;  nous  avons  tenté  de  le  faire 
dans  une  étude  spéciale  que  nous  avons  consacrée  à  Timagier  Jean 
Crocq  et  à  sa  famille. 

A  Saint-Antoine,  autrefois  église  des  Augustins,  il  existait  encore 
en  1790  de  très  anciennes  statues  :  saint  Jean  et  la  Madeleine,  une 
Mater  Dolorosa,  saint  Crépin,  saint  Roch,  saint  Christophe,  saint 
Sébastien,  un  Ecce  homo  de  grandeur  nature,  puis  une  mise  au 
tombeau  composée  de  neuf  grandes  statues  et  deux  autres 
moyennes. 

Ces  sculptures  ont  paru  de  peu  de  valeur  aux  agents  du  direc- 
toire du  district  du  Bar  qui,  assistés  du  sculpteur  Sébastien  Hum- 
bert,  procédèrent  à  l'inventaire  du  mobilier  des  églises  '. 

Il  a  existé  dans  Péglise  de  Notre-Dame  divers  monuments  que 
des  réfections  exécutées,  au  cours  des  siècles,  dans  cet  édifice  ont 
fait  disparaître;  de  nombreux  personnages  marquants  y  avaient 

^  Collection  Joly  de  Fleury.  Fonds  français,  n9  1354,  p,  305.  Bibliothèque 
nationale. 

En  reconnaissance  de  la  grâce  qu'il  prétendait  avoir  reçue  par  l'intervention 
de  Saint  Nicolas,  dans  le  grand  danger  où  il  se  trouva  exposé  à  Lyon,  Louis  XI 

ait  fait  placer  dans  Téglise  Saint-Nicolas  du  Port,  contre  un  pilier,  au  côté 

luche  de  l'autel,  une  statue  le  représentant  à  genoux.  Voir  De  Lisle,  Histoire 

r  la  vie  de  saint  Nicolas,  Mancy,  1745. 

^  Archives  de  la  Meuse,  série  T. 


1 


796  DE    LART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE    BARROIS. 

été  inhumés.  Quels  étaient-ils  à  la  fin  du  quinzième  siècle?  nous 
l'ignorons;  aucun  inventaire  dressé  à  cette  époque  ne  vient  nous 
renseigner  à  ce  sujet,  mais  les  termes  précis  du  testament  de  Jean 
Phelippin  de  Fains,  bailli  de  Clermont,  mort  le  11  février  1363, 
nous  apprennent  que  ce  haut  fonctionnaire  était  représenté 
agenouillé  sur  sa  sépulture  dans  la  chapelle  Saint-Nicolas. 

«...  Je  vueil  et  ordonne  que  ung  archet  (arceau)  soit  fait  sem- 
blans  et  pareil  à  Tarchet  que  Jehans  de  Faîns  fist  faire  en  la  cha- 
pelle Saint-Jacques  en  ladite  église,  onquel  archet  jordonne  que 
une  remembrance  de  my  soit  faite  et  quelle  soit  à  genoux  sur  une 
pierre  entaillée  on  mur  devant  une  imaige  de  saint  Jean  qui  sert 
prinse  en  ma  maison  en  ma  chapelle  haut',  n 

Une  fondation,  faite  le  29  juillet  1464,  nous  apprend  qu'au- 
dessus  de  Tautel  de  Sainte-Croix,  en  cette  mêmeéglise,  se  voyaient 
a  les  images  de  la  benoite  annoncialion*  n . 

Enfin  on  peut  voir,  encastré  dans  la  muraille,  à  la  droite  de 
Tautel  de  Notre-Dame  du  Rosaire,  un  tableau  de  pierre  des  pre- 
mières années  du  commencement  du  seizième  siècle,  offrant, 
sculptée  en  relief,  la  représentation  de  la  Vierge  entourée  des 
symboles  par  lesquels  les  Livres  saints  annonçaient  Flmmaculée 
Conception  de  Marie' 

On  doit  croire  que  dans  les  abbayes,  les  prieurés  et  les  églises 
du  Barrois  il  devait  exister  des  monuments  de  ce  genre  :  retables, 
statues  et  autres  œuvres  d*imagiers  antérieurs  au  seizième  siècle. 
Les  documents  nous  font  défaut  pour  les  abbayes  de  Saint-lfihiel, 
de  Lisle,  de  Chàtillon,  dTvaux,  de  la  Chalade  et  de  Saint-Benoit, 
dont  les  cartulaires  ne  sont  point  publiés;  toutefois,. grâce  aux 
notes  deDom  Guitton,  qui,  en  1744,  visita  les  abbayes  cisterciennes 
de  la  région  et  laissa  des  renseignements  assez  curieux  sur  Tétat 
de  ces  monastères  à  cette  époque,  nous  savons  qu*il  existait  alon 
dans  les  cloîtres  de  Tabbaye  d'Ecurey  plusieurs  monuments  très 

'  L.  Maxb-Wrrly,  Notice  surrépitaphe  de  Phelippin  de  Foins.  — BmUed» 
archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques^  1892,  v' 

»  Collection  lorraine,  n»  68,  f«  142. 

^  L'étude  que  nous  avons  faite  de  ce  curieux  petit  monument  paraîtra  di 
Mémoires  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Bar-ie-Due  en  if 


DE   L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE    BARROIS. 


797 


anciens'.  L*inventaire  des 
titres  de  ce  monastère , 
dressé  en  1596,  rapporte  en 
effet  qae  Geoffroy  de  Vau- 
coulearsy  Geoffroy  de  Join- 
ville  son  frère ,  Robert  de 
Sailly,  Simon  de  Commercy 
y  furent  inhumés.  ^  Il  y  a 
surtout  un  de  ces  mausolées 
très  respectables  en  entrant 
à  Véglise.  Il  est  le  plus  beau 
de  tous,  représentant  un 
prélat  séculier,  la  mitre  en 
tète,  mais  sans  inscription, 
ni  monument  d*ailleurs  qui 
nous  le  fasse  connaître'.  » 
Nous  devons  à  Dom  Guit- 
ton  la  description  du  monu- 
ment de  Guy  de  Sailly,  au- 
jourd'hui déposé  au  Musée 
de  Bar-le-Duc,  sur  lequel, 
fait  très  rare  à  cette  époque, 
Fartiste  a  inscrit  son  nom  : 

5c1^n5  de   0flint  iorc    me    fiot 
lehaDz  de  Saint  lore  me  fui  ' 

L'église  collégiale  de  Li-     \]^ 
gny    possédait    un    certain 
nombre  de  monuments  éle-    0 
¥ésà  la  mémoire  des  princes 

*  L.  Maxb*Wrrly,  Emprunts 
faits  aux  récits  des  voyageurs  an- 
ciens qui  ont  traversé  le  Barrois. 
Notes  de  M.  Guitlou^  religieux  de 
CUnrvaux.  —  Annuaire  de  la 
Meuse,  1892. 

flrchives  de  la  Meuse. 
L.  Màxk-Wbrly,  Tombeau  d'un  sire  de  Sailly  de  la  maison 
Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques  et 
^0. 


de  Joincille. 
scientifiques. 


798  DE   L*ART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE   BARROIS. 

de  la  maison  de  Luxembourg:  «  On  y  admirait,  vis-à-vis  Tantel 
du  bienheureux  Pierre  de  Luxembourg,  une  superbe  statue  repré- 
sentant ce  saint  personnage  à  genoux  appuyé  sur  un  prie-Dieu...  i, 
plusieurs  statues  en  bronze  de  grandeur  naturelle  des  grands 
hommes  de  cette  illustre  maison,  puis  le  mausolée  en  bronze  d*aii 
Jean  de  Luxembourg,  peut-être  frère  du  bienheureux  cardinal, 
mort  en  1397,  ou  petit-fils  de  Guy,  qui  vécnt  de  1430  à  1440.  Ce 
tombeau,  qui  gênait  le  passage  de  la  sacristie  au  maitre-autel,  fat 
vendu  en  1766  par  les  chanoines  de  la  collégiale  pour  la  somme 
de  25,000  livres  \ 

Dans  Téglise  de  Couvonges,  nous  avons  remarqué  une  Natmti 
en  pierre,  de  la  fin  du  quinzième  siècle,  montrant  TEnfant  Jèsos 
couché  centre  la  sainte  Vierge  et  saint  Joseph  agenouillés  et  priant; 
puis  au  second  plan  les  têtes  du  bœuf  et  de  Tâne.  A  la  droite  de 
cette  scène,  se  tient  un  personnage,  le  donateur  sans  doute,  i 
genoux,  les  mains  jointes. 

Il  existe  dans  Téglise  de  Gondrecourt  une  représentation  de 
Tensevelissement  de  Notre-Seigneur,  de  la  fin  du  quinzième  siècle, 
avec  personnages  de  grandeur  naturelle,  qui,  si  elle  ne  peut  être 
mise  en  parallèle  avec  le  chef-d  œuvre  de  Ligier  Richier,  offre 
une  certaine  valeur  artistique  et  ne  manque  point  dWiginalité.  Ce 
sujet  de  la  déposition  du  Christ  dans  le  sépulcre  préparé  par  Joseph 
d^Arimathie  était  très  fréquemment  traité  par  les  imagiers  do 
moyen  âge'. 

Aux  piliers  de  la  nef  de  Téglise  d^Anceriille  sont  appliquées  les 
statues  en  chêne  massif  des  douze  apôtres  représentés  avec  ieon 
attributs  traditionnels;  ces. statues,  hautes  de  l''»20,  reposent sor 
des  socles  que  supportent,  en  manière  de  cariatides,  des  anges, 
des  moines  et  autres  personnages. 

D'après  les  règles  liturgiques  de  la  consécration  des  églises,  on 

'  FouRiER  DK  Bacourt,  Vie  du  bienheureux  Pierre  de  Luxembourg.  Puis, 
1882,  in-S**.  —  Voir  également  les  notes  manuscrites  de  Tabbë  Comas.  "  ' 
tbèque  de  Bar.  Ms.  88. 

*  Dans  la  chapelle  de  Sainte-Anne  de  Glermont,  on  volt  six  stttnes  qui  pu 
nent  d'un  Saint-Sépulcre  placé  autrefois  dans  l'église  des  Minimes  de  Venii 


J)E   L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE    BARROIS. 


799 


devait  faire  peindre  douze  croix  sur  les  murailles,  par  allusion 
aux  douze  apôtres  qui  sont  les  fondements  spirituels  de  TÉglise. 
A  Ancerville,  comme  à  Revigny,  à  Notre-Dame  d*Avioth  (Meuse), 


et  à  la  Sainte-Chapelle  de  Paris,  on  avait  orné  chacun  des  piliers 
de  la  nef  d*une  statue  d'un  des  douze  apôtres,  mais,  il  y  a  quelque 


dix  ans,  le  curé  de  ce  temps-là,  ne  trouvant  plus  ces  statues  du 
quinzième  siècle  en  rapport  avec  le  style  de  Téglise  restaurée  par 
tnî.  les  relégua  dans  les  combles,  où  nous  les  avons  retrouvées '. 


A  Gontrisson  (lieuse),  à  Sermaize  (Marne),  les  apôtres  soDt  représentés  en 
Bture  sur  les  piliers. 


800 


DE   L'ART   ET    DES   ARTISTES    DANS    LE    BARROIS. 


Dans  cette  même  église  on  voit  un  magnifique  ciborium  en  bois 
du  quinzième  siècle  que  Ton  n*a  pas  encore  remis  à  la  place  qa  il 
occupait  autrefois.  Haute  de  3", 10,  en  forme  de  clocher  hexagonal 
à  trois  étages,  flanquée  de  contreforts  élégants  avec  arcs-boatants 
et  pinacles,  cette  œuvre  d'art  est  surmontée  d*un  lourd  fleuron  ou 
bouquet  de  feuillages  frisés,  sorte  de  chou  épanoui.  Des  fenêtres 
à  triples  lancettes  ornées  d'oculus  à  dessins  flamboyants,  dont  la 
variété  mérite  d'être  signalée,  occupent  toute  la  largeur  des  flancs 
de  ce  clocher  pyramidal  dont  la  flèche  élancée,,  très  délicatemeDt 
découpée  à  jour,  est  garnie  de  crochets  sur  les  rampants.  A 
Tétage  inférieur  formant  tabernacle,  se  trouve  une  poulie  de  hois 


qui,  peut-être,  servait  à  élever  dans  Tétage  supérieur  —  sorte 
de  crédence  à  jour  destinée  à  Texposition  de  la  réserve  eucha- 
ristique —  les  saintes  espèces  déposées  dans  la  partie  basse  da 
clocher. 

Ce  ciborium,  autrefois  polychrome  et  doré,  avait  été  également 
relégué  à  la  cure  comme  indigne  d'être  conservé  dans  une  église 
badigeonnée  à  neuf;   elle  y  attendait  Tarrivée  d*un  acqué 
lorsque,  en  nous  adressant  à  Tautorité  épîscopale,  nous  eûmi 
satisfaction  d'en  empêcher  la  vente.  Une  Piéta  de  la  même  épo^^ 


DE   L'ART   ET    DES   ARTISTES   DANS   LE    BARROIS.  801 

enlevée  de  son  arcade  soua  le  ibéme  prétexte/  n^a  point  été  re- 
trouvé  e  ' .  t 

On  doit  regretter  que  chaque  prétendue  restauration  d*un  édifice 
religieux  entraîne  la  dispersion  des  plus  intéressantes  pièces  d*un 
mobilier,  précieuiàplusd'un  Litre»  et  qu^assurément  ni  les  chemins 
de  croix,  ni  les  statues  écœurantes  des  fabriques  parisiennes  et 
lyonnaises  ne  sauraient  remplacer. 

Nous  ne  pouvons  décrire  ici  toutes  les  sculptures  intéressantes 
des  anciennes  églises  du  Barrois:  les  stalles  de  Saint-Amand  et  de 
Saint-^raxe^,  les  nombreuses  crédences  dont  plusieurs  sont  très 
remarquables  par  leur  ornementation  '  ;  les  clefs  de  voûtes  chargées 
d'armoiries,  d'insignes  de  corporations  ;  les  tabernacles  placés 
dans  Tin  teneur  des  murailles,  prenant  jour  à  Teitérieur  par  un 
petit  oculus  muni  de  barreaux  de  fer  ou  décoré  de  sculptures  dans 
le  genre  flamboyant  »  puis  fermé  à  Fintérieur  par  des  volets»  grille 
ou  autre  travail  de  Terronnerie^  dans  un  petit  édiculeavec  pilastres, 
architrave  et  fronton  *. 

Xous  regrefterons  également  de  ne  pouvoir  reproduire  les 
curieuses  croix  placées  dans  les  cimetières»  aux  abords  des  villages 
ou  à  la  croisée  des  chemins.  Parmi  les  plus  remarquables  par  leur 
exécution,  nous  signalons  celles  du  village  d*Ancerville  %  et  la 
croix  champêtre  de  Culey.  Cette  dernière  présente  à  son  sommet» 
dans  nue  rosace  gothique  ajourée  et  ornée  de  crochets»  d*un  côté 
le  Christ  en  croix  avec  la  Vierge  et  saint  Jean»  puis  de  lautre  la 
Vierge  debout  tenant  TEnfant  Jésus»  accostée  de  deux  personnages, 

1  L*iibi)é  REKJiaD,  Aotiee  turAttcerville.  Bar-le-Duc,  1893,  în-S". 
'  L'ahbé  Rexard,  Le  Château  de  Bar,  autrefois  et  aujourd'hui.  Bar-Ie-Duc, 
18&6.  grand  m-8^ 

^  Xuui  fixons  remarctué  dans  Té^fi^e  de  Sommeilles  un  retable  en  pierre  de 
■grande  dîmeDMon  repré^eotant  l'adoration  des  Mages»  puis  une  piscine  dont  le 
tympan  ttUtc  k  scène  de  l'Annanciation.  De  bi  boucbe  de  Dieu  le  Père,  couronné 
«l'une  tiare,  sort  un  rayon  [|ui  porte  le  Saint-Esprit  vers  la  S'*  Vierge  agenouillée; 
sur  lu  gauche  Tan^c  ijabriet  Ueot  un  phylactère  avec  ces  mots  :  AVË  MARL\, 
puis,  dans  F  espace  cjui  les  Rcpar<.%  un  vase  portant  trois  lis. 

L.  Ma.ve-WehlVj  Nvte  sur  les  oculus  pratiqués  dans  le  mur  du  chœur  des 
:es  de  la  région  de  l'Est,  —  Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  France^ 
\  p.  188. 
*ttbbé  HK\.îiaD^  Notice  sur  Ancerville. 

51 


802  DE    L'ART    ET   DIS    ARTISTES    DANS    LE    BARROIS. 

peut-être  saint  Mansay,  patron  du  village,  et  saint  Cbristophe, 
dont  le  culte  était  très  en  honneur  dans  la  région. 

Des  œuvres  en  bois  exécutées  au  quinzième  siècle,  telles  qae 
fiertés  ou  grands  reliquaires,  autels,  statues  et  retables,  il  en  tû 
peu  qui  aient  échappé  à  la  destruction.  On  peut  cependant  citer  le 
grand  meuble  conservé  dans  Téglise  de  Hognéville  qui,  classé  par 
nos  soins  au  nombre  des  monuments  et  objets  d*art  ayant  un  carats 
tère  réellement  artistique,  mérite  d*étre  Tobjet  d'une  étude  toate 
spéciale'. 

Dans  ce  petit  chef-d'œuvre  en  forme  de  triptyque,  oii  Thabileté 
du  ciseau  se  joint  à  la  plus  exacte  reproduction  du  fait  évangéliqae, 
l'artiste  imagier  a  représenté  la  Passion  de  Notre-Seigncur  depuis 
la  scène  du  lavement  des  pieds  jusqu'à  celle  de  la  Résurrection.  Ui 
personnages  étaient  au  nombre  de  cent,  quelques-uns  sont  dé- 
truits; leur  attitude  est  à  la  fois  naïve  et  originale  ;  les  tètes  Ktnt 
surprenantes  de  vérité  el  de  sentiment  ;  tous  sont  richement  cos^ 
tumés  et  une  peinture  intelligente  a  répandu  le  brillant  de  sod 
coloris  sur  cette  œuvre  qui  peut,  à  juste  titre,  revendiquer  une 
place  honorable  parmi  les  monuments  historiques  de  la  région. 

Ces  divers  monuments  dont  nous  venons  de  signaler  l'existeiice 
étaient-ils  les  seuls?  Cela  n'est  point  probable.  Or  comme Thistoire 
générale  du  Barrois  est  encore  à  faire;  que  celle  de  nos  anciennes 
abbayes  ne  paraît  point  avoir  tenté  les  religieux  qui  auraient  pa  el 
du  s'y  intéresser,  il  reste  bien  peu  de  renseignements  écrits  sur  h 
période  antérieure  au  seizième  siècle.  Aussi  doit-on  regretter  qB« 
partout  on  n'ait  point  pris  le  soin,  comme  le  prescrivit  en  15o3 
Tévéque  Nicolas  Pseaume,  lors  de  la  démolition  de  l'église  di 
Saint- Paul,  de  relever  toutes  les  sépultures  et  les  épitaphes;  il 
nous  aurait  été  permis,  en  consultant  ces  procès-verbaux,  de  reih 
contrer  bon  nombre  de  mausolées,  de  tombeaux»  de  cénotaphes 
élevés  à  la  mémoire  de  nos  princes. 

Dans  le  recueil  publié  par  Tabbé  Lionnois,  il  est  rapporté,  ^Q 
parlant  de  la  chapelle  de  Notre-Dame,  dite  aussi  chapelle  de  Bar, 

'  iVous  avons  adressé,  en  1896,  à  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  A.       ^ 
Bdr-le-Duc  une  \otice  très  développée  sur  cet  intéressant  retable,  don' 
moment,  M.  Hœswilvald  dirige  la  restauration. 


DE  L  ART  KT  DES  ARTISTES  DANS  LE  BARR0I8.     808 

que  tt  au-dessus  de  la  table  de  Tautel...  y  ait  une  annnntiation  ou 
imagerie  de  piere  et  près  de  Tange  annuncéant  est  taillé  en  pîëre 
UDg  prince  de  Bar»  en  figure  d*ung  homme  ayant  Tung  des  genoux 
à  terre  et  offrant  une  chappelle  à  Notre-Dame,  à  Tentour  de  la 
quelle  est  ung  tableau  escript:  Dame  je  vous  présente ,  et  ez  ij 
espaulles  diceluy  conte  priant,  y  ait  à  chascune  ung  escusson  con. 
tenant  en  champ  d'azur  ij  barbeaux  d'argent'  « . 

Ce  prince  serait  le  comte  Edouard  II  mort  à  Verdun,  en  juin 
1352,  près  de  son  cousin  Hugues  de  Bar,  évoque  de  cette  ville*. 

Très  nombreuses  étaient  autrefois  les  inscriptions  encastrées  çà 
et  là  dans  les  murs  de  nos  églises,  les  pierres  tombales  dont  le 
chiffre  serait  bien  plus  considérable,  si,  lors  des  réfections 
apportées  aux  pavés  de  ces  édifices,  on  avait  pris  le  soin  d'assurer 
la  conservation  des  dalles  les  plus  importantes,  rappelant  soit  les 
noms  et  titres  de  ceux  qui  y  avaient  reçu  la  sépulture,  soit  les 
pieuses  fondations  qu'ils  y  avaient  faites. 

Toutes,  nous  Tespérons,  ne  sont  point  destinées  à  disparaître 
dans  l'avenir;  cependant,  trop  souvent  négligées  de  ceux  là  mêmes 
qui  devraient  se  faire  un  devoir  de  veiller  à  leur  conservation, 
déjà  bon  nombre  d'inscriptions  ne  peuvent  plus  être  relevées. 
Leur  état  actuel  de  dégradation  ira  sans  cesse  en  augmentant,  car 
le  peu  de  zèle  apporté  par  les  fabriques,  par  le  clergé,  à  la  conser- 
vation de  ces  rares  débris  si  importants  pour  l'histoire  du  passé, 
contribue  chaque  jour  à  leur  disparition. 

Il  serait  trop  long  de  décrire  dans  cette  étude  toutes  les  pierres 
tombales  et  inscriptions  funéraires,  antérieures  au  seizième  siècle, 
qui  se  voient  encore  en  place  dans  les  églises  du  Barrois;  beaucoup 
de  ces  nionuments  n'existent  plus  qu'à  l'état  de  débris.  Il  nous 
suffira  de  signaler  quelques-uns  des  plus  importants  tant  au  point 
de  vue  de  leur  valeur  historique  que  de  leur  remarquable  exécu- 
tion*. 

*  Recueil  des  sépultures  anciennes  et  épitaphes  de  Saint-Paul  de  Verdun^ 
publié  en  1779  et  réédité  en  1865,  par  Gayon. 

«  L'abbé  Clouet,  Histoire  de  Verdun,  t.  III,  p.  2*3. 

^  Consulter  sur  ce  sujet  les  travaux  de  MAI.  Dumont  et  Léon  Germain,  puis 
ude  de  M.  A.  Bkvoit.  Inscriptions  du  département  de  la  Meuse,  dont  la  pre- 
ére  partie  a  paru  dans  le»  Mémoires  de  la  Société  des  Lettres^  Sciences  et  Arts 
Bar-le-Duc,  1894. 


804  DE    LART   ET    DBS   ARTISTES   DANS    LE   BARHOIS. 

Il  eiiste  dansFéglise  de  La  Chalade  une  pierre  tombale,  que 
M.  Julien  Havet  attribue  à  la  fin  du  treizième  siècle,  portant  gravée 
en  creux  la  figure  d'un  chevalier  en  haubert,  avec  cette  inscrip- 
tion : 

«  Ci  gist.  mesire.  Ogiers  :  chlrs  :  sires,  de  Donefou.  prorei* 
por.  lui.  » 

Ogiers  de  Donnevou  (Dannevoux,  canton  de  Hlontraucont, 
écuyer,  fut  un  des  habitants  notables  du  pays  entendus  dans  Ken- 
quête  qui  se  fit  à  Verdun,  en  mai  1288,  au  sujet  de  la  frontière 
d'Empire  en  Argonne'. 

Une  inscription  encastrée  dans  un  des  murs  de  régljse  de  Saint- 
Mâxe  de  Bar,  signalée  dans  le  registre  capitulai  re  de  celle  collégiale, 
mérite  d*ètre  rapportée  ici  : 

<  Cy  gist  Ogier  Bouchard,  dame  Catherine  sa  femme  et  Jebau  leur  fil», 
trépasses  le  lundi  9  juillet  1300,  le  jeudi  9  mar^  KU3,  le  samedi 
24  décembre  1353,  ont  donné  8  muids  d'avoine  rooi Lange  à  preitdrf 
chacun  an  sur  la  masse  et  grange  dimeresse  de  Rerigny  ci  Vnvtncourt  «m 
supports  de  l'église  de  Céans  en  charge  de  dire  et  célébrer  par  ice&i 
deux  basses  messes  par  chacune  semaine  de  Tan.  » 

On  voyait  encore  en  1868,  dans  Téglise  de  V  au  bacon  rlp  uae 
pierre  funéraire  en  marbre  noir,  fort  efiacée,  offrant  la  reprma* 
talion  d*un  chevalier  du  quatorzième  siècle  dont  Tarmure  èUW 
recouverte  d'une  robe.  De  Tinscription  demeurée  presque  illisible 
il  ne  restait  que  : 


de  Vaubecourt  dit  TErmite. 


Jacques,  dit  TErmite,  seigneur  en  partie  de  \aubecourl,  était 
fils  de  Gilles,  seigneur  de  Nettancourt.  Sur  la  fin  du  treizième 
siècle  il  fit  le  voyage  de  Terre  sainte,  fonda  en  1300  im  couveiil 
de  cordeliers  entre  Vaubecourt  et  Triaucourt,  puis  vendit  en  1314 
au  comte  de  Bar  sa  maison  de  Vaubecourt  et  toutes  ses  apparte- 


>  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XLII,  année  t«84»   p.  383-i 
GeUe  dalle  remonte,  croyons-nous,  au  quatorsiéme  siècle;  les  armes  de*  D 
vaux  étaient  :  d* argent  à  trois  lionceaux  de  sable. 

*  DuFOURNV,  Inventaire,  layette  Bar. 


DE    L'ART  XT   DES   ARTISTES   DANS    LE    BARROIS.  805 

Une  dalle  de  I^  cathédrale  de  Verdun  noas  offre  rinscription 
suivante  : 

«  Cy-gîst  :  honorable  et  discrète  personne  :  maistre  Jehan  de 
Poulougni  maistre  ens  ars  et  en  medicine  :  fusiciens  des  signours 
et  dames  de  Bar  :  chanoines  de  céans  :  cureis  de  saint  Médard  : 
doiiens  de  la  crestientei  de  Verdun  ;  qui  trespassoit  :  lan  de  grâce 
nostre  signour  M  CGC  IIII  XX  et  VI  le  xx  jour  de  fevries  :  proies 
pourlii*.» 

Nous  ne  savons  que  penser  de  cette  date  de  1386  en  présence  des 
suivantes,  rapportées  par  M.  Servais,  qui  nous  montrent  dès  Tannée 
1346  Jean  dePouligny,  physicien,  chanoine  de  Verdun,  à  qui 
son  degré  de  science  et  ses  fonctions  canoniales  paraissent  devoir 
assigner  un  âge  déjà  avancé,  attaché  par  lolande  de  Flandre  au 
service  de  sa  maison;  en  1365  il  se  rendait  de  Verdun  à  Briey 
pour  soigner  le  duc  de  Bar.  Nous  le  retrouvons  dans  les  archives 
du  Barrois  indiqué  comme  étant  prévôt  de  la  Madeleine  en  1388, 
physicien  du  duc  Robert  en  1399, 1403  et  1405,  puis  habitant  Bar 
en  Tannée  1420*. 

Dans  Téglise  du  prieuré  de  Dieu-en-Souvienne  se  voyaient, 
avant  la  Révolution,  les  tombeaux  des  seigneurs  de  Lonppy;  tous 
ont  disparu  lors  de  la  destruction  de  ce  petit  monastère,  mais  leurs 
épitaphes,  retrouvées  par  le  R.  P.  Goffinet  dans  les  papiers  d*un 
curé  luxembourgeois  qui  les  avait  relevées  au  seizième  siècle, 
doivent  être  sous  peu  Tobjet  d'une  étude  de  la  part  de  notre  con- 
frère M.  Léon  Germain. 

La  dalle  funéraire  qui  recouvrait  les  cendres  de  Raoul  de 
Louppy,  ancien  gouverneur  du  Dauphiné,  un  des  personnages  les 
plus  marquants  de  son  temps,  et  celles  de  Jeanne  de  Conflans,  sa 
femme,  a  été  brisée  et  employée  à  la  confection  de  deux  marches 
d*escalier  et  du  seuil  d*une  maison  d'auberge,  à  Villotte  devant 
Louppy.  On  y  lit  : 

Cy.  gist.  Messires.  Raouls.  jadis,  sires,  de.  Louppy.  et.  de.  Boursoll. 

dscription  relevée  par  M.  Gh.  Bavigoier  et  publiée  dan»  le  Journal  de  la 
ié  d'archéologie  lorraine,  1837. 
Mor  Servais,  Annales  du  Barrois, 


806 


DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS    LE    BARRaiS. 


Chrs,  qui.  trespiiu. 
(Fan  MCCC  Illl)  X\  a 
VIll.  le  III'  jour,  (de) 
(l'année)  K 

Cy.  gîsi.  Madime. 
Jebanne-  de.  Conflanf. 
sa.  femme,  qui  Irespam 
(Pan  M.  CCCLXXX.U 
Ill«  feste  de  la  Punies- 
cote.  Pries,  Uieu  pour 
elle). 

Une  grande  dalle cfu 
Musée  de  Bar,  décou- 
verte par  notre  cod- 
frère  et  atni,  M.  E» 
Pierre  de  Houdeliio- 
court^  dans  Tâlre  du 
foyer  d'une  maison 
de  Baadignecourl.fail 
connaître  un  abbé 
du  monastère  d'EvaQi 
dont  le  nom  ne  figait 
ni  dans  le  cartuliïre 
de  celte  abbaye,  ni  daof 
la  liste  des  al^bé^  (\u 
donne  le  Gallia  Chris- 
tiana. 

f  Lan.  de.  grâce,  oui.  w^^ 

le.  XXV*.  dnouït  pbiL  frerei 

[JehftDs.  abbc*  ] 

fut.  de.    ccsi*    monaïtere^ 

I  La  rO te  de  Pâunci  m^- 
bant  celle  aan^e  le  Î9  irarK 
Raoul  dut  mourir  le  U, 
jour  qui,  suivAiit  la  foâm^ 
de  compter  alors  eu 
était  le  troisième  ée  t'i 
Annales  du  Barrois  i 
p.  140. 


DE   L'ART   ET    DES   ARTISTES    DANS   LE    BARROIS.  801 

âdvis.  son.  ame.  soit.  ea.  paradix. 
f  Et.  fut.  «on  successeur 
Orris.  de.  £hallevrennes.  iadîs.  abbes  de 
(Glere)  fontaine,  et.  de.  Vanlx  ■. 

II  y  a  quelques  années,  nous  avons  relevé  et  pris  les  estampages 
de  fontes  les  inscriptions  qui  se  trouvent  dans  Téglise  de  Dam- 
marie.  La  suivante,  gravée  sur  un  des  piliers  de  la  nef,  nous  parait 
mériter  d*étre  reproduite  : 

Ci  :  gist  :  vénérable  et  :  re 

ligieuse  psône.  frère  :  Jéh  : 

le  :  fevre  :  de  Daêma 

rie  :  leql  :  a  :  fait  :  faire  :  cest  : 

pîite  :  eglle  :  et  :  trespassa  * 

le  :  viii*  iour  :  de  ivllet  :  Il 

iiii  :  cccc  :  Ix  :  et  xviii  (cloche) 

prie  :  dieu  :  povr.  Ivy 

(main)  de.  F.  P.  Ghr.  de  Joinville.  re. 

Nous  avons  acquis  il  y  a  quelques  années,  pour  le  Musée  lapi- 
daire de  Bar-le-Duc,  une  dalle  funéraire  dont  rinscription,  d'une 
remarquable  facture,  se  détache  en  relief  sur  un  fond  gradiné 
autrefois  doré  ;  au  haut  du  tableau  l'artiste  a  reproduit,  entre  les 
deux  défunts  agenouillés,  la  scène  si  fréquemment  représentée 
alors  par  les  Imagiers  :  sainte  Anne  instruisant  la  sainte  Vierge. 

En  cest.  chapelle,  gist.  Ysabel.  de  la  Résulté,  jad.  feme.  a  feu. 
pierressô.  Bnile.  auditeur,  ê.  la  châbre.  des  coptes,  a  Bar  laquelle., 
trespassa.  le.  jeudi  viij*  jo'.  de  novëbre.  Tan.  mil.  iiij«  iij"*  et.  xij.  Et. 
aussi,  y.  est.  inhumé.  Maistre.  Jhan.  de.  leglise  leur  gëdrc.  qui. 
trespassa.  le.  mardy.  lexxi\*jour,  de.  Avril,  lan.  de.  grâce  M.  cinq, 
cens,  et  cinq.  P.  pour  (eux).  *. 

A  Texception  de  Jehan  de  Saint- Joire  et  de  F.  P.  Chr,  deJoin- 
ville,  que  nous  croyons  être  le  lapicide  auteur  de  rinscription  de 
Dammarie,nous  ne  connaissons  point  les  tumbiers  qui  exécutèrent 
les  dalles  funéraires  autrefois  en  si  grand  nombre  dans  le  Barrois. 
Quant  aux  imagiers  auxquels  on  doit  attribuer  Texécution  des  tom- 

»  Mémoires  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Bar-le-Duc. 
•  C.  Maxb-\Vbri.y  et  E.  Pikrrk,  Dalle  funéraire  de  Jean  de  Troussey,  abbé 
^.caux,  mort  en  140.V.  Mémoire  de  la  Société  de  Lettres,  Sciences  et  Arts  de 
nr-le^Duc.  3«  série,  T.  111,  1894. 


808  D£    L'ART   ET   DES   ART[ST\ES    DANS   LE    BAREQIS. 

beaux,  retables,  autels,  piscine?,  statues  et  boiseries  de  nos  églises, 
nous  avons  rencontré  fort  peu  de  renseignements  sur  ces  artistes; 


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leurs  noms  nous  apparaissent  le  plus  souvent  dans  de  très  co. 
mentions.  Comme  nous  ne  possédons  plus  les  comptes  trésor 


DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS    LE    BARROIS. 


809 


des  églises  à  rembeUissement  desquelles  ces  imagiers  ont  si  large- 
ment contribué,  nous  ne  pouvons  déterminer  l'attribution  qui  peut 
être  faite  à  chacun  d*eux,  ni  juger  des  prix  payés  pour  Texécution 
des  œuvres  admirées  autrefois  à  Saint-Maxe,  à  Notre-Dame  et  à 
Saint-Pierre  de  Bar. 

Le  plus  ancien  tailleur  dlmages  dont  il  soit  fait  mention  dans 
les  comptes  du  Barrois  est  Collignon  le  Marjolet  (le  moucheté), 
maçon,  qui,  en  14(9,  refait  «  a  nuef  le  chief  et  la  couronne  de 
limaige  de  sainte  Catherine  en  la  chappelle  de  Queurres  (Kœurs)  *  » . 

Nous  n'avons  point  d'autre  renseignement  sur  cet  imagier  et 
n'avons  point  rencontré  de  nouveaux  documents  sur  Pierre  de 
Milan  dont  il  a  été  fait  mention  dans  un  précédent  chapitre.  On 
sait  que  de  1462  à  1464  cet  artiste  avait  un  atelier  dans  le  voisi- 
nage de  l'église  Saint-Pierre. 

Vient  ensuite  Husson  f imagier,  dont  le  nom  figure  dans  une 
lettre  datée  de  Louppy-le-Chàteau,  du  22  juillet  1464,  par  laquelle 
le  duc  René  a  sur  l'avis  de  maître  Husson  imagier,  ordonne  au 
prévôt  de  Foug  de  lui  apporter  certaines  imaiges  et  un  ciboire 
pour  l'église  de  Dieu-en-Souvienne  '  ?> . 

Sur  un  fragment  de  statue  de  pierre,  rencontré  au  milieu  des 
débris  qui  se  trouvaient  dans  les  caveaux  de  l'église  Saint-Pierre, 
nous  avons  remarqué,  tracée  à  la  pointe,  la  signature  d'un  sculp- 
teur de  ce  nom. 


A  la  même  époque,  un  compte  de  Jean  de  Barbonne,  receveur 
général  du  Barrois  (1464-1465),  nous  apprend  qu'il  fut  remis: 
a  x*  vij'  iij*  à  maistre  Tristam,  tailleur  d'images  en  pierre,  lequel 


'  B.  2795,  (o  64  r°. 
•B.  2227.  1»«9  vM. 


810  DE    L'ART   ET   DES    ARTISTilS   DANS   LE    BAEBOIS. 

par  le  mémoire  envoyé  par  le  roy  de  Sicilleet  apporté  par  Henriet 
a  esté  mandé  de  par  ledit  seigneur  roy,  alors  en  Anjou,  et  a  esté 
appoincté  avec  luy  pour  ses  dépens  à  la  somme  de  vj  escuz  comme 
(appert)  par  le  tesmoingnage  dudit  Henriet  ^  v 

Nous  proposons  de  reconnaître  dans  cet  artiste  un  personnage 
du  même  nom,  demeurant  en  1460  à  Hattonchâtel,  que  noos 
retrouverons  plus  loin  travaillant  à  la  cathédrale  de  Toul  et  faisant 
tt  les  dessins  et  patron  du  portail  de  Toul  » . 

Lors  des  travaux  entrepris  au  château  de  Lonppy,  dans  le  der- 
nier tiers  du  quinzième  siècle,  on  remarque,  au  nombre  des 
ouvrages  exécutés  pour  la  chapelle,  la  confection  d'un  grand  reli- 
quaire dont  la  décoration  fut,  ainsi  que  nous  Tavons  vu,  conGée  au 
peintre  Simonin  (page  72).  Le  compte  de  Parisot  des  Bordes,  poar 
Texercice  1473-1474,  rapporte  qu'il  fut  payé  une  somme  de 
tt  50  fr.  à  Jehan  le  menusier  pour  *avoir  fait  une  fierté  do  boix 
taillée  et  ouvrée  de  menuiserie  bien  gentement  à  quatre  piUiers, 
deux  panneaulx  et  les  chenets,  où  étaient  en  Tun  les  armes  du  Roy 
et  celles  de  la  Royne  enTautre,  laquelle  fierté  pour  mettre  en  icelle 
plusieurs  belles  et  dignes  reliques  de  plusieurs  sains  de  paradis 
qui  sont  en  la  chapelle  du  chastel,  et  dix  gros  pdur  avoir  fait  deux 
tabernacles,  Tun  sur  Nostre  Dame  et  Tautre  sur  sainct  Jehan, 
pour  avoir  lambrouxié  par  dedans  la  fenestre  où  est  le  cbiersaincte 
Urcille  pour  la  frescheur  du  mur,  d'avoir  fait  ung  tableyt  où  sont 
mises  par  escript  les  ordonnances  destestamens  feu  messire  Raulx 
de  Louppy  et  deux  petis  bayars  de  bois  à  pourter  icelle  fierté  et 
ledit  chief  '  » . 

Nous  citerons  enfin  Michel  et  François  Perrin,  dontrinvenlaire 
des  archives  de  la  Meuse  ne  fait  aucunement  mention  et  qui, 
demeurés  inconnus  à  Fauteur  des  Annales  du  Barrois,  seraient 
restés  dans  Toubli,  si  M.  Alfred  JaCob,  en  reprenant  sur  notre 
demande  Texamen  des  comptes  de  cette  époque,  n'avait  eu  la 
bonne  fortune  de  découvrir  leurs  noms  dans  le  compte  de  Chris- 
tophe Liètard,  receveur  général  du  Barroîs,  puis  l'extrême  obli- 
geance de  nous  faire  parvenir  aussitôt  le  document  suivant: 


'  B.  503,  f»  163  vo. 
«  B.  1335. 


DE    I/ART   ET    DES    ARTISTES   DANS    LE    BARROIS.  SU 

X^  Xlj'.  Vj** Assavoir  a  Didier  de  Viliers  pour  le  bois  de  quatre 

tableaux  dressez  sur  quatre  piedz  que  maistre  Michiel  Perin  ymaigier  a 

fait  faire  pour  faire  les  lyons  dessus iij  gros; 

llem  à  François  Ronyer  de  Gondey  pour  advoir  fait  et  fourny  les  piedz 

desdits  quatre  tableaux iiij  gros  ; 

Item  pour  le  sallaire  de  huict  ouvriers  qui  ont  été  chaver  et  tirer  la  terre 
pour  faire  lesdits  lyons  entre  Lisle  et  le  Petit  Louppy  en  lieu  dit  laCouleu- 

vriëre,  à  raison  de  iij  blancs  Fun  vallent vc  gros 

Item  paie  à  deux  charretiers  dudit  Gondey  qui  ont  fait  le  charroy  et 
admenez  la  dicte  terre  audict  Gondpy  pour  la  balre  et  convertir  en  nature 

pour  ouvrer,  à  raison  de  vj  blans  la  voie,  valent iij  gros 

llem  paie  à  huict  compaingnons  dudit  Gondey  pour  leurs  peinnes  et 
sallaires  d*avoir  battu  ladicte  terre  par  deux  nuyltées  durant,  à  raison 
de  vj  blans  pour  chascun  des  dicts  compaingnons,  valent.  .  .  xij  gros 
Item  paie  à  deux  charretiers  dudit  Gondey  pour  leurs  sallaires  d*avoir 
admené  dudit  lieu  de  Gondey  au  chasteau  de  Bar  deux  voictures  de  ladicte 
terre  après  ce  quelle  a  esté  battue  et  ouvrée  pour  ouvrer.  ...  vj  gros 
Item  paie  à  deux  autres  compaingnons  dudit  Gondey  qui  ont  encorres 
battu  une  demye  charrée  de  ladite  terre   par  ung  jour  entier,  à  raison  de 

vj  bl.   l*un,  valent iij  gros 

Item  paie  audit  Michel  pour  une  vieille  nappe  et  ung  voile  lincieux  par 

luy  achetez  pour  couvrir  son  ouvraige xiiij  bl. 

Item  donné  à  FrançoisPerin  frère  dudit  Michiel  pour  son  sallaire  d*avoir 
esté  par  quinze  journées  &  aidier  à  son  frère  à  besongner  es  testes  de 
cerfs  et  de  biches  dont  Ton  na  es  ramures  des  chandeliers  pour  servir  es 
salles  et  galleries  à  raison  de  vj  bl.  par  jour,  vallentz.  x\ij  gros  et  demi 
Item  baillée  audit  François  Perrin  pour  avoir  depuis  besongné  et  aidier  à 
son  dit  frère  &  parfaire  les  quatre  lyons  de  terre  quUla  faicte  par  l'ordon- 
nance de  la  Royne  de  Sicile,  nostre  très  redoubtée  dame,  pour  mectre  à 
rentrée  de  Téglise  de  Sainct  Maxe  de  Bar  pour  tenir  les  bastons  du  ciel 
qui  y  a  esté  mis  pour  le  baptisement  de  Penfant  de  mons'  Guyse,  p«r  six 

journées  a  raison  de  vj  bi.  par  jour,  valent ix  gros  ; 

Item  paie  pour  ung  cent  de  grans  fagots  bons  et  secqs  que  ledit  Michiel  a 
faict  admener  dudit  Gondey  en  chasteau  dudit  Bar  pour  mettre  en  four- 
neau à  cuire  les  dits  lyons vj  gros; 

Item  paie  a  François  Bouchart  pour  avoir  délivrez  audit  Michiel  trente 
livres  de  plâtre  pour  aidier  à  parfaire  les  dits  lyons  à  raison  de  j.  gr.  la 

livre,  valent xxx  gros  ; 

ItcmY^ic  audit  Michiel  pour  avoir  fourny  douze  livres  de  plâtre  qu'il  a 

mis  en  œuvre  à  faire  les  dits  lyons xij  gros  ; 

Item  baillié  à  Denis  Benoyt  boitier  pour  des  bouts  de  blanc  fer  qu'il  a  faiz 
pour  mettre  les  chandelles  et  rameures  des  dictes  testes  de    cerfs  et 


812  DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS    LE    BARROIS. 

biches îuj  gr.  et  demi; 

Item  baillié  au  torneur  qui  avoit  mys  le  boys  es  dites   rameures  pour 

mettre  les  dits  bouts  de  blanc  fer iij  gros; 

lesquelles  parties  montent  ensemble  à  ladite  somme  de  x  fr.  vij  gros  et  demi. 
Appert  parle  tesmongnaige  signé  du  clerc  juré  >. 

Grâce  à  ce  document  qui,  malgré  son  étendue,  nous  a  paru 
mériter  d*étre  reproduit  in  extenso^  on  peut  suivre  nos  artistes 
dans  tous  les  détails  de  Topération  qu'ils  avaient  à  accomplir, 
depuis  la  préparation  des  quatre  selles  élevées  sur  lesquelles  ils 
doivent  modeler  les  lions,  jusqu*au  jour  de  la  mise  en  place  de 
leur  œuvre  terminée.  Nous  assistons  à  Textraction  de  la  terre  spé- 
ciale qui,  prise  à  la  fosse  de  la  Couleuvrière,  lieudit  proche  de 
Louppy-le-Petit  (aujourd'hui  dénommée  sur  le  cadastre  Terre  aux 
pois)^  est  amenée  à  Condé,  village  voisin,  pour  y  être  battue, 
malaxée,  corroyée  avant  d'être  expédiée  au  château  de  Bar  où  les 
frères  Perrin  travaillaient.  Préparée  avec  tous  les  soins  habituels 
—  toutes  les  matières  calcaires  en  ayant  été  extraites  —  cette  terre 
sous  la  Qiain  de  nos  deux  artistes  est  convertie  par  eux  en  tor- 
chères, représentant  d^es  têtes  de  cerfs  et  de  biches,  destinées  aux 
salles  et  aux  galeries  de  château,  puis  en  quatre  lions  dressés  qui 
porteront  les  bâtons  du  dais  placé  à  Tentrée  de  la  collégiale. 

Enfin  dans  un  autre  passage  de  ce  compte  il  est  rapporté  qu'il 
fut  payé  Cl  en  monnaye  de  Barrois  à  Adam  le  cordier  demonranten 
la  rue  de  Veel  pour  six  trais  de  charrue  qu'il  a  délivrez  à  Nicolas 
le  chairon  pour  porter  on  cbasteau  à  maistre  Michiel  Perin  ymai- 
geur  pour  pendre  les  testes  de  cerfs  et  de  biche  qu'il  a  (aictes 
pour  des  chandeliers  es  grandes  galleries  et  en  la  chambre  du 
cbasteau  de  bar vj  blancs*  » . 

Si  ce  compte  de  fabrication  ne  fait  point  connaître  le  pays  d'ori- 
gine de  Michel  et  de  François  Perrin,  on  peut  cependant  croire 
qu'ils  étaient  établis  à  Bar,  car  dans  ce  même  compte  il  est  fait 
mention  d'un  certain  a  Didier  Perrin  (leur  frère  ou  leur  parent), 
serrurier  demourant  à  Bar  »  et  travaillant  au  château  '. 


>  B.  621,  fo»  127,  127  vo,  3. 

»  B.  621,  f«  134  v\  1. 

'  I  Payes  par  ledit  receveur  en  trois  fraas  ung  blanc  k  Didier  Perin  samii 
demeurant  à  Bar  pour  îoxi  sallai/'e  d'avoir  fait  les  ouvraîges  de  son  mestiei 
cbasteau  de  Bar...  >  B.  621,  f  128-1. 


DE    L'ART   ET    DES    ARTISTES   DANS    LE    BARROIS. 


813 


MAITRES  DES  (OUVRES 

On  donnait  au  moyen  âge  le  titre  de  maître  desjœuvres  au  maître 
maçon  charge  de  dresser  les  plans,  de  faire  les  devis  et  d'exécuter 
la  construction  d'un  édifice,  église  ou  palais,  d*une  fortification 
quelconque,  d*un  pont,  d'une  simple  maison,  car  en  ce  temps  le 
maître  des  œuvres  était  ce  que  sont  de  nos  jours  les  architectes  et 
les  ingénieurs*.  Ils  devaient  surveiller  la  livraison  des  matériaux» 
diriger  eux-ipémes  les  ouvriers,  et,  lorsqu'il  s'agissait  d'une  habi- 
tation particulière,  non  seulement  la  construire  depuis  les  fonda- 
tions jusqu'au  faite,  l'orner  et  la  décorer  à  Textérieur,  mais  encore 
la  meubler  et  l'aménager  à  l'intérieur. 

Les  constructeurs  de  génie  qui  élevèrent  ces  cathédrales,  objets 
de  notre  admiration,  sont  qualifiés  dans  nos  comptes  a  maîtres  de 
l'œuvre,  maîtres  tailleurs  en  l'art  de  la  maçonnerie,  maîtres^ 
maçons  »  et  quelquefois  même  sous  la  «impie  dénomination  de 
a  maçons  «  qui  ne  permettrait  guère  de  distinguer  le  vulgaire 
ouvrier  de  Tarchitecte,  si  les  détails  du  compte  ne  nous  venaient 
en  aide. 

M.  H.  Lepage  n'a  point  rencontré  dans  les.comptes  de  Lorraine 
la  qualification  d'architecte  avant  Tannée  1612. 

Les  Jacquemin.  Au  cours  du  xv*  siècle,  il  y  eut  à  Commercy 
deux  imagiers  célèbres  du  nom  de  Jacquemin  qui  ne  paraissent 
point  avoir  été  appelés  à  travailler  dans  notre  région  ;  du  moins 
les  archives  du  Barrois  ne  procurent  sur  eux  aucun  renseigne- 
ment. 

Le  premier  en  date,  Jacquemin  Rogier  ou  Hogier,  né  à  Com- 
mercy vers  1371    «  aurait  été,  dit  Dom  Calmet,  l'architecte  des 


'  Dans  ses  Annales  du  Barrois,  M.  Servais  rapporte,.  d*aprésdes  archives  qu'il 
a  pu  consulter,  qu'en  1352  les  travaux  entrepris  i  Gondrecourt  pour  mettre  le 
château  en  état  de  défense  furent  conGés  à  Guillaume  de  Demcngc,  maître  de  la 
fermeté  de  cette  ville.  On  ne  voit  pas  pourquoi  notre  annaliste  se  refuse  à  recon- 
naître dans  ce  personnage  Tiugénieur  M"  Demenge  de  Rosières,  qualifié  du  titre 
^-^ignor,  angignour^  dans  les  lettres  que  la  comtesse  lui  adressait  cette  même 
iiée,  Tinvitant  à  venir  conférer  avec  elle.  En  1401,  sur  les  ordres  du  duc  Ro- 
rt,    c  maistre  Jennin  de  Bulgnéviile,  son  maistre  masson,  >  passait  deux  jours 
isiter  cette  forteresse  et  à  reconnaître  les  réparations  que  sou  état  nécessitait 
I,  p.  9,  et  t.  II,  p.  321). 


,, 


814  DE    L'ART   ET   DES    AUTISTES    DANS    LE    BARROIS. 

tours  et  da  portail  de  la  cathédrale  de  Toul  ;  sa  figure  eu  relief  se 
voyait  au  pied  et  à  côté  de  la  tour  méridionale  de  Téglise  en  1731. 
Il  était  représenté  debout  et  sou  fils  auprès  de  lui,  mais  la  légende 
inscrite  9u  bas  était  alors  si  mutilée  qu'il  n'était  plus  possible  delà 
déchiffrer  » . 

Cetàrtiste,  qui  mourut  en  1446  et  fut  inhumé  aux  Gordeliers  de 
Toul,  ne  nous  est  guère  connu  que  par  Tinscriptiou  sui?a&te 
gravée  sur  son  tombeau  ;  son  nom  n'apparaît  point  dans  les  comptes 
du  temps. 

Gy  gît  maître  Jacquemin  Rogier  en  son  vivant 
Dernier  maître  masson  de  S'  Etienne, 
Lequel  commença  le  Portail  de  ladite  Eglise, 
Qui  trépassa  Tan  144'6  l'onzième  jour  de  février. 
Dieu  lui  fasse  merci.  Amen. 

Autour  de  la  dalle  on  lisait  : 

Ceux  qui  usent  d  art  et  useront. 
Moult  renommés  sont  et  seront. 

Au-dessus  on  voyait  une  équerre,  un  compas,  deux  marteaux 
entrelacés,  insignes  de  sa  profession  ;  au-dessous  un  grand  J, 
initiale  de  son  nom  ;  puis  sur  chacun  des  côtés  la  croix  à  double 
traverse  qui  venait  de  faire  son  apparition  en  Lorraine  \ 

Girard  Jacquemine  son  fils,  qui  reprit  la  suite  de  ses  travaux, 
est  mieux  connu.  Dès  Tannée  1447,  il  aurait  été  chargé  par  Aubrf 
de  Briel,  archidiacre  du  diocèse  de  Toul,  de  dres^ser  le  plan  da 
portail  de  la  cathédrale  et  c'est  en  qualité  d'architecte  qu'il  aurait 
dirigé  les  travaux  de  cette  œuvre  considérable,  à  laquelle  conlri- 
huèrent  par  leurs  dons  Fempereur  d'Allemagne,  le  roi  de  France 
Louis  XI,  le  duc  René  II,  la  noblesse  et  le  clergé  de  Lorraine*. 

Cette  date  de  1447  et  Tattribution  du  dessin  du  portail  à  Gérard 
Jacquemin  sont  contredites  Tune  et  Taulre  par  la  découverte  da 
document  suivant.  Le  7  mai  1460  les  chanoines  ordonnèrent  au 
maître  de  fabrique  de  mander  ^^  maistres  Jacquemin  de  Lenoncoart, 

>  Voir  DomCALMET,  Bibliothèque  lorraine,  p.  536. 

'  Louis  XI  aurait  donné  une  somme  de  1,500  livres  par  Tintermédiaire  de 
grand  aumônier.  — Thierry,  Histoire  de  Toul,  t.  II,  p.  t$3.  —  L'abbé  BaLTHJ 
Notes  historiques  sur  la  cathédrale  de  Toul.  Paris,  1848,  in-8*. 


DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES    DANS    LE    RARROIS.  815 

Mengin  et  Husson  de  Bar,  les  deux  premiers  travaillant  au  clocher 
(portail)  de  Saint-Antoine  J[aujourd*biti  Saint-Martin  de  Pont-à« 
Mousson),  afin  de  marchander  avec  Jean  Drouin,  bourgeois  de, 
Tou],  et  Mengin  Chevrot,  de  Vicberey,  Touvrage  du  portail  de 
Téglise  de  Toul,  puis  de  payer  à  maître  Tristan  d'Hattonchdtel  le 
patron  (le  dessin)  par  lui  fait  pour  ledit  ouvrage  « . 

Ainsi  Jacquemin,  à  qui  les  Annales  de  Téglise  de  Toul  donnent  j 

Lenoncourt  comme  lieu  de  résidence,  n^aurait  été  que  Texécuteur  !^ 

du  portail  avec  Mengin,  Husson,  Drouin  et  Chevrot,  invités  parles 
chanoines  dès  le  22  septembre  «  à  faire  les  môles  et  autres 
ouvrages  concernant  le  pourtal  de  leur  église'  » . 

Cette  même  année  il  était  payé  une  certaine  somme  a  à  M*  Jac- 
quemin,  maçon  de  Toul  que  le  bailli  de  ioinville  manda  lui  envoyer 
audit  lieu,  pour  historier  et  entailler  une  cheminée*  w  . 

En  1480,  Jacquemin  était  appelé  à  Nancy  par  le  duc  René  II 
pour  décorer  de  sculptures  la  chapelle  ou  oratoire  du  Palais  Ducal: 
a  A  Gérard  Jacquemin,  ymagier  demeurant  à  Toul,  pour  une 
Nunciade  avec  les  armes  de  Monseigneur  qu'il  a  ordonné  mettre 
sous  la  tablette  de  Tautel  de  la  chapelle  de  Monseigneur' .  »  Cette 
môme  année,  par  suite  d'accident  on  de  maladie,  Jacquemin  avait 
dû  entrer  à  la  Maison-Dieu  de  Toul.  Peu  après  il  était  remis  a  à 
maistre  Jacquemin,  masson,  demeurant  à  Toul,  33  livres  6  sols 
8  deniers  pour  la  paye  d'un  tableau  qu'il  a  faict  sur  Tautel  de  la 
chapelle  du  duc  Charles  en  Téglise  Saint-Georges  *  » . 

En  1485,  Jacquemin  est  désigné  dans  un  document  comme 
maître  des  œuvres  du  grand  portail:  u  Mandement  sur  le  receveur 
général  Antoine  Varrin  portant  150  escus  (à  raison  de  25  gros 
pièce)  restant  des  200  escus  a  quoy  le  roy  de  Sicile  avait  mar- 
chandé à  M*  Jacquemin  Timagier,  M'  des  œuvres  du  grand  portail 
de  Téglise  cathédrale  de  Toul,  de  faire  et  tailler  Timage  du  roy  de 
Sicile  avec  ses  armoyeries,  en  ouvrage  eslevé  et  icelles  asseoir 
audit  grand  portait,  n 

*  Registres  du  chapitre.  —  Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine^ 
1862,  p.  253. 

*  Archives  de  Meurthe-et-Moselle.  B.  976.  —  Annuaire  delà  Meurthe,  1865. 
-  !bid.  B.  976. 

*  Bulletin  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  t.  XIV,  p.  28.  B.  979. 

*  H.  Lepage,  Communes  de  la  Meurthe,  Toul,  note  p.  568.  —  Selon  dom  Cal- 


816  DE    L'ART    ET   DES    ARTISTES    DA\'S    LE    BAHRQIS. 

En  1490,  Jacqaemin  s'engageait  a  à  faire  de  pierre  de  taille,  en 
ouvrage  élevé,  les  armes  de  René  II  sur  la  grande  fenêtre  Jumelle 
dudit  portail  ^  » . 

Cet  artiste  auquel  M.  Bellot  Herment  attribuait  la  décoration  du 
portail  de  Saint-Pierre  de  Bar,  au  temps  de  Louis  Guyot,  doyen 
de  cette  église,  n'acheva  point  celui  de  la  cathédrale  de  Toul  qnt 
fut  terminé  seulement  vers  1498  ;  il  dut  mourir  vers  1491,  ainsi 
que  rétablit  le  document  suivant  :  a  payé  dii-sept  frans  quatre 
gros  aux  valets  de  feu  M*  Jacquemin,  masson,  demeurant  à  Tool, 
pour  fer  et  plomb  que  Monseigneur  leur  a  ordonné  bailler  pour 
attachier  Pouvraige  qu'ils  ont  faict  pour  Monseigneur  au  portail  de 
Saint-Étienne  de  Toul*.  » 

On  ne  peut  accepter  avec  M.  Adolphe  Lance'  que  Jacqnemifi  de 
Commercy  puisse  être  confondu  avec  Jean  de  Commercy^  sou 
contemporain,  chargé  en  1440  d'achever  la  chapelle  des  évéques 
de  la  cathédrale  de  Metz,  à  laquelle  il  restait  k  faire  la  voûte,  les 
verrières  et  le  pavement.  En  1443  cette  chapelle  était  a  parfaicte 
et  eschevée^.  Et  fut  refaite  par  un  maistre  masson  appelé  Maîstre 
Jehan  de  Commercy  et  fut  appellée  lad.  chappelle  des  Cureiz  de 
TEv esche  de  Metz  pourtant  que  chancun  y  meit  sa  part  et  y  meist 
led.  maistre  Jehan  iij  ans  à  la  faire  ^) . 

Ce  ne  fut  point  le  seul  ouvrage  exécuté  à  Metz  par  niaitre  Jehan. 
Il  est  rapporté  dans  la  Chronique  de  Saint-Tkîébaut  que  o  au 
mois  de  jullet  lan  que  dessus  (1444)  fut  faicte  la  croix,  le  puiie 

met,  c  les  deux  tours  de  la  cathédrale  de  Toul  furent  achevées  en  1^90,  ptr  hc- 
quemin  de  Commercy,  architecte,  et  parles  soins  d'Aïbcrir^  Briel,  i^iCAire  gra^^ 
rai,  qui  en  jeta  les  fondemens  en  1463.  Necrol.  Cathed,  TtM.  >  —  Histoire  d^ 
Lorraine,  ^  édit.,  t.  l,  pr.  cl.  xxx,  note  S. 

1  Archives  de  la  Meurthe-et-Moselle.  B.  988. 

^Bulletin  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  1,  Xl\\  p.  38.  —  B,  990* 

•  Dictionnaire  des  architectes, 

*  E.  Bégim,  Histoire  de  la  cathédrale  de  Metz. 

^  Dom  Galmet,  Histoire  de  lorraine,  l'*  édil.  Prtuf^ts,  p*   249*  M.  GnstiTe 
Save   ne  peut  croire  à  rexistence  de  deux  imagiers,   maître»  de«  Œarf£t,  en 
monde  Jacquemin.  Le   premier  en  date,  mort   en  1460,  qae,  p«r  suiip  de  ti 
lecture  inexacte  de  Tépitaphe   gravée  sur  son  tom^eau^  Uom  Calmct  dënommc 
Rogier  ou  Hogier,  serait  en  réalité  Gérard  Jacquemin,  mort  en  14^1*  Au  lit 
la  date  rail  cccc  xxxx  vi,  il  faudrait  lire  mil  cccc  Iiii^  vi^  pnis^  dans  te 
Rogier  ou  Hogier  à  demi  eiïacé,  reconnaître,  avec  H.  Guitti e  Saie,  la  ' 
de  imagier. 


DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE   BARROIS.  817 

(puits)  et  le  pont  qui  sont  devant  les  pontz  des  mors  et  les  fis! 
faire  ung  noble  chevalier  de  Metz  de  ly  propre,  appelléesseignour 
Nicole  Lowe  chevalier,  par  ung  maistre  masson  appelle  Jehan  de 
Commercy  '  » .  Puis  plus  loin  :  a  Adhoncg  fut  faict  ung  grand 
Boullewerque  devant  la  porte  du  pont  des  mors  et  ung  devant  la 
porte  serpenoise  par  maistre  Jehan  de  Commercy,  Timagier  '.  « 

De  ces  documents  il  résulte  que  Jehan  de  Commercy,  maçon, 
entrepreneur,  maître  des  œuvres,  imagier,  était  en  même  temps 
ingénieur  fortificateur. 

Nous  possédons  bien  peu  de  renseignements  sur  les  maîtres 
des  œuvres  nés  dans  le  Barrois  où  y  ayant  exercé  des  fonctions 
comme  maîtres  maçons  ou  maîtres  charpentiers.  Nous  n'avons  à 
citer  que  les  suivants  : 

Thiébavt  de  Lignt,  architecte  du  comte  de  Blois  en  1354'. 

Jehan  Thiéhion,  désigné  a  maistre  et  gowernaire  de  Tevre  de 
la  chapelle  de  Gondrecourt  *  » . 

Jacqueuin  de  Vaucocleurs,  maître  maçon,  chargé  d'exécuter 
divers  travaux  au  donjon  du  château  de  Foug  de  1377  à  1381  *. 

Jeamn  de  Bulgneville,  u  maistre  masson  »  du  duc  Robert  qui, 
en  1401,  passa  deux  jours  à  visiter  la  forteresse  de  Gondre- 
court •. 

GuÈRi  Malpayé  ce  maistre  masçon  demeurant  à  Bar-Ie-Duc» ,  qui 
traitait  le  7  décembre  1428  avec  Tabbé  de  Boulancourt  (Haute- 
Marne)  pour  la  reconstruction  de  son  église.  Ces  travaux  coûtèrent 
«  400  écus  d'or,  un  muid  de  froment,  une  émine  de  pois,  une 
émine  de  fèves,  un  cent  de  lard  et  six  queues  de  vin  "^  i) . 

A  cette  môme  époque,  Husson,  tuilier  à  Beurey,  délivrait  au 

'  Dom  Calmet,  Chronique  en  vers  des  atUiquités  de  Met%,  14tô. 

0  Le  Seigneur  feit  appareiller 
•  Quéstoit  Nicol  Loai e  chevalier 
«  Des  estoffes  des  ouvriers,  et  pnii 
u  feix  faire  la  croix  et  le  puix. 

*  Ibid.  —  Chronique  de  Saint-Thiébaut,  p.  247-253. 
'  Dictionnaire  des  architectes, 

*■  B.  1422. 

*  B.  2208,  f  137. 

^  V.  Servais,  Annales  du  Barrois,  t.  II,  p.  322. 

*  L'abbé  Lalore,  Mémoires  de  la  Société  académique  de  l'Aube,  ii  XXIIL 

52 


818 


DE    LART   ET   DES    ARTISTES   DANS    LE    BAHHOÎS. 


t 


maître  ouvrier  du  duc  de  Bar  —  sans  doute  le  maître  des  œmres 
—  5,000  de  tuiles  pour  la  couverture  du  château. 

Chevillon  (Aubert),  maître  des  œuvres  de  charpenterie  pour  tout 
le  duché  de  Bai\  qui,  en  1473,  recevait  une  pension  à  Ja  condUion 
de  demeurer  à  Bar  et  de  ne  pouvoir  servir  ailleurs  sans  la  per- 
mission du  duc'. 

Courtois  Geoffroy  de  Gondregourt,  nommé  en  1491  ^  ma^soii 
et  regardeur  sur  les  œuvres  de  massonnerie  au  bailliage  de  Ba^ 
signy  pour  corriger  les  abus  et  les  amendes  rapporter  aui  ofSciers 
des  lieux  *  » . 

Jean  de  Saint-Pierre,  maître  maçon  au  bailliage  de  Bar,  qui 
mourut  en  1495  et  fut  remplacé  par  Didier  Raulot,  lequel  prit  le 
titre  de  maître  maçon  du  duché  de  Bar.  II  eut  pour  successeur,  en 
1500,  Nicolas  Raulot,  qui  exerçait  encore  en  1522. 

Citons  encore  : 

Nicolas  de  Bar,  nommé  en  1505  maître  des  œuvres  de  maçon- 
nerie du  comté  de  Vaudémont,  en  remplacement  de  SlAXcrif  Cde- 
VRON  décédé.  11  demeurait  au  Pont  Saint-Vincent  '. 

Nicolas  de  SainT'Blaise,  maître  des  œuvres  de  M.  le  comte  de 
Ligny,  à  qui,  en  1520,  les  chanoines  de  cette  ville  cèdent  à  per- 
pétuité tt  une  maison  sise  devant  la  place  du  château  et  un  petit 
meix  devant  la  porte  des  moulins  moyennant  6  gros  de  tem 
annuel  *  » . 

Le  dernier  en  date,  Jacquot  dit  de  Vaucouleurs,  par  allusioD 
sans  doute  à  son  pays  d'origine,  était,  paraît-il,  un  homme  irt$ 
habile  dans  son  art.  Avant  d'être  nommé  par  René  11,  en  150:!. 
u  maistre  des  œuvres  et  maistre  masson  pour  tout  son  duché  de 
Lorraine  » ,  Jacquot  ou  Jacot,  de  son  vrai  nom  Jacques  l  authier, 
avait  dirigé,  en  1494,  les  travaux  exécutés  au  château  de  î^uppy, 
travaillé  aux  fortifications  de  Nancy,  réparé,  en  1490,  celles  dû 


*  État  oominatir  des  officiers  du  duché  de  Bar  eu  1473,  a?ec  L'imlicatioiL  d«s 
gages  qui  leur  étaient  payés  :  «  \l*  Aubert  Chevillon,  charpentier  Jern^  à  Bar, 
retenu  maître  des  œuvres  de  charpenterie  pour  tout  le  duché  de  Bir,  paor  c« 
qu'il  y  était  bien  expert  çt  moyennant  ce,  il  ne  pouvait  aller  ailleurs,  i^nas  ïii\^ret^ 

ordonnance  du  roi  de  Sicile  ou  de  ses  officiers ....     l*i  Tjr* 

—  B.  506. 

*  Lkpage,  0/Jices,  p.  298. 
3  Ibid. 

*  Archives  de  la  Meuse.  Fonds  Ligny. 


r 


DC    LAAT   ET   DES    ARTISTES    DANS    LE    BARROIS.  819 

cMteau  de  Foug,  puis  il  était  allé,  en  compagnie  de  trois  autres 
maîtres  maçons  visiter  les  dégâts  survenus  au  grand  pont  de  Saint- 
Mihel  \  Anobli  en  1510,  puis  nommé  concierge  du  palais  ducal 
à  Nancy,  Jacquot  de  Vaucouleurs  terminait  sa  carrière  par  la 
reconstruction  du  grand  pont  de  Pont-à-Mousson  *. 

Ici  devrait  prendre  place  le  nom  de  Jean  Crocq,  désigné  dans 
les  comptes  du  temps  sous  celui  de  Jean  Crocq  de  Bar4e~Duc,  le 
pensionnaire  du  duc  René,  Tauteur  du  tombeau  de  Charles  le 
Téméraire,  un  des  plus  célèbres  imagiers  de  cette  époque,  dont 
la  réputation  fut  grande  en  Barrois  et  en  Lorraine  de  1487  à  1510; 
c'est  par  lui  que  nous  devions  clore  la  série  des  tailleurs  d'images 
qui  travaillèrent  dans  notre  pays  avant  Tépoque  de  la  Renaissance. 

Or,  comme  les  documents  recueillis  sur  cet  artiste,  puis  sur  sa 
famille  jusqu^au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  sont  très 
nombreux  et  dépassent  de  beaucoup  Tépoque  que  nous  avions 
assignée  comme  limite  à  nos  recherches  sur  les  artistes  du  Barrois, 
nous  avons  consacré  à  Jean  Crocq  de  Bar-le-Duc,  puis  à  ses  des- 
cendants devenus  Lorrains,  une  étude  spéciale  trop  étendue  pour 
prendre  place  dans  ce  chapitre'. 

VERRIERS. 

L*art  du  peintre  verrier  parait  avoir  été  pratiqué  de  bonne 
heure  dans  la  région  du  nord-est  de  la  France  ;  selon  le  rapport  de 
Suger,  plusieurs  ouvriers  verriers  venus  de  Lorraine  et  du  pays 
de  Liège  auraient  travaillé  aux  vitraux  de  la  basilique  de  Saint- 
Denis*.  Au  douzième  siècle,  Nicolas  de  Verdun,  orfèvre  émailleur 
de  haut  mérite,  qui  par  ses  travaux  avait  acquis  une  juste  célébrité, 
terminait,  en  1205,  la  célèbre  chasse  de  Tournai,  ville  où  peut-être 
.il  s'était  fixé.  Vers  ce  temps,  cet  artiste  instruisait  dans  Tart  du 
peintre  verrier  un  certain  Colars  de  Verdun,  son  fils  sans  doute, 
qualifié  du  titre  de   u  voirier  »  dans  le  registre  de  la  bourgeoisie 


»  B.  1062. 

^  M.  Fonrier  de  Bacourt  a  consacré  à  cet  habile  ingénieur  une  petite  notice, 
jbliée  dans  le  Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  1896,  p.  147. 
'Cette  étude  a  paru  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Lettres,  Sciences  et 
rts  de  Bar-le-Duc,  1897. 
^  Historiens  de  France,  t.  XII,  p.  96-101. 


820  DE    LART   ET   DES   ARTISTES   DANS    LE    BARROiS. 

de  cette  ville,  comme  ayant  été  admis  en  1227  sans  payer  plus  de 
S  25  sols  «  ce  qui  est  le  taux  des  fils  de  bourgeois  *  d  . 

On  sait  qu'au  quatorzième  siècle  Tabbé  Nicolas  faisait  décorer 
de  magnifiques  verrières  le  chœur  de  Féglise  Saint-Paul  de 
Verdun,  ainsi  qu*il  est  rapporté  dans  son  épitaphe  rédigée  en  ven 
léonins. 

Abbas  sub  tumba  Nicolaus  est  una  columba, 
Simplex  et  mitis,  fogieos  opprobria  litis, 
Virdunî  natus  a  quo  locus  hic  tumulatos 
Ecclesiaeque  chorus  per  eum  fit  luce  decorus, 
Anno  miileoo  ter  G.  moritar  quadrageno 
Noao  poneoda  eum  martis  quarto  Galenda. 

Sous  cette  tombe  est  une  colombe,  Vabbé  Nicolas,  simple  et 
doux,  fuyant  Vopprobe  des  progrès;  né  à  Verdun  où  il  est  inhumé, 
le  chœur  de  C église  est  par  lui  orné  de  lumière;  il  meurt  Fan  mil 
trois  cent  quarante-neufle  quatrième  des  calendes  de  mars*. 


Les  documents  d'archives  ne  permettent  pas  toujours  de  déter- 
miner si  certains  personnages  dont  les  noms  figurent  aux  comptes 
des  dépenses  étaient  à  la  fois  peintres,  peintres  verriers  ou  sim- 
plement vitriers,  c'est-à-dire  «  metteurs  en  plomb  *  de  morceaux 
de  verre  blanc  ou  de  couleur,  taillés  suivant  un  dessin  géomé- 
trique'. Dans  la  liste  que  nous  avons  relevée  peut-être  s* est-il 
glissé  quelques  noms  d'obscurs  artisans,  or,  comme  les  textes  sont 
loin  d'être  suffisamment  explicites,  nous  avons  préféré  n'en 
omettre  aucun. 

On  connaît  diflTérentes  œuvres  de  peintres  verriers  représentant 
les  portraits  de  plusieurs  de  nos  princes  et  de  leurs  enfants,  mais 

»  Mgr  Dehaisnes,  Histoire  de  l'Art  dans  la  Frandre,  etc.,  t.  II!.  p.  115. 

^  Recueil  des  sépultures  anciennes  et  des  épitaphes  de  Saint'Pattl  de  Verdun, 
fait  en  1552,  publié  par  Lionnois  en  1779,  réimprimé  par  Gayon  en  1863. 

«  Au  commencement  du  seizième  siècle,  on  fit  à  la  catbédrale  de  Verdm  de 
magnifiques  vitraux  dont  il  reste  encore  quelques  parties  daus  la  chapelle  da 
Saint-Sacrement.  —  Clouet,  Histoire  de  Verdun,  i.  II,  p.  566. 

*  Les  metteurs  en  plomb  sont  parfois  qualifiés  peintres  dans  certains  actes,  pois 
simplement  verriers  dans  d'autres  ;  on  ne  peut  donc  toujours  saYoir  si  le  soi 
personnage  mentionné  est  celui  d'un  artiste  ou  d*un  artisan.  Ces  deux  profes 
de  peintre  et  de  verrier  étaient,  au  surplus,  fréquemment  exercées  par  un  n 
indifidu. 


i 


DE    L'ART    ET    DES   ARTISTES   DANS   LE    BARROIS.  Sit 

on  ne  possède  aiicon  renseignement  sur  les  artistes  qui  les  ont 
exécutés. 

Le  nom  de  Tauteur  du  vitrail  de  Téglise  Saint-Nicaise  de  Reims, 
où  figuraient,  en  pied,  Jeanne  de  Toucy,  femme  de  Thibaut  II, 
comte  de  Bar,  et  dix  de  ses  enfants,  est  inconnu.  Cette  œuvre  éLait 
antérieure  à  Tannée  1297  '. 

Nous  ne  connaissons  pas  davantage  Tauteur  du  portrait  de 
Henri  de  Bar,  seigneur  d*Oisy,  mort  en  1397,  qui,  dit-on,  se  voit 
encore  dans  Téglise  des  Carmes  à  Toulouse*,  et  Ton  ne  sait  à 
quel  peintre  attribuer  le  vitrail  de  Saint-Sauveur  de  Bruges,  tra- 
vail d*un  goût  douteux,  dit  Montfaucon ',  où  le  cardinal  évèque 
de  Langres,  Louis  de  Bar,  figure,  mitre  en  tête,  crosse  en  main, 
parmi  les  douze  pairs  de  France. 

Étaient  également  représentés  sur  des  vitraux  dans  Téglisie  des 
Cordeliers  d'Angers  :  Isabelle  de  Lorraine,  femme  de  René  l*'  ; 
Jeanne  de  Laval,  seconde  femme  de  ce  prince;  Jean  de  Calabre, 
son  fils  naturel  ;  puis  ses  filles,  lolande  d'Anjou,  femme  de  Ferry 
de  Lorraine,  et  Marguerite  d'Anjou,  mariée  à  Henri  VI,  roi  d'An- 
gleterre *. 

Dans  les  verrières  du  chœur  de  Téglise  Saint-Nicolas  du  Tort, 
on  voit  encore  le  duc  René  11  et  son  fils  Antoine  présentés  à  la 
sainte  Vierge  par  saint  Nicolas*.  Dans  l'église  Saint-Pierre  de 
Bar,  où  il  reste  quelques  débris  des  anciens  vitraux^,  on  rsmar- 

*  L.  Maxb-Wkrlv,  Les  vitraux  de  Saint-Nicaise  de  Reims.  —  RulkUn  du 
Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques.  Archéologie,  1884,  p.  1^1. 

A  cetle  époque,  les  peintres  verriers  n'avaient  point  l'habitude  desi<^aer  leura 
œuvres  de  leurnom,  ni  d'y  tracer  leur  monogramme. 

'  Dans  son  Histoire  des  seigneurs  et  dames  de  Cassel,  p.  138,  M.  de  Smyltèro 
avait  promis  de  publier  ce  portrait. 

'  Les  Monuments  de  la  monarchie  française,  t.  III. 

^  MoNTPAuco.v,  Les  monuments  de  la  monarchie  française ,  t,  III,  pî.  XLVlf, 
n- 11  et  12;  pL  LXÏIÏ,  n"  1,  2,  3. 

'  Bretagne,  Le  reliquaire  de  Saint-Nicolas  du  Port.  Nancy,  1873,  p.  25. 

*  Nous  avons  relevé  dans  la  chapelle  des  fonts  baptismaux  les  débris  suivants  : 
Un  ange  debout  tenant  la  couronne  d'épines  (scène  de  l'ensevelissement  du 

Christ)  ; 

Un  écusson  aux  lettres  I  H  S. 

Un  petit  tableau  représentant  une  fondation  de  chapelle  (?)  ;  à  gauche,  un  arbra 
lépouillé  de  ses  feuilles;  au  centre,  un  religieux  assis,  la  crosse  appuyite  contrit 
['épaule,  tenant  sur  chaque  main  un  petit  édifice,  église  ou  chapelle;  à  droite, 
•^enouillé  et  les  mains  jointes,  le  donateur  ; 

Saint  Christophe  portant  l'Enfant  Jésus  et  traversant  un  torrent;  il  se  dirige 


8S2  DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES   DAIJS   LE    BARROIS. 

quait  autrefois  sur  un  vitrail  de  la  chapelle  fondée  par  Alexandre 
Guyol  les  armoiries  de  Pierre  Guyot,  son  père,  prévôt  de  Bar  en 
1485»  jointes  à  celles  de  sa  mère»  Mesline  de  Villers,  qui  étaient 
tt  de  sable  à  trois  pals  d'argent  '  » . 

Cest  pendant  le  quatorzième  siècle  que  prend  naissance  ou,  da 
moins,  se  répand  Tusage  de  reproduire  dans  les  vitraux  les  portraits 
on  les  armoiries  des  donateurs. 

Le  dépouillement  de  VInventaire  de  nos  archives  départe- 
mentales, nos  recherches  dans  les  travaux  de  H.  Lepage,  dans  les 
divers  ouvrages  sur  la  Lorraine  et  le  Barrois»  dans  le  Fonds  Servais 
nous  ont  procuré  les  renseignements  suivants  : 

La  chapelle  du  château  de  Trognon  (aujourd'hui  Heudiconrt)  *, 
placée  sous  le  vocable  de  sainte  Catherine,  ayant  par  suite  de 
son  état  de  délabrement  nécessité  quelques  réfections,  le  Domaine 
dut  en  faire  tous  les  frais.  Il  est  rapporté  dans  le,  compte  de 
Willermez,  prévôt  de  la  Chaussée,  rendu  pour  Texercice  1333- 
1335,  qu'il  fut  alors  dépensé  :  a  pour  les  verrières  de  la  chapelle 
de  Troingnon  con ventées  à  refaire  à  maistre  CoUn  de  Verdun  et 
pour  lou  clochier  de  ladite  chapelle  à  refaire  en  plusours  leus  de 
plonc,  et  soingnier  (fournir)  li  prevos  plonc  et  voire  pour  ledit 

ouvraige vj  libvres  x  sols 

Tan  xxxiiij  lou  joedi  devant  la  sainct  Jehan  Baptiste  '  n  . 

Dans  le  cours  de  Tannée  1362,  le  duc  Robert  ayant  fait  construire 
au  château  de  Bar  une  a  tourelle  pour  lui  gésir  « ,  on  y  établi! 
plusieurs  chambres  aux  fenêtres  desquelles  Ancherin  le  peintre 
ajusta  quinze  pieds  de  verre  ^. 

vers  un  rocher  où  se  tient  un  religieux  à  genoux,  tendant  les  bras  vers  le  Saa- 
veur;  à  gauche,  un  édiûce  avec  portique. 

^  Chevalier  de  Villbrs,  Nobiliaire  de  Lorraine ^et  Barrais. 

*  Ce  château  de  Trognon  serait,  à  ce  que  Ton  croit,  l'ancien  Drippiou  de  la 
charte  de 772  donnée  par  Gharlemagneà  Tabbaye  de  Saint-Mîhiel.  (Dom  m  L'Islx, 
Histoire  de  F  abbaye  de  Saint-Mihiel,  p.  426.)  A  Touest  du  châleao  édifie  par 
Edouard  I*',  comte  de  Bar,  on  remarque  une  espèce  de  camp  fornié  d*nne  double 
enceinte  de  terrassements  encore  hauts  de  deux  à  trois  mètres.  Cet  emplaeeaieBt 
est  désigné  sur  le  cadastre  sous  les  noms  de  Châteaux  de  Baranyer  et  de  Dra^ 
Drapilton.  Voir  Dcjmont.  Les  ruines  de  la  Meuse,  t.  II,  p.  179. 

»  B.  1624,  r»  33  vo. 

^  V.  Servais,  Annales  historiques  du  Barrois,  t.  I,  p.  133. 


DB    L'ART   ET   DES    ARTISTES   DANS    LE    BARROIS.  828 

Vers  1368,  on  eut  recours  à  un  verrier  de  Verdun  pour  réparer 
les  'dégâts  survenus  au  château  de  Souilly  du  fait  des  Bretons  qui 
alors  ravageaient  le  Barrois  : 

a  xiiij  libvres à  maistre  Jehan  le  painctre  de  Verdun  fonr 

raparillier  et  repeindre  la  chapelle  dou  Çhastel  de  Soûliez  et  pour 
faire  les  verrières  aux  fenestres  qui  estoient  toutes  brisées  et  pour 
les  despens  dudit  maistre  Jehan  et  son  valet  qui  y  demorait  pour 
lou  rapparillier  par  un  moix  entier '  « 

Sur  la  fin  de  son  règne,  Robert  fit  exécuter  de  grandes  répara- 
tions au  château  de  Louppy  où  il  séjournait  fréquemment  : 

«  Cinq   frans baillez  et  délivrés  par  ledit  receveur  à  Henry,  fils 

Thevenin  Merlin  de  Lonppi  peintre  ei  Michel  elle  Verrier  son  compaingnon 
dem^  à  Bar,  en  descomptant  de  cinq  frans  et  demy,  pour  ouvraiges  qu'ils 
avoient  fait  de  leurs  mestiers  au  chastel  de  Louppi.  C'est  assavoir  la 
verrerie  de  la  chapelle,  des  galleries,  de  la  chambre  de  monsgr.  qu'ils 
avoient  refaitte  et  mise  en  estât  et  en  plusieurs  autres  lieux  et  verreries 
dudit  chastel,  du  commandement  et  ordonnance  de  monsgr.  le  Duc  et 
duquel  ouvrage  avoir  esté  compté  et  marchandé  à  eux  par  Reynaudin  de 
Robert  Espaingne  escuier  et  maistre  d'ostel  de  mondit  prynce*.  » 

Peu  avant  Tépoque  de  sa  majorité,  alors  qu'il  allait  sortir  de 
mainbournie  et  prendre  possession  efiective  de  son  château  de 
Bar,  René  d* Anjou  donnait  Tordre  de  procéder  à  la  réparation  des 
fenêtres,  ainsi  que  le  prouve  le  document  suivant  extrait  du 
compte  rendu  par  Jehan  Ronnel,  receveur  général  du  Barrois 
pour  Tannée  1423-1424  :  a  21^  6'  5"*  »  aceulx  pour  les  causes  et 
par  la  manière  que  s'ensuivent  : 

C'est  assavoir  à  Estienne  le  Vaurier  du  Pont  à  Mousson  pour  avoir  fait 
les  pieds  de  verrières  nuefves  et  mises  es  fenestres  des  chambres  et  lieux 
qui  s'ensuivent  :  C'est  assavoir  en  la  tournelle  haut  qui  est  par  devers  la 
maison  Messire  Jehan  de  Laire,  3  pieds  et  demi. 

En  la  ch*  basse  en  laquelle  Mad*  la  D*"*  souloit  tenir  son  estât, 
6  pieds. 

*B.  1229.  f  87. 

<  B.  1312,  M7  Y^.  «  Il  leur  fut  retenu  5'  et  demi  en  déduction  du  plomb  et  de 
soudure  que  Regnard  de  Barli,  châtelain  et  concierge  du  château,  aYait  à  sa 
sposition.  > 


824  DE    L'ART   ET   DES    ARTISTES   DA!VS    LE    BARR01S. 

En  la  ch"de  retrait empres  lad.  chambre  par  ou  on  va  onprotf€i\  12pîeds 

En  la  nnefve  ch*  qui  est  empres  les  galeries,  22  pieds. 

En  une  fenestre  qui  est  en  la  voie  desd.  gale  ries,  fî  pîods. 

En  la  ch*  où  maistre  Ferry  (sans  doute  Ferry  de  Chambly,  maréchal 
de  Lorraine)  tient  à  présent  son  estât  qui  est  empres  fa  maison  où 
demeure  le  tourier,  7  pieds  et  demi. 

A  lui  marchandez  et  conventez  au  prix  de  7  b).  chacan  pied,  par  lesd. 
54  pieds 7^  10  gros  l^ 

Item  aud.  Vaurier  pour  avoir  refait  de  vnure  toutes  les  feue  a  très  de  la 
grant  sale  du  chastel  de  costé  par  devers  la  court,  par  marcKîé  et 
couvent  à  lui  fait  par  led.  receveur  et  le  maistre  des  œuvres  et  ly  dcitoït 
on  songnier  vaure,  plomb  et  estain  pour  ce.  . 3^ 

Item  à  lui  encore  pour  avoir  refait  lesd.  fenestre  de  lad.  salie  enirnr,  et 
du  retrait  d'icelle;  les  verrières  de  la  tournetle  devant  dite  et  les  verriéref 
de  la  chambre  hault  appellée  la  chambre  de  nions,  le  \r\  par  cotivenl  et 
marchie  à  lui  faict  et  devoit  songnier  vaure  et  plont  pour  ce,   ,  .  'V  là 

It.  à  N"  le  poullalier  pour  4  loiens*  de  vaure  pour  les  ouvraîg^s 
devant  d.  aupris  de  7  gr.  1/2  le  loyen,  pour  ce ,   .  ,     2^  1/2 

It.  à  Gilet  Loche,  pour  1  loien  de  vaure I^^t^r. 

It.  à  plusieurs  particuliers  pour  2  quarterons  de  ptong  achetés  ea  la 
Halle  aupris  de  3  fr.  8  gr.  le  cent,  pour  ce 2^9  gras. 

Et  à  Raoul  le  Poix  pour  23'  1/2  de  plon^  au  pri^  que  dessus,  poar 
ce 10  gr*  7  d. 

Comme  il  appert  par  le  tesmoingn.  dudit  niiislrf?  des  œuvres  (PierrfS^on 
Bonnevie)  donné  le  peinullième  jour  d'S**'*  1424  n  >. 

'  Pré,  prairie,  jardin. 

3  II  est  fait  mention  de  s  400  liens  de  blanc  voir  t,]é<]ué$enl541  k  Anîimm 
le  Varrier  par  Valentin  Bouch,  «  peintre  et  varrîer  »  ,  qiuttvnit  fait  les  Temèr« 
de  la  cathédrale  de  Metz.  —  Levikl,  L'Arl  de  la  peinture  sur  terre,  p.  k%. 

Le  mot  loien,  lien,  désigne  évidemment  un  terlàm  nombre  de  feuilleide  rerrc, 
d'une  dimension  déterminée. 

L'ordonnance  de  1557  prescrit  à  chaque  verrier  i  d(!  Taire  chaque  jour  treal^ 
livres  de  bon  verre  blanc,  et  non  plus,  contenant  le  \\mi  irai»  Ubles,  et  rbaque 
table  3  pieds  (de  Lorraine)  de  hauteur  et  un  pied  «>t  dami  de  largeur  par  le  bai 
dudit  lien  et  au-dessus  de  largeur  équivalente,  pesant  13  litres,  poids  de  imTt:, 
de  bonne  épaisseur,  proportionnées  tant  en  un  lieu  comme  eo  l'autre,  le<{uel  liVn 
sera  lié  de  bons  glays  (glayeul,  roseau)  et  tillots  {ct^tdc  d'écorce  de  tîUeub)  em- 
paquetés de  façon  comme  ils  ont  esté  de  toute  ancienoeté  * . 

On  nomme  encore  aujourd'hui  lien  un  paquet  de  û%  feuilles  en  table.  —  Biir- 
PRÉ,  Les  gentilshommes  verriers,  in-8®.  Nancy,  iSlT. 

^  B.  497.  —  En  1420,  Jean  de  Vertus  gagnait  cinq  sous  par  jour  à  la  po^e 
verrières  de  la  cathédrale  de  Troyes.  En  1484,  (jërard  1^  Noquat  livrait  a»  f 
pitre  une  verrière  représentant  la  passion  de  Xolre-Seignenr ,  à  raison  de  5  t 
10  deniers  le  pied. 


DE    L'ART    ET    DES    ARTISTES    DANS    I.E    DAUnOIS.  fi2^ 

J*ignare  quel  était  le  nom  de  ce  verrier  étranger  an  pays  dont 
il  est  fait  mention  dans  un  compte  d'Ancelel  Mf^npnt,  prévôt  et 
receveur  de  Saint-Mihiel,  qui,  en  1427,  portait  en  dépense  la 
somme  de  8'  2'  délivrée  à  un  habitant  de  celte  ville  «  pour 
aller  à  Toul  quérir  le  verrier  pour  venir  à  Saint-Mihiel  faire  les 
verrières  de  Tostel  de  Mons-Ie-Duc  » . 

Un  compte  de  Jean  Ronnel,  receveur  général  du  duché  de  Bar, 
nous  apprend  qu*au  mois  de  janvier  1430,  il  fut  payé  a  5  sous  à 
AmouUt  Vaurier,  demeurant  à  Bar,  pour  sa  peîne  et  saltaire 
d'avoir  mis  plusieurs  losanges  en  la  chambre  oli  on  jijouvcrue 
Loys monsieur  et  en  celle  decosté  où  on  fait  la  iutsltie.  Comme  il 
appert  par  le  tesm.  de  Jaquet  Quare  portant  quittance  dad- 
Arnoulet  donnée  le  quatrième  jour  de  janvier  1  i29  ^  n . 

A  cette  époque,  Tabbaye  de  Jendheurs  possédait  de  riches  ver-^ 
rières  puisque  sur  un  des  vitraux  on  lisait  Tiuscrlption  suivante  : 
«  L'an  de  grâce  Notre  Seigneur  1443  fut  ce  chantel  (morceau, 
fragment)  refait  par  frère  Didier  de  Ronne,  abbé  île  céans  et  par 
le  couvent.  Priez  pour  eux,  que  Dieu  leur  fasse  pardon  '.  n 

Les  citations  précédentes  nous  permettent  de  préciser  quelle 
situation  était  alors  faite  à  ces  artistes  ou  artisans,  peintres  ver-- 
riers  ou  metteurs  en  plomb. 

Ouvriers  ambulants  pour  la  plupart,  se  rendant  là  où  ih  étaient 
appelés,  les  verriers  de  cette  époque  n'avaient  point  dans  certains 
cas  à  se  préoccuper  des  matériaux  nécessaires  pour  les  restaura* 
tions  ou  tes  grands  travaux  qui  leur  étaient  commandés;  ce  soin 
incombait  le  plus  souvent  au  Domaine.  Aux  termes  des  marchés 
conclus  entre  eux  et  le  receveur  du  duché  ou  son  représentant,  eu 
présence  du  maître  des  œuvres  chargé  de  veiller  à  Toliservation 
des  conditions  du  contrat  et  à  la  réception  des  trataui  exécutés, 
les  verriers  devaient  s'occuper  uniquement  de  la  pose  des  len es, 
de  leur  mise  en  plomb  selon  un  assemblage  déterminé  ;  combi- 
naisons de  lignes  droites  et  courbes,  médaillons  enfermés  dans  des 


<  fi.  498. 

*  Gallia  chrisiiana,  Kcclesia  Tullensis,  Janduritie,  t.  XX VIL 


] 


L  826  DE    L'ART   ET   DES    ARTISTES    DANS   LE    BARRÛIS. 

t-  panneaux  rectangulaires,  dessins  géométriques  dont  les  dispoii- 

r         «  tioDS  produisaient  un  effet  décoratif. 

[  On  devait  leur  u  songnier  » ,  leur  fournir  les  verres,  le  plomb  el 

r  Tétain,  toutes  choses  que  le  domaine  avait  à  se  procurer;  on  leur 

t  adjoignait  des  serruriers,   a  cerriers  n  ,  pour  la  mise  en  place,  an 

;  moyen  d'armatures  en  fer,  de  chaque  panneau  dans  la  baie  qui 

devait  le  recevoir,  mais  ils  devaient  toutefois  préparer  eux-mêmes 
les  vergettes  de  plomb  dent  ils  déterminaient,  à  leur  guise,  la 
forme  extérieure  et  la  profondeur  des  rainures  destinées  à  main- 
tenir chacun  des  morceaux  de  verre  composant  le  vitrail. 

On  leur  livrait  les  matériaux  bruts;  ils  devaient  par  leur  habi- 
leté en  tirer  une  œuvre  d*art. 

Dans  ses  Monuments  inédits  (T.  Il,  p.  275),  M.  FaîIIon  rap- 
porte qu'en  1521,  Didier  de  la  Porte,  peintre  verrier,  natif  de 
Langres,  vint  à  Dijon  prendre  un  sauf-conduit  signé  par  René  de 
Savoie,  grand  maréchal  de  Provence,  qui  Tautorisait  à  transporter, 
en  franchise  de  tous  droits,  de  la  Lorraine  où  il  allait  les  acheter, 
jusqu'à  Saint-Maximin  »  les  verres,  plomb  et  estein^  tiecesserê 
pour  les  verrières  de  ladite  église  v . 

Lors  des  travaux  entrepris,  en  1452,  au  château  de  BouconTille, 
François  le  Merdier ,  prêtre  demeurant  à  Saint-Mihiel,  pose  dans 
la  chapelle  édifiée  par  Pierre  de  Bar,  siredePierrefort,  vîngt-deui 
pieds  de  verre  représentant  saint  Pierre  et  les  armes  de  feue  la 
reine  de  Sicile,  à  raison  de  neuf  blancs  le  pied  ^  Ce  prêtre  élait, 
parait-il,  fort  expert  dans  Fart  de  la  peinture  sur  verre,  puisque,  en 
1462,  au  jour  de  Tachèvemeni  des  restaurations  entreprises  par 
Guillaume  le  Verrier  dans  ce  même  château,  François  le  Merdier 
tt  qui  ad  ce  se  congnest  »  procéda  à  la  réception  des  travaux. 

Guillaume,  nommé  ailleurs  Guillemin,  demeurait  à  Dar,  et 
exerçait  la  profession  de  peintre  et  de  verrier  en  compagnie  de 
quelques-uns  des  siens.  En  1454  il  lui  est  payé  la  somme  de  : 

u  XXX  iij  sols  IV  den.  pour  ses  despens  et  ceux  d'Antoine^  soit  genr^t 
Pierresson  le  cerrier,  Jean  Thibault  et  son  varlet,  lesquelz  furent  iij  jours 
on   cbastel    (de  Louppy)  en    novembre  iiij^  Ijv  pour   asseoir,    ferrei 

»  B.  1544,  ^  63. 


DE    L'ART    ET   DES   ARTISTES   DAMS   LE    BARROIS.  827 

adiuUer  lez  verrières  et  châssis  de  la  chappelle  et  dez  ij  nuefves  chambres 

et  ferrer  ij  voisines  esdictcs  chambres  joignant  la  salle  aux  dains n 

«  xxvij  libvres  aux  personnes  qui  s'ensuivent,  cest  assavoir  ixv  lib. 
X  sols  audit  Guillaume  le  peintre  demeurant  à  Bar  pour  avoir  delivrey  on 
chastel  vij**  xiij  (153)  pieds  de  verrières  mis  et  employés  ex  fenestres  de 
la  chappelle  et  dez  ij  chambres  joignant  la  salle  aux  dains  à  iij  sols 
iij  deniers  chacun  pied,  xv  à  Pierresson  le  cerrier  pour  xviij  verges 
de  fer  pour  la  dicte  chappelle  à  x  deniers  chascnne  verge,  xiij  sols 
IV  deniers  à  luy  pour  viij  locquetières  à  xx  deniers  chascune  et  xx  deniers 
pour  iij*  pointes  et  j  cent  clouz  à  testes  pour  les  dictes  verrières.  Gomme 
il  appert  par  le  tesmoignage  du  clerc  juré...  '  » 

En  1462,  ce  même  Guillaume  et  son  neveu  Jean  posent  aux 
fenêtres  du  château  de  Boaconville  quatre  écussons  aux  armes  du 
Roi,  de  la  Reine,  de  M.  de  Calabre  et  de  M.  de  Vaudémont.  Deux 
hommes  de  Bouconville  les  rapportent  de  Toul  dans  une  hotte 
pour  ne  pas  les  briser  '. 

Vers  cette  époque,  plusieurs  peintres  verriers  du  nom  de  Jean 
étant  mentionnés  dans  nos  comptes,  il  est  assez  difficile  de  déter- 
miner quel  peut  être  le  neveu  de  Guillaume  de  Bar.  Peut-être  faut-il 
reconnaître  dans  ce  personnage  Jehan  verrier,  demeurant  à  Toul, 
chargé  en  1486  de  mettre  en  état  les  verrières  du  château  de 
Foug  *,  de  réparer,  en  1515,  celles  de  la  forte  maison  du  Pont  ^, 
puis  de  fournir,  en  151 7,  trois  douzaines  d'écussons  aux  armes  du 
duc  Antoine  pour  être  placés  dans  les  villages  de  la  terre  de  Metz 
qui  étaient  sous  la  garde  de  ce  prince  ^ 

C'est  également  en  la  qualité  de  peintre  et  de  verrier  que 
Simonin  entreprit  divers  travaux  au  château  de  Bar,  en  1463,  lors 
du  séjour  de  René  d*Anjou  dans  son  duché  de  Barrois. 

Dans  le  compte  de  Jean  de  Barbonne,  receveur  général  du 
duché,  rendu  pour  Texercice  1462-1464,  on  remarque  la  mention 
d*utt  payement  fait  en  1463  à  a  Simonin  lepointre  de  9  fr.  4  gros 
pour  56  pieds  de  verrières  par  lui  mises  es  feneslres  neuves  de  la 
chambre  de  parement  à  raison  de  2  gr.  le  pied  compris  verre 

«  B.  i3î8,  ^  55  V. 
«  B.  1551. 
»  B.  2235.  f  65. 
*  B.  987.  f»  136  V. 
»  B.  988,  P»  144  f . 


^.'fv- 


8*28  DE    L'ART   ET    DES    ARTISTES    DANS    LE    BARROIS. 


plomb  et  étain  » ,  puis  celui  d'une  somme  de  105  francs  à  ■  Jehan 

Verrier  de  Saint-Nicolas  pour  son  sallaire  d'avoir  fait  66  pleJa  de 

\.[^  verrière  de  viclz  verre  et  remis  en  plomb  icclles  renouvellèesel 

l:  remises  en  la  chambre  de  Mons'  le  marcjuis  et  en  celle  d'emprez 

ï  à  raison  de  1  gros  le  pied  apparant,  comme  dessous,  pur  le  term* 

du  clerc  juré*  ». 

tt  viij  Ib.  à  Symonin  le  peintre  pour  xlviij  pieds  de  verre  mis  en  ŒDire 
par  lui  tant  en  la  chambre  de  la  Royne  que  en  celle  de  Mons.  le  Mart^uU 
à  raisonde  ij  gros  le  pied.  Appert  par  lesmoin^natgc  de  Mengîa  Thierian. 
clerc  jugé,  rendy-cy.  » 

tt  xvj  Ib.  iij  s.  iij  d.  payer  à  ceulx  et  pour  les  causes  qut  â'eo^uîiî^nl 
c'est  assavoir  à  Simonin  le  pointre  pour  Ivj  pieds  de  verrières  pir  la| 
mises  èsfenestres  nuefves  de  la  chambre  de  parement,  à  raison  de  ij  ^ro£ 
le  pied  à  songnie  verre,  plomb  estain  pour  ce  .  ,   .  .   .     i\îv.  iiij  gros  « 

tt  A  luy  pour  xlvj  piedz  de  verre  blanc  piir  luy  mis  es  deux  <jrandfi 
fenestres  de  la  neufve  salle  outre  les  deux  escussons  faiz  en  icelle  d?-^ 
armes  de  fèu  mous'  le  cardinal  et  madame  de  S^  Pol  au  pris  dessu^d. 
pour  ce ■   ,  .     ïjj  fr.  riij  gros.  » 

a  Pour  lesd.  deux  escussons  contenant  xvjj  piedz  h  roiion  de  vj  ^ros  k 
pied,  valent viij  fr.  et  demi  > 

«  A  luy  pour  xxvij  piedz  de  verre  blanc  mis  ccst  assavoir  xx  piedi  'n 
la  chambre  de  mous,  de  Vaudemont  et  viij  es  deux  fenestres  de  la  nuefve 
wiz,  audit  pris. Hij  fr.  viij  gros  » 

a  Lesquelles  parties  montent  xxx  fr.  ij  gros^  dont  Ton  rabat  deui 
loyens  de  verre  amenés  audit  Bar  par  le  sencscbd  de  Boarmont  ao^ 
despens  du  s',  qui  monte  xiiij  fr.  ;  ainsi  reste  qui  est  paîé  audit  Simonin 
par  les  parties  cy-dessus  ladite  somme  de  xvj  fr,  ij  gros,  comme  it 
appert  par  le  tesmoinguaige  dudit  clercjuré,  rendu  cy  '.  >• 

Déjà  en  Tannée  1455,  c'est-à-dire  peu  après  la  cession  faite  à 
René  d'Anjou  du  château  de  Morley,  Simonin  avait  été  chargé  de 
la  décoration  de  la  chapelle  qui  venait  (l*y  être  édifiée  par  les  soio^ 
du  prince. 

tt  xiiij  1.  xix  s.  ij  d.  a  Simonin  le  peintre  et  verrier  auquel  n  fsiè 
marchandé  à  verres  de  blanc  vaire  les  quatre  fenestres  estans  dessai 
Faulel  de  la  chappelle  du  chastel  dudit  Morley  comme  aussi  de  garair  et 

'  B.  502. 

»  B.  502,  f«  142  et  ¥^ 


DE    L'ART    ET    DES    ARTISTES    DANS   LE    BARROIg.  829 

verrir  de  blan  vaure  le  châssis  estant  en  îcelle  chambre  et  en  la  fenestre 
devant  le  lit  et  faire  les  ouvraiges  de  peinture  qui  s^ensuivent,  c^est 
assavoir  de  pointre  les  armes  du  Roy  de  Secille  en  vaurre  et  de  vanrre 
recuit  en  lome  hault  de  dessus  ledit  autel,  aux  deux  autre  lomes  compris 
à  chacun  ung  ange,  et  aux  deux  ornes  de  bas  les  armes  dudit  Monsei- 
gneur le  roaistre  d*ostel  Gillel  de  Bourmont  et  celles  de  Madame  sa  femme 
le  plus  honorablemenl  que  faire  se  pourra.  Avec  ce  pointre  esdites  quatre 
fenestres  de  dessus  ledit  autel  et  de  vaurre  recuit  les  ymages  qui  s'ensui- 
vent c'est  assavoir  à  Tune  desdites  fenestres  Timage  de  monseigneur 
Sainct  Nicolas,  de  Saincte  Catherine  à  Tautre  fenestre,  ung  crucifiement, 
à  Fautre  fenestre,  et  sainct  Jehan-Baptiste  à  l'autre  fenestre,  et  on  châssis 
estant  en  la  fenestre  devant  le  lit  deux  roses,  une  pers  et  Taulre  vermeilles 
pour  lesquelles  pointures  faire,  deust  par  marchié  a  li  fait  la  somme  de 
trois  francs  et  demi-,  et  par  chacun  pied  de  blant  vaurre  le  somme  de 
dix  blans,  monnoie  du  Barrois.  Esquelles  quatre  fenestres  et  châssis  de 
bois  a  esté  trouve  et  livré  par  ledit  verrier  la  quantité  de  soixante  piedz  de 
vaurre,  en  ce  compris  les  pointures,  et  pour  les  dictes  pointures  a  été 
rabattu  cinq  pieds  de  vaurre;  ainsy  demeure  cinquante  cinq  piedz  de 
blant  vaurre  qui  valent  au  prix  que  dessus  la  somme  de  onze  frans  cinq 
gros  et  demi.  Ainsy  cest  toute  somme  tant  de  blant  vaurre  que  de  poin- 
ture la  somme  de  quatorze  frans  onze  gros  et  demi  qui  ont  esté  paiez 
audit  pointre  par  le  receveur  de  ce  présent  compte,  comme  il  appert  par 
la  descharge  dudil  cler  juré,  por  icy xiiij  1.  xix  s.  ij  d.  *  » 

Nous  n'avons  point  de  renseignements  sur  un  certain  Jacquot 
de  Floranges  qui,  vers  1458,  posait  trois  verrières  dans  la  cha- 
pelle du  château  de  Sancy  *;  il  en  est  de  même  pour  le  nommé 
Vincent  que  nous  voyons  en  1462  travailler,  en  même  temps  que 
Simonin,  au  château  de  Louppy  et  poser  douze  pieds  de  verre  en 
deux  panneaux  où  étaient  reproduites  les  armes  du  Roi  et  de  la 
Reine  '.  Les  noms  de  cesdeux  verriers  n'apparaissent  point  à  nou- 
veau dans  d'autres  comptes,  ou  du  moins  nous  ne  les  avons  point 
remarqués  dans  V Inventaire  sommaire  de  nos  Archives, 

Vers  ce  temps,  Marguerite  d'Anjou,  femme  de  Henri  VI,  roi 

*  B.  275V,  f*  38.  —  En  1471,  Gérardio  le  verrier,  demeuraDt  à  Gondrecourt, 
»t  chargé  de  restaurer  les  verrières  du  château  de  Morley.  B.  2758.  Voir  la 
_jte  de  la  page  840. 
«  B.  1749,  f«  124. 
»  B.  1332. 


830  DE    L'ART   ET   DES   ARTISTES    DANS    LE   BARHOIS. 

d*AngIelerre,  vint  habiter  le  château  de  Kœurs  avec  son  fiU 
Edouard  et  une  suite  nombreuse.  On  fit  alors  de  sérieuses  répara- 
tions pour  rendre  habitable  cette  résidence  ducale,  et,  en  I46â, 
tt  Jehans  le  Veirier  demeurant  à  Verdun  »  fut  chargé  de  réparer 
toutes  les  fenêtres  de  la  chambre  du  Roi,  de  la  petite  salle,  delà 
chambre  de  M.  le  marquis,  des  galeries,  de  la  cuisine^  de  la  râtis- 
série;  le  prix  de  son  travail  s'éleva  à  50  sous  ^ 

Vu  la  modicité  de  la  somme  payée  à  Jehans  de  Verdun,  peut- 
être  faut-il  croire  qu'il  ne  s'agissait  pas  en  cette  circonstance  d'un 
travail  de  peintre  verrier. 

Cest  toutefois  en  cette  qualité  que  nous  le  retrouvons  cette  même 
année  mentionné  dans  un  compte  de  Colet  Henrîon,  châtelain  et 
prévôt  de  Souilly. 

«  \^**  à  inaistre  Jehan  le  poinctre  de  Verdun  pour  rappariUîer  et  repoia- 
dre  la  chappelle  dou  chatel  de  Soûliez  et  pour  faire  les  verrières  aux  [tnn- 
tres  qui  estoient  toutes  brisiées  et  pour  les  despens  dudit  maîstre  Jetian  et 
son  varlet  qui  y  demoroit  pou  lou  rapparilHer  pour  un  moix  eotier*.  i 

Le  nom  de  Jean  étant  excessivement  répandu  à  cette  époque,  il 
est  bien  difficile  de  déterminer  avec  certitude  si  Jehans  de  \  erdua 
n'est  point  un  seul  et  même  personnage  soit  avec  Jean  le  Verrier^ 
demeurant  à  Toul,  chargé,  en  1485,  de  mettre  en  état  les  verrière» 
du  château  de  Foug";  soit  avec  Jean  le  Verrier  qiû y  en  1488,  per- 
gnait  un panon  en  oraux  armes  du  duc  pour  le  toit  Je  la  chambre 
des  comptes  de  Nancy  ^,  garnissait  de  vitraux  peints  la  bibliolhèquf 
de  René,  Toratoire  de  Philippe  de  Gueldres  et  Tallèe  ib  k  vi^  oa 
escalier  de  la  tour  du  Trésor  des  Chartes'  ;  soit  avec  £&  Jekain  (e 
paintre  demorant  au  Pont  » ,  chargé,  de  1496  à  1504,  de  peiniire 
les  armes  du  Roi  et  de  la  Reine  sur  la  Porterye  *,  et,  en  1515,  Je 
réparer  les  verrières  de  la  forte  maison  du  Pont  ^  ;  sait  enfin  âvec 
le  petit  Jehan  le  paintre,  domicilié  à  Bar,  eu  1510-1 51 1 ,  dont  le 

»  B.  2800,  r»  45  v\ 
«  B.  1229,  f°  87. 
3  B.  2235,  fo  65. 

*  B.  S.  A.  L.,  t.  UI,  p.  2V-27. 

*  B.  S.  A.  L.,  t.  I,  p.  101. 

«B.  S.A.  L.  t.  IV,  p.  11,81,82. 
'  B.  987,  fo  136  r. 


DE    L'ART   ET   DES    ARTISTES    DANS    LE    B.^HROIS,  ISI 

compte  de  Christophe  Lietard,  receveur  général  du  bailliage  de 
Bar,  nous  fait  connaître  les  différents  travaux. 

II  convient  également  de  remarquer  que,  changeant  souvent  de 
domicile,  les  verriers  peuvent  avoir  été  désignés  dans  les  comptes, 
à  ces  diverses  époques,  avec  la  dénomination  du  lieu  qu'ils  hahi- 
taient  alors. 

tf  Paiez  par  led.  receveur  en  trente  deux  gros  aux  perïronnes  et  potir 
a  les  causes  qui  s'ensuivent,  assavoir  à  petit  Jehan  le  paintre  pour  avoir 
tt  mis  en  plomb  seize  pieds  de  verrières  pour  Ic^dilâ  offices  d'eschan- 
c  sonnerie  et  saulcerie  faictes  on  dit  chasteau  et  y  avoir  fourny  la  soul- 
c  dure  à  raison  de  six  blans  le  pied,  valent  ij  fi-ans,  plus  payé  h  Loisel 
N  Théron,  marchand  demorant  audit  Bar  pour  un  loyen  de  voir  bknt 
tt  emploie  pour  faire  lesdictes  verrières,  pour  cc^  vij  frauâ  qui  est  ladite 
«  somme  ^  « 

u  xl.  s.  X  d.  paiez  par  ledit  receveur  en  xxiiij  gros  vîlj  aux  p«r:îonne3 
«  et  pour  les  causes  qui  s'ensuivent,  assavoir  à  peLit  Jehan  le  paînctre 
tt  demourant  à  Bar  pour  avoir  mis  en  plomb  au  «jtos  moïilti  unïe  piedz 
a  de  verrières  mises  aux  nouvelles  ofûces  de  sautcerie  et  fruictene 
tt  joindans  à  la  cuisine  derrière  sainct  Maxe,  à  raison  de  six  Llans  le 
«  pied*.  » 

L'église  de  Saint-Pierre  de  Bar,  commencétr  vers  rannée  1320^ 
et  pour  l'édification  de  laquelle  René  d'Anjou  avait  donné,  en 
14:45,  par  lettres  patentes,  aux  doyen  et  chapitre  la  aoninie  de 
1,000  francs  à  prélever  sur  les  Aydes,  n'était  pas  encore  entière- 
ment terminée  au  temps  où  René  de  Vaudéniont,  son  petit-^fils, 
vint  habiter  le  château  de  Bar.  Son  portail,  qui  présente  deux 
médaillons  mutilés  aux  profils  de  René  II  et  Je  Philippe  de 
Gueldres,  fut  achevé  dans  les  dernières  années  du  quiniiëme  siècle 
grâce  aux  libéralités  de  ces  souverains  \ 


*  B.  617,  M 18  v».  Mandement  daté  du  14»  jour  de  décembre  1510. 

*  B.  618,  f«  111. 

Un  peintre  verrier  lorrain,  établi  à  Murano  (Italie)  vers  la  fm  du  ijnînzîêmii 
siècle,  possédait  le  secret  d'une  nuance  rose  jusqu'alors  iriconuui-.  (lel  artiste  tquj 
in  exercitio  vitrario  est  super  omnes  alios  expertissimuA  *  esi  lii-^ij^tic  Ji^an  *  el 
Franzoso  t  dans  l'acte  d'association  qu'il  contractait,  cii  i'*i>2^  aifc  (jcofjjes  liai- 
larin,  chef  de  la  célèbre  famille  de  ce  nom. 

Note  de  M.  Euj{.  Muntz,  Nouvelles  archives  de  V Art  français,  1878,  p.  236, 

*  Durival  rapporte  qn'il  y  avait  à  Saint-Pierre  «deus  tubleau^  rouiis  sons  verre 
de  15  pouces  de  diamètre,  attachés  aui  deux  piliers  qui  tiTmlne^it  le  chu&ur, 


^ 


832 


DE    LART   ET   DES    ARTISTES    DAXS    LE    BAfifiOlS. 


C*est  vers  Tannée  1482  que  dut  être  fait  le  vitrail  dont  doui 
avons  rencontré  le  dessin  colorié  et  la  description  dans  la  collecliao 


"^^>>^ 


Joly  de  Fleury.  Nous  transcrivons,  sans  en  rien  omettre,  le  passage 
suivant,  extrait  d'un  rapport  dressé  en  I70f!  : 

«  Delà  sommes  entrés  dans  celte  église  où  cstarts  nous  avons  d'abdrtl 
remarqué  sur  la  grande  vitre  qui  est  derrière  le  maisire  autel  et  dans  U 


représentant  René  II  et  Philippe  de  Gueldres,  son  épouse  - ,  —  DtfCripii&n 
la  Lorraine  et  du  Barrais,  t.  II,  p.  3V6. 


DE   L'ART   ET   DES   ARTISTES    DANS   LE    BARROIS.  883 

lieu  qui  est  le  plus  éminent  de  la  ditte  vitre,  Fécusson  plein  de  France 
couronné  d'une  couronne  d*or  ancienne  brodée  et  marquetée  en  petites 
pièces  noires.  Cet  écusson  supporté  par  deux  anges  ailez  agenouillez  dont 
les  genoux  posent  sur  deux  autres  écussons  scitués  directement  au-dessous 
des  armes  de  France  lesquels  se  courbent  par  en  haut  en  s^aprochant  en 
n^anière  de  chevron;  le  premier  d'iceulx  placé  du  côté  de  FEvangile  est 
porté  de  cinq  pièces  ou  quartiers  que  sont  les  alliances  de  Hongrie» 
d'Anjou,  de  Hiérusalem,  dj  France  et  de  Bar;  le  dit  écusson  couronné 
d^une  couronne  ducale  aux  feuilles  d^ache.  Le  second  placé  du  côté  de 
répitre  est  pareillement  portée  de  cinq  pièces  dont  les  quatre  premières 
sont  les  mesmes  que  celles  de  Tautre  escu  et  la  cinquième  est  chargée  des 
armes  de  Lorraine  aux  trois  alérions  ;  ledit  écusson  n'est  point  couronné.  Et 
au-dessus  des  dittes  armoiries  et  un  quatrième  écusson  couronné  qui  est 
placé  entre  les  deux  pointes  de  ces  deux  cy-dessus  et  directement 
au-dessous  de  celuy  de  France  ;  ce  dernier  écusson  est  chargé  de  bars 
qui  sont  les  armes  de  Bar  et  semblent  servir  de  base  à  tout  Tédifice,  en 
sorte  que  les  armes  de  France  sont  seules  en  haut  avec  un  air  de  supério- 
rité tel  qu'il  convient  à  un  souverain  ;  les  deux  cy-devant  descrits  sont 
au-dessous  et  au  troisième  rang  l'écusson  de  Bar. 

tt  Delà  nous  avons  jette  la  veûe  sur  la  vitre  qui  est  au-dessus  de  la 
chapelle  coUatéralle  de  saint  Sébastien  *  au  haut  de  laquelle,  sont  placées 
les  armes  de  France  à  trois  fleurs  de  lys  surmontées  d'un  lambel,  au 
costé  droit  d'icelles  est  un  lambeau  des  armes  de  Hongrie  sans  écusson 
formé  et  au  costé  gauche  la  croix  et  les  croiseltes  de  Hiérusalem,  aussy 
sans  écusson  et  est  celui  des  armes  de  France  en  forme  de  globe  seul 
couronné  d'une  couronne  ducalle. 

«  Ensuite  avons  remarqué  à  l'autre  chapelle  coUatéralle  qui  est  de 
r Annonciation,  au  haut  de  la  vitre  qui  est  au-dessus  de  l'autel  les  armes 
de  France  dans  la  même  situation  de  prééminence  qu'au  Maitre  autel  : 
elles  sont  à  trois  fleurs  de  lys  à  l'antique.  Cet  écusson  est  échancré  à  |a 
manière  des  écussons  allemans  et  couronné  d'un  bonnet  royal,  au-dessous 
des  dites  armes,  dans  deux  rosettes  de  la  vitre,  sont  posés  deux  écus.  Le 
premier  des  mesmes  alliances  qu'au  maitre-autel,  à  la  réserve  qu'on 
y  void  le  second  quartier  d'Aragon,  le  second  escu  est  de  Gueldres  et  les 
dits  deux  écussons  ne  sont  point  couronnés. 

*  La  chapelle  de  Saiot-Scbastieo,  dite  de  Barbonoe,  avait  été  fondée  en  1476 
par  Jean  de  Barbonne,  qui,  par  son  testament,  consacrait  «  une  somme  de 
50  francs  pour  la  construction  et  façon  de  la  grande  verrière  de  ladite  chapelle  i . 
]  inds  Skrvais,  Annales  du  Barrois. 

Dès  l'année  1477  il  existait  dans  cette  église  une  confrérie  de  f  Mons.  Saint  Sé- 
I  Astien  1  dont  Jean  Gillel,  prêtre  vicaire  de  la  collégiale,  était  le  gouverneur.  — 
i    iiliothèque  nationale,  Collection  lorraine,  n*'  350. 

58 


834  DE   L'ART   ET   DES   ARTISTES   DANS   LB   BAEROIS. 

«  Il  y  a  encore  plusieurs  vitres  dans  iaditte  église,  moins  grandes  et 
placées  dans  des  endroits  moins  considérables  où  Ton  voict  les  armes 
de  Lorraine,  celles  de  Bar  et  aussy  de  plusieurs  maisons  illastres^  • 

La  description  et  le  dessin  donnés  par  le  rédactear  de  ee  rap- 
port sont  Tun  et  Taatre  fautifs,  mais  peut-être  les  susdits  ècussoni 
avaient-ils  été  déjà,  antérieurement  à  Tannée  1702»  Tobjet  d^nne 
restauration  maladroite. 

Sur  récusson  couronné  de  droite  on  n'aperçoit  point,  an  troi- 
sième quartier,  les  croisettes  qui  devraient  cantonner  la  croix 
potencée  de  Jérusalem;  au  quatrième  indiqué  par  erreur  comme 
étant  de  France,  le  dessinateur  a  omis  de  reproduire  la  bordure  de 
gueules  qui  aurait  dû  soutenir  le  semé  de  lis  des  armes  d'Anjou. 

Ces  armoiries  me  paraissent  être  celles  que  René  l*',  duc  de  Bar, 
avait  antérieurement  à  son  avènement  au  duché  de  Lorraine, 
en  1430. 

Quant  à  l'écusson  de  gauche,  non  couronné,  qui  est  à  six  quar- 
tiers et  non  à  cinq,  le  troisième,  mal  reproduit  ou  détérioré,  devait 
offrir  la  croix  potencée  d*or  cantonnée  de  quatre  croisettes  de 
même  ;  et  le  quatrième,  la  bordure  de  gueules  omise  dans  Técussoii 
d* Anjou.  La  présence  des  alérions  de  Lorraine  au  sixième  quar- 
tier permet-elle  de  recounaitre  dans  cet  écusson  les  armoiries 
d'Isabelle  de  Lorraine,  femme  de  René,  qui  avait  le  droit  de 
prendre  les  armes  de  son  mari  et  d*y  joindre  les  siennes  :  Lor- 
raine? ' 

S'il  en  était  ainsi,  le  vitrail  en  question  serait  antérieur  à  1430; 
la  partie  supérieure  seule,  aux  armes  de  France,  aurait  été  faite  de 
1474  à  1482  pendant  la  première  occupation  française*. 

A  cette  même  époque  de  nombreux  travaux  furent  exécutés  ao 
chAteau  de  Bar,  ainsi  qu'en  témoignent  les  mentions  saivantes 
relevées  dansle  compte  d'Antoine  Warin,  receveur  général  du  ducké 
de  Bar,  pour  l'exercice  1483-1484  : 

*  Bibliothèque  nationale.  Collection  Joly  de  Fleary,  f.  î.  mss.  n*  1360. 

'  A  la  prière  de  son  confesseur,  Jehan  Boucard,  et èque  d'Avrancbet,  le  m 
Louis  XI  avait  donné  à  Féglise  Notre-Dame  de  Saint-L6  (Uanche)  an  magoiF— ' 
vitrail  où  les  armes  royales  étaient  représentées  soutenues,  selon  la  imd 
temps»  par  un  ange.  On  y  voyait  également  les  écussons  da  Dauphiaé  e 
Berry,  c'est-à-dire  ceux  des  deux  enlants  de  Loais  XI,  Charles  et  François. 


DE    L'AKT   ET   DES   ARTISTES   DANS    LE    BARROIS.  835 

u  Réfection  et  remise  à  point  de  toutes  les  verrières  et  écussons  des  armes 
étant  es  verrières  de  la  petite  salle  neuve  et  nettoyement  d*icelles  par 
Pierre  k  Verrier  à  qui  il  a  été  délivré  6'  pour  ce  travail. 

«  Remise  à  point  des  verrières  de  la  Ch*  de  parement,  de  celle  du  Roi, 
et  de  Couppetalon,  de  la  Gh*  de  Mons.  le  marquis  par  Simonin  le 
poinctre. 

«  Réfection  des  verrières  de  la  petite  Ch*  auprès  le  petit  paule  qui 
éloient  derompues. 

«  Appositionde  plusieurs  losenges es  verrièresdu  château  et  fourni  pour 
celles-ci  verre  plomb  et  soudure  (Simonin  le  peintre). 

u  Apposition  par  Pierre  le  Vei*pier  de  27  pieds  de  voire  blanc  aux 
verrières  faites  neuves  dans  la  chambre  du  duc.  Fourniture  par  le  même 
de  deux  écussons  armoyés  des  armes  dû  prince. 

o  Mise  à  point  et  radouber  de  verre  neuf,  plomb  et  soudure  18  pan- 
neaux de  verrières  de  la  salle  du  pale... 

u  Façon  de  la  verrière  de  Toratoire;  réfection  et  mise^en  état  de  trois 
panneaux  de  grands  lozanges  es  verrières  du  petit  paule. 

«  Remise  à  point  en  la  chambre  de  Mesdemoiselles  (Marguerite  et 
lolande  de  Lorraine,  filles  de  René)  les  verrières  des  deux  grands 
châssis  ^  » 

Dans  ce  même  compte,  en  ce  qui  concerne  Jehan  Pierre  le 
Verrier,  on  remarque  une  dépense  de  «  5  fr.  9  gros  payés  à  Jennin 
Robin,  marchand  à  Bar,  pour  5  quarterons  trois  livres  de  plomb 
à  lui  achetés  au  prix  de  4  francs  le  cent,  lequel  plomb  a  été 
employé  es  ouvraiges  desd.  verrières...  »  ;  puis  une  autre  dépense 
de  a  13  gros  3  blancs  au  même  Robin  pour  ^**  9  onces  d*étain  qui 
lui  avaient  été  aussi  achetés  pour  être  employés  auxdits  ouvrages 
a  raison  de  10  blancs  la  livre  » . 

D'après  tous  ces  détails, on  peut  croire,  avec  M.  V.  Servais,  que 
ces  verrières  se  composaient  de  petits  carreaux  semblables  à  ceux 
que  Ton  rencontre  dans  certaines  maisons  de  la  ville  haute  dont  la 
construction  remonte  à  cette  époque*. 

En  Tannée  1485,  après  être  rentré  en  possession  du  Barrois  et  de 
la  ville  de  Bar,  René  II  faisait  un  don  considérable  au  chapitre  de 
Saint-Pierre  pour  lui  permettre  de  terminer  les  travaux'.  En  1488, 

«  B.  511. 

'  Fonds  Servats,  loc.  cit. 

»  B.  512. 


836 


DE    L'ART    ET    DES   ARTISTES    DANS    LE    BARR01S. 


désireuse  de  contribuer  à  rembellissement  de  cette  é^^jlbe,  la  jeouf 
duchesse  demandait  un  peintre  verrier  pour  exécuter  une  verrière. 
Cesl  du  moins  ce  qui  résulte  de  Texamen  du  compte  d'Antoine 
Warin,  receveur  général  du  duché  pour  cette  année. 

tt  iiij  Ib.  paiez  par  ledit  receveur  a  Thevenin  verrier  par  ordonnajic^ 
de  mes  dis  seigneurs  du  conseil  pour  faire  ses  despcns  au  lieu  de  Ikr  et 
de  retournant  dudit  Bar  au  lieu  de  Nancey,  lequel  verrier  de  T ordon- 
nance de  notre  très  redoublée  Dame  estoit  venu  faire  audit  Bar  pour 
prendre  la  mesure  et  veoir  le  lieu  là  où  icelle  Dame  loaioit  faire  uEie 
verrière  en  Téglise  S*  Pierre  de  Bar...  >.  » 

Ce  personnage  doit  être  le  même  que  Tfaouventa  de  IVancy  qiii« 
en  1481,  avait  refait  à  neuf  a  la  grande  verrière  de  dessus  le 
maître-autel  des  Cordeliers  de  Mirecourt*  v  et  orna  plus  tard  de 
vitraux  peints  l'oratoire  du  roi  de  Sicile'. 

Avant  le  voyage  que  René  II  fit  en  France  au  mois  de  mai  de 
Tannée  1498,  ce  prince  avait  réclamé  les  bons  ofSces  de  Pierre  k 
painctre  auquel,  en  1497,  il  fut  payé  par  le  receveur  général  da 
duché  de  Bar  la  somme  de  xxx  s.  iiij  d.  en  xx  gros  pour  ses 
peinnes  et  sallaires  d'avoir  fait  deux  verrières  tiuefves  mises  en 
deux  fenestres  en  Tescuyrerie  du  roy  de  Sicile  et  devant  la  teste 
des  grands  chevaulx  ^. 

Quel  était  ce  Pierre?  Faut-il,  avec  M.  Marcha!^  laucien  archi- 
viste de  la  Meuse,  reconnaître  dans  ce  peintre  Pierre  dAmycMS 
qui,  en  1498,  fit  trente-quatre  écussons  aux  armes  delareineJeariQe 
de  Laval,  destinés  à  décorer  Téglise  Saint-Max e  lorâ  d'un  servke 
célébré  pour  cette  princesse*?  Convient-il  au  contraire  d'identiOer 
ce  personnage  avec  un  peintre  verrier  du  même  nom,  originaire 
de  Strasbourg  ou  résidant  dans  cette  ville,  que  nous  voyons,  len 
Pannée  1500,  travailler  aux  vitraux  de  Téglisc  des  Cordeliers  de 
Nancy  *,  et  faire  la  rose  du  portail,  puis  la  grande  verrière  plire^ 
derrière  le  maître-autel  ^  ? 

«  B.  515,  f  112. 

'  Bulletin  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  t.  III.  p.  27. 

»  Ibid.,  t.  I.  p.  101. 

*  B.  522,  f«  149. 

*  B.  523. 

•B.  S.  A.  L..  m.  27. 
"  B.  S.  A.  L.,  t.  I,  p.  101. 


DE    L'ART   ET   DBS    ARTISTES   DANS   LE    BARROIS.  831 

Mentionnons  également  Pierron  peintre  et  verrier  qui,  vers  le 
même  temps,  décora  des  armoiries  ducales  les  vitraux  de  la  cha- 
pelle de  la  maison  du  Roi  à  Pont-à-Mousson  ^ 

Au  commencement  du  seizième  siècle  les  comptes  de  Christophe 
Liétard,  receveur  général  du  bailliage  de  Bar,  nous  procurent, 
en  1510,  le  nom  de  Petitjean,  peintre  à  Bar,  qui  pose  cinq  pieds 
de  verrières  »  à  la  chambre  de  Michel  Thomas,  sarrier,  demeurant 
auBaisIeet  conducteurdeTorloge'  » ,  puis,  la  même  année,  exécute 
220  écussons  tant  aux  armes  de  Bar  qu'aux  armes  du  duc  pour  le 
service  funèbre  de  René  II'. 

Les  peintres  verriers  alors  en  résidence  dans  le  Barrois  étaienl- 
ils  insuffisants  ou  malhabiles,  c*est  ce  que  Ton  serait  tenté  de  croire 
en  voyant  nos  princes  attirer  à  leur  cour  et  s'attacher  deux  étran- 
gers dont  les  noms  ne  sont  point  mentionnés  dans  nos  archives  : 
Jean  Clerengue  de  Verdun  et  Simon  de  Meaux^  que  René  II  et  sa 
femme  engagèrent  à  se  fixer  définitivement  dans  leurs  Etats,  en 
leur  accordant  divers  privilèges  et  franchises. 

Nous  empruntons  aux  notes  publiées  par  M.  Lepage  sur  les 
peintres  lorrains  des  quinzième,  seizième  et  dix-septième  siècles 
les  renseignements  suivants  : 

u  René,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  Ihérusalem  et  de  Sicile,  duc  de 
Lorraine  et  de  Bar,  etc.  Savoir  faisons  que  par  la  bonne  relacion  que 
faicte  nous  a  esté  de  Tart  et  industrie  de  paintre  et  verrier  estant  en  la 
personne  de  notre  bien  amé  Petit  Jehan  de  Clerengue,  désirant  le  retyrer 
en  notre  ville  de  Bar,  afûn  de  nous  en  servir  tant  à  Tentretenement  des 
verrières  de  notre  chastel  dudit  Bar  que  autrement,  Tavons  pour  ces 
causes  affranchy  et  exempté  et  par  ces  présentes  affranchissons  et 
exemptons  de  toutes  tailles,  aydes  prières  et  subsides  et  toutes  autres 
exactions  quelconques  imposées  et  à  imposer  en  notre  dite  ville  de  Bar, 
réservé  et  excepté  de  l'imposition  de  douze  deniers  par  livre  sy  tant  estoit 
quelle  eust  cours  audit  lieu,  aussi  du  guect,  garde  et  rétention  de  bonne 
ville,  lequel  Petitjehan  n'entendons  qu'il  soit  aucunement  tenu  servir  en 
armes  à  cause  de  cette  présente  franchise,  mais  sera  tenu  seuUement 
entretenir  les  verrières  de  notre  chastel  dudit  Bar  où  il  ne  faudra 
besongnier  plus  avant  d'un  jour.  Et  affin  qu'il  puisse  mieulx  fournir  à  ce 
et  s'entretenir  audit  Bar,  luy  avons  donné  et  octroyé,  et  par  ces  présentes 

'    *  Lepage,  Communes  de  la  Meurthe^  t.  II,  p.  329. 
«  B.  617,  618. 
»  B.  532. 


888  D£    L'ART    ET   DES   ARTISTES    DANS   LE    BARHOIS. 

donnons  et  octroyons  de  grâce  espéciale  ung  muid  de  bled  froment  sur 
la  recepte  de  nostre  célerier  dudit  Bar  par  chascun  an  par  manim  de 
pension  à  nostre  bon  plaisir. 

((  Lettres  patentes  datées  du  cbâteau  de  Louppy,  le  20  juin  1507  L  i 

Ces  lettres  furent  confirmées  le  5  décembre  1509  après  la  mort 
de  René  II  par  sa  veuve  Philippe  de  Gueidres,  duchesse  douairière 
du  Barrois. 

tt  Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu,  royne  de  Jhérusalem  et  de  SicUf, 
duchesse  de  Lorraine  et  de  Bar,  etc.  L^umble  supplication  et  reque^lf 
de  Petit  Jehan  Clerengue,  painclre  et  verrier^  demeurant  en  nostre  vïWt 
de  Bar,  ayons  reçue  contenant  que  feu  de  glorieuse  mémoire  noâlre  tr^^ 
chier  seigneur  et  espoux  le  roy  de  Sicile...,  lui  avoit  fait  sa  demeure  qni\ 
faisoit  en  la  cité  de  Verdun  et  Tavoit  fait  retirer  en  ce  lieu  et  Tarrranchy 
et  exempté  de  toustes  tailles,  aydes,  subsides  et  autres  choses  queli- 
conques,  réservé  de  l'imposition  de  douze  deniers  pour  livre  si  etle  avoit 
cours,  et  de  guait,  garde  et  rétencion  de  bonne  ville  s*il  y  estoit  démo- 
rant  sans  être  subgect  de  servir  en  armes,  mais  à  chart^e  de  enir^ 
tenir  et  besongnier  ez  verrières  de  nostre  chaste!  dudit  lieu  ou  f) 
fauldroit  besongnier  par  ung  jour,  et  avec  ce  luy  baillié  pension  d'an 
muid  froment  sur  la  recepte  de  nostre  célerier  dudit  Bar  Jursqueis  à  sod 
plaisir  ainsi  qu'il  povoit  plus  amplement  apparoir  par  ses  lettres  patenta», 
nous  suppliants  très  humblement  luy  vouloir  icelles  conr^rmer,  Saroir 
faisons  que  pour  le  bon  rapport  que  fait  nous  a  esté  dudit  Jeheii 
Clerengue,  «nyant  regard  à  ce  que  dessus,  désirant  entretenir  le  Ub 
vouloir  de  nostre  dit  feu  seigneur  et  espoux,  pour  ces  causes  et  ^mItûs 
raisonnables   nous   mouvans,   avons  ratlilié  et  confermc,    ratltffion^  ei 

confermons  icelles  lettres   d^affranchissement  et  pension selon  Ifur 

forme  et  teneur  jusques  à  nostre  bon  plaisir  et  soubz  les  charges,  rondi- 
tions  et  modifications  y  spéciffiées  et  déclarées...  '.  » 

A  Jean  de  Clerengue  succéda,  dans  les  fonctions  ^tipuléc^  dans 
les  deux  actes  précédents,  un  certain  Simon  de  Afeaui  qui  fat 
retenu  à  Bar  par  la  reine  Philippe.  Nous  n^avons  pas  !  acte  d^  fraD- 
chise  donné  par  cette  princesse,  mais  i*acte  de  confirmation 
accordé  en  1521  par  le  duc  Antoine  à  ce  peintre  verrier  est  rédige 
dans  des  termes  semblables  au  précédent. 

»  B.  S.  A.  L..  t.  IV,  p.  86.  —  Trésor  des  chartes,  layette.  Bar,  Chambra 
comptes,  t.  11,  n«  21. 
•  B.  S.  A.  L.,  t.  IV,  p.  87.  —Ibid.  Bar,  ville  et  bailliage,  t.  ÏJ,  ii'15. 


DE    L*ÂRT   ET   DES   ARTISTES   DANS   LE    BAREOIS.  839 

«  Anthoine,  par  la  grâce  de  Diea,  et...  Salut.  Gomme  la  Royne  de 
Sicile  nostre  très  chière  dame  et  mère,  à  présent  religieuse  professe  au 
couvent  de  Saincte  Clëre  en  nostre  cité  de  Pont  à  Mousson,  ait,  par  cy- 
devantz  et  pour  les  causes  contenues  en  icelle,  affranchy  et  exempté 
Symon  de  Meaulx,  painlre  et  verrier,  à  présent  demeurant  audit  lieu  de 

touttes   tailles,   aydes,    prières,   subsides Sans    que  pour   ce   ledit 

Symon  soit  aucunement  tenu  servir  en  armes  à  cause  de  ladite  franchise, 
mais  sera  tenu  seulement  entretenir  les  verrières  de  nostre  chastel  dudit 
Bar,  ou  il  ne  fauldra  besongnier  plus  avant  d*un  jour.  Et  affin  que 
mieulx  il  puisse  fournir  à  ce  et  s^entretenir  audit  Bar,  nostre  dicte  et 
mère  luy  ait  donné  et  octroyé  par  ses  dites  lettres,  ung  muid  de  froment 
sur  la  recepte  de  nostre  célérier  dudit  Bar,  par  chacun  an,  par  manière 
de  pension,  jusques  à  son  bon  plaisir,  scavoir  faisons  que  nous,  inclinans 
à  la  supplication  dudit  Symon  de  Meaulx,  ayant  aussy  regart  à  Tart  et 
industrie  de  peintre  et  verrier  estant  en  sa  personne,  pour  ces  causes  le 
retenir  en  ce  lieu,  lui  avons  confirmé  et  en  confirmons  par  ces  dictes 
présentes  ladite  franchise,  ensemble  ledit  d'un  muyd  de  bled  froment 
par  an  par  manière  de  pension,  comme  dit  est,  selon  le  contenu  ez  lettres 
de  nostre  dite  Dame  et  mère,  en  et  parmy  lesquelles  ces  présentes  son 

infixées  jusques  à  nostre  bon  plaisir Donné  en  nostre  ville  de  Bar,  le 

dixième  jour  d*apvril.  Tan  mil  cinq  cens  vingt  et  un  q. 

A  cette  liste  de  noms  demeurés  pour  la  plupart  dans  Tobscuritë 
il  convient  de  joindre  celui  de  René  (T Anjou  qui,  maître  dans  tous 
les  arts,  aurait,  dit-on,  cultivé  avec  assez  de  succès  la  peinture  sur 
verre  et  exécuté,  au  temps  de  sa  captivité,  à  Dijon,  les  portraits  de 
Jean  et  de  Philippe,  ducs  de  Bourgogne,  qui  décoraient  Téglise 
des  Chartreux  de  cette  ville. 

aPendant  sa  captivité  à  Dijon,  en  1431  et  années  suivantes,  le  duc 
René  de  Bar  aurait  offert  à  la  S'*  Chapelle  de  cette  ville  une  verrière  où 
il  était  représenté  à  genoux  en  robe  fourrée  avec  plusieurs  saints.  Au 
bas  du  sujet  principal  on  voyait  ses  armes  et  des  oublies,  allusions  à 
Toubli  de  ses  sujets.  On  dit  que  ce  vitrail  auquel,  d'après  la  tradition, 
aurait  travaillé  René  lui-même,  aurait  été  vendu  &  un  Anglais  après  la 
Révolution ^  »• 

Dans  son  étude  :  I^s  Ducs  de  Bar  ou  seigneurs  et  dames  de 
Cassel  de  la  maison  ducale  de  Bar,  M.  de  Smyttère  rapporte 

"  Revue  de  r Art  chrétien,  1895,  p.  48T. 


840 


DE    L'ART   ET   DES    ARTISTES   DANS    LE    BARROIS. 


qu'il  exisfait  à  la  Baumette^  près  Angers,  un  vitrail  offrant  le  por- 
trait de  René  fait»  croit-on,  par  ce  prince  (p.  241). 

L.  Maxe-Webly, 

Membre  non  ré«id»itt  du  Comïtr  «li-i 
Sociétés  dcf^  neaun-Art»  deï  dépar- 
tements, à  EDr-le-DuG. 


TABLE 


Imagiers  et  maures  des  œuvres, 
Ghr.  de  Joinville. 
GhevilloD  (Aubert). 
GolligDon  le  Marjollet. 
Goartois  Geoffroy  de  Gondrecoart. 
Grocq  (Jean),  de  B«r-le-Duc. 
Demenge  de  Rosières. 
Guéri  Malpayé. 
HussoD,  de  Bar. 
Husson,  l'imagier. 
Jacquemin  (Gérard). 
Jacquemin  (Rogier). 
Jacquemin,  de  Vaucouleurs. 
Jaequot,  de  Vaucouleurs. 
Jean,  de  Gommercy. 
Jean,  de  Saint-Pierre. 
Jehan,  de  Saint-Joire. 
Jehan,  le  menuisier. 
Jehan  Thierion. 
Jennin,  de  Buigne ville. 
Mengin  Ghevron. 
Méngin,  de  Bar. 
Nicolas,  de  Saint-Biaise 
Nicolas,  de  Bar. 
Perrin  (François). 
Perrin  (Ifichel). 
Pierre,  de  Milan. 
Raulot  (Didier). 
Thibaut,  de  Ligny. 
Tristan. 


Peintrûs 

Ancherin. 

Arnoulet. 

Glérengue,  de  Verdun. 

Golars,  de  Verdun. 

Golio,  de  Verdun. 

Estieone. 

François  le  Merdier. 

Guillaume,  de  Bar. 

Henry. 

Jaequot,  de  Florangps 

Jean. 

Jehain,  du  Pont, 

Jehan,  de  Saiot-X'icoLas. 

Jehan,  de  Tool. 

Jehan,  de  Verdun. 

Jehans,  de  Verdiui. 

Michèle!. 

Nicolas,  de  Verdun, 

Pierre.  t 

Pierre.  d'Amycn». 

Pierron. 

Petitjean,  de  ^ar^ 

René,  d'Anjou, 

Simon,  de  Meaux. 

Simonin. 

Théf  enin,  de  Nancy. 

Thé  venin  Merlin. 

Vincent. 


Addition  à  la  page  829  :  Après  la  démolition  do  château  de  \laHey,  Eei  vilf 
exécutés  par  Simonin  de  Bar  furent  placés  dans  l'église  jusqu'au  jour  oà  \t 
réchal  de  Beauvau,  seigneur  de  Morley,  les  réclama  ver^  1775  au  en  ré  Ritb 
qui  les  loi  envoya. 

Note  de  M.  l'abbé  Gillant  :  PouiUé  du  diocèse  de  Verdun,  t.  U,  p.  577. 


L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA    PORTi:    D  AIX.  Rf] 


XLVIl 


L'ARC  DE  TRIOMPHE  DE  LA  [»ORTE  D\\]\ 

A   MARSEILLE 


Marseille  rêvait  un  arc  triomphal,  depuU  r|iie  Pa^et  en  avait  sug-» 
géré  ridée  dans  les  vastes  plan^  d'ensemble  qu* il  avait  présentés  à 
la  ville  en  1669.  Ce  monument,  dont  le  génial  artiste  a?ait  marqué 
la  place  à  la  porte  d'Aix,  devait  annoncer  IVntrée  ch  la  cité.  Mal- 
heureusement, une  administration  paroi  mon  le  use,  que  Irs  concep- 
tions trop  hautes  déconcertaient,  avait  fait  déLiisser  ces  plans,  et 
ce  n^estque  de  la  résistance  que  la  municipalité  aualt  opposée  aux 
agrandissements  ordonnés  par  Louis  XIV. 

En  1780,  la  revente  des  terrains  de  TArsenal  ayant  produit  à  la 
ville  un  bénéfice  de  200,000  livres,  le  conseil  voulut  employer 
cette  somme  à  l'érection  d'un  arc  de  triomphe  en  Thonneur  de 
Louis  XVI.  Nos  édiles,  d'accord  en  cela  avec  Topinion  publique, 
dans  leur  séance  du  30  juin  1784,  ressuscitèrent  Fidée  du  grand 
sculpteur  et  choisirent  la  porte  d'Aix  \ 

L'importance  des  questions  touchant  à  la  prospérité  commerciale 
de  notre  ville  et  à  son  embellissement  qui  furput  Iraitées  au  cours 
de  cette  délibération,  la  façon  dont  elles  furent  envisagées,  les 
aperçus  auxquels  donna  lieu  leur  discussion,  mériteraient  un  àéve- 
loppement  que  ne  me  permet  pas  le  cadre  que  je  me  suis  tracé,  et 
bien  que  le  monument  qui  fait  l'objet  de  la  prt^sentc  i^tude  n'en 
eût  pas  été  la  cause  déterminante,  je  crois,  néanmoins,  utile  de  la 
mentionner  parce  que  c'est  au  cours  de  cette  réunion  que  Tiilée  de 
Texécuter  se  manifesta  pour  la  première  fois. 

A  la  suite  de  celte  délibération  du  30  juin  1784,  le  Conseil  mu* 

1  Délibération  do  conseil  municipal  de  Marseille,  annce  17S4,  Rt'^îj^tre  ir'  185, 
p.  84. 


842  L'ARC    DE    TRIOMPHE   DE    LA   PORTE    D'AIX. 

nicipal  approuva  à  ce  sujet,  le  15  août  suivant,  un  projet  présenté 
par  Gautier,  artiste  marseillais, 

L'Académie  de  peinture  et  de  sculpture  de  la  ville  consultée 
avait  patronné  ce  projet^  des  lettres  patentes  permirent  bientôt 
après  à  la  municipalité  d'ajouter  telles  sommes  qu*elle  jugerait 
nécessaires  aux  200,000  livres  votées,  afin  que  Tœovre  fût  com- 
plète ;  mais  avant  qu'on  y  eut  mis  la  main,  1789  avait  sonné  le 
glas  de  la  royauté,  et  Tare  de  triomphe  fut  oublié. 

La  Révolution,  le  premier  Empire  passent,  sans  qu'il  soit  de 
nouveau  question  du  monument  dont  Térection  avait  été  votée. 
L*idée  n'en  est  pas  cependant  abandonnée,  mais  il  faut  arriver  ao 
17  octobre  1823  pour  en  retrouver  la  trace  dans  le  registre  des 
délibérations  du  conseil  municipal  de  Marseille. 

La  guerre,  que  Louis  XVIII  avait  entreprise  pour  venir  au  secoun 
de  Ferdinand  VII  et  pour  rétablir  en  Espagne  les  principes  de  gou- 
vernement d'un  roi  absolu,  venait  de  finir.  Elle  n'avait  offert  comme 
action  d'éclat  que  la  prise  du  Trocadéro,  mais  la  prise  de  ce  fort 
(31  août  1823),  qui  défendait  l'entrée  de  Pile  de  Léon,  avait  en  un 
prodigieux  retentissement  en  Europe,  car  c'était  le  dernier  coop 
porté  à  la  révolution  espagnole.  En  France,  l'effet  de  ce  brillant  fait 
d'armes  avait  été  de  redonner  à  la  population  ce  sentiment  d'hoo- 
neur  national  que  réveille  toujours  la  gloire  conquise  par  nos 
armées. 

Depuis  neuf  ans  le  peuple  n'avait  plus  entendu  parler  de  victoire, 
il  n'avait  pas  oublié  ce  mot-là,  il  sentit  son  cœur  tressaillir  et  il  fit 
une  véritable  ovation  au  duc  d'AngouIéme,  généralissime  de  l'expê- 
dition,  lorsque  ce  fils  du  comte  d'Artois 'fit  son  entrée  triomphale 
à  Paris,  en  passant  sous  l'arc  de  triomphe  de  l'Étoile,  queXapoléon 
avait  laissé  à  peine  ébauché  et  que  la  Restauration  promit  de  finir 
en  mémoire  du  Trocadéro. 

Marseille  s'était  associée  à  l'enthousiasme  général.  La  délibéra- 
tion, prise  le  17  octobre  1823,  par  son  conseil  municipal,  va  noas 
montrer  avec  quelle  ardeur  sans  pareille  elle  avait  suivi  les  voix  de 
la  publicité  qui  s'étaient  enflées  à  i'envi  pour  exalter  le  vainqueur 
de  la  guerre  d'Espagne  : 

...  M.  le  Maire,  dans  une  lettre  qu'il  a  adressée  à  M.  le  Préfet  le  U 
'<  de  ce  mois,  a  marqué  à  ce  Magistrat  que  la  délivrance  du  roi  d'Espagne, 


L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA    PORTE    D  AIX.  S43 

«  cet  événement  si  glorieux  pour  la  France,  pour  son  au>^uste  souverain 
a  et  pour  le  prince  illustre  à  qui  il  avait  confié  le  commandement  de  noi 
t  armes,  inspirerait  sans  doute  au  conseil  muni  ri  pal  le  dé<ïii^  de  porter 
tt  au  pied  du  trône  et  d^adresser  à  Mgr  le  duc  d^Angouléme  set  vives  et 
t  respectueuses  félicitations,  ainsi  que  Texpression  des  sentîmenla  dont  la 
tt  ville  de  Marseille  est  animée  dans  cette  mémorable  circonstance.  Ce 
tt  Magistrat  a  ajouté  qu'il  se  flattait  que  celte  asseniblêe  se  rail  également 
t  disposée  à  accueillir  la  proposition  qu'il  avait  dessein  de  lui  faire, 
«  d'ériger  un  arc  de  triomphe  à  la  porte  d'Aixen  I^honnc^ur  de  Mfjr  le  duc 
tt  d'Angouléme  et  de  l'armée  française  en  Espn^ne,  et  pour  perpétuer  i 
u  jamais  dans  nos  murs  la  mémoire  de  ce  grand  résultat  olUenu  dans  la 
«  plus  belle  des  entreprises.  M.  le  Maire  a,  en  consé<]Upnce,  prié 
«  M.  le  Préfet  de  l'autoriser  à  faire  délibérer  le  Conseil  municipal  tant 
tt  sur  le  projet  d'tidresse  au  Roi  et  à  Mgr  le  duc  d'Anc^ouléme  que  sur 
tt  l'érection  de  Tare  de  triomphe  mentionné,  à  In  porte  d'Aix. 

tt  M.  le  Préfet,  dans  sa  lettre  du  15  octobre  dt^rnier.  accorde  les  aulorî- 
tt  sations  demandées. 

u  M.  le  Maire,  dans  la  présente  séance,  soumet  à  sa  délibération  ta 
tt  proposition  de  deux  adresses  au  Roi  et  à  S.  A.  R.  Mgr  le  ducd'Ani^ou* 
tt  léme  dans  lesquelles  la  profonde  sagesse  du  monarque  qui  avait  su  par 
tt  cette  entreprise  fermer  l'abîme  des  révolutionf^où  vipnaienti^enrjloutir  la 
«  morale  et  le  repos  des  peuples  était  exaltée  avec  autant  d'enthousiasme 
u  lyrique  que  la  gloire  militaire  conquise  par  le  Général. 

u  Elles  sont  adoptées  à  l'unanimité  et  dans  rinLé^ratîlé  de  leur  teneur. 

tf  M.  le  Maire  invite  ensuite  le  Conseil  à  délibérer  âur  la  proposition 
«  d'ériger  à  la  porte  d'Aix,  en  faisant  disparaître  les  vieitles  areadea  de 
u  l'aqueduc,  un  arc  de  triomphe  qui  sera  dédié  h  \h;[r  le  duc  d'An^^ouléme 
«  et  à  sa  brave  armée,  en  perpétuelle  mémoire  du  ghrieuv  résultat  de  la 
«  guerre  entreprise  sous  les  ordres  du  prince  généralissime  pour  la  déli- 
tt  vrance  du  Roi  d'Espagne. 

tt  Le  Conseil  adopte  unanimement  le  projet  de  celte  érection  et  renvoie 
tt  à  une  commission  spéciale  le  soin  de  s'occuper  des  détails  d'exécijtion 
vi  de  ce  monument,  ainsi  que  des  moyens  de  pourvoir  h  la  dépende 
tt  qu'occasionnera  sa  construction. 

tt  Cette  commission  est  composée  de  MM.  de  Patiisse,  Rostand,  Rouye, 
«  Pascal  de  Pontevès.  n 

Un  arc  de  triomphe  devait  être  érigé  en  1781  h  la  porte  d*Aîx 
à  la  gloire  de  Louis  XVI  ;  trente-neuf  ans  jJns  tard  la  construclioti 
de  ce  même  arc  de  triomphe  est  dédiée  à  )l<jr  le  duc  d'An<jouIénie 
et  à  sa  brave  armée. 


844  L.^RG    DE    TRIOMPHE    DE    LA   PORTE    DAIX 

La  commission  se  met  à  rœavre,  et  le  30  octobre  1823  un  de 
ses  membres  expose  au  Conseil  municipal  :  «  qu'après  avoir  coo- 
tt  suite  le  directeur  des  travaux  publics  de  la  ville  sur  la  dépense 
a  dont  il  s*agit,  il  lui  a  paru  convenable  de  la  fixer  à. 200,000  fir., 
tt  indépendamment  des  frais  relatifs  à  la  démolition  des  vieilles 
«arcades  età  rétablissement  des  conduits  destinés  aies  remplacer; 
tt  que  pour  subvenir  au  payement  des  200,000  francs  mentionnés, 
«  qui  ne  pourraient  être  imputés  sur  les  revenus  ordinaires  de  la 
tt  ville  dans  Tétat  actuel  des  produits,  il  y  a  lieu  de  se  procurer 
tt  cette  somme  par  la  voie  d'un  emprunt,  et  que  le  remboursement 
«  en  soit  indiqué  par  cinquième  aux  années  1830,  1831,  1832, 
tt  1833  et  1834,  époques  auxquelles  la  ville  sera  délivrée  soit  du 
tt  payement  des  prix  d'acquisition  de  divers  immeubles  pour  les- 
tt  quels  elle  est  encore  engagée,  soit  du  montant  de  Temprant 
tt  précédemment  contracté  pour  les  frais  d'établissement  de 
ttl'évêché. 

tt  L'évaluation  ci-dessus  indiquée  de  200,000  francs  sera,  poor 
tt  le  directeur  des  travaux  publics  de  la  ville,  une  donnée  essentielle 
tt  du  projet  de  Tare  de  triomphe  dont  il  a  été  chargé  de  dresser 
tt  les  dessins  et  devis;  mais  comme  la  rédaction  de  ce  projet  exige 
tt  nécessairement  un  certain  délai,  et  que  d*un  autre  côté  l'emprunt 
tt  destiné  à  l'exécution  du  monument  requiert,  d*après  la  loi, 
tt  l'autorisation  préalable  du  gouvernement  et  des  Chambres,  la 
tt  commission  propose  au  conseil  municipal  de  voter  ledit  emprunt 
tt  avec  prière  au  gouvernement  de  prendre  les  mesures  convenables 
ttpour  en  faire  sanctionner  le  projet,  suivant  les  formes  prescrites 
tt  par  la  loi.  » 

Après  avoir  entendu  ce  rapport,  le  Conseil  en  adopte  les  motifs 
et  les  propositions,  et  vote  l'emprunt  des  200,000  francs  nécessaires, 
cette  somme  devant  être  remboursée  sur  les  revenus  ordinaires 
de  la  ville,  dans  les  années  1830  à  1834,  à  raison  de  40,000  fr. 
par  an,  qui  seraient  successivement  portés  aux  budgets  de  la  ville 
pour  ces  cinq  années.  Le  Conseil  délibère  ensuite  sur  les  propo- 
sitions qui  lui  ont  été  faites  pour  la  démolition  des  vieilles  arcades 
de  Taqueduc  et  l'établissement  des  canaux  souterrains  destinés  à 
leâ  remplacer,  et  charge  de  ce  travail  le  sieur  Louis  Amphoux» 
alors  adjudicataire  de  l'entretien  du  grand  aqueduc.  La  raison  qui 
le  fit  choisir  prouve  combien  le  Conseil  municipal  de  Marseille 


L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA    POHTE    D'AIX.  ^45 

prenait  soin  des  finances  confiées  à  sa  ;|arde  ;  elle  mérite  donc 
d*être  signalée.  Louis  Amptioui,  éLant  déjà  chargé  de  l'enkrelien 
de  Paqueduc,  avait  à  son  seiirice  un  assez  «jrand  nombre  d'ouvriers 
qu*il  occupait  pour  cet  objet,  mais  qu'il  ne  pouvait  employer 
constamment  à  toutes  les  époques  de  Pannée.  GrÂce  à  ce  nouveau 
travail,  tout  chômage  cessait,  et  la  ville  pouvait  équilablement 
obtenir  des  conditions  plus  avantageuses  que  n^auraît  pu  lui  faire 
tout  autre  adjudicataire. 

Nous  venons  de  voir  que  la  ville  de  Marseille  avait  voté  200,000  fr. 
pour  Térection  de  Tare  de  triomphe,  mais  cet  emprunt  devait  être, 
en  définitive,  autorisé  par  une  loi.  Le  Conseil  sb  réunit  de  nouveau, 
le  23  novembre  1823,  et  ^i  c-onsidiTant  que  lorsque  les  Chambres 
a  n'étant  point  réunies,  le  gouvernement  a  Tattribution  d'accorder 
a  à  cet  égard  une  autorisation  provisoire,  sauf  d'en  faire  âanctionner 
tt  la  disposition  par  une  loi  à  1^  plus  prochaine  réunion  de$ 
ft  Chambres  »,  délibéra  de  ^  prier  IL  le  Maire  de  vouloir  bien 
a  supplier  le  gouvernement,  par  l'intermédiarre  de  M.  le  Préfet, 
ft  d'autoriser  provisoirement  la  réali^aliau  immédiate  de  l'emprunt 
»  dont  il  s*agit,  sauf  de  présenter  ultérieurement  aux  Chamlires 
«  la  loi  spéciale  qui  devrait  donner  la  sanction  définitive  à  cette 
«  mesure  » . 

La  demande  n'étant  pas  de  nature  à  être  accueillie  faiorabtenient, 
le  Préfet  ne  pouvait  pas  intervenir  auprès  du  gouvernement  pour 
le  supplier  d'autoriser  un  emprunt  avant  de  connaître  les  plans 
et  devis  du  monument  que  cet  emprunt  était  destiné  à  édifier. 
C'est  ce  que  répond  ce  fonctionnaire  le  18  décembre,  et  lecture 
de  sa  lettre,  dans  laquelle  il  indique  ^^  que  ia  délibération  du 
a  28  novembre  dernier  ne  sera  trans^mise  à  Son  ExceJleace  que 
«quand  les  plans  et  devis  lui  seront  parvenus  is ,  est  faite  par  te 
Maire  à  la  séance  du  24  déccml^re.  L'ordonnance  royale  du  30  de 
ce  même  mois  consacre  cette  réponse. 

La  ville  de  Marseille  n'avait  plus  qu'à  engager  sou  directeur 
des  travaux,  l'architecte  Penchaud,  à  hdter  la  confection  du  travail 
dont  il  avait  été  chargé.  C'est  ce  que  fit  son  Mairie  Penchaud  se 
mit  à  l'œuvre,  dressa  ses  plans  et,  à  la  srance  du  24  mars  18'24, 
présenta  deux  projets.  Aprè^  mur  examen,  le  second  eut  la  préfé- 
rence, et  cet  architecte  se  rendit  à  Paris  pour  le  soumettre  au 
gouvernement.  Le  13  septembre  1824^  une  lettre  du  Préfet  informe 


846  L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA   PORTE    D*A1X. 

le  Maire  que,  le  30.  août  précédent,  Sou  Excellence  le  Ministre  de^ 
rintérieur  avait  donné  son  approbation  au  projet  n**  2  de  Tare  de 
triomphe.  Dans  cette  lettre  il  Tin  vite  à  préparer  Tadjudicatlon  des 
travaux  pour  la  construction  de  ce  monument. 

En  réponse,  le  premier  magistrat  de  la  Cité  fait  des  observations 
sur  la  nécessité  d'attendre,  pour  les  dispositions  préalables  à  Tad- 
judication  dont  il  s'agit»  le  retour  de  Paris  du  directeur  des  travaux 
publics  de  la  ville.  II  estime  que  M.  Penchaud,  devant  diriger 
l'exécution  du  projet  dont  il  était  Tauteur,  peut  seul  en  rédiger 
le  cahier  des  charges  et  fournir  à  l'administration  les  renseigne- 
ments indispensables  sur  la  capacité  des  entrepreneurs. 

M.  le  Préfet  répond  à  ces  observations  et  fait  connaître,  par  une 
lettre  du  25  septembre,  qu'il  partage  le  sentiment  de  H.  le  Maire 
sur  la  convenance  d'attendre  le  retour  de  M.  Penchaud.  Il  rappelle 
en  même  temps  l'invitation,  qu'il  a  déjà  faite  dans  sa  précédente 
lettre  du  13  septembre,  de  suivre  strictement,  relativement  aux 
formes  de  l'adjudication,  la  marche  prescrite  par  le  décret  da 
]  0  brumaire  an  XIV,  à  moins  que,  d'après  les  observations  présentées 
par  M.  le  Maire  sur  les  inconvénients  dont,  suivant  les  résultats 
de  l'expérience,  cette  marche  pouvait  être  susceptible  à  Marseille, 
il  n'intervint  du  ministère  une  décision  modificative. 

Penchaud  de  retour  prend  connaissance  de  cette  correspondance 
et  le  10  novembre  adresse  au  Maire  un  rapport  sur  les  moyens 
qu'il  lui  parait  indispensable  de  prendre  pour  l'érection  du  monu- 
ment dont  il  s'agit  et  sur  les  graves  inconvénients  qui  pourraient 
résulter  de  l'adjudication  au  rabais  de  sa  construction. 

11  représente,  entre  autres  choses,  dans  ce  rapport  «  que  cet  oa- 
«  vrage,  assez  peu  considérable  sous  le  rapport  des  dimensions  et 
tt  entièrement  isolé,  exige  cependant  au  point  de  vue  de  la  belle 
tt  exécution  et  de  la  solidité,  conditions  principales  et  essentielles 
tt  de  sa  destination,  beaucoup  de  choix  dans  les  matériaux,  la  plus 
B  scrupuleuse  précision  dans  leur  taille  et  leur  pose,  et,  par  suite, 
tt  un  déchet  considérable  et  des  pertes  ne  temps  que  l'on  ne 
tt  saurait  bien  évaluer;  que  c'est  un  ouvrage  de  détails  minutieux 
tt  qui  ne  peut  se  perfectionner  qu'àforce  de  soins  et  ne  peut  réunir 
tt  les  suGTrages  que  par  une  extrême  perfection. 

tt  Qu'il  faut  donc  en  écarter  soigneusement  la  main  indiscrète 
«  des  artistes  sans  habileté  et  des  ouvriers  maladroits,  que  c'est  dire 


L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA    PORTE    D'AIX.  847 

«  assez  que  la  construction  de  TArc  de  triomphe  ne  doit  pas  être 
«  livrée  aux  hasards  d*une  enchère  publique  et  qu'elle  n'est  pas,  en 
tt  conséquence,  susceptible  d'être  adjugée  au  rabais,  mais  qu'elle 
u  doit  être  indispensablement  confiée  à  un  entrepreneur  d*une 
a  probité  et  d'une  capacité  bien  connues  et  choisi  par  l'adminis- 
a  tration  ;  que  des  motifs  absolument  semblables  avaient  engagé  le 
«  gouvernement  à  faire  exécuter  autrefois  par  économie  la  porte 
a  du  Carrousel  à  Paris  et  à  terminer  de  la  même  manière  TArc 
«  de  triomphe  de  l'Étoile,  auquel  on  travaille  aujourd'hui  ;  qu.il 
«  n'est  pas  douteux  que  le  Ministre  de  l'Intérieur  n'autorise  Pad- 
tt  ministration  municipale  de  Marseilleà  agir  ainsi  pour  l'exécution 
m  du  monument  dont  Son  Excellence  a  approuvé  Térection;  qu'il 
u  croit,  en  conséquence,  devoir  proposer  de  demander  incessamment 
«  cette  autorisation  à  Son  Excellence,  en  se  soumettant  toutefois  à  ne 
u  pas  excéder  le  montant  du  devis  approuvé  qui  8*élève  à  la  somme 
a  totale  de  346,195  fr.  » 

A  ce  rapport  était  annexé  le  cahier  des  charges,  clauses  et  con- 
ditions qu'il  convenait  d'imposer  à  l'entrepreneur  que  l'adminis- 
tration aurait  choisi  et  qui  passerait  contrat  avec  elle  pour  l'exé- 
cution de  TArc  de  triomphe. 

La  proposition  contenue  dans  le  rapport  du  Directeur  des  travaux 
fut  communiquée  le  1*'  décembre  au  Consei^  municipal.  Il  en 
renvoya  l'examen  à  une  commission  spéciale,  et,  à  la  séance  du 
17  décembre,  le  Conseil  adoptant  l'opinion  de  Penchaud,  faisant 
siens  les  motifs  et  les  considérations  qu'il  avait  invoqués,  prit  la 
délibération  suivante  : 

«  Le  Conseil  délibère  que' S.  E.  le  Ministre  de  l'Intérieur  sera  prié,  par 
«  l'intermédiaire  de  M.  le  Préfet,  de  dispenser  l'administration  municipale 
«  pour  la  construction  du  monument  dont  il  s'agit,  des  formes  usitées  d'une 
«  adjudication  au  rabais  et,  en  conséquence,  de  l'autoriser  à  annoncer 
«  par  voie  d'affiches  la  délivrance  de  cette  construction,  à  titre  d'enlre- 
«  prise,  à  celui  des  soumissionnaires  qui,  sous  les  rapports  combinés  de 
«  la  probité,  de  la  capacité,  de  la  solvabilité  et  de  l'économie  dans  la  dé- 
u  pense,  présentera  les  conditions  et  les  qualités  qui  seront  jugées  les  plus 
u  avantageuses  sous  le  double  point  de  vue  d'une  parfaite  exécution  de 
u  l'ouvrage  et  de  l'intérêt  communal,  le  tout  sous  les  clauses  et  conditions 
«  du  cahier  des  charges  annexé  à  la  présente  délibération  et  dont  commu- 
tt  nication  sera  donnée  à  leur  réquisition  aux  prétendants  à  l'entreprise,  n 


848  LARG    DE   TRIOMPHE    DE    LA   PORTE    D'ÂIX. 

A  renvoi  de  cette  délibératiOD  relative  aa  mode  .d*eiécQtioD 
des  travaux  répond  une  lettre,  en  date  du  19  janvier  1825»  du 
Ministre  de  Tlntérieur»  Dans  cette  réponse,  Son  Excellence  indique 
tt  que  la  crainte  conçue  par  Tautorlté  locale  de  voir  ces  travaux 
u  exécutés  avec  moins  de  soins  et  de  perfection  quUls  n*en  exigent, 
u  s'i.s  étaient  niis  en  adjudication  publique  au  rabais,  lui  paraît 
u  peu  fondée  dans  une  ville  où  il  existe  un  directeur  des  travaux 
u  publics  qui  peut  surveiller  l'exécution  des  travaux  et  s^assurer 
tt  de  la  bonne  qualité  des  matériaux. 

«  Toutefois,  comme  il  s'agit  d'un  monument,  dont  Tobjet  doit 
a  faire  désirer  qu'il  réunisse  la  plus  grande  perfection.  Son  Excel- 
u  lence  déclare  qu'elle  accéderait  volontiers  à  la  proposition  faite 
K  par  le  Conseil  municipal  de  ne  confier  cette  entreprise  qu'à  no 
tt  ouvrier  expérimenté  et  qui  présente,  sous  les  rapports  de  capa- 
K  cité,  de  probité  et  de  solvabilité,  toutes  les  garanties  désira- 
a  blés,  pourvu  cependant  que  le  nombre  des  soumissionnaires, 
a  entre  lesquels  Tadministration  municipale  ferait  un  choix,  ne 
a  fût  pas  trop  restreint,  car  autrement  le  défaut  de  concurrence 
tt  pourrait  exposer  la  ville  à  payer  cette  entreprise  trop  chère- 
u  ment.  » 

Considérant  sa  proposition  comme  approuvée  par  cette  lettre,  le 
Conseil  municipal  «e  réunit  le  31  janvier  et  délibère  «  que  l'adju- 
K  dication  de  TArc  de  triomphe  aurait  lieu  par  voie  d'entreprise 
u  et  que  le  programme,  ou  soit  les  affiches  d'annouce  de  cette 
«  adjudication,  seraient  envoyées  dans  toutes  les  principales  villes 
(1  des  départements  circonvoisins,  jusqu'à  la  distance  de  Lyon  et 
u  de  Toulouse,  et  que  ladite  annonce  aurait  lieu  par  première 
4c  et  seconde  affiche  et  les  jours  de  la  délivrance  provisoire  et  déG- 
ft  nitive  fixés,  si  rien  ne  s'y  opposait,  aux  1*'  et  15  mars  pro- 
tt  chain  » . 

Cette  délibération  fut  approuvée  le  12  février  par  lautorité 
préfectorale.  Après  une  adjudication  provisoire,  qui  eut  lieu  les 
25  février  et  1*'  mars,  les  travaux  du  monument  furent  adjugés 
définitivement,  le  15  mars,  à  Tentrepreneur  Pierre  Bla. 

Pierre  BIu  se  met  à  l'œuvre,  et  quelques  mois  plus  tard,  le 
6  novembre  1825,  a  lieu  la  pose  de  la  première  pierre.  Voici,  aii 
sujet  de  cette  cérémonie,  ce  que  relate  le  procès-verbal  dressé  à 
,çette  époque  : 


^ 


L'ARC    DE   TRIOMPHE    DE   LA   PORTE   D'AIX.  ^49 

«  Le  marqaif  de  Montgrand,  accompagné  de  set  adjoint»  Vidal,  Salary, 
a  Rabaud,  Garonne  et  Lemée,  du  Conseil  manicipal,  de  tous  lea  fonction- 
«  naires  publies  et  de  tous  les  corps  administratifs,  partit  de  rhdtel  de 
tt  Ville  et  se  rendit  à  la  place  extérieure  de  la  porte  d^AîK  pour  poser 
tt  solennellement  la  première  pierre  de  TArc  de  triomphe.  Le  cortège, 
«  précédé  de  la  musique,  était  escorté  par  un  corps  nomlireux  de  troupeg 
a  de  la  garde  nationale  et  de  la  ligne.  On  se  rangea  en  cercle  autour  de 
«  remplacement,  et  le  Maire,  après  être  monté  sur  une  des  pierres 
«  d'assises,  prononça  un  discours  analogue  à  la  circonstance,  et,  aalué  des 
ce  acclamations  les  plus  vives  auxquelles  se  joignirent  les  sons  de  la  musique  ^ 

a  militaire,  le  marquis  de  Montgrand   donna  lecture  d^une  inscription  ^ 

«  gravée  sur  une  table  de  marbre,  et  M.  Penchaud,  assisté  des  autres  archi- 
«  tectes  de  la  ville,  lui  remit  une  boite  de  plomb  renfermant  des  pièces  de 

«  cinq  francs  frappées  à  Tbôtel  des  monnaies  de  Marseille  à  Pefllgie  de  ' 

«  Cbarles  X  et  au  millésime  de  18!25.  Le  Maire  posa  cette  boite  dans  une  ' 

«  entaille  préparée  au-dessus  de  la  pierre  supérieure  d'assise  des  fondai 

«  tions,  et  la  table  de  marbre  portant  Tinscription  '  fut  ensuite  scellée  au  I 

a  mortier  dans  un  champ  évidé  de  la  môme  pierre  que  Ton  recouvrit 
u  aussitôt  de  la  pierre  inaugurale  du  monument.  » 

Cette  .solennité  ne  laissa  pas  silencieux  Tesprît  de  parti;  des  1 

épigrammes  raccompagnèrent,  et  on  alla  jusqu'à  dire  :  »  Qu'on  * 

avait  consacré  ce  jour-là  une  magnifique  sottise*,  n 

Le  monument  commencé,  le  Conseil  municipal  ne  s'occupe  plus 

1  Elle  est  ainsi  conçue  : 

Cet  arc  de  triomphe 

fut  v6té  le  17  octobre  1823  par  la  ville  de  Marseille 

pour  rendre  un  hommage  éclatant 

à  la  gloire  acquise  ep  Espagne 

par  Tarmée  française  et  son  illustre  chef 

S.  A.  R.  MoDScigneur  le  duc  d'Angoulême 

depuis  Dauphin  de  France. 

Sa  Majesté  Louis  XVIIl  de  glorieuse  mémoire 

permit  par  ordonnance  royale  du  30  décembre  1823 

l'érection  de  ce  monument  d'amour  et  de  reconiiui«saxicâ 

envers  son  Auguste  famille. 

Le  reste  de  Tinscription  rappelle,  avec  la  date  de  Tioauguraliau  du  monument, 
le  nom  du  maire  de  Marseille  et  de  ses  adjoints;  du  comte  de  Corbière^,  mimilre 
de  Tintérieur  ;  du  comte  de  Villeneuve,  préfet  des  fiouches-du-Rhdaf*  :  tle  Peu- 
chaud,  architecte. 

*  L'Arc  de  triomphe  de  Marseille,  Dialogue  entre  un  Jeune  et  tin  vieux  Mar^ 
seiUms,  Marseille,  1829. 

14 


850  L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA   PORTE    DAIX. 

que  du  vote  des  crédits  qui  sont  nécessaires  au  fur  et  à  mesure  de 
Tavancement  des  travaux.  Toutes  les  délibérations  qu'il  prend,  de 
1825  au  31  juillet  1826,  ont  trait,  en  effet,  à  des  demandes 
d'emprunts  partiels  de  80,000  francs  à  valoir  sur  les  350,000  franis 
dont  Tordonnance  du  24  novembre  l'avait  autorisé  à  grever  le 
budget  de  la  ville. 

En  1828,  240,000  francs  avaient  déjà  été  dépensés,  et  le  corps 
seul  du  monument  était  fait;  les  frais  restant  à  faire  pour  son  achè- 
vement étaient  donc  très  importants.  On  devait  s'occuper,  dans  le 
courant  de  cette  année-là,  de  Texécution  des  sculptures  d'orne- 
ments dont  l'adjudication  venait  d'être  passée  à  Paris  par  les  soins 
du  préfet  de  la  Seine.  Il  y  avait  encore,  pour  le  complément  de 
l'ouvrage,  à  exécuter  les  sculptures  historiques  composées  de  hait 
statues  en  ronde  bosse  et  de  divers  panneaux  en  bas-reliefs  qui, 
suivant  le  projet,  devaient  décorer  le  monument.  La  nécessité  de 
régler  les  dépenses  sur  l'état  effectif  des  revenus  de  la  ville  et 
l'importance  des  allocations  déjà  votées,  ou  qui  restaient  à  voter 
pour  l'Arc  de  triomphe,  ayant  mis  l'administration  dans  la  position 
d'ajourner  en  quelque  sorte  îndéGniment  le  vote  des  fonds  relatib 
à  l'exécution  de  cette  partie  des  décorations  projetées,  le  Conseil 
municipal  osa  espérer  que  le  gouvernement,  sur  la  demande  qoi 
lui  en  serait  faite  par  la  ville,  ne  se  refuserait  pas  à  concourir  an 
perfectionnement  de  TArc  de  triomphe  en  se  chargeant,  parmi  les 
ouvrages  qu'il  distribue  annuellement  pour  l'encouragement  des 
arts,  de  faire  sculpter  les  huit  statues  dont  les  blocs  existaient  à 
Marseille*,  et  il  prit,  le  31  mars  1828,  la  délibération  suivante  : 

«  S.  £.  le  Ministre  de  rintérieur  sera  supplié,  par  rinterraédiaire  de 
u  M.  le  Préfet,  de  vouloir  bien  faire  don  à  la  Ville  de  Marseille  des  huit 
u  statues  dont  il  s'agit  et  dont  les  blocs  en  pierres  existent  à  pieds 
«  d'œuvre  sur  la  place  de  TArc  de  triomphe.  M.  le  Préfet  sera  prié 
«  d'appuyer  la  présente  délibération  d*un  suffrage  favorable.  » 

Le  Préfet  donna  un  avis  favorable,  et  le  Maire  se  rendit  à  Paris 
pour  essayer,  avec  l'appui  de  la  députation  de  Marseille,  de  faire 

'  Cette  faveur  devait  procurer  dans  l'évaluation  de  la  dépense  projetée  i 
rédaction  de  40,000  francs  environ,  que  U  ville  aurait  pu  nUlement  emploj 
dans  ses  allocations  futures  à  compléter  les  autres  parties  de  la  décoration. 


L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA    PORTE    D'AIX.  851 

aboatir  cette  demande.  Le  Conseil  municipal  eut  un  moment 
Tespoir  d*avoir  réussi,  car,  à  sa  séance  du  1*'  mai  1828,  son  prési- 
dent M.  Rabaud  aine,  adjoint,  lui  donna  lecture  de  la  lettre  que 
lui  avaient  écrite  de  Paris,  le  12  avril  dernier,  les  députés  des 
Bonches-du-Rh6ne  lui  annonçant  :  a  Que  non  seulement  ils  ont 
«recommandé  avec  beaucoup  d*empressement  au  Ministre  de 
B  rintérîeur  la  demande  du  Conseil  de  faire  sculpter  aux  frais  de 
tt  rÉtat  les  huit  statues  destinées  à  orner  TArc  de  triomphe  de 
a  Marseille,  mais  qu'ils  ont  encore  Tespérance,  d*après  leur  con- 
a  versation  avec  M.  le  directeur  des  Beaux-Arts,  d'obtenir  gratui*- 
a  tement  des  marbres  pour  ces  ouvrages,  ce  qui  serait  infiniment 
a  plus  beau  et  plus  durable.  « 

L*état  des  crédits  du  budget  général,  malheureusement,  laissait 
trop  peu  de  fonds  disponibles  pour  que  le  gouvernement  pût  mettre 
à  exécution  ses  dispositions  généreuses,  et  le  Préfet  de  Marseille, 
M.  le  comte  de  Villeneuve,  en  informait  le  Maire,  le  7  juin  1828  : 

tt  Je  viens  d'être  informé,  écrîvait-il  à  ce  magistrat,  par  Son  Excellence 
«  qu'il  n'avait  pas  été  possible  d'allouer  au  delà  de  8,000  francs  en  1828 
«  pour  l'objet  dont  j'avais  entretenu  le  Ministre.  Son  Excellence  me  fait 
a  l'honneur  de  m'annoncer  que  cette  somme  sera  ordonnancée  sur  le 
«  trésor  aussitôt  que  je  lui  aurai  donné  avis  du  mode  arrêté  pour 
«  l'exécution  des  figures  et  que  je  l'aurai  informé  du  moment  où  il  y 
«  aura  lieu  d'effectuer  des  payements  entre  les  mains  des  artistes 
tt  auxquels  ces  travaux  auront  été  conGés.  » 

Les  retards  apportés  par  les  deux  sculpteurs  Ramey  et  David 
d*Angers,  dans  l'exécution  des  sculptures  historiques  destinées  a 
la  décoration  de  TArc  de  triomphe  dont  ils  avaient  été  chargés, 
faillirent  même  faire  perdre  à  la  ville  le  bénéfice  da  ces  8,000  fr. 
qui  lui  avaient  été  accordés.  Les  deux  ans,  donnés  par  les  règle- 
ments sur  la  comptabilité  publique  pour  l'emploi  des  allocations 
accordées  par  un  budget,  allaient  expirer  à  la  fin  de  1829;  or,  on 
était  en  décembre  de  cette  année-là,  et,  par  suite  de  ces  retards, 
Tadministration  municipale  n'avait  pu  justifier  du  degré  d'avan- 
cement de  ces  ouvrages  auquel  était  subordonnée  la  mise  à  sa 
disposition  du  crédit  dont  nous  venons  de  parler. 

Mais  le  Ministre  de  l'Intérieur  ne  voulant  pas  que  cette  circon- 
stance, indépendante  du  fait  de  l'administration   municipale   de 


852  L'ARC   DE   TPIOMPHE    DE    LA   PORTE   D'AIX. 

Marseille,  la  privât  d'une  faveur  et  d*un  avantage  sur  lesquels  elle 
avait  dû  compter  pour  Tacquittement  de  la  dépense  de  ces  scolp- 
tureft  historiques,  lui  annonça,  par  rintermédiaire  de  M.  le  Prélel, 
dans  une  lettre  du  20  janvier  1830,  «querallocationdeces  8»000fr. 
«  serait  reportée  au  budget  de  Texercice  1830  et  tenue  à  la  dispo- 
«  sition  du  Conseil  municipal  « . 

Nous  venons  de  parler  de  retards,  la  délibération  du  4  décembre 
1829  nous  en  donne  les  causes  :  «  Ce  sont  le  rejet  des  dessins  de 
«  modèles  présentés  par  Tun  des  artistes'  et  la  démission  successif  e 
«  de  deux  des  membres  de  la  Commission  qui  avait  été  formée  dans 
«  la  capitale  pour  juger  du  mérite  des  dessins  et  des  modèles 
a  proposés  par  ces  sculpteurs,  démission  vraisemblablement*  pro- 
a  voquée  par  les  dégoûts  et  les  désagréments  auxquels  elle  s'éliit 
a  vue  exposée  pour  Texécution  de  son  mandat.  » 

Ce  même  jour  le  Conseil  décidait,  pour  aplanir  les  difficultés, 
renvoi  à  Paris  du  directeur  des  travaux,  Penchaud.  Il  lui  donnait 
mission  a  de  traiter,  s^il  y  avait  lieu,  avec  d'autres  artistes  en  se 
a  concertant  à  cet  égard  avec  M.  le  comte  de  Forbin,  directeur 
a  générd  des  Musées,  sur  Tintervention  bienveillante  duquel  le 
a  Maire  comptait  pour  concourir  au  but  que  la  ville  se  proposait 
a  et  lever  les  obstacles  qui  en  contrarieraient  Taccomplisse- 
«  ment  » . 

Penchaud  réussit,  les  difficultés  cessèrent,  et,  le  2  avril  1830, 
les  esquisses  de  vingt  compositions  étaient  reçues  par  procès-verbal. 
La  révolution  de  Juillet  vint  interrompre  les  travaux,  et,  à  cause  da 
nouveau  Roi  qui  en  était  sorti,  on  crut  qu*il  était  nécessaire  de 
changer  une  partie  des  compositions  dont  les  sujets  avaient  déjà 
été  agréés.  C*est  ainsi  que  la  Commission  refusa  les  modèles  de 
deux  bas-reliefs  historiques  que  Ramey  avait  envoyés  le  10  sep- 
tembre 1830,  tandis  qu  elle  déclarait  admissibles  une  Renommée 
du  même  sculpteur  et  un  trophée,  et  une  renommée  de  David 
d* Angers,  a  Les  nouvelles  circonstances,  disait-elle,  ne  devant 
tt  apporter  à  Fégard  de  ces  derniers  modèles  aucun  changement 
«aux  programmes  antérieurement  adoptés,  d 

On  comprend  aisément  que  Renommées  et  trophées  soient 
agréables  à  tous  gouvernements.  Quel  qu'il  soit,  il  ne  répndii 

<  La  délibération  n'indique  pas  s'il  s'agit  de  Ramey  ou  de  David  d'Angen. 


L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA   PORTE    D'AIX.  «53 

jamais  la  déesse  mythologique  embouchant  la  trompette  qui  va 
faire  connaître  au  loin  les  victoires,  les  triomphes  que  représentent 
les  trophées. 

Il  fallait  cependant  en  finir,  et  il  était  inadmissible  que  nos  deux 
sculpteurs  risquassent  encore  de  travailler  en  pure  perte  de  temps. 
Le  Conseil  municipal  le  comprit,  et,  dans  sa  séance  du  31  aoât  1831 , 
il  convertit  en  délibération  les  résolutions  prises  par  la  Commission 
spéciale  à  la  suite  des  deux  rapports  que  lui  avait  présentés  Penchaud 
en  juillet  et  en  août  1831. 

I.  —  Les  bas-reliefs  qui  devront  être  proposés  au  nombre  de 
six  représenteront  les  sujets  suivi^nts  : 

ft  Pour  les  deux  grands  bas-reliefs  qui  doivent  orner  d'un  et 
tt  d'autre  côté  le  dessous  de  la  voûte  : 

I*  La  Patrie  appelant  ses  enfants  à  la  défense  de  la  Liberté. 

2*  Le  retour  des  braves  après  la  victoire  et  recevant  de  la  Patrie 
la  récompense  de  leurs  exploits. 

«  Pour  les  quatre  bas-reliefs  qui  doivent  orner  les  deux  p  ri  u- 
«  cipales  faces  de  TArc  de  triomphe  :  » 

1'  La  bataille  de  Fleurus, 

2-  La  bataille  d' Héliopolis. 

3*  La  bataille  de  Marengo^Desaix. 

4*  La  bataille  d'Austerlitz. 

U. —  Les  acomptes  dus  aux  sculpteurs  pour  les  cinq  modèles 
d*ouvrages  par  eux  exécutés  leur  seront  payés  sur  les  fonds  alloués 
et  disponibles  aux  budgets  de  la  ville  et  du  ministère  de  l'Intérieur 
pour  Texercice  courant  de  1831,  savoir  : 

A  M.  David,  4,680  francs  ; 

A  M.  Ramey,  4,500  francs \  au  moyen  de  quoi  M.  Ramey  dis- 
posera à  sa  volonté  et  pour  son  compte  des  deux  modèles  de  baa^ 
reliefs  qui  ne  peuvent  être  employés  par  la  ville. 

*  Voici  comment  avait  été  établi  le  compte  de  ce  sculpteur  :  aux  termes  de  son 
traité,  il  devait  toucher  1,500  francs  pour  la  Renommée  et  7,500  francs  pour  le» 
deux  bas-reliefs  qui  ne  pouvaient  plus  entrer  dans  la  décoration  de  TArc  de 
triomphe.  Sur  cette  dernière  somme  il  y  avait  lieu  de  déduire  900  francs  qu'il 
avait  déjà  reçus  et  800  francs,  prix  estimatif  des  frais  d'emballage  et  de  tran^parl 
devenns  inutiles.  Restait  donc  une  somme  de  5,800  francs  que  le  Conseil  avait 
réduite  à  3,000  francs. 

Les  acomptes  dus  à  David  d'Angers  et  Ramey  leur  furent  payés  le  10  décem- 
bre 1831  et  le  12  juillet  1832.  (Voir,  à  TAppendice,  les  Pièces  comptables,) 


854  L'ARC    DE    TRIOMPHE    DE    LA   PORTE    D'AIX. 

Cette  délibération  fut  approuvée  par  Tautorité  préfectorale  ie 
8  octobre  1831. 

Deux  ans  après,  le  public  surpris  et  charmé  put  admirer  les 
proportions  savantes  et  correctes  aussi  bien  que  toutes  les  beautés 
de  détails  de  TArc  de  triomphe.  Débarrassé  des  échafaudages  qui  en 
cachaient  la  vue,  il  s*offritaux  regards  dans  tonte  Tbarmonie  deson 
magnifique  ensemble. 

Quelle  part  faut-il  attribuer  à  chacun  de  ces  deux  sculptean 
dans  Texécution  des  sujets  choisis?  Une  description  du  monument 
va  nous  l'apprendre.  Je  ne  peux  mieux  faire  qu'en  donnant  celle 
qu'en  a  faite  dans  son  Histoire  de  fart  dans  le  Midi  II.  ÉtîeoDe 
ParroceL>  Vous  n'entendrez  plus,  hélas  !  votre  éminent  et  re- 
gretté collaborateur  dans  cette  enceinte,  mais  ces  quelques  pages 
de  l'œuvre  considérable  qu'il  a  laissée  pour  la  glorification  de  w» 
artistes  vous  parleront  de  lui,  et  puisque  cette  étude  m'en  donne 
l'occasion,  c'est  pour  moi  un  pieux  devoir  de  vous  les  lire. 

Composé  d'une  seule  arcade  ornée  dans  sa  voûte  de  rosaces  ciie- 
lées  avec  une  extrême  élégance  et  d'une  double  arabesque  de  très 
bon  goût  à  chaque  extrémité,  cet  ouvrage  remarquable  offre  à  ses 
deux  faces  exposées  au  nord  et  au  midi  des  colonnes  cannelées 
d'ordre  corinthien  en  saillie  de  chaque  côté  de  l'arcade'. 

Entre  ces  colonnes,  placées  deux  à  deux  devant  cbaqne  pied-droit, 
s'élèvent  des  trophées  sculptés  en  relief  au-dessus  dcs<]ueis,  à  h 
retombée  de  l'arcade,  de  grands  bas-reliefs  sont  également  scolptés 
dans  la  masse,  tandis  que  de  grandes  Renommées  remplissent  les 
tympans  de  ladite  arcade.  Les  huit  colonnes,  soit  quatre sar  chaqne 
face,  portent  au-dessus  de  leur  entablement  et  ressaut,  se  détachant 
de  l'attique,  autant  de  statues  colossales,  allégories  des  principales 
vertus  militaires.  Sous  Tare  même  régnent  deux  grands  bas-relieb  : 
l'un,  le  Départi  Les  enfants  de  la  France  courant  défendre  la  fron- 
tière, par  David  d'Angers.  L'autre,  le  Retour  !  La  France  distribuant 
des  palmes  et  des  couronnes  à  ses  fils  victorieux,  par  Ramey.  Us 
portent  la  date  de  1839.  Les  statues,  les  Renommées,  les  trophées 
et  les  deux  bas-reliefs  de  la  façade  du  midi  sont  également  dusi 
Ramey.  Ces  derniers  rappellent,  l'un,  la  bataille  de  &farengo(1800); 
l'autre,  celle  d'Austerlitz(1805). 

*  Voir  ci-coDtre,  planche  LI. 


u 

H 


L'ARC    DE   TRIOMPHE    DE    LA   PORTE    D'AIX.  855 

L^ornementation  de  la  façade  nord  appartient  à  son  tour  à  David 
d*Angers,  et  les  deux  principaux  bas-reliefs  représentent  la  bataille 
de  Fleurus  (1794)  et  celle  d'Héliopolis  (1800). 

L'Arc  de  triomphe  a  17",80  de  largeur  en  façade  sur  18", 86  de 
hauteur,  par  suite  de  rabaissement  du  sol  de  la  place.  La  largeur 
latérale  est  de  11", 50,  Tarcade  a  6",  10  d'ouverture  sur  11  ",40  de 
hauteur,  les  colonnes  ont  8  mètres  et  Tordre  entier,  piédestal  et  enta- 
blement compris,  14  mètres  ;  le  surplus  de  la  hauteur  est  pour 
Tattique. 

Les  ciselures  des  acanthes  des  chapiteaux,  les  divers  ornements 
qui  décorent  la  corniche  ont  un  fini  qui  ne  laisse  rien  à  désirer. 

Malheureusement,  Texactitude  un  peu  trop  géométrique  et 
complète  de  ces  ornements,  de  ces  sculptures,  atténue  le  Teu,  la 
chaleur  de  la  composition,  et  diminue  Ténergie  de  Texécution.  C*est 
la  seule  critique  que  Ton  ait  formulée. 

Construite  avec  d'énormes  blocs,  tirés  des  carrières  de  Saint- 
Remy,  la  masse  du  monument  offre  bien  à  Tesprit  Fidée  de  force 
et  d'immuable  stabilité  que  doit  inspirer  une  grande  œuvre  archi- 
tecturale; mais  si  Tidée  de  Tarchitecte  reste  une,  la  friabilité  de 
la  pierre,  que  le  temps  effleure  de  son  aile,  fait  songer  aussi  que 
toute  œuvre  humaine  est  éphémère  et  ne  saurait  lui  résister. 

Pierre  Parrocel, 

Substitut  du  procureur  de  la  République,  Cor- 
respondant du  Comité  des  Sociétés  des 
Beaux-Arts  des  départements,  à  Marseille. 


n 


866  LES   GRANDS   AMATEURS   AXG0U1UO1S1NS* 


XLVIII 


LES  GRANDS  AMATEURS  ANUOUUOISINS 

XV-XVUr  SIÈCLE. 


J*ai  pris  un  plaisir  extrême  à  réunir  ici  Im  nomi  de  peraoïinagei 
qui,  d'importance  différente,  se  rattachant  au  a  plaisant  pap  d*ilii* 
goulesme  »  ^ 

f  Ou  par  droit  de  conquête  ou  par  droit  de  naissance  i , 

ont  eu  le  vif  sentiment  du  Beau  et  du  Grand  doai  ils  ont  arfirmé  la 
puissance  délicieuse. 

Plusieurs  d'entre  eux  sont  inscrits,  de  longue  date,  au  tablea^i 
d'honneur  de  TArt  et  de  la  Curiosité  ;  quelque^-unsp  les  plus  nom- 
breux, n'étaient  point  connus  sous  cet  aspect.  On  trouvera  dans  Ih 
suivantes  notices  des  renseignements  inédiU  sur  ceux-là,  et  sur 
ceux-ci  des  document  révélateurs. 

Les  uns,  par  leurs  libéralités  royalement  discrètes^  quoique 
magnifiques,  mirent  en  relief  des  talents  Ignorés;  les  autres,  sans 
prétendre  à  régenter  le  goût  de  leur  époque,  bornèrent  leur  eslbé- 
tique  aimable  à  de  moindres  ouvrages  artistiques,  se  contentaDt  de 
les  a  serrer  d'une  dextre  toujours  taquine  ^ ,  comme  dirait  notre 
quasi-compatriote  André  de  Rivaudeau»  Poitevin,  surs  d'y  trouver 
un  charme  indéfinissable  et  reposant  dans  les  cahots  de  Teiià- 
tence  humaine. 

Depuis  longtemps,  les  divers  types  de  curieux  et  des  subaltenaes 
amateurs  ont  été  retracés  par  nos  maîtres  écrivains.  Ou  sait  que 
certains  collectionneurs,  emmurés  dans  leur  calunet,  manquent  de 
la  courtoisie  même  intermittente;  on  n'ignore  pas  non  plus  i^ae 
tels  érudits  par  procuration  attestent,  en  leurs  commentaires,  ^-" 
savoir  confus  et  de  fraîche  date.  Ces  bonnes  gens  s'imagim 
d*esprit  affiné,  mais  qui  n'est  bien  qu'étroit.  L'état  rogue,  jalou 
est  leur  «  état  d*àme  »   normal...  En  revanche,  on  en  conn 


I 


LES   GRANDS    AMATEURS   ANGOLMOISINS.  8&T 

d*amène8  et  d*obIigeanl8.  Ceux-ci,  très  certainement,  sont  les  auiH 
liaires  de  Thistorien»  attendu  les  rapports  de  la  Curiosité  et  de 
THistoire. 

Si  «  Ton  trouve  que  de  choses  en  un  menuet  »,  à  fortiori, 
un  livre,  un  dessin,  un  bibelot  précieux  me  paraissent  en  dire 
bien  davantage  et  bien  mieux  :  ils  sont  des  jetons  de  présence  d*une 
personnalité  supérieure,  ils  indiquent  un  «  tempérament  f^  de 
délicat  :  toute  œuvre  d'art  vraiment  belle  porte  sur  son  possesseur  , 

comme  un  rayon  glorieux.  Voici  notre  petite  contribution  à  Tin- 
ventaire  des  Amateurs  français  :  Dames  de  haut  renom,  puissants 
seigneurs,  religieux,  hommes  de  robe,  de  cape  et  dVpéo  qui 
marquèrent,  dans  la  Curiosité,  lafBrmation  d'une  intelligence  des 
choses  artistiques. 

A  c6té  de  données  nouvelles,  on  y  trouvera  des  renseignements  i 

biographiques  et  bibliographiques  antérieurement  inédits. 

Dans  ce  petit  déGlé,  on  pourra  voir  des  représentants  des  Trois 
Ordres,  puisque  Tincomparable  République  desLettre.s  et  des  Beaux- 
Arts  enrôle  toutes  les  classes  sous  son  oriflamme  omnicolore  :  Grands 
explorateurs  de  livres,  friands  d^estampes,  gourmets  de  dessins  et 
de  peintures,  passionnés  de  tous  objets  frappés  au  coin  du  haut  i 

goût,  —  du  meilleur  —  ils  y  savourèrent  des  joies  exquises  et 
y  admirèrent  comme  un  reflet  d'un  Génie  créateur. 

Nous  entr*ouvrons  leurs  a  cabinets  de  curiosités  »  et  nous  y 
donnons  un  rapide  coup  d'œil  :  les  maîtres  de  léans  y  Ogurent  en  | 

quelques  petits  médaillons  et  croquis  rapidement  modelés  ou 
simplement  esquissés  —  à  titre  d'hommage  ou  de  bon  souvenir. 

C*estdoncavec  une  sorte  de  respect  intime,  de  sympathie  intellec- 
tuelle que  je  les  ai  notés,  reconnaissant  des  menues  épaies  de  leurs 
trésors  dispersés  qu'il  m'a  été  permis  de  recueillir  çh  et  là. 

Chacun,  en  son  district,  peut  glaner  même  après  les  moissonneurs 
privilégiés  qui  n'ont  guère  le  loisir  de  s'attarder  sur  un  champ  res- 
treint où  Ton  ramasse,  d'ordinaire,  plus  de  paille  que  de  froment, 

Jean  d'Orléans,  dit  le  Bon,  comte  d'Angoutéme,  aieul  de  Fran- 
çois I*%  aima  les  livres,  et  pensa  à  se  faire  élever  un  tombeau  monu- 
mental, ayant  ainsi  désir  de  somptuosités  posthumes.  Sa  veuve 
suivit  ses  prescriptions  et  fit  exécuter  ce  mausolée  superbe.  »  Il  y 


858  LES   GRANDS    AMATEURS    ANGOUMOISINS. 

avait,  dit  le  chroniqueur  Jean  Daport,  sieur  des  Rosiers,  ime 
table  de  marbre  noir  qui  couvrait  le  tombeau;  des  petits  person- 
nages de  marbre  blanc  élaborés  fort  industrieusement,  entre 
chacun  des  quels  y  avoit  des  colonnes  de  marbre  blanc,  subtile- 
ment ouvrées,  qui  se  joignoient  par  le  haut  en  ovale,  et,  à  Tentre- 
deux  des  ovales,  y  avoit  de  Talbastre,  de  Tor  et  de  Tazur...  « 

Cette  sépulture  a  été  profanée  indignement  pendant  les  guerres 
civiles  dites  de  religion  (1562-1568);  la  table  de  marbre  noir  et 
la  grille  remarquable  qui  en  provenaient  ont  été  placées  près  des 
privés  de  la  psallette  de  la  cathédrale,  rompues,  brisées  et  emportées 
par  tous  venants  :  les  catholiques  se  sont  chargés  de  par&ire 
Tœuvre  des  huguenots;  ils  Tout  menée  à  triste  fin,  malgré  nos 
réclamations  réitérées... 

Jean  d'Orléans  avait  une  admirable  bibliothèque  dont  il  sera  dit 
un  mot  en  citant  V Inventaire  dressé,  Tan  1497,  des  meubles  de 
Marguerite  de  Rohan,  comtesse  d*Angouléme,  sa  veuve. 

Beaux  manuscrits  enluminés»  reliés  en  maroquin,  couverts  de 
velours,  dedrapd'or,  munis  de  fermoirs  d*or  et  d'argent,  chargés  de 
cabochons,  d*émauz,  de  pierreries,  etc.  ;  prouvent  par  Tinscription 
du  clerc  que  Jean  d'Orléans  mérite  une  première  place  comme  | 
bibliophile  français.  On  trouve  mention,  dans  cet  inventaire,  de  mé- 
dailles antiques,  de  bijoux  originaux,  de  reliquaires  d'or  émaillé, 
tous  morceaux  merveilleux  et  qui  témoignent  d'un  goût  supérieur. 

Marguerite  de  Rohav,  comtesse  d'Angoulême,  aimait  les  belles 
a  chouses  D .  Devenue  veuve  du  »  bon  comte  Jean  »  précité,  elle 
ajouta  des  écrits  enluminés  et  des  imprimés  aux  trésors  bibliogra- 
phiques réunis  par  son  époux;  la  numismatique  paraît  l'avoir  inté- 
ressée, puisqu'une  collection  formée  par  ses  soins  comprenait  des 
pièces  d'or  a  la  plupart  anciennes  et  d'une  valeur  de  564  lirres 
15  sols  10  deniers  n,  aux  termes  de  Y  Inventaire  de  ses  meubles 
rédigé  a  le  xx*  jour  d^avril  l'an  de  grâce  mil  CCCC  quatre-vingts 
et  dix-sept  *  » . 

1  L'Inventaire  des  meubles  de  Marguerite  de  Rohao,  comtesse  d'Angooléap, 
publié  pour  la  première  fois  par  M.   Edmond  Sénemaud  (1860,  Angouli 

Sn-8''),  était  conservé  à  la  Bibliothèque  impériale  (déparlement  des  maaiisc 
bnds  des  Blancs-Manteaux,  vol.  49,  fol.  293  et  suiv,). 
Parmi  les  biens  meubles  délaissés  à  son  décès  par  cette  Dame  princesse,  l 


LES   GRANDS    AMATEURS    ANGOUMOISINS.  8r>9 

La  listes  de  ses  tapisseries  fines,  de  ses  bijoux  originaux  et  cléli- 
catSy  de  ses  boites  et  coflrels  d'ivoire  ciselé  superbement  «janiis 
d'or  et  d*argent,  Ténumération  de  ses  reliquaires  d'or  émaillr  et  de 
nombreux  morceaux  également  merveilleux  attestent  que  cette 
princesse  bien  douée  a  droit  de  cité  dans  la  République  des  Lettres 
et  des  Arts. 

Charles  d'Orléans,  fils  de  Jean  d'Orléans  et  de  Margnerîle  de 
Rohan,  fut  aussi  amateur  illustre  de  livres.  On  connaît  la  précieuse 
ft  librairie  j»  que  ce  prince  possédait  en  son  cbâteau  de  Cognac  ' ,  lors 
de  son  décès  qui  eut  lieu,  à  Chàteauneuf-sur-Charente,  le  1"  jan- 
vier  de  Tan  J496.  Cette  bibliothèque,  inventoriée  les  20  ci  "21  du 
mois  de  novembre  de  cette  même  dite  année  «  pour  très  hauU  et 
puissant  prince  monseigneur  le  duc  d'Orléans  (depuis  Louis  \II), 
et  très  haulte  et  excellente  princesse  madame  la  comtesse  d'Augou*- 
lesme  »  (Louise  de  Savoie),  tuteurs  du  jeune  comte  François  et  de 
sa  sœur  Marguerite.  Le  premier  ouvrage  inscrit  au  catalogue  est 
tt  le  libvre  de  Jehan  Boucasse*^  escript  en  parchemin  et  à  la  main, 
historié  et  tourné  à  or  et  azur,  couvert  de  veloux  cramoysi  garnf 
defermœrs,  aux  armes,  Tun  de  monseigneur  et  Pautre  de  madame  n , 


à  particulièrement  mentionner  un  livre  t  trouvé  en  la  chambre  haulte  à  parer  en 
uog  coffre  de  cuir  ferré  t  et  ainsi  désigné  : 

«  Unes  heures  à  deux  fermaih  d'or^  estimez  lesditsdeux  fermailx,^  dixtscu^, 
ou  environ,  > 

Ces  précieuses  Heures  firent  partie,  quatre  siècles  après,  des  Eivre^  àe. 
Charles  Sanvageot;  elles  sont  décrites  dans  le  catalogue  de  la  mémornblr  calk-c- 
tion  de  ce  célèbre  amateur,  sous  le  m»  44  :  PRjECES-PIA:  GUM  CALKXDARIO 
in-8°  gothique,  mar.  vert,  fil.  tr.  d'or.  Rel.  anc.  fleurdelisée.  Manuscrit  de  U  fin 
duXV^sièfle,  sur  vélin,  composé  de  122  feuillets;  il  est  orné  de  15  minîatnros...  i 

Entre  autres  garanties  de  l'origine  de  ce  manuscrit,  le  rédacteur  du  Cntaïo^uf? 
a  mentionné  les  armes  de  ladite  princesse,  accolées  à  celles  de  son  mnri  f  r*"  et 
2*  miniatures);  il  indiquait  aussi  «  le  portrait  même  de  Marguerite  dp  Kuhan, 
formant  la  14'  miniature.  La  princesse  est  représentée  en  costume  de  ï^ciivi? .  & 
genoux  devant  son  prie-Dieu,  et  dans  un  petit  oratoire  fermé  par  de  ri(.-bes  cour- 
tines portant  ses  armoiries,  i 

'  Voir  Kdmond  S^nemaud,  La  bibliothèque  de  Charles  d'Orléans^  coTUle  d',^n- 
goulême,au  château  de  Cognac,  en  1496.  (Angoulûrae  et  Paris,  1861,  iïi-8'.)  J'ai 
à  cœur  de  rendre  mon  constant  hommage  à  la  mémoire  d'un  de  mes  tiem  mat- 
tres,  M.  Sénemand,  qui  fut  professeur  au  lycée  d'Angoulême,  puis  arcKivîslc  du 
département  des  Ardennes.  C'était  un  érudit  de  la  bonne  école  :  celle  qui  regarde 
après  tout  le  monde  et  qui  contrôle. 

'  On  voit  qu'il  s'agit  d'un  manuscrit  de  Bocace. 


1 


860  LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISINS. 

puis  «  le  libvre  de  Dan\  escript  en  parchemin  et  à  la  maÎD,  et  en 
italien  et  en  françoys,  couvert  de  soye  broché  d'or,  auquel  il  y  a 
deux  fermœrs  d'argent  aux  armes  de  feu  mond.  sieur»  lequel  libfre 
est  historié  ».  On  y  trouve  aussi  mention  d*un  «  libvre  de  Charles 
le  Grande  escript  en  parchemin,  couvert  de  drap  d*or  »  ;  eoBn 
un  grand  libvre  de  Lancellot  du  Lac^  ancien  et  caduc  en  plasieori 
lieus  historié...  »  Cette  énumération  comprend  plus  de  180  vo- 
lumes en  75  articles,  les  uns  manuscrits,  les  antres  imprimés. 
Plus  nombreuse  et  riche  que  celle  laissée  par  le  comte  Jean  iod 
père,  la  bibliothèque  de  Charles  d*Orléans  renfermait  de  superbes 
livres  et  peut  prendre  un  rang  très  honorable  parmi  les  biblio- 
thèques princières  les  plus  remarquables  du  temps. 

Les  livres  de  Jean  et  de  Charles  d*Orl^ans,  ainsi  que  ceux  de 
Louise  de  Savoie,  paraissent  avoir  contribué  &  la  formation  de  la 
bibliothèque  établie  à  Blois,  sous  François  1*';  plus  tard  ce  roi  en 
ordonna  la  translation  à  Fontainebleau  (1544).  «  Après  de  nom- 
breuses vicissitudes,  cette  bibliothèque  fut  enfin  installée  en  1721, 
par  ordre  du  Régent,  dans  la  rue  Richelieu.  »  (Bibliothèque 
aujourd*hui  nationale.  ) 

Marguerite  de  Valois-Angoulêmb  et  François  V\  —  On  sait  qoe 
u  Marguerite,  la  perle  et  Thonneur  des  Valois  «  ,  eut  sur  son  frère, 
souventes  fois,  une  influence  heureuse.  Ce  u  gros  garçon  « ,  sans 
les  conseils  de  sa  sœur,  était  capable  de  beaucoup  a  gaster  » .  EUe 
avait  le  sens  artiste  —  mens  divinior  —  au  service  d*une  générosité 
inépuisable;  François,  moins  bien  doué,  eut  au  moins  le  mérite  de 
se  montrer  déférent  aux  maîtres.  Grâce  à  Téducation  qu'ils  avaient 
reçue  à  Cognac  et  à  Blois,  au  milieu  de  trésors  d'érudition  et  de 
traditions  familiales  sous  Timpulsion  dePimpérieuse  etintelligenle 
Louise  de  Savoie,  Marguerite  et  François  I*'  aimèrent  les  Lettres 
et  les  Arts — àdes  degrés  différents,  il  est  vrai  —  patronnèrent  roya- 
lement les  artistes  et  les  savants;  mais  on  peut  reprocher  au  roi- 
chevalier  la  prépondérance  excessive  de  Titalianisme  &  sa  coor,  aa 
préjudice  de  notre  Art  national  dédaigné  ou  reloué  à  Tarrière-plan 

'  Nous  pensons  avec  M.  Sénenoaud  que  ce  livre  ne  saurait  être  que  le  livre  i 
Dante,  la  Divina  Comedia,  poème  fort  répandu  en  Italie  dès  le  qoaloraièine  àèek 
et  dont  on  trouvait  des  copies  dans  toutes  les  bibliothèques  publiques  et  partice 
Hères. 


LES    GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOI  Sl\  S.  «61 

Pourtant,  François  1*'  Tut  excusable  :  il  tenait  de  sa  mère 
a  Madame  Régente  d  des  traditions  d'origine  :  Louiae  de  Savoie 
était  quelque  peu  Italienne.  En  ce  temps-là,  ne  l'oublions  pas,  la 
langue  italienne  était  presque  une  langue  courante-  Boccace,  dont 
nous  trouvons  mention  dans  les  inventaires  des  bibliothèques  prin- 
ciëres  de  la  Renaissance  —  celles  des  Valois  en  parlicutier,  comme 
on  Ta  vu  au  chapitre  de  Charles  d'Orléans,  —  Boccace  était  lu  dans 
son  texte  original;  puis  Tlnfluence  de  la  conquête  du  Milanais,  des 
guerres  incessantes  avec  Tltalie  avaient  familiarisé  la  France  avec 
le  parler  italien.  Cest  là,  ce  nous  semble,  incontestable  vérité. 
Mais  on  doit  rappeler  que  François  I*'  racheta  de  telles  erreurs 
quasi  involontaires  en  voulant,  par  son  ordonnance  de  Tan  1 529, 
renouvelée  en  1533,  en  voulant,  dis-je,  que  la  langue  française 
fât  uniquement  et  exclusivement  à  toute  autre  employée  dans  tous 
les  actes  publics  et  privés  '. 

On  connaît  l'immixtion  des  Italiens  dans  les  affaires  de  Tétranger  ; 
on  sait  le  rôle  important  qu'ils  jouèrent  en  France  depuis  surtout 
la  fin  du  quinzième  siècle.  La  Politique,  les  Arts,  le  Commerce, 
rËglise  rien  ne  leur  y  échappa.  Avec  les  artistes  Halieus  qui 
enrayèrent  le  génie  français,  les  politiciens  équivoques  et  madrés, 
puis  les  hauts  dignitaires  ecclésiastiques  de  même  nationalité,  se 
hissèrent,  se  prélassèrent  jnsqne  dans  le  pays  des  Valois.  Après 
eux,  suivant  une  chute  naturelle,  Titalianisme  persista  —  j*allajs 
dire  s*aggrava... 

Des  Italiens  contribuèrent  à  la  décoration  du  château  de  Cognac. 
Cette  résidence  fameuse,  reconstruite  en  partie  du  temps  de  Fran- 
çois I*',  reçut  des  enjolivements  magnifiques.  Le  Roi  y  tenait  sou- 
vent séjour  prolongé,  menant  a  grande  vie*«  ;  Saint-Celais^qtiis'y 
plaisait  fort,  Tappelle  a  le  second  paradis  » . 

Au  nombre  des  pièces  artistiques  sauvées  du  vandalisme  révolu- 
tionnaire en  Charente,  nous  devons  citer  ou  plutôt  rappeler  le  beau 
retable  en  terre  émaillée,  —  très  probablement  façonné  par  G.  délia 
Rpbbia, — qui  provient  de  la  chapelle  haute  du  château  de  Cognac  '. 

Il  serait  d*une  impardonnable  naïveté  d*insister  sur  les  vertus 

>  Voir  DocLOS,  OEuvres,  t.  IX.  p.  243. 
'  Mémoriaux  de  Thôtel  de  ville  d'Angouléme  (B) . 

'  Voir  notre  notice  sur  ce  retable  déposé  au  Musée  céracnî[|u€  de  Sèvret.  — 
Jtéunion  des  Sociétés  des  BeauX'Arts  des  départements^  iWèk. 


862  LES    GRAND^  AMATEURS   ANGOUM OISIUS. 

tt  d^amateurs  »  de  François  1*'  et  de  Marguerite,  héritiers  de  ces 
Valois-d*Angoulôme  chez  .qui  les  Sciences,  les  «  bonnes  >  Lettres 
et  les  Beaux-Arts  furent  toujours  en  grand  honneur. 

Les  Saint-Gelays,  aliàs  Gelais,  réunirent  toutes  les  suprêmes 
élégances  de  leur  temps  :  la  Poésie  et  les  Arts,  ^  TamourdaBeatt 
sous  toutes  ses  formes,  en  ses  souveraines  expressions. 

Ociavietit  le  Cognaçais,  lettré,  érodit  et  poète  à  qui  Fimpri- 
merie  doit  ses.  premières  manifestations  à  Angoulôme. 

Jacques,  créateur  de  la  chapelle  du  Salut,  chapelle  décapitée,  il 
y  a  trois  cents  ans,  par  la  chute  du  grand  clocher  de  la  cathédrale, 
ravagée  ensuite  par  Tincurie  administrative,  démolie  enfin  lors  de 
la  reconstruction  de  Tabside  de  cette  même  église  Saint*Pierre. 

Les  murailles  intérieures  de  cette  chapelle  étaient  comme  une 
véritable  broderie  lapidaire  :  en  des  enroulements  de  fleurs  et  de 
feuillage,  taillés  en  bas-reliefs,  des  jeux  d'enfants,  des  chimères, 
des  oiseaux  fantasques  s*y  développaient.  Perino  del  Vaqua,  con- 
temporain des  Saint-Gelais,  a  dessiné  des  ornements  dans  la  manière 
de  ces  ciselures  d^une  invention  tout  italienne  ;j*estime  que  le  sculp- 
teur s'en  est  inspiré.  (Voir  :  Emile  Biais,  La  Chapelle Saint-Gelau, 
Réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  1893.) 

Avec  son  frère  Octavien,  — Tévéque-poète  —  dont  la  jeunesse 
parait  avoir  été  fort  animée,  Jacques  de  Saint-Gelais,  évèqae 
d'Uzès,  puis  doyen  d*Angouléme,  présida  à  Tordonnance  de  ce 
bijou  d'architecture;  ils  dirigèrent  peut-être  ces  sculptures  gra- 
cieuses et  originales,  mais,  évidemment,  ils  en  dictèrent  les  mul- 
tiples devises  empreintes  d'un  mysticisme  ineffable  d*où  s'exhalent 
encore,  quoique  morcelées,  dispersées  çà  et  là,  comme  des  soupirs 
de  regret  et  des  pensers  d'espérance. 

Les  Saint-Gelais  eurent  Tesprit  impressionnable,  le  sens  délicat 
des  vrais  lettrés  et  des  artistes,  tous  les  trois,  y  compris  Hellin  de 
Saint-Gelais,  garde  de  la  Bibliothèque  du  roi  François  V\  pois 
bibliothécaire  de  Henry  H.  Celui-ci ,  laissant  volontiers  quelque 
repos  à  sa  verve  acérée,  —  «  la  tenaille  de  Melliu  '  » ,  —  s'inspi- 
rait des  belles  choses  qu'il  avait  vues  et  les  chantait  sur  son  lulbi 
—  d'aucuns  disent  sa  harpe. 

>  Ronsard.  Voir  la  fin  de  \  Hymne  funèbre  de  Marguerite,  Reyne  de  SâMrr 


LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISINS.  863  j 

Un   autre  Saint -Gelais,   rarcbidiacre  Charles,  fondateur    de  | 

rfaôpital  des  pestiférés  dq  Saint-Roch-sous-Angouléme,  parle,  en  I 

son  testament,  transcrit  en  un  Mémorial  de  Thôtel  de  irille  angou-  | 

moisin,  de  ses  (t  meubles  comme  d*or,  d'argent  et  d*estaing  en  j 

a  œuvre  de  vaisselle  où  sont  engravées  les  armes  de  Sainct-Gelais  -j 

«  avecque  ma  devise  que  est  le  mot  Spero  » .  Dans  le  cas,  ajoute-  1 

t-il,  ft  où  ils  viendront  és-mains  de  mesdictz  héritiers,  leur  prohibe  1 

et  deffendz  qu'ils  n'ayent  à  effacer,  désengraver,  ne  deffaire  les  \ 

dittes  harmes  et  devise  *  »  . 

Toutes  les  créations  des  Saint-Gelais  portent  le  sceau  de  leur  bon 
goût;  le  peu  qui  nous  en  reste  fait  déplorer  Tardeur  à  détruire 
que  des  architectes  intempérants  ont  mis  au  service  de  leur  propre 
intérêt  pécuniaire  .  Après  la  chapelle  du  Salut,  nous  devons  men- 
tionner le  château  de  Montchaude  (en  Charente);  «  on  remarque, 
dit  très  justement  Tabbé  Michon,  dans  la  décoration  des  façades, 
des  arabesques  d'un  goût  exquis'  ».  C'est  un  des  rares  monu- 
ments du  tempà  de  la  Renaissance  qui  aient  été  épargnés  par  le 
zèle  destructif  de  MU.  les  architectes,  depuis  un  demi-siècle 
on  environ. 

Jean-Louis  de  Nogaret,  duc  d'Épernon,  gouverneur  d'Angou- 
mois,  etc.,  était  fastueux,  mais  il  savait  assujettir  son  faste  à  sa 
politique  louche  et  tortueuse.  Je  ne  jurerais  pas  qu'il  fut  a  ama- 
teur »  dans  la  haute  acception  ;  néanmoins,  à  défaut  des  connais- 
sances spéciales  qu'il  n'avait  guère  eu  le  temps  d'acquérir,  il  savait 
s^adresser  à  bonnes  enseignes  pour  s'entourer  d'objets  artistement 
façonnés. 

D'Ëpernon,  imbu  d'orgueil,  menait  la  vie  somptueuse  dans  sa 
bonne  ville  d'Angoulôme  ;  il  y  faisait  du  château  sa  résidence  habi- 
tuelle de  préférence  à  la  citadelle.  C'était,  au  dire  de  son  aimable 
panégyriste  et  secrétaire  Girard,  afin  de  ne  pas  marquer  aux  habi- 
tants de  méfiance.  Malgré  certaine  réputation  d*avarice  —  causée 
par  sa  grande  «économie» ,  — le  même  Girard  insiste  sur  les  qualités 
généreuses  de  son  maître  et  seigneur,  proclamant  que  l'économie 
de  tt  ce  bon  ménage  esloigné  de  toutes  sortes  d'avarice,  ne  servoit 

'  Ge  testament  ei  son  codicille  sont  transcrits  dans  le  Registre-Mémorial,  coté  B, 
fol.  96  et  suiir.  (Série  AA.  6.  Archives  communales  d'Angoalême.) 
'  MiCBON,  Statistique  monumentale  de  la  Charente,  Paris,  1844,  in-4''. 


864 


LES    GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISINS, 


qu*à  maintenir  la  grandeur,  et  à  luy  donner  plus  de  moyen,  sans 
être  à  charge  au  Roy,  de  soutenir  Tesclat  de  sa  dépense.  EUe  a  lou- 
siours  esté  telle,  depuis  le  commencement  de  sa  laveur,  jusqu'à  It 
fin  de  sa  vie,  qu'il  n*y  a  point  eu  de  plus  grande  table  que  la  sienne 
à  la  Cour,  de  plus  grande  écurie^  une  plus  nombreuse  suite  d^bon- 
nestes  gens  et  de  condition,  de  meubles  plus  somptueux  ni  plus 
grand  nombre  de  serviteurs  à  gages. ..•^  » 

Puis,  au  rapport  do  même  historiographe  complaisant,  lorsqu'il 
reçoit  et  régale  le  roi  Louis  XIII  en  sa  belle  maison  de  Cadillac, 
en  1620,  a  il  eut  esté  bien  difficile  qu'elle  (S.  M.)  eust  pu  estrc 
mieux  receue  en  aucun  autre  lieu  de  son  royaume.  Les  beavus 
meubles^  qui  estoient  en  aussi  grand  nombre  en  cette  maison 
qu*en  aucune  autre  maison  de  la  France,  forent  mis  au  jour.  Tout 
Tappartement  du  Roy  fut  tendu  de  tapisseries  rehaussées  d'or  ; 
dix  autres  chambres  furent  parées  de  mesme  sorte  ;  les  lits  de 
drap  d'or  ou  de  broderies  accompagnaient  les  tapisseries  ;  la  déli- 
catesse et  Tabondance  des  vivres  ne  cédoit  pas  à  la  somptuosité  des 
meubles...  »  Ajoutons  que  sa  vaisselle  d'argent  était  magni- 
fique. 

Si  un  prince  de  Savoie,  qui  a  contracté  mariage  avec  Madame  Chris- 
tine de  France,  vient  rendre  hommage  à  Marie  de  Médtcrs,  us 
appartement  leur  est  offert  dans  Tévêché  d*AngouIéme  meublé 
entièrement  de  tapisseries  de  M.  d'Épemon,  rehaussées  d'or  et 
d*argent,  et  d'autres  meubles  qui  répondent  aux  tapisseries. 

Le  silence  des  mémoriaux  et  le  quasi-mutisme  des  musées 
d*Angouléme  sur  le  duc  d'Épernon  sont  parlants,  ce  nous  semble; 
on  ne  trouve  que  fort  peu  de  chose  concernant  ce  personnage; 
quelques  phrases  brèves  et  banales,  officiellement  ou  plutôt  obli- 
gatoirement louangeuses  dans  les  registres  du  Corps  de  Ville. 

La  seule  lecture  de  sa  Vie  est  édifiante;  maisn*ayantà  envisager 
ici  le  duc  d*Epernon  que  sous  son  aspect  d*  «  amateur  t ,  dooâ 
tenons  là  cette  physionomie  qui  eut,  comme  les  cloaques,  de» 
étincellements  jusque  dans  ses  turpitudes,  dans  sa  fiange. 

Ce  trop  fameux  personnage  établit  une  manufacture  de  tapisserie 
à  Cadillac  et  y  fit  exécuter  une  suite  de  panneaox  dont  un,  qui  dops 
est  connu  et  représente  la  Bataille  de  Jamac,  décorait  naguère  If 


'  Girard,  Histoire  de  la  Vie  du  duc  d'Espernon, 


LES   GRANDS   AMATEURS   AXGOUUOISINS.  865 

grand  escalier  de  Tbôtel  de  Lauzun,  chez  M.  le  baron  Jérôme 
dePichon*. 

Suivant  une  tradition  locale,  d'Épernon  aurait  donné  à  Téglise 
de  Villehois-la-Valcite,  dont  il  était  le  haut  seigneur,  une  peinture 
de  Van  Dyck.  Il  ne  m'a  pas  été  possible  d*en  trouver  trace. 

Oa  sait  que  deux  des  enfants  du  duc  d*Epernon  naquirent  à 
ÂDgoulême,  et  que  Tun  devint  cardinal  '. 

Balzac  (Jean-Louis  Guez  de)  fut  curieux  d'ouvrages  d'art,  peut- 
être  par  vanité  ou,  ce  qui  est  plus  probable,  par  atavisme.  On  sait 
que  son  a  bonhomme  de  père  »  —  ce  sont  les  expressions  du 
solennel  épistolier  —  aimait  les  curiosités  et  les  recherchait.  Dom 
Pierre  de  Saint-Romuald,  Angoumoisin,  rapporte'  que  la  reine 
Marie  de  Médicis  a  logea  le  premier  jour  de  son  arrivée  à  Angou- 
léme  au  chasteau  du  Roy,  puis  les  jours  suivans  en  la  belle  maison 
de  M.  Guez,  père  du  sieur  de  Balzac,  qu'elle  trouva  embellie  et 
enrichie  de  raretez  si  exquises,  particulièrement  pour  les  tableaux 
et  autres  enjolivemens,  qu'elle  ne  voulut  point  faire  son  séjour 
autre  part,  jusqu'à  la  paix  que  luy  donna  son  (Ils  Louys  Treizième  » . 

tt  Le  sieur  de  Balzac  v ,  —  pour  parler  comme  Saint-Romuald, 
—  Jean-Louis  de  Balzac,  homme  bien  avisé,  se  plaisait  au  milieu 
de  ce  qu'il  appelait  de  u  magnifiques  bagatelles  n .  Il  aimait  les 
livres  et  s'appliquait  à  les  connaître.  Son  avis  fut  d*un  grand  poids 
dans  toutes  les  choses  littéraires  et,  aussi,  à  l'occasion,  dans  celles 
d'érudition  et  de  goût.  De  son  père,  il  tenait  certaines  qualités  qui 
sont  du  bagage  d'un  connaisseur  superGciel  ;  le  faste  de  son 
parrain,  le  duc  d'Épernon*,  avait  dû  le  frapper  dès  s^a  jeunesse. 
Il  n'échappa  donc  point  à  ces  deux  influences.  Évidemment,  il  fut 
bibliophile,  et  ses  livres  de  choix  portèrent  l'empreinte  caractéris- 


>  Pièce  citée  dans  V Histoire  de  la  tapisserie  de  Guiffrev,  et  par  \f .  Lacor- 
OAiRE,  dans  sa  Notice  sur  les  Gobelins.  —  Voir  Catalogue  des  collections  de  feu 
M.  le  baron  Jérôme  Pickon,  Objets  de  curiosité  et  d'ameublement,  tapisseries 
et  tableaux.  Paris,  1897,  in-4*>,  d"  1288. 

'  Louis»  cardinal  de  La  Valette,  né  en  1593,  baptisé  le  17  février  à  S'  Antonin. 

'  Trésor  chronologique  et  historique.  Paris,  1642-16V7,  3  vol,  in-fol. 

*  Balzac  fut  (enu  sur  les  fonts  baptismaux,  en  l'église  Saint-Paul  d'Angoulême^ 
par  Mgr  Jehan-Loys  de  La  Valette...,  duc  d'Epernoo,  pair  de  France,  etc.,  le 
1*'  juin  1597.  (Registre  paroissial  de  Saint-Paul.  —  Archives  communales  d'An- 
goiilême.) 

55 


866  LES   GRANDS    AMATEURS   ANGOUMOISINS. 

tique,  la  livrée  spéciale,  personnelle  â*un  écrivain  qui,  suivant 
Tobservation  judicieuse  du  bibliographe  Eusëbe  Castaîgne, 

Dans  ses  épîtres  familières 
Évita  le  tour  famib'er  '• 

En  1642,  il  oflfrit  un  livre  :  Theatrum  Terrœ  sanctœ,  poor 
être  décerné,  lors  de  la  distribution  des  prix, aux  élèves  du  collège 
Saint-Louis  d^AngouIéme.  C'est  un  petit  in-folio  recouvert  de  veaa 
fauve  glacé,  doré  sur  tranches,  avec  pointillé  aux  pejttts  fers  dans  le 
genre  de  Le  Gascon,  peut-être  même  de  ce  célèbre  relieur;  sur  les 
plats,  les  armes  personnelles  de  Balzac.  Le  dos  de  ce  volume  est 
chargé  dû  monogramme  du  Christ,  de  fleurs  de  lis  et  de  sa  lettre 
initiale  B  entrelacés,  dans  un  encadrement  de  fines  dentelures. 

Ce  livre,  domt  la  reproduction  héliogravée  a  été  faite  par  nos 
soins,  fait  partie  de  la  Bibliothèque  communale  d*Angoulème  ;  il 
porte  une  note  manuscrite  rappelant  Tacte  de  libéralité  de  Balzac'. 
On  pense  bien  que  Balzac  ne  fit  pas  exécuter  cesjers  décoratifs  en 
vue  de  ce  seul  livre.  En  tout  cas,  c'est  le  seul  livre  que  nous 
sachions  à  ses  armes. 

On  sait  que  Balzac  avait  été  à  Técole  du  fastueux  d'Épernon. 
Néanmoins,  retiré  dans  son  château  a  où  il  se  plaisait  particulière- 
ment, dit  un  autre  Angoumoisin,  Vigier  de  la  Pile,  il  préféra  la  vie 
tranquille  de  garçon  aux  embarras  du  ménage  » .  Ce  châteao,  de 
modeste  apparence,  situé  à  une  heure  d'Angouléme,  fut  visité  par 
l'aristocratie  des  Lettres,  du  Nom  et  de  la  Finance.  De  là  partit 
une  suite  importante  de  celte  correspondance  fameuse  qui  enthoa- 


>  Ode  pour  la  pose  de  la  première  pierre  de  l'Hôtel  de  ville  d'Anymléme. 

*  Eusèbe  Casiaigne,  qui  fut  bibliothécaire  d'Angoolême,  a  porté  ta  lamière  fur 
des  points  nombreux  de  notre  histoire  angoumoisine  ;  il  rappelle,  en  sa  sarastc 
notice  sur  Balzac,  que  la  famille  de  Balzac  portait  de  gueules  à  deuxfasces  d'or- 
(voir  Armoriai  générait  manuscni  de  la  Bibliothèque  nationale)  ;  mais  J.-L.  Gaex 
de  Balzac  s*était  créé  des  armes  de  fantaisie  :  écartelé,  au  i  et  ^  de,,.,  à  roreat- 
ger,  et  au  2  et  3,  au  cor  de  chasse,  lié  de,..,  probablement  ensooirenir  de  Uarie 
Xesmond,  sa  mère,  qui  portait  d'or  à  3  cors  de  chasse  de  sable,  liés  de  gueHes^ 
Balzac  s'était  contenté  de  faire  graver  Foranger  {malus  aurea)  sur  son  cadsel. 
dont  il  fit  cadeau,  quelque  temps  avant  de  mourir,  à  son  ami  Gilles  Ménage,  q« 
le  remercia  par  une  pièce  de  vers  latins,  ainsi  intitulée  :  In  sigillum  aurmm, 
quod  cal.  januariis  Balzacus  Menagio  dono  dédit,  in  quo  scalpta  m/tlus  am 
{Agidii  Menagii  poemata,  Parisis,  1668,  in-8<*,  p.  53,  et  in  a/iis  ediL) 
E.  Câstaigne,  Tableau  généalogique  de  la  famille  Guez  de  Balzac,  ISM 


LES    GRAXDS   AMATEURS   ANGOU» OtSIAfg.  8fil 

siasma  si  fort  au  dix-septième  siècle.  Il  y  marqua  dans  unp  lettre 
a  à  M.  Senne,  théologal  de  Téglise  de  Saintes,  le  10  août  1638, 
sa  satisfaction  d'une  faïence,  —  peut-être  de  Palissy,  —  que  l'abbé 
lui  avait  fait  tenir: 

K  II  ne  me  fallait»  dit-il,  que  deux  bassins  de  terre  cuite,  et  j*ay 
receu  un  plein  cabinet  de  belles  choses... 

a  ...  Ni  tout  ce  que  je  vis  jamais  de  plus  diiers  et  de  plus  his- 
torié  dans  le  monde  ne  Test  point  tant  que  ce  que  vous  m'avez  fait  ' 
la  faveur  de  m'envoyer.  Et  dites  après  cela,  pmir  diminuer  le 
mérite  de  vostre  présent,  que  ce  n'est  que  Je  J'argilo,  vous  qui 
scavez  que  Tertullien  appelle  Targile  «oror^m  nobis  materiam^  et 
que  les  Rois  ef  les  Empereurs  en  ont  été  faits...  ^ 

Pour  mémoire:  Tallemant  des  Réaux  rapporte  que  Balzac  donna 
à  Xotre-Dame  des  Ardilliers  de  Saumur  «  une  lampe  de  cent  êcus, 
avec  des  vers  latins  gravés  dessus,  où  son  nom  étoit  en  grosses  1 

lettres  » .  II  envoya,  selon  le  même  témoignage,  u  uue  cassolette  " 

du  prix  de  400  livres  »  à  Téglise  des  PP.  Feuillants  de  Saint- 
Mesmin,  prèsd*Orléans. 

Voilà  donc  quelques  menues  notes  sur  Balzac,  amateur,  que 
ses  biographes  ne  connaissaient  ni  ne  prévoyaient  pcul-ëtre  j)as.  | 


Charles  de  Sainte-Maure,  duc  de  Montauzieiî,  uialjjré  sa  rudesse 
et  ses  boutades  naturelles,  voilà  certainement  un  délicat  —  à  tous 
les  points  de  vue. 

Parangon  d'amoureuse  constance,  Taustère  Moutauzier  lui-même 
fut  touché  de  la  grâce,  estima  que  la  «  divirte  Julie  ^  valait  bien 
une  messe  et  inventa  une  merveille:  la  délicieustj  Guirlande  de 
JuliCj  dédiée  à  la  a  reine  des  précieuses  » ,  a.  in  diviniti'  de  Thutel 
de  Rambouillet.  On  sait  que  «  dix-neuf  poètes  y  pnHèrent  leur:; 
voix  à  vingt-neuf  fleurs.  Corneille  le  Grand  se  cfiargea  du  lis,  de 
rbyacintbe  et  de  la  grenade.  ^ 

Cette  Guirlande  de  Julie ,  œuvre  charmante  composée  de  madri- 
gaux tt  des  beaux  esprits  du  temps»  ,  transcrits  par  le  ralligraphe 
Jarry  et  encadrés  dans  les  fleurs  dessinées  et  coloriées  par  le 
peintre  Robert,  celle  Guirlande  de  Julie  a  fut  vendue  quinze 
louis  d'or  après  le  décès  de  la  duchesse  d'I  zès,  fille  du  duc  de 
Monlauzîer;  elle  passa  alors  aux  mains  de  MotTau,  premier  valet 
de  garde-robe  du  roi  Louis  XIV  et  du  duc  de  Boiu gagne.  Ensuite, 


\ 


868  LES   GRANDS    AMATEURS    ANGOCMOISIXS. 

à  la  vente  de  la  bibliothèque  de  La  Valliërey  elle  atteignit  le  prix 
de  14,510  livres.  »  Aujourd'hui,  ce  livre  célèbre  appartient  à  Ton 
des  arrière-ùeveux  du  preux  soupirant  :  nous  Tavons  vu  à  TExpo- 
silion  de  1878  et  revu  à  Texposition  des  bibliophiles,  en  1883'. 

Le  duc  de  Montauzier,  gouverneur  d'Angoumois  depuis  Tannée 
1645  jusqu'au  17  mai  1690,  date  de  sa  mort,  était,  en  consé- 
quence, le  personnage  le  plus  considérable  de  cette  province.  Le 
Corps  de  Ville  d'Angoulême  sollicitait  parfois  ses  a  sages  conseils» , 
et  un  Mémorial  de  cette  époque  nous  a  transmis  le  récit  des  princi- 
paux actes  de  son  gouvernement.  C'est  lui  qui  présenta  le  maire 
(Jean  Guymart,  écuyer,  sieur  de  Jallays)  à  Louis  XIV,  alors  que  le 
a  Roy  y> ,  âgé  de  douze  ans,  Ot  son  entrée  dans  Angoulème,  le 
25  juillet  1650.  Montauzier  et  la  duchesse,  sa  femme,  tenaient  en 
cette  ville  comme  une  petite  cour  et  un  salon  de  conversation, 
a  d'esprit  »  naturellement  a  précieux  » .  Balzac,  Girac  et  quelques 
autres  y  étaient  leurs  commensaux  habituels,  ainsi  que  Tévéque 
François  de  Péricard,  qui  avait 

...quitté  les  belliqueui  hasards 

Et  les  rudes  travaux  de  Bellone  et  de  Mars  *. 

pour  embrasser  la  carrière  ecclésiastique. 

'  A  la  Gn  de  l'année  1887,  il  a  été  vendu,  à  Thôtel  Drouot,  une  répêtitim  de 
la  Guirlande.  Ce  grand  exemplaire  est  de  format  in-8^,  avec  une  ravissante 
reliure  semée  du  chifTre  J.  L.  (Julie-Lucine);  il  provenait  de  la  collection  dn  mar- 
quis de  Sainle-Maure  Montauzier,  et  a  été  adjugé,  moyennant  15,900  Traiics,  k 
M.  le  comte  de  Mosbourg.  (Ces  Sainte-Maure,  qui  viennent  de  s*éteindre,  étaioii 
issus  d'une  ligne  Collatérale  au  duc  de  cette  grande  maison.) 

J'ai  vu,  chez  M.  le  baron  Jérôme  Pichoo,  un  manuscrit  fort  beau  de  la  géaéa- 
logie  des  Sainte-Maure,  comtes  de  Nesie,  etc.  Ce  célèbre  amateur  m'écrirait  : 
c  Si  vous  vous  occupez  des  Rambouillet-Montauzier,  etc.,  cela  vous  intérevera 
peut-être  de  savoir  qu'on  a  trouvé  à  Lyon  une  miniature  de  0"b,30  enviroo  de 
large  sur  0'°,20  de  haut  (je  parle  de  mémoire),  représentant  deax  femmes  aasiaes 
dans  un  jardin.  L'une,  plus  grasse  et  plus  Agée,  présente  &  l'autre  nne  conroane 
avec  une  bandelette  où  est  écrit  :  i  A  la  divine  Julie.  >  Cette  miniature  m'a  foH 
intéressé,  parce  qu'elle  me  prouve  que  le  portrait  à  la  plume  que  j'ai  dam  watm 
Livre  de  prières  de  Mme  de  Rambouillet  (voir  dans  Talleuant  son  Hisiorieite} 
est  bien,  comme  je  l'ai  toujours  pensé,  le  portrait  de  Julie.  • 

Ce  livre  d'heures  de  Mme  de  Rambouillet,  calligraphié  par  Jarry,  relié  par 
Le  Gascon,  a  été  acheté  par  le  baron  Jérôme  Pichon,  il  y  a  une  vingtaine  d'aoaéea. 
Lors  de  la  vente  de  la  première  partie  de  la  bibliothèque  de  ce  grand  biUîepkBe. 
cc  livre  d'heures  atteignit  le  prix  de  3,810  francs;  il  Ggure  au  Catalogne 
cette  vente,  sous  le  n^l28. 

'  Épitre  à  Mgr  l'hvesque  d' Angoulesme,  —  Voir  Œuvres  chresfiennei  et  l 


LEil   GRAXDS    âMATEUHS   ANGOUUOISl\  S.  869 

Au  château  d'AngouIéme  ou  u  Maison  du  roy  n ,  le  duc  avait  une 
belle  biblotijèque;  il  en  possédait  une  autre  en  son  castel  de  Mon- 
tauzier  (commune  de  Baignes-Sainte-Radégonde,  Charente),  Ses 
descendants  conservèrent  aussi  de  belles  choses  à  Montauzier  ; 
entre  autres  un  fort  remarquable  portrait  du  due  attribué  à  Ferdi- 
nand Elté,  ainsi  que  k  portrait  du  duc  d*[  zès  et  plusieurs  autres 
peintures  parmi  lesquelles  il  convient  de  citer  deux  petits  médail- 
lons représentant  des  Cûvûlier&  en  marche,  gouachesur  bois,  dans 
la  manière  de  J.  ParroceL  Ces  quatre  tableaux  font  partie  da 
MLiâée  d'Atigoulème.  Quant  auii  livres  de  la  I»ibliolhêf|r]e  des  Mon- 
tauzier,  peu  après  la  Révolution  ils  ont  contribué  particulièrement 
à  former  la  Bihiiothèque  communale  d'Angoulôme  ;  la  plupart 
portent  sur  leurs  plats  ou  sur  le  dos  les  armes  de  cette  puissante 
raniille  dont  le  chef  prouva  que  pour  u  vivre  noblement  ^y,  j'allais 
dire  royalement,  it  n'est  pas  nécessaire  d'être  un  Dom  Pedro  «  le 
cérémonieui  n. 

CHiiULES  DE  l'Aobbspine,  marquis  de  CHATE.*tij\Ëi'F,  garde  des 
sceaux f  amateur  par  à  peu  près,  a  logeait  en  chambre  gainie  « 
son  proche  parent  François-Olivier  de  Fonteuay,  ahbê  de  Saint- 
QuoDliu  de  Bcauvais  et  petit-6ls  du  cbancelicr  Olivier  (1581- 
1636). 

Le  marquîs  de  Cbâteauneuf  abritait  donc  che2  lui  la  collection 
intéressante  des  livres^  médailles  et  pierres  gravées  que  l'iufatî^ 
gable  abbé  augmentait  sans  reféche  avec  une  sûreté  de  goût  par* 
faite,  et  pour  laquelle,  malgré  ses  14,000  livres  de  rente',  il 
vivait  très  modestement,  très  économiquement  surtout. 

On  sait  que  le  marquis  de  Château  neuf,  coupable  d'avoir 
a  dansé  9  à  Bordeau3t,  c^  aux  sons  des  violons,  pendant  une  maladie 
de  \L  le  cardinal  ^ ,  devint  des  nôtres  à  Angonléme,  malgré  lui  : 
Il  y  fut  incarcéré  durant  dix  années*  Voici  une  note  le  concernant 
que  j'emprunte  à  un  vieux  Mémorial  : 

u.  Le  dimanche  13  mars  163/î.  —  Ce  mesme  jour,  M.  de  Châ- 
teauneuf,  cy-devant  garde  des  sceaux  de  France,  fut  mené  prison- 
DÎer  an  château   d'Angonlème,  soubz  la  garde  du  sieur  de  Lan- 

raUs^ dl'Aûlaitia  GoDB.ta,  évéqua  da  Griise.  Parrs,  P.  Le  Petit,  1603,  petit  in*l2, 
*  Voir  Ed.  BtïwarpiS,  Dictionnaire  des  amMewrs  français  au  diT^septième 
siècle. 


^ 


870  LES   GRANDS   AMÂTEL'RS   ANGOUMOISIXS. 

mont,  enseigne  de  la  ^arde  escossaise,  par  ordre  da  Roy  ^  > 

Nous  devions  bien  un  mot  de  souvenir  à  ce  bon  serviteur  de  la 

France  —  lequel  donna  rhospitalité  à  un  amateur  d*objets  d*art. 

Jean  Hérauld  de  Gourville  (1625-1703).  —  On  connaît  a 
factotum  d'excellent  ton  et  de  parfaite  bonne  grâce,  qu'il  perdit 
ou  gagnât  au  jeu  de  la  fortune.  On  sait  qu'il  menait  grand  train  ; 
toutefois,  son  nom  ne  figure  nulle  part,  que  je  sacb€,  du  moins, 
parmi  les  curieux  d'objets  d'art.  Pourtant,  Gourville,  dans  ses 
Mémoires  d'un  naturel  si  vrai  d'apparence,  prouve  que  les  belles 
œuvres  ne  lui  furent  point  indififérentes.  II  y  rapporte  simplement, 
avec  précision,  parlant  avec  mesure  et  des  gens  et  des  choses.  Oa 
y  voit  que,  s'il  fut  fastueux,  par  situation,  par  devoir,  par 
politique,  il  resta  personnage  de  haute  considération,  mais  sans 
âffei^tation  aucune.  En  effet,  il  eut  l'esprit  supérieur,  an  milieu 
des  incessantes  intrigues  des  courtisans,  d'être  simple  d'allures, ne 
reniant  pas  ses  origines. 

'  Archives  commuaales  d'Angoulôme,  série  AA.  7.  (Reg.  Mémorial  coléC, 
fol.  44  v^.)  La  détention  da  marcpiis  de  GhAleaaneuf  ne  fat  probablement  p» 
très  dure.  Voici,  à  l'appui  de  notre  hypothèse,  deux  actes,  extraits  d'unre^e 
paroissial  de  Saint- Antonin,  où  figure  ledit  marquis  en  qualité  de  parrain  : 

i°  c  Le  vingt  cioquiesme  mars  1641  a  esté  baptisée  Gharlotte-Uarie-CadifriM 
Quoniam,  fille  légitime  de  Louys  Quoniam  Romeny,  maistre  d'hostel  de  mouô- 
gneui'  de  Chasteauneuf  et  de  Mar<juerite  Janvier,  ses  père  et  mère;  son  fùrm 
a  esté  Charles  de  Laubcspine,  marquis  de  Chasteauneuf,  chevallier,  chtoedlier 
des  ordres  du  Roy  et  Garde  des  sceaux  de  France,  et  mairaines  dame  Raicl  ^ 
Catherine  de  La  Rochebeaucourt,  dans  la  chappelle  du  chasteau  royal  d^Aii^»* 
lesme,  paroisse  de  Saint-Antonin  ;  ledit  baptesme  faict  par  moy,  Laurent  GoiDe- 
vant,  curé,  es  présances  des  soubz signés.  [Signé  : ]  De  Laubespine. — MarûRs^ 

—  C,  de  La  Rochebeaucourt.  —  Lamont,  —  Le  Marquis.  —  GnîUeraot,  earé.  » 
2o.  «  Le  premier  jour  d'avril  mil  six  centx  quarante  trois,  a  esté  baptisé  ai  ^ 

chapelle  du  Chasteau  d'Angoulesme,  par  permission  de  monsieur  l'evesqne  di£ 
lieu,  Magdelaine  Quoniam,  fille  légitime  de  Loys  Quoniam  de  Romeny,  wùÊtt 
d'hostel  de  monseigneur  de  Chasteauneuf,  et  de  dame  Marguerite  Janner;  ^ 
parrin  a  esté  messire  Charles  de  Laubespine,  marquis  de  Chasteanoeuf,  cbenliff» 
chancelier  des  ordres  du  Roy,  Garde  des  sceaux  de  France,  et  damoizelle  ù^ 
lotte  Cbcsnel,  femme  à  monsieur  de  Sers,  lieutenant  pour  le  Boy  en  son  dka^OÊ 
d'Angoulesme.  Ledit  baptesme  faict  par  moy,  curé  soubx  signé,  es  présuttté» 
soubz  signés  et  plusieurs  autres. 

[Signé  :]  De  Laubespine.  —  Charlotte  ChesneL  —  Jehan  de  Mtmtel     *<• 

—  Cymonne.  —  Louis  Quoniam.  —  Lagravière.  —  Le  Marqtns.  —  Pi;    ■* 

—  Viollette.  —  Dessoseri.  —  Jlf.  Mathieu.  —  Guillevant,  cure  de  Salât-.-  ■■ 
et  Saint-Vincent,  son  annexe.  > 


LES    GRANDS    AMATEURS    ANGOUMOISINS.  811 

Ce  négociateur  habile  et  très  employé  avait»  cependant,  les 
grands  repas,  —  les  repas  solennels,  — comme  sûr  moyen  diploma- 
tique. Plus  tard,  M.  de  Talleyrand  pensa  sur  ce  point-là  comme 
Gourville.  Homme  pratique,  doué  de  Tà-propos  si  rare  à  la  Cour 
que  Mme  de  Maintenon,  sa  contemporaine,  en  fit  la  remarque 
formelle,  Gourville,  magnifique  et  néanmoins  d*économie  savante, 
très  entendu  en  matière  de  finances,  maître  es  connaissance  de 
Tétre  humain,  Gourville  a  noté  plusieurs  pièces  de  son  superbe 
mobilier  et  cité  même,  entre  autres,  a  une  pendule  de  grand  prix, 
qui  allait  six  mois,  et  qui  lui  appartenait  » .  Cette  pendule  mer- 
veilleuse  était  chez  M.  de  La  Rochefoucauld;  Gourville  Ty  avait 
complaisamment  exposée  à  Fadmiration  des  visiteurs. 

Saint-Simon,  qui  parle  en  termes  fort  aimables  de  Gourville, 
dit  bien  :  a  Ce  qui  est  prodigieux,  il  avait  secrètement  épousé  une  ' 

des  trois  sœurs  de  M.  de  La  Rochefoucauld.  »  Saint-Simon  a  pu  | 

faire  erreur  sur  ce  point.  | 

Les  tt  argentiers  » ,  j*entends  les  amateurs  de  vieille  argenterie  ! 

française,  reprocheront,  sans  doute,  à  Gourville  d*avoir  proposé  à  1 

M.  de  Louvois  de  faire  porter  à  la  Monnaie  quantité  de  morceaux  . 

d*orfèvrerie  d'argent.  Mais  on  peut  leur  rappeler  que  le  Trésor  de  I 

la  France  était  obéré,  et  Gourville  lui-même  le  constate  :  a  Je  me  \ 

tt  réduisis,  dit-il,  à  croire  que  Ton  pouvoit  seulement  fondre  les  j 

tt  chenets,  leshraziers  et  toutes  ces  autres  choses  qui  ne  servent  { 

a  qu'au  luxe,  sans  toucher  à  la  vaisselle...  \  -n  Son   patriotisme 
Tinspira  :  n'est-ce  pas,  en  tout  cas,  une  raison  suffisante  ? 

»  Voir  Mémoires  de  monsieur  de  Gourville..,  Paris,  M.  DCCXXIV,  2  vol.  îu-t  3, 
p.  269,  274  et  suiv. 

A  propos  de  Gourville,  il  convient  peut-être  de  noter  ici  qu'une  de  ses  sœurs, 
très  probablement,  «mademoiselle  Anne  de  Gourville  s,  fut  marraine  trémie 
Boire,  t  fille  de  Pierre  Boire,  m'"  tailleur  d'habilz  i,  le  27"  jour  d'octobre  107  V, 
en  Téglise  Saint-Jean  d'Angoulême.  Un  de  ses  neveux,  J.  Herauld  de  Gourvifli?, 
signa,  le  18  octobre  1705,  l'acte  mortuaire  de  «  damoiselle  Anne  de  Lenclû^, 
fille  majeure  (sic)  décédée  en  sa  maison  rue  des  Tournclles,  âgée  de  1^0  mis^ 
environ  i ,  le  17  octobre.  (Jal,  Dictionnaire  critique») 

Si  nous  faisons  un  rapprochement,  nous  trouverons  que  cette  mt^me  Anuc!,  qut 
devint  la  célèbre  \inon  de  Lenclos,  eut  pour  marraine  demoiselle  Anne  Jo  Vil- 
loutrays,  épouse  de  messire  Benjamin  de  La  Kochefoucauld,  seigneur  t'I  bnrûn 
d'Ëstissac.  Demoiselle  Anne  de  Villoutrays  descendait  d'Ëlienne  de  VilloulPtip  on 
Villoutreys,  maire  de  la  ville  d'Angouléme  pendant  les  années  1588-1581^  Airi^i, 
deux  personnes  d'origine  angoumoisc  assistèrent  cette  illustration  galiinie  acj^ 
dates  extrêmes  de  sa  vie. 


872  LES    GRANDS    AMATEURS   AKGOUMOISINS. 

Hérault  de  Gourville  avait  formé;  un  cabinet  où  se  trouvaient 
(Inintéressantes  peintures  parmi  lesquelles  trônaient  des  portraits 
de  contemporains  célèbres,  entre  autres  ceux  de  Rjacine,  BoiUau, 
Molière  et  de  Ninon  de  Lenclos^  aux  termes  d'un  docuqsent  cer« 
tain*.  N'était->ce  pas  ainsi  faire  preuve  de  dilettantisme  que  de 
réunir  de  telles  portraitures  en  semblable  condition?  Un  mondain 
moins  raffiné  se  fût  contenté  d'estampes  médiocres  ou  de  médiocres 
toiles;  mais  Tesprit  d*amateur  de  Gourville  s'afBrma,  de  la  sorte, 
hautement  et  clairement. 

Gourville  créa  Thospice  (le  La  Rochefoucauld  (Gliarente).  Dans 
le  salon  d'honneur  de  cet  établissement  de  bienfaisance,  oo 
conserve  soigneusement  un  assez  beau  portrait  de  son  généreux 
fondateur  ;  un  autre  y  est  exposé  dans  la  «  salle  des  hommes  « .  Noos 
nous  proposons  d'en  parler  d'une  façon  plus  explicite. 

L'auteur  de  cette  notice  possède  un  bon  portrait  de  Gourville, 
datant  du  dix-septième  siècle. 

Nicolas  Pasqdier,  seigneur  de  Mainxe  et  de  Balanzac,  liea- 
tenant  général  de  la  sénéchaussée  d€  Cognac,  eut  la  passion  des 
livres...  et  des  chevaux  :  «  Je  les  aime  à  outrance»,  dit-il.  Son 
père,  Estjenne  Pasquier,  lui  avait  laissé  un  nom  fameux;  Xicdas 
ne  faiblit  pas  sous  un  tel  poids,  sinon  par  des  talents  supérieurs, 
de  premier  ordre,  du  moins  par  ses  vertus  de  magistral  il  s*ea 
rendit  parfaitement  digne.  Parisien  de  naissance,  selon  sa  riposte 
au  P.  Garasse,  il  se  plaîsaU  fort  en  sa  seigneurie  angovmoisioe, 
où  il  vivait  plantureusement  et  dont  il  célébra  les  vins,  les  bonnes 
chairs,  les  truffes  et  les  bons  fruits  en  son  livre  XIV.  (Lettre  7, 
t.  Il,  éd.  deI723V) 

Un  portrait  de  Nicolas  Pasquier,  fort  bien  gravé  par  Crispin  de 
Pas,  se  trouve  en  tête  de  ses  Lettres  (1623).  I /artiste  le  dessina 
sur  nature  ;  on  y  lit,  dans  l'encadrement  du  bas  : 

Crispia  Passens  ad  vivum  detineaml  et  sculpsit  Parisiis  1623. 


'  Ces  I  portraits  peints,  du  cabinet  de  Gourville  «,  ont  été  br&tés  dans  P 
candie  qui  détruisit  en  1846  la  coltection  des  tableaux  c  réanis  à  grands  lin 
par  le  marquis  de  Biencourt.  (V.   Lettre  adressée  par  J.  Duieigneor,  slatn 
«u  bibliophile  Jacob  :  Bulletin  de  l'Alliance  des  Arts^  n?  8,  10  février  ISM. 

«  Voir  ses  Lettres. 


LES    GRANDS    AMATEUBS    A!4G  0  L'If  ÛIStK  S.  ST3 

Mais  on  n'y  voit  que  son  imase;  un  diiliquc  lalin  nous  avertit 
qu*il  a  faut  chercher  son  Ame  dans  ses  écrits  n  : 

*    Verum  Paschasii  potes  hic  cognosrere  vuUum 
Ast  animi  m  scripHs  vha  figura  laUL 

L*an  1631,  Nicolas  Pasquier  a  s'cteîgnit  en  chrétien  fidèle  cl 
croyant;  il  avait  soixante-neuf  ans  '  n. 

Les  La  Rochefolxauld,  dont  Ti) lustre  maison  compte  parmi  les 
premières  de  la  France,  sont  avec  éclat  au  premier  rang  de  nos  , 

grands  amateurs;  entre  autres  :  \ 

Le  comte  François  H,  qui  fit  construire,  en  1538,  le  château  ^ 

que  Ton  connaît,  à  côté  de  sou  château  patrimonial,  chef-d'œuvre  i 

de  la  Renaissance  en  Angoumois.  La  veuve  de  ce  seigneur,  Anne  \ 

de  Polignac,  reçut  de  Charles-Quint  un  hommage  mèmorahle.  i 

Ensuite,  on  doit  mentionner  François  II  de  La  Rochefoucauld. 
Au  dire  de  Florent  le  Compte,  sculpteur  et  peintre  de  Paris  (dans 
%on  Cabinet  des  singularités  d'architecture,  1690),  Tauteur  pro- 
fond des  Réflexions  et  Maximes  morales  «  possédait  un  Christ 
d'une  grande  beauté  peint  par  André  Solarîo^  ^ ,  Il  s'était  fait 
tt  pourtraicturcr  »  par  le  célèbre  peinlre-émailleur  Petitot,  admi- 
rable bijou  dont  se  glorifie  à  très  jusie  titre  le  trésor  de  ses  des- 
cendants; il  avait  fait  exécuter  pour  Andrée  de  Vivonne,  sa 
femme,  un  Livre  d'heures  calligraphié  par  Jarry  et  relié  par  Le 
Gascon  '.  • 

On  n'estimera  pas  hors  de  page  de  rappeler  ici  ces  ^  réflexions  » 

'  Voir  Timportante  et  substantielle  élude  âp  M.  Louis  Audut,  sur  Uti  fiU 
d'Estienne  Peuquier  :  Nicolas  Pasquier,  (Angouléme»  1875,  j«-8'.) 

'  Cité  par  M.  BoNAPKit,  ioc.  cit. 

'  Ces  deux  chefs-d'œuvre  font  partie  des  rictiDNsea  arlisMrjUi^ï  ûI  des  «duveiilrs 
familiaux  conservés  par  M.  le  comte  Aimi^ry  de  Iji  RochcfoucauM.  L'émalt  est 
superbement  emborduré  de  diamants  d'ancienne  taille  et  en  état  de  conservation 
parfaite.  Le  Livre  d'heures  est  munî  d'un  fermoir  i^maillé.  Je  suis  ii-és  rpt^annais' 
sant  à  M.  le  comte  de  La  Rochefoucould  Ji?  la  communication  qti'i!  m*a  faïto  de 
ces  magnifiques  bijoux  ;  ça  m*a  été  une  surprise  et  un  ré^jal  iugublmbles  lor»  de 
rbospitalité  seigneuriale  qu'il  a  bien  voulu  m'unrir. 

Dans  le  nombre  des  richesses  d'art  réunie»  au  château  de  Vcrteuil,  les  plus  dif- 
ficiles connaisseurs  apprécieront  une  fort  belle  «  tapîfiierie  à  la  Jiicorne  t  «  de  la 
Renaissance,  provenant  de  l'ancien  mobilier  du  château.  Celte  tapii^jeric  estadmu 
rée  môme  par  des  dillettantes  qui  ont  vu  ia  tapijiserie  à  la  Licorne  eiposée  d^iUB 
la  grande  salle  haute  du  Musée  de  Clany  («aile  de^Émaui). 


S14  LES    GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISINS. 

du  spirituel  penseur  :  a  94.  Les  grands  noms  abaissent,  au  lieu 
«  d'élever,  ceux  qui  ne  les  savent  pas  soutenir.  —  133.  Les  seules 
«  bonnes  copies  sont  celles  qui  nous  font  voir  les  ridicules  des 
a  méchants  originaux.  —  .378.  Le  bon  goût  vient  plus  du  juge- 
tt  ment  que  de  Tesprit.  » 

Des  huit  enfants  de  François  VI,  duc  de  La  Rochefoocanld  \ 
Mlle  de  Marcillac,  malgré  la  médiocrité  relative  de  sa  fortune, 
aimait  s^entourer  de  bibelots  précieux;  elle  fut  surtout  «curieuse» 
de  porcelaines  fines.  Elle  démontrait  la  justesse  de  cette  réflexion 
de  son  père  :  qu'  «  on  renonce  plus  aisément  à  son  intérêt  qu'à 
son  goût  » . 

Voici  ce  que  disait  de  cette  dame  remarquable  le  baron  Jérôme 
Pichon,  dont  la  haute  et  vaste  érudition  est  connue  de  tous  les 
gens  d'étude  qui  Font  approché^  :  «  Hoym  acheta  beaucoup  de 
porcelaines  et  de  laques  à  la  vente  de  Mlle  cle  Marcillac  (Henriette 
de  La  Rochefoucauld;.  C'était  une  de  ces  filles  de  François  de  La 

<  Vie  de  Ch.-H.  comte  de  Hoym,  1. 1,  p.  184. 

'  Parmi  ces  objets  «  achetés  à  Tinveataire  de  Mlle  de  Marcillac,  en  1722  •  '• 
c  quatre  .vases  ou  cornets  à  panse  de  porcelaine  de  la  Chine,  dont  le  fond  est  d'oo 
«crt  foncé  à  fleurs  et  oiseaux  :  507  liv.  10  sols  ;  — vdeoz  urnes  moyennes  àû. 
pans,  de  dessins  à  oiseaux,  d'ancienne  porcelaine  du  Japon  :  601  liv.  ;  —  deox 
urnes  moyennes  aussi  à  pans,  mais  de  dessin  différent  des  deux  précédentes  et  à 
piigodes  :  492  liv.  ;  —  deux  petites  urnes  à  côtes  de  melon  :  390  liv.  ;  —  quatre 
petites  bouteilles  à  quatre  pans,  avee  leurs  bouchons  et  petits  pieds  de  marque- 
terie, garnies  de  bronze  :  60  liv.  Une  autre  pareille  avec  quatre  pieds  de  mar- 
queterie :  200  liv.; —  une  grande  jatte  en  forme  de  feuilles  d'artichaut  :  632  lir.: 

—  deux  grandes  jattes  à  dii  pans,  avec  des  pagodes  et  belles  bordures  <  1,090  liv.; 
deux  jattes  moyennes  à  huit  pans,  sans  bordures  :  400  liv.  5  s.  ;  —  deux  jattet 
cannelées  :  315  liv.;  —  deux  petites  jattes  en  forme  de  feuilles  d'artichaut: 
288  liv.  ;  —  un  compotier  ou  assiette  à  douze  pans  :  100  liv.  ;  —  un  petit  caba- 
ret carré  long,  de  très  beau  laque  noir,  garni  de  deux  petits  seaux  à  gerbes, 
deux  soucoupes  carrées  à  paysage  et  un  petit  mortier  :  361  liv.  (on  tiear  Pktries 
avait  offert  800  livres  des  tasses,  sans  le  cabaret,  au  comte  de  Hoym);  —  deux 
cabarets  de  laque  rouge  avec  huit  tasses  et  autant  de  soucoupes  à  pans  et  quatre 
morceaux  de  laque  rouge  formant  les  sucriers:  1,000  lîv.;  —  quatre  grandes 
tasses  à  tulipes,  dont  une  fêlée  :  220  liv.  ;  —  un  cabaret  rond,  de  vieux  laque. 
garni  de  six  gobelets  à  côtes  et  fleurs  en  relief,  avec  six  soucoupes  à  feuilles  d'ar- 
tichaut et  un  pot  à  sucre  avec  son  couvercle,  le  tout  d'ancienne  porcelaine  biao* 
che  :  770  liv.  ;  —  deux  pots  à  thé  avec  deux  grandes  soucoupes  à  feuilles,  de 
pareille  porcelaine,  assortissant  au  cabaret  de  l'article  précédent  :  361  liv.  5  s. 

—  une  espèce  des  nécessaire  t  composé  de  plusieurs  boites  de  très  beau  laque  noir, 
305  liv.  ;  —  une  boite  plate  d'ancien  laque  noir  :  80  liv.  «  (Uie-de  Ch  ^H.  comle 
de  Hoym^  ambassadeur  de  Saxe-Pologne  en  France  et  célèbre  amateur  de  firres, 
par  le  baron  Jérôme  Picuon.  Paris,  Tcchner^  1880,  JK  vol.  in-S**.) 


r^ 


LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISINS.  875 

Rochefoucauld,  Fauteur  des  Maximes^  dont  Mme  de  Sévigné  a 
raconté  le  tendre  attachement  pour  leur  père.  Née  le  15  juillet 
1638,  elle  testa  le  10  mars  1720  et  mourut  le  3  novembre 
1721.  » 

Saint-Simon,  qui  Tappelle  Mlle  de  La  Rochefoucauld  (t.  XVIII, 
page  208),  dit  qu'elle  avait  passé  toute  sa  vie,  fille,  dans  Thôtel 
de  La  Rochefoucauld,  considérée  dans  le  monde  et  dans  sa  famille, 
toujours  très  vertueuse  et  avec  peu  de  bien.  Du  côté  de  Tesprit, 
dit  aussi  Saint-Simon,  elle  tenait  tout  de  son  père.  Ajoutons  qu'elle 
avait  un  goût  remarquable,  si  Ton  en  juge  par  les  belles  choses 
que  Hoym  acheta  à  sa  vente  *. 

Pour  mémoire,  rappelons  la  fête  donnée,  par  les  pensionnaires 
de  rÉcole  française  à  Rome,  en  Thonneur  du  cardinal  de  La  Roche- 
foucauld, ambassadeur  de  France. 

On  conservait  au  château  de  La  Rochefoucauld  un  intéressant 
portrait  de  la  Grande  Mademoiselle,  attribué  à  Mignard.  Cette 
peinture,  qui  appartient  à  M.  Callandreau,  de  Cognac,  a  figuré  à 
TExposition  rétrospective  à  Paris  en  1889.  (Photographiée  par 
Braûn.) 

La  liste  des  ouvrages  littéraires  et  artistiques  placés  sous  le 
patronage  de  La  Rochefoucauld  par  des  écrivains  et  des  artistes 
français  serait  trop  laborieuse  et  trop  longue  à  énumérer;  néan- 
moins nous  pouvons  rappeler  que  J.-J.  de  Boissieu,  le  fin  dessi- 
nateur-graveur, dédia  à  M.  de  La  Rochefoucauld  une  de  ses  eaux- 
fortes  :  Vue  d'Aqua  Pendente,  en  1773;  indiquons  aussi  une 
édition  des  Maximes  et  Réflexions  morales^  imprimée  en  carac- 
tères microscopiques,  petit  chef-d*œuvre  typographique,,  dédiée 
u  à  M.  le  vicomte  de  La  Rochefoucauld,  directeur  au  département 
des  Beaux-Arts  » ,  en  1825  *. 

La  maison  de  La  Rochefoucauld  observe  avec  une  rare  délica- 
tesse ses  grandes  traditions. 

Mme  de  La  Rochefoucauld,  née  Du  Roux,  a  réuni  dans  son 


'^A  propos  d'édition  précieuse  à  d'autres  titres  des  Maximes  et  Réflexions 
morales^  je  me  souviens  d'avoir  vu,  chez  M.  le  baron  Jérôme  Pichon,  un  exem* 
plaire  unique  de  ce  livre  :  celui  de  la  quatrième  édition  de  1675,  en  maroquin 
rouge,  aux  armes  du  duc  du  Maine,  avec  Dédicace  au  duc  du  Maine,  imprimée 
pour  ce  seul  exemplaire.  (Vendu  1,500  francs,  vente  de  la  Bibliothèque  Pichon, 
en  mai  1897;  n»  187  du  Catalogue.) 


876  LES   GRANDS   AUATEURS   ANGOUMOISINS. 

château  patrimonial  de  Verteuil  une  quantité  considérable  d'objeb 
d*art;  nous  en  avons  parlé  antérieurement  '. 

Mme  la  comtesse  Aimery  de  La  Rochefoucauld,  sa  belle-fille,  a  été 
portraite  par  Ed.  DubuOeet  aussi  par  Chaplin  (celte  œuvre  de  Cha- 
plin est  une  merveille)  ;  Antonin  Cariés  a  ciselé  son  buste  en  marbre. 

Jacques  Favereau  mérite  une  place  d'honneur  parmi  les  curieux 
angoumoisins.  Né  à  Cognac  en  1 590,  il  épousa  une  nièce  de  Nicolas 
Pasquier  et  mourut  conseiller  de  la  Cour  des  Aides,  à  Paris,  en 
mai  1638. 

On  lui  attribua  une  diatribe  dirigée  contre  le  cardinal  de  Riche- 
lieu et  qui  lui  valut  un  certain  renom  :  Le  Gouvernement  préseni 
ou  la  Miliade  (imp.  à  Envers^  s.  d.,  in*8*  de  66  pages). 

«  C'est  lui  qui  a  fait  graver  la  belle  collection  de  planches 
mythologiques  publiées  plus  tard  par  Uichel  de  Harolles,  sous  le 
titre  de  Tableaux  du  Temple  des  Muses,  tirez  du  cabinet  de 
M.  Favereau  (Paris,  1655,  in-fol.,  ou  Amst.,  1676,  in-^"").  «  On  y 
trouve  un  beau  portrait  de  M.  Favereau,  ainsi  que  son  éloge,  où  il 
est  parlé  de  sa  famille  alliée  à  celle  du  fameux  Estienne  Pasquier. 
tt  Jacques  Favereau  était  fils  de  Pierre,  sieur  de  La  Bourgeserie 
et  de  Puyraimond^  et  de  demoiselle  Anne  de  Ranson,  autre  famille 
protestante  de  Jarnac,  qui  a  perdu  sa  particule  '.  » 

Sous  le  titre  de  Mercurius  rediviviis^  Favereau  écrivit  un  recueil 
d'épigrammes,  au  sujet  d'un  Mercure  de  bronze  gallo-romain, 
trouvé,  en  1613,  lors  des  fondations  du  palais  du  Luxembourg. 

Jacques  Favereau  collectionna  des  peintures  et  des  estampes. 

Les  DU  TiLLET,  de  vieille  souche  angoumoisine,  ont  brillé  dans 
la  noblesse  de  robe;  plusieurs  d'entre  eux  se  distinguèrent  comme 


'  Les  portraits  du  château  de  Verteuil.  {Réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts 
des  départements,  1895.) 

*  Quelques-uns  de  ce«  renseignements  biographiques  sont  peu  connnus,  atteodo 
que  la  i  Famille  Castaigne,  Notes  historiques  et  généalogiques  « ,  par  EosèU 
Gastaigkb  (Angouléme,  1866,  ln-8°,  46  pages),  n'a  été  tiré  qu  i  50  exemplaires. 
M.  Gastaigne  y  marque  aussi  que  sieur  Philippe  Castaigne,  Tunde  ses  ascendanls, 
épousa,  Ters  1659,  demoiselle  Estber  Favereau,  nièce  du  conseiller  Jacques  Fate- 
reau.  Il  observe,  de  plus,  qu'à  l'imitation  de  l'inspirateur  du  Temple  des  Muses, 
Benserade  composa  dans  la  suite  les  Métamorphoses  d'Ovide,  mises  en  rondeau. 
{Lyre  cT Amour,  Angonléme,  1829,  in-8«,  p.  40.) 


LES   GRANDS   AUATEiRS   A\  GO  IMOISIVS.  87t 

officiers  des  armées  du  Roi;  ils  eurent  parmi  les  leurs  d*éiudits 
bibliophiles.  Nous  leur  cousacrerons  une  notice  particulière. 

Catherine  de  Sainte-Maurr,  eouilesse  be  Brassac,  reçut  ses 
lettres  de  naturalisation  angou  moisi  ne  :  elle  avait  épousé  inessire 
Jean  de  Gallard,  comte  de  Brassac,  cliefdu  conseil  de  la  Rf^iiie, 
surintendant  desamaison^gouierneurenSaintunge et  Angoumoîs  '. 

Un  savant  historien  d'art,  M.  Edmond  BonnatTé,  a  inscrit,  avec 
raison,  cette  dame  parmi  hA  amateurs  distingués  quî  brillèrent  au 
soleil  du  dix-septième  siècle  ^  On  sait  qu'elle  avait  réuni  vingt-six 
peintures  remarquables,  a  tableau^c  de  maîtres  non  dénommés  »,  et 
que  sa  galerie  contenait  qualre-vingt-dii-neuf  portraits  des  princeg 
*de  la  u  maison  de  France  et  de  quelques  autres  personnages  " . 
Catherine  de  Saint-Maure,  tante  du  duc  de  lUontauzier,  fut  pre^ 
mière  dame  d'honneur  de  lu  reine  Anne  d'Autriche. 

D'après  Tallemant  des  Reaui,  <  Mme  de  Brasaac  étoit  une 
personne  fort  douce,  modeste,  et  qui  se  m  bl  oit  aller  son  grand 
chemin;  cependant  elle  sai oit  le  latin,  qu'elle  avoit  appris  en  le 
voyant  appi:endre  à  ses  frères  :  U  est  frai  qu'à  Teiemple  de  son 
mary  elle  n'avoit  rien  lu  de  ce  qu'il  y  a  de  beau  en  celte  langue, 
mais  s'estoit  amusée  à  la  Théologie  et  un  peu  aux  Mathéoiatiqueâ. 
On  dit  qu'elle  entendoit  assez  bien  Euclide.  v 

1  Le  comte  de  Brassac  fut  i  pouri'u  du  gauv(?rneaicTit  de  Saintonge  et  Angoii- 
mois  et  de  celuy  particulier  de  la  v'iWe  et  9d[iF»cliaus«ûe  (rAD^fouluimif,  sur  la 
démission  du  duc  d*Aiuin  •»  suivant  la  leUre  du  Rnî,  de  Salnt-^iemiain  ea  Layr, 
eu  date  du  8  mars  1633»  adressée  aux  Maire  el  Kcheiios  irAr^^jouléme.  Le  nou- 
veau Gouverneur  fit  son  entrée  Jitt^s  celle  dite  liile  le  ^ï  airil  d'aprè^>  I^  Corps 
de  Ville  avait  envoyé  une  dépulalimi,  a  son  avaucc,  k  Couhé.  Le  Mairie  le 
harangua  en  des  termes  pathéliLjueii.  Un  ne  peul  rétsisiter  au  ditair  de  rappeler 
l*exorde  de  cette  pièce  d'cloqueDcc  : 

c  Monseigneur,  quand  j'aurois  ceiil  bouclics  et  cent  lant^ues  et  une  voix  dé  Ter. 
je  ne  sçaurois  suffisamment  exprimer  la  joye  el  le  coDlt<ulËmt!ut  t^u'ont  raceu  les 
babitans  d'AngouIesme  lorsqu'il.'^  ont  appris  qu'ils  debvuycnt  ealre  ^^ouvc^rtiii^s  par 
TOUS.  Autrefois,  un  Empereur  fut  îiuniommê  Tamour  i;t  le^  déliûc^  du  <{f<ure 
humain,  tant  il  estoit  agréable  k  lout  le  monde;  pcrmeUt'i.  Mûtiscigtieiir^  pour 
mesme  raison,  qu'il  nous  soit  loisible  de  vousdlrc  et  publier  l'amour  et  les  délices 
de  la  ville  d'Angoulesme.  i  {Kc^.  col<.'C,  bl.  V5  y*'.  Arcliivescomntunalc^i  d'Ao^ 
goulême.)  . 

On  pourrait  constater  que,  depuis»  la  forme  des  baran^^ucs  uffîi^J elles  a  changé 
de  forme,  tant  soit  peu,  mais  que  le  fondh  est  reué  invariable. 

•  Voir  Ed.  Bonxakfé,  loc.  cî7.,  souvent  elle  dans  ces  ûulices  ;  Dictionnaire  des 
amaieurs français  au  dix-septiéme  smit. 


818  LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUlf OISINS. 

Le  comte  de  Brassag,  son  petit-Deveu,  qui  épousa  H""  de  Tour- 
ville  \  fit  réparer  a  à  la  moderne  d  ,  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  le  château  de  LaRochebeaucourt,  dontlesapparte- 
ments,  selon  le  lieutenant  criminel  Jean  Gervais,  furent  rendus 
superbes  et  magnifiquement  meublés '• 

Françoise-Athénaîse  de  Roghechouart  de  Montespan,  qui  succéda 
à  a  la  douce  La  Vallière  n  dans  rintimitè  du  «  Roy  Soleil  »,  ne 
manqua  pas  d'un  penchant  vif  pour  les  choses  d*art. 

Du  temps  de  sa  faveur,  M*"'  de  Montespan  avait  un  «  peintre  en 
titre  d'office,  homme  tout  à  fait  inconnu  aujourd'hui,  mais  qui  ne 
dut  pas  être  un  artiste  sans  talent  »  ;  Jal,  qui  le  rappelle,  ajoute 
sensément  que  cette  haute  dame  «  n'eut  probablement  pas  voulu 
poser  devant  un  peintre  vulgaire'  «•  Ce  peintre  se  nommait  Jean 
de  La  Haye. 

L'altière  marquise,  excessive  eii  tout,  avait  du  goût  et  du  meilleur 
parfois,  sinon  toujours.  Souvent,  les  caprices  des  jolies  femmes 
ont  du  bon  et  visent  le  Beau.  Pensant  non  sans  raison  qu' 

Ud  livre  est  un  ami  qui  ne  change  jftOMÎs, 

M"'*  de  Montespan  installa  une  bibliothèque  dans  son  château  de 
Serres,  commune  d'Abzac,  arrondissement  de  Confolens  (Cht* 
rente);  «  cette  beauté  rare  et  suprême  »  s^y  retira  pendant  sa  dis- 
grâce*. 

Entre  autres  livres  qui  eu  proviennent  et  que  nous  avons  eu  la 
fortune  de  découvrir  dans  ce  département  charentais,  on  peot 
mentionner  la  belle  édition  princeps  du  Discours  sur  l'Histoire 
universelle,  en  très  bel  état  de  reliure  :  maroquin  rouge  avec  filets, 
armes  sur  les  plats,  acquis,  depuis  une  quinzaine  d'années,  par 


^  Les  de  Cotentin  de  Tourvilie,  alliés  aussi  aux  La  Rochefoucauld. 

*  J.  Gkrvais,  Mémoire  sur  VAngoumois  publié  par  G.-B.  de  Rencojne.  Pwi?, 
1864.  in-8o. 

'  Voir  Jal,  loc.  cit, 

*  Voir  Intrigues  galantes  des  cours  de  France  y  Cologne,  1688  ;  on  y  trouve  ce 
quatrain,  relatif  à  Mme  de  Montespan  : 

Souveraine  de  tons  les  cœnrs. 
Cette  beauté  rare  et  snprt^me 
Au  joug  de  ses  attraits  vainqueurs 
Soumit  jusques  au  diadème. 


J 


■ 


LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISINS.  819 

M.  le  baroQ  Jérôme  Pichon,  qui  mourut  président  honoraire  de  la 
Société  des  Bibliophiles  français.  Ce  grand  bibliophile  possédait 
aussi,  de  même  provenance  certaine,  un  Cérémonial,  de  Denis 
Godefroy  (2  vol.  mar.  rouge).  M.  Tabbé  Bossuet,  décédé  curé  de 
Saint-Louis  en  lile»  à  Paris,  avait  les  Œuvres  de  Grenade  (2  vol. 
in-12),  aux  mêmes  armes  de  M^'deMontespan;  enfin,  M.  le  comte 
de  La  Béraudière  conservait  des  livres  très  curieux  (livresde  piété), 
imprimés  exprès  pour  M""  de  Montespan  *.  «  Le  duc  d*Alitin  avnit 
hérité  les  livres  de  M"'  de  Montespan,  sa  mère,  et  il  avait,  outre 
cela,  les  livres  très^bien  reliés,  à  ses  armes.  Son  fer  est  beau.  J'ai 
vu  de  ses  livres  portant  sur  le  titre  :  a  Bibliothèque  de  Petitbourg.  d 
Il  avait  donc  une  bibliothèque  à  ce  beau  château',  n  J'ajoute,  pour 
mémoire,  que  u  Mgr  le  duc  de  Mortemart  »  était  aussi  seigneur 
marquis  de  Saint-Viclurnien,  sur  les  confins  du  Poitou  et  d'Angou- 
mois. 

Le  PÈRE  Laubert,  des  capucins  d^AngouIême,  a  pris  rang  parmi 
les  bibliophiles  angoumoisins.  Avec  le  savoir  du  bibliographe  et  le 
flair  du  collectionneur  pratique,  il  forma  une  bibliothèque  impor* 
tante  —  dans  les  meilleures  conditions  désirables. 

Voici  ce  qu'en  dit  un  historien  local,  l  igier  de  la  Pile,  dans  son 
chapitre  consacré  aux  Capucins  : 

u  Ils  ont  surtout  un  bâtiment  pour  une  bibliothèque  qui  est  vaste 
et  bien  placée,  avec  une  belle  vue  sur  la  campagne.  Cette  biblio- 
thèque est  fort  nombreuse  et  bien  fournie.  Le  P.  Lambert,  fameux 
capucin,  natif  d'Angoulême,  a  beaucoup  contribué,  par  son  habileté 
à  faire  valoir  les  quêtes,  à  la  construction  de  ces  édifices  et  à  pour- 
voir cette  bibliothèque  de  livres.  Son  principal  fonds  vient  de  ceux 
qui  leur  ont  été  donnés  par  le  sieur  Moricet,  théologal  de  Saint- 

*  Je  dois  ces  renseignemeols  à  Tobligeance  de  feu  M.  le  baron  Jérôme  Pichon. 

A  la  vente  de  la  première  partie  de  la  bibliothèque  du  baron  J.  Pichon  (mai 
1897),  les  livres  suivants,  provenant  de  la  bibliothèque  de  Mme  de  Montespan, 
ont  été  adjugés  :  Catéchisme  des  Festes  et  autres  solennitez^  par  ^fessire  Jac- 
ques-Bénigne BossuKT.  Paris,  1687.  —  Catéchisme  du  diocèse  de  Meaux,  par  le 
même.  —  Second  Catéchisme^  par  le  même,  3  part,  en  1  vol.  in-12  rel.  mar. 
V.  (anc.  rel.).  Edit.  originales,  765  francs.  —  Discours  sur  l'Histoire  universelle^ 
1,100  francs.  —  Le  cérémonial  françois^  1,011  francs.  Ces  livres  ûgurent  au 
Catalogue  de  la  vente  sous  les  n*"  99,  1143,  1304. 

'  Vie  de  Ch.-H.  comte  de  Hoijm^  par  le  buron  Jérôme  Pichox.  (Edit.  de  la 
Soc.  des  Bibl.  français.) 


880  LES    GRANDS    AMATEURS    AIVGOUUOISIX  3 

Pierre  et  abbé  de  la  Grâce-Dieu,  diocèse  d^  In  Rochelle,  bomme 
savant  à  qui  le  commerce  maritime  avait  procuré  une  fortune  coqsÎ- 
dérable'.  »  Nous  compléterons  ces  données,  en  faisant  conuâitre 
qu*^  la  Révolution  la  bibliothèque  des  PP.  capudns  d'Angonlême 
contribua,  avec  les  livres  provenant  des  émigrés  de  la  province 
angoumoisine,  à  former  la  Bibliothèque  communale  de  cette  \Mk, 
après  avoir  servi  à  TEcole  Centrale  qui  s'y  était  établie* 

•  La  bibliothèque  desdits  capucins  avait  un  Catalogue  fort  bien 
tenu,  où  Ton  voit  mentionnés  plusieurs  livres  de  priK,  notammenh 
un  Pontifical  Romain,  manuscrit,  enluminé  de  figures,  \u~\\ 
plusieurs  ouvrages  imprimés  à  Angouléme  devenus  pour  ainsi  dir« 
introuvables,  el  une  collection  de  Bibles  très  rares.  (Catalogue 
manuscrit.  Bibl.  d'Angoulème.) 

Mme  BouTHiLLiER,  comtesse  de  Chavigw.  Fille  unique  de  Jean 
Philipeaux,  seigneur  de  Villognon,  en  Angoumojs,  elle  ai:ait 
épousé  Léon  Bouthillier,  comte  de  Chavigny  et  de  Oazancois,  &  6h 
unique  de  Claude  Bouthillier  et  de  .Marie  de  Bra^elone,  el  qui  a 
été  successivement  conseiller  au  Parlement^  conseiller  et  secré- 
taire d'État,  chancelier  du  duc  d'Orléans,  gouverneur  du  chàleau 
de  Vincennes,  etc.,  etc.  *  ».  De  ce  mariage  naquirent  six  garçons 
et  sept  filles. 

La  famille  Bouthillier,  fort  connue  en  France^  figure  1res  hooo- 
xablement  au  tableau  du  Corps  de  Ville  d'Augoulèmc  et  parmi 
les  dignitaires  de  la  vieille  magistrature  de  ce  pays.  M,  BouualTë, 
Térudit  et  spirituel  auteur  de  remarquables  éludes  sur  les  Amateurs 
français,  n'a  point  oublié  de  mentionner  cetle  Dame;  il  rappelle 
fort  à  propos  une  note  des  Mémoires  de  Brienne%  relative  à 
Mme  de  Bouthillier  :  a  J'ai  su  de  Mme  de  Chaiigny  qu'il  (Mazariû 
dans  sa  jeunesse)  ne  revenait  jamais  d'Italie  sans  lui  rapporter  ft)r<!e 
pommades,  huiles  de  senteur,  savons  de  Napleset  gants  de  Rome: 
quelquefois  même  des  tableaux  de  peu  de  valeur  et  des  chapelets 

'  François  Vicier  de  la  Pile,  Histoire  de  rAngoamoû.  (ÉJlLmn  Michan,) 
'  Ibid.  On  y  trouve  une  notice  biographique  précise  et  dej  piui  élo^iâuses,  mr 

les  Bouttiillier. 

'  L*unc  des  ûUes  de  Mme  Bouthillier  de  Chavigny,  Ulle  Henriette  EouUiîUier 

épousa  Louis-Henri  de  Loménle,  comte  de  Brieone  el  de  Montbron^  »  fujade^ 

curieux  les  plus. distingués  du  dix-septième  siècle  t  »  dît  justemeat  M.  E^man 

Bonnuffé. 


LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISIXS-  881 

bénits  oa  not,  cela  n'y  faisait  rien.  Ces  régals  plaisaient  fort  à  ma 
belle-mère  ;  elle  est,  je  crois,  après  le  cardinal,  la  personne  du 
monde  qui  aime  le  plus  à  recevoir  des  présens.  « 

tf.  BonnaiTé  constate  aussi  que,  dans  sa  Revue  des  cahinrls 
parisiens^  Tabbé  de  Marolles  signale  celui  de  Mme  de  Chavigny,  à 
rbôtel  Saint-Paul,  pour  ses  a  vases,  statues,  obélisques,  escrins, 
miroirs,  globes,  cofBns,  chandeliers,  suspendus  et  autres  choses 
semblables  de  cristal  de  roche,  de  lapis,  d*agate  et  d'aiitr^ïi 
matières  précieuses  » . 

Louis  BouTHiLLiER,  marquis  de  Pont-Chavigny  et  de  Viulesaviiv^ 
hérita  les  qualités  de  a  curieux  »  de  sa  grand'mère  précitée  ; 
toutefois,  il  ne  les  appliqua  pas  à  des  futilités,  à  des  a  jolités  » .  II 
parait  avoir  aimé  les  livres  et  s*y  entendait  ;  entre  autres,  il  acquit 
une  suite  de  volumes  qui  sont  vraiment  des  chefs-d*œuvriï  ilé  calli- 
graphie et  qu'Eusèbe  Castaigne,  de  docte  mémoire,  eut  raison  de 
consigner  comme  tels  dans  une  de  ses  substantielles  études  biblio- 
graphiques *,  attendu  que  les  caractères  du  texte  manuscrit  sont 
sî  purs,  si  corrects  et  si  réguliers  qu'on  les  croirait  grarés. 

Au  surplus,  voici  la  note  qu'il  leur  a  consacrée  et  fjue  nous 
conHrmons,  nous  aussi,  de  visu  et  de  tactu  : 

a  La  Bibliothèque  publique  d*Angoulème  possède  quatorze 
volumes  in-4*  manuscrits  du  comte  de  Boulainvillier»,  et  entre 
autres  deux  volumes  de  V Histoire  du  Gouvernement  de  France, 
sept  volumes  des  Mémoires  des  Généralités  de  France  et  un 
volume  de  Pièces  détachées  sur  l'Histoire  de  Franct\  lesquels 
forment  dans  leur  ensemble  à  peu  près  tous  les  matériaux  de 
l'État  delà  France,  Ces  manuscrits,  chefs-d'œuvre  decallîgrapliie, 
ont  été  copiés,  de  1714  à  1722,  sur  les  originaux  de  Tauteur, 
pour  M.  Louis  Le  Bouthillier  de  Pont-Chavigny  et  de  lillesaiin, 
dont  les  armes  sont  estampillées  sur  les  frontispices;  et  celles  de 
M.  de  Crussol-Monlauzier,  à  qui  ces  volumes  appartenaient  avant 
la  Révolution,  sont  collées  sur  le  dos  de  la  reliure  (mnr.  ciir.,  dor. 
s.  tr.).  Celte  indication  servira  peut-être  à  faire  retrouver  ïe  tome  V 
des£'a'/râfV5,qui  manque  à  la  collection  et  qui  contenait,  entre  autres 
généralités,  celles  de  Limoges,  de  la  Rochelle  et  de  Poitiers,  d 


>  Eusèbe  Castaig.vb,  Essai  d'une  Bibliothèque  historique  de  i  Angaumoîi. 
(Angoulême,  18V7,  in-8«.) 

Ù6 


882  LES   GRANDS    AMATEURS    ANGOUMOISINS. 

Castaigne  fait  aussi  mention  d'un  autre  manuscrit,  d'après  la 
Bibliothèque  historique  de  la  France,  tome  III,  n«  30,  718, 
Ms.  —  Lettres  de  M.  Du  Perron,  évêque  d'Angouléme,  écrites 
depuis  le  10  juillet  1634  jusqu'au  12  mai  1644,  sans  indication  de 
format.  Ce  manuscrit  avait  appartenu  à  D^nti-Fraii^oîi  Bodthilliki, 
évéque  de  Troyes  en  1667,  après  la  démission  faite  par  son  oncle, 
ensuite  archevêque  de  Sens  *. 

Ce  messire  Denis-François  a  été  buriné  par  Saint-Simon  qui  lui 
fit  sentir  Tacuité  de  son  esprit.  Il  savait  beaucoup,  brilla  dans 
toutes  les  assemblées  du  Clergé  et  plus  encore,  dans  le  monde,  ao 
jeu  et  au  milieu  des  dames'  ;  parfois,  il  visitait  son  diocèse.  C'était 
un  de  ces  évêques  non  résidants,  comme  il  s*cn  trouvait  nombre 
autrefois.  Ses  livres  sont  recherchés  ;  ils  portent  VexMhris  de  ce 
prélat,  c'est-à-dire  ses  armes  familiales  :  d'azur  à  trois  fusées  dor 
rangées  enfasce. 

Bouthillier,  surintendant  des  finances,  habitait  Thôtel  de  Clèves. 
rue  du  Louvre;  Bouthillier,  comte  de  Chavigny,  Thùtel  de  la 
Force,  rue  du  Roi-de-Sicile.  On  trouve  mention  d'an  Bouthillier 
de  Chavigny  parmi  lesprincipaux  personnages  qui  habitèrent  Thôtel 
de  Harlay,  rue  Saint-Claude.  {Les  anciens  hôtels  de  Paris,  par  le 
comte  d'Aucourt.) 

La  marquise  DE  Ruffeg.  Dans  le  Catalogue  des  livres  de  cette 
haute  dame  —  digne  de  la  citation  d'un  Brantôme,  —  catalogue 
rarissime  rédigé  à  l'occasion  de  la  vente  de  sa  bibliothèque  et  de 
ses  objets  précieux,  il  est  dit  que  la  bibliothèque  et  le  cabinet  de 
la  marquise  de  Rufiec  ne  venaient  pas  de  ses  deux  maris,  mais 
qu'ils  avaient  été  formés  par  elle-même.,  a  La  richesse  de  ses 
appartements,  l'élégance  recherchée  de  ses  bijoux,  le  goût  exquis 
de  ses  ameublements  découvrent  en  elle  une  intelligence  très 
complète  de  tout  ce  qui  concerne  les  Beaux-Arls.  On  a  vu  la  vente 
qui  s'en  est  faite,  après  son  décès,  suivie  par  un  concours  étonnant 

*  On  écrivait  Le  Bouthillier  ou  plus  simplement  Boutliillîer,  cooforméineal  i 
l'orthographe  adoptée  par  Sébastien  Boutillier,  allas  Bouthillier,  conseiller,  poU 
échevin  du  Corps  de  ville  d*AngOuIême,  au  seizième  siècle.  (Archives  oooudb- 
nalcs  d'Angoulême,  Reg.  des  Délibérations.  —  Voir  aussi  Vicier  de  l%  Pile.  / 
ciV.,  édit.  Michon.) 

*  Voir  Mémoires  de  Saint-Simon.  (Édit.  Mommerquic  et  Paris,  t.  III,  p. 
32.) 


r 


LES   GRANDS   AMATEURS    ANGOUMOISIIV!  S.  $H^ 

des  personnes  les  plus  distinguées  et  par  les  plus  habilcg  connais* 
seurs.  n 

On  peut  dire  de  Mme  la  marquise  de  Ruflec,  rivale  en  h  curio- 
sité n  de  Mme  de  Mazarin,  —  et  l'indiscret  mais  avisé  Casanova 
rétablit  dans  ses  Mémoires  d'une  façon  piquante  et  peut-être 
même  cynique  —  vraiment  «  naturaliste  »  ,  —  qu'elle  possédait  le 
démon  de  toutes  les  curiosités. 

Sauveur-François  Morand,  chevalier  et  secrétaire  de  l'ordre  du 
Roi,  associé  pensionnaire  de  TAcadémie  àcA  sciences,  né  le 
2  avril  1697,  à  Chabanais  (Charente),  ou  près  de  cette  petite 
ville.  La  principauté  de  Chabanais  appartenait  à  Colbert.  D'autre» 
personnages  qui  se  sont  illustrés  y  naquirent  :  LaQuinlinye,  surin- 
tendant des  jardins  du  roi  Louis  XIV  ;  Goursaud,  chirurgien  en 
chef  de  THôpital  des  Petites-Maisons  et  professeur  au  Cnllêge  de 
chirurgie  de  Paris  ;  les  quatre  frères  Dupont  dunt  Vun  s'allia  aux 
Carnot  (les  Dupont  qui  ont  marqué  dans  Tarmée,  daus  Téplscopat 
et  daiis  l'administration). 

Suivant  des  biographes,  contemporains  de  Âîorand,  it  étnli 
d*aimable  caractère,  obligeant  et  homme  d'esprit  parfait.  Cet 
opérateur  éminent  décéda  le  21  juillet  1773;  son  nom  a  été  immor- 
talisé par  J.-J.  Rousseau,  auquel  il  prodigua  ses  soins. 

La  vente  de  son  cabinet,  faite  en  1773,  se  comj>o.sait  de  plusieuri 
antiques,  bronzes,  médailles  et  monnaies,  —  parmi  lesqut^ls  u  le 
Bœuf  Apis  ^  bronze,  de  la  plus  belle  conservation  Rt  antiquité.  Ce 
bronze  porte  trois  pouces  de  haut  sur  cinq  de  lon<;,  adjn;ijé  : 
150  livres.  »  Deux  Impératrices  en  albâtre  ;  les  tètes,  les  pieds  et 
les  bras  sont  de  bronze  :  331iv.  — Six  Médailles  c/'arde  souverains 
contemporains:  1,179  liv.  9  sols.  —  Dix  Médailles  d^argent  de 
souverains  et  autres  personnages  :  79  liv.  ~  In  gros  diamant 
brillant^  entouré  de  dix  gros  carats  et  de  dix  petits  datis  le^ 
angles,  le  tout  blanc.  Cette  bague  est  d'une  grande  conséquence, 
dit  le  Catalogue  :  vendue  6,001  livres.  —  Une  jjrande  Croix  ih 
V  Ordre  de  Saint-Michel,  en  or  émaillé  :  88  liv.  —  Lne  Boite  carrée 
de  belle  agate  d'Allemagne,  montée  en  or  travaillu!  à  jour  ;  elle  e«t 
ornée  d'insectes  composés  d'agate,  de  sardoiiie,  oniyx,  cornaline, 
I  jaspe.  Celte  pièce  curieuse  a  été  faite  par  Hoffmann  :  HOO  liv.  (V-  Le 
I       Trésor  de  la  curiosité,  par  Charles  Blanc,  tome  ^^) 


884  LES   GRANDS   AMATEURS   AKGOIJIIOISINS. 

La  vente  de  la  bibliothèque  Morand  eut  lieu  Tannée  saîvanle. 
Voir  Catalogue  des  livres  de  la  bibliothèque  de  feu  H.  Horand,... 
Paris,  Prault,  1774,  in-8%  Le  Bibliophile  français  a  reproduit 
son  eX'libris,  Armes:  d'azur  à  cinq  cotices  d'argent  ;  au  franc 
canton  d'azur  chargé  d'une  épée  d^ argent  garnie  d'or. 

Le  Livre-Journal  de  Lazare  Duvaux  nous  (ait  connaître  que 
Morand  achetait  chez  ce  a  marchand-bijoutier  ordinaire  du  Roy  '  r . 

Le  marquis  d£  Colbert-Chabanais,  maréchal  de  camp,  avait 
tendu  les  appartements  de  son  château  de  Chabanais  de  belles 
tapisseries  dont  trois  ou  quatre,  qui  nous  sont  connues,  mettent  eo 
scène  Thisloire  de  Don  Quichotte  ;  d^autres  représentent  des  chasses 
royales  d*après  des  cartons  de  A.-F.  Van  der  Meulen. 

En  1776,  Joullain,  Texpert  très  employé,  procéda  à  la  vente 
des  tableaux  du  marquis;  Charles  Diane  mentionne  les  suitants: 
Paul  Mattais.  Enée  et  Didon;  400  livres.  —  Tournières.  Portrait 
du  Titien  et  de  sa  maîtresse;  111  livres.  —  Jouvenet.  Sacrifice 
d'Iphigénie.  Tableau  cité  par  d'Argenville  dans  son  Voyage  pitto- 
resque de  Paris,  et  acheté  3.000  livres  par  le  prince  de  Conti.^— 
Monnoyer.  Deux  tableaux  de  fleurs  et  de  fruits;  490  livres. 

Pierre  Guillebaud,  dit  Doii  Pierre  de  Saint-Rouuald,  a  noté 
divers  Cabinets  de  curiosité  cités  dans  le  cours  de  ces  notices.  I! 
fallait  bien  qu*il  fût  tant  soit  peu  connaisseur  pour  en  parler  avec 
une  certaine  autorité.  En  tout  cas,  il  a  rapporté  des  renseigne- 
ments estimés  intéressants  'sur  des  «  Amateurs  »  ;  à  ce  titre,  il 
mérite  d'être  ici  mentionné. 

Pierre  Guillebaud,  né  à  Angoulêmele  21  février  1586,  était  fils 
de  Jean  Guillebaud  et  de  Jeanne  Masson  —  dont  il  fit  les  épitaphes 
(V.  p.  262-263  de  son  Hortus  epitaphiorum  )  ;  il  fut  quelqoe 
temps  chanoine  de  Téglise  Saint-Pierre  de  sa  ville  natale  ;  ensuite, 
il  pritThabit  religieux  et  devint  le  «  R.  P«  Pierre  de Saint-RomuaU, 
Feuillant  » . 

C'était,  j'imagine,  un  amateur  platonique  ;  mais,  enthousiaste 
rhéteur,  ii  cultivait  Thyperbole  et  la  faisait  largement  s*épanoair. 

>  Livre-Journal  de  Lazare  Duvaux ,  1748-1758,  publié,  avec  Tt  Arerl 
ment  et  la  iVote  «  de  M.  Louis  Gourajod,  par  la  Société  des  Bibliophiles  i 
çais.  (Paris,  1873,  2  vol.  in-8o.) 


1 


LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUIIOISINS.  885 

Se  reposant  de  ses  travaux  historiques  par  la  composition  d*épi'* 
tapbes  en  latin  et  en  français,  Guillebaud  consacra  un  distique 
mémoire  «  dun  peintre  qui  ne  cédoit  guère  à  Raphaël  d'Urhaih. 
n  est  enterre  à  Rome.  » 

Un  des  neveux  de  Guillebaud  fut  peintre  à  Angouléme  (dix* 
septième  siècle),  peintre  médiocre,  très  probablement;  nous  ne 
connaissons  aucun  de  ses  ouvrages. 

Dame  Hippolyte  Bouchard,  marquise  et  maréchale  d^Aubeterrk, 
commanda  deux  statues  de  marbre  représentant  :  «  Tune,  le  défunt 
maréchal  d'Aubeterre,  son  mari;  —  Tautre,  ladite  dame  elle- 
même»,  aux  termes  d'un  marché  passé  entre  Mme  d*Aubeterre 
et  Simon  Van  Canfort,  sculpteur  de  la  ville  d'Anvers  \  à  Aubeterre, 
le  27  janvier  1630. 

Sans  être  .  probablement  a  connaisseuse  » ,  Mme  d'Auheterre 
demanda  du  moins  à  TArt  de  perpétuer  sa  douleur  et  de  l'inter- 
préter. 

Tison  d^Argence.  Leur  hôtel,  sis  sur  le  territoire  de  la  paroisse 
de  \'0tre-Dame  de  la  Peyne,  à  Angoulôme,  était  le  point  central 
d'une  aristocratie  de  haut  parage;  les  seigneurs  de  céans  y  don- 
naient le  ton  à  une  foule  de  braves  gens  <(  entêtés  de  noblesse  v , 
comme  dit  si  bien  Le  Sage*.  On  y  voyait,  réunis  à  certaines  heures 
des  Chàteaubrun,  des  de  La  Place  —  dontTun,  Pierre,  fut  une  des 
grandes  figures  de  la  Réforme,  —  des  Villoutreys,  des  La  Char- 
lonnie,  des  Du  Tillet,  d'autres,  d'autres  encore  dont  les  noms 
empliraient  cette  page. 

En  leur  maison  d*Angouléme,  les  Tison  d'Argence  avaient  un 
somptueux    mobilier;   plusieurs   tableaux   dont  un   bel   Hubert 


^  Ce  contrat,  découvert  par  M.  Paul  de  Fleury.  archiviste  de  la  Charente,  a  été 
communiqué  par  notre  ërudit  confrère  à  la  Société  archéologique  et  historique 
de  ce  département,  le  14  janvier  1885. 

Les  deux  statues  funéraires,  grandeur  naturelle,  agenouillées,  existent  encore, 
mais  fort  dégradées.  Klles  sont  placées  sur  la  plate-forme  du  tombeau  monolithe 
qui  se  trouve  dans  l'église  souterraine  d'Aubeterre.  La  statue  de  la  maréchale  est 
décapitée  :  la  tête  a  servi  de  contrepoids  au  tournebroche  d'un  honnête  habitant 
de  cettedite  commune,  pendant  plus  de  trente  ans;  actuellement  elle  est  dans  le 
cabinet  de  If.  B... 

'  Diabte  boiteux. 


886  LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOlSIXS. 

Robert  :  Terrasse  italienne  \  quelques  Lons  porlrails  de  famille, 
de  nombreuses  porcelaines  de  la  Chine  et  du  Japon,  enfin  dent 
très  beaux  Inslres  avec  pendeloques  de  cristal  *;  de  leur  biblio- 
thèque je  ne  dirai  pas  grand^chose,  n'en  connaissant  qu'une  do- 
.quantaine  de  livres  reliés  en  maroquin  vert  orné  de  filets  dorés. 

Dans  ces  notes  rapides,  il  va  de  soi  qu'une  sorte  de  décousu,  it 
monotonie  est  inévitable  ou,  du  moins,  difficile  à  éviter,  surtont 
quand  on  n'a  d^autres  prétentions  qu'à  Texactitude  et  la  précî&îoii; 
aussi  marquerons-nous  [simplement  ici  le  nom  d'un  membre  de  li 
famille  d'Argence,  lequel  échangea  avec  Voltaire  une  correspoin 
dance  active. 

Il  est  resté  des  pages  inédites  de  cette  correspondance  voltaî- 
rienne.  En  1874,  soixante-huit  lettres  adressées  par  Voltaire  au 
marquis  d'Argence  de  Dirac,  brigadier  des  armées  du  Roi,  trou- 
vées dans  la  succession  de  M.  Mathé-J)umaine,  avoué  à  Angoul^me, 
furent  revendiqués  par  le  marquis  d'Argence  :  le  tribunal  d'An- 
gouléme  en  ordonna  la  restitution  audit  marquis,  descendant  du 
marquis  d'Argence  de  Dirac,  en  1875. 

Le  marquis  de  Saint-Chamond,  seigneur  de  Coxfoleks,  el  h 
belle  Claire  Mazarelli,  sa  femme,  tinrent  leur  cour  provinciale,  pq 
leur  château  de  la  Villatte  (Charente),  au  milieu  d'objets  artiste- 
ment  façonnés  et  de  brimborions  charmants.  «  .,,  Tous  les  beam 
esprits  de  la  province  s'y  donnent  rendez-vous;  on  y  remarque  oo 
exilé  du  Parlement,  Maupeou,  le  président  Hocquart;  Mme  Rieco- 
boni  y  travaille  en  collaboration  avec  le  marquis;  la  Hîazarellî»  qui 
se  souvient  de  la  Comédie  italienne  d'où  elle  est  partie,  cberclie  à 
tromper  les  ennuis  de  cet  eiil  provincial  :  ce  nest  que  cliafse^, 
fêtes  et  festins;  et  ainsi  tous  s'acheminent  en  riant  vei^  la  grande 
catastrophe  de  la  fin  du  siècle  '.  v 

'  Cette  très  agréable  toile  signée  et  datée  :  «  H.  Roberti,  !76S  • ,  bauL  0*,S7* 
larg.  O'^fSS,  est  en  ma  possessioo. 

'  Après  avoir  été  donnés  à  Téglise  cathédrale  Saint-Pierre  d'Ang^Jul^m^.  ea 
beaux  lustres,  achetés  par  une  marchande  de  la  ville  de  Bordean^.  ïont  deï:efli* 
la  propriété  d'un  ancien  préfet  de  la  Gironde.  Ce  trafic  eut  lîcu  il  y  u  une  iris- 
taine  d'années. 

Voir  sur  les  Tison  d'Argence  mes  notes  sur  Les  anciennes  parùUses  ^^^»f 
léme.  (1882,  in-8".) 

'  Lconide  BABâuo-LARiBiÂRE,  Lettres  charentaises,  1865  (!*■  série,  p.  4V.: 


LES   GRANDS   ÂMATEDRS   ÂBTGOUMOISIX  S  .  BS7 

Largillière  a  peint  un  porfrait  de  Mme  de  Saint-Chamond  :  la 
belle  marquise  est  figurée  jusqu'aux  genoux,  de  grandeur  natu- 
relle, dans  son  costume  d^apparat;  une  négrillonne,  au  second 
plan,  lui  sert  de  repoussoir  ^  Grimm,  qui  n*était  pas  tendret  s'est 
montré  irrévérencieux  et  bruial  envers  la  marquise.  En  1771,  il 
écrivait:  a  Les.  Amans  sans  le  savoir  ont  été  joués  pour  k  pre* 
mière  fois,  le  6  juillet,  à  la  Comédie-Française,  et  cette  pièce  est 
tombée.  On  ne  la  croit  pas  de  deux  amies,  mais  de  Mme  la  mar- 
quise de  Saint-Chamont  seule,  laquelle,  dit-on,  était  autrefois 
fille  entretenue,  connue  sous  le  nom  de  MlleMazarellif  à  laquelle 
on  a  associé,  bien  ou  mal  à  propos,  une  madame  Koxct,  qui  s'en 
est  allée  en  Russie  '.  )> 

M.  de  Saint-Cbamond  possédait  une  paire  de  pistc^lets  richement 
travaillés,  avec  garniture  d'argent  à  ses  armes;  ils  font  aujourd'hai 
partie  du  cabinet  d'un  de  mes  meilleurs  amis. 

Le  marquis  de  Saint-Chamond  possédait  un  cabinet  iPhistoire 
naturelle  cité  par  la  Conchyliologie  nottveUe  de  1767,  p.  313< 

Les  Fé  de  Barqceville  enrichirent  leur  château,  tout  proche  de 
Ghâteauneuf,  d'une  tapisserie  royale  dont  la  manufarture  des 
Gobelins  a  pu  acquérir  des  panneaux  que  Ton  considfire  comme 
des  plus  remarquables  ouvrages  qui  restent  encore  de  TEcole  de 
Fontainebleau  créée  par  François  I'*"  '. 

Ces  fragments  d'un  merveilleux  tissu  faisaient  partie  d'un  im- 
meuble légué  il  y  a  plus  de  vingt  ans  à  la  ville  di*  CtuUeaimeuf 
(Charente).  Nous  avons  quelques  raisons  de  croire  que  cesdites 
tapisseries  ont  appartenu  au  château  des  Montmorency-Fioutteiille. 

Les  Fé  de  Barqueville  avaient  un  mobilier  relativement  Imueui  i 
rhospice  de  Cbâleauneuf,  héritier  de  cette  famille,  a  fait  vendre 
aux  enchères,  il  y  a  environ  dix  ans,  des  fauteuils,  des  canapés  et 

<  Feu  M.  Babaud-Laribière  (Représentant  da  Peuple,  publicîst««  Prt^ret*  elc,), 
dont  j'ai  eu  l'honneur  d'être  le  collaborateur  et  l'ami,  m'a  manln^  re  portruU 
attrayant,  à  Villechaise,  près  Confolens  (Charente).  Il  en  a  élc  faJi  deux  copies» 
voilà  bien  trente-pinq  ans,  par  un  peintre  angoumoisin,  M.  Gui^tn^r  Paillé;  \\\ae 
est  probablement  encore  à  Villechaise,  l'autre  est  chez  Mme  (iu^fave  de  Ren- 
cogne,  à  Aogoulême. 

*  {Correspondance  littéraire,  philosophique  ei  criiique.  (iS il,  i.  Il,  p,  50.) 
'  Suivant  les  termes  d'une  lettre  adressée  par  M.  Darcel^  alor^  administrateur 
des  GobelinSf  à  M.  Emile  Biais. 


888  LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISIKS. 

d'àatres  sièges  sculptés,  des  dix-septième  et  dii-faaitième  siècles, 
-ainsi  que  différents  objets  curieux  ^ 

a  Haute  et  puissante  dame  Mme  Angélique-Isabelle  de  Moxtho- 
RENGY-BouTEViLLE  »  amassait  des  raretés.  Saint-Simon  dit  nette- 
ment qu'elle  était  a  très  avare  et  très  entasseuse  v. 

Marc-René  de  Voter  de  Pauijiy,  marquis  d'Argenson,  né  à 
Venise  —  en  1652  selon  la  plupart  de  ses  biographes  —  était 
Angoumoisin  par  sa  mère»  Marguerite  Houlier  de  La  Pouyade. 
fille  de  Hélie  Houlier,  écuyer,  seigneur  de  la  Pouyade  et  de  Rouf- 
fîac,  lieutenant  criminel  au  présidial  et  maire  d*AngouIéme;  il 
succéda  même  à  son  père  dans  la  charge  de  lieutenant  général 
qu'il  exerçait  en  1689,  lorsque  M.  de  Caumartin,  Tun  des  commis- 
saires des  Grands-Jours  tenus  celle  année-là  à  Angouléme,  lesolli* 
cita  de  quitter  son  siège  et  le  décida  à  se  rendre  à  Paris.  Cette 
charge  était  a  fort  belle  '  »  ;  d'Argenson  la  vendit  75,000  livres  et 
partit.  Dans  le  cours  de  sa  fortune,  il  n'oublia  point  Angouléme 
où  il  avait  débute  comme  magistrat;  nos  historiens  le  constatent 
avec  plaisir.  Se  souvenant  du  collège  Saint-Louis  de  cette  ville,  on 
il  avait  été  élevé,  d'Argenson  y  fonda  un  second  cours  de  philoso- 
phie. Lieutenant  général  de  police,  garde  des  sceaux,  illaissa,  mal- 
gré les  calomniateurs,  le  renom  d*un  homme  de  bien,  d*un  jusiî* 
cier  intègre;  membre  de  l'Académie  française,  où  Fontenelle  pro- 
nonça son  Éloge,  il  fit  partie  aussi  de  T Académie  des  sciences,  et 
donna  carrière  à  son  esprit  sagace  et  délié» 

Marc-René  d'Argehson,  qui  avait  épousé  demoiselle  Marguerite 
Le  Fèvre  de  Caumartin,  se  délassait  de  ses  graves  fonctions  offi- 
cielles nu  milieu  de  ses  livres  choisis  avec  un  soin  de  bibliophile 
érndit.  Il  recherchait  les  ouvrages  rarissimes;  à  la  vente  de  Fadmi- 
rable  bibliothèque  du  comte  d'Hoym,  qui  eut  lieu  en  Thôtel  Lon- 
gueville,  en  1738,  il  poussa  jusqu*à  250  livres  un  bel  exemplaire 


1  Glaces  avec  d'anciens  cadres,  tables  ouvragées  et  de  bois  de  rapport,  écraiis. 
boîtes  à  jeux  laquées,  etc.  On  s'est  disputé  uo  très  élégant  petit  canapé,  dont  le 
bois  chantourné  d'artistique  façon  Louis  XV  avait  attiré  l'attention  desamatew 
Si  mes  souvenirs  sont  fidèles,  il  a  été  vendu  1,800  francs;  Tétoffe  de  soie  en  é^ 
quasiment  loquetée. 

•  Gkrvais,  ioc.  cii. 


J 


LES   GRANPS   AMATEUBS   ANGOUMOISINS.  889 

du  Roman  des  RomanSj  qui  n'avait  été  vendu  que  121  livreu,  en 
1725  '  ;  il  y  acquit  aussi  pour  150  livres  les  2  volumes  in-fol.  de 
Diverses  vues  de  France  et  d* Italie,  gravées  par  Israël  Sylvestre 
et  Callot.  Les  livres  provenant  de  la  bibliothèque  de  M.-R.  d'Ar- 
genson,  frappés  à  ses  armes,  sont  très  recherchés;  ils  sont  inscrits 
aux  catalogues  des  plus  fameux  explorateurs  délivres. 

IVîIle  raconte  dans  son  Journal*  qu*il  acheta  v.  deux  superbes 
tableaux  faisant  pendants,  de  N.  Berghem. ..  Ils  ont  appartenu  autre- 
fois à  M.  de  Voyer  d*Argenson  et  occupaient  une  place  distinguée 
dans  son  beau  cabinet,  comme  aussi  dans  celui  de  H.  Gaignat.  » 

L'église  de  Plassac-RoufBac ,  paroisse  dont  le  marquis  d'Ar- 
genson  était  le  seigneur,  reçut  de  sa  munificence  a  une  belle 
statue  de  la  Sainte  Vierge,  en  marbre  blanc  »  ;  j'ignore  ce  qu'elle 
est  devenue. 

Son  petit-fils  eut  également  le  goût  des  Lettres  et  des  Arls  et 
protégea,  à  l'exemple  de  son  aïeul,  l'importante  Académie  de 
Saint-Luc  '. 

Jean  Gervais,  lieutenant  criminel  au  présidial  d'AngouIème, 
mérite  d'être  cité.  La  plupart  de  ses  livres,  dont  un  certain  nombre 
nous  sont  connus,  étaient  simplement  reliés  en  basane  noire,  à  la 
mode  janséniste,  mais  il  en  avait  aussi  revêtus  de  maroquin  rouge; 
il  leur  appliquait,  en  guise  A'ex-lihris^  sa  large  signature  soigneu- 
sement calligraphiée. 

J.  Gervais,  esprit  observateur  et  judicieux,  a  écrit  des  Mémoires 
sur  VAngoumois  dont  l'original  est  déposé  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, et  que  M.  G.-B.  de  Rencogne,  qui  fut  archiviste  de  la  Cha- 
rente, a  publiés,  en  1864,  sous  les  auspices  de  la  Société  archéolo- 
gique et  historique  de  ce  département. 

Né  à  Angouléme  le  2  mai  1702,  Gervais  fut  nommé  maire  de 

'  Voir  baron  Jérôme  Pichon,  Vie  du  comte  d'Hoytn,  —  Voir  aassi  le  Biblio- 
phiiefrançais, 

*  Mémoires  et  Journal  de  /.«C.  Wille,  graveur  du^Roi,  publiés  par  Georges 
Duplessis.  (Paris,  1857,  2  vol.  in-8».  t.  I,  p.  398-399.) 

■  Lit  te  de  l'Académie  de  Saint-Luc,  des  Arts  de  Sculpture^Peinture. 

Je  trouve  cité  dans  le  Bibliophile  français  (t.  V,  p.  123),  au  nombre  des 
livres,  recueils  tant  manuscrits  qu'imprimés,  d*une  importance  esceptionnclle,  la 
Collection  des  pièces,  lettres  politiques,  historiques  et  littéraires  de  1630  à  1757, 
par  M.  oB  VovBR  d'Argenson.  Cette  Collection  a  été  détruite. 


890  LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUIIOISINS. 

cette  ville  sar  la  présentation  du  Corps  de  Ville  et  administra  a?ec 
sagesse;  il  mourut  le  23  septembre  1774. 

M.  CossoN  DE  GuiMPS  faisait  partie  des  principaux  bibliophiles 
qui  tinrent  un  rang  honorable  dans  notre  province,  au  dix-hai- 
tième  siècle.  Les  Cosson  devinrent  Cosson  de  Gnimps  après  avoir 
a  payé  la  finance»  ,  au  siècle  dernier. L*un  d*eux  fut  maire  d^Angoo- 
lème  (1731-1738).  C'étaient  donc  des  gentilshommes  de  la  &  petite 
passe  » ,  —  comme  dirait  Beroalde  de  Verville. 

Vex'lihris  de  M.  de  Guimps  a  élé  gentiment  dessiné  et  gravé 
par  de  Monchy. 

Le  Camus  de  Néville.  C'est  du  dernier  «  très-haut  et  très-puis- 
sant  seigneur  »  de  Bourg-Charente  qu'il  s'agit.  François-Claude- 
Michel-Benoit  Le  Camus  de  Néville,  chevalier,  conseiller  du  Roi 
en  tous  ses  Conseils,  maître  des  Requêtes  ordinaire  de  son  hôtel, 
directeur  général  de  la  Librairie  et  Imprimerie.  En  plus  de  ces 
titres,  il  était  aussi  «  châtelain-palron  de  Néville,  du  Port-Navarre 
et  autres  lieux.  Intendant  de  la  Généralité  de  Guyenne  et  demeu- 
rant ordinairement  à  Paris,  dans  son  hôtel,  ruedelaVîlle-rÉvéque, 
paroisse  de  la  Magdelaine  » ,  aux  termes  d'une  pièce  ofEcielle 
manuscrite  qui  fait  partie  d'une  liasse  des  Archives  déparfemen- 
tales  de  la  Charente.  (Fonds  des  biens  nationaux  (familles),  1788 
et  suivantes  années.) 

A  juste  titre,  enfin,  nous  Tavons  classé  parmi  les  grands  ama- 
teurs angoumoisins.  Il  fut  une  figure  assez  originale  au  dix-hoi- 
tième  siècle  et  qui  valait,  en  attendant  mieux,  d'être  relevée  en  an 
croquis  rapide. 

On  trouvait  en  ce  personnage  du  gentilhomme,  du  fînander, 
même  du  fonctionnaire  pratique  tel  qu'on  en  voit  dans  les  sphères 
élevées  de  notre  époque.  Chez  lui,  Thommede  bon  gont,  le  biblio- 
phile surtout,  ne  dédaigna  pas  le  soin  de  ses  intérêts  positifs. 

M.  Le  Camus  de  Néville  avait  épousé  la  veuve  de  M.  Bareao  de 
Girac  :  dame  Rambaud. 

La  malice  des  publicistes,  —  des  pamphlétaires  peut-être,  —  loi 
attribuait  une  filiation  d'aventure;  les  Mémoires  secrets^  ontaiu 

>  Mémoires  secrets  pour  servir  à  r Histoire  de  la  République  des  Lettres 


i 


LES    GRANDS    AMATEURS   ANGOUMOISINS.  891 

dirigé  sur  M.  Le  Camus  des  notes  mulsonnantes  relativement  à  son 
administration. 

Chaque  année,  le  seigneur  «  directeur  de  la  Librairie  et  Impri- 
merie »  venait  en  ses  terres  de  Bourg-Charente  et  du  Tillou;  il  y 
résidait  quelque  temps.  Cette  villégiature  lui  convenait,  le  repo- 
sait de  son  train  de  vie  mondain.  Il  y  menait  Texistence  calme, 
largement  aisée,  au  milieu  d'un  confort  dont  les  inventaires  dressés 
sous  la  Révolution  nous  ont  laissé  le  tableau  précis.  Sa  biblio- 
thèque, notamment,  tenait  une  place  considérable  à  Bourg-Clia* 
rente.  Elle  fut  saisie,  le  14;  ventôse  an  II,  par  arrêté  du  représen- 
tant Romme,  commissaire  de  la  Convention  nationale,  en  même 
temps  que  la  bibliothèque  et  le  cabinet  de  curiosités  du  comte  de 
Jarnac,  puis  transportée  à  Angouléme.  La  Bibliothèque  commu- 
nale reçut,  par  euphémisme  officiel  on  doit  dire  recueillit  ainsi  un 
très  grand  nombre  de  livres  provenant  desdits  seigneurs  do  Jarnac 
et  de  Bourg-Charente. 

Les  livres  de  Le  Camus  de  Néville  portent  soit  son  ex-Uhris 
gravé,  soit  ses  armes  frappées  sur  les  plats.  Ses  ex-libris  sont  de 
deux  formats. 

M.  Le  Camus  de  Néville  signait  :  Le  Camus  de  Néville,  le  plus 
souvent  (V.  pièce  datée  1784,  Arch.  dép.  de  la  Charente,  fonda 
des  Emigrés);  il  signait  aussi  plus  simplement  :  Néville,  (Papiers 
et  note  communiqués  par  M.  Joseph  Castaigne.)  La  Révolution  Rt 
main  basse  sur  ses  propriétés  parce  qu'il  avait  émigré.  Ses  créan- 
ciers,   en    nombre   (voir  fonds  des   Arch.   précité),   réclamèrent  ^  \ 

auprès  du  District  de  Cognac.  l| 

Le  26  octobre  1792,  on  rédigea  «  procès-verbal  ou  inventaire 
des  objets  mobiliers  qui  sont  dans  les  maisons  de  Bourg  et  de 
Tillou  qui  appartiennent  au  sieur  Camus  Néville  et  son  épouse, 
émigrés  » .  On  vendit,  le  29  germinal  an  III,  une  berline  et  nue 
diligence  lui  appartenant  :  a  berline^  limonière  et  liartmisj 
estimés  1,500  livres  »,  furent  adjugés  moyennant  5,000  livres; 
un  autre  document  des  Archives  (même  liasse  indiquée)  étahiit 

France,  depuis  MDCCLXII  jusqu'à  nos  jours,  ou  Journal  d'un  ohervaieur^ 
t.  XIV*,  à  Londres,  chez  John  Adamson,  MDGCLXXX.  L'exemplaire  de  cet 
ouvrage  que  je  possède  est  aux  armes  de  Le  Camus  de  Néville  ;  le  Tait  e:ii  piquant 
à  constater.  Ce  Le  Camus  était  un  homme  d'esprit.  (Voir  aux  Pièces  juslificat^vei, 
n*»  l.) 


892  LES    GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISIXS. 

aussi  la  vente  aux  enchères  d'une  autre  diligence  4,300  livres. 

Le  château  de  Bourg-Charente  vidé  de  ses  meubles,  mis  à  sac, 
fut  séquestré,  bien  entendu,  et  le  citoyen  Harmand,  représentant 
du  Peuple,  demanda  et  obtint  que  le  citoyen  Le  Coq,  Tun  des 
membres  du  Directoire  régional,  fût  commis  à  Teffet  de  visiter  le 
château,  a6n  d*y  loger  250  prisonniers  de  guerre,  «  la  Rochelle 
ne  pouvant  plus  contenir  les  prisonniers  espagnols  n  .  (Reg.  n"*  132, 
Arrêts  et  délibérations  du  département  y  du  12  novembre  1790  aa 
20  ventôse  an  II.  Arch.  dépt.) 

Voilà,  d*une  plume  hâtive,  quelques  renseignements  inédits  sur 
un  curieux  de  belles  choses  et  de  raretés  bibliographiques  dont  les 
livres  sont  encore  recueillis  par  les  plus  éminents  bibliophiles  de 
notre  temps  \ 

Le  Camus  de  Néville  faisait,  d'ordinaire,  habiller  ses  livres  en 
veau  fauve  glacé  ou  en  maroquin  rouge  chargé  de  ses  armes  dans 
un  élégant  cartouche.  Il  possédait  entre  antres  beaux  volumes  la 
Bible  polyglotte  de  Vitré,  in-folio,  reliée  en  maroquin  rouge,  pro- 
venant de  la  riche  bibliothèque  de  Michel  Bégon,  ci-devant  inten- 
dant de  la  marine  à  Rochefort,  lequel  Bégon  avait  emprunté  sa 
devise  à  Grolier  :  «  Michaeli  Begon  et  amicis*.  » 

L'inventaire,  fait  pendant  la  période  révolutionnaire,  du  mobi- 
lier du  château  de  Bourg-Charente  est  assez  intéressant.  On  y  relève 
quantité  de  beau  linge,   notamment  des  a  serviettes  en  toile  de 
Béarn  » ,  des   «  porcelaines  de  Limoges,  de  la  faïence  fine,  de  la 
faïence  anglaise  »  ,  des  bras  de  cheminée  en  cuivre  doré,  un  jeu  de 
loto  Dauphin  (très  à  la  mode  alors).  Dans  la  grande  salle  de  com- 
pagnie :  quatre  chaises  garnies  de  perse;  deux  tables  à  thé  de  bois 
d'acajou;  une  lunette  anglaise  avec  sa  boite  ;  un  canapé  et  douze 
fauteuils  en  tapisserie  en  soie  ;   six  chaises  garnies  de  la  même 
manière  ;  nn  tabouret  en  tapisserie;  un  lustre  en  cristal  ;  six  bras  de 
cheminée  en  bronze  doré.  Dans  a  Tappartement  occupé  par  le  sieur 
de  Néville,  s'est  trouvé  :  un  lit  à  la  polonaise...  un  bureau  en  par- 
queterie;  un  bureau  en  marqueterie  ».  Dans  Tanlichambre  :  aoê 
table  de  bois  d'acajou  avec  un  tour  d'imprimeur.  Dans  Tapparle- 

1  La  bibliothèque  Irès  importante  du  baron  Jérôme  Picbon,  dont  une  partie 
été  vendue  en  mai  1897,  contenait  deux  ouvrages  imprimés  provenant  de  la  btUi 
thèquc  de  Le  Gamu«  de  Néville,  n»>  1092  et  1443  du  Catalogue. 

*  Celle  belle  Bible  appartient  à  la  Bibliothèque  dWngoulémc. 


LES   GRANDS    AMATEURS   ANGOUMOISINS.  803 

ment  de  inailame  :  un  lit  a  la  turque  en  moire  et  en  tapisserie; 
six  fauteuils  en  tapisserie;  un  canapé  en  moire;  un  écran  etimofre 
et  en  tapisserie;  une  petite  table  en  parqueterie;  un  tabouret  de 
velours  d^Utrecht.  Dans  un  a  arrière-boudoir  »...  une  table  à  thé 
de  bois  d'acajou  ;  un  bureau  en  penturjB  de  la  Chine  (sic)  avec  un 
dessus  de  marbre;  une  petite  chifTonnière  chinoise;  un  écran; 
cinquante-six  estampes,  sous  verre,  encadrées,  etc. 

Charles-Rosalie  de  Rohan-Chabot,  comte  de  Jarnac.  Homme 
de  tète,  actif,  menant  de  front  ses  affaires  d'intérêt  et  ses  plaisirs, 
participant  même  aux  fêtes  de  la  Cour  non  par  goût,  mais  par  diplo-^ 
matie,  le  comte  de  Jarnac,  mestre  de  camp  du  régiment  de  Jarnac- 
dragons,  réalisait  le  type  du  curieux  provincial  vers  la  fin  du  dii- 
hnitiëme  siècle  :  sa  bibliothèque,  dont  le  fonds  principal  remontait 
au  berceau  de  sa  maison,  le  nombre  important  de  ses  pièces  de 
porcelaines  fines,  françaises  et  étrangères;  son  cabinet  de  physique 
et  d'histoire  naturelle  (coquilles,  cristaux^  collections  entomolo- 
giques);  enfin  ses  multiples  portefeuilles  emplis  de  dessins  et 
d'estampes  bien  choisis  *  affirmaient  ses  qualités  d'amaleur  întcllî- 
gent  et  éclairé,  de  crayonneur  agréable,  de  chercheur  avisé. 

Envoyait-il,  de  Paris,  à  son  fidèle  architecte  factotum,  François- 
Nicolas  Pineau,  des  morceaux  d'artistes  réputés,  notamment  des 
tableautins  de  Hubert-Robert,  des  sanguines  de  Greuzc,  il  inscri- 
vait sur  le  châssis  de  la  toile,  sur  le  panneau  ou  an  verso  de  la 
feuille  u  illustrée  m  des  indications  pour  l'exposition  dç  ces 
ouvrages.  ' 

Prolecteur  de  Pineau,  qu'il  avait  eu  dans  son  régiment  de  dra- 
gons, à  Strasbourg,  le  comte  de  Jarnac  était  l'un  des  familiers  du 
grand  a  petit  maître  dessinateur  »  Jean-Michel  Moreau  le  jeiiiie, 
beau-frère  de  Fr.-Xicolas  Pineau;  il  était  des  habitués  de  l'atelier 
de  Joseph  et  de  Carie  Vernet,  parents  de  Moreau;  de  plus,  il 
appartenait  à  «  l'Académie  de  Société  »  formée  par  ces  artîjsles 
d'élite  chez  le  duc  de  Rohan-Chabot,  associé  à  TAcadémie  royale 
de  peinture. 

Ce  comte  de  Jarnac  avait  de  qui  tenir.  Certains  de  ses  prodùces- 

»  Voir  Emile  Biais,  i/.  le  comte  de  Jarnac  et  son  château,  dix-huitième^  dii- 
neuvième  siècles,  d'après  des  documents  inédits.  Angoulême,  i88V,  in-8*'. 


894  LES   GRANDS   AUÂTEURS   ANGOUMOISIXS. 

seurs  au  cliàteau  de  Jarïiac,  sur  territoire  angoumoisin,  ne  man- 
quaient pas  non  plus  du  sens  du  Beau.  L'inventaire  des  meubles 
de  ce  château  seigneurial  \  dressé  le  23  janvier  1668,  à  la  mort 
de  messire  Louis  Chabot,  sur  Tordre  de  la  veuve  (dame  Cathe- 
rine de  La  Rochebeaucourt) ,  porte  mention  d'un  très  grand  nombre 
de  pièces  de  tapisserie,  de  meubles  en  marqueterie,  des  fauteuils 
et  des  chaises  a  fasçon  d'ebesne  avec  filets  d'or  v ,  des  tapis  de 
Turquie,  garnitures  de  lits  de  velours  brodés  d'or,  d'argent,  de 
soie,  etc.,  etc.;  une  argenterie  vraiment  princière.  Les  Chabot 
avaient  transporté  dans  leur  hôtel,  à  Paris,  la  meilleure  partie  de 
leurs  richesses  artistiques;  toutefois,  il  se  trouvait  des  meubles  de 
luxe  et  quelques  tableaux,  mais  non  des  plus  précieux,  dans  leur 
château  de  Jarnac  au  siècle  dernier. 

Nous  avons  eu  Taimable  fortune  de  glaner  quelques*unes  de 
leurs  épaves;  en  voici  Tindicatiou  sommaire  :  sept  petits  tableaux 
de  RuineSy  cascade  Tivoli,  Intérieur  d'un  Temple,  Apothéose 
théâtrale.  Paysages^  par  «  Hubert  Robert  »  ;  —  Bœufs  au  pâtu- 
rage,  «  W.  Hartinck».  —  Pastorale  :  «  F.  Xavery  »  ;  Charles  XII 
chez  les  Turcs,  à  la  plume  touchée  d'aquarelle  :  «  Palmerius  t  ; 

—  Villageoise,  vieillard  (têtes),  sanguines  de  Greuze  ;  —  Paysage 
(animé)  par  Vincent  Vandervinne,  —  Porirali  du  cardinal Mazarin; 

—  Ports  maritimes.   Haltes  de  cavalier  (Éc.  flamande);  — 
^M.  le  duc  de  Rohan,  fait'ce  4  novembre  16Ï4  pour  et  par  D.  Do-  • 
moustier  » ,  dessin  original  aux  trois  crayons;  —  Mlle  de  Mont- 
pensier,  gr.  nat.,  etc. 

Ce  cabiuet  du  comte  de  Jarnac  enfermait  une  suite  nombrease 
de  dessins;  le  peu  qui  nous  en  reste  démontre  bien  qu'il  était 

Agréable  aux  yeux  fias  que  le  bon  sens  éclaire. 

Un  au  Ire  comte  de  Jarnac,  Charles-Annibal  de  Rohan-Chabot, 
dit  le  chevailer  de  Léon  (né  le  14  juin  ^1687),  aima  les  choses 
bien  façonnées.  En  tout  cas,  nous  savons  qu'il  s'approvisionnait 
chez  Torfèvre  Herbeau  d'objets  de  sa  fabrication*. 

*  Inventaire  des  Meubles  et  Effets  existant  dans  le  château  de  Jarnac  en 
1668,  d'après  l'original  des  Archives  de  la  Charente,  avec  deux  héL'ogravures 
publié  etannolc  par  Emile  Biais.  Angouléme,  1890,  in-8\ 

*  Voici  en  quels  termes  il  formulait  sa  demande  d'an  de  ces  objets  : 

«  Je  prie  Herbeau  de  menuoyer  un  petit  flacon  do  poche  avec  son  étuUpoor 


LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUMOISINS.  895 

Enfin  il  n'est  pas  hors  de  propos'de  rappeler  que  le  comte  de 
Jarnac  figure  en  un  tableau  de  B.  Olivier  :  Le  Thé  à  l'anglaise 
chez  le  prince  de  Conti,  (Musée  du  Louvre.) 

Indiquons  aussi  sommairement  des  arcs,  flèches»  harnachements 
mexicains,  un  casque  anglais,  des  minéraux,  dôs  cristaux,  dea 
coquilles,  etc.,  qui  composèrent  Tancienne  collection  de  TÉcoIe 
Centrale  d'Angoulème  (an  VIII)  et  qui  provenaient  du  château  de 
Jarnac. 

François-Nicolas  Pineau,  — fils  de  Dominique  Pineau,  Tèlégant 
et  léger  sculpteur  ornemaniste,  petit-fils  du  maître  décorateur 
Nicolas  Pineau,  celui-là  même  qui  inventa  le  «  contraste  »  en 
sculpture  ornementale,  créant  ainsi  le  style  de  transition  de  la 
Régence,  —  François-Nicolas  Pineau  fut  plus  et  mieux  qu*amateur 
de  médiocre  importance  :  il  fut  artiste  aussi.  C'est  lui  qui  hérita 
et  conserva  des  centaines  de  dessins  de  ses  pères  et  qui  les  laissa  à 
des  héritiers  dont  certains  se  montrèrent  dédaigneux  de  ces  déli- 
cieuses inventions  au  point  de  les  abandonner  aux  caprices  de 
leurs  bambins,  d'y  découper  des  polichinelles,  de  les  entasser, 
avec  des  actes  d'inutile  procédure,  dans  leurs  greniers  et  jusque 
dans  les  paniers  à  vendanger  relégués  à  la  cave,  durant  de 
longues  années,  pour  cause  de  phylloxéra. 

Né  en  plein  épanouissement  du  dix-huitième  siècle  (1746), 
F.-N.  Pineau  suivit  les  cours  de  Tarchitecte  Dumont,  à  Paris, 
remporta  haut  la  main  plusieurs  médailles  à  TAcadémie  royale, 
s'engagea  dans  le  régiment  de  Ja mac-dragons,  devint  l'architecte 


metire  de  Teau  de  Lusse,  que  je  luy  payerai  eu  me  remettant  ce  bilfct;  si  pouvoit 
aussi  menuoyer  par  le  presant  porteur  la  grande  tabatière  d'ecaille  que  je  luy  eay 
donné  a  acomudcr,  il  me  feroît  plaisir  a  cause  que  je  la  renuerrois  en  province 
par  un  homme  quy  par  tout  a  leure;  mes  deux  autres  tabatière  deurois  eslre 
faittc;  je  payeres  le  tout  en  retirant  mon  billet.  Je  ne  ses  sy  Ibomme  quy  deuoit 
aller  prandre  la  mesure  des  coffre  de  mon  carosse  y  a  esté;  je  nous  prie  de  luy 
faire  demander,  car  le  tant  presse,  et  cy  vous  pouuiez  passer  icy  demain  un  car 
d'heure  dans  la  matinée  je  vous  expliqueres  ce  que  je  veux  faire  dans  ces  deux 
coffre . 

K  Jarnac. 

t  A  Paris,  ce  samedy  20  février  1740.  » 

Ce  billet  m*a  été  communiqué  par  M.  le  baron  JérAme  Pichon;  il  faisait  partie 
de  sa  collection  d'autographes. 


896  LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUllOlSINS. 

du  comte  de  Jarnac,  fut  noknmé  par  M.  Lecamos  de  Nérille 
architecte  de  la  généralité  de  Guyenne  et  finit  ses  jours  à  Jarnac,  oh 
le  premier  Empire  Tavait  improvisé  juge  de  paix. 

Pineau»  beau-frère  de  J.-M.  Horeau  le  jeune,  exposait  dans 
ses  appartements,  soigneusement  encadrées  et  sous  verre,  une 
quantité  de  gravures  du  maître  dessinateur-graveur;  il  conservait 
aussi  avec  un  soin  jaloux  des  dessins  et  des  estampes  coloriées  de 
son  neveu  Carie  Vernet.  Il  y  avait  correspondance  régulière  entre 
ces  aimables  gens.  Grâce  à  leurs  confidences  réciproques,  nous  con- 
naissons les  petites  misères  de  leurs  foyers  \  leurs  luttes,  leurs 
désespérances»  leurs  joies.  Chez  cet  excellent  Pineau  Ton  voyait 
tôt  à  qui  Ton  avait  afiaire  :  les  reliefs  de  la  splendeur  de  ses 
parents  oflraient  encore  un  régal  exquis  aux  amoureux  des  Arts 
de  l'ancien  régime,  amoureux  dont  il  était  bien  aussi.     . 

Ce  dix-huitième  siècle  pailleté  d'esprit,  enguirlandé  de  roses  et 
qni  disait  si  joyeusement  :  a  Après  moi  le  déluge!...  »  ce  siècle 
allait  subir  une  transformation  radicale.  Pineau  assista,  certaine- 
ment attristé,  à  cette  révolution  excessive.  En  feuilletant  la  collec- 
tion qui  nous  est  parvenue  de  ses  dessins,  on  sourit  à  la  vue  de  ses 
efibrts  pour  obéir  au  goût  du  Consulat  et  de  TEmpire,  —  alors 
que  le  style  u  néo-grec  »  imposait  officiellement  sa  ligne  froide  et 
rigide  comme  une  lame  de  glaive  aux  héritiers  des  maîtres  char- 
mants de  la  tt  rocaille  »  et  des  «  contrastes  » . 

Marc-René,  marquis  de  Montalembert,  ne  saurait  être  oublié*. 
Ingénieur  militaire,  de  haut  savoir,  Monlalembert  fut  encore  an 
lettré  délicat,  un  amateur  instruit  à  la  bonne  école.  II  aimait  les 
peintures  de  Joseph  Vernet  et  pensait  sur  ce  peintre  charmant 

'  Voir  Emile  Biais,  Les  Pineau,  sculpteurs,  dessinateurs  des  bâliments  du 
Roi,  graveurs,  architectes  (1652-1886),  d'après  des  documents  ioédils,  avec  des 
reoseigoements  nouveaux  sur  J.  Uardouin-Mansard,  les  Prauh,  imp.-iibraires  des 
fermes  du  Roi,  Jeao-Michei  Moreau  le  jeune,  les  Feuillet,  sculpteur  et  bibliothé- 
caire, les  Vernet,  etc.,  édition  des  Bibliophiles  français.  (Paris,  Lahurc.  grand 
in.4".  1892.) 

*  Voir  ma  notice  sur  Le  Corps  de  Ville  d'Angouléme  et  le  marquis  de  IforUa- 
lembert»  (Créalion  de  la  fonderie  de  canons  à  Ruelle.) 

Marc-René  de  Monlalembert  ne  naquit  pas  le  16  juillet  1714,  comme  Tont 
jusqu'à  noos  tous  ses  biographes  :  il  fut  c  baptisé  •  ce  joar-Ià  en  Téglise  d<*  X.-l 
de  la  Peyne,  suivant  l'attestation  du  baptistaire  paroissial.  (Reg.  de  \.-D.  ^ 
la  Peyne.  Arch.  d'Angouléme.) 


■ 


LB8   GRANDS   AMATEUES   ANGOUMOISINS.  831 

comme  Diderot.  Joseph  Vernet  Tavait  connu  à  Avignon;  il  le 
comptait  même  an  nombre  de  Télite  de  ses  familiers  *• 

Dans  le  catalogue  de  Tœuvre  du  maître  «  pastelliste  »  La  Tour, 
on  trouve  mention  d'une  figure  de  Montalembert.  Augustin  de 
Saint-Aubin  a  gravé  son  portrait.  Voir  aussi  son  élégant  portrait 
mis  en  tête  de  son  livre  sur  la  Fortification. 

Montalembert  n'est  pas  oublié  de  ses  concitoyens.  Us  savent  que 
ce  brillant  officier  général,  membre  de  TAcadémie  des  Sciences  et 
de  celle  de  Saint-Pétersbourg,  fut  un  patriote  clairvoyant  :  avec 
Carnot,  avant  Carnot  il  organisa  la  défense  nationale;  nul  plus  que 
lui  n'eut  le  sentiment  profond,  la  pratique  du  désintéressement. 
Ce  savant,  ce  délicat  amateur  fut  aussi  écrivain  aimable,  d*espt  ît 
délié,  élégant  et  clair. 

Les  Montalembert  d*Angoumois  eurent  d'ailleurs  Tintelligence 
du  Beau,  de  TArt  à  des  degrés  différents  ;  en  1705,  un  proche 
parent  du  marquis,  Jehan  Montalembert  de  Cers,  fut  peint  piir 
Nicolas  Monteilh  *.  Le  seigneur  de  Cers  avait  employé  souvent  le 
talent  de  Monteilh,  son  compatriote. 

Un  autre  Montalembert  (Nicolas-Prosper),  a  au  lieu  du  Groc, 
paroisse  de  Fonquebrune,  »  avait  réuni  dans  un  petit  cabinet  tendu 
de  tapisseries  de  Bergame  des  a  livres  rares  et  quelques  jolies 
tableaux  '  v.  Il  n'^en  restait  que  peu  de  chose  en  1793,  le  26 août, 
lors  de  la  vente  qui  fut  faite  du  mobilier  de  ce  Nicolas-Prosper  de 
Montalembert,  émigré^. 

Des  Cordes.  —  Pierre  des  Cordes,  député  à  rAssembléenationale^ 
mourut  premier  président  de  la  cour  de  Poitiers  en  1823.  Né  à 
Angoulème  d'une  famille  d'artisans  qui  compta  parmi  les  siens  des 
procureurs,  des  avocats  et  des  ecclésiastiques  de  savoir  etd*irapec« 
cable  loyauté,  il  descendait  d'une  dame  Jeanne  des  Cordes,  venue  de 
Limoges  à  Angoulôme  dans  le  cours  du  dix-septième  siècle,  ainsi  que 
Tatteste  un  registre  paroissial  de  Téglise  Saint-André  de  cette  ville. 

1  Parmi  les  adresses  enregistrées  par  Vernet,  on  voit  celle-ci  :  c  M.  le  mar- 
quis de  Montalembert,  rue  Neuve  des  Bons  Enfants.  «    (Voir  Joseph  Vernet^  [)ar 
•  ^on  Lagrange.  Paris,  1864,  p.  441  et  passim.) 
Voir  Emile  Biais,  Artistes  angoumoisins. 
Renseignement  communiqué  par  M.  de  Tryon-Montalembert. 
^  Procès-verbal  de  la  vente.  (Archives  di'partementales  de  la  Charente.  Biens 
Uionaux.) 

57 


I 


89S  LES   GRANDS   AMATEURS   ANGOUIf OISINS. 

Il  était  très  probablement  arrière-neveu  de  «  Jean  des  Cordes, 
chanoine  deLimoges,  bibliophile  réputé,  mort  en  1643  >,  dont 
Pierre  Guillebaud,  précité,  6t  Tépitaphe  en  vers  bien  intentionnés 
que  voici  : 

c  Des  Cordes  n'est  pas  mort,  seulement  sa  belle  ame. 
Lasse  d'avoir  uo  corps  pesant  et  ennayeuz, 
L'a  laissé  dans  la  terre  en  une  froide  lame 
Et  s'est  allé  là  haut  reposer  dans  les  cieux  : 
Les  hftrnes  de  scavoir  ont  tousiours  cette  gloire. 
Malgré  la  mort,  de  vivre  au  temple  de  mémoire  '.  « 

Daniel  du  Monstiers  a  dessiné  le  portrait  du  bibliophile  Des 
Cordes.  (V.  la  nomenclature  dressée  par  A.  de  Montaiglon.) 

Pendant  la  période  révolutionnaire,  Pierre  des  Cordes,  citoyen 
incorruptible,  servit  son  pays  en  toute  conscience  :  studieux,  obser- 
vateur sagace,  il  connaissait  et  les  gens  et  les  choses.  Un  de  ses 
délassements  fut  de  réunir  des  objets  d^art  et  de  curiosité  en  petit 
nombre  il  est  vrai,  mais  choisis  à  bon  escient  :  belles  tapisseries 
des  Gobelins  qu*il  acheta  à  Paris,  flambeaux  d'argent,  boites- 
drageoirs  ornées  de  miniatures,  livres  en  belle  reliure. 

Son  (ils,  le  chanoine  Adolphe  des  Cordes,  qui  s'éteignit  âgé  «le 
plus  de  quatre-vingt-douze  ans  en  1894^  avait  beaucoup  vofagé  : 
d'Italie,  il  avait  rapporté  des  vases  antiques,  des  peintures,  des 
bronzes,  etc.  M.  le  chanoine  des  Cordes  s'entendait  eu  émaax 
limousins  dont  il  avait  formé  une  série  intéressante;  il  ornait  aussi 
son  cabinet  de  peintures  des  Breugbel  de  Velours,  de  Sahator 
Rosa  et  de  quelques  autres  maîtres;  enfin  il  possédait  de  belles 
statuettes  en  ivoire  de  vieille  facture.  Avec  ses  qualités  d'ama- 
teur, doué  d'un  esprit  lumineux  et  d'un  caractère  très  élevé,  le 
chanoine.  A.  des  Cordes,  prédicateur  éloquent,  était  réputé  pourson 
infatigable  bienfaisance  et  sa  parfaite  dignité. 

C'est  une  mémoire  à  laquelle,  amateurs  et  gens  de  bien,  noos 
devons  rendre  hommage. 

Claude  Tréueau,  «  maire  d'Angouléme  nommé  à  l'unanimilé 
des  voix  '  »  en  1757.  Conseiller  au  présidial,  savant  eu  JusromO' 

1  Horitti  EpUaphiorurnseledorum.  (Paris,  1648,  in-i2,  p.  358.) 
*  Registre  des  Délibérations  du  Corps  de  ViUe.  (Archivas  municipales 
gonième.) 


'i 


LES    GRANDS    AMATEURS   AN60UM0ISINS.  899 

num  et  sans  doute  en  Droit  français»  M.  Trémeau  avait  probable- 
ment besoin  d^œuvres  d*art  qui  missent  dû  charme  en  son  logis . 
où  dame  Thémis  lui  faisait  escorte.  | 

M.  le  baron  Nivet,  conseiller  .général  de  la  Charente»  m'a 
montré  une  remarquable  partie  du  mobilier  de  son  aïeul  :  quatre 
belles  consoles  en  bois  doré  et  sculpté  avec  table  de  marbre  agatisé 
(dix-huitième  siècle),  un  canapé  et  six  fauteuils  en  tapisserie  (Fables 
de  la  Fontaine)  ;  quelques  bons  tableaux  ;  de  nombreuses  faïences 
françaises  et  étrangères;  des  jattes,  assiettes,  vases,  etc.,  de  porce- 
laine de  la  Chine  et  du  Japons  de  très  élégantes  appIiques-porte-> 
lumière  en  bronze  ciselé  et  doré,  de  belles  commodes  en  bois  de 
rapport,  garnies  de  bronzes  dorés  et  ciselés  (Louis  XV  et  LouisXVI)  ; 
armes  de  luxe  avec  garnitures  d'argent  buriné. 

Nous  lui  devions  bien  cette  petite  citation  —  justifiée. 

En  vertu  des  lettres  de  nobilitation  octroyées  aux  maires 
d'Angouléme,  M.  Claude  Trémeau  devint  M.  Trémeau  de  Fissac. 

Voilà  notre  petite  contribution  à  Thistoire  des  Amateurs  fran- 
çais. 

Emile  Biais, 

ArchÎTiste-Bibliothécaîre  de  la  ville  d'An- 
goulême,  Gorrespoodant  du  Gomilé  des 
Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départe- 
ments. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES  ET  COMPLÉMENTAIRES 

N^  I.  —  M.  Le  Camus  de  Néville  avait  pour  secrétaire  général 
M.  de  Sancy.  (Voir  la  permission,  datée  de  Paris  le  31  juillet  1783, 
donnée  au  sieur  Rouzeau-Montaut,  imprimeur  à  Orléans,  pour  l'impression 
des  Œuvres  complètes  de  Gessner,  3  vol.  în-12.) 

Voici  quelques-unes  des  notes  malsonnantes  auxquelles  nous  avons  fait 
allusion  ;  elles,  proviennent  des  Mémoires  secrets  sus-indiqués  : 

tt  5  avril  1T79-  —  On  parle  beaucoup  d'une  dénonciation  faite  au  Parle- 
ment concernant  M.  Le  Camus  de  Néville,  directeur  de  la  Librairie  ;  dénon- 
lation  qui  roule  vraisemblement  sur  ses  opérations  dans  ce  département.  » 
a  23  juin  1779.  —  La  dénonciation  faite  par  M.  d'Epremesnil  aux 
Ihambres  assemblées  contre  les  arrêts  du  Conseil  rendus  sous  la  direc- 
"■on  de  M.  Camus  de  Néville,  concernant  la  librairie,  ayant  été  renvoyée 


900  LES   GRANDS    AMATEURS    ANGOUUOISIKS. 

au  2  juillet  pour  y  être  statué^  les  gens  de  lettres^  les  libraires  et  aolres 
intéressés  à  ce  qu'elle  ait  des  suites,  ont  jugé  nécessaire  d*éclairerle 
Parlement  au  moment  où  il  va.  s'occuper  de  Taffaire  et  répanda  en  consé- 
quence une  Lettre  d'un  libraire  de  Lyon  à  un  libraire  de  Parité  en  daie 
du  premier  mars  1779.  Toute  la  vigilance  du  chef  de  la  librairie  etda 
garde  des  sceaux  n'ont  pu  empêcher  Papparition  djs  ce  pamphlet. 

«  24k  juin.  —  Outre  la  Lettre  d'un  libraire  de  Lyon  à  un  libraire  de 
Paris^  il  y  a  la  Réponse  du  libraire  de  Paris  en  date  du  15  mars.  L'objet 
de  la  première  est  plus  spécialement  de  rendre  odieux  M.  de  Néville,  en 
découvrant  toute  l'iniquité  de  son  ouvrage  et  les  motifs  de  cupidité  sordide 
qui  l'on  poussé.  Dans  la  seconde,  on  cherche  à  capter  le  Parlement,  et  à 
l'engager  à  ne  pas  se  désister  d'une  recherche  qui  le  compète  et  rentre 
dans  la  plus  essentielle  de  ses  fonctions. 

«  l*' juillet  1779.  —  La  Réponse  du  libraire  de  Paris  est  encore  plas 
vigoureuse,  s'il  est  possible,  contre  M.  Camus  de  Néville.  On  y  avance  des 
anecdotes  et  des  faits  non  moins  cruels  ;  on  lui  reproche  : 

1°  Que  le  produit  de  l'estampillage,  dont  une  partie  étoit  assignée  pour 
les  vacations  des  syndics  et  autres  officiers  de  la  librairie,  est  passé  tout 
entier  entre  ses  mains. 

2»  Qu'ayant  paru  favorable  aux  contrefacteurs,  il  les  à  rudement  vexés 
par  un  impôt  sur  chaque  volume  ;  en  sorte  que  plus  il  avoient  multipliés 
les  contrefaçons,  plus  il  leur  en  a  coûté  ;  au  point  qu'à  tel  libraire  il  en 
coûte  15,000  livres  d'argent  comptant  sec. 

S""  D'avoir  porté  à  un  taux  excessif  le  tarif  qui  taxe  le  format  et  le 
nombre  des  volumes  qu'on  aura  permission  d'imprimer. 

4<'  Ënûn,  qu'en  mettant  ces  impositions  arbitraires,  en  se  réservant  la 
faculté  de  les  augmenter  quand  il  le  voudra,  en  les  établissant  à  perpé- 
tuité, en  ne  se  rendant  comptable  à  personne  des  deniers  qu'il  recevra,  il 
a  formé  une  entreprise  contraire  à  la  constitution  nationale  et  à  toute 
espèce  de  gouvernement. 

C'est  ce  qui  motive  la  confiance  des  libraires  dans  le  Parlement, 
d'autant  que  les  derniers  arrêts  du  Conseil  non  revêtus  de  lettres  patentes, 
sont  absolument  contraires  aux  lois  enregistrées  concernant  la  librairie. 

«  Avant  d'avoir  recouru  à  oette  voie  extrême,  ils  ont  dû  épniser  les 
autres.  Il  falloit  démontrer  à  M.  le  Directeur  que  les  arrêt  violent  mani- 
festement les  loix  de  la  propriété;  que  la  manière  dont  ils. ont  été  faits, 
leur  clandestine,  le  secret  gardé  aux  conseillers  du  bureau  dont  ils  sont 
censés  émanés,  prouvent  la  perversité  de  la  besogne;  que  ses  défen?^»*'' 
ne  sont  que  des  sophistes  et  des  écrivains  flatteurs  mercenaires;  qr~ 
est  contradictoire  et  dans  ses  arrêts  et  dans  ses  apologies  ;  il  faUoit .. 
par  une  requête  bien  motivée  d'obtenir  le  renvoi  des  griefs  au  br 


I.ES   GRANDS    AMATEURS   ANGOUM 0ISIN8.  9C1 

chargé  de  celte  espèce  de  législation;  il  falloît  convaincre  M.  de  Mévîlle 
par  un  jugement  en  justice  réglée,  tel  que  celai  entre  la  dame  Dessaint 
et  le  S'  Paneton,  que  jamais  les  tribunauiç  n'adopteroient  ses  arrêta, 
contraires  à  toutes  les  notions  de  justice  et  d^équité. 

«  2 juillet.  —  Outres  les  deux  lettres  dont  on  a  parlé,  concernant  le^ 
réclamations  des  auteurs  et  des  libraires,  il  en  parolt  une  troisième, 
Lettre  de  M***  à  un  libraire  de  ses  amis,  en  date  du  18  avril  1779.  Son 
objet  est  de  rappeler  sommairement  tout  ce  qui  a  été  dit  de  plusluniineuit 
dans  le  écrits  précédens  en  faveur  des  plaignans,  et  de  faire  senLh-  au 
Parlement  qu*il  ne  peut  s^empécher  de  statuer  sur  leur  griefs,  pour  ne 
pas  être  en  contradiction  avec  les  loix,  auquellesil  a  donné  la  sanction  par 
Fenregîstrement. 

u  S  juillet  1779.  —  Il  est  certain  que  le  Directeur  actuel  de  la  librairie 
a  trouvé  dans  son  tarif  une  mine  d'or,  s'il  pe^ut  le  maînlenir  sur  le  pied 
qu'il  a  imaginé. 

Pour  une  édition  in-folio,  chaque  vol.  tiré  à 1500  exem- 
plaires  '. 2401ivres. 

Pour  une  édition  in-4.  idem 120 

Pour  une  édition  in-8.  idem 60 

Pour  une  édition  in-12.  idem. 30 

Pour  une  édition  in-16.  idem 15 

Telle  est  la  taxe- des  objets  les  plus  importants. 

(i  3  août  1779.  —  M.  le  garde  des  sceaux  \  protecteur  de  M.  de  Nei'ille^ 
qu'on  veut  être  son  fils,  avoit  tant  intrigué  dans  le  Parlement,  qu'il  uvott 
encore  fait  remettre  l'assemblée  des  Chambres  concernant  les  arrêts  du 
^Conseil  sur  la  librairie  au  mardi  10.  M.  Séguier  y  a  parlé,  à  ce  qu'on 
.assure,  avec  beaucoup  de  force,  et  s'est  trouvé  absolument  opposa  aux 
innovations  du  chef  de  la  librairie.  Malgré  cela,  le  crédit  Ta  encore 
emporté  et  il  n'a  rien  été  statué.  » 

Ces  extraits  des  Mémoires  secrets^  sont  donnés  ici  au  seul  titre  de  docu^ 
ment.  Il  est  probable  que  M.  Le  Camus  de  Néville  trouva  à  se  disculper  ; 
mais  je  n'ai  point  eu  le  loisir  de  rechercher  les  preuves  de  sa  justification. 

É.  B. 

1  Go  sait  que  le  garde  des  sceaui  était  alors  M.  Hue  de  Miromcsnil. 
*  Cei  Mémoires,  connus  sous  le  titre  de  Mémoires  de  Bachaumont,  ont  ea 
'■^'^cessivement  pour  rédacteurs  :   L.  Petit  de  Bachaumont,  AI. -F.   Pidan&al  de 
lirobert.  Moufle  d'Angerville  et  autres.  (V.  Barbier,  Dictionnaire  des  Ouvrages 
onymes.) 


^ 


90%     LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL  DE   VILLE   DE    BORDEAUX. 


XLIX 


LES  PEINTRES 

DE 

L'HOTEL  DE  VILLE  DE  BORDEAUX 

ANTOINE  LE  BLOND  DIT  DE  LATOUR 

PEINTRE  DU  ROY,  BOURGEOIS  DE  LA  VILLE  DE  PARIS  ET  NATIF  O'iCELLI, 

PEINTRE  ORDINAIRE  ET  lOURGEOIS  DE  LA  VILLE  DE  BORDEAUX, 

PREMIER  PROFESSEUR  DE  l'ÉCOLE  ACADEMIQUE  ET  MEMBRE  DE  L'ACADteR  DE  PEfFirU 

ET  DE  SCULPTURE  DE  BORDEAUX. 

....  1630  (?)  t  9.  décembre  1706. 

Antoine  Le  Blond  dit- doLatouc  est  né  à  Paris,  d'Antoine  Le 
Blond,  maître  orfèvre  et  bourgeois  de  la  ville  de  Paris  et  de 
Geneviève  Le  Masson.  Il  épousa,  à  Bordeaux,  paroisse  Saint- 
Mexent,  Marie-Madeleine,  fille  de  Jacques  Robelln,  architecte  da 
Roi,  le  7  juin  1665,  fut  nommé  premier  professeur  de  rÉcole 
académique  de  Bordeaux,  le  29  avril  1691,  et  mourut  dans  cette 
ville,  le  9  décembre  1706,  rue  Saint^James,  paroisse  Saint-ÉIof '. 

Antoine  Le  Blond  dit  de  Latour,  peintre  officiel  de  la  ville  de  Bor- 
deaux, eut  une  Influence  considérable  sur  les  Beaux-Arts  dans  la  ré- 
gion du  Sud-Ouest.  Non  seulement  la  déférence,  avec  laquelle  il  était 
traité  par  ses  collègues,  démontre  la  supériorité  de  son  talent  et  de  ses 
connaissances  artistiques,  mais  il  fut  le  fondateur  de  TÉcole  acadé- 
mique de  Bordeaux,  la  plus  ancienne  de  France  *.  A  ce  titre  seul  il 

*  L'École  acûdëmique  de  Lyon  semble  avoir  été  fondée  avant  celle  de  B«i^ 
deaux,  d'après  les  Procès-verbaux  de  rAcadémie  Royale  mais,  M.  Gharvet,  daot 
la  compétence  ne  saurait  être  mise  en  doute,  dit  :  t  Nous  ne  croyons  pas  qoe 
Blanchet  ait  obtenu  des  lettres-patentes  spéciales  pour  Lyon.  •  —  L.  Cliarri*L 
Les  origines  de  renseignement  public  des  arts  du  dessin^  à  Lyon,  tmx  xvi 
xviH*  siècles.  Réunions  des  sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  P; 
Pion  et  0%  1878,  p.  122. 

^  Les  Pièces  justiGcatives  sont  placées  dans  Tordre  chronobgique»  CL 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.    Ô03 

aarait  droit  à  la  reconnaissance  publique.  Écrire  la  vie  de  Le  Blond 
de  Latour,  c*est  faire  Thistoire  de  cette  Ecole  qui,  après  bien  des 
vicissitudes  est  devenue  notre  École  municipale  des  Beaux-Arta. 

Les  notes  biographiques  qui  ont  été  publiées  sur  ce  peintre 
estimable  sont  des  plus  succinctes.  Elles  ne  fournissent  aucun 
renseignement  sur  ses  parents,  sur  ses  travaux  et  présentent  qtial* 
ques  affirmations  plus  que  douteuses. 

Nous  avons  été  assez  heureux  pour  trouver  dans  les  minutes  des 
notaires  et  dans  les  feuillets  non  classés,  débrisde  Tincendie  de  nos 
archives  municipales*,  de  très  nombreux  documents  qui  nous  per- 
mettent de  faire  connaître  la  famille  de  notre  peintre,  une  partie  des 
portraits  et  des  tableaux  qu'il  a  exécutés  et  les  difficultés  qu*il  a  eues 
à  subir  pour  établir  et  maintenir  TÉcole  académique  de  Bordeaux. 

Les  pièces  justificatives  annexées  au  mémoire,  que  nous  avons  ^ 

rhonneur  de  {)résenter,  faciliteront  notre  tâche.  Il  suffira,  en  effet,  i 

que  nous  résumions  brièvement  les  diverses  pièces  qui  concernent 
Le  Blond  de  la  Tour,  peintre,  écrivain,  professeur,  pour  que  Ton  i 

puisse  apprécier  le  talent  de  Tartiste,  et  que  nous  réservions  un  cha*  i 

pitre  renvoyant  aux  documents  sur  sa  famille  pour  que  rhomme  | 

privé  soit  connu. 


Lehlond  de  La  tour ^  peintre  de  VHotel-de-Ville. 

Le  6  juin  1665  a  Antoine  Le  Blond  dict  de  Latour  a  preste  le 
u  serment  de  peintre  ordinaire  de  la  Ville  au  cas  resquis  et  accous- 
«  tumé,  au  lieu  et  place  de  Philippe  Deshays  n ,  lit-on  dans  le 
registre  de  la  Jurade.  C'est  la  première  mention  officielle  qui 
concerne  notre  peintre.  Le  lendemain,  il  se  mariait  à  Saint- 
Mexent,  en  exécution  de  son  contrat  de  mariage  passé  par-devant 
M'  Licquart,  notaire,  le  3  mai  1665. 

date  citée  iadique  arnsi  la  preuve,  sans  avoir  besoin  de  répéter  indéfiniment  les 
renvois  aux  pièces  annexées. 

*  Nous  rappelons  que  c*est  dans  les  feuillets  demi-brûlés,  sauvés  de  Tiacendb 
de  nos  Archives  municipales,  que  nous  avons  trouvé  la  plupart  des  documeuts  qui 
nous  permettent  de  donner  aujourd'hui  des  listes  certaines  de  noms  de  jurats,  dûot  les 
portraits  furent  peints  par  les  peintres  de  THdtel  de  ville.  Le  labeur  a  été  cotiit'» 
dérable,  mais  les  résultats  ont  été  excellents,  grâce  à  Taffabilité  de  rardiivisie 
municipal,  M.  Ducaunnès-Duval,  que  nous  ne  saurions  trop  remercier. 


g04    LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE   VILLE   DE   BORDEAUX. 

Il  est  certain  que  s'il  fut  nommé  peintre  ordinaire  de  la  ville, 
c'est  que  les  édiles  connaissaient  son  talent,  et,  s'il  se  mariait  le 
lendemain  de  sa  nomination,  c'est  qu*il  habitait  Bordeaux  depuis 
quelque  temps  déjà.  Cela  est  incontestable.  Mais  rîen  n'autorise  à 
croire  que  Le  Blond  deLatour  s'établit  à  Bordeaux  en  1656,  comme 
J.  Delpit  et  Bellier  de  la  Chavignerie  l'affirment  '.  La  pièce  la  plas 
ancienne  sur  laquelle  nous  avons  vu  sa  présence  constatée  est  son 
contrat  de  mariage,  fait  le  3  mai  1665  '. 

Les  peintres  de  l'Hôtel  de  ville  avaient  pour  mission  spéciale 
de  peindre  les  portraits  des  jurats  sortant  de  charge,  soit  trois  par 
année,  en  pied,  et  trois  en  buste,  d'entretenir  les  tableaux,  c'esU- 
dire  les  portraits  des  anciens  jurats,  ceux  du  Roi  et  de  la  famille 
royale,  les  toiles  qui  décoraient  la  chapelle,  enfin  de  prendre  pari 
aux  peintures  décoratives  des  fêtes  officielles,  armoiries  qu'os 
plaçait  aux  mais,  tableaux  allégoriques  des  arcs  de  triomphe  et 
des  maisons  navales  lors  des  entrées  royales  ou  princières.  Ui 
étaient  donc  les  peintres  de  portraits  des  jurats,  les  conservatears 
*du  Musée,  les  peintres  décorateurs  de  la  ville  *• 

La  collection  des  portraits  des  maires  et  jurats  de  Bordeaux 
aurait  aujourd'hui  un  prix  inestimable.  On  y  verrait  tous  les  grands 


1  J.  Delpit,  Fragment  de  t Histoire  desarU^  à  Bordeaux ^  Gouoomiboo,  1S53, 
iii-12  de  50  pages.  —  Bellier  de  la  Ghavignerie.  Dictionnaire  des  artistes^  Ptm, 
Renouard,  1885,  in-8\ 
^  Si  Le  Blond  de  Latour  habitait  Bordeaux  en  1656,  on  Iroawera  son  nom  lié  1 

.celui  de  J.-B.  Garnier,  sieur  de  Boisgarnier,  son  ami,  auquel  il  dédia  sa  Lttlrt 
sur  la  peinture.  Geluî-ci  fut  receveur  de  la  complablie  à  Bordeaux,  oà  ix» 
aclos  notariés  signalent  sa  présence  de  1656  à  1660.  Nous  ne  connaissons  ^le 
Acwx  pièces  qui  rappellent  les  rapports  d*amitié  qui  les  unissaient,  mais  elles  ss^ 

.  importantes  :  le  contrat  de  mariage  de  Le  Blond  de  Latour,  3  mai  1665  et  k 
dédicace,  de  la  brochure  rarissime,  à  M.  de  Boisgamier,  1669. 

^  Le  peintre  ordinaire  de  la  ville  était  inscrit  sur  les  comptes  du  trésorier 
parmi  les  mentis  officiers  de  t Hôtel  de  Ville.  Il  touchait  120  livres  de  gag^iw 
an  pour  «  Teotretenement  des  tableaux;  135  livres  par  an,  pour  trois  portraitsde 

,  jurats,  en  long^  c'est-ànlire  en  pied,  soit  45  livres  par  portrait  et  3  livres  par 
écussoo  ou  armoirie  que  Ton  plaçait  aux  mais.  Les  Entrées  royales  oo  priodéres. 
celles  des  Gouverneurs  ou  des  Archevêques  lui  fournissaient  de  très  nombren 
travaux  de  décoration  :  maisons  navales,  arcs  de  triomphe,  maison  des  ha* 
rangues,  etc.  Les  honneurs  funèbres,  rendus  aox  Rois  ou  aux  grands,  man  *  t 
ou  catafalques,  devaient  leur  faste  au  talent  du  peintre  de  la  viUe,  enfin  les 
mandes  particulières  de  la  noblesse,  du  clergé,  de  la  magistratora  on  de 
vers! té  apportaient  à  l'artiste  officiel,  par  les  nombreux  portraits  on  tal  ^ 
d'église,  non  seulement  le  bien  être,  mais  la  considération.  '   - 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE   TILLE    DE    BORDEAUX.    905 

hommes  qai  ont  illustré  la  Guienne  depuis  Biron,  Montaigne  et 
t]*Ornano  jusqu'au  vicomte  du  Hamel,  c^est-à-dire  la  noblesse, 
-l*armée,  le  barreau,  lé  commerce  et  la  bourgeoisie,  depuis  trois 
siècles  et  demi.  Mais  des  accidents  aussi  graves  qu'imprévus  nous 
ont  privés  à  tout  jamais  de  la  plus  grande  partie  de  ces  précieui 
souvenirs   des  bienfaiteurs  et  des  hommes  célèbres  de  la  cité. 

Le  13  décembre  1657,  Tune  des  tours  de  THôtel  de  ville  sauta 
avec  la  moitié  des  bâtiments  dans  lesquels  un  violent  incendie  se  dé- 
clara. La  foudre  avait  mis  le  feu  aux  poudres  de  Tarsenal  municipal* 

Un  autre  désastre,  plus  funeste  encore,  fut  Fincendie  qui  se 
déclara  le  jeudi  saint,  en  1699.  «  Le  16  «  avril  m  sur  les  huit  à 
((  neuf  heures  du  soir,  jour  du  Jeudi-Saint,  le  feu  prit  à  la  Cha- 
a  pelle  de  THôtel  de  Ville  qui  fut  tout  incendiée  à  moins  d'une 
a  heure  de  temps  à  cause  de  la  grande  quantité  de  Tableaux  et 
tt  Portraits  de  MM.  les  jurats,  et  autres  matières  combustibles  qui 
tt  étoientdans  ladite  Chapelle,  en  telle  sorte-  que  sans  le  bon  ordre 
M  et  la  vigilance  desdits  sieurs  jurats  qui  prirent  toutes  les 
tt  précautions  nécessaires  pour  éteindre  le  feu,  le  Corps  de  logis 
a  attenant  à  ladicte  Chapelle  où  le  feu  avoit  déjà  commencé  àpren^ 
«  dre,  auroil  été  consommé...  '  «  "~ 

—  Enfin,  le  28  décembre  1755,  la  salle  de  spectacle  attenante  à 

THôtel  de  ville  fut  détruite  de  la  môme  façon  et,  des  chambres 

de  réunionsdesjurats,il  ne  resta  que  des  murailles  noircies,  des 

bâtiments  effondrés  et  à  peine  quelques  salles  étayées,  lézardées, 

,  aux  plafonds  menaçants. 

Que  sont  devenus  les  portraits  de  nos  maires  et  jurats,  faits 
par  les  peintres  ordinaires  de  la  ville?  Les- familles  étaient  auto- 
risées à  emporter  ceux  de  leurs  parents,  après  pl^isieurs  années 
d'exposition  dans  Thôtel  de  ville.  Ils  n^ont  donc  pas  tous  péri 
dans  les  incendies;  il  en  reste  encore  dans  des  greniers  ignorés; 
on  peut  en  sauver  encore.  X^ous  pouvons  en  signaler  trois, 
ceux  de  M.  et  M"*  Tillet'  et  celui  de  M.  de  Comiet. 

>  TiLLET,  Chronique  bordelaise.  Simoo  Boé,  1703,  p.  220. 

^  On  lit  au  dos  :  «  M.  Tillbt,  auteur  de  la  Chronique  bourdeloise.  L'autre 
porte  cette  simple  mention  :  «  M^^^  Tillbt.  i  Voir  ci-après  planches  LII  et  LUI, 

Pierre  de  Cornet,  avocat,  fut  jurât,  1667-1669  et  1678-1680;  Trésorier  de  U 
Ville,  1680-1682,  fut  député  à  la  Cour  par  la  Ville,  le  15  juillet  1679.  C*est  son 
jrand-père  qui  fit  faire  les  études  à  saint  Vincent  de  Paul  et  son  père  qui  Teut 
comme  précepteur. 


906    LES   PEINTRES  DE   L'HOTEL  DE   VILLE   DE    BORDEAUX. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  donnons  la  liste  des  portraits  dont  nous 
avons  relevé  les  quittances,  soit  dans  les  registres  des  mand»» 
ments,  soit  surtout  dans  les  feuillets  demi-brâlés,  restes  de  rio- 
cendie  de  nos  archives  municipales.  Assurément  Antoine  Le  Blond 
de  Latoura  peint  toutes  les  jurades  de  1665  à  1691,  ao  moins, 
date  à  laquelle  il  fit  donner,  à  son  fils  Marc-Antoine,  la  suni- 
vance  de  sa  charge,  mais  ignorant  à  quel  moment  précis  il  qniilt 
le  pinceau,  nous  donnons  les  noms  des  jurats  portèi  sur  les  reçus 
de  1665,  date  de  sa  nomination,  à  1706»  date  de  sa  mort;  loit 
109  portraits  en  pied  qui  ont  été  faits  en  même  que  109  portraits 
en  buste  : 

1686,  mars  13.  —  ^IM.  de   Ponchat,   sieur    de   Ségur,  Clar;  el 

de  Sossiondo. 
1668,  mars  21.  —  Madailhan,  Duvant  et  Roche. 

1671,  jttill.  21.  -—  de  Vivey,  de  Licterie  et  Mercier. 

1672,  août   20.  —  Maliet,  Nogaès  et  Lostau. 

1673,  juill.  29.  —  Ponthelier,  Sabatier  et  Valloux. 

1674,  août    18.  —  Poncbat,  Durribaot  et  Béchon. 

1675,  mai      4.  -^  Fontenell,  Boisson  et  Roche. 

1676,  nov.     4.  —  de  Boroche,  Min  vielle,  Carpentey,  de  Jehan 

et  Dubosq. 

1677,  juill.  21.  —  de  Lalande-Deffieux,  Chicquet  et  BillsUe. 

1678,  févr.  12.  —  deBourran,de  Poitevin,  Roche  de  la Toqoe. 
1678,  juiU.  20.  -«  de  Guionnet,  Duprat  et  Conrnut. 
1680,  sept.  11.  —            de  Sallegourde,  Cornet,  Pontoise,  de  Jehâi, 

procureur  syndic. 

1682,  juill.  12.  —  de  Lacour,  Rooiat  et  Léglise. 

1683,  juill.  14.  —  de  Maniban,  Jégun  et  Navarre. 

1684,  juill.  31.  —  Daste,  Fresquet,  Dumas. 

1685,  juill.  31.  —  de  Primet,  Dudon,   Minvielle,   de  Jehtn, 

Dabosq,  Clerc  de  Ville. 

1686,  janv.  19.  —  Mérignac,  Beliaye  el  Lavergne. 

1687,  janv*  15.  —  de  Perron,  de  Méginhac  et  Foucqnes. 

1688,  août     9.  —  de  Mérignac,  de  Fonteneil  et  Massieu. 
1689i  juin    27.  —  de   Blanc    de   Mauveisin,   de   Breieis  et 

Miramond. 

1690,  juill.  26.  —  de  Secondât,  Boyrie  et  Carpentey. 

1691,  juill.     3.  —  deLancre,  Grégoire  et  Barreyre. 

1692,  mars  29.  —  D'Aste,  Ëyraud  et  Lavaud. 


PlAnHie  l.ll.  Paye  DOtf. 

MADAME     TILLËT 

FKUXfK    DE    l'.ILTKIR    DK    LU    ■   CHROMQIIK    OOIRDELOISE   » 

PAR    AVTOIXK    LK    BLOND    DIT    DK    LATOl  R 

(1700.) 


J 


I 

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tES    PEIMTBES    DE    I/HOTEL    DE    VlLLË    DE    flOlîDEAUX.    907 

1693,  août  11.  —  \tM,  de  Poïimarède,  Leycl^t  et  Miramon. 

1694,  férr.  1,  —            de  Pelrelonc[ue,  Faultel  Séguin. 

1695,  janr.  19-  —            de  la  I)evïse,  Cameboufi  et  Fénelloit, 

1696,  janv*  30.  —             de  Tayac,  Planche,  de  Sage^  Pu^barbani 

1697,  janv,  3.  —            Dobarrï ,    Roche,    de    Piclion ,    Lostau^ 

Ledouk* 

1698,  ami  5,  —  de  Galallieau,  de  Riclion  et... 

1699,  juilL  21.  —  dellondermrd,  Boine  et  BilJate. 

1700,  août  11.  —  de  Martin,  TtIJet  el  RebaiL 

1701,  aoûl  *il,  —  d'Essenaull,    Lauvergnac  et   Rensse. 
17Û2j  août  28,  —  Gouffreleau,  Levas^eur^  Mercier,                                                  «w 
1703,  juill^  11.  —  d'Antac-Dalesme,  Maignol,  VîauL 

Antoine  Le  Blond  de  Lalour  peignit  plusieurs  portraits  sur  la  I 

commande  d€s  Jurats  : 

I67O5  juin     18.  —  Portrait  du  Roî. 

167S,  maî     17*  —  Réparation  du  portrait  du  maréchal  d'Ornano,  | 

maire  de  Bordeaux  ^ 

1675j  roaî      A,  —  Autre  portrait  du  RoL  | 

1677,  juin.   2L   —  Portrait  du  Dauphin .  | 

1678,  juin  10.  —  Portrait  de  la  Reine.  | 
1678,  (évr.  12.  —  Portrait  de  M.  de  Berthou»,  jurât.  ■ 
1684,  juill.  3.  -—  Portrait  du  Roi  sur  son  trône.  " 
1684j  juilL  31.  —  Réparation  de  la  Passion  figurée. 

Le  Blond  de  Latour  avait  fait,  te  5  juin  16G6,  un  Crutijix^ 
pour  pretnier  travail,  mais  il  avait  du  atissi  réparer  plusieurs  por- 
traits qui  avaient  souffert  des  injures  du  temps  et  des  hommes,  faire 
des  armoiries  des  lambris,  des  &ot>ajre^,  des  hnx-hoh  pour  encadrer 
les  portraits  des  jurats*  Ces  mots  :  faux-boîs.  boisages,  lambris, 
sont  en  tontes  lettrt^s  dans  les  mandements.  Ces  travail:!,  quoi  qn'on 
en  puisse  penser,  n'avaient  rien  de  déshanûrant^  car,  alors,  H  n*f 
avait  pasde  spécialistes  comme  aujourd'hui  et  le  peintre  olfîdel  de 
là  ville  était  chargé,  non  seulement  des  portraits  des  jurats,  mais 
aussi  des  décorations  picturales  des  fêtes  publiques,  de  Tentretien 
des  tableaux  et  de  tout  ce  qui  se  rapportait  à  ces  commandes. 

■  Nous  doDDODi,  auï  Pîècea  juitiJâcAtiTei^  la  liste  des  cntréejt  dcn  fûïs,  prince», 
goiiirernflura,  etc.,  dc!i  fêtes  publiques,  auiqueltcs  Lq  Blond  de  LpAtour  a  dû  pren- 
dre p«rt  comme  peintre  ofOciel  de  la  fille*  Oa  y  trouver*  au»!  leAcitrailà  d'ar- 
chives coocernsat  ces  IriTaui» 


i 


908    LES    PEINTRES   DE    LHOTËL    Dfi    VILLE    0E    BOaDEAtt- 

On  ne  se  rend  pas  un  compte  exact  de  ce  qu'élait  la  vie  intime 
des  peintres  et  des  sculpteurs  en  province,  sous  le  règne  de 
Louis  XIV.  Rien  ne  distinguaft  l'artiste  de  rartisan,  $inoD  le  taleol 
Nous  développerons  ailleurs  cette  question;  il  suffira,  ici,  que 
nous  donnions,  aux  Pièces  justificatives^  le  texte  d'un  coDtnt 
d'apprentissage,  semblable  à  tous  les  conlrats  d'apprentîsaag«,  que 
tt  François  Pouliot,  maistre  paititre  demeurant  k  Saint-Jean  de 
Luz  »  passait.à  Bordeaux,  le  21  avril  1666,  avec  a  sieur  Anlboîne 
Le  Blond  dict  Lâtour ,  bon rgeois  et  m  aistre  ^  pamct u  re  [sic)  j  uré  de  la 
r  '  présente  ville  » .  Cette  pièce  démontre  qu'un  artiste  officiel,  vénéré 

j.  par  ses  concitoyens,  n'était  considéré  que  commeunsimple  artisan. 

Ces  mœurs  peuvent  pai-ailre  étranges,  mais  les  textes  d'archives 
les  constatent  \ 

Leblond  de  la  Tour  était  un  peintre  habile.  Les  portraits  de 
M.  de  Cornet,  jurai,  1680  (roir  planche),  de  M.  Tillet,  jurât,  1700, 
auteur  de  la  Chronique  hordeîoise,  et  de  M"*  Tillct,  sa  femme 
(voir  planche),  sont  d'iin  dessin  serré  et  agréable.  Les  yeux,  notam- 
ment, sont  traités  avec  une  sûieté  d'expression  qui  fait  pardonner 
une  certaine  sécheresse  des  lèvres,  assêj;  commune  dans  les  por- 
traits du  xvir  siècle.  Le  dessin  est  Terme  et  large,  la  couleur  devait 
être  harmonieuse,  mais  ces  toiles  ont  tellement  poussé  an  noïr  et 
ont  subi  de  si  outrageuses  retouches  qu'il  est  difBcile  d'apprécier 
aujourd'hui  les  qualités  brillantes  du  peintre, 

II 
Leblond  de  Latour^  écrivain  d'art. 

La  bibliothèque  de  Bordeaux  possède  une  plaquette  unique  — 
encore  manque-t-il  les  planches  —  qui  témoigne  de  la  droiture  da 
jugement  et  du  sentiment  élevé  de  l'art  que  possédait  Leblond  de 
Latour  :  o  Lettre  du  sieur  Leblond  de  Latour  à  un  de  ses  amis, 
tt  contenant  quelques  instructions  touchant  la  peinture,  dédiée  à 
^  M.  de  Boisgarnierj  R.  D,  L.  C.  /),  Fj  à  Bourdeausc  ;  par 
tt  Pierre  du  Coq,  imprimeur  et  UbVaire  de  F  Université^  166^, 
tt  1/2-8'*  de  19 pages.  »  L*auteur  signe  à  la  dernière  page  :  ^  Leblond 

'  1666,  avril  21.  —  Contrat  d^appfentisftage  cniva  Le  Blond  àe  Lalonr.  p^îotr 
et  François  Pouliot,  aussi  maître  pi^ïnlrt»,  pour  aoo  lïls  JeuQ.  *^  Voir  Pièce*  JESi 
ficatives  à  la  date  indiquée. 


Planche  Llli.  Pi^e  mH. 

PIEKKE    DE    COMET,    AVOCAT 

JLRIT   DK    BORDKMX.    ll>G7-l(>(>î>    KT    16*Î8-IGH0;    TRK80RIP.R    DK    l.\    VIU.K.     It»80-l68-i 
PAR    IVTOIVK    LK    BI^M)    HIT    DK    LA  TOI  II 


â 


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LES    PËHgTHËâ    DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.    909 

de   Latoor,   peintre  de  THôtel  de  ville   de   Bourdeaux,  «   Une 
planche,  relative  aux  proportions  du  corps  humain,  manque  dans  1 

le  teite  ;  elle  aurait   permis  de   juger  si   la  sûreté    de   main  de  ^ 

Tar liste  égalait  la  rectitude  du  jugement  de  récrivaia.  ^ 

La  dédicace  à  M.  de  Boisgarnier  nous  déroute.  Ordinairement 
les  professeurs  dédient  leurs .  travaux  à  leurs  protecteurs,  aussi 
aurions-nous  été  heureux  d*y  trouver  le  nom  de  Lelirun  qui  fut, 
croyons-nous,  le  maître  de  Leblond.  Celui  de  M.  de  Boisgarnier 
n*éveille  en  nous  que  Tidée  d'un  condisciple,  d'un  élève  ou  d'un 
ami  des  arts  qui  a  aidé  ou  fait  travailler  Leblond. 

Jean-Baptiste  Garnier,  sieur  de  Boisgarnier,  était  originaire  de 
Chartres,  oh  son  père  habitait.  Il  occupait  à  Bordeaux  une  situation 
importante,  parce  qu'elle  relevait  des  Gnances,  où  les  emplois  ont 
toujours  été  largement  rétribués.  Il  habitait  Thôtel  de  la  Compta^ 
blie,  fossés  du  Chapeau-Rouge,  à  langle  de  la  rue  Saint-Remy  ^ 
J.-B,  de  Boisgarnier  est  le  seul  témoin  qui  représenta  la  famille  de 
Leblond  dans  son  aele  de  mariage.  Il  y  figure  comme  ami  et  non 
comme  parent,  ce  qui  nous  porte  à  penser  qu*il  fut  Tinstrument  de 
rinstallation  de  notre  peintre,  à  Bordeaux,  de  son  mariage  et  de 
ses  rapports  avec  les  ingénieurs  et  architectes  du  CIiàteau-Trompette. 

La  lettre  contenant  quelques  instructions  sur  ta  peinture  est 
une  conférence  sage  et  raîsonnée,  pleine  d'enseignements,  par  la 
hauteur  des  sentiments,  Tenthousiasme  pour  le  beau,  ]*âdmiration 
deTantique,  la  glorification  de  la  couleur.  Elle  rappelle  les  leçons 
que  les  académiciens  donnaient  à  Paris  à  la  même  époque. 

Nous  n'analyserons  pas  Tœuvre  de  Tartiste  écrivain,  parce 
qu'elle  n'offre  qu'un  intérêt  rétrospectif,  mais  nous  devons  dire 
que  le  mérite  littéraire  fait  valoir  celui  du  professeur.  Certaine- 
ment les  règles  qui  sont  exposées  sont  surannées,  Teiagération 
de  la  méthode  peut  paraître  choquante,  mais  on  doit  reconnaître 
une  sincérité,  un  amour  de  Tart,  une  distinction  de  sentiment»  un 
respect  de  la  vérité  qui  donnent  la  meilleure  opinion  de  celui  qui 
organisa  plus  tard  TÉcole  académique  de  Bordeauî. 

Après  avoir  chaleureusement  recommandé  IVlude  de  Fantique, 
Leblond  de  Latour  cite  parmi  les  artistes  modernes:  Ch.  Lebrun, 

1  J.-B.  de  Boisgarnier  était  receveur  de  la  comptablie  de  France^  d'au  les  Jet^ 
resR.  D.  L.G.  D.  F.. 


910    LES   PEINTRES   DE    L*HOTEL   PE    VILLE    DE    BORDEAUX. 

que  nous  avons  tout  lieu  de  croire  son  maître;  Le  Poussin»  dont 
Lebrun  fut  relève»  qu*il  semble  avoir  vu  travailler,  et  le  Titien, 
dont  il  admire  sans  réserves  la  couleur. 

Il  décrit  le  procédé  employé  par  Le  Poussin  pour  composer  et 
éclairer  ses  tableaux.  «  Je  ne  puis  m*emp6cher  d'apprendre  [à 
tt  rélève]  Tinvention  du  fameux  M.  Poussin  qui  est  presque  seul 
a  de  nostre  temps  qu'on  peut  comparer  aux  anciens  pour  ses  belles 
a  inventions  qui  lui  ont  acquis  une  estime  immortelle  parmy  les 
a  savants...  Cet  homme  admirable  et  divin  v  préparait  une  sorte 
de  caisse  dans  laquelle  il  ménageait  des  trous  au-dessus  et  sur  les 
côtés,  qu'il  ouvrait  ou  fermait  pour  éclairer  l'intérieur  à  volonté. 
Il  donnait  ainsi  à  son  tableau  restreint  le  même  jour  que  devait 
recevoir  son  tableau  en  grand,  à  la  place  qu'il  occuperait. 

La  partie  inférieure  de  la  caisse  était  mobile,  percée  de  trous 
et  garnie  de  chevilles.  11  modelait  alors,  avec  de  la  cire  molle,  le 
nu  des  personnages  qu'il  voulait  placer  dans  la  composition,  les 
drapait  avec  des  étoffes  minces  mouillées,  formait  des  accidents 
de  terrain,  puis  après  avoir  éclairé  son  tableau  en  ouvrant  des 
soupapes  pour  donner  le  jour  convenable,  il  plaçait  son  œil  aa 
point  déterminé  et  voyait  ainsi  la  scène  au  naturel. 

Dans  les  conseils  que  donne  Le  Blond  de  Latour,  on  pourrait  criti- 
quer ceux  qui  recommandent  les  mesures  de  convention  da  corps 
humain,  c'est-à-dire  le  maniérisme,  et  la  composition  des  tons  con* 
ventionnels  pour  les  chairs,  les  verdures,  les  terrains,  etc.;  vrai  dan- 
ger si  la  copie  terre  à  terre  de  la  nature  n'était  pas  chaleureusement 
conseillée.  Mais  il  faut  se  rappeler  que  sous  Louis  XIV  on  régenta 
toutes  choses,  Tart  lui-même,  et  que  ce  fut  l'une  des  principales 
causes  d'une  décadence  qui  tomba  dans  l'afféterie  sous  le  règne  de 
Louis  XV. 

Notre  peintre  ne  peut  pas  être  rendu  responsable  des  idées 
fausses  qui  furent  préconisées  de  son  temps,  aussi  quoi  qu'on  pense 
de  la  méthode  et  des  procédés  qu'il  conseille,  on  restera  convaincu 
qu'il  était  instruit  de  son  art  et  ^  qu'il  écrivait  avec  «  une  habileté 
peu  commune  en  son  temps  comme  aujourd'hui  ^  v . 

I  Jules  Detpit,  qui  fut  toujours  un  critique  fort  difficile,  qualifie  Lehloni 
Tour  t  peintre  et  écrivain  distingué  ».  Il  ajoute  :  «quant  au  mérite  liUérai 
M.  Leblond,  sa  lettre  prouve  qu'il  écrivait  avec  une  habileté  peu  eonumae 
ce  temps  et  qu'il  était  non  seulement  instruit  de  son  art,  mais  qii*ii  aviiC  a 


J 


LES    PEINTRES    DE    L  HOTEL    DE    VILLE    DE    BORDEAUX.     911 

Leblond  de  Lalour  avait  une  éducation  supérieure  ;  mn  esprit 
était  éclairé,  ses  sentiments  élevési  il  devait  avoir  le  crayon  aussi 
sur  que  sa  plume  était  habile. 

III 

Lehlond  de  Latôur^  premier  professeur  de  T École  académique 

de  Bordeaux, 

«  Lefalond  dict  Latour^  bourgeois  de  la  ville  de  Paris  et  natif 
A^ic^W^.paintre  du  Roy,  «  telles  sont  les  qualités  qui  figurent  sur 
le  contrat  du  3  mai  et  sur  Tacte  de  mariage  du  7  juin  1665.  Il 
avait  donc  déjà  une  réputation  établie  sur  des  travaux  sérieux.  Tout 
porte  k  croire  qu'il  fut  Tuu  des  élèves  de  TÉcole  de  TAcadémie  de 
Paris,  quil  travailla  sous  les  ordres  de  Lebrun  dans  les  immenses 
travaux  que  Louis  XIU  confia  au  grand  artiste.  Cette  coujecture 
s'appuie  sur  de  nombreuses  considérations  qui  ne  peuvent  Être 
développées  ici.  Elle  sera  contrôlée  le  jour  où  nous  connaîtrons 
la  cause  de  l'arrivée  à  Bordeaux  du  peintre  Le  Ulond  de  Latour, 
Quelle  qu'elle  soit,  il  n'en  sera  pas  moins  établi  que,  s'il  n'a  pas 
professé  à  Paris,  il  avait  des  élèves  à  Bordeaux,  en  1669^  et  que  le 
ton  de  ses  leçons  était  celui  de  T  Académie  royale. 

Nommé  peintre  de  THôtel  de  ville,  le  6  juin  1665,  écrivant  des 
lettres  sur  la  peinture  en  1669,  il  est  tout  naturel  que  Leblond, 
qui  était  Parisien^  aît  été  attiré  vers  les  Ecoles  académiques  que 
Colbert  fit  créer  par  lettres  patentes  de  décembre  1676-  Aussi 
Toyons-nous  qn*en  juillet  1688^  le  secrétaire  de  l'Académie  royale, 
Guérin,  écrivait  à  notre  artiste  :  ^  N'e  vous  impatientez  pas  ;  si  jua- 
iL  qu'à  présent  vous  n'avez  point  eu  de  nouvelles  de  votre  aliairc.  i» 
Cette  affaire,  c'était  la  création  d'une  école  académique  à  Bor- 
deaux. 

Nous  avons  déjà  annoncé,  depuis  plusieurs  années*  que  nous 
préparions  une  histoire  complète  de  l'Ecole  des  Beaux-Arts  de 
Bordeaux  qui  s* est  appelée  :  École  académique.  Académie  de 
peinture    et   de  sculpture;   Académie    de    peinture,    sculpture, 

des  prélrotlon»  tant  ^oU  peu  vàrbeii^ei  à  la  IhëoEogie  et  à  la  métaphyiiqtic.  ■ 
—  J.  Delpit.  Fraçmetd  de  i'hhtmre  des  arts  ù  Bordeaux^  Gouûouiltîou.  1853, 
p*  13  et  Î5. 


1 


012     LES    PEINTRES    DE    L  HOTEL   DE    VILLE    DE    BOHDË.U?^ 

architecture  civile  et  navale  ;  Ecole  des  principes;  Académie  des 
Arts;  École  gratuite  de  dessjti,  puis,  de  dessin  et  de  peinture; 
Ecole  municipale  de  peinture,  sculpture  et  architecture;  Écola 
municipale  des  Reaux-Arts  et  Arts  décoratifs.  Nous  aurons  donc  vn 
chapitre  spécial  dans  lequel  nous  discuterons,  en  détail,  la  m 
intime  de  TÉcole  académique  et  où  nous  rournirons  des  uotes  bien 
graphiques  inédites  sur  ses  divers  professeurs  \ 

11  sufBra  que  nous  produisions  ici  les  pièces  manuscrites^  coq-» 
servées  dans  la  bibliothèque  deTEcole  municipale  des  Beaui-Arts 
de  Bordeaux,  quelques  délibér^itiona  de  la  Jurade,  et  le  som- 
maire des  procès-verbaux  de  TAcadémie  Royale  de  Paris,  pour 
qu'on  saisisse ^ans  peine  les  diffitiii I tés  de  l'étabUssement  del'Écûte 
académique,  les  vicissitudes  qu'elle  a  subies  et  le  dévouement  de 
son  premier  professeur  Leblond  de  Latoun 

Titres  de  VÈcole  académique  de  Bordeaux^  conservés  dans  k 
bibliothèque  de  VÉcole  numieipale  des  Beaux-Arts  de  Bût- 
cfeaiia:,  A**  18,  n«  219. 

N*  1.  —  Extrait  d'un  brevet  donné  par  le  Roi  en  faveur  ii 
V Académie  royale  de  Paris,  le  28  décembre  1654. 

N*»  2.  —  Lettres  patentes  pour  l'estahUssement  des  acadimiet 
de  peinture  et  de  sculpture. 

N*  3.  —  Règlement  pour  Feslablissement  des  Écoles  acaH- 
miques  de  peinture  et  de  sculpture,  etc. 

Nous  ne  reproduisons  pas  ces  trois  pièces,  parce  qu  elles  ont 
été  copiées  sur  des  imprimés. 

\'A.  —  1688,  juillet,  26.  —  Lettre  de  Guêrin^  secrétaire  é 
l'Académie  royale,  à  Le  Blond  de  La  Tour,  tt  peinire  ordinaire da 
Roy  en  son  Académie  royale^  de  peinture  et  de  sculpture,  à  Bor- 
deaux, ï  Comment  expliquer  que  Guérina  pu  écrire  de  sa  maini^ 
pareilles  qualifications  si  Leblond  n'était  pas  agréé  de  rAcadêàii^, 
puisqu'aucune  académie  n'existait  alors  à  Bordeaux  ? 

Le  secrétaire  de  1* Académie  dit  k  Leblond  dene  pas  s'impatienter 
s'il  n*a  pas  de  nouvelles  de  son  affaire  c'est-^à-dire  de  la  créatioo 

^  M.  le  maire  de  Bordeaux  a  biâQ  voulu  douï  cluu-gcr  d'écrire  VBitiût* 
l'Ecole  municipale  des  BeauX'ârts.  Ce  travail  sera  public  par  la  Ville  de  Bw 
pour  figurer  à  l'Exposition  de  1900, 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL  DE    VILLE    DE    BORDEAUX.    913 

d*ane  École  académique  à  Bordeaux.  Il  parle  d'une  «  lettre  mali- 
cieuse y»  qui  a  été  adressée  à  TAcadémie. 

N'  5.  —  1689,  janvier,  21.  —  Lettre  de  Guérin.  r—  Il  ne  reste 
plus  qn*à  faire  signer  a  les  articles  quy  ont  esté  dressez  pour  vostre 
a  establissement  «,  dit-il,  mais.  M.  de  Louvois  était  tellement 
occupé  par  de  grandes  affaires  qu'on  n'a  pas  osé  l'importuner. 
Guérin  a  montré,  à  Lebrun,  les  lettres  de  Le  Blond,  il  secondera 
son  a  zèle  autant  qu'il  le  pourra  » .  (Lettre  autographe). 

N»  6.  —  1690,  juin,  3.  —  Lettres  patentes  de  VAcadimifi 
royale  portant  établissement  de  l'École  académique  de  Bordeaux. 

—  Original  en  parchemin,  signé:  Mignard,  directeur;  Desjardins, 
de  Sève,  Coypel,  recteurs;  Coysevox  et  Pailhe,  adjoints  recteurs; 
RegnauMin,  Blanchard  et  Houasse,  professeurs;  Jouvenet,  Bou- 
logne le  jeune,  P.  Sève,  de  Pkte  Montagne,  Edelinck,  J.-B.  Le- 
clerc  (/(i.). 

N*  7.  — '  1691,  avril  29.  —  Nomination  des  professeurs  de 
VÉcole  acadén^ique.  —  Le  Blond  de  I^tour  est  nommé  «  premier 
professeur  à  cause  de  son  mérite  et  de  ce  qu'il  a  l'avantage  d'être 
du  nombre  de  ceux  qui  composent  l'illustre  compagnie  de  l'Aca^ 
demie  royale  de  Paris.  »  Pièce  originale  signée  par  larchevéque 
de  Bordeaux,  vice-protecteur  et  par  les  professeurs.  —  Comment 
expliquer  une  semblable  délibération  si  Leblond  de  Latour  n'était 
pas  agréé  de  l'Académie  royale  ? 

N"  8,  9  et  10.  —  1692,  janvier  26,  mars  A  et  octobre  4.  — 
Nomination  de  MarC'Antoine  Leblond  de  Latour,  peintre,  et  de 
Jean-Louis  Lemoyne,  sculpteur,  comme  agréés  de  l'École  acadé- 
mique de  Bordeaux.  Ces  pièces  originales  et  signées  prouvent 
l'admission  de  Lemoyne  et  son  séjour  à  Bordeaux. 

N"  11. —  1692,  mars  5.  —  Lettre  de  d'Estrehan,  intendant  de 
l'archevêque  de  Bordeaux,  vice-protecteut  de  l'Ecole  académique. 

—  11  a  vu  Mignard  et  les  a  principaux  directeurs  »  de  TAcadémie. 
Ils  ont  promis  de  faire  prendre  une  délibération  pour  que  les  {  ro- 
fesseurs  de  l'École  académique  soient  déchargés  des  taxes  comme 
l'indiquent  les  lettres  patentes  de  son  établissement.  Il  ajoute 
«  qu'il  faudroit  se  servir  du  terme  nominal  d'École  académique, 

quand  on  écrit,  et  laisser  vulgariser  le  nom  d'Académie  de  Bor- 

aux  partout  ailleurs  »  .  (Lettre  autographe  signée.) 

N»  12.  —  1692,  août  5.  —  Lettres  à  M.  le  chancelier,  — 

58 


1 


014    LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE   VILLE   DE    BORDEAUX. 

Lettres  des  professeurs  de  TÉcole  académique.  —  Ils  le  prient  de 
les  exempter  des  taxes  sur  les  arts  et  métiers,  couformémeot  aax 
lettres  patentes  de  TÉcole  académique.  —  Lettre  de  ïareheviqw 
pour  recommander  la  précédente.  -^  Lettre  du  secrétaire  de 
V École,  Larraidy,  à  d'Estrehan.  Il  le  prie  de  solliciter  une  réponse 
de  M.  le  chancelier. 

Les  taxes  sur  les  Arts  et  Métiers  avaient  été  établies  sar  la 
plainte  des  maîtres  peintres  et  sculpteurs  de  Bordeaux  qui  n'étaient 
pas  professeurs  à  TEcole  académique.  Nous  publierons  les  actes 
notariés,  assignations,  oppositions,  etc.,  qui  furent  échangés 
entre  les  parties,  ainsi  que  les  arrangements  qui  survinrent.  Cei 
pièces  expliqueront  les  lettres  ci-contre  et  diverses  notes  des  procès- 
verbaux  de  TAcadémie  Royale  de  peinture  et  de  sculpture. 

N*  13.  —  Sans  date,  1703  (?)  —  Requête  des  Académiciens  de 
Bordeaux  à  Vintendant  de  Guienne.  —  Au  sujet  de  la  taxe 
imposée  sur  les  arts  et  métiers^  poursuivie  par  le  directeur  de  U 
Recette  générale  de^s  finances  de  Guienne.  (Pièce  signée  Larraîdj, 
professeur  et  secrétaire.) 

]\f«  14.  —  1703,  juin  28.  —  Commandement,  par  huissier,  tm 
professeurs  de  l'École  académique,  présenté  «  à  Leclerc  Tapé, 
peintre,  représentant  TÉcole  académique  »  d^avoir  à  pajer 
1,200  livres.  (Pièce  originale.) 

iV  15.  — Sans  date,  1704  (?)  —  Requête  des  professeurs  de 
r École  académique  aux  maire  et  jurats  de  Bord-eaux.  —  lU 
rappellent  la  cérémonie  qui  fut  faite  le  16  décembre  1691,  la 
messe  célébrée  dans  le  collège  de  Guienne^  en  Thonneur  de  réta- 
blissement de  rÉcoIe  académique,  en  présence  de  Tarchevéque,  du 
commandant  delà  province,  et  des  jurats;  Touverture  des  cours 
qui  eut  lieu  le  lendemain,  les  succès  de  leur  enseignement,  enfin 
rhistorique  des  poursuftes  des  traitants.  Ils  se  mettent  sous  la 
protection  des  jurats. 

RC  16.  _  1074,  avril  15,  20  et  25,  mai  7.  —  Requête  à  fta- 
tendant  de  Guienne,  pour  être  déchargés  de  la  taxe  sur  les  arts  et 
métiers.  — •  Enquête  de  l'intendant,  qui  ordonne  finalement  le 
recouvrement  des  taxes;  —  Réponse  de  Duclaircq,  professeur, 
pour  le  secrétaire  absent.  U  adresse  les  pièces  demandées  par  ' 
tendant,  et  signe  :  «  Fait  à  Bordeaux  par  PAcadémie  des  peinh 

W  17.  —  1704,  septembre  29.  —  Lettre  de  F  Académie  re 


LES   PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX»    91S 

de  Paris  à  V Intendant  de  Guienne^  rappelant  quelle  a  déjà  envoyé 
un  certificat  à  Tappui  des  demandes  de  l'École  académique  de 
Bordeaux  et  qu'elle  le  prie  de  surseoir  aux  poursuites  jasq«*au 
retour  du  Roi,  qui  n'a  pas  changé  de  sentiment  à  l'égard  de  l'Aca- 
démie royale  et  des  Écoles  académiques. 

N*  18-  — 1705,  mars  30.  —  Lettre  de  Guérin  à  Larraidy.  — 
L'Académie  sollicite  auprès  de  Mansarde  mais  celui-ci  n'a  pas  eiieore 
pris  de  décision.  M.  Coysevox,  directeur,  et  Guérin  insistent  le  plm 
qu'ils  peuvent,  mais  ils  n'ont  encore  rien  obtenu. 

N*  19.  —  1705,  avril  21.  — Lettre  des  académiciens  de  Bor^ 
deaux  à  Mansart.  —  Ils  Tavisent  que  l'intendant  de  Guienne  re* 
connaît  le  biçn  fondé  de  leurs  réclamations,  mais  qu'il  n'a  pas  le 
droit  de  faire  cesser  les  poursuites  au  traitant.  11  faut  obtenir  itne 
exemption  de  la  Cour. 

Lettre  des  mêmes  à  V Académie  de  Paris.  —  Ils  lui  envoient  la 
lettre  préparée  pour  Mansart  en  priant  a  d'en  disposer  suivant  vostre 
prudence  ordinaire  » . 

Lettre  des  mêmes  à  Guérin.  —  L'École  académique  le  prie  de 
l'informer  du  succès  des  deux  lettres  précédentes. 

N^  20l  — «1705,septembre24.  — Lettre  de  Guérin  àLarraiéy. 
—  Il  lui  fait  savoir  que  le  directeur  général  des  iinancesa  promis 
de  mettre  ordre  incessamment  »  aux  poursuites  du  traitant. 
:  N*  21 .  —  Lettre  de  Larraidy  à  Guérin.  —  Il  le  remercie  et 
Tavise  qu'ils  sont  obligés  de  payer  les  contraintes. 

N*  22.  —  1706,  janvier  12.  —  /irrét  du  Conseil  enfacenràe 
t École  académique  de  Bordeaux.  —  Cet  arrêt  décharge  «  tant  les 
peintres  et  sculpteurs  de  TÉcole  académique  que  tous  autres  aca- 
démiciens de  peinture  et  de  sculpture  »  des  payements  dessommes 
portés  sur  les  rôles  de  répartition  ^ 

*  Toutes  ces  pièce*  ont  élé  réunies  par  Jules  Delpit  qui  les  a  publiées  en 

partie  :  Fragments  de  V Histoire  des  arts  à  Bordeaux,  toc.  cit.,  1853.  EHes 

proviennent  des  Lacour  qui  furent  directeurs  de  TEcole.  Pierre  Lacour  fils,  îatime 

ami  de  Delpit,  ne  pardonna  jamais  à  la  ville  de  Bordeaux  ses  démêlés,  an  siijel 

de  la  rente  Doucet,  terminés  par  la  nomination  d'Alaux  et  sa  retraite.  Mais  il  fit 

restituer,  par  son  ami,  les  documents  qui  appartenaient  aux  archives  de  l'Ecole. 

La  Bibliothèque  municipale  possède  depuis  peu  plusieurs  x^olumes  de  pièces 

inuscrites  relatives  à  i* Académie  de  peinture  et  de  sculpture  de  Bordeaux, 

rovenant  de  la  collection  Delpit,  nous  ne  leur  empruntons  que  Tarrest  dn  conseil 

a  12  janvier  1706,  mais  nous  publierons  de  très  nombreuses  pièces  retatives  k 

\cadémie  bordelaise  de  1667  à  1792,  quand  nous  étudierons  cette  époque. 


91]B     LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL    DE    VILLE    0E    BOaDfiâCX. 

On  lira  aux  Pièces  justificatives  des  eitrâiU  des  rejîslres  de  li 
Jarade  concernant  Tinstallatiûn  de  TËcole  académique  dtsâ  les 
locaux  du  collège  de  Guienne  et  Touverture  qui  en  fut  faite,  en 
grande  cérémonie,  par  le  maire,  les  jurais,  l'arcbevéque  et  le 
commandant  de  la  province,  le  IB  décembre  J691«  (Voir  n*  15, 
1Ï04.) 

Dans  FHistoire  de  TÉcole  muDïcîpale  des  Beaux-iirtâ  que  if.  \i 
ipaire  nous  a  chargé  d'écrire,  nous  donnerons  in  CJctênsù  les 
extraits  des  procès-verbaux  de  la  Jurade  et  de  TAcadémie  Kofile 
de  Paris,  dont  on  peut  lire  les  sommaires  cî-après. 
.  On  y  verra  Tappui  moral  et  etTectif  que  les, maîtres  n*ontp 
cessé  d'accorder  à  TEcole  académique  et  à  ses  professeurs.  Od  f 
trouvera  la  preuve,  contrairement  aux  assertions  de  J.  Delpitet 
de  Cb.  Marionneau,que  cette  protection  des  professeurs  contre  les 
exigences  du  fisc  existaient  encore  en  1737  et  que  rËcoleacadê* 
mique  fonctionna  tant  que  Marc-Antoine  Leblond  put  donner  des 
leçons,  c'est-à-dire  jusqu^à  ce  que  Basemont  la  transforma,  en 
1742,  en  École  des  principes  ou  École  gratuite  de  dessin  que 
nous  avons  nous-méme  dirigée,  puis  transformée  en  Ecole  dâs 
^eaux-Arts,  de  1877  à  1890  ^ 

Ce  qu'il  est  bon  de  retenir,  c'est  que  TEcole  acadéTitii|iie  de 
Bordeaux  est  la  plus  ancienne  école  qui  ait  été  créée  par  TAci^ 
demie  Royale.  Depuis  1691,  elle  a  fonctionné  sans  interruplioD; 
elle  existe  encore  aujourd'hui  sous  le  nom  d^ École  municipale  des 
Beaux^Arts  et  arts  décoratifs. 

Sommaire  des  Procès^verbaux  de  l'Académie  Boy  aie  reîatift 
à  V Ecole  académique  dû  Bordeaux 

1688,  mai  29.  -^  Lecture  d'une  leUre  du  11  mai  de  MM.  de  Boa^ 
deaux  qui  projettent  un  établissement  académique  et  acceptent  les  artirîci 
envoyés  par  l'Académie. 

1689,  janvier  29.  —  Lecture  d'une  lellre  de  XLM.  les  Peinire^  rt 
Sculpteurs  de  Bordeaux  qui  ont  T intention   d'établir  une  Ecole  acâd^ 

1  Les  diCGcuUés,  créées  par  le  fisc  fur  eut  s  au  levé  es  ptr  ta  jaloude  de$  autr^ 
peintres  et  sculpteurs  de  Bordeaux.  Nûus  avooiï  Irouvéf  dans  \û^  ftcles  des  do 
des  pièces  fort  curieuses,  que  nous  ne  publions  pat  ici,  qui  expliquent  ckii        t 
les  causes  de  la  correspondance  actiic  de  l' Ecole  académique  et  de  1*Aj         ? 
royale  de  Paris. 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE    VILLE   DE    BORDEAUX.     917 

mique...  Faffaire  n'a  été  retardée  que  par  la  difGcullé  d^ea.  parier  à 
M.  le  Protecteur* 

1690»  mai  6.  —  Nouvelle  lettre.  L* Académie  charge  le  secrétaire 
d'apporter  les  Règlements  à  la  prochaine  séance. 

1690,  juin  3.  — »  L^Académle  consent  à  rétablissement  demandé  }\ 
condition  de  se  conformer  à  la  discipline  observée  à  T Académie  royale. 

1691,  février  3.  —  M.  d'Eslrehan,  intendant  de  Tarchevéque  de- 
Bordeaux,' vice-protecteur  de  TEcoIe  académique,  vient  recevoir  les  lettres 
patentes.  Elles  lui  sont  remises  par  M.  Mignard. 

1691 1  mars  3.  —  Remerciement  de  Tarchevêque  de  Bordeaux  et 
demande  par  TEcole  académique  d^une  copie  des  lettres  patentes. 

1691,  juin  18.  —  L'Ecole  académique  s'étant  qualifiée  Académie  de 
Peinture  et  de  Sculpture,  il  est  ordonné  au  secrétaire  de  rappeler  à  l'Ecole 
de  Bordeaux  qu'elle  doit  «  se  renfermer  dans  la  qualité  d'Ecole  ucadé- 
Il  mique  n  •  Le  sieur  Leblond  de  Latour  «  ayant  pris  la  qualité  d'Acadé- 
«  micien  de  l'Académie  Royale,  il  a  été  résolu  de  lui  écrire  d'envoyer  copie 
it  des  lettres,  en  vertu  desquelles  il  prend  cette  qualité  » . 

1691»  juillet  28.  -^  Lettre  de  l'archevêque  de  Bordeaux  assurant 
s  que  ceux  qui  composent  l'Ecole  académique  de  Bordeaux  se  renferme- 
«  ront  dans  les  termes  de  leur  établissement  >".  —  Lettre  de  l'Ecole  fai> 
sant  sa  soumission.  —  Lettre  de  Leblond  de  Latour.  Il  ne  prendra  plus  la 
qualité  d'académicien  «  si  la  Compagnie  ne  Ta  pour  agréable  » .  Celle-ci  ne 
le  reconnaît  pas  comme  académicien. 

1691,  août  18.  —  Poursuites  ordonnées  contre  ceux  qui  se  quali- 
fient indûment  de  peintres  et  sculpteurs  du  Roy. 

1692,  janvier  31.  —  L'Ecole  académique  demande  si  tous  les 
enfants  des  académiciens  doivent  dessiner  gratis  ou  un  seul. 

1692,  mars  29.  — -  Le  fils  de  Lemoyne  se  plaint  que  l'Ecole  acadé- 
mique fait  des  difûcuUés  pour  le  recevoir. 

1703,  décembre  29.  —Les  Académiciens  (sic)  de  l'Ecole  académique 
de  Bordeaux  demandent  à  l'Académie  de  Paris  de  soutenir  leurs  privilèges. 

1704,  février  9.  * —  L'Académie  envoie  un  certificat  à  la  demande  de 
l'Ecole  académique,  afin  que  celle-ci  soit  exonérée  de  la  taxe  sur  les  arts 
et  métiers. 

1705,  janvier  12.  —  L'Académie  expose  à  Mansart,  présent  à  la 
séatice.  Protecteur  de  l'Académie,  que  l'Ecole  académique  de  Bordeaux 
est  inquiétée  par  les  Traitants  contrairement  aux  lettres  patentes  d'éta- 
blissement. Mansart  en  parlera  au  Roi. 

1705»  avril  25.  —  Lettre  de  l'Ecole  académique  à  l'Académie  et  à 
insart,  «  la  Compagnie  a  résolu  d'attendre  son  retour  pour  soutenir 
privilèges  de  l'établissement  fondé  à  Bordeaux  » . 


' 


018     LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL    DE    VILLE    DE    BOBDEiïl]^. 

1706f  janvier  9.  —  L'Académie  félicite  M.  de  Cotl«,  son  vicc-pro- 
tecteupde  ce  qu'il  a  obtenu  un  arresl  du  Conseil  des  ûnnnces,  en  fiïtur 
de  TEcole  académique  de  Bordeaux- et  des  Acadêmicieti^  qui  sont  dam  \u 
provinces. 

1726,  juin  1.  —  L'Ecole  académique  de  Rordeaux  étant  poursairie 
par  le  Traitante  l'occasion  de  rimposilion  sur  \e&  arts  et  métiers,  TAc*- 
demie  enverra  une  copie  de  l'arrest  du  Coiiseîlf  obtenu  en  17UG,  qui 
l'exempte  de  la  taxe. 

1726,  juillet  27.  —  L'Ecole  académique  remercje  rAcadéraie, 

1727,  mai  30.  —  La  protection  de  T Académie  est  de  nouieâit 
demandée  par  l'Ecole  académique  pour  Texemption  de  U  tane, 

LA   FAMILLE   DE   LE   BLOBdD    DE    DIT   LATOUH. 

Grâce  à  un  renseignement  que  nous  a  donné  le  Comtti'%  iml 
nous  le  remercions,  nous  pouvons  è\re  très  succinct  sur  la  famille 
de  Le  Blond  de  Latour,  dont  nous  avions  établi  la  généalogie. 

Puisque  sa  parenté  avec  de  nombreux  artistes,  acadétnicieiis 
pour  la  plupart,  est  connue,  il  suffira  de  Tindiquer  très  briève- 
ment et  de  fournir  tous  les  extraits  d'arcliives  qui  concernent  les 
Leblond  de  Latour  de  Bordeaux. 

Les  Lemoyne.  —  Nous  savions,  que  Jean  Lemoyne,  peintre 
d'ornements,  qui  devint  académicien  le  29  mars  1692,  anil 
épousé,  en  secondes  noces,  Geneviève  Le  Blond,  sœur  d*Antoine. 
Il  en  eut  sept  enfants,  dont  Tun  fut  le  filleul  de  notre  peintre. 
Lebrun  et  Nocret  furent  aussi  parrains,  les  femmes  de  Bérain  et  et 
le  Hongre,  marraines*  de  ses  autres  enfants. 

L*un  des  fils  de  Lemoyne,  Jean-Louis,  sculpteur,  vintà  Bordeau 
en  1692,  à  cause  de  sa  parenté  avec  le  peintre  de  la  ville.  H  fat 
reçu  agréé  de  TÉcole  académique  avec  son  cousin  Marc-Antoine 
Leblond,  fils  d'Antoine,  dans  les  séances  des  26  janvier,  4  manel 
4  octobre  1692  V  Celte  réception  est  une  preuve  certaine-que  Jean- 
Louis  Lemoyne  résidait  à  Bordeaux;  il  dut  y  faire  de  nombreiii 
travaux,  quelques-uns  nous  sont  connus.  Revenu  à  Paris,  il  y  devint 
Tacadémicien  de  grand  talent  dont  on  admire  les  œuvres  auLooTre. 

Marc-Antoine   Leblond  de  Latour,  qui  avait  fait  ses  études  à 

'  Jal,  Dictionnaire  critique  de  biographie  et  (Thistoire. 
'  Voir  aux  Pièces  justificatives,  aux  dates  citées. 


LES    PIEINTRES   DE    L'HOTEL  DE   VILLE    DE    BORDEAtJX.     919 

Paris,  avec  son  cousin  et  était  dans  les  bonnes  grâces  du  maréchal 
d*Albret,  gouverneur  de  la  Guienne,  avait  succédé  depuis  long- 
temps à  son  père  comme  peintre  de  la  ville,  lorsqu'en  1730  Jean- 
Baptiste  Lemoyne,  sculpjteur,  fils  de  Jean-Louis,  membre  des  Aca- 
démies de  Bordeaux  et  de  Paris,  qui  précède,  obtint  la  commande 
de  la  statue  équestre  de  la  place  Royale  de  Bordeaux.  Cette  situation 
particulière  explique  pourquoi  le  jeune  statuaire  fut  chargé  d*un 
travail  de  cette  importance  avant  quMl  eût  donné  la  mesure  de 
son  talent  et  quMI  fût  académicien  ^ 

Les  Robelin.  —  Jacques  Robelin,  architecte  ordinaire  du  Roy, 
directeur  de  la  bâtisse  du  Château  Trompette,  beau-père  d'Antoine 
Leblond  de  Latour,  né  à  Paris  en  1605,  mort  à  Bassens,  près  Bor- 
deaux, le  15  novembre  1677,  était  Tarchitecte  de  la  maison  de 
Sourdis,  à  Paris.  Il  fut  appelé,  à  Bordeaux,  en  1639,  par  Tarcbe- 
vèque  Henry  de  Sourdis,  bâtit  partie  de  THôpital  des  métiers  ;  puis, 
par  un  contrat  du  11  juillet  1656  fut  chargé,  avec  Michel,  sieur 
Duples8is,de  la  construction  du  Château-Trompette  sous  les  ordres 
deVauban.Son  fils,  Jacques  Robelin  le  jeune,  né  à  Paris,  en  1636, 
mort  à  Bassens,  le  1*'  avril  1686,  qui  entreprit  les  mêmes  travaux 
en  association  avec  Michel  Duplessis,  était  architecte  du  Roy  maître 
et  conducteur  des  œuvres  de  maçonnerie  en  Guienne. 

Les  minutes  des  notaires  fournissent  des  pièces  curieuses 
concernant  le  contrat  de  mariage  d'Antoine  Lebloiid,  portant 
4,000  livres  de  dot,  apportée  par  Tépouse,  pour  le  payement  de 
laquelle  dot,  Robelin  emprunta  et  donna  sa  maison  de  la  rue 
Saint-James.  Les  droits  aux  successions  maternelles  furent  la 
source  de  procès  Robelin-Montflard,  maître  sculpteur,  son  beau- 
frère,  qui,  après  leur  décès,  continuèrent  entre  les  héritiers 
Robelin-Leblond  et  veuve  Montflard»  femme  Chevré,  maître  sculp- 
teur. Mais  toutes  ces  difficultés  d*argent,  n'intéressant  pas  Tart, 
nous  passons. 

Les  Leblond^  —  Jean  Leblond,  peintre  du  Roi,  reçu  membre 
deFAcadémie  royale,  le  1*'  août  1681,  et  son  fils  Jean-Baptiste- 
Alexandre  Leblond,  architecte  des  jardins  royaux,  puis  de  Tempe- 
reur  de  Russie  où  il  construisit  le  palais  Péterbof,  étaient  cousin- 

Li  statue  équestre  de  la  place  Royale  de  Bordeaux,  démolie  et  Tondue  en 
)3,  est  trop  connue  pour  que  nous  citions  des  textes  relatifs  à  celte  belle 
-jre. 


920     LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL    DE    VELLE    DL    BÛBDEAUIC 

germain  et  cousin  de  Leblond.  IVous  ne  â&viona  pat  que  c^lte 
parenté  avait  été  établie  avant  nos  recherches. 

Les  Leblond  dits  de  Latour.  —  Antoine  Le  blond  dit  de 
Latourestné,  à  Paris,  d*  Antoine  Leblond,  maître  orfètr  cet  bourgeois 
de  Paris  et  de  Geneviève  Le  Masson.  Son  contrat  de  mariage, 
du  3  mai  1665,  avec  Marie-Madeleine  Robelin  nous  apprend  qu'il 
était  orpbelin  et  que  M.  de  Boîsganiîer,  receveur  de  la  Complablie 
à  Bordeaux,  son  ami,  représenta  seu)^  sa  famille  et  ses  ami^ 
Leblond  habitait  probablement  Bordeaux  depuis  peu  d'années. 

La  bénédiction  nuptiale  fut  donnée^  à  Bordeaui,  dans  ïéghst 
Saint-Mexens,  le  7  juin  1665.  La  veille,  Lcbbnd  de  Latour  arâJt 
été  nommé  peintre  ordinaire  de  THôtel  de  ville  ,  nous  igoomn? 
pourquoi  Leblond  ajoutait  à  son  nom  u  tTjt  de  Latour  ^.  M  »ûn 
père,  ni  son  fils,  dans  sa  vieillesse  ne  prirent  cette  quatilicatiou 
qui  lui  semble  personnelle. 

Nous  avons  fait  connaître  Tœuvre  du  peintre,  le  talent  de  Vkû- 
vain,  le  dévouement  du  professeur,  il  ne  nous  reste  plus  qd'î 
donner  les  noms  de  ses  descendants, 

Antoine  Leblond  dit  de  Latour  mourut  rueSaint-JaD.e$,da[i£li 
maison  que  son  beau-père  lui  donna  pour  s'acquitter  de  partie  Je 
la  dot  promise  à  Marie-Madeleine  Robelin,  sa  femme.  L'acte  df 
décès  est  du  9  décembre  1706,  paroisse Saint-ÉIoî.  Sa  femme  était 
morte  dans*  sa  propriété  de  Bassens,  en  1698.  mais  le  corps  fui 
apporté  dans  le  caveau  de  famille,  église  Saînt-Éloi»  ^^dans  le  chmt 
d'icelle  devant  le  grand  autel.  !>  Voir  Pièces  justîL  1706,  et  I ûê 
plaça  bientôt,  près  d^elle»  celui  de  son  époux. 

De  leur  mariage  sont  nés  six  enfants, 

1.  —  MARC-ANTOIXË  LEBLOM)  DE  LATOUR. 

PEINTRK    ORDINAIRE  DU   ROV,    PEIVTHE   OHD[\AIIlE    DE    t'hlâTËU    DK  VaLg, 
MEMBRE  DE  l'aGAD^MIE  DE  PKÏXTL'R^   Kl  Sr.VLPTURK  DE  POItDEAlIX, 

1668  avril  10  f  17U  octobre  Î9. 

Marc-Antoine  Leblond  de  Latour  est  né  à  Bordeaux,  p&rDisse 
Saint-Mexens,le  7  août  1668,  et  fut  nommé  peintre  de  l'Hôtel  d( 
en  survivance  à  son  père,  le  30  août  1690>  Marc-Antoine  sen 
le  14  février  1703,  à  Cbarlotle  Renard,  Bile  d*un  maître  o' 


LES   PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.     921 

et  nièce  d*uQ  maître  tapissier,  tous  deux  employés  par  la  ville  et 
par  le  dac  d*Epernon.  Il  eut  d'elle  treize  enfants,  mais  en  1 745  un 
seul  fils  et  cinq  filles  avaient  survécu  :  Pierre,  deux  Marie,  deux 
Jeanne  et  Michelle. 

Marc-Antoine  Leblond  de  Latour,  peintre  de  THôtel  de  ville, 
a  droit  à  une  biographie  que  nous  ne  pouvons  placer  ici.  Ses 
travaux  furent  aussi  importants  que  ceux  de  son  père  :  portraits  de 
jurais,  tableaux  d'église,  peintures  décoratives  aux  entrées  royales 
on  princières,  honneurs  funèbres,  etc.,  occupèrent  son  pin- 
ceau ^  Il  était  peintre  de  FHôtel  de  ville  lorsqu'on  adopta  le  plan 
de  la  place  Royale,  en  1728,  et  ne  fut  pas  étranger  au  choix  du 
sculpteur  de  la  statue  équestre,  le  fils  de  son  cousin-germain  et 
condisciple,  Jean-Baptiste  Lemoyne,  fils  de  Jean-Louis.  Marc- 
Antoine  fut  déposé  après  sa  mort  dans  le  caveau  de  sa  famille, 
à  Saint- Eloi. 


II. — JACQUES  LEBLOND  DE  LATOUR. 

PRESTRE  ET  CHANOINE  DE  QUéSEC,   W  CANADA,  CVKi   DE   LA  BAIE  SAINT-PAUL  (CANADA). 

1671  janvier  14  f  1715  juillet  31. 

Jacques  Leblond  de  Latour,  prêtre,  né  le  17  janvier  1671, 
partit  au  Canada  en  1690.  Il  devint  chanoine  de  Québec,  ainsi 
qu'en  témoignent  les  actes  de  baptême  de  ses  neveux,  des  3  avril 
1707  et  6  avril  1714. 

Il  mourut  le  30  juillet  1715,  étant  curé  de  la  baie  Saint-Paul, 
et  fut  enterré  dans  Téglise. 

Cl  [.  —  Leblond  Jacques,  fils  de  Antoine  Leblond  de  Latour 
«  et  de  Madeleine  Robelin,  de  Saint-André,  diocèse  de  Bor- 
tt  deaux.  Sépulture  le  31  juillet  1715,  à  la  baie  Saint-Paul.  — 
«  2.  —  Vint  au  Canada  le  24  mai  1690.  —  Curé  de  la  haie  Saint- 
PaulV  V 


^  Il  prit  part  aux  travaux  décoratifs  de  l'Entrée  du  roi  d'Espagne,  le  17  dé 
mbre  1700,  des  hooneurs  funèbres  de  Louis  XV,  le 5  octobre  1705,  dtf  l'Entrée 

t'infante  d'Espagne,  le  25  janvier  J722,  etc. 

^  Mgr  le  chanoine  Gyprien  Tangua  y,  Dictionnaire  général  des  familles  cana- 

unes,  1890,  Montréal  (Canada),  Eusèbe  Sénécal^t  fils,  insp.-édit.  în-8*. 


1 


m    LES   PEINTRES  DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEàUI 

IIL  —  PIERRE  LE  BLOAD  DE  LATOIFt 

INGliNIEUR   ORDINAIRE  DU   RUV,    GOUITCHKEIR   HU  UlS&tBÈttL 

1673  septembre  3  f  .,. 

Pierre,  troisième  fils  de  Leblond  ilc  Latour,  fit  ses  étode^t 
l'École  académique  que  dirigeait  sou  père  et  à  TEcole  d'hfttnï- 
graphie  que  les  jurais  avaient  fondée,  en  1680,  pour  les  marins 
et  les  ingénieurs  de  la  marine.  Pierre  Leblond,  \,  Berquio,  Sb 
d'un  professeur  de  sculpture  de  TÉcûle  académique»  elao  Iroi- 
aième  étudiant,  dont  nous  n'avons  pas  le  nom  \  obtinrenl  le  litn 
d'inventeurs  du  Roi,  preuve  évidente  que  les  deu%  écoles  èlat«pl 
florissantes.  —  Le  5  juillet  1699,  Pierre  Leblond  donnait  si 
procn ration  à  son  père  et  â  son  frère  Marc-Antoine,  pour 
emprunter  1,274  livres  4  sols  à  Claude  Michel  Dupleâs'is,  aSn 
d'éteindre  la  dette  veuve  MonDart,  femme  Jean  Chavra.  Il  demen^ 
ratt  alors  à  la  Rochelle  où  il  était  ingénieur  du  Roy.  Le  13  février 
1703,  il  signait  en  celte  qualité  au  mariage  de  son  frère  Marc- 
Antoine,  mais  le  21  janvier  170ti  et  le  25  septembre  1716,  il 
habitait  le  Canada,  puisque  les  actes  de  baptême  inscrits  à  cestliia 
portent  :  «  faisant  pour  Pierre  Leblond,  ingénieur  du  Rof«  %m* 
verneuf  du  Mississipi.  »  « 

Fut-il  gouverneur  d'une  province  ou  du  fleuve  Mississipi?  \oiu 
pencherions  à  prendre  le  sens  du  mot  gouverneur,  pour  ingénieur 
chargé  de  gouverner  les  eaux  du  fleuve  Mississipi,  c^r  Lebload  oe 
figure  pas  comme  gouverneur  d'une  province  dans  le  beau  liire  de 
Mgr  Tanguay.  Nous  ignorons  à  quels  travaux  il  employa  son 
talent  et  à  quelle  époque  il  mourut. 

IV.  —  UARlE-MAnSLEIKTE  LE    BLOS^D  DE  LATOUR 

MARUiS  A  CHARLES  SERMENSAN,  MUTR&  OHFEVH?,  RUK  SAlKT-iAUlS»   \  BOUUCI. 

Iti76  juillet  30  f 

Les  Sermensan  étaient  les  grands  orfèvres  de  Bordeaui  de  père 
en  fils.  Ils  fournirent  la  plupart  des  pièces  d*orfèvrerie  r^- 
mandées  pour  les  églises  ou  par  le  clergé  pendant   tout  le 

s  Voir  Pièces  justificatives,  1705,  31iivnl.-*Lettre  de  I^Acadëmic  à  Mgr  Up' 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE   VILLE   DE    BORDEAUX,     033 

septième  siècle.  II  ne  serait  pas  impossible  que  les  beaui  ba&* 
reliefs  en  argent,  provenant  de  Tancien  Hôpital  des  métiers,  fussent 
sortis  de  leurs  ateliers,  car  ils  portent  les  poinçons  des  gardes  de 
Bordeaux.  —  Marie-Madeleine  Leblond,  épouse  Sermen.san,  €St 
Taîeule  maternelle  de  Tcstimable  peintre  bordelaii^  Taîllagson. 
C'est  par  elle  que  celui-ci  est  relié  aux  Leblond  de  Latoun 

V.  —  JOSEPH-SULPIGE  LE  BLOND  DE  LÂTOUR 
1IAITR8   ORFèVKR,    PAROISSE   SAINT-PIKRRB,    A    RORDEAUX. 

1680  octobre  14  f  1752  avril  5. 

Joseph-Sulpice  Le  Blond  de  Latour,  orfèvre,  signe  en  cette 
qualité  au  mariage  de  son  frère  Marc-Antoine,  le  14  février  1703. 
Son  parrain  était  un  moine  bénédictin  Joseph-Sulpice  <fe£{?Kr£(iii. 

VI.  —  ANTOINE  BONAVENTURE  LE  BLOND  DE  LATOUR 

IfOIXB  DE  LA  MERCI  ET  DB  LA  RÉDEMPTION  DBS  CAPTIFS. 

On  lit  :  a  Antoine-Bonaventure  Leblond  de  Latour,  faisant  pour 
Pierre  Le  Blond  de  la  Tour,  ingénieur  ordinaire  du  Roy  19  au 
baptême  de  sa  nièce  Marie,  le  25  janvier  1706.  Un  contrat 
d*obligation  de  230  livres  de  pension  annuelle  et  viagère,  passé 
devant  Sarrauste,  notaire  royal,  le  14  mai  1724,  nous  fait  savoir 
qu*Anloine-Bonaventure  fut  reçu  novice,  le  21  avril  1723»  u  dans 
tt  le  couvent  de  la  Mercy  de  Toulouse  n  et  que  la  maison  de  son 
frère,  rue  Saint-James,  fut  hypothéquée.  C'est  tout  ce  que  nous 
savons  du  plus  jeune  des  fils  Leblond  de  Latour  '. 

CONCLUSIONS 

En  résumé,  on  peut  conclure  des  notes  biographiques  qui 
précèdent  : 

—  Que  Le. Blond  de  Latour,  néd*un  orfèvre  de  Paris,  fit  ses 
dbides  dans  cette  ville; 

Voir  Pièces  jastificatives,  aux  dates  indiquées. 


1 


924    LES   PEINTRES   DE    L*HOTF>L   DE    VILLE    DE    fiOnïïEÂDX. 

^    — Qa*il  fut  probablement  élève  de  TAcadéoiJe  de  Paris  et  d« 
Charles  Lebrun  ; 

—  Qu'il  fit  des  travaux  pour  le  Roi  c'eat-à-dîre  dans  les  manu- 
factures ou  dans  les  palais  royaux,  par  la  prolection  de  LeliraQ  el 
de  TAc^démie  ; 

—  Que  cette  situation  particulière  lui  permit  de  prendre  If 
titre  de  peintre.du  Roi  et  même  d'agréé  de  TAcadéaiie,  êd  vertu 
des  statuts  et  articles  de  jonction  du  7  juiu  1652^ 

—  Qu'il  ne  fut  agréé  par  TAcadémie  que  comme  candidût 
agréable,  c'est-à-dire  pouvant  présenter  des  travaux  pour  obteair 
une  nomination  officielle,  mais  que  cette  formalité  indiâpcosable 
n'ayant  jamais  été  remplie,  il  ne  reçut  pas  de  lettres  patentes: 

—  Qu'il  créa»  défendit  et  rendit  prospère  TÉcole  académique 
de  Bordeaux,  fondée  en  1690; 

—  Qu'il  fit  une  œuvre  considérable,  dont  plus  de  centportraits^ 
en  pied,  des  jurais  de  Bordeaux  et  autant,  eo  buste,  plus  ki 
décorations  des  entrées  royales  ou  prim-ières,  des  tableaui 
d'église,  etc; 

—  Qu'il  eut  la  plus  grande  influence  sur  les  Beaux-Arts^  «a 
Guienne,  comme  artiste  et  comme  professeur; 

—  Que  le  respect  dont  l'entouraient  ses  confrères  prouve  iurir 
bondamment  sa  supériorité  sur  eux  tous  et  les  services  qu'il  i  pn 
rendre  aux  Beaux-Arts  ; 

—  Enfin,  que,  fils  d'orfèvre,  il  eut  un  fils  et  un  gendre,  orf^ 
vres  à  Bordeaux,  et  que,  peintre  de  la  ville,  il  laissa  un  tils  qui 
obtint  la  survivance  de  sa  charge  :  Hlarc-Antoine  Le  Blond  dit  Je 
Latour  qui,  lui-même,  décida  la  vocation  de  son  arrière  petit 
neVeu  le  peintre  bordelais  Taillasson  et  fit  obtenir  la  commâDde 
de  la  statue  équestre  de  Louis  XV  a  son  cousin,  Jean-Baplbte 
Lemoyne,  l'éminent  statuaire. 

Bordeaux,  janvier  1898. 

Ch.  BBAQCSBâTK, 

Membre  dûh  résidant  du  Comilé  da 
Saciétt^s  àet  Beaui^-ilrU»  des  dept^^ 
mente,  à  Bardeaux* 


LES   PJGÏNTRËS    DE    t  HÛT£L  DE    VILLE    DB   fiOfiDBAtJX.    9J& 


PIFXES  JUSTIFICATIVES  • 

1665 
Fiançailles  Le  Blond  diel  de  Latotir  et  Robtlin* 

Muî^.  — ^  ^  ...  ont  esté  présent  en  leurs  personnes  Antoine  Le  Bioiîd 
a  dil  de  Lâtour,  bourgeois  de  la  ville  de  Parié  et  natij  d'ictlU  y  peintre  du 
A  Rmj^  habîtanl  de  présent  en  ce^te  ville  de  Oourdeaulx,  parroIsAe  SainW 
c  Mcian5>  ïih  naturel  et  légitime  de  feu  Anloine  Le  Blond,  il  tant  orphèvre  1 

■  et  bourgeois  de  lad.  ville  de  Fariâ  et  de  feue  Geneviève  Le  Maison  »es  ^ 
m  père  et  mère  d'une  part  et  Marîe-Ma^ddaine  EobeJin,  damoisellc,  G  lie  " 
4  naturelle  et  légitime  du  sieur  Jacques  Hobelin,  architecte  ordinaire  du 

tt  Roy  et  de  feue  MQ|]delaine  Monflard,  ses  pire  et  mère,  habitants  de  la  | 

ti  présanle  ville,  parroiâse  Saint- Meians,  d'autre,  lesquelles  parties  pro-  I 

«  Tédantf  seavoir,  ledîct  sieur  Le  lUond  de  Tadvis  et  assistance  de  \T\L  Jean- 

«   Baptiste  (larnier,  sieur  de  Boisfjarnieret  aultres  ses  aniîs...  et  ladicte 

M  damoiselle  RoUelin,  de  TadviSi  consentement,  auttoritéet  licence  dudjct 

H  sieur  Uobelin  son  père,  et  Jacques  Robelinf  architecte  et  maistre  et 

B  conducteur  des  œuvres  de  uiassonnene  en  Guienne,  son  frère,  François     ,. 

H   MonHard,  m'"  sculpteur,  son  oncle.  Loués  Comuer,  cousin  germain, 

u  Nicolas  Desjardins,  chevalier;  gcnj]rapbe  et  ingénieur  ordinaire  du  Roy 

i  et  directeur  des  forlirHcntions  du  ChasLeau  Trompette  de  Bordeaux  et 

tf  sieur  Gaston  d'Ëscudier  major  commandant  dans  le  chasteau  Trompette 

Il  et  autres  ses  amis,  ont  promis  soi  prendre  pour  mari   et  femme  et 

■  entr'eux  solempniser  le  S^-Sacrement  de  mariage,  s 

(irchifei  d^ptrtcjartitale»  dé  iâ  Gironde.  EérU  E,  notaireë,  ^  LjcJ^Pirt.) 

Mariage  Le  Blond  de  Latour  et  Robelin,  * 

Juin  6,  —  Xomination  du  peintre  de  la  Ville ^  ^  du  same3y  (>  juing 
«  1665  —  Peintre,  —  Anthoine  Le  Blond  dict  de  Laiour  a  preste*  le 
u  serment  de  peintre  ordinaire  de  la.  ville  au  cas  resquis  et   acoustumé 

■  au  lieu  et  place  de  feu  Philippe  Deshayes.  n 
lArfhife*  ma  ni  ci  pile»  tle  Bordtaui*  s^rie  BB  .juiviic  ietil-16ti5,  P*  \Tù  ) 

Juin  7,  —  4f  Le  septicsme  du  mois  susdict  ont  espouze  Anlhorne 
Le  Blond  diet  de  Latour^  bour<]eois  de  la  ville  de  Paris  cl  natif  d'icelle, 
peintre  du  Hoy,  a  presanl  mon  parroi^steu,  et  damoi^eUc  Mûrie  Magde- 


926     LES   PEINTRES   DE    L  HOTEL   DE    VILLE.  DE    BORDEAUX. 

tt  l&ine  Robelin,  aassy  ma  paroissienne,  en  présence  deM*"Robelîn  pire 
tt  de  la  susdicte  espouze  et  de  Jacques  Bernard  et  de  plosteurs  tntres. 
•  AvrouîE  Lbblond  dict  de  la  Tour  —  KIarie  Madklaisie  Robelu  — 
«  J.  Raisuii  —  J.  Bernard.  » 


(Archivât  «M|jici|itlet  de  Bordeaux.  —  Registres  de  l'état  civil,  paroine  Stmt- 
Mexent.) 

1666 

Mars  13.  —  «  demi  année  de  ses  ga^es  à  Latour  ptitUre^  .qui  finira  ie 
«  20  juin...  60  livres.  » 

-  (Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  ComplabiHti^  i^Uets  demi-brAlés,  non  dssiè^ 

Juin  5,  —  Plus  aulre  mandement  en  faveur  ai  Antoine  Lalov, 
u  peintre  ordinaire  de  la  Ville,  de  la  somme  de  cent  livres  sor  et 
«  en  desduction  de  400  livres  qu'on  luy  a  promis  pour  le  gftad  tablete 

il  qu'il  faict  avec  un  Cntcifix^  pour  MM.  les  Jurats  —  DaUmpirtt 

a  100  livres.  »  (Id.) 

u  Autre  mandement  en  faveur de  Lalour,  peintre  ardintm*,^ 

[cent]  trente  cinq  [livres  pour  les  trois  pourtraits  qu'il  a  fait  de]  ^IM.  de 
Ponch[ac,  Sieur  de  Ségur,  Clary  et  Sossiondo,  jurais].  »  {Td,) 

tt  Autre  mandement  en  faveur  de  Antoine  Lalour,  peintre^  ordiwm 

fL  de  la  ville  de  la  somme  de  cent  vingt  livres  pour  les et  dix  bH 

«  armoiries  qu'il  a  faites  pour  les  honneurs  funèbres  de  la  feue  RefM 
a  mère  —  J.  de  Longuerue  ».  120  livres,  (fd,) 

u  Plue  un  mandement  en  faveur  de  Jean  Liiganoisei  JeandeRtgtfru^ 
«  maîstres  vitriers  de  la  soomie  de  165  livres  pour  trois  cents  armoiries 
u  qu'ils  ont  faict  pour  les  honneurs  funèbres  de  la  fene  Reyue  et  eent 
tt  livres  pour  la  peinture  qu'ils  ont  fait  pour  la  chapelle  ardente  —  i.  A 
tt  Longturue.  » 

Avril  21.  —  Apprentissage  Jean  Polilluot^  chez  Leblond  de  Latwr. 

—  tt  ...  Nicolas  Desjardins,  chevalier,  géographe  et  ingénieur  ordinaire 
«  du  Roy  et  directeur  des  fortiffications  du  Château  Trompette,  de  Bor- 
u  deaux,  lequel  faisant  pour  François  Pouliot^  maitre  peintre,  demea- 
u  rant  &  Saint  Jean  de  Luz,  et  en  conséquence  des  lettres  missives  à  luj 
tt  escriptes  par  ledict  Pouliot,  a  de  son  bon  gré  bailhé  et  mis  ponr 
tt  apprentif  k  sieur  Anthoine  Leblond  de  Latour,  bourgeois  et  maistit 
tt  paincture  {sic)  juré  de  la  présente  ville,,  ici  présant  et  acceptant  :  ietn 
tt  Pouliot  fils  dudict  François  Pouliot  et  ce  pour  le  temps  et  espace  de 
«  troys  années  continuelles  et  consécutives...  pendant  lesquelles 

tt  sieur  Desjardins  faisant  pour  ledict  Fraaçois  Pouliot,  a  promis  a 
a  ledict  Jean  Pouliot,  apprentif,  sera  teneu  de  bien. et  fidellemeat! 


LES   PEINTRES   DE    Ju'HOTEL    DE    VILLE.  DE    BOBDEADX.     937 

«  ledicl  sieur  Leblond  de  tous  services  utiles  et  honnestes,  luy  procurer 
Ci  son  bien  et  esviler  le  mal  an  mieux  quy  luy  sera  possible  et  aussy 
tt  ledict  sieur  Leblond  a  promis  renseigner  de  son  art  de  peincre  pen- 
u  dani  lesdictes  troys  années,  nôrrir,  blanchir  à  Tordinaire  de  sa  maison, 
«  sain  et  malade,  sauf  que  sy  ladicte  maladie  excédoit  huict  jours,  ledict 
tt  apprenlif  ou  ledict  François  Pouliot^  son  père,  seront  teneus  de  paier 
u  Textraordinaire,  ensemble  les  pansemans  et  médicamens...  et  sy  ledict 
tt  apprenlif  venoit  à  quitter  ledict  sieur  Leblond  pendant  le  temps,  ledict 
tt  Pouliot  père  sera  teneu  de  luy  remettre  ou  luy  bailler  un  autre  garson 
u  sy  capable  que  ledict  apprentif  lorsqu'il  en  sortira  à  ses  despens... 
tt  comme  aussy  en  cas  que  ledict  apprentif  vint  à  mal  verser  dans  ladicte 
tt  maison  ou  fairoit  perdre  quelque  choze  audict  sieur  Leblond  ou  par 
«  son  deffault  luy  seroit  derrobé  quelque  choze,  audict  cas  ledict  Fran- 
tt  çois  Pouliot  père  sera  teneu  comme  ledicl  sieur  Desjardins  promet  de 
tt  le  paier  au  dire  et  estimation  d'experts  à  ce  cognoissant.  Pour  lequel 
tf  apprentissage  ledict  Desjardins,  audict  nom,  a  promis  faire  payer 
«  at^icl  sieur  Leblond  la  somme  de  cinquante  escus,  scavoir  vingt-cinq 
B  escus  comme  defaict  sur  ces  mesmes  présantes.,,  et  pour  les  vingt-cinq 
tt  restants  a  promis  les  paier  dans  dix-huit  mois  prochains  venants...  » 

tt  Desjardins,  Antoine  Leblond  di  de  la  Tour,  Juan  de  Polilluot. 

Liquart,  notaire,  » 

(ÂrcbiTei  dëpartemenUles  de  la  Gironde.  Série  E.  notaires,) 

1667 

Mai  7.  —  tt Peintre  ordinaire  de  la  Ville,  trente  six  livres  pour... 

«  armoiries  qu'il  a  faictes  tant  pour  le  may  de  Mgr  de  Saint  Luc  et  pour 
u  celui  de  la  Ville.  (/</.) 

tt  Février  16.  —  Plus  autre  mandement  en  faveur  d'^nMoin«  Z»fl/our, 
a  peintre  ordinaire  de  la  Ville  de  la  somme  de  60  livres  pour  demi- 
tt  année  de  ses  gages  qui  finira  le  G  juin  prochain...  60  livres.  »  (Id.) 

1668 

Août  10.  —  Baptême  Marc  Anthoine.  u  du  mardy  10  aoust  1668.  — 
«  A  esté  baptisé  Marc  Antoine  fils  de  Antoine  Le  Blond,  Maisti^  peintre 
tt  et  de  Marie  Madelaine  Robelin,  sa  femme,  de  la  parroisse  de  Saint  Eloy, 
tt  parrain,  Jacques  Robelin,  architecte  ordinaire  du  Roy,  marraine  Anne 
«  Bonpas,  nasquit  samedy  7  dadicl  moy  à  10  heures  du  soir,  le  père 
t  absent,  la  marraine  n'a  sceu  signer.  »  J.  Robelin. 

(Archiïet  municipales  de  Bordeaux.  —  Élat  ciïil,  paroisse  Saint-André.  Naissaneet^ 
[4780 


928     LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL    DE    VILLE    DE    BOBDEAUX 

Septembre  4.  '—Lettre  du   Sieur  Lehtond    de  Latour  â  un  de  ici 

«  amis^  contenant  quelles  instructions  touchant  la  peinlure^  dédia  à 

u  M,  de  Boisgamier  R,  D,  L.  C,  D.  F,  à  Bourdtaux,  par  Piem  d* 

K  Coq,  imprimeur  et' libraire  de  tUniveruié^  1669,  inF^''  del^pa^.r 

L  a  été  signée  et  datée,  4  septembre  I66§. 

I  1669 

I  Date  de  fimpresiUm  du  mémoire  ci- dessus* 

l  '  1670 

^  Juinl,  —  ^  A  Latour,  paintre^  trente  six  \hrcs  pour  les  armoiries  qa'il 

t  tt  a  fait  pour  orner  lesdicls  mays  par  mandement  du  7  juin  L6T0.*.  * 

(Archives  municipales  de  BûrdeïDK.  —  Comptaèiiité^/émtlUu  d^mi^tràlù.  Uk.  al) 

Juin  7.  —  a  à  Anikoine  Latour  peindre  ordinaire  de  ia  riik 
tt  cent  quatre  vingt  livres  pour  une  année  et  demy  de  ses  ^agts  par  trob 
mandements  des  19  juin,  4  décembre  166Ï)  et  juin  ïtJTO,  ^  {Id.) 

Juillet  30.  —  u  Arrcsi  du  Conseil  dn  18  du  niêmc  mois  qui  ordonne, 
tt  entre  plusieurs  chozes  qu'il  ne  Sf^roiË  payé  aucun  ^n^es  au  peintre  deU 
a  ville,  n  (76) 

(Archives  municipales.  —  Inventaire  Mammaire  de  1154*  —  JJ.) 

Juin  9.  —  il  A  Latour  paintre,  trante  si  s:  liirres  pour  les  armoiries  qu'il 
u  a  fait  pour  orner  lesdictz  mays  par  mandement  du  7  juin  1670<  • 

.  (Archives  municipales  df  Bardeim,  feuiJIets  deml-briïl^i,  toc.  cit.) 

1671 

Janvier,  18.  —  «  Du  mesme  jour  18*  janvier  1071,  —  a  esté  baptisé 
tt  Jacques,  fils  de  Antoine  Le  HJond  de  Latour  et  de  Marie  XUcielun^' 
tt  Robeiain,  sa  femme,  parroi&se  Saine t  Eloy,  parrain  Jâcqueii  RobeUii), 
«  architecte,  marraine  Jeanne  Delanoûe,  nasquit  Mercredy  14  pâi  moiâ^ 
«  5  heures  et  demy  du  soir,  la  marraine  n*a  pas  sceu  signer  «. 

ti  A.  Lehlond  de  Latour  —  J.  Robelin. 

(Archives  municipales.  —  Étal  vixil,  Xaiitanceê.  paroiiie  Stiut-Andn^.} 

—  «  Mandement  en  faveur  d'Antoine  Le  Blond  de  Lalour  peinlr' 

«  de  la  ville,  de  la  [somme  j  de  rent  trente  cinq  livres  pour  les  tabkaui 
«  qu'il  a  faits  de  MM.  Vivey,  Lîcterie  et  Mercier  jurais... 

(Arcliiveg  municipales  de  BûrJeatii,  Tcuillets  demi*brûléa,  tùc.  cit.) 

Juin  21,  —  u  Aulrt'  mandement  en  faveur  d'Anthoine  Latour, 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.    929 

tt  ordinaire  de  la  VilUy  de  la  somme  de  60  livres  pour et  advances 

a  qu*il  a  faictes  pour  F  Entrée  de  Monseigneur  le  gouverneur.,,  autres... 
tt  les  galons,  cazaques pour  la  chambre  des  harangues »  (fd.) 

1672 

Afai  17.  —  a  à  Latour,  peintre,  trente  six  livres  pour  les  armoiries  qui 

«  ont  esté  mizes  audictz  mais  par  mandement  du   17*  may xxwi 

«  livres.  »  {Id.) 

Août  3.  —  «  à  Latour,  peintre  ordinaire  de  la  Ville,  cent  trente  cinq 
«  livres,  pour  les  tableaux  de  M.M.  de  Mallet,  Noguès  et  THosteau  par 
(.  mandement  du  3  aoust »  (Id.) 

—  u A  Latour  peintre fà5  Vivres  pour  avoir  réparé  les  tableaux  de 

c  M.  le  MareschalD'Ornano...  dans  la  Chambre  du  Conseil,  [^ar  mande- 
a  ment,  cy  45.  »  (fd,) 

1673 

Juin  22.  —  tt  Mandement  Anthoine  Le  Blond  de  Latour  la  somme  de 

a  600  livres et  d*advances  qu'il  a  faites  pour  ï Entrée  de  Monsei- 

«  gneur  le  maréchal  d'Albret.,.  «  (Id.) 

Juillet  29.  —  «  Au  mesme  Latour  peintre,  la  somme  de  45  livres 
a  pour  avoir  paint  et  doré  les  enseignes  les  deux  trompettes  par  mande^ 
a  ment  dudict  jour  29  juillet   1673.  » 

Juillet  29.  —  « portraits  de  MM.  de  Ponlhelier,  Sabathier  et 

«  Vatloux^  jurats...  135  livres,  n  (Id.) 

Septembre  3.  —  Baptême  de  Pierre  Leblond,  —  «  Du  dimanche 
tt  3  septembre  1673,  a  esté  baptisé  Pierre,  ûls  légitime  de  sieur  Anthoine 
■  Le  Blond  de  Latour  peintre  ordinaire  de  l'hostel  de  Ville  et  de  Marie 
«  Madelaine  de  Robelain,  sa  femme,  parroisse  Saint  Eioy,  parrain 
tf  Pierre  Michel,  marraine  Louise  Douât,  naquit  vendredy..,.  A  Le  Blond 
«  DE  LA  Tour.  » 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  État  civil.  Saint-André,  loc.  cit.) 

1674 

Juin  2.  —  u  Mandement  en  faveur  <ï  Anthoine  Latour,  peintre  ordi- 
a  naire  du  presant  hostel,  la  somme  de  42  livres  pour  14  armoiries 
a  quMl  a  faites  tant  pour  le  may  de  Monseigneur  le  gouverneur  que  pour 

«  celuy  de  la  ville,  à  raison  du  3  livres  pièce 42  livres  —  Plus  la 

Time  de  3  livres  pour  quelques  armoiries  qu'il  Ot  pour  les  funérailles 
feuM.Berthous,  revenant  à  45 livres.  » 

iC  18.  —  "  Mandement  en  îdxeur  à* A tUhoine  Lcblondt  peintre  or di- 

-59- 


930     LES   PEINTRES   DE   L'HOTEL   DE    VILLE    DE   BORDEAUX. 

tt  naire  de  la  Ville,  de  la  somme  de  135  livres  pour  les  tabkmix  tt 
«  portraits  de  MM  de  Poursat,  Durribaut  et  Béchoo,  qui  ont  fini  le  tenne 

u  de  leur  Jurade,  le  dernier  du  présent  mois 135  livres  >. 

(Archîtet  mnoicipaleB  de  Bordeaux.  —  Comptabilité,  feuillet»  demi-brdléi,  be.  cit.) 

1675 

Afai  4.  —  tt  Mandement  à  Antoine  de  la  Tour,  peintre  ordinaire  de  It 
«  Ville,  48  livres  à  luy  ordonnées  pour  avoir  fait  14  armoiries  pour  les 
tt  mays  qui  ont  estes  plantés  devant  la  maison  de  Monseigneur  le  goaur- 
tt  neur  et  devant  Thostel  de  Ville  et  pour  deux  autres  armoiries  données 
«  aux  tapissiers  de  la  ville  par  ordre  de  MM.  les  Jurats.  »  (/cf.) 

Mai  4.  -^  u  Mandement  Antkoine  de  Lalour,  peintre  ordinaire àh 
«  Ville,  de  la  somme  de  cent  trente  cinq  livres  pour  \e%  iablttoix  ht 
«MM.  de  Fonteneii,  Boisson  et  Roche  jurats,  135  livres;  plus  à  luy 
tt  ordonné  la  somme  de  45  livres  pour  le  portrait  du  Roy  qu'il  aeslè 
«  mis  dans  la  Chambre  des  beuvettes 45  livres.  ■  (II] 

1676 

Juillet  30.  —  Baptême  de  Marie  Madeleine  Le  Blond.  —  •  IWict 
tt  jour  30  juillet  1676.  ^ —  A  esté  baptisée  Marie  Magdelaine,  fille  légitime 
a  de  sieur  Antoine  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre  de  Thostel  de  Ville, et  ie 
tt  Marie  Magdelaiiie  Robelin,  demeurant  parroisse  S*  Eloy,  parrain  sieur 
«  Pierre  Leboy,  maislre  d^hostel  de  M' le  mareschal  d' Albret,  gouveroeor 
tt  de  Guyenne,  marraine,  Damoiselle  Marie  Michel,  nacquit  le  25  msi 
«  à  2  h.  du  m.  —  A  Lehlond  de  la  Tour.  — Marie  Michel.  —  Legoii>  • 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  Etat  civil.  Saint-André,  foc.  cit.) 

Novembre  4.  —  «  Autre  mandement  en  faveur  à'Anthoine  Le  Bknd 
«  de  la  Tour,  peintre  de  la  ville,  234  livres  à  luy  ordonnées  pour  twir 
c  faict  \e8  portraicts  en  long  de  MM.  de  Boroche,  Minvielle,  Carpenlej, 
tf  cy  devant  jurats  et  de  MM.  de  Jehan  et  Duboscq,  procureur  syndic  et 
u  Clerc  de  Ville,  qui  est  à  raison  de  45  livres  pour  chaque  portraîct  H 
u  neuf  livres  pour  avoir  peint  en  noyer  le  boisage  où   sont  appliqvés 

a  lesdictz  portraicts  dans  Thoslel  de  Ville 234  livres.  » 

•  (Les  portraicts  en  long,  e'est^ire  en  pied,  que  le  peintre  exécuitdtpwr 
l'hôtel  de  ville  étaient  faits  en  même  temps  que  les  portraits  en  buste  ]M 
étaient  remis  à  la  famille,) 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  — Comptabilité,  fentllett  demi-brâlës,  l$c,€il) 

1677 

Mai  12.  —  Entrée  de  M.  le  due  de  Rœquelaure,   gouver. 
«  A  Le  Bbm  dit  Latour,  paintre  ordinaire  de  la  Ville,  la  somm^         ^ 


LES   PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.    931 

u  cens  haitante  livres  dix  sols  à  Iny  ordonnée  pour  avoir  peint  laditte 
tf  maùon  navalUy  trois  batfeaaz  et  trente  trois  armoiries  par  mandemen  t 

a  et  quittance  du  douzième  may  1677^  cy ii*  iiii"  livres  x  sols.  »  {Id.) 

Juillet  21.  —  tt  Autre  mandement  en  faveur  d*i4n/ome  Le  Blond  de  la 
«  Tour,  peintre  ordinaire  de  la  ville  de  la  somme  de  deux  cent  dix  livres, 
«  scavoir  cent  cinquante  livres  pour  avoir  fait  les  trois  portraicts  de 
u  MM.  de  Lalande-Deffieux,  Ghicquet  et  Villatte,  jurats,  quarante  cinq 
u  livres  pour  le  portraict  de  Monseigneur  le  Dauphin,  et  15  livres  pour 
«  avoir  peint  le  lambris  desdits  portraicts.  » 

—  «  Lalande-Deffieux, iMThi,..  210  livres.  » 

(Archives  munieipale».  —  Regiêtre  des  mandetnenU,  sërie  CC.  1673-16TT.) 

Juillet  14.  —  «  Autre  mandement  en  faveur  de  Pierre  LaconTourque 
tt  de  la  somme  de  cinquante  quatre  livres  pour  le  lambris  du  tableau  de 
«  MM.  les  Jurais  qui  doit  estre  mis  dans  la  Chambre  du  Conseil  suivant 
tt  son  compte  arrêté  par  M'  Villatte  Jurât.  » 

—  «  Lalande-Deffieux,  jurats.  »   (Id.) 

1678 

F^ier  2.  —  «  Mandement  Le  Blond  de  la  Tour^  peintre  ordinaire 
fi  de  Us  Ville  de  la  somme  de  cinquante  livres  accordées  pour  le  portraict 
«  de  fea  M'  Berthous,  jurât » 

—  tt  Oufpnnet,  jurât,  Duprat^  jurât.  »  (Id,) 

Juin  10.  — >«  u  i4  Antkoine  Le  Blond,  dit  iMoury  peintre  ordinaire 
VL  de  la  Ville  la  somme  de  250  livres  à  lu  y  ordonnée  pour  avoir  fait  les 
tt  portraicts  de  Us  Rejine  et  de  MM.  de  Bourran,  de  Poittevin,  et  Roche  do 
tt  la  Tuque,  jurats, par  mandement  et  quittance  du  10  juin  dernier.  »(/J.) 

Juillet  20.  —  tt  Mandement  en  faveur  à'Anthoine  Le  Blond  de  la 
«  TVmr,  peintre  ordinaire  de  la  Ville,  la  somme  de  cent  cinquante  livres 
u  pour  avoir  faicts  les  portraicts  de  MM.  de  Guyonnet,  Duprat  etCournut, 
«  jurats,  et  la  somme  de  quinse  livres  d*autre  pour  avoir  peint  le  lam- 
tt  bris  dans  lequel  lesdictz  portraictz  sont  pozés  en  la  Chambre  du 
a  conseil  de  THoslel  de  Ville,  revenant  à  165  livres.  >* 

(ArchivM  municipales  de  Bordeaux,  —  Ctw^fiabilili,  feuillets  demi'brûlës,  loe»  ciV.) 

167» 

« 

— A  Antkoine  Le  Blond  de  la  Tomr^peintre  ordinaire  de  la  Ville 

tt  la  somme  de  60  livres  à  luy  ordonnée  pouir  vingt  escussons  qu'il  a 
tt  faictas  pour  lesdictz  mays  par  mandemeni  at  quittance  dudict  jour 

- LX.  »   (Fd.) 

bi  6.  —  «  A  Antkoine  Le  Blond  dit  Latour^  peintre  ordinaire  de 
a  Ville,  la  somme  de  60  livres  à  luy  ordonnée  pour  20  escussons  qu^ij 


93Î     LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL    DE    VILLE    DE    BORDEAUX 

u  a  faitz  pour  lesdiclz  mays.  Mandement  et  quittance  de  ce  jour.  ^  [II] 
Juillet  29.  —  «  A  Anthoine  Le  Blond dt  la  Tour.peînirtordimm  k 
«  la  ville  la  somme  de  60  livres  à  lu  y  ordonné*^  pour  demy  année  df 
«  Tentretenement  des  tableaux  dudicl  hosLel  de  Ville  par  iBandpmpnt  cl 
tt  quittance  du  29  juillet  dudict  an.  n  [!dj\ 

1680 

—  Confrérie  de  Saint-SébastUn,  —  Le  Blond  de  la  Toor,  reeu  ei 
1680,  a  signé  sur  le  registre  de  la  ^  Confrérie  de  Monseigneur  Saim- 
u  Sébastien,  S^  Roch,  S'  Martin,  S^  Hilaire  et  S-  Barbe...  inslitak  en 
«  Téglise  S»  Michel  de  Bordeaux  par  le  R.  1\  en  Dieu  Monseigneur  r\r' 
«  cbevesque  de  Bourdeaux  en  l'année  1497.  ^ 

(Archives  municipale»  de  Bordeaux.  —  CoUecUon  Ddpit.] 

Mai  8.  —  «  A  Anthoine  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre  ordinaircdfk 
«  ville,  la  somme  de  LX  Iivre&pour20  armoiries  qu'iUfaurnies  am  troii 
«  mays.  L'un  de  Monseigneur  le  duc,  l'autre  de  monseigneur  le  compte 
u  et  celluy  de  THoslel  de  Ville....  m  livres-  « 

(Archives  municipale»  de  Bordeaux.  —  Cùmptabftllé.  feiiiUel»  demi-brâlé».  tùc.  iH] 

Juillet  24.  —  «  De  la  somme  de  60  livres  pour  demi  année  de  gtg^s 
«  qui  commencent  le  15  du  présent  mois  de  juillet.  «  (7rf.) 

Septembre  21.  —  «  En  faveur  de  Anihoînè  Leblond  dt  ïa  Tmir,  f^nnirt 
«  ordinaire  de  la  ville,  la  somme  de  deux  cents  litres  pour  les  qu&m 
«  portraictz  de  MM.  de  Sallegourde,  Cornet,  Pontholse,  jurats,  de  Jehin, 
tt  procureur  syndic,...  200  livres.  « 

_  u  Lacour  Jurât.  —  Delbreil,  jurât,  ^ 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  lifgittredEtmundimtnU.  toc.  éit) 

Octobre  14.  —  Baptême  Joseph- Sulpkc  Le  Blond  de  la  Tour.  —  «<^' 
«  mesme  jour  14  octobre  1680  —  A  esté  baptisé  Joseph  Sulpi«  fit* 
.  légitime  de  Anthoine  Le  Blond  de  k  Tour,  peintre  ordinaire  del'Hoitel 
u  do  Ville  de  Bourdeaux  et  de  Marie  Robdy,  paroisse  Saint  Eloj,  parrtiiî 
«  Jacques  Leblond  de  la  Tour  pour  dom  Suipis  de  Bourbon,  religiei» 
«  bénédictin,  marraine  Denise  Békc  pour  Mademoiselle  Blanche  Lanu*- 
«  sance,  le  12  à  cinq  heures  du  s. 

_  «  Le  Blond  de  la  Tour,  père,  U  Blond  de  la  Tour  Jmsani  f^r 
«  don  Sulpice  de  Bourbon,  religieux  bénédietin,  —  Bocçttes.  n 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  ^  ÉuL  civil.  XaUfoncft  Saint-André,  l«  <^K 

ICI.) 

1681 
ilfai  7.  —  «  ^  Anthoine  Le  Blond  dit  Latour,  peintre  ordt        ^ 
a  la  ville,  la  somme  de  soixante  livres  pr»ur  vin^t  écussons  ou  ^  • 


LES    PEINTRES    DE    LHOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.     93S 

u  qu'il  a  faictes  et  quy  ont  esté  attachées  aux  tro]^  mays  plantés  le  jour 
«  du  premier  mai  1681  aux  susdictz  lieux  suivant  mandement  vj^é  par 
a  Mondict  Seigneur  de  Faucon  de  Rix,  intendant ^  quittance  datte  du 
u  7  mai  1681,  cy  rendu lx  livres.  » 

(Archives  manicipaies  de  Bordeaux.  ~  Comptabilité,  feuillets  demi-briilés.  lot,  dt,) 

1682 

Le  Blond  de  la  Tour  fut  parrain  d'un  des  enfants  de  son  beau-frèr» 
Jean  Lemoyne»  sculpteur,  membre  de  l'Académie  royale,  grand  pure  de 
Jean  Baptiste  Lemoyne,  sculpteur,  qui  fit  la  statue  die  Louis  XV,  k  Bor- 
deaux. —  V^oir  Jal,  Dictionnaire  de  biographie  et  d^histoirCj  ati  mol 
Lemoyne, 

Juillet  15.   —   «  Autre  mandement  en  faveur  à'Ant/toine  dit  Latour^ 

a  peintre  ordinaire  de  la  Ville,  de  la  somme  de soixante  cinq  livres 

a  pour  travail  faict  pour  la  Ville  suivant  son  compte de  Xavarre, 

tt  jurât,  et  commissaire suivant  l'arrest  du  Conseil  du  18.....  L&lour 

a  faisant  vizer  le  presant quy  demeurera  attaché  à Romat^  Jurât.  ^ 

(Archives  mnoicipales  de  Bordeaux.  —  Comptabilité,  feaillets  demi-brùlës,  lac.  cil.) 

'  Juillet  18.  —  «  Expédié  mandement  en  faveur  à'Anthoine  Le  Bhnd 
<c  peintre  de  la  somme  de  135  livres  pour  les  portraicts  de  \IM.  de 

a  La  Court,  I\omat  et  Léglise,  jurats, faictes  quy  ont  esté  exposrs 

«  dans  la  grande  salle  de  l'Hôtel  de.ville,  ladicte  somme  payable  eonfor- 
tt  mément  à  l'arrest  du  Conseil  du  18  juillet  1670.  »   [Id.) 

Août  18  à  21.  —  *t  Fêtes,  arcs  de  triomphe  avec  nombreuses  statues, 
ornemen8,-etc.,  fontaines  de  vin,  »  etc.,  ù  l'occasion  de  la  naissance  de 
Monseigneur  le  duc  de  Bourgogne.  [Id.  et  carton  229.)  —  Voir  Chron. 
Bordelaise  y  Bordeaux,  Simon  Boé,  1703;  Hist:  de  Bordeaux  par  Don 
Devienne,  etc. 

1683 

Juillet  14.  —  «  A  esté  délibéré  qu'il  seroit  expédié  mandement  à 
u  Anthoine  Le  Blond  S'  de  la  Tour,  peintre  ordinaire  de  la  Ville  de  la 
u  somme  de  135  livres  pour  les  trois  portraits  qu'il  a  faits  de  \1\I,  de 
u  Maniban,  Jégun  et  Navarre,  jurats,  pour  eslre  payés  par  \r  Darims» 

<i  jurât, faisant  par  provision  la  charge  de  trésorier  de  la  Ville,  eu 

u  vpriu  de  la  délibération  du  18  juillet  1670.  » 

chivei  municipales  de  Bordeaux,  feaillels  demi-hrùlës,  loc.  cit.) 

TÛt.    «  Luganoy  M"«  vitrier...  de  deux  cent  soixante  sept  livres  pour 
,0  armoiries  qu'il  a  faictes  pour  le  service  de  la  feue  Reine  a  raizon 


934     LES   PEINTRES    DE    I/HOTEL   DE    VILLE   DE    BORDEAnX. 

tt  de  30  livres  le  cent...  suivant  ie  bail  au  rabais  à  luy  faict  le  21  du  mois 
«  passé  et  6  livres  pour  avoir  peint  la  Chapelle  ardente  et  les  épingles 
a  ayant  servy  à  attacher  lesdictes  i^rmoiries n  (Jd.) 

1684 

Juillet  3.  —  «  11  fut  délibéré  qu'il  seroit  faict  un  portraict  du  Roy  aim 
«<  sur  son  trône  »  {Chron.  Bord,  loc.  cU,) 

Juillet  30.  —  «  Mandement  en  faveur  à'Anthoine  Le  BhndS'deU 
(c  Tour  y  pintre  ordinaire  de  la  Ville,  de  la  somme  de  450  livres  pour  la 
«  portraits  de  MM.  les  Jurats,  procureur  syndic  et  Clerc  de  Ville  et  pooT 

tt  celuy  du  Roy  qui  ont  été  placés  dans  la  salle  de » 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  Comptabilité,  femllett  demi-brAlét,  loe,  eU,) 

Juillet  31 .  —  «  A  esté  délibéré  qu'il  serait  expédié  mandement  en  favear 
«  à'Anthoine  Le  Blond  de  la  Tourpeintre^  de  la  somme  de  quatre  ceDicio- 
u  quante  livres  pour  lesportraits  de  MM.  les  jurats,  procureur  syndicetClere 

«  de  ViUe pourtraict  du  Boy  qui  ont  esté, placés  à  la  salle  de  Fai- 

«  dience  au-dessus  des  sièges 270  livres  pour  les  tableaux  desdicts  jant 

u  qu'il  devoit  faire  la  présente  année  et  la  prochaine  16H5,  à  raison  de  1^ 
tt  par  an  suivant  Tarrest  du  18  juin  1670  et  180  livres  pour  le  pourtraid  da 
t  Roy  et  autres  autmentations  auxquelles  il  n'estoit  point  teneu.  Poaresbt 
u  ladicte  somme  de  180  livres  prise  sar  les  fonds  des  amendes  suivant  U 
a  délibération  prise  par  Tadvis  du  Conseil  des  30  et  du  3  du  courant  faisaat 
u  en  tout  la  ditte  somme  de  450  livres.,  .sera  payée  andict  sieur  par  M.  Du* 

u  mas,  jurât, trésorier  auquel  elle  sera  allouée  dans  la  dicte  dépense  de 

(c  ses  comptes...  le  mandement.....  Textraict  de  la  délibération  et  laqiit* 

u  tance  audict  Sieur  Latour  et  moyennant  ledict  payement la  VOk 

u  demeurera  quitte de  cent  trente  cinq  livres  qui  devoit  estrept^^ 

«  pour  Tannée  prochaine  et  ledict  sieur  teneu  de  raccommoder  lettdfletuà 
«  la  Passion  figurée  et  entretenir  lesdicts  portraictz  placés  sur  le  base  le 
«  r audience.  » 

—  «  Dumas,  furat^  —  Minvielle,  jurât,  —  Dudon^  jurais  —  CktstpA 
t  Jurât,  ri{Id.) 

'      1685 

Juillet  7.  —  «  Fournier  peintre,  reçoit  30  livres  pour  plans  des  term 
<  et  juridiction  de  la  ville  et  de  M.  le  président  de  la  Tresne.  i»  (id.) 

1687 

Janvier  4.  —  «  Mandement  en  faveur  de  sieur  Le  Blond  de  la 
u  peintre  de  la  somme  de  150  livres  mentionnée  dans  la  délibérati 
«  Taulrepari Mérignac jurât.  «  (Id,) 


LES   PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VILLE   DE   BORDEAUX.    935 

Janvier  4.  —  <  Autre  mandement  en  faveur  de  Sieur  Le  Blond  de  la 
tt  Tour,  peintre,  de  la  somme  de  cent  cinquante  livres  en  desdnction  des 
o  tabkaux  qu*il  a  faits  pour  MM.  les  jarats.  »  (!d.) 

Janvier  9.  —  *  Au  sieur  Le  Blond  de  la  Tour,  pàinclre  ordinaire  de 
tt  la  Ville,  la  ^omme  de  deux  cens  septante  livres  pour  les  tableaux  quMl 
«  a  faict  de  MM.  Mérignac  Belluye,  Lauvergne,  Perron»  Méginhac  et 
«  Foucques  et  ce  pour  les  années  16S6  et  1687,  suivant  le  mandement  de 
tt  MM.  les  Jurats  du  9  janvier  1687  et  receu  dudict  Le  Blond  an  dos 
«  d'icelles  que  le  sieur  comptable  remet  cy ii^lxx.  » 

Janvier  15.  —  «  Autre  mandement  en  faveur  à^Anthoine  Le  Blond  de 
a  la  Tour,  peintre,  de  la  somme  de  deux  cent  soixante  dix  livres  pour  les 
tt  tableaux  quHl  a  faicts  de  deux  eslections  de  Tannée  1686  et  1687  et 
tt  moyennant  le  presant  mandement,  le  mandement  du  4  janvier  courant 
«  de  la  somme  de  150  livres  demeurera  nul  et  non  advenu.  «  {Jd,) 

(Arebifet  manicipalet  de  Bordeani.  —  Regittrt  deê  nuauUmenlt,  lœ.  Wl.) 

1688 

Juillet  26.  —  «  Lettre  de  M,  Guirin,  secrétaire  de  T  Académie  Royale  de 
«  peinture  et  de  sculpture  «  à  Moneieur  Monsieur  Le  Blond  delà  Tour, 
«  peintre  ordinaire  du  Roy  en  son  académie  royaUe  de  peinture  et  sculp- 
c  ture,  à  Bourdeaux,  » 

tt  Monsieur,  —  Ne  vous  impatientés  pas  s*il  vous  plaist  si  jusqu^à 
a  présent  vous  n*avez  point  eu  de  nouvelles  sur  vostre  affaire,  les 
a  indispositions  de  Monseigneur  de  Louvob  en  ont  esté  cauze  et  le  voyage 
-(  qu'il  faict  à  forges  pour  prendre  des  eaux,  j*ay  bien  la  joye  que  vous 
«  ayez  descouvert  celuy  qui  a  escript  la  lettre  malicieuze  que  je  vous  ay 
«  envoyée.  11  méritte  assurément  d*en  estre  puni,  j'en  parleray  samedy 
a  prochain  à  l'Académie.  Soyez   s'il  vous  plaist  persuadé  que  je  n*ay 

■  point  oublié  ce  que  vous  désirez  de  moy,  et  que  je  ne  laisseray  pas 

■  eschapper  les  momens  où  je  vous  pouray  rendre  service,  que  je  m'y 

■  employé  tout  entier,  car  je  suis  assurément  à  M.  Larraidy  et  à  vous, 
«  Monsieur, 

«  Vostre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

tf  GUÉRIK.  » 
Ce  26  juillet  1688. 

Au  dos  :  «  A  Monsieur^  Monsieur  Le  Blond  de  Latour,  peintre  ordinaire 
Hoy,  en  son  Académie  Royale  de  peinture  *et  de  sculpture,  » 

f  à  Bordeaux,  s 

rchives  de  l'Ecole  manicipale  det  Beaux-Arti  de  Bordeaux.) 


936     LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL    DE    VILLE    DE    BORDEltX, 

Août.  —  '(  Autre  mandement  de  la  somme  de  135  Vivrez  pour  les  im 
«  portraits  quMl  a  faits  de  MM.  de  Mérignac,  Fonteûdl  cl  Mmm, 
«  jurats.  " 

(Archives  municipales  de  Bordeaux,  feuilleti  demi-brÛf^s,  inc.  £it  ) 

Septembre  7.  —  u  Antoine  Le  Blond  de  la  Tour  a  preste  le  ttnranié 
u  Bourgeois  au  cas  resquis  et  accoustumé  aprèâ  ^vùîr  rapporté  i^m- 
u  lion  de  ses  vie  et.  mœurs,  n 

(Archives  municipales  de  Bordeaux  BB.  —  Jurait,  IG88  i ppt.  7,  F*  "0  ) 

'  C'est  assurément  Antoine  et  non  Marc-  Antoine^  Ce  dernier  anii 
à  peine  20  ans  et  son  père  était  dans  la  force  de  V&^e,  du  tairai 
et  de  la  considération  publique.  Le  texte  suivant  est  donc  hui\i  ; 

»  N"  216.  —  Le  Blond  de  la  Tour,  (Damoiselle  Cbadolte  ^tmé 
<t  veuve  du  sieur  Antoine)  peintre,  a  repréâenlé  les  lettres  de  bour 
u  geoisie  de  feu  son  mari^  du  11  septembre  16HH^  tant  pour  elle  rtu« 
tt  pour  Marie,  Jeanne,  autre  Marie,  autre  Jeanne,  Pierre  et  UlthtWe 
<i  Le  Blond,  ses  enfants  et  dudict  feu  Le  Blond  de  U  Tour,  n 
(Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  BB.  lipre  det  BourgtQit,  t.  :iî,  inu' liètlij 

Charlotte  Renard  épousa,  le  14  février  1703,  Marc  Antoine,  inorteit 
1744,  elle  ne  pouvait  pas  être  femme  d'Antoine,  mort  en  1709,  h^^ 
de  Marie  Madeleine  Robelin.  La  pièce  ct-dessug  date  de  176:^,  â7jamier. 
Charlotte  Renard  avait  80  ans. 

1689 

Janvier  21.  —  Lettre  de  Guérin,  sccrHaire  de  l* Académie  Ro^ak  - 
1689.  —  u  Messieurs.  —  Je  vous  avoue  que  c'est  avec  chagrin  quefay 
esté  si  longtemps  sans  avoir  Thonneur  de  vous  escrire,  mais  j'espero^^ 
toujours  que  vostre  affaire  finiroit  et  que  je  pourois  vous  mander  quelijae 
chose  de  plus  positif  car  toute  TAcadémie  va  rendre  au  commancemenL 
de  Tannée  ses  devoirs  à  M?'  de  Louvois,  son  protecteur,  je  crojois  qn^ 
Ton  trouveroit  Foccasion  de  luy  faire  signer  les  articles  qui  ont  estédress^ 
pour  vostre  establissement  car  il  ne  reste  que  cela  à  faire,  je  les  aw 
portez  pour  ce  sujet,  mais  on  le  trouva  si  occupé  par  les  grandes  affaire: 
qu*il  a,  que  Ton  ne  trouva  pas  à  propos  de  Ten  importuner,  je  sais  bica 
aise  que  vous  ayez  escrit  à  T Académie,  cela  me  donnera  occasion  é^ 
presser,  pour  moy  je  n'ay  rien  à  me  reprocher  et  feray  toujours  toat  ff 
quy  sera  possible  pour  vousVendre service,  je  vous  manderay  ce  qr  » 
demie  aura  ordonné  sur  vostre  lettre  que  je  lui  présenteray  le  -  >«^ 
samedy  de  ce  mois  qui  est  la  première  assemblée.  Je  viens  de  ''  '"  ^' 
;\  M'  Le  Brun  la  lettre  que  vous  me  faites  Thonneur  de  m'escri'  ^'^ 


LES    PEIMTRES    DE    L'HOTEL    DE    VILLE    DE    BORDEAUX.     937 

pour  rAcadémie.  Il  est  toujours  dans  la  iriesme  disposition  de  vous  rendre 
service  et  de  seconder  vostre  zèle  autant  qu'il  poura.  Je  le  voy  dans  la 
pensée  de  finir  vostre  affaire  au  plus  tost.  » 

u  Je  suis  toujours  avec  beaucoup  d'estime  pour  vostre  mérite  et  bien 
du  respect,  Messieurs,  vostre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur.  » 

«  Gl'ERIH.  n 
•  Ce  21  janvier  1689.  <• 

Mars  18.  —  Entrée  du  Maréchal  de  Larges ^  gouverneur. 

u  Autre  mandement  en  faveur  d'Antoine  de  La  Tour^  peintre  ordi- 
naire de  la  Ville,  de  la  somme  de  sept  cens  livres  à  valoir  sur  le  paie- 
ment de  la  somme  de  deux  mil  six  cens  cinquante  livres  pour  la  besoigne 
de  peintures  qu'il  a  faites  pour  l'entrée  de  Mgr  le  Maréchal  de  Lorges, 

Gouverneur, 662   livres  dix  sols —  Autre  pour  fasson    u   de 

bourguignottes, costumes...  matelots les  galons cazaqnes  des 

archers et  doux  pour  la  tribune  chambre  des  harangues.  * 

(Archivet  municipales  de  Bordeaux.  —  Comptabilité,  fenilletB  demi-briilët,  he.  cit.) 

Mars  13.  —  Entrée  du  Maréchal  de  Lorges.  —  «  U  vint  avec  la  maison 
navale  jusqu'à  Bacalan.  Il  descendit  malgré  l'insistance  des  jurats,  monta 
en  carosse  et  se  fit  conduire  chez  le  Marquis  de  Sainte  Ruhe,  lieutenant 
général  avec  lequel  il  dina.  »  (Id.  Jurade.) 

Juin  27.  —  tt  Autre  mandement  en  faveur  De  sieur  Le  Blond  de  la 
Tour,  peintre  ordinaire  de  la  Ville,  de  la  somme  de  cent  trente  cinq 
livres  pour  les /a^/eaua;  qu'il  a  faits  dans  la  présente  année  de  MM.  Dublanq, 
Brezets et  Miramon  jurats.  » 

{Id.  —  Comptabilité,  feuillets  demi-brâlës,  loc,  cit.) 

1690 

Juin  3.  —  «  Lettres  patentes  de  tAcadénMe  royale  de  peinture  et  de 
sculpture  et  d architecture  de  Paris,  portant  établissement  de  f Ecole 
académique  de  Bordeaux.  » 

«  L'AcADÉuiE  ROYALLK  DE  PELURE  ET  DE  sciLPTijRE  estabUe  ,p(fr,  lettres- 
tt  patentes  du  Roy,  vérifiées  en  parlement  présentement  sous  la  protection 
u  de  MoNSEitiXEUR  LE  Marquis  de  Louvois  et  de  CourtenvauXy  conseiller  du 
u  Roy  en  tous  ses  conseils,  ministre  et  secrétaire  d Estât,  commandeur  et 
u  chevalier  des  ordres  de  Sa  Majesté,  sur  intendant  et  ordonnateur  général 
«  des  Bastimens,  arts  et  manufactures  de  France. 

u  A  TOUS  CEUX  QUI  CES  PRÉSENTES  LETTRES  VERRONT  SALUT.  La  Compagnie 
s'estant  fait  représenter  les  lettres  a  elle  cy  devant  escriltes  par 
plusieurs  peintres  et  sculpteurs  de  Bourdeaux, qui  proposent  defaireun 
establissement  académique  dans  leur  ville,  au  désir  et  conformément 


939    LES  PEINTaES   DE   L*HOTEL  DE   VILLE  DE  BORDBiCX. 

«  aux  leltres  patMites  au  Roj«  portant  rétablissement  des  Académies 
«  de  peinture  et  de  sculptnre  dans  les  principales  villes  du  royaume,  cl 
«  règlement  dressé  à  ce  sujet  dn  mois  de  novembre  1676  :  registre!  ei 
tt  parlement  le  22  décembre  en  suivant  après  avoir  examiné  les  délibé- 
*  rations  particulières  et  résultats  sur  ce  projet  dudit  establissement  et 
«  voulant  de  sa  part  contribuer  au  zèle  que  lesdits  peintres  et  fcolpteors 
«  font  paroistre  de  se  perfectionner  dans  leur  art  autant  qu'il  leur  sert 
«  possible»  a.  résolu  et  arresté  sous  le  bon  plaisir  de  Monwqneur  de 
«  LouvoU  son  prolecteur  de  consentir  à  l'établissement  demandé  pv 
tt  lesdits  peintres  et  sculpteurs  de  Bourdeaux  à  la  charge  d'observer  les 
tt  règlements  contenus  esdiUes  leltres  patentes  et  de  ce  conformer  aotaDt 
«  que  faire  se  poura  à  la  dissipline  qui  s'observe  dans  cette  Académie 
«  Royalle  à  i'effect  de  quoy  elle  a  ordonné  qu'il  leur  seroit  envoyé  une 
tt  expédition  en  parchemin  du  présent  résultat  signé  de  Mons.  le  Direclear, 
tt  de  xMessieurs  les  officiers  en  Exercice,  de  Mess"  les  Recteurs  et  adjoints 
tt  Recteurs  et  des  deux  pins  anciens  professeurs,  Scellez  de  son  sceaa  et 
tt  contresignez  par  son  Secrétaire  et  une  copie  Colationnée  des  lettres 
«  patentes  et  Règlement  qui  pouront  servir  à  leur  Etablissement  et  i  li 
«  Régie  de  leur  Compagnie. 

tt  A  Paris,  ce  troisiesme  juin  mil  six  cens  quatre  vingt  dix. 

«  MlONARD.  » 


GorsBvox  ) 


pnopissins. 


Desjardins  f 

cj.  >  BBCTBURS  » 

Ds  SivB      i  Regnavdin 

GOYPBL  )  BlAHCHARD  { 

BovLOGNB  lejecne.  -^  P.  SivE  Hovassb 

j>k  platb  montagnb.  —  j.-b.  lb  g.brc  jovvbnbt 
Edblinck» 

Au  dos  :  c  Visa  Mignard.  —  Par  r Académie  Gvbriiî.  b 
(Archif  et  de  l'École  municipale  des  Beeu-ArU  de  Bordeaux,  ïoc.  cit.) 

Juillet  26.  —  « Le  Blond  de  la  Tour  270  livres  pour  les  portraiU 

de  MM' Secondât et  pour  estre conformément  à  i'arresUa 

conseil  du  18  juillet  1670  et  ce  pour,  les  pourtraictx  des  jurades  des 
années  1690  et  1691.  » 

(Archives  municipales,  Comptabilité,  feuilleta  demi-brùl^,  loâ.  dt.) 

11  est  question  ici  des  deux  tableaux  des  jurades  1690  et  1691  ;  chacus 
contenait  trois  portraits  et  était  payé  135  livres  Fun.  Les  six  jurais  ^"^ 
Leblond  avait  fait  les  portraits  pour  la  somme  ci-dessus»  étalait  M^' 
Lancre,  écuyer,  Grégaire,  avocat,  et  Bareyre,  puis  MM.  Secondât  de 
tesquieu,  écuyer,  de  Boirie,  avocat,  et  Carpentey^  bourgeois. 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL  DE   VILLE   DE   BORDEAUX.    939 

Août  20.  —  Peintre  ordinaire  de  la  Ville  receuen  turmvance.  — 
«  S'est  pnté  Anloine  Le  Blond  de  Latour  peintre  ordinaire  de  la  ville  qoi 
a  a  prié  MM.  les  Maires  et  Jurais  vouloir  recevoir  à  sa  place  en  survi- 
«  vance»  Marc  Antoine  Le  Blond  de  Latour  son  fils  en  qualité  de  peintre 
«  ordinaire  de  la  ville  pour  jouir  après  le  déceds  dudict  Antoine  Le  Blond 
a  de  Latour,  son  père^  des  mesmes  gages,  esmolumens,  honneurs  etpréro- 
«  galives.  A  esté  délibéré  qu'acte  est  octroyé  audict  Latour  et  qu*à  sa 
tt  place  est  receuen  survivance  Marc  Antoine  Le  Blond  de  Latour,  son  fils, 
«  pour  jouir  par  ledit  Marc  Antoine  des  mesmes  gages,  esmolumens, 
a  honneurs  et  prérogatives  après  le  déceds  dud.  Antoine,  son  père  et  à 
«  l'instant  ledict  Marc  Anloine  Latour  a  preste  le  serment  au  cas  resquis. 

—  tt  d'Estrapes,  maire;  Destignols  de  L ancre, ytira/,  Grégoire yura^ 
a  — Barreyre yura^,  —  Boirie, /ura^/  Carpeibtet,  yura//  Duboscq,  clerc 
«  de  Ville » 

(Archive*  mnnicipalet  de  Bordeaux.  —  Jurade,  loe,  cil.) 

u  Estât  de  la  recepte  des  cens  et  renies  appartenant  au  chapitre  de 
u  l'Eglise  primatiale  S*  André  de  Bordeaux  commencé  le  14  novembre 
«1690  et  finissant  à  pareil  jour  de  tannée  1696.  » 

«  Bassens  —  Plus  reçeu  du  sieur  Latour,  peintre,  la  somme  de  87  livres 
a  pour  les  prés  et  aubarède  qu'il  possède  à  Bassens,  au  lieu  appelé  à  Arti- 
tt  guelongue,  à  râôn  de  3  livres  par  an  et  pour  29  ans  finys  en  1690.  n 

(Archives  dëparlementalfi  de  U  Gironde,  sërie  G.,  497.) 

Faut-il  comprendre  que  notre  peintre  était  propriétaire  de  ces  prai- 
ries depuis  1661  ?  Dans  ce  cas,  il  aurait  habité  Bordeaux  lors  du 
mariage  de  Louis  XIV  et  de  son  passage  &  Bordeaux,  en  1660.  Fut-il 
amené  de  Paris  à  Bordeaux  à  la  suite  du  Roy  ?  C'est  admissible. 

1691 

tt  —  La  veuve  Rohelin  pour  une  pièce  de  pré  dans   la  paroisse  de 

«  Bassens,  cy 36  livres,  t  [Id,) 

Avril  29.  —  «  Délibération  de  V Académie  de  Bordeaux  où  elle  se 

u  qualifie  (T Académie  royale.  —  Aujourd'huy  29*  d*avril  mil  six  cens 

tt  quatre  vingt  onze,  nous  soussignez  composant  TAcadémie   Royale  de 

-u  Peinture  et  Sculpture  établie  à  Bordeaux,  estant  assemblées  dans   le 

«  Palais   archiépiscopal  conformément  à  la   délibération  précédente   en 

présence  de  Monseig'  rArchevéque  de  Bord^  nostre  vice   protecteur, 

avons  procédé  à  la  nomination  et  Féleclion  des  Professeurs  et  Adjoints, 

de  laditte  Académie  et  commancé  par  nommer  Monsieur  Le  Blond  de 

la  Tour  pour  premier  Professeur,  en  considération  de  son  méritte,  et 


040     LES    PEIXTRES    DE    L'HOTEL    DE    VïLLE    DE    BOADEAI^I^ 

u  de  ce  qu'il  a  Tavantage  d'estre  du  nombre  de  cetiï  qui  composéni 
4(  rillustre  Compagnie  de  Lacadéoiip  Uf^yale  de  Paris,  laquelle  nomiriA- 
u  tiona  esté  unanimement  faitte,  ensuilte  avons  prc>cedc  à  la  DomioâLios 
u  des  aulres  comme  s'ensuit,  le  tout  ik  la  Plaralîté  des  voîx.  v 

u  Professeurs  \  i» 

M'  Le  Blond  de  Latour^  peintre.      M'  Btntm^  Peintre, 
W  Du  Bois,  Sculpteur,  \V  Thibault,  Sculptepr, 

M'  Fournier  aisné,  Peintre,  W  Du  Claire  aîsné,  Peinife, 

\P  Gaultier,  sculpteur,  .  i\P  Berguin  lo  Jeune^  Sculpteur, 

M'  Larraidy,  Peiptre,  M'  Tirman,  Peintre, 

M'  Berquin,  aisné,  sculpteur,  \V  Dorimon,  sculpteur, 

«  Adjoints  à  Professeurs.  —  M*^  Fournie  le  jeune  —  \i'  Dm  Ckink 
jeune.  —  M'  Constantin,  r 

u  Desquelles  Elections  cy  dessus  avons  dressé  le  présent  pnKci  verèif 
pour  servir  et  valoir  en  temps  et  lïeu,  et  a  Mondict  Seigneur  lArrHe* 
vesque,  déclaré  approuver  lesdittes  élections,  n 

"  —  Lovis,  arch.  deBourdeaux.  —  Lebloxd  di  Uatovb  —  P.  mBots. 

FOLRMER    —    LaRRAIDY   —   GAVLLrEH    —  BêVÎVS  —    PlE&RE  Bf.RCVIS - 

TiRUAN  —  Jean  Berqvin  —  Fournier  —  J,  DvcLflmcQ  —  Dçcleïi€<j.  - 

(Archives  de.  l'École  municipale  des  Beam-^lrli,  W.  cîi) 

1691 

Août  11.  —  Supplique   des  Peintres   cl   sculpteurs  qui  €ùmfmf*i 

l'Académie  estabUe  en  ceste  ville,  " à  ]\ÎAL  les  Maire  Hjuratifi'^' 

«  verneurs  de  Bordeaux,  »  Ils  demandent  une  salle  dans  le  Collèjff  At 
Guienne  que  le  Principal  veut  bien  leur  céder;  rautorisntion  de  p^itff 
une  porte  et  des  fenêtres,  puis  de  poser  une  «  inscription  portaolf» 
u  mots  :  Académie  de  peinture  et  sculpture.  Celte  pièce  est  sifitiée  i 

«  LeBLOXD  DR  LaTOLR.  —  C.  FOURMÊR.  —  L^RRAïOV  .  —  PjEBHK  Ktifl^Tï 

a  —  p.  Dv  Bois.  —  Laleman  pour  les  suppîians,  » 

u  —  Soit  montré  au  Procureur  scindic.  —  Fait  dans  THostef  de  Villf» 
«  ce  11  août  1691.  » 

—   «  EYRAVD»yMrfl^   » 

(Archives  municipales,  série  GG.  —  Académie  àe  peintun,  sculplnrf  et  irchtlfrtïï* 
carton  305.) 

Août  14.  —  «  Veu  la  présente  Requesle  commissaire  se  transportm 

«  nvecq  nous  sur  les  lieux  pour  le  Procès- verbal de  Jebiït,  p* 

«  scindicq.  ^ 

«  17  Aoust,  —   Commissaire  M'  Eyraud,  jurai pour 

u  porter  sur  les  lieux de  LavavDi  jurât.  «  (A/.) 


LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.     *J il 

Août  20.  —  Proc^5-ver6a/ du  Jurât  Eyraud,  commissaire  «  Ms  favo- 
rable. (W.) 

Août.  —  Au  dos  de  la  liasse  ci-dessus  on  lit  :  «  Requête  des  pcintru 
et  sculpteurs  qui  composent  V Académie  aux  fins  qu  il  leur  fut  accordé 
une  salle  du  collège  dépendant  de  Papartement  du  Principal  pour  tf  tenir 
leur  Eeolle,  et  qu'il  leur  fut  permis  de  percer  cette  salle  du  cùté  de  la 
rue  du  collège^  avec  un  verbal  fait  par  M^  Eyraud,  jurât ^  à  ce  député 
qui  établit  que  les  conclusions  de  cette  Requeste  peuvent  être  accordées  ; 
vu  même  l'inutilité  de  cette  salle  et  le  consentement  du  Principal  du 
Collège,  qu'il  avoit  déjà  donnée.  »  (Id.) 

Août  22.  —  tt  Académie  de  peinture,  v  Le  maire,  jurats  et  gouver- 
neurs de  Bordeaux «  Veu   la  requeste  du  17  du  présent  mois,,...  ii 

u  ces  fins  leur  ont  concédé  une  salle  dans  le  collège  de  Guienne ù  la 

tt  charge  de  faire  toutes  les  fermures  nécessaires et  ô  ia  charge  aussjf 

«  de  remettre  les  choses  en  premier  étal (en  cas  de  déménagement). 

.a  BoRiE,  J.  Carpentey,  Eyhai'd,  d'Aste,  jurats.  » 

(Archives  municipales,  série  BB.  —  Regiêtre  de  la  Jurade,  loe.  cit.) 

1692 

Janvier  26.  —  Marc  Antoine  Le  Blond  et  Jean  Louis  Lemotjne,  agrégés  1 

de  t Académie  de  Bordeaux.  —  a  Aujoard'huy  samedy  26  jamier  1692 

tf  nous  sous  signez,  nous  somme  assemblées  à  TAcadémie  et  noua  avons  f 

a  proposé  ce  qui  s^ensult  au  sujet  de  -M'  Le  Blond,  peintre,  et  de  M^  Le 
a  Moyne,  sculpteur,  qui  se  sont  présentés  pour  estre  agrégés  dans  noslre 
u  Compagnie,  s'il  nous  plaisoit  les  y  admettre,  ce  que  voulant  Umi  de 
tf  nostre  part  acorder  ;  la  Compagnie  a  délibéré  que  \V  Le  lUond  fcni 
u  un  tableau  d'un  Crucifix  avec  une  Madeleine  aux  pieds,  de  3  pies  de 
u  haut  et  large  à  proportion,  estant  du  devoir  que  le  premier  Lahlcau  qui 
u  sera  exposé  dans  TAcadémie  soit  à  la  gloire  du  Sauveur;  pour  ce  qui 

u  est  de  Monsieur  Le  Moyne  il  fera  un  portraict  du  Roy  en  grand,  de  bois  ' 

ic  de  noyer,  pour  mettre  sur  la  porte  de  l'Académie  :  à  Tégnrd  du  [ire- 
u  sent  pécuniaire,  la  Compagnie  veut  bien  leur  modérer  à  lu  somme  de 
u  cent  livres  pour    les  deux,  qui  est* chacun  cinquanles  livres.  » 

a  Faict  à  Bordeaux  dans  l'Académie  de  peinture  et  sculpture  ce  me^^me 
«  jour  et  an  susdit.  ^ 

tf  — P.  Dv  Bois.  —  FovRNiER.  —  Gavllier.  —  Larraidy.  —  Pierre: 
Berqvin.  —  Bentvs.  —  M.  Fovrxieb.  — Dvclaircq.  —  Tirm^x.  — Jeax 

'^"^'RQVIN.    » 

Ircbires  de  l'Ecole  municipale  de  Beaiix<Arts,  loc.  cit.) 

février  26.  —    «  A  esté  délibéré  qu'il  sera  expédié  mandement  en 


94*2     LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VtLLË    DE    aORDËAtï. 

u  faveur  du  sieur  Le  Blond  de  La  Tour^  peintre  ordinaire  dt  h  Vûk^ 
tt  de  la  somme  de  cent  livres  à  laquelle  la  i alleu r  des  tableaui  reprè- 
tt  sentant  un  Crucifix  à  la  Salle  de  TAiidlence  et  le  portrait  de  M^n- 
«  seigneur  le  Dauphin  ont  été  apressîés.  n 

—  «  lËVRAVD^  jurât.  —  povmarkde, /ural,  — Fdntillede  MoRAsJwflf. 

(Archives  municipales,  feuillets  demi-hrûlét,  loe.  tii,) 

Mars  4t.  — Agréés  de  F  Académie  de  Bordeaux.  —  ^  Conform^nieiiî 
a  à  la  délibération  précédente  nous  nous  sammes  a^ïsemblee^  nujourd'ba] 
tt  extraordinairement  ce  lundy  4  mars  1092,  et  a^nnL  convoqué  M"*  U 
u  Blond  et  Le  Moyne,  ils  ont  répondu  aquiescer  à  ce  que  la  Compt^oie 
tt  souhaitteroit,  et  nous  avons  bien  voulu  de  nosLre  part  leur  modérer  l« 
«  présent  pécuniaire  à  60  livres  pour  les  deux  qui  sont  de  30  Ihni 
tt  chacun,  exécutant  pour  le  reste  ce  qui  a  esté  résolu  dans  la délibéralion 
tt  précédente,  en  livrant  leur  morceau  d'ouvrafje  dans  ti  mois. 

«  Fait  à  Bordeaux  dans  TAcadémiece  mcsme  jour  lundy  4  mar&  1B9i.! 

—  «  C.  FovRNiEB.  —  Le  Blono  de  LA  TûiR.  —  P.  Di  Bois.  —  Cacluku. 

—  Larraiot.  —  DvcLAiRCQ.  —  Jean  Berqvjn,  —  Pierre  BtRonsi.  — 
TiRMAN.  —  Mar.  Fovrnier.  —  Lk  Bloxd  de  la  Tour,  aquiticeni.  — 
Lemoyne,  acquiescent.  »   (ïd.) 

Mars  5.  —  Lettre  de  M'  d'Eslrehan  â  !* Archevêque  de  Saràtata. 

—  Paris,  le  5  mars  1692.  —  a  J*ay  différé,  \Ion^eigneur«  a  rep/idre  à  ii 
lettre  que  V.  G.  m'a  fait  Thonneur  de  m'ecrire  le  IG'  du  passé  au  iûjfi 
de  la  taxe  de  MM.  les  Peintres  et  sculpteurs  de  l'Académie  de  BounfÊam, 
parce  que  M' IVlignard,  chef  de  l'académie  Royalle,  étoit  indisposez  et  qoe 
c'éloit  à  luy  qu'il  falloit  insinuer  les  justes  remontrances  pour  soutenir 
Texemplion  portée  par  les  lettres  patentes.  Enfin,  Monseigneur,  j'ay 
eu  ce  malin  une  longue  conférence  avec  M'  Mignard  que  j*ay  trouvé  fort 
incommodé  d'un  Rumatisme  et  l'ayant  prié  de  votre  part  d*avoir  la  boatê 
de  protéger  l'Académie  de  Bourdeaux  dans  ceste  occasion  il  m'a  dit  qB*il 
n'avoit  encore  eu  aucune  connoissance  de  cesi  affaire  mats  que  dans  li 
première  assemblée  qui  se  tiendra  il  ne  manquera  pas  d'en  parler  et  qu'il 
employera  volontiers  tout  son  crédit  et  tons  ses  amys  auprès  de  M' de  Pon- 
charlrain  pour  faire  conserver  l'Académie  de  Bourdeaux  dans  les  mesmes 
privilèges  et  prérogatives  que  celle  de  Paris,  étant  juste  quelle  jooîsse 
des  mésmes  avantages  puisqu'elle  travaille  pour  le  bien  public  el  poor 
la  gloire  du  Roy,  il  m'a  ajouté  qu'à  votre  considération.  Monseigneur,  il 
redoublera  ses  empressemanls  en  faveur  de  ces  Messieurs  et  qu*il  prendit 

plaisir  à  donner  en  cette  rencontre  dea  marques  de  son  devoir  et  ^ 

respect. 

tt  Comme  M'  Mignard  est  valétudinaire  et  fort  âgé  et  que  peut  e^ 


. 


Les  PEmTRËS  de  l'hotel  de  ville  dk  sordeaux.   va^ 

santé  ne  loy  permettra  pas  d*aller  à  rassemblée^  j*a^  fait  le  mesme 
complimant  aax  principaux  Directeurs  qui  sont  en  tour  d'y  assister 
et  qui  m^ont  promis  de  faire  prendre  une  délibéralion  pour  appuf  er  et 
favorizer  les  intérétz  de  leur  Ecole  AcadénUque^  car  c'est  ainsy  qu'ils  pré* 
tendent  que  l'Académie  de  Bourdeaux  se  doit  qualifier  envers  celle  de 
Paris.  J*en  ayadverli  autrefois  M'  Larraidy  c*est  un  degré  de  subordina- 
tion dont  ceux  cy  paraissent  fort  jaloux,  surtout  le^i  anciens  Bfirhons  qui 
veulent  faire  valoir  le  droit  de  supériorité  sur  les  filiu^Uons  subalternes 
des  provinces,  pour  guérir  cette  délicatesse  quy  touche  li^  cœur  des  gros 
Mailres  il  faudroit  se  servir  du  terme  nomfna/ d'Ecole  Académique  quand 
on  leur  Ecrit  et  laisser  vulgarizer  le  nom  d'académie  a  llourdcaux  et 
partout  ailleurs  comme  je  l'ay  conseillé  sur  les  lieux, 

—  «  Je  vous  rendray  conte,  Monseigneur,  par  le  [irochain  ordinaire  àm 
mouvements  que  se  donne  un  M'  de  Pontac  contre  W  d'Hugla,  ce  qui 
cause  de  nombreux  embarras  dans  l'affaire  de  Bonséjour. 

tt  Je  vous  suis  toujours,  etc. 

n  d'Esthehav.  « 

Mars  29.  —  «  Au  sieur  Le  Blond  de  la  Tour^  peintre  ordinaire  de  la 
u  Ville,  cent  trente  cinq  livres  pour  trois  porlraiU  de  MM.  Daste, 
«  Eyraud  et  Lavaud,  jurats,  pour  estre  payé  suivant  et  conformément  à 
K  l'arrest  du  Conseil  du  18  juillet  1670,  par  mandement  du  29  mars  1692 
«  et  quittance  que  le  comptable  remet cxxxv  livres,  u 

(Archives  municipalet  de  Bordeaux.  —  Id.  Comptabilité, /tuiltt'U  tUmt-brûli-Mjoc,  cil.). 

Août  5.  —  Lettre  de  Monseigneur  r archevêque  â  il/r  le  Chancelier, 
—  «  Monsieur  le  Cbancelier.  —  Les  peintres  et  sculpteurs  qui  composent 
l'Académie  de  la  ville  de  Bordeaux  remontrent  trèj»  humblement  à  Vostre 
Grandeur  qu'ayant  pieu  au  Roy  d'accorder  des  lettres  païen  Les  pour  l'éla* 
blissement  des  Académies  de  Peinture  et  sculpture  dans  les  principales 
villes  du  Royaume  où  elles  seront  jugées  nécessaires,  on  a  estably  une 
Académie  des  mesmes  arts  à  Bordeaux  par  les  lettres  patentes  qui  ont 
esté  envoyéez  par  l'Académie  Royalle  de  Paris  à  quelques  peintres  et 
sculpteurs  de  la  mesme  ville  qui  ont  observé  toutes  les  formaliiez  requise 
ayant  pris  Monseigneur  leur  Archevesque  pour  leur  vice  protecteur 
conformément  aux  intentions  de  Sa  Majesté  qui  \&Qt  qu'on  cboi-iisse  pour 
vice  prolecteur  une  personne  Eminente  en  dignité,  dans  les  mesmes 
provinces  où  les  Académies  seront  establies,  lesdits  Académistes  ayant 
':>ai  assez  paisiblement  jusqu'à  présentde  leur  Etudes  depuis  leur  Ëstabtis- 
ement  qui  n*est  que  du  mois  de  décembre  1691,  se  voyant  aujourd'buy 
roubléz  à  leur  avènement  par  les  autres  Peintres  et  sculpteurs  de  la 


944    LES    PEINTRES    DE    L'HOTEL    DE    VILLE    DE    BORDEAlï, 

mesme  ville  qui,  d'intelligence  avec  ceuï  qu^^  sont  trharrjeii  du  r«couin 
ment  des  taxes  imposées  sur  les  métiers  et  ar(s  mécaniques,  les  veolent 
comprendre  dan$  leur  corps,  pour  les  y  rendre  sujets,  sans  avoir  e^g^nl 
aux  patentes  et  aux  privilèges  accordée  par  Sa  ^[ajciiLé  audit?  Pelnlra 
et  sculpteurs  qui  entretiennent  rAcadémie  à  leurs  di^spens  au  profit  de  h 
jeunesse  et  à  Tomement  de  la  ville,  que  si  cela  avoit  lieu,  sa  diUe  \h]e»lè 
auroit  compris  dans  son  édit  les  Aradétnies  des  nrU  et  des  scÎ^dccsi 
mais  n'en  faisant  aucune  mention,  vous  flCîï  trè^  humhlemenL  suplié^ 
M^onseigueur,  de  vouloir  faire  connoilrc  ù  Monsieur  de  Oezons,  iatendïoi 
de  cette  Province,  la  distinction  que  Sa  \îajp.slc  fall  des  Académieâ  d  aree 
les  corps  de  métiers,  afûn  qu'on  laisse  jouir  Je.s  suplians  qui  ttmt  en 
nombre  de  14  du  fruit  de  leurs  études  et  quMU  ne  soient  point  inquiétée 
pour  raison  desdittes  taxes  par  les  autres  Peintre±î  et  sculpteurs  de  tanllf 
qui  sont  beaucoup  plus  en  nombre  qu'eux,  el  ils  continueront  leurs  if^at 
et  leurs  prières  pour  la  santé  et  prospérité  de  votre  Grandeur.  —  Envoûte 
à  Paris  à  Monseigneur  le  Chancelier,  le  5*  aoust  1G92.  n 

Monseigneur, 

tt  Je  dois  vous  dire  que  dans  l'Académie  des  Peintres  et  sculpteun  qu  iti 
pieu  au  Roy  faire  établir  icy,  il  sy  trouve  des  sujets  qui  s'afiliquent  z%*c 
diligence,  et  font  espérer  de  bien  réussir,  ils  ont  Tbonneur,  Monsei^gaeur, 
de  vous  présenter  une  requeste  pour  estre  corrservés  dans  les  prîriïègef 
que  le  Roy  leur  accorde,  cette  grdçe  leurdonnera  du  cœur  pour  traTtiller 
avec  plus  de  soin.  Je  joins  mes  supplications  aux  leurs  et  suis  aiec  ton^ 
respects,  Monseigneur,  u  Ecrilte  à  Monseigneur  le  CJiancelier  par  Moa^i* 
gneur  TArchevesque,  ce  5  aoust  1692.  r, 

Monsieur, 

«  Gomme  on  nous  veut  inquiéter  au  si^ujel  des  taxes  imposées  sur  I0111U& 
corps  de  métiers,  nous  sommes  apprès  à  deffendre  nos  droits  atrectiiitle 
la  vigueur  possible  estant  animées  par  Sa  Grandeur  qui  prend  nostre  rau^e 
fort  à  cœur,  ayant  bien  voulu  se  donner  lu  peine  d'r'crireà  Monseigneur  le 
Chancelier  en  lui  envoyant  une  requeste  de  nostre  part,  suivant  Tavii^^iir 
j'en  ay  receu  de  Monsieur  Mignard,  qui  m'a  fait  Thon  peu  r  de  m'écrira, 
qu'il  n'y  auroit  aucune  difficulté  pour  obtenir  ce  que  nous  souhaiton?^  si 
Ms'  se  donnoit  celte  peine,  mais  comme  on  a  besoin  de  s  o  11  ici  ta  lion  s  danit 
les  meilleures  causes^  j'ose  vous  prier  par  ces  lignes  de  continuer  to* 
bontez  pour  l'exercice  de  la  vertu  en  s^Ulicilantincessamrtïentuner^p>iWï' 
de  Ma'  le  Chancelier  a  \W  l'Archevesque  ;  si  vous  jugé  k  propos,  r 
vous  ayé  la  commodité  de  voir  M'  Mignard  elM'^  G ucrin  qui  sont  fo-^ 


LKS   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE   VILLE    DE    BORDEAUX.    945 

nos  intérêts,  nous  laissons  le  toat  à  vostre  volonté  ;  comme  je  tait  pw* 
saadé  qae  vous  ne  vous  lassé  jamais  de  faire  du  bien  j'attend  celte  grâce 
de  vous  pour  joindre  à  toattes  autres  qui  m^engagent  à  me  dire  étemeU 
lement  —  Monsieur  —  Vostre  très  humble  et  obéissant  serviteur,  » 

«  Labraidy.  n 

«  Ecrite  à  Paris,  à  M^  d*£strehan,  le  .5  aoust  1692  —  Vous  trouverez 
ci-dessous  les  copies  de  la  lettre  de  Ms'  et  nostre  reqneste.  » 

(Archives  de  l'Ecole  det  Beanx-Arti,  he.  cil.) 

tf  N«  13.  —  Requête  des  Académiciens  de  Bordeaux  à  f  Intendant  de 
Guienne.  » 

«  Le  corps  des  académistes  n'a  jamais  été  compris  dans  les  laxes  des 
arts  et  métiers  —  Rapporter  les  règlements  de  FAcadémie  Royaile  men- 
tionnés dans  les  privilèges,  sauf  se  pourvoir  contre  les  sculpteurs  qui  ne 
sont  pas  du  corps  académique.  <—  Rendre.  » 

«  A  Monseigneur  deLamoignon,  comte  de  Launay  Courson»  Conseiller 
du  Roy,  en  ses  Conseils,  Maître  des  requêtes  ordinaire  de  son  Hôtel, 
Intendant  de  justice,  police  et  finances  en  la  généralité  de  Bordeaux. 

Suplient  humblement  les  peintHs  et  sculpteurs  qui  composent  l'Aca- 
démie de  peinture  et  sculpture  établie  à  Bordeaux  au  mois  de  décembre 
1691  y  à  Tinstar  de  1*  Académie  Royale  des  mesmes  arts  établie  à  Paris  par 
lettres  patentes  de  S.  M.  Disans  qu'ils  ont  esté  sommez  par  le  sieur  Valtrin, 
Directeur  de  la  Recette  généralle  des  finances  de  Guiennepour  le  payement 
de  la  somme  de  vingt  cinq  livres  tant  pour  eux  que  pour  les  autres  pein- 
tres, sculpteurs  et  doreurs  de  cette  ville,  pour  le  dixième  des  revenus  du 
commerce  et  industrie  des  marchands,  négocians  et  artisans  d'icelle.  — 
Les  suplians  se  trouvent  obligés  de  vous  représenter,  Monseigneur,  que 
Sa  Majesté  n'a  jamais  [compris  dans  les  rôles  qui  ont  taxé  les  corps  des 
arts  et  métiers  du  Royaume,  les  Académies  de  peinture  et  sculpture  ainsi 
qu'il  parôist  par  le  certificat  ci  attaché  de  l'Académie  royaile  de  Paris,  et 
l'extrait  des  registres  du  Conseil  d'Ëstat  obtenu  ci  devant  en  pareil  cas  pour 
faire  foy  de  la  jouissance  de  leurs  privilèges,  privilèges  acordés  ajuste  titre 
à  un  art  que  les  plus  grands  hommes  des  siècles  passés  ont  tenu  à  honneur 
d'exercer,  et  pour  lequel  les  plusgrands  conquerans  ont  eu  de  la  vénération. 

Ce  considéré  il  vous  plaira  de  vos  grâces,  Monseigneur,  maintenir  lesdits 
Académiciens  dans  leurs  privilèges  et  faire  inhibition  et  deffences  audit 
sieur  de  Valtrin  de  les  inquietter  à  l'avenir  au  sujet  de  ladille  taxe,  sans 
préjudice  néantmoins  à  lui  de  se  pourvoir  contre  les  autres  peintres,  sculp- 
teurs et  doreurs  qui  ne  sont  point  du  corps  académique.  Et  les  suplians 
c  inûérons  leurs  vœux  pour  la  santé  et  prospérité  de  vostre  Grandeur.  » 
—  Par  l'Académie.  » 

a  Larraidy,  professeur  et  secrétaire,  n  [Id.) 

60 


946    LES    PEINTRES   DE   L'HOTEL   DE   VILLE   DE    BORDEAUX. 

Octobre  4.  —  Agrégés  de  t Académie  de  Bordeaux,  —  »  Aujoonl*liiif 
.tt  samedy  4  octobre  1692,  nousnoas  sommes  assemblées  à  FAcadémie,  et 
«  la  Compagnie  a  délibéré  au  sujet  de  Messieurs  Le  Blond  et  Le  liojie 
((  qui  ont  esté  cy  devant  agrégés  dans  nostre  Compagnie,  aux  cooditioas 
tt  spécifiées  quMls  donneront  au  pluslôt  la  moitié  de  leur  présent  pécuniiire 
«  moyennant  quoy  ils  entreront  dans  tes  Assemblées  et  auront  voii 
u  délibérative  à  commancer  du  jour  quMls  auront  donné  la  moîliée  de 
u  laditte  somme  en  retirant  quittance  et  achèveront  de  payer  le  (otd  ea 
a  livrant  leur  morceau  d'ouvrage  conformément  aux  précédentes  défi- 
bé  ration  s. 

«  Fait  à  Bordeaux  dans  laditte  académie  de  peinture  et  sculpture  le 
u  mesme  jour  et  an  susdit,  a 

tt  — ^  Le  Blond  de  la  Tovr«  —  Jean  Berqvin.  —  Gavllibr  —  C.  Foci- 

NIER.  —   LaRRAIDY.  —  DUCLERCQ.  —  TiRMAN....    »   {fd,) 

Les  professeurs  de  FEcok  Académique  dits  profeueurs  de  t  Académie 
de  Bordeaux*  —  C*est  cette  dernière  qualité  que  prenaient  les  pro- 
fesseurs de  Fécole  de  Bordeaux,  ainsi  que  Tindiquent  notamment  : 

1*  Une  assignation  du  15  juillet  1692  pour  «  Pierre  Duclaircq,  peintft 
ii  du  Roy,  académiste  de  la  présente  ville  «  pour  un  billet  de  153  livres 
tt  que  Ûutoya,  bourgeois  et  maître  appoticaire  »  lui  avoit  fait  payahb 
h  sa  volonté  pour  un  tabernacle.  Duclaircq  avait  donné  ce  billet  en 
paiement  au  père  Aubasson,  syndic  du  Collège  des  Jésuites,  pour  payer 
son  loyer.  Voir  aussi,  1692,  juin  17,  acte  Bouhier,  notaire,  sîjné 
Duclercq. 

2<'  Un  contrat  d*apprentissage  du  29  avril  1689,  retenu  par  Ricbari 
Giron,  notaire,  et  Pacte  suivant,  par  lequel  Jean  Thibaut  réclame  des 
indemnités  à  X.  Gabion,  le  23  septembre  1692,  parce  qu'il  n*a  pas  temiaé 
son  apprentissage  chez  tt  Jean  Thibaut  esculpter  et  professeur  de  tAea- 
u  demie  de  Bordeaux^  demeurant  parroisse  S'*  Eulalie  n  .  Celui-ci  expose 
qu*ii  s*est  engagé  à  fournir  un  nombre  d^ouvriers  à  Sa  Majesté,  a  ce  qu^il 
«  faut  qu'il  fasse  à  quelque  prix  que  ce  soit  »  • 

30  Des  actes  des  31  octobre  et  26  novembre  1692,  dans  lesquels  est 
nommé  :  tt  Antoine  Le  Blond  de  la  Tour,  bourgeois  et  premier  pro- 
a  fesseur  de  t Académie  de  peinturé  et  de  sculpture  de  Bordeaux^  fan 
»  sont  tant  pour  luy  que  pour  ceux  qui  composent  ladite  Académie^  etc.  • 

(Archives  départementales  de  U  Gironde,  série  E.  — Minutes  de  Mil«*  Boukler.  £ir(W. 
Grégoire  et  Virevalois,  notaires,  liasses  300,.  19  —  pour  les  trois  artistes.) 

1693 

Août  U.  —  tf  Au  sieur  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre,  cent 
u  cinq  livres  pour  trois  portraits ^  de  MM,  de  Pommarède^  Ia^ 


LES   PEINTBES   IXE    L'HOTEL   DE   VILLE    DE    BORDEAUX.     947 

«  Mora,  jurais,  par  mandement  du  11  août  1693  et  quittance  que  ledict 
tt  comptable  met  cy cxxxv  livres*  » 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  Camptabiliti^  feaillets  demi-brûlës,  loc^cit.) 

Septembre  17.  —  «  Au  sieur  Le  Blond,  à  la  place  d'Eyraud,  au  prin-» 
«  cipal  de  cent  livres,  contrat  du  17  septembre  1693.....  40  sols.  »  Cette 
indication  de  rentes  se  trouve  souvent  indiquée  (/(/.) 

1694 

Février  1.  —  «  Au  Sieur  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre  ordinaire  de  la 
«  Ville,  cent  trente  cinq  livres  pour  le$  trois  portraits  quMl  doit  faire  la 
«  présante  année  de  }iM,  Peyrelongue,  Fouit  et  Seguin,  jurats,  par 
«  mandement  du  1*'  février  1694  et  quittance  que  ledict  comptable 
«  remet i«  xxxv  livres.  »  (fd.) 

1695 

Janvier  19.  —  ^  k  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre,  cent  trente  cinq 
«  livres  pour  cînç  (?)  portraits  (\ïC\\  doit  faire  Tannée  1695,  de  messienr» 
u  de  Ladevise,  Cambous  et  Fénellon;  par  mandement  du  19  septembre 
a  1695  et  quittance  que  le  comptable  remet cxxxvlivres.  9  (id,) 

Novembre  9.  —  «  A  été  délibéré  qu'il  sera  expédié  mandement  à  sieur 
tt  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre,  de  la  somme  de  douze  livres  pour  les 
«  diusf  tiers  de  la  figure  qu*il  a  fait  des  palues  qui  sont  en  contestation 
«  entre  h  Viïlè  et  M' le  duc  de  Foix  et  M.  d'Hostein.  »  (fd.) 

1696 

Janvier  30.  —  «  Autre  mandement  en  faveur  du  sieur  Le  Blond  de  la 
a  Tour,  peinire  ordinaire  ek  la  Ville,  la  somme  de  deux  cent  septante 
tt  livres  pour  les  six  portraits  qu'il  doit  faire  de  MM.  de  Tayac,  Planche, 
tf  Sage,  Puyharhan,  Dubarry,  Roche,  jurats,  dont  luy  en  sera  délivré 
K  deux  expéditions  de  cent  trente-cinq  livres  chacune  pour  estre  payé 
«  conformément  à  Tarrest  du  conseil  du  18  juillet  1670.  —  Tayac,  — 
«  De  Fournel,  jurât.  »  [Id,) 

1697 

Avril  5.  —  Tableau  de  Saint  Paulin,  u  Madame  Démons  La  Caussadc 
4  a  donné  le  tableau  de  St  Paulin,  tiré  par  le  sieur  Lalour,  peintre  sur 
«  l'original  que  feu  Ms'  le  cardinal  de  Sourdis  ût  porter  de  Rome  à  la 

hartreuse  de  Bourdeaux  et  coûte  28  livres  sans  y  comprendre  le  cadre 

oré  que  ladicte  dame  a  fait  pourter  de  Paris.  » 

iTchives  municipales  de  Bordeaux.  —  État  civil»  Puy-Paulin.) 


I 

i 

f  948     LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEIUX. 


l 


1698 


f  Avril  5,  —  «  Mandement  en  faveur  A* Antoine  Le  Bhnd  de  la  Tcm^ 

\-  a  peintre  ordinaire  de  la  Ville  ^  delasommede  cani  trente  Jivrea  poor 

%  «  les  trois  portraits  de  M\I.  de  Richon Galatheau,  jtirats  q^il  dfaii 

t  «  exposer  à  Fhôtel  de  Ville  pour  estre  payé  conformémenl  à  rarresl  dm 

«  Conseil  da  18  juillet  1670.  n 

(Archives  mnaicipalefl  de  Bordeaux.  ~  CûmpiabilUéy  feuillet*  demi-bmlét»  Ux.  €k.) 

[  '      Nous  n* avons  pas  trouvé  de  Galalfieau^  jurât,  à  cette  époque,  PeaW 

être  doit-on  lire  seulement  les  trois  noms  de  juraUquî  suivent,  dont  deoi 
I  auraient  été  brûlés  dans  le  feuillet  préc^eot  ? 

I  Avril  22.  —   «  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre  ordinaire  de  la  ViUe, 

P  «  135  livres  pour  les  trois  portraits  qu'il  doitjaire  de  MM.  de  Riehoo, 

^  «  Ledoulz  etLostau,  jurats,  par  mandement  du  3  avrrl  169)4,  et  quiltaaee 

tt  que  le  comptable  remet.  »   [ïd,) 

On  devra  cependant  remarquer  que  le  premier  mandement  dit  ;  ■  q^'ii  s 
faitexposer  »;donc,les  portraits  élaieni  rait$le5  avril,  et  dans  te  reçu  it 
paiement  on  lit  :  u  pour  les  trois  portraits  guit  doit  faire  i«  Us  n'étaient 
donc  pas  encore  exécutés  le 22  avril  :  pui$,  le  premier  porte  reçt  trente  lînri 
et  le  second  cent  trente-cinq.  Faut-il  compter  3  ou  i  portraits?  [Id.] 

Octobre  16.  —  Maison  navale  pour  Monsâgneur  rArchetesque.  — 
«  Raymond  Cortiade  reçoit  300  livres  »  (td.)  pour  travaux  de  menuifcrit 
à  la  Maison  navale  pour  Tentréo  de  Monseigneur  T Archevêque.  La  pein- 
ture fut  certainement  confiée  à  Le  Blond  de  la  Tour^  maïs  nous  n^'aroDi 
pas  trouvé  le  mandement  à  son  nom. 

1699 

Juillet  18.  — tt  Z»«  Blond  de  labour,  peintre  ordinaire  de  la  Filf^, 

«  de  la  somme  de  135  livres  pour  trois  portraits  de  MM,  de  Moudeuard, 
tt  Borie  et  Billatte,  juratx  et  faits  et  poiés  en  THostel  de  Ville  pour  y  i^^ 
«  payé  conformément  à  TarresL  du  Conseil  du  18  juillet  1670.  — De  Mon- 
«  denard,  Billatte,  Borie,  jurai  z.  »  (Id.) 

1700 

Août  11.  —  «  A  esté  délibéré  qu'il  sera  eitpédiè  mandement  en  ïarêïir 
«  d*^n/^oin^  de  la  Tour,  peintre  ordinaire  de  la  Ville,  à  la  somme  de 
a  cent  trente  cinq  livres  pour  les  trois  portraits  de  XÏM.  de  Martin,  TïUet 
a  et  Ribail,  jurats,  qu'il  a  faits  et  poiés  à  Thostel  de  Ville,  ponr  e»£rr 
«  payé  conformément  à  Tarrest  du  Conseil  du  18  juillet  1670. 
u  tin,  lillet,  Ribail.  ^>  {Id.) 

Novembre  29.  -^  «  Aulre  despenu  du  passage  et  séjour  à   * 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEll  DE    VILLE    DE    BORDEAUX.     94Î) 

«  du  Roy  ifEipaigne  et  de  nos  Seigneurs  les  ducs  de  Bourgogne  et  de 
«  Bern/y  ses  frères,  —  Au  sieur  Le  Blond  de  La  Tour  quatre  cent  livres 
a  pour  la  moitié  du  prix  des  peintures  quMldoit  foire  tant  à  la  maison 
tt  navale  pour  le  Roy  d*Espaigne  qu*autres,  par  mandement  du  2\)  no- 
vembre 1700  et  quittance  que  lecompte  est  reçeu un*  livres.  ^  {Id,} 

1701 

Maison  navale  pour  le  Roy  d'Espagne  et  sesfrèrei. 

Janvier  12.  —  «  Le  Blond  de  Latour,  peintre  ordinaire  de  la  Ville  la 
u  somme  de  cinq  cens  vingt  huict  livres.  Scavoir  celle  de  400  livres  pour 
tt  Tautre  moitié  de  celle  de  800  livres  à  laquelle  il  a  esté  convenu  aveciuy 
«  pour  les  ouvrages  de  peinture  qu*il  a  conveneu  faire  à  la  Maison  navalte 
«  pour  le  Roy  d'Ëspaigne  et  Nos  seigneurs  les  Princes,  ses  frères,  el  m\x 
u  quatre  bateaux,  le  tout  conformément  au  devis  qui  en  a  esté  dressé  ayunt 
«  été  payé  des  autres  400  livres  ;  en  conséquence  du  mandement  expédié  en 
tt  sa  faveur  le  29  novembre  dernier  et  celle  de  128  livres  pour  travail  eL 
tt  ouvrages  par  luy  faict  au-delà  dudict  devis,  le  tout  conformément  au 

«  compte  aujourd*huy  arresté  par  M'  Bensse,  jurât,  et  commissaire 

tt  528  livres,  i»  (Fd.) 

Mars  1.  — -  tt  Berquin,  maître  menuisier,  travail  qu*il  a  fait  à  roccasion 
«  defarrivéeduRoy  d*£spaigne  et  de  nos  Seigneurs 300  livres.  ^  [Id^] 

— ■  Berquin  était  sculpteur  et  professeur  à  t Ecole  Académique ^  r'esl 
lui  qui  6t  les  statues  de  la  Maison  navale. 

Août  31.  —  «  Autre  mandement  en  faveur  de  Anthoine  de  la  Tour, 
«  peintre  de  la  Ville,  de  la  somme  de  135  livres  pour  les  trois portraictz 
tt  de  MM,  d'Essenault,  Lauvergnac,  et  Bensse,  jurais,  qu*il  a  faiciz  et 
«  pozés  à  THostel  de  Ville  pour  estre  payés  conformément  à  Tarresl  du 
«  Conseil  du  18  juillet  1670,  cy  135  livres.  » 

—  «  D'ËssENAVLT,  jurât,  —  Lavergnac,  jurât,  —  Bexsse,  jurai»  — 

GAlTFRETEAV,yura^  »  (!d,) 

1702 
Août  28.  —  «Au  sieur  Le  Blond  dit  de  la  Tour,  peintre,  135  livres 
tt  pour  avoir  fa'ii  les  portraits  de  MM.  Gauffreteau,  Levasseurel  Mercier, 
ft  par  mandement  du  28  août  1702,  et  quittance  que  le  comptable  remel 
•  cy 135  livres.  »  {Id.) 

1703 

vrier  14.  —  Mariage  Marc  Antoine  Le  Blond  de  la  Tour  et  Char- 
t  Renard.  —  Nous  ne  donnerons  que  des  extraits  de  cet  acte  qui 
tient  de  très  longs  et  très  inutiles  détails. 


n 


I  930    LES    PEIXTRES    DE    L'HOTEL    DE    Vli.LE    DE    ROIDEACT. 

l                                           «  N«  345.  —  Le  14  février  1703,  je  soussigné,  preslre,  curé  Ae  k 
r  a  parroisse   Saint   Pierre j*àî   imparty    la   béoÉdictioii    nu  pliait  à 

tt  sieur  Marc  Antoine  Le  Blon  de  Lalour,  bourgeois  et  peinlre  de  celle 
A  «  ville  et  damoiselie  Angélique  Charlotte  Renard,  ledit  4?^poux  majeun. ... 

tt  procédant  en  présence  et  du  consentement  de  sieur  Anlutne  Le  Blon 

a  de  Latour,  aussi  bourgeois  et  peintre  de  cette  ville  H  sa  mère  ètaat 
f  u  décédée  et  la  demoiselle  Angélique  Charlotte  Renard,  espouse,  aagée  df 

u  vingt    un    ans procédant  en    présanee  et    du    consenteaient    de 

|i  tt  sieur  Mathieu  Renard,   bourgeois  et  maisire  orpbeuvre  de  la  pre^eitlf 

|.  u  ville  et  Jeanne  Colas,    ses  père  et  mère.^...  en  présence  Ae&  quatrf 

«  témoins  bas-nommés scavoîr  :  sieur  Mathieu  Hugon,  bourgeois,  el 

t  «  maistre  orpheuvre  ;  sieur  Pierre  Le  Blonde  la  Tour,  Ingénieur  du  Roj  ; 

I  8  maistre  Bernard  Courtin^  advocat  en  la  Court  et  sieur  Joseph  Salpice 

l  «  Le  Blon  de  la   Tour,    orpbeuvre 

'  «  Le  Blond  de  L^tovr,   épouXy  Le  Blond  de  Latovr  frère^  —  JosEn 

SvLPisE  Leblond  de  Latovr.  » 

(Archives  municiptlet  de  Bordeaux.  —  Etat  citil,  Saiat-Piérre,  loc  eit.) 

i 

Jutn28.  —  tt  A^«  14.  —  Commandement^  par  huissier,  auxpmhn 
tt  doreurs  sur  bois  et  sculpteurs  de  la  ville  de  Bordeaux^  remis  poar  eux 
«  à  Leclercq  l'aisnè  peintre.  —  Art.  27.  Peintres  et  doreurs,  de.  — 
tt  Généralité  de  Bordeaux.  —  Arts  et  métiers.  Confirmation  d'hérUilé 
tt  et  réunion.  —  Extrait  des  registres  du  Conseil  ^Etat.  » 

Le  Boy  ayant  parEdit  du  mois  d*Aoust  1701»  confirmé  les  Propnè* 
taires  des  offices  qui  ont  esté  créés  hérédiaires»  ou  en  survivance,  ea 
payant  les  sommes  pour  lesquelles  ils  seront  employés  dans  les  RoUes  et 
arrests  et  ordonné  par  arrestde  son  Conseil  du  11  juillet  1702,  rexécalioa 
dudit  Edit,  tant  à  Tégard  des  Offices  que  les  corps,  Communautés  oa 
Officiers  auroien  réûny  à  eux,  que  pour  les  autres  auxquels  il  auroiteslé 
pourveu.  Sa  Majesté  a  fait  arrester  en  son  Conseil  des  Rolles  des  sommes 
dëûes  pour  ladite  Confirmation  entr'autres  pour  ce  qui  concerne  les 
Offices  de  syndics  et  d*auditeurs  des  comptes  des  corps  et  communaatet 
d^arts  et  mestiers  de  la  généralité  de  Bord' dont  lesdlts  corps  et  comno- 
nautez  ayant  eu  avis,  et  qu^outre  les  taxes  qui  leur  sont  demandées,  ils 
encore  été  créé  par  Edit  du  même  mois  de  juillet  1702  des  Trésoriers  de 
leurs  Bourses  communes,  dont  rezécution  leur  seroit  onéreuse,  ils  an- 
roient  fait  suplier  très  humblement  Sa  Majesté,  quelle  eust  agréable  de 
se  contenter  d*une  somme  proportionnée  à  leur  foiblesse,  tant  poar  leor 
confirmation  d*hérédité  desditz  Offices  de  Syndics  Jurés,  et  ^hni 
de  leurs  Comptes  cy  devant  réunis,  qne  pour  Tunion  et  incorpo. 
qu*il  plairoit  à  S.  M.  leur  accorder  dudit  Office  de  Trésorier,  en  \ 
gnant  quelques  gages,  laquelle  proposition  Sa  Majesté  ayant  YAm^  " 


1 


LES   PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.    !)51 

accepter,  voulant  traiter  favorablement  lesdites  Gommanaulp^;  Ht  vki? 
Tavis  du  Sieur  de  la  Bourdonnaye,  Conseiller  en  ses  Conseils...  Otjy  Je 
rapport  du  Sieur  Fieuriau  d*ArmenonvilIe...  Sa  Majesté  bn  son  Coksëil^ 
conformément  à  Tavis  dudit  Sieur  de  la  Bourdonnaye  a  ordonne  d  or- 
donne qu'en  payant  par  lesdits  corps  et  communautez  de  marchands  ol 
d^Arts  et  Métiers  de  la  généralité  de  Bordeaux,  les  sommes  pour  lesquelles 
ils  ont  esté  compris  dans  le  RoUe  aujourd*huy  arresté  en  Cons<'il,  scovoir, 
le  principal  sur  les  Récépissé!  de  M*'*  Jean  Garnier,  chargé  du  Recouvre- 
ment desdites  sommes...  ils  demeureront  maintenus  et  confirmez  dans 
rhérédilé  desdils  Offices  de  Syndics,  et  d'Auditeurs  de  leurs  Comples  ey- 
devant  réunis  et  jouiront  des  Offices  de  Trésoriers  de  leurs  Baurse,"!  com- 
niunes  que  S.  M.  leur  a  pareillement  réunis,  ensemble  des  ^^a^es  (|uî  y 
seront  attribues...  Fait  au  Conseil  dH Estât  du  Roy,  tenu  à  Versnillcâ  \v 
vingt  quatriesme  jour  de  mars  mil  sept  cens  trois.  Collationnè.  ^i 

Signé  :  a  Goujon,  n 

Extrait  du  Rollk  des  sommes  que  le  Roy  en  son  Conseil  veut  et 
ordonne  estre  payées  en  exécution  de  l'arrest  rendu  en  icelluy,  k  24  mars 
1703  dont  copie  est  cy  devant  écrite.  —  Ville  de  Bordeaux.  —  Art.  27. 
—  Les  Peintres  doreurs  en  bois  et  sculpteurs  de  la  ville  Je  lïorde.iux 
pour  estre  maintenuz  et  confirmez  et  jouir  de  vingt  livres  de  gages  par 
an  payeront  la  somme  de  douze  cent  livres,  cy...  1200  livres,  — ^  au 
payement  desquelles  sommes,  et  des  deux  sols  pour  livre  d^icelles^  les 
syndics  jurés  desdits  corps  et  communautez  seront  contraints  par  les  voyes 
et  ainsi  quMl  est  accoutumé  pour  les  affaires  de  S.  M. 

Fait  et  arresté  au  Conseil  Royal  des  Finances  tenu  par  S.  M.  à  Ver- 
sailles, le  24*  jour  de  mars  1703.  Collationnë. 

tt  Signé  :  Goujon,  iv 
Suit  la  signification  et  commandement  faits  le  28  juin  170rt,'sur  or- 
donnance de  M.  de  La  Bourdonnaye,  par  Miramon,  huissier,   u  fait  et 
délaissés  »  le  lendemain  a  au  domicile  du  Sieur  Le  Claire  l'ayné,  peintre, 
en  parlant  au  desnommé...  n 
(Archives  de  l'Ecole  des  Beaux- Arts.) 

JtdUet  11.  —  a  A  sieur  Le  piond  de  la  Tour,  peintre,  135  livres 
«  pour  portraire MM,  d'Arsac,  Maignol  et  Fiau^  jurats,  dan;;  THostelde 
«  Ville,  par  mandement  du  U  juillet  1703  et  quittance  quek  complalile 
«  remet,  cy 135  livres.  » 

(Archives  manicipales,  feuillets  demi-brAlës,  îœ,  cit.) 

N«  15.  —  A  ifEssiEUKS  LES  MAIRE,  SOUS  MAIRE  ET  JURATS,  gouvemeurs  de 
yrdeaux^  juges  criminels  et  de  police.  —  c  Suplient  humblement  les 
Peintres   et  sculpteurs  de   T Académie,   établie  à   Bordeaut,    disons 


C52     LES    PEIIVTRES    DE    L'HOTEL    DK    VILLE    DE    BOBDËâtX. 

«  qu'après  avoir  obtenu  des  lettres  peitteatesde  S,  \Lpour  F  établi  «stmi'rvi 
a  d'icelle,  ils  en  firent  Tonverture  le  dimanche  IG  décembre  mil  six  cfm 
u  quatre  vingt  onxe  au  bruit  du  canon  et  cloche  sonnante  par  une  vimit 
«  royale  qu'ils  ûrent  célébrer  dans  fa  chapelle  du  collège  de  Gmeatx 
«  où  assistèrent  Monieigneur  rArchevesque  de  Dourlemont,  Monsieur  k 
(c  Marquis  de  Sourdis  commandant  pour  Sa  Majesté  en  Guîenne,  Messieurs 
«  les  Jurats  en  habits  de  cérémonie,  et  autres  personnes  éminenles  «s 
«  dignité,  pendant  la  messe  il  fut  cbanté  un  molet  en  musique  et  sùb- 
t  phonie  et  le  panégirique  du  Roy  y  fut  prononcé  par  Monsieur  Tabbé 
«  Barré  avec  éloquence  et  aplaudissement. 

a  Le  lendemain  17  du  mesnie  mois  ils  firent  Touverture  de  leur  kùle 
a  et  commancërent  leurs  études  dans  une  Salle  du  mesme  collège  qM 
«  Messieurs  les   Maire  et  Jurats    leur  acordèrent   avec   Tagrémeiil  di 
c  M.  Bardin,  principal  dudit  collège  pour  leur  élablissemenl  dont  la 
«  titres  sont  cy  attachez.  Ils  ont  continué  depuis  avec  assez  de  ia(xh 
u  jfisqu*à  ce  qu*en6n  ils  ont  esté  troublez 'par  les  traittaas  qui,  eu  cociè- 
tt  quence  d*un  Édit  de  S.  M.  les  ont  compris  dans  les  roi  les  des  tua 
a  imposées  sur  tous  les  corps  de  métiers  du  Royaume  pour  lacontirmstian 
u  de  rhérédité  des  ofGces  desindics  et  auditeurs  de  comptes  dan^s  chaijuf 
a  communauté;  ils  présentèrent  pour  lors  requesteù  Mo»seifjneur  rmkH- 
tt  dant  par  laquelle  ils  expliquèrent  comme  l'intention  du  Roy  n'estai!  p» 
«  de  comprendre  dans  cet  édit  les  Académies  de  peinture  et  de  sculptunf, 
a  puisqu^nu  contraire  il   gratiûoit  annuellement  TAcadémie  Royale  àt 
u  Paris  d'une  pension  de  six  mil  livres  et  d'un  apartement  dans  le  Louvn 
u  pour  faire  leurs  études  et  y  tenir  leur  êcole^  et  que  celle  de  Borde«iu 
u  estant  une  extension  de  TAcadémie  Koyale  elle  devoit  jouir  des  meï:Bc> 
a  privilèges.  Monsieur  Tintendant  appointa  leur  Requeste  pour  estre  eo«- 
tt  munic|uée  au  traittant  qui  ne  laissa  pas  de  poursuivre  les  suplîani  par 
a  des  contraintes  consécutives,  de  manière  qu'ils  ont  esté  obligea  de  se 
tt  pourvoir  au  Conseil  d*Estat  et  y  ont  obtenu  un  arrest  dont  l'extrait  m 
tt  cy-attaché  qui  les  descharge  eux  et  tous  autres  académiciens  de  pein- 
tt  ture  et  sculpture  du  payement  des  sommes  pour  lesquelles  ils  ont  r^è 
a  compris  dans  iesdils  RoUes,  ce  qui  met  les  supltans  en  estât  de  joàir 
tt  du  fruit  de  leurs  études  interrompues  depuis  ractioti  intentée  par  le»- 
tt  dits  traittans,  et  voulants  se  conformer  au^  intentions  de  S,  M^qui  v^in 
a  que  dans  les  endroits  ou  lesdittes  Académies  seront  établies,  an  cboi- 
«  sisse  pour  protecteurs  d'icelles  les  personnes  de  qualité  éminente  qult 
tt  sera  trouve  à  propos  dans  lesdits  lieux.  i\insi  qu'il  est  dit  dans  Fariidr 
u  premier  des  Règlemens  pour  Tétablisseme  nt  des  [mesmes  Acadèmk  _ 
tt  dits  suplians  ont  recour  à  MM.  les  Maire,  sous  Marre  et  Jurats  à  cf        ' 
«  leur  plaise  prendre  tant  ladHte- Académie  de  Bordeaux  que  lesdits  ^ 
tt  miciens  sous  leur  protection,  ce  sera  une  continuation  dea  faveu"         ^ 


r 


LES   PEINTRES   DE    L'HOTEL   DE    VILLE    DE    BORDEAUX.     953 

tf  ont  déjà  receu  de  Mesdits  Sieur  Maire  et  jurats  quMls  supplient  très  hum- 
«  blement  de  commettre  tel  d*enlr*eux  qu'il  leur  plaira  pour  faire  la 
«  visitte  de  leur  école  scituée  dans  ledit  collège  de  Guienne  pour  ordonner 
u  ensuitte  les  réparations  nécessaires  à  ladite  École,  affin  que  les  dits 
u  guplîans  puissent  continuer  leurs  éludes  pour  le  bien  du  public  et  leorà^ 
a  prières  pour  la  conservation  de  mesdits  sieurs  maire,  sous-maire  et 
u  jurats.  r> 

(Archives  de  l'Ecole  des  Beant-Ârts  de  Bordeaux.) 

1704 

Janvier  1.  —  Baptême  Marie  Le  Blond  de  la  Tour.  —  a  Ce  mardy 
u  premier  de  Tan  mille  sept  cens  quatre,  a  esté  baptisée  Marie,  ûile 
u  légitime  de  Marc-Antoine  Le  Blond  de  la  Tour,  peintre  du  Roy,  et 
tt  d'Angélique  Charlotte  Renard,  parroisseS*  Eloy,  parrain,  sieur  Antoine 
«  Le  Blond  de  la  Tour,  aussi  peintre  du  Roy,  ayeul,  marraine,  Marie 
tt  Hugon,  aussi  ayeule,  nacquit  hier  à  midy  un  quart.  r> 

—  «  Le  Blond  de  la  Tovr,  père,  —  Le  Blond  de  la  Tovr.  —  Marie 

HUQON.    » 

(Archives  municipales  de  Bordeaux.  —  Etat  civil,  Saint-Éloy,  hc,  cit.) 

May  7.  —  Réponse  de  DuaAiacQ, /wo/««««r,  pour  le  secrétaire  absent. 
tt  Les  Peintres  de  TAcadémie  de  cesle  ville  pour  obéir  à  Fordonance  de 
«  Monseigneur  Tlntendant,  avons  ataché  à  nostre  praisante  Requeste  les 
u  laittres  patantes  de  S.  M.  pour  FEtablissement  des  ÉcoUes  Académiques 
u  dans  les  principales  villes  du  Royaume,  où  il  est  dict  au  4*  article  des 
tt  réglemens  que  les  aioinls  ou  aides  qui  seront  trouvés  capables  partici- 
tt  perount  à  leurs  privilèges  dans  les  villes  seulement. 

tt  Plus  les  laitres  de  leur  Ëstablissement  en  ceste  ville  en  datte  du  3  iuin 
u  1690.  —  Plus  la  nominatioun  de  ceux  qui  conposet  ladite  Académie, 
u  signée  par  feu  Monseigneur  nostre  Archevêque  et  nostre  Vice  Protec- 
tt  tur  en  datte  du  SO"*  avril  1691.  —  Plus  le  certificat  de  TAcadémic 
«  royalle  de  Paris  pour  faire  voir  que  les  suplians  ne  sount  pas  con- 
tt  prins  dans  la  prétandue  taxée  des  arts  et  métiers  puisque  le  corps  de 
u  qui  ils  dépandet  n'ount  point  payé,  à  Paris,  ni  n*iount  esté  comprins  : 
u  —  Plus  TEstat  et  les  noms  de  ceux  qui  praitandent  estre  descbargés  de  la 
u  praitandue  taxce  :  —  à  TEgart  du  Rolle  demandé  par  le  s'  \'altrain  au 
u  suget  de  la  taxce  de  deux  cens  livres,  les  suplians  n'en  ount  jamais  payé 
u  aucune  portioun,  par  ainsi  il  leur  est  itiposible  d'en  raporter  le  Rolle. 
«  Faicl  à  Bordeaux  et  raimis  le  7«  may  1704,  par  l'Académie  des 
^  pain  très. 

«  DucLAiRCQ,  profeseur,  en  Tabsance  du  Secraitere.  » 

(Archivei  de  l'Ecole  des  Beaux- Arts  de  Bordeaux.) 


9&4     LES   PEINTRES    DE    L'HOTEL   DE    VILLE   DE    BORDEIUX- 

1706 

N^  22.  —  Janvier  2.  —  Arrest  du  Conseil  en  faveur  de  tÈcok  M^ 
bernique  de  Bordeaux,  (fd.) 

Janvier  12.  —  «  Arrest  do  Conseil  d*Estat  du  12  janvier  17()6  qsi 
décharge  les  peintres  et  sculpteurs  de  TEcole  Académique  de  Bordesui 
et  tous  autres  acaiémiciens  de  peinture  et  sculpture,  établis  dan&  hy 
provinces  du  Royaume  du  paiement  des  sommes  pour  lesquelles  ils  oni 
esté  compris  dans  les  Rolles  de  répartition  de  ceUm  que  tes  peintres  d 
sculpteurs  desdittes  provinces  doivent  payer,  avec  deffeRses  de  les  pour- 
suivre pour  raison  de  ce.  » 

{Bibliothèque  tnumicipaU  de  Bordeaux.  —  Coll.  Delpit,  —  Uinuierît  L  IV.  Tahk  h 
tiiref  de  l'Acad.  roy.  de  peint,  et  de  sculpt.  V*  liasse,  n«  â  —  IK  octobre  1770,  ^  IT/' 

Janvier  25.  —  Baptême  Marie  Le  Blond.  —  K*  69*  —  »  A  esté  baptisa 
c  Marie,  filie  légitime  de  Marc  Antoine  Le  Blond  deLatour,  peintre  duRoj 
(c  et  d*Angé1iqae  Charlotte  Renard,  parroisse  S*  Eby,  parrain  Anlomê 
tt  Bonaventure  Le  Blond  de  la  Tour,  faisant  pour  Pierre  Le  Blond  <!« 
a  Lalour,  Ingénieur  ordinaire  du  Roy,  marraine,  Marie  Renard,  damoi- 
u  selle » 

«  Leblond  DE  Latovr,  perre  —  Marie  Renard.  —  Antolne  Le  Blo» 
u  de  Latour.  » 

(Archifes  municipalet.  —  Et«t  civil,  Sahit-Eloi,  lac.  cil.) 

Décembre  9.  —  Décès  Antoine  Le  Blond  4^  Lalour.  —  u  X*  111  — 
u  Du  jeudi  9  de  décembre  1706,  ledict  jour  et  moh  ei  an,  Antoiite  \t 
«  Blond  de  Latour,  bourgeois  et  peintre  de  la  ville,  fut  enseveli  k  cinq  hear^ 
tf  du  soir.  Il  étoit  mort  le  jour  auparavant  à  onze  heures  de  la  ntiktî 
«  presans  ont  esté  les  soussignés...  » 

u  —  Brvel,  prestre  prisant,  —  England.  »  (/rf.) 

1707 

Avrils,  —  «  Baptême  Antoinette  Le  Blond  de  Latour.  —  ParniB 
u  M*'*  Jacques  Le  Blond  de  La  Tour,  prestre,  et  en  sa  place  Françoij 
«  Renard,  n 

(État  civil,  Saint-Andrë,  loc.  rit,) 

Sépulture  Le  Blond  de  la  Tour,  —  «  Titre  de  sépulture,  h  Saïnt-Eloj, 
dans  le  cueur  d'icelle,  devant  le  grand  aotel,  à  François  Rotnal,  adfocil 
en  la  Cour,  confrontant  au  costé  du  N.  à  celle  de  M.  Le  Dloud  de  Lalour, 
bourgeois  et  paintre  du  Roy.  » 
(Archivei  dëpartementalei,  térie  E,  notairefl,  mînntet  de  Vireraloi»  ) 


' 


AMEXES 


1 

COMITÉ  DES  SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ARTS 

DES  DÉPARTEMENTS. 


Président. 


M.  A.  RAMBAUD,  sénateur,  ministre  de  Tlnstruction  publique  et  des 
Beaux->Arts, 

Vice^présiderU. 
M.  Hemiy  ROUJON,  Oi^,  directeur  des  Beaux-Arts. 

Seerétiâre. 

M.  L.  CROST,  ^,  chef  du  bureau  de  TEnseignement  et  des  \faDufae^ 
tares  nationales. 

Secrétaire  adjoint. 

M.  A.  LALANDE,  sous-chef  du  bureau  de  rEnseignemenl  tt  des  Manu- 
factures nationales. 

Secrétaire  rapporteur. 
M.  Henry  JOUIN,  i$,  secrétaire  de  TÉcoie  des  Beaux-Arts. 

Membres. 

MM.  BAIGMÈRëS(Abthub),  critique  d'art,  boulevard  de  Cour^^elle^  ID 
BALLU  (Roger),  ^,  inspecteur  des  Beaux-Arts,  rueBallu,  lOùis, 
BELLAY,  ^,  inspecteur  de   rEnseignement  du  dessin   et    des 

Musées,  rue  Blanche,  72. 
BERGER  (Georges),  C^,  député,  rue  Legendre,  8. 
BQESWILWALD   (Paul),  ^^,  inspecteur  général  des  monumi^r. 

historiques,  professeur  à  TÉcole  nationale  des  Beaux-Artà, 

boulevard  Saint-Michel,  6. 
BOURGAULT-DUCOUDRAY,   professeur  an  Consenaloire  naiio- 


958  ANNEXES. 

nal   de   musique  et  de  dêcUmafioti ,   vllJa  Molhor,   l(î 

(Auleuil). 
CALMËTTËS,  homme  de  lettres,  rue  de  Vsugïrard,  93, 
OKNNëVIËRëS  (I^iiQUis  de),  0'^,  membre  de  HnElUat.  me 

Saul-Louis  Coarîer,  3«  ' 
CHIPIEZ,  Q|||(^  inspecteur  principal  de  rËnseîgnemefit  du  deulp, 

rue  de  CMJbillon,  8. 
CLARETIE  (Jules),  CiI^:».  membre  de  T Académie  françaife,  admi- 
nistrateur général  4»  la  Comèdi€^Française,  rue  de  Riche- 
lieu, 6.      ' 
COLLIGNON,  (L.*M.),  ^,  membre  de  rAcadèniîe  des  In  script  iam 

et  Belles-Lettres,  boulevard  Saini-tiocumin,  8S, 
DELABORDE  (Comte  Henri),  Ci)^,  secrétaire  p«rpéluet  boDonire 

de  TAcadémie- des  Beaux- Arts  T  rue  de  rUnrMrsilè,  B. 
'    DUBOIS  (Paul),  GC^,  directeur  de  lÉcok  nationale  d«s^eaii> 

Arts,  rue  Bonaparte,  14. 
ENLART  (C),  sous-bibliotbéeaire  à  TÉcole  nâUoaale  des  Bnw^ 

Arts^  rue  Motre-Dame  des  Champs,  56. 
FOURCAÙI)  (de),!^,  professeur  à  racole  nationale  des  Beaai^-jlrlSi 

rue  Marbeuf,  14  bis. 
GARNIER  (Edouard)  ,  conservateur  du  Musée,  de  la  biblioQièquf 

et  des  collections  de  la  manufacture  iiatlonnle  de  S^vrei 
GONSE  (Louis),  ^,  boulevard  S&lnl-Gi'rmain.âOo, 
GRUYËR  (Anatole),  0^,  membre  de  rinstiLut,  inspecteur  p  ri  ad  pal 

des  Musées  des  départements,  rue  Dupbot,  18, 
GUIFFREY  (Jules)  ,  Ol$,  admini&lrateur  de  la  Manufacture  natiû- 

naie  des  Gobelins,  avenue  de^  Gobdins,  40< 
GUILLAUME,   GO^,     membre  de  rinstiiiit,    rue    de   VVmvtr- 

site,  5. 
HAVARD  ^Hbnhy),  0^,  inspecteur  général  des  Beaux-ArU,  aveotff 

de  la  Grande-Armée,  83, 
HÉRON  DE  VILLEFOSSE  (A.),  0^,  membre  de  TAcadémia  des 

Inscriptions  et  Belles-Lettres,  conservateur  au  Musée  ào 

Louvre,  rue  Washington,  15. 
HOUSSAYE  (Henry),  0^,  critique  d'art,  membre  de  rAcadémir 

française,  avenue  Friedland,  ^9. 
KAEMPFEN,  0^,  dirçcteûr  des  Musées  nationauic,  palaiâ  du  I^um. 
LAFENESTRE  (Georges),  ^,  conservateur  au  Musée  du  Loutre, 

membre  de  Tlnstitut,   avenue  l^akaual,  5,    à  Uour]^i- 

Reine  (Seine). 
LECONTE,  député,  rue  Pierre  Dillery,  5. 
LOUVRIER  DE  LAJOLAIS,  ^,  directeur  de  TÉcolc  nationale  dw 

arts  décoratifs,  quai  Bourbon,  19. 
MAGNE  (Lucien),  i^,  architecte  des  Monumenla  historiques,  t 

rOratoire  du  Louvre,  G. 


i 


COUiTÊ    DES    SOCIÉTÉS    DES    BEAUX-ARTS.  9J1} 

MAIGNAN  (Albert),  0^,  artiste  peiotre,  rue  La  liru^ère,  l, 
&IARCHËIX,  sous- bibliothécaire  à  T École  nationale  des  BeaujL-ArU, 

rue  de  Vaugirard,  47, 
MARCOU  (F<)v  $1  ÎDspecleur  général  adjoint  des  monuments  hislo- 

riifueâ,  rue  des  Saints-Pèreft,  13. 
MICHEL   (ÉïiiiJf.),  ^,   membre  de   T Académie   des  Beaux-Arts, 

avenu(?  de  l*Observatoire^  9, 
MILLAUÛ  (EnouAKn),  sénateur^  avenue  Kléber,  78,  Paris-Passy. 
MONVAL   (G.),   archiviste   de    la   Comédie-Françaiie,    rue   Cré- 

billon,  8. 
MUMTZ  (Eugène),   ^,  membre  de  P[n»LUut«  conservateur  de   la 

bibliothèque  et   des   collections   de  l'Ecole   nationale  des 

Beaux-Arts,  rue  de  Condé,  !4. 
NOLHAC  (P,  ok),  conservateur  du  Musée  national  de  VersailleSt 

au  palais  de  Versailles, 
KUITTER,  :î^,  conservateur  des  archives  de  TOpéra^  rue  du  Fau- 

bourg-Saint-Horjoré,  83. 
PILLETf  ^,  inspecteur  de  rEnseîgnement  du  dessin  et  des  Musées, 

rue  Sainl-Sulpice^  i8> 
ROCHËDLAVE  (S/^îiiicl),  professeur  à  T École  nationale  des  Beaux- 

Arts^  rue  Denfert-llochereau,  ^5, 
SËRVOJS  (Gistave),  0^^^  di recteur  des  Archives  nalionales,  rue 

des  Francs-Bourgeois,  GO. 
STËIN    (Henbi),    archiviste   au\    Archives    nationales ,   rue  Gay- 

Lusâae,  38. 
TOUR^EUX  (\[i\UBici£),    ^,  homme  de  lettres,   rue  du  Cardinal 

Lemoine,  14. 


Il 

MEMBRES  IVON  RÉSIDANTS  DU  COMITÉ 


ALPES-MARITIMES 

MM« 

Chabal-Dlssurgby,  andeo  directeur  de  TEcole  d*art  décoralif,  à  Nice. 

ARDENNES 
WiLLEU,  professeur  de  dessin,  à  Sedan 

AUBE 

Babeau  (Albert),  membre  de  la  Société  académique  d'agriculture,  sciences, 
arts  et  belles-lettres  de  TAube,  à  Troyes,  8,  rue  du  Clottre-Saint- 
Étienne,  et  à  Paris,  54,  rue  de  la  Bienfaisance. 

BOUCHES-DU-RHONE 

Berllc-Périssis  (de),  président  bonoraire  de  la  Société  académique  des 
Basses-Alpes,  à  Aix. 

Magald,  correspondant  de  Tlnstitut,  ancien  directeur  de  TÉcole  des  Beaux- 
Arts,  à  Marseille. 

Roux  (Jules-Charles),  président  de  la  Société  des  Amis  des  Arts,  membre 
de  la  Chambre  de  commerce  et  du  Conseil  municipal,  administra- 
teur de  la  Banque  de  France,  rue  Sainte,  n*  79,  à  Marseille. 

CALVADOS 

Bkalrepaire  (E.  dk),  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie, 

magistrat,  rue  Bosnières,  n<*  25,  à  Caen. 
BÉ\ET,  archiviste  du  déparlement,  secrétaire  de  la  Société  des  Bear 

Arts,  à  Caen, 


MEMSRË3    NON    RÈSIDAXTS    DU    COMITÉ. 


Ml 


CoLiv  (Paul),  înspecleuT  principal   de  TE  use)  g  ne  ment  du  dessin  et  des 
Musées,  à  l'aris,  1,  quai  Malaquais^ 

CHEft 

Bi-HQT  DE  Ki^BSEna,  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Centre,  h 
Bûurg€i, 

CREUSE 
OiAtnEB  {Léopold)^  président  de  la  Cotnniisâîon  du  musée  d*AubuiSO0, 

DOUBS 

GâLTHiEti  (Jubs}f  archiviste  du  département,  coaservaleur  de  la  Société 
franc-comtoisef  h  Besangon,  .i 

EIRE 

Cba5$a\t,  conservateur  du  Musée^  fk  Evreu:K, 

PoHÉE  (l'abbé),  curé  de  Bournainî?ille- 

G/VRD 

Le^\thêr[C  (Charles),  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  cliaussées,  Â  Klmes. 
EtvoiL,  correspondant  de  Tfastitut^  architecte  des  monuments  hiâtorîquei», 
à  MmeSp 


timOMDE 

Braoiehavr,  professeur  à  TEcole  municipale  de  deâs^în,  place  lk>han,  0, 
û  Bordeaux. 

ISIDHE^ET-lOIRE 

Ma&ïllëau,  professeur  de  Faculté,  à  Villcloin,  près  Locb[^s, 
Gra\d&].uso\  (CliarlesnK),  archiviste  honoraire  dudépartement^  meaibre  de 

La  Société  yrchéologique  de  Touraine,  rue  TraiersiÈie,  t3,  h  Togr». 
Lalhevt  (Fêliï),  conservateur  du  Musée  de  peinture,  directeur  de  T Ecole 

des  Beau3t-Arts,  h  Tours. 

LOIRE  (HAUTE^) 

(  mm  (Léon),  membre  de  la  Société  d'ag^rlculture,  lelences,  arts  et  com^ 
merce,  au  Puy- 

01 


962  ANNEXES 


LOIRET 


Desnoters  (l'abbé) ,  directeur da  Musée  historique  de  T Orléanais,  à  Orlèins. 
Jarby  (Louis),  membre   de   la    Société  archéologique  de  rOrUtoals, 
place  de  TÉtape,  8,  à  Orléans. 

MAINË-ET-LOIRE 

Dauban  (Jules),  correspondant  de  Tlnstitut,  inspecteur  de  rEnseignemeot 
du  dessin  et  des  Musées»  conservateur  honoraire  du  Musée  de  peÎB- 
ture,  à  Angers,  place  du  Ralliement. 

Port  (Célestin),  archiviste  du  département,  à  Angers. 

MARNE 

Jadart  (Henri),  conservateur  de  la  Bibliothèque  et  du  Musée,  secrétaire 
générai  de  TAcadémie,  rue  du  Couchant,  15,  à  Reims. 

MARNE  (HAUTE.) 

Brocard  (Henri),  conservateur  du  Musée,  président  de  la  Société  histo- 
rique et  archéologique,  à  Langres. 

MEURTHE-ET-MOSELLE 
CouRNAULT,  conservateur  du  Musée  lorrain,  à  Nancy. 

MEUSE 

Maxe-Verlt,  archéologue,  ville  haute,  à  Bar-le-Duc,  et  à  Paris,  me  de 
Rennes,  61. 

NORD 

Dutert,  inspecteur  général  de  TEnseignement  du  dessin  et  des  mano- 
factures  nationales  de  Sèvres,  des  Gobelins  et  de  Beau  vais,  à  Paris, 
41,  avenue  Kléber. 

PAS-DE-CALAIS 

Vaillant  (V.*J.),  archéologue,  à  Boulogne-sur-Mer. 

RHONE 

Aynard,  vice-président  du  Conseil  d^ administration  de  TÉcoIe  nation  le 
des  Beaux- Arts,  des  Écoles  municipales  et  du  Musée,  à  Lyon. 


1 


MEMBRES    NON    BÉSIDANTS    DV    GOillTÈ.  1Ï6S 

Cbaeveî,  inspecleur  de  rEnseignement  du  dessin  et  des  Muséegf  bouievard 

Pasteutt  56,  à  Paris, 
HiB^Hi  arcbitectc  de  la  ville ^  à  Lyon. 
KoNDOT  (NaUlis),  Tue  Solnt-Josepb,  20,  k  Lyon. 

SETXE-ET-M.^nME 
Lailu^iKH  (th,)y  président  de  la  Société  d' archéologie,  â  Meluii. 

SEIXE-ET-OÏSE 

DiLEHOTi  conservateur  de  la  Bibliothèque,  à  VartaiUea. 

DiTaLEix  (A.),  secrélaîre  de  la  Commission  des  antiquités  et  dei  art^,  à 

Versailles. 
Orave,  publJciaU,  à  Mantes, 

SEÏNE-l\TRa!EURE 
PfiLLETiEfti  président  de  la  Société  industrielle,  à  Elbeuf. 

SOMME 
Del iG\[ÊaES (Emile),  avocat,  président  de  la  Société  d'Emulation,  à  AbbeviUe, 

TARN'ET-GAÏtÔNNE 

MouMÉj.^  (Jules)  ^  membre  de  la  Société  arcbéologiquedeTarn-et-Garonne^ 
h  .Monteits,  par  Caus^ade^ 

VAR 

OiNouv  (Charles),  membre  de  l'Académie  du  Var,  1,  rue  T rave rsc-Den Ter t- 
Rocbereau,  k  Toulon, 

VAUCLUSE 

Requls  (rabbè),  membre  de  l'Académie  de  Vaucluse,  archiviste  diocésain, 
rue  VictoivHugo,  14,  k  Avignon» 

VIEKKE  (HAUTE-) 

LsTTMARiE  (Camille),  conservateur  de  la  Bibliothèque  communale,  secré- 
taire du  Musée  national  Adrien  Duboucbé,  rue  Barneilii,  20,  à 
Limoges. 

CO\STA\Tl\E 

PoiLLE,  président  de  la  Société  archéolo^^ique,  directeur  des  domaines, 
à  Constanline. 


w 


III 

CORRESPONDANTS  DU  COMITÉ 


AISNE 

MM. 

Matton,  archiviste  du  département,  à  Laon, 

ALLIER 

Bouchard  (Ernest),  président  de  la  Société  d^Émulation  de  1* Allier,  & 
Moulins. 

ALPES  (HAUTES.) 

Guillaume  (l'abbé  Paul),  archiviste  du  département,  membre  du  Comilé 
départemental  des  richesses  d^art,  à  Gap. 

Roman  (J.),  au  château  de  Picomtal,  près  Embran,  et  à  Paris,  rne  Blan- 
che, 75. 

ALPES-MARITIMES 

MoRis,  archiviste  du  département,  à  Nice. 

Saige  (Gustave),  conservateur  des  Archives  de  lar  principauté  de  Monaco. 

DuFOURMANTELLE  (Charles),  archiviste  paléographe,  25,  rue  Assalil,  à  Nice. 

ARDËCHE 

André  (Edouard),  archiviste  du  département,  à  Privas. 

ARIËGE 

Pasquer  (Félix),  archiviste  du  département,  à  Foix. 

AUBE 

André  (Francisque),  archiviste  du  département,  à  Troyes. 


CORRESPONDANTS    DU   COMITÉ. 


0fî& 


BOUCHES-DU-RHONE 

Blancard,  archiviste  du  département,  à  Marseille. 

Bouillon-Landais,  conservateur   honoraire  du   Musée  de    peinture,    à 

Marseille,  à  La  Maussane  Saint-Menet,  banlieue  de  Marseille, 
Saporta  (le  marquis  de),  correspondant  de  Tlnstitut,  à  Aix. 
Parrocel  (Pierre),  substitut  du  procureur  de  la  République,  membre  de 

r Académie  de  Marseille. 
Vidal  (Léon),  membre  de  T Académie  de  Marseille,  profes^eor  k  TÉcole 

nationale  des  Arts  décoratifs,  7,  rue  Scheffer,  à  Paris. 
CosTE  (Nama),  membre  de  la  Société  des  Beaux-Arts,  à  Ai^. 

CALVADOS 

Jacquier  (Francis),  architecte,  rue  Desmoueuv,  à  Caen. 

MéLT  (de),  au  château  de  Mesnil-Germain,  par  Fervacques  (Ciilvados)i  et 

à  Paris,  10,  rue  Clément  Marot. 
Travers  (Emile),  archiviste  paléographe,  à  Caen. 
ViLLERS,  ancien  adjoint  au  maire,  à  Bayeux. 
Gasté  (Armand),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Caen. 

CHARENTE 

Biais  (Emile),  membre  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  la 

Charente,  archiviste  municipal,  à  Angoulême. 
Fleury  (Paul  de),  archiviste  du  département,  à  Angoulém^. 

CHARENTE-INFÉRIEURE 

AuDiAT  (Louis),  président  de   la    Société  des  Archives  historiques,   k 

Saintes. 
Musset  (Georges),  bibliothécaire  de  la  ville,  à  la  Rochelle. 
RiCHEMOND  (Meschinet  de),    archiviste  du  département,   rue   VerJtère, 

n«23,  à  la  Rochelle. 


CHER 

GoT  (de),  à  Bourges. 

Pètre  (Ch.),  directeur  de  TÉcole  nationale  des  Beaux-Arts,  cotiser  valeur 
du  Musée,  à  Bourges. 

CORRÈZE 
Rupin,  vice-président  de  la  Société  historique  et  archéologique,  à  Briv^ 


966  ANNEXES, 

CORSE 
PiRAU»,  conservateur  du  Musée,  à  Ajaccîo. 

COTE-D'OR 

Chabeuf  (Joseph-Henri),  secrétaire  de  l'Académie  âcs  sciences  et  arts,  k 

Dijon. 
Garnibr,  archiviste  du  département,  à  DijoQ« 
Suisse  (Charles),  architecte  diocésain,  à  Dijon ^ 
Mazirolle  (Femand),  correspondant  de  la  Co  mmïsslon  des  anilqnitês  de  Ij 

Côte-d*Or,  archiviste  à  THôlel  des   monnaies  et  niédaïUes,  qnii 

Conti,  11,  à  Paris. 


CREUSÉ 


Cbssac  (Jean  de),  à  Guéret. 
Perathon  (Cyprien),  à  Aubusson. 


EURE 


Bourbon,  correspondant  du  Comité  des  travaux  hîatoriques,  secrétaire  d« 
la  Société  des  Amis  des  Arts  de  rEare^  archiviste  au  département, 
à  Évreux. 
t'  Veuglin,  au  Mesnil-sur-FEstrée.  ^ 

r 

l  EURE-ET-LOIR 

l 

Roussel,  propriétaire  à  Anet. 

FINISTÈRE 
Beau  (Alfred),  directeur  du  Musée,  à  Quimper. 

GARONNE  (HAUTE-) 

RoSGHAGH  (Ernest),  archiviste  municipal,  Â  Toulome. 
Lahondâs  (de),  écrivain  d^art,  à  Toulouse* 

GIRONDE 

Vallet,  conservateur  du  Musée  de  peinture,  à  Bordeaux. 
Zo  (Achille),  directeur  de  T École  des  Beau  !e*A ris  et  des  Arts  décoraU    ,  à 
Bordeaux. 


COïiaESPONDA\'TS   DU   COMITÉ.  0G1 


HERAULT 

BeRTHEté,  ftrctilviste  du  département,  à  Montpellier, 

Labqr  (Cbarles)f  conserirateur  du  Muaée  de  peinture,  place  de  la  Made* 

Jeine,  4,  h  Miiers. 
Michel  (Ernest) ,  cancer  valeur  du  Muaêe  de  peint  ure,  à  Montpeitler. 
PoNBOïiAiLfiE  (Charles),  membre  de  la  Société  archéologique  et  littéraire 

de  Béziers,  46,  aireiiue  Bosquet,  a  Paris. 

UXE-ET-VlLAmE 

Paufouali;  archiviste  du  départemenl,  à  Rennes. 

Lexoib  (€b,)f  staluaire,  directeur  de  T École  régionale  des  Beaui^-ArtSf  h 
Rennes. 

INDRE-ET-LOIRE 

BossEBoELF  (labbé),  président  de  la  Société  archéologique  de  Touraine, 

à  Tours, 
Beacmont  (Cbartes  m),  inspecteur  de  la  Société  archéologique  de  Touraine, 

1%  boulevard  des  Invalides,  à  Parit, 
Grahdu^ison  {Louis  de),  arcbtbiste  du  département,  nicrabre  de  la  Société 

archéologique  de  Touraine,  à  Tours. 

ISÈRE 

Beikard  (Jules) ^  conservateur  du  Musée,  à  Grenoble, 

CoLET,  professeur  â  la  Faculté  des  sciences,  à  Grenoble. 

Goa\iLLO\  (lean-Bapliste),  bibliothécaire,  conservateur  du  Blusèe  de  pein- 
ture, à  Vienne. 

Di'UiT,  profesï^eur  à  la  Faculté  des  lettres,  â  Grenoble. 

Pri-dhov^if:,  archiviste  du  département,  rue  Lesdiguières,  n"  39,  à  Gre» 
noble. 

Hkvuo^d  (Marcel),  peintre  et  critique  d'art,  4,  place  de  la  Conslitutioa,  h 
Grenoble. 

Thibaut  (Francisque)»  professeur  de  rhétorique  au  lycée,  à  Grenoble. 

Lnois,  archiviste  du  département,  à  Lons-le-Saunier* 

LOIR-ET-CHER 

Gbuv^is  (Eu gêne),  conservateur  du  Musée,  à  Blois. 

Lechevalleer-Chevigvard,  professeur  à  [*Ecole  des  Arts  décoratifs,  5,  rue 
de  rÉcole  de  médecine,  à  Paris, 


968  •  ANNEXES. 

Roussel,  archiviste  da  déparlement,  k  Biais. 

Storelli,  ancien  conservateur  du  Musê«  de  peinture  ^  à  Blots,  ou  à  b 

Gourre,  par  Blois. 
^CRiBE  (L.),  membre  dii  Comité  départemental  de  riniientaîre  des  richesses 

d'art  de  la  France,  à  Romoranlin, 

LOmE 

Déchelette-Despierres,  à  Roanne. 

Gai.ley,  ancien  directeur  de  FÉcole  des  Arls  indusirids,  VA,  rue  PaulBert, 

à  Saint-Élienne. 
Thiollier,  membre  de  la  Société  u  la  Diana  »,  h  Montbrîson. 

LOIRE-IXFÉRIEURE 

De  lIsle  de  Dréneuc,  conservateur  du  Musée  archéologîqtie,   à  Xanteîi 

Maître  (Léon),  archiviste  du  départmienl,  à  Xanle^^. 

Masseron  (R.),  vice-président  de  la  Société  des  .^mîs  des  Arts,  h  \m\tit 

LOIRET 

Herllison  (H.),  membre  de  la  Sociéli  des  Amis  des  Ails  d'Orléans,  éii- 

leur,  rue  Jeanne  d'Arc,  n"  17,  à  Orléans, 
LoiSELEUR  (J.),  secrétaire  général   de  la  Sociale  d'agricuUare,  Science*, 

Belles-Lettres  et  Arts,  bibliothécaire  de  la  vilte^   à  Orléans, 
NoEL,  professeur  d'architecture  à  T Ecole  de  dessin,  membre  de  la  Soci^ 

des  Amis  des  Arts,  rue  de  Bourgogne,  n^  5ïl,  à  Orléans* 

LOT 

Caxgardel,  à  Cahors. 

LOT-ET-GAROW'K 
Tholin  (Georges),  archiviste  du  département,  rue  Scaliger,  h  Agen, 

LOZfiRE 
André  (Ferdinand),  archiviste  du  départeme*n1,  h  Mende. 

MAINE-ET-LOIRE 

Michel  (A.),  conservateur  adjoint  du   Musée  Saînl-Jean,    rue    Boiioet, 

n»  68,  à  Angers. 
PissoT,  président  de  la  Société  des  Sciences  et  des  Beaux-Arts,  à  Cholet 
Dexais  (Joseph),  membre  de  la   Société  d'agriciilttire,  Sciences  et  Arts 

d'Angers,  10,  rue  Fontaine-Sainl-Georjjes,  à  Taris. 


j 


CORIlESrOKDANTS    DU    COMITÉ.  Wm 

M\WME 

MoHiN,  artisle  peintre,  à  Granvillc. 

QtmsNEL  {L.]y  conservateur  du  Mus^e  de  peinture,  à  Côutsncea* 

MARXE 
CûLH3iEAi:x,  cofiSenaleur  du  Musée,  à  ïteims. 

MAR\R  (HAUTE-) 

RosEROT,  archiviste  honoraire  du  département  ^  60,  rue  Sainl-PIacidei   â 
Paris* 

EiCHABD  (Jules) ,  ancien  archiviste  du  Pas-de-Calais,  h  La¥a!^ 

SÎEURTHE-ET-MOSEÏXE 

lioiiLLET    (l*abbé    A,),    membre   de   la   Société   d*archéologie  lorraine, 

4,  rue  Corot,  à  Paris. 
<j£R\iArx  (Léon),  rue  Hcré,  n"  âO,  à  Nancy. 
JACQiOT  (Albert),  membre  de  TAcadéinie  de  Stanislas  et  de  la  Société 

d'archéologie  lorraine,  rue  Gambetta,  n^  19^  à  Xancy. 

MËISE 
Jacob,  archiviste  du  département,  à  Bar4e-Duc. 

MORBIHAN 
LtOK  (Emile),  sous-préfel  de  Pontîvy, 

NIEVRE 

De  Fwmabi:,  archiviste  du  déparlemenl,  à  Xevers, 

Mas3ILLon-Holvrt,    architecte,    membre  de  la   Société    académique    du 

Nivernais,  rue  du  Doyenne,  4,  â  Neiers, 

\ORD 

Bm^^ssART,  archiviste  de  la  ville,  ru^  du  Cauteleux^  n*  63,  4  Douai, 
Delecroix  (Emile),  avocat,  i  Lille. 
FiKoT  (Jules),  archivisle  du  département,  à  Lille. 

FoiCAftT  (Paul),    membre  de  la  Commission  des  Écoles  académiques,  à 
Valenciennes. 


970  ANNEXES. 

Herlin  (Aug.),  conservateur  honoraire  da  Musée  de  peînturei  k  Lille, 

Pluchabt,  conservateur  du  Musée  Wicar,  à  Lille. 

Rivière  (Benjamin),  bibliothécaire  de  la  ville,  rue  de  BeUain,  n*  30,  à 

Douai. 
SwARTB  (Victor  de),  trésorier  général  des  finances»  à  Lille* 
HiNAULT  (Maurice),  archiviste  municipal,  à  Valencîennes. 
Vaw  Hende,  membre  de  la  Commission  historique  du  Nord,  à  Lille. 
Quarré-Rbyrourbom,  membre  de  la  Commission  historique  du  Norl,  i 

Lille,  boulevard  de  la  Liberté,  70. 

OISE 

Badin,  administrateur  de  la  manufacture  nationale,  à  Beauvais. 
Marsy  (comte  db),  directeur  de  la  Société  française  d*archéologîe  poar  la 
conservation  des  monuments  historiques,  à  Compiègne. 

ORNE 

Brioux  (Lionel) ,  professeur  aux  Écoles  de  la   ville ,  conservateur  da 

Musée,  rue  de  Bretagne,  n*  60,  à  Alençon. 
DuvAL  (Louis),  archiviste  du  département,  i  Alençon. 

PAS-DE-CALAIS 

Advielle  (Victor),  membre  de  la  Société  des  Amis  des  Arts  d'Ams, 

passage  Dauphine,  n*  28,  à  Paris. 
HuGREL,  ancien  directeur  de  TÉcole  d'art  décoratif,  rue  Noilet,  n*  19,  A 

Paris. 
LoRiQUET,  archiviste  du  département,  à  Arras* 

PUY-DE-DOME 

Bouchon  (G.),  archiviste  du  département,  rue  de  THôtel  de  ville,  d*  9, 
à  Clermont^Ferrand. 

PYRÉNÉES  (BASSES-) 

LiFOHD  (Paul),  membre  de  la  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  Pas* 
SouLiGE,  conservateur  de  la  Bibliothèque,  à  Pan. 

PYRÉNÉES-ORIENTALES 
Brdtails  (Aug.),  archiviste  du  département,  à  Perpignan. 

RHONE 

BÉQiXE  (Lucien),  artiste  peintre,  membre  de  la  Société  littéraire  d*arcb    • 
logie,  h  Lyon. 


CORRESPONDilXTS    DU    COUITÉ>  071 

Geobgë,  archit^le,  cours  Gambetta,  ii°  27^  à  I^yon^ 

GtaAUD,  consenrateur  du  Musée  d'arth^logîe,  h  Lyon,. 

Htùts^  ancien  dlreclaur  de  TÉcole  des  Beaux-Arls,  de  Lyon,  16,  bouïe- 

vard  des  Filles  du  Calvaire,  à  Parla. 
GuGiE  (Georges),  archiviste  du  départeuient,  h  Lyon. 

SAONE-ET-LOIRÊ 

Lex  (L£oDce),  bibliothécaire  de  Ja  TiUe^  archiwble  du  département ^  à 
Mâcon  el  à  Faris. 

MAftTt?!  (Paul),  de  rAcadémie  dci  sciences,  arts,  belbs-lettres  et  agricul- 
ture, roe  Mathieu»  n"*  5,  à  Mâcoa. 

SARTHE 

Dl\over  d£  Segqi^zac,  archiviste  du  départe  m  eut,  au  Mans. 
Triger  (Robert),  membre  de  la  Com mission  des  mouumeuts  histonqttej 
de  la  Sarthe,  rue  de  PAncien-Évéché,  n"  5,  au  MaiïS* 

SEÏXE 

Braun  (Gaston),  photographe  des  Musées  nationaux,  rue  Louis  h  Grand, 

n*  18,  à  Parir 
Cléuent  (Léon),  photographe  des  Musées  nationaux,  me  Louis  le  Grande 

n'  18,  à  Paris. 

SE1N&-ET-0ISE 

Couard,  archiviste  du  dt^partement,  u  Vertaîlles, 
PÉAATé,  attaché  A  la  conservation  du  Musée  national  de  Versailles. 
Mangeaht  (P.-E.)^  membre  de  la  Commission  des  antiquités  et  des  arts, 
à  Versailles. 

SEIKE-IXFÉRIEIIRÊ 

BE.UHK^Aiit£  (Charles  de),  archivigte  du  département^  rue  Beffroi,  n"  24, 

k  Rouen, 
Lf-bel,  directeur  dePÉcole  des  Beaux-Arts  et  conservateur  du  Musée  de 

peinture,  â  Rouen. 
Le  BaETûK  (Gaston),  directeur  du  Musée  céramique,  à  Rouen, 
Veslt  (ok),   architecte,   professeur  à  TÉcole  régionale   des  Beaux-Arts» 

rue  des  Faubc,  n'  âl,  à  Rouen, 

SÈV^S  (DEIX^ 
Di]po\T,  arebivisle  paléographe  du  département,  à  Niort, 


^  é 


972  AWEXES 

Arnaildet  (Thomas),  ancien  bibliotliécaîrc  de  la  ville  de  Niort,  au  Foiit 

Rouge,  commune  de  Sainte-Florenc^E  (Vendée) > 
Saint-Marc,  juge  de  paix  du  premier  canton  de  Niort. 

SOMME 

Béthouart,  professeur  du  cours  communal  de  dessin  industriel,  à  Abbe- 

ville. 
Durand,  archiviste  du  département,  à  AmicDfï. 
Florival  (A.  de),  président  du  Tribunal,  k  Péronne* 
Ledieu  (Alcius),  bibliothécaire  de  la  ville,  à  Abbeville, 

TARN 
Mazas,  à  Lavaur. 

TARN-ET-GAROOE 

FoRESTiÉ  (Edouard),  secrétaire  de  la  Société  archéologique  de  Tam-et- 
Garonne,  archiviste  de  TAcadi^mie  des  sciences,  belles-lettres  et 
arts,  rue  de  la  République,  n<^  23,  à  Mon  tau  ban. 

PoTTiBR  (l'abbé),  président  de  la  Société  archéologique,  à  \lontauban. 

VAR 

MiREUR,  archiviste  du  département,  à  Draguignan. 

VAUCLUSE 

Bourges,  professeur  de  dessin  au  lycée,  h  Avignon. 
DuHAUEL,  archiviste  du  département,  à  Avignon. 
Grivollas,  directeur  de  TEcole  des  Beau\-ArU,  à  Avignon. 

VENDÈli: 
Charrier,  architecte,  à  Fontenay-le-Gomle. 

VIEME 

Brouillet,  conservateur  du  Musée  de  peinture,  directeur  de  TÉcole  muot- 

cipale  régionale  des  Beaux-Arts,  à  Poitiers. 
Richard  (Alfred),  archiviste  du  département,  rue  du  Puy carreau,  n*  1, 

à  Poitiers. 

VIENNE  (HAUTE-) 

Ducourtieux,  conservateur  adjoint  du  Musée,  h  Limoges. 

Bourdery  (Louis),  avocat,  artiste  peintre  émailleur^  membre  de  la  Société 


1 

1 


f 


r 


C0RRE8P0NDAKTS    DU    COIIITÉ,  013 

archéologique  et  historique   dn  Limouain  ,   rue   PeLulraud-^Beau- 
peyrat,  n"*  28,  à  Umoge». 
GmBËRT  (Louis) ^   membre  de   la  Société  arcbéologique  et  historique  du 
Lintousiiï,  rue  Salnle-Cathenne,  n"  8,  k  Limoges. 

VOSGES 
VoiLOT  (Félix),  consenraieur  du  Musée,  à  ÉpinaL 

YOXNE 
MoiîCEAUx,  secrétaire  de  la  Société  des  Sciences  de  TYonne,  à  Auserre, 

ALOKR 
IVaillë  (Victor),  professeur  b.  l*École  des  lettres,  à  Alger. 

COXSTAATTINE 
Pfti'D'HOiniE,  conservateur  de  la  Bibliothèque  et  du  Musée ,  à  ConsLantine. 

ORAN 

Ccï\£T  (Ë.)^  ingénieur,  sous-conservateur  du  Musée  municipal ,  h.  Oran. 


IV 


DISTINCTIONS 

AGGOaDÈES  AUX   DÉLÉGUÉS  DES  SOGIÉTÉS  DES   BEAUX-ARTS 

DES  DÉPARTEMENTS»   SUR   LA   PROPOSITION   DU   COMITÉ, 

DB  1877  A  1898. 


Chevaliers  de  la  Légion  (Fkonneur, 

MM. 

Deligniéres  (Emile),  président  de  la  Société  d'Émalatîon  d^Abbevilie, 
membre  non  résidant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des 
départements.  —  Décret  du  9  juin  1898. 
DuRiEUX  (À.),  secrétaire  de  la  Société  d'émulation  à  Cambrai,  membre 
non  résidant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départe- 
ments. —  Décret  du  11  juin  1892.  (Décédé.) 
BoussèsDE  FouRCAUD  (Louis  de),  membre  du  Conseil  supérieur  des  Beaux- 
Arts  et  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements, 
professeur  d*esthétique  et  d'histoire  de  TArt  à  TEcole  nationale 
des  Beaux-Arts.  —  Décret  du  31  mars  1896. 
GoxsE  (Louis),  membre  du  Conseil  supérieur  des  Beaux-Arts  et  du  Comité 
des    Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements.   —    Décret  da 
15  juin  1889. 
GuiFFREY  (Jules-Joseph),  administrateur  de  la  manufacture  des  Gobelins 
et  membre  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départe- 
ments. —  Décret  du  19  avril  1884. 
Herluison  (Henri),  membre  de  la  Commission  du  Musée,  correspondant 
du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  à  Orléans. 
—  Décret  du  19  avril  1895. 
JouiN  (Henry),  secrétaire  rapporteur  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaox- 

Arts  des  départements.  —  Décret  du  8  avril  1893. 
Marcille   (Ëudoxe),  conservateur  du  Musée  d'Orléans.  -«-  Décret  do 

19  avril  1879.  (Décédé.) 
Michel  (Edmond),  correspondant  de  la  Société  des  antiquaires  de  France, 
membre  de  la  Société  archéologique  de  TOrléanais,  membre  non 


DISTINCTIONS    ACCORDEES    DE    1§77    A    î«98,  flTl    • 

résidant  du  Comité  des  Socictéi  des  Beaux*  Arts  des  déparie  ment  s. 
^  DécreLdu  3  avril  1881.  (Décédé.) 

OJSciin  de  tlnsirtàction  puMique, 

Abbabau  (Tancrède) ,  conservateur  du  Musée  de  Chlteau^ontier,  vlce- 
présldenl:  de  la  Société  des  Arts  réunis  de  lu  Mayenne.  Oflicier 
d'Académie  du  18  ûvril  1879.  —  0.  L  Arrêté  du  12  juiUet  1884. 
(Décédé.) 

Au  VIELLE  (Victor),  membre  de  la  «Société  artésienne  de^  Amis  des  Arts 
d^Arras,  —  Arrêté  du  U  avril  1885. 

Aleûre  (ï^on),  corne rvaleur,  fondateur  du  Mu!^ée-BthUcthèc|ue  de  la  ville 
de  Bagnols  (Gard),  Ofûrïer  d'Académie  en  décembre  1869,  — ' 
0.  L  Arrêté  du  22  avril  18HL 

Biais  (Emile),  archiviste  de  la  vilJe  d'Anf^ouléme,  correspondant  du  Comité 
à  AnjjoulËme.  —  0,  1.  Arrêté  du  30  mars  1894, 

Bolillox-Laxoms,  conservateur  du  Musée  de  Marseille,  correspondant  du  ^ 
Comité  à  Marseille.  —  0,  T.  Arrêté  du  30  mars  1894. 

Caffaakka  (Louis),  avocat  à  Toulon,  membre  de  TAcadémie  du  Var.  — 
0,  1.  Arrêté  du  15  juin  1889. 

CouAnDi  archiviste  deSeine-et-Oiseï  correspondant  du  Comité  à  Versailles» 
—  Arrélé  du  31  mai  1890. 

DAtifiAN,  inspecteur  de  rEnseignenient  du  dessin  et  des  Musées,  conser- 
vateur honoraire  du  Musée  d'Angers.  Officier  d\-\cadémio  du 
18  avril  1879.  —  0.  I.  Arrête  du  20  déceinhre  1884. 

Delignièrcs  (Emile),  correspondant  du  Comité  h  Abheville.  —  Arrête  du 
20  avril  1895. 

0£KAt3  (Joseph),  collaborateur  de  T Inventaire  «ïénéral  des  richesses  d'art 
de  la  France*  —  Arrêlé  du  27  mai  1891. 

DuatEUi,  secrétaire  de  la  Société  d^Émulalîon  de  Cambrai.  —  Arrêté  du 
31  mars  1880.  (Décédé.) 

DariLLELX  (A.),  membre  de  la  Commission  des  Antiquités  et  des  Arts  de 
Seine-et-f>ise.  —  ArrtHé  du  1"^  inaî  1886, 

GKûftOK,  arcbitectc,  correspondant  du  Comité  ilcs  Sociétés  des  Beaux- Artt 
de«  départements.  Officier  d'Académie  du  27  avril  J878,  —0.  1, 
Arrêlé  du  15  juin  1889. 

GlNOUX  (Charles)  »  membre  de  T Académie  du  Var  ,  correspondant  du 
Comité.  —  0.  1,  Arrêté  du  20  mai  1888. 

GiROs  (Léon)f  membre  de  la  Société  d'agriculture,  science;;,  arts  et 
commerce  du  Puy,  membre  non  résidant  du  Comité,  Officier 
d'Académie  h  U  avril  I8H3.  —  0,  L  Arrêté  du  li  juillet  1892, 

GtllGlE  (Georges),  archiviste  en  chef  du  (département  du  llbûne,  corres- 
pondant du  Comité  iï  Lyon.  —  0,  1.  Arrêté  du  23  avril  1897. 

GuiLLAUue  (l'abbé),  archiviste  du  département  des  Hautes-Alpes,  membre 


I 


1: 

l  .     976  AX\EXES. 

du  Coinilé  départemental  de  riavenUire  des  ncbessea  d'arl.  OFfi- 

cier  irAcadémiedu  31  mars  L883.  ^  0. 1.  Arrélé  du  20  oiaï  im, 
Herluison  (H.),  auteur-éditeur,  h  OrUam.  Officier  d'Académie  du  7  avril 

1877.  —  0.  I.  Arrélé  du  n\  mai  1H88. 
Jacquot  (Albert),  correspondant  du  Comité,  correspondant  de  la  Sofi^lr 

des  artistes  musiciens,  à  Nancy.  Officier  d'Académie  du  15  airii 

1882.  —  0. 1.  Arrêté  du  26  mai  1HH8, 
Jarrt   (Louis),  membre  de  la  Sociélé  nrchéo logique  de  rOrlêanaîi,  cor- 
f^^  respondant  du  Comité  ù  Orléan.^,  officier- d'Acatiémie  du  25  mai 

f^  1888.  —0.  ï.  Arrêté  du  30  mars  1894. 

JoLiBOis  (Emile),  secrétaire  delà  Société  des  ^sciences,  arts  et  béll^s-ietiret 

du  Tarn,  conservateur  du  Musée  d'Albi.  Officier  d'AcadêfflJË  è> 

18  avril  1879.  —  0. 1.  Arrêlé  du  5  mai  18K6,  (Décédé.) 
Laurent  (Félix),  conservateur  du  Musée,  à  Tours.  OjTjcier  d^ Académie  da 

20  avril  1878.  —  0.  L  Arrêté  du   19  avril  1884. 
Le  Breton  (Gaston),  directeur  du   Musée  céramique  de   Rouen.  Of&* 

cier  d'Académie  du  20  avril  1878.  —  0.  L  Arrêté  du  31  mars 

1883. 
Lex  (Léonce),  archiviste  du  département  de  Sa6iie-et- Loire,  correspooÉi^nl 

du  Comité  à  Mâcon.  --0.  L  Arrêté  du  30  mar:^  1894* 
Letmarie  (Camille),  correspondant  du  Comité  à  Limoges,  Officier  d'Âca* 

demie  du  15  juin  1889.  —  0.  L  Arrélé  du  itO  avril  1895, 
M^RCiLLE  (Ëudoxe),  conservateur  du  Musée,  à   Orléans,   —  Arrêté  da 

19  avril  1884.  (Décédé.) 
Mabionneau  (Charles),  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Ïïetai-Arlf 

des  départements,  à  Bordeaux.  Officier  d'Académie  du  7  avril  1S"7, 

—  0.  I.  Arrêté  du  15  avril  1882. 
MouMÉJA  (Jules),  correspondant  du  Comilé  des  Société.^  des  Bcatis^Arti 

des  départements,  à  Monlaubati.  Officier  d'Académie  du  27  \m 

1891.  —  0.  1.  Arrêlé  du  2avnl  IH9G, 
Parrocel  (Etienne),  membre  de  t' Académie  des  sciences^  arts  et  leitrei  de 

Marseille.  Officier  d'Académie  du  18  avril  1879.  —  0,  L  Arrétt 

du  19  avril  1884. 
Parrocel  (Pierre),  membre  de  T Académie  de  Vaucluse,  à  Marseille.  — 

Arrêté  du  20  avril  1895. 
PoRÉE  (M.  Tabbé  André-Adolphe),  correspondant  du  Couiiti^  des  Société* 

des  Beaux-Arls  des  départements,  h  Bournainville  {Eure).  Offidfr 

d'Académie  du  15 juin  1889,-0.  1.  Arrêlé  du  2  avril  ISrtî. 
Port    (Célestin),  archiviste   de   Maine-et-Loire.  —  Arrêté  du  !20  iîHÎ 

1878. 
Ql'arré-Reybourbov,  membre  de  la  Commission  historique  du  Vord,  I 

Lille.  —  0.  I.  Arrêté  du  4  avril  1893. 
Requin  (l'abbé),  membre  de  TAcadémie  de  Vaucluse,  archiviste  du  dk 

cèse  d'Avignon,  membre  non  résidant  du  Comité  h  Avignon,  Ofl 

cier  d'Académie  du  11  juin  1892,  —0-  1.  Arrêté  du  23  avril  l^ 


DISTIIVCTIOSIS    ACCORDRES    DE    IflTT    A    iSOfl.  mi 

Roit.AN  (J,),  correspondaïit  do  CoDiUé  à  Embrun,    Officier   d'Académie 

du  31  mars  t8S0.  —  0.  T.  Arrâté  du  H  avril  18B5. 
KoNDOT  (NaUilis),  commaDdeur  de  la  Légion  d'honneur,  membre  non  réai* 

dant  duComilé,  h  Lyon.  --  0,  L  Arrêté  du  15  juin  1889. 
BosEROT  (Alphonse),  eorrespondaat  du  Comité  à  CliuumoRL  —  Arrêté  du 

20  avril  1895. 
SoLDi  (Kmile),  graveur  en  médaUles^  écrivain  d*a H.  —  0,  l.  Arrêté  du 

2C  mai  1888, 
Steen  (Henri),  ^ee rétaire  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Gâti- 

nois,  correspondant  du  Comité,  Officier  d'Académie  du  30  avril 

Wm.  ~0.  h  Arrêté  du  11  juin  1892. 
SwAnTE  (Victor  de),   chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  correspondant  du 

CoiJLtté  des  Sociétés  des  Beaux- A  rts  des  départem  enU .  —  0 .  L  A  rrêté 

du  15  juin  1889. 
Vidal  (Léon),  membre  de  la  Société  de  statistique  de  Marseille*  Officier 

d'Académie  du  27  avril  1878.  ~  0.  I.  Arrêté  du  31  mars  1883. 

Offickn  (tAcadémie, 
MM, 

Beaumokt  (Cbarles-Joseph-Marie  de   la  Bonninière  de),  membre  de    la 

Société  archéologique  de  la  Touralne,  membre  correspondant  du 

comité  des  Sociétés  des  Beaux- A  ris  des  départements,  —  Arrêté 

du  15  avril  1898. 
Billot  (.^cliille),  artiste  peintre,  membre  de  la  Commission  de  Tlnven- 

taire  des  richesses  d'art  du  Jura  et  de  la  Société  d'Emulation  du 

même  département.  -^  Arrêté  du  19  avril  188L 
BossEBOBiF  (l'abbé) r  président  de  la  Société  archéologique  de  Tourain&, 

membre  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beau^-Arts  des 

déparlements.  —  Arrêté  du  15  avril  1898. 
BouiLUT  (Pabbé  Auguste-Nicolas-Victor),  membre  de  la  Société  française 

d'archéologie  à  Caen.  —  Arrêté  du  30  murs  I89i, 
Bmquehave,  vice-président  de  la  Société  archéoloyique  de  Bordeaux,  — 

Arrêté  du  8  juillet  1877. 
BitiiSf  membre  de  la  Société  des  Amis  des  Arts  de  l^larsetlle,  —  /arrêté 

du  27  avril  1878. 
BsocAaD   (Henry),    conservateur  du    Musée    de   Langres.  —  Arrêté  du 

31  mars  1880, 
BuKEt^  secrétaire  honoraire  de  la  Société  des  Beaux-Arls  de  Caen.  —  Arrêté 

du  19  avril  188L  (Décédé,) 
Camb03£  (Armand),  conservateur   du    Musée   de   Montauban.  —  Arrêté 

du  19  avril  1881,  (Décédé.) 
Cbari>ox\  écrivain  d'art.  -^  Arrt^té  du  7  avril  1877» 
Cqeïssag  (l'abbé)  ,  membre  de  la  Société  historique  et  archéologique  du 

Périgord,  —Arrêté  du  18  avril  1879.  (lîécédé.) 

62 


J  ^ 


n 


91S  ANNEXES. 

DÉLEBOT,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Versailles.  —  Arrêté  du  18  avril  1879, 
Desavary,  secrétaire  de  la  Société  artésienne  des  Amis  des  Arts,  à  Arras.— 

Arrêté  du  18  avril  1879. 
M"*  Despierrbs,  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaax-Arts  des 

départements,  à  Alençon.  —  Arrêté  du  11  juin  1892.  (Dècédée.) 
DtBOURO,  conservateur  du  Musée  de  Honfleur ,  professeur  de  dessin  an 

collège  de  Honfleur.  —  Arrêté  du  2  avril  1880. 
DuBOz  (Félix),  secrétaire  du   comité  d'organisation  de  TExposition  des 

Beaux-Arts,  à  Tours.  —  Arrêté  du  19  avril  1881.  (Décédé.) 
DuBROC  DE  Ségange,  Correspondant  du  ministère  de  Tlnstruction  pabliqoe, 

à  Moulins.  —  Arrêté  du  8  juillet  1877.  (Décédé.) 
Ddgasseau,  conservateur  du  Musée  du  Mans.  — Arrêté  du  27  avril  1878. 
Fauconneau-Dufbesne  ,  membre  du  Comité  départemental  de  riarentaire 

des  richesses  d'art  de  Tlndre.  —  Arrêté  du  31  mars  1883. 
Goovaerts,  chef  de  section  aux  Archives  du  royaume,  à  Bruxelles.  — 

Arrêté  du  11  juin  1892. 
Grandin  (Georges),  ancien  conservateur  du  Musée,  à  Laon.  —  Arrêté  h 

20  avril  1895. 
Graxdmaison  (Louis  de),  archiviste  du  département  d'Indre-et-Loire,  cor- 

respondant  du  Comité,  à  Tours.  —  Arrêté  du  23  avril  1897. 
Hénailt  (Maurice),  bibliothécaire  adjoint  de  la  ville  de  Valenciennes, 

correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  dépar- 
tements. —  Arrêté  du  15  avril  1898. 
Hervé,  membre  d'honneur  de  la  musique  municipale  deRemiremont,  pro- 
fesseur k  l'Association  polytechnique  de  Paris.  —  Arrêté  du  31  mirs 

1880. 
Jadart  (Henri),  secrétaire  général  de  l'Académie  de  Reims.  —  Arrêté  do 

30  avril  1886. 
Laferrière  (l'abbé),  président  de  la  Commission  des  arts  et  monuments,  & 

Saintes.  —  Arrêté  du  27  avril  1878. 
Lafond  (Paul),  membre  de  la  Société  des  Beaux-Arts  à  Pau.  —  Arrêté  do 

20  avril  1895. 
Le  Hénaff,  inspecteur  de  l'enseignement  du  dessin,  à  Rennes.  —  Arrêté 

du  2  avril  1880.  (Décédé.) 
Mangeant,  membre  de  la  Commission  des  Antiquités  et  des  Arts  de  Seiof- 

et-Oise,  à  Versailles.  Arrêté  du  2  avril  1896. 
Martin  (François-Joseph),  membre  de  la  Commission  des  Antiquités  et  des 

Arts  de  Seine-et-Oise,  à  Versailles.  —  Arrêté  du  4  juin  1887. 
Martin  (Paul),  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  def 

départements,  à  Mâcon.  — Arrêté  du  15  juin  1889. 
Massillon-Roivet,  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaus-Arts 

des  départements,  à  Nevers.  Arrêté  du  2  avril  1896. 
Michel  (Edmond),  correspondant  de  la  Société  des  Antiquaires  deFran 

à  Touvent,  par  Fontenay-sur-Loing.  —  Arrêté  du  20  avril  18 

(Décédé.)        • 


DISTINCTIONS   ACCORDÉES   DE    1877   A   1898.  919 

MiDOUX,  membre  de  la  Société  académique  de   Laon.   —    Anélé   du 

18  avril  1879. 
Noël,  architecte,  professeur  à  l'École  de  dessin  d* Orléans.  —  Arrêté  du 

18  avril  1879. 
PoNSONAiLHE  (Charles),  membre  de  la  Société  archéologique  et  littéraire 

de  Béziers,  correspondant  du  Comité,  à  Béziers.  —  Arrétédu  29 avril 

1897. 
RoussELy  propriétaire,  à  Anet.  —  Arrêté  du  8  juillet  1877. 
Sabatier,  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  dépar- 
tements, à  Vire.  —  Arrêté  du  15  juin  1889. 
Scribe  (L.)  ,    membre  du  Comité  départemental    de    Tlnventaire  des 

richesses  d'art  de  la  France,  à  Romorantin.   —  Arrêté  du  4  airril 

1893. 


7 


V 

SOCIÉTÉS 

Correspondant  avec  le  Comité  des  Sociétés  des  Beam-Arb  dei  départemeiiEj 
et  avec  la  Commission  de  Tloventaire  général  des  ricbesscB  d'art  de  h  FIa]lc^ 

1877-1898. 


AIN 

Bourg Société  d'Émulation,  agriculture,  sciences,  lettres 

et  arts. 

— Société   littéraire,   historique  et  archéologique  du 

département  de  TAin^ 

—  .......     Société  des  Amis  des  arts  de  r Ain. 

AISNE 

Laon Société  académique. 

Chateau-Thierry.   .  Société  historique  et  archéologique. 

Chauky Société  académique.  « 

Saint-Quenti\  .  .  .  Société  industrielle  de  Saint-Quentin  et  de  TAIsne. 

—  ...  Société  académique  des  sciences^  arts  et  belles-lettres^ 

agriculture  et  industrie* 

—  ...     Société  des  Amis  des  arts, 

SofSSOiNS  i Société  archéologique. 

Vervins Société  archéologique. 

ALLIER 

Moulins Société  d'Emulation  de  T Allier. 

— Commission  départementale    de    rinvenîaîre    ^e* 

richesses  d*art. 

ALPES  (BASSES-) 

Digne Commission    départementale    de   Tlnven taire   à 

richesses  d'art. 

—  .......     Société  scientifique  et  littéraire  des  Basses-Alpes. 


SOCIÉTÉS   GOARESPONDAXT   AVEC    LE   COMITÉ.  9»! 

ALPES  (HAUTES-) 

Ghf  ,  ^  <  ,  .  .  >  ^     Gommi^ston    dépariemenlale    de   Tlnfintaîre    àtê 

ncbeasËS  d'art. 
— Sociélé  d'étudci  des  Hautes-Alpei. 

ALPES^AIARITIMES 

KiCE Société  de«  leltres,  sciences  et  artip     .  , 

—  , Sociélé  des  BeauK-Arts- 

— Société  des  architectes  du  département. 

ARDENVES  '/   !  I  . 

AlÉziÈMS. Commisâlon    déparlementale  de    t^IinreuLaim  dei 

richesses  d'art. 

AUBE 

TftOTES 4  <     Société  académique  d'agriculture,  âeê  sciencea,  arts 

et  belles-lettres. 

—     , Sociélé  dei  Amis  des  arts. 

BâR-flirH'Aiifi.    .  ,  .     Société  deâ  arthitecLes  du  département  de  TAube. 
No€EST-sih-Seine.   .     Sociélé  pour  développer  et  encourager  Tétude  du 

dessin. 

AUDE 

Cabcassonne  ....     Société  des  arts  ci  des  sciences. 
Liuoux,  ......     Société  des  Amis  des  arts. 

NABfiOihirE Commission  archéoloj^irjue  et  littéraire  de  Tarron-* 

dissemenl  de  Narbanne. 
—  ....     Sociélé  des  Beaux-Arts, 

AlEVnOM 
RoD££  4  .,  ^  .  .  »  ,     Société  des  lettres^  sciences  et  arts  de  TAveyron.    , 

BÊLFORT  (TEBRtTOlRE  DE) 
Belfoiït Société  BelTortaine  d'ÊmutalLon. 

BOLCHES-BD-RHONE 

Marseille Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Aix Académie  des  sciences,  arts  et  belles- le ttres^ 

—  ,.*,..,  p  Société  historique  de  Provence. 
— Cercle  musical. 

—  , Société  des  amis  de&  arts. 

Aeles  , Commission  archéologique.  -   •      , 

* 


983 


ANNEXES. 


CALVADOS 

Caev Sociélé  française  d'archéologie. 

—  ........  Société  des  Beaux-ArU. 

— Académie  nation ïile  des  sciences  et  arts. 

— Société  des  antiquaires  de  Normandie, 

—  .  .  .' Association  Normande  pour  le  progrès  des  arts. 

— Conservatoire  de  musique. 

Baveux Sociélé  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Falaise Société  d*agncullure ,  arts  et  beU es-lettres. 

—      Société  d'agriculture,  îodnstrte,  sciences  et  arts, 

LisiEUX Société  d'Émulation. 

T-       Société  historique. 

PoicT -l'Évéqve  .   .  .  Société  d*agriculturef  arts  et  sciences,  etc. 

ViaE Société  Viroise  d'Émulation, 

CAMTAL 

AuRiLLAC Société  d'horticulture,  d*  ac  cl  i  ma  talion,  des  scîenon 

et  des  arts. 

CHAREXTE 

Angoulême Société   archéologique    et    historique   de    la   Cba^ 

rente. 


CHARENTE-ÏXFERIELRK 

La  Rochelle.  •  •  .  Académie  des  belles-lettres,  sciences  et  arts. 

—  ....  Société  des  Amis  des  arts. 

—  ....  Société  philharmonique. 
RocHEFORT Sociélé  de  géographie. 

Saintes Commission  de.s  arts  et  monuments. 

— Société  des  archives  historiques. 

•— Société  des  Amis  des  arts. 

RoYAN Académie  des  Muses  Saniûues. 

CHER      ' 

Bourges Société  historique,  littéraire,   artistique  et  scîenlî- 

fique  du  Cher. 

—      Société  des  antiquaires  du  Centre. 

Conservatoire  du  Musée. 

--       Comité  diocésain  de  Tlnventaire  des  richesses  d^oH. 

CORRÈZE 
Tulle Sociélé  des  lettres,  sciences  et  artâ. 


SOCIÉTÉS   CORRESPOVDAIVT   àVZC    L£   COUITÉ. 


osa 


; 


TtLLE Commission    départemeoLale    de   rimentaire    des 

richefiËes  d'arL 
BriVë  . Société  scientifique,  htâtorîque  et  flrch£ologîc)ue« 

COTE-D'OR 

DuQK  «,,*,,.     Académie  de!»  flcieitce.fi,  arts  et  beUes- lettres. 

—  i   •   ,   I   ,   .   .     Société  des  Amis  des  art$. 

—      Commission  des  antiquités  du  département. 

— ■      Commission     départementale    de    IMnventaire   des 

richesses  d*ûrt. 

— Conservatoire  de  musique. 

Bëauxe.  ......     Soi?iété  archêolofj^iquo  d'histoire  el  de  tittérature. 

C  UMi  u  -OS'  sl'H-Se  i\e  »     Soc  j  é  l  é  a  rc  h  éo  l  ogiq  u  e . 

Seïïlii Société  des  sciences  historiques. 


Saint*Bbi£lc. 


Gu£n£T.    i 
AUBUSSON, 


COTES^DU-l^ORD 

Socîél  é  d  '  l'^  m  u  tat  ton  de  a  Cà  tes-d  u-Xord , 

Soei^aé  archéolojjique  et  historique. 
Association  bretonne. 
Société  musicale. 
Société  philharmonique- 

CREUSE 

Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques. 
Société  du  l^tusée. 


DORDOGNE 

PÊniGUEUX  .   ...   «     Société  historique  et  a  rchéoIo{[îque  du  Périgord, 
—       ,  .  *  ,        Société  des  Beaux-Arts  de  la  Dordogne. 

DOUBS 

Bësan'çoai.  .....     Société  d'Émulation. 

Sociélé  des  Amis  des  arts. 

Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Commission  de  l'Inventaire  des  richesses  d^art* 

École  municiprile  de  musique, 
MoNTBÉLBBu  ....     Société  des  Beaux-Arts, 

Société  d'Emulation, 

EURE 
ËvBBUx Société  départementale  des  Amis  des  arts, 

EIRE-ET-LOIR 
Cqahtbes Société  archéologique  d'Eure-et-Loir. 


k 


984  AXNEtBS, 

Chartres Commisaîoii  de  l'intentaire  des  richesses  d*art, 

Chateaudun  ....     Société  Danoise. 

FmiSTÈRE 

QuitfPBR Société  arcfaéojogiqiie. 

Brest Société  d'Kmukiion. 

—     Société  académique. 

MoRLAix Société  du  Muaée, 

GARD 

NniES Académie  du  Gard. 

— Société  des  AiDΫ;  des  arts. 

— Gommiasîon  municipale  des  Beaui-ArU. 

— Ecole  de  musique. 

Alais Société  scLenlil^que  et  LitLéraire, 

GARO\i\E  (HAUTE-) 

Toulouse Société  archéû1o<{ique  du  midi  de  la  France. 

—      Académie  des  sciences,  inicrîpUons  et  bellej-leUres» 

—      Société  artistique. 

—  ......     École  de  musique* 

GERS 

AuGH Société  historique  de  Gascogne. 

—     Société  des  archives  historiques  de  la  Gasco^ep 

CmONHE 

Bordeaux Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres. 

—  .....     Société  des  Amis  des  arts. 

—         Société  archéologique. 

—         Société  philomathique. 

—         Société  des  archives  h  i  s  toriques  - 

—  .....     Commission  des  uïonumeiits. 

—  Société  de  Sainte-Cécile. 

—  Société  phîlbitrmonique, 

—  Société  dea  nrchîtetUes, 

—  Société  des  bibUophiles  de  GufenDe. 

HÉRAULT 

Montpellier  .  .  .  •     Académie  des  sciences  et  lettres. 

—  ....     Société  artistique  de  T  Hérault, 

—  ....     Société  archéologique. 


i 


r 


V" 


SOCIÉTÉS    CORRESPOIWD.^NT   AVEC    LE    COMITÉ.  985 

MovTFELUEH  ...  -     Société  des  bîbliophilea  latiguedocien^.  , 
Béziehs   ^      .   ,  .   .     Société  arcbéobgi<}ue  et  littéraire. 

ILLE-ET-lILAïME 

EENiTEâ.  ,   p  ,  .  .   .     Société  archéologique, 

— Conservatoire  de  musique. 

Sâurr^MAitO.  ....     Société  du  Musée. 

INDRE 

Cbateavuoux.   .  .  *     Société  du  Musée. 

—         *   .  ,   .     CommUsion  de  rinventaire  des  rlclies ses  d'art. 

^    INDRE-ET-LOIRE 

Torïis  >  ^  .  .  .  .   .     Société  des  Amh  des  artA« 

.......     Société  d^agricnlture,  sciencE^s  et  arts. 

— Société  arclaéobgîque  de  Touraine* 

ISÈRE 

OaeiroBLE   ....  7    Académie  delphinaU. 

—  .....     Société  de  stalialicjue  et  des  arts  Industriels. 

—  .....     Société  des  Amis  des  arts. 

JURA 

Lons-LE^At/MEH  .  .     Société  d^i'^malation, 

,  .     Commission  de  rinfeutaire  des  richesses  d*art. 
PoLiaNT Société  d'agricuRure,  sciences  et  arts. 

LAKDES 

Dax Société  de  Borda. 

— Société  d^agriculture^  .'cîcnces,  commerce  et  arts. 

LOrRE 

Sai:<t-Ëtiknnb  .  .   .     Société  d'agriculLurép  industne^  scteaees  et  arts. 
MoNTBRisoitf La  Diana, 

LOIRE  (HAUTE-) 

Le  Put.  ,*..,.     Société  des  Amis  des  sciences,  de  l'industrie  et  des 
arts. 
—   ; Société  d'agriculture,  sciences  et  arts^ 

LOIRE-lNFIlKtElfRE 
Nantes Société  académique* 


086  ANNEXES. 

Nantes Commission  du  Musée.  ^^ 

—    • Société  archéologique. 

LOIRET 

Obléans Société  archéologique. 

—      Société  des  Amb  des  arts. 

—      Société  d'agriculture,  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

—      Académie  de  Sainte-Croix. 

—  ••••..     Institut  musical. 

LOIR-ET-CHER 

Blois Société  des  sciences  et  lettres. 

— Société  d'excursions  artistiques. 

—     Comité  de  l'Inventaire  des  richesses  d*art. 

— Société  des  Amis  des  arts,  sciences  et  lettres. 

RoMORANTiN   ....  Comité  de  l'Inventaire  des  richesses  d'art. 

Vendohe Société  archéologique  et  littéraire. 

— Comité  de  l'Inventaire  des  richesses  d'art. 

LOT  ... 

Cahors Société  des  études  littéraires,  scientiûqaes  et  artis- 
tiques du  Lot. 
— Commission  de  l'Inventaire  des  richesses  d'art. 

LOT-ET-GARONNE 
Agen   .......     Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

LOZÈRE 
Mënde Société  d'agriculture,  industrie,  sciences  et  arts. 

MAINE-ET-LOIRE 

Angers Académie  des  sciences  et  belles-lettres. 

—  Association  artistique. 

—  Société  d'études  scientifiques. 

—  Comité  historique  et  artistique  de  l'Ouest. 

—  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Cholet Société  des  sciences  et  des  beaux-arts. 

MANCHE 

Sâint-Lo  .....  Société  d'agriculture  et  d'archéologie. 

—        Commission  de  l'Inven luire  des  richesses  d'art. 

AvRANCHES Société  d'archéologie,  de  littérature,  sciences  et  ar 

Cherbourg Société  académique. 


^ 


SOCIÉTÉS   CORRESPONDANT   AVEC    LE    COMITÉ.  987 


Cherbourg  . 

coutangbs  . 
Valognes.  , 
Carbntan   . 


Société  artistique  et  industrielle.  1  ; 

Société  de  V  Union  cherbourgeoise.  ] 

Société  académique  du  Cotentin. 

Société  archéologique,  artistique  et  littéraire. 

Académie  Normande. 


i! 


MARNE 


4 


Chalon8-«ur-Marne.     Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Reims •  .     Académie  nationale. 

— Société  des  Amis  des  arts. 


Société  des  Arts  réunis.  ^ 

Société  des  architectes  de  la  Marne. 


Vitrt-lb-Frakçois  .     Société  des  sciences  et  arts. 

MARNE  (HALTE.) 

Lakgrbs Société  historique  et  archéologique. 

Saint-Dizier  ....     Société  des  sciences,  lettres  et  arts. 

MAYENNE 

Laval Commission  historique  et  archéologique. 

— Société  des  Arts  réunis. 

— Société  d^ archéologie,  sciences,  arts  et  belles-lettres. 

MEURTHE-ET-MOSELLE 

Nancy Société  d* archéologie  lorraine. 

— Académie  de  Stanislas. 

— Comité  de  l'Association  des  artistes  musiciens. 

— Société  chorale  d* Alsace-Lorraine. 

MEUSE 

Bar-le-Duc Société  des  lettres,  sciences  et  arts. 

—         »    ,  .   .     Société  du  Musée. 
Verdun Société  philomathique. 

MORBIHAN 

Vannes Société  polymathique. 

LoRiENT.  .  ^  .  •  .  .     Société  philotechnîque. 

NIÈVRE 

Nevers Société  Nivernaise  des  lettres,  sciences  et  arts. 

Commission  de  Tlnventaire  des  richesses  d^art. 

—      .      ....  Société  académique  du  Nivernais. 

Clauecy Société  scientifique  et  artistique. 


r^-  — -  r 

i 


988  AWEXES, 

Vabzy Société  du  Xlm^éf. 

— Société  historique,  littéraire  et  agricole^ 

NORD 

Lille Société  des  sdences,  de  Tagricultufe  et  des  arti. 

—     Conmiission  historique  du  Nord. 

— Comité  flamand  de  France. 

— Conseryatoire  de  musique. 

— Société  des  architectes* 

AvESMBS Société  archéologique. 

Cambrai Société  d'Émulmian. 

—      Académie  de  musique. 

Douai Société  d'aj^nculture,  sciences  et  arts. 

— Ecole  de  musique. 

— Société  des  Amis  des  arts. 

DuiTKEBQUK Socié  té  à  u  n  ke  rq  uo  is  e  p  Qti  r  Tenc  o  a  rage  menl  àes  arti. 

— -        Ecole  de  musique. 

—        Commission  de  musique. 

RouBAix Société  d'Émulation. 

—      École  de  musique. 

TomGOivo Académie  de  musique. 

Valenciennes .   .  .  .  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts» 

—         ....  Académie  de  musique. 

OISE 

Bbacvais Société  académique  d'arohèolngie. 

—      Commission  de  Hnycn'.aire  des  richesses  d'art, 

—      Comité  correspondant  de  TAssociation  âts  artittii 

musiciens. 

COMPIÈGNB Société  historique. 

NorON Comité  historique  et  archéologique. 

Senlis Comité  archéologique. 

OKm 

Albnçon Commission  des  archives. 

—      Société  historique  el  archéologique  tle  TOrne* 

Flers Société  industrielle. 

PAS-DE-CALAIS 

Arras Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

— Union  artistique  du  Pas-de-Calais. 

— Société  artésienne  des  Amis  des  arts^ 

— Commission  des  monuments  historiques  du  r      *^ 

Calais.  _  _ 


BÛClÉTiS    CÛRHËâPONDA^T    AVEC    LE    GQMtTÉ. 


ÙM 


A  RUAS 


BoiLoaKB-suB-MEa 


Saint-Ouer  .... 

ST-PlËBRfl-LËZ^CALAlS 


Kcole  de  musiqap. 
Commission  des  antiquités. 
Société  «cadémique. 

Académie  communale  de  mueiquep        '  , 

Société  d'agriculture  et  des  Beaux-Art». 
Société  des  coacerts  populaires. 
Société  des  sciences  Industrielles. 
Société  des  antiquaires  de  la  Morinie. 
Commission  de  surveillance  et  de  patronage  de  T  École 
d'art  décoratif. 


PUY-DE-DOME 

CLïBttOM-FKaaANo  .     Académie  des  science^f  belles-lettres  et  arts. 

—  .     Société  des  architectes* 

•^*  ,     Société  ié|)îonale  des  architectes  du  Puy--4e*Dâitie^ 

de  la  Haute-Loire  et  de  rMlier* 

«*-  Société  d'Émulation  de  r Auvergne, 

Rioy.  • Société  du  Musée. 

PYRÉNÉES  (BASSES-) 

Pau *.  Société  des  sciences,  lettres  et  arli. 

— Société  des  Amis  des  arts. 

Bâ YONNE Société  des  sciences  et  arU. 

—  .....  Conservatoire  de  musique. 

—      Société  artistique. 

PYRÉIVÉES  (HAUTES-) 
BaonèresdbBioorbb.    Société  Ramond* 


PYRÉNÉES-ORIENTALES 

Perpignan Société  agricole,  âclentiûque  et  littéraire, 

•—        Conservatoire  de  musique. 

RHOKE 

Lton. Académie  des  sciences,  belles -le  lire  s  et  arls. 

— Société  littéraire,  historique  el  archéologique. 

— ,  Société  académique  dVrchltecture. 

— Conservatoire  de  musique. 

— Société  d'agriculture  el  arts  utiles. 

— Société  d'enseignement  professionnel. 

^- Société  des  sciences  industrielles. 


'/ 


900  ANXËXfiS. 

SAONF^ET^LOIRE 

Magov Académie  des  sciences,  arts  et  helles-teltrei. 

— Société  des  concerts  historiques. 

—     , Société  philharmonique. 

Aunm Société  Eduen  ne. 

Chalon-sur-Saôiîe  .  Société  d^histoire  et  d'archéologie, 

TouENUS Société  des  Amis  des  arts. 

SARTHE 

Le  Mans Commissioa  pour  la  conservation  des  œonumcEiti. 

—      Société  historique  el  arcàéologtqne. 

—      Société  d'agriculture,  5ci««iî«>s  et  arts. 

—      Société  françai,^e  d'archéologti» 

La  Flèche Société  des  sciences  et  arts. 

SAVOIE 

Craubéry Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

—        Société  savoisienne  d^hîsloîre  el  d'archéologie, 

—        Conservatoire  de  musique. 

MoirriERS Académie  de  la  Val  dlsère, 

S.-Je AN  DE  Maurienxe  Société  d'histoi  re  el  d'archéologie, 

SAVOIE  (HAUTE-) 
Akkect Société  Florimontane. 

SEINE-ET-MARKE 

Melun Société  d'archéologie,  sciences,  lettres  el  arts. 

— Comité  départemenlal  de  Tlnvenlaire  des  richeiiCt 

d'art. 

Fontainebleau  .    .  .  Société  historique  et  archéologique  du  Gàtinals* 

Meaux Société  d'agriculture,  sciences  et  a  ris, 

Nemoirs Société  polytechnique. 

RozoY Société  d'agriculture  et  d'économte  domestique. 

SEINE-ET-OISE 

Versailles Commission  des  antiquiléset  des  arts  de  Seine-et^îK. 

—       Société  des  Amis  des  arts. 

—        Société  des  sciences  morales^  des  leUres  el  des  aru< 

—  .....     Société  d'agriculture  et  des  arts, 

—       Comité  correspondant  de  T Association  des  artUte* 

musiciens. 

PoNTOiSE Société  historique  et  archéologique, 

Rambouillet.  .  .  .     Société  archéologique. 


k 


SOCIÉTÉS   CORRESPOXD.iXT  ,^VEC   LE    COMITÉ, 


091 


SEEMË-IN  FER  [EURE 


ROUEH 


Elbevp. 

Fécamp, 
Havre  (le) 


Niort 


Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

Soeiêlê  des  Amis  des  arts. 

Commission  des  antiquités. 

Société  de  rhistoire  de  Normandiei 

Société  libre  d'Emutatton. 

Société  industrielle. 

Société  des  architectes. 

Société  artistique  de  X^ormaodie. 

Société  des  bibliophiles. 

Société  rouennaise  des  bil^tiophjles. 

Commission  d'arcbitecture  de  Ja  Seme-Inférîeure. 

Socîûté  industrielle. 

Scciélé  des  nrcbitectes  du  canlon  d'Elbeuf^ 

Société  du  Musée. 

Socîé  té  11  a  V  rû  ise  d  ^é  t  u  des  di  ve  r  ses . 

Société  de  Sûinte-Cécile. 

Société  musicaîe  la  Lyre  havraiie. 

Société  des  Amis  des  arts. 

Société  des  Beaux-Arts. 

Société  géologique  de  Normandie. 

SÈVRES  (DEUX-) 
Société  de  stalistifiuci  sciences,  belles-lettres  et  arts. 


AUIEVS. 


ABBEVrLLB 


SOMME 

Académie  des  sciences,  bel  les -lettres  et  arts. 
Société  dG&  antiquaires  de  Picardie. 
Société  industrielle. 
Société  des  Amis  des  arts. 
SocîèLé  linTiéémie  du  nord  de  la  France, 
Société  de  géographie- 
Société  d'émulation. 
Conrérence  scientifî([ue. 

TARN 


Albï 


Académie  des    sciences,   arts  et  belles-lettres  da 
Tarn, 


IVrosTAÇBAif. 


TARX^-ET-^GAROWE 

Académie  des  scîences,  belles-lettres  et  arts* 


992  ANNEXES. 

MoNTAUfiâN Société  archéologique. 

—       Commission  de  ririvenUire  des  richesses  d*irU 

VAR 

Draouignan Société  d*étades  scientlûquefi  et  archéologiquei. 

Toulon Société  académique. 

VAUCLUSE 

AviONON Société  du  musée  Calvet. 

—      Conservatoire  communal  de  musique, 

—      Académiede  Vaucluse. 

Apt Société  littéraire,  scientifique  et  artistique, 

VENDÉE  f 

La  Roghe-sur-Yon.  .     Société  d'Émulation  de  la  Vendée* 

VIEIV\E 

PoiTiEBS Société  des  antiquaires  de  rOuest, 

—  ....••     Commission  de  T  Inventaire  des  richesses  d*ar1, 

—      Académie  des  Beaux:>Arts. 

—      Comilé  correspundant  de  TAssociation  de^  articles 

musiciens. 

—     Société  des  archives  du  Poitou. 

—      Société  poitevine  d'encourageiiienl  à  T agriculture, 

VIENNE  (HAUTE-) 

Limoges Société  archéologique  et  historique. 

—       Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

VOSGES 

Épinal Société  d'Émulation, 

— Commission  de  Tlnventaire  des  richesses  d'art 

Saint-Dié Société  philomathique. 

YONXE 

AiJXBRRE  ......     Société  des  Amis  des  arts, 

—     Société  des  sciences  historiques  et  nàtureUes  dt 

rVonne. 

A  VALLON Société  d'études. 

Sens Société  archéologique. 


r 


SOCIÉTÉS    CORH£SPO\DÂ]UT    AVEC    LE    COMITÉ,  933 

ALGER 

Alger Socîélé  des  Heaux-Arls. 

— Société  historique  oL^énetiDe. 

CONSTAJiTINE 

CoxfiTANTihT^.  .   .  .        Société   archéologique    du   déparlemeot   de  Con- 

âlanliue. 
Bosg    « Académie  d'Hrppone.  ,. 

ORAN 
OnAS>  .......     Société  de  géographie  el  d^ archéologie. 


m 


I   I 


I  «" 


I 


TABLE  DES  MATIERES 


Koméros  2  à  5  du  Bulletîn  da  Comité  des  Sociétés  des  Beaiix*.^rts.  i-xxw 

Ouverture  de  la  sesâiun  et  consiUiiLion  du  Bureau, 1 

Séance  du  mardi  là  avril  {présidence  de  M,  Edouard  Millaco).   .  .  S 

Séance  du  mercredi  1^)  avril  (présidence  de  M..  Lucien  AfABcasLx)  >  13 

SèftDce  du  jeudi  14  av rit  (présidence  de  M>  Gustave  Sehvo[\).  ,   .  .  26 

Seau  ce  du  vendiedi  Lj  avril  (présidence  de  M.  Maurice  Tm;Eied£ux)  .  36 
Rapport  j^ènéral  sur  les  travaux  de  la  session  des  Soriélés   des 
Beauï-Arts,  lu  daus  la  séance  du  15  avril,  par  M.  Henry  Jouiïs, 

secrétaire  rapporteur  du  Comité  *   ..<,_., *   .   .  15 

Séance  générale  du  samedi  10  avril  (présidence  de  M.  A.  IIam- 

iaud)-  ,  p  , 81 

LËCTtlKBS    ET    G  ÛIUMU»  tGATIOXS. 

L  Notice  sur  deux  anciennes  tapisseries  du  Musée  des  antî- 

quités  dcKouen.  —  M.  Gaston  Le  Breto\ î>7 

!L  Peintres  des  \V1\  XI Ih  et  XV 111*  siècles.  Notes  et  docu- 
ments ejitraits  des  fonds  paroissiaux  des  archiver  du 
Calvados.  — M.  .Armand  Béxf.t 110 

ni.  Artistes  d'Avranches,  Bayeui,  Cherbourg,  Coutanees, 
Saini-Lo,  Valognes  el  Vîrp  au  XVI II*  siècle,  d'après 
les  rt^lvs  de  la  capitulation  con sériés  aux  arcbives  dé- 
parte mentalesi  du  Calvados.  —  M.  Armand  M\i:T  ,  .     156 

IV.   L'ématJ  de  Vauk  en  Artois. — Baron  CAi-floi;i 107 

V-  La  cathédrale  de  X'antes.  —  Le  marquis  dé  Cr anges  dk 

SUROKRK,^ ,    .    - 17^ 

VL  Les  Maitres  Joueurs  d'instruments  au  XVll*  siècle.  — 

M.  Ad.  Vi\CE\T 185 

Vn.  Les  Quatre  Saisons  de  Sauvage.  —  M.  Lorin 19(1 

VIN.   Pierre  Dupuis,  peintre  de  Montfort.  —  M.  I^RiRi.    .    .   -  103 
,       IX.  Lu  Céramif^ue  à  Boisseltes  (Seine-et-Marne),  1732*1781. 

—  M.  G.  Leroy 197 

X.  Charles  Eisen.  — M.  Alliert  J.icQtOT  , 215 


996  TABLE   DES   MdTIBBES^ 

XI.  Le  Maître -Aulel  de  Denis  Gervais,  à  f^aint-l^faurice  d'An- 
gers (1758).  —  M.  Josepli  DEvars. %\^ 

XII.  Les  peintres  Van  Oost,  à  Lille,  à  propos  d'un  tableau  lillois. 

—  M.  L.  Quarré-Reybourbox 33! 

XIÎÎ.  Conrad   Meyt  et   les   sculpteurs  de  Uroo  en  Franche^ 

Comté..  Leur  œuvre.  Leurs  iuiitaLeurs  (J5'24-]563^). 

—  M.  Jules  Gauthier.  .  « •  .  ,  .    330 

XIV.  Le  Musée  Jean  Gigou\,  h  Rcsancon^  —  M.  Jules  Gau- 
thier  '^i 

XV.  Introduction  des  faïences  d* art  à  Nevcrs.  Les  Conrade.  — 

M.  Massillon-Rouvet â9I 

XVI.  Notices  sur  plusieurs  anciennes  peintures  inconnues  de 

Técoic  flamande.  —  M.  Emile  DicLiGXiÈBEâ.   .   .  .  .  ,    305 

XVII.  Un  maître  de  Tœuvre  du  Mont-Sainl-Micbel  au  XVH"  siè- 

cle. —  M.  L.  BOSSEBOEUF - Ui 

XVIII.  Les  dessins  de  médailles  et  de  jdons  attribues  au  sculp- 

teur  Ëdme  Bouchardon.  —  M.  F,  M^zëëolle  ....    ^ÎSÎ* 
XIX.   Appartement  et  mobilier  du  cb^teau  royal  de  Saint-Hu- 
bert. —  M.  J.  Maillard  *,,..* ^58 

XX.  Un  dessin  sur  Thermidor  par  Hiibert-Roberl  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Montpellier.    —    M,   Charles   Vos- 

SONAILHE  '.•.%-.'.'.'.,    , *Ï71I 

XXI.  Céramique  et  verrerie  musicales.  —  M.  Eugène  TH0f9f>v.    3T7 
XXII.  Le  monogramme  de  Masséot  Abaquesne!   --  M.   Tabbé 

PORÉE , -   .   .   .  ,    3î*â 

XXIII.  L^hôtel  de  ville  d'Arles  et  ses  architectes,  —  M>  E.-L.-G. 

Charvet 39(ï 

XXÏV.  Le  sculpteur  Imbert  Boachon, — M.  rabbéHeguiK  .   .  .     4IH 
XXV.  La  salle  des  actes  de  la  Faculté  de  théoïoj^jie  protestante 

de  Montauban.  —  M.  Jules  Momsïéjà 4iT 

XXVI,  Notes  sur  les  tableaux  offerts  h  la  confrérie  de  \'otrc- 

Dame  du  Pay  à  Amiens.  —  M.  Kobirt  Gieblix.   ...     Vî8 
XXVll.  Les  sculptures  et  les  peintures  de  IV-glise  deSaint-Auloine 

en  Viennois.  —  M.  Tabbé  P.  Bbvxe ^4 

XXVIII.  La  tombe  de  Lancelot  du  Fau,  évi^que  de  Luçon,  et  Tor- 
'  '         fèvre  Claude  Content  (15:^3).  —  M.  Louis  de  Gr^ïb- 

~   '         MAISON. ,..♦.* Uîl 

XXIX.  L'art  dramatique  dans  la  ville  de  Lisieu^c  pendant  la  rèfo- 

lutioA  (1789-1790).-^  M.  K.  Vmu\ W 

XXX.  Les  origines  du  Musée  de  Berna  y.  —  \I.  E,  Veiclin-  .  .     4Si 
XXXI.  *L*art  "canlpan'aire*  et    rorncmentalion    des    cloches   au 

'     XVII*  siècle.  —  M.  E.  Veuclin 191 

XXXIÏ.  Les  sphinx  de  Pavilly.  —  M*  P.  pe  Lq^^gieu^re.   .   .   »  .    ^ 
XXXIIir  [/œuvre  d\m  miniaturiste  avignonnaîs  de  la  Renais  sauce. 

—  M.   L:-H.  LllBANDE. ^ 


i 


X-i- 


•y"»f  t'-» 


TABLE    DES    MATIÈRES.  091 

Pages. 

XXXIV.  Le  mobilier  d'un  château  à  la  fin  du  XVIII*  siècle.  Ghan-  | 

teloup.  —  M.  Alfred  Gabeau 510 

XXXV.  Les  tapisseries  de  Monlpezat  et  la  relique  appelée  les 
Bonets  de  Saint  Martin  de  Tours.  —  M.  Charles  de 

Grandmaison 550 

XXXVÏ.  François  et  Jacob  Bunel,  peintres  de  Henri  IV.  —  M.  Paul  ,     .  j 

*  Lafond 557 

XXXVII.  Gabriel-François  Moreau,  évoque  de  Mâcon  (176:3-1790), 
ami  des  arts  et  collectionneur,  prolecteur  de  Prud'hon. 

—  M.  L.  Lex 606 

XXXVIII.  Une  Assomption  de  François  Lemoyne  (1718).  —  M.  lAon 

Giron \ 639 

XXXIX.  Un  portrait  de  Louis  XIII  avec  allégories.  Dessus  de  che- 
minée provenant  de  Thôtel  de  ville  de  Reims  et  placé 
au  iMusée  en  1897.  —  M.  Henri  Jadart.  ......     6i7 

XL,  Notice    sur   Sergent- Marceau,  peintre   et  graveur.    — 

MM.  Paul  Leroy  et  H.  Herldiso.v 654 

XLI.  Documents  nouveaux  sur  Pierre  Vigne  de  Vigny,  archi- 
tecte. —  M.  Charles  de  Beaumoxt 720 

XLII.  Jacques  Rigâud, 'dessinateur  et  graveur  marseillais,  im- 
proprement'prénommé  Jean  ou  Jean-Baptiste  (1681- 

•  -1754).  —  M.  Ch.  GiNOux 726 

XLin.  Antoine   Gilis,  sculpteur    et   peintre    (1702-1781).  — 

•   •    M.  Maurice  Hébmult  ^«..«^ 740 

XLIV.  Pierre  Puget  à  Aix.  —  M.  Numa  Coste 767 

XLV.  L'église  de,  Lavnl-I}ie.u.(Ardennes)  et  ses  boiseries  sculp- 
tées. —  M.  A.  BouiLLET. .     776 

XLVI.  Notes  et  documents  pour  servir  à  Thistoire  de  Fart  et  des 
artistes  dans  le  Barrois^  antérieurement  à  Tépoque  de 

la  Renaissance 786 

XLVII.  L'arc  de"  triomphe'  de'  la  Porte  d'Aix  à  Marseille.    — 

M.  Pierre  Parrocel 841 

XLVIII.  Les  grands  amateurs  angoumoisins.  XV* -XV!!!"  siècle. 

—  M.  E.  Biais .     856 

XLIX.  -Les  peiiUresde  Thôtel  de  ville  ^e  Bordeaux.  Antoine  Le 

Blond  dit  de  Latour.  —  M.  Ch.  Braqiiebaye  .....     902 


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1000  TADLE    DES   PLANCHES. 

XXXV.  Portrait  du  duc  de  Ghoiseul,  d'après  M.  Van  Loo.  (Pro- 
venant de  Chanleloup.^.   •  •  •. ^^^ 

XXX VI.  Tapisserie  d'après  Drouais,  actuellement  au  musée  de 

Tours.  (Provenant  de  Chanteloup.) 516 

XXXVII.  Le  miracle  dit  des  c  Bonets  »  de  Saint  Martin.  (Tapisse- 

rie de  Montpezat.) 550 

XXXVIII.  Mémoires  de  travaux  exécutés  par  F.  Bunel 500 

XXXIX.  Mandement  de  paiement  du  roi  de  Navarre  en  faveur  de 

F.  Bunel  .W  .  .  .\  .\  / ,     ofâ 

XL.  Reçu  de  François  Bunel 566 

XLÏ,  Henricus  ÏV  Franc,  et  Naça.  rex,  gravé  par  Th.  de  Leu. 

(D'après  j!  Bunel.)  ,  .' 594 

XI^IL  G.-Fr.  Moreau,  évoque  de  Maçon  (1763-1790),  d'après 

un  pastel  du  temps.  (Phot.  de  H.  MiGKO  de  Mâcon.).  .     606 
XLIII.  Assomption,    par  François  Lemdykk  (1718).  Église  de 

Saint-Julien-Chapteuil  (Haute-Loire)  .«....•,     6fô 

XLIV.  Portrait  de  Louis  XIII.  (Musée  de  Reims.) 650 

XLV.  Frontispice  du  missel  de  Chartres.  Gravure  à  reau-forle, 

parSEBGENT 65i 

XLVl.  Sergenl-Marceau,  d'après  le  médaillon  de  DAvm  d'An- 
gers   674 

XLVll.  Vue  de  Toulon^  par  Jacques  RiGAUD  (1701) 7^ 

XL VIII.  Hercule  domptant  Cerbère,  par  Antoine  GiLia  (1743)  .  .    752 

XLIX.  Eglise  de  Laval-Dieu  :  Boiseries  de  la  nef 780 

L.  Église  de  Laval-Dieu. —^  Boiseries  du  chœur 782 

LI.  La  porte  d^Aix.  Arc  de  triomphe  de  Marseille  (façade 

du  midi).  • 854 

LU.  M"'  Tillet,  femme  de  l'auteur  de  la  «  Chronique  bourde- 

loise  »,  par  Antoine  Le  Blond,  dit  de  Latour  (1700).    906 
LUI.  Pierre  de  Cornet,  avocat,  jurât  de  Bordeaux  (1667-1669 
et  1678-4680),  trésorier  de  la  ville  (1680-1682),  par 
Antoine  Le  Blond,  dit  de  Latour  (1680) 908 


PâBlS.  —  TVrOGRAPHIB   DE   B.   PLOM.   NOURMT    ET  €**,    8.    BCB  GâaA>%liU.  3802. 


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