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9(3IS3I0^
From thc Lihrary ofthc
Fogg ^uscum of Art
Harvard Univcrsity
^X^f0&^.
(%J0^^
REUNIOIV
SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS
DES DEPARTEMENTS
EN 1898
/•
MIMSTKRK nK I/INSTIilXTION PrBLiOrK HT KES liKM'N-AlîTS
DIRECTION DES BEftUX-IRTS
Bureau de rEuseig^uepient et de« If&aufacturoH iiAtiotialâH
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REUNION
DEH
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SOCIETES DES BEALXARTS
DES DEPAKTEMEJNTS
SALLE DE L HÉMICYCLE, A L ÉCOLE NATJONALK I)H:S BKALX-ARTS
viM«T-iiKiimièiif; ifK»i»i<ii
Outfra^C ofHi* de cinquantë-trQii ptnurhr'^
PARIS
TYPOGRA.PHIK DE IL PLON, NOURRIT kt C"
yucccKcvtii
FOGQ ART MUSEUM
^ HARVARD UNIVER6ITT
n
«
HUI.r.ETIN DU COMITE
}
MINISTERE DE L'INSTRUCTION- l'URLlQUE ET DES BEAUX-ARTS
DIRECTION DES BEAUX-ARTS
Sursau de 1* Enseigne ment et des Maaufâotures sâtionales
H- 4 r DÉC£M8ft€ i897
BULLETIN
COMITÉ DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS
DES DÉPARTEMK\TS
AdeM adfmnisfraiifi. — Se»sion de 189ÎÎ : Oirt^ulaire n" 5. — Compte rmiiti i\*
la îics^ion de 1897. — Table dt^s viri|jl prf^mier* volumes des scisioo* dr*
Seciét<!ii des Bp«ui-Art«. — Partît' dûcumentaire, — (jui'i^ttonii.*-^ Il r pou s en.
— KftiU ou découverte!!. — Xûcrolo^le. — échange» de publications. —
BibEJo^rftphb.
SESSION DE 1R99
CJJtCULJlïllK K"* %
RÉPUBLiyiE FRAXCAISE
pjilîiis-Royal, h V' décùmhre IRÎtT»
Bureau th l'etisâignement et dis Manufactura nationaies.
S^ réunion aanuelie des Soeiétéi dcH Beiiui>Arts de&dJpârtemcalii (IS^Ki.
Ainsi que j'ai eu Thonnour de vous Pannoncpr jïîir irm cîrfuluir*i liti
îil mai IHÎ17, un arrèié minislêriel û\e au mardi \-2 rtvrîl JHtW Touvit-
lurcde la 22** session des SociïHéadfs 11(?nu\-Artï; des drp«rl(rmi'i;ls.
Le& sèiknces auront lieu du mardi 12 nu vcmlredi ITi avril. La séance
«générale est fivée au 16 avril.
Les manuscrits seront récusa la Direction desIîcaux-Arl??, rue do V^ilots,
1° ^^ jusqu^au 31 janvier 1898 inclusivement. Pasi^é ce dtiiaii aucun Ira*
vail ne pourra être soumiâ à Texamen du Comité, .rnjoutf? fjue les lrntau\
comportant des pitces juâliflcatives, qui ocraient adres^sés dau^ le dèiaî
X* 4 f
XVIII —
prescrit, sans que les pièces «n question fussent jointes au mémoire pro-
prement dit, ne seraient pas soumis au Comité. Certains auteurs ont
estime pouvoir relarder Fenvoi des annexes ou appendices à leur texte.
Le Comité a jugé que cette façon de procéder constituait un abus qu'il
importe de faire cesser. C'est donc la copte intégrale des mémoires pro-
posés par leurs auteurs qui doit être parvenue à la Direction des Beaux-
Arts, le 31 janvier 1898 au plus tard.
Les auteurs sont également prévenus que, désormais, les copies de
pièces inédites jointes aux mémoires soumis à Texamen du Comité devront
ôtrc authentiquées, soit par les directeurs des dépôts d'archives, soit par
les notaires, soit par les propriétaires des papiers communiqués*
Le grand nombre des communications m'oblige à rappeler aux auteurs
qu'il leur est accordé vingt miuutcs au plus pour lire ou résumer leurs
travaux. Les mémoires qui, à Timpression, exigeraient plus
de vingt pages du format du compte rendu devraient être
l'objet de suppressions qui seraient demandées aux auteurs
avant la mise sous presse.
Comme je vous l'ai fait savoir, les cartes d'invitation et les lettres de
pai cours sur les chemins de fer seront envoyées aux seules personnes
nominalement désignées par les présidents des Sociétés des départements
et aux membres non résidants ou correspondants du Comité des Sociétés
des Beaux-Arts qui auront exprimé l'intention formelle de prendre part
à la session.
Lesdélégués qui auront besoin d'une lettre de parcours indiqueront l'itiné-
raire qu'ils se proposent de suivre pour se rendre à Paris. Si le voyage doit
s'effectuer sur des réseaux différents, ils devront le mentionner dans
leurs. demandes et signaler les gares où aura lieu le changement de réseau.
Les demandes de cartes et de lettres de parcours devront parvenir à la
Direction des Beaux-Arts avant le l""* février au soir, terme de rigueur.
L'envoi de ces imprimés aux ayants droit sera fait du l**" au 15 mars.
MM. les délégués sont invités à prendre bonne note de ces dispositions.
Il ne saurait être répondu aux lettres de réclamation tendant à obtenir
les pièces mentionnées ci^dessus, antérieurement h la période qui vient
d'être indiquée.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée.
Le Ministre de T Instruction publique et des Beaux-Arts.
Pour le Ministre et par autorisation :
Le Directeur des Beaux-Arts,
H. Rouo\.
A'. B. — Chaque année, les auteurs des mémoires acceptés par le
Comité et insérés dans le compte rendu de la session demandent à la Direc-
tion des Beaux- Arts l'autorisation de faire des tirages à part de leurs tra-
vaux. MM. les auteurs sont prévenus qu'ils peuvent traiter, pour les tirages
ù part, avec l'éditeur du compte rendu, sans que la Direction des Beaux-
Arts ait à intervenir en aucune manière dans ces négociations. Il ne sera
— XIX
donc pas répondu aux lettres des collaborateurs du Gomité qui auraient
trait à celte question. — Les tirages h part ne sont livrables aux auteurs
qu'après rachèvement et la distribution du compte rendu de la session.
COMPTE RENDU DE LA SESSION DE 1B97
Le Compte rendu de la session tenue en 1897 est achevé dMmprimer,
Il renferme quarante-buit des mémoires lus dans la salle de rHcmicycle
et ne comporte pas moins de II 77 pages. 50 planches hors texte ajou-
tent à Tintérêt du- lolume, qui sera distribué dans quelques semaines
aux auteurs des travaux publics.
TABLE DES VINGT PREMIERS VOLUMES DES SEh^SIONS
DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS
La Table analytique des matières contenues dans les comptes rendus
des vingt premières sessions (1877-1896), réclamée au cours de la session
de 1896, est terminée. Le texte de cet important travail, entrepris sur
Tordre de M. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, sera
prochainement sous presse.
QUESTIONS
Le peintre L.-J. de Launay. — Lue correspondance dérouverte
récemment aux Archives d'Ille-et-Vilaine nous apprend qu un peintre d'origine
bretonne, Louis-Jacques de Launay, chevalier (de Saint-Michel), quitta, vers
1724, la Cour de Pologne, renonçant aux honneurs et aux Arls, pour embrasser
la vie religieuse dans un couvent de Chartreux, à Laon. Tourrait-on fournir des
renseignements sur ce peintre, qui parait avoir joui d'une certaine célébrité au
commencement du dix-iiuitiéme Biècle, mais qui est aujourd'hui absolument
incoonu? Serait-ce le de Launay simplement cite dans la Notice des tableaux
de r École française au Loutre, parmi les copistes du peintre Hyacinthe Rigaud?
— P. P..., à Rennes.
L'abbaye de TEstrée. — Connaît-on une Vue de l'abbaye de l'Estrée
(ordre de Citeaus), près Dreux? — E. V..., au Mesnil-sur-l'Ëstrée (Eure),
RÉPONSES
Les expositions au dix-haitièxne siècle. — i^*. C..,, à Xaucy (n»3
du Bulletin). — Le texte du Rapport adressé au Roi, en 17 V6, sur les exposi-
tions se trouve aux Archives nationales, série 0, n° 10,095, p. 150, de l'Etat de
la dépense et régie des Académies royales. — V. B..., à Metuo.
Salon de 1748. — àL R..,, à Grenoble (n. 3 du Bulletin). — Les Lettres
écrites de Paris à Bruxelles^ sur le Salon de 1748, out été publiées dans la
Revue universelle des Arts, t. X, p. 433-462. — A. C... à Angers,
FAITS OU DÉCOUVERTES
— Un coUectionneor bien connu, M. J. Maciet, a fait présent au Musée du Louvre
. quatorze peintures flamandes ou allemandes du quinzième et du seizième siècle.
— XX —
«^Les meubles deBouUe exposés dans la galerie d'Apollon et qui avaient subi,
probablement sous Louis-Philippe, des remaniements et des adjonctions déplo-
rables, ont été remis en leur état primitif. Un dessin de Tépoque de l'auteur,
appartenant au Musée des Arts décoratifs, a permis de mener k bonne fin, en toute
certitude, cette œuvre de restitution nécessaire.
NÉCROLOGIE
• Le 23 novembre 1897, le Comité a perdu Pun de ses membres les plus
autorisés et les plus dévoués, dans la personne de M. A Bardoux, séna-
teur, membre de F Institut, ancien ministre de Tlnstruction publique et
des Beaux-Arts, décédé à Paris dans sa soizaDte-septiëme année. Nul
plus que M. Bardoux ne suivait avec une sympathie profonde le mouve-
ment provincial, attesté par le succès croissant des sessions des Sociétés
des Beaux-Arts des départements.
ECHANGE DE PUBLICATIONS
MM. les présidents des Sociétés des départements sont invités à faire
parvenir à la Direction des Beaux-Arts (bureau de TEnseignement et des
Manufactures nationales), 3, rue de Valois, les Bulletins ou Mémoires
périodiques renfermant les travaux des membres de leurs sociétés. Ils rece-
vront, en échange^ le Bulletin du Comité der Sociétés des Beaux-Arts des
départements, et chaque numéro du Bulletin contiendra les extraits des
sommaires des publications reçues, intéressant Tart ancien ou moderne.
Bulletins ou Mémoires des Sociétés des départements. — Périodiques, —
Extrait des sommaires intéressant l'Art ancien ou moderne,
Alpks (Hautes-). — Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes (2* série,
n« 23, 3* trimestre 1897. Gap, Jouglard, 1897, în-8'*). — Description des por-
traits gravés intéressant les Hautes-Alpes, par M. J Roman.
Garonne (Hactk-). — Bévue des Pyrénées (t. IX, 1897, livraisons 1 à 4. Tou-
louse, 1897, Privât, 1897, in-8''). — Madrid au dix-huitiéme siècle, par M. Des-
devises, du Désert. — L'Art paradoxal à Toulouse, par Desazars. — Abrégé de
l'histoire du Languedoc, par M. Roscbach. — Les Pyrénées à l'Opéra : Messidor;
la vallée de Bethmale, par M. de Labondès. — Trois siècles de vie provinciale en
Languedoc, par M Roschach. — Le c Triomphe de Joseph • et le « Déluge i
d'Hilaire Pader, par M. Lestrade.
Ouvrages sur Vart ancien ou moderne reçus pendant le dernier trimestre.
Marsy (comte dk). — Les dalles tumulaires de la Belgique (Paris, Picart,
1896, in-8*'^avcc planches). — Dalles tumulaires découvertes à Gand et se ratta-
chant aux treizième et quatorzième siècles. — Dalles de Xamur, etc.
MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS
DIRECTION DES BEAUX-ARTS
Bureau de l'Etuelg-neitieiit et dea Manufactures nattonalea
)(' & r MARS IS9S
BULLETIN
COMTÉ DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS
DES I)ÉPARTEME\TS
SOVniAIRK
Acfes adminhtrafi/f. — Sessiort de 1898 t. Circulaire' û' 3, — XomiDûlion d'un
correspoiidanl duCqmilf^^^ Partif documentaire . — Qurilions. — Répon^ci.
— FaHa au docoavertei. — » \L'cralo^fie — ICchitige de pubtlcûtion». —
SESSlO>î DE 1B98
RÉPLlflLlQUE FRAXÇ.^ISB
Pûlfljï-Royal, ïe 1'^ mars im^.
Bureau de t Enseignement ei des Manu [m tares nationales^
22* réunion aantielle dos sociétéà des B«iux*Arls itci départemcirt^^ (tSilS).
MûXSIEiai
J'ai rhonneur de ifoua al1^c^ssG^ soua ce pli :
1* L'ne carte nominative de Délï-^jué à la si'i^SLon |>rocliâinË (les
Sociélés des Beaux-Arts des df'parîeinenls à l'Kcolt^ nalionale des
Beaux-jlris;
12' L'île lettre d'invitation devant vo"s permet tre Je vous rendre
à Paris. *
Les Compagnies de nliemins de fer ont Itîen voulu, sur ma
] amande, étendre aux Dêléjf|ués des Sociétés des Heaui-Arl^ ta
iaveur déjà accordée aux Délégués des Soeîétés aavauleiiî, en leur
«15
concédant une réduction de 50 pour 100 sur le prix des places
(Palier étant intégralement perçu et le retour gratuit).
Les lettres dMnvitation, établies d'après le modèle adopté par le
Syndicat des Compagnies de chemins de fer, seront i/alables à partir
du 3 avril et tiendroni lieu de billets de retour, pourvu, tou-
tefois, que toutes les formalités indiquées en note aient été remplies
exactement et que le retour soit effectué du 16 au 21 avril inclus*
Toute irrégularité dans la lettre d'invitation, dans le certificat de
présence aux réunions ou dans les visas entraînerait la déchéance
du droit au retour gratuit.
Pour la ligne du Midi, la lettre devra être visée au retour dans
la gare terminus de ce réseau (Bordeaux-Saint-Jean, Agen, Mon*
tauban, Toulouse, Albi, Cette ou Montpellier, suivant le cas).
Je vous rappelle que les séances seront tenues, comme les années
précédentes, dans la salle dite de VHémicycle, à TÉcole nationale
des Beaux-Ar4s, du mardi 12 au vendredi 15 avril inclusivement.
La Séance générale aura lieu le samedi 16 avril, dans le grand
amphithéâtre de la Sorbonne*
Recevez^ Monsieur^ l'assurance de ma considération très dis-
tinguée.
Le Ministre de Tlnstruction publique et des Beaux-Arts,
Pour le Ministre et par autorisation :
Le Directeur des Beaux- Arts,
H. RoujON,
NOMINATION DE CORRESPONDANT DU COMITÉ
Par arrêté en date du 30 décembre 1897, rendu sur la proposition du
directeur des Beaux- Arts, M. H. Labande, conservateur de la Bibliothèque
et du Musée d'Avignon, a été nommé correspondant du Comité des Sociétés
des Beaux-Arts des départements.
QUESTIONS
Problème épigraphique» — L'n lecteur du Bulletin demande, pour la
solution d'un petit problème épigraphique, si quelqu'un conuatt l'auteur au pen-
tamètre latin suivant :
Inciti superunt limina sacra pedes,
V. P..., à Vannes.
Chardin. — Le peintre Chardin, nommé membre de l'Académie de Rouen,
a-t-il fait un séjour dans citte ville? À-t-il réellement été c officier i à la com-
Sagnie normande, comme le veulent plusieurs de ses biographes? Un correspon<*
ant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des dénartements serait bien recon->
naissant envers celui de ses confrères qui pourrait réclaîrer sur ce point, que la
distance où il se trouve Tempéche d'élucider personnellement. — F. G. . . , à Cognac.
r
n
— XXMI —
REPOJSE3
Jehan Bourdlchon* — f) V..,<f T/mtmn (n^ 3 *îa BtdUiin). — Witia
iomenes heurcui du pouvoir rppandrE à la qurittion po^rc Aur Bourdichon par
les JjfjtLts suirtnlcs qu^ iidu^ atani toitl lieu dr croire im^dîtci : tUJeàiin îîour~
dicàon, paiatrc et enlumtrx^ur, la nommer de iche livres dix donirra tournnix i*n
dii eicux d'ordeimij foUj demt!f ionrao'if la pit^ct% à lui ord(inii<<<* par IrdU
■ergnotir durant tcdîl mois, tint pour si'a prini?« pL inUjiirci il'avoir pauNriiicI el
paînl huil palrûnï dé pfiisif'ur» aorlo de! plaisir dudit %pi^Mf*ur que au4«i p<Jtir le
récûmpcMif-r d'un rujfai[«; par lui fait partant de' Toura jutijut!* à Thnuari devfrt
ledit âéigneur ûû il a vacqué dii juurs entiers, pour ce cy par vrrtu dudit ruola
du Roy et quictaoc^ dudit Bourdichon c»cp*le le if jour de mar» mil CCCC III J**
rv rendre ladicle somme dt- •.*«,,.«... ivj Itir. i d. t. t
(Arcliîvei TîatjonaleSf Complet de ta chambre du Roi, KK G'*, fol, tll r" et tf^.)
^M. R . , èLjon
Abbatiale de Cluny. — A,.., à Paris (q**! ei Z du Bulleiîn). — Je^tn^
Gabriel CkarrH. artiste de^stnatruri t'&t ru-, non k Lyon, mais à Serrii^refr
{Ardécfas}, v.n J750; &un porlrait, pjir DûUAt Vunnolto, eïL ati IhliHi^e du LoubT^!*
La lue de TaLside de rabl>aj'e de Cluny, à l'encre de Cliinc, eii, en effet, entre
les nuîu» de sod prtil-fîls. — L. C., ii iVris.
Le peintre Ii,-J, de Launay. — P. P.. à iiennfs ^n" 4 du Bullethi).
— Dom llftn:el àe Lauimy^ni- iiXautes en JliHfî, tlL profe^i^ion m la Chsrlrpnfie du
Val Saint- Pi erre, le -iO juillet 1T3V, et m<iiîrtJl ù..,. Je 2S mai tTrdï. t"e*t tant
te que nous ré^'élent de cet * habiL' peintre t |i?r architi^s de Jn («raude Qiar-
treuie. Quelques noies fecrtHeii repr^ïpntent 1*0 relifjLeux L'omnit^ étant atmlii-
laire cl uiisanthrope. mai>( rependant i austère pour lui. p\act et modeste à
TégUse ? , On n'a, de Jacques de Launay, aucune peinture k la (irandt* rjiarlrea!«e,
et on n'en connaît pas; h il a continué à peindrei après son entrée en relii^ioit^
se^ (euvresdniient ^e retrom^cr, au moioA en pirtip, dans la re;^iuii du Vâl Saiot"
pierre. — Victor Adïiclle, à Pari»,
FAITS 01 DECOl VERTES
— La Chronique des Artx et de la curiosité (numéro du 20 novcmbrt* 1897}
décrit une fresque d'une jurande importance^ découverte JJ y a pende temp», »ouft
UD eudoil de plâtre, dans une villa voisine de Klorenee, Cette fresijue, frtrt
eadomma^iée, maiii où Ton dislinj^uc encore le dessin de cinq Goures d lin;nme9
nui en des mouvements de haetffmnale . tuerait de In nuilleurft moiuiêrc d'-lutoTtio
Pollaînoio, Il est ù désirer qu'on en relève minutieusemeut tout ce qui eu reâte,
car le local ne se prête pas à U photoi^rj]|iliip.
— On a troutréi Gina.dans une di^s diTcbar^^i^^ de iMcailcmîe de dessin, un biislê
drapé de Bonaparte premier consul, q^tic certiiins coanajsâcurs bel^jcs sont tcntét
dattriliuer h, Krançoi:<f Rude,
— Il a été tyrt^nm^f au mois d'aoïVt dernier, i Saint-Jean de Luz ( Hais es-Py ri-
nces),lous les auspices de la Société nutiuuali' d ^Itlino^iraphie et d'Art popnhiire.
Qua série de t. fêles de la tradition en pays bâsqiie t. Là manifi^fïtation rp;iinnale
iê complétiit par une exposition et un couvres. Taules les parties du proj^rajume
ont un vîfvalérèt,
— l)ei manifestations toutes seoiblablcîî avaient eu lieu fafmre ilerniére, à \Iort,
>our la région du bas Poitou. On annonce, pour l'élé prorlmici, âa^ as»(ï.eâ du
èmc ordre ii Honfleur, pour la \ormaodie, et A llcuir»^, pour la iîre^se. Ce mau^
sment de décentralisation mérite d'être attentitement ^uivi.
— XXIV — r
NÉCROLOGIE
Le Comité a perdu deux de ses membres depuis la publication da
dernier numéro du Bulletin.
M. Gasnault (Paul-Charles), conservateur du Musée des Arts décora-
tifs » appartenait au Comité depuis le 24 février 1890. Il est décédé le
6 janvier 1898.
M. Lavoix (Henri), administrateur de la Bibliothèque Sainte -Gene-
viève, avait été nommé membre du Comité le 30 janvier 1897. Il n'a pu
assister qu*à quelques séahcesd'e celle iassémbiée, qui était en droit d'at-
tendre de lui une collaboration précieuse. 11 a élé emporté, à cinquanteuei
un ans, le 27 décembre 1897.
ÉCHANGE DE PLBLICATIONS
MM. les présidents des Sociétés des départements sont invités à faire
parvenir h la direction des Beaux-Arts (bureau de l'Enseignement et des
Manufactures nationales), 3, rue de Valois, les Bulletins ou Mémoires
périodiques renfermant les travaux des membres de leurs sociétés. Ils
recevront, en échange, le Bulletin du Comité des Sociétés des Beaux--
Arts des départements, et chaque numéro du Bulletin contiendra les
extraits des sommaires des publications reçues, intéressant l'art ancien ou
moderne.
Bulletins ou Mémoires des Sociétés des départements. — Périodiques..
Extrait des sommaires intéressant l Art ancien ou moderne.
Hérault. — Bulletin de la Société languedocienne de géographie (X XX
3« trimestre de 1897. Montpellier. 1897, ia-S»).
HiÎRAULT. — Bulletin de la Société archéologique de Béziers (.3* série, t. II,
i'* livraison. Béziers, Sapte, 1897, in-8«). — Musiciens et compositeurs biter-^
rois, par M. Donnadieu. — La cathédrale de Saint-Xazaire, par M. Nfou<ruiep.
LoiRB. — Bulletin de la Diana (t. IX, n*» 6, avril-juin 1897. Montbrison
Brassarl, io-8°, avec planche). — La collé({iale de Saint-Just, de Lyon, par
M. Richard. — Peintures du seizième siècle découvertes dans l'ancienne chapelle
de la Chartreuse de Sainte-Croiz, par M. Favar.
LoiRB. — Becueil de mémoires et documents sur le Forez (t. XII, Montbri-
.son, Brassart, 1897, in-8°). — Carcabeaux ou mercuriale de Cliarlieu, de 1700
à 1783.
Lot. — Bulletin de la Société des études littéraires^ scientifiques et artis^
tiques du Lot (i. XXII, 2* fascicule. Gahors, Coueslant, 1897, in-S»), Noces
d'argent de la Société des études, par M. G. Larroumet. — La céramique
grecque dans le bas Quercy, par M. Momméja.
DISCOURS
PROCÈS-VERBAUX ET RAPPORTS
i
f
REUNION
DIS
SOCIETES DES BE4UX-ARTS
DES DÉPARTEMENTS
DANS LA SALLK DE L*r4|IICVCLE DE l'£C0L1 NATIONALE D£S ISAll^AATS
EK 11
VIN«T OELXIÈHE SEifSIO»
Ouverture de ta session ei constitution du Bureau.
Par arrêté reDdii sur la proposition du Directeur des Beaui^Arts,
en date du 25 mai 1897, le ministre de rinstruf^lion publique et
des Béaui-Arfs a décidé que la fiesaion annuelle des délé<juès des
Sociétés des Beaux- Arts des départements aurait lieu, du 12 au
16 avril 1898, ii TÉcole nationale et spéciale des Beaui-Arts.
Un second arrêté, rendu sur la proposition du Directeur des
Beaux-Arts, décide que les séances de la session seront siiccessitti-
ment présidées :
Le 12 avril, par M, Edouard MiLUUn, sénateur, ancien ministre,
membre du Comité des Sociétés des Beaux- Arts ;
Le 13 avril, par M, Lucien Marcheis, sons-bibliothécaire à TÉcole
nationale et spéciale des Beaux-Arts, membre du Comité des
Sociétés des Beaux^Arts ;
Le 14 avril, par M. Gustave Sërvuis, directeur des Archiies,
mbre du Comité des Sociétés des Beaux-Arts;
^e 15 avril, par M. Maurice Toubxeux, liomme de lettres,
imbrB du Comité des Sociétés des Beaux-Arts.
5 SEA^'CB DU 12 AVBIL,
Le vice-président de chaque séance sera choisi parmi les délé-
gués des Sociétés des Beaui-Arts.
Le président et le vice-président seront assistés pendant la ses-
sion par M* LXrost, chef du bureau de rËnseignement et des Ma-
nufactures nationales, secrétaire du Comité, et par M* Henry Jouin,
lecrétaire de l'École des Beaux-Arts, qui rempli ra, en outre, les
fonctions de rapporteur de la session *
Séance du mardi 12 atriL
PRÉSIDENCE DE M. EDOUARD UILLAUD.
La séance est ouverte à deux heures, sons la présidence de
HL Edouard Millaud^ sénateur, ancien ministre, membre du Comité
des Sociétés des Beaux-Arts, assisté de M. Crost, chef du bureau
de rEnseignement et des Manufactures nationales, et de M. JouiN,
secrétaire rapporteur du comité p
Outre les délégués, assistent à la séance :
MM. Dbandreis, sénateur; GmFPRfiv, membre du Comité, admi-
nistrateur de la ManuFacture nationale des Gohelins- U. L, Favre,
bibliothécaire du Sénat; AlfhandehYp conseiller à la Cour de cas-
sation; Bè^aru, architecte, ancien prix de Rome; Levasseur, du
ministère delà justice; G. L&roque, avocat; Servois, directeur des
Archives, membre du Comité; de Foukcâud, membre du Comité,
professeur à Tlîcole des Beaux-Arts; Moïse, ingénieur en chef des
ponts et chaussées; Marcou, inspecteur général adjoint des monu-
ments historiques, membre du Comité.
S'est excusé : M. Victor de Swârte, correspondant du Comité à
Lille.
M. le président invite M, Massillov-Rouvet, correspondant du
Comité à Nevers^ à prendre place au fauteuil de la vice-présidence,
et prononce Tallocution suivante :
« Mesdames, Messieurs,
« Déjà plusieurs fois j'ai eu la fortune d'ouvrir, en cette salle
illustre de rHémicyclei la session des Sociétés des Beaux-Arts des
départements.
ALLOCUTIOl B£ II. tDOt/Ain IfILLAUD. |
*L Appelé Â présider, cette année encore, votre première séante,
je «lois cet honneur aux liens étroîla qui m'unissent à mus, le ne
saurais assez remercier M. le ministre d'avoir choisi, pour être
aajourd'biiî son représentant, un de vos plus fidèles amis.
(^ A ce titre, recherchant à cette place même, en ]>i94, queU
pourraient être les meilleurs moyens de multiplier votre action,
je vous faisais remarquerj non sans regret^ (jn'îl était des ré^jions
d'où le comité supérieur, institué au ministère de l^Instrueilon
publique, n'avait jamais reçu ni un document ni uu manuscrit.
Tandis que ces observations demeurent encore vraies pour quelques
grandes villes, il n'est que juste de signaler, en 1898, une len-^
dance Eueiileure.
f Dans Tensemble de la France le progrès est incontestable ; on
nous envoie maintenant plus de mémoires dignes d*étre lus, et
nous vofons s'accroître le nombre de nos correspondants, je m'em-
presse de le constaterp
a Pour ne parler que de la session actuelle, le Comité a vu grossir
ses cadres de huit collaborateurs nouveaux, érudits ou chercheurs,
qui sont venus lui apporter un savant concours.
i SI uu voeu devait être renouvelé, ce serait que les auteurs des
mémoires consentissent le plus possible à nous entretenir de leur
département, de leur canton, mieui encotfï de la ville ob ils
demeurent, d'un monument ou d'une collection daus cette ville,
d'an artiste de valeur y ayant vécu ou séjourné.
a A vrai dire, cette obligation ne saurait dire absolue -, mais, même
à îie Tobserver qu'à demi, une telle règle aurait pour conséquence
de donner plus de suite à des communications excellentes eu elles-
mêmes. 11 est permis d'ajouter que si, dans cette entreprise méri-
toire, les auteurs ne négligeaient jamais de mettre en lumière les
relations qui eiiî^tent entre le sujet traité par eux et le point de
vue eflthétiqne, il en devrait résulter de sérieux avantages «
• lue telle méthode a été conseillée trop souvent pour qu'tl soit
nécessaire d'insister.
a Dès à présent, le Comité se félicite du souci montré par ses cor-
respondants à élîmmer de leurs travaux des dissertations archéo-
ogiques d'érudition pure* lous avez compris, Messieurs, qu'une
démarcation nette doit distinguer les mémoires présentés par vous
'le ceux des Sociétés savantes destinés à être lus en Sorliunne,
4 S&ABîCB DU 13 ÂVEIL.
it Vous ne vous y trompes point, d'ailleurs : de telles remarques
sont inspirées par Timportance méine de vos productions; elles
ne s'ejtplic|ueraieiit pas si vos écrits étaient moins riches et irotre
compétence moins étendue,
*i Loin d'user votre vigueur, la durée la développe, et votre vita-
lité apparaît plus intense à chaque session.
« An déhnt de ces réunions, on pouvait craindre que tons ne
vous enfermiez trop dans un programme immuable; combien vous
avez prouvé le contraire à la Direction des Beaui-ârtsi
t Vous ne vous êtes point bornés à trier vos regards sur les
cathédrales dont vous avez dévoilé les mystères et expliqué
les symboles, sur les édifices de tons les âges dont vous avez
compris les beautés, sur le^ statues par vous animées, sur les
toiles de toutes les écoles pnr vous célébrées ou sauvées de Touldi,
u. On vous a du des notes inédites sur la vie des peintres, des
sculpteurs et d'autres artistes du passé; vous vous êtes installés
daos les musées, dans les archives, dans les bibliothèques, pour
rectifier une erreur, affirmer ou contester une attribution, éclairer
plus d*une question controversée* Les matériaux accumulés par
vous remplissent des volumes où se manifeste T étonnante variété
de vos conoaissances et de vos goûts.
'L Approuver vos efforis et vanter vos succès, c'est louer une
qualité très française, quoi qu'on nous la refuse : la persévérance.
Il Sans contredire ce que je rappelais, il y a un instant, des diffé-
rences qui vous séparent des Sociétés savantes, je u'hésite point à
proclamer que, dans le milieu oii elles vivent, dans leurs petites
patries^ ^os Sociétés font sagement de diriger leurs investigations
vers toute œuvre qui s^éciaire d'un rayon d art et de génie.
(t Moins périlleuses que celles des voyageurs vers les mystères
des pôles ou sur le chemin des lacs silencieux du sud de fAfrique,
vos explorations ne sont pas moins dignes de passionner les esprits.
Elles répondent aux mêmes penchants très hauts qui nous portent
vers l'inconnu et le voilé,
ii Seule Tinerte banalité ne vous retient point. Votre domaine
très large embrasse tout ce qui relève des Beaux-Arts. Que d'émo-
tions et de surprises à le parcourir atec vous!
a Voici de vieux meubles sculptés qui font penser à quelque
tercet de Dante : en bas, des têtes grimaçantes ont sur les lèvres
ALLÛGUTIO:^ DE U. EDOUlRU UILLAUD S
un rictus de malédiction; en baut, des chérubins ailés s*extasidnt
sur des disions célestes.
tt Alain tenant^ notre admiration s'arrête devant une de ces tapis-
serîes tissées de soie et d'or qui furent la gloire des manufactures
françaises* En bordure» toutes les splendcnri de la flore enguir*
landent des écussons fleurdelisés. Sur le fond, une reine, vêtue
d'une robe ans plismagnîGques, les épaules couverte» d'un manteau
d'bermiuË, nous fascine de ses prunelles bleues, £n un cotTret
rempli de perles et de joyaux fouillent ses doigts fuselés, Autour
d'elle des pages et des princesses, à ses pieds im lion qui som-
meille,
tt Qui de nous n'a déploré que de pareilles compositions, jadis
ornements fplendides des palais, gisent aujourd'hui dans Tobseu*
rite froide d'un garde-meuble?
ti De tel pastel décrit par vous, merveille de séduction et de déli-
catesse, s'échappent des tiédes dentelles et des boucles d'une che-
velure blonde de si pénétrants parfums qu'ils enivrent, après deux
siècles, celui qui a la sensation de les respirer! Il estdi^s médailles
dont le seul relief est un chef-d'œuvre, des pierres gravées dont le
profil souverain vaut une statue, des verreries où sur des courbes
éthérées se jouent des arcs-en-ciel, des émaux dans le fondant
desquels la lumière captive vivifie la matière; il est des morceaui
d'argent ciselés en poignée d'épée dignes des héros, des minia-^
tores tant eiquises qu'elles centuplent le prix des livres sur lesquels
les peignirent des artistes; il est des ivoires, des poteries, des
étaiûs, des bronzes, des cuivres que leurs possesseurs n*échan-
géraient point contre des trésors.
4 Je connais des rampes d'escalier et des margelles de puits qui
justifient un voyage de l'autre cùté des Alpes.
eOui, Forfèvrerie, la ferronnerie, la mosaïque, la <[Iyptique, la
xylographie, la céramique, Timagerie, l'imprimerie, Tenluminure,
Vaqaa-tinta sont de nobles arts, à coté de rarchitecture, de la
statuaire et de la peinture! Personne n'oserait le nier sans s'ex-
poser i être déclaré profane. Les Sociétés des Beaux- Arts remplis-
^eat exactement leur mission quand elles ne négligent aucune des
Wches de Testhétique»
u Elles ne sont pas moins dans leur rà\e lorsque, s*aidant de
<luelque manuscrit ou de quelque estampe de répot|ue, elles
6 SEANCE DU 13 AVRIL,
reconstituent ]a vie intime et les moeurs publiques de nos pères,
les costumes, les fêtes, les spectacles des siècles abolis.
tt Bourgeois coiffés de feutre, moines encapuchonnés, conseillers
en robe écarlate, compagnons du guet aux moustaches épaisses,
arquebusiers auï buffleteries reluisantes, èchefins en bonnet
carré vous appartiennentp
«. Je leâ sais nôtres aussi.
Les rcïtrei è p&nache et les matïvaj!; ^«fçonsi,
Doal le nre tintait aux tilrei} des auberf^es \
et ces ribaudes effrontées servant d'échansons à des buveurs rouges
et lippus.
m On aime atec vous â suivre les processions marchant lentement
au son des cloches, ou les cortèges royaux, précédés de musiciens
jouant à Tunisson des airs naïfs que la foule accompagne de ses
acclamations et de ses cris.
V Ne cessez point, Messieurs, de faire re|jaraitre sur les vieilles
murailles les fresques eSacées, d^énumérer les trésors de nos
églises; demandez aux champs de bataille célèbres ou aux sépul-
tures antiques des armes, des bijoux, des agrafes incrustées de
sardoine et d'onys, des aiguilles d'or à télé de sphinx, des glaives
et des boucliers burinés par des maîtres; cherchez sous la patine
du temps l'élégance des modèles; allez ou vous attirent la pureté
des contours, la souplesse des lignes, la fermeté du dessin;
inittez-nous à tout ce qui vous a semblé unir la sûreté de l'exé-
cution à une conception victorieuse.
■^ Rares sont les jours où réapparaissant à nos regards des tètes
accolées comme celles du camée de Gonzague,des coupes pareilles
à la K Minerve au rocher « du trésor d'Hîldesheim, ou une ado-
rante acrolithe semblable à celle du musée du Louvre; mais que
de joies encore pour vos études sur des découvertes destinées à
une renommée moindre!
■ La table analytit|ue des matières contenues dans les comptes
rendus de vos vingt premières sessions est terminée. Ce recueil
est la preuve de la diversité si vivante de vos mémoires; je ne
citerai volontarrement aucun des écrits vers lesquels vont mes
* Albert MiR/iT^ Vieîiie ettampe.
ALLOCUTION D£ II. EDOUABD MILLAUD. 7
souvenirs, je me contenterai de remercier nos correspondants.
u Nous tressons des couronnes aux maîtres qui, par leurs créa-
tions, offrirent à lears contemporains Tadmiration d*an chef-
d'œuvre nouveau.
d Ceox qui ressuicttent ou déf oilent nne richesse artistique per«
due appellent, eux aussi, toute notre gratitude.
a On se plaît à se relrouver parmi vous, parce que vous êtes
des bienfaiteurs de Thumanité.
a Ce qui est beau est moral v, a écrit quelque part Flaubert. Si
cela est vrai, ainsi que je le pense, vous êtes aussi des moralistes.
ft Je n'irai pas jusqu'à dire que Tarrété ministériel de 1879, par
lequel vous fut conférée une vie distincte de celle des Sociétés
savantes, vous avait déjà ainsi qualifiés. Ce que je sais bien, c^est
que Tépithète était dans la pensée de Jules Ferry.
« Lorsque vous voudrez connaître sans incertitude le programme
qui vous fut tracé; après avoir lu le rapport classique de M. de
Cbenevières» reportex-vous au beau discours prononcé par le
ministre à la Sorbonne, le 19 avril 1879.
a Avant tout, il vous était recommandé de vons vouer à l'histoire
de Tart en province, principalement à Tépoque qui précéda et
suivît la Renaissance, puis au dix-septième et au dix-huitième
siècle^ enHn durant la période révolutionnaire. La prévoyante
ambition de Jules Ferry vous mêlait également aux réalités de nos
jours €t aux espoirs des lendemains.
a Les projets de monumcnfs, la restauration des édifices et leur
décoratiotf, les écoles de dessin et les musées, rien de ce qui
touche aux arts plastiques ne devait vous demeurer étranger. Les
conférences, les expositions, Tart dramatique et musical entraient
aussi dans votre ressort.
u Les Sociétés des Beaux-Arts, disait le ministre, resteront libres ;
nous serons là seulement pour les encourager, les subventionner,
et poar leur indiquer la direction dans laquelle elles doivent
s ^engager, d
« Puis, ayant au passage gratifié d'une boutade le vieux conser-
vateur qui considère le musée comme étant sa propriété plutôt que
celle du public, il insistait sur cette idée que les chercheurs des
choses d'autrefois étaient les meilleurs préparateurs des choses
^itores* a Entre le passé et Ta venir, proclamait-il, il n'y a ni
8 SÉANCE DU li AVRIL,
divorce ni conlradiction* La Révolution française n'était pas une
rupture, mais un dénouemeiit. »
« A TOUS, Messieurs, de profiter de la liberté qui vous .a été
laissée en 1879 et qu'aucune circulaire n'a entravée depuis lors.
u J'ai fait partie du Comité des Sociétés des Beaux-Arts dés son
origine : je peux témoigner des idées qui présidèrent à son orga-
nisation. Combien ont déjà disparu de ceux qui pourraient apporter
le même témoignage : Charles Blanc, Ed. Charton, Paul de Saint-
Victor, Edmond About, Schœlcher, Castagnary, Emile Perrin,
Liouvillep ViolIet-le-Duc, E. Véron, Ambrotse Thomas, Cham-
fleury^ Vaucorbeil, Paul Maiitz! D'autres encore qui ne sont plus,
desquels je crains d*cmettre le nom.
tt Entre tous, j'évoquerai celui d'un homme qui fut toujours
acquis et ardemment dévoué à vos associations. Bardoux avait
souvent présidé vos séances. Comment ne pas rappeler que la
passion du beau le possédait tout entier! Député, sénateur,
ministre, il ne s'est jamais démenti dans ses livres, dans ses dis^
cours et dans ses actes. S'il était parmi nous, il vous inviterait à ne
point ménager votre initiative* à ne point craindre qu'on la blflme,
et à lui laisser libre carrière. Aux heures de lutte où tous les con-
cours sont requis, personne n'a le droit de se soustraire à sa tâche,
serait-ce par une modestie excessive.
a Le progrés est incessant, répète-t-on. La formule est vraie, mais
trop vague. Des peuples rivaux nous enserrent. Il en est, jadis à
notre suite, à présent impatients â nous dépasser. Quels que soient
notre n>le et notre position sociale, ne supportons pas que
d'autres nations s'emparent du rang de la France. Au milieu du
tumulte des concurrences internationales, ne perdons pas la plus
petite quantité de nos forces. Pour étendre votre influence et
resserrer les liens qui doivent unir entre eux les correspondants et
les membres non résidants du comité, on avait songé à vous
recevoir à Paria, une seconde fols, en dehors de la session d'avril.
u Puisque ce projet parait se heurter à des difficultés d'ordres
divers, jincline à croire que les Sociétés des Beaux-Arts des dépar-
tements ne pourraient que gagner à organiser en province des
réunions régionales au moment des grandes vacances.
u En ces journées bientôt consacrées par l'usage, les questions à
discuter ne feraient pas défaut, surtout gi quelques-unes avaient
âLLOCtJTionr de m. edouaro uillavù, §
déjà fijtjuré aa Bulletin mensuel. De rindication dei trntaux entre-
pris, de la révélation dea découverti's, de la comnmnierition cIeb
iQJets à traiter sortirait nécessaire ment une méthode profitable I
toiis> Le plaisir de se retrouver, Téclian^ge familier des idées, une
cordialité facile ne tarderaient pas a faire de ces rencontres de
véritables fêtes où Testhétique et les lettres dédiées aux arts oceu-^
peraieiit la première place,
«• La musique et la poésie y étant aussi les bienvenues^ j'imagine
que le public, trop écarté de vos assemblées, ne sa plaindrait point
si vous radmettieï à entendre quelque mélodie d'un archaïsme
savon reui ou des fragments sympboniques eihumés d'un parcbe-
min jauni. Il ne serait même pas impossible de reconstituer modes^
te ment, sans frais, avec tes instruments de l'époque, des parties
de vieux opéras dans la simplicité d'un décor sbakespearien.
a Sans attendre la réalisation peut*étre lointaine de res souhaits^
il me semble qu'une occasion solennelle va se présenter pour vous
de vous entretenir de telles propositions et de toutes autres que
TOUS jugerez propres à stimuler les volontés hésitantes, à fortifier
votre activité commune, à affirmer votre existence,
tt Je veux parler de l'Exposition de 1900.
0 Cet appel des peuples aux rives de la Seine ne doit pas aboutir
uniquement à une exhibition de curiosités, en un rendez-vous de
plaisirs.
ttLa Chine elle-même, ou les signes de la politesse et la faton
dépeindre le visage datent de milliers d'années, e!it capalde de
produire des merveilles^ encore que figée dans des usages sécu-
laires,
u II importe de viser plus baut,
a Lorsqu'elle recevra chez elle ses visiteurs, la Frant e doit appa-
raître, aux yeux du monde, robuste de toutes ses forces, parée de
toatesses gloires.
iSar ce concours prodigieux des nations, à Taube du vingtième
siècle, doivent planer des idées; il faut que des livres et de lu
parole, de la scienee et des arts, du foyer allumé sur le sol de
Pms, se dégagent des pensées, beaucoup de lumière, une fierté
morale, une orientation nouvelle.
^ Vous prendrez certainement une part capitale à Torganisatian
de L'eïpositîon rétrospective destinée au plus vif éclat. L'obtention
10 SÉANCE DU 12 AVRIL.
des prêts, le choix si délicat des pièces à exposer, réltmination
parfois plus difficile de celles imparfaites, la manière de produire
les objets retenus, rétablissement de leur état civil , le aouci de
veiller à leur conservation, imposeront une lourde tâche : vous
devez la revendiquer et l'accomplir.
a Votre place est marquée aussi dans le palais où s outriront
pendant Tannée 1900 de nombreux et intéressants congrès.
a Si je suis utilement renseigné, vous n'avez qu*à vouloir. Aucun
encouragement et aucun appui ne vous feront défaut : vous êtes
attendus.
a Je n'ai pas qualité pour énumérer ici les questions qui pour-
raient être abordées par les congressistes; il vous appartiendra de
les désigner et de les discuter avec toute l'ampleur qu'elles com-
porteront*
tt Si j'étais autorisé à en indiquer une, j'élèverais la voix pour que
le congrès de vos Sociétés consacrât une ou plusieurs de ses séances
à la question d'un catalogue synthétique de toutes les publications
traitant des beaux-arts : histoire, philosophie, biogi*aphie5, mono-
graphies, critiques, etc.
a Après l'inventaire des richesses artistiques de notre pays, l'in-
ventaire, la bibliographie cataloguée de tous les livres ou manu-
scrits se rapportant aux Beaux-Arts dans toutes les bibliothèques de
France.
« Les cas n*ont pas été rares, en province, où l'on a vti se dis*
perser les plus riches collections de livres, ainsi qu'il advînt à
Paris, au début de la Révolution, pour les manuscrits de TAbhaye
de Saint-Victor, qui furent partagés en trois lots, dont Tun fut
porté à la Bibliothèque nationale, l'autre à l'Arsenal, et le troisième
à la Mazarine.
a Le répertoire que je sollicite permettrait d'abord de connaître
un livre se rapportant à l'esthétique, quel que lût le dép6t dans
lequel il existerait. Il aiderait ensuite aux échanges des ouvrages
et favoriserait le complément des éditions disséminées en divers
endroits.
a Tous ceux qui s'intéressent aux lettres attendent la continua*
tion du catalogue de notre Bibliothèque nationale, dont le premier
volume a paru Tannée dernière, précédé d'une si remarquable
introduction. La discussion ouverte sur le sujet qui me préoccupe
ALLOCUTIOBS DE H. ÉBOUAltl IflLLAUD. 11
par des bammea d'une compétence indiscutée conduirait pour une
branche du génie bumaîn, celle des Beaui-Arts, à un résultat dont
TOUS saisissez toute la portée. Ainsi commencerait à le réaliser le
vœu. exprimé par M. Léopold Dclisle : h La fusion des catalogues,
dont la nécessité s'imposera un jour, préviendra des doubles
emplois et des df^perdttions de force* »
a Je m'excuse de m'en tenir à ces quelques mois sur un tel sujet ;
mais je ne m'accorde pas le droit aux développements. Malgré les
circonstances trop rares où il m*est loisible de m'adresser à vous,
je ne pais m abandonner à un entretien qui éloignerait Tinstantob
nous allons applaudir les lectures annoncées.
A D'ailleurs, n'aurai-je pas achevé ce discours quand j'aurai
répété une fois de plus que, Tart intoressanl Tordre public, TEtat
doit sa protection aux artistes et à tous ceux qui répandent le sen-
timent du beau? Les peuples qui ont été les plus grands par la jus*
tice de lenrâ lois, les plus riches par leur supériorité! industrielle,
furent ceux-là aussi qui comptèrent le plus de poètes, ces attise urs
d'Ames, et le plus d'artistes, ces charmeurs de la matière,
il Le barbare qui égorge les vaincus est le même qui brise les
statues des divinités de rHellade.
d Pour qu'une industrie soit sans rivales, ce n'est pas assez quVlle
ait une prééminence technique, elle doit encore s'épanouir dans
un milieu de goût, de luxe, de tradition élégante, au cœur d'une
société où le sens de la beauté pénètre dans les esprits avec Tair
dans ]es poumons*
B L'art seul ne fait-il pas de nous de véritables voyants au sens le
plus exact du mot? Inconscients des émotions qu'il procure, nous
ressemblerions à l'aveugle privé de l'azur du jour et du scintille-
ment des étoiles, ignorant des sillons argentés sur les vagues de
l'Océan, des teintes roses des glaciers, des arbres et des fleurs, du
sourire sur les lèvres d'un enfant.
a Les Sociétés des fieaui-Arts, propagatrices de vérité, direc-
trices de» intelligences vers TidéaL remplissent à côté des artistes,
dans la république des lettres, une mission civilisatrice. Elles me*
filent toute la sympathie d'un gouvernement éclairé.
u Au nom du ministre, je vous souhaite. Messieurs, la bien-
venue, et je déclare ouverte la 22' session des Sociétés des Beaux-
Arts. »
13 SEAnrCE DD IS AVRIL.
La lecture de M. Massillon-Rouvet, correspondant du Comtlép
à Nerers, sur les faienceâ d*art à NeverSp est d'une împoi'tance
sérieuse. L'auteur établit avec un ensemble de preuves probantes
que les Conrade de Sairone ont été les véritables importateurs de
la faïence dans le Nivernais. Jusqu*icî le rôle de ces céramistes
n'avait pas été bien défini, \L JUassillon-Bouvet les met en lumière
et cite à Pappui de son argumentation des documents de toute
valeur.
A la suite de la lecture de M. Massillon-Rouvet, M. Le Bhetoiï,
correspondant du Comité, à Rouen, revendique pour Masseot Aba-
quesne, de Rouen, Thonneur d'avoir devancé les faïenciers de
Ne vers. Abaquesne a signé des carrelages de sa composition en
1547, en 1549, en 1557. Les observations très précises de M. Le
Breton n'infirment pas les affirmations de M. Massillon-Rouvet,
qui s'est surtout appliqué à établir qu'à ses yeux les Conrade ont
devancé Gambin, leur ouvrier, et méritent d'être appréciés comme
des initiateurs, alors que Gambin n'a pas droit au ménie éloge.
La parole est donnée à \L Jacquot (Albert), correspondant du
Comité, à Nancy, sur le graveur Charles Eisen. Ce n'est pas une
étude approfondie de Tœuvre du graveur qui a tenté M. Jacquot;
mais un document très inattendu s' étant ofTeit à lui sur la mort
d'Eiaen et les agissements de son logeur après le décès de l'artiste ,
M. Jacquot a voulu mettre en lumière cette pièce inédite^ Elle
complète ce qui jusqu'ici avait été dit sur Eisen.
M. Benêt (Armand), membre non résidant du Comité, à Caen,
donne co m mm uni cuti on de ses mémoires : 1" Peintres des diœ~
septième et dix-huitième siècles. Documents extraits des archives
du Calvados^ et ^'^ artistes d'âvranches^ Bayeux^ Cherbourg^ etc.^
dix-huitième siècîe. Ces mémoires sont une contribution curieuse
à l'histoire des artistes normands durant les deui derniers siècles.
Ce sont autant de mentions inédites et précieuses tirées de divers
fonds d'archives,
M. Le Breton (Gaston), correspondant du Comité, à Rouen,
donne lecture de son Etude critique sur deux tapisseries du
musée de Rouen. Les deux œuvres diffèrent, mais Tune et Vautre
sont précieuses. La tapisserie d'ânet, notamment, qui complète
une suite bien connue, est une pièce de la plus grande valeur.
M. Le Breton l'a décrite avec toute compétence. Le Musée de
SÉANCE DU 12 AVRIL. 13
Roaen, qai possède cette œuvre rare, n'a rien à envier aux plus
riches galeries.
M. DsNAis (Joseph), correspondant du Comité, à Angers, a la
parole sur le Maître-autel de Denis Gervais, à Saint-lfaurice
d*Angers. Cet autel date de 1755. Il est remarquable et n*a pas
souffert depuis sa mise en place. La brève monographie de H. Denais
est justifiée par Tintérét que présente ce spécimen de Tart déco-
ratîrsons Louis Xl^
L*ordre du jour appelle la communication de H. Cavrois, secré-
taire général de TAcadémie d'Arras, sur VÉmail de Vaulx en
Artois (1581). Celte courte note a son importance. Elle peut
servir de guide à plus d'une Société provinciale dans le sauvetage
des œuvres d*arl d*une région. M. Cavrois a rappelé des faits qui
sont tout à rhonneur de la commission des monuments historiques
da Pas-de-Calais.
If. Leroy (G.), correspondant honoraire du ministère de Tln-
slraction publique à Melun, donne lecture de son mémoire : la
Céramique à Boissettes (Seine-et-Marne), 1732-1781. Dans ce
travail, Tauteur établit que les historiens de la céramique, sur la
foi d'un monogramme, ont souvent attribué à un fabricant Orléa-
nais des pièces provenant de Boissettes. La révélation de M. Leroy
est de nature à mettre en éveil la sagacité des amateurs.
H. Tabbé Bouillet, correspondant du Comité, à Caen, est invité
à lire son étude sur les Boiseries sculptées de l'église de Laval-Dieu
(dii-septième siècle). Une description très précise de ces boiseries
bien conservées et de bon style fait du travail de M. Bouillet une
source à consulter par les historiens futurs de Tart décoratif sous
Uuis XIV.
C^estune histoire anecdotique très prestement écrite que M. Char-
VET(Lèon), membre non résidant du Comité, à Lyon, nous a donnée
àe\ Hôtel de ville d'Arles et de ses huit architectes (dix-septième
siècle). Nous ne pouvons rappeler ici, après M. Charvet, les com-
pétitions, les rivalités de toute nature qui entravèrent pendant de
longues années la construction de rhôlel de ville d'Arles. Bornons-
nons à dire queMansart est Tauteur de la partie lu plus importante
erëdifiee.
M. LoBiN, secrétaire de la Société archéologique, à Rambouillet,
onne lecture de ses mémoires sur V Pierre Dupais, i)€intre de
14 SÉANCE DU 12 AVRIL.
MontfoTt^ et â' les Quatre saisons, de Sauvage. De Pierre Dupuis,
M, Lorin ne cite pas d*œuvres importantes. En revanche» il fait
plus nombreuses les sources dMnformations sur Tartiste. En ce qui
touche Sauvage, peintre fort en vogue à la fin du dernier siècle,
M. LorÎQ décrit des panneaux d*une importance appréciable.
L*étude rétrospective que M. Lorin consacre à ce peintre qui eut
sa spécialité, reporte les esprits vers un art oublié, très en honneur
chez nos grand^pères.
La Section entend M. Mazerolle (Fernand), correspondant du
Comité, à Dijon, sur les Dessins de médailles et de jetons attri-
bues à Bouchardon. M. Mazerolle, dans ce travail, établit la part
qui revient à Bouchardon, à Duvivier et à Roëttiers dans les des-
sifisconservésàrUùtel des monnaies, et qu'on était enclin à ranger
en totalité parmi les dessins de Bouchardon. Les preuves apportées
par M. Mazerolle à Tappui de sa discussion sont décisives.
La brève étude de M. Ponsonailhe (Charles)» correspondant du
Comité, à Béliers, relative à up Dessin sur Thermidor, par Hubert
Robert, permet à Tauteur de rectifier plus d*une inexactitude
échappée à la plume des biographes du peintre. Le dessin décrit
par Al. Pousonailheest conservé à la Faculté de médecine de Mont-
pellier, et personne encore ne s'était avisé de signaler cette œuvre
exécutée par l'artiste sous les verrous de Saint-Lazare.
La parole est donnée à M. Maillard (Jules), membre de la
Société archéologique de Rambouillet, à Versailles, pour sa com-
munication sur les Appartements et le mobilier du château royal
de Saint-Hubert ^ Ce château, rendez-vous de chasse sous Louis XV
etLouisXVLa complètement disparu. Il était situé non loin de Ver-
sailles, Gabriel cd avait été Tarchitecte. L'étude deM. Maillard, iné-
dite dans toutes ses parties, est un travail trèsapprécié par la Section.
La Section entend M. Deligivières (Emile), membre non résidant
du Comité, à Abbe ville, sur des Peintures anciennes de F École
flamande. Ces peintures extrêmement curieuses, découvertes chez
un amateur par M, Delignières, sont des fragments d*un retable
eiécLité mî-pattie au quinzième et mi-partie au seizième siècle.
M. Deliynières les étudie en historien et en critique, avec compé-
tence et avec goût.
L'onire du jour étant épuisé, la séance est levée à six heures.
Demain mercredi, à une heure et demie, suite des communica-
tîonSp SOUS la présidence de HL Lucien MahcubiXp sous*- bibliothé-
caire à rÊcole des Beaux-ArU^ membre du Comité det Sociétés
des Beaui-Arts.
Séance du mercredi 13 avril.
PRÉSIDENCE DE U. LUCIEN UJIACHËIX.
La iéaocQ eit oairerte sous la présidence de M. Lncien MaicïieiXi
lOQS- bibliothécaire h. T Ecole nationale et spéciale des Itoaiii-Arts,
membre du Comité, assisté de M. L. Chost, chef Ju bureau de
rEnseignemeot et des Manufactures nationales, et de M. Henry
Joutitf, secrétaire rapporteur.
Outre les déb'gués, assistaient à la séance :
M> Lp CaoST, chef du bureau de TEoseignement et des \ïaniifac'>
lures nationales ï
U. SËBTOia, directeur des archives, membre du Comité ;
M. Margou, inspecteur ^^énéral adjoint des monuments histo-
riques, membre du Comité.
M, le président invite M. Quarré-Reybourhon, correspondant du
Comité^ à prendre place au fauteuil de la vice-présidence, et pro-
nonce ralloGution suivante :
0 MESSlELRâ,
CL Vous avez ¥u à cette place jusqu'à ce jour, et vous y verrej;
encore^ dès demain, des hommes connus de voua, connus de tous
pour leur talent ou pour leur érudition : ni Tautorité ne manquait
aui avis que vous atlendiez d'eux, ni le prix aux éloges qu'il tous
fallait bien subir^ ni la compétence à ces objections qui sont le sel
de la louange. Cette autorité^ cette compétence me manquent» Je
n'aurai pas la présomption de donner des conseils à des hommea
qui tous auraient quelque chose à m'apprendri?, et dont plusieurs,
s'ils ouvraient école, me verraient accourir sur leurs bancs.
ttMais M- le ministre a sans droite pensé — je Ten remercie et
s m'en félicite — que si des artistes ou des historiens d'un mérite
Bcoanu ont seuls qualité pour critiquer vos travaux, vous avez
toit aussi à la bienvenue de tous, et que^ pour vous souhaiter
te SEANCE DU 13 AVRIL.
ceLte bienvetxuer à défaut de notoriété, de science et d éloquence,
il suffit d'aimer Thistoire, d aimer Tartj d'aimer la France... et de
VOUA avoir lus.
w C'est ce que j'aî failj Messieurs; Je vous aî lus, atrec quel pro*
ât! avec quelle sympathie surtout! c^est ce que je vouttrais vous
dire : si parfois je semblais prendre le r6le de panégyriste, dont je
ma défends, ou celui de pédagogue, qui ne me convient pas, la
faute en sera à vous, non à moi, car votre œuvre est de celles qui
se louent elles-mêmes, et elle est pleine des conseils les plus effi-
caces, je veuî dire de bons exemples et d'eicellents modèles.
Ci Cette œuvre commence à être considérable : depuis vingt-
deux ans elle va grandissant, s'étendant d'année en année. Je
Toîs sur les rayons de la bibliotbéque de cette Ecole s'aligner
les uns à côté des autres, toujours plus gros, toujours plus com-
pacts, les volumes où vivront vos travâui : aui in-octavo de 1877,
1878, I87Df de tatUe déjà raisonnable, mais svelle encore, comme tl
convient à des conscrits, ont succédé des tomes de plus en plus
et sans doute aussi de mieux eu mieux nourris, moins élégants
peut-être dans leurs proportions, mais imposants par leur ampleur :
on croirait, dans cette revue livresque, après les alertes régi-
ments de Tarmée active, voir défiler la territoriale solide ; seule-
ment ici ce sont les plus jeunes qui demandeut les babits les plus
larges : la classe 1897 en particulier se recommande par sou
emhonpoint, et c'est avec une véiltal)le admiration que nous
Tavons immatriculée à la suite de ses aînées : ses douxe cents pages,
gros bataillon où il y a plus d'une compagnie d'élite, se sont tout
de suite tenues correctement sur la tablette — j'allais dire sur le
champ de bataille, — et le reste de Tarmée, 12,000 vétérans un
peu fatigués de la lutte^ se repose sur elle sans la faire flécbir ;
mole sua stat.
tt Si vos vingt et un volumes, rien qu*à les voir, inspirent le res-
pect, combien celte impression se renforce lorsqu'on les consulte
et qu'on les feuillette, lorsque, après avoir trouvé le renseigne-
ment qu'on cherchait, on en rencontre un autre et un autre encore,
et avec ces renseignements des vues nouvelles, des hypothèses ingé-
nieuses et si prudentes, que plus d'une, émise dans le volume pré-
cédent, se voit conGrmée dans le volume suivant!
<< Pour glaner ces faits, dont Thistolre un jour fera sa gerbe,
Î0U8 ne ménagea ni voire temps, ni vos pas, ni vos peinns; vous
Touillez votre ville, votre canton ; à quelques-uns leur arrondisse-
menl, leur département même ne suffit pas» et vous en pourriez
nommer dont Tactivilé ne s'arrête pas aux bornes de leur province .
Vous explorer des régions que les ignorants, voire les savaols
croyaient connues; vous visitez des monuments où vos devanciers
n'avaient pas tout vu, des bibliothèques où ils n'avaient pas tout
la; vous exhumez de nouvelles ruines et presque de nouveaux
grtnds hommes : pour vous, le greffe secoue sa poussière, Tadml-
nistratîon ouvre ses archives, certains notaires entr 'ouvrent leurs
mtons; et vouâ allez ainsi déchiffrant, regardant, mesurant et
photographiant^ ne laissant nulle place où ht main ne passe et
repasse dans ce vaste champ où chaque coup de bêche « à qui sait le
donner, livre une parcelle du trésor national,
a De ce trésor vous avez déjà retrouvé hlen des pièces, celles-ci
brillantes encore, celles-là à demi effacées, rongées par Tinjure
des hommes plus que par celle du temps ; vous en avei signalé
plus d'une à l'insouciance de son propriétaire, et vous avez épargné
quelques remords à notre âge qui se prétend artiste et qui a dé»
Iruit tant d' œuvres d'art. IV'est-ce pas un de vous, M. Léon Giron,
qui a tiré des églises et des châteaux delà Haute-Loire les fresques
fiâives qui racontent maintenant aux visiteurs du Mu.sée du Puy,
av«c nos vieilles légendes sacrées, une partie de T histoire do k
peinture au moyen âge? un autre. If. Delignî^res^ qui nous
doDnaît le catalogue de 500 peintures et dessins du château de
Mûreuil, dont quelques-uns portent la signature et même la griffe
de Daiid oa d'Ingres? C'est par la plume d*un des vôtres,
M. Marionneau, que l'Aquitaine nous rappelait Tanliquité de sa
dviliftation et que Bordeaux nous envoyait la longue liste de ses
peintres, ouverte par le Gallo-Romain Amabilis, un nom de bon
aagare et qui lui a porté bonbeur. C'est M. Jacquot qui, il y a
quelques années ^ retrouvait, encastré dans un mur de village, un
bâi-relief de Ton des Richier; c'est M. Tbîollîer qui vous signalait
dans h Forez trois statues de notre Renaissance, trois belles depuif^
trais cents ans au bois dormant.
«^ Et ce n'est pas seulement du sommeil, mais de la mort même
ne voire amour parfois cherche à tirer la beauté disparue : i\L Na-
&]}s Rondot a reconstitué pour vous le tombeau du cardinal de
1
I
I
|g SÉANCE DU 13 AVRIL.
Saluces; M. Denais vous a presque remis devant les yeux celui
du roi Reué et d Isabelle de Lorraine. Vous essayez même de
réparer dans la mesure du possible les méfaits de nos pères, et
M. BaHeau vous a raconté Tliistoire tragi-comique et fait le portraîl
de trois saints sculptés par GirardoD, badigeonnés en 1793 et trans-
formés à la mode du temps par un spirituel abbé, mais, hélas î re-
connus sous leur déguisement par Taeil sévère du Comité de
Tendroit et immolés sans pitié sur Tautel de la patrie française par
des Champenois qui croyaient être des Lacédémoniens,
a Pleins de regrets pour les belles œuvres disparues, d'inquié-
tudes pour celles que ne menacent pas seulement les intempéries,
vous n'oubliez pas celles qui reposent maintenant en sûreté, ou à
peu près, dans nos collections : vous ne voulez pas que ce repos
soit celui de la mort et qu'un musée soit un cimetière, y compris
la fosse commune, je veux dire Tanonymat, Vous les visitez, ce»
œuvres qui sont, avec leslivres^ nos amis d*avant nous, vous vous
informez de leur santé, vous les interrogez sur leur origine, voua
dressez leur état civil, vous savez leur parenté, leurs voyages, leurs
vicissiliuies. Q^^ ^^ doivent pas les Musées de Rouen, de Besan-
con, de Tours, de Versailles, d'Avignon, de Cambrai, de Poitiers
pour ne nommer que ceux-là — à MM. Le Breton, Caslan, de
Grandmaison, Dutilleux, Duhamel, Durieux et Brouillet, et à tant
d'autres auxiliaires ardents et bien informés de la Commission de
r inventaire de nos richesses d'art, que souvent ils devancent, que
parfois ils complètent?
A En étudiant les œuvres, Messieurs, vous ne pouviez négliger
tes hommes : dans les biographies de nos grands artistes vous
rétablissez les dattes, vous rectifiez les erreurs, vous comblez les
lacunes; aux belles légendes vous substituez la vérité, que vous
estimez plus belle encore- Sur Nicolas Froment, sur Simon Mar-
mîon et Bellegambe, sur Jacques Morel et sou neveu le Moiturier,
sur ce Re*inault qui reprenait Tannée dernière sa place, toute sa
place auprès de Michel Colombe, sur les Auguîer, Le Poussin et
Puqet, sur Philippe de Champagne et sur Claude Lefévre, sur
Watteau, sur Jngres et sur Delacroix, nous vous devons mille ren-
seignements, et quelques-uns d*entre eux vous doivent un regaiQ
d'immortalité.
w Votre dévotion, qui revient sans cesse aux grands dieux,
ALLOCLTIO» DE M. LtJCÎB\ It.^nCilEIX. 19
r^mme il est juste, nui iieux de tout l« paya, ne néglige pas les
difinités locales, tottte cette estimable troupe de lalentâ secon-
daires qui melteni, en ie rapetissAnt, en le vol.^arisant un peu —
<:omiiient s*en étonner? — l'art des plus grands k h portée des
pïus petits; Satellites modestes qui préparent les yeux à soutenir
UD€ lumière plus éclatante et qui renvoient partout les reQets,
mifiants encore, d'un soleil trop lointain.
« Enfin, Messieurs, — et c'est la partie peut-être la plus utile de
TOtre œuvre, — tous avez largement contribué à l'histoire de cei
irts qui veulent Inen s'appeler mineurs; vous savez, vous, f|u'il ne
faut pas les prendre au mot \ que peu importent les dimensions, le
lujet apparent, la matière et Toutil, là où Tàme a jfuidé la main:
et qu'elle peut inTuser au bois» k Tor ou au fer sa fierté ou sa ten-
dresse dans Tenroiilement d'une volute ou Télan d'un rameau,
comme dans le geste d'un héros ou l'agenouillement d'un saint.
Aussi vos livres sont-ils pleins de pages qui décrivent et de photo-
graphies qui reproduisent mille objets dont s'est embellie la vie
françatse aui siècles passés : ftgurines d* ivoire, naïfs et précis lou-
venirs d'époques qui souvent n'ont plus guère d'autres témoins;
meables hardiment sculptés en plein bois par la rude et loyale
main de nos vieux bncbiers ou curieusement fouillés par le délicat
et savant ciseau des ébénistes de la Renaissance; feuillages frémis*
lants au nos bons menuisiers ont fait sourire les anges et chanter
les oiseanx; majestueuses tapisseries qui mettaient le printemps
f>u Tautomne, les fêtes du ciel et de la terre, autour des devis
courtois des preui chevaliers et des nobles dames; coETrets d'une
païenne élégance d'où s'exhale encore le parfum des belles qui
furent aimées; dur fer qui s*est tordu en souples branches ou
épanoui en fleurons printaniers sous le marteau du forgeron;
(aîences où Thumble argile sous mille formes charmantes s'est
êmaillée de couleurs qui ne vieilliront pas; vieux vitraux dont le
soleil^ divin complice du verrier, fait des tapis d'émeraude, de
mhjs et d'améthyste ; ostensoirs d'où i rayonné le soleil des âmes,
reliquaires qui ont /ait des miracles, ciboires où le Dieu qui aime
les pauvres, mais qui ne hait pas les artistes, se plaisait à s'enfer-
jer dans Tor : tout ce qui nous raconte les coutumes et les amours^
vie et Tidéal de nos pères, vous Taimez, vous le recherchez, vous
. décrivez avec un soin pieux ; et à voir passer sous les yeux, quand
30 SEANCE PU 13 AVAIL.
on VOUS feuillette, les spécimens des slylesque noire pays n'a cessé
de créerjuiqu'au commencement de ce siècle^ on croit suivre dans
sa lente évolution Fdme française, rud^ et fière, maïs non sans
grâce déjà au donzîème sîèclep et enseignant aux autres nations,
au temps de saint Louis, Tart des temps nouveaux ; mettant au
quinzième siècle sa mesure dans la richesse flamande ; au seizième,
sa netteté un peu sèche dans lexuhérance italienne, puis remplis-
sant le monde d'un faste majestueux qui sut rester sohre, jusqu'au
jour oiif ayant fait siens tous les éléments empruntés k rantiquîté
et aux pays voisins, affmée par Tusage du monde, désabusée du
faste pour Tavoir trop payé, de la majesté pour Tavoir trop ¥iie^
et de rnustérité pour Tavoir trop entendue, elle se fit un art bien
à elle, qui ne fut ni italien, ni flamand, ni espagnol, mais uni-
quement français, où elle apparaît encore à nos yeux charmés
avec le clair bon sens, la noblesse aisée et la Une tendresse de la
société la plus polie qui fut jamais.
« Ah! Messieurs, le joli costume, les jolis meubles! le moyen
d'être sotte ou même laide sous ces galants déshabillés de formes
si coquettes et de couleurs si gaies? Comment eût-on osé être un
pleutre avec cette épée au cûté? Qui serait resté lourdaud sous ce
frac léger et ces Sues dentelles? Qui n'aurait eu de resprît dans
ces fauteuils faits pour la conversation et non pour s'endormir en
fumant après diner?
H Comparez, ces costumes et ces meubles avec le costume que
nous ne pouvons plus renvoyer en Angleterre, et avec les meubles
que nos Crésus devraient bien y laisser. Que ne vous ont-ils lusl
Que n'assistent-ih à vos réunions, ces favoris de la fortune plus
que de la nature, ces victimes peu intéressantes du snobisme et
d'habiles commis voyageurs! Ils sauraient que la France a créé
en tous temps d'assez beaux modèles en tous genres et assez variés,
pour n'avoir pas besoin d'aller chercher hors de chez elle quoi?
de lourdes imitations de ce qu'elle a fait autrefois et de ce qu'elle
dédaigne sottement. Nous avons encore assez d*habiles ouvriers
pour qu'on puisse faire ici, et à moins de frais, du Louis XVf non
dégénéré. Oui, Messieurs, s'ils vous avaient lus, ils sauraieni tout
cela, Jls commanderaient des meubles français à des ouvriers fran-
çais, et, s'ils fussent restés après.,, ce qu'ils étaient avant, du
moins ne le saurait-on pas, dans kur salon, avant qu'ils aient parlé î
ALLOCLTIO» DE U. LUCIEN MARGHËIX. il
K Si ce n'était là, Messieuràf qii*un fait isolé, si ce n'éUit qu'une
mode destinée à passer c^mm^ le» grands canons oti ]es vet\u*]g-*
dins, OD en prendrait son parti, H i) serait ridirnie de jeter pour
si peu le cri d'alurnie. AlaiB U n'en est pas ainsi ; parcoures Doi
ex]positions, feuilletez ces revues paradoxales oii une jeunesse vieil-
lote proclame la gloire de la décadente; tenez les yeux ouverte, si
vous le pouvez, devant tous les bariolages dont des Uotlicelli de
carrefour prétendent décorer nos murs; regarder ces estampes ou
des couleurs exaspérées hurlent en prétentieuses dissonances sur
des formes indistinctes — et pour cause — dans les compositions
ùh le préraphaélisme anjjlais, le réalisme japonais, la bizarrerie
chinoise et le dernier chic de Montmartre se combinent et se com-
battent, se repoussent et s'enlacent, se contournent et s'enclievé-
trent, àla^^randeadmirationd amateurs trop peu intelligents et de
dames trop intelleetnelles. Voyez partout ce débordement d'eso*
lisme et de mauvais goût, Tun suivant Tau Ire, et dites si ce ne sont
pas là les symptùmes d'un mal profond, contre lequel il fautré^^glr,
u Ce mal, on pourrait être tenté de l'attribuer, à première
lae^ à Taffluence et à TînEluence excessive des élrangeris. Mais
est-ce que la France a jamais cessé d'attirer chez elle des étran-
gers et d'en refaire sa chair et son sang en leur communiquant
son àme? Est-ce qu'elle n'a pas, a plusieurs reprises, emprunté
à l'Italie, à la Flandre, à F Espagne, à TAllema^jne et à l'Angle-
terre des formes d'art et des idées qu^etle a su s'approprier? Et
si aujourd'hui elle se sent menacée d'être al»sorbée au lieu d'ab*
sorber et de devenir allemande, anglaise ou américainef n'est-ce
pas tout simplement faute d'être assez française?
lï Voilà le mal, llessieurs, et vans le connaissez bien; vous
connaissez aussi le remède, c'est de ranimer le goût français»
C'est ce goût dont on a éloquemment, mais follement médit quel-
queloiSf formé à l'école des logiciens et des numanistes, nourris
des traditions et des exemples de la Grèce et de Home, éclairé au
seiiième siècle d*un sourire de Fltalie, ce goût, fait de tact, de
mesure, de clarté et de fermeté, c'est lui qui en accueillant, en
"appelant de partout ce qui convenait à notre nature, en écartant ce
^uî lui répugnait, à créé et défendu cette France intellectuelle qui
va encore maintenant, quoi qu'on t^n dise, au delà dos Vosges, au
delà da Rbin, au delà des Alpes et de l'Océan.
l4 SÉAMCE DU iS AVRIL,
a D'où venalt'il? De la Grèce et de Rome &uiant que de Gaule.
Où avait-il ptiisé ses (jtialltés? Dans le vieux fonds gaulois saDi
doute» mais aussi dans les lettres et les arts de Tanliquîté. Corn*
ment s'est-il entretenu? En remontant à plusieurs reprises à ses
origines et en se rattachant à son propre passé.
H Cest de la même façon qu'il peut reprendre une nouvelle
vigueur : en attendant une renaissance des humanités, qui se fera
le jour oïl on le voudra vraiment, c*est à vous, Messieurs, à tous
ceuK qui connaissent et aiment ThUtoire de lart, de travailler k
la résurrection du goût français — disons mieux en disant plus
court — du goût. En tirant de TombrCj en mettant sous tous les
jeux dans des oiui^ées, dans des livres, dans des conférences, les
œuvres où éclate ce goût et les hommes qui Tout porté le plus
haut, vous amènerez la France à se retrouver elle-même, à se
reprendre : elle n'est point si fardée ni si déGgurée qu'elle ne se
reconnaisse dans ces portraits qu'ont tracés d'elle, aux temps de sa
jeunesse et de sa gloire, ses poètes et ses peintres, ses architectes
et ses sculpteurs; elle rejettera avec dégoût les oripeaux qui Fen-
laidissent ; elle verra les rides qu'elle croit avoir s'effacer avec ses
tristesses d'emprunt, et elle s'apercevra avec un joyeux étonne-
ment qu'elle est encore belle, qu'elle est encore Jeune et qu'elle
n'a pas cessé d'être elle-même; car un peuple ne meurt que lors-
qu'il le veut bien et n'est vieux que lorsqu'il se l'imagine. Et sa
faiblesse, Messieurs, disparaîtra avec son erreur, et Tesperance lui
reviendra avec la force, et elle se remettra par la bouche de se^
orateurs, par la plume de ses poêles, par le ciseau de ses sculp-
teurs et par le pinceau de ses peintres, par tous les outils de tous
ses ouvriers^ à parler net et clair, à parler français au lieu de
radoter dans le volaptick de tous les pays.
ti Vous avez déjà travaillé, vous travaillerez encore, Messieurs^
h cette restauration du goût français, qui sera la restauration
même de la patrie- Vous y pouvez beaucoup ; vous ne pouvez pas
tout; il y a dans Tàme des peuples une force mystérieuse dont le
principal ressort ne dépend pas de la volonté consciente, une force
qui s'engourdit ou s'éveille, s*alanguit ou s'exaspère par des lois
qui nous échîippent : lorsque les efforts de ceux qui sont le cerveau
d'une nation coïncident avec les réveils de Ténergie populaire, alors
les obstacles s'abaissent , les fautes se réparent, les nuages se
s£A!tf€S DU 13 AVaiL, fi
dÉâsipenl, et, sous un cîet rasséréné, Tari peut i*épanouir et
chanter,
« En Tenant ici de toutes les parties de la France, en traversant
nos campagnes, vous avei vu sous la tiédeur d'avril di!«paraîlre les
dernières traces de rbiver : les bourgeons éclataient aui branches
de la forêt, la prairie s'émaillait de fleurs, h blé montait dans le
sillon, Taltiuette prenait T essor et lançait dans un rayon de soleil
son salut joyeux au printemps^ « Vous ^issistL^rez bientôt, mes-
sieurs, j*en ai la ferme espérance, à une Fête plus belle, au renou-
veau de la patrie et de Tart français, â Le sol a été Jabouré, en
dépit du mauvais temps; la moisson cjerme; Talouette, la vail-
lante alouette gauloise est là sur le bord du sillon ; à peine écbappée
de Torage, elle frémit encore; mais elle regarde le blé qtii pousse,
le soleil qui lui sourit : tout à Theure elle la s'élancer et remplir
le ciel de sa chanson, »
Lecture est ensuite donnée du procés-verbat de la séance pré^
cédente» qui eat adopté.
Li parole est donnée à M. Quârrê-Revboviibon (L.), corres-
pondant du Comité à Lille, pour la lecture de son mémoire sur les
Peintres Van OosC à Lille (dii-septiéme siècle). C'est aux archives
de sa région que l'auteur a puisé les documents inédits qu'il
apporte sur les Van Oost. Le tableau qui est le motif de ce mémoire
est placé par M. De baises dans son ouyroge le Nord monumental,
parmi les ex^voio dont il reste peu de spécimens dans les Flandres
françaises. M. Quarrê-Reybourbon donne de nombreui rensei^
gnements sur les peintres dont il s'occupe et termine par bi publi-
cation de pièces justificatives et d'une généalogie des Van t)ost.
U< Gauthier (Jules), membre non résidant du t]omitéâ Besançon,
lit sa notice sur le Mtisée Jean Gigoux à Besançon. Ce n'est qu'une
préface à Têtude que voudra fuire Tauteur après Tinstallation des
toiles et des dessins légués par le peintre Gigoui à sa ville natale.
Mais si brève qu'elle soit, cette note permet d'apprécier Timpor^
tance du Musée Gigoui et rintérèt que revêt cette riche collection «
M. Tabbé BauNE, correspondant du ministère â Ucaume-les-
less leurs (Jura), lit son élude Peintures et sculptures de V église
mnt'Antoine en Viennois. C'est une dissertation critique et bisto-
ique très fouillée sur k façade de l'église de Saint-Antoine elles
il SÉANCE DO 13 AVRIL.
peintures murales de cet édifice. M. Brune incline à vo'Wf non sans
raiaûn, la main de Le Moîtuner dans les sculptures de la façade.
Les raisons qu'il apporte à Tappul de son opinion sont de pretoier
ordre.
M. Victor Adviblle demande la parole sur la communication de
y, Tabbé Brune et fait coanaïtre le résultat de ses propres recherches
sur les travaux e:tècutés à Saint-Antoine en Viennois; mais ses
recherches ont été sur beaucoup de points infructueuses.
M. Tabbé Brune réplique que les archives notariales et les
archives diocésaines d'Avignon permettent encore d^espérer que
rhistotre des artistes qui ont travaiUé à Saint-Antoine s enrichira
de documents nouveaux,
La parole est donnée à M. de GaÂNG&s ue Subgères, correspondant
de la Société des antiquaires de France; à Nantes, sut la cathédrale
de Nantes. Documents inédits (1631), Il s'agit de parties impor-
tantes de r édifice que Ton savait avoir été construiles au dii-
septième siècle, mais dont les auteurs n'étaient pas connus. Des
pièces découvertes dans des minutiers de notaires ont permis à
U. de Granges de Surgères de nommer tes arcbitectes nantais qui
ont exécuté ces travaux.
L'ordre du jour appelle la lecture de M* Biais (Emile), corres-
pondant du Comité à Angouléme, sur les grands amateurs angou-
moisins du quinzième au dix-huitième siècle. Ce sont autant de
portraits de bibliophiles, de curieux , de coliectioDDeurs de la
Saintonge et de rAngoumois que M, Biais a su grouper en une
galerie restreinte, non sans avoir eu le soin d'indiquer ses sources,
ce qui ajoute à la valeur de son travail.
L*ordr6 du jour appelle la lecture de M. Bouilion-Landau,
correspondant du Comité à Marseille, sur le Musée de Marseille,
Son transfert au palais de Longchamp* L auteur est conser-
vateur honoraire du Musée dont il écrit Thistoire. Il est donc bien
informé, et les renseignements les plus circonstanciés abondent
sous sa plume à Toccasion de T installa lion brillante des collée*
tions d'art de ï^farseille dans le riche monument élevé par Espé-
randreu.
La section entend W* Lafoivd (Paul), correspondant du Comité à
Pau, sur François et Jacques Bunel, peintres de Henri IV . L'étude
de M. J^afond, 1res documentée, ne laisse rien dans Tombre de ce
SÉANCE DU 13 AVRIL. 25
qoî concerne les Banel. Les œuvres de ces maiires ayant disparu» il
est dooblement intéressant de les bien connaître dans leurs
personnes, dans leurs travaui. Des indications précises et nom-
breuses sont les plus sûrs jalons pour retrouver les peintures qui
eiisteraient encore à Tinsu de tous.
M. Maxe Werly (Léon)» membre non résidant du Comité i Bar-
le-Duc, donne lecture d*un travail intitulé VArt et les artistes dans
k Barrais. C'est une nomenclature précieuse d'artistes oubliés ou
de monuments disparus qui s*8Joute aux précédentes communi-
cations du même auteur et les complète. Les futurs historiens de
Tancien duché de Bar trouveront d'utiles indications dans ces réco-
lemenls dressés par un érudit à qui rien n'échappe du passé de sa
province.
H. Tabbé PorAe, membre non résidant du Comité à Boumain-
ville (Eure), est invité à lire son travail sur le Monogramme de
Masséot Ahaquesne. Deux vases de pharmacie dont le décor paraît
devoir être attribué à Ahaquesne portent un monogramme que
H. Porée estime devoir être celui du céramiste rouennais. Le jalon
posé par U. Porée servira sans doute de point de départ de recherches
décisives sur la question. Il est vraisemblable que Técrivain a
raison.
M. Tabbé Requin, membre non résidant du Comité à Avignon,
est invité à lire son mémoire sur le sculpteur Imhert Boachon.
C'est un maître du seizième siècle, originaire de Màcon, dont il
reste deux œuvres très remarquables à Avignon. M. Requin a
découvert un certain nombre de pièces inédites sur Boachon, qui
lai permettent de reconstituer la monographie de cet artiste de
haut mérite.
L'ordre du jour appelle la lecture de M. Vincent, membre de la
Société archéologique de Touraine, à Tours, sur une association
de maîtres joueurs d'instruments au dix-septième siècle. L'étude
de M. Vincent n*a que quelques lignes, mais elle ne laisse pas
d'être instructive et attachante. Les douze citoyens qui, par contrat,
se mettent en société pour jouer dans les fêtes publiques et privées
âe leur région, semblent avoir tout prévu relativement à la disci-
line de leur troupe. Il est regrettable qu'ils aient omis de joindre
leur acte de Société le répertoire des morceaux de musique qu'ils
'baient le dessein d'exécuter.
M SÉANCE DU 14 AVRIL.
Le mémoire de M. Momuéja (Jules), membre non résidant du
Comité k MontauboQ, sttr ta salle des actes de la faculté de théo^
lotjie protestante de Montauban^ est une étude critique très docu-
mentée et inédite dans toutes ses parties. La décoration dont
s^occupe M. Momméjà est de plusieurs époques. C*est donc à tort
qu'une tradition populaire attribue à Ingres père un travail auquel
cet artiste n'a d'aill(!urs pris aucune part. M. Momméja nomme les
décorateurs du dii-septième et du dix-huitième siècle qui ont
exécuté les sculptures de Mon tau ban.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures
et demie.
Demain jeudi, & une heure et demie, suite des communications
iDus la présidence de M, Gustave Sbrvois, directeur des Archives,
membre du Comités
Séance du jeudi 14 avril.
- PRËS[DE\C£ OË U. GUSTAVE SERVOIS.
La séance est ouverte à deux heures, sous la présidence de
M* Gustave Servois, directeur des Archives, membre du Comité,
assisté de M.\L Chûst, chef du bureau de TEnseignement et des
Manufactures nationales, et Henry JouiN, secrétaire rapporteur.
Outre les délégut-s, assistaient à la séance : MM. Tourneux,
homme de lettres, membre du Comité; Chatel, ancien archiviste du
Calvados; Colabd, archiviste de Seine-et-Oise.
M. le président imite M. Jules Gauthier, membre non résidant
du Comilt', à prendre place au fauteuil de la vice-présidence et
prononce Talloeution suivante :
i< Messieurs,
4i Appelé à rhonneur de présider la troisième séance de votre
congrès, et invité, suivant Tusage, à l'ouvrir par une brève allocu-
tion, je céderai à une ioclination toute naturelle, commune du
moins à bien des gens^ si je vous parle de choses de mon métier.
C'est d'ailleurs vers des choses d'archives que me conduit tout
i
r
ALLOCtlTlON DE U. CtSTâVE SEBVOU. fl
d'abord un souvenir éveillé en moi pôr vos iutèreâsantee lecturet,
etqu'M ne me parait pas ians a-propos de rappeler ici.
i Au temps élorgné où me reporte ce iM}ui/enir, vers 1S65, le
Comité des travaux historlcjUGs ne recevait encore, parmi les com-
munications de ses correspondants, qu'un très petit nombre de
dt^uments relatifs à lart et aux artistes. Il le regrettait, mais il ne
l'en montrait pas surpris. •» Les documents de ce genre, écrivait
Tun de ses membres^ sont extrêmement rares dans les dépôts d'ar-
chives. 1) A ce jugement quelque peu téméraire, on pourrait
opposer, j'allais d'rre triompbalement, les très nombreux et 1res
méritoires travaux que vous airex su tirer de doctimenls ori'pnaux,
c^nsenés dans les archives. \e craignez pas que j'en lentp réou-
mération. La lisle de leurs titres ressemblerait de trop prrs à cette
iable des matières, contenues dans vos mémoires, dont M. le
«énateur llillaud vous annonçait la prochainR publication, ou
encore, ce qui reviendrait an même, à celle des rapports généraui,
toujours si exacts et si complets, sans parler de leurs autres mérites^
que TOUS applaudissez très justement chaque année. Il faudrait,
de plus, qu'elle reproduisît presque entièrement les tables des
revues dont vous êtes les collaborateurs et la bibliograpbie des
ouvrages dont vous êtes les auteurs.
« Du moins de vos mémoires, de vos revues, de toutes vos
œuvres, et aussi de renseignements recueillis çk et là, et le plus
souvent auprès de vous, aurais-je voulu, par goût professionnel,
eilruire le sujet d'une dissertation sur ceux de nos fonds d*arcbivflB
qui vous ont oGTert jusqu'ici, et qui vous oiFrirout longtemps
encore, de précieuses ressources pour écrire l'histoire de l'art
français. Une conférence de ce genre eût été, j*en conviens, d'une
utiliLé contestable devant des explorateurs d'ardiiies aussi habiles
que vous Fêtes, beaucoup plus expérimentés assurément que je
ne le puis être moi-même, n'étant guère qu'un témoin des travaux
d'autruî. Le projet néanmoins était séduisant, la matière pouvant
d'aîllears se traiter à peu de frais. Mais le programme que je
m'étais tracé coniplaisamment s'est évanoui dés que j'ai commencé
^. feuilleter les volumes des procès-verhaux de vos sessions, ainsi
|ue l'ont fait successivement tous vos présidents, jUmagine, avant
'écrire leur premier discours, ainsi que le Gt au moins mon
"sgretlé maître et ami AI. de Roziêre, lorsqu'il dut présider une
■r^
38 SEANCE OU 14 AVRIL.
séancfi du congrès de 1890, « J'ai voulu, disait-it en vous contant
K Tembîirras où Pavait jeté Tobli^jation de choisir un sujet de
tt harangue, j'ai voulu m'inspirer des modèles offerts par mes
ft éDiînents prédécesseurs. J'ai relu leurs discours et me suis
tt pénétré de leurs conseils, f/est ce qui m*a sauvé. ^ Pour moi.
Messieurs, la même curiosilc, la même recherche de modî^le^ a
suivre m'a perdu, je veux dire m'a Tait perdre la conférence quelque
peu doctrinale que Je méditais de vous faire ex cathedra. Après
avoir lu de nouveau les excellents et très éloquents discours ou
M. de Kozière lui-mêiue, MM, de Montaigloo, Guiffrey, Havard,
Nuitter, d'autres encore, s'étaient faits vos guides à travers nos
collections, j'ai du renoncer, en effet , à rallocutioii projetée. Je
la remplacerai, avec votre permission, par une modeste causerie,
non pas sur un sujet qui puisse vous paraître neuf, mais tout au
contraire sur une question très souvent traitée, et qui Va. été ici
môme dans plusieurs discours que lotts n'avez, pas oubliés. En
raison du temps écoulé et des changements survenus, je voudrais
ajouter â ces discours un simple post-scriptum*
Ci S*il est une question peu nouvelle, c'est bien, n'est-ce pas?
celle des archives du notariat, qui, réapparaissait avant-hier au
congrès de la Sorbonne, sous les auspices du Comité des travaux
historiques. £t cependant j'y reviens encore, au risque de vous
fatiguer de redites. 11 y a des causes qu'il ne faut pas s*e^ poser à
perdre par prescription et qu'il convient de recommander avec
persévérance à Tattention de qui de droit* Maintenons donc celle-
ci, toute vieille qu*elle soit^ â l'ordre du jour de nos réunions, et
à celui de votre congrès aussi bien que de tout autre. Elle vous
touche particulièrement, car les actes notariés constituent une
mine inépuisable de renseignements sur la vie et les œuvres de
vos artistes : les témoignoges en abondent également dans vos écrits
et dans les procès- verbaux de vos réunions. » Les archives du
a notariat renferment, au point de vue historique, des trésors
tL inappréciables; c'est un monde à explorer », disait, en 1884,
mou confrère et collègue M. GuiGTrey, qui, en souvenir de fouilles
heureuses^ avait le premier introduit auprès de vous cette ques-
tion des archives notariales, devenue aujourd'hui presque fameuse
à force d'être débattue. C*est sur Tinvitation du ministre de Tin-
Btruction publique et des Beaux-ilrts que, deux ans plus tardj
r
ALLOCUTION DE y. GUSTAVE SERVOIS. ff
M* Hasard la ramenait devant vouis, sians nnlTe pensée de polé<^
mique, avec le désir de signaler une fois de plus à votre curiosité
des collections trop peu connues d'actes précieiii.
Et Enfin, après un silence de quatre ans, M. de Roiîèrê reprenait
la même question, et, dans un dfscuurs plein de raison, il la traitait
en érudit, en jurisconsulte, avec Tautorité qui s'attachait à son tUre
de président ou de futur président de la commission spéciale qui
devait présenter au ^jarde des sceaux un projet de loi ou de régle-
mentation sur la conservation^ et peut-être la coDceutration^ des
minutes notariales. Cetfe commission, objet d*espérances dont
M, de Roziëre vous faisait les canGdents, n*a jamais siê^^jè, ayant
cessé de vivre le lendemain ou le surlendemain de sa naissance.
Bien qu'il n'y ait plus lieu de compter à bref délai sur une lot, ni
même sur une réglementation devant laquelle s'élèvent des diffi-
cultés plus ou moins insurmontables, j'estime que la question des
minutes et des protocoles Dotariaui n'est pas de celles qui sont
demeurées et demeurent dans un immobile statu quo^ iVous
sommes encore loin, si elle doit jamais intervenir, d'une solution
pleinement satisfaisante pour tous; mais, à mon sentiment, les
temps sont bien changés depuis le jour où un jeune avocat de la ville
de Thiers, qui devait, quelques années plus tard, devenir Tarchî-
Tîste de la Seine, dénonçait les dangers que couraient beaucoup
d anciens fonds de notaires, antérieurs à la Révolution : nous ne
parlons, bien entendui que de ceux-lù.
A C'est en 1861 que doivent se placer, je crois, les origines
d'une querelle toujours courtoise, mais sans cesse renaissante,
ehgines qui ne sont guère connues, que des plus vieux membres
du Comité des travaux bistoriqueSt dont je suis. Tout ravi de
la rencontre qu'il avait faite, dans un miputier de son pays,
it docnments intéressants sur un artiste ignoré, M. Sainf-Joanny
saisissait successivement de ta cause dont il s'était fait l'apùtre,
qu'il soutenait avec tin zèle mêlé d*un peu de candeur, le Comité
des travaux historiques, les Sociétés savantes, les conseils généraux
et les ministres. Dans le premier de sps mémoires, imprimé à
Tfaiers, il suppliait le Comité des trairaux historiques de demander
1 d obtenir le versement de toutes les archives des nota ires dans
^es propres archives^ k Paris, au ministère même. Les archives du
lomité eussent été trans Formées eu un dépôt spécial, aussi vaste
«Ô SÉANCE DU 14 AVRIL.
que celui de T hôtel Soiihise, lieauconp plus vante même, si j'en
crois Tun des honorables orateurs qui ont pris part à la discusaion
de la Sorbonne : neuf cents salles , disait-il, suffiraient à peïna
pour contenir les archives notariales de France. N en fallùt-il que
le quart, la concentration proposée par M. Safnt-Joanny n'eu eût
pas moins été une ima«{tnation bien singulière. II ne tarda pas à
le comprendre lui-même, et, sa résignant aux concessions, il
annonça qu'il m contenterait de voir cenlralisee à Paris la portion
a historique ^ des archives notariales : il voulait bien laisser le reste
à la province. C'eût été reasusciter très malencontrensement les
bureaux de triage institués ou décrétés pendant la Hévolution; mais
le respect des fonds était alors le moindre des soucis de \L Saint-
Joanny. Heureusement il n'avait pas encore charge d'archives.
« Tel n*était pas, il est superflu de le faire remarquer, le pro-
gramme de M. de Roziére. Pour lui, la meilleure et la plus sûre
des concentrations était celle dont bénéOcteraienl les archives
départementales dans les conditions, prudemment déterminées, où
elle s'était déjà opérée sur divers points, et où elle s'opère encore
peu à peu : je pourrais citer des villes importantes dont les études
n'ont rien conservé de leurs archives d'ancien régime.
S'il pouvait jamais arriver que la solution préconisée par M. de
Rozîère obtint l'assentiment universel, les emplacements, il faut
en convenir, deviendraient bientôt insuffisants rk et là; mais n'ou-
blions pas que les conseils généraux ont souvent réclamé les
mesures de protection que, de leur cOié, souhaitent les érudils, et
ne mettons pas en doute qu'ils cesseraient de s'en tenir à des vœux
purement platoniques, le jour où ils en seraient sollicités. Aussi,
me laissant aller à des espérances que l'on jugera sans doute bîeti
optimistes Je prévois, à Une date plus ou moins prochaine, l 'instal-
lation, en divers départements, soit d'un dépôt unique d'anciennes
archives notariales, soit de plusieurt petits dépôts, tels qu'on
souhaitait en 1789 qu'il s'en établît dans les sénéchaussées da
Péngord : ce dépôt unique ou ces moindres dépôts se consli-^
tueraient avec le concours dns asseniblées départementales et des
chambres de notaires, sous la garde et sous llnspeclîon de per^
sonnes choisies ou agréées par des collèges noiariaux.
K Qui pourrait affirmer qu'à une grande œuvre de préservation
ne viendraient point s'associer, par des contributions volontaires.
ALLOCtlTIO]^ DE U. GUST,^\f^ SEBVOIS. If
ceox qui pensent que rbistoire mtîme de nos grands artistes, de
tous no5 grands hommes ou même de nos propres familles, si
modestes qu'elUs aient pu èlre, mérite bien quelques sacrifices?
]V'ai-je pas appris, ces jours derniers, qu'un ami des études Itislo*
riquesotfrlra sous peu aux nnlaires de sa contrée, en faveur de leurs
vieilles minutes et de leurs vieux registres, un bâtiment construit
ou aménagé à ses frais, dont ils pourront jouir nvec Tindèpen^
dâttce et les garanties désirables, comme jadis les notaires et
tabellions de rancien régime usaient, en quelques pays, des
B chambres du gros », des u chambres des contrats t^ , des » bu-
reaux de tabellionage ti ? Jusqu'au succès de ce libéral projet,
je devrai taire le nom de celui qui l'a formé. Si plus tard vous êtes
appelés à le connaître, vous ne scre^ {»as surpris de le voir attaché
à une tentative que lé goût de l'histoire et le patriotisme ont
inspirée.
K En attendant de meilleures destinées pour tous les fonds no-
tariaux sans exception, il f^emble permis de croire, en dépit de
certaines révélations apportées mardi à la Sorbonne, que les
lamentables descriptions dont nous nous étions émus jadis ont
presque partout cessé d'être exactes, et que le plus souvent la
vigilance des intéressés a conjuré tout péril, dés qu'elle a été
mise en éveiL Je veux tenir pour certain que désormais on ne
laissera plus échapper des études le moindre des actes relatifs à
Vun des artistes ou des artisans dont vous vous êtes constitués les
biographes^ non plus qu'aucun testament de reine de France, non
plus m^me qu'aucune donation faite par le plus humble des
f^a^jnenleniers.
9- Ce n'est pas assez que nous prenions confiance en la durée
illimitée des minutiers qui subsistent en totalité ou partiellement;
ce B'est pas assez que la courtoisie de leurs possesseurs tes rende
plus accessibles de jour en jour au :i érudits qui sont dignes decon*
fiance. Nos vœux sont encore que ces minutiers soient tous classés
et répertoriés, comme le sont ou le seront tous les fonds qui con-
tiennent une partie, ne fût-ce quedes parcelles de notre histoire.
• Sur ce dernier point, j'aimerais a vous citer un certain nombre
le faits heureux, qui m'apparaissent comme des signes de temps
auveau.^. Mais il faut se bâter. Pour Paris, je me borne à vous
appeler l'impression partielle, duc à M. Coyecque et consentie^
I
3a ' SEAXCE DU U AVfllL,
fOii3 le pensez bien, par le notaire intéressé, d'nnalyse^ tirées d'un
minutier^ nouvellemetit classé, du seizième siècle. Ces analyses^
que plusieurs d'entre ¥oub ont déjà utilisées, se coutinueut, et
peut-être seront-elles intégralement publiées dans Tune des collec-
tions historiques du conseil municipal*
u Je passe aux indices favorables qui se produisent en province.
Un ancien administrateur, plein de zèle pour Térudition, complé-
tait récemment Tun de ces états sommaires qu'ont dressés pour
elles-mêmes diverses chambres denotaireSj et qui donnent la liste
des titulaires successifs de chaque office, avec les dates extrêmes
des actes; puis ilTinsérait dans \e Bulletin delà Société savante de
rarrondissement, qui est celui de S&mur en Ausois. Je ne veux pas
surfaire Timportance, assurément fart modeste, de cette réimpres-
sion de quelques pages. Eu reproduisant au profit de tous une liste
précédemment destinée à quelques-uns et dont Tédition est d*ail-
leurs épuisée, M. de Saint-Genis a simplement montré la voie ou
d'autres pourront s'engager^ dans les pays dont les archives nota-
riales n'ont pas encore été Tobjet d*uû récolement. La réimpression
que je signale^ du reste, n*est que le prologue de travaux de
dépouillement el d'analyses que M. de Saint-Genis aurait Tambi-
tiou de diriger k travers les minutes de son arrondissement, si ses
collègues de la Société savante dont il fait partie avaient le loîsir
de lui prêter a&sistance. Réussira-t-il à les entraîner à sa suite dans
sa laborieuse et délicate exploration? A^oua le saurons plus tard*
^ C'est un métier que de faire un livre )« , a dit La Bruyère,
C'en est un autre de rédiger Tinventaire d'actes de cette sorte, et
on métier qui exige beaucoup de discernement, et de plus Texpè-
rîence, les yeux^ la patience d'un paléographe, La tâche devrait
cependant, en province comme il arrive chaque jour à Paris, tenter
des travailleurs d'esprit éclairé. C'est ainsi qu'on aimerait à savoir
qu*il est quelque part un canton favorisé, où quelque notaire de
bon vouloir et de hou exemple consacre ses heures de liberté
â explorer les minutes de sa contrée et à préparer un' choix d'ana^
lyses et de citations qui puisse venir en aide aux études histo-
riques, sociales ou économiques, ainsi qu'à vos études biogra-
phiques sur les artistes qui vous sont cbers.
à Mais une seconde fois se présente à moi la tentation de me
montrer peu discret, et une seconde fois je n'y résiste qu'à moitié*
SiAMCE DU 14 AVRIL. 38
« Ce notaire qae j^appellc de mes vœux, que je souhaite de
rencontrer pour le proposer comme modèle, il serait déjà trouvé,
si je m*en rapportais à Ton de nos correspondants, que je regrette
de ne pas voir parmi vous : présent, il nous eut donné les éclair-
cissements qui me manquent encore sur le projet qu'il me fait
connaître. Je vous désignerais par son nom le notaire érudit dont
il s'agit, archiviste volontaire du notariat, s'il ne restait encore
quelque chose d'un peu vague dans la correspondance échangée au
sujet de son offre de concours, et s*il n'était prématuré, d'autre
part, de citer, même entre nous, le canton où les vieilles archives
du notariat semblent devoir s* ouvrir avec une très louable libéra-
lité. Puisse le catalogue que Ton nous annonce ne pas se faire
attendre longtemps! Il pourrait devenir, dans notre vaste collec-
tion d'inventaires départementaux, le premier volume d'une série
nouvelle, formée des fonds conservés dans les études, et prenant
place, avec l'assentiment des conseils généraux et des notaires, à
côté de la série où sont fictivement réunies les archives rurales.
a Mais n'est-ce pas. Messieurs, vous arrêter trop longtemps
sur une question d'archives? Il est temps de revenir aux questions
d'art dont vous entretenait si éloquçmmeut votre président d'hier.
Vous avez la parole, Messieurs, et nul de vos auditeurs, au cours de
cette séance, ne sera plus attentif à vos dissertations et à vos ensei-
gnements que votre président d'aujourd'hui, d
La parole est donnée à M. Gauthibr (Jules), membre non rési-
dant du Comité, à Besançon, sur Conrad Meyt et les sculpteurs
de Brou en Franche-Comté. L'exode des maîtres de Brou en
Franche-Comté, les vicissitudes qu'ils endurèrent dans celte ré-
gion, sont tracés avec une grande sûreté par M. Gauthier. A celte
partie historique se joint une partie critique dans laquelle M. Gau-
thier décrit les sculptures du temps qu'il attribue à Conrad Meyt,
à ses compagnons ou à ses successeurs immédiats. Le mémoire de
M. Gauthier est un excellent chapitre de Thistoire de la sculpture
dans l'est de la France.
L'ordre du jour appelle la communication de M. Briqlehave
Charles), membre non résidant du Comité, à Bordeaux, sur les
^cintres de l'hôtel de ville de Bordeaux, professeurs de V École
icadémique. Ce titre général embrasse un ensemble de faits que
3
34 SÉANCE DU 14 AVRIL.
Tauteur ne pouvait aborder en un seul mémoire ; aussi M. Rra-
quehaye nVt-il présenté dans son étude, lue en 1898, que le
peintre Le Blond de Latour, portraitiste, décorateur et professeur.
La monographie de cet artiste provincial a été composée avec un
très grand soin par son auteur.
La section entend M. Thoison (Eugène), membre de k Société
historique du Gàtioaîs, à Larcliant. Son mémoire, intitulé : Céra-
mique et verrerie (seizième siècle), a pour objet une découverte
d*instruments de musi([ue en verre et en terre cuite. La commune
de Larchant, où a eu lieu cette découverte, paraît avoir été, à la
fin du seizième siècle, un lentre de fabrication d'instruments en
terre. Les preuves fournies par M. Thoison semblent péremp-
toiree.
Au cours de sa lecture, M. Thoison fait circuler des trompettes
de terre du seizième siècle entre les mains des assistants, et plus
d'un des membres présents tire de ces instrumenta primitifs des
sonH d'une harmonie sévère qui laissent regretter qu'une répétition
préalable n'ait pas permis de préparer un concert qui eût apporté
sa note joyeuse à la session de 1898.
AL Deligni^res demande la parole sur la communication de
KL Thoison, qu'il remercie d'avoir cité M. Viguier, amateur
abbevillois, 11 ajoute qu'en Picardie on use encore, dans les
champs, de cornets qui se rapprochent des instruments décrits par
M. Thoison.
M. DE Ghanpmaison (Charles), membre non résidant du Comité,
à Tours, dans son étude sur les Tapisseries de Montpezat^ résout
un problème qui avait embarrassé plus d*un historien. M éclaircH
le miracle dit des u Bonets » de saint Martin, a Bonets n signifie
bas de manche. Lne pièce de la tenture de Montpezat reproduit ce
miracle. M. de Grandmaîson a donc fait une incursion dans l'his-
toire proprement dite à propos d'une tapisserie.
L'ordre du jour appelle la communication de M. de Lovgueuade
(Paul), président de la Société des antiquaires de Normandie à
Caen, sur les Sphinx de Paviily. Ces sphinx sont des sculptures
du dix-septième siècle que, dans la région normande, on attribue
volontiers à Puget. L'étude de M. de Longuemare orientera 3an&
doute les chercheurs vers le document décisif qui liendrait con*
firmer cette attribution.
SEANCE OU ti AVatt, 1(
U Section eatend ensuite M. de GflAi^'DifAlsON (Louis), corres-
pondant dti Comité, à Tours ^ sur la Tombe de Lancelot du Fau,
fWi^ufd^€/ii/f<iff(15'2^)> C'est un joaillier qui obtient la commande
de ce Lambeau, mais le m&rché porte qu'il ^era exécuté en cuivre
el richement orné. Un orfèvre connu dans TEcole tourangelle du
seizième siècle se porte garant du joaiflier. La présence de ce maître
an le notaire qui ri^di^^e le contrat porte \I* de Grandmaison à
croire que le tombeau ile Laurclot du Fau dut être Tœuvre de
TorfËire. Le raisonnement doit être juste.
M Tabbé BossEBOËtJP(L.),correiipondant du Comité, à Tours, est
m\{é à liie sa brtHe notice sur Un maiire de l'œuvre du Mont
kini'Miehel au dix-septième siècle. Le point de départ de cette
élsde est nne pierre tumulaire conservée dans Tancienne abbaye
du mont. L'inscription funéraire porte le nom d*un architecte. A
»Ue inscription révélalrice M. Bossebœuf ajoute des indications
fournies par des pièces d'archives, et ainsi se trouve ébauché le
pfofil d'un maître hier encore inconnu.
U Section entend la lecture de M. GABEâu (Alfred), membre de
la Société archéolo^'jique de Ton raine, à Tours, sur le Mobilier du
àâteau de Chanteloup. La partie intéressante de cette étude est
die qui â trait îiux peintures dn château, entrées en majeure
partie à Pépoque de la Révolution dans le Musée de Tours. Les
hUtoriens de ce musée puiseront dans le travail de M. Gabeau plus
d'an renseigne meut utile sur Télat ciiîl de certains tableaux.
U parole est donnée à M. Gucatix (Robert), membre de la
Société des antiquaires de Picardie, à Amiens, sur des Tableaux
offeru è ta confrérie de Noire-Dame du Puy, à Amiens. Deux
peJQtures occupent M. Guerlin. telles sani e^jalement curieuses.
htm C4irflctère est avant tout iconique. Ce sont ies portraits qu'elles
r^QferoieQt qui constituent leur intérêt. Exécutées à Amiens, ces
peintures sont F indice d'un foyer d'art en Picardie au seizième
siècle,
M, Lex (Léonce), correspondant du Comité, à MAcon, lit sa notice
sur C.-F, Moreauj êvéque de Màcon (1703-1790), protecteur de
Ormze et (k Prud'hon. C'est surtout Prud'bon qui est redevable à
3féque de Mûc4}n d'avoir été envoyé à l'École de Dijon alors qu'il
^taiÈ encore qu'adolescent. Le haut talent de Prud'hon rend atta-
ante la mémoire de son premier protecteur, qui fut en même
l
M SEANCE DU Ib AVBIL.
temps un amateur éclairé et rinitiateur de T Ecole de dessin de
UàcOD.
M. VËCrCLlîtf (V.-E.), correspondant du Comité, à MesniUsur-
TËstrèes (Eure), est invité à lire ses trois mémoires :
1" Les origines du Musée de Bernay ;
2* UÂrt campanaire et V ornementation des docfàes au dix*
sepiième siècle;
3* L^Art dramatique à Lisieux pendant la Révolution.
Le cadre de ces études est circonscrit dans la région normande.
Les difficultés éprouvées par les fondateurs du AI usée de Bernay
seront un enseignement pour les hommes d'initiative que tentera
la création d'une collection municipale. Dans ses recherches sur
rornementatiot) des cloches, M. Veuclîn donne d'intéressants dé-
tails sur des fondeurs normands. Le théâtre à Lisieui pendant la
Révolution renferme des indications précieuses sur les mœurs et
[es goûts de la province à Tépoque de commotion sociale dans
laquelle Tauteur a circonscrit son travail.
L'ordre du jour appelle la lecture de AL LA&Ai^nE, correspond
dant du Comité, à Avignon , sur Un miniaturiste avignonnais^
Cet enlumineur de réel mérite ^ dont M. Labande fait passer de
nombreuses compositions sous les yeux des délégués, est Tocca-
sîon pour Técrivain de mettre en lumière une suite de maîtres du
Comtat i]ui n'étaient qu'imparfaitement connus.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à cinq heures.
Demain vendredi, séance à deu^ heures, sous la présidence de
M. Maurice Tourbeux, homme de lettres, membre du Comité;
Suite et Gd des communications et lectures.
A la même séance, lecture du rapport général sur les travaux de
la Section par M. Henry Joum, secrétaire rapporteur du Comité.
Séance du vendredi 1 5 avril.
Pbb3id£pîge oe m. MAuaiCE Tourbeux,
La séance est ouverte à deux heures, sous la présidence de
If. Ifaurice TooaitfEuXp homme de lettres, membre du Comité,
assisté de AL L. CaosT, chef du bureau de rEnseignement et des
âLLOCCTiOlV DE M. UAUIIGB TOtia^VEUX. 37
Manufactures nationales, secrétaire du Comité, ef de M. Henry
JoiiiB., secrétaire rapporteur ,
Outre leâ déléguéfl, assistaient à la séance :
M, Maiîmilien Boïjrgeois, statuaire, et divers représentants def
Sociétés savantes se rattachant aux autres sections.
M. le président invite M. Herllison, correspondant du Comité,
à prendre place au fauteuil de la vice-préiîdence et prononce l'allo*
cul ion suivante :
« Messieurs,
9. C'est à un biblio<[raphe qu'est échu Thonneur, assurément
très inattendu, de présider la quatrième séance de votre congrès;
et, bien qu'en prenant possession du siège ma surpriiie soit compa-
rable à celte qu'éprouva, dit-on, le doge de Gènes dans la grande
galerie de Versailles, je me crois néanmoins fondé à me dire votra
confrère, puisque je sers de mon mieux, dans mes moments de
loîaîr, une cause qui nous est chère à tous : celle de l'bfstoire de
notre art national. Toutefois comme, suivant un vieil adajfje, il
souvient toujours à Rohïn de sesOûtes, c*est encore le bibliographe
qai voudrait vous soumettre une idée dont il ne saurait assumer la
paternité, mais dont il serait très fier de pouvoir se dire un jour le
parrain.
» Le temps n'est plus» Messieurs, et ne reviendra probablement
jamais ou un secrétaire perpétuel de TAcadémie française pouvait,
au début d'une notice sur La Bruyère, écrire avec dt's in voiture :
« On ne sait rien de sa famille, et cela est fort indifférent* n Si
M. Suard revenait au monde, il serait fort surpria de voir que noua
avons changé tout cela, et que la généalogie d'un grand écrivain ou
d'un grand artiste ne nous semble nullement négligeable. Que de
fois une date ou une alliance a expliqué un fait jusqu'alors obscur!
i< 11 vous faut donc des documents, il vous en faut beaucoup, il
vous en fant d'authentiques, et vous n'épargnez aucune peine pour
nous apporter chaque année une gerbe plus épaisse t^t mieusi triée
de monographies, où vous vous efforcez de ne rien omettre de ce
qui peu t les re ndre plus prèci ses . Ces docu m en ts , vous tes deman dez
à vos archives locales ou départementales, aux minu tiers des
notaires, à vos papiers de famille, à des livres peu consultés, par-
38 SÉANCE DU 13 AVRIL.
fois à des traditions orales; mais il est on vaste, un immense
répertoire dont vous vous servez fort peu, je crois, parce que, dans
son état actuel, il est à peu près impossible de s*en servir.
tt Vous connaissez tous. Messieurs, la formidable série des inven-
taires des archives départementales dont l'impression, commencée
en 1860 par ordre du ministre de Tlntérieur, n'est pas encore
achevée. Je sais tons les reproches que les spécialistes ont adressés
à cette volumineuse et encombrante collection ; je sais qu'au débuts
du moins, la préoccupation bizarre de donner à chaque fascicole
des proportions à peu près égales y avait fait introduire des énu-
mérations oiseuses, et que par contre, pour obéir aussi aux circu-
laires ministérielles, rédigées, comme le disent MU. Langlois et
Stein, par des bureaucrates incompétents, on s'était borné à ne
donner que les dates extrêmes de chaque article, laissant ainsi le
chercheur indécis sur ce qu'il avait chance d'y rencontrer; mais
je sais aussi que lorsqu'on a le courage de dépouiller, la plume
à la main, quelques-uns de ces fascicules, on a grande chance de
n*avoir point perdu son temps; c'est ainsi que Tun des érudîts
dont je viens de vous citer le nom, M. Henri Stein, a pu, il y a
dix ans^, présenter à Tun de vos congrès le résultat de ses recherches
dans les archives de l'Isère et apporter un notable complément aui
patientes investigations de M. Edmond Maignien sur les artistes
grenoblois. Mais M. Maignien, comme M. Stein, n'avait en vue
qu'une seule province, sinon même qu'une seule ville, et le but
de la publication que nous sommes quelques-uns à rêver serait de
mettre à la disposition de tous ce qui, jusqu'à présent, n'a pu favo^
riser que des travaux entrepris sur place.
tt Vous n'ignorez pas. Messieurs, combien nos vieux maîtres,
peintres, sculpteurs, architectes, ont été nomades. Lorsqu'on par-*
vient à reconstituer la série des pérégrinations de l'un d'entre eux,
on reste stupéfait des distances qu'ils ont parcourues si l'on songe
aux difficultés multiples que présentaient alors de pareils voyages^
et, sans vouloir pousser l'affirmation jusqu'au paradoxe, on peul
alléguer que ceux qui ont travaillé sur place sont assurément en
très petit nombre. Le nom de Martin Claustre, originaire del'Isère^
s'est retrouvé à plusieurs reprises sur les bords de la Loire. Le
véritable lieu de naissance du mystérieux Jacques d'Angouléme est
encore un problème dont ni la Champagne, qui serait, disait-on, eti
I
droU de le réclamer comme un de les fiU, ni la Saintonqe n*0nt
trouvé la saluUoQ. Woh venait et où alla mourir ce » mnltreiean i«,
qii* Albert Durer, dans le journal de son voyage au i Pays-Bas (1531),
qualifie de (^ sculpteur français v ^ tout en le disant oriffiuaire de
Mets, et c}ijHI paraît avoir tenu en haute estime, puisqu'il dessina
son portrait et qu'il lui offrit son œuvre ;[{ravé? Au fond de quelle
province dUtalie se fiia ce Nicolas Pinson, de Valence (Drôme}»
qu'il ne fuut pas confondre avec le peintre brugeois pinson ou Fin-
soniu5« dont M, de Chennevières a jadis retrouvé la trace ot les
tableatix dans les vieilles églises d'.Aîi en Provence?
A Si je cite ces exemples aunqueU on pourrait assurément en
ajouter beaucoup d'antres, c'est parce que Tobscurilè qui plane
encore sur tant de noms célèbres ou dignes de le devenir serait
peut-^tre dissipée en recourant aux ressources que nous otfrent les
inventaires imprimés des archives départementales.
tt Comment donc en tirer parti?
K Sans douïe un érudit qui constate à Aix — je formule, j'ai à
peîoe besoin de le dire, une supposition tout à fait gratuite — la
présence d*un peintre ou d'un sculpteur né à Dunkerquc, ou rire
versa, est toujours en mesure d'écrire à l'archiviste du départe-
ment pour lui dcmattder copie d'un acte dont il a constaté la pré-
sence dans son dépôt; mais, quelle que soit la proverbiale oblr-
geancede MXI. les archivistes, il en est bien dans le nombre qui
peuvent ne pas être tentés de donner satisfaction à Timpétrant, et
Térudït qui ne peut traverser la France pour aller vérifier une date
ou un nom propre, court grand risque de ne recevoir qu'une
vague réponse et parfois même, si Ton en croyait de méchantes
langues, pas de réponse du tout,
« Eh bien, Messieurs, s*il existait un répertoire méthodique de
ces actes tantôt soi <|neu»ement analysés, tantôt reproduits, lorsqu'il
y a lieu, in extenso^ ne croyez- vous pas qu'il s'ensuivrait des décou-
vertes piquantes et une réelle économie de temps? Et pour atteindre
ce résultat, que faudrait-il? D'abord procéder k un relevé sur
ficbes dans chaque dépôt de toutes les pièces intéressant, à un titre
quelconque, l'histoire de Part. Une commission, autant que pos-
sible peu nombreuse, réunie par les soins de la direction des
Beaux-Arts, eiamîneraît, sur le vu du résumé fourni par les archi-
viatcs» celles de ces pièces qu'il y aurait lieu de transcrire et de
40 SÉANCE DU 15 AVIIL.
publier 'mtégralement. Dans rarfirmative, une indemiiité pécu-
niaire serait allouée à Tarchiviste qui transcrirait de sa main ou
ferait copier, sous ga direction et sa responsabilité, les pièces ainsi
admises, et lorsque tout un fonds auraU été inventoiié et qu'il aurait
donné un résultat plus ou moins copieur, on imprimerait en nu
ou plusieurs fascicules Tensemble des documents fournis par
cbaqiie dépôt,
(4 Entreprise simultanément et poursuivie avec patience , cette
enquête apporterait certainement à vos études une contribution
dont il est impossible de prévoir Timportance, mais qui ne laisse-
rait pas que d'être considérable. 11 ne faudrait pas attendre d'ail-
leurs qu'elle fut terminée sur tous les points du territoire pour
mettre le public auquel elle s'adresse en mesure d'en goûter les
fruits, et si, par exemple, le fascicule de T Yonne était prôt avant
celui de l'Ain, it n'y aurait pas lieu de tenir compte de Tordre
alphabétique, et il faudrait imprimer ians retard*
d Rien n'est si facile, écrivait Diderot dans un fragment destiné
i^à passer sous les yeux de Catherine El, rien n'est si facile que d'or-
adonner un grand empire, la tête sur son oreiller, v Rien ne va non
plus si vite que notre pensée lorsqu'elle n'a à compter ni avec les
obstacles, ni avec les critiques. Cependant notre rêve — comme tous
les rêves — est exposé à se heurter à de dures réalités. Sans
attendre les objections qui surgissent déjà peut-être dans votre
esprit, je vais vous indiquer moi-même celles auxquelles j'ai
songé. J'en entrevois d'ores et déjà de trois sortes. Le résultat
compensera-t-il Teflort? Ne serait-il pas cnieï de priver du béné-
fice et delà joie de la trouvaille — bénéfice tout intellectuel et joie
bien innocente — de savants archivistes et de laborieux cher^
cbeurs? Ou et comment, enfin, trouver l'argent nécessaire pour
l'impression de ces fascicules?
u Sur le premier point, je crois. Messieurs, qu'il faudrait apporter
une grande circonspection dans le choix des pièces à mettre eu
lumière et refuser les honneurs de la lettre moulée â une foule
d'artisans et de praticiens qui ne peuvent légitimement se voir
qualifier d'artistes. Cependant le départ, comme on dit aujourd'hui,
est fort délicat à établir, et T humble maçon inscrit sur un compte
obscur est pent-étre « un maître des œuvres n dont le nom ne doit
pas périr. En semblable occurrence, le rôle de la commission serait^
ALLOCUTION DE M. MAUBICE TOURNEUX. 41
ce mé semble, de se montrer très libérale et, pour quelques
mentions iûsignifianteSy de ne pas s*exposer à en sacrifier de
capitales.
a Passons à la question de rinédit, considéré comone un droit
d'aubaine. Est-il juste de frustrer un archiviste du plaisir de mettre
an jour sous son propre nom un document conservé dans son
dépôt, retrouvé par lui et apportant sur un point de Thistoire de
Part une lumière inattendue? Assurément non ; mais veuillez bien
remarquer. Messieurs, que, loin de déposséder Tarchiviste du pri-
vilège que lui confèrent sei fonctions, notre projet l'obligerait, au
contraire, à dépouiller telle ou telle liasse sur laquelle il n'avait pu
jeter les yeui, ou dont l'intitulé n'avait pas jusqu'alors eicité sa
curiosité. L'honneur de la découverte lui appartiendrait donc tout
entier, et d'ailleurs le Comité compte parmi ses correspondants
nombre d'archivistes qui savent fort bien, le cas échéant, faire
œuvre d'historiens. A vous-mêmes, Messieurs, quelle serait votre
part?Cest à vous qu'il incomberait le plus souvent de mettre en
œuvre et en valeur le document parfois découvert à l'autre bout
de la France et qui viendrait se juxtaposer parmi ceux que vous
auriez déjà rassemblés. Dès lors aussi, point ne serait besoin de
flanquer vos Mémoires de tout un appareil de preuves qui, si pré-
cieuses qu'elles soient, ne laissent pas que d'alourdir notablement
chaque volume de vos congrès. Un simple renvoi suffirait là oii
vous êtes aujourd'hui obligés d'accumuler des textes.
ti Reste la question d'argent, sur laquelle» et pour cause, je serai
très bref, car la direction des Beaux-Arts a seule qualité pour la
trancher de sa propre initiative, ou pour la soumettre aux délibéra-
tions de la Commission du budget. Trouverait-elle sur ses pro-
pres fonds les crédits nécessaires ? Ferait-elle appel à la sollicitude
des conseils généraux ? Notre rôle se borne à lui indiquer discrè-
tementl'un de nos desiderata, et toute notre ambition doit être que
notre motion ne passe pas inaperçue.
« Telle est. Messieurs, dans ses grandes lignes, mais aussi, si
j'ose dire, dans toute sa naïveté, l'idée, la velléité plutôt, que je
me proposais de vous soumettre, et sur laquelle j'appelle votre
attention. C'est à vous qu'il appartient de voir ce qu'elle peut pré-
senter de pratique et de fécond, c'est à vous de dire si elle est viable
ou caduque. Aussi bien vous ai-je assez et peut-être trop longtemps
43 SÉANCE DU 15 AVRIL.
entretenus de ce qui n*est pas, de ce qui ne sera peut-être jamais,
et je me reprocherais d'empiéter sur le plaisir que nous nous pro-
mettons des savants mémoires et du spirituel rapport général qui
nous restent à entendre. L'ordre du jour donne sans doute au pré*
aident de la séance le droit de parler le premier, mais je serais
désolé qu'on put m'accuser d*avoir abusé de la permission. «
Lecture est ensuite donnée du procés-¥eçbal de la séance précé-
dente, qui est aftopté.
L'ordre du Jour appelle la lecture de MM. Hebluison (Henri),
correspondant du Comité, et Leroy (Paul)^ membre de la Société
des amis des Arts, à Orléans, sur Sergent-Marceau ^ peintre et
graveur. Cet artiste est connu. Il a eu ses historiens, et lui-même a
5oii?ent écrit. Mais une partie de sa vie s'est écoulée en eiil, et
c'est sur cette période de Teiistence de Sergent que MM. Herluison
et Leroy ont réuni un nombre important de pièces habilement
présentées.
M. lADâRT (Henri), membre non résidant du Comité, à Reims,
a la parole sur un portrait de Louis XIII,; il s'agit d'une peinture
oubliée qui, vers 1630^ décora l'ancien hôtel de ville de Reims.
M. Jadart, qui a découvert cette peinture, la décrit avec soin. Elle
comporte de nombreuses scènes sur son pourtour, et, à ce point de
vue, elle revt^t une importance documentaire qu'il n'était que juste
de faire ressortir. M. Jadarty est parvenu.
L'ordre du jour, appelle la communication de H. Hënault
(Maurice), correspondant du Comité, à Valenciennes, sur Antoine
Gilîs, sculpteur et peintre (1702-1781). Ce maître, qui vécut tour
à tour à Valenciennes et à Tournai, eut une assez grande notoriété
à son époque. C'est dans son atelier que se forma Jacques Saly, le
sculpteur du roi de Danemark. A ce titre, il méritait d'être connu
de la génération présente. M. Hénaulta mis an jour de nombreuses
pièces inédites sur Gilis.
M. Pahhocel (Pierre), correspondant du Comité, à Marseille,
donne lecture de sa monographie de VArc de triomphe de la
porte ^Aix, à Marseille. C'est une étude puisée ani archives
municipales, et Tautenr n'a rien omis des délibératioiis traccessires
auxquelles donna lieu le monument de Marseille, décrété sons
Louis XVïet terminé seulement sous Louis-Philippe. M. Parrocel
I
'
SÉANCE DU 15 AVRIL. 48
a soigneuiement décrit en artiste Tœuvre collective de Pencbaad,
de David d'Angers et de Ramey.
La section entend H. Goste (Numa), correspondant du Comité,
à Aix, sur Pierre Pugei à Aix. Cette fois, ce n'est pas le sculpteur
qui est en cause, c^est le peintre. Une importante commande de
peintures religieuses faite à Puget par les jésuites d'Aii est le
point de départ de Tétnde de H. Coste. Les documents qu*il a mis
en œuvre sont inédits. Bougerel, Lagrange^ ne les avaient pas
connus. Ils éclairent d*nn nouveau jour Texistence traversée du
maître marseillais.
M. GiNOUX (Charles), membre non résidant du Comité» à
Toulon, dans sa notice sur Jacques Rigaud, dessinateur et gra-
veur marseillais^ s*est appliqué à séparer la personnalité de Jac-
ques Rigaud de celle de son neveu Jean-Baptiste. M. Ginoux, en
possession d*une note autobiographique de Rigaud, rectiKe des
erreurs commises sur cet artiste par la plupart des historiens qui
s'étaient occupés de lui.
Rien de plus curieux que le mémoire de M. GiaoN (Léon),
membre non résidant du Comité, au Puy| sur une Assomption, de
François Le Moyne. C'est à Taide des archives, à demi détruites
par le feu, de Tabbaye de Saint-Julien-Chapteuil que H. Giron ^
reconstitué Thistoire du tableau peint par Le Moyne en 1718, à la
demande de M. de La Roche-Aymon, évéqne du Puy.
M. DB Beauuont (Charles), correspondant du Comité, à Tours,
a la parole sur Pierre Vigni de Vigny ^ architecte. Le même auteur
s'était occupé à une session précédente de Pierre de Vigne, membre
de l'Académie d'architecture au dernier siècle. Des documents
nouveaux, découverts par M. de Beaumont, lui permettent de pré-
ciser aujourd'hui certains points de l'existence de l'artiste qui res-
taient à élucider.
Le mémoire de H. de Beaumont étant le dernier des travaux
inscrits à Tordre du jovr. If. le président donne la parole à
M. Henry Jounr, seerétaire à l'École nationale des Beaux-Arts, pour
la lecture de son rapport général sur la 22* session.
Cesl une étude complète sur les travaux qui ont été soumis
an Comilé et les avec ami assentiment. H. Jouin examine chaque
mémoire et rattache par des liaisons heureuses les différentes
ètndes dont il rend compte. Il caractérise l'ensemble des travaux
4i SÉA^ÏCE DU 15 AVRIL.
de 1898, et, après avoir trouvé, pour chacun des auteurs qui €Dt
été admis aux faanneurs de la lecture, un mot d*éIoge, il reporte
ses féUcitatioQâ sur les Sociétés des Beaux-Arts et sur rinstitution
des Congrès annuels.
La lecture du rapport général étant achevée, H. le président
remercie les délégués et déclare close la session de 1898.
La séance est levée à cinq heures et demie.
' RAPPORT GÉNÉRAL
8U& LES TAAVACX 06 LÀ SESSiOlV DES SOCIÉTÉS 0ES BEâUX^ARTS, LU DANS
LA SÉANCE DU T5 AVfilL, Paa &f. HEN&Y JOUIKp SECEÉTilIRl EIPPOE^
TEUR DU COUITÉ.
u Monsieur le Président ' ,
" Mesbavbs,
u Messieurs,
u L'n bistorieQ deraDCienne Rome raconte qu'un ami deCicéron
iroulut le détourDer d'écrire ses plaidoyers contre Verres. Vous
Yous souvenez des incidents de cette cause fdtueuse. Vous n'aveE
pas oublié le proconsul infidèle courbant la tête sout les cbarges
accablantes des Siciliens et prenant de lui-même, avant toute sen-
tence, le cbemin de Tes il,
a Les célèbres Verrines, à T exception de la première, furent donc
composées après coup, lorsque Tbomine, sans cesse objurgué dans
ces pages vébémentes, était déjà loin de Home, \-ous cû m prenons
alors que les familieni de Cicéron aient songé à lui épargner la
peine que lui donnerait la rédaction de ses inutiles plaidoyers.
Mais Cicéron de leur répondre :
^ Vous ne soupçonnez pas les joies que me réserve 1 énuniéra-
it tion des œuvres rares enlevées par Verres aux Siciliens, n
i Ce mot me revient à l'esprit à Theure où j'entreprends moi-
même un Inutile plaidoyer. Certes, entre vous, Messieurs, et le
gouverneur de Sicile, nul rapprochement possible. Toutefois, quand
votre groupe compact, jeune, ardent^ enthousiaste se dirige vers
Paris, une ^jrande cause est en jeu. C'est la cause de Tart dans nos
' M. Maurice Toaroeui, membre du Comilc.
46 RAPPORT GÉNÉRAL.
provinces. Mais ce ne sont pas des témoins à charge qui vous oDt
précédés dans cette enceinte* Des amis, des conseillers, des aînés
vous attendent, et leur approbation vous est assurée, l'ou* le savez,
Messieurs, votre cause est gagnée d'avance. Lors donc que le mi-
nistre, le directeur des Beaux-Arts, les membres de votre Comité
se disposent chaque année à élever la voix pour applaudir â votre
initiative généreusep ceux qui vivent auprès d*eux, les témoins du
labeur quotidien qui enlève tout loisir aux ^hommes eu fonction
seraient tentés de les dissuader d'un travail superflu. Ne craignez
rien; ceux-ci ne se laisseront point détourner de leur tâche»
iL Vous ne soupçonnez pas, diraient-ils aux fâcheux qui leur
conseilleraient le silence, vous ne soupçonnez pas la joie que nous
réserve un applaudissement renouvelé de ces bonnes volontés, de
Teffort général, de Tbeureuse forhme de plusieurs qui chaque
année attestent en ce lieu la richesse de la province et sa vitalité.
H Soyez Jonc salués, Messieurs, vous tous qui venez de la Pro-
vence ou des Flandres, de la Picardie ou du LanguedoCi en mes-
sagers Je la bonne nouvelle.
il Mais le poète nous Ta dit :
A ce (^hœur joyeuï de la route
Qui conmiençitit k lant de voix,
Chji4[iie fois qiiA J'cireiJIe écoute
Une ¥ori manque chaque fois.
^ Cette année, Messieurs, votre Comité a perdu cinq Je ses
membres.
4 M. Paul Casimir-Périer, sénateur de la Seine-Inférieure^ est
décédé, âgé de quatre-vingt-cinq ans^ le 7 juin 1897. 11 apparte-
nait au Comité depuis dix-huit années, et aucune des questions
traitées par vous ne le laissait inJilTërent.
u Plus jeune, entré dans le Comité depuis quelques mois à peine,
Henri Lavoix a succombé le 27 décembre. Je n^ai pas à vous
apprendre la valeur de ses livres appréciés sur la musique française
et l'instrumentation.
tt Paul Gasnaultf Tamatear passionné, Tapùtre convaincu île la
céramique, — c'est un mol He M. Geaqjes Uerger, prononcé sur
la Lombe du eonserratetir du Musée de» ArU décoiatits, — esl
mort le 6 janvier. Son renom Je connaisseur, sa distirtciiont son
désintéresaement ravaienl désigné pour faire pariie du Comité en
1890.
M Mais le vide le plus profond qui ae soit produit dans nos rangs
depuis une année est dû à )el mort de M. Ilanfoui^ sénateur,
aticien ministre, membre de l'Académie des sciences morales,
membre de votre Comité tiepuis 1879. Je n'ai pas à rappeler ici la
place qu'occupa \L Uarttoux clans te E^arlement. Su baute intelli-
gence, son aménité^ sa bouté faisaient de lui le champion spontané
des causes les plus obscures, le défenseur tenace des clients les plus
htimbles. Avec quelle régularité n'assistai t-il pas aux séances du
Comité des Sociétés des Deaux-Arls ! II vous lisait, i^Iessieurs, ce
n'est pas assnz dire, il tous aimait. Ses analyses de vos travaux
étaient empreintes de Itienveillance et de sagacité. Il était lieureux
fin succès grandis.sant de vos sessions, et c'est avec une joie visible
qu'il présidait vos séances. Écrîvriin cbàtié, soocieui des sources,
sacbant ei traire d'un document toutes les déductions qu'il ren-
ferme en puissance, AL Banloux u laissé des monographies qui
sont des modèles de sincérité, d*atticisme et d'élévation, \olre
devoir, Messieurs, est de nous proclamer ses obligés.
« A ce nom respecté s'arrêtait le cruel nècroloi|e de Tannée^
lorsque la mort a de nouveau frappé l'un des nôtres, C bar les
Vriarle, inspecteur général des Iteaui-Arts, Il a succombé le 7 avril
1898. Sa tombe esta peine fermée. Vriarte était entré dans le Comité
le 30 janvier 1897, et dès le 20 avril, il y a moins d'une année, ïl
présidait, au nom du ministre, la séance d'ouverture de votre ses--
sion. Son discours fut bref; mais avec i{uel empressement n'a-t-il
pas rendu hommage à votre noble patience î « C'est pfir vous, disait-
t' Il d'une voii émuCp que nous connaissons les oubliés et lesdédai-
^ gnés; vous les vengez de rabaudojj, vous restituez de glorieux
e inconnus dont le nom s'est efTacé et n'a pu franchir les limites de
* la province. » Ce compatriote de (ioya, Français de cœur, Italien
par une certaine affinité intellectuelle, se séparait sans eilbrt des
4S RAPPORT GÉNÉRAL.
Médicis, des Borgia, de Françoise de Kimïai, dont Thistoire pres-
tigieuse et traversée Tavait séduit delontfue date, pour s'approcher
de vous et applaudir à vos études. En la personne de Charles
Vriarte vous perdez ud ami.
tt Après avoir évoqué trop rapidement le souvenir 4]ouloureiix
des disparus, je passe aux vifants.
^ On a dît que la distance est un obstacle à rautorité d'un pouvoir
central. 11 n'est pas douteux en effet qu'un ordre donné soit moins
ponctuellement exécuté dans des régions éloignées qu'il ne Test
dans le voisinage immédiat du chef. Cela est vrai toutes les fois qu'il
s'agit de commandement. Mais, j[ faut le croire^ votre Comité ne
donne pas d'ordres. Il fait plus, il vous invite au labeur désinté-
ressé, et de toutes les régions françaises, des points extrêmes du
territoire, répond à son appel Tadhésion cbaleureuse des travail-
leurs. A la vérité, le mot d'ordre se transmet d'une province à
Tantre, la contagion de Texemple se manifeste de proche en proche,
si bien que les érudits ou les amateurs des cités les plus lointaines
ne savent plus, en se mettant â Tœuvre, s'ils obéissent aux appels
d'un Comité central oii sHls sont conviés à Tétude par rinitiative
entraînante du voisin.
**Ces réflexions se présentent d'elles-mêmes en face des mémoires
nombreux et de toute provenance apportés â cette tribune pendant
la session qui s'achève.
a De la zone la plus rapprochée de Paris sont venus quatre délé-
gués : MM. Thoison, Maillard» Lorin et Leroy*
'i M. Thoison, membre de la Société historique du Gàtinais, à
Larchant, apporte à riiistoire de la musique en France une contri-
bution bien in attendue. Des ouvriers^ creusant un puisard à Lar^
chant, ont mis à Jour environ trente-quatre instruments en verre et
en terre. Je passe sur les instruments en verre* Ceui-ni ne sont pas
extrêmement rares dans les collections publiques. Mais il en est
autrement des trompes et olifants, des cors, des trompettes on
pseudo-trompettes en terre cuite* Ces objets, au nombre de vingt-
4
RAPPORT G^.\ÉRilL, 40
quatre, sont des plm curieux* CoDceves-vouâ i\e% vor^ à deux et
trois tours dont le tube présente ua développement dépassant
2 mètres? Concevez- vous des itisiruments innomés dans la langue
de nos jours, fjui participent à la fois de la trompelle, du cornet et
du clairon ? M. Thoisou est d^avts que ta découverte dont il vous a
parlé n'a rien de fortuit, Larchant n'est pas dépourvu d'argile; on
peut donc supposer que Fart céramique fut en honneur dans cette
lo€a]ité, et peut-être les céramistes de Larchant, au seizième siècle»
avaientHls la spécialité des instruments de musique, Fabricants ou
vendeurs se sont en tout cas groupés à Larciiant, La Satire Ménippie
nous montre un avocat bouffon muni d*un cornet de verre pro-
venant de Larchant. Si le verre a été travaillé vers 1590 dans la
région dont s'occupe M. Thoison, ce dut être par des Italiens; mais
Targile a, sans doute» été pétrie par des mains francafses. Ainsi se
trouve ébauché en cette session le premier chapitre d'une Histoire
des luihiers en terre de la Brie Jraneaise.
■ A^ous entrons chez Louis \\\ C'est à M, Maillard, membre de la
Société archéologique de Rambouillet, que nous devons d*étre
présentés. La rencontre a lieu dans le château royal de Saint-
Iïut>ert, non loin de Versailles. Le cadre est charmant. L'architecte
Gabriel Ta tracé. Slodtz, Falconel, Pigalle, Coustou, Verbreckt,
Bachelier, Carie Van Loo Font rempli de leurs ouvra;]es. La pièce
d'honneur est n le salon « . Quoi de plus intime que ces simples
mots : a le salon I i^ Cette pièce n'a donc pas ses similaires dans le
château? Louis XV et, plus tard, Louis XVI nVmèneront à Saint-
Hubert que de rares invités, le plus souvent des compagnons de
chasse, M. Maillard a retrouvé T inventaire descriptif de cette rési-
dence aujourd'hui détruite, et nous éprouvons à le suivre à travers
les appartements disparus quelque chose du charme pénétrant qui
s*échappe des ruines les plus célèbres. Remercions notre guide.
M. Maillard est un nouveau venu dans cette enceint4\ Salve I II y
a plu$* M. Maillard est au premier chef un homme heureux. Les
pièces d'archives s'étaient offertes d'efles-mémes à ce chercheur
avisé. Et voilà que sa tâche étant remplie, deux documents curieux
«t précis émanant d'un tabletierdu roi nommé Compi;][né s^ajoutent
lux écrits du temps. Ce sont des plaques d'or et d'étain, mi-partie
peintes, mi-partie en relief, remontant à Tannée 1770 qui nous
4
SO RAPPORT GÉNÉRAL.
donnent Taspect du château construit par Gabriel. Vu amateur ver*
saillals, M. ârnauld, détient ces précieui objets dans sa. collecttoo.
tt Ce qui a survécu de Pierre Dupuis, peintre de fleurs et de
fruits, membre de T Académie royale , en 1663, c'est sou portrait
par Mfiotas Miguard. M. Lorin; secrétaire de la Société archéolo-
gique à Rambouillet, a, si j'ose dire, replacé cette toile dans son
cadre. Je me trompe, ce ii^est pas l'oeuvre de Mignard qui a été
Tobjet de Tétude de M. Lorin, c'est Dupuis en personne. L'hon-
nête peintre était originaire de Montfort^ et cette commune possé-
dait, au dix-septième siècle, an tabellion dont le minutier n'a pas
été dispersé. M* Lorin s'y est plongé, et les renseignements ilc
divers caractères qu'il a puisés à cette source éclairent la physio^
nomie de Tar liste. Ses proches gravitent autour de lui. IVous les
coudoyons, nous leur serrons la main. Ce sont tous de braves gens.
Dupuis, désormais connu dans son intérieur, n'attend plus de vous,
Messieurs, qu'un récolement bien fait de ses peintures. La tâche
est délicate; elle exige qu*on s*y applique, mais elle ne dépasse
pas les forces humaines.
< Les camaïeux de Piat-Joseph Sauvage sont moins rares que les
tableaux de Dupuis. Dans un second mémoire, \L Lorin vous a
décrit les Quaire Saisons exécutées par Sauvage, en 1787, pour la
laiterie de Raml»oufl]et. Sauvage eut son heure d'éclat. Il fut !e
premier peintre du prince de Condé. L'Académie lui ouvrit ses
rangs. Lei^ Mémoires secrets exaltent sa valeur* La Correspondance
de Grimm lui est hostile. Entre ces deux extrêmes, je vous propose
de rester indifférents. Entendons-nous. Les recherches de M. Loïin
méritent attention. II a bien fait de décrire des pages connues de
lui et dues à un artiste jadis apprécié. Mais l'intérêt qui s'attacbe
à r étude de votre confière ne ramènera pas la popularité sur le
nom de Sauvage. Ses bas-reliefs simulés, ses grisailles adroites»
curieuses, ses trompe-l'œil, que Ton est tenté de vérifiera Paide
du toucher, relèvent du procédé. Wiertz, le compatriote de Sau-
vage, s'est livré à ces jeux de coloris il y a moins d'un demi-siècle.
On ne dit pas qu*il y ait acquis une grande notoriété. L'étude rêtrcH
spective de M, Loriu est donc opportune. Elle a sa place dans l'his-
toire des variations du goilt.
r
lAPPORT GÉNiniL. lit
« Les initïales prêtent h bieti dei mépriies. M. Leroy, correspoD-
d&at honoraire du ministère à Melun, vous Ta dit* Cesl la pre-
mière fois tjue M. Leroy prend la parole dans celte assemblée, et
ion début est une plaidoirie en reBtiliilion. Doissettes est une
immble commuoe de Seine-et-Marne. Elle vit s^ouvrir sur son ter*
ritoire, en 1732, une faïencerie et en 1776 une fabrique de por*
celaine. Les braveâ artisans qui ont dirigé ces manufactures y ont
mil trop d'abnégation. Ils marquaient leurs produits de la lettre B,
Et f oyez Terreur I Les historiens de la céramique française en ce
ilècle reportent à la manufacture d*un certain Bourdon-Sauzay,
d'Orléans, Thonneur d'avoir fabriqué toutes les pièces marquées
à Tinitiale fatidi(]ue. M. Leroy noua met en garde. Où lies esprits
trop prompts avaient prononcé le nom de Bourdon^Sauiay, nous
estimerons équitable de prononcer parfois celui de Boissettes.
a Le mouvement s'accentue. Après leséruditsdertle-de-France
on de la Drle, ceux de la seconde zone se mettent en marcbe. Ils
viennent de Mesnil-sur^rEstrée.de Bournainville.de Rouen, d'Ab-
beville, d'Amiens, de Reims, d*Orléans,
t Soyons attentifs à leors discours,
« Quand nous étions jeunes, je me trompe, quand j'étais jeune,
— car aucun de vous, Messieurs, n'a vieilli, — je fredonnais avec
les enfants de ma génération la romance d'un poète oublié :
J'aime à ravoir mt XormAadîe.
a M, Veucliu, correspondant du Comité à Mesnil-sur-rEsirée,
bit mieux que de fredonner les couplets de Frédéric Uérat, il
les met en pratique* Trois notices ont été lues par M. Veurlin a
celte session : Les Origines du Musée de Bernay^ VOrmmenta*
tion des cloches au dix-septième siècle j VArt dramatique à Lisieux
pendant la Révolution^ Le cadre de ces trois études est circonscrit
dans la province normande. Elles ne constituent pas des chapitres
^'endus de l'histoire de Fart dans cette région. Ce sont ptut6t de
rves échappées sur le théâtre à une époque de notre histoire peu
roprce au développement de l'art, sur la fonte d*une cloche par
rel, le célèbre praticien de Rouen, sur la création pénible d'une
&3 SUPPORT GÉKÉaiL*
irolleciioii municipale dans une vûie de âii mille âmes. Ces aper-
çus, j'oserats dire ces ouvertures prenant jour sur ]a scène, un
musée et (juelques ét^lises normandes, ont le charme d'une aqua-
relle sanâ prétenlion assez comparable aux aimables stances de
Bérat.
u Massent Abaquesne, le céramiste rouennais, n'a pas d'histoire*
M. rabbé Porëe, membre non réaidant du Comité à Bon mai avilie,
essaye de poser un jalon dont T utilité serait grande. Il s'agit de
déterminer le monogramme de ce maître. Abaquesne vivait en 1 542.
U est Tauteur d'un carrelage primitivement placé au château
d'Ëcouen dans lequel les verts vifs, les violets légers, les jaunes
cltrin, les rinceaui filiformes bleu lapis composent une gamme
eiquise. Or, M, Porée a découvert à Manies et à Font^Audemer
deux vases de pharmacie dont le décor est d'un caractère iden-
tique à celui du carrelage d'ËcoiieiK Et l'un et l'autre de ces vases
portent en monogramme les initiales \L A. B. La déduction devait
tenter lu plume d'un savatit. Déjà M. Le Breton, un Kouennais,
s'était plu à recoimaitre dans les lettres L. A. B. également grou-
pées le monogramme de Laurent Abaqnesne, fils de Musséot et
céramiste comme son père. La preuve resta à faire, mais Tindice
a sa portée* AL l'abbé Porée ne s'arrêtera pas à miK:hemin> Il sait
voir et trouver. Mous lui devrons un jour Ja justification de sa
conjecture parfaitement admissible.
u Je n'imagine pas de gens plus heureux que les romanciers.
Toutes digressions leur sont permises^ Je gage que M* Le Breton,
correspondant du Comité à Rouen, ne s est pas souvenu que c^Tin-
génieux hidalgo de la Manche ?>, Don Quichotte, a parlé en fort
bons termes de Teniers et de Tend roi t des tapisseries, n U me
«( semble, dit-îl, que quand on lit un ouvrage traduit d'une langue
(L dans une autre, c'est comme quand on regarde des tapisseries
« de Flandre à Tenvers : ou voit bien les figures, mais elles sont
a pleines de fils qui les rendent confuses, et elles ne paraissent
u point avec le poli et la couleur de Tendroit. n M. Le Breton s'esl
précisément occupé d'une lapisserie qu'il serait tenté d'attribuer
avec certitude à Jean Grenier, à moins que ce ne soit à Jean de
Bftcre, Tun et l'autre tapissiers â Tournai, au début du seizième
RlFFOaî GÉNÉRAL. 1%
siècle. Ràtonâ-tious de dire que voire confrère étudie cette tenture
à Teodroît. Bile représente un payiage entouré de palissadt^s au
milieu duquel sont des cerfs ailés. D'où qu*elle vienne, cette ten-
ture superbe doit être admirée. L'allure, le dessin des cerfs qtti
eoDsUtuent le motif principal du décor, leurs Imnnières revêtues
d'inscriptions françaises bien rythmées» IVcu de France suspendu
à leur cou par une couronne royale ornée de pierreries» Captivent
le regard* Qu'ai-je dit?
«■ Une tenture du château d*Anet est voisine. Je me laisse dis-
traire. Cette page est hors de pair. Quatre panneau i étaient connus.
H. Uoreau, propriétaire d'Aiiet en 1878, les avait acquis. Mats la
iérîe n'était pas camplète. Il y nianqimit une pièce. Ktle est à
Rouen, et SI. Le Breton tous Pa dérrile. Pourquoi Anatole de Mon*
taiglon et If. Roussel, les commentateurs enthousiastes, il y i
YÎngt ans^ des tapisseries d*Anet, n*étaient-ils pas hier dans cet
hémicycle? Ils eussent applaudi Tusufruitier de rette fpuvre rare,
Diane, à genoux aux pieds de Jupiter, implore le maître des
dieuï. Junon, Mercure, Minerie et Mars font cortè^je au roi de
rOlympe, Mais je ne puis reprendre, après M, Le Breton, la des-
erlptîoti minutieuse du paysage, des scènes accessoires, de Tarchi-
lecture, des emblèmes, des chiffres, des trophées, tissés avec un
art achevé par un maître du plus haut mérite, «tans doute aui
ordres de Diane de Poitiers et de Henri II. \'ous irons tous à
Rouen, si vous le voulez, applaudir à Theureuse fortune de la
ville qui a fait entrer cette tenture dans son Musée.
u 11 ne faut pas confondre la gloire avec le mérite. Ce sont choses
différentes. La gloire est toujours nominale. Le mérite est trop
souvent anonyme. Vous vous souvenez de l'étude de M. Emile
Delignières sur des Peintures anciennes de t école flamande ^ En
dépît de leur mérite» elles sont sans gloire, mais M. Deli^jniéres,
qoi les a découvertes chez un amateur ahhei illois, les a niii^es en
belle lumière. Trois de ces peintures, d'un art admirable et d'une
larfaite conservation, appartiennent au quinzième sièrie. Quatre
tatre» sont de date plus récente et moins bien conservées. \'on
u>Dt4?nt de les faire connaître en artiste, netre correspondant a
roula xeslltuer leur histoire en homme bien informé. Lu manu*
5i RAPPORT GÉNÉRAL.
*
«crit de la biblmthëque d'AbkeviDa lui a révélé qu'avant la Révolo-
tîoo ces peintures avaient fait partie d'un grand retable à la char-
treuse de ThuiBon. Mais ce retable n'avait pas été foroié d'un seul
coup, 11 était composé, la chose est établie par documents, de trois
éléments distincts : une Passion sculptée, probablement du sei-
zième Blècle* et qui a disparu; quatre peintures du temps de Phi-
lippe le Bon, duc de Bourgogne, et qui paraissent avoir été données
par ce prince au monastère, et quatre peintures nouvelles exécu-
tées sur le revers des panneaui primitirs, sciés depuis en épaisseur.
M. Delignîères plaide si bien pour faire reconnaître, dans les trois
compositions du quinzième siècle, la Cènej V Ascension et la Pen-
tecôte^ leâ ouvrages offerts au i Chartreux par le duc de Bourgogne,
qu'on est tenté de lui donner raison, A coup sur ces peintures
sont magnifiques et constituent un ensemble de premier ordre.
\L Delignîères les estime flamandes, de la main d'un très grand
maître. Toutefois notre correspondant, qui montre dans son
mémoire une véritable érudition, se borne modestement a à pré-
luder ^ , comme il le dit, a aux recherches k faire touchant Tauteur
de ces peintures n . Ces recherches nous conduiront sans doute à
une attribution certaine, et c'est à M. Delignières qu'appartiendra
rhonneur de Tavoir provoquée. On aura Tceil k Tavenir sur ces
pages, hier encore ignorées. Malheureusement, le quatrième épi-
sode, la Résurrection^ a oté séparé des trois autres, et Ton prétend
quMI ne serait pas impossible de le retrouver dans quelque collec-
tion toulousaine* Avis aux chercheurs du Languedoc. Les quatre
figures décorant Vextérieur des volets semblent être de quelque
artiste du nord de la France et de Técole archaïsante. Klles n*en
ont pas moins de charme et de valeur. Elles représentent la Vierge
mère^ saint Jean-Baptiste et deux saints évéques. Tels sont cea
chefs-d'œuvre dont M. Delignières s'est fait le chroniqueur patient,
le critique plein de goût. Et voilà quMl faut désormais ajouter quel-
ques pages à l'histoire des retables fameux de Saint-Denis, de
Reims, de Troyes, de Nojon, de Brou. Ces pages sont signées
Delignières. On vous les a lues. Nous les intitulerons : a Le retable
de la chartreuse de Thuison. ^
a II. Guerlin, membre de la Société des antiquaires de Picardie
à Amiens, vous a parlé de plusieurs peintures offertes à. l'église
cattiédrale par la confrérie de Notre-Dame du Poy. Tout d'abord p
votre confrère s'applique à revendiquer pour »a région les atiteura
de ces peintures. L'École picarde ae dessine. Lebel, Jehan de
l^ans, Maressal, habitent i^miens à la fin du seizième siècle et y
reçoiTent des commandes. Mathieu Prieur se mêle à leur groupe.
Il travaille en 1600. Il a reprèsenlé les membres de la fainille de
VîUers réunis sur un même panneau, en compagnie de person-
nages illustres, parmi lesquels figure Henri IV. Tous sont vus de
face au-dessous d'une Vierge tenant FKnfant Jésus et assise sur
DU tnVne devant la porte de la cité mystique décrite dans TApoca-
lypse. L œuvre est éminemment curieuse. Prieur ne hrille pas par
la composition, mais en revanche il donne k ses têtes le cardclèra
et le relief.
â Pins agréable d'aspect est le panneau d'un peintre inconnu,
consente au village de Coullemont, représentant un donateur age-
nouillé, entouré de ses proches^ Dans la partie supérieure, la
Vierge» assise sur un char d'or traîné par des licornes, est entourée
de petits anges qui célèbrent sa victoire sur ThérL^sic. I/hydre à
sept têtes a été la pierre d'achoppement du peintre ■ mais un
paysage apaisé^ d'une profondeur sagement compriBe, rachète les
tâtonnements du pinceau dans rexècution de Phydre. JIL Guerlin
noua doit la suite ile Thistoire de PEcole picarde.
a Le point de départ, roccasion du discours sont le plus souvent
fournis par le hasard. Interrogez M. Henri Jadart, membre non
résidant du Comité à Reims. Sous le titre : Un poriraii de
Louis XIII avec alïégories, M. Jadart tous a raconté sa trouvaille
fortuite d'un dessus de cheminée de Fancien h^tel de ville de
Reims. L'œuvre parait dater de ÏG^Ù, XjXï grenier lui servit d'asile
pendant plus d'un siècle* La peinture est médiocre, mais elle con-
stilne un document historique d'une valeur réelle* Ites emblèmes,
des scènes multiples, des devises entourent )a figure royale placée
au centre d^un panneau « aplani au rabot -^ et mesurant dans tous
'aa sens pins d'un mètre. M. Jadart, eu homme qui sait tout, ou
eu «*en faut, sur la ville de Reims, étudie cette effigie de circon-
^ratice dont il serait superflu de rechercher Tau leur. Puis, rap-
prochant cette image des statues de Nicolas Jacques et de Milbomme^
hB RAPPORT GÉNÉRAL*
ainsi que iVuvie peioture et d'un dessin conservés an Muaêe de
Reims, M. Jadart a trouvé T occasion d*éerire d'eiceltenles pages
sur riconographio de Louis XIII^ que Tou ne consultera pas sana
proËt. 5
u M. Herluison, correspondant du Comité, et M. P. Leroy, de la
Société des Amis des Arts d'Orléans, ont rappelé devant vous leiis-
tence tourmentée de Sergent-Marceau, Ce fut un artiste de second
plan et uu acteur improvisé du drame révolutionnaire. Ces deux
mots laissent pressentir les lacunes et les delà il lances, Mais Sergent
avait débuté par être un curieux. Durant toute sa vie il a fait preuve
d'initiative et de fertilité d*esprit. Aux jours sombres, il sauva la
tête de Goasec et de Larive. 11 sut être Tavocat heureux de
Marceau f son beau- frère. II y a plus : le foyer de Sergent ressemble
à la chaumière sans orages de Philémon et de Uaacis- Queparlé-je
de foyer? Les proscrits o*ont qu^une tente. Ils la dressent le matin
en un lieu propice et la replient au premier soleil! Les plus belles
années de Sergent-Marceau se sont écoulées bors de la patrie. Les
pièces inédites qui ont motivé Tétude de MM. Herluison et Leroy
«t qui en constituent la sève sont datées de Teiil. Vous penserez
comme moi : La souffrance et les larmes effacent bien des fautes.
Nous demanderons à Sergent-Marceau ta note personnelle qu*îl est
en mesure de nous fournir sur une époque tumultueuse, Nous ne
lui tiendrons pas rigueur sur ses heures d'oubli. Ainsi raisonnait
le héros de Chateaubriand. » Les rois de vos pères, lui dit une pér-
it sonne aimée, ont été des ingrats. — Qu'importe, réplique Aben-
0^ Hametj ils ont été malheureux! ^
ti Admirez avec moi, Messieurs, la contagion de l'exemple. Voici
que des collaliorateurs du Comité se lèvent en foule. Ils viennent
vers nous de Tours, de Dijon, de Nevers, d'Angouléme, de Uâcon,
de Lyon, du Puy. Ouvrons tes portes toutes grandes.
K M. Charles de Grand maison, membre non résidant du Comité
à Tours p en examinant avec soin Tun des quinze sujets que ci)m-
porte la Tapisserie de Montpe^at, a fait une découverte hagiogra-
phique non moins importante que fortuite. 11 s'agit d'une relique
désignée sous le titre de i^ Bonels de Saint^Martin n enlevée de It
RAPPORT GiNÉRAL. 67
cathédrale de Saint-Gatien de Tours lors du pillage de cette église
par les protestants en 1562. Qu*est devenue la relique? Quelle'
était sa nature? Saint Martin s'étant dépouillé de sa tunique en
faveur d*un pauvre se trouva incomplètement vêtu le lendemain
de cet acte charitable pour célébrer la messe. Ses avant-bras,
notamment, demeuraient nus, et c*esl alors que, selon la légende,
deux anges lui apportèrent des bas de manches ou « honets «
ornés de pierreries.
Angex ont tes bras rev«itu
De boaets riches et moult gents.
c M. de Grandmaison a voulu retrouver Torigine de la légende.
D a découvert qu'elle était connue dès le douzième siècle, sinon
plus tôt, et un vitrail du siècle suivant, conservé au Mans, repro-»
dnit la scène du miracle. Quant à la commande des tapisseries,
elle est due à Jean Desprez de Hontpezat, évéque de Montauban
de 1519 à 1539, qui voulut doter Téglise de sa ville natale d*une
tenture dont Tezécution fut confiée à une fabrique tourangelle.
L*étude de H. de Grandmaison éclaire la vie de saint Martin et
complète ce qu'avait écrit M. Devais sur le même sujet dans le
tome m des Annales archéologiques.
« Un joaillier el un orfèvre se présentent à nous sous les auspices
de M. Louis de Grandmaison, correspondant du Comité à Tours.
Le premier s'appelle Jean Rembert; le second, Claude Content. Il
s'agit du tombeau de Lancelot du Fan, évêque de Luçon, à élever
dans la cathédrale de cette ville en 1523. Un aigle de lutrin est
compris dans la même commande. Ces deux œuvres seront en
cuivre et de la plus grande richesse. Rembert se tient au premier
plan. Mais Rembert n'est qu*un joaillier. Claude Content est un
orfèvre, et son nom, son habileté, sa fortune nous sont connus.
M. de Grandmaison constate en outre que, dans le marché conclu
avec Rembert, Claude Content se porte garant du joaillier. Au cours
du même acte, Rembert s'engage à « faire faire ^ et le tombeau et
le lutrin. Or, le cuivre ouvré, ciselé, rehaussé de matières pré*
cîeuses, se réclame de l'orfèvre et non du joaillier. M. de Grand»
maison conclut donc, et nous pensons comme lui que les œuvres
somptueuses dont s'enrichit la cathédrale de Luçon au début du
58 RAPPORT GÉNÉRAL.
seizième siècle sortirent de Tatelier célèbre de Claude Content.
Quant à Rembert, le voilà réduit au rôle d'homme de paille.
De DOS cailloux froUéSi il sort des étincelles.
^C*est un alexandrin de Voltaire, que M. Charles de Beaumont,
rorrespondant du Comité à Tours, rappelle avec â-propos au sujet
d'un architecte du dernier siècle, Pierre Vigne de Vigny, d'humeur
irascible. N'oublions pas, je vous prie, que cet architecte est du
temps passé. M. de Beaumont noua Tavait fait connaître il y a
(|iiatre ans. Il nous le présente à nouveau en apportant des preuves
à Tappiii de ses hypothèses anciennes. Il est désormais certain que
de Vigny est élève de Robert De Cotte. Il est également indéniable
qu*il eut un caractère difficile. Le malheureux I Ne va-t-il pas jus-
qu'à faire saisir un paysan, son voisin, pour a avoir cueilli de
a rfaerbe, éijourgeonné de la vigne et pris une serpe dans sa pro-
u prièlè n ! Belles peccadilles! De Vigny n'avait donc pas lu les
Animaux malades de la peste ! Mblis hâtons^nous de dire que pour
ie compte d 'autrui de Vigny avait plus de clairvoyance et de
dignité. Je n'en veux comme preuve que son expertise en faveur
des religieux de Saint-Martin de Paris contre un sieur Le Tellier
qui avait abusé de leur bonne foi ! Là du moins, dé Vigny est
dans la mesure. Mais Le Tellier avait un appui dans Mansart au
sein de l'Académie d'architecture. Vous devinez le reste. Ce fut
un duel à mort entre les deux collègues, de Vigny et Mansart.
Je le répète, Messieurs, ces choses se passaient il y a cent cin-
quante ans.
^ Vincent Rogerie, dont vous a parlé M. Tabbé Bossebœuf, cor-
respondant du Comité à Tours, a sa pierre tumulaire dans l'église
abbatiale du Mont Saint-Michel. Il est mort en 1620. Là se bornait
l'histoire de Vincent Rogerie. M. Bossebœuf s'est attaché à sa
mémoire, et des pièces inédites lui ont révélé que Rogerie porta le
titre de u maître maçon de l'œuvre de ce lieu » . Saluons cet archi-
tecte- A la lérité, nous ne savons pas encore dans quelle mesure il
exerça le nVie de maître d'œuvre, pendant combien d'années, et
quelles parties de l'édifice pourraient être signées de son nom.
Mais lorsqu'il s'agit d'un joyau, tout porte à croire que les mains qui
Tout façonné ou serti n'avaient rien de médiocre. Nous voilà bien
RAPPORT GÉNÉRAL. S9
près de tenir Rogerie poor un homme supérieur. Aucune preuve
encore, mais de fortes présomptions.
« If. Gabeau, membre de la Société archéologique de la Ton-
raine, un nouveau venu dans vos rangs et qu*il convient de saluer,
nous a dit les splendeurs du mobilier du château de Chanteloup.
Nous avons passé d'heureux instants dans la compagnie de ce guide
instruit» plein de naturel, épris He son sujet. Le duc de Cboisenl,
aprèslui le ducde Penthièvre, ont possédé Chanteloup. Les tableaux
y étaient nombreux, les meubles riches^ les lambris ornés de
glaces. On dirait un Versailles en miniature. Au surplus, M.Gabeau
n*a-t-il pas usé d'une locution presque royale lorsqu'il vous a
parlé de la « petite cour de Chanteloup « ? Le souverain de ce lieu
privilégié parait avoir le Goût. Mais n'oublions pas que nous
sommes en J785. C*en est fait du style Louis XIV, et même du style
Louis XV. Nous sommes en pleine vogue du style Louis XVI, essen*
liellement gracieux. Les sièges, les glaces, les plafonds, les corni-
ches ont reçu le visa de François Boucher et des Van Loo. Parmi
les tableaux que garde avec amour If. de Choisenl, je ne compte
pas moins de six bas-reliefs simulés de Sauvage» Fbomme aux
trompe-l'œil. Mais j'allais omettre de vous dire que M, Gabeau ne
s*est pas attardé chez le duc de Penthièvre. II a lu, il a étudié
Tinventaire de Chanteloup en 1794, et c'est en investigateur adroit
qu'il s'est appliqué à suivre Texode des peintures qui l'avaient
séduit tout à l'heure par leur réunion dans le château.
a M. Vincent, membre de la Société archéologique de Touraine,
débute au milieu de vous par une communication d'un caractère
imprévu. Il s'est entretenu avec vous d'une association de joueurs
d'instruments formée à Tours en 1657. Les sociétaires sont au
nombre de douze. Leur contrat doit durer quatre années. Ces
hommes, épris de musique, se feront entendre aux ballets, bals,
aubades, sérénades et visites, noces et festins, tant à la ville qu'à la
campagne. Ah ! les gais compères, les gens avisés I C'est à regret-
ter de ne les avoir pas rencontrés et applaudis. Ne les prenons pas
pour des bohémiens ; je gagerais qu'ils étaient rangés, de bonne
compagnie, distingués, ayant du savoir-vivre. Et leur répertoire
était varié. Les parts de sociétaires durent être bonnes. L'acte est
fiO RAPPORT GÉNÉRAL
bien fait. Ces braTeagena, âans y être tenus, se sont imposé de par-
tager le fonds des amendes entre u les malades de rHôtel-Diéu, la
H boîte des prisonniers et les pauvres de la Charité v. Ce détail
nous touche. Des artistes de ce caractère n*ont pu jouer que de
bonne musique.
li Règle généra le, deux collaborateurs se font plus de tort que de
bien. M, Fernand Mazerolle, correspondant du Comité à Dijon, a
întitulé le mémoire qu'il a lu devant vous Dessins de médailles et
de jetons attribués à Bouchardon. Je sens déjà la pointe du fleu-
ret. Cet ti attribués » ne me dit rien qui vaille. Il sent le prêt
bénévole d'une lieue, la donation précaire et toujours révocable.
Boucbardon me parait être dans un mauvais pas. Vous vous souve-
nez du diCTérend. Al. Henri Bouchot et M. Alphonse Roserot avaient
pensé que les dessins de jetons conservés à la Monnaie et se ratta-
chant au règne de Louis XV étaient l'œuvre deBouchardon. M.Ma-
zerolle reconnaît plusieurs mains dans cette suite de projets. J. Du-
vivier et J.-C. Roëttiers ont évidemment eiécuté plusieurs des
dessins visés* Ce qui le prouve, c'est Tabbé Gougenot, biographe
de Du vivier, qui nous raconte la brouille du graveur avec le
sculpteur à Toccasion d'un profil du roi que Duvivier refusa
d'exécuter. Ce qui le prouve encore, c'est la présence à la Mon-
naie de compositions similaires pour un même sujet, Tune à
peine esquissée, l'autre très arrêtée. Je crois que tout le monde
est d'accord. Bcuchardon est l'auteur du croquis initial, et Roët-
tiers ou Duvivier ont précisé le trait avant de graver leur coin.
Mais Victor Hugo, ^'adressant à un statuaire de son temps, n'a-t-il
pas dit :
L$. forme, û ^rànâ sculpteur, c'est tout et ce n'est rien :
C'est tout avec resprjt, ce n'eit rien sans l'idée.
aBouchardon peut se réclamer de ces vers. A lui l'idée rapide*
ment écrite ; à Roëttiers, à Duvfvier la forme impeccable, la com-
position dernière, de proportions voulues, d'aspect séduisant.
M. Mazerolle a raison au nom de l'érudition; mais tenons pour
véniel le tort de ses devanciers. Ils n'avaient pas bluté, estimant
peut-être que la farine tout aussi bien que le son pouvaient être
comptés à BoiJchardoD.
BAPPOBT GÈXÉRAL. 61
ik Les faïences d*ari à Nevers. — Ce titre trop modeste ne laisse
pas soupçonner l*importance du mémoire de M. Hassillon-Rouvet,
^correspondant du Comité à Nevers. Nous assistons avec lui à un
procès en réhabilitation, et, avocat muni de preuves, votre confrère
a gagné sa cause» Exposer le juste et le vrai est un acte de Tintel-
ligenee. Hais détruire une erreur accréditée, venger une mémoire
digne d'illustration, replacer Fauréole sur un front découronné»
voilà qui satisîut le besoin de combativité d'une nature généreuse
et met en vibration tout Tétre moral. Améric Vespuce détrôné
par Christophe Colomb, Fulton par Joufiroy, Daguerre par
Niepce de Saint-Victor, voient leur groupe s*augmenterdeScipion
Gambin, qualifié trop longtemps du titre enviable de a premier
a importateur de la faïence à Nevers p « Sus à Fusurpateur I De
Thou nous avait prévenus, u On raconte, écrit cet historien, qu*un
«Italien qui avaitaccompagnéen France un duc de Nivernais aperçut,
aen se promenant aux environs de Nevers, la terre de l'espèce dont
cse faisait la faïence en Italie. Il la prépara et fit construire un petit
« four où fut fabriquée la première faïence en France. « Cet Italien,
Messieurs, client de M. Hassillon-Rouvet, est Dominique Conrade
de Savone, compagnon d'armes de Louis de Gonzague. Fixé à
Nevers, il appela près de lui ses deux frères, Baptiste et Augustin.
Tous trois furent naturalisés Français en 1578, et ce sont les Con-
rade qui importèrent en France l'art de fabriquer la faïence à la
façon de Savone. Hais Scipion Gambin? Ce n'était qu*un de leurs
ouvriers. Les Conrade, « sculpteurs en terre, maistres pothiers en
• œuvres blanche et aultres coulleurs » , les protégés, les amis de
Louis de Gonzague, recouvrent l'héritage de gloire trop gratuite-
ment attribué à Scipion Gambin, leur valet. Il y avait captation, et
le Code Tinterdit.
s Ce n'est pas une galerie, c'est un cabinet que M. Emile Biais,
correspondant du Comité à Angouléme, a entr'ouvert devant nous.
Les grands amateurs angoumoisins dont il vous a entretenus for-
ment une réunion d'effigies très variée. Pas un portrait en pied,
mais, en revanche, quelques bustes, des médaillons, des médailles,
plusieurs pastels, le tout de bon style et d'aspect agréable. Vous
nommerai-je les personnages? C*est d'abord l'aïeul de François 1",
Jean d'Orléans^ dit le Bon, c'est le roi-chevalier, c'est Marguerite
êÏÏ RAPPORT GENERAL.
d'Angouléme, puis Jen-Limis de .\ogaret, Guez de Bahac, Charles
de Sainte-Maure, duc de Hfoniamier, Gourville et Charles-Rosalie
de Rohan-Chabot, comte de Jarnac. J^ ae nomme que les princi-
paux. AL Biais connaît sa province ; aussi a-Ml loullipliê les profils
célèbres, ou simplement aimables, dans rétucle i|u'il projetait
d'écrire. Mais voyez Tembarra» de tant d'opulence! Voire collë,'{ue
savait que le temps lui serait compté et l'espace ménagé ; aussi
n*a-tHl pas échappé à une gène visible. C'est en homme hàtif qu*tl
énumère les belles œuvres, les pièces rares. Son cadre était trop
vaste. M. Biais ne nous a donné quVn a coup d*œil ^ sur des
richesses dont il sait la valeur, et il voudra s*y reprendre en Taisant
halte devant un seul de ces amateurs dont il a souhaité d'être rhis-*
lorieu et le juge autorisé-
ft Gabriel-François Moreau, èvèque de Màcon en 1763, nous est
présenté par M* Lei, correspond aut du Comité dans cette lillfl^
sous le patronage de Prud'hon. C'est, eu eflèt, ce prélat qui recom*
manda Prud'hon, adolescent, aux Ëtata du Maçonnais, le 17 mai
1774, et otïlint qu'on Teuvoyàt étudier à TÉcoIe de dessin de
Dijon. Une aussi heureuse initiative méritait d'être connue. Mais
M. Péïéque de Mâcon eut encore Phontleur de fonder dans sa ville
épiscopale une Ecole d'art qu'il inaugura en personne. Greuze fut
chargé de peindre son portrait que désiraient lui offrir les États.
11 commanda lui-même à Greuze le portrait de M. de Valras, son
prédécesseur. Et par surcroît, son palais était un Musée. Plus de
cinquante tableaux, des sculptures, des tapisseries, des gemmes
remplissaient les salles de cette demeure d'artiste. M> Lex a été bien
inspiré en replamnt dans son jour cette figure efiacêc d'un évéque
amateur, au sens le plus élevé de Peipression, 11 a aimé Tart en
homme de goût, en homme de cceur, en citoyen d'une intelligence
supérieure» Ce fut quelqu'un.
fn U Hôtel de ville d'Arles et ses huit architectes, tel est le titre
du curieux mémoire que M, Charvet, membre non résidant du
Comité à Lyon, a lu à cette session. Nous sommes en 1(?65, Louis-
François de Royers de la Valfenière est choisi pour construire
l'édifice* Alais il n'est souveraineté qui soit à l'abri d'une usurpa-
tion* Puget faisait grand bruit dans la région. Les consuls ont
lifPOiT GÉfVÉRAL. B%
Tidéif de rappeler à Ailes, U g'y rend par deux Tois ea 1G72 et
loinnet ses plans. On les discute. Pendant ce temps, un certain
frère Clément, relîgîeui auyuitîn, entre en Ike, Il est assisté d'un
architecte de Tarascon, Nicolas Lîetitaud* Puis vient le tour d'un
peintre artésien, Jacques Peitret. Et les plans de pleuvoir! Mais
Dominique Pille porte se présente, et Jean Rochair le suit de près>
Le9 consuls délibèrent et ne «^entendent pas. C'était à prévoir.
Pour achever de les rendre perpletes, Jules Hardouin-Xlansart,
Agé de vingt-sept ans, vient augmenter le nombre des concurrents.
M* Cbarvet vous a dit les réclamations de La Valfenière. Ses con*
frères firent évidemment comme lui. Peine perdue! Le vestibule
voûté en pierre est l'œuvre de Mansart, et c'est à lui, le huitième
larron, que revient Fhonneur de la construction dans ce qu'elle a
de remarquable. Incidemment, M. Charvet fait passer sous la voùle
hardie, ceuvre du jeune Mansart, la belle Mme de {Irignan. Cette
apparition toute gracieuse ajoute à Hntérôt de sou étude,
H Est-ce une page d'histoire que vous a lue \L Léon Giron,
membre non résidant du Comité au Puy» à propos de V Assomption
de François Le Mo^ne, coOt^rvêe dans Tèglise de Saint-Julieti-
Chapteuil? Oui, certes; mais Thistoire, dans la circonstance, ne
laisse pas d'être romanesque. La mère de Le lUoyne, veuve eu
IG93, alors que son fils était dgé de cinq ans, avait épousé, cette
même année^ le peinte Vrac de Tourniére. l uion de courte durée.
En 1702, Tourniére et sa femme se sèparaîenL Quelque dix
ans plus tard. Le ïlloyne avait grandi. L'Académie royale le comp-
tait parmi ses membres. L'honnête peintre recueillit sa mère à
■on foyen iV'en soyons pas surpris : il habitait rue des lions- Enfants.
L'évéquedu Pu y, M. de La Roche-Aymon, ayant souhaité, en 1718,
de pouvoir offrir une peinture au\ moines de Saint-Julien, s'ou-
vrit de son désir au duc d'An tin, qui chargea Le Aloyne de satisfaire
le prélat. Le Moyne avait deux palettes : c'est un détail que relève
M. Giron. La première comportait comme couleurs fondamentales
le jaune et le rouge, dont te mélange permettait au peintre d'oble-
ûir des tons roux. H en usait pour ses scènes mythologiques. Le
rouge et le blanc dominaient sur la seconde palette. Celle-ci servait
à peindre les sujets religieux. Le Moyne, on le voit, était un homme
métbodique. U fut aussi, pour son époque, un consciencieux. 11
4é RAPPORT GÉNÉRAL.
avait le respect île la nature. Se ¥oyant chargé de peindre une
Assomption pour M. de La Roche*/! ymon, il s^avisa de nous laisser
le portrait de sa mère dans la figure de la Vierge qui, les mains
jointes, assise sur des nuages, s'élève dansles airs escortée par des
groupes d*anges dont François Boucher, disciple de Le Moyne,
se souviendra plus tard et, sans grand effort^ fera des Amours
potelés et souriants. Je m'attarde. Mais cette histoire a son épi-
logne. Le lUojfne perdit sa mère, puis sa femme, puis son protec-^
leur le due d'Anlin, et enfin... la raison. La main tremblante du
peintre devint inhabile à tenir le pinceau. La plume n'aurait pu
traduire ses pensées confuses. C'est alors qu'un de ses élèves»
Nonotte, le suppléait comme secrétaire, et M, Giron a retrouvé
dans les papiers respectés par Tincendie de Tabbaye de Saint-
Julien cette curieuse mention : «^ M. Xonotte nous mande de la
a part de Al. Le Moyne pour qne soit lacérée ou brûlée la Vierge
« Marie dont M. Téiréque de La Roche-ilymon a fait don au prieuré
ti en 1718. Mp Le Moyne^ en démence, prétend qu'il fut sâcrilége
4^ de ponrtraire sa mère, et qne pour ce, sa mère sonfire dans les
it flammes du Purgatoire, Nous prions pour lui. »> Ces lignes ne
rendent-elles pas deux fois précieuse V Assomption de Saini-
Julten-Chapteuil?
4( Pendant que je suis dans l'Auvergne, tout occupé de Le Moyne,
les provinces frontières se sont levées. On accourt vers Paris de
toutes parts. J'entends des voix connues : AÏM. Bouillet, Benet^ de
Longuemare, Denais» de Granges de Surgères réclament leur tour
de parole,
ti L'étude de M. Tâbbé Bonillet, correspondant du Comité â
Caen, sur les Boiseries de la Val-Dieu j renferme un enseignements
Ces boiseries sont Tœuvre d' un hnchier dont le nom ne nous est pas
connu. Leur importance n'a rien de considérable. Elles datent de
la fin du dix-septième siècle. Des guirlandes» des pilastreSp quelques
cariatides s'écbappant d'une gaine ornée constituent le décor de-
vant lequel s'est arrêté M. Bouillet dans Téglise de la Val-Dieu.
Mais cotre confrère vous Ta dit ; « Cette œuvre est belle autant par
u la perfection du travail que par Theureux agencement des parties
«qui la composent. Les sculptures, ornements, draperies, chapi-
BAPPOHT GÉnffeEAL. 65
uleatix^ figurei, fettilla^^es et fl«urs ont été fouillés en plein bois
■ par 1IT1 cifieaii cFime énergir sans préciosité, avec une vigueur
isure d'elle*inéDie et maitre£âe de ses eOets. C'est de Tart, mais
sde l'art puissant et robuste. » M, Rouillet tiendrait-il un autre
lingaije s'il avait à juger des pages décoratives d'un Coyzevox ou
d'un Buyster? Conclusion, Messieurs : TÉcole française au dii*
leptiëme siècle a sa doctrine et son style perceptibles sous le
ciseau de lartisaD tout aussi bien que dans le travail des maîtres
en renom* Cette unité, cette foi ei^t à son honneur, et j'ignore si
lei ouvrages que Ton exécute aujourd'hui présentent un caractère
analogue; j'ignore si la disciplina; de nos décorateurs permettra
dans denx cents ans de préciser l'^^poque à laquelle ils auront
tcDu Foutil, L'art sous Louis \[V porte une date qui n'est pas sans
gloire,
«IL Armand Benêt, inenihre non résidant du Comité à Caen,
H\ l'auteur de deux mémoires puisés à des sources différentes,
mm présentant certaines analogies. Ils ont pour titre, le premier :
Peintres des seizième au dix^huitième siècles, noies et documents
i^lraùs des fonds paroissiaux des archives du Calvados; le
lecoiid : Artistes d'AvrancheSj Baymx, Cherbourg, Coutances,
Sûint-Làjf Valognes et Vire au dix-huitième siècle, d'après les
rôles de la capitatfon. Ce sont deui répertoires inédits que vous
offre U. Benêt. J'entends l'observation des metteurs en œuvre. Hé !
Hessieur!}, soyons de bonne foi ! l^s ouvrages les plus consultés,
les guides les plus «ûrs, les plus familiers de quiconque touche
lui études historiques, ce sont prt^risément les dictionnaires, les
Domenclatures bien établies, les tables méthodiques, les réper-
toires faits de clarté et de prérision. En ce temps de vie fiévreuse,
qui donc a le loisir de Lout lire et de compulser les chartes origi-
oalesî Sachons gré, croyez-moi, au lecteur préalable, au chercheur
modeste, patient^ obstiné, qui consent à disposer pour nous u à pied
ff œuvre n les éléments de nos livres de demain. Ne faisons pas fi
des répertoires. Saint-Simon nous révèle qu'à son époque les gens
dé goût disaient volontiers d'une personne qui se souvenait de
acoup de choses et se montrait toujours prête à instruire les
'es : « C*est UD répertoire! ^ Conservons à ce mol le sens élo-
iii que lui donnait Saint-Simon.
5
€é RAPPORT GÉNÉRAL.
« heA Sphinx de Pavîlly donl s^est occupé M. P. de Longuemare^
membre de la Société des antiquaires de ]tiormandie, sont deux
sculptures énergiques, de grand aspect, datant, selon toute vraisem-
blance, du dii-septieme siècle. Elles décorent le parc de M. le
comte d'Auray. Le« têtes ont un peu souffert, maïs la poitrine se
dessine bien, et les corps de lion sont presque intacts. Un écusson
sculpté sur la housse qui recouvre le corps des sphm]i paraît ren-*
fermer les armoiries des Le Alarchand de Bardouville ou des Cara-
das, EaC-ce dans les archives de ces maisons qu'il conviendrait de
chercher le prix fait des sculptures de Pavilly? On serait tenté d'y
Toîr des œuvres de Pnget. Le maître a ïravaiUé au Vaudteuil en
Normandie» Mais nulle preuve de cette attribution trop flatteuse,
pour qu'on raccueille sur le simple eiamen des sphinx en question.
Ce sont de belles œuvres. Sachons gré à \1. de Longuemare de nous
en avoir révélé le mérite, mais tenons réservée la question d'attri-
bution.
n Ce n'est pas une plume, c'est un crayon très fin qu'il faudrait
tenir à la main pour reproduire dans ses détails la maitre-autel de
la cathédrale d'Angers dont vous a parlé M. Joseph Denais.corres-
pondant du Comité. L'auteur de ce décor fastueut s'est appelé
Denis Gervais. 11 s'est qualifié lui-même sculpteur et pensionnaire
du roi. La justification de ce double titre nous échappe, mais assu-
rément TAcadêmie royale dut compter dans ses rangs au dernier
siècle des hommes moins habiles que ce Denis Gervais, Il excellait
à façonner le marbre ou ralbâtre, à disposer des colonnes, & simu-
ler les nuages, k cadencer les ligures d'anges, les cassolettes, les
diadèmes. Bref, ce fut un homme eupert en Tan de grâce 1755.
M, Denaîs ¥ous a communiqué le contrat passé entre Gervais et le
Chapitre de la cathédrale* Tout le monde fut d'accord. On était en
veine de conspiration contre les lignes sévères, le style simple et
grand. On aimait le bruits la rechercbe, la pompe et Tor prodigué*
Gervais tenait réserve de ces articles en abondance. Il servit les
chanoines à souhait* Son oeuvre n'est pas sans aspecL Elle porte
une date, qui le conteste? Mais si notre sens critique trouve à re--
prendre dans le baldaquin surchargé de l'autel de Denis Gerva
par contre, cette œuvre reste un spécimen très complet du st]
retentissant en honneur sous Louis XV,
i
ItAPPOHT GÉNÉRAL, if
« JU. de Granges de Surgères, correspoodaiit de la Société des
inlîquaires de France à îVantca, un èrudit, un chercheur c|u« Hen
ne lasse, se mêle â votre groupe pour la première foisi. I^rètons
loretlle. Votre nouveau confrère a frappé au hou endroit. Il a dé-
pouillé les mi nu tiers de sa ville. Et grflce à eeii découvertes, nouf
savons maintenant que les grandes ¥oùles de la cathédrale de Mantes,
commencées en 1626, furent achevées en 1^30, \ous savons (fue le
transept méridional fut adjugé, le 27 mars 1631, pour 32,000 livres
à René Lemeunier, Ifîchel Poirier, Jacques Corhineau^ Mario
Gadenîer et Guillaume Belliurd, tous maîtres architectes de la
ville de Nantes. Cette révélation nous satisfait, car il vsi ttien peu
d'artistes ou d'historiens de lart qui ne se soient rendus au moins
une fois dans ce transept où rayonne le superi)e lomheau du der-
nier duc de Bretagne par Michel Colomb. Les perles fines sont
hors de prix, mais il n'est pas indifférent que Técrin qui leur sert
de cadre et les protège soit de bonne fahriqne. lU. de Granges de
Sttrgêres vous a fait Thistoire de Técriu.
& Je sois trop long. Vos confrères de la région de TËst s'impa*
tientent. Faisons silence. MM. Gauthier, Brune, lilaie-Werlf ,
Jacquot ont la parole,
• Conrad Meyt ei les sculpteurs de Brou en Franche- Comté j
lel eat le sujet traité par M, Jules Gauthier, membre non résidant
du Comité à Besançon. Conrad Meyt vous est connu, M. Pinot ^
U. Charvet ont parlé de lui. M. Gauthier s'attache à ses pas, je
veux dire à ses œuvres maîtresses. CVst un sculpteur allemand que
son rare mérite désigna comme directeur des chantiers de llrou,
avec la haute mission de sculpter les têtes et les mains des [jisants
princiers de ce Saint-Denis de la Bresse, lin Florentin, Mario Ito, est
son lieutenant. Van Boghem, esprit ombrageux, lasse la pntience
de Conrad. Celui-ct émigré à Lons-le-Saunier. Mariotto Taroom-
pagne. Phi liberté de Luxembourg leur confie reiécution de
superbes tombeaux* Ils se mettent à l'œuvre. Mais Henri de Nassau
vient à la traverse. Phi liberté dépossédée de ses biens ne peut
^ver sa noble entreprise. Conrad et Mariotto se trouvent sans
»uiSr sans salaire sur terre franc^comtofse. C'est alors que
Gauthier, tant avec le secours des sculptures de l'époque encore
61 RAPPORT GÉNÉRAL.
Visibles qu'à l*aïde de pièces d 'archives , ressaisit les deux maîtres
ainsi que leur imitateur Claude Luiier et reconstitue leur œuvre
dans ses pages essentielles. Quelques afBrmatîoDs de M> Gauthter
inquiètent Vhistonen que la méthode rigoureuse en honuenr
aujourd'hui rend circonspect, mais les rapprochements, les aperçus
dont le travail de votre confrère est tissé, à l'exemple d'une trame
solide et serrée, ne permettent pas de le contredire. Des statues de
haut style, anonymes jusqu'à ce jour, sont restituées par M. Gati*
thier auï hommes dont il s'occupe. Si quelque hésitation subsiste
dans Tesprit de son lecteur, M. Gauthier ne sera pas combattu. Il a
pour lui beaucoup de preuves irréfutables et des vraisemblances
évidemment très proches de la vérité. Les Bisontins voudront tenir
compte de la réclamation formulée par leur compatriote au sujet
de la Pieta de la cathédrale de Besançon,
«Une porte s'entre-bâille, et M. Gauthierp qui tout àTheurea fait
œuvre de critique et d'historien, nous apprend en quelques mots
rapides ce que renferme la salle voisine. Elle contient le Musée
Gigoux, c'est-à-dire 450 toiles et 3,000 dessins légués par le
peintre à sa ville natale. L'eiemple est salutaire. Il a été donné par
Ingres â Montauban, par le statuaire David à Angers, par IVicar à
Lille. Le Musée Gigoux aura son intérêt, car le vieil artiste que
nous avons personnellement connu était un délicat et un collec-
tionneur. Nous nous souvenons d'une vente de dessins à rbûtel
Drouot, en mars 1883, qui rapporta, dit-on, 100,000 francs. Ces
dessins provenaient de chez Gigoux. M. Thiers, amateur à ses
heures, ne voulait rien conclure avec les marchands d'muvreâ d'arl
sans avoir pris conseil de (ligoui. ÎVous avons raconté dans des
pages dictées en partie par le peintre ses relations sans nombre
avec ses contemporains; aussi sommes-nous assurés que les histo-
riens futurs de TEcole française au dii-neuvième siècle seront
tenus de visiter le Musée Gigoux sous peine d'être incomplète-
ment pénétrés du mérite des peintres ou des dessinateurs dont ils
voudront parler. Les Jobannot, Delacroix, Cabat, Couder, Fran-
çais, Laiiron, Marquise t et cent autres ont été les amis de Gigoux
et lui ont offert quelque ouvrage. M. Gauthier rappelle égalemei
certaines peintures anciennes de la collection, mais U n'a pas 1
loisir d'en retracer la genèse, d'en établir l'authenticité. Ce ser
EAPPOET GinÉEâL. «9
8ft tâche prochaine. Votre confrère semble détirer qu*an buste en
marbre du donateur soit un jour placé au milieu de sa collection.
Rien de plus louable, et le buste superbe, modelé ad vivum par
M. Looîft-Noêl à la veille du Salon de 1882, sera Teffigie sculptée
la pins vraie, la plus vivante qu'il conviendra de placer en pendant
du portrait du maître, par M. Bonnat, au Musée Gigoux.
« Vous avez présentée la mémoire la communication de M. Tabbé
Brune, correspondant du ministère, à Baume-les-Messieurs. Il vous
a parlé de sculptures et de peintures conservées depuis plusieurs
siècles dans Téglise de Saint-Antoine en Viennois. En Técoutant,
je me rappelais cette boutade d*un pamphlétaire : u Rien n*est plus
tt difficile à retenir que de la gloire volée : elle revient tôt ou tard à
a son premier maître. » Antoine Le Moîturier a été longtemps
dépouillé, mais ici même M. Tabbé Requin a plaidé en faveur de
ce grand artiste que Michel Colomb proclamait u souverain tailleur
d'images» I Et spontanément. Messieurs, vousavez ordonné la resti-
tution lojale à Le Hoiturier de ses belles œuvres sculptées à Dijon
et à Avignon. M. Brune poursuit le procès. La façade de Téglise de
Saint-Antoine comprend une centaine de statues. Celles qui déco-
rent Tarchivolte, dans sa partie la plus voisine de la porte, sont au
nombre de douze. Elles représentent des prophètes. Leurs propor-
tions sont plus grandes que celles des groupes disposés dans la
seconde et la troisième zone ,de Tensemble décoratif. Le caractère
de ces prophètes est donc nettement écrit. Or, M. Brune n*hésite
pas à réclamer, au nom de Le Moiturier, toute la sculpture de la
&çade. Le sens critique approuve cette réclamation. Ce que Ton
sait de la vie du maître autorise à penser qu*il vécut de longues
années à Saint-Antoine. Mais ce n*est pas seulement Le Moiturier,
c'est le peintre Robin. Favier que M. Brune a le noble désir de
remettre en possession de son patrimoine, et je ne serais pas sur-
pris que des pièces écrites vinssent justi6er un jour ses conclu-
sions plausibles.
K Très Jaciunt eapitulum. Le chapitre sera complet avec ce
isième mémoire de M. Maxe-Werly, membre non résidant du
mité à Bar-le-Duc, sur FAri et les artistes dans le Barrois.
lie fois, Tautenr a voulu traiter des imagiers, des maîtres
70 RAI^FORT GÉNÉRâL,
d'œuvres, des verrriers et des hommes de thé&tre. Le cadre est
vaste, M. Maxe-Ucdy ne Va pas restreint par lassitude ou par
oubli. Statues r retables, objets mobiliers, effigies gravées ou
peintes, tout Tintéresse et lattire. Sépultures j mausolées de
princes, de donateurs émitients, de personnages illustres, sont
poursuivis dans les caves, les greniers, les pièces de débarras où
personne ne songe à s^aventurer. Quel patient chercheur M. Max&-
Werlyj Est-il uioiDs heureux dans le domaine de Tart dramatique
ou lorsqu'il s'occupe de verrières? Ne le craignez pas. Sa moisson
est de toute richesse, de toute variété. Les glaneurs perdront leur
temps après lui. Et à Tappui de son teite, M. Maxe-Werly a mul-
tiplié l'image, si bien que son mémoire a rattrait d'un Musée.
Suivez, Messieurs^ suivez l'exemple de votre confrère du Barrois,
et que toutes nos provinces donnent lieu à des répertoires concii,
lumineux, dans le caractère de celui que M. Mare-Werly a cou*
sacré à su première patrie.
ix Certaines époques se révèlent à nous sous un aspect aimable.
Les maîtres de ces temps faciles sont de taille moyenne, mais ils
nous apparaissent avec un sourire éterneL Tel est le dix-huitième
siècle avant le coup de tonnerre de 1789 ; tel est Charles Ëisen, le
graveur valenciennois, dont ilL Albert Jacquot, correspondant du
Comité à Nancy, vous a dit la mort humiliée, il en faut rabattre
de Taisance dorée que laissent supposer les estampes d'Eiseu dans
les Contes de la Fontaine ^ édités en 1762 ppur les Fermiers géné-
raux. Ëisen li connu le res angusta domL C'est hors de France
qu'il succombe, le 4 janvier 1778. 11 s'éteint à Bruxelles, soli-
taire, insolv&blep chez un logeur nommé Clause, qui n'est rien
moins qu'un fripon. Ledit Clause s'approprie clandestinement
nombre de dessins laissés par son locataire, entre autres une com-
position qui paraît être importante et que raccusateur de Clause
intitule : la Séduction^ Qu'est devenue cette page? Quel châti-
ment fut infligé au voleur? La pièce apportée ici par M. iacquut
est muette sur ces deuJt points. Qu'importe? Xous faisons un pas
de plus vers la lumière au sujet d*un petit maître du demie
siècle,
■ De TEst au Nord, il n^y a qu'un pas. Ne faisons pas attendr
j
EAPPOIT GÉNÉRAL. 11
MM. Qaarré-Reybonrbon , Cavroit» Hénault, vos confrères da
Nord.
«Je soapçonneM« Quarré-Rejboorbon, correspondant du Comité
à Lilk, d'avoir éprouvé un malin plaisir à retracer ici la vie de
Jacques Van Oost. Songes donc! Noos sommes à Paris, et Van Oost»
né à Bruges, vers 1640, prit un jour la résolution de venir se
perfectionner dans Tart de peindre auprès des maîtres de TAcadémie
royale. Quel projet plus louable que celui-là! Mais Tartiste 6t une
balteà Lille, et Lille le retint pendant quarante années. Cest à Lille
quMl prit femme, eut des enfants et multiplia ses tableaui. Capoue
avait eu raison de Ténergie d'Annibal. Lille centupla les forces de
Van Oost. Et c'est à cette tribune, en plein Paris, qu*un écrivain
lillois raconte ces événements. Paris en est presque confus, à
moins que Paris n*en soit heureuiL» Somme toute, personne n*a
perdu à ce stage des Van Oost, le père et le fils, dans les Flandres
françaises. Leurs œuvres y ont été en honneur. Ces deui peintres,
descendants assagis de Rubens, habiles imitateurs de Van Dyck,
ont bien fait de vivre dans un cadre à leur taille. Ils j ont gagné de
h renommée, de la fortune et, ce qui est plus rare, un biographe
attentif.
« Les voyages sont instructifs, mais parfois ils peuvent être mor-
tels. Que vous a raconté M. le baron Cavrois, secrétaire général de
Tacadémie d'Arras? Ne vous a-t-il pas dit le péril de mort que
courut Témail de Vaulx-Vraucourt à la suite d'un voyage qui
semblait devoir être inoffensif ! Cet émail est vénérable. 11 date de
1581, et, depnis sa naissance, cette pièce de choix était Tornement
du trésor de Vaulx. Voilà qu'en 1896 la ville d^Arras ouvre une
exposition rétrospective. On porte Témail de Vaulx à Arras. Là,
on Tadmire, on Tétudie, on le flatte. L'exposition prend fin. Notre
émail est transporté chez un amateur. Dans quel but? Dans la
pensée de le rapprocher momentanément d'un certain nombre de
pièces datant également du seizième siècle et provenant de Limoges
mme Témail de Vaulx. Aventure toute simple. Mais Tamateur
eède subitement. On pose les scellés sur sa porte. On met aux
chères sa collection I 0 terreur! Ce passant, ce visiteur d'un
ar, ce commensal accidentel est compris dans les biens de Tama-
It RAPPORT GÉXÉRALp
teor, et c'en est fait de $a libi^rlé! Mais le PaB-de-Calatâ possède
une commission des monumenls historiques à l'œil vigilant. £lle
eut recours au préfet, (|ui ne permit pas qu'un jour d'école buts-
âonnîère entraînât la mort du flâneur. L'émail de Vanlx es! de
retour au village. Félicit^nâ Af. Cai^rois de nous avoir conté cette
odyssée. I/émaîl de 1581 renferme de si charmants portraits de
donateurs que sa disparition serait une perte regrettable, II a, paraît-
il, ses semblables au Musée de Cluny. Tous nos compliments â ce
Musée,
<i Antoine Gilîs, sculpteur et peintre, est un heureni. M, Hénanlt,
correspondant du Comité à Valenciennes, vient de lui consacrer
une élude approfondie. M, Eugène Soil avait eu le même souci à
l'endroit de Gilis. Il est vrai que ce sculpteur a eu deux patries :
Tournai et Valenciennes. il est juste qu'il ait rencontré deux
biographes. Gilis, à Valenciennes, fut le maître de Jacques Saly, et
il ne quitta cette ville qu'à Tàge de cinquante-cinq ans. M, Hënault
aiait donc la plus belle période de la lie de son modèle à raconter
à Taide de pièces inédites. Il en a fait ample moisson, et Tbontiéte
sculpteur valenciennois , quelque peu redondant et tourmenté à en
juger par un Hercule terrassant l'hydre, personnage trapu dont
nous avons vu une reproducKon entre les mains de M. Hénault, est
désormais ressaisi dans les événements les plus circonstanciés de
son existence. Xous n'exigerons pas qu'on lui élève un bronze dans
la gslerîe des maîtres de V al en ci enn es, mars sa médaille y est à sa
place, et nous restimons bien frappée*
ft Le Af idi réclame ! Le Midi 1 Locution vague dont nous avons fait
la dénomination d'un groupe de provinces ricbes, studieuses,
promptes à Teflort, c'est -à -dire le Béarn, le Quercy, le Languedoc,
la Protence et le Comtat. Laissons pénétrer les envoyés de ces
ttelles régions. Un délégué de TAquilaine a pressé le pas et les
précède.
a Les titres bonorîfiques n'ont qu'une valeur viagère* Lorsqr
rhomme qui les porte vient k disparaître, c'en est fait de Fécl
qu'ils ajoutaient au nom. Vous avez entendu \!. Cbarles lïraqui
baye, membre non résidant du Comité à Bordeaux, retracer la v
RAPPORT GB\ÉRâL,
73
d*Antoine Le Blmid de Latour, peintre de riidtel de ville de cette
grande ctlé. Le Blond s'est qualifié acadéitiicteii et pettilre du roi.
Or, les documenti que noua a laiiséâ raticteune Académie; de pein-
ture, s'ils ont été bien lus^ ne permettent pas dVtabtir raulhen-
tjcîté de ce doubh; titre. Mais Le Blond est mort en 1706, et ses
oentres noua dispensent de nous attarder aui qualificatifs de sa
personne. Les quatre-viugt^iefiEe portraits de jnrats qu'il peij[jDit
pour le compte de la irille» de 1668 à 1090, juslifient le projet
caressé par U.Marionneau et réalisé par M. Braquehaye. Le Blond
méritait une notice. Elle est faite. Votre eenfrère Ta rédigée à Taide
de pièces d'archives à demi consumées par la flamme des incendies.
Sachons-lui gré d'aioir fait pjjrler les cendres. Le Blond peignit
aussi des portraits de princes et de souvaruins. Il fut Tartisan des
entrées somptueuses dans sa ville d'adoption. Il ouvrit école et
foulut être éducateur. Son crayon ne lui suffit point. Il prit la
plume. J'avoue que sa Lettre sur la peinture atteste plus de bonne
volonté que de réel talent. Le Blond n'est pas écrivain. Mais s'il fut
bon peintre, il a droit au respect. M. Braquebaye n'a malheureu-
sement retrouvé que les portraits d'un « clerc de ville n et de sa
femme. 11 se peut que des descendants des jurais ajoutent tôt ou
tard à ces deux toiles quelques portraits d'ancêtres dont ils ne
soupçonnent pas Torigine et qui soient T œuvre de Le Blond.
H Agrippa d'Aubigué, c'est U, Paul Lafond, correspondant du
Comité à PaUr qui nous le rappelle, se plaignit un jour en un
quatrain mordant que le roi de Navarre lui eût ufTcrt ion portrait.
Le satirique laisse deviner que la peinture offerte tenait lieu d'argent
gagné. Si la peinture était bonne, d'Aubignépoumit-il se plaindre?
H* Lafond a voulu savoir quel était Pau Leur du portrait. Et dés la
première heure de son enquête, il sVst trouié en face des Uunel.
Ces peintres sont au nombre de trois : Jean, François et Jacob, Jean
exerce son art à Blois en 1518. François, soti fils, doit naître entre
1515 et 1530, à Blois, sans doute. Jacob, son petit-tils, verra le
jour à Biais en 1558. Français est de bonne heure valet decbauïlrre
peintre du roi de Vavarre à la petite cour de Pau. Les livres de
mptes compulsés par M. Lafoud nous montrent François Bunel
îs employé et peu paye ! L or ctait rare. Plus rare encore aujour-
hui est un€ peinture authentique de François^ Ton Les ses œuvres
n4 EAFPÛRT OÉKÉBAL.
ont dîsparu ou nous échappent. Jacob, le petU-fiU, est plus à portée
de ThisLorieD. Il a voyagé ea Espagne^ il s'est éprts de Titien et a
-travaîUé pour Philippe H. De retour en France, il collabore avec
Oubreuîl à la décoration de Fontainebleau. 11 peint à lui seul uue
galerie de portraits que le feu détruira. Peintre en titre de Henri IV,
conservateur <Iu cabinet du roi, il a son logement au Jjouvre, et
c'est lui qui donnera les premières leçons de dessin à Louis Xltl
enfant. Ses peintures ont subi le sort des ouvrages de son père, maià
Thomas de Leu a tout au moins sauvé par son burin le portrait
de Henri IVi Bunel a bien vu. Le roi de France sous son pinceau a
le type consacré par Pourbus et Du pré. Remercions M, Lafond de
son excellente monographie des Bunel, si riche en révélations de
tout ordre.
u On reproche souvent aux vieux historiens de faire graviter les
hommes d'une époque dans lorbite d'un seul personnage* AL Mom-
méja^ membre non résidant du Comité à Montaubaui vous a prouvé
^ue le reproche s'appliquerait encore avec raison aux historiens de
notre époque. Il s'agit de la décoration de la salle des actes de la
Faculté de théologie protestante à Mon lauban. Ce travail, commandé
«n 1685 par les Minorités ou religieuses de Sainte -Claire, fut
parachevé en I77L Or, la tradition orale vent que cette décoration
sott l'œuvre d'Ingres père* Nous savons d'ailleurs par les études de
M. Edouard Forestiè qu^aux environs de 1771, Ingres père était
non pas à Montaut»an, mais à Nice. De plus, il n'avait alors que
dix-sept ans. Voilà pour Tachèvement du travail* Quant à la partie
commandée en 1685, Je bon sens nous dit (prelle ne peut être
attribuée à un contemporain de Louis XV. Au surplus, M. Mom*
mèja nomme les décorateurs de 1771 « Us se sont appelés Burcq et
Granjac. D'autre part, un écrivain local a nommé Fartiste de 1685.
Il s'appela Dussaut. M. Afomméja souhaiterait de ridenlilier avec
un Jacques du Soit de 1652, peintre et doreur; mais ce du Soit
n'est inscrit nulle part dans les comptes des bâtiments postérieurs
À 1664, L'artiste se dérobe* En revanche, son œuvre, d'une abon*
dance robuste, ses panoplies, ses trophées, ses rubans, ses médaillons
modelés et peints indiquent que nous sommes en présence d'un
auivant de Le Brun, qui avait emporté dans un pli de sa mémoire
«les lessouvenirs de Versailles.
RAPPORT GÉ\ÉRAL. fi.
« Ici, Messieurs, je me récuie. M. Charles Ponsonailhe, corres-
ponilattt du Comité k Béziers, vous a sijfjnalé un cyrieui Jcssin
d^Huberl RoberE, sur Thermidor, Je voudrais rendre jusliceà votre
con frère r mais ma plume hésite. Je ne puis oublier que notre pré*
sîdent a seul autorité pour bien parler de T époque dans laquelle
s'est confiné cette fois M. Ponâonailhe. Vous cannaisBez comme moi
la Bibliographie de t histoire de Paris pendant la Révolution Jran^
caise^ œuvre monumentafe cjue publie en ce moment M, Maurice
Tourneux. Il n'est pas un sujet, pas un trait isolé, m rattachant à
la période révolutionnaire, qui ne soit en puissance dans cette
Somme d'un nouvel ordre, ie n*ose donc franchir le jîuichet de
Saint-Lazare avec M, Ponsonailhef tant je crains de trébucher sous
le ferme re^^ard de T historien assis à ma droite. Terreur inoppor-
tune, sans Joute, car le vrai savoir est indulgent. Admirons donc
ensemble ce singulier dessin /a Délivrance des prisonniers^ com-
posé par Hubert Robert entre le 9 et le 17 thermidor an 11^ jour
de sa mise en liberté. C'est une allégorie. J aperçois une jeune
femme qui tient une caf|e ou^rerte d*oii s'échappent de petits oiseaui.
La Faculté de médecine de Montpellier détient ce dessin. Je ne sais
où \ igée a puisé ses renseignements. \e parle-t-il pas d'innom-
brables croquis dessinés par Hubert Robert dans sa prison? Vigée
exagère, ou alors un destin mauvais s'est acharné sur les sanguines
de l'artiste, car M, Ponsonailhe n'en a pu découvrir que quatre ou
peut-être cinq. Le dessin de Montpellier était inédit, oublié, ignoré.
Il a pour nous rintérèt d'un document psychologique. Il donne la
mesure chez son auteur d'une possession de soi toujours rare aux
heures de crise, Alais les prisons de la Teri eur comptèrent plus
d'un artiste à T&me assez virile pour échapper au découragement.
C'est aux Madelonnettes, je crois, que Qualremère de Quincy
modelait les statues de la Liberté et de rE;jali1é à Taide d'un ébau-
choir taillé dans une planche du cachot; Loir dessinait le piédestal.
Rebourg et Guilbert reiécutaient en carton avec le tranche! d'un
cordonnier, et LaCbabeaussière , pour tracer les inscriptions du socle,
osait d'un cure-dent. Au surplus, M. Tourneux vous eût dit cela
nieux que moi, car c'est à lui que j'emprunte Tanecdote.
« M- Pierre Parrocel, correspondant du Comité à Marseille, a
BU. rbeureuse pensée de retracer ici 1 histoire de la Porte d Atx.
tt RAPPORT GÉVÉRiïL.
C'est le nom populaire de Tare de triomphe de marseiDe. On tous
Ta dit. C<^ moDument (|ue Puget avait rêvé fut décrété eti 1784, et
les sculptures qui le décorent portent la date de 18S9. En écou-
tant M. Parrocel, nous ne pouvions nous défendra de soDger aai
vicissitudes qui ont marqué Texécution laborieuse, sans cesse tra-
versée, de Varc de TEtoile et de Tare du Carrousel à Paris. Mêmes
obstacles, mêmes exigences, Penchaud fut Tarcbitecte de ta Porte
d*Aix -f Ramey fils et David d'Angers en ont été les décorateurs. Le
gros oeuvre est d'un praticien consciencieux^ babile, Pierre Blu,
dont votre rapporteur est particulièrement heureux de rappeler le
nom. Les édiles de 17S4 espéraient édifier un monument à la gloire
de Louis XVL Cens de 1828 eurent la pensée d^bonorer le duc
d'Angouléme, La révolution de Juillet fit rejeter les esquisses de
David et de Ramey, qui reçurent Tordre de composer de nouveaux
emblèmes à Thonnenr de Tarmée française* Rendons hommage
atix deux statuaires, car leur tâche importante fut vraiment désin-
téressée. Je n'ose inscrire ici les sommes dérisoires qui leur furent
allouées. Et cependant, Messieurs, n'est*^e pas le statuaire qui pré-
cise la pensée maUressB d'un mûnument triomphal? Supprimez les
reliefs éloquents de l*arc de Constantin, il ne restera plus qu'une
maçonne rie > Si donc nous sommes jamais appelés à donner notre
avis sur un monument similaire de la Porte d'Aix^ prenons tous
rengagement de songer tout d'abord à sa parure, à l'éclat, à Topu^
lence du manteau de. marbre que des maîtres bien doiiéi seront
chargés de jeter sur Tossîiture de pierre.
41 L'histoire ensoleillée du Musée de Marseille, tracée par
M. Roui lion -Landais, correspondant du Comité, est une page qui re-
pose l'esprit. Sans doute le nuage traverse çà et là le ciel du tableau.
Où donc Tazur est-il éternel? Mais votre confrère nous fait assister
auK débuts modestes d'une collection provinciale, à ses développe*
meuts et enfin à son installation princière dans le palais de Long-
champ. Cette progression e$i attachante, et il semble que la grande
cité ait pour un jour fait silence autour des belles œuvres, peintures
de valeur, marbres ou bronzes de Lequesne, deBarye et de Cairelier
qu'elle portait joyeuse dans TédiGce construit par l'architecte de haut
mérite Ëspérandicu. Ce sont là, Messieurs, des souvenirs d'hon-
neur, et M. Bûuillon-Laudaiâ, qui aurait eu le droit de dire, en par^
RAPPORT GÉNÉRAL. 77
lant de ces éTénements oubliés : quorum pars magna Jui, laisse à
peine soupçonner le rôle dont il s'acquitta en conservateur vigi-
lant et actif. Soyons plus équitables; les conservateurs de Musée
sont des trésoriers, et quiconque fait fructifier un trésor au profit de
tons a quelque droit à la reconnaissance publique.
« Pugei à Aix, tel est le titre d*une brève étude de M. Numa
Coste, correspondant du Comité à Aix. C'est le peintre qui, chez
Puget, a tenté la plume de votre confrère. II vous a dit la genèse
de deux toiles que Thistorien de Haitze, en 1679, semble con*
fondre dans un même éloge, alors que H. Coste, avec plus de
critique, nous avertit de l'inégale valeur des deux peintures.
VAnnaneiaiion est connue. Lagrange l'a décrite, mais il n'a pas
dit que ce tableau renfermât les armoiries de la famille Meyronnet
de Saint-Marc, ce que constate M. Coste. Lagrange a également
regretté de n'avoir pu découvrir une pièce quelconque établissant
la date d'exécution de cette peinture; or, l'écrivain qui m'occupe
vous a lu le prix fait de treize tableaux confiés à Puget par les
Jésuites d'Aix, et V Annonciation fut la première, peut-être la
seule, des peintures exécutées par le mattre à la suite de l'accord
conclu, le 2 janvier 1658, entre lui et les Jésuites. La découverte
de H. Coste a son mérite. Elle fixe une date. Elle nous révèle en
outre que l'homme qui, de son propre aveu, se plaisait aux grands
ouvrages, ne se sentait pas troublé par la commande de treize
peintures! II est vrai que la commande resta lettre morte. L'An-
nonciation parait être de la main de Puget. La Visitation^ pleine
de ressouvenirs de l'éronèse, ne doit pas être l'œuvre personnelle
du peintre auquel on doit le Salvator mundi. M. Coste vous a dit
les difficultés survenues entre les Jésuites et Puget. C'est une page
inédite, curieuse, qui s'ajoute aux pages douloureuses de la vie du
grand homme. Théophile Gautier a dit un jour : a Les contem-
K porains pardonnent volontiers au talent stérile; par contre, la
« fécondité du génie ne séduit Thumanité qu'avec le recul des
K siècles. 9 Je propose aux futurs historiens de Puget d'adopter cette
sentence pour épigraphe.
B Un autographe sur la marge d'un dessin ! M. Ginoux, membre
)n résidant du Comité à Toulon, s'est attaché à la personne de
Tt RAPPORT GÉNÉRAL.
Jacques Riyaud, dessinateur et graveur marseillais. On le disait
Paristen. On le faisait naître en 1700. On le prénommait JeaD-
Baptiste. Autant d'erreurs. Jean-Daptiste est le neveu de Jacques,
et à diverses reprises Tiin et l'autre ont collaboré auï J/ues de
châteaux et de maisons royales^ éditées par Jacques Rigaud. Les
archives de Marseille n'ont pas encore livré Tacte de naissance de
Jacques Rigaud^ mais qu'avons-nous besoin de ce document? Vous
vous âouvene2 de Tattaque infructueuse du prince Eugène et du
coûte de Savoie contre la ville de Toulon en 1TÛ7> Jacques
Rigaud était là. II fut témoin du bombardement. Vite des crayons
et de Tencre de Chine. Voici la scène reproduite en un dessin
superbe mesurant plus d'un mètre de largeur. Rigaud fera présent
de son dessin à La moignon de Bdville, intendant du rof en Lan-
guedoc. Cest un personnage putsaanL L'occasion parait bonne
pour solliciter sa protection. Aussi, dans sm dédicace » notre artiste
exprime-t-tl le désir d'entrer dans le bureau des fertifications de
la cour. Et comme corollaire de sa requête, il se dit de MarsullËi
âgé de vingt-six ans. Quelles pièces d'archives vaudrai entée témoi-
gnage relevé par M. Ginoux sur le magnifique dessin de Jacques
Rigaud que conserve le Musée de Toulon?
a M. Labande, correspondant du Comité à Avignon, entre ici
pour la premitTe fois. Ouvrons-lui nos rangs. Mais cVst à tort
que, sur la foi d'une annonce, nous avions pensé qu'il se présen-^
terait accompagné d'un simple enlumineur. Il n'en est rien. A la
vérité, Guyot tialetet, miniaturiste avignonnais du quinzième sièclet
est à la droite de M. LabanJe. l) tient sous le bras le Livre d'heures
qu'il acheva d'orner de ses eiquises compositions sur léltn le
28 avril 1488, mais j*aperçois derrière lui tout un groupe d'ar-
listes suluniineurs, ses contemporains. Ce sont Nicolas Prevot,
Colin de Toysie, Guillaume Gaslel, Georges Trubert, Antoine et
Etienne Bolely, Olivier Bon-Ami , que sais-je encore? Ces vieux
maîtres, dont AL Reijujn vous avait en 1889 signalé reiislence,
nVni pas voulu que vous puissiez douter du mérite de leur con-
frère Guyut Baletet. Ils le couvrent de leur propre renom. Et tous
ce» artisans de petits chefs-d'œuvre vous demandent de contre*
signer pour tes siècles futurs les lettres patentes de TÉcolc de
miniature avignonnaise, Xous chargerons M. Labande d'un décret
RAPPORT GÉHJÉHAL, 1»
bien en règle, libellé par rotre Comité» donnant saliafaclîon aux
maîtres du ComIaL
a y. rabbéRm{ULn, membre non résidant du Comité à Avignon^
a reconstitué la biograpbie d'un sculpteur mAconnab du spt^îème
siècle, Imbert Roacbon. C*eftt un maître de Hère allure, Deus
œuvres de cet artiste subsistent encore à Avignon. i\L Requin en A
dit la valeur et aussi les mutiJatious. Le retable de la rbapelle dei
Parpaille à Féglise Saint-Pierre est un morceau à la fois puissant
et délicat. Le ciseau de fîoacbon est d'une souplesse lemarquable.
Pourquoi ce retable est-il déshonoré par trois figures île fabrique
industrielle récemment placées entre des pilastreit dont le de-cor,
d*un style eicellent, rappelle \e^ fines arabesques dcJeand^Udine?
Des verrnesde cette importance sur un visage où tout est lumière
sont une profanation. 1/aulcl et le retable de la cbapelle des Doni
à TéglisË de Saint-Agricol ont également souffert, mais combien
précieux sont les restes inidtérûs de ces pages maîtresses! Kt ce
qoi ajoute au prix île pareils ouvrages, ce sont les détails doulou-
reui que nons donne M. Requin sur les contestations, lea procès
dont souffrît Boacbon avant d'obtenir payement. Vous vous rap-
peler le mot de \L Poirier, dans la comédie d*Augier: » Comment^
^s*ccrie Gaston de Presles, trouvene2*vous mauvais qu'on protège
» Ie5arts?iiEt M. Poirier lui répond : «Qu'on protège les arts, bien î
■ mais les artistes, non.,. » M. Poirier doit être de vieille soucbe.
Les Doni d'Avignon, au seizième siècle, pensaient comme IuL
a J*ai fini. Messieurs. Mon interminable discours a lassé votre
patience- Je m'en eicuse, mais vous êtes responsables dans nue
large mesure de Tètendue de ce rapporL Deui fois seulement
depuis vingt-deux ans votre Comité avait inscrit, comme il Va fait
cette année, croquante mémoires à Tordre du jour d'une même
session. Sans doute votre nombre qui va grandissant nous donne
le secret de cette fertilité qui est votre bouneur. Xfals je soupçonne
une autre cause à cette éclosion soudaine d'excellentes éliîdes en
la présente année 1898. Vous êtes des crudits, Messienri^, mais
/ous êtes avant tout des patriotes. A ce double titre, voLts avez eu
résentes à la pensée les grandes journées de Tbermidor an VI,
ont un siècle révolu nous invite à fâter le centenaire. N^esUce
Itl &&PPORT GÉNÉftAL.
pas le 9 thermidor de l'année magique dont j'évoque h souvenir
que Ton vît se déployer depuis le Muséum irhiatoire oaturelle
jusqu'au Champ de Mars un cortège de dieui? Raphaël, Zampieri,
Titien, Véronèae, Corrège avaient déserté leur patrie natale, et
Paris acclamait au nom de la France ces maîtres de toute majesté
et de tonte séduction. Le Laocoon^ le Gladiateur^ VAnlinoUs^
Mdpomèm et cent autres chefs-d'œuvre dominaient les vingt-sept
chars pliant sous le faii des dépouilles opimes dont notre pa^s se
sentait redevable aux vainqueurs d'Arcole et de Rivoli. In million
d'hommes étaient debout. Les acclamations de k France, repré-
sentée par Télite de ses penseurs, se mêlaient aux salves des
canons. Et lorsque les chars furent disposés en hémicycle sur le
Champ de Mars^ dans Tenceinte radieuse efrcouscrile par ces
trésors^ les dépositaires du pouvoir reçurent la charte k\^% con-
quêtes* L'état volumineux des peintures, des marbres, des ivoires,
des vélins, des médailles, des camées apportés d'Italie fit trembler
d'émotion les mains qui le recelaient. Un hymne patriotique écrit
par Lesueur sur des vers de Lebrun-IMndare releva la pompe de
cette solennité. Puis le chant des siècles, le Carmen sœculare
d'Horace, dont Phllidor avait }adjs noté les stances, fut entonné
par un peuple ivre de joie.
<i Événements prestigieux, heures magniGques dans la vie d'une
nation! ^,
u Mais, on Ta dit, Thistoire est un perpétuel recommencement.
C'est pourqnof. Messieurs, depuis vingt-detix ans vous donnez h la
France le spectacle d'une marche triomphale de peintures ancienues,
de marbies oubliés, de tapisseries et de tentures habilement tissées,
de miniatures, de plans d'églises ou de châteaux, de documents
véridiques et précieux sur les maîtres de l'Ecole française. Depuis
vin^ft-dcuî ans, vous ne vous lasser pas de reprendre le chemin
de la capitale, contribuables volontaires de la Provence, duComlat,
du Languedoc, de l'aquitaine, de la Rretagne, de F Artois, des
Flandres, de la Normandie, de la Franche-Comté, de la Picardie,
de l'Ile-de-France, de l'Orléanais et de la Touralne! Avais-je tort.
Messieurs, de parler à Tiustant de la force de persuasion de votre
Comité, sensible aux points les plus extrêmes du territoire? La
SÉABffCE GÉNKBALE. SI
France laborieuse n'est-elle pas ujagnifiquement représentée par
vous tous, qui que vous soyez , archivistes, amateurs , houimes iPen-
seignemeat, artistes ou mafjîâtrats? L^ancienne France ne fut
témoin qu'une fois, en Thermidor an VI, d'une marche tnnmphale
de che&'d œuvre, 1^ France de nos jours aMi!»te depuis vingt-
deux ans au tribut iucessant îles provinces. Et si nous constatons le
succès particulier de la session présente, c'est, n'eD doutons pat,
qu'il vous a plu de célébrer avec éclat le centenaire des trophées
de Tan VL Je Taccorde, les vingt-sept chars de Thermidor auraient
été superflus pour transporter le fruit de vos conquêtes; sans doute
vous n*avei pas vu sur votre passage, a us: approches de rette salle,
un million d'hommes debout et attentifs. Alais un ministre d'hier,
deséradits, des critiques, des maîtres vous attendaient ici« et ils ont
applaadi à vos découvertes. Les trésors d*art dont vos Diains sont
remplies, pour être moins célèbres peut-être que les pages d'un
Raphaël ou d'un Corrège.sonl, en revanche, des oeuvres françaises
qui n'ont pas à craindre un 1815. N'est-ce rien. Messieurs, je le
demande, que de bien connaître ses ancêtres? Les Conrade, Aba-
queane, Boachon, Baietet, les Bunel, Claude Luiier, Le Moiturier,
Claude Content, IVicolas Jacques, Ëisen, Mansart, fiouchardon,
Puget, Le Moyne, sont pour nous des ancêtres, et nous ne nous
lasserons pas d'apprendre sur leur compte. Voilà pourquoi vos
études, les pièces d'archives, les critiques apportées par vous à
cette tribune ont tant de prix à nos yeui. aussi quand je rap-
pelais tout à r heure les cinquante mémoires que vous avez lus
depuis quatre jours en ce glorieux centenaire de Tan VI, cet
ensemble de bons travaux m 'apparaissait comme une sorte de
Camien sœculare^ plus durable, plus utile, miens approprié aui
intérêts élevés de notre grande nation et non moins harmonieux
que 06 Iê fut, il y a cent ans, Thymne oublié de Philldor. i^
Séance générale du samedi 16 avriL
PHÉSinEKCB DE U. A, ÏÏAUEAVn.
a samedi 16 avril a eu lieu, dans le grand amphithéâtre de la
ivelle Sorbonne, sous la présidence de M. Alfred H;\UBAUn,
ga siAXGE GÉNÉRALE.
ministre de Flnstruclion publique et des Beau^c-Arts, rassemblée
générale qui c\ùï chaque année le Confjrès des Soeiétés savantes de
Paris et des tléparteinents, et des Sociétés "des Beaux-Arts des
déf^artements*
Le ministre est arrivé à dauî heure», accompagné de M. L.Liâeid,
membre de TEnstitut, directeur de l'Enseignement supérieur, con-
seiller d'État ; de M, A. Sacqlix, chef du cabinet, et de M, Levuier,
chef du secrétariat particulier.
Il a été reçu par HfM. les doyeas de la Faculté des lettres et delà
Faculté des sciences, M. de Sal\t-Abroiian, chef du bureau des
traraus historiques et des Sociétés savantes ; par les hauts fonc-
tionnaîres de TUniversité, M. le secrétaire de Tacadéniie de Paris
et par MM. les membres du Comité des travaux historiques et scîen-
tifiquts*
M. Alfred KÂyoAiD a pris place sur Teslrade, ayant k sa droite
iUlU. Alexandre Bertrand, de IMnstitut, président de la section
d'archéologie du Comité, président du Congrès; Ch* TfiAitfCHAKrr,
vice-président de la section des sciences économiques et sociales ;
Xavier CuAftiifEs, de Mnstitul, directeur honoraire au ministère de
rinstrnclîon publique ; Léon Vaillant, secrétaire de la section des
sciences ; G- Sehvois, directeur des Archives nationales, membre
du Comité; — à sa gauche : HLM. L> LiABD, de Thistitut, directeur
de rKnseignemenl supérieur, conseiller d'État ;Levasseur, de Tln-
stilut, présidentde la section des sciences économiques et sociales;
Bouquet oe la Grye, de Tlnstitut, président de la section de géo-
graphie historique et descriptive ; Milne-Euvaros, de Tlnstitut,
vice-président de la section des sciences ; DARfiOUX, de linstitut^
membre du Comité; Janssen» de Tlnstitut, directeur de robserva--
toirô de Meudon, membre honoraire du Comité.
MM. SACQIÎ13J et Levdier, chef du cabinet et chef du secrétariat
particulier; de SAiiiT-ARaoïiAN, chef du bureau des travaux histori*
ques; le docteur HasiY, Himly, Glassox, Grarididiêb, E, Babelon,
JuGLAR, de rinstitut; F. BuissoNi BiE^VAYUÉ, Octave iVoEL, MauivOIR,
Henri Cordiei, Gabriel Marcel, prince Roland Bonaparte, Ditan\e,
Henri Omont, Jules Guifprey, HounAS, E. Lefevre-Pontalis, mem-
bres du Comité; BAflBiËH DE Meynard, de Tlnstitut, administrateut
de rÉcole spéciale des langues orientales vivantes ; Bergerom, sb
crétaire perpétuel de TAcadémie de médecine ; E,-A, Martsl
t
DISCOtJRS DE U. LE UIMSTRE SS
Lotiis RoussiLfiT, Deugnières, Georges Hariiane), E, Trutat, Léon
SàLËFitAivQLB, le Jocteur l\ Ledé, Fraxcue, lous-chef du bureau
des Iravaux Instoriqueâ et des Socii'té^ savantes, etc., etc., ont èga«
lenient pris place sur lestrade. I
Aur premiers rangs de 1 hémicycle on remarquait UM. FaiN-
G«£T, NiËWBKGLOWSRi, Adrien Ûupt v% Héuok, Juless GautieAp Livii*
¥ïLLB, Pësteljiho, inspecteurs d^Acudémîe ; flBiTAGiVE, FouatEAU,
Staub, CuviLLtËR, VotâjN, Jalbtte^ AÎorlkt, proïUeurs et censeurs
des lycées de Paris ; Braquehaye^ l'ubliê Daiid, Le Sbrgevt de
MovNËCOVB, R. DE Là (jiASSËHtE, Léon Maxe-IVealv» comte db
Ifâisv, DE HIalarcb, Justin Du^ovr. le docteur IUrthè^, Ludovic
DftAPËYROM, Jules GâtiTHiER, AleiandfL' BotTRoUE, Toussaint LoCA,
Léon db Vesly, docteur RoiiitiB, IL et M"" Efi\E;iT CifAKTRH,
Aog. CHAtiviGNÉ, DtJRa.^D-LAPtE, Gauthiot, GbsIou Le Breton,
QtîARBtrRBvBoURBO», Gabriel Vektbnat, Geor^jes Bloxdel, Cauoik
BE Vbkgb, Emile Rblloc, Henri Escofpieh, Ckarlier-Tabië,
GUBSNON, Eugène Chatel, de Bbau&ïovt, All>ert Jacquot, Maurice
HÉNAtJi.T, etc., etc.
La musique àa 24* régiment d'infanterie prétait son concours
à cette cérémonie.
If. le ministre a ouvert la séance et donné la parole à M, Darlu»
membre du Comité des travaux historiques et scieulîGques, qui a lu
le discours d'usage.
M. le ministre a pris ensuite la parole en ces termes :
« Messieurs^
tt Depuis le jour où M. Guiiot organisait Tunion ies Sociétés
savantes, Bn lui donnant pour charte la liberté, Tinstitutioa n*a
cesAé de prendre de nouveaui développements et, tout le monde
en convient, de se perfectionner,
tt A travers ces modifications, ont persisté deux or.ianismes,
dont chaque jour met en lumière plus vive T utilité et la nécessité*
M D'une part, te Comité ûvs travaux historiques, devenu le
^omité des travaux historiques et scientifiques, et dont le r6le con-
ste, comme Ta voulu M, Guizot, à transmettre aux Sociétés
ivantes, «d'un centre commun, les moyens de travail et de succès
qcij ne sauraient leur venir d'ailleurs et recueillir à ce même
14 DISCOURS DE M. LE MlUISTRE.
(i centre les fniiis de leur acliïité pour les répandre dans uoe
il sphère plus élevée ^ .
V. D'autre part, le Congrès des Sociétés savantes^ qui se réuuii
annuellement à Paris et ou tous venez, avec la pleine liberté qu a
voulu vous assurer votre fûDdateur, mettre en commun et livrer h
ja |)lus large publicité les résultats de vos recherches eÉ de vos tra*
vaux.
u Votre congrès a subi dlmportantes modiGcations, car ioutes
les sciences sont venues tour à tour y reueiiiliquer et y occuper leur
place légitime. Au% deux sections qu avait seules prévues M. Guizot,
celle d'histoire et philologie et celle d'archéologie^se sont ajoutées
celle des sciences, puis celle des sciences économiques et sociales,
puis celle de géographie historique et descriptive. La section des
sciences a du elle-même se subdiviser en sous-sections qui tendent
à devenir plus nombreuses.
a IV'ouhtîons pm que, parallèlement à vos travaux, se poursai'-
vent ceux des Sociétés des Beaux-Arts, réunies dans la splendide
salle de rHémi cycle, où le pinceau de Delà roche a convié les artistes
du passé à entourer les trônes réservés aux trois grands génies
artistiques de lancienne Hellade.
tt Mous nous croyons en mesure. Messieurs, quelque ampleur
que doivent prendre dans ratrenir, par le progrès même des sciences,
vos futures assises, de les suivre dans tous les développements que
vous jugerez à propos de leur donner. Il n'est pas à craindre qne
Paris puisse jamais faillir à ses devoirs d'hospitalité envers les
représentants provinciaux de la science et de Tart français.
Cl Ce n'est donc aucune inquiétude de ce genre qui m'a porté à
étudier le projet tendant à faire alterner entre Paris et quelques
villes des départements Thonneur de recevoir le Congrès desSociëtés
savantes.
n Ce projet, soumis d'abord à Feiamen du Comité, y a ren-
contré une approbation unanime.
ft H est donc entendu que votre prochain Congrès se tiendra dans
une ville de province; le suivant, celui de 1900, viendra néces-
sairement contribuer à Téclat dont rayonnera la métropole de h
France; et ainsi se poursuivra ralternance.
u Les avantages de la réforme sont évidents. Celles de vos ses-
sions qui auront pour théâtre une de nos villes de province, — el
DISCOURS DE M LE iïl.VlSTRB, t|
non pas stiiilement une» Ir^s grand** vrllo, non pas sptjlemeni nne
ville fiUniîfersité, mais lontf ville (|uî, parmi les comp^'iflion» qu'il
est bien permis de prévoir, aura f\xp voïre cIumi, -^ trouveront
dans lorî^inalilé même du milieu pioïinciil un renouieaude vita-
lité et de fécondité.
* Tel centre vous oflTrrra I attrait d in rn m para h [es merveilles
archéologiques et prébistaii(|uts; ti I autre, celui d uue réjpon intî-
niment intéressante au point de vue géologique, rnmmelesont.par
exemple, la Bretagne avec ses granih ImttUîide l'Oréan. 1 Auvergne
avec ses volcans éteints, le Languedoc aver s^^?. causses pleines de
surprise; ici vous serez sollicités par des institulions de grand inté-
rêt économique ou social: Ik, dans un de nos grands porté, vous
serez comme tm ignés deffluves marina, vous sert tire/ tout proche
les mondes que vous croyiez lointains, et tout prés de votre cœur
les Frances d'outre-mer. Quelque jf>«r, peut-être, vous serei
tentés de passer la Méditerranée^ et d'a!l»>r installer vos assises dans
cette Algérii^ où les Houmù ont retrouvé h trace des Romains, ou
hïen au pied de la colline ou se dressa Carthage, Partout vous
rencontrerez un accueil empressé Jes mêmes souhaits de bienvenue
dans les accents dont la variété même lait le charme de iiotrr^ lan-
gue; partout votre présence suffira à faire sortir de I ombre des
trésors d'art et de «cience, suscitera des collaborations inattendues,
affranchira des bonnes volontés qu'enchaînait peut-ètrf trop de
modestie; et le réveil de vie que voua aurez provoqut^ sur votre
passage profitera peut-être à Téclat de vos futures sessions pari-
siennes.
-Et ne serait-ce pas déjà un grand avantage que d'avoir mieux
fait connaître la province aux savants de l'a ris, et aux provimianx
mêmes les provinces que, sans une telle occasion, \h naiiraienl
jamais visitées? Peut-être avons-nous le tort de vivre un peu trop
chacun chez soi; si le provincial affectionne son coin de |mys,pour
beaucoup de Parisiens, Paris n est quun coin dont ils ne sortent
pas volontiers. Le Congrès^ les eu fera sortir, les promènera au
Nord et au Sud, à TOuest et à I Est, leur révélera la variété infinie
'originalité de ces provinces françaises qui se souviennent d avoir
autrefois des nations, avec leurs lois, leurs parlements, leur
se, leur dialecte, leui-s costumes, leur art, leur littérature, tout
moios leur folk-tore. C'est de la forte originalité de ces petites
ï
f4 ÛiaCOURS DE M, LE MINISTRE.
patries que sont faits le charme et la puissance de la .grande patrie.
Michelet a drjà montré comment de tous ces esprits locaux s'est
formé l'esprit national, La France, si diverse de races, est avant
tout une liarmonie.
H Revenons aux travaux que voos avez accomplis cette semaine.
Toutes vos section a ont rivalisé de féconde activité.
ti. La réunion des Sociétés des Beaiix-Arts vous a vus, suivant
l'henreuse expression de \LMillaud, sénateur, un de vos présidents,
H diriger vos Investigations vers toute œuvre qui s'éclaire d'un
a rajon d*art et de génie n ,
■ La section d'histoire a mis au jour de précieux documents^
précisé d'imporlants poinls de détail, sur lesquels pourront se
fonder eu tonte sérnritB les travau\ trensemUle, Ica liardies et
larges gênérdli^^ations comme celles dont M. Darlu nous a otféri,
au début de son discours, un éloquent exemple.
* J'ai vu avec yrantt plaisir que votre section d*hisEoîre n'a pas
négligé la période révolnlionnaire : beaucoup de lectures ont eu
pour objet de nous faire comprendre comment fonctionnèrent dans
tel tlépartenipnt les assemblées locales créées par la [lévolntion;
comment^ au plus fort de la tourmente, Doml>re de localités trou-
rérent moyeu de livre en plein repos; et le président de la séance,
un historien d'une compétence incomparable, M. Aulard, a eu soin
de faire resaortir combien « Thistoiiede ces communes, dont la vie
a. fut normale, a un intérêt considérable pour Fhistoire générale de
V la Kétrolution * .
tt La section d'archéologie, par delà les monuments des âges
historiques, nous a fait remonter aui origines de Tindustrie du
fer, au développement déjà si riche de la primitive céramique, à
h première lueur d'une pensée artistique chez des hommes qui se
terraient dans les cavernes.
* La section des sciences économiques et sociales a rendu de
gérîeux services à la politique et à Thumanîté en étudiant les
moyens d'enrayer la dépopulation des campagnei*, les divers
aspects du fermage et du métayage, la question des habitations À
bon marché, la statistique et les causes de la criminalité, 1&-
ceuvres de mutualité et de prévoyance, la procédure criminelle et
correctionnelle, le régime fiscal des valeurs mobilières, la condi*
tion de Tétranger en France, la réforme successorale en Allemagne
DlSCOUfiâ DE 11. LK MIVK^TRE. it
et moD attention a été particulièremeot attirée par la iiouif^auté et
la précision des procédés de crUicjue appliqués àTo^ufre de Jean*
Jacques Rousseau.
^^ La section de géographie a soulevé d'intérossants problèmes,
comme ceux qui concernent les courant» tie TOcéan, les îles
Chaussey, les antiques foréïs disparues, les pt^ckeries loIntaineHf
les colonies françaises,
a Les sous-sections icieotifiques ont apporté de précieuses con-
tribulions à l'étude des maladies épiiiémique», des maladies para-
sitaires, comme à toutes les branches des sciences naturelles.
^ Peut-être, parmi ces sous-sections, le principal honneur des
dernières journées revient-il à celle de photographie. Ceui d'entre
vous qui ont as^^isté à ses travaux sont encore sous la vive impres-
sion des révélations de M. le lieutenant-colonel ftfarssard sur tes
services que rend la photographie aui sciences astronomiques, et
de MIL Lumière sur les procédés qui leur ont permis de réaliser
la photographie en couleurs et d'annoncer une révolution totale
dans la librairie illustrée.
^ Je m'arrêle, car je vois que je me laisse entraîner à citer des
noms, et je m'étais imposé de n'en citer aucun, pas même les
noms de ceux dont les travaux ont le plus contrihué à Téclat de
cette session. Pourtant, j'en citerai encore quatre, mais parce que
cVst vous-mêmes, Messieurs, qui, par les présentations arrêtées
dans les sections du Comité, les avez désignés à Tattention du Gou-
vernement.
a Comme Pannée dernière, et pour les mêmes raisons, cVst-à"
dire parce que le contingent attribué â mon département pour les
nominations dans la Légion d*honneur est épuisé depuis le mois de
janvier, je ne puis aujourd'hui que proclamer ces noms, mais j*ai
Passurancequele ministre de Plnstruction puhlique, quel que soit
l'homme qui, en juillet prochain, détiendra ce portefeuille, rati-
fiera ma promesse.
t* Vous applaudirez, Messieurs, dés anjourdliui, j'en suis certain,
à la présentation qui sera faite alors à Al. le Président de la Répu-
que, pour le grade de chevalier de la Légion d'fionneur, de :
a M. Edouard-Alfred Martel, membre de la Sociélè de géogra*
ie de Paris, de la Société de spéléologie, de nombreuses Sociétés
liantes en France et à l'étranger, le hardi explorateur des cavernes
fjli DISCOURS DE M. LE MINISTRE.
qui, de celles des îles Britanniques, de la Dalmatle, du Monté-
négro, de la Grèce, a transporté son aclivîté et son audace à celles
de rAveyron, de la Lozère, des Alpes; qui de ce monde souler-
ratn a rapporté tant de notions précieuses sur le régime et la com-
position des eaus, la faune des abîmes, rhumanité préhistorique,
et qui hier encore vous tenait sous le charme de sa parole si
éloquente et si précise ;
H M. Louis RoLisselet, membre de la Société de géographie et de
plusieurs autres Sociétés savantes, le voyageur qui voulut revivre
sur place l'histoire des Dupleii et des Bussy , et qui nous a donné
VInde des rajahs, le continuateur de Vivien de Saint-Martin dans
la publication du Dictionnaire de géographie universelle^ Tauleur
enfin de tant de publications agréables ou utiles à la jeunesse
française; ^
u M. Ernest Petit, président de la Société des sciences histo-
riques et naturelles de TVonne, membre non résidant de votre
Comité, lauréat de rinstitut, et à qui nous devons tant de travaux
émtnents sur Thistoire de la Bourgogne;
■ Enfin, M, Emile Delignières, président de la Société d'émula-
tion d'Abbeville, proposé au ministre par le Comité des Sociétés des
Beaui*/lrts, pour ses savantes publications sur les artistes et les
monuments artistiques de la région du Nord.
a Messieurs, de cette enceinte où vous êles aujourd'hui rassem-
blés, qu'il me soit permis de reporter ma pensée vers d*autres
laborieux, d'autres vaillants, d'autres savants, qui s'honorent
d'être vos collaborateurs dans la recherche ardente de la vérité
scientifique et dans le dévouement passionné à la grandeur fran-
paise. Ils travaillent loin, parfois très loin de vous, et plusieurs, en
ce moment peut-être, endurent la fatigue, les privations, et courent
péril de la vie-
« Je voudrais vous rappeler, en quelques mots, les missions
accomplies dans le courant de cette année ou que sont en tram
d'accomplir ces courageux PVanraîs, Ce sera pour leurs efforts une
première récompense que ta proclamation de leurs .noms devant
les représentants des Sociétés savantes de la France entière. ■
* Parmi les nombreuses missions qui ont sillonné TAfriqu
inconnue, je parlerai seulement de cellea qui ont fonctionné soi
les auspices du ministère de Tlnstruction publique. Celle de M. 1
r
W
DlSCOU&â DE U. LE ll1[\tSTl£. gO
capitaine GazemajoLi opère en C€ moment dan^ le Sokoto et ses
environs, et je n*eii ai pas encore de nouvelles certaines. En
revanche, jai soae les yeui les documents relatifs au voyage
accompli, avec une bravoure, une endurance, une précision dans
la recherche scientifique tout k fait remarquable, par M. Edouard
Foa* Coupant sur plusieurs points les itinéraires de Livingstone et
de plusieurs autres de ses devanciers, il a abordé TAfrique par
Tembouchure du Zambèze, remonté le Chirë, explorée fond les lacs
Nyassa et Tanganyika, ainsi que leurs abords, et regagné FAtlan-
l&ntique en suivant le cours du Congo, ayant parcouru 10,000 kilo-
mètres dont 6,000 entièrement à pied, rapportant des observations
astronomiques, hygrométriques et météorologiques qui rendent
définitifs pour la science les rêsnitats de son exploration, et enfin
enricbissant nos Musées de collections Infiniment prêcieuftes.
«Dans TAfrique du IVord, il convient de signaler la continua-
tion des fouilles du J*. Delattre sur le sol de Carthage, et Tétablis-
lemeut d'une carte très développée delà vieille métropole punique.
Je dois ici remercier MM. les ministres de la Guerre et de la Marine,
qui n*ont rien négligé pour aider les savants patronnés par le
ministre de Tlnstruction publique et par TAc^démie des inscrip-
tions et belles-lettres*
^ iV Madagascar^ M. Guîtiaume Grandidier, marchant sur les
traces et désireux d'accroître T héritage sciejitiBque de son illustre
père^ reprend Texploration de la grande île et compte préciser ses
recherches par des fouilles dans les gisements de fossiles.
■* En Egypte, prés d*Ahydos, M, Amelineau, s'attaquant k de
véritables collines formées par les débris de poteries antiques, y a
relevé des fragments de dessins ou d'inscriptions qui permettent
de déterminer ce qu'était lit civilisation égyptienne sept ou huit
mille ans avant notre ère.
« Je viens de recevoir des dépèches m'annonçant que M. Loret
a, dans les ruines de Tbèhes, retrouvé les tombeaux de deux des
plus illustres pharaons : Aménophis U et Thoutmès IJL C'est sur
les traces glorieuses de Manette, de Maspéro et de Jacques de
" 'gan que marche le nouveau & directeur des antiquités égyp*
-le»»-
En effet, M. Loret a succédé en cette qualité à M. de Morgan
, ainsi que vous te savez, va entreprendre de nouvelles fouilles
ne DlSCOmS DE II, LE UINISTRE.
en Perse, grAce au crédit de plus de 500,000 francs que j*ai obtenu
du Parlemenl, et grâce à un Irai lé fort avantageux conclu airec le
slmli et qui laisse à la France la propriété, par moUié, dea objets à
découvrir,
« Les dernières lettres que j*aie de M. de Morgan m annoncent
seulement la marche de 900 kilomètres qu'il vient d accomplir de
Téhéran h Suze, constamment barcelé par des tribus pillardes,
r^belteg au roî de Perse, et contre lesquelles notre archéologue a
du se retrancher toutes les nuits, en fuisant le guet, son fusil à la
main, Nullement découragé par les fatigues, les privations et les
daugeri», il m'informe que je puis compter ^ — et croyez bien que
je n'en ai jamais douté. — u sur sa prudence et sou énergie n _
iv Un autre de nos missionnaires, M. Sylvain Léfi^ professeur au
Collège de France, eiptore en ce moment Mnde et les conHns de
rinde. A Bénarès, la ville sainte des Hindous, il a conversé en sans-
crit avec les brahmanes qui, abdiquant tout fanatisme. Pont traité
comme un des leurs, comme nu pandit. Le Xépaul, qui se ferme
si jalousement aux Européens, s*est ouirert à lui ; sa dernière lettre
m'est arrivée de Katmandou; le maharadja lui a livré sa biblio-
thèque de manuscrits rares. Xous pouvons espérer de ce voyage
un précieux accroissement de nos connaissances comme de nos
collections.
u La mission présidée par M. Bonin entreprend un itinéraire
qui doit la mener de la Birmanie au Mékong, et de Sining-fou à
Irkoutsk en Sibérie.
4L D'autre part, M. Chaffanjon, déjà connu pour sa mission sur
rOrénoque, à peine reposé de son voyagea travers l'Asie centrale,
est reparti avec le dessein d'explorer la Sibérie, la Mandchourie et
la Corée, de dresser la ciirte de ces pays et d'y faire des recherches
d'ethnographie et d'histoire naturelle.
« Je dois rappeler que récemment une femme, Mme Isabelle
Massieu, sous les auspices du ministère de l'Instruction publique,
mais sans aucune subvention, a parcouru la Birmanie, les Etats
Shang, la Mongolie, la Sibérie et le Turkeslan.
u Ainsi les itinéraires français se croisent sur l'immensité f^"
l'Asie, et nos voyageurs rivalisent de zèle avec les Anglais et les
Russes, mais ne sont mus que par Pamour désintéressé de la
science, tandis que nos rivaui ou alliés se préoccupent, très légili
DÏSeoURl Ûi lf< LES UliriSTRE. 91
m^inetit d'à illeurs, de leurs In Lé ré U natînnatix dans des régions si
Toisines de leurs possessiom.
a L'Amérique n*eit point délaissée par nos explorateurs, et prcH
efaainemeDl «^ouvrira au Vluséum Texposition des eollectïatis que
M, le comte Henri ile là l aiili a rapportées de son foyage à travers
la Patagonle.
kNods Q^abandonnons pas non plus le sol de la Grèce, oCi lant
de découvertes, et tout récemment les fouitles tle Delphes, ont
honoré le nom frauçai«i> Grâce a un nouveau crédit annuel de
20,000 francs que vient de voter le Parlement, le service des
fouilles est assuré et notre Kcole d'Athènes^ ilont les re;fants sont
déjà fixés sur Tile sainte de Délos, n'atini rien à envier auK mis-
sions alleniandes, anglaises ou américarnes.
« Les espérances que nous font concevoir les travaux de vos
Sociétés, Messieurs, et les hardies entreprises de vos émules en
pays lointains ne peuvent nous empéchpr de faire un retour sur ce
que Tannée écoulée, féconde et glorieuse à tant d'égards, nous a
ipporté de deuils et de regrets,
H l^e Comité des travaux historiques et scientifiques a perdu quatre
de ses membres : dans la section d'archéolo*jie, M. le Ulant; dans
la section des sciences économiques et sociales, M* Bufnoir; dans
la section de géographie, lU. Schefer; dans la section des sciences,
M, Aimé Girard.
M ivdmond le Blant, membre de Tlnstitut, ancien directeur de
notre École de Rome, avait consacré sa vie à letudc de nos ori*
gines religieuses. Son Recueil des iitscripûons chrétiennes de la
Gaule, qui lui valut la première médaille au concours des anti-
quités nationales de ]85'2; sa collection, commencée eu 1878, des
Sarcophages chrétiens de la Gaule,* son étude sur les Persécuteurs
et les Martyrs au premier siècle de notre ère, resteront ses princi-
paux titres de gloire et l'honneur impérissable de sa mémoire-
ft II y a bien peu de semaines que nous disions le dernier adieu
À M, Dufnoir, Tun des maîtres les plus éniinents qui aient honoré
notre École de droit, un des collaborateurs les plus assidus de votre
^' nité, on sa droiture de caractère et Félévation de ses idées ont
iiè un souvenir inoubliable.
i Presque dans le même temps notre École des langues orien-
ta perdait son directeur, Charles Scbefer, qui, avant d'être
Éi PISCOURS DE M. LE MIMSTRE.
appelé à la tète de la maison où II fut d'abord élève, exerça les
fonctions du drogmanat à Beyrouth, à Smyrne, à Alexandrie,
eoGu à Constaiiiinople. Il fut mêlé à d'importantes négociations:
celles qui aboutirent au traité de 1856, celles qui nous valurent
la colonie d'Obock ; dans Tintervalle, il avait accompagné la petite
armée française qui pacifia le Liban. 11 était depuis 1857 professeur
de persan à l'École des langues. Il possédait, dans la môme
perfection, Tarabe et le turc. Nommé directeur de TÉcole, il lui
assura nn nouveau local et une autonomie plus complète, y fit
créer de nouvelles chaires et conférences, — dont il m'a été donné
d'augmenter encore le nombre, — enrichit la bibliothèque, qui
passa de 325 volumes à plus de 4Q,000, comjnença la série des
Publications de técole qui compte plus de 60 volumes, ainsi que
le Recueil des voyages et documents, enfin rédigea de sa main
pour ces deux collections des ouvrages de premier ordre.
u Le jour même où s'ouvrait votre Congrès, nous apprenions la
mort d'Aimé Girard, Téminent professeur de chimie à Tlnstitat
agronomique et au Conservatoire des arts et métiers.
u Parmi les membres honoraires duComité, nousavonsàregi'etter
la perte de Georges Ville, qui a rendu tant de services aux sciences
agronomiques ;. de Léon Gauthier, l'historien amoureux de nos
Institutions et de notre littérature du. moyen âge, Térudit dont les
Épopées françaises furent une révélation niéme pour le monde
savant, et dont le livre sur la Chevalerie et l'édition définitive de
la Chanson de Roland ont rendu le nom populaire jusque sur les
bancs de nos écoles ; — et enfin de A. Bardoux, le plus aimable
et le tnelHeur des hommes, qui fut, comme ministre ou comme
membre du Parlement, un serviteur passionné du progrès de
Tiostruction publique à tous ses degrés, et qui, présidant en 1878
votre Congrès^ définissait avec tant de justesse votre rôle. Parlant
du grand effort que venait d'accomplir la France pour son relè-
vement intc!ilectuel , il vous disait : u Les Sociétés savantes en
1 représentent un des côtés les plus rares : Tinvestigation sagace et
•^ patiente, l'amour profond des origines, la recherche minutieuse
u des faits, tout cet ensemble d'études provinciales qui apporte les
t< matériaux de Tédifice... n
K Messieurs, qu*il s'agisse d'apprécier les travaux qui vous oi
été lus dans ce palais de la Sorbonne, ou d'envoyer une paro^
DISCOURS DE U. LE MIKISTRE. 9S
d'encouragement â ceux qui travailleiit et combattent loin de vous
pour ta même cause que vous, ou d'évoquer le sotuenirde ceui
qae la mort a enlevés dans nos rangs, nos cœurs battent à
Tutiisson, émus des mêmes joies, des marnes espérances ou des
mêmes tristesses.
c Je voudrais que les étrangers qui, sur tel rumenfi ou les
(umultes de la rue, jugent sévt^remenl et jugent mal la nation
fr&Dçaise, et qui s'imaginent peut-être, pour avair lu des articles
de polémique, que ce peuple est voué k la division et à l'impuis-
sioce» je voudrais qu'ils se donnassent un moment le spectacle
que j'ai aujourd'hui sou» les yeni. Ils commence rai eut à savoir ce
qu'est vraiment la nation française, car vous, les laborieux de la
iclence et de Tart, vous êtes ici comme la représentation et comme
l'élite des laborieux de la terre et de Tatelier,
a Ceux-ci, tandis que vous accroissez le patrimoine intellectuel
de la France, travaillent sans relàcbe à Taccroissement de sa
fortune matérielle. Dédaigneux des vaines clameurs, ils fécondent
céscbamps sous les renflements desquels vous retrouvez parfois
les ossements de leurs aîeui héroïques; ils tissent, ils taillent et
iU forgent; ils créent, sans se reposer, la richesse de la patrie ;
ilt accumulent l'épargne qui aux jours critiques la rendra mattresse
cférheurc ; ils recrutent de robustes soldats ses légions; ils sont
Tartnée immense des bons citoyens, respectueux des lois et soucieux
deTavenir de k nation. Entre eux et vous, il y a Tair de famille
et le sentiment de la solidarité dans le bien. En eux comme en
Toasi je salue de tout coeur la province française. Et comme c'est
Jans la province française que se retrouvera le Congrès qui cl6t
tajourd'hut sa session parisienne, en vous disant merci au nom du
Gouvernement, qu'il me soit permis, en tant que membre de
plusieurs de vos Sociétés, d'ajouter ce mot : An revoir I t>
M. DBSitiar-^AiJiOiiAKr donne ensuite lecture d'arrêtés ministériels
décernant des palmes d'ofEcier de rinstruction publique et d*of(i-
cier d*AcadémiB.
04 KOyiîîATlOKS.
Chevalier de la Légion d*hùnneur ei officiers d'Académie
nùmmés sur lapréseniation du Comité des Socieies des Beaux-ârtê^
1* Chevalier de la Légion d'honneur*
M. ÉmiJe D£LiGnJiia£S, préaident de la Société d'émulatiOTi d*Abbe-
ville, membre non résidant du Comité à Abbeville,
2* Officiers d'Académie.
(Arrélé du 23 tvril.)
UM« BEAUUONT(Cbar]es-Joseph-\far]e de: liBoniviniërede), membre
de la Société archéologique de Totiraine, correspondant
du Comité des Sociétés de» Beauï-Arts des départements.
L'abbé BossEBOEUF, président de la Société archéologique de
Touraine.GorrespoQdântdu Comité des Sociétés des Beaox-
Arls des départenietita,
HÉNAULT (Maurice), bibliothécaire adjoint dn la ville de Valen-
eienneSf correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-
Arts des départements'.
^ Qfi trouvera à la fin du v^iEuiae Im Uite complète àen d'niincÛooM honoris
fiqufli iccordéea sur k préienUUoa du Comité depuii sa fondit ion.
LECTURES
COMMUNICATIONS
I
i
NOTICE
itrn
DEUX A\XIEXKËS TAPISSERIES Dl MISËE
DES ANTIQUITÉS DE ROtlEN
La tapisserie est la plus haute expression de I art dècomUf el
l*nne des formes les plus élevées de la pi^inture. Implantée en
France, depuis plus de cinq siècles, elle y est devenue un art véri-
tablement national I qui a contribué plus qu'aucun autre à répandre
à Tétranger ta renommée du gaùl français. Aussi, le \Iusée dépar-
temental des antiquités de la Seine-Inférieurp étant très pauvre en
tapisseries, nous sommes^nous fuit un devoir de iherclier h com-
bler cette lacune, en au^fmentant ses collections, par deui pièces
de cette nature.
Les deux photographies qui âccompa]|^nent là présente notice
permettront de se^ rendre compte de leur importance artistique et
de leur rareté.
La plus ancienne de ces deux tapisseries ofTre dans son ensemble
un aspect très décoratif '.
Sur un parterre semé de fleuri, se détachent trois cerfs ailés,
d'une grande allure, et portant les andouillers d'un cerf dti cors.
L'un de ces cerfs occupe le centre de la tapisserie - il est accosté
de deux autres cerfs debout et alfrontés.
cerf du milieu est assis dans un champ clos, fermé par une
"■de de branches d'arbres enlacées, 11 soutient ayec ses pieds
d^rèi, pUucbe L
98 DËDX ANCIENNES TAPISSERIES DU UUSÉB 0£ ROUEN.
la hampe d'une bannière, fond rou^e, ornée de soleils d*or, au centre
de laquelle on voit Tarchange saint Michel terrassant le dragon*
L'archange tient un glaive de la maîu droite, et de Tantre un
bouclier.
Il porte Tarmure complète de la secomie moitié du quinzième
siècle^ c*est*à-dire formée de deux plaques, recouvertes par deux
plastrons également en fer, Tun pour garantir la poitrine, et
Tautre lei épaules. La cuirasse, descendant jusqu'à la taille, est
rejointe par une jupe de mailles, qu'enveloppent des lames ajustées
à recouvrement appelées Tauldes, Les coudièrea et les genouillère»
sont munies de gardes, et les pieds chaussés de poutatnes sont
protégés par des solerets.
La lame du glaive est large et à deux tranchants, les quillons
droits et le pommeau rond et aplati en Formelle disque. Le bou-
clier à bords recourbés porte une croti.
Une banderole ou phylactère enroulée autour de la hampe de la
bannière est chargée de cette légende eiplicative en vers de huit
et ne uT pieds:
Cest CBland&rt eit une en seiche
Qui t lûUl frân coîft etiieî^'jDC
De jamaift ne la bandonacr
S'il ne veuU sûn hotmeur donner.
A droite et à gauehe de la tapisserie, les deux cerfs afTrontés
debout partent une couronne fleutonnée de lis, ouverte, enricbie
de pierreries, k laquelle est suspendue un écu aux armes de
France.
Une banderole se déroule du cou du cerf de droite sur laquelle
on lit :
^ Armes porEa très glorïeuiea
£t iur toules viclorïetijtes.
Sur la banderole du cerf de gauche se voit également cette
légende, qui complète la pensée émise sur la précédente :
Si Doblei na de«flOulï les cjeuli.
Je ne paurraye porter mieuli.
Dans le bas de la tapisserie et au centre, se trouve le blason de
France, sur un écu de forme recourbée, beaucoup plus grand qur
tes deux autres» qui sont suspendus au cou des deus cerfs. Cetéci
est accosté de deui lions affrontés, couchés sur le parterre semé d
\
< -^
£ S
i
DEUX ANCIËV\ËS TAPI39Sai&S DU lfUS££ BB ttÛUEN, 91
fleoretles et d'iris bleus et blancs, quîp petit-ètre ici, Uenneiit lien
de lis'.
Sur le côté gauche de la tapiRserle, d«s Iruiâioni de rosei* et
d'arbastes, qui paraissent être déjeunes sorbiers ^
Lne partie des bords de la tapisserie a disparu du rôle droit,
mais ce qui eiiste sur Tautre indique suffisamment que les dfiur
côtés présentaient une disposition analogue.
Cette tapisserie, telle qu'elle est actuellement, mesure 3"|47
de hauteur sur 3", 80 de laryeur*
Au sommet, se trouvent dcui châteaux forts à tours crénelées,
lurmontanl des rochers escarpés, d*oii Ton distingue un vaisseau^
aux voiles déployées, suivi par une barque. L'architecture nous
8«mble indiquer la seconde moitié du quinzième siècle.
Quoique postérieure d'un siècle, celte tapisserie pourrait être
classée dans la catégorie de celles qui figurent dans Tinv^^n taire de
Charles V, sous la désignation de tapisserie d'armoirU, On trouve
éc^alement mentionné dans cet inventaire * : u Vu^ grand tappiz
et ungbânequier vermeil, semez de fleursde lys azurées, lesquelles
fleurs de lys sont semées d'autres petites fleura de lys jaunes, et au
milieu un lion, et aux quatre coins, bestes qui tiennent haiiières. n
Pour ce qui concerne les légendes eiplicalives en lerft frunrais,
les poètes les plus réputés de ce temps-là ne dédaignaient pas d'y
travailler. Les œuvres de maitre Henri Haude, que Jules Quicherat
s publiées, sont un eiemple, entre plusieurs, de ces dietz moraux
fOur mettre en tapisserie^ ainsi que les désigne lui-même le poète.
H nous resterait à déterminer Tépoque et Tnrigine de cette
tapisserie du Musée de Rouen, sur laquelle nous n'avons pu
malheureusement jusqu'à ce jour recueillir aucun renseignement
soui le rapport de la provenance^ .
' &□ efTet, cËrt&îns auteur» pensent quVl faut T&ir l'origine des lîn qui /iffurent
■ttr h» àrniei de France daat J'irJi, et notamment daai J'îrli des maraii. tVjiutrrs,
tu coatnire, pencfaeot pouf des ftirj (!e lance, etc., etc.
• A considérer ta forme de ces buisson* de ro*cf , il n^rftil po^sîbjft de \ft pren-
dre pour de» camélias, aJ Ton or savait d'aiïleuri que cei artïustri ne iuTeni intro*
lu en Europe, par U^ Père Camdli, qifen 1739.
' Cc^i arbres passa lent ators pour servir de préservatif contre tes iortiJèf|es et
mftlëlîces.
LaftAATE, in^enttdrt du mobiiitr de C harki V^ roi de France, Part», lê79,
17% et fui?»
100 .DEUX ANCIENNES TAPISSERIES DU MUSÉE DE ROUEN.
i De rexamen de Tensemble même de cette tapisserie ei de cer*
tains détails, tels que les légendes explicatives écntes dans notre
langue, il nous parait résulter qu'une origine française peut lui
être attribuée. Les légendes qui figurent sur les tapisseries fla-
mandes proprement dites sont le plus souvent en latin, ou en alle-
mand pour les tapisseries de cette origine ou de provenance suisae.
Quant à songer à trouver une date, on sait combien elles sont rares
sur les tapisseries du quinzième siècle ; à plus forte raison ne faut-il
pas compter y rencontrer une signature \
. Cependant par le caractère décoratif assez spécial de cette
tapisserie, la forme paléographique des lettres qui composent ses
légendes, celle de la couronne, de l'écu et des fleurs de lis, de la
cuirasse, et d'autres détails, tels que les fauldes, gardes et pou-
laines à solerets, ainsi 'que Tarchitecture des édifices, le genre de
flore employé pour décorer les fonds de cette tapisserie, etc, tout
cela semble devoir nous permettre de faire remonter son origine
à la fin du quinzième siècle, c'est-à-dire aux règnes de Cbarlea l III
ou de Louis XH.
Sa couronne ouverte, ses fleurs de lis, ainsi que ses deu^E lions,
sont d'ailleurs à peu près analogues à ceux qui se trouvent sur le
sceau de Louis XII, en 1498*.
I Consulter, Achille Jubinal, Les anciennes tapisseries historiées; Vffirtair^
de la tapisserie, depoit le moyen âge jusqu'à nos jours, par M. Juiei GrrfFR£v.
Tours, M.DGGG.LXXXVI. — La tapisserie, par M. Eugène Mintz. Paris, (juan-
tin. — V Histoire générale de la tapisserie : Tapisseries flamandes, par
M. Alexandre PiNCHAtT. Paris, Dalloz; Les tapisseries françahejt, par M. Jutes
GuippRKY ; Les tapisseries bruxelloises et historiées , par M. WiiuTEiiâ : Les tapis-
series de haute lisse de fabrication lilloise du quatorzième au dix^hutiiéme
siècle^ par Jules Houooy. Piiris, Aubry, 1871, etc., etc.
' Au sujet de la couronne fermée, noi|s lisons dans Menestrîer ce qui suit :
c Quelques uns prétendent que Charles VIII est le premier qui ait pris Li cq^^
ronoe fermée, lorsqu'en 1495 il prit la qualité d'Empereur d'Orient. CepeDdant
l'on voit des écusd'or et autres monnoyes de Louis XII, successeur de Charles VUE,
où la couronne n'est point fermée. Il paroit donc qu'on doit rapporter celle iis<age
à François I*', qui ne vonloit céder en rien à Charles-Quint et À Henri VIII, rot
d'Angleterre, qui avoient pris la couronne fermée, t Nouvelle Méthode raisonnée
du blason, du P. Mbnbstikr. p. 230. Lyon, M.DCC.LXX.
Pour ne citer qu'un exemple à l'appui de cette opinion, une trèi hellerelji
de la collection de M. Dutult de Rouen, faite pour François l*^, porte les an
de France, timbrées d'une couronne fermée, avec l'F et la salamandre. L'ouvr
ainsi relié a pour titre : lambliehus de mysteriis Mgyptormn, Chaidaeon
etc. Venetiis, inœdibus Aldi et Andreœ soceri, 1516. In-fol. veau fauve 1 ^
i
r
DEUX âKCIBHRÎEf TÂPlfSEBÏËS DÎI IIIIsIb DE BOUE». lOI
Pour ce qui est de Temploi îles banderoles (on phylactères)
chargées de légendes deicriplives que Yon voit sar la tapisserie du
Musée de Rouen, d'autres exemples semblables eiisteut égalemeni
Eur des tapisseries françaises de ta même époque et antérieure!.
Elles sont assez fréquentes comme parti pris décoratif, surtout en
ce qui concerne les tapisseries allemandes et suisses. Il serait aisé
d'en fournir de nombreuses preuves : à savoir^ la tapisserie du
Bfusée germanique de \ureniberg, qui représente des promenades
et des jeux sur les remparts, ainsi que celle des dourt^ apAlres
dans Téglise Saint-Laurent de la même ville, etc. ; d*autres tapisse-
ries à Bâte, de même origine, ou suisses, dont une représente une
partie de la légende dea neufpreui et une autre un sujet symbolique
sur rameur, etc., etc.
Enfin, pour revenir à la France ^ nous citerons également une
frise, du commencement du quinzième siècle, sur laquelle on voit
d«a anges^ d'nn charme exquis, portant les attributs de la Passion.
Cette tapisserie appartient à Téglise Xotre-Dame de Xantilly à Sau-
mur. Elle offre un eiemple entre plusieurs de Temploi des légendes
explicatives sur les tapisseries françaises de celte époque '.
Maintenant, en ce qui concerne le caractère décoratif, assez parti-
culier d ailleurs, de la tapisserie du \Iusée de Kotien, nous^ dirons
que la tenture si remarquable du Musée de Cluuy, Thistoire de la
Dame à la licome (qui est cependant du conimen€ement du
seizième siècle), nous semble s*en rapprocher sous certains cûtéip
notamment par les animaux héraldiques, les bannières, etc. La
tapisserie du Musée de Rouen n*a pas, il est vrai, de personnageft
comme les tapisseries provenant de Houssac, mais elle nous paraît
Déanmoin» appartenir à la même familfe et dénoter aussi une même
ongine bien française, quoique pouvîint être plus ancienne de
quelques années.
A quel atelier devons*nous alors rattacher cette tapisserie, du
Musée de Rouen? On sait qu'à Tépoque oàelle fut tissée, T Artois et
la Flandre appartenaient à la France, Il y avait bien aussi des
— *■ zt fleurs de lis, Ir. dor Vous&irûaa cité cet auvrftcje de préféroni^Ë à caui» de
.te de 1516. D'autres rdmre« de ce rm portent é^jalemeat les mi^me^ armi.'â qu#
païenne CDU ro Due fermée, UeQestdemâmepouf desmartunies^ïece rot» etc.
M Upiueriei ent été publiée» par MM, Jule» Guiffrey et Yai^, Muuti ditni
■*™"ei ciléi précédemment.
n
103 DEDX ANGIBf^ICES TAPISSERIES DU MUSÉE DE ROUEN.
fttelîers à Paris ^ à Reims» à Troyes, à Bourges, à Rennes, etc.;
mais i)â ne constituaient pas en réalité un centre da fabrication.
Les recherches auxquelles les savants les plus compétents se sont
livrés de nos jours, sur Phistoire de ]a tapisserie» ont donné certai-
nement déjà des résultais très précieux. Ces recherches toutefois
ne sont pas encore assex avancées pour permettre d'établir une
disUnction spécrale parmi les œuvres sorties de ces ateliers de tapis-
siers. Il en est de même pour ceux de Bruxelles, Tournai, LilTe,
Gand, Atidenarde, etc, elc» *.
Ri nous pnssans très rapidement en revue les diverses phase$ de
rhistoire de la tapisserie en Europe, Paris et Arras occupèrent tout
d'abord le premier rang, au quatorzième siècle, purs dans la
seconde moitié du quinzième siècle, ces villes furent dépaï^sées par
Tournai, Bruxelles et Bruges. Au seizième siècle, la suprématie
revient à Bruxelles, & Tltalie et même à la France, pour appar-
tenir définitivement à cette dernière, pendant les siècles suivants.
Dans la seconde moitié du quinzième siècle, Tournai et Bruges se
disputent la vo^ue dans Tari de la tapisserie et reçoivent les com-
mandes des ducs de Bourgogne, notamment de Philippe la Bon.
Bruges semble même l'emporter pour la finesse de l'exécution et
par la distinction de Tart qu'elle doit surtout à son École de pein*
tare, ce qui lui vaut la clientèle des Hédicis. Il nous sera cependant
permis de faire remarquer ici que, dans cette seconde moitié du
quinzième siècle, la ville de Tournai était celle entre toutes qui
paraissait jouir de la plus grande vogue pour ses tapisseries. Déjà
ses ateliers de fabrication avaient pris un très grand essor de 1449
à 1453, mais Toccupation d* Arras par Louis XI en 1477 porta nn
coup mortel à Tart de la tapisserie dans cette ville. Tournai semble
' Oo petit même Attribuer k uti ttelier parisien l'admirale tapisat^ric h Couron*
nement de la Vierge ^ conservée dans le trésor de la cathédrale diî Sent, que août
considéroua comme le chct-d'i^uvre de cet art, au commencement du seizième
itèdo^ La eommande en aurait été faite par Tarchevêque Tristan de SàUzar au
niaïtre tapl^sif^r AIJardin de Suuyn, qui travaillait à Paris dans IliAtel même de
cet arctievéquc de Sen^i. It u'exi^te d'ailleurs que très peu de dûcuments sur ta
iabrjoatioa de la tapisserie 4 Paris à cette époque. Cette tapisierie du trésor de
Séos dénote ent^ore uue LnflueDce flamande, notamment celle de T école ^^
Bruges.
^ Nous n'avons pas â nous otïruper ici des ateliers d'Allemagne, de Suiue
d^ltalie, la tapt&serie du Mum<c de Rouen ne nous paraissant pas devoir letir i
•Itrihui^e.
DfiTJ]C ABrCÎI^IhËS TAPISSERIES DU IfUSÉE DK iOtEH. lOS
devenir alors le grand centre où s'approvisionnent les princes et
les grands seigneurs pour les Upisseries. C'est ainsi que le <:ardjoal
Gearges d'Atn boise, le Mécène dealers, s'adresse pour rornemen*
tation de son palais à Antoine Grenier, un des membres d'une
famille qui a occupé une situation prépondérante parmi les tapis*
liers toumaiftiens de la seconde moitié du quinaérne siècle'.
Déjà Tun d'eui, en 1459, Pasquier Grenier, avait vendu, pour U
somme de 5,000 écus d'or, au duc de Bourgogne, une riche ten-
ture lie rhistoîre d'Ali^ïtandre. Philippe le Beau avart acheté au
même en 1461» pour 4,000 écus d'or, ait tapisseries de U passion
deMatre-Seigneur; puis, en 1462, nue tenture de l'histoire d'As-
luérns, et une autre histoire du chevalier du Cygne, en trois
tableaui.
En 1472, le magistrat francde Bruges «^adressait au même tapis-
sier pour une tenture de la destruction de Troie, offerte en présent
à Charles le Téméraire* Ce qui semblerait indiquer pour cette
époque la supériorité des ateliers de Tournai sur ceux de BrugesV
Plus tard, Jean Grenier fournit diverses tentures à Philippe le
Beau, parmi lesquelles an voit mentionnés une histoire du ban*
quet et d'autres personnages de vignerons ou bûcherons* Il reçoit
pour un seul payement, 2,472 litres.
Eofin, à cette triste date de 1513, où Tournai est rat le à la
France, c'est encore à Jean Grenier que s'adresse le magistrat de
cette ville, pour la fourniture de six pièces qui sont offertes à Mar-
guerite d'Autriche, à l'occasion de sa nomination au goufernement
des Pays-Bas.
Il nous serait facile de fournir d'autres eiemples, en citant éga-
lement Jean de Bacre, auquel les nicigistrats de Tournai s'adresi$ent
pour une tapisserie, sortant de son aLelicr, qu'ils offrent au grand
historien Philippe de Commines '.
' L.e candiiul éuit pourUnt à m£mp de recourir k des Ililieni. tûtnm^ it le
hHËit pour d'tutrfi arU, Ce qui prouve t^Dcore davantage la réputaliou di-s «Lc-
It^n de Toumai à cfiîte i^poque,
'Cautukter fouvri<^e de ïl. Eufiène Soa, L^s tapUstries de Tournai,
^ Lei fûémes ma^blraU qui le moatraiGEit lî <{t^uéreux enven PliHippe de
mine» pcJUTakut parailre cncûre plus empresiés auprès de GliaHci VI ti ou
fouii XII et leur faire honiina<je é^jalemeut, d'une Upîsscrif comme celle du
ie de RoiuD, dont lea tégei^ei étiienl li flaUease» paur eui et pour Ir
104 DBUX ANCIENNES TAPISSERIES DU MUSÉE DE ROOËIN.
En 1501, Nicolas Blayart, de la même uilie, vendail pour
442 livres quatre pièces de lapisseries à Philippe le Beau, etc.
Comme on vient de le voir, Tournai avait acquis uue réputation
universelle, et aucune autre ville, même Bruges, n'ëlait mîeui en
mesure de pouvoir fournir une tapisserie au roi de France. D'ail-
leurs, son blason, trois fois répété sur la tapisserie du Musée de
Rouen et les légendes si chevaleresques qui s'y trouvent permettent
plutôt de croire à un don fait au Roi qu'à une commande faite par
lui.
Nous n'avons fait jusqu'ici qu'émettre certaines probabilités sur
l'origine de la tapisserie du Musée de Rouen ; nous souhaitona vive-
ment que d'autres plus habiles puissent mieux que nous préciser
Tatelier d'où elle est sortie. * ^ *
TAPISSERIE nE L*ATELIER DE FONTAINEBLEAU,
La seconde tapisserie, que nous venons d'acquérir également
pour le Musée départemental des antiquités de la Seine-Inférieure,
-provient de la fabrique de Fontainebleau, fondée par François \",
que Henri II plaça sous l'habile direction du célèbre architecte Phi-
libert Delorme.
Elle nous parait avoir été faite pour le chAtean d'Anet, qui venait
d'être reconstruit, vers 1555, par ce grand artiste, pour Diane de
-Poitiers. Cette tapisserie porte d'ailleurs les attributs de Tillustre
châtelaine, tels que les trois croissants enlacés et TH de Henri IT
qui se marie au D de Diane, etc. ' ; de même que le delta grec, avec
*les arcs, les carquois, les flèches et les têtes de cerf, rappellent la
divinité antique, à laquelle cette tapisserie est consacrée* Sur les
extrémités de l'écharpe qui flotte autour de la taille de la déesëe
on voit également TH de Henri II enlacé avec le D de Diane.
La déesse antique est représentée, croyons^nous, sous les traits
de Diane de Poitiers, implorant Jupiter (sous les traits de Henri fï)
pour obtenir de lui le don de chasteté. Junon, Minerve, Mars et
Mercure entourent le maître des dieux^ dont les attributs, l'aigle
et la foudre, sont au bas du trône.
Dans le lointain on voit un temple élevé en l'honneur de la
' Voir, ci-contre, planche II. ^
'^^
l
< -5
s I 1
n%V% JIT^CISNKBS TAPISSERIES HU UrsÉE DE RÛtJElV. 105
déesse al h serpent Python qu'Apollon et elle viennent de frapper
mortellement de leurs flèches.
Dans le haut de la tapisserie, placée sur sa bordure et tissée à
même, se trouve cette légende eiplicatÎTe en vers, inscrite sur une
tablette encadrée dans un cartouche qu'accompagnent deux têtes
de chèvre :
* " Depuis pour mieui iui cbftdRci a'adoDni^r
A Jupiter %CÈ prii-rei âdre ue,
L»c supplient oliAfllelé luy donner,
Came à PâlUif de» ,i|uerrei tt mtîalreiie.
En même tempt, Phisbui m^ «rnirA dreue
Contre P^thoD et pr i> c^nud verlu
I D(r mille tr«iti tt U mort Abbalu.
Le peuple ton qui i^esluuu ei coalëple
Va; «Ht des dieuK l'cnaf^my ci>mifiUu
Pour lûn hoDoeur luy a dreate ua ti^mple.
On lit ensuite dans la bordure sur des phylactères :
D'un côté.,, sic immola manetj et de TaLitre... non frustra
Jupiter amhas^ (Ces deux hémisliches des légendes forment un
hexamètre complet.)
Les deux têtes de chèvre qui arcompagnent la tablette, sur
laquelle se trouve la légende en vers, ont ici leur raison d'être, en
ce sens que les deux chèvres servaient de supports aux armes du
connétable Louis de Brpzé, grand sénéchal et gouverneur de Nor-
mandie, dont la devise était :
Tant gritle chiètre que mai ^i^lc.
Ce document concorde bien, d'ailleurs^ avec le passage de la
Relation des cérémonies observées aux obsèques de Louis de
Brezéj où il est dit :
u Le premier gentilhomme porloit ung estendard de taphelas
aux coulevrsdudlt feu sieur, qui sont jaiiue noir et rouge. Où estoit
figurée une sainte Barbe et une chîèvre avec des eei' qui signifie
Brezé (on sait, en effet, que Brezœus au vociitif fait Brezœe; de là
les trois eee)^ et avoit escrîpt «Tant gratte chiévre qi>e mal gisîe.»
On peut voir également, dans la catlunlnilede Houen, sur le tom-^^
beau de Louis de Brezé, les deux chèvres i>upportant un cartouche
qui renferme deux Ë gothiques, run mînuïïculeet l'autre oncial ',
1 Co dcTaot de colïre en iHïit de cliifue iculplé qui nou» appartient montre
égdement lei Iroii croiuaati ûe Diana, iînsi que les deux tintes de ciièvre
J06 J)£rX ASCIBNIVES TAPISSERIES DU UUSÉE DE ROUeiB,
La bordure de la tapisserie, d*un goût et d*une élégance remar-
qDables, porte cette devise :
Tu mihi toU places.
•^ * (Seule tu me plais.)
Cette devise, si spécialei donne lieu de rappeler ici le sujet
principal de notre lapisserie, c'est-à-dire la déesse antique invo-
quant Jupiter pour obtenir de lui le don de chasteté.
On sait que Diane de Poitiers eut parfois une étrange façon de
concilier ses devoirs d'épouse avec les faveurs qu'elle accordait
à son royal amant.
Conservant toujours le costume de veuve, elle inscriiait Teiprei-
sion de ses regrets pour son mari défunt sur les murs du château
d'Anet, que lui faisait bâtir Henri II. Demeure princière pour
taquellop disions-nous en commençaDt, cette tapisserie avait dû
être exécutée ' .
I, BrGttto hffc $ta(uit pergrata Diana marito
Ut diaturoa iul dnt moDomento viri.
(Diane reconoaissante a élevé ce monument à Brezé, son époux,
aGn qu'il restât un souvenir durable de lui.)
Ue même que sur le tombeau de Louis de Brezé dans la catfaé*
drale de Rouen^ on peut lire les quatre vers qui suivent :
Uûc Lodoice tibi posuit Brezœe sepulchrum
PictoDÏs àmisso roxiMta Diana viro
lodîvulca tïbi quondam et ûdissima conjux
Ut fuit in thalamo sic cHt in tumulo.
(0 Louis de Brezé, Diane de Poitiers, désolée de la mort de son
mari, t'a élevé ce sépulcre. Jadis inséparable et fidèle épouse dans
le Ut conjugal, elle le sera encore dans le tombeau.)
Quoi qu'il en soit, et laissant de côté cette particularité tout à fait
étrangère à Tart, la tapisserie qui vient d*entrer au Musée de Rouen
est une œuvre réellement hors ligne» non seulement en raison de
-sa provenance célèbre, mais surtout par la finesse de son eiéculioo,
l'harmonie et la conservation des couleurs, le caractère des figures
I Consulter sur h a bateau d'ilnel les travaux de MM. Roussel et Anatole à
kîùuiaiglon.
.BSCX ANCItlIÎIÏES TiirrSSEBreS DI; UIISÉE nt BOUBV. lûT
et des ornemeots et la beauté décorative àe sa compasitîon.
Les bordures Dotamment lont d une éli'gance et d'une sobriété
qui juiiti fient à elles seules rinfluenee du célèbre architecte, sous
la direction duquel elles ont été eiécutées. On sent, en effet, dans
leur ensemhie un caractère arefaitectural et décoratif de premier
ordre, qui dénote surtout la main d'un architecte dont les créations
sont si pondérées et at rrançaises.
Ainsf que Ta si justement fait ressortir M. Jutes Guiffrey,
rémînent administrateur de la Manufacture nationale des Gobelins',
Ê, on ne saurait rien ima^^iner de plus riche et de plus in;{énieui
A à la fois que ces admirables bordures, bien françaises d inspiration
ft et de goût. Il est visible que, lors de leur eiécutton, Philil>ert
s Delorme a remplacé les Italiens comme suprême ordonnateur
i< des constructions et des Manufactures royales. C'est lui, sans nul
« doute, qui donne àTatelierde Fontainebleau Tejicellenle direction
a que nous lui voyons suivre dans les Arabesques et dans la tenture
a de Diane , Voilà, certes, des œuvres faisant le plus ijrand honneur
u à nos artistes et capables de soutenir la comparaison avec les
R chefs-d*œuvre les plus vantés des fabriques ètrantjéres. ^
Cette tapisserie du Musée de Rouen fut sans doute donnée à la
famille Grillo de Gènes, ou acquise par elle, au dix-septième siècle ;
toujours est^il qu'elle a substitué ses armes ^ par places au delta
grec, ainsi que les lettres initiales de son nom, les deux G, an
chiffre enlacé de Henri lE et de Diane de Poitiers'.
Nous avons déjà dit que cette tapisserie avait dû être faite pour
le château d'Anet. En effet, dans la partie de cet édiRce il remar-»
quable qui renferme le grand escalier d'honneLir, se trouvent cinq
grands trumeaux remplis autrefois par cinq tapisseries. Quatre
seulement de ces tapisseries achetées cent mille francs ont pu ^tre
réintégrées à leur place prîmitiie, il y a une vingtaine d'années
environ^ par M. Iforeau, ancien syndic des a<;entsde Paris (décédé
depuis)^ qui avait fait restaurer le château (M™* Moreau en est
( Mttoirt de la tapùâerie, p. 218,
* Le grillon qui tî^ure sur ces irmés iiidïi|ue déjà sufâiammcni les armgîrrei
Aille* de cette ftmille. QuadI 1 h forme de Vécu , il noiu paraît bit'o apparleuir
!ji-wpUème siècle.
Il CBt fAcik de se rendre compte de celte mbitiUtioa Aur i'eprruve photo-
«.phiqae de cette l&pisierie qaJ tccompagne celte qoLîccn cin vott eocore VH.
App«rftSl deiTÎère lei deux G tittacé».
wm^w^^r^^^^mÊf^
^
.lOS DEUX ANCIENSBS TAPISSERIES DU MUSÉE DE ROUEN.
encore acUiellement propriétaire). Ces quatre tapisseries sonl
semblaMes comme époque à celle du Musée de Rouen, et montrent
le même parti pris décoratif et les mêmes attributs de Diane de
Poitiers. La disposition de cette grande pièce indique bien encore
aujourcrhui, par ses proportions monumentales et sa hauteur,
qu'elle avait été faite pour recevoir les cinq tapisseries en question.
D'ailleurs f la place que devait occuper autrefois la tapisserie du
Musée de Rouen est encore restée vide actuellement au château
d'Anet (ainsi que nous lavons constaté nous-méme à une récente
visite).
Nous aurions mauvaise grâce à ajouter (il est cependant facile
de s*en rendre compte) que cette dernière tapisserie du Musée de
Rouen est la plus remarquable des cinq, d'abord en raison des
portraits de Diane et de Henri 11, ainsi que par sa composition et
par la conservation de ses couleurs. 11 y a notamment des rouges
rubis sur la robe et sur les manches de Junon en rappel de ton sur
le bêtement très court qui recouvre la cuirasse de Mars, qui sont
d'une coloration admirable,
La tapisserie du Musée de Rouen mesure 4", 84 de hauteur sur
4*',07 de largeur.
Les tapisseries actuellement au château d'ilnet sont dans les mêmes
dimensions. Elles représentent Laione changeant les paysans en
grenouilles^ (c*csl la naissance de Diane), Diane délivrant Ipki^
génie^ Diane tuant le chasseur Orion et la Mort de Méléagre.
Xous connaissions déjà deux suites de tapisseries exécutées pour
Diane de Poitiers, celles du château d'Anet dont la tapisserie du
Musée de Rouen fait partie, une pièce de la collection Maurice
Kann, et d'autres qui appartenaient à AL Emile Peyre.
Une troisième suite, qui se trouve depuis plus de quatre-viDgts
ans dans la famille de M. le général Bezard, a fait l'objet d*ùne
communication de M. Eugène Muntz, membre de Tlnstitut, à V Aca-
démie des inscriptions, dans la séance du ^1 mai 1897. Ces tapis*
reries lui avaient été sifjnalées par M, Col li gnon.
Cette suite, exécutée en 1610, est une reproduction des tentures
du seizième siècle que nous venons de mentionner,
^ Cette tipiiserie a éié reproduite daiis VHisiotre de la tapisserie,
\l. Julei GvîrfRUVt p. 317, cl dans La tapisserie ^ par M. Eugène Mi^NTZt p- S
*
r
DEUX A»;CIENN£3 TAPtSSËRlBS DU U13É6 DE ROUE» 109
Lei tapïsiïerte^ du château d'Anet et du Uusée de Rouen oui
certamementété composée! âur les indications de Dtane de Poi-
lierSi ainsi que le prouve les attrIbtiU et les emblèmeg cFioitii
par elle<
D'ailleurSf elle n'avait qu'à consulter son eieniplaîre des Métû^
morphoses d" Ovide j dont un manuscrit eiistait doua la bîblio-
ritèque d*ilnet, pour guider ensuite les artistes sur les divers épi-
iodes qui s*y trouvaient retracés. Cea données devaient scnlr à
eialler la déesse antique qu'elle avait choisie pour se glorifier
d!e*mènie.Ce qui explique les trois croissants pris par elle comoie
emblènnes, qui sont une sorte d'allusion à cette espace de pairo*
nage olympien sous lequel laducbessede Valentinois s'était placée,
et à la fameuse devise, Donec toinm impleat orbem. D'ailleurs, la
tapisserie du Musée de Kouen nous montre son propre portrait
amsi que celui de Henri IL Mous serions également tenté de supposer
que les autres divinités antiques qui s'y trouvent peuvent être aussi
des portraits de personnages de la cour de Henri II.
Nous sommes heureux de soumettre à nos collègues des Sociétés
des Beaui-Arts des départements la primeur de cette notice et des
deax photographies des tapisseries récemment acquises par nous
pour le Musée départemental des antiquiléa de lu Seine-Inférieure,
oii désormais notre art national sera dignement représenté par
deuK œuvres femarquables. ^
Gaston Le Breto!u,
' Carre#p»ndaat de l'Inflilutt directeur du Ifus^e
dëpArIfmealil àei tntiqiiîtéi de Ja Seme^
înfmeure et du Musée cérimique de Rouep,
Gorrespoodint du Gomîté det Sociétés des
fieaui^Arii dei di- parte m enta.
ilO ' PEINTftfeS BE8 XVI", XViV ET X Vlîl* flllc LES*
II
t
PEINTRES DES XVI', XVIÎ* ET XVIII* SIÈCLES
NOTES ET D0CUMEJS3TS
EXTRltTS DES FONDS PAHOIS&IAETX DES âlCHlTES DU CALVADOS
t
Une des principales sources de Tbistoire des anciens artistes est
la colleclion des titres des églises qui, aux larmes de k loi du
5 brumaire an V, devraient se trouver réunis aux archives dépar*
tementales (série G) > malheureusemeîit la « centralisation >* ,
exécutée d*uae manière bien imparfaite, a été ultérieurement
détruite par des ^ versements n , par des a restitulions ^ , à tous
points de vue déplorables ^
D*une part, les municipalités n'envoyèrent à i'adminî&tralioo
qu'une partie des pièces et registres déclarés propriétés nationales
(loi du 5 novembre 1700), surtout ceux qui pouvaient fournir
des titres u utiles n au point de vue de la vente des biens nationaux
et du recouvrement des créances : de là, bien des documents restés
dans les dépôts communaux ; puis ce furent les envois aux hôpi-
taux % sous prétexte de cessions de rentes nationales; enfin, lors
des u restitutions v aux églises^, des abandons, aussi maladroits
qu'intempestifs, furent faits à diverses reprises, sous \apolcnn 1*^ et
la Restauration : en comparant les documents alors livrés à Téglise
Saint'Pierre de Caen avec ceux, du même fonds, qui sont encore
conservés aux ^Archives du Calvados — absolument de même
1 Les déJibératlona coa<ervéei aux «rcliive» cammuDalËs comptèLe^nl tei fands
porojsâîaut. Ci, plusieurs menLiait» d'arliile» daua mes inveatatret de la aérle E
iupplëmcnt.
' Cf* rooQ Inventaire des Atckites hospilaiiéns de H&njleur, B. 25 (H. Sup-
plémeQt 1508), cûmpk^i* dt U CQnfrL'fiç du Kosnirc de l'égïise Sainte -€)itlie ri ne
de Honflrur, David X'cvcui. al. Ke^m, sculpteur, orgaoîstea, etc.
^ Où bif^n des pièces «Fai^nt été oubliées dans los aacritlio, lei eloctiert. \t»
prcsbytèrei.
PElSfTIES DES XVÎ% XVIV ET HVlïV SÏÈCLIS. Ut
nature — on peut juger Je la « mélhoite •» de la a coDftcience »
apporlées à cette opération, dont le plm clair résultat fut le dé-
membremeut des collections.
II n'en reste pas moins, aux Archive! do Calvados, une impor-
tante et volnmineuse série de titres paroissiaux : on constituant ses
fonds, notamment pour Tenlévement des pièces étrangères, j'ai
rassemblé, au hasard des classements, des notes et documents sur
plus de cent peintres des seizième, dîx^septième et dix-liuiliëme
siéeles : sans foulolr, bien entendu, chercher à présenter un,
dépouillement complet — principalement pour les registres dont
j*ai dû laisser de côté un certain nombre — et à devancer en toutes
les mentions utiles t'inirentairii ultérieur — et lointain.
Les notes qui suivent seront Truct ne u sèment consultées àdivera
points d« vue : d'abord pour Ti m en taire des richesses d art, en
raison de l'origine, de V h état civil n de tableaux encore exposés
dans les églises ; puis pour la u restitution n de ceux qui ont disparu
— par exemple celui de Hestout â Rots, dont le maire de cette
commune, M. Gaston Le Hardy, n*a pas oublié la destruction;
— puis encore pour Tbistoire des anciens peintres, déjà-connus ou
inédits ': et Ton pourrait peut-être me reprocher d'avoir recueilli,
malgré leur intérêt spécial, bien des notes de peinture purement
k industrielle ?ï, si on ne savait — on en trouvera de nouveaux
exemples dans ces notes — quNiIors les artistes s' eu chargeaient
an même titre que des * travaux d*art n ,
Il est re«{rettable sans doute que les documents soient relati-
?ement modernes, qu'ils appartiennent surtout à une époque où
Caen avait cessé d*étre un centre artistique : il suffit d'un coup
d*œil sur le matrolnge de la charité de Saint-Xicolas de Caen " qui
servît du quinzième au dix-huitième siècle; il suffit de comparer
les miniatures — malheureusement endouimagées — et les
ornements du début, avec le Saint-Xicolas aux empâtements ridi-
cules qu'au commencement du dix-huitième siècle présente la lin
' Cr. par eiempte lei piècci iur Elouis, qui, rapprochées de la Wts^e (lérie F)
dftnnèe pir M. Ferjiaad Engcraud, prouvent *pi'ou « eu torl, lûut r^kcftinient
re^ de le coufontlrp avec la conter irateur du Musée 4{*Caenï ec ^uiit demi
ites dilTéreal» du même nùm. Cne mentiod spédolc i^at due aux dticumniils
Tnant ■ Champagtic J^ Fnye « ,
rehîvea dëpdrtemeatilet, série G^ fuiid^ de SAiat-Xicula».
lis PEINTRES DESXVr, XVII* ET XVIIl* SIÈCLE S.
du registre, pour saisir rirrémédiable et profonde déchéance ou
Fart caennais était alors tombé ^ Ou ne s'étonnera pas, dans ces
conditions, de voir lés trésoriers de Saint-Sauveur s'adresser à des
artistes parisiens', comme le fit Tingénieur en chef Lefebvre pour
les statues de Thôtel de Tlntendance au sculpteur Mouchy *, comme
bien d'autres le firent, en s*adressant à Paris, à Rouen, en d^autrea
lieux, pour les « commandes » les plus diverses^. Et pourtant, loia
de me repentir d'une trop grande hospitalité envers des arliaans —
des a barbouilleurs » , eomme portent plusieurs pièces — dont la
mémoire, à première vue, ne semble pas mériter d'être sauvée
de roubli» je suis plutôt tenté de regretter de n'avoir pas accueilli
plus largement, plus complètement, d'avoir laissé de côté bien
ct*autres noms, bien d*autres notes, qui auraient sans nul doute
pu fournir aux chercheurs des matériaux utiles, dans un sujet si
neuf encore pour le Calvados.
Armand Bénet,
Membre non résidant du Comité, à Cacn,
Archiviste du département du Cftlradoi.
AiQNEiiONT (Guillaume n').
Quittances au curé du Tourneur : de 91 livres, pour avoir peint, doré
et argenté les deux petites contretables de Téglise, outre ^a nourriture
pendant deux mois et demi qu'il a passés à faire Jed. ouvr&[je ; de
12 livres, outre sa nourriture, pendant 15 jours qu'il a employés à
peindre les fonds bapCismaux, les portes, les corniches de la nef^ les
deu\ statues de la Vierge et de S* Jean, et le confessionnal à M, Le Houx
(1763),
* J'en donnerai ultérieurement d'autres preuves dans un mémoire sur les Écoles
«nbtiques à Gaen avant et pendant la Révolution.
* Cr plus loin Delaplanche, Lélu, et diverses autres pièces du fondi de Saiot-
Sauveur, pour la construction de Tautei.
' CL les pièces publiées dans mon Inventaire de la série G, t. IV, dont Vm
bonnes feuilles ont été^utilisées au dernier Congrès par M. de Loa>{uemare.
* Pour les orgues, ornements d'église, cf., entre autres, H. 63, ôâ, abb&je
d'Ardeones. £tc.
ï
PEIRTBES DES XV1^ Xlll' ET XVlir SièCtK», 113
hmnr.
u ânjourd'huy dimanche premier Jour dé décembre mil flepi cent
&oiiante seiie, à Tissue de» vesprei de h parroiaâe de Carpiquet, eo
conséquence de semonce faitle ce |ourd'buy au pré ne de la messe par-
roissiale par M' CharJea Bazin , prélre^ curé de cette parroisse, au «on de
la cloche et auLrea foriùalités prescnUes par \ts règlements diiement
observées, se sont assemblés hs parroissîen& possédant font en général,
les présents faisant fort pour les absents, pour délibérer «ur quelques
Avantages proposés À 1* fabrique; premièrement, il a été représenté par
Iv s' curé que Moniieur Aubry, peintre à Caen et tréfoncîer de lad, par-
aisse, afoit été cbargé de faire deux tableaux t Tun de S* Martin, l'autre
de S*" Anne, pour le grand autel qui vient d'être construit, et ca aui frais
de la fabrique* Led. s' Aubry les a faits de très bon goût et de prix, mais
il n*a voulu j en mettre aucun ; il en fait présent à la fabrique. Sur quoi
leftd. délîbérans, pour marquer leur reconnoissance aud. ^f Aubry, en
at^eptant le don par ky fait. Tout décbargé et le déchargent pour toujours
par la présente de trois livres de rente qu'il étoit tenu faire à lad. fabrique^
pour la place de banq qu'il occupe dans Téglise, aiasy que des arrérages
(^'il peut maintenant devoir, et consentent qu'il jouisse de lad. place de
banc, sans en payer aucune redevance, ^y — Registre pour servir aux délî-
bératioDs de la paroisse de Carpiquet, da 1774 à 1780, f" 12 v et 13.
Avici.
* A M* Notl A vice, paintre, pour avoir paint l'image S^ Jean et envi-
TOUS d'icelle, XXII L X s. » — Caen, S' Nicotas. Compte de 164)3-1605.
Bagot,
A Bagot, peintre, <■ pour travail d^avoirfaict les deuiescriptz des deux
bouts du grand autel », 4 1. — Goulonces. Compte de 109-2-1693,
BssLf (ng),
« A Michel de Bail y, painctre, pour avoir fait le protraict de U croLi,
MX i, • 1546. — Caen, S^ Nicolas. Compte de 1545-1546.
Eékaud.
aktances au curé de Gueron : de 40 livres u pour un tableau de la
S
114 PEINTRES D£S XVl\ XVII* ET XVIII* SIÈCLES,
Transfiguration, que je luy promest fournir et livrer pour le retable de
■on église « (Caen, 19 novembre 1714); — de ^ livres u pour deux
moyeni tableaujt dont Tun est du S* Bernard et Fautre d'une Vierge en
donleurs ayant son fiU mort près d'elle » (5 octobre 1722). A la suite de
cette dernière quittance \ Payé à Pierre PeJlevey 81. pour les deuK cadres
desd. tableaux places dans le chœur le 5 décembre 1722 ^
BoiTO. *
A François BoilOi peintre, 41., ponr avoir nettoyé le tableaa du grand
autel et celui de S^ Sébastien. 1774. Caen, S* Ouen. — Quittance dud.
Boilû de 3 livres, poar avoir nettoyé le tableau de S* Micbel (1774). Vire.
Ëgliâe Noire -Dame. Confrérie de S' Michel,
Blondel.
A Blondet, pour un lableau de S* Sébastien et pour 2 petits morceaux
de tapiâserie, 13 1. 5 s. A Blondel, pour avoir fourni la peinture de la
cbapelle, 26 1. 14 s. A Blondei, pour avoir peint et doré les 4 chandeliers,
3 1. 15 s. Caen. S' Sauveur. Compte* de la Charité de 1739 à 1751.
Quittances diverses par Blondei, à la Charité de S^ Sauveur de Caen,
des années 1751, 1758, 1759, 1760, 1761, 1762 et 1763: travaux de
dorure, peinture. Les quittances de 1761 et 1763 signées Jacques Blondet.
« \Iémoire des ptnture fait en la chappelle de la charité de S' Sauveur
de Caen, fourny :
lîv. s. d.
Dix livres de ceruze, ponr ce 4 0 0
Trois pot d'huil de lin, pour ce 3 18 0
Quatre livres d'huil de noix, pour ce , 3 4 0
Pour Ukuï de Prusse , , 3 0 0
Pour de Thuil d^aspic . 0 10 0
Pour façon, quatre livres 4 0 0
TOTALLK. 18 12 0
< D^pensi! figurant nu compte de i7ÎO-i7S3, qui contient £d qutre : 47 Utrea
pour le tableau de Saint Germain. Parmi les pièces jnstilicatJvei, quittance» de
6 livrei, pour un fjrand cadre, pour un tableau dans le chœur (4 janvier 1715} ;
de 7 livre», pour le cadre et le châssis du tableau de SakU Germaia donné par te
curé {fÙ mai 17lâ) ; de 6 I. 12 s. 6 d., pour fourniture de drof^uG^ ponr perndr
les portes di.' TécjtiHi? et les trois grands tableaux du grand autel par derrière
(3 novembre 171S), etc*
^ ièid. i Au peintre pourravoir raquemodé le tableau de Saint Sétwitien v , IS s
PEINTRES DES \\\\ %\IV ET IVIll' flÈCLBS, H»
E«çiie te contenue au présent meEnoire par lei mains àe Monsieur Bidet^
écbevin en &ar<|e de la charité de Saint^anireiir de Caen, donc je tiens
qEtUte. A Caen ce trente octobre mif ippt ceni cïnquaate sif. Jacque
Bbndel. ■
« Mémoire des débourcé que j'ay fait et fonrny pou r
la cbapelle de frères de la Charité de S' Sauveur de Caen,
premièrement, acoir graté et colé sii flambeau, fourny t«
papier, pour ce. 0 liv. 1% è.
De pltii avoir pin sîk teste de mors et raquemodé six
lutres, pour ce , 2 0
De pluâ pour du gros papier et épingle ,0 f>
Pour carton une livres dit sols . 1 10
Pour noir et coHe . . , 0 là
Pour chtsy, une livres », I 0
Pour papier blanc . , « . 0 3
Pour doux ^ ^ 0 4
Pour façon de toni 1 4
Pour un cbandel lier raquemodé 0 5
i
m
Reçue U contenue au présent par kê mains de Monsieur Bidet, échem
en large de la Charité de S* Sauveur de Caen, donc je tins quitte. A Caen,
ce él% mars mil sept cens cinquante huit, i* Bloudeh n
Travau^i à S* Martin de Caen (dèpente non spécifiée). Compte de 1775
cl 1776,
Bloitet.
K Mémoire de Fouvrage fait en peinture & la cbapelle de la Chanté de
S* Etienne de Caen,
liv. s,
Premi^remenl, pour avoir peint en fond bleu du haut en bas
la chapUe et le* cordons. . . , * , • 20 i*
Plus, avoir peint en jaulne te cadre du tableau^ la croiï,
les deux vases, le devant de Tautel et ses côtés. ....»,, 6 »
Plus pour avoir peint, marbré et rechampi les deux co--
jmnes , 10 ■
De plus, pour les étoilles. . . , . , , . ^ 12 n
De plus, pour la vigne et rorneEXieat 30 *
116 TEINTRES DES XVl\ XVIT ET XVIir SIÈCLES,
De ptui, pour récrileau ti le fond 6 •
De plus, pour avoir écrit Je nom de S* Marcoul et
ravoir peint ..*..*,,. , . 1 5 i.
Déplus, pour avoir peint }a petite barrière ..«.,... 1 15 b*
De plusi pour avoir renfraicbi le tableau de TaQlet de la
ebapelle ,.....,.,..... 2 »
De plus, pour avoir raccommodé k hanière, fourni un
gland elremfraîcbl Jes deux tableaux , , - , - 3 "
Total 92 n
i% reconuois avoir reçu de M' Desobaui le montant du présent* A
Caen ce vingt un d'octobre mît sept cent quatre vingt onie. i. Blouet. n
Charité de S' Nicolas de Caen, réunie à S^ Etienne.
fiOMNIHER.
Compte rendu par ^ maistre Jacques Bonnemer, painstre, escbevin de
la cbaritt^ des glorieux Sainct Jacques et Saîuct Crestospbles, fondée en
Téglise Saine t-Oer vais de Fallaïse n , pour Tannée de sa charge commen-
çant le 26 juillet 1609 et finissant à pareil jour 1670. Parmi les noms ;
Alexis Bonne 01 er, de la Trinité. Falaise. S* Gervais. — Jacques Bon ne-
mer, peintre, figure parmi le* redevables à lad. église S* Ger?aîs. Cf-
compte de 1685.
BoBDEAii (Louis),
Travaux à S' Désir de Lisieux^
tt Débours faits pour Tautel de S^ Désir, commencé le cinq aoust mil
lept cents soiiante et Iraixe.
!iv, I. à,
75 pains de eraye âne ..».,<. * , I 17 6
6 liv, de colle de Flandre . 4 16 »
26 pains de craye ...,.».*. « 136
2 tiv. de colle de Flandre 1 lî «
Ëmpioy de drogues pour nétoyer le tableau ...... 1 12 >
Peintures pour le marbre des plaintes 1 10 ■
4 oncea de vermillon ,..,.. 1 12 ■
23lfvreU d or à 2 liv. 5 s, .,,..._...,. , 51 15 •
TT
FEIKTHES DES XVl\ XVlï* KT XVIir SIÈCLES. HT
1 liv. i/4 dVrpîn pour lei edté du lirubrf â 12 «
PeÏDture de deui ciergei et le papier marbré, I 6 •
Mordant 4 » »
Payé à Fouché, menuisierf par quiUnce 9 2 »
Suite de réparations. Le li de mars 1778^ jur l«s coté*
de l'aiilel et aux anges et posé du blanc atii endroits gâlei,
8 onces de colle, 12 pnins de craje ,...,.,.... n 14 «
Orptn pour le devant d'autel , . . , t* 6 ■
Mordant ^ 1 1 %
Etnplo|é 5 IkreU 1/2 dV à 2 \iv. 5 r ...,., . 12 7 6
Dgaocfts. ... 96 16 6
Décoration du aerdce de feu Louis XV 15 » h
Trente jours et un quart à travailler k raison de 2 liv.
paj-jour (et 12 henrei parjoar) 60 10 »
Total du tout, . . . 172 6~6
J'ay reçu de Monsieur Deigenetez, thrésoner ancien de la par-
aisse de S* Dèsirp du consentement de Meisieura les curés, trésorier,
députez actuels, le montant du présent tnéuioire. Fait ce cjuaton« avril
mil sept cents loiitante et dix-huit. Louis Bordeaux. »
Mémoire des dépenses faites pour te service de Louis XV, célébré en
relise S^ Germain de Lisieux, le P' juin 1774. Pour les armoiries
fourmes par Bordeaux Lafontaine, au nombre de 200, à 4 s., 40 liv. —
Quittance par Louis Bordeaux et François Samson, 4» armoiristes n à
Lifiieux, au trésorier de la fabrique de S^ Germain, de IK liv. pour avoir
décoré et fourni les armoiries tètes de mort, les 9 et 10 octobre 1783,
pour le serrice de feu Téirêque de Lîsieux, 19 dud, mois. — Quittances
diverses pour travaux à S* Germain de Lisieux, [TOT, 1775, Ï784.
A Bordeaux, pour décoration et armoiries au service du Daupbin,
12 lîv. — Honfleur S^' Catherine. Compte de 1766.
Boucher.
A Gilles Boucher, peintre et doreur, 48 liv. pour avoir peint et doré
image de S' Paul et son autel, suivant le pouvoir que lui en ont donné
*3 paroissien s « devant le notaire de THôtetlerie. CourtonneL Compte
i 1776,
11g PEINTRES DES XV1% XVII* ET XVIIl* SIÈCLES.
BlIOlJZK.
Qjiittance dudit à Bidet, trésorier de S* Sauveur de Caen, de 59 l\v. 4 1.,
pour le plan et dessin du grand autel de lad. église, frais et dépenie* de
voyage de Paris à S^Denis. Caen, 26 novembre 1770.
Caernie.
« Pour le tableau d'une benniëre baillés par Michel Gaennie, m^* pein-
tre », 11 livres (acquit du 4 novembre 1684). Viessoix. Compte des tré-
soriers.
Caiqvaro.
A Caignard, peintre, pour avoir peint les faux flambeaux de la cbarîté,
1 liv. 10 s. 1743. Gaen. S* Martin. Compte de la charité.
Travaux à S*-Sauveur de Caen. Quittance à Le Fèvre, échevin de la
charité, de 101 liv., pour le tableau de la bannière et avoir doré le damai,
ferrure, etc. 1737. {Signé .'Cagniard.) — A « Cagnard », peintre, I2ïlv.^
pour avoir redoré le coq du clocher. 1746. — A Caignard, peintre, 3 liv,,
« pour avoir repeint la figure du S' Esprit de la Chaire et celte du
Sauveur ». Compte de 1749-1751.
Autre quittance (signée Caignard), à Guillaume Michel, échevin de la
charité, de 70 livres, pour un tableau de S*-Sébastien, qu'il a fourni pour
la chapelle de la confrérie (30 juin 1750 ■).
A Caignard, peintre, et à Vautier, 48 liv. pour avoir fait plusieurs
dorures et peintures au banc du trésor (1754, 1755).
A Caignard, peintre, pour décoration de la chapelle des confrères de
S' Sébastien, suivant quittances de 1760, 42 liv. (compte de la charité).
Autres quittances de 1756 et 1760, Tune de celles de 17G0 signée Caî->
^nard de La Haye.
Travaux au grand autel de Notre-Dame de Caen. Compte de 1737-1 138.
Carabie.
Travaux à Téglise de Vaucelles de Caen. Cf. comptes de n5&«1760 et
1765.
1 Cf. Compte de k charité de 1739 à 1751. A Cagniard, pour le Uhleta Ût
V I hôtel f , 70 1. ; à Mëry, pour avoir fait et fourni l'autel, 1S0 l il s.
PEINTIBt DES %Vl\ XVîV l¥ %VUV Sj|ci,lS* 119
QuiltADce pomr trairait h TËgliBê S* Je&n de Bayeui. 1787.
Marchés et quîitatices d« Jean Conard, peintre, bourgeois de S' Milo de
Bijeux, pour travaux de peinture, dorure, k réalise de S' Sulpîce prèi
Bajeoï, de 1730 à 1743, Entre autres : quittances du 27 septembre 1737»
de 9 Itv. 10 fl, H pour avoir paint à Thuille le deux etvéques Sulpîâce et
Saint Vigord et et^oir mis de la dorrure 19 ; de 5 liv. 10 s, ^ pour avoir paint
en Oeurs et ornement le deux porte du cœur de leGlise de Saint-Sulpiice *.
i 11 a été arresté entre M^* lean Couard, peintre en h parroisie de
S* Malo de Bayeui, et M*** Sitnon Pitard, tréiorier en charge de la
parroifisede S^ Sulpice^ en la présence et du cons^entement du sieur curé^ de
M' Le Roy de Fontaine, escuier, et de plusieurs autres par roi ssi eus de lad,
parroisse souslgnésj scavoir que )ed^ sieur Conard s'oblige psindre à
huille les deux petites cou trela blés des autels de la même manière qu^ils
étoîenl auparavant, rajuster tes deux tableaux, remettre une toille derrière
celuy de S** Anne, comme auss^^ paindre à huille un devant d^antel des
deux costés, dont l'un servira aux (jraudes f estes, qui sera paint de la
même manière que celuy de la parrojsse de Longue, et Tautre, où il y aura
du violet et du ver i|ui domineront dans les ûeurs, qui servira pour
TAvent et ie Caresme et les dymanehes de l'année, et le tout à la volonté
du sîeur curé et trésorier, de plus, s'oblige paindre à huille les quatre
pilastres qui «npportent la cantretable du eœur en marbre de couleur
noire, à Teieeption des chapiteaux qu'il paindra de la couleur qu'on luy
désignera, au moyen et parce qu'il luy sera payé par Joseph Nkolle,
ancien tréxorier, en déduction de ce qu'il peut devoir au trèzor, la ï^omme
de quatre-vingt livres. Fait aujourdy dytnancbe vingt neufvième d'octobre
mil tept cents trente sept. Signé : de FoNTâiN!«E le Rov, Jacques Ddiort.
iean LEFSavnE, M, Hébolt. F. Galiek. F. H^aollt. Q. Svaru. Guillonme
CoKâRt». J'ay receut de Joseph X'jcolle, trésorner de Saint-Sulpisce, la
somme de aoitsainte livres- Fait ce vingt six avril mil sept cents lerente
huit* JeanCûNAan. De pelus receut la somme de vingt livres. Fait ce trots
d'aust mil sept terente huit. Conabd. »
CoxconDK.
A Nîeolii Concorde, peintre^ « pour avoir lave et rafraichts le tableau
130 P£llUTaES DES XVl*. XVIV £T XVIIT SIÈCLES.
du maltr^^ulel av€c le cadre n , 12 Hv, Honfleur. S** ^Cathârine. Compta
de 1747.
CoVTANCXi.
A Poisson, imprîmeor, et CouLances^ peintre^ pour avoir imprimé les
noms des frères servaûta et échevina, avoir peint et écrit en lettres dorées
les tableaux qui servent à montrer lesd, noms» 17 \iv. 15 s> 17H9. —
Caen. S* Martin. Compte de la cbarilé^
Dalécbahps.
u Au B' Delonchamps n^ pour avoir peint et dore un faux livre pour
lervir à la S^ Sacrement, 2 liv. 1772. {La quittance porte k slguatare :
JJ, Dalégbamp3« Caen. Notre-Dame,)
Dehors.
Quittance de 24 Itv. pour avoir nettofé six tableaux de TégUse S* Ger^
main de Lisieux, repeint leurâ cadres et redoré ce qui était effacé de
Tancienne dorure des cadres. 1768. — Travaux au presbytère. Compte
de Saint-Germain de Lisieux pour 1787*
DgLAFLAIfCBE.
Mémoire et toisé détaillé des ouvrages de peintures et dorures fails à
l'église de S> Sauveur de Cean, lesd, ouvrages faits dans le commencement
de l'année 1771, par DeEaplancbe le jeune, m* peintre et doreur de l'aca-
démie de S^ Luc, à Paris, y demeurant rue Neuve S* Mery, dans uae
porte cochère en face du bureau des jurés-crieurs.
A une crédence, le tournant de la ceinture cont. &4^
(correct. 83 1/2) sur 8* 1/2 (correct. 8» 4 1.) com-
pensée, vallent. 411 60
Les deux consolles de cbacune 36' {correct. 35* 1/2)
sur 12" (correct, 11") de développement sur cbacque sens ,
vallcnt les deux , . , . 6
La noix de IS" sur 11° dévelopée sur cbacque sens,
V ..,...,.,.. 1 7 60
L'autre consolle cont. idem v 12 7 10
(Correct.) 22 1/2
FEINTKES DB4 JiV t\ IVIl' CT IVIlT SIÈCLES, If]
A Teiposition, k calotLe du dessus de 26* sur 24"
double la plus talieue de^s oves évaluée à 6* rédujl,
Tallent , , 9 2 0 0
Trois consoLles, dont une conL i2° de développe-
ment sur k hauteur et 15 pouces de profil, compensée,
vallent 4 A 60
Trois vaxes au-dessous desdites, de chacun d pouces sur
5* 1/2, vallent ensemble Il 36
Trois gutriandes de cbacune ââ* sur 7^ valleut
eosemble . , . 2 10 ti 0
Les trois pommes du dessus de chacune 0 l^'^
(correct. 9«) sur 6' compensée, va Eleut 12 30
Le plateau du bas de 22" sur 19*, vaut 2 10 10 0
Deux gloires au-dessus des archivolte de chacune trois
lettes de chérubins avec leurs ailles et nuag^^ de chacune
S pieds 9^, sur 2 pieds, totsée comme unie et demandée
double pour la sailty et développeuieot, voilent 22 0 0 0
(Correct.), Ensemble réduites à 16 8 0 0
Quatre gerbes de bled et raisins de chacune sçavQir,
la branche jusqu'au feuilles de raisin de l^ sur 2"
9 lignes, les feuilles et raisins de ensemble IH" (cor-
reei. 16» 9 1,) sur 15^ de développement sur chacque
sens, les épis de l^"* (correct. 11} sur 9', val lent ensemble
les quatre. . Il 5 6 0
La bordure du UbUu de 37 p^ 1/2 feorr. 36, 2) de
tour, sur 1 p^ (corr. II" 6) de proOl, vdlenl 37 6 0 0
(Correct) _ , 34 7 11 0
La plusTalleuc du ruban tournant sur le devant de lad.
et le fesseau de baguette du derrière éirallué» enâenible à. 3 0 0 0
(Correct), .,, 2 4 00
Les deux tour creuse contréne chacune sravoir ta
coquille du haut du panaii de II* sur 9» (corr. 12), y
compris les feuilles attenante en forme de \olutte,
vaJlent, ,... ,. 0 8 30
Le neud de ruban et le bout pendant de ensemble 45"*
sur 3' vallent .,. OU 30
Les guirlandes de ensemble 8 pied^ de développement
sur 7* compensée, vallent ,-.- 4 8 00
Au carteil du millieu, les ^uirlatideâ de ensemble 5(i'*
(corr. 60} de développement sur 6* compensée T vallent. . 2 6 0 0
La rozette de 2i« de diamelre sur un sens, et 20* sur
1
îtS PEINTRES DES XV1% XVII* ET XVIII' SIÈCLES.
Ta litre t v compris les bandes unies reignant autour, val-
lent (addition : duire pour les angles 20, non réduits). , 3 4 0 0
Les guirtaodes et rosasses de 80^" de développement
sur 2^ l/2œEn pensée, vallent 1 5110
Au bds de lad. tour creuse, la guirlande de 58* de dé-
v<?loppement sur 3« compensée, vaut 1B60
Les partie d'ornement de ensemble 60® de développe-
ment sur 4*' de profil compensée, vaut. . • . 4 . • . . ! 4 0 0
(Correct.) 8
L'ngrafe du bas de 12* sur 6* de développement sur
chacque sens, v 0 6 0 0
La moulure renfermant led. panau de 26 pieds 8* de
tour sur 3* 1/4 compris listel, vallent 7 2 80
L'autre tour creuse idem, qui avoit été obmises. » . . 24 2 7 0
Les deux partie de bandeau au-dessus de ensemble
5 pieds sur 3% vallent ^13 00
Au pan en u derrière le tabernacle la moulure de
18 piedi 1/4 (corr. 16-2) sur 4» (corr. 3* 9) de profil
compris listel, vaut 6 L 00
(CorrO 5 2 30
Au tleu% panaux d'appuis des moulures contienent
ensemble 14 pieds 4* sur 3* de profil, compris listel,
vallent 3 7 0 0
r«es trois partie comme simaizes, stragalles et soe
contiene ensemble 56* sur ensemble 1 pied 1* 1/2,
vallent 5 0 80
A un pilastre, le chapitau cont. 27* sur 37* compensée
en trois partie, vallent 6 11 3 0
(Correct,) . 2
Au millieu dud. pilastre, les partie d*ornement sortant
des canauï de 30" (correct. 32* 6) de développement sur
ensemble H* (corr. 9*6), les canaux de 42* sur ensemble
lJ*{com 10* 6) de profil, vallent 5 8 60
Ensemble. 13 4 10 0
Les Utes de 22* 1/2 sur 11*, vallent 2 8 76
(Lesdp trois lignes de chiffres et la suivante rayées et
remplacées par 80. 5.)
Cinq autres pilastres idem, vallent 71 9 8 0
Plus pour les canaux d*un desdits, qui avoit été doré et
bruni et qui a été redoré matte, vallent 3 2 60
Addition. 11/2
r
PEIttTHES DES XVl\ XVIl* ET HVUV SlICLBS. 113
A la gloire, le corp de hâ, eoniîtUist en nuagei,
13 l«Ues de cbérubias avec leurs nïtJes, cont. H pieds iur
9 piedi toisée comme unie et demandée double, évalua-
lion failles des laillis tant des 13 tettet avec leitn aillea
que des nuages, vallent « • . , ^ . [4i
(Correct.). 104
Plus pour avoir doré en ûr vert 37 lettres, à raison de
15 s, chacune, font. . . > 27 15 0
Les rayons sçavoir :
N" L — De4 ptedide développement sur la longueur,
sur li^ de profil compensée val lent. . , 4 H 0 0
2. ~ De 1 pied 3» sur 11* 1/2, valJent 12 4 6
3. — De 2 pieds 3- sur 11% vallent 2 0 9 0
4. — De 1 pied 7- sur 9*, vallent 12 30
5. — De 5 piedi 3* (corr, 2-) , sur 14* (corr. 13' 6) . 6 1 6 0
6. — De 2 pieds 3* sur 1^ (corr. 10* 3) 2 0 9 0
7. — De 3 pieds 2 sur 13*. . , , , 3 5 2 0
S, — De l pied 3 sur 9" i/2 - . . . 1 0 6 0
9. — De 3 pieds 6 sur 1 1* . - . , 2 7 9 0
JO. — De 1 pied 10- sur 12 1 10 0 0
IL— Del pied 6 sur 8 1
12. — De 2 pieds 6 sur 10* 2 1 0 0
13. — De 2 pieds 6 sur 11- 2 3 6 0
14. — De I pied 6 sur 8* 1/2 1 0 9 0
15. — De 1 pied 0 sur 1 L .... , 1 7 46
16. — De 3 pieds 6 sur t2- 1/2 . 3 7 9 1
17. ~ De 1 pied 5 sur 10» 1/2 1 2 10 6
18. ^ De 3 pieds sur ih 1/2 2 7 60
19. — De 2 pieds 5 sur 9 111 3 0
20. — De 5 pieds 4 sur H 6 2 8 0
21. — De 1 pied 4 sur 10 1/2 1 1 4 0
^. — De 2 pieds 1 lur 10 , , . 1 8 10 0
23, — De 1 pied 3 sur 12 1 3 0 0
24. — De 4 pieds sur 13 1/2. . , . 4 2 0 0
B, — De 1 pied sur 7» . 0 7 0 0
C— Del pied 4' sur 8 1/2 0 11 0 0
D- - De 1 pied 3- 1/2 sur 8 0 10 i 0
Total des pieds d'or. 426 9 7
Les 426 pieds 9* 7 lignes, à raison de 6 Itv. le pied,
rii convenu, fait . , 2,560 10
134 PEINTRES PESXVIS XVir. ET XVIir SIÈCLES.
Marbra ,
' ■■
Le panati sous le cadre du tablau derrière le tabernacle
de 8 pieds (corr. 7) tur 2 pieds 1/2 compris les partie en
pLâtrCp le dessuB du cadre de 8 pieds (oorr.-7) sur lO com-
penflée les deux tour creuse de 21 pieds de haut (corr. 37)
sur ensemble 4 pieds 9* la plainte autour du lambrf de
40 pieds sur 1 pied, un gradin de 21 pieds 1/2 sur I pied
Tallenl ensemble 5 (corr. 6) toisses 13 pieds 1/4 à 24 liv.
la toise, compris le verni gras, font 128 n
(Corr,), _ . , 132 .
Bois verni,
La corniche de 50 pieds de tour sur 2 pieds toisée double
à cause de la longueur des modillons et danticullet, les em-
brazem'* ou wousures des archivoltes de 26 pieds de tour sur
ensemble 10 pieds, le restant des lambris de 54 pieds àa tour
sur 10 piedâ, à prendre du dessous de la corniche; à déduire
pour les wuideâ des arcbivoltes de chacune 9 pieds 1/2 sur
7 pieds le surplus vaut 28 1/4
(CorrecL) 25 1/4
A raison de 6 liv, font , . 170 »
Total 2,886 15
liv. a.
Payé pour Tembalage et caise du cadre 16 s
Pour la peinture et rechampisage de la grille 30 *
Pour le raeoniodage de la gloire et du cadre esiîmei
ensemble k B *
Les 37 lettres rechampie en bleu à 2 s. chacune 3 14
Avoir apprêté, blanchy et adoucy, ensuitte couché de La in te et
\ieriiy 10 fiches en couleur de cire, à raison de21iv. chacune, 20 n
A«oîr argenté 6 chandeliers, à raison de 5 liv. chacun. . 30 *
Marbre, 61 132 p
Verni, 25 1/4 , . 151 10
Lettres. 24 «
Chandeliers ' 24 ■
Table et Ocbes 18 i»
415 pieds 1/2 , 2,495 »
Total. ....... 2,844 10
4
PEINTRES DES XW, HVW ET XVIir SIÈCLEfl- lit
J^al ioussigtté recourroîs avotr reçu de Monsieur Bîdet, tréiorier, la
lomme de deux mille huh cenU quarante quatre Itvrei, tant en argent
qu'en deus btllels payable dans les termes conycnuif pour les ouvrages
de peintures et dorures par moy faits en T église do Sâint-*Saaveur de
Caen, dont je le tients quitte. A Caen ce douie octobre mil sept cent
soixante unze.
Siyné : Delapunchb.
A M. de La Planche, 90 liv, pour tes ouvraj^es de peinture et dorure
qn^il a faits à la chapelle de la. confrérie. 1771« Compte de la charité
de Sainl-Sauveur deCaen.
Dupoum.
A Jean Desdcuys ou antres à son droict, pour la peinture du m« autel
et eocoignenrei, sac rai re, et tableau de parmy paiut itir bois, 21 écus.
Cuen. S> Gilles. Compte de juillet 1584 à juin ]&85>.
' EïlraiU dnd. compte*
A Jean Angot, serra ri er, qui a fait quatre ■ etcrieus i et quatre t vyi * pour
tfficher le tableau dud. m* autel, et pour une verge de fer et deui < ploteli » ,
45 t.
A Thomas Le Petit, grossier, pour 5 aunes de cJimelat de t LUIe t , pour Taire
tiD rideau à mettre devant led. tableau, t ^ru % t.
Pour trois quarterons t/î de targette pour faire la frang^a aud* rideau, 37 s.
6d.
A h veuve Jean de Basly pour la façon de lad. freuge el 10 anae» de rubao à
appliquer led. rideau 4 ïid. verge, It i,
2 douxai Des d'au aeaui de cuivre pour iccommoder led» rideau, 10 i,
 Madeleine, femme de O^pneo Regnaud^ ponr son salaire d'avoir cottfto lad,
frange et le ruban à Fentour du rideau, et avoir cherche et quis le fil pour le
eondrc, 10 i
Ponr avoir approprié et assis led. tableau, IS d.
: Pour une aune 1/1 de ctrnebt pour éltrgîr le rideau, SO s.
Pour iB auiiei de grand passement large pour border et renforcer li tapisserie
de iVglise, 35 s.
Ponr un quartier 1/3 de grande frea^e de sargette pour mettre à la lai se dn
rideau. S s. 6d.
A lladeleine, femme de C^prien Regnauld, qui a élargi te rideau et cousu les
SS aunes du passement k Fenlour de lad. tapisserie, tant pour sa peine que pour
le El, 10 s,
A Jean Angot, serrurier, qui a élargi lad. verge et a Tsit deux ■ pitci » oeufs
pour afficher icelle, 10 s.
U âme camp te t icbat à la foire de Guibray de cbappes, tapis, façon de Flan-
e, etc.
A un mirchaitd de Flandre^ pour « un g petit jfmage avec Tes lu le pour servir
jourde VAseeocbn eu )id. église t, 40 s.
lie PEIIVTRES DES XVT, XVll* ET XVÎIl' SIECLES,
Desté,
A I^icûlftft Desté, 4 liv,, pour avoir rarraichî les tableaux et les gradim
de réglUe, suivant quittance du 21 septembre 1742, le curé ayaat pa^è
le iarplus.Cbeus.
DaouAis. ^
«I Au «^ Droais i pour des peintures au lableau du grand autel, 1 tir. 5 s »
Lîsleux. S' Désir. Compte de 1703. — A Drouais, pour le tableau, 9 liv^
fUd,, 174L — * A Drouais, doreur, 15 liv., pour t Técarrie du dais pour
porter le 5* Sacrement »< Auvillars. Compte de 173^1735.
Dtaoïs (J.-B.)-
Quittance de 4 Hv. pour petniure par lui faite à la niche du S^ Sacrement
de la paroisse S' Germain de Lisieux. 1742, 3 juin.
DOBREUL (P,).
Quittance au curé de fîueron de 36 s., pour avoir peint 6 ^oucbes
(Bayeui, 4 mai 1773).
DtcasTEL (iean)<
Quittancés de 1767, 1768 et 1769, pour travaux de peinture à S* Ger*
main de tisieux,
DltbÉf-Jlhel (B.).
Quittance au curé d'Hermanville de 24 livres pour avoir fait le tableau
de la bannière dud, lieu (Caen, 7 juillet 1686).
hmhu
A Du val, peintre, pour le tableau de k S^' Vierjje et pour deuK boites
de torches, 41 liv. Compte de la confrérie du Rosaire de Bure^^^ pour les
années 1757*17671,
^ Uéme compte : A DciviJ, fiïencier à Vire, pour le pktde qaéte, 10 1. Pu-mi
les pièces juitiiiefttivei, quittaoce ds Louis DaviU i dionatidicr *, boargeoî* de
Vire, de 6 s.t pour avoir raccommodé un des chsûdelicrs de li coarrérie.
►
PEINTRES DES %\l\ XVlV ET XIIH" StËCLES. 121
A t EEèazard «, peintre, du Tourneur, 40 Ih.» pour le taUleau du
maltre^iitd. Bény-Bocage. Compte de 1754-1763.
ËL0UI5.
A « Pelouif ■, peînlre, pour le vernrs du banc du trésor^ 30 Uv, (!aeii.
S* EUenne. Compte de 1752-175:*. — ibid., 1755. A Elouîi, pur moîr
doré rexp(»îttOD du S^ Sacrement, 18 Ih.
Qatltance de 200 ]iv« pour aider i paf er ta dorure de la eontretable de
Féglise d'Auvillars. 17 septembre 1756.
A EIouîs, peintre, pour avoir parfait Tautel de la eliapelle de la rhu-
rite, 43 liv. Caen. S* Etienne. Compte de la charité de 1759 è 1765.
A u Louis df peintre, pour avoir peint et ^ accomode » le chandelier
pascal de régli^e, 6 liv. Caen, S' Mcolas. Compte de la S' Jeun 1760-1701.
A Ëlouis, peintre, 15 liv. 4 s., pour avoir repeint les gradins du graud
Intel, rafraîchi les tableaui et fourni le bâton de la croix neuve. Cbeux.
Afances du curé de Cbeux remboursées en 1701,
Quittance d^Elouis an trésorier de S* Nicolas de Caen de 6 liv,, pour
avoir peint en blanc h Thuile le chandelier pascal de lad. paroisse et avoir
fait des filett en or couleur sur led. chandelier. 5 mars 17ti2.
*i A \l' Eloûif, pour avoir mis en blanc poly les faux cierges de lu
paroisse »j 3 liv> Caen, & Nicolas, Compte de 170f), i>t quittance,
I Aujourd'hui vingt trois mars 1774, il a été conrenu entre Messieurs
les députés de la paroisse de Bernière et le sieur Eloiiiâ, peintre et doreur
de la ville de Caen, s^avoir que ledit sieur Ëtouis s'oblige de dorer et
peindre la contretable de l^éfjlise de ladiite pnroisj^e di' Dernière, scavoir ;
U croix du haut de ladilte contretable sera dorée en face la couronne qui
est autour de même ainsi que tout le reste de la contretable, les orne-
ments du cadre de la niche seront dorés, et 1^9 fondit en un beau bhnv
(en correction de m^r^r^}, les grandes guirlandes seront dort-es, les
modillons, les denticullcs et les rosettes qui sont dans h corniche dorés,
les chapiteaux, lef embase des col Ion nés dorées, ^X 1rs ornements qui
sont autour. Les pilastres derrière les colonnes, qui ne sont presque pas
vue, seront seullement en cou Heur d*or, Le cadre du tableau sera doré et
les fonts du dit cadre en marbre [blanc ^ ajouté). Les figures seront peinte
'un beau blanc avec un gallon d*or aux e\trénïîiées qui ce découvre à
eurs habillement^ c'est & dire â ce qui est visible. Les ornements qui
ont autour des portes qui sont au bas de la contretable, seront dorés, le
w^pït: r^T'V"» '
1S8 PEINTRES DES XVI', XVII* ET XVIII* SIÈCLES.
tombeau sera redoré, et générallement toutes la scalptnre de ladîtte
contretable, exepté les figures qui seront habillées cooiine il est men-
tionné ci-dessus. Tout ce qui est par dessus les ornements, el tout ce que
la. vue ne découvre pas à une distance raisonnable ^ sera seullement mis
en coulleur d*or, et générallement tous les fonts seront peint en 1res beau
(en correct, de diJérenU) marbre (blanc et^ ajouté) convenable k Tou-
vrage. Le tableau sera netoyé, les deux portes seront peinte d^une coulleur
convenable. Tout Touvrage mentionné cidessus sera peint et doré à Thuille
d*un bel or et le tout bien conditionné suivant ce devis. En conséquence
de quoy nous sus dit députés avons accordé audit sieur Eloûis la somme
de quinze cens livres, payable, un tier au commencement de Touvrage^
un tier au millieu de Touvrage, et le dernier tier à la fin de l'ouirrage.
Messieurs les députés chargeront le trésorier de faire faire une établie
bonne et solide, convenable à l'ouvrage, et de fournir les échelles néces-
saires, parce qu*en outre les ouvrages cy-dessus détaillés le s*" Elouïs
s^oblige de dorer six pots à fleurs servants à la décoration de FauteK
Entendu par le présent marché que led. s' Klouis se logera et nourira
lui et ses ouvriers à ses frais. Et a été accordé pour le vin des ouvriers
une somme de douze livres. Fait et aresté double, à Bernièrea, le vingt
trois mars mil sept cens soixante quatorze. »
Signé : EloUis. Housset. L*abbé de Toucbkt. Ausert^
curé de Bemiëres sur la Mer.
« Et depuis le marché cy-dessus. Messieurs les députés se sont portés à
faire mètre en or les ornements des pilastres qui sont derrière les colon*
nés, lesquels par le 1*' marché ne devoint être peint qu en couleur
d*or, de plus ils ont fait peindre aud. s' Ëlouis le lambri du sanctuaire,
sur lequel ont été appliquées trois couches de couleur, pour quoi, ea
considération des augmentations cy-dessus. Messieurs les députés ont
accordé aud. s' Ëlouis une somme de cent quarante quatre liirres, et
attendu qu*il ne s'est pas trouvé nécessaire de redorer le tombeau, ainsi
qu*il avoit été convenu et aresté par le susdit marché, le s' Ëlouis a con^
senti diminuer sur la somme à lui accordée, celle de quarante huit tSvres;
partant, la somme totalle, tant en principal que vin du susdit marché, est
fixée à celle de seize cens huit livres, qui sera payé aud. s' Ebuis, si fait
n'a été, suivant les conventions et aux termes portés aux susdit marché.
A Bemiëres, le premier aoust mil sept cens soixante quatorte» »
Signé : Housset. ëlouis. Aubebt,
curé de Bemiëres sur la Mer.
' Gomme les cétés des pieds d'esteauz, collones et autre chose pareille, rayé.
PEINTRES BES XVl\ XV\\* ET TLVllV SIÈCLES. m
« Le septième jour de juin ttiM sept cent soixaiite sdie, en conséquence
d'une dëLibé ration du général des parroissiens poâi^édfint fonds de b
parroisse de Cnrpitjuet sou3sein<|, en datte du 19 maj dernier, qui
autorize M"^' Bazin, curé de lad. parrojise, Aitbry, Pied plu et Michel
Larcher, fîU Archange, conjointcmenl avec M* lotirent Limy, trésorier
en charge, de faire décorer le grand autel de Té^^lise parnùsiiifiliï dud*
lieu en dorure, peinture, marbre feint et lahleâux, aux dèpen.^ de
ia fabrique et de bon goût; le»!, i'* curé, tréiori^r et députés se sont
assemblés avec plusieurs personnes de Tart, pour examiner les ouvrages
à faire oud, autel, et contenir avec <juelqii*nn du prii de la confection
d'iceux, et après avoir entendu le raport desrj. artistes, peintres et
doreur.^, qui ne portoient pas U décoriilion à uioins de do^ixf' cent livres,
a^oir pareillement examiné les forcer de la fabri<|ue, ses rei^enuâ annuet^i
et ses ehar^es^ ils ont $enti rimposâibitilé de faire actuellement cette
dépense en entier, sans faire un etnprunt sur le compte de lu fabrique,
ils se se rotent dêterntinés à ne faire actuellement que les décorations les
plus urj^entea et les plus provisaires, relatiïj*nicnt aux forces actuelles
de la fabrique, vu qu'il est nécessaire qu'il reste toujours des fonds à
la fabrique pour les dépenses ordinsiren et aecidenLelles, Sur ce s'est
présenté le sieur Elouis, peintre doreur à Caen, lequel a représenté aux
S"* curé, trésorier et députés, que celle décoration fattte en deiiï foîsiseroit
estropiée el manquée; que led. autel étoit de bon <;oiJt et tin y et de voit
être duemenl décoré au désir de la délibération du général des parroîs-
sienii, que pour faciliter iViécution actuelle des^d. décorations, il offroit
de faire partie des avances et de prendre des ternies pour ce qui resteroil,
IL les S'* députés \ouloient s*arei»<jer wvtx lu y. Sur quoi lesd. s"^' curé,
trésorier et députés ayant eutreux délibère ont été d'avis que U propo-
sition du sieur Elouîs est avantageuse n la fabrique, vu que ce dernier
s'est relâché à ^:ne somme d'onte cent livres pour la confection desd.
ouvrages, parce que le s' curé, pour en l'ailjler l'exécution et faire
Tuirantage de la fabrique, a volontairement offert au s' Elouis sa table
pendant la confection d'iceui. En conséquence, et en lertu des pouvoirî*
 eux donnés par la délibération vantée, ils sont convenus avec led.
s^ Elouîs de ce qui suit :
h Led. 3^ Elouis se charge de décorer led. autel et la conl retable dans
toutes SCS parties en dorure, peinture et marbra feint partout oii il ser^
nw^essaîre ainsy qu'il est cy-aprês eiplîqoé, à Texception des tableau i
qui ne sont point à sa charge;
2" La porte du tabernacle, la niche ou exposition du S^ Sacrement et
*■ scabellnm seront dorés en plein! Les ornemens du torps du tabernacle
ceux des gradins seront pareilleuient dorés avec un ïond sablé de bon
130 PEINTRES DES X V l^ XVIT ET XVnT SIÈCLES.
goûtje tombeau dud. aulol fiera feint en marbre clair conforme à T échan-
tillon présenté par le s' Elouîs nuv s" députés; moÀn la cartoucbe étant
au milieu sera dorée en plein avec un fond en argenU La baguette ou
cardon qui environne led. tombeau j^era pareULement dorée ainsy que le«
ornement des pieds corniers, la tuble descrédense» sera feinte en marbre,
mais les ornemens d'iceliee ainsy (|ue les consoles qui les souËienEeiii
seront dorées en tant que des parties vues en devant \
3^ Le fond de la cont retable restera en btanc, ainsi que le fond des
ornemens, mais toutte la seulplure et ornemeniid'icelle sera dorée, comuse
ba^es et chapttaux des pilastres, graines et cordons d'iceiiv, Jes guir-
landes, les consoles qui soutiennent les petits tableaux, modillons et den<
ticules, La gloire avec ses rayons sera dorée en plein, le Jehova pourra
avoir' un fond en argent, Tagneau ainsy que les ornemens sur lequel il
est appuyé sera doré; aînsy que les palmes et autres ornemens du cou-
ronnement dud. autel et ceux des petits vases et de la croix qui forment
r amortissement, le fond de lad. croix pourra être sablé, les flammes
des deux grands vases latéraux ainsy que les ornemens d'iceuv et ceux
des urnes, en tant que des parties vues, seront dorés, les fumées seront
feintes en couleur naturelle et la plus analogue à la place. Le gable de
Téglise, qui forme au-dessus de T entablement le fond dud. autel, sera
peint de deux couches de peinture à rbuiie petit grix, les cadres des trois
tableaux seront feinls en marbre noir luisant veiné en or, la baguette des
cadres des trois trumeaux, qui sont sous les tableaux, sera dorée, le
rétable ou socle de lad, contretable sera feint en marbre de la couleur et
à la bauteur que le s' Elouîs jugera le plus convenable et généralement
toutte la sculpture et omt^ment de^^d. autel et contretable seront dorés en
bel or, tout Tonvrage mentionné cy-dcssus sera peint et doré à T huile
avec les couches de peinture nécessaire» pour la béante et solidité de
TouvragC; le tout bien conditionné conformément aux rf^gles de Tari et à
ce devis et rendus prêts pour la fm du mois prochain. Est encore entendu
que tout ce qui est par de.^sus les ornemens et touttcs les parties que la
vue ne découvre pas k une distance raisonnable sera seulement mis en
couleur d*or, se chargeant lesd, s*^ trésorier et députés de faire faire des
échafaudages solides aux frais de la fabrique, pour la confection desd.
ouvrages, et sera tenu led, s*" Elouis de se fournir de toutes les matières
nécessaires pour lad. décoration, pour la confection et fourniture des-
quels lesd. S" curé^ trésorier et députés en leurs diltcs qualités ont accordé
aud, i' Elouis une somme d'onze cent Livres, de laquelle il luy sera payé
sous quinze jours par M' Laurent Lamy, trésorier en charge, la somme
de gix cent lierres, et le surplus, montant h cinq cent livres, sera payé par
le trésorier pour lors en charge aud. s^ Elouis, sçavolr, celle de trois cenj
r
PEIMTHES DES XVl\ XVII* f T iriU" SIÈCLES Ut
livres i la fête de tous les sainli mlL ^pt cent soiiantp dis sept, et te rei-
Lant montant à deux ceTit \hrei luy «era payé ù pareil juur, un an aprÊs,
c'est-Â-dire en mil sept cent soiiante dix huit, dont du tout re que deisui
iesd. parties lonl demeurées d'aeord et contentes, et ont sîgné double, À
Carpiquetf le jour et an que dessus.
Signé * Baxixi curé, L. Lauv. J, Plii>fLcr.
Michel LAiii:Bp.B, tli.otfts.
Reen à cont sur le pr[è]sant fa somme de six cent^ livres, \r présant et
le double ne valant qun seul et mâme. Ce tmiie jun mil sep cent soixante
aalie.
Si^né : ËiMis. »
A Elouis, peintre^ 133 lh\ pour avoir fait te tableau de li bannie re,
avoir fourni le bâton et la ferrure. 1779. Caen, Saint-Ouen.
A EȔianlt, bourgeois de Vire, 4 pour airoir peint et mis en fleur le
rideau de la vhàhe pascballe de réfjli$»e v, 30 s.» sahant $a quittance du
10 mai 1091. Bény-Bocage. Compte de 1693-U>9(i^
A Gilles Enault pour peindre la eontretablc, 3tî t'w. Couloncei. Compté
des confréries de S' Gilles et S^ Marcoul, de 172i à 1735.
Quittance par Etienne, >t pintre >*, de la paroisse de S> Oervaif^ de
Falaise, au trésorier de S' Germain de Fourcbes, de ^Kl lii. pour avoir
fait et fourni » le tablot, ferrures, bastnn^ garniture et pente » d'une
bjjnnière qu*il a faite |K>ur tad. paroisse. 1789, 30 septembre. Fourches.
F£CGEtuv (Pierre),
Quittances de Pierre Feug^ray, « pnintre » à Cnen, au prieur de S Ger-
main-la'Blancbe-Herbe : de 70 s. pour a?oir peint une paire de -^Lidins
Iburnis poui' Taulel par Pierre iJtival, menuigjer k Caen (lti±)j; de
10 sols t. , tant pour avoir peint les rj^uatre bâtons qui s'entretiennent et
servent à porter le dais on tente que le bâton ou verge et pommes de la
bannière de Téglise (1630). — 0 A Pierre Fetigerey, painetre b, 12 liv.
' Aud. campte, t au pdatre qui t placé le tableau du grand auiH t^ 1 liv. IS i.
182 PEINTRES DES XVI*, XVir ET XVIir SIÈCLES.
« pour avoir painct la toille à servir en Garesme devant le crudBx où
estpainctuneNostre-Damede Piété tenant Nostre Seigneur sur son giron,
avec autres figures de la Passion ». 1647. Gaen. Vaucelles.
Gauoain.
Quittance pour le tableau de la chapelle. 1787. Caen. S' Sauveur.
Chanté.
GoD (Charles).
Quittance de Charles God, peintre, bourgeois de Caen, à Jacques
Feuillet, trésorier de S' Michel de Vaucelles, de 15 liv. t. a pour mes
paines, sallaires et vacations d'avoir faict et fabricqué le tableau qui sert
de font au days possé sur le grand autel de lad. églize ». 15 octobre
1646. (Signature avec Le devant son nom.)
Gosse.
A Gosse, peintre, pour avoir revemi et racommodé les cassures qui
étaient au tableau de la bannière, 6 Hv. Caen. S* Etienne. Compte de la
charité de 1719-1722.
GoT ou Le Got (Crespin).
a A M* Crespin, paintre, pour les douze enseignes qu*il a faictes pour
mettre aus chaperons [des frères servans à la charitlé], 6 liv.
« A M* Isac Baillebache, m* niason, suivant Talou qui a esté faict
avecques luy pour fere Tautel de S* Raphaël et S'* Barbe, 36 liv.
« A M' Crespin Got, paintre, pour avoyr painct les deux images qui
sont sur led. autel, qui est Timage de S* Raphaël et Pimage de S'* Barbe,
15 liv.
« Aud. M* Crespin, pour avoyr faict le tableau qui est dans led. autel,
qui est Tistoire de Tobye, et pour avoyr paint et doré led. autel, 54 liv.
tt A M' Crespin God, M* paintre, pour avoyr painct toult à Tentour de
la vitre de S' Raphaël, et faict deux tabeaulx es deulx coslés de celuy du
contrautel et pour avoyr painct ce qu'il y a d'aultre painture, 30 liv. »
Comptes de la charité de Vaucelles de Caen pour 1613-1614.
tt A M* Chrespin Le Guot, paintre, pour avoir dorey le sacrere et dix
figures pour garnir icelluy, paint et dorey les marches qui sont sur Tautel
\
PElNTfiES DES \VÏ\ XVU' ET XVUt' SIÈCLES. I3S
et repaint les grandi images de desiui le bault dud. autel et paindre an
cïel façon de Damai pour couvrir led. aulel, cent livres, iuivant ion
marché et alleu du 3' jour de mars 1019. n Caen, Vaucelles. 1619 ',
« A M* Crespin Le Got, paîntre^ pour avoir repainl et mi» en coulleur»
la grande benn|ère, reniîs de l'or et argent aux endrot» iie»sei;aires tant
du tableau que sur la damas» repaint le bastcm d'icelle^ doré et rc'paint le
baston de U croix d'argent a, 1 S liv., suivant le marché fait avec lui et
son acquit du H awril 1623, Caen, Vauiïelles, Chanté. 1023,
tt a Crespio Le Gol, M* paintre en celte ville de Caen, pour avoir faicl,
quis et fourny doaie tableaux en hulKe sur fer blanc pour servir d^orne*
mens aux torches et aierges dHcelle charité 3», 25 livri-s» i^uiviint le marché
fait avec lui et son acquit du 20 septembre 162i. Ibid.
Aud. Le Got u pour avoir paint deux grans traiatret pour servir
à mettre les torches 4 es pendantes d'icelle charité, et pour avoir pain et dix
hastons servant à icelles, paint les douic escussons de bop sur quy sont
doués les douse petits tableaux de fer blanc », 10 liv. 8 s., suivant son
acquit du 10 mars 16^5. Ihid,
^ a M' Crespin Got^ paintre, pour avoir fajct nnne ngure de S* Michel
à mètre dans le rouUeau de Tun des chaperons des frères servanti de
lad. rbarité », 15 s> îbid. Compte de 1628-1029.
■ A M' Crespin Got, paintre^ pour avoir fourny trois histoires ou figures
S' Michel pour mettre .sur troys des chaperrons servant; aux frérei de
lad. charité », 40 s. Ibid, Compte de 1032^16:1^1,
^ a M* Crespin Got, paintre; pour avoir paint, quis et fourny cinq
roudeaulx sur lesquels sont paint $ la ficjure S* Michel pour servir aulx
chaperons desd, frères », 4 liv, Itid. Compte de 10SM634,
>i A M* Crespin Gol, peintre, pour avoir fourny, peint et estofey
plusieurs figures, peintures et estofes au s: images, austel et closture de
lâ chapelle S' Sébastien, suivant Talleu et cndorse faict sur icelluy du
20- de febçrier 1636 - , 52 lii. md. Compte de 1635-1636,
Quittance a Crespin God, de KM) s. pour une année de rente au trésor
<le Vaucellei, à lui donnée en paiement de tableau, 1647*.
' I&id., pour ivoîr ftit rapporter le t sacrere ■ de eheE le peinlre, 5 i.
* El traits de« compter de la Cbarltê de Vtucelfes ;
De 15dâ-1599i ■ Payé à Jacques Hébert, Ihrésorier d'icelle éj^liie, pour avûrr
faiet apporter et quii ung image du saint SébaaUeD, suitaut l'acquit ifuj, Keberl,
'5' de ïDây 1599, t écus 15 i. Plu^ payù au peiulrc qui a peint hd. ymaj^o
- Sébastlea, 3 écas 12 d.
a 1043- 1&44, « A un paicitre, pour avoir quia et fûuroy ud ymaf^ue de ««lut
bel paint sur carte paur mettre à i'uu de» cbaperans des friTO^ sériant», eu
de celluy qui f estoit rompu ■ , l i.
134 PEINTRES DES XVl\ XVIV BT X¥Iir SIÈCLES.
Divers travaux de peiiiiure à S* Sauveur, 1770» 1773, 1774, elc. Sa
note de 1770, sur la chemise^ porle i Au « barbouilleur n . — 1776.
À GoubJn, pour avoir peint quatre porte-cierges , 1 liv. Caen» S* EUenna»
— A Goubin, pour peinture des staïles du chœur el de la porle du
cimeLiÊre, 58 llv, 10 s. Compte de S' Martin de Caen de 1777 et 1778 K
GOVÊR,
A Goyer^ peintre, pour avoir peint 1* t exposition n, 12 liv, 1783,
ai octobre. Caen, S" Paix^, s
Grevûst.
Quittance de « Josph Grevost « , peintre à Ca«n, rue de TOdon, à Queu-
deville, trésorier de Carpiquet, de 5 liv» pour deux tableaux à lui vendus
(1762) \
GuÉiunD.
Qoittance à Léger, syndic des confrères de la charité de S^ Sauveur de
Caen, de 6 11 v,, pour réparation k la bannière de la confrérie, 1788,
Hallbv (Loub).
A Lo\ih Halle, suivant le marché fait avec lui le 1*^ septembre 1706,
pour fournir à l'église un tableau avec le cadre, les gradins et le devant
d^autelp 127 tiv. 10 s., suivant ses quittances dea ^7 juin et 27 sep-
tembre, et ÎG Janvier 1708.
A Louis Halley, 137 liv. 10 s. pour un t quesson n enrichi de sculptures
et une exposition dessus avec deui gradins, deux petits cadres , quittances
des 26 septembre 1108 el 2 octobre 1700. — Même compte, pour la
^ Alâtne compte : A Caboùrgt pour avoir raccommodé la statue de saint Pierre,
kl
' lèid. A Gcrmuln, 5 novembre 1782, 6 L., pour a¥oir lait la couranoe c^-^
reipontîon et autres ouvrages.
^ iàid. QuHtiiiice dp Oouiléede 3 1. 10 a. ^ pour ua tableau veadu à Tégliae d
Carpjqut^l (176^), — Quittance de Cahagnet, de 30 a,, pour avoir fait dea:
cadrées pour serirrr à deui tableaux de Téglûe de Carpiquet.
JPEINTHES DES XVr, XViV ET XVUr SlfcC LES. 135
dourrilure du peintre qui éitTenu placer dant régLlie le Ubt*rnacle, 30i.
Cheui.
HÉienr (Païquei).
Novembre 1591. v A Parquet Hébert^ m* du meaUer de pamclre et
vitrier ^^ pour ftvoir assis à la lanterne dp deisu^i le choeur de Te^liie lea
quatre vitres neuves auxquelles il y a 108 pieds de verre au prix de 5 i^
chaque pied, 0 écus.
10 juUIel Î5i^, .*\ Pasquet Hébert, viirier, pour avoir ^ racoutrey «
plusieurs panneaut et mh en piomb aeuf a\ec plusieurs losani^es aux
autres titres, 1 écu 30 s, Caen. S* Nicolas. Compte de 1501-1502.
Jahodel,
1769. A Jahouel, pour avoir doré l'eiposUion du îjrâîid autel, avec les
panneaux de calé, siriirant ^n marché, 212 liv. Au même, pour avoir
fourni la f^lace deTeiposition, 42 liv. 10 s. Caen. 5* \icolas.
177i, 2lî juin. Marché entre Lair, trésorier de la paroisse S* Kicolas de
Caen, et Jahouel, maître doreur à Caen, qui s'oblige dorer le grand
■ hoslfïl * de lad. paroisse, h cadre seulement, c'est-à-dire le gros
E cardron « dud. cadre, en or^ sjnsî que k rbevelure et les ailes du
chérubin, et les deux morceaux d'ornement au-dessus du cadrer les
moulures des deux cétés seront peintes en marbre blanc, ain^i que le
esdre du devant de Y u hùtel ^^ l'appui de communion .^era peint de trois
couches de peinture à l'huile en noir, pour empêcher au fer de rouiller,
les boutons et grenette seront dorés en or du meilleur et du plus beau, le
tout sujet h visite, moyennant 107 lit. Quittance, Cf. les comptes* — ^
Autre quitlaoce du même de 18 liv, pour avoir peint de trois couches en
noir et avoir doré le lutrin de S^ Nicolas, et avoir aussi peint le pied, qui
esl en pierre, en. couleur de marbre^ avoir fourni k peinture, l'or et la
main d'ceuvre (1771,23 juin). Cf. les comptes.
Quittance du même k Bidet, trésorier en charfje de k paroisse
S' Sau¥eur de Caen, de 9 liv., pour avoir fait et vériûé le loisé de U
dorure de Tautet de kd. église (1771, 14 octobre) ,
1788, Il février. Marché par lequel Jabouel, peintre doreur, bourgeois
de Caen, s'oblige envers Louve! La Maindelle, pour l'église de Bour^^uébus,
*~rer i la colle, c'est-A-dire & Tor bruni, sti chandeliers et une croix
lufel, dans le même genre, de la ménie njaniere et du même or que
"le des chandeliers du grand autel de S' Pierre de (ken, plus faire et
irnir six souches de 5 ou 6 pieds de haut, etc., avec une septième boite
136 P£I\TnES DES XVl% XVII* ET XVIIl' SIÈCLES,
ùu fut pour le cirîer, pour lui servir de modelé» moyennaot 18 Iîï, par
pièce, !»oi( 126 Jlv., pour la dorure et arraug[e[nent des chandeliers, ti
pour les souches 40 sols du pied, prêtes à placer. Diminulion de G Hv,
par jour de rebrd au terme ^ixè^ â moins qu'il ne (ombdt malade, Plua
I liv. 4 s. pour le vin du garçon,
i
JiriIEL ET Lis JtlllEL.
Robert ^ .Tamet, palutre », 1677. 21 liv. pour avoir peint le devant
d'anld de la chapelle S' Séhaslien et aulre* travalL Caen- Vaucclles. Chanlé.
Robert Jaiiiel. 55 liv. pour avoir fait le tableau de la bannière et avoir
racommodê, repeint et repassé le tableau de la grande bannière, ibîà*
Compte de 1677-1078.
A Aobert Le Jumel^ peintre à Caen, 30 liv. pour avoir fait et fourni le
tableau de la bannière ■. Quittance du 16 octobre 1690. — A Pierre
Le Jumelf peiulre, 14 liv. pour avoir peint le devant d'autel de S* Sébas-
tien *, quittance du 27 septembre 1691. Caen. S* Gilles. Compte de !a
charité» pour les années 1690^1692.
A Pierre Le Jumel, peintre, ÏSS liv, pour avoir peint le plafoud de
derrière Tautelde l'église. Caen, S' Gilles, Compte de IG94rl696.
A Suzanne Jumel^ % liv. ponr avoir raccommodé une bannière, doré
les pommes et un bâton de croix peints. Compte de la charité S^ Gilles de
Caen. 1715-1717.
La Babbiie (A,)»
Aud. peintre, 100 s. pour avoir peint lea crédences du chœur, IG86.
Falaiiic, S' Gervais.
La Droiaise.
Travaux de peinture à Téglise de S^ Désir de Lisieux. Comptes de 165&
et 1(>58,
La Hay£ (de).
A M* Qahriel de La Haye, 0 liv. pour avoir u painct et eseript en
' A Fhilippi; Uu5Qel, marebEindà Caea, ^i l. pour avoir fait et four ni la bao-
nière de du ma* rouge cramai^i, — * Autres palemenù pour la ferrure et moatur
de h h^ajère.
^ A Le Fraaçms. père et Bh, menuisiers, 11 1. 5 *., pour avoir fait le devay
d'autel de la cbapetle de saint Sébastieu et fourni le bois.
PEINTRES OES \VV. XVII* ET XVHl* SliCLES. 131
letrei 4' or Ja chasse du grand aiilel n. 1617, Fiilabe. S* Gertais.
Reconaaissaace taile en 1671 pour Toussaint de La Hafe, peintre,
bourgeois de Falaise, par les trésoriers de Guibray; de la fieffé à lui faile
en 16îl, d'une loge construite en appentis contre Téglise et dans le
cimetière, led. de La Haye ayant remontré que dès il y a long temps il
avait fourni en lad. église ply sieurs tableaux, en coasé{|uence de quoi il
avait joui de lad, loge aans contredit, et qu'aujourd^bui il désire fieffer
à perpétuité lad. loge, et pour ce faire fournir en lad, è^ViÈc quelques
tableaux à ce néces^^aires» et outre payer annuellement quelques sommes
dedenîcrsau tré&or : assemblée des paroi^^siens portant que led. de La Haye
denit'urera quitte de la jouissance qu^il a eue de lad. loge, au moyen
qu^il a promis bailler et fournir ù lad. église de Gutbray un tableau de
S'* iVnne en huile, et pour l'avenir elle lui sera fieffée pour construire et
faire eonçrir de tuile ainsi qu il avisera bon, moyennant f>0 sols de rente
foncière. Falaise. Guibray.
La HâVE.
Aud. peintre, pour travaux au grand autel de \otre*Dame de Caen,
Compte de 1737-173$,
Lawisieiv,
a A M'' Laniiien, pour avoir fait une inscription en lettre d'or au côté
du maiti% autel a, IB lîv. Falaise, S' Laurent de Vaston. Compte de
1769^1772,
La Piëark.
A La Pierre^ peintre ^ suivant quittance du Si} août, 5 liv« 15 s. 1756.
Caen. S* Nicolas,
A Marie dit La Pierre, peintre, 01 lîv. pour avoir doré gradins, taber-
nacle, suppôt des reliques^ cadre derrière TauteL 1773. Caen, Notre-Dame,
A Marje dit Lapierre, croquetier, son mémoire de peintures dans Téc^liâe
et au clocher, 1773* Caen, Notre-Dame. — IhùL à Lupierre, peintre,
26 liv. 10 s. pour travaux de peinture, 1774 ; autres travaux de peîniurie
et dorure en 1776^ par Marte dit l^a Pierre, peintre.
Laroche,
Quittance de F,Laroclie, de 5 liv* pour deux tableaux qu'il a ti racom*
'^és ^ dans deux cbapelles de Téglise S^ Sauveur de Caen,^ 17G9.
ÏH FEINTEES DES XV4', XVIT ET tVilV SIÈCLES,
Le Bataid.
A Jean Le Balard, peintre, pour avoir peint lei vieux bancs ftutoar du
chœur de Té^li^e pour la décoration nnifortne, 3Û litr« Gaen. S' ÉUeaDe.
Compte de 1752-1753, ... • * .
' Le Febvië»
A M' Jacques Le Febrre \ 4 éciis k déduire sur ce qu*on lui doit pour
faire le tableau du banc de la Chanté, — Compte de La Charilé de
S» Gilles de Caen » pour lannêe 1596-1 597. '
Le FgVE,
■ A M* NicolL Fayei sieur de La Champagne, paiotre et scuUeur aud.
Caen, pour avoir paint la chasse du m* autel de Lad, égUze de .S^ Nicoll^
et doré romemenl de feuilJes d'ollives de lad. chasse et autre bcsoti^ne
contenue en son alleu du 22" febvrier 1654, 55 livres, n Caen. S* Nicolas.
Compte de 1653-1654.
iMarchè avec la Charité de Vaucelles,
«An jourd'huy vingt huicl* jour de janvier mil six cent cinquante
cinq, marché et alleu a esté ce jourd'huy faicl entre M* Nicollas Le Feye^
M* peintre et bourgeois de Caen, et honneste homme Jean Gauquelin,
esche vin de la charité de Te église parroissiallc de S* Michel de VauceUes
de Caen, par lequel led. Le Fe^'e s^eft submis et obligé faire une haniàre
au tableau de laquelle il y peindra d^m coslé riraage de la S'* Trinité en
trois figures et de l'autre ces le d*icel1e Timage et représentation de
S^ Michel, en forme d'ange habillé par le des&us d'un corselet qui sera
faict pareil et semblable A un tahleau de S* Michel qui est de présent au
couvent des religieuises de la Visitalion de cesle dille ville, et lequel a esté
veu pnr Monsieur le curé de lad. esgitze, comme ansf^y la planche sur
laquelle sera faicl le lableati de la Saîncte Triniîé. Par ce que led. Le
Faye fournira le couelil neuf de chanvre sur lequel seront peint'par l(iy
lesd. tableaux, comme aussy le bois et ferreures nécessaires^ lequel hois
et pommes au nombre de trois seront dorées, et mesmes le baston sei^^
*Gf. compte de 1597-1598, A M* Jacques Le Febvre, menul«[er^ qui a Ikit L
Ubleau du banc de h Gharilé, 4 ccufl îj^ restant du paiement.
^ Ibid, 1599*1600. A Hector^ pour refidre h Ubleau et méniG peor avûlr c
#uir et de clou, V* 5. 6 d. , «
4
PEI!UTKiLS t>E5 XVr, XXIV ET XlllT SIECLES. Uff
^ant à porter Ud, banière ju«qii«â à Teilreamilté du bord de Ift frange de
tad, baniàre. Et en tant que Je dàma:^, frange^ bouppes et soye néces-^
sairei el montures dud, tableau, ilï leront faktes faire el fournies par
led^ e»cbevJn. El sur te^ deux co$iet et fanonis dud. damas iera fatct deii
trophées d'or de S^ Mlcbel juiques au nombre de traiie de chacun costé
d*1celle nn\ frais et despeirs dud. Le Feye. Bt sera le tableau d'irelle
banière dr la mesme grandeur que celuy qai a e»\è depuia peu Taict par
led. Le Feye pour la chnppcUe du S' Sacrement en TesgUse de S^ Jean.
Le préienl alleu et marché faiet en la présence et du consentement de
noble et diacrelte personne M' Jean-Jacque«t Le Bourber, p*", curé
d'icelle esgUiie, honnesle homme \oel x-^uber» s'' de Mendre, \f" X^icollai
Danois et François Guillot, thrésorîers de lad, esgliie, par le prit et
somme de quatre vingt z dix livres, qui luf seront pale; par led. steur
GauqueliD, cscbevin, sçavoir est une moictyé présentement comptant et
1* antre motctyé lors que hd, banière seru faicle, qu jl a promis rendre
preste dans le jour de Pasques prochaines. Faict Tan et jour de^snsd. i
Parmi les signatures ; Al* Le Feye. Annexée, quittance dud. Nicolas Le
Feye, à Uechevin, de 10 \h, t. pour reste de ÎKJ liv. à Ini promis pour
led. tableau. 7 septembre 1655. Cf. Comptes de ta charité de [(j54"If>55 i
H A M* Nicollas Le Fayes, m* paintre en cesie ville de Caen n, 90 liv.
pour avoir fait un tableau h la bannière que Ton prétend faire^ suivant
Talleu et certificat des paroissiens du 31 janvier 1G55. ^ Au sieur Faye^
peintre t pour avoir doré ta lampe de lad. église n, 6 liv^ 1657. Caên.
Vaucelles.
Ëitrait des registres de la charité de S' Sauveur de Caen, par Jacques
Le Canu. u Jacques Le Canu, pour la ^t" fois esche vin, en 165$ a fait
paîndre dens le fronton ou amortlssemeni du banc ^ le mârtir de S^ Séhas-
lien par le *' de I^a Champaigne Feye, et a cousté 12 liv. et pour
replacer icelluj il y a eu procès contre les trésoriers quy le voullourent
empèse her, et particullié rement M' Cbarleâ Le Lu bois, un d'iceui, dont il
y eut sentence en bailliage pour le replacer. En i050 a fait nrgenter les
trois 6gures quy sont sur le pied de la croix et furent portée h Tari^ pour
cet efet, et a coosté 6 liv. A fait faire deux petits tableaux pour mettre
AUX sieurgeSf un représentant la Nativité de Nostre Seigneur et Tantre du
S* Sacrement, etcoastent 3 liv* 10 s... Pour avoir fait faire T amortissement
du haut du banc quy est un tableau en fasaon du Mont de Tabort, 12 Ijtr.* i^ .
ï De U Charité. Cf. Saînt-ïgny, sculpteur, Luautrp texte dit i dens Ip oIuirjiw
ui ou Amo ri LUC ment du bsoc t .
« Cf. r i Etat géBL^ral de In vtïleur du papier de lu charit*y de S' Sauveur s ,
iprcs les «aciem complei, depuîi 156ë. En 1607. > A été l« table&u qui eit
UO PEINTRES DES \Vl\ XVIT ET XVIIT dIÈ CLES-
u A Monsieur de La Champngne Fap, painlre^ pour le tableau de Ift
banitre «, 90 liv, ïbid, Damas el frange, elc, pour la Jbaitnïère. Caeii,
S' Nicolas. Comple de 1661-l66i.
ti .\ Mens' de La Champaigne Faiv », pour la dorure et peinture de
neuf tableaux des indulgences, 6 \h\ Caen, Notre-Dame. Compte da
1" mars 16G9-1670.
Quittances de Nicolas Le Feye, peintre de Caen (signées N. Le Feyë),
au curé d'Herman ville : de 20 liv. pour avoir peint et doré les montres
de rborloge de Téglise {îiO mai 1697) ; de 25 liv, pour un tableau repré-
sentant S* ^iîcclas, placé à une des chapelles de régUse (30 mars 1700).
r
Le. Fsftsçoïs.
A Le François, peintre, pour le grand autel ^ 70 \\v. Pour rautel
S' Paul^ la balustrade et avoir blanchi Téglise, 54 liv. Pour Taulel
S' Lnbîn et le vernis de la chaire, pour le chœur et les bancs, néant,
Courtonnel. Compte de 1758.
Le Grand. ^
A Le Grand (Nicolas), peintre, 5 liv. pour avoir raccommodé le tabtean
de S* Joseph. Vî liera- sur-Mer. Charilé. Compte de 1712-1713.
A Le Grande pour avoir dégraissé et h vernisé » les 3 tableaux du
chœur, SA liv. Audits pour avoir peint et marbré la conlretable» 45 liv.
Honfleur. S*" Catherine. Comple de 1749, — fbid. corn pie de 1750. A Le
Grand, peintre, pour avoir nettoyé le tableau de T Annonciation, 8 liv.
Quittance par Le Grand, doreur à Caen, de 45 liv,, pour travaux k la ~
croix d^autelf chandeliers, etc, i7tilf. Caen, Notre-Dame.
Le Gba».
A Le Gras, pour avoir peint le coq qui est sur la tour, 20 «. 169G.
Caen. S^ Nicolas.
Le Hi^EitcY,
* A ung paiuctre el à un g meneurier pour avoir visUey le sacralre^
ealumiaei fcîtauï fraî« de lad, cliariti^y, t 165S. ■ Le mirtir S' Sebastien a esté
paint den^ \e frontou du dc^u» du bauc. s 1659. i Fait faire deui petis lablcaui
pour tnettre &UX sieurgea 1 , etc. — Cf. ibid. Dons de petits tableauï pour alU-
cher aui dermes, 16ïâ^ ,
PEiMaES DES xvr. xvtr it xi iir siècles ui
Vf, t, R ■ A \fassiot Lé Hérichf pour ung portrsit qu'il avott pour led.
lacraire, V s. L » Gaen, S' Mcolas, compte' de ISîM,
Ail côoiple commençint le i ocliïbre I5')5 : <i Masstot Le Hérichje,
pour avoir faict deutx feneslre» el pour le clou à pendre ïesd. fenestres,
IX i. Il d« n — Au compte de deu:i an^ commençant le a octobre I5M :
à Massiot Le Héricy pour siroir fait quatre r lieotrins t., \]ld. Au mêrne
pour 2 bâtons de torche pour la ïèiç de \'oel| â s.
Le Lys.
A Robert Le Ljf, peintre, 40 liv,, pour avoir peint la chapelle des
ûttfs et rafraîchi et doré Timage Notre-Dame. Caen, Vaucellei. Compte
de 16;i7-1638.
Le MAtTtB.
12 révrier 1*595 . A Jacques Le Poissonnier, pour la façon du boii du
tableau alloué à faire à M* Louys Le Maître, ^> s.
Pour ^ grands ab achetés de bois sec pour faire led. tableau, 45 s.
Paie à un homme qui Ta porté chez led. Le M\ jiaintre, XVIU denieri^.
Pour une douve à faire une barre aiid. tableau. Il s. VI d*
Le samedi de PAques, â un homme qui a apporté led. tableau de chez
le peintre à Pêglise, ^ i.
Led. jour, aud. Le M% paintre, pour avoir faitled. tableau, suivant
Talleu qui lui en aurait été fait, 15 éeus soL
Pour 6 vis qui retiennent led, tableau et :à autres qui portent une vercje
de fer pour pendre un rideau et pour lad. ver^e de terf 55 i. Caen,
S'Xicoki, Compte de 1594-1595.
* Le sieur Jacque Lemaltre, peintre, demeurant à Bayeux, parroi^se
S' Malo, s'oblige de peindre, marbrer et dorer le grand autet de PéjjUse
de Hubercy, de la manier re qui suit : de marbrer tous lea paneaux,
colounes^ eornieheâ, frise, orcbil raves, vajies, pît-ds deataui, socles, f^ra-
^ ihid. Pour avoir apporte led. ftacrair^. bàilk^ à ua porteur. 15 d. A un »errij^
rieur pour â couplets el 3 flerrures à mettre and, sacTAire, >^ %. ti d« A â maroo&
pour ariiir fait U place à mettre led. »acruire, 74 ». « Aui meoeuriere pour avoir
ftict led. »acraîre, xlv'^ t. i > En dpi^pi'nsr quiind ou eut èaû% led. sacmirc, atjk
mcDeuriers. mâchons, vitriers et ymagiciier^, x^xv t. t t Pour le verre, et pour
>atDct \ên ymàfjes dud. ^acraire, xri" x s, t. -^
Martin Vlaceut, pour avoir remuey leii yma;{ej du maîilre autel, n\ s,
" _ ■ A Pierres Le Révérend et k sou varlel pour avoit rcfaicl le porteiuaiû
( ---'re autcL pour leurs journées, » s. L i
I
n
142 PEINTRES DES XI 1% XVIP ET XVIIT 3IÈC LE S.
dins, cadres, chambranles, plelntes, le tout de di (Té renU marbres assortis
au goût dudit sieur Le Maître, lequel marbre sera verni:;, et de peindre
en blanc toiis les montant ou bâtis dudit autel, de dorer une moulure
autour du devant d'autel, celle qui règne tout autour, la moulure des
paneaux qui sont aux deux bouts du devant d*autcl, les baguettes ou
simaises des pieds destaux, les moulures des six paneaux dosdîts piedi
destaux, les troix moulures des gradins, les moulures des iroix paneaux
au-dessus desdits gradins, ainsy que la baguette qui règae au-dessus àe^-
dits paneaux, les bases des colonnes, les chapiteaux, 1a ba^^uette da
cadre, les deux grandes moulures de Farchitrave, les moulures des cinq
paneaux qui sonts sous la corniche, les denticulles, les modillons et la
moulure qui les enchaîne, la baguette qui règne sous les modillon^, une
baguette aux pieds destaux des vases, les baguettes des v^ases et les
pommes de pin qui sont dessus, la croix du haut de Taulel, les moulurei
des troix paneaux des portes, les moulures qui fonts le tour des quatre
paneaux qui sontsur les deux portes, et enfin la moulure au-dessus desdits
paneaux, de peindre deux saints dans les deux grand paneaux qui sonb
sur lesportes, de peindre en beaujeaune les moulures des paneaux qui sont!
derrière les colonnes, de décrasser la dorure du tabernacle et le repeindre
et marbrer, de peindre en gris le pignon ou mur au-dessus dudit autel^
de repeindre les deux statues de la Vierge et S* Laurent et dorer le bord
de la robe de dessus de la S*' Vierge, ainsy que le bord du chasuble de
S» Laurent partout où il est doré, c*estp-à-dire le devant, et dorer les cro*
chets du livre de S* Laurent et repeindre le Christ encûuleurdechairet
en décrasser la draperie, parce que Monsieur le curé de ladite parroisse,
et Monsieur des Lagues, écuyer, ont promis comme députés du général
de la parroisse de payer audit sieur Le Mailre la somme de quatre cents
cinquante livres et six livres de vin à la fin dudit outrage, et que Monsieur
le curé dudit lieu a bien voulu se charger de la nouiiture et loj^euietU
dudit sieur Le Maître et de ses ouvriers. Le présent fait et signe double
après lecture, ce deux may mil sept cents quatre vingt cinq. i> Signé àm
Le Maître et de Des Marais, curé de Rubercy. u De plus, convenu avec
Monsieur des Lagues et Monsieur Cohué de trente deux hvires pour dorer
deux moulures à la corniche verte qui est sous les colonnes et une mon-*
lure autour du tableau et netoyer et vernir ledit tableau.
J'ai reçu de maître Phillipe Tostain, trésorier en charge de la parroisse
de Rubercy, la somme de quatre- vingt huit livres, aiec celte de quatre
cents livres que le sieur Ravenelle m*a payée, cela aquitte entierremenl
le présent marché. A Rubercy, ce 12 février 1787.
Signé : Le Maître, pintre, »
F
PElBfTRES DES %Vl\ %XIV ET XVllV SttCLBS. 14S
Le PALLUiËtl.
QuitLaaces au trésorier de S^ Exupèrô de Bayf ux : de 22 Vw. pour
peuttarect dorure de rappiii decommuiiion, ele. (LT82); de iU lh\ pour
avoir doré le support du Christ de lad. église (1781).
«t Aujourd'hui trente jultlet mil sept cent quatre vingt huit, mitrché et
attar bernent a été fait par Messieurs les députés soussignés de la paroisse
S< Jean de Ba^eux^ pour la réparation et décoration de Tliôtel de la dite
paroisse, suivant h délil>ération passée le dimanche vingt trois juillet mil
sept c^nt quatre vingt six, à M' ï^e Pniilmier, peintre dor**ur, demeurant
en cette ville, paroisse S' André, lequel s'est chargé de ladite réparation
et décoration, suivant le devh qui suit, savoir : de peindre le fond de la
rontretable du maître hôtel en blanc à quatre couche, peindre le Père
éternel, et les deux anges qui Taccompagnc, de couleuî^ naturelle, dorer
la draprie du Père éternel , ainsy que la croix et la draprie des anges
et rornemenl du médaillon qui est autour, dorer les Haines âa deux
i^ases qui sont sur la corujche et les drapries qui sont autour, dorer
les moulures de la corniclift et touii les modlllon^, dorer les ornemens
qui sont â Tarchitraves, dorer rornement du cadre du tableau, dorer
ïes chapiteaux, dorer la vigne qui est autour de^ colounes, dorer les
enn basses des colonnes, dorer les consultes qni sont des d^^ux côtés
des colonnes, dorer les mouhire^^ des piedf d'e^lnuv et lambris, mar*
brer te lambris et les pieds d%v^taux jusqu'à la hauteur de-î colonnes
en blanc» dorer la draprie qui est autour des pieds d'estauï, dorer
r ornement des cuLs de lampes et paniers de fleur qui sont au-dessus,
ajnsy que toutes les moulures des panneaux et ba^uetes des corniches
et des pieds d'estaux, redorer le tabernarlc, Tt'xpositîon et les f^ ra-
dins quant â rornement pour ces dernieri, et le reste devant être en
marbre blane, dorer la moulure qui est au cadre du devant d'hôtel,
juarbrer le surplus, netoyer fe tableau , le racomoder et reloucber par
tout où besoin sera; peindre le gable en bleu céleste avec des étoiles,
peindre les deux Ogures en couleur naturelle, dorer l'ornement de
S' Siphorien, et la croix de S^ Jean, auquel on ajoutera un A^mis Dei^ le
mouton sera argenté; pRindre un baldaquin à la voirte au-dessus du Père
éternel , avec un rideau des deux cotés en blanc et rouge, avec des; her-
mines dans le fond; rè]>arer tout ce qui concerne la menuiserie et hi
pture dudil hôtel, y compris deux tabletes à meire en neuf sur le cul
ampe, qui seront propres et marbrées avec un cordon qui sera doré,
' aussy obligé ledit sieur Lepaulmier mètre un très beau vernis sur
r
m^a^
144 PEINTRES DES XVl'. XVII ET XVTir SIÈCLES.
lesdîU ouvrages. Ledit aleu et atUchement cy-dessus fait par le prix et
somme de quatre eent livres, dont un tïer sera pafè en commeaçânt
Touvrage, le second à la moitié, et le troblëme et dernier après le parf^iit
jugé, parce que mondit sieur Le Paaimier s'oblige commencer rouïrra|e
iur le champ, el le coatinuer sans interruption. Paît et arrêté double ce
dit jour et an.
Signé: Lcuarcuanu. Hébert Dorial.
Lepaulmier, »
QnitUncei de t«p«ulmi«r (ITSS^llSî)}.
'i Au Paulmîer » , peintre, 5 llirrea pottr visite de la eontretable.
Compte de Jean Gouet, trésorier de Villîerfi-le-Séc, pour 1791-
Le Rduain,
A Denis Le ttomaîn, peintre, 14 livres pour avoir peint le tabernacle
et les gradins de Téglise, suivant son acquit du 24 décembre 1673, Compte
de Téglise de S* Sulpice près Bayeux pour 1674-1676.
■
LÉLir.
* Je soussigné m'oblige par le présent à faire et h livrer dans le mois
d'avril mil sept soixante dlï à la fabrique de la paroisse S* Sauveur de
Caen, Basse-Xormandie, un tableau original de ma composition repré-
sentant le mistèra de la Transfiguration de Jésus-Christ sur le Tabor, et
ce dans les former prescrites pour la hauteur et pour la largeur par le
plan, sur une toile de choix et sans aucun de f faut qui puisse préjudicier
soit à la duré soit À la bauLé général du tablan^ pour la «lomine de sept
cent livres, prist convenu et arrêté avec moy par le sieur Briouse, chargé
de cette affaire parles margnilliers de la ditte paroisse^ qui s'obligent de
me le payer content sur le vu de Taprobalion des principaux membres de
rAccadémie Roya! de peinture et de ÊCupture, h qui je le soumeltray pour
preuve du talent que j'ay acquis k Rome dans Part que je professe. Fait
â Paris ce â7 may 1769.
Signé: Pierre Léll. r
■ J'ay reçu de monsieur Bidet, trésorier en charge de la paroisse
S* Sauveur de Caon, la somme de sept cent livres pour le prix convenu
du tablau du maître autel que j'ay fait et mis en place ce jour d'I
pour laditte paroisse. A Caen ce 31 octobre mil sept cent soixante et ^
Signé : P, lAuî, «
^
TEIIVTRES DES XVI\ XVlV ET XVUt' SlI^CLES US
Lkwalxt.
1705, 16 avrilf paiemi^nt par le curé de La Lande-Vaumotit û « Mon-
sieur Lesnaut, peintre ■, de 60 sois pour avoir raccomodé et repeint le
tableau du grand autel de l'église, ^ûjnaiure : Lenault. Xfémoire des
iffoires de l église de La Lande- Vaumont, 1704-1705,
Quittante par <* CHstoîIcs ï^sselinne i», bour^eoîi de Caen, à fiiffard,
ÉcbvlQ de la cbarité fondée on fégltâe S* Sauireur de Caen, dû V-i sou»
pour deux petite tableaux pour le service de la charité (I66H).
1 A Essellnne^ paintre, pour avoir argenté lei troi& images de iaCrotes
êLrepaîns lesdeu^ grands cbandeliern de bois et y avoir mis six pommes
soubs les pies », 39 s, 0 d. Compte de la chanté de S^ Sauveur de Caen.
1691-1693,
Le Totzsf .
Âud. peintre, pour avoir raccomodé les trois tableaux et avoir p<int le
iisut de Vaute) en bleu, 52 lîv. — Compte de Guillaume Vimard, trésorier
d£ S' âubia d'Ar^nenaf, pour un an dfî la S* Michel 1766 à la mémiï
dite 1767.
Le Vaitloh et Le Hou ou nE Hoir.
A LoQÎs Le Vaulori peintre» 30 Uv. pour avoir peint ta grand autel et
fourni les couleurs ^
Aud, {ik) Le Hou, peintre, 20 liv, pour avoir peint la chapelle
S' François et fourni de drogue nécessaire. Condé-sur-Noireau. S' Sauveur.
Compte examiné le Ix" août 1712.
Ibid. Compte de 1686-1687. Au s' de Hou, peintre, 12 liv. pour dw
peiatures faitet à S' Sauveur,
LonoT, tiOt?ixoT, LoisSiiD.
Quittances par LouUot (signature) : an curé de Gueron^ pour un devant
P * 'M, A Pierre Picard , cabaretîer. 70 a. pour iv^oir fourni de ddre au peintre
^eiot réglîse.
4t) Ragntiuh, 50 s. pour avoir fourni de pala cl viande et au piMntrtr,
■«^ CbauviUi IS B. pour avoir servi te sculpteur.
146 PEINTRES DES XVl% XVIl* ET XVIII' SIÈCLES
d'autel qu*il lui a peint pour la paroisse (Bayeux, 18 juillet 1743) ■, au
trésorier de Fresné-sur-la-Mer (S* Gdme de Fresné], de 34 Wv,^ « pour
avoir peint une baniëreet vasse et bâton » pour lad. paroisse (SB mat 17^).
Paiemeiits àLoisôt (en correction de Loison), peintre, en 1752 et 1753.
Comptes dti S^Georges-d'Aunay.
Quittances par Loizot (signature), au curé de Port-en-Beasin, de 9 liv*
12 s., pour avoir peint un bâton de croix et avoir raccomodé le tableau
du grand autel et celai de Fautel de la Vierge (1759). Le compte de U
même année porle : Loison.
1770, 6 mai. Alleu par Nicolas Peullier, trésorier de S' George* d'Au-
nay^ à Loiseau, peintre, demeurant à Bayeux, stipulé par Jean Fossey,
un de ses ouvriers, « de peindre et dorer le tabernacle et gradins dud.
lieu de S' Georges, de décrasser la contretable et peindre en marbre les
em basses des pilliers d'icelle, donner une couleur en bleu, au-dessous do
tableau de la contretable, tant à ce qui est vieux que neuf, donner une
couche à tous les fonds bleu de lad. contretable. Et pour ce qut regarde
le tabernacle, toute la sculture et moulure sera dorée d'or mdlte et tous
les fonds seront en peinture la plus propre ; lequel ouvrage sera fait
sujet à vlsitle pour la feste de Dieu prochaine. Parce que led. Peullier en
$ad. qualité s*oblige de nourrir led. s' Fossey pendant ted. ouvrage, et
luy payer en outre la somme de cent vingt trois livres, tant pour Tou^
vrage que [>our les drogues convenables, et ce après la perfection du
susd, ouvrage. Fait et ar resté double ced. jour et an. Bien entendu que
la doreure sera appliquée au mordant. Et sera envoyé un cheval aud. sîeur
Fnsgey potir venir de Bayeux faire le susd. ouvrage, le saniedy d'après
rAscenSLon prochaine. {Signé :) J. Fossey. n Quittance par Jean Fo^^e^^
le 18 août 1770.
Malherbe.
A Malherbe, peintre, pour avoir peint et doré la bannière, 100 liv^^
H HDÛt 17S0. Comptes de la charité de S* Nicolas de Caen. làid. A Boi-
sard« lapisiâier, pour fournitures et faconde Ja bannière, 195 liv.
Paiement de travaux pour la bannière, 301 liv. à une ehasubliëre, à
un serrurier, à un bourrelier et à Malherbe, peintre, 1790, Caen.
S* Marlin. Comptes de la charité.
Maltot.
A \îaltot, doreur, 39 liv. pour avoir blanchi, raccommodé et « luatr
le christ* chandeliers et lampe. 1773. Gaen. Notre-Dame,
PElSiTRËi DËI XVl\ XVIE" Et XVtir SlÊCLBi. t4T
UiliSfET DU Mâ&TET,
177 L A Marnetf peinlrCf. sans désif^nalion^ ^1 liv. 10 i. Autres pste-'-
menis à Marlel, |K>tir avoir peint dans la triimne, 4 liv, 10 i.; à \f. Os-
mocil, pour noir, céruse et citerge, 61 liv, 19 *. HotiQeur. S*» Catherine.
A Gilles AEartln, peintre, pour avoir peint U crédencf faite par Le
Roux. menuÎBÎer, lad, annâe, 1689. Caen, S^ NicoUs*
MAnQLY,
Quittance de u François Marquj^. italien, fleuriste de pldtre «, de 40 i.
it pour avoir pain deux christ couleur de chair et le$ avoir doré », 1776.
Cms. Notre-Dame. Le compte écrit : >i >faquery. »
A Mougaudin, doreur à B&jfeux, pour le ^ fornisEement h et dorure
ties deux contretables pour orner les deux autels de la nef, |]8 ]lv.
Compte de Jean Léger, curé de S* Vigor- le -Grand, ci'Klevant curé de
S* Sulpict, de la gestion qu'il a eue du trésor dud. lieu en lô9^1696.
MotJSSAAD,
Quittance au curé de Gueron de 15 s. pour avoir doré un petit amor*
tissemeot pour le tabernacle. 1709«
NOLHY.
A Jacques Xoury, peintre, pour une bannière représentant d'un cMé
!a S" Trinité, de Tautre S* Michel, lôO liv. Caen, Vaucelles, Compte de
1770-1771.
OïkFiOY (Jean) .
Requête dei curé, prêtres et paroissiens de Gueron au vicomte de
eux, remontrant que Jean Onfroy, doreur en cette ville, s't^sl obligé
le commencement de juin précédent dorpr et placer pour la fin de
llet le grand cadre, les gradins et i que,^5on n avec Tes position d'une
us PEINTRES DES XVl". XVIT ET XVllP SIÈCLES.
eontretabic de leur église, suivant le marché par eux fait le lOdud. mois,
lequel il refuse d'eié-cuLer; demande de permission d^as signa lion (26sep«
tembre 1107); aij] ni fi cation aud, Onfroy; obligation de satisfaire (30 sep-
tembre); {quittance ditd. Onfroy de 48 liv^ pour led. travail de dorure
{25 octobre 1707). Quittance du même au curé de Gueron de 65 sols,
pour avoir doré et fourni (> vases, une « archîvote » , une croix, et duré
à plusieurs endroits au tabernacle de lad. église (25 mars 1712).
Pabev (]^îchel).
A ^^che] Parey, peintre, 6 liv, pour avotr la table et V " encastîleure » ,
du grand au tel, suivant son acquit du 2*î mars 16IÎ8» Compte de S^ Ger-
main de Lisieux, pour 1637. Ibid. * A M' Nicollas de La Court, éloffeur
d'or fl, \QZ livres pour ta dorure du tableau S* Germain {1(Î37). — Au
même 100 livres ù déduire sur Taccord avec lui fait au compte de 1638,
Paiement du re^Le des 600 liv. promises aud, de La Cour, estoffeur, pour
faire V m encaslilleure v du ^raud ^t hostel n, suivant Tordonnance des
curé et députés du 22 juin 1638. — A Michel Pare|% peintre, 4 liv. 10 s.
pour six armoiries du Roi, qu'il aurait faites pour être mises en Téglise
pendant le service célébré pour le Roi, suivant Tordonnance des députés
[du trésor] du ^7 mai 1643. Mandat de paiement du même jour. Lisicus.
S^ Germain. Ibid. A Michel Potiier, pour sa peine d^avoir attaché contre
Téglise les armoiries du Roi, 6 s,
P!G.\V,
Au s' Pîgny, peintre, 5 liv. Caen. S'* Paix. Compte de 1774. A
M"" Pigny, pour avoir peint le bâton de croix, 1 liv. Caen, S'* Paix.
Compte de 1777-1778. — A l^ïgny, peintre, pour le racommodage des
tableaux, 66 liv. Caen. Vaucelles. Compte de 1777-1778. Aux comptes
intérieurs, divers travaux par le même.
PiUET (Pierre),
Quittance dudii au curé de Port-en-Bessin de 24 liv., pour avoir peint
la bannière . 1745,
Poisson.
u A Roch Poisson * pour avoir repain t les deux ymages d^anges de
* DdCR le compte de 1613-1614, paif'mcat à Rocb Poîïsoo^ mcnutsîer, de i
pour ivoir Tait de» « irillagEs I à l'égliie* — ISM^, Parmi hs oraements
P.EI\TRES D£S %Xl\ %\lV ET XVIII' «ifcCLES 149
dessus Us coalombeSf x »« n Caen, Saml-Nicola». Co[iiple de 160^
Il
II
QUENTTK.
A Guiltaum^ Quenlin, 35 s. pour avoir peml Ttiacalier el rerait la lan-
terne det reliques. 1630. Li&îeui. S* Germain*
61 liv, à Marc « Rclodt ", peintre, bourgeois de Cflen, pour avoir
peint en buile le mbleau (de Tayteï) el icelul aidé à placer Rois. Compte
delfHià 1653.
1- Au sieor Hetout, paintre^ la ionitne de M solz, pour avoier racotn-
mode un tableau sur boià et avoier escript dana icelJuy en lettres d'or
(iadulgertces pteniêrea) et reaiuré îcelluy tableau, n I6^U. Caen. Vuu-
celles.
" A M* Marc Restout, peintre, pour un tableau par iuy fourny à Tautei
de !a Vierge, 50 liv. a HermanFiUe. Compte de 1609-1670. Sa quittança
du 16 novembre 1671.
ROLTER.
Payé à Gilles Kouyer, pemtre et doreur de Vire» 14 liv., pour avoïr
repeint el racommodè 3 tableaux et fourni la loile. Compte de S' Gercnain*
de Tallevende^ pour 1755-1758,
Rl'fALLEY.
B A Ropaley^ pour le tableau de la S" Vierge ^ , 30 L Quittance du 4 avril
174;3, Audit., aO liv. pour le tableau de Tautel S' MicbeL Quittance du
13 juillet I74;3. Gueroo, compte de 1737-1742. V joint les deux quit-
tances portant, celle du 4 avril , pour un tableau de V Annonriathn placé
dans une des chapelles; celle du 13 juillet, pour le tableau de la chapelle
de TAnge gardien.
S*-G£RM.4IN.
A SainHicrmain, 3 liv. pour la peinture des bâtons du grand dais^
fiei choie» acbetéf^B & la foire franebe, lelie tableaux, 4 I. 16 §. îbid. —
pte de S' XjcoUb de 16i^-L6i4. A Jean Pais5an. meDuLsier, puur iToir fait
uis le boi$ d'uaa ■ etfarrye » à mettre au ^rand tabk^du, 50 a.
I
150 PEINTRES DES \Xl\ XVIV ET XVIIÎ* SIÈCLES,
Ca€Q, VaucelleSp 1763-1764. — Travaux non dénommés. Ibid* 1765-
1766,
A S* Germain, pour avoir peint les souches qui serrt^ t à Tautel^ 9 liv.
Compte de !769-n70.
Compte de 1770^1771. A Saint-Germain, peintre doreur^ pour la ban-
nière [faite par Noury. Voir p, 147j, 78 liv.
QuJtUueci de J.-D, S*-OfmiaîD, printre : au trésorier ilf VMtfllei (1770) : à cïloi
d'Hermaai'ilIft, de ^ L. pour troir pdnt ^n marbre les fonU J»ipti»inaui et 1« Ikinltifr du
bat de l'églLie en HIÛ (HTS).
Saïjvt-Igny (de).
Jacques Le Canu^ échevin. (< Plus, en ladite année 1653, a fait faire
un fronton pà amortissement sur le haut du hanc [de la charité]^ pour
rornemenl; d*icellu|^, et pu u ravoir faitpaindre* deux grans chandeliers Ae
bois quy avoient estez donnes par Mons' Puel, cy^devant eschevîa, a esté
payé par ledit Canu au s^ de S' Vgnj, m* sculteur, pour le fronton et pain-
ture des chandeliers , H liv. ^^ Caen. S' Sauveur. Ëxlrait des registres de la
cbarité, par Jacques LeCaiiu (XVII' siècle).
Quillance par Jean de S' Ir^ny (sit^nature), au curé d'Hermanville, de
11 liv,, pour avoir doré la niche pour exposer le Saint^acrcmenl (1695).
u Je sonbs signé Marie Le Peltier, veufve de Jean de S^ Igny, de la pro-
fession d% doreur, m'oblige de faire à Téglise de Hcrman ville l'ouvrage
qui ensuit.
^^étoye^ et blanchir à deux couclies de blanc de se ruse à huile de noix
toute ia contretabte de la chapelle de la Vierge de lad* église avec les por^
tiques étant à côté.
Item, blanchir comme dessus le devant d*aulet de pierre et le côlè dnd.
autel avec le cadre de la couirelable dud. autel de pierre qui est dans la
nef.
Item dorer le eardron dud. devant d* au tel.
Item, dorer les deux cardrons dud. quadre^ avec buict feuilles d^or aod«
quadre.
Item, blancbir le gradin dud. autel et dorer le quardron et la moulure
dud. gradin^ led. blanc h huile comme dessus.
Item, peindre en bleuf les deux (gradins du grand autel de lad. église^
dorer les quardrons desd. <^radins ei y graver des figures eu or.
Lequel ouvrage m'oblige de faire bien et deument pour la somme f^
cinquante livres qui seront payées par led. sieur curé des deniers du ti
J Et tuurtr, ajoute un autre texte dud. extrait.
PElRyTBlS DBS XVI', XVlV ET XVIII* SIÈCLES* 151
fort, le lout faict sous le bon plaisir de mongievr le marquis d'Herman-
ville^ en pi-éscûce et du conâentement du sieur curé, praires et trésorier
et parrf>i!».sîens de lad. parrotssr qui ont été d' ad ris que led» ouvrage ^It
faict à lad. écjlise pour le prix ef -dessus. Faicl aud. Heu le dimanche
Useplembre 1698. *
» Mémoire des atigmefitatlons fatcLes & la conlrelable de Téglise d^Her*
manville par mo|- Marie Le Teltier, veufve de Jean de S' V^^ny.
Je repeint les deoK anges, les deux figurer de S< Pierre et S' Paul et les
Ëgures du tabernacle.
Uem argenté la clef de S^ Pierre et Tépée de S^ PauJ, et repeint la dra-
perie.
Item,j*ay faict des Glets d'oraux pied,^ d'estauï desd. fj^uri^â.
llem j^ay doré les moulures qui sont au-dessous du ronpoiut des portes
d& h sacristie.
Item, j^ay mis en bleu et fafct un petit ornement en or au pied du
labernadï*.
Item, j*ay relairé et reverny le tableau de la chapelle de la Vierge.
Item, j*fly relavé et merny les deux ovales, ay mis du vermeil à Tor
des dites ovales et reblancby les coins.
llem, j*ay repeint et redoré de neuf la Résurrection .qui est au-dessus
du Ubemacle.
J'ay soubsignée Marie Le Pelletier, vefvede Jean deSoitîtijjriy, ty reçeu
de \I' le curé d'Hermanville la Boni me de vingt livres pour If mémoire
ey-dessus, Fait audit lieu ce 23 sept. lt>OH, en présence d' l'Etienne Royer
et Noël Le Marinier, i^ Marque n de lad. Le Pelletier, n
Quittances diverses de Marie Le IMtier {aL Le Pelletier), leuve de Jean
de $* Igny (al* Saintigny)) doreur, et de son fil^ (signature : de Satntlgny),
1698,
A It veuve du feu s' de S' Igny, peintre, 2(i liv. 10 s. pour les quatre
chandeliers dorés avec la croix. Caen. S* Gilles. Compte^i de la charité,
1700- n02V.
Aa s'' de S' ïgny, doreur, 106 liv. pour ouvrai^es au fjrand autel. Cnen.
Xolre-Dame. Compte de 1737-1738. Ibid. au même, pour avoir doré le
coq du clocher, 12 liv. Notre-Dame. Compte de 1740-1741. — /Vu s-^ de
S* Igns, doreur, pour avoir blanchi 4 faux cierges, 2 l. 8 ï. Caen,
J. A F*** Le François dit ritalien, 5 1. pour 4 chanifelicn de buis ooirc».
,/re Oafroy, tant pour avoir Inascrit les iadulgeacei» de la ch«nlé que pour
"oami les peinturei et la veliu^ 4 L ^ s.
^^r^^p
tH PEITÏTRES DES XVI*. XllP ET XYIII* SIÈCLES.
S' Etienne, Compte de 1740-1741, — Au même pour dorure faîle
au grand autel, 10 liv, Ibid, Compte de 1740-1750, — Quatances
signée» de 5* Igny à la charité de S^ Sauveur de Caen, pour travaux de
dorure (1742-1744). Cf. compte de La charité de S' Sauveur de Caen du
27 cet, 1739 k 1751, Paiement à u M' S' îgni n pour travaux de sculp-
ture et dorure.
- A S' Egny, pour avoir blanchi buU faux cierges, 5 lir. 5 s. 1742.
Caen* S* Martin.
1748. Au s' de S* ïgny, pour avoir doré les pots à Oeur de Téglbe,
2:2 l\v. — 1750p Au même, pour avoir blanchi six faux cierges, 3 liv.
12 s. Ibid.
S^ Jêav (de).
I Au paintre de S* Jean, auquel fut faict alleu de paindre Tïmage
K" Dame, lu y fut paie XI litr. X «. — Pour Le vin dud. marché X\X s. *
Caen. S' Nicolas, Compte' de 1601-1602.
SAHâON. ,
Quittance de F* Samson, peintre doreur, au trésorier de La Pommerap,
de 3 Livres^ pour avoir peint un chapiteau et une Vierge pour L'égLîse,
(Lisieux, :Î0 janvier 1786.)
« Mémoire pour Monsieur Marabour, trésorier en charge de la paroisse
de S* Germain de Lisieux, pour L'ouvrugc fait et fourni par moi F. Sam-
sott, peintre, doreur, armoiriate^ à Tégard de saize écussons represealans
les armes de la dite paroisse, pour mètre aux flambeaux de Messieurs les
trésoriers pour la procetsioadu S^ Sacrement. Lesdrts écussons fairts par
ordre de Monsieur Le Coge, m^ épicier, ù. neuf sois piëce^ font sept livres
quatre ^ots, et livrés le quatorze juin dernier. Reçu le contenu du pré-
sent, à Liâieux, ce vingt et un novembre mil sept cents quatre-vingt-sept.
Ce que j'ai signé. F. Samson, peintre. « — Cf, p, H7.
' Bid. t Paie pour l^image de S' Mcollas eitaul au portail contre U porte de
l'église, acbapté k Rouc^n, 4 1. 10 s,
I Pour le port du u a vire auquel oa a voit mia Led. j^iuâge et deiieudu mr lei
quayi, xv ^,
t Pour le paiatre qui airoit paipt en liuille M. y mage, lx i.
t Pour deux porteurs qui avoreot apporté iceliuy à TegLiie et aydé i le i
-en place, xv ^.
t Pour ]e mareschal ayant fdct une cbeville de fer avec deux erappoas ei
te plaitre, ix t. *
PEIIÏTRES HBS Xri', TtVll' IT XV\U* SIÈCLE». 153
Scelles.
A Jean Scelles, pour avoir peint )e tableau » G liv. Compte de la chartlé
de S' Gilles de Caen, pour 172)4-1730.
SpmDLEIB.
A Spindler, peintre, pour aroir di-eraisé el verni un tableau, 6 Ik,
Liaieux, S^ Germain. Compte de 1785.
I-
Toni?fELLE.
Quittance de Toamellef peinlri% de G liv., pour avoir nettoyé les trois
tableaux des autels de l'église de Livarot (25 février 1775). — Quittance
an curé de. lu l"** portion de u Berna y !i n (Hernes{|), de 3 Uv* pour avoir
nettoyé ei n renouvelé * tous les tableaux, de l'église, tant ;^rands que
peliLs, 15 janvier 17B2, V joint, billet de Le Moirjne, curé de Berne :»q, à
La Fontaine Le Tuai, trésorier, concernant led. travail : le porteur est
cenu le trouver et a offert de nettoyer les tableau i de Tèglise et faire
revivre les couleurs ; il a montré au curé plusieurs attestations de diffé-
rents endroits où il a passé et a raccomnÉodè les tableaux ; le curé coa*
natt même la signature de quelques-uns, comme de La Carnbe etTrévitres ;
îl demande 3 livrei, etc^
Vassault,
A Vassault, peintre, pour peinture employée à l'essente de la couver^
ture du clocher, 01 Vtv. Honfleur. S^' Catherine. Compte de 1718.
Au compte de 1752, il est qualifié vitrier.
Ve^te (de La).
u A Si' de La Vante, paintre i , pour le restant de Taccord fait par feu
l'abbé de La Paluelle, curé de la paroisse, et les paroissiens, pour la
peinture de U contretable et du cbœur, 40 lîv. Clînchamps (Vire).
Compte de 1712,
Quittances de F. de La Vente : a lie Chartier, diacre de bi paroisse de
Campagnolles, de 9 liv, restant de 92 liv* 18 s., pour avoir peint l'autel
Rosaire dans Tét^lise dud, lieu et pour avoir doré la petite Hi^ure de la
erge, pour lad. confrérie (18 octobre 17^>5); k Robert Auvray, « ma-
r * de la confrérie du Rosaire en Té^lise de Burcy, i liv. 16 s. pour
ISâ PEÏBJTKES DES Xll". XVIT ET XVUV SIÈCLES,
avoir peml en couleur de fayence 4 pots h fleur pour Ud. confrérie,
(Vire, 31 mai 1769.)
Quittance de V--J.-F. de La Vente, peintre, ù Bonne-Sœur, « majeur ^
de la confrérie dp S* Michel en Téglbe Noire- Dame de Vire, de 10 ûcus,
complément des 50 écus ci-deian( reçus, formant les 180 \k\^ dont on
était convenu pour le prix du tableau par lui fourni à lad. commutiauté»
(Vire» 19 octobre 1782.)
VERPRAt.
Obligation de Verpray (sij^nature), envers les paroissiens de Guibray,
de leur noircir ei dorer la h ainsi rade de fer étant au devant du cheeurde
lad, paroisse. 17S;2. Cf. le compte : à u Verperay «, 39 liv. pour avoir
doré et noirci la balustrade, 17^2, Falaise. Guibray.
A Verpray, pour avoir doré le coq du clocher, li liv. 1741. Falaise.
Guibray, Compte de 1740-1743.
Pour avoir doré l'autel S' Sébastien, \M^ liv. Ibid.
A Verprê, pour nvoir peint les banièrcs du cimetière, 3 liv. 10 s.
S* Laurent-de-Vaslon. Compte de 175*3-1759.
VlQVeSïtEL.
Ce jourd'buy dix* de juillet mil sept cents vingt neuf, nousp^"% cureï,
trésorier et députtez de la parroisse de S^ Désir de Lisieu^, sommes
convenus» avec le s' Jean Viquesnel, bourgeois dud. lieu, doreur, pour
dorer la conlretable du grand mitel de lad. église de la somme de sept
cents livres dont la moitié lui sera payée en commençant led. ouvrage, et
le reate à la fin dud, ouvrage, sujet à visite aux frais du tort, parce que
led. sieur ViquesnE*] s'oblige dorer tonte la sculpture, les moulures qui
bordent les panneaux. Les quatre colomnes, cbspiteaux et am bases et
quarrezdoreï, et les gorges des colomnes seront blanches, la croix dorée,
le quart de rond doré el la gorge en sera blanche, et un quarré au-des-
sous de k gorge doré, et la plintf* blanche, les deux palmes du haut de
la gloire toute dorées, les nuages et les ailes des chérubims dorées et le
fond d*un bleu célesle, les gaudrons des deux vases dorées et les flamet
rouges et les gorges blanches. Le l*** talon de la grande corniche doré,
les denticules dorées, un quart de rond au-dessous des denticules doré,
dont les fonds seront hlaocs, la r« moulure de T architrave et une autre
petite moulure dorée et les fonds blancs, le talon du grand quadre doré
et le quarré de dehors dud. quadre doré et la gorge blanche, et tous les
lulres quadres du même profil dorées et les gorges blanches, le fond des
niches bleu, tous les chérubims carnationnez et les ailes dorées, le pied
?E1NTBE3 Dga XVI*, XXiV ET %VIU* SIÈCLES, t&5
dVstail des colomnes dont la I'* moulure ^era Horépf h bs,(^uetU de
dessous H Mue ^ot^e dorée et les quadrei d'alentour. Les petits pan-
neaux ou il y a de la sculpture leront pareillenipnt dorées el les fonds
«n seront blancs, deui ba<^ueUe« du bas du pied d' estai I dorées, Je
boudin «era rou^^e et la bajjuelte de dessous dorée ^ et les quadres des
paoneaui du bas du pied d'eslail dorées ^ tous les fonds btancs^
tous les lilest de dedans Jes pannenu^t de la «gloire dorées et deux qui
font sur les figures» Je bord du gradin et une 30 rg^* au-dessous du
gradin dorées et les fond;^ blancs. Tant Le piramide du tabernacle
jusqu'à la bulustre sera doré et les vaseï^ tous dorée?;, et les cofomnes
pareillement, la face de la corniche du corps du tabernacle et architrave
dorée et tous les boutons dorées et \eA fonds blancs^ Jes nioulun^s dorées
el te tour des niches des figures de S>' dorées et touis les fonds hhiMCS, la
tomiche du pied d'estait doré et l'amba^^e dud. pied d'esiuil doré, tous
leâ fonds dud, tabernacle (addition : marbrées) blancs, le radre du de\rant
d'autel (en addition : marbré ou) blanc et le quart dt' rond rouge (en
addition : tout blanc ou tout rouge). Leâ pieds d'estail des figures blancs
(en addition : marbrées) avec des jllest d'or au tour les moulures et le
tout du meilleur or. Vn petit filet d'or au-dessus de la plinte, et la plinte
et le talon blanc (en addition : en buiJle) au bas de la contretable. Tou-
tes lesquelles pièce:» ted. s' Viquenel s'oblige rendre bien et parfaittes et
sujettes h visite et s'oblige commencé led. ouvrage dan^ la moitié du mois
d'ftouât prochain et le continuer jusqu'4 sa perfection, sans entreprendre
d^autres ouvrages. Fait et arrêté ced. jour et an que dessus. Fait double.
Signé : Viqlesnël, Lk LièvtiK. Le Grahu,
Au dos : << Je soussigné Jean Viquesnel, doreur^ bourgeois de Lisieux,
reconnois avoir receu la somme de trois cents cinquante livres sur le
marché contenu en J*aulre part, à compte. Fait ce cinq* d'aouit mil sept
eents ïingt-neuf, » Signé : * Viquesnek « a Je soussigné Jean Vii)uesnel^
doreur, bourgeois de Lîsieui, recongnois avoir receu Ja somme de cent
cinquante livres, sur le marché contenu en l'autre part, & compte. Ce
trois' juillet mil sept cens trente. ^ Signé : ^ Vîquesuel. ^ u Cejourd'buy
31* 8^ 1730^ j'ay ssigne Jean Hquenel, M» doreur, à Lisieu\, receu la
somme de deux cens livres pour le restant du marché contenu en l'autre
pari, de la contretahle de 5' Désir dud* Lisieuif partant je descbarge I0
thr^K^r dud. lieu, ced. jour et an que dessus. « Signé ; u ViquesneL n
Ce trentième jour de septembre de Tannée mil sept cents quarante, se
* asiemblei les s^ cures, tbrésoriers, députez de la parroisse S* Désir
L. \t>^THtBi}, etc. i
156 ARTISTES D'ÂVRANCHES, BATEUX, CRERBOtlRC, ETC.
de Lisieux, lesquels ayant délibéré au sujet de tout T ouvrage qui est «u
bois sans dorure, tant aux cotez que dedans la conlretablc du maistre
autel dudit lieu, et voulants le faire dorer, ont fait venir le s' Viquestiel^
doreur, demeurant sur la parroisse S^ Ja^jues de cette vitief avec lequel
ils sont convenus de la manière qui suit. Le s' \ îquesnel s'oblige k dorer
à plein les deux pots à fleur avec leur corbeUler Sa sculpture des six
paneaux,donl quatres sont dans la gloire et deux sur les têtes de S* Désir
et S* Eutrope, la frize au-dessus du grand quadre, les chutes des deuE
cotez du tableau. De plus à dor^r les ornements des deux grandes
consônes régnantes le long de Tautel, la comicbe du haut des panetux,
conforme à celle des piliers, tonte la sculpture dedan>j les paneaux, les
quadres et les ornements extérieurs desdits paneaux, les ûeux petites
consônes joignantes les paneaux, les quadres au-desâou^i desdits paueaux^
Tappuy des petites consônes et les quadres^ le tout d*or bruni » et à mettre
et placer à ses fraits tout Touvrage qui a été défait pour être doré; et
les dits s'* curez, thrésoriers et députez luy payront pour le dit ouvrage
en son entier la somme de cent quatre vingt quinze livres payable h la fin
de l'ouvrage, qui sera sujet à visite, et le dît s' Viquesnel s'oblige à rendre
Tonvrage parfait pour le jour de S' Butrope prochain. Fait double ledit
jour et an que dessus. »
Signé : Viquesnel. P, Cordie», J, Boupfard. Motaillé.
A. Desgekrtez. N. Le Lièiiie.
Cf. les comptes de S< Désir de Lisieux. HiO et 174L
III
ARTISTES
D*AVRANCHES, BAYEUX, CHERBOURG, COUTÂNCES, SAtKT*LO|
VALOGNES ET VIRE AU XVIII* SIÈCLE,
D'âPRis LES ROLES DE LA CAPITATION CONSKRIIËS At?C AacRtVÉS
DiPARTEMBNTALES DL' CALlTJIDOa,
Malgré leurs imperfections, leurs lacunêâ^ leurs msuffîsanct
les anciens registres d^impositions sont une source précieuse i
AATUTES t» AVAA\CUEâ, BAVELX, GHËABOLnfî, ZTQ. 151
reconstUuUoQ : en inventoriant les rôles de la rapitatton des bour*
geois que conserve le fonds de T intendance de Oten, j*ai recueilli
de nooibreuBes notes sur tes artistes dea Jeux villes qui, avec le
cfaef-lîen, dépendent aujourd'hui du Calvados, Bayrux et Vire', et
de cinq principales de la Manche, Avranches, Cherbourg, Con^
tances, Saint-Lô et Valognes* : en les complétant à laide des
cahiers de même nature qui, pour la Rn de Fancien régime — à
la suite des institutions nouvelles qui, avec ramoindrissement des
attributions des intendants, commencent déjà la Révolution —
existent dans le fonda de la commission intermédiaire de Basse-
IVormandie, j'ai réuni des matériaux dont la réunion ne saurait
manquer d'intérêts
Sans doute, les lacunes sont grandes : c'est ainsi que le fonds de
IMniendance ne conserve, pour Avranches, à Tarticle C. 4536, que
les rôles de 1740 (arrêté le 15 décembre 1739}, 1751, 1773,
1780, 1781, 1787, plus le contrôle en 1756 des bourgeois et habi-
tants de la ville et bourgeoisie d'Avranches, relevé des rôles de
capitatîon, divisé en quatre classes suivant les impositions, com-
plétés, dans le fonds de la commission intermédiaire (C. 8122),
par le rôle de 1189; de même, pour Baveux (C. i538-loi7), les
registres ne remontent qu*à 1768; viennent ensuite ceux de 1775*
1777, 1779. 1781, 1782, 1783, 1784, 1785 et 1787 ; on n^en
trouvera pas moins, dans tes simples notes qui suivent, les pre-
miers éléments, en grande partie inconnus, d^une statistique des
artistes de la Basse-Xormandie ' dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle.
,. » Armand BÉiVET,
Mnmlirc non résident <tu Comité, à Cacn,
ArcbiviAlf! ilu tléptrlcTQCQt du Cafradoi,
1 CaJ QDtés leroDt ultérieuremenl com\ûéiéei par rfes tiitrntts de& rtMin àe%
diiièmei ei vingHèmcB de 6fl|eui et de Vira, <^g»lemeiit caoservés dan» le fondi
de J'inteodaDce de Capo.
'Les rdJes de CarcnUn et Mortain manquent. — Pûntorioii. C. 4.537, rûlei de
1772, 1773, 1780, i7«l, 1787 : Fontaine, or^aoîata, rue S' Miciicl. 178U ; Il
veave Giltes Pitat, organiste, rui^ du Ctidleau, 1772^ U mi^me, l^q 1773, sani
désignation d'or^janîste. — Thohjfoy, G. 4558 el WriO, Pineï frèrei, architectes,
écarts de Thori^^ny, 1767 (18 litre*], 176Bï Us (iffuraol mus le litre d'archi-
as au r51c de 1773. C. SLtt>, Troussât, peintre, demeurant t lïaillcd* h^ult»,
osé â 1 livre. 1789.
Les notet reçue il liai sur Caeii feront l'objet d'un travail ultérieur.
l
158 ARTISTES D AVaANCHES. BAYBUX. CHEaBOURG, ETC.
AVRANCBES.
(G. 4536, 8122.)
Lapierre dit ^ar^^ra, peintre, imposé à21iv. sur un revenu de20lîv«f
rue S^ Pierre, 1T8T,
S^tt^ ou Seylt/ (Jean -François), relieur et doreur, 31iv,, rue du Puis
àe L'vveU I751> Ëa L7o(>, 5 liv, — £n 1773, 1780, ctc, il est seulement
qualifié relieur*
Vaudatin (Joseph), doreur (porte deFoBto el Grand Tertre), 1180-
1781 ; en 1787, rue Pendante.
Rùgtr (Jean), vendeur d'images, 1740, 1751, etc.
ÂHamènt (Georges), sculpteur, rue Pendante, imposé à 4 IIf, sur un
revenu de 40 IK\ 1781, -* Au rôle de 1789, le s^ Artamènef sans indica*
tion de profession, même rue, 6 liv.
Cahet, sculpteur, â liv., rue Saugnière. 1789.
Gogeard (Jean), sculpteur, 4 liv. 5 s. rue des Champs* 1740. — Au
rdle de 1751, Boulevard, le fils de Jean Gogeard, sculpteur, 3 liv, (rayé)*
— En 1751, Jean Oogeard, sculpteur, rue des Champs, 4 liv. (rayé, et^
en addition, le fils de feu Jean Gogeard, 2 liv.). — En 1773, la ireuve
Jacques Gogeard, sculpteur, 1 liv. 10 s., etc, — En 1781, la veuv*
Jacques Gogeard et fîh, rue des Champs.
James (Pierre), sculpteur, rue des Trois-Rois, 4 liv. 5 s. 1740.
Houet (Laurent), n architecque », rue Saugnières, 1773. — En 1780,
Houel, architecte, même rue. En 1781^ rue des Champs,
Martin, ingénieur. 1787, 1789,
Morei (Nicolas), géomètre, rue S» Pierre. 1773, 1780. En 1781, 1787,
1789, pas do prénom,
Orlèvres : les enfants d'AUain-Noël Ûérard, orfèvre, 1740 ; -^ Liiirt^
ou Xi«r« (Français), 1740, 1751, 1756 ; — Littré (Jean-François), 1773,
1780, 1781 ; — Litlré, sans prénom, 1787, 1789, place Ha udange: ^ lei
enfants Bellîn (en correction de AUain), 1751 ; — Gérard (^oël), 1751 ;
Gérard, 1780, 1781, 1787; Gérard, ci-devant orfèvre, 1789; — ifarfrey,
1789 1
Jubtin (Joseph), maître de danse, rue Pomme d*Or. 1773.
1 Menuisier», en 1740 ; La Fontaine, Charles Reuloi, La Fosse, Jean DAVigodu,
PoiUiîviiï, Pierre Gaucher. Reué Dubois, François Coup t', Tho ma a Tesson ^ tiveu--^
de Gilles Cutrel, Pierre Beaumont, Duperré, Jacques Rauliue, TauquerAo* Jeai
Baptiste Hyou, Julien Le Loup, Longrayc, Jean Baudet.
Tourneurs : î^lichel Samson et son fils, etc.
ARTISTES DAVRAIVCHES. BAVEL^. CREHBOIBÛ, ETC. 150
VùUin^ maUreidiû danse « Le Tour du Marcbé et butte am Vaches ^ ta
1780; rue Boudrîe, en 1181 ï rue du Pot-d^ï-JUin, en 1787 ï roe Neave,
en 1789,
GUbeH, marcliajid etïDiisideiii rue Pomme-d'Or. 1799.
ÛATSUI.
(C. 433ê-4547,)
Peintres,
Aitard ou. ^/^i (Jean-Joseph), pami^iae S' Loup, 1779 à 1787. (De
1 liv, 16 s. à 3 liv.) Xommé Joseph seiilemenL en 17H5 et 1787.
' Chrétien (.4 od ré), paroisse S' Jean» 1775 à tlHl. (Ile 1 liv. 4 s, à 3 lit.
4 s. 3 d.)
Cuminal (Pierre), paroisse de la Madeleine, 178^ à 1787, (D'abord
â iïv. 8 s., puis 1 llv, 4 s.)
Douard, paroisse S' Patrice. 1781 à 1785, En 1787, Douard, peintre,
ou héritiers,
Fouey (Jean), paroisses : S' Jean, 1775-1777 ■ S' Malo, 1779; S*Saii?eur»
1781-1785, (De 1 liv, 4 i, à 3 liv,) Sa veuve, 1787, paroisae S* Sau-
veur.
Hébert^ paroisse & Patrice, 1782-1787, (i Uv,, puis 3 liv. 11 s-
6d,)
La HousMaye{de}t paroisse S^ Patrice. J775> 1 lîv. 4 s, La Houssafe*
et Pierre de La Houssaye, paroisse S^ Sauveur, 1777, 1779, Pierre
La Houssafe, paroissL* de la Madeleine, 178 1> 1787.
La Pierre, paroisse S^ Mnio, 1 iiv, 4 s., 1777.
Le Boiteux (Michel), paroisse S> Patrice, 1787.
Le Champenois (Claude), paroisse & Malo, 1777 \ Claude ChampeDoîs,
paroisse S* Martin, 1779.
Le MaUre (Jacques), paroisse S* Malo, 1775-1787, (De 3 â 12 Ib.)
te Telîier (Ihomîiii) i paroisse S' Jean» 1777, 1 liv, 10 s.
Le Tellier (Jean), paroisse S' Sauveur, 1782-1785, 2 liv. 8 s., puis
2li¥, 2s. 9 d.
loitot (Michel), paroisse S* Malo, 17B8, 4 liv.
Mahier (Pierre), paroisse S' Sauveur, 1782-1787, (2 liv, 8 *,, puîi
3 liv. Ils. 6d.)
Paios (Jean-Iïaptiste), paroisse S^ Vigor le Petit, 1785, 1787, 2 liv.
.. 9 d., puis 1 liv. 4 s,
^upaliey on Ruppalky (Joachîm), paroisse S' Jran, l7t>H^l779, Au
p. de 1768, figure avec les héritiers de la veuve du Saui^ su belle-mt^re,
■▼^"
ItiO ARTIâTËS D'AVaAMCHES, BAVEUX, CHERBOtHG, ETC.
3 U?. En 1775, 1777, 1 Ik. 4 s, ; en 1779, 1 lir. 10 ». £a 1781, 1782,
même paroisse, !a veuve « Rupaley n , peintre.
^
Auguite (la veave), sculpteur, paroisse S' Sauveur, 1775, 1777.
Auguste (Alexandre), paroisse S' Sauveur, 1 779-1 7S2, la Madeleioet
1783*1785,
Durand (Jacques), paroisse de la Madeleine, 1777. Durand^ sculpteur^
sani prénom, paroisse S* Patrice, 1787*
Mangin (ican-Loiiis), paroisse S* Loup, 1768j 1775.
Mangin (Saiomon), paroisse de la Madeleine, 1776*1787 (en 1775
Mengiu; en 1787, sans prénoui).
Pauîet {François}, paroisse S* Martin^ 1775.
Pichard (Jacques), paroisse de la Madeleine, 1768-1787, Au rdledfi
1768, il figure comme ayunt épousé la veuve Hasiey.
RupalUy^ Ruppatleyou RupaUy (Jean), paroisse S* Jean, 1775*17871
il Ggure au râle de 1777 avec les prénoms Jean-Bapliste,
Orfèwes.
Desmarêi (veuve Gabriel), paroisse S' Malo^ 1768-1787. Successivement
25 liv., 32 liv., 36 liv., 40 iiv., 79 liv. 10 s., 80 liv., 71 Iiv, 10 i. En
1768 ; veuve et héritiers.
£ksmarei (héritiers ddivier, orfèvre, et de sa femme) ^ paroisse
S* Martin, 1768.
Guérin (Sébastien), paroisse S^ Malo, 1775, 1777. Sa veuve, 1779;
veuve Guérin, orftvre, 1781-1784 ; Madeleine, veuve Gnérin^ ancien
orftvre, 1785, 1787,
Le Provost (Henri-Charles), argentier ou orfèvre^ paroisse S* Jean^
1775-1783. Henri-Cliarles Provôt, orfèvre, paroisse S' Martin, 1784,
1785. ProvÔl, sans prénom, orfèvre, paroisse S^-Marlin, 1787.
Marquel (Jean), doreur, paroisse S' Sauveur* 1768. îd., argentier,
puis orftvre^ paroisse S^ André, 1775^1187.
Arcàit££U$,
Blancagnei (Pierre), paroisse S* Malo, I7C8- Auic rôles de 1768, 1775,
1777, Jacques lllancagnel, entrepreneur de bAtiments, paroisse S' Jean,
Fouquet (Philippe), paroisse S' Patrice, 1770-1787- Eu 1782 et 1784,
marqué architecte pour la ville.
Goueimeij paroisse S^ Martin, 1779-1783; paroisse S^ Malo, 178f
1787,
I
iBTISTEâ D\%VR.^NCRES. BAYEIÎX. CHERBOtrBG. ETC. 16]
Laloë (Pierre), paroisse S* Jean, 1785-1187.
Mutd (héritier* Micliel), paroisse S' Malo, HSL
Mutkiem, etc. '.
Champeaux {^eaa-B^pitsle)^ or^jamste, paroisse S' Patrice^ 1777-1783,
Veui^e el hérîlieri^ ITHi^ 1785,
Chapuy au Chapputf (Claude), musicien, paroî^ise S^l^up, 1768. En
1775, 1777, \119, 1781^ Claude Ckapuy, maître à danse r, paroiAift
S' Martin»
Dticàamps (Jacques), orgânîile, paroiise S' Sauveur, lliîS.
Dtibuismnou Duhisson, maitre à danser, paroisse S* Main, 1 777-1 78 V
HuberUt ou HeberUif (Audré)j muticien, paroÎMe S* Laurent, 1776-
Jouet (Louis-Philippe), lui hier, paroisse S* Sauveur, 1775-1782,
1784. Sans prénoms, I78:j, 1785, I7S7,
/^ Jeune ^ maître de musique, paroisse S' Sauveur, 1785; paroisse
S- Martin, 1787,
Morel (Joseph), mnitre de dan-^e, paroisse S" Vigor-le-Pelil, 178â,
1783, 1785, 1787; paroisse S' Martin, I78i.
Parmi les Potiert*.
âuwatf, S^Sauvenr, 1784.
Catherin (Jean^Uapliste). S' Patrice, 1763.
ÇauviUe (ïhmmi^). S' Malo, 1775-1779.
Chand^voine (Marie), potière. S' Martin, 1768.
Clairet (François). S» Martin, 1768.
Coutt (itilien). La Madeleine, 1775. S^ Jean, 1781, 1782.
Dastenasi (veuve Joseph). S* Jean, 1768,
Drurie (Germain). La Madeleine, 1768,
Dupont (Michel). Saaurfent, 1779-1787.
Enauid ou EnauU (Jean^Bapliâte). S* André, 1782-1787.
/cron (La femme Jacques). 1787. "'
Foimrd (Jean). La Madeleine, 1775.
Fouques (Jean). S* Malo, 1775-1779.
Fré manger (Jean-Michel). La Madeleme, 1779- 1785*
Gardin (Jean). S' Eïupère, 1775-1787.
Giffard (Antoine), S' Loup, 1768.
l'état des non-vtlcuri de la capîtalloo de 1771 (C, 470:>) ; Leudormy,
p0tiers d'étain ont été lâifséi de câtë.
il;
t
162 ARTISTES D^AVRANCHES. BAYEUX, CHERBOURG, ETC.
Gantier (Louis). S» Jean, 1779-1787.
Gosselin (Jean-François), S» Malo, 1775-1777.
(rrani^'n (Charles). S' Jean, 1779-1782.
Guilkhert (Jean). S» Malo, 1775. Jean Gmlbert, S* Sauveur, 1777-
1779.
Hébert (veuve Pierre). S' Jean, 1768.
Héricy ouHérUsy (Michel). S» Malo, 1768-1779.
Jemble (Jacques). S* Malo, 1768.
Laisné ou Laine (Pierre). La Madeleine, 1775-1 779-
Lainé (Jacques). La Madeleine, 1779.
Le Comte (Louis). S» Patrice, 1768.
Le Fettey (Louis). S» Patrice, 1768-1775. Sa reuve. & Patrice, 1777-
1784.
Le François (Michel). S» Loup, 1777-1783. Sa veuve. S* Loup, 1784-
1787.
Le Grand (Georges), S» Malo, 1768-1779.
Le Grand (Jean), potier de terre. S» Sauveur, 1768-1777.
Lehot (Jean). S* Malo, 1768.
Marie (Julien). La Poterie, 1782-1787.
Martragny (veuve Gabriel). S' Jean, 1768.
Jlfor«/ (Simon). S» Exupère, 1775-1783. Sa veuve, 1784-1787.
Moyon (Jacques-Henri), dit La Rivière. S* Malo, 1768-1775. St veuie,
1777-1779.
Néel (Robert). S» Sauveur, 1768»
Robert (Jean). S» Martin, 1777.
SaUn (Louis). La Poterie, 1768.
Saussaye (Jacques). La Madeleine, 1768-1775. Veuve el bériLiers,
S» Patrice, 1782.
Simon (Jacques). S> Martin, 1782-1783.
Tillard (veuve et héritiers). S' Jean, 1768.
Vautier (Jean), S» Jean, 1768.
Ymr (Michel)^ S» Patrice, 1775. Sa veuve, 1777-1785, etc.
Cherbourg.
(C. 4561, 8128.)
Viilère (François de), peintre, 1740, 3 liv»
Freret (Pierre), sculpteur, ancien quai, 1780, 2 liv. 10 â. ; 1781, 4 lif^
16 s. 4 enfants. £n 1787 et 1789, la veuve e! fiU dud. sculpUurt
Le Tetrel (Pierre), orfèvre, 1740 (article rayé).
/2(m/ane^ (Jacques-René), orfèvre, 1789*
ilîtSTES D AVRAniCHE^, iilYEUX, CHERBOURG, tlC, 163
/hi/mr (Charles), orj^anîatc, rue dei Cordmes (1180,2 llv. lOi.; IT81
et 1787, 1 ti?. 16 â,}^ ieaftnli. En 173^9, pas d'indication da ruo, 5 Itv.
langiùis (Jean), maître de danse, 1789,
Fondeur* : SimonnH ( Jacquet), 1740, 175L Vkt (Pierre), 1780,
1781, 1787, 1780,
CoifTANCES.
(G. 4555, 81Î.10
Aistiin (Françoii), peintre, rue de la Mi^alonf 177-1, 3 liv, — Aiseliir
{laos prénom), peintre, rue des Cohues, 17H0, 10 liv,; 178l| 19 liv. ;
17»7, 1788, 1789, 13 liv. (i sols.
Bkkue (Jacques), peintre, et sa mère, imposés à I lîv, ^ Mnrché h
bled, t 17 iO, [deni en 1711, avec la note : I^auvre^ Idem en 1751, —
&îcbue (sans prénom), peintre, rue du Pilori, imposé à 10 liv.; ion
domeslique, 1 lir, 16 5,, 1773, En 1780, Basse rue, Robert Bkhue,
pemire. Va liv, 10 s*; en 1781, 25 Itv. 13 u\ en 1787, 25 li?, 13 s. ;
plas ton domestique, imposé à lad, somme; en 1788» le même, finale
roe; en 1789, la leuve de fiit-hue, peintre, mûme rue.
Blanchet (Jacques), peintre, rue des Cohues, en 1780, 4 liv. \ en 1781,
7 Uv, 12 s. En 1787, 1788 et 1789, rue du Sîége, U liv. 8 *.
pQlice (André), peintre (la veuve de), rue d'Egypte, 1710> Me m
en 1741, avec note : Sans profession ni rummerce,
Rd^in (Louis), peintre, rue S> Pierre. En 1773, l liv. 10 s.; 1780,
21iv.; 1781, 1787, 1788, 1789, 3 liv. 16 s,
LtMlèrt (Jean)i « m^ d'imago ». 1773.
La Lande (Pierre de), sculpteur, rue du Pilort, 1788, .|i
rGu^cn^ marbrier, rue des Cohues, 1787, 178S, 1780.
Doibonnc^ architecte, rue des Capucins et de la Mission, 1781, 1787,
7 ïiv, 12 s. En 1788, môme rue, « Dohonne n ; en 1789, b Dosbonne %
71iv. lis.
CharitU (Jacques -Phi lippe), orfèvre, Grande rue, 1773, 1780, 1781,
1787, 1788, 1789,
La TBuve Dominique Le Moine, orfèvre, 1773, 1780, 1781, 1787,
1788, 1789,
Dupraimu, or ffev re, marché â blé, 1 780. Dupralot, orfèvre, rue S^ Xicola s ,
1781, Michet-Pierre ïïupratot, orftire, Grande rue, 1787, 1788, 1TH9.
^'%rd (François), orfèvre, Grande rue. 1740. En 1741, marché au
*Ln 1773, Grande rue, La veuve François Gérard, orfèvre. Grande
^780, 1781 ; idem, sm$ prénom 1787, 1789,
*^Ut (Gaspard), orfèvre, Grande rue, 1749, 1741, 17.11. La veuve
164 ART1S.TES D^AVRANGHES. BAYEUX. CHEBBOCAdt ETC.
Gilles Goadelét, orfèvre, el ses enfants, , Grande rue, 1773; la veuve
Gilles Goudeiel, orfèvre, Grande rue, J780, 1781; iàem et ^s deux
filles, 1787, 1788, 1789. Bernard-François Gou de le t, orfèvre. Grande
rue, 1773, 1780, 1781; sa veuve,, Grande rue, 1787, 1788, 1789; le
fils héritier de Bernard-François Goudelet, orfèvre, 1788, 1789. Louis
Gondelet, orfèvre. Grande rue, 1780, 178L
Le Rond, orfèvre, Grande rue, 1787, 1788, 1789,
Maille (Jean), perruquier, et son ûls, orfèvre, solîdnirement. Grande
rue, 1740. Idein 1741, 1751, avec note en 1741 : Pauvre et safis aucun
exercice de sa profession.
Clémmt (Pierre), organiste, Grande rue, 1773, 1 llv. 6 s,; 1780,
lliv. 4 s.; 1781, 3 liv. 16 s.; 1787, 5 liv. 14 s.; 1788, 17H9.
Laporte, maître de danse, xue des Cohues, en 1787, 1788; rue du
Pilori, en 1789. .
Le.VatcLsseur, maître de danse, 175L
Voitin (Louis), maître de danse. Tournées Ç* NicoUs* 1773. En 1780^
rue de la Mission. En 1781, Tournées S* Nicolas et marche à chaux (tans
prénom).
Poirier (Jean), musicien, rue S» Pierre, 1787, 1789 i,
Saint-Lo.
(G. 4557, 8125.)
Martin (Jacques), peintre, rue des Ruettes. En 1773, 1 llv. 7 s. En
1780, 1 liv.
Durand (lean-rBaptiste), architecte. En 1787, 3 llv. Il s. 7 d,; une
domotique, 308. 1789, 3 liv. 12 s. 9 d.; sa dpme.stique, îdem.
Hervieu (Jalien), architecte, 1773,5 liv, 158. ; en 1780, 2 liv.; en 1781,
3 liv. To s. 9 d. ; plus, sa servante.
1 Le«dits rM«r*à campléler par les états de noii*va1eurs (G. 45Î4, 45£S»
,4708) ;'.,....
1736. T <* 5' de La Duerie, sculpteur.
1762. Le lavasseur, maître de danse. . ,
176^. Le Dé, maître de daàse (demeure en pension et n'a point de domieile
tixe). — Rehuty, maître de danse, avec cette annotation i^i^niGcclÏTe : On no loi
connaît aucun meuble i saisir (il était imposé à 1 livre!).
1769. Le'Dpz et Rebnty, maîtres de danse^
, 1770. Le Dé, maître de danse : n'a point de domicile Gxe, et on ne lui connut
pas de meubles saisissables.
1771. 'Jacques Hubert^ orfèvre; Le Dé, maître de dame; Jetn Guérb, pj
1772. Le Dé, roaître-de danse, bourgeois de Coutance», 1 t. 11 s. 9 H ^
\nt% Hébert, orfèvre, 1 1. l.s. 3 d*
F
ARTISTES D AIHARLCHES. BAVEUX. C1I£JIB01RG^ ETC. 165
Orfèvres : ITiO, la veuve àe Jacqucii Chemin, orfèire; la veu?t et
béritiers de Danid Saint^ orfèvre. tliO, 1751 « la veuve de Jacques Du
Bù$q et ion fils, orfèvre, 1740, Pierre Sainl, orftvre, — 1740, Jean
Fauckan^ orfetre. — 1740, lei damei />a Fmne, orfi'vreii llol, la
dame Du Freine, orfèvre. — 1751, Tbomas Saint, arf**vre. *- 1751»
Dftuiel Saint, orfèvre, — 1751, Jean âe La Landei Hopkins, orfèvre» —
1773, 1780, 1781, Alexandre Grantlly, orfî-vre. — 1773, Thomas
R&uâiù, orfèvre, — 1773, 1780. Jean-Ba|}tiile Dtt Bosq ou Duboiq*
orftvre. — 1773, la veuve Daniel Suint, orfèvre. 1780, la veuve Stint,
orfèvre, 1781, les héritiers de la veuve Saint, orft^vre. — 1773, 1780,
1781, 1787, 1780, Micliel Saint, orfèvre. — 1780, GuiUaame PiédùU,
orfèvre, 1787, Guillaume Piédokt, orfèvre (lans déâir^Tialion da proféKiiori
inr le rôle de 1781). 1780, Guillaume Fiédoîs, orfèvre. — 1787, 1780,
Pierre G i II et, compagnon orfèvre, — 1789^ A m h rois e Cuminef^ corn-
l>a<}oon orfèvre.
Germain Le PretU^ fondeur, 1773.
Julien Béchêtoii Bée/té, fondeur, 1780, 1781, 1787, 1789.
- Alexandre (Pierre), organiste, 1773, 1 liv, 7 ■.; 1780, l 1.; 1781,
Hiv. 17r ÏOd.; 1787, IL I5s, 10d.;!789, lIiv.lGs.,Michel*Pierre,
Darlàenajf (Jean-Baptiste), ort^anlsle, 1773, t liv. 7 s.
La Porte, mattre de danse, 178t^>, 178K
il*
Valogkis,,
(C. 45Ô0, 8IÎT )
DeBnùyers (Jean*Marîn}, peintrç, rue des RcUgieuses, 1 liv,, 1787.
Hamel (François), peintre, rue de Potterie» 3 liv., 1780, 1789,
i^ Berrier (François), peintre, ruR de Potlerie, J780, 5 liv.; 1781,
9 liv, 15 s. ; 1787 (sans prénom), 0 lii. 10 s.; n89(Bmier), 12 liv. 5 s.
L'Eèrequier (Pierre), peintre, rue de Venise, l liv, 1780, En 1781
(L'Ebréqué), même rue, 1 I, 19 s.
Le CocquerrCt peintre, rue de la Trinité. 17?"'0, 3 Itv. ; 1781, 5 liv.
17 ». i^n Le Cocquierre, sans profession, indiqué rue des R{*li|;ieLJses,
figure au rôle de 1787, 3 liv,; rue de la Trinité, L? Cocqnierre. Uhralre^
L^ François (Loui«), peintre, rue des Porli^s TFvi^que, 1787, En 1789,
3 liv. 5 1.
, Le Rotf^ peintre et fermier, rue au Magnen, 6 Uv, 18 «. 3 d,, J773.
Indiqué, même rue, comme peintre, i liv., 1780; 7 liv, IG s., 1781,
rrfy (Louis), ditJ^eOanoifl, doreur, rue du ** BoucacUard ■, ^ liv,, 1740^
^sœandre (Thomas), tculpteur, rue de TAuditoire, 2 liv, 15 s. 3 d.,
- compagnon, 2 liv, 1 t, 6 d., 1773, En 17H0| G liv^. G s,, pas de
IfiS ARTISTES D\^VflANCHËS. BAYEUXt CHERBOURG. ETC.
rompagnon, rue du GUors. Même rue, 12 1. 13 s* 6 d., 1781. En 1787,
métne rue, les lié ri tiers Thomas Alexandre.
Menfjin (Jacques), sculpteur, rue de la Trinité (addition ; la venve cl
héritiers de), 7 liv. 10 s., 1740< 1751, même rue, les ûl les hérîlières de
la veuve de Jacques Mengin, sculpteur, 10 liv. 1773, la fjlle de Jacques
Mengin, sculpteur. — Dans Tétat des décharges et modérations de la
eapiUlion de 1736 (C. 4711) : Bourgeois de Valog nés. Jacques « Mengy »,
sculpteur, modéré par ordonnance du 20 mars 1737 de â liv. 4 s.
Orfèvres, 1740, la veure de Jean Bréard, orfèvre. — 1740, Xicolas
Gérard, orfèvre. — 1740, 1751, Jean JbJorrf, graveur orfèvre et son
flli» 1773^ la demoiseite Jobarl et Jean^Antoine Lefrançois, représentant
lohart, orfèvre. — 1751, Jacques Lt Forestier^ orfèvre. 1773, Hugues
Le Forestier, orfèvre. 1780, 1781, 1787, Le Forestier, orfèvre, sans
prénom. — 1780, Jean*Anloine I^ François^ orfèvre* 1781^ 1787,
1789, Le François, orftvre, sans prénoms.
Mkhel (Louis), fondeur, 1740.
1740, François Philippes, dit La Cadence^ « m* à dancer », bouton*
nier (addition : la veuve ei héritiers de). Au rôle de 1751, Jean Philip*
pes, dit La Cadence, sans désignation de profession. — 1740, la veuve de
Charles Dujour^ maître de musique (article rayé). — 1740, 1751, Jean
Garnkr, maître à danser. »- 1751, Jacques-André Clément , maître à
danser. 1773^ 1780, 1781, Clément (sans prénoms), maître à danser.
£n 1787, rue S' Lin, Clément, sans profession. — 1780, 1781, Gmn-^
grtt, maître à danser. 1780, Philippe^ maître à danser.
VlBE.
(G. «552, 8129.)
La Venit (François de), peintre, rue de La Douve, 1768* f^es venvd et
enfants, rue auK Fèvres, 1775. La veuve et les deui lils du s' de Lt
Vente, peintres, même rue, 1782, etc. En 1789, lesd- veuve et fiU, rue
S' Thomas.
Pùrqmtt peintre, rue aux Fèvres, 1787.
Cahe/j sculpteur, rue aux Brebî», 1783.
Ro^er (Xicolaa), sculpteur, rue du Haut Chemin, 1787, 1789.
Le Breton (Pierre-Armand) et son fils, orfèvre, rue de La Saunerie,
1768. La veuve Pierre-Armand Le Breton et son fils, orfèvre, rue San -^
nérie, 1775,
Mkhauli, argentier, rue de la Saunerie, 1787, 1789.
Vautier (Jean-Baptiste), fondeur, « rue Dupont etBourgneuf ■, Tn
Baiché, architecte, rue de la Douve, 1775, 1781, 1782,
LÉUâlL DE tâULX EN ARTOIS. Î6T
Bemmant (Jean-Baplisle), architeelCf rue roïssonnerie, 1782, 1783,
Banse, organiste, rue aux Ffevres, 1775,
Ikscàamptf organiste, rue de h Cbauftsêe, 1783, 1787, 1789. Cf,
C. 4712, décharge» et modérations de la capilation de 1761, Deicbampi,
orgâniite.
IV
LÉMAtL DE VAULX EX ARTOIS
Le Trésor de Vaulx-Vraucourt ou Vauls en Arloi* renferme nnâ
pièce du pins grand intérêt : c'est un émail do Pierre Reymond,
(\\ïï a. été signalé d^ahord dans le catalogue de noite Exposition
rélrospective de 1896 qui en donne celte description sommaire :
s Ex-voto de M. G[riinb]ert (?) et sa femme offert (1581) à la con^
frérîe du Saint-Sacrement érigée par Paut lU en Téglise de cette
coturouoe (l auli-Vraucourt) , émail peint de Limoges, ovale,
158 X 190 mm. n Ensuite, nous le retrouions d'une façon très
inattendue et que nous expliquerons plus loin, dans la vente des
collections de M. Deusy, en juin 1897, sous celte rubrique ;
'iK* 65* — Reymond (Pierre)* — Plaque ovale représentant Vex-
toio de M> G[rimbert] ? et sa femme. — Saint Paul, saint Grégoire,
saint Dominique, saint Jérôme; au bas les donataires (fractures)*, n
Ces descriptions étant incomplètes, erronées ou inexactes, il
noua paraît nécessaire de commencer par dire très précisément ce
que représente cet émail.
Sur nn fond de verdure avec un ciel bleu» se dresse d'abord au
centre la personne du Christ, tenant dans sa main gauche un calice
surmonté d'une hostie» et levant la main droite en prononçant les
paroles de la consécration rappelées dans le phylactère qui envi-
FAn^e^Q léte î HOC EST COHPVS UEVM, A sa droite est incontestable-
' saint Paulf bien reconnaîssable à Tépée qu^il soutient de la
■^îr, cl-»prèif plftûdie IIL i
im L'ÉUAIL B& VAULX £ lU ARTOIS:
main droite, et aun paroles çitiaiteB de sa prfimièie épitre aux
Corînthietis qu'il indique de la maiîi gauche : acckh a dovuxo qvùd
TAADIDI ¥0B1S.
A lu gauche du Christ se trouve, non pas saint Douiinîquef mais
saint Thomas d'Aquin qui porlelecostumedeson ordre. Le chantre
de rËucharislie lient dans sa main gauche un catice et dans la droite
un phylaclère avec ce verset de sa célèbre prose Lavda sion :
DOGMA DAT va XRIAMS
QVOD ÏN CARIVEM TRANSIT PAMS
ET VUVH (sic) IK âANGVlNEU.
Nous nous demandons maintenant comnieut on a pu voir saint
Grégoire et saint Jérôme dans les deux personnages non nimbés
qui sont sur les côté.s de l'émail, alors que leur costume, aussi bien
que les paroles qu'on leur met dans la bouche, dénotent des pon-
tifes de r Ancien Testament : ils sont les Ggures de la loi mosaïque
représentant k loi nouvelle. Que dit en eifet celui qui est à c6té de
saint Paul? — OFFEnBO panëm £T vinvm deo. Ccst le grand prêtre
Mekhisédech qui oB're le pain et le vin du sacriGce antique : il
porte, en effet, une coupe recouverte des pains de proposition.
A Tautre extrémité de Témail est représenté le sacerdoce de
Tancienne loi sous les traits du grand prêtre Âaron, car il tient uti
agneau sur le bras gauche, et dit cette parole qui annonce les
temps nouveaux : fine accipivmt saghificia hea.Sou nom est écrit
fious ses pieds : harÔ.
Devant le Sauveur est placé Tagneau symbolique, tenant la
hampe d'une croii où flotte un gonfanon, avec cet exergue : ecce
AGMVS DËi. Au-dessous jaillissent des fontaines sous lesquelles on
lit : OUKES 5iTiE\TES, vEmTE AU AQVAS, textfi surmouté du millé-
sime de J 581,
-Dans le plan inférieur se trou vent cinq personnages d'une stature
beaucoup plub petite. Cest d'abord un évèque debout, tenant une
crosse et un livre ouvert, probablement ce|ui de Cambrai, Robert
de Croy, dans lettiocèse duquel était situé Vaulx-Vraucourt, et qui
avait transmis à celte église la Bulle apostolique de Paul MI, dont
nous parlerons plus loin. Il ne peut être le patron du donateui
puisqu'il n'est pas nimbé.
Arrive enfin la famille des donateurs cui-mémes (et non de
m^m
Piiarlt# III
KtHl
Pi^f ittS,
\
L ÉMAIL DE X'AILX E Rî ARTOIS. 169
donataircâ, comme le dit le catalogue délavante Deusy). A gauche,
on homme vénérable est à geDou:t, leg mains jointes ; on a bien
fait de mettre un point d'interrogation apn's son nom proposé de
Grimbert, caria fracture de Témail n'a rcâpt^cté ijne trois ou (juatre
lettres, â Taide desquelles il est bien djrticilc de reconstituer un
mol. On lit d'abord uneMave^ un point, qui peut signifier Messire.
La première lettre du nom qui suit, à moitié ébn^chcop nepeut^tre
qu'un G, un G, un o ou un q; ne pouvant y retrouver ni Jean, ni
Maximilien de Longueiâl, seigneurs de VauU-Vrau court à cette
époque, on en est réduit| à des conjectures. Les trois dernièrei
lettres du nom sont : ert; mais rinterTalle compris entre la pre-
mière et les dernières lellres est trop large pour n'y placer que le
seul nom de Grimbert. Il faut donc chercher une autre solulionp
que nous proposerons tout à Theure.
Derrière ce vieillard à barbe blanche sont deux jeunes gens à
genoux, et en face de iul, également à genoux et les mains jointeSt
tenant qd chapelet, sa femme en costume de Tépoque, coitï'ée d*un
bonnet noir a haute forme, portant au cou une ;|uimpe blanche^
ornée d*une ruche, et aux poignets des manchettes tuyautées* Près
d'elle est un livre posé par terre.
Au moment oii nous cherchions à Identifier ces deux person--
nageSj nous avons découvert, au MuBce de Cluny à Paris, deux
émaux ovales, du même Pierre Redmond, inscrits sous les n^'4G37
et 4638, mesurant 0"',09 sur 0",12. Ils représentent Ton et l autre
la scène bien connue de Suzanne au bain avrc les deui vieillards :
or, sur le premier, on aperçoit derrière ces vieillards la personne
du donateur qui est identiquement celui de notre émail di^ Vauli»
comme ressemblance, comme pose et comme costume! Kt sur le
second, à la même place, se trouve sa femme également Cfïpiée
sur le modèle de la nôtre. Afals ce qui donne à ce rapprorhpment
un intérêt capital, c*eat que le nom du marfi]y est écrit vn toutes
lettres avec la date de Y^x-voto : ^ M. lEHAX GVh:\lX\ L>SL *
Son patron. S' Jean-Baptiste, montrant Fagni-au figuratif, est debout
a ses côtés. Le nom patronymique de la femme ne nuus est pas
révélé; mais elle est accompagnée de sa palrorint», aussi debout,
S" Marie-Madeleine, portant le vase de parniiiis, toujours avec le
même millésime 1581.
• Cette identité absolue de personnages et de dates pourrait nous
170 L ÉUAIL DE VAULX £ ^l ARTOIS.
autoriser h attribuer rémail de Vauk à la libéralité du même
M- GvENiîs ; son nom élait probablement guiti de celui d'un fief
finisâant par ËRT» L'ilrmorîal de Picardie, dressé pard'Hozier, un
siècle plus tard, nous apprend que Nicolas Guétiin^ eonseiller du
Roi, président des Traites de Péronne, n porte de sable à irois
croissanis d'argent^ denx et un^*
Tel est Tensemble de cette pièce magnifique. J'avais donc raison
de dire qu'elle élait digne de faire partie du Trésor de Vaulx en
Artois. C'est bien là qu'elle était encore en 1896, avant rExpoaî-
llon rêtrospecliire 'd'Arras, où elle fut apportée par un délégué du
conseil de Fabrique de celte paroisse. Mais quand on l'en retira,
au lieu de la reporter dans T église à laquelle elle appartient, on la
laissa à M. Deuay, qui possédait déjà d'autres émaux du même
artiste de Limoges, Elle fut alors comprise dans Tintentaire des
objets d'art qui fut dressé après le décès de ce collectionneur infa-
tigable, et elle allait être mise en vente par adjudication publique^
lorsque survint la haute intervenHon de la Commission des monu-
ments liiatoriques du Pas-de-Calais, qui arrêta l'affaire et fit surseoir
à la vente. Ce sursis fut le salut de l'émaiL M. le préfet renvoya la
question à l'examen du Comité eséculif qui m'a fait Pbonneur de
me la confier. Après avoir recfaercbé et établi la propriété incon-
testable de la Fabrique de Vaulx-Vraucourt, nous avons demandé,
par Tentremtse et l'autorité de révécfaé, la rèiutégralion de VEjC'-
170/0 dans l'église de cette paroisse. C*est aujourd'hui chose faite»
puisque les 300 francs représentant le prix de Pémail ont été
remboursés À la succession de M. Deusy, et l'objet d'art rendu à
.son lé|{itime propriétaire.
Mais dcvTons-nous en rester là? Ce qui s*est fuît une fois ne
pourrait-il pas se renouveler? C*est ce que notre Commission avait
le lievûir d*empècher. Jl existe heureusement une loi récente, en
date du 30 mars 1887, pour la conservation des monuments et
objets d'art ayant un intérêt historique et artistique; elle porte, en
elfet, dans son article 8, que le classement est fait par les soins du
ministère de riustruction publique et des Beaux-Arls. Les articles
suivants stipulent que les objets classés appartenant aux Fabriques
ne pourront être restaurés, ni aliénés, qu'avec rautorisation du
Ministre, et que l'aliénation faite en violation de cette loi seranuUe.
Par conséquent Tarrâté de classement ne dépouille pas la P'abrique
\
VEUAlh DE TAULX EN ARTOIS, Ht
de la propriété des objetf qui lui appartiennent, mais il les rend
înAliénahles sans i autorisnlion ministénelle.
Vexpmè qui précède nous dictait notre conduite ; aussi ai-je eu
l'bonneur de proposera la Commission des monuments historiquei
de demander à l'autorité compétente le classement de Témail de
Vauli-Vrancoiirtr ce qui a été voté à runanimîté.
Cette demande de classement comprend éjjalement une autre
pièce rarissime, appartenant au Trésor de la même paroisse : c'est
la Bulle en parchemin qui a érigé, le 27 aoûl 1549, une confrérie
du Saint-Sacrement dans cette église^ coufrérie à laquelle le susdit
émail a été oBert'.
La Bulle mesure 0'',75 de hauteur sur 0",59 de largeur : elle a
perdu les sceaux dont elle était munie, mats le l)ord inférieur
replié sur lui-même en porte encore la trace. C'est une formule
imprimée qu'en termes de chancellerie on appelait instrument um :
elle comprend quatre-vingt-qualorze lignes de teite in-folio et
contient aussi des blancs qu*on a remplis à la main pour iudiquer
notamment le nom de la paroisse affiliée et la date de Fagrégation.
Nous y lisons donc ee passage manuscrit que nous transcrivons :
* Ad instantiam communitatis et hominum oppidi de VauLt,
Cameracejisis diocesis, pro confraternitate Sancti Martini prœdie-
tùrum oppidi et diocesis erecta, «
Encadrée d'une hordure de 0°',1Û ornée de feuillages poly-
chromes» elle est rehaussée de cinq médaillons. Les trois médail-
lons placés dans la bande supérieure représentent : au centre un
calice avec hostie porté par deux anges et abrité sous un pavillon ^
— à gauche et à droite, saint Pierre et saint PauL
Les deux médaillons inférieurs sont plus finement peints que
les précédents et ne paraissent pas émaner du même artiste : ils
ont sans doute été ajoutés au moment de la délivrance de la Dulle
à la confrérie de Vaulx. L*uu rappelle ce trait de saint Alartin,
patron de k paroisse , partageant son manteau avec un pauvre
mendiant; Tautre donne les armoiries de Jean de Longueval qui
était seigneur de Vaulx en Artois, et qui fonda la nouvelle église
de ce lieu, achevée seulement en t5M, avec le concours de sa
ame Jeanne de Rosimboz, Leur Sis Maximilien porta, le premier.
Voir, d-«prcs, pUncbe IV.
17f
Ll CATHEDRALE DE NANTES.
le titre de baron de VauiXj devint gouverneur d^Arras, et fut tué
en 1581 auâi^ge de Tournay; îl avait épousé lUarguerîte de Lille.
L'écusson des Longue val est bandé d€ vair et de gueules de six
pièces. — Supports : deux grifTons. — Heaume sunnotifé d'un
griflbii pour eimîer.
On dûDue une curieuse eiplieatronsur rorigiae de ces armoiries.
Un Longueval faisant partie de Teipédition des croisades, pour
rallier ses troupes qui avaient perdu leur étendard, tailla dans son
manteau des bandes d'étoffe qu'il mit au bout d'une pique; et
comme son manteau était rouge d'un c6té, et bleu avec paillettes
d'argent de rautre, on y vit lea gueules et le vair qui devinrent ses
couleurs héraldiques. Les Sarrazius Tavaientsarnomméle Dragon.
Il nous semble donc que la Bulle de 1549 et Témaîl de 1581
méritaient bien d'être sortis de Toubli dans lequel ils ont été trop
longtemps ensevelis.
Baron Caveois,
Ciiancelier de l'/lcadémle d'Arrtf, Délé-
gué par la OammisMiïn dci MonumeDti
, liiatoriquei du PiS'Klû-Ciiali,
V
LA CATHÉDRALE DE NANTES
DOCtrit£\TS IVÉDlTâ
J63Ï
L'histoire des anciens monuments religieux si Importants et ai
nombreux qui peuplent le sol de la France, a, de tout temps, attiré
l'attention des amis des arts et de nos antiquités nationales.
C'est que, bien plus que les architectures civile et miltfaire, Tar-
chitecture religieuse est le reOet des aspirations artistiques d'un
peuple. Alors que les châteaux Torts et les édifices civils sont, le
plus souvent, Tœuvre d'un seul ou de quelques-uns, on peut dire
o
H
as
Z
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i
LA CATflÉDRALB DE NANTES. 173
que DOS cathédrales, qui demeuraient inachevées et comme en
chantier pendant des siècles, s*élevant peu à peu par le concours
pécunier et sous les influences do tous, prêtres» nobles et bourgeois,
sont véritablement le produit des communs efforts de plusieurs
généralions, et par conséquent rcxprossion sincère et complète de
notre génie national aux siècles passés.
Dans ces monuments séculaires, on peut suivre, comme en un
livre, les évolutions, les émancipations, les triomphes et jusqu'aux
défaillances du goût de nos ancêtres. Les pierres dont ces édiflces
sont faits, les sculptures et les verrières qui les ornent, disent et
redisent cet amour de Testhéfique et ce souci du beau et du grand,
qui furent, de tout temps, le partage de notre race.
Aussi, quelle satisfaction pour l'artiste de s'attacher à Tbistoire
de quelqu'une de ces basiliques, de la suivre, contrats et marchés
en main, depuis la pose de sa première pierre, si c'est possible,
jusqu'à son complet épanouissement, la voyant, à travers les Ages,
se développer, s'embellir, ou se modifier dans ses plans primitifs
sons le souffle des écoles nouvelles!
Rien d'ailleurs, comme la connaissance des plans et des devis
des travaux exécutés successivement, n'aide à comprendre l'ar*
cbîlecture d'un édifice dans ses grandes lignes, ne permet de
saisir ces mille détails qui passeraient inaperçus autrement.
De même qu'un voyageur ne peut comprendre la constitution
des peuples qu*il visite, leurs mœurs, leurs coutumes et leurs
usages, s'il ne sait leur histoire ancienne, de même il ne sera
donné qu'à celui qui connaltrjBi bien l'historique d'un monument
de pénétrer les secrets de son architecture et d'en saisir les beautés.
Ajoutons enfin que ce n'est qu'à l'aide.d^s mai'chés ou des procès-
verbaux de visite des travaux qu'on peut reconstituer, ou tout au
moins connaître les parties d.*un édifice détruites ou détériorées
par les injures du temps, par la maladresse, des uns ou par les
passions révolutionnaires des autres.
Telles sont, très sommairement déduites, quelques-unes des
considérations qui nous avaient porté à penser que le Comité des
. Beaux-Arts accueillerait avec faveur la communication de quelques
pièces relatives à la construction de la catliédrale de Xantes,
monument parachevé depuis peu d'années et classé ajuste titre
ifhvm\\t% Monuments historique^.
174 LA CATHÉDRALE DE NANTES.
' La Revue des provinces de tOuest publiait, il y a bjeDl<5t qua-
rante aits *, sous la signature de M. A. de la Borderle^ taut un
ensemble de documents éclairant d*un jour nouveau rhîstoire
assez obscure jusqu'alors de Tantique cathédrale de Nantes* Les
archives de Févéché, ainsi que celles du chapitre de Saint-Pierre,
mises à la disposition de Tauteur, avaient révélé leurs secrets : de
leur |)0us8iére était sortie une florissante gerbe de marchés et de
contrats d'adjudication.
Il s'en fallait cependant de beaucoup, — Tauteur ne rignorait
point, — que toutes les pièces intéressant Tœuvre de la cathédrale
aient été retrouvées et mises au jour.
Sans parler de la partie ancienne de Tédifice, au sujet de laquelle
on n*appodait que quelques dates, qu'un rapide jalonnement» si
nous pouvons ainsi dire, du labeur entrepris et accompli avant le
quinzième siècle, il faut bien reconnaître que les différentes étapes
de la construction moderne n'avaient pu le plus souvent qu'être
sommairement indiquées.
Au quinzième siècle, on le savait, revenait l'honneur d'avoir
achevé le portail, la façade et les deux tours; au seizième^ appar-
tenaient la nef et ses bas côtés ; enfin, au dix-septième, les graniles
voûtes de la nef, la voûte des orgues, la façade du chœur -, le
transept sud et les deux <^hapelles collatérales au delà de ee
transept.
Cependant, même pour ce dix-septiime siècle, si près de nous
relativement, pour ce-lsiècle qui avait vu se produire^un %\ bel élan
en faveur de Tachèvemenl dugrandœuvre,les plus grosses lacunes
ne cessaient de subsister.
Ces lacunes devaient MiemxA&tiï exister dans les archives capî-
talaires, x:ar il e^ eertoin ^é Fauteur n'était pas homme à passer
à côté d' un' 'document important sans le saisir pour rincorporer
daâs son mémoire, ' ^
Depuis lors, il semblait donc, avec raison, qu*au hasard seul ^il
1 Tome m; tDoée 1855, p^. ^7 et 321.
* G* est ainsi ^ue, dans ces derotères années, on a préteildu'qûe'^df^Faïl unique-
, ment être désigné l'aocien.' ^'ii^tf', déoioli; depuis peu. On a' même avaacn qai
. ^ l' expression jubé étai^ ua£ expce&si«i^ toti^e. moderne. On pourra ae coavAÎacre, e
jetant un coup d'ceil sur notre pièce jûstMciitive n^ H, qu^elle était déjà parfaf
tcment en usage au commencemoat dû dix*septième siècle;
LA CATHEbRALK 0B ^tfAl^TES, 175
pot èlrê réservé f sinon il*achever cet historique, au moins de le
campléter dans quelque parlit.^ etaentiellQ*
C'ett à lui que nous devons aujourd'hui d avoir retrouvé, en
poursuivant des recherches dans les archives de la chambre des
uDlatres de Nantes, un certain nombre d actes reiatirs aux trâvau\
eiêcutés à la cattiédrale au commencement du dit-septième siècle.
Quelques lignes rapides sont indispeûsahles pour montrer Tin*
tèrêt de ces actes.
La première et importante donnée qui s'en dégage est relative à
la construction des grandes voûtes.
Ouâ écrit qu'elles furent commencées en 1028 \ Cette date ne
laurait èfreeiacte. Le marché de ce travail très important, adjugé
à Michel Poirier, René Le Meunier, Guillaume Belliard et Marin
Godenier\ étant du 3 novembre I62G\ il n'est pas doutent qu'il
dut être immédiatement commencé et rapidement exécuté. Déi le
10 mars 1631, en eflet, on mettait ë l'adjudication la plomberie
de la couverture de ces voûtes ^ ; mieux que cela méuie^ dans le
procès-verbal de la visite de ces voûtes, faite par divers archi-
tectes, le '22 août 1631 -, il est formellement dit qu'elles étaient
achevées depuisi plus d*an an ou deux.
Il faut donc conclurai que ce travail fut commencé vers la (in de
Tannée 1626 ou vers le début de Tannée 1627, et qu'il fut terminé
au plus tard dans les premiers mois de Tannée ItiSO.
Faisons remarquer en pas.^^ant que le procès-verhal du 22 août
1631 1 que nous venons de citer, vient fort heureusement à point,
parles détails techniques qu'il contient, pour suppléer, au moins
en partie, au marché du 3 novembre 1626, que, malgré toutes nos
recherches, nous n'avons pu retrouver dans les archives de la
chambre des notaires.
' Cf. TtstSRS, HUioire de \^atUe$, U 1!I. p. ÎT2: t'ariicte déjà cjlé, dioi h
Hetsue dej prottinces de t Ouest, l, lïh p- id et 40, et tautf « tei natîeefl publiéËs
depuis lur \m question,
' Naïf e livre ^ «et uelIerûeDt sou» preise, Les artistes nantais , cotitîendra fur
cet archileetes dei nolic^e» ou^quelle» naut rpnt/uyorts le lecteur.
* Vait la pièce juitificative o^ IK
Au% termes de ce marché^ passd devAut M* iiarnier, notairi', cette plomberie
idjuj^ée à Prerre (juyot. M* piD[iii»jer> IW ce mâ[u« acte^ det cliarpeatet ï
we ioirt adjugée» à Michel Poirierr M' charpentier.
Voir ta pièce juMiOcative n^ 11. '
176 ' tk CATHÉDBALE DS NANTES.
On remarque notamment que les clefs de ces voûtes étaient
crtiées des armes royales et de celles des alliances de la Cooronae.
Ces armoiries n'existent plus depuis longtemps,
La seconde donnée importante apportée par nos actes concerne
la construction du transept méridional de la cathédrale, de ce bras
de croîx dans lequel est aujourd'linî placé le chef^-d^œuvre de k
Renaissance dû au prestigieux ciseau de Michel Colombe» le
tomlieau du dernier duc de Bretagne, vulgairement appelé le
tombeau des Carmes.
L'auteur du travail que nous avons cité au début de ce mémoire
écrit ce qui suit au sujet de ce transept :
a L'évéque Cospeau parait avoir imprimé aux travaux de la
cathédrale une grande activité. £n 1628 \ je Tai déjà dit, il fit
commencer les voûtes de la nef, qui furent, semble-t-11, assez
rapidement exécutées; et tout de suite après Ton entreprît un plus
grand travail, Pérectlou du bras de croix méridional... n
Seule, une requête des archîlectes, datée de 1637 \ requête de
laquelle ou pouvait conclure que ce trunsept était achevé, per-
mettait à rauteur de parler de la construction de ce hras de croix.
Les déductions qu'il en tirait étaient exactes^ nous ne faisons
aucune difficulté de le reconnaître; mais il est manifeste qu'il avait
inutilement cherché dans les archives capitulaires Tacts d'adjudi-
cation de ce travail.
Cet important marrhé, nous le reproduisons in extenso ^t nous
bornant à rallég:er des formules iniïtiles du protocole final. Ainsi
sera fixé d'une façon complète et définitive Thifitorique de cette
partie de l'édifice.
C'est le 27 mars 1631 que fut adjugé cet important travail^ pour
la somme de 32,(M>0 livres \ à Léonard Malherbe, René I^e Meunier,
Michel Poirier, Jacques Corbineau, Marin (lodenier et Guillaume
Belliard, tous maîtres architectes de la ville de Nantes, qui s'en-
gageaient à l'avoir terminé et à rendre leur renable trois ans après.
1 Nous avons déjfk TâiÊ remariiuer (|uo ce iDtrcbé ^Uit àt lfil6.
* Cr. Heeue des proeïnces de tOuest^ l. III, p. 321.
* Voîi' Ia pièce juattûciiljve n^ L
* Ceii k lorl que, dans rârlicle suivtié de lu Rttue hiilorique de i'Ouettt
dftus ceux qui ont éXn publiés depuis, au a écrit que le prii d'adjudicAlioii tr
élé de 33,000 livres.
LA CATHBDilâLE DB NANTES. ITT
On sait qu'iin arrêt de la Cour des comptes^ rendu le 1 2 décembre
1637, fit ajouter 8,000 livres au montant de Tadjadication. De la
sorle, le pris de ce travail fut, aa total, de la somme de
40,000 livres.
Le mari]uis DE GaAXGES de Sudgères,
Correipundâot de U Société oationale des anti-
qtiftirei de France ^ membre do Comité con-
ilituë pour l'ftclkèvement de la cathédrale de
Xaotei.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
DOCtUËVT N* I,
I631j 27 mars, — hf arche de la conUruction du bras
de croix tnéridional de la cathédrale de Nantes.
Par deuant Messieurs les trésoriers de Friince et généraux des finances
tn Brela^jne, commis^^aires deppuLés par le ftoy^ presanls nobles, véné-
rable! et diicrets mtaaîres Jean Fourché, grand archidiacre de Nantes»
Jean Gtraud, abbé de Melleray et chanoine de Teglise cathédrale dudit
A^antei, Michel Dubreit, pénitencier Dt chanoine en ladite église, Julien
Pageot, atissy chanoine de ladite églises, monsieur M'* Jean Fourché,
escuterf sieur du Bi^ou, conseiller du Roy, maUre de ses comptes en Rre-
tai^ne, et Michel loriot, eâcuier, sieur de la Noc, aénéchal des Regaires dudit
Nantis, et cy^deuant maire audtct \''antes, tous assemblés en l'église
cathédralle dudit Nantes; présents ausay, Guillaume Blanchard, escuier,
sieur de la Chapelle, conseiller du Roy et son procureur au siège présidial
dudil kVantes, a été remoustré que, pour continuer i*œuvre de rembellis-
sèment et augnienlation de ladicle é^^liâe, IL auroit esté cy deuant faict
diuerses proposilions au chapitre de ladicte écjlise entre lesquels n*en
ayanL esLé trouué aucunes plus à propos, ulile et remarcabie, que de
commancer à bastîr la croisée du grand corps de Téglise à peu près de
Taucien modelle d'icetle, affin d'accompagner les voûtes de la nef qui ont
depais peu esté, par la grâce de Dîeu^ paracheuées, il auroit esté aduisé
de faire assigner et publier le marché de Tune des ailles de ladicte
, au vingt quatrjesme du prenant mots de mars, pour essayer de
jir à prendre si bien les mesures dudict bastiment que le tout peust
sir & rhonneuret à la gloire de Dieu. Et pour cest effect auroit este
'^'Â nrdannance par mesdicts sieurs généraux i portant commandement
13
r
178
LA CATHÉDRALE DE NANTES.
au premier sergent royal de faire la publication dadict tnarehé, c« qae
ayant faict en plusieurs et diuers lieux, tant de ceste vîUe que cireon-
uoisins pt ù diuerg jours de marchés, lesdicts sieurs cy-dessus nommex se
seroient tous trouués à cedîct jour, vingt quairiesme de mars mil six cens
trante un^, sur les troys heures de Taprès midy, en ladicte grande église
au pareillement se seroient rencontrés grand nombre de M*' architectes,
sculpteurs, cherpantiers, couureurs et autre expers, pour le sublect de
ladkte assignation, suiuant laquelle il auroit esté requis de la part desdîcts
sieurs du chapitre qu*il soit procédé & la réception des offres de ceux qui
TOudroient entreprendre ledict œuure; sur quoy, Michel Loyson, sergent
royal, et Bougîart, trompette ordinaire, ayant déclaré auoir bien et deue-
ment banny et publié ladicte assignation, les quinze et vingt deu^iesma
dudiet moiSf ledict marché en plusieurs endroits, suiuant Tordonnance à
eulx deUîurée àcedictjour, dont ils auroient raporté procès- uerbal, lequel
ils auroient, par serment d*eux pris, certifGé véritable, auroit eslé faict
lecture à hauUe voix, tant de la bannye, que du deuis dudict bastimenl de
Vaae des ailles de ladicte croisée du costé du Chapitre, après laquelle
lecture ouye par tons lesdicts entrepreneurs et expers presans^ lesquels
auroient requis en auoir communication et qu*il leur feust permis et don-
ner temps pour voirs le lieu dudict bastiment, prendre les mesures et
proportions de remplacement et advuiser ensemble à faire valloîr les
choses bonnestement, ce que lesdicts sieurs commissaires auroient accordé
et pour ce ordonné leur estre delliuré coppie dudict deuis , 1 assignation
dudict marché auroit esté remise au vendredy vingt septième dudict pré-
sant mois, auquel jour estans tous lesdicts sieurs rassemblés en la nef de
ladicte grande église, sur 'les deux heures d'après midy, pour Teffect
dndict marché, où se seroient semblablement trouués grand nombre de
peuple expers, .M**' architectes, entrepreneurs et autre$î artisans, en la
prèsance desquels ledict Bougiard, trompette, ayant certiftié auoir banny
de reclief ladicte remise, auroit esté faict lecture à haulte voix, de toul le
deuis de la construction et des bastiments de ladicte aille de la croisée
vers le chapitre, dont la teneur ensuilt :
PBBMIÈRBMEKT.
Est requis considérer Tordre, haulteur et grosseur d'un arc doubleau
antien basti et esleué contre la tour du cœur, joignant la chapelle Sai net-
Clair, lequel arc il faudra conduire et mettre à perfection ainsy qu'il est
commence, et au bout de la chapelle de la Madelaine, proche duCbapît
et faire nng pareil audict antien commancé, lequel pijlier sera.de pie
de grain esligy à la haulteur du paué par le dedans é( par le dehc
14 CATHÉ1>RALB DE »A\Tei. 110
montant ledîct gvmu de pareille haylleur cl fm^iori que sont les aulre»
pilliers de la nef, et «erft apptîyé d'ua autre pîEIier qui aurn lullant de
buttée et saîtlye vers le Chapitre comme ont rem qui sont fairU en la nef,
Sera ledict piJUer fondé mt un bon roc bien ferma et sUhle pour porter
le fais et pesanteur qui sera posé par dessus, et en îcelluy seront faictes
[es mesmes architectures et aracbementz de voûte et impostes, comme
elles sont à cetluy qui eâl planté sur kdkl premier pi I lier ^ comme it e^^té
dicl cf-demnt, et seront eouduistz les deux pilliers h mesme hauteur de la
net Kt la murûUe qui est entre lesditz pilliers, ou est la petite ^allerie
qyi sera acheuée d'être conduicte A la mesoie hauteur desdicti pilliers et
do ta nef et enlablèe eofume ladicte nef*
Oultre, sera faict sur ledkt entablement des ballustres et galleryes,
comme il y u à ladicte nef H de^ gargouilles au dehors ^ pour jeter Teau
et aussjf des piramides pour amortir lesdictz pilliers, de la ^mèmf J sculp-
ture que celles cy-deuanl falctes du meitne cas té.
£t, à l'autre coité qui joinct U lacristiei il sera faict un mesme piMierf
qai sera de mesme grosseur que celuy joînct ladicte chapelle de fa Made>
laine, comme a esté parlé cy-deuanl, auecq la mesme sallye et pillier en
irboultant, qui sera reuesty de pierre de ^rain pur dedans et par dehors,
et de mesme architecture que l'autre pillier et pareil à ceiii de la nef et
Fondé sur un bon roc ou fonds sollide pour porter ladiHe cpuure. Et sera
pknié lediet pillier au lieu où est la muraille qui cIqs ladirte sacriitie et,
d'aultani qu^elle ne porte pas Tespesseur requise, sera esN^y dedans la
petite caue que tient h présent missire hac Ra^uideau, sacrifie, et pour lit
sûreté de ladicte sacristie, auant que de Tûuurir sera faict un par^miu de
luffeau, qui conduira jusque sous les arcades des deux voûtes,
ADSSjf, entre Icdtct pillier et le pillier de la Maddelaine, sera faict le
pignon de ladicte croisée vers le chapitre, lequel i^era fondé &ur un bon
roc au fond sollide et dans icelluy pignon y aura un^ petit portique au
millieu pour descendre audict chapitre et aller vers l'é^^lise Sainct-LaurenSi
et y sera mis aultant de marches qu'il en faudra, au-dessus duquel por*
tique et au milieu dudict pignon sera eslirjy ung grand vitrail qui aura
pour le moings de largeur vincjt trois pieds plus ou jnotf);|S, if? Ion que la
pUce le pourra permettre, lequel vitrail montera uusiy hauU que la cir-
f^onférence de la voûte de ladicte croisée. Et sera bien deuement ambrasé
à la proportion de la muraille, qui aura pour Le moings s\% pieds d'espes-
et, par le fondi», dix pieds jusquea ù. reslîgemcnt dudict vitrai et^era
pif de bonnes pierres de tuffeau blanc comme celui qui est employé
""ïtes et arboutans. Sera aussy tedîct vitrai rempli de montant de
180 LA CATHEDRALE DE NANTES.
pierre de Tailleboiirg, aultant qu^il en sera requis auecq des roseâ entre
lesdictz montans, selon leur proportion, et pour tenir Jes diclz monlans
sera nécessaire de mettre en faisant la massonnerîe, des barres de fer,
tant en la largeur dudict vitrail qui entre chacun desditz monlans,
pour tenir et attacher les vitres dudict vitrai et les maintenir contre Jn
force des venlz, lequel fer et vitraiges les entrepreneurs ne seront lentu
de fournir. Ledict pignon sera esleué de son carré aussy hauU que
lesdictx pilliers de la nef, et, au-dessus de ladicte haulteur, sera fsict une
pointe en pignon qui sera conduict selon la charpente et enbihje d!un
cheuron brizé en rampant. Et pour Tamortir, sera faicl une croix auecq
son pied d'estail, qui sera bien elduement lyé de bons liens de fer et os
de bœuf, pour maintenir ladicte croix contre la force des ventjE et cïi
icelle pointe de pignon y aura ung o, pour esclairer sur les voultes, qui
sera faict en rond^ dans lequel il sera mis et posé une croix de fer pour
maintenir le vitraige que lesdictz entrepreneurs ne seront lenu£ de fournir.
Entre le pillier qui joindra la sacristie et à la quadrature du pillier àe
la Madelaine et un vieil pillier encommancé, ser^basty ung autre piltter
qui regardera de ses eslignements ledict pillier antien et celluy du coing
de la sacristie et sera aussy près de la vieille tour de son architecture
comme est celluy qui est planté sur ledict antien pillier^ et en cûs qu'il se
trouue ung aussy bon fondement de pierres de grain, corne audict antien
pillier, les entrepreneurs pourront planter Tarchitecture à la hauUeur
qu*est celle dudict antien pillier et conduire la mesme architecture aux
impostes et arachementz pour suporter le grand doubleau qui portera Vun
des carrez de la grande voultedu cœur et sur lequel doubleau on laissera
des rettraites et arachementz .de voûte pour vouller le cœur quand Ion
voudra. Et sera ledict doubleau razé et à la haulteur de la dicte nef et piU
lier pour porter la cherpente.
Et, en cas que le fondement ne* se trouuast propre et bon pour venir à
la quadrature desdictz pilliers, les preneurs seront tenu^ de chercher ung
bon fondement.
Entre ledict pillier et celluy qui joindra la petite rue qui conduict à Saint-
Laurens, au coing de ladicte sacristie, il sera faict une longère de pareille
haulteur et largeur que celle d'entre les pilliers du costéde la Madelaine et
pareil entablement et balustre. En laquelle longère, il se fera une arcade,
à rentrée du cœur, sur un pillier vers la sacristie, au derrière duquel pil^
lier sera faict des attentes pour continuer les bastimentz, tant du cœur et
sacristie que des voultes d'iceux, quand Ton voudra. Et sera ladicte arcade
de largeur de saize pieds, plus ou moings, selon que la place le poui
porter, pour passer les processions qui iront allentour dudit cœur.
Et, au hault d'icelle longère, il sera faict deux vitraux pareîli à ce
LA CATHKDHALK DE !«AKTÈS. ISt
qui sont desïa plantas en la Joni^êredc la Madt^^laine, Ifiquoli seront ausây
paracbeijez par lesdicU» preneurs h la mesni« haulleurde l'arasement, vï
eiligeront unj^ vitrai dans b cosliere de ladict^ sacrtstie, du coi(è vers le
mldy, pour donner jour en leelle de la <|riindeur requise.
Tous les paremens de Jadicle croisée seront esleuez en bonne pierre du
grain aussy faaull qu^îlï sont dans la nef, et le surplus qui ira sûubf la
voulle sera esleué de bon iufreau blanc par dehorst el par dedans^ sani
qu*ÎL en puisse auoir de noir nî de tresae.
Seront tenus lesdîcts entrepreneurs de faire bienetduementtfs voiiltes,
doubleauif ogiues^ eomme portent les pi I liera et arrachements qui sont
desia plantez, de bon tuffeau^ comme sont les f^outtes de la nef, et seront
hùlUs au hmultdeiidîcteiî voultèj le.s armoiries qai leur seront commandées.
Et pour aider et serti ir h faire tout Touuraîj^e sera baili/^ au!( entre-
preneurs par mejïdictx sieur:; du cbapiLre le jardin et cJoître antien dont
jouist à présent vénérable et discret inissire Pierre Vivien, pour mettra
iears matériaux et ouurter.s et tailleurs de pierres.
Seront losdicti en l repreneurs tenuz d'aster les terriers et \îdanges qui
ïortiront des fondetnenix et aultres délivres ])rovetrant de leurs outrra^es
H les faire conduire sur la \IotLe ou hors la viUe.
Feront aussy lesdictz entrepreneurs les desrnolîtions qu^ii conti tendra
faire, pour faire et bastir ladicte œuvre, parce que aussy ih ae pourront se-
ruirde toutes les vieilles matières qui se Ironuerontâusdictesdesmoliitions,
Sera le plan pied de la dicte croisée esleué de trois marcbeâ plus que
la nef en laquelle lesdJctes niarchea seront posées, el pour le surplus des
iuîtres marches nécessaires pour monter au ctpur et A fa sacristie, elles
seront posées en Tespesseur du pillier et de la Um^jueur que portera
larlicte arcade, Et soubz ladicte montée sera esli^é, au costé lers Sa J net-
LaurenSf une petite porte pour aller à la cbapeffe de 5aiii«t-Gobard.
Pour le regard de la cherpenle qu^ll eonuiendra faire sur ladtcle
croisée, lesdirLx entrepreneurs seront tenui faîr*^ et fournir ladicte cher-
pente de bon boi^ de cliesne, conformément à celle de la nef, et Taccom-
pai^Tier des noues qui seront nécessaires et se trouueront à la rencontre
de raticienne cherpeule^ pour tirer les catiï, lesqueîle.' couleront le lonjj
de la gallerie par des canaux qui seront faiclzâ la forme de ceux qui sont
à pré«ns. Laquelle cherpente sera de bon bois de cheane, comme dtct
est, Inyal et marchand, de pareille grosseur et longueur el espace que
celle qui est sur ladicte nef.
^* ~Kïur la couverture, seront tenuz lesdictïî entrepreneur^i de faire
^jC ladicte croisée du costé dudict cbapitre de bonns' ardoisr de poil
" ~ are, de pierre d'Angers el aussy de toutes sorles de clous el Utiies
^^fttte, jusques à la perfection de ladicte Œuvre, selon et au désir
182 LA CATHÉDRALE DE NANTES.
du presant deuys, sans toutefois que lesdictz entrepreneurs soîeni subieti
de fournir de plomb aux lieux et endroictf où il en sera requis et où Ion
voudra en mettre.
Seront encor les entrepreneurs tenus de faire et fournir le paué requis
à ladicte croisée de pierre de Ray rie.
Sera monstre ausdictz entrepreneurs une place pour (aire une perriere
& tirer aultant de pierre de massonne quMl leur sera requis, pour le
basti.ment de ladicte œuvre, laquelle pierre ils seront lenuz de tîrer et,
passé de ce, faire remplir ladicte perriere à leurs frais el d^spetis, sans
neanmoyns que lesdicts sieurs desputez soient subiects en aucun garan-
taige ny obligation en façon quelconque.
Sera pareillement baillé place ausdictz entrepreneurs, au porL de
Richebourg, près de la riuiere, pour mettre et placer leurs matériaux,
chau, sable, pierre de tuffeau et autres matériaux qui seront requis à
faire ladicte œuvre.
Et, d^aultant qu'il a esté cy-deuant commandé de faire faire plusieurs
desseings pour le bastiment de ladicte église et mesme ung modèle en tuf-
feau de tout ce qui semble estre requis de faire, tant pour ladicte croisée
du grand corps de Téglise qu*en ceste du cœur, pour eslre dorénavant
suiuy aux occasions qui ont trauaillé ausdictz desseings et fajct ledict
modelle et delliurer lesdicts dessings, parce qu'ils mettront et poseront
à leurs frais ledict modelle au lieu qu'il sera aduisé par ledict chapitre
pour y estre conserué.
Et, après la lecture duquel deuis cy-dessus a esté par ordonTiance de
mesdicts sieurs publyé à haulte voix par Bougiard, trompette, si aucuns
voudroient entreprendre de faire ledict œuvre, selon les articles cy-dessus.
Sur quoy, a esté par Jacques Corbineau, maistre architecte, offeri faire
faire ladicte œuvre, suiuant ledit deuis, pour quarante huit mil liures,
sans voûter; par Pierre Parisi, pour quatre mil Hures moings, aussy snns
y comprendre les voûtes; par ledit Corbineau, a esté mis mil Mures
moins; par ledict Parisy, aussi mil Hures moings; par ledict Cort^ineau,
a esté le marché mis à quarante mil Hures; par ledicL Parisi, deux mil
liures moings; par Guillaume Belliard, & mil liures inoings; par ledict
Parisi, mil liures moings; par Sébastien Guesdon, M' massou, ù trante
cinq mil Hures; par Guillaume Babinot, M* masson, k trante quatre mil-
liures; Michel Poirier, mil liures moings; Guillaume BelUard, mil
liures moings; ledict Corbineau, à trante mil liures; ledkt Patisi,
à vingt neuf mil cinq cens Hures; Hélye Brosset, aussy sans cgt"*
prendre les dictes voûtes, a minué à vingt neuf mil liures; ledict Ba
binoty à vingt huict mille cinq cens livres et par ledict Belliard à vin
huict mil Hures. Sur quoy, tous lesdictz sieurs s'eatant assemblez
LA CATHÉDRALE DE NANTES. 18S
resoUen qu^îl ne seroit faict qu'un seul marché, tant pour ledict œuvre
que pour les voûtes, pour meilleur mesnagement et déclaré à nng chacun
qu'ils eussent & faire leurs offres ansdictes conditions de faire les voûtes
de ladicte croisée et que autrement elles ne seroient receues. Ayant faict
allumer la chandelle, qui se seroît diuerses fois estainle sans qu'aucun
iroallnst parler, et enfin après auoir longuement attendu et estre par ledict
Belliard offert faire ladicte œunre, auec lesdictes voûtes, pour trente et
trois mil liures, et sur ce, ayant esté la chandelle réallumée, puis estainte
et encores réaliumée, puis estainte et encore réailumée, ledict Poirier
auroit offert prendre tout ledict marché, compris lesdictes voultes, à
trente deux mil liures et ung denier à Dieu de cent escus,sur lequel offre
la chandelle estant estainte et encor réallumée diuerses fois, sans que
aucun se présentast, voiant que la plus grande part des assîstans se reti-
roient à estre d*un commun aduis, par mesdicts sieurs les commissaires,
le marché dodict œunre adjugé à ladicte somme de trente deux mil
liures audict Poirier, qui a déclaré estre tant pour luy que pour lesdicts
Corhineau, Belliard, Marin Godenier et René Le Meusnier, presantz, qui
ont ensemblement accepté ladicle déclaration dudict Poirier, tant pour
eux que pour Léonard Malherbe, auquel ils ont promis de faire ratifier.
Et ont promb de faire bien et deuepient et accomplir ladicte œuvre,
aaecq lesdites voûtes, fournir de tous matériaux et autres choses néces-
saires, ainsi qu'il est porté par ledict deuis cy-dessus et en rendre leur
renable dans d*huy en trois ans prochains venans, moyennant ladicle
somme de trante deux mil liures Le vingt septiesme jour de mars
mil sept cent trente et un.
Signé : Fourcbé ; Michel du Breil; Paoeost ; Michel Loaioi;
J. Blanchard; M. Poyrikr; Gorbixeau; Guillaume
Bellimid; René Le Meunier; Marin Gquenier;
' Garnier et Denis, notaires royaux.
Four copie certifiée conforme par
t archiviste souitigné,
Poirier.
DOCUMENT N* 2.
1631 y 22 août. — Procès-verhal de la visite des voûtes de la cathédrale
et renable rendu par les adjudicataires.
Deuant MM. les trésoriers de France et généraux des finances en Ere*
^ne, commissaires députez par le Roy ^t en la présence de nobles et
184 LA CATHÉDRALE DE NANTES.
discrets missires Pierre Coupperie, coadjuteur de l^arcbîdiaconé de fa
Mée, Jan Giraud et Estienne Bouet, clianoine de Téglise de Xantes, des*
putez du cfaappitre d'icelle^ monsieur maître Jan Fourché, con^eltler du
Boy et maître ordinaire de ses comptes en Brelaigne et de noble bomme
Guillaume Blanchard, sieur de la Chappelle, aussi conseiller de Sa
Majesté et son procureur au siège présidiai dndit Nantes et inRÎro audîct
Nantes, tous assemblez en i^ église cathédralle dudict NanLes, a esté
remontré par Michel Poirier, Bené Le Meunier, Guillaume Belliard et
Marin Godenier, tant en leurs noms que pour Jacques Corbbeau et
autres associez, tous M*' architectes, leur ayant esté fait marché des te
troisiesme de nouembre mil six cens vingt six, pour la construction dci
voûtes de la nef de ladicte église et arboutans nécessaire*», accardcrent
mesmes de réparer toutes les chouses qui pouroieat estrc en dom mâchées
durant ladicte construction, ainsi qu^ilest contenu au marché, ils Tau-
roient entièrement acomply au mieux qu*il leur a esté po&sible, y atant
plus d^un an ou deux que les chouses sont parfailes, ainsy que chacun
sait. Et d*autant qu'ils sont obligés de rendre ung renable de tout ledict
œuure, duquel il leur reste à pàier encores quelques sommes^ dont îk ne
peuvent rien toucher, faire raporter le. procès-verbal dudict renable, c«
qui les incommode fort, ils auroient supplié mésdicts sieurs de vouloir
recevoir icelluy renable, quMls entendent présentement rendre et faire
visiter toute la besogne par eux faite, auecq offre de satisfaire enUèrement
à ce qu'ils sont obligez; ce que mesdils sieurs commissaires et despalcz
leur aient acordés et pour y procéder faict apeller nombre d^expers
trouuez en ceste ville, entre autres Helye Brosset, François Richard, Lau-
rent Benaudin et Jacques Peandeau, M" architectes, Pierre Guiot, XI" plom-
beur et Estienne Legrand, M* couvreur, ausquels aîans fitict nieLtrc et
déliurer le marché faict audict Corbineau et faict faire le sermant de se
porter fidellement à la visite desdictes voûtes, arboutans et autres rbou^es
contenues audict marché, aians députez aucuns de mésdicts sieurs pour
se transporter et descendre aux endroilz plus importuns, aïtsîslei du
notaire soubsigné et de ses oxpers, lesdits Brosset, Biehflrd, Heuaudîn,
Peandeau, Guiot et Legraqd, aians ouy la lecture du contenu audict
marché, qu'ils auroient dit bien entendre, auroient coniinenoê au-dessus
desdites voûtes qu'ils auroient,trouuées en bon estât et bien faict. El aians
veu et considéré le dessous d*icelles, qui sont dans la nef de ludiLc église,
les arcs doubleaux et diagonaux et arachemens d'icelles voulcs, aueeq
leurs molut-es d'architecture, conduits unaniment comme les ordres
antiens, ensembles les clefs desdites voûtes pendantes ennchies d
armes du Roy, enseftibles des alliances de France auecq leurs collii
d*ordre, rinceaux et feillages, pour simetrier et enrichir lesdîtes arm
r
LES UAITHES JOUECRS D'IÏïSTB UUE N5, 1I&
îe lotit coniutftnt en Tare et ordre des vauleg el arebUeclures, lesdiU
eipers ont trouvé Je tout eilre bien et deuement faict.
Plus, aîani veu Ici rampana et ôrnemeiti qui auroientesté faict au jubé
dépendant de Tarchi lecture, comme arqultraves^ friseSi corniche, auroient
rec:t}g[tu tout ce qui esl des orïîemens dépeadAna dudît jubé estre bien et
Jninent racommodés et uns en estât par piàses de tuffeau, et en telle aorte
qttll ne reste rien à réparer,
Faict le Tingtdeiixiesme jonr d'aoujit nail sU cent trante unjj,
^lyni; J. Gm^na; F. Coufferie; £. Bouvict; Jan FoiacuK;
H. Bho^srt; g. HtiLLi£ii; M. Povrier; ë. Boi;-
CHAID; tleué L(£ \ÎEL-%-iea; F. PoVDti^s; Marin
GonK^TEa; Guillaume Beluard; Gabmëh et Dekis,
notaires royaux,
Pmr copie certifiée conforme par
tarc/tîvhU sowtsi^éj
PojRiEt.
VI
' . * i.-
LES MAITRES JOUEURS D*I!VSTRUME^S
AU XVir SIÈCLE
iSOGlÉTI?;»
à Le vîngl-qnatr' jour de décemb mil sii cent cinq" sept, en la
Cour du Roy noire âîre a Tours, pardcvatit nous notaire en icelle
ont été pri^saDs de leur personnç et due ment sou b mis les sieurs
E^tienne Bru net Taisnép Cbarles Deshaye*, Jean Pottier, Joiseph
Potlier, Jean et Philippe Hamelot, Jean Petite Giraud AloutloUj
'^nne Drunet, Jean Pattierp René Moreau et Jean Simon,
^'te dn 24 décembre H>57, deraul M" (^liarlL^s Hudiiy, nolJirrÊ ii T<juri. —
s de il* G. ViDcent Gis,
lae LES MAITRES JOUEURS D'IN STRUàlEN S.
a Toas m*' joueurs d'instrumens demeurant en cette dicte ville de
Tours f entre lesquels ont esté faictes les accords, conventions, pro-
messes et obligations quy en suivent. Cestàsavoirqu'ils ont promis
et s^obligent pendant et durant le temps de quatre aimées à com-
mencer lors et aussy tost que les partyes n'auront plus d'engagement
avecques autres personnes leurs associés avecque lesquels lesd.
Pottier et consorts doibvent jouer durant quatorze mois et lesdits
De^hâfye^^ Ifam'elot et consortsie tenips'quy reste à empirer de leur
societté reçue par nous; et lorsqu'ils seront ainsy d'accord, en
sera faict acte à la suite des présentes, pour les quatre années de
ia présente societté avoir cours du jour dud. acte, déjouer conjoinc-
lement de leurs instrumens, s'advertir les ungs les autres lorsque
Tun d'eux aura esté mandé, pour les proffitz quy en proviendront
estre entre eux partagés également tant des ballets que bals,
aubades, serainades, estrennes, visites que autrement, mesme les
vins et marchés quy seront donnés.
tt Et quand aux estraines que les mariés donneront le jour de
leurs espousailles ou le lendemain appartiendront à ceux quy
aurons servy à lad. nopce.
a Et ne délaisseront les susdits de participer aux profGtz encore
qu'ils fussent mallades ou indisposez.
« Si par ung des susdits est reçu quelque profBt pour lo service
qui aura esté rendu, sera rapporté.
a Et sy quelqu'uns estaient mandés et fissent service hors celte
dite ville et fauxbourgs, les proffitz qu'ils en auront leur appar*
tiendront seuls sans estre tenus à aucun rapport.
« Les susdits ou partie d'eux allans à la campagne faire service,
les frais et dépenses qu'ils feront mesme des instrumens que Ton
fera porter seront commungs entre eux, lorsque ceux quy mèneront
chevaux pour leiirs montures seront tenus de paier la dépense de
leursd. chevaux.
. a Ceux quy iront à la campagne à leurs afiaires particulières ou
pour servir n'auront rien aux proffitz quy se feront pendant le
temps de leur absence; et estant de retour, le feront savoir; s'ils
reviennent le matin, ils participeront au proffit quy se fera le lonir
du jour; et ne revenans qu'après midy, ils ne participerons qu'an
proffit de Taprès diner et du soir.
Il Sy quelqu'uns sont menés à la campagne, et que ceux quy U
tES MAITRES JOUEURS D*INSTRUMBNS. 1S7
aqroDS menés les ramenassenl en cette ville et fast par eux fait
baiU donné aubades on serainades le mesme jour de leur retour,
ils ne seront tenus de raporter aucune chose de leur profBt à la
communauté.
« Et sy Ton est mandé pour aller jouer sur Teau ou dedans de
cette dicte ville et bancslieux, ceux quy servirons raporterons à ceux
qui resterons en ville ; et ceux quy resterons en ville raporterons
le profBt de leur service à ceux quy aurons esté sur Teau.
« Sy Tung joue seul ne sera tenu à aulcun raport ; et sy deux
ensemblent jouent et servent et que le mesme jour et le soir les
autres ou aulcuns d*eux ne facent aulcun service, le proffit que
lesd. deux joueurs aurons fait leur appartiendra, et sy quelques
antres jouent le mesme jour ou le soir, le tout sera raporté en
commung.
« Si Ton est mandé pour aller faire visite, ou que Ton y aille de
son propre mouvement, le proffit sera commung à tous les susd.,
et sy iceluy ou ceux quy aurons esté mandé et chez lesquels le
messager se seroyt directement adressé ne se trouvaient lors dq
service, ils n^aurons anlcune chose au proffiL
« Sy quelqu'un des susd. est requis par la compagnie de jouer
et qu*il refuse, il ne sera tenu pour peine que de perdre sa part du
proffit*
B Et si lesd. Hamelotz ou Tun d*eux et autres de la susdite
compagnie allaient en foire, comme il leur est permis, lors de leur
\ibsence, ils ne participerons à aulcunes choses, et estant de retour
en advertissant, ils participerons à ce quy se gagnera en après.
a Lesd. Estienne Brunet père, Charles Deshayes, Jean Pottier
père, Joseph Pottier, Jean Hamelot, René Rigault et Jean Petit
tiendront les dessus.
« Et les basses seront tenus par René Moreau et Jean Simon.
« Et quand aux tailles, elles seront tenues par Philippe Hamelot
et Estienne Brunet.
a Et les véritables haultes contre, par Jean et Jacques Pottier ;
lesquelles véritables haultes contre, ils porterons et non d^autres.
tt Et quy que ce soyt ne pourra entrer en lad. troupe sans le
utuel consentement de tous, et nul ne pourra y estre admis que
our tenir la basse.
« Estant de présentement accordé que led. Jacques Pottier ne
ttt
LES MAITRES JOUEURS D INSTRUUESS.
participera aur proflitz que pour lâs deux liera d'un autre pour
quelque cousidératîon.
R El ne pourrons aulcuiis des susdits jouer ny s'associer avecque
d'aulres joueura d'mfilrumaus, sans I*éxprès voulluir el consen-
tement des autres à peine de XXllIF livres d amende» au paiement
de laquelle le contrevenant sera contmirtt par la saisie de ses biens
meubles et immeubles lors et h Tinstant qu'il ae trouvera duement
convaincu, hid« amende applicable pour ung tiers h THôtel-Dieu,
Tautre tiers h la boueste de? prisonniers, et Tautre tiers aux pauvres
de la chnritê de cette ville.
tt Seront les susdits tenus de s'assembler tous les dimancbes ett
la maison de Tun d'eui à Thenre de six heures du malin en esté,
et en yvert â huit lieures pour faire le concert, à peine contre
cbacun quy manquera de douze deniers pour chacune fois, eiîgîhie
et applicable comme cidessus,
a Et s'il eM recognu que quelqu'un des susdits recelle tout ou
partyes de ce qu'il aura reçu; ils seront tenus de perdre leur part
et de donner eu présence des autres aux pauvres pareille somme
qu'il aurons rec<^IIée.
« Car ainsy le tout a esté accorde entre les partyes par ces pré-
sentes, k Tentretien desquelles ils s'abljgent promettant et renon-
çant dont est jugez.
uFaictet passé ^n Tétude dud. notaire, après midy.
u Présents : M. Antoine Boutault, praticien et Pierre Cbarpeutîer,
sieur de la Chouîuière, demeurant paroisse de S** Croix,
u Donné avis du scel royal v .
Suivent les si;jnatures de :
* Deshayes, Pottieh, J. Pottier> .L Hamelot» p. HaMELOT,
Petit, J, Sihom, Etienne liRuavET, Jean Pottieb, BrÔet, MoifTON,
RenéMoREAU, Cei.^hpentier, Boltault et Du Puv, n" royaL »
D JBDTLfr lËiiS.
Et le neuvième jour de janvier mil six cent cinq** huit, pardevant
led, notaire, les associés ont déclaré et fait constater qu'ils avaient
rompu leurs précédentes autres sociél tés et commençaient la société
CT-def^sus du 24 décembre 1657, en présence d'Estienne Hadou et
de Francoys Grauier, praticiens.
Et ont signé avec le notaire.
LES MAITRES JOUEURS Q'INSTRUIIEIVS. 189
3 décembre 1658. '
En6n, par acte devant Du Puy, notaire, du doux décembre mil
six cent cinq** huit, Jean Hamelot, Jean et Joseph Pottier, Jean
Petite Philippe Hamelot, Jean Simon, Estienne Brunet, tous joueurs
d'instrumens, déclarent accepter Martin et Pierre Berlault, aussi
joueurs d*instrumens en cette ville, pour jouer de leurs instrumens
et jouer du basson pendant le temps qui reste k expirer de lad.
société, en présence du sieur Ruer et de Julien Leconte, prati-
ciens en cette ville.
Suivent les signatures : Pottiee, J. Pottier, J. Petit, M, Ber-
TAULT, J. Amelot, P. Bertault, J. SiiioN, P. Haiielot, Esticnne
BacNET, Ruer et Lecomte, Dd Poy, n'*.
Tonrt, 10 janfier 1898.
La lecture de ces actes de société montre que ces maîtres joueurs .
d*instrumens savaient parfaitement discuter et préciser tous les
cas possibles de leur association assistés de conseils, et ne point
oublier les intérêts pécuniaires. Ils pensaient aussi aux pauvres et
aax prisonniers.
Ils se rendaient à tous les désirs des aimables sociétés de Tépoque ;
ils allaient en ville et à la campagne et sur Teau, comme à Venise,
et prêtaient volontiers les accords de leurs instruments variés aux
ballets, bals, aubades, sérénades, étrennes et visites, aux noces et
festins. De sorte que nobles, bourgeois et vilains s*amusaient alors
comme aujourd*bui en notre temps moderne, fin de siècle, et aux
sons harmonieux des maîtres compositeurs de Tépoque, sans doute
deMicbelLambert, musicien, né en Touraine, très connu à Tépoque,
ou peut-être du célèbre Lulli devenu le gendre de Michel Lambert,
quoique bien jeune alors, et qui Ct la musique des ballets et inter-
mèdes qu'on jouait à la cour du grand Roy Soleil Louis XIV.
Ad. Vincent,
Notaire honoraire, membre de la Société
archéologique de Touraine, à Tours.
IM LES « QLATRE SAlSOKfS t DE SAUVAGE,
VII
LES
■^QUATRE SAISONS. DE SAUVAGE
La laiterie de la Reine à Rambouillet possédait en 1786 la
Nymphe à la chèvre fie Julien; elle possède encore la jiuzanne de
Beauvalltit. La Nymphe à la chèvre et la chaste Suzanne ont l&îl
Tobjet des deux études que nous avons lues en 1897 à la réunion
du Congrès des Heaux-Arls» Mais en même temps qu en 1786
M«d*AngitJler commandait à Julien %\LNympheà la chèvre^ il en^ja-
gêait le peintre Sauvage pour Teiécution de grisailles dans un petit
pavillon dépendant de la Laiterie.
Le peintre Sauvage (Piat-Joseph), néà Tournai eu 1747 et par
conséquent alors d^jè de trente-neuf ans, quand il vintàRamboujIlet,
avait d'abord été ouvrier vitrier^ comme son père, puis îlavait suivi
des cours â TÉcole de dessin de Tournai ' \ il termina son éducation
artistique à Anvers ^ dans Tatelier de Martin-Joseph Geerauts,
Sauvage se rendit ensuite â Paris* en 1781, il exposait pour
la première fois à l'Exposition de peinture, et, en 1783, il était
admis à TAcadémie royale.
Bans une lettre sur le Salon de 1781, du 25 août, Bacbaumont
rend justice à Sauva^E^, nouvel agréé, sur rillusion que causaient
ses bas-reliefs exposés à ce Salon.
£n 1783, le même critique s'exprimait ainsi à deux reprises sur
le tatetil do Tauteur belge :
u Je vous ai entretenu plusieurs fois de M. Sauvage, cet enchanteur
animant la matière morte et donnant un relief trompeur aax
surfaces les plus planes, ^f
Le 23 septembre, il ajoutait: «& M. Sauvage a trompé par des
camées â gouache représentant des fêtes à Gérés et a Bacchuai
^ Rellier PC LÀ CH4VitiNEiU£, BlcUonnaire des artistei.
L^8 • QUATRE SAISONS « DB SAUVAGE. 101
imitant tellement le relief qae le spectateur était obligé d'y porter
la main'.»
Lœutre de Sauvage au Salon de 1783 qui excitait ainsi Tadmi-
ration de Bacfaanmoni était :
Une tablf garnie d'un tapis de Turquie sur lequel est placé
V Enfant à laçage de Pigalle, un casque, le vase de Médicis en
bronze, eu bas uti bouclier et d^autres objets.
Grimm^ de son côté» critique ce morceau. «Ce tableau, dit-il, est
composé d*une manière large, et il a beaucoup de vérité. On lui.
a reproché cependant une lumière trop égale sur tous les objets.
Cet artiste ne varie point assez ses sujets. Tous ses autres ouvrages
sont des bas-reliefs d^enfants imitant le bronze ou le marbre... Oc
observe encore que ses bas-teliefs imitent plutôt le plâtre bronzé
que le bronze même, et Ton pense que le contraire serait
mieux. »
En 1785, Sauvage expose : deux bas-reliefs imitant le bronze :
des enfants jouant avec un lion ; des bas-reliefs imitant le vieux
marbre : sept enfants préparant un sacriGce. *
En même temps le peintre de Tournai exécutait dix dessus de
porte au château de Compiëgne.
Grimm, en 1785, accentue. sa note de reproche de 1783 :
a Les bas-reliefs imitant le bronze, dit-il, ou la terre cuite, exposés
cette année par M. Sauvage, soutiennent la réputation qu'il s*est
aequisedans ce genre, mais neTaugmentent point. 11 est un mérite
d'imitation auquel on n^est pas plus accoutumé qu^on y attache
assez peu de prix, d
Sauvage était devenu le premier peintre de $• A. Monseigneur
le prince de Coildé.
Sa réputation était alors à son apogée ; c'est sans doute à ce
titre qae M. d'Angiviler jeta les yeux sur lui et lui confia le soin
d* exécuter les Quatre Saisons pour la Laiterie de Rambouillet.
tt Aux côtés de la grille d'entrée de la Laiterie, dit Tauteur de
TAlmanachde 1791 du département de Seine-et-Oise, il y a deux
tourelles; dans celle qui est à gauche, se voit un salon d'assemblée
dans lequel on a peint des bas-reliefs qui sont d'une illusion si
' Bacbaumont, t. XXIV, p. 35,' lettre da23 septembre 1783, lettre du 25 «o6t
rsi. ♦ • ' — '
102
LES « QUATRE SAISONS » DE SAUUAGfi.
complète que le toucher seul peut rectifier Je sens de la vue et
donner la conviction que ces objets sont peints*. «
.A gauche en entrant» le peintre a représenté THiver : des enfants
se chauffent à un brasier, tendant les mains Vers la flamme ; d'autres
enfants nus apportent du bois pour alimenter le feu ; d'autres sont
montés sur un arbre pour couper des branches.
Au fond, toujours à gauche, c'est le Printemps ; ce sont toujours
des enfants, avec des couronnes, des vases de fleurs; un Amour
plane au-dessus de la scène avec des couronnes; deux enfants
exécutent une danse, deux autres s'entourent la taille.
A. droite en entrant, vous avez TAulomne ; c'est la saison des
vendanges; un enfieint est assis sur un bouc qui semble émerger du
tableau et est merveilleusement mis en relief; un autre enfant boit
dans une urne : une amphore est à côté de lui*.
Le dernier tableau donne l'illusion de TÉté; c'est le tableau qui
est dessiné au fond, à droite; des enfants emportent des gerbes de
blé dans leurs bras, d'autres coupent le blé avec la faucille; un
enfant dort; deux autres le préservent des rayons du soleiK
Ces compositions sont fort gracieuses et bien conservées.
Elles furent exécutées en 1786 ou 1787. Au Salon de 1787^
Sauvage exposait des camées, luais il trouvait de moins en moins
grâce devant Grimm, qui écrivait en novembre :
ttll y a dans la plupart des petits camées de. H. Sauvage de la
grftce et de la facilité, mais on y remarque plus de pratique que de
vrai talent. Ses bas-reliefs imitant le bronze, la terre cuite, le stuc,
ont fait, en général, cette année, assez peu de seqsation; c'esL une
sorte de magie dont Tillusion n'est pas longue. »
En 1786, les bas-reliefs de Sauvage avaient donc tout au moins
Tattrait de la nouveauté, à défaut de qualités que les uns trouvaiepl
très grandes et où les autres découvraient surtout du procéilê.
Sauvage ne persista pas moinsâ exposer jusqu'en 1810, toujours
dans le même genre.
En 1795, il expose deux tableaux imitant des bas-reliefs en
bronze'.
* Almanach de Seine^et-Oise de 1791.
* Voir, ci-contre, planche V.
* Salon du dix-huitième siècle, réimpression de Guiflrey, t XII t, p.
t. XIV, p. 273; t. XV, p. 162.
^39:
s 1 1
o -^ «
H 2 .
t\EHKB DUPUJ5. liiS
Ses grisailles soDt Irèa nombreuBe»; les Musées «le Uonipetlier»
d'Orlcant, de Mlle, de AiuiituLjhan en posBècleot,
Ses œuvres le» plus remarquables sont ;
La Mort de Germanium;
Les Sepi Sacrements^ d après Poussin ;
Le Sommeil dC Endymion j
So H par ira it par lu i- m cm c, à Ton rna i .
Sauvage mourut dans sa v»lle natale, le 10 juia ISIS.
Secrétaire ^t^t^nêral Jp fa Snd^^lé «rchéû-
io^iquiï h R«tiibi>ujlliri.
VIII
IMERRE DLPLIS
PEIMTRE DE ilOSTFO«T
«
Les documents ii*abandent pas sur Pierre Du puis; mais si aucune
œuvre rj\i survécu de ce peintre qui ne fut pas sans valeur, au moins
ses traits ont été tianstnis à la postérité ^jrâi'e à \Ii<]nard d'Avi-
gnon et à un autre peintre, qui Pun et l'autre firent son portrait.
Xous connais^sons le portrait de Mijjnard piir la Jiravure d'Antoine
\Iassun, et nous avons une pliolo^rapliie iVun autre portrait qui se
trouve aujounlhui à t^undres : ce portrait serait atLrilujè à Jacob
Van l/oo de Sluys.
Le portrait de Dupuis gravé par Antoine Masson porte la date de
1663 i il est enlourc de cette inscription ni^ Peints Dupuis Montfor-
iensis pictor regius Acailemicus r ^ et au bas du portrait est tracée
cette autre inscription : ^
Je pcin« el je suif peiut par mei meilleurs am!},
\'(ïU!i Aïooa en cecy tous IroU màme tivaiiU^fo^
tî«r >i pûur m*oMi<jcr, i|& n'j' oni nen obmU,
L'iionaeur qui eit ua» prU é&I lé prix de l'ûuvniga.
13
194 PIERRE DUPLIS.
Cette dernière inscription indique donc bien que le portrait de
' Pierre Dupuis a été exécuté par deux de ses amis.
EoGn, une troisième inscription placée sur la gravure nous
donne le nom de son auteur et le nom du peintre d'après lequel
elle est faite :
N.MignardAvenionensispinxit. Ant, Masson sculpebai. 1663.
Nicolas Mignard s'appelait Mignard d'Avignon, parce que, après
avoir étudié la peinture à Rome, il vint s'installera Avi;jnon, où
Louis XIV le rencontra, quand il alla épouser Tinfanle d'Espagne
et lui commanda son portrait; en 1660, Mignard venait à Paris;
en 1663, il était nommé membre de PAcadémie de peinture et
professeur en 1664.
Le portrait de Dupuis fait par lui est cité comme ud de ses meil-
leurs avec les portraits du duc d'Harcourt, de Drjsacier et de la
Tour d'Auvergne.
Tous ces portraits furent gravés par Antoine Masson, graveur
beaucoup plus jeune que Mignard et Dupuis, et ils sont regardés
comme des chefs-d'œuvre.
Pierre Dupuis naquit à Montfort-PAmaury, le 3 mars 1610 : son
acte de naissance est ainsi conçu :
a Du 11' mars audit an fut baptizé Pierre filz de Michel Dupuys
et de Yzabel sa f*. Le parain Charles filz de honorable ho* Ëslieone
Ysabel eslu pour le Roy; la mareinne Denize Toutain, leuve de
feu Pierre Dupuys*. )>
Le père de Pierre était marchand à Montfort; sa mère, âgée «le
vingt-trois ans, quand elle le mi tau monde, appartenait aussi à une
famille montfortoisé, ainsi que cela résulte de son extrait bapListai re :
ttDu lundy seizième février audit an (1587) fut baptisée Simonne
Ysabel, fille de Grégoire Ysabel apothicaire et de Madeleine Canée,
sa femme )>
Les époux Dupuis-Ysabel eurent de leur mariage quatre autres
enfants :
Mathieu, qui embrassa la profession de chirurgien; deux filles,
Marie et Elisabeth, et un garçon, nommé Michel, qui naquit le 2 mai
1620*.
> État civil de MoDtfort-rAmaary.
« Ibid.
r
IMËHUE DL^PIIS. Ifi
Ed 1635 et 1636, Michel Dupuii e^t )e quatrième margtiillier
àe VègViBe i\e MontCbrL
Nddh ne savons rjen deTenfance de Pierre UiipuiSf qui se destina
à la peinture; oti peut supposer. qu'il se rendit k Rome pour se
perfeclionner dans son art entre 1630 et 164fO, et qu'il connut la
Pierre. Mignardj qui était de deux anni^es plus jeune que lui.
Quoi qu'il en soit, l'annéii même ou son portrait est .gravé par
Antoine Masson et où Pierre Mlgnard est lui-méuie reru, noas le
toyons noQimé académicien.
En effet, naus lison»surles procès-verbaux de lAcadémie royale
de peinture et sculpture^ s^^ance du 2 juin 1663 :
*i Le aieur Pierre Dupuy, peintre, ayant présenté des tabteauK de
fruits de son ouvra^jc, a éto resçue dans TAcadémie dont il a preste
le sermen en la mauière accoutumée ^ >•
Le nom de Pierre? Dupuis Ggure aux séances de TAcadémie des
7 juillelt 7 anùt, Il août 1663, puis n'y est plus nientiouné les
années suivantes.
Bu puis était surtout un peintre de fleurs et de Fruits, ^fous le
r&trourons sur le livret de T Ex position de peinture, faite en t673,
dans la cour du Palais-Royal; ce livret porte :
itDe M. Dupuy, un jjrand tableau qui représente un tapis et un
singe, *
VLdeHlontaiglonf quiifatt réimprimer ce livret, ajoute au texte t
££p*..,. Le dessin sur parchemin (du portrait gravé par Antoine
\bsson de Pierre Dupuis) existe en notre Musée de dessins. Ce
même portrait a été gravé en manière noire par Pierre-François
Dupuis, fils de Pierre, qui sur la planche prend le titre de Minonty. ^
\ous perdons de vue Pierre Dupuis à Paris, mais nous le retrou-
vons à Montfort, dans les années qui suivent.
Son père est mort vers IQH^, et sa succession est partagée entre
ses héritiers; Pierre Dupuis se rend à AJontrort,
liVau 1676, le 30 octobre, furent présens Pierre du Puys, peintre
du Roi en son Académie royale^ demeurant à Paris, rue de.^i Petits»
Champs» paroisse Saint-Honoré, étant de ce jour â Montfurt,
Mathieu du Puys, chirurgien ordinaire du roi, demeurant audit
Uontfort; Marie et Elisabeth Dupuys filles majeures, tous héritiers,
' Tome P' dei Procéi~vetbauXj p«r An«lot« de Momtaicloiv,
||0 » FICRBE DUrt^lS.
chacon pour un quatrième de défunts \Iichel Dupuyiï el Simonne
\sabel> leurs père iH mère, lesquels pour parvenir au partage de
ladite succes^sionont fait état des biens et char^jé Claude Lanqueat,
Nicolas Quesnay ctGuyon Barat, bourgeois de cette irille» pour en
faire l'estimation* n
Kl résulte de cet acte reçu par le notaire de Montfort^ qu'en
1676 tous les enfants de\Iicbel Dupuig moins un existaient encore.
Le notaire partage les biens entre Pierre Du puis et ses frère al
sœurs.
Mathieu Dupuis', qui était devenu chirurgien de la personne
du roi et héraut d'armes de France » se retira à \Iontfort.
Pierre Dupuis le peintre mourut à Paris, le 18 février 1682*.
Ses deui sœurs, Marthe et Elisabeth, lui survécurent. Dans son
testament du 9 juin 1703, Elisabeth» qui ne s'était pas mariée, fait
un certain nombre de legs, parmi lesquels figurent des tableaux.
Xous ne savons rien du mariajje de Pierre DupiliSj mais îl
résulte de la cotubiuaison de diverses pièces, notamment du testa-
ment de Marie-Marthe Dupuis, qi^il avait eu au moins deur
enfanta : Marthe Dupuis et un fils qui entra che2 les Cordelîers.
En effrl, dans le testament de Marie-Marthe Dupuis du 25 dé-
cembre 1709 déposé le 8 juillet 1721, il est fait mention d'un
frère qu elle avait chez les Cordeliers.
Marthe-Marie légua le portrait de son père par Mignard à TAca-
demie royaie de peinture*. .,
Ces notes sur Pierre Dupuis sont bien sommaires et un peu
rudes, mais nous avons pensé qu'il y avait intérêt à fournirqnelques
renseigtiements sur ce peintre, qui se rattache par sa naissance a
notre région,
SËcrë taire général de la S^ciétë ftrcfaé(>-
l(»,|^ique ù tUmbauiJjel.
^ Le père du C4?]èbre économiste.
* Bfj-ukr we Li (^HAVifi\£fliK. Dîctïonnaire (fff urthifs. ~ ~
' TabcLlïoané Je XluntforL Hecuetgnemeiit» de Xf . Je comte de Diûn. ^
^
Li CÉfiAUIQLK A BOtSSCTTES. Iff
ÏX
* LA CEHAMIOLE A BOISSETTES
(lEI\E*BT-BfAaNE)
1732-1781
Sur le bord de Va Seinet à moins de 4 kilomètres au-dessous Ab
Meluiif se trouve Boissettes, un tout petit village , peuplé d'environ
cent habitâiiti;. Sa situation est charmante, sur la pente d^tn coteau
Insensihle, protégée des vents du nord par les bois de Botssiier
bordée veri le midi par des prairies arrosées par la Seine. Au delà
du fleuve, les coteâui de Farry, de» Vives-Eaux pt de Vosves,
couverts de cultures et de beaux parcs» farment un décor qu'on ne
se lasse d'admirer.
De longue date, des bourgeois de Melun et de Paris, séduits par
le site, Y ^^^ possédé des oijiisons de campagne, modestes dans
l'origine, de petits châteaux maintenant.
En 1721, un sienr Thomas Desrues de Boudreville, qualifié
bourgeois de Paris, mourait en sa maison de Boissettes. [1 laissait
trois enfants. L'aîné était dans les ordres, diacre, licencié de Sor-
ijonne ; un autre, Jacques-Thomas, ïigé de vingt-quatre ans, n^était
pas Gié dans sa vocation; une jeune KUe était encore mineure.
Jacques-Ttkomas, qui eut dans son lot la maison ile Boissettes,
resta dans le pays, et se mit en tête,. lui oisif, de briguer des
boDDeurs. A son instigation, le Boij par êdit du mois d'août 1722,
crée VofGce de syndic de la paroisse de. Boissettes, qu*îl achète à
beaux deniers comptante, au pri^t de 255 livres \ Ce n'était pas
payer trop cher les honneurs et prérogatives attachés à ce titre. Un
svndic de village marchait immédiatement après le seigneur dans
\ processions; peut-être, aussi, partageait-il avec lui Tencens
^ Archiver de k prérectare» He;|utre des Causer dii Roy* C ST^ f VI,
138 LA CÉaAMtQ^E A B^OISSETTES.
prodigué par le curé. Il avait son banc au chœur de Tègliâe» et
jouissait d'autres dvoits réputés superbes à Tépoque '.
Mais ces fonctions étaient peu absorbantes pour Tactivité d'un
jeune homme de vingt-quatre ans; on ne peut pas toujours pro«
cessionner ni trôner au chœur. Jacques-Thomas Desrues, époux
de Charlotte-Éléonore Rognon, qui était (ilie du directeur de U
manufacture de Montereau-faut-Yonne, rêva d'industrie.
A Melun, dans la rue de la Pescherie, aujourd'hui des Potiers,
eiListaient deux ou trois fabriques^ de poterie commune, grossière
d'exécution, dont les produits, vendus à bas prix, trouvaient leur
écoulement dans la ville et dans les villages limitrophps. L'expor*
tation de cette fabrication, donnant du travail à un petit nombre
d'ouvriers, ne dépassait pas ces limites. Esprit observateur et entre*
prenant, Desrnes y trouva l'inspiration d'une fabrication analogue,
perfectionnée, à créer dans sa maison de Boissettes. Des gisemeriis
argilo-calcaires et des couches de sable de forma lion marine,
existant dans le pays, lui parurent des matériaux ulîlîsableâ pout-
des poteries de bonne qualité.
Modeste bourgeois, cadet d'une famille peu fortunée, les fonds'
de premier établissement lui manquaient. Il recourut â rassociatîon
des époux Joly, domiciliés à Paris. D'après un traité passé devant
Hargenvilliers, notaire en cette ville, le 14 janvier 1732, Desrues,
en compensation de l'apport de ses procédés, recevait de ses asso-
ciés 10,000livres, pour les bâtiments, moulins, outils et ustenif^iles
qui lui étaient nécessaires, plus 3,000 livres destinées à Tachât de
matières premières. Le traité était conclu pour neuf au douie ans»
De nos jours, rien ne s'opposerait à une exploitation immédiate.
Sous. l'ancien régime, en vertu dés lois et règlements sur les arts
et manufactures, édictés sous le ministère de Colbert, la sanction
royale était indispensable. 11 s'agissait de créer un monopole, et
d'interdire à des concurrents semblable fabrication dans un rayon
déterminé autour de Boissettes. Nous n'avons pas à rechercher si ce
monopole, entrave de la liberté commerciale, tournait a Tavan-
tage de l'intérêt public.
i Le 17 juin 1736. en vertu d'un contrat devant Besnard, notaire à Melnn^
Desrues, t maître de la manufacture de faycncc v, obtient du curé pL des habi-
tants de Boissettes la concession de lu jouissance de la chapelle Saiol-Frinçoii*
dans l'église, moyennant ilO soU.
F
Dans un placol pri'-acnlé ait Roi en son conseil, Dcsnies ei posait :
^^Quayanl trouvé aux environs du lillage de HorftftcUes, prèa de
i- la ville de MeluD, des terres très propres pour la fabrication de
' fayence, dont il a Tait différgntfï essays rpii en ont produit d'aussi
u belle que celle qui se fait à Houenelà Lillcj il aurait formé le des *
a sein d'en établir une maijti facture dans le village de Boisscl tes. lo
Il insistait sur l'avantage qui résulterait pour Paris, ou en toute
saison, au moyen de la navijijatton de la Seine, la faïence de llois-
seltes pourrait être transprirtée. Il réclamait un privilège exclusif
ilu droit de fabrication dans la localité; Teieniption des tailles pour
ses ouvriers et pour lui ; la faculté d'obtenir, de la gabelle de Paris,
du sel de morne pour la composition des émaui; en (in le titre Au
manufacture royale '.
Desrues ne s'illuâionnait^il pas en affirniaiit que ses produits,
aon encore jugés par la durée de rexpèrienee, valaient ceiii de
Rouen et de IJlle? Plus juste eût élé de dire qu'il en essayerait
rimitation et s'inspirerait de leur mode de fabriciition. Maïs il était
de règle, À répoque, que les requêtes pour Tobtention de faveur»,
ile concessions, de grâces, ou reunses de dettes et d'impôts, eiagé-
rassent en bien ou en mal les fa ils qui s'y trouvaient énoncés.
A la date du l"ilécembre I73îi, le Conseil d'Etat liu Roy, où
siégeaient d'Agueâseau, Cliauiclin, de Harlay, statuait sur la
demande du futur manufacturier de Botssettes, et lui acconlait
tous les privilèges qu'il avait réclamés^ en y ajoutant T obligation
de mettre la martufactnre en état de travailler dans un délai d'un
an, sous peine de nullité de Tarrét*
Dès février 173!^, Desrues avait acbelé du curé et des babilants
de Boîssettes un pré de 30 perclies^ au-dessous du jardin de sa
maison, pracbe le puits commun île la paroisse, en la rue condui-
sant à la rivière*. C*est là qu'il établit sa majiufdCture, dont la con-
struction était en cours au mois de septembre de la même anuée ^
Devançant Tarrèt du conseil, rendu le l*"^ décembre 1733, Des-
nieSp dans les actes qu'il signe en 1732, prend le titre de ^ maître
A de la faïencerie royale établie à Uoissettes^. Parfois, la qualîH-
' Archive! Daliouales. F^ 1100, n'' iO.
* CûDlrat dftftnL llodîn, notaire è Molun, du S février 173t.
^ Procès-vert*aL d'arpcnta([e du U septembre 17^2' ^ Ite^lsire coaiené k L«
lirie de BoUtettca.
im LA CE^BAlIEQtJE A BOISSETTES,
calion modeste de fayencerte se transforme en rappellalion plus
pompeuse de maDufaclure. Tantôt Desrues e&t nu hourgeois de
Paris résidant en sa maison de campagne, tantôt it est directeur de
la manufacture royale.
C'est avec ce dernier titre qu'il assiste à Tînliumation an sel-»
gneur du village, le 11 novemlire 1733, ou qu*il sr^jne les actes de
baptême des enfants, assez nombreux, qui naquirent de son union
avec Charlolte-Éléonore Rognon ^
Le 13 août 1733, avant Toctro! du privilège royal, le four de la
faïencerie est cKanlfé pour la première fois. C'est au curé du vil*
lafje que DesLues accorde Hionneur d^allumer le feu, cérémonie
accompît^née d'une bénédiction solennelle, avec les chanis et oran
sons d'usage, et de la consécration de la manufacture h ^aint
Antoino de Padoue, Lo caré consigne sur les registres paroissiaui
le récit détaillé de la journée *-
La fabrique fonctionne, mais elle est peu importante, peu
d'ouvriers y sont occupés, son essor est restreint, ses afTdires lan-*
guîssantes. L'association contraclée avec les époux Joly est dis-
soute en 1736, cinq ans avant la date fixée par le traité. Desrues
est constitué débiteur envers eux d'une somme de 14,000 livres ^
Des bruits défavorables circulent sur sa solvabilité. En juillet 1737,
il cite drvant la Prévôté aeigneuriale un habitant qui la diflaméf
en prétendant qu'il ne payait personne, qu'il faisait du tort à tous
ses domestiques et à ses ouvriers *.
Desrues supporte (lifficilement cette crise. Il abandonne sa fabri**
cation. Quand sa femme meurt, en 1751, l'inventaire fait par un
notaire de Meluu constate que le matériel est sans importance ;
— Il Un moulin à broyer les corn posi irons pour la fayence; quatre
n (ours à faire et façonner la fayence. n Les magasins sont vides*
— a- Dans les lieux et endroits de l'ancienne fayencerie de fiois^
M settes, dit encore l'inventaire, il ne s'est rien trouvé^. »
^ Rejjîilnri pnrciiÂJitauï de la commune de Boissettes. Mairie, (jt-efft* du fntiaua]
civil de première; id«|iince de Mt4un.
* VicU infrà, Aunes^es, IL
^ TnVPtilairt' njifèâ le décès de h dame Desrues, dressé par DL'tacauHlCi nolairé
à Melun, te ^1 unût 1751.
* Arctiîvf^s de la prérerlure de SeiDe-et-Maroe. Titres et pièces de la prëtdté
de Boisaettes.
^ luvcnUÎre, par Dclacoartie, notaire, El nuùt 1751.
LA CÉBAIflQUE A BOIS8ETTE8. SOI
, Les produite obtenus par Desraes étaient supérieurs à ceui des
potiers de Ifelan. Ils étaient de matière tendre» opaque, à base
d*argile calcarifère, prenant de la consistance sous une épaisse
CooTertore d*émail stanifère, blanc, décoré de dessins au grand
feu, rappelant les bleus de Nev^rs, représentant des fleurs, des
animaux, quelquefois des personnages, grossièrement exécutés \
Moins coûteuse que la faisselle d*étain, la faïence de Boissettes
fat adoptée dans les ménages de paysans et d*artisans. Elle n*eut
jamais de cachet artistique qui pût la rendre digne de la recherche
des amateurs. Des débris trouvés en assez grande quantité sur les
lieux où elle fut fabriquée, et dont Taulhenticité n'est pas dou-
teuse, en disent la nature, le faire, le genre, atec plus de certitude
qu on ne l'obtiendrait de pièces complètes, qui, à défaut de marque
spéciale, ne fourniraient qu'une attribution contestable ou dou-
teuse.
Avec des ustensiles d'usage journalier, en fiaïence blanche, com-
muns de forme et d*ornementation, Boissettes fabriquait aussi des
pots, et vases en terre vernissée, des épis pour les toitures des bâti-
ments, de couleur bleue, verte, brune, obtenue par des oxydes
métalliques.
Des gisements d'argile et de sable du pays fournissaient la
matière première, matériaux médiocres, trop vantés par Desrues
dans son placet au Roi en 1732.
Malgré leur infériorité de matière, de forme et de décoration,
les produits de Boissettes, rehaussés de bleus foncés, étaient
agréables à l'œil, comme, en général, les faïences monochromes.
Il ne serait pas étonnant que Thabileté de brocanteurs contempo-
rains eût fait accepter les meilleures pièces pour des œuvres de
fabrique en renom du siècle dernier. Le goût et la connaissance
des collectionneurs ne sont point infaillibles*.
Avec un marché plus étendu, Boissettes aurait pu prospérer.
Malheureusement, les transports, rendus coûteux et difficiles par
le mauvais état des chemins, ne permettaient pas la vente de ses
' Fragments trouvés sur l'emplacemeat de la fabrique.
' Il y a quarante, cinquanteans, on trouvait, chez les marchands revendeurs de
elun, d'anciens plats, lourds, massifs, en faïence blanche, avec Blets, bouquets,
issios bleus, qu'ils disaient être du vieui Nevers ou du Rouen, et qui, plus vrai-
imblablement, provenaient de Boissettes.
2Qà LA CÉRAMIQUE A BOiSSETTES.
produits ail delà cl*un rayon de quelques lieues. Le coche d'Auierre
et de Montereau/qui passait devant Boissetles, prenait les envois a
destination de Paris. Mais, dans la capitalç, ou affluait la fabrica-
lion des principales manufactures du royaume « la conciirrence
était écrasante et insoutenable. Desrues avait encore trop présumé
en avançant que son industrie procurerait Tabondance dans la ville
i|e Paris,
C*est à Mdun et dans les villages environnants que ta faïence de
Boissettes trouva son principal débouché, assez restreint^ il faut le
dire, car, là aussi, elle avai{ à lutter entre les fabrifjues du pays.
Son prix réduit, son entretien facile, la firent préférer à la vaisselle
dViain qu'il fallait polir et nettoyer sans cesse pour lui conserver
.^ati brillant. Elle fut le cadeau à la mode, fait aux mariées de vil-
lii;]e pour garnir et orner le dressoir qui était, au dix-huitième
stî'cle, le. principal meuble d'un jeune* ménage, après la couche à
piliers, avec ciel et courtine en étoffe à ramages.
Mais tout passe, la vogue est éphémère. Récherchée nn instant
par les habitants de la campagne, la lourde faïence de Boissettes,
peinturlurée de bleus niternais, fut délaissée. D'autres produits
céramiques, plus légers ou plus décoratifs, mis en faveur par la mode
capricieuse, la remplacèrent, sans que le goût y gagn^U au change.
- \on renouvelée, subissant la destruction dé Tusage et du temps,
elle finit par disparaître. Qui sait s'il en existe, au fond de nos viU
Jfiges, quelques épaves intactes, provenant de l'héritage des vieux
parents? Et ces spécimens, rarissimes, introuvables, dépourt^us de
marques, sont d'une attribution très douteuse. C'est, comme je Tai
dit^ par les débris recueillis sur l'emplacement de la fabrique,
qu'on est exacteihent renseigné sur les œuvres des maîtres faîen*
ciers de la très modeste manufacture royale de Boissettes.
Fermé à la suite des embarras financiers de son fondateur,
latelierde Boissettes est rétabli par un gendre de Desiues, qui,
après l'avoir exploité quelque temps et n'y réussissant pas mieux
que son beau-père, le donne en location, le 26 mars 1757, à
Jacques Leclerc, potier de profession, pour le prix annuel de
t ,250 livres, une assez grosse somme à l'époque '.
' Archives de la préfecture. — Titres et pièces de la prévôté leigOËuriate de
Baiisettes.
t\ CtnXMlQVZ â BOISSETTKS, ^01
Aprèa une courte exploltolîon, Boîssetlen, où le* élénienis de
SQCcès font défautp est atix prrscs avec de nouvelles tlifficultéâ. Des
créanciers sévîssent contre Leclerc, en 1759, deut ans à peine
après sa prise de possession. Bientôt, lout est saisi; il donne son
coKjïentement à la venle du matériel, deâ machines, des nmrclmn*
èmst qui sont devenus le gage des créanciers'.
[toi^settes ne sombra pas dans cette mêsavetîturn. Desnies de
Boiulreville, qui existait encore e^ ne mourut que le 17 mai 1775,
(oujoùrs propriétaire de T immeuble, concourut à son maintien,
aidé de ses enfants*.
En 1766, apparaît IjOuîs Quiclet, ^ directeur de la manufaclure
«de Boissettes ^ , remplacé plus tard par Etienne- Dominique
Pellevé^f auquel deux actes de Télat civil, des 20 et 21 mars 17 76;
donnent le mCnie titre*- Celui-ci est un céramiste de profession;
il lente de rehausser la valeur de ses produits. Son pi'^re, Pierre
Pellevé, avait organisé la faïencerie de Sinceny, vers 17^7, Des
pièces marquées; ^ Ëtiolles, 1770^ Pellevè ^ peuvent s'appliquer^
an pêrct aussi bien qu'à son fils, Ktienne-Doniinique, qu'on
rencontre à BoissetEes quelques années plus tanl.
Soussa gestion, cette fabrique fonctionne activement, lesouvriers
y sont plus nombreux qu'autre foi :i. Les registres pnroissiau3i en
citent quelques-uns : Charles Fautré, qui assiste au bapti^me er
à rînhumation d'un enfant de son patron eu ]77(> ; Joseph .4tl>ert,
père d'un enfant mort le 15 fi^vrier 1777, Précédemment, en 1751*,
on trouve Paul Homont, mouleur. Tous ces ouvriers sont étrangers
au pays» qui ne parait avoir fourni, couiuie employés à rusiiie^ que
des terrassiers et des hommes de peine.
L'exploitation de la faïencerie Je Boissettes s* acheminait vers
sa fm. Au cours de 1776^ Pellevé vendit son matériel, liquida ses
marchandises, céda son entreprise. La modeste manufacture, dont
les destinées n'avalent jamais été très brillantes, fut défmilivement
fermée comme faïencerie. Avec des fortunes diverses, une prospé-
^ Archivet de U préhciUTê. ^ Tîtr&i et pièces de U prévAté icïjfn^urial^ de
» Ibid.
* Domîjiiquc Petlevé avait précéderamenl IravalUë àtaraïenccrjc deSaint-Denl!!*
r-Siirthi>n (Omi^)» Joot ton pèr*?, |>eni*-l'ierrc, fut dirt'cïi^ur du 1750 à 1755.
* Heghxvcs paroitsitui de BoiflteltËi. Greffe du Ifibyiiai çjvit de premièrB
-uiaitce àe Uelan.
ÛQ^ LA CÉAÂyiQUB A BOlS3ETT£3,
rite <le coude durée, des revers fréquents» quaiaute-Ginq années
^'étaient écoulées itepuis sa fondation par DeETues Je Boudreville,
en 1732-
Grâce à la découverte des kaolins de Saint-Vrieiï, vers 1768, la
porcelaine de luxeT.dont la France» jusqu'alors, avait ététnhutâtre
de la Saxe, de la Chine et du Japon, accessible seulement aui
grands seigneurs et aux traitants, se vulgarisa et s'introduisit dans
Ips intérieurs bourgeois et aisés. Sèvres donna Tessor à la fabrj-
catian des nouveaux produits. On rechercha les moindres objets
en porcelaine dure, d'origine française, d'abord à titre de curiosité,
ensuite pour leur utilité. Les étagères s'en ornèrent, les collée-
tjonneurs, les curieu]^, comme on disait alors, la mirent â la mode.
La vaisselle d'argent, déjà rare par suite de son transport à la
Monnaie, dans les temps de pénurie du numéraire, ne se rencontra
plus <{ue dans les vieilles familles ne sacrifiant pus au goût nouveau.
^ On fit cas des pièces décorées par des artistes qui excellaient à
\ , peindre des sujets dans le style de Tépoque, dont Boucher, U atteau,
1^ Natoire, étaient les maîtres incontestés. On s'engoua pour les
frivolités, les statuettes, les bonbonnîêreSr les boîtes à poudre,
f mille riens délicats, aimable^, charmants, que les céramistes
façonnaient avec la nouvelle matière, et que des spécialistes
' décoraient.
Les grands seigneurs se prirent àencourager l'industrie naissante.
D'aucuns voulurent avoir leur manufaciurc de porcelaine, établie
à grands frais dans le voisinage de leurs châteaux, s'y livrant à des
essais coûteux, et obtenant, avec des pièces de prix qu'ils se réser-
vaient, desobjetâ d'usage courant répandus dans le commerce. On
u'a pas besoin de citer les fabriques ouvertes ou encouragées par
le duc d'Orléans, le comte d'Artois, Monsieur comte de Provence,
le prince de Coudé, le duc de Villeroy, ta reine Marie-Autoinette
elle-même.
L'émulation ne resta pas le pritrilège de la nolîlesse. Des praticiens
céramistes s'engagèrent dans la même voie. Dès le commencement
du règne de Louis XVI, Paris et ses environs virent s'ouvrir des
manufactures de porc^kine dont les produits légers, délicats,
finement décorés, acquirent promptement une légitime réputation.
£n octobre 1776, Jacques Vermonet père et Jacques Vermonet
LA CÉRAMIQUE A BOISSETTtS. S05
fils traitèrent avec Pellevè de Tacquisition de sa faïencerie, dans
Tintention d*y sabstitaer une porcelainerie où ils introdalraient
les procédés des principales manufactures du royaume. Ils se
disaient inventeurs d*une pâte supérieure en Mancheur et qualité
aux autres pâtes connues, à Tépreuve de la plus forte chaleur, et
pouvant être livrée à des prix modiques.
Sans plus tarder, ils présentent un placet au Roi pour la réali-
sation de leur projet. lis demandent le titre de manufacture royale,
Texemptlon de toute milice, logement de guerre et autres charges
publiques, un privilège exclusif pendant trente ans, Tinterdictioû,
pour autrui, d*établir semblable usine à deux lieues à la ronde ;
la faculté de créer un entrepôt à Paris pour le débit de leurs
marchandises. Toutes ces faveurs leur furent accordées par arrêt
du Conseil signé le 2 janvier 1778*. La fabrication commença
immédiatement. Le 14 février suivant figure, sur les registres de
Boissettes, a Jacques Jubin, tourneur en porcelaine de la manu*
« facture établie en cette paroisse v #
Pendant combien de temps se poursuivit-elle? Mes recherches
ne m*ont fourni aucun renseignement pour rétablir. Les registres
paroissiaux contiennent, au contraire, une indication qui, loin
d'éclaircir le fait, jette une conjecture sur le sort de la porcelainerie
de Boissettes.
Le 28 février 1781, on baptise dans Téglise du lieu une fille,
née le même jour, « du sieur Bernard-Mathieu Aubry, directeur
ft de la manufacture de porcelaine de M>' le duc d*Orléans, et de
« demorselle Jeanne Audibert n .
Le duc d*Orléans, qui résidait, en compagnie de Mme de
Montesson, à Sainte-Assise, distant d*une lieue de Boissettes, et où
il mourut en 1785, s*était-il substitué dans la fabrique des Vermonet,
qui n'ont laissé nulle trace dans le pays, ni sur les registres de
Tétat civil, ni dans les contrats des notaires? On sait qu'en ce
temps, Louis-Philippe-Joseph, duc d*Orléansf, avait pris sous son
patronage la porcelainerie du Pont-aux-Choux, à Paris. Ses produits
portent le chiffre du prince L. P. Boissettes est simplement marqué
"jn 3 en cursive majuscule.
Quoi qu'il en soit, il est singulier de trouver fixé à Boissettes, en
^ Archives Datiooales. FJ*, 1496.
206 Ifi CÉRillfI(}UE. BOISSETTES
ll&l» à Tépoque où il est permis de penser que la juAnufacture
cféiftfMli^aittr plus tôt ét^it en pleine activité, a un directeur de
u k m iniiTif fcm in yiwnilninr de M^' le duc d'Orléans n ,
Je dois à TobligeMM^ dltlL^ Kdjouard Garnier, rênidit conser-
vateur du Musée et des coffeclWHi^dlt S&ii^es, des renseignemeuls
sur les produits de Boissettes, dont rtl^limivienl, confié à ses
soins, possède des spécimens. La pâte maiHf«it|iMft4We ua peu de
blancheur, mais la fabrication et la dorure en s«il Ii4s $4%nées.
Les peintures, paysages et fleurs, assez bien exécutées, «tsuttl pas
très glacées. Les pièces portent la marque B en cursîie uia|tt$e«k,
bleue, rogge ou or '•
A Genèvft, au Musée Ariana, j*ai vu* en 1892, quelques beau^
produits de Boissettes, deux soupières rondes, dont le couvercle est
surmonté d'un fruit artistement moulé, une théière, quatre lasses,
marquées comme le^ pièces conservées à Sèvres** M, (.lodefroy
Sidler, le directeur, tient cette porcelaine pour assez rare, Elle est
peu fréquente dans les ventes de curiosités; toutefois, son prii
n*est pas plus élevé que celui des produits similaires de Cli^uancourt
Des marchands et des experts m*ont conGrmé la rareté des por-
celaines de Boissettes, que d'aucuns n'ont jamais vue. La fabri-
cation, qui, selon les apparences, dura quatre ans à peine, dut être
peu importanie«
Elle n'était pas représentée à l'Exposition rétrospective de la
céramique, organisée Tannée dernière, dans le Palais des Beaui-
Arts, au Champ de Mars.
Le Musée de South Kensington^ à Londres, que je visitais en
1896, Ta mise au nombre de ses desiderata. Riche en produiLs
céramiques de toutes les parties du monde, il n'a pu trouver
encore aucune pièce de Boissettes. Un sommaire des anciennes
porcelaines françaises, affiché dans les galeries, et sur lequel figure
notre modeste manufacture, m'avait donné Tespoir que j'y rencon-
trerais ses produits. Une lettre du directeur du célèbre Musée ma
désillusionné '.
Cluny est également dénué de faïences et de porcelaines de
Boissettes. Le savant et regretté M« Darcel, que j*interrogeais à ce
> Vide in/rà, Annexes, III.
• Ibid., Annexes, IV
^ Ibid.y Annexes, V.
LA CÉRAMIQUE A B0I8SETTES. S07
sujet, m'avoua, en toule sincérilé, qu*il en entendait parler pour la
première fois '.
Les auteurs qui ont écrit sur la céramique, M.\f. Jacquemart,
Ris-Pacquot, Demmin, Gerspach, M. Lhuillier, dans une commu-
nication au Congrès des Sociétés savantes, en 1883, ont mentionné
Boissetles, sa faïence et sa porcelaine.
MM. Jacquemart et Leblanc, plus explicites et pins documentés
dans leur Histoire artistique, industrielle et commerciale de la
porcelaine •, analysent le privilège acconié aux Vermonet en 1778.
et avancent, ce qui est exact, qu^ii reçut sa complète exécution.
D'après une note conservée dans les Archives de Sèvres, ils attri-
buent à dès pertes considérables la cessation de la fabrication et la
fermeture de rétablissement.
Ce fait possible n*e$t confirmé par aucun document authentique.
Certainement, à Boissettes, Texploitation était coûteuse. Les
matières premières étaient tirées de loin : le kaolin de Saint-Yrieix,
largile plastique de Montereau-faut-Vonne, le sable siliceux de la
forêt de Fontainebleau. Répartis sur une production restreinte, les
prix de revient étaient élevés, laissant peu de marge aux bénéfices
du commerce courant. Pour soutenir l'entreprise, il aurait fallu la
fantaisie d'un grand seigneur riche et prodigue. La trouva-t-elle
dans le duc d'OrIfans, qu'on entrevoit à Boissettes en 1781? Mais
avec la fin du concours du duc, en admettant qu'il lui ait été acquis,
Boissettes dut éteindre son lont et fermer ses ateliers. Ce dénoue-
ment peut justifier la note des Archives de Sèvres, qui attribue sa
disparition à des pertes considérables.
MM. Jacquemart et Leblanc élèvent un doute sur l'attribution
certaine en faveur de Boissettes des pièces a assez répandues,
c disent-ils, en porcelaine dure, fort blanche, décorée de fleurs et
0 de bouquets, qui portent pour marque nn B majuscule en bleu v .
Ils ne voiient guère aucune autre usine à laquelle la marque et les
caractères de cette poterie conviennent mieux. Pourtant, ils livrent
ceci aux amateurs comme une simple conjecture.
Il est vrai qu'une objection s'est élevée sur l'identité des porce-
laines à la marque B» On a paru vouloir en déposséder Boissettes,
< Lettre puUcuiière de M. Darcel à Taoteur, 22 mars 1892.
*1]d volame îD-foI. Paris, Techner, 1862, p. 590.
n
308 LA CÉRAMIOUE A BOISSËTTES.
au profit d'une usine qui aurait fonctionné vers le même temps à
Orléans, et dont Tinitiale du nom de son directeur est un B. Avant
d'accueillir cette opinion, il faut tenir compte que les fabriques de
céramique du dii-huitième siècle adoptaient généralement pour
marque lé nom du lieu où elles s'exploitaient, ou un signe parti-
culier sur lequel on ne pouvait se méprendre, tel le cor de
Chantilly.
Indépendamment de son B initial, Boissettes a un autre carac-
tère, qu'il partage avec les produits similaires de Paris et de la
banlieue. Ces produits sortent des mains d'artistes formés à une
même école, sMnspirant des peintres délicats, charmants, maniérés,
aussi, de la seconde moitié du dix-huitième siècle. Leur pâte peut
différer de blancheur et d'éclat, mais les peintures qui en sont
Tornement, les fleurs, les fruits, les bouquefs,^ les guirlandes» les
personnages, les scènes champêtres ou galantes qui s'y trouvent
représentés» ont un cachet particulier qui constitue ce qu'on peut
appeler l'École parisienne de la céramique, et que les porcelaines
françaises de province n'avaient pu encore égaler. Il en est de la
céramique comme des médailles à légendes incertaines que les
numismatistes, par des apparences spéciales, déterminent sûrement
et facilement. Ce cachet particulier, possédé par Boissettes, est
comme une seconde marque de fabrique qu'il est difficile de
méconnaître et de lui contester, pour l'attribuer à une fabrique
orléanaise.
Jusqu'à ce que des preuves plus convaincantes qu'un simple
doute aient été fournies, il faut conserver à Boissettes toutes les
porcelaines du dix-huitième siècle, marquées d'un B en cursive
majuscule, bleu, rouge ou or.
Par une singulière ironie, Timmeuble où s'était exercée une
Industrie qui sMnspirait d'art décoratif vit s'oûvrir, sous le
premier Empire, une prosaïque manufacture de lacets, qui dura
pendant plusieurs années. Avec sa disparition, c'en fut fait de
toute fabrication, dje toute industrie, dans le minuscule village de
Boissettes.
Aujourd'hui, l'ancienne faïencerie de Desrues de Boudreville,
Téphcmère porcelainerie des Vermonet, est transformée en une
agréable habitation de campagne, au milieu de riants jardins qui
s'étendent jusqu*au bord de la Seine.
LA CÉRAMIQUE A BOlSBKTTSS. iQO
Leg souvenrrs locaui de Tindustrie céramique d'autrefoii le
lûDt éteints avec les t tei 1 lards qni^ naguère, il y a une cinquantaine
d'années, en avaient des notions va^jnes. lis parlaient, au milieu
des fat ta restés (Tans ]cur mémoire débile, de visites des seigneurs
du voisinage, des châtelains de Sainle-Asslse — le duc d'Orléans
peut-être — aux fours de la porcelatnerie, quand on sortait des
mouCteg les pièces S{>u mises à la cuisson* Ces traditions ont dispara
avec les derniers survivants de ceui qui les conservaient.
il titre de dernière trace ou de dernier souvenir de la manufac-
ture de BoissetteSp de temps à autre, sur l'emplacement où elle a
eiîsté, des ouvriers ramènent à la surface du sol des détiris de
faïence ou de porcelaine, l»risés, abandonnés à l'époque de leur
exécution. Us a'en montrent étonnés au même degré que le
nomade qui, dans les sables du désert, ethum^ dos vestiges de
civilisations d'autrefois, à peine mentionnées par les historiens, et
dont la mémoire, fugitive comme le souffle de Tair, est peu
connue des sociétés modernes.
G, Leroy,
Bibliothécaire de la villâ de If et an,
Correupoodinl hû non ire du nilai»-
1ère di? rtnslruclion f>ubU([ue pour
les triivaui titstori(|ties.
JUelun, iai«QÙer 1^98,
riÈCES JUSTIFICATIVES
I
Arrêt du Conseii ^Etat du Roy en faveur du sieur Desruei de Boudrevilief
portant concemon du droit d'étahlir une manujaciure de Jayen£t
à Boisiettes. — 1 Décembre 1733.
Sur ce cjui a été reprejienlé au Roy en son Conseil par le sieur Jacques
Thomas Desrues de Boudrei'ille, cju'ûyant trouvé auK environs dix village
de Boissetles, près de la ville de Mcltin, des terres très propres pour la
f»ljrJcaLjon Je fayence^ dont il a fait différens essays qui en ont produit
atjsây belle que celle qui âe fait â Uouen et a. Lille, il aurait formé le
^ssein d*en établir une manufacLure dans le village de Bois^ellea ;
Que cet établissement serait d'autant plus avantn^jeux que la fayence
14
l
ElO til CERAMIQUE A BOISSETTES.
qui serait fabriquée dons la dite manufacture pouvant estre conduite
à pAriAf par la rivière, dans toutes les «aïsons et en un jouFf calle facililî
tn procureraU Tabondance dans la dite ville, dans les tems mêmes où la
sécheresse et les basses eaui empêchent qu'il n^y en soit apporté des
manufactures du Royaume, d^où elle vient ordinairement par la rivière \
Pourquoy requeroil le suppliant qu'il plus! à Sa Majesté, pour le mettre
en état de se dédommager des dépenses considérables quMI sera obligé
de faire pour former son élablîssemenl, de luy accorder, et à ses hoirs et
ayant cause :
1* t]n prjvil&ge à perpétullé pour faire fabriquer de !a fayence dans le
village de Doissetles, avec deffenses à toutes personnes de faire aucun
pareil établissement dans la distance de six lieues k la ronde.
^^ L'exemption de la taille pour luy el les ouvriers qui seront employez
à l'exploitalion de ladite manufacture.
3* La liberté de lever la quantité de quatre minois de sel de morue
tous les tiioiâ des gabelles de Paris, suivant la taxe, pour être employez
a la composition des émaux des ouvrages de faycnce de sa manufacture ;
Enfîn, lé litre de manufacture royale en faveur de sa fabrique.
Et Sa Majesté désirant traiter le suppliant, vu Tavls du sieur de Harlay,
conseiller tPEtat ordinaire, intendant et commissaire départy dans la
généralité de Paris, ensemble les observations des Fermiers généraux et
Tavis des Députez du commerce ; ou y le rapport du sieur Orry, conseiller
d^Ëlat et ordinaire au Conseil royal, controUeur général des Finances ;
Le Roy en son Conseil a permis et permet au dit lieur Jacques Thomas
Des rues, ses hoirs et ayant cause, d'établir dans le village de Boisseltes,
une manufacture, et d'y faire fabriquer toutes sortes d'ouvrages de fayence
pendant le lems et espace de vingt années à compter du jour et date du
présent arrêt ; fait Sa Majesté deffenses à tontes personnes, de quelque
qualité et condition qu'elles soient, de faire pendant le dit lems de
vingt années aucun pareil établissement dans l'étendue de quatre lieues
à la ronde du dit village de Uoisseltes^à peine de confiscation des ouvrages
qui y auroient este fabriquez, des mattereaux, o utils et usteuciles qui
auroient servi à leur fabrication, et de trois niilte livres d' Amende appli-
cables moi lié au profGt de Sa Majesté, el l'autre moitié au profit du dit
sieur Desrues ou de ses hoirs et a^ant cause ;
Veut Sa Majesté que ledit Desrues, ses hoirs et ayant cause, successeurs
en. la dite entreprise, et les ouvriers qui seront employer dans la dite
manufacture soient et demeurent personnellemcnl exempts de la tuille
pendant le dit temps de vingt années, pourvcu qu'ils n'y ayent pas esté
dejii im[)osez ; qu'ils n'ayent pas d'autres biens, et ne fassent autre
commerce que leur travail dans la dite manufacture^ même que ceux des
.LA €ÉAÂMIQUE A* BOISSETTE S. ;SIt
dilf oaTrieri! qtir se trouveraient sctuetJement comprit dans quelque rolle
d'impofilUons ne puissent estre imposez à une plus roiie cotte, sous
prétexte de lenr travail dna^ la dite manu facture ; à L'effet de quof le dit
Décrues, 3€s hoirs ou ayant caa^e, sprorit tenus de remettre chaque année,
avant le premier jour du moîi d'octobre» aux scindlcs et collecteurs de ta
paroisse de Bobsetles, un état d'eux certîfTti^ de tous les ouvriers qui seront
employés dans la ditt« manufacture, le tout à U charge par le dit hesrues
de n'employÇE* pour la fabrication de ses ouvrages que du hors btanc
leuiement^ et à la condition qu'il établira ladiLte manufacture et la mettra
en état de trarailler dans Tespace d'une année, ù compter du jour et datte
du présent arrêt, à peine de nullité d'iceluf et d' estre deschcu du privi-
lège de la ditte manufacture, et seront sur le présent arrêt toutes lettres
oécessaires e.ipédiées«
Si^: D*AoiEâ8£Atr, CHAtnrii.rsr, OftHY.
i
n
Bénédiction et inauguration de la manufacture dé Bomtttu^ —
13 août 173:^,
Cejourd'huy jeudi treize du moiâ d'août de la présente année
mil sept cent trente trois, nous Etienne Baron, curé de Uoissettes, sous-
signé, ay^ïnt été requis par \L Jacques Thomas lïesrues^ maUre de la
manufacture royale de fayencc établie en cette paroisse jjar privilège du
Roy, de bénir le four à fayence et autres lieux dèpendans de la susdite
manufacture, comme il se pratique en pareil cas^ et suivant Tusa^e des
autres manufactures établies dans le Royaume, avons procédé à la susdite
héoédiction, assisté de \f. le curé de Robsise-la-Bertrand, accompagné de
ncktre clergé ordinaire, du dit siear Desrues, dt tous les ouvriers de li
susdite manufacture, des hahittanïj de notre susdite paroisse et de beaucoup
d'étrangers, qui sont venus e^cprès de la ville de Melun et du voisinage ;
Xous^ accompagné comme dit est, sommes transporté processionnel-
lement de nostre église, avec la croii^, deuï chandeliers à côté, la
bannière, le bénitier et Tencensoir, étant tous entrés en cérémonie
ians la susdite manufacture, sommes descendu dans l'endroit où est )e
four à fayencc, et, nous y estans arrêté, avons commencé la susdite
cérémonie par t'inlonnation de Thymne Veni Creaior que nous avons
tous chanté à genoux « El après^ avoir dit PoraisQu Deus qui corddt âvona
n
219 LA CÉRAMIQUE A B0I8SKTTES,
mis le feu poos même aa bois préparé pour chauffer le dit four pour la
première fois qu^il a élé chauffé ; ensuite de quoy nous avons chanlé a^ec
notre clergé les Litanies et Oraisons des Saints, pendant Jesquellas nous
avons fait tant dans le dit four que dans les lieux de la manufacture, en
dehors et en dedans, Faspersion de l*eau bénite et les encensements, et,
à cet effet, sorti par la grande cour de la dite matui facture, sivùb& passé
derrière la tournerie et le dit fonr sur les prés, affin de bénir aussi en
dehors les susdits lieux, et sommes revenus à la susdite matiufacltire, par
la rae proche Téglise, dans la petite cour d'entrée, et sommes descendu
au bas du dit four, où nous avons achevé de chanter les susdites lilanies
et oraisons qui les suivent, et après avons dit Toraison Te Deum
mMdpotefUem^ comme dans le Rituel, et celle de saint-rVntoine de Padoue,
patron de la ditte manufacture, laquelle étant finie, avons chanté solen*
nellement Thymne Te Deum en actions de grâces, laquelle étant finie, en
nous en retournant à Téglise, nous avons chanté le Sakt Re^tia et Toraiion,
Ce que nous curé susdit certifions véritable, et en foy de quoy nous
avons signé le présent procès-verbal, les jour et an que dessus, pour
servir et valoir ce que de raison et en tems et lieu.
Signé : Barow curé de Bois set tes,
(Archivei du greffe du tribunal civil de Melun, — Hcsiilre^ paroiMiaui d« BoîifCilvtr
Année 1733.)
LUU des porcelaines de Boissettes appartenant au musée de Sèvres,
N* 4315, *— Saucière à deux versants, à anses latérales géminées ;
filets d*or dentelés* — Marque B.
N^ 4326. • — Assiette à dessert, bord lobé treillis se dans la pâte, décor
de fleurs détachées. — Marque B.
N* 6422. — ^ Cafetière ornée de filets d*or dentelés» — Marque B.
N* 8176» — Cafetière mince à anse ornemaniséet Décor de paysage
avec personnages en costume du XVIU* siècle. — * .Marque B.
(Communication de M. Ed. €arnier, directeur du Umée da li Maniilicturf? national^
de Sèvres,)
IV
Porcelaines de Boissettes appartenant au musée Ariana à Genève,
Deux soupières rondes, ornées de bouquets de fleurs variées. Charmante
décoratlonXoavercles surmontés d^unfruit, -» Marq ue B,bleu sous couverte.
LA CÉRAMIQUE A BOISHETTRS. 91d
Petite théière^ même décor et même marqoe«
Qoatre tasses avec gnirlandes et ruban rouge, ornées de |iottqnets
variés. — Marque B. en or.
(CoBamnlcAtion àe II. Goàéfnj Sidler, dirsctew en Untée Aritat.)
V
Souih'Kennngion Mutmm. — Por€elain o/BoiueUes,
« I am directed to express regret that Ibis Muséum does not possess
any spécimen of tbe porceiain made in Ibe last centur]f at Boîssettes.
Yonr impression tbat it did, arose, no doubt, from your baving seen tbe
Dame on tbe lists of factories de poUery bnng in tbe ceramic galiery of
tbe Muséum, n
The Secretary, Department of Science and art, London, S. W.
Signé: {lllmbU.)
VI
CoîkctUmt partieuUèrei.
Un amateur» M. de Ricbeboorg, capitaine an 2* cbasseurs, qui tint
garnison à Melnn il y a une dizaine d* années, possédait quelques spécimens
de la porcelaine de Boîssettes : une cafetière, plusieurs tasses avec leurs
soucoupes, décorées de bouquets et de fleurettesi et marquées d*nn B en
cursive majuscule bleu.
L*année dernière, au cbflteau de Voisenon, dans le voisinage de
Boissettes, à la vente qui suivit le décès de la marquise des Ligneris, il
parut un lot de plusieurs assiettes de même porcelairie, provenant de
services différents, tontes marquées d*un B en cursive majuscule bleu
sous couverte, ornées, avec plus ou moins de profusion, de bouquets
imitant le Saxe, et aux bords lobés et dorés.
Le lot, qui comprenait quatre assiettes, fut acheté par M. Rapin^ de
Melun,qui en céda deux à des amateurs de Paris, entre autres au proprié-
taire actuel de Fimmeuble où exista la manufacture de Boissettes ; *—
m'offrît la troisième, et se réserva la dernière, la plus élégamment décorée.
Il est bon de remarquer que le mobilier du cbâteau, sauf quelques
modifications introduites par le goût et la mode variant avec le temps,
s*était transmis, à peu près sans cbangement, de propriétaire à autre,
iepnis la vente du domaine de Voisenon, comme bien national, après
^4 Là CÉBÂUIQUE A BOlSSETTES.
rémigrattoD de son propriétaire^ Ckampion de Cicé^ bèr tier des Fusée de
VobenoD, auxquels se raltacliait Tabbé de ce nom.
Or, flans être taxé de témérilé, ne peut>on- admettre que les asiietteâ
irendues en 1S91 saut des débris de services ayant existé autreroU au
chftteau, où peut-être ils avaient été introduits quand florîssail la porce-
Jaînerie de Boissettes, e'est-Â-dire peu d'années avant la RévolulJon?
L'idée n'a rien d* in vraisemblable,.
Be plus» eUe a son importance eomme réponse à ta contestation de Tatlri-
bution h Boissettes des porcelaines marquées du B en eursîve majuscule.
Voisins de la porcelainerie, dont îh étaient distants d'une lieue à peine, pn
s* explique que les prapriétairc^s de Voisenon aient voulu posséder, à une
époque oCi la porcelaine française était rare encore, des services de table,
élégants, agréablement décorés, provenant d'une manufacture locale, et
qui rappelaient, avec des prix moindres, les produits similaires de Saxe.
Les spécimens vendus Tannée dernière seraient des témoins^ épargnés par
le temps, échappés aux risques d'un usage séculaire, des services de
Boissettes -qu'auraient possédés les anciens châtelains de Voisenon. On
peut contester cette appréciation - mais, en la repoussant, il sera difficile
d'expliquer comment ces incontestables prckluils de Boissettes sont venus
échouer dans les armoires d'un château briard.
J'ajouterai que de mômes produits se trouvent peut-être. aussi dans
les châteaux des environs de Melun, dont les mobiliers, transmis de père
en fils, sont antérieurs h fa Hévolulion, et se sont accrus^ quand Boissettes
fonctionnait, de quelques*unes de ses œuvres. La vogue de ta nouvelle
porcelaine française, la protection que les grands serc^neurs accordaient
aux fabriques qui existaient dans les environs de Paris et même dans la
capitale, qu'ils subventionnaient et soutenaient -au prix de sacriHces
onéreux i le caprice, t'esprit d'imitation^ tout fait croire que ces fabriques,
Bois^^etles entre antres pour spécialiser, durent avoir pour clientèle la
noblesse du voisinage. Il ne sérail donc pas étonnant que les quelques
châteaux de la vallée de la Seine autour de Melun,donl les mobiliers sont
restés intacts depuis une centaine d'années, possédassent, en pi us ou moins
grand nombre, des produits ignorés de Boissettes, comme on en
a r exemple à Voisenon,
CHARLES EISEN. SIS
X
CHARLES EISEN
Jal, dans son Dictionnaire critique de biographie et d* histoire^
a^démontré que Charles-Josepb-DominiqaeEisen, le graveur^ était
né Français, paisqu*il naquit k Valenclennes et y fut baptisé le
17 août 1720.
Fils de François Eisen et de Uarie-MargueriteGainse, il habitait
et travaillait à Paris à la fin de 1742 ; il y épousa. Tannée suivante^
eroit-on, Anne Aubert, de treize ans plus âgée que lui. lia eurent
cioq enfants, dont deux filles.
Deux fils seulement survécurent à leur père: Christopbe-Cbarles
et Jacques-Philippe.
Le premier, maître peintre à Paris, et le second, peintre et doreur
àCaen. Tous deux assistèrent, dit Jal, à Tapposition du scellé qui
eut lieu aux domiciles de leur père, après le 4 janvier 1778,
jour du décès de Charles Eisen (à Bruxelles). C'est des domiciles
de Parts, bien entendu, que Jal veut parler.
L'époque et le lieu de ce décès sont connus des biographes,
qui se sont contentés de dire qu'Eisen mourut dans un état voisin
de Tindigence.
Jal fait connaître ensuite le procès-verbal de l'apposition du
scellé et une lettre jointe à cette pièce, qui sont déposésaux archives
de l'Empire.
Il établit qu'en 1777, Eisen se rendit à Bruxelles, non pour ses
affaires, ainsi que le déclare sa pauvre femme, Anne Aubert, a qui
•e montra fort réservée v mais pour quitter cette digne compagne
qu'il avait abandonnée depuis longtemps déjà, pour vivre à Paris
avec Marie-Charlotte Martin, demeurant rue Saint-Hyacinthe, et
veuve d*un sieur René du Coudray.
Eisen habitait donc Bruxelles, de 1777 à 1778, où il s'était établi
ez un quincaillier nommé Jean-Jacques Clause, rue au Beurre, où
meubla une chambre.
2t6 CHARLES EISBIV.
Lalettre de Clause, adressée à madame « Saint-Martin n (c'egtainst
que Eisen faisaît nommer cette femme], c^tpose bien qu'il lui doit
une somme de 376 florins, 752 livres en argent de France. Noua
n'analyserons pas cette lettre qne tout le monde peut lire dans
rintéressant oui^rage de Jal, lettre dans laquelle il ose réclamer
renvoi de Targent sur ce que la vente du mobilier de Paris peut
produire, car il estime que celui qui garnit la chambre d'Eisen à
Bruxelles, ainsi que sa bibliothèque, ne lui payeront pas la moitié
de ce qui hn est dû.
Or, ce que Jal, et ce que tout le monde ignore jusqu^ici, c'est
que cette bililiotbèque, comme Tappelle le propriétaire quincaillier
Clause, renfermait une collection des oeuvres du maître, collection
dont ce Clause connaissait la valeur et que, par une ruse déloyale,
ce Clause s'était fait adjuger.
Nous a tans eu la bonne fortune de retrouver, d^ins les aicbivei
de Belgique, un document qui jette un jour nouveau sur cette
question. Nous nous empressons de le transcrire; son importance
et sa netteté nous dispensent d*y ajouter aucun commentaire.
C*est d'abord la déposition de Jansens, peintre et doreur de
Bruxelles, puis la décision prise par les magistrats contre ledit
Clause'.
u J.'J. Jansens, peintre et doreur, demeurant en cette ville,
ù expose qu'il est parvenu à sa connoissauce: Charles Eisen, dessi-
<£ naleur célèbre, est mort à Bruxelles le 4 janvier 1778. L'on croit
^ qu'il aïoit femme et enfans à Paris. 11 ètoit logé ici chez le
tL nommé Clause, marchand quincailler, près de St-N^icolas, de qui
a Ton tient les circonstances suivantes relativement k la vente qut
tt s'est faite le 10 dudit mois Taprès dîner dans la maison du
< St-Esprit, de tous les effets, habits, linges, objets et surtout de
a plusieurs dessins de prix délaissés par ledit Eisen.
^ Ledit Clause, entrant dans un endroit public, le samedi
« 10 janvier, vers les six heures du soir, y débita pour nouvelle en
u présence de nombre personnes, qu'il venoit d'avoir fait un l>on
('Coup, quil avoit gagné de quoi faire une nouvelle façade à s^
IL maison, qu'il étoit devenu propriétaire de tous les dessins e
* ■ Bruiellcj. S(?crétairerie d*État et de Guerre, r — Rêgiilre 573*, to\ . t54.
ClTARLEg EISEK fil
â ouvrages qne le célèbre Ëîften âVûitdélaîiaéâ; qu'il étoit ptr^enu
« à se procurer ces {Tesaeîns an moïen d'une permission qu*il avoit
B obtenue du Ma,^* de Bruxelles, par le canal derEchevin Oui pour
t faire vendre tous ces cfTets à son profit ; que cette vente s'étoit
^ effectuée ta mesme après dîner dans la maison du Si- Esprit, et
■ qu*il s'y étolt trouvé peu Je monde, que pour avoir les desseins
« à l>ofi compte, il avoit eu soin de les arranger à sa façon chez lui
à dans les dlSerens portefeuiltes qui les contenoient, qu'il avoit
« commencé par faire mettre en vente le plus beau de ces desseins,
" représentimt la Sédaclion, sur lequel ainsy que sur le» autres
■ il avoit été le seul enchérisseur, pareeque aucun de ceux qui
R étoieut présent à la vente, la plupart fripiers, ne connoissoient
^ pas ces sortes de choses ; qu'il avoit ce beau dessein de ici
^ Séduction^ pour dix-sept florins et qu'il ue le donneroit pas
« pour six cent, qu'il avoit également tous les autres ouvrages
td'Eiseu pour lesquels il fcroit bien son compte, qu'il étoit
tt d'intention de faire annoncer dans les feuilles puldiques que ceux
a q tj i vo ud roi en t ache ter de ces o u v rages pou rroi en i s'ad resser chez
a lui, qu'aPm de pouvoir plus facilement parvenir à obtenir seul
^ à la vente tous ces desseins il n avoit prévenu personne que cette
«t vente de voit se faire, que cependant quelques jours avant, le
K valet de chambre de M»' le duc d'Lrjsel éloit venu de la part de
tiSon maître lui demander quand cette vente se feroit parcequ'ïl
' désiroit beaucoup d'y faire quelqu'emplette, que lui. Clause
d avoit répondu qu elle ne se feroit pas de sitôt, qu'il devoit aupa-
a ravant écrire à Paris, que \L le Comte de Cuypers dêsireroit
0, d'avoir la Tabatière d*Eisen^ sur laquelle il y avoit un dessein,
tt avoit aussi fait demander chez lui quand cette vente se feroit, eu
^ le priant de vouloir acheter pour luy, Comte de Cuypers cette
a tabatière à tel prix qu'elle pourrok se vendre. Quelques personnes
^ de la Compagnie indignées d'un tel procédé, observèrent à Clause
^ qu'il n'étoit pas permis d'agir ainsi, vu que tous les amateurs de
ic desseins attendoient avec impatience cette vente et que lui-même
^ d'ailleurs devoit être intéressée la faire valoir le plus que possible
« afin d'être payé des prétentions qu'il avoit à la charge d'Eisen,
' et en même tems tenue pour acquitter les prétentions des autres
* créanciers qu'Eisen avoit; surquoy Clause dit qu'il ne s'inquiét oit
^ pas des autres^ que tout l'argent que Fou avoit fait de vente ne
n
218 CHARLES EISEN.
ft siiffiroit pas encore pour sa seule prétention et qu'il croioit
a d'autant plus cette vente faite en règle qu'elle avoitété annoncce
tt par le Belleman dans la paroisse de St-Nicolas le matin même du
a jour de la vente. »
Suivent les conclusions et les décisions des magistrats : les voîci i
a Parler du préjudice pour les autres créanciers d'Eiseii. Tromper
a Tattente des amateurs de dessein, flétrissure pour la mémoire
(c d'Eisen. On a surpris la religion duMag'ou d*un de ses membrei
d pour obtenir la promesse de faire cette vente précipitée etobrep-
« tive et clandestine en cellant sans doute qu'entre les bardes,
« linges, etc.» il y avoit les desseins de prix.
Cl Conclure à ce que la permission du Mag* soit déclarée nulle
tt comme urb. et obreptivement abvenue, et par conséquent ulté-
a rieure la vente qui s'en est suivie également nulle et camme non
^a avenue. Ordre à Clause sans dire expurgation de remettre au
tt Curateur que le Conseil trouvera bon de dénommer pour la
«créance d'Eisen, généralement tous les desseins, ouvrages et
a d'autres effets quMI a obtenus à cette vente ou qui se sont Iroui^ès
tt dans sa maison, lorsde lamortd'Eisen,pourle tout être revr.ndu
« de nouveau après préallables afGcbés, et avis dans les feuillea
tt publiques comme il est de règle et convenable dans un cas partt-
u culier tel que celui où il s'agit de louvrage d'un artiste célèbre
« qui ont un prix indéfini.
tt Pour sûreté des créanciers demander provisionnellement
(c permission d'arrêt sur les desseins de la vente entre les mains
« du vendeur public. Et à ce que Clause soit condamné à tous
« frais, dommages et intérêts résultés et à résulter de cette pouf^
tt suite.
tt Demander provisionnellement que Clause ait à consigner au
tt devans les vingt quatre heures, tout ce qu'il a obtenu à cette
tt vente. »
On consultera avec intérêt la notice que M. Jules GuiflVey
consacre à Charles Eisen dans le tome VI, 12' volume des
Nouvelles Archives de Vart français \
' 2* série, t. VI, 12* vol. de la collection, publiée par Jules Guirrrey, 1771^
1700. Paris, Charavay. i
i
LE UAlT&E-AtlTEL Dfi DENtS GBRVAIS. tl»
Celte Dotice ajoute un ÎDtérét de plus et se lie au fait que noui
relevons ; elle reproduft le ccrliGcat d'inhumation de Charles Eisen
au cimetière de Saitite-Gudule, à Bruxelles, dounaïil ainsi la date
eiacte du décès du graveur, le 4 janvier 1T7B, ^ chez le S' J.-Jt
«Clausej marchand q Cl tncalller, demeurant rue au Beurre et inhumé
A le 6 du mente mois ^ ,
Celte notice contient également le curieux procës-verbat d'appo-
sition de scellé à Paris, en date du 13 janvier 1778, dans lequel
U. Guiffrey fait remarquer le nom du «jraveur Palassc-, que Jal
avait lu Patusse et qui demeurait nie du Plàtre-Saint-Jacques, celui
du S. Jean-Baptisle Roger, professeur de musique h Paris, rue
Beaubourg, tuteur de 4'^* Aiméc-Jusiinc Roger, sa fjlle, et de
demoiselle Catherine-Justine Eisen, son épouse.
M. Jules GuiOTrey a publié aussi une série de pièces sur Charles
Eisen, émanant des archives des Commissaires au Châtelet^*
Albert Jacquot,
CorreipomlAnt du Comité de« Socîétéi
des Ë€sui-Arti di?a dëpart«^nieQU, à
XI
LE MAITRE-AUTEL DE DENIS GERVAIS
à saiNT-yÂnRicË n'ANceas
(1758)
Bien que le maitre-autel de Saint-Maurice d'Angers soit d'une
ordonnance qui ne s*accorde pas avec le slyle général de rédîGce
fdouziènie^treiziënie siècle)^ il mérite cependant une mention par-
' C'est du graveur Pilu qu'il i*agit«
' Courrier de VÂrt, ÏMk.
iaO LB IIAITRB-AUTEL DE DENI8 GËRVAIS.
ticuliëre, comme un des spécimens les plus iraporlants qui nous
soient restés, do la décoration religiense^au milieu du dii^huiUème
tîècle.
C'est une justice â rendre à TÉglise de France — et on la lui a
rendue déjâ^ — que de constater qu'elle fut la dernière à aban*
donner les pures traditions de simplicité, de logique et de goût,
dans la construction et rornemeniatîoti de ses autels. L'Italie,
TEspagne. pins tôt, et TAltemagne, dè^ le quatorzième siècle, coti^
Traient leurs autels de ces clochetons et de ces rxirps d'architecture
encombrants que Tabbé Thiers, les voyant apparaître en notre
pays, ati prix d'irréparables sacrifices, ne craignît pas d'appeler,
en 16S8, de ^ monstrueuses décorations».
Mais après les retables monumentaux, plaqués au fond du chœur,
sous Louis XUl et encore sous Louis XIV, la mode s'imposa, par-
tout où ou put la suivre, d'ériger de grands autels avec des espèces
de dhorium, ou de baldaquin ^ comme à Rome, à Saint- Pi erre et
presque partout. A Faris, même, Dulaurecite en ce genre, comme
étant <i d*un Eiel effet ^^ Tautel de Saint-Jean en Grève, dessiné
par Blonde], et achevé en 1724; il assure encore que Tautel de
Saint-Bartbélemy, œuvre des frères flamands Slodz (l'un mort en
1754, l'autre en 1758), « mérile les regards des curieux* u, et
signale aussi le baldatfnin du l al-de<Grâce.
Les chanoines d'Angers n'échappèrent pas plus longtemps à
rinfluence de fa mode.
En 1754, le Chapitre se préoccupe de remplacer Tautel, recon'-
strurt en 1699, par un autel à haldaquin', etdes plans sont deman-
dés à un artiste dont nous voyons le nom pour la première fois,
Denis-Antoine Gervais, qui, dans le marché conclu, s'intitule
(i sculptoor de rAcadémîe, à l'aris, et pensionnaire du Roy », et
qui est nommé a sculpteur ordinaire des bâtiments du Roy ï» , dans
Tacte de muria^e de son fils, a sculpteur architecte deTAcadémie
de Pa r is , pensionnai re d e Sa Maj esté ^ , dans son acte de décès , il étai t
' VioLLiîT-LR-Dic, Dictionnaire d* architecture, t. I, p. 4t.
' Xou^elle Description des curiosités de Paris, ^ édit^ 1787, t. 1, p. 6fi;
t* tl. p. i:jo.
^ Archive» rnuTilcipalcs d'Anfjcrs, GG. 33, 105. • — Arcfaivesdfï MaidC-ct-Loife,
K. 2610. ^ CL Ctil. PoïiT, Les artistes angecint, 1881, p. lâS-lâfl, et Dto
tionnaire de Maine ■et'-Loire, t. Il, p, 257,
LB UAITRE-AVTEL DE DENIS GERVAI8. tSl
alors âgé de cinqatnte-six tns et ne vécut pas aa delà de soixante '•
Noos aurons dit sur Denis Gervais tout ce que nous savons, si
nous ajoutons qn*il mourut avant d*avoir terminé le grand autel
d'Angers, le 28 septembre 1758, dans une pauvre chambre garnie
dé la cité de cette ville, où il redevait trois mois de loyer k rb6*
tesse, soit 10 livres par mois, et que ses deux filles, dont Tune
mariée à un épicier de Paris, renoncèrent & sa succession, comme
son fils, Jean-Jacques, qui devait continuer et terminer Tœuvre.
Notons, toutefois, que Jean-Jacques était né vers 1733 à Angers
même, où il devait se marier à vingt-six ans et où il demeurait
encore en 1766, rue du Cornet : ce n*est peut-être pas se basarder
beaucoup, après cela, que de supposer que Denis Gervais était
Angevin, tout au moins par ses alliances.
Après avoir examiné les plans que Tarliste leur avait commu-
niqués le 17 janvier 1755, les chanoines déléguèrent plusieurs
d'entre eux pour conclure un marché. MH, de Montéclerc, Pocquet
de Livonnière, Bruneau, Rousseau de Pontigny et Houdbine
signèrent Tacte, au nom du Chapitre, le 28 mars suivant.
Denis Gervais s'engagea, moyennant un prix de 22,000 livres
(qu'il fallut presque doubler ), à exécuter, dans le délai de dix-huit
mois, la reconstruction du maitre-autel de la cathédrale, d après
les plans présentés.
Mais c*est seulement à Theure même où il eût dû livrer son
œuvre que Gervais la put commencer. L*évéque Jean de Vaugirault
bénit la première pierre le 18julllet 1757', et,quatorze mois après,
le 27 septembre 1758, Tartiste mourait, laissant Tautel inachevé.
On raconte que, moribond, il se fit transporter sur un matelas, à la
cathédrale, pour expliquer ses projetsdebaldaquin'.et, comme nous
lavons dit, c*est son fils Jean-Jacques Gervais qui termina la tâche.
Un nouvel évêque, Jacques de Grasse, consacra le grand autel le
23 juillet 1 759, après plus de cinq ans de pourparlers et de travaux *»
Au total, le monument ne coûta pas moins de 40,000 livres *. Les
' L'ami du Meerétaire^ par Brossikb. Ma. 656 de la Bibliothèque d'Angers.
* Us. 656 de la Bibliothèque d'Angers, t. I (Autel). — Archives de Maioe-et-
>ire, G. 385.
* Jean de Vaxtfirauld^ par M, Bailli (dix-haitième siècle). Ms. 633 de la
Hliothèque d'Angers»
^Ms. 656.
2»^ Xft^HAiTRE-AUTEL DE DENIS GERVAtS.
chanoines, quf» diftITSQi «nient obtenu, à cet effet, du grand maître
ides eaux et forêts dé ib fjtw/ifîilifft, la permission d'aliéner cent
soixante-treize grands cfiffluft, imiapn sur leurs domaines de
Saint-Denis d'Anjou et de Çhen^fr^ «-^iiraRt aîdés, dans celte
•dépense, par Tévèque Jean de Vaugiraull; ^^ d^oa 11,000 livres
de ses deniers, et aussi par les ha^kajits, qui ftpwl luw loterie.
Au surplus, nous renvoyons au texte- même du matcfc^îalnt à
cette notice*.
Tel qu'il existe encore aujourd'hui,^ le maitre-mUel de Saint-
Maurice d'Angers n'est pas sans quelque analogie avec ka balda-
quins dont nous avons parlé de Saint-Jeai\ en Grève et de S^t-
Barthélemy, dont le souvenir, — tout ce qu'il en reste à cette heure,
— est conservé au cabinet des estampes de la Bibliothèque na-
tionale' : avec son immense gloire, Tautel de Saint-Darlhélemy est
plus étriqué, moins harmonieux dans son ensemble*,
. Quant aux détails de l'ornementation, ce sont à peu près ceux
qu'on a coutume de voir à cette époque^ où la li^ne droite et la
symétrie démodées étaient remplacées par les contre-parties non
symétriques et les courbes les plus capricieuses. Des dessîus de la
collection Poterlet, dus à l'artiste allemand François Habermann *
et à BabeP ont des rocailles gracieuses et légères qui rappellent
singulièrement celles du baldaquin d'Angers; les dessins de Charles
Ëisen^ sont plus lourds. Enfin, je ne serais pas étonné que les
trophées d'Amours etdechasse,composéspar J. Dumont le Romain
et gravés par Blondel*, ainsi que les cartouches de Nicolas Pineau,
gravés par Hérisset, chez Jean Mariette, aient pu fournir à Torne-
maniste Denis Gervais, ou à son fils Jean-Jacques, des modèles
qu'ils auraient copiés ou plutôt interprétés, d'ailleurs avec une
véritable habileté.
* L'autel à baldaquin du Val-de-Grâce coûta 60,000 liFres, au lên]OJ<^^e de
Dulaurc.
' Voir ci-dessous, p, 227. ^
> Carton Autels,
* Grave par Moreau.
^ François-Xavier Habermann (1721 f . 1796). Voir Les maiires omemanisks^
^\. 157.
® F.-E. Babel, ornemaniste français, milieu du diz-huîtîèine liècU. ilUd*^
pi. 59.)
' Ibid., pi. 54.
» Ibid., pi. 45.
i
I
JLK liAITRE-ALTEL Dt DBMS GERVAIS. ttl
Ce qui distingue le maïtrp-atitel d* Angers, c'est, à la fois, la soli-
dité imposante» on pourrait dire, majestueuse, du corps principal
d'architecture, et la proportion rationnelle du couronnement, orné
awec cette légèreté maniérée qui diBtin;f[ue les dessinateurs français
desorne maniâtes alleaiaiidSf p resq ue touj ou rs Inzarres et i:o w m uns'»
J/idée d'un autel monumental, énorme, — idée, je tiens à le
répéter, tout à fait discutable, — élant admise ici, Tarliste, on peut
laffirmer, a résolu un problème que, trop souvent, n'ont même
pas compris des ornemanistes ou des architectes de ce temps. Denis
Geri^aîs a su donner, à lautel et aux colonnes qui lesurmontent, la
solidité qui rassure et, en même temps a son couronnemeal, la
grâce qui plaît à la vue.
Là, du moins, les yeux ne donnent pas cette préoccupation ins-
lîuctive, celte inquiétude plus ou moins consciente, qu'on éprouve à
Taspect de ces constructions défiant le sens commun , où des colonnes
trop grêles, des arceaux trop légers, des cariatides trop faibles, sup-
portent comme en un château de caries un ciborinm trop lourd,
an groupe trop considérable, voire même des niches tout à fait
écrasantes. V a-t-il ricD de plus pénible pour un auditeur que de
¥oir une vaste tribune de chaire à prêcher, juchée, comme en équi-
libre, sur un pédoncule trop mince, de sorte que Ton redoute,
comme un vrai péril pour Torateur, le moindre de ses gestes et le
plus simple de ses mouvements?
Les Gervais ont évité ce travers. Les pompes religieuses peuvent
se déployer ici en toute sécurité ; il ne peut venir à la pensée de
personne qu'un écroulement du baldaquin soit seulement possible.
Les règles de la proportion et de la logique sont ici respectées.
Il me reste peu k dire pour compléter rhistorique de ce monu-
ment.
Denis Gervais, en son contrat, s'était réservé de faire au plan
primiliries changements qui pourraient paraître utiles* Ce.st aiusi
que furent ajoutées, en forme d^acrotères, les deux cassolettes qui
surmonteal les côtés de la corniche et dont le marché ne parle
Uas, C'est pour une autre raison, par économie sans doute, que ne
jrent point exécutées les deux crédences de bois dore, qui devaient
^ Voir, cl-»prèi, pi, 6*
1
^234 LE lIAITRErAUTEL DE DENIS GERVAIS.
être posées dans rentre-colonnement, pas plus que les di verses dé-
corations de bronze doré au tombeau de Tautel.
Mais je ne saurais dire si Técusson de 18 pieds aui armes du
Chapitre (de gueules à Pescarhoucle à huit rais d^or), qui devait
être incrusté dans le marbre du marchepied de lauteh fut exécuté
ou non : il n!existe pas aujourd'hui. Peut-être a-l-il été détruit à
la fin du dernier siècle.
L'œuvre de Denis Gervais subit heureusement peu d'altérations
à Tépoque où Saint-Maurice d'Angers fut transformée eu Temple
Décadaire (1797)' pour lequel David, père du célèbre statuaire,
sculpta un autel de la Patrie, qu'on peut voir au Musée de la vïUe*,
On se contenta de couvrir la croix d'un bonnet phrygien et de faire
disparaître les tabernacles*. Mais, pour la construction d^eetrades
ofGcielles, on avait enlevé le marchepied de Tautel^ et, lorsqu'on
put le rétablir, en 1805, on ne devait pas songer à reconstituer des
armoiries, en admettant qu'elles eussent existé avant la Révo^
lution.
L'ange du couronnement, au lieu d'une custode ou pîxide, tient
en ses mains une couronne royale de bois, or et vermillon, com-
mandée à David père, en 1805',
Depuis que les études archéologiques sont plus répandues, par
une réaction assez explicable, mais excessive, contre T éclectisme
irraisonné des derniers siècles, il y aurait quelques tendances à de
nouvelles destructions, en vue de rendre strictement uniforme, en
son style, tout monument ancien. Si l'autel de Saint-Maurîce
d'Angers n'a pas encore couru le risque d*être détruit, il faillit être
déplacé, transporté à Paris, au Panthéon de Soufflot, contemporain
de Denis Gervais.
Mais la Commission archéologique de Maine-et-Loire fit entendre
' Deux fois l'autel a été repeint et doré, en 1831 notamment : la coraEche fui
d*abord peinte en marbre rouge; elle est maintenant en marbre blanc reiaé de
gris.
* Voir Henry JouiN, Histoire et description des musées d'Angers (1AS5),
p. 211.
' Le tabernacle actuel, en bois, peint en malachite, avec ornemeoU dorés, esi
de François-Edme Desfui-Lamarre. (Registres de fabrique, 1809.)
^ Registre des délibérations du conseil de fabrique. (Archives» de la cathé-
drale.)
^ Archives départementales. (Travaux de la cathédrale, an W.)
wm
m^
P^meliv l'J
yAlTRK-AlîTKL
t*jig« ii4.
LZ UAITHE-ALTEL DE DENlâ GËRVAlil. 1ÎS
des proteslatioiis fort vives contre ce projet, que la dèsairectatioiide
Sainte-Geneviève ne permet pas de cruindre aujourd'hui'.
Qoelle (\ue. soit l' importance de Tau tel cottslrint h «grands frriii
par Denis Gervafs, il est impossible de ne pas êproLiier de rerjrels,
quaod OD sait qu'i] a remplacé un autel déjà recoi^struit depuis
cinquante-cinq ans^sans doute (à Tépoque où la manie du change-
ment privait la France de lant d'ol>jels d'art a jamais sarrîfîes),
mais qui, sur sa «impie maroiiuerie de pierre, n'en montrait pas
moins des ornements très précieuïi du moyen âge*.
Du c6té du cbceur, Tancien nutel était orné d'un [larement de
vermeil donné par Tévéque \orinand de Itaiic, mort en I ISpL Ce
parement, qui représentait, sous quinze arcades cintrées, Jésus,
les Douze apôtres, et deux évvgues (profiablf^menl S. Maurille et
S. Renéj ou encore le portrait du donateur). Fournil une réponses
laquesfion que se posait Viollet-le*Uuc lorsqu'il se demandait s'il
y eut en France, hormis Marseille, des devants d'autel ornés de
ll.^ures de saints ou de personnages divins antérieurement au quin^
lièine siècle^
L'autre face de l'ancien autel répond également à cette interro-
gation « Ëlte présentait un autre pariMiient d'autel^ en vermeil et
filigranes d'or, dont les bas-reliefs représentaient la Nativité,
V Adoration des Bergers, la Visitation de la Vierye, VAnuoncia-
tioïïj tes Mages devant Hérode, V Adoration des Mages, le A/ffj-
saere des Innocents, le Trépassfmenî et le couronnement de ta
Vierge, enfin, agenouillé, le donateur, l'évÊque Ouillanme de Beau-
ment, njort eu 1^40.
Depuis qu'on avait abandonné les traditions primitives, où detf\
chandeliers, quatre au plus, élaleiït placés, ci plat, sur Tau tel ^
ilepuis qu'on avait construit des gradins sur la table de 1 autel^ on
ne se faisait pas faute d'y placer au^si des cbà^ses, des armoire!? ou
niches avec repréientatrons de saints. Aux deux ccHés du grand
autel d'Angers, s'élevaient deux de ces niches, à volets, en bois
' l'oîr dans le Répertoire arttiéologiqrtc de fAnjtift, 1t4(il, Bruits fâcheux^
r V. (loMiUi-FjiiiLTRiER, et Conimuniaitiom. pi*r ii, Uhuik^ii,
* Voir L. DE Fahcï, Xaiices ar^tiéùlQ^hiuts sur tts ftukiii dv ta ntf/irdrfite
^^ers. AngvFs, i87l(. td-8'" (1<* iiO |inîjt'»
Dktiùnmiire raisonné ttarctdtç^turt /rmi^aise^ t 1, p. 3"i,
n
%M LE UAITKE-AUTEL DE DEVIS GEKlilIg.
sculpté et doré» exécutées en J50i ptir Mkhel Heuzé ou Huzé,
pour abriter deux grandes statues d'argent doré de plus de 4 pieds,
celle de la Vierge^ qui aidait coulé 400 écus d'or au doyen du Cba-
pilrc Ji^an delà Vignole^ en 1462, et celte de S. Maurice^ qui n'avait
pas coûté mofns de 569 livres de main-tl^œuvrep chez rorfèvre tie
Tours Hans Mangolt, au commencement du seizième siècle L
Au lendemain de la consécriitîon du fjrand autel de Denis Ger-
vais, ees précieux objets d'art disparurent, pour acquitter les dé-
pruses de construction. Vendues au poids, les statues d'argent doré
de la Vierge et de 5. Maurice; irendus, les parements d'autel du
douzième et du treizième siècle, vendus au poids ci auéantis l
C'était à celte époque véritahlement barbare (1755) ou la caliié-
drale d'Amiens^ sacrifiant auî;«;i son magnifique autel de 1483, était
u bouleversée pour faire place à des images de plaire et à de^
rayons de bois doré, avec grosses cassolettes, draperies cliitfonnées,
gros anges etfaroucbés, également eu plâtre ' ^^ ; — où Chartres
démolissait son autel et son jubé du treizième! siècle ; — où Saint*
Denis se « modernisait ^ î — où \oïre-D;ïme ile Paris procédait à
la destructrou de son ancien au tel, de ses reliquaires, de ses tombes
épjscopales; — où tant d'églises brisaient leurs vitraui t
Angers n'eut rien à envier aux pires Vandales, pendant le dii-
huitième siècle tout erstier.
La nomenclature de ses destructions serait, hélas! trop longue*
Il n'est pas sans nlilité ni sans enseignement d'y faire alIusioD.
Le vandalisme n'a point ericgre partout abdiqué. Mais c*est une
justice â rendre à notre époque, que de le reconnaître : les actes de
destruction devienuent de moins en moins fréquents. Il faut
espérer qu'ils dis para liront tout à fait. Nos Sociétés des Ueaui-
Arts, des réunions comme celIesKîi contribueront beaucoup à
atteindre un résultat aussi désirable.
Joseph Dexais,
Cûrra^paudaui clu l^omîté d» Soctctéi
des Bt'&iii-^^ti^ des dépArtemeoU à
t Augera.
'Sur Huns ua Jean Manyoll. voif K. Guïauoet, Les artisîrs (ouran^^^
1885, p. 2S1. (Mémoires de k Sûch'U* ûrchétitogiqu*.^ Je Tourame.)
' VlOLLET-LE-Dt c, Dkthnnairt raisonné d'mxhiucturc, t. 1, p, 53.
m: M.^I TEIËL-UTEL DK &Ë»|ft CKaVâU* iSf
PifcCKS JISTIFICATIVES
Archives déparUmentaiei de Mai nt-£t- Loire, séné ff. ,n"i(i4>.
^8 mars 1*755. — Ihù^ et ntiircliè ik'â ouvrages de sculpture en boi?*,
menuiserîa, charpente, doiures, marbres el maronnerie ?t po^es qii*il
cortvient faire pour le f^rand AuU'[ de i'Ef{Iiâi^ île k Catliûdraië Je Saiol-
Maurice d' A u^ers^ par îes ordres de Munseigneurriivèque et Messii?urs U»»
Chanoines du Chapitre sur les dessins, plaus^ prolH^, é!évaltoriâ et
cozîduites du Àicur Gervrtiï, sculpteur de ^A(^Kdl'^mie iï Paris, et pcfi.sion«
naire du Roy^ on marâ mil sept cent cinquante-cinq,
Sivoir t
Sera déuioM le ^rnnd nulel tel qu'il se comporte aujourd'hui pour
éti'ê reconstruit plus ai^nt, dnn!» le chœur, ce qui $era aiT4)te af^C
Messieurs lesComnnssaîre», et en enlever tous les maL(>riaux délivrés qtii
ne pourront point me servir, le tout à mon profit, savoir : les matériaui
tant en bois doré qu'en pîerrp de niarcbe» d'autel ^ coffre, parquet,
gradins et tabernacles et guéridons portant les fi^^ure^i de la Vîerc^e et de
S. Maurice, même pierre de niarunnerie. Le surplus de ce qui compose
ledit autel restera audit f^ha pitre.
StTn construit lu niiiâse d'un nouvel autel au lien et h ta phi e dessluén
et marquée sur le plan agréé, qui aura environ 2i picd<> de lonf{, et
9 à 10 pieds de larj^e, y compris le massif des siït colonnes, niaronnée
en pierre des ïlalries ' pour les piédestaux et en pierre d'ardoise pour les
tombeaux et murcheiï, k chau^t el sable, fondé sur le solide ou bon fond
«t que tà hs fondements passaient six pieds, il n'en serait tenu compte,
k Teâtimation,
Seront faites et fournies six colonnes de marbre rou^e de Laval ou de
tablette la hauteur de Vi pieds de fûts, grosses à proportion, s^uivant
Tordre corinthien, avec leurs piédestaui^ corniches, et bases joign^rot les
deux tombeaux d'autels; lesquels deux tombeaux seront avec leurs tables
4e marbre en plein de trois morceaux, chaque table de marbre de devant
€t derrière bombée sur son plan d'élévation avec moulures, cadres, lîslets,
revêtements et incrusteuients des quatre côtés, le tout suivant les plans
'^* 'dessins qui sont donnés, et de ceu£ qui seront tracés en grand et
ïês, cocnnie aussi les couleurs et qualités des marbres, des panneaux
dcaîre juratsique des Aairici, près Durtal (Ma[ue*eL-LoireK — 1 U.
ÎSH LH MAITHË-AUTEL DE DEXIS CERÏÏÂlS'
de devant et de derrière des tombeaux, tantdeî>pÊédesUui( que îles devants
d'autelSf savoir : ks deux devants d^auleU eu marbre incrustés de brèche
violette f les panneau V des piédestaux des colounes seront soit en marbre
au!Ssi tnscmté, en ceracoJiu verif ' ou marbre d'au tin (f}i le tout bien ajusté
et uiastlquêf atlnebèsi avec agrafes et travaillé avec tout Tart possible,
Sera fait quatre gradins, deux derrière et deux devanti de la hauteur de
0 pouces et de la lougueur des autels euvîron, étant interrompu et par
les tabernacles et les Jotgnans ornés d'une gauderone et gorge qut sera
revêtue d'une frise en marbre inscrutée de brèche violetle de toutes les
longueurs, derrière et devant, ayant 14 pouces au plus large ; chaque
gradia sera cbantourué sur son plan.
Sera fait les deux tables des marchepieds des autels en plein, formant
les pleins murs et qui aura par le devant i pieds de large, et sera incrusté
dans le milieu de Técusson de saint Maurice, en marbres différents; il
aura de long EH pieds ou environ, (> pouces de haut godronnés, et les
marches de 1(1 pouce.s parle devant et de IZii 14 par le derrière en largeur^
toutes sur six pouces de hauteur; le tout suivant le plan qui en sera arrête
par devant Messieurs les Commissaires nommes, et pareillement la table
du marchepied de Tautel de derrière, â l'exception qu'elle sera plus petite
que celles du devant et tes marches aussi, le tout en marbre noir bien poli.
Sera fait G bases en bronze pour les six colonnes de marbre tournées
et fondues suivant les c^rosseur et hauteur, avec leurs moulures tores et
carrées conforme k Tordre ci-dessus.
Sera fait et fourni deux boites de tabernacle en plomb, retâtu en bols
par dedans., devant et derrière, ouvrant k clefs avec serrures et accom*
paguées de deux amortissements riches ornés de rocaiUes, raisîas et
feuilles de pampres, et dans le milieu des deux tabernacles, il sern
pratiqué une plate-forme ornée d'un tailloir en marbre de couleur, pour
y poser soit une grande Crois ou une Exposition du Saint-Sacrement, telle
qu'elle est dans le Trésor,
Sera fait G chapiteau jc en bois de Tordre corinthien, enrichi de ses volutes^
tailloirs, feuilles d'olivier et callicoles (ik), le tout dans ses proportions.
Sera fait la cornicbe au-dessus desdîts chapiteaux et du mente ordr?^
enrichie de tous ses^ marbres d'architecture, rose:», modillons et autres
ornements tant dans ta frise^ avec plusieurs attributs de saint Maurice
et d'e^lisG, et autres ornements, sur les marbres d'architectures dauï*
toutes les quatre faces devant, derrière et cfVtcs, suivant plans et profils,
te tout eu bois collé, chevillé, mortaizé à clefs que assemblé avec *^"*
l'art et la force convenable à un pareil ouvrage.
* Sttrfancûlia d'ilbel (ïlftulcs-Pyréneea). — JD,
LE miTEt£-.^LTEL DE PEMS {^ERV.US. t39
Sera fait »ur h datant de la corniche^ enlre les chapit^aiix, une Gloire
ou il y aura im Ange tenant une stispen^ion, l'ange nura une draperie»
et soutenu par de^ aïlps et, derntre, arec des tèies de cbénibins qui
raccompagneront^ comme aussi des rayons sortant de derrière.
Le derrière sera orné d'une gloire enricbie de cinq létes de chérubini
accompagnés de nues et rayon i^, le tout en hoj« doré et peint.
Au-dessu* de la corniche , sera posé un socle c[uî recevra les cotonnês
du baldaquin ; il sera de la hauteur d^un pied sealement, le chapiteau
à f;ocle sera peint en marbre vert Campan.
Sera fait au^desius desdits socle.'^ i cotisotes et 2 enfants ' formant
le baldaquin, mariées toutes le^ unes airec les autres et s'arcordant par le
haut avec un groupe de nuéea et de i tètes de chérubins tant derrière que
devant et accompagneront une boute mi globe du inonde entortillé d'un
serpent et surmonté d'une croii, qui te rtnincra le tout.
Chaque console du baldaquin pourra avoir l!2 à 13 pieds, enrichie de
palmes, festons de fleurs, blés, fi^^nes, raisins et autres orntMnents,
feuillefi rocailléeâ, volutes percéea A jour^ Le tout en bois bien assemblé
et de tout ce qui pourra ^tre nécessaire à la solidité de l'ouvrage.
'^ra fftit toutes tes dorures, tant en mat que bruni, du plus bel or juune
que Ton pourra trouver, savoir, tout le baldaquin, les têtes des chérubins,
palmes, rayons ^ ûeurs, guirlandes, pampres de vignes, raisins, chapiteau\,
partie de marbre de ta corniche, attributs, ornements des deuv labernacleSj
la custode, l'ange la tenant et généralement ce qui est expliqué »u
modèle, d'or, à Te^ception de toutes les nues qui seront peintes en bleu,
de ciel; le reste de la corniche sera peint en marbre lîe différents couleurs
et qui seront choisis par écrit, comme aussi le sucle.
Seront faits tous les bronzes de» ornements du tombenu des autels
devant et derrière, savoir par devant les deux consoles et sur les angles
tî an grand cartel d'où sortira des «juirlandcs de raisius et bleds, et
joindront lesdites consoles des deu\ côtés, . Le derrière sera orné d'un
pareil cartel comme devant, avec seulement deut consoles sur les cùïèi.
Tous les bronzes seront mis en couleur d^or k fo^t^e.
Sera fourni par moi les deux fjlaces- pour les deux rarteb en broni^e
des deuï devants d'autels on doit être posées les reliques.
Sera posé et renfermé, comme dans une boite ou rigole, le cordon de
soie qui Sïuspendra la custode et descendra le lon;^ d'une des coEonnes
sans être aperçu et fermera à clef, ainsi qu'il est actEtellenient>
Seront par moi fournis tous les échuf fa uds nécessaires, soil pour mou ter
iolonnes, la corniche, le baldaquin^ et dorer, p<;indre le tout, Jusqu'à
t 230 LE MAITRE-AUTEL DE DENIS GEKVAIS.
f rentière perfection dadit ouvrage, même le transport des (> colonne* et
^ du reste de Touvrage à saint-Maurice ; le tout à me^ frais.
Plus sera fait et fourni deux crédences en bois doré dont les dessus
f seront en marbre et attachés entre les colonnes du baldaquin.
I' Tous lesquels susdits ouvrages ci-dessus et de Taulre pari meolîonrrés,
>^ seront par moi, Gervais, soussigné, bien et dûment fait;^ el fourntî;, bien
\' polis, travaillés, sculptés, dorés, peints, mis en couleurs et en beau bois,
r^ posé avec toute la solidité et précision possible et convenable, ménie avec
ferrements et gros fer , boulons dans les 6 colon nés baut et bas, bien
coulés et scellés. Tous les plombs et bronzes seront bien ciselés, doré;»
ou en couleur d'or.
N Le tout ci -dessus expliqué pour le prix et somme de vin^t-deui
mille livres, réservant qu^il me sera permis de faire tous les pctiU
^,. changements que je trouverai bien à faire, soit dans hs ornements ou
positions des figures ou têtes de chérubins, sans cependant rtcn diminuer
^* de Touvrage préposé et ne rien prétendre au surplus du marrhé eî-
^ dessus, et que sUl se fait des changements* ou au^menlalionit, de <;oncerL
avec Messieurs les commissaires, ils me seront payés vn plus-value h
Testimation et à Tamiable. Lesquelles vingt-deux TTiL)]e livres me seront
payées au fur et à mesure que mes ouvrages avanceront par messieurs du
Chapitre.
Lesquels ouvrages moi, Gervais, promets faire et fournir pour ladite
somme de vingt-deux mille livres, avant la fête de Saint Maurice pro-
• chaîne, en un an.
Et nous, commissaires du Chapitre de TEglise d'Angers, soussignés,
promettons aux dits noms, faire payer audit sieur Gervais ladite somme
de vingt-deux mille livres pour les ouvrages compris dans le présent
marché que nous promettons lui payer à furet à niesure que Touvrage
avancera, de façon quUl reste à lui payer la somme de G^OOO livres lors
de la réception de Fouvrage.
Fait à Angers, double, sous nos seings, le 28 mar» 1755.
Signé : de Montéglers, Pocqust de LivoN^tlaE,
Bruneau, V. R. Rousseau de PANimmi,
HovoBiNE, D. Gervais.
(Contrôlé à Angers le 29 mars 1756 par Delaage, qui » reçu soiiadle^quinie
livres douie sols.)
Suivent : l** L'ordonnance de Philippe Barthélémy Levesque, cheval
seigneur de Gravalle et autres lieux, conseiller du Roi en ses conse
grand maître des eaux et forêts de France au dépailement dea provin
LES Pl^tMHKS VA\ OOâT. 331
deÎDiirarne, AnJQu. h Maine, hatil H bas VtridcVtTiol!», commetlant U sieur
ée VïUeneuhe, mattn? partlculirrclp lamnilriscci'An^r^rs, pr>ur reconnaître
et vigile r 173 pledî^de ch^ne. épar« sur le^ domaines du Chapitre, paroï^se
S. Denii d'Anjou et Chemiré, u aux offre» de les employer en nnlure ou
le pm en provensnl à la construction du maître autel n de S. Maurice
d'Angers. (Paris, 5 février n5(î.)
^ Proc£>ii-verbauK de visites par Joseph Lehaf de Vilteneufv^e, pour U
reconnaitsance desdits chênes. {25 mars 1756 — 2^ marsi 1756.)
XH
LES PEIXTRES \ W OOST
 LILLB
A PROPOS D UX TABLEAU IJLLOIS HE \OTRE Ci>LLEGT10.V
En 189! . noDS achetions à la vente apr^s iUvh d'un descendant
d'une ancienne feinille lilloise un curioui tahleau attribué par
divers aonateara à Van Oost le Vieux; cela nous donna Tidée de
rechercher la trace du sAjour à Lille des artistes de ce nom. C'est
le résultat de nos recherche» qite nous pulïlions et que nous divise-
rous en trois chapitres :
1" Le séjour à Lille des Van Oast;
2* Leura œuvres à Lille ;
3* Tableau lillois de notre coileclion.
Le travail est complété par des notes justiticatives.
r
LE SÈJOUB .\ LILLE DES VA» OOST
Dfiflcamps ' nous apprend ijue Jacques Van Oosl^ surnoninié le
m^ naquit vers 1600 à Bruges et mourut dans celte ville eu
cscAUPS, La vî€ dei peintres flamands^ ni femamh ef koHfin^afs, t- 11, p. 51*
Î3Ï LES PEINTRES VAX OOST.
1671 ; que ce peintre, après avoir visité Tltalie, pat' amour de
sa patrie, revint à Bruges, où il se fi sa.
Dans sa jeunesse, V an Oost auaîl copié Rubens et Van Dyck avec
tant d'art que ses copies trompenl tous les jours. Voilà où il a
eoiumencéâ prendre la couleur, sa fonte et sa belle totiche.
Le Guide des étrangers à Lille ^ et Descamps * nous apprennent
qu'à Lille, à Té^liâe Saint-Maurice, dans la chapelle de Notre-
Dame de Liesse, au-dessous des croisées se trouvait le tableau de
]*épitaplie d* Antoine Legillon et d'Anna sa sœur, représentant
r Enfant Jésus, la Vierge et saiut Joseph ; le frère et la sœur y sont
à genou. \, en prières; cest un beau tableau peint avec fermeté
par J. lan Oost le père.
Cette composition a de Tanalogie avec celle dont nous nous
occupons*
A 1 f re tl ^l t c h i e 1 s , dans son Hîs to ire de la pe in tit re fia man de ^ ,
parle de Jacques Van Oost dit le Vieux en ces termes : -Cétait un
imitateur de Hubena. Il était né à Bruges, eu fêtrrier 1601, dans
une fauiille ancienne, qtii po:iisédait des biens de ce monde, Elîe
lui fit donner une éducation brillante, dont il se félicita toute sa
vie. Comme on le destinait k la «glorieuse et difficile carrière de la
peinture, où le précédait son frère aine, il négligea insensiblement
ses autres études, «
Selon le même auteur, Jacques Van Oost était bon musicien et
fréquentait les meilleures sociétés : il avait, d'ailleurs, une figure
aienante^ les mauTères d'un homme du monde et la conversation
d'un bomme instruit. Ayant, <lès ses débuts, fait preuve d'un
talent peu commun, il était surchargé de travaux; on lui deman^
dait surtout des images d*église et des portraits, Ce dernier genre,
à lui seul, r occupait beaucoup.
Pour donner de la vie aux portraits» Van Oost représentait souvenl
les personnages occupés d'une manière conforme a leur profession ^
à lenr^ babiludcs ou à leur caractère. Il avait peint, par exemple,
un médecin tétant le pouls de sa femme avec une attention
ï Grade des ètrangrrii à Ulle, in-12, p. Kî) Lîlle. Jacqucr, ÏIDCCLXXIK
* Uhsc.*mi*îj, Voi/iifje pklot'cjtfjue dt la Flandre ti du Brabant^ m-%'\ p,
Rouen /MI>CCL\l'\.
* Histùire de ta peinture flamande^ depuis ses débuis jusqu'en IBtii-, t, V
p. ^âl cl auiv.
r
LES PEINTRES MAS OOST. a:i;i
eslréme, ci clierchaiU la cause tle son mal. Lu pati^tile, qui élait
eticeinle, épiait en quelque sorle le visage An son murif et atten-
dait, pleine «rinquiétude, le jugement qu'il albit porter sur son
état.
M. Waulers. dans sa Pehiiure flamande piirue i îTemment, con-
firme ces assertions \ ainsi que tous les auteurs qui ont écrit sur
les peintres flamands.
Il eiiste â Lille des taldeauï de Van Oost le lieut, qui dut ^'
séjourner; mais nous n'avons trouvé trace de ce séjour ni aux
urchiies départementales, ni aux archives municipales,
K^aminons maintenant ce qu était Jacques Van Oost le Jeune,
Cet artif^te, né à Bruges en 1(J:21^ y mourut en Ï713,
Destamps* nous donne des détails sur la vie de ce peintre, qui,
après être allé en Italie et avoir travaillé sérieusement à Bruges
sous la direction paternelle, désira aller a Paris.
Van Oost en passant par Lille s'arrêta pour y voir quelques amis
artistes, mais ik lui donnèrent IWcasion de peindre plusieurs por-
traits qui eurent tant de succès que les premiers de la ville ren-
gagèrent à abandonner le projet d'aller k Paris, Il se détermina
donc à rester à Lilte, et il y épousa \IIIr Marie Bourgeois^; il
demeura quarante et un ans dans celte ville, qu'il n aurait pas
quittée sans la mort de sa femme. Van Oost, devenu veuf, retourna
à Bruges.
Descamps ajoute : ^ I^a manière de Van Onsl le Jeune approclie
de celle de son père ; il e^^t cependant plus pàteui , et sa touche plus
franche; il drapait de plus grande manière; ses compositions ne
sont pas abondantes, mais réfléchies ; ses figures sont correctes et
€JipressivL's.,. Comme son père, il peignait très bien le pcirtrait;
(|nelques partisans zélés ont osé comparer quelques-uns de ses
lableaui. à ceux de \an Dyck. La comparaison est outrée, mais il
^'lait le meilleur de son temps, v
Alfred Jlichiels * dit: « Jacques Van Oost fils, si peu connu, si ppu
Jlatté par les historiens qui ne l'oublient pas, est un homme encore
ï WALT£âs (A.-J.), La peinture flattmnde, îo-S'% p. VW. P-ari?ï, QnaiTtui* n. tl,
ESt^iuiPs, toc^ cit., I. ]|î, p. 57.
oir au!t Pièces juitiQcttîvL'a le eonlriil ilo marlai|c de Jiici[tie» Van thjnt et
Urîe B&yrgeoiâ.
iiiaire de la peinture Jlamande, t. IX, p. ÈTypi suiv.
^ 234 LES PEINTRES VAIV OOST
[ supérieur. Les tableaux de sa main que poasèile LiUe sotil faits
[' pour enthousiasmer les connaisseurs. Il fut baptisé à Bruges Je
^ 11 février 1637. Il n'eut d'autre professeur qi»? son père* Tout
l jeune encore, il étudia la peinture avec passion \ il était l'eicniple
I de ses camarades, évitait les moindres causes de dérangcmftit
l et, absorbé dans son travail, réjouissait le ctpur du vieux Van
l Oost. »
f_ Alfred Michiels donne ensuite des renseignements sur les tni'^
p vaux et la vie du peintre, et termine sa notice :
} tt Après une longue union, Van Oost, ayant perdu sa feoime,
^ retourna déBnitivement à Bruges, ou il termina ses jours !e 29 sep-
^ tembre 1713, Il fut enseveli dans le bas côtr méridional de
^ Téglise des Dominicains, et Ton encastra sur la tombe un losan<je
t de marbre blanc où était gravée cette inscription funèbre : »Cy gist
« le corps du sieur Jacques Van Oost, peintre fameux, Gla de
f « Jacques et de demoiselle Marie ToUenacre, épottx de demorsell*^
> a Marie Bourgeois, qui, après quarante rt un ans de résidence à
i u Lille, mourut à Bruges, son domicile et sou lieu nat^il, le
V tt 29 septembre 1713, âgé de soixante-treize ansi, et plusieurs de
; a ses sœurs. Priez Dieu pour leurs âmes, n
Bien que Van Oost le Jeune soit né à Bruges, 11 est plutôt Lillois
) par ses attaches. C'est à Lille qu*il se marie en ItJTO ^ ; il se fait
, recevoir dans la même année bourgeois de cette vHIe et devient
marguillier de la Madeleine ^ C'est à Lille que naissent ses enfanta
Dominique-Joseph et Marie-Marguerite, et les descendants de
Dominique perpétuent son nom dans cette ville, î^es œuvres y sont
nombreuses; quelques-unes, très remarquables, ont mérité d'être
attribuées à Rubens. (Voir Église des Capucins, p. 2^1.)
Dominique-Joseph Van Oost, fils de Jacques, est né à Lille
(paroisse Saint-Étienne) le 8 août 1677, a rponsè Marie-Monique
* Nous publions en appendice les documents d*Arctiîves que nous aroni» trouto-s.
Nous devons à M. Rigtux la découverte de l'acte de batir^coiste de Van Oo^t,
inscrit à la table des registres aux bourgeois sous le nom de Van CooL
* Nous trouvons dans V Histoire du décanat de ia Madeleine, par lï. De.sm^m-
CHBLiBR (in-8«, fig., p. 39. Lille, 1892), la phrase âiiiiante :
c Parmi les autres marguilliers qui ont partie uli un- m eut droit à nolfâ rer
naissance, nous devons mentionner M. Jacques V ao Oo^t, peiolre cétébrt^,
donna, lors de la consécration de l'église, un superbe lablean ovaif, la Béiurr
tion de Lazare, très estimé des connaisseurs. «
IZS PÊUTflES VAN OOST 1^5
Dourdain le 25 mai Ifï99, paroisse Sainl-Éhenne, bourgP4»it de
Lille le 30 déc«mbrf> 1GÎ>9, a épousi' ru deuxièmes noef>» Uarbe
Delaporte, paroisse SainKVfiiuricer dérédie à Lille le 30 septembre
1738, paroisse Sainl-Afaurice, ^
Ce peintre a laisst- qiielf[ije* ti^bleaux n Lille qui ne manqoetit
paade valeur. 4
Ce peintre étant né à Lille, Di^scamps et \IfchieU ne Ton! pas
chssé parmi les peintres flamands, 1
Les enfanta de Dominique ne contÎDuèreut pas la prûFessIon de
peintre.
II
OEUrRI^S DES TROIS VA\ OOST Qll £X1STA1BKT A LILLE
AtJ SIÈCLE nEHX^KIt P'T CELLES COSîKlES QUI S*Y TROLTF.KT ENCORE,
Tableaux de Van Oosi le Vieux ^
Église Saint^Maurice, — Dans la chapelle de ■Votre-D&me de
Liesse, au-dessous des croisées, le tableau de Tépitapbe d'Antoine
L«gillon et d'Anne, sa sœur, représente T En Tant Jé.^^us, la Vierge
et saint Joseph. Le frère ci la srpur y sont à ^jenoux, en prières^
C'est un jolî talileau hien composé, et peint avec fermeté par
Jacques Van Oosl le père.
DiKiiiirs, t*ffjf*y€ piitot^tffui dé U Flandre et du. Mraèvil, 170 £. p. C.
Guide de* ^trartgerê à Lilit. llTi, p. HO.
Eglise Saint" André ^ — Le tableau du maitre-autel représente
la Transfifjuraiion : le Christ et les apôtres sont mal drapés; ce
tiest pas un beau tableau : il est peint par Van Oost le père.
DucAun, l'&^afi^ déjà citi. p. 1»
Eglise Saitit-Elientie. — Le tableau d'autel de la seconde cha-
pelle représente la Transfiguration ; Jielle composition par l'an
Oost le père.
rïde det éira»^€rt à Lilti, àè\k cité, p- 71, ^
gîisedes Jacobins, — L'autel d'une chapelle a pour tableau le
*rtjfre de saint Pierre ^ de l'Ordre de SaJut-Dominif|ue. Cm\ un
236 LES Pfi!\TRES VA\ OOST
assez boD tableau tiui a poussé an noir : il est peint par Van Post
le père,
DBSCiilI'B, VùtjagSt dËjàfîti^t p. IQ.
Guide dt$ èlran^en à LdU, déjà lité, |i. ?3.
Le catalogue du Alusue Je Lille, publié en 187 '3 par Ed. Rey-
nart, porte :
VanOost le Vieux, n* 270. Saint Jean de la Croix pâmant la
jambe (T un frète de son ordre.
\" 271. Fondation de tordre des CarméUies*
N' 272. Un Augustin et la Vierge.
K^ 273, Suinte Famille.
Dans le catalogue publié eu 1893 par M, Lenglart, ces tableaux
n'y figurent plus sous le nom de Vau Ooât le Vieux. Les n" 270,
271 , 272 et 273 sont attribués à lun Oost le Jeune.
Ce dernier catalogue attribue à Van Oost le Vieux ; Un portrait
d' homme j sôus le n^ 576.
#
Tableaux de l/an Oost le Jeune,
Collétjfiale de Saint-Pierre. — ^ Dans la chapelle paroissiale, le
tableau Ju maitre-autel, peint par Jacques Van Oost le fils, repré-
sente la Sainte Famille.
Guiiie dig éifangert à LiUf;^ éè\k vi\è, p, OTÎ.
Eglise Saint-Etienne. — On voit eu entrant, â Ja droite, le
tableau d autel de la première chapelle qui représente T En Tant
Jésus sur les genoux de sa mère, montrant à des anges les iostra-
ments de la passion ; derrière lui est placé saint Joseph : peint en
lt>80 par Jacques Van Oost le Gis. Los télés sout d'un beau carac-
tère et d'une belle façon de faire. Le soleil a au peu mangé la cou-
leur. — A Ja droite du chœur, dans la chapelle de Sainte-Barbe, le
tableau de Tau tel représente le martyre de cette sainte, peint par
J. \ an Oost le fils.
— Dans la même cbapelle, on voit dans la boiserie Yfm-
maculée (Conception ^ beau tableau, peint par J. Van Oosf '"
fils-
LES PEIKTRES VA» 008T. 231
Ces trois tableaux ont été détruits lors de rincendie de Féglite,
en 1792.
Église Saint-Sauveur. — Au maitre-autel est représentée : la
Transfiguration, par J. Vao Oost fils. La composition n'est pas
heureuse : les figures couchées en bas sont cependant belles.
Dekaups, Voyage, déjà cit^, p. 4.
Guide des éiran^ert à Lille, dëji cite, p. S3.
lise Saint-Maurice. — Le tableau d*autel de la chapelle de
Sainte-Anne représente une Sainte Famille, sujet composé et peint
afec fermeté par J. Van Oost le fils.
— Dans la chapelle Saint-Nicolas, de chaque côté de Tautel, sont
Saint Pierre ei Saint Jérôme peints par Van Oost le fils.
De8c%iifs, Voyage, d^jà cité, p. 6.
Guide de» étranger» à Lille, déjà cil4, p. 78 et 81.
Église des Capucins. — Sur les deux volets qui ferment le
chœur sont peints par Van Oost le fils, d'un côté, à la droite, saint Bo-
navcnture, cardinal, et à la gauche saint François. La bonne cou-
leur et la belle façon de faire soutiennent assez bien ces deux
tableaux à côté de celui du milieu. (Descente de Croix de Rnbens
du Musée de Lille.)
DsicAiirs, Voyage, dëjà cité, p. 15.
Le mérite de ces deux tableaux les a fait attribuer à Rubens,
sous le nom de qui ils figurent dans le catalogue du Musée de
Lille, n" 673, 674.
Église des Capucines. — On voit quatre tableaux de J. Van Oost
le fils; ils représentent le Mariage de la Vierge, V Adoration des
bergers, la Fuite en Egypte et la Présentation au temple.
Au maître-autel, le tableau représente TEnfant Jésus sur un
globe; il semble désirer les instruments de sa passion que les
Anges lui présentent : Dieu le Père et le Saint-Esprit sont dans le
ciel ; cette composition, qui est de Van Oost le fils, est intéressante,
et la couleur approche celle de Van Dyck.
DK8C4ifP8. Voyage, déjà cité, p. 15.
Guide de» itrùnger» à Lille, déjà cité, p. 110 et 111.
glise des Carmes déchaussés. — On voit à droite trois tableaux
Van Oost le fils. La Sainte Thérèse est faible de couleur, les
rps sont d'une belle façon de faire.
r
\
23S LES rET^fTIlES V A^ OOST
La chapelie de ilroitc a pour tableau sainte Thérèse, qut reçoit
un cbapelct de la Vier;jê - auprès d'elle sont saint Joseph et des
anges. C'est ini beau tableau, peint avec fermeté par Van Oost le Ëls.
La cba]»el)e de la Vior^^^o esjt orncË d'un tableau de \ an Oost le
fils, représentant saint Albert qui reçoit le Scapiilaire iù la sainte
Vierge : ce tableau est l»ien composé.
On voit an maitre-aiitet la Vier^je et saint Joseph qui présentent
TËnfant Jésus à la vue du peuple; dans le ciel est assis Dieu le
Père et pins Ims le Saint-Esprit. Au bas de ce tableau est placé
saint Jean enfant avec son agneau ; à ses cotés sont uii saint et une
sainte de T Ordre ; c'est un des beaux tableaux de \'an Oost le bis.
Au-dessus des confessionnaux, â gauche, les meilleurs tableaux
sont Saint Jean de la Croix qui panse la jambe d'un frère de
V Ordre, peint par Van Oost le fils, et lantre, la Dèiivnincc de
saint Jean de la Croix de la prison, peint par Dominique Van
Oost le pelit-fils.
DtscAur^i r^^n^f, tti'jà cité, p, 15 et 16.
Guide des étranger t à tille, d(fjà cîtp, ji. 101^103.
Église de t hôpital de la Conception ^ — Le tableau d'autel
représente V Adoration des bvrtjers; \\ est peint par Jacques Van
Oost le fils- lia composition est grande et d'un bon elfet; il y a un
peu de la manière de Carie Xîaratti,
Uksiiampi. Voifaqf, àf\k cité, p. 1^.
GuiiU des itratitjert à Lille, déjà cité, ji. U 8«
Eglise de V hôpital de la Charité. ~ A ruutel est uo beau
tableau de J. Van Oost le fils, représentant la Visitation; le cos-
tume y est ridicule, excepté la hgure de la Vierge ; mais il est
piquant pour i'ciïet, correct de dessin, d'un bon pinceau, et les
têtes toutes belles et bien expressives.
Dans la salle des malades, Notre-Seignfur attaché sur la croix.
Tableau de J. Van Oost le fils. Beau comme s'ij était peint par Van
Dyck.
I)i:iM:AiJH, Voifiigi\ iJrjà cité, \i. VJ.
Guidt dtë tri m Hy cri à L ille , ij q j ût^, [i . I H ,
Les catalojjues des tableaux du Musée de Lille de 1832 et 18^^
mentionnent de Van Oost le Jeuue quatre tableaux :
i\* 28, Une Vierge.
r
LES rEU'TKEâ l'A%' OOST. S30
%* !Î9, Un Carme pansant la Jambe J* un frère de son ordre.
S'^ 30. in Atifjtisiift et ta Vierge.
SJ*31, Lu Vierge et saint Joseph présentant l Enfant Jésui.
Cps quaire tableau s san( iii[Ut|uûa (l;uiâ le cnlalogije ilc 1872
cûinmt' rtiiit de lati Ooï;t Iv Vteuï. Le catalogue de 189^î ro^iilua
cesf[ualre œuvres à son auteur, sous les n"* 571 > 51 î2, 57 3 ^ 571, eu
loi donnant sous le n*" biy9 un poHrait et le n' 570 un portraîL il'un
.guerrier en costuma du temps de LouÎ!$ XIV, cl encore , sous le
n 57$, le portrait de Gombert pèrt\ nrchilcetL^
Le personnage de ce tableau p coilTê de longs cheveux bouclés et
ï^tu d'une robe de chambre de couleur chamois, reyurde en face
en montrant les plans de Trylise Saint-André de Lille. j
Tableaux de Van Oost le Vieax et Dominitpte le Jeune I
qui sont encore consentes dans les éfjlises de la ville de IMle et chez (
des partieuliers. ^ i
Eglise Saint' llaun ce. — Saint Chartes Bo r ramée ; Saint
Fratiçois devant le Cruvijtj:/ VAnge gardien et la i î situ t ion de •
minte Thérèse*
EtjUse Saint-André. — L'Enfant Jésus recevanl de son Père lu
mission de sauver le monde, et saint Simon Stock recevant le Sea-
pu la ire des mains de la âainlti \ ier«je.
Eglise de la Madeleine, — La Résurrection de Lazare.
-U* Lenglart^ propriétaire, rue Négrier, à Lîlle, uulcur du der-
aier catatogue du Musée de Lille, possède dans sa galerie une
Sainte Famille : la Vierge, TEnTant Jésus, suinte Anne et saint
Jean-Baptiste, peinte par \an Oost le Jeune, Ce tableau est bien
can serve.
XL le comte ^d'Hespelj rue de la Barre, à Lille, conserve deux
portraits du même peintre, exécutés dans le getire de ceux de
Largillière.
il/. DehaUj membre du conseil général, maire de Boulines,
possède la Visitation de S. \an Oost le Jeune, dans le ve^titiule
il** son château. Cest une peinture fort belle.
E Musée de la ville de Bailleul possède VAjfothéose de sainte
rrèscj pravenanide Léylisu des Carmélites de Lille. Ce tableau
^ntfert.
2A0 LES PEINTRES VAM OOST.
Ces deux dernières œuvres étaient autrefois la proprii*Lé de
M. Langtart.
M. le comte Van der Cruisse de IVaziers possède dans son
château de Sars, à Fiers, près Lille un beau portrait du cliâiioine
Hugues de Lobel, dé la collégiale de Saint-Pierre de Lille. St§né :
J. VanOost, 1690*.
Tableaux de Dominique-Joseph Van Oost. '
La ville de Lille possède quelques tableaux de Donimîque
Joseph Van Oost, second. fils de Jacques Van Oost le Jeune.
Descamps et le Guide de Lille nous apprennent qu'un tableau ik
ce maître, représentant la délivrance de saint Jean de la Croi^ de la
prison, se trouvait autrefois dans Téglise des Carmes déchausùs.
Le Musée de Lille possède sous le n" 5G8 le portrait de
Patou, jurisconsulte, peint par Dominique Van Oost; derrière la
toile il est écrit : ^^ Peint par D. J. Van Oost. «
M. Henri Frématix, propriétaire et généaloyisle, nie Négrier,
à Lille, possède dans ses salons deux portraits attribués à Domi-
nique Van Oost, représentant :
Henri-Ignace Herreng» licencié endroit, procureur et syndtc de
la ville de Lille (1707-1739), né en 1675, mort lu lUjuin 1709,
et Marie -Thérèse d'Haffrengues d^Hellemiucs, sa femme, née
en 1694, morte en 1773.
M. Lamp, restaurateur et marchand de tableaux, façade de TKs-
planade, à Lille, possédait un portrait de Dominique \an Oost;
derrière la toile se trouve la signature D. J. Van Oost, 1721. Ce
tableau a été vendu à un amateur de Paris.
m
Tableau lillois de notre coUeciion^
Comme nous le disons au commencement de ce tratfail, c*est eu
mai 1891 que nous fîmes l'acquisition d'un tableau genre Ex^
' \ oir, ci-conlre, planche VII.
PUoelic VII.
P«8« 2^
LE CHANOINE HUGUES DE LOBEI.
PAR J, VAV OOST 1690
(Colleclion de M. ie comte Van der Craiuv d<> \Vazii>rs >
L£9 PEIVTBEB VAX OOST i4f
roio. En qualilé ih collectionneurs, nous recevions le catalogue
d'une ^ente d'anliquités h Douai ^; le ti' -ÏO indiquait : u Un
tableau représentant un Christ sur croix. Au pied du ChriMt se
trouvent les portraits de M, et de Mme Le Clercq. Derrière j on
aperçoit les principaux monuments de la vdte de Lille. Au bas
est écrit : ^ Anthoine Lectercq fut nommé eschecin de la ville
de Lille le premier de novembre 1642 « {Hauteur : l tnètre 50 cent,;
largeur : 0,80 centimètres,) ' n II nous fut adju'jê.
Le savant Mgr Dehnisnes préparait depuis de longuaâ années
un ouvrage : Le Nord monumental et artistique ', c|tii parut eu
février 1897, quelques jours avant la mort de son vénéré et regretté
auteur.
Dans la description des peintures, Tauteur du Nord monun
mental h consacré un article sur leiï Ex-voto de la manière suî*
vante \ u fl est une catégorie de tattleaux que nous devons faire
connaître au^st à nos lecteurs : ce sont ceui qui sont désignés sous
le nom d^ex-voto et sur lesquels Ggurent les cominettunts, c'est-
à-dire les personnes qui les ont fait exécuter. II y avait des tableaux
de ce genre à Lille dans tes églises Saiut-i^trenne et Saint-Mau-
rice, à Dunkerque dans les chapelles de Saint-Eloi, ^des Carmes
déchaussés et de la confrérie Saînt-Séliaslit'u, et an un grand
nombre d'autres villes et de villages. Plusieurs o\istent encore *. ^
Malheureusement, ceux qui n'ont pas disparu sont pour la plupart
en mauvais état ou restaurés plus ou moins convenaldement, La
bonne conaervation de celui que nous possédons lui donne une
grande valeur.
Ce tableau est peint sur toile; sa conseriatton est parfaite» et,
selon Tavisde peintres et amateurs, il n'asuhi aucune retouche, U*
coloris est bon.
Comme description, nous ne pouvons niieuit faire que de trans-
crire celle faite de main de maître par le savant auteur du Nord
monumental j qui voyait le tableau tous les jour^,
* Ville lie Douai. 7> rue de h Croix dï>r, — Vt!nti^ d'aatiquilcji, fateucpj* et
porcelaines, meubles, tableau i et livre» aucieni, etc.. le li>ui nyuat appaHeuii à
'--j il. Le Cleretj des UbAmpiigjjeSr 'iont la lealf iiura lit^u à Uoija^ h 21 mi4L
9L I V8 û"** ei divers.) Voir ci-après, pf. VÏH,
■ I^f \'ord mOHtimcalalÉi ariuiiqtH\-ptir%\^rhEH\i^\^&, aiee cent pUulûly pie»,
-4", Lille. Uantvlj t894. Publié souà les jmsjiii^t'i de iâ Stuiité des science^.
^ DKaM\ss, toc. eiL, p. 222.
242 LES PEINTRES VAN OOST.
a Un collectionneur lillois, M. Quarré-Reybourbon, possède un
tableau qui oifre de l'analogie avec les précédente. Ce tablenu
représente le Christ en croix. Deux personnages y sont age-
nouillés les mains jointes : le mari porte aussi le grand collet
rabattu du dix-septième siècle; et la dame, une large garniture de
dentelles sur les épaules. On lit an bas : a Anthoine Leclerqfut
« nommé eschevin de la ville de Lille , le premier jour de no-
tt t?^w6ra 1642*. » C'est une œuvre de valeur qui est restée jus-
qu'en 1891 dans la famille Le Clerq.
A cette mention nous devons ajouter que le Christ est très beau \
il rappelle ceux de Van Dyck. Nous en possédons un authenlique^
provenant de Tabbaye de Marquette; il nous est facile de fatr&
chaque jour la comparaison. Les deux portraits sont peints el exé-
cutés avec soin; il est hors de doute qu'ils étaient d'une grande
ressemblance.
Ce souvenir de famille devint la propriété de la septième branche
de la famille Le Clercq en la personne de Pierre-Auguste-Matbieu
Deschampagne, dont le fils se fixa à Douai où il mourut en 1891,
et à la vente duquel nous en fîmes racquisition.
Nous sommes porté à croire que le tableaif de notre collectioa
est Tœuvre de V^an Oost le Vieux ; il présente, d'ailleurs, une cer*
taine analogie avec le tableau de Legillon peint par le même
maître et qui existait à Saint-Maurice. Cependant, nous laissons à
de meilleurs connaisseurs le soin de trancher la question.
Comme complément, nous croyons devoir dire quelques mots^
sur le personnage pour qui a été exécuté ce tableau,
Antoine Le Clercq appartenait à une honorable fa nu Ile bour-
geoise de Lille, et dont les descendants occupent encore une haute
situation dans le barreau.
La famille Le Clercq remonte au commencement du seizième
siècle. Elle a eu pour auteur Antoine, mort avant 1575.
Malgré une généalogie de la famille Thèry-Le Clercq* faite
avec soin, les documents sur Antoine Le Clerc([ ne sont pas ttom-
breux. Nous n^avons pas trouvé son extrait de naissance,
. Le premier acte se rapportant à Antoine Le Clercq que tious
• Dehaisnbs, loc. cit., p. 223.
■ Généalogie de la famille Théry-Le Clercq, 8;S pa^cs ÎJi-V. Lille,
MDCCCLXXXVIII
lancbc VIII.
CHRIST KM CROIX
KX-VOTJ) PAR L'iX I»K8 V W OOST
((i'olieclion Quarri'-Rrjbuutbou.)
LES PËtMTRES VAK nOST. 343
rencontroni est celiiî Je son maria;fe avec Marguerite LeTebvre le
5 février 1612, à Téglii^ Saint-Klîcnne à Lille,
Le registre aux liourgeois noua appre&J ejue : Anthoine Le
Clercc|, GU de feu Aulhoine et de Simonne du Humel, ayant
épousé Marguerite Lefebire, marchand grossier, acquit la bour-
geoisie par relief le 11 d'octobre 1G12 '.
La famille Le Clcrcq jouisaait d'une grande ronsidération. Plu-
sieurs de âes membres tirent partie du Magistrat de la vitli^
Antoine Le Olercq eierça les fonctions écbevinales durant les
années 16^27 à 1657.
Nous n'avons pas trouvé la date de sa niorL Les registres aus |
dècés commencent trop lard, en lG.)i pour Saint-Etienne, C'est |
sans doute ce qui fait qu'on iir le trou ire pas.
Une branche de cette famille s*est perpétuée à Lille, et un de ses
membres par sa femme, Al. Tliéry-Le (llerrq, sénateur, ancien
membre de l'Assemblée nationale, ancien bâtonnier de Tordre des
avocats, est mort le 28 décembre 1896 dans sa quatre-vingt-diiième
année.
L. Qu.lRRÈ-iiEYBOUaBON, I
Olâckr df^ rUiilruction iMibttqui-, llembrâ di* U
Commission bistoriqEK- du déparleoieat du
iVûrd, de h Socièié de» Sci^ocet, LeHriM^ et
Arti. Correj^ponHinl du tlomilë de^t SocMlés
dût fiesui-'ArU da du^trtemrati, à LilJe.
PIÈCES IL'STIFICATÎVES
AaCHIlES COUMtKALE» DE LiLLfi.
Rtgistrei aux HimrgeoU.
VIIl* foL 104 v^ « Jacques Van Oost, tiU de Jacques et de Uarie de
Tollenaer^ natif de Bruges, niarchand et maître peintre, ayant e^pouïsé
Marie Bourgeoisie BUe de Jean et de Catherine Regnautt, saii^ iMift^tris,
par achat, le VU* de mars 1670. Payé XV livres, n
1\" foL 32 v, « Dominique-Josepd Vain Oosl, ftls dfl Jacques et de feue
rie Bourgeois, aiant espousé VIo(rirp»e Dounlin Dlle de fnuz B.irttio-
lé et de Marie-Christine Dciprez. Par relief le WXdedi'cénitire lOl^D. *
Aegisirç 6, fol. B p^».
244
LES PEINTRES VAX OOST.
XI* foL 73, tt Jacques-Joseph Van Oost, fils de Dominique- Joseph et
de Marie^JkloQjqtie Dourdin, ayant épouse Marie-Anne-Tiiérèse Jombart,
ûWe d'Antoine et de Jeanne-Thérèse Daséonneville, Par relief, 3 jan-
vier 1735* n
GËXÉALCKilE DK JACQUES VAN OOST ET MARIE DE TOLLfiNDER
JtctfiM ViD Ooil, It prialrip né k Brogci,
KpfrMMi É LHl« Iff 9 Jiniier 1670 {pin>i«» Sitot-Étlfant)
Uwit Doargtoii, déccdtfft 1a !U iànsi^r |t)U7 à LUI* (pvroiiM û* h Utâislrinr),
Fit tr^u hûai^to'n ûr LMt h 1 mari 1070.
Domitiiqgt-JMiiph Ut a Oaii,
Df i X.i\h tpàTunit S«lDt-tIliruat1« le
8 tPÙL JUT7f I fpoftii Uiiii'lEciDtqa*
Dtmrdatji It 36 mai 1654. p&rqLi>É SiiH-
Eti««ù«^ JIdu*]^^» dt J^1ll« le 30 dtcem^
1 G parle, p«t4Mi* !)iiTiU]|tutkri Je V taûi
J7IL, drcrdé à LUI* k 10 irptrntr^
i^ôà^ paroi*!» S^iBl-UiDriiit,
1^' n3ari4^«.
uir k la MadtlfJDB Te 3 «ctohr« ISÎB, d^
Jtio-Btptliif
Jbltpli,
né ftunint 5«n)l'
EtîfBDfJfîïjaitM
Jtr^Dia-jDHpk
Van Obi!.
pé à Lillr, pareil»
Saint' KiJMiir» , la
DÉ' piroilt'i' Siibf'
Xtifiifif, ■« 8 mtn
1704. a pour QiA-^
Marif^CalJieriDi
Jo»pll,
na paToJua Suof*
EtJpUDF, If li Mp-
lacqaai'DoniDJqat
Jowpb.
D^ piroliat Saisl-
Eiiaatit^ If 7 ml
JTOO.
i& «ai 1101, a
riiua 3Ud<-Citbc-
Iftbbrr I70ô.i poqr
J7I3, 4 poar pu-
•poiué Uarif-Afibn
Tiai^ Vaû Ooii,
mi m i D t JaiD □ ■«€!>
nia Jeta-HapHM-^
Thàrriri< JofBbArt, le
ibtrîae Vaa Uûal >
Jo»fpL V» Cou
7 i«E»tli*r \l.\i. pB-
roiiu âalint'Audrie^
BaargaoJÉ la A |ga-
vîrr lT:i5,dc<è4«la
^
iî jtav»tr 17^6.
C^l^iriDi^oifphi
ATant^:l|i^BtUbf
JiïD-QtpUiia
]»btlla-'rb*rrie
ïftnc-LoglM
Il'âa, pAnILMf>S«iBU
Ja»7pll,
an It il jaLllÊt
jHepfa,
U'^laâaE:lubrFJ7iOi
Jo«pb,
Mtlt 1 imtri 17.13^
Jo«ph.
D«l«âDCU3l>rt['fa.
i|»1iré^ Lt|Jiimft
17^7, pafojita
filrûtiat
t>exaiu« HtJQi^ïTiq-
pu la Bijia|«.
SAJul^-CllhlflD» ,
rif a , déccd^e It
Tpar, dccf^r* la
ét^tié» la i4 dc-
I0r«triar 11-16^
ea«lïi« 1743.
Registres paroissiaux,
Parojase de Saint- Ktien ne, le 9 janvier 1670,
Mainage Van Ooit Bourgeois.
n Ex dispensatione n,R,D.l>, vicariorum Tornacensîum et lirugeaâ.
Jaeolïus Van Oost et Maria Bourgeois prcsenlîhiis Joane Bourgeo'
D. Andréa CàiiJet Sacerdote. n
LES PEiKTfie;s vA\ ooRT syii
Paroisse Saiiit*l!!tL£Eine. Naissance le S aoùl Itn7,
u Domians Jo^^eph Van Oost 11 lins Jacobt H D. Uarie Bourgeoi:» ron*
jugarn auseepioribua D- Arnulphe Joseph Théry comissario ^ O.U. Status
Tûrnacensis et D, Leonora Van Oost, ^
Faroiiie de h Madeleine, le S octobre Uï78. ^
a If aria Xtargarita Van Oost Blîa Jacobi ^t Marie dt* Bourgeois con-
jtigum Suiceptores Dominus Jacobui Vana-esbuâ eL Mnrganla f^opon, n
Paroisse de la Madeleine, Décès le 2-1 décembre 1678.
B Vona^ Marie-MargueriLe fille de Jacques * >^
Paroisse de la xMadeleine, àèchs, le 19 août 1007.
X Maria Bourgeois uxor D. Jacobi Van Oost^ eictjuie aolemneif înbu-
atâta ta choro. n
Paroisse Saint^Ktienne, mariage, 2(1 mai 11)99,
ff 0)6 26 maiL 1690 obtenta dispensatione super duaUus denunclaitiliui
ib îlliistri^siQio I). Fipiscopo ToniacenAi Doniinus Joseph Van Qo>t el
HJaria Montca l>ourdin matnmonîo juncti »unt pre&entibus Jacobo \nn
Oo^t et Joanne Baptisla Dourdin per nie intra ^criptum ]ui:^loreni.
5 Maria- Magdaleinae Insulensia de Specicill licentia pastoris S. Slephani
^tdecani cbmtianitatU etiam prjesentisFt subsi,^nali.
Damimque-Josepb Van Oost. — Jacob Van Oost. — Marie M, IHiur-
<fia. — J,-B. Dourdin. — B. Bourgeois pnstor aancU M. Magdalena*. —
f^f- Dâ^qneus p, S. Stepb, decan, chrislianitalis Ini^ulensi». »
Paroisse Saint-Ritieunef naissance, le 25 mai 1702.
" DtÊ 25 maii 1702 Jacobus Joaepb fUitia Domini Dominici Joseph
lao Oost mensce pauperuin hujus paroebia; admtnjsttaloris et domicellie
Mariât Monic^ Dourdin coojugum ad baplismi gratium pervenit lusctpien-
tibus Domino Jacobo Van Oost et domicella Maria rloanna Dourdin.
D. J. Van Oost. J. Van Oost, Ma rie^ Jeanne Dourdin, Fr. De^queuiL
p. Stepb. decan. cbrîatis Ensulensis. ■
Paroisse Saini-Maurice. Maria*|e, le 9 août 1711.
^ Demi nique' Josepb Vanbot épouia Barbe Dele porte en présence de
François-Lêopold Deleporte frère, et de Daiinen fîQurjjeois oncle de
Té poux, n
Paroisse Saint-Etienne, naissance, le 7 mai 1712,
a Die 7 maii 1712 Jacobus Dominicus Joi^epb filius Domini Dominici
I Van Oost et Domicella? Barba ra? Deleporte conjuguni ad bapiismi
; A pervenit sti^cipientibus Joanne Bapttsta Joseph, Van Oo^t el
1 "^^a Anna Henr|,
l
246 LES PEINTRES V A^ 003T.
D« J« Van Oost. Jean-Baptiste-Joseph Van Oosl Anne Henry la veu?e
du s' du chambge.
F. Desqueux p. S. Sleph. Decan. Christi InsuLensîs.»
Paroisse Saînt-Andrë, mariage, 7 janvier I73i,
a Prœmissis tribus solitis proclamationibus quarum prima die i, secitnda
-die 3, leriia die sexta hujus, inter missa parûcbialis âolemnta habita f?$t
Dulloque legîtimo impedimento detecto ego inrrascrîptuf; hiiju^ parochl^
pastor oialrimonio conjunxi Jacobum Joseplmm Van Oost flliuni domiuici
Josephi et Mariœ Monics Dourdain et Mariam annam Thercsiam Jombart
ûliam anlonii et Joannœ Theresiœ Dassonneville b\ hfl} parocbia embos,
prsesentibustestibus Michaele Martino Dupont et Jacobo Jombarl* P; De-
leplanque, pastor. »
Paroisse Saint-Pierre, décès, 10 juin 175o.
u 10. Obiit anna Maria Vannot inhumala propre.
Saceilum B. M. V. »
Paroisse Saint-Maurice, décès, 30 septembre 1738 est enterré t Domi-
nique Vannoost, pinlreépoux de Delepoilêf décédé le 29 d^
Paroisse Saint-Maurice le 24 décembre 1 7 13 est finterré ^ Mane-Anjvé-
lique-Joseph Vannoosl, fille de Jacques-Joi^epti, procureur^ et de Marie^
Anne-Thérèse Jombart, décédée hier « .
Le père présent a signé.
Paroisse Saint-Maurice. Le 21 octobre 1744 n. été enterrée u TsaLdte-
Joseph Vannoost, fille de Jacques- Joseph, praticien ^ et de Marje-Anne-
Thérèse Jombart, décédé hier » .
Paroisse Saint-Maurice, le 24 jauvier \liiy est enterré n Jacqaeâ^
Joseph Vannoost, procureur, époux de Marie-Anne Jornbarl, décéJé
le 22».
Paroisse Saint-Maurice. Le 11 février 1740 est enterrée u Marie*
Louise-Joseph Vannoost, fille de feu Jacques procureur, et de Marie-
Anne Jombart, décédé hier » .
Paroisse de la Madeleine. Le 6 mars 17 iT, décès de Vanoost Jeanne-
Catherine, âgée de soixante et onze ans, veuve de Ch> AL Lecanips.
Paroisse Sainle-Calherine. Le 3 janvier 1756 est enterré ^ Marie^
Catherine-Joseph Vanosle, veuf de Jean-Baptiste Hocbart, marehand,
décédé hier, ... ilgée de cinquante ans ».
Présents Joseph-Henri-Casimir Deberkom son cousin issu germe
Pierre Reynarl son cousin.
LF.S PEIVTKES VAN OOST, 2^7
Paroisse Salnt-tCtienne, le 10 avril 1777, t&i enterrée a An^cjélique-
Thérëiie-iToseph Vanoost, éjiooae da sieur Fliîlippe*Joscph GoudemaHi
Ucenlié l's Iojï H ancien gendarme du Roy^ décédée hier, 'âgée de cin^
quante-six ans s.
Présents son fils Philippe-Iiojnain-ifogepli Oondetnan et Anloine-Henr^
Deteporle snn cousin f^ermain et Pierre Reynart, son cousin.
Paroisse Saint-Etienne^ Décès.
^ Le 2G août 1789, Mûrie- Vlonique^foseph Vanoost^ épouse de Louis»
Joseph Martel, maître serrurier, décédée le :t%^ d{]ée de cinquante-quatre
ans, a été inhumée Présens Charles Martel son iih et Théophile-
Joseph I^chapelle» son ami. »
Tfibeiîion^
1670- 9 janvier^ — Contrat de mariage entre Jacques Van Oost, Hls
de Jacques - Marchand peintre demeurant préfrentemenl en cesli* ville de
Lille s et dumoi selle Marie-îtouri^eois, fille de Jean et di^ Catherine
Régna ult, hourgeois et marchand à Lille.
(âjnuin Dpfluidnfs, noiure à UlJe. umifis 1670, Acte d» 330.)
Comparurent en leur» personnes le sit^ur Jacques Van Oost^ fils de Jacques ,
marcbatul peinLre demeurant présentement en ce^^le ville de Lille, assisté
et accompaigné du sieur Pierre Destrez rt de Monsieur André Caillet
prEsbslreses amis acquis d'une part. Damoiselle Marie Bourgeois, mar-
chand en ceste ville, assistée et accompaj^née de ses père et m^re, du
Âieur Jean Begnauld son prre rjriind, d\Ai»dré Re^^nault sfin oncle du
costé malemelle et de \icolas ï>iscan son j^rand oncle d'aultre,
I^esquels comparant reco^^nurent et déclarèrent que traicté de marla|^e
s'esLoiL meu ei pourparlé entre lesdits sieur Jacques Van Oo.*t et ladite
damoiselle \lane Bourgeois futur niarians, lequel au plaisir de Dieu se
fera et solemnisera en face de nostre mère la Sainte Es<^Ii;<e s'y avant
^uVJJe y contente, mais avant aulcun lien dudit mariage lurent diets,
devisez, conditionnez et accordez les portemens, retours et anitres
clauses d'icelny, en Ja forme et manière que s*ensuit. Premiers quant au
portement dudit marlanL ladite future espouzc, assistée comme dessus, nt
déclaré de s'en tenir pour contente et bien appaysèe et au regard du port
^"vance ieelle se.s dits père et mère, icelle deuernent auclorisée de son
^. ce qu'elle obt en elle avoir pour ajf{réahle ont donnés à Jeur àïié
H luy ont promis paier sitost cedil mariage parfaict et nui sommé, !ïi
248 LBS PEinSTHES VW OOST
somme de quatre cens livres de groâ ei arrivant lu dissolution dudit
mariage par le prédècès dudU futur mariant soit que d'ieellay y eut
enfrant vitrant né ou appâtant k naistre ou non, en ctmcun desdiU t-as
ladite future mariante! nura et remportera tous et chacuns les habits^
hajjues et jo^au^ servanâ à ses chef et corps^ la somme de quattre cens
florins une fols pour sa chambre estoffée, son droict de vesve coustumier
tel que dîst ta constitution de la ville et escbevinage de Lille, ousque la
maison mortuera n'y ad viendront^ ensemble ladite somme de quattre cens
livres de gros, par elle cy dessus portée en mariage avec tous doirs* suc-
cessions et hoiries que constant ce mariage lu y ad viendront et eschoiront
on ta valeur de re que vendu, cbergé ou allièné scrat et pour son droict,
prélix et amendement conirenttonnel le tiers avant de son dit portemeu^
de mariage, le tout librement, franchement et à prendre (sans charge
d^aulcuncsdebtes, obsèques rty funérailles de sondit futur mar|) sur tous
les plus clers et upparans biens quM délaissera au jour de son trespas à la
réserve seulle debtes et obligations dont lesdits dons, successions et
hoiries pourraient avoir venu, ebargez ou si mieux semble à ladite fyture
mariante, ^lle se poudra tenir au droict coustumier de cesie ville de Lille,
que lorfl elle aura aus.^y avant part tous ses habits, bagues 6t joyaux ser-
vans â ses chefs et corps avec son droict de çeive coustumier tel qu'est
prescript par ladite coustume de Lille, ores que la maiion mortuaire n*y
ad?icndroit et pour par icelle mariante délibérer auquel des deulx droits
elle ^^e voudra tenir, elle aura le terme et espace de quarante jours, b
compter du jour du Irespas de son dit futur mary iceluy venu de sa
cognoLSsance, pendant lequel terme elle poudra demeurer en la maison
mortuère dudit deffut^t et vivre avec sa famille des biens y estant sans
pour ce pouvoir eslre réputée pour veive demeurée aus biens et debtes
d'icelluy, non plus allendroist de ses créditeurs qu'héritiers et le ras con-
traire arrivant que ladite mariante viendrait à prétermîner ledit mariant
sans dudit mariage dèlaii^ser enffant vivant, en ce cas Icelluy sera tenu et
subject de rendre et restituer auv plus prochains héritiers d^icelle ou à
ceux au prouffict desquels elle y aura disposé, de quoy faire il Tautlioriâe
dès maintenant et pour lors, ladite somme de quatre cens livres de gros
avec tous dons, successions et hoiries qny durant ce mariage seroïent
advenus à la préterminée ou la valeur de ce que vendu chargé ou alliénê
serat et par-deâsns ce tous les habits bagues et joyaux ayant serv) à ses
chefs et corps, saiilf que sur lesdits biens subjects à restitution, lequel
mariant pourra retenir la somme de deulx cens livres de gros une fois,
et moiennant quoy tous les au I très biens dont lesdits futurs conjo
seroient lors Jouissans, appartiendront en pleine propriété audit ""
Haiît à charge de par luy de payer touttes debtes^ obsèques et fi
LES PË1KTHE3 VAN OOST* litf
raillci, à la réservé Be celles donl lesdlU rions, succcsitons el hoiries
seroient advenus, cbarfiei. En considération el cotilem|}lfltîon duquel
tttarîâ<je IcsdiU âîéor Jean Bourgeois et ladite dAiDoiàcUe Galhcrine
Iletjnauld, icelle airctoris^'e f|ue dessus et ledit Kieur Pierre Désirez en
qualité de procureur spécial du dît Jacques Van Oost et damoi^^elle Marie
de Tolenare, père et mère dudît futur mariant, fondé de procuration
donnée de Louis Bachuus, notaire rotai de la résidence de Itruj^e,
le !][[' de ce présent mois, laquelle sert joîncte à ce présent contrat pour
en acoir reeourrier lors besoing aurai, lequel en verlu de rlnuse specialïe
ÎQserrée en ladite, procure ont aceordés repré^eitt^ilion ânx enffjin*$ quf
Daistront du présent mariage en leur hoirie et mccession pour par iceus
enffans et ultérieurs descendant y avoir el prendre loutte telle pari et
portion qu'euissent fait lesdiL^ futurs marians en cas qu'ils les euissenl
FurvescuT mesmeincut ont promis d'instituer, lesdits marîans, leurs héri^
tiers auÉ^sy avan 1 que leurs uul très entCans. Tout ce que dessus lesdites parties
Cûmparanles, chacun en leur re^^ard et qualité ont récîproqueme^nt procnis
teniTi entretenir, rournir €t aeconiplir., soubs rohlic^uliou sravoir ledit
aîeur Destrez des biens desdits sieur Jacques Van Oost et danioi selle
Marie de Tollenaere, ses constituant el lesdils futurs rnarians avec lesdils
Jean Bourgeois et sa compaigne» de leurs propres, vers tous seigneurs el
jtiitîceSf renoncheans au radie rlissement de san^, eul\ entiers par lettre,
ensemble à toultes tois^ coustumes, usaiges et choses a ce contraires,
spécîatlement ii la couslume de Flandres, auxquelles en tant que besoinf{
se soit, atesté Jéro^ué, mesmes ladite femme de Tauctorilé prédicte à la
lof du senatus consultus velleam et à t'autentique si qua mu lier h elle
donné à entendre. Ce fut ainsy fet et passé audit Lille, le IX* de janvier
X\b septante pardevant moy Simon Deflandres, notaire publicq y résidant
soubsigné es présences de tous lest parens assistans audit maria<;e pris
pour témoins et du sieur Jean-Uatiste Van Oute, Urcntié es lojx, advocat
postulant audit Lille, tesmoiii ad ce requis et appelei.
Signé : Jacobis V'jis Oost, MAari: Boi auEors, Jeav BotuGSOtSi CjiTHnaixK
itno.
{SimOD DeÛAndrei, notaire k Litli', aaui'e IKTQ, AHf^ n"^ lêO )
250 COXRAD MEYT ET LES SCULPTEURS DE liaOl-
XllI
CONRAD MEYT ET LES SCULPTEURS DE BROU
EN FRANCHE-COMTÉ.
LEUR œUVRE. — LEURS IMITATEURS,
(1524-1563)
Au moment où Marguerite d'Autriche commençait ii bàlir sur la
terre de Bresse ]e merveilleux édifice consacré à la mémoire de
son époux, la petite-fille de Charles le Téméraîm devenait à la
fois gouvernante des Pays-Bas, du Charolais et du comté de Bour-
gogne, et rentrait ainsi dans une part de l'héritage de son aîeuK Sa
prédilection pour la Franche-Comté s*était affirmée déjà en y choi-
sissant des officiers et des serviteurs qu'elle savait fidèles et en y
rattachant par des emplois ou des terres les plus intimes de ses
conseillers ; elle s'affirma et s'accentua davantage encore de 1507
à 1530 par des relations et des bienfaits continuels qui ont rendu
son nom longtemps populaire chez nos aïeux '. Si IVuire de
Téglise de Brou avait emprunté aux Flandres, où la vte artistique
était intense, son architecte, ses sculpteurs, ses verriers, sans
négliger toutefois d'utiliser les conseils ou les services de matnt
artiste français ou italien, la direction et la snrveiilance des travaux
se trouvèrent en grande partie concentrées, du débuta rachèvemeiit,
entre les mains de personnages francs-comtois.
J'ai cité naguère, ici même*, Laurent de Gorrevod, baron de
Marnay, gouverneur de Bresse, et Antoine de Alontcut, abbé de
Saint-Vincent de Besancon et confesseur de Marguerite, qui eurent
seuls le privilège d'obtenir à Brou une chapelle et une sépulture à
^ Voir Ed. Clerc, Histoire des Etats généraux en Franche-CQmtéy t. I^
p. 247.
* Les initiateurs de fArt en Franche^Comté, au seizième iiéde. — 17' fiéu^
nion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 1893. p. 609-6^5.
i
CO\RAD MEYT ET LES SCrUPTKlRS T>K BROl'. 251
côté de leur maîtresse. J'aurais à citrr encore Louis Uarangier,
sf^crétatre et mailre de» requêtes de rarcliidiicliesse, greffier ea
chef de son parlement de Dole \ Claude de Doisset, doyen de
Poligny avant d'être arcftidiacre d'Àrras ', un ei éditeur teîitamen-
tatre de Marguerites^ le trésorier Jean de Maruii, seigneur de Tou-
louse, Hugues Marmier, président du parlement de Dole quanti
Gatinara se fut démis de celte cliarge\ et bien d'antres qui <nil
partagé avec leur [>rotectrice l'honneur d'introduire le goùl dvA
arts dans leur pays d'origine ou d'adoption. Ce pays, fertile alors
en gens avisés et intelligente», possédait dans la région du vignoble
jurassien de précieuses t'arriéres de marbre noir et d'alInUre^ où
avaient déjà puisé au quinzième siècle les ducs de Bourgogne pour
leurs tom beaux et leurs chapelles. Ces carrières furent rouvertes
par les soins de Jean Le Maire , qui s*en (it Tapolo/p^te * ; Barnn-
gîer, aidé de Simon de Chanlrans, capitaine de Xîontniorot, eL du
receveur de Poligny, Tachonnier (jlouvet, organisa pour la durée
des Irataux. de 1510 a 1h^30, une exploitation fictive di^s alhàtres
de Sainl'Lothatn '\ Après avoir pris dans lt)s flancs du Jura ces
matériaux de choix qui^ de modestes imagiers locaux utilisaient
dès longtemps, le contrôleur Ikrangier aiait cru y rencontrer aussi
un sculpteur d'assez large envergure pour tnller, sur tics modèles
ou patrons empruntés à de vrais artistes, fe? ligures et les statues
des tombeaux de Dron, Appelé de Satins, ce sculpteur, nommé
Thîébaud^ fut de suite agréé par Jean Perréal^ mis h Tessai, et
commença le tombeau de Philibert de Savoie; la tàctie était trop
haute pour son talent médiocre, il ne justitia point la contiance
^ Louis Baranj^ier grefUrr du parlemtïnl de Dole de 1508 â îHXh), ciiterri^ dins
*% chNpellc df \.-D. de Dolo.
' llofi en Flaudre en 15'*7; on vôyatl au aiècte deraifr dans l'r'jftjsp de \*-l)*
de Date uoe insrrJpLioQ À sa louante. Chrv ALr^tR^ Jftrmohes sur Poiign^^ L l,
p. lie.
* (lugues Marmier fut président du partcment df Dote de 151 S k I54r>t>t mou-
rut en 1553.
* a. \y en iv^pagne, ny ca tlalir, ny en i'inj^tï'lerre^ n'eu y n point qui TapriKhc
i!n bonLéT bc^auk' et polisâemenL. « l^^Ure dt^ Lemuirc k tWchiduchCHse* 21 no-
vembre 151 1» LiJïLitv, Anaif^ctes, p. tt.
^ Mandement de Uar^jULTile. preseriiant à eei per«onna^efl t di' lain- traire,
tter, lever et charger une boanL- quanli té d'albaslrt^ de la carrière' Je Sainl-Lolain-
x^Palîgny^ pour faire mener.., en Bresise. 151U. ■ S, ViMyt, Loui<i t'a» lîotjhcm.
12* Session des Sociétés des Bi^mx-Ard, 1^88, p. 190,
S59
CONRAD MEYT ET LES SCLLPTEURS DE BRDï.
qu*a valent mise en lui ses protecteurs. UtEigraeiédès 1511, relégué
tout au moinâ àrarrîère>plan, sinon congédié, il dut céder la place
à de plus habiles '. On sait la suite, à partir de 1512, Tàrcbitecte
Van Bogheni, substitué à Jean Perréat par la volonté de Marguerite
d'Autricbe, assume la re.sponsabilité des constructions de Orou et
dirige les moindres détails de la construction et du décor. Dès
1^22 *, ouvrages anonymes de maîtres ciseleurs^ les retables des
sept Joies, dan^ la chapelle de Marguerite, de la Passion, dans
celle de Laurent de Gorreiod, des sept Douleurs, dans celle de
Tabbé de Saint-Vincent, et de nombreus^es statues destinées au
portail, au maître autel, à diverses parties de T édifice, même aui
trois tombeaux de Marguerite, de Philibert et de Madame de Hour-
bon, sont prêts à être posés. Exécutés sur des dessins de Jean de
Bruxelles, peut-être de Van Boghem luî-mêtne en partie, ces
retables et ces figures, œuvres d'artistes souvent inégaux, ont
emprunté, sembie-t-il, en majeure part des ciseaux flamands, a en
juger par le style qui y prédomine, et par le détail de Parcbi lec-
ture et par relui des costumes, A partir de 1526, c'est un maître
allemand, tout flamand d*allures du r^^sïe, qui va venir donner à
cet ensemble le couronnement qui lui manque encore, en sculptfint
les pièces capitales, les statues gisantes du prince et des deux prin-
cesses, et les a- transisf , c'est-à-dire Icscadaircsdépouillésde tout
ornement autre qu*un suaire, qu'on aperçoit à Pelage inrérieur des
sépultures de PJiiiibert et de Marguerite. Ce maître, c'est Conrad
Meyt, né à ll'orms \ attaché depuis 151i au service immédiat de
l'arclii duchesse pour laquelle il a créé mainte effigie de bronze,
de marbre ou de bois*. Autour de lui, toute une pléiade d'auxi-
liaires italiens» florentins, picards et llamands, Thomas Meyt son
frère j Aï nié Quîtrré, Onorrio Campiloglio, le Florentin Jean-Bup liste
Mariotto, Denoit de Serins, Jean de Louhans, Jean Rollin, fouille
Palbdtre et le marbre, taille de délicates dentelles semées d'ar-
1 M Je veoyc bien que maislre TKiçbaut ne sçavojt riea. > Perrétl à Hirangi^r,
30 mars 15 tl. Lkci^u', Anaiectes, i^m, p. 3:i0.
* KeconoAisiiaace des travaux de Brou» âO juillet 15i2, J. ïiki\, Histoire de
Céglise de Brmt^ ^^ udilion^ p, VOT*
^ Ed. SlâncHj^L, La sculpture et torfhrerie belges. Bruxelles 1895, p. 23f
Î37 , t59. 2417-30 1 , ;103 , ht'}.
* lèid, et CiifliivET, Les édifices de Brou^ 2t* Seision des SùCÎétéi des Btnu^r
Arts. 1897, p. 252^89.
CONRAD MEYT ET LES SCULPTEURS DE BROli 353
moiries et devises, modèle, puis achève avec une rare perfection le
détail des armures ou des parures et les contours charmants de
délicieuses allégories. Aux termes de son marché, Conrad Meyt
doit s'appliquer de préférence aux visages, aux mains, aux statues
vivantes étendues sur les lits de parade; mais il a |e droit de se
faire aider par son frère et par d'autres a bons et experts ouvriers i» ;
Van Boghem eàt chargé des Bgures secondaires qui doivent
entourer les tombeaux. On sait le reste, grâce aux recherches
érudiles de nombre de nos confrères ' : pendant cinq ans Conrad
Meyt, aux prises avec nombre de difGcultés, dont le mauvais carac-
tère de Van Boghem lui prodiguait Tamertume, travailla assidû-
ment aux tombeaux de Brou * dont la réception officielle fut faite
le 12 mars 1532 par deux sculpteurs, Tun Espagnol, l'autre
Anversois'. Au moment où Ton réglait ces comptes et où Ton pré-
parait à Halines le transfert du cercueil de Marguerite d'Autriche
(morte le 1*' décembre 1530) dans les caveaux de Brou, nombre
d'artistes avaient abandonné déjà les chantiers de cette église,
pour chercher ailleurs fortune ou tout au moins salaire. Depuis le
23 janvier 1531, Conrad Meyt, Jean-Baptiste Mariotto, Aimé
Quarré avaient accepté non loin de Bourg une sérieuse commande.
A Lons-le-Saunier on l'on venait de transporter le corps de Phili-
bert de Chalon, prince d'Orange, mort glorieusement aux portes
de Florence à la tête d'une armée impériale, Philiberte de Luxem-
bourg, sa mère, voulait à grands frais élever une tombe digne de
la race illustre qui s'éteignait en lui. Après avoir fait dessiner
entre Milan et Naples les plus belles sépultures \ après s'être
entourée des renseignements les plus compétents, la princesse
d'Orange se décida à faire venir de Bourg les maîtres qu*on lui
signalait comme les plus capables de réaliser son désir. Le 23 jan-
vier 1531, dans le château de Lons-le-Saunier, en présence de ses
principaux officiers et conseils, tous les détails du magnifique
mausolée de Philibert de Chalon furent mis par écrit et acceptés
> Voir les divers travaux consacrés aux artistes de Brou, par Gharavay, Char-
^^, FÎDOt, Piocbart, Leglay, J. Baux, etc. (on en trouvera la bibliogrnphie dans
lARVET, Édifices de Brou).
''oir J. Baux et Fixot, loc, cit.
FixoT, Description des travaux de Brou. Archives du \ord, B, 2*3.'38.
ièces justi6catives, n» III.
ïa4 CONRAD MEYT ET LES SCULPTEURS DE BBOO.
par Conrad Meyt prenant eu charge toute riniagerio,portraîÊiire et
personnages du lomboau, par Jean-Uapliste ITariolto s'ohligeant à
faire et paiTaîre toute la maçonnerie^ ceîàt-à-djre toule rarchilec-
ture, les piliers d albâtre avec leurs moulures Snement profilées,
les antiquailles, billets, feuillages, armoiries et inscriptions
rehaussées t!*or'. Voici les grandes lignes de cette architecture qui
devait couvrir toute la paroi droite du chœur des Cordelîerâ de
Lons-Ie-Saunier et égaler comme richesse les splendides décors
des tûml»eaui de lirou. Qu'on se représente sur une largeur de neuf
mètres etiTÎron, sur une hauteur constante de quatre à cinq mètres
attei<(nant dans la partie centrale sept k huitmètres, avec une saillie
moyenne de trois pieds, une vaste composition arclii tectonique,
conçue dans le style du lit runêraire de Marguerite d'Autrîcbe. Aa
centre, une chapelle à double éta«^e, disposée sous un arc triomphal ;
dans Tétage supérieur apparaît la statue agenouillée et priante de
Ptiiljbert de Cbalon, la Toison d'or sur les épaules, recouvrant le
manteau ducal ; devant lui s'élève, sur des nuées, portée par deux
anges, la Vierge de Lorelte, objet de ses regards suppliants. Der-
rière le prince, une figure de la Bonne Renommée, escortée de
deui génies, tient de la gauche une palme et de la droite semble
présenter Philibert à la Vierge qu'il implore.
Au-dessous de cette cbapelte, sous une voûte soutenue de courts
piliers et embellie d'antiquailles, une seconde &gure du prince
d'Orange est étendue, rigide comme celle d'un u transy mort
depuis huit jours ^ .Au-dessus du grand arc triomphal qui ouvre la
chapelle de Pfdljbert de Cbalon et que Mariotto doit entourer de
fines moulures, surmonter de frises élégantes, semer d'antiques,
de médaillons, de feuillages, la déesse Pallas est étendue» vêtue en
amazone, teuaut un boudier et une lance, sur un lit décoré de
trophées belliqueux, casques, éperons, armes de toute sorte, ser^
¥ant de support à une chouette ; deuL génies lui fout face, portant
des écus et des emblèmes. Derrière elle s'échafaude un couronne-
ment monumental, dont les multiples membrures sont cliargées
de médailles, d'anges, d'ornements à Tantique, et abritent dans
une enfonçurc la statuette du neuvième Preux, les huit autr^^s
couronnant quatre par quatre les deux piliers ajourés qui accostei
' Voir le tnarché aux pièces justincativei, u^ IV.
r
f
CO^EAI> MEVT ET tES SCULPTEURS [>E BIOL. irij
la chapelJê funéraire!. Tout en haut, eiilouré du collier Je la
Toison d'or, eoiSe cl' un timlirE? avec la couronne ducale de Gra*
vina, âoulenu par deux petil^ an^jes, apparaU un «jrand écu aui
pleines armes de Chalon : une hande d or sur chauip de «jui^uleâ,
Les deux piliers il'allmhe qui épaulent l'arc triomphal corn-
portent cbacuti, outre un aoit basse nient, décoré dei armoiries de
Clialon et de Lniembourg, avec supports, une ^fraude ouverture
au cintre léj[^èremeat surbaissé, avec cavité profonde en forme de
nicbe. A gauche, Jean de Cbalon, père de Philibert, est agenouillé,
en costume de prince, l'ordre de France au col, avec " dicticrs et
épitaphes i> , Dans le pilier dç dnute, la figure symétriquement
agenouillée de Pbiliberte de Luii^ml^our^j est sculptèi* a au plus
prés du V if n . I^e haut des pilierii, d*une belle et svelte ai clii lecture,
se divise en deux étages : au premier étage, une statue de dimen-
sion moyenne personnifie une des quatre Vertus- au second,
quatre statuettes représentent autant de Treux, soit huit Preui sur
les deux piliers, le neuvième ay^int trouvé place dans le couronne*
ment du motif centraL Sur les flancs de chacun des piliers s'ajt-
pyient comme des contreforts deux autres piliers dits ^^ à la Reine r ,
chacun mesurant deun mètres de largeur avec moulures, frises el
supports analogues à ceux des autres parties du monument. Sous
Tare de gauche, voisin du maître autel et de la première fenêtre
deTabside, est une enfoneure en cul-de-four, destinée à recevoir
les sièges du célébrant et des diacres; â droite, une porte en pierres
de taille, à contours très ornés, conduisant à la sacristie des Corde-
liers. Au-dessus de ces piliers latéraux les statues de deux l ertus
placées â la même hauteur et dans un cadre analogue à celui des
deux autres Vertus des piliers adjacents. De plus, aunlessus de la
porte de la sacristie, un second étage est disposé avec cul-de-
lampe destiné à receioir une dernière statuette. Outre te mau-
solée proprement dit et ses annexes, les deux maîtres imageurs
s'étaient obligés à créer encore, pour uu prii total de I0,000francs,
un bénitier surmonté d^un ango et la niche du lavabo du maître
autel, et à livrer le tout dans le délai de deux ans,
Oans cette décoration, Jean-Uaptiste Mariotto devait exécuter
.te rarchitecture et maçonnerie^ depuis les degrés eu pierres de
lUê et les soubassements armoriés jusqu'aux fines dentelles de
c triomphal et des niches en piliers adjacents, y compris les
[
'l^
SS6 CONRAD ïfEYT ET LEâ SCULPTEtJHS DE BROU,
aDges, les bestloks et les triom plies mêles aux feuillages et aui
rinceaux des dais et du couronnement^ y compris encore les
médailles et les rénovations de TanUque^left inscriptions, épitaphes
et devises qui devaient courirp avec profusion, d'un botil à Tantre
des frises, sans y laisser aucun vide et aucune partie lisse.
Au robuste talent de Conrad Meyt revenaient les trois statues
agenouillées et vivantes de Philibert de Chalon, de Jean scn père
et de Philiberle de Luxembourg, IVffigie coucbée et morte de
Philibert, les quatre Vertus, les neuf Preux, la Noire- Dame de
Lorette portée par les anges, Bonne Renommée et Pallas avec les
quaire génies groupés a leur suite.
Dès 1532, Meyt, MarloUo et leurs aides, parmi lesquel Aimé
Quarré (ou le petit Picard)', sont en chantier, et quand, au retour
des funérailles de Marguerite d'Autriche et du transport de son
corps à Brou, célébrés les 10, 12 juin de cette année, le maréchal
de Bourgogne r Antoine de Lalaing et Claude de Boisset vinrent
saluer à Lons-Ie-Saunier Philiberte de Luxembourg, Meyt put
leur montrer avec orgueil plusieurs belles pièces d'imagerie des-
tinées à la sépulture dont Téclat devait le disputer au tombeau
même de Marguerite, et reçut des visiteurs enchantés une gratifia
cation quUl ne dédaigna point d'accepter*. A Tbeure même, un
de ceux qui avaient encouragé davantage Meyt et ses collabora-
teurs, Tabbé Antoine de Moulent, mourait à Brou et était hihumé
dans la chapelle de Notre-Dame des Sept Douleurs; une de ses
dernières recommandations, consigoces dans un codicilledu 20juiQ
1 532, avait été Tordre formel de transporter dans son église abba-
tiale de Saint-l tncent de Besançon la Pteta de marbre blanc exé-
cutée pour lui par Conrad^. Son exécuteur testamentaire^ le tré-
sorier bien connu Louis Vyonnet, exécuta ce dernier vœu de
Paumùnier de Marguerite. La Pieia fut transportée à Besançon^
la chapelle Saint-Antoine fut décorée de vitraui et d'argenterie,
Tabbaye Saint- Vincent vit terminer son clocber baut de 200 pieds
dû à la libéralité de Tabbé de Moutcut, et jusqu'au dii-huitième
I Voir lefi pièces jaMilkatives VI-X.
* UfAiilJcatJun de 21 s. Junnéa à Conrad Meyt, par Autuinc de Lal&a^, 15
(Public'' par PiucLurl, tt'iipri^A le rejjUtrc 1S3-1 de la Chambre des complet
Bruvelle?,)
^ PiciTos juiiliGcaLive!», a*^ I[«
i
r
CONHAD MEYT £7 LES SCULPTEURS DE BROU. 257
siècle on montra et on admira an maitre-autel de l*abbatiale un
retable en bois scalpté portant la statue de saint Vincent et quatre
bas-reliefs représentant son martyre, avec une longue inscriptioup
datée de 1524, rappelant les bienfaits de Taumônier *. Cette date,
le fait que Conrad Meyt et Antoine de Montcut vivaient à l'époque
précise dans la domesticité de la gouvernante des Pays-Bas, ren-
dent singulièrement plausible lattribution à Meyt de ce retable
que Besançon a laissé périr, tandis que sa cathédrale a recueilli et
possède, sans s*en être doutée jusqu*à ce jour, la Vierge de Pitié
sculptée en 1532, sur laquelle nous aurons à revenir.
Si dans la commande du tombeau de Philibert de Cbalon Jean-
Baptiste Mariotto n'avait été chargé que de Tarchilecture et du
décor, ce n'était point qu'il ne fut capable de faire jaillir du marbre
00 de l'albâtre de Saint-Lothain autre chose que des ornements,
des bestioles ou des médaillons à la florentine, mais uniquement pour
délimiter d'une façon très nette son champ d'action avec celui où
devait se mouvoir Conrad Meyt, exclusivement chargé de toutes les
figures; un document suggestif va le prouver jusqu'à l'évidence.
Tout en travaillant côte à côte avec le sculpteur de Worms au
tombeau du prince d*Orange, Mariotlo, dont l'habileté semble avoir
séduit Pbiliberte de Luxembourg, avait accepté de la princesse
une seconde commande, dont l'ensemble, comme le détail, était
abandonné à son exclusive direction. Pour le prix total de
2,800 francs, le 8 mai 1531 , le Florentin avait pris charge d'élever
au milieu du chœur des Cordeliers de Lons*le-Saunier, sur le
caveau où dormaient déjà leur dernier sommeil Jean de Chalon *,
Jeanne de Bourbon, sa première femme ^ Claude, seigneur d*Ar-
.guel, leur unique enfant\ et Philibert de Chalon, né d'un second
mariage % une sépulture à trois gisants*. Longue de dix pieds,
large de sept avec soubassements, piliers aux quatre coins servant
de gîte aux statuettes des quatre frères d*Hercule, » anticaiiles « ,
* Pièces JQttificatives, n» I.
* Jean de Gulon, prince d'Oraoge, mort à Loos-Je-Saunier, le 25 avril 1502.
(Inscription du caveau funéraire de Lons-Ie-Saunier.)
. ^ Jeanne de Bourbon, princesse d'Orange, morte le 10 juillet iVXl. [Id.)
' '^laude de Cbalon, seigneur d'Arguel, mort en novembre 1500. (Id.)
'hilibert de Chalon, prince d'Orange, lieutenant <[éuéral de i'Eiiipcrdur en
, tué à Pistoie le 3 août 1530. (id.)
"^ces justificatives, n^ V.
n
u^
1258 CONRAD MEYT ET LES SCULPTEURS DE BaOU.
feuUIages, armoiries el inscriptions tout à reoloufr cette sépul-
ture devait porter étendue Timage du prince Jean de Chalon,
ayant à sa droite Jeanne de Bourbon, à sa gauche Philiberte de
Luxembourg, tous en riches costumes de cour. A la tête, deux
anges debout portant les armes des Chaton-Orange ; aux pieda du
prince etagenouilléeylafigured'unpetit enfant de deux ans, Claude
d'Arguel,né de Jeanne de Bourbon. Pour ceux qui sont familiarisés
avec rhistoire de Téglise de Brou, cette description (à la matière
près, puisque les gisants y étaient de bronze) n'e^t-elle pas la repro-
duction de celle que donne le P. Rousselet, à propos du tombeau
que Claudine de Revoire éleva, avant 1533, dans la ulmpelle des
Gorrevod, à la mémoire de Laurent I" de Gorrevod et de ses deux
femmes ' ? Comparons plutôt : « L'on y voit la Ggure de Laurent de
Gorrevod en bronze, plus grande que nature, étendue sur une
table en marbre noir, ayant à sa droite sa première femme, avec
une petite fille qu'il en avait eue, et à sa gauche, sa seconde femme.
On voit aux quatre angles du mausolée quatre génies debout^ p v
Quoi d'étonnant d'ailleurs, puisque les amitrcs qui sculptaient à
Lons-le-Saunier avaient fourni un ample contingent aui richesses
d'art accumulées à Brou, qu'ils en aient apporté dessins et patrons
pour les utiliser au profit de Philiberte de Luxembourg ?
Quoi qu'il en soit, le délai accordé à Mario tto pour la sépulture
d'albâtre dont nous avons résumé le devis, n'était que d*un an ;
l'artiste stimulé par la présence continuelle de Philiberte à Lons-
le-Saunier, et par les payements exacts dont nous avons recueilli
de nombreuses traces, dut mettre à cette œuvre assez d'activité
pour livrer en 1533, faite et parfaite, la sépulture et ses gisants,
outre le tabernacle et les deux statues de la Vierge et de saint
François destinés au maitre-autel des Cordeliers. Ce qui non» I«
fait croire, ajuste titre, c*est le témoignage du P. Fodèré, dans sa
description des monastères franciscains de la province de Saint-
Bonaventure, publiée en 1619, malgré les erreurs de détail de cet
annaliste '. Mais le tombeau de Philibert de Cbiilou, que Xlariotto el
> P. Paciûque Rousselet, Histoire et description de l'église rotjaie de SroM.
Bourg [1767], p. 74.
• Ibid.
• Narration historique et topographique des couvents de l'ordre de S. Frû
çois^ par Jacques Fodèrè. Lyon, 1619, ln-4<>.
CU^R.^D MEVT ET LES SCLLPTEtfftS DE BBiïU. 25ÎI
He^'t poursuivaient aprf*s l'achèvement de la st'piiItuL-e du milieu
du choeur, n'ÎMait point acheté dans le délai tiiè par Phililmrte ;
Heft y traïuillâit eucore le 23 janvier J534^ Des eTenementî^
imprévus allaient tout arri>ter el disperser les artistes aiant i|ue
Uur œuvre soit acconiphe et que le rêve de FfiiliKerle de t^uxrm-
bour<^ soK en sou entier réalisé. Philibert de Chalori avail une
sœur, mariée à Henri de \asswni ; celuî-ci, héritier de son heau-
frère, employa contre Phililicrte des procédés violents et discour-
tois, fit saisir ses mol)iliers, ses liijoux, sa vaisselle dar;jent au
mépris de toutes convenaores. Découra»jée, la princesse, ahandtm-
tiant tout, même la tombe de son Hls et le projet de h rendre non-
pareille, se réfugia, pour y mcuirir, dans nu rhàteau (jU^lle possé-
flflit à Mont-Saint'iean, au duché de Uour;|o;jnr*. Et il ne resta
«f^ana celte é*] lise des Cordrliers, qui fut devenue autrement le pen~
àant des Au;]iistius de Brou, qu'un caveau funéraire ^ver quatre
cercueils déposés sur des talîtes de pierre et des inscriptions arnîf>-
t'iées rappelant le nom de ces mortj^, et' auprès de la sépulture
Wii>^ par ^lariotto, nombre de superbes statues d'alhutre ou de
^Àrhre sculptées par Meyt pour un ensemble qui ne dotait jamais
eiistei-. En 1595, Tarcbiduc Albert, traversant Lons-le Saunier, tes
''^p les admira et pro[»osa de les acquérir pour le» eiripurier aux
%s~lias. En 101 U, en \6M, divers témoins signalent « un yrand
iioiul^^g de belles et grandes statues de marbre blanc de diverse!)
%Lir^g^ li-^5 bien polies, taillées et gravées d'après le naturel...
^mt quelques-unes k Tenlour du grand autel, sans y observer
iincmi ordre qui [jenst représenter quelque chose,». V « En 1737,
"fn subsistait encore plusieurs, au témoignage de Duuod V (ïn cher-
coeraît vainement aujourdbuî le moindre vesiige de r<puvre
^ccortipJie à Lons-le-Saunier par Meyt et le ÎUarlotto, de 1531 a
."^ ^- Privés brusquement d'un travail qui devait nécessiter encore
^ ^Oticjs efforts, retenus quelque temps au mbins au couïtè de
^***"ac*gne par Tespoir du retour de l'biliberle, ou d'une ilérision
^ U. de IKassau, favorable à leurs intérêts et à la continuation
^ Pièces juifificfltjrM, n"' X,
M. Clekc. Phitihtrt de Ckahn^ ISTâ. [Bulktin de rAcadtmie dt Bemn-
p. 80.)
^oD^iiÉ, Nutfadon hutortifut.
DîfOD, HUtoire du comté de Bottrgopte^ L Ih p. 321.
3G0 COiVHAD UËVT £T LES SCLLI'TELRS DE BAOl).
des Lombeaui, les deux sculpteurs durent chercher autour d*eux
des commandes pour utiliser soil les matériaux amassés â grands
frais, soit leur ciseau brusquement paralysé. Cette nécessité de
trouver, à bref délai et sans déplacer leur chantier, des commandes
et un gagne-pain, valutà la Frauche-Comté quelques ceuvres d'art,
dont deux au moins survivent, d'une délicieuse facture et d'un très
grand intérêt.
La première est un retable, de petites dimensions, conserTé
dans l'église deMoutier-Vilfars, à Poligny, à deuî ou trois lieues â
peine des carrières d'albâtre de Saint-Lothain ; la seconde est une
exquise statue de la Vierge à TEnfant, lendue par Téglise Saint-
Just d'Artois, il y a quarante ans environ, au musée de Cluii}, où
elle est placée dans la salle des tapisseries du seizième siècle.
Le retable de Moutier-Villars (ou de Poligny], rectangle d'albâtre
haut d'uD mètre t^ingt, large de trois mètres, comporte un soulias-
sèment, trois bas-reliefs encadrés par des pilastres cannelés, avec
chapiteaux ornés de bucrilnes, un entablement avec corniche
légèrement saillante. Entre les multiples moulures de cpUe cor-
niche et de rarchitrave, une inscription court sur la frise, en belles
capitales romaines: [koble. uessire.] iehak. DAGii. [escvier]
A, FâiCT, FAUE. CE. TABLEâVL. EN. LAN. 1 534. Cette date : 1534,
est répétée une seconde fois au-dessus de L arc surbaissé du bas-
relief central, atiie c^tés d'un ècu brisé : un lion surmonté d'un
chef, armoiries de Jean Dagay, qui lui sériait de clef de vaùte ^.
Les trois bas-reliefs représentent en partant de la gauche :
rAnmmciation, TAdoration des bergers, l'Adoration des Mages,
soit trois des sept mystères joyeux ISgurés à Brou dans le retable
des Sept Joies. Tous trois sont exécutés aiec une linesse extrême
et un art de composition qui révèle des artistes exercés. Le
marteau imbécile des terroristes a malheureusement passé pnr
]k\ an leur eût pardonné d'effacer les mots noble et eentjer de
rinscriptton de la frise ; leur bêtise et leur brutalité ont niallieu^
rensement abattu les testes ou brisé les membres de nombre deft
personnages délicats, émergeant en vigoureux relief des uiasslb
d*albàtre.
1 Voir ci-conlrc> planche 1\- M. de Laijuèrk Tnc^ntionnf â^nn le BuUmiiu
monumenfai, anpt^c IHBl, ce retable que uous ccnuaissoni dèi IS67.
O -
* C I
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-3 H ^
CO\'A;lD UEVT ET LES SCULrTELIlS DE BHOlJ. 2Qt
DansVAnnonciation toute la scèncse passe dans un orataite, donl
le plafond à caissons, les murs avec frises ajourées, arcades, porte
surmatitéë d*uti fronton triangulaire, sont des réminiscences de
Tatilique; ]a Vierge agenouillée à droite, regardant le spectatt^ur,
tout en a appuyant sur un pupitre très orné, écoute, dans une
pose charmante, la parole de l'ange Gahriel,qui se tient, res*
pectueux, à Tangle gauche du lalileau.
Dans VAdoration des bergers, la scène est en plein air,
devant le porche d'un édicule aonien, dont le fronton triangu-
laire percé d*un octibts va se retrouver, réduit, dans V Adoration
des Mages, La Vierge agenouillée et T enfant nu sur un pan de
langes, escortés de saint Joseph dont la Rgure monacnh* se pencha
en avant» écoutent les accords d'une cornemuse dont jcuc l'un des
adorateurs : un berger est couché à plat ventre- un nutre, dt^bout,
accompagné d'une bergère, s'avance suivi d*irh chien; derrière
euî, tout un lointain de personnages, de rochers et de pay^vage,
ou de jofeuâes farandoles s'ébauchent sur robscurltè des fonds.
Dans V Adoration des Mages ^ la Vierge est assista tenant TEn-
f^nt debout, de son bras gauche,' derrière elle, den\ persomiagcs,
dont saint Joseph; devant, agenouillé dans une attitude pleine de
recueillement, un des mages; deu% autres debout derrière lui,
armés à Tan tique et casqués. Sur les borduresdu vètcnieiM de Tun
d'eux, cette inscription intraduisible : NiCHiTiGos-iBMOVs, deux fois
répétée; par derrière, tout un fouillis de têtes de serviteurs, nègres
ou autres, des casques, des panaches, des chevaux charï|és de pré-
sents et de cofifres, et par delà, au-dessus de la silhouette d'un
grand château, Tétoile des mages plane au-dessus des nuées.
La date de 1534^ qui coïncide avec Tabandon des traviiux de
Lons-lc-Saunier, le voisinage immédiat de Saint-Lothain, mais
par dessus tout Tallnre, le style, la maestria des bas-reliefs du
retable de Jean Dagay ne laissent aucun doute, dans notre pensée,
à cette opiEiion formulée pour la première fois dans celle étude :
Teitécutioti du retable de Moutier-Villars ne peut être attribuée
qu'aux sculpteurs de Brou, employés k Lons-le-Saunier.
Des considérations semblables d'art et de style imposent une
ronclusion analogue pour la statue de la Vierge à U'^nlaiitr dite
J*Arboiii, conservée au AI usée de Cl un y* Ce magnifique morceau
"albiïtrej de grandeur presque nature, représente Xotre-Dame
1
909' CONRAD MEYT ET LES SCLLPTEUïlS DE BROU.
debout, le poids du corps portant sur la janilie droite pour fatre
lïqnilihre an mouicmenl di^ rcnfatit divin presque coîiîplèleiïiéDt
nu; SI' précipitant à ganche par nn gracieuse élan, La tète de la
Vierge, dont Topulente chevelure tombe par longues boucles sur
les épaules et les bras, deux boucles accrochées formant collier^
est empreinte d'un mélancolique recueillement; celle de TEnfant,
qui tient dans ses petites mains une pomme, est, au contraire,
animée par un sourire. Le riche coutume de la Vierjje, son manteau
drapé avec huijileté, partie sur Tepaule gauche, paitie sur le flanc
droit, est d'une facture très primesautiérc. Des retiauts d*or avi-
t;ent et font valoir ra et ta les délicatesses des bordures de la robe
et du manteau. Dans cette Vierge d'Arbois se retroutent toutes
les ('^léjfances des sculpteurs de llrou. Pas d'hésitation sur la date
h lui assrguf^r : 1530 à 1534; mais nous n avons plus la ressource
d'une inscription et d'un millésime, comme dans le retalde de
Poligny; essayons d'y suppléer pour retrouver, à défaut d'un nom
d'artiste, le nom du donataire K
Une enquête faite à Arl>ois nous a permis de retrouver dans lâ
chapelle a gauche du chœur, à l'extrémité du colla téral^ IVmpIa-
cement qu'a occupé trois cents ans la madone que nous venons de
décrire. Or cette chapellep dédiée à \otre-Dame et à saint Jean-
Baptiste, ^st la chapelle funéraire des deux cardinaux Pirrre de la
Baume (1542-1544) et Claude de la Baume (1544^1584), tous
deux prieurs de Saînt-Jusl d'AHiois et archevêques de Besançon. I
Le premier de ces prélats, chassé en 1 528 de son ê\ êché de Genéte, |
vînt se réfugier à Arboîs, où il séjourna sans discontinuer jusqu'en
1533, et oîi il mourut le 4 mai 1544, A r bois étant sa résidence i
favorite, c'est donc à lui que, sans hésitation aucune, on doit altri^ m
buer le déror dt* la cirapelle Notre-Dame, et tout porte à croire
que la statue superbe qu'il y avait laissée comme souvenir fut
sculptée de 1 530 à 1533, c'est-à-dire avant le retour éphémère du 1
prélat dans son évêché de Genève, par un des artistes exeellentf
employés aux tombeaux des princes d'Orange, L'œuvre, bien
homogène, n'a pas nécessité l'association de plusieurs ciseaux*
Son allure plutôt florentine que flamande semble indiqr'^"
comme auteur l'Italien Mariotto de préférence au Flamand Me
' RlcnARD, Hhtoirt dit diocèse de Besançon^ t. II, p. tlî.
Cû:VRAD WEYT et l.t^^ SClLPTKTilS DE HIIOU 1*13
A côté de la l^ifrge (TArbois ei eu Retahlr de Palùjmj^ llesaiiçon
fl coniervc, lui ansBi, une épave des sculpteurs de Uron^ la Piefa^
lé<fuée en 1532 pnr l'alibé Antoine de Montent h son ablmye de
Sûint-Vincent ',
Haut de I*,8fl, large de 1*,S0, ce groupe de marbre, mutila
imrles déplacements qu'il a dû tubir, est, depuis 1793, date de la
fermeture de lu pluparË des églises paroissiales ou conventuellfs,
devenu la propriété de Téglise ealbédrale, enricbie par son ruré
CQDstitiUionnel, l*abbé Itoy, des dépouilles d'autres éili lires. Assise
sor un riîclier, la lier<]R desi lïouli'nrs relient h grand "jïpi ne le
corps de son fils qui, fa tt^le appuyée sur bi poitrine de sa mère,
glisse sensiblement au bas du rorber. Ost en vain qu'un ange
agenouillé dont le vf^lement plissé, bardiment taillé dan^ le mar-
bre j fait valoir l'anatomie très étudiée, s'efforre d'aider la Vierge
à soiiienir Je Sauprun La fête du Clirisl, relie de Tange, celle de
la Vierge^ autant (]uV)n en peut juger malgré sa mutilation, sont
de fort beaux morceanxî les jambes du Christ, ses main^ï muMlées,
le pied nu de TAngp sont traités avec le naluralisme sincère des
gisants de Brou* La restauration d'un pareil morceau, son trans-
fert en place honorable, car, mis â contre-jour contre runir|ue
fenêtre de bi chapelle des fonts, il échappe â tous les regards, s*ini-
posent aujourd'hui que, yràee â des documents inédits, Torigine
tle l'œuvre est devenue manifeste*.
Les travaux de sculpture semés par Conrad \!eyt et ses
auxiliaires, de Lons-le-Saunier à Besançon, tandis que des maçons^
des ouvriers de moindre importance, sortis également de Brou»
apportaient à Teeuvre de Notre-Dame de D6le, k celle de Xolre-
Dame tle Gray \ à celle du clocher de Saint-Vincent de Hcsanrof»
et à celle du château des (îorreiod à Marnay^ un concours dont
Te m p rein te, très caractérisée, reste, pour qui sait lire, encore très
visible, devaient servir de modèle aux sculpteurs qu'à son tour la
terre franc-comtoise devait enfanter. Après ce Thiébaud, de Salins,
' Voir, cUaprù^, planche X,
* Piècet JustïrifatKPS, n' tl.
' Le portail de N.-U. de Gray ofTre une anahigie frappanle avec le pivrlail de
^gtiie de Bour^ et eertainf^ détaiU de telle lie Brou.
* L'auteur a recueilli h. Mania y (Haule-Satiue). dans Le cbiteau liAiî par Liurent
s Gofrcvod, vert 15Î5, de» chapiteaux aiec Ie4 inuialts L et Ct utcn1îr|ties à
mi publiés p«r M, Ctiarvel, en l)<i97.
264 C'Oh'R^Û MEVT ET LES SCULPTEURS DE UROU.
que son inexpérience fit renvoyer de Brou, apièice Landry» peuU
être son élvve, f[ui taillait dans Talbâtre de Sâitit-Lothain les
médaillons des douze Césars pour le chancelier Granvelle et te
portrait de son Sis le cardinal', nous avons rencontré déjà et
étudié à diverses reprises ce Claude Anroux, dit Lulier, qui,
originaire de Gray, comino rarchitecle Sambin, créa tour à tour
la chapelle funéraire de Guillaume de Visemal, à Rahon S le jnbé
de la cathédrale Saint- Jean à Besançon % la chapelle des d 'And e lot
à PesmesV La biographie de celui que Thisitorien Gollut, et après
lui .Jean-Jacques Chilttet, avaient célébré comme un émule de
Poljcléte.va s'enrichir d une œuvre nouvelle ^ retrouvée grâce mi
hasard, auejuel nous autres chercheurs nous devons tant de bienfaits;
ett chose euriense, cette œuvre, qui par certains et très importants
délaîls va se rattacher a Tœuvre des sculpteurs de Brou, fera
reiiire, grâce à des dessins jusqu'ici ignorés, lo tombeau des
Gorrevod à Brou, le tombeau desChalon à Lons-Ie-Saunier qui lui
ont servi de modèles. De même que pour le tombeau ite Guillaume
de Vise mal, écuyer et compagnon fidèle de Philibert de Cbalon,
Claude Lulier s'était inspiré des statues agenouillées de Jean de
Chalon et de Phi liberté de Luxembourg, modelées et ciselées par
Conrad Meyt, de même pour un tombeau qui lui fut commandé à
Gray, en 1553, il alla chercher des patrons soit à Lons, soit à
Brou, et sMospira visiblement du tombeau de bronze de Laurent
de Ctorrevod et de ses deux femmes, de celui de Jean de Chalon-
Orange et de ses deux épouses, gisant sur un sépulcre d'albâtre.
Quand le président Hu^pies Marmier prit à sa charge la dépense
d*une des chapelles qui dans l'église Notre-Dame de Gray détail
faire vis-à*\is, sur le flanc gauche de Fabside, à celle des Vandenesse
tmtie sur le flanc droit, son désir n'allait pas plus loin que de
manifester ses pieux sentiments dans sa ville natale et que de
prE^ parer, dans cette chapelle dédiée à la Vierge des douleurs, un
chantier pour lui et tes siens. Quand il fut mort, en J553| après
' Vurr Sissition des Beaux- Ji ris de 1893, Les initiîit^urs de l'Art en Franche'
Comté, par J, Gaithikh, p, 020,
' tàid., aimée JH9*Î, La chapelle de Guillaume de Visemal, par J, G.iUTHfEH.
' Claude Ut lier, par J. G^lthikr, Bulletin de V Académie de Besùnçorit 1890.
* La chapelle des d Aude kl et l'église de Pesmes, par J. GAUTHïsn cl G. i»K
BiALîîkJOLft, CciD^rès de U Sodélé française d'archéologie, 1^02.
PI«nche \.
PIKTA
SAIVT-VIVCKVT DH BKSAVCOV
,\Urbr<>, par Conrad \Iryl. — iri;(2. i
Page KU
(
CO:URAD UÊYT ET LES SCLLPTELRS DE BROU- 26ri
ATûir passé par la plus liaute forlune, connu la {lisrjrâce el trouvé
dans l>stiaie publique, mais surtout dnns le lionheur du foyer, un
remède aui HDiertumes de la vie, sa seconde femme, Anne de
Poli^ny, voulut élever à sa mémoire, dans cetle chapelle oh Ton
venait de T in h u tuer, un monument digne de ses mérites, La
Franche-Comté n'avait qu'un sculpteur, Luher; ce sculpteur était
de Gray, double motif pour Tatlacher a ses plana et le charger de
leur réussite. Elever comme à Urou, dans la chapelle desOorrcvod,
dont la chapelle des \Iarmier à Gray reproduisait exactement la
disposition : fenôtre ouvrant au midi, antel tourné vers Touest *
avec porte latérale conduisant derrière le chevet et jour prati<|ué
sur le sanctuaire, un relablo monumental derrière Taulfïl; placer
du coté opposé k Tautet un tombeau dont le massif serait^ sur deu.^
faces visibles, décoré déniches et de pleureuses, et dont la table dt^
mai bre porterait les statues gisantes d*Hugues Marmier el de ses
deui femmes, sculptées en albâtre, 1elli> fut la donnée primitive.
Claude Lu lier la réalisa, en donnant au président sou costume de
palais, la robe doublée d'hermine, aui deux femmes le costume
des yrandes dames de la cour, et on ajoutant, curieux rapproche-
ment avec ses modèles, entre le président et sa première femme
Louîsiï Gautbiot, un enfant de deui ans, agenouillé, seul fruit de
ce premier mariage, tandis que du second, contracté à soixante-
div ans, le robuste vieillard avait eu sept enfants, tous en vie quand
il mourut. Par le dessin inédit décrit pour la première fois dans
celle étude, on peut juger de la façon dont le sculpteur graylois
s'acquitta de sa ttiche, soit en modelant les principales figures,
stiit en taillant les douze statue lies qui décorent les niches du
soubassement. A la tète du tombeau, un bas-relief encastré dans g
le mur montrait deui petils ^frnies, de belle allure, soutenant
d'un bras à gaucbe Técu des Alaruiicr : une marmotte, el le geai
couronné des Gautbiot, à droite Técu des Alarmier et celui des
l'ûligny : un cbe^ron, coupé d*ao échiqueté (Frontenay), tandis
que leur autre bras élevait bien haut la toque du président du
parlement de Dùle, du représentant le plus élevé de TEmpereur
n son comté de Bourgogne, La tête des irois gisants, comme à
ïourg» repose sur des oreillers; aux pieds des deux femuics, uu
bien et un lévrier étendus rappellent leur fidélité; aucune
!gende. En regard du tombeau, Fuutel; derrière Taulel, le retable;
"
266 CONRAD MBYT ET LES SCULPTEURS DE bttOU-
un socle, un panneau central compris entre deux colonnes moitié
cannelées, moitié en forme de balustre à panses arrondies, déco-
rées de têtes de chimères; au chapiteau composite, une architrave
soutenue de cinq consoles, une frise et une corniche. Le milieu
du tableau est occupé par une niche avec pilastres et cintre dont
le cul-de-four est orné d'une coquille. Une Vierge de douleur,
grandeur nature, s'y tient debout, contemplant les yeux baissés,
les mains jointes et tombantes, drapée dans les longs plis d'un
voile, son divin fils étendu mort à ses pieds. Celui-ci, rigide, est
couché sur nn suaire; à sa tète, à ses pieds, a^^is sur le rac, deux
petits génies ou anges sans ailes sont assis, tenant Vun lu boule du
monde, l'autre une tête de mort, tandis que leur secontl bras sou-
tient Tovale de leur visage'. Aux côtés de Tautel, deux niches
égales à celle du retable, cantonnées chacune de deux pilastres
cannelés, avec entablement et soubassement tj^s deiolnppé. Dans
la niche de gauche, un personnage en robe de magistrat, carac-
térisé par un écu aux armes de Marmier, blasonné an bas de rèdî<-
cule. Dans la niche de droite, une femme, avec convre-chef en
forme de voile, robe à longues manches, un rosaire dans les
mains. Une longue inscription placée dans un cnrlouche au-densus
d'une porte voisine nous révèle le nom des deux personnages :
Jean Marmier, président du Luxembourg, et Simonne de Falle-
tans, sa femme, morte à Gray le 11 juillet J505. Ses armoiries r
une aigle éployée, sont d'ailleurs sculptées aux pieds de cette der^
nière. Une claire-voie ajourée de sculptures i^ur boîs^ permettant
de suivre la messe célébrée au maître-autel de Téglise. une grille
en fer forgé donnant accès à la chapelle du c6lc du transept, enfin
une verrière aux armes de Marmier écartelées de celles d'Empire,
ainsi qu'en usaient tous les hauts fonctionnaires de Chartes-Quint,
complétaient le décor dé la chapelle, auquel vinrent s'ajouter, an
fur et à mesure de nouveaux décès, de nouvelles tombes des
descendants d'Hugues Marmier, de nouvelles statues, des bas-
reliefs, des inscriptions, des armoiries et des supports. Mais
du tombeau, le morceau principal de notre premier sculpteur de
la Renaissance, les moindres vestiges ont disparu, bas-reliers,
figures de Jean Marmier et de Simonne de Fallelans, Vierge des
* Voir, ci-contre, planche XI.
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COI^R^ID AÎEYT ET LE!t KCLLPTEtnS DE BAOU. $31
douleurs; loul s^est cfTondrc dans un irreiiiétlialïlr clé^fi«t1r(^ ^ Seul
le Christ au tombeau, resté intact avec s4>h deu^ au «{es, survit,
transporté dans la première chapelle du collatéral yauche, landis
que l'ancienne chapelle des Marmiec, devenue la chapelle de
Notre-Dame de Montaigu, n'a pas consert»'' le moindre souvenir de
se* fondateurs. Le faire de ce Christ, Tei pression de ses traits^
le iTiodefé de ses membres, la physionomie des deux anges, iden-
tique à celle des deux anyes qui portent à THùti^l de ville de
DôIe la detise de Charlea-Quiut : plus ovltre, à rtdie des deux
anffes qui portaient dans l'abbatiale de Wont-Saïute-Marrc les
instruments de la Passion, ne laissent aucun doute sur Tattrihution
de Tceuvrc totale à Claude Lulier, le prince des sriilpteurscomtois*
Lue dernière preuve ^ tirée cette l'ois d'un dorument ^încore inédit^
esl la suivante. Le 22 àiril 15HK, F'aule de Pontailtier, veuve de
Jéati Marniier, gentilhomme de la bouclie du Hoi, f|ui venait de
mourir dans les ronctiûns de yonverueur deGiay, voulu! Ini élever,
dans la chapelle de sa famille, un tombeau décoré de deux statues
a[[enouilIées, d*allmtre, la sienne et celle de son mari . (Claude Lulier
était inort depuis une dizaine d'années, ce fut son fils Guiltaume
Lulier^ héritier de sou talent, alors bourgeois de Dùle, qu'elle fit
veoîr et qu'elle chargea de cette commande \ fidèle à la mémoire
du vieux sculpteur qui avait cru rendre immortels eu les imprimant
dans le marbre île nos montagnes les traits de ses devanciers.
Malgré des destructions déplorables, documents d'archives et
matèriauji d'art qui s'éclairent mutuellement, subsistent assez
nombreux, nous croyons l'avoir prouvé dans cette thèse, pour
détiiontrcr d'une façon palpable que c'est aux sculpteurs de Brou
et à leurs créations exquises, soit sur les confins, soit dans le cœur
de la provinrcp que la Franche-Comté a dû^ au seizième siècle,
Hujtiative de ses premiers sculpteurs.
Jules Galthiër,
Arclijvisle rlii tlauL^.romm Ui^AÎre de J« Sot^Ji^té
fruac-comtoiii.^ des Jicaiiit-Artj, membre
noD résidant du Coniïtû de» Socif-tê^ dt^A
Beam-Arlsdesd^pArtemenls,âfit*âivrirnii.
r iCous avons découvert tes dossio», ab^duiKieut inccinaui, dans tes arcEiivesd'iifi
vieil Ami, U. le duc de Marmier.
* Arch, de AL U duc de Alarmier,
268 COÎVn.^n MEVT ET LES SClJLPTEUKS DE DïlOtJ*
PIÈCES JUSTIFICATIVES
I. — Description d'un retable en bois sculpté offert par Antoine dt
Mùntcutj abbé de Sainte Vincent de Besancon j amônîer de Marguerîte
d'Autriche, pour décorer le înuitre autel de son abbaye. — 1524.
Domiaus Antoiiius fie Mantecuto, primus commendatarius, fieri curavit
antiquaai tabulam majoris altarîs, in cujus medio po^iLa est statua devoLa
Ucet li^nea Saiicti VincPiitii. Hinc et Inde cjualuor gtatus eju^ inurtyrii in
sculptura représentât! et supra liasîm quae sequiintur scrîpla sunE :
AO LIVDEU DEI PRESENTE y TABVLAU FiEHl FEClT R*^** }%
CBHIâTO PATER KT DOUtWS .ANTOSJIV» DK MOATECVTO COV-
MEVI>.ÎTAHI\ S PEfiPETVVS HIEVS MOÏASTERIi S. UIXCENTU
KLEEMOSINABll S ET CONFESSOB ILLVSTHiSSIll* PRlNCi-
p i ssj€ do m 1 X € M \ nn \ r i t.ï co.m it isa« bv ne ^motm a xx Q
DKI, 1524.
ïp^e aedîficnvit exrelsam turrim campanitem laptdibiia quadrîs haben-
tem c^ntuui pedes altitudinî^i et super eam ercvit âagittam seu acum fprro
albo tectimi, cjusdem iikitudiais centum peduin, et in turri majus t^mpa-
num fierî fecit in pondère quinqiie millmm lihrarum. PraeTuil ab
anno 1520 et obiit 1532.
(Fonds Saint- Vincent, (Titre* génëraui ) 4T(rhir«iiii Doub».)
IL — Codicille de l*ahhè Antoine de Montcut réglant diverses fondations
et cértlmonifs qui se devront faire après sa mari en son abbaye de
Saint' Vinrent et ordonnant entre autres choses de Ira fis porter sur
t autel de la chapelle hàtie par lui, dans r église abbatiale j la Pie ta de
marbre commandée par lui à Conrad Meyt et de remplacer les viirau3^
iléjà posés par d'autres verrières représentant rAnnonciation et la Visite
à sainte Elisabeth^ avec son port rail agenouillé, — Brou, 2ùjain 1532.
X'overint universi et sintjuli présentes inspecturi quod ej^o Ayrao Mar-
ti net^ de Sancto Mavhiiino, Tharentastensiâ diocesis, âuctoritatibus apost(>-
[ica, impérial] et illustrisiiiini principis et doniini nostrt doniint Sabau-
die, etc., notarius pubiicus, recepi de anno Dommi millesimo quingenle-
simo tri^esjmo secundo, indictione quînla et die vigesima niensis junii, b
secunda post nieridiem seu circa, quemdRni codiciUiLm teâtamentî eor
per révérend una dorainum Anloîiium de Monteculo, abbatem seu ce
i
C0\R.1D yEVT ET LES SCULPTKIHS DE BBOU. 209
nifn^l&tarium perpeluum altbniie Sancti Vincentii, rn quo quîdem codicillo
inler étalera coiilinenlur cInu-^uU subscrîple. rrinio quod prefâtus rêve-
T«nduf dominuâ abbas, addendo d\cio testaniento et atteri ti>dicîJlo
jam ïmtea dieni predictam facta, intra lanieri iilorum deroijalionem lU'rum
codicillando presenUbua vtill et ordinat quod post \\ts'\us rp^ereodi domïnï
^odïciHanlis ab bumanis deeessum, videlic€t quampriitiuEii ad notiliam
fenerabllium damiaorum reltgio^ioruiu dkte abbalie sive ecelesi^ Sancll
Vi Dteii tii Bis u n ti n l de ve n e r i t , c e le b re n t u r p«^ r i p s o >$ do m i no s rel i g i oso^ très
magne misse primo de oflicio Sancli Spiritus, alia de officia Beale Marie
lîrginis el reliijua de ofQcio defuncloruin, necnon centum aile misse
i^oce submissaf tam ipso dit qiio dicté magne misse celebrabunlur quam
alii.i proiime sequentibus, usque ad dirtum ikumerum ceiituni tnîâsaruni.
cuin etiam decantalione vigUiarum mortuorum ad novem ïecliones al ta
voce, eo die quo dicte magne misse eefebrabuntur. Et ipsis domiaiA reti-
gbsis dait et soivi per ejus lesta menii eiequu tores pro qyalibet magna
mÏAAii ditodecrm solidos turonenses et pro tjualibet par va seu que submi^-^a
vttce celebrabitiir duos ^olidos turoirottse», el pro dictts vigiïiis cuîlibei
astanlr in eradem quatuor albos turonenses.
Item vuli et ordinat quod dicta diL% qua dicte magne misse cetebrabim*
tur, coûvocenturiu dicta rccle^ia Sancli Vinceiitii omnes pracessiones civi-
tiiLis Bisontine controcari solile et dur! et soK i c-apilulis sunclorum Jobannis
et Stepbani centum solidos tiironenses, et reliquîs eommunitatibus sive
capital ts aut colJegiis etiiltbet viginti solidos turoneust?^ capilulo Ben le Marie
Magdalenes quinquaginta sotidos turonenTieâ. Item luminare ?^ un m, die qua
dicte magne misse celebrabuntur in dicta ecclesiii Sancli Vinrenlii esse lull
et ordinat idem dominus codiciLlan^ de duodecim lacibus eereis p^jnderis
duarum Jibrarum pro qualibet necnon de ses eereis pure quolibel pondé-
rante unamiibram. llcmdat et lejjatacjurelegati relinquitduodecimCbrisli
pauperîbus, dictait duodecim faces deferenlihu:^, dicla die qua die Le magne
misâe celebrabuniur, cuilibei eorumdeui unam vestem panni nigri, valorîs
quatuor francborum pro qualibet. Item vuJt et ordinal ipsc dominus codi-
ci flans quod, sotulis primo et adtmpletis omnibas biis leyalis ijuprà el anlea
îndiebus ullîmo suo testamenLo et codieillu facti:; el ordinalis, perîe(-lr>que
clmbailatorio dicte eccLeste Sancli Vincentii, quod, de pecuniis et rébus suis
suprameniLonatis non legatis et re^lantibns seu que supereîunt, capella
per euui reirerendum dominum codicillanlem conslrucUi et fundala in
dicta ecclesia Sancti Vincenlil seu constral incboata perfinatur, videlict^t
quod vitrine que sunt apposite in eadeui tollantur et amoveiHitur a loco in
s uni po^ite ei reponanlur in fenestris superioribus ilirli cimballatorii
s magis opportunis el decenlibus; et loco eniunidenï iitritjanim niiM-
^«"■"um Fult et ordinat idem reverendua dsmiinLis cudîcSIÏanâ qand liant
270 CONRAD MEYT ET LES SCULPTE U ftS DE BROt/-
alie vitrine ditiores et pulchriores seu magis décore que apponantur iei
dicto loco a quo predicte amote fuerunt. Et quod m altéra eartimdeni
depingatur imago Annunciationis Béate Marie Vir^^iniâ et In alia imaj^o
Visitationis sancte Helisabeth, cum suis taberoacuHfi coiïgruis et dcceo-
tibus, quodque in carumdem vilrinarum altéra cum prcdiclis îmagioibus
et tabernacults depingatur ipse dominus codicillans, ûexïs genibus. Item
vuU et ordinat idem reverendus dominus codicUlnns quod dicte vilnne
claudantur ab exleriori parte pro illarum con^ertratione, uno tritlerio
composito filio cupri quod vulgari idiomate dicitur Jille d'archait. lt£oi
vuit et ordinat idem dominus codicillans quod de dictis pecunils rcâtan-
ibus prout supra, imago Beale Marie Virginis dé Pietale per eum tieri
ordinata magistro Conrardo Meits de lapide marmorco conducutur ad
dictam capellam et reponatur supra altare ipaîus. Item vuh et ordinat
quod in dicta capella de premissis rébus et'pecuniîs re^tantibu^» Gaiiiiii
circuitu partis interioris scanna que vulgo appellantur archehanc. Iieiu
vult et ordinat ipse dominus codicillans quod de dicLis pecLinm et
rébus ut supra restantibus dicti exequutores seu ip^orum aller fi^ri
et construi faciant sive faciat in parte anteriori dicte cappeliurtie suuui
trillerium ferri ad claudendam ipsam capeilaniam arriDrjendum ^upp^
uno abbassamento lapidem tallie altitudinis trium pedum hoininï^ con-
dendo, scilicetad instar trillerii capelle in dicta eclesia fundate, ut asse-
ritur, per quemdam référendum dominumHugoncm de /^gicuria, abbalem
dicte abbalie Sancti Vincentii. Item vult et ordinut idem dominus cndt-
cillans quod dicti exequutores eandem capellaniaoi consecrare faciant et
quod archa seu coffrum in eadem capellania cum calice argenleo, bidrik
et aliis ornamentis dicte capelianie, que ipse révérend us dontinus codi-
cillans jam in eadem reponi fecit, remaneant perpetuo in eadem cctpH-
lania ad illius usum. De quibus premissis et aliis m dicta codicille coa*
tenlis prefatus reverendus dominus codicillans petiita me supra nominato
et subsignato notario publicum inslrumentum et lot quoi erunl necessariit
ad opus quorum intererit quod et que eidem concessi cjl uno iiicumbeuli
tabellionatus seu notariatus officio. Datum et actum Burgi m dorno cène-
randi domini Nicolai de Ponte, canonici ecclesie calbedralis Béate Marie
Burgensis, ibidem presentibus nobili Johanne Vyonet et Claudio ejtjs filio,
Monelo Gharbonerii, Lavalionerio, civibus Burgi, lest! bus astantibus et
rogatis.
Et me jamdicto et subsignato notario, qui clans ulas supra scriptas a
predicto codicillo per me die vigesima mensis junii recepto licet manu
alterius notarii vice mea scriptas ad opus venerabiliurn dominorum i
giosorum abbatie Sancti Vincentii Bisuntini, poi>cente reverendo don
Johanne de La Jonchiëre, priore Bonevallis, pro predîctis religionts if
COKiRiD \iK\T KT LES SCULPTEHIS DE BBOU,
2:1
alibaiië Sancli Vincentii Jevarl el espedlri sub signato meo oiaauaU
Signalum : U^nTtyrr, avec parafe.
IIL — fnstrucfhns tîantj^is par PhlUberie de Laxembour^ à tet servie
kurs Analolt Came fin ci Odot Hoy^ je rendant à \apUs (en traver*
sanl toute Vlialie) pour remplir diventi mmmis et ne procurer " en
dtuln lêyer n h portrait des plm belles sépultures de la Pén insuie,
pour Jacilittr i' érection du tombeau de Philibert de Chalon, son fih,
— Lcm-U- Saunier^ 31 décembre lo^iO.
^ Mémoire à Anathoile Cameliji et Odot Roy lic ce que Madame leur a
ordonné ti^nt suyvant le contenu ou aullrei m^traetions des atïûire» d«
X'aples où ri le les emioye que en aiiltre eÉ adjousiant k kdles^ fait le der-
nier de décembre ù Loriâ le Siiulnier.
Premterâ, que, après a\oir ou y les 3ri*]rîeurs cardinal -secrétaire, geni
de la Régye court et aultres ^1 cuj ilz :>ont adres^^r;, sur le fait de leur
charge et depescber des affaires de niad. dame^ il* pourront congnoislre
i\\ sera beâoin;^ pour leur meilleur et plus brïefve depe^icbe et mes mes
poar avoir arjjcnl content de faire prissent aui desssusdicls ou a aylcuns
d'eux, auquel cas qu'il semble eslre nécessaire ils le feront selon leur dis*
créiion et les qualités el services de» personnaiges et par cspecial afin
d'avojr plus d'argent content,
Slfjné : Li XEMBOtBc. n
[\ celle pièce sur mt^me papier et comme annexe, de l'écriture pro-
bable de Pbibberle de LuxemhoiïCj] et non plus de son secrétaire, est joint
le billet suivant :}
a i\r*^jnoire de recouvrer et appourtcr ù Madame psir AnathoileCameliu el
Odot Roy, ses serviteurs qui ^oixi à Xaple^ ce (fue s'ensoyt.
Premièrement n'oublieront de recouvrer de la (inné matière el en prie-
ront le secrêlaîre Martirano,
Item à Milan, à Rome ou ail leurs que mieuk faire se pourra recouvre*
ronl des pierreries de busse valeur et de diverses couleurs et des plus
apparentes pour rêves tir rdi quia ires comniun;]^^.
*' iui verront les sépultures plus belles quHlz pourront entendre et de ce
U trouveront exquis appourleront en pourtraîcl létjier, «
jiioal, papitj. Fond* CtniloB* E J301 (cote -U 10). Arctjïïei du Doub*.)
â7i COXAAD UKVT ET LES iîCULFTEIJHS DE flROL.
IV'. — Marché passé mire Philiberte dp Luxembourg ^^ Conrad Mti/t,
sculplmr Jlamand, H Jean-Baptisie Mariotto^ sculpteur florentin, pour
t exécution du tombeau de Philibert de Chalon, prince d'Orange,
dam l'église des cordeiiers de Lons^k-Saunier . ~~ Lom-le-Saumcr^
tZ janvier I53I.
A lou5 presena et avenir appariase évidemment et soît chose notoire et
nmnt féale, que en la présence et par devant Jean Pariset, de Loni^le-
Saunier, clerc, notaire, juré el condjuteur des cours et tabellionnéi du
Uaiîliaïîe d'Aval ou comté de Bourgoîngne et dt' la cour de rOfficiaîité df
Besançon et des témoins aval nommés, personnellemeiU elablye haidle
très noble et puissante dame madame Philiberte de Luxeml^oiirg, prin-
cesse d'Oranges, conilesse de Charny dame dudit Lons-l4?-Sannîer, Hc,
d*nne part, et maislres Gonra \fait, flamand^ et Jean Baptiste ditMari^iut,
florin LÏD tailleurs et i majeurs d'autre part, lesquelles parties bien adfl^ee^
en leurs faits, de leurs bonnes volontés et pour ce que ainsi leurs \\ plru
et plait» pour elles leurs hoirs et successeurs, ont fai?:, contenu et accorda»
et par cettes font, conviennent cl accordent les marchefs cy après déclarés
ainsi que s'ensuit, mêmes tceui maistrcs Goura et Jean-Daptiate de faire
et pnrfuire et rendre fais et parfais : asçavoir led. M' Jean Baptiste toute
la massonnerie et led, maistre Gonra toute T imagerie portraiture persou-
nages [ J et autres quels qu'ils soient des ouvrages de h»
sépulture que niad. Dame veut et entends estre faite au cbœur de l'église
du courent des frères mineurs dud. Lons, le tout cy après divisé et
déclarés.
Premièfement de commencer et faire ladite sépulture de pierres d'aile*
baslre contre et ou déans de la muraille d'entre led, chteur de lad. é^lUe
et la sacristie d'icelle, pourquoy faire sera enfoncé déans lad. muraille
d'environ deux pieds ou plus selon qu'il sera nécessaire et a ri se pour le
bien de la chose; et sera de la largeur et grandeur dès le bout des formes
et sièges étans oudit chceur de ladite église, jusqu'à la fenestre et ver^i^^c
étant emprès le bout du grand autel du costé de lad. sacristie, et de la b^ul-
tcur àouffîsante et qu'il sera uêcessaire pour pourtionner et consonnant à
lad, largeur pour la beauté et perfection desd. ouvraîges et sépulture.
Sera tenu et promet led. Jean Baptiste de faire un gros et grand |ù1ier
de ladite pierre d'ail ebastre au lon«j et du côté desdits sièges et formes
que sera bien fnit de bonne apparence, enricby et revestu d'ouvrages fais
d'auticailJes, feuillage et de bonne massonnene et le plus beau qae F
se pourra, lequel piller sera de la hauteur de lad, sépulture et fera ri
pied droit devers lesd. sièges. Et au pied d'îcetuy sera faite une j>o-'
CO\R.*D \IEVT ET LES SCULPTE LHS DE HROtJ.
HZ
la grandeur ei [argeur nécessaire, au lieu de celle y étant de présent
eutranl aiid. rouirent, que Hera bîrn faites revesLue el «garnie, ensemble
led. piJIîer, le loul d*ouvra<^{>s ta\& d*anLicaj|[e!t, molurei petites et cjroâses
molures, biUels et feuillages et autres, et le plus riche que f^tre se
pourra. Et dessus ladite porte, en montant contre mont, seront faites deux
places et sièges esquclles deu^t places et sièges ledit mnistre Gonra fert
mettre et asserrn : a scavoir Jiu bas i*îmage de Tune di's quatre Vertujs, et
en la place dessus une autre y mage et portraiture telle quVIfe luy sera
ordonné de par mad, damei icelies images et portraitures faites de bonnes
ft &oufïlsantes grandeurs et proportionnées seloii Tout rage et Je mieux
faites et auprès du vif que faire se pourra.
hem. dud. cÔtê fera led. maistre Jean Baptiste un autre beau et ,qrand
piltier cjue sera bien fait et enrichy desd. ouiraiges fait^ d'anticaiilps, e\c.^
comme dessus, déans lequel, ou bas d'icoluy pillieri ^era laissée une
place dedans Eaquelle sera faite et mue par led. maistre Gonra la portrai-
ture de mad. dame h genoux et les mains jointes, ijuc s^ra de sa gran-
deur et bien fuite au plu.^ prës du iif que faire se pourra; et au jned
d'iceMe sera fait le blason de ses armes avec telles épitaphes et dictiers
grands et gravés qu'il luy plaira ordonner y estre mis.
Item dessus lad, portrailture, en cinq autrcB places qui y seront laissées
propres par led* malstre lean Baptistes^ led. maistre (loora sera tenu et
promet faire mettre et asseoir les j^rtraiturea, a scavoir de Tune des
quatre Vertus ou millieu dud. pillier, que sera plus apparente et élevée
que les autres personnages iceux quatre autres représentations quatre des
neuf Freux que seront mis eu dessus et seront fais de telle grandeur et
grosseur qu'il appartient et emprés le vif, et enricbis et rev'e±;tus d'ou-
vrages comm'ît appartient.
Toutes lesquelles portraitures auront et tiendront les epitapbes, escus
et blasoDS tels qu'il seront ordonnés et avisés; et seront lesd, épitapbea
aussi gradés et dorés de fm or.
hem fera et promet led. maitre Jean Baptiste de faire un arc en volte
triomphant, joignant aud. pilUer, en forme et façon de cbappelle, la plus
belle et enrichie que faire se pourra, tant d' ouvrai ges d'anticnilles,
médailles, feuillages, frises, que autres, dèans laquelle led. maistre Gonra
fera mettre et assera la portraiture de feu monseigneur (que Dieu absoille)
à genouix, bien fait et emprès du vif et habillô en babit ducal, tecouronnel
sur sa leste, le coller de la Toiâon au col, de telle haulseur et grairdeur
que faire se pourra et devra; devant lequel et dèans UA. cbappelle il fera
i r image de Nôtre Dame de Lorelte, droilcmeni à T aspect et regard
,^ feu seigneur; lad. image de \6tre l>ame faite, élevée et soutenue par
-«^it et sur nues ainsi qu'il appartient.
18
r
21A
CONRAD MEYT ET LES SCULPTEURiî DE BROl\
Item oudéansdod. arc et chappelle,derrier lad. porLraittur(>dud. Seigneur,
ledit maistre Gonra fera une portraiture représentant Bonne Rfaotnméc
que sera bien faite et taillée de bonne hauteur et grande, bien enrichie, fit
au plus prés du vif que faire se pourra; et tiendra en Tune de âes mainâ
une palme et de Tautré main présentera led. feu seigneur, lequel person-
naige représentant Bonne Renommée sera revestu de deux antres bien (m,
comm' il est es portraits, et emprès les genoux dudit feu seigneui- S'^ra
fait et mis le cbappeau ducal sur un oreillier fait à damas; et sous les
genoux d*iceluy feu seigneur aura un autre tel orcitler, le tout fait le plus
richement que faire se pourra; et encore emprèii; lad. porlraltture dudtl
feu seigneur sera fait un lévrier en son repos, bien fait et proportionné*
Item sous léd. arc et chappelle sera faite par led. niaiatrc Jean Baptiste
une volte et concavité revestue par devant de beaux pilticrs, le toirt bien
faits et enrichis d'anticaille et d*ouvrages semblables comme dessus, dèsns
laquelle sera faite par led. maistre Gonra la portraiture d'un tranjij^y et
mort d'environ huit jours, le tout de grandeur soutfîâante, nièine led-
transsy comme étoit led. feu seigneur et le mieux que faire se pourra.
Item fera led. maistre Jean Basptiste sous led. transsy les marches et
degrés tous le long et de a lentour de lad. sépulture de telle hauteur, gran-
deur, largeur et ouvrages quMl appartient, pour correspondre et ctm-
sonner au surplus desd. ouvrages.
Item dessus led. arc triomphant et chappelle ou sera ladite portraiture
dud. feu seigneur aura et sera faite une belle place, de la largeur d'icelle
chappelle, déans laquelle place sera faite et mise par ledit maistre Gonra
une portraitture représentant Palas déesse des guerres, que sera couchée
et armée par le corps, tenant un escu et une lance revestue et îmbellfe de
deux anges et desd. ouvrages fais d'^nticailles. Et seront fais et mi^
emprès d'elle le armet, les espérons, une chouette et les autres rhoies
nécessaires selon qu'il sera avisé, avec aussi les épilaphes et dlctiers que
seront divisées, que y seront gravées et dorées de fîn or.
Item dessus lad. portraiture de lad. déesse aura une autre place bien
laite, en laquelle le dit M* Gonra fera mettre et asseoir le neuvième Preux,
que sera bien fait et le toutgarny et revêtu de bon ouvraiges d^anticaille^*
frises, médailles, anges et autres choses, menus ouvrages nécessaires, et
sera led. Preux et aussi les autres Preux arméj>, vestus, faîs« parfais
selon leur nature et emprès les vifs, garnis et revestus de leurs escui et
épitaphes que seront avisés et ordonnés.
Item de l'autre costé aevers lad. fenestre et verrière, led. \f* Jeaa
Baptiste fera un autre grand pillier à deux étages, joignant a lad. volt
chappelle, devers le premier étage duquel pillier et nu bas d'iceluy, ei
led. pillier et l'autre prochain sera faite et laissée une belle et somptu'
CONRAD UËVT ET LKâ SCULPTELHâ DK BROt. S75
place; et devers îcelle âern nm ¥i éfcvè b repn^?ifiitaltoii cl portrailure de
fea de très recommandée mémoire inan&iedr messlre Jefian de Chalon, à
aon rivant pntiee d'Oranges, mary de miiditc daine, que âera fait par led.
maîlre Gonra el habillée en prinoe, l*t>rdr<? do France au cof, avec ses
dielierïclépitaphes que seront <travé!^ teb t\tM'th seront ordonnés et divisés;
#1 lera faite une înia^e devani lu y telle que m^id, damn ordonnera.
Etern au-dessus du second éla^ji? du pilUer seront laites et laissées par
led. Baptiste cinq places bien faites, semblables a celle du second pillier^
deTautre des rôtés preraièremenl cy devant metiiionnéesi lesquelles places
feront remplies et -garnies de quatre Preux et de Tune dc^s quatre Vertus,
que feront fait par led. M* Gonra comme \m autres cy devant.
Item sera fnit par led. maislre Baptiste un autre ]^r«nd pillier à la reine
an bnr^ du iavabo et de lu fenestre de kdile verrière, emprès le grand
autel, bien fais d'ouvra<{es d^antieatlles, 'feuillages et frises et revestus
comme les autres ry devant mcntionnézi de diverses !;orI«^s, au bas duquel
pjKîer sera fiiite en lad. mu mille une en«^raveure eu forme de cul de
lampe et arvolï, pour y mettre et asseoir les s^^î]es des prestres, diacre et
sons diacre et le dci^sus selon fa forme et de la façon du premier pillier
c^deirant mentionné. ?X le dedanjf sera revestn d'ouvrat^es d*anticailles,
imii;;es et autres le mieux que passiMe sera.
Item au dessus de tous lesdils ouvra;f;es sera fmt un <(rand blason des
plaines armes de mond. feu seigneur le Prince, de bonnr grandeur, pour
eslre bien veu^ timbré, couronné, la Toison d'or à I entour et autre,
accoustré ainsi qu'il appartient. Et encore esd. pilliera et au dessus ded.
ouvrages seront fais des triomphes et diverti té^ d^'onvruges d*anticnilles,
médailles, anges, enfans, imajjes, besiions et personnages en grand
nombre, bien faits, pour remplir et pour rembellissemcnt desd. ouvrages
et sépultures et les plus beaux et ricbes que faire se pourra, et encore
mieux qae ne monstrent lesd. port rai U sur ce fajls*
Item faire une porte de pierre de pays pour entrer dès le dedans de
ratilre porte devant mentionnée en lad. sacrislie, que sera bien faite et
revestûe de taille.
item feront de pierres d*allebaslre le lavabo estant emprès et servant au
grand autel* que sera bien fait taillé d*anlicailles et menusées pour corres-
pondre ausd. ouvrages; et ^ seront fais le:^ be:^ttons et im^iges nécessaires.
'itena sera fait un eau beneslje que sera bien fait et revestu, taillé de
bons et ricbe» ouvrages comme dessus \ et y aura un ange dessus et le tout
fait le mieux que faire se pourra selon lesdites portraits qui sera mis ou il
avisé pour le mieux; et feront et engraveront lesd. uuvriers tous les
'-^rs et cpitaphes que leurs seront baillés et ordonnés, et iceux dore-
rl«> lîo or fi leurs frais.
216 CONRAD MEYT ET LES SCULJ'TEL'ftB DE BROU.
• Item doreront iceux ouvriers de fin or k leurâd. frais, chacun en ion
endroit, tous led. ouvrages pour les lieux el circonstances nécessaires :
ascavoir led. maître Gonra tous lesd. personnages pourLraïtures, imag^^,
anges et aultres qu'il est tenu faire comme dit e&l; et led. maistre Jeaa
Baptiste toute lad. massonnerie qu'il a charge et ei^t tenu de fairen, comme
devant est dit.
Item après led maistre Jean Baptiste a son péril, charge ei fortune de
enfoncer dedans lad. muraille et faire poser et bien lier le^d. ouvrages à
la seureté, fellement que les voltes de lad. église n^ lad. sacristie n'en
soient empirées ni endommagées.
Item seront tenus lesd. ouvriers de faire et parfaire outre les ouvrages
cy devant déclarés les autres ouvrages que n^y sont écrils pour la perfection
et embellissement de lad. sépulture selon les deux pourLrails dud. mtUre
Jean Baptiste, laissés es mains' de mad. Ftamc et au mieux que leur sera
possible, et en outre de faire e( parfaire ce que leur peut e^re dit, divij^és et
ordonné par et de part mad. Dame estre fait en lad. sépuhurc pour la beauté
et perfection d^icelle, tant d'imageries que massonnerie que pourroit avoir
été obmis de déclarer cy dessus et esd. pourlraïts. Mad. dame Princesse foi-
niera ausdits ouvriers la place etperrière à Saint-Loutbain pour tirer led*
allebastre pour faire lesdites sépulture et ouvrages^ avec aussi les pierres de
marbre noire qu'elle entend estre mises en icelle sépultures qu'elle fera
en place, crues, à ses frais, et lesd. ouvriers feront aussi à leurs frais U
traite et charroy de lad.- pierre d'allebastre et toutes autres choses néces-
saires pour la perfection desd. ouvrages ; et tireront led. allebaslre sans
faire dommage et interrest à M. l'abbé de fiaume, auquel appartient
ladite perrière, ny endommager certain conduit y étant ; et porterunt la terre
de la découverte ou l'on a accoutumé de la mettre et estre portée. Lesquels
sépulture et ouvrages lesd. maistres Gonra Maît ei Jean Baptiste, ei chacun
d'eux en son endroit, ont promis et promettent à mad. Dame la Princesse
présente, stipulant et acceptant faire parfaire et rendre fart ei parfait,
comme ditest, à dits d'ouvriers connoissans à ce, et au mieux que leur sera
possible, dedans deux ans prochainement venans, que commencent le
premier jour du prochain mois d'avril et seront fînis à iel jour, et ce
moyennant et parmy la somme de dix mil frans monnoye courante en
Bourgoingne, que pour ce mad. Dame la Princesse a promis et proiu€t payer
ou faire payer et délivrer ausd. Gonra et Baptiste par moitié, que pour
chacun d'eux cinq mil frans, que leurs seront délivrés à scavolr h la un
d'un chacun mois déz qu'ils commenceront à besongner a chacun desd.
ouvriers deux ceirs frans ou plus ou moins selon qu'ils besougnei
auront et entretiendront des ouvriers.
Prometlans lesdites parties et chacune d'elles endroil soy, etc.,
COAiKAD MEVT ET LES $»CT LPTËUKS DB BROU. ^11
[êurs sermens, pour ce [>ar chaeytie d'elles eorpareUeoient tr>uchés sur
Sfiins évaogiles de Dieu, etc., a seavoîr led. majLres Gonra et Jean
Baplisle lesdils ou^ra^eii et choses devant déclarées faire, purfarre et
accomplir, comme il est c\ devant dit et dêcUrcs, etc., et lad. riame
Princesse leura pn^er [esd, div mil frans ainsi i\\te dit e*l, elc,, oblij^jeans
tùui et singuliers leurs biens, etc., et iceux Gonra et Baptiste leurs
propre» corps, pour eslre contraints par l'emprisonnement et incercéra-
lion d*iceux à faute de faire et accomplir ce tjue dessus de leur part»
renoDceants, etc, submettans^ etc. Fait et donné aud. Lons-le -Saunier au
vergier dudit couvent, sous les seels de Montmorot et Jk^aneon le ungt
troisième jour du mots de janvier l'an mil cinq cen.>^ et trente, presens
ni>bïes seigneurs messire Claude de Salins, chcvalltT, seigneur de Vin-
celles, CJaude, baill^' du Charrolbis, Claude de Buts y, ^cuj^er, s** de Chan-
tepaulme, nobles bommes et s&i^es mes«ieurs Kttenne Eïerbizey, Philibert
Vieux, docteur es droi^, maître Jean lUitte, etc., Louis Marchand, témoins
à ce requis.
Aimî iigné : Parïset, avec parafe,
iQûple rtu dii^hnltiùmv «îèrJo, Urée dfM trfltlrf» dr \a. tiiii»un di' f!hAluo, — Attiurelte
aequiiiliao, térie £. — ilrchJTei du Doubsi )
V- — Marché pa^sé entré Phitibirle de Luxembourg et Jean-Baptiste
Marioito (ou Mario), sculpteur Jhrcnl in, pour texéculion, au prix de
2,800 francs^ d'un tombeau à trois gisants ^ pour Jean de Chaîon
prince d'Orange, son défunt époux, Jeanne de Bourbon sa première
femme et etie-méme, dam t église des CordtUtrt dv Lons-le-Saunier.
— Lom-k^Saunier, 8 mai 153L
Haute f Iréit noble et puissante Dame, madame Pbiliberte de Lu\em-
bourg, princesse d'Oranges^ comtesse de Cbariiy, dame de Lons-le-
Saunier, etc., d'une part, et maîstre Jean Baptiste dît \Jariant, tlnri'ntin,
tailleur d'images, d'autre part; celles partie;* de leurs bonnes volontés, et
pour ce que ainsi que Leur plait, etc., ont fait et font entr'elles les mar*
chiefs des ouvrages et choses cy après déclarées ainsi que s'ensuit :
PremlèremenC a prins en luy la charge et promet par celtes led. maistre
Jean Baptiste de faire et parfaire au milieu du chœur de l'église du cou-
rent des frcres mineurs dud. f^ons une belle et riche sépulture de pierres
d'alhastre, la mieux faite et reicstue à l'enlour d'ouî?ragcs d'anticailtes et
rpiiïlt^ge et autres y nécessaires pour rembeMis^ement de lad. soputiure;
elle sépulture sera de la longueur de div pieds et de sept pieds de
eur outre les sou basses, et sera poï^ëe aud. chirur ou il lu y a été
''•é, u commencer de la rive de la pierre qui se lièi^e pour entrer es
1
578 CONRAD MEYT ET LES SCULPTEURS DE BROL\
degrés du charnier en devers el Lirant contre le grnnd autel. Et sur icelle
iépulLure seront fais, mis el enleirés trois personnages gisans représcnlans
Tune la personne de feu de bonne tnêmoire monsieur messire â^&Q de
Chabn, à son vivanl prince d'Oranges (que Dieu ait), habillé en habits
de prince^ l'ordre de France au col» Fautre reprét^nlant feue madame
Jeanne de Oourhon, feue femme première dud. feu seigneur, el Taulre
gisant représentant mad. dame Iîi princesse à présent vi\'ant, tous lesd.
personnages faits et le mieux habillés et plus richement en prince et prin-
cesse que faire se pourra.
llem ledit glsanl représentant led, feu seigneur prince sera mis an
milieu desd. autres deux gisans, ayant un oreiller sous sa teste, damassée,
et au chîefs deux anges bien fais et bien taillés de bonne grandeur el pro-
portionnés lenans le blason des armes d'ieeluy feu seigneur et à la dcxtre
dud. seigneur sera mis et enlevé îed. gisant représentant mnd. dame la
princesse ii présent vivant, et l'autre coslé h senestre celle de lad. feue
dame de Bourbon sa première femme, le tout garny et bien rei^eslûe
d'anges au rhief d'un chacun desdits gisaDS, avec blasons el oreillers tels
que dcisus.
Item aux pieds ditd. gisant représentant led. feu seigneur sera faille
gisant d*un pelil enfant, le mieux fait tjue faire se pourra, représentant
feu monsieur d'Arguel son fils» que sera habillé comme un enfant de
prince, ajant deui ans, mis à genoux ou ainsi qull sera avisé pour le
mieux*
Item es qiralre coings de ladite sépulture seront fais quatre beaux riches
pîlhers, bien fais et revestus d'ouvrages d'anticailles, feuillages et médailles
de telle grosseur et proportionnés tomm' il appartient, sur lesquels pilliers
seront faites et mises les quatre frères d'Hercules, richement enlevés,
selon qu'elles luy seront bailléi.'s par écrit par madite dame.
Item à l'entourde lad. sépulture seront gradés tels dietîers et épitaphes
qu'il plaira h ma dite dame ordonner y estre mis.
Item plus sera revestue lad. sépulture au bas d^ieelle de toutes antt-
cailles, médailles, personnages et autres choses nécessaires pour Tembel-
lissement d'icelle.
Item a ht soubassede lad. sépulture belle et riche, du respet el regMrd
du dessus d'icelle, bien garnie et revestùe de toutes anticdilles, médailles
et blasons le tout audit de gens ii ce connoissans et entendus et selon le
portruit sur ce fait par led^ maître liaptiste et mieux comme iceluy ttialtre
Baptiste la pourra faire.
îlem plu.4 est tenu et a promis faire le dît maître Jean Baptiste
images de Nôtre Dame, de Saint François, avec un beau ciboire, les p
riches que faire se pourra, lesdttes images de hauteur et grandeur née
COIVRAD WËVT ET LES SCLLrTELRS DE BJIOL. 27ti
sairc et auprès hs vifs, métnetncnt de cinq h six pieds de hauteur, avec I
et outre lei soubaases et led. ciboire de hauteiir plus «fraude que JeâdUes
imatjpSf cûmme il a été dit.
ftem seronl fais quatre an^es pour mettre sur les quatre pilliersï h
rentour dud. grand autel, de trois pfeds de grandeur et haulteur et les
miem fais et plus riches que faire se pourra.
Item fera led. maître Itaptiste de la vieille sépulture de lad, feue
Jeanne de Bourbon ^ aâcavoir du gisant d'ictIJe sépulture une image de
Sainte Barbe bien faite et taillée pour mettre où il plaira k mad. dame.
Jtem fera led. juattre Jean Baptii^te de.s pan» et ima^fe^t qu'estoîent à
l'entour dud. sépulcre trois ou quatre tableaux d'autels pour mettre et
asseoir où aussi il plaira à mnâ. liante et le surplus et reste de ladite tieiBe
sépulture, led, maître Jean-Dapliste le mettre en œuvre ainsi que plaira A
m ad. dame atiser de l'ordonner.
Item a promis led< Baptiste fournir le doucier toute lad. .sépulture
neuve qu'il fera d'îmajjes et autres choses, qu'il fera comme dit ejît et où
il sera nécessaire de Jin or et à ses frai:j>
Seront fais tous lesd, ouvrages de bonnes et belles pierres d'aUebastre
que led, Baptiste fournira lunt la traitte que te rbarro^ et le tout à ses frais
et mad. Dame la i)errifere seulement, Et aus^^i fournira «lad. ïlamc en
place à ses frais le marbre qu'il luv plaira cstre niiâ ù lad, sépulture.
Item sera tenu led. maître Jean-Baptiste quatre sou basses belles et
riches faites à grosses et jietites molures, Jilets et autre:^ Idéaux ouvrages,
de telles pierres qu*il plaira â mad. Dame ordonner, pour mettre et
asseoir dessous les quatre pilliers ètans au long et devant le grand auteL
Tous lesquels ouvrages devant déclarés b^d. Maître h^nn Baptiste a
promis et promet faire et reodre fais et parfais à ses frais, comnie dessus
est dit, des plus beaux et riches ouvrages que faire se pourra et k dits
d'ûutrriers connoissans à ce, déans d'huy eu un an procbainetnent venant, ^
et mad. Dame luy a pour re promis et promet payer, ou fairt* payer et
délivrer la somme de deux mil huit cens frans mon noyé courant en Brmr^
goingne, que luy seront payes en faisant led. ouvra^^e, et selon qu'iceloy
tnaitre Jean-Baptiste y ouvrera» fera ouvrer et y aura ei entretiendra
d*ouvriers-
Fromettans lesdites parties ei une chacune d'elles, endroit ^sny, par
leurs sermens ponr ce par chacunes d'elles corporellement touchés sur
saints évangiles de Dieu, ascauoir ledit maître Jean Baptiste fiùre, parfaire
lesd. ouvrages et sépulture, ainsi que dit est, et déans left. ternie, etc.,
tad. Dame la Princesse payer lad. somme de deux mil huit crus frans
i et en la manière devant déclarée, etc., oblir^ennt quant à ce tous et
uliers leurs bîens, même iceluy maître Jeiin-Baptiste son rorps pour,
380 dOMtAD MEVT ET LES SCULPTEURS DE UROU,
à faute de ca que dejssus^ estre conLmint [>Rr Tempriâonnement et intareé-
« ration dUceluy, etc., submeUant, etc«
Fa il et donné aud. Lons-le-Saunier en lad. église dud. coorenl^ sous Jes
I scela de Bourj^oitigne et Besançon, le huitième jour du mois de may Tan
^ mil cinq cens trente et un, preseus honorables hommes luaîtres Jean
Ralte, secrétaire de Tï^mpiïreur et de niad. Dame la Princesse, Antoine
Lombarde^ de Noseroy, et plusieurs autres témoins,
Âmsi signé : Pabiset, avec parafe.
Collatlonaé aux originaux parÉcuyer conseiller-secrétaire du Roy, mai-
son, couronne de France.
Signé : Tahon u'Algëeaxs.
(CopiH du dii-hintif^sii- aiècle, WrAf- de^ ir<-htre» de U mAïson ùq Ctiâton. — Xauirt^lle
Acquiflttion, iiTii' E. ^ilrthiici du Doubi.)
Vl-X, — Cinq quittanûÈt données à Philihcrtc du Luxembourg pour
travaux: exécutéx au tombeau de Philibert de Chalon par les seupl-
tmrs Jean-Baptiste M ariùîlù [ou Mario) j Florentin ^ Conrad Âtet/t, Fla-
mand, et Aimé Quarrel^ dit le Petit Picard , serviteur de Meyt, dans
l'église des Cordeliers de Lons-le-Saunicr {total des quittances :
548/-- 10 gros i/2). — Lons^e-Saunier^ 5 octobre 16^1-2'^ janvier
1534. ^
VU ^Boctùbre I53i.
H on norab I e hom m e Jeha n-Baptis tendit Ma ri ot , tlo ren l i n , c on f es se avoi r
beu et reçeu de haulle, très noble et puissante dame dame Philiberle de
Luxembourg, princesse d'Orainges^ par les mains de honnorable homme
et sâi<je messire Philibert Vieui, docleur es droU, bailli de madicte dame
présent, etc... la somme de deux cens frans inonnoie conteos, réalmeTil
et de fait, en testons solz de llay et aultre mon noie bien contée et nombrée,
et ce pour et en déduction de ce que madicte Dame peult et pourra debvoir
aiidict Jean-Baptiste, a cause de Touvrage qu'il fait de la sépulture de feu
Monseigneur, de laquelle j^omme desdictâ deux cens frans il est contenu
et en quite madicte Dame et tous aultres, promectant, etc., obligeant, etc.
Donné à. Lons le Saulnier soubz Bourgon^ne et Besançon, le cinquième
jour d'octobre Tan mil cinq cens trante et ung. Présens honnorable
homme Guillaume Maignin le jeune et Jehan Prost, dit de Baulme, dudîct
Lons le Saulnier, tesmoinga.
Signé - N. Devu.lehs.
(Original : Arcfiiïi'fl dn Dattb«. £. 1300. A. 2ÎJ )
(
\
r
COSBâD 1J8YT BT LES SCULPTEUBS DE BROU- tSI
VIL — â4 octobre 1531,
Honnorfible liomme Jehan -Bo pirate dît Mariât, flort^ntio^ confeise evoir
heu el reçu àe hautle Irès nol>le et puissant âame Jamo Phîlilierte de
Luiembourg, prïnce^sp d^Orangen, par \e& rmilnA de honnorahle liûmoie et
iage messire Philibert Vieux ^ de Loni-le- Saunier, dorieur os droits, baiJly
de madicte I^ame présent, etc., la somme de cinquante franii monnaie,
bien comptée «t nombrée et ce pour cl en déduction de ce que madirte
dame peult et pourra dehvolr aadict Jeban-Bapttste h cuuse de Touvrage
qu'il fait de ta âcpulture de feu Monseigneur, desquels cinquante frans
ledîct Baptiste est content et en quîcte madicte Dame, promectant, etc.,
obligeant, etc., rcnanccant, elc»
Donné andict hotu souhz Montmorot et Besancon, le vingt-quatricime
jour d^octobre l'an mil cinq cens trente ung. Présent, honnorablei
hommes et sa*je maistrc Jehan Courvojsier, licencié es droia, el Katberin
Mareschal dudict Lons, tesmoings ad ce requis.
Si*jïté : Depheu.
\ni — 25 octobre 15:^,
Qtiictance de maistre (lonrault de VHI^^ frans.
Je maistre Conrault Meyt, îmageur, confesse avoir receu de Madamei
madame fa princesse d^Oranges la âomme de huit-iinglz frons monnaie,
sur en tant moins déduction et rabat de ce qui me pourroit et pourra estre
deu àes ouvrai^es pour ta sépulture de feti .Monseigneur le Prince, que
Dieu absoilJe ; laquelle somme est venue du récepteur de Chas li Mon, el
icelJe promets rabattre et deffarquer a madicte dame sur ce que dicL est.
Tesmoing mon seing manuel ^ cy mis avec celluy du notjùre soubscrifit k
requeste, le X\V' d'octobre W^ trente trois, presens bannoiables
hommes el saiges maistre Philibert Vieux et Antoine Cact, docteur es
drots, et Claude Noël, tesmoins.
Signé : BoiLLAnuz.
{OrigiDâl I Afcbife* du Dûub», t. I3(». A ^Jltj,)
IX, _ 5 décembre 4533.
J** Amey Qnarrel, dit le pelit Picart, serviteur de maistre Cnnrrault
i, tiiïHeur d'pnages, certiffie avoir receu de madame madauiE? la prin-
1 d* Oranges, etc., présente, etc., la somme de quatre vings cinq frans
re groK et demy monnoie, sur et en tant moings de ce que sera deu
SS3
LE MtSËË JEAN GIGOCX-
audid Courauld à raison des y matées de la sèpuUare qu'il faîct pour
madicle Dame : lesquels lllI^^V frans lUI gros gI demy je promecU loy
desduire et faire deaduire sur ce que dessus, i^oubi mou nom et le seing
du notaire soubscript cy mis, à Xoieroy, le V"" de décembre XV' XXXUl,
présensp muosleur Tbilibert Vieux, Jacques Terrier et autres.
Sifffté : Amé Quakeil» dit le petit Picart.
Siyné ; Rate.
(Copie 3 Archiv^â du Doub». E. 1309, A. SIH.)
X, —2^jatmer 1534.
Je Conrauld Meyt, tailleur [d'ymaiges], co<{nois et confesse avoir eu fit
receu de baulle, très noble et puiësanle dame, dame Phîllberte de Lu:iani-
bourg, princesse d^Oranges, etc.^ absente, le notaire soubsigné stîpu*
lant, etc., la somme de sept vingt treze frans et demy monnoie, ^ur et
en lant moin[(s de ce que m'est et pourra estre [deu] pour la façon des
ymaiges de la sépulture de feu monseigneur monseigneur le Prince, etc.,
h Lons le Saulnier, Desqaeb sept vingt tre^e frans demi je suis conlantep
la qnicle et promectz les lui desduire sur ce que dessus, proniectaht, etc.,
obligeant, etc., renunceant^ etc.
Donné ù Lon» le Saulnier, le WIU'' jour de janvier mil V*= trente trois,
prèsens, maistre Odot Roy, chanoine de No*eroy, [Aniey Quarrcl] dict le
Picart et Claude Le loyer, escuier, tesmoings, etc.
Signé : Rate.
(Copîfl : Arciikes du Donbs E, I30î». A. 218 )
XIV
LE MUSEE JEAN GIGOUX
A BESA»€0\
Danî^ là pléiade romantique des peintres <je î»30, te tium
Jean Glgoui n'est pas Ttin des moindres, et s1l n'a pas bri
tout à fait au premier rang^ ses toiles historiques, ses table™
j
r
LE MVaÉE JEâN GIGOUX. J||i
d' église ou de genre, ses portraits enfin ont ocrupê longtentps !a
critique et mérité la vogue \ S'il atteignit dès IH.)5 Tapogée de
son talent en peignant la Mor£ de Léonard de Vinci^ reitée juste-
ment célèbre, son pineeau fécond a produit de J82K à J8ït2 une '
œuvre considérable, et son crayon tiahîle et conjsciencîenx laisse J
nombre de lithographies charmantes ou d^illustrations cotaposées I
pour des livres de gravures \
Le succès et la fortune n'avaient point gAté ce laborieui fils
d'artisan, dpnt romour Gtial, loin de rougir de 1 atelier de muré-
chai ferrant où il était né, entourait ses vieux parents de soins
délicats, après les avoir immortalisés par des portraits supcrhes; "
son cœur, passionnément attaché à sa ville natale, en a fait T héritière
presque universelle de collections d'art patiemment amassées. Ce
le^f princier de quatre cent quarante-einq tableaux et de trois mille
dessins de toute date et toute école, venant aecroitre le patrimoine
artistique d'une province justement Gère de ses sculpteurs et de ses
peintres, assurera à jamais à Jean Gigoust la reconnaissance de ses
concitoyens. Besançon a installé d'une façon digne d'elle les collec-
tions léguées par le peintre franc-cumtois ; on en prépare le cata-
iogue ',maisenatten;1ant qu'il paraisse je voudrais, dans un rapide
aperça, faire connaître quelques-uns de leurs trésors, et rendre
âtî]si au vieux maître, qui m'honora d'une hienveillante amitié»
un hommage auquel il eût été sensihte.
Quand la mort le frappa le 1 ï décembre 1894, k Paris, dans ce
petit hôtel de k rue de Chateaubriand, fréquenté par une élite
d'artistes, d'écrivains, de compatriotes et d'amis, ses dispositions
généreuses étaient prises; dès 1879, il s'était dessaisi au profil de
Besançon de cinq cents dessins de maîtres et de quatre cents litho-
graphies, premier acompte de ce. qu'il lui destinait; un testa*
ment du 10 juin 1883 lui assura le surplus de ses collections.
Empruntées à plus de deux cents peintres diGTérents, formées
pièce à pièce et au hasard, quelquefois très heureux, des encans
^ Xé & BeiflDçon. le 6 septembre 1806, ^ur ta pîafe df^a Mirécliaux. Jc*n (Jl^jotn
éit mort k Pari» te H décembre |»1)4, rue de CliiUeaybrtaBd, 17.
' Voir ta subslaottelLc Xoike lur Jean Gigoux^ ses oeuvres ef sfs coller f ions ^
IL iV, EaTic.VARO* BesnQi'on, tS95, în-Ho de ik'-i pages» avec 21 pliutoly-
I Paul Lapret, peintre, exécuteur testamentaire et It-^ataire uuiiertel de
GigDui, avec la coti«b(» ratio o de J auteur de eeUe aûiJce.
7
i|^4 LE UUSËE JEAlti GIGOtIX*
et des i^entes publiques, elles possèdent des morceaux de grand
mérile, qui ne seraient déplacés dansaucune des galeries célèbres. La
majeure part des tableaux est de valeur réelle et d*orîgine indiscu-
table; le surplus, copies anciennes et de bonne maiup orîgiuaax
qui ont perdu leur nom, esquisses étudiées, tableaux inachevés,
pocbadfls d'inconnus, offre un intérêt de curiosité, un objet d'étude
d'où se dégageront à la longue nouabre d'enseignements ou de
renseignements.
Dans ces qnalie cent quarante-cinq tableaux, toutes les écoles
sont représentées, anciennes, modernes ou contemporaines ; et
d'abord TEcole française.
Çn seul tableau du seizième siècle, une copie de François Clouet,
le portrait de Cbrétienne de Danemark, duchesse de Lorraine,
a surtout une importance historique, mais il supplée du moins à
Tabsence d*im original, aujourd'hui perdu*; les toiles du dis-
septiénie siècle deviennent heureusement nombreuses. De Simon
Vouët une exquise composition: Sainte Madeleine mouranle, soute-
nuepar dsuœ anges ; la pâleur des chairs, Texpression intense d'un
regard qui a'éteintsont d'une exécution parfaite ; Tœuvre est connue
d'ailleurs, grâce au burin de Claude Mellan, dont le Musée Gigotix
possède du reste un tableau de piété \ Une Visitation, une Sainie
Famille de Vouèt \ deux grandes allégories de t^esueur, une Afinene
et une Fortune décorant jadis l'bôtel Lambert \ nombre d'esquisses,
copies ou œuvres possibles de Claude Lorrain eL du Poussin % une
Sainte Famille de Sébastien Uaurdon \ coudoient quatre portraits
de Largillîère : un abbé, un magistrat, deux dames de la cour. De
ces dernières, une qui dépasse la quarantaine à cette grâce suprême
qu'outre la naissance, Tintelligence et la bouté donnent, à défaut
de la beauté où de la jeunesse. Graude distinction du reste, mervelU
1 Sur le p«Qneaii mèitiep «u^dessu^ de la lèïe de taducht-'^sCp ces mots devenu»
presque illisibles ; la mère uv rzv me kt de celvv ^ii est \ phesist. cd t^llr^
jadis liorécEï. Au dos, C(ïtle cote d'un inventaire du début du dii-septit^me sîèdt- 1
Chresliemte de Datmttnark] fiUt; de Chrîstiernt rai de Uann[emark] fi d'Eii-
saheth dWusirich seuur dt f empereur Chariet-Quiut, reufve de François duf
de Lorraine et de Bar. numéro 40. — iV* 338 proviioire.
» Cti Mîtit Jean, n" 322.
* L(î*ueur. o*' ^35-:JO0.
» lorrain, n"* 307-3U9; Poussiu. n^* 361-373,
« Bûurdon. n^ 4t.
r
LE Ul^BÊE JEAN GICOUX. lÈh
lerii lU'Iails de coilFure, de tlrapericâ et de dentelles, ne tniiaanl
en rien à respresaian du visage, dans cette œuvre eiceptîûnnelle '.
Trois porlraîUj d'inégale facture, appartenant à Rifjaud : un
eardmal de F^olignac, un peu terne, qui fut gravé par Drflvet ; un
président au parlement de Paris, de figure légèrement poupine;
iiD Hegnard dont le visage et les niains,le eoâtume, les dentelles et le
matitoau Kleu sont traités avec une maestria ^surprenante ^ lu
Père de VÉglise de SuMeyras*, une jolie tcte de jeune fillo de
Greuze *, deux groupes d'Amours (de Bûucher] \ uu Louis XV de
Mattier^ c[uelc|ues pnstels de Chardin, dont Tun, daté de 1776, est
b copie du portrait fumeus de la mère de KemUrandt ' ; un
Ckrisi avec la Madeleine, de DrouaisV une Vieille femme de
Lépicié ', nue autre de Lenain '*, des natures mortes d'Oudry et
de Jeaurat, voilà pour te dix-huitième siècle,
Lart contemporain est de lieaucoup le mieux partagé. J*îûdî-
querai seulement vingt tableaux de Jean Gigoux Iui-[néme,quoique
deux ou trois : le portrait de sa mère, celui de son père, re vient
maréchal ferrant dont Tarti^ie avait été Tapprenti et s*en glorifiait,
soient de petilsehefs-d'œuvre *\ car devant des hôtes le maître delà
maison doit toujours â'effacer. Place à ses contemporains, à ses
mattres^à ses amis. David est représeuté dausla galerie par trois télés
d étude destinées an Serment du Jeu de paume '^ ; Hoilly, par Uti
întroyable ' ^ ; Prudhon, par une Innocence poursuit ie par le lice ' * ;
Géricaiilt, par nombre d'études, soldats ou marins de la Méduse'^ \
Redouté, par des Fleurs **•, Gérard, par un solide portiait du bon
« Urgillièfe, n- ÎH1.5S7.
" Sublcym, n* J^àT.
Mlrcuie, o*» 214.
' Bt»uirfier, n« 39-40,
* ^Attie^. 0^ 341.
^ Cbtrdiu, a- 59-63.
* Drouait. n" 107.
* Lépicië, D« 29f
* Lfnaiu. n"' 290^îôl.
" tiit^oui, n^' 171-188.
"Ml«vid, n*»'ft3-95.
oilly, n** %i\
rudiiûo,™" 377*378.
érÎMult, n" 159169.
edouté, n" Wàf.
[
SSe , LE UUSEE JEAN GIGOUX.
DuGÎs ^ ; lïigrea, par un portrait de Desdebans'; Delaroche, par une
fi^jure nue dans une vasque \ Voici à pleines mains tous les paysa-
gistes: Décampa, llarilhât, Corot, Noyon, Cabat, Courbet, Théodore
Rousseau, Baron, Frane;aîs, les gloires de noire incomparable école-
Le genre coudoie le portrait : les deux Johannot, Ferdinand Perron.
Granet, Léopold Robert, Meissonier, Dubufe et bien d'autres, et
au milieu de toutes ces toiles si variées, d'aucuns diraient presque
disparates, un magistral portrait de Gigoui, signé Bonnat, mais qui
se passerait presque de signature, immortalisant les traits énergi-
ques du généreui donateur *.
A c6té des primitifs des treizième, quatorzième, quinzième siècles
suflisamment nombreux, TÉcole italienne abonde en intéressatits
documents et en précieuses épaves. Jugez-en par ce Masaccio, uu
jeune gentilhomme avec cette devise que le temps a presque effacée
d'ailleurs; El tem*o co\svma •, par cette copie ancienne de Boni-
fazio (une Vierge aux saints)', ce Borgognone, cette Sainte
Famille de Lorenzo dî Credi, cette Vierge à lenfant de Crivelli ",
ces trois toiles du Guercliin*,ce Christ au tombeau de Sodoma*,
un Saint Jean-Baptiste dn Corrège '% des poi traits deGiorgione ".
Du Titien, voici le portrait, qui semble bien aothentique d'un
duc de Fer rare, dont la tête est énergique et expressive, malgré son
teint maladif et le sombre aspect d'un décor poussé au noir *' ; du
Tintoret cinq portraits en quatre toiles. La première montre toute
une famitle patricienne, père, mère, fils et fille, traités avec: cette
robustesse et cette suprême élégance que rillustre maître savait
donner a toutes ses figures ; la seconde, un jeune gentilhomme dont
les traits fins, le regard vif, se détachent vigoureusement sur un cos-
tume de soie doublé de fourrures; les deux antres, deux sénateurs
^ Gérard, n'' 158.
* Inj|Ptts, ij«> Î55.
^ Uebrqche. jf 100.
* Boimal, «^ au-;il.
* Borgojfjnûue, ii" ST.
'Crîvellt, ir 88.
8 GutTctiiu, u" 218-2ÎQ.
" Sodom*, 11^ V3:i.
'*" Corrège, n^* 75-76. <
i« fiiorgione, n" 189-193.
ï* Tiliea, û^ 451-457.
LE Ur^ËE JEAV GIGOLX. SKI
vénitiens, en busle, aus yeiii plus ardenU t\ne leurs robes rouges
en velours frappé '.AjoiilonR à cette liste déjà Ion -jue des tBbleauUns
ou des tableaux d'Annibal Carrache, do Tiepolo, dti fîarocrio, de
Guardi, et une esquisse très vitrante de Sfimson et Ùalita du Véro-
aès€, et Ton conviendra que, pour un romantique, Gi*jout avait su
faire à litalie une large part dans ses justes admirations.
Chez nous, lableaus allemands et tabif'au;! anglais surtout ont
toujours rté rares; notre collectionneur semble avoir voulu n'agir-
• contre cette manière de voir. E^armi les Allemands de bonne et vieille
date, son maître préféré, après Holbein,dont il n'avait pu se procu-
rer que deux fragments de médiocre importance*, était Cranach,
. dont voici cinq panneaux. Cranach, à côté d*un dessin najf, possède
une grande finesse d'expression et un colorisdea pi us remarqua Ides «
témoin cette Kaiade couchée, cmiiertc d'une ceinture en gaze trans-
parente, dont le sommeil et les charmes sont protégés par cette
inscription:
P03VTIS NYltPHA[E] SACRi S0lïx[l]VM \E HVIÎPE QVIESCO ',
Témoin cette Lucrèce qui se perce le sein devant une draperie
de velours ^ : cet Adam et cette Eve que Lucas Cranach a si
souvent répétés' et, par-dessus tout, cette œuvre très originale et très
vivante, dégagée de la formule un peu surannée des autres compo-
sitions» DU Ton voit un vieux Mardochée présentant requête amou-
reuse à une courtisane pleine de séductions, aussi dorées que son
costume *, Aldegraver avec son portrait de Philippe, évéque de
Spire et prévit de Wissemburg^mèle, rude et consciencieuse pein-
ture^, maïs surtout Schorel, avec une figure de jeune femme,
tiennent la place d'honneur parmi les meilleurs morceaux de
rÉcole allemande* Schorel a peint une Allemande du Nord au type
fruste, mais intelligent, dont Tàme se révèle, vibrante, sous son
bonnet de lingerie empesée tel qu'eu portent encore k présent les
Dalécarliennes; le coloris est sobre, mais d'une justesse étonnante,
> Tîntoret.
*H->tbein. D-i^*a-î4L
' Cranach, vt" %ô>
v^^ 84.
«TAnaclt, n" 8Î*
\ldi*grav<?T. n"^ i*
agg Li: uLisÉË J£a:v gigoux.
les cbaîrâ d'une tonalilé parfaite, \e lohUaiii île paysage ilélicieux
de fraîcheur, le costume sévère du seizième siècle bien en valeur;
l'œuvre, si elle êlait au Louvre, mériterait nue place dans un
secQud Salon carré '.
Gigoux a eu la main heureuse clans le choix des maîtres anglais.
Regardez plutôt ce Mmdin de Constable, où tûut est moussu, ver-
dàtre et lumineux. Bâtisses, arbres, vieux murs tapissés de lichens,
eau stagnante et profonde, tout est rendu avec une vérité étonnanle
et séduit quiconque peut vivre en communion d'idées avec le
peintre, dans une gamme mélancolique. Voyez encore ce second
tableau à Thorizon nuageux oii les plans se succèdent et où la poésie
s'étend, diffuse, sur un décor de paysages qu^aucune figure ne
vient compléter*; de Gainshorough, de Turner, qui reste pour ses
compatriotes le véritable géant des tempêtes, voici de calmes
paysages, des lacs bleus, des horizons recueillis ^DMIogartb, le
peintre de caractères etdegenrCfCbezqni Tidée, plus vigoureuse et
plus souple que le pinceau, apparaît et conduit au delà, trois beaux
tableaux dont deux portraits \ One grande toile, qui, dans une
ville horlogère comme Besançon, aura grande chance de plaire,
nous montre un rajah avec sa suite visitant à Londres la boutique
d'un horloger; la peinture est médiocre, mais la composition
charmante et pleine de spirituelles figures et d'élégants cou tours .
Un des portraits aux traits îrréguliers rappelle, quoique ce soit un
portrait d'homme, la délicieuse Shrimp Girl de la National Gallery,
au charme si étrange et si pénétrant *. D*un Intérieur de Wilkie*^
passons aux deux perles anglaises de la collection Gigoux, deux
portraits de Thomas Lawrence \ L'un est celui du duc de Riche-
lieu, d'allure vraiment magistrale, supérieur à une réplique que
TAngleterre possède; l'autre est celui de la très gracieuse duchesse
de Sussex, qui, malgré ses cheveux rouges, sa toilette disgracieuse
de la Restauration, la présence d'un kings-Charles qui lui serf de
'ConftUbie, q" 70-71.
^ Turaep, n*' 463; Gainshorough, n" 155* "-
^ Hyyarlh, u- 237-239.
* La Jîite aux erecettes, (t'Hogirlb {Shrimp ùiri), porle le a^ 116J de U
Naitoual GalUry.
* VVilUe, D- 470.
^ Lawrence, d^' 288-289,
riiacl^^ Ml
P^HB iHh.
LA MERE DES CAR()\I)ELET
PAR l\ PRIVTKK DR M4|.I\KS, VKRS 152.'
(UoRi^c Jfaa (iigoux, à n<>Mnçon.
Ll MUSÉB JSâtV GiCOtrX*
Sft9
coDtetiance, Ititle avec lout lavantaye d'un leïtil charmant et de
superbes épaules pour rhonneui et la primauté d'Old Engtand.
L'esprit écIectîquedeGigoiji avait des leîidress«;s pou rrËcntf; espa-
gnole et pour sa merveilleuse couleur. Murillo, Zurbaran. Ribéra,
Herreraet Goya la représentent très botiorablement dans son \Iutèe.
ZuibaraOr par une Fniie en Egypte^; Murillo, par un Saint
tenace eu eilase, d'une cjipressioti surhumaine et d'un colûris
étonnant*. Un hidalgo d'Herrera à rouge et ilégaù tante face est d'un
naturalii^ntc protti;jjeu]i; quatre (ioyRp dont Jeuji scènes de c8nDit>a'
lUme ; la Mori de f archevêque de Québec^ sont d'une verre et
d'un Inouïsme surprenanb'. Mais la palme reste au Rlbèra, dont
le Saini Sébastien mourant d'un sentiment indicible, le Saint
Jérôme, h Saint Pierre transportent Idme dans des rt^gions qu'un
art infiniment supérieur peut seul atteindre * ; ces toiles de premier
ordre, le portrait d*architecte qui les accompagne suffiraient à
enorgueillir une collection.
Les Flamands et les Hollamlais affluent nombreux dans une
incroyable variété de portraits incompanibles deïi seizième et diît-
septième siècles^ ile scènes de genre, de patientes miniatures de
fleurs, d'intérieurs de cabaret, de n^itures mortes des dîx-septtème
et dii-huitiéme siècles. De Druielles à Anvers, de Delft à Dor-
drecht, tableaux de toute dimension s'amaljjament par douzaines.
De l'École de Van dcr Weyden, quelques létes superlx s *; tie
Quentin Hctzis, une Vierge délicieuse '^ ; d'un peintre inconnu de
Malines, un portrait de dame dont le blason m^a fait reconnaître la
njère des Carondelet ^; de Ferdinand Roi» un portrait de lïeillard
digne du Turenne de Pfiilippc de Champaigne qu'on va saluer à
&|unich*. De Ruhens, nombre d'esquisses ou de copies anciennes*;
de Jordaena,son portrait et celui de sa femme, puis Mars et Vénus,
un soudard secouant tendrement une plantureuse commère dont la
f ZurbartD, d' 4^3.
•MariUo, H" 339-340.
* Ribéra,n'-387-3yO.
^ Vâû der Wejdîcn, n * 475- U8.
" MeUii. n- 3îM:â5.
' Anonyme de Malinef, u' 344. Voir, ci-deinus, ptntiche XII*
* Bol, II*» Î7.
' fiubeas, 1*" 484-513« Voir, d-«près, plancfie Xtll,
IV
290 LE UUSÉE JEAX CIGOUX.
teint a pétri de fromage et de conRtures de groseille « (comme
disait Taiae II y a trente ans dans cet liémrcycle où je Técoutaifl
recueilli) eicite ses amoureux désirs ' , Après un portrait ext]tiis dû
au pinceau de VanCeulen ', voici des Qeurs, desfrtiiladeVanBayeren,
des vaches de KIomp, des cavalier» de Van der Meulen et de Wou*
verni an s, un portrait de Terburg, un Intérieur de Van Oslade,
d^autres portrails de Franz Uak, de Van Schupen (une tête de
chanoine digne du Lutrin)^ de Govaert Fliack, une HàteUerie de
€uyp, un ccucher de soleil de J. Both où Ton ne sait qu'admirer
davantage, du paysage, des fijjuresà cheval ou de la lumière douce-
ment et harmonieusement filtrée. Qu'on me laisse citer encore des
tabagies et d^s paysans de Brauwer, des natures mortes de Snyder^,
des paysages de Van Asch» \xii Intérieur de Witt, et mettre presque
au premier rang, quoique ce soient de simples natures mortes:,
les tableaux exquis de Van Héda i orrèvreries chatoyantes a^e^*
leurs reflets d*oret d'argent, vins des Canaries ou de Xérès scintil-
lant dans des coupes à panse veïitrue, citrons en pelure ^ pâtè^
éventrés, traités avec Tart consommé d'un dessinateur et d'un
coloriste impeccahle, et j'aurai fini des Flamands et Hollundaîs.
Dans cette rapide esquisse, je me suis borne ziui peintures « et je
n'entr'ouvrirai pas aujourd'hui, même pour y révéler des Durer,
des Holbein, des Léonard ou des Rubens^ les portefeuilles ou
dorment Irois mille dessins de toute école.
J'en ai dit assez, toutefois, pour dèniontrerce que] 'ex primais au
début, c'estque les cnUeclions léguées à Besnnçon par Jean Gigoui
sont d'il ne haute valeur artistique. Au milieu de ses propres œuvres,
au milieu des trésors d'art recueillis par sa persérérance et son
labeur, distribués par la générosité, un buste du Maître, que son
ht-ritier va pieusement consacrer à sa mémoire, pourra regarder
fièrement Tavenir et attendre, de la posléritc, Thommage permn-
nent d*un reconnaissant souvenir,
Jules GAUTmEE,
Archivblc Ju Doub?, coinmisaairedc U Socir ï^
frftnc-^camluhc des' Beniii-^^rli, membre
non résident an Comité des SocitHés de*
Beauï-Aris Jcs départements^ à Besaitf oii*
"VmiiCeulen. 0-89.
"\
Viiutht \i»
PAQB ÉWi
If.lnS ET VHAfUS
(UaMt (îlgdai. à BfMRCoii )
LES CO\;&âDE q^i
l
XV
INTRODUCTION DES FAIKNCES D\4RT A XÉVEllS
LES CONRADC
L^ nom des ConraJe domine, inrontestablement, Thistûire
arUsttfjue de la lille de Ne vers delà On du seizième si^'deou coin*
mencement du dix-seplièmfi sièrie,
Par contre» son èclal rejaillit sur une grande \ttle dp \orniaiidîe :
sur Rouen. Ces faits sont connus par les publrc^itions de M. du Broc
de Segan^^e à \evers et de M* PoCtier à Rouen,
Aussi nous dispenserons-nous de nous étendre sur ce sujet.
Ce qui ¥a faire Tobjet de notre étude, c'est de reculer b date
connue de l'introduction des raïonces. M. du Broc de Seyanjje n'a
pa» tiré tout le parti utile de ses docunienis; nous le hrou$j en
y ajoutant de nouveaux documenta encore inédits.
L'historien nivcrnais avait plus d'une lionne raison pour Irailer
le sujet des faïences; il possédait, nousdit-îl, un dossier relatif h la
famille Qmrade,
Le 22 février 1640, son arrière-grand-onclc avait été parrain
d*une fille Conrade. Pois le 14 jiiilli*[ il^'A, dil-il, une petile-fille
d'unConrade, llarie-Calherine ISiankj, épouse François du Broc,
Voilà évidemment un auteur é|uj tient à faire une eicellente
biographie de la famille des Conrade. Ajoutons même qu*il Ta faite
avec la plus grande impartialité; comtnen d'auires auteurs, sur ce
sujet, se sont départis de cvUe impartialité, malgré des preuves
irréfragables contre leurs thèses !
C'est en 1602 que, pour la première fois, M, dtj Broc trouie sur
1rs registres de paroisse le nom des trois îirlisl<^s ; Au^^nsliu^
Baptiste et Dominique.
Dès lors il s attache â leurs pas au travers des états civils et ne
es quitte plus. Il cherche leurs titres qui sont : sculpteurs en terre j
Hûisirepoihiefj maistreen vaisseUe^nohleSeir/neurf^.Xc dernier
àm LES GOXBADE.
titre Télonne, sans doute, el, sachant quMU Bont d origine italienne,
il écrit au chevalier Promia, bibliothécaire du Roi âTurm,
Par ce dernier, il sait que celte famille apparlicot à la noblesse
de Sa¥one sous le nom de Coradengus.
Le voUà en veine, il cherche et trouve les lettres de naturali-
sation données par Henri III, en janvier 1578, lesquelles portent les
armoiries des Conrade; il en donne copie. Il sait qu*ih sont natifs
d'Albissola, village sur la mer, tout près Je la lille de Savone sur
la l'iiière de Gènes; mais n'ose parler de leur parenté.
II (rouvc et transcrit un brevet de faïencier du 20 août 1644,
puis une lettre de provision de par le Roy; enfin un cerlificat
attestauL que l'un de ses membres est gentilhomme de la maison
du roi de t'Vance. Passeport et contrats, toutes les pièces défilent
en entier sous sa plume. C'est avec satisfaction qu'on sent le
bonheur de Fauteur cataloguant chaque document.
*
Mais l'état civil lui a dorme d'autres révélationâ. Gabrielle Pan-
seron, la femme de Baptislo, lui donne sept enfants :
Son aîné, Augustin, devient premier médecin de la reine de
Pologne; il est seigneur du \1arest; le troisième, Charles, a pour
parrain et marraine le duc et In duchesse de Mevers ; la cinquième,
Jeanne, épouse Hyacinte de Biauki, grarïd trésorier de Pologne;
la siiième épouse Henri de Bolacre.
Si Augustin n'a aucune postérité, M. du lîroc n*a pas pu, non
pins, trouver le nom de sa femme» qu'à tort il appelle Françoise
Conrade \
Mieuï renseigné avec Dominique dénommé gentilhomme, il
inditfue trois enfants nés de sa femme Henriette Samatlet i le
second de sea enfanls est qualifié de noble faïencier ordinaire ci
gendarme de la Iteyne; A^ faïencier de la maison du Roi et bri-
gadier de chevau-légers de ta Reyne,
Tels sont les trois chefs de famille que nous présente M* du
Bvoc avec uue bien légitime satisfaction. Aussi indjqiie-t-<'
lûâ niémcft actes quelipetots.
LES COIURADE. 398
fiâtes où ces noms se rencoDlrenl depuis 1602, la première pour
lui:
Pour BaplUte, tes 11 août 1602, 8 octobre 1601, 17 oclobre
T606. 8 septembre 1608 et 24 janvier JC13.
Pour Dominique, les IS juillet 1602, 8 avril et 3 novembre
1604.
Pour Augustin, il ne trouve qu'une seule date, le 11 août 1002.
Voîlà cerles une biographie qui semble complète, et pourtant
rien ne décide Tauteur à donner le degré de parenté de cas ar-
tistes.
Peut-être eût-il pu, du moins, faire ressortir le nom d'Augustin
àTalné des fils de Baptiste, faisant présumer un parrainage et Icd
bonnes relations entre eux. Il s*en abstient.
Lorsque M. du Drocaltorde Vimportalian de la faïence à devers,
il devient contrarié et perpleie. On sent qu^il voudrait attribuer
cet honneur aux Conradc, et, avec regret, il le donne â un autre ;
kScipion GambinL.,
Et pui^ique son honnêteté Ty oblige, il donne Têtat civil suivant :
a 1592, le 28 du même mois (avril) fut baptisé Sripion fils de
Jehan Malicieux et Perrette Galopin, ont été parrains Scipiou
Gamhin (Potuisr) et Henri Vanon; sa marraine : Marie Micot,
^ Signé : Jours; aux. »
Et Tauteur ajoute — (ah ! que l'on sent bien qu'il est navré !) ;
— u Pendant dix ans on ne trouve plus le nom de Gambin, ni
d'aucun potier, n
Mélancoliquement il écrit : tj^ Scipion Gambin^ en tout état de
cause, doit être considéré comme le pnEUiEa i\iPORT?\TEua de la
faience à Nevers ' !, ,. »
Mais aussitôt M. du Broc se rattrape de cet aveu :- u N^ous ne
pensons pas, dit-il, qu on puisse lui attribuer Pinitialive de cette
grande fabrication célèbri! à la fin du régne de Henri IV' ^ «
Eh bien^ que son àme tressaille d'aise, il vient de pressentir la
vérité, ainsi que la réhabilitation de ses parents les Conrade.
£t celte rébahilitation pourra vous paraître aus^^i complète
moi,
-DU BnoCf t. f, p. 58.
^
304 LES CONRADE.
* *
Il aurait été bien étrange» en effet, que Gauihin» important h
faïence à Nevers, eût une si grande obscurité^ et que les Conrad e
en eussent eu tant d*honneur à son détrîmenU Quoiijtie encore de
nos jours ces choses-là se voient trop Rouvent, il est inadmissible
de les garder sans preuves, ainsi que Ta fait M. du Broc de Ségange,
Gambin n*élait qu'un ouvrier de Conrade. Voilà Topinian que
j'espère vous faire partager. Dès à présent retenons un fait brutal :
en 1592 il se faisait de la faïence à Nevera,
De Thou, bistorien contemporain des Conrade \ écrit : h On
raconte qu'un Italien qui avait accompagné en France un doc du
Nivernais aperçut, en se promenant aux environs de Neyers, la
terre de Tespèce dont se faisait la faïence en Italie. Il la prépara
et fit construire un petit four où fut fabriquée la pre^ièbe faiesice
E\ Fra\ce... »
Cette assertion n*est pas mise en doute par un célèbre auteur
anglais, Marryat, et jamais on n'a mis en doute de Tbou sur les
faits qu'il avance, lorsque ces faits n*ont pas un caractère religieux
Mais n'est-il pas, en notre pays, dans les habitudes de rechercher
la vérité chez les nations rivales?
Nous allons en trouver, ici, une nouvelle preuve. Marryat est
affirmatif, il fait mieux, il exhume la dédicace d'un auteur nii^er-
nais» inconnu dans son pays, qui en 1590 Ht une brochure en
latin dédiée à \
u LHlIustre prince Lodovico de Gonzflgne, duc du Nivemats et
de Rethel, v
Cet auteur s'appelle Gaston Claves; voici la traduction de sa
dédicace :
K Parmi les hommes qui procurent la célébrité aux villes, il
faut compter les ingénieux artistes en toute sorte d'art. C'est ainsi
que les artistes habiles dans le travail de la verrerie, de la poterie
et de VemaiUure, appelés par vos ordres et attirés par l'immunité
des impi^ts, ont six produire d'excellents oui rages non momê utiles
à nos concitoyens qu'admirables aux yeux des étrangers. «
^ Ké co 1553, mort en 1617, a fait l'histoire de son temps, de |.546 à Ifi
Je me demande comment c«Ue dédicace, donnée par H, du
Broc, n*a pas éveillé son esprit affiné.
^ Des ariisies d*art^ ingénieux et habiles en poteries... d'ex-
eetlenis, ouvrages admirable» pour les étrangers!.-, »
Mais c'esl Tindastrie dévoilée €n plein succès, en pleine prospé-
rité, par un auteur qui décrit ce qu^il voîl^ qui vil dans ce
inîlifiu.,.. 1^ concordance enirc de Thou, historien à rari«, et
Gaston de Claves, à \'eversj est absolue. C'est la vérité confirmée
par l'Anglais Marryat.
Mais retenons ce fait^ deux ans avant que Gambin signât comme
témoin, en 1590, Nevers avait des faïences et des faïenciers. C'est
le fait indiscnté et indiscutable. Et de Gambin importateur, noua
pouvons facilement nous affranchir, -,
m «-
Depuis peu de temps je possède des notes au crayon qui, dés
Tabord, n'avaient pas attiré mon at1G^ti^n^
Ces notes, fort incomplètes et quelquefois énigmatîques, m'ont
engagé à vérifier ce qu'elles renferment et à faire d'autres recher-
ches; c'est par ces dernières que je pense jeter un jour particulier
sur le prohit'me que je viens de poser.
Augustin, Baptiste et Dominique sont trois frères, nous le ver-
rons. Ils sont originaires d'AlbtssoIa où était encore leur mère,
en 1608.
En effet, pour Dominique , les lettres de naturalisation de
Henri lit nous disent qu'il est d'Albissola*
Mais Baptiste est aussi d'Alhissola, en voici la preuve : avec sou
frère Dominique, dit un acte, ils iront voir leur mère : a Le 24 iU-
K cemhre 1608, par devant Pelté, notaire, comparaissent hono-
V. rnbles hommes Baptiste et Dominrque Corade frères, maîslres
(t polhiers en cBuvre blanche et aultres coulleurs.
« liaptiste demeurant à Nevcrs et Dominique à S*-Esloy sciem-
u ment Tunfï Taultre iront à Gètmes en Ilalje leurs pays, ?oir leur
u mère et parents.
ei noies 11*0111 mxt\m uam d'autaur; je crois pourlaui ju'ellei oui élé rAÏlei
lu BouvcAuJt« • - ■ .*.
IM LES CONRADE.
u Ils accompliront certains vœux en&emblement. Ils ont promis
(^ et seront tenus ensemblement partir de cette ville dans PasquËS
a charnels prochainement venant et ont y ceuU Corade de ne se
«point laisser, ijuittcr, ni abandonner Tung Taultre* En cas de
V- refus de Tune des parties ou buit jours aprëii; pour tout délays,
a celui qui refusera sera tenu de paj^er et bailler à Taullre, celuf
tf qui fera le voyaigt^ la somme de trente livres tournois
u S'est le dit défaillant engagé corps et hîen>
il Ont signé deux témoins, Corade et le juré ; notaire Pelle- «
Cette pièce nous apprend formellement que Dominique et Bap-
tiste sont frères, qu'ils ont encore leur mère près de Gènes et des
parents; (]u'ils avaient leur habitat distinct, et que, quoique faïen-
ciers â Nevers, Dominique habite SaintrEioi : à sii kilomètres de
Nevers et près des ducs de Mevera qui avaient résidence au même
endroit*
D^où découle naturellement qu'ils travaillaient ensemble. Recon-
stituer cette association est élémentaire. Par les lettres de naturali-
sation on sait que Daniioiquet depuis sa prime jeunesse, est au
service de l'armée française; qu'il est resté le compagnon d^armes
du iluc de Gonzague. Il est donc surtout soldat, homme d*arnies, et
non faïencier.
Ce deruier titre appartient h ses frères. Quant à lui, avec la suite
du due de Nevers dont il fait toujours partie en ICOS, il vient dans
cette ville, VoiHi bien les faits historiques selon de Tbou expliqués.
Et maintenant commentons : Ses frères, faïenciers à Savone, vien-
nent voir Dominique, qui leur attire les bonnes grâces du prince.
Cette bonne «jràee n'est-elle pas naturelle? Le duc est Italien, il
accueille ses concitoyens et connaît la faïence artistique d'Italie. Il
sait que cette industrie lui apportera de la gloire et de la fortune
dans son duché.
C'est le fait que nous allons voir se compléter par une renais-
sance architecturale dans Téglisc des Minimes, que la ville de IVevers,
avec nos prétentions de connaisseurs, vient de détruire il y a
encore peu de jours, et par une pièce très importante encore iné-
dite des Archives communales — A. A* 26 — 161 1-1670, arcFiives
Brisson — : une donation du 16 mai 161 J, par Augustin Corn
V Honorable homme Augustin Corrade, maistre pothîer
a œuvre blanche et dame Francisque de Douaigue, sa Tem
j
. ._^
ix déclarent qu'ils ont été naturalisés par le Roi depuU qu'ils sont
*< en FraDcc.
■ Uais quMU sont natifs dltalye et demeoraDt dans la ville de
« JVewerB depuis plus de vingt-sept ans.
ttOnt signé les témoins : Honoralde homme Loys Ikfamndat —
o(juy Cbaatenier, poltiier». a
D'antre part, nous avons trouvé joint k cotte importante pièce
aux archives communales rinveotaire du 28 seplemlire 1612
fait aprèâ décès de Conrade, c'est la mise à exécution de la do*
nation «
Elle est de Tétade Pellép notaire de Conrade, elle appelle te
défunt le îeigneur Augustin Conratle maistre pothier, demeurant
rue de la Tartre, paroisse S* Laurent,
Les appréciateurs (e^tpcrts) se nomment Jules Gambin^ maistre
pothler, et Estienne Naqueau, maistre menulf^ier.
Les témoins sont tous potiers; ils s'appellent Guy Cbastigner^
François Cliappu^, Estienne Gay, et demeurent à Keiera.
u Comme la veuve fîouaigue (V Conradej, Chappina dit n^ savoir
signer. »
L'estimation suit en trente>quatre articles se montant â 8 40 livres
3 sous.
Nous venons de redresser Terreur de M. du llroc- 1^ femme
d'Augustin s appelait Francisque de DonaiguCf et non Françoise
Conrade. Les Conrade sont trois frères venus à Xevers depuis plus
de vingt-sept ans, disent-il^; mais ils précisent : depuis leur naîu-
ralisationj soit 1578 ou vingt-quatre ans avant la date de 1602
donnée par M. du Broc.
\ons avons démontré aussi que Dominique a précédé ses frères;
qu'il les a installés et s'est associe avec eu%\ que sa haute situa-
tion auprès du duc, près de qui il est encore (à Saint-Floi) en 1608,
a facilité et fait prospérer T indu strie. Cette prospérité nous apparaît
non seulement par la dédicace de Gaston Clave, mais d'une
façon tengîLile par rhotel fastueux qu'habifciit Augustin rue. de la
Tartre-
Cet hôtel en ruine existe encore au n" 58 de cette rue; et il y a
uï n^en voulons pûor pretii'e qtie deux si^^TiaLiiresque oouii donnons, pri^e^
^ même acte en IG08, par-dé^aot Sîmoziru, pour \m mnrdié. Voir appCD-
'> Ici signatures 1 et 2, pago ^ÎOi/
f08 LES CONRADE.
environ vingt ans, nous avons va opérer la démolition de itoh de
sfis fours. M, de Le5pi nasse, président de la Société Nivernaise,
nous Ta rappelé à notre lecture » en séance de celte Société.
Au devant de cet hôtel, situé près des remparts, était une grande
cour au fond de laquelle se voit encore, en ruine^ son élégant
perron.
Mais ce ne sont pas les seules conclusions découlant de cm
pièces. V appréciateur GanAin n*est-îl pas le parent de Sci-
pion?
Son origine, par la consonance (Gambino), n'cst-elle pas d'Italie?
Dans ce cas^ tout s'explique, et Scipion Gambin était potier cbci
les Conrade.
Jusqu'en 163^, on ne connaît pas d*autre fabrique que celle des
Conrade; la première connue est celle de Dourcier et puis celle de
Custode.
Mais l'un et Tautre, on connaît ce détail, avaient été potiers chc2
les Conrade.
Au surplus, vofcJ encore d'autres extraits des archives conima-
nales : « G. C. 246-1599. Au seïgneur Augustino Corado, maistre
de la poterie de cette ville, 44 cens pour garniture de 4 huSTets de
vaisselles de terre blanche peinte envoyée à Paris, v
On dit, notons-le bien, la poterie d^ cette ville. Il n'y en a pas
deux.
C. C. 254-1603: «Au seigneur Auguste Conrade 66'^ pour dousd
douzaines de vaisselle faïence. »
£n 16! 1 on signale encore son nom,
Baptiste est aussi qualifié de seigneur en 1606, tfil2 et 1614.
Et Dominique en 1604,
Voici qu'en T59(),seizeans avant la date de l'inventaire et douze ans
avant la date première donnée par AL dd Broc, Dominique fabri-
quait de la faïence avec ses frères. Ces vaisselles sont envoyées att
trésorier de Moulins, à Paris, a la Ville de Paris, etc., etc. C'est-
à-dire que leur commerce est prospère et bien connu.
11 existe pourtant une mention qui mérite une place à part, elle
est de 1606. « On a payé à Baptiste CouradCppo/iVr sculpteur^ 26"
pour avoir fait une figure de terre et un lion de plâtre, n
Poiier-scuipteur^ voilà la dénomination précise de Fosuvre
aptlste*
LES COXRâD£.
109
Nous venons, je Tespère» de rt habiliter comme elle le méritait
la mémoire des Conrad^.
Xous avons donné à ce» artistes étrangers la gloire et le mérite
d'avoir pu créer et fait prospérer en plein Xivernais une industrie
d'art L>ien connu, ^u preiuière ek FadNCEr , nous dit de Thou. Elle
a eu et a encore une haute renom méCp
Celle Ecole proiincrale du clix-sepliéme sîétîe a eo son reflet
(quelques années après à Rouen*
Mais, en réhabilitant les Conrade, il faut aussi donnera Lodoiico
de Gonzague, et non à son fils Charles » Thon n eu r d'avoir facililé
les créations de ces genlilshmmnea ouvriârs iVart,
Jusqu'ici on ne Tavait pas fait. Je suis heureux de rétablir cette
vèi'ilé historique. Vous ne serez pas indifférents, Messieurs, à celte
coDcloston; car combien, parmi les bons collectionneurs, ont
apprécié, depuis longtemps, les pièces de faïence authentiques des
Conrade de la première génération ?
IUa&sillo^i RotJVET,
Archit^cle. corre^potiJant du Ministère
de» Beau 1- Arts el membre d« lftSori<^t«
X'irerDAiic.
300
LES COXRâDE.
APPEXDICE
Apiti iToir leni tn Fr«ùc« H-m t« eflinni#pç*miiiil d* ** jeannif, rttoif tn IB7B
dri It^tlrvt ft« iildrtLiiafiDn d* Htnri ll[. Aliiflire piiljtr dtmpuraDl à [Vei^i il S jaJh
Ift JftOiJ] tf'îlrH p4]tfaiflr i^D VA^4ietïc d« faieuti i\\ AQièfubrr JC04), quïLng^d:* frw
^iifur iJamntgvff df Cu'Arru/f (H ■iril I64Ï4N L'iv^il niors ta Ifi^lH. ^ A^AJit fpou»
HtaiiMUt SftBidtt.
f
Aulbniti* AdtolD*, 3 Dortmbrf L004. Aprèa ivair itrrl prodiiif qdt- i^tqntM
lî Juillfl 1(>0£. loT» tq>, ett uuiktGÉ ptL Jea4, Jt ffmvr, du sirtre poUîtr Tcriicr pd Ttifs-
PD riÉiirllQ drfiirnrt^ Î7 mti M^lJ, de nobh Anlhaiiu 4» ce, | T Août LS.^)i»
Ca/tm^lft marciBad faitnritfr, 30 «uuL Ifiii, g«aiilk$iiiin? ■.iklIcd unfi!id«
iPrTADÏ, fuiBOciPT qpdjniire «1 geodafine *!«■ l» Rf inp. 0 Btn DUHI ilf Hf ni né
16dB^ j^eslilbbiDiiF el /niffitrirr dp ta maison du Roi, brJ- lé 18 jdliïlet [ATiO.
g«djar de I* i:dui|i«g&J4d dtfi {:h«tmd'lé34<ri de la Beyne', -J-
tl JDid ll>4M, tvaif «paijfe CïÛieriDf Hpdaie«a.
U^mtDiqgr
Jelian
Miirir
Aine-FriûfgiK
Cbu-iffi-1/ïDU
M«n«
ijuillft]J33ti-l&:iO.
:i«crnbrtl6Aâ,
b tiintr le^A. ËQD
$K fïvrirr 1640. ■
ÎTotrrlaSl t>Ar-
â«cldir«Jl!U
Kat>l«Û«mldi(|d»de
jiarrAiitBoblf boutai
rlè iiJdimliLBAbtia
riJn Cbarlpl (tf
Coonilfi , àlaistre
(Jbtrk* dp t>lrrihe
df (jvaMga* «{ ds
Laugrrâd,
fùimçinr ordinaire
co&trdltDTdfrlspriD'
flUivM.prJiicfafsdt
d0 Sa JJfl>f M, s* p-
cfAK Utrie de Qab-
McdtddAHdelIodl-
darmc d^ la eompi-
iigDP: ed tOôâfir?
fcrî#t*ï!l|tld IHTTjlJD
fdit ië U Eltlke,
fdl aa-TraiDfr ntc
Dablt^&mKPAcbiHf
}(i^\ , j^ruilihtmmr
UqilUuâirQafCvIng,
dq HFfl«. •irui«* »ei'
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poRlëriEé,
BaplUtp. jtottier, dcmunrAtil Pd li maiinn dr SiiutWapqu^t (IJ tobl Itliri^ ârolplvar rd iDriv d«fkrriit*(K «^l<
JflOi). ll*ilrç pottli^r *n poienn bîadcbe, pult^r Ko/ffi^wr (17 orlobra leiKïj. Il aï Ere «q vitMcUr de fwKW î< i
Imbrf LIHl8). Xebl* iei^dtur ^^1 jiorvr IttlSj, ivaU cpuuii^ GabrldU Paoï^roDH ËtiJl dtjl uorf pd lAlS.
lluga»tiu
{[\ à»ûi IMï),
dwririir fp di^*
flvouf ; premier
midi'd.n dr 11
trine d* PdI«-
I0â4«>l pla»iiH
rcrbildttaïaûr],
SiigDf«r dv JUi-
ml, IfiU : di'
eiFqr^t A Maû'
Udi ( ElvorboB-
a^Lt lONb'IHHS.
Aï*tl £pou*e
PifrtTtli >l4 -
]jdk«ï]^dDdlilfill
Qoa 6Llt» Mtnr-
Antliùlae
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CUkTv. da« dq
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de M«qtafii! ; »
miiTâiue^ piiD-
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iromjqr^ priu-
ettêë du lliinv^
J»fi
JO jabti^r
Jrb^SdQ
n dilâf L4SI0,
«pOiliP Ënrd -^
PJitUppc, avilie
badioifr, un dp»
fbeiftd-lF^f M dt!
h cump^guie de
Jt Ftrliec- , fn
UiJd. Uere OIhi-
rjagà nwiatt, le
4 iDâri lOâ,
UafK, piBEBird#4^
pq PcLogn^ psr
Min* dp GaniB^
^1L«1; elle t^p<i:tpM
Kt^cinle B^itkii,
^rt&d triftaripi
G«br|p|lH
Â4]iii«ipr tttl3^
iépo^aa «d lOàti
pdble Ueqtl de
Bg|*£r«, lituit^
dtbl gi^déral kui
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rnjer, Mi^qptir
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1611
1630
1631
LES COXRJIO&.
APPEMUGE
30 1
«
( at^^ir'a^^*
^
{*)
{')
DomÎDique Coorrade {marché du n décembre l60&). — -^rchivei. M* Simu
îurradiî-Gascom^j, 20 Juin 1611.
hamie Courade, BapH^inc. i> juin lOO. à SaÏpMii'oè*.
lûurrade. tiapléme, 28 murs 1031, à Saîut-llenès.
302
LES GONRADfi.
1631
1834
(0
(")
1637
(yf
<f^^CJiÀ?g^^jy 0
1643
1)04nA:^€^Vit }(f G nkUAJi
o
' Gouradc. Baptêmes des 28 mars 1631» 12 septembre 1633, 4 février 163V.
25 septembre 1634, à Saint-Genès.
^ GabrielleCourrade, 24 avril 1634. Baptême à Saiut-Genès.
' Marie Oourrade. Baptême, 1637, à Saint-Genès.
* Anthoine Gonrade, 28 juin et 12 septembre 1641. Saiot-Geoès.
^ Augustin Courrade, médecin de Louis XIII (il signera le procès-verL
sa, mort), 22 novembre 1642. Baptême à Saint-Genès.
* Dominique de Gonrade. Baptême, 16 mars 1643, à Saint-Genès.
r
lefô
LES COKRADfi.
<^g'^z)e'' 0,
^:^^ C^a)e " '
16V5 ^«iH^W^icC â(y Qo-nAAi^ (")
1 Kobic Antîioîoe Cooraile./fijeHrtVr ùrJiuaire de la maison du Uoy, 15 iù-
vrïcr lôVf. Haplâmt! u Saint-(ji'iièK.
■ Dominique de Conradi?, Il septembre l6Vri ft ÎH atril iOVS* BapU'rtir &
^ FîU *ie Domidiqyi; de Conradc, RapUViie, 23 ûctobre 16V5, ji Stint-Grut"*,
* Conride, 13 janvier I6^#îl, baplùrne à Stiut-lït iiès.
^ Fîîi de Dominiqnc de Conriicle. tî ntril tt/tS. Uaplâme ^ SiiiiiMj^fiès.
;litD de Conradc, là décembre H)V8. ltii[il(^me k Saint -{jeiièA.
.b&rlei^Louij de Coarade, éludiiint, là JEinuL^r 1035, Ikpièmc à Snittt-
ï^Sl
onrAde^ 26 juin 1655. Bip té me à Saint-Ccnûi.
1
304
1659
LES CONRADE.
/Je^a^^ a:^ryt^<^^
(')
* i^ta i» Coorade, 23 ortohrc 1059. Bapttmc à Stinl-Gen^B.
*llllrne d'uae des r«ïeace» de (loorade.
PEIKTUKES iSCOJVnrïJBS SB L ÉCOLE PlAlfâNDE. 305
XVI
NOTICE
SUR
PLUSIEURS ANCIENÏVES PEINTURES INCONNUES
DE f/ÉCOLE FLAMANDE
PaOLÉ€OUÈ»£3
Nous avons eu VoccasioD, il y a tléjà un certain temps, de voir
à Abbeville des panneaux peints qui, à un premier examnn, nous
avaient paru, par les sujets, par leur mode de composition, par le
Sul de leur exécution et enfin par certains détails caractéristiques,
devoir remonter a. la ^rjrandt? Ecole flamande du quinzi{*[nc siècle.
L'étude plus approTondie qu'il nous a éiè douué d*en faire
ensuite, et au cours de laquelle nous avons pu, à Taide de docu-
ments, découvrir leur provenance et préluder aux recherches sur
leur origine, est venue conQrmur notre prenjière impression.
Nous avons enfin été amené, par les dates et par des examens
comparatifs, à hasarder quelques conjeckires sur Tauteur possible
de ces peintures.
C'est le résultat de ces observations et de ces recliercbea, faites
eiclusivement au point de vue de Tart et de l'esthétique^ que
nous venons présenter au Comité des Sociétés t\e^ Beau^-Arts tles
départements, pour lequel nous les avûns faites tout spécialement.
Les tableaux dont nous présentons des reproductions photo-
graphie] lies sont, à n*en pas douter, les restes d'un ;jrand rctahlc
{Hilyptique ; ils étaient, il y a trente à trente-cinq ans environ, au
-e de quatre, peints de cljaque côte des volets, ceux-ci
"oaisseur de 10 à 15 millimètres; ils ont alors été sciés
paisseur du bois^ puis rendus bien rigides au moyen
rquetage appliqué derrière^ de niauiére à présenter ainsi.
aOO PEINTUKES IIVCO^NIES DE U'EGOLB FL^UÂXDE.
élan! dédouhiês, huit panneaux pouvant é{r& vufi en même leoips
et suspendus contre des parois d'un appartement à la spiEe les uns
des autres. ï/un de ces panneaux a été donné ^1 y â^ plusieurs
années, et Ton en a malheureusement perdu la trace ; îl u'en
reste donc aujourd'hui que sept que nous avons pu étudier.
Trois de tes peintures représentent la Cènâj V Ascension et la
Pattecoie; celui disparu représenlait la Résurrection. Sur les
quatre autres pauneaui sont de grandes figures isolées, en pied*
encadrées en quelque sorte dans des niches surmontées d'un dais;
deux de ces dais sont de forme, ogivale, et deux autres d'une
architecture un peu diOTérenle. Ceâ derniers représentent la l'ierge,
Saittl Hugues y évoque de Lincoln, Saint Jean-Baptisfe, bI Saint
Honoré, évêque d'Amiens.
Ce sont, à n'en pas douter, des peintures originales, toutes
hien intactes et en hnn état de conservation^ toutefois quelques
traces de retouches y apparaissent, surtout dans Jes quatre pan^
neaux reprrsenlant des fî[{urps isoIres ; mais elles n'ont pas altéré
sensthlement l'œuvre priinitîie, Tousces panneaux portt^nt comuio
dimensions, en dedans des cadres qui sont très simples^ unis, et
tout modernes, 1"',60 de hauteur sur 0",49 de lar^jeur. I^
peinture a été appliquée sur un ou plusieurs enduits formant une
épaisseur d*un millimètre et demi eniiron, ce qui dénote tout le
soin qu'apportaient les peintres de cette époque à Texécution
matérielle et à la. conservation de leurs œuvres. Les couleurs sont
restées relativement d'une graïidc fraîcheur, les ors é^faleiDenl,
après pins de quatre siècles!
Ces panneaux, disons-le de suite, sauf à y revenir plus loin avee
documents à I appui, proviennent d'une ancienne abhayo de
Chartreui, détruite à k Révolution, et qui existait très florissante
et très riche, dès le quatorzième siècle, au faubourg de Ttiui&on
prés d^Abbcïille, sous le vocable de Sainî-Honoré, Ces bois
peints formaient les volets du retable du grand autel dans rôgliso
du couvent ; cette destination, qui n'était sans doute pas la primi<-
tive, leur était donnée, en tout cas, au dix*huitième siècle, d'aprè:^
un manuscrit de 1774.
On peut se rendre compte, par la différence bien tranche,
eiiste entre quatre de ces panneaux et les autres, de la mat,
dont ils devaient, au moins k cette époque, se trouver présenté'
I
— -^
PËI\TtJllES I»fCO\\llES DE L'ÉCOLE PLA31A:ïDE. 30T
i'aulelï nom «n iferrotis plus loin, ilu reste, l'indrcalioii précise et
même ta reproduction naïve itaris le maiiuscrit précité. Lei
granilc!^ Ggures en pied de lasamte Vierge, de saint Jean-Bapttj^te,
de saint Honoré et de saint Hu.^ues, de dimensions en hauteur
panant entre 0",87 et 0'',90, se trouvaient à reitérieur quand
le retable était fermé, et les sujets peints à l'intérieur des pan^
neaujï, Iti Cène, la Résurrection (disparue), \ Ascension et la
PeniecôtÉ^ étaient ilstbtes seulement quand les rolets étaient
déployés, deu& à deux de chaque c6ti% pour laisser apparaître
alors, au milieu, un retable sculpl*^ en chêne qui représentait la
Passion. Ce retable ne devait pas exister au moment uh les sujets,
d'une époque antérieure, pensons-nous, aux figures en pied, ont
été placés originairement sur TauteK
Occupons-nous d'abord de ceux-ci :
LES DESCRIPTIONS
C'est d'abord la Cène ' . P!llle est représentée dans un appartement
au fond duquel eî^t appliquée une tenture en basane ou cuir gaufré,
rehaussée d'arabesques dorées, et surmontée d'un baldaquin peint
en grisaille, à trois compartiments ornés de filets qui forment des
triangles et des losanges. Ces compartiments sont séparés chacun
par une sorte de contrefort; au-dessus est tendue, en forme desoti*
pente, une étoffe rouge avec petite frange de même couleur dont
Jes quelques plis sont rendus avec une étonnante vérité* Chaque
augle supérieur du tableau est urne de filets dorés, entre-croisés et
formant encoignures; ces ors ont conservé une grande vigueur;
tout en haut, enfin, court une mince bordure verte.
Le Christ est debout, an fond, devant nue table autour de
laquelle sont groupés les douze apOIres. L'alteution se concentre
sur cette belle figure du Sauveur que nous retrouverons semblable
dans ^Ascension, La tète, admirablement belle, se détaclie du
nimbe crucifère doré qui Tentoure ; elle est d'une grande régu-
krité sous ses cheveux longs tombant droit sur les épaules en
' ' "nt le cou bien dégagé; la barbc^ rougeàtre» est en pointe;
eui, assez fendus, sont d'une grande douceur d^exjKression.
^L d^prés, pluicbd XiW
308 PEIIVTDAËS INCONNUES DE L ÉCOLE FLAMA^DE.
Le Christ est vêtu d*une robe d'un bleu fonce avec henlure doréc^
à poïQtcs au cou et aux manches [ la main gauche est posée sur le
bord de ta table, et il léiteiid Tau Ire vers un plut où est Tagoeaii
pascal en partie découpé; les mains sont belles, les doigts seule-
ment trop lou^js. A côlé de lu), à droite, se trouve saint Pierre,
debout, la tête entourée d'un simple cercle doré, reconnaissable à
sa barbe blauche et à sa couronne de clipveux sous le haut du
crâne chauve ; sa robe bleu pâle est recouverte d'un manteau
Tert foncé avec une sorte de rabat rouge et à bordure dorée
tombant devant la poitrine. 11 regarde le Christ et parait lai indi-
quer du doigt Judas, assis à Tautrecôtc delà table au premier plan,
à droite, reconnaisaablc à son escarcelle rouge à glands dorés
suspendue à son côté en bandoulière, et ayant un autre petit sac
également suspendu. Ce personnage, au type juif bien caractérisé,
et dont la (rgurc, au front déprimé, au nez arqué, se détache
nettement de profil, comme celle de son voisin de gauche, sur la
nappe bîancUe, semble protester en se levant à demi de son siège,
et en écartant les bras avec les niains levées; il est vêtu d'une robe
d'un rouge pâle sous un manteau rouge très foncé, à orfroisdorél
en losanges dans le bas, et qui laisse les bras dégagés. A gauche
du Christ se trouve sainlJean, aux cheveux rouges, la robe rouge
foncé recouvej'le d*un manteau bleu p*ile ; il est assis, les bmi
posés sur la table, le^ ^itniL baissés; it para Et endormi, appuyant
sa figure imberbe, douce, contre le corps du Sauveur. A coté de
lui, plus à gauche, un autre apùtre, à la longue barbe et au^
cheveux blancs, nimbé d'un cercle doré, revêtu, sur une robe
dorée serrée à la ceinture, d'un manteau à large capuchon baissé,
pose la main sur Tépaule de saint Jean comme pour le réveiller*
Le personnage qui se trouve à côté de Judas, au premier plan, et
qui fart face directement au Christ, est tu de dos, la figure tournée
à gauche, de profil, les cheveux assez longs^ ainsi que la barbe ^
il est assis sur une chaise triangulaire dont le pied du milîeui pro-
longé, est surmonté d*un dossier cintré» Cet apôtre est vêtu d'un
manteau rouge a capuchon violet foncé avec petite bordure
dorée^ recouvrant une robe d*uu rouge cramoisi sur Torfroi de
quelle, au bas, sont tracées des lettres qu'on distingue un p
difficilement; à gauche : xoqeaesorpv; à droite : D : ixïi, puis
continuant, et dans les plis : ot, et, als. Celui qui est à coté,
l'Uucbf XI\ .
ri.jlf :wi8.
LA CKJVK
RKTABI.K DK L WCMIVNK r.IHnTIlKrSK DK SAI\T-UO\OHK. S ll:BrVIM.K
fPitrni inlf'rj#nri* Hu nrrniifr tuiri i
-;^*
1^ ill^ If WlBil I <I<^PPV"" I ii
FEIXTLiaES l\CO^X[lEâ DE L'KCOtE FLAyANÛE. Z0*>
gauche» à Topposé de Judas^ a une robe bleue recouverte d*un
TÊtement en drap d'or uni mat.
Les autres disciples sont assis autour de la table, les uns
Joignant les maing, tous «jêut^ralcmcnt dans Tattitiide du respect
et ile Tadoratian; les figures sont moins suignées que celle du
Cbrist, plus rudes, les cheveux et la barbe rendus avec une grande
iinessej les costumes généralêmenl brodés d'nr, les draperies bien
étudiées^ rextréniîté des plis des manteaux formant pour la plu-
pari des pointes anguleuses; toutes li-s couleurs sont bien fondues
et harmonieuses de ton, Mous signalons comme bien caractéristique
rinlersité de vie qui se dégage des yeux de tous ces personnages
et qui se remarque, au surplus, dans les deux autres sujets de
ces volets intérieurs ; nous aurons plus loin à y revenir en basardant
quelques conjectures lors de la recherche du nom du peintre
auquel ces sujets pourraient être attribués, selon nous, non sans
quelque vraisemblance.
Entre saint Pierre et Judas, à droite, sont trois personnages^
dont ]*un, debout, à coté de saint Pierre, est le même que celui
qui, comme nous le verrous dans VAscension, a la lêie complèle-
ment renversée en arrière; son voisin, à la ligure imberbe, la tête
couverte d*une sorte de capujet, se retrouve aussi nettement
semblable dans la Pentecôte, les cheveux coupés droit sur le
front, revêtu d*un justaucorps verdàlreavec large col uni, entière-
ment doré; il parait être un portrait.
Les accessoires sont traités aiec un soin et un réalisme, pour-
rait-on dire, digues de remarque; notamment au premier plan, à
droite, une corbeille à pain et un pot ou cruche en grès couverte
par un bouchon de linge. Xotons encore la garniture de la table;
celle-ci est recouverte d*une nappe d'une blancheur éblouissante sur
laquelle se détachent nettement des petits pains ronds presque
en boules, des salières, des verres à boire^ de petites assiettes;
puii» encore, devant chaque convive, une petite tablette de forme
carrée oblongue, avec un couteau à côté.
Xous devons parler maintenant de deux autres parties du
tableau qui ne sont pas moins intéressantes et qui montrent bien
, caraclère tout flamand de cette Œuire.
V droite, par Fem brasure d'une porte, se trouve représentée
i rjs le fond la scène du Lavement des pieds ^ vue à une certaine
1
3Ï0 PEI\TURES UCOWUES DE LECOLE FLAMANDE.
dUtance. Le Sauveur est à genouj, les manclieâ relevées, ayanl uo
tablier devant lui ; il lave dans un bassin doré les pretls de saint
Pierre. Celui-ci est facilement reconnaissable à la couronne iè
cbaveui blancs et à son crâne nu comme dans le sujet principal ;
k ressemblance est étonnante. Les autres apôtres, là au nombre
de dii^ tous nimbés en plein comme le Christ, sont gtoupé^,
debout, autour de lui.
A gaucbe, et par Tembrasure d*une croisée ouverte dont l'ita»
poste fixe est garnie de petits carreaux plombés en losange et dont
les volets sont repliés en dedans, on aperçoit un carrefour de villiî
flamande au moyen âge ; ce £otit bien là ces anciennes maisons à
étages p avec larges fenêtres à plusieurs montants comme celles Je
la maison des Itateliers à Gand, ces pignons élancés à rebords dé-
coupés on escalier ou pas de moineaux , ces lucarnes de grenier, etc*;
dans le fond, vers la droite, un clocher eu pointe élevée; plus à
droite, une haute tour ronde qui se dresse au-dessus dn comble
de réglise, environnée d'une couronne de pignons assez fantai-
sistes. Cette tour peut rappeler jusqu'à un certain point celle de
Druge^» mais elle ne rappelle pas moins celle de Salnt-Pierre de
Louvain et d'ailleurs beaucoup d'autres ^ c'était une sorte de motif
courant. On remarque vmq personnages de dimensions minus-
cules (()'*', ÔT8 à 0™,020}, mais on les distingue très nettement. A
gauche, deuît hommes paraissent sortir d'une maison, Tun, par de-
vant, le maître, coiffé d'un bonnet à pointes, peu élevé et à bords
relevés, vêtu d'un ample manteau ousouquenille à larges manches
qui lui descend jusqu'aux pieds; il est suivi d'un valet ou soudard
coiffé d'un chapeau rond, couvert d'un vêtement rouge tombant
au-dessous des genoux et à manches un peu larges, les jambes
prises dans une sorte de buut-de-chausses^ ayant des souliers à In
poulaîne qui, comme le costume, sont encore l'indication d'une
époi|ue; il tient à la main irne longue hallebarde, La porte par
laquelle viennent de sortir ces deux personnages est assez élevée
et surmontée d'un porche ogival à pointe élancée. Du même rùlé
on aperçoit, penchée à la fenêtre d*une maison plus loin, au-deli
de la place, une femme dont ne voit que le liant du corps, la télé
couverte d*un voile blanc qui retombe sur les côtés; elle est \
d'une robe rouge. Au milieu, la place, à laquelle aboutissent
sieurs rues ; à droite, et à Centrée d*une de ces rues, sont arr
PEINTURES INCONNUES DE L'ÉCOLE PLAUAXDE. 3|l
un homme et une femme paraissant causer ensemble, la femme
vôlue d*une longue robe bleuâtre avec voile blanc sur la télé et sur
les épaules ; Thomme, qu'on ne voit qu'en partie» est coiffé d'un
bonnet rouge, et couvert d*un long vêtement blanchâtre à gros plis,
d'un haut-de-chausses rouge, et il porte également des souliers à la
poulaine. Cette échappée sur la ville, prise en quelque sorte sur le
vif avec ses passants, a été étudiée comme une véritable enlu-
minure ; elle est bien éclairée, avec des détails exquis de naïveté,
de vérité, et elle a été peinte avec une finesse qui affronte l'épreuve
de la loupe. N'oublions pas enfin près de la fenêtre, dans l'appar-
tement de la Cène, une cage suspendue renfermant un oiseau qui
paraît être un perroquet '.
V Ascension est traitée de la même manière, et on y reconnaît
presque tontes les figures dont plusieurs se retrouvent avec une
ressemblance frappante, de même que les costumes*.
Au-dessus du globe de la terre qui est à mi-hauteur de la
composition et qui en occupe presque toute la largeur, le Christ
s'élève dans les airs, les pieds nus, venant à peine de quitter le
I Soivant one indication dont nous remercions Tâuteur de liante compétence,
M. Louis de Fonrcaod, professeur d'histoire d'art et d'esthétique à l*École natio-
nale des Beaui-Arts, • la composition de la Cène pourrait être rapprochée du même
sujet traité par Thierri Boots (cathédrale de Louvain). La période d'activité de Bouts
s'étend de 1448, époque où on le trouve marié à Louvain, jusqu'à 1475, dat^desa
mort. Toutefois, il n'est guère possible de suivre sa carrière que depuis 1466, et
nous ignorons quels tableaux il a pu exécuter avant cette époque. Sa Cène offre des
draperies fort différentes de celles ordinaires à l'artiste dans la plupart de ses
œuvres, et point de ces ensembles de luxueus costumes et de détails somptuaircs
qui lai sont si familiers; les fenêtres laissent apercevoir la ville, etc. Certaines
attitudes et même certains types font peuser à cerlaioes. attitudes et à certains
types de la Cène de Thnison. Resterait & comparer les factures. S'il était prouvé
que les panneaux de Thuison sont de maître Rogier, le fait serait d'une <{rande
importance pour la biographie de Bouts, qui passe déjà, quoique sans preuve,
pour être rélève de Van der Weyden. S'il pouvait être admis, par contre, que ces
panneaux sont de Bonts, lui-même, en sa jeunesse, comme tes trois pcintnros
d'.^bbeville sont de la même main, nous aurions un admirable témoif{na<^e de son
point de départ... Il y a lieu de faire remarquer le goût de réalisme tout hullan-
dais qui se produit, par exemple, aux écussons du premier plan, et Bouts ost
d*origine hollandaise; cependant on ne voit rien d'analogue ni dans la Crne de
* ^uvain, ni dans la Pdque juive de Berlin; mais les accessoires de la Jusiire de
•npereur Othon (Musée de Bruxelles) sont traités, au moins, dans un sentiment
relief et d'impeccable réalité, v
' oir, ci-après, planche XV.
(P^mi iulrripuri' du Ir .i
312 PEINTURES IAïC0»NUE3 DE LECOLE FLAMANDE.
sol, tenant la main il roi le levée et bè [lissant- Le corps (Q'^,39)
est droit, raide, assez long, révolu d'une robe d*un vîolel foncé,
très longue, serrée au cou, aux larges plis qu'il tient de la main
gancfae en la relevant sur le c6tê, ce qui laisse voir une partie de
la jambe. La Ggure, vue de face, est d'une belle expression, d^une
sérénité grave et impûsante, les yeux grands ouv€^rts ; la léte est
entourée d'un nimbe crucifère doré, les cheveux et la harbe rouges;
le corps est au milieu de rayons d'or partant du haut du ciel et un
peu caché par des nuages à droite et à gaucbe, au*desaus de deux
paysages dont nous allons parler plus loin. Sur la bordure dorée
du bas de la robe du Christ on lit suivant les plia, de gauche adroite,
les parties suivantes de versets en Tbonneur de la Vierge.: Salve
sancta Dcigenitrix,., opéra manuum... lu.., bon.
Devant le globe terrestre qu'ils cachent en partie, et de chaque
c6té, sont groupés les apûtres, à genoux, dans des atliludes
diverses, quelques-unes assez forcées, exprimant toutes Tétonne-
ment et Tadoration, la Sgure et les mains levées vers le Christ;
ils sont tous drapés dans des costumes très amples et fort lougs
avec bordures dorées et à ornements, plus ou moins larges.
On remarque tout particulièrement vers la gauche la Vierge à
genoux, les mains (dont les doigts sont très longs) jointes à plat,
la tète levée, les yeux d'uue expression lueifahle d'adoration, de
regret et de résignation. Cette figure de la mère du Sauveur est
d'un modelé achevé, d*une extrême douceur, aux yeux vivants,
pourrait-on dire ; nous la retrouverons, absolument du même
type, non moins belle, mais peut-être sans la même intensité du
regard, dans la Pentecôte. Ici malheureusement (et c'est peut-être
la seule détérioration qui existe dans ces peintures, d'ailleurs si
bien conservées) la figure a reçu un choc, qui a fait une éraflure
et l'a ainsi un peu altérée vers le milieu à l'endroit du nez et du
haut de la joue, mais qui cependant ne lui a pas fait perdre son
admirable caractère. La Vierge a la tête couverte d*un voile blanc
qui lui tombe jusque sur les yeux et qui lui couvre de ses plis le:^
épaules et le haut de la poitrine ; sous sa robe qui est noire et
dont la doublure d'hermine se voit au bord des manches et dans
le bas, est posé un grand manteau largement drapé qui, relei
sur le haut de la tête, un peu relevé sous le coude, tombe en pJ
gracieux jusque par terre en formant une sorte de roton
PEINTURES INCONKUES DE L'ÉGOLE FLAMANDE. 333
derrière la Vierge; ce manteau est garni d'un assez large orfroi
8Dr lequel on distingue les mots suivants d'une antienne : Regina:
misericordie :■ vita : dulcedo : e spes noitra : sahe.
Derrière la Vierge, plus à gauche, on reconnaît saint Jean, avec
un court manteau d*un bleu très pâle, presque blanc, formant une
sorte d*écharpe soutenue par les bras, et qui tranche sous sa robe
d'un rouge un peu effacé, les mains jointes, les cheveux rougeàtres
abondants, un peu crépus, sans barbe, aux traits doux, réguliers,
aux beaux yeux expressifs, la tète rejetée en arrière comme les
autres, la bouche légèrement entr*ouverte ; l'attitude générale,
enfin, rendant bien le sentiment d'admiration et d'extase.
Toujours au premier plan, mais à droite et en face de la Vierge,
saint Pierre, bien reconnaissable aussi, est prosterné presque à
genoux dans la même attitude, les mains un peu écartées, vu de
côté; ses traits sont assez rudes, mais non moins expressifs; il est
couvert au-dessus de sa robe d'un bleu paie d'un large manteau
rouge à bordure dorée qui s'étend sur le sol.
Parmi les autres personnages au second et au troisième plan, tous
habilement groupés, dans des poses et sous des costumes un peu
différents, on en remarque deux au milieu, vis-à-vis l'un de l'autre»
le premier représenté complètement de dos, portant une robe
d'étoffe cramoisie, d'une grande richesse avec ses ornements
brodés d'or, et, par-dessus, son manteau à orfrois, serré k la taille,
d'un rouge très foncé; il tient sur ses bras une sorte d'écharpe d'un
bleu pAle; le second est revêtu d'une robe et d'un manteau verts;
tous deux ont la tète complètement renversée en arrière en regar-
dant le Christ qui 's'élève immédiatement au-dessus d'eux; leurs
tètes se présentent ainsi en complet raccourci, et on n'aperçoit, du
premier surtout, que le haut du front et le nez. Nous ne pourrions
détailler tous ces personnages, mais on y reconnaît la plupart
des mêmes types qui sont représentés dans la Cène, l*un notam-
ment dans le fond vêtu d'une robe d'un tissu uni, entièrement
dorée; les plis des manteaux forment également des pointes angu-
leuses.
Tout au premier plan, le sol se compose d'un gazon que le peintre
i c^maillé de (leurs de toute espèce : des pensées, des héliotropes,
s chardons, des pâquerettes, des ancoles et autres, rendus avec un
1 'y une ténuité et une délicatesse merveilleuses. Cette partie du
^
311 . PEIKTUAES INGO^NMLES DE L ECOLE FLAMANDE.
tableau indique encore maDlfestement une époque et une origine'.
Nous devons enGn, comme daos le premier volet, appeler Fatten-
lîon sur les c6tés du tableau qui présentent un non moindre intérêt;
cette partie accessoire est bien canicti-rislique aussi au point de
ïiie de la recherche de Tauteur de ces peintures. Ce sont deui
paysages qui se déroulent au loin» derrière la boule du monde, de
chaque côté du Christ. A gauche, un amas de rochers d'une grande
hauteur, abrupts, où croissent des arbustes en boules^ et devant
lesquels, â un premier plan, s'élèvent deui grands arbres à la tije
frêle €>t élancée au haut de laquelle les branches et les feuilles délî-
catenient fouillées se détachent légèrement; au bas s'étend un cours
d'eau ou lac qui fuit à perte de vue dans une belle perspective.
Enfin au loin, sur le ctMé et derrière un gros bouquet d'arbres
touffus, on aperçoit une église airec clocher surmonté d*une flèche
élancée; plus loin encore d'autres édifices.
L*échappée de dnïite est encore plusjolieetsurtout plus intéres-
sante. C*est d'abord une verte prnirle assez étendue devant laquelle,
au premier plan» se dressent trois grands arbres semblables à ceux
i de gauche; la prairie est pcirsemèe plua loin d'arbustes en boule
entre lesquels serpentent des chemins et un cours d'eau qui va se
déverser dans le lijc. Au delà est représentée, dans une attrayante
perspective et presque à vol d'oiseau, toute une ville flamande du
moyen dge avec ses murailles, ses tours diversement étagées^ ses
maisons et êdiflces, notamment ses églises monumentales. Tune à
gauche, vue de côté, avec ses contreforts de la nef, son clocher
carré avec flèche en pointe accotée aui angles d'éperons surmonlès
d'élégants pinacles; une autre éfjlise se voit plus à droite, avec
clocher garni de colonnettes aux angles et se terminant par une
flèche ronde. Ces monuments et autres constructions, éclaires
d*une manière tout intense, se détachent bien nettement, atecleuri
innomhraldes détails d'architecture rendus avec une netteté et une
flnesse merveilleuses, sur le vert d'une colline qui se voit au delà,
parsemée de nomhreuK bouquets d*arbres d'un vert sombre; cette
ville parait rappeler celle de Bruges. I*lus loin enfin et au dernier
' A Ces Itêitri^iscments, qui vù'fiDent dc« inmialtiriAleâ, cueuitië ocms II' tii
rf^marqucr M. Lanh do Foyrcuud, <;oul cEier$ à E't'kolc Ûftmande prîmitivi
pfut les voir nu promtor plaa du taltleau de V slgn^mi de Van Eyck el danf
dos œjirfc^ di) quirnièmc iiéclt-n ■
f
PEINTURES INCONNUES DE L'ÉCOLE FLAMANDE. S15
plan, s'élève une monlagne assez escarpée oii Ton distingue d*une
manière un peu confuse^ dans une sorte de bruine, des construc-
tions de toute nature, des tours, des clochers paraissant çà et là
entre des arbres et des arbustes *.
Le troisième sujet représente la Pentecôte*.
Dans un vaste local en longueur avec carrelage de marbre blanc
et noir, éclairé sur les côtés et dans le fond par des croisées à petites
vilres maillées en losanges, apparaît le Saint-Esprit sous la forme
traditionnelle d'une colombe aux ailes étendues, entourée d'un
nimbe d'or; elle se présente avec un relief étonnant. Du lour du
nimbe partent des rayons dorés parsemés de langues de feu et
qui tombent en rayonnant sur les apôtres groupés autour de la
Vierge. La pièce est traversée dans le haut par un dais entièrement
doré, composé d'un large bandeau où sont figurées au trait les sta-
tuettes en pied de huit prophètes placées dans autant de petites
niches; celles-cî se terminent en pointe ornée de choux et se déta-
chent sur un fond rouge en tapisserie qui fait ressortir les détails
d'architecture; ces niches sont séparées Tune de l'autre par un
pilastre à moulure surmonté d'un pinacle, le tout encadré en haut
et en bas dans le sens transversal par une moulure à doucine orne-
mentée. Au-dessous du dais et le complétant, règne une arcature
très évasée ornée de choux ; elle occupe toute la largeur de la pièce,
et la pointe, terminée par un large renflement formé également
de feuilles, s'élève au-dessus du dais proprement dit qu'elle partage
par le milieu pour se raccorder avec un petit bandeau à perles
parallèle au dais et dont il est séparé par le fond rouge; chaque
encoignure est ornée de filets contournés. Dans .le triangle formé
par le rapprochement des arcatures est représenté l'épisode du
serpent d'airain. Enfin, à chaque extrémité du grand arc et le sou-
tenant ainsi que le dais, se trouve un pendentif qui supporte une
* ■ Le paysage de notre Ascension peut aussi, du reste, nous dit encore
M. L. de Fonrcaud, être rapproché, commet inspiration, du paysage de VAgnean;
mais tout les peintres flamands primitirs ont eiécuté des fleurs de ce genre, nous
en avons des eiemples dans Van der Weyden, Bouts, Memling, Gérard David.
ns Tétat actoeJ de dos connaissances, on ne pourra arguer de ces fnçons paysa-
tes en faveur de tel autre maître que si Ton peut établir la formelle ressem-
nce d'un fond donné avec un fond connu du même maître. >
Voir, ci-après, planche XVI.
■'i^
316 PEINTURES INCOKNIJES DE L^ECOLE FLAUAEVDE
slatuette un peu plus grande que celle des huit prophètes; celle de
gauche représente Sulomon, celle de droite David, celui-ci recon-
naissable par sa harpe qui esta demi sortie d'une gaine. Ces sla-
inettes, surmontées chacune d'un petit ([ais à pointe élancée ornée
de feuilles, reposent i^ur un socle porté, à gauclie^ pur uu an je
accroupi, et k droite par na personnage grotesque, également
accroupi et les mains posées sur ses genoui; le tout est supporté
de chaque coté par deui colonnes dont le fût esta moitié caché par
le cadre; ces colonnes sont eu marbre vert; le chapiteau et ta base
sont dorés. Ces détails d'architecture et de sculpture sont d'une
grande délicatesse, d'un fini achevé , et T étude en est des plus tnté-
ressautes.
Le sujet lui-même est d'une composition du même genre que
celle des précédents; on y retrouve les mêmes personnages dans
des costumes à peu près idetitiques, et groupés d'une manière non
moins heureuse.
Ail milieu des apètres, au premier plan et bien en évidence, la
Vierge est assise, ayant à gauche saint Jean et à droite saint Pierre,
tous deui agenouillés; elle lève la tête et les yeux vers le Saint-
Esprit, la main droite posée sur son cœur, et elle tient sur ses
genoux de Tautre main un missel tout grand ouvert, aux caractères
noirs et rouges, à tranche dorée avec omements en losanges; le
livre repose sur une gaine en étolfe brodée sur les bords avec glands
dorés aux angles. Cette figure de la Vierge est admirable de modelé,
de pureté et de Gnl^exprimant Tadoration et l'extase Jes yenx sur-
tout d'une intensité de vie étonnante; le type, au surplus, est le
même que dans VAscetision. Un voile blanc couvre sa tête jusqu'aux
yeui, descendant autour du cou; elle est vêtue d'une robe noire
avec bordure de fourrure aux poignets et dans le bas, et, par-dessus,
d'un manteau bleu foncé airec orfrois dorés à losanges et à pointes;
celui-ci, posé sur le haut de la tête, retombe en large plia bien dra-
pés jusque sur le sol, où il est un peu relevé par devant. Sur la bor-
dure du bas on lit ces mots d'une antienne (en car;ictëres romains) :
Salve : regina : rita : dulceda : et spes nostra : salve : acte :
foi; le reste se perd dans les plîs.
Les apôtres sont groupés autour de la Vierge dfins des poses
sous des attitudes différentes. Au premier plan à gauche, et lecorj
en partie caché par le cadre, le doux saint Jean prosterné àgenon:
\
l'iUid' \\t.
V*n* :iiij
I
»
i
II
PEINTURES INCONIVUBS DE L'ÉCOLE ?L\UAShE. 317
facilemeot reconnaissable comme dans les deai aatres sujets par
sa figure imberbe, fine, d'un modelé parfait, aux traits bien régu-
liers, vue de profil, les cheveux presque rouges. Il est à genoux, les
mains jointes à plat, tenant sons son bras un manteau noir recou*
vrant sa robe d*un bleu pâle aux contours à orfrois bordés de pointes,
serrée à la ceinture par une cordelière noire; il a les pieds nus, la
té(e et les yeux levés vers la colombe et dans Tattitude de la prière.
A droite, faisant face à la Vierge, saint Pierre, à la figure d*une
certaine rudesse, aux pommettes saillantes, mais toutefois d'une
beUe expression comme dans les autres sujets, un genou en terre,
la tête renversée en arrière, les mains écartées et tendues. Il est
couvert d'un ample manteau rouge doublé degris/bordé de riches
orfrois dorés à ornements de forme triangulaire, et qui retombe en
larges plis s'étalant par terre; ce manteau recouvre une robe noire
à doublure jaune relevée aux manches et laissant les pieds nus à
découvert, de même que le cou qui est vigoureusement musclé.
Plus loin, également à droite, maisplus vers le milieu, on remarque
un autre apôtre assis, la figure de face, imberbe, tenant d'une
main un livre ouvert sur ses genoux, les cheveux longs, blancs et
crépus, les traits du visage non moins accentués, ainsi que les
attaches du cou; il est vêtu d'une robe rouge foncé, avec bordure
à orfrois trèfles, recouverte d'un manteau bleu pâle attaché au
cou et qui tombe sur les épaules et par devant sur les genoux. Son
voisin, à Textréme droite, est debout, la télé levée, vêtu, sous son
manteau qui retombe à plis droits, d'une robe d'étoffe dorée mate,
à ceinture, aux larges manches blanchâtres à nombreux plis se
raccordant à une bande eu fourrure vers l'épaule. Plusieurs des
personnages du fond se tiennent debout, la tète renversée en
arrière, regardant la colombe immédiatement au--dessus d*eux;
l'un notamment, tout à droite, sans barbe, les cheveux assez
longs, tenant les deux bras élevés, porte une robe ou tunique de
riche étoffe de brocart entièrement brodée d'arabesques dorées et
retenue au milieu du corps par une ceinture de dentelle blanche
roulée. Un autre au milieu, tout au dernier plan, vu entièrement
'^'i dos, lient la tôte complètement renversée et ne laissant voir, en
tccourci, que le haut du front; il| porte une robe d'un bleu foncé.
nfin, à gauche, Tapotre qui se tient derrière la Vierge a la main
auche élevée à la hauteur de la figure en regardant la colombe;
r
aïs PËt?«TtJRES fNCDNNK/ES DE LBGOLE FLAUA]^DE.
sa robe est entièremeni dorè€ , et it porte, reletiu à l'épaule, un man*
teaii bleu pâle qui lui enveloppe le lias du rorpa. Lu plupart de ces
costumes, comme on le roit, sont très riches. On croît aussi recon-
naître plus à gauche, cleirii^re deux autres apôtres, le type de Judas
qui rappelle celui de la Cène. \'ous ne «aurrons détailler tous ces
personuagea^ qui sont, non compris lu Vierge, au nombre de qua-
torze; mats il fautene.>ccepterdeux qui se tienueutcommeàrécart
h Textrême gauche, au fond, dans Tembrasure d'une porte, et dont
ou ti€ voit guère que la tète, le reste du corps en partie caché. Dans
celni en avant, on reconnaît facilement T ho m me que nous avons
remarqué dans la Chie^^ la lête enveloppée d*une sorte de capukt
blanc entourant le cou et descendant sur lu poitrine; c'est absolu-
ment la même figure (un portrait peut-être), d'un caractère ascé-
tique, sans lïarbe, le» cheveux coupés droit, eu brosse, sur le front.
£n résumé, ces trois taidea4ix de la Cène^ de V Ascension et de
la Pentecétâ sont remarquables par la richesse et rharmouiedes
couleurs, par rinlêrèt que pressentent certaines parties accessoires^
par la conscience avec laquelle les moindres détails ont été repro-
duits; ils le sont surtout par la manière habile et étudiée avec
laquelle les personnages ont été groupés, par la variété de leurs
attitudes toutes bien comprises et qui concourent à Teffet général,
par Tel pression très caractérisée des visages, par la vivacité particu-
lière des yeux, par une certaine rudesse ib?s traits, il Texception de
ceux du Christ, de la Vierge et de saint Jean^ tlontles figures sont
tout particulièrement belles, et enfin par le développement parfois
exagéré des draperies*
i^^ous arrivons aux quatre peintures de Veïtérienr des volets qui
représentent, isolés et en pied, la Vierge^ Saint Jean-Baptisle,
Saini Honoré et Saint Hugues.
En supposant, ce qui ne nous parait pas nn^me admissible, qu'elles
soient de la même époque que celles de Tintérieur, elles ne parais-
sent pas de la main du même peintre ^ On peut notamment remar-
quer, à un premier aperçu, que le type de la Vierge y est loni
^ Elles ne »ont pjs non plua tic la même furlurr; les dispos! lions archilctU]
que9 ^ont ci;rtaîaïïm(.'nt iWnQ i^potjtit? poilûrîeurc. Ces nouvelles peintiircs éi
(
"^^
PEIKTUBES IXGOXMKS HE LKCOl.B n,.^MAXDE. 319
diflTérent de celui qu'on trouve dans VAscension el dans Ja Penlt-
cote; et puis lea traita de ces personnageiï iaolés sont iufmiment
pliiâ doui, plns'fondu», plus idéalisés, pourrait-on dire, tuais moin»
fïvants peut-être et d'une eipressiori oiains caractérisée que ceux
des aptVtrei dans les sujets étudiés plus haut, lia sont d'utie inspira*
lion plus élevée, comme eipre.sstou, que dans h's premiers sujets,
f't d'une r^ravité sereine qui leur donne un plus gr^nd caractère.
Les persoDnat|es représentés sur ces quatre panneaux sont
debout, les pieds reposant sur un dalla^ije de carreaux lileus et noirs;
ils sont comme encadrés cimrnu dans une niche en hémicycle
surmontée d'un dais forinaut saillie et dont le dessous présente
une sorte de coupole* Cette partie architecturale est représentée
en grisaille, La forme et les détails de ce dais sont différents selon
les personnages: à trois pans coupés et de forme ogivale, airec arc
tydor à chaque pan, pour ta sainte Vierge et saint Hugues, et,
pour saint Jean-Uaptiste et î^aint Honoré, se présentant en ban-
deao droit formant saillie en courhe par devant et comprenant
plusieurs cartouches presque carrés qui renferment des sujets eu
bas-reliefs'. Cette différence dans l'architecture du dais nous
paraît se rapporter à une certaine différence aussi dans Texécution
des personnages ; nous aurons à y revenir plus loin.
Parlons d*ahord des deux premteis panneaui.ceai représentant
la sainte Vierge et saint Hugues.
Chacun des trois pans coupés qui compose le dais sous lequel
est placé le personnage conipreud ua arc ogiïai; au-desgus
règne une partie pleine ornée de petites arcatures appliquées,
et le dessous est relevé de filets entre-croisés à jour; les accolades
sont garnies de choux, et le sommet se termine par une pomme
ds pin. L'angle de chaque pan coupé comprend un pendentif
il doucine en haut et en bas contre lequel s'appuie le pied
des accolades, ce pendentif supporte une statuette de prophète
surmontée d\in petit dais avec ornements; le fond circulaire de la
acnt d'uDartiitf^ admirnleur ile> vïeoT pemlrcM de la nic«. mais do»l lei pniliqijca
ëïiiîent déjk rcnuuveléi^s et aiïmcUaient d'uuLri?!t éli^ni^rtls décoralif^. Ces arUsk'A
ae furent pas rares au seiziènu' airclt*, à Amiens, Arra*, Miuibeii^o, oie. {\ote
de W. L. de Kourcaud.)
^ Corrxmc on nous le hivnit justemerU remarquer, ces fûrmes archilertoniques,
teltes que les baldaquins idcurvés, le Ti^ncoalrcut à Di)ùaî^ dans te Iript^iiue
ftmeui de bAle^amhm,
330 PEINTURES ncONXTES DB L*HGOL£ PLAUA\DE
nîchg, d'un rouge pâle aioâi que la coupole, e^t divisé en deux
partiel dans le seng de la hauteur et par le miliea, celle du bas
ornée de losanges remplis par de petits ornements de forme ronde,
celle au-dessus portant des baguettes a[)pli(juéeâp parallèles, qui
d'entre-croiâent dans le haut et qui sont séparées de la coupole par
deux petits bandeaux dont Tintervalle est ornementé; enfin la
coupole elle-même est coupée de losanges pareils à ceui du bas de
la niche. Ces parties architecturales qui encadrent en quelque sortît
chaque personnage sont toutes hien en relief et ont été étudiées
et représentées avec un soin minutieux et une grande perfection.
La Vierye, nous Tavonsdit, est d'un type bien différent de celui
des sujets ; le galbe de la figure est d'une grande pureté, le front
est élevé, le nez droit, un peu long, la bouche petite, les lèvres,
surtout celle inférieure, un peu fortes, la figure plutôt longue ; les
traUssonI très réguliers, d'une grande sérénité, maïs aanseï pression
particulière'* La Vierge tient les yeux un peu baissés; ceux-ci
sont assez fendus, les sourcils hien arqués, très fins ; la tête, se
détachant du nimbe doré qui Tentoure, est h'^gérenient penchée
à gauche du côté de l'Enfant Jésus que la Vierge tient sur son bras.
Le costume, très riche, se compose d'une robii verte qui n'est
apparente qu'à Textrémité des bras et aussi dans le bas, et sous
taquelle on naperçoitque l'extrémité d*un des pieds, avec chanssure
noire, en pointe ; cette robe est recouverte d'un manteau rouge,
de brocart brodé d*or stir réiolfe, à bandes, et avec arabesques et
fleurs de chardon ; il est doublé d'hermine et garni d'un large
parement à orfroïs orné de perles et d'émeraudes se di tachant ^n
relief bien accusé et reproduites avec une délicatesse merveilleuse*
Ce manteau, très Ion*[ comme la robp, tombe jusqu'à tenv en s'y
évasant un peu sur les côtés ; il est recouvert lui-même d'un 1res
grand voile bleu foncé qui, posé sur la tête dont il cache les cheveui
en encadrant la figure, tombe sur les épaules, est un peu retenu
au bras, et se déroule ensuite en larges plis jusqu'à terre comme
le manteau ; le voile est également lïordé d'une bande dorée, ici
avec ornements à pointes* EnHn une petite draperie blanche sa
trouve sur le voile à gauche de la figure et passe, plissée, sur '**
devant de la poitrine en laissant le cou bien à découvert* C
^ Voir, ci-coatrc, pitnche WII*
1
PËIiTUaES IVCÛX^LES DE L'tCOLE FLAMANDE. m\
draperies sonL superbes dans leui- ampleur, Jeur richesse, et la
disposition savante de leurs plis laryes et yracîeu3t.
La Vierge porte, on Ta lu cî-tlcssus, l'Etifaril Jésus assis sur son
bras droit et le soutient tle la main ; la tète de TenfanLest entourée
d'un nimbe crucifère. De sa main gaurlie élevée à la hauteur de la
poitrine, la Vierge lui présente une figue que eehii-ci paraît
regarder aiec convoitise. Il est rewélu il'une petite robe blanche,
à plis, un peu relevée et qui laisse à découvert ses jambes nues;
il tîent sur son poiu<j gauche un oiseau qui va pour lui liecqueter
le doigt de Tautre main. Le ty[)e de la Rgure de TEnfant Jéâus est
bien diiïérent de celui de la lierge; si les yeux sont expressifs, le
visage est celui d'un petit (''la m and joufflu, aux cheveux frisés, aux
traits relativement vulgaires avec son nez épaté, ses yrosseslèvres ;
le type n a rien de divin, et il rappelle plutùl celui de quelques
apOtrea et notamment celui de £aint Pierre dans les autres sujets \ il
ne semble pas lœuvre du peintre de la céleste figure de la Vierge.
Le panneau que nous plaçons après comme étant dêcaré d'un
dais, dont la disposition et les ilétaHs arcbttecloniques sont abso-
lument gemlïlahles au premier, représente, nous TavoDS d\{^ Saint
Hugues, évéque de Lincoln.
L'autre évèque, qui figure sur Tun des deu!it volets suivants dont
les motifs d'arcbi lecture présentent un raraclére un peu différent,
^^i Saîni Honoré, Ces deux saints devaient être particulièrejnent
en vénération à laCharlreuse de Thuisùo, car elle avait été fondée
sous le vocable de ce dernier, et elle possédait les reliques de
Tévêqu*^ de Lincoln.
Saint Hugues, d'une noble maison de Bourgogne, après avoir
fait profession à la Grande Cliartreuse près de Grenoble, avait été
prieur de la Chartreuse de U ittiuimen Angleterre, d'où il avaitétê
placé sur le siège épiscopal de Lincoln, en 1 I8r>, et il y mourut le
17 novembre 1200 (voy. la Chartreuse de Saint- Hôtioté, par
M, l'abbé Lefebube) \ ses restes avaient élé donnés an monastère de
Thuison par les religieux de U'itihanK
Ce saint j comme les autres personnages des quatre derniers
pann**aux, est debout sur m\ carrelage, vu de fait% la léte légè-
rement penchée à droite: il est rêvé lu, sons son coslume de
Chartreux, de ses orne m en Is épiscopaux qui sont d'une grarnie
1
322 PEnTURES INCONNUES DE L'ECOLE FLAMANDE.
richesse. Sa tête, couverte de la mitre, est entourée d'an nimbe doré ;
il tient sa crosse de la main droite et de Tautre un calice d'or d*où
sort TEnfant Jésus ; les mains sont nues, à la différence de celles
de saint Honoré; enfin, à côté de lui, à droite, se dresse un cygne.
La figure de saint Hugues est admirablement modelée, d*uDe
grande régularité des traits, imberbe, d*une infinie douceur, pleine
d'onction et d'une suavité d'expression presque comparable, bien
que d'effet différent, à celle de la Vierge du panneau précédent*.
Les yeux, tournés vers le cygne, paraissent exprimer un sentiment
de trouble et d*hésitation qui sera expliqué plus loin. Sa grande
chape épiscopale est posée sur son costume de religieux ; celui-ci,
de lin blanc, recouvert du grand scapulaire, tombe jusqu'aux pieds
qui portent des chaussures en pointe et dont on n'aperçoit que le
bout. La chape d'un bleu foncé, avec doublure verte, est superbe
comme décoration, avec ses arabesques' brodées d'or et surtout ses
larges parements ou orfrois rehaussés de perles et de pieires
précieuses qui sont reproduits avec une transparence, une netteté
et un relief étonnants ; elle est retenue à la poitrine par une
grande agrafe ou plaque d'or, ovale, sur laquelle est représenté ao
trait, dans un encadrement à lobes, le Sauveur tenant d*une main
la boule du monde et de l'autre bénissant. La mitre «st ornée de
perles et de cabochons avec petit médaillon crucifère sur chaque
côté de la bande verticale du milieu; ces ornements sont dans le
genre de la décoration luxueuse de la chape. La crosse, qui ici se
termine dans le haut en volute comme d'ordinaire, à la différence
de celle de saint Honoré qui est en pointe droite comme nous le
verrons, est aussi d'un beau et riche travail comme structure et
ornementation. Le bâton est blanc, coupé dans sa hauteur par des
filets supportant, dans le haut, sous la partie courbée qui est dorée,
une sorte d'édicule hexagone également doré avec soubassement à
console; sur chaque pan coupé sont représentées des statuettes de
saints en pied, dans de petites niches, couverts d'un long manteau
retenu à la poitrine par une agrafe. On ne saurait pousser la
description plus loin, car les détails, là, sont un peu effacés, à peine
visibles; on distingue toutefois, dans la niche du milieu, la Vierge
représentée entre deux anges.
* Voir, ci-contre, planche- XVIII
PEINTURES INCONNUES DE L'ÉCOLE FLAMANDE. 323
Saiot Hugues, avons-nous dit, tient de la main gauche le pied
d'un calice d'or au-dessus duquel apparaît à demi -corps TEnfant
Jésus, la tétc auréolée, tout nu, étendant les bras. Du même côté,
à droite du panneau, un grand cygne, aux larges pattes rouges,
dresse son long cou orné au bas d'un collier d'or uni, et il lient
par son bec la manche de Tévéque qui dirige ses regards de ce
côté. Voici Texplication de cette particularité assez curieuse ; elle
résulte d*une tradition que le peintre a dû être chargé de consacrer
sur le panneau : Saint Hugues, pàrait-il, avait conçu des doutes sur
la présence réelle du Sauveur dans le sacrement de TEucharistie,
et le cygne représenterait le démon qui, le tirant de son bec par
la manche, Tentrainait dans cette hérésie; mais un jour le Christ
enfant était apparu au saint évèque sortant du calice, et ce prodige
avait dissipé ses doutes. Une chose a remarquer, c'est que TEnfant
Jésus et aussi la main qui tient le calice, main qui est trop grande,
et le calice lui-même, sont peints d'une manière fort peu soignée,
tonte différente du reste du panneau, ce qui laisserait à supposer
que ces deux parties auraient été faites après coup ou retouchées,
tandis que le cygne, sous son blanc plumage très finement détaillé,
est admirablement peint, avec sa tête aux yeux vifs; la main qui
soutient le calice a dû être changée, et peut-être originairement
caressait-elle le cygne.
Il nous reste à parler des deux derniers panneaux qui repré-
sentent, nous 1 avons dit. Saint Jean-Baptiste et Saint Honoré; ils
se trouvent placés de la même façon que la Vierge et saint Hugues,
c'est-à-djre debout dans des niches en hémicycle surmontées d'un
dais circulaire. Pour ces derniers, la forme architecturale du dais
est différente et parait se rattacher à une époque un peu posté-
rieure; il se présente en un large bandeau demi-circulaire ' et dans
lequel se trouvent des compartiments ou caissons presque carrés
où sont représentés en bas-reliefs, figurés en grisaille, certains faits
de la vie du saint qui se trouve dans la niche correspondante. Dans
Tintervalle qui sépare les caissons est appliqué un contrefort repo-
sant sur une console à gorge; ce contrefort est garni de l)aguettes
*■ On troave, aToos-nous dit plas haut, ces formes courbes dans le retable de
Bellegambe, à Douai.
^
3U PEINTURES I\CONK|jËS DE LKCOLE FLAMANDE
d'angle (jui se rejoignent en toiture dans le haut et se terminent
par une pointe ortice de cboui. La parties supérieure du dais,
au-des^sus des caissons, comprend deux moulures séparées par une
gorge ornée de petits ornements de forme ronde; le bas^ égale-
ment mouluré, est bordé de petits pendentifs trèfles. Le fond de
la nirliË est garni de baguettes verticules parallèles traversées dans
le lias, à mi-liauteur et dans le haut, par une moulure transversale;
l'intervalle des baguettes comprend au milieu et en haut une petite
inflexion de forme ovoïde.
Le Saint Jean-Bapliste (qu'on appelle aussi saint Jean le Pré-
curseur), la tête entourée du nimbe dor plein, uni» a les traits
moins tins que les précédents; la figure^ un peu maigre» a toute-
fois une certaine douceur d'expression, les yeus assez ouverts» un
peu fixes; les cheveux, chiltains, tombent longs et épais sur les
iôtés du cou; la barlie, presque rousse, assez garnie, est partagée
en deux pointes ^ le cou est très dégagé, maigre, avec les nfiuscles
ii'attache très accusés '. Le saint porte une tunique d'un rouge
brun dout on ne voit que le haut sur la poitrine; elle est recou-
verte d'un long manteau ronge brique garni il 'une petite bordure
dorée, dentelée; ce manteau tombe à plis très anguleux jusqu'à
terre, il est retenu sur l'épaule gauche, puis un peu relevé au bas
en laissant Tautre bras nu, ainsi que les jambes ; celles-ci sont
raides, maigres, sans anatomie, dans le même genre que celles du
(ihrisldans ÏAscensionj les doigts un peu longs.
Le saint porte de la main gauche un grand livre fermé sur
lequel est posé, les pattes repliées, lagneou divin, la tête entourée
du nimbe crucifère; il le montre en étendant vers lui son bras droit
nu et sa main, au doigt indicateur d'une longueur démesurée.
lies sujets représentés eu bas-relief dans les caissons du bandeau
du dais, et qui sont comme celui-ci de couleur grise imitant la
pierre, so rapportent à la vie de saint Jcan-ïîapliste ; sa naissance,
sa prédication dans le désert, le baptême de Jésus-Christ, la s^cène
devant Hérode et enfin la décollation; ces sujets d'une compo-
sition assez naïve sont Cnement traités et dans un relief bien accusé .
Le dernier panneau représente Suinl Honoré; c'est sous le
patronage de cet évéque, nous l'avons élit» que la Chartreuse de
' Voir, fi'conlre. plauclic MV*
VUmtht XI ^«
SilXI iK l\-OAJ* I ISTfcl
l'jigp :iil.
PEINTURES INCOXXLES DE L'ECOLE FLAMANDE. 32&
Thuison avait été fondée au quatorzième siècle. Il était né près de
là, au village de Port-le-Grand, à huit kilomètres d'Abbeville, sur
les bords de Tancien estuaire de la Somme, et la mer venait encore
y battre il n'y a pas plus de cinquante ans.
Saint Honoré ^écut au sixième siècle, il fut Tun des premiers
évéques d'Amiens, le huitième, dii-on; son corps, après être resté
à Port-le-Grand jusqu'au neuvième siècle, fut transporté à la cathé-
drale de son siège épiscopal où il est encore, à Texception des
fragments d'un bras qui furent restitués à son village natal. Saint
Honoré est le patron des boulangers; sa mort est fixée en Tan 600.
On lui attribue divers miracles qui sont représentés au portail laté-
ral droit, dit de la Vierge dorée, à la cathédrale d'Amiens, et dont
deux sont rappelés dans un des retables en bois qui proviennent
également de la Chartreuse de Thuison et qui se trouvent au Crotoy
et à Abbeville ' ; nous les verrons également figurer sur deux des
caissons du dais dans le panneau qui nous occupe. Ils ne laissent
aucun doute, en dehors des documents qui donnent Tindication de
ce saint, sur le nom à attribuer au personnage peint sur ce pan-
neau; il ne pouvait manquer d'ailleurs de trouver place dans
l'église d'un monastère qui portait son nom.
Le saint évêque est, comme les autres personnages des quatre
derniers panneaux, représenté debout dans une niche surmontée
d'un dais de structure pareille à celui ou se trouve saint Jean-
Baptiste. Il est vu de face, le corps et la tète un peu tournés à
droite; sa figure, d'un beau galbe, d'une grande régularité, les
yeax bien ouverts, respire la douceur et la bonté; mais Texpres-
sion générale, de même que pour saint Jean-Baptiste, ne nous
paraît pas présenter ce caractère particulièrement élevé que nous
avons admiré dans la Vierge, ni ce degré de profondeur que nous
avons trouvé dans saint Hugues.
Saint Honoré est revêtu, comme le précédent évêque, de sou
costume de grande pompée Sa mitre, se détachant, avec la tête.
^ Voir Hagiographie du diocèse d'Amiens, par M. l'abbé Corblet, cinq vol.
în-8». Amiens, 1870. Tome III, p. 38-77. — - Les retables de l'église Saint-Paul
i 'Adbeville et de l'église du Crotoy. par Kmile Dklhivikrks. .Ablieiille. 187)J.
1 Irochure in-8«». — La Chartreuse de Saint-Honoré , à Thuison, près d' Ahbeville^
j arTabbéP.-A. Lefrbvre. Abbeville, 1885.
* Voir, ci-aprés, planche X\.
V
^S6 PElSiTUftES INCON^DES DE LÉCÔLE FLAUAIKDË.
{Viin nirahe d'or mat, est, ainsi que les antres parties ornenieDtales
du cosUunef d*iin(* eitréme richesse, lissne de peUt^s jjerlcs blan-
chea, rehausst'e d'autres plus grosses et de cabochons dans les bor-
dures avec de petits inédai lions a ver pierre précieuse dont un, cru-
ci ftre, de cbarjue côté, séparé enfin au milieu par une bande en
hauteur ornée comme les bordures. Ces détails d'ornementation
qu'on retroitve dans les autres parties du costume sont peints,
comme pour le saint Hugues, avec une délicatesse infinie, et aussi
avec une nellelé et un relief merieillenx ; ils sout pins nombreui,
distribués à profusion, et nous retiendront plus longtemps.
Le costume se compose d'aboni trune iiube blanche, 1res longue,
tombant sur le sol qui est carrelé comme dans les autres panncaui ;
on ne voit de celle aube que la partie inférieure sur laquelle, par
devant, est appliqué un carré d'étoffe dtlJérenle où est brodée une
fleur de chardon* Laube recouvre en parïie les pieds qui soûl
chaussés de souliers de satin, en pointe eL à bandes li rodées. Par-
dessus est posé uti pallîuni d'étoBTe vert foncé, avec ornements
dorés en aralïcsques peu apparents, et ^arni au cou et dans le bas
de parements tissus d'or et enrichis de perles et de pierres pré-
cieuses; celle partie du vêtement qui est yarni d'un col, tombe
droit, sans plis, depuis le haut de la poitrine jusqu^à mi-jambes,
ne laissant loir que le bâs de laube. Enfin le saint jiorte sur le
tout, et le couvrant en partie, une grande chape rouge qu'il sou-
tient de ses deui bras en la relevant un peu sur les côtés; rétoÉfe
de celte chape est décorée, comme celle de saint Hugues, de
feuilles et de ItMes de chardons brodées en or. Mais ce qui surloul
la rehausse, et d une manière très ornementale el très riche, c'est
son large parement divisé en plusieurs compartiments dans lesquels
sont représentés les apôtres, peints avec une finesse et des détails
d'encadrement qui les font ressembler à de véritables enluminures.
On ne voit que neuf personnages, les autres étant cachés par les
plis du marite.iu; ils sont tous en pied, la tête entourée d'un nimbe,
sous des costumes et avec des atlributs diOerents. La description de
chacun d'eux nous entraînerait trop loin, mais ou distingue parti-
culièremenl en haut, h gaucfie, saint Pierre, reconnaissable à sa
barbe et à ses cheveux blancs, avec le dessus de la tête dénudé,
tenant une clef de la main droite et de Tautrc un livre ouvert ; sur le
côté opposé saint Paul, avec sou épée à longue garde. Ces person-
H
l'bt.ih* \\.
Ta* ^''*
S1I\T IMl\r»HE
i
PEIAITURES INCOWL'ES DE 4.'ÉC0LE FLAMA.VDE. 327
nages, qui n'ont que O^.OGS de hauteur, sont placés chacun dans
une niche encadrée de colonnes et surmontée d'un dais en pointe
sous une arcature ouvragée, le tout figuré pour chacun dans Tencas-
trement d*une croisée avec appareil de pierres au-dessus; le fond
de chaque niche est tapissé d'ornements en feuilles de chardon.
Pour revenir à la chape, elle est retenue a la hauteur de la poitrine
' par une agrafe ou plaque d'or, de forme particulière, en losange
équarri sur les côtés par des demi-cercles rehaussés chacun d*un ca-
bochon. Sur le milieu deTagrafe est représenté leChrist/en buste, la
tête nimbée, les yeut baissés, les cheveux lou;jS, la barbe en deux
pointes, couvert du manteau royal retenu par une agrafe ovale; il
tient de la main gauche la boule du monde et lève l'autre pour
bénir*
Saint Honoré, à la différence de saint Hugues, porte des gants
de peau blanche, assez longs, et avec un gland au poignet; le
médium de la main gauche est orné d*un anneau, el à la main
droite il y en a deux, Tun, Tanneau pastoral avec une pierre pré-
cieuse placé au pouce, et Tautre à Tindex. II tient de la main
droite une patène en or avec bordure garnie d'anges; au centre,
qui paraît légèrement concave, est figuré le Christ, debout, traité
eu enluoiinure comme les orfrois de la chape; il a la tète nimbée,
avec la couronne d'épines, les pieds nus reposant sur la boule du
monde, recouvert à mi-corps d'un large manteau avec agrafe ronde,
le reste du corps nu; il étend les bras en bénissant.
La crosse mérite aussi une mention particulière. Saint Honoré
la soutient de la main ganche, à la différence de saint Hugues;
cette pièce est aussi d'un beau travail et d'une grande richesse. Le
b&ton, coupé comme Tautre dans sa longueur par des filets sail-
lants, dorés, se termine ici par une tige droite en pointe, rehaussée
de pierres fines et contre laquelle est appliquée, en appendice for-
mant une sorte d'encorbellement, une statuette de la Vierge à
genoux, au-dessus d'un petit bandeau transversal garni de perles
et soutenu par un ange ailé formant cariatide ; à côté d'elle, au-
dessus, se trouve un autre ange; on a voulu sans doute représenter
rAnnonciaiion. Enfin, sous cette partie supérieure de la crosse,
.iâte une sorte d'édicule à peu près semblable k celui du bâton
e saint Hugues, à six pans également, renfermant dans des niches
lurmontées de clochetons aigus autant de personnages dont on ne
3Sfi PEINTURES l.VCOXlitfES DE L*ÉCOLE FLAMAADE.
peut voir que trois : le Christ dans le pan Ae face, la Vierge à
gauche, et daiiâ celui de droite un saint quon ne saurai I déter-
miner; ces Ggures, qui ne paraîssenl qu*aa trait, sont un peu'
effacées. Toute cette partie supérieure de la crosse est dorée.
Quant aux sujets ou grisaille qui fi.^urent dans les cinq compar-
timents du dais fH, 0*^,102; L, O'^.OGS), ils repréaenteul les prin-
cîpaui épisodes di* la vie de saint Honoré, figurés eu Ims-reliefji
assez accusés et délicatement rendus j il nousaurfira de les énon-
cer sommairement : V saint Honoré, à ^jenoux, sacré évéque;
2"* le saint guérissant un paralytique; 3" Tupparition d'une main
divine au-dessus de Taulel pentlant qu'il célébrait la messe; 4* le
saint en [ïrières dans sa cellule; 5' Tinvention par lui des corps de
saint Fuscien, de saint Victoric et de saint Gentieu.
Telles sont ces peintures. Il pouvait y avoir intérêt à les faira
bien conrmître, tout d'abord, dans leur ensemble et phis particu-
lièrement encore dans tes détails; îl est en effet de ces parties
accessoires (|ue ïa photographie ^ malgré tes soins apportés, ne
peut reproduire daus leur infinie délicatesse» et la loupe seule
a permis de bien les soir et de les décrire. Elles nous ont paru
avoir leur importance au point de vue du costume et de rornenien-
tation^ et aussi comme pouvant contribuer peut-être à mettre sur
la voie d'une iil tribut ion à donner à ces curieuses et belles pein-
tures d'une Ecole encore trop peu connue.
l'histoiïîe
Tassons maintenant à Thistoire cfes pannenui; elle aura aussi
son intérêt, croyons-nous^ relativement aux conjectures à en tirer
sur les noms de leurs auteurs.
La Chartreuse de Tbuison, aux portes d'Abbeville, était très
riche ; elle possédai t» outre une étendue considérable de terres dans
les environs, un mobilier religieux des plus remarquables, \I, Tabbi^
l^eFelivre, aujourd'hui décédé, lui avait consacré, il y a plusieurs
années, un ouvrage 1res complet et ïrés approfondi. Dans le cha-
pitre VII consacré à la description du monastère au couimenceu
du seizième siècle, nous relevons le passage suivant, page h
ti I.e [naîlre^.iutel de la chapelle était surmonté d'un retabl'
PEINTURES INCONNUES DE L'ÉCOLE FLAMANDE. 329
chêne richement sculpté et entièrement doré, représentant la Pas^
sion de Moire-Seigneur. Ce magnîBque ouvrage n'était visible que
les jours de fête; ordinairement il était fermé par des volets ornés
de peintures. Quatre sujets y étaient représentés : la sainte Vierge
et saini Jean-Baptiste^ patrons de toute Chartreuse ; saint Honoré j
patron particulier du monastère, et saint Hugues, évéque de Lin-
coln, un des plus illustres enfants de saint Bruno. » (M" Siifait.)
Ces indications étaient déjà précieuses, car nous retrouvons bien
l'image de ces saints sur quatre des panneaux; on ne les voyait
que quand les volets étaient fermés; mais quand ceux-ci étaient
développés pour laisser apparaître le retable, la paroi intérieure
des volets devait présenter également des peintures.
Il nous restait à en avoir la preuve; or, nous avons été assez
heureux pour la trouver d*uue manière absolument certaine dans
les manuscrits même cités par M. Tabbé Lefebvre, mais qu'il
n'avait pas relevés en entier sur ce point. Il est vrai de dire que
Tauteur de Thistoire de la Chartreuse de Saint-Honoré ne savait
pas que ces volets avaient pu être conservés ; il pouvait croire qu'ils
avaient été détruits à la Révolution, et, ne connaissant pas leur
existence, il n'avait pas cru devoir s'en occuper davantage.
Ces manuscrits, appelés actuellement du nom de la famille Sif-
fait qui possède les originaux, ont été écrits successivement, de
1657 jusque vers la fin du siècle dernier, par plusieurs habitants
d'Abbeville, de noms différents. Ils sont fort intéressants, bien que
sous une forme littéraire parfois fort imparfaite; mais ils ont été
tenus sans prétention, ils respirent dans leur naïveté la vérité et la
conscience chez leurs auteurs, et on peut y ajouter foi entière '.
Au tome V (1774-1780), Tauteur, après avoir énuméré et par-
couru les différentes parties du monastère, parie de Téglise, de
ses chapelles, et arrivé au grand autel, il le décrit en ces termes
(page 32) : a On y monte par trois pas; au-dessus du tabernacle
* Voici le titre relevé au premier volume de ces manuscrits : « Kvénemeats
les plus remarquables arrivés à Abbciille, dppuia raii KiôT jusiiu'à [irèsent,
poar servir de suite à l'histoire ecclésiastique et k celle des mayeiirs ù Alibovilie,
i imc à Paris, au mois de may 1657. i Ce volume va juscpTcn 17L(>. IL est
a é : a Tiré des mémoires qu'ont laissés les défuDts M. Pierre Amourette,
n ind fripier, M. Xtcolas Amourette, son fils, Al. Dannel, marclianl linj^er,
â bâtODoier du patronage de S^ Geor«{es, XI. Jean (Juelien, maître tellier,
e --■-»» Abraham Blaocart, écuier contrôleur de guerre, s
:130 PEIXTLHBS 1XC0\NLËB PE L K C 0 LE FLAMAi\DE.
et des gratlîn<ï est uni? boette où dedans ehi représenté (sic) en sculp-
ture dorée la Passion du Sauveur, et t[u^nô elle est fermée, on y
voit en peinture sur les couverts, la sainfe Vierge j S'Jean-Baptht^,
saint Honoré et saint Hugues dont la représentation est à la page
précédente. Cel autel est éloigné de la mu rail te de quatre pieds, etc, «
L'auteur du manuscrit ne parle pas, il est vrai, des sujets peints
sur la paroi intérieure des volets, mais il a fait plus et mieux. Il a
exécuté eu effet à la page précédente, comme il l'indique, deux
dessins a la plume du ^rand autel : Tnn le représentant avec
le retable fermé par les volets plies par-dessus, Tantre avec le
retable apparent avec les volets déployés présentant leur paroi
intérieure; ces dessins sont absolument naïfs et enfantins , mais,
malgré leur imperfection, on retrouve facilement sur les volets
fermés la sainte V ierge et tes saints indiqués ci-dessus, notamment
le saint Hugues, bien reconnaissable par le cygne figuré à côlé de
lui. Sur le dessiu du même autel, mais avec les volets déployé^*,
et de dimensions semblables, on retrouve également les sujets
de nos panneaux, notamment Vâscemion avec les rayons qui
environnent le Cbrist et aussi la Pentecôte avec rarœture qui la
surmonte; c'est bien le même autel qu'il a ainsi représenté sous
ces deux aspects. EnGn nous ferons remarquer que nos panneaui
étaient réellement peints de cbaqne côté à Torigine, puisque ce
n'est qu'il y a trente-cînq â quarante ans quMIs ont été dédoublé*
par nn trait de scie dans l'épaisseur du liois, ainsi que nous Tavons
expliqué ci -dessus, pour pouvoir présenter ainsi toutes les pein-
tures à ta suite les unes des autres*
Ll ne peut donc y avoir de doute ; Tidentilé est certaine, et ce
sont bien nos panneaux que Tauteur du manuscrit a vus, Sfir
place, en 1774.
Ll A la Révolution, nous dit \\^ Tabbê Lcfebvre, page 343 des^m
ouvrage, en vertu des ordres donnés parTautoritédéparteineatale,
le conseil général de la commune d'Abbeville lit procéder par une
commission à T in i en taire de tous les objets mobiliers qui se trou-
vaient dans le couvent, a Téglise et ailleurs. ^ Cet inventaire,
mal lie ureu se ment, a disparu, de même que le procès-verbal -^^ ^*
vente qui eut lieu en 1791 ; ces documenls qui ont été br^
comme tous tes papiers du district, dans la nuit du 4 au 5 ^
ïier 1795 (Pbarond, Topographie d'AhhctiUe, t. !•% p. 427), **
PEINTURES INCO\\LES DE LECOLE FLAMANDE. 331
auraient révélé sans doute bien d'autres œuvres d art et des objets
curieux.
a A cette époque, ajoute M. Tabbé Lefebvre, page 356, après le
départ des religieux, les objets mobiliers furent mis à Tencan.
Les nombreux ouvrages d'art dont on avait embelli Téglise :
sculptures, autels, retables, statues, tableaux, furent vendus à vil
prix et tellement dispersés de tous côtés qu'à peine retrouve-t-on
quelques débris de ce triste naufrage. »
L*auteqi' de Toiivrage sur la Chartreuse de Thuison n'a pas
connu, nous Tavons dit, nos panneaux ; il n'avait retrouvé, de
tontes ces richesses artistiques, que les deux retables en bois
relatifs à la Vierge et à saint Honoré, et qui sont dans réglise Saint-
Paul d'Abbeville et à Téglise du Crotoy. «Ce sont peut-être, dit-il,
les seuls objets qui restent comme souvenirs de la Chartreuse de
Thuison. t> Les volets retrouvés depuis sont venus, heureusement,
augmenter ces souvenirs.
Ces tableaux avaient été achetés à la Révolution, soit directement
du district, soit de seconde main, par M. Tâbbé Cauchy, alors curé
de réglise du Saint-Sépulcre à Abbeville ; ils les avait donnés, à sa
mort, à une autre personne, et c'est ainsi qu'ils ont été conservés,
presque inconnus jusqu'ici à Abbeville.
Il reste à rechercher comment la Chartreuse s'était trouvée
originairement en possession de ces précieuses peintures; cette
recherche nous permettra peut-être de présenter quelques con-
jectures sur leur auteur ou sur leurs auteurs, car nous sommes
porté à supposer, ainsi que nous l'avons déjà fait pressentir au
cours des descriptions, qu'elles ne sont pas l'œuvre d'un seul.
Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1387-1467), après s'être
allié à Henri V, roi d'Angleterre, avait depuis 1422, date de la
bataille de Mons en Vimeu aux environs d'Abbeville, guerroyé
pendant plusieurs années dans le Ponthieu ; l'histoire nous rapporte
ses nombreux combats et ceux des Anglais pendant le rogne de
Charles III ; c'est l'époque de Jeanne d'Arc (1428-1431), qui
resta prisonnière aux environs d'Abbeville, au château de Drii<{y
— ^s Saint-Riquier, et au Crotoy.
"i 1435, Philippe le Bon se détaclia des Anglais et conclut
^ Charles Vil la paix d'Arras par la(|uellc le roi de France lui
ait les villes qui se trouvaient sur les deux rives de la Somme :
332 TEISTURES IXCOW JJ tJ E S DE L'KCOLE FLAM.IMDE.
Amiens, AhheiiUt\ Doullens, Pémiine, AlonUlidJer, avec leurs
revenus, le roi s'élaiit réservé la souverainelé el la faculté de
rachat qui plus Idrd fut exercée, en 1463, par Louis M \ Lors de
ta pais d^Arras il y eut pour le Pontliieu une période de traii-
iiuillilé pendant laquelle Pfiilipfïe le lïon et Jean d'Auxy, V\m de
ges familiers, a niellèrent de la Fhindre dans la Picardie tle
nombreux artistes venuâ «turlout de la cour du duc de Hourgo^^jne
qui se tenait à Bruges, ïiaus dit Tabbé Lefebvre, p< 110'-
Philippe le Bon visita plusieurs fois le eauvenl de Saint-Honorè,
à Tbuison ; c'était sous le priorat de Dom Firmin Le Ver qui occupa
ces fondions jusqu'en 1440 \ Le noble duc, ¥enant souient à
Abbe ville, aimait à se recueillir dans le calme de la solitude de
Tliuison, En souvenir de son séjour dans le monastère, voyons-nous
encore dans Touvrage de \\. Païibé Letelïvre, page 112, il donna i
Dom Firmin Le Ver <* soixante livres pari si s en aum^mas, une cha-
sul)le de velours violet semée de fleurs de lys d'or et barrée d'or et
quatre tableaux de bois doré que l'on met sur le ^jrand autel et
évangeliei's des jours solennels », Et en note, au bas: Kalendii-
rium, Mss. de la Gramlr Chartreuse.
Là se horne la citation du savnnt auteur ; il n'indique pas, il est
vrai, où il a trouvé ce précieux manuscrit dans lequel il a puisé la
i.
1 Histoite fl&t dut- s de Bourgogne, par M. ûjs Bahaj^tk, 6* édîK, t. lÛ. — His*
loirt il' Àbbemlle , par AJ. LouA\EmK.
* A Ici us r^KiiiEi H Xàtice sur Emoul Belf, entaithnr damages ^au ^ttînzicmâ
siècle. — Bulle fins de la Socîétr d' émulai ion tflbltei'ille. 1897, n" 'A.
^ Firmin Le l>r, d*uiii» riche famitlo d'Abbetïtl*?, avait fait profi'îisîoii Hau* !■
Charlreuiic dcî Suîrtt-HoODré ; nommé prieur avant i*tl\}, it voulni taîrc pititïcof*
riiforiiies dans te CEïUvciit, et, dans tour inÈ-coot^^nteiueul, cerlaiaa relîgit*ni* nouî
appremi IL l'ubLé L^^fiîlni'et l^ di-noiicèrent en 14-11, et il fut pui^uyé pruïisot-
remont Jjiiii un autrt; monastère: il ne rentra datif sa maison de prurouLoii qtîi'Ei
1V2U H n*j Fut replu prîpui' i[\\'eti 1437; il remplit ces foiJClîoQS ju^tquVn VM-
Celait un savant ft un It^ltré, et on toi doit un Dictionnaire ùitiii-ftarirais, faU
par lui de lïll k 14V0; ce truiuiL est surtout prt^cieuK pour tVlnJe de h 1ia|{ue
française de celle t>poi[ue. L'oiitetir consacra, dit-oti, vincjl an.* de *C5 loisirs *cre*
Ouvra*je, composé de mille pagti* d'uuf Lelte éeritnre ^olhLqnet avec cipïiMli<se
des Lreiilû TTjrlle moU qui s*y trouvent contenus. (KapporI de M. le chant>m*
Ctti^ûj' eu 18S'*, sur l'ouvrai ^e de /-a Chartreuse de Saini-Honort^ à Thuhoit, pi^
\I, I abbé LnKEïtVïîK.) Ce manuscrît fui acheté en 1S*>5 par Si. Firmin iHdu
vi'ute du marquis ],e Ver, q«i, nous dfi \ï. Eruesl 1*rahi>5;d dans Les homn^es .
de r arrondissement dWhhevitle^ le tenait lui-même de H. Traulié, d'Abbei
il hil enlin acquj^ viTh iHtiS, par TlCtat, pour la llïbUothèqnc nationale* au j
0,000 francs.
r
nEÎVTlRKS INCONHUES DE L ECOLE FLAy^lSHE. 333
mention, dnî Meurs bien préci»^ et hien formelle, Xoua n*àvùTv§
\m p», lïifllyré nos recherche^*, lelroiiver ce (fonimniit ; il n'a |>i*s
fin être pnlïlié, mais Tauteur nous a éctit qu'il TavaiL eu <»ti niiiin ;
\\^$[ malbeureii.^pment clécéilf* peu nprès, il y a rpiplques ann^eî^.
La citation AoW être exacte, elle n*a pas t^té ima^jîriée, car le loin
avec kquel Tauteur de V Histoire de la Chartreuse de Saini-
Homré^ Ta relevée, en la mettant entre ^'juilleniets^ prouve surfi-
samment qu'elle a été copiée teitiiellement par lui sur le
manuscrit. Cette mention présente <ion€ tous les caractères de
véracité et d'exactitude.
Or, les îndicationâ ct-dessuH sont absol muent intéressantes pour
létuile qui nou5 occupe; en effet, et en les reprenant une par une:
Quatre tableaux.,. C'est précisément le nombre de no« pan-
ueanx ilans leur état nrîjjiuaire; c'est seulement il y a quelqitei^
années, nous lavons dît, qu^ils ont été sciés dans le sens de leur
épaisseur.
De bois doré.*. Les panneaux sont en bois; les peïnlureâ sont
dorres autant qu'elles peuvent Tétre.
Que l'on met sur le (/rand autel... Or, noua avom vu, d*aprés
lin document indiscutable, les manuscrits Silfait, que nos pan-
neam, précisément, étaient placés sur le grand autel. La refiré*
seutation même, en deu\ fnis, de cet autel, ite laisse aucun doute;
il n'y avait pns d'autres titlileaux que ceux dont nous nous
occupons. Et puis enfin, dirons-nous encore, ceux-ci étaient aiise^
beaux et assez importants pour fiyurer à cette pkce d'tionneur'.
^ Ceï ouvrage a été couronné en i 884, par la Soeiéléder aniiqumresde Pic&r-
ditf, k ilmienA, sur le rapport df? \L l'abbé Ca|jriy, de VL'nératite mëfEiuîre, un
sivant ci MO èrudit.
^ Il est k tem&rqurr quË le pii^sji^^e du Kahndttrittm (et il Paul le prendre dan^
sps termei et k ta k'ttre) ne parle pas de Ju Passion en Loli* fieuipté; ce r/hddi»
n'(»st »i*joali^ que duos les maun?critft SilfaiV Sans di>ule, aîu^i que M, I*. dr Kutir-
eaud jg bien voulu (ions le faire obscrier. les scntptures encadri-rs et timierlej*
de loletî pemta furent à h mode de boimo hri^re (uiiU'ï jmrlalîf de iJJjun de Jac-
ques de ic Baerze, avec peinture de RroederlamJ, et peUc. madc dura bni;jtGmps'.
Il ifya donc rien d1mpo^«Jble à ei^ que iv retable âr Tliuiaun ait étL^ ainsi fait di's
snn iifigioe, maii le Kalendarium ne dit rtoi* de pareil; il parle ^imjdi^nu'ul de
i tûfdtmtjc de bois doré mis sur i'atthi, el il wnii inii us pri^uilit* et; lenk- à
I '6 Pans l'interpréter, Philippe le Uon avait doncn' ijuairr pauni-auii rira
^ iritvtiii une Pautûn sculptai' H i'n\i i'ii\Aumive âf pamuALii pfiiit>.
334 PEI\TLiRES nCOANUES DE L^ECOLE FLAMAXDE.
H y a !àj eerlainement, ile^i coïnciJences multiples (]ui sembletifc
s'imposer. On peut donc dire t*n (oute vraisemblance, el même,
peut-on ajouter, en toute certîtucl6f que les tableaux que t\ùu$
présentons sont biea les tahhaux de bois doré si farmellement
mentionnés Jans le Kalendarium et dans les maauâcrtts de h
Grand e-Chaitreu^e.
On a PU, d'autre part, que le don en fui fait par Philippe le
lïon au prieur Dum Firmin Le Ver; or celui-ci cessa sou prieunit
en 1 440. Cette date est précieuse à retenir,
îMjiiîpps le [ton, on le sait, était un <frand amateur d'art ; tous
les historiens ont parlé de son faste ^ et les dons t|u'il faisait aui
monastères élaîeut Ions réellement princiers et de haute valeur,
(t Son réjne, nous dit M. de lia ra nie dans V Histoire des ducs de
Bourgogne (tome V, pa^|e 387, t>' édition), resta da^^slt méuioire
comme une époque d'éclat, Je [juîssance, de rictiesse et même Ji-
bonheur, car jamais la Flandre ne retrouva nn temps si prospère. *
Et ailleurs: ^^ Aucun roi n'avait en autant de puissance et de
richesse.,, son rèyne de cinquante ans fut noble et glorieuK.,. le
duc avait élé le plus grand souverain de son temps, n
Philippe le Bon était en relations suivies a?ec les artistes
flamands, et nous savons qu'il prit à son service, en qualité de
peintre et de valet de chambre, Jean Van lilyck, en qui il avait
placé toute sa confiance ; il fut, en 1434^ le parrain de son enfant,
Jean Van Eyrk mourut en 1 440, la même année précisément que
le prieur de la Chartreuse de Tbuison à qui le duc de !îouryo^lJ'^
avait donné quatre tableaux de bats doré.
A'ons nous bornons ici à indiquer des faits, à donner desdatei,
à présenter des documents, mais nous n'allons pas plus loin et
nous ne prétendons pas le moins du monde attribuer ces peinturE^s
m* s'oppose à ceUe indicalion que plus tard, nu SËiiièine siècle, on «tt comp«i^
Ljij relaÛc avec utie PitssioH ^pii attrait eAè plus récemmerit Achetée a Ijaod.pr
ciempte (où avait été fabfï<juée ei^lc de Bnume-I es- Messieurs), cl les AD&i*iim^*
peintures coinpk-léeâ. pour leur aouvet tfmptoîp par dr aativetlea pt^iaturr^ **i
revi^rs. Commi' M. du Kourcaud ajoulaU très Judicietisemeat^ tact qu'au a'ttun
poi retrûui^é tia document rormel ûu la^ débris qui peuveul »iibsîat€r du rcubM
{&i taul cAi qu'il l'n eii^tet, it sera impassible de se faire une idée cerUif?
ïi*^e. de celle partie centrale et de la constitution primilive du relabkv '
stippusition a au muÎDs Tavantat^e de dc pas forcer le sem du leile du Ktti
rium.
I
r
PEINTURES IXCOWUES DE L'ECOLE FLAM.^XDE. 335
à Jean Van Eyck, car elles ne sont certainement pas de lui. Nous
dirons seulenoient, dès maintenant, que ces panneaux, au moins
ceux représentant des sujets, sont vraisemblablement d'un de ses
' sacccsseurs immédiats ou à pou près.
Parmi les peintres flamands en renom de la première moitié du
quinzième siècle, il en est un dont les œuvres nous ont paru
présenter quelque points de comparaison avec les sujcls dos pa-
rois intérieures de nos volets, c'est Roger de la Pasture ou, selon
la traduction en flamand, Rogier Van der Weyden ou encore
Rogier de Bruges, né vers 1400, mort en 1464. D'après plusieurs
des ouvrages qui ont été écrits sur les peintres de TEcole flamande
primitive, il aurait été élève des Van Eyck à Bru<{es, où Plii-
lippe le Bon tint sa cour. IVaagen, dans son Manuel de l'his-
toire de la peinture ', tome I*', page 129, tout en paraissant ne
pas mettre en doute que Rogier Van der IVeyden fut Télève, et
même le plus célèbre, dit-il, page 127, de Jean Van Eyck% le
plus jeune des deux frères qui vécut jusqu'en 1440, dit que ses
œuvres révèlent en outre Tinfluence très décidée d*Hubert et
qu'tZ traita comme lui les sujets inspirés par le mysticisme du
moyen âge. Par l^ pureté de style des draperies, il se rapproche
encore plus d'Hubert que de Jean, mais, dit encore Waagen,
ft il ressemble à ce dernier par sa façon magistrale de vendre
' D'après des indicalions d'an grand intérêt qui nous sont données au cours de
ce travail, il ne parait pas établi que Rogier ait été Téiéve de Van Eyck. Pour
prouver que Rogier a subi particulièrement Tinfluence d'Hubert^ il faudrait
savoir au juste sa part de collaboration au tableau de YAgneau, et sur ce
point il n'y a, parait*il, que des hypothèses. Rugicr est inscrit en 1427 sur les
lifres de la Ghilde de Tournai; on le voit reçu mnître eu 1432, et il est fixé k
Bruxelles en 1435. Son seul maître authentiquement connu est Robert Campin de
Tournai. S'il est allé à Bruges, ce ne peut guère être qu'après 1432, son éduca-
tion terminée, car il ne fttt pas entré chez Campin en sortant de chez Van Kyck.
Il n A donc subi, très probablement, l'influence de Bruges que par voie d'am-
biance et comme tous ses contemporains.
* Manuel de f histoire de la peinture, Kcoles allemande , flamande et hollan^
daise^ par G.-P. Waagkk, directeur de la Galerie royale de tableaux, à Berlin;
tradaetion par M. Hymans, conservateur de la Bibliothèque royale de Bruxelles,
correspondant de l'Institut de France, et M. J. Cadot, 3 vol. in-H". Paris, 18()'i.
* ^' Henri Hymans. l'êrudit conseirateur bien connu de la Bibliothèque royale de
fi ^ilea, nous a fait voir, au Congrès de Gand, on 1890, la pierre tombale J Hubert Van
{ L qui s« trouve potée debout à l'une des ettrémité^ de l'immense rcfocloire de l'nn-
c ne abbaye célèbre de Saint-Bavon. Cette grande salle en lonjfueur, bien rei>laurée,
r *. d'autres pierres sculptéas retrouvée» dan» les ruine* du monastère.
•iU PEOTUKES IXCOMtfUES IJ Ë L KCOLË KLAMAXDE.
lentire les objets, et par fc peu de souci de la beauté qui parfois
<listitigiie S4^s aenvres, La préoccapatton trop absolue du réel le
cotiduisU même quelqucPois à représenter des sujets répuguants et
sans jjoùt. Ainsi les nus soni maigres, les doigts trop longs, les
pieds, surtout dans ses premiers ouvrages, mal conformés. Sa
couleur, en revanche, sans égaler en profondeur et en éclat ceîle
du maître, pm^bàe une étonnante vigueur ; sea carnations, dans la
première pt^riode ' ont une teinte dorée qui se rafraîchit par la
suite (page 130). -^
Nous devons remarquer toutefois ici que les caractères indiqués
par U'aagen, y compris la couleur d'un l)run doré, sont, il faut le
dire, ceux tte presque tous, sinon de tous les successeurs immédiats
de Van Eyck.
D'autre part, M. .Alfred Mlchlels, dans son grand ouvrage en
cinq volumes : Histoire de la peinture flamande, publié à Paris
en 1866, rappelle aussi que Rogier Van der Weytien fut Télèvr le
plus important des Van Eyck ; utout au moins, ajoute-t-il, il peut
avoir perfeclionnéson talent sous la direction du plus jeune, qu^rui
il avait obtenu lui-même le droit d'enseigner, étant devenu franC'
maître de la corporation de Saint-Luc à Tournai en 1432, en
même temps r|ue Jacques Daret; T École de Hrnges à laquelle il sp
rattache était éminement poétique et s'adonnait au paysa<jc, ovk^
tahteaux de Van der IVeyden à Berlin ont pour fonds d'a^//^traË/^i
paysages ' ^^ ,
Enlin M. A,-J, Uauters, qui, dans son ouvrage; La peinture
flamande, puUUé kVarh en 1883', a résumé non seulement le
résultat de ses premières recherches remontant à 1846^ mais aussi
> fl eût èlô in1fife>^5ant di; pouvoir L-omparcmo^ panueauK aux premirrs ouvrai^ea
di.^ ilogî<?r Vaii der WeyJenj îtiais, tjou^ dit t^iicore AI* de l^'ouTcaud, le» |i3us
Hi)ci(!i]HCa pcirtturrsi i itét?Ei pur des teite^ qîU, paruiUîl, disparu comme cl'iu de
rUAteJ de vilte de BriixeJles dont on ne p cul Juger que par qupli]ues triiascripli[ïn»
pa lupissene (au Munster de Berne); Ja cbroni>lo({ie dea rare» ourreiff:^ i^ti
maître qui peuvent passer pour auibeiitique« oi^i bien difficile a établir.
Rappelons ijue ejos panneaui, J'aprés les documenU^ se placent avant IWO, et
ipic ce r/eat fju*en IHT ou 1 HO que Rotjieï- liin der Weyden dla en tlalie pI > i
perfeciitmoa.
'It faut dire que Jca tableau i do presque tous les Klamands primitiit
Qieui tîes piL] sa;|e».
^ Bihihtheqist de renseignement des Bemx-Àrtt; iM peinture Jla
A.-J- WAUTjsns, Paris, Quanlin, 188^1.
cellesile AJichiclseE de VVaatjen, 3V\priine ainsi, page 62, aiiâiijet
(icçê peinlre : ^ Rogier Van der Weyden, tiit-il, hérita de Van
Ryck l'art de bien peindre. Sa couleur, sans égaler celle du mahre
mm Je rapport de rhnrmotiie et de la finesse, en possède Téton-
uanle [vuls«»ance. Ses talïleaux, d'un aspi;€t si énergique et d'une
sj jurande allure, sont hahilemetit agen<é3, et leurs persou nagea
esprimeal un sentiment dramatique très pénétra ri t. Son dessin
est f on ect ; seulement dans le corps liumarn comme dans les
vêlem(*nts, dont les contours sont parfois raides et anguleux, il a
toujours exagéré la longueur, n
Si Ton réunit ces divers éléments d appréciation et sr^ revenant
aux reproductions des trois premiers pauneaui décrits, h Cène^
VAscension et la Pentecôte, on cliercli© à les y applrj[uer, on peut
remarquer quelques points qui paraissent les rattacher au «jenre
de talent particulier de Van der Ueydeiîtà ses qualités commu
aussi à ses imperfections \
iVons avons fait observer en effet, dans les descriptions, Tbabile
agencement des groupes, la longueur des vêtements, le sentiment
pénétrant qu'expriment toutes lesli^jures, leur aspect très caracté-
risé, mai» en même temps (^ Tesception des belles tiguresduCbrist
et de la Vierge esceptionnellement douces et d'un nindrlé. parfait)
le peu de âonci de la beauté pour celles des apùtres, dont les traits
sont très accentues, énergiques, presquu rudes ; on constate que
les iiuB sont maigres, les doigts trop tong.s, les pieds, te^ jambes
mal conformés, comme le dit VVaagen ; d'autre part, on a vu avec
quelle étonnante rigueur, dans le sujet de la Cène, les profils de
trois des apôtres se détaebent sur la blancheur de la nap|>e ; il est
vrai c|ue sur ce point on trouve une réelle analogie avec le même
sujet traité par Thicrri Bouts. Xous rappellerons aussi, au sujet des
paysages dont parle M, .Mîcliîels, celui quia été si bien traité ilans
VAsce/ision/màh on trouve aussi ces paysages dans d autres pein-
tures de cette époque; de même aussi celte écbappée, si curieuse
et si finement délai liée pur Tcm brasure d'une croisée, dans la Cène^
' Noton>T d'aillcors» iq mnn de rimparliBlitr, que deux des memltPfi t\u
Comiié des Sodéids des Ïï^am-Arts, après dioir vu t;(?s heïh's pemUïTta tt tm
r reconnu h baut iûtért^t, mit dt-cJUPé n^ recanndtn; ni la main de muîtrw
ier, ni celle de Tbiixri itools, ou d'aucuu di-si maîlrcs connus Je t'titd**
i»nde. L'opioion qui'' nous fmiUoïi» iri atnis est donc piTsoiiutJle, et nous nv
, "Qfis d'aîtletir» que sous ilv jjrandes rt*sci'vps.
%^J^
^38 PEINTURES IXCONKlIES DE L'ECOLE FLA1IA\UE.
du carrefour iFutie ïîlle flamatide au moyeu âge. M. Bîgarnie, de
Beaune, depuis décédé, membre de la CoQimission des Antiquités
de la Cùte-d'Or, tjui a ru ces peintures vers 1880, a cru trouver
daus les inoiumierits, et particulièrement dans ceux de VAscefi-
sioîtt une re&seoUdaiice avec ceux de la ville de Bruges; nou»
avons dit \yUi$ haut qu'on ne saurait peuMtre les rattacher plutùt
à cette ville qu'à une autre.
D'autre part, la comparaison avec plusieurs des œuvres asseï
généralenipnl attribuées à Van der U'eyden peut fournir au^si de*
éléments au point de vue d'une attribution.
C'est ainsi que dans le remarquable tableau des Sept Sacrem^nU
qui est au Musée d'Anvers, plnsieui-s particularités significatives
Dous ont frappé comme se remarquant également dans les trois
sujets de dos premiers paoneaux : la lon,^ueur des vêtement!!, qui
est caractéristîi|ue dans Tœuvre de Van der Weyden, lesdélails
d'architecture reproduits avec grande lidélité et d'un fini achevé,
le groupement haliile des personnages, la longueur des d»)i;jls:
nous signalerons aussi le type de la Vierge dans le compartiment
du milieu des Sacrements, type qui paraît se rapprocher de celui
do lios panneaux; pnîsoncore les chaussures a la poulaine se rap*
portant au quinzième siècle, surtout dans la première partie. Eufia»
et nous insistons tout particulièremeni sur ce point comme layan»
bien observé sur place, c'est Tîntcnsité de vie qui se déga^'je lle^
ycnx des personnages comme dans nos peintures ; nous citenms
notamment, du tableau d'Anvers, et bien que cela paraisse peu
rraisemblable, la vivacité extraordinaire des yeuE du moribond
semblant avoir une dernière Inenr de vie pendant que le prêtre lut
administre le sacrement tic rEitréme-Onctron.
Si nous nous arrêtons à nn autre tableau qui est égalemept
attribué, comme hors d(^ doute, à Van der Weyden le Vieni, l**
Jugement dernier^ si célèbre, de Thôpital de Beaune, nauî*
remarquons encore le type de la Vierge prosternée, les main*
jointes, et dans la même attitude que dans V Ascension, les traïti
d*uïie certaine vulgarité et presque rudes de plusieurs des persmi-
nages, la lonyuenr des vêtements, les défauts d'anatomie des
membres, notamment la déformation des pieds; puis aus^
Hgure du Christ que l'on retrouve avec quelque analogie dan
Cène et dans l'Ascension de nos panneaux. Il en est de ""
^^
PEIITTLIIES IXCO!^]SCES f>E l/ÉCOLE FLIMIXDE.
330
lîîinâ le Chrtsi au (ombeau (|ui est atj Mtiseo du [.ouvre, avec son
cojp Iruj» iang, ses membres maigres et le 4]é\elQppement eita«jéré
du maQleau; ta figure de la Vierye, eic. Xoua remurquoiiii égale-
méat la délicaleise ioBtiie des fleurettes dont le loi eat èmaillè
air premier plan et <[ui rappelle celles de V Ascension, purs enBii le
fiierveilleuv passage qui se déroute dan^ le Tond avec la n^présen-
kllon d^uiie vilie au loin» les arbres à la tige élevée et grêle, lei
autre.s en boule au delà, aiiE^si rommr dans le niêmn panneau. C^ ne
sont pas là, sans dôule, nous le reconiiaîiisoiis, des \\ù\x\U sufH-
samment caraclérisUcjues pour perniethe d'asseoir un jugement
certain, mais ils peiuent être relevéîi. On ne iaurait en tout cn^,
croyons-no lis, établir de comparaison avec les Memling et les
Quentin Matays^on se rapprocherait plutùfc du peintre maulieugeoîa
Jean de Mabuse, sauf la t|Li€stioi] de date ; il ue faut pas s'attacher
non plus à lan der Neire île Gand. car il n'af^paruit que plus tard;
itiyenre d'aîileura est complêlement diffùreul.
Les tableauK du \lusée de Berlin, également attribués â Van der
UeyJen, nous présentent moins de traits de ressemblance, mais
il faut dire qu'ils sont de la accoude manière du martre, après
qu'il était allt\ en 1447 ou en 1449, se [ïerl'eclionncr en Italie; les
irailsdes personnages sont plus soignés, plus fondus, d'une grande
âuavité ; toutefois nous croyons y reirouver encore certains pointa
p^rzneftant la comparaison, tels que les dimensions des vêtements^
1 éclat des yeux, etc. Le type des ligures du Christ et de la Vierge
dans K' triptyque de la Maissanee du Christ de Bu r lin pourrait
égalenienl se rapporter à ceux des tableaux de Thuison, celui plus
particulièrement du Christ dans ta Descente de croix à la Haye,
dans la Mise au tombeau ani Offices à Florence, dans le Christ
en croiœ h Dresde, où Ton retrouve ce corps long, émacié, ce
xh^ge allongé avec la barbe en pointe, de même encore dans le
Christ en croix du Musée de Berlin ; nous ne parlons ici de ces
coirifiaraîsans que d'après des photographies examinées chez
BrauDD, à I*aris.
II existe à leglise d'Ambierle en Roannais un retable de la
p — |-^^ ^^1 ^ fgil l*0l»jet, dans la Gazette archéologique, d'une
( très approfondie de \I. E, Jean nez ; nous eu d*JVons Tiiidi-
t là DOtre savant confi ère. M, le comte de Marsy, et nous sommes
fc -IX de Ten remercier ici. Or, AL Jeannez a été amené, par
^m
340
PEIXTCRES LVCOXVLES HE L ECOLE FLAMANDE.
les renâeïyiiiim^nts iVhisloire et Je clironologie, à regarder Vûh
der Ueydeii comme l'auLeur probable, sinon certain , des voleti^du
retable (r^mbierlo; i[ y a trouvé, comme caraclcre paHictilier et
t)ue noua retrouvanâcLatis nos peintures, « la simplicité et la drgoUé
des attitudes, le ^jnind caractère des têtes s'alliant à une imitation
scrupuleuse de la nature, le dessin parfois défectueux dans les
pieils ou ]e% mains toujours mai,<jre5, les plis carrés et anguleux
des draperies ^ . Il ajoute plus loin, comme observations con^rmaot
les premières : u t,e réalîsnic le plus intentionnel, les duretés de
détail tlaus les eitrémités, les fonds de paysajje, les premiers platis
semés d'iris, tie violettes, de myosotis minutieusement ctuilit's,
les mrrsses de roobers, les chemins ijui serpentent eit fuyant v^^rs
l'horizon, etc. ^i \e dirait-on pas, véritablement, tju'il s*a;jit tics
volets intérieurs de la Chartreuse de Thuison? 11 est vrai que
rattribution à Rogier du retable d'Ambierle n'est qu'hygiothétique
et ne repose sur aucun document certain, et on ne saurait en f*taycr
la base d'une attribution pour nos panneaux; mais il y a \k iks
points d'analogie qni nous ont frappé et que nous avons cm devoir
signaler.
Xoï\9 ne prétendons pas tirer ite cette étude comparative II
preuve que ftogier Van der U eyden serait Tauteur des peintures
de Thuison ; il nou^ aura sulfi, en simple amateur qui s'est pas-
sionné pour ces œuvres d'art, mais qui craindrait Je se laisst*r
entraîner, de poser quelques jalons, d'élucider le point historique,
d'eiprimer enfin des imprécisions d'après une étude descriptitc
détaillée. .Vous luissons à de plus savants et à de plus experts (\\iv
nous le soin de se prononcer ^l^une manière plus at'tîrmative sur
l'auteur possible, selon nous, de ces belles et curieuses peinture*
du quinzième siècle.
testent les quatre grandes figures isolées qni figuraient suri» •
parois eitérieures quand les volets étaient fermés.
Ici nous ne pouvons plus appliquer la mention du Kalendanm
qui parle de tableaux de bois doré^ car les dorures des offrob
ne sontj en quelque sorte, qu'accessoires, tandis que su ries '"**'•
précédents l'or domine partout, dans les rayons de VAscenf
de la Pentecôte, sur le dais qui surmonte cette dernière
dans les draperies du fond et ailleurs- Sur les quatre pa'
PÊINTCRES IXCOSSl'ES OE LÉCOLE FLAyVXOE. 341
eilêrleui!;. au coiilraire, les nichrs c?t Ir^ dais, ainsi que les sujeti
eu Im^-rellefs c|ui ^'y Lrouicnt, sont latis pcïiils en grisaille.
D'auLve pari, les détails d'fircliiteiture, arcs, bandeaux, etc., ne
paraisses l pas se rapporter à une epO(|iir {intérieure à liiO; ceux
rumine Je Saitii Jean-Bapiiste cl de Saini Honoré^ par leur forme
arcbilectDiii([ue, purais&ent se railaeher phitAi an seizième .siècle;
aûss\ arons-noiiR tlêjà iurlitfué, lors des de^cripliDnft, nue ces deux
panneau V, non seulement par Tarehitecture. niai^ aussi par la
manîcre dont lejï personnages et parlirulfèrement les fi;|ureiiont
élé Irailèa, nous paraissent d'une cpo([ue postérieure an\ deux
premiers, rc|ïrése niant la Vierge cl Saini Hinjuts; et cependant
h manière dont ils^ont dispo^éSi ain."^! t|ue 1rs «nslunies, préscnteut
aoe ccrtatne sîmiLilntfe ï|ui, au preuiier aspect, «einlile Ie.s rutla-
d>er directement le« uns au^i aulres.
Si nous osions bosarder une hypothèse, car nous sommes Ici
èims le champ des simples conjeclures, ne trouvant pins les élé-
ments r^iractérisliq nés qui nous aiaient guidé dans nos premières
obscr (talions, nous dirions ceci ; Philippe le Bon aurait hien
donné, de 14(7 à 14i0, re qui paraît établi, les quatre tableaux
de boig doré représentant des sujets, mais sans |>einture derrière
les tableaux , Ceuï-cî garnissaient bien rantel rlès Torigine, nous
le savons^ d'après la mention formelle %\ii Kalendarium (i. plus
Jjâut, M. 37); mais ce document ne parle pas du bas-relief dn la
Passion/ si ce retable avait existé ù cette époque, Tauteur du
manuscrit l'aurait sans doute indiqué. D'ailleurs, dans ces condi-
tions, le retable eût été constilue d'une façùn normale, et Ton
n'aurait assurément pas omis de peindre les volets sur les deuï
faces à la fi)is, et od a du peindre plus tard la paroi eitérieure. On
peut ajouter que les sujets mêmes des paimeaux n'indiquent |):is
qu'ils dussent accompa*fner une Pnssfoit ; il n'y aurait guère que
la Cène, On peut se référer, ^i l'éjjard de la recherche d'unité, au
retable de Baumc-Ies-Messîeurs*.
' La Passîoa ïiculptér au relabla Ht* Bnitme-lei-Messitfurs (Jura, près Lons-tt^-
SAUDJer), qui nout a i?té trèii obJi^{.'ittinïjeiU «JÎ^Funlee lui cuut-^ de ce trniLuil par
M, ' uîs de Fourcatid, est trnrjiiitrtî*^ et couverte Je iiifinlun^t; t^lli' aviAiL elé
exi le à Gaïuf, an \t\u9 tant en 15^5, ë|jofjii{^ où, nauit ilit*on, i^tle fut aff^fle
pai coTiimiine de tjaad à Tiibbé d^ lu Umnde Abbii^'e. liuilliuime de Pmippl,
en eeonnsiâsanredi? [|UclquesnrncL' inconnu. (IloL-umer^ts pntdniu ]iar \U Vnhhé
lin ~«» Congn*i des Sûciélù» *ttViiutcB, «ecUt)» d'iirdii'olojiwp à la Sorbmme
K • ^'. •*■■ * .'mm
"^1
342 PEINTURES INOONXUES DE L'ÉCOLE FLAMANDE.
Ce n'est que dans les manuscrits Siffuit, celui du dix-huitième
Biëcle, que le retable en bois sculpte est mentionné. De 1437 à
1440, époque où ont été donnés les quatre premiers sujets par
Philippe le Bon, ces peintures originaires ne pouvaient se trouver
appliquées que sur un des côtés; c'était, d'après le Kalendarium,
les quatre tahleatix de bois doré que To^ mettait sur le grand
nutel; les figures en pied, au revers, n'existaient pas alors, nous
«n avons la preuve par l'examen des peintures elles-mêmes qui
manifestent, à coup sûr, une époque postérieure, lie serait-ce que
par les détails architectoniques.
Le retable de la Passiouj qui n'est pas, d'ailleurs, mentionné
dans le Kalendarium, n'a dû être fait que postérieurement (nous
Tavons dit plus haut en note), et quand il aura été mis en place,
on se sera servi des quatre panneaux comme de volets pour le
recouvrir et le garantir ainsi de la poussière ou des indiscrétions ;
c'est ainsi, du reste, que Tauteur des manuscrits Sififait en a donné
la représentation. Mais à Tépoque où a été placé le retable,
époque qui doit se rapporter au seizième siècle, ces (ableaux, ser-
vant alors de volets, ne présentaient plus au dos que le bois nu et
n'avaient ainsi à l'extérieur, quand le retable était fermé, aucun
caractère décoratif. Il est, dès lors, vraisemblable de penser (et les
dessins comme les indications du manuscrit de 1774 nous en don-
nent, pour ainsi dire, la certitude) que les religieux ont dû,
après coup et successivement, faire orner cette paroi extérieure
de figures se rattachant directement à leur monastère : la Sainte
Vierge d'une part, et Saint Jean-Baptiste, patrons de toute Char-
treuse, comme nous le dit M. Tabbé Lefebvre; et aussi Saint
Hugues, Chartreux, évèque de Lincoln, dont le couvent possédait
les reliques, puis enfin Saint Honoré^ évèque d'Amiens, sous le
vocable duquel la Chartreuse de Thuison avait été fondée.
Il n'y a là, bien entendu, qu'une hypothèse, mais on conviendra
qu'elle ne parait pas dénuée de vraisemblance.
A quelle époqne et par qui les Chartreux auraient-ils fait exé*
cuter ces grandes figures?
Ici, nous n'avons aucun document qui puisse mettre sur la vm»*
en 1894.) Ce retable venait certainement d*étrc achevé vers 1525, mais
^ morceaux du même ordre ont été nombreux, nous ajoute-l*on, et les arti^
pour les exécuter, ne detaient manquer nulJe part, tant en Flandre qu'en ^•'•<
PEINTURES IXC0NNUE8 DE L'ÉCOLE FLAMANDE. 843
rexamen des œuvres en elles-mêmes peut seul permettre de
baser quelques conjectures.
Les religieux, désireux sans doute de compléter la décoration
extérieure de leur autel principal, ont du faire exécuter des pein-
tures qui fussent en rapport avec les premières, en s'adressaut à
des artistes de talent qui étaient peut-être du pays ou des environs;
la manière dont les parois extérieures des volets ont été traitées
le prouve suffisamment. Les élèves ou plutôt les continuateurs des
Van Eyck, des Van der Weyden, Thierri Bouts et autres étaient
alors nombreux en Flandre et même dans le nord de la France;
tout en ayant chacun leur genre propre, ils s'inspiraient de leurs
maîtres ou de leurs devanciers. Quant à attribuer à tel ou tel Texé-
cution de ces peintures, nons n'oserions le faire, à défaut du
moindre document; les études comparatives, pour cette époque du
seizième siècle, deviennent beaucoup plus difficiles à raison du
grand* nombre de peintres qui existaient alors, et les conjectures
sur des noms seraient peut-être bien hasardées.
Dans tous les cas, ce ne sont point la des œuvres ordinaires, les
figures de la Vierge et de saint Hugues, notamment, sont admi-
rables; tous les détails des costumes, ceux des dais avec leur archi-
tecture si bien rendue, sont d*un fini et d*une délicatesse extrêmes;
la conservation de ces panneaux est parfaite, sauf, avons-nous dit,
celle des quatre derniers.
En résumé, Tensemble de ces peintures constitue une série
d^œuvres d'art d*un haut intérêt; elles étaient restées presque
' ignorées jusqu'ici, et nous avons cru devoir les signaler, en ajou-
tant cette simple étude aux ouvrages si complets et aux travaux
^i savants qui ont déjà paru sur Tart flamand priniitir.
Ëm. Delignières,
Membre non résidant du Comité des So-
ciétés des Beaui-Art.s des départe-
ments, k Abbcville.
^
MA UX" MAITRE DE Ï/OEL'VIIE l\ïl ^OMT-S AIXT-M IC HE L.
XVII
UN MAITRE DE L*OELVRE DU MONT-SArXT-MÎCHEL
AU XVtV SIÈCLE
On a beâLicniip étudié le Moiil-Sainl-lUlchel et Ton a beaucoup
écrit sur cette merveille iîe l'OccitleiiL J'ouilant toiil n'a pas elé
approfoniii, et il reste encore plus tVun doc ti ment à mettre au jour.
Un s^êjoor d'un mois dans J'fnlimilé de la yij^aiïlesque abbaye^ au
cours de rannèe 18U7j nouï^ a permis de reprendre à nouveau plu^
d*un pro blême imparfaitement résolu on de découvrir des indica-
tions qui aidaient échappé à des visiteurs trop pressés ou iusuffi-
samment rerkseignés. Pour le moment, notre but est de parler
d'un amître de Fœuvre, dont on ne trouve la trace dans aucune
publication.
Durant le moyen dge, les orages causèrent des ravages fréquents
au touvent du Mont-Saint-Mkbel, et Téglise, en particulier, eut
beaucoup à souffrir. L'abbatiale avait repris sa robuste et élégaute
pfiy^ionomie ogivale lorsque, en 1594 Ja foudre étant tombée tsur
le clocher dont la pyramide estait une des ptus hautes du royauoie,
elle fut totalement bruslée avec le rond-poînt du chœur et ta cou-
verture ^ vi . L'abbé commcndatairo François de Joyeuse, tout
cardinal qu'il fut^ se souciait assez peu de relever les mines. Sur
Tins tance des religieux, le parlement de Rouen rendit unesenteace
portant que, ^ veu les grandes ruines.,, il seroit nommé uu
commissaire pour faire travailler sur les Jieui aux frais de l^ibi>é'
et qu'il seroit pris en outre sur sa mense 1 ,200 écus t^ ,
' D. Huynea, Histoire générale du âiorthSaint-Mieht'L
■9^
UN MAITRE HE L'OR U VUE PI' MO \ T-S A î VT-MICHEL^ 345
' Les travaui présenLërenl une i relie iuiportitiice. On refil trois
piliers avec arcadesà rentrée Je réj^lise, saQS omettre d'y apposer
lês aniiâs du cardinal [^ êq grand vrd li me ^ * Les débris de la jolie
flèche gothique furent aliaLtus, et Ton reprit la tour. Ses hases
furent consolidi- es, et l'on éleva de^suH une tour masshe. Pin mOme
temps quatre cloches furent fondues et placées dans le non veau
clocher. Le caractère pacifique de la tin du rè^^ne de Henri IV était
Taforahle à Te^écution des ouvrages de restauration el de réfection.
La date de 1G09, jjravée sur un des piliers, nous aide à préciser
Tépoque oîi cette partie fut reconstruite, Sou^ Louis XIII, Tabbé
comme ndataire qui succéda â François de Joyeuse attacha son
nom à Tceuvrc de consolidation du Mon t- Saint- XI ichel. Il est vrai
que le titulaire, Henri de Lorraine ^IG! 5-164:2) i n'avait alors que
cinq ans et n'était guère en mesure de prendre part fiersoTHipIle-
iDcnt àcequi se faisait; mais son père, le duc de Guise, s'inléressa
vivement à Ta li baye.
La direction spirituelle du monastère fut conBée à Pierre de
Bérul[e, Je pieux fondateur de TOratoire. En même temps on
s*attacbii à réparer les ruines faites f>ar le temps et par les èvéne-
n^enls. Sur rinilialive de l'envoyé de l'îerre de Bérullej le prêtre
Gastaud, on dressa ^ 1^ procès- ver bal des ré[)aratians, lequel
monta à 3U,000 escuz ' » .
Charles de Lorraine, duc de Guise, résolut d'eiécuter tout au
moins les ouvrages réclamés par la solidité et la conservntion de
[*ahbaye. En 1616, on répara diverscH particsi du couvent, en
particulier au nord de l'église, du cùlé de la chapelle située sur le
transept septentrional et dans le passade qui longe le réfectoire nii
sa ¥Oit, en plusieurs endroits, la croi:i de Lorraine.
Eo outre, les superbes bâtiments élevés dans la deuxième moitié
du douzième siècle par Robert de Torigny, le grand bâtisseur du
Mont-Saint-Micbel, dont il fit m la cité des livres et des arts n,
présentaient des lézardes de nature à inquiéter. En vue de conso-
lider cette partie de l^ouest, qui forme aniuelleineut une terrasse
devant l'église, mais qui était alors occupée par des constructions,
1« duc de Guise fit faire, en 1618, le contrefort occidenial. .Au
nmet, il plaça ses armes et n'eut pas tort, car il s ajjit, ici, d'un
■*. Hufneff, Histoire ^néraU du ManhSahii'Mic/tei.
346 UN MAITRE HE L'OEUVRE DU MOTWT-S A INT-MlCHE L.
trai^all considèrîible qui coula 14^000 livres, sotume fort impor-
ta ii le pour répoijiie,
A âOQ tDiir, Tannée suivante, D. Gagtaud, vicaire général ihi
Père de BéruUe, embellit Tîntérieur de labbatialc et Lermina le
lambris de la nel, sur lequel il mit également les armes de Tabbé,
selon Tusuge du temps, qui u tout an moins Tavatitiifje ilc venir en
aide aux historiens et au]t archéologues, parfois embarrassés quaud
il s'agit de dater un monument d'une façon précise.
tt
Une bouTie partie des travaux , exécutés au commencement du d \x-
septième siècle, coutiuue de Giter [ attenlion des visiteurs du Iklont-
Saiut-JUîcliel, mais il f'st une autre portion qui vient île disparaître
dérmitivemcut:je veux parler de la tour élevée au centre de rinler-
trausept et qui doit nous arrêter quelques instants.
Ou se souvient de la silhouette du clocher, qui vient d'éfre rem^
placé par la nouvelle flèclie : les lignes aussi bien que les détails
âccusaleotuettementle premier quart du dii-septiémeslècIeX'beure
n'était plus alors aux sveltes et délicates pyramides, plus ou moins
ajourées; rabaissement des toits s'harmonisait avec Tépaiisisse-
ment des voûtes etdes corniches. La tourquadrangulaîredu transept,
une fois conaolîJèe, fut terminée par ua ouvrage aux ligues massives.
La partie supérieure fut ornée d'une série de moulures et de
consoles de grande dimension, qui d'ailleurs ne manquaient pas de
caractère. Mais, sans doute par défaut d'argent et par suite de
l'inquiétude morale qui agitait le couvent, on se iK^rna à recouvrir
la tour d'un toit ordinaire ([ui lui donna l'allure d'un pavillon très
élevé, dont la voix publique, aussi bien que le chœur des artistes, ti6
cessait, surtout depuis un demi-siècle^ de demander la démolition.
Ce rempluccmeut, nous Tavons dit, est chose faite, et dès lors,
comme il arriie d 'or ii inaire en présence de la disparition d'un
monument ou d'une portion de monument, la curiosité se porte
vers ce qui n'est plus ^ On se demande qui a présidé aux origines et
' \'oijs avons la snttâr&cliûn de pû^séder nac photo^rapKi^^ des ddails de
Imir, pnsc au momcDt du ta dêmalîtîDn; nous Tavons dû|ioiéa sur le buri?au
UN MAITRE 1>E L'OBUVRE l)tf ilO\T-S UXT-M IC HEt. Ail
Ton (léiire savoir le du m de raiiteur. Vous aussi, nous nous sommes,
entre autres questions, posé celle de sairïir quel architectp a diriyi?
lea ouvrages divers faits à Tabbafe, au commencement du di:i"
septième siècle, Xons croyons avoir dt'-con vert le nom du ^^ maitrede
Tœuïre " en étudiant les pierres tomlmles de Téglise et le» docu-
ments écrits dans les archives de la mairie du Mont.
m
Au sujet du cél^lirf^ monaalèret pour cette pî'riode du moins, les
chroniqueurs sont trop souvent muets à EVgard des artistes nux(|uels
nous sommes redevables des édifices. Do m Huynes, d'ordinaire si
bien renseigné, nous apprend bien que la surveilbuice des reslrtu-
ratioiiî^ fut conRée ^i au sieur de Brévent, «jouverneur du \Iout, qui
*in remit le soin à stni lieutenant Jean de Surtainrifle, fermier de la
baron nie d'Ardcvon -i ; mais nous nous garderons de la méprise
arrivée à ceitains historiens en pareille occnrrenre, et qui consiste à
transformer les capitaines et gouverneurs en architecios. It s'ayil
manifeslement ici d'un intendant qui surveilla au nom de labbéf
et nullement d'une direction artistique. Quel serait donc le maître
de Tœuvre f
Un jour que nous interrofjîons attentivement les tombes renfer-
mées dans Téglise paroissiale de Saînt-I^ierre, en vue d'un livre
que nous préparons sur Tabbaye» nos regards ïe portèrent sur
l^une des pierres tonibulesque Ton a groupées di^^vant le sanctuaire,
lors de la réfection du dallage. La dalle de granit, au centre d'une
inscription qui se développe tout autour, porte, en relief, une
équerre et un £1 à plomb. La supposition que nous étions en
présence de la tombe d'un architecte, d'un maître de tVuvre. trouva
de suite une eonfirmation dans la teneur même de T inscription,
gravée en capitales romaines, grasses et en relief, à la manière de
celles que Ton trouve partout en llret^gne à cette époque. Cer-
tains mots ont été usés par le frottement des chaussures, mais on
lit bien :
CmY gist Vin I cent Roj^cï-yi? boiirj^cop de \
re tiue (sic) \1. Maison faici iiiaitre par |
Kriiico|ÂC I V'ger son épouse. 16^0*
M» UJi MAIT«E HE LOEUVIÏE DV M O^T-SA [KT-illCHE L.
On a oiaitre masson d , bourgeois de céans, dont la dâlIe funé-
raire portait l'êquerre et ie fil à plomli ne pouvait être uu ouvrier
ni même un maître maçon quelconque. Si certains critiques d'arti
de nos jours, ont trop facilement érige des maîtres oui ri ers mi
architectes, nous n 'aï ions garde de ioniher dans un erreaient
contraire en passant devant cette tombe comme devait celte d'ua
ïulgafre maître maçoiK Xotre tâche était toute tracée, et nous
allâmes demander aux: registres d^état civile déposés à la mairie —
un bâtiment pitinresque comme presque tous ceux du Mont — de-
mander, dis-je, la réponse à la question qui nous agitait. Voici le
résultat de nos recherches.
Les actes ne remontent qu'à Tannée 1596, et encore offrent-ils
quelques lacunes. \'os regrets sont d'autant plus vifs que nous
eussions sans doute trouvé dan a les registres qui font défaut des
renseignements sur les origines et les ancêtres de maître l incenl
Bogerye ou Rogerie,
Le nom de Hogerye apparaît pour la première fois en 1611, et
pour la dernière fois en 1618. H épousa en premières noces Guille*
mine Motlet, et eu secondes noces Françoise Vger. De Tun et
Tautre mariage il eut des enfants dont les actes de baptême ou de
uaissance — ce qui était tout un à cette époque — nous éclaî*
rent sur le rôle de Touvrier, Vincent Rogerie y reçoit en etfet le
titre de n. met^tre masson de Teuvre de ce lieu ^t (1612) et de
^ M' d'euvre i (1618)- Les documents nous le montrent en
relation avec tous les notables du Mout-Saint^Michel ; mais nous
n^avons garde de nous appesantir sur ces détails. IVous avons vouhi
seulement faire connnitre un maître de Ttruvre du Mont-Saint-
Michel sur lequel les renseignements faisaient défaut.
L. R0SSËB0£UF,
(lorreupondaDl du (loniilé dci Sociétés
di^s |]eoii\-Arts des départeraents,
à Tours.
DESSINS DK MËTK^ILLËS £1 U^ JETONS ^AB
XVIII
LES DESSINS DE MEDAILLES ET DE JETONS
ATTRIBUÉS àU SCULPTEUR ËDMB BÛUCIEAROÛIH
Dans lin intéressant travail paru en 188ti ', XL H. Bouchot
âi^palait Tei^iâtence au Cabinet des Eslampej» de U Bihliottièque
niitioiiale d'un recueil de denx cent ^OJ\ante-denx desï^ins à ta
sanguine, inodètes de médailles et tie jet<ms du rê;{ne de Louis \V,
de JTi7 à 1762'- Ces dessins sont tous, sauf deux « des rontre-
épreaves tirées par le .'jraveur sur un autre dessin et souvent cor-
rigées par lui, M. H. Bouchot n 11 ri huait Jps ori^jinaui de ces dessina
au célèbre tioucbardon, 4jui, on le sait, surcèda à Cbaufuurier en
1730, comme dessinateur de r.^cailémie des lielles-LetlreSp pour
les niédanies et les jetons, fonction qu'il touM-rva juscju^a «a mori,
en 176^. Le dernier dessin de le recueil est celui du jeton frappe'
pour VEstlraordiuaîre des guerres en 1 762.
\I. H< Bouchot accompagnait son travail de la gravure de deust
dessins sur lesquels ont dû être tirées Aeu%. ertutre*i'preuves du
recueil de la ilit>liolhèque nationale , l'un pimr les jetons de^i
bâtiments du Roi de 1742 et l'autre pour les j tâtons de 1743 de
cette administration royale. Ces dessins avaieut passé en vente
publi(|ue, à Thùtel Drouot, en 1883,
M> FL Bouchot attribuait à Boucbardon tous les dessins de ce
recueil, en se basant sur uiï pa^^sa^e de la vie de Jean Duiiiilt.
rédigée par t*abbê Gougetiot, en 1763', où il est question de Ui
1 BoucbardoD, dessinateur en méiUillei^ il/.-Jtl^ L XXXII. p. tl%-^i7.)
* Hecuml^ Pb. 'M» provif^it de IL M(>t:u>iHiE. — Les ori^^irt.iux îles conlre-
' rcuvDs àc LT'i3-l7'K^ doîvetit èire d« Ji^cin illiaiiraui'icr. i^uî «(uccétlii i\An% 1^%
jetions de daBsiusU^ur au peintre lloullon;|iiL*,
* L» DrssiKix, E. StiL'LiK, etc., Mémoires t ni dits sur In rie ei I^s outrfi^*'S
w membres de rAcadéffderoyfji^dt;peiniiirëtt de scuiffurt^i. It (Parii, ItiâV),
317-320.
▼I
350 DESSINlS. DE MÉDAILLES £T DE JETONS.
brouille survenue entre J. Duvivier et BouehardotK Ce dernier
fournissait au graveur les dessins de ses médaUles, M. lïoucbal
inférait de ce passage que tous les dessins de son recueil étaient
dus à Bouchardon.
Ces dessins ne semblent pas être les originaux de Boucliardon.
Nous croyons pouvoir le prouver par Tiiiscriptiun i\u\ se trouve sur
mi dessin du recueil qui fait le sujet de cet article. .Vous uvons
d'abord à faille remarquer que les dessins du Cabin<^tdes Estampes
ne sont que des contre-épreuves, tirées sur d'autres dessins.
L'érudit biographede Bouchardon, noire collègue M. A. Roserot,
a parlé ici même, il y a trois ans, du célèbre sculpteur comme
dessinateur. Ln passage de sa très intéressante communication est
consacré à la part que prit le célèbre artiste dans la composition
des sujets des médailles et des jetons officiels sous Louis \l'.
Comme M. H. Bouchot, il attribue tous les dessins qui nous sont
parvenus à Bouchardon lui-même.
^ Nous allons pouvoir établir d'une façon prét-ise^ penaons-tious,
quelle est la part artistique qui revient k Bouchardon dans tou^
les dessins que nous avons pu examiner.
Il existe au Musée de la Monnaie un recueil peu connu ' de
cent vingt-quatre dessins à la sanguine, ayunt en moyenne 210 mil-
limètres de diamètre (Ms. f° 71). Ces dessins, très finis, repro-
duisent, presque tous, les revers des médailles de la série hii^to-
rique de Louis XV, de 1715 à 1764. Pour une des médailles de
cette série, la médaille commémorative de la paix d'Aii-la-Chu-
pelle (1748), il se trouve dans le recueil deux dessins : l'un est uu
croquis rapidement dessiné, indiquant le sujet ; Taulre est une repro-
duction soignée, finie et assez différente de Tesquisse. En tèle du
croquis on lit cette inscription : Le cinq janvier 17i9, remis U
dessein à M. Roitier, qui est celuy qu'il fauU exécuter (n° 11:^
du recueil).
Ce croquis est donc le modèle remis à J.-C. Roétticrs pour
exécuter le revers de cette médaille. 11 semble logique de
supposer que le second dessin est celui que lit J,-C. Roetliers
1 Xous avons reproduit le dessin de la médaille btstaHque relative su voji.
du tsar Pierre le Grand en France (1717), dans un article sur les Viiitsf
Pierre le Grand et de Nicolas II à la Monnaie des médailles. {Gazette '
Beaux-Arts^ numéro de novembre 1896.)
r
1
nKSEIJVS DE l^tBDAILLKS ET DE JETONS. 151
(Paprès le croijuis qui lui avait Hé remis par Boucha rdoii lui-
même. D'ailleurâ, ce second dessîti, comme tous ceux qui com-
posent 1o recLieit du Muisée de k \loniifiie, a une précision daos
les détails, un fini daua Teiécution, qni indiquent plutôt le crayon
tl'un j^jnkvear que celui d'un dessinateur.
On pourrait doue in fêter que ce recueil coui prend les dessins
faits par les graveurs des médailles d'après les croquis qui leur
étajent fournis, et dont un seul noua a èlé cnnsorvé. Les deux
dessins reproduits duns Tarticle de M. H. Boucliot présentent le
même caractt Tt\ et le recueil de contre-épreuïes tlu Cabinet dea
Estampes donne, ou sens inverse, des dessins do graveurs. Les
dessins de médailles du recueil de la Monnaie (sauf un) et ceu^t
du Cabinet des Estampes, compris entre les deux dates 1730
et 17 B2, sont donc la traduction, plus ou moins libre, des
esquisses de Bou char don. Ce qui est d'ailleurs confirmé par le
passage de la biographie du graveur Jean Duvivier par Tabbé
Gougenot, cité par \f. H. Bouchot et rapporté par W. Rose rot dan:^
sa communication. Jean Duvivier, 1res capable de composer lui-
même le sujet des médailles dont il gravait les poinçons, apportait
souvent des modifications aux esqnisseii que lui fournissait Bou-
chardon, ce dont co dernier ne s'oflensait pas. \îai5 le ^rairenr
refusa un beau jour de graver le profil royal d a[)rés le modèle du
sculpteur, ce qui amena la brouille entre les deu3^ artistes^ en
1738 ou en 17:^9, d'après \L Hoserot.
Ajoutons, pour terminer, que les médaiUes co m [irises dans le
recueil de la Monnaie entre les numéros 71 et 121 sont les seules
qui puissent avoir été exécutées d'après des esquisses de Bon-
cbardou. Les graveurs qui en ont fait les coins sont des ariistes
dont les noms sont â juste titre célèbres, Jean Leblanc, Jean et
Benjamin Duvivier, Joseph -Cb^i ri es et Charle8-\'orlieri Rt^ëttiers,
F. Marteau ; toutes les médailles n'ont pas été faites à la date
qn* elles portent. iVous renvoyor»s, pour plus d** dé t m ils, au Irai ail
de M. L Guiffrey sur la Monnaie des nmfailles ', et nous nous
contentons de signaler, dans la liste su i liante, à la suite du titre de
la médaille, les coins conservés au Musée de la Monnaie, cji ren-
ant au catalogue de 18D2. \'ous avons souvent ajouté ta date
Hr9ue njtfniimatîqite, 1SS4 et les «not-ea luîraDtci.
d'exécution, lorsqu'elle se trouve iiKliquèc par le graveur $ur une
fies parties ilu coin.
F. Mazecrolle,
CoirespQiidant du Comité dc« Sociét^^t
de^ BeauJi-ArU àvs départements,
à Dijoa.
PIECE JUSTIFICATIVE
LISTE DË3 DKSStXS A LA SANGUfVE: UKS KIKU.^lLLEâ IW UkOSK DE l^l'tà XV
GONTEXLS D.^XS LE HECLtilL COMâ^aVK AU MISÉS 0£ LA UONT^ALE.
I. — Déclarntion de la Rêj^ence (1715), — Coin «^ravê par Jean
L e Bla ne» 41 a i i II i [1k { Cal a lofj ne dts Mèda ilies françaises dont les coin i
sont conservés au Musée Monétaire. Varh^ I8fl:2, règne de lioaîs Xl^
n- 2.)
^. — La Régence (1715). — Coin gravé par J. Dollin, 41 millîm,
(Calai,, n* 4.)
3. — /Ipplication du ]tèï|ent aux affaires (1716). — Corn grare par
Jean Le Ulaiic, 41 mîllim. (Catal.j n° 5.)
4. — Kspérances données par le ïloî (1716). — Deux coins gravé» par
Jean Le hhmc et Jean Duvivier, 41 mUlini. {CataL, n"" (i.)
5. — La Chambre de justice (171G), — Coin gravé par Jean [>u vivier,
41 millim, [CataLj n' 7,)
H. — Buste du RégenL — Coin gravé par Jean Le Blanc, 41 millïm,
(Caifl/., n'> 181.)
7. — Le bonheur de la France (1716). — Coîn gravé par Baer,
41 millim, [Caial., i\- 8,)
8. — Education du Boi (1717). — Deux coins gravés par J. Datiui et
Jean Duvivi<?r, 41 mitliEn. [CataLj n^ 9,)
9. -— Entrevue de l*ierre te Grand et de Louis XV (1717), — Coin
gravé par Benjamin Bu vivier en 17tîO- (CataLj ir 10.)
lu, — Suppression de la Chatubre de justice (17Î7), — - Coin gravé
par F. Alarteau, 41 rnitlim, {CataL, n*> 11.)
IL — Proj^ri's du ïtoi (17J8j. VU animi cum rorpore crescU. — Coin
grav^ par Jean Du vivier, 41 millim. {Catal., n'' 14.)
12, — Progrès du Roi (1718), Respondet euris. — Coin, 41 lulHtm.
[CalaLf n"^ 15.)
Va. — Proçïiè!^ du Boi (1719). TaliseDeajactataiumno. —Coin p'
par Jean Le Blanc, Il iirilliin. {Calai., n' Iti.)
j
DESSINS DE MEDAILLES BT DE iBTO\S. 353
là. — Prise de Fonlarabie (1719). — Coin gravé par Jean Duvivier,
41 millim. (CataL, n» 17.)
15. — L*instrac(ion <^raloite (1719). —Coin gravé par C.*N. Eoêttiers
en 1754, 41 millim. (Caial., n» 18.)
16. — Visite du Roi à la Monnaie des médailles (1719). — Coin,
41 millim. (Calai., n<' 19.)
17. — Visite du Roi aux académies (1719). — Coin gravé par
C.-N. Roëttiersen 1755, il millim. [CataL, n» 20.)
18. — Instruction dji Roi (1720). — Coin gravé par Jean Du vivier,
41 millim. {Calai., n« 23.)
19. — Paix avec FEspagne (1720). — Coin gravé par Jean Le Blanc,
il millim. [Calai., n« 25.)
20. — Audience de Tambassadeur de Turquie (1721). — Coin ^ravé
par Jean Le Blanc, 41 millim. [Calai., n" 2(i.)
21. — Rétablissement de la santé du Roi,(1721). ro^a^tii/ica. — Coin,
41 millim. [CataL, n^^^.)
22. — Rétablissement de la santé du Roi (1721). Laelilia popuU pro
ialute principis . — Coin gravé par J. Dollin, 41 millim. {CalaLy n« 30.)
23 et 24. — Projet de mariage entre Louis W etFinfante Marie-Anne-
Victoire d^Espagne (la face et le rêver»), 1721. — Coins gravés par Jean
Le Blanc et Jean Duvivier, 41 millim. [CataL, n"* 31.)
25. — Congrès de Cambrai (1721). — Coin gravé par Jean Duv.ivier,
41 millim. [Calai., n» 32.)
20. — Entrée de l'Infante d'Espagne à Paris (1722). — Coin gravé
par Jean Le Blanc, 41 millim. [CataL, n<'33.)
27. — Mariage de Louise-Élisabetb d'Orléans avec Louis, prince des
Asluries (1722). — Coin gravé parC.-X. Roëltiers en 1754, 41 millim.
[CataL, no 34.)
28 et 29. — Sacre du Roi (la face et le revers), 1722. — Coins gravés
par Jean Duvivier, Rog, Jean Le Blanc et J.-C. Roëltiers, 72, 41, 30 et
32 millim. [CataL, n" 35 a à d.)
30. — Sacre de Louis XV (Louis XV debout), 1722. — Coin gravé par
Jean Duvivier, 41 millim. [CataL, n" 37.)
31. — Rétablissement de l'église du Saint-Sépulcre (1722). — Coin
gravé par C.-X. Roëltiers en 1754, 41 miliini. [CataL, n°39.)
32. — Majorité du Roi (1723). Imperium susccptum. — Deux coins
gravés par Jean Le Blanc, 41 cl 32 millim. [CataL, n'' 40 a cl b.)
33. — Majorité du Roi (1723). Imperium stabilc. — Deux coiiLs, dont
l'..«^ravé par J.-C. Roétliers, 41 millim. [Calai. , n' 41.)
— Peste de Marseille (172;i). -:— Coin gra\ê par J.-C. Uot;tliers
ei "55, 41 millim. [CataL, n» 43.)
23
354 nESSL\g HE \JË VAILLES £T DE JETO\S.
S5. — La ville de Rennes rebâtie (1723). — Coin fjravé par J.-C. Roct-
tiers en 1755, 41 iiiilltm> (Catal.^ n"* ii.)
3U. — Proniolion de chevaliers de Tordre du Sainl-Esprit (172^4). —
Coin i^raté par Jean [îu vivier, il mil J tin. ((lalal.^ n" 4>*)
37. — Aled talion de la France entre la Turcjuie, la Russie et la Perse
(1724). — Coinf^favê parJ.-C.Iioéttiersfn 1752, il millîm.(CaM/.jn''iG,)
3B. — Médiation de la France entre Lu Turquie el Jn Russie (I7âi). —
Coin grave parC^-X. Roëttiers^ 41 ntHlim. [CalaL, n"* 47.)
39. — Pont de Blois (I72(i sk, pour 1724}, — Coin grave par Jean
Dutrivier, il millim. {CataL, n" 48.)
40. — Mariage de Louis XV avec Maria Li^czinska {\T2o] . Spei matum
fdkilatis. — Coin gravé par Jean Le Blanc, il milllim. [Calai. ^ n* 4lh)
4L — Célébration du mariage de Louis XV û Fontainebleau (1725),
Scdandae pofjuiorum afurietatî, — Trois coins gravés par Jean Le Blanc
en 174i, 72 niItlinK; par J, Dollin, par Jean Le Blanc en 17 VJ,
41 millim, [CataL, n** ,50 a el B.)
42. — Mnriarje de Louis XV avec Maria Leczinska (1725). Bnsie 4f
Maria Leczinska. — Coin rjravé par Jean fïn vivier, 41 millim. (CaUU.t
11'51 A.)
43. — Cba^aes du Roi (1725). — Deuxcoins, 41 et 32 millim. {Calai,
n' 52 A et b.)
4i. — Gouvernement de Louis XV suivant les maiimes de Louis VIV
{172G), — Coin gravé par Jean Duvivier, 41 millim. (Calât., n* 5â.)
45. — Levée de soixante mille hommes de Irgupe dans les provinces
( 1 726) , — Coin j^ravé par J .-C , Roi* Uicrs en 1 7 52, 41 millim . [(lalttl. , n* 54. )
4<L — Préliminaires de paist (1727). — Coin gravé par Jean Duvivier,
41 millim. [Calai. ^ n** 55,)
47 et 48, — \aissance de Mesdames de France, 1727 (la face el le
revers). — Deui coins «{raves par Jean Dtuivîer, 41 millim. {Ca(fl^^ n** 51ï.}
40. — Rétahll&semenl des compagnies de cadets (1727), — Coin gravé
par ïlog, 41 tniltini. (Catal.^ n" 57,)
50, — (iutWison de Louis XV (172H), — Coin gravé par Jean Dutî-
tier, 41 millim. [Caial.^ ir 58.)
5L — Bomhardemi^nl de Tripoli (172H), — Coin gravé par J.-C. Roël-
lîers en 1751, il niillim. [Calai. ^ u^ 5!il.)
52, — Congres de Soissons (1728). — Coin graté par J.-C RoëUiers,
en 1752, 41 millim. {CalaL, n" 60.)
53, — Louis XV protecteur des sciences et des art* (1728), — Coin
gravé par Jean Le Blanc, il millim. [Calai. j n^iil.)
54, — Bonheur de la France (1729). — Coin gravé par Jean Le Bl
41 millim. {CaluL, n- t>2,}
h
DESSINS DE MEDAILLES ET DE JETOXS. 955
55. — Naissance du Dauphin (1729). Vota orbU. — Coin gravé par
Rôg, 72 millim. ; deux autres coins, 41 et32 millim. {Catal., n* 64 a àc.)
56. — Naissance du Dauphin (1729). Sains domus auguslae propago
imperii popularum félicitas, — Coin, 41 millim. (CataL, n* 65.)
57. — Hommage du duc François-Etienne de Lorraine, duc de Bar
(1730). — Coin gravé par Jean Le Blanc, 41 millim. {CataL, n" 66.)
58. — * Naissance du duc d'Anjou (1730). — Coin gravé par Jean
Le Blanc, 41 millim. {Catal., n» 67.)
59. — Pont de Compiëgne (1730). — Denx coins, 5^4 et 41 millim.
(Catal., n« 68 a et b.)
60* — Nouvelles fortifications de Metz (1732). — Coin gravé par Jean
Le Blanc, 41 millim. (Catal., n« 70.)
61. •— La bibliothèque du Roi augmentée de dix mille manuscrits
(1732). — Coin, 41 miUim. {CataL, n« 71.)
62. — L'armée partagée en plusieurs camps (1732). — * Coin gravé
par Jean Le Blanc, 41 millim. {CalaL, n* 72.)
63. — Travaux sur les routes royales (1733), — Coin gravé par Jean
Le Blanc, et autre coin sans nom de graveur, 41 millim. (CataL ^-n'' 73.)
64. —Prise du fort de Kehl (1733). —Coin, 41 millim. (CataL, n«74.)
65. — Conquête du Milanais (1733). — Coin gravé par Rôg,
41 miUim. (CataL, n* 75.)
66. — Bataille de Parme (1734). — Coin gravé par Jean Le Blanc,
41 millim. (Catal., n- 76.)
67. — Prise de Philipsbourg (1734). — Coin, 41 millim. (CataL,
n-77.)
68. — Bataille de Guastalla (1734). — Coin gravé par Jean Le Blanc,
41 millim. (CataL, n* 78.)
69. — Les Allemands repoussés au delà de TAdige (1735). •*- Coin,
41 millim. (Catal., n» 79.)
70. — Préliminaires de paix signés à Vienne (1735). — Coin gravé
par C.-N. Roêlticrs en 1752, 41 millim. (CataL, n" 80.)
71. — Éducation du Dauphin (1736). — Coin gravé par Jean LeBianc,
41 millim. (CataL, n* SI.)
72. — Réunion à la France de la Lorraine et du duché de Bar (1737).
— Coin gravé par Jean Duvivier, 41 millim. (CataL, n« 82.)
73. — Paix avec r Allemagne (1738). — Coin gravé par Jean Duvivier,
41 millim. (CataL, n^ 83.)
^^4. •— Pacification de la République de Gênes (1738). — Coin gravé
pa Jean Duvivier, 41 millim. (CataL , n<* 84.)
— Renouvellement du vœu de Louis XIII (1738), — Coin gravé
pa -C. Roëttiers en 1754, 41 millim. (CataL, n» 85.)
! r*
35Ô n«ssi:vs bb uedaellë^ et de jetoxs.
76. — AlJhîiccsvec la Suède (1738). — Coin gra?6 par J.-C* Roëtlicrs
en J755, il iniMim. [CaiaL, n" 8(.>.)
77» — AvôiiemeriL île Hon Carlos, ills de Philippe \\ roi 4* Espagne, au
Irône des DeuK-Sieîleîi (I7^S). — Coin graié par C.-\p RoêUiers en
17(>0, 41 raiMim. [CalaL, n- 87,)
7g. — Médifliioji de la France entre TAlleniagnc, la Russie el !a Tur-
quie (1739), — Coin gravé par V . Matreau^ -il niillim. (CaiaL^ n* HH/«
79, — Mariacje de Louîse-Kli^abeih de France atee Philippe, inlûnt
d^Espagne (ITîiO). —Coin gravé par C.-N. Roelliers en 17(iO^ 41 jiîilliin,
(CataL, n°89.)
80. — Paeifieation de la Corse (1740). — Coin graié par J.tC, Roêh
tiers en 175^, 41 millim. {CataL^ n^ !^K).)
8L — Secours envoyés 4i l'Élecleur de RaviiTe (1741), — Cpiji gfàvp
par C.-N. Roetliers en 175:2, 41 millim. [CaiaLy n^ \)±)
82, — Nouvelle audience de Tamljassadeur de Turquie Saîd-^fl^rendt
(1742). — Coin j^ravé par Benjamin lïuviïier, il inillini. [Catai.^xi^Sy^}
83. — Départ de \à}\ùb W pour la Flandre (!74i}. — Coin ^ravé par
F, Marteau, 41 iniliim. [CataL, n" Oi.)
84« — tiatailie de ^leniu jl7iii. — Coin gravé par F, Marteau,
41 nuïlini. (CataL^ n* 95,)
85. — Prise d'Ypres |t74i).^ — Coin grave par F, Marteau, 41 fnilïiat.
(CataL, n"*Hi,)^
86. — Priife Je l' urnes (174i). — Coin gravé par J.-C. Roëlli*'i'St
4! minim. {Calai., n- 97.) _.
87. — Passnfîc do Rlitn (17 ii), — Coin gravé par t"* Marteau.
41 millim. iCaiat., n- 98.)
88. — Maladie de Louis XV à Metz (17 ii). — Coin gravé par lienjamiu
Duvivie£.Bn 1757, 41 miltim, {Calai. ^ îi" 09,}
89. — Convalescence de Louis XV (1744). — Coin tjravé par F, Mar-
teau, 41 millim, {Calai. ^ n^ \m.)
ÏH), — Guérison de Louis XV (1744), — Coin gravé par C-X, Roeltiers,
en 1751, 41 miliirn. {Calai, n" 10 L)
91. — Caiiipaj]ne d' lia lie (I74i). — Coin gravé pnr C.*X, Roèltiersi
en 1753, 41 miWvm. \QilaL, n" 103.)
Oâ. — Prise de Friboargen ïlrisgau (1744). — Coin gravé par F. Mar-.
teau, 41 millim. [Calai., u" lOi j
f)3. — Voyage des astronomes française rÊquateuret au pd le nord
(1744). — Coin gravé par C,-\. lîoëtliers en 1702, 41 mlWïxn, .{CûtaLt
n** 105,)
U4, — Mariage de Louis, Dauphin de France, avec Marie- ÎL
li'li&pagne {1745). Aovufii dumus augmtae vinculunL — Plusieurs *
DBSSIKS DE MÉDAILLES ET DE JBTOIVS.
357
gravés par J.-C. RoëUiers, 72, 41 et 3i mîllim. (Catal, n* 1(K> a à e.)
95. — Mariage de Louis* Dauphin de France (bustes affrontés). —
Deux coins par F. Marteau, 41 et 32 millim. {CataL, n* 107 a et r.)
96. — Campagne d*IlaUe (1745). — Coin gravé par C.-N. Koëttiers en
1758, 41 millim. {CaiaL, n» 108.)
97. — Bataille de Fontenoy (1745). — Coin gravé par F. Marteau,
41 millim. {CaiaL, n» 109.)
98. — Prise de Tournai (1745). — Coin gravé par F. Marteau,
41 millim. (CataL, n« 110.)
99. — Conquêtes de Louis XV (1745). — Coin gravé par J.-C. Roël-
tiers, 41 millim. (Calai, n* 111.)
100. — Prise de Bruxelles (174(5). — Coin gravé par F. Marteau,
41 millim. (CataL, n« 112.)
101. — Prise de Charleroi, de Namur, de Mons en Hainaut, de Jem-
mapes, de Bruxelles et d'Anvers (1746). — Coin gravé par F. Marteau,
41 millim. (CataL, n» 113.)
102. — f Bataille de Rocoux (1746). — Coin gravé par J.-C. RoîHtiers,
41 millim. (CataL, n» 114.)
103. — Revision des lois (1747). — Coin gravé par F. Marteau,
41 millim. (CataL, n^ 115.)
104. — Gènes secourue (1747). — Coin gravé par J.-C. Roëttiers en
1763, 41 millim. (CataL, n« 116.) *
105. — Second mariage de Louis, Dauphin de France, avec Marie-
Josëphe de Saxe (1747). Commune perennitatis votum. — Quatre coins,
dont Tun portant la signature de F. Marteau, 4L, :)6, 32 et 29 millim.
(CataL, no 117 Aàc.)
106^ — Second mariage de Louis, Dauphin de France (bustes affrontés) .
— Coin, 41 millim. (CataL, n° 118.)
107. — BaUille de Lawfeld (1747). — Coin gravé par F. Marteau,
41 millim. (Co/a/., no 119.)
108 et 109. — Prise de Berg-op-Zoom (1747), face et revers. —Deux
coins, celui du droit portant la signature de F. Marteau, 41 millim.
(CataL, n» 120.)
110 et 111. — Préliminaires de la paix d'Aix-la-Chapelle (1748), face
et revers. — Deux coins, 41 millim. (CataL, n« 121.)
112. — Paix d' Aix-la-Chapelle (1748). — Esquisse de Bouchardon
pour le dessin suivant ^
113. — Paix d'Aix-la-Chapelle (17-48). — Dessin de J.-C. Roitliers.
Deux coins gravés par J.-C. Roëltiers en 1749, 72 millim. (avec la
^'oîr, ci-après, planche XXI.
V
35fl MOBILIER r>U CHATEAU ROYAL DE S A I\T-U UBEKT.
date à Texergire, ^ ocL 1748), et vn 1751, il tnillim., avef la data
exKle ; WllI OrTOiUtlS MDCCMAIU. [CalaL, n* 122 ft el n.}
lli. — Pioloclion (les arls et manufacturer (I7il>), — Coin gravé par
C.-X. Roëltmr^ en 17i>2, M millim. (Cû/a/., n- ]%i.}
I !5. ^ Slaîiilité des monnaies (1750)., — Coin gravé par J.-C* Roel-
tiers en 175i>. {Catai., n- 12 i.)
IIG. — X'aissanee du duc d'Aquilaîne (I7t53). — ^ Coin grcpé par
C*-K, RotHliers en 1757. (Calai, n^ 128.)
117, — Maissttnct? du duc do Berrj^ (175-4), — Coin, 41 mîilîm,
(CataL, n'* 13L)
118, ^ Kaîsiîarrcc du com le de Provence Louis XVUÏ] (1755), —Coii»,
41 millim, {CaiûL, n" UU.)
119, — Prise de Port-Malion (175B), — Deuï coins gr.ivés par
C.-N. Roôtiiers et L. LeoiT^rd, il riiillim. {Cntai, w \'M.)
J20. — Alliance avec .Marie-Tliérèse (I75G). — Coin gravé par Ben-
jamin Duvivier, 41 ïniïlim. {CainL^ n" ISTi.)
12 L - — Xai.^isancc du coin le d'Ailois [Cliarles X] (1757). — Cma
gravé par Bt^njamin Duvivier, 41 millim. {CaîaL, n* l^H.)
122. ~ Paiï avec TAnglelerre (I7fâ}. — Coin graié par J.-C. Roel-
liers, 41 inillini. [Calai., n" lil.)
12ï^. — Slatiie éqncslre du Itoi sur la place Ix^uîs XV. GalUa plaudcnU
(1763). — Deux coins gravés par B, Du vivier en 17G3 cl 17G8, 41 milliav.
[CataL, n* li2B,)
12i. — Pose de la premitre pierre de Téi^îlise Sainte-Geneviève (17Gi)*
— Coin j^ravê par C.-IV. RoeLliers» il milMm. [CainL, n* 1 i3.)
i
XIX
APPARTEAIEXTS ET MOBILIER
DD CHATEAU HOYAL DE SAlXT-HUBEflT
(Paroi «*e déi &i»«ni-Je-Bi>î),
Louts XV avait, dès sa jennrsiie, pris Pbabilude de chaiseï
fréquemment dans la forât de Baoïbouillet. Celle forêt lui pUfsail
Ul2J<
1
MOBILIER DU CHATEAU ROYAL DE SAIMT-HUBBRT. 859
\
• • • '.
et longtemps rhospitalité qu'il avait reçae chez la comtesse de !.; ;
Toaloase, au château de Rambouillet, lui avait été agréable. Il la {JV :
paya mal: après la mort du comte de Toulouse (1737), il multiplia i'^
les importunités dans le but de décider la comtesse de Toulouse '•*.-
et son Gis» le jeune duc de Penthièvre, à lui vendre Rambouillet. :.j
11 n'y parvint pas. Ainsi il dut se résoudre à recevoir Thospitalité
du duc de Penthièvre. j'
Quelques années plus tard» la situation se compliquait des fai-
blesses du Roi pour i\f mede Pompadour : Tatmosphère de vertu dans
laquelle Louis XV se trouvait à ses v(»yagesà Rambouillet devenait
gênante. Cependant, loin de songer à renoncer aux chasses de cet
endroit, le Roi les affectionnait davantage.
Ce fut ponr en jouir plus à son aise et sans quMI en coûtât aucun
sacriBce à sa vie privée, qu'il ordonna, en 1755, la construction d*un
rendez-vous de chasse sur les confins de la forêt de Rambouillet.
L'architecte Gabriel choisit pour emplacement à cette nouvelle
maison royale le bord d*un des étangs créés sons Louis XIV pour
alimenter d'eau Versailles, Tétang de Pouras. De là le nom de
pavillon de Pouras qu'on lui donna d'abord, et auquel succéda
bientôt celui de château de Saint-Hubert.
Saint-Hubert était distant de quatre lieues et demie de Versailles,
et situé à cinq cents pas, à droite, de lu route de Versailles à
Chartres. II fut terminé en 1758.
Alors, il ne comprenait qu'un gros bâtiment de vingt-trois toises
de longueur sur dix toises d'épaisseur (46 m. X 20 m.), avec un
avant-corps, du côté de Tétang. Cet avant-corps renfermait le salon.
Devantle château, une cour était précédée de deux petits pavillons,
réunis par une grille. Le pavillon de droite était la conciergerie ;
celui de gauche contenait la chapelle. ËnGn deux ailes, en relour,
servaient de communs.
De 1761 à 1772, on augmenta le château de Saint-Hubert : de
deux petits pavillons à l'italienne, accolés au château; — de
quatre pavillons d'angle, dessinant une avant-conr; — puis de
deux ailes de trente-trois toises (66 m.) chacune, unissant ces
pavillons deux à deux. Une deuxième grille ferma l'avant-cour.
Tous les bâtiments avaient un rez-de-chaussée, un entresol, un
premier étage et un deuxième étage mansardé, sauf les communs
qni n^avaient qu'un seul étage.
I
À I
360 MOBILIEU Di; CHATEAU ROYAL DE B A I \ T-H U BE lîT.
Cinq avenues a l)ou tissaient à l'entrée du citâleau. Celle du ceolre
était planÈée de quatre rangées (l'arhrcs.
Pour senii' d'annexés au cKaleau de SoluUHnbetl, on acquit le
petit clïàteau de r.'^rtoire, situé dans le voisinage, de Tautre aMê
de la route de Chartres, et Ton coofitrursit une nmison de la poste,
des bâtiments pour la mitrécliaussée el les menus plaisirs, et une
petite église paroissiale. Un village fut fondn auprès du château et
nommé Saint-Hubert. Il ne se développa pas, par suite de l'alïsence
du commerce. Mais le cliûleau, on le voit par cette courte descnp-
tion, était considérable. 11 ne r^^nlenait pas moins de cent crn<
qnante logements.
Cependant, si vaste que fut ce château de Saint-Hubert, tl neuous
offrirait qu'un bien minime intérêt si les voyages de la cour n'y
avaient été nombreux, el si la décoration des appartements n'ai ail
montré que le îïoi attachai pendant un temps, beaucoup de pri:c
à cette demeure.
Depuis sa fondation jusqu'en IT^G, Sarnt-Hubert reçut tous les
personnages marquants de France : Louis XV, le duc d*Orléanf,
le prince de Condè, tous les seigneurs et les dames qui accom-
pagnaient le Hoî dans ses chasses; la uiarqurse (te Pompadour.
la comtesse du Barjy ■ Louis XVÏ, son beau- frère l'empereur d'Au-
triche, le roi de Suéde, Marie-Antoinette qui y soupa et y cliassa
maintes fois; le comte d'Artois, pour qui Ton y installa un jeu di^
paume, etc. Et que de f;iits, digues d'être relatés dans la vie de
ces hùtes célèbres, constituent les fastes de Saint-Hubert! que de
curieuses aventures de chasse! Ils trouveront leur place dans une
autre étude que nous préparons, à laquelle a bien voulu s'intéres-
ser la Société des Sciences morales^ de Versailles.
Ici, nous voulons entrer dans un détail particulier de la déco-
ration, du mobilier et de Tameublement du château de Saint-
Hubert. — A sa décoration sont attachés les nomsdeSlodlz, Pîgalle,
Falconet, Couslou, U'erbreck, Bachelier, Carie Vanloo. Elle
mérite donc bien rattention. Quant à son mobilier, les in^eutaires
que possèdent les Archives nationales nous le décriveni avec
précision, et nous en sentons toute la beauté et tout le luxe,
sorte qu'eu dehors de la curiosité qu'où apporte toujours à connai
la demeure des grands, il est intéressant pour Thistoire de Tar*
I
MOBILIER DU CHATEAU ROYAL DB SAINT-HUBERT. 361
dii-huilième siècle de s'attarder un peu à- ces descriptions; de
rapprocher les divers éléments du mobilier, afin de reconstituer
Tameubiement des appartements tel qu'il était sous les yeux des
hôtes du château. I/intérét même s*accroit lorsqu'on songe que
c'est Mme de Pompadour qui présida à cet ameublement. Un des
historiens de la marquise, Capefigue, dit de Saint-Hubert: «Les
rendez-vous de chasse étaient devenus des palais, et^ dans le dernier
temps de la marquise, le Roi paraissait spécialement affectionner
le pavillon de Saint-Hubert... Le mobilier en était fort riche et
avait coûté 800,000 livres. r>
D'après.les dépenses faites pour les appartements, nous pouvons
juger qu'ils formaient un cadre convenable aux merveilles du
mobilier. Les comptes des bâtiments établissent, que le sieur
Rousseau reçut 16,237 livres pour des sculptures d'écoratives ; le
stucateiir Clérici, 28,703 livres pour les dix-huit mois qu'il avait
passés à Saint-Hubert à faire des imitations de marbres antiques
dans le salon du château et dans un cabinet de l'appartement du
Roi ; ce qui n'empêcha les marbriers Trouard et Dropsy de fournir
pour plus de 30,000livres d'ouvrages de marbre. Les fournisseurs
d'ouvrages de ciselure et bronze doré, de glaces et dorures tou-
chèrent dans la môme proportion. Remarquons combien il y a loin
de ces riches appartements de Saint-Hubert au rendez-vous de
chasse que les auteurs s'étaient imaginé capable tout au plus de
fournir le nécessaire à un débotté.
Saint-Hubert n'était pas moins luxueux que Bellevue, lileudon
et Choisy. Il avait le même rang parmi les résidences royales, et
i] n'importeras moins pour les arts au dix-huitième siècle.
La merveille du château de Saint-Hubert était le salon : un
cheFrd*œuvre de Gabriel. Il était situé au rez-de-chaussée, dans un
avant-corps du pavillon principal, du côté de l'étang de Pouras.
Cest*à-dire qu'il était sur le derrière du château.
Quatre arcades ouvraient ce salon circulaire et s^appuyaient
contre huit pilastres corinthiens, sur lesquels régnait un entablement
composite, surmonté d'une calotte, avec un percé au centre. L'une
*-s arcades était occupée par la porte d'entrée ; une autre par une
3aiinée, ornée de glaces.
Au-dessus de la porte, un buste de Diane et deux enfants avaient
V.
ZBÛ MOBILIER DU CHATEAU ROYAL DE S .^OT-HUaE HT.
été sculptés par Slodtz. Une frise, tout autonr du salon, étaitnrnèQ
de quatre têies fde cerf, quatre de sanglier, et de vingt-quatre
cliiens, avec des guirlandes et des consoles. Les cliîens étaient de
Uerbreck. Quatre bas-reliefs avaient été distriliuiVs à Slodïz,
Pigaile, Falcojnet et Coustou. Chacun de ces trois derniers avait
travaillé également à la frise. Mais les huit trophées de chasse qui
décoraient la calotte avaient été réservés à Slodtz, et celui-ci se
trouvait de la sorte le principal ouvrier de ces chefs-d^œuvre.
On peut noter, en passant, que ces artistrs tcçnrent pour leurs
travaux : Soldtz, 4,900 livres; Werbreck, l,ri84 livres (Osons;
Pigaile, Falconet, Coustou, 1,200 livres chacun, (Cotnpt, des Bat.)
Quant à Tefiet de ce salon, on peut s'en imaginer la gnlce et la
fraîcheur par le contraste du stuc blanc des sculptures nvecles
marbres jaunûlres peints par Clérici ; par les jeu\ de lumii^re qut*
créaient les percés de la voûte et des arcadi^s, qui donnaient un
air de légèreté à cette architecture, égayée de tant d'aLtrilïuts ilc
chnsse, pour en caractériser la destination.
Malheureusement pour les artistes qui avaient dépensé leur talent
à ^aint-Hubert, ce salon ne devait pas contribuer de lon^pies
années à leur fournir sa part de gloire. Il rencontra, au lendemain
même de son achèvement, un ennemi terrible ; Thumnlité eiiraor-
d inaire de cette région, qui a valu à la foret de Rambouillet le
nom i*Iveline. Gabriel n'avait rien prévu contre cet ennemi qu'il
ignorait. A partir de Thiver 1759-60, on entretint tous les ans,
pendant la saison rigoureuse, un feu suffisant pour empêcher le
salpêtre de se former dans le salon jusqu'à cinq pieds de haut,
mais modéré assez pour qu'il ne fit pas éclater le^luc,
Clérici revint fréquemment faire des réparations, sous Louis XV.
Sous Louis XVI, le salon de Saint-Hubert fut encore bien entre-
tenu; mais de 1788 à 1797, il resta entièrement abandonné. De
sorte qu'au moment où le château fut vendu, comme bien national
(lui de ventôse an IV), il était passablement u endommagé ' ^ .
Ses propriétaires Tentretinrent jusque vers 1867, où il fut
démoli et ses sculptures acquises par des amateurs.
Deux peintres seulement travaillèrent pour Saint-Hubei
' Procès-verbal d*c$tiina(ioo, du 21 thermidor an IV.
r '
MOBILIER DU CHATEAU ROYAL DE SAINT-HUBERT. 363
Bachelier peignît le plafond du salon et fit un dessus de porte pour
Ja chambre à coucher du Roi. On lui paya 3,300 livres. Carie Vanloo
donna un Saini Hubert h la chapelle du château. M. de Marigny,
directeur des bâtiments, lui avait écrit, le 7 janvier 1758, pour
lui commander un tableau d'autel, ci Je veux que ce tableau soit
d*un grand maître, et j'ay jeté les yeux sur vous. Je laisse le sujet
à votre choix; vous ne serez gôné que par les dimensions... ^
Vanloo peignit une Conversion de saint Hubert .*;le Christ lui apparaît
entre les cornes du cerf qu'il poursuit. 1/œuvre était digne du
maître. Ce Saint Hubert sl toujours été cité avec éloge. Mais il ne
fut pas épargné parThumidité. Malgré des soins spéciaux, il n'était
pas en bon état, en 1785, lorsque Louis XVI le fit transporter à
i église paroissiale de Rambouillet. Il fut réparé et gâté. C'est dans
cet état qu'on le voit aujourd'hui.
Pour montrer à quel point Thumidité a ruiné le château de
Saint-Hubert, nous relèverons ce détail, qu'une copie du tableau de
Vanloo avait été faite pour la petite église paroissiale du village de
Saint-Hubert. En 1785, c'est-à-dire au bout de vingt ans, elle était
pourpe et réduite en poussière. — Le Saint Hubert de Vanloo lui
avail été payé 2,000 livres ^
Les appartements de Saint-Hubert eurent aussi un véritable
ennemi dans les solliciteurs de logements. Ceux-ci ne dégradèrent
rien ; mais ils génèrent à la splendeupd'appartementssi richement
aménagés et meublés, dont le nombre, bien que considérable, ne
suffisait jamais aux puissantes demandes qu'avait à examiner le
Roi. 11 en résultait qu'on réduisait chacun au minimum d'espace
possible pour contenter plus de monde. Les quelques lignes sui-
vantes, extraites d'une note présentée au Travail du Roi, en 17()5,
donnent une idée del'emharras que devaient causer les réclama-
fîons de personnages de première marque : a 11 est absolument
nécessaire que Votre Majesté ait la bonté de penser à l'arrangement
lies logements de Saint-Hubert... Il n'y a que trois logements de
dames, et Votre Majesté en mène quelquefois cinq on six. M. le
prince de Condé, comme grand maître, y a un loycnient très
H diocre. M. le duc d'Orléans et M. le duc des Deux-Ponts iront
lomptes des bâtiments, 0'2258.
1
364 MOBILIER DU CliATEaU ROY.^L DE S A I\ T-H LBE RT.
sûrement tnusles ans, et les jambes Ju premier prince du sanj ne
paraissent pas assez bonnes pour le second étage. M. le marquis
de Marigny demande qu'on augmente son lo^jement an cfiAleau,
n' 19,.. B Ainsi, hormî les apparlements d'assemblée et ceux du Roi
et de sa maîtresse, les autres étaient disputés, et, par suite, étroiu.
Louis XV habitait le premier éîage dn pavillon principal. Il n'y
disposait, du reste, que d'une chambre et d'un cabinet. Sa garde-
robe était reléguée à l'entresol,
£n 1T4j^, \Ime de Pompadour avait également une cbambreet
un cabinet, et un second cabinet ou garde-robe à l'entresoL
L'appartement du Roi était meuble de damas cramoisi, garni de
deui galons d'or'. L'ameublement du lit, v. en baldaquin a calolle
à la royale *> , était de gros de Tours cramoisi ^* bordé (F un
petit f^Ion d'or avec deust tresses d'or et leurs glands v . L ne
garniture comprenait u cent dou^e plumes blanches montées de
cramoisi et de cinq aigrettes » «
La couchette était à deux chevets, a bombée, sculptée et dorée i^.
Le damas reparaissait, bordé d'un petit galon d'or, aux portières
et aux doubles rideau s, d'une b auteur de quatre aunes. Pour
rideauiL de fenêtres, du gros de Tours blanc. Lu tapis de la Savon-
nerie couvrait le sol sur cinq aunes et demie de long et quatre aiine«
et demie de large. Le commis du garde^meuble Ta décrit avec la
même simplicité de termes que tiou^ retrouverons partout dans sou
inventaire : — » Fond brun, <*hargé d'un grand compartiment foad
jaune, au milieu duquel est une rose moresque entourée de fleurs
de lys et fleurons ; aux coins et milieu sont six grandes fleui's de
lyscoulaur de bronze entourées de guirlandes de fleurs. La bordure
aussi couleur de bronze, n
On ne saurait vraiment reprochera cette chambre de sentir son
rendez-vous de chasse, dont le titre évoque la peusée d'une iostaU
lalion sommaire*
Deux fauteuils, deui carreaux, un écran, un paravent de quatre
feuilles étaient recouverts n de même damas... chamarrés et garnjs
de galons d'or... Les bois sculptez et dorez... n
* Itwâtiiaires de Saint'Hnbett. ArchU^es natiiyaalej, 0i3ï«i9*
>iOBILIER DU CHATEAU ROYAL DE 8 A1\T'HUBERT. 365
En plag, un marchepied couvert de damas ; un fauteuil de
toiliette en maroquin rouge. Le bois sculpté et doré.
Deux meubles :
« Une commode de bois de rose à fleurs de bois violet et dessus
de marbre brèche violet, ayant par devant deux grands tiroirs
fermant à clef, enrichie de divers ornemens de bronze doré d'or
moulu ; longue de quatre pieds huit pouces... » Et une table de
nuit u de bois violet et rose » .
Et pour compléter cet ameublement : une grille .de bronze
devant la cheminée ; deux paires de bras, à doubles branches, de
bronze doré ; une pendule a faite par Hloysy, le cadran d*émail
dans dei; cartes de bronze doré » ; u un chandelier de cristal de
Bohême à consoles et six branches, les fontes dorées, avec son
cordon de soye cranioisy i> •
Le cabinet du Roi n'avait point d*ameublement; seulement deux
rideaux de gros de Tours blanc, à la fenêtre.
Pour mobilier, ^i uu secrélaire, en armoire, de bois de rose à
fleurs de bois violet, orné de bronze dorez d'or moulu, ayant en
bas deux batlans fermant à clef. L*aballant, couvert de velours
cramoisy, renferme cinq tiroirs à boutons dont un à droite est
garny d'encrier, poudrier et bocHe à éponge d'argent. »
Dans la garde-robe du Roi, le mobilier était de palissandre (chaise
d'affaire, bidet), sauf deux jolies encoignures de bois d'amaranle
et de rose, garnies de trois tablettes de marbre vert de Campan,
et ornées de pieds de bronze doré.
Mme de Pompadour avait choisi pour son appartement une étoffe
de damas rayée vert et blanc, garnie de crête de soie. C'était très
modeste par rapport au damas cramoisi chamarré d'or qui meublait
la chambre du Roi ; mais, en cela même, le choix était de bon goût ;
il Tétait plus encore par Texpression délicate que la douceur du
contraste de ces deux teintes, vert et blanc, donne au mobilier
et à Tameublement uniformes d'une pièce.
Le lit à quatre colonnes se drapait dç vingt les d'étoffe, qui se
jent, de même que les portières, de cordelières de soie garnies
< glands de soie.
V
3GG MOBILIER DU CHATEAU ROYAL DE SAINT-HUBH HT.
Deux fauteuils et six chaises à dos couve^rtâ u de même damai,
tt garnis de ladite crête » , et un fauteuil en confessionnal ét&îefil
répandus dans la chambre de la marquise, u Les bols âciilpteiet
CL û moulures rechampis vert et blanc » , dit Finventaire*
« Un écran à coulisse couvert des deux cotez de même damoj
a avec sa tresse de soye terminée d*un glaniL ^ Un fauteuil de
toilette,* de hêtre et canne, garni de damas.
Il y avait aussi a une niche pour deux chiens, couverte dudii
tu (lamas » •
Les meubles de cette chambre étaient : deux commodes de boïa
de rose et de satiné, avec mosaïque de placages, dessus de marbre
brèche violet; deux tiroirs, avec entrées de serrure, mains û\és,
chutes, fleurons et chaussons de bronze doré ;
Une table de nuit de bois violet et rose ;
Un écran de bois violet massif; le châssis couvert de papier des
Indes à fleurs, avec sa tresse de soie.
Dans le cabinet attenant à la chambre de la marquise, Tameii*
blement était tout semblable.
Le mobilier se composait d*un secrétaire de hois violet et rose
à placages, orné de chutes, fleurons et chaussons de cuirre doré,
avec trois tiroirs, et d'une table à écrire de bois de rose et fleurs
de bois violet, recouverte de maroquin noir.
Il est peut-être indiscret de suivre le commis du '{arde-aieuble
inventoriant la garde-robe de Mme de Pompadour. On n'a point
d*embarras à en décrire les quatre pièces de tapisserie ude papi^^
u peintde figureschinoises, collées sur toile et âttachéessurrhassisi^ .
La plupart des autres meubles échappent, indtgnes probablement,
par leur banalité, de la mention « Madame de Pompadour i .
Mais, au contraire, le bidet a Phonneur d'une ample description,
que nous nous couvrons de Pautorité du document pour reproduire;
■ Un bidet à seringue, de bois de noyer, avec couvercle et dossier
de mnroqBÎn ronge, cloué de clouds dorez, ayant dans le doflS**r
deux flacons de cristal... »
Le salon de stuc, comme on appelait le salon de Saint-Uube
UOBILIBR DU Cf^^TEAU ROYAL DE SAINT-HUBERT. 367
était meoblé de la même tapisserie que la chambre du Roi : damas
cramoisi à galon d*or.
On y voyait : six demi-bergères, douze chaises courantes, une
chaise pour le Roi, un paravent, un écran, garnis tous de damas
cramoisi et de galon d'or cloué.
Vingt et une tables de jeux divers étaient destinées au salon,
toutes d'une riche et jolie ébénisterie.
Sur la cheminée, une pendule de Moysy, « terminée en haut
a d*un enfant assis sur un nuage tenant un paon, le tout en bronze
tt doré d*or moulu ; haute de vingt pouces r ,
Devant la cheminée, une grande grille de bronze était ornée
d'une tête de lion et d*une tète de loup.
Le centre du salon était occupé par un grand tapis rond, de la
Savonnerie. L'inventaire de 17621e détaille ainsi : »... Tond noir,
ayant au milieu un grand compartiment fond cannelle, au milieu
duquel est une coquille moresque entourée d'une vingtaine de
fleurs et accompagnée de quatre compartiments. Le reste du tapis
est orné de mosaïque, de quatre fleurs de lys et de quatre coquilles.
Le tout entouré de guirlandes de fleurs ; des oves couleur de
bronze formant la bordure. Le tapis de six aunes trois quarts de
diamètre. »
Saint-Hubert. possédait encore un autre tapis de la Savonnerie,
dans son vestibule, et deux remarquables paravents, sortis de la
même manufacture :' Tun de six feuilles, placé dans la salle à
manger; l'autre de quatre feuilles, déposé dans le vestibule.
La tapisserie de ces paravents était de fond jaune; au milieu,
sur un cartouche de fond bleu, était représenté un oiseau : autour
du cartouche, divers ornements, et, au bas, un vase de fleurs.
Chaque feuille du paravent portait un oiseau différent.
Ces tapisseries méritaient une mention spéciale. Il n'en faudrait
pas conclure qu'après les objets des trois principaux appartements
que nous venons ^e décrire, elles closent la liste des richesses
d'ameublement de Saint*Hubcrt. Certainement, le salon, Tappar-
t~ lent du Roi et celui de Mme de Pompadour surpassaient de
1 aucoup en luxe les autres appartements. Cependant, on trouve-
I i sans peine, dans la salle à manger, dans la chapelle, dans les
^
^
368 MOBlLlIia DU CHiTRAU ROYAL t) Ë S A ISJT-H LBE RT-
appartemetita de darneset des pri ne i pan i seigneurs, des tapisseries,
des bronzes, des meubles d'éliénisterie qui mériteraient un éb^je
et un moment d'attentioti. Tels les secrétaires qui servaient au
comte de \aailles et à G^ihricl, et le bureau orné de bronzes ciselés
et dorés du duc de Cliolseul ; telles la jolie r.ommode de boîs vlulet
et rose et )a table a écrue de même bois de II < de Durâs^ etc.
Saint-Hubert n'était que comparable à lîellcvue et à Cboisy pour
la beauté et ]a ricbesse de sou niubilier; il les surpassait pour U
profusion des meubles,
Des mutations se produisirent, dans le mobilier de Saint-Hubert,
durant les règnes de I^ouis XV et de Louis XVK En mai 17B5, par
exemple, Tameubl émeut de Vappartement de Afme de Pompadour
fut reuToyê an garde-menlïle de Paris. Cependant, Tensemble des
meubles resta à peu prés le même jusqu'en 1784. A cette date,
tout partit pour Itanibouillel^ i{ue Louis \VI venait d'acquérir Jl
ne resta à Saint-Hubert que ce qui était i indispensable pour un
déjeuner et en cas d'accident n .
Pour éviter d'avoir à entretenir des biltimenls devenus îuuLiles»
Louis WHU démolir les deux ailes de ravant-eourdeSalnt-Hubcrl,
Dcniénagenient el destruction s'accomplirent en même temps : le
caprice royal Pordonnait ainsi.
Cependant le cliàleuu de Kambouiliet ne pouvant contenir tout
le mobilier de Saint-Hubert, on dut en diriger plusieurs chitr^e-
menls de voitures sur le garde*meuble de Paris, sur Saint-Ctouil,
sur Tria non,
Kambouiliet n'eut que quelques me utiles particuliers, exigé»
par la proportion des pièces. A l'exception de deux tapisseries
demandées par la Keine, il reçut tout de Saint-Hubert. ■
Or, le 14 oclotîre ITÎï^tj les commissaires de la ronvenlion
cbar<jés de U vente (les meubles du c; ci-devant Roi » rendfreDi
compte que le produit du mobitier de Kambouiliet et de Saint-
Hulîert (ce qui était tout un) s'était élevé à 590,000 bvres',
distraction faite de tous les galons d'or et d'argent ; des matelas,
couvertures et lin[[c propre uux bôpitaux ; des deux Justrci
* Bvimpreisbiï du Monikur unîi^rsd, L XVlîï. p, lt6i
MOBILIER DU CHATEAU ROYAL DE SAINT-HUBERT! 369
lanternes qui avaient décoré le vestibule et la salle à manger do
Saint-Hubert, et de quelques tapis de la Savonnerie : ces objets
ayant été gardés pour le Muséum.
En citant plus haut Cape6gue» lorsqu'il jetait comme un cri
d*admiration devant un mobilier qu'il estimait à 800,000 livres,
ai nous avions discuté la modicité du chiffre, nous aurions pu être
accusé de parti pris. 11 n'en saurait être de même après le rapport
des commissaires de la Convention, après une vente qui donna
590,000 livres, pendant la Révolution, et qui ne comprit pas les
retraits laits en 1785, ni ceux qu*ordonnèrent les commissaires
chargés de la vente. Nous ne retiendrons de ces chiffres que la
confirmation que le mobilier du château de Saint^Hubert a été
i'uD des plus riches et des plus artistiques des maisons royales, au
dix-huitième siècle.
J. Maillard,
Membre de la Société archéologique de
Rambouillel, à Veruilles.
PIECE JLSTIFICATIVE
Le court espace de temps pendant lequel le cluUeau de Saiiit-Huhert a
connu la prospérité est la seule raison par laquelle on puisse expliquer
que sa réputation ne se soit pas établie. A moins que cette demeure n ait
été plus fermée que d'autres. «
En échappant aux cointaérages qui entretenaient la vie à Versailles,
elle se préparait Toubli. Mais ce qui étonne, ce n'est pas que les mémo-
rialistes aient peu conté sur Saint-Hubert, c^est que la peinture et la
^gravure ont méconnu celte maison, hospitalière aux arts.
On trouve au Musée de Versailles, dans la salle des Résidences royales,
un tableau au bas duquel est inscrit : u Le château de Saint-Hubert,
vers 1722. »
Voilà une peinture nationale dont Tinexaclitude est pleine d*e\ciises.
Car on ne saurait faire un château de Saint-Hubert de quelque vrais(Mii-
blance « vers 1722 », puisque les fondations du cliûleau ont été jeltM»s
en april 1755, et les bâtiments n'ont jamais ressetnbli* à la peinture de
V^ersiiUes.
Lb correction sera facile à faire : décrocher le tableau.
N( •" connaissons deux jolis petits tableaux du château de Saint-
24
-1
3*70 ■! UN DESSIN SUR « THERMIDOR ».
Hubert : deux pelits chefs-d'œuvre de Compîgné, » tahlettier du Bof >.
Ils ont été faits sous Louis XVI, avant la deilruclion des Ij^lirneDt^ de
Tavant-cour, par conséquent avant 1785*
L'un des tableaux montre la façade du cfiûteau, le déï:eloppeûient de§
bAtiments autour des cours, les grilles. L'autre fait loir la Icrras^edu
château sur les étangs, le derrière des bdlimenU aipc le Salon, et enfin
l'avenue, située au delà des étangs, que les Dntnes de [^ort-Hoyal avaieal
ouverte dans leur bois, pour faire plaisir uu Roi et pour éviler Texpro-
priation.
Tous les détails figurés par Compigne î^oni d'tinc exactitude parfaite.
Les lignes d'architecture et les détaiU sont icpoitssôs sur une ï^urface
d'étain qui a été dorée ensuite. Mais tandi;^ que dairs les êlains repotisséj
de Compigne cette surface dorée est le plus souvent iinirornie, dans ks
deux tableaux de Saint-Huhert, des ombres peintes de couleurs adéquate»
ajoutent à la perspective du dessin et enlèvent à la dorure son ton eriard,
L'étain apparaît dans l'un des petits tableaux pour former le riel; dans
l'autre tableau, pour imiter l'eau des él^in|^s. Quelques persan na^ei, des
animaux, des arbres, de la verdure, sont peinte en divers plan^.
Nous avons dû à M. Couard, archiviste du déparlement de Seine-et-
Oise, de connaître l'existence de ces deux chefs-d'œuvre (appartenant à
M. Arnauld, prop'* à Versailles) dans lesquels nous nxon^ eu le plaisir de
trouver deux documents, rigoureusement d'accord avec les pièces de*
Archives nationales.
XX
UN DESSIN SUR « THEHMIDOR ^
PAR HUBERT-nOBERT
A L\ FACULTÉ DE MEDECINE DE UOKTPELLJEn
Nous sommes au siècle deV Histoire par F Image ^ désireui d'a^*^' 1
conaiamment sous nos yeux la chosi^ vite, la sensation eproui
préférant à la page d'un écrivain le croquis du peintre, ou ciig
que l'un et l'autre se commentent. Celte tenilance, ce sûtir
I
i\ DESSIK SUR c THERMIDOR a. 371
vérité artistique, ce goût des apports de lart dans le domaine de
riiistoire tous rendra indulgents, je Tespère, pour cette modeste
communication.
Il s'agit d'un dessin au crayon rouge, d'une allégorie du peintre
Hubert-Robert sur la Délivrance des prisonniers après la journée
de Thermidor. Ce qui donne à cette œuvre un intérêt particulier,
c'est une inscription, un autographe mentionnant que Tarliste
crayonna ce sujet sous les verrous de Saint-Lazare, tandis qu'après
dix mois de détention, il comptait les heures lentes le séparant
encore de sa famille, de ses proches, de la liberté.
lUais, me dira-t-on, comment se fait-il qu'il y ait des tableaux
àaires que ceux retraçant la courbe d'une maladie dans une Faculté
de médecine ?Ën second lieu, croyez-vous votre dessin rare et inédit?
Je répondrai d'abord que dans la ville universitaire, académique et
certainement intelligente et éprise de travail de Montpellier, son an*
tique etvîeilleFacultédemédecinefutdurantplusieurs siècles et de
nos jours jusqu'à la création du Musée Fabre, le cœur et le cerveau
de la cité. A elle venaient toutes les donations, aussi bien celle de
J'érudit et de l'artiste que celle du savant ou du docteur. Parmi les
donateurs figurent Chaptal avec tous les manuscrits de la « reine
Cbvistine de Suède «. Parmi les donations exclusivement d'art on
rencontre des portraits de Puget, des dessins de Raphaël, des Sébas-
^'en Bourdon, tout l'œuvre gravé de Natoire. J'en passe, et des
meilleurs. Il existe là, en somme, un précieux cabinet d'amateur,
conservant son intérêt à côté des richesses léguées au Musée de
la ville par le baron Fabre, MM. Valedeau, Bruyas, Cabanel, etc.
Cette collection sera un jour prochain mise en valeur par un fort
aimable et très savant érudit, M. Paul-Jules Itier; pour le moment
je me contente en vous décrivant le dessin d'Hubert-Robert de
rappeler le vieil adage : Ab uno disce omnes.
Quant à la seconde objection, sur Tinédit d'une œuvre, propriêlc
d'une ville ou de l'État — les termes des donations rendent liti-
gieux ce point, vis-à-vis des objets d'art de la Faculté de Montpel-
lier— quant [à cette question d'inédit, je ne vous cacherai pas
qu'elle m'a d'abord préoccupé. J'ai feuilleté tous les auteurs ré-
cents ou anciens, j'ai questionné les maîtres de rériiditioii sur la
période révolutionnaire, et, comme tous sont restés muets, j'ai pris
Tau-'^ce de parler.
372 UN DESSl\ SUR « THERM[DOR »*
Mon interrogatoire a-l-il été complet, ai-je appelé Ions l«s
témoins? probablement non. Cependant, en fait, les anciens bio-
graphes d'Hubert-Robert : Vigée, Villot, Milliu, (]liarles Blanc; de
nos jours, lll. Gabillot, dans une magistrale et complète étuJe,
parue récemment, ne soufflent mot de celte e^ Allégorie >i , Remarque
inattendue, M. Jules Renouvier dans son important travail sur
V Art sous ta Révolution^ M. Renouvier, né à Montpellier, résidant
à Montpellier et sans contredit le plus émineiit des membres de
,i* Académie des sciences et lettres de cette viïle, en matière artis-
tique, semble ignorer ce croquis. Il cite Huberl-Robert cinq ou
six fois, il traite spécialement des Allégories, des Féies et des
Journées; il parle du 9 thermidor de Lethièrcj et rien de Hubert-
Robert sous sa main.
Enfin, le petit-fils du poète Roucher, M, Antoine Guillois, This-
torien consciencieux de ^^ Napoléon r> et de la [^ Terreur » , apm
un voyage de recherches historiques fait à Montpellier, est revenu
sans soupçonner Texistence de cette œuvre d*art.
Et tous ces silences ne proviennent pas de la vulgarité, de la
fréquence des sanguines d*Hubert Robert, comme on pourrait le
croire, après la citation suivante.
Racontant la vie, d'une héroïque tranquillité d'âme, gaieté, santé
d^esprit et de corps, d*Hubert-Robert en prison, son ami Vigéc
nous dit, en eflet:» Se consolant par le travail, il peignit durant son
internement cinquante-trois tableaux et d'innombrables dessins, n
Que sont devenues ces innombrables pa;jes^ Je pose la question
et serai très heureux que cette assemblée de chercheurs vonlùt
bien m'aider à la résoudre, explorer avec moi ce iilon de notre
histoire artistique. Pour le moment, en sus du Thermidor *le
Montpellier, les ouvrages qui font*autorilc et mes inrestr/jatinm
personnelles ne m'ont révélé qu'une toute petite poignée d œuvres^
En voici la brève énumération.
Dans le legs des collections de M. Parent de Rosan à la mairie
d'Auteuil, on rencontre deux croquis révolutionnaires d'Hubert.
1** Le corridor de Germinal à Saint-Liizare; on y Voit le mar-
quis et la marquise Giambone en tenue de miséreux d'hûpî!*' ^'
devant la porte d'une cellule deux hommes cuisinant prés
poêle mobile ; certains auteurs veulent reconnaître en eui Ro
et Robert. II existe une reproduction lithographique à la XatI
hX DESSl» Sia t TIIERUIDQH t, itt
2** Un groupe derrière une ft^nèlre grillée r une femme jeune et
jalîe sous ses iiccoutremenfs de citoyenne (et en dépit de la ^implt-
cite de sa coitrure et de son costume j soutient suries ;{eriOiii un
enfant de cinq à sîx ans; une seromle femme debout regarde. La
jeune femme assise est muthinoiselle de Coigny^ la « Captite ■* de
rimniortel Cbênier; le f^amin, le petit- Émilfi Houcher^ ^ ïe moins
mallieur6ii.\ des prisonniers de Saint-Lazarei^, écrit dani sa dédi-
cace Hubert-HoberL
3* M, Haro, fils de Teipert, possède une fort agréable nq un relie
de tonalité bleue et légère^ qui nous montre le peinlre coucbé sur
sa large table de travail, et, devant une baie h gros barreaux,
lisant quelques feuillets.
4' \L Roucher.tin des descendants du poMe célèbre, a conservé
comme des reliques de fumille une étude ile femme et tt' enfant
ayant servi à un « dessin consacré a la mémoire de Uarni *^ . *
5* L'fdUuneur de réverbères de Saini-tazûrâj avec son pitto-
resque altifiiil,
6^ lue lettre dont Ten-lète signalé dans les Consolations de ma
captivité porte d eu i p rôti Is de femmes, V Espérance et XnFaHence.
Le Louire n'a rien. L'Ecole des Beaux-. Arts pas plus. Le Musée
Carnavalet, ce trésor des pièces révolutionnaires, n'était pas ptu;^
riclie avant la présente année, tl vient d'arquérir ;
Lue 1res intéressante contre-épreuve d'une sanguine représen-
tant une façade de prison, analogue, sauf le perron en moins, au
dessin de Montpellier; le sujet dillérant d'ailleurs par ses autres
détails. Un groupe de mères et d'enfants s'est avancé pour êclianger
i|uelques mots, an moins un regard avei! tb's prisoirniers jucbés
sur une terrasse dominant rédifice. Hélas! rtn sans-culotte les
repousse. Et comme dérision un grand peuplier, u[i arbre de la
Jiiierté érige son mât près de la porte clos^e!
La seconde acqutsitian, sanguine originale, représente une statue
de la République traînée à bras par des ouvriers patriotes vers le
socle carré qui Tattend, Sur Tun des côtés «le ce piédestal, nous
lisons : Hubert-Robert in Sancti Lazari .^Jdibns noetnrnos suos
tabores^ Minervœ dicat. Cette inscription, ou le peintre assimile la
^'^^iihlTque avec tous ses accessoires symbolique» a la sa^^e Pallas
Ihènes, noua intéresse deux fois, iîllle dit le retour â la rai^âoti
^,9 père le prisonnier et surtiajt nous toit comprendre à quelles
1
374 UN DESSIN SUR > THERMIDOR i.
heures son infatigable goût du travail lui permettait d'esquiâser tes
innombrables dessins qu*il distribuait à ses amis-
Excusez cette énumération, elle vous est preuve convamcante de
la nécessité de remettre au jour cette part de l'œuvre d'Hubert-
Robert, si fort éparpillée, si égarée après une durée d'un seul
siècle. Elle m'excuse aussi d'avoir songé à tirer de Toubli le des-
sin thermidorien du vaillant maître.
V Allégorie conservée à Montpellier célèbre rbeure la plus
douce d'une période delà vie d'Hubert-Robert, infiniment mallieir'
reuse et où les heures douces furent peu fréquentes. En revanche,
ce temps d'adversité met en haute place les quîilités dVime de
Tartiste et nous prouve que, chez lui, le cœur é^^alait le talent.
Tous ses biographes sont unanimes à constater que du 8 brumaire
an H, date de son mandat d'arrestation, au 17 thermidor an 111,
Hubert-Robert fut le plus gai, le plus courageux, le plus conslant
d'humeur des prisonniers de Sainte-Pélagie d'abord, puis de Sainl-
Lazare. Il se levait à six heures du matin, peignait jusqu'à midi,
descendait dans la cour guider la partie de ballon à veut, y pre-
nant part avec une adresse et une vigueur extraordinaires, puis, te
soir, après les conversations dans ces cellules ou se pressait, Uèhsi
une élite, il reprenait ses crayons fort avant dans la nuit, Aubin
Millin l'admira surtout, lors du transfert d'une prison à Taiitre.
Tandis que chacun redoutait pour fin de cet épisode les scènes d'ègor-
gement des journées de Septembre, Hubert-Robert, campe dans sa
charrette, n'ayant pris avec lui que sa boite à crayons, dessinait ave<
un sang-froid absolu le décor pittoresque du cortège Jes gens el les
choses, les effets de lumière des flambeaux et du jour naî^saut.
Mais ce sont là des faits bien connus et que les intéressés peuvent
lire longuement dans les œuvres de MM. Gain) tôt, GuiIIlms, de
Lescure, Dauban; arrivons au 9 thermidor, à respiration Je cetti?
captivité qui fut, hélas! pour les poètes Rouclier et Chéuier, ce&
amis d'Hul)erl-Robert, le stage de Téchafaud!
Les prisonniers furent mis immédiatement au courant des évé-
nements politiques, puisque leur tyran, l'administrateur Bergol,
paya sa cruauté de sa tète et fut un des cent treize exécutés avfc
Robespierre.
La Terreur avait pris fin. La joie, une joie mouillée de larL
de regrets chez beaucoup, vu les dernières fournées, Tespér
s,
L'N DESSIM SUB « THERMIDOB «. 31^
se reprit à fleurir dans le préau de Saint-Lazare. Mille rêves di
liberté, de voyages, de campagne s*envoIèrent par-dessus les
frondaisons du parc, vers cet horizon où le Mont-Valérien dessinai I
sa courbe. Les salons se rouvrirent, on revit de délicieuses jeunes
femmes tenir cercle et bureau d*esprit tout le soir comme au temps
où régnait le bon concierge Naudet, aux premiers mois de déten-
tion.
EnGn, huit jours après, le 17 thermidor, Hubert-Robert assis-
tait à la levée de son écrou. Il embrassait sa femme bien-aimée,
Catherine Soos, revoyait ses amis; puis le bouillant sexagénaire,
pour se refaire de ses dix mois de captivité, allait excursionner bien
plus loin qu*au delà du Mont-Valérien. Il regagnait une fois encore
ritalie; il retrouvait Rome et ses chères ruines.
Cest au cours de la dernière huitaine de son incarcération qu'en
bistorien et poète, Hubert-Robert allégorisa par un dessin sa mise
en liberté.
L'allégorie est fort transparente; cependant Tartiste, et nous n'y
perdons point, Ta complétée par de nombreux et précieux auto-
graphes*. Voici la façade d^un édilice grave et renfrogné. Un per-
ron grossier, laissant apercevoir sous une arcade Tentrée de cachots
obscurs, conduit à une massive porte. Cette porte, aujourd'hui
ouverte, nous témoigne par son solide verrou, son judas, sa serrure
et la qualité de ses pentures qu'elle est porte de prison et non de
]<>gis hospitalier. Vainement le peintre Tagréménte, la couronne
d'uD lourd fronton triangulaire, vainement par habitude et par
goût d'élégance fait-il courir une frise et termine-t-il par un balcon
cette façade : porte et maison restent d'abord peu engageant.
Mais sur le palier du perron une jeune femme se silhouette ; elle
est vêtue fort simplement, coiffée d'un foulard ; son costume^ mi-
antique et mi-populaire rappelle les petites Sabines de M. David.
Mais la jeune femme ne sépare point des combattants, elle aurait
encore trop à faire. Elle se contente de donner charitablement la
volée à des oiseaux qu'enclosaient trois cages. Les oiselets s'eufuient
à tîre-d'aile, vers un horizon de bois et de collines.
Au premier plan, une dalle funéraire porte cette inscription :
^. ROBERT IN SPEM LIBERTATIS DELIIVEAVIT I\ S" LAZA... CARCEREM
DÎr, ci-Après, planche WII.
7
37G UN DESSIN SUR <" TIÏ£H11ID0H i.
1794. n Enfm un chien, allusion au^ nombreux chiens de garde
(les prisons de Pai'is, est couché, bien tranquille, el n'a cure du vol
d'oiseaui qui bat des ailes et *jagne les champs derrière lui.
u yy. Robert fvcit Parisiisj 1 794 « , lîUon sur la marge de ce desRÎn
qu'encadrent deux file (s, et à côté le titre que lui veut donner flou
nnteurnA La délivrance des prisonniers. ^ Toutes ces inscriptions
sont nianuGcrilea, et de sa main. N'oublions pas la plus importante.
Dans un cartouche an-dessus de la porte et en caractères lapidaires
se lisent en trois lignes ccs^mots : a c.^rcerbs tandeu âpertf. t»
Telle est la page d'Iris toire que possède k l'acuité de médecine
de Monl|ïellier, et sur laquelle j'ai cru devoir appeler votre indul-
gente attention.
Si je irélaispaintdans un milieu d'éruditSij'achèverdîs mon récit.
Je monlrcrais en J801 Hul»ert-Uobert revenant au Louvre, repre-
nant par un décret du Directoire ses fonctions de conservateur. Je
conterais son acquisition d'nnfi délicieuse retraite d'été, la maison
de Boîleau à Auteuil, et je décrirais cette maison pins spacieuseque
celle de Socrate, mais toute pleine cependant de vrais et illustres
amis: Ducfs, Andrieux, Delille, Bilaubé, CoUin d'Harleville.
Tout cela, vous le savez comme moi ; je me contenterai donc de
dire que lu fin de la journée compensa pour Huhert-Robert les
tristesses du chemin de sa soixantième année, et que le soir de h
vie fut lumineux et doux pour cet honnête homme, ce vaillaEïl
artiste, ce vrai Français.
Charles roNSOKrAtLRK,
Membre de La Société Ar<!béolo;^]c(Dc et LiU^
raire dr Relier», rorre^pondant du Cnnjitt
des Socirlé* des Deaui-.Arls tlcâ dépaH*'
* menU, ù BézJers.
1
|*Uncl><> Wll.
l\ DKLIVUAXCK I) K S ï' H I S()\ \ I K H S
I) K s s I K P 1 R H L* B K K T - R O U K It T
(!kIuM« de tt Kaculli- d« ui^dt-ciur tir Muulpcllirr )
r«ge 371».
i
C£ftA|IIQl]E ET VERRERiË MUSICALES. ^Él%:
XXI
CÉRAMIQUE ET VlvRitEHII': Ml SICALËS
f
Les objets qufi je vais décrire, en nccompagnjint cetle clescrip-
(fon de quelques rûiiiarques, ont été mis au jour il y « plusieuns
années déjà, mai^ sont encore inconnus du puldic, puisqn ils
n*onl êlê exposés nulle part. Ils appartiennent presque tons à
deui catégories artistir|ues vni^rnra t'une de Tautre : la Céra^ J
mique et [a Verrerie musicales, si l'on peut donner le nom de *|
u musique V aux sons rauques qu'on en tirait avant qu'ils fussent
brisés. l
Car ces ïnstrnment!! n'ont jiB^ èié découverts dans Tètat d'tnté- \
gritê où on les voit. Le sol les a restitués très fragmentés, et il a
fallu, pour les reconstituer, une patience, une iiagacitè et une
adresse auxquelles je crois devoir rendre, en commençant, un hom-
mofjc mérité.
Au nord-ouest de Tarron disse ment de Fontainebleau et dans le
voisina^^e de iVemours, une très ancienne bnnrtpde qui fut long-
temps SAiNT-MATfiiiRi.'u DE Laiicma.\t, aujourditui décfiue, appau*
irrre^ ilésertée, se survit à elle-même sous le nom de Lahchant,
A la lin du troisième siècle, y n.iqnit, et au coninieneement du
quatrième, y fut iubumé Ualfiurin dont la sainteté se révéla par de
noDihreux miracles posthumes. Il ne saurait certes y avoir de
miracles plus ou moins merveilleux; ils le sont tous à un é^^ul
de,'fré; pourlant les ffuéri^ons opérées par saint Mallnirin nous
doivent donner, par leur difliculté même, une baute idée de son
pouvoir : il améliorait les méchantes femmes î II avait encore une
autre » spécialité a ; il chassait le malju esprit du corps des pos-
sédés, et ramenait les fous à la raison ^
* Gug- TholSO!!^ Sairti Mathurin, élude Ijialonqofi et rcoiiD^irapbiqiii?. Paria,
3T« CÉRAMIQUE ET VERRERIE MUSICALES*
•
Une église s'éleva tout à côté de son tombeau, et la foule des pè]e-
rïtis se précipita vers ce sanctuaire iVoii Ton rapportait le soulage-
ment aux manx les plus grands qui puissent aHlÊger T humanité.
Jusqu'au milieu du seizième siècle, Larcliant se vit, àcorlaîns
jours, envahi par des milliers de fidèles, et son pèlerinage fut
parmi les plus fréquentés. Puis le vent dei; guerres civiles passa
sur lui; les huguenots le dévastèrent à plusieurs icprisiis, et, le
25 octobre 1567, ruinèrent irrémédiablement Tèglise \ après
avoir dispersé les reliques de saint Matburin. Ce fut la uiort ilu
pèlerinage et la fin de la prospérité du pays : Larcliant descendit
peu h peu au rang de simple village.
C'est dans ce village modeste, mais si plein, pour le chercheur
et Tarchéologue, de surprises et d'intérêt, que, vers le milieu Ae
juillet 1890, des travaux entreprig pour la construction d'un pui-
sard dans la cour de la maison où pendait autrefois pour enseigne
V Homme sauvage^ f firent constater Texistencr d'une sorte de puits
carré solidement maçonné et descendant jusqu'à la roche qui rt'gue
sous une grande partie du sol lyricantois. Le mot de puits est donc
certainement impropre, et je serais porté à voir ict nue ancienne
fosse d*aisances'. Puits ou fosse, ce trou pouvait remplacer le piii«
sard projeté, et, comme il était plein, on se mit à le vider.
On ne tarda pas à s'apercevoir qu*il avait été remblayé avec une
qucinlité de morceaux de verre et de poterie mf^lès à de la terre;
on ne prit pourtant pas garde tout de suite à cette singularité, et
l'on commença à transporter dans les chumps le déblai ainsi
coni[)osé. Par bonheur, un voisin, ancien mouleur attaché au
Musée de sculpture du Trocadéro, M. Ernest Uarbey, fut informé
de ce qui se passait : intelligent et artiste, il reconnut bien vite
rintét'ét de ces débris, en fit arrêter le tninsport, et obtint que
Textraction de ce qui restait dans le trou carré fut faite avec
soin. Déplus, il rapporta chez lui, par panerèes, tout ce qu'il put
retrouver de morceaux là où Ton avait constitué le dépôt de ces
^ Kug. Thoisov, L'église de Larchant. NVmours, i89ti, in-S",
■ Kuij. Thoisox, Les anciennes enseignes de Larchant, FoaUiQpbtc4u. lS9f|
' Rcnj. Fii.LOv. L'art de terre chez les Poitevins^ cltf*. plusieurs découtt' "
fïUes dans de vieilles latrines, et notamment (p. 209; à la Criftinièrc, eontn
de MDuticrs-sous^Ciiantemcrle (I)cux-Sèvrcs), où Vaa recneUMt de pombr-
débris de verre.
.CRRAlk1IQL£ ET VBI^BRniE MUSICALES,
tf9
etlraorel inaires gravats, les emmina, classa, rapprr>cha tout â idfl
aise^ et eut TiDcIufilrie d'en Taira soiiîr trenie-quatre instrumenti
de mui^jqiie con]|ili't5 oti à peu proa, dont li) en verre et fï4 eu
terre. Je ne parle <|ue pour mémuire d'autres objets comme coupes,
flacons, verres à boire, réchaud, cruche en terre, etc*
Avant d'insister sur t'impnrlance relative de la découverte, je
doii^ indiquer Tépoque probable de IVnrouiMemeut : une monnaie
de Henri 111, de 1571), et une caractéristit|ue petite cuiller, trou-
vées parmi les terres c^!railE?s du trou et au milieu des tessons^
Fk^ L — Tnouri; f.\ ixniiK tintai,
permettent de la fi^er à la Hu du seizième siècle ou au\ pre-
mières années du di^-sepliëme'.
Examinons ma tri tenant les instruments en verre : ils affci^ti'nt
deux formes seulement, celle de la trompe de ciiassc (î) eiem-
plaires) et celle du cor à un seul lour (i exetn|)latrt); mais le
coloris et la décoration en sont asset variés. Xons avons du verre
bleu, du verre rouge, du verre opalin Mculé, et du verre d'uu
blanc mat à Toiyde d'étain.
IVJous avons des instruments h la surface unie et sans ornements
sauf un filet au pavillon, d'autres autour desquels s'enroule une
baguette de verre t|uî se termine en un ruban froncé formai nt
in eau pour attacher le cordon de suspension, \ oici un éclianlillon
ce type, le seul qui, dan^î la trouvaille» ait son similaire (tig. ! \\
mesure 25 centimètres de lon<jueur«
"'T^
I
3S0 GKKAMIQUE ET VERRERIE MllSIGALES.
La pÂte des uns est monochrome et homogène ; celle des autres
contient des cannes blanches s'allongeant en filets dans le sens de
rînstrument, ou des ^an;i^^ vertes on brunes ondulant sur le tra-
vers et donnant un aspect jaspé. Dans une trompe, ces jaspures
font une légère saillie (Gg. 2). La trompe blanc opaque est lâchée
de mouchetures bleues ; celle en verre opalin a la surface rugueuse
comme si Von avait voulu imiter la corne; une autre entin est
ornée de feuilles noires au. pavillon et à rembauchure.
^^ En n'sumé, nos dix instruments forment tieuf varîélés-
FiG. 2. — Troupe kn vkrrb dlku, avec j.^si-tnB^ dxlkës.
((]olleclioD de M. E. Btrbey )
Quoique assez peu communs, les spécimens de ceUe verrerie
ne sont pas absolument rares; on en voit au Musée du Louvre :
c'est un cornet de chasse en verre bleu décoré d'une bagiietlc de
laHicinio en relief et en spirale, absolument comme le cor à un
jour de notre trouvaille (Gg. 3). Le «cornet t^ du Louvre vient
de la cinllection Sauvageot, e{ Ggure dans le catalogue de Sauzay
{1867} sous la cote F. 135.
Au Musée de Cluny, sous le n"4827, est un cornet en verre décoré
de H tels blancs, et M. Gerspach a gravé dans son Art de la verreritj
p. 2în, lig. 144, une trompe de verre appartenant au même Musée,
objet de luxe, mais d'un aspect général rappelant nos trompes»
Le Musée du Conservatoire de musique possède trois Ins
meuts du même genre; nous ne les connaissons que par le^^ i.
cations plus que sommaires de Tancien catalogue : n'' 413 et 4
f
CÊRAUtOI^È BT VËRRËHIK UHStCALES
*il
tt pelits cors île verre de Venise ^; \r 431), « Irompelte en verre t ,
Lne trompe en verre assez richement décorée G^juraJt dans la
collection Victor Gay, eï est dessinée dans le Glossaire archéoio-
gique^, t"" Cor ; Tau leur Ici do une an «inatorzième siècle, et â
l'école inGâane, sans nous indiquer les motifs de cette attribution.
11 est hors de doute que d*aiitres collection neufs peuvent pos-
séder des objets de cette ramille; nous n'avons pas eu le loisir de
les recbercter* El faut Dientionaer pourtant des trompes ou des
çon de chasse eu verre détournés par le fabricant de leur destiûa-
¥m. -1. — Qon t.n i tnar. iilki .
(r:#IJ«ttinQ dé U. S. StrbiT.)
tïon primitive et devenus des verres à hoire : ainsi la trompe du
musée céramique de Sèvres (n" 5:2(17)^ et le cor de la collection
fiertbet donné par \L Ed. (îarnier, Histoire de la verrerie et de
Cémaitlerie^ p. :ï<ï5, fiy. 49,
Peut-être arriverai t-on assez fafilement à ratai o.'fufïr une
douzaine de ces fra<]ite9 instruments; lu découverte de Larctiant
viendra prest|ue doubler ce nombre, mais ce seront encore des
curiosités rechercbéi'S* \êan moins leur abond^rtre ou Unir rarolé
I3*est pas en cnase; ils sont biÉ?n connue par les textes du moyen
^^e et par ceux des temps postérieurs] tcs^tes 4]ue le man]uis <le
l>orde, Glossaire français du moyen àye^ i" Voïrke, et Victor
y. Glossaire archéologique du mot/ en à^je et de la Renai^i-
ice^ aui mots Cor et CoR\iiT, ont patiemment rassemblés.
382 CÉRAMIQLE ET VERKERIE MUSICALES-
Je ne reproduirai pas ici cette énumération où nous loyons les
cornets de verre considérés comme objets précieux et protéyes par
des custodes ou étuis. Rien d'étonnant, d'autre pari, à ce qu'ils
semblent le privilège des rois et des grands seigneurs; leur prîi
devait être relativement élevé, et leur usage, coûteux par leur
fragilité même; en outre, les inventaires que nous possédons pour
les quatorzième, quinzième et seizième siècles sont, en très
grande majorité, ceux de mobiliers princiers. \ous verrons
cependant tout à Theure que ce privilège n*a rien d absolu, ot que
des cornets de verre pouvaient se rencontrer chez des gens de la
classe moyenne, sinon de la classe pauvre.
Peut-être se demandera-t-on si nous avons affaire h de léri-
tables instruments, à autre chose que des pièces de dressoir. A
Torigine, oui : a Geuffroy a donc, dit un texte de 1387, s'arma et
puys prinst un cor de verre, et le pendit à son col. » Lu [leu apr^s,
il en sonne, et est entendu de ses gens '. Il est possible et même
probable que plus tard les cors de verre prirent place au milieu
des objets de pur ornement sans cesser de rendre, h Tocrasion,
les services d'autrefois; c'est un point qui semble établi,
Nous expliquerons sans beaucoup plus de difficulté rexistencc
du dépôt là où il fut trouvé : la maison de YHomme muvwje
abritait très certainement un marchand de » quincaillerie ^ reli-
gieuse et de quincaillerie profane.
Une ordonnance de Charles VI, du 15 février 1391, souvent
citée, va justifier cette expression; elle débute ainsi ;
— Nous avoir oye la supplication des povres gens dcmourant
au Mont Saint-Michel, faisans el vendans enseignes de monsei-
gneur saint Michel, coquilles et cornez qui sont nomtnèjj et appelés
quincaillerie *.
On trouve dans Tinvenlaire, dressé en 1558, des armes, bi-
joux, etc., de Philippe II, roi d'Kspagne, «^deux cornets de voirre
venant de Saint-Hubert, comme on dit... » \
' V. Gay, Glossaire, v» Cor.
^ De Laurière, Ordonnances des rois capétiens, t. Vil, p. 590. — S"
venons d'apprendre (|uc des trompes et des cornets avaient été (lëci)UUT|5, il
une dizaine d'années,, en fouillant les fondations d'une maison au Wmxi Sl*11id
mais on ignore ce que ces objets sont devenus.
^ V. Gay, Glossaire, i " Cornet,
1
CBRAIflQUË ET VKHttEKtE MUSICALES. SBf*
«
Ces conietft ûppurlciiaient donc Lien ù Ja quiiiraillene ou bim-
beloterie lies [n^ierinafies célèbres^ et d'au tien pi ères lïû verre ou
déterre compiotaient Ta^ji^ariiaient du maijafiiti. Or j'ai rappelé que
I^rc liant était un de ces peie ri nages; de pi us, en 1471^ le prévôt
de l^archnnt renoiivelie la défense aux femmes d'aller ûu-d«iant
des pélerinH avec chaniieites de cire, enacfgnea^ eU:.\ en L4^J8, un
blbelotîer e^t établi chez nous; en 154rj, un autre; celui-ci se
nom mat t Malhurin Cnntn, et voilà peut-être le nom du mârrhantl
dont la pacotilte nous arrête aujourd'hui^ Enfin W Satire Métùipre
nous apporte la confirmation la plus certaine et la moins attendue
de ce que nous avançons. Au noml>re des pièces qui composent
cette Satire fameuse, figure, tm le sait, Y* Histoire des sinfjeries de
la Ligue par Jean de La Taille, et voîci comment lauteur y décrit
un personnage défilant sous ses yeux :
— Va advocai fol, armé de mesme.*. à scavoïr dNm vîeil corps
de cuirasse de fer lUnnc, uJie btiurguignotte d'Auvergne en teste ^
panachée et enliarnacliée d'un superbe trophée de plumes de
paoD, une fourcbeflère sur son espaule gauclïe, le bec tirant
contre l>as*... un cornet de verre pendu en sa ceinture (/ai dis oit
avoir apporté de Saint-Maîliurin de VArvhant en la faveur
duquel il laisoit accourir une infinité de Ikadaui,.. ^
ï'ar conséquent, en ITiOOdu environ, on achetait encore à Larchanl
des cornels de verre» (leux qui viennent il'étre retrouvés sont- ils
des invendus, et par suite de quel événement, de quelle cata.stroplie
ont-ils été brisés et jetés pêle-mêle avec d'autres débris de verrerie
et de paierie dans ce trou ^ans destination certaine, rien rie nous
rapprend. \ous saroiiï) seulement que la fin du seizième siéckp
marquée par la ruine de Tégliseet du pèlerinage^ vit aussi la ruinô
du cninniercB local, et que Tai luinulation de tous ces fragments
date précisément de cette Jin de siècle, allais sont-ce des invendus ?
Car, après Tavoir éludée le plus possible, nous voici niaiutenanl
eu présence de la diftîrulté la plus sérieuse et forcé au moins de
poser le problème. D'où vejiairnt ces objets d'un aspect si arlis^
tique ? Étaient' il s les produits d'une fabrique locale, ou d'une
" 'irique foisine^ ou d'une fabrique élranji^ère?
OEiwrex dt Jfa» dé La Tniile, édit. Rcnt' iïe Mulok, t. I, Uistuirc des W«-
i^s de ta Ligne, p. vnu
I
(
384 CÉRAMIQUE ET VERRERIE MUSICALES.
J'avoue être hors d'état de répondre d*antre façon qif en pré-
sentant les arguments pour et les raisons CDnLre une fabrlcalion
l^ricanloise, avec Tespoir que Feiamen atlcntif auquel je couvie,
permettra de trancher la question.
Tout d*abord, il faut redire que les objets reconstitués, olifantâ
et coupes, sont loin de représenter toute la verrerie delà trouvaille ;
ils étaient accompagnés de fragments extrêmement nomlireui d'au-
tres coupes, d*autres olifants, de verres à boire, de tlar^ns, etc.,
fragments dont les plus intéressants ont été réunis par le posses-
seur en deux tableaux, mais dont il serait facile de former plu-
sieurs collections.
Malheureusement, d*après M. Gerspach \ «^ on ne saurait con-
clure à coup sûr à la présence de fabriques d'une accuniuIaLjon
plus ou moins considérable de pièces de verre m D'après le
même auteur, la découverte de scories au lien lir racruiiinlation
serait un peu plus probante ; mais il n*est pas certain que Fou en
ait trouvé à Larchant, à peine un très petit agglomérat de verre,
vraisemblablement fondu dans un incendie.
On avait cru, au moment de la fouille, voir comme un cintre
indiqué dans une des parois du faux puisard et y reconnaitre l'ou*
verture d'on four, postérieurement bouchée. M. Ed. Garnîer, te
saluant conservateur du musée céramique de Sèvres, a visité rem-
placement de la trouvaille, et, quoique partia.m, je le crois, d'une
fabrique lyricantoise, soutient que rien n'y ressemble à un fonr à
verrier.
Enfin, on s'étonne qu'une industrie qui paraît aïoir êlc impor-
tante n'ait laissé nulle trace dans les documents, el il en est cer-
laujement ainsi : je suis forcé de déclarer que ni les registres
paroissaux, ni les autres pièces d'archives ne font mention d'un nu
de plusieurs verriers; mais je m'empresse d'ajouter que les regis-
tres, qui commencent, il est vrai, en 1577, ^ont très incximpteJs
jusque vers 16('0, époque à laquelle la verrerie aurait, dajis tous le^
cas, disparu avec le pèlerinage, etqne les documents sur Lar^fiant,
assez abondants pour les quatorzième et quinzième siècles, sont
rares pour la seconde moitié du seizième*.
Arguments pour et objections ne semblent, jusqu'à présent
> Gkrsp;îch, L'ari de la rerrerie, p. 18.
I
r
CËRAUIQUË ET VEAHËHIB MUSICALES. Sflâ
Ua Mm ni lai autres, très décitifâ ; Ilenjamin Filloti va me fournir
une dernière observation qui a son prix :
« Pour c|ue cette opînîoit [rexistence de fours] pût, dit-U, être
acceptée» il faudrait, d'abord, qu'on trouvât sur les mémeiiE lieui,
comme dans les fabriques roniano^gauloises, des dél>ris <le vases
coQtemporaios mal réu«!sia.,, ', n Or^ c est justement ce qui le passe
ici; tous ou presque tous les écliantillons retrouvés ont une lare \
dans une trompe, c'est rembouchure qui est «jauche; dans une
aatre, c'est le pavillon; une coupe pèche par les bords, utie autre,
par les pieds, etc. Remarquez que la supposition admise d*UDe
(ahnque locale ne ruine pas mon bypotbèse d'un marchand : le
^bricant pouvait vendre lui-même ses produits.
Maïs toute cette verrerie de fantaisie a un cachet vénitien très
pronoacé ; ri le est certainement due à des ouvriers formés à la
grande école ; il faut donc en chercher l'origine hors et bien loin
de Larcfaant, — Le caractère italien du travail ^st absolument incou-
testable et incontesté; il est non nioiiiii incontestable que Venise
eiporiait ses artistiques et élégantes productions. Pec^onne ne peut
être tenté de le nier en présence de cet article d*nn compte de
1394 : fl .., Pour des verres que les galëes de lenise ont avan
apportent en nostre pays de IHandre... quatre francs*. ■ Il est donc
à la rigueur possible que notre marchand lyricâutois se soit appro*
visionné dansquelque dépôt ou à quelque marchand vénitien. Rien
n'est moins certain pourtant, car on constate tous tes jours la pré-
sence, en France, de verriers de Murano attirés par les largesses de
François I", de ses successeurs ou des <jrands sei^^neurs, et bravant
les peines sévères édictées par la République : en 1552, c'est
Henri 11 qui fonde la verrerie de Saint-Germain, et en accorde le
privilège à un vénitien ; en 1572, c'est le gouverneur du Poitou,
le comte du Lude, qui prend sous sa protection Fabiano Salviati,
geutilbomme de lUurano, sa famille et son atelier, deux eiemples
entre cent.
Et, si ToQ trouve que Larchant ne mérite pas Tbonneur que je
roudraiïi avec grand plaisir lui voir attribuer, on sofi[[era que Fon^
tainebleau n'en est pas à plus de quatre lieues, et Ton se souviendra
' B«nj* FfLLov, L'art dt terré ehet Us Poifecins, p. 11.
' L. I>E LaboIOB, GlQitaire/rajiçaii, v^ Voirre^
386
CERAMIQUE ET VERREUIE VILSICALES.
de la pléiade d^artistes italiens dont le génie se surpassa dani cette
royale résidence.
, Faut-îl ajouter enfin que les carrières du plus beau sable à ver-
reries sont k Bonnevault, hameau de Larclinnt, et m rien conclure,
car aiihuc subjudice lis est.
Après les productions d'un ari délicat, je voudrais montrer
celles d'un art plus grossier. Je parle des inslrumenU en terre
commune trouvés confondus aveçceui en verre.
Si les trompes et les cornets de verre sont presque rares, les
trompes, les cors et les trompettes de terre que je vais décrire
rapidement sont uniques. Un bon juge en pareille matière,
M. Ed. Garnier, m*écrivait : « Je ne conniiis rien qui ressemble
FiG. 4. — Trompittb pkruv]î;v\k e\ tak(il ciite.
(Maiée erramiqoa da Sèrrci.)
aux trompes de Larchant... » Et, de fait, je pense que peu de col-
lectionneurs le démentiront.
Une seule pièce, dans toutes les collections interrogées, se rsp-
proche de nos trompettes, encore en illlfère^t-ellepar la couleur de
la terre; c'est celle qui porte au musée céramitiue de Sèvres le nu-
méro 2801, et que Teitrême obligeance ducousenatear me permel
de reproduire (fig. 4). Cette trompette, donnée par Tamiral Du petit*
Thouars, provient de la fabrique de Trust illo(l^érou) et appartient à
l'ancien art péruvien. L'histoire de la poterie oiïre des hizarrericsdu
mémegenre etdes similitudes aussi si ngulîéres r sLins parler des va^es
du Sénégal ressemblant a étonnamment » à ceux du bas Poitou, m
vase des Deux-Sèvres a des formes et une décoration identique^ à
celleç que présentent les poteries des vieilles peuplades de l*Aœe-
riquedu Nord*. Ce neserait pas ici le lieu de philosopher àce
Beoj. FiLLON, 0/7. cit., lotroductipD.
■^
CERAMIQUE ET VERHERIB MUSICALES. SSl
En avançant que nos insiraments. sont uniques, je ne prétends
pas que l'on n*ait jamais faitnulle part des trompes, ni des cors de
terre, témoin le cornet à bouquin dont on abuse, trois ou quatre
jours ran, an grand déplaisir des oreilles sensibles ; mais il est en
grès, c'est-à-dire en argile très cuite, additionnée d*une forte pro-
portion de sable ; à moins qu'il ne soit en bois recouvert de peau,
auqoelcasilfaisaitjusque sous Louis XIII, sa partie dans les orches-
tres royaux. Témoin encore l'espèce de trompette entrée récem-
ment au musée de Sèvres c^t provenant de la fabrique d'Aubagne
en Provence ; mais elle est en terre vernissée comme la trompette
véritable qui figure dans la collection de M. lllgnier, d*Ai)beville,
et fabriquée à Sorrus '.
Les quelques échantillons connus de cette céramique instrumen-
tale offrent donc avec les nôtres des différences assez sensibles pour
que celles-ci constituent une classe à part. D'ailleurs, contraire-
ment à ce qui se passe pour les instruments de verre, aucun texte
n^t encore été cité mentionnant ceux de terre, si Ton en juge par
cette phftse de V. Gay :
— On faisait au moyen âge, pour la chasse et pour la guerre,
des cors de laîtoa, d'ivoire, de corne, de verre, de cristal et même
de bois.
Des cors déterre... point. Peut-être faudrait-il les reconnaître
dans les cors et les cornets « noirs » que Ton relève dans certains
inventaires; simple hypothèse d'ailleurs, et, jusqu'à preuve du con-
traire, nous pouvons nous dire et nous croire en présence d'objets
inédits. Mais viendrait-on à en découvrir dans quelque collection
à présent ignorée un rare spécimen, il demeurerait certain que l'on
ne s'est jamais trouvé en face d'une réunion aussi riche; personne
par suite ne s'est occupé sérieusement de cette branche toute spé-
ciale delà céramique. Je dis : sérieusement, pour ne pas omettre
les quelques lignes sans intérêt que lui a consacrées M, Ris-Paquot'.
Je in*en félicite et le regrette : je le regrette, parce qu'ayant eu des
devanciers, j'aurais pu, comme cela $e fait tous les jours, leur
emprunter beaucoup de choses et présenter une notice mieux
Près de Montreuil-iur-Mer (Pas-de-Calais). Wigxikr a dessiné celte trom-
p •■-, fig. 35 de soQ ouvrage sur les Poteries vernissées du Pontàieu.
is-Paquot, La céramique musicale et instrumentale. Paris, 1889, in-t*^
K> 1.
¥VJ^
388 CERAMIQUE ET VERRERIE JUUSlCALES. '
documentée; je m*en félicile» parce que j'espère qu'on voudra
bien me pardonner mon inexpérience trop évidente, en faveur de
la nouveauté du sujet.
Nos vingt-quatre instruments peuvent se classer en quatre caté-
gories: les trompes ou olifants (sept)» les cors àuntour(sii),Iescor«
à deux tours (quatre), les cors à trois tours (trois) et les trompettes
(quatre), en employant cette expression faute d'une meilleure.
La trompe de la plus petite dimension mesure 0*^,25 àO~,î8;
mais nous en avons une de 0",40 et upe de O'^fiO de longueur.
FiG. 5. — Cor en tbriiî rx\rs*
(ColIecUoD d« raatenr.)
Voici un cor à un tour (fig. 5); les cinq autres sont semblables
ou à peu près. ,
L'échantillon des cors à deux tours, dont ci^des^ous un croqtiii
(fig* 6), est la seule pièce trouvée entière, à Texception pour-
tant de son pavillon qui a été refait. Ce cor donne les notes
ordinaires du cor sonore sans pistons : do grave, sol, «fo, mi, Aol
aigu, ces trois dernières presque justes ; peut-être lei donnait-il
justes toutes les cinq dans son état d'intégrité primitive, 11 déve-
loppe environ l*,12de tuyau; les autres ont ou quelques centi-
mètres de plus, ou quelques-uns de moins. Il est clair qu'il ne faut
demandera ces instruments ni grande régularité de forme, l
faite similitude dans les dimensions.
tes trois cors à trois tours rappellent à s^y méprendre, ^
cIbAUTQUE et verrerie yUÏIGALES,
390
¥oir que des dessins» le cor hébreu — et puisque j'ai I occasion de
parler d'un peuple de ranliquifé, j*en profiterai pour faire remar-
quer que Ton ne trouve d'instruments de terre ni chez les Grecs ,
tti' chez les Romains* ^^ Le plus grand de nos trois cors mesure
ei]TLron2~,20 supposé déroulé.
Quant à la quatrième catégorie, son type ne ressenilile absolu-
ment ni à la trompette, ni au clairon» ni au bugle, tout en ayant
des rappo rts avec ces trois înstr u men ts mode rnea ^ et c'est peu t-étrep
FtG. 6, — Col A DËL'I TÛLHfl UK TKnilt CLITl.
(Appartlint à U. A, Conti)
par Ja, la plus intéressante de la collection. La gravité du son y a
été obtenue comme ailleurs par raltongenieut du tube, mais on
est arrivé à cet allongement à l*aide d'un procédé qui suppose uu
certain tour de main, et produit un effet peu banal : celui d'une
corde nouée lâche (fig, 7), On s'en rendra compte, d'ailleurs, en
jetant un coup d'œil sur la figure ci-dessous; l'original existe à
deux exemplaires presque identiques* Les deux autres pièces de
la quatrième catégorie sont conçues à peu près de la mùme façon
que celle-ci, sauf que le iube y fait un mou ire ment de moins. La
plus grande des deux développe environ 1"*,75,
Autant, tout à Tbeure, je me suis montré hésitant et réservé sur
l'origine des cornets de verre, autant je crois pouvoir être affir-
\
890
CÉRAMIQUE ET VERRERIE MUSICALES.
matif 8iir celle des trompettes de terre : le potier qui t^s fabriqua,
j'en ai la conviction» habitait Larcbant.
Pourquoi y s'il en était autrement, n'aurait-on encore ai^até
nulle part des spécimens entiers ou fragmentés de cette induBlrie
particulière? FaudraiUil supposer un potier travaillant eidusiva*
ment pour les marchands lyricantois ? Avouez quë ce serait biea.
extraordinaire ; avouez qu'il léserait non moins que ce potier spé-
cial n'eut laissé dans sa paroisse, en produits manques ou autre-
ment, aucune trace de sa fabrication. A Larcbant, au contraire,
détail à noter, tandis que, depuis 189Q, on n'a ramassé dans les
champs, quoique l'on y cherche attentivement, qu'un seul morceau
de trompe en verre, les morceaux d'instruments en terre ne sont
FiG. 7. — Trqmpbttb ex tbrbb cuitb.
(ColUclion lie M. E. Barb«y.)
pas rares à la surface du sol, et combien n'en a-t-on pas détruit par
ignorance et inattention ? J'en ai réuni toute une série recueillis un
peu partout dans notre vallée.
Le plus important de ces fraga^ents a été trouvé a douze ou
quinze cents métrés du village et )|emblerait devoir fournir une
forme inédite. v
Il est bon d'ajouter que l'argile plastique ne manque paschei
nous ; elle se rencontre à une faible profondeur au lieu dit le
Moulin à vent; et Ton a constaté, vers' le milieu de ce siècle, au-
près de la ferme du Chapitre, Teiistenàe d'anciens fours à potier*
Nous croyons même qu'une meule, dont tfu quartier fut déterré, il J
a quelque temps, et dont la pierre beaucoup trop lisse et polie n*a
jamais dû écraser de grain, a pu servir à broyer la terre d*un pol
Dans tous les objets que nous avons examinés, le travail pa
primitif: les embouchures sont peu soignées, les tubes assez i'
CÉRAMIQUE ET VERRERIE MUSICALES. 391
gulièrement fabriqués à la main, ont été retoacbés à Taide d*un
outil qui a laissé des traces évidentes à la surface ; ces remarques
sont générales, mais la matière n'est pas pour tous identique.
Un morceau de cor à un tour légèrement déformé à la cour-
bure, est en terre très Gne et uniformément noire; un autre est
en terre presque blanche, recouverte d'une sorte de barbotine
noire; en6n une embouchure — d'ailleurs unique — est en terre
blanche et sans couverte. Comme rien ne prouve que ces frag-
ments ne soient pas contemporains, et qu'il faille voir dans ces
variétésv des différences chronologiques, ni les effets d'un perfec-
tionnement ou d'une déchéance, j'y retrouve tout simplement la
main de plusieurs ouvriers s'approvisionnant en divers lieux^
Car il n'est probablement pas indispensable de chercher à Lar-
chant des potiers de profession. Écoutez Charles IVignier' :
— Nous n'avons point connaissance qu'il y ait eu à Sorrus un
établissement ou une fabrique proprement dite : les habitants
se réunis)saient en famille pour occuper les loisirs que pouvait
leur laisser la culture» et se livraient à la confection des poteries et
ustensiles pour Tusage domestique... Ils produisaient encore des
sifflets, cornets, trompettes, etc.
J'imagine que ce qui se passait encore à Sorrus au dii-huitième
siècle peut très bien s'être passé aussi à I^rchant, au seizième
siècle, et sans doute plus t6t.
Quoi qu'il en soit, professionnels ou potiers par occasion, nos
ancêtres lyricantois avaient su se créer une spécialité que le hasard
nous a tardivement révélée. J'aurais voulu que quelqu'un de plus
compétent que moi en entretint le monde savant; à défaut de ce
« quelqu'un n , je me suis aventuré sur un terrain qui m'était peu
familier; heureux si j'ai pu néanmoins faire, tant bien que mal,
connaître et apprécier une découverte certainement intéressante.
Eugène Thoison,
Correspondant du ministère pour les travaux
historiques, à Larchant (Seine-et-Marne).
"^h. VJiGmKB, Les poteries vernissées de l'ancien Ponthieu, 1887, in-8'.
39S LE MONOGRAMME DE MASSEOT ABAQlfESNE.
XXII
LE MONOGRAMME DE MASSÉOT ABAQUESNE
Il y aurait un bien curieux chapître à faire sur le potier émailleur
MasséotAbaquesne. Mais ces pages, les écrira-t-on jamais? Qui nous
retracera Tbistoire de ses premières années, sa vocation artistique,
ses voyages, ses essais peut-être longs et pénibles, en tout cas cou-
ronnés d'éclatants. succès? A son sujet, la pensée se reporte ters
un autre émailleur du seizième siècle, et Ton se demande s'il uy
aurait pas plus d*un rapprochement à faire, plus d'une analogie à
établir entre la vie du célèbre potier saÎDtongeais et celle de notre
Bernard Palissy normand. Malheureusement, les documents relatiEs
à Masséot Abaquesne sont eitrémement rares. Sun num métue
passa longtemps inaperçu; on attribuait à Palissy ce qui était bîeu
son oeuvre. C'était du moins déjà en reconnaître la valeur.
Les premiers indices furent fournis par rinscription : a ho!JE\
1542, qu*on lisaitsnr un carrelage provenant du châtf^au d'Ëcouen ' ,
et par le nom : Macutus Ahaquesne Jignlus^ 1549, compris dans
une liste intitulée Chronologia inclytae urhis Roihomagtnsis,
publiée en 1658 à la fin de Touvrage de Gabriel Du Moulin, curé
de Menneval : Les Conquestes et trophées des Norman^FrançoU.
Le rapprochement de ces deux données paraît avoir été fait pour
la première fois par André Pottier ; mais ce n'était encore qu'une
présomption que rien ne venait confirmer. Qu'était cet Abaquesne,
un nom bien normand, assurément? On n'en rencontrait aucune
trace dans les auteurs contemporains. Le mérite d'avoir résolu la
* Les deux grands fragments du carrelaijc d'Écoiieo (ïfucius Scevola cl Mar-
eus Gurtius), conservés par Alexandre Leaoir dauft^ûQ Musée dt^s monutnt^nU fran-
çats et attribués par lui à Bernard Palissy { Musée d^$ monuments françau* \. IH.
planche GXVIII et GXIX, p. 123), font iLiijoui-d'Iiiii pirtm des cotlcrtfàû» de
Chantilly. Dans la scène de Gurtius, on lit Aur ud drapeau que porte ua ao
A ROVEN 1542. Des portions plus ou moins importantes du mâme carre
sont con<<enrées dans les Musées du- Louvre, deCliiuy.de Sèvref, de Rop —
Bernay. etc.
LE UONOGBAUUE DE UASSÉOT ABAQtKSNE. 393
question p dès ]869, revient À U. Ë. Gofseliîi. Ses fructtieuais
recherches dans les archîvea de l'ancien tabellionajje de Rouen
loi ont permis d'aUrihuer, avec une certitude absolue, à Masséot
Abaquesne, (t esmailleur en terre demeurant h Houcn « , le splen-
dide carrelage du chAteau d'Ecnuen eiécuté pour le connétable de
Montmorency, et dont plusieurs pièces portaient le lîeu et la date
A &OUBN 1542'.
D'autres carrelages dans les diàteaui de la Bastie d'Urfé et de
Polïsy, la frise du colombier de Uoos.sont Tceuvre du même artiste
fit de son fils Laurent, qui travailla d'abord uiec son père, puis
ft*étabHt h son compte sur la paroisse Saint-Pierre T Honoré à flouen * .
M. Gosselin a reproduit un acte notarié du 21 mai 1545, par
lequel « Masséot Abaquesne, esmailleur en terre, demeurant en
la paroisse Saint-Vincent de Rouen v , vend et s'engage à livrer « à
Pierre Dubosc, apothicaire, demeurant en la paroisse Saint-Martin
du Pont à Rouen ^ , un assortiment complet de vases de pharmacie
I lï résùlu dc*A doranif^otft pr<?d(iU« par M, Gi>sRelirt i]u'à h ditt^ du 21 dérem-
bre t5'ï3, Ua^ol AJ>tf|i]4>«iie^ < b^iir;feoH et marciisnl df^maurant «n lu piroiise
de Saîni-Viticenl de Rqueo », prend chtz lui un ouvrier potier* nommé Pierre
RoiiUart, pour y (ravaiNer «dft san cslat i , Le2'# mai ITi^fS, commande de Tapo-
thicdri^ Pierre Oitboïc, dont it eut pftrK' plu» loiu. Le 7 m^ti I5VH, ^Aiuéot A}i«-
qoeine, dool t* atelier éUit litué ^ lur- la paroisse de SoUrvilli' ii^i Houoo i , donne
quiUftnce < 4 mai^trc .\ndré Radeau, notaire et iîe<'fél«iriî du Roy, fec^pveur de
le» aydei rt lailles en ce»te ville de Rouen t , de fi «omme de cent ^eus d*or soleil
i pour certain nombre de carreau de terr^ esraaillOe qn** ledit Abac}ueiite » estnit
snbmift et oblitjé faire nndi^t fiieiir connrjttable,.. ; prrtens à rn, llarioii DuraïKlf
fpmnie dudict AbarjuesDt', et Laiireru Abnqiieiine, fdt dudict \la!isènt et de ladicte
Marion, aRrrinant estre a<|i3 de vm^î et un «n et plu« i . Le^i cent t-cui d'or «soleil
dûot il douce quittance, sont un «i»lde de eompte. La 1^ mai 1553, devant \ea
QolAirej de Rouen, Muiéot Abaquesne reconnaît que le aieur Rijault, jjre Hier des
appeaux, vient de lui prêter VD livres qui lui sont nt-ees^airei t pour W
<:arreaua qiiUI est lenu bailler et fournir pour parer les seuls el autres èdillces do
messire le connectable de France i. Le Sî septembre 1557, il donne quitlimcâ i
André Rar^eau, secrétaire dps finances du Roi, d'une somine de 557 livres tournois^
■ pour la façon et fourni Inre d'un cerlain nombre de carreau de terre eKmailléL\
qu'il avait Cf devant entreprise de faire et parfaire potif le sieur Ilurftt, comme
gouverneur de monsei^jneur le dauphin, selon les putirtraicts et JinisL-s que U'dit
Dorfé lui avoit bailléi à celte tin ■ . Au i% décembre l'itiV, Muis^i^ot était mort^
ear & cette date on voit ■ Marîon Durand, veufve tl*.'di*runcl Miissi'ut Abnqiiesne» ,
a'pngajijeri faire et fournir à Barnahi^ Baral, itipubot comme prmureur de mes-
iire \tartin de Beaullen, afabt.^ du Valasi^e et de ('olombs, < le nombre et quantité
e quatre milliers de carreau esmailié d'a^nr^ blanr, jm^lne et vert i. £. Uust^B-
, Gtanef hûionquei normand f s. Rouen ^ lëtill.
■ E, &>5B«Lm. ioc^ cit., p. M et 45.
\
f
894 LE MONOGRAMME DE MASSËOT ABAQlËâlVË.
de forme et décontenance diverses, « bons, lopulx et marchands,
et bien esmaillez comme il appartient ' « .
La commande était fort importante, puisqu^elU comprenait troii
cent quarante*six douzaines de vases émaillésV II semblerait que
les épaves d'une aussi formidable livraison dussent se retrouver en
grand nombre aujourd'hui. Il n'en est rien, et les spécimens des
vases de Masséot sont, au contraire, fort rares; je ne sais mémes*il
en existe dans les collections publiques.
Lors du Congrès archéologique tenuà Caen, en 1883, M. Gaston
Le Breton remarqua dans la pharmacie de Thospice de Bayeux on
petit vase, de style italien, qui était Tœuvre de Laurent Abaquesne^
dont il porte le monogramme. Ce vase a la forme d'un biberon ;
il est orné sur la panse d'une tête d'homme coiffée du chapean
Louis XI, entourée d'une couronne de laurier de laquelle partent
des rinceaux analogues à ceux que Ton voit sur le carrelage
d'Ecouen. Sur la face opposée se trouve le monogramme composé
des lettres l a b *.
Au cours de mes excursions archéologiques de 1893, j'ai ren-
contré deux échantillons de la faïence de Masséot Abaquesne, et
qui, vraisemblablement, proviennent de la commande faite par
l'apothicaire Dubosc, en 1545. Je ne crois pas qu'on les ait jamais
signalés à l'attention des curieux *.
L'un de ces vases, ayant autrefois figuré dans les vitrines de la
très ancienne pharmacie Baston, à Pont-Audemer, appartient à
M. Charles Verger, conservateur de la Bibliothèque Canel. Il a la
forme d'un biberon ou chevrette, et mesure 0'",22 de hauteur sur
0'",18 de diamètre à la panse. Sur la face antérieure, un chapeau
de triomphe, ou couronne de laurier vert clair, avec fleurettes vio-
* E GossBLi.v, Glanes historiques normandes, p. 37.
* Ce chiffre, à première vue, parait invraisemblable; mais le détail et le pm
de ces innombrables douzaines, ou mieui séries de douzaines, sont clairemi^nl
indiqués dans Tacte notarié cité par Gosselin.
' Congrès archéologique de France, Sessions générales tenues à Caen en i%83.
Paris, 1884, p. 246; et Gaston Le Bretox, Le Musée céramique de Rouen, p. S.
M. le comte Charles Lair possède, dans sa très remarquable collection céramique*
une assiette, des carreaux de revêtement et une demi-douzaine de pots de pdar-
macie qui proviennent à coup sûr des ateliers d'Abaquesne et de ses successeurs -
Tua de ces vases porte la marque de Laurent, L A B; les autres n*ont point le
mono<{ramme.
* Voir, ci-contrc, planche XXIII.
l
LE UO\OGRâUU£ Ug UAS$ÊOT AfiAQLËSNË. 3£^â
hï mauvê aui élaminesjaunp ctlriu, ^ntouri! 1c buste, vu deprofil^
d UD goerrier casqué ; U bambe du casque est bleue, la cri^lt< i^t la
visière jaunes. Deux gros fleurons jarmes en forme dt' hibpe
laissent échapper de longs rinceaui filiformes bleu lapis, avec
feuillages de même nuance^ analogues à cea ^^ riîiceauï formés de
tiges eitrémement ténues qui s*enrouIent afec une impeccable
sûreté de maîn et se terminent en feuilles courtes, ramassées, à
hant-relief^ n», que Ton rencontre fréquemment sur les meubles
de la Renaissance. De larges fVIets jaune d'ocre courent autour dn
pred, de Fanse et du coL 1/anse, qui était courte et plate, est
cassée ; au-dessons se trouve le monogramme de Masséot Aba-
quesne, mas, encadré d'un lar;f}o trait jaune entre deiti filets bleus.
L'émafI est d'un blanc légèrement rosé.
Le décor est très largement dessiné. Les arabesques, ninsi que
la couronne de laurier, décèlent une grande sûreté de main; la
tète du guerrier est moins correcte. On sent qu'il s'ajgil beaucoup
moins d'une œuvre d'art proprement dite que d'un objet de fabri-
cation courante; c'est nnc décoration improvisée par un artiste
capable de beaucoup mieiu faire \
Le second vase que nous avons reconnu fait partie de la rieh*'
collection de Al. Grave, ancien pharmacien à Mantes. 11 a tes
mêmes formes et dimensions que le précédent. Le décor des rin-
ceaux bteu lapis est identique, ainsi que Ten cadre ment courant
formé d*un large trait jaune d'ocre entre deux filets biens, La cou-
ronne de laurier encadre, cf tte fois, le buste vu de profil d'un per-
sonnage peint en camaïen bleu avec glacis jaune clair et quelques
rehauts orangés. La tète est couverte d'un capuchon qui rappelle
absolument Ir costume traiiilioniiel de Pétrarque. Du reste, Tîmi-
tation du style italien est flagrante dans ces deu3t faïences % les
^ Box^iAFri, Lt meuble en France au stiiiême siècle, p. Wî.
* \ou* ae TOudrJQus pas prête mln^ i\\ic rc^s m&t's Jf pljurniacii? iai^^nl nui-
qoement rccuvre perfonnelle àe \[â«!^eot .^baquoi^ne; H avait dci Aitlcn qui
ciceuUicDt ift besogne commiioc ite TalL^lit^r ; muifn il devait it^^ rpluntbor,
Après un avoir domié \e patron ou di<3i»i[i. CVst le nionoi^rammc i[ui dotmi^ un
intérêt particulier k ces btimble» fiiifîrji'es, t^t c'est ce iïicnu;[r;inir]io i|ur nou^
avons l'otdu surtout sit^naier aui amateurs de ta «.vramitjiie iiorniuudc
^ Ihrci^l disait à propos du carrek^i' d'Ilcouni : t On recoTiimit diiiis ces yaves
tine tmttatioD manire»tL> dea procirdL*s itabeas. mais tin «pûl tout frani mis dans \(^
têtes de cbî mère s qu'on f rencontre^ ai tou^ les curactéreK d'uise eii^t^'lleut^* fabri-
cation : des coyieur:: vîtes et b«rmoaieii»emrtit londuÊi dans un email pur suw
30fi L'HOTEL DE VILLE D'ARLESp
arabesques semblent copiées sur celles que représente la Bgure 100
de la planche XXXII de Tonvrage de Cipriano Picol passe j / ire Uhri
deir arte delvasajo, traduit parClaudius Popeliu.
On m'avait présenté ces deux rares pièces comme appartenant
à quelque fabrique du nord de Tltalie ; la méprise était fort expli-
cable. Mais le monogramme mab ne laisse aucun doute sur Pori-
glne rouennaise de ces deux pièces, car c*est bien celin de Masséot
Abciquesne^ On retrouve d'ailleurs dans les deux vases de Pofit-
Audemer et de Mantes ces verts vifs, ces violets légers, ces jaunes
cilrins, aussi bien que les rinceaux filiformes bleu lapis qui carac-
térisent la gamme si fine et si lumineuse du carrelage d'Eceuen,
Je suis persuadé quMl existe dans d'autres collections privées
des vases de pharmacie analogues aux deux que nous irenons de
décrire. Leur monogramme si caractéristique permettra de les
restituer à leur auteur, Masséot Abaquesne.
L'abhê PobAe,
Membre non réaîdaat du Comité de«
Sociétés des 6c«ui-Àrii des dépirte^
ments, à Bouroaînvrtle (Hure).
XXlll
L'HOTEL DE VILLE D'ARLES
ET SES HUIT ARCHITECTES
C'est une histoire fort intéressante que celle de la conslruction
laborieuse de cet édifice qui se range, ajuste titre^ parmi les meil-
leurs de ce genre.
une glaçure brillante, b Notice des /aïences peintes, italiennes^ hispano^-mc-
ques et françaises, 1864, p. 373.
^ Le monogramme peint sur les deux vases mesore : Tua 0*,06, et l*a«^
0«,t)S de hauteur.
J
t HOTKL DE VILLE D'ARLRS. 39T
On sait que, dans la seconde moilïé du dix-septième siècle, lei
municipalités rivalisaient pour les grands travaux ; Lyon venait
d'achever son magnifique Hôtel de ville, et naus avons précisément
détailU' ici les ouvrages considéralilcs de décoration qu*y avait
exécutés le peintre-architecte Thomas BlancAet \
Aussi nous trouvons le conseil d* Arles très préoccupé te 16 aoùl
I6G5; il délibère ^ de bâtir une maison de ville et de faire une
B salle assez grande pour contenir le grand nombre de conseillers
■ qui assistent aux élections, ne pouvant demeurer dans celle
« actuelle sans confusioiK Les consuls seront assistés du quatre
a nobles et de quatre bourgeois pour travailler au plan et dessin
tt et donner les prix faits ^ v
Consuls, nobles et bourgeois se hâtèrent si bien que, nous rap-
portant à ce qui est expliqué an conseil du 8 novembre, les prix
fails étaient donnés à cette date, aux enchères publiques, aux
maçons et même aux menuisiers et aux plâtriers; un plan el dessin
avait été commandé à des maîtres jurés et entendus architectes, on
ne les nommait pas, et nous le regrettons fort, car cela eut allongé
encore la liste qui va se dérouler devant nous.
Le 6 décembre, Ton achetait une maison du pri.v de 9,000 livres
pour obtenir, avec la maison de ville ancienne qu'on avait abattue,
un édifice convenable; entiu, le dernier janvier 1GG6, T intendance
du bâtimetkt était donnée à un iL Chalamon, auquel on allouait
pour cela une gratiGcatiou de 300 livres quUl accepta, mais qu'il
se réserva de donner par tiers à des établissements de charité.
L'alFaire semblait donc n'avoir plus qu'à suivre son cours naturel;
mais il nVn fut rien» Car, quantité de personnes «'étant mêlées de
dresser des plans et de donner des dessins, cela n'eut pour résultat
que de faire tomber dans la plus grande perplexité.
Si nous nous en référons aui habitudes de notre temps, nous
estimerions que les consuls auraient du couper court en ouvrant
un concours ou en choisissant et en chargeant purement et sim-
plement un seul architecte capable de toute la direction* Cela ne
pouvait pas même venir à leur esprit, parce que, à cette époque,
l'organisation des travaux n'était pas du tout la même que celte d'à
[VU' ¥ol. dei Héuniofis des Sociétés des Beaux^Arîs des diparUments,
Cofittih de ia viiiê d'Aries {1064-16TO, 1 BB 3i).
308
LàOTEL DE VILLB D'ARLBâ-
présent. Réellement il né fallait à ces consuls que des pians à leur
convenance : ils entendaient rester maîtres en tout et se chargeaient
de diriger Texécution, aidés des maîtres d'œuvre des divers métiers.
C'est pourqnoi la noblesse du pays et quelques personnes com-
pétentes leur conseillèrent d'avoir recours aux lumières d'un gen-
tilhomme d'Avignon, M, de la Valfenière; a homine très expert et
« très intelligent en ces matières »', et de le faire veair à Arles
pour qu'il pût examiner les plans et dessins qui aiaient été pro-
posés par les uns et par les autres, choisir le meilleur, ou en faire
un nouveau *.
Ce gentilhomme d'Avignon n'était autre que le fils aine du iéné-
rable architecte de TÉvéché de Carpentras, de Tabbaye des dames
dé Saint-Pierre à Lyon et de nombre d'autres édifices, François de
Royers de la Valfenière j alors âgé de quatre-vingt-onze ans et qui
mourut l'année suivantei le ^2
mars.
Né à une époquR que nous
ignorons, mais qui doit se rap*
procher de 161), Louis-Fran-
çois de Royers de la Valfenière
est mort avant 1688, puisque
Marie de Rigolet^ qu'il avïiU
épousée, était veuve à cette date.
11 fitson testament le H octobre
1678 au couvent des (lapucrns
d'Avignon, légua 2,000 livres à
chacun de ses eufaiits, Pierre-
François, Claude ou Claudhis et
Elisabeth, et fit un legs àsa^œur
Anne, veuve de IVicolas Des-
landes. 11 voulait être enterré aux Célestins d'Avignon, dans le
tombeau de son père dont on conserve, au Musée de celte i file, la
pierre où ses armoiries sont gravées (Gg. 1). U a du prêter un
concours actif aux travaux de son père, surtout dans sa vieillesse.
On lui doit l'agrandissement du chœur de la métropole d'Avignon,
ville où il a fait construire une maison rue Saint-Marc^ pour
FiG. 1.
* Conseil du 20 février 16<(6.
Jéiuites, 11 Gt ilea travaux au monastère de la Miséricorde d'Avî*-
^OR, en IGTTt et à rê^jltae de Iludarridei (Vaucluse), en 1684 ^
II se rendit, le 19 maip nne première fois k Arles, afin de voir le
bâiimeat el de donner les mesures et dessins que les prifacteurs
devaient suivre; le 7 juillet^ il re^ut 29 livres pour afoir apporté
I*élévation du bè liment.
Xolons, en passant, qu*en août, les conseils étaient log^s dans
la maison de Mme de Goull, attendu la démolition de lancietine
maiaon de ville, et, en décembre, dan;!! partie de la maison de Uel-
kriû. Le 14 septembre, il recelai l 161 livres; ^ ,\ noble Françoii
i' de Revers de Valfenière pour ses frais de voyage le (tremier de
i^ ce Diois pour donner nux maçons leâ mesures et lu li^ne qu'ils
^doivent tenir à Télévation, Télévaliun des portes el des fenêtres
Via, 2.
» et encore le dessin et les mesures pour la grande montée quf sera
" faite en von te suspendue (ft<p 2). n
Le 2 novembre, on lui paya 24 livres pour airoir apporté encore
des dessins; enGn, le 18 du même mois, 52 livres pour sa direc-
titm pendant vinr^t-sîx journées de séjour. L'ensemble fies ïiommea
quMI a touchées monte, en ronsé({ut'nce, â 295 Jivrc^s^
L^édlfice fut élevé ainsi justju^ï la hunteur de deuiL cannes
(3'^,05!2). Toutefois, tout ce travail ayant Jinr par ne plus recueillir
les sutTrages de radminislratiou municipale, il apparaît qu'on ne
tarda pas à le raser. Xous pourrons apprendre plus juin sinon les
détails, du moins les avantages de ce plaUp
L'affaire, nous no savons pourquoi, sommeilla jusqu*en 1672,
époque où tout fut remis en question. La muiiicipalilé contfuuait
à siéger dans la maison où elle était installée lorsque, le 7 août,
les consuls invitèrent te conseil à [i rendre une décision lUnnilive.
* Le* de Hoyers dt la Vai/enière. Lyon, Vjni[lni]jer. tSTO: J/rMoire^ de fâca-
étnîe de Vaucittie. Atij^nciii, IH^JV^ «tLi/o» artittique. Architectes ^ ftftÉtU? /', de
yers dt la Vai/enîére, L|ojJh Bcrnoti^ el Cu^niu, 1^9^. Ce£ Irotti ourrui^i», par
CUJiKVET,
400 L'HOTEL DE VILLE D'ARLES.
Les uns, dans cette circonstance, opinèrent qu'il ne fallait paâ
bâtir, et les autres que c*était indispensable. On se rallia à. cette
dernière motion, et Ton nomma huit conseillers nobles et bourgeois
pour s'occuper sérieusement de la construction. Ceui-ci £*adressè-
renl alors à Pierre Puget, qui, revenu de Toulon et IravaHIant en
ce moment à Marseille, où il finit par se fixer, se rendit à Arles par
deux fois, ainsi qu^on le constate par les délibérations suivantes :
u DavantagiB a esté représenté par Messieurs les consuls qu'en
a suitte de la déllibération qua este prinse an conseil tenu le sep-
a tîesme août dernier de faire bastir incessamment THôtel de ville
u sur tel projé et dessain qu*il seroittreuvé à propos. Ils ont envoyé
K quérir le sieur Pujet architecte de la ville de Marseille, à cette fia
H de faire le projé et dessain de la d. bâtisse auquel pour les paines
« et soingt qu*il a prins de venir en ceste ville de voir la place où
a le dit liostel doibt estre basti et de prendre ses dimensions, ils
tt luy ont donné soixante livresdesquelles ils en demandent Tappro-
n Nation. Le conseil a unanimement dellibéré d accorder les d.
u so rxante livres et qu'elles seront admises au corn ptc d u trésorier ' . v
<^ Messieurs les consuls ont demandé Tapprobation, etc., etc>
tt En cent cinquante livres payées au sieur Pujet, architecte à
« Marseille, pour les fraiz d*un second voyage qu'il a fait en cette
^ ville au sujet de la batice de Thostel de ville que pour le séjour
a qu'il y a fait pendant seize jours pour travailler et fere son projé
u du plan et eslevation dudit hostel que du travail qu'il avoit fatct
u au dit Marseille en conséquence de son premier voyage*, u
Les fonds des 210 livres furent avancés par les consuls, chargés
de la direction des travaux, et portés à Marseille^ la quittance est
^^^
Fie. 3.
signée le 21 octobre 1672 par GaspardPuget (fig. 3), maUre nmcon,
frère de Pierre, lequel il aidait dans ses travaux.
t Coûseils du 9 septembre 1672. Fol. 267-269 (I BB 35. 1670't675).
« Ibîd., 21 novembre 1672. Fol. 285-286.
L^UOTEL DE VtLLB [>'ARLE8.. 401
I Ptft plus ciue celui de là Valf^nière, le projet de ce deuxième
I ATchhede ne convint aux Arléâiens, bien que le grand artiste,
âge alors de citiquante ans, (ùi à l'apogée de son talent, et mes-
sfeur» du conseil lui mirent eo balance — qai pourrait le croire?
— le 12 féviier 1673, un troisième projet qui leur était pré-
seuté par les conseillers qui s'occupaient de la bâtisse, celui d*un
frère Clément, reli(ïieut augustin d'Arles', assisté d*un Nicolas
Leoiaud ou Lieutard^ architecte de la ville de Tarascon. Nous
Toila déjà à quatre architectes! On serait disposé à penser que
c'était Suî? non; îl ne tarda pas à en apparaître un cinquième,
ni c'était Jacques Peitret, qualilié maître peintre d'Arles, lequel
pourrait bien avoir été au fond Tiûstigateur occulte de toutes
ces hésitations. Quoique non spécialiste, il avait rédigé un qua-
trième plan,
Dana le conseil du 20 avril 1673, on apporta les quatre projets
sur la table> cette foii avec T intention ferme de prendre une décision
déCnitive. Mais — cela ne pouvait manquer — un conseiller, après
avoir fait remarquer que Ton avait déjà accepté le plan Clément^
conclut que, puisqu'on n avait encore rien commencé, il fallait
s'en remettre à ce que les consuls décideraient, et tous opinèrent
de même. Ce n'était qu'ajourner la solution; car nous ne voyons
pas pour cela de projet choisi. Malgré cela, le 2 juin, on donna le
prix fait pour exécuter la délibération du 7 avril : a pourtant que
" l'host&I de ville qui a esté demoly sera incessamment rebaty
K jusqii*à son entière perfection. »
ËîiGn, en présence de T urgence extrême à procéder à un choix
parmi iouB les plans présentés, voici ce que Ton décida. On s'arrêta
snr l'un de ceux qui avaient été proposés (sans dire lequel dans la
délibération), uy adjoustant et y repparant » ce qu*on croyait rai-
sonnable, et on chargea de mettre au net cette « réparation n, un
Dominique PUleporie^ architecte d'Arles, espérant obtenir ainsi
toutes le» commodités désirables. Vaine illusion! car, malgré ce
sixième architecte, il se produisit quelques appréhensions sur la
solidité possible de l'ouvrage à cause du grand nombre de personnes
QUI pourrait remplir les salles du premier étage dans certaines
asJDHft- Alors, pour se rassurer, on en fit venir un septième,
' T'flçut pour ce invait, Ië 6 mftrs 1873. 1â somme de 60 livres.
26
K 40S L*HOTEL DE VILLE D'ARLES.
Jean Rochair ou Rochas S maître maçon (rAiignon^ qaaliGé
quelquefois architecte. Quelle dérision! c'était ce maître qui m\{
agrandi, en 1670, le chœur de la métropole d'Avignon som h
direction de Louis*François de Royers de la Valfenîèrel
Rochair approuva le plan proposé.
Entre temps, il parait que de la Valfenière avait cunsenè un
chaud défenseur dans la personne du sieur de Somcyre, lequel,
pouf la forme, fit insérer le 7 juin dans le Fegi.'^lre une sém
d'observations curieuses qui nous fournissent ^es délails sur Tédi-
fice, primitivement commencé en 1666, puis dômolL
« Àdvis du d. Sieur de Someyre.
tt Du septième jour do dict mois de juin, le dit sietir de Some) t6
a a dit qu'il est d'advis de bastir sur les fondemens qui ont esté
« construits suivant le dessin du d. sieur de la ValfenJère et qui
a avoit esté apreuvé par délibération du conseil et ensuite eslever
a d'environ deux cannes sur les vieux fondemens et il est eu eM
« de faire voir que ce dessin ester t bon et bien imagint* et qu'il est
« à tous cas facille de réparer le trop grand nombre de fenestm
a condamnées par ceux qui ne voudroient pas suivre le d. dessin
tt et quelques avez (?) et quelques degrés qui estoient au porche du
a plan de la cour (l'arrière- façade) au marché soutenant le dit sieur
a de Someyre que par dessus l'aprobaon du d. conseil il n'est poinl
a de personnes entendues qui ne cognoisse que la plate forme Jout
« s'agit estoit bien mesnagée et qu'il se treuvoitau d« dessin toutes
aies commodités nécessaires aux usagés pour lesquels lad. maison
c commune est bastie.
u Que quand il seroit ainsy et que non que le dessin du d. siettr
a de la Valfenière heust des deffaults qui dussent obliger M^ U^
« consuls de ne le suivre pas, les deffauts pourtant n'estant pas im
« fondements ou s'il y en a du côté du marché (la place de la Répu-
a blique) pour n'estre pas tout à fait à lescaire (équerrt?) cela pou-
a vant estre facillement reparé comme il Tavolt offert par Tarchi-
« tecte et leslevaon (élévation) qui avoit esté faite et qu'il paroit
a encore et il rapelle mesmes par un rapport faict parBricharpan-
a teur commis par ordonnance de monsieur le lieutenanl le septième
« septembre 1667 (passage illisible) il peut avoir faict de nouv^
* Un Jean Rochas est mort à Avignon en 1752. (L'abbé RiQptv)
' L'ffOTEL DE IILLE D'AnLES. 40«
9 dessins ou Us beautés et les comoililés d'ooe maison telle qae
u celle en question se peuirent rencontrer. Il insiste pour que cest
ft préférable que le d. bastitnent par on espargnera bien du temps
«et bien d'argeuL
« Et en ce qui concerne le dessein qui vient d*étre esposé (celui
« de Pilleporte approuvé par J. Rochair) il y a lieu destonnemant
a que celluy du d. Sieur de la VaUentère soit rejeclé pour suyvre
^ celluy la, n'y ayant personne tant soit peu entendue en architec-
a ture qu'il n'y remarque une infinité des deffauts et des plus
u considérables heu esgard a la plateforme et aux usages pour
■ lesquels la d. maison doîbt estre bastie.
it Et ces deffauts consistent le premier a ce que la plateforme du
« d. bastiment n'estant que denviron huictante a nouante cannes il
Il paroist estrange qu'on employé soixante quatre à un porche
u (vestibule) et que par la il soict retranché des comodités des
m membres (salles) bas qui sont uécessaires comme il est sensible
it et cogneu sans les pârtlcuUrttez outre que ce grand porche est
« non tant seulement superflu puisque la dite maison aboutit a
CL deux grandes places mais que ne sera indubitablement qu'une
w halle pour la retraite des paysans dont il sera impossible de les
» tirer.
tt Le second que le degré est mal p lassé de la mectre du costé
u de la place du marché (de la République) qui est un aspect qu'il
u falloil conserver pour faire des logements visants au dict marché
a du costé du midi qui cest un simple degré d'une maison parti-
al culiëre et qui na non seulement rien de beau (il a été agrandi
a clans les plans postérieurs) mais qui est irrégulier vysant a trois
« rampes qui ne peuvent esire imposantes qu'a un degré a lanterne
a qui a par ta diverses beautés.
m L*e troisième deflaut et q^'il est la suitte du second, est que du
d d. degré on n'entre pas dans la grande salle mais seulement dans
^ unB moindre ce qui est une grande irrégularité (ce défaut a été
« corrigé dans les plans postérieurs).
s L»e quatriesme consiste en ce que le d. degré fait perdre la
a, fmmodité de plasser les archives au lieu ou elles estoient desti-
es suyvant le dessein du S' de la Valfeuiére et de tous les
litres qui ont esté proposés quy est la chambre de la tour de
^'^rloge a costé de laquelle et sur la rue de sa maison du prieur
404 L'HOTEL DE VILLE D'ARLES.
a da Holins il y avoit une chambre qui auroyt este des àèpm-
c dances des dictes archives et celle du d. horloge peult eitre
« rendue plus claire en luy faisa^nt une croysée convenable est
a marquée au dessein qu*il est proposé ou la d. chambre est destinée
a pour une chapelle qui est la chose la plus inu tille pour la d.
« maison.
a II s'ensuit de la présente un cinquiesme défiaut que les d.
tt archives sont mal plassées suivant le dessein contre la miirsille
a mitoyenne avec la maison du roy ny ayant pas par la une égalle
a asseurance (sûreté) et on peut dire que cest un manquemeQt
c insupportable de plasser le plus précieui d*uDe commuDâuté
K contre une muraille mitoyenne puisqu'elle pourrait estre percée
a et ouverte et d'ailleurs que les archives ne seront pas à défeodre
a du feu dans cet endroit comme dans la d. toar où les murailles
« sont du moins de six pans despesseur sans voisinage e£ que avec
« une porte de fer peuvent estre a Tabri et a couvert de toutes
« sortes d'accidens et cest mal profiter de cette rencontre et de cette
« situation que de les transporter ailleurs.
a Le sixiesme déffault est au petit escallier touchant la situation
a dicelluy puis que outre qu'ils gâteront lordre et la.slmetrie des
tt fenestres du costé du marché il faut pour y aborder par le bai
a passer dans la chambre du concierge et au second e^tage par le
tt cabinet de M'* les consuls ce qui est une grande suiectioQ et par
tt la cest escallier est irrégulier et mal mesnagé.
tt Dans le plan cy. dessus dont sagist ou il est pris une partie da
tt marché et plus du costé de la maison du roy que de la rue de
tt l'horologela fassade du costé du d. marché présantera mal pour
(c estre plus avancé dans la dite place d'un costé que de l'autre.
u II n'y a nulle nécessité de faire les lignes du dit bastiment
tt esgalles celle estant impossible du t)out de la ligne a lautre prin-
tt cipallement estant basties et interrompues par diverses murailles
tt de séparation et il voudroyt bien mieux conserver la régularité
tt des angles que légalité parallèle des lignes.
tt Et par ces moyens le d. S' de Someire soustient que le dessein
« déposé n'est pas recevable et perciste a tout cas qu'on ae doibt
tt pas se despartir de bastir sur les Gondemens déjà faicts, ^
Signé : a Sou£ia&. m
r
(
L'HOTEL DE IILLE D'ARLES, 4ù^
Quel était ce plan de la Valfeniëre? Il n a pas été CûRservé.
Touterois il est regrettable (jue Tavïs qu'an vient de lire o ait pas
été entendu, puisque partie des défauts signalés apparaissent clai-
rement dans la distribution du bâtiment actuel. Nous n aurions pas,
il est vrai, ce cher^d'œuvre de coupe de pierres qui constitue la
Toute du vestibule, lequel a conté pas mal de tracas à la munici-
palité d'Arles, ainsi qu'on te verra plus loin.
11 est exact, d'autre part, que nous avons vu nous-mème, un
jour de marché, avec la pluie, ce ve^tjtyule hondé de paysans. Où
est le mal? M. de Someire n'était qu'un aristocrate...
Par contre, le grand escalier n'est ouvert que dans les occasions
importantes ; c*esi, en effet, en passant par la loge du concierge, ce
à quoi on ne s'allend guère, que Ton parvient, à l'aide d'un tout
petit escalier, aux bureaui de la mairie, soit deux pièces qu'il faut
encore traverser pour arriver jusque dans la salle magnifique où
reçoit M, le maire.
Vraisemblablement les distributions iutérieures furent le résultat
de la a réparation n opérée par Piileports sur les plana de Pug^t^
du frère Clément de concert avec Leolaud et de Peitret^ pour la
partie décorative, sur ceux de ce dernier et de Puget.
Quoi qu'il en soit, les consuls engagèrent les travaux sur ces
données qui avaient été du res^te approuvées, ainsi que nous Taïons
expliqué plus haut, p^r Rochair. On éprouvait bien encore quel-
ques doutes sur la solidité possible de la voûte à construire sur le
grand vestibule; mais Rochair soutint que le plan était bien fait.
Les consuls se décidèrent alors à donner^ le 7 juin, le prix fait
à Charles TroHs et à Claude RouXj entrepreneurs d'Arles, et Ton
posap le 10, la première pierre dans les fondements contre la tour
de l'horloge du côté de la rue au levant.
Mais, le 12, de grands personnages arrivèrent à Arles : le coad-
joteur, l'archevêque et Mamart et il se produisit un nouveau
coup de théâtre au sujet duquel nous nous permettrons une petite
digression.
Pendant que les travaux étaient suspendus, le 29 janvier 1669,
^mncoise-Marie de Sévigné épousait Francois-Adhémar de Mon-
, -Omlede Grignan^ lieutenant général au gouvernement de Pro-
'"^ en Tabsence du duc de Vendôme qui ne s'y rendit presque
i«; madame de Grignan^ qui avait alors vingt et un ans, « ta
406 L'HOTEL Dfi VILLE D*ARLES,
plus jolie fille de France ' » , en prenant a non pas le plus joli
garçon, mais un des plus honnestes hommes du royaume* s
espérait qu*il ne s'éloignerait pas de Paris et de la cour oii Ton
parlait beaucoup de son mérite et de ses qualités. Même M''* dt
Sévigné avait refusé MM. de Caderousse et de Mérinvâk,
précisément parce que leurs terres étaient situées en Provence,
Les événements changèrent tous ces calculs d'amour et de ten*
dance maternelle; le comte de Grignan, au contraire, séjourna
presque constamment en Provence, et la France doit se féliciter
de cette circonstance; car, si la fille fût restée auprès de la
mère, peut-être n'aurions nous pas cette correspondance detrenae
célèbre.
En effet, Theure de la séparation ne se fit pas attendre; le comte
partit de Paris le 19 août 1670, et, en février 1671, Mme de Grl-
gnan dut quitter sa mère pour se rendre à Avignon, Arles, Ait,
Marseille, où elle fut reçue « comme une reine, et haranguée par
« une foule de notables, qu*elle écouta sans rire, chose éton-
« nante' d. En même temps pleuvaient les cadeaux. On )ît dans
les registres des conseils d* Arles que» le 16 juillet 1673, le comte
de Grignan, sa femme et madame de Sévigné étant arrivés à Aii,
les consuls d'Arles n'ont pas manqué d'aller les saluer et de leur
ofirir vingt-quatre boîtes de confitures.
Toutefois, n'anticipons pas ; il fallut pourtant se reposer quelque
part, et le comte conduisit son épouse au château de Griynan, ancien
édifice placé sur un rocher fsolé, construit dans la première moitié
du seizième siècle et qui, s'il avait fort bon air, ceci dit sans plaî-
sauterie, ne se trouva pas présenter tout le confortable qu'eii*
geaient les fêtes que les Grignan y donnaient. En janvier 1G72>
Mme de Sévigné s'y rendait à son tour et ne le quitta que le 5 oc*
tobre 1673.
Or, qui est-ce qui allait restaurer ce château? C'était JuU%'
Hardouin Mansart, âgé de vingt-sept ans alors S dont la répa-
tation grandissante lui avait procuré les Grignan pour clieDti*
* Lettre de madame de Sévigné da 18 août 1668.
^ Ibid,, 4 décembre 1668.
' Ibid., du 4 mars 1671.
^ V'oir la notice que nous lui avous consacrée dans Lyon artistique. Arckii
Lyon, Bernoux et Cumin, 1898
L^&OTEL DE VILLE DMULEB^. 4(n
El qui est-ce qui allait ûuirir sa Kourse, pour cm travaux, au
mmie de Grignan qui ft'entleltait? Celait Jean-Baptiste Adhémar
de Monteilj son oncle ^ coa<)juteur de Tarchevéché d'Arles de-
puis IG67^
Ainsi sVxptique la présence de ces personnages en Profence.
Maintenant nous allons passer la plume aux
Mémoires de Je^h de Sabatieh^ gentilhomme d'Arles*^
tt Jetois à Tara»con pour des alfaifcs particulières el j*y rencon-
^ Irai M* le coadjuteur qui venoit de la cour et qui partait de là
ï pour aller à AU, Il me demanda ce qu'il y atoit de nouveau et
1^ comme Je lui eus appris la peine ob nous avions été pour choisir
■ un dessin pour notre H6tel de ville, H me dit que Mansartj
V fameux architecte, étoit descendit aiec lui ju&qu'à Avignon, qu'il
<i étoit allé voir le pont du Gard et les arènes tte Mmeâ, el qu'il
h lui écriroit pour nous conseiller sur notre hàtiment; je le priai
<t de nous accorder cette grâce.
ii Quelques jours après, Mansart vint à Arles, je. le fis savoir au
a sieur de Grille, alors consul, et à ses collègues, et nous fumes
& tous le trouver à Tarchevéché ou il logcoit. Il vit le plan et Télé-
ci vation de Peitrct; il fut, avec nous, sur le lieu du bâtiment et,
t» après avoir loué te def^sln de notre architecte, il dtt qu*il y avoil
« quelque chose do mieux à faire si on souhaitait qu'il fit un projet
f de sa façon. Les consuls le prièrent d'y Iravniller pourvu qu'il
f ne changeât pas les foudemens et qu'il ne fallut pas abattre la
u tour de Thorloge; il dit que cela le génoit; mais qu'il emploie-
il roit tout son art pour nous faire un dessin qui lui fît honneur
ti- et qui fut propre à tout ce qui est nécessaire pour une maison
a commune. Il fit donc celui que Ton voit, que Peitrei fît exécuter
€t fidèlement et qu'il a même enrichi de quelque chose de $on
C4 imagination.
* C'est lui qui a Tait cooslruire Tarchevéché d'Arles attcaaDt à rôr]lise Saint-
Tfl^pliiaie, où il fut enseveli dans la chapelle (ie Saint-Genez avec son oncle Frari-
r, archevêque d'Arles, mort le 9 mars 1689. à l'âge de quatrc-vin<^t-six ans,
^C il fut le coadjuteur pendant vingt-deux ans. Il est mort le 2 novembre 1697.
Bfîbfiotbèque d'Aix en Provence, publiés dans Le Musée, Revue ariésienne,
-^ie, p. 193-194.
408 L'HOTEL DE VILLE D A&LBS.
« Mansart ne fit pas Tescalier comme il le voulut à cause des
« fondemens. »
On voit ainsi comment la munieipaUté ne manqua pas d'alkr
consulter an bnitième architecte, et il es! fart heureux que cela
ne paraisse pas avoir encore motivé un nouveau retard.
Nous allons nous arrêter à présent assez tonguement sur celle
période de raffaire, qui est la plus importante pour rhi^toire^le
l'art, puisque les utis disent que rédilice est tout de Mansart,
tandis que d'antres croient que tout Thonneur revient kPeitrei^
Nous, nous n'essayerons pas de trancher la question entre les
deux parce que nous savons d'avance que cette recherche, qu'on
persiste à faire, envers et contre tout dans des circanstances ana-
logues, ne saurait donner aucun résultat certain*
Car c*est une erreur que Ion commet constamment de nos jours
que d*étudter les œuvres anciennes et de juger les artistes qui f
ont travaillé selon ce qui se pratique à notre époque dans tes tra*
vaux de bâtiment. Il n'y a aucune analogie possible, parce que
encore au dix-septiéme siècle les administrations et les particuliers
se préoccupaient bien plus de s'entourer des meilleurs avis de tous
ceux qu'ils consultaient, que de leur tresser des couronnes pour
leur gloire future dans les biographies en n'admettant aucun par-
tage.
En réalité, les œuvres d'architecture d'avant le dix-huitième
siècle, en France, ne sont, pour le plus grand nombre, que
le résultat d^efforts collectifs» ainsi qu'on le constiite par THôtel de
ville d'Arles, et il s'en trouve fort peu d'individuelleâ.
Pourquoi donc s'entêter à ne vouloir y inscrire qu'un seul nom,
lorsque la plupart de ceux qui y ont coopéré étaient des pralicieni
complets, par la raison bien simple que dans ces temps on, avait
le bon sens de ne pas séparer l'art du métier?
Mansart prit quelques jours pour examiner les divers projets,
après lesquels il remit un .plan où il supprimait les piliers <!^i
voûtes du vestibule, son opinion étant qu*il pouvait èlre voûté sur
toute sa surface sans ces piliers; il indiqua aussi que le grand
escalier ne devait aller que jusqu'au premier élage et détermina
d'autres détails.
Enfin, il fit exécuter un dessin de la façade sur la place
Marché par la main de Peitretj et, en partant, il pria las consi
"STi
4
PUnche XXIV. l'ajl»^ 40K
DKSSI.V l»OLH I. A F A C n> K l> K l/IIOTKI. DK \ I M. K D AHI.KS
SLR \.\ rL^«;K ou I'L1\ I»K I. \ i.tU H
(Kig. i.)
1
r
L'HOTEL DE VILLE D ARLES. -M»
de rau1orifi€r à remmener avec lui juiiju'à Béziers, où il allait
pour le bâlimenl de rëféijDe, afin de pouvoir lui faire dessiner,
soQS sa direction, la façade du côté de la place du plan de la cour
(Tarri ère-façade) et de lui donner toutes instructions, modèles et
panneau :i pour les voàtes du bâtiment.
Peiiret partit à Béziera avec Mansart^ le 7 juillet; il y était
encore le 16.
ï^zMansarî/i\ n'est resté à THôtel de ville qu'un dessin (à 0*^,35.
— L. 0",24) de la façade posté ri eu 1*6 ; en hnut, on lit de son
écriture ;
Ortftographie du costé du pian de la cour ou autrement la
façade que tay faict pour icelttypour l'hostel de mite d'Arte.
Sifjné : Habdoliv MANSAt^T^
Derrière, cette note ; Ce croquis^ vendu à la ville par Michel
Dugres, n'est pas du vrai Mansart Jules-Hardouin, mais de son
fi'ère Michel Hardouin Mamart^ comme lui ingénieur et archi-
tecte du roi, La preuve se trouve au registre I, CC, 691, titre 125
d 255* 13' armoire, 2' rayon > Archives communales.
Réellement, ce dessin est, ainsi qu^on Yieni de le voir, de la
main de Peitret sous ta direction de Jules^Hardouin Mansart;
mais c'est son frère Michel qui la signé en même temps quM
touchait pour lui le^ 500 livres.
Dans ce dessin, les fenêtres du premier éta^je sont différentes fte
celles esécutées; elles oGTrent une arcade dans le yenre de cellesdu
rez-de-Hrbaussée dans laquelle s'inscrit le quadrilatère de la fenêtre ;
cette disposition a été maintenue à peu près pour la fenêtre ceti-
Irale sur la place de la République (fi;j. 9).
Il fut alloué cinq cents livres à Mansart pour son travail, les-
quelles furent comptées à son frère Michel (fig. 6) au vu de la pro-
curation suivante:
a Procuration donnée par Messire Julle-Ardoin Manssat, con-
« seiller du Roy, ingénieur etarchitecte des bàtimens de Sa Majesté,
« à Hessire Hichel-Ardoin Mansat, conseiller du Roy, ingénieur
« et architecte des bastimens de Sa M<ijeslé, son frère, par devant
^ Voir ci-dessus, planche XXIV.
]
410
L'HOTEL D£ VILLE D'ARLES.
tt le notaire royal Look, dans le palais épîscopal de Saint-Pons de
« Tbomiëres poor recevoir en son nom des consuls d'Arles la
% somme de cinq cens livres, pour un dessin qa*il faict, etc., etc.
«(5 août 1673). »
Signé :
-yêw^ûui/f %^]i3^Ja4^L
FiG. 5.
R«9itfrc I ce 691, nM25.
Voici la signature de Michel: Arles, 7 août 1673'
Fio. 6.
La Valfenière n'avait touché que 295 livres, et Pugei 210;
mais ils n'étaient pas présentés par un si grand et si haut person-
nage que le coadjuteur.
JuleS'Hardouin Mansart simplifia depuis sa signature cl ne
signa plus que Mansart tout court, ainsi qu'il résulte de celle
* Jacques V Gabriel àcheia de sa veuve, le il juillet 1687. sa charge de i
trôleur général alternatif des Bâtiments du Roi. (\lipe G. Despibrrbs, I. XIX
Comptes rendus des Sociétés des Beaux- Arts des départements, p. WJ.)
LHOTEL D£ VILLE . DlARLEft.
411
apposée sur une contention du 21 février 1702/faUe ^ovrdefprix
de bois de charpente â rournir à Versailles.'.
Fifi. 1.
Pendant ce temps ^ PUleporte condaisait les travaux avec le con-
trôle de Cliambarranf bourgeois, qui avait été délégué par le con-
seil dan£ ce but, et qui fut chargé de le régler le 5 juillet 1673.
Cpî/U^ûfitj
FiG. 8.
Nous venons de voir comment fut désintéressé Mansart; Rochait
«VAvignon n'avait reçu le J8 juin que 72 livres.
a La somme de Tl livres vtn sieur Jean Rochaet M* architecte
^ d*Avignon pour le voyage et séjour par Iny fait pSur décider cer-
u laines djfticuUès proposées contre le plan fait par Dominique
u Pilleporie, M' architecte de cette ville, pour le bastiment de
a rUôtel de Ville, lesquelles difficultés il nous a résolues et décla-
u rées par le certïGcat du 3 de ce mois, le dit plan est bien et
- deuenient faict. «
Peiiret, outre les sommes qu*il avait reçues auparavant, fut payé
comme il suit, le 15 novembre 1673 '.
« Mandat de 224 livres à Jacques Peitret, peintre et architecte de
a cette ville, pour les soins et vacations par lui employés à la con-
« duite des dessins dressés par M. de Mansart pour la bâtisse de
Archives nationales, CotTespondance, carton 10201.
Registre I CC 69t, n» 225.
t'HOTBL DB VILLB D'ARLES. 418
I FHôtel de Ville, voyage par lai faict à Béziera oh étoit le dil Man-
i sari poar prendre de lay les instractions et divers avis poar ledit
i dessin d^élévation par luy faites de la façade da côté da marché
' et iceiluy du plan de la coar et aatrement pour toat ce qa*il a
; lail pour la d. bâtisse depuis le mois de may dernier, jusqu'à
i présent. >
Mi/yJ-
FiG. 10.
Le dernier décembre on accorda 60 livres à Antoine dit La
liviire, M* maçon d*Aiz, pour un modèle des voûtes du porche ou
estibule; car il est de toute évidence que si Peitret, artiste peintre
e son métier, pouvait être compétent pour la décoration, il ne
était pas pour la coupe des pierres.
On rapportait, au conseil du 18 mars 1674, que les travaux '
vaient marché; on avait élevé jusqn^à la corniche du premier ordre
rustique » ; toutefois, certains travaux n'avaient pas été réglés
ux entrepreneurs, on leur donna un acompte et on nomma des
xperts pour estimer le travail exécuté.
Cependant, la voûte du vestibule ne cessait de donner de Tem-
arras; on appela à Arles Jean Vaille, dit Bonaventure^ maçon et
rchitecte à Marseille, à ce qu'il parait désigné par Mansart pour
ss modèles et panneaux, et on lui paya 42 livres pour ce travail
insi que pour une loge en bois qu*ii avait faite sur la place du
larché aGn que les ouvriers de THôtel de ville puissent s*y réfu-
ter en cas de mauvais temps.
Le même jour, on donna le prix fait des ferrements, etle 18 juillet
elui de la charpente d*après les dessins de Peitrei, qui de peintre
tait passé définitivement Tarchitecte.
\kk discussion s*éleva le 12 août, entre lui el les entrepreneurs
laçons, au sujet du mur.de refend, séparant la salle du salon qu^il
oulait qu'on bâtit et qu'ils ne voulaient pas élever encore ; le con-
sil donna gain de cause aux. entrepreneurs. Mais ceux-ci, livrés
insi à des directeurs de travaux sinon incompétents, du moins
raillés par toutes sortes d*avis, se. trouvaient en présence d'un
414 L'HOTEL DE VILLE D'ARLES.
antre ennui ; c'était le moment de construire la voûte du vestibule.
Ils avaient bien les modèles d'Antoine dit La Rivière et de Jean
Vallié, dit Bonaventure ; Mansart en avait, parait-il, commandé
un autre à Paris ; mais il ne venait pas !
Les travaux allaient être arrêtés ; on écrivit en conséquence à
l'éditeur de Mansart^ le coadjuteur, lequel répondit de Paris, le
dernier août :
a Messieurs, je ne puis qu'approuver la résolution que vous avez
«< prise de faire travailler à la voûte de vostre Hostel de ville sans
tt attendre le modelle que M. Mansard avoyt promis de vous en-
tt voyer; les ouvriers qu'il y a fait travailler sy sont appliqués
a avec tant de négligence que leur longueur est capable de lasser
a la plus grande passience; je vous avoue que jestoys desja au
tt bout de la mienne et que jay este fort aize que vous ayex prii
tt parti de n'attendre plus. Jay vu le dessein que S' Peytré vous
tt avoye dressé à Arles étcelluy qu'on avoit commencé iey et il me
tt semble qu'il y a beaucoqp de conformité et que vous pourriez
tt en sûreté faire exécuter \e premier. Jay bien du regret, Mea-
tt sieurs, de n'avoir pas pu vous procurerer la satisfaction que voui
« avez désirée de mes soins dans cette affaire» etc. y^ Ceci était
expliqué le 16 septembre.
Il fallait donc se résigner à se passer de ce modèle ! On ouvrît les
avis, et, comme toujours, le conseil s'en remit à la prudeoce des
consuls. Cependant, le 3 novembre, on annonça enfin qu'on avait
reçu de Paris le fameux modèle; toutefois sur Tinsistance de Pei-
tret on avait commencé la voûte qui porte le mur de refend de la
grande salle. Voici ce qui fut alors résolu :
a Considérant que le premier dessain de voultes que lions lUan^
« sard avoyt remis au S' Peytret, estoyt le plus beau et le meilleur,
« d'aultant qu'il déchargoyt davantage la muraille, du costé du
« plan de la cour outre quils sont tons demeurés daccord que pour
& exécuter ce nouveau dessein il falloit surbaisser l'arc qui doiybt
« porter la d. muraille de refTend et ce faisant desmoUr les tas de
ft charge qui sont faits et qui vont sous les voûtes ce qui Duyrolt
« extrêmement à l'ouvrage, de sorte que tous ces messietirs... ont,
a d'une commune voyx conclu et' attesté qu'il falloyt continuer
a premier dessein de M. Mansard. »
La seule différence, parait-il, entre celui-ci et le dernier modi
L'HOTEL DE VILLE D'ARLES.
415
envoyé était que la voûte du côté de la place de la République
eût été un peu plus basse que la graode du côté de la taçade pos*
térieare.
FiG. 11.
jS. Porte 4a càté d« U pl«e« dt la Répabliqa*. — B. Porte da côté de U plte« da plan d« la coor. —
C. Entré* 4« |rand mealiar. — D. Tour d* l'Horloge. — E. Coaciergo «l antre* da l'eaealier d«« baraaai
d« la mMkrim.
On paya 225 livres au coadjuteur qui avait avancé Tardent
pour payer ce modèle.
Lorsqu^on examitie ce vestibule, on se demande pourquoi il y
m un avancement des deux côtés au midi et que la voûte y est
moins large. Cela a été exigé pour porter les murs de refend sépa-
416 L'HOTEL DE VILLE D'ARLES.
Tant les salles aundessus et renforcer ainsi la grande voûte. Toutes
ces tergiversations nous ont valu un chef-d'œuvre de coupe de
pierres que, par tradition, visitent, en môme leoips que la vis de
Saint-Gilles, tous les compagnons tailleurs de pierre faisant leur
tour de France.
La sculpture des chapiteaux et modillons des façades fut exécutée
par Jean Lapierre, Jean-Baptiste MamaiUe et Jean Andrieu^
sculpteurs. Celle des armoiries du Roi et des trophées par Jean de
Dieu.
p^QcK
FiG. 12.
(16 septembre 1673.)
Ce sculpteur exécuta également une statue équestre de Louis XIV,
placée en 1675 dans la niche du vestibule en face du grand escalier
(laquelle fut brisée pendantja Révolution), ainsi que les deux lions
qui se trouvent à Tentrée de cet escalier. Il paraît qu'il accompagna
à Paris la statue antique de la Vénus, qu'on crut longtemps être
une Diane, trouvée le 5 juin 1651 par le bénéficier Naufari Brun
au pied des deux colonnes du théâtre romain, qui lui fut payée
61 livres par la municipalité et qui fut offerte à Louis XIV, par
délibération du conseil du 17 novembre 1683, Ce fjit IVf. de Grille,
premier consul, qui fut député au Roi pour la lui offrir, et il rendit
compte de sa mission le 23 janvier 1684. Il avait été naturellement
fort bien reçu, et on lui avait donné une chaîne d*or avec une
médaille de la valeur de plus de 2,000 livres. Le Roi le remercia
en ces termes :
tt Monsieur, vous pouvez assurer MM. d*ArIes que j'ay esté bien
a touché de la joye et de Tempressement qulls ont témoigné pour
tt me faire plaisir en me donnant leur statue. Vous pouvez leur
tt dire de ma part que je leur en sais un bon gré et que je
Cl feray tous ceux que je pourray dans toutes les occasions a
« présenteront, s
I/HOTEL DE VILLE D'ARLES. 411
C'est au coadjuteur que la ville (l*Arles doit de s'être dépouillée
(le cette statue, car c'est lui qui en avait parlé au Roi et qui avait
provoqué la délibération du 17 novembre 1683. De cette manière,
le coadjuteur put faire sa cour; de Grille reçut un cadeau
vraiment royal, et la ville d'Arles... rien du tout.
On sait qu'en creusant le sol pour établir une citerne, on ren*
contra d abord la tête; puis, les consuls ayant fait travailler tout
autour, on découvrit bientôt le corps et les pieds. Il n*y eut que
les bras qu'on ne put retrouver; ils furent restaurés par Girardon;
toutefois il esiste une estampe 8i<]née : Jean^Michel Ogier. Ltu/d,
sculp., où elle est représentée sans eux '. Un moulage, en fort
mauvais état, est plate sur le premier palier du grand escalier de
THôtel de ville.
Deux inscriptions furent placées dans Tintériçur du vestibule,
rappelant le commencement et la lin des travaux» Tune de 1673,
avec les noms de Jacques de Grille*, Jean Autran, Gaspard
Brunet et JeanSopiis/e Jehan, consuls, et l'autre de 1684, avec
ceux de Jean-Baptiste de Forbin, André Pazin, Elzéar Vachier
ei André-Barthélémy La ne au ; celle dernière n'existe plus.
Le 22 mars 1G76, on accorda à Peitret une indemnité » pour
a avoir conduit la bâtisse de THotel de ville avec beaucoup de soin
u et d'industrie, et pour s'être a|)pli(|ué aussi à enlever l'obélisque
a du Jardin où il était, et le faire transporter, etc., etc. »
Kn effet, Peitret s'employa à Topération de l'érigement, sur la
place principale devant THùtel de ville, d*un obélisque, provenant
probablement de la spina du cirque romain, et dont il dessina le
piédestal (6g. 9). Il fut élevé en une demi-heure, le 20 mars
1676, par Claude Pagnon, marchand de la ville de Illarligues,
aidé iV Antoine Barthélémy, maître d'aches ou d'argués (c'est-à-
dire de cabestans) de Marseille, par suite d'un marché, ratifié le
15 janvier, d'une somme de 3,700 livres à forfait.
> fiibliothèqae ualionale. Estampes. Topo<jraphie de la France. Arles (Bouches*
du-Rliône).
• Jttcques t" de Griltây seigneur de Robins et d'Estoubleau, déjà nommé par
Je-n DE S.4BATIER. fut fondateur, en 1622, de la Société, dite du Bel Ksprit, qui
devînt TAcadémie des BouU-rimés et prit le titre d'Académie royale par ordon-
na ice royale de 1666, mais qui dura peu {Académie d'Arles au \i ii» siècle, par
Ta bé A.-J. Raxce).
418 LE SCULPTEUR IMBERT BOACUOK
Il existe six ou sept estampes ' de cet obélisque, dont tinp
grande, en perspective, de 1676 : De Poïlly^ Sculp, Cura Jac.
Peitret arelat. arch. Il repose sur quatre petits Itous, posés »ur
un piédestal très simple, entouré d*une barrière formée de borner
reliées entre elles par des barres de fer.
Les inscriptions des quatre faces, qui ne sont pas lisibles sur le
monument, se trouvent au-dessous en légende.
Une des estampes plus petites a été gravée par Jean Atwan, L ne
somme de 700 livres fut payée à un sieur Raubin, le 2 jamler
1678t pour celles présentées au Roi.
E.-L.-G. Charvkt,
Membre non résidant du CoibHë dei Socié-
tés des Beaux-Arts des déportemeaii,
à Lyon.
XXIV
LE SCULPTEUR IMBERT BOACHON
Il ne reste presque plus rien des monumenlâ tpie la Renais
sance avait édifiés dans notre région avignonuaise* L^égUse de
rObservance, à peu près complètement décorée à cette époque, a
été détruite de fond en comble, si bien que peu de nos eoni pa-
triotes pourraient en indiquer remplacement; les cbàleaum de la
Tour-d* Aiguës et du Barroux, qui auraient pu souLeiiir la compa-^
raison avec les châteaux des bords de la Loire, sont au]aurd*Iiui eu
ruine. Aussi, pour apprécier dans notre pays d'Avignon cet artp
qui a produit en France des merveilles, en sommes-nous réduite
à étudier quelques œuvres, modestes au moins par leurs propor-
^ Bibliothèque nationale. Estampes. Topographie de la Fronce (Jkucbe.
Rhône).
' Probablement François^ car ils étaient trois frères.
te SCULPTEUR llfBERT BOACHO\.
419
tîons. Cesï re qui nous amètie à vous parler tlNin sculpteur,
ftnbert Boaclioti, dont le nom n'a jamais Hc cité, et qui a
eep#Q{lant laissé dans notre ville quelques travaux remarquables,
dont Jeux fiiiEisislent encore aclueUetnent.
Imlert Doachon — quelquefois appelé JSochon ou Ulanchon —
était originaire du diocèse de Mâcon ; divers actes en font foi.
D'oiï venait'il, quand il arriva dans Avignon? Nous ne saurions le
dire; mais il est certain qu'il avait habité quelque temps Alais,
puisqu'il s'y maria avec Jeanne Fabrègue. De ce maria (je naquit
un fils nommé Dooi inique qui devint sculpteur comme sou père et
travailla avec lui; d'après une quittance de Tannée 1527, nous
Toyons [[ue Dominique était, à cette époque, à^è de seize ans, ce
qui nous permet d^afrirmer que le marîa.^e de fîoacbon n'eut pas
lieu plus tard que 15tO. Boaclion possédait même une maison à
Alais, 5oit qu'il Peut achetée pendant son séjour dans cettn ville,
joll qu'elle fit partie de la dot de sa femme. Le 1 J septembre 1527',
il donne à maître Hartliêlemjf Berton, son serviteur, une pro-
curation qui permet à celui-ci de vendre cette maison ^ â qui
bon lui semblera et au prix qu'il voudra, pourvti toutefois qu'il
s'entende au préalable avec Jacques Fabr^gue, prêtre, prieur de
Saint-Lazare et beau-frère du sculpteur. Ou pourrait peut-être
aussi prétendre qu^il avait séjourné au Pont'Saint'Esprit ; en effet,
dans une autre procuration, it charge le mémeBerion de recouvrer
la somme de trois écus d'nr sol, moins cinq sous, due par André
Lombard , praire du Pont-Saint*Ksprit '. .Vous avuns vainement
cherché à quelles œuvres Boacbon avait pu occuper son ciseau,
Êoii à A lais, sait au rout-Saiut-Msprit. Notons eue are en passant
que Bertoti était chargé également dans la dernière procuration de
recouvrer une croix de pierre à sept pcrào nuages, laquelle devait
être en souffrance au péage de Grignan*, ou bien d'en réclamer iç
prWp si la croix avait été vendue.
A^ous donnons toutes ces indications pour faciliter les recherches
^ Archives dépurlcmciitale»* ^ond/i Pons, n" 1067, f° 5S.
* Cette maiaoa tétait me dcvàui U dmelièrfi ât YégVus paroismle de Saint*
JeAa.
' Notes brèreii de Gcor^^es Safourey, 1515, T'^IOB. — Étude deM'de Beâuîjcu.
^ Chef- H eu de cantoQ de la Drâme| dans rurrûndïîiemeat de MoaléliniAr*
420 LE SCULPTEUR IMBEIH' HO/^CïrOX.
futures sur notre artiste, et nous passons aiii travaux qu'il eiéciita
dans Avignon.
il était établi dans la ville des papt^s notis ne savons depuis
quelle époque ; mais, le 29 octobre 152i, il promît au manioc et
spectable mesire Perinet Pûrpalha, docteur en chacun droyt ft
chevalier, de lui édifier el sculpter /^ retable de le autier et en
entrée de sa sacristie de sa chapelle située en l'église de Saint-
Pierre^de- Avignon '. Le contrat nous reiivoîe, comme toujours en
pareil cas, à un portrmt — plan et dessin — signi* diîs parties,
alors annexé à Tacte, mais aujourd'hui perdu, {jui éctairdrait
d'une façon singulière les clauses un [leu conTusês du prix fait,
Cependant on peut conclure avec certitude qu*il s'agit ici, iiort iWih
simple tabernacle, mais d'un autel et de son retable, L'acle notarié
ne spécifie rien sur Tautel proprement <lit, sinon qu'il ne sera fM
construit en pierre de Pernes ou de VvJlcTon comme le reste thi
monument. Le contrat exige que Tartistc li^présente au-desstis de
Tautel la (Jène de Xotre-Seigneur, et plus liant trois statues : là
sainte Vierge tenant Tenfant Jésus dans ^es bras, saint Sébastien et
sairtt Rocb, avec les ornements qui les accompagnent, c'est-à-dir*
les niches, les pilastres, etc.* En outre, Bimclion devait sculpter
rentrée de la sacristie particulière de cette chapelle et faire une
armoire aussi grande que possible dans Vantel, nraioîre qui devait
s'ouvrir du côté de la sacristie. Tout ce travail devait être terminé
et posé à la fête de Noël de Tannée suivante, moyeu naot lu somme
de 40 écus d'or sol, de deux tonneaux de \in à la mesure d\4il*
gnon et de deux petites charges de hU k la mesure du Coiuhil,
L'autel était à peu près à la même place qu'il occupe aujour-
d'hui, c'est-à-dire contre- la paroi orientale de la chapelle, dan^
le même sens que le maître-autel et la sacnslie, assez csîgue.
devait se trouver dans le passage qui donne actuellement accê« ^
la petite porte du nord, du côté de Tancien cloître. Plusieurs foi^
changé de place, le retable a perdu sa destination première, pane
qu'on le prenait pour un tombeau — tious dirons pins bas pour
quel motif; — l'autel et la porte de lu sacristie ont disparu ; àh
place de Tautel, on a mis une base carrée, lourde et disgracieuff
* Arcliives départemeulales de Vaucluse. Fotjd'î l*oii,s u** 557, P* IVL
* Voir, ci-coutrc, planche \\V,' ,
V,fP liii
LK WKTiBLK »K rKHUKT ï'AHIMll.l.K
rttt m m lit nu ii.iit>\.
LE SCULPTEUR UIBERT BOACHON.
in
X moelIoQS blancs, sur laquelle repose directement la Cène^ qui
rvait de gradin à Taulel.
Sculpfée en demi-relief» la Cène mesure 2", 22 de large sur
,34 (le haut. Au centre, Notre-Seigneur ; autour de lui, assis
près de la table, rangés par groupes de deui ou trois» les
ôtres s'interrogent du regard et semblent se dire : « Quel est le
lire? y> Saint Jean» à côté du Sauveur, a la tète appuyée sur la
lie, et, tout k fait au bord à droite, Judas tient sa bourse dans
main dissimulée sous la table, et d*un air sceptique pose au
itre la même question. Plus haut, trois niches, séparées par
t pilastres Renaissance ornés de fines arabesques, se terminent
coquilles; elles sont surmontées par une architrave couverte
rabesques au milieu desquelles on voit le lion armé de Par-
(le '. Au-dessus, dans de riches frontons à arc surbaissé, on
t, au centre, Dieu le Père (à mi*corps) bénissant, et, de chaque
^, un ange tenant des phylactères. A la place des statues de la
ite Vierge, de saint Sébastien et de saint Roch, disparues au
ns depuis la Révolution, on a mis, de nos jours, les statues
Sacré-Cœur, de saint Pierre et de saint Paul, de la même
ur artistique que celles que Ton voit à chaque pas, dans
s, à la devanture des magasins des environs de Téglise Saint*
lice.
9 retable a longtemps passé pour le tombeau de Périnet*
aille ', fils du précédent, qui portait le même prénom que
père et comme lui avait été primicier de PUniversité. Il aban-
la la religion catholique pour un froissement d*amour-propre»
iva la ville d'Orange dont il présidait le tribunal, s'empara
rases sacrés et fut pris à Bourg-Saint-Andéol au moment où il
npagnait ceux qui allaient les vendre à Lyon. Il fut ensuite
, condamné et mis à mort dans Tune des cours du Palais des
s. Comme il avait^ avant sa mort, donné des signes de
itir et qu'il était revenu à la foi de ses pères, il fut enseveli
le tombeau de sa famille, situé dans la chapelle où se
ait le retable, d'où Ton avait conclu, dans la suite, que ce
le était le tombeau même des Parpaille. 11 s'ensuivit toute
blason des Parpaille porte d'argent au lion de gueules armé.
ist de son nom qu'est venue Tépithète de Parpaillots, donnée aux prêtes-
B signe de mépris. «
•4
►fi'*- il
I ■
422 LE SCULPTEUR IMBERT fiOACHON.
une légende : ou racontait que les héritiers de Péri net, demeurés
fervents catholiques, avaient fait sculpter la Cène sur ce tombeau
afin de protester contre la négation du dng[ue de la présence
réelle, négation qui constitue l'un des articles priocipaux de k
croyance des réformés.
L'histoire est en contradiction formelle avec la légende. Il est
certain d*abord que la Cène n'a pas été sculptée dans ce but,
puisqu'elle fut commandée avec le retable en 1524 et que Péri-
net Parpaille fils eut la tète tranchée le 9 septembre 1562. Eu
outre» le retable était distinct' du tombeau. Pour établir ce point,
nous n'avons qu'à citer la description de ce monument par le cha-
noine de Véras, qui dépeint ce qu*il a vu de ses propres yeui '*
Après nous avoir raconté la fin de la vie de Péri net Parpaflle, il
ajoute : (^ Il fut inhumé dans la sépulture de ses ancêtres qui est
dans Téglise collégiale et paroissiale de Saint-Pierre, joignant la
sacristie où sa famille lui a fait élever un mausolée composé de
trois statues de pierre blanche de trois pieds de hauteur repré-
sentant saint Pierre avec ses clefs, saint Paul avec son épée, saint
André avec sa croix d'une main et de l'autre tenant un rouleau
sur lequel on lit ces mots : Suscipe discipulum. Au pied de ces
saints sont deux chanoines à genoux en surplis et au musse priant
Dieu pour ledit Parpaille, dont on voit le squelette parfaitement
travaillé au bas duquel on voit ces vers en lettres gothiques :
Qnisquis ades, tu morte cades, sta, rcspicCf plori,
Sum quod eris, modicum ciaeris, pro me, prect^r, ora* t
H ne me paraît pas qu'il soit utile d'insister : c'est bien le
retable d'Imbert Doachon qui est resté debout, quoique mutilé, et
non le tombeau commandé par les héritiers de Périnet Parpaille
fils. , *
Avant que ce retable fût complètement payé, Boachon avait
entrepris un ouvrage du même genre qui lui fut commandé par
Paul Doni l'ainé '. Celui-ci voulait décorer une chapelle qu'il avait
demandée au chapitre de Saint-Agricol, et il passe le contrat de prix
fait avantmémed^avoir obtenu des chanoines l'autorisation définitive.
* Manuscrit de Véras, f» 69.
^ Archives départementales. Fonds Pons, n« 1792, ^ U8,
LE SCULPTEUR lUBEftT BOACHON.
An
retable, en pierre de Pernes, devait être orné de vingt statues,
èdaillons et d^autres ornements conformément au dessin fait
né par Tartiste et contresigné par Paul Doni et le notaire,
le prix de 800 écus d'or dont il reçut 300 immédii^tement»
on s'engageait non seulement à sculpter le retable, mais
B à le mettre en place à ses frais. Il se mit à Tœuvre sans
, si bien qu'il avait complètement terminé son ouvrage au
l'octobre : le prix fait avait été passé le 29 avril 1525. Mais
anoines allaient moins vite, et, par une lenteur tout ecclé*
ue, laissaient désirer longuement l'autorisation. Aussi Paul
ut-il obligé de leur adresser, le 5 octobre 1525, la supplique
te: a Messieurs le doyen, capisco (capiscol) et chanoine (sic)
se à vous le noble Paul Dony leyne (Painé) que autres fois
i a parlé de fère fere le retable à l'oter (l'autel) de Saint-
)fle au fons de la lée (allée, nef latérale), vers les claustres,
retable est ja faict jusques à poser corne scamcs ; et partant
lUS lui aves promis les quatre pilliers, c'est du bénécbier
s a l'autier du mein entrant par la petite porte, et lui pré*
e y funder une confrérie de la Anuntiation, de que non
ut estre sevelis (ensevelis) dedans ladite chapelle fors que
|ue y ont leurs tombeaux et de présent, ou ceux qui seront
ite confrérie. Partant vous plera de moy concéder ladite
e et donner licence au maistre de poser ledyt retable ansi
a luy semblera et de ce m'en fere acte par votre secretayre
y puisse fere ce que me playra juxte ma dévotyon '. «
;banoines, cette fois, ne se firent plus prier; ils consentirent
nande de Paul Doni, en sauvegardant toutefois les droits
hevéque pour ce qui concernait l'érection de la confrérie.
norons si le prélat (it des difficultés sur ce point; ce qu'il
I de savoir, c'est que le retable fut mis en place à Tendroit
, oii il se trouve encore aujourd'hui. Seulement, il y eut
)s difficultés pour le payement, d'abord entre Boachon et
mi Tainé, ensuite, à la mort de celui-ci, avec son frère,
>ni le jeune, qui continua le procès devant le lègat. Louis
)bé de Saint-André de Villeneuve, fut même nommé par
: pour juger PaiTaire ; mais après plusieurs années de
A^
■\i'
■I.:
I 1
brevet de François Morini, 1525, f" 173. — Elude de M' de Beauiieu.
^.
424 LE SCULPTEUR IMBERT BOACHOX.
querelles, les parties (inirent par se mettre H'acconl. Les deu
adversaires en furent pour leurs frais de procédure, et Paul Donj
s'engagea à donner à Boachon les 15 écus qu'il réclamail '. Ces
procédés n'étonnent guère de la part de nos ancélres, qui se plai-
saient.dans la chicane; ils surprennent encore moius leuant des
Doni, qui, s'ils aimaient les arts, n'étaient pas toujours géuéreui
envers les artistes, et avaient de la peine à payer même Michcl-An<{e.
Ce retable des Doni occupe encore sa place primitive et serl de
fond à la nef latérale de droite, dans Téglise paroissiale île Saint-
Agrîcol, entre la petite porte du sud etTentrée du clui^ur. Il forme
pour ainsi dire trois parties distinctes.
D*abord, une base, sévère — surtout si on la compare au reste
du monument — sans aucune sculpture, avec quatre pilastres en
saillie, au milieu, un petit autel soutenu par deux colonnes
carrées ^ ; au-dessus, au gradin de Tautel, una vulgaire plaque de
marbre sur laquelle on lit : Ave Maria^ et qui tient aujourd'hui
la place d*un bas-relief; de chaque côté, sur les pilastres, îles
médaillons d^une belle facture \
Plus haut, dans ce que j'appellerai la seconde partie du moDu-
menty au-dessus de l'autel, sous une arcature surbaissée soutenue
par des pilastres couverts de délicates arabesques, le mystère
de TAnnonciation en ronde bosse; au sommet, Dieu le Père; à
gauche, la sainte Vierge debout, et à droite, l'ange Gabriel s'age-
nouillant. A la même hauteur, entre les grands pilastres, dans
une niche gracieuse un ange tenant un enfant par la main. On
voit au-dessus et au-dessous de cette niche Técu des Doni : lî'aznr
au lion d^or à la bande de gueules chargée de trois croissants
d'argent brochants sur le tout.
Enfin, au-dessus de l'entablement, couvert comoie presque tout
le retable d*ornements d*une finesse exquise, dans un rectangle
allongé encadré par des pilastres, un groupe de ciuq anges, en
haut relief» qui font de la musique, et tout au sommet un fronton
triangulaire, surmonté en pointe et sur les c6tés de trois anges
portant chacun un écusson. Au milieu du fronton s'étale la Aeor
de lis florentine.
1 Notes brèves de François Morini, 1532, f» 32. — Étude de M' âe Bcaatîrfl.
* Cet autel a été construit récemment.
* Voir, ci-contre, pi. XXVI.
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IMSl-KEI,IKK l»^;COI VEUT E% l»*IH
1
b
LE SCULPTCUB IMBERT BOACHON.
é^b
Tout ce travail, d'une délicatesse exquise, a élé barl>ouilIé
isieurs fois d'une couche de couleur grisâtre ; les statues du
lieu polychromées d'une façon indigne se détachent sur un fond
0 bleu intense constellé de fleurs de lis d*or. Un des côtés du
ablea été coupé pour faire une nouvelle porte à la sacristie, ce
donne à Tensemble du monument un aspect désagréable,
près les clauses du contrat, les statues devaient être au nombre
ringt ; il n'en reste plus que treize à Theure actuelle ; si Ton y
t les deux qui ont été enlevées quand on a coupé le côté gauche
retable, nous atteignons au chiffre de quinze ; les cinq qui
iquent devaient occuper la place de la plaque de marbre sur
elle on lit: Ave Mariai A la retombée de la voûte, sur le
r du sud-ouest de cette travée de la nef latérale, en face du
droit du retable, Boacfaon avait placé un bénitier d'un dessin
gracieux, décoré des armes desDoni, bien que ce travail ne
as indiqué dans le prix fait. Aucune pièce d'archives ne prouve
en soit l'auteur, mais le faire seul vaut un document,
ndant que le procès des Doni durait encore, Boachon et son
ominique, à peine âgé de seize ans, s'obligèrent à construire,
l'église de l'Observance, une chapelle pour le compte de
lin et de Henri de Rouvillasc ; ils promettaient d'y élever un
d'y sculpter un retable et d'y construire un tombeau *.
;I devait être placé sur la paroi orientale de la chapelle, dans
me sens que le maître-autel; cette disposition était semblable
5 de la chapelle des Parpaille. Au retable, qui ne devait pas
moins de 10 pans (2°, 50) de haut sur 9 pans (2", 25) de
l'artiste était tenu de sculpter le mystère de la Xativilé et
ter la statue de sainte Elisabeth à celles qui étaient déjà
ées sur le croquis fourni par Boachon. Sur le gradin, à la
uîs que nous avons écrit ces lignes, on a enlevé cette plaque de marbre
iécouvert, encadrées dans des niches. les cinq statues qui manquaient ;
euiement elles avaient élé maçonnées avec du plâtre et dos débris de
p*r le vandale qui avait fait poser la plaque de marbre, et il a été
le de les dégager de cette gangue sans les mutiler gravement,
lie de Gilles Roberty. — Etude de M^ Vincenti. notaire à Avignon. Les
luviliasc, originaires de Celles en Piémont, avaient acquis la seigneurie
ox oà ils avaient fait édifier, dans le style de la Renaissance, un château
mi en ruine. Peut être pourrait-on prétendre qu'ils avaient employé
à fa décoratioo de ce château; mais nous n'avons aucun document qui
roove.
1 I
426 LE SCULPTEUR IXIBERT BOACHOX.
place où se trouve la Cène dans le retable des Parpaiile, ïktûchoQ
était obligé de représenter Thistoire des Rois Alagei^s. Sur le mur
du fond de la chapelle, notre artiste devait construire le lombe«a
au-dessous du vitrail. Il est à regretter que le contrat ne nous
donne aucun autre détail et nous renvoie dm portrait ,
L*ouvrage devait être terminé huit mois après la coticluâion de
Tacte, pour le prix de 160 écus d'or sol et de deux sulmées de
blé; Boachon en avait reçu déjà 120 avant d'avoir couiniencé le
travail, et il s'engageait à n'accepter aucune besogne pour lui ni
pour son fils, avant d*avoir achevé celle-là. Nous ignorons s'il tint
parole, mais tout nous le fait supposer» car il fut iulégmlctiient
payé le 22 octobre 1528. Malheureusement, il ne reste alKsoluiVi^nt
rien de cette chapelle, et nous ne pouvons apprécier la valeur de
cette œuvre de Boachon.
Nous sommes obligé d'eiprimer les mêmes regrets sur le derDÎer
travail, connu de nous, que Boachon exécuta dans no(re ville. Son
client, Jean de Cocils, dit Agaffin, prévôt des monnaies du Pape,
avait commandé, le 24> août 1527, à Antoine Rocheiort, maçon t\
sculpteur d'Avignon, un ciborium pour Téglise de Saint-Pierre. Ce
ciborium, semblable aux édifices gothiques du même genre, fol
placé entre le raaître-aute' A la sacristie, et il était presque ter-
miné le 15 août 1528. A cette date, Rochefort était-il mort, avant
d*avoir mis la dernière main à son œuvre ? Était-il incapable d'achever
convenablement le travail commencé? ou bien encore avatl-il cessé
de plaire à Jean de Cocils? Nous ne saurions nous prononcer^ mais
il est certain que Boachon fut chargé de sculpter trois slittues pour
ce ciborium : au milieu, celle de la sainte Vierge, tenant lenfaDt
Jésus dans ses bràs; à droite, saint Jean-Baptiste, et n ^jaucbe saint
Jacques. Il s'engageait également à finir el à réparer divers orni:^*
ments, et en particulier les armes des Cocils; ceci semblerait indi-
quer que le prévôt des monnaies n'était pas content du travail de
Rochefort. Enfin, et surtout, Boachon promettait di' sculpter la
statue de saint Jean et de la poser sur un cul-de-lampe aux armes
des Cocils, au-dessus de la porte de la sacristie, sous ud dais sem-
blable à ceux des statues de saint Pierre et de saint Paul '*
1 Notes brèves d'Honoré Johannis, 1528, f« 185. — Étude de U" Viacen
notaire à Avignon.
XXV
LA SALLE DES ACTES
DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTE
DE MONTAUBAM
En commençant cette courte étude, je pense, comme malgré
noi, à un livre qui fit un certain hruit à son heure, je veux dire
e Vandalisme révolutionnaire, de M. Eugène Despois, cette élude
loqaente et passionnée où, aux brutales dévastations dont se
*endit coupable la populace déchaînée, sont opposées les admi-
ables créations littéraires, artistiques et scientifiques de laConven-
ïon. De même, mais sans fiel, sans parti pris, on pourrait écrire
CheMiea de canton du département du Gard, sur les bords du Rhdnc, et qui
filait autrefoit partie do diocèse d'Avignon.
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ACULTÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTE DE MONTAUBAN. 4SI
Nous ignorons si ces divers travaux furent exécutés par
oachon ; le contrat de prix fait ne porte point de quittance
larginale, et nous n'avons pas trouvé de quittances ailleurs; mais > .v
)ci n*est pas une preuve de la non-exécution du contrat. i <|v-«'
Que devint ensuite Boachon? La transaction passée avec Paul j î:' j
oni nous apprend qu'il était à Roquemaure Me 1"* mars 1532.
u'y faisait-il? Que devint-ii ensuite? Nous l'ignorons. Il était
;sté environ cinq ans à Avignon, et il y avait laissé des traces non
luivoques d*un vrai talent. Aussi bien nous parait-il désirable
ae sa biographie puisse être complétée par des recherches
IVérîeares.
L'abbé Requin,
Membre non résidant du Comité des
Sociétés des Beaoï-Arts des dépar-
tements, à Avignon.
V
1
i
428 FACULTE DE THKOLOGIE PROTESTANTE DE lllÛNTALifiA^,
SOUS le titre de Vandalisme prolestant une autre étude non moins
curieuse» dans laquelle, sans rien dissimuler des excès iconoclastes
qui signalèrent trop souvent les soulèvements huguenots, et en ne
manquantpas de flétrir la répulsion féroce pour toutes les manifes-
tations artistiques qui a si tristement caractéiisé le calvinisme
genevois, il serait facile de faire lu part belle à la Réforme, en
nommant les grands artistes qu*elle a fournis à la Renaissance
française, et en esquissant à grands traits Thistoiredes Ecolesd'art
protestantes, d'Albert Durer à Chodo.wiecki ; d'Holbein à Petitot i
de Rembrandt àRuysdaël; de William Hogarth à U illram Turner.
S'il se trouve jamais un écrivain pour tenter cettt? œuvre ailrayaiite
et colossale, je lui recommande, à titre de curiositt'^ tout au moins,
^histoire de la Salle des actes de la Faculté de théologie protestante
de Montauban.
Pour raconter celte histoire, il faut esquisser en quelques lignes,
tout d'abord, celle du couvent des Minorités de la même ville* U
fut fondé en 1258 et successivement enrichi pardii erg bienfaiteurs,
en tête desquels il faut compter Alphonse de Poiliers, qui leur
donna, » pour le repos de son âme et de celle do son aimable
femme n, une importante propriété aux portes de Moutauhan, por
lettres datées d'Armasavitas, près Aigues-Mortes, en mai 1^70',
Le couvent fut installé en dehors de la ville, en avant du ruisseau
de Fossat et du Castelar de Montmirat. En 1368, les religieuses,
craignant à juste raison les pillards de tous les partis déchaînés
par la guerre de Cent ans, se réfugièrent dans une maison située
au centre de la ville, où, après nombre d'empêchements suscités
par les ordres rivaux, elles s'établirent à demeure ^ En 1561, elles
en furent violemment expulsées par les huguenots qui tentèrent
vainement de les convertir, et établirent un temple dans leur
couvent ^ Dès lors, il semble qu'une fatalité leur était attachée qui
les condamnait à n'élever des chapelles que pour servir de temples
aux protestants. En 1631, les portes de Montauban, où la tolérance
était entrée pour un moment, leur furent rouvertes, mais leurs
> Archives de Tarn-et-Garonne. H. 175. Inventaire sommaire, p. k99,
* MouLEXQ, Documents historiques sur le Tarn-et'Garonne, L U, p.
Lk Brbt, Histoire de Montauban^ t. I, p. 156.
• ' MouLEKQ, loc. cit., t. II, p. 111; Cathala-Coturb, Histoire du Querc^^
p. 403.
r
I.TÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTS DE MONTALBAN. ^29
bfttiments conventuels, en partie détruits, ne leur offraient
I asile provisoire. Klles les vendirent, et rachetèrent Templa*
ni de l^ancien monastère où elles en édifièrent un nouveau»
la première pierre fut solennellement posée le 20 juin 1640,
nessire Arnaud de Lacombe, doyen du chapitre collégial de
L-Étienne de Tescou '. Vers 1690, Tinstallation était complète;
mvent prospérait, les intendants de la province y envoyaient
ntiers les filles des huguenots inflexibles' ; une pension y
pèrait, des professeurs de chant y étaient admis'; on s*y
>ccupaît de colifichets : un jour, on achetait delà cannelille, un
e jour (les a cache- m useaui * n . Puis vint la Révolution: le
[octobre 1702, le couvent fut fermé; le 23 septembre 1793, des
rrettes sinistres y déchargeaient cent quarante-quatre prison-
rs, parmi lesquels Tex-convenlionnel Garât *. Le 25 janvier 1 705,
lement, Tancien couvent des Minorités fut vidé de ces malheu-
IX. Enfin, le 5 septembre 1809, un arrêté du «jrand maître de
nîversité, en exécution d'un décret impérial du 17 septembre
08» y Installait la Faculté de théologie protestante*.
Le couvent des Minorités, ou sœurs dje Sainte-Claire sous la
[{le de Saînt-François, est une assez vnste construction, sans
i-actère architectural, telles qu'en élevèrent, à la fin du dix-
ptième siècle, les ordres monastiques durement éprouvés par
s guerres de religion, et dépossédés de leurs riches domaines
autrefois. Comme compensation, il est magnifiquement situé sur
\ quai Montmurat, en face du Tarn et de la vaste plaine enso-
Mllèe qui, de ce dernier épaulement du Qnercy, déroule ses flots
'arbres et de moissonsjusqu'au pied des Pyrénées, dont les cimes
leigeuscs emplissent Thorizon. Mulle position ne pouvait être
[oîeui choisie, et c'était déjà faire preuve de goût que de s'y
installer. Les dames de Sainte-Claire étaient généralement recrutées
dans les meilleures familles du pays, dont leurs ahbcsses portaient
les plus grands noms, et par conséquent elles conservaient dans le
* Archives de Tarn-et-(iaronnc. H. 185. Inventaire sommaire^ p. 505.
« Ibid., H. 196. Ibid., p. 508.
MAirf., H. 185. Ibid.,\}, 507.
♦/6irf..H. 185. Uid.
* Km. FoRKSTié neveu, Ephémèriles historiques de Montuubau, p. 8S, 172-
173.
«/i«., p. 211.
430 FACULTÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTE DE AI OtVTAUb AS.
cloitre des goûts artistiques et de bien naturelles préoccupations de
luxe dont la tradition remontait loin, puisque, dès h quatorzième
Bîècle, Térudit éditeur des Livres de comptes des frères Bonis en
a noté les traces \ Et ces goûts et ces préoccupations nous ont valu
la charmante chapelle qui est devenue depuis la Salle if es actes de
la Faculté.
Rien de plus simple, pourtant, même de plus humMe, au moins
comme matière : de grossiers murs de brique ne valant que par
leur décoration, et cette décoration consistant uniquement en toile
peinte, en plâtre et en bois, mais le tout supérieurement entendu,
bien appropriée sa destination, d'une exécution presque parfaite.
Voici ce qu'était la chapelle des Minorités avant sa récente re&-
-tauration, dont nous aurons à dire quelques mots. L'n vaiîiseau de
.dimensions moyennes, plutôt même petites, sur plan barlotig, sans
chapelles, niches, ni séparation architecturale pour le sanctuaire*
Devers rentrée, une tribune supportée par six colonnes et éeui
pilastres cannelés, d^ordre ionique très orné. Au mur de gauche,
trois grandes fenêtres légèrement cintrées ; au mur de d roi te;, nw*
série d'ouvertures surbaissées fermées par un griJlage de menus
bois posés en diagonale, grâce auquel les religieuses cloltréei»
pouvaient assister aux offices sans être vues du public. Entre ces
baies grillées et les fenêtres, de grands bas-reliefs en plâtre, et
d'autres bas-reliefs plus petits au-dessous des baies. Au bas, un
haut lambris. Quant à Tautel et aux ornements qui décoraient le
mur du fond auquel il était adossé, la Révolution n'en avait rien
laissé subsister qu'une gloire aux rayons de bois doré, piteuse atec
son reste de luxe sur ce mur, d'une désolante nudité, que masquait
fort mal la lourde chaire des soutenances de thèses. Comme abri,
un plafond plat, de toile, qu'un ornemaniste fort expert a perc^
d'une audacieuse perspective de balcons à balustres étages, sup-
portés par des colonnes ioniques, alternant avec de grands vase^ île
fleurs; le tout surmonté d*un attique couronné par des cassoleitef
' Edouard FoRESTié, Les livres de comptes des frères Bonis. MtouUuÏMn, 1S9IK
1894. Introduction, p. lxiii, lxxix, cxx, t. I, p. 9, 66, 121, de. — U* di Cl^i-
SADK, dans le Bulletin de la Société archéologique du Midi{i%%%), elnou^m^me
dans le Bulletin de la Société archéologique de Tam^et-Garonne (1890, p. 174)
nous nous sommes occupés du sceau de Marie de Penne, que Chari irr, dans »at.
Catalogue des sceaux matrices de la collection Dongé, avail atlriLué k uo
abbesse espagnole.
^^^|PV^
if
TÉ DB THÉOLOGIE PROTESTANTE DE MONTAUBAN. 431
ies qui laissent monter la famée de leurs parfums dans un
:arré de ciel trop bleu où courent quelques nuages blancs,
bnd, très caractéristique et fort bien conservé, estune assez
adaptation à une simpje chapelle du splendide plafond que
m a peint pour le grand escalier, dit des Ambassadeurs» au
Je Versailles. Il est permis de douter qu*il en existe d*au^i
sants, je ne dis pas seulement dans le Midi» mais même
mie la France.
i plus simple est le lambris' à grands panneaux cintrés
)Iale, encadrés de larges moulures sobrement ornées à leur
1 médian d*un bouquet de fleurs variées» et séparés par des
98 cannelés de même style que ceux de la tribune. Quoique
ucoap postérieur, comme nous le verrons plus loin» au res-
ta décoration» ce lambris s*y rattache naturellement et sans
ites. Malgré le défaut de concordance entre ses panneaux et
ui les surmontent» il a été évidemment exécuté d'après les
{ de Tarchitecte qui conçut Tensemble. Du reste» c*est un
^nt travail de menuiserie» d*un beau dessin logique et clair
L simplicité fait valoir Tornementation exubérante des murs,
erait folie que de vouloir décrire celle-ci par le menu, mais
it du moins essayer d*en donner une idée '. Commençons par
- de droite. Il est divisé verticalement en sept travées par
[rands panneaux chargés de trophées, alternant avec quatre
lions circulaires remplis d'attributs» que surmontent les
{rillées de la tribune extérieure. Les médaillons représentent
sivement» en partant de Tentrée» les principaux symboles de
snne alliance : la table des pains de proposition» Tautel des
as» Tarche d'alliance et lautel des holocaustes sur lequel
iTagneau pascal» emblème mystique du Christ,
grands panneaux» d'un symbolisme beaucoup plus vague,
'un genre infiniment plus décoratif. Ce sont des trophées où
e-croisent des chandeliers à pointe au pied supporté par des
is puissantes, des cierges redressant leur longue flamme» des
ix curieusement ciselés, des ostensoirs rutilants et des calices
es de pierreries : armes pacifiques enchevêtrant leurs hampes
lées auxquelles s'accrochent des bénitiers» des encensoirs» des
1
i i
iff ci-dessus, planche XXVII.
432 FACCJLTE DB THEOLOGIE PROTESTAMTE DE M OX TAU BAI.
étoles, (les lampes d'église, des instruments de musique; et qui
portent au milieu — boucliers de ces saintes dépouiller opimes^
soit un grand livre ouvert, soit un livre fermé d*o(i pr^ndent les sept
sceaux apocalyptiques et sur lequel est couclié nu agnpaii, soit une
main bénissante sortant d'une gloire, soit un groiipo potelé de cliè-
rubins cravatés de petites ailes. Autour de ces armes mysLiquei,
qui à force de grandiose ampleur font oublier le réalisme minti*
tieux de leur représentation, des palmes, des rameauK d'ûlrvier,
des bandelettes flottantes, des'liuages de parfums. Le tout sesuspentl
à d*opulentes cascades de rubans qu'un grand nœud nnx complit^ft*
tions infinies parait retenir au sommet d'un c<idre aui purssanies
moulures, avec des amortissements circulaires tinx anglfs ou B\n
-extrémités. Il est aisé d'énumérer méthodiquement Ions c€â al tri-
buts divers; mais ce qu'il est impossible de décrire, c'est la science
impeccable qui a présidé à la composition de ces panoplies ecclé-
siastiques, le grand souffle lyrique qui les anime et les pénètre, un
peii redondant et {jongoresque peut-être, déroulant outre mesure
les anneaux flottants des banderoles, faisant saillir avec une force
irrésistible de grands reliefs d'un faire gras et oiictueux, écbe-
vêlant furieusement les flammes des lampes au vent qui fort de$
lèvres potelées des chérubins, impétueux comme s^il lenatt (le
crever les outres d'Eole. Le grand souffle de Charles Le Brun a
certainement passé par là... et ceci nous conduit à parler de Tau-
teur de ces beaux ba3-reliefs dont le plâtre s'est si complai^aïu-
ment prêté aux puissants caprices d'un ébauchoir endiaiilé.
D'après M. Mila de Cabarieu, qui publia, en ISSi, une trèsinté-
ressante contribution à l'histoire des Minorités inoiitalbanaises, lu
chapelle de ces dames fut décorée en 1()85 par le siuilptetir
Dussaut '. Mon érudit et vénérable collègue a niaUieureasemeat
égaré les notes d'après lesquelles il rédigea son traiail, et je ne
puis recourir, en ce moment, aux volumineux recueils de sources
qu'il veut bien m'indiquer. Quel pouvait être ce Dussaut?
Dans la liste des artistes compris dans Tétat de la Maison du
Roi, en 1652, que M. de Montaiglon a publiée dans l&s Archires
de rArt français *, figure un certain Jacques du Soll, peinlr*; et
* Bulletin archéologique de Tarn-et-Garonne, i. Xil, p. ti4.
"^ Documents, t. V, p. 196.
FACULTÉ DE THÉOLOGIE PftOTESTAXTE DE UONTAUBAN. 433
doreur. C'est probablement lui qaî a conçu ce bel ensemble déco-
ratif et qui a exécuté tout au moins les peintures du plafond.
A-l-il exécuté de mémeles bas-reliefs de plâtre? C*est fort possible,
les diverses spécialités artistiques n'étant pas alors aussi nettement
séparées que de nos jours; mais il serait téméraire de Taffirmer. Ce
qui est hors de 'doute, c*est Torigine des trophées. Les premiers
du même genre» si je ne me trompe, se trouvent à la Chartreuse
de Pavie; mais combien les Daniel Uarot, les Lepautre et les
Bérain n ont-ils pas ajouté à ces thèmes primitifs! En fouillant
dans les œuvres de ces éminents ornemanistes, on ne manquerait
certainement pas de trouver les modèles dont 8*est librement
inspiré, ou qu*a soigneusement reproduits le sculpteur des dames
de Sainte-Claire. Du reste, les panneaux de plâtre de celui-ci sont
pareils — sauf de légères modifications dans Tencadrement et le
rapport des dimensions principales — à ceux que Jules DegouUons
sculpta, en 1702, d'après les dessins de l'architecte Jacques Gabriel,
pour les lambris des anciennes stalles de la cathédrale d'Orléans ^
Notons en passant que DegouUons séjourna à Angouléme pendant
les deux années 1677 et 1678 ^ Aurait-il poussé ses pérégrinations
jusqu'en Quercy?
Notons encore que le sculpteur Marc Arcis travailla longtemps
à la décoration de la cathédrale* de Montauban; c'était un des
ornemanistes que Le Brun avait dirigés à Versailles. Si mes souve-
nirs ne me trompent pas, il y a sur les piliers de la nef de la
chapelle de ce palais des bas-reliefs très proches parents de ceux
de Ja cathédrale d'Orléans et de la chapelle des Minorités de Mon-
tauban. Y aurait-il quelque relation entre le séjour de Marc Arcis
ians la vieille cité quercinoise et les sculptures en question?
Saperons que l'avenir nous l'apprendra.
A Montauban même, sans doute parce qu'on a oublié la très
récise indicatioa de M. Mila de Cabarieu, on répète sans hésiter
ue la décoration de l'oratoire de la Faculté de théologie protes-
nfe est l'œuvre d'Ingres père. Les erreurs ont la vie dure, pour
s G. ViGVAT, Les anciennes stalles de la cathédrale d'Orléans. Réunion des
ciéiés des BeauX'Arts des départements, 1893, p. 732, planche XXXI.
» Émlie Biais, Les stalles de Bassac. Réunion des Sociétés des Beaux- Arts des
-^^riemenU, 1881, p. 597.
£ai. FoRKSTii neveu, loc, cit., p. 207
28
434 FACL'LTE DE THEOLOGIE PROTESTANTE DE ilOIÏTALBAS
si évidentes qu'elles soient; c'est pourquoi il importe de hm
entièrement justice de celle-là.
. Le membre de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne
qui a mis en avant cette hypothèse plus qu'aventureuse — car
pour l'admettre il faudrait supposer que Joseph Ingres se fût
astreint à imiter un style 'démodé et de cent ans autérieur aai
modèles en vogue de son temps — ^ nous a donné pour la réfuter
la teneur de deux mémoires très intéressants pour rhisloire île
notre chapelle. Les voici in extenso \ collationnés d'ailleurs sur les
originaux. Devis de la dorure du retable et tabernacle^ chaire à
prêcher de Véglise des religieuses de Sainte-Claire de cette ville,
par Burq, en 177 L
Sçavoir Tatique où est le Père Eternel, il y sera doré la cor-
niche, console, mouleure, ornemens et druperies du Père Eternel,
et ses nudités en couleur de cher.
Les quatre vertus qui sont sur la grande comiche, les attributs
et draperies seront dorés, leurs nudités en couleur de cher.
Les deux vases à fleurs qui sont sur la ^frande corniche, il y
sera doré toutes les parties saillantes, comme fleurs, grande roue
et mouleures.
Les deux figures couchées sur la grande cornicbe, leurs dra*
peries et atributs seront dorés et leurs nudités en couleur de
cher.
La grande corniche il y sera doré toutes les mouleures, denti-
cules et modelions.
A la frize il y sera doré les ornemens qui s'y trouvent.
AParchetrave il y faut'dorer trois mouleures.
Les quatre chapetos et vases de colonnes seront dorés.
Les quatre jalougies et leurs cadres seront dorés.
Les deux grandes figeures seront peintes en blanc estatuère et
Jeurs niches peintes en blanc véné en or. Les ornements qui sont
au long des niches seront dorés.
Les deux queues de lampes qui suportent les figures seront
dorés.
* H. DB France, A traversée vieux Montauban, Bnthtîn de la Société an
logique de Tarn-et-Garonne, t. XX, 1892, p. 144. Archives de T*rû-el-G«r*
II. 203. Inventaire sommaire y p 509.
É DE THÉOLOGIE PROTESTANTE DE MOXTAUBAN. 435
and cadre du tableaa sera doré.
s les mouleures, corniches et ornemens seront dorés,
eux portiques qui vont de chaque côté du sentoire, il y
ë les cornées, mouleares et ornemans.
>ernacl6 sera doré en plein, et la chère filetée en or et ses
peins en façon de marbre, et le fon du susdit rétable et
, et murs de derrière Tautel sera pein en blanc à jard.
it sera fait. pour le prix et somme de 1800 livres.
ires des ouvrages en menuiseries pour les dames reli-
Mainte-Claire par Granjac^ maître menuisier à Montau-
1771.
i, idem, les quatre grandes grilles en face des fenêtres de
36 livres.
ivoir fourni deux châssis pour toile à pans coupez au-
is retables et mis en place huit pièces, cy 16 livres.
trois dits sur la tribune, sept pièces, 21 livres.
burni demy livre de cole d'Holande, 6 sols.
i lambris de Téglise sans encoignures, 900 livres.
m 1771, les dames de Sainte-Claire' faisaient placer le
t confiaient à un peintre doreur le parachèvement du
de la chaire à prêcher de leur chapelle. Que conclure de
nents positifs, sinon que déjà existaient les sculptures
i avons donné la trop longue description ? Il n*est guère
i*on pose les lambris et les meubles avant que la décora-
lurs soit parachevée. En ceci nous ne pensons pas pouvoir
-edit par quiconque est le moins du monde au courant
X de cette nature.
chons de cette indication ce que nous savons d*Ingres
, mort le 14 mars 1814, à Tàge de soixante ans, d'après
e décès*, était né en 1754. A onze ans, il entra à TAca-
Lppelaît indifTéremment dames de Sainte-Claire, dames cloilrécs do
tint-Francis, et autrefois de Saint- Damiens, Minorités ou Clarisscs.
•e étude dans la Réunion des Sociétés des Beaux- Arts des départe*
. documents d'état civil, t. IV, p. Î359.
f-M
436 FACULTÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTE DE MOBfTâDBAV.
demie des Beaux-Arts de Toulouse d'oïi il s'échappa à dix-nenf ans,
en 1773, année où M. Edouard Forestié a pu coustater sa présencF
k Nice. Enfin, en 1775 seulemenÈ^ dit son scrupuleux biographe ',
il \int s'établir à Montauban. Que l'on veuille bien comparer ce&
dates avec celle des mémoires de Granjâc et de Burq, et Ion verra
s'il est encore possible d attribuer de bonne foi les bas-reliefs de la
Faculté de théologie à celui qui devait être un jour le père an
grand Dominique Ingres.
Que ^i, d'ailleurs» il restait le moindre doute, on dei^rait cooi-
parer ces magistrales sculptures à celles dont Joseph Ingres décora,
en 1778, le chœur de Té^jlise de Falguières, pauvretés lamentables
à tous les points de vue, sans invention, sans dessin, sans esprit,
indignes comine trav.ail mat<'riel de ce dont était alors capable un
simple maître plâtrier, et que pourtant le bonhomme n'eut pas
konte de signer en toutes lettres. «. Ll devint plus expert daus h
suite; mais, je Taffirme hautement, aucune des œuvres quH a
laissées, pas même la décoration de la chambre à coucher de
Tévéque, à Thôtel de ville de Montflut>an^ n'approche de la magts-
traie ampleur des sculptures sur plâtre de la chapelle des Mino-
rités.
. Achevons de décrire celle-ci. Du côté des fenêtres, il n'y a que
deux panneaux sculptés. Celui du milieu était masqué par la chaire
qui était peinte en façon de marbre, avec des filets dorés, ainsi <}uc
nous rapprend le devis de maître Burq. Enfin l'ornementalioa
murale n existait pour ainsi dire pas sur le mur du sanctuaire que
masquait un grand retable dont il est facile de se faire une idée
en se basant sur les mêmes devis, et qui, sans doute, doit se
trouver dans quelqu'une des églises de Montaubau.
Nous avons dit ce qu'élait cette chapelle pendant ces dernières
années, on peut par la pensée h rétablir dans sa splendeur première,
avec son relable aux colonnes et aux ligures peintes et dorées » enfer-
mant un grand tableau £ouiptueusement encadré, avec se-s deux
grandes statues accompagnant Tautel, sa chaire également peinte
et dorée. For enfin répandu partout, sur les jalousies de la tribune
extérieure, sur les niches, les cufs-de-bmpe, les portique* "*'*
* É. FoRESTii, Jean-AIarie-Joseph Ingres père. Moniauluii, lïîS^i
laiv.
.TE DE THEOLOGIE PROTESTANTE DE MONTAUBAK. 437
res et les corniches» peut-être même sur les ornements en
(les murs. Nous insistons sur cette prodigalité de dorures et
uleurs qui établissait une pondération nécessaire entre le
trop froid des mu;*s et le ton soutenu, presque sombre, de la
re du plufond. Toutes ces applicatious d'or ont depuis long-
disparu ; aussi y a-t-il dans celte belle chapelle un manque
nt d*unité qui frappe les moins eipérimentés, et qu*on eût
Hier jusqu'à un certain point» en Tabsence du monumental
]uin de Tautel, par Templo: discret de quelques filets dorés
»ute8 les boiseries. Ceci nous conduit tout naturellement à
n mot des restaurations récemment faites à la chapelle des
ses.
and, au commencement de Tannée, il fut parlé de ce projet
3stauration, tous les amis des monuments montalbanais
irent ; le bruit courait de chancj^ements radicaux, de Fenlève-
du plafond peint, à cause des risques d*incendie, de rema-
ent des trophées sculptés dont le symbolisme esssentiellement
liqne jurait avec la nouvelle destination de la chapelle. Que
e encore? Celui qui écrit ces lignes s'émut et allait prendre
ume pour protester contre ce vandalisme, quand une infor-
m publiée dans le Courrier de Tarn-et-Garonne, par notre
confrère, H. Edouard Forestié, vint le déctiarger de ce soin,
r avait rien de vrai dans tous ces racontages.
œuvre de la restauration est maintenant terminée et a obtenu
Dction de tous. Il est évident que pour la salle des actes d'une
Ité de théologie protestante, on ne pouvait songer à refaire la
)tueuse omementaiion du chœur, et, d'ailleurs, l'eiit-on voulu,
lùt-on retrouvé l'autel, le retable, les statues, sans compter le
! Éternel, qui s'y trouvaient jadis? Il fallait donc aviser aux
ens de décorer le mur du sanctuaire, sans autre préoccupation
rfiarmonie générale. Pour cela, on s'est borné à placer sur ce
les moulages de trois des trophées d*emblèmes religieux que
I avons décrits; puis, au-dessus, a été modelé un grand livre
Brt dont une des pages couverte de lignes en hébreu symbolise
cienne alliance, tandis que la nouvelle alliance est fi(]iirée par
caractères grecs de l'autre page. De chaque côté du livre flotte
banderole portant l'inscription suivante : La Parole de notre
u subsistera éternellement. C'est la seule man|ue prolestante
438
TABLEAUX OFFERTS A NOTRE-DAME BU PU¥,
qui apparaisse dans cette chapelle, et on ne saurait la dcsirer plus
anodine : les ombres des pieuses dames de Sa! nie-Claire peafol
toujours hanter leur ancienne chapelle, si belle grâce à leurs
soins, elles n*y trouveront rien qui puisse les scandaliser.
H faut féliciter sans réserve M. le doyen Bruâton^ M. le pas-
teur Vielle, directeur du séminaire protestant, M. le professear
Leenhardt, M. G. de Mombrison et leurs zélés auxîtiairea d'avoir
aussi discrètement, aussi judicieusement restauré cette chapelle,
un des rares monuments montalbanais qu*on puisse qualifier de
vraiment beaux. Les protestants, qui au seizième siècEe ont détruii
tant d'églises dans les mêmes lieux, ont donn6, en conseruant^t
en reproduisant si scrupuleusement les attributs essentielleuient
catholiques de celle-ci, un excellent exemple de respt'Ct pour les
monuments du passé : exemple dont un grand nombre de curés
de campagne devraient bien faire leur profit.
Jules Mou3iiÈJA,
Membre non résidant du Comité de» SûcÎËté^ âe^
Beaux-Arts des départements, à Mootaubm.
XXVÏ
NOTES
SUR LES. TABLEAUX OFFERTS A LA
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME DL PUV
A AMIENS
§ 1 . Les tableaux du Puy sont-ils V œuvre d^artistes locaus f
L'origine des peintres qui ont exécuté les remarquables table
offerts à la cathédrale d'Amiens par les maîtres de la Coiifrtw
Notre-Dame du Puy est assurément Tune des questions qui pîq(<
TABLEAUX OFFERTS A NOTRE-DAME DU PL'Y. 439
le plus vivement la curiosité des historiens de notre ville. Jusqu'à
présent» cette question était demeurée à peu près sans solution,
mais voici que de patientes recherches dans les diverses études de
notaires où sont conservées les minutes des contrats passés entre
artistes et bourgeois commencent à éclairer ce problème.
Pourquoi ces peintures si intéressantes n'appartiendraient-elles
pas an patrimoine artistique de notre cité? Pourquoi vouloir les
attribuer à des artistes étrangers ? De la saveur même de ces
œuvres, de leur ensemble, une influence locale me semble se
dégager nettement. Qu*une partie ait été exécutée par des Fla-
mands venus à Amiens, ou par des Picards ayant étudié dans les
Flandres ou sous des Flamands, soit. Mais pourquoi aussi une
part, — et une bonne part, — ne serait-elle pas Tœuvre d'artistes
du cru ? — Les types, les paysages, Tallure générale de plusieurs
des tableaux qui nous restent autorisent cette supposition.
Je le répète, les archives locales ne nous ont point encore livré
leur secret à ce sujet : toutefois, plusieurs noms ont été déjà
retrouvés, notamment par mon infatigable collègue, M. Dubois.
Je citerai :
A. 9 août 1568 ' (Roche, notaire à Amiens). Marché entre Robert
de Sacby, seigneur dMIaudvillers, bourgeois, marchand drapier
et édfievin, maître du Puy en 1567, et Firmin Lebel, maître
peintre à Amiens.
Firmin Lebel promet, pour le 1*' décembre, « peindre, dorer,
Ternir et acoustrer un tableau de menuiserie de quatorze pieds
de haut sur sept de large, fait par Mathieu Labesse, menuisier.
Faire V histoire donnée et les pouriraicis de de Sachy, sa femme
et ses amis. PJus peindre et dorer douze grands tableaux qu*on dit
sonnets et deux cent cinquante petits. De plus, un petit tableau
de la même histoire que le grand ci-dessus, pour le jour de Pâques
suivant, v
Le tout « moyennant neuf vingt-deux livres tournois n .
B. 27 février 1570* (Roche, notaire à Amiens). Marohé entre
> t ' Ces deux dates 1568 et 1570 me surprennent un peu ; Robert de Sachy
avai. été maître en 1567; il aurait donc attendu bien tard pour commander son
tabl au. Pour Jehan Boistel, maître en 1569, il n'est pas impossible qu'il ait été
UQ TABLEAUX OFFERTS A KOTHE-It.^ME DU PUY.
Jehan Boistel, chapelain de Notre-Dame d'Amiens, chanoine de
Picquigny, maître du Puy, en celte aimée {1569, voir la noie,
p. 439), et Firmin Lebel, >naitre peintre, qui devra dorer et
peindre suffisamment un grand et un peiU tahleau ; le tout sulvànl
les modèles qui lui seront donnés.
Prix convenu, six-vingts escus.
Cétait encore Mathieu Labesse qui avait lété char^jé de la meDoi-
série (même date, même not.). li devait fourni r un ^rand tableau
de douze pieds de haut sur six de large, un petit tableau de deui
pieds et demi, plus deux cents sonnets, dont si.i avec bords* — Le
tout pour 65 livres.
C. 19 avril 1581 (même notaire). Marché entre Jchau Du-
fresne, bourgeois d'Amiens, maître du Puy, et Jehan de Ports,
peintre à Amiens (reçu maître le 28 novembre 1567), demeu-
rant paroisse Saint- Kemi, a pour \\i peinture et dorure d'un
tableau^ moyennant 60 écus d*or. Il devra peindre et représenler
au naturel les histoires, fasces et visages que ledit Dufre^n*
lui présentera; peindre et dorer un petit (ableuu de quatre pieJs
de hauteur suivant ledit pourtraict, sauf que ledit Dufresiie ^
pourra mettre telles figures que bon lut semblera, au lieu de
celles qui sont représentées audit pourlraict, — peindre auss^î
deux cents sonnets ; livrer le grand tobleau au dedans du jour
Notre-Dame des Avents, et les sonnets et petit tableau, la veille de
la Chandeleur. »
A la même date et chez le mémn notaire, était passé r^cle
avec le menuisier Jehan Salle, pour là confection du tableau.
u Pareil, est-il marqué, à celui de Lois Petit (maîk^e du Puy en
1580), à ceci près qu'au lieu de pilastre, il mettra quatre colouJies
torses à chacun des piliers, et une figure au mitant (milieu | des
quatre piliers. Il fera de plus un petit tableau de quatre pieds
environ, large à Téquipolent; plus deux cents sonnets dont il y
aura quarante plus grands que les autres, à fournir au dedans du
15 août, n
continué pour des raisons qui nous échappent, < nr ]« n*ai pas de nom pour
et en 1571 je trouve pour maître Pierre Boistt^J, m**.
I
TABLEAUX OFFERTS A NOTRE-DAME DU PUY. 441
Voici quelle était Tinscription de ce tableau, suivant un manu-
scrit de la bibliothèque des antiquaires de Picardie :
Au clos de Dieu et de la Vierge Mère,
Par Jehan du Fresoe ofTerl fut ce tableau
L*an que ta mort de sa compagne chère
Borna te cours de son âge plut beau.
D. 25 avril 1584 (Roche» notaire), Charles de Sachy, seigneur
d'Haudvillers, bourgeois et marchand, M' du Puy, charge Pierre
Normand, maître menuisier, demeurant paroisse Saint-Firmin en
Castillon, « de construire la clôture de la chapelle des Drapiers,
à la cathédrale, moyennant 100 escus sols. Il fera de plus unpetit
tableau et image, et mettra quatre colonnes doriques au-dessus
au lieu de quatre consoles ; quatre figures ou images élevées en
bosse au-dessus des piliers ou colonnes, il y apposera des con-
soles, au lieu de Touvrage rustique désigné au modèle ; deux dou-
zaines de tableaux à bord : deux cents petits sonnets ; un tableau
pour peindre et apposer dans ladite église, de même hauteur et
largeur que celui de maître Onophre Marchand. » (Honoré Mar-
chand, maître en 1583.)
A vrai dire, il n*est pas question ici du traité avec le peintre,
mais le fait même de la confection du panneau à Amiens ne prouve-
t-il pas surabondamment que le tableau a été exécuté aussi à
Amiens?
E. L'acte suivant, du 3 avril 158() (Roche, notaire), est plus
intéressant encore à ce point de vue qu'il nomme un peintre sur
lequel j'ai recueilli maints documeniset dont j'ai déjà même parlé
au Congrès des Beaux-Arts, à propos des tapisseries des Ursulines
d'Amiens. — Il s'agit de Raoul Maressal, père de Jean, peintre du
Roi, et beau-père de Quentin IVarin. C'est, on s*en souvient, la
fille de ce dernier, Aladeleine Warin, qui dirigea l'atelier où les
Ursulines exécutèrent les merveilleuses broderies que j'ai pré-
sentées aux membres du Congrès de 1891.
Cette pièce m'a paru mériter d'être transcrite, je la donne donc
^ûctenso.
Comparut en personne honorable homme Toussains Rolland,
rsreois d'Amiens, maître en cette année de la confrérie de
442 TABLEAUX OFFERTS A NOTRE-DAME DU PUY.
Notre-Dame du Pviy, en ceste ville d'Amiens, demeurant audicl
Amiens, paroisse Sainct-Fremin le Confez, d*une part : et Biiaiil
Maressal, peinftre, demeurant audict Amiens, dicte paroisse, cfaultre
part. Et ont recongnu entre eulx avoir faiet le marcfié eiusemUle
quy ensuict. C*est asçavoir que ledict Maressal a promis et sera
tenu peindre, enrichir et dorer la closture de la chapelle que ledid
Rolland a délibéré faire faire à Tune des chapelles {sic) de ré^jlise
Nostre-Dame d'Amiens, qui est celle que on dict des tanneurs, en
la forme et figure qu'elle luy sera baillée par Jehan Salie, tnaîstre
menuisier, demeurant Amiens, suivant le marché fnicl entre lesl
Rolland et Salle, le treiziesme apnril dernier, duquel marché lec-
ture a esté faicte audict Maressal par Tun .desd. notaires, r.iuUre
présent. Au-dessus de laquelle closture sera ledict Marossal tenu
pareillement peindre et dorer uniableau qui y sera appose eu
ovalle, suivant le pourtraict reprins par ledict marché, qiiy vn a
esté pareillement exhibé audict Maressal en passant les preseutes.
Ensemble peindre, enrichir et dorer ung petit tableau en forme
d*ovalle ou aultrement, tel quy luy sera baillé pnr ledict Sallt\
avecq deux cens sonnets, dont il y en aura quarante plus ^jrauds
que les aullres et dix à bords dorez bien et suffisamment^ sujets
a ation, en laquelle closture, et fermeture, ledict Maressal «era
tenu dorer brunyr toutes les figures, masques, visages ou
mufles qui y sont apposées et appliquées, rendre tous les feuillages
d*or mat ou À huille, ensemble les folletz des moitllures et i^m-
niches, et faire tous aultres enrichissements requis en icelle
closture et tableau, rendre les collones, assçavoir: celles du bas de
jaspe d*une fachon, et celles de hault de jaspe d'aullre faction, et
peindre le bas d'icelle closture deppuis les collones vi\ coullcur de
bois, ensemble le dos et derrière d'icelle closture et tableau. Le
tout faict et achevé en dedans le quinziesme jour de di^cembre
prochain venant ; sauf les sonnetz et petit tableau qu'il sera tenu
livrer en dedans le vingtiesme jour de janvier prochain, et ce
moîennant la somme de quatre-vingtz escus d*or sol, tant moins
desquelz ledict Rolland a paie et advanché comptant audîet Maressal
la somme de trente-trois escus ung tiers, et le reste lui sen* naré
à mesure que Touvraige se fera. Promectant le tout ac£
plir... obligent Tun envers Taultre leurs biens et héntages,.*
« Passé à Amiens, après midy, le vingtiesme jour de juta '
TABLEAUX OFFERTS A \OTRE-DAME DL PUY. Ii3
cinq cens quatre-vingt et six, pardevant nottaires royaux, en la
maison d'Alexandre Roche, Tung desd. nottaires, et ont les conipa-
rans signé la minute des présentes. »
Il n*est pas sans intérêt de mentionner également Tacte' relatif au
meûuisier^ Jean Salle : ce qui nous reste des cadres de Notre-Daite
DU POY fait encore Tadmiration de tous les visiteurs du Musée de
Picardie, ^eurs auteurs ont fait œuvre non d*artisans, mais d'ar-
tistes.
Voici, d*après M. Dubois, un extrait du contrat passé entre
Toussaint Rolland et Jean Salle :
a Ce dernier construira la clôture de la chapelle des Tanneurs,
moyennant 133 escus ung tiers. Il fera de plus un tableau pn
forme d'ovale, de la hauteur de trois pieds, pour mettre dans ht
maison dudit Rolland^ plus deux cents sonnets dont cent quarante
plus grands et dix à bord pour dorer. Cette clôture devra être de
la même hauteur que celle de Jean ' de Sachy. d
Remarquons que le petit tableau est dit u pour/nettre dans ta
maison dudit Rolland » . Dans les contrats précédents, j'ai souligné la
mention d'un petit tableau, à peu prés pareil au grand. Il est »
croire que les maîtres du Puy, obligés par les statuts de la cou-*
frèrie d'oflrîr à la cathédrale un tableau et de Ty laisser, tn
faisaient exécuter pour eux-mêmes une copie réduite, destinée à
leur demeurer en souvenir de leur maîtrise.'
F. M. Dubois a publié in extenso, dans sa monographie de Blafi-
set, le contrat passé le 28 février 1600, entre « Lois de Villers le
jeune, marchant, demeurant en la ville d'Amyens, et Pierre Salle,
maîstre menuisier, et Mathieu Prieur, maistre paintre, aussi
demeurant à Amiens " : je me borne à en résumer les points qui
concernent la confrérie de \^otre-Dame du Puy dont Louis de
Villers était maître en cette année 1600.
Pierre Salle fera une clôture de bois pour Tune des chapelles de
la cathédrale': il sera tenu faire aussi un tableau, qui représert-
tera la transfiguration, plus un autre petit tableau de mômt-^
Ne serait-ce pas pintdt Charles de Sachy, cî-dessus, m* ea 158V? Il n'y a piis
^ ^ean de Sachy, m* du Puy, avant 1601.
Celle de Saint-ÉtieoDc.
I
i 444 TABLEAUX OFFBnTS A i\; OT H Ë-P A M E Pli Pl/Y.
^ dimensions que celui qui couronnerfi la clôture, (Donc, en somme,
I; deux petits tableaux.) Mâlhieu Prieur peindra, dorera et décorera
r le tout. Le passage relatif au tableau qui doit représenter la Trans-
: figuration me donne à penser qu il s'agit ici d'un panneau aîec
' bas-relieis que Mathieu Prieur aura polychronié après coup. Quonl
ï-[. au petit tableau placé au-dessus de la clôture, nous verrons ïiku-
L tôt quel était son sujet. (Ci^après p* AAS, 447.) Il eiisle encore
l aujourd'hui.
G. Frère Antoine Peslel, prieur des Jacobins, fut maître du Puy
^ en 1602. Au lieu d'une peinture, îl donna la cliaire à prêcher;
r non pas celle que nous voyons aujourd'hui et qui est du sculpteur
' Dupuis, mais une plus ancienne. Salle (Pierre) est chargé de ce
travail, par acte du 24avril IG02, devant Martin, notaire à Amien?.
: Mais, outre la chaire, il devra livrer aussi un petit tableau à Prieur
qui a mission de le peindre, M'oublions pas de mentionner aussi
; dans le lot de Salle une douzaine et demie de tableaux en bois et
six douzaine de sonnets.
H. En 1630, voici un conlratanalogue aux précédents. Alexandre
Leclercq, maître es arts, chanoine et préchantre de la cathédrale,
confie à Pierre de Paris ^ maître peintre à Amiens, reçu maître en
1597, le soin de peindre et décorer une table d'autel et un tableau.
Le menuisier est Henri Salle. {5 août 1630, Martin Caron, notaire.)
I. Ajoutons à ces noms celui dnfrère Luc, rècollet, né à Amiens
et qui peignit plusieurs tableaux pour la cathédrale, notammeui
celui donné en 16fifî par Fraurois Quignon, chirurgien, M' da
Puy, et Jeanne Véru, son épouse, et celui offert en 1671 par le
chapelain Mathieu IVaase. Je ne fais que citer ici cet artiste, me
réservant, comme pour Raoul Maresset, de traiter plus complète-
ment sa biographie. Les documents que j'ai recueillis me per-
mettent dès à présent de lui consacrer une notice spéciale.
Il est intéressant de rapprocher des contrats précédents les de^
criptions des tableaux et de leurs cadres qui nous ont été
servéesdans les manuscrits du bourgeois Pages» Je les rapport
dans Tordre que jVi suivi ci^dessus.
TABLEAUX OFFERTS A NOTRE-DAME DU PUY. 445
A. €L La Mère de Dieu n'ayant rien perdu de sa virginité par sa
fécondité, le Gis de Dieu estant sorti de son chaste sein comme les
rayons de soleil passent à travers le verre sans le rompre, on a
représenté la très sainte Vierge sous cette idée dans un tableau
posé contre une de ces colonnes, offert par M. Robert de Sachy,
seigneur d*AudvilIers, échevin, en 1567. Ce sage magistrat y est
peint vestu d*une robe d'échevin ; son air paraît grave, sa physio*
Domie heureuse; une longue barbe noire le rend vénérable. Les
paroles qu'il a mises pour refrain dans son tableau portent : Châssis
où luit le soleil de justice, conviennent assez à la représentation
de ce tableau et faisoient allusion à son nom de famille : — Sachy,
avec le chuintement picard, donne Cbacby, — et aux armes qu'il
portoit autrefois : d*aznr, au châssis de fenêtre d*or, vitré d'argent,
éclairé par un soleil d'or mouvant du côté du chef, et accom-
pagné de trois étoiles deux et une, aussi d'or. Cette famille porte
à présent : échiqueté d'argent et de sable, à l'orle d'axur.
« Lç cadre de ce tableau est orné aux côtés de deux statues iso-
lées et sculptées de bois doré, qui représentent deux dryades ou
nymphes des bois, aux pieds fourchus, posées sur deux tortues. 9
B. Le tableait du chapelain Boistel n'est que mentionné dans
Pages : il est dit sommairement qu'il faisait allusion au nom du dona-
teur qui avait pris pour devise : Boistel sacré rempli de toute grâce.
C. L'offrande de Jean du Fresne est plus longuement décrite, et
Pages entre à son sujet dans d'intéressants détails.
tt Ce môme triomphe de Marie (l'Assomption) est encore peint
dans un autre tableau attaché à la septième colonne isolée du
même côté (à droite) de la nef, donné l'an 1581 par M. Jean Du-
fresne, marchand. Les apôtres sont peints en petit autour du tom-
beau de la sainte Vierge, dans lequel ils cherchent son corps qui
s*élève dans le ciel; au côté de cette Assomption, le peintre a
placé dans le même tableau la Résurrection de J.-C... M. Du-
fresne est peint dans ce tableau avec sa famille, n Pages fait
observer que les hommes étaient coiffés de chapeaux à petits
rds, avec une forme basse, ce qui était une nouveauté.
)evise : Fresne élevé par dessus toutes plantes. J'ai déjà rap-
*l^rin9cription (p. 441).
446 TABLEAUX OFFERTS A \OTRE-DAME DU PtY-
D. Comme le tableau de Jehan Boistel, celui de Charles de Sachy
est brièvement mentionné dans Pages.
Miroir parfait où le peuple se mire, telle è\m\ la detise du
donateur: comme je Tai expliqué plus haut, à propos de Robert
de Sachy, cette devise jouait- sur le nom et les armes des Sacby :
châssis, miroir. Le peintre s*en était inspiré pour la composition
de son tableau, où a la sainte Vierge était considérée, dit Pages,
comme un miroir de perfection d. Il ajoute : « Le coloris de ce
tableau est tendre et délicat. »
E. Nous avons éprouvé une vraie déception en constatant t|ue
Pages ne donne aucun détail sur le tableau peint par Raoul Mares-
sal pour le compte de Toussaint Rolland. Il se borne «À quelques
réflexions sur la clôture.
u Cette clôture, dit-il, qui est de bois peint et doré, fut offerte
en 1586 par M. Toussaint Rolland, marchand; son architecture est
ornée de quatre colonnes d*un ordre particulier et dont on ne voit
pas de semblables dans tous les ornemens qui embellissent notre
cathédrale. Il est à préjuger que le sculpteur... a voulu montrer
qu'il n*ignorait pas les ornemens les moins usités d^ns Tarchitec'
ture... n (Suit un paragraphe sur Torigine des Cariatides et Topr-
nion de Vitruve à leur sujet.) Le tableau jouait évidemment sur le
nom du donateur et avait été inspiré par sa devise : Fleur de tous
saints roulant dujlot de grâce.
F. tt Le tableau dont je vais vous parler sert de couronnemeul I
la clôture de la chapelle de Saint-Etienne, faite d'une sculpture de
bois bien travaillé ^ La sainte Vierge y est peinte assise devant une
des portes de cette ville mystérieuse décrite dans le vingt et unième
chapitre de TApocalypsc.sous la Ogure de sainte Jérusalem, des-
cendant du ciel, dont la grande muraille de jaspe avait douxe
portes, trois de chaque côté des quatre vents et à chaque porte un
ange. Cette cité d*or pur n'avait point de temple, car le Seigneur
tout puissant en étoit le temple et Tagneau; elle n'étoît point
éclairée du soleil ny de la lumière, car la lumière de Dieu réclai-'
roit et Tagneau en étoit la lumière.
* Voir, ci-contre, planche XXVIII.
i
TABLEAUX OFFERTS A \OTRE-DAME OU PUY. 447
a C*e8t à cette Mère de miséricorde, ainsi placéeà la porte de la
Jérusalem céleste, que nous pouvons.... donner la qualité de Porte
du Ciel... Cette clôture fut oflerte en Tan 1600 par M. Louis De-
viilers, seigneur de Rousseville, et dlle Marie Gonnet, son épouse.
II y est peint avec sa famille. On y voit son écu où il porte « d'or
à trois roses de gueules, tigées et Teiiillées de synople v ; son
épouse porte « d*argent à trois fasces ondées de gueules « .
B II est à préjuger que M. Devillers pour peindre dans son
tableau un sujet qui 6t allusion à son nom, a choisi cet endroit de
TApocalypse où il est marqué que saint Jean vit la cité de Jérusa-
lem descendant du ciel, qui est apparemment le temps que le
peintre a voulu marquer pour dire que la ville estoit en Tair. »
I^ devise de Louis de Villers : Z>i« Jubilé belle Ville airs résonnent,
rentrait dans cet ordre d'idées.
J'ajoute que les Villers, comme les Sachy, ainsi que nous l'avons
vu plus haut, avaient changé à plusieurs reprises d'armoiries :
ils avaient eu d'abord pour armes parlantes une ville soutenue par
des nuées.
Pour compléter cette description, je suis heureux de pouvoir y
joindre la photographie du tableau lui-même; il est du petit
nombre de ceux qui ont été conservés à Amiens, et cette circon-
stance double l'intérêt de la découverte, par M. Dubois, du contrat
et du nom du peintre. Mathieu Prieur^ dorénavant, devra être
cité par tous ceux qui écriront sur l'Art à Amiens.
Parmi les vingt-buit portraits qui figurent sur le tableau, je ferai
remarquer, — outre les membres de la famille de Villers, —
Henri IV et deux personnages, dont l'un, celui placé à la gauche du
roi, est vraisemblablement Sully. Le second serait-il Dominique
de Vie, ce gouverneur qui avait su remplir avec tant de tact la dif-
ficile mission qui lui était échue au lendemain de la reprise de
notre cité sur les Espagnols, qu'il se concilia Testime et lafTection
de tous les habitants?
G. Nous avons vu (p. 444, ci-dessus) que ce fut aussi le peintre
Prieur qui fut chargé du tableau offert en 1602, avec la chaire, par
frère Antoine Pestel, docteur en théologie, prieur des Jacobins
d^Amiens. Cette œuvre est disparue. Nous savons seulement que ce
panneau était placé au couronnement de la chaire, et que Prieur,
r
UH TABLEAUX OFFERTS A XOTRE-DA\IE DU PlîY.
en vrai patriote, y avait encore représenté Henri IV et le Dauphin
qui fut depuis le roi Louis XIII. (Cf. Pa^jès, p, 275.)
H, Le présent d'Alexandre Leclercq n'est pas menllonné dans
Pages.
i * Quant aux tableaux peints par le frère Luc — Claude François
dans le monde, — comme je me propose d'en parler d'une manière
plus détaillée dans une monographie spéciale, je me borne à men-
tîoaner ici les sujets qu'ils représentaient. Celui nfifert en 166fi par
François Quignon, jouant sur le nom de ce maitro et inspiré par
sa devise : Croiat aimable à Jésus quoi Quiguomimeuse^ montiiit
la Vier;je tenant entre ses bras TEnfant Jésus qui regardait amou-
reusement une Croix. — A l'intérieur des volets étaieut représpn-
lées V Annonciation et la Nativité de J.-C. en camaïeu «
Le tableau offert par M' Mathien Wasse élait une Assomption.
II n'avait pas été exécuté pour la Confrérie du Puy» mais tit Tobjet
d'un doti particulier.
En résumé, grâce aux contrats qui prrî^dent, voici les noms des
auteurs de huit des tableaux du Puy retrouvés... et retrouvés à
Amiens :
FirmmleBel, 1567 et 1569.
Jeban de Paris, 1581.
Raoul Maressal, 1586.
Mathieu Prieur, 1600 et 1602.
Pierre de Paris, 1630.
Frère Luc» 1666 (je ne compte pas le tableau de 1671),
Pounjuoi ces artistes n'auraient-ils pas exécuté d'aulre^ la*
bleaux? Pourquoi les tableaux antérieurs n auraient-ils pas trouvé
aussi dans notre ville des pinceaux assez habiles pour les exe
cuter? Zacharie de Cellers, par exemple, qui^ à ma connais
sance, fut chargé, vers 1550-1560, de divers portrait», était
certes de taille à donner satisfaction aux demandes des maîtres
du Puy- et antérieurement, les d'Ypres, les Barbe, les Bcugier
et tant d'autres dont j'ai récolté les noms, n'ont-ils pas fot
une pléiade artistique offrant aux membres de la Confrérie ai
noise toutes les ressources et toutes les garanties désirables i
I
f
w
TABLE.ALX OFFERTS A NOTRE-DAME DU PUY. 449
faire exécuter sur place le tableau composé par les statuts?
Et comment s'en étonner? Cette Confrérie, à elle seule, n'était-
elle pas capable de donner Télan artistique à la cité et d'y déie-
Jopperle goût du beau?
In autre fait, postérieur, vient conBrmer ma thèse et prouver
Texistence à Amiens d'importants ateliers de peinture. C'est
l'exportation des œuvres exécutées à Amiens.
Les actes du tabellionage de Rouen, compulsés en 1607 et 1608
par M. Gosselîn, pour son u Histoire de la marine normande et du
commerce rouennais r> , ont fourni à ce propos une révélation d'un
intérêt capital.
£n 1606» un industriel de Rouen, nommé Henri Tillien, maître
peintre, chargeait sur un navire de Dieppe vingt-six tableaux peints
à riiuile et représentant des sujets religieux: Descentes de croix^
figures de 1\[.-S. , deN.-D. , etc. Ces tableaux sortaient de son atelier ;
mais, ponr finir son chargement, le maître peintre s'était adressé à
ses confrères d'Amiens, qui lui avaient expédié cent cinquante-huit
tableaux.
tt ... Plus deux tableaux en albâtre, dit le contrat notarié, et
treize douzaines de petits tableaux enluminés ; ces derniers, ainsi
que les deux d'albâtre, n'étant pas de la fabrique dudit Tillien,
mais fait venir par lui de la ville d'Amiens » .
La oiêoie année, dans le mois de novembre 1606, le sieur Til-
lien chargeait sur un autre navire du port de Dieppe deux caisses
pleines de tableaux à Thuile peints par lui et ses ouvriers plus une
caisse de tableaux peints à la détrempe, des tableaux d'albâtre, des
plafonds... le tout fait venir de la fabrique d'Amiens et envoyé
avec ses propres tableaux en Espagne. (Actes du tabellionage de
Rouen, 9 mai 1607 — 4 avril 1608.)
C'était en effet vers Séville que les productions des peintres nor-
mands et picards étaientdirigées. On peut supposer qu'elles étaient
destinées à orner les murs des couvents, soit en Espagne, soit dans
les colonies. (Comm. de M. Janvier.)
Il est aisé de comprendre qu après les troubles de la Ligue et le
COI :errible qui frappa notre ville d'Amiens en 1597, le goût des
Bel .-Arts et les dépenses somptuaires aient dû diminuer dans
not cité. Les artistes, ne trouvant plus de débouchés sur place,
20
k
450 TABLEAUX OFFERTS A NOTRE-DAME Dt PUY,
comme par le passée dorent cesser de faire de Tart pour faire du
métier et chercher de toutes les manières; possibles à se procurer
des moyens d'existence que la misère, conséquence du siège
d*AmienSy ne leur permettait plus de Irouver chez eux. Bien heu*
reux encore de rencontrer, comme leurs collf'gup.s d'Anvers, nu
entrepreneur de brocantage artistique. (CT Fernand Donnet, d'An-
vers, communication au Congrès de Ganden 18%*)
Dans ma notice sur le sculpteur amiénois Jacques^Firmin VimeuXi
présentée au Congrès des Beaui-Arts en 1894, je disais que le*
artistes peintres étaient relativement rares à Amiensau dix-seplièm^
et au dix-huitième siècle. Ne serait-ce pas dans les funeâtefî événe-
ments de 1597 qu'il faudrait chercher la cause tle la déodeuee
d^ateliers de peinture florissants aux quinzième et seizième sièclei^
assez florissants pour avoir produit au moins une partie des pré*
cieuses peintures du Puy. Nos archives, je le répète, n oiU point
encore livré tout leur secret sur cette question, mais on cxinviendra
du moins qu'elle a fait un pas appréciable. Les cautrats exhumes
les noms retrouvés, les descriptions de Fa^jès viennent singulière*
ment appuyer ma thèse, et je ne pense pas qu*îl soit téméraire de
revendiquer peur les AmiénoisThoniieur d'avoir créé les peintnrr.^
dont s^enorgueilliss^it notre cathédrale.
§ 2. Note sur un tableau provenant de la Confrérie amunùhf
de Notre-Dame du Puy.
Les recherches sur les auteurs des tableaux du Puy doEinent
des résultats encourageants : il en est de même des recherches sur
les œuvres elles-mêmes. Toutes, heureusement, n'ont pas été dé-
truites I }1 doit en exister encore un certain nombre, ignorées dan?
des églises de village, égarées chez des particuliers qui n'en con-
naissent pas Forigine, ou même conservées dans des musées nvei
une fausse attribution. L*une des œuvres les plus intéressantes de
notre Confrérie amiénoise ne se trouvc-t-elle pas depuis nombre
d'années dans Tun de nos grands musées... à Cluoy... comme pro-
l venant de la cathédrale de Reims! J*ai promis h M. Saglio a*
fournir toutes les preuves à Tappui d'une rectlficatîoD pour ^"
chaîne édition du catalogue.
TABLEAUX OFFERTS A KOTRC-DAIIE DL' PUT. 451
L*origine du tableau que j'ai Tbonnenr de signaler aujourd'hui
au CoDgrès des Beaux-Arts était également tout à fait oubliée : son
existence même n'était guère connue que dans un cercle très étroit,
perdu qu'il était dans une humble commune du Pas-de-Calais, à
Coullemont, village de deux cent trente-huit habitants, canton
d*Avesnes-le^omte» arrondissement de Saint-Pol.
Sans être comparable aux magnifiques peintures de I5I8, 1519,
I526...,iln'estpasàdédaigner aupointde vuepurement artistique ;
mais, surtout, il est précieux en ce qu*il ?ient combler une lacune
entre les tableanxqneje viens de citer et ceux du dix-septième siècle.
II porte bien d'ailleurs le cachet de son époque : le sujet lui-
même en est fort caractéristique : nous sommes au temps des
événements de la Réforme.
Pages Pavait déjà mentionné dans ses Mémoires : « Le loingtain )^
de ce tableau est embelli, écrit-il, d'un paysage. On y voit la sainte ;)
Vierge portée dans un chariot d'or tiré en Pair par des chevaux f:
d'or. Au-dessous, on voit sur la terre un grand serpent ou dragon '\
à plusieurs tètes, qui semble vouloir s'élever contre ce chariot. :
a L'architecture du quadre de ce tableau, faite de bois doré en
sculpture, est soutenue par des pilastres ou colonnes hermétiques j
formées par deux statues de femme en demi-bosse sortant de leurs
gaaines. v
Cette description, pour sommaire qu'elle est, n'a pas été inutile
et m'a donné une preuve de plus à Pappui de l'identification de
cette peinture, que j'avais déjà reconnue gr&ce à la devise et au
l>la8on de son donateur. Augustin Cousin, prêtre, chapelain de
la cathédrale, maître du Pny en 1548, l'ofirit à la cathédrale con-
formément aux statuts, a et ledit jour chanta sa première messe i? .
C'est du moins ce que nous lisons dans un épitaphier manuscrit
conservé dans la bibliothèque des antiquaires de Picardie.
Je n'ai, du reste, aucun autre renseignement biographique sur
cet ecclésiastique. Un Pierre Cousin, vraisemblablement Pnn de ses
parents, procureur en la cour spirituelle, avait été déjà maître du
Pny en 1513 et avait offert aussi un tableau dont Pages parle en
iermes élogieux. Une reproduction plus ou moins fidèle nous en
A ité conservée dans le beau manuscrit des chants royaux d'Amiens
^I iblîothèqne nationale, n* 145 français); on la trouvera au f' 41
Si -e recueil, sous la devise : Clavigère du royaume céleste.
452 TABLEAUX OFFERTS A MOTRE-DAME DV PL'Y.
Par quelle étrange destinée le tableau de 1548 est-i) arrivé dans
cette humble église du diocèse d'Arras? J*ai |ni me procurer à ce
sujet quelques renseignements» grâce à l'obligeance d'un ancien
percepteur de Lucheux, M. Picard, membre de notre Sociélé,
Sorti de la cathédrale sans doute en même temps que les autres
tableaux du Puy, en 1723, le présent d'Augustin Coiisiu vint à
Lucheuxàiine époque que je ne saurais préciser; peut-être immé-
diatement. Sa deuxième étape est à Humbercourt, village voisin
de Lucheux et situé sur la limite extrême de la Somme et du Pas-
de-Calais. Il y fut naturellement dédaigné : J'ai entendu dire qu'on
ravait réduit au rôle de cloison dans une maison d'ouvrier: il subit
même à ce moment un badigeonnage à la chaux. Aussi ne fit-on
aucune difficulté pour le vendre, le jour oii un babitant de Coulle-
mont/ commune contiguë à celle d'Humbercourt, maiâ dans le
Pas-de-Calais» en offrit royalement la somme de. ,. dix francs. 11 pat
emporter son acquisition séance tenante.
A Coullemont, on avait pensé à mettre le tableau dans réglise,
mais Tévéque d alors, le trouvant trop profanep s'y opposa : peut'
être -n'en avait-il pas très bien saisi le sujet.
Il fallait un hasard heureux pour remettre cette œuvre en lumière:
cette occasion se produisit: en 1896, un des membres du Comité de
TExposition d'Arras, dont la propriété est voisine de CoullemaDt
et qui avait eu connaissance, de cette peinture, la demanda au curé
et la transporta dans Tune des salles du palais Sainl-Vast. C'est là
que je la vis pour la première fois : frappé tout d*abord de son
allure et m*étant assuré que son origine était totalement tnconnnep
je pris séance tenante des notes qui me permirent de Tidentilifr
dès mon retour à Amiens et de la revendiquer comme nôtre.
J*aurais vivement désiré pouvoir la faire entrer au Musée (le
Picardie, mais toutes mes négociations, à ce sujet, et les raisons lef
plus légitimes échouèrent devant la décision bien arrêtée ,do cornet
municipal de Coullemont.
Le tableau d'Augustin Cousin restera donc dans cette commune:
j'espère qu'il n'y sera exposé à aucune dégradation ; mai» comme
bien peu pourront Ty aller voir, j*ai cru utile de communî'juerà
i\IM. les membres du Congrès des Beaux-Arts une photographia
ce curieux spécijnen des peintures offertes au Puy d'Amiei» vi
le milieu du seizième siècle.
Page 4rii
ALGISTIX COL'SIX ET SA KAWILI.K
1
r
SCULPTURES, PE[\TUEtRS DE L HlISE S AI^VT-i KTOIVK. 4S3
La planche qui complète la présente Dole fera lOiiDaUre mieni
qu'une description im sujet d'ailleurs facile â comprendre'. La
vierge Illarie, m^'i&e sur ud (^liar d'or, orné de pierreries, foule
victorieusement rMéresie représentée par quelques livres : des
chieurs d'anges âenibletit rêlébrer sa victoire ; au eliar sont atleh^es
deux, licornes ; cet animal faUuleuK, qu'uni! Vier^je seule poniait
dompter , est ici le symbole.de la ville d'Amiens qui Fa adopté
comme support de ses armoiries.
Au-dessous^ TH^dre avec ses sept têtes écrasant la brebis symbo-
lique - sujet qui a été puîsê manifestement dans l'Apocalypse*
A droite, trois personnages qui constituent une allégorie diffîcile à
saisir, mais relative à coup sur aux troubles reliij^ieux de l'époque.
Enfin, sur le devant du tableau, le donateur et sa famille. 1
Tel est, en quelques mots, l'ensemble de cette peinture. |
Puissé-je arriver quelque jour à retrouver le contrat qui fera cou- j
naître son auteur. I
Robert Guërlin,
Membrt5 de k SoeJétâ des aDtrquijret
de Picardie, à Amiettu,
XXVIÏ
LES SCULPTURES ET LES PEfNTlTRES
DE L'ÉGLISE OE âJIlNT-AlVTUtV E £\ VlEJVtVOlS
I
L'église abbatiale de Saint*Aatoine esl un des monuments les
plus remarquables de l'époque ogivale dans le midi de la France.
LiOOgtemps demeurée eu dehors du cercle des excursions consa-
crées, par suite d© sa situatioo un peu écartée, elle voit aujour-
d'hui, grâce à la florissante communauté qui la dessert, la fgule
4 Voir, ci*dfs$ui, plaochi^ XXtki.
454 SCULPTURES* PEINTURES DE L'EGLISE S.^ IKT-AKTOÎHE.
emplir de nooYeau ses vastes nefs, comme aa temps €Ù le cuUe k
patriarche des cénobites loi amenait les pèlerins et les malades de
tous les coins de FEurope. — Ce beau monumeot n'a pas encore
sa monographie complète; mon savant amî, Dom Hippoljte
Dijon \ si bren renseigné sur tons les détails de son liiâloire
architecturale» est tout désigné poor mener à bien ce travail, qui
ne laisse pas que d'être assez délicat. J^espère bien qu'il ne nous
le fera pas trop attendre.
La présente notice apportera à cette œovre une modeste cm-
tribation : elle a pour bat de faire connaître deui œuvres d'art
très importantes et d'apporter un peu de lumière mr leurs ori^
gines.
Un nom, longtemps oublié dans rbistaîre de Tart, mats qui
bientôt aura reconquis son ancienne renommée, est attaché k notre
vieille basilique, c'est celui du « souverain tailleur d'images * v,
. Antoine le Moiturier.
Les archives de Dijon et d'Avignon nous révèlent, en effet, que le
maître sculpteur a passé à Saint-Antoine quelques-unes des années
où il était dans toute la vigueur de Tâge et du lalent*
Mais elles se sont obstinées à garder le secret des travaux qu'il j
accomplit.
En 1896, M. J. J. Marquet de Vasselot' a exprimé Tat^ls que le
travail auquel s'était livré Le Moiturier à Saint-Antoine était la
sculpture du portail de Téglise. Il appuie son opinion sur les
caractères de cette sculpture, qui la font rentrer dans les produc-*
tiens de l'École dijonnaise.
J'adopte entièrement ses conclusions. Mais je crois être en
mesure de pousser plus avant la démonstration, en lappuyant sur
une preuve positive.
' C'est en visitant ensemble l'église de Saint- Antoine que nous avons pos^ fe*
jalons de cette notice. Qu'il veuille bien recevoir ici le témuignage de ma r«f)«a-
naisaance pour les précieux renseignements qne je Ini dois.
* Le mot est de Michel Coload>e. Voir B. PftosT, Artistes drjonmms dm fvt^
xiêwte siède^ dau GaxetU des Beaux-ArU^ 1891, p. 23.
* Communication k la Société des antiquaires de France, Bulletin de tS%, p. T9>
Le traYail de M. de Vasselot n pam dernièrement dos les Mémoires de tAe^
démi€ des itÊScriptions (foMlatimi Ea^ène Pîot, S^ Indeule du t. IIK 1B9T)
sous ce titre : Deux œuvres d* Antoine Le Moiturier, L'obligeante amAbiljié di
l'auteur m'a permis d'en prendre connaissance, alors que U préseple iH^Uce éà^^
terminée. J'ai été heureux de constater la parfaite conïoniiité de nos cm^é^étyms
Planche XX.X.
l'aue AhA.
KGLISK DE S^1\T-.1]VT0I?«E
Ki:i:Li'TUIlK8 DU l'OHT^IL
SCULPTURES, PEINTDRE8 DE L'ÉGLISE SAINT-AKTOINE. 455
Commençons par décrire briëvelnenk la façade ' .
Elle présente un ensemble harmonieux et bien proportionné»
<|Di en eût fait Tune des plus distinguées de son époque, si son
couronnement avait été .achevé. Une galerie la partage en deux
étages, et d*élégants contreforts à nervures prismatiques, qui mon-
tent jusqu'au iommety lui donnent un heureux relief, en marquant \
les divisions intérieures. Un rang de grandes statues garnissait la
partie inférieure des contreforts et les pieds-droits des trois portes;
des niches, ménagées dans les plats de l'étage supérieur, en avaient
reçu également; qn comptait en tout trentre-quatre grandes statues,
celles du trumeau comprises. Une seule, et mutilée de la tète, est
encore en place dans la gable de la porte de gauche.
Heureusement, la triple archivolte de la porte principale a été
plus respectée et reste pour adoucir nos regrets. Elle est garnie
de quatre-vingt-cinq statuettes, dans des niches surmontées de
dais très ouvragés.
Lfa première série, contre le tympan, comprend douze person-
nages, assis dans l'attitude traditionnelle des prophètes. On y
reconnaît Moïse aux tables de la loi et David à la harpe, sur laquelle
îl s'appuie*.
Les autres sont san/ doute les grands prophètes ou des pa-
triarches.
Les deux autres séries se composent d'anges, groupés deux à
deux et dominés par le Christ de majesté, tenant le globe du monde.
Tous ces anges, aux ailes multiples, sont debout, dans des poses
gracieuses et très naturelles. Us jouent de divers instruments,
ouvrent la bouche pour chanter sur des livres et des banderoles,
ou joignent les mains dans l'attitude de l'adoration.
Ces trente-six groupes sont extrêmement variés et prouvent une
singulière souplesse et une rare fécondité de talent chez le sculpteur.
Les draperies des anges offriraient bien des particularités dignes
d'intérêt. Mais les patriarches et les prophètes du premier rang
1 M. Marcel Beymoad, qui, en même temps qoe M. de Veiselol, nommait
Le Moitarier à propos des scolptures de la façade, croit reconnaître dans cette
façade an caractère nettement ilatien. J'avoue que ses iurguments, développés
dans une intéressante brochnre, ne m*ont pas convaincu. (V. Marcel Rbymono,
Curactéte iiaUtn de la /mçade de Saini^Anloine (Isère) et Sculpture de Le
Moiiurier. Eitrait du BuUetiu de F Académie Delphinale, 4« série, t. X, 1896.)
* Voir, ci-dessus, planche XXX, et ci-après, planche XXXI.
1
456 SCULPTURES, PEINTURES DE L EGLISE S A l\ T-.^ KTOISfE,
surtout sont caractéristiques. Il suffit d'être quelque peu familia-
risé avec les sculpteurs dijonnais pour retrouver iei, au premier
coup d^œily Tair de famille, les procédés ordij^airesdeleur facture :
ce sont bien les mêmes mouvements des l>ras ramenant le manteau
pour en cacber tout le corps, les mêmes plis amples et étoffés îles
draperies, que Fon retrouve cbez les pleurants des tombeaux de
Philippe le Hardi et Jean Sans peur, la même expression des
visages, où le réalisme énergique et TiDSpiration s^tinissent dans
un puissant effort de génie.
Ainsi le portail de Saint-Antoine est bien une œuvre dijon-
naise et peut-être même, malgré la perte irréparable de toutes
ses grandes statues, Tœuvre la plus importante que nous gardioDâ
delà fameuse école. Reste maintenant à examiner si Le Moilurier
doit en être regardé comme Tauteur.
M* Tabbé Requin ' nous le montre prêt à quitter Avignon sur
la fin de Tannée 1452. Où se disposait-il à porter ses pas? Aucun
document ne Ta encore dévoilé. On ne retrouve ses traces qu'en
1461, année où il signe un marché dans sa ville natale. Au bout de
quelques mois, il quitte de nouveau son atelier d'Avignon, et on le
retrouve, Tannée suivante, à Saint-Antoine. C'est de là qti'îl part
pour Dijon, appelé par le duc Philippe le Bon à la succession de U
Huerta. Tout fait supposer que ces dii années, pendant les-
queUes on perd sa trace, il les a passées à Saint-Antoine, occupé
à un travail important, et ce traiTail ne peut être que la façade de
Téglise.
M. Requin, il est vrai, semble pencher à lui attribuer la déco-
ration de la chapelle de la Trinité. Muis cette cbapelte fut élevée
sous Tabbé Jean de Pôlley, mort en 1438 V A cette date^ maître
Anthoniet était encore à Avignon. De plus* d'après les anciens
inventaires, la décoration consistait uniquement dans une repré-
sentation de la Trinité, au milieu d'un nuage, entourée d'anges
adorateurs. Ce travail n'aurait pas retenu longtemps le maître qui
demandait une année et demie seulement pour terminer le retable
de sept métrés de hauteur de Sainte-Pierre d'Avignon *.
^ Jacques Morel et son neveu Antoine Le Moitarier, dAQs les Comptes Ttnd
des réunions des Sociétés des Beaux- Arts, 1890, p. 18 dti tirage i part,
* Aymar Falco, Antonianae Historiae compendium, 15^J4, f^d3 v".
' L'abbé Requin^ loc. cit., p. 17
Pl^ocbe XWI.
pKge 456
ËGLISR DK SAI\T-A\TOI\K
«<:llpti;kkx uu i'ohtml
SCULPTURES. PEINTURES DK L'EGLISE S AIKT-A NTOI\B. 457
A ces vraisemblances» qui, k la vérité» touchent de bien près à
une preuve, bAtons*nou8 d'apporter un document plus précis.
A Tintérieur de Téglise» la clef de voûte de la grande nef» contre
la façade» porte un écusson sculpté» qui parait avoir échappé aux
investigations de nos prédécesseurs. Il porte ide.^.à trois flammes
posées deux et un, la pointe en bas^ au chef de... à un lion de,..,
issant d'une face diminuée de..., un tau de saint Antoine entre
les flammes. Ces armoiries sont évidemment celles de Tabbé qui a
fait édifier la façade de Téglise. Or» elles ont une analogie frap-
pante avec celles qu'on attribue à la maison deBrion.
Il est vrai» les généalogistes dauphinois mettent» à la place des
trois flammes» que nous avons cru voir distinctement, soit trois
têtes de face, couronnées de feuillages \ soit trois écussons,
d'après les blasons peints dans l'ancienne commanderie de Ranvers
en Piémont. De ces trois lectures» laquelle est la bonne? Le fait
importe peu, puisque, en toute hypothèse, Técusson de notre clef
de voûte doit être attribué à la famille de Brion. Mais ici surgit une
DOuvelle]difficulté. Deux Brion : Humbert (1438-1459) et son neveu
Antoine (1482-1490), ont occupé le siège abbatial au quinzième
siècle. Auquel des deux attribuer ce blason et par conséquent
l'achèvement de Téglise? Au premier» croyons-nous» et» à défaut
de preuves certaines, nous avons des présomptions suffisantes.
L*histoire des Antonins se contente de dire d'Humbert que Tordre
atteignit, sous son règne, à un très haut degré de splendeur et jouit
d'une tranquillité parfaite dont il fut privé sous ses deux successeurs
immédiats'. C'était donc une époque très favorable à Tachèvement
de travaux» que des aumônes princières venaient encore faciliter.
Son neveu, Antoine, consacra ses efforts à remplacer la toiture
peu décente de la basilique par une couverture de tuiles à dessins
de couleur» et ensuite à la doter d*un pavage de marbre et de
pierre '• Ce sont là des travaux complémentaires qui ne se font
qu'après l'achèvement du gros œuvre d'un monument. C'est donc
à l'abbé Humbert qu'il faut attribuer, avec le blason de la dernière
travée, la façade de Tédifice. Or» on l'a remarqué, les dates dans
^ VâLLiBR, ArmoricU des grands maîtres et des abbés de Saint^Antoine de
Viennois, p. 46.
• Aymar Falco, toc. cit., f* 94.
F
458 SCULPTURES. PEINTURES DE L'ÉGLISE SAINT-.VKTTOIXE.
lesquelles se renferme son gouvernement (1438-1459) coucordent
avec le séjour de maître Anthonîet à Saint-Antoine. En effet, siYon
fie peut préciser la date de son arrivée à Tabbaye, <m sait qu'il
quitta Avignon, sa ville natale, vers 1452 ; que neuf <iris plus fard,
il habitait Saint-^Antoine, où le vint chercher la commande da
tombeau de Jean Sans peur '; qu*en ce moment, il partagea
son temps entre ce lieu et Avignon, où il exécuta le relable de
Téglise Saint-Pierre et qu'enfin, à partir de 1464, il se fixa tlé&nî-
tivement dans la capitale de la Bourgogne.
Je me crois donc en droit d*exprimer les conclusions surrâotes :
C'est Tabbé Hnmbert de Brion qui a terminé la construction de
Téglise de Saint-Antoine. Les sculptures de la façade représentent
le style le plus pur de TÉcole dijonnaise; elles sont, par consè'
quent, Tœuvre d^un des maîtres les plus habiles de cette École.
Maître Antoine Le Moiturier ayant été occupé pendant Je temps
de Tabbé Humbert à un travail important dans Tabbaye, ce travail
ne peot être que la sculpture* de la façade de son église.
ï
II
- L^église de Saint-Antoine était autrefois couverte de peintures;
simple ornementation dans les nefs, ces peintures comprenaient da
nombreuses scènes dans les chapelles qui furent édifiées au cours
des quatorzième et quinzième siècles. Peut-être aerait-tl possible
d*en retrouver de bons débris sons le badigeon dont au dîr-
septîème siècle on a eu le bon goût de lés recouvrir.
Le succès qui est venu couronner un premier essai dans la cfaa^
pelle dont nous allons nous occuper est bien fait pour stimuler le
zèle de la Commission des monuments historiques.
Ces peintures ont été décrites avec autant de compétence que de
charme dans une récente brochure ^ . Je me contenterai d'en
donner un aperçu, en renvoyant à ce bon travail ceux qui désire-
raient un plus long détait. Au reste, ira coup d*Œi[ jeté sur les
> B. Pkost, Artistes dijonnais du quitniême siècle, p. 20; Vahhé RxQOX,
Jacques Morel, p. 18.
' Les peintures murales et les tapisseries de f église de SaiiU^âmtoime^ p«f
Dom H. Dijon. Valence, 1897. — V^oir, ci-contre, planche XXXÎI.
.SCULPTUBBS. PEINTURES DE L'ÉGLISE 8AINT-ANT0IXE. 459
planches de ce mémoire en dira plas long qae les descriptions.
Ces peintures couvrent les murs de la seconde chapelle à gauche
quand on remonte le collatéral nord. Sur le mur de face, une seule
figure est conservée: c'est celle d*one vierge martyre qui tient une
palme d'une main et de Tautre un objet indéterminé. Les deux
autres murs se partagent quatre grandes compositions. Les deux
panneaux supérieurs ont trait à la vie de saint Antoine. D'un côté,
le saint apparaît représente simultanément dans plusieurs scènes:
assailli par les démons sous la forme d*animaux sauvages; guéris-
sant un possédé dont un autre personnage s^efforce de contenir la
fureur, etc. De Tautre côté, vis-à-vis, saint Antoine retrouve, au
milieu da désert, le corps de saint Paul, premier ermite, et se tient
en prières auprès de lui*. Le troisième panneau est consacré à la
légende de saint Christophe avec ses détails ordinaires. Le qua-
trième servait de retable à Tautel ; c^est apparemment ce qui a fait
choisir pour sujet la scène du crucifiement. Le Christ en croix,
imberbe, la tète penchée sur Tépaule gauche, est entièrement nu ;
à ses c6tés sont assis à terre la Vierge et saint Jean, celle-ci la
tète appuyée sur ses mains, Fàpôtre entourant son genou de ses
mains entrelacées dans un geste de suprême désolation '. Près de
saint Jean, l'archange saint Michel tient à la main une balance,
sur les plateaux de laquelle sont deux Ames, sous la figure de petits
personnages. La balance incline à gauche, et Tâme est précipitée
en bai la léte la première ; au contraire, sur Taotre plateau Tàme
est deboot et ornée, avec une grande expression de calme et de
recneillement. Du côté de la sainte Vierge et faisant pendant à
saint Michel, est agenouillé, les mains jointes, un prélat revêtu
des ornements pontificaux, et derrière lui se profile la majes-
tueuse figure de saint Antoine qui tient sur sa poitrine le livre
de la règle. De petits anges voltigent autoor de la divine Victime
et recueillent son sang dans un calice; deux séraphins aux ailes et
aux vêtements lumineux planent au-dessus de la croix.
La fond du tablean est d'une couleur rouge très chaude ; les
camatkHif sont blanchâtres; les aubes des anges sont blanches
avec des rehauts bleus ; la Vierge est vêtue d'une robe rose k
> La partie inférienre da cette figure « été détruite Ion da percement d'nne
* Dom H. DiioN, op. eii,f p. 7.
W""
460 SCULPTURES, PEINTURES l>E L'ÉGLISE SM !VT-A»TOt\E.
rehauts blancs et (i*un manteau bleu ; l'apûtre saint Jeau, d'une
robe verte et (Vun manteau rose. La cbape du prélaL est jaune è
doublure verte, et saint Antoine est velu d'un ample manteau tioir,
couvrant une tunique brun sombre.
Les visages sont beaux et expressifs; celui de saint AnLoinc^e
présente de profil avec une noble majesté* La figure du prélat est
un portrait très vivant; mais c'est surtout la tète du Christ qni
mérite l'attention par son expression 1res vive et très réaliste^ quoi-
que gardant une incomparable dignité. Celte lète est à coup sûr le
meilleur morceau des quatre fresques. — La scène de sa lot
Christophe est également soignée, car elle était destinée k i^lre vue
de plus près que les deux supérieures, dout lexécution est moins
serrée. Peut-être ces dernières ne sont-ellFs pas de la même main.
Si Tabbé représenté comme le donateur des peintures portait
quelque indice qui le pût faire reconnaître, nous aurions, par là
même, la date de ces œuvres précieuses. Malheureusement, il faut
chercher ailleurs. — La chapelle date du quinzième siècle par son
style ; elles ne sont donc pas anioriiMires. L'association de saint Paul
ermite à saint Antoine ne serait-elle point Tindice que cette chapelle
est celle que Tabbé Gérenton de Cbàteauneuf construisit, sous le
vocable de saint Paul ermite, vers le commencement de ce
siècle»?
Nous le croyons d'autant mieun que la clef de voûte, bien que
martelée» semble porter encore les trois châteaux des armes de
cette puissante famille. Géreuton» il est vriii, fut remplacé par
Hugues de Châteauneuf, son neveu (1409-1417)* Mais celui-ci
bâtit une autre chapelle» celle des Douze Apôtres, dont remplace-
ment est connu. Il est possible, cependant, que son oncle lui ait
confié Texécution des peintures de celle de Saint-Paul. Cette sup-
position aurait Pavantage de nous rapprocher de répoqueâ laquelle
on sait qu'un peintre avignonnais résidai là Saint-Antoine. En 142^,
tt maître Robin Favier, peintre, citoyen d'Avignon et habitant de
Saint-Antoine de Viennois», passait à Grenoble un contrat pour
Pexécution de peintures a en bonnes at fines couleurs» aux orgues
4e la cathédrale ^. Ce maître en peinture seiait-'il Tailleur '^"
, > Aymar Falco, loc. cit., f* 8T.
• Publié par Mgr Ch. Brllit, dans le Buitetin d'hisioirt eccliii&sti^t
Valence, Grenobie, etc., 1894, p. 198, .r . ,.
LA TOMBE DE LA!VCELOT DU FAU. 461
noire décoration ? C'est possible ; mais, comme le document qae je
viens de citer est le seul par lequel il nous soit encore connu, il
convient de réserver la question jusqu'à plus ample informé. II
me suffira d'avoir appelé Tattention sur ces fresques, sans contre-
dit Tun des plus beaui restes des anciennes peintures murales de
nos églises.
Souhaitons qn'un heureux chercheur parvienne un jour à tirer
de Toubli le nom d*un peintre qui mérite de prendre rang parmi
les artistes les plus distingués du XV* siècle.
L*abbé P. Brune,
Correspondant du roinislére de l'Instruc-
tion publique, h. Btume-les-M essieu rs
(Jura).
XXVIII
I
LA TOMBE DE LANCELOT DL FAU |
ÉVÉQUË DE LUÇOM ET L'ORFBVRB CLAUDE CONTENT ;^
(1523)
Le 7 septembre 1523, par-devant Etienne Viau, notaire à Tours,
M*' Pasquier Bignet, chanoine de Luçon, et Mathieu de Cha-
bannes, prêtres, exécuteurs testamentaires de Lancelot du Fau,
évéque de Luçon, passaient un marché avec Jean Rembert, mar-
chand joaillier à Tours, pour faire faire la tombe de ce prélat.
D'après cet acte, le monument devait être en cuivre, tout d'une
pièce, de dix pieds de long sur cinq de large. Le défunt y serait
représenté à Tantique, c'est-à-dire, en style Renaissance, revêtu
des habits pontificaux et accompagné de ses armoiries. La com-
ande comprennait également un aigle « manificquement à Ten-
que rt , destiné à servir de pupitre dans la cathédrale de Luçon.
tout était livrable dans cette église au jour de Noël suivant.
1
462 LA TOMBE DE LA\CELOT D L Fit,
L'importance de ces ouvrages ressort de leur poids total fîièi
A milliers environ. Chaque cent de cuivre ouvré devait èlrc payé
30 livres tournois, ce qui fait pour \e^ deux travaux eiifiron
1,200 livres, somme fort élevée. C'est exmtem^nt le prix que fui
payé, la même année, à Guillaume Hegnault et k GE>iU»ume Cb-
leveau le magniGque tombeau des Poncher '>
Il n'y a pas lieu de s'étonner de voir les exécuteurs testamen-
taires de Tévéque de Luçon s'adresser à Tours pour la faron (le
son tombeau. En effet, sans parler de la renommée qu'avaient
alors les artistes de cette ville, Lancelot appartenait à utie de»
familles importantes du pays : il était (ils de Louis, seigneur da
Fau*, et d'Antoinette de Henou, et c'est au chûteau du Fau que,
peu avant sa mort, il avait fait son teslameiit, le 23 avril ]523^
Ce prélat, qui avait pour grand'mêre paternelle Jeanne de Bour*
bon, épouse de Jean,' seigneur du Fau, et HUe naturelle de
Charles I*', duc de Bourbon, et de Jeanne Sondet, semble avoir été
fort ami des arts. En effet, outre l'aigle dont il vient d'être ques-
tion, il (it placer autour du mattre-autel de sa cathédrale cinq
colonnettes en cuivre, auxquelles était suspendu un vase destiné u
contenir les Saintes Espèces. On lui doit également la reconstruc'
tion d*une partie des cloîtres de l'éiéclié de Luçotl, ou se trouvaient
ses armoiries, aujourd'hui martelées^ dans lesquelles on rémar-
quait des flenrs de lis *.
En rencontrant le document publié ici, j'espérais que les dem
> Réunion des Sociétés des Beaux- AvU dss dépariement^, 31' session, i897,
p. 89. Remarquons tootefois que, pour le tùmhcnu âpi PoDcfiEr^ i<> iramparl à
Paris devait être payé en plus 100 livres, au lieu qu'ici \c iran^paH k Ljiçou ett
compris dans la somme de 1,200 livres.
' Le Fau, aujourd'hoi Reignac, canton de Lactics, à 30 kilumètreK de Touri. —
Gonf. Carrk DR RussRROLLR, Dictiounoire historique ei géogmphiquc dTimîr^-ei-
Loire,i. X (Mémoires de la Société archéohgique de Touratue, t, \\'\h,p.î7$
et suiv. On y trouve notanmient une liste rhrouotQf^iqnc des ieigncurs de Keî-
gnac.
» GaUia christiana, t. II, col. 1411-1^1 S r pt Tress^v, Histoire des moimes ei
évéques de Luçon; Rallbreau, Le livre d*or de Lnçoit
^Bauerrau, loc. cit., p. 13. — Sclori U. C\KRi ur Bu^sEROLtRp Arm^mal
général de Touraine, t. I, 1866 (Mémoires de la Société mckéQÎù^iqne de Ton-
raine, t. XVIII), p. 354, les armes de la famille de Ftti ëtaicnl : de fttt'
à unefasce d'argent de trois pièces, aiiAs, de gutukt à trois fmtes d^arg^
mais probablement Lancelot écar(elait-il,en souvenir de sa graud'nii-rc^ les ar
de sa famille de celles de la maison de Bodrbon ?
LA TOMBE DE I.ANCELOT DU FAU. 463
monuments eu question subsistaient encore, on tout au moins qu'il
en survivait quelque dessin. Il n^en est rien maUieureusement.
H. Léon Ballereau, membre de la Société française d'arcbèologie
et architecte à Luçon, a en Tobligeance de m*informer qu'il
n'existait aucune trace de ces œuvres, détruites par les protestants
dès 1568. II est donc impossible de se rendre compte de leur
valeur artistique, probablement très importante, si Ton en juge par
la date et le lieu où elles furent exécutées et le prix considérable
qu'elles furent payées.
Sera-t-on plus heureux en ce qui concerne Tartiste chargé de ces
travaux? Il ne semble pas que le nom de Jean Rembert, le joaillier
qui s^engageà livrer le tombeau et Taigle en question, ait été signalé
jusqu'à présent. Il parait dans un autre contrat du 5 septembre
1527, mais là il ne s agit plus d*une œuvre d*art, on est en présence
d*nn simple acte de commerce : Jean Rembert associe un bour-
geois de Tours dans la propriété de la tierce partie, qui lui apparte-
nait, d'un rubis balai de 82 carats, acheté par lui à Paris, de con-
cert avec deux autres personnes, pour la somme de 527 écus d'or '.
Mais est-ce bien Rembert qui devait se charger du travail qu'il
«^engage à livrer et à ^ faire faire » , dit le marché ? Il y a lieu d'en
douter. Une tombe en cuivre, de même qu'un aigle en même
métal, doit plutôt être l'œuvre d'un fondeur ou d'un orfèvre que
celle d'un joaillier. Or précisément, dans lacté passé devant Vian,
intervient un orfèvre connu, sire Claude Content, bourgeois de
Tours, qui se constitue caution que Rembert accomplira son enga-
gement. Ne serait-ce pas Content qui devait exécuter la tombe et
Taigle destinés à la cathédrale de Luçon ?
On possède d'assez nombreux renseignements sur l'orfèvre
Claude Content, qui était lui-même fils d'un orfèvre nommé Collin.
JLe 2 décembre 1521, il avait acheté de Pierre Gallant, fils et héri-
tier de feu Jean Gallant, orfèvre du roi, la maison et boutique dudit
Jean, située rue de la Scellerie, près la tour de la rue Chièvre ^
1 Arehhres d'Iadre-et-Loire, registre S do noUira Viau pour 1527. f 186.
* GuAtJDKT, Artistes iùursmgeaux (Mémoires de la Société archéologique de
^ouraine, i, XX^III), p. 88, sans indication de source. — La rue Chièvre ou
lèvre est la rue de Lucé actuelle. Coof. L. de Granohaison, Mote sur le cime"
Te desjmfs à Tours^ Parit, 1889, p. 5 et 9 (plan^, tirage à part de la Revue
^ études juives, avril-juin 1889, p. 264 et 268.
^ 464 LA TOMBE DE LAXCELOT DU FiU,
On connaît une commande importante qtril tuï chargé d'exé*
;' cuter pour la ville de Tours en 151S : une coupe en argent dore
|: du poids de 8 marcs 6 onces 3 [{ros et tlemi^ qui fut oO'erte an
nouvel archevêque, Christophe de Briihac, et pour laquelle il rectil
l 163 1. t. '. Le choix de cet orfèvre par la ville^ dans une semblable
U circonstance, prouve qu*il occupait un rang impoi tant dans sa cor*
l poratron. Il devait, du reste, être fart riche» car on rencontre de
,,. nombreux actes d'acquisitions de sa part, parmi lesquels on peut
r citer les suivants :
1. 23. mars 1527, n. st. Achat de Guillnume Girou^^t, bourgeois,
; garde de la monnaie de Tours, de vignes dans ïa paroisse de Chis-
I seau, au fief des Arpentis, pour la somme do 105 K L \
2. 4 janvier 1528, n. st. Achat pour 161. t. d'un quartier de pré,
en la paroisse de Saint-Martin-le-Bcau, prairie du Gros-Ormeau^
fief du Coudray, joignant d'autres biens qu'il possédait déjà \
3. 30 janvier suivant. Achat avec clause de réméré, de la veuve
et du fils de Robert Gervaise, marchand-bourgeois de Tours, de
deux corps de maison avec leurs dépendances^ situés à Tours, en
la paroisse, près et vis-à-vis de l'église Saint-Pierre-do-Boile, au
fief de rarchevéché de Tours, joignant par le derrière au pavé de
la rue du Chapeau-Blanc et par le devant à celui de la Grand'Rue
(rue Colbert actuelle), lesdits bâtiments chargés de 20 s. t* de
rente annuelle envers rarchevéché de Tours et également de
20 s. t* envers le chapelain de la chapelle Saînt-Jean-Baptiste eu
Téglise de Tours. La vente a lieu moyennant 1300 K t,, dont
1000 1. payées comptant^ ; le même jour. Content donne cette
maison à bail aux vendeurs pour vingt années, moyennant 40 1. t.
par an \
' Ch. DE Granduaison, Documents inédiix sur iet arts en Touraîne, U XX dt*
mêmes Mémoires, p. 306. d'après les Gompte.H muuicjpauic.
* Archives d'Indre-et-Loire, registre àc \ lau pour 153(>, î" iï40-^Vl,
' Ibid., registre 1 du même notaire pour 1527, P" 237.
* Le payement des mille livres donnée^^ cumpt&at est ms«cz curjeu^t et hiasi
soupçonner quelque procédé usuraire; il eomprend uotammenL tl± marcs i oocé»
et demie d'argent blanc en 5 tasses à double i!ouage vert, î grtndti pois i danblf
souage vert, % petits pots à un souage vert, une atgMi(:re gauderuadt^« verL, one
aiguière vieille, évalués au prix de 14 L l^ le marc, ce qui fait h somin''
4521. 7 s. 6 d. t.
^ Vente, Archives d'Indre-et-Loire, registre 1 de Vîta poûr 1 5Ï7^ f*'S63 et *
Bail, ibid.f registre 2 pour 1527, f 351 i^. — L'églî*e Sainl-Prcrfe-dir-'
1,
LA TOMBE DE LANCELOT DU PAU.
465
, 4. 24 février 1528, n. st. Achat pour II U t. de vignes et
terres, eil la paroisse de Saiût-tfartin-Ie-Beau, au clos du Bouiay,
aa fief .du Coudray» dont partie touche aux vignes appelées les
Plantes appartenant déjà à Content * .
Tous ces actes d^acquisitions^.dont Tune fort importante, passés
en quelques mois, permettent d'attribuer sans témérité à Claude
Content une fortune considérable. Du reste, il possédait encore à
Tours, outre ceux qu*il avait acquis de Pierre Gallant et de la veuve
Cervaise, un troisième immeuble de valeur : deux corps de maison
se joignant, situés en la paroisse Saint-Pierre-du-Boile, Tun sur la
Grand'Rue (rue Colberl), faisant le coin de la rue du « Signe »
(rue du Cygne), Tautre le long de celte dernière rue. Le 3 mars
1528, n. st., il le donnait à bail pour trois ans, moyennant 74 1. t.
par an, à Pierre l^éroust, marchand-bourgeois de Tours*.
En outre, Claude Content est souvent qualifié sieur de la Touche,
ce qui le suppose propriétaire rural, probablement de la ferme de
ce nom située dans la paroisse de Saint-Hartin-Ie-Beau '; on a vu
en effet qu'il y possédait des biens et y faisait f)es acquisitions.
Il avait épousé Simonne Charruau, appartenant vraisemblable-
ment à la famille des orfèvres tourangeaux de ce nom, dont un des
membres fut lapidaire et diamantier de la reine Anne de Bre-
tagne *.
Il y a lieu de remarquer qu'un autre orfèvre, nommé Math.
Pontlevoy, est témoin dans presque tous les actes qui viennent
d*étre cités ' ; peut-être est-il permis de supposer qu'il était associé
avec Cl. Content.
est aujourd'hui détraite ; elle se trouvait à l'angle ouest de la rue Colbert, autre-
fois la Graod'Ruc, et de la rue Saiot-Pierre. Quant à la rue du Chapeau-Blanc,
elle n'est citée ni dans Logeais, Les rues de Tours (1870), ni dans l'ouvra^'ie
sous le même titre de M- Tabbé L. fiossBBOKUP (1888) ; ce semble être, d'après
les deux pièces citées ici, la rue actuelle du Pelit-Saint-iean.
^ Archives d'Indre-et-Loire, registre 1 de Viau pour 1527, ("» 306-307.
* làid, . registre 2 pour 1527, (^ 410.
' CêtiBÉ DK BcissBROLLB, Dictionnaire historique et géographique d'Indre^ef-
Loire^ t. VI (Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. WXll),
p. 144.
* '^imonné Charruau paraît dans la plupart des actes cités ici. — Sur la famille
€bâ ruau, <M>nf. Ch. db Grandm.%ison, op. cit., p. 305, et Giraudet. op. cit.»
p. ^4.
» Giraudet, op. cit., p. 335, parle d*un maître orfèvre nommé Martin Pont.
lève vivant en 1538-1552 et habitant à Tours la paroisse Saint-Vincent. '
30
l
466 LA TOMBE DE LANCELOT DU FAU.
Tel est rhomme, probablement artiste célèbre dans sa partie,
qui parait avoir fait le tombeau de Lancelot du Fan et Taigte sd
cuivre que ce prélat avait légué à sa cathédrale de Luçon. RfvH
ce qui vient d*étre dit» la destruction de ces deux œuvres paraîtra
sans doute encore plus regrettable.
Louis DE GBA\i}iiAisa;u,
Correspondant da Comité des Socîétéjs de»
Beàax-Arts des dëp«r(emeDU, à Tonn.
PIÈCE JUSTIFICATIVE
Le lundi septiesme jour de septembre Fan mil cinq cens vingt et tm
personnellemeot establis etdeuement soubzmis en la court du Roy» nosLn
sire, à Tours, vénérables etdiscrecles personnes Mai^tres PasquierBignet.
chanoine prébende en Féglise de Lusson, et Mathieu de Chabaoes,
prestres, exécuteurs du testament de feu [de] bonne mémoire Révérend
Père en Dieu, Messire. Lancelot du Fau, nagnères décédé évesque dadid
lieu de Lusson, d*une part,
Et Jehan Rembert, marchant jouellier, demourant audict Tours, en la
paroesse Sainct-Estienne, d^autre part.
Lequel Jehan Rembert promist et promect de bonne foy faire faire d
construire une tnmbe de cuyvre, tonte d*une pièce, de dix piedz de long
et cinq piedz de large, quy est la grandeur d^une de pierre quy est mise
et assise en œuvre, en la nefdeFéglise dudict Tours, devantle Crnxilb, et
près le grant coffre out sont receuz les pardons en ladicte église de
Tours ', tailler dessus à l'entîcque Tymaige dudict deffunct en pontiGcat,
emprainte dessus, avec ses armes et escripture telle que luy sera devisé»
selon le pourtraict sur ce devisé entre eux.
En oultre ung aigle raaniûcquement à Tenticqne, de la fourme de Toa
de deux ou trois patrons que ledict Rembert leur envoiera dedans oog
moys prouchain venant et de celluy quy myeulx leur semblera, pour
servir de poupitre au cueur dé ladicte grant église de Lusson ;
Le tout poisant quatre milliers ou environ, au poix dudict Tours, et
ledict poix faict rendra, fournyra et livrera ausdis exécuteurs en ladicte
' Il paraît impossible de déterminer de quel tombeau il s'agit. — Sa.
l beaux de la cathédrale de Tours, conf. L. PALCSTaz, Notes sur la caikédrc
^ Tours, dans le Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. X" '**
.303.
LA TOMBE DE LANCELOT DU PAU. 461
^litede Lusson, le plus près de Tentrée de ladiete église que le charroj
poarn ariver et aproocher, pour le pris et somme de trente livres tour^
noîs pour chacun cent de cuyvre ouvré en la manière dessus dicte, et
condfura ledict Rembert, ou fera conduire, mectre et asseoir ladiete
tambe en ladiete église, sur la sépulture dudict deffunct Révérend Père en
Dieu Bfessire Lancelot du Fau, naguères décédé évesque dudict lien,
comme dit est, et ledict aigle on cueur de ladiete église ; et fourniront
lesdts exécnteors de maczons, pierre, chaux et sable qu'il y conviendra
à leurs propres coustz et despens, et feront les despens andict Rembert,
50D home et leurs chevaulx, durant le temps qu'ils vacqneront à faire
faire ladiete assiete ; et le tout faire et acomplir dedans Nouel pronckain
venant ;
Sur qnof , en fut baillé, paie et avancé content, en court par devant
ledict notaire, par lesdis exécuteurs audict Rembert, la somme de cinq
cens livres tournois en or et monnoie de présent ayant cours, dont, etc.,
quittant, etc. ; et le reste lesdis vénérables Maistres Pasquier Bignet et
Mathieu de Chabanes, exécuteurs snsdis, paieront on feront paier audict
RemJberl» en faisant ladiete assiete, et icelle parfaite audict lien de
Lnssoo; et par deffant de ce faire et accomplir par chacune desdictes
parties, tons eoosis, etc., amendes, etc.
Et ad ce esloit présent honorable home sire Claude Content, marchant
orfeuvre, bougeois dudict Tours, lequel à la prière et requeste dudict
Jeban Rembert se constitua son pleige et caucion de faire et acomplir le
contenu cy-dessus, et asemblablement Pierre Bruneau, apoticaire demeu-
rant audict Tours, se constitua pleige et cauciôn desdis exécuteurs de
parfaire le reste dudict paiement, ainsi et en la manière dessusdicte.
£l quanta tout, etc., obligeant, etc.» renonçant, etc., présens vénérable
personne Messire Pierre Béatrix, prestre, vicaire en Téglise parroichiale
5aioct-PierreHiu-Boille dudict Tours, et Jehan Rousseau, orfeuvre,
demoarant audict Tours \ tesmoings.
(Signé:) E. Viau.
(Archives d'Indre-et-Loire. — S* registre d'Etienne liau pour 1523. f» 121-122.)
' Sor les orfèvres du nom de Rousseau, conf. Giraudet, op, cit., p. 356-357«
1
468 L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE D£ LISIEUX.
XXIX
L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LISIEUX
PENDANT LA RÉVOLUTION *
1789-1790
Les deux premières années de la Révolution apportent peu de
changements dans la vie théâtrale en province, du moins dans h
région dont je me ^uis déjà occupé \
,. En 1789, à Paris, les comédiens avaient bien êtc Tobjct d'one
sorte de réhabilitation morale qui les mettait au même rang que
tous les autres citoyens ; mais, en Normandie, les artistes drama-
tiques furent toujours traités de la même manière, c'eât-â*dire
avec sympathie, tout en conservant une distance que Tusage avait
marquée entre eux et la bourgeoisie.
Les années 1789 et 1790, prologue pacifique de la plus sombre
des tragédies, ne semblent point avoir été favorables à Tart drama-
tique en province. Durant ces deux années, en elfet, je n'ai trouve
mention d'aucune troupe de comédiens venue à Bernay ni danile^
villes circonvoisines.
A Lisieux, cep^nd^nt, où s'arrêtaient plus fréquemment des
troupes nomades, il est question en 1789 d*y construire une salle de
théâtre. Le S avril de ladite année, le maire de Lisieux écrivait e^
effet la lettre suivante à M* de Neuville, directeur des spectacles^ :
a Nous n^avons pu venir à bout de traiter des terrains vagues
qui sont sur le derrière de la salle de concert. Au reste, nous n'en
sommes pas fâchés; c'aurait été vous engager dans une dépense
qui aurait considérablement excédé les 30,000 livres que voa&
* Voir ma communication : Le théâtre en procitice. (Reumûn des Socié^s dit
Beaux'Arts des départements de 1895.)
» En 1788, les sieurs Honoré Bourdon, De Neuville, et M""" Mârguerifr ^'
Montensier, entrepreneurs associés des spectacles de la province de Vonnai
et des villes de Versailles, Tours, Orléans et autres lieux, acaicnl fait constrt
au Havre, une salle do spectacle dont la première pierre fui posée le 6 déc^J
1787.
I
LABT DRAMATIQUE DANS LA VILLB DB LISIEUX. 469
destiniez à la construction de votre salle de spectacle. Nous croyons
qa*en faisant le sacrifice de notre écurie Tancien bastiment vous
éoDviendra... Vous êtes le maître de mettre la main à Fœuvre
^and vous voudrez. Il ne faudrait pas différer, parce que si ce
projet manque, nous sommes informés que deux capitalistes sont
décidés à faire construire une salle de spectacle ailleurs.
« Le sieur Broc, architecte de la ville, avec qui nous avons con-
féré, est d*avis qu'avec 30,000 livres on peut non seulement nous
construire une salle, mais encore transporter nos écuries dans une
autre partie de Thùtel de vnîe. Votre salle aura toujours quatre-,
vingt-seize pieds de longueur sur quarante à quarante-deux de lar-
geur, ce qui paraît suffisant. »
Une cause, que j'ignore, empêcha la construction de cette salle
de spectacle à Lisieux et Ton ne voit môme pas que des troupes
de comédiens soient venues en cette ville, en 1789 et en 1790'.
1791-1792
Le théâtre, cela va de soi, suivit Tesprit public pendant toutes
les phases de Tépoque révolutionnaire. Déjà, notre érudit con-
frère, M. de Longuemare, nous a dit ici les incidents politiques
nés sur la scène de Caen jusqu'en 1797 *. Moi-même j'ai rapporté
comment, à Bernay, les mesures prises contre le clergé provo-
quèrent, le 8 avril 1791, un mouvement populaire, à cause de
deux comédies intitulées, la première : Le Juge incorruptible ou
Juge du nouveau régime; la seconde : Les Sœurs grises ou le
Cagotisme confondu; pièces scandaleuses que se proposait de
joaer un sieur 'Rillet, auquel la municipalité bernayenne eut le
bon esprit d'interdire la représentation qu'il avait annoncée'.
Les troubles qui, dans notre contrée et ailleurs, marquèrent les
premiers mois de Tannée 1792, ne permirent point aux trouj)es
de comédiens de venir égayer l'importante fofre fleurie de
Sernay^.
' Archives de la mairie de Lisieux. — Registre de la correspondance.
• Cf. Paul DR LoNciKMARB, Lû théâtre à Caen (1628-1830). (Réunion des So-
C tés des Beaux- Arts des départements de 1895.)
Cf. ma Notice, Le théâtre à Bernay pendant ta Révolution t et mon articie :
15 peet aux Soeurs grises,
Irchives de la mairie de Lisieax. — Registre de la correspondance.
1
470 L*ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LTSIEUX*
Je n'ai môme trouvé aucune mention de troupes de saltitn-*
banques ni des curiosités quelconques venues à cette fotre.
La ville de Lisieux fut plus favorisée; on y voit, en effet, en
ladite année, le sieur Bellouard, associé aui sieurs Callas et Cmr*
celles^ y donner des représentations ^ maïs sans laisser de déblli
sur leur séjour.
1793-1794
La Terreur, est-il besoin de le dire? ne fut point favorable aui
expansions joyeuses ; à part les fêtes civiques, le peuple n'eut
guère Toccasion de s*amuser durant cette terrible période qui dura
jusqu'à la fin de juillet 1795. Les grandes villes seules eurent des
théâtres populaires, et encore furent-ils, pour la plupart, obligés
de fermer. On trouve à ce sujet, dans une publicatioa du
temps ', cette anecdote plaisante sur le gëtiio épîgrammatique des
Français :
a ... A Rouen, un entrepreneur de théâtre s'était avisé d'en
élever un dans le genre où Chaumette voulait les voir tous, c'est-
à-dire bien sans-culotte. 11 Pavait placé sur le port, et commençait
à salir de nouveau l*esprit du peuple par des représentations aus^^i
fastidieuses que démagogiques : il avait eu Tinsolence de prendre
pour inscription :
THÉÂTRE DE MINERVE
Un plaisant fort adroit dans le genre de lanagi^mme ne Ct qua
renverser et chiffrer les lettres, et fit lire à la place :
THÉÂTRE DE VERMWË
Le directeur^ voulant atténuer Teffet de la plaisanterie, inagîas
d*y substituer :
THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
La même main anagrammatique mit au-dessous :
1 Les Contemporaines, t. X. — MaDuscrit du dix-geptïème mh^\i^*
L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LISIEUX. 411
THÉÂTRE DE SAVETIERS
Tout le monde rit de la justesse du mot, personne n*osa plus s'y
montrer, et le théâtre fut fermé. «
L*aboIition du culte catholique et la fermeture 4les églises dans
les derniers mois de 1793 amenèrent, pour 1794, un changement
complet dans les récréations de nos aieux.
Privé des fêtes religieuses, de leur décorum et agréments maté-
riels, le peuple se rabattit sur les fêtes civiques, qui, à c6té de
Tattrait du nouveau, offraient aux masses Toccasion de prendre
une part directe à ces réjouissances.
C'est dire que, pendant plusieurs années, les troupes ambulantes
de comédiens furent remplacées, en province, par les fêtes natio-
nales, qui étaient, du reste, de véritables représentations théâtrales
données pkr tous les orateurs, poètes, musiciens locaux, avec le
concours des peintres, décorateurs et autres artistes du cru*.
Le 30 floréal an II (19 mai 1794),. on voit cependant installée à
Lisieux une troupe de comédiens dirigée par le citoyen L. ReinaP
et composée de : Desvignes et sa femme ; Moulin et sa femme ;
Fibrac; Havé et sa femme; femme Bremard; Eugénie Roland,
femme Saint-Par.
Reinal ayant été dénoncé à la municipalité lexovienne comme
étant un accapareur de savons qu'il fallait surveiller', je pense
' A Beroay, du 5 pluviAse an II (24 janvier 1794) au 15 floréal an III (4 mai
1795), des comédies politiques furent représentées dans le local des séances de
la Société populaire, par les élèves de TKcole secondaire, avec le concours de
rinstitnt national de musique. Voir mon étude : La musique à Bemay pendant
l4M Révolution, publiée dans le Journal de Bemay (juin-juillet 1897). — Le col-
iége de Bemay, {Congrès des Sociétés savantes^ en 1896.)
^ Reinal se trouvaitàFécampdans les derniers jours de 1793, avec dix artistes :
F. Brémard, régisseur de la troupe, et sa femme, Balainconrt, Saint-Léger, Flo-
rÎAni et sa femme. Deschamp et sa femme, Dorval, souffleur. — Le 14 nivôse
an II (2 janvier 1794), cette troupe avait fait un contrat d'union, et était venue à
Hoofleur, où, le 28 du même mois, la municipalité lui avait donné un bon pour
avoir tous les jours douze livres de pain. Après s'être bien conduite à Honfleur, où
elle reste deux mois, cette troupe quitte cette ville si hospitalière et vient à
l^lsi^ux, mais avec nn personnel presque entièrement renouvelé.
ae lettre datée de Fécamp, le 14 floréal an II (3 mai 1794), et adressée au
^i fteinal, dîrectenr de la comédie chex le citoyen Lefèvre, musicien, i Lisieux,
cm interceptée et envoyée à la municipalité de cette ville, avec ordre de surveiller
le, '* °'*'Tial, comme étant nn accapareur de savons.
472^ L*ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LISIEDX.
qu'il ne fit point un long séjour à Lisieux, et, le 5 thermidor sai-
vant (23 juillet 1794), le maire de cette ville écrivait la lettre sui-
vante au citoyen Codrcbl, directeur de la comédie à Caen :
« Conformément à ton désir, la municipalité de Lisieux te per-
mettra, ainsi qu'à tes collègues, déjouer à Lisieux, aux conditions
toutefois que ce sera des pièces patriotiques et révoltitionnaires,
t'observant d'ailleurs que les citoyens et citoyennes qui désireot se
rendre avec toi à Lisieux doivent être porteurs d'un certificat en
forme de la commune de Caen^ »
J'ignore si la troupe Courcel vint à Lisieux et si, durant Thiver
de 1794, cette ville fut favorisée de la comédie.
J^ignore ' aussi si la société de musique de la ville* dont le
citoyen Pierrelot était le maître, prenait part aux représentatioD»,
ainsi que cela se faisait ailleurs.
1795-1796
Le commencement de 1795 est marqué, à Lisieux, par la pré-
sence d'une troupe de comédiens sur laquelle je n'ai trouvé qu'une
seule note datée 13 pluviôse an III (V' février 1795); c'tist un avis
adressé par le maire au directeur de la comédie afin qu'il dise a
son imprimeur de désigner la rue de l'entrée du spectacle par son
vrai nom, attendu qu'il n'existe point de rue de Bailly en la corn-
mune de Lisieux, ^
* ♦
Une grande partie de l'année 1796 se passa, je crois, âaûsqae
notre région soit égayée par aucune troupe de comédiens; mais
dans les premiers jours de vendémiaire an V (septemhre-oclobre
1796), alors qu'il y avait à Lisieux une excellente troupe de comé-
diens, les citoyens Cordier, Brosse, Sentier, etc., associés, artistes
à Rouen, demandèrent à la municipalité la permission de venir
jouer, demande à laquelle il fut répondu ce qui suit, le 13 vcn^
démiaire : u L'administration ne s'opose point à ce que voui
veniez à Lisieux pour la comédie en vous conformant aux dispofi^
^ Archives de la mairie de Lisieux. — Registre de la correspond incc D.
* A partir du 9 fructidor au IV, le maître de musique de la ville est un
Locquet ou Jocquet, jusqu'au 19 brumaire an V.
I
(
L'ABT DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LI8IEUX. 473
tions des loix sur la police des spectacles» mais elle croit devoir
voua prévenir qa*il y a déjà une société qui jone la comédie avec
succès» et que la commune de Lisieux n*est pas d*one étendue et
d*ane population assez étendue pour que deux associations puisse
s'y établir à la fois. Vous ferez sur cela les réflections que vous
croirés justes. »
Il y a lieu de croire que les artistes de Rouen réfléchirent qu^il
n'y avait» en efl'et, pas place pour deux troupes à Lisieux, et ils
laissèrent le champ libre à la société qui était la première occupante
et qui jouait encore le 26 vendémiaire. Ce jour-là la représenta-
tion fut troublée par un soldat et nn spectateur, ce qui motiva un
échange de lettres entre la municipalité et le commandant de la
force armée ' ; cependant l'affaire n'eut pas de suite, bien que huit
jours auparavant, une autre tentative de trouble «it été faite, mais
sans succès» par un militaire.
Quel était le motif de ce trouble? La correspondance municipale
est muette sur ce point, de même que sur le nom de la troupe.
L'amour des Lexoviens pour la comédie donna lieu» dans le
même mois, à une manifestation caractéristique. Le 27 vendé-
miaire» en effet, faisant réponse à une pétition présentée par le
citoyen Dulong, entrepreneur de bâtiments à Lisieux» l'adminis-
tration municipale écrivait à l'ingénieur de Pont-l'Evéque qu'elle
avait arrêté qu'en Tabsence du sieur Quesnet, ledit ingénieur
serait invité à se transporter à Lisieux» « aux fins de visiter et
expertiser un bâtiment neuf destiné à une salle de spectacle* 9 .
Cette nouvelle salle de spectacle est acceptée, et trois mois plus
tard est Inaugurée par la troupe dont il va être parlé.
1797
Le 2 pluviôse an V (21 janvier 1797), le citoyen Charles Bour-
don» entrepreneur des spectacles du Havre» Rouen* et autres lieux,
' Le 19 brumaire, il fut enjoint au commandant de la garde nationale de placer
an officier à c6lé d'un officier municipal à chaque représentation.
t Cette construction afait été faite, peu avant le 9 août 1795. par le citoyen
De lis Dulong, entrepreneur de bâtiments, àLisieui, avecles matériaux provenant
de la démolition de l'église Saint4jermain. (V. la notice de M. Remy Duvivier,
pa liée dans VAlmanach de Usieux pour 1895, p. 158 et s.)
474 L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE 0£ LISIEVX.
écrit aux administratears municrpaux de Lîsieax qu'il vient de
conduire en cette ville un Opéra quMl se propose de faire débuter
incessamment» et il sollicite la permission nécessaire qui lui mi
accordée sous condition de souffrir la percepUon d'un décime [)ar
franc en sus du prix de chaque billet d*entrêe, pour être employée
au secours des indigents, conformément à la loi du 7 brumaire
précédent.
Bourdon donne le répertoire général des u Opéra u joués par
sa troupe au Havre, savoir :
Opéra en 3 actes : La rosière de Salensi. — L^ déserteur. —
V amant jaloux. — Félix. — Le prisonnier français dans ta
Belgique. — Zémire et Azor. — Alix de Beaucaire, — Tim-
Jones. — Parjures. — Raoul de Créqui. — Le mugnifigue, —
Paul et Virginie. — Raoul et Lucas. — l^e soldat magicien. —
Le petit matelot. — Lucile. — Les deux Savoyards. — Le d^mn
de village. — Rose et Colas. — Spinette et Marine. — Philippe
et Georgette. — Le tableau parlant. — Le secret. — Lapanvn
femme. — Silvain. — Ambroise. — Le îonmlier. — Le mélo-
mane. — Marianne. — La cinquantaine. — Ariane. — Le mare*
chai. — Loiserolles.
Le lendemain, 3 pluviôse, la municipalité adresse à Bourdon
un exemplaire en placard de son arrêté du 19 brumaire précédent,
portant consigne pour la salle du spectacle.
Le 10 du même mois, la municipalité s'enteud ai^ec le com-
mandant de la force armée afin qu'une sentinelle soit placée de
chaque côté au bout de la galerie de la salle de spectacle du
citoyen Dulong, pour veiller à ce que les personnes qui doifent
être au parterre ne s'introduisent pas dans des places supérieures*.
Le 30, Bourdon est invité à donner le lundi suivant, au proiit
des indigents, une représentation de comédie \ la municipalilê
demande Le souterrain, suivi ou précédé du Secret,
Le 29 pluviôse (17 février 1797), Bourdon demande la permis-
sion de donner au public quelques bals parés et masqués* La
municipalité autorise, mais sous condition que personne ne poiim
arriver ni sortir de la salle en masque ni aucunement traîestî, à
' Ëo Tan V, Silvestre Gabousse est entrepreneur du Tbéitre des AfIa ât .*
* Aux galeries et au parquet, les places étaient k 40 sob ; ccUc^ du j
étaient moins chères.
't
L'ART DRAMATIQUE DAKS LA VILLE DE LI8IEUX. 475
peine d'être arrêté; que Ton ne se permettra aucune indécence»
propos injurieux^ insultants, etc. Désirant pouvoir permettre ce
genre d'amusement, principalement à cause du droit acquis aux
pauvres, la municipalité lexovienne demande à Rouen des instruc-
tions à ce sujet. ,y.
Malgré les restrictions précitées. Bourdon passa outre, et, le JM
l** ventôse, la municipalité lui manifestait son étonnement de voir !;;
que rafBche placée par lui portait que, ledit jour, il donnerait un
bal paré et masqué ; défense lui est faite ; il pourra néanmoins
donner bal paré, mais il devra finir à deux heures du matin. — ^
Le 6, la municipalité constate que Bourdon a soufiert des masques
dans son bal ; ordre lui est donné de faire cesser cet abus, sous
peine de voir fermer sa salle.
Il semble, du reste, que Bourdon en prenait à son aise avec les
' autorités locales. En efiet, le 17 ventôse, il se permet |d*annoncer
dans son affiche de spectacle une pièce qui n*est point portée dans
son répertoire.
Pour tout raccommoder, Tadministration prévient Bourdon, le
19 ventôse (9 mars 1797), que le lundi prochain, il donnera, au
profit des indigents, une représentation de Raoul Barbe bleue et
du Devin de village; à quoi le régisseur de la troupe, le premier.
Piton, répond que le citoyen Belleval ne sait pas le rôle d'isaure
dans Raoul Barbe bleue, pièce non jouée depuis dix-huit mois, et
qoe le citoyen Boobdoiv, rôle principal, est absent.
Le surlendemain, le chef de brigade de la première légion,
casernée à^Lisieux, demande à la municipalité Tautorisation de
donner un spectacle, le soir, avec la troupe précitée qui était ainsi
composée : Saint-Firmin et sa femme ; Pradelle et sa fille ; Piton et
sa femme ; Lotb et sa femme ; Verdier ; Mme Rainville, etc.
Le 7 germinal (27 mars), Tadministration écrit à Bourdon pour
que les entrées de la salle de spectacle soient mieux éclairées.
Le 12 germinal, le programme du spectacle du 14, pour les
indigents, indique : Raoul Barbe bleue eï le Soldai magicien.
Le 25 germinal, la municipalité informe Bourdon que des circon-
stances particulières ne permettent pas de donner au théâtre la
représentation de la pièce Les deux Pages; en conséquence, il vou-
drai bien s*en abstenir et ne faire à cet égard aucune annonce. Bour-
dor *^e tient pas compte de cette défense et, sur son affiche du 29,
476 L ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE Ll&IEUX,
porte Les deux Pages; mais, la veille, la municipalité lui réitère
que cette pièce u ne peut être jouée et ne sera pas jouée n.
A la suite de ce conflit, Bourdon quitte Lisieux*
Le 23 floréal an V (12 mai 1797), une nouvelle troupe arrive i^n
cette ville et doit y débuter le lendemain 24.
Cette troupe est très probablement celle du citoyen Leratslre, in-
stallée quinze jours plus tard et qui se composait de quinze acteurs
dont voici les noms: d*HerbouvilIe ; Davicene; Saint-^Léger et sa
femme ; d'Orvilliers et sa femme; Munier et' sa femme; IVosper:
Marolles; Leraistre; Doyal; Gravraud; Mmes Favé et Marciliac.
Le répertoire de cette troupe comprenait les pièces suivantes:
VintérieuT d'un comité révolutionnaire. — La gageure im-
prévue. — La petite Nanette. — Iphigénie en Tauride, — L'esprit
de contradiction. — Le père de famille. — Les deiur Jocrisses. —
Céphises. — Mêlante. — Gabriel de Vergi. — Charles et Caro-
line. — Clémentine. — La pupille. — Les arts et V amitié. —
Tancrède. — Zelmire. — La mort de César. — l^ bienfait
anonyme. — L'orphelin. — La brouette du vinaigrier. -=- Vécole
des pères. — Le souper de famille. — L'école de l'adolescente.
— L'habitant de la Guadeloupe. — Mahomet, — Zaïre. — La
somnambule.
De ces pièces, la première ne fut point tolérée ; peu de jours aprè«.
en eflet» les administrateurs du département de Caen écrivent à Ii
municipalité lexovienne qu*ilssont surpris qu*ellc n'ait pa^ déf«>ncl(i
qu'on jouât Ylntérieur des comités révolutionnaires^ le Souper
des Jacobins, a En vain dites*vous, — ajoutait « radminiBlraleur
tt central, — que les partisans de Tancienne Terreur, à qui seuls
tt cette pièce peut déplaire, ne sont pas en grand nombre, qu*îls
a sont dans Vheureuse impuissance défaire le mal, que les amis
(i de l'ordre et de la paix sont incapables de se porter contre eux à
« aucune violence, quand même ils y seraient provoqués.
« l^ous ne pouvez pas prudemment répondre que des bonime^
u auxquels une pièce de théâtrej9^{//^ejp/afr^, iie se porteront pa£
u à des excès pour Tempécher, et que les partisans de celte pièce
« ne la soutiendront pas contre eux.
tt Vous devez, au contraire, prévenir tout cela, puisque la lo
tt raison et vos devoirs l'exigent. On peutsans inconvénient et r
tt avecavantage les mettre sur la scène après la génération acti"
L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LI8IBIJX. 477
Une troisième troupe visite la <^ité lexovienne en ladite année;
ces comédiens, venant d'Alençon, étaient dirigés par le citoyen
BilloûardSaint'Pralx, le même que Ton a vu cinq ans auparavant»
et par la citoyenne Châieauneuf. Le 23 fructidor «n V (9 sep*
tembre 1797), ils avaient demandé à la municipalité de venir
passer Tbiver à Llsteux, ce qui leur avait été accordé parce que le
23 fructidor Billoùard de Saint-Pralx avait écrit: « ... Loréper-
« toire de ma direction est composé de manière à ne pas Réveiller
« dans Tàme des citoyens ces malbeureuses passions qqi alimentent
« le feu des discordes : mon but est d*amuser et de distraire... «
Cette troupe remplit-elle ces promesses ? Je Tignore ; mais on
pourrait en douter, car, six mois plus tard, une autre troupe de
comédiens étant arrivée à Lisieux, la municipalité commence par
prendre» le 20 germinal an VI, des mesures pour éviter les troubles»
ce qui laisse croire qu*il y en avait eu précédemment. Il semble
même que cette troupe ne s'arrêta pas, car il n*y a pas d*autre
mention de sa présence.
1798
Un avis de la mairie, du 8 pluviôse an VI (27 janvier 1798)»
annonce qu'il y aura le lendemain» à la salle de spectacle» une
représentation, et que, par la suite, des représentations suivies
seront données par la troupe des artistes dramatiques du théâtre
des Arts de Rouen.
Ceux-ci, le 12 pluviôse, présentent une pétition à la municipa-
lité» qui, le 14 \ prend Tarrété suivant, conformément aux lois des
7 brumaire an V et 2 frimaire an VI :
1** Les pétitionnaires et leurs associés donneront chaque mois»
pendant la durée du temps qu'ils resteront dans cette commune»
une représentation au bureau de bienfaisance d'icelle, dont ils
garantissent le produit valoir au moins trois cents francs, à charge
par eux de compléter dans le cas où la recette ne s'élèverait point
ià cette somme, sans autre prétention de leur part, quel que soit le
p"-oduit au-dessus de trois cents francs, que de prélever les frais
' Le 13 pluviôse, r/ldminrstratioli muaicipale avait procédé à la rénovation du
«oiia de bienfaisance.
i
l. 478 L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILtl DE LISÏEDX.
de représentation ordinaire, si toitteroîs ils se trouvent dans l'excé-
dent de la somme garantie.
S"* L'administration choisira la pièce qu^elle voudra pour être
jouée au jour qu'elle indiquera au bénéGce des indigents et
des hospices^ dans le répertoire que les artistes doivent lui re-
meitre dans le délai de quatre jours, aui termes de son arrêté
é«. jfMur dlUfis;; {usccr qiui le répertoire dont est question con-
tiendra les pièces de théâtre qui devront être jouées pendant
quinze jours. 3** Lesdits pétitiormaires, an moyen de Tentière
et «xacte exécution des articles 1" et ^ auront à leur bénéfice
le produit net de tous les bals parcs et redoutes qu'ils pour-
ront donner pendant leur séjour en cette commune, sous Tauto-
risation en se conformant au règlement à ce relatif. 4* EnGn
pour Texécution du présent et notamment des articles 1" et %
lesdits pétitionnaires se rendront à Tadministratton aussittM h
réception du présent, pour signer au registre tant pour eux que
pour leurs associés.
On le voit, les comédiens avaient plusieurs cordes k leur arcj
du moins elles leur étaient offertes par ces bals parés et redoutes
dont il est parlé plus haut. Cet arrêté n'eut cependant pas d'eiTet,
je crois, car le registre municipal ne porte point tes signatures de«
artistes pétitionnaires, et Ton voit, au contraire, le lcndemR:in
1 5 pluviôse, l'administration communale défendre de porter masqae ;
il y a donc lieu de croire que la troupe de Rouen quitta Llsieai en
février 1798.
Le 16 ventôse suivant (6 mars 1798), des artistes drama^
tiques étant à Lisieux, la municipalité leur indique en ces terma
les airs qu'il convient de jouer à 1 otnerture des pièces ; a L'ad-
tt ministration vous rappelle les dispositions de Tarrété do Dh
a rectoire exécutif en date du 18 nivôse an IV (8 janvier lTD1)r
a portant en substance que tous les djrecfeurs et propriétaires
Il des spectacles seront tenus, sous leur responsabilité indiii-
a duelle, de faire jouer chaque jour, par leur orchestre, arant
a la levée de la toile, les airs chéris des républicains, tels que *
uLa Marseillaise, — Ça ira — Veillons au salut de f^""-
^pire et le Chant du départ. Elle se flatte que cet arrêté
a son exécution; elle ne peut transiger avec Texécutiou
tt lois. V
L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LI8IEUX. 479
Une autre troupe arrive en cette ville dans les premiers jours
d*avril, et, le 20 germinal (9 avril 1798)» la municipalité prend les
mesures convenables pour éviter les troubles durant les représen-
tations théâtrales.
Cette troupe, ayant à sa tète le sieur Billouard de Saint-Pralx, «1
ne s'étant point conformée à Tarrété municipal, est rappelée à ^
Tordre, le 1*' prairial (20 mai), et, le lendemain,, la mmucipalilé
informe les citoyens composant le corps de musique de la garde
nationale ' qu'une société de jeunes citoyens de la commune est
autorisée à donner le jour même, à quatre heures et demie, dans
la salle du ci-devant grenier à sel, une pièce de tragédie à
laquelle les citoyens composant le corps de la musique de la
garde nationale sont invités, a pour donner Témulation néces-
« saire, à s'y trouver avec leurs instruments, aux 6ns d'y jouer
« des airs républicains. Nous comptons — ajoutait le maire —
a sur votre amour pour tout ce qui tend à développer les prin-
tt cîpes et former d^s hommes pour le maintien du gouvernement
« républicain. «
En présence de cette concurrence» la troupe Billouard de Saint-
Pralx n*eut rien de mieux à faire que de déguerpir ; aussi, le
25 prairial (13 juin 1798), le directeur écrivait à la municipalité
de Laigle a6n d'obtenir la permission d'aller jouer en cette ville
l'opéra, la comédie et la tragédie.
De son c6té, le 26 prairial, la municipalité lexovienne informait
celles d'Évreux et de Laigle que le citoyen Billouard Saint-Pralx
désirait donner quelques représentations dans ces deux villes.
a La protection que les arts ont le droit d'attendre des autorités
« constituées, l'encouragement que celles-ci doivent leur donner,
a l'intérêt particulier que la troupe, dont est directeur le citoyen
u Saiot-Pralx, inspire, étant dans l'habitude constant de jouer des
« pièces républicaines, toutes ces considérations — ajoutait la
« irunicipalité de Lisieux — nous engagent à vous inviter à lui
* 1 le 15 ventôte précédent, la mnoicipalilé s'élait plainte de ce qne la musique
hq ri «nolisMttt pas ton devoir aux fêtes civiques.
t
'
480 L'ART DRAMATIQUE DANS LA VILLE DE LISIEUX.
tt procurer les facilités de représenter avec avantage dans votre
« commune conformément à ses désirs. 9
... * *
Le 10 themidor suivant (28 juillet 1798)^ une ooiivelle Irou'pe
d*artistes dramatiques fait ses débuts à Lisieux avec : les Châteaux
en Espagne et le Chanoine de Milan; le 14, elle donne: Le$
étourdis ou le mort supposé et 1^ Guerre ouverte ou ruses contre
ruses; le 16, Charles et Caroline et V Impromptu de campagne;
le 18, Gahrielle de Vergy et Madame Angot ou la poissarde par-
venue. — J'ignore quelle était cette troupe.
Il convient de rappeler ici que les comédiens trouvèrent un fer-
vent protecteur en la personne de François de Neufoitâteau, alon^
ministre de Tintérieur et lui-même auteur dramatique- aussip
dans sa circulaire ministérielle du 11 frimaire an Vil (1" dé-
cembre 1798), disait-il: « ... Le théâtre est une portion intércs-
a santé de la gloire littéraire de la nation ; il offre un amnsemeot
u utile; il a servi à Tinstniclion publique et ilpeui être dirigé ven
â raffermissement des principes républirains. •»
C*est dire que, sous ce ministre distingué; le répertoire des
iroupes nomades fut soigneusement épuré.
Du 4 frimaire au 7 nivôse (24 novembre, 27 décembre 1798),
une troupe d'artistes dramatiques, venue de Caen, séjourna â
Lisieux et joua : Les Visitandines. — Raoul Barbe-bleue, --
Nina. — Arlequin-Joseph. — Le prisonnier ou la ressemblance,
— Biaise et Babet. — Honorine ou la femme diJJieUe à t^mi^
1799
En 1799, nous voyons apparaître à Lisieux une seule troupe.
Le 19 messidor an III (2 juillet 1799), la municipalité invile le
commandant de la garde nationale à commander pour le lende-
main, cinq heures du soir, douze grenadiers et autant de chassears,
pour se rendre à la salle des spectacles, tant pour le maitilliin de
Tordre et de la tranquillité publique pendant la durée dti spi^^-
tacle autorisé, que pour probablement Ggurer dans la pièce. Ce
donc une pièce militaire dont le titre n*a malheureusemâol
été conservé, de même que le Qom du directeur de la comédie
LART DRAMATIQUE DAX'S LA VILLE DE LLSIEIJX. 481
1800
Les désordres de la chouannerie eu Normandie devaient néces-
sairement avoir une influence fâcheuse sur les représentations théâ-
trales; il n^est donc point étonnant de tire cette lettre que la muni-
cipalité de Lîsieux adressait, le 2 pluviôse an VIK (22 janvier ] 800),
aui artistes dramatiques qui égayaient la ville depuis quelque temps :
» L'administration ne peut laisser plus longtemps votre spec-
tacle se terminer à dix ou onze heures du soir sans compromettre
la sûreté publique dans les circonstances critiques où nous nous
trouvons. Veuillez donc commencer à cinq heures et demie pré-
cises et terminer à neuf heures du soir. Vous nous ferez connaître
ceux d'entre vous qui seraient susceptibles d'occasionner ce retard,
afin que Tadministration prenne à leur égard le parti convenable.
Nous aimons à croire que vous vous empresserez de defférer à
celte invitation qui ne peut que vous êtes profittable en vous don-
nant plus de spectateurs. Comme les lois sur la police des spec-
tacles sont toujours maintenues, vous nous ferez connaître le
répertoire de chaque décade. »
Ces dispositions motivèrent-elles le départ des comédiens? On
peut le croire ; car un mois plus tard ils n'étaient plus à Lisieux,
et, le 6 ventôse (25 février 1800), le maire écrivait ce qui suit au
citoyen Mauduît la Rozjëre', artiste dramatique à Verdun, en
réponse à sa lettre du 29 précédent : « Non seulement, en exécu-
a tion des lois, nous protégeons les arts, mais nous y sommes portés
u d'inclination. La troupe de^ laquelle vous faites partie peut, si
a elle juge bien pour ses intérêts, se rendre à Lisieux, mais comme
a nous n avons que la police et non les locaux, il conviendra que
a VOUS VOUS arrangiez avec le citoyen Dulong, propriétaire de la salle
« de spectacle qui pourrait être arrangé avec d'autres. Nous croyons
a cela mesure indispensable. Quant à nous, pourvu que les troupes
u se conforment aux lois sur les spectacles, elles peuvent tMre
a assurées de trouver toute protection. »
La censure politique était alors bien injuste et môme ridicule à
' Pierre Mauduît la Rozière, fils d'un marchand drapier de Lisieux, était uri<{i-
naire de ceUe ville, qu'il quitta en mai 179^, pour se livrer au llioàtre. (\'ote R,
Du vivier.)
31
482 L'ART DRAMATIQUE DAXS LA VILLE DE LISIEUX-
Tégard de certaines pièces de premier onlre. On en peu! juger par
cette lettre que le préfet du Calvados adressai!, le t) floréal an \ III
(29 avril 1800), à Tadministration municipale de la communs de
Lisieux :
Citoyens,
Mon intention, toujours conforme à celle du rjouv^rnentetit, est de favo-
riser aulant que possible le progrès des arts; ils tendi^nt à perfeclionncr
la société qu'ils embellissent; mais il ne faut jamais f[ue ces en fan L^ du
génie puissent fournir aux ennemis de l'ordre Toccasion ôb La troubler. Il
se pourroit que dans la cité que vous administrés, comme dans beaucoup
d'autres villes, on réclamât l'autorisation de reprendre Atkalie. Le eUpf-
d'œuvre de l'immortel Racine mérite sans doute les applaudissemens àv
tous les amis éclairés du « Théâtre franco! s », mais il n^a pas besoin
pour les obtenir de la part d'une certaine portion d'hotnmes inquiets et
remuants, de leur offrir des allusions et des souvenirs favorables à ucr
gouvernement qui n'est plus. Vous signiffierez donc à tous les directeurs
et entrepreneurs de spectacles, qui ont ouvert ou ouvriront k scène dans
votre commune, la deffense la plus expresse de jouer Atkalit jusqu*à
nouvel ordre; accusez-moi, je vous prie, réception de la présente et
m'instruisez si pareille demande vous aura clé faite.
Salut et fraternité.
CoLLKT-DlMESÎÏIL'.
J^ignoresi Tadmirable tragédie de Racine fut demandée par le
public lexovien. Je crois plutôt qu'il se contenta du répertoire tréf
complet qui lui fut offert en Tan VllI, et dont voici la composition i
Le Jugement de Paris ou les Trois déesses rivales. — Renaud d'Arsl.
— Le Major Palmer. — Les Rivaux d'euv-mèuies. — Du devoir de la
nature ou le Fils de son père. — Le comte d'Août ou le Porte-clefs
reconnoissant. — Consentement forcé. — Sargines ou TE lève de l'amour.
Les Projets de mariage. — Les Deux frères, — Adolphe et Clara ou 1rs
Deux prisonniers. — Le Désespoir de Jocrisse. — Raoul de Crwjtii o«
Bathilde et Avi. — Lodoïska ou les Tartares. — Le Fou rai;!ionnable. —
La Chaste Suzanne ou le Jugenjent du jeune DanieU — Sancho Tinf^*
gouverneur dans l'île Baralarin. — Les Deux fri-res ou l'Heureuse rècoo-
ciliation. — Les Prétendus ou les Epoux mécon lents. '— Les Ui^arreries
de la fortune. — Mathilde ou l'Enfant victime de Terreur de sou pèt
Euphrosine et Corodin ou le Pouvoir de l'amour, — La Petite \f
* Arch. de la mairie de Lisieux ; Théâtre*
L'âRT DRAMATIQUE DA\S LA VILLE DE LISIEUX. 483
et le Père Bontemps ou TÉcoie des fermiers. — Camille ou le Souterrain.
— Robert chef de brigands. — Le Souper de famille. — Les deux tutears
dupes. — La Brouette du vinaigrier. — Jérôme Pointu. — Léon ou le
château de Montenero. — Le baron de Hartwitz ou le Porte-enseigne et
le jeune militaire. — Les Fourberies de Scapin. — Le Jaloui malgré lui.
— Les Femmes à Zelia. — Les Deux âges ou l'Embarras du choix. —
Azémire ou les Sauvages. — Alexis et Justin. — La Porét périlleuse ou
les Brigands de la Calabre. — Ambroise ou Voilà une journée. — Les
otages on la Révocation de la loi sur les otages. — La \uit aux aventures.
— Ltsbeth ouïes Mœurs suisses et les otages. — Les Mariniers de Saint-
Cloud '. — La Fausse magie ou les Bohémiens. — La Revue de Tan VI.
— L'abbé de TÉpée. — Adèle ou la chaumière. — L'Esclavatje. — Les
Deux chasseurs et la laitière. — Les Prisonniers français dans la Belgique.
— Ariane abandonnée dans Tîle de Naxos. — Les Pécheurs. — La
Calomnie. — La Fête de la cinquantaine ou les Trois âges. — Le Souper
des Jacobins. — Raoul Barbe-Bleue ou la Curiosité punie. — La noble
veuve et le fils généreux. — Les Deux usuriers ou les Dettes. — Le Maré-
chal ferrant, etc., etc.
Peut-être à cause des événements politiques qui troublèrent la
France à partir de 1800, on ne voit réapparaître des comédiens à
Lisieux qu'en 1804.
Là s'arrôte donc cette étude. Aussi bien Thistoire du théâtre pen-
dant le dix-neuvième siècle est-elle facile à faire, grâce aux feuilles
périodiques dans lesquelles on trouve tous les renseignements utiles.
E. Veuclix,
Correspondant du Comité des Sociétés
des Beaux-Arts des départements, au
Mesnil-sur-i'Ëstrée (Eure).
' A propos de cette pièce, radministration centrale de l'Eure écrivait ce qui
wuii^ Je 26 messidor au VIII (15 juillet 1800), à radministration municipale; de la
roiumuoe d'Ëvreux : — i Quand les factions s'élèvent sur les ruines les unes des
c autres, elles réagissent; mais qnand c'est la République qui triomphe, elle est
K sag^e, elle est grande. — L'intention qui a dicté la pièce : Les mariniers de
t Sézint-Cloud peut être louable; mais cette pièce rappelle des souvenirs , des
lialn^fl* des passions qu'il est temps d'éteindre. Le gouvernement ne veut point
d'esprit de parti; son intention bien prononcée est que tous les Françoih soient
f-éunis sous la bannière de la République. \ons ne doutons pus, cito\ons, que
vo^9 ^^ ^^^^ hâtiez d'empêcher la représentation de cette pièce. Telles sont
les vues da ministre de la police générale... »
(Arch. «lép. do IKuro : L, suppl.)
> 484 LES ORIGIXES DU MLSEE DE BERU'AY.
{
XXX
LES ORIGIXES DU MUSÉE DE BERftJAY
La Révolution troava à Beroay, petite ville de 6,O0U liabilantâ,
chef-lieu d'une élection, puis d*un district, une c><jlise ahbaliale,
deux églises paroissiales et cinq églises ou chapelles de couveoU
et d'hôpitaux.
Cest dire que cette ville, en 1793, renfermaîf une quantité
relativement grande de richesses d*art que le vandalisme révo-
lutionnaire, durant cette année et la suivante, dispersa ou détruisit,
ainsi que cela est constaté dans les procès-verbaux des séances de
la Société populaire.
Cette Société, cependant, renfermait dans son sein des artistes et
des littérateurs distingués '; elle s'était occupée de ror^jaui^alion
d'une bibliothèque publique* au moyen des livres provenant des
maisons religieuses supprimées et dépouillées; entSn, elle avait
créé une École secondaire où les Arts libéraux étaient en hon-
neur'.
Personne n'eut donc la pensée, ou du moins n eut le CDuragé
d'émettre, le vœu de sauver d'une desti*uction stupide les objeti
d'art et d'antiquité enlevés des églises et d'en former un Ajusta
pour Tinstruction artistique de la jeunesse pour laquelle on voulait
faire tant de sacrifices.
> J'eD ai cité quelques-uns. {Réunion des Sociétés des Betmx^ArU dès dépars
tetnents, 1893.)
* Voir ma A'o/iVc ; Les origines de la Bibliothèque publique de Btrnay* {?
de Caumont, à Rouen, 1896.)
' Voir mon Mémoire : La première Ecole de dessin de Bernay. {Réunie
Sociétés des Beaux^Arts des départements, de i895.)
LES ORIGINES DU MUSÉE DE BERXAY. 483
II
Les pertes artistiques causées par la Révolution à la ville de
Bernay furent donc immenses et fâcheuses ;'maisà quelques lieues
de là, la riche abbaye du Bec-Hellouin avait été moins maltraitée,
et, en 1807, elle renfermait encore un magnifique autel, une
superbe collection de statues' et une précieuse série de sept dalles
tumulaires gravées au trail.
Or, en ladite année, Napoléon I" étant passé par Bernay, un
des curés de la ville, Tabbé Lefebvre, archiprétre de Sainte-Croix,
lui demanda pour son église dénudée les dépouilles de celle du
Bec, ce qui lui fut accordé.
On transporta 4oncà Bernay TauteP, le banc d*œuvre, les sta-
tues et les pierres tombales.
J*ai dit' comment ces dernières, à Texceptionde deux, furent
.découpées et mutilées pour servir à paver Téglise, en 1813, et
couvrir la tombe d*un curé, en 1821. Quant aux deux restées
intactes et dont on ne savait que faire, ellesservirent àun commen-
cement de Musée ; voici en quelles circonstances :
m
De 1833 à 1841, le collège de Bernay, établi, en Tan XI, dans un
ancien couvent d*Augustines\ eut pour principal M. Louis-François
Bréard, un érudit, venant du Havre, lequel fit le nécessaire pour
relever rétablissement qui lui avait été confié.
M. Bréard eut la bonne fortune d'avoir sous ses ordres un jeune
professeur très distingué, originaire de Vire, mais Bernayen
' Le chanoine Porée a parlé de ces statues i la Réunion des Soclttis des
Beitttac^Aris des départements^ en 1895.
' Voir la Notice de l'abbé Dubois.
^ Voit ma Notice : La fin de l'abbaye royale du Bec-Halloin, 1877.
* Voir le rapport sur mou Mémoire, présenté au Congrès des Sociétés savantes^
em .896.
n
4ft6 LES ORHiLXES Dl \iUSK£ UË BER\AV.
d'adoption, M. Jean-François Ratel, qui était en même tenipiiin
poète et ilessinateur de talent '.
Or, avant 1839, jjrâce prûlmt»lement à ces deux liomnn^s Je
goût^ un .Uusée aval té té organisé au collège, et, le 7 juillet de ladite
année, sur Tavis de M. le docteur Bardet, le conseil de faiirique
de Téglise de Sainte-Croix consentit à faire déposer ^ au Wnm
élahli a» collège » les deux pierres tuniulaires précilées^ lesqueli^s
étaient, depuis 1807, à la porte extérieure de celte église, esposées
aux injures du temps et des hommes.
Pour une cause que j*ignore, ces pierres restèrent ccpendanlà
la même place, et ce ne fut qu'en 1842 qu'on eut enfin la bonne
pensée de les mettre à rintôrieur, de chaque cc^té de la porte
d'entrée de Téglise de Safnte-Croix.
Quant au musée du rollôge, jen'en ai plus trouvé menlioa, et il
est supposable qu'il disparut aiec M. Bréard, en 1841.
IV
En !849, la question d'un Musée municipal fut remise sur le
tapis par un artiste bien connu, M. Lottin (de Laval), propri<^-
taire et homme de lettres normand^ lequel, s'étant porté candidat
à la députation, à Bernay, terminait sa profession de foi, datée du
21 avril 1849, par ce vœu Judicieux ;
« Établir rimpùt général du lOO"" des quatre contrilmtioQSp
ck pour le répartir exclusivement sur la littérature, les arts et les
K sciences, a6n que TÉtat dote chaque arrondissement d'unie
w bibliothèque et d*un Musée, ces grands moteurs de Tintelli-
û gence, u
Hélas \ M. Lottin ne fut poittt élu, et sa grande pensée ne fut potal
comprise. L'idée d*une bibliothèque existait bien à llema]' ; mai*
la question d'un Musée ne fut même pas agitée par les adminr*^
trateurs de Tépoque.
* Voir te volume de» OEmresdt Rùtd, publié en ISOl. pnr k Sùdét^Uhrt^
TEurê^ seelion de fiernay.
LES ORIGINES Dl MUSEE DE BERNAY. 487
V
yuit ans plus lard, en 1857, un artiste peintre, qui s*était fait
àBernay une certaine réputation, M. Vincent Raverat S entreprit
de réaliser le vœu de son grand ami M. Lottin, et il proposa
à Tadministration municipale d*é(ablir à Bernay : 1" un Musée fie
peinture et de sculpture; 2" une école communale de dessin* \
mais, dans sa séance du 6 novembre de ladite année, le conseil
municipal ajourna cette proposition, sans donner aucune expli-
cation.
* Il
L'année suivante, un jeune archéolo.fjue, M. Le Métayer-Masse-
lui, reprit la proposition pour son compte personnel et dans d'autres
conditions. Le 24 octobre 1858, cet antiquaire zélé écrivait à la
municipalité qu'il se proposait de faire des fouilles dans lancienne
église abbatiale, convertie en halle aux grains, et il disait u que
« tout ce qui serait recueilli par lui appartiendrait au Musée de la
a ville » .
Dans le même temps, je crois, << M. Le Métayer, lit-on dans le
Manuel du bibliographe normand de M. E. Frère, otfrit à la ville
de Bernay, />owr ^nyJïiV^ le commencement d'un Musée, une col-
lection de 3,000 médailles romaines découvertes dans le département
de TEure » .
Malheureusement, le conseil municipal n'avait point le désir de
créer un Musée, et les résultats des fouilles de M. Le Métayer furent
perdus pour la ville '.
' M. Raverat, né en 1801, citait venu à Beroay en 1851; en 185.*), il avait
exécuté quatorze grands tableaux pour l'église de la Coulure. Il lui fut payé
5,000 francs poar huit de ces toiles. En 1856, il fut sur le point dr couirir de
fresques la chapelle de la Vierge eu ladite é<jli$e.
■ Voir mon Mémoire, présenté à la Réunion des Sociétés des Beaux^Arts des
dé artetnents, en 1896. n
De 1856 à 1861, M. Le Métayer Gt exécuter daus plusieurs localités des
fot ilies qai prodaisirent une grande quantité d'objets <{allu-romains et une superbe
cri «se d'abbé qui figure aujourd'hui au Musée de Cluny.
488 LES ORIGINES DU MUSÉE DK BKBNÂY,
VI
Ce ne futqu*en 1862 quéfurent jetés les fondements d'un \!usèe
à Bernay/par la donation que (It Mme veuve Charles LenormaDJ
d'une armoire vitrée renfermant les objels antiques trouvée, en
1854, à la chapelle Saint-Eloi, offrande accompagnée du ba&tè
de M. Lenormand.
Cedernierétaittrès lié avec une célébrité bernayenne et rrançaisË,
M. Auguste Le Prévost : a Mon mari, écrivait, le 18 février 1862,
tt la donatrice au maire de Bernay, était extrêmement attaché
« à la Normandie, où son amitié pour M. Auguste Le Prévost aiait
tt contribué à le fixer. Des études commune:;, un ardent amour de II
tt science et une indépendance de caractère Je plus en plus rare
uavaientforméentrecesdeux hommes émiuents le lien desympalbie
tt et d*affection qui les unit d*une manière inaltérable,,. ^
A ce premier don le gouvernement y ajouta, en 1863, Irors
tableaux, un certain nombre de vases en terre cuite provenant du
Musée Campana, et plusieurs statues en plâtre.
Une somme de 870 francs fut alors votée par le conseil niunieipal,
le 6 mars de la mômeannée, pour servir à Vorganisation du Musétt
à l'ameublement de la bibliothèque, etc.
Au mois de mai suivant, d'autres dons de TÊtat vinrent gro^it
le petit noyau du musée naissant, qu'un heureni événement mit
en relief, Tannée suivante ; voici comment.
An mois de juillet 1863, à Toccasiondu Concjrès de TA^sociatinD
normande tenu à Bernay, se fit une exposition d'antiquités,
d'objets d'art et de curiosité. Cette expositionj bien qu'improvr^e,
pour ainsi dire, fut splendide et permit aux savants réuat» an
Congrès et aux nombreux visiteurs de constater les richcaseï
artistiques que renfermait la contrée.
Cette exibition privée, qui se fit dans les salles du rez-de-cbaiissee
de l'Hôtel de ville, et dont la partie céramique fit l'objet d'ua
ntéressant rapport ' du célèbre collectionneur normand Andrt
' V Annuaire normand pour 1864 doDoe aussi des Jèfnili trét intéretsin
celle Exposition arlislique de 1863.
l.KÈ ORI011VBS nu MUSÉE DE BERX'AY. 489
Pottier, eut pour heureux effet de réveiller dans le pays le goût
pour Jes antiquités et de faire désirer encore plus la fondation,
àBernay, d*nn Musée municipal, ainsi qu'il en existait déjà dans
plusieurs villes normandes.
Quelques mois se passèrent pendant lesquels ce désir ne fit
qu'augmenter et mûrir; aussi, le 4 mars 1863, l'administration
municipale, composée de MM. Emile Focet, maire, Emile Vy et
Hache, adjoints, Malbranche, secrétaire, Cbarlemaine, Dubuc,
DnlacdeFugères, Duroy, Fosse fils, Gonord jeune, Guérie, Hourdet,
Lefebvre, Lemercier, Victor Marie, Motte, Pesnel, Philippe Dela-
Jonde, Quemin, Renou, Suiron, Valmont, vota une somme de
200 francs pour organiser un commencement de Musée, dans les
pièces du rez-de-chaussée de THôtel de ville (où s*était tenue
l'exposition de Tannée précédente).
La petite somme allouée, promptement absorbée par les frais
préliminaires d'installation, n'eût point permis d*obtenir un résultat
sensible, si quelques citoyens dévoués, amateurs zélés, n'eussent
fait une loterie dont le succès répondit à leur espoir '.
De nombreux dons furent alors offerts, la plupart par les
promoteurs de l'œuvre; cependant on ne trouvait point dans ces
dons la possibilité de constituer un Musée proprement dit, lorsque,
Tannée suivante, un enfant de Bemay, M. Alphonse Assegond*,
dont la riche collection avait fait le plus bel ornement de Texpo-
sition de 1863, eut à honneur de combler le désir d'un grand.
nombre de ses compatriotes, en offrant à sa ville natale, qu'il
affectionnait sincèrement , d'augmenter subitement, considéra-
biement et sans bourse délier, pour ainsi dire, son commencement
de Musée qui, depuis 1864, était resté stationnaire et inachevé.
Voici comment s'accomplit cet événement important, qui, selon
la judicieuse expression d*un céramiste distingué de la Xor-
mandie, M. Gouellain, a fut une circonstance mémorable pour les
annales de cette ville « :
Par une lettre datée du 19 mai 1865, M. Assegond informa le
' Par arrêté du 18 février 1875, le prêrct de l'Kure autorisa le maire de Bcr-
najr k organiser une loterie de 3,000 billets à 1 Tranc, dout le produit devait être
esch^iivement consacré à l'institution d'un Musée.
s [. A8se<)ond avait été cornmissaire-priseur dans sa ville natale et avait pu
aÎDS recueillir une collection précieuse.
490 LES ORIGINES DU MUSÉE DE BERVAY.
conseil municipal de l'intention qu'il avait de céder à la ville, sous
certaines conditions, la collection de tableaux, à& faïences, diveri
meubles et objets artistiques qu'il avait composée. — Le même
jour, le conseil municipal nomma une commission composée de
MM. Victor Marie, Malbranche et Duroy, à Teffet d'eiaminer la
collection proposée, de dresser une liste descriptive et restimaiioti
des objets la formant.
Cette commission, dont la composition fut confirmée dans la
séance du 3 novembre suivant, s'adjoignit le concotirs désintéressé
de deux amateurs en renom, déjà cités : MUL André Potlier,
conservateur de la bibliothèque et du cabinet des antiques de
Rouen, et Gustave Gouellain, de la même ville, lesqueb estimèreol
la collection de M. Assegond à la somme de 19|450 franrjs: ces
examen et estimation eurent lieu le 24 février 1866,
Le 6 avril suivant, la commission, parTorganedëM. Matbranclie,
conclut à l'adoption des offres de M. Assegond, qui était la cession
de sa collection moyennant une rente annuelle et via^'jère de
1,000 francs, et de remplir, sans aucune rémunération , les fonctions
de conservateur du Musée.
Faut-il le dire? Les conclusions de ce rapport ne furent pornf
acceptées par les membres du conseil munici pal présents à la séance
du 6 avril suivant : a Considérant, dit le procès-verbal, que,
u malgré l'intérêt que présente la collection de M. Assegond et ks
tt conditions avantageuses sous lesquelles il propose de les céder,
tt la ville, vu l'état de ses ènsinces, ne peut accepter CBile proposUiOD,
tt estd^avis qu'il n'y a lieu d'acquérir la collection dont il s'agît. ^
Pour rhonneur de notre cité, les négociations, st fâcheusement
interrompues, furent reprisent fructueusement par AL Emile Vj.
premier adjoint, absent de Bernay lors de la délibération précUée.
Le 5 mai suivant, M. Vy remit donc sur le tapis la question «lu
Musée et de l'acquisition par la ville de la collection Assegond,
en exposant judicieusement que « si les ressources de la vîIJe ne
« permettaient pas de les grever à nouveau, on pourrait prélever
tt sur le produit de la loterie qui avait récemment eu lieu pûur
a l'organisation du Musée, une somme de 2,000 francs, qui serait
« employée à l'acquit des annuités payables au V janvier 1°"^
tt au !•' janvier 1669, etc. »
Grâce à l'activitéde M. Vy et à ses puissants arguments, le cot
ORKEMENTATIOK DES CLOCHES AL' XVIl" SIÈCLE. 491
muDÎcipaly en nombre cette fois, revint sur sa détermination
première et, par 12 voix contre 8, arrêta le même jour qu'tY y
aratV/î^ d*acquérir la collection de M. Assegond aux conditions
ci-dessus exprimées. M. Victor Marie s^abstint de prendre part
à la délibération à laquelle M. Pesnel, seul, n*était pas présent.
Telles ont été les origines du Musée de Bernay, dont l'ouverture
officielle eut lieu le 6 janvier 1868.
Dans une notice que j*ai publiée en 1878, et dans un petit livret
édité en 1873, on trouvera les différentes phases de Texistence de
notre petit Musée bernayen, durant ses dix premières années.
Ou trouvera aussi dans une notice biographique consacrée à son
fondateur, M. Assegond, des détails complémentaires sur ce Musée,
qui, par les soins de M. Lottin de La\al, Tinitiatcur de 1849, a été
transféré et réorganisé dans Tancienne maison abbatiale.
Le modeste créateur du Musée de 1866 m*ayant honoré de son
amitié, j'ai donc cru devoir faire revivre le souvenir de son œuvre
en formant le vœu que le nom de a Salle Asscgond n soit donné à
Tune des salles du nouveau Musée.
E. Veuclin,
Correspondant du Comité det Sociétés
des Beaui-Arts des départements, au
Mesoil-sur-rEstrée (Eure).
XXXI
L'ART CAMPANAIRE
ET
L'ORNEMENTATION DES CLOCHES AL XVII- SIKCLE
NOTES I.véoiTKS
Dans mes précédentes communications, j'ai cité les noms d'un
c< rtain nombre de fondeurs de cloches ayant exercé leurs talents
1
ift2 ORXEME\TâT10N DES CLOCHES A 11 XVII' SIÈCLE.
Ien Normandie, au dii-septième siècle. De ces arlisles, peu d'œunres
subsistent encore ; aussi je pense être agréable à mes honorables
' confrères, el utile à rhistorre de Tart, en soumettant aujourd'hui
W quelques notes inédites et quelques estampages se rapportant à
trois rares et beaus spécimens de l'industrie campanaîre que m'oot
• fournis les nombreuses ascensions de clochers que j ai faites dans
mon pays.
Laissant de côte Tintérét historique que présentent les cloches
par leurs inscriptions, je me bornerai à signaler les ornemenla-
tions dont elles furent décorées à partir du di ^-septième siècle
seulement, car les cloches antérieures à celte date, forl rares, du
reste, dans ma ri^gion où je n'en connais que deux, sont dépourvues
de tout ornement ou emblème uffrant un réel intérêt.
A en juger par le fini des trois cloches dont je m'occupe, Vem-
prewie ou moule de leurs ornements est Tœuvre d*uu sculpteur
habile, peut-être même celle du fondeur qui, souvent, en effet,
exécutait sur place, suitant les indications des intéressés, Vem-
freinte des armoiries ou autres emblèmes locaux.
î
Les calques n'* I et 2 se rapportent à une cloche qui se balance
encore dans Télégante tour \ seizième siècle, de Téglise du Plessjs-
Mahiet, près Beaumont-le-Roger (Eure), cloche portant cette
inscription :
t lÂV ËsfÉ BEMST PAR UËSSlHE GVIlLAVyE ASSH PBR£
CVBÉ DV PLESSIS \IAH1ËT ET ÏIESSIBE LOVIS DV
1101 LIK PBBE vicaire: Ht DIT LIEV. MESSIRE JACQUES
GILLES nARE\D CUEVALIEB SEIGNEl'H UËSMAKVfLLE POVR
PARAU. DAME MARIE DE UARTAIWILLE FËllXlE DE MESSIBE
ALEXAAOHE DE | V/lLLES CUEyALlBB SÊIG^Elffl DV LIÊV PQVa
UABEAi. A1C0LA3 LE SAGE THRESAVBIEB. PIERRE BAROU
\\\mM^ BVBET MA FAITE 1656
' Celte tour renfefme tncopo deux autres cloches aocknnc!^ proieoi*
ORNEMEXTATIOX DES CLOCHES Al XV IT SIECLE. 4«J3
Au*de8S0us de cette inscription se voient les armoiries de la
célèbre abbaye du Bec-Hellouio, à laquelle appartenait le patro-
nage de la paroisse du Plessis-Mabiet et qui avait peut-être coopéré
pour une large part à la fonte de cette cloche. Celle-ci ne porte
point d^autre décoration : pas môme un galon en tête, ni une croix,
ni une image du patron, saint André.
Je dois ajouter que le registre paroissial, bien que remontant à
Tan 1646, ne fait aucune mention de la bénédiction de la cloche
précitée.
II
Les estampages 3 et 4 appartiennent à une très belle cloche,
malheureusement fêlée, qui se trouve dans la curieuse tour, quin-
zième siècle, de Téglise de \otre-Dame de la Couture de Bernay
(Eure), cloche dont j*ai déjà donné l'inscription ' et qui a son his-
toire et sa légende.
Contrairement à la précédente, son ainée, la cloche en question
est superbement décorée : V d'un diadème fleurdelisé ; 2*" d*une
grande croix fleuronnée et fleurdelisée ; 3" d'un large écusson de
son parrain, Tabbé de Bernay ; 4" de Timage de la Vierge mère;
S*' d'arabesques aux anses.
J'ai dit que cette cloche avait son histoire et sa légende. Voici,
d abord, les documents historiques qui la concernent :
Le 14 mai 1656, devant les tabellions de Uernay pour le vicomte
de Montreuil, se présentent Nicolas Buret, père et (ils, maîtres
fondeurs de cloches demeurant à Rouen*, lesquels font alleu de
marché avec les màrguilliers de Téglise de Xotre-Dame de la Cou*
ture, << pour fondre la grosse et la petite cloche de lad. églize, par
tt lequel aleu a près que lesd. màrguilliers ont promis fournir
u auxd. Buret tous les matériaux nécessaires et hommes de journées
u pour les servir, iceux Buret se sont submis et obi. d'aprester
' '^oir ma notice : Les cloches de Bernay.
• In 1608, un Xicolas Buret, fondeur de cloclics, demeurait en la paroisse
Sai f-Vinccnt, à Rouen. Il fondit de nombreuses cloclies en cette lilie et aux euii-
TOï i, de 1610 k 1636. (Voir Archives déparleincnlales de la Seinc-liilerieure. G.
69J 5. 7232, etc., etc.)
494 ORA'EMEIVTATION DES CLOCHES AUXVl^ SIKCLE.
tt et fondre lesd deux cloches bien et deabment, de les mettra
tt daccord avec les deux autres qui sont de pnt en lad. èglize au
tt dire dexperts et personnes à ce appelez dans le jour de Saint-
u Jean-Baptiste prochain, a commencer led. travail de ce jour, ted.
Ci aleu' fait an moïen de la so' de cent cinquante livres que hd
tt marguilliers se sont submis et obi. de paîer ausd. Buret touLeroia
tt et quantes après le travail..., ayant iceux Buret promis de
tt fournir ce quil Taillera de métal... par le prix de douze souU
u chaque livre parce quelz reprendront ce qui se trouvera de resle
a de métail au cas quel y en ait au mesme prix de douze souk
« chaque livre... Led. métail sera rendu parlesd. Buret sur le qua^
tt de la Bouille de lequel lesd marguilliers feront aportcr en ce
tt lieu et lesquels Buret feront suspendre lesd deux cloches daQi
a lesglize dud lieu en debyoir prestes à en faire la bénédiction..,?
Cet alleu porte dix-sept signatures, y compris celles des tr^is
marguilliers, des deux notaires et dès deux fondeurs- ceilei-ci
sont libellées N Buret avec parafe; mais celle du père, ieau-
coup plus grosse, est celle d'un vieillard.
Nos deux artistes ne furent point heureux dans leur traraiij
ainsi que Tapprend Tacte suivant qui fut rédigé par les ruèmcs
notaires, le mardi 3 octobre de ladite année 1658, où apparaît
seul Nicolas Buret le fils, « bourgeois de Rouen, W fondeur tk
tt cloches, lequel recongnoissant après la visite qui a esté fatcte «n
tt sa pnce de deux cloches qu'il a cy devant fondues en lesglize et
u paroisse de la Couture de ce lieu... quelles sont mal fondues ei
u nullement dacord avec les autres qui sont en lad. égUze, sef^l
tt icelluy Buret submis et obligé les refondre tout de nouveau,
^« fournir les mastereaux, métail et porter le deschet dicelles et le^
tt rendre de pareille grosseur et pesanteur, aîftsi quil est porté
tt par led. alleu cy dessus datte, les descendre, monter et posera
u la place où elles sont le tout à ses dépens et du tout les mettre
u bien daccord avec les autres cloches dicelle églize aÎQSj q' sj'
tt estoit obi. par led. alleu cy énoncé... \ »
Signé de N. Buret (le fils), de six paroissiens et de&deux notaïi'es-
Les Buret ne semblent pas avoir été plus heureux la sccon^p
fois que la première. Les comptes du trésor portent, en efi'et,
' Archives du tabelliona^e de Bernay. — Étude de M^ Maudatt.
ORiVK\lENTATIO\ DES CLOCHES AU XVIT SIÈCLE. 495
date du 17 juillet 1661 : u Payé à Pierre Lesage pour avoir fait un
« voyage à Rouen contre les Buret2 pour le procez des cloches
« L\'. Pour avoir retiré la minutte de larrest IX' ; pour retirer les
a pièces du greffe, VIII' VI' ; pour le rapport» XIII' IIII' ; pour
^ larrest en parchemin, XII'; au procureur pour ses peines d'avoir
«vacqué au procès, XXVP. » Le lundi de Pâques 1662, il est
aussi payé même somme « pour un voyage faict à Rouen contre
lesBurei et despense n ; enGn, le 12 novembre de la même année,
le trésorier porte aux dépenses la somme de XIIP XVIII' a pour les
a fraictz du voyage faict à Rouen a6n de faire exécuter les Buretz,
a fondeurs de cloches, et en tirer un exécutoire « . Ajoutons qu'au-
cun versement n'est indiqué pour la refonte des deux cloches.
On ignore donc les motifs de ce procès ; mais la tradition donne
cependant quelques renseignements vraisemblables; Ton dit que le
fondeur, convaincu d'avoir manqué son oeuvre, se serait enfui sans
même prendre la peine de déterrer les cloches en question, et que ce
ne fut que plusieurs années plus tard que Ton se décida à exhumer
lesdites cloches, que Ton fut tout étonné de trouver parfaiteRou à
peu près. Cependant les comptes postérieurs au procès, qui durait
encore en 1663, ne font point mention de payements faits aux Buret,
qui auront ainsi perdu leur travail et ne touchèrent pas un sol.
Nous avons dit que les cloches que Ton croyait manquées furent
trouvées à peu près parfaites ; elles laissaient, en effet, à désirer,
et, le 4 novembre 1674, il fut payé à Michel Giraud, sculpteur,
qui réparait le buffet de l'orgue de l'église, la somme 7* 10' pour
avoir mis les noms à une des cloches et raccommodé l'autre \
La première de ces cloches a disparu à la Révolution ; quant à la
seconde, bien que fêlée profondément, elle occupe encore la place
où elle fut mise il y a plus de deux cent vingt-cinq ans; et à part
un défaut dans la fonte, à l'endroit où se trouve le nom du fon-
deur» elle est splendide comme forme et décoration, ainsi qu'on
en peut juger par les estampages ci-joints.
III
Muzy (Eure), la tour de la très remarquable église (douzième
8Î< ^'^) renfermait jadis deux cloches, dont une, fort intéressante
1
496 OHXEMESTATIOîV DES CLOCHES Al XVtl' SIÈCLE
et harmonieuse, a été heureusement conseiiée; voici son inscrip-
iJûii :
\IKSSinE CHARLES JOSEPH BORCHi&T CHEVALIER SElGXErR
DE B]OH\IOVLJN ET CIIAUDON Gl'tlÉ DE MISY ET FRIVÇOISE
DE MIRE DAME ET MABQU1SE DE PIKRRECQVH COMTESSE DE
FAVGVER\OM BAROSKE DE .,,,.1LLE ET MESSmE ÏEA\
PRA\<J01S LE CO\TE CHEIMLIER SEICXEVR ET IIARQUIS D£
PIERRECOVR SElGXEVfi DE LQVYB ET MLSV. JE SVIS XOMMÉE
'FRA\Ç0ISE. TRESORIER ËiV CHARGE lACQUES EO'ISSE
ET AXTOIKE LEMERE y Gl^LE MARAIS MA FETE
La ck^co ration de celle admirable cloche consiste simple méat «a
un coiiton lleiirdclis^' loruianl diadùmc el en des armoiries, deui
fols répétées, qui sont celles des parrain et marraine.
On n^manpiera qne ce heau spécimen de Tari campanaire nW
poinl daté; mai.s, commis le en ré Uorchart de Mormoulin admi-
nistra la paroisse de Muzy, de 1G74 à 1G86, celte cloche fui doDC
fondue entre ces denx dales\
Quant au nom du fondeur, peu lisihle, el que je crois être GdU
MaraiSf je ne l'ai point encore rencx)ntrt' ni vn menlionné daas
les ouirages qui traitent de la campanologie normande. Je le
recommande donc anx investigation!) do mes savants confrères, et
il me sera très agréable de Tajouler, d'une façon certaine, à la
liste que Je [) ré pare pour Vmi prochain des nombreux artistes
campanaires qui, durant les àeait derniers siècles, donnèrent h
vie en -Vorjnandie à tant de cloches sur lesquelles Tart décoratif
prodigua de charmantes compositions.
E- Velclïx,
Currespundiinl du Comité dei S<iciét»
doÈi [iciiui-Arl5 de* départeitieDli. i"
^le£nîl-jîur-l*£$tri^c {Eure).
1 Le re^iâLre paralssmt d& Ifuiy, qui rfinioaté à l*aa 1508, eil nsutl iur U*
.LES SPHIXX DE PAVILLY. 497
XXXII
LES SPHINX DE PAVILLY
Oq inédit souvent des Sociétés savantes; il faut pourtant convenir
qu*elle rendent parfois des services assez appréciables, notamment
au point de vue des objets d*art, dont elles révèlent le mérite à des
gens qui ne le soupçonnaient pas et qu'elle» réussissent quelque- '
fois à sauver.
Une preuve en fut donnée au dernier congrès tenu à Caen par
la Société française d'archéologie. Ceux qui suivirent ces séances
eurent la satisfaction d'entendre M. Tabbé Porée, curé de Bour-
nainville, un savant et un artiste bien connu des membres du
congrès des Beaux-Arts, leur annoncer la découverte de fragments
de sculpture dans lesquels avec un flair remarquable il avait reconnu
des débris du groupe de TaHercule terrassant l'hydre de Lerne n ,
exécuté au Vaudreuil pour le marquis de Girardin par le grand
sculpteur Puget. Ce magnifique ensemble reconstitué fut acheté
alors pour le compte delà ville de Rouen par M. Gaston Le Breton.
Ceux qui l'ont vu au Musée-bibliothèque peuvent apprécier l'im-
portance de cette découverte.
Le Congrès de TAssociation normande, qui a eu lieu au mois
d*août dernier dans la petite ville de Pavilly ( Seine-Inférieure) , a
amené une révélation du même genre.
La programme de Tenquéte scientifique portait la question sui-
vante : a Indiquer les objets d'art existant dans la circonscription,
qaî n'ont pas été signalés jusqu'ici, ou qui ont été incomplètement
décrits. »
Par une bonne fortune qui n arrive pas toujours, il y avait parmi
les congressistes un rédacteur du journal de Rouen qui apporta
fréquemment aux enquêtes un contingent précieux. Sur cette
q 'sstion spéciale surtout, il fit une communication des plus impor-
ta tes, signalant dans le parc du château de Paviliy deux statues,
a, '^-jx sirènes » , disait-il, d'un travail en tous points remarquable
32
498 .LES SPHINX DE PAVILLY.
et dénotant la main d^n maître. Le nom de Pugel était même
timidement prononcé.
Comme bien on pense, cette communication avait nltirê tout
particulièrement l'attention du bureau, et comme conclusion une
visite au parc de Pavilly fut décidée.
Là, au bord d'une allée écartée, on trouva, oubliées et négligée»
depuis un temps immémorial, deux statues en pierre envahies e(
dégradées par une végétation parasite, lierres et mousse, dopt
jamais on n*avait songea les débarrasser '.
Dans le pays, cependant, on les avait remarquées, on les connais-
sait, et on les désignait tantôt sous le vocable de sirènes^ lantût
sous celui de sphinx. La première de ces appellations surtout esL
inexacte. Une tète de femme sur un corps de lionne au repos, voilà
ce que représentent les deux statues. Dans Tune et Tautre, la
figure, d'un ovale allongé, est d'une grande noblesse qui apparaii
encore, malgré les injures du temps, et qui affirme lélrange
douceur des yeux. Elle est auréolée d'une opulente clieielure qui
se noue en torsades et en tresses magnifiques piquées diî Heurs et
relevées par un diadème richement ciselé.
Le buste repose droit sur les pattes de devant allongées et dont
les puissantes grifies débordent le socle. Il est ornée d'uu médaillDu
dont le dessin disparait sous la mousse, mais où Ton peut recon-
naitre cependant un écusson, portant » trois roses feuillées et tirées
au naturel placées deux et une r> .
Ce médaillon s'attache par deux agrafes à une housse farlrkbe
brodée de losanges et d'une coupe harmonieuse; elle couvre le
dos de la bête.
L'arrière-train est incliné sur le côté gauche^ dans un moure^
ment fort gracieux, et la queue, passée entre les pattes ramenées
en avant, vient se recourber sur la croupe.
Les deux statues sont à peu près d'égale grandeur, Inen *]Mt
celle qui est sur un socle paraisse un peu plus ^jrand*?; le corps
des sphinx a 1"',20 environ. La similitude des poses, une fmessf
d'exécution identique attestent la même main, et c'est évideramnj^
le même artiste qui a sculpté ces deux œuvres qui ne préseiitei*^
que de légères différences de détail.
* V'oir, ci-conlre, planche WXIII.
PUorhe WXIII.
I*aj]r 41^8.
LES SPHIXX DK PAVIM.Y
f
h
LES SPHIW DE PAVILLY. 490
Ces appréciations ont été celles des membres du conjjrès, et en
particulier de H. E. de Robillârd de Beâurepaire, directeur de
rAssocialion-nopmande, dont tout le monde connaît Térudition et
la compétence en matière d*art, et qui s'est très particulièrement
intéressé à cette découverte.
Nous avons voulu revoir ces magnifiques sculptures; notre
opinion, qui, cette fois, ne pouvait être influencée par Topinion des
antres, est restée identiquement la même.
Plus on eiamine les monstres fabuleux du parc de Paviily, plus
ils se révèlent avec prestige et avec charme. Positivement, malgré
les injures du temps et Tabandon des hommes, ce sont là de belles
choses, de véritables œuvres de maître.
Mais, bien que Puget ait travaillé dans la haute Normandie et ait
notamment séjourné quelque temps au Vaudreuil, nous n'avons
pas de renseignements assez précis pour les lui attribuer. Peut-
être, grâce à des recherches nouvelles, Técusson signalé indiquera
t-il une origine certaine et permettra-t-il de fixer et le nom du
sculpteur et celui delà famille à laquelle cette œuvre était destinée ' ,.
Actuellement, tout ce que Von peut dire, c'est que ces sculptures,
/argement traitées par un ciseau siîr de lui et dédaigneux des
ondulations tourmentées et des mièvreries dans lesquelles se com-
plaît le dix-huitième siècle, remontent à une date antérieure. C'est
le genre ferme, sain et robuste du règne de Louis XII,.
On a beaucoup discuté pour savoir exactement ce que repré-
sentaient ces deux figures. A notre sens, il ne saurait y avoir de
difficulté; ce ne sont pas des sirènes, nom sous lequel on les
désigne le plus communément dans le pays, par le motif que les
sirènes mythologiques, qui habitent les profondeurs des mers,
se terminent en queue do poisson, c'est là même leur caractère
distinctif. Ce ne sont pas davantage des centaures; ces monstres
sont toujours représentés non pas couchés, mais en mouve-
ment, et se composent d*uu buste humain et d'une croupe de
cheval. Ici il s'agit d'un corps de femme soudé à Tarrière-lrain
d^cine lionne; ce sont donc de véritables sphynx, traités av<'c
' Après recherche^ nouvelles. M. Georges de Beaurepaire a pu clt'îcliiffror
récoMOn; il porte «... au chevron iccompatjné de trois roi»os tij{L'es i-l Icuillëe»
posées deux et une ». Le chevron a été martelé, mais on en voit très bien les
traces; ce sont, pensons-nous, les armes des Le Marchand de Bardouvillc.
^
500 LES SPHINX DE PAVIl-LV,
une certaine liberté, mais appartenanl ù la tradition ég^ptienhe.
Comment ces statues* se trou vent-el les dans cet endroit écartée
C*est là une question qu*il serait intï-ressant de rt^^soudreileurpoitls
semble rendre difGcile un déplacement quelconque, et cependant
on ne s'explique guère leur rôle au bord d'une allée isolée» Ce
qui est probable, c'est que, comme tous les grands parcs, Pai^iHji
maintenant dessiné à l'anglaise, possédai! ori^jinairement les allées *
droites, les terrasses spacieuses de nos anciens parcs TrançaLâ; peut-
être dans ce coin reculé, mais cependant situé bien en vue dti y
château, y ai7ait-il quelque petit temple, îmilé de Tantique, comme j
on en trouvait un peu partout alors; un escalier monumenlâl
pouvait y conduire, les sphinx en garder Tentrée,,. tout cela, ea
sont des hypotlièses auxquelles nous ne nous arrêterons pus
autrement.
Qu'adviendra-t-il ce ces statues? Nous sommes heureux de
rassurer sur ce point ceux quMnquiètennt Téiat d'abandon où elles
se trouvaient. Avant son départ, M, de Beaurepaire^ auquel Tarï
doit tant déjà, à voulu encore une fois faire œuvre utile; il a va
M. le comte d'Auray, et, comme le cliîHclain de Pavilly est un
homme de goût et un homme d'esprit, il n'a pas eu de peine a en
obtenir la promesse que ces pauvres aliandonnées seraient rendue*
à la lumière et débarrassées du vcMement de lierre et de mo\im
qui les enveloppait à peu près complètement et qui, si on n'y pre-
nait garde, pourrait devenir pour elles un véritable ItnceuL
Et maintenant, si l'Association normande n'avait eu pendant tout
son congrès d'autre résultat que d'amener le ^^auvetage d uaa
œuvre d'art de cette valeur, nous croyons qu'elle n^aurait pas
perdu sou temps.
l\ Û£ LONGLEllARE,
Membre de la Soeiété des anïjqu*ire« ^
^^>^l|lll^dit^ M'crélaire de i\4»ocii^«B
L'QBUVRK D UN MINIATL' RISTE A V lGN0IV9i Âl9. 50]
XXXIII
LOELVRE D UN MINIATURISTE AVIGNONNAIS
DE LA RENAISSANCE
Parmi les manuscrits Tes plus intéressants de la Bibliothèque
d'Avignon, le n*" 2595 est un de ceux qui doivent retenir l'attention
et dont les miniatures méritent d*étre étudiées de près. C'est un
livre d'heures, composé très probablement pour un personnage
habitant l'ancienne paroisse de Notre-Dame la Principale d'Avignon ;
le calendrier mentionne en effet, outre les saints locaux, la dédicace
de Téglise de Notre-Dame des Doms, qui venait tout récemment
d'être élevée au rang des métropoles, et celle de Notre-Dame la
Principale. Il serait étonnant que cette dernière indication ait été
portée sans motif particulier, alors que la dédicace ou la consé-
cration des autres églises paroissiales de la ville n'a pas été signalée.
Ce manuscrit, formé de 125 feuillets' de parchemin de petit
format (137 X 95 millimètres), est écrit en caractères gothiques
de deux couleurs, noirs et rouges, et orné d'initiales d'or sur fond
alternativement rouge et bleu. 11 renferme toute une série d'heures,
d'offices et d'oraisons, qui ne sont dignes que d'une médiocre
considération; comme j'en ai donné la nomenclature ailleurs', il
est inutile d'y revenir ici même et d'entrer dans plus de détails.
Le volume se termine enfin par cette mention, qui lui donne une
très haute valeur : u Ces présentes heures furent achevées d'escripre
le xxviii* jour d'avril, Tan mil CCCCLXXXVIII, par Guiot Baletet,
escrivain et enlumineur, habitant en Avignon, n Le manuscrit a
donc une filiation absolument certaine. Or, c'est le seul miniature
1 En l'état actuel il est incomplet; quelques Teuillets maoqueot certaiocmenl,
par semple, après le 28' et le 80*.
' . II du Catalogue des manuscrits de la bibliothèque d' Avignon {{. XXVIII
de i » série ia-8<» des Catalogues des manuscrits des bibliothèques des de parte"
tnei *'>. p. 571.
i
502 L'OEUVRE D'UÎVJ MI .\I ATURISTE 1 \ IG .\ O \ ?J AIS-
vers la fin du quinzième siècle, que je connaisse d'une origitifl
avignonnaise aussi incontestable.
Et pourtant la rille d'Avignon, alors en plein épanouissemenl
artistique, comptait un assez grand nombre d'ateliers ou de fabriques
de ùianuscrits, hors des monastères et des couvents. Aion très
distingué collègue et ami, M. Tabbé Requio, dans ses Documents
inédits sur les peintres, peintres-verriers et enlumineurs d^ Avignon
au quinzième siècle, communiqués à la réunion tles Sociétés dea
Beaux-Arts des départements de 1889, a déjà relevé une liste
respectable de noms de miniaturistes : c'était, de 1-150 à 1500»
pour ne citer que ceux-là, Nicolas Prévôt, Colin de a Toysie »»
Guillaume Gastel, Georges Trubert, Antoine t^t Etienne *^ îîolety %
Olivier Bon-Ami, Pierre Maurice, Robert de « lUibella n , Sîmou
u Bonabuti » , sans compter notre Guiot Balctet lui-même. Or, «le
tous ces artistes, il n'est, que je sache, rien resté dans les coUeclioûs
publiques. Aussi le volume que j'étudie aujourd'hui en est-il plus
précieux.
Sur son auteur, Guiot Baletet, a escrivain de lettres de formes >? »
tt scriptor litterae formatae n^ a enlumineur tu, on n'avait jusqu'ici
pour tout renseignement que les notes publiées d'après les proto-
coles des notaires par M. Tabbé Requin dans ses Documents
(n° 42). On savait ainsi que, le 21 septembre 14G8, il avait
commandé deux manuscrits sur parchemin an IVère JeoflVoy Je
Closo, de Tordre des Prémontrés, ce qui tendrait à démontrer
qu'il ne pouvait pas sufGre lui-même à toute la besogne à lui
confiée, et qu'il étaitobligé d'avoir quelquefois recours à des atde-s.
Un avait encore appris qu'en 1491 il avait ventlu une maison qu*il
possédait à Avignon, en la rue du Marché aux nuîrs (portion de h
rue Bonnetterie actuelle), et qu'il n'existait plus en Tannée 1510,
date du testament de sa veuve.
Mais d'autres renseignements puisés à des sources qu'avec une
parfaite amabilité le même abbé Requin m'a signalées, m'ont
permis de compléter celte brève notice biographique. Guîol Ba-
letet, ayant cela de commun avec la plupart des artistes qui
travaillèrent dans l'ancienne cité papale, n'était pas un enfant au
pays : il était originaire du diocèse de Besançon, et en 1468 il
encore assez nouvellement établi à Avignon pour qu'on mentio-
dans les actes où il comparaissait, la contrée où il avait pm
L'OEUVRE DU\ MINIATURISTE A VIGNOXNAIS. a03
sance. A cette époque (30 juillet 1468), il achetait à Guillaume
Trenle-Sous, et moyennant la somme de 24 florins de 24 sols
pièce, une maison dans le voisinage de la rue actuelle des Vieilles-
Etudes, entre les anciens et les nouveaux remparts de la ville \ On
le retrouve encore, le 31 octobre 1481, donnant au trésorier de la
communauté d'Avignon la quittance des cinq florins qu'il avait reçus
pour Tenluminure de quatre bulles obtenues au profit de la ville
par le puissant légat Julien de la Rovëre, le futur pape Jules H *;
puis, le 29 août 1491, achetant prosaïquement deux tonneaux de
vin du cru du pays à Guillaume Gervais, dit des Balances, par-
devant le notaire Jean de UImo ou Delorme ^
En homme sage et prévoyant, Guiot Baletet songea de bonne
heure à prendre ses dernières dispositions pour le jour où il serait
rappelé dans un monde meilleur : une première fois il fit son tes-
tament devant le notaire Pierre Borsias, mais le 7 août 1494, il
crut devoir le révoquer et en dicter un nouveau, où il institua pour
héritière universelle sa femme Mermette \ Le Lieu qu'il choisit pour
sa sépulture est dans cette étude particulièrement à remarquer : il
voulut être enseveli dansTéglise paroissiale de \otre-Dame la Prin-
cipale, dans le tombeau qu'il s'était fait bâtir près de lachapellede
Jean Borgesii, dit Tarluc. Ceci pourrait faire supposer jusqu'à un
certain point qu'il avait composé le livre d'heures, dont il est ici
question, pour son propre usage; mais ce n'est qu'une simple
hypothèse, que je n'ai ni la prétention ni les moyens de justifier.
Les miniatures que Guiot Baletet a peintes sur le manuscrit qui
nous intéresse sont au nombre de vingt-sept. Voici l'indication de
remplacement et du sujet de chacune d'elles.
Fol. 18 v% en tète d'une a devotissinia deprecatio ad beatam
Virginem Mariam » , une Vierge, assise dans une espèce de jardin
clos d*une muraille, tient sur ses genoux l'Enfant Jésus.
Fol. 22 v% au commencement du récit de la Passion selon saint
Jean, le Baiser de Judas. Le traître est suivi d'une troupe de gens
armés d*épées, de lances et de piques. Au pied du Christ est assis
1 Étnde de M' Giraudy. — Étendues de J. de Brieude, 1449-1 V75, fol. IIA.
> Archives municipales de la ville d'Avignon. GG, comptes de 1481-1482, fol. 88.
' Étude de M* Giraudy. — Notes brèves de Jean de (Jlmo, 1490-1491, à la
3. te du 29 août 1491.
Voir Pièce justificative.
104 L*(»UVRE D UN MIM ATL'IUSTE AVIGNO !^ .VAIS.
Mâlthus, auquel saint Pierre vient de couper ToreJUe. Cetle
miïiiaiure est une des moins heureuses; les têtes surtout sont mm
mat proportionnées.
FoL 34, au milieu de la première partie des heures de la Vierge,
la Vjsitïition. La Vierge debout tend la main à sainte Élisaheth
qui se prosterne. A Thorizon ^du paysage, des collines, sur Vmt
desquelles esl une petite tour.
Fol. 40 V*, en tête de Toffice de prime des mêmes heures, la
Nativité. [/Enfant est couché par terre sur de la paille entre saiuL
Joseph et la Vierge agenouillés. Dans i'étable et derrière une claie,
Fùne et Je bœuf traditionnels.
Fol* 42 v\ au commencement de tierce, l'Appel aux bergeri.
L'n ftnge volant dansles airs annonce la bonne nouvollt^ k un berger
debout, appuyé sur son bàlon, et à une bergère agenouillée tenaul
une quenouille. Le troupeau paît dans une plaine coupée de
buissons, au pied d'une tour carrée.
FoK 44, en tête de sexte, TAdoration des mnges. La \ lerge e*l
assise eu dehors de sa maison et tient TEnfant sur ses ^lenoui
pendant que les rois offrent leurs présents. Derrière la Vierge,
on distingue la silhouette de saint Joseph.
FoL 4B, au début de l'office de noue, la Présentation au temple.
Le grand prêtre tient TEnfant au-dessus d'une table recouverte
d'un linge; devant est la Vierge, accompagnée d'une autre
femme, peut-être sainte Anne; dans le fond, saint Joseph partant
les t^olombes.
FoL 47 v% en tête des vêpres, la Fuite en Egypte. La Vierge
portaut riCnfant est sur l'âne, que conduit saint Jnseph.
FoL 51 v% au commencement des compiles, toujours des même*
heures, le Couronnement de la Vierge. Le Christ, assis sar son
trône, bénit sa mère agenouillée, que couronne un ange voUni
dans YaiMv du ciel étoile d'or, La scène semble se passer dans un?
cour bordée d'une sorte de balustrade.
FoL 100. Toutes les miniatures qui suivent représentent ^
saint ou la sainte dont l'antienne et l'oraison sont voisines. Ici i 'e*t
saint Jacques, patron des pèlerins, marchant le bâton à la Jeitr«
et lisant dans un livre \ Il chemine sur une route passant entre ifei
' Voir, ci-conlre, planche \\\IV.
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L'OEUVRE D'l.\ MINIATURISTE A VIG \0\ \ AIS. 505
petites collioes et conduisant à une forieresse, dont deux tours cré-
nelées et ajourées gardent lentrée. Au premier regard, on croirait
que Guiot Baletet a voulu représenter là Tentrée du fort Saint-André,
qui domine le Rhône en face d^Avignon ; mais en examinant de
plus près son œuvre, on est obligé d'abandonner cette conjecture.
An verso du même feuillet sont deux autres miniatures : la
première montre dans une cour ré^'|uliérement pavée et fermée par
un mur bas, saint Laurent debout, tenant son gril et un livre
fermé ; la deuxième présente saint Christophe, le bâton à la main,
ployant sous le faix de TEnfant-Dieu, en voulant traverser le
torrent qui le sépare d'un rocher où l'attend nn moine.
Fol. lOI, au pied d'une colline couverte de quelques petites
touffes d*arbres, et surmontée d'une construction en forme de châ-
teau fort, saint Sébastien, nu, attaché à un tronc d^arbre, est percé
de flèches par un archer qui. se trouve à quelques pas de lui.
Fol. 104 v% la Trinité telle qu'elle est figurée partout*au quin-
zième siècle. Dieu le Père, assis dans un palais (?), soutient par
les bras la croix où est étendu son Fils et au-dessus de laquelle
le Saint-Esprit, sous forme de colombe, étend ses ailes.
Fol. 105, en haut de la page, saint Jean-Baptiste, vêtu d'une
longue robe et d'un manteau et portant l'Agneau pascal sur son
bras gauche, marche dans un chemin bordé d'arbres et d'arbustes.
— Au bas, dans un paysage également boisé, saint Jean l'Ëvangé-
liste avec une de ses caractéristisques, le calice surmonté d'un
petit serpent.
Au verso du même feuillet, saint Pierre et saint Paul avec leurs
attributs, les clefs et Tépée, debout dans un monument ajouré en
plein cintre.
Fol. 106, saint Adrien, un lion couché à ses pieds. Le paysage
montre une colline, dont l'aridité est coupée par quelques buissons
et que gravit un chemin conduisant à un petit château fort situé au
sommet.
Au verso, saint Georges à cheval, portant seulement une partie
de sort armure, transperce le dragon de sa lance, pendant que
derrière lui une f<emme couronnée, figurant la province de Cappa-
do€6 ', prie pour sa délivrance.
«
* Cf. P. GAHntR, Caractéristique des saints, p.V07.
506 L'OEUVRE DU\' MIMATLRISTE A \ IGK OîtS AIS.
Fol. 107, dans une cour pavée, bordée iriiue maison et d'un
mur bas, saint Nicolas avec kes attributs les pltrs ordinaires.
Au verso, Tévêque saint Claude en habiU pontHicaui, aiec la
crosse et un livre ouvert. II est debout dans une plaine^ à rhorizo»
de laquelle se profile une colline avec un château à plusieurs tours
couronnées de toits en poivrière. Ces tours sont hs seules qui
soient ainsi terminées; toutes les autres sont sans toit apparent,
comme elles le sont réellement dans les forfillcations proveneaies
et comiadines. Cette dernière miniature est certainement une des
mieux réussies comme exécution : le dessin, la perspective, les
proportions, tout est irréprochable.
Fol. 108v%en haut de la page, le type classique de saint Antoine
et son compagnon', dans un encadrement formé h gauche par un
rocher et le bas d'une maison ouverte, et à droite par une touffe
d'arbres. — Au bas, le moine saint Fiacre avec sa bêche el son
livre est clebout au milieu d'une plaine, an fond de laquelle mn\
un pelit bois et un monticule.
Fol. 109, sainte Barbe, coiffée du hennin, assise dans une couf,
du milieu de laquelle s'élève une petite tour carrée et ajourée des
trois fenêtres symboliques, lit dans un livre posé sur ses genoui.
Au verso, sainte Apollonie debout dans un paysage accidente H
dominé par une forteresse. Elle est caractérisée par les tenailles
serrant une dent, qu'elle porte de la main droite.
Fol. 110, sainte Geneviève au milieu d'une plaine arkle, avec
son attribut ordinaire, c'est-à-dire avec le cierge allumé par m
ange et qu'un démon cherche à éteindre avec un soufflet.
Au verso, sainte Avie ou sainte Avoie, dans une tour ronde, reçoîl
par la fenêtre la communion que lui apporte une sainte femme, peut-
être la Vierge, accompagnée d'un ange. La présence de cette sainte,
honorée particulièrement en Bretagne, est assez insolite dans un livre
d'heures écrit à Avignon : faut-il croire que celu i qui a commandé ce
volume de piété était un Breton établi dans la ville papale? Mai^
alors pourquoi n'a-t-il pas fait figurer aussi sainte Anne^ la patronne
par excellence de son pays? Il y a là un petit problème à résoudre.
Ces miniatures, de dimensions très réduites, sont comprises
' Ce type est le même, moins le T sur les vêteinenti.que celui qui a éli-
par le P. Gahikr, op. cit., p. MO et 758.
' ■> »î- S^TTîF
LOELVRE n LX MIXI ATURISTE AVIGXOXXAIS. 501
dans un carré à peu près régulier, de Irois centimètres de côté
en moyenne, et encadrées de filets de carmin et d*or. A Ten-
coignure supérieure de droite à chacune d'elles est encore une
initiale d*or sur fond rouge ou bleu. Cependant ces petites pro-
portions n'empêchent pas la perfection des détails ; évidemment il
a fallu de toute nécessité que Tenlumineur se serve de la loupe.
Cestnaturellement la gouache qu*ilaemployée,etle genre auquel
on pourrait rattacher son œuvre est le camaïeu, ce qui ne veut pas
dire que ses miniatures soient monochromes. Tous les ciels sont d*nn
bleu intense; mais les terrains, les constructions, les paysages sont
d'un gris assez foncé ; sur cette teinte 8*enlèvent en gris plus clair
ou plus obscur, selon le jour reçu, les herbes du sol, les arbres et
arbustes, les personnages. Ceux-ci sont même tellement en lumière
qu'ils apparaissent presque complètement blancs. En outre toutes
les personnes divines et tous les saints sont nimbés d'or; sont d or
également les étoiles du ciel, la crosse des évéques, les flèches du
bourreau de saint Sébastien, le diable de sainte Geneviève, etc'.
Le dessin, sauf pour les animaux, que Guiot Baletet n'avait sans
doute pas l'habitude défigurer, est en général très sur; l'artiste
est maître de sa main, aussi la dirige-t-il avec habileté. Le modelé,
si difficile à obtenir avec d'aussi petits sujets, est exprimé très
suffisamment, bien qu'avec sobriété. Quant aux vêtements, ils sont
admirablement traités, ils tombent avec élégance, ils se relèvent
et se drapent avec facilité. Les mouvements des personnages sont
également souples et leur pose est naturelle. Toutau plus pourrait-
on reprocher à l'enlumineur d'avoir donné quelquefois une forme
un peu trapue, un peu lourde à certaines de ses femmes, par
exemple à la Vierge de la Visitation ; mais c'était un défaut dont
les peintres et sculpteurs de son temps étaient encore assez cou-
tumiers : faut-il citer ici des statues du retable bien connu, exécuté
chez les Célestins d'Avignon par François Laurana quelques années
avant la composition de notre manuscrit', statues que la Vierge
GÎ-dessus mentionnée rappelle à un tel point qu'on la croirait
dessinée d'après elles ?
L*or n'est plus appliqué en feuilles, selon l'habitude des enlumineurs golhi-
q , mais au pinceau.
Le retable du Portement de croix, commandé par le roi Rcnéili François Lau-
r) fut exécuté de 1478 à 1481.
'lii
508 LOEUVRÉ D*UN MINIATURISTE AV1GN0\\AIS^
Guiot Buletetn appartient certainement plnsàrécole gothique;
mais ce qut est plus concluant encore pour le classer parmi lei
miniaturistes de la Renaissance, c'est la faron dont, ânm ses mînu^
cules tabicciuï, il interprète la nature, c'est son entenre du payfifljje
On pourrait même dire que par là il appartient à une école avan-
cée. Eiamînez comme une perspective suivante met ioiites choses
en place, à quelle profondeur les horizons s'élcmlcnt, nvec (\\ie\W
discrétion sont marqués les objets les plus lornlainsi les clmieaux
et forteresses î observez surtout la manière toute nouvelle pour
Tépoquedont sont indiquées les touffes do. luiissons, les mai^st^s >i^
l'euillages. Ne sommes-nous pas là en plein art uioilernc^?
J'en ai dit assez, je crois, pour faire cotiuaître et apprécier
rouvre t!e Guiot Baletet dans le manirscrit de la BiblLolh'Hjiif
d'Avignon : c'était, à n'en pas douter, un véritable artiste et non
plus un simpte ouvrier enlumineur.
Quelques amateurs ont parlé d*une école avignonnaise de minia-
ture au quatorzième siècle; cette distinction n'est pas fondée, et je
montrerai un jour, j'espère, que les mîniaturiiites aviynonnais
n'avaient ni procédé, ni style particuliers. Maïs faut-fl croire qu'une
école spéciale bien caractérisée se soit localisée a Avi^jtion dans le
siècle suivant, surtout dès le commencement de la Uenaiâsan^el'
Il est prématuré de donner une aflirmation dans Tuti ou Fauln^
sens ; sans doute on peut remarquer dans le psautier dit de Bouc i-
caut (ms, 10 de la Bibliothèque d'Avignon) des enluminures en
camaïeu susceptibles d*êlre rapprochées de celles que Gniol Bulet^l
a peintes ; mais il faudrait encore trouver une suile d œuvres de la
même facture, appartenant à des auteurs différents et bien iU^in-
minés, pour élre en droit de se prononcer, Aussi serais-je beuri'in
si cette modeste étude fournissait Toccasion d'arriver à ce résultai.
L.-H» Labavde,
Correspondant d« Coniik' d^s Socîéii*
des BetuE-ArU de* départLmicuts* ^
Avignon.
PIÈCE JUSTIFICATIVE
^ ■ Testament de Guiot Baletet.
[liî>4] Die sif/tioi-i mensis augusti. Testamentum majjbtri '
lialtelï, scriploris librorum.
i
L OBUVRE DU\ UIM ATURI8TE AVIGNONXAIS. 50«J 'v
Honorabilis viv magister Guyotus Balte4i, scriptor librorum, civis et
faabilator Avinionensis, sanus uienle, etc., considerans et actendens, etc.,
suum ultiiuun condidit testamentum in hune qui sequitur modum. \\
Et primo recomandavil animam suaoi Domino nostro Jhesu Chrislo, il^
benlissime ac gloriosissime Virgini Marie, ejus matri, beato Michaeli |,:{
archangelo, totique curie civium supemorum. Et elegit suam seputturam ■..■*
infra ecclesiam parochialem beale Marie de Principali presentis ciritatis i :
Avinionensis, et infra tamulum quod fecit Oeri juxla cappellam Johannis ;
Borgesii, alias Tarleuc, mercatoris, civis Avinionensis. '
Et accepit ipse teslator de bonis suis sibi a Deo collatis pro anima sua
parenliumqué et benefactoriim suorum, scilicet triginta florenos monete
currentis distribuendos et elargiendos in missis, funeralibus, intorliciis, i
candellis, novene cantare finis annis et aliis piis causis ad voiunlatem
heredis sue infrascripte.
Et primo super dictis triginta florenis legavit ac darî voluit, jussit et
ordinavit hospitali Sancti Bernardi Rescassii Avinionensis sex grosses
dicte monete semel tantum.
Item, super aliis bonis suis sibi a Deo coUaliS, legavit ac dari voluit,
jussit et ordinavit cuilibet de parentella suaquinque solidos dicte monete,
et hoc pro omni jure nature quod in et super bonis suis pelere possii^l.
Item, plus, super aliis bonis suis sibi a Deo collatis legavit ac dari
voluit, jussit et ordinavit Fabrice ecclesie Sancti Genesii Avinionensis,
unum florenum dicte monete semel tantum.
Et quia heredis inslitutio est caput et fundamentum cujuslibel testament!
et cujusiibet ultime voluntatis, heredem suam universalem in omnibus
aliis bonis suis, mobilibus et immobilibus, presenlibus et fuluris, ubi-
cunique sint, sibi fecit, instituit et ore suo proprio nominavil, videlicet
honeslam mulierem dominam Mermetam, ejus uxorem dilectam, solam.
Exequutores sive gadiatores (sic) suos fecit et esse voluit, videlicet dic-
ta m Mermetam, ejus uxorem, et magistrumJohannem Bourges, barbitun-
sorem, civem Avinionensem, quibus dédit omnimodam potcstatem, etc.
Cassans quecunque testamenla, donaciones, codicillosetspecialiterquod-
dam testamentum sumptum per magistrum Petrum Borciacii, quonJam
notarii, etc. Rogans omnes et testes hic présentes et notarium, etc.
Actum Avinione, infra appotecam magistri Johannis Bot\n(es (v/r),
iiarbilunsoris, presentibus eodem, magislris \icolaode Troye, Joliànno
Mallardi, Antonio Perroti, peliiceriis, Jacobo \icolay, reiijjalori' lihrorinii,
.Antonio Marlinoti, ortolano, et Petro Raynaudi, affanatore, iMbilatorihus
/ inionensibus, et me Guidone de Treimilla, nolario, etc.
ode de M* Giraudy, notaire à Avignon. — Notes brèves de J. de Tremiilla, 1«01-
t)
510 MOBILIER DUN CHATEAU A LA FIN DU XVIII' SIÈCLE»
f
XXXIV
LE MOBILIER
D*UN
^ CHATEAU A LA FL\ DU XlUI* SIÈCLE
CHANTELOUP.
I
INTRODUCTION
Bien qu'il n*eiitre pas dans le cadre de celte étude de sortir Ju
château» nous croyons cependant devoir, pour donner un peu de
lumière à notre travail^ indiquer en quelques lignes la situatioude
Chanteloup et son origine depuis le commenceinent du di^t-hm-
tième siècle, laissant à de plus autorisés le soin de développer son
histoire et ses splendeurs extérieures.
Placé à environ deux kilomètres d'Amboise, sur hi rive ^jauche
de la Loire, presque au sommet du plateau qui domine la ville, If
cours argenté du fleuve et ses iles verdoyantes, Chanteloup esl
dans une situation exceptionnellement belle ; aussi Mme àes
Ursins, séduite par la beauté de ce site, chargea-t-elle lk)iitero0e
d'Aubigny de lui acheter cette terre en 1713; elle avail, k ce p*>-
ment, le projet d*y faire bâtir un château de grande importance eu
remplacement des anciennes constructions qui s^y trouvaient; mais
sa disgrâce, arrivée peu de temps après, vint Tempèclier démettre
son projet à complète exécution.
D'Aubigny devint lui-même propriétaire de Chanteloup, puii, b
sa mort, cette terre passa entre les mains de Louis Conflani», mar-
quis d'Armentières, son gendre, auquel le duc de Chois<'Nl l'actjelA
devant M' Renauld, notaire à Paris, le 24 février 1761 ; il en prît pos-
session le 25 avril suivant, par-devant M* Bliu, notaire à Ambois^
ï Voir, ci-contre, planche W.VV.
1
Plucha XXW.
Pi8« 5hi.
PORTRAIT DU l)LC DE CHOISELL
u'iPKKS U. W.4\ U)0
(Proceuanl de (Ibauleloap.;
^
MOBILIER D'UN CHATEAU A LA PIN DU WIIT SIÈCLE. 511
Choiseal acheva et transforma le château, y créa des jardins
magnifiques et» par suite d*acquisitions successives, fit la grande et
belle avenue qnî, par deux rampes, s'amorçaità la route d*Amboise
à Tours, puis, avec les matériaux de la Bourdaisière qu'il avait
fait démolir pour, dit-on, être désagréable au duc d'Aiguillon, pro-
priétaire de Véretz, auquel la Bourdaisière servait de point de vue,
il fit construire, sous la direction de Tarchitecte Le Camus, la
Pagode, ce J)izarre et unique monument inspiré du goût chinois
de Fépoque (2 septembre 1775 au 30 avril 1778).
Après la mort du duc, arrivée en 1785, ses héritiers vendirent
la terre de Chanteloup et ses dépendances — 20 juillet 1786 — à
Louis-Jean-Marie duc de Bourbon-Penthièvre. Ce dernier étant mort
en 1793, Chanteloup passa àLouise-Marie-Adélaïde. Louis-Philippe-
Joseph Égalité, son mari, ayant été déporté en vertu de la loi du
1*' août 1793 «comme individu de la famille Capet» , les biens de
la duchesse d'Orléans furent séquestrés et mis sous les mains delà
nation le i frimaire de la même année par Guyot, notaire à
Nazelles, et Pierre Héron, commissaires nommés à cet effet par le
district d'Amboise.
L'Etat revendit Chanteloup au comte de Chaptal, le célèbre chi-
miste, qui s*en dessaisit lui-même et le céda, en 1823, à la bande
noire qui Ta démoli de fond en comble.
Quand on a sous les yeux ce colossal inventaire qui non seule-
ment donne le détail du mobilier, mais laisse entrevoir Taménage-
ment et la décoration intérieure de cette somptueuse habitation, on
reste confondu de sa magnificence et on se prend à maudire, avec
plus de force encore, ces révolutions qui, en dispersant ou anéan-
tissant toutes ces merveilles, viennent priver les générations à venir
de la jouissance qu'elles pourraient avoir à les contempler et à s'en
inspirer pour élever encore plus haut, si c'est possible, le niveau de
l'*art et du beau.
Au milieu de toutes les splendeurs qui y étaient amoncelées, on
rencontre peu de ce qu'on est convenu d*appeler des objets d'art ;
pas de bronzes, pas de statues, seulement quatre tapisseries des
Gobelins de la suite de don Quichotte, quelques rares sièges de
cette même fabrique, trois tapis de pied de la Savonnerie et quatre
vases de marbre blanc, alors épars sur les tapis verts et qui sont
30Joiird'hHi placés à l'entrée du pont de Tours.
'
512 MOBILIER D'UM CHATEAU A LA Fll« DC XVlir SIECLE,
Quant aux tableaux, pour lesquels M, de Cliofseul arait une pré-
dilection particulière, — le fameux recueil d'estampes ilc son
cabinet, gravé parBasan en 1771, en est la preuve, — notre inren-
taire nous en signale quatre-vingts dont vingt-cinq au-dessus Aes
portes, cinq dans les trumeaux des glaces, huit dans ta chapelle, au
Jieu de sept indiqués par Rougeot, douze dans une armoire et le
surplus réparti dans les appartements. Tous portent dans l'inven-
taire la mention «réservé" , à TeKception de deux, qui portent celle
de a resté 3) (n««1518, 15111).
Nous savons par Rougeot, le créateur, en 1760, de l'école gra-
tuite de dessin dans la ville de Tours, chargé de faire rinvenlaire
des tableaux de Chanteloup en 17U4, probablement après lii \mt
des scellés, que soixante-trois de ces tableaux furent déposer dans
les différents locaux désignés pour leurdonnerasile et assurericur
conservation, et qu'après des déplacements successifs, ils restèrent
dans les bâtiments de Tancienne Intendance jusqu'en 1825, époque
à laquelle le Musée actuel fut construit pour cette destination.
En 1890, M. de Montaiglon, membre de la Commission de l'in-
ventaire des richesses d'art dv la France, <le concert avec XI- I^«-
rent, conservateur du Musée, fit un catalogue des tableaux de U
ville. Dans ce travail, MM. de Monlaiglon et Laurent ont constalo
comme provenant de Chanteloup, tout eu leur donnant des atlrilm-
tions et des désignations quelquefois ditrêrenteSf trenie-iteuf
tableaux portés à Tinventaire de Rougeot et un qui n'y figure pas:
Un jeune garçon^ page 49, ligne 37 du catalogue de Monlaiglon*
Enfin, ils désignent, comme d'origine mconnue, quatre des prin-
cipaux tableaux inventoriés par Rougeol en 1704 : la VacktÎQ,
V Enlèvement de Proserpine^ le Triomphe de Gala Ire ëi Vt^nm sur
les tfûMo:, appelé, par de Montaiglon, le Triomphe d*Âmpkitri!e.
' Pourquoi MM. de MontiïîgEon et Laurent ont-ils cru pouvoir
leur nier la provenance de Cltanieloup, alors qu'elle est officielle
ment constatée par Rougeot ::' Çcst un mystère que je ne j^oi*
approfondir, mais que M. Laurent, le distingué conservateur du
Musée, pourrait peut-être expliquer.
Bien que M. de Grandmaii^on ait publié le document de Rott.<^^t
dans les Nouvelles Archives de V art français en J879, et qu il
reproduit, en note, dans les Hichesses d*artde la France^ ai
nous l'empruntons nous-méme, no^iis croyons devoir» pour p*
UOBILIEa D'UN CHATEill A LA FI\ DL Xl'lIT SIÈCLE. 51:)
darté dans notre travail et pour justifier nos observations, le donner
de nouveau ici et mettre en regard, en un tableau, les articles des
Richesses d'art de la France qui y ont rapport; le lecteur se rendra
plus facilement compte des toiles de Cbanteloup encore existantes
au Uusée et des vingt qui Manquent à Tappel.
Quant aux dix-sept tableaux que Rougeot n'a pas constatés et que
signale Finventaire général de Guyot, que sont-ils devenus ? Peut-
être, fixés aux trumeaux des glaces ou au-dessus des portes, ont-ils,
malgré la mention de réserve, été vendus avec les démolitions en
1823, et font-ils partie des toiles qui ont été retrouvées dans le pays,
au fond des caves ou dans les trumeaux utilisés par la suite, chez les
particuliers. L*examen que nous nous proposons de faire du procès-
verbal de la vente mobilière nous renseignera peut-être à ce sujet.
Quant aux principaux meubles, glaces, bronzes d^ornement,
notre inventaire nous apprend qu*ils ont été enlevés ou réservés
par rÉtat, pour aller orner ses vaisseaux ou meubler ses nouvelles
administrations, et que le surplus de cet immense mobilier a été
l'isperaè au feu des enchères.
Une question que nous n'avons pu approfondir, et qu'il eut été
cependant bien intéressant de connaître, c'est de savoir si, après la
mort du duc de Choiseul, arrivée en 1785, ses héritiers ont vendu
avec Cbanteloup et ses dépendances le mobilier qui garnissait le
château. Le duc de Choiseul a laissé dans le pays de tels souvenirs
que, lorsqu'on parle d*un meuble provenant de Cbanteloup, c'est
toujours à lui qu'on l'attribue, et nul ne songe au ducdePenthièvre,
et cependant c'est son mobilier que la Révolution a saisi et fait
vendre en 1794.
Bien qu& nous n'en ayons aucune preuve certaine, n'ayant pu
retrouver Tacte de vente des héritiers de Choiseul au duc de Pen-
thiëvre, nous sommes cependant porté à croire que le mobilier
avait été vendu avec le château, et c'est sur l'inventaire de Rou'jeot
que nous appuyons cette supposition ; en effet, dressé en 1 794, huit
ans seulement après l'acquisition du duc de Penthièvre, cet inven-
taire indique les appartements dans lesquels étaient placés la plu-
part des tableaux, et, notamment, vingt-sept comme sortant du
cabinet de M. de Choiseul; il nous semble donc que, s'ils avaient
été apportés par le duc de Penthièvre, Roujeot eut si;{nalé cette
provenance et non celle de AI. de Choiseul.
33
I.VVEXTAIRE DE ROIJGEÔT EN 1794.
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RICHESSES DE LA FRANCE. — MUSÉE DE TOURS
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CllÉRrinu Pflp! V«rûi]i"PF(iq»p|^r« dej-
l'*cf}lîo Tiiiiinu d'iprf»).
LinTaiil.
Aaerlgbl dit It Clinfifi (d'iprk)*
[ac4iiGU. Eea1« frinraitt ma" liccU.
516 MOBILIER DUN CHATEAU ALA FIX DU XllU' SItCLE-
Nous sommes dans une époque oii tout ce qui se rapporie
aux choses d*art, à quelque titre que ce soit, aux bibi'lols, aux
meubles rares ou de style, fixe Tattention de tous, et les meubles
f de Chanteloup étaient bien faits pour faire naître le péché d'etivie;
nous espérons, toutefois, que nos lecteurs n'en défendront point k
lecture à leurs femmes, à leurs filles, comme dangereuse pourk
tranquillité de leur foyer.
A Tépoque à laquelle le duc de Choiseul a bdti Chanteloupp une
grande révolution, commencée sous Louis Xïl^ s'était opérée clam
Tart de meubler les habitations. Le luxe intérieur s'était accru, le
goût s'était aftiné, et aux bahuts et crédences, aux sièges à dm-
siers élevés et à membres grêles, aux tentures sombres et sévèm
de Henri H et de Louis XHI, avaient succédé des meubles moins
lourds, couverts de velours et de soie, aux châssis dorés et d'as-
pect théâtral, plus en rapport avec le caractère fastueux et galant
du Roif-Soleil.
Les Boulle, les Riesener et les Gouthiëre, pour ne citer que les
plus renommés, avaient mis à la mode les marqueteries de cuivre
et d'écaillé, puis les marqueteries de bois des Indes garnis de
bronzes ciselés et dorés.
Sous la Régence, les contours s'arrondirent et devinrent plus
gracieux, puis, avec Louis XV, les rondeurs s'accentuèrent encore
et les rocailles se multiplièrent.
Mais tout change, la mode surtout, et bientôt devait se faire
sentir un retour aux lignes droites, mais légères, aux fines canne-
lures et aux délicates sculptures qui ont donné naissance ao style
Louis XVI, le plus pur et le plus gracieux des styles, et icela, une
douzaine d'années avant Tavëuement du malheureux prince qai
lui a donné son nom.
Qu'y a-t-il de plus charmant que ces sièges dorés ou peints de
couleurs claires, entourés de perles et de guirlandes, avec leurs
dossiers où perchent et se béquètent des colombes amoureuses, où
se croisent des carquois et des flambeaux retenus par des nœuds
de rubans gracieusement enroulés?
Rien d'étonnant donc que, sacrifiant à la mode du jour, le duc
de Choiseul et, quelques années après, le duc de Penthtèi
aient exclu les meubles démodés et incommodes de leurs aieii
pour s'entourer d'objets au goût de leur époque.
PltDclir XXXI 1. I
TAPISSERIE D APKÈS DROUAiS
ACTLKLLIfyKMT Ali MUMKK UK TOUKS
^ProiCB«Bl de ClMBlcloup.)
1
MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FIN DU XVIIP SIÈCLE. 611
On conçoit difficilement, en effet, les duchesses et les marquises
qui se succédaient et se pressaient à la petite cour de Chanteloup
se hissant, avec leurs robes bouffantes, sur les meubles hauts et
droits, à peine rembourrés, de Tépoque de Louis XilF.
A pareilles élégances, à semblables mœurs, il fallait des sièges
bas et moelleux, des sofas et des fauteuils aux coussins remplis
de duvet de cygne, des plafonds à corniches de guirlandes dorées,
des plafonds, dis-je, sur lesquels étaient peintes par les Boucher
et les Van Loo les scènes de la mythologie galante ou des amours
lutinantdes bergères. Aux murs, il fallait de riches tentures alter-
nant avec des glaces qui reflétaient Téclat des mille bougies de tous
ces lustres et de toutes ces girandoles et dans lesquelles se miraient
les grands seigneurs et les grandes dames de Tépoque '.
Pauvres habits noirs et redingotes plus'lamentables encore, que
la comparaison vous est lourde! Quand, par hasard, vous vous
égarez dans celles de ces somptueuses galeries que les révolutfons et
la guerre ont oubliées, si vous jetez en passant un regard furtif sur
leurs glaces sans fin, comme votre sombre silhouette vous doit don-
ner la vision du convoi funèbre de toutes ces grandeurs passées !
Ce goût nouveau explique encore Tabsence de tapisseries,
trouvées lourdes, et qu*on remplaçait par des glaces, des soieries
brodées des Indes et de la Chine, des lampas, des gros de Tours
et de Naples, des toiles de Jouy doublées de taffetas qui s'harmo-
nisaient mieux avec les meubles nouveaux que Ton recouvrait
d*éto8es semblables aux tentures, et, horreur! fussent-ils chinois,
par des papiers peints d'invention nouvelle.
Le luxe de Chanteloup ne consistait pas seulement dans Tameu-
blement, et notre inventaire nous montre des boiseries entières,
des portes encadrées de fleurs et de rocailles, sculptées en plein
bois, d'une délicatesse infinie, des fenêtres et des volets couverts
d*or, des cheminées de marbres rares de toutes les couleurs, avec
des guirlandes et des retombées de bronze ciselé et doré, avec des
plaques de potin ou de fonte, aux armes des anciens possesseurs,
et des côtés intérieurs ornés de sujets d'après les peintres galants
de Tépoque. Nous avons sous les yeux un de ces foyers : la plaque
du fond, très en relief, est aux armes de Bouteroue d'Aubigny,
1 Voir, ci-dessus I planche XXXVI •
I
aiS MOBILIER D'UN CH.^TEAU A LA Fl\^ DG XVIlT SIÈCLE-
«eigiieiir de Chanteloup et de Chargé^ grand maître des eaux et
forêts de France au département de Tauraine, Maine et Anjoo i
d^QT à la bande vairée d'argent ei de sable j timbrée d^ une couronne
de marquis; les côtés : au milieu de guii lande» et d'entrelacs du
plus pur Louis XV, deux amours forgent, sur une enclume fleurie,
des cœurs enflammés; Tnn des amours les oiartelle à tour de bras,
tnndis que Vautre fait marcher le soufflet.
Pou rue pointdevenir trop fastidieux par une interminable nomen-
clature de deux mille sept cent quaranie-liuit numéros, nous ne
' décrirons que les principaux apparlements et quelques chambres
à coucher avec les annexes qui en dépendaient; le lecteur pourra
ainsi se faire une idée rxacte de ce qui composait alors le mobilier
de ces galeries, de ces salons et de ces chambres ; il oe lui restera
qu'à suspendre aux murs, par la pensée, les tableaux compris
dans Tinientaire de Rouyeot, qu'il lui sera facile de reconnaître
parmi ceux qui existent au Musée de Tours, et il aura rccoustitué
ces appartements avec leurs meubles, étofles et tentures.
Si le lecteur désire connaître plus eu détail ce loluminem
inventaire mobilier, nous le renvoyons à la fin de ce travail, où ce
document se trouve reproduit dans ses parties principales.
Nous avons recherché, dans le procès-terbal de la vente qui a
suivi, les prix qu*ont atteints ces meubles, et nous les indiquons
partout où il nous a été possible de les appliquer d'une façon
certaine ; malheureusement nous n'avons pu retrouver que la
première partie de cette vente, comprenant huit cent quarante-^inq
articles^ la seconde a disparu ; peut-être le hasard uous k fera441
rencontrer an jour.
Nous aïons encore tenté de retrouver les heureux possesseurï
de quelques-uns de ces objets, et, le procès-verbal de vente àli
main, de reconstituer ce que nous appellerons leur état civil; fmt
nos recherches n'ont pas élè couronnées de beaucoup de succès,
car la plupart, et ce sont les meilleurs, ont été enlevés par 1«
marchands d'antiquités, leur trace est perdue, et c'est aujoard'hai
dans les palais de l'Étal et chez les grands collectionneurs qu'il
les faudrait chercher.
A Tappui de nos dires, nous pouvons citer le beau bureau « .
corps et à multiples tiroirs, eu acajou et eu marqueterie quadr
de bois des Indes satiné, garni de cuivres dorés de Ter
MOBILIER D ON CHATEAU A LA FIK DCJ XVlir SIÈCLE. 519
Loaii XVI (n" 1922 de notre inventaire); la bibliothèque à hauteur
d^appui, de même époque, également-en acajou satiné, avec sa
galerie découpée et ses ornements de cuivre doré (n* 1925 de
Tinventaire) ; la magnifique commode Louis XV en laque noire de
Coromandel, à personnages en relief et à dessusde marbre, garnie
à profusion de bronzes ciselés et dorés (n° 1975 de Finventaire).
COMMODE EN LAQL'R DE GOROMAN'DKL ACTUKLLKMBNT A LA PRKPICTUIB D'INORB-KT-LOIRK.
(Profenant de Chanteloup ^.)
Ces trois beaux meubles sont à la préfecture d'Indre-et-Loire, et
nous devonsà la bienveillante Complaisance de M. le préfet d*avoir
pu en prendre la description, vérifier la marque et leur appliquer
les numéros qui les concernent dans l'inventaire.
Le n* 1922 y est estimé cent livres ; -
Le n^ 1825, trente livres ;
Le n' 1975, cent livres;
Or nous ne croyons pas exagérer en disant que ces trois meubles
valent aujourd'hui cent fois leur valeur d'estimation.
NoDS citerons encore le beau salon Louis XVI composé, d'après
M. Palustre dans V Album de l'exposition rétrospective de Tours* ^
' Ce cliché et les deux planches iosérées dans le texte de la prt'sente étude sont
i raits do magnîBque ouvrage Amboise, le château et la ville, grand in-4o de plus
I 600 pages et de près de 300 planches, sorti des presses de la maison Marne.
< mblié par la Société archéologique de Touraine, qui les a mis à notre disposition.
Tours. Périoat, i vol. iii-4% p. 55, 1891.
i
5-20 MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FIN DL XVIIT SIÈCLE/
de : un canapé, un écran, huîtgrands fauteuils, huit petits fauteuils,
deux bergères et quatre chaises, qui ornait la salle du tribunal de
commerce de Tours et qu'une récente décision a fait tendre à
M. Hersent, de Paris, pour la sommede 25,000 francs et remplacer
par un mobilier moderne. Nous ne pouvons nous «mpAcher de
déplorer amèrement cette aliénation ; ce meuble était recouvert
de soieries dites gros de Tours qui pouvaient intéresser à un haut
point la fabrication tourangelle, un des fleurons industriels de
notre province ; si ce meuble n'était pas assez étendu pour les
besoins en vue desquels il était destiné, il pouvait être augmenté,
et s'il ne présentait plus la solidité nécessaire, le Musée de la
ville de Tours lui aurait, pensons-nous, donné asile, comme à un
type de Tart industriel français d^ dix-huitième siècle.
Malgré la perte et la dispersion des beaux meubles de Chante-
loup, la plus grande partie de cet énorme mobilier ayant éiv versée
dans le pays, il ne faut pas s'étonner du grand nombre d'objets de
style, de faïences, de porcelaines et de bronzes d'ornement qui oot
été retrouvés depuis soixante ans; nous-méme nous en avons
recueilli quelques épaves.
Tous cesmeubles, autant que cela était possible, étaient marqués
avec un fer à feu dont nous reproduisons ici Temprelnte en gran-
deur d'exécution.
Nous avons constaté ce fer sur les meubles de la préfecture
nous venons de parler, sur la seconde commode de laque de C
mandel signalée dans l'inventaire, — n* 2803 — que r
«OfilLlEH D'UN CHATEAU A LA FIN DU XVIir SIÈCLE. 521
possédons, sur une bergère qui se trouve chez M. BrugeroIIes,
marchand de nouveautés à Amboise, et sur quelques autres sièges.
Nous avons constaté également ce second chiffre, qui ne diffère
du premier que par la taille et par les lettres qui le composent,
sur un meuble de minime importance, acheté en 1852 à la vente
mobilière faite au château d'Amboise, à la suite de la confiscation
des biens de la famille d'Orléans. Ce petit meuble intime avait sans
doate été réservé en 1794, avec tant d*autres, pour Tusage des
employés du château, appelé alors la citadelle, et y était resté.
Noos retrouvons, du reste, les instruments eux-mêmes qui
servaient à faire ces empreintes consignés dans l'inventaire dressé
à la même époque, au château d^Amboise et ainsi décrits: uN» 14.
Deux fers à marquer au feu, estimés 5 livres. »
Sur les bronzes, où il était impossible de marquer au feu, les
chiffres étaient faits à coups de burin et simplifiés; Tancre était
sopprimée, ainsi que les trois branches intérieures de la couronne;
ils portaient en outre lin numéro d'ordre, sur les chenets, du moins,
ainsi que nous Tavons constaté sur de beaux chenets Louis XVI en
bronze ciselé et doré appartenant à Mme de S'... V'..., à Amboise,
qui a bien voulu me permettre de le reproduire ici.
Voici ce chiffre :
tais que voulaient dire ces lettres différentes? Dans le premier
622 MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FIN DU XI UT SIÈCLE.
fer, est-ce Cbanteloap (première et dernière lettre du mot), ou
Chanteloup-Penthièvfe? Et dans le second ferp esl-ce Amboisc
(première et troisième lettre), ou Amhoise-Bourboti ?
Ce qu'il y a de certain, c'est que Tun et l'autre de ces fers
étaient apposés sur les meubles de la succession du duc de Pen-
thiévre que la Révolution a fait saisir et vendre en 1794.
L'inventaire nous révèle le nom de rarchitccte de Mgr 1^
duc de Penthièvre. Il s'appelait Goupy et avait à Chanteloup des
appartements à son usage. Cet architecte mérite une mention
spéciale et son nom d'être sauvé de Toubli auquel il aurait
peut-être droit sans cela, car, — à moins qu'il n'ait été que
Texécuteur des hautes œuvres et n'ait agi que par ordre supérieur,
— c'est sans doute à lui que nous devons une partie des muti-
lations qu'ont subies les appartements de Charles Vllt, de Louis XII
et de François I*' au château d'Amboise, et cet aménagemeot
d'auberge que Mgr le duc d'Aumale vient de faire disparaître
à grands frais, en vue d'une restauration en cours d'exêcutroa,
confiée à l'habile direction de M. Gabriel Ruprich-RoberL
Si la Révolution, en délogeant de ClianteloLip cet architecte^ a
sauvé le château de son vandalisme, elle n'a fait malhenreusemeot
qu'en retarder la ruine, car après Cbaptal, k bande noire, plus
radicale encore, n'y a pas laissé pierre sur pierre ; [a Pagode seule
a fait exception, ainsi que les, pavillons des coneiergeS) dont ces
barbares modernes ne pouvaient tirer aucun profit.
Cet inventaire, commencé le 15 ventôse de Tan II (5 mars
1794), n'a été terminé que le 2 thermidor (20 juillet) : il a dune
trente-huit jours de travail effectif, du lever au coucher du soleil ;
il contient 4,227 articles dont 1,467 sont consacrés au mobilier
du château d'Amboise, 2,748 au mobilier de Chanteloup, enliuW
douze derniers au Feuillet.
L'estimation s'est élevée à la somme de 110,935 livres, dont
93,269 livres pour Chanteloup et le surplus pour Amboise et le
Feuillet. Les commissaires ont reçu pour leur salaire 2,416 tin^
(note de Guiot, notaire à Nazelles, du 16 fructidor an IIl).
MOBILIER DUW CHATEAU A LA FIX DU XVIII" SIÈCLE. 52S
II
DESCRIPTION DES PRINCIPAUX APPARTEMENTS
Antichambre, !!•• 1468 à 1473; estimalion : 158 liv. 10 sols.
L'inventaire à la main, nous pénétrerons'dans Tanticbarobre du
principal corps de bâtiment : là nous trouverons un grand poêle
de fiiïence, quatre banquettes et dix chaises couvertes de velours
d'Utrecht fond vert à fleurs rouges et blanches, deux grandes con-
soles peintes en gris avec leurs tables de marbre rouge et, suspendu
au plafond, un lustre de cuivre doré.
SaUe à manger, n'» 1474 à 1483 ; estimation : 325 livres.
Deux portes battantes, couvertes de velours semblable à celui
des banquettes, nous donneront accès dans la salle à manger,
éclairée par trois fenêtres garnies de rideaux de coton blanc enca-
drés d'indienne à fleurs rouges et bleues.
Les murs sont tendus de six panneaux de papier chinois enca-
drés de bois doré; au-dessus des deux portes, deux tableaux éga-
lement encadrés de bois doré.
An milieu de la pièce, une grande table de bois d'acajou montée
sur six pieds; d'un côté de la fenêtre du milieu, une petite table à
écrire, de l'autre un quinola et, rangées le long des murs, vingt-
quatre chaises couvertes de coton chiné fond gris; enfin, un grand
paravent à six feuilles, garni de drap rouge, et une lanterne à cinq
bobèches en cuivre étamé qu'un cœur de plomb permet de monter
et descendre, complètent l'ameublement de celte pièce.
Salle de billard, n- 1484 à 1494 : 575 livres.
A côté, la salle de billard. Le principal meuble, le billard, est
en acajou massif et sa couverture en maroquin jaune. La salle est
éclairée par quatre fenêtres garnies de rideaux de taffetas vert et
chaoifée par un poêle de faïence avec un report de chaleur chauf-
fant également la salle à manger.
Quatre portes y donnaient accès i l'une d'elles, [à deux battants],
communiquait au grand salon; elles étaient surmontées de quatre
jleanx en imposte, représentant des paysages; les cadres étaient
i bois doré. Il y avait encore un grand tableau et une carte d'Am-
ise, avec cadres de bois doré; ils ont été ensemble estimés
^
524 MOBILIER D'UX CHATEAU A LA FI\ DU XVIir SIECLE-
dîx livres. Ces deux objets, ainsi que les quatre dessus de porte,
ont été enlevés par TEtat, et Tinventaire de Rougeot nous indique
que le grand tableau dont il est ici question est Procrts mourant
dans les bras de Céphale, du Guerchin, actuellement au Musée
de Tours ; quant à la carte d'Amboise, elle est, je crois, à la Pré-
fecture. Aux murs sont encore fixées quatre girandoles en cuivre
doré avec leurs cristaux.
Une grande table à jouer, garnie en ftric-trac, avec ^es cornets en
maroquin, ses dames et ses dés en ivoire; deux tables à jouer en
encoignure, en bois d'acajou, couvertes en drap vert; un i^anapè
et son marchepied couverts de velours d*Utrecht; neuf fauteuils à
coussins remplis de plume et couverts de tricot de dilTérentes
nuances; quatre chaises foncées de paille et un paravent à sii
feuilles, couvert de tricot et de damas rouge.
Grand salon, n" 1495 à 1516; estimation : 1,365 liv- 10 sols.
Immédiatement après le billard, le grand salon. Cette pièce a
six fenêtres garnies de douze rideaux de gros de Tours vert et de
six stores à monture de fer. Le plancher est parqueté, et les mars
sont couverts de riches boiseries dorées, ainsi que les cadres,
portes et croisées. La cheminée, en marbre blanc, est ornée de
placards et de guirlandes en bronze doré finement ciselé ; 1b contre-
feu, ainsi que les côtés intérieurs, sont en potin; des chenets à
à deux branches et à pommes dorées, pelle, pincettes et tenaille
à boutons de cuivre doré la complètent.
Sur la cheminée est un grand trumeau de glace en trois pièees^
de dix pieds de hauteur sur cinq pieds trois poqces de largeur, daoi
un cadre de bois sculpté et doré; un autre trumeau semblable
était placé en face de la cheminée, et, de chaque côté de ces Jeui
trumeaux, quatre bras de cuivre doré étaient fixés. Au phïmi
était suspendu un grand lustre en bronze doré garni de eristaui.
Aux murs encore, deux baromètres de bois doré.
Comme meubles : quatre CQUsoles de bois doré avec leur d^soi
de marbre blanc; deux quinolas carrés, un autre rond, en hm
d'acajou, avec tapis verts; une table à écrire; une table creuse
pour mettre des fleurs, et un guéridon, le tout en boisd^acajaa.
Un canapé et quatre fauteuils, couverts de tapisserie des L
lins à fleurs; deux bergères avec leurs coussins et rondins raar
de plume et couverts de satin broché fond blanc, couleur rou,'
MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FIN DU XVIII* SIÈCLE. 525
bleue, une bergère et douze chaises, avec leurs coussins remplis
de plume, couvertes de satin fond jaune, avec fleurs 4rertes, et
six fauteuils à châssis de bois doré, couverts de satin broché de
nuances variées.
Sept écrans de différentes formes, en bois d*acajou ; deux grands
paravents à chacun six feuilles, couverts de damas fond vert; deux
autres petits paravents à écran couverts de même étoffe.
Dans un salon intermédiaire contign, éclairé par trois croisées
garnies de six rideaux de gros de Tours vert, nous trouvons une
cheminée en marbre, avec intérieur entièrement garni de fonte
ouvragée; cette pièce est parquetée, les murs sont recouverts de
boiseries entièrement dorées, ainsi que les portes et les croisées*
Sur la cheminée se trouve, dans un cadre de bois doré, une
glace de sept pieds de hauteur sur quatre pieds de large, sur-
montée d*un tableau ; sur la tablette deux petits écrans à main;
un autre trumeau semblable, également avec un tableau, lui fait
lace; quatre bras de cheminée, en cuivre doré, sont placés de
chaque côté de ces deux trumeaux, et trois fausses croisées en bois
doré, ayant chacune huit carreaux de glace, font vis-à-vis aux trois
fenêtres de Tappartement; un lustre à six lumières, en cuivre
doré, garni de cristaux, descend du plafond, soutenu par un gros
cordon de soie verte; appuyés aux murs, six bas de buffets, que
nous voulons croire en marqueterie de Boulle, garnis de treillis
et de rideaux verts, en gros de Tours, servent de bibliothèques;
un quinola, un guéridon ployant, une boite sur quatre pieds,
garnie intérieurement de cpivre jaune, et un écran garni de taffetas
vert; comme sièges : un canapé à montants de bois doré, son
matelas et deux oreillers remplis de duvet, le tout couvert de satin
broché, fond blanc, à fleurs et rayures de différentes couleurs;
quatre fauteuils de bois doré, couverts de pékin, et deux cabriolets
à, carreaux remplis de plume, couverts de satin brodé, à fleurs de
différentes couleurs.
Boudoir, n" 1530 à 1548; estimation : 546 livres.
Nous passons ensuite dans le boudoir, boisé d'acajou et de bois
I rose; deux fenêtres Téclairent, mais dans chacune d'elles des
i -reaux déglace de huit pouces de large sur dix-buit Je haut
1 oiplacent les vitres transparentes, maintenues à hauteur, ces
1
526 MOBILIER DL'N CHATEAU A LA FIN DU WllV SIÈCLE»
dernières garnies de huit petits rideaux et de stores de lampas de
la Chine, -les embrasures recouvertes de même étoffe,
•Le plafond s'élève en dôme et forme une galerie supérieure
entourée par un balcon de fer forgé; là se trouvent quatre placards
à deux battants garnis de rideaux de taffetas vert, qui pourraient
bien être ceux de la bibliothèque de Tours, car ils ont été réservés
par Tinventaire.
Les murs du boudoir étaient ornés de six panneaux de gtace de
quarante-huit pouces de haut sur vingt de largeur, et Tun d*eux
fermait Feutrée d'un petit escalier conduisant à la galerie supé-
rieure.
Comme meubles : un secrétaire eu bois de rose et acajou.
Comme sièges : une bergère et quatre fauteuils garnis de cha-
cun leur coussin, plus quatre grands coussins, le tout couvert de
lampas delà Chine. Du plafond pendaient deux laïUerues.
Dans le cabinet du boudoir, on trouvait toutes les commodités
possibles : un seau,, une cuvette, deux pots à eau, quatre pots de
nuit, le tout en faïence; un bidet et sa monture, une chaise de
nuit, son pot et accessoires obligés, une petite poêlette à parfums
en cuivre rouge.
Chambre à coucher et garde-robe à, côté, n*' 1549 à 1577;
estimation : 2,318 livres.
A la suite est une chambre à coucher; elle est éclairée par deux
croisées avec quatre grands rideaux de gros de Tours vert et deui
stores de canevas; elle est parquetée, et les murs sont recouverte
de boiseries dorées en plein, ainsi que les portes et fenêtres; h
cheminée est en marbre noir, garnie de cuivre doré et ciaele^Vm-
térieur en fonte; les chenets sont à deux branches et à trois
pommes de cuivre doré; pelle, pincettes et tenaïUe, une autr«
petite pelle à brûler des odeurs, un soufflet à deux vents»
balai, etc.
Sur la cheminée : un trumeau avec sa glace en deu^ morceaDXt
de neuf pieds de hauteur sur quatre de largeur, dans un cadre
de bois doré; un trumeau sem'blable fait face au premier, et ud troi-
sième de même hauteur, sur trois pieds et demi de largeur, e^t place
entre les deux fenêtres. De chaque côté du trumeau de la chem
et de celui qui lui fait vis-à-vis sont quatre bras d applique à '
branches en bronze doré; au milieu du plafond, un luitri
MOBILIER D'UX CHATEAU A LA FIN DU XVIIl* SIÈCLE. h%1
bronze doré, orné de cristaux, soutena par un gros cordon de soie
verte.
Le lit et son impériale sont en bois doré; le sommier est en
crin, les deux matelas en laine, la couette et le traversin en duvet
^e cygne ensouillés de basin blanc recouvert de taffetas blanc, la
housse, la courtepointe, les bonnes grâces, fond, dossier, pentes
et tentures sont en gros de Tours vert; il existe à Timpériale une
palmette de cuivre doré.
Une commode à cinq tiroirs en bois des Indes satiné, avec
dessus de marbre ; un écran de bois des Indes avec ses tiroirs et
encriers, recouvert de gros de Tours vert; un autre écran, pareille-
ment recouvert; une table à écrire en acajou; un guéridon à deux
rangs et à balustre.
Un canapé à deux dossiers, couvert de basin des Indes brodé, un
lit de plume, matelas et deux rondins couverts de même étoffe,
deux oreillers de duvet couverts de gros de Tours vert.
Une bergère, son coussin et rondin, deux fauteuils avec leurs
coussins, le tout rempli de plume d'oie et recouvert d'étoffe
cannelée à rayures blanches et vertes à petits bouquets verts et
rouges; six fauteuils à châssis de bois doré et une chaise prie-Dieu
recouverts de pékin.
Dans la garde-robe de cette chambre, une table de nuit en bois
d'acajou, dessus de marbre rouge, et ses accessoires obligés; un
bidet en faïence et sa monture, en bois des Indes; une chaise de
nuit de même bois, son pot et deux autres pots de nuit, le tout en
faiencede Rouen, une boîte à parfums en cuivre rouge, cafetière de
môme métal; un bas de buffet en bois des Indes, avec portes à
coulisse et deux tablettes de marbre blanc, en6n un chauffe-
chemise d*osier.
Deux chambres à coté, n"* 1578 à 1600; estimation :
467 liv. 10 sols.
Dans deux chambres à côté, un mobilier moins luxueux et que
nous laisserons pour arriver à la pièce suivante, donnant sur la
galerie de Tappartement des bains, et que je présume être le
cabinet qu'occupait M. de Choiseul, car nous y trouvons les quatre
jssus de porte Vues de Rome^ attribuées à tort à Hubert
[>bert, que signale Rougeot et que notre inventaire estime
^ livres avec cinq autres tableaux, tous bordés de cadres de bois
528 MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FIK DU WIIT SIÈCLK.
doré. Ces quatre vues de Rooie étaient : // Campo Vaccino; le
Colisée et VArc de SepHme-Sevère ; le TempU de Jupiter; la
Pyramide de Caius Sextius. Elles sont encore au Musée de Tours.
Ce cabinet était parqueté, les boiseries étaient dorées ainsi que
les contrevents des croisées et les ferrures. Il était éclairé par trois
fenêtres garnies de six grands rideaux de gros de Taura rert, sa
cheminée était en marbre avec intérieur en fonte; le feu ou che-
nets était à deux branches et les autres accessoires déjà dcciits
dans les cheminées s'y trouvaient également.
Sur la cheminée, un trumeau de glace en deux morceaux de
neuf pieds de hauteur, sur quatre de largeur, dans leur cjidrêile
bois doré; de chaque côté, deux bras de cheminée à trois brandies
en cuivre doré. Un autre trumeau, semblable au préccdent, lui
faisait face.
Un thermomètre à cadre de bois doré.
An plafond, un lustre de bronze garni de cristauv soutenu par
un cordon de soie verte et or, semblable aux cordons de la die*
1 minée.
1^ Un lit de repos, avec ses matelas et oreillers couverts dVioffe
F cannelée, rayée fond bleu à fleurs rouges et vertes. Deux ber<jéreii
1^ et neuf fauteuils, avec leurs coussins recouverts d'êtofle semblable
I à celle du lit. Un fauteuil de toilette à canne dorée et couvert de
j maroquin vert.
Une table de toilette et son tapis de serge rouge, huit boites dâ
^ toilette, un miroir et sa couverture de perse à fleuri, doublée de
i taffetas blanc. Une table à écrire, en bois saline, et sou écritoire
i argentée; enfin, deux écrans couverts Tun de t:iffotas vert et l'autre
de papier chinois.
Galerie des bains, n"' 1616 à 1()31 ; estimation : 3,610 litres.
De là, nous entrons dans la galerie qui suit, faisant retour
d'équerre à la pièce précédente; nous la cotisitlérous comme \t
plus belle des salles de Chanteloup.
Elle était parquetée et boisée dans son entier; la boiserie étiiit
dorée et relevée en bosse; elle prenait jour par six fenêtres, ^^'
nies de douze grands rideaux de gros de Tours vert, bordés^e
crépine verte et or; la cheminée était en marbre et llntiTieo
fonte, le feu en élait à deux branches et à trois pommes dorce
or moulu, pelle, pincettes, tenaille, etc.
MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FIN DU XVlli* SIÈCLE. 529
Sur la ebeminée uq trumeau, eu deux pièces, de huit pieds de
haut sur cinq de large, avec cadre doré et deux girandoles de cuivre
doré en or moulu, garnies de cristaux. Quatre autres girandoles
semblables étaient réparties dans l*appartement, et une seconde
glace à cadre doré, de qnatre*vingt-seixe pouces de hauteur, sur
soixante de largeur, faisait face à la porte d'entrée, dont les pan-
neaux étaient formés par quatre carreaux de glace entourés de
guirlandes d^une finesse d'exécution extraordinaire.
En outre des boiseries, quatre tapisseries des Gobelins ayant
pour sujet VHistoire de Don Quichotte, estimées 500 livres, gar-
nissaient les murs, ainsi que cinq cadres de bois doré, remplis par
àe^ tapisseries de soie verte.
Trois lustres de cuivre doré, garnis de cristaux, pendaient au
plafond, soutenus par leurs cordons de soie verte et or fin.
Comme sièges : quatre canapés garnis de crin, avec chacun
leur coussin et deux oreillers remplis de duvet de cygne, six fau-
teuils, le tout de bois doré en or moulu et couverts de damas vert, à
fleurs, avec galons en or fin, quatre glands en soie et or fin à chaque
oreiller ; an écran à cadre de bois doré en or moulu et couvert de
daoïas semblable aux canapés et fauteuils et aussi galonné d'or.
Cinq grandes bergères à bois peint en blanc, avec leurs coussins
remplis de duvet de cygne, dont trois couvertes de satin broché
fond cramoisi à fleurs vertes et blanches et deux couvertes de
damas vert. Huit fauteuils à bois peint en gris, avec chacun leur
coussin rempli de plume, couverts de damas vert à fleurs et ga-
lonnés d'or fin.
Un qninola pliant, en bois des Indes, couvert de drap vert, et
qoatre petits écrans de dififérents bois.
Appartement n' 2, n*' 1632 à 1661 ; estimation : 593 livres.
Vient ensuite l'appartement ii* 2, composé de trois pièces; nous
ne trouvons à y relever que le n* 1634 : deux tableaux à cadre
doré, l'un représentant une Vue d'Amboise et l'autre une Vue de
Chanteloupy estimés ensemble quinze livres ; ce sont les deux belles
aqoarelles de Lenfant, actuellement au Musée de Tours ; le n** 1641 :
deux tableaux à cadre de bois doré, estimés dix livres ; deux fau-
te "Us peints en gris^ recouverts de tapisserie au petit point; une
co -8ole de bois doré à dessus de marbre, et la tenture de la pièce,
qu > ^*ait en damas terX.
1
530 MOBILIER D'UX CHATEAU A LA FIK DU XttU* SEËCLE
Chambre à la suite de la galerie j n'* 1662 à 1673; estiûiâtion:
2,171 livres, el la garde-robe^ n" 1690 à 1700; estimalion :
250 livres.
Nous pénétrerons maintenant dans la chambre qui vient à li
saite de la galerie, grande pièce éclairée par trois fenêtres garnies
de rideaux en gros de Tours rayé vert et blanc et de six petits
rideaux de mousseline rayée. La chambre est boisée, et des coloones
et pilastres en bois soutiennent les corniches; toutes les moulurer
sont dorées; la cheminée est en marbre et son intérieur en fonte;
le feu est à deux branches et à trois pommes de caivre doré ; elle i
tous ses accessoires ordinaires.
Sur la cheminée : un trumeau avec une glâce en deux morceam
de huit pieds de haut sur trois et demi de large; le cadre est en bms
doré; deux bras de cheminée, à deux branches^ en cuivre doré, ^
sont fixés. Une autre glace, de deux pièces, ayant sept pieds et
demi de haut sur quatre pieds de large, est placée entre deui
fenêtres; son cadre est doré.
Le lit est à deux chevets, à colonne et i impériale ; il a uu som-
mier de crin, deux matelas'de laine» une couette et deux traver-
sins remplis de duvet de cygne, ensouillés de basin blanc; la housse
en gros de Tours rayé vert et blanc, les quatre bonnes grâces,
chantournés, pentes, fond, courtepointe et soasbastement depektn
doublé de gros de Tours vert.
Une grande commode de bois satiné à cinq tiroirs garnis de
cuivre doré, dessus de marbre.
Une toilette de différents bois, son tapis de camelot rouge, buil
boites de toilette en bois peint rouge et or, le miroir et sa conver-
verturede perse doublée de taffetas blanc; une table à écrire avec
ses encriers en bronze argenté.
Un écran couvert de taffetas vert, une chiffonnière à trois tiroin,
une petite table creuse, le tout en bois d'acajou et des Indes .
Une bergère, son coussin et rondin couverts de satin des Indes
fond blanc et fleurs de différentes couleurs. Un canapé à fut de
bois doré, avec deux oreillers remplis de duvet; six faoteuits à
fûts de bois doré, avec chacun leur carreau rempli de duvet, le
tout couvert de pékin à fleurs et personnages.
Dans la garde robe à côté :
Un fauteuil de bureau à canne et bois doré; une encoignur
MOBILIER D'UKT CHATEAU A LA FIN DU X¥Ur 8IÈ€LE. Sdl
boîft satiné; une table de noit en bois d'acajou et des Indes satiné,
dessus de marbre ; un bidet de bois des Indes satiné ; un siège ;
huit pots en faieûce de Rouen; une boite & parfums et autres
objets de toilette.
Appartement à la suite, n"* 1674 à 16S9; estimation : 1,1 20 lit .
L*appai*tement à la suite est parqueté et éclairé par deux fenêtres
garnies de quatre grands rideaux de gros de Naples blanc, encadrés
de bordures peintes, à fleurs, avec leurs cordons de soie et quatre
petits rideaux de mousseline.
La tenture est composée de cinq panneaux de taffetas vert, enca-
drés de bois doré. La boiserie, les portes, volets, cornicbes, mou-
lures et guirlandes sont dorés; la cheminée est en marbre blanc,
ornée de cuivres ciselés et dorés, Tintérieur est en fonte; le feu
est à deux branches, avec trois pommes de cuivre doré, dont une
à personnage; elle est en outre garnie de tous ses accessoires ordi-<
naires.
Un trumeau d*une pièce, de cinq pieds de haut sur cinq de large,
avec cadre de bois doré et deux bras de cuivre doré à deux branehes;
one autre glace de cinq pieds de haut sur cinquante pouces de
large, avec cadre en bots doré.
Cinq tableaux à cadre de bois doré, estimés ensemble cent livres.
' Deux encoignures de bois des Indes et leur dessus de marbre
blaoc; une table en bois d*acajou, à forme de console, à trois
tiimrs, balnstre en cuivre et dessus de marbre, ^n corps de biblio-
thèque de bois des Indes satiné avec balustre en cuivre doré ; un
^iobe et une sphère sur pieds de bois doré; une table à écrire de
bois deS'Indes satiné; un petit paravent à quatre feuilles, en bois
saiioédes Indes, couvert d'un côté de papier chinois et de Tautre de
taffetas vert; un petit écran de bois d'acajou doublé de taffetas vert.
Deux bergères et six chaises à châssis de bois doré rechampi,
les deux bergères avec leurs coussins remplis de duvet, un écran
h châssis doré, le tout couvert de gros de Naples, fond blanc,
brodé aux Indes, représentant les Fables de La Fontaine, estimé
troM cents livres; deux autres bergères à châssis de bois doré, leurs
coussins remplis de duvet, le tout recouvert de satin broché, fond
bl >ioc à fleurs de différentes couleurs.
Itfous nous contenterons maintenant de signaler dans chaque pièce
le ( objets pouvant présenter un caractère artistique ou de curiosité.
\
532 MOBILIER D'UN CHATEAU A LA Fl\ DU XVIir SIÈCLE.
Chambre ouvrant dans' la galerie, n*' 1701 â 1721, et son anti-
chambre, estimation : 463 livres.
Nous reviendrons donc avec Tinventaîre dans une chambre
ouvrant dans la galerie; nous y trouvons, n'' 1711, un grand ta-
bleau à cadre de bois doré, estimé cinq livres, et un autre tableau,
aussi avec son cadre de bois doré» estimé vingt sois.
Autre chambre à coucher et garde-^robe, a" 1722 à 1744 ; esti-
mation : 2,012 livres.
Dans une autre chambre à coucher :
Les tentures et rideaux étaient en loile de iouy, fond blanc, à
fleurs et oiseaux de différentes couleurs. La commode était en bois
des Indes, ainsi que deux petites banquettes de croisée, qu'on pb-
çait dans les embrasures. Il y avait aussi un lustre de bronze doré,
garni de cristaux, deux l>ras de cheminée en bronze doré et deui
trumeaux de glace.
Grand cabinet particulier j n** 1745 à 1760; estimation :
1,081 livres.
Dans un cabinet particulier, au bout du corps de bâtiment
formant équerre du côté du pavillon des bains, nous trouvons ud
feu à deux branches analogue à ceux précédemment décrits; deux
trumeaux de glace, deux bras de cheminée, un lustre en cuivre
doré. Les meubles, tentures et rideaux en toile de Jouy. Lue
grande console à balustre; deux embrasures, une table, un écnn
en bois des Indes satiné ; le paravent et les portes battantes en
velours d*Utrecht.
1" Étage. — Appartement «• 4 : antichambre, chambre de
domestique et garde-robe, n''* 1761 à 1780; 321 livres. Riens
signaler.
Chambre de maître : cabinet de toihtle, autre cabinet et
garde-rokej n" 1781 à 1816; 2,120 livres.
Dans la chambre de maître, la tenture, les rideaux, couverture
des meubles, tout est en lampas des Indes. 11 y a quatre grïiti»
glaces et des bras de cheminée, une commode et deux encolgnttra
en bois des Indes satiné; la table à écrire est également en bois
des Ii^des ; les châssis des sièges sont peints en grîs.
Dans les cabinets, les murs sont tendus de papier chinois,
y rencontre les mêmes objets que dans les chambres prt^
ment décrites et un tableau à cadre doré estimé trois livres
MOBILIER D'UX CHATEAU A LA FIN DU XVIIl* SliCLE. 583
Appartement n* 5 : petite chambre à coucher, antichambre,
autre petite chambre.
Chambre de maître, garde-robe, n** 1817 à 1848; 1,363 litres-
Dans la chambre de maître, les tentures, rideaux et couvertures
(les meubles sont en toile de Jouy, fond jaune sablé, à fleurs de
différentes couleurs. Le lit, les fauteuils et bergères sont peints
en gris, les tables en acajou.
Appartement «• 6 : antichambre, petite chambre à côté,
chanibre de maître, cabinet et garde^robe^ n** 1849 à 1892;
1,739 livres 10 sols.
La tenture est en damas jaune à fleurs, les rideaux sont en gros de
Tours jaune, les sièges sont peints en gris et couverts de même étoffe.
Appartement n* 7 : deux antichambres, n*» 1893 à 1914:
209 livres.
Une commode de bois satiné.
Pièce à droite de la dernière antichambre servant de biblio-
thèque, n"* 1915 à 1960; 751 livres.
Trois trumeaux de glace; six bras de cheminée à trois branches
en cuivre doré; deux petits cerfs en bronze doré; deux tasses à
café et soucoupes en porcelaine de Chine, quatre autres en sèvres
bleu étoile d*or, un sucrier. Les meubles, tentures et rideaux sont
en perse fond blanc à fleurs, les rideaux sont doublés de taffetas
vert; un corps de bibliothèque de bois satiné des Indes, à balustre
de enivre doré, un autre petit corps de bibliothèque dans lequel
se trouvent quarante-deux volumes dont vingt-huit sont reliés en
maroquin. Un bureau de bois de placage à trente-deux tiroirs garnis
de cuivre doré, estimé cent livres.
Deux tableaux au-dessus des portes; un fauteuil de bureau
canné et à bois doré; quatre encoignures, dont deux en bois .satiné
des Indes et deux en acajou.
Pièce intermédiaire et appartement à la suite, cabinet, n*» 1957
à 1990; 1,657 livres.
Dans une chambre intermédiaire et Tappartement à la suite :
un trumeau et deux autres grandes glaces, dans leurs cadres de
trMs-doré; quatre bras de cheminée à chacun trois branches en
b >nze doré.
Les tentures et rideaux des croisées et du lit, couvertures des
n ables sont en perse fond blanc, à fleurs de couleur; deux
534 MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FL\ OU XVlir SIECLE.
tableaux en dessus de portes, dans leurs cadres dorés. Une com-
mode en laque de Coromandel à deux tiroirs^ garnis de conre
doré, dessus de marbre, estimée cent livres. Deux lustres de
cuivre doré, garnis de cristaux. Deux cartes des dépendances de
Chanteloup et d*Amboise encadrées de bois doré.
Une lanterne en or et argent dans sa boîte de chagrin vert,
estimée cinquante livres.
Une autre carte des environs de Chanteloup.
Appartement à gauche de Vantickambre, n» 1991 à lâ98;
414 livres.
La pièce à côté est tendue de toile de Jony, trumeau de glace
surmonté d'un tableau; un lustre cuivre doré; deux brag de che-
minée à deux branches cuivre doré. Une console en bois doré. Deui
antres tableaux au-dessus des portes.
Dans la pièce suivante^ n"' 1999 à 2005 ; 270 libres.
Un trumeau de glace, surmonté d'un tableau ; deux bras de
cheminée de cuivre doré à deux branches ; une commode de bots
satiné.
La chambre est tendue de toile de Jouy.
Dernier appartement sur la galerie conduisant à la chapeÛe,
n«* 2006 à 2033; 815 livres.
Le dernier appartement sur la galerie conduisant à la cfaapeUe
est tendu en toile de Jouy fond blanc à fleurs. Lne console an boit
doré, une pendule à répétition, garnie en écaille, différeati
menbles en bois satiné et acajoa; les canapé, fauteuils ci chal&es
peints en gris, recouverts en toile de Jou} <
Un lustre en cuivre doré, garni de cristaux; deux petits tableaiii
au-dessus des portes, estimés six livres; deux encoignures de boU
satiné.
Dernière chambre à coucher du corridor n"! :
Une commode en bois à placage garnie de cuivre doré.
Et Tinventaire se poursuit ainsi, relatant dans presque tous les
appartements des meubles de bois rares, des soieries précieuses, des
velours ou des toiles de Jouy, dont la valeur était, à cette époque,
presque égale à celle des soîes et, en tout cas, aussi à ta cocïde.
AITred Gabeau,
Inspecteur de fa Sociélé «rbéolo^ïtiDr
Tourtinc, pour le cuitoi d'Ambmi
MOBILIER D'IJN CHATEAU A LA FIN DU XVIII' SIÈCLE. 535
PIÈCES JUSTIFICATIVES
Nota. — Les numéros omis ne prétentaient pas un intérêt artistique suffisant et
lurebargeaient inutilement cet inventaire.
Extrait de l*lnventaire du mobilier de Cbanteloup.
Aujourd*huy vingt-neuf pluviôse Tan second de la République Fran*
caise une et indivisible.
Nous Joseph-Louis Guyot, notaire public, demeurant commune de
Noizay, et Albert Legrand aussi notaire public en la commune de-
Nazelles, commissaires nommés par les citoyens administrateurs du
district d'Amboise, du seize de ce mois pluviôse à Teffet de procéder à
l'inventaire des meubles, effets, litres et papiers qui appartenaient à
Louise-Marie-Adélaide Bourbon-Penlhièvre, veuve Philippe d'Orléans, et
qui sont tant au château actuellement citadelle d'Amboise et à Chante-
loup, pour cet effet nous sommes chargés de faire la reconnaissance des
scellés appo&és par le commissaire nommé par Tad m inist ration du dis-
trict de lever lesdits scellés, et de requérir les citoyens juges de paix de la
commune d'Amboise et de Saint-Denis-Hors pour reconnoitre les scellés
par eux apposés et donner main-levée ainsi que des objets qui sont en
évidence.
Le quinze de ventôse de Tan second, accompagnés de Loyau, apprécia-
teur, nous commissaires nous sommes transportés en la maison de Chan-
teloup, commune d^Amboise extra-muros où étant s*y sont trouvés les
citoyenssf laude Moisson, officier municipal, Antoine Robin, agent national
de ladite commune' d'Amboiseextra*muros, commissaires de ladite
municipalité nommés par délibération de ce jour, lesquels cy présents ont
consenti de nous assister au dit inventaire.
S*est égallement trouvé audit lieu de Chanteloup le citoyen Cormier,
juge de paix du canton d'Ambbise extra-muros, auquel nous avons exhibé
notre commission et requis de faire la reconnaissance des scellés par lui
apposés en cette maison à la requête de feu Philippe d'Orléans et d'Eu,
donner main-levée pour être par nous procédé à l'inventaire de ce qui
est sous lesdtts scellés et en évidence, après que nous aurons reconnu
sa'is et entiers les scellés apposés par le commissaire nommé par le
di Irici ainsi que nous y sommes autorizés par notre commission, et
a(] es avoir par ledit citoyen juge de paix, reconnu et donné main-^levée
de 'différents. scellés apposés sur les portes de différents appartements,
536 MOBILIER D'UIV CHAT£AU A LA FIN DU XI Uï' SEECLE.
nous avons procédé audit inventaire en présence des ciLayens Cbarlei-
Antoine Havé, Jean-Pierre Sauvé et Claude Guérin, gardiens et déposi-
taires desdils scellés et effets en évidence, nous avons préalablement
requis ledit citoyen Havé de nous représenter les effets en évidence il
laissés à sa charge, ce qu*il a offert de faire avec exactitude; ce faîti
nous avons inventorié les effets qui suivent :
Antichambre (1468 à 1473).
1470. Deux grandes consoles de bois peintes en gris et leurs
tables de marbre rouge , estimées 1^ &r.
Vendues 601iv. à Loyau François, fripier à Aniboiâe.
1471. Un lustre en cuivre doré, estimé 15 i
Enlevé par Tadministration.
Salle à manger (1474 à 1483).
1478. Un quinola de différents bois couvert de drap vert,
estimé IS '
Vendu 30 liv. à Hubert Martin, horloger.
14^2. Deux tableaux en dessus de porte à cadres de boîs doré. '
Enlevés par Tadministration.
Salle de billard (1484 à 1494).
1486. Un grand tableau à cadre doré et la carte d'âmboise
et ses cadres, estimés 10 •
Réservés par l'administration.
1487. Sixgirandoles montées en cuivre doré garnies de criital,
estimées 10 •
Vendues 20 liv. à Sanche Talné.
1489. Une grande table à jouer, garnie en tric-lrac avec
ses cornets de maroquin, dames d*y voire et day3,
estimée . 1^ '
Vendue 51 liv. à Sanche Fainé.
1493. Quatre tableaux en imposte représentant des paysages,
avec leurs cadres de bois doré, estimés. . . . . p . ^t *
Enlevés par l'administration.
Salon (1495 à 1516).
1495. Un grand feu à deux branches, cinq pommes dont
deux dorées et accessoires, estimés.
à
MOBILIER DUN CHATEAU A LA FIN DU XVIIT SIÈCLE. 531
Vendus 242 liv. à Loyau François.
Un griind contre feu en yoUn, ainsi que les côtés inté-
rieurs. Les montants, devant et tablette de ladite
cheminée en marbra blanc garnis de placards et
guirlandes de cuivre doré.
1496. Au-dessus de la cheminée, un trumeau de glace en
trois, pièces de dix pieds de hauteur sur cinq pieds
trois pouces de large, avec son cadre doré, estimé. 300 »
1497. Un autre trumeau semblable, estimé 300 >»
1498. Quatre bras de cheminée. de cuivre jdoré, estimés. . . 60 »
1499. Sept écrans, dont six petits et un grand en bois d'aca-
jou, couverts d'étoffe verte, estimés 18 »
Vendus 79 liv. 19 sous, en deux lots, à Bodin et Billard.
1500. Denx grands quinolas quarrés de bois d'acajou couverts
de drap vert, estimés 30 »
Vendus 81 liv. en deux lots à Loyau et Bertin.
1501. Un autre quinola rond en bois d'acajou, couvert de
drap vert, estimé 15 n
Vendu 37 liv. à femme Polha.
1502. Une table à écrire en bois d'acajou et autres bois,
garniede deux tiroirs, estimée 20 »
Vendue 60 liv. à femme Loignon.
1503. Quatre consoles de bois doré et leurs dessus de marbre
bhinc, estimées 20 »
Enlevées par l'administration.
1504. Deux bergères et leurs coussins, couvertes de satin
broché fond blanc, couleurs rouge et bleue, avec
leurs rondins» estimées 40 »
Vendues 151 liv. à Loyau François.
1505. Une bergère garnie de son coussin et rondin et douze
chaises avec coussins remplis de- plume, couvertes
de satin fond jaune, fleurs vertes, estimées 100 *
Vendues 525 liv. à Stival, poélier à Tours.
1506. Six fauteuilsJ>ois doré» avec leurs coussins remplis de
plume, couverts de satin broché, estimés. 60 »
Vendus 200 liv. à Loyau François.
1507. Douze rideaux de croisée de gros de Tours vert, estimés. 100 »
Vendus 687 liv. k Stival,. Loyau et Billard.
>8. Un canapé etquatre fauteuils couverts de tapisserie des
Gobelîns, massif à fleurs, estimés 100 n
Vendus 100 liv. à Loyau.
538 MOBILIER D UM CHATEAU A LA FIN DU XVIIT SIÈCLE*
1509. Un porte-talons et son coussin, couvert de cannelé à
rayure verte, estimé. . . . ^ 5
Vendu 16 liv. à Norbert, apothicaire à Ainboise.
1510. Deux baromètres, estimés 15
Enlevés par l'administration.
1511. Deux grands paravents à cadre de bois doré, de chacun
six feuilles, couverts de damas fond vert, estimés. . 40
Vendus 226 liv. à Loyau François.
1515. Un luslre, les montures en enivre doré garni de cris-
tal, estimé. . • • . < iO
Le dit appartement est parqueté et boisé, les cadres et
boiseries, portes et4;roisées sont dorés.
Salon intermédiaire (1517 à 1529).
1517. Un feu à deux branches et cinq pommes avec acces-
soires, estimés 60
Vendus 150 liv. ù Loyau François.
1518. Un trumeau de cheminée en deux pièces de sept pieds
et demi de hauteur sur quatre pieds de large, ion
cadre de bois doré et tableau, estimé 150
1519. Un autre trumeau vis-à-vis^ en deux pièces de pareille
hauteur et largeur, son cadre et tableau, estimé . . 150
1520. Quatre bras de çhen^inée en cuivre doré,, de chacun
trois branches, estimés iO
1521. Trois fausses croisées de huit carreaux de glace par
chaque croisée en bois doré, estimées 300
1522. Un canapé, montants de bois doré, son matelas et
dessus remplis de crin, deux oreillers de dnvel, le
tout couvert de satin broché, fond bleu, fleurs et
rayures, estimé. 30
Vendus 80 liv. à Loyaa François.
1523. Quatre fauteuils à châssis de bois doré, garnis de crin,
couverts de péquin, estimés iO
Vendus 100 liv. à Angellier.
1527. Six bas de buffets, servant d^ bibliothèque, en bois
d'acajou, garnis de treillis et rideaux en gros âe
Tours vert, estimés 50
Vendus 210 liv. un bas à Stibal et les cinq antres à
Loyau .pour 27J liv.
1528. Six rideaux de croisée en gros de Tours vert, estimés . .8^
MOBILIER D'UN CHâTSAU A LA FIN DU XVIII* SliCLE. 539
Vendas 2,595 liv. en trois |oU«
1529. Un lastre à six branches en cuivre doré, garni de cris-
tan^, estipié «•«.«•«•^^«••. 30 »
Vendtt 106 liv. & Loyau François.
L'intérieur de la cheminée est garni d'une plaque de
fonte, ainsi que les côtés; les montants, défauts et
tablette en marbre. L'apparteuient est parqueté, boisé
et doré, ainsi que les portes et croisées.
1530. Une glace de 48 pouces de haut sur 20 pouces de
large, estimée , 20 »
1531. Une autre de même hauteur et largeur fermant l'en»
trée d'un petit escalier, estimée ••• 20 »
1532. 1533. Deux autres semblables, estimées 40 »
1534. Une autre au-dessus du secrétaire, de 48 pouces de
hauteur sur 42 pouces de large, estimée 80 »
1535. Une aptre semblable, vis-à-vis, estimée 80 »
1536. Une bergère et 4 fauteuils, avec leurs coussins couverts
de lampas de la Chine, rideaux, stores et quatre
autres grands coussins, couverts de même étoffe,
estimés • 100 »
Vendus 407 liv. en 3 lots à Stibal, Loyau et Doré.
1537. La boisuredu dit cabinet en bois de rose et acajou; un
secrétaire de même bois, dessus de marbre blanc,
estimés ensemble 100 »
La boisure a été réservée par Tadministration et le sur-
plus vendu 199 lîv« 19 s. à Bodin.
1538. Dans les deux croisées, huit carreaux de glace de
13 pouces de Urgeur sur 18 de- hauteur, estimés . . 50 »
Réservés par Tadministration.
1540. Huit rideaux de taffetas vert, estimés 20 »
1550, 1551, 1552. Ti-ois trumeaux de glace de deux pièces de
9 pieds de hauteur sur quatre de large dans leurs
cadres de bois doré, estimés ensemble 800 »
1553. Quatre rideaux de croisée en gros de Tours vert,estimés, 60 »
Vendus 166 liv. à Stival et Poltra.
1554. Une commode en bois des Indes, satiné à cinq tiroirs et
son dessus de marbre estimée ..' 00 n
Vendue 191 liv. a Loyau.
1 rxM. Vn canapé à deux dossiers couvert de bazin des Indes
brodé, lit de plume, matelas, deux oreillers, Tun
couvert de gros de Tours, estimés • 40 »
5^0 MOBILIER D'UK CHATEAU A LA FIN DU XVIIT SIÈCLE.
Vendus 195 liv. à Sanche l'ainé.
1557. Quatre bras de cheminée, cuivre doré k trois brancb&s,
estimés ^ ^ ^ . « # . « . 40
Réservés par Tadmintstration.
1559. Une couchette à bois doré, sommter, deux matelas,
une couette et un traversin de duvet de cygae en-
1^, souillés de taffetas blanc, la housse en gros de
i, Tours vert, la courtepointe, pentes et tentures, Fim-
r périale en bois doré. Six fauteuils à chaasiâ^ bot!» doré
et une. chaise 4)rLe-Dieu, estimé 1,CN)0
' Réservés par Tadministration.
1562. Un écran. avec <sa tablette, garnie de ses tiroirs et
encriers, de bois. des Indes, couvert de ji^ros de Tours.
Un autre écran garni de gros de Tours vert, e^lîméi. 10
Vendus .50 Uv. à Stival.
1565. Un lustre ea cuivre doré, orné de cristaux, esttmé . • 30
LMntërieur de la cheminée garni en fonte, les mon-
tants, devant et tablette de marbre noir, garnis àe^
enivre doré.
Galerie de V appartement des bains (1601 à 1615).
1602. Un trumeau avec son cadre de bois doré, estimé . . . 250
Réservé. par.Fadministration. . .
1603. Un autre trumeau vis-à-vis de pareille grandeur,
estimé 250
1604. Deux bras de cheminée à trois branches en cuivre doré,
estimés 30
Vendus 80 liv. à femme Fleury.
1605. Un thermomètre. à. cadre de bois dore, estime. ... * 00
Vendu 15 liv. à Boisse.
1610. Un lustre en cuivre doré, garni de crî5tau?£, son cordon
de soie et or/ estimé 30
Vendu 101 liv. à Renard.
1613. Cinq tableaux à cadre de bois doré, eslrmès. . . * . . 50
Enlevés par radministration.
1614. Quatre dessus, de .porte jsU tableaux reprêsenlant les
vues de Rome et leurs cadres de bois doré, estimés, . ^
Enlevés par Tadministration.
L'intérieur de la cheminée en fonte, les monlanls
devant, (ablette çt càiès en marbre.
MOBILIER D'U\ CHATEAU A LA FIIV DU XVIU* SIÈCLE. 541
La chambre est parquetée et boisée avec dorure, ainsi
quOes ^co/itrevents des croisées et les ferrures.
Galerie,
1616. Un feu à deux branches, deux pommes de fer, trois
pommes de cuivre doré en or moulu, pelles, pin-
celtes, et tenailles avec leurs, boutons en .cuivre
doré, etc., estimés 80
Emportés par Tadministration.
1617. Un trumeau au-dessus de la cheminée de huit pieds de
hauteur sur cinq de large, avec son cadre doré, estimé. 300
Réservé par Tadministration.
1618. Trois girandoles de cuivre doré en or moulu, garnies
de cristaux, estimées 20
Réservées par Tadministration.
1619. Quatre canapés garnis en crin, chacun leur carreau
aussi rempli de crin, chacun deux oreillers remplis
de duvet, six fauteuils g<irnis de crin, le tout en bois
doré en or moulu, couvert de damas vert à fleu-
roni et garni de galons d'or fin, leurs couvertures
en toile grise^ quatjre gjlinds à chaque oreiller en
soie et or fin, un écran à cadre ds bois doré en or
moulu et sa couverture de damas vert à fleurs pareil
aux canapés et fauteuils et aussi galonné en or,
estimés 1,200
Réservés par Tadministration.
1620. Trois grandes bergères peintes en blanc, garnies en
crin et chacune leur coussin rempli de duvet, cou-
vertes de satin broché, fond cramoisi, fleurs vertes
et blanches, estimées « • . . • • 100
Vendues 420 liv. à Poitevin, Joubert et femme Pleury.
1621* Deux, grapd.cs.h^rgèi'es, .les mçntures peintes en ^ris,
garnies de crin et chacune, leur coussin rempli de
plume d'oie, couvertes de damas vert, estimées. • • 60
Vendues 215 liv. à Benoit et Fleury.
1622. Huit/aut^uiU à.c^djre de bois jptàvd en. ^ris, garnis de
crin et chacun leur coussin, rempli de plume d*oie,
couv^l^ de.d^n^as vert à fleurs, bordés d'une tresse
d'or, estimés •••••••>•••••••••••• 150
Vendus 550 liv. à Loyau,
Ma MOBILIER D'VN CHATEAU A LA FIN DU XVIll* SIÈCLE
1623. Une tenture des Gobelîns en quatre pièces, représeu-
tant rhistoire de Don Quichotte, estimée ^ 500
Enlevée par Fadministration.
1624. Une glace de 96 pouces de hauteur sur 60 de Ur<]ê,
avec son cadre doré» estimée 500
Réservée par Fadministration .
1625. Trois girandoles de cuivre doré avec leurs cristaux,
estimées « IS
Réservées par- Tadministraiion ; >
1627. Douze rideaux de croisée en gros de Tours vert, les
douze rideauxbordés chacun d^une crête d'or et soie
verte, chaque rideau ayant son cordon et glands de
soie verte et or, estimés 400
1628. Cinq cadres en bois doré, garnis de tapisserie de taf-
fetas vert-, estimés. 30
Vendus 260 liv. à Gourlin-Gandron.
1629. Trob lustres en cuivre doré, garnis de lears cnstauK,
cordons et glands de soie verte et or, estimés .... 100
Réservés par Fadministration.
1630. Deux glaces de porte d'entrée, formant quatre pièces,
faisant vis-à-Vis-à la dernière glace ci-dessus, Jes
glaces seulement, rrtiméffr ..>•;•«.' 100
Réservées ^r IHiéotiini^ftratibii .
La. cheminée de la ^ité galerie est eh marbre, la gamU
^iture intérieure est eh foiite.
La dite-galerie est parquetée et boisée, 4a boisure est
dorée et relevée en bosse. •
Appartement »• 2.
1634. Deux' tableaux à cadre de bois -doré, Fnn représentant
une vue d' Amboise etFautreune vue de Chanteloup,
estimés , . , 15
Enlevés par Fadministration.
1640. Un trumeau en deux pièces de sit pieds et demi de
haut sur trois pieds et demi de large, avec cadre bois
doré, estimé - GO
Réservé par Fadministration.
1641. Deux tableaffx^à cadré doré, estimés. . • |"
Enlevés par Fadmimstration^.
1643. Cinq fauteuils de bois peint en gnîs, avec leurs cous-
MOBILIER D'UN CHATEAU A LA FIN DU XVIIi' SIÈCLE. 543
sins pleins de plume, couverts trois en étoffe can-
nelée, et deux en tapisserie au petit point de diffé-
rentes couleurs, estimés 50 n
Vends 150 lîv. à Benoit.
1644. Quatce rideaux de croisée en gros de Tours vert, estimés. 50 »
Vendus 150 liv. à la femme Potha.
1645. Une cootole de bois doré et son dessus de marbre,
estimée. . . ^ 5 »
1646. Une tenture de damas vert à fleurs en six morceaux,
estimée 20 •
Vendae 60 liv. A femme Fleurj.
Appartement suivant,
1674. Un feu à deux brancbes, deux pommes de fer, trois
poipmes .de cuivre, doré, dont une à personnage,
pelle, pincettes, tenaille avec boutons de cuivre
doré, etc., estimés 80 »
Réservés par Tadministration.
1683. Un corps de bibliothèque en bois des Indes satiné avec
baluBtre en cuivre doré, estimé 40 »
Vendu 500 liv. à Pillerault.
1686. Un globe et une sphère sur leurs montants en bois doré,
estimés • 10 »
Emportés par Tadministration.
1687. Cinq tableaux à cadre de bois doré, estimés .'•... 100 »
Emportés par Tadministration.
1711. Un grand tableau à cadre de bois doré, estimé ..... 5 »
Enlevé par Tadministration.
1721 Un tableau à cadre de bois doré, estimé 1 »
Emporté par l'administration.
1748. Une glace de six pieds de hauteur en deux pièces, sur
trente-six pouces de large, son cadre en bois doré .
et .tableau, estimée. • 80 »
Réservée par Tadministration.
1750. Une grande console de bois des Indes k baiustre en
cuivcB dora et table en marbre blanc, estimée. ... 30 »
Vendue 28:^ liv. à Bodin.
* 801. Deux petits bras de cheminée à deux branches de cuivre
doré garnies de fleurs d'émail peint de différentes
cojilçurs, çsUmés .•••.••.•••• 5 »
544 MOBILIER D'UIV CHATEAU A LA FIN DU Wlll* SIÈCLE-
Vendus 43 liv. àForest.
1806. Un tableau à cadre bois doré, estimé . â
Vendu 74lLv. à.Molard.
1919. Deux petits cerfs de bronze sur leurs pieds de cuivre
doré, estimés , 5
Réservés par l'administration. '
1921. Une carte du département et environs, cadre et rou-
leau en bois doré, estimée. ...... ^ 1
Réservée par Fadministration.
1922. Un bureaji.de bois à. placage. garni de cuivie doré»
garni de trente-deux tiroirs, estimé, ••.,.... 100
Enlevé par l'administration.
1925. Un corps de bibliothèque en boià satiné des !ndes, ba-
lustre et garniture de cuivre doré, estimé 30
1928. Deux tableaux au-dessus des portes, à cadres de bois
doré, estimés 10
Enlevés par l'administration.
1973. Deux, tableaux aurdessus des portes, à cadres de bois
doré, estimés S
Enlevés par Tadmimistration.
1975. Une commode da Goromandel à deux tiroirs, garnie
de cuivre doré, estimée 100
Enlevée par l'administration (est actuellement à la pré-
fecture wde Tours).
1977. Une lanterne en or et argent, dans une boite en cha»
grin vert,. laquelle lanterne, nous commissaires avons
prise pour la déposer au district d'Amboise, estimée. 50
1980. Deuxxartes*: une des dépendances de Cbanteloup, l'au-
tre de la ville d'Amboise, avec leurs cadres en bois
doré, estimées ^ * 1^
Enlevées par l'administration.
1981. Deux lustres, un de l'appartement précédent et Tautre
du présent appartement, tous deux en cuivre doré,
garnis de. cristaux, estimés - • . . .^ 40
Réservés par l'administration.
1988. Une carte des environs de Chanteloup et un cadran
avec leurs cadres en bois doré, estimés. •*,,.. 3
Enlevés par l'administration.
1992. Un trumeau de deux pièces de 4 pieds de hauteur sur
36 pouces de large, avec sa boisure et tableau,
estimé... ..,,,,,
MOBILIER D'UN CHATEAU A LA Fl\ DU XVIII* SIÈCLE. 545
Réservé par Tadministration.
1996 Une console de bois doré, son dessus de marbre, estimée. 20 n
Vendue 50 liv. & femme Loignon.
1998. Deux tableaux au-dessus des portes, h cadres de bois
doré, estimés • 5 »
Enlevés par Tadministration.
2000. Un trumeau de vingt-huit pouces de haut, sur trente-
quatre pouces de long, sa boisure et son tableau,
estimé • . • . . 15 »
Le tableau enlevé par Fadministration, le trumeau
vendu à Benoit 171 liv. avec le n" suivant (2001).
2001. Deux bras de cheminée en cuivre doré à chacun deux
branches, estimés •••.•••••••• 10 n
2004. Une table en tric-lrac, garnie de ses dames, cornets et
bobèches de cuivre argenté, garnie d'un tapis vert,
estimée. ••••••.•••••••••••••• 15 »
Vendue 169 liv. à Benoit.
2021. Deux petits tableaux au-dessus des portes, à cadres
de bois doré, estimés •••••• 6 »
2091 Trois petits tableaux au-dessus des porles, estimés , , 10 »
Vendus 120 liv. à Benoit.
2252. Deux tableaux au-dessus des portes, représentant des
paysages, à cadres de bols doré, estimés 5 »
Enlevés par Tadministralion.
2263. Un grand tableau et son cadre de bois doré, estimé , « 3 »
Enlevé par Fadministration.
2265. Une tenture de papier velouté bleu et blanc sur ^oile et
deux tableaux champêtres au-dessus des portes, avec
leurs cadres, estimés • 5 n
Tableaux enlevés par Fadministration, tenture vendue
30 liv. à Doisteau.
2312. Deux tableaux à cadre de bois dore représentant des
paysages, estimés. ••.••••••/« 3 o
Chapelle.
liv. s.
2801. Deux vases de marbre sur leurs pieds de pierre de
lierre, estimés •••••••••• 1 10
^**^2. Deux canapés et leurs coussins retpplis de crin,
six banquettes aussi remplies de crin, deux cous-
sins de genouilf remplis de plume, huit coussins
35
i
546 MOBILIER DUX CHATEAU A LA FI\ Dl' X l U r SIÈCLE.
t de coude, (rois couvertures d*appui^ le tout cou^
■* verC de velours d'Utrecht, fond et fleurs verlês,
estimés 100
Les banquettes enlevées par Fadministration.
2803. Quatre chafses à prîe^Dieù garnies de' crin, cou-
vertes dUndienne à fleurs, estimées 8
2804. Huit tableaux avec leurs cadres de bois doré,
estimés 15
Enlevés par Tadminist ration.
2805. Deux consoles en bois doré et leurs dessus de mar-
bre, estimées . 10
2806. Deux grands chandeliers, une croix de cuivi^
argenté et* deux' petit» bras' de cuivre doré,
estimés ^
2807. Deux cierges de fer blanc couverts de cire, estimci». 3
2808. La couverture *dè J'aut'erde 'velours' d*Ulrècht à
mouches ronges et la nappe dé toile, estimées . 5
2809. L*autel, marchepied et gradins, estimés ..... 5
2810. Dans fa 'sâcrislie :* lin trumeau de vingtHjuatre
pouces de large sur trente-quatre pouces de hau-
teur et son cadre en bois peint en gris, esttmés.. 10
I 28II. Deux petits rideaux de porte vitrée en gros de
Tours vert, es'timés H
2812. Un calice, sa patène^ une paire de burettes, on
bassfn et une sonnette, le tout d'argent pesant
ensemble six marcs, estimé à raison de dn*
quante-deux livres le marc revenant à trois c(*nt
six livres ^ÏOU
2813. Une chasuble, une étore,' un manipule, un voile,
une bourse à corporal, le tout de gros de Xaples
à fleur fond blanc garni de crêtes et franges dW
fin, estimés éO
Lesquels' argènlerieeCornëoâehts (Tes deux derniers
articles, nous commissaires, avons sur-le-champ
fait porter au district.
2814. Une autre chasuble, une étole, un manipule, un
voile £i une étole fond argent garnie de galons et
de franges d'or fin,' estfm'és' /.'.','.* 10
Également, nous avo/hs fait porter les effeU da
dernier article à Tadministration du district.
2815. Trois chasubles, une de damas violet, uùe dedîl-
MOBILIER Ù'IiX CHATEAU A LA Fl\ DU XVIll SIÈCLE. 547
férentos étoffes de soie et Tautre de velours noir
avec leurs étoles, voiles, munipules et bourses,
esiiiiiées> •.••*...• 15 »
2817. Six volumes de livres estimés 1 »
La tribune parlicuUêre^n bois, {)ort£d*entjré£,ileu(
glaces, un tapis de pieds en moquette à fleurs
rouges, deux cbaises garnies de crin, la tenture
et le plafond en velours dTlrecbt, fond blanc et
petites fleurs bleues, estimés 30 »
\0T,\, — A partir du n<> 2804 les numéros sont' renouvelés jusqu'à 28i9i
Dhns les appartements.
2803. lue commode de Coromândet ^ d'eux lirbis fermânC
à clef et son dessus de marbre estimé 50 »
2930. Dans une armoire. Douze tableaux à cadre de bois
doré, estimés 12 »
Enlevés par Tadministralion.
2948. Quatre bras de cheoiînée de cmvre pêiiits de diffé-
rentes couleurs et leurs bobèches en cuivre clore. 3 »
2049. Deux autres *bras de cheminée montés sur bois,
fleurs en émail de différentes couleurs 10 f>
2959. Une housse, rideaux d'alcôve et pentes de satin et
taffetas cramoisi, le tout galonné et bordé de
franges d'or, et composé de vingt morceaux,
compris deux souilles d'oreiller et les deux
mains galonnées de même que la housse et les
rideaux d'alcdve, estimés 200 »
2963. Quatre banquettes de différentes grandeur^ cou-
vertes de moquette fond blanc moucheté vert et
rouge, estimées 35 «
Enlevées par l'administration.
3970. Un secrétaire de bois satiné, son dessus de marbre
blanc, estimé "^0 »
Enlevé par l'administration.
2973. Trois jrands tapis de pieds en tapisserie de la
Savonnerie, estimés 30 »
enlevés par l'administration.
'>eux banquettes remplies de crin, couierles de mo-
quette fond blanc, fleurs rouges et vertes, estimées. 20 »
I
548 MOBILIER D'UN CHATEAU A LA Fl\' DU Xiril' SIÈCLE.
Enlevées par radmlnislration .
2981. Deux grandes chaises à châssis remplies de ciiu,
couvertes de damas cramoisi, estimées. . « . . 10 *
S009. Une tenture de toile peinte fond hlanc fleurs bleues,
estimée • , 0 t
3028. Une élévation d*une porte et la citadelle d*AmboÎHe
en carton, estimée ,.** 3 >
Enlevée par Tadministration.
3044. Cinq grands tableaux à cadres de bois doré, estimés i 3€ *
Enlevés par Tadministration.
3051. Quatre grands coussins de canapé et dix-neuf car*
reaux remplis de crin, couverts de tapisserie,
estimés . «10 >
3070. Six panneaux de toile peinte en camaïeu bteu,
estimés. . • • • , 3 ■
Pavillon (Us bains.
3747. Deux bras de cheminée de cuivre peint et Heurs
d^émail, estimés • 8 ■
Vendus 21 liv» à Doisteau.
3970. Un tableau à cadre de bois doré, représentanl une
femme, estimé 5 •
4087. Cent cinquante-cinq flambeaux de cuivre, godranncs
ou dorés, estimés • • • Î05 t
Enlevés par Tadministration.
4089. Six flambeaux de bureau à trois branches, cuivre
doré, estimés • , . ' là »
Enlevés par Tadministration.
4102. Deux grands tableaux k cadre de bois doré, esUïséjs. 5 *
Enlevés par Tadministration.
4117. Un tableau à cadre de bois peint en gris, estimé. . 1 10
Enlevé par radminislration,
4146. Sur le tapis vert au midi du principal bâlinianl de
Chanteloup et près la Pagode, quatre vase^ et
leurs dés en marbre blanc, estimés âO t^
Enlevés par Tadministralion (aujourd'hui à ren-
trée du pont de Tours).
4214. Est le dernier article de Tinvcntaire des meubler;
du château de Chanteloup qui se termine par la
description des litres et papiers groupés par liasses,
UOBILIER D'L!\ CHATEAU A LA FIX DU XVilT SIÈCLE. 549
au nombre de 159 pour Cbanleloup et ses dépf n-
dances, la Bourdaisière, etc., et 33 pour Montri-»
chard. « Qui sont tous les titres et papiers que
« nous avons trouvés dans les dites archives sus-
tf ceplibles d*étre inventoriés, nons réservant
u néanmoins de faire un nouvel examen de ceux
« que nous avons mis an rebut et destinés à être
tt brûlés. Calcul fait du montant des meubles et
« effets compris au présent inventaire, il s*est
« trouvé être de cent dix mille neuf cent trente
u cinq livres « 1 10,935 »
Fait et arrêté le présent inventaire le jour et an que dessus (2 thermidor
an second), avons laissé lesdits titres et papiers à la charge et garde
desdits gardiens qui s*en sont chargés pour les représenter lorsqu'ils en
seront requis et ont signé avec nous après lecture faite.
Signé en fin : Moissox, Robin, Gliot et Leorand,
commissaires.
Enregistré à Amboise le 21 thermidor Fan deux de la République
française une et indivisible.
Reçu cinq cent quarante-cinq livres dix sols.
Signé : Le Ferme.
INTITULÉ DE LA VENTE
M Aujourd'hui, 14 fructidor, an second de la République française une
et indivisible, nous Joseph-Louis Guyot, notaire à Noizay, commissaire
nommé par l'administration du district d*Amboise, en date du douze de
ce fructidor à Teffet de procéder à la vente des meubles et objets qui
sont en la maison deChanteloup, conjointement avec le citoyen Le Grand,
et compris en F inventaire fait devant moi commissaire susdit, en son
commencement du 29 pluviôse dernier; pourquoi nous sommes transportés
en ladite maison de Chanteloup, située commune d* Amboise extra-muros,
où, étant à F heure de dix du matin, en présence du citoyen Jean Des*
places, administrateur du district, et du citoyen Antoine Robin, a,'][ent
national, François Merville..., commissaires nommés par la municipa-
d^Amboise extra-muros.
pour faire la prisée des dits meubles et effets, nous avons nommé
''-sonne du citoyen Autrive, concierge du district d'Amboise.
1
550 LES TAPISSERIES DE MOXTPEZ.lT,
Ce fait; nous avons procédé à ladite vente ainsi qu'il suit ;
Premièrement, etc. n
(Suit la vente.)
(A la fin de la première partie de la vente.)
u Et attendu Theurede quatre survenue, nous nous sommes retir^^r fL,
attendu que la dite vente doit être continuée par le cilo^en Le^^rand» com<
missaire nommé, nous avons annoncé que la dite vente serait continuée nu
lendemain de la décade prochaine; néanmoins, nous avons arrêté \q pro-
sent procès-verbal à Teffet de nous rendre compte de ladite venLe failf
ju8qu*à ce jour, calcul lait de la présente vente, elle s'est montée à la somme
de cent cinquante-deux mille cinq cent trente-trois liiTea dii-liuii âols.
Enregistré à Amboise le 17 frimaire de Fan troi,H dt' h République
française une et indivisible; reçu 1,256 livres.
Signé : Lefeeue.
' NoTâ. — (Cette première partie de la vente a duré dix-neuf jouri cl a aér^ï*
site trente-huit séances. La deuxième partie de la vente cal perdue, ou toul «a
moins égarée.) A^ E-
XXXV
LES TAPISSERIES DE MONTPEZAT
ET LA RELIQUE APPELEE
LES BONETS DE SAINT MARTIN DE TOURS
La cathédrale de Tours possédait au seizième siècle, el sans doufc
depuis longtemps, une relique de saint Martin qui n'est meplioDnée,
à ma connaissance, dans aucun document antérieur à cette époque^
D'après le procès-verbal du pillage du trésor de celte égWse parld
. protestants en 1 562, dont j'ai publié un extrait en J 870 \ elle consis-
tait en des fragmentsde taffetas conservés dans deux tubes d'srgeai.
et était appelée par les chanoines, les JJoneis de saint llartio *.
' Documents inédits pour servir à f histoire des Arts rit T(mrâim, p-
ln-8». Paris, Dumoulin, 1870.
* Voir- ci-coutrc, planche XXXVIl.
PUacbe XXXVlf. P«H« â&O.
LE MIRACLE DIT DES > BOIVETS > DE SAINT MARTIM
TAPISSKRIK UK. U0\TPE£.4T
f
1
LES TAPISSERIES DE MONTPEZAT. 551
De savants ecclésiastiques, frès versés dansThistoire du diocèse,
interrogés par moi, au sujet de cette relique et du nom assez
singulier sons lequel elle était désignée dans mon 'texte \ ne
purent donner aucune eiplication. L*appeIlation môme de Bonets
de saint Martin leur était inconnue. Comme la relique a été détruite
par les protestants, en 1562, il n'en est plus question après cette
date. 11 y avait donc là un petit problème intéressant, dont la solu-
tion ne pouvait venir que d*une heureuse rencontre.
M. Tabbé Bas, curé de Mettray près Tours, qui vient de publier
uae nouvelle vie du grand tbaumatarge des Gaules, très documentée
au point de vue artistique, ayant eu la pansée de faire photogra-
phier de curieuses tapisseries conservées dansTéglisedeMontpezat
prés MoDtauhan, et représentant diverses scèoes de la vie du saint,
voulut bienm'en communiquer les épreuves. Ces tapisseries, qui
mesurent l",84de hauteur sur 23", 90 de longueur, sont divisées,
dans ce dernier sens, en cinq pièces, contenant chacune trois
tableaux, séparés par des colonnes de formes antiques. Au-dessus
de chaque tableau, une inscription en vers français octosyllabiques,
tracée en caractères gothiques blancs, sur un fond rouge, explique
le sujet. Or Tavant-dernier tableau, le quatorzième,, nous montre à
gaacbe, saint Martin sortant de la sacristie suivi d*un clerc et don-
nant sa tunique à un pauvre presque nu; dans la partie principale,
Févêque de Tours, en habits pontiGcaux, célèbre la messe. Au
moment où il élève les mains et montre ses avant-bras nus, deux
anges descendent du ciel, lui apportant des brassards, ou bas de
manches, richement décorés, en même temps un globe de feu
brille au-dessus de sa tète.
La bordure supérieure porte Tinscription suivante :
Quant la robe au poure eut vestu,
Lui cbantaot devant pluseurs gentz,
Aogelz ont sei bras revestu
De boneti riches et moult genti.
A la première vue de cette épreuve, je reconnus que je tenais la
solution si longtemps cherchée. Les Bonets sont nommés dans
Tinscription et figurés dans la tapisserie.
< Ce nom avait probablement été suggéré par la forme des reliques, qui était
4 :11e d*on manchon se terminant en pointe par un bout, et ayant un peu Tappa-
I 'oce d'un bonnet.
513 LES TAPISSERIES DE UO\T?£SAT,
Restait à déterinÎDer le Tuît de la vie de saint Martin qui est ici
représenté.
Parmi les historiens du ihaiimaturge, Grégoire de Tonrs n'en
dit rien; Sulpice«Sévère, Forlunat, Péati GatiDeau parlent l^len de
pierres précieuses apparaigsatit Aur les mains du saint évffjuef
mais ils sont muets sur les manches, ou demi-manches, on
objets analogues. II n*en est pas question non plus dans la tra*
duction de la Légende dorée, due à G. Bronet, laquelle repro-
duit fidèlement, dît le traducteur, rort[{inal souvent inlerpolè et
augmenté, hh Légende Lombardiquet publiée par Lamhertus Cam*
pester, au commencement du ^ieTzième siërle, et qui n'est antre
que la Légende dorée ^ avec quelques additions et modifrc^lloDS,
raconte le miracle des Bonets associé à celui du globe de feu '.
Lambertus Cam pester emprunte à Sulpice-Sévère Tapparitiori du
globe au-dessus de la tète de saint Martin céli'brant la messe aprèi
avoir donné sa tunique à un pauvre^ puis il ajoute qu'au uiomeat
où Tévéque élevait les mains à Dieu, ses bras, que ne couvraient
plus les manches de la (unique, apparurent nus jusqu^au coude, et
qu^alors des anges apportèrent des bracelets enncliîs d'or et de
pierreries pour les couvrir, iïalgré la variante des bracelets pour
les brassards, on a bien ici le même fait que dans la tapisserie.
Lambertus dit avoir pris ce second miracle dans Jean Belelb,
théologien parisien du douzième siècle, qui avait écrit divers
ouvrages religieux dont un sent, je crois, a étéjmpnmé: c'est
le Rationale dwinorum officiorum, où Ton trouve au chapitre
de la fête de saint Martin le miracle des bracelets d'or venant
couvrir les bras du saint '. II paraît donc avoir été introduit asseï
tardivement dans la légende écrite. Mais il fut promptemeutadopit^.
au moins dans notre région, car, dés le treizième siècle, il figure
dans les vitraux des catliédrales de Tours et du Mans ^
' Legenda sanctorum, que Lombard ka Aifsforia dicitur. In -4^°, goltitqae,
Lyon, 1517, f» 126 v».
' Voir aui Pièces justiOcativei.
' Pour le Mans, voir Lnœv ue La Marchb, Saint Martin, p. 77, Grud in-^.
Tours, Marne, 1891; pour Tuur*. l'erriêre^ du thœur de tégtise métropoitte^^*
de Tours, dessinées par Marchand, (cxtt; par les chanoines Bourassé et if
ceau. In-fol. Tours, A. Munie, 18VÎ)j plttnchc VL — Il e&l à noter que les saTj
chanoines fiourassé et Maacc^KU n'avak'nU à l'époque de ccde publication, ituci
notion du miracle des Booneli dont \h aVAÏent sous les yeui h rcpréfcalation.
LES TAPISSEHIES DE MO\TPEZAT. 5r.3
Quoi qu'il en puisse être, la tapisserie nous donne bien notre
relique avec son nom particnlier, et la forme qui lui était attribuée,
les reliquaires n'en contenant plus que des fragments. Le doute
n'est guère possible; s'il snt^ftistait encore, il serait assurément
l«vé par un texte contenu dans une plaquette rarissime, publiée
à Tours par un Tourangeau, un peu avant le milieu du seizième
EÎècIe, ThUjauIt Lepleigncy, dans sa Décoration du pays et duché
de Touraine datée de 1541, s'exprime ainsi, en parlant de Saint-
Galien, cathédrale de Tours :
u F^ncore est en la dicte esglise du dict Tours nng beau reliquaire
u de sainct Martin, car ainsi, comme il chantoit une messe en une
Il chapelle fondée de sainct Gervais et sainct Protais ^ près Tesglise
« cathédrale du dit lieu de Sarnt-Martin, avoit donné sa robe pour
a l'honneur de Dieu â ung paouvre, et n^avoit vestu qu'ung petit
a manteau, qui n'avoit que demy mencbes,eten monstrant le corps
i&de Jésu Christ, son dict manteau se recula de dessus ses braz,
il et demeurèrent tout nudz. Zi davant le peuple qui y estoit pré-
cv sent, fut faict ung fort beau miracle; car, en présence de tous
a les assisians, luy fut par I ange appoiié une manière de man-
ft ches, dont it eut les braz couvers, et les appelle-t-on les Bonets
1^ de sainct Martin; et les voie-t-on par grande singularité, aux
^ fêtes annuelles, en lesglise Alélropolitaine *• »
La légende reproduite par Iiepleigney est bien celle qu'a suivie
■ auteur des tapisseries de Montpezat. Rien n*y manque, ni les
auges apportant à saint Martin les Bonets^ ni le pauvre recevant la
tunique à la porte delà sacristie.
Le miracle représenté dans la panneau de Montpezat est un des
moins célèbres parmi ceux qu'offre la vie de saint Martin ; il était
surtout connu à Tours, ou Ton conservait les reliques àes Bonets,
C'était pour ainsi dire un sujet local. On serait donc fondé à penser
que cette tapisserie a été exécutée à Tours, où j'ai constaté, au
pen^nt qu'an globe ds feu iDr ta léte de saint Martin, ils s'expriment ainsi.
pâîïO 55 du texte '. Un ange nppamit ait'^essus de ta tête de saint Martin et
lainr échapper de ses mains des rayons lumineux qui se dirigent vers les
''u èleréesde î'évéqnc^
y a ici un anActifoniinié; k fondation de cette chapelle est postérieure au
^Ù viviji ^înl ^larlin*
m^ULT LepLKiG^tiîv, /^ décoration du pays et duché de Touraine. Rëédi-
' U prince Galitzin. to-S''. Tours, J. Bouzerez, 18G1, p. 17.
554 LES TAPISSERIES DE MONTPEZiT.
moins à partir de 1520 ', Texistence d'ateliers de cet art, dirigéi
par Nicolas et Pasquier de Morlagpe, tapissiers de haute Ime, nés
en Flandre, qai furent employés par François 1''.
Je D ai nullement Tintention de faire une étude des tapisseries
de Montpezaty dont je ne connais que quelques panneaux, et encom
par des photographies; mais, bien qu*elle$ aient éléallribuéesàu
quinzième, et même au quatorzième siècle, elles soqI des eurirons
de 1530, comme le prouvent les costumes des personoagei,
Tarchitecture des édifices, inspirée plutôt qu'imitée de Tantique, et
dans laquelle la gracieuse coquille, caractéristique de notrepremi^re
Renaissance, se rencontre assez fréquemment; eii6n les armoiries
du donateur, d'or à trais bandes de gueules au chef d'azur chargé
de trois étoiles d'or, qui se trouvent au bas de plusieurs pauneatu,
et paraissent tissées dans la tapisserie ^Ue-même. Ces armes, que
surmontent une crosse et une mitre, symbole de la dignité épisco-
pale, sont celles de Jean Desprez de Montpezat, évéque de Mon-
tautnm,^ 1519 à 1539, doyen et biènfartEur de la collégiale de
Montpezat, où H Hfmà £oaàé, et doté à ses frais, six ckapellenies.
11 n'y a donc pas à hésiter surTT^puqw^^ la fabricaliou.
Quant à une pareille commande faite à Tours par nn évèque Ju
midi de la France, elle s'expliquerait tout naturelleiiienl par le.^
relations de ce prélat avec un personnage qui habitait une région
du Poitou limitrophe de la Touraine. C'était Antoine de Lettes,
qui avait pour mère Blanche Desprez de Montpezat, propre steur
de Tévéque de Montauban. Il avait épousé, en 1521, Lyette, ben*
tière de l'important château du Fou, qui existe encore à qiielqui^j
lieues de Cbâtellerault. Il suivit François I'*^ en Italie, et fut pri'
avec lui à la bataille de Pavie. Il partagea même en Espagne U
captivité du roi, qui Thonorade sa bienveillance, luiconSadiverse^^
missions et, après le retour en France, le fit geatilKouime de st
chambre et capitaine d*une compagnie de ses ordonnances: il Itn
donna de plus la fonction de mailre des eaui et forêts du Poitou,
en remplacement de son beau père Jacques du Fou, décédé en 15'2T.
Antoine de Lettes eut une brillante carrière militaire, retourna
plusieurs fois guerroyer en Italie, et mourut, en 1544, maréchil
de France. La fréquentation d'un prince passionné pour 1
» Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements^ 1S8B, p. .
LB8 TAPIS8£BIE8 DE UONTPEZAT. 555
et de nombreux séjours en Italie ne purent manquer de faire
nailre, ou de développer, chef Antoine de Lettes, des goûts artis-
tiques que partageait son oncle, comme en témoignent ces tapis-
series elles-mêmes, et le lieau château de IMquecos, bâti ou tout au
moins agrandi par lui, auprès de Montâuban, et dont Louis XIH
fit sa résidence pendant le siège de cette ville, en t621.
A part cette communauté de goûts, très explicable à une époque
où la noblesse et le haut clergé de France rivalisaient d'ardeur pour
introduire les procédés d'au delà des Alpes dans la construction et
la décoration des monuments, on ne sait rien de la nature et de
rétendue des rapports qui existèrent entre Toncle et le neveu.
Mais ces rapports furent assez l)ons et assez constants pour que,
par testament en date de 1537, Tévèque de Montâuban instituât
Antoine de Lettes héritier de sa fortune, qui devait être impor-
tante, car il avait recueilli tous les biens de sa famille.
Ces considérations, et d'autres qu'on pourrait y joindre, permet-
tent de croire que Tévêque de Montâuban, voulant orner sa collé*
giale de belles tapisseries, s'est adressé aux ateliers de Tours, dont
Texistence lui était connue par son neveu, chez lequel il avait pu
en admirer les remarquables produits.
Mais j'ai iiâte d'ajouter que ce ne sont là, après tout, que des
prohabilités, et que Jusqu*à la décduverle d'une pièce décisive, il
faut se garder de rien affirmer sur l'origine des tapisseries de
Montpezat. C'est à proprement parler un point d'interrogation que
je pose, et une piste que je me pern^ets d'indiquer aux érudits langue-
dociens, auxquels il appartient surtout de résoudre cette question.
Charles de Grandmaisox,
Correspondant de rinutitut, membre non résidant du
Comité des Beaux-Arts, à Tours.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
ï
EXTRAIT DU FaOCÈS-VERBAL DU PILLAGE DE LA CATHÉDRALE I)E SALM-GATIEN
PAR LES PROTESTAKTS EX I5G2.
S, en une cassette de hois, avons trouvé deuz peliles reliques que
les Is chanoines ont dict estre appelées les bonets de S* Martin, conte-
1
T
556 LES TAPISSERIES DE MOXTPEZAT.
f nant chacun d'euz environ demy pîed de long, et au boul de chacurï d'eu;
y auroit une bordeure d*argent doré, qui faisoîl ta liaison et lenoit un
christal, et par le travers lesdicts bonels étoient creu£, et y pa^aoïl une
petite chaisne d'argent ; Fun desquels bordz a esté levé et le clinsLal u.sLé
par lesdicts orfeubvres^ soubz lequel christal, es! où un canon d'argent
creuz, sous lequel canon ont esté trouvées deuz enveloppes, ia première
estoit de tafelard rouge, contenant en largeur environ de trois doîj^tfi et
1/ quatre de longueur, qui a esté découvert, et au dessoubz a esié trouvé uae
enveloppe aussy nouée, laquelle enveloppe estoit de tafelard char^g^nni,
• eticelle découverte, s'est trouvée de longueur d'un demi pied et de largeur
de quatre doigts, par tous les endroicts, fors de la «{ueule, ainsi qae seroli
une pochette, et au dessoubz deladicte enveloppe eslcil ledlcl canon d'nrgenl,
et le pareil a esté faict de l'autre bonet, où ont este trouvées deiiï enve^
loppes, l'une de taffetard rouge et l'autre taffetard changeant, tesqudle^
^ enveloppes de taffetard changeant lesdicts chanoines ont dtcls eitre
appellées les bonets; et lesquelles enveloppes de taffetard changeant ont
esté trouvées dissemblables "en longueur et largeur; en l'une d'ieelle^
f auroit l'un des bonets qui estoit effloré, et sy apparoissolt qu<? ledirv
endroict avoit esté redoublé pour avoir esté adjoinct^ ou cousu, avec autrr
chose; et par le travers ont esté trouvés quelques bouts de snye qut at^oii
servi à glacer, ainsy qu'il arrive quant une chose est mise en doubteure.
ou en foureure; et par l'autre bout, il y avoit un gousset faict en pointe^
contenant par un endroict la largeur d'un pousse, venant en èstruisslssant,
jusque à environ de trois doigts de longueur, apparoissoit que urte partie
d'icelle enveloppe estoit cousue de soye et l'autre partie de fils de lin ou
chanvre... Lequel argent doré et le canon d'argent ont esté ^eiés rt
trouvés monter un marc deuz onces.
(Archives d'Indre-et-Loire, G. 596, p. 139-140, copie de 1020 — Imprimif ^ul /^m^
ments inédits, loc. cit.)
II
EXTRAIT DE JEAK BKLBTH.
Sed quum nnle altare, ut moris est in praefatione, sisteret, maimsqtie
ad Dominum elevaret, ita ut brachia ejus, facile ob ampliludtaeni ^t
brevitatem manicarum conspicerentur, illico aurei torques* ip» bon«lr
operuerunt, et suprà caput ejus igneus globus visus e^t.
{Rationaledivinorum officiorum Johanne Bdetko^ theohfjo PnrtMitfiii ^ atifkorf. ^ Inpi*'
à la «Dite du Rationale de Guillaume Duband, 1574. Lyon, Pierriï Houim, f«. y
FRANÇOIS ET JACOB fiU\EL. 557
XXXVI
FRANÇOIS ET JACOB BUNEL
PEINTRES DE HENRI IV
Noire école française abonde en arlistes ayant joui de leur temps
d*une grande célébrité, que la mode ou la disparition de leurs
œuvres ont relégués' depuis dans une ombre profonde. Notre
devoir n'est-il pas, aujourd'hui, quand nous en trouvons l'occa-
sion, de revendiquer au proGt de notre art national si injustement
dénigré et méconnu, du moins pour Tépoque de la Renaissance,
quelques-uns de ces artistes dédaignés ou négligés, et d'essayer
de leur rendre la place à laquelle ils ont droit? Il ne faut pas se
le dissimuler, les plus grandes difficultés surgissent quand on
tente d'établir les titres de gloire de notre vieille école nationale.
!Vos maftres du quinzième et du seizième siècle ont eu surtout le
tort de ne pas être étrangers. Il a été trop longtemps de mode de
dire et d'écrire que notre art doit tout à Tltalie dont les peintres, les
sculpteurs et les architectes seraient venus en France enseigner
le beau à des ignorants et à des barbares. Voltaire n'a-t-il pas écrit,
sans être démenti jusqu'à ces derniers temps, qu'avant Louis XIV
il n'existait pas d'art français? Notre école nationale pure de tout
alliage étranger, ne relevant que d'elle-même, et qui pouvait
s'enorgueillir d'avoir produit les Ligier, les Richier, les Pinagrier,
les Michel Colomb, les Jean Goujon, en sculpture; les Jehan
Foucquet, les Perréal, les Bourdichon, les Clouet, en peinture;
les Roger Ango, les Jean Bullant, les Pierre Lescot, les Pierre
Nepveu, en architecture, etc., était pourtant en pleine efflorescence
au commencement du seizième siècle,
a Avec les meilleures Intentions du monde )) , comme Ta si jusle-
] dit Vitet^ a François I" faillit rendre à noire art national
viTEf, Etudes sur F histoire de l'Art.
n
558 FKAÎVCOIS ET JACOB BUXEL.
un fort mauvais service » , en ameiiftiii à Fontainebleau colle Irib
d'artistes transalpins. Cet' engoaeaieiii du roi et de la Cour pour
tout ce qui venait d'Italie manqua d'être tMt, Avoir cherche à faire
plier notre école au despotisme du Primatice et du Rosso a éiè uae
profonde erreur. Les extravagances de ces derniers ne luis^êiËnt
pas, malheureusement, d'avoir une influence néfaste sur nombre
de nos artistes, de les égarer jusqu'à un certain point ; fort heureu-
sement, la masse resta réfractaire et notre art national, d'une si'vc
si féconde et si française, ne se laissa pas facilen^ent dévier sa vme.
Au nombre des peintres ayant joui d'une haute renommée ân
seizième siècle et presque oubliés depuis, Ton peut citer liardi-
ment au premier rang les Bunel. Ces Bunel ne sont plus, pour
ainsi dire, pour nous, aujourd'hui, que des êtres abstraits, ibntir
nom seul n'est peut-être pas tout à fait inconnu des curieux d'art, vi
encore ! Cet oubli, dans lequel est tombée cette dynastie d'artislea,
s'explique jusqu'à un certain point par deux raisons : d'alwr^f,
parce que leurs. ouvrages ont totalement disparu, et ensuîïe parée
qu'ils vécurent à cette malheureuse époque où, les guerres Teli-
gieuses ayant mis la France en feu, Ton avait tout autre chose à faire
t|u'à s'occuper de questions d'art. Il ne faut pas oublier qu^alon
les beaux jours de François I*' et de Diane de Poitiers étaient
passés. Les temps étaient devenus hostiles à l'art. Le^ idées êuieot
ailleurs, et peintres et sculpteurs n'avaient que faire entre lï<(ueurï
et huguenots. L'argent devenu rare, l'anarchie régnant en souve-
raine maîtresse de tous côtés, la France voyait venir le moment uù
elle allait être démembrée par l'étranger. La Savoie et TKâpa^jQ^i
aux aguets, n'attendaient qu'un signal pour se jeter à la curée.
Nous avons fait tous nos efforts pour réunir sur les Bunel, sqt
leurs personnes et leurs ouvrages, le plus de renseignementi po^
sible, cherchant à établir leur état civil et à donner, aussi fidèle-
ment qu'il nous a été permis, la liste de leurs ou\ rages et letrr
historique. Notre moisson n'a pas été riche, nos recherches sost
bien souvent restées sans résultat. Il n'en est, hélas ! que trop sou-
f vent ainsi pour les artistes de ces temps troublés. Que sait-on de^
l Corneille de Lyon et des premiers du Monstier? Peu de choses,
l pour ne pas dire rien. Connalt-on seulement d'eux un* '^
[ absolument authentique ? Sur ces peintres, l'obâcuril.
[ peu près complète et l'on ne peut en parler que par nr-
I
FRA\Ç018 ET JACOB BIMEL 5â0
La fatalité semble s*étre acharnée sur les Bunel comme sur eux.
Pour le chef de la dynastie des Bunel, Jean Bunel, nous n*avons
presque qn*ane date. C*est peu. Pour son fils François, sans cepen-
dant être arrivés à découvrir les dates de sa naissance et de sa
mort, nous serons plus explicites et nous pourrons donner d'assez
nombreux renseignements sur sa vie et sur ses ouvrages. C'est
avec le dernier et le plus connu des Bunel, Jacob ou Jacques» le
fils de François, que nous serons le plus à Taise, grâce à Testime
dont il a joui auprès de ses contemporains et même auprès de la
génération qui a suivi ; grâce aussi à Tapaisement des esprits, con-
séquence de Tavënement de Henri IV au trône de France. Nous
avons rencontré maintes mentions le concernant dans les écrivains
du temps; mais les meilleures sources auxquelles il nous a été
donné de puiser ont encore été les dépôts d'archives et les comptes
des maisons royales. C'est donc surtout par Tétude de ces docu-
ments que nous allons essayer de raconter la vie et d'établir la
^ liste des principales œuvres de François et de Jacob Bunel. Malheu-
reusement, bien des points de leur existence resteront cachés à
no9 investigations et enveloppés de ténèbres profondes.
Le premier des Bunel dont on trouve trace est Jean Bunel,
peintre àBlois, qui, en 1518, reproduisait des écussons aux armes
de la ville, sur les manches des robes de cérémonie des officiers
municipaux, ainsi que sur les torches de cire que ces magistrats
portaient aux processions, comme en fait foi un compte des recettes
i'ï dépenses communales de Blois de cette même année'.
La famille Bunel avaitde nombreux représentants à Blois, et une
certaine Rachel Bunel native deDIois, veuve de feu Martin Dumont,
marchand d'habits, qui «mourut le dernier jour de septembre 1625]» ,
comme nous l'apprennent les registres protestants de l'état civil
conservés au grefie du Palais de justice, appartenait certainement
à la famille de nos peintres*, lien était probablement de même de
ce François Bi^nel, sieur de Boiscarré, originaire de Pont-Audemer,
qui, pour cause de religion, se réfugia en Prusse \
Jean Bunel eut un fils, François, qui s'éleva au rang de peintre
1 A. UvPKÈ, Notice sur quelques peintres blésois. Gazette des Beaux-Art;,
i 48. t. II, p. 265etiuiv.
Jal, DiclionHoire critique de biographie et d'histoire.
UAâ€, La France protestante.
560 FRAXÇOIS ET JACOB BUNEL.
de la Cour de Navarre et obtint même le titre et la charge de walet
de chambre du roi, comme on le verra plus loin. Où et en qaelle
année naquit-il? Probablement à Blois» où résidait son père, et pro-
bablement aussi entre les années 1515 et 1530. Koos basons notre
hypothèse sur ce que son père y exerçait sa profession en 1318',
ainsi que nous l^avons vu plus haut, que François Bunel y vit
naître son fils Jacob en 1558, et qu*en 1589 il était encore au ser-
vice du roi de Navarre..
A cette époque, Blois était une sorte de petite capitale et avait
la chance particulière d*étre un foyer d'art, par suite du séjour qu y
fit la Cour pendant près de trois siècles. Rien d'étonnant alors dj
rencontrer des artistes.
En 1 583, François Bunel était déjà peintre de la Cour de Navarre
et valet de chambre du roi depuis un certain temps. Il fournit à
cette date un long mémoire de travaux exécutés par lui, pour
lesquels il réclama la somme de 125 livres, chichement épluché
par le sieur Duplessis *, sans dbute un des secrétaires de^ com-
mandeAients du roi de Navarre.
Voici, d'ailleurs, ce mémoire écrit de la main du peintre, relevé
aux archives des Basses-Pyrénées ' ;
a Parties de peintures que j'ay faictes pour le service du roy et par
commandement de Sa Majesté :
— Un grand tableau du prince d'Ombes, que j'ay mis dans le cabinet
de Sa Majesté ;
— Deux créons de Sa Majesté ;
— Deux petis pourtraicts de Sa Majesté, Tun en lumineure et Taollre ^
huille à XV livres pièce Tun portant Fautre ;
— Un pourtraict en huille de Monsieur de Bourbon ;
— Un dessein de navire, pour devise de sa dicte Majesté, que j^ay ^
pour le brodeur ;
— Un tableau et pourtraict de sa dicte Majesté lorsqu'il estait aig^
seulement de troys ans » \
Etudions maintenant ces difi'érents articles :
Le premier est un portrait de Henri de Bourbon, prince J^
> A. Dipatf, ioc, cit. Gazette des Beaux-Arts, 1888, t. H, p. 265 et suif.
* Probablement Duplessis-Mornay.
^ Voir ci-conire, planche XXX VI il.
* Archives des* Basses-Pyrénées. B. 2678.
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MKMOIKR DE TRAVAUX KXÉCUTÉî^
PAH K. DU5IKL
Pagp hd».
^
FRANÇOIS ET JACOB BU\EL 561
Dombes *. Le second, le troisième et le dernier consistent en cinq
portraits du roi lui-même, deux au crayon, un sur parchemin, un
sur toile, à T^uile, et un dernier représentant le souverain à Tàge
de trois ans. Ces différents portraits, le dernier mis à part, étaient
sans doute destinés à être offerts comme souvenirs aux fidèles amis
et serviteurs du roi. Hais de là faut-ii conclure, comme Agrippa
d'Aubigné semble avoir voulu en accréditer le bruit, que Henri de
Navarre manquait de générosité et que Tenvoi de son portrait lui
semblait un payement suffisant pour s^ètre dévoué à son service ? Il
n'y aurait alors qu a s* en rapporter au quatrain suivant, que le sar-
castique auteur des Tragiques inscrivit sous le portrait dont le
roi lui avait fait don :
Ce prince est d*étrange nature.
Je ne tçaii qui diable l'a fait ;
Il récompense en peinture.
Ceux qui le servent en effet.
D'Aubigné était-il bien en droit de se plaindre ? Entré fort gueux
au service de Henri IV, il fut nommé par lui maréchal de camp et
gouverneur de Maillezais.
Mais revenons au mémoire de François Bunel. Le quatrième
article mentionne un portrait du prince de Condé* (monsieur de.
Bourbon), et le cinquième, un dessin de navire devant servir de
. devise et destiné au brodeur. Que faut-il entendre par là ? Il est
bien difficile de le dire au juste. Était-ce là un carton destiné à
être reproduit en tapisserie? Peut-être, probablement même;
mais pourquoi ce sujet d'un navire ? Il ne peut être question des
armes de la ville de Paris; Henri de Navarre n'était point encore
Henri IV de France. On ne peut donc, en cette occurrence, que
' Henri de Bourbon, fils de Françoys de Bourbon, duc de Montpensier, ne le
12 mat 1573, à Méziéres, village de Touralne, mort le 27 février 1668, porta le
titre de prince des Dombes jusqu^à la mort de son père en 1592, oix il devint alors
duc de Montpensier.
* Henri 1*, prince de Gondé, fils de Louis de Condé, fràre d'Antoine de Navarre.
^ëre de Henri IV ; né à la Ferté-sous-Jouarre en 1552 et mort en 1588. Ce prince
aiisista dans sa jeunesse aui combats de la Roche- Abeille et de Moncontour. Il fut
^hlis^ d'abjurer la religion réformée en 1572 pour échapper à la Saint-Barthé-
lémy* 6t se sauva de la Cour quelques mois avant la mort de Charly I\. Il retourna
alors se mettre à latêtecfes calvinistes et fut fait gouverneur de Picardie à la paix
dç Beaulieu, en 1574. Il combattit à Goutras aux côtés de Henri de Navarre et
mourut Tannée suivante, à Saint-Jean d'Angely, empoisonné, dit-on, par sa fenune.
36
662 IfRANGOIS ET iAGOB BU\ËL.
faire des conjectures plas ou moiDS plausibles. 11 coiivietil seale-
ment de remarquer que déjà le fils de Jeanne d*Albiet avait soni^é
à attirer dans ses États des tisseurs flamands chassés de leur patrie
parles guerres religieuses, pour y établir à demeure des métiers
de tapisserie, 11 n'y réussit guère; mais il haï néanmoins ne pis
oublier qu'en 1583 Duplessis Mornay, son cooseiller inllme, lui
adressait, sur son ordre, un mémoire sur les moyens d^installer
en Béarn une colonie d^ artisans flamands ^ L'on verra plus loin
que, si le résultat ne fut pas à la hauteur de ce que Ton était en
droit d'espérer, le prince, une fois roi de France, mît son projet à
exécution et donna à Tindustrie de la tapisserie les encourage-
ments qu'il rêvait depuis longtemps de lui accorder^.
Voici maintenant le mandement de payement du roi pour le
mémoire de François Bunel que nous venons d'étudier '.
Le roy de Xavarre a nostre amé féal conseiller Monsieur Vincens de
Pedesclaux, par nous commis à la trésorerie de nostre maison et recepif
généralle de noz finances, salut. Mous voulons, vous mandons et orJon-
iions que des premiers et plus clairs deniers de vostre charge' et receple dt
la présente année, vous paiez, baillez et délivrez, ou faictes paier, bailler «i
délivrer comptant à nostre cher et bien amé paintre et varlet de cliambrf ,
François Bunel, la somme de six vingtz dix sept escus sol, reiertan'
à quatre cens unze livres tz. que nous luy avons ordonnée et- ordontionf
par ces présentes à scavoir i quarante escus pour ses g^ges de noslrf
1 J. GuiPFRBY, Histoire de la tapisserie, Toars. Alfred Maine, édit. iSi^,
1 vol. iii-4».
' Les brodeurs occupés par les souverains n'étaient pas rares d'ailleurs à ci tu
époque, et se trouvent fréquemment mentionnés dans les états de dépense desmcH'
sons princières jusqu'à la fin du seizième siècle. Poor ne pas quitter la Coor it
Navarre, Ton peut voir qo*en 1545, Marguerite d*Angouléme en occupait qeï Jo
nom de Jacques Ghamisson, qui remplissait en outre la charge de valet de rhinihrt
de la reine; un peu plus tard, en 1548, lors du séjour que cette princea^i^ fit i
Vendôme avec Jeanne d'Albret, elle avait amené avec elle, en qualité de broicîir
et de valet de chambre, un nommé Jehan Commyn. On trouve encore, i]«ot Ifii
registres de dépense de la Cour de Navarre, les noms de Robert et Jacob île fa %0M
qui recevaient des gages comme brodeurs. Robert de la Xoue toucha nue SDmfn«il«
d91 livres, pour six couvertures en broderie avec les armoiries du roi, plus ^h> Uirm
.pour trois manchons en broderie d'or. Il convient de noter aussi que Remy, tam*
cierge et gard&-meuble du château de Pau, dont il sera question dans le rfur» et
cette étude, était en mâme temps brodeur et travaillait en celte qnaltfr p^nir h
Cour. — VoirB. de Lagrézb, Le château de Pau. Paris, 1885, 1 vol. to-lJ.
^ Voir, ci-contre, planche XXXIX.
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Paji** ô'iii.
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FRANÇOIS ET JACOB BUXEL. 5G3
variet de; chambre dont il nous a servi en la présente année, comme appert
. p^r le certificat de nostre très cher et bien amé cousin le sire de ^liossiens,
premier gentilhomme de nostre chambre, et quatre vingts dix sept escus
restans pourpartyes de paincture qu*ila faîctes par nostre commandement,
signées etarréstées par nostre dict cousin, cy avec le susdict certifficat
alUchées soubz nostre contreseel, et rapportant par vous ce présent
nostre. mandement ensemble les susdicis certifficat et parties et quittances
dudict Bunel de la dicte somme de xi**-xvii w. revenans comme dict est
à la somme de iiii*^-xi livres tz. nous voulons îcelle estre passée et allouée
en la mise et despense de vos comptes ou de celny qui payée Paura par
noz améz et feaulx les auditeurs d'iceulx, aux qoelz mandons ainsy le
faire sans difficulté ; car tel est nostre plaisir. Donné an Mont de Marsan
le xxvij* jour ^e novembre, Tan mil v^ quatre vingts et trois.
Veu par JDuplessis Henry
Registre Jo€YE > (?).
Cemlindeinentfutsi<;népar le roi le27 novembre 1583 àMIont-de-
Marsan, comme nous voyons. Voici maintenant Tordre de payement
arrêté à Pau le 13 novembre et le certificat qui l'accompagne, daté
du len'demain 14, par conséquent plus vieux de deux semaines :
Argentier, paiez et baillez pour les parties cy-dessus à François Bunel,
peintre, la somme de quatre vinglz dix sept escuz sol, a. quoy se monte
ses dictes parties, les quelles ont esté veues, modérées, calcullées , et
arrestées sur ehascunne article par nous, seigneur de Myossens^ premier
gentilhomme de la chambre dut dict seigneur roy de Navarre et conlrol-
leur servant en quartier. Faict ce xiii* novembre à Paris, 1583.
Henry d'Albret*.
FOOSSART,
Nous Henry d'Albret, seigneur et baron de Myossens, Corraze et
Gerdres, t;onseilIer du roy, premier gentilhomme de sa chambre et
lieutenant de sa compagnie de six vingts hommes d'armes, certiffions que
François Bunel, peintre et valet de chambre du dict seigneur roy, a servi
Sa Majesté des dicts estais durant les moys de juillet, aoust et septembre
derniers, en tesmoignage de quoy nous avons signé ce présent certifficat,
pour servir audict Bunel, comme de raison. A Pau le xiir de novembre
mil cinq cens quatre vingts trois.
Henry d'Albret ^
» Archives des Basses-Pyrénées. B. 2678.
» Ibid.
664 FRANÇOIS ET JACOB fiU\£L,
Arrivons maintenant à la quittance du peintre datée, comme le
mandement de payement, de Mont-de-Marfiau.ûii il se trourattalors
avec la Cour.
Pour servir de quittance à Monsieur Vincens de Pedeselaui, conseiller,
trésorier et receveur général des maison et finances du roy de ^avarn?,
de la somme de quatre cens unze livres tournoie, que j*ay receue et è mo|
ordonnée par Sa Majesté pour les causes cDDtenues au mandement de ^a
dicte Majesté, qui m* en a esté expédié le \inrjt EepLiÈme du présent moys,
dont et de laquelle somme de iiir, xi livres je me ttens pour content H
bien payé et en ay quité et quitte le dict âieur roy, le diet de PedeMlaun
et tous auhres par la présente que j'ay sit^née au Mont de Marsan, ït
xxxii* de novembre, mil v* quatre vingts et trois, es présences de mù)
controlleur de la maison de Madame soubsslgné.
GOUDËVER (?)
F. BuNEL. prêtent ^
Trois ans après, François Bunel était a la ïtocbelle, oiiil avatt
suivi la Cour, assez vagabonde, du prétendant à la couronne de
France, comme en fait foi la quittance suivante donnée par lui en
cette dernière ville, le 21 septembre 1586.
François Bunel paintre et valet de chambre du roy de Warrc
confesse avoir eu et reçu comptan de Monsieur Maltel conseiller trésori^
receveur général des maison et finances du seijjneur.roy, la somme de
quarante escus soL A moy dus pour mon gaîge de la présente année
a cause de mon dict estât, de laquelle somme de quarante escii» je quitte
le dict sieur Mallet par la présente et tous aultres que j'ay sii^né de nu
main. A la Rochelle le vingts et unième Jour de septembre mil cinq cem
quatre vingts six.
i' BujfBL *-
L^année suivante, François Bunel présente un nouveau mêmaire
de travaux dont voici la teneur :
Parties faictes et fournies par moy François Bunel peintre €t valel de
chambre du roy de Navarre et par commandement de Sa Majesté :
Premièrement, pour avoir esté de Pezenss en Avignon, par commande-
ment de Sa Majesté, pour faire le pourtrakt de dcffunt monsieur le eir-
I
»
* Archives des Basses-Pyrénées. B. 2678.
• Ibid., B. 2822.
FRANÇOIS ET JACOB Bl'X'EL. 56&
dinaid*Armaignac, tant pour la despence faicte au voyage aller et retourner»
que pour la façon et port dndîct pourtraict — 80 escus — réglé a 50 ;
Plus, pour un pourtraict de comédiens que Sa Majesté a retenu —
50 escus — réglé à 25, bordure comprise ;
Plus, pooravoir faict deux pourtraicts de Sa Majesté ; assavoir, un grand
et un petit ; pour ce, 30 escus — réglé à 20 ;
Plus, pour avoir faict, par commandement de Sa Majesté, les pour-
traicti de Messieurs de Sainct Gelais, Vaudoré et Du Fay, ausquelx
Sa Majesté les a donnes, la somme de 36 escus, a raison de 12 escui
chacun, pour ce, 36 escus — réglé i 15;
Plus, le lundi 30 mars 1587, Sa Majesté a retenu nn grand tableau do
Adonis et m'a commandé le fere border, 70 escus — réglé à 45, bordure
comprise ;
Plus i Sa Majesté retenu deux autres moiens tableaux l'un de Triomphe
de la Véritté et Tantre d'un Rufisque italien, valant chacun 30 escus, pouK
les deux 60 escus, — réglé à 30 escus, compris les bordures'.
Da premier article de ce second mémoire, il ressort que Fran-
çois BaDel,qui se trouvait à Pezenas aux environs de Tannée 1586,
alla par ordre du roi à Avignon pour faire le portrait de son vieux
parent, qui venait de mourir, le cardinal d'Arnuignae, Tauteur de
la fameuse lettre écrite à Jeanne d'Albret en 1563 '.
Vient ensuite un portrait de comédiens sur lequel nous n'avons
pu rencontrer aucun renseignement et que le roi voulut conserver
dans sa galerie particulière. Ces portraits de comédiens et de
bonObns étaient très à la mode pendant tout le seizième siècle et le
restèrent pendant la première partie du dix-septième. Philippe IV
ne fit-il pas reproduire, par le pinceau de Velasquez, nombre de
gens de cette sorte entretenus à sa cour; témoins : El nino de
> Archives des Basses-Pyrénées. B. S678.
* Le cardinal d* Armagnac ne fut pas un mince personnage. Évéque de Rhodes,
administrateur des évècbésde Vtbrei et de Lectoure, il fut ambassadeur à Venise
et à Rome, archevêque de Toulouse, associé comme coiégat au cardinal de
Bourbon, et légat à Avignon, qn*il conserva au Saint-Siège par son habileté et sa
sage administration an milieu des guerres civiles. Élevé au cardinalat en 15^4, il
succéda à Félicien Capiston sur le siège d*Avignon. Il mourut en 1585, à l'Age de
quatre-vingt-quatre ans. Le cardinal d'Armagnac aimait les choses d'art. Il existe
ne correspondance de lui avec le connétable Anne de Montmorency, de laquelle
ressort qu'il rechercha, acquit et envoya à ce dernier, de Rome en France,
ombre de marbres antiques. — Voir F. db Lastbvrib, Le connétable de Mont-
ioreney. Gazette des Beaux-Arts, 2« série, t. XIX, p. 101. — Millbr. Les par-
efeuilUs de Gaignières, Gazette des Beaux- Arts, 1" pér., t. IX, p. 75»
566 FRAXÇOIS ET JACOB fiUXEL.
VallecQSf el bobo de CoHa; Pablillos de VaUadolid; Barba-
r'ojâ; el Prinro, ett* " ^
'^'La liste continue avec deux portraits du roi, ce qui, avec les
cînqj du premier mémoire, fait sept, deirant, probablement comme
les précédents, être offerts à de fidèles amis du souverain.
Le quatrième article énùmère les trois portraits de saint Gelais\
Vaudoré' et Du Fay ', destinés à être donnés aux modèles eux-
mém.es.
Le cinquième article consiste en un grand tableau, ce qui veut
8|iti9. floQte dire de figure de grandeur naturelle, représentant
Adonis. Ce sujet mythologique est bien dans Tesprit du temps,
épris d'antiquité et de paganisme.
Pour le dernier article, il comprend deux tableaux de moindres
dimensions figurant : Tnn, le Triomphe de la Vérité, et Tautre,
un Rufiesque italien. Le Triomphe de la Vérité, c^èK^M probable-
ment une de ces allégories alambiquéés et compliquées telles que
la Renaissance en a tant produites, et par Rufiesque italien il
faut sans doute entendre le portrait d'un reitre ou d*un ruffian
chargé d'oripeaux, mi-soldat mi-bandit, ce que nous appellerions
aujourd'hui une tête de genre.
La somme totale réclamée par François Bunel dans ce mémoire
montait à 326 écus soleil, soit 978 livres du temps; mais» par
suite de la pénurie du trésor royal, et peut-être aussi de la lési-
nerie assez connue du roi Vert Galant, cette somme fut réduite
> par Berziau seigneur de la Marsillière, Tun des secrétaires des
> Nous ignorons s'il s*tgit ici dTrbain de Saiat-Gelais, Gis naturel du aieur de
Lanzac, évéque de Comminges de 1560 à 1613, ou d'un autre Saint-Gelais, olfi*
cier au service de Henri deMavarre, pour la veuve duquel, dev/enu roi de France,
Henri IV réclama un secours à son conseil des finaudes par une lettre datée de
1595. Voir Bbrgkr ms Xivrbv, "Recueil des iettres missives de Henri /F, 1567-
1610, 9 vol. in-V. Paris, Imprimerie Nationale, 1866. ^
' Françoys Salomon de Bremond, seigneur de Vaudoré, était un gentilhonme
au service do Henri IV, qui fut gouverneur de Parthenay et du pays de Gasiine. Fir
suite d'alliances, la terre de Vaudoré entra plus tard dans la famille de la Fontenefle.
* Ce Du Fay n*ctait autre que le petit-fils du fameux chancelier de THospital.
Michel Hurault de l'Hospital, seigneur du Fay ou du Faî et de Bel Esbat, fils de
Robert Hurault, seigneur de Bel Ësbat, maître des requêtes de Thètel do roi, et
de Magdeleioe de THospital, fille unique du chancelier, fut d'abord aecrétairedo
roi de \avarre, puis chancelier de Navarre et gouverneur de la \iUe de QolUe-
beuF. Il fut chargé de plusieurs ambassades par Henri III et Henri IV. II moomt
en 1592.
-fir
FRANÇOIS ET JACOB BUNEL. 561
commandements du souverain, à 185 écus, soit 533 livres, c'est-à-
dire de près de moitié, malgré le prix des encadrements, comme
n'oublie pas de le mentionner le scrupuleux trésorier. Le peintre^
qui avait présenté son mémoire à la Rochelle, fut payé dans la
même ville le 30 mai 1587, comme en témoigne son reçu. Il se
trouvait d*ailleurs à la Rochelle depuis plus d'une année.
Voici ce reçu écrit en entier de la main de Bunel :
' Pour servir de quictance a Macé du Perray conseiller très' et R' gé-
néral des maison et finances da roy de Navarre, de la somme de cent
quatre vingtz ciiiq escuz sol à moy ordonnez pour les causes portées par
son mandement du Vj* du présent moys. Faict à la Rochelle le xxx"*
jour de znay Tan mil cinq cens quatre vingtz et sept.
BoNEL '. —
Un an après» nouveau mémoire de 283 écus, soit 849 livres, pré-
senté par François Bunel, vérifié par Armagnac, premier valet de
chambrëdu roi, le 3 février 1589, arrêté à 177 écus, soit531 livres,
sans doute pour la même raison d'économie qui semble une règle
invariable de la Cour de Navarre, par Roquelaure, le 3 mai 1589
trois mois plus tard, & Tours; et enfin, le 13 juin 1590, payé au
camp de Gonesse, par ordonnance royale. Le peintre, qui suivait
rarmée du prétendant, en donna quittance sous les murs de Paris,
le 9 juillet de cette même année.
Voici ce mémoire, comme les précédents, très instructif, ainsi
que Tordre de paiement, et le reçu du peintre : .
Parties de peintures qui sont deues à Bunel, peintre du roy, qu'il a
faict par son commandement :
Et premièrement un grand tableau d'une Charité qu*il a faict dans la
chambre de Sa Majesté ; 60 escus — réglé à 30 escus ;
Plus un aultre enfant grand comme le naturel qui desmontre la vie de
l'homme ; 30 escus — réglé à 15 escus ;
Plus pour avoir fourni de toilles et de couUeures au peintre de
Monsieur de Salaygnac, pour faire un tableau d'une Vanité et tout par le
commandement de Sa Majesté ; 60 escus — réglé à 30 escus ;
Plus un pourtraict de luy-mesme, en tableau commun qu'il a donné
& Monsieur de Roquelore, enrichi d'une bordure dorée ; 12 escus — réglé
à 10 escus ;
* Voir, ci-dessot, planche XL.
V:
568 FRANÇOIS ET JACOB BUIVEL-
Plus deux autres tableau^c de Drak qu'il a commandé de sembUble
grandeur commune ; 20 escus — réglé à 13 escus -,
Plus un autre tableau commun de Sa dite Majesté a donné à
Monsieur de Vau, ministre ; 10 escus — réglé à 8 escus ;
L * Plus un autre tableau commun de Monsieur de Fonterailles ; 10 ^cut
— réglé à 8 escus ;
^ Plus autre tableau commun de Monsieur de Faïas ; 10 esciii ^ réglé
P ' à 8 escus ;
• Plus un grand tableau de Sa Majesté aussi grand que le naturtli
^ d*armes enrichi, 10 escus — réglé à 8 escus ;
Plus pour avoir esté en Ré pour peindre le pelit de Monsieur G4déon ;
\' 15 escus — réglé à 12 escus ;
: Plus un pourtraict du ro; d^Ëscosse de commune grandeur ; 10 esciiî
— réglé à 8 escus ;
Je certifie avoir faîct et fourny pour Sa Ihiajesté ce qui est îci de^sui
mentionné en douze articles, faict par le commandement du rey le
3 Febvrier 1589.
AmiATGKac.
Les parties contenues de Taulre part en onze articl^St ont été veu*»*
arrestées et modérées à la somme de buit vingtz dix sept escuK soleil p«r
nous, cbambellan et maistre de la garde robe du roy et le coutroUeur àt
sa maison soubssignez. Faîct à Tours le tiers jour de ma y Tan mil fio^
cens quatre vingtz neuf,
pour 177 écus soU
RoqUBL&UBE.
Au dos est écrit :
Mandement du roy et quittance de François Buuel de 177 écus sol-
De par le roy.
A nostre amé et iéal conseiller, trésorier et receveur de nos maison é
antien domaine de Navarre, M* Vincens de Pedescleaui, salut, oous
voulions et vous mandons que des premiers et plus clairs deniers df
vostre cbarge et recepte, vous payez et dellivrei comptant à Françoys Bunel,
nostre peintre et varlet de cbambre, ta somme de huicl vingtz dii »ept
escus sol que nous lui avons ordonnée et ordonnons par ces présentef,
signées de nostre propre main, pour les causes contenue;* au roolle ^
certifficat cy soulz nostre cachet allachet, rapportant les quelz ce présent
mandement et quitance sur ce suffizaute dudït fiunci de la dite so.
de 177 écus sol, nous voulions icelle estre passée et allouée en la mi
despence de voz comptes par nos amei et féauls les auditeurs d'ir<
aux quels mandons ainsi le Taire sans difficulté, car tel est notre p''
FRANÇOIS ET JACOB BtNEL. 501*
Donné an camp de Gonease le xiii* juin cinq cens quatre vingU dix»
Hboiy.
De Loménie.
Ven par Dnpletsîs U
Je toubi signé, peintre et variai de chambre du Roy, confesse avoir
receu comptant de Monsieur de Pedesclaoz, conseiller dudit seigneur roy,
trésorier et receveur général de ses maison et finances de Kavarre, la
somme de huict vingtz dix sept escus sol à moi ordonnée pour les causes con*
tenues an mandement qui en a eslé expédié sur le dit sieur de Pedesclaux,
qoelle somme de 177 écns sol, je quitte le dit sieur de Pedesclaux, tréso-
rier susdit, et tons autres par la présente que j'ay signée de ma main.
Au camp devant Paris, le ix* jour de juillet mil cinq cens quatre
vingt! dix.
pour 177 écus
BuviL *.
Le premier article de ce troisième mémoire du peintre de Henri
fie Navarre s'applique à un grand tableau d'une Charité exécuté
ponr tes appartements royaux, une allégorie probablement ; mais
^agit-il des trois vertus théologales, les Karites chrétiennes, ou
ties trois Grâces, les Karites des théogonies grecques? L'on n'en
peut rien savoir. Vient ensuite la représentation de grandeur natu-
relle d'un enfant démontrant la vie de rhomtne. Encore une allé-
gorie^ cette dernière probablement relative à la vie humaine.
L'article suivant prouve que François Bunel ne peignait pas
seulement, mais qu'il fournissait en plus les outils de leur métier
et du sien aux autres peintres employés par le roi, puisqu'il livre
des toiles et des couleurs à un peintre au service du sieur de Salay-
^nac ', dont il néglige de dire le nom, chargé d'exécuter pour le sou-
' Archive! des Basiet-Pyrénées. B. 5974. — Voir Paul RAYMoirD, Notes pour
servir à f histoire des artistes en Béam. Bulletin de la Société des Sciences,
LeUres et Arts de Pau, 1873-1878, 2* série, t. III, p. 133 et suiv.
* Archives des Basses-Pyréoées. B. 5974.
' Salignae on Salaîgnac, baron de la Mothe-Fénelon, fat envo^fé plusieurs fois
en ambaisade par Henri IV, notamment an roi de France, alors que le Béarnais
n'était encore que roi de Navarre, et plus tard à Constantinople.
Nous ne savons quel est le peintre employé ordinairement par M. de Sali^pac
»Dt il est question ici. Parmi ceur dont on trouve le plus souvent les noms
mn9 les comptes de dépense de la maison de \avarre pendant le règne de
;ori IV, il convient de citer Marc Duval, qui jouissait en même temps d'une
arge de valet de chambre du roi ; Chrestien Lefebure (Scbmidt) ; Simon Hemste,
570 FRAXÇOIS ET JACOB BU\EL.
VGmn un tableau représentant une Vanité, loujours àes alti^gone^.
Dans le quatrième article, il s'agit d'un portrait du roi; \t
sixième, c'est encore un portrait du roi. Avec les sept dont iU
déjà été question précédemment, cela fait neuf, et nous ne sommes
pas au bout. Ces deux derniers étaient destinés à être offerts à mes-^
sieurs de Roquelaure' et du Vau V Celui-ci, ministre de la religioti
réformée. Arrivons donc à un dixième portrait du souverain,
de «grandeur naturelle, le représentant en pied, avec ses armoiries
figurées sur la toile.
Lu article précédent est consacré à deux tableaux de Drak,
Biêcutés sur commande du roi, tous deux de même dimension*
Que signi6e ce nom de Drak que nous avons en Tarn cherché dans
tous les glossaires possibles? S'agit-il d'un sujet de chasse? Dmk
serait-il le nom d'un anippal de la ménagerie du souverain, d'aa
chien faisant partie de sa meute, d'un fou attaché à la maison
royale? Peut-être, quoique nous n^ajfons nulle part trouvé trace «le
ce nom dans les comptes de dépense de la maison de Nârarre.
peintri? et valet de chambre de Jeanne d*Albret, el eofin les Cabery, dont I'd*,
Ifuillaume, aidé d*un charpentier cachot, fut chargé d'efTocer les noms et lei poi^
trail» des rebelles da fameux tableau expose en lîéarn jutctu'au mois de jtaii^
ITiJ't. Ce tableau, sur lequel c étaient peiul? non feutemeal lesnomii Ëtpréaomi
des proscrits, mais encore leur portrait, de manière ù pouvoir les recoonallre et
bur courir sus ■ , avait été exécute par les sDirtf du consfil généra! de Pau, d'iprè*
im ordre de Jeanne d'Albret venu lie la Rochelle à une date lae^rldac!, ma» pro^
biblement au commencement de V&iiîiùti 1570. — Vi>ir Tabbé DLDAMTZt if P'^-
îi^stantisme en Béarn et au pays basrftte, 1 vol. rn^^ Pau, imprimerie l [t^aaih-
CDur, 1895; Paul RâTifOND, loc. cti, Btttietin de la Société dex Sciencet, Lfttr^
et Arts de Pau. 1873-1878, 2» série, t. lll, p. 125 et suiv.
' 11 y a eu à la Gourde Xavarre deui Roquelaure i 1* Anloiàe. baron de Roque*
laurc, né en mars 1544, mort le ^juifj 10^5 k Lectoure. Atiaehé par Jeanne à*hi'
bret au service de son fils, il accompa;]ua ce prince dans toutes ses espéditioDS mili-
taires, à Moncontour, àCoulras,ù Ar|]u0s, ilirj, etc- H fut succe^sîvemealmsiire
de la ^arde-robe du roi, conseiller d'KiatJîeutenant général d'Auvert^ne en 15%,
d{.' ïiujenneen-1610. Henri IV n't^ut pn.s de compagnon plu» ûdèk et plu^déron^
H fui fjâit maréchal de France par Louis \I[f, le 17 décembre t6ÎO, Roqaelaurf,
qui â'était marié deux fois, eut dix-buli^^nriints. ^*i Le sieur de THostal, seigaeurdj-
Ruquelaure, Sendos et Maucor, lice-cbancelier du royaume de Xavarre. (fm
publia en 1610 un ouvrage appelé V Avant victorieux ^ en rhooneur de Henri ïl.
Auquel de ces deux Ro([ueIaure était destiné le portrait dont il eit questàjn
ici, il est difficile de le dire.
^ Gilbert de Vaux ou Devaux, pasteur protestaat, ministre de la k
réformée à Millau en 1561; il avait été emplojfé à df^s néi^ociations aterT
ma;|iic en 1573 ; il fut un des si^^n&Litrei du traité de Berge rae en 15T7 >
celui de Xérac comme député du Rouergueen 1579. 11 astlsla en cette méor^
r
FRANÇOIS ET JACOB BUXEL. 571
Parmi les fous du roi, noas avons rencontré les noms de Tbomin,
Chicot» François Lalo, mais pas celui de Drak ' .
En poursuivant la lecture du mémoire, nous rencontrons les
portraits de MM. de Fonterailles' et de Favas' offerts par le roi
anx modèles eux-mêmes.
Le dixième article s*applique au portrait d'on en£ant naturel du
roi et d'Esther Imbert, né en 1587 et mort deux ans après en 1589,
que François Bunel, sur Tordre du souverain, alla partraicturer
dans nie de Ré, ou il se trouvait avec sa mère *.
Le onzième et dernier article du mémoire fait mention d*un
portrait du roi d'Ecosse qui n*étail point encore Jacques I*' d'Angle-
terre, mais allait bientôt le devenir.
Entre ces deux mémoires que nous venons de reproduire et
d'analyser, nous aurions dû trouver place pour le reçu que voici,
touchant les gages de François Bunel en qualité de valet de
chambre; mais il ne nous apprend rien que nous ne sachions
déjà, qu'il avait passé un peu plus d*un an et demi à la Rochelle
Uié à l'assemblée pnblique de la Rochelle en 1588 ; & la conférence de \aoties en
1593, ou les historiens protestants Taccusent de s*ètre laissé corrompre par le
cardinal du Perron. 11 nu>urut en 1598.
1 B. Di Lagrkzb, le Château de Pau et le Béarn. Paris, 1885, in-12.
* Michel fi*Astarac, baron de Marestang et de Fontraillcs ou Fontaraille,
vicomte de Coogofas, fils aîné de Jean-Jacques d'Astarac et d'Anne de Karbonne,
nommé colonel de cavalerie par Jeanne d'Albret. et attaché au service du roi de
Navarre, fut successivement sénéchal d'Armagnac, t gouverneur des villes et
chasteau de Leytonrs « , lieutenant général des pays d'Armagnac, Cominges, Asta-
rac, Gauze, Loumagne et Rivière-Verdun ; gentilhomme de la chambre du roi et
capitaine de cent hommes d'armes. Il avait eu une jambe emportée d'un coup de
canon à la bataille de Jarnac. On iguore l'année de sa mort comme celle de sa
naissance. Toujours est-il qu'il vivait encore en 1604.
s Jean de Fabas était un gentilhomme gascon qui fut gouverneur d'Albret ou
L«abrît. Quoique catholique, il soutint llontgomery contre Montluc pendant les
auerres de religion. II prit part k la bataille de Lépante contre les Turcs en 1571.
En 1576, chargé de la défense de Basas pour le roi de France, il livra cette place
à Henri de Navarre après l'avoir pillée. II se fit alors protestant et aida à la prise
d« la Réole en 1377; ensuite, avec les armées huguenotes, il inquiéta Bordeaux et
Jes villes royales, puis contribua à la victoire de Goutraset à celle d'ivry en qualité
d*sûd«de camp dn roi deMavarre. En 1593, il fut un des promoteurs lic la conférence
I Perron avec les ministres protestants. Il entra dans Paris aux côtés de Henri IV.
] roi le récompensa en le nommant, en 1597, gouverneur du Condomois et du
I /s d'Albret, et, en 1605, érigea sa terre de Gastets en vicomte. 11 mourut en
i *4. Son fils combattit avec les protestants à la Rochelle contre Louis XIII.
^therlmbert était fille de Boislambert, maître des requêtes du roi de Xavarre.
bl2 FRAXÇOIS BT JACOB BUKBL.
puisqu'il y est réglé de son mémoire le 30 mai 1587, comme
nous avons vu, et qu'il y reçoit ses gagea de valet de chambre le
12 septembre 1588.
Pour servir de quittance à Monsieur Macé du Perray, trésorié général
des maison et ûnances du roy de Navarre, de la somme de 6/20 livres
tournois pour mes gaiges de la présente année.
Faict à la Rochelle le douzième jour de septembre Tan' mil cinq cens
quatre vingts huict.
BiimL ".
Pour en finir avec les quittances données par le peintre en too-
chant son traitement de valef de chambre, transcrivons encore It
suivante et Tattestation qui raccompagne.
Pour servir de quittance an trésorié général de la maison et finances
du roy de Navarre, Monsieur Julien Mallet, de la somme de 30 livres
tournois sur mes gaiges de valet de chambre dudict seigneur roy, pour
la présente année mil cinq cens qnatre vingts neuf.
BmiBL *. »
Voici maintenant l'attestation :
François Bunel^ autre valet de chambre Ta somme de 40 escas sol.
P' lu y ordonnez pour son gaige de la dicte année. Gy couchez par les
dicts estât sans quitance pour la 8ommede40 escns —effacé — lOeseos.
en marge :
Alloué pour somme de 10 escus par quittance de la dicte somvc
ci rendue et le restp payé à faute de quittance. Année mil cinq cens
quatre vingtz neuf*.
Ces deux pièces sont les derniers documents que nous ayons
rencontrés dans les états de dépense de la maison de Navarre oon-
cernant François Bunel. Cela veut-il dire que le peintre soit. mort
Il eiiste aux archives des fiasses-Pyrénées une quittance à la date du 15 'fli*
let 1587, produite à la chambre des comptes de Pau par le «ieor Macé-Dopeirtf,
trésorier général de Navarre et Béarn, de la somme de 5t,200 éeus pej ée à tet\t
maîtresse du roi pour son entretien et celui de son enfant. Voir J. Loca&>B,
Ephémérides du Béarn et du pays basque. Orthei, imprimerie Goude-Donéiâ,
1866, in-8o.
* Archives des Basses-Pyrénées. B. 2979.
* Ibid,, B. 3051.
^ Ihid, — Registres de la chambre des comptes du Trésorier général, f
f» 96 v^
FRANÇOIS ET JACOB BU\EL. 513
vers cette époque? Très probablement, quoique nous n'en ayons
aucune preuve. François Bunel devait être alors âgé de soixante
à soixante-quinze ans environ, sMl était né entre les années 1515
et 1530 comme il est présumable.
Nous avons énuméré dix portraits de Henri IV peints par François
Banel, et nous devons être loin d*avoir cité tous ceu^ sortis de son
pinceau. De ces portraits, deux ont été gravés, tQus deux en Italie,
alors, bien entendu, que Henri IV n*était encore que roi deMavarre,
puisque tout donne à penser, comme il vient d'être dit, que Fran-
çois Bunel mourut avant Tentrée du souverain dans Paris.
Le premier de ces portraits, gravé en 1590 à Rome, par Philippe
Thomassin, suscita au malheureux graveur de grands désagré-
ments, et peu8*en fallut qu'il n'allât, pour ce travail, pourrir dans
les cachots du Saint Office. En 1585 Sixte-Quint avait lancé une
bulle d'excommunication contre le roi de Navarre et le prince de
Condé, avec cette circonstance aggravante à Tégard du premier,
qu'après s'être converti, il avait de nouveau fait profession de cal-
vinisme et « s'était déclaré chef des calvinistes en France » . Cette
balle, signée de vingt-cinq cardinaux, fut promulguée et affichée
à Rome le 21 septembre 1585. Aussi ne faut-il pas trop s'étonner
si, quelques jonrs à peine après avoir livré les premières épreuves
de son portrait du prétendant excommunié, le mardi 12 juin 1590,
Philippe Thomassin reçut une citation à comparaître' devant le
tribunal du Saint Office pour y répondre de l'accusation d'avoir
reproduit le» traits du roi hérétique Henri de Navarre. Le pauvre
artiste avoue avoir, sur l'ordre de M. de Luxembourg, ambas-
sadeur de la noblesse de France, gravé le portrait d'un inconnu ;
d'en avoir tiré d'abord vingt quatre épreuves et ensuite vingt-cinq
ou trente autres; il explique ensuite n'avoir inscrit sous ce portrait
qae Francoyes Bunel peintre D. S. M* F. Les juges, suffisamment
éclairés par ces réponses, firent enfermer au château Saint-Ange
Philippe Thomassin, ainsi qu'un peintre nommé Dominico de
Ang^ellnis, qui avait exécuté une copie à l'huile du portrait incri-
miné. Heureusement que, grâce aux instances du duc de Luxem-
bourg, deux mois après, le 17 juin 1590, Sixtc-Quint faisait rendre
*~ liberté aux deux prisonniers.
Ze portrait de Henri IV, par François Bunel, ayant, servi de
)dèle à la gravure de Philippe Thomassin et représentant le
1
514 FRANÇOIS ET lACOB BL'NEL.
« prétoidu roi de Navarre» la tête couverte, on bâton à la maio,
revêtu â*ou entrasse» le nez long, le front large çt la barbe lon-
guette « , qu'est-il d«v6Mi? L'on n'en sait rien. Pour la copiée qai
en avait été faite par Dominiço de Angelinis» elle a sans doute été
détruite par ordre pontifical. Noos n'avims pu, non plus, décoovrir
d'épreuve de la gravure portant, comme Tindi^ae Tinferrogatoire
de Philippe Thomassin, la signature de François Banel suivie des
initiales J). S. M. F. , avec l'inscription suivante inscrite dans Tovale
renfermant l'effigie royale :
Pînge pietafem belli fulmenque fidemque
. . Henrici fulfum piozeris et aoimum,
et au dessous :
Henricos quartas Dei gratia Galliae et Navarrae rez. •
Cette dernière légende était la véritable raison des colères pon-
tificales et les explique d'ailleurs facilement \
Le second portrait.de Henri IV, gravé en Italie d'après François
Bune), l'a été en 1595 par Augustin Carrache et, comme le précé-
dent, est inscrit dans un ovale. La planche fut généreusement
payée; mais u il faut croire )) , dit Mariette*, » qu'on n'y troara
pas la ressemblance voulue, et que ce fut la cause de la rareté des
épreuves. On négligea de faire imprimer la planche, au lieu que
le portrait du même prince, gravé par Goitzîusen 1592, d'après an
tableau que je crois aussi de Bunel, fut fort recherché parce que,
en effet, il est fort ressemblant. et fort proprement gravé. «
Mariette, d'ordinaire cependant si bien informa et si exact, ne
se tromperait-il pas cette fois en attribuant à François Bunel rori-
ginal d'après lequel a été burinée l'estampe de Goltzius ? Koas le
croirions volontiers.
Pas plus que de la planche de Thomassin, nous n'avons trouvé
d'épreuves de celle d'Augustin Carrache; mais .rien d'étonnant
à cela, puisque ce cuivre n'a, pour ainsi dire, pas été imprimé.
Pour en finir avec Thomassin, disons qu'il ne quitta pas Rome
après les désagréments que lui occasionnèrent la gravure du por-
* Un amateur, A propos d'un portrait politique. Gazette des Beaux- Ar"
2* pér., p. 186 et suiv. — Archives du Saint-Office, fonds fatia 8994. T
* Mariette.
WUAMÇOin ET JACOB BUNBL. ' 575
-imt de Henri IV; il continua à y vivre et à y tenir une école de
gravure jusqu^à sa mort, survenue en 1650 K
Où trouver» aujourd'hui, des ouvrages de François Bunel ? Il est
bien difficile de le dire. Les hypothèses mêmes ne peuvent être que
très problématiques et sans autorité sérieuse; car le point de com-
paraison nécessaire manque; ce poin4 de comparaison serait une
œuvre certaine du peintre, et Ton n'en connaît pas. Nombre
de toiles pourraient peut-être lui être attribuées, mais, encore
une fois, sans preuves. Parmi ces dernières, on aurait quelque
raison de compter le seul portrait authentique de Jeanne d'Albret
que Ton connaisse, celui envoyé par elle en cadeau à la Répu-
blique dé Genève sous le règne de Charles IX et conservé à la
bibliothèque publique de TUniversité de cette ville dans la salle
LuHien. Il a été gravé par Le Rat et figure en tête du volume de
M. Alphir de Ruble : le Mariage de Jeanne d'Albret*; Peut-être
aussi pourrait-on lui attribuer également le portrait de Henri IV
enfant, envoyé à la République de Genève par sa mère en même
temps quelle sien, représentant le jeune prince en buste, revêtu
-d'un pourpoint tailladé et découpé À la mode de 1570 avec le
Tisage, bien entendu^ imberbe el rappelant beaucoup celui de sa
mère. Ce dernier portrait, gravé au pointillé par MchoIasSchenker,
est fort curieux.
Quant au petit poctrait de Henri de Navarre, alors dans sa cin-
.quiëme année, dans lequel il est représenté en pied, en pourpoint
à crevés, petite fraise, Vépée au côté, faisant jadis partie de la galerie
d'Orléans et gravé, en 1791, par Tardieu, il semble devoir appar-
tenir à Técole des Clouet. Cette gravure, car le portrait est perdu
aujourd'hui, a servi de modèle à Bosio pour sa statué de Henri IV
enfant. Dans les inventaires des meubles, tableaui, sculptures,
joyaux, tenturesdecorantlechateau.de Pau avant Tavënement du fils
de Jeanne dlAlbret au trône de France, se trouve la mention de cer-
tainesœnvresquipourraient bien être attribuées, avecquelquerajson,
à François Bunel; mais, là encore, tout n'est qu'incertitude et doute.
Le château de Pau, résidence ordinaire et officielle de Jeanne
d'Albret et de son fils, était des plus somptueusement meublés,
IÎ.V âMATEUR, loc, cit. Gazette des Beaux^Arts, t. V, 2« pér., p. 186 et suiv
Alph. DE RiBLE, ie Mariage de Jeanne d'Albret. Paris, Labitte, 1877, iD-8\
/oir la Notice sur les portraits de ia Bibliothèque de rUoiversité de Genève.
b'.e FRANÇOIS ET JACOB BVXEL
rçomme en font foi les anciens inventaires. [I se trouva complète-
ment dépouillé de ses richesses dès les premières atmées du rë^nt
de Louis XIII. Les œuvres d'art qui y 6guraient ne doivent cepen-
dant pas, pour la plupart, être sorties des collections nationales
.et se trouvent sans doute aujourd'hui aux musées du Louvre et de
Versailles, dans ce dernier tout particulière mentp
Le 22 décembre 1602, Henri IV siyne un reçu sur parcbemia
scellé de son grand sceau donnant décharge de tout ce qui restail
dans le château de Pau, de bagues, joyaux et autres meubles, qu'il
avait donné ordre de transporter au château tie Fontainebleau'.
Les tableaux, cependant, ne devaient pas être compris dans cet
inventaire, puisque, le 20 février 1621, prèa de vingt ans plut
tard, Louis XIII donne quittance de tous les portraits de famille et
de tous les tableaux exposés au château de Pau, qui avaient Sié tûn
attention lorsqu'il était venu quelque temps auparavant dans cette
ville, et qu'il avait donné ordre de rapporter â Paris ^
Voici, d'ailleurs, l'inventaire dressé alors et conservé dans les
archives du département des Basses-Pyrénées. Malgré sa longueor
et quoiqu'il ait déjà été imprimé dans les Archives de l'Art fran-
çaiSy nous le reproduisons, vu son grand intérêt :
Inventaire des tableaux trouvés dans Tun des cabîneli du roy, m
son chasteaudePau, faict par nous soubssignez Gratîatrdu Font, cortiietLler
du roy en ses conseils d*Estat et privé et Daniel de Cachalon, Qusii
conseiller en la Chambre des Comptes; présent M. Daniel Ktmî,
concierge dudit chasteau, pour estre, les dicls tableaux mis è« matm
dudict de Cachalon et par lui conduict au Louvre û Paris. Le tout suiitoL
le commandement de Sa Majesté et délivrance a ces faicts de tu M
dudict cabinet par Monsieur de Modens'f le vitigu un d'octobre mil sit
cens vingts.
Prem».
Ung grand tableau représentant une cuisine et rbistoîre de Tobit qé
a esté donné par le ro; à Monsieur le duc de Lu^ne^ que le dicL S* Reoti
a déclaré le quel tableau est dans une caisse couverte de toile cirée ;
- Cinq petits tableaux de la royne Jehanne de Xavart^ en bois ;
(Ing tableau de la royne Marguerite femme -de Henry le Grand;
' DdGENNE , Ptmorama historique et descriptif de Pau . Piu , inipniaenr
Vigoancour, io-S*^.
* J. LocHARD, toc. cit,
^ Probablement Modèoe.
r
FRaNÇOlS BT JACOB BUNEL. 577
Austre de Madame de Joyeuse;
Austre de la royne Catherine de Médicis ;
Austre de la royne Elisabeth d* Angleterre ;
Austre du roy Anthoine ;
Deux de femmes en esmail ;
Austre de Monsieur le prince de Condé, Louis de Bourbob;
Austre d*une foie de la royne appelée Labure :
Austre de Louis Charles comte de Marie aAgé de huict mois;
Austre tableau d*une femme portant le deuil blanc;
Vingt six tableaux de femmes;
Deux tableaux de femmes portant le deuil ;
Deux tableaux d'enfans ;
Austre tableau de S* Hiérosime;
Austre de Monsieur le cardinal de Chastillon;
Austre de François I roy de France;
Austre de Henry second roy de Navarre portant un oyseau sur le poing;
Vingt neuf petits tableaux de femmes ;
Ung tableau d'ung enfant au maillot frère de Henry le Grand;
Austre de deux Cupidons s'entrebaisant ;
Ung petit tableau d'un cardinal;
Ung tableau représentant Tenfer;
Austre de S* Hiérosyme adorant Nostre Seigneur Jesus-Christ en la
.croix avec un lyon au derrière;
Austre d'une jeune f^ mme habillée à l'espagnole ;
Austre de Thistoire d'Olofeme devant Bethulie ;
Deux docteurs ou gens d'église;
Quatre tableaux de princes d'Allemagne ;
Ung tableau d'une religieuse ;
Ung fort petit tableau de Pétrarque, poète français;
Plus un grand mirouer d'acier mis dans une caisse ; les quels tableaux
^tmirouerje dict de Cachalon les ayant faict amener dudict Pau en cette
ville et iceux' délivrés et mis en mains de Monsieur de Luynes par le
commandement de Sa Maj'^ en a deschargé et descbarge tant le dict de
Oachalon que Remy concierge et garde-meubles de son chasteau de Pau
et tous austres.
Faict à Paris le ooiième jour de Feburier mil six cens vingt ung.
Louis de Loménie K
irchwet de l'Art français^ t. III, p. 60 et suiv., document extrait des
nives des fiasies-Pyrénées, communiqué par Francisque Michel.
37
OT» rRâKÇOlS ET iACOn BL>EL.
Itelevons dans celle longue énuméralioD les articles suigsRls :
Cinq petits portraits de la reine Jeanne d^Albi^l, peiots sarliois;
on portrait du prince de Condè, Louis de Bourbon et un petit por-
trait de cardînaL
Il esiîste, au musée de Versailles', nu portrait de Jeanne
d'Albret en buste, en costume de veuve, Catalogne sous le ir âl84,
p(>ut-élre« un des cinq désignés dans cet iuientiiire qui serait
alora Toeuvre de François Bunel* Il pourrait aussi, et avec enaire
plus de probabilités, en être de même du portrait du prince àe
Condé, Louis de Bourbon, faisant également partie du musée tle
lersailles, catalogué sous le n* 3187- L*on a vu, précédemmeDl«
que François Bnnel avait fait le portrait de ce prince. C est peut-
être aussi celui désigné dans rinventairc dont nous venons de
prendre connaissance. Mais est-ce toujours le même qui figure
aujourd'hui à Versailles? Voilà ce qu'il est difUictle d'établir. Pouf
le portrait de cardinal de Tinventaire, est-ce celui du cardinal
d'Armagnac que Françoi» Buncl avait été peindre à Avignon? Xooî
avouons lignorer absolument.
L'on sait que non seulement François Bnnel remplissatl TofSce
de peintre ordinaire de la couronne de Navarre, en portraicturant
le roi et se a familiers, en exécutant, sur Tordre du sonverain,
quelques tableaux mythologiques ou autres;, mais, de plus, qo'il
fournissait de toiles et de couleurs d'autres peintres attacbés
au service de la Cour béarnaise. Là ne se bornaient pas ses
charges. En sa qualité de valet de chambre du roi, iJ était en outre
obligé de s'occuper de la direction des fêtes de la Cour et de U
décoration des rues et pinces publiques les jours de cérémonies
officielles. Il ne faut pas oublier, à ce propos, que même beaucoup
plus tard Velasquez^ comme majordome de Philippe IV» présida à
Torganisatlon des fastueuses cérémonies célébrées à Tile de*
Faisans sur la Bidassoa, qui précédèrent le mariage de LouU \iV
et de Tinfanle Maria Tércsa, â Saint-Jean de Luz.
François Bunel s'est-il converti au protestantisme quand il fat
attaché au service du roi de Navarre, ou son évolution religien**
eut-elle lieu à une date antérieure ? Nous inclinerions vol-^n^i'^'*
» De Xolh^c et P^nATd, Cataiogne du mvsé^ de Versai Ûe t. — Viir
F^rirails des pêrxonnatjes français k s plut iliusirer dit seizième siéct
FRANÇOIS ET JACOB BUXEL. 579
vers cette dernière hypothèse. Il ne faut pas oublier que François
Bunel habitait Blois en 1558, date de la naissance de son 61s, et
qu'il séjournait assez fréquemment à Tours, comme nous Tapprend
le peintre Vignon dans une de ses lettres que nous aurons à citer
tout à rheure. C'est alors, probablement, qu'il se déclara pour les
idées nouvelles dans lesquelles Tours et tout le pays environnant
avaient donné. Déjà, vers 1552, Gerbaull et de TÉpine, Tua
ancien prieur, l'autre ancien moine de l'ordre des Augustins,
avaient répandu les doctrines de Calvin dans toute la région, et
lorsqa'en 1560 François II visita Tours, la plupart de ses habitants
professaient la religion réformée ^
Si François Bunel n'avait pas été protestant, il n'eut pu remplir
les charges de peintre et de valet de chambre du roi de Navarre*
car, par ordonnance du 30 septembre 1569, jour et fête de saint
Julien, la reine Jeanne d'Albret, alors à Saint-Maixent, avait promul^**
gué, par provision, diverses ordonnances sur le fait de la religion,
contenant deux chefs principaux. Par le premier, elle édictait une
suspension de tous les officiers qui ne seraient pas religionnaires,
et enjoignait au lieutenant général de ne pourvoir que des per-
sonnes non catholiques; par le second, elle ordonnait la saisie de
tous les biens, tant ecclésiastiques que laïques, de ceux qui
auraient désobéi à la reine; leurs meubles devaient être tout incon-*
linent vendus au plus offrante! dernier enchérisseur, et les immeu-
ble» mis entre les mains de certains commissaires qui en devaient
recouvrer les revenus, dont ils demeuraient répondants*.
h^ Réforme, d'ailleurs, trouva nombre d'écrivains, de savants
et irartiatea sympathiques à ses débuts; épris de l'idée de renou-
veau qui agitait tous les esprits à cette époque de transition, ils ne
voyaient en elle qu'un des aspects de la Renaissance, celui qui per-
mettait à ces intelligences bouillonnantes et comprimées jusqu'alors
cl*exprimer leur pensée sans entrave. C'est donc là qu'il faut cher-»
cher la raison du changement de religion de Bunel comme de bien
d^aaftres.
Mais laissons cette question et arrivons enfin au (ils de François
Bunel, Jacob ou Jacques Bunel, qui fut un artiste considérable et
■ Dfc Sai LCY, Histoire des villes de France *
• ËstraiHes rejjistre» de la chambre des comptes de Pau. — Bulletin de la
Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1871-1872, p. 129.
1
580 FRAXÇOIS ET JACOB BL\ËL.
fort estimé de son temps. Nous en avons, d'ailleurs, la preuve par
le témoignage de ses contemporains. Il jouit non sçulement de li
faveur de Henri IV, mais aussi de celle de .Uarîe de Médicis, celle
jeune reine que, selon les heureuses expiessions de Vite), t^l'on
nous envoyait des bords de TArno n , pour laquelle « les tableaui
étaient devenus un luxe nécessaire et qui allait faire de ramoyr di*
la peinture la vertu obligée des courtisans ' ^ .
, Cette réputation de Jacob Bunel semble exagérée eL surfaite
aujourd'hui que nous n'avons plus, malheureusement, ses outrages
pour la contrôler; mais avons-nous bien \e droit, sans preuves »
Tappui, de nous Inscrire en faux contre le sentiment dViine gf'né-
ration entière? Pouvons-nous, sans injustice flagrantti, dédaigner
un homme que toute une époque a applaudi et célébré? Ce peiolre,
en qui ses contemporains voyaient le rival et Témule des plirs
grands maîtres, ne mérite-t-il pas une étude altentiie et res-
pectueuse ?
Jucob Bunel naquit à Blois dan3 les premiers jours de mai 1558,
et non à Tours comme Ta éérit à tort Thratonen Cbalmel qui
pourtant le connaissait bien. Voici, d*ailleurs, son acte de baptéui€«
extrait du premier registre des baptêmes de Tancienne paroim
Saint-Honoré de Blois, donné par M. Dupré, bibliothécaire à€
cette ville :
Ce 6« du mois d'Octobre 1558 fut baptisé JacoL, fits de François ^utA
peintre et de dame Marie Gueret sa femme ; les parrains htrenl àhcrtlit
personne inaistre Jacob Leprebstre chanoine en Téglise S* Sftuiear dr
Uloys et noble homme Claude Rlarchant, maisUe des comptes k llluys ; 1>
marraine, damoyselle Marie femme de Monsieur de Tarni6rf>£^.
- Cet acte nous apprend encore que Jacob Buuel e^t né dans la
religion catholique professée alors par ses parents; que sa imin
s'appelait Marie Guérin, et enfin que sa famille jouissait à Bloiï
d'une certaine considération, puisque renTaiit fut tenu sur leà
fonts baptismaux par des personnages notables : un chanoine, tifi
membre de la noblesse détenteur d*une char;je publique, etqtif
la marrafhe, elle aussi/ appartenait à la noblesse.
' L. ViTBT, Histoire (TEustache Lesueur. Ptris, 18i3.
* A. Dlpré,./oc. cit.. Gazette des Beaux-Arts, 1S8ÎÏ, L J, p. îfô
L
FBA\ÇOIS ET JACOB BU\EL. 581
Le jeune Bunel n'eat point à subir les angoisses d'une vocation con-
trariée. Fils de peintre, il fut naturellement peintre. Il commença
ses études sons la direction de son père, qui fut son principal
maître. D*ailleurs, à Tours, ville lettrée et artiste où résidaient
alors nombre de peintres et de sculpteurs, séjour Tréquent de la
Cour et des grands, où Jacob Bnnel passa une partie de sa jeunesse,
les enseignements et les heureuses fréquentations ne lui firent pas
défaut. Il ne faut pas oublipr que c*est en Touraine que s'est formée
la grande école de peinture nationale qui produisit les Jehan Fou-
quet, les Poyel, les Bourdichon, les Clonet, etc. Le fameux sculp-
teur Michel Colomb ne passa-t-il pas la plus grande partie de sa
vie à Tours, où il exécuta ses principales œuvres?
Jacob Bunel eut un frère aîné dont nous ne savons rien; mais,
destiné sans doute par son père à la p^nture, puisqu*il lui avait
donné le prénom significatif d*ApeIles. Il est à croire qu'il mourut
en bas Age*.
Jacob Bunel suivit tout naturellement la route tracée par son
père, et il n'eut point à s*en plaindre. La fortune se montra
cléaiente à son égard; elle lui accorda toutes les satisfactions qu'il
étatii en droit d'en attendre. Il jouit de Testime du roi et de la
reine, fut hautement apprécié de la Cour et s'éteignit, comme nous
le verrons plus loin, plein de gloire et d'honneur.
Ayant appris de son père tout ce que celui-ci pouvait lui ensei-
gner, Jacob Bunel partit pour TEspagne dans le but d'y étudier les
peintures renfermées dans les collections réunies par la famille
d'Autriche '. Là-bas, il s'enthousiasma particulièrement du Titien,
dont il essaya de s'approprier le coloris. Philippe H se prit d'estime
pour le peintre français et lui commanda, pour le palais de l'Escu-
r/al qu'il venait de faire élever, quarante tableaux, chacun de trois
toises de hauteur*. Que sont devenus ces tableaux dont on ignore
môme les sujets- aujourd'hui et dont parle, avec tant d*admiration,
Claude Vignon ? Nous n'en savons rien. Sont-ils encore à TEscurial ?
C^est fort douteux, à moins, cependant, qu'ils ne soient mainte-
nant attribués à un autre artiste, ce qui, après tout, n'est pas abso-
> Haag. ia France protestante.
< DussiBUx./e/ Arthtes françcds à r étranger. Paris, 1852, 1 vol. in-12.
' Comment Philippe II 8*engoua-t-il d'un peintre appartenant à la religion
^étorrtiéc'î Voilà ce qu'il est difficile de comprendre.
]
582 FRANÇOIS ET JACOB UU!^ËL.
lument impossible. Toujours esl-il qu'aucun des écrivains <]ur se
sont occupés de ce célèbre palais et des coilections qu'il reu ferme
n'en fait mention, pas même le comte de La borde ' dans son Uiné'
raire descriptif de V Espagne, pourtant si complet et si précis.
De retour d'Espagne, Jacob Bunel parti L pour Rome, où il com-
mençait à être de mode pour un artiste d'aller étudier. Il y séjourna
un certain temps, travaillant d'abord dans Tatelier du vieui Pome-
i;ange et ensuite dans celui de Frederico Zuccharo*; puj^ il revint
dans sa patrie avec une connaissance, peut-être plus approfondie^
des ressources de son art, mais aussi avec un entichemerit plus ou
moins heureux des procédés transalpine > Il fie lixa alors k Bloiâ,
encore sous Tinfluencede la Cour de Marguerite de France, impr^
gnée de Tesprit de Clément Marot, qui y avait séjourné avant deirt^
obligé de s*exiler à la Coiy de Ferrare.
A Blois, Jacob Bunel peignit de nombreui portraits «t de it
façon qui étaient de bon goust » , dit Hernier ^ différenlea compoii-
tions religieuses, entre autres, un tableau de choeur pour Té^^lise
des Capucins, commandé par la reine Marie de Médicîs, représen-
tant encore, d'après Bernier, » cette femme que TApocalypse nous
fdépeint environnée du soleil avec des symboles à l'eutour : » tl
dont cet historien fait les plus grands clogeiâ. Mais laissûiis-luj la
parole, a II y a tant d'harmonie en cet ouvrage et je ne scay quai
de si noble, dit-il, qu*il pourrait faire seul Téloge de son au-
teur. »
Jacob Bunel vécut dans sa ville natale* jusqu'à ce que Henri II,
probablement en souvenir de son peintre ordinaire et velet ai
chambre François Bunel, son père, qui avait été si longtemps à
son service, et aussi sur Tinstigation de la reine, I appela à Vtm
pour l'adjoindre à Toussaint Du Breuîl pour Te^écution de la peiik
galerie du Louvre.
Le plus célèbre travail de Jacob Bunel> celui qui fit le plus poar
sa gloire, est justement cette décoration de la petite galerie àû
Louvre, appelée autrefois galerie des rois et aujourd'hui galène
* Alexandre de Labordb, Itinéraire descriptif dtT Espagne, Ptria, iSÔS*5**l
^ Dom LiRON, Bibliothèque diartraine,
' Bekmer', Histoire de Blois, p. 523.
* Haag, loc. cit.
FRA\Ç01S ET JACOB BUXEL. ôSa
d'ApoIloD, qu'il exécuta de concert avec Toussaint DuBrenil. Tous
les écrits et mémoires du temps ont célébré à l'envi cet ouvrage.
Voici ce que nous trouvons dans Sauvai * à ce propos : « Les his*
toires qui remplissent la voûte que Bunel et Du Breuil ont peintes,
sont \\rèe% des Métamorphoses et de V Ancien 7'^5/ai7t^n/. Du Breuil
n'était pas bon coloriste et, d'ordinaire, ne faisait que des cartons;
mais, en récompense, il était si grand dessinateur que Claude
Vignon, peintre, a vendu, à Rome, de ses dessins à François Bra-
oîonze, excellent aculpteur, que celui-ci prenait pour être de
Micbel-xlnge. Des cinq on six histoires que Ton admire dans cette
voûte, on ne croit pas qu'il y en ait aucune de sa main* La Gigan'
tomachie^ dont les curieux et les peintre» font tant de récit, est
d'Artus Flamand et de Bunel. » Ajoutons que la Bataille des
géants et la Reine de Saba passaient pour 6tre de Jacob Bunel seul.
Dans ses Mémoires, Brienne* n*estpas moins louangeur que Sauvai :
« Cette Gigantomachie, écrit-il, était un grand et beau morceau
de peinture allégorique dans lequel paraissait Henri IV sous la
figure de Jupiter et la Ligue foudroyée sous celle des géants réduits
en poudre. »
Revenons à Sauvai S qui décrit comme suit un des principaux
sujets de ces compositions : o- Mais il n'y a rien qu*ott admire plus
qu'un grand géant fort musclé, qui se réhausse sur le corps mort
d*un de ses frères, afin de joindre de plus près son ennemi. La
taille immense de ce colosse épouvantable occupe tant de place,
qn^elle vient jusqu'à la moitié de l'arrondissement de la voûte, et
quoique, efiectivement, cette figure se courbe et tourne avec la
voûte. Du Breuil, néanmoins, l'a raccourcie avec tant d'art, que la
voûte en cet endroit-là semble redressée, et qu'enfin, de quelque •
côté qu*on la regarde, on la voit toujours sortir hors de la voûte
droite et entière. Ce raccourci est un si grand coup de maître, que
ioas ceux qui sont capables d'en juger, non seulement l'admirent,
mais disent hautement que, dans l'Europe, il ne s'en trouve pas de
plus merveilleux. » Et plus loin : « La galerie des rois est la mieux
peinte et la plus accomplie de Paris. Bunel et Du Breuil, tous deux
' Sali AL, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris ^ 1724-.
Paris, 3 ¥ol. iii«fol.
> Comte OE Bbiexnb, Mémoires. Paris. Poatbieu, édit. 1828, 2* édit.
» SALVALi loc. cit., 1724, l. II, p. 37 à 80.
Iv
f 584 FRANÇOIS ET JACOB BL1\EL,
l. excellents maîtres, lui ont donné tous les ornomcnU qui la hnï
admirer; chacun en a peint la moitié... n Henri IV coati nuant L
[^ ^ vouloir, selon ses propres expressions, « marier Bunel à Du Breuil » ,
• - Tadjoignit à ce dernier dans Texécution des décorations, toujourt
l pour la petite galerie^ du Louvre, composée d*omement$ d'allé-
I gories, d'emblèmes, au milieu desquels figuraient les poriraits îles
^, princes, seigneurs, grands personnages aussi bien français qu'élran-
[( gers dont le roi « voulait avoir les images au naturel n . Pour ce
K qui regarde ses prédécesseurs, Henri IV, qui a les loulail autheo*
^ tiques, ne fit reproduire que ceux qui aidaient gouverné depuis
II saint Louis p. Afin d^arriver à pouvoir peindre ressemblants cti
~* portraits dont les modèles étaient morts pour la plupart, Jacob
Bunel parcourut la France en quête de ^ bonnes portraicturei ■
^ d'après lesquelles il pût exécuter ses peintures. Dans cette œuvre
considérable, il fut grandement aidé par sa femme Marguerite
■ Bahuche, que Sauvai ' nous représente comme très habile > à hivt
les portraits des personnes de son sexe » , et quï peignit >> sur
i les dessins de son mari » nombre de femmes figurant dans cette
I galerie.
Voici ce que dit Sauvai ', auquel il nous faut sans cesae recourir,
de cette œuvre de Bunel et des voyages qu'il entreprit à sou sujet :
(( Il peignit diaprés le naturel ceux des personnages qui vivaient de
son temps. Pour les autres, il voyagea partout le royaume et prit
les copies des stucs, des cabinets, des vitres, des chapelles et des
églises où ils avaient été peints de leur vivant. Il fut si beareai
dans sa recherche, que dans cette galerie il n'y a pas un seul por*
trait de son invention, et par le visage, et par t attitude, tant des
hommes que des femmes quMl y a représentée, on juge aisèiBFnt
de leur génie et de leur caractère. » A une autre page de son litre,
Sauvai dit encore que toute cette collection fut e^^écutée par Buoel
et sa femme, à Texception d'un portrait de Marie de Mèdicis,
œuvre de François Porbus*.
' SAOVâL, loc. cit., 1724, t. in, p. 20.
*Sauval, loc. cit., t. Il, p. 29, nous lisons : « UesatiA celte ordooiuiie« r^gu
un attique... couronné de frontons avec d'exceileales fi^Lirei de pierre dm
la main de maître Ponce et appliqué à des salles et k des aatlcb^mbrei. peint
Bunel. f — Voir Archives de C Art français, t. V. p. 13,
' S/iuvAL, loc, cit.
FRAXÇOIS ET JACOB BUNEL. ngn
Voici, d*aprèB an docnment du temps ' , ane liste des persoDna<{es
représentés :
Estât des tableaux qai sont dans la galerie a Paris : sur la porte qui
entre de la sale en la galerie est le tableau du roy en grand volume —
le tableau de la royne, grand volume — Joannes Galeacius Mediolan^
dux primus * — Fredericns Feltrus Urbini dus — Carolus Burgondie
dux — Antonius Leua — Joan Galeacius Sforsa Mediolan dux — Fran-
cîsctts Magnus^ dux Hétruriœ II, grand volume — > Odeto di Foix —
Fredericns Tolet duc Alb^- Basilius Moscovi» princeps — - Ferdinandus
Magnus, duc Hetruriae III, grand volume — Christiana magna Hetrnriœ
ducessa III, grand volume — Gio, Bentiviglio sig. di. Bologna — Ferd.
Cortex, Indomm domitor -^ Carolus Aurelianus — Cornel. Centurione la
Primatia de Cre «• Petrus Soderinus Vexilllfer — Franciscus Maria
Feltrius Urbini dux — Laurentius Medices Urbini dux, grand volume
— r dux stren ^- Sigismundus Fransi princeps — Léo X, pont.
max., grand volume — Gregorius XIII, pont, max «- Gregorius XIIII,
pont, max — Sixtus IV, pont, max — Sixtus V, pont, max — Julius III,
pont, max — MarcellusII, pont, max -^Clemens VII, pont, max, grand*
volume — Benedictns IX p. p. Tarusien — Nîcolaus c'est un pape
— Bonifacliis VIII p. p. Romanus — > Stephanus VII, p. p. Romanus ^*
Honorius p. p. grand volume — Pontianus primus p. p. Rom — •
S. Silncrius primus p. p., frusinon — > Benedictus VIII p. p. Rom —
Cosmns Medices, pater patri», grand volume <— Lodovicus Rex Hung.
a Turcis interfectus -^ Jacobus Dei gratia Rex Scotorum 1539 —
Matbias Rex Hungari» — Stepbanus Rex Polonis — Alpbonsus Rex
Neapol — Joan Medices mag, co. pater, grand volume — Julianus M. I,
grand volume — A. Jax. Aga — Mutilhara Alcbitrof Uxor — Alchitrof
.^Ihiopise Rex — Ainaldi Dinghil magnus Abyssinorum rex Prête Janes
dictus — Scyrifus magnus Mauritanie Rex — Muleas Tunes Rex —
Laurentius de Medices, grand volume — Totila Rex Gothor. bab —
Caitbejus Sultan — Tamerlanes Tartarorum Imperator Orientis terror —
Solymanus II Rbod. expugnator — Artaxerces Pers. Rex — Ariadenus
Barherussa — Joannes Medices maj. Cosmi fil. grand volume — G.
Cssar Caligula — Constantin III Imperator — Carolus Magnus Imp —
Otlio Vespasianus — Nero Claudius Cœsar — Henricus III Francorum
rex, grand volume — Catherine de Medicis, grand volume — Virginius
Vesinus — Georgins Castriotus Scanderbec — Joan Bentiuoglius —
' Pièce tirée da portefeuille 2it de la collection Godefroy, conservée à la
t»ibIiothèque de l'Institut. — Voir Archives de F Art français , t. 111, p. 59.
* Galeas Vtscontî.
1^* *
586 FRANÇOIS ET JACOB BLiVEL.
Alberico Da — Vincentius Capellinua — Xarses eunuchus — Une
duchesse de Toscane, grand volume — Xbr.^iitius Picinuiï. — Kicolaus
Arcialus — Uvido balualcantes — Tb^odorus Gaia — Jacobus
Sannazarius — Cosmus -mag. Etruriœ dtj\ II, grand roi unie — Joan
Jouianus Pontanus — Americus Vespuciu^ — Magnus Canîs —
Scaliger — Paulus Joanis Episcop. nocer — Thomas Moras — Doclor
Nauarrns Martinus ad Aspicuella — Micbael Angélus Bonarota — Kl
Platina — Franfciscus Guîoiardinus — Ludouicîo Ariosto, grand rolum«
— Joan Carafa — "Sanches Pagrinus Lucens» ord. prédicat — Petriis
Depis, ord. faeremitarum Hieronymi Instilutor — Hîppolytus Mcdice^
Cardin — Bessarion Cardin, Grsecus — Tableau sans inscription ; c'e^i
un cardinal — * B.^ Bernardo Tolomœi. Pri. de Mônle Olivieti — B. P^lro
del Morone. Pri. de Celestin — Tableau d'un cardinal sans inscriptioû
— Joan Vitellius card. €ornetanus — Oliperius Carafa cord — A»canius
Sforzai card — Ph. cardin. de la Bordeziëre —^ Joan Medioes cird*'
grand volume — Chanino gon -r- Joan R. Orsini principe de Talento ^
Sforlia — Cosmus Medices magnus Etruria^dux, grand volume — Peints
Toletanus prorex Neapol — Ladislaus rex Wapnl — Fernando 11 A^ àî
Napol — Philippus Vicecomes, Mediolan duï — Andréas Doria —
Matheus Magnus Vicecomes — Alexander Medices flir>renl. àu\, f^rand
volume — Ferdinando Gonzaga — Lûdou. Gonseaga, March. di Mantoun,
— Ferdinando Marchese de Pezafa — Joan Medices fortissimas —
Jifcobus Medices Marignani — Pôfsena Re de Etruria? — Grand ïabifau
d'homme sans inscription.
Cette liste, quoique longue et des plus panachéesi, n'en est pal
moins, très cerlainemeDt,fort incomplète; caries portraits qu'elle
énumère, quelque fantaisistes qu*étaient fatalement nombre d'eutrt
eux, ne peuvent que bien difficilement être de ceux que Jacob
Bunel exécuta d'après nature ou d'après des documents recueilUs
dans ses vojages entrepris en France à leur sujet. Toujours est-il
que cette collection, comme il a été dit, — nous parlons des efCgres
peintes par Du Breuil et par Jacob Bunel, — est, en quelque sorl4*i
l'embryon de nos galeries nationales ; il n'est quejusie, cependanl,
d'ajouter qu'en plus de ces portraits dont certaina seulement furent
sauvés de Tincendie dont il va être question tout à Theurp, la col-
lection royale renfermait de nombreuses peintures mythologiques
•et religieuses, des sculptures anciennes et modernes, un bufl
' Julien de Médicis.
FRANÇOIS ET JACOB BL\EL. 6H7
bois sculpté, 1a célèbre bible de Charles V^ des objets d'bisloire
Datnrelle, etc.
Ces merveilles d*art, les décorations de Du Breuil et de Jacob
Bunel, celte collection unique de portraits, tout cela fut détruit,
pour la plus grande partie, dans un terrible incendie qui éclata le
6 février 1661 et manqua d*anéantir le Louvre* Les historiens et
les chroniqueurs contemporains nous ont laissé de nombreux récits
de ce désastre. On préparait dans la grande galerie du palais la
représentation du ballet l'Impatience, dans lequel devaient paraître,
à côté des plus habiles danseurs gagés par le roi, différents sei-
gneurs et grandes dames des meilleurs familles désignés par le
souverain, pour exécuter les pas réglés par le danseur italien Buti,
débiter les vers du poète Benserade, et chanter la musique de
Baptiste, nom sous lequel Lulli était plus généralement connu. Un
théâtre avait été dressé à cet effet à Tune des extrémités de la
galerie de peinture. Henri Gissey, conservateur de ces peintures,
avait demandé Tautorisation d'enlever provisoirement de leurs
cadres les portraits peints et seulement appliqués qui ornaient la
galerie, pour les mettre à Tabri des accidents, et de les déposer
provisoirement dans un garde-meuble; mais tous, hélas! étaient
loin de pouvoir être déplacés.
C'est alors que Tincendie éclata. Il fut terrible. La Gazette de
Renaudot, à la date du 12 février 1661, le raconte ainsi : « Le
6 du c'qui estait le 1" dimanche du mois,Je feu s' estant pris le
matin au Louvre, en la galerie de peintures, s*estendit jusqu'à la
grande, mais il fut empésché d'y faire aucun notable progrez, par
ia diligence avec la quelle on travailla à l'éteindre, et qui eut d'au-
tant plus de bon succez que Leurs Majestez, suivant les meuvemens
de leur insigne piété, eurent recours au Saint-Sacrement, qu'elles
firent aussitôt apporter de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, d'où
l'ayant reçu à la porte du Louvre, après qu'il eut visiblement
détourné le vent et, ainsi, arresté les fiâmes, elles le reconduisirent
jusques en la dite église, accompagnés de toute la Cour, avec une
dévotion des plus exemplaires. »
La Muse de Loret, à la même date, narre à son tour cette
^«'itrophe sous sa forme particulière :
Dimanche un feu prompt et mulio.
Sur les neuf heures du matia
588 FRANÇOIS ET JACOB flUXEL,
Se prit k la maison royale* m
Dans cette galerie ou sale
Ou Ton prétendait (à peti près)
Danser ballet, dix jours après ;
Et, telle fut sa violence.
Les beaux portraicts d'aDtii|uité ^
Dont on voyait là quantiti^,
Ayant Tair, les traits et ira marques
De nos reynes, de nos mouar^iicB,
Avec leurs anciens atours,
Et des Illustres de leur cour,
Princes, seitjneurs et gmades dames
Ne périrent pas par les ilâmes -
Car, par Favis du sieur Gf^S5é.
Desseignateur, maître pa^sé,
On avait depuis trois semaines
Mis ailleurs ces rois et ces rcJnev ^
Citons encore, malgré sa longueur, cettfi relation d'un autre
contemporain, le comte de Brienne', qui donne sur cet inceadie
de nouveaux et curieux détails :
Il (le cardinal de Mazarin) faisait préparer bu Louire, datiâ la gal^
rie des portraits des Rois, un superbe bullel, dont h décoration àtv^\i
être des colonnes de brocatelle d*or à fond vert el vou^e découpée à MiUn,
quand le feu pris par hasard, ou si Ton veut par Tordre du cid, qui
n'approuvait pas ces folles dépenses, dans celLc magnifique décoration,
gagna de là, les portraits des rois, tous de !a main de Janet et àt
Porbus, et consuma en peu d^heures, le dessus de la gnlerie doni 1^
plafond était peint par Fréminet et représentait la défaite des Titane pa^
Jupiter. C*était un grand et beau morceau de peinture allêgériquei
dans le quel paraissait Henry IV sous la fjc^ure du Jupiter et la ligue
foudroyée, sous celle des Géants réduits en poudre. Sans le^ soins eik
courtage d*un frère Augustin du grand couvent, qui se signala dam cet
incendie, tout le Louvre eût couru risque d'être brûlé, l^iie fourche à U
main, ce moine intrépide attaché par le milieu du corps pi.r une grossi
chaîne de fer et suspendu en Tair tout au rnilîou des Gammes « délâirhAil
avec force et précipitait jusqu'en bas les poutres et les solives broLsntes.
On eût cru que le feu Tallait dévorer, lori^que, tout à coup, on le ïopii
sortir de ces brasiers ardents comme les trois jeunes Héhretiit de la four-
naise de Babylone. Je ne sais pas quelle récompense reçut ce digPtf
' LORET.
* Comte DE Brisnnb, loc. cit.
t^HANÇOIS ET JACOB fiLNEL. 58»
religieux ; mais, je sais bien que s*ii n'eût été apothicaire de son tnélier
et- simple frère lai, son dévouement méritait au moins un évéché ou
quelque riche prélatare. Je m^étais couché fort tard la nuit précédente, je
dormais encore sur les sept heures du matin, qaand La Souche« mon
maître d'hôtel, vint me réveiller en sursaut et m'apprit que le Louvre était
en feu. Je me levai à l'instant et m'habillai en un tour de main ; puis,
me jetant dans un bateau pour être plustot au logis du roi, je traversai
la Seine et, passant au milieu des gardes qui étaient déjà en bataille
autour du Louvre, je courus à l'appartement du Cardinal. Je le rencontra
comme il sortait de sa chambre, soutenu sous les bras par son capitaine
des gardes. Il était tremblant, abattu et la mort paraissait peinte dans tes
yeux, soit que la peur qu'il avait eue d'être brûlé dans son Ht l'eût mis*
en cet état, soit qu'il regardât ce grand embrasement comme un avertis-
sement que le ciel lui donnait de sa fin prochaine. Jamais je ne vis
homme si pâle et si défait. Je ne laissai pas de m'approcher de lui, comme
les autres ; quand je vis qu'il ne répondait à personne, je ne lui dis mot
et me contentai de me faire voir à lui. Il monta dans sa chaise sur le
haut du grand degré et le descendit ainsi à l'aide de quatre porteurs et de
ses gardes, tandis que les suisses rangés sur les marches à droite et
é gauche se passaient de main en main les sceaux d'eaux^ ou couraient
ies jeter sur les flammes qui dévoraient déjà Tappartemeut dont il venait
de sortir.
Michel de Marelles n*eut garde, de son côté, d'oublier ce terrible
événement dans sa nomenclature versifiée des peintres et graveurs
célèbres. Voici, à ce sujet, un passage de son curieux manuscrit
mis au jour par les soins de M. G. Duplessis :
C'est ce Bunel qai fit cette ample galerie
Au Louvre, qu'on voyait et qu'on pouvait priser,
Pour ses dessins savants, sans le favoriser.
Mais un feu de théâtre y marqua sa furie.
D'entre ses grands tableaux, cette belle descente
Du Saint Esprit de lui, se voit aux Augustins'.
De cette dernière œuvre de Jacob Bunel nous parlerons en temps
et lieu; mais revenons un peu en arrière. Après la mort de Du
Breuil en 1612, Jacob Bunel fut nommé peintre du roi. C'est
3Jors qu'il travailla à Fontainebleau % oii il exécuta quatorze corn-
^ Michel DE MâROLLis. Catalogue de livres^ d'estampes, etc. Paris, 1666, in-S",
• HâAG, loc. cit.
r,Oi> FBAXÇOIS ET JACOB BUIVEL*
posUioîts disparues depuis longtemps, soit (ju'elles soient rrrèpam-
blement iJétruJtes, ou seulement cachées sous <) autres peintures
qui ont été, depuis, appliquées sur les lambris du palais de Fnn-
cois I*^. Dans ces compositions, qui avoîsînaient les décoratioD^
duPrimatice, de SélïasLien de Scriio et du Rosso, si fort prisées et
estimées du roi et de la Cour, il est tout naturel que Jacob Baoel
ait essayé de se rapprocher de ces maîtres, qu'il ait cherché les
musculatures outrées, les raccourcis violents, les poses emphatiques
et déclamatoires, les gestes eicesaiTsmis à la mode par ces derniers.
Hélas! la tradition de notre école nationale était interrompue, «i
sêire naturaliste dédaignéô.
En l^W, après r&chèiiemeut de Téglise des Feuillants, rue da
Faulïourg-Scy ut- Honoré, qui appartmait à la congre [fati ou des relt-
gieux de CUeaux réformés par Tabhé Jewi de la Barrière, Henri 11
commanda a Jacob Bunel un tableau pour décorer le nfiaJtie-autel
de cette église. Ce tableau, mesurant dix métrés de hauteur sur
sïi métrés de largeur, représentait VA^samptwn de la lierfi,
snjet probablement imposé au peintre parla reine Marie de Mèilicis*
Cette vaste composition, sur laquelle les armes des Médicis .«ic trou-
blaient acculées auî arme:^ de France, fut placée au milieu du chœur
de cette église décorée aux frais de la souveraine. Divisée endeui
scènes distinctes, en \oiet la dcscriplioû : la partie supérieure
figurait dans le ciel, entourée d'anges qui Fenlèvept, la mère de
Dieu dans sa gloire; la partie inférieure, les apàtres assemblés
autour du tombeau vide, sur lequel est sculpté uu écnsson aui
armes mi-partie de France et de Médicis. On raconte que dans c^
tableau, en sa qualité de fervent calviniste, Jacob Bunel aurait
refusé de peindre la tête delà Vierge, qui serait alors l'œuvre de U
Force ^ Jusqu^à quel point celte anecdote est-elle véridiqueïi'ôn
n'en sait trop rien*
Comment Jacob Bunel, épris de Fesprit novateur, fervent et
austère huguenot, put*il accorder les idées de sa foi nouvelle, qui
traitaient les arts de vaines superstitions et en poursuivaient b
destruction, avec les nécessités de sa profession? Nous rignoroa^.
C'était affaire entre lui et sa conscience. Toujours es^l-ll que- tlan*
* HtRTAiT, Dictionnaire historique de Parii* Pnrîs, 1779^ h tU, p.
Xcues A 11^. Kunsî'Ltxic. Sïaiïich^ 1835.
FRANÇOIS ET JACOB BU\Et. 591'
son œuvre «rartiste, il dut, jusqu*à un certain point, laisser fléchir
l'austérité de la Réforme.
Après la Révolution de 1789, V Assomption de Jacob Bunel»
enlevée de Téglise des Feuillants et rentrée dans le domaine de la
nation» fit partie du second envoi de TKtat fait en 1803 au musée
de Bordeaux, en conséquence de Tarrété du premier Consul du
14 fructidor an VIII, qui avait désigné un certain nombre d*œuvres
d'art disant partie du Musée Central pour être réparties entre les
divers musées de province qui venaient d*étre, tout au moins,
réorganisés. A Bordeaux, le tableau fut relégué dans les giesters
de la collection municipale* et, par conséquent, lola des yeor du
pubiic. Paul Mantz, un des rares critique»- dTartqw Paient vu, en
parle comme d'une œuvre très ordinarre. INnis le tableau de Jacob
Bunel, il ne trouve rien « nî de bien remarquable, ni de bien ori-
ginal » ; a en ce temps là » , dit-il, « nos maîtres cessaient d'être
français, dés qn*tl s^agrt de faire autre chose qu'un portrait d'après
nature. «
Dans Tannée néfaste de 1870, alors que Ton pouvait craindre que
reDDemi n'arrivât jusqu'à Bordeaux, la collection municipale de
-tableaux et sculptures fut enlevée de la galerie provisoire, élevée
dans les jardins de la mairie, et transportée à THùtel de ville, où
nombre de services publics étaient réunis. Ln incendie éclata le
7 décembre dans une pièce occupée par les ofGciers de l'inten-
dance» et la toile de'ïacob Bunel, qui s'y trouvaitavec tant d'autres,
fut complètement brûlée.
II est profondément regrettable pour l'histoire de Tart français
que cette seule œuvre authentique et importante du peintre ait été
ainsi détruite; car nous ne pouvons plus faire autre chose que des
conjectures à propos des ouvrages qui peuvent lui être attribués.
Nous nous trouvons réduits à la juger d'après les dires de ses con-
temporains et les très rares et pour ainsi dire uniques reproduc-
tions de ses ouvrages faites par les graveurs de son temps, traduc-
teurs très libres et assez peu fidèles, comme l'on sait.
En plus de VAssomption de la Vierge, l'église des Feuillants
montrait encore dans le chœur, derrière le maître-autel, un Christ
> Clément DE Ris, Les musées de procince. Paris, veuve Renouard, libr. édit.
1861. 2 vol. in-8^ 4. II, p. 347 et suiv.
af)2 FRANÇOIS ET JACOB BUNfiL.
priant au jardin des Oliviers, de Jacob Bunel^ dont la tracê n\
absolument perdue. Dans l'église des Grands-Atigustins, dans h
chapelle appartenant à cet ordre où elle Caîsait célébrer ses cété*
monies officielles, Jacob Biinel exécuta une Descente du Saint*
Esprit sur la Vierge et les Apôtres, C'est une des meilîeuT«
toiles Sorties du pinceau du peintre, au dire de ceux qui t'ont
vue; elle fut, même trouvée si parfaite par les secrétaires du m,
que ces derniers en firent faire une copie pour leur chapelle àt la
Chancellerie au Palais de justice. On trouve, dans Si uval, une
anecdote caractéristique qui se rapporte sans aucim doute a t^\
ouvrage. Il raconte que Nicolas Poussin, après avoir vu dans \\m
église de Paris la Cène de Porbus, aujourd'hui au musée du Lou-
vre, dit que ce tableau et celui des Augustins de Du Breuil étaient
les deux plus beaux qu*il eût vus ^ Sauvai s'est trompé de Dom\ U
tableau des Grand)s-Augu8tins, dont il est question dans son rècrt,
ne peut être que celui de Jacob Bunel, le collahorateur de Uu
Breuil. D^ailleurs, dans une autre partie de son ouira<je, Sauvai
rend à Jacob Bunel la paternité de la composition en question.
Maintenant, le dire prêté à Nicolas Poussin est-il absolument authen-
tique? Impossible de le certifier ' ; mais le lui attribuer est déjà sul^
(isamment affirmer la haute considération dont jouissaient alors lei
productions du peintre de Henri IV.
C'est vers cette même époque que Jacob Bunel décora les arcades
du chœur de Saint-Séverin, de fresques sur fond d'or, renfermant
quarante-quatre figures de grandeur naturelle représenlanl lÂngt
annonçant à la Vierge le mystère de V Incarnation ^ les Prophètes,
lés Sybillesei les Apôtres. Peut-être en regraltant les murailles de
la vieille église retrouverait-on trace de ce travail coûsidéxoble
dont la disparition est si regrettable.
Jacob Bunel, comme on sait déjà par sa série de portraits delà
grande galerie du Louvre, fut tout au moins autant portraitiste que
peiutre de sujets religieux et mythologiques,. \'ombre de se>
ouvrages figurent dans les collections de portraits si nombreuses
> Germain Brice, Description de Paris, t. I, p. 283.
' Sauval, loc. cit., t. II, p. 468.
^ Frédéric Reisrt, Xotice des dessins, cartons, pastels, mimatures t* «=
exposés au Musée national du Louvre. Paris^ Imprimeriea réuniai, ISIÏ^
11-12, p. 292 et suiv.
PRAIVÇOIS ET JACOB BUNEL. 593
el si à la mode pendant tout le seizième siècle et durant la première
partie du dix*septième. On aimait alors à réunir les images des
rois, des princes et des personnages célèbres, dont on faisait Torne-
meotdes appartements d*apparat des châteaux, en les encastrant
dans les lambris et les boiseries des murailles. Duplessis Mornay,
le maréchal de Retz, etc., possédaient des galeries de portraits
historiques. Richelieu en eut une de ce genre particulièrement
importante, portant le nom de Galerie des hommes illustres. Parmi
ces portraits si fins et. si curieux que nous a laissés la fin du
seizième siècle, certains sont certainement Tœiivre de Jacob Bunel;
mais lesquels ? L*on sait, par les comptes de la maison du roi, un
certain nombre d*effigies de princes et de princesses sorties de son
pinceau; il en existait également dans les collections particulières.
Dans la galerie de portraits réunie au château de Saumur par
Duplessis Mornay, se trouvait celui de sa femme par Jacob Bunel.
Voici, d'ailleurs, la mention inscrite à ce propos dans les comptes de
ce personnage de Tannée il 602 : « A Jacques Bunel, peintre, la
somme de 124 livres pour le portrait de Madame ^ « Parmi les
portraits faisant partie de la galerie des hommes illustres du car-
dinal de Richelieu, il s'en trouvait quatre copiés par Simon Vouet
d'après les originaux de Jacob Bunel de la petite galerie du Louvre.
Les meilleurs, parait*il, de la collection, dit Sauvai, car pour les
autres, « il les fit de caprice et tâcha simplement de leur donner
des têtes et des attitudes qui répondissent à la grandeur de leur
âme * V . Procédé des plus commodes, mais pouvant laisser quel-
ques légers doutes sur la ressemblance.
Parmi les nombreux portraits peints par Jacob Bunel, il n'en
existerait que deux qui aient été gravés, s'il faut s'en rapporter à
]*abbé de Harolles *, ordinairement si bien informé, qui assure
que trois gravures seulement ont été burinées d'après ce peintre :
« Le portrait de Pierre de Franqueville, architecte et sculpteur du
roi, par Pierre de Jode ; un sujet non désigné, par Henri Odelin, et
11D portrait du roi par Th. de Leu. »
De ces trois planches, nous n'en avons retrouvé que deux; le
' Benjamin Fulon, Galerie des portraits de Duplessis- Mornay, — Gaiette
des BeauX'ArUy t. XX, 2* période, p. 223 et suiv.
• Sauvai., lœ. cit.
* L'abbé de Harolles.
38
594
FRAXCOIS ET JACOB BUX&L.
portrait de Henri IV gravé par Tli. de Leu ' Pt celui de Fnnque-
ville gravé par Pierre de Joode, dont des épreuves se trouvent ii h
Bibliothèque nationale, au cabinet des estampes.
Le portrait de Henri IV gravé par Thomas de Leu - nous montre
le buste du roi, la tête de face et laurée, le cou émergeant ^l'un
col rabattu tombant sur une cuirasse ornementée, recouverte irane
écharpe d^étoffe légère nouée sur Tépaule gauche et posée sunm
piédouehe placé au fond d'une niche circulaire entre quatre
pilastres cannelés d*ordre corinthien, soutenant un fronton découpé
et tourmenté '. Au*dessous de la niche, à la buse des piUstren, lous
reftigie du souverain, dans un cartouche découpe que surmaïUe
une tête de grotesque, se lit Tinscription suivante : Henricu^ IV
Franc, et Nava. rex., et tout à fiait au bas de restanipe \ BmH
pin, 1605. Thomas de Leu feciê*.
Il existe deux états de cette superbe planche, 1r plus belle effigie.
peut-être, qui ait été faite de Henri IV, Tune sans les mms iti
artistes et sans la date de 1605 inscrite au bas de Testanipe , l^autre
avec les noms et la date. Chalmel loue beaucoup le quatmin qi»
Guillaume du Peyrat avait rimé pour cette gravure. Toujours
est-il qu*il est des plus flatteurs pour le peintre, coDiine Oïi peut en
juger d'ailleurs, car le voici, quoique incomplet :
Bunel ne pouvait pas d*un prince plat insigne
Henri peindre au vif le tableaa ;
Henri ne pouvait pas d'un peintre aussi plus digne.
Que du rare Bunel éjire le pinceau.
Cette gravure est-elle la reproduction absolue du portrait peinl
^ Lbchbvallier-Ghkvignard, Sur quelques portraits de Henri IV\ — C*»*
des Beaux-Arts, t. VI, 2» période, 1872, p. 371.
* Voir Les monuments de l'histoire de France, — Michel Hiï\Ki?f . Cff/^^Bf*
des productions de la sculpture, de la peinture et de la grature^ rr^ri/irti i
^Histoire de France et des Français. Paris, J.-A. Delion, éà\\ J*uVHftP,
în-8*. — L intermédiaire des chercheurs et des curieux y a» du 10 nft««aÉ«
1883.
* Voir, ci-contre, planche XLI.
* Thomas du Leu, gendre du peintre Caron, qu} dessina les célèbres etn«A*^
tapisseries de l'histoire d'Arthémise et des tableaux de PhiloslrMe. e^t un i]n|Pi^
importants graveurs de laûo du seizième siècle. D'une habileté de mrlier €iV^^
dinairc, comme nombre de ses confrères de son époque, il alUcha une ^ ■
importance à la pureté des tailles et au détail, d'où quelcjtieâ »échere$»es ~ '
oertaine dureté dans ses planches.
PUnib»* M.l.
i'»}tc :.«4.
H K X U l C L S IV F H W C . K T X \ \ A . H K \
<; w \ V K I' I K r II 1) K I, K i:
^1) iipr.> J. UuLel )
WT'
FRâXÇOIS ET JACOB BDXEL. 593
par Jacob Banel? C'est au moins douteux. Le buste du roi seul
doit être du peintre. Le restant est un amalgame hétéroclite
et b.zarre provenant de diverses sources. Rien de plus comman
et de plus dans les habitudes du seizième siècle et de la première
partie du dix-septième, que ces gravures où s'entremêlent les car-
touches, les arabesques, les ornements de toutes sortes, ou les
tapissiers, les céramistes. les verriers, les orfèvres, les ébénistes
les architectes, en un mot. les artistes de tous les genres semblent *
avoir collaboré pour la composition de l'œuvre.
Le portrait de Henri IV. d'après Jacob Bunel. est une des plus
belle» planches de Thomas du Leu et lui fait le plus grand hon-
neiir. Aussi celte, gravure a-t-elle été bien souvent copiée et
presque sans variante ni changements, notamment par L Gau-
tbier, graveur allemand, né à Wayence en 1552 et mort après
1628. qui s'est contenté, pour ainsi dire, de la réduire, et ainsi
elle a servi de frontispice au livre l'Avant victorieux' écrit en
•honneur de Henri IV par le sieur de l'Hostal, seigneur de Roque-
laure, dont nous avons parlé dans la première partie de ce tra-
vail '. Gauthier a reproduit d'autres fois encore ce même por-
trait, plus ou moins fidèlement, sans la moindre vergo^e II ne
fot pas le seul, d'ailleurs, à agir de la sorte; car le buste de
Henri IV d'après Jacob Bunel devint, pour ainsi dire, le portrait
type du chef de la maison de Bourbon et a servi de modèle à
nombre d'effigies du monarque gravées après sa mort, notamment
a celle où il est figuré à côté du portrait de son fils Louis XIII
lors de l'avènement de ce dernier au trône. C'est encore cette
même effigie que l'on retrouve à côté de celles de Louis XIII et de
Louis XIV, publiées ensemble sous le règne du grand ror
Le portrait de Pierre de Franche ville', gravé par Pierre de
• Ce volante a été publié et imprimé en Bé.irn. h Orlhci. par A. Roover im
^"T"t :r '- •«*»• «T r« ''«-"«.ent le. lettre, patente, ,r.„,crhe; Ha'
S^iTltimTp -/«'V'-'"'',':*"". fc* l'nprimeurs el Horaires en
^«f«/^ 1052-1883. Pau. Imp. Caret. Léon Ribaut, lib. édil.. 1884 1 vol in-i»
* Voir note 1, p. 570.
» ^'e"" «Je ^"«"^heville, appelé encore Francavill. ou même Francoville né à
de ,Bo'»8ne. Flamand comme lu.,pu..quece dernier et né à Douai. Francheville
résida longtemp, à Pwe et fut nommé membre de l'.^cadémie de scnipiure de
Ôp6 FaAXÇOlS ET JACOH BU\EL.
Joode, consiste en un ovale allongé dans lequel le personnage ts\
représenté la tête de trois quarts touruée de gauche a droite.
Comme le dit l'inscription que nous citerons tout à Theore, il
accuse une soixantaine d'années. La tête puissante et forte monin
un front découvert couronné de cheveux gris et courts, légèrement
frisés ; la barbe, grise et frisée également, est surmontée de raouala-
ches bien fournies. Le cou est engagé dans un large col ralKiitv
qui retombe sur un justaucorps boutonné, agrémenté d'orneoient^
de fleurs et de feuillages; les manches à petits crevés, dontotit^^
voit que la naissance, sont d*une étoffe plus claire que celle in
vêtement. Le haut de la planche consiste en un écnsson ovale -m
armes de Pierre de Francheville, surmonté d'un heaume empaci-
ché qu'accompagnent, à droite et à gauche, deux cornes d'abondance
laissant échapper des fleurs et des fruits; sa base se compose M
montants et de socles de colonnes d*ordre composite avec rinscrip-
tion que voici en occupant la partie centrale : Petrus a Francêr
villa cameracencis, GaU. et Navar. régis christianiss. archiud.
et proto (sculpta^) academicus Jlorentinus ; et ob egregia arlis
opéra civitate pisana donatus M, VI XIII, 60. ^ Tout au bsp*
droite, se trouve gravé : Jacob Bunéi pinxit, et à gauche : P-^^
Jode fecit\ Cest là une très belle planche, largement tmil^'
par larges plans sans mièvreries ni petitesses, donnant une liâalf
idée du graveur qui Ta exécutée et de la ptrjnture d'après laquelle
elle a été burinée. ^
Le Louvre, dans ses réserves, renferme trotfs dessins attribuée
aux Bunel, ou plutôt à Jacob Bunel. Ils provieiitient tous trois <!'
la collection Crozat. ^
Le premier, catalogué sous le n"* 25051, mesui^nt G",!- ^^^
0°',10, exécuté à la pierre d'Italie, représente, vue àe troisqu^i^* i
Florence. Rappelé en France par Henri IV, qui lui donna, comi
plus loin, un logement au Loovre, à cAtc de celui de Bunel, avec lei
alors, il exécuta entre autres ouvrages une statue du roi en noarbre.
au château de Pau, le groupe de David vainqueur de Goliath, au
Louvre ; le Tenops enlevant la Vérité, dans le jardin des Tuileries, et les
figures qui ornaient le piédestal de la statue équestre de Henri IV sur l-
Neuf vers 1615.
* De quel de Jode ou de Joodhe ou de Joode s agit-il ici? de Pieter àt
le Vieux, né à Anvers en 1570 et mort dans la même ville en 16SV, ou d*
fils Pieter de Jode le Jeune, né également à Anvers en 1602? Très probaH
du père.
PRAX'ÇOIS ET JACOB BLXEL. 59T
et quart de nature, une fine tête d'apôtre avec une barbe élégante,
les yeux levés vers le ciel. Ce dessin délicat et un peu maniéré, fait
involontairement songer aux crayons de Daniel du Monstier, et,
n'était Tauréole qui surmonte cette tête bien française, Ton croirait
volontiers avoir affaire plutôt à un courtisan des derniers Valois
qu*à un apôtre et à un saint.
Le second dessin, rehaussé de rouge, portant le n* 23052, figu-
rant trois vieillards nus, Tun d'eux, celui du milieu, assis, c'est
très vraisemblablement une copie ou, tout au moins, une inter-
prétation d'un groupe de la coupole de la cathédrale de Parme
peinte par le Corrége. Au verso de ce dessin se lit l'inscription
suivante, d'une écriture ancienne : » Soldat endormy, étude pour
une résurrextion à la plume lavé d'encre de la Chine, réaussé de
blanc sur papier bistré, v
Le troisième dessin, de 0",18 sur 0",16, à la pierre d'Italie,
comme le premier, rehaussé de bistre, figure un Christ descendu
de la Croix. Cette figure académique, sans caractère particulier,
est insuffisante pour donner une idée bien précise du talent et des
tendances de son auteur. Ainsi donc, ces trois dessins sont bien
peu importants malgré leurs mérites, malgré, surtout, celui des
deux premiers, et ne peuvent guère venir en aide pour permettre
d*apprécier le style et le faire de Jacob Bunel, dont ils sont indubi-
tablement l'œuvre.
Dans la collection de dessins réunie au dix-huitième siècle par
le marquis de Robien, provenant, pour le plus grand nombre,
d'acquisitions faites à la vente Crozat et faisant aujourd'hui partie
du musée de Rennes, se trouve un dessin attribué à Jaeob Bunel.
Malheureusement ce dessin, mesurant 0"',22 de hauteur sur 0",36
de largeur, exécuté à la plume lavée de bistre et représentant
Une femme enlevée au milieu d'un combat, n'est pas une œuvre
originale, mais seulement une copie d'une composition de Jules
Romain ^
Henri IV, en faisant bâtir par Malezeau le père et Dupérac la
g^rande galerie du Louvre en avait destiné, dès le principe, les
log^ements inférieurs aux plus familiers de ses artistes et artisans.
< Catalogue des peintures, sculptures^ dessins et gravures du Musée de la
viile-de Rennes. Rennes, typographie Oberthur, 1863, 1 vol. in-12.
598 FUA\Ç01S ET JACOB Bl\Ë[--
ce qui, alors, était tout un. Jusqu'à la révolution de J789, nombre
de ménages d*artiste8 continuèrent d'y babitt^r; leurs apparlt^ments
leur furent même rendus à la Restauration ; mais Louis-Philippe,
à son avènement, supprima définitivement ce prîiilège.
Jacob Bunel fut du nombre des premiers artistes autoriaés â
habiter sous la grande galerie du Louvre, l uici la liste des pre-
miers occupants de ces logements^ énuniérés dans les lettres
patentes accordées en 1608 par Henri IV à cet effet ;
Jacob Bunel, nostre peintre et vallet de chambre ; Abraham â^ li
Garde, nostre orloger et aussi valiet de chambre ; Pierre Courtob,
orfèvre et valiet de chambre de la reyne; Franqueville, sctilptear;
Jollien de Fontenay, nostre graveur en pierros précieuiîes el valiet dt
chambre; Nicholas Roussel, orfèvre et parfumeur ; Jenn Séjourne, sculpteur
et fontainier ; Guillaume Dupré, sculpteur et con trot Leur r^êncral des
poinçons des monnayes de France; Pierre V^erni^zr, cousteflier et forgeuf
d'espées en acier de Damas ; Laurens Sélnrbe [tieneusier fai&fur de
cabinets ; Pierre des Martins peintre ; Jean Petit fourbbspur doreur et
damasquineur ; Estienne Flantin, ouvrier-ès-inslrumenit de malbém^i'^
tiques ; Alleaume professeur ès-dites mathématique^^ ; Maurice Duboali
tapissier de haute lisse ; Girard Laurens, aussi tnpissior de haute hsst ;
Pierre du Pont, tapissier es ouvrages du Levant ; Miirin ïk>argeoJs, ami
nostre peintre et valiet de chambre et ouvrier en globes moutanï,
sculpteur et aultres inventions '.
Michel de MaroUes n'a garde d'oublier les artistes loges an
Louvre, dans ses quatrains :
Les bons peintres logez dans TeDceinif' du Louvre,
Jacob Bunel, Picou, Bernier, Jacquos StrlU,
Les enfants de sa sœur vcrtueui en ct-b.
Du Moutier père et fils ou Baladone f 'oiuvre.
Simon Vouet, X'ocrct, Bo.irgeois. Erird, Bdursone
Mellon, Bombes, Gesse, Dorigni, des Martiits,
Du Pré, le bon sculpteur et -les deux Sjtrra^in!; :
L'Asne avec Séjourné, pour décorer le Iro^ae^,
Etc., etc.
' Archives de l'Art français, i. III, p. 39-41. Cosnmuoication de M, t*
nevières.
* Michel DK Marollks, Quatrains, 1677. Paris, Îq-4% f. 53^4,
'.I
FHA\Ç01S ET JACOB BL\EL. 599
Daos la prenuère partie de cette étude, nous avons vu que Fran-
çois Bunel fit un dessin de navire, probablement un carton de tapis*
série. Une fois logé au Louvre, où existait, dès 1613, un atelier
de haute lisse, sur lequel nous manquons absolument de détails,
et qui subsistait encore après 1650, il est à croire que Jacob Bunel
dessina quelques cartons destinés à être tissés; le fait est d'autant
plus probable, qu*il se lia aVec ses voisins, habitant également la
grande galerie, Laurent et Pierre Dupont, Tun tapissier de haute
lice, Tantre inventeur des lapia à façon du Levant, fondateur de
la manufacture de la Savonnerie'. V Histoire de Diane y cette
superbe tenture composée de huit pièces etattribnée à Toussaint
Dnbreuil, est-elle en son entier de cet artiste? Bunel, son colla-
borateur habituel» n'y a-t-il pas travaillé avec lui? Nous le croirions
volontiers.
Nous venons, tout à Theure, de nommer Pierre Dupont. Ce
Pierre Dupont est un personnage considérable dans Thistoire de
la- tapisserie; il introduisit en France la fabrication des tapis de
Turquie' et écrivit, à cette occasion, un curieux^ ouvrage intitulé
la Siromatourgie*. Il était fort lié avec Jacob Bunel, dont il était
le voisin au Louvre, comme il vient d'être dit. Voici, à propos des
deux amis, une anecdote caractéristique tirée des Archives de
t Art français^ :
« S'estant donc adonné à rilluminure, feu madame deChasteau-
neuf — que Dieu absolve — comme elle estait très vertueuse et
adonnée du tout à la piété et dévotion, prit le dict du Pont à son
service pour lui faire quelques paires d'heures d'Illuminure et
aultres ouvrages. De quoy, s'estant fidellement acquitté, ilfitveoir
aussi à la dicte dame quelque temps après — comme à la plus
curieuse de Paris — quelques échantillons de toutes sortes d'ou-
vrages de Turquie faicts d'or, d*argent, de soye et de laine, lesquels,
1 J. GciFFRir, Histoire de la tapisserie. Tours. Alfred Marne, édit. 1886, i vol.
in^k'*. — Ettg. MuNTz, la Tapisserie^ Paris, Quantin, édit., 1 vol. in-i2.
* J. GwnEY, ibid,
* 4as Siromatourgie ou de r excellence de la manufacture de tapits de Turquie
SMOUvelletnent establie en France sous la conduicte de noble Pierre Dupont,
S^pissier ordinaire du roy es dits ouvrages^ avec la devise : Mieux faire que
^ien dire, fut publié en 1632, eo un volume in-V de 43 pages, « à Paris, en la
G«llerie du Louvre, en la maison de Tautheur » .
^ Archives de l'Art français, t. I, p. 210 et suiv.
600 FRANÇOIS ET JACOB BUMBL.
comme chose non encore veuë, rll^ présenta à h reyne mère qui
les fit voir tout à Theure au feu roy, Je quel, peu de jûurs après,
allant voir les peiùtures de sa yallerie et de sa sale des Antiques
que feu M. Bunel, son peintre, faisait alors, et, entrant dans la
maison du dict Bunel, vit un fonds de chaiBe, fàict d'ouvrage de
Turquie, que le dict du Pont y avait laissé et, se ressouvenant de ce
que feue madame de Chasteauneuf en avait rapporté à la reyne,
commanda à M. de Fourcy, intendant de ses bastlmans et manu-
factures de faire venir le dict Dupont dans sa gallerie.,, m
Par la citation ci-dessus, nous voyons que Henri IV ne dédaignait
pas d'entrer dans la demeure de son peintre favori et d'aller wlt
dans son atelier où en étaient les havatix qu'il lui avait commandée.
Une autre raison rendait encore les rapports fréquents entre le
souverain et le peintre; c'est que le rôi avait nommé Jacob Bunel
conservateur de ses tableaux à une époque que nous ne sauriom
préciser, mais probablement lors de la mort de Toussaint DubreuiL
Dans les derniers temps de sa vie, le roï confia à son peintre àt
prédilection le soin de faire le portrait du Dauphin, trois mois h
peine avant la catastrophe du pont \'euf. u Le mardi 16 février
1610, en estudiant», le fils de Henri IV « est peinct par BudcI
peinctre excellent qui est au service du roy » , nous apprend le
curieux et instructif journal d'Hérouard, premier mêdeciu de
Louis XIII. Jacob Bunel non seulement portrafcturâ Louis XIH,
m£^îs il eut encore Thonneur de lui donner des leçons de dessin.
L'on sait, d'ailleurs, le goût et Tattrart de ce prince pour la pein-
ture. « Le 24 octobre 1612 », lisons-nous pins loin dans le manu-
scrit du même Hérouard, « le roy va chez M* Bunel, peintre en la
gallerie. S'amuse à peindre; le 25, s'amuse à peindre feue madame
la connétable », probablement d'après un portrait fait par Jacob
Bunel se trouvant dans son atelier ' .
' Jehan Hérouard, seigneur de Vaugrij^neuac, né en 1550 ou 1551 , moH «
t627, premier médecin de Louis XHl, a laiiié un journal mannicrit compo'^ <l<
6 vol. in-fol., conservé à la Bibliothèque nallonalc. déparlemenl des maaaf^rrit^.
dans lequel il a noté jour par jour, du 27 septembre Itifll, d«te de U niï^uncf àà
Dauphin, jusqu'à l'année de sa mort, c'esl-à-dire en 1627, non eeulem* ' '"
détails concernant la santé de son royal clienl, mais aussi nombre d'autres TtL
curieux et fort importants. — Voir Armand ÏJa5cmkt, ie Roi ckc^ ia f^im
Histoire secrète du mariage de Loins Xi II €t d^Anne d'Autriche. Parir '
H. Pion, 1 vol. in-12, 2« édit., p. 462 et sulv.
PRAXÇOIS ET JACOB BUIVEL. (iOI
Jacob Bunel ne survécut guère plus de quatre années à Henri IV,
qai Tavait employé, comme nous Tavons vu, la plus grande partie
de sa i^arrière. Il mourut à Paris encore jeune et en plein talent, à
Tâge de cinquante-six ans, le 14 octobre 1614 ^ Onze jours avant
sa mort, se sentant fort malade, le 3 octobre, il avait écrit son
testament. Voici son acte mortuaire relevé par Jal dans les registres
protestants conservés naguère au Palais de justice et malheureuse-
ment brûlés en 1871 '.
Le XV* dud* mois d*octobre 1614 deffunct Jacob Bunel vallet de
chambre du roy et peintre de S. M. estant de la vraie religion, a esté
enterré au cimetierre du faubourg S* Germain par Jehan Guillaume
fossoyeur dnd' cimetière, ou le corps dud' deffunct a esté accompagné par
ses amis et archers du guet.
Après la mort de son mari, Marguerite Bahuche, sa veuve, solli-
cita du roi la survivance de son logement et de son traitement de
conservateur des peintures du Louvre et des Tuileries; ce qui lui
fui accordé, comme en fait preuve le brevet que voici, sous la
condition pour elle de fournir le logement à son neveu Robert
Picou, peintre comme son mari, et de l'entretenir.
Anjourd'huy 8* d'octobre I6I4 te roy estant à Paris mettant en considé-
ration les longs et fidèles services que feu Jacob Bunel vivant, l'un de ses
peintres ordinaires, ayant lachargede ses peintures au Louvre et Thuilieries,
a cy devant rendus tant au feu roy dernier déceddé qu'a S. M. depuis son
avénemeot à la couronne, et, voulant recognoistre iceux envers Maguerite
Bahuche sa femme, sa veuve, la quelle faict aussy profession de peinture
et y travailla journellement,' S. M. par Tadvis de la reyne sa mère, a
accordé à la dame Bahuche sa demeure, sa vie durant dans le logis de la
grande gallerie du Louvre où demeuroit et est décédé ledict Bunel ; à la
charge d'y loger et accommoder Robert Picou son nepveu, aussy peintre,
pour avoir soing avec elle des peintures, tant de la dicte grande gallerie
du Louvre que des Thuilieries ; et, pour leur donner moien d'y servir et
sy entretenir dignement, sa dicte M. leur accorde par moytié les j^ages
et entretemments de 1200 livres dont soulloyt jouir le dict feu Bunel,
qui est à chascun deux six cens livres les quelles leur seront payez
par les trésoriers de ses bastimens présens et advenir, chacun en Tannée
Bbbnieb, ioc. cit. — Jal, Dictionnaire. — A. DuPRé, loc. cit. — Gazette des
I rux^Arts, 1888, t. II. p. 265 et suiv.
Jal, ibid.
]
602 FRANÇOIS ET JACOB BtJ\Ël.
de son exercice, à commancer da premier jour tle ce mms par har
simple quittance, sans quii leur soye l>esoing d'autres leUre« ny l'ipédî-
lions que le présent brevet qu'il a voulu signer de sa itiain et Lceby eslre
contresigné de nioy son conseiller et secrétaire d'e^tat :
hùvis.
De Laimenrye.
Et au dos est escrit ce qui suict :
Enregistré par moy intendant des bastimens du roy soubzisigaez à Par»
le 3' jour de janvier 1615 ainsy signé : Fourcy.
CoUationné a son original sur parchemin >.
Ce Robert Picou, neveu de Marguerite Bahuclie, auquel la «ur^
vivance du logement et des appointements de Jacob Buuel était
accordée de moitié avec sa tante, ne laissa pas Je jouir de son temps
d'une certaine célébrité*.
Marie Bahiiche, la veuve de Jacob Bunel, conserva-l-elle le loge-
ment du Louvre et la fonction en étant la conséqueoce» conjoinle^
ment avec Robert Picou jusqu'à sa mort? C'est peu probable; car
elle se remaria avec un sieur Paul Galland, receveur des tailles i
l'élection de Tours, veuf lui-même, et ce nouveau mariagi" semble
impliquer qu'elle dut abandonner sa situation au Louvre. On ignore
Fépoque de ;sa mort, qui eut lieu avant Tannée 1632, puisque, le
9 octobre de cette même année, Paul GallancJ se remariait une Iroi-
sième fois avec Marie Denetz, 6Ile d'un auditeur à la Coar «lei
comptes'.
Dans les registres de Tétat civil des protestants, détruits lors ai
Tincendie du Palais de justice de Paris en 1871, auxquels noui
* Archives de T Art français^ 1. 111, p. 370 et suiv., pi^ce pïtraiic des ,Arcliif«
nationales, section administrative et domaniale, communiquée par C\i. hêo^^*
daire, de la manufacture des Gobelins.
* I Robert Picou de Tours, neveu de la femme de Ëuad. dit XM^r àe Utratï»,
nous a laissé de luy mesme quelques pièces en eau-ftirte ('td'autrtM de TinK^n*
tion de Jacques Bassan et d'Herasme David, en a faict une d'après luj %\m »< ^
miracle de S' François de Paule traversant la mer dn Sicilp. et ensuite If s illu*-
tres de son ordre jusqu'au nombre de 105. t Dans suii Rhiotre d^ Tour^m.
Cu^LMBL prétend que son compatriote « Claude Vignou en faisait beaucoup 4^" "^
surtout par rapport à la pureté du trait ». — Voir Michel ni! Mab(»llr9, CiUm
de livres, d'estampes^ etc. Paris, 1666, p. 74. — Archit^es de fArt/rdr
t. 1, p. 2t2. — Ghalmel, ibid,, t. IV, p. 379.
» Haag, loc, cit.
FRAXÇOIS ÇT JACOB BL\EL. 603
avons déjà fait un emprunt avec Taide de Jal, il est à maintes
reprises question de Marguerite Bahucbe.
Au folio 59 recto se trouvait la mention suivante :
Le 3* de marâ 1608 nasqairent ung fils et une fille à François Fonlayne
secrétaire de la maison et couronne de \avarre et de dam** Françoise
Commer et ont été présentez au bap"* le 15* dudict mois par M' du
Couldray conseiller au parlement et damoiselle Judicq de Gourcelles
femme de M' de Lozeray le quel ilz ont nommé Androniqueet la ûlle par
Isaac poupart con**" et secrétaire de feue Madame sœur du roy et
dam'"* Marye CoUignon femme de m. du Moulin M. du S' r la quelle
a esté nommée Loyse.
Au verso, on lisait :
Marraine Marg** Bahuche femme de M' Bunel peintre du roy.
Et au folio 61 verso, également, se trouvait répétée la même
phrase :
Femme de M' Bunel peintre du roy.
«
Cette demoiselle Judicq de Courcelles, femme de M. de Lozeray,
faisail-elle partie d'une famille de Courcelles dont il va être ques-
tion tout à rhenre à propos d'un élève de Jacob Bunel? C'est assez
probable.
Marguerite Bahucbe, au dire de Cbalmel \ jouissait de son
temps d' u une telle réputation que les plus illustres personnages
de la Cour avaient voulu être peints par elle » . Sauvai * nous la
représente comme très babile « à faire les portraits des person-
nages de son sexe » el à peindre u sur les dessins de son mari » .
Ce qui est certain, c'est qu'elle l'aida considérablement dans l'exé-
cution des effigies des princesses et grandes dames que Henri IV
avait demandées à son peintre ordinaire.
Pour en finir avec la famille de Jacob Bunel, disons encore que,
par un acte découvert par M. Read, il ressort que, dès 1619, un
Pierre Boule, qui était déjà ébéniste du roi et avait son logement
<^n Louvre, avait pour femme la sœur de Marguerite Bahuche et
1 Chalmbl, loc. cit.
* Sauval, loc. cit.
n
60t FRANÇOIS ET JACOB BUAEL-
que, par conséquent, par son mariage^ ce Pierre Boule était
devenu le beau-frère de Jacob Bunel ^
Jacob Bunel fut un artiste considérable. Ses contemporaiQis
avaient de lui la plus haute idée. Voici, enlre autres lémorgnages
à ce propos, celui du peintre Claude li^inoii, reproduit par
Chaloiel, auquel nous avons fait déjà plusieurs fois allusion : u J'if
eu, dit Claude Vignon, Thonneur de counattre Jacob Buuel, le
plus grand peintre qui fut en Europe, et métue je me ^loiiSe
d'avoir reçu de sa bonté les premiers enseignements de la pein-
inre. Il était natif de Tours en Touraine. Il vivait à Paris, api
galeries du Louvre, fort honoré du roi Henri le (rraud, quatrième
du nom. Comme il avait eu Testime et emploi du roi d'Espagne,
Philippe II, il a fait ce beau cloître à TE^curial, rempli de quaranle
admirables tableaux, chacun de trois toises eti ha n leur. Je n*ai
rîen vu en Europe qui les surpasse en magnifiques inventions, ivoire
ils surpassent tout par leur coloris. »
Malgré ce que cet éloge peut avoir d'hyperbolique, Jacob Bnnel
n'en reste pas moins un peintre fort apprécie de son temps* H foti
sans doute, autant que nous pouvons en juger à distance, ut* artiste
de transition, et, quoique ses nombreux voyages Talent soumis à
d'autres influences que celles du Primalrce et du Rosso, tout-pni^
sauts à la Cour de France, pendant sa jeunesse, sa place semble
marquée entre les derniers élèves de Técole de Fontainebleau et
les premiers de celle de Simon Vouet. Comme nombre de peintres
de son temps, ce que nous savons de lui donne à croire qu ît
oublia trop facilement les enseignements des Jehan Fouquet. des
Perréal, des Bournichon, etc., pour s'engouer de Toutrecuidance
et de la redondance italiennes. Il s*éprit des raccourcis violents, des
musculatures exagérées, des figures extraplafonnantes; il evt
lamour des ajustements bizarres, ce goùl italien de rélégance et dû
raffiné au milieu de la rudesse des mœurs, qui est un des carac-
téres de cette étrange époque. .Mais comment aurait-il pu se
faire que ce peintre, vivant à la Cour, n eût pas suirt TimpulsTOQ
donnée par le souverain ou ses courtisans dispensateurs des com-
mandes et des faveurs! François I", en appelant le Frimali'''' ^^
' Archives de l'Art français ^ t. IV, p. 321 et siiîi. Pi erre- André Bouli^^ <
meots communiqués par MM. Read, Richard, Laeordaire, et unâtés pir
iloDtaiglon.
FhAXÇOIS ET JACOB BLWEL. 605
R08SO, Nicolo délie Abbate, — ne citons que les principaux, — pour
diriger les travaux des mainons royales, avait donné Torientation,
qui ne fut que trop fidèlement suivie par ses successeurs. Jacob
Bunel, le protégé d'une Médicis, ne sut ni ne put échapper aux
contagieux exemples qui lui furent donnés. Loin de là, il les
rechercha, et leurs séductions furent pour lui sans défense, trop
respectueux qu'il était de ce qu'on admirait et louait en haut lieu,
quMl admira et loua plus que personne.
Aussi ne nous étonnons pas trop s'il s'éprit, comme nous venons
de le dire, des effets outrés, des poses violentes, des raccourcis
exagérés; cette préoccupation de ne voir dans l'être humain
qu'une sorte d'athlète aux muscles enflés, tendant les cuisses
«t retroussant les pieds, faisant avant tout métier de montrer ses
forces, de se renverser comme le grand géant de la Gigantoma-
chiCy dont il a déjà été question, était bien dans l'esprit du temps.
C'était l'époque de la pédanterie, et la Cour de Navarre, où avait
vécu le père de Jacob Bunel, n'en avait pas été plus exempte que
les antres. Jeanne d'Albret non seulement connaissait les langues
étrangères, mais se montrait fière de savoir les langues anciennes
et de parler couramment le latin, le grec, et même l'hébreu.
Jacob Bunel ne semble pas avoir laissé d'élèves, et, à part Claude
Vignon, qui s'honore hautement d'avoir reçu ses conseils dans la
lettre de ce peintre citée tout à l'heure^ nous n'en pouvons rencon-
trer qu'un, Jacob de Courcelles, dont nous ne connaissons aucune
production et dont nous ne savons rien, si ce n'est qu'il travaillait
avec Jacob Bunel à la décoration du Louvre, comme nous l'apprend
la lettre que voici, extraite du Recueil des lettres missives de
Henri IV réunies par M. Berger de Xivrey *.
Aux bourgmestres de
Très chers et bons amys, ayant été advertis de certain procès pendant
par devant nous, entre Jacob de Courcelles, retenu par le peintre Bunel
pour la conduicte de peintures de nostre chasteau du Louvre, et Nicolas
Malapert et Jehan Colombier, ses tuteurs, auquel procès pour Toccusion
susdite, le dict de Courcelles, ne peut vacquer, encore qu'il luy importe
de la meilleure partie de son bien, nous \ousen avons bien voulu escrire
* fisRGKR DK XiVRBY. loc. cît,, RecucU dcs lettres missives de Henri IV,
"367-1610. Paris, 1866, Imprimerie impériale. 9 vol. in-V. \oir t. VII, p. 486.
606 GABRIEL-FRAIVÇOIS MOREAU.
. cette lettre, pour vous prier comme nous faisons, d'y vouloir bien faire
considération pour Tamour de nous, de lui en rendre sî bonnfi et prompte
justice que vous jugerés estre du mérite de la considéralion de son boa
droict, en vous asseurans que nous le tiendrons à plaisir très aj^rèabk
pour nous en revancher en aultre droicl.
Priant Dieu, très chers et bons amys, qu'il vous aye en sa satncte et
digne garde.
Henhv.
Il faut convenir qu'il est heureux que Jacob Bunel ne se soit pas
érigé en chef d^écôle. Ce n'était point un esprit assez fortement
trempé pour servir de guide, encore moins un modèle dicpie d'être
aveuglément imité. Comme nous l'avons déjà dit, il ne sut point
résister aux contagieux exemples transalpins et fut le trop Gilèle
admirateur des Florentins de la décadence, abattdonnant, hélas!
la belle simplicité naturaliste nationale. Il n'en doit pas moins,
cependant, avoir sa place marquée dans Thistoire ih Tart fntnçais
place que, malheureusement, la disparition de ses ouvrages
empêche de fixer d'une manière définitive. — 11 en est de même
pour son père. Espérons qu*un jour viendra ou Ton retrouvera
quelques œuvres authentiques de François et de Jacob BuiieK
Paul Lafoxd,
Correspondant du Comité des SoczétL-i des Bclul'^M
des départements, k Pau.
XXXVII
GABRIEL-FRANÇOIS HOREAU
ÉVÊQUE DE MACOW (1763-1790),
AMI OKS ARTé ET COLLECTIONNEUR, PROTECTEUR 1> E r]|i;il*Qr)l
Gabriel-François Moreau naquit à Paris le 21 septembre 1721*.
Il avait pour père François Moreau, conseiller honoraire au Pirlp-
' Voir, ci-cootre, planche XLII.
!»««»« Vl.ll
n^r itOfe.
i; 'l'H. iHïHK^i. KVÉQiJK UK \i \ utiiw (no^i-nim/
àpni* L « tM i« T ir I. Il l î E II F 4»
>ip ri UM^itM» «I» M^i-i'it )
GABRIEL-FRAIVÇOIS MOREAU. 607
ment et procureur du roi au Cbâtelet. Le Af * Jean Moreau, che-
valier, gravé par Lempereur (1725-1796) d*après an tableau de
Valade (1709-1787), dont nous parlons plus loin, était probable-
ment un de ses parents. La famille portait pour armes : cCor au
chevron d'azur accompagné en chef de deux roses de gueules
tigées effeuillées de sinople et en pointe d'une tête de Maure de
sable tortillée d'argent soutenue dune rivière d'azur * .
Aprësavoir fait ses études au séminaire de Saint-Sulpice, Gabriel-
François Moreau devint sucessivement docteur et prieur de Sor-
bonne, conseiller-clerc au Parlement, chanoine et théologal du
chapitre de Notre-Dame, vicaire général de Tarchevéque de Paris,
évoque de Vence (29 avril 1759), puis de Mâcon (29 novembre 1763),
abbé de Mouzon au diocèse de Reims et prieur de Morée an dio-
cèse de Blois. An moment de la Révolution, son évéché lui rappor-
tait, chiffres ronds, 57,600 livres, son abbaye, 28,000 livres, et
son prieuré, 5,600 livres. Au total 92,000 livres, et en déduisant
pour charges 10,200, 9,200 et 1,800 livres, il restait net environ
70,800 livres*. •
En 1790, son siège fut supprimé et ses bénéGces sécularisés.
Le 30 mai 1802, à Page de quatre-vingt-deux ans, il fut nommé
évéque d'Autun, et le Premier Consul demanda en même temps,
pour lui, le chapeaa de cardinal. Mais le 8 septembre suivant, il
mourut à Mâcon, où il était venu régler quelques affaires, et il fut
inhumé dans la chapelle de Phospice de la Providence de cette ville.
Outre un « esprit éclairé v , un a prédicateur en renom » , un
prélat qu'accompagnait • une réputation justement méritée d'éru-
dition et d'éloquence » ', Mgr Moreau était encore un fervent ami
des arts et un collectionneur entendu.
Son goût pour les arts, il ne cessa de le manifester aux États et
à la Chambre d'administration du Maçonnais, dont, en qualité de
président-né, il dirigeait les délibérations et déterminait les votes.
C'est, en réalité, à son appui que la France doit d'avoir vu se révéler
le^rand talent de Prud'hon, comme c'est'à ses encouragements
que Màcon doit d'avoir eu de bonne heure une École de dessin.
' Armes parlantes : Maure, eau.
• Archives de Saôoe-et-Loire, G. 94, n"* $6. 87 et 89.
' Db La Kochettb, Histoire des éoéques de Mâcon, t. I], p. 593 et 594.
Mâcoo, 1867, ia-8».
1
?■•
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i
608 GABBIEL-FRA^COIg MÛRIÂU,
Mous ne rappellerons ici que pour mémoire lautonsatTon iloDoée
sans difficulté par les Etats au sieur Joseph-François Hémet^
peintre, demeurant à Cluny , d'établir dans cetle ville ^ une manu-
facture d'indiennes, façon de toilles d'Orange, en l>on teint et diffé-
rentes couleurs, même en tapisserie, sur toilles, en paysages tant
en huile qu'en détrampe » (29 décembre 1772) \ et les farilttés
libéralement accordées à la ?euve Buys pour se libérer, envers 11
province, du montant de la caution qu'elle lui avait donnée afîa de
a faciliter au sieur Pidoux rétablissement d'une manufacture de
. fayance'fl (16 février 1782) \ Signalons aussi la belle Carte du
c pays et comiéduMâconnoiSj en quatre feuilles, que Mgr Moreaii
fit lever par le sous-ingénieur J.-B. Dernière et graver par le sieur
L. Joubert, de Lyon (8 février 1775)*.
Pierre Prud'hon, né à Cluny le 4 avril 1758, était le diiièpa
enfant de Christophe Prud'hou, un modeste tailleur de pierre. 11
avait seize ans en 1774, etses heureuses dispositions pour le dessin
s'étaient déjà manifestée3, lorsqu'on le désigna à la bienveïlUate
attention de MgrMoreau. «
Celui-ci le présenta avec empressement aux États dit Maçonnais,
le 17 mai 1774, et fit décider séance tenante qu'il serait u envoyé
à Dijon pour fréquenter assiduement TËcole de dessein [et] seper-
fectionner dans cet art, à la charge de venir ensuitte [l'j enseigner
à Màcon * n .
a Pour encourager les talents de ce jeune homme qui se dévetop-
p[aient] d'une manière aussi suprenante que satisfaisante n Jes Étals
lui votèrent successivement des gratiEications de 24 livres (8 février
1775)% 50 livres (8 février n76)'et 120 livres(28 février 1777)*.
' Archive» de Saône-et-Loire, G. 494, f*" 34.
^ « Entre 1740 et 1750, Madame de Marron, Wanne de UciUouba (.'Ijn), éU-
blit daos son château [un] fourneau qtii deiait aci|uérîr du renom. Ce 11^ dame nt
se contenta pas de peindre elle-niéme k^a oui rages qu'elle l'Oulait offrir en radead;
elle appela des artistes du dehors. Pidoux [qui a] sifjoé i Pidùux, I7fi5, à SHUûmû.
de charmantes jardinières, fut certaïuemeul l'un dVui. * [A. JACQUKmiT* Hù*
toire de la céramique, p. 481. Paris. 187;J, in-S^)
* Archives de Saône-et-Loire, C. 497, f" 58.
* Ibid., C. 494, fo 141 v«.
^ Ihid., G. 494, f» 106. — Pièces jufttîficatjves, n« 1.
« Ibid., f' 141. —Pièces justiGcaliv*?*, n* IL
'• Ibid,, C. 495, fo 35. — Pièces juili fie mi très, n" JtL
« Ibid,, f« 102 vo. — Pièces juslilicativei, a' ÏV.
GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU. 609
A sa sortie de TÉcoIe il ne vint pas « enseigner à Hàeon » , ce
qai n*emp6che que les États du Maçonnais, lorsqu*il obtint, à la
suite d'on concours, le prix fondé par les États de Bourgogne, qui
permettait d*aller passer trois ans à Rome, lui accordèrent une
somme de 100 livres pour Taider à faire ce voyage (4 août 1784) '.
Mais sa sollicitude, Mgr Horeau l*avait étendue aussi à d^autres
jeunes artistes : un siearDufour, «Gis d*un artisan de Màcon« , pen-
sionné par les États pour suivre les cours de TÉcoIe de dessin de
Dijon (25 janvier 1779) * ; Louis Baillot, âgé de quatorze ans, « fils
de François Baillot, artisan de Hàcon » , envoyé également à Dijon
comme « élève pour la peinture » au lieu et place du sieur Dufour,
qui a ne poDv[ait] proBter plift longtems des vues de bienfaisance
de Tadministration » (14 avril 1780) ', gratifié de 60 livres en 1782
(18 février) ^ et de 600 livres pour aller à Paris en 1784 (4 aoàt) '
chez le peintre Suvée, dans Tatelier duquel il travaillait encore en
1786 et 1787 * ; François Baillot, frère cadet du précédent, doué
« de dispositions très heureuses pour Tàrt de Tarchitécture » , en-
voyé à Lyon dans le but d'y faire, sur la recommandation de
Tévéque lui-même, « une étude particulière de tout ce qui con-
cerne la coiipe dés pierres, objet important et peu connu dans
ce payis, surtout par principes », gratifié de 50 livres en 1783
(31 janvier)^ et de 350 livres en 1784 (4 août)* ; enfin Jean*Bap-
tiste Chambard, de Mâcon, âgé de vingt-deux ans, placé à TÉcole
de Dijon pour y apprendre le dessin; à raison de ses « dispositions
heureuses pour Tart de la sculpture, dans lequel il s'exerç[ait] de-
puis quatre à cinq années « (5 février 1781)*, gratifié de 72 livres
en 1782 (18 février) '\ de 300 livres en 1784 (4 août)'* et de
150 livres en 1787 (14 février) ".
> Archives de Sadne-e(-Loîre, G. k%7, r* 2 v"". — Piècei justificatives, o^ V.
• Ibid., C. 496, ^ 30.
» /«rf., f» 115.
• IbU., C. 497, f 60 v«.
• /AïU. a 498, r» î F», et C. 746. n- 14-17.
• 7iirf.,C. 511. fo74et94v«.
' Jbid., C. 498. f« 89 v«. — Pièces justificatives, n*» VI.
" ibid.^ G. 488» f^ 2 v». — Pièces justificatives, n« V.
• ibid., C. 496, r> 164.
• Jbid., C. 497, f~ 43 V et 60 V.
« iôîrf.. C. 498, P»ïv.
*• /Wrf., C. 511, f°tl2v.
39
610 • GÂBRlËL-FflilNÇOlS ÏUORBilU,
Les maîtres, cpmme les élèves^ recelaient des encoura^jernenU,
Ainsi les États, désireux de ^ montrer au sieur De vosge, directeur
de rËcoIede dessein, à Dijon, [leur] reconnoissfiDce dessoins qu'il
donn[ait] à Finstruction des élèves qui lui [étaient] envoyés ^ , enrent
pour lui une attention très appréciée en Bourgo^jne, — et oiémeail^
leurs, — lorsqu'il décidèrent de lui faire eipédier n franc de voi-
ture et de tous droits, deux feuillettes de vin blanc du meilleur cru
du pays » {18 février 1782) ',
C*est en 1783, le 24 janvier, que le syndic des États présenta
à cette assemblée un rapport concluant à la création d'une École
gratuite de dessin à Mdcon : ull n'est pas certain ^ disait-il, que pen-
dant Tespace de trente ans, un seul des artistes que vous aurés (ait
élever et instruire aux frais du public s'établisse à Maçon pour y
exercer les talents dont il est redevable à la province*.. L'établii-
sement que j^ai Thonneur de vous proposer est fait pour donner da
goût, de Ténergie et des moyens de fortune aux citoyens, non seu-
lement de Màcon, mais encore à|touts les habitants du Itfàconnfiis..*
A regard de la ville, elle pourra se flatter dans peu d'années d'avoir
d'habillés artistes et de bons artisants V,. n On vota, et le 2^férrier
1 785, Mgr Moreau inaugura solennellement la nouvelle école ^ Rîen
ne fut ensuite épargné pour doter lesmallresMe traitements rémii-
nérateurs, les élèves de gratifications importantes et de prix inté-
ressants, le local d'améliorations utiles et les cours de modèles
sans cesse renouvelés \
Aussi les Etats, pour remercier Mgr Moreau des senices qu'il
rendait au pays, lui demandèrent-ils, le 20 février 1771, * laper*
mission de faire tirer son portrait eu grand par le sieur Greuze,
peintre à Paris, pour être placé dans [leur] salle, avec un cartouche
contenant une inscription qui puisse transmettre à la postérité U
reconnoissance sincère de la Compagnie et de toute la province* * .
• Archives de SaÔDe*eULûire, G. 497. ^ 00 v\
» Jbid.. C. 746, no 18.
8 Jbid., C. 511. r» ÎO bh,
* Pascal-Jean Lenot, directeur, et Fraaçors BalHot^ proresseur.
^ Voir L. Lbx et P. Mahtim, Origines de VEcùie de destin de Màtùu. {
nion des Sociétés des Beaux-'ÀrU des départemenii, 13' sessioo. Firis^
in-8% p. 652.)
« Archives de Saône-et-Loire. C. 493, P" 104 \*. — Pièoei joiliG^
n» VII.
GABRIEL-FRÂNGOIS MOREÂU. 611
Et, le 7 mars 1787, les élus des trois ordres accompagnés des com-
missaires du roi, après avoir été àTÉcole de dessin, où ils constaté-
renrt les progrès des élèves et Texcellence de renseignement, vin-
rent en corps dire à Févéque combien ils lui savaient gré a d'iin
établissement entièrement dû à son zèle et à son amour pour le
bien public, et dont Futilité généralement sentie confirm[ait]
chaque jour les motifs développés par Monseigneur pour sa forma-
tion ' D .
Outre un fervent ami des arts et, par suite, des artistes, Mgr Mo-
rean était encore, nous Tavons dit, un collectionneur entendu. Son
palais épiscopal nous apparaît à distance comme un musée véri-
table de peintures, de pastels, de dessins, de gtavures, de cartes, de
sculptures, de biscuits, de terres cuites, de plâtres, de bronzes, de
tapisseries, de porcelaines et de pierres précieuses. On y voyait
côte à côte Bossuet, Fénelon, Voltaire et Rousseau, au-dessous de
la Sainte Famille une Vénus Callipyge en porphyre, près d*une
Vierge la Clairon.
Un inventaire de ces objets d'art* fut dressé le 26 pluviôse
an II et jours suivants, avant la vente du mobilier de Tévéché, par
deux délégués de l'administration du district de Mâcon assistés du
citoyen Lenot, « artiste « et directeur de l'École de dessin, qui,
conformément à la mission qu'il avait reçue, en fit réserver la
presque totalité « à Teffet d'être emploies à composer un musé
poblic V .
Les peintures étaient au nombre de cinquante et une', dont
trente-huit sur toile, huit sur bois, cinq sur cuivre, deux sur verre
et nne sur marbre blanc.
Raphaël y avait un u portrait de [s]a maîtresse », sur bois, copie,
^ Archives de Saône-e(-Loire, G. 498, f^ 104 v». — Mgr Moreau avait déjà
visité l'école le 20 mars de Tannée précédente (17S6). Ibid,, fo 62 v».
> Ibid,, Q. — Piècei justificatives, no VIII.
' Dans ce nombre il peut y avoir six gravures que le citoyen Lenot a indiquées
par inadvertance comme étant des peintures, — Ainsi la Thaïs de Greoze était
« S008 verre b , dit-il. D'autre part, M. J. Martin, conservateur du Musée du
^oornus, a bien voulu nous faire savoir que le tablean de Thaïs faisait partie du
#>»hinet Duclos du Fresnoy, vendu à Paris en 1795. Il a été gravé par Jean«
£;|xArle8 Levasseur, d'Abbeville (1734-1804). — Enfin il nous suffira de signaler
1^^ titres de cinq antres prétendues peintures pour donner à penser qu'il s'agit ea
Y-é^ >^^ d® gravures : l'Envoyé d'Abraham, etc. ; Vous me faites rire, et ses trois
peo^Ants.
612 GABRIEL-FRANÇOIS UÛREAU.
vraisemblablement, de la Fomarina de Flaretice, de même que
nous y trouvons une reproduction de V Abondance, de Rubeos. De
.lUignard, une Mère nourrice badinant avec son enfant sur ses bras
et lui donnant du raisin^. De Greuze, Thaïs ou la Belle Péni-
tente, et un portrait de Mgr de Valras, prédécesseur de Mgr MorMu
sur le siège de Mâcon. De Bloemaert, deui musiciens faisant pea-
.dants. De Van Ostade, Un Flamand et une Flamande, sur cuivre.
De Van de Velde, une Pastorale, sut bois» De Largîlllère» deui
, tableaux ovales» sur cuivre, en pendants. De J,-J,-Fr, Taarel, d«ui
marines, faisants pendants. De Del Ryo (Del Rio ?), deui paysages,
sur bois. De Lienne (?), un paysage, sur bois également.
Puis une certaine quantité de tableaux anonymes : une Perspec-
tive des travaux Perrache; les Apôtres^ sur bois; Une femme
badinant avec son enfant sur ses genoux j sur cuivre; VAdoraiian
des Rois, sur bois ; le Repos de la chasse de Diane^ sur coifre:
sujet de religion ^ sur bois; Petit Pèlerin, sur marbre bkîic; deux
peintures de fruits, sur verre, formant pendants ] Mohe dans un
buisson ardent; Saint Michel foulant un diable sous ses pieds ;
. Une Vielleuse; Jeune homme lisant; Caravane en voyage; t En-
voyé d'Abraham, après que tous ses chameaux eurent bu, pré-
sente à Rebecca deux pendants d'oreilles et autant de braceku;
Sainte Famille; deux Paysages antiques^ faisant pendants; dem
petites marines, faisant aussi pendants ; Une femme à sa toilette;
quatre marines en pendants ; Une Mère badinant avec son enfant,
tableau ovale; Tête de vieillard; Atnj)hitrite; Un fumeur en-
dormi; une Vierge; un Saint Jérôme; quatre pendants, rott; me
faites rire. Je m'en moque, la Pauvreté me tourmente et VAmaw
méfait de la peine ; le portrait du cardinal Dubois, celai duo
autre cardinal et celui de Mgr Moreau.
Deu\ pastels^ des Têtes de Hollandais , formant pendants.
Un dessin^ Projet de chaire pour la ci-devant église de Saint-
Vincent, par le citoyen Lenot.
Quarante-neuf gravures^ savoir : de Le Bas, les (Xuvres de
Miséricorde, d'après Téniers; de Smitb, Adoration des Anges,
d'après Van Dyck ou Maratti, avec un pendant; de IVille, la Dévi-
* C'est peut-être la copie de la Vierge à la grappe du Luavre, qui J« irt-
à la vente des meubles de M. Pic, ancien nolaire à Mâcoa, et qui y & é\é -*
par Mme Gardon.
GABBIEL-FRANÇOIS MOREAU. 613
dense et la Ménagère hpUandaisej d*après Gérard Dov ; de Patas,
Henri IV laissant entrer des vivres dans la viUe de Paris, d'après
Caresme ; de Beauvarlet, Conversation espagnole et Lecture espa^
gnole, d'après Van Loo; de Wilie encore, Tricoteuse hollandaise;
de ' Van Osfade, Intérieur d*un ménage flamand ; de ' Greaze, la
Dormeuse; de Callot, Tentation de saint Antoine; d'un des
Visscher, Famille allemande; de' Greuze encore, le Paralytique;
d*Aliaroet, la Place Mauhert, d'après Jeaurat ; de Chenu, Amuse^
ments des matelots, d'après Téniers ; d'Historical (?), Mère dans
son ménage contemplant son enfant dans le sommeil ; de de
Launay, la Partie de plaisir, d'après Weenîx; de Rousseau, de
Mâcon (?), une grande composition de Poussin ; de Chenu encore»
les Diseuses de bonne aventure, d'après Téniers; de Strange, une
Vénus, d'après le Titien; de^ Vernet, une marine; de Baléchon»
la Tempête, d'après Vernel ; de Rousseau (de Mâcon?), une Fon-
taine; de Drevet, les portraits de Bossuet, du cardinal de Fleury à
deux exemplaires et du cardinal de Noailies, tous trois d'après
Rigand; de Cars et de Beauvarlet, le portrait du cardinal de Rohan
diaprés Rigaud, celui du marquis de Pombal d'après Van Loo et
Vernet, et celui de la Clairon d'après Van Loo; de Le Mire, le por-
trait de Washington d après Le Paon; de Littret, le portrait à deux
exemplaires de M. de Sartine, d'après Vigée; de Henriquez, le
portrait de l'abbé Bossut, d'api%s Duplessis; de Lempereur, le
portrait de M'* Jean Moreau, d'après Valade.
Puis quelques pièces anonymes : quatre gravures anglaises,
Josephi pudicitia, Ahram ancillam Agar dimittit, jEsther
coram Assuero suplex, et la Morale; Jésus chassant les ven-
deurs de colombes dû Temple; Jésus guérissant les malades;
Sully remettant V argent de ses bois à Henri IV; deux pendants,
Afanufacture des cristaux de Montcenis et Fonderie du Creusot;
une gravure <( représentant une sépulture» , d'après Simon Vouet;
enfila quatre portraits, celui de Louis XIV d'après Rigaud, celui
du cardinal de Fleury, celui du cardinal de Polignac et celui du
•^sni^ à^ Suitendorf (?).
I 11 faut probablement lire « d'après b .
* A/-
614 GABKIEL-FRANÇOIS MOREÂU,
Parmi les cartes^ signalons celles de la France, tle la Chine, ilc
la Bourgogne, du Maçonnais, du diocèse de Lfon, du si^ge de la
Rochelle, etc.
Des sculptures j au nombre de dix-sept, huit élaienl sur marbre,
deux sur. pierre, une sur porphyre et six sur ivoire.
Marbre : Fénelon et Bossuet en pendants; deux husles de
I^gr Moreau; deux portraits de femmes, formant pendants; une
sainte Geneviève et «un Aveugle déjeunant, son conducteur bavaul
avec un chalumeau ce qu'il se destinait » .
Pierre : bustes de Bossuet el de d'Alembert en pendants.
Porphyre : Vénus Callipyge en bas-relief.
Ivoire : a une chasse, dans un morceau d'ivoire antique n ; une
bescente de croix; Une femme faisant Vaumâne à un enfant; Vn
vieillard joignant les mains/ Un pauvre et une pauvresse^ d'après
Callot.
Sept biscuits : le portrait d'un prélat; up « pclil portrait àt
vieillard » en sèvres; un groupe représentant Sully aux piids
de Henri IV; quatre « petites figures villageoises i^ , le Patineur^
le Dénicheur de merles, la Fruitière et la Fleuriste.
Six terres cuites : un Atlas de trois pieds de hauteur portant k
globe ; un bouquet de fleurs, deux médaillons, VAutomnf é
biogène; deux autres médaillons. Voltaire et Rousseau, tbrmanl
pendants.
Deux plâtres : des médaillons ovales, dont Tuq représentait
Mgr Moreau.
Quatre bronzes : les bustes de Voltaire et de Rousseau en pen-
dants, et 4eux portefaix.
, Lne tapisserie des Gobelins : Saint Michel foutant à scspiids
un diable.
Diverses porcelaines : trois vases du Japon ; une ihéif^re de Chbe.
Pierres précieuses : un morceau de lapis ovale encadré; qttt-
rante-trois morceaux de marbrent d'aventurine.
Citons encore des candélabres et des chandeliers de prii ; uii«
urne en stuc imitant le marbre vert de Campan ; des presse-papiers
soixante-douze a pièces en cuivre » , etc.
Voilà les objets qui, sur les indications du citoyen Lenot^ .
transportés « en la maison du Collège » pour y attendre la r^
du tt muséum » projeté.
GâBRiBL-PRANÇOIS MOREAU. 615
Dans Tinventaîre du mobilier proprement dit ' dressé le 24 fri-
maire an II et jours suivants, nous relevons encore quelques objets
intéressants : a Une colonne en stuc et sur icelle le buste en pl&tre
da cy-devant archevêque de Lyon*; un très grand groupe en
bronze représentant TEnlèvement de Proserpine; un portrait en
bronze représentant Glouque ' ; deux volumes en vélin imprimés
en caractères d*or ; une pièce en tapisserie à grands personnages ;
sept autres pièces de tapisserie à personnages ; un ivoire repré-
sentant la Charité ; un autre ivoire représentant un Chartreux » ;
des meubles en marqueterie et en laque» des glaces, des lustres»
des appliques, des flambeaux, des porcelaines et des faïences.
Et dans le procès-verbal de la vente de ce mobilier^, dressé le
1*' ventôse an H et jours suivants : » quatre petits groupes en terre
de biscuit; un groupe et quatorze petites figures en terre de bis«
cuit; un tableau et son pendant représentant un lapin et autres
objets; deux petits tableaux représentant une pêche et des paysages;
deux petits portraits de porcelaine et quatre autres figures de por-
ce/afne; un tableau représentant un chat; quatre petits tableaux
représentant des paysages ; un tableau représentant un ballon ; un
ballon à cadre doré ; on autre ballon, également sous verre et à
cadre doré ; un autre ballon ; trois groupes en plâtre et un en
faïence ; une méchanique en carton figurant le cy-devant ch&teau
de Romenay ^ ; huit pièces de tapisserie à personnages ; dix-sept
figures et quatre vases de plâtre ; cinq attiques ou dessus de portes ;
nu tableau représentant une tête de vieillard; un tableau sous
verre et son pendant représentant des repos flamands ; une colonne
en bois surmontée d'un groupe de faïence n , etc.
Que devinrent les objets réservés par Lenot? Furent-ils vendus?
Aucun document ne permet de le croire. Dilapidés? Nous n*en
savons pas davantage. En fout cas, ils n'entrèrent pas au « muséum r* ,
qui ne resta qu'à Tétat de projet, et ils ne furent pas non plus res-
titués à Mgr Moreau, car à sa mort on ne trouva chez lui, outre les
meubles et efi*ets, que quelques bijoux (une croix pectorale en or
' Archives de Sadne-At-Loire, Q.
* Mgr de Malvin de Montaiet (1758-1788) ou Mgr de Marbeuf (1788-1790).
' Le compositeur allemand Gluck (1714-1787).
^ Archives de Saône-eULoire, Q.
' ' Propriété detévéqa es de Mâcon, caoton de Tournus (Sadoe-eULoire).
ei6 GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU.
estimée 88 francs, un anneau dit amétis enchâssé en or et estimé
100 francs, une tabatière en buis cerclée d'or et estimée 24 francs),
un petit buste de Napoléon, des gravures et des livres (28 janvier
1803) \
Et qu*en peut*on retrouver aujourd'hui?
D'abord le beau portrait de Mgr de Valras, par Greu^e, qui est
récemment entré au Musée de Mâcon avec la collection RonotV Ce
tableau est de la bonne période de l'artiste, celle où il a poussé le mo-
delé des chairs et le rendu des étoffes à un degré voisin de la perfec-
tion. Le visage et les mains du prélat sont d'une touche parfaite Ja
moiré de son camail et la guipure de son rochet, d'une remarqua-
ble exécution. Les tons ont l'éclat modéré qui convient d'ailleurs a
un peintre moins coloriste que dessinateur, mais on sent que te i^o-
dèle est reproduit avec une entière précision, une absolue vêrllé.
Puis la tapisserie des Gobelins représentant « un saint Michel
foulant à ses pieds un diable » , conservée à Vanzé % chez Mlle Po-
chon, qui est probablement une fille ou petite-fille du sieur Pochan,
de Mâcon, chez qui Mgr Moreau habita depuis le mois de mars 1791
jusqu'à la fin de la Révolution.
Enfin le buste de Tévèque en marbre blanc que nous venons
d'avoir la bonne fortune de rencontrer chez un antiquaire et d'ao
quérir pour le Musée confié à nos soins.
C'est tout. Si nos recherches n'ont pas été couronnées d'un résultât
meilleur, du moins avons-nous la satisfaction de pouvoir ne plus
laisser blanche la page réservée & Mâcon dans le livre d*or des collec-
tionneurs de l'ancienne France^. Avec le nom du lieutenant au bail*
liage Claude Bernard, dont le cabinet de numismatique nous a éiè
tout dernièrement révélé % il faudra y inscrire celui de Mgr Moreau.
L. Lei,
Correspondant du Comité dei So-
ciétés des Beaux-Artt àe% drptr*
tements, à Mâcon.
^ Minutes de M'Granjon eu l'étude de M' Lespinasse, notaire à Mâeoa. — Re»^
saignement dû k Tobligeance de Mgr Rameau.
* Feu M. Ronot l'avait acquis, pour leprixde2,400francs,à]ft rente apr^-
des meubles de M. Pic, qui fut notaire k Mâcon de 1823 à 1840.
'Commune de Versé (Saône-et-Loire).
^ Edmond fioNNAFFi, /ex Co/^c/tonntftir^£i(e t ancienne France. Pirii, £873,
* Dans' le catalogue de l'importante bibUotbè^e«de feu M. Dtupbîa ê^ ^
GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU. 017
PIÈCES JUSTIFICATIVES
I
DÉLIBÉRATION DES ÉTATS DU MAÇONNAIS
(17 mai 1774).
L'an mil sept cent soixante et quatorze et le dix-sept may.
Monseigneur Tévéque de Mâcon, chef et président-né des Etats et pays
et comté du Mâconnois, le révérend père dom Chamoux, prieur de Cluny,
élu du clergé, Monsieur Daugy, maire de la ville de Mâcon, éln du tiers-
état, et les officiers desdits Etats soussignés, assemblés au palais épiscopal,
en la chambre des Etats.
Monseigneur rÉvéque a dit que pendant le tenue du chapitre de Cluny,
Pierre Prudhon, natif de laditte ville de Cluny, âgé de seize ans, fils de
Cristophie Prudhon, tailleur de pierres, luy auroit été présenté accause
des talens qu*il montre pour le dessein, qu'ayant examiné les ouvrages
que ce jeune homme a fait sans maîtres, il avoit effectivement trouvé qu'il
pouvoit faire des progrès considérables dans cet art, à quoy il auroit
ajouté qu^ayant été instruit que les parens de ce jeune homme étoient
hors d'état de luy procurer les maîtres nécessaires pour se perfectionner,
il avoit pensé que la province pourroit se déterminer à faire la dépense
nécessaire pour envoyer ledit Pierre Prudhon à Dijon à l'école gratuite de
dessein établie par Messieurs les élus généraux de Bourgogne, mais que
comme la province ne peut se déterminer à une dépense qui n'a pour
objet qu'un individu, sans chercher à faire par la suitte le bien publiq il
estiînoit qu'il convenoit de proposer à ce jeune homme de venir enseigner
à MAcon lorsqu'il se sera suffisamment perfectionné à Dijon.
La matière mise en délibération, il a été unanimement arresté que
ledit Pierre Prudhon sera envoyé à Dijon pour fréquenter assiduement
Pécole de dessein, se perfectionner dans cet art autant que ses disposi-
lioDs naturelles font présumer qu'il est en état d'acquérir du talent, à la
charge par ledit Pierre Prudhon de venir ensnitte enseigner le dessein
à Mâcon sous les apointemens qui luy seront fixés.
rendue à Lyoa le 4 novembre 1895 et jours suivants, figure seus le n* 1011 :
Index de numùnuUibus argentis [sic]... de M. Bernard, lieutenant au présidial
e MAcoD. Maiùcone, 1750. • Cet exemplaire unique d'une plaquette inconnue
-isqu*à ce jour a été acquis par M. J. Protat, imprimeur à Mâcon.
618 GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU.
Et Monseigneur a été suplîé de vouloir bien prendre la peine d'êefire
à Monsieur de Blancé pour rengagera recommander cet élève au diredeur
de Técole de dessein comme encorre de vouloir bien charger quelqu'u
à Dijon de chercher une pension convenable où ce jeuni; homme puiifc
être placé, le montant de laquelle pension sera payé de trois en trob
mois par le trésorier des États de ce pays et alloué dans ses compter en
raportant extrait en forme de la présente délibération ei les quittances du
maître de pension. 11 a été de plus arresté que la province fera la dqirnsc
relative àTécolede dessein où il est envoyé, laquelle déppnse sera pareil-
lement payée par le trésorier des Etats sur les mémoires cerliiïié^ an
directeur de Técole.
Pierre Prudon.
t Gab.-Fr., évêqu£ de Mâcon, président-né des États.
D. Chamoux, élu du clergé.
R. RUBAT. NOLY.
Girard-Labrely.
(Archifes de Saône-et-Loire, C. 494, f» 106.)
II
DÉLIBÉRATION DES ÉTATS DU IIACONNAIS
(8 février 1775).
L*an mil sept cent soixante et quinze et le huitième jour du mois de
février.
Monseigneur rÉvêqùe de MAcon, chef et président-né des États du pap
et comté de Mâconnois^ le révérend père dom Chamoux, prieur de rabba5e
de Cluny, élu du clergé, M. Ducrest de Montigny, élu de la uoblejftei
M. Jobard y commissaire élu du Roi, M. Daugy, maire de la lille de
Mâcon, élu du tiers-état, et les officiers des États soussignés nfsemblés
à Mâcon au palais épiscopal en la chambre des États.
Les États, renouvellant en tant que de besoin leur délibératioi] du
17 mai dernier par laquelle le sieur Prudon a été placé à Técok du
dessein à Dijon, aux frais de la province, ont ordonné qu'il sera fauroi
aux mêmes frais aux menus besoins de cet élève relatifs à Téiat qu«
l'administration se propose de lui donner ; il a été de plus arrêté que poui*
encourager les talents de ce jeune homme, qui se développent d'or»
manière aussi surprenante que satisfaisante, il lui est accordé pour grali
fication une somme de vingt-quatre livres, laquelle somme lui sera pày^
GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU. 619
par le trésorier des Etats et allouée dans ses comples en rapportant
extrait de la présente délibération dueraent quittancé.
t Gab.-Fr., Mque de Mdcon, président-né des États.
D. Chaiiolx, élu du clergé. Ducrest, élu de la noblesse.
Jobard, élu du Roi. Da(joy, élu du tiers^état.
NOLY. RUBAT. GiRARD-LaBRELV.
(Archives de Saône-et-Loire. C 404. ^ 141.)
m
DÉLIBÉRATION DES ÉTATS DL UACONNAIS
(8 février 1776).
L'an mil sept cent soixante et seize et le huitième jour du mois de février.
Monseigneur TÉvéque deMàcon, chef et président-né des États du pays
et comtéde Mâconnois, M. de Mongirod, doyen du chapitre de Tournus,
élu du clergé, M. le comte de Fussey, élu de la noblesse, M. Jobard,
commissaire élu du Roi, M. Délavai, maire de la ville de Tournus, élu du
tiers-état, M. Daugy, maire de MAcon, conseil-né des États, et les officiers
des États soussignés, à Mâcon, au palais épiscopal, en la. chambre des
ÉtaU.
La Chambre s'étant fait représenter la délibération du 8 février 1775,
par laquelle elle s* est déterminée à faire les frais de l'entretien à Fécole
du dessein établie à Dijon, de la 'personne du sieur Prudhon, et attendu
que ce jeune homme montre des talents les plus décidés et fait des
progrès très-satisfaisants dans la science du dessein ;
Il a été ordonné que les États continueront de fournir à la dépense
d^ entretien de cet élève, et afm de Tencourager il lui a été accordé une
gratification de la somme de cinquante livres, qui lui sera payée, ainsi que
sa pension, par le trésorier des États,. et allouées dans ses comptes en rap-
portant l'extrait de la présente délibération duement quittancé.
t Gab.-Fr., évêque de Mâcon, président-né des États.
De Momgirod^ doyen de Tournus, élu du clergé.
Le comte De Fusset, élu de la noblesse.
Jobard, élu du Roi. Dëlaval, maire de Tournus, élu du tiers-état.
Dalqy. RiBAT. Girard-Labrely.
(Archives de Sadne-et-Loire. C. 495, f> 35 )
1
620 GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU.
IV
DÉLIBÉRATION DES ÉTATS DU MAÇONNAIS
(28 février 1777).
L*an mil sept cent soixante- dix-sept et le vingt-huitième jour du moU
de février.
Monseigneur TEvêque de Mâcon, chef et président-né des Etats du
pays et comté de Mâconnois, M. de Mongirod, doyen du chapitre de Tour-
nus, élu du clergé, M. le comte de Fussey, élu de la noblesse, M, Délava),
maire de la ville de Tournus, élu du tiers-état, M\f. les oHîciers de
Télection, commissaire élu du Roi et les officiers des Etals soussignés,
assemblés à Mâcon, au palais* épiscopal, en la chambre des Etals.
En laquelle assemblée Monseigneur FEvéque a dit que le sieur Prudon,
natif de Gluny, entretenu à Técole du dessin à Dijon aux frais de la province,
avoit remporté le premier prix, et qu'en conséquence il avait obtenu la
médaille d*or destinée à couronner les succès des élèves de celte école.
Sur qu'oy la Chambre, pour encourager ledit sieur Prudon, et lui donner
des marques de sa satisfaction, a délibéré de lui accorder une gratification
de la somme de cent-vingt livres, qui lui sera payée par le trésorier det
États, en vertu de la présente, lequel demeure en outre autorise à payer
et acquitter le montant de la pension et de Tentretien dudit sieur Pnidon
jusqu'à ce qu*il en soit autrement ordonné.
t Gab.-Fr., évéque de Mâcon, président-né des Etats,
Db Mongibod, doyen de Tournus, élu du clergé.
Le comte De Fussey, étu de la noblesse.
Delà VAL, maire de T&umus, élu du tiers-état.
FoiLLARD, président de l'élection, Trambly. Aubbl. Cadot,
MioLAND. Gbandon. Aubebtin. Sailmer.
Rubat. Dauphin, procureur du Roy.
Girard-Labrely.
(Arcliives de Saâné-et<Loire. C. 495, f« 102 vo.)
V
Daugy, comeiiier.
délibération des états du maçonnais
(4 août 1784).
L*an mil sept cent quatre-vingt quatre et le quatrième jour du
d'août.
1
GABaiBL-FRANÇOlS UOREAD. 6S1
Monseigneur TÉvéqne de Mâcon, chef et président-né des États parti-
culiers du pays, bailliage et comté de Mâconnois, M. le Prévôt des comtes
de Saint-Pierre de Mâcon, élu du clergé, M, le comte de Mandelot, élu de
la noblesse, M. Daugy, maire de MAcon, élu du tiers-état, M. Mioland,
conseiller en Télection, commissaire élu du Roi, et M. de Labrely, syndic
desdits États, soussignés, assemblés à Dijon, dans le logement de mondit
seigneur TÉvéque.
Il a été arrêté et délibéré, sur les bons témoignages qui ont été rendus
par le directeur et professeur de Técole gratuite du dessin à Dijon, de la
bonne conduite et des dispositions des sieurs Baillot, Chambard et Prudbon,
élèves entretenus à ladite école aux frais du pays, ce dernier devant aller
à Rome, et attendu l'établissement d'une école de dessin à Mâcon, Tadmi-
nistration ne voulant plus faire cette dépense, qu'il seroit accordé au
sieur Baillot, élève pour la peinture, une gratification de six cents livres
qui lui sera payée en trois termes à Paris, où l'administration entend qu'il
fasse sa résidence pendant un an en vertu d'ordonnance.
Il a été de plus accordé une gratification de trois cents livres au
sieur Cbambard, élève pour la sculpture, une de cent livres au sieur
Prudbon pour l'aider à faire le voyage de Rome où il est envoyé par les
États généraux de Bourgogne.
£t enfin au sieur Baillot cadet, élève pour l'architecture à l'école de
Lyon, la somme de trois cent cinquante livres, pour servir à payer
sa pension depuis le premier juillet jusqu'au premier janvier 1785.
t Gab.- Fr., évéque de Mâcon^ pré$ideni''né des Etats.
L'abbé D^ Gouvernet.
BATAaLE DE MaNDELOT.
Daugt. Pbusilly.
MiOLAND.
Tbambly.
FOCABD.
BOUBDON.
(Archirei de gaâne-ei-Loire, G.
498, f» 2 ?•.) . '
VI
DéLIBÉRATIOK DES ÉTATS DU
MAÇONNAIS
(31 janvier 1783).
A la séance du matin, la Chambre d'administration désirant procurer
à la ville de Mâcon des artistes capables d'y faire naître l'émulation et le
bon goût, surtout dans ce qui concerne les bâtimens, leur solidité, leur
décoration, leur distribution, et étant in formé^e] que le sieur François
Baillot montroit des dispositions très heureuses pour l'art de l'architec-
622 GABRIEL-FRANÇOIS MORE AIL
tare, mais que ses parents étoient pauvres et par conséquent hors d'éUt
de subvenir aux frais de son instruction, la Chambre sVst déterminée
à renvoyer à Lyon aux frais- du payis, en considération de ce que cnlU
dépense quoiqu'individuelle, tourne néantmoins au profit du public, par
les effets qu'on doit en espérer. Ledit sieur Baillot mandé h ta Chambre,
Monseigneur TÉvéque lui a recommandé surtout de faire une Hnde parti-
culiëre de tout ce qui concerne la coupe des pierres» objet important ei
peu connu dans ce payis, du moins par principes. Enfin il a été ordonné
que le montant de la pension dudit sieur Baiilot sera payé par le trésorier
des États, laquelle sera néantmoins réglée eu égard à lu condition de eat
ellëve, et quant à son entretien, il lui sera accordé la âomine de cjnE|aaiile
livres seulement, la Chambre n'entendant payer ni acquitter âucan
mémoire de quelqu'espèce qu'il soit,
t Gab.- Fr. , évêqtie de Mâcon^ présiderU^né des États,
L'abbé Sigorgne, élu du clergé.
De Thy, élu de la noblesse.
Chaillot, élu du tiers-état,
Cellard de Prusilly. MioLAEtfD. Brosse.
NoLY. Testées 01 RE.
RiBAT. Bourdon. 'Gih:\rd-L^bhbly.
(Archives de Saône-et-Loire, G. 497, f» 89v<>.)
VU
délibération des états du maçonnais
(20 lévrier 1771).
L'an mil sept cent soixante et onze et le vingtième jour du mois de
février, \LM. composants les États du pays et comté de MâcoEinois ètaat
assemblés au palais épiscopal.
M. l'abbé de Fussey, prévôt de Saint*Pierre, élu du clergé, a dil qur
l'abonnement des anciens droits d'aides qui vient d'être accordé au pap
par Monseigneur le Contrôleur Général, à la sollicitation de Monseigneur
rÉvéque de Mâcon, chef et président des États, conserve auï habîlani du
Mâconnois la tranquillité dont ils jouissent depuis le traité de 1689, qu'ti'i
service aussi important rendu dans des circonstances aussi diHjdlrSi
exigeroit de la province qu'elle (îi élever un monument quî pùl traita
mettre à la postérité la vive reconnoissance dont les cœurs de tous in
bons citoyens sont intimement pénétrés, qu'il a cependant lieu de pei
que Monseigneur l'Évéque de Mâcon, satisfait du bien qu'il a fait, n'aa
qu'adonner à un pays dont le Roy lui a confié T administra lion, et
GABRIEL-FRAIVÇOIS ilORBAÛ. 623
il est le père par son état, des nouvelles preuves de son zèle et de sa
bienfaisance ;
Que néanmoins la province ne sauroit se dispenser de lui marquer
les sentimens de gratitude dont elle est véritablement animée ; qu'en
conséquence il estimoit qu^l convenoit que les États en corps deman*
dassent à Monseigneur FÉvéque la permission de faire tirer son portrait
en grand par le sieur Greuze, peintre à Paris, pour être placé dans la
sale des Etats.
S.ur quoi, les États ont unanimement délibéré et arrêté qu'ils feront
sur-le-champ demander une audiance particulière à Monseigneur TÉvêque
de Mâcon, leur chef et président, pour avoir Thonneur de renouveler à Sa
Grandeur leurs très sincères et très respectueux remercimens au nom de la
province, et pour lui demander en même tems la permission de faire tirer
son portrait par le sieur Greuze, pour être placé dans la salle des Élats,
avec un cartouche au bas du portrait contenant une inscription qui puisse
transmettre à la postérité le service rendu à la province par Monseigneur
l'Évêque de Mâcon, le bien inestimable qui en résulte en faveur des
habitans de ce pays et la reconnoissance sincère de la Compagnie et de
toute la province.
A Finstant lei États ayant fait demander une audiance particulière
à Monseigneur TÉvêque de Mâcon, se seraient rendus en corps dans son
appartement où M. Tabbé de Fussey auroit porté à Sa Grandeur le vœu de
la Compagnie, et Monseigneur ayant bien voulu permettre que son portrait
fût placé dans la salle des États, conformément à la délibération de ce
jour, les États ont chargé M. Girard-Labrely, secrétaire des États, qui
doit se rendre incessamment à Paris pour les affaires de la province, de
le faire faire par le sieur Greuze, peintre demeurant à Paris, et de com-
mander en même tems un quadre convenable, avec le cartouche dont il
est fait mention dans la présente délibération. Et ont signés:
L'abbé De Fcsset, élu du clergé.
Tbésut, élu de la noblesse.
Ravier, élu du Hers-élat. Cadot.
NoLY, président en t élection. Fogard.
Midland. Aurertin.
ChANDON. SaULNIER. DaVGY. SiRAUDm.
Laborier.
Sevré. Girard-Labrely, secrétaire,
(Archives de S«ône-et-Loire, C. 493, f^ 104 v<».)
624
CABaiEL-FRANCOlS MOKEAU.
]
VIU
INVENTAIRE DES OBJETS d'aRT FAISANT PARTIE DU MOBILIBB DE MGfi USmM
(26 pluiriôse-iS floréal an II).
Ce jourd*hui vingt-six pluviôse, Fan deux de la République frtnçoLse,
une, indivisible et démocratique, en. vertu de la loi du 17 septembit
dernier vieux stile, de celle du 17 frimaire aussi dernier^ dei différant
arrêtés des représentans du peuple près Commune-Affr&ucbie * et près
le département de Saône-et-Loire, des d if férens arrêtés de T administration
du district de Màcon, notamment d*un dernier arrêté de la même admi-
nistration du vingt-sir courant, portant :
Article premier, que la vente des bibliothèques demeure suspndue,
qu'il n'en sera fait quant à présent que deux lots, qui seroni conduiU
séparément dans la sale de la cy-devant Congrégation taisant partie ét§
appartemens de la maison du Collège;
Que le premier de ces lots contiendra tous les livres de religion el
d'ancienne jurisprudence;
Que le second comprendra tous autres livres possibles, histoire, romans,
voïages, morale, etc. ;
Art. 2, que le citoïen Lenot, artiste, demeure nommé commissaifeâ
Teffet de se transporter dans les différentes maisons desquelles la vente
des mobiliers est affichée, accompagné des commissaires aux séquestres
et de deux officiers municipaux;
Qu'il pourra se faire assister de tel autre artiste qu'il jugera à propo.^;
Que seul ou ensemble il sera procédé à la reconnoiasance de touâ Ir^
tableaux qui se trouveront;
Qu'il tournera ceux qu'il croira devoir être conservée, qu'il appretirra
les autres ;
Attendu la proximité de la vente des meubles qui garnissent le domi-
cile qu'occupoit cy-devant Gbbriel-François Moreaa, cy-devant évéque àt
Mâcon, laquelle est indiquée par la dernière affiche au premier lentofc
prochain.
Nous, Philibert Romieu et Antoine Dediane, commissaîrti Dommèf
par l'administration du district de Afâcon à l'effet de procéder dajis h
commune de Mâcoo à la confection des inventaires chés les ètni^f^*
pères et mères d'émigrés, prêtres déportés, à déporter ou daiîs k et*
de la déportation, absens, étrangers, Lionnois, condamnés el acto> "
' Lyon.
i
GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU. €25
ment séquestrés, et de saite aux ventes qaî devront saivre lesdits inven-
taires, accompagnés des citoîens Ficat, serrnrîer, Pierre Durand, officier
municipal, et Pierre Reviilon, commissaire, notable de la commune de
Mftcon» nous sommes, accompagnés encore du citoîen Lenot, artiste,
transporté au-devant des portes du domicile qu*occupoit précédemment
la cy-devant évéque. Là, après avoir reconnu seins et entiers les scellés
par nous apposés tant sur la porte d'entrée donnant sur la cour que sur
celle qui communique aux appartemens du rés-de-chausséa à droite,
iceux levés, pénétrés aux appartemens» de Tavis du citoîen Lenot et à
Taide des ouvriers de force par lui amenés, nous avons opéré ainsi que
suit :
Dans le vestibule, deux médaillons en relief, terre cuite, F un repré-
sentant TAutomne, l'autre représentant Diogène ;
Une carte de la Bourgogne ;
Une perspective, en mauvais état, des travaux Perrache > ;
Plan géométral de la carte cy-dessus ;
Carte représentant la prise * de La Rochelle \
Carte du diocèse de Lyon, en partie cassée.
Ces objets, sans être trouvés prétieux par le citoîen Lenot, ont cepen*
dant, de son avis, été distraits, pouvant servir à orner une galerie.
Nous ne les avons pas numérotés, comme ceux qui suivront, méritant
peu d'attention.
11 a été laissé dans le vestibule :
Un tableau représentant Moïse dans un buisson ardent» cadre bois
noir;
Un autre représentant saint Michel foulant un diable sous ses pieds,
cadre bois gris; estimés chacun cinq livres.
Dans la sale à manger, première pièce des appartemens à droite :
Un tableau, peint à Thuile, représentant une vieilleuse*, à cadre doré,
sous glace, n° 1 ;
Le pendant, un tableau représentant un jeune homme lisant, cadre
doré, sous glace, n^'S;
Une caravanne en voïage, tableau peint à Thuile, cadre doré, sous
glace, n^ 3.
Nous ferons à la fin de Télat des objets enlevés par Lenot et par lui
fait transporter en la maison du Collège, les énuméralion et description
des tableaux par lui laissés, avec leur évaluation.
» Michel Perrache, architecte, ing<^nieur et sculpteur, de Lyon (1685-1750).
> Par Richelieu, le 28 octobre 1628.
* Vielleuse.
40
1
636 GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU.
Dans la chapelle, derrière la sale à manger :
Gravure angloise, sous ver et cadre doré, au bas de kquetle est écrit
Josephi pudicUia, n* 4;
Autre gravure angloise, sous Ter et cadre doré, au bas de laquelle on
lit : Abram ancillam Agar dimUtU, n" 5 ;
3" gravure angloise, sous ver et cadre doré, de laquelle rinscription
est jEsther coram Assuero mplex, n» 6;
Tableau sous ver et cadre doré, au bas duquel on lit à droite VEnvoté
d^ Abraham, après que tous ses chameaux eurent bu, préseMe à Rébecca
deuxpendans d'oreille et autant de bracelets, n« 7;
Tableau sous ver et cadre doré représentant Thaïs ou la belle pénilente,
tête de G^eu8e^ n^ 8;
Tableau peint à Thuile représentant une Famille Sainte^ n° %\
Tableau gravure, sous verre et cadre doré, représentant Jésus cba£saat
les vendeurs de colombe du Temple, n« 10;
Autre tableau gravure, représentant Jésus guérissant les malades, n* H ;
Tableau peint sur cuivre, cadre doré, sans ver, représentant une
femme badinant avec son enfant sur ses genoux, n® 12.
Tous les articles qui seront cy-après décrits sont sous ver et è cadrt
doré, à moins quMls ne soient désignés autrement.
Dans la seconde pièce, salon :
Port^-ait du cy-devant évêque*, cadre doi*é, sans ver, cinq pieds de
haut, n" 13;
Tableau en tapisserie des Gobelins, cadré doré, sans ver, représentant
un saint Michel foulant à ses pieds un diable*, n^ 14;
Tableau, d'un pied de haut, un paîsage antique, n* 15;
Pendant, autre paîsage antique, n* 15 bis.
Dans la chambre où couchoit le cy-devant évoque :
* Jean-Baptiste Greuze, peintre et graveur, de Tournas (1725>1S05). Ce; xMn^
est indiqué par le Dictionnaire de Bbllur os La Ghavignbrik et Auvftjir comme
se trouvant aujourd'hui dans une collection particulière.
^ Mgr Moreau. Ce tableau, de plus de 1"*,60 de haut, paraît aujourd'hui pirHe.
Il ne reste des portraits anciens de Mgr Moreau que deux grand» pithiels ovâii^^
dont Tun, conservé à l'hospice de la Providence de Mâcon, est reproduit en ihl^
de cette notice, et l'autre, attribué à de La Tour, fait partie de li coUcclioa Boiv^t
au Musée de la ville.
^ Cette tapisserie se trouve aujourd'hui chez Mlle Pochon, à Vanié, d^oannaf
de Versé (Saône -et*Loire), ce qui n'a rien d'étonnant, attendu que, danni touu
la Révolution, Mgr Moreau a habité à Mâcon chez un sieur Pochou, r^ui peut
ou le père ou le grand-père de Mlle Pochon. Dans l'inventaire du niobifier
24 frimaire an II et jours suivants on voit Ggurer • un tableau, modèle de ^eJi
tapisserie des Gobelins » , qui est vraisemblablement le Saint Michel de ^^'^
GABRIEL-FRANÇOIS MORBAIJ. 627.
Porlrait de la maitresse de Raphaël, peint sar bois, pur Urbain*,
no 16;
Pastorale, 8 pouces de diamètre, original de Van den Veld *, peint sur
bois, n" 17;
Pendant, autre pastorale, id., n" 17 bù ;
Païsage, 6 pouces quarrés, peint sur bois, de Del Ryo', n^ 18;
Pendant, autiy païsage, id,, n" 19;
Tableau ovale, peint sur cuivre, de 6 pouces de haut, par Largiliëre ^,
n«20;
Pendant, autre tableau, id., n* "20 bU;
Petite marine de 10 pouces de haut sur 8 de large» n<>21 ;
Pendant, petite marine, id.j n" 21 bis;
Portrait gravure d'Hiacinte FIcury, par Rigo*, n* 22;
Les Œuvres de Miséricorde, par Théniers% gravure, 20 pouces de
large sur 18 de haut, n*" 23;
Gravure, Adoration des anges, par Smit ^, 16 pouces de haut sur 12
de large, n» 24;
Pendant, autre gravure id. de Smit, n** 2^4 bis;
lableao peint sur toile, sans glace^ musicien de Bloemaert", 6 pouces
sur 4, n« 25 ;
Pendant, musicien, id., n<> 25 bis;
Tableau à fruits, peint sur ver, 18 pouces sur 14, n" 26;
Pendant, id., n« 26 bis;
Petit tableau représentant les apôtres, peint sur bois, sans verre,
5 pouces sur 4, n* 27 ;
Petit pellerin, peint sur marbre blanc, sans ver, 5 pouces sur 4, n« 28;
taire des objets d*art où il a été indiqué ci-dessus comme • laissé dans le vesti-
bule B.
* Probablement une copie ancienne du portrait de la Fomarina, maîtresse de
Raphaël Sanzio, peintre, d'Urbin (148^1520). Ce portrait est conservé à Florence.
> Adrien Van deVelde, peintre et graveur, d'Amsterdam (1639-1672).
* Del Rio?
* Xicolas de Largillière, peintre, de Paris (1656-1746).
' Lire : Portrait d'Hercale Fleury, par Hyacinthe Rigaud. »~ Hyacinthe Rigaud,
peintre, de Perpignan (1659-1743), a Tait un portrait du cardinal Fleury qui a été
gravé par Pierre Drevet en 1730. C'est sans doute de cette gravure qu'il s*agit
ici. Cependant on la trouve exactement décrite plus loin.
^ David Téniers, le jeune, peintre et graveur, d'Anvers (1610-1690). Il s'agit
du tableau du Louvre ({rave par Jacques-Philippe Le Bas en 1747.
* John Smith, graveur, de Londres (1652-1742). Le Blanc cite de lui une Vierge
iec r Enfant Jésus et deux anges, d'après A. Van Dyck, et la Sainte Famille
X Anges, d'après C. Maratti.
^ Abraham BÏoemaert, peintre et graveur, deGorcum (1565-1656).
628 GABRIEL-FRANÇOIS ï^fOREAU.
Un multipliant* ovale, diamètre 5 pouces l.ù, n' 29;
La Dévideuse, mère de G. Dow*, par Ville*, 15 pouces sur 11, n* 30^
L'Adoration des Rois, peinte à Thuile sur bois, ^ pouceâ stir M, n' 31 ;
La Ménagère Hollandoise, par Ville*, 8 pouces sur 6, n*' *^2;
Portraitgravure,rarchevéquedeParis,parRi<{o^20poucesâurl5, ir33;
Id., Messire Jean Moreau, chevalier, peint par VuUde^ sculpté par
L'Empereur', n" 34;
Id., André-Hercule, cardinal de Pleury, peint par Rigaud, gravé par
Drevet", 20 pouces de haut sur 14 de large, n*' 35;
Id,, au bas duquel est écrit Res urbanas moribia ornat^ Ugihut
emendat, peint par Vigée*, gravé par Littret »«, 10 pouces sut- T, n^ 30;
Autre portrait, pareil au précédent, à la différence seulement qu'il y a
une raie noire sur le cadre doré, n** 37 ;
Tableau, peint sur cuivre, représentant Le repos de la chasse de
Diane, 2 pieds 7 pouces de large sur 25 pouces de haut, cadre doré, sans
ver, n® 37 his ;
Portrait en plâtre de Tévêque Moreau, cadre doré, ovale, 8 pouces de
diamètre, n* 38;
Petit portrait d'un vieillard, en biscuit de Sève >^ 3 pouces de diamè-
tre, n° 39;
Portrait gravure de Charles Bossut, 6 pouces sur 4, peint par Dyplessis,
gravé par Henriqués ", n" 40;
Portrait en biscuit sculpté d'un prélat, 8 pouc«^s de dinmèire, n* 4h
* ( Verre à facettes qui fait voir les objets répét<'s pluiîeurà foU » (Lf^AOïJ^st).
Dans l'inventaire du mobilier du 24 frimaire an II et jotirs i^aivauls ou trouie^ un
miroir à multipliant rond b .
«Gérard Dow, peintre, de Lcyde (1613-1675).
* Jean-Georges Wille, graveur, d'Obermuble {1715-1808), Ln Détidensf,
d'après Gérard Dow, a été exposée au Salon de 1737
* D'après Gérard Dow. Exposée aussi au Salon de 1157.
^ Rigaud. C'est probablement le portrait du carJiual dô Xo«illes, gravé pif
Pierre Drevet.
* Jean Valadc, peintre, de Poitiers (1709-1787).
' Louis-Simon Lempereur, graveur, de Paris (1755-1796).
* Voir ci-dessus, p. 627, n" 5.
° Peintre de l'Ecole Trauçaise (XVUI* siècle). Il s'ûgii du porlrail de if. de
Sartine, lieutenant général de police, exposé à l'Acaiiém>i' de Saiut-liuc eu Hti)-
*^ Claude-Antoine Littret de Montigny, graveur, de Paris {17:J5-1T75l
*' Sèvres.
'■ '^ Joseph-Sifred Duplessis, peintre, de Carpentras (17S5-lS0f),a eipo»(^au S
de 1773 on portrait de M. l'abbé Bossut, de VAtadémie royale des sciet
Le Blanc ne dit pas qu'il ait été gravé par Benoît-Luub Hcuritioci, grivcuT
Paris (1732-i;806).
GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU. 629
Pendant, portrait de l^évâque, en marbre blanc sculpté, 8 pouces de
diamètre^ n« 42 ;
Tableau peint à Thuile, représentant une mère nourice badinant avec
son enfant sur ses bras et lui donnant du raisin, par Mignard *, 45 pouces
de haut sur 34 de large, n<* 43;
Morceau d'ivoire encbftssé dans une caisse dorée, à une vitre, le prin-
cipal morceau d*une seule pièce, 8 pouces de haut sur 4 de large, ceintré,
sculpté, travaillé à jour, représentant la Descente d*une croix, n« 44;
Portrait peint àThuile, une femme à sa toilette, 4 pieds sur 3, bordure
dorée de 6 pouces, n" 45;
Morceau de lapis ovale, 13 pouces de haut sur 10, encadré d*une bor-
dure de cuivre surdorée d*or moulu, n<*46;
Figure en ivoire, un vieillard joignant les mains, 6 pouces de haut, sur
pied d^estal noir, sous cloche, n*' 47 ;
Figure d*ivoire, pauvre, masculin, diaprés Calo*, 4 pouces 1/2 de
haut, sur pied d*estai noir, sous cloche, n» 48 ;
Figure ivoire, pendant, pauvre, féminin, même dimension, n*" 49.
Dans le cabinet à gauche de la chambre :
Tableau gravure, 15 pouces de large sur 12 de haut, Henri IV laissant
entrer des vivres dans la ville de Paris, peint par Caresme*, n** 50 4
Id., gravure, Bossuet, par Rigaud*, 19 pouces de haut sur 13 de
large, n" 51 ;
Tableau gravure. Conversation espagnole, par J. Beauvarlet', d'après
Foriginal de Carie Vanloo <^, 22 pouces de haut sur 1(> de large, n** 52;
Dessin, 15 pouces de haut sur 12, projet de chaire pour la cy-devant
église de Saint-Vincent "^^ par Lenot ", n" 53;
Tableau gravure. Lecture espagnole, par Beauvarlet, d'après Carie
Vanloo, pendant et dimension du n** 52, n** 54;
Id., gravure, Sully remettant l'argent de ses bois à Henry IV ^,
15 pouces de haut sur 12, n^ 55;
* Pierre Mignard, peintre, de Troyes (1612-1695). Serait-ce une capte de la
Vierge à la grappe ^ conservée au Louvre?
* Jacques Callot, peintre et gravenr, de Xaocy (1592-1635).
' Philippe Caresoie, peintre et graveur, de Paris (1754-1796). Cette gravure est
de Jean-Baptiste Patas, de Paris (1748-1817).
^ Probablement la gravure de Pierre Drevet, de Paris (1697-1739).
* Jacques-Firmîn Beauvarlet, graveur, d'Abbeville (1731-1797). , .
« Carie Van Loo, peintre, de Nice (1705-1765).
^ Cathédrale de Mâcon.
Pascal-Jean Lenot, directeur de TEcole de dessin de Mâcon, commis à Testn
ition des objets compris au présent inventaire.
' Probablement une gravure du tableau exposé par Carcsme au Salon de 1777,
630 GABRIEL-FRANÇOIS MORËAU.
Id., gravure, Tricoteuse hoilandoise, par Ville \ (15 pouces) sur 11 , n^oG;
Un bouquet de fleurs, terre cuite, emboétée sous verre, caisse dorée,
glace de 15 pouces sur 11, n" 57;
Tableau, gravure par Ostade^, représentant Tintérieur d*un ménage
flamand, 16 ponces de haut sur 13 de large, n** 58;
Figure en marbre, portrait de femme, 8 pouces de haut, sur pied
^' estai bois, rond, n<^ 59 ;
Pendant, figure en marbre, portrait de femme, id,, n"* 60;
Figure en bronse, dorée d'or moulu, J.-J. Rousseau, sur pied d'estal
marbre blanc, 4 pouces de haut, n<* 61 ;
- Pendant, Voltaire, n*- 62;
Tous deux sous cloches ;
Une paire de chandeliers, avec leurs bobèches, dorées d*or moulu, les
chandeliers formant colonne, marbre blanc, ornés de chaînes cuivre
doré, n»«63et63 to;
Tableau gravure, La Dormeuse, par Greuse*, 15 pouces de haut
sur 12 de large, n*» 64;
Id., gravure, La Tentation de saint Antoine, par Callo ^, 18 pouces de
large sur 14, n' 65 ;
Id,, gravure, Famille allemande, de Visscher *, 16 pouces sur 13, n" 66 ;
Tableau gravure d'un Rohan cardinal, peint par Rigaud, gravé par
Cars *, 18 pouces de haut sur 16, n" 67 ;
Un morceau d'yvoire antique, de 8 pouces de haut sur 4 de large,
gravé en relief, représentant une chasse', n*» 68;
Gravure de Beauvarlet, 2 pieds de large, 30 pouces de haut, au bas de
lft([uelle est cette inscription Sebastiano Josepho Carvalio Melio, mar-
chioni Pombalio », n« 69;
sons le titre de Sully donnant de l'argent à Henri IV pour soutenir la guerre
(Bellikr de La Guavigxerib et Auvrav. — Ils n'indiquent pas, dans leur liste
de rœuvrc gravé de Caresrae, cette pièce qui est peut-être un pendant de la gra-
vure de J.-B. Patas, cotée plus haut n" 50.)
' WiUe.
' Adrien VanOstode, peintre et graveur, de Ltibeck (1610-1685).
* Greuze.
^Galfot.
^ Jeu de Vi»scber, graveur, d'Amsterdam (1636-1692), on peut-être Gomeilie
de Vindier, «on frère (1618-1658). .
'^Laurent Gars, graveur, de Lyon (1699-1771).
^ ( Une planche d'ivoire représentant une chasse « , dit rinventaire du mobilier
•du 24 frimaire an II et jours suivants.
^ Portrait du marquis de Pombal, gravé en 1772 (Salon de 1773), d'à
L.-M. Van Loo et J. Vernet.
GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU. 631
Une loupe de 3 pouces 1/2 de diamètre, cercle en corne, n* 70.
Dans le cabinet à droite :
Tableau gravure, Le Paralitique de Greuse, 2 pieds de long sur 20 pouces
de large, n» 71 ;
Gravure, La place Maubert, parJeaurat ^ 16 pouces de long sur 13 de
haut, n» 72 ;
Gravure, Manufacture des cristaux de Moncenis*, 20 pouces de haut
sur 14, n* 73;
Gravure flamande, Amusemens des matelots, par Téniers *, 20 pouces
de long sur 15, n* 74;
Gravure, Fonderie du Creusot*, pendant et même dimension que le
n» 73, n« 75 ;
Gravure, Mère dans son ménage, contemplant son enfant dans le som-
meil, par Historical*, 21 pouces de long sur 17 de large, n"» 76;
Gravure, Partie de plaisirs^, gravé par Delaunay^, peint par Wernix*,
23 pouces de large, 20 de haut, n" 77;
Tableau gravure, Hipolite de La Tude Clairon *, gravé par Cars et Beau-
varlet >*, d'après Carie Vanloo ", 26 pouces de haut sur 19 de large, n» 78 ;
Vénus aux belles fesses >*, bas-relief en porphire, ovale, 7 pouces 1/2
de haut sur 5 de large, n*> 79;
La Morale, gravure angloise, cadre doré et noir, 15 pouces de haut
sur 12 de large, n** 80 ;
Une marine peinte sur toile, par Taurel *', 2 pieds de large sur 18 pouces
de haut, n» 81 ; «
Autre marine, pendant, n" 82;
Tableau, peint sur toile, marine, 3 pieds de large, 22 pouces de haut,
n-83;
Autre marine, pendant, n» 84;
I Tableau d'Etienne Jeaurat, peintre, de Paris (1699-1789). exposé au Salon de
1753, et gravé par Jean-Jacques Aliamet, d'Abbeville (1728-1788).
*Montcenis (Saône-et-Loire).
' David Téniers, le jeune. Cette pièce a été gravée par P. Chenu (Le Blanc).
^ Le Creufot (Saône-et-Loire).
5 9^9
^ « La Partie de plaisir, pièce ornée d'architecture et de figures w (Le Blanc.)
' Xicolas de Launay. graveur, de Paris (1739-1792).
* Jean-Baptiste Weenix, peintre, d'Amsterdam (1620-1660).
^ « Dans le rôle de Médéc. t (Le Blanc.)
*• Jacques-Firmin Beauvarlet, jjraveur, d'Abbeville (1731-1797).
II Carie Van Loo, peintre, de Xice (1705-1765).
>i Vénus Callipyge.
>* Jean-Jacques -François Taurel, peintre, de Toulon (1757-1832).
632 IGABBIEL-FRANÇOIS MOREAt.
Tableaa comme les deux précédens, de 16 pouces de large Bar là d«
haut, n^' 85;
Autre, 4* pendant du 3% ti» 86;
Gravure, portrait de Polignac, cardinal ', 18 pouces de haut sur 13 de
large, n<> 87;
Id., d'après Poussin ', par Rousseau, de Mâcon', ^ pieds de large sur
26 pouces de haut, n** 88;
/{/., portrait du cardinal Fleury ^ 19 pouces de haut sur 15 de large,
n»89;
Id,, portrait de Louis le Grand, par Rigaud, 25 pouces de haut sur 19
de large, n*»90;
Td,, Les diseuses de bonne avanture, peinture de Ténier ^ gravare de
Chenu ^ 18 (pouces) de large sur 13 de haut, n^" 91 ;
Tableau peint à Fhuile, une mère badinant avec son enfant, oval€,
3 pieds de haut sur 30 pouces de large, n'' 92;
Id,^ portrait d'un cardinal, 19 pouces de haut sur 14 de large, W' 93;
< Id., portrait du cardinal Dubois^, 18 pouces de haut sur 1 3 de krg?, ii''94;
Tableau peint à Thuile, portrait de Tévêque Valeras ^, tête par G^eusc^
4 pieds 6 pouces de haut, 3 pieds 6 pouces de large, bordure dorée de
6 pouces, n"95;
Le sistème de Copernic ^*, n"" 96;
Deux vases de porcelaine du Japon avec leurs couvercle §, forme anti-
que, 16 pouces 1/2 de haut, 9 pouces de diamètre, n"^ 97 et 91 hii ;
Figure en marbre blanc, sur pied d^estal en boi»^ noir, le buste de
7 pouces de haut, le pied de 4 pouces 1/2, Fénelon, n' 08;
Pendant, id., Bossuet, n* 99;
Gravure, Le général Vasington", gravé par Lemire", iv' ICK);
Deux candélabres, forme antique, pierre prétieuse, montés en cuim
doré d'or moulu, 5 pouces 1/2 de haut sans la baub^cbe, n" 101
(et 101 hi$).
> Melchior de Polignac (1661-1742), cardinal en 1713.
* Nicolas Poussin, peintre, des Andelys (1594-1665).
s 99?
^ Voir ci-dessus, p. 627, n. 8, et p. 628, n. 5.
* David Téniers.
« Pierre Chenu, graveur, de Paris (1730-1792).
' Guillaume Dubois (1656-1723).
^ H.-C. de Lort de Sérignan de Valras, évêque de Mâcon (1731*1763).
* Greuze.
'^ Nicolas Copernic, astronome polonais (1473-1543).
^' Washington. — D'après le tableau de Jean-Baptiste Le Paon (1738-178
1^ Noël Le Mire, graveur, de Rouen (1724-1801).
GABRIEL-PR^NÇOIS MOREAU. 633
Passage des greniers au cabinet d'aisance :
Une tête de vieillard, sans cadre, n** 102;
Un tableau représentant Amphitrite, sans cadre, n« 103.
Dans une petite chambre à côté :
Un médaillon en plâtre, 18 pouces de haut sur 14 de large, cadre doré
ovale, n* 104;
Tableau peint & Thuile, FAbondance \ copiée diaprés Rubens*, sans
cadre, de 4 pieds 1/2 de haut, ainsi que les deux précédens, sur 3 pieds
8 pouces de large, n* 105;
Tableau peint sur bois, un païsage de Lienne *, sans vitre, cadre doré,
14 pouces de haut sur 10 de large, n'' 106;
Tableau, original de Stad ^, peint sur cuivre, 8 pouces de haut sur 5 de
large, un Flamand et une Flamande, n<> 107 ;
Tableau peint sur toile, un fumeur endormi, 1 pied de large sur
9 pouces de haut, n"* 108 ;
Gravure de Strange *, une Vénus ^, 17 pouces de long sur 15 de large,
n- 109;
Une cage d^oiseauz étrangers, empaillés, trouvée dans la chambre du
cy-devant évéqiie, oubliée, n° 110;
Autre cage, forme octogone, aussi d^oiseaux empaillés, du sol de Iqr
République, n<* 111;
Une urne en stuc, imitant le ver Canpan^, garnie de tête de béliers, et
pomme en cuivre doré, 8 pouces de haut sur 1 pied de long, n"" 112;
Porte-fait en bronse, rond de bosse, 7 pouces de haut, sur pied d'eslal
en bois, n" 113;
Pendant, autre porte-fait, id., n" 113 bis;
Buste en pierre, Bossuet, 8 pouces de haut, sur base de colonne en
bois, n" 114;
Pendant, autre buste, d'Alambert, n** 114 bU;
Figure, rond de bosse, marbre blanc, un aveugle déjeûnant, son con-
dnctant (sic) buvant ce qu'il se destinoit avec un chalumeau, 8 pouces de
haut, sur un petit socle en bois, n** 115;
Quatre petites figures villageoises, terre de biscuit, 7 pouces de haut,
' Probablement COffraiidt à l'Abondance du Musée de Stockholm.
* Pierre-Paul Robens, peintre, d'Anvers (1577-1640).
' Peut-être Joseph Van Lierre, peintre, de Bruxelles (XVI' siècle).
* Adrien Van Ostade, peintre, de Haarlem (1610-1685).
* Robert Strange, graveur, de Poniona ( 1 721-1 79Î).
' D'après ses dimensions, ce doit être la Vénus nue couchée, du Titien, gravée
.768.
Marbre vert tiré des carrières de Gampan (Hautes-Pyrénées).
\
.634 GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU.
Le Patineur, Le Dénicheur de merle, La Fruitière, et Lu FleurîHi,
n" 1 16 chacun ;
Médaillon en terre cuite, Voltaire, cadre doré, 6 pouces de diamètre,
n«»117î
Pendant, J.-J. Rousseau, n« 117 bis;
Deux candélabres en forme de vase, sur un pied d'estal, marbre noir,
de la hauteur de 4 pouces 1/2, le vase, marbre blanc, de 7 pouces 1/3,
surmonté de lys convertis en bobèches, le tout orné en cuivre doré â'ùt
moulu, n» 118 et (118) bis;
Un Atlas, en terre cuite, portant le globe, la figure de 3 pieds èe hau-
teur, n» 119.
Et attendu qu'il est Theure de sept et demi de relevée sonnée, nous
avons renvoie la continuation des présentes à demain, heure de huit du
matin, à laquelle tous les dénommés cy-dessus sont invités de se trouver
au présent domicile, avons mis tous les objets cy-dessus décriLs, détailléi^
et inventoriés sous le n' 1 jusques et compris le n"" 119, ainsi que \bs. sii
premiers articles, qui ne sont pas numérotés, au pouvoir du citoien Lenoi,
commissaire nommé par Tadministration pour recevoir ladlsiraclion qa«
nous faisons desdits effets à Teffet d*étre emploies à composer un mu^é
public, lequel a reçu lesdits objets, les a retirés en son pouvoir et les a
fait transporter de suite en la maison du Collège, dans le local qui lui a
été pour ce désigné, pourquoi nous demeurons déchargés desdils objets,
ledit Lenot s'en trouvant actuellement seul chargé, sauf à lui k en rendre
compte à l'administration, quand, ainsi et de la manière qu'elle le jugera
convenable, sauf encore par ledit citoîen Lenot à en faire l'emploi qui ien
jugé convenable par l'administration. Ce fait, avons exactement refermé
toutes les portes et fenêtres intérieures et extérieures de la maison Mor^au,
surles principales portes d'entrée avons apposé les scellés de radinititstration
que nous avons fait couvrir de plaques de fer par le citoîen Fical, nou^
étant soussignés avec les citoïens Ficat, Lenot, et les officiers uianiripaaï-
Signé : Ficat, Durand père, Dediivë aine,
Rkvii.lon, Romieu.
Approuvé l'inventaire cy-dessus, du quel sera extrait avec forme le«
objets qui seront reconnus ne pas être de mérite à être contenus dans \t
musé.
Signé : Levot,
Depuis, et ce jourd'hui vingt-neuf pluviôse seconde année républica*"*
en vertu de tout ce que dessus, et toujours attendu la proximité d>
vente du mobilier Moreau, laquelle se trouve indiquée par la derpr
GABRIEL-PUANÇOIS MOREÂU. 635
afGche au premier ventôse, nous, Romleu et Antoine Dediane, commissaires
nommés par radministratlon du district de Màcon à l'effet de procéder
dans la commune de Mâcon à la confection des inventaires chés les émi-
grés, pères et mères d'émigrés, prêtres déportés, à déporter et dans le
cas de la déportation, absens, étrangers, Lyonnois, condamnés et actuel-
lement séquestrés, et de suite aux ventes qui devront suivre lesdits inven-
taires, accompagnés des citoïens Ficat, serrurier, Pierre Durand, officier
municipal, et Pierre Revillon, commissaire, notable de la commune de
Mâcon, nous sommes, encore du citoyen Lenot, artiste, transporté au-
devant des portes du domicile qu'occupoit le cy-devant évéque de Mâcon.
Là, après avoir reconnu seins et entiers les scellés par nous apposés tant
sur la porte d'entrée donnant sur la cour, sur la principale d'entrée des
appartemens, que sur celles qui communiquent aux appartemens du rés-
de-chaussée, iceux levés, pénétrés aux appartemens, de Tavis du citoïen
Lenot et à l'aide des ouvriers par lui amenés, & l'aide encore du citoyen
Piguet, du citoïen Laîné, de leurs femmes, avec leurs voitures, nous avons
opéré ainsi que suit.
Continuant les description et distraction des objets qui peuvent com-
poser et entrer au muséum à établir en cette commune, l'opération des-
dites description et distraction commencée par notre procès-verbal du
vingt-six du courant, contenu au présent cahier, de Tavis dudit citoïen
Lenot nous avons distrait et mis en son pouvoir :
Un tableau gravure représentant une sépulture, de 22 pouces de haut
8or 15 de large, par Si [non Vouet >, n** 120;
Tableau peint sur bois, sujet de religion, 3 pieds 6 pouces de haut,
2 pieds 7 pouces de larçe, n*> 121 ;
Tableau peint au pastel^ représentant une tête de Hollandois, de
20 pouces de haut sur 12 de large, n*" 122;
Pendant, même dimension, n« ['22 bis;
Tableau gravure, au bas duquel est écrit PAilipus Ludovictts cornes a
Suitendarf, de 19 pouces de haut sur 14 de large, n*> 123;
Tableau gravure de Verney*, une marine, 21 pouces de long sur 18 de
baut, n» 124;
Une sainte Geneviève en marbre, sur pied d* estai bois noir, 9 pouces de
haut, le pied d'estal de 5 pouces, n<> 125;
Tableau gravure de Verney, La Tempête de Baleichou ', 21 pouces de
long sur 18 pouces de haut, n*" 126 ;
> Simon Vouet, peintre, de Paris (1590-1649).
* Claude-Joseph Vernet, peintre et graveur, d'Avignon (1714-1789).
* Jean«ioseph Baléchou, graveur, d'Arles (1715-1764).
1
636 GABRIEL-FRANÇOIS UORËAU.
Gravure colorée, une fontaine par Rousseau >, 13 poucfs de lar^e sur
10 pouces de haut, n» 127;
Buste de Févêque, marbre blanc, 9 p04tce£! Je haut, sur pied d'ouebË
de diverses couleurs, 7 pouces, n** 128;
Très grand vase de porcelaine du Japon, avec couvercle, snns couron-
nement, 20 pouces de haut sur 1 pied de diamètre, ir 129;
Deux couvre-papiers, en cuivre doré d'or moulu, 7 pouces, représen-
tant 2 levrettes, n» 130 et (130) bis;
Figure d'yvoire, sur pied d^ouche en bois^ une femme faisant Taumâiie
à un enfant, 5 pouces de haut, n<* 131 ;
Groupe en biscuit, sur pied d*estai orné, représentant Sutly aux pledâ
d^Henry IV, 9 pouces de haut, n*» 132;
Une théière, porcelaine chinoise, n» 133 ;
Treize cadres, avec leurs vitres de différentes grandeurs;
Deux sans vitres ;
Un très grand poêle de fonte avec ses cornets, en forme de feuilles de
palmiers ;
Une armoire à 4 portes grillées, chacune aïant un rideau de taffetas
vert, ledit armoire servant de bibliothèque^ plaqué et orné d^une petite
tablette de marbre blanc ;
Autre meuble absolument pareil ;
Meuble plaqué à 5 tiroirs, le dessus étant de marbre;
Autre meuble parfaitement pareil;
Quatre très grands porlefeuils, tous fermant ù clet, mais sans cleft en
maroquin rouge, garni en argent, 3 en basatme noire ;
Un étui en maroquin contenant une carte du Mdconuoîs % 7 pouces de
long, 6 pouces 1/2 de large ;
Étui en veau, contenant 4 cartes;
Sept étuis en carton, papier marbre, garnis de différenLcs caries de la
France, quelques-uns incomplets;
Atlas in-f° broché, couvert en papier bleu, de différentes cartes de li
Chine;
Deux grandes encoignures en vieux lac avec leurs pierres de marbre ;
Un baromètre circulaire, à cadre doré ;
Une tabatière à boussole, en carton;
1 Nous connaissons un Jacques Rousseau, peintre et graveur, de Pafis ^IG^t^
1693). Mais il s'agit vraisemblablement ici du Rouaieaii, de \IdcoQ. qui a gravé ua
tableau de Poussin. Voir ci-dessus^ p. 632.
^ Vraisemblablement la Carte du pays et comté du Maçonnais, dédr
Mgr Moreau, par le s*" Demiège, sous-ingénieur et géo'jràpbe de la provii
levée en 1775.
i
\
GÂBRIEL-FRAIVÇOIS MOREAU. OST
Deux boëtes contenant 20 morceaux d*histoire naturelle, tant coquil-
lages que pétrifications et cristaux, et une serre de hommar;
Un' petit dévuidoir en yvoire, de 8 pouces de haut, travaillé à jour,
avec sa pièce d'étaux;
Une caisse garnie de petits cailloux de marbre, d*un morceau d^aven-
turine >, au nombre de 43; ^
Une boête contenant 72 pièces en cuivre ;
Un écritoire à 3 vases en cuivre doré, sonnette et couvercles, aussi
cuivre doré, support en bois ;
Un petit thermomètre de Raumur * ;
Une lanterne à 4 pans, baguette et montans cuivre doré;
Deux petits ressoùvenirs, cuivre verni;
Petit tableau, cadre doré, 7 pouces de long, G pouces de haut, sujet
sous ver, 4 pouces, une Vierge ;
Pendant, même dimension, saint Jérôme;
Tableau peint à Thuile, cadre doré, 11 pouces de haut, 8 pouces 1/2 de
large, sous ver, Vous me faites rire ;
' Pendant, Je m'en moque;
Second pendant, La pauvreté me tourmente ;
Troisième pendant. L'amour me fait de la peine.
Tels sont tous les effets, meubles et objets aïant fait partie du mobilier
du cy-devant évéque, lesquels nous avons distraits dudit mobilier et mis
au pouvoir du citoien Lenot, qui s'en est chargé, nous en décharge, sauf
à lui à en rendre compte à Padministration de district, quand, ainsi et de
la manière qui sera jugée convenable, avons exactement refermé les portes
du domicile Moreau, sur icelles avons de nouveau réapposé les scellés de
Fadministration, que nous avons comme précédemment laissées à la charge,
garde et surveillance du citoïen Tardy, concierge de Fadministration, qui
8*en est chargé; de tout quoi verbal. Et nous nous sommes soussignés avec
les citoïens Ficat, Lenot et les officiers municipaux, non les citoïens Tardy,
Piguet et Laine, pour ne le savoir, ainsi qu*il$ Tont déclaré, de ce enquis.
Signé : Rbvillon, Durand père, Ficat,
Dediake aine, Rouiel.
Approuvé Tinventaire cy-dessus, duquel sera extrait avec forme les
objets qui seront reconnus ne pas être de mérite à être contenus dans le
musé et vérifié par des commissaires nommé par le district.
Signé : Levot.
> Pierre artificielle faite de verre mêlé de limaille de cuivre qui imite Tor.
* Réaumur.
638 GABRIEL-FRANÇOIS MOREAU.
Depuis etce jourd'hui décadi, seconde année de laRépuhlîqiie fntnçoitf^
une, indivisible et démocratique, en vertu de tout ce c|ue dessus, noua
commissaires susdits et soussignés, accompagnés du citoïen Ficat, serru-
rier, Lenot, etduciloïen Pierre Durand, officier municipal, nou^ sommos
de nouveau rendus. au-devant des portes du domicile qu'occi^poit précc^
demment le citoïen Moreau, cy-devant évéque. Ld, eu présence du
citoïen Tardy, concierge de T administration, gardien par nous coiuinis
aux scellés apposés sur les portes dudit domicile, iceux ievè^^ pénétrée
aux appartemens, nous avons avec ledit citoïen LeTiot, en pré^i^ence
desdits officiers municipaux, fait Ténumération de tou^ le^ livrer com-
posons la bibliothèque dudit cy-devant évéque; il:; se sont trouvés
au nombre de 3,370 volumes, y compris trois trè^v grandi!; allas, en
maroquin rouge, lesdits 3,370 volumes en différens format!:; et de dîFfé-^
rentes littératures; nous avons à Tinstant à Taide de^^ citoit^n» Plgaet,
Laine, de leurs femmes, avec leurs voitures, fait conduire lesdits 3^370 vo-
lumes dans le magasin du Collège, et les avons laissée au pouvoir du
citoïen Lenot, qui nous en décharge, sauf à en rendre compte à qui de
droit, avons ensuite exactement fermé les portes du domicile j^toreati,
sur icelles avons de nouveau apposé les scellés de radministratîon, que
nous avons comme précédemment laissés à la charge^ garde et surveil-
lance du citoïen Tardy, qui s'en est chargé; de tout quoi verbal, et nous
sommes soussignés avec les ciloïens Ficat, Lenol, et les officiers mum-
cipaux, non les citoïens Tardy, Piguet et Laine , pour ne le scovoir,
ainsi qu'ils lont déclaré.
Signé : Durand père, Ficat, Bevillck,
DED[A\EuinÉ, RoiflEl.
Approuvé du présent corps d'inventaire la scèanre des commi^sitiress
aux séquestres en datte du [vingt-]six pluviôse Tim deux, possédant dan?
les entrepôts du Collège les objets y ennoncé^, plu^^ celle en datie du
vingt-neuf pluviôse dudit an, ainsi qu'il est signé par nous eomuiifisaire
chargé par le district pour le rassemblement des objets concernant leï^arb,
les sciences et l'instruction. Quand au rassemblement des livres dont II e^i
fait mention h la dernière scéance du présent procès-verbal, nous recon-
naissons avoir possédés dans les entrepôs du Collège la quantité àesélH
3,370 volumes, à Teffet de débarasser la maison du citoyen \îorfaiJ,
jusqu'à ce que l'administration du district ait pi éposé on bibliothêquajrf
chargé de cette partie d'instruction, lequel bibliolbéquaire a depuis fiit
i'enlèvement desdits livres, dont le citoyen Lenot n>n a voit poiat
charge avec désignation particulière, si ce n'est en nombre total, kq
nombre a été enlevé par le citoyen Galand, bibjiothêquaire, après aii
i
U\£ ASSOMPTION DE FRANÇOIS LEMOYNE. 639
été reconnu et timbré par les citoyens commissaires préposés par le com-
mîté de surveillance, ce qai sert au citoyen Lenot de décharge. A Mâcon,
ce 18 floréal Fan 2 de la République Françoise, une et indivisible.
Signé : Lenot.
(Archives de S«^ne*et-Loire, Q.)
XXXVIII
UNE ASSOMPTION DE FRANÇOIS LEMOYNE
1718
L^œnvre d*un peintre étant natarellement dispersée, il arrive
qu'un certain nombre de ses tableaux — avec les années — finis-
sent par ètrc^ou égarés ou ignorés, inconnus enfin* Rendre à Tœuvre
d'un maître — petit ou grand — un de ces égarés ou de ces
ignorés, c'est rendre à la mémoire de Fartiste et à notre trésor
artistique un service signalé, croyons-nous. Mais faut-il encore
qu*nn busard heureux nous en fournisse Toccasion. C*est à lui que
j*ai dû de restituer il y a trois ans, à Tœuvre de Sigalon un
superbe Christ en croix. Cest encore à lui que je dois, aujour-
d'hui, de rendre à Tceuvre de François Lemoyne une Assomption
charmante, bien signée, bien datée, et doAt on ne rencontre
mention aucune dans la liste — fort incomplète du reste — dont
le comte de Caylus a fait suivre Téloge qu'il lut de Lemoyne à
TAcadémie, le 6 juillet 1748. Ce tableau a une histoire curieuse
comme une anecdote du dix-huitième siècle, et il a fallu, pour la
connaître et la reconstituer, quelques lambeaax d'un Répertoire
d'abbaye heureusement enfoui dans les Minutes d'un notaire de
campagne. Sur ce Répertoire, on avait consigné, péle-méle, des
"hiffres de redevances et quelques notes de mémento; nous en
^parlerons.
A propos de François Lemoyne, je lis dans un auteur autorisé :
640 UNE ASSOMPTION DE FRANÇOIS LEMOYNE.
p tt Ses tableaux de chevalet sont assez rares .t puis, dans un autear
' plus autorisé encore, Paul Mantz : u II peignit beaucoup de
tableaux de chevalet; beaucoup sont perdus, et il ne nous paraît
pas impossible de les retrouver. » Paul Mantz avait raison, puisque
je viens d'en retrouver un, et si on les a crus rares, c'est qu'ils sont
encore, pour la plupart, ignorés. François Le Moyne, en tieui
mots et avec un y, ou Lemoyne en un seul mot ou Lemoine ett
deux mots ou en un seul mot sans y — car on retrouve toutes cej
signatures dans son œuvre ou dans ses biographies, Fratuoia
Lemoyne naquit à Paris» en 1688. Son père, Michel Lemopie,
était postillon de la maison du roi. Il mourut; son Ëls o^avait que
cinq ans. Sa mère, Françoise Dauvin — dont nous retrou veroiu
bientôt le minois agréa,ble avec son nez en Tair, sa bouche volup-
tueuse et ses yeux bien ouverts — se consola vite dans les hrai
de Le Vrac de Tournière, l'habile portraitiste connu sous le nom
de Robert Tournière.
Après ravoir ainsi consolée les premiers mois de 1B93, Tour-
nière Tépousaità la 6n de Tannée. L'union dura, caliin-caha, neuf
ans, au bout desquels, le 18 mai 1702, le Cliâtelet de Paris
prononça une sentence de séparation a de biens et d' habita tioa*
entre Robert Le Vrac et Françoise Dauvin.
Nous allons maintenant, messieurs, et tl le faut, procéder
rapidement par dates avec Fi*ançois Lemoyne.
En 1701 9 il entre dans Tatelier de Louis Galloche qui eut san
fauteuil à l'Académie et son jour de renom. Lemoyne avait treiie
ans, et, conduit par Galloche à la campagne, il a appris de lui
qu'il y a une nature que Ton peut étudier et dont on peut s'in-
spirer. Galloche se trouvait être un « révolu liounaire b soumoij*
En 1707, à dix-neuf ans, Lemoyne remporte un prix de dessin
à l'Académie royale, et, en 1711, à vingt-trois ans, le grand prix
de peinture avec le sujet donné : Ruth et Booz. En 1710 seule*
ment, il fut agréé à l'Académie, et, en 1718, le 30 juitlel« reça
comme membre avec Hercule assommant Cacus pour morceiit
de réception. 11 avait trente ans.
François Lemoyne, jusqu'ici, peint dans les teintes rous&ies,^
brûlées la couleur à la mode dans la peinture d'alors. Dans I
talion des lignes, maintenues académiques autant que posi
on peut pressentir la légèreté et le caprice do TEcole qui va sa
UNE ASSOMPTION DE FRANÇOIS LEMOYNE. 641 \
Dans Tallure mouvementée et le style des Anges voltigeants de
ses peintures religieuses, on devine les petits Amours de Boucher;
ils sentent déjà le fagot des autels de Cythëre.
J'ai dit : a peintures religieuses » , car, à la première source,
la source académique de ses inspirations, la mythologie, François
Lemoyne résolut d'en ajouter une seconde : la peinture religieuse.
Comme la plupart de ses contemporains, il s'imagina qu'il y
réussirait tout aussi bien. C'est pourquoi, avec une interprétation
inexacte des sujets sacrés, avec du brio, de l'invention pittoresque,
du fracas dans les draperies^ du déginganderaent dans les person-
nages, comme les autres toujours, Lemoyne arriva à faire des
machines dont le sentiment religieux est absent. Eh bien, c'est ce
qu'aimaient pourtant et demandaient surtout les gens d'église.
François Lemoyne avait déjà exécuté de la sorte un Saint Jean^
Baptiste dans le désert pour Téglise Saint-Eustache à Paris, une
Tentation qui se trouve aujourd'hui dans une église près d'Amiens
et une autre datée de 1715, puis \e% Noces de Cana et h Pro-
messe de V Eucharistie (1717) et le Baptême de Motre-Seigneur
dans le Jourdain (1717), tous trois actuellement dans la cathé-
drale de Sens. 11 avait peint ces tableaux religieux tout au moins
et bien d'autres probablement, quand arriva Tannée I7I8, celle
où il fut reçu académicien.
Les artistes avaient alors des protecteurs aussi riches que nobles.
Celui de François Lemoyne était le duc d'Antin, fils légitime du
marquis et de la marquise de Montespan, l'homme par excellence
doux, liant, plein de ressources et d'esprit, de finesse el de sou-
plesse, le type du parfait courtisan, et dont il faut, dans les
Mémoires de Saint-Simon, lire à l'adresse de Louis XIV les
courtisaneries dignes des Mille et une Nuits.
Le duc d'Antin, très fort auprès du trône et de sa situation fausse
et de celle si délicate de sa mère, avait été successivement colonel
du régiment de l'Ile-de-France, lieutenant général, gouverneur
d^Alsace, et était, en 1718, directeur général des Bâtiments, donc
le dispensateur des faveurs voyales et des commandes ofljcielles.
Les Montespan et les La Roche-Aymon, les uns et les autres de
province d'Aquitaine, étaient depuis des siècles liés d'amitié.
S8Î, lorsque Claude de la Roche-Aymon, grand vicaire de Mende
s is Mgr de Baudry de Prencors, son oncle, fils d'Antoine de
41
ïï/
642
UNE ASSOMPTION DE FRANÇOIS LEMOYXE^
&'
lu Roche-Aymon et de Marie de Lusignan, fat sacré évéque du
Puy, le 22 juin 1704, dans la chapelle du Séminaire de Saint-
Sulpice, par Mgr de Berchères, archevêque de Xarbonne, le duc
d'Antin était-il présent. L'évéque du Puy alla prendre aussitôt
possession de son siège» où, simple, modeste et de conscience fort
scrupuleuse, il devint un grand sujet d'édification pour le popu-
laire de son diocèse.
Nous n*en avons pas encore fini, messieurs; tout cela est Tort
long, mais tout cela est utile, comme on le verra bientôt.
Or, à quelques lieues du Puy s'étendait le mandement de Saint-
Julien Cbapteuil avec le château de Chapteuil, berceau de Pons de
Capdeuil, le troubadour d*Azelaîde de Mercœur et de la première
croisade.
Les évéques du Puy, en qualité de comtes du \ elay et en vertu
d'une sorte de promesse testamentaire de 1240, étaient posses-
seurs du château, recevaient les hommages des fiefs et t^rre^ de h
baronnie et y exerçaient les droits de justice. Mars à Saint-Julîeu
Chapteuil se trouvait aussi un important prieuré de Bénédictins
qui relevait directement de la puissante et riche abbaye de la
Chaise-Dieu fondée, en Tan 1000, par saint Robert, et le prieure!
Tévéque avaient souvent maille à partir sur les limites de leurs
droits respectifs.
En 1717, le prieuré avait pour titulaire dom Placide Ardant,
prêtre religieux de Tabbaye bénédictine de Saint-Jouin de Marner
en Poitou. Ardant de nom et de fait, c'était un assez mauiaiâ
coucheur, à ce qu'il parait, et il plaidait, précisément alors, devant
le Parlement de Toulouse, contre les habitants de Sain^tilien
Chapteuil, prétendant lever la dîme à la gerb(\ tandis que lâs
hommes du mandement excipaient d'un droit de eottsation S^e.
A tout ceci, Mgr l'évéque du Puy si simple et si doux, un peu
pusillanime aussi, je croi?, se trouvait-il mélé^ et dom Placitie
Ardant lui faisait-il grand'peur? Le fait est qu'il s'imagina *ic
donner en présent, au prieuré de Saint-Julien Chapteuil, un beâir
tableau, et il en écrivit, à Paris, au duc d'Antin, lui demandant
qu'il lui fit exécuter une Assomption \
François Lemoyne était le protégé du duc d'Antin, on Ta çu, <
» Voir, ci-contre, planche XLIIl.
riAk.<M \L\
r^n rbwr^ùtê ttiUùKsn — J7IM
UNE ASSOMPTION DE FRANÇOIS LEMOYNE. 643
cefiit lui que le duc chargea de cette commande. Le peintre se mit à
l'œuvre et, Tceuvre terminée, la signa avec faraïeF.Lemoine 1718.
Cette Assomption a deux mètres de haut sur 1 mètre 30 de
La Vierge s'élève bien vers le Ciel, dans un mouvement d*as«
ceusion un peu tourmenté. Le visage en haut et les mains jointes,
elle ressent une joie plus mondaine peut-être que céleste, mais
qui suffit, dans tous les cas, à donner à son visage la grâce
habituelle aux femmes de Lemoyne : le maniérisme italien légère-
ment francisé. Elle est posée avec quelque recherche, et ses dra-
peries sont précieusement arrangées. En ce genre, le voile de la
tète nous semble une trouvaille; mais a ce minois agréable avec
son nez en Tair, sa bouche voluptueuse et ses yeux bien ouverts » ,
nous est connu, et c^est, en effet, celui de la mère du peintre :
Françoise Dauvin, que Lemoyiie, très bon fils, avait recueillie
chez lui sitôt qu'il gagna un peu d'argent. 11 prit comme modèle
la tète de sa mère, selon sa tendance à s^inspirer de la nature,
quoique à sa façon, et ainsi que le révèle un lambeau du Réper*
toire de dom Placide Ardant, sans doute.
Voilà pourquoi cette madone ressemble à une appétissante
bourgeoise de la rue des Bons-Enfants où habitait le peintre.
La Vierge est d*une tonalité fraîche et rose, modelée dans le
clair: la tète un peu ouatée, un peu molle, se détache sur le ciel
d'un gris délicat, rompu par des touches de nuages vaporeux,
lumineux et un tantinet roussis. lia robe est d'un rose tout à la
fois légèrement brossé et largement peint. Le manteau est d'un
bleu très harmonieux et très doux.
Au front et aux pieds de la Vierge, deux groupes de trois
angelots chacun; les uns, à la tête ailée, rient à la Madone; les
autres, au corps nu, se meuvent, les derniers surtout, dans une
variété de postures charmantes; certain est couché, à plat dos, sur
des roses et des nuées, dont la teinte gris sombre repousse à mer-
veille le modelé habile de ces délicates carnations enfantines. Une
guirlande de roses retombe de cette couche fleurie et aérienne.
Mettez entre les mains de ces angelots des arcs ou des colombes, et
vous aurez les Amours potelés et roses de Boucher, dont Lemoyne
fut le maître.
Au bas du tableau est indiqué, tout à fait comme accessoire,
1
644 UXË ASSOMPTION DE FRA\COI& LEUDYNE.
le tombeau ouvert de la Vierge dans lequel ne restent plus qu*im
bout de linceul et des touffes de roses, selon la traditioD. Toutes
les roses de cette Assomption sont d'une admirable fraîcheur de
tonalité. Cest sous le tombeau que se trouvent la signature et la
date.
La note agréable, que Lemoyne a toujours cherchée, se trouve
dans ce tableau. Tout cela n'est peut-être pas irréprochable de
dessin, mais c*est plein de charme et de saveur, d'harmonie
discrète et transparente, le coloris étant formé de tons adoucis et
fondus. Lemoyne avait, en réalité, beaucoup de talent et pas mal
de défauts, mais ceux-ci appartiennent au siècle ou il a vécu.
Et, ici, je dots vous communiquer une remarque assez curieuse
que j*ai pu et dû faire; c'est que Franroîs Lemoyne, qui s'était
mis à peindre à la fois le mythologique fi le relîgteuï» avait
consciemment ou inconsciemment deux palettes dilTéreutes au
service de POlympe et du Paradis. Les fameux tons roussis <'t
amortis appartenaient au premier, et les tons roseâ éclatants, qu'il
introduisit du reste dans l'école française, étaient réservés aux
sujets religieux. Lemoyne est bien le père de ce fameux rayon
rose qui, depuis, fit tant de ravages.
Dams V Assomption, qu'il peignit en \~^\ à Saiot-Sulpice à la
coupole de la chapelle de la Vierge, et dont Tesquisse eiîste
encore, les deux palettes sont en présence, et, tandis que la
Vierge monte vers le Ciel dans les mêmes draperies roses et
bleues de celle de 1718, la foule autour, qui la contemple de la
terre, reste dans les tons de sa palette mythologique p
Nous allons maintenant et rapidement rappeler encore quelques
dates : 1723, le voyage de François Lemoyne en Italie avec un
ami du dlic d'Antin, le sieur Berger, Receveur général des
finances du Dauphiné et grand connaisseur en Beaux-Arts; 1730,
où. il se marie et épouse la sœur d'un de ses collègues à l'Aca-
démie; 1732, où il commence son immense plafond de V Apothéose
d'Hercule à Versailles, avec ses cent quarante-deux personnages
plus grands que nature, et 1733, où TAcadémie le nomme pro-
fesseur et où il perd sa femme. En 1736, le plafond de lerMJIïes
terminé, il est nommé premier peintre du roi Louis XV et ""
une pension de trois mille cinq cents livres,
François Lemoyne était ambitieux, inquiet, jaloux, eaustiq
UNE ASS0MPT10\ DE PR.4\Ç01S LEyOY^E• 64&
rencontre de ses confrères et même ses amis. En 1736, tous ces
défauts s'exagèrent; il a perdu sa femme trois ans auparavant; le
2 novembre, est mort le duc d'Antin son protecteur* et ces deux
malheurs Tout profondément affecté. Comme premier peintre du
roi, il ne croit pas jouir de toutes les faveurs dont Ch. Le Brun
avait joui sous Louis XIV, et il crie à Tinjustice. De plus, sept
.années passées dans des postures renversées, à peindre la coupole
de Saint-Sulpice, le plafond de Versailles, ont eu sur sa santé des
influences fâcheuses. Il tombe dans une mélancolie noire, d*où il
ne sort que par des égarements, et c*est alors qu*il s*imagine avoir
offensé, de ses plaintes, le ministre cardinal Fleury et être pour-
suivi de ce chef par les archers chargés de le conduire à la
Bastille.
Cest alors aussi qu'il fait écrire par son élève Nonotte au
prieuré de Saint-Julien Chapteuil ; je déchiffre en effet sur un bout
de feuillet du Répertoire : « Monsieur \onotte nous mande de la
part de Monsieur Lemoine, pour que soit lacérée ou brûlée la
Vierge Marie dont Monsieur l'évèque de la Roche-Aymon a fait don
au prieuré en 1718. »
« M. Lemoyne, dément, prétend qu'il fut sacrilège de portraire sa
mère, et que, pour ce, sa mère souffre dans les flammes du Purga-
toire. Xous prions pour lui. î» Dès cette époque, Lemoyne ne
composait que des scènes tragiques et ne se faisait lire que des
suicides historiques; chaque fois : a Voilà une belle niortl t>
s'eiclamait-il. Lemoyne habitait la rue des Bons-Enfants, du nom
des escholiers qui s*y trouvaient. Au deuxième était son atelier, où
chaque matin, à neuf heures, il montait visiter ses élèves et ses
aides, pour lesquels il était très doux et serviable.
Un jour, il achevait en grisaille un dessin pour la thèse de
M. Tabbé de Ventadour, dont un des grands oncles avait été évèque
du Puy, quand M. Berger, son ami, vint frapper à sa porte à
l'étage au-dessous de son atelier, pour le conduire à la campagne;
il frappe, refrappe, rien. Il entend enfin qu*on se traîne derrière
la porte; on en tire le verrou : Tarti.ste apparaît alors, inondé de
•*-ng, et tombe dans les bras de son visiteur. Il avait cru à Tarrivée
s archers et s'était percé de neuf coups d'épée, sans pousser un
; il avait quarante-neuf ans.
Lemoyne fut le plus élevé, le plus noble des peintres de Louis XV
646 U\E ASSOMPTIONI DE FRANÇOIS LËMOVVK.
qui se risquèrent à regarder un peu du côté de la nature et à faire
du style avec. Il eut une École, et parmi ses él^veâ furent liourher,
ICatoîre et Nonotte, peihtre de portraits, qui Taida à Saint-Sulpice,
à Versailles, et écrivit de lui une vie encore maniiscrite.
Je n*ai plus retrouvé mention de sa mère. Elle était morte avant
lui. Le bon et pieux évéque de la Roche-Aymoti, en juillet 1721),
avait été enterré eiceptionnellement dans le cloître de Xotre<>
Dame du Puy, à cause de ses vertus.
Levrac Tournières, lui, ne mourut qu'en 1752 à Caeti, et à
Tàffe de quatre-vingt-quatre ans, peintre ordinaire du Roy.
Les mentions des lambeaux du Répertoire gont de la mètne
écriture ferme et à crochets de dom Placide Ardant, j'en jurerais.
Aucun autre document pour nous guider, les incendies au Puy ei
à Saint-Julien Chapteuil ayant détruit les archives de Tévéché et
du prieuré.
Avant la Révolution, les moines, en très petit nombre d^jà,
avaient quitté le prieuré de Saint-Julien ChapteniL La commatie
acheta Téglise romano-byzantine et son mobilier. La Révolutic»
vint. V Assomption de Lemoyne fut sans doute cachée chez quel-
qne bonne àme de la paroisse, car le cadre, qui ileiait <^tre encom-
brant, manque; etce tableau est revenu — personne ne ae rappelle
quand et comment — reprendre sa place dans la vieille êglt&e
modernisée où, d'instinct et à distance, les touristes Tont toujours
beaucoup admiré. Si, pour conBrmer cette admiration^ il suffît d'un
nom, le voici, et si, conime le disait le Poussin, ^ la fin de la
peinture est la délectation n, je vous assure, messieurs, qu'il y a
plaisir délectable à contempler Ti^^^o/z/p/ton de François lemoyne.
Léon Gmox,
Membre non réiidanl du Comité é^
Sociétés de» Heaui-Arb àm dépirte*
ments, au Puy.
V^ PORTRAIT DE L0UI8 XIH Al'BG ALLÉGORIES. 641
XXXIX
UN PORTRAIT DE LOUIS XIII
AVEC ALLÉGORIES
DESSUS DE GHEMlNéE PROVENANT DE L^HOTEL DE VILLE
DE REIMS ET PLACÉ AU MUSÉE EN 1897
Une cootome usitée de temps immémorial en France a été de
placer le portrait du roi, comme chef souverain de' TÉtat, dans
Tendroît le -plus apparent de Tbôtel commun ou de Téchevinage
de DOS v'ieilles cités. Les monarques du dix-neuvième siècle, comme
nos présidents actuels de la République, ont en le même honneur,
mais leurs effigies, tableaux ou bustes, se trouvent maintenant re-
légués dans les combles, où ils furent successivement montés après
les anciens rois, à chaque changement de régime. Une visite à ces
majestés du passé, déchues ou exilées, à ces hautes célébrités
nationales abritées sous les toits, ne manque pas de curiosité, et
parfois provoque la découverte d'une œuvre d'art, d'un panneau
vraiment historique et digne d*étre nettoyé et remis en lumière.
Tel est le cas, en ce qui concerne THôtel de ville et le Musée de
Reims, d*un portrait du roi Louis XIII, peint vers 1636 sur un
large panneau décoratif, historié d'emblèmes, d'allégories et de
scènes multiples retraçant les principaux événements de son règne.
Ce panneau, plus intéressant par ses inscriptions et ses trophées
que par sa valeur intrinsèque et artistique, était vraisemblablement
destiné à Torigine à orner le manteau de la cheminée de la salle du
conseil ou de la salle des fôtes du palais municipal. Il y figura
sans doute longtemps, mais il dut céder la place à des décorations
nouvelles, probablement même avant la Révolution, car il fut re-
•^'onté de longue date au sommet d'un pavillon, dans l'escalier
scur d*un grenier, près du local affecté de nos jours aux archives.
I l'y oublia dans les temps révolutionnaires, alors que Ton brisait
figure équestre du même roi Louis le Juste, qui se détachait du
1
648 U\ PORTRAIT DE LOUIS Xill AVEC ALLEGORIES.
frontispice extérieur de la façade ^ Le tablcj^u resta sauf, mais ri^n
ne permet de fixer son emplacement primitif, toutes les aticîennei
cheminées de THôtei de ville ayant disparu à tous les étages.
La construction et la décoration de THôtel de viH^ de Reims, de
1627 à 1636, furent un fait important dans riiistoire de la cité, en
même temps qu'une phase glorieuse pour lea architectes et les
artistes locaux. Nous n'avons pas à retracer icf celte période Je
laborieux efforts, qui aboutit à Texécution des plans pour la moitié
de la façade principale et pour la partie centrale avec le dùme.
formant l'entrée et le vestibule d'honneur. Ces détails ont été déjà
relevés avec le nom du maître maçon, Jean Honhomme, qui drrigea
l'entreprise et fut le véritable architecte du monument achairé seu-
lement de nos jours à deux reprises, en 1825 et en 1875 '-
Il ne subsiste plus à l'intérieur de rédifiee aucune des décora-
tions primitives, et la seule portion ancienne dans les apparte'
ments modernisés est une riche boiserie du ilix-huitiënie siècle.
Au cours des travaux récents d^embellissement, on retrouva les
traces des peintures murales dans le plus pur al^U Louis XIH qal
embellissaient les murailles, imitant les tentures et les tapjsseriei
que les magistrats municipaux ne pouvaient sans doute pas acquérir.
Tous ces motifs si remarquables dans le goût du tem[is ont été re-
produits, avec de superbes planches d'ar*:liitecture gravées par
R. Pfnor d'après les dessins d^Eugène Leblan, dans un ournge
monumental encore peu connu et malheureusement inachevée
Ne pouvant remplacer notre vieux panneau dans son cadre et à
son lieu primitif, les anciennes cheminées n*ayaiit laissé aucun
vestige, force nous est de le décrire comme uu tableau de miiiée*
Il y perdra beaucoup de sa valeur décorative, cm il était brossé
pour être vu en hauteur, entre des ornements sculptés en sailliâ
dont il formait le complément. Nous ne pouvons, à cet égard» qufl
' H. Jadart, Les statues de Reims en 1888. Reims. t8HK, p. 16 k i%, tm
Notice sur la statue de Louis XUI, sculptée par X. Jacques en 1636-
* Jean Bonhomme, architecte de THôtet de vilie de Reimi, t62T-16.T«. \'dûre
avec les documents originaux, commuoiqués 4 rAcariomie de ïïeim» et pirbl<^
dans le t. XGV des Travaux de cette Société en 1895.
^ Eugène Leblan, Les monuments historiques de la mile de Reims, au pùi
vue de tart et de la construction. 10 Tascicules in-foL ai ce teilc deic^
planches gravées et bois dans le texte. — Paris, Imprimenci réuftiei, Uoï
1881-1882. Les deux premiers fascicules sont reUttra à THâtel de trille.
J]\ PORTRAIT DE LOUIS Xlil AVEC ALLEGORIES. (i49
le rapprocher de Tautrc figure de Louis XIH, dont nous parlions
plus haut» celle qu'ayait taillée Nicolas Jacques au-dessus de Tentrée
principale et de la fastueuse dédicace composée par Xicolas Ber-
gier, Tantiquaire rémois bien connu, et reproduite de nos jours :
LVDOVICO . IVSTO
Pio • V icTORi . Clembsti
Qvi • Gallorvm • Amor • Hostivu • Terror
OrRIS • DELICIiS
/EtERN • TROPHiEVM S • P • Q R • PP •
M . DC XXXI I.
Cette figure a été brisée en 1792, et remplacée en 1818 par une
autre de formes plus athlétiques, due au ciseau d'Aimé Milhomme.
— La figure de Jacques, chose curieuse, était nn portrait que le
sculpteur avait diî prendre ad vivum dans un voyage spécial à
Paris*. Le peintre, dont nous ignorons le nom, qui fut chargé pro-
bablement à la môme époque de reproduire à Ilntérieur les traits
du souverain, dut-il aussi s'inspirer d'un modèle vivant ? Il est
certain qu*il y eut quelque analogie dans les deux travaux, et qu'il
serait intéressant de les comparer si Tœuvre sculptée existait encore.
A défaut de ce monument, nous devons conclure simplement
q,ue le roi était représenté au dehors du palais comme le monarque
victorieux des ennemis de la France, figurés par deux captifs en-
chaînés', et qu'il apparaissait au dedans comme le prince pacifica*
teur des troubles civils et religieux, le vainqueur de la Rochelle
et du parti protestant. L'imagination de Tartiste, aidé peut-être
du talent d*épigraphiste de Bergier ou de Baussonnet, se complut à
l'entourer de scènes réelles ou fictives et d'allusions transparentes,
relevées de citations et de textes traduisant l'opinion du temps sur
' Sur les conseils de M. de Sourdis, X. Jacquet est envoyé à Paris pour pren-
dre modèle de cette effigie. Conclusions du conseil de ville de Reims, du 24 juil-
let 1634. — Cf. H. Jadakt, Les Jacques^ sculpteurs rémois. Paris, 1890, p. 8,
27. Extrait du volume de la Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départe^
ments, A Paris, en 1890.
* Le Roy triomphant ou la statue équestre de l'invincible monarque Louys le
te, X 111 du nom, Roy de France et de Navarre^ posée sur le front de l'Hoslel^
'Ville de Reims, à la gloire de Sa Majesté, fan MDCXXXVI, par feu M. René
La Ghezk, Rémois. — Reims, Fr. Bernard, 1637, in-V avec planche gravée
nnant une vue de cette statue, sic^née : E. Moreau fecit et ex.
650 U\ PORTRAIT DE LOUIS XUI AVEC ALLEGOfilES.
ces victoires dues au génie de Richelieu. Il nous reste à décrire cas
allégories reproduites sur la planche annexe '.
Le panneau en bois, de forme oblongue, est formé de planches
assemblées et aplanies au rabot. Sa hauteur est de 1°,25 et sa lar-
geur de l^iSS, dimensions en rapport avec le cadre surmotilanl
habituellement les anciennes cheminées *. La peinture offre uu
mélange de couleurs vives et de grisailles dans les encadrements.
Au milieu, dans un cartouche ovale, se détache le portrait ite
Louis XIII, à mi-corps, la tète nue, vôtu en guerrier avec colle*
1/ rette, tenant un foudre de la main droite et un bouclier fleurdelisé
% de la main gauche \ Sous le bouclier se trouve une sorte de symbole
f; religieux qu'il protège et qui repose sur une table recouverte d'un
^ tapis ronge. Ce symbole se compose d*une statue de femme, la
{, Religion catholique tenant un calice surmonté d'une hostie ; à
^ côté, sur le môme socle, se dresse une petite croix en mêlai, l'ne
couronne fermée et fleurdelisée couronne le cartouche, deux palmes
l montent sur les côtés, et une guirlande de feuillages ainsi que des
t attributs guerriers décorent la base.
{ Au sommet, se trouve le titre sur une large dimperie tombante,
c- que soutiennent deux petits génies portant des écussons aux armes
de France et de Xavarre :
Lovis XIII ROY DE France
Et de Navarre protectevr
Et defeksevr de la foy
Et relligion romaine
De chaque côté de Teffîgie royale, se tiennent debout detri
femmes, figures allégoriques, en costume flottant et avec des attri-
buts symboliques : à droite du roi, la Paiœ, et, à sa gauche. U
Guerre, Tune et lautre sur des socles can*és portant des inscri|>-
• ' Photographie exécutée par XI. Victor Gharlier, employé à h Bibliothèque ilt
Reims.
^ Le Musée de Reims possède deux autres dessus de cheminée fort remar-
quables, TuD sur toile, dans son cadre noir et or du temps, offrant plyfinf*
figures, dont la principale représente la muse tragique : THAG^'EÛiA, sfftl^
date de 16Ï7; Tautre sur bois, orfrant la scène de Vukain et Vénm dam (il-
de Lemnos, avec la signature : Philipes MilUreau inr mtor ei plnjiL 16W.
(Catalogue du Musée, 1881, p. 73.)
^ Voir, ci-contre, planche XLIV.
1
1
VK PORTRAIT DE iOL'lS XIII AVEC AM.ÉGORIES. 651
lions. La Guerre est il^tiout coiffée d'tincaâfjuejeâ pieds chaussés,
le bras droit levé. On \\i aa bas :
Et durât Ceffroy de la Guerre^
Attacque aussi violamant
Les ennemis du tout puissant
Qu'est un gros chêne du Toonerrê.
La Paix est coiffée d'un chapeau de gendarme; elle tient tine
branche d'olivier d'une main et agite une lige de lis deTautre. On
lit au bas :
Durant la paix nô sans raison,
Nostre Roy sumomè le Juste,
Employé sa vertu auguste
Au bien de la Religion.
Au-dessous de lovale contenant le portrait, s'étend un cartouche
oblong soutenu par deux anges aux extrémités. On y a peint
le défilé d'une procession sortant d*une église et parcourant une
place publique : derrière les gens d'église tenant des cierges, un
évêque s'avance sous un dais tenant le Saint Sacrement, et à la
suite marche seul le roi tenant un cierge, puis les seigneurs dé sa
cour qui le suivent; en avant, se tiennent de nombreux assistants
découverts. Une banderole flotte au-dessus de cette scène, offrant
one légende presque totalement effacée et dont les premiers mots
^mblent être: me accepit...
Sur les côtés de cette décoration principale dont le roi occupe
le centre, se trouvent deux montants ou pilastres avec socles et
chapiteaux, qui sont garnis, sur toute leur hauteur, de cartouches
offrant les scènes accessoires allégoriques, quatre à droite, autant
à gauche.
Sur le côté droit du roi, à gauche du spectateur, quatre oar-
touches, avec scènes en couleur, se détachent de la base au som*
met des pilastres peints en grisailles. Chaque scène, dans chaque
cartouche, est accompagnée d'une banderole portant un texte en
latin qui en forme le commentaire.
Au sommet, le roi tout jeune présente une palme et des cou-
ronnes en courant sur son char, et la légende porte : hic metvxt
PALUAS BONI.
Au second rang, on voit le pape assis sur son trône et un clerc
tenant près de lui sa croix; en face, quatre personnages dont Tun
1
652 OX PORTRAIT DE LOtlS XIII AVEC ALLEGORIES.
ageDouillé présente au pape une croix à doubla tiiiyerse, une
mitre, une crosse et un chapeau de cardinal; l^autre per^nna^^e est
debout en costume de gentilhomme; deux religieux le suiveol,
tenant des bourses. L'inscription de la banderole supérieure est
effacée.
Au troisième rang, le roi siège sur son trône avec des gaides a
ses. côtés; en avant sont des gentilshommes, les uns à ijenom, les
autres debout, Tun d'eux tient une épée nue; une banderole au
bas offre ces mots : religio cvlta florvit.
Au quatrième rang» le roi se tient entouré de gentilshommes; au
fond se dressent une église du côté droit et un temple de Tautre^
figurant Tancienne religion et la religion réformée; le roi ordonne
de détruire ce temple bâti en rotonde; la légende inférieure est en
partie fruste^ on n'y lit que le mot : honor...
EnGn, sur le socle carré du pilastre, se déroule la cinquième
scène qui représente le siège d'une ville, probablement celui de
la Rochelle en 1627. Au bord supérieur de reneadremetit, on lit;
TELLVRE PROBITAS VINCIT.
Le côté à gauche du roi, et à droite du spectateur, contient éga-
lement cinq scènes superposées dans quatre cartouches et sur le
socle du pilastre.
La scène du haut offre la vue d'un chevalier lançant la fondre
sur des monstres qu'il écrase» et on lit sur la banderole : fi uiixi
REBELLES SENTIVIVT.
Au second rang, apparaît le roi sur son trône, avec deux <ijarde«
à ses côtés, congédiant quatre personnages. On lit au-dessus un
texte imparfaitement conservé : lyiiER... probra.
Au troisième rang, le roi, également sur son trône, reçoit rhoni-
mage de deux personnages iaclinés devant lui avec leur suite. La
légende porte au-dessous : impietas fvit gob^fligata.
Au quatrième rang, c'est-à-dire à la base du pilastre, on îoit te
siège d'une forteresse et l'incendie qui la dévore par endroits. Il
s'agit sans doute encore de la Rochelle, mais le texte est tllisible.
La dernière scène garnit le socle inférieur; c'est encore la îtte
d'un port et d'une flotte qui vient l'assiéger ou qui retourne
après la victoire, ce qu'expliquerait la légende du bas si
n'était effacée, sauf le dernier mot MVTAT.
Des trophées d'armes et des faisceaux de drapeaux garni*
V\ PORTRAIT DE LOUIS XIII AVEC ALLEGORIES. 653
les intervalles entre les cartouches; on y voit aussi des palmes et
des guirlandes, qui recouvrent presque entièrement le montant
des pilastres.
Tel est dans ses détails les plus minutieux le tableau allégorique
des actions du règne de Louis XIII, surtout au regard des luttes
de la Cour contre les protestants. Le portrait du roi, dont le visage
est légèrement dégradé, offre la figure du monarque à Tâge mûr
et dans la plénitude de sa force, qui ne fut jamais qu^éphémère en
réalité à cause de la débilité de sa constitution.
11 ne sera pas hors de propos de signaler en terminant les deux
autres portraits de Louis Xlll conservés au Musée de Reims; ceux-
ci le représentent dans son enfance ou sa première jeunesse. L*un
est une peinture sur toile d^u temps (vers 1615), qui nous montre
le fils de Henri IV en buste, avec une armure enrichie d'orne-
ments en or, le cou entouré d'une grande fraise, la tête nue et la
chevelure volante sur la gauche*. Cette figure a une grande ana-
'logie avec Tantre portrait qui est un dessin également du temps,
offrant le jeune Dauphin enfant, vu presque de face, reproduit
d'après Rubens (galerie de Médicis), selon les données du cata-
logue*.
Ajoutons encore, pour finir Ficonographie de Louis Xlll à
Reims, que lors du sacre, en 1610, on sculpta la statue du jeune
monarque dans des conditions assez curieuses et que Nicolas Ber-
gier nous décrit en ces termes : a Une statue de pierre solide, dit-il,
faite en buste à la façon des antiques, et représentant au plus près
que Tart de sculpteur se peut estendre, la figure et le visage du
roy, et à ceste fin avoit esté rapporté de Paris un pourtrait au
naturel de Sa Majesté des mieux choisis, qui servit de modèle à
M. Nicolas Jacques qui en fut rouvrier\ n II est donc certain qu^en
toutes les circonstances, les échevins de Reims se plurent à donner
la beauté et Téclat désirables aux portraits de Louis Xlll entrepris
' Achetée en 1846, fjgiiraiit au catalogue de 1881 srous le n** 26 de l'Iùole fran^
çaise, attribuée à Jean Martin (H. 0°*,60; L. 0"',52), p. 76.
' Provient de l'ancienne Ecole de dessin. Portrait au crayon rou[{c (haut. ()°',ld»
larg. 0<°. 16), attribution à l'école de Daniel Duoaonslier, dans \e Catalogue, 1881,
273, n* 58 des dessins.
' Le Bouquet royal ou Parterre des riches inventions qui ont setry à fEn-
'edu Roy Louis le Juste en sa ville de Reims, par \. Bkrgieu. Ueiins, 1637,
4", (" 50.
654 \0T1CE SUR SERGENT-MARCEAU.
par leurs soins et à leurs frais, tant au sacre du prince que dans la
décoration de leur somptueux Hôlel de ville.
Henri Jamrt,
Membre non rësidtnt du Comité <)#; s cocîé^
tés des Beaux- An s âe& dcpSLft^nieDts 1
Reims, Secrélaire ^épèrAl àe VAçtdéaut,
Bibliothécaire de la ville et Conaer^'atettr
du Musée de peioture et scpipttu'e.
XL
NOTICE SUR SERGEXT-MARCEAU
■m
PEINTRE ET GRAVEUR
L'histoire de Tart, comme celle de la littérature, nous présenta
les spectacles les plus opposés. Tantôt nous voyous des talents
germer dans un milieu obscur et paisible, se développer loin du
bruitdela ruedanslejour deTatelieret traverser la scène dtimotid«
sans autre préoccupation que Tart lui-même. La gloire jette sur
ces hommes privilégiés Téclat bienfaisant de ses rayons, et, si elle
ne leur donne pas toujours la richesse, du moins elle pénètre leur
âme d*une douce jouissance et d'uiie intime satisfaction, Taniùt au
contraire nous assistons à la mêlée turbulente des luttes politiques
où des esprits enthousiastes se jettent avec une ardeur fèhrîie, les
dirigeant parfois, le plus souvent entraînés par elles, en éprou-
vant les contre-coups violents et laissant à la postérité le reflet
puissant de leur époque dont l'empreinte est marquée dans chacun
de leurs actes publics, dans chacune de leurs manifestations arti^
tiques, dans leur œuvre tout entière.
Certes, si nous recherchions à laquelle de ces deui rite?
d'artistes a échu le vrai bonheur, si nous avions à dérider quels
sont ceux qui ont pu cueillir avec le pins d'agrément la fleur de b
beauté et goûter le charme de Tidéal, notre hésitation ue serait
> w
....-_ ^. ...... -î^l
l)nlt,1 U'hiIn
r.'ïmhi.M
HKUUi nui <nu» n]i^r-
PUorbc \I.V.
l'âgf u:i4.
PKO.\TISPICK ni. HISSKL I)K CHARTRES
(.RAilKK A LKAL-KORTE l'AR i;KRi;K\T
:M
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. 65»
pas longue et nous nous prononcerions ioiinédiatement pour les
premiers. Mais quand nous demandons à Fart de nous fendre la
sensation du passé, de ses aspirations et de ses souffrances, la vie
des seconds nous est un champ d'observation intense. Peu importe
qu'ils n'aient pas eu la flamme du génie. Pourvu quUls aient su
utiliser un talent personnel dans l'expression de la réalité, nbus
leur savons gré de nous faire mieux comprendre les temps agités
qu'ils ont connus et traversés. Les variations de leurs idées et leurs
vicissitudes nous intéressent au plus haut point, nous nous atta*
chons à eux comme aux personnages d'un drame passionné, et
nous ne nous lassons pas de relire et de redire leur histoire.
Sergent-Marceau fut un de ces hommes.
Dans la rue des Trois Maillets, paroisse Saint«Martin,à Chartres,
habitait, au dix-huitième siècle, un modeste arquebusier, Antoine
Sergent. Catherine Fremy, sa femme, lui donna, le 9 octobre 1751 ,
un fils, Antoine-François, qui fait l'objet de cette étude ^ L*arque-
busier devait fournir des attributs et des fantaisies de chasse sur
les fusils de sa fabrique. Aussi tout en reconnaissant que, dès la
sortie du collège, un goût naturel porta le jeune Sergent vers le
dessin, est-il permis de croire que la direction paternelle, en
l'obligeant à cette besogne professionnelle sur les armes, contribua
à orienter son talent vers l'art de la gravure qui devait illustrer son
nom. Les succès précoces qu'il obtint dans sa ville natale lui firent
d'autant plus sentir la nécessité d'aller se perfectionner à Paris. 11
passa trois ans dans l'atelier d'Augustin de Saint-Aubin. Il conquit
l'affection de son maître, fut chéri comme un fils par la belle
Mme de Saint-Aubin ', puis il vint s'établir à Chartres, où il se con-
sacra à des travaux variés, dont quelques-uns contrastent singuliè-
rement avec ses idées ultérieures. Car le futur conventionnel grava
des armoiries et fit des estampes pour bréviaires et missels \ Il
entreprit aussi, avec le concours de la municipalité, un plan de
* Habile deinnatrice au poiot d*avoir enseigné le dessin. Elle mourut avant que
9on fils ait pu la connaître. Il fut élevé par sa grand' mère maternelle. (Voir Pièces
anoeies, lettre k M. Maider.)
' Louise-\-iGolas Godeau, d'une .opulente beauté, qu'Augustin de Saint-Aubin
avait épousée, par inclination, en 1764. — Voir sur elle, outre la lettre à M. Mai-
der, l'ouvrage de Sbrgbnt, Fragment de mon album et nigrum, Brignolles,
1837.
^ Voir, ci^dessus, planche XLV.
636 NOTICE SUR SERGENT-MARCEA l ,
Chartres que les événements ne lui permirent pas de mener à fin,
et dont oji possède seulement quelques épreuves partielles très
rares. Il dédia ce plan à Son Altesse Royale Mgr le duc de Chartres.
Dans le prospectus rédigé par lui, il rappela avec attendrissement
les pèlerinages accomplis à Tautel vénéré de la liertfe par les
augustes aïeux du souverain qui faisait a le bonheur de la France m .
Déjà dans ce projet se manifeste Tadmiration que Sergent, même
au plus fort de la tourmente révolutionnaire, ne cessa de professer
pour les merveilles architecturales et sculpturales de la Tteille
basilique beauceronne et pour Y Assomption Aq Bridanqui lui sem-
blait tt un superbe morceau d. — Cependant, si là, au début de sâ
carrière, le jeune graveur ne faisait pas pressentir le futur jacobin,
la médaille qu*il grava pour les Chevaliers de l'Union (société de
danse instituée à Chartres, ayant eu des démêlés avec Tévéque
Robert de Fleury) ne laisse déjà aucun doute sur ses senltmenls
d^aversion envers le haut clergé.
M. Noël Parfait, à qui nous devons de si précieuses études sur
Marceau et sur Sergent, a extrait du Journal des annonces, affi-
ches et avis divers du pays chartrain plusieurs articles écrits
par ce dernier et qui nous renseignent sur ses goûts et sur sou étai
d*esprit en 1781 et 1783. Il s'occupait, en effet, de publier un
Recueil de gravures et priait ceux qui auraient des livres à tendre
ou à transformer en sacs et enveloppes d'enlever et mettre à part
les gravures de toute sorte, jusqu'aux lettres initiales et aux froD-
lispices permettant d*avoir des dates et noms d'imprimeurs. Il
offrait de les payer, sauf les doubles, 6 deniers pièce. Sa curiosfte
littéraire, scientifique, artistique, philosophique avait été évetllée
par la nature même de son esprit. Elle fut encore excitée par ta
société qu'il fréquentait, surtout par la société féminine. Et ici nous
n'entendons point seulement parler de celle à qui il drvait donner son
nom, maisces femmes d'esprit qui formaient un céuacle à Chartres t
Mme de la Garanchère, Mmes Mahon, de Rey, Mlles Janvier,
Olivier et Pelisson. Elles lui donnèrent le goût d'écrire et celui
d'apprendre les langues : Tilalien, l'anglais. Il ne demeura niétut*
indifférent ni aux sciences physiques ni à l'occulttsuie.
Ëii 1783, il entra en discussion au sujet d'un singulier sysL.
d'optique qu'il préconisait : suivant lui, les rayons visuels %ùv
de notre œil pour aller à l'objet. Il s'éleva aussi contre ceui
NOTICE SLR SERGENT-MARCEAU. Obi
prétendaient qu^un ignorant pût être un artiste parfait. Le maître
qu'il rêvait devait être instruit dans toutes les branches des sciences
fanmaines. Il invoqaait» à Tappui de sa thèse» Texemple de
Rubens, de Poussin, de Falconet» de Greuze, et faisait valoir
jusqu'au sentiment de Pline.
La même année, parut le Magnétisme, une des premières pro-
ductions intéressantes de Sergent, pièce curieuse où Ton voit les
effets que produisit, surtout surle beau sexe, le baquet de Mesmer.
La gravure joint à une spirituelle exécution le mérite de Tintérêt
historique. Aussi nous ne nous étopnons pas des prix qu'elle a
atteints dans les ventes d'amateurs. (V. Gazelle des Beaux-Arts,
t. IV, p. 306, et Gustave Boocard» les Estampes du dix^huitième
siècle, guide manuel de l'amateur.)
Paris, qui de nos jours exerce un attrait presque irrésistible sur
les artistes, produisit le même effet sur Sergent. Voyant sans doute
que la province ne pouvait suffire à son besoin d*activité, et peut-
être aussi obéissant à des aspirations secrètes sur lesquelles nous
aurons l'occasion de revenir, il quitta Chartres pour aller résider
à Paris. De cette période date une de ses premières œuvres les
plus connues, la Galerie des personnages célèbres de V histoire de
-France, sorte de tableaux historiques gravés en couleur avec texte
au bas, qu'il fit pour le compte de Blin, imprimeur, place JL-mbort.
et dont les livraisons furent mises en vente de 1787 à 1791. C'est
aussi à la même époque ou à son séjour antérieur à Chartres que
l'on doit faire remonter la gravure de scènes familières exécutées
par lui d'après ses dessins {Enlèvement de mon oncle, la Foire des
barricades à Chartres, etc.) ou d'après d'autres artistes (Hauy
d après Favart et Monsieur d'après Duplessis).
Déjà, cependant, avec l'année 1789 s'annonçait le mouvement
réformateur qui bientôt devait devenir révolutionnaire. Sergent,
avec son caractère expansif, n'y pouvait rester indifférent. Il
. embrassa les nouvelles idées avec enthousiasme et marqua la nou-
' velle évolution de ses sentiments, en publiant la caricature du
Seigneur des abus, ainsi que la Soirée et la Nuit du \^ juillet
1789. Dans la Soirée, un peloton de gardes françaises du dépôt,
ulevard Chaussée d'Antin, repousse un fort détachement du
3yal- Allemand. Dans la Xuit, le peuple parcourt les rues avec
flambeaux et crie aux armes.
43
65» NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU
Dès lors sa vie artistique va être intimement liée à sa vie
publique \ et celle-ci aux événements principaux de Paris sous la
Révolution. Il préside, en 1790,1e districideSaint-JacquesTHôpital.
SecrètaH-e du club des Jacobins, il demande la libre publication des
ouvrages littéraires et s'érige en protecteur de soldats insoumis et,
parmi eux, de Davout.Of6cier municipal en 1792, comme plus tard
conventionnel, s'il fait partie des Comités les plus violents, s*il ne
protesta pas immédiatement contre les massacres de Septembre
auxquels nous croyons qu'il fut cependant étranger, si même on
Ta accusé d'en avoir été Tun des instigateurs, s'il est Tami de
Marat^ et mérite à ce titre de figurer à ses côtés dans le Thermo*
mètre du sans-culotte de Caralfe, il déteste Robespierre et sauve
beaucoup de victimes : Gossec, Tartiste Larive, Tabbé de Barthé-
lémy, le marquis de Chateaugiron, etc. Et, comme un bienfait
n'est jamais perdu-, à l'heure de l'adversité, il trouvera dans ceux
qu'il a sauvés et dans leurs familles le souvenir reconnaissant et
l'appui qui Taideront à ne pas tomber dans la misère ou à finir
tranquillement ses jours.
Les événements tragiques qui se déroulaient à Paris ou sur les
frontières ne lui firent pas perdre de vue que la grandeur artistique
est indispensable à un peuple qui veut se maintenir à la tête des na-
tions. Si, à cet égard, il tomba dans de regrettables erreurs de goût
et d'idées, on ne doit pas oublier dans quel milieu il vivait et quelle
fut l'atmosphère surchauffée dans laquelle s'agitaient les esprits
surexcités et le sien plus excitable qu^'un autre. Président de la
Société populaire des Beaux-Arts à Paris, il y joua un rôle des plos
actifs. Ne réva-t-il pas la création d'un nout^eau costume dégageant
le citoyen a des entraves sans dérober les belles formes du corps «?
En fait, il dessina le costume sans-culotte que Chenard inaugura à
la fête civique du 24 octobre 1792 et qu'adoptèrent les membres da
Conseil général de la commune. Ce costume ne devait présenter de
difi*érence entre les citoyens que parla qualité des étoffes etatait,
dès lors, pour des esprits égalitaires, le vice inaperçu de marquer
la prééminence de la richesse. Il ne devait être porté qu'à vingt
• Voir Carte (Centrée à la Cofwention,
^ Au Salon de 1793 (n® 257), Sergent eiposa un dessin de la Liberté ass^
Us débris d'un trâne et appuyée sur un vase cinéraire qui contient les re
Le Peletier et de Marat.
NOTICE SLR SERGENT-MARCEAU. i> jî> '
et ua ans et devait tenir lieu de la robe virile des Romains. C'était
vouloir transporter chez nous des institutions qui n'y avaient pas
raison d'être. Répondant à la dénonciation violente de Wicar
contre les gravures indécentes, Sergent montra que les tableaux
mythologiques représentant Danaé, Léda et les amours des dieux
étaient nécessaires pour donner . une idée de la religion des
anciens.
Son influence artistique ne se fit pas seulement sentir dans les
sociétés populaires, elle fut puissante à la Convention où il siégea,
dans les fonctions diverses dont il fut investi, dans les missions
qu'il eut à remplir. Avec Guyton et Barrère, il fit partie de la
commission établie pour fa conservation des monuments des arts
et sciences.
Les malveillants avaient dégradé les chefs-d'œuvre de sculpture
placés dans le jardin des Tuileries. Sur son rapport, la Convention
décréta que ceux qui seraient convaincus de semblables méfaits
dans ce jardin et autres lieux publics seraient punis de deux ans
de détention. Des patrouilles furent prescrites le soir aux Tuileries.
Comme inspecteur de la salle, il fut chargé avec Ficquet de juger
le concours ouvert pour la décoration d*une pendule décimale et
fit ainsi mettre la grande horloge de Lepaute au fronton du château «
Sous sa direction, les travaux d'embellissement du jardin des Tui-
leries furent entrepris par Gisors. Au nom des Comités d'instruc-
tion publique et des inspecteurs de la salle, il fit créer ou rétablir
unegarde de soldats invalides devant veiller sur a les chefs-d'œuvre
sortis des mains du peuple de Rome n et ornant les jardins des Tui-
leries et du Palais-Royal. Dans la même séance du 13 avril 1793,
fut encore voté, sur sa proposition, un décret destiné à prévenir la
destruction des monuments qui portaient les attributs de la royauté
et ordonnant qu'une commission spéciale aurait seule droit de pro-
poser à la municipalité les changements d'attributs qui seraient
jugés nécessaires. Disons en passant que c'est à lui que nous devons
de voir à l'entrée des Champs-Elysées les chevaux de Marly, chef-
d'œuvre de Coustou.
Son biographe, ou pour mieux dire, son panégyriste, M. X'oël
'arfait, a raison de le proclamer créateur, avec David, du Muséum
rançais. Le rapport que Sergent lut dans la séance du 25 juillet
"793, an nom de la Commission des monuments dont il était Tàme,
660 NOTICE SUR SE RGENT-M ARC E .1 L \
nous nmntre son admiration pour les premiers êlëmeoLs déjà réuniâ
au Louvre. Il proposa d'y faire transporter les tahleaux et slalues
se trouvant à Fontainebleau et au Luxembourg, et ceux qui pro-
venaient de confiscation. Pour enflammer Tardeur de J*Assemblèe,
il eut recours même aux souvenirs de la grandeur antique et aRirma
incidemment qu'au nombre de ces monum^^nts précieux il en était
un qui avait figuré dans les bonneurs d'un triomphe romain. Le
projet de transfèrement fut adopté, et la Convention vota qu'une
subvention annuelle de 100,000 francs serait destinée aux achats.
Au mois de septembre 1793, il était en mission k Chartres <iiec
un de ses collègues de la Commission des monumenlf^, le peinlre
Lemonnier. Dans la remarquable étude de XL Courajod, intitulée
la Révolution et les Musées nationaux ^ on ne peut lire sans tristesse
le procès-verbal des objets qu'en présence des administrateurs At la
ville et du département les commissaires enlevèrent soit de la
châsse de saint Théodore, soit de celle de la V ierge qui était une
des principales beautés de l'ancien trésor dn la {cathédrale, Celait
assurément un acte d'odieux vandalisme que notre époque ne peut
comprendre, mais qu'explique, sans le justifier, le moment de son
accomplissement. A ces camées antiques, détachés ainsi des reli-*
q^uaires dont ils faisaient partie intégrante et qui furent transportés à
Paris, il faut ajouter des bas-reliefs^ ayant appartenu â Saint-Père et
attribués à François Marchand, qui furent promenés de Chartres au
dépôt de IVesle, et de là à Saint-Denis. M. labbé Sainsot, qui nous
signale, avec M. Courajod, ce premier épisode de la mission Ser-
gent, nous fait voir son rôle en partie bienfaisant dans la suite de
cette mission. En novembre 1793, le Conseil général JVEure-et-
Loir, acceptant les offres d'un citoyen Sainsol, arrêtait que tous le^
saints et autres signes de superstition qui entouraient le portail de
lléglise et d'autres lieux extérieurs seraient enlevé*. Déjà Saïusot
avait enlevé et brisé six statues du porche septenlrional, quand Ser-
gent intervint, s'opposa énergiquement a la continuatiou de celle
besogne barbare et sauva ainsi les statues encore debout. Revenu à
Chartres le 16 décembre, Sergent présida à un autodafé ou furent
jetés beaucoup d'objets de culte, tels que missels, lutrins, boiserie-s
réputés inutiles. Comment expliquer, si ce n'est par lateu^leoi
du fanatisme, cette conduite de Sergent qui, dans sa jeunesse, l
lectionnait jusqu'aux gravures les plus insignifiantes et s'eSbr
NOTICE SUR SERGEiyT-MARCEAU. 661
de les sauver de Toubli ? Heureusement, il pensa et fit observer
que Torgue pouvait contribuer à Téclat de la Fête de la Raison et
obtint, par ce moyen, sa conservation. Le rapport de Sergent sur
l'organisation des fêtes décadaires à Chartres mériterait d'être cité
en entier. Ici Tartiste domine le fanatique, et Tart, dans une large
mesure au moins, reprend ses droits. Pour Sergent, tout imprégné
cependant des idées païennes de David et de ses contemporains, la
cathédrale de Chartres est un des plus magnifiques monuments
qu'il y ait en France. Tout dans cet édifice lui semble grand
et pur : style, construction, hardiesse, voûte, clochers, sculp-
tures en tous genre. Elle sera toujours pour Chartres un objet
d'orgueil et une cause de richesse, car, quand la liberté sera
assurée par la paix, les voyageurs viendront Tadmirer de toutes les
parties de Tunivers. Au nom de l'histoire et de l'art. Sergent pro-
posa d'arrêter qu'il ne serait détruit aucun des morceaux de sculp*
ture ornant le temple, et spécialement de conserver ceux qui sont
autour du chœur. Cependant, selon lui, il faut abattre les chapelles
do pourtour, arracher les grilles et les envoyer pour fabriquer des
armes à Paris, renverser les autels et les remplacer par des urnes
sur le pied desquelles on lira des inscriptions patriotiques. Les
tableaux de marbre de l'intérieur lui semblent de mauvais goiit et
doivent disparaître, sauf deux à garder pour y mettre des inscrip-
tions. Deux massifs de pierre, formant l'entrée du chœur, serviront à
constituer la tribune. Les stalles disparaîtront aussi. Quant à la figure
de Y Assomption, on appellera son auteur Bridan, qui seul peut y
faire les changements nécessaires. Cela était sans doute une allusion
à Taudace de Sainsot, qui avait fait de Y Assomption une statue
de la Raison et des trois anges du groupe trois génies ayant sur la
tête une langue de feu, allumée les jours de fête. Les idées de Ser-
gent ne furent pas mises à exécution. On se borna à adjoindre au
chœur des tribunes ou amphithéâtres avec inscriptions et symboles
révolutionnaires.
Dans le même mois de novembre 1793, à roccasion d'un rapport
de Chénier sur l'instruction publique. Sergent rappela que l'As-
«omblée constituante avait décrété l'érection d'un moiuiment à
an-Jacques Rousseau ; la Convention décréta que ce projet serait
nis à exécution.
Nous ne nous arrêterons pas à certaines particularités de la vie
1
662 \OTICE SUR SE RGENT-M AHCE A U.
de Sergent qui n'ont point trait aux arts, et nous ne les mention-
nerons qu'en passant pour compléter les traUs de sa physionomie.
•Signalons à ce propos quMl prit le prénom d*AndrophiU\ el qu'il
présenta un amendement utile lors de Tinstitulion de rÈcole uor*
maie. Dans la séance de la Convention du 17 brumaire ao 11, un
ancien curé du diocèse de Melun ayant déclaré en termes gros-
siers se défroquer etayant demandé une pension, SergenI réclamt
Tordre du jour, en se fondant sur ce que ce prêlre ne pondait être
sincère.
Jusqu'à présent, nous ne nous sommes occupés que de la vie
publique de Sergent. Nous ne devons pas laisser dans Tombre ^î
vie privée, car Tart lui-même y eut une part considérable en favo-
risant ses vues romanesques, et lés affections qu'il ressontit noui
expliquent dans quels sentiments de tendresse il reproduisit le«
traits de Marceau et de la sœur du jeune général. Sergent, dan^ §&
jeunesse, avait entrevu chez son ami Foreau la sœur de 1\1 arceau,
et la physionomie de cette jeune fille avait éveillé dans son âme ici
premiers feux d'un amour platonique. A son retour à Chartres, il
avait retrouvé son idole, séparée de Champion de Cernel son pre-
mier mari et malheureuse. Il lui avait donné des leçons Je dessin.
Puis Marie (plus tard appelée Emira) Marceau s'était retirée dans
Tabbaye de Louye, vivant dans la continuelle société de Tabbesse,
Mme'Duportal, visitant avec celle-ci les pauireE: et les malades.
Sergent la décida à venir prendre pension à Pari», Il lui enseigna
la gravure, comme jadis il lui avait appris le dessin. Elle fut,
parait-il, assez habile pour exécuter plusieurs portraits de sa Gakrii
des personnages célèbres, et arriva à se fiiire apprécier comme
artiste. Quand, après l'affaire de la Légion, Marceau fut incarcéré
à Tours, Emira alla voir sou frère. Sergent l'accompaj^nait. De là
ils se rendirent à Saumur pour obtenir des représentants du peuple
alors réunis dans cette ville que Marceau comparût devant eui.
Sergent fut assez heureux pour faire admettre cette requête, el il
déposa sur le bureau du président un mémoire énumérant les ser-
vices de Marceau, qui fut absous. De retour à Paris, les deux artistes
continuèrent à vivre sous le même toit, rue Honoré, n" 14-49. et
à y mener une existence assez simple. Emira avait chez elle h P
une vache, six poules et deux canards. Elle possédait, en outn
Marolle, une maison où elle élevait des bestiaux. Dana ce comme
NOTICE sua SBRGKNT-MARGEAt. 663
de chaque jour, s'accentua et grandîl le culte de Sergent pour Mar-
ceau et pour Emira.
Bientôt vinrent les jours sombres^ et, à leur suite, les débuts
d*une odyssée qui, sauf quelques intervalles de retour dans la patrie,
les promena de ville en ville sur la terre étrangère. On accasa Ser-
gent d^avoir excité les Sections à la révolte, et, le 13 prairial 1795,
on lança contre lui un mandat d'arrestation. Averti par Courtois,
il quitta furtivement Paris et se cacha quelque temps â Vaux, chez
M. dTssieu. Emira ne tarda pas à le rejoindre, et, devenue libre de
tout lien civil avec Champion de Cernel, elle épousa son ami mal-
heureux. De Vaux, ils gagnèrent la Suisse au milieu de difficultés
multiples' et, après des courses inutiles, allaient se fixer à Bàle,
où ils furent soutenus par Tamitié reconnaissante de Tambassadeur
Barthélémy, neveu de Tabbé de ce nom, et parla bienfaisance non
moins reconnaissante d*un émigré français, M. Rulhières.
Profitant du^ décret d'amnistie du A brumaire an IV, Sergent se
rendit avec Emira près de Marceau. Ce fut alors qu'il fut pris, puis
relAché par les Autrichiens. Dans une lettre au Journal de Chartres
(n* du 21 juillet 1839), il a raconté les détails d^une entrevue
avec le général, qui se souvenait d'avoir été porté tout enfant sur
les genoux de son beau-frère et le confondait avec Emira dans sa
confiante affection. Sur le point de se séparer d'eux, Marceau
supplia Sei*gent de ne jamais l'oublier et de joindre le nom de son
épouse à son nom propre. Dans cette même année, Sergent et
Emira avaient voyagé à pied, pendant un mois, à travers la Suisse,
et consigné le récit de leur voyage sur le livre de Tabbaye des
Bénédictins d'Engelherg. Ce n avait été là qu'une distraction de
vacances. A Tordinaire, leur vie en Suisse fut laborieuse. Ce
n'était pas certes en vain qu'ils avaient fait venir de Paris meu-
bles et effets, et l'attirail artistique. Sergent continuait à graver.
Quand ils quittèrent la Suisse pour rentrer en France en 1797,
ils laissèrent leur mobilier en dépôt chez le citojnen Micq. Une
lettre au ministre des finances Ramel nous édifie sur les diffî-
I Ils purent cependant, avant de partir, se procurer un passeport. Du moins
est ce que déclare Sergent dans une lettre du 6 messidor an VII au ministre des
inances. Cette lettre est uue supplique. Aussi s'explique-t-on pourquoi il se garde
^'"Mk de faire allusion aux causes politiques de son premier exil et parle seulement
l'attrait artistique que Baie avait exercé sur lai.
664 XOTICE SUR SERG ËNT-U A HC E .itJ.
cultes douanières quMIs éprouvèrent el sur les craintes tjuVc
Tan VII ils avaient d*une entrée des Autrichiens à Bàle, De retour
à Paris, ils poursuivirent leurs travaux de gravure, en même
temps qu'ils donnaient leurs soins à un procès d'Ëmira avec ses
parents.
Au bout de peu de temps, le ministre Bernadolte nomma Tei*
conventionnel commissaire du gouvernement près des hôpitnm
militaires, charge quMI remplit pendant quatre ans. La dècisiaa
ministérielle fut, comme l'observe M. Noël Parfait, une réponse à
Taccusation qui avait été dirigée contre Sergent et lui avait
imputé, bien à tort, croyons-nous, d avoir soustrait nne agate
pendant ses fonctions précédentes ^ .
Le portrait de Marceau, gravé en couleurs, œuvre très impor-
tante au point de vue historique, figura au Salon de 1798, En
juillet de la même année, l'auteur écrivit à Goupilfeau de lion-
taigu une lettre dans laquelle il proposait de faire distribuer ce
portrait ou un semblable. Le député Abolin combattit avec succès
cette motion, et le Conseil des Cinq-Cents passa à Tordre du jour.
Néanmoins Sergent et Ëraira voulurent offrir ce portrait àcelt*
Assemblée. La lettre d'envoi, comme il fallait lùen s'y attendre,
respire un enthousiasme délirant pour le héros.
L'année suivante, Sergent exposa, sous le n*" 295, un deslîr»-
aquarelle représentant le costume des filte^ suisses, L'auteur
habitait alors au Rosental, à Chaillot, n" 1. Dans le jardin \far-
beuf, connu sous le nom d'idalie, était installée une ferme avec
vacherie suisse que desservaient des paysannes bernoises ou
originaires de la forêt Noire. Elles lui servirent de modèles pour
ce dessin où elles nous apparaissent 'groupées dans rintédenr
d'une chambre suisse, et se livrant a divers traïaux. Il donna, au
Salon de 1801, Y Ermite du Colisée Robert et un portrait de
femme (dessin).
Dans les premiers jours de 1803, sous prétexte de complicité
morale avec les auteurs royalistes de la machine infern»lp, un
ordre du gouvernement obligea un certain nombre de républicains,
el parmi eux Sergent, à quitter la France, Sortant d*une loniîue
maladie, Tex-convenlionnel et sa femme se dirigèrent vers Tll.
* Voir cependant Michelkt, JHistoire de ia Hétoiuihn.
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. U(>5
Ilsemmenèrent avec eux leur neveu, Âgé d'environ quatre ans et
demi, dans une calèche' leur appartenant. Quant à eux, toujours
intrépides voyageurs, ils marchèrent à pied et n'entrèrent dans
leur voiture qu*à cinq lieues de Genève, parce quMl se mit &
pleuvoir. Munis, de quelques recommandations, ils restèrent un
an environ à Milan et cherchèrent à y gagner leur vie honorable*
ment, la femme en s'adonnant à Téducation des jeunes filles, le
mari en s'occupant d'un grand ouvrage : là Tableau de l'Univers
et des connaissances humaines, qui devait contenir 300 planches
coloriées, mais qui fut arrêté après quelques livraisons.
De 1804 à 1809, ils résidèrent à Vérone, Padoue, où en 1805
ils connurent le feld-maréchal comte de Bellegarde, Venise.
Détail touchant, qui honore la mémoire de Marceau et celle de
Tarcbiduc Charles, en souvenir de son jeune adversaire, le
prince autrichien étendit sa protection sur la sœur et le beau-frère
du général français.
Sergent a laissé le souvenir de ses impressions sur la reine de
l'Adriatique dans un Coup d'œil sentimental et physique ' qui,
si nous ne nous trompons point, n'a été publié ni en Italie ni en
France même. Se piquant d'avoir le cœur sensible et la fibre
délicate avec une propension à la mélancolie, myope etd'un esprit
observateur, il s'attache malheureusement plus aux hommes
qu*aux monuments de l'art. Si nous n'étions pas restreints par le
champ de notre étude, nous aimerions à le suivre dans ses pro-
menades vénitiennes et nous mêler avec lui à la foule des
badauds, entrer dans les cafés de Plorian, de la Reine de Hongrie,
du Génie, de la Concorde, fréquenté par les juges et les avocats,
de la Fama, de la Victoire, des Filarmonici, où les chanteurs et les
compositeurs se coudoient aux danseurs et aux sauteurs. Xous
lirions de curieux détails sur des mœurs peu édifiantes. Xous
admirerions la Merzeria ornée pour l'entrée du vice-roi Eugène.
Nous surprendrions le jeune amoureux causant doucement avec
sa belle à la faveur d'une sombre nuit. Car on se soucie peu de
Téclairage nocturne. En 1807, Sergent n'eut-il pas l'idée d'un
Ecrit à Brescia en 1814. M. le professeur Garbelli, bibliothécaire de la Que-
iana à Brescia, nous l'a signala, ainsi que beaucoup d'autres pièces annexées k
re étade. C'est ud devoir pour nous de le déclarer et de lui témoigner notre
(* gratitude.
I
666 NOTICE SLR SERGENT^M ARCE Jï U
projet économique avec réverbères? Quand il Ht |iarL de son
projet au premier magistrat de la cité, celui-ci lui répondit ; s. Od
a toujours vu assez clair à Venise depuis des siècles : nous n'aroos
rien à attendre de vos eipédients. » Et les choses en restèrent là
jusqu'à ce que Napoléon les eût fait changer. Ce que nous cher-
chons, ce sont des impressions sur Part. Rien sur les monuments,
rien sur les Musées. Patience cependant. Nous aurons des im])re$-
l: sions spéciales d'art si nous voulons bien passer à Sergeut quel-»
I ques invectives anticléricales. Nous souciant peu de semblables
I diatribes, nous irons avec lui assister à Tinstallation d'un curé de
I paroisse vénitienne. Nous voilà, en plein, dans tin décor singulier
^ et, par certains côtés, artistique. « A Venise, rinstallatioti du curé
I u dans sa paroisse est annoncée dès la veille par le son bruyant
^ tt des cloches de son église... On orne les fenêtres, les portes des
r tt maisons, on placarde des sonnets sur les murs : sonnets pour
l A lui. pour son père, pour sa mère, pour toute la famille. Oo
^' a transforme les boutiques en décorations théâtrales avec un i^oiit
{ tt admirable... Quand la nuit survient, elles prennent plus trèdai
u à cause des lumières réfléchies par les facettes agitées des lus-
'/ a très de cristal et par une grande quantité de glâces. Les rues
u aussi sont éclairées a giorno : le peuple circule en foule jusqu'à
u onze heures ou minuit autour du spectacle. On n'y risque rien
a que d*être volé : sans ce petit inconvénient^ trè^ fréquent a
a Venise, tout est dans le meilleur ordre possible. Dans une place
a voisine de Téglise où assez ordinairement est la maison que
tt doit habiter le curé, on élève une baraque de bois à quatre
i faces, tapissée de vieux chiffons de damas, de velours* d'autres
^ étoffes de soie de toutes couleurs, ornées de clinquants, tie
tt dentelles, d'oripeaux, relevées par des fleurs très lielles, par dei
tt branches de laurrer (cet arbre est consacré à Venise pour toutes
a les fêtes). Ce monument triomphal est couvert aussi^r par quel-
u ques grossières peintures et décoré de sculptures. A cùlê d'uD
Cl saint Jean s'élève une Pomone ; Mercure, Hercule, figurent
« près d*un saint Philippe, d'une sainte Agnès... Dans toutes ce^
<( décorations d'église, soit intérieurement, soit extérieurement.
tt on ne pourrait juger de Topulence et du bon goût des Vt
tt tiens A quelque distance de ce risible trophée, s'élève
tt amphithéâtre dressé de même, sur lequel sont placés des m\
\OTICE SUR SERGEXT-MARCEAII 667
» ciens qui exécutent des morceaux des plus célèbres composi-
.a teurs, malgré le bruit étourdissant des cloches et le fracas des
tt pétards que la canaille jette aux fenêtres, d*où les valets ripos-
à tent par des paquets de serpenteaux enflammés. Dans cette
« place ou tout près de là, on a dressé sur des tréteaux (sic) un
« petit théâtre qui rappelle ceux de Thespîs : les acteurs sont
tt quatre ou cinq faquins (c'est le nom qu'on donne en Italie aux
tt hommes de peine, aux porte-faix du coin des rues), le visage
tt enfariné, barbouillé de lie, de noir de fumée, la tète couverte
«d'une énorme perruque blanche à moitié pelée, etc.. A deux
a pas de ces farces misérables est la façade de Téglise ; au-dessus
tt des portes sont suspendues d^énormes guirlandes. Plus elles
tt sont lourdes et épaisses, plus elles sont admirées... Sur les
tt contours arqués de la principale porte sont placés à califourchon
ttdeux petits anges dorés en adoration devant le Sacrum... Pres-
tt que toujours on voit sur la porte de la paroisse ou sur celle de
ttTéglise le portrait du défunt... » Le Coup d'œil sentimental dL
d'autant plus de prix pour nous que les renseignements nous
manquent sur le séjour, de Sergent à Venise qui dura six ans.
Dans le Fragment de mon album et nigtum, Tauteur fait une
courte allusion à sa servante Xina, à son amie la comtesse Michieli,
auteur de six volumes sur les fêtes de la République, et à un
voyage de cent lieues à pied, avec son épouse et son neveu,
en 1.807, dans les environs de Venise et dans le Frioul. Et c'est
toul.
Enfin voici les époux Sergent à Brescia, jouissant d'une meil-
leure situation depuis Wagram, grâce à une circonstance inespérée.
Après cette bataille, Tancien aide de camp de Marceau, Constantin
Maugars, blessé à l'hôpital, sollicita de TEmpereur une pension
pour la sœur de son ancien général. Le lendemain, un décret
impérial accordait à Emira une pension annuelle et viagère de
1,200 francs. Sergent avaitquelques créances qu'il lui était difficile
de faire rentrer \ Son séjour se prolongea pendant sept ans à
Brescia. Nous connaissons assez les époux Sergent pour savoir
* Le général Donnadieu, Lampron fils, Garnerin l'aîné, Chardin, le chevalier
les, le libraire Scboël étaient, en 1814, ses débiteurs. Schoel avait exercé, en
•1 VII, le commerce de libraire à Bàle, et Sor^jent lui avait alors vendu des
»^mpes.
668 NOTICE SLR SERGENT-MARC E U^
qu'ils n'y demeurèrent pas inaclifs. Ils ouvrirent pour jeunes gens
et jeunes filles des cours de dessin. Mme Sergent oOVit même d'ea-
seigner gratuitement les jeunes filles pauvres; le 29 jiinuier lïïlï,
le podestat, comte Baluccanti, lui adressa de cliauiles félicitatiom
pour son dévouement désintéressé. Ils conquirent beaucoup de
sympathies à Brescia et s'y lièrent ^vec deux compalriotes:
M. Deby, ancien payeur divisionnaire de Tarméc irilalie, pt
M. Julien, le fondateur de la Revue rétrospective. Servis par une
domestique montagnarde, vivant dans un intérieur modeste, \h
donnèrent cependant des soirées recherchées, Ine fois pur
semaine, on jouait aux jeuï de société. Une fois par mois, a^ant
pour acteui:s leurs élèves. Sergent faisait voir la fantasmogcne &u
les ombres chinoises. Puis on dansait. Comme Tétiquette ue per-
mettait que des robes blanches pour vêtement des jeunes filles ti
des fleurs pour leur coiffure, on appelait la réunion : & le bal de
printemps de M. Sergent. »
Il y avait longtemps que Talma, instruit par Tètudc de rhistoire.
avait médité et réalisé en France la réforme des coutumes sur la
scène, réforme déjà tentée par Lekain. L'Italie était à cet éf^^rJ
restée bien en arrière. Sergent, qui était grand amateur de lliéâlrf»
prit goût à la question et résolut de faire en Italie par la plume et
le burin ce que Talma avait fait en France. Il écriiit, en }Sl% SuUû
riforma da far si net vestimenti teatrali. Il projeta en même
temps un grand ouvrage sur les costumes des peuples. L*^
28 juillet, il demanda à TAlhénée de Bréscia la prrmis.^ion d'eu faire
lire le discours préliminaire. L'ouvrage portait pour titre ; Cos-
tumi dei popoli antichi et moderni^ ;\e premier fascicule parut
en février 1813. La préface n'est autre que le discours prélimi-
naire lu Tannée précédente à Brescia. Cette préface est vniiuienl
curieuse. L'auteur y célèbre la paix, et il émet Taugure que les
souverains de l'Italie protégeront son œuvre. Il salue en eus des
princes jaloux de conserver la gloire des pay« soumis à leur domi-
nation. Répondant à certaines critiques, il déclare qu'il a choisi
les modèles les plus élégants parce qu'il écrit [»oiir le théâtre. A
propos du frontispice, composition allégorique sans grande valeur,
il insiste sur la nouveauté du genre de gravure adopté par h
' A Milan, chez Fortuoato Stella, libraire, contrado Sanla \îarj^bcrîta.
XOTICE SLR SKRGENT-MARCEAU. 669
fait allusion aux succès qu'il a obtenus ^ Les estampes qui accom*
pagneut le volume et qui sont, comme le frontispice, en couleurs,
ont trait aux rôles de plusieurs pièces alors en vogue en Italie :
le Virginia d'Alfiçri, le ballet du Ritorno d'Llisse in Itaca, etc.
Les Costumi furent l'occasion de lettres échangées de 1812 à
1819 entre Sergent et Stella. Nous les publions à la fin de notre
mémoire. Il y est question non seulement des Costumi, mais du
Louvre et de l'art de la gravure en France et à l'étranger , de des-
sins qu'entreprend Sergent, et aussi soit de ses embarras d'argent,
soit de son fils adoptif, Agatbophile Berchet-Marceau, ancien
élève du lycée de Casale, qui fut employé chez Stella, et qui,
littérateur dans ses loisirs, entra plus tard dans la direction des
travaux publics du royaume lombard-vénitien. Mous n'avons pas
besoin d'insister sur l'intérêt qu'elles présentent pour la connais-*
sance de l'homme et de l'artiste. Nous ne sommes pas surpris de
l'admiration que Sergent professe pour les gravures françaises,
surtout pour les premières estampes de Moreau le jeune. Mais,
tout en voulant être impartial, peut-être est-il téméraire quand il
met au-dessus de tous Chodowicki, de Dantzig, aux talents variés,
à la fois peintre eA miniature et émail, dessinateur et graveur. En
cela du moins il était d'accord avec beaucoup d'amateurs de la fin
du siècle dernier. Le Manuel de l'amateur d'estampes d'Hubert
et Rost (Zurich, 1797) se confondait en éloges sur Chodowicki
et le classait parmi les grands artistes dans son genre, soit pour
l'originalité des idées, soit pour l'esprit d'exécution. Deux gra-
veurs italiens furent en relations particulières avec Sergent. X'ous
présumons que ce fut pendant son séjour à Venise qu'il entra en
rapport avec Francesco Novell i. Ce graveur, en effet, naquit dans
cette ville en 1764. Élève de son père Pietro-Antonio, il travailla
' Texte original : « A colori in guisa aiïato nuovo e sconsciuti degli incisori
d'Ilalia e nella quale mi fu da parccctii anni accordata una cerla faroa dai Profes-
sori di Pittura, d'Iacisione el dal Pubiico. {Legassi il Guide des amateurs, par
Hubert, ediz. di Zurigo, e Y Opéra sugli Incisori, estampala in Sienno, el nome
Sergent, Ant. Franc.) »
Traduction : c En couleur» à la manière nouvelle, inconnue des graveurs ita-
3S, dans laquelle, il y a peu d'années, j*ai obtenu un certain renom chez les
fesseurs de peinture, de gravure et dans le public. {Lisez le Guide des ama-
rs, par Hibisrt, édit. de Zurich, et V Ouvrage sur les graveurs, imprimé à
ane, au mot Sergent, Ant. Franc.) »
1
670 NOTICE SUR SBRGENT-M AltC£.lL\
en 1815 à un Almanacli pour Stella. A ce propos, Sergent le
critiqua et lui reprocha sa froideur dans les effets et sa lourdeur
qu'il attribuait à la pratique presque exclusive des sujets relî^^fieiii.
Et de fait, Kovelli grava surtout d'après Titien, Manti^jjtja el
Raphaël. Quant à Longhî, Sergent paraît attacher beaucoup i!e
prix à son jugement. C'est ce qui ressort de sa r<)rri^sprmdànee et
du Fragment de Valbum et nigrum où il Texalte romme ^ un
a artiste célèbre, grand dessinateur, homme éclairé sur tout ce
<t qui appartient aux Beaux-Arts et à la poésre, né k Milan ou les
a femmes sont généralement belles, qui avait vécu k Rome oi'i h
« beauté est grandiose... i^ Il y a là une erreur de lieu. Giiiseppe
LoDghi, dessinateur et graveur, ne naquit pas à Milan, maïs à
Monza, en 1766. Il fut élève pour le dessin lît^ Giulano Travale>i,
et pour la gravure de Vangelisti. Le chevalier Lorjghi fut membre
de rinstitut de Milan et de Paris, professeur à Técole du royaume
lombard-vénitien, et mourut en 1831. Son œuvre est consitïé-
rable. Outre les nombreuses gravures dont le Manuel de l'ama-
teur d'estampes donne la liste, il a écrit en italien un traité sur
Tari de la gravure. D'une grande habileté à manier le buriu, il
s*înspire presque toujours d'oeuvres anciennes." On lui reproche
d'être inférieur à ses modèles.
Après qu*en 1813 il eut été nommé membre faoaoraire de
TAthénée de Brescia, Sergent y lut plusieurs iliscours et mé-
moires : 1813, allocution de remerciement pour sa tiomination et
Notizi dei disegni di Virginia a studio d'un piliore e d'un
commediante suU espressione da darsi à Virginia %■ 1814, Coup
d'œil sentimental et critique sur Venise^ que nous avons déjà
cité; 1815, un discours intitulé : Quale di tufli i modi d^incidtvi
sia pin da preziarvi*? dont on trouvera Tanalyse aux pièces
annexes, dans une lettre à Stella. En 1815, aussi, fut représeulé
au Teatro Grande de Brescia le mélofirame la Vestale, musique
du maestro Pacini, paroles de Félix Romani. Sergent lentendit et
fut saisi des imperfections qui existaient dans Jea costumes et
* Traduction : & Notices des dessins de Vir(jioio ou éidde d'un pmntrr tî d'un
comédien sur l'expression à donner è Virginio. i II s*agit évîdcœmeDt du V
nio d'Alfieri.
' Traduction : • Quelle est de toutes les manières de grsrer celle qai a L
de valeur? »
NOTICE SUB SERGEXT-MARCEAL'. 671
dans le décor. Il ne pouvait laisser passer Toccasion de montrer
ses connaissances spéciales sur cette partie de Tart dramatique. 11
consigna les fruits de ses érudites recherches et de sa science
artistique dans les Osservazioni critiche qu'il lut, le 6 août, à
TAthénée. Nous en publions, aux Annexes, les plus importants
passages. En 1816, il lisait devant la docte Assemblée une
curieuse apologie des chiens (Apologia dei cani). Le 13 juin
1816, il annonçait son départ pour Milan, où il se fixait de nou-*
veau avant la fin du mois.
Suivant une promesse par lui faite à TAthénée de Brescia, il
adressait, en 1819, à cette assemblée le portrait de Canova gravé
par lui.
Son séjour à Milan ressembla beaucoup, à tous égards, à celui
de Brescia. Il fut marqué par une Description de la cathédrale.
En 1820, Sergent fit paraître chez Giusti, libraire, h iVotice histo*
rique sur le général Marceau, ornée de gravures qu*il avait
exécutées *. Il en abandonna le produit à Téditeur, sous réserve
de certains exemplaires destinés à des dons. Ces exemplaires
furent donnés par Emira à Louis WIII, au roi de Prusse, an roi
de Suède, au roi de Wurtemberg, à Tarcbiduc Charles, au prince
de Saxe-Weimar, auxCbambresfrancaiseSyàquelques personnages
célèbres. Lui, le régicide exilé, écrivit môme à cesujetau ministre
de Sa Majesté le roi de France. Autre sujet d'étonnement. Déjà
nous avions été frappés de la réserve politique que Sergent
observe dans sa correspondance. Notre impression s'accentue à la
lecture de la lettre du 8 mars 1820 à M. Julien. Quand les Aulri*
chiens eurent reconstitué le royaume lombard-vénitien, les Lom*
bards avaient pu croire qu'ils conserveraient un reste d*indé*
pendance. Ils avaient été vite détrompés. Les canonniers montant
la garde, mèche allumée, sur la grande place de Milan ne lais-
saient point d'illusion sur Tétat de choses. Silvio Pellico cependant
avait fondé, en 1818, le Conciliateur contre la Bibliothèque ita-
lienne, revue austro-milanaise, qui méritait les sympathies
autrichiennes; il allait bientôt cruellement expier ses velléités
libérales. Est-ce réserve obligée de Texil, est-ce eUet de Tàge,
* Il Tannonça dès i819. (Voir la lettre du prince d'Hardenberg à Sergent, de
{flin', 30 octobre 1819, à propos de cette annonce e de la translation du monu-
uent de Marceau.)
i^
672 XOTICE SLR SËRGËNT-U ARCE AU.
est-ce prudence de la part du père adoplif ? dans aucune lettre de
Sergent, à notre connaissance, on ne sent déborder rindi;jnation
causée par un régime de compression et de 1} rantiie. Il loue U
Bibliothèque italienne et garde le silence sur le Conciliateur^' il
loue le gouvernement et serait presque tenté de lui pardonner la
censure à cause de quelques tendances anticléricales et de la
création d'écoles d'enseignement mutuel autorisées à Milan et à
Brescia \ Après tout, on peut lire la Quotidienne^ les Débuts^ le
Moniteur j et, pour les autres journaux français, il y a la res-
|j^ source de la contrebande. Voilà tout ce que Sergent (rotiv*^ à dire
sur ritalie frémissante, à la veille d'une iiisurrectîoD. Pour ua
ex-conventionnel, c'est le comble de roptimisme*
En 1821, il publia la traduction de V/conolope de Pistrucci;
à la même époque appartient son portrait exécuté par le tiietalier
Longhi.
En 1824 et 1825, nous le voyons en correspondance avec
M. Pouthier, agent d'affaires à Paris. Ces lettres ne nous rensei-
gnent qu'incidemment sur la vie artistique de Sergent. Au mm
d'avril 1824, il fait appel de fonds à Pontliier pour solder d*ur-
gentes dépenses. Il venait, en effet, de prendrr un nouveau bail,
et, pour obtenir une diminution de loyers, il s'était engagé a
verser une année d'avance. En 1825, il est toujoiirs préoccupé du
^ Ces écoles auxquelles se réfère Sergent dans sa lettre du S m&r& 1K30,
furent fondées à Brescia par Giacunio Mompiani^ k Ponle Vica par Caraîllo Lgonu
et ù Milan par Confalonieri.
Le premier, philanthrope distingué -(1785-1855^, a?att créi^ en 1S19, daûs à
-ville natale, une école de sourds-muets avant d'y êlabitr, en 1S19, une école d'eo-
seignement Lancaster. Il conspira contre rAutriche^ mais ou te relâcha aprri
quelques mois de prison, faute de charges, gricc à l'habiletc de as. roadarie
pendant le procès. (Renseignement fourni par \1, ïe professeur GarWili)
Le deuxième futunlitterateurremarquable.il traduisit en italien le^ Oimmer^-
taires de César et les Fables de la Fontaine ei écriv ît un*' liistoirt de la ÎUtér^urt
italienne dans la dernière moitié du dix-huitième siècle^ justement estim^fi!. l*o
causes politiques Tobligèrent à quitter Tltalie. W se ri-fugio. d'abord en Stituf.
puis dans d'autres pays, et enûn vint à Paris. Ancien rédacteur du ContUiMort^
il put, par rentremise affectueuse de Vitet, collaborer au fj/obt, et iW àsm^t
avec Villemain, Cousin, La Fayette, et autres libcniux rrauçais, il ri^ntn n firf^-
ciii en 1839. (Renseignement fourni par .M. {jarbf!|U et dans U lliogr«{rbjT
Micbaud, art. tgoni.)
Le troisième est sans doute Confalonieri, l'on des fonditteurs du CoticiUu
ce journal qui iuspira des craintes au gouvernement aulricbicn et qui Sut
pri[né au bout d'une année.
NOTICE SUR SERGENT-UARCBAU. 673
succès de son ouvrage sur les Costumi et de la traduction d'un
traité sur le dédommagement de Tinjure. Il lit le Journal des
Débats, est en relation avec des arlistes musiciens italiens» et se
procure des livres d'économie domestique, tels que YArt de
conserver les fruits et le Jardinier des fenêtres. Si l'on en croît
la note jointe à ces lettres, il offrit au libraire Audot de Paris sa
traduction de la Vie de Canova et les gravures l'accompagnant
pour 550 francs. 11 aimait à rappeler que le gonvemement
impérial et Hurat avaient souscrit abx Costumi et déclarait, en
terminant, qu'il avait présenté au Roi et aux Chambres la Notice
historique sur Aîarceau. Il gravait, notamment, d'après des maî-
tres italiens, et traduisait, comme nous Tavons déjà observé, des
ouvrages de celte langue en français.
En septembre 1827, il envoyait à l'Athénée de Brescia deux
gravures en couleurs : une Vierge et un portrait, et présentait ses
œuvres au concours annuel. De 1827 à 1830, nous le trouvons
établi à quatre milles de Milan et cultivant, à Gorla, « choux,
crayons et belles-lettres » .
Nous ne savons combien de temps il conserva à Turin les fonc-
tions de bibliothécaire adjoint.
Après Turin, Nice l'attira. Il conçut l'espoir que le climat en-
chanteur des bords méditerranéens ménagerait à sa compagne et à
lui-même encore d'heureux jours. Quoique la révolution de Juillet
l'eût relevé de la proscription, il renonça à venir à Chartres. Le
chemin était long, ses amis étaient morts, il eut été presque étranger
dans sa ville natale, et peut-être plus d'un visage se serait montré
sévère pour lui. Sa chère Emira, l'Idole de son âme, Tépouse si
tendrement chérie^ lui fut enlevée le 6 mai 1834. Son convoi fut
suivi par le comte de Canclaux, consul de France, M. Borg, vice-
consul, un général en retraite, et un certain nombre de compa-
triotes et d'amis. L'époux désolé a consacré à la mémoire de sa chère
femme un précieux hommage, auquel nous avons fait plus d'un
emprunt. Ce fragment de mon album et nigrum est illustré de trois
lithographies: 1* le Portrait d*Emira, lithographie par R. Mereu,
^ Nice, d'après un portrait d'elle dessiné et gravé par son époux en
808; 2* sur un côté de la couverture, Emira dessinée à l'âge de
ngt et un ans; 3* sur l'autre côté, le Cimetière de Nice, Serg-
sirceau, del. 1837. Cette dernière lithographie n'est pas la moins
43
n
674
NOTICE SUR SEnCEXT-MAACEAt
l
curieuse. Sergent dépose une couronne sur la ïombe d'Emira; il esl
accompagné d*un prêtre, sans doule le uchanoincn donlilcsl parlé
dans la lettre à Maider ; sur le mur du cimetlire est écrit: * L*éler-
nité nous réunira. »
Depuis s^on veuvage, Sergent vécut à Xit^e assrz relire, jouant le
rôle semi-comique de conGdent îles femmes malheureuses, s' occu-
pant de travaux littéraires' et historiques, et dans un état voisin de
lagOne, qu'heureusement le roi Louifî-rhilippe adoucit en conti-
nuant à Téponx la pension personnelle et viagère accordée par
Napoléon à la sœur de Marceau '.
Qui pensait à lui en France, à part quelques hommes attachés
aux principes et aux hommes de la Révolu-
tion? L'un d'eux, David d'Angers, se senit
d'un dessin d'André Du tertre, élève Je
Vien,poiir modeler, en 1835, le médaillon
de ^ex-canvcntioi]nel^ Le statuaire lui en
adressa plusieurs exemplaires. Le vieus
graveur fut très sansildeà cet envoi» et il en
remercia Tauteur dans une lettre émue. Il
tC suppliait en même temps David d'Angers
de faire le médaillon de Marceau, et, à tdre
de document, il dessinait à^Ia plume sur li
marge de sa lettre le croquis que nous re-
produisons ici ^ Ce vœu ue fut pas exaucé,
mais David donna place au général dans le frontispice dessiné |i«r
lui pour une histoire de la Vendée miUlaire,
Hippolyte Carnot, qui connut Sergent dans les derniers jours Je
sa vie, nous fournit des détails curieux sur son intérieur, ses reU-
4ions et le culte posthume qu'il gardait à sa femme, u Morte
<k presque septuagénaire, son Kmira (anngramme de Marie) loi
* Voir La bonne fdle et le ramoneur, hîitoirc vcrilabli* m 10 pàga*, jo*8*>
traduit du journal italien Leliure di famiyiia, CAmrktf^*, t84V,
* Cette pension fut plus tard grossie d'une rente ili* 40tl franco que Soubâit [àct
Vosges) avait léguée à chacun de ses collèijuej} naalheur^ui.
* Voir, ci-contre, planche XLVI.
* La lettre de Sergent -Marceau à David a éiè publiée par M. i]«nry Jain% i
son livre David d'Angers ei ses relations Utièralr^s (Paris, I*loii et C**, t'
ia-8", p. 102-lOV). M. Jouin, qui avait conaf^rvë un cal{|ue du croquist d^ Ser^i
•a bien voulu le mettre à notre disposition pour Str« io^éra d^iic U préfcriite étiK
m^r^m
?iMci« XLVt.
P'])e iTil.
SERG£\T UARCKAU
l dam i« Truffi- if nHVifnaiJf Hï «I ti£ §iypti^mt.
1
*w^i.
à
NOTICE SUR SERGE\T-M/IRCKiHl. 615
a apparaissait belle et séduisante comme aux premiers temps de
a leur mutuelle tendresse. Il vivait entouré de souvenirs d*elle :
a chiffons, portraits crayonnés, autographes, chiffres entrelacés, n
Son modeste salon était orné de quelques reliques précieuses de
son beau-frère : le sabre de Marceau, son écharpe sanglante, une
urne contenant une partie de ses cendres, et une miniature assek
médiocre, mais d*un certain intérêt historique, que Marceau portait
toujours sur son cœur, et qui n*était autre que le portrait de sa
fiancée Agathe Leprétre de Chateaugiron, morte marquise Dodun.
Sa conversation était pleine de (inesse et de charme. Il fréquen-
tait beaucoup le consul de France à Nice, le propre frère d*Agatbe»
Ilippolyte de Chateaugiron, qui lui avait du son salut pendant la
Terreur. Il visitait souvent aussi la famille anglaise Davenport.
Une nuit qu*il avait besoin de se lever, son jeune domestique vint
Taider. Sergent le renvoya, mais, resté seul, il tomba et se blessa
grièvement. Le lendemain matin, son domestique courut chercher
le médecin. Le vieillard lui dit: a Quand j*étais par terre celte
a nuit, j'ai bien cru que j^allais mourir; mais j'aurais eu grand
tt regret de partir même en paradis sans vous avoir serré la main. «
Il avait, comme on le voit, le pressentiment que d*un moment à
Taulre, il allait mourir. Et comment aurait-il pu se faire la moindre
illusion, alors que, si son esprit demeurait lucide, ses forces phy-
siques déclinaient, quand la cécité le plongeait dans une nuit con-
tinue, à Tàge de quatre-vingt-seize ans? Peu de jours avant sa mort, il
mandait à M. Xoël Parfait, par Tintermédiaire d*un ami : a Je n'ai plus
arien à faire et je puis maintenant Gnir moi-même. Je crois, mon cher
tt compatriote, que le moment ne se fera pas longtemps attendre. »
H fit venir le curé de sa paroisse. Les controverses soulevées au
sujet de ses derniers moments sont étrangères à Tohjet de ce mé-
moire; aussi croyons-nous inutile de les relater ici. Le 15 juillet
1847, il rendit le dernier soupir. Un petit groupe d'amis accom-
pagna sa dépouille mortelle jusqu*au cimetière. Hippolyte Carnot
prononça sur sa tombe quelques paroles émues.
Ainsi mourut, dans un oubli presque complet» un homme qui
avait eu son heure de célébrité retentissante, et dont le nom se
trouve mêlé à Tbisloire de la Convention. Sa vie politique a pu
être l'objet de critiques sévères. Mais la poslérilé montrera de Tin-
dulgence pour sa mémoire, parce qu'il supporta les épreuves d'un
i
f
616 KOTICE SLU SERGEXT-M/l HC R 1 U.
long exil et aussi parce qu'il aima deux chose!) sacrées : Tari qui
lui apparaissait comme une des belles parures de la patrie, ei%n
famille qui était, en effet, par Théroîsme, la Ifn resse et la dèlî-
calesFe des sentiments, digne du culte qu'il lui voLia jusqu'au der-
nier jour.
H. Herluison et Paul Lerot,
Alcnibres de la Société des Amï« âcs /ïrtft d'Orl^ns.
PIECES JUSTIFICATUKS
. S01.RCRS. — Les pièces cotées sons les n<^ 1, 2, 3, 5, Ul, m, 29, 3Q, 31, 31.
33, 36, 37» 38, 39, 40. 41, 42, 43, font partie de U coElf clion de U, KerLuîsos.
Les aulre& sont tirées des Archives de la ville et de J'Aibénce de Dreâcm ',
N-1.
Billet écrit par Sergent.
Le citoyen Bayard voudra bien faire chercher sur le cimmp un âecrflairtf
propre et en état de servir qu*ii fant pour le Comité du Salut publie. Le
> Nous croyons devoir réitérer ici nos virs remercie méats à MJe prafcsfeiir Gu-~
belli, bibliothécaire de la Queriniana, qui a eu l'obli^jeaiicr de nouji ligaali^r et Ae
nous faire copier ces documents, et à l'Athénée de BréiiriA ijul t bien voulu ouf nr
pour lui ses archives. Nous remercions aussi M. le profegf^eur iïarbcUL des uû\^
éclaircissements qu'il nous a transrois avec les copies dra doeumenls.
Outre les pièces que nous publions et qui nous ont paru ks plus intt^rosnotfs,
FAthénée possède :
i^^Une lettre, datée de Brescia, 4 avril 1813, par laquelle rAlbénéc commu-
nique i Sergent qu'il a été élu socio d'onore.
2° Une lettre du préfet du département, datée de Hroscia, 5 juillet 1813, ^ui,
au nom du Ministère de l'instruction, recommande i l'AtLéuée les Cùstumi, et ta
réponse de l'Athénée à la lettre précédente.
3*" Une lettre de Sergent, datée de Brescia, 15 Janvier IH16. par laquelle U
demande de pouvoir ajouter à son nom le titre de mc^mbre de l'Alhcnoe,
4<> Une lettre de Sergent, datée de Milan, 19 févrirr l^tT, pnr laqueUe î) te
défend de cri Uques dirigées par M. Ferraris contre Iûiî CmtumL
5** Réponse de l'Athénée à la lettre précédente (Biresda, 3 mars IHLT).
6* Une lettre de Servent, datée de Milan, 22 octobre 181S, par laquelle il oITrv
à l'Athénée le portrait de Canova.
7*^ Réponse de l'Aihénée (Brescia, 1*' novembre 1818).
8<' Lettre du président de l'Athénée à Sergent, datée de Brescïa, 19 avril i8tK,
sur un essai de l'ouvrage que Sergent avait Tintention de publier : Bue t^^f*^
siampe degli illustri nie Hier t italiani.
Q'' Lettre de Sergent, datée de Gorla, près Milan, 7 avril 1817, par Li^l
offre à l'Athénée deux gravures.
10° Réponse de l'Athénée (Brescia, 14 avril 1827).
Porleur doit rapporter la ttéponse. Taris te Prîmedî 2* 0éc. nn â*"" dit
la République une et iiidtvtftibtc.
Signée SEHtîK\T-\îiecFrtr,
membre du Comité d*ln$ptclion.
Sergent Marceau em^onventîonnd au C' Bamei Ministre des/tnancet.
Je me trouve Citoyen dans im fjrand embarraa dont touâ pouvez me
SAiivef ai je puis me prouitHlre voire intérêt et ctilerilé de vos bureauï. IL
y a deox ans je residnis en Suisse en vertu de pasae-port du dép* de
Paris. Comme Tobjet qui m'y aUirait éiaît rplntif uiix arts et que je
devais comme artiste y séjourner tant que in^A travaux^ mes études
re\ii{eraLent, je Os trenir à Mie une grande partie de mei erfets et
meubles. Lits, tables, fduteuib ete. Forcelnine de la Chine de seririca et
d'à Jurement Kslampea dcsins montés sous verre et en portefeutltes,
planches de cuivre à graver, mannequin à peindre, et généralement tont
ce qui coniient à un artiste, Irnge de table de chambre et de rorps. Tout
cela me fui expédié par le C" Notelin caissier emballeur rue de Cléry
à mon adresse k Uàlc chrE M** Micg uMijociant faubourri S^ Jetin, et ehurgé
parle bureau dit roula^je rue Martin, examiné visité h la barrière de
Uourglibrc el de Burgfeld. Des malelols même me furent arrfilés comme
étant de laine trop helU^ et vous donnâtes ordre qu'ils me fixss^enl remis,
A tout cela se joignait de rurjjenterie dont je \ous envoyai la note et
vous donnâtes également Tordre pour que je la passasse sous la promesse
de la rentrer en France à mon retour.
l'ne 1res grande partie de mes nteubt^s et effets sont reslés k BQle chei
mon bâte le C'' Micg Préfel national et je Taî prié de me les expédier de
suite par deu\ motifs» parce (sic) je forme un établissement à Paris et
que j'&L besoin de mes meubles parreque je n'ai point trouvé à les vendre
dans une ville où on craint de voir arriver IVmnemi, parcequc mes
corres|)ondaus eu se- même très patriotes et fonction un ires publics, faii^ant
passer en France leurs effets propres ne peuvenl laisser les miens.
Ils me préviennent cependant que Ton exige de très gros droits
d'entrée sur tous ces objets et qu'il faul que j'es1imf> chacun de me»
meubles et estampes dont je payerai en raison de ta taxe de chacun
:omme marchandises étrangères importées en France,
Observés bien que je les ai emportés pour mon u^iai^e lors de mon
voyage eu Suisse et ohligé de les passer à Bâle pour prendre mon séjour
1
678 NOTICE S 17 II SE KG£ AIT-M A nCE A U.
â A OU je devais rester, qu'ainsi je dois aAir la faculté de les tfnlrer
avec moi sans payer aucun drdt [luisque ce ne sont polnl des nmrchan-
dtscBf puisque J^fii pris notre alLache po^r les emporter ^u fnire vemr
avec moi.
Je vous prie Citoyen minislrc de faire droit à ma demande et sur b
champ vu tes clrcouslancrâ crudics qui mettent le resle de ce que je
possède en danger chaque instant Tout est çni batte mais jit^ès quels
risques je cours plu^ que tout autre. Mon hèle Préfet national sera pillé
À coup Hur, Deux voisins qui détestent les Français et qui me voyaient de
très mauvais <jd1] ne manqueraient pas de déclarer a u?e Aulricliiens qu'il y
a dauK cette maison tout le mobilier d'un rrancais, et celui qui ft encaissé
mes estampes et tableaux oulré partisan de TA ut riche cl leur correspon-
dant intime les mènerait droit à ma caisse, On attend pour charger ma
réponse, et je ne puis la faire citoyen que lorsque vous aurex eu la
complaisance de ni'expcdier un ordre, je n'ai rien qui justiOe ijue le
reçu de mon hdte de reconnaissance du dépôt, et le dctalt des objeb ea
cas de mort. Car à la sortie aux. froittîêres on ne mU expédie ni Etats
ni rien.
Salut fraterneL •
Signé: SëK4;e\t l^L^a^xn.
rue de flIiJtiJIot, d^ 1.
P. -S. — Indépendamment des craintes qut^ je puis avoir qui pour-
raient n*êlre pus autant fondées et je le souhaite mon Ktablissement ne
peut aller sans ces effets et chaque jour de relard me cause une perte
réelle.
Si vouscroyés que vous ne pnisislés arranger cette affaire sans en causer
avec moi faites moi le plaisir de nrindiquer un llendcs vous prochain*
Le *î nii<W an 10**
Letire de Sfrrjenl au citot/en Lamy Ubrairt rue. du Hurcpi^ix^
Je prie le citoyen Lamy de donner pour mol au O" Jardine 12 petits
cuivrer de k suite de ceux qu'il m'a déj;k donnés et de cjarder cette note
pour reçu en attendant que je passse chex lui.
Salut.
Signé: Skugent-Mabçraq^
NOTICE SUR SKRGENT-UARCEAU. 6*79
Breiru, 28 juillet 1812.
Aux Membres de fAlhenée (le Brescia.
Depuis lonj^temps amanl du tliédlre, je me suis occupé des différentos
parties qui peuvent contribuer à le rendre digne de rintérêl des gens de
goût, et les habitudes que j'ai eues en France avec des hommes qui y ont
brillé par des talents dus & de profondes études, m'ont procuré quelques
connaissances que je n*ai point négligées. Mais des éludes plus parti-
culières dans les beaux-arts m*ont fait examiner le théâtre sous le rapport
des Costumes, et je Tai trouvé en Italie si loin du but à cet égard, quej*ai
pensé faire une chose utile, en réunissant les matériaux que j*avais
amassés en mettant à contribution les anciens et les modernes, en usant
de mon talent dans le dessin et la gravure pour donner aux artistes
dramatiques un ouvrage qui leur fut consacré.
Je désire cependant sou mettre cette idée à des lumières plus sûres que les
miennes. Mon amour propre peut me tromper sur mes intentions, comme
sûrement il m'abusera trop souvent sur mes moyens. Il me faut donc
consulter des amis avant que de rien entr^eprendre. Mais, étranger parmi
vous, où trouverai-je des amis? Comment aurai-je pu en mériter quand
à peine j'arrive, quand rien ne m'a fait connaître ? J'ai pensé qu uu défaut
d*amis éclairés, ce serait dans une société de littérateurs, qui ne le feront
pas pour nloi, qui n'ai pas acquis de droit à leur bienveillance, mais pour
r amour des arts, que je trouverais des Censeurs, des Guides, des hommes
vrais qui me diront dans la sincérité de leur cœur, ou u Continuez et
comptez sur notre appui pour nous éclairer n ou u Quittez la plume
que vous tenez d'une main trop timide et trop peu exercée... » . Je vous
demande donc. Messieurs, la permission de vous faire lire le Discours
préliminaire de mon ouvrage. Il a été traduit par un de vos Membres qui
a bien voulu çivoir pour moi cette condescendance et a qui je devrai
beaucoup si mes idées vous paraissent présentées avec quelque grâce.
Vous y verrez, ce que vous savez déjà, les motifs qui m'ont conduit ; vous
ne trouverez rien de neuf dans mes remarques, dans mes critiques, dans
mes vues : plusieurs de vous, sinon tous, auront déjà pçnsé cent fois la
même chose. Aussi ne prélends-jc pas dans cet écrit vouloir convaincre
et, persuader les hommes qui cultivent les lettres : il est adressé à ceux
qui l'érudition doit être étrangère, et je ne sollicile que votre suffrage
mme un aide pour persévérer, comme un bouclier derriôre lequel je
î mettrai à l'abri des trails de rignorance et des préjugés que j'aurai
680 NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU.
pour ennemis. Mille choses sonldans ce discours inutiles pour une s<Ki«lé
comme la vôtre qu*il faut dire au public. Vous aurez de [a puLiertce en ]n
y entendant, mais vous réfléchirez que si j*en abuse en e« moment, c>3l
pour apprendre de vous si ces vérités sont bien prcseiïlées à ceu£ qui Ici
ignorent, si elles mériteront que les savants &Vn déclarenl avec vou^ le»
apôtres, les défenseurs el si enûn nous pourrons espérer qu'elles si^rtent
à une régénération.
Mon intention est de garder Tanonyme en public dans cet ouvrnge. Je
suis né chez un peuple qu'on accuse peut-être avec raison d'avoir trop de
prétentions, qu*on a le droit au moins de juger trop précipité daas se»
décisions: j*ai craint de choquer Tamour propre en laiss^ant voir uneitiâio
étrangère qui présentera le remède, et par là de courir les risques de le
voir rejetter (gic) : je me suis enveloppé d'un manteau du p&y«. Qi»
ra^importe qu'on sache que c'est moi qui ai tenté de faire le liiefi^ si je
parviens à l'opérer ? Vous le saurez. Messieurs, et vouî; me rendre»
justice, que j'aie réussi ou non, en examinant mes efforts pour atteindre le
terme et en m*appuyant de vos conseils. J'aurai alors obienu la rét^otn-
pense que je sollicite de vous en cet instant, votre esLime, puisque ^om
calculerez plutôt mes intentions que mes faibles moyens^
J'ai l'honneur de vous saluer, Messieurs.
Signé : Sercëm-M arceau,
Ex-membre de la Commimon Nai^" Conservai'*
des Monuments de sciences arls vt de celtt dt
l'Encouragement des arls en France.
N«5.
Br«MΫ, le £5 août 18ii,
A Monsieur Schoël libraire rue des fossés S* Germain-fauxerois
n» 29 à Paris.
11 y a apparence, Monsieur, que vos affaires vous ont fait perdre èe
vue la lettre que je vous écrivis Tannée passée au maïs de juia et qui Int
portée par mon Epouse, puisque j'ai été privé d'une réponse. Elle aiaît
à son départ donné un pouvoir à quelqu'un pour régler toutes mesaffair^f
et cette personne devait s'aboucher avec vous. Mais elle a quiué Piri^
sans pouvoir s'occuper de ce dont on l'avait chargé. La personne ~
vous remettra celle cy veut bien prendre le soiit de me^ înLérÂl£. EU
suffisament autorisée pour terminer tout espèce de Compta»
1
NOTICE SLft SEHCEMT-ilARCEAU. 681
Pour la meltre à même de traiter utilement avec vous pour ce qui nous
concerne, il faut que je vous fasse ici une observation sur une réponse
verbale de vous qu'on m'a transmis, peut être pas assés exactement pour
nous accorder et que j'eusse sans doute mieux conçue si vous m'eussiés
fait Taniitié de m'écrire,
Vous avés dit-on répondu à ma demonde de régler un compte avec
vous, que vous avtés vendu vos fonds à Basle, Et que cela ne vous
regardait plus. Je crois qu'on vous a mal compris, parceque comme
négociant éclairé vous savés que la Cession des fonds ne détruit ni
Taclif ni le passif. Vous n'ignorés pas de même que Votre acquéreur
ne me connait point, et que je ne serais pas fondé à me reporter vers
lui sur un appurement de Compte avec vous à qui j'ai livré et que jo
ne puis connaître d'autre débiteur que vous. Avec un compte réglé
simultanément' je pourrai me présenter à votre acquéreur et lui de-
mander s'il a reçu comme passif l'article qui me concerne et s'il con-
sent à acquitter. Dans le cas de refus, je dois toujours me reporter à
vous. Je ne vous apprens rien, ainsi vous n'avcs pas pu répondre, comme
on me l'a raporté, que ce compte ne vous regardait plus parceque vous
avés vendu.
Je suis fâché et je l'ai dit dans le tems que mon Epouse ne vous ait pas
vu elle-même, elle vous eut mieux entendu. Au surplus je m'en rapporte
entièrement à votre Probité qui m'est connue, et aux lumières en affaires
de mon fondé de pouvoir nouveau.
Eclaircissons d'abord le point principal : Savoir que vous êtes d'accord
de régler notre Compte. Je reprendrai ce qui n'a pas été vendu, quoique
par plusieurs lettres adressées à Basie avant mon départ pour l'Italie et
tandisque vous teniez encore vos fonds, puisque j'ai eu le plaisir de
recevoir de vous une lettre à Genève, je vous ai demandé de me faire
passer à Paris ce qui vous restait de mes estampes ; à défaut de réponse
je pourais les regarder comme vendues. Cependant je reviens à ma propo-
sition de les reprendre en compte. Vous reponderés de même sur la
conséquence de la demande de règlement si vous solderés, dans le cas où
il me sera dû ou si vous me mettrés à même de Télre sans difficulté par
votre acquéreur. Après celte réponse cathégoriquement donnée je vous
ferai remettre sous les ieux ce compte que je vous ai déjà envoyé
plusieurs fois.
Agrées l'assurance d'une véritable estime.
Signé: Skrgkxt-Marckau.
Le 6 Thermidor an 9* je vous ai envoyé mon compte. Sauf reprise en
lature il se montait à 2.108^ 12*".
6S2 ^ NOTrCE StJii SËHCËXT-U ARCK AU.
A ce Comple élaît joinl TEiat de ce que j'ai pris en payement clier voui
savoir:
Votfage de Bâte à Bienne St nvraisnos.
Vu^T cohriées, pur Binn^ww .,.,.,.,, 6 —
Un Fol. ^^ej lî Césart M —
l^St rame de pâjiier à IrUre fia. ...,,..., , t
douï" de cra^ouâ Duîn eu bois. «....,»« i
I
K'6.
Brctci». la jauiier 1813.
Truduciion ifune lettre de Sergent à Slella telaiive
aux Cosiumi (extrait) ^.
, Je me d^pOche le plus possible avec rintprimerie, avec mes. coW
risles pour élre prêt dans les derniers jours dii mois ; nvanl que lotil mi
en ordre, lanl âa choses se pre^îcnleot! Mais je liendrul à bout de iout ea
«Uoiulaut Tuiî^ en stiumlanL rautre.
DrçAcii, §3 j«nrîor 1813-
Traduction d'une lettre de Senjeni à Stella eut le même of/jet
{ej:traU} *.
,.... Voici f Monaieur, un r^ros paquet de leltresique je vous prie défaire
parvenir A leurs* desLiuHtairejs. La plupart onl pour objet de pritT
Messieurs le.s journal islos d'a\)iser le public que mon premier fa.*îcicule nu
sera pas publié atunt la lin de février. Le moUf (le vrai) est que les
É
^ TcKlu ori;|îniil :
4 ...Mi urTretto il ptii po'^iîbile colla .Mamperia, can i mîct colûrblî pcr e^iirre
pronlo ûjili ullîini ^h^tni del mrj^e; avanti cire tolto âia in online octurrooo ï<inte
roMc! Ma «ara stipcrnto tulto «pronanda Tun, «prunando taliru..- *
* Tesie nri'pnd ;
Extrait d'une hitre au mémÉ sur le même ^bjei.
t .. J'icco* sîjjnore, un f^rn&sn plico dr Iclterr clie \l pre;{o di far coTiietjntrf
ove dcbbonii i!5s*!rlo. La pin parle lia per oijgetlo d\ pfojjnrc î sïgjion giornaltM*
dî atviHire j[ puLblîcEj die il lum prima fiiHcicola non £arii pubbltcaLo prim4 àd\A
liiie di HVbljrain. Il moïivo (Vt'niisijnu) e ch& h formnlila davnt« di revifiianfl roi
liiinno j'îLiîrduïo pt relit' il preff^llo non ha pen^tq thc il «nu ispHtore protv
imlc fusse auLnriïa^n a rivcdere una taW nperu cd ba mandato ïe mil cai
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. 683
forinalilés obligaloires de révision m*ont retardé parce que le préfet n*a
pas pensé que son inspecteur fîl^t autorisé à examiner un ouvrage de
cette sorte et qu*il a envoyé mes feuillets à Milan...
N«7.
Brcicia, 7 février 1S13.
Traduction d'un extrait de lettre du même au mime
sur le même objet ^
... Je vous envoie un ordre pour notre ouvrage, parce que je puis dire
notre maintenant que nous sommes tous les deiix intéressés à son succès
et au profit. Je voudrais pour la semaine prochaine 200 feuilles de papier
-lélin de la qualité que j*ai choisie...
Traduction dune lettre adressée en mars 1813 par Sergent
à r Athénée de Brescia *«
Monsieur le Président,
Messieurs les Sociétaires de i/ Athénée de Brescia,
Si, avide fureteur de la vénérable antiquité, je m^occupe tant à chercher
certains rapports avec les usages des siècles reculés, vous ne serez pas
* Brescia, 7 febbraio 1813.
Extrait d'une lettre au même sur le même objet,
c ...Vî maodo uuo coromissione délia nostra opéra, perché posso dir nostra ora
che siamo entrambi intcreisati al suo buoo esito cd ail' utile. Vorrei per la lettî-
inana veptura 200 fogli di carta velina délia qualita scelta da me... »
* Texte original. — (L* Athénée ayant communiqaé i Sergent son élection en
qualité de socio d'onore^ celui-ci y répond par la lettre suivante :)
SiGNOR Présidents, Signori Socj dbll Atknko di Brescia.
Se avido indagatore dcUa sacra anlichita mi occupo ta volta a trovare certi rap-
port! nogli usi de sccoli remoti, non vi faccia maraviglîa che, immerso nella sto-
ria romana, io applichi a me stesso cio che pralicavasi in Roma coi trionfatori.
Per reprimerc Tesageralo orgoglio, srquitavano il carro loro alcani che cantaïaiio
aile orecchie del triomfatore vevsi mordenti che gli faccvano dalla generosita dei
nnnolo riconoscere tutti que gli onori.
)evo considerare come un non merilato trioiifo per me i'csserc chiamato ncl
o d'una si rispettabile Societa; c nel momento stesso sento sibilare le voci
la critica, che mi fanno avvisato che avrele, Si«{nori Academici, avuto piu
s;
684 NOTICE SUR SERGENT-MAKC E AIL
étoitnés que, plongé dans l'histoire romaine, je m^applk|iie h moî-mèmp
ce qui se pratiquait à Rome avec les triomphaleurs. Pour répriaier
Torgueil exagéré, derrière le char marchaient certains p^^rsonnat^es qui
chantaient aux oreilles du triomphateur des vers satiriques lui rappelanL
qu'il tenait de la générosité du peuple tous ces honneurs, — Je doii
considérer comme un triomphe supérieur à mes mentes d'élrc appelé
dans (e sein d*une si respectable société, et dans lem^me moment jVntendf
siffler la voix de la critique, qui me fait souvenir qtie vous^ Rurtt ev,
l Messieurs les académiciens, plus égard à mon lEilenUan de rendre ulilrà
quelques-unes de mes études qu'au talent nécessnirepouratt^indr^ ce buL
Je le savais déjà sans en être averti par un rigide et JusLq censeur dan.^
une feuille accréditée; et j'étais bien loin de croire que ]e mériiaU
l'honneur de siéger au milieu de cette assemblée, alors que, préscDlaDt
mon plan dans un discours, je vous priais de me favoriser de votre m^n-
timent. Le vulgaire reproche aux littérateurs, au\ arltslc.'i, de- se sounff
peu de la Fortune et de préférer une vaine et slérrle gloire h celte uïWt
Divinité. Malheur à eux s'ils pensaient comme le vulgaire ! Les cakvli
mercenaires chasseraient les talents de la société, et te \ii îfilérêt senit
la misérable et unique occupation de l'humanité. Iji dira ce que voudra
le vulgaire, jnais j'apprécierai mon œuvre seulement pour m'aroir
procuré l'honneur d'être compté au nombre des Sociétaires qui illustrent
riguardo alf inleozione mîa di rcoderc utili aleuni mici ttudi che aï Ul^nl»
necesfario per giungerc a laie scopo. Lu sapevo già scnza es^^erne av\ ertilo ài
rigido e giusto cetisore, io un foglio accredilato : ed c-ra Lru tûulana dfcl crfJcre
di merilarnii roaore ,di fédère in mezzo a quesia radufi»ani»i. albrcbè prpfco-
tando iinun discorso il mio piano, vj pregai di favori uni det tu!tlr4> parère, S^nà
riraproverati dalla plcbe i Lcltprali, gli artisti* di cuniral pnco diila forliiiii, édi
anteporre una vaoa e stérile gioria a quesia utile Diviuiia. (iuai a iota »p p^naf-
sero corne la plèbe ! i calcoli necessarj sbaodiderebberû ddla Sodeta i lalentif e
il vile interesse sarebbe la misera ed unica occupasionc delL' urimna pro^pu fit
dira cio che vorra il volgo, ma io pregero la mia op^ru sol p^rdii^ essa mî Im
procurato l'onore di essere conlato nel oovero dei Soei c|i« iUii»tr;iriu rAlrn<?ft di
Brescia, e non l'utile che me ne ridonderebbc dallo suierdo de^U eiemplan. t^
Tapprovasione del diletlanti che i'acquittassero.
Un altro vant»ggio non mcno prcgevolc sara, che m'aicic^ colU bonla rosiri^
accordato il diritto di sollecitarc i vosiri consigli nella diflicUe carrim che If^
di percorrerc, e che mi sara gratissimo di accrescere it nuniero dei fuieî dut tii
promcltendo di adempirli tutti con quella fedelta Icalta t: frdnclii'xu cbe ȕ c^o^
viene a chi a l'onore di apparteuere a qncsto couleaso comrncmJabile per ^^
riguardo.
Signé : SKHi;K\T*MAflCEAii,
Ej: membro dtlla Commisnonr a
vatrice dei motmmenti di sciet
belle arti iu Fraticia.
IVOTICE SUR SERGENT-MAttCEAL. 685
rAlbeneum de Brescia, et non pour l'uUiilé qui en résalierait pour moi
par la vente des exemplaires, mais pour Tapprobalion des amateurs qui
8*en rendront acquéreurs. — Un autre avantage non moins précieax sera
que vous m*avez, avec votre bonté, accordé le droit de solliciter voa
conseils dans la difGcile carrière que je tente de parcourir, et qa*il me sera
très agréable d'accroître le nombre de mes devoirs, en promelfant de les
accomplir tous avec cette fidélité, loyauté et franchise qui conviennent
à celui qui a Thonneur d'appartenir à cette province recommandable
à tous les égards.
Sitfné : Sergent-Marceau,
Ex-membre de la commission conservatrice
des monuments de sciences et beaux^arts en France,
N» 9.
Bretcia, 24 mars 1813.
Traduction d'une lettre adressée par Sergent à Stella
sur rouvrage des Costumi (extrait).
...\. Je vous envoie, Monsieur, cent cinquante exemplaires des Costumi
dei popoli aniichi pour que vous en disposiez diaprés nos conventions...
Je suis débiteur envers le chevalier Longhi de quatre feuilles de cuivre;
je lui écris de s'adresser & vous pour être payé, et toutes les fois qu'il
aura à m'expédier de ces cuivres de les faire consigner chez vous, et
qu'ensuite vous me les ferez parvenir par le courrier *.
N" 10.
Brescia, 31 mari 18J3.
Traduction d'une lettre du même au même
sur le même objet (extrait)*.
... Monsieur Lechi que vous connaissez bien vous remettra ce paquet
' Texte original :
Brescia, 34 mario 1813.
Vi spedisco, sîgnore, cenli cinquante quallro esemplarî dei Costumi dei popoli
anfichi, per esscre dlspott da voi a seconda delta nostra scriltura... lo sono dchi •
tore al Caval. Longbi di quatro fogli di rame; gli ho scrittodi ricorrere a voi per
essere rimborsato ed ogni qualvolta avra a spedirmi questi rami di farli conse-
gnare a voi, cbe poi me li farete arrivarc eol mcszo dei corricre.
* Texte original :
Brrscia, 31 niars 1813.
Extrait d'une lettre au même sur le même objet.
l/i consegaera il sig** Lechi gia da voi conoseinlo assoi, questo plico ncl qualc
I
686 NOTICE SUR SERGE\ T*Mil RCÎS AH.
dans leqael voas trouverez deux fascicules ai^ec des lettres îtidu^es,
destinées à deux journalistes de Milan qui doivent faire mention de
Touvrage. J*ai déjà plusieurs fois oublié de vous demander sî c*e£t Tubage
de leur donner un exemplaire complet â\m ùu\ni^é quand il doit être
volumineux et publié ainsi séparément. J'avoue que c'est payer cher
quelques 'petites lignes d*éloge, mais si tes autrei; le font, je ne veui pus
innover ni me tenir en arrière. Je laisse totjt h lotre drsposUlon. JVruotf
aussi un Numéro à Paris à M. Ginguené pour le Nouveau Âfanwc
étranger. Je vous ferai part de sa réponse s'il a le temps de la fuirez de
même de votre côté si vous avez ce journal et si vous vo^ez un a^li^l(^
pour nous, vous m'en aviserez, je vous prie. Je vous laisise le soin d>n
envoyer un Numéro au Journal de f Empire, en vous recommsiidiint À^
ne pas publier mon nom. il fut un temps où nous étions trop divisés d'opi-
nion... J'écris à M. le Conseiller Scopoli par rintermédiaîre de M. Lechi,
mais je vous prie de penser quelquefois ù lui prét^enier mes devoirs et h
le pousser pour la décision qui mMmporle tant non-sculemeitt au point é^
vue du projet pécuniaire, mais aussi pour la satisfaction de voir mno
ouvrage honoré par le Ministère d'une souscripLion. Soye^ sûr que je nr
négligerai rien pour le rendre digne delà faveur puMiqua, parce que mon
esprit a toujours été beaucoup plus tourné vers la «iloire que vers Targenî»
et je veux être traité en tout sévèrement. \Tiiis il Taut un peu se plaindre
ces mois-ci que j'ai à former les peintres en miniature qui sont peu
expérimentés. Ils arriveront à force de peine de ma part à traiter cti
troverete due fascicoli con Icttere iiichiust!, le {[uall VAnno «l due ^îornalisti éH
Alilano che debbono Tar menzioii dcll* opéra. Ho gm piti voile dirnenlicâlo dî
domandarvi se c*e Tusodidare aquesti un esernplnre compleîo d'un opéra iptAndo
dcve esscre voluminosa e pubblicaia cosi i^ep ara (ameute. Confi-^^u che cio i'
pagari molto qualche pîccola liiiea di lodi, mn stc ai ï& da>[ii atiri, non va«;tin
esserc novatore, ue indictro. Lifscio il (uito a vodra dÎ!ipr>slKio»e. SpedÎM:^ aocb<'
un Numéro a Parigi dirctto al sig' Gingucne pcr II Mttoro Xhrcurio foreMirr*.
Vi parlecipcro la sua risposta se avra il tcmpn dl farlA : coh da parte vo^tra m!
avctc qucsto giornale ese vcdete un articolo pcr noî, mi avvi?!eriftcr, i^i preffo. Vt
lasrio la cura di maiidar ne uno al Giornale deit' împero. rAccornandandoii <lî
non pubblicar la il mio nome, lin tempo Tu i-rovoma troppo dîi^aidcEili di opi-
nione... Scrivo al sig** Consiglier Scopoli col mi^^ED del sif^' Lechi, ma vî prego di
pensarc qualche voltàa prcsentargli i miei duterî rd a cccitarlo pcr la dccisJutvr
che tanto m'importa non solo per l'utile pccuniârlo, ma andip per la jimidisrumnr
di vcder la mia opéra ouvrata dal Alinislro con uJia assuciai^îuae. /\?&iieiirateri ch<!
non trascurero niente pcr rcnder la degna d'un eoHw publico. perche il mio genici
e stato i^emprc dirctto pin assai alla gloria che al deuaro ed ni ttitto voc^Vio v^sttt
appa,^ato corne il pin severo giudicc. Ma bi9o;jnu un poeo compaiite que*li
clic ho da formarc i miniatori che sono poco e^-^perU, itiujseiraiino a foricA di U
do parte mia a trattarc quesle figure delicatameute c con buupf^usla. $Qti^
che alla seconda publicazionc troverefe gia uns diïïerenïa.
aiOTlCE SUR SKKGEKT'lf/inCËillL SUT
fîgurra délîcatcmertt eluvee bon goût. Je sub cerbiin qu*à la seconde
publication vous Irouverex déjà une dîrrérence.
NMt-
Brcmm, Il arrit IHtZK
7'raduclion (Tune hUrc tlu même au mêtne
sur le mt-me obju [extrait)^
^.. .rat PU une réponse oITiciello du minifllc-re de rinlérieur jiu âujcl de
lu âouscriplion RIb mlionore nia\& je suh resté le not Long,
Monsieur Scopolî m'avait asaurÈ que la Dircclton en prend rail 25 eiem*
plaiies. Jl devait en outre faire en sorlc que ce mini$tÈre en ajoutât 2^) à
2o pour tous les ibéâtreai. Cela dépendait de son rapport, et j-eap«raii*
dans ionamitii^ comme dans les llalU'rie» qu'on m'avail faites que la chose
rétissiriiit..„. Je vous donne ordre de remettre à la Direction jçénéraie
cinq exemplaire!! ; ainsi porte te long Papier que j'ai reçu. C'est beaucoup
pour honorer mon travail, mais bien peu pour le soutenir.
Brama. 0 mil ÎHVi^
Ti-aduclhu d'une, ittlre dtt mrvie au même
pùUT le même ohjet [exlraîl) *.
J'ai Tuil remettre, ^ïonsieur, au courrier de Calcio hier H un cutis qui
^ Teiie orljf laal ;
BreiciA, I:! aiirilfi IRI3,
Erfrail d'une lettre tm mf^me sur le même objet,
..Jlo nviiLituna rispoMa tjf filiale ôa\ MîiîJsipm dell' Inlecno rirra rassopiâiiiirif .
\lî oiiura... maïuno ri-^laLn roi n«so Imiiîîo, Mi aKevA A'îsu'urftin il sij^' Scnpidi clic
per lu dîi'f'^iuue se lié preitdetf^hbcro 25 (M^i'inplarî. K pi>i iloirua (ave a\ nuuU
clir il di?Uo Mîrriàtfifo ti^ ntï ftfffïiuK'^csfv ii\ o 15 ju*f luLli i tûtktri. Ulprndrv'n vm
dal uto mppocio v spernvo ni'lla fiua jiuitcuin ctirni? iii^fh.' luMin^hË duhrmj rlie la
«■osa «arebbj^ rcuàifila.,. Vi do ardiiuî dî* carTiti*i|UArL^ alla tliroziou^ i^rnende ciiH|n*"
csemplari i c«si porta ÏJt h iti;ift cariât div hn ricevata, K molta pcr outiran; Il uijt»
lavorn ma pc»co as$ai per iosUnirrlo^
' Telle original :
Brcurit, n Tniifjj[io IWIÎJ.
...Hp falia 0i>[tae;{iiJirc, BÎijnor, al ctirricri* di Cuk in tcrî S, un tiAlo cin- ctm*
le escmplari iHâ di^f f^t-cmidu nmnerii.. tic» &criUu af ;t<[' ScupaJi ptT sutle^H
688 NOTICE SUR SERGENT-^U âRCE ,1 LJ.
contient 182 exemplaires du second numéro J*ai écrit ik Momlenf
Scopoii pour le prier de me faire part de ropinîon des epnimîssiirfs sïir
mon ouvrage. Si vous le voyez, faites-moi [e phisir de lui insîiiuer mon
désir de connaître leurs motifs : d*autant que je reçois dcja de quclquei
côtés des complioaenls pour le premier fascicule.
NM3.
Traduction d'une lettre du mhne au même
sur le même objet {extrait) ^^
Je me suis flatté, Monsieur, ces jours-ci de l*espérance d'une lellrc de
vous et de Tavis de Texpédition de papier et de cuivre, Mantiuant de Tun
et de Fautre, je suis bien malgré moi au repos et je fats attendre mes
peintres. Les soins adonner tant à la typograptiie qu'aux coloristes m'ont
retenu à Bnescia et empêché de faire le voyage projeté â k Rlvîera, où je
suis attendu pour choisir les qualités de papier qui me sont néccssafres*
N« 14.
Traduction d'une lettre du même au im'mt
sur le même objet {extrait) ■.
Je me préparais, Monsieur, à satisfaire à voire demande en fooii
envoyant 20 exemplaires du troisième fascicule, quand j'ai reçu une lettre
tarlo a formi portccipe dell' opinione dei GommisMri sulJn mia opéra. Se b 1:^1^
favorite di insinuargli la mia buona vdonta d'JMniîrmi âct loro molîvi ;' giicebe
ricevo gia da alcunc parte complimente per il primo fascicob.
Extrait d,'une lettre au même sur h tnrme objet.
Mi sono lusingato, 8i<{nore, questi giorni colfa tperanxa di iiaa sui cortège Ivl-
tera e Tawiso délia spedizione di carta et di rami. Mancando dcl uno a ddl* aKri
sono roio malgrado in riposo e facendo aspettare i inîei pitlori. Le cure da àtn
tanto alla tipographia quanto ai coloristi mi hanno trntienuto e tîresHa ta impe-
dito di far il viaggio progettato alla Riviera ovc £ono aspellato per sce^li^re te
qualila di carta che mi sono neccssariè.
* Texte original :
Brc^tla. ÎP loglïn IRIS
Mi preparavo, signorc, a soddisfare alla vosira diimanda col tnnudarvi âOcc
NOTJCE suit SEHGErvT-HfjiftCEAU. ën9
en miniftlra de rinlérienr df! IVaplesqtii m^annoncc que Sa \Iajes(é le Itoî
lui a ordonné Tordra de souscrire pour ^0 eitemplalres de mon ouvrage
et me Les demande de âuile. Je dois donc déposer de ceuK que J'avuis
préparés pour vous.,. JesaU que h rapport peu favorable des Inspecteurs
ne fut pas la cause dç la faible souicription de noire minisUTC. Au
contraire il éLaîl Ici que le Conseiller croyait et espérait au moins
20 exemplaires, Mais nous sommes tombés sur un jour d'économie du
ministre qui ne ^e rap])ehi pas la promesse qu'il m'avait faite et diminua
sur le rapport le nombre proposé. Celo me console parce qu'il me déplai-
sait de croire que j^avais eu peu de faveur auprès des lui^pedeiirs. Mais
le ministre a promis de nouveau k un de ses amis ([ui est aus^i le mien
qu'il ferait le possible pour réparer cela, et jVspére qu^il y sera excité par
l'ordre du roi de iVapIcs qui le laisse en arrière des 4/5.»
Brvudii, 2H mil f Hi k
Traduction d'une lettre du même nu ntéme
Mur Agatftophile {dxtrau) *^
FaUes-moi le pkisir d'inscrire & mon compte 50 francs que par le
moyen de votre correspondance vous ferez payer, soit via de Tunn, soit
via d'Aïeiandria, \\ M. tîussa, provîseur du lycée de Casai Monferrat.
Cette demande a pour cause que ce lycée est supprimé et on renvoie les
élèves: mon (fils) se trouve comme Français dans la catégorie, ^^ï^^^ '"^Ç**
avant-hier l'avis de le réclamer de suite.
del tcr^D faBCict^tû 4[uaudq ric(.'veL uua Icltera dri juini»trt> àAV Tuterno di \apidj
il quAle mi partccip^ cîic S" M' il Fte «{ti lia datu ordini dî a^soduiiaue pt'i- 20 cc»pîe
délia mia opéra et me b ilifrmiida Kubilo, Devti duaifue disporre di questi! che
erana prcpurute p(^r i^oi... \oii bo che nun fii mr»tivo délia picula associaxianâ dcl
nostro Tninlstera, il paco fuvorcvolt^ rapporto degli ispettorL Adïî cm tnic du- il
C^insî^ïiere crcdcva e i^perata alnicnu ^5 copié. Ali souo capitalo un gJoruu d'cro-
nomia de] miniAtro îl ifuule non mninïemuriLnduBÎ lu proniense fatlemi da lui, ha
troacata sul rapporlo la L(iiântitu prapoi^tn. Gio me cimsola perclie Jiii dispincuva
j\ credcrc di avcrft iivuto poco fai^nre pre^ia ^[It îspeltori. lia il nuuiislru lia pro-
inesRO di nuaso ml im »i]u anuco e miu dî farc? il poisibite per n'parare e sperûcbe
ranimera Tordinc del râ di IVapuli che la fa^cia itidii^tra di 4/5,
' Teitc ori^ÏDâl :
avoriie di^porre « m!o conta L. 50 die col me^zodella vostra frOrn^pondaiixA
te paf{are rIq per ia \\\\ dî Ton no, sia per quélla d'Alessandna al n^*' Bussa,
vcditore del Liceo dî Casai u Uonferrato. Queifta domauita mi prc^nne per il
14
600 \OTICB SUR SE RGENT-M A IICK AU.
K- IC.
Traduction d'une lettre du même au même
sur divers objets (extrait) K
Je ni*eslime heureux de vivre avec ma rainîlle patnïircnl(?n)enl et non
comme un homme du monde, de n'avoir pis dru\ .^ous de deLI« là oh
j'hahile et de laisser à mes nouveaux concitoyens une jutuvc qul^jf oitf
suis toujours adonné au travail et à un trai-iiil qui |mî<iie dire utile.....
Un ami se présentera chez vous ces jours-ci ai vous remt^llra un gfarJ
motivo che e sopprcsso il Lîcco e si mandano via <[li Sln Jrnli i il nnrt (ft;{fio) fi
trova coine francese netia categoria'e ricevei ien lultro l'iivvUu Ji ri^hidinaHa
subiln.
• Tcîxte ori<{inal :
Brcicî*, 2 fiîlibiniio 1813.
Mi trii<{0 fclice di viverc colla mia famiglia dn pntfmrca c noa da uorhs ât
sccolo, di non avère ^ue soldi di debiti dove abi^o c t\\ bn-îarc nr miei nunvi ra«-
r.iladini una prova che mi sono «empre dalo al Uvoro c nil tiu tavoro die passi
esscre utile... Un amico si présentera da voi qm^^ii «{ionii g mî cun«e<^era ttfl
grande plico di carie. Ecco il motivo : ho letto nelto S/feilatore ti'* 19 un ar4icnb
8iil Musco di Francia ed ho creduto dovere al Eu fi^Jolc &\awU una riip<i«la fn
(picsto argomento. Alla lettcra si aggiungono alcime cartes couif! autarila, ^ft^
çhc vi raccornando prcmurosamcnle, cssendo mi praiioff corne \t i^arj noia
vcdcndole. (juesla mia Icttera e diretta a voi iienchc senUa io Tranceif: rU>
scritta nella mia lingua : 1° perche roi era pîu facile il darn cr>rst) a Kg mit idée;
2" perche se doveste stamparla la mia pro^a italiLinn non currisponderchb^ puala
a quella doi vosfri tradutlori che potranno, vol^jEirîziaiidota, darle [|tiiLkh(ï m^^-
gior prcgio. Mi sono lusingato che queste mie ossêrvuïionl dnvctanci L-sseri; ial^
rcs«anti dopo l'ingresso dcîle potenze alleate in tVandu, giacdie da questo mt*
mcnlo il Museo di Parigi divcnne il Museo d'Ëuropa.,,. Ml cupilf, c mïsL opinion^'
che qucsto monumcnto pu6 ispiraremag;{iorecuriQ>i;îla che uu Ottitto Ira^purtit»
da Genova in questo museo. le voi la pcnsate coii darG luogo uH ■upptentetBli)
delto Spettatore alla mia lettera ed ni taie casn vi domandGro di Appmfitttr^
delle composizioni pcr farmene stampare 50 copie sGpnralitinonlfî.,. ^'un irrn
avuto bisogiio di mandarvi le carte probante perche sa lo {tvGrsi Lravcslit^i U icriU
lirmanda il mio srrilto, dovrci espormi personatriicD^*; acjM ntLadiJ di cliiccIi^$MH
ma avendovi aggiuuta nua nota in vostro nome, rra mio dovere di rntideroi eerte
délia puutnalita dellc mie alleguzioni. Adesso cfae Fiiele islruiln M tuiio mi fAV>~
rireto di palesare sinceramente il vostro pensiero e la vasira JcterminauiïDf'.^.
...Avete dimcnticato di avvisormi d*una novita che mi spiqcqutï. Mi Tu à^Vtm
questi giorni possati che il sig** Scopoli non era piti dit-eUtire dclla publtca iitf«-
zioné; e per le scienzc e per le arti c per me, mi rmcresci^.., .'^vrei piac^rf ib
Javorare per voi qualche picolo disegno che, mi perdoni i'arlîsla, nH Be\
[Uami des enfants)^ ne avete alcuni tanto golTameiite invcntitli, e potrei pr
tervi cose un poco piu gutlose, sopratulto ni piccoto.
,
NOTICE SUR SERGE\T-MARCEAL. 691
paquet de papiers. Voici le motif: J*ai lu dans le Spectateur n* 10 un
article sur le Musée de France, et j*ai cru devoir à la fidèle histoire une
réponse gur cet article» A la lettre sont joints quelques papiers comme
justification, papiers que je vous recommande instamment, car ils me sont
précieux comme vous le reconnaîtrez en les voyant. Ma lettre vous est
adressée quoique écrite en français. Je l*ai écrite dans ma langue 1* parce
quMl m*était plus facile de donner cours à mes idées, — ^^ parce
que si vous devez Timprimer, ma prose italienne ne vaudrait pas celle
de vos traducteurs qui pourront, en la vulgarisant, lui donner quelque
peu plus de valeur. Je me suis flatté que mes observations devaient
être intéressantes après l'entrée des Puissances alliées en France,
puisque depuis ce moment le Musée de Paris devient le Musée d*Ëu^
rope... Vous me comprenez, c'est mon opinion que ce monument peut
tMIfirer plus de curiosité qu'une coupe transportée de Géaes dans ce
nmîie. Si vous êtes de cet avis, vous donnerez place dans le supplément
ilii'T^mifllfrrfr^ ma lettre, et dans ce cas je vous demanderai de profiter
de la o^jHfMJtion pour m'en faire tirer 50 exemplaires à part... Je
n'aurais paa^i besoin de vous envoyer les pièces justificatives parce que
si j'avais traveall |j| vérité en signant mon écrit, je ne m'exposerais person-
nellement aux attiMUifit de qui que ce soit ; mais y ayant joint une note en
votre nom, il était J^ mon devoir de vous assurer de l'exactitude de mes
allégations. MaintenanI m^. vous êtes instruit de tout, vous me ferez
plaisir de me faire connalU%4iocèrement votre pensée et votre décision...
Vous avez oublié de m'avisef 4i*iine nouvelle qui me déplaît. On m'a dit
ces jours derniers que M. Scop^ n'était plus Directeur de l'Instruction
publique; je le regrette pour les t^i^pces, pour les arts et pour moi
11 me serait agréable de travailler p^m vous à quelque petit dessin ; j'en
demande pardon à l'artiste, dans le Bew^fi^ {L'ami des enfants) vous en
avez quelques-uns ridicules, je pourrais v«as promettre des choses ayant
plus de goût surtout en petit.
N* 17-.
Bre««i«. 21 février 1815.
Traduction d'une lettre du même au m^ime
sur divers objets {extrait) '.
Je me suis proposé pour quelques dessins en p«tU et même en
Texte original ;
Breflcia, 31 febbraio 1815.
extrait d*une lettre à Stella sur les dessins qu'il p»ut lui faire, sur ses aocient
692 NOTICE SUE SERGEK T-M A ftCE AU.
^rand pour des livres, maïs il me semble d*ap^^s Us Le nues de rolra
lettre que vous avez compris aussi la gravure. Autrefois je vous aurais '
dit oui parce que j'avais la pratique continue de graver en petit, et ce petit
cuivre que je vous envoie vous le prouvera. Il plalL beaucoup h Longhi.
Mais a^ant cessé de graver depuis que je suis parti de France (il j a lians},
je ne me trouve pas assez habile. Je me repose donc pour c^etLe partie sur
mes anciens lauriers et je me bornerai aux dessins seuls. Je vous ai dit,
je. crois, que je connais beaucoup Novelli qui est doué de talent, mab il
s'est tellement adonné aux choses religieuses qu'il n'a pas nourri $on
goût avec des études variées, et si gracieuse» ^ca cotnpostlions soient-elJe»,
et quoiqu'en tout cas je pourrais faire pire, ettes n'ont pas ce sentiment,
ce caractère qui fait le prix des choses petites qui doivent être traitées
avec esprit et élégance. H est froid dans h^ effets, et cela s'observe géné-
ralement dans votre almanach Je vous parkavec sévérilé, mab vous
travaux artistiques, sur les estampes françaÎRes H sur \e» esUmpcs de: Ch<^à-
wisky. S'il a le temps, il fera un dessin pour son altiiaDacb. ft ne grave plus^ Soit
jugement sur Novelli.
...Mi sono eslbito per alcuni discgni in pîccolfi ed anche in ^mnde pt^r librr,
ma mi pare dalle parole délia vostra lettera clie ablmle mïem anche rincisi^ne.
Anni sono avrei dctto di si perche avcva la cudtîmm pralica d'încidere in pîccolo
e quel rametto chc vi unisco qui ne sara la prova. K*\Vi pîacqu^; moUa al Lon^hi.
Maavendo ccssato d'incidere in questo génère darctif! surm purlilo delb Francia
{t4 aniii) non mi trovo la manu abilc a tanto. .\Ii riposo adunque m qtjfsU par^r
sopra i mici vecchi allori e mi limitero ai discgai soli. Vi bo delto, ercda, ebe
conosco molto il Novelli il quale e dotato di talcnto, ma egli si e ââia taato alU
cose religiose che non ha nudrito il gusto con varîi sludi e c|uantunr|i]e sieno gri^
ziose le sue composizioni, cbe potrel aile voile Tare pe^gio io, non hauno quH
senlimento, quel carattere che fa il pregio délie cose piccoEc clic vogliono essore
trattate con spirito ed eleganxa. Rgli c fredd6 nr^fî effeLti c cio si o?«ervi nel
vostro almanaco generaluientc... Vi parle con scierita, masapele die chi cooo«cc
i disegni e le iucisioni del Voltaire, del Rousseau, de<]ii Bvangeli&tt, di Boileau rd
ha vissuto con Moreau c suoi incisori, puo cancre g indice mena tadnlgeuU. 5e
mi trovo un momento libcro, faro una prova di un dîse«jno del vostro «toiiOACco
e vc lo mandero e del prczzo aliora ne parlcremo.
Quanto ail' incisore, vedo che avendo disec^ni forse d'un effello ma;^<{î(»re e con-
sigliato di meltere sotto i suoi ocbi ulcune oclte slaTnpe di tVancia qualt gona le
sopraccennate, egli potra^rivaleggiarc coi nostri, cbe sona supc^riurî a iMtli. loi-
tone un Cbodowicky berlincse (morto) al quale cheadii.' ne dicano i miei fumpi
trioti daro la corona. Egli incise 3,000 pezzi, cbe tutLi ^oao ricercati ; nel L^iritcr
si vedono cose di sua puuta. In tutte lé circoislanz^! sono impjrziale.,. L'ni«co it
rametto un prospectus di un opéra chc fu da me principiaU nelt' aouu tlï" dflU
nostra fu rcpublica : ne ho falto tre fascicoli e comincUva ad essere atceiti 3^
pubblico, particolarmente air estero, quaudo una miibtljadi ômû anni lue !& ^-' '
sospendere, a dopo piacque al sig"^ Bonaparte di farmi cond^lîare un *«Jua
di quella di Parigi. Reste il lavoro sensa esscrt^ ï^c^urLn. Tencletrï qiics!o pru^iM
e la piccola stampa fatla per le memorie storicbe di imo cojjnato.
^A
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. 693
«avez que qui connaît les dessins et la gravure du Voltaire, du Rousseau, des
Kvangéltsles, de Boiieau, et a vécu avec Moreau et ses graveurs, peut être un
juge moins indulgent. Si je trouve un moment de libre, j*essayerai un dessin
pour votre almanach et je vous renverrai, et nous parierons alors du prix.
Quant au graveur, je vois qu*ayant des dessins peut-être d*iin plus
grand effet et si on lui met sous les yeux quelques belles estampes de
France de celles susindiqnées, il pourra rivaliser avec les nôtres, qui
sont supérieurs h tous, si Ton excepte Cbodowisky, Berlinois (mort) au-
quel, quoi qu*en disent mes compatriotes, je donnerai la palme. Il a gravé
3,000 pièces, qui sont toutes recherchées. Dans Lavater on voit des choses
de son bnrin. En toutes circonstances je suis impartial... Je joins.au petit
cuivre un prospectus d*un ouvrage que je commençai Tan X de notre
ancienne République. J*en a fait trois fascicules, et il commençait
è plaire au public, particulièrement à Tétranger, quand une maladie de
deux années me le fit suspendre, et depuis il a plu à Monsieur Bonaparte
de me faire conseiller un autre air que celui de Paris. Le travail resta en
plan. Gardez pour vous ce prospectus et la petits estampe faite en souve-
nir de mon beau-frère.
N« 18.
Brescia, le 0 avril 1815.
Traduction étune lettre du même au même concernant l'ouvrage
des Costumi et un discours sur la gravure {extrait) ' .
Tespère pouvoir vous envoyer A la fin de cette semaine mon 1 1' cahier
qui se prépare. Puis les autres suivront exactement parce que j*en ai
' Texte 0 rîginal :
Brescia, li 0 aprile 1815.
Spero di poter raandarvi alla fine délia setlimana présente il mio li® quadcrno
cbe si prépara. Sequiranno poi gli altri piu precisadiente perche ho due altri
stampalî e oe aspetio dalla revisione allridue. Le ouove discipliae mibanno ritar-
dalo ed ho preso il parlito di occupare i sig* Censori della niia opéra continua-
mente, quantunque le nubi che oscurano adesso ToriEzôntc sieno poco favorevoli
per la spedizione délie nostro faticbe. Ma si riscbiarera il tempo, biaogna spe-
rarlo e lavorare cod questa lusinghevole idea... Il signor Luigi Lccciil prendc la
fatica d'estendere un arlicolo suila mia opéra par il giornaie italiaiio. Vc lo spe-
dîro coi qtiaderoi... Ho letlo alT Ateoeo un discorso suU' incisioneindue sedute e
oesto ha fatto qualche scnsazione; e piaciuto agli acadcmici.Alcuni mi lusin*
aoo che se fosse stampato eccitereblc un certo intéresse. L'ho confidato al
»ig^ Luigi Lecchi cbc non Tha inleso. La prima parte di questo discorso espone
''>ricamcn(e ed alquanto poeticamenlc (per rendcre vieppiu amabîlc le descri-
694 NOTICE SLR SE RGENT-M.^ RCE.4 tJ.
deux autres imprimés et j*en attends de la censure detiat autres. I^£
nouveaux règlements m*ont retardé, et j'ai pris te parti d'occuper conli-
nuellement Messieurs les Censeurs de mon œuvre, quoique Jes nuages
qui obscurcissent maintenant Thorizon soient peu favorahbi pour U
célérité de nos travaux. Mais le temps s'éclairctr;?, il faut respcror et
travailler avec cette idée flatteuse Monsieur Louis Lechi prit lu \teme
d'écrire un article sur mon ouvrage pour le Jùurnai ilaiietu Je voua
Texpédie avec des cahiers J'ai lu à rAlhénêe un discours sur la
Gravure dans deux séances, il a fait quelque sen^iition et a plu aux
Académiciens. Certains me flattent en disant que s'il élaît imprimé IL
exciterait un certain intérêt. Je Tai remis à Monsieur Louis Lecchl qui nt
Ta pas entendu. La première partie dece discours expose historiquement fI
quelque peu poétiquement (pour rendre par là moins aride:^ bsdefcriptions
du mécanisme) 23 manières de graver le cuivre en relevant Us travaux
des divers auteurs et en dévoilant quelques secrets. tl*esl la plus complel^
description qui ait été faite, et elle procède d'un homme quia eKpénmcnlé
•toutesles manières décrites. La seconde partie est toute de controverjef,
d'observations sur les principales manières, sur les plus remarquabEei
modèles de chacune pour arriver à celle qui doit ^tre le plus upprériéet
et, sans une décisive conclusion de ma part, je fais appel au\ atiiatcuri,
professeurs, etc. Je laisse mûrir ce fruit de urcs vE>ilIes, et nous ^erroos
quel cas en faire quand le soleil se lèvera sans nuages.
N» 19.
Bref cia, le 15 octobre iSlï,
A M, Joly Conservateur du cabhiit des E Hampes
de la Bibliothèque H.
J^éprouve quelquefois, Monsieur, que les arts sont consolateur», aussi
par reconnaissance je leur suis attaché et les cultive au milieu du fraras
qui bouleverse tantôt un côté tantôt un autre. Je i?ous eu donne la preu^«
eu vous expédiant par une occasion de voyageur la suite de mon ourra^,
zioni del mecanismo) 23 manière d'incidcre il rame rîteifantfo v^ilorî [& kbari?)
di varii autori e svelandone alcuni secreii. Questa e lu piu Fompiula deKrixiooff
che siasi mai fafta e da uno che ha sperimentatc luUe le imnii^rc deficritle, 1^
seconde parte e tulta di debattiti, di osservazioni aopra le prinripali iziiii»ier«,
sopra i piu respettabili modelli di ognuna per arrivnrc a Mpf^ri? qunle deve es^
ipiu pregata e senza una decisiva conclusione dël niîo pnrtTé Tsccio tppett
diiettanti, profcssori, etc. Lascio maturarc quel frullo dcUe niieve^hc, e vedrr'
quaudo il sole si alzcra seoza nebbia, che cosa ne Fan».
\0*TICK SUR SERCEnîT-\lAltCEALN fiO-i
qui s été rcppndanl reUrdè un pi^ii par 1rs evpnemoiiSi quoique la partie
que j'habilâ n*aîl éprouvé aucune ^ecousiev
Quand je trouverai dea crrcojiâtanees facile» |)Our voua eompleUer do ce
qui aura été inihliè^ jo nie ferai ua plaisir d^offrir h une collection
nationale le triliul de me» travaux.*
Acceptés nvee autant de plaisir que j'en ai h voua le dire le lètiiol^imcfe
d*une parfaile estime et d'une agréable réminiscence de plusieurs aimées.
SUjné: RKEl(JKXT-MAfti:KAU,
Mtmbrt dk l Athénée de Hrtâaa Ih^
au MtUa.
H. Liimbcrd Vénitten.
C'est ainsi qu on peut mVxrire,
Dri'ïci*. âJ jiiiJÏct iHlfi,
Tratiuction d'une letire du mhne oti mime sur Couorage
(tes Co^tumi (.liraiU) K
Je roiis enverrai aussi un article pour le Journal italien^ Vous
verrez que uica amis me servent avec une iollde amitié et rendent juste
liommn^e à mon earaclère; cet article écrit par un honiine de bon goùl
et parti euliërement en matière de thêiltre ne m'épargne pas néaii moins
la critique, «,,, Si vous voyez Pe^zi, friitea-lui mes reproches et mes obaer-*
valions sur son silence parce que si j'envoii^ chaque fascicule au Directeur,
mon but est qu*il fusse Télo^^eou la critique, mais non pas qu'il Tentcrre^
ou je cesserai d'envoyer les suivants. Je ferai dfï mémo avec le Journal
des Dames. S'ils veulent économiser quelques li^nes^ j'économiserai aussi
mon présent,
* Texte oH^mil :
Hrp^iiA, ^l jnitU-t IHIj.
..,Vi inftaderD anche un arlicolo per il GiornaU itaîiano, Vcdretii die i miei
aniici mi lervoiiociMi aolidn •midKJa c r*^iidtimi «ipu»ti> *i njuj^î^io al tant c«rni:<erÈi
queeto nrti^oUi f^crillo *\a un uorria di bmm ynsln c particolar mente in maleriu dî
M«tri non mï risparniia neunehe la criJicA... ^f vedete iV^ii ralef^lî i iniet rira*
reri c le niîe otservuiiotii sut tua sîieniio, perche, se mandn ojpu fiiicici>liï al
ellonî il m'w scopo p cW ej^li faccia « l'elni^m lo U tTÏlîca, ma non \o melto in
noicro o cefincro di mflridirc i seguenti, Coai f*ra col OiorunU deiie dame* Se
«arminno alcuuc liuec di scritlura, risparmiero anche il nno doûo.
696 NOTICE SUR SB HGBNT-U ABCBfl V.
N«2I.
Br«acUt S octobre 1 Si:».
Traduction (Tune lettre du même au même îur ics embarras
d'argent (extraU ) *.
J^altends toujours mes reventi» de Fraiace, mais ils sont ttcwt
entravés» et cela empêche la puUlîcutioti de mon ouvrage^
No 22.
Traduction d'une lettre du même au même
sur Agaihophilt {extrait}^ ^
J*aî fait espérer à mon (ils votre protection, et il aUeod le mom^it
de pouvoir vous être utile.
Traduction dune lettre du même au même
sur AgalhophiU {extrait) *•
J*espëre que mon Gis sera toujours plus dJ^ne de voire palernctie
çstime et de votre amitié, et que son amour pour le travail vous donneru
Tespoir qu*il fera honneur à votre commerce.
' Texte original :
Br«u:l«, 8 oltolirp IBIS.
Aspctto sempre le mie sostanxc di Fruncia, nttâ sodo impciiite t- ciu itnbtj«a4
la pubblicazionc délia mia opéra.
' Texte original :
Ho fatto gperare al mio figlio chc potrebbc essere favuriio da voi cd e^li a^petio
il momenlo di poter csscrvi utile.
' Texte original :
...Spero che mio figlio sara sempro pru dfjjno d^lU ifostra putcrna ftim
aniicizia, c clie il suo amore pel lavoro vi diUTii «pcrauic cii' egli fucdii ûtiar
vostro negozio.
r
IVOTÎGB »Vtl AKRGENt-llARCBAU. «Ï>1
irvfci», ^ mil ISI6.
Traduciion d'une îettrt du même au ménit $ur k même
e( iur Emlra (exirait) '.
..... Recevez mes compliments et mes remerciements pour mon fiU,
Cela pfaU aussi à ma Temme (^ui a commencf^ à ressentir pour lui Tauiaur
el reRlime *jue, je ^csp^^e, il mt-rilerû loiïjours plus. Eu cela iJ montre
que tout ce qu'il dott au bon cœur, aus: qt^alUés .supérieures cl à la culture
de son affeclueuse mère, puurra loujourii Tailler dans toute situation^ et
yen stth d'autant plus siitiifait que voas voyez que ni présomption ni
flatlerie ne me Font fait présenter à vous comme capable de satisfuire
à vos déiiiri.
Traduction d'une lettre du mt^me au président de l'Athénée
de Brescia^ oà ii amtonce 3on dépari pour Milan*.
MoxSlKVft LE PRKSJDEST,
I
Mes înlèri^ls m'appellent dans la capitale. Je serai dé:^orm?iis, k mnn
grand regret, privé des dït\iaiits et agréables rapports avec les cljstingnéfl
* Telle orrfjiaftl :
...Ttîcevete t miei cumplîmeuLl e rlnj^rajfia menti pi^r il niio a^^U» e qimnEo
piacn a mm moelle ihe pnni^ipîati! u sent ire per lui Tamore e la stini» che spcro
mcri|[?r« «empre piu. In cia eijli mauïrt'sLa die tulio ctu die dcve d hnmi eimre»
«He doit eKCelleulî ed alla eolLitra d^lla &im amorosa TnuiJre, pokn tempre (jiovnr-
«l[1i ip ogrii «itua^Lonc e tie sono huiio piu cmjLi-ulii c\n- vcd<'te che ue pfe,iim]i,inoe
ne adu ludions mi fei^ero preseutar vdu coma cap ace di suddis ftre nlie vostro
brame.
* Texte origioaT :
Briucia. 13 gitignu IHIG.
SuiSiORE PafîSlDKNTe^
I rniej interessj mi duamaiia nelta fl^pitole; Snro, nrnani, eon âommn min dis-
piacerfT^ prito délie diUte et e yrad^^ime correiiifiouj cu^U uniatisâiiiii /^eadi^ioici
cbe mi Iiuiino onrvraUi amitieiïtt'iidiHni mAU ioni ?.iicirlfi.
Ma^ivtjmpje rni !»ara data la fat^ollii di i^iieri\ non dJinenlldiDro mai ebe il min
do¥cre sara, quaaio po^flitiUesecomb 1 mici dib^jU talenli, di ^ustcaere cou decuru
k
698 NOTICE SUR SE RGBNT-M ATIC E A ir
Académiciens qui in*onl fait Thonneur de m'adm? lire dati$ leur Aociéle*
Mais partout où il me sera donné de vivre, je n'oublierai jamais que
mon devoir sera, autant que possible selon mes fatbttïs latents, de porter
avec décorum le litre qui m*a été accordé de membre de rAeademie de
Brescia. Il m*est plus facile d*assurer cette respectable SocîéLé que Tbon-
neur accordé à mes Costumiy Taimable façon de vivre &siec un peuple
bienveillant et hospitalier me conserveront mon souvenir dans celte
I Académie, estime que ne m'auraient pas méritée les peu nombreux travaux
sans importance auxquels vous avez daigné applaudir* En tout temps les
qualités de bon citoyen sont très précieuses, quand elles lont accam'
pagnées de quelque culture d'esprit.
Elle m*a permis, selon les statuts de T Académie, d'orner mon ouvmf^e
sur les Coslumi des peuples, etc., ouvrage heureusement encouragé par
tous, avec le titre de Membre de V Athénée^ et par là je muntrerai
combien je m*estime honoré de me proclamer toujours le très dévoué
compagnon de très distingués Messieurs les Académiciens.
Signé: SKiuEM-MAacsAu,
Ex^membre de la Commission .V '* des
Monuments des Sciences tt Btaux*
, Arts de France ^
Je m'empresserai d'offrir à l'Académie mes trai/aux d'art de ^{ravure
L que je pourrai exécuter et qui pourront me mériLer quelque faveur du
L public, si les circonstances me le permettent.
l
^ il titolo accordato roi di /octo dcir Accademia Bresciana. PJu fnciU mi « ^aicurare
^ a questo respettabile Societa. che i roiei oiM>rati CoHumi, il gpnlijc modu iti
j, vivere coq un populo benigno ed ospitaliere mi cooseri'eratina la mU memorra la
questa Academia, stima che non m*avrebbero meritata i pocUi c uicnle impor-
' tanti lavori cui vi degnastc d'applaudire. In ogni tempo le qutilita di bnon cilU*
dino sono pregevoli assai. quando sono scortate da qualclic coUura tli sptriio.
Ella mi ba permesso, secundo i statuti dell* Accadeiniiiili fr^jjimrc U mb upera
sui Cosiumi de* Popoii, etc., opéra felicemente da tutti Jncoraifgiata col Ittnto di
Membro dell* Afeneo, e concio provero quauto mi tenyo onoralo di proIctUrmi
sempre il divotissimo socio di Loi edegli ornatissimi si^oori Acfademici.
Signé ; SRRfiKiïT-IUiinEALî»
ex membro det/n Commsiitit^ V'"^ c&m*
seroatrice de Mùnuntrnti ddk Scifmt
e Bellearti di Fnmcm,
Mi faro premura d'orfrirc ail' Accademia i Lavori di \t\û d'incisiouc, che poir
ese^iierè c mcritarmi qualcbe Lode dal Publico, se le circostansc me ne onro
il niczzo.
N- 25.
NOTICE SLB SERGBNT-MARCEAU. 699
Milan. 18 juio 1818.
Traduction d'une lettre du même au même
sur les Costumi {extrait) '.
Dans votre lettre de ce mois je relève portées sur mon compte
dîx-huil souscriptions à mon ouvrage sur les Costumi.
N* 26.
Ililan, 30 notembre 1818.
Traduction d'une lettre du même au même sur les Costumi
et dès dessins (extrait) *. '
Notre compte est liquidé depuis longtemps, je reste créancier
envers votre Sociélc, je vous prie d*en venir au fait, y compris les
dessins que j*ai faits pour les Béarnais ^ et que j*ai faits sur votre ordre.
N-27.
Milan» 9 fëvrier 1819.
Traduction d'une lettre du même à Stella et Fusi, libraires
à Milan^ sur les Costumi {extrait) >.
Ayant Tintention de poursuivre cette année mon ouvrage des
Costumes des peuples anciens^ j'ai fait la proposition à Monsieur Pirotta,
* Texte original :
Milano. 18 «jiugno 1818.
filtrait d*uue lettre à Stella.
...Dalla vostra letlera del mese eorrentc rilevo chc sono registrati per conto
Tostro dicciotto associati alla mia opéra sui Costumi...
' Texte original :
llilano, 30 novembre 181K.
...Essendodd molto tempo liquidato il nostro conio uel qualc resto creditore
verso la voslra Societa, vi prego di venire al fato, non escluii i designî fatti da
noe per gli Beamesi cbc furono fatti per vostro ordinc.
' Texte original :
Milano, 0 febbraio 1819.
...Avendo Tintenzione di proseguirc quest' anno la mia opéra dci Costumi dei
jpoli antichi, bo fatta la proposizioiie ul sig' stampptore Pirotta di cootiuuarla
1
-700 NOTICE SUR SERGE X T-^ll A QCE AU.
imprimeur, de la continuer sous ses presses ei de lui donner une àk]&-
galion entre vos mains pour recouvrer ù mon crédit les «sommes que v^m
associés ont encaissées sur cet ouvrage pour toule publicaliort, et cela
jusqu*au montant que pourra atteindre la cêdulv de M. PiroLta pour les
fascicules imprimés.
N« 28.
tfjtkit, le S m^n Iti^O,
Lettre du même A M Julien Direct de la Hevue EncycL '-
Vous ne serez pas fAché, Monsieur, de recevoir avec la grftce ifue
vous mettez en voyant des hommes doués de connaiï^sADces, un àe^ enlans
de la Lombardie, attiré par la curiosité^ par le désir de voir de près des
hommes de lettres avec lesquels il a spirituellement conversé. Phisieun
de mes amis, ardens partisans de la Liberté et de la raKson qui la fonde,
m*ont engagé à recommander le porteur de la présente^ el je me rens (?)
à leurs sollicitations en vous adressant M, Zonea. Pcrmetiei lui de voiti
voir, de vous consulter sur le choix des dél asseoie ns scientifiques qu'il r^
chercher. Son intention est aussi de voir l'.^^ngleierre. Je me OnLte tjuM
en reviendra, comme a fait un de nos riches Brescians quî, après a\oir
passé 15 jours à Londres, s'est empresse^ bien vUe de rêpas.ser en France
pour se dédommager, el qui ne cesse de repeller qu*iï y a une bien grande
différence entre TAnglais et le Français (dont il ne chantait pas le^
louanges avant son voyage).
Vous ne serez pas fdché sans doute d^apprendre qu'une Ecole d^eiisei'»
gnement mutuel qui, a été établie à Brescîa par le coraLe Monpiini (Jeiitie
homme encore), fait les délices du paysi Que M** llgoni président de
r Athénée et direct, du Lycée en a établi une pareille il Ponte Vjco (peu
distant de Bres.) où il a des biens. Et qu'enfin \IM. Pons et Gonfalo-
nieri^ aidés par M. Monpiani, en ont établi doux à Milan, et qu'on ca
ouvre en ce moment une troisième. Peut-être aavez-vous cela doj:ï [ïtr U
prem. cah. de laBibl, ital. de M. Curbi. Les Milanais applaudî^^ent à ces
établissemens. A côté de cela le Gouv^ s'occupe à affaiblir les préjagèt
sotto i snoi torchi e di dart^li una delegazionc celle vogtro manî per ritcnolere i
miocrcdito le somme che dai vostri associati a dcUa opéra incassalf^ ad o^ni pal»-
blicazione, e cio sino alla somma alla quale si portera la pûljzza del «îg'^ Ptrolta
per i fascicoli slampati.
' En tète, est écrite la mention suivante : (iCtie Ictlrc est rci]tri.-G cotrt
mains parce que la personne pour qui clic était crriie a clian^<^ d'avis, et reU
son voyage de queluues mois.
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. ^TOl
superslilieux; on dît que Parchevêque a reçu de \i\ Cour de Rome un bref
qui supprime le catéchisme que Ton vient d*imprimer, et un monitoire,
qui foudroie d'Excommunication Tabbé Jozzi G** Vie. qui a refusé Tarche-
vôché de Milan, et depuis le Patriarcat de Venise, et Tabbé Giudici,
Conseiller chargé de la Librairie, pour avoir approuvé le Catéch. Le
Gouv* a traité ce nouveau foudre comme celui lancé sur Fouvrage de
Vabbé Tamburini de Vérone, en ordonnant au pontife de Milan de mettre
les Brefs dans le panier sous la labié et tout Milan crie : Bravo ! Nous
n'avons ni moines ni missionnaires, grâce à la prévoyance autrichienne.
Mais nous n'avons pas non pins la liberté de la presse.
A propos de presse, je vous dirai qu'en ce moment je fais imprimer en
français des Notices sur les derniers faits d*armes de Marceau, et sur sa
mort. Je vous en ferai remettre des exemplaires.
Je guette aussi une occasion pour vous envoyer tout ce qui a été publié
jusqu'à ce momentde mon ouvrage sur les Costumes. M' Magia, que vous
voyez quelquefois, a dû ou doit vous remettre une lettre de moi du
paquet et dans laquelle je vous exprime le désir d'obtenir pour cet
ouvrage, qu'il soutient ici, une mention honorable dans la Revue.
Mon épouse me charge de ses complimens pour vous et moi, en me
rappi'lant à votre souvenir je vous renouvelle l'assurance d'une parfaite
considération — Salut.
Signé: Serge\t-M arceau.
25 mars.
Depuis ma lettre écrite, j*ai appris que l'on va établir une Ecole
d'Enseig* mutuel pour les filles, et enfin une autre, non gratuite, pour les
enfants de Négocians, de Bourgeois.
Je vous parle des Excommunications du Vatican à propos de l'abbé
Tamburini, vous n'y trouverez peut-être qu'un lassi de ma part, si vous
n'êtes pas informé qu'aussitôt que l'ouvrage a été publié l'archevêque
de Milan a reçu un bref du Pape qui excommunie l'auteur, le libraire,
les Marchands, et tous ceux qui liront en général. Le Gouv', qui avait
4'uppprobation du Cons. auliq. pour approuver l'ouvrage et sa publica-
tion a ordonné que le Bref serait mis âr V Index,
J'avais cru que vous receviés, à échange, la Biblioteca italiana qui
est vraiment le seul ouvrage périod. littéraire, le seul écrit dans un genre
qui honore la littérature, si déhontée en Italie, où l'on se prodigue toutes'
les sottises que le répertoire de nos forls du port au blé ne contient qu'en
extrait. Mais le Direct' m'a dit, depuis, qu'il ne vous l'a jamais envoyée.
Imaginant que le premier n° de celle année pourrait vous faire plaisir
702 NOTICE S^M K&GENT-M ARCEAU.
parcequ'il offre unTablcnu de ritalieimwalÉ^ÎMlust rieuse en ce moment,
«t Tanteur M. Aurbi (où Curbi) qui a eu le phBifti Al irons voir à Milan
m'a chargé de vous en offrir un cahier, en vous îiifjfeal 4'en dire un
mot à TËurope.
— Vous ignores peiil<>éti*è, car vons étîés déjà loin alors, fm h
Gouv* Autric. a életéf Aourri, bercé ce Journal, et je crois lui pass»
encore une somme. Cèit au comte, Sanrau que ritalie le doit et (entre
n^os) ce 6ouvernear s'àmusatt à écrire des articles libéraux qu^il envoyait
anonymement anxOaxëUlers. -— Je ne vous citerai que celui ci pour votre
amusement. On lut dans la Gazette de Milan à pea près ceci : « Les
élrangi^rs qui veulent lé faire une idée de Tétat des arts à Milan devront
se faire apvrir dêuit galeries dans lesquelles ils admireront des morceaux
d*un beau choit. La première contient des Tableaux de nos anciennes
écoles et des meillêari maîtres ; la2^« renferme une collection intéressante de
nos artistes nationaux contemporains, est un monument patriotique élevé
h leur gloire. 11 no sera pas difficile à MM. les Etrangers de se faire
mivrir ces galeriel, il n*en est pas de notre pays comme des autres peuples*
Ce ne sont pas les Comtes ni les Marquis qui font de ces galeries à Milan,
c'est tout aîmplement chez M cordonnier rue de la Cerva(?) qoe Ton
verra les ou vra<)t!« distingués de nos modernes. Et chez le tailleur Galli que
reposent les Midi-An., les Corrège., les Ve.;... On n*a pas besoin de le
faire présenter chez eux. » — Qu'en dites-vous ? Est-<e là de Tallemand.
Il a fait depuis son départ suppimer le Collège des Noblet, Pourquoi?
Pour le faire appeler tout bonnement Collège Longone, du nom de son
fondateur, qui apparemment n'était pas même M. le C*. Cela a opéré des
chaagemens dans son gouvei*nement dans les professeurs, et y a inlrodnit
entre autres un Prof, de Physique, qui dernièrement en démontrant les
élémens de la Géodésie, fut interrompu^ par un élève qui stfi|)éfait de ce
que cela faisait remonter la création bien au delà de... lui objecta que
l'on ne comptait que 5.000 ans: fe ne suis pas professeur de Théologie,
mais de physique.
Vous voyez que je bavarde beaiicoup, peut-être trop, pour votre tems,
mais comme mes sujets sont un peu philosof^biques, et intéressent un pays
que vous avez habité vous ne jetterez pas ma lettre au feu de colère, et
la lirei^ peut-être jusqu'au renouvellement de mes complimens et même de
me» offres de service dont je ne vous avais parlé dans ma première
partie.
Je vous ajouterai que quelques-uns ont craint que les Revues n'eussent
pas lieu ici, mais on ne s'en occupe pas, à ce qu'il paraît, et vous êtes trai'^
comme la Quotid, et les Débats, même le Monit, qui franchissent la fn
tière. On ne prend pas une tasse de caffé à Milan sans les Débats^ et d
IVOTICR SUR SEJICEVT-U^HCEAL. 103
un pelit coin on caas« avec M . Mats les aulres oieltcnt tous h^
douaniers aux alertes. — Je crois cependant qu*ils viennent en ballon,
ou sur les ailes de la Renommée. Cesi la déesse iutélaire {TAihvnes qui
leur ouvre la roule'.
No 29.
LeUre du même A Son Excellence le minisire de F Intérieur,
RXCKLLRXCC, *
Je Os remellre en février, année courante, un mémoire par lequel je
sollicitais Texemption de la taxe de IGO f. pour le Quint Metr, imposée
sur Finlroduction des livres français imprimés en pays étranger, en raveiir
de Touvrafje que je viens de publier sur feu le G"' Marceau mon benu-
frère. N'ayant eu aucune réponse sur cette demande j*âi différé & la
réitérer jusqu'à ce que Sa Majesté ait agréé Tbommage que lui a fait mon
Epouse d'un Exempl. J'adresse i\ présenta V. Esc. par duplicata le rirâine
mémoire, que je la prie d'examiner, autant sous le rapport de Tinlérét
général que sur le mien.
Mais comme les Notices historiques sur Marceau ont été écrites pour
les Français (quoique déJ4\ quelques Souverains les ont accueilliii avec
intérêt), je désire les mettre à la portée de tous les lecteurs, ce qui ne se
pourrait en supportant un taxe d'entrée si considérable. J'espiTC que
Votre Excellence voudra bien m'înformer de ses intentions et de la
décision *.
Je suis avec respect,
Signé: Sebokxt-M arceau.
Membre de l'Athénée de Bretcia
auteur des Costumi,
&lilaa. If! 19 \brt 1820.
' En marge est écrit : 27 mai. Envoyé un eitrait de celle lettre à M. SM* Av^r
invitation d'y prendre ce qu'il croira d'ulilc pour la formation de l'article lialii; des
Koutellet liii., destine au cahier de juin M.
* En marge de la lettre est écrit : On ne peut répondre au pëtiliuRfiakf'p
attendu qu'il faudrait afranchir la lettre jusqu'aux frontières et que ce n'it^it puiul
à rad"** à supporter ces frais. La demande ne pourrait d'ailleurs être uccueîllie
sans nuire à la librairie française. Classer.
704 NOTICE SUR SERGEAST-UÂRCË A D.
N-30.
Lettre du même A Son Excellence le minisire de l'Intérieur
du Roy de France.
J'ai adressé à Votre Excellence au mois de janvier dernier un nirmoire
par lequel je sollicilais une décision rainislèiieile pour resempUon de la
taxe de 60 0/0 d*un oufrage français orlj^inal^ imprimé sur mon manu-
scrit à Milan, intitulé ATo/ica ' fin 6r»' Marceau, lequel a été présenté
à S. M. et aux Chambres.
Le même mémoire contenait des vues [générales sur T introduction des
ouvragesr écrits d^origîne en français dans le& pays étrangers ,
C'est le second mémoire que j*ai adre«so à Votre Excellence pour Je
même objet, n'ayant point eu réponse du premier.
M. le Min. des finances, auquel je Tavais envoyé d'itbord croyant que
cela le regardait» a bien voulu me répondre en m'indiquant à quel minis-
tre je devais avoir recours. Je n'ai à ce suji?t nul intt^rât spéculntif, je ti*aî
que celui qui regarde en général les hommes de lettres e{ peut-être It
gloire de la langue française.
J'ai prié M. le docteur mon ami, de SDllicîtcr à Pam
une réponse de Votre Excellence, car je ne puis en faire l*ohjet d'uae
pétition aux Chambres sans avoir proposé la question à Votre Excellence,
ou avoir eu sa décision.
J'ai l'honneur d'être avec respect,
Signé: SEncKXT-M^Hr.E.u",
Membre de tACÂéncc tk Brescia.
Milan, le 20 mai 1821.
N-3I.
Milan. \^^i «iidi vmi
Lettre du même à Monsieur Pouthier, agent d'affaires^ rue îîcauimmj,
n* 49, Paris.
Je me flalie. Monsieur, que vous aurez d^jft enraissé le moniaol tla
dernier semestre et que peut-être nos lettres vont se croiser en roul**
N'importe, comme je dois à la S* Michel céder mon logement au propriê^
taire de la maison qui veut l'occuper, je me trouve celte année obligt"
de nouvelles dépenses qui me rendent cet ar^^ent nécessaire dans le coura,
de sept" parce que je me suis engagé dans mon iionvedu bitil à pajer ^
NOTICE sua SERGENT-MARGEÂU. 705
entrant l*année d*avance, et cela pour avoir une diminution de loyer. J*ai
' donc cru nécessaire de vous prévenir de cette urgence pour vous mettre en
mesure si avant la réception de ma lettre cela n*est pas encore disposé et
afin que vous m'envoyez du papier à terme court.
Tâchez d*avoir de M"* V* Garnerin * quelque chose, si vous ne pouvez
avoir le tout; quoique sa dette soit peu de chose faites->lui valoir le tems
qui 8*est passé et que je ne lui demande pas d'intérêt. Cependant essayez
à lui faire supporter les frais qui vous appartiennent. Cela est assez juste,
qu'ils soient à sa charge.
Je n'ai plus cet ami qut devait passer à Paris et me rapporter les
emplettes que je vous ai prié de me faire. Il est revenu d'Espagne par nos
villes méridionales, parce qu'un mal de jambe l'a retenu à Barcelone, plus
longtems qu'il ne voulait et qu'un séjour à Paris l'e&t mené trop loin
encore. Il est arrive depuis huit jours.
Nous attendons aussi une réponse au sujet de M"* Cécile, l'aéronaute.
Par circonstance il n'y a rien de dérangé par ce retard, car la saison est
trop avancée à présent pour entreprendre. Ce sera pour le printems :
cependant M. Mauvrier désirerait savoir dès à présent s'il peut l'avoir et
quelles seront les conditions. Inutile de vous dire que M. Mauvrier saura
reconnaître vos soins si cette aff* s'arrange. Je vous prie de faire mettre
l'incluse à la pet. poste. Mad* Magin (?) aura peut être une occasion que
je lui indique.
Je vous renouvelle l'assurance d'une parfaite considération. Salut.
Signé : Serqent-M arceau.
N« 32.
Milan, le 6 jan? . 1825.
Lettre du même au même.
Voici, Monsieur, le titre pour toucher le semestre de la pension comme
à l'ordinaire, mais voici le moyen de me faire toucher la somme celle
fois sans embarras. Un de mes amis d'ici qui a toujours des fonds à Paris
à sa disposition me comptera ce semestre sans frais aussitôt que je me
présenterai avec un reçu de son neveu, auquel vous remettrez cet argent.
C'est-à-dire quand vous l'aurez encaissé vous le déposerez entre les mains
de M. Ridan, libraire, rue de l'Université, n*" 3. P compte de M. Ferdi-
nand Pierdhang à Milan lequel en comptera à M. Sergent-Marceau à Milan.
* Probablement M*" Garnerin, aéronaute renommée que Sergent connut à
lan. (Voir le Fragment de mon album et nigrum.)
45
706
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU.
I
Vous m* adresserez par la poste avec votre compte le reçu dud. i"^ Rîdaiii
par duplicata, car vous en garderez un double sans doule. ^
Vous aurez peut-être reçu déjà par le docf Fontanallle une 1eUr« i\^
je TOUS ai écrite par lui. Je vous prie de passer quand vous vauîi Irouverci
dans ce quartier chez M' FayoUe lib* près de rAâsoinption, et lui faire
des reproches de n*avoir pas envoyé depuis 7 à 8 mois à M, Dufour, à
Milan, le petit fourneau que vous m^avek acheté, et un jeu de chei Olole,
PoUchinel Vampiro, qu*il lui avait demandé. M. Du four ae plaint que lui
ayant fait ses commissions près de M. Giusli lib* surtout il ne lut ail p&$
même répondu. Faites vous représenter le fourneau, pour voir dans quel
état il est, et assurez-vous qu'on en fera Tenvoi à AK Dufonr qui e^t peu
content.
Il faudrait pourtant voir à obtenir de M* Gamerin le ^layemeat^ car
vous devez voir que son avocat a parlé de voyage pour tirer au loin et li
dispenser de payer. Je pense que vous n'obtiendrez d'elle que par In
moyens de justice. £t je ne puis être écarté avec mon (ître, puisqu'elk a
accepté T héritage et sûrement les charges. Je vous prie de vous occuper
encore de cette affaire, sans dire que vous m'avez renvoyé le billet. A
votre premier avis je vous le renvoyé. Si vous pouvez vous accorder
qu'elle vous donne partiellement celte somme, reteve^ ce qu'elle voui
donnera, ce qui vaudra toujours mieux que d'attendre ce voyage et un
procès à Milan où il se passe des années avant d'obtenir une sentenfe.
Je vous joins une lettre pour M* Magin et une pour M« Audot. Je dési-
rais que vous puissiez remettre celle-ci et vous entendre avec lui pour une
réponse que vous m'envoyerez : ne le pressez pas fort, parce que je n'ai
pas encore terminé ma traduction (je ne veux pas lui dire) parce quelle
peut l'être quand il répondra.
J'ai reçu hors le fourneau tout ce que je vous avais prié de ni'acheter;
et vous en remercie.
Agréez mes sincères complimens et l'assurance de mon estime.
Signé : Seboë^t-i^I abcsau.
Vous m'achèterez chez M. Audot : l"" tArt de camerver tes ^firuUs,
1 fr. 50; 2* /e Jardinier des fenêtres, 2 francs, et les ferez remettre i
M'* Magin pour la première occasion.
Vous pouvez mettre sous enveloppe la lettre de M''* Magin et la meitre
à la petite poste.
Note jointe à la lettre. (Copie.)
Monsieur Audot, libraire,
rue des Maçons Sorbonne, n^ IL
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. 707
Offre de la traduction de la Vie de Canova, la seule esiimée en Italie
parce qu*elle a été écrite par un de ses amis, ] vol. 8*, 31 feuilles d*im-
pression avec 2 portraits gravés et une planche contenant les médailles
gravées en son honneur.
500 francs pour la traduction, 50 francs des dessins des gravures et 2
en feuilles ou brochés, et 3 exemplaires un relié.
Si vous voulez orner cette édition du portrait gravé en couleur (je Tai
gravé de son vivant Basse rue S* Denis) comme on vient de faire à 2 vol.
de Baretti et qui a eu du succès, je me chargerois de cet ouvrage et je
puis dire que j'étois en France le premier graveur pour ce genre. Alors
je vous fourniroi 5 cuivres gravés moyennant 200 francs, vous paierez à
Paris Fimpression 50 francs pour 100 au plus. VoiI& tous les calculs fixés
pour nous entendre si mon offre peut vous convenir.
Je vous donne pour titre de mon travail que je suis auteur d*un ouvrage
intitulé Coitumi de popoH arUichi, eU.^ avec des gravures en couleur pour
lequel le gouvern* a souscript pour 50 exempH Murât pour 30. Je suis
chargé à Milan de la traduction en français de toutes les œuvres à^Ennio
Quirino Visconti mort à Pi^ris et j*en ai déjà 7 vol. 4*.
J*ai publié les Notices historiques du G^ Marceau mon beau frère 1 vol.
qui a été présenté au Boi et aux 2 chambres. 11 se vend à Milan chez
Giusti à son bénéfice. Vous pouvez me répondre par M. Pouthier.
N» 33.
Milan, 21 mari 1825.
Lettre du même au même.
J*ai reçu, Monsieur, votre lettre en date du 7 cour* laquelle contenait
le reçu de Audot. Je ne suis pas heureux dans mes traductions à ce qu*il
parait. Vos démarches n*ayant rien produit pour mes ouvrages. J*en ai
déjà un autre qui pouvait être d^un intérêt fréquent pour les magistrats,
les hommes de loi en France. C^est un traité excellent pour les dédoma-
gemens {sic) de V injure. Cet ouvrage moral philosophique et de juriscon-
sulte convient mieux à notre législation criminelle qu'à celle de ce pays,
où il n*y a jamais de procès en calomnie. Eh bien un des écrivains de
votre ville qui Ta offert n*a pu trouver à placer cette intéressante traduc-
tion d^un écrit utile. Ne perdez pas de vue cependant mes Costumes, il
i>eut se trouver sans la chercher une occasion.
Prenez vos instructions sqr W* Garnerin, elle a les moyens de payer^
-on, et si vous avez quelque pièce qui prouve qu'elle a voulu entrer
ec vous en quelque espèce d'arrangement, qui la lie à la reconnais-
I
708 NOTICE SUR SERGEMT-y.^RCeAU.
sance de la légitimité de ma créance, alor» [[ faudra agir jtidicîairement
M. Toppi, capit* en retraite qui vous reaieltra robligalion de feu Gtr-
nerin» vous verra de tems en tems, et vous pourrez lui faire part de ce
que vous ferez à cet égard. Il connaît ceiUfamilU.
Je n'ai rien autre chose à vous recommander que de croire à tonte la
considération que je vous porte*
Signe : SËKOENT-MASCEiicr.
Est-ce que je ne vous avais pas prié, d* acheter ebez Audot lib* U Jardi-
nier des fenêtres et un autre livre d'économie dome.siique. Je ne les vois
pas dans votre note. Faites-moi le plaisir de toit M. Frîtot av* aux conseils
S^ Pol de fer S' Sulpice n* 141e saluer pour moi, et qu'il vous remette le
manuscrit du Traiti de t injure (ce qu'il en a). Voyef si vous pourrai
plaire à celui-là.
UiJ«aJa30 arril 18i$.
Lettre du même au même.
Des lettres que je vous adresse sous ce pli, il en est uoe que je recom-
mande, Monsieur, à votre intelligence et k vos soins, car elle eu eiig^.
Quant aux autres la poste vous servira, h moins que vous ne preuiei
plaisir à voir ceuiC à qui elles sont adressées.
Celle donc qui demande le plus de difHeulté e^t celle pour notre neveu
à la Louisiane, et comme il est question de lui apprendre la mort de aoû
père et de sa mère dont il doit recueillir seul rhériuge, et que depai?
plus d'un an que son père est mort il n'a pas ri^pondu à ceulx qui lui on!
écrit. Dans cet intervalle, «a mère a suivi son mari qui était le frère aîné
de mon épouse, ile lui ai écrit le mois passé par L'Angleterre, el il faiTt
pour être sûr écrire deux ou trois lettres par diffère us moféns. Je wm
prie donc de vous charger de celle-ci pai' une voix certaine. Je lut âùm\t
votre nom et votre adresse dans le cas où 11 aurait he*soin d'un fondé dt
pouvoirs, s'il ne vient pas en France. On m'assure que rhcritage peut être
de 70 à 80,000 francs. Cela vaut la peine de l'instruire.
Je vous ai accusé par M, Topi la réception de la quittance de M* RjïIiii
et j'ai touché les fonds chez M. son oncle. Adieu, XJonsieur, crojez i li
plus parfaite considération et estime de notre part.
Signé : Sergent-Marceac,
NOTICE SLR SEaGËNT-MiinceAU. ^09
N* 34,
Lettre de Sergent iur le coTteoun artistique de Brescia
A Mantieur le Président de î' Athénée de Bretcia,
i^ÎQKSrSlR,
Lonque je mh en venle la Vierge que j^ai gravie en couleur J*çn fij aus-
sitôt UD hommage à rAlhénécque ¥qus présidés, car il me semblait incon-
Tenant d*cu retarder Tenvoî jusqu':^ une époque trop éloignée, celle des
concoure pour les prix que l'Athénée accorde lou$ les ans, je me proposais
devousprévenlrjorsqu'ilen serait teins, que je m'estimerais heureux d'ajou-
ter i ma qualité de membre honoraire celte de possesseur d'une médaille
que cette Société savante el laborieuse donne à titre de récompense,
Pem-âtre aujourd'hui suisr-je encore à tems, car je croîs me rappeler
que itii jugenienâ ont lieu vers la fîn d'août, et que la publication des prlm
suit relie de Milan, qui \a bientût paroitre. D'ailleurs, a\ ma ménmire ne
me trompe pus, il me semble qu^un article de vos rètjlemens fait admettre
nécessairement au concours, sans que les auteurs le demandent, les
ouvrages envoyés dans l'année, et qui paraissent le mériter ■,
Je me flatte trop, sans doute» si d'autres artistes vous ont soumis leurâ
travam, et il en est à .\lilan dont on doit redouter la rivalité, qui aspire-
ront après tes couronnes que tous distribuer.
A g réez , \Io ns ie u r le présid eut, 1* ass u ra n ce d e m o n d é vou e m en t res pec-
tueux pour la Société dont je me gloriûe de faire partie, et pour vous par-
ticulièrement de votre serviteur et collègue.
Signé : Sesoekt-IUbceai;.
K* 35-
Traduction d'une lettre du président de V Athénée à Sergent mr l'expo^
âiiian des gravttres en couleur ( Vierge et portrait) qu'il avait enmtfées
à Monsieur Sergent-Marceau^ membre tthonneur, Milan *,
La Vierge et le Portrait, gravures en couleur, que V. S. a envoyés
* I/Atbénëe de Brescia possède une lettre de Serjjeot, datée de Gorla près
llîliD, 7 Avril 18^, par laquelle il envoie deui graviirei à cette suelËlé.
* Texte orîgtBal :
Atn Src* SincEKT'MsacKâu, socio D^oiroitE IIluvo.
1 Vergiue, cd il ritralto, iaciiioiu ■ coluH, ebc V. S. spedi lu regile ail'
^10 NOTICE SUR SERGENT-IIARGEAU.
comme présents à 1* Athénée ont été offerts aux yeox da public dans
Texposition qu'il fait chaque année dans la clôture de ses sessiooi
annuelles. Ils seront ensuite, comme c'est de règle, soumis au joge^
ment de la commission qui se réunira dans les premiers mois de Taonéa
prochaine 1828 pour décider des prix aux meilleurs ouvrages que dans
Tannée courante ont produits Messieurs les académiciens. Il est cependant
nécessaire, en vertu d*un nouvel article qui a été ajouté & notre Règle-
ment, que vous déclariez n'avoir pas présenté ces œuvres pour le con-
cours de prix d'aucun autre Institut.
Cette lettre est pour répondre à votre honorée du deux courant; et
je suis heureux de vous exprimer mes sentiments d'estime et consi-
dération.
Signé : J. Salvodi.
Milan, le 17 janw ier 1830.
Lettre de Sergent à M* Julien de PariSy directeur de la Reme.
Je me rappelle à votre souvenir et à votre amitié car je vis encore libre
et sain et puis en profiter. Je souhaite que votre santé puisse égaler li
mienne, surtout depuis que j'habite les environs de Milan à la campagne.
où je cultive choux^ et crayons et belles lettres, c'est vous dire que je
pourrais être lieureux si le Pérou me donnait quelques-unes de ses pro-
ductions; mais...
M. Blazis, mon ami, depuis dix ans, est le porteur de ma lettre; vous
le connaissez déjà par son ouvrage sur la danse en anglais. 11 se prépare
à publier de nouveaux ouvrages. Vous voyez qu'il ne bat pas dés entre-
chats toute la journée et que s'il fait des Pirouettes, ce sont de celles qui
plaisent non pas comme tant d'autre&«
Ateaeo sono stati offert! agli occhi del pubblico nelle espotizione, ch* esso fa neUa
ehiusura délie sue aonue sessioni : saranno poj» corn' c; di regola toUA poitî al
giudizio délia Censura, che si radunera nei prîmi mesi del futaro anno 1828 per
aggiudicare i premi aile megliori opère nel corrente aono prodotte dai SS* locî.
Egli e pero necessario in virtu di un nuovo articolo stato aggiunto al nostro Hega-,
lamento, ch* ella dichiari di non aver prodotto qnest' opéra sua pel concorio al
premio di alcun altro Instituto.
Questo e quanto a Lei dovea significare risposta alla sua pregiatissima de"
corrente; e godo di protestarlp i sensî dl mia estima e-consideraziona.
^1^^ ; G. SavoLDU
KOTIGE SUR SERGENT-MARCEAU. 111
Je VOUS le recommande expressément, car il est rare de trouver un dan»
seur qui a son esprit hors les jambes.
Recevex mes saluts avec amitié comme je vous les offre.
Signé : Sergent-Marceau.
N'37.
Nice, le 9 join 1832.
Lettre du même, à M. l'avocat Caillaud.
Je rens un dernier devoir. Monsieur, à un estimable ami que je viens
de perdre, en vous écrivant, sachant par lui qUi me communiquait tout ce
qui lui était personnel, et Tintérét amical que vous mettiez à ses affaires,
et rembarras qu* elles vous causaient, parce que tout le monde ne parta*
geait pas ses loyaux sentiments.
Je reporterai cet intérêt que vous lui avei montré sur une jeune fille
à laquelle il a donné en mourant un gage de Reconnaittance. Assurez-
vous, et assurez-en qui que ce soit que Couturier a cru acquitter une
dette par le legs qu*il a fait à Thérèse Zammaretti. Seul au monde, avec
une vieille femme qui Ta suivi au tombeau, infirme, vieillard déjà décré-
pit avant Tflge où la nature nous réduit à cet état, obligé à plus que de
^économie dans tout ce qui dépendait de la vie il avait dans Thérèse une
ménagère à ses ordres, à eux et la vieille femme qui partageait avec lui
ses faibles ressources, il avait une garde malade jour et nuit qui le servait
<}ommc xxnefiUe, car elle lui doit de savoir lire, écrire, et d*avoir quelques
idées hors de la sphère où elle est née (fille de pécheurs). Moi el les amis
de Couturier lui rendront cette justice que sans ses soins le malheureux
depuis longtems ou eût cessé de vivre, ou eût vécu dans le dénuement de
tout puisqu^il avait perdu presque Fusage des jambes.
Je vous recommande donc au nom de cet ami que je regrette de faire
tout ce qui dépendra de vous pour Thérèse, de vaincre Tégoîsme de ceux
qui s* opposeraient à sa dernière volonté, de ceux qui n*ont su respecter
ni ses droits, ni son cœur... Car je vous le confesse, je ne puis estimer des
enfans qui ont négligé, abandonné un père qui a fait nonobstant cela des
sacrifices pour eux. Je leur préfère cette Thérèse qui Fa consolé, soutenu,
et qui a supporté ses humeurs, ses plaintes, avec dévoument.
Agréez, Monsieur, Tassurance de Festime que Couturier m*a inspirée
pour vous par sa correspondance.
Signé : Sergrnt-Marcbau.
lis NOTICE SUR SERGENT-lCAftCgâtl
N*38.
Lettre du même, à M. le directeur de la Revue rétroipectm.
Monsieur,
J^avais depuis quelque temps dans mon portcfçuiUe le manu se rit que
je vous envoie, et que je déslinois pour quetqu^'un des journaux qui le
publient à Paris. J*ai pensé qu^il pourrait vous conirenir^ quoique je ne con*
naisse votre ouvrage que par les annonces (car on n'inlroduît ici que U
Moniteur, la Gazette et la Quotidienne).
Vous jugerez sans doute comme moi que le sujet que je traite peut
intéresser la nation qui possède le Régenta qui vaut uu peu plus que U
médaille de plomb dn chapeau de Louis XI. Je vous donne cet articli
comme le récit le plus véridique... Enfin comme ex-magistrat supérieur
de la police de Paris. C*est une pièce officielle.
Vous pourrez ^attacher ma signature, je vous y autorise en vous priant,
si vous Tinserez, de me mettre à part une couple de copie de t'îtn primé
que vous feriez remettre chez M. Fritot, avoué, rue des Bons Enfaus,
n* 1. Je les ferai prendre quand il m*en donnera avis.
Ayant perdu beaucoup de mes papiers et noies, je n'ai pu me rappeler
les noms de la mulâtresse, ni eaux de son avocat et du banquier, qui
demeurait, me dit-il, place Vendôme, mais cela importa peu pour le fut
principal.
Je suis avec une parfaite considération pour vous, Monsieur^ trotr?
compatriote,
Signé : SERûcvr-MAttCEAn,
Off* municipal^ adminiâtrat£ur de la police m
1791 et 92, membre de rathénée de Brema
Roy. Lombard Ventien.
De Nice (Piémont). le 5 juia 1834.
\*39. ' '^
%i€«. 1« 33 X»« 1S34.
Lettre du même, à M. Taschereau, directeur de la Revue rétrospeetm.
MOKSIEUR,
J*ai vu dans les annoncer de la Quotidienne que vous avez fait im
mer dans la Revue la note historique sur la journée du 11 juillet 179
NOTICE SUR SBHGENT-yAaCEÂL. Itt
BOUS mon nom. Je dédre avoir cet {irtîcle, veuillei m'adreîïserf comme
¥oiiâ avez fait pour le voK le n* de lu Rt^vue, seulement sans plus, et le
mettre sous bande ik eette adresse :
A \L Franco h S' Laurent du Var/ ' ** .
â
l^eut-étre notre correspondance ne se hornera pas à cela, mais en ce
moment j'ai encore de» ménagemens pour certaines susceptibilités.
Agréez me» eomplimens et t^nsâurance d^une parfaite estime.
Signé : Seruent-M/isce/iu.
Le IS juin lA^.
Lettre dit meme^ â AL Garnerey K
Vous voyer, mon cber^ que je ne mets pomt de relard à vos eommi^
«ions, si quelque inexactitude se tn^le à vos correspondances, elle n^est pas
ma faute, et voici deux lettres qui vous le prouvent.
Je vous remercie des soins que vous prenez de mon enfant qui est
encore bien petit. Point surpris que le petit homme qui veut se faire
grand ne fasse pas de cas de la proc^éniture d^ln homme probe. Que
pourrait-on faire de celte esptce, son père est le plus bi^te des niaii^ ça
n*a pas de pain et ça veut que je Je recokc avec son beau bijou. Brrr..*..
Eh bien^ laissons-le là aussi en lui disant^ tire-t^en Jacques si tu peux,
car je te tois fort embarrassé, le me dégage moi de^ égards que je lui ai
annoncés. Il a déchiré la Déclaralion éea droits^ il est habille â Fan^laise.*.
Je le méprise, sa comédie grot^'sqtie des ossemens me fait pitié et il n*y a
que des sots qui ne s^aperçoivent pas qu'il se moque d*eux. On en rit ici
â présent.
Je suivrai vos avis pour les libraires et surtout pour que vous ne voui
désaississiez pas du manuscrit. J'en ai déjà perdu detit à Paris qu'on n'a
pu rattraper après les avoir congés.
Je me trouve assez récompensé sî voua en tirez les 3,000 francs que
vouft avez demandés. Nous verrons cela quand je vous envoyerai en
avance quelques premiers cahiers qui auront du piquant en démentit.
Et puis quand ious viendrez cet automne Je vous confierai la fm
j'espère*
^ Nous n*&P0D5 pu identilîer ce perionntge. Peut être cst^ll Kippolf te-Jesn-
plitte, pelatre et ^nveuv à TAquatiotc, ne en l'3$7 et m<j[-t en Î85H, auteur
!a Vue du ruines dé féglise Sai ni- Jacques , â Orléans (Sden de 1835), et
me Vue prise à Gien (Salon de IS^).
lU NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU.
VeaiUes-moi toujours du bien, j*aime à être reconaaiseant, car Jd
trouvé taot d'ingrats que je frémis de penser qu'on puisse IVtre.
Adieu» portez-vous bien.
Votre concitoyen,
Sbroent-Marceau.
Le chanoine m* a chargé ce soir de ses civilités pour vous.
NMl.
Lettre, non datée {mais devant être de 1843) de Sergent^
à monsieur Maider, rue Salzman,n* 8, Strasbourg^ dép^ du Bm~Hhm,
Monsieur et MAbAME,
Ne parlons point politique humaine, ma vieille eipérience m^a trnp
appris rhomme, heureux quand on peut écrire sur ses labletles quelquff
privilégiés à excepter. Vous me dites avec raison que le titre de républi-
cain n*est qu'une usurpation. Je me rappelle ce que me dit Tami com-
mun de votre père, le bon et sensible papa Micq, à propos d^nn fier tévc*
lutionnaire Mayençais séfugié à BAle : Je ne crois point au républicanisme
d*9in homme tiran domestique qui ne sait pas respecter son estimable
femme, qu'il réduit & Tétat d'humble servante, qui ne parle à ses enUm
que pour les faire trembler, et qui n'a su gagner l'arfectioii d'aucun Jp
.^fis subordonnés. Mais il est probe au moins — je le croîs,,. S'il n'avait
pas cette qualité ce serait compleUement un misérable. — Voilà pourtinl
Thistoire... Vous vous attendez que je vais ajouter le mot fnoderni.
Hélas M., l'Histoire sainte et prophane nous offre lef mêmes passions et
les mêmes vices. Si je n'ai pas succombé c'est que j'ai eu le bonheur de
devoir ma première éducation à deux femmes qui quoique d^une condi-
tion différente avaient des principes du véritable honneur, ma grand* mère
rmatemelle, et l'autre la mère de mon premier ami de collège, époaàe
maltraitée par son nobk mari M. De X... (je n'ai pas connu ma mère
.ilont l'éloge restait dans toutes les bouches). C'est que j'ai eu le bonheur
d'aimer même avant l'âge où l'on sait aimer autre chose que le plaisir, et
enfin d'être aimé par une femme malheureuse (j'ai une destinée, je vous
dirai cela) qui appuyait toutes ses qualités sur la vertu, elle a purifié mon
âme, vous le savez déjà. C'est que j'ai trouvé à Paris chez un artiste
mérite, mon maître, sa jolie et aimable épouse, sans en fans, qui m'a ta
conmie un ûlg, près de ces deux époux je voyais l'âge d'or. — Ifott f
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. 715
etiDon girand-père étalent dans le pays un modèle de bonnes mœurs.
Dites à M* votre épouse de qui j'ai reçu comme gage d'amitié un joli
ouvrage que je conserva, qu'elle mérite que je lui offre comme hommage
cat aveu que je dois à des femmes les qualités qui m'ont procuré quelque
estime. Je veux vous expliquer ma parenthèse*
Jusqu^à présent j'ai été l'ami de 8 femmes méritantes, malheureuses
par l'hymen, 5 abandonnées par des maris livrés à de honteuses passions.
Une est ici avec pèi^e et mère qui ont quitté leur pairie pour la soustraire
& 23 ans aux folles fureurs d'un misérable qu'elle aimait. En ce moment
celle que je préfère à toute société reçoit du sien l'annonce qu'il va se
fixer à Paris et qu'elle restera & Nice où il passera tous les ans 2 ou
.3 mois. Notre reine Amélie lui a donné cette jeune femme riche pour
.cadeau des soins qu'il a donné en littérature à deux de ses filles. Elle
A bien réussi. Vous voyez que je devais d'après les décrets de ia Provi-
dence être dépositaire de secrets intérieurs et toutes ces femmes jouissent
de l'estime et même de l'amour gén*'.
Que les désordres politiques de la fourmilière ne nous occupent pas il
semble que nous avons assez de ceux plus haut placés. Tout est hors
<r équilibre dans le ciel, les saisons sont changées, des froids, des neiges
amoncelés dans les campagne de Rome pendant les mois de printemps, des
'Orages tous Tes jours à Nice, des journées froides d'hiver au mois de juin,
de la neige à Mulhouse, dans le même mois, des tremblemens de terre
partout. Je pense que le voyage de ces malencontreuses comètes sont la
cause de cette disturbation dans le système céleste^ Cependant les Niçois
espèrent que les pérégrinations habituelles favoriseront leur ville cet hiver,
aussi on voit s'élever partout des maisons,- qu'on meuble avec un luxe
désordonné.
Je ne puis vous donner de mon fils de nouvelles satisfaisantes, il est
malade depuis 8 mois, une espèce de céphalalgie depuis le décembre 42
Il est incapable d'écrire, je n'ai eu de sa main que deux petits billets, il
n'y a que le mois dernier qu'on lui permet de lire, cependant il n'a pas
gardé toujours le lit, on l'a même conduit 15 jours sur le lac de Corne.
Ce mal provient d*excès dans le travail, chef de deux bureaux les plus
importans, s'occupant en outre de travaux particuliers littéraires, il lui
iaut du repos, mais avec un emploi qui fait vivre comment prendre ce
.remède quand on a comme mon fils trop de probité pour suivre le pro-
.Verbe «^ Mettre du fom dans ses bottes. — J'ai peu d'espérance de trans-
-mettre 4 1r postérité mes vérités historiques. Trois de mes intimes con-
naissances,' dont deux hommes de lettres distingués et répandus dans la
librairie, ont échoué près des plus hauts éditeurs. Chacun, se chargera
volontiers ^e la vente si je me charge de faire imprimer à mon compté...
716 ]«OTICE SUR S£RGENT-}kl AKG & AU.
moi pauvre diable ! La plupart s^imaginent que je repelterai en /a ce
qiie d*aùtres ont sifflé en mi, dix autres en u/, et ils répondent le public
en est las. Mais je viens d* écrire à Fun. Ce n^est pas mon cas. je dis ce
qu'on n*a pas sçn et j*efface ce que d'autres ont dit — c^est du neu/ti
rien d'usé.
.Fai reçu» après 9 ans d'interruption par les circonslance«i une longue
lettre du Bon Jean Micq directeur du cabinet de physique de Ifadrid, c'est
nôtre troisième fils. Il n'est pas heureux, le trouble, le désordre est dam
son cœur par sa famille, comme dans l'Etat, guerre arec sa coapable
femme, guerre avec trois de ses fils deux lieutenans le traitent en ennemi
poussés par la mère, une de ses filles nubile encore vit près de lui avee
une ame froide, son aînée qui l'aime vit à Bordeauic avec son mari, mail
ils ont besoin de ses secours... Pauvre Jean! Félicitez-tous cher If.
d'avoir près de votre cœur^ époux heureux, femme respectable, aimable,
excellente mère. Le fruit que votre amour vous a donné ne démentira
pas son origine. Je lui souhaite de longs jours pour vous ce sera son
bonheur, et le tableau de votre douce union dont il saura profiler, j'en ai
un exemple dans mon Milanais dont le cœur a ^alsl les vertus de eelfe quî
lui a servi de mère, son sang n'était pas pur, elle Ta renouvelé par ion
amour et sa sagesse.
Adieu, cher ministre qui avez gagné chez moi l'estime d'un enfant de
Loyola, obligé cependant de vous envoyer au diable. Tout finira par s*ir-
ranger, l'Union parviendra à ne nous rendre tous qu'un sous un sful
Dieu, je commence le faisceau en vous serrant affectueusement la main et
en vous assurant que je n'oublierai pas de vous renonveller mes respects
pour Madame et mes amitiés pour vous. Deux baisers au bon Emile.
Votre dévoué,
Signé ? SERGevr-MiinGEAir*
Je quitte mon logement le mois prochain. Je serai au port près de la
statue du roi.
N* 42.
Je soussigné Antoine François Sergent-Marceau propriétaire résident à
Brescia dép< du Mella en Italip donne pouvoir par le présent^ entendant
lui donner la même valeur que s'il fut passé devant un officier public, 4
M. Aubertdu Pin prop'* demeurant à Paris, rue Guenegant, n* ^, de poor
moi et en mon nom : 1^ Toucher de M. le général Donnadieu U son
de cinq cent quatre vingt francs montant de deux traites et les inté
d'icelles jusqu'à ce jour, lui en donner quittance et décbarge, et 4 dé
NOTICE SUR SERGENT-MARCEAU. 117
de payement de le Iraduire en justice et le poursuivre jusqu'à parfait
payement par jugement ^éûnitif, ou de négocier lesdits effets.
2<* De compter avec M. Lampon fils, avocat k Soissons, des sommes qu'il
me doit, entendre son compte, en fixer le reliquat et en donner décharge.
Et en cas de non payement, de former demande en justice et de pour-
suivre jusqu'au jugements et arrêts définitif.
S*" De retirer des mains de MM. Schoêl libraire, Blin, Garnerin Tainé,
Chardin, le chev*' Salles^ et autres particuliers tous les objets que je leur
ai confiés, ou mon épouse pour moi, entendre leurs comptes, les débattre,
les régler, donner quittance et décharge.
Et en cas de refus ou de difficultés de les faire citer en justice et de
poursuivre jusqu'à jugement et arrêts définitifs.
De. composer et transiger avec les ci-dessus nommés aux charges
clauses et conditions qui paraîtront à M. Aubert du Pin plus convenables
à mes intérêts.
Signé : Sergent-Marceau.
De Brescia. le 20 octobre 1814 ex roy« d'Italie dep* du IfeiU.
N«43.
Je soussigné Antoine François Sergent-Marceau prop" résident à Brescia
dép' du Mella en Italie donne pouvoir à M. Aubert du Pin, propriet.
dem* à Paris, rue Guenegaut, n^ 25, de pour moi et en mon nom retirer
des mains de M. Tombis receveur de rentes à Paris y demeurant, rue
Saint-Antoine, n** 9, près la vieille rue du Temple les pièces, notes et ren-
seignemens que mon Epouse lui a confiés le quatre octobre mil huit cent
onze, de lui rendre la reconnaissance qu'il a donnée le d. jour, de régler
avec lui les déboursés et honoraires qui peuvent lui être dûs et de les lui
payer, d'en retirer quittance et de lui donner décharge desdites pièces.
Signé : Sergent-Marceau.
De Brescia, dep* du Mella ei roy« d'Italie, le 20 octi>" 18U.
N» 44.
' Extrait des « Observations critiques sur la Vestale, mélodrame repré-
nté pour sa fête de Brescia en 1815 au Grand théâtre » .
Sergent prend pour devise: « La critique éclaire. »
Iprès un long préambule, il commence par examiner les costumes et
rFT^v
718 NOTICE SUR SERGENT-HÂfiCEÂU>
les. eérémonies. Le général romain Licinius porte un manteau d'aïur
quand il aurait dû avoir une chlamyde de pourpre. Les Vesiales ^ont d'une
élégance déplacée; leur voile avec ses garnitures ne convient pas à leur
condition. L'habillement du Pontife romain est ridicule. Ilost xèUi comntt;
un grand prêtre juif. Les Romains» gens du peuple, soldats, ne se recon-
nailroient pastels qu*on les augurés. La céi^émonie du Triomphe dénote
une profonde ignorance historique. L*auteur 4^ observations décrit ce
qu'était un triomphe^ et il entre à ce sujet dans d^ longs développemenli
d'érudition. On ne s'est pas plus préoccupé de la vérité historique dans le
supplice. L'auteur décrit ce qu'était ce supplice» et il mpntre comment oa
devait le représenter. Enfin il passe à la critique du décor^, Mous eilrayons
de cet examen les passages suivants :
u J'ai noté jusqu'à présent les erreurs de l'inventeur du costume. dans
tous les personnages et du directeur des cérémonies. 11 me rest« â préseul
à examiner si le peintre, quoiqu' habile en dessin^ expert dans tes règles
d^ U perspective, intdligent.dans le clair obscur,. s'est mis ^n dehors de
la cvitique.Je.ne ser.ait pas. plus indujgent pour loi qui a déjiV tant de
qualités estimables.
Les architectes romains du temps de Numa ne se servaient pas ^an^ les
édifices des colonnes corinthiennes ou composites, ils ne faisaient pas les
chapiteaux et les socles de bronze, les marbres ne resplendirent dans let
monuments que depuis César. Le peintre craint peut-être que Tordre
Toscan ne lui suffise pas pour produire ces grands effets qui frappent f
Mais il sait aussi combien de scènes de prisons, de souterrains copipofées
avec de solides pilastres, avec des arcs, des escaliers sans colonne, sans
ornement ni sculpture, ont été applaudies. Son atrium du templç de VesU
a le caractère des pompeux monuments du siècle de Pérîclès et non de
celui qui succéda au palais de Romulus couvert de paille.
S'il eût consulté quelque érudit dans les choses antiques, îl eut donné
au temple de Vesla où s'introduit Licinius la forme ronde. Tel îl a été
décrit par les écrivains, tel on le trouve sur les médaillci, et tel le fai^
saient tout les peuples qui le consacraient à la déesse dme de toutes les
choses nées ; et ils le construisaient toujours dans le centre de la dlle. Oâ
a-t-il trouvé le modèle de cet autel si élevé et formé comme nu simple fut
de colonne'?... La belle scène du champ scélérat est un contre-sens
' Texte original.
Nota. *— Ce texte italien a été revu par an tiers incomin qui a enleFé quel-
ques imperfections de style. Nous le donnons ainsi revisé.
...Ho notato fin'ora gli errori dell* inventore del vestiarioin tutii i per»oaA|,
e del Direttore délie cerimonie; mi resta adesso à esaminare se il pîitorc. qu4
tunque abile nel disegno, perito nelle regole délia prospetiiva, inteUjgeAie
I
m
NOTICE SLR SBRGEKT-UAHCEAL'. 710
général. Mais je me console de pouvoir ^ire juste avec un artiste de tant
d'espéraji&e. S^it y a de notables erreurs » il a reçu la loi du poète ou d'un
directeur étranger, et ce premier examen montrera que Jei Angjab, malgré
leurs grands voyageurs qui achètent à Rome des antiquités, malgré Lenn
écrivains de haute réputation ^ sont l>ien loin de la sévérité historique au
ch]aro-i4!urOt irait meiMi fiiari dclln Grltlca; non glî uro plu tndislgente avflndd
eglt giâ tajjte datl itiitiobilK
Gli archltectî RamAnî del tempo dî Numi non uiavado neffli ediûd le coloQue
corintUne o campante, non facei^ano i capïtelli e le basi dt hronzc, i marmt non
risplendavénû nel THOnumenli che dûpo Cciare* Teme forie il pttlorc che non ^li
boitasse l'ofiliiic To»caoo per soitenere que grandi cfreli che fanno co Ipo? Ma egli
ia pure quaate «cena di Prlgionl, di Sotteranei. composte cou. solidi pitaAtri, con
archi, icale hcpu colonae^ ieaza fregi ne icultora iono applauditc. H luo atrio
de] tempio de VeitA ha il carattere dJ pomposi monumenli del tecoto di Péri cl e
e non di quello cbc iuccedeva al palaixo di Aomolo coperto dî paglia,
S'egli aveiâe comultato qualcbe erudito netle coie antiche^ avrebbe date et
tempio di Veita ove ilntroduce Lictnio la forma rotimdn. Talc fu dcicritto dagh
scrittûrlf laie sî trova iutle medajF[1ie; c taie Jo faccvaoo tutti i popnli cbe lo con-
te cravano alla dea anima di tutie le cosa nate; e lo co^lrulvami sempre net rentro
délia citta. Ove faa trovnto il moJello di quel altare tanto alto e formato eamc un
»eniplice futto di eolonna^.,. ...La bella acvna del Campa Rcelerato à un ccmtra-
êCDio tjeueraie. Ma mi coutoLn di potere e^iere ^iuito cou un arli^U di tniitc ppe-
rame. Se vi iooo notabili errori, egli ha rieevuta la legge dal pneta o da in direl-
lore forciliero, e questo mîo e^ame provera cbe gli Inj^^leii malgrado i loro
gra^ndi viaijtjatori che contpratio a Homa dclte antîchita nialc[rado i loro scrittori
di alla ripulazione, flono tutlora hen loataiti délia teverila itorica ne teatri. Ne ho
la prova ne! tlbretto venuto J'Jngbilterra, il quale coctljeue le piu faite toiînua-
stoni iulle tcene,.. Puo^ii imoginarc un fa^to di ittoaumcnti simile a questo rap-
preientato in un campo roUti) nir mPitmiii dopu il delittu di Tullia cbe vi fece cal-
peitrare da iuoi cavalli il corpo del padre? Perche no a farne ingresio cou u»
lemplice arco, rustico, ieuxa uruamaali, sul quale fii leggesie Cttmpus SceleriUui
D non Sceleratui A^er? PrCAso i Latioî la paru ta A^^jer tîgniilcava uno spazjo fuort
delta citta fertili^xalo coi lai'ori doit' agricoltura e T.. Liviû cbe ^am una piu for^
m&le autorila* come taati al (ri, lo chiama Campus, Rcila quiodi iodeciso ueJIft
■cena le il campo , \iciuc} alla pûrta detla folliaa iîa dentro o fuori dellc mura,
qnando Tinveniione pittorc&ca dovava preciiamentc indicare ch^ e^jli era dentro
e il tcmpifi di Venere Eric in a co^trutto fuor délie mura nd una cet* ta distania iî
trova troppu avvïcinato, colpa del libretto,
4 Si vedonu, )^g3^ coii^ nellaiceua tre tombe ptraniidalî ; due di quette bannu
sul piedeilallo una pietra ocra, sopra una e Ecritto Mucia, iutf attra Oppia a
IctUre d'oro. La teria tomba e destînata per GLulia : il piedeatallo c aperto a
guiia di pictra e vi aj diiocndc per una scala pralicabilc. i Qb uoa potjo vera*
mente addossare quette iconvenienze al pocta. Saran[ti> uate nel immajiinaztone
qualcbc decoratorc di LoudrA. Come moi pensare cbe tombe tan tu rîccba fnt-
:^ alxate dalle famigUé cbe ripudiuvaQO sinu la memoria d'un nome caduto in
~}»}brio? Non ti iupporra certamcnte cbe sleno arctte a tpeae del pubblico, cbe
i riGompentava ae non quei cbe avetsero eal^^aia ja patria.
\
7S0
DOCUMENTS SDR PIERRE VIGNE DE VIGXV,
théâtre. J^en ai la preuve dans le libretto venu d'Angleterre, qui conlient
les plus faux discours sur la scène Peut-on imaginer un fojte de
monuments semblable à celui qui représente un dmrnp voué à T infamie
depuis le délit ^e Tullia qui y fit fouler par ses chevaux le corps àe son
père? Pourquoi n*en pas faire Tentrée avec un simple arc rustique, sans
ornements, sur lequel on lirait campus sceleraiui et non iceieratui açer?
Chex les Latins le mot Ager signifiait un espace en dehors de la ville ferti*
lise avec les travaux de Tagricullure et T. Live qui sera une plus formelle
autorité, comme tant d^autres, Tappelle Campus. Iteal^ par là indécis d&Ds
la scène si le champ, voisin de la porte dite Collina, esL en dedans on eu
dehors des murs, quand Tinvention du peintre devait précisément indiquer
qu*il était en dedans et le temple de Vénus Ericina, coustruil du dehors àti
murs à une certaine distance se trouve trop près, par la fauLe du libretto.
J*y lis : u On voit sur la scène trois lombes pjframîtlales : deui de
celles-ci ont sur le piédestal une pierre noire» sur Tune d'elles est écrit
Mucia, sur Tautre Oppia en lettres d*or, La troisième tombe est destinée
pour Julia : la piédestal est ouvert à la façon d*une pierre et on ^ desrend
par un escalier praticable. » Oh non je ne peux vraiment mettre ces mcou-
venances sur le dos du poète. Elle seront nées dans Tlmaginatton de
quelque décorateur de Londres. Gomment jamais penser que des tombes
si riches aient été élevées par les familles qui répudiaient jusqu'au soa-
venir d*un nom tombé dans Topprobre? On ne supposera certaluemeat
pas qu'elles ont été élevé aux dépens de TÉtat qui ne récompensa jamais
que ceux qui avaient sauvé la patrie n
XLI
DOCUMENTS NOLVEAUX SLR PIERRE VIGNE DE IIG\T
ARCHITECTE
Nous avons ici même, à la session de 1894, essayé une biogra-
phie de cet architecte peu étudié nommé Pierre Vigne de Vîgti
* Ch. DE Bkaumont, Pierre Vigne de Vigny, architecte du Boi. 1690^
DOCUMENTS SUR PIERRE VIGNE DE VIGNY. 1%\
Depuis lors, un certain nombre de nouveaux documents sont par-
venus à notre connaissance; ils complètent assez bien ce que nous
savons déjà de cette étrange figure bien originale en elle-même;
M. Louis de Grandmaison^ archiviste d'Indre-et-Loire, nous
signale tout d'abord plusieurs personnages du nom de Vigne qui
semblent originaires d'Anjou comme la famille de notre artiste.
L'un, Roh^t Vigne, qualifié écuyer du comte de Serrant en 1684,
noble homme et sieur de Prémartin en 1698 \, dates auxquelles il
parait comme parrain à Saint-Georges-sur-Loire, ne doit pas,
croyons-nous, en raison même de sa qualité de noble, être rattaché
à la famille qui nous occupe. L'autre, Uargnerite Vigne, épouse de
Séverin Delignac, écuyer, seigneur tfe Scanacro(?), est nommée
daps l'acte mortuaire de sa fille Françoise Delignac, morte à l'âge
de soixante-huit ans et inhumée à Azay-Ie-Rideau (Indre-et-Loire)
le 31 décembre 1753*. Ce qui laisse supposer l'origine angevine
de cette Marguerite Vigne, dame Delignac, c^est la présence dix ans
plus tôt, comme parrain, d'un membre de sa famille, messire
Barthélémy Delignac, a curé de Luigné en Anjou* ».
Mais ce ne sont là que des suppositions. Ce qui se rapporte avec
plus de certitude à notre artiste, c'est le partage de la succession de
son grand-pére Louis Brisard et de sa grand'mére Marie Boyot,
en date du 29 novembre 1691. Il donne un instructif aperçu de la
fortune de sa famille; nous y voyons en efiet que par leur contrat
de mariage en date du 21 décembre 1679^, Michel Vigne et Marie
Brisard reçurent en dot la somme de 3,278 livres 10 sols.
Nous avions cra pouvoir dire, en 1894, que Pierre Vigne vint à
Rome après son inspection à Constantinople, c'est-à-dire en 1722 *.
Nous en trouvons aujourd'hui la confirmation dans ce passage
d^une lettre de Poerson au duc d'Antin, datée du 11 août 1722,
que nous a obligeamment signalée M. J. Guifi*rey :
dans le compte rendu de la Réunion des Sociétés des Beaux^Aris des départe»
menu ea 1804, p. 610-652, et tiré à part. Paris, Ploo-Nourrit et C", 1894, in-8»
de 46 pages et un portrait.
> Archives de Maine-et-Loire. E. suppl.» p. 336-337.
^ État civil d'Azay-le-Rideau.
Ibid.t voir 21 novembre 1740 et 0 novembre 1743.
* Leur acte de mariage est du 14 janvier 1680. (Cf. Gh. d:^ ëealuoxt, ioc, cit.^
616, et p. 11 du tirage à part.)
Ibid.^t p. 611, et p. 6 du tirage à part.
46
1
^122 DOCUMENTS SUR PIERRE VlGNÉ DÉ VTGNT.
. M II est arrivé depuis, pea de jours an jeane arcbiteete, élève de
ttM. de Cotte, lequel irient de Constantinople oh il a élé envoya
« pdnr y examiner Tétat ou ^e trouve le palais de 11. TilaibasM-
M deur du Roy. Il s'appelle Vignierj,ïeile s' Gourlade, fils du maître
« d'hôtel .de M. le cardinal de Rohan, qui est élève dans rAcadémiei
« a étudié à Paris ayectlui ^ « .^
Nous savons donc maintenant, à n'en pouvoir douter^ que llgny
était élève de Robei^t de Cotte, ce que nous n'avions osé afSroier
^aute de preuves sufBsanles* Or, grâce aux renseignements que
nous ont fournis MM. Merghelynck, d*Ypres (Belgique)» et Quarrey-
Reybourbon, de Lille (fi^ord), nous n'ignorons plus qu'il forma
également en 1743 et 1744* un élève qui sut faire honneur à son
imaitre.' Né à Lille le 5 janvier 172&,. Thomas-Prançoîs*JosepIi
(Gombert était fils de TJioBias^Jose^ h Gombert, maître maçon, et de
'Marie-Hélène Buisine. Ayant montré «de bonne heure d'heureuses
; tt dispositions pour Tétude des arts et des maihématiques, dît
a M. Uipp. Verly*, il alla étudier Tarchitecture à Paris eo 174;^ et
tt 1744, sous la direction de Devigny, architecte du Roi, et fît de
ft rapides progrès. Son père étant mort en 1745, il revint dans &3
tt ville natale... « On lui doit entre autres la reconstruction ie
THôtel des Monnaies de Lille, la transformation en hôpital milh-
taire du collège général des Jésuites, divers hùtels de Lille, etc.
Nommé inspecteur général des ponts et chaussées des Flandres ei
de TArtois, il contruisit le beau pont de Nieppc '. Il hàlit aussi à
Vpres le superbe hôtelMerghelynck, auquel M. ArtliurMerghelfuci,
Térudit archiviste des villes deFurnes et Ypres, a consacré une li
magistrale étude*.
Une lettre du mois de février 1744' sans doute adressée au duc
d'Aiitin, surintendant des bâtiments du Roi, nous montre de Vig&]'
* A. DB MoNTAiGLON et J. GuiFFREV, Correspondance det direclcurs de VÀrû-
demie de France à Rotne avec les surintendants des bâtiments, décembre 18&Ô,
t. VI, p. 175.
« Hippolyte Vkrlv, Essai de biographie lilloise contemporaine, 1896, p» IWî-
107.
^ Brllier de la Chavignerie et L. Auvrav, Dictionnaire générai des m^stis
de racole française, t. I, p. 673.
^ * A. Merghelyxck, Hôtel Mergàelynck. Ypres, 1894, in-fuL avec 30 vw
piiototypic.
^ Voir Pièce justificative.
DOCUMENTS 8U*R PIERRE VIGNE DE VIGNY. 7SS
eneore en latte awec tes -collègues. II avait été chargé par les reliv
gieox de Satnt^Maf Hd de Pœris de vérifier et régler le mémoire du
slear leTellieri tnaitfe maçon 7 s*étant aperça de malfaçons et
d'erreurs graves, il crut devoir en parler à la séance suivante de
rAcadéinie d'architecture; le jeune Mansard lui chercha alors chi-
canoi mais Vigny le releva d*one verte façon, lui disant qu*il n'avait
ni ê(m expérience ni ses lumières pour se permettre de lui parler
de h sorte. Hansard, vexé, monta le Téllier contre de Vigny d'une
façon maladroite et lui attira mille désagréments. An fond, dans
la cireonstancOy notre artiste avait raison et faisait preuve d'un
esprit droit et intègre, ne voulant pas qu'un entrepreneur fripon
pût continuer impunément à tromper le public et les autres archi*
tectes. Peut-être avait-il employé des termes un peu vifs, mais
. aussi il faut bien reconnaître que ses collègues étaient de carac-
tère fort irrascible : témoin une plainte déposée en 1734 par
l'architecte J.-BJ*Aug. de Beausire ^ contre J.-N. Servandoni, en
raison de sévices et voies défait*. On aurait pu leur citer ce joli
mot de Raynouard, Tauteur des Templiers : « Voltaire a dit avec
« autant d*esprit que de raison : De nos cailloux frottis il sort
ic des étincelles; Il faut frotter nos cailloux pour en faire jaillir une
tt lumière utile; mais gardons-nous bien de nous les jeter à la
u tête. »
Malgré toat le désir que nous aurions de présenter de Vigny sous
an jour favorable, nous devons à la vérité de reconnaître qu'il
était de nature batailleuse. Ne le trouvons-nous pas, en effet,
en 1746*, comme seigneur de cette petite terre de Penchien, près
Luynes (Indre-et-Loire), qu'il avait achetée en 1736 ^, faisant con-
damner un paysan son voisin pour avoir cueilli de l'herbe, ébour-
geonné de la vigne et pris une serpe dans sa propriété, à payer la
somme de 77 sols 6 deniers et les frais? Le paysan s'étant montré
réfractaire, il le' fit saisir. On voit que l'air sédatif de la Touraine
ne calmait pas sa bile ni n'amollissait son humeur revéche. Il se
plaisait bien pourtant sous ce ciel si serein et dans ce climat si
* Frère de celui avec lequel de Vigny se querella en 1742. (Cf. Gh. os Bew^
r, lo^. cit., p. 613 et 629, et p. 8 et 24' du tirage à part.)
Revue de l'Art français ancien et moderne^ t. V, p. 265.
Lrchivet du château de Gbâtigny.
Ci. Gh. DE Beauhont, loc. cit. y p. 612 et 626, et p. 7 et 21 du tirage à part.
784 DOCUMENTS SUR PIERRE VIGNE DE VIGNY*
agréable. Aussi cherchait-il à s'agrandir, et le 31 août I75'2lI
achetait' une petite ferme dite closerie des Arènes^ du nom erroné
donné dans le peuple au superbe aqueduc gallo-romain entre les
piles duquels sont construits ses bAtiments.
. D*autre part, une lettre adressée par notre artiste en 1763' à
son neveu Gille Lefebvre, fils de sa sœur, indique qu'il avait Tîn*
tention d*acbeter une autre terre également en Touraine ; mais les
termes de cette lettre sont trop vagues pour qu'on puisse de? îner
laquelle; cette négociation ne semble pas avoir ahoutu
Enfin dans une lettre datée de 1754'» destinée peut-être à
Gabriel, et relative à une lettre anonyme adressée à T Académie
d'Architecture, il fait encore allusion à son expérience^ doDt il
semble vraiment bien infatué : » Depuis le temps que je suis de
tt TAcadémie, dit-il, j*ay veu certainement bien des choses, à Féganl
a des jeunes gens, qui ne sont pas suivant les règles de réquité...
« ce qui certes dégoûte les jeunes gens qui pnt du mérite. «
Nous avons pensé que ces quelques lignes, et la correspondance
qu'elles accompagnent, complétaient assez bien la noirce que nous
avons jadis consacrée à étudier la vie de cet inconnu de mérite;
nous n*avons cherché qu'à apporter un détail Je plus à Tbisloire
de l'Art.
Charles de Beadmont, ^ .
Correspondant du Comtté des Sodété« dd
Beaux-Arts des dt^partetnenl^, ÏQ^pecleur
de la Société archù abdique de Tourtine.
PIECE JUSTIFICATIVE
Lettre de P. Vigne de Vigny a.,,,,
[Février 1744*]
Monseigneur,
Vous avez receu des nouvelles au sujet d*an grand bâtiment que ii'-
Religîeux de S' Martin de Paris ont fait construire depuii 1739* Dei
' Archives du château de Ghâtigny^.
» Ibid.
' Ibid.
* Cette lettre porte en tète cette mention : Rec, 16/' 1744, Elle pronAt
DOCUMENTS SUR PIERRE VIGNE DE VIGNY. 185
toiBèun ont esté appelei pour vérifier et régler le Mémoire dû s' le Teliier
mettre maçon qui Ta bâty. Les Religieux se doutant que ceux qui y
avoient mis la main n*avoient pas agy exactement me nomèrent par un
acte capitulaire pour le dernier examen, et j*en reçus la nouvelle le
13 octobre 1743. En examinant le devis et marché, je tronvay quelques
principaux articles près du double de leur valeur, et d'autres enflez au tiers
au delà de leur valeur. Je blamay les Religieux de n*avoir.pas appelé un
bonéte borne a ce marché. Cependant, le mal estant fait, je n*y ponvois
apporter de remède. J*examinay le toisé en vérifiant sur le lien le
mémoire, je trouvay des erreurs extraordinaires, des demandes d'ouvrages
qui n'avoient pas esté faits, qu'on luy passoit, et des malfaçons ; pour
m'en éclaircir davantage, je m'bazarday de percer les planchers, les murs
et les voûtes pour voir si l'ouvrage estoît fait suivant la demande de
l'entrepreneur ; de 230 troux que j'ay fait faire, je n'en ay trouvé que
cinq ou l'entrepreneur estoit en règle, une vingtaine de douteux et le
restant contraire à ses demandes au devis et à la solidité du bâtiment. Je
les ay expliquez à M' Gabriel ', dans une letre que je luy ay écrit. J'en
parlay à notre Académie, et j'en citay qui parurent incognues et j'en
parlay come une question académique afin de nous mètre en garde contre
les Entrepreneurs. Le S' Mansard ^ me dit vivement quel droit j'avois de
percer les ouvrages de maçonerie. Je luy répondis là dessus, et
j*adjoutay que quand il auroît la même expérience que moy, et mes
lamières, il auroît le même pouvoir et qu'il n'avoit pas raison d'épouser
an entrepreneur fripon. Il s'imagina que je luy faisois sentir qu'il s*enten-
doit avec cet entrepreneur. Certes ce n' estoit pas là mon intention ; car
quand mes confrères m'ont représenté la sottise que je foisois d'épouser
certains entrepreneurs dont la malversation leur estoit cognue, j'ai profité
de leurs avis, et je m'en suis bien trouvé. J'aurois cru que cette conver-
fation n'auroit pas transpiré au dehors. Mais le S' Mansard en a instruit
l'entrepreneur qui a fait assigner mes confrères pour déposer chez un
comissaire ce qu'ils avoient entendu ; mais la plus part ont esté indignez
de cette démarche. M' le Camus*, à ce que je croy, vous en a écrit au nom
de TAcadémie. J'ay une grâce à vous demander, qui est de nomer les
plus éclairez de notre Académie pour examiner les ouvrages de cet entre-
collection Gottenet et nous a été cédée par M. Etienne Cbartvty. (Cf. Bulletin
d'iRttopvphes, n' 276, janvier-février 1897, p. 14.)
1 Jacques Gabriel, inspecteur général des Bâtiments du Roi.
* Sans doute Jacques-^Hardouin Mamart (1703-1776), avec lequel Vigny devait
;ore se quereller en 1758. — Cf. Ch. de Beauhont, loe. cit., p. 613 et 630,
p. 9 et 25 du tirage à part.
Nicolas Le Camus, de Mézières (1721-1789).
126 JACQUES BIGAUD.
preneur car en^ vérité Téfronterie des entrepreneurs es^ moniht à un
point que bous ne somet pas les maîtres, de leur faire faire de boni
ouvrages, ce qui rend notre réputation suspecte dans le public.
J^ay rbonneur d'être avec un profond respect— Monsetgoeiir — Votre
très humble et obéisitant serviteur.
' Signé: De Vhixt.
(Autographe. — Archives dn chAtetu de Chfttigny.)
XLII
JACQUES RfGAtJD
DESSINATEUR ET 6BAVEUR MARSEILLAIS,
IMPROPREMENT PRÉNOMMÉ lEAN OU JEAN-BAf TlSTE
PAR QUELQUES ÉCRIVAINS. .
(1681-1754)
En présence du grand et beau dessin complètement ombré à li
plume, représentant le Siège et le bombardement de Toulon en
1707 ^ que possède le Musée de celte ville, iinousestvenu àTidéf
de nous occuper de Tauteur de cet ouvrage, le .graveur Jasquii
. Rigaudy depuis longtemps oublié.
> L*armée des alliés, composée de 40,000 hommes eoviron, étdt comi&aadlf
par Vrctor-Amédée, duc de Savoie, secondé par le prince Eugène, Lct hostiLt^
furent commencées par les' ennemis te 26 juillet, joor de l^^ur arrlrée deni^
Toulon, et le siège levé précipitamment le 22 août. Pendant le« vin^il-limt jcwn
que durèrent les hostilités, les alUés perdirent pins de 8,000 hommes, ei
dant qu ils opéraient leur retraite sur la route dn Var, sans être pourtoîT.
habitants des villages, qui avaient été très maltraités par eui lors de leur ar*
en tuèrent un très grand nombre.
JACQUES RIGAUD. 72T
En effet» tous les biographes» pent*oii dire, sont restés muets
sur eet artiste d*un réel mérite» dont raeBvre> est eonsidérable et
qui presqoe toujours a gravé' d'après'des dessins de son invention,
souvent peuplés de nombreufifes figures savamment groupées et
dont les attitudes sont généralement vraies. On peut avancer que
si Jacques Rigaudy ao lieu de s'adonner à la gravure, s'était livré
i Tétude de la peinture, il fût devenu nn peintre distingué.
Gh* Le Blanc, dans son AmcUeur d'eitampes, le prénomme
Jean-Baptiste^ Etienne Parrocel» le regretté écrivain d*art marseil'»
1m, dans wm Annales de la peinture^ et dans son Mémoire sur
l-évéque Belzunce*^ mémoire oi îl parle de> quelques artistes qui
ont peint la peste de Marseille de 1720 % ou qui ont représenté en
effigie cet auguste prélat, ne mentionne, nullement Tintrépide
graveur Jacques Rigaudquî^ pendantque cette terrible peste faisait
le plus de ravages dans sa ville natale» a dessiné sur place les Vues
du Port et du Cours, ainsi que les scènes de désolation qui s'y
passaient, et les a ensuite gravées. Le même écrivain cite seulement
un Rigaud (lequel ne peut être que Jo^yrtf^^ Rigaudon Rigaud (...),
son neveu, les seuls graveurs connus de ce nom), comme ayant
gravé les deux tableaux de cette même peste, peints par Serre, qui
se trouvent au Musée de Marseille; ce qui n^est pas admissible^.
Le^binetdes Estampes, à Paris, possède un volume de 138 f**,
relié aux armes royales et ayant pour titre : Les Maisons royales
de France dessinées et gravées par J. Rigaud, commencé en 1730,
terminé par son neveu.
' Outre les nombreuses pièces que contient ce volume, Tœuvre de
' Albenard et Bérard, éditeur^, Paris, rue Guéocgaud, S, et même maison,
MwteUle, me Pavilloo, 25.
* Bufletip, des Sociétés des Eeaux^Arts des départemenU, année 1896, p. 367.
Paris, typographie de E. Pion, Nonrrit et Ç'% rne (laraocière, 8.
' La peste se déclara le 27 mai 1720, sur un navire marchand venu du Levant,
e( gagas hieiptAt la ville, où elle sévit pendant de longs mois.
4 C^luiqni le premier a avancé ce fait (voir le Catalogue de 1851, p. 108, du
Ifusée de Marseille) ne devait pas connaître les deux planches de la peste gra-
vées par J. Rigand ; il aura tout simplement entendu dire qu'il existait deux plan-
ches de la peste gravées par If. Rigaud, d'après les tahleaux de Serre. X'omet-
ms pas de dire que les compositions de Serre difTèren^ de celles de Rigand. Les
rtistes connus qui ont représenté en peinture la pes^e de Xlarseille de 1720
»Dt : Serre, J.-P. de Troy et, plus tard, Monsiau, Subleyras et un autre peintre
t peint celle de Toulon, arrivée en 1721.
728 JACQUES NIGAUD.
Rigaud est comflètkp^r cinquante-quatre aulres pièces non reliées,
la plupart doubles de celles renfermées dans ledit talume* Vnt
seule pièce, la Jautesurla Seine^ est signée fac {Jacques) Rigaud;
toutes les autres ne portent pour signature que les initiales oo
monogrammes I ou L fi. Les différents caialôgties ne parlent que
de Jean et de Jean-Baptiste ^ ce dernier prénom, d'après plusieurs
écrivains, étant celui du neveu, ce qui nVst pas bien certain, les
initiales I. B. (sic) ne le prouvant pas suffisamment* Toutes les
planches de Jacques Rigaud qui se trouvent portées sur le catalogue
de la calcographie actuelle du Louvre sont au nom de Jean RigaudV
La seule planche du même graveur, celle représentant la Joute
sur la Seine que signale le catalogue ^ de la eùllectron d estampes
connue sous le nom de Cabinet du Roi, publié en 1$08, est au nom
de Rigaud J. Nous venons de voir que cette dernière planche est
signée lac (Jacques) Rigaud^
C'est, sans doute, à Tabsence de toute notice biographie sur notre
graveur marseillais, qu'il faut attribuer Terreur dan» laquelle sont
tombés les auteurs des premiers catalogues du CabineidesËstampeSp
publiés vers le commencement de notre siècle^ c'est^ànlire cin-
quante ans après là mort de cet artiste; erreur que plusieurs écn*
vains venus après la publication de ces catalogues ont continué à
commettre en prénommant Jean ou Jean-Baptiste celui qu'ils
auraient dû prénommer* Jacques. Un écrit authentique de sa maiii\
que Ton trouvera ci-dessous, nous apprend non seulement que
lacques était son véritable prénom, mais encore que, au lieu d'élre
né en 1700, à Paris, comme Tout dit les mêmes écrivains, il élail
au contraire né à Marseille vers 1681 ; et un acte notarié nous fait
connaitrB qu^il vivait encore en 1753, à Paris, ou il dut tnounr
Tannée suivante (1754), ainsi que s'accordent à le dire les écrivaios
cités qui, par erreur, lui ont donné un nom de baptême qui n*élait
pas le sien. Sans indication précise de la ilate de sa naissance, ni
de la paroisse sur laquelle elle a eu lieu, et, de plus, prirè de
table annuelle et décennale de Tépoque, il a fallu parcourir atten-
^ Xote signée, venue du Cabinet des Estampes, en ma possession.
* Xote signée, venue de la Glialcograpbie du Louvre, en ma possession^
s Catalogue m'appartenant.
^ Voir, aux Pièces justificatives, la dédicace placée nr la marge inTérJeai
son dessin du siège de Toulon.
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yx
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iî VU^.^
riaiHlM MAIL
I'a,,e -2H
JACQUES RIGAUD. 129
tivement cbaqae page des registres de Tétat civil, déposés au
greffe» des paroisses de la Major, des Accoules, Saint-Martin, Saint-
Laurent et Saint-Ferréol. Les Rigaud s'y trouvent en grand nombre,
mais aucun ne porte le prénom de Jacques. Il a été rencontré un
Jacques Rigont, baptisé aux Accoules le 14 octobre 1680 (p. 86
V*), fils de Jean et de Madeleine Amaudrigue. Le nom de Rigont
est très lisible, mais il se peut qu*ilait été mal orthographié, comme
il est possible, aussi, que Tacte de baptême de J. At^ati^ ait échappé
aux investigations de la personne chargée de le découvrir. Né dans
une petite commune de la banlieue, se serait^il cru, dans ce cas,
autorisé à se dire né à Marseille, où, d'après son dire, il était
connu et protégé de beaucoup de personnes de distinction?
Malgré nos recherches, nous n'avons pas pu savoir ce que furent,
dans son art, les premiers pas de Jacques Rigaud, ni même quels
ont été ses maîtres ou à quelle École il a étudié. Nous savons pour-
tant, d'après ce qui vient d'être dit, que de bonne heure il s'acquit
quelque réputation dans sa ville natale. Ce n'est qu'à l'âge de vingt-
six ans, après avoir exécuté, à Toulon, la vue de cette place forte,
au lendemain de son siège et de son bombardement, en 1707,
par Tarmée du duc de Savoie, qu'il nous apparaît* pour la première
fois* Une longue dédicace, placée sur la marge inférieure dudessin,
nous apprend que cette Vue de Toulon était destinée à être présentée
par son auteur à Mgr de Lamoignon ', marquis de Basvllle. Dans
cette dédicace, notre artiste prie cet intendant de le recommander
à H. Le Peletier', directeur général des fortifications de France,
en vue d'obtenir la faveur d'entrer dans le Bureau des fortifications
delà Cour. Il se dit né à Marseille, âgé de vingt-six ans, connu et
protégé de quantité de personnes de distinction. Il ajoute qu'il se
flatte en entrant au service du*Roi de s'acquitter de son devoir de
manière à satisfaire le ministre.
Nous ignorons si le dessin du siège de Toulon fut présenté à
Mgr de Lamoignon, si celui-ci donna suite à la supplique de Tartiste
dessinateur et graveur, et si ce dernier fut admis dans les bureaux
de M. Le Peletier. Nous pensons que de ces trois choses la dernière
1 Lamoignon (Nicolas), marquis de Basville, intendant pour le roi en Langue-
doc, né en 1648, mort en 1724. — Voir, ci-dessus, planche XLVII.
> Peletier (Claude Le), direeteur général des fortifications de France, né à
Paris en 1630, mort en 1711, à quatre-vingt-un ans.
4
730 JACQUES RI6AUD4
n*eut pas lieu^ et que Rigaudvécui jusqii^en 1720 dan^ la Provetice,
prîDcipalement à Marseille, où il a dû graver, diaprés ses praprea
dessins, une grande partie de ses planches représentant dvs vues
ou pa5fsages animés de nombreux personnages et portant pour
titre: ulbs^embarquent» ; «Ilssesauvent v ,etc., faisant partie d'un
recueil composé d*au moins dix planches. Nous sommes d'avii
qu'il a dû, aussi, graver dans sa ville natale une suite d'autres
planches où, au milieu des sites riants, sbnt représentés des }tni,
des fétés,^ etc., en usage dans la basse Provence ^ Il est certain
(jue ce n*est qu*à Marseille et à Toulon qu*il a pu flessiner, pour
les graver ensuite, les diverses phases par lesquelles passaient, de
son vivant, les vaisseaux et les galères de guerre à partir de leur
construction jusqu^à leur mise hors de service.
Nous ne pouvons suivre Rigaud durant son séjour à Paris entre
1720 (?)• où, établi rue Saint-Jacques^ il vendait ses gravures de la
peste, et 1730, année où il entreprit le grand ouvrage nyant pour
titre : Les Maisons royales de France^ qui fut terminé par son
ne\en Rigaud, et qui, peut-être, a été le dernier de ses travam
les plus importants.' C'est en 1739 ou 1740 qu'il dut graver, «le
concert avec J.-F. Blondel, les fèies données en 1739 par la lille
de Paris (parmi lesquelles se trouve celle de là Joute sur la Seine
signée lac Rigaud), k Toccasion du mariage de Louise^Élisabeth de
France avec don Philippe, infant d*Espagne*. Il a été dit que notre
graveur a séjourné en Angleterre. Ce qui pourrait venir à rappui
de ce dire, ce sont les treize planches gravées par lut et représen-
tant des vues de châteaux, de monuments, de parés et de jardins de
ce pays insérés, à la suite de celles des Maisons royales de France,
dans Tin-folio cité, relié aux armes royales et coiltenaiit une grande
partie dé son œuvre ; ce sont aussi les inscriptions en langue
anglaise qui se trouvent sur le revers du dessin du siège de Toulon
et que nous n^avons pas pu relever, parce qu'elles sont aujourd'hui
cachées par un grand carton fixé sur le dos du cadre ; mscripUoni
qui permettent de supposer que cet ouvrage e»t passé en Angleterre,
d*où il nous est ensuite revenu.
\'Ous avons dit plus haut que notre Rigaud vivait encore dans la
1 Voir aux Pièces justificatives, Vues de Provence,
* Les modèles qui servirent à graver les planches de ces félei éUïeot Ûp f
vandoni, de Bouchard od, de Gabriel et de G. Salley.
JACQUES RIGAUD. IZl
•capitale en 1753. Alors, âgé de soiiante*douz6 ans environ, nous le
tromroDs faisant» le 15 août de oette année» ufi placement de
16,000 livres (équivalant, à peu de ebose près» à 60,000' francs
de nos jours) au S pour 100, devant par conséquent lui rapporter
400 livres par an; placement dont voici le résumé de Tacte passé
devant les notaires Dumas et Levente :' « LelSaoAt 1753, M. Duval
de Sainte-Marie cède à Hlle Charveys un titre de 800 livres de
rente qui lui appartenait et qui avait été constitué, par contrat du
2 décembre 1720» au profit d|un sieui; Putbomm^, Dans Facte du
15. août 1753» Mlle Charvejs reçonna^ que .sur ces 800 livres de
rente,, il en appartient 400 à Jacques Rigaud, graveur y parce que
ce dernier lui a remis la moitié du capital nécessaire pour Tacqni-
sition qa*elle vient de faire du capitaine Duval.de Sainte-Marie. »
Nous ne trouvons plus rien à dire touchant ce laborieux et con*
sciencieuiK, giaveur» doublé d*un inventeur» si ce n^estque ses com-
patriotes devront se féliciter de ce qu^il ajt été remis en lumière
après être resté oublié pendant cent cinquante ans» ou, du mpins,
n*avoir été connu» pendant tout le présent siècle» que sous un
prénom qui n*était pas le sien et çonim^ étant né à Paris en 1700»
alors qu*U est avéré que Marseille lui/i donné l^jour vers 1681.
Ch. GiMOUX»
Membre de rAeadéiiila du, Var, vice-préii-
dent de k Gommiwien coDtulUtive et de
* sunreilknce da Maiée» membre non réti*
dant du Goo^ité des Sociétés des Beaui-
Arts des cUpartements, à Toulon.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
1
VUE DE TOULON PENDANT LE SIÈGE ET LE BOMBARDEUENT DE 1707,
PEISE DES HAUTEURS D*ARTIGUE8 ET DE SAINTE-CATHERINE.
Sur deux feuilles de papier blanc réunies. — H. 0",43; L. 1"',26. —
•Signé sur la tiaarge inférieure» au-dessous d'une dédicace : Jacques
ligaud. — - Acquis par la ville en 1895.
Placé à une altitude de 80 mètres envlroii» et éloigné d*une fois
782 JACQUES AIGÀIJD.
fleolement la plus grande largeur du cadre qu'il s'était donné, rartUtea
pu, par suite du plus grand développement du plan perspectif réiultim
de cette altitude et de cet éloignement, c'esf-à-dirc d'angles visuels trb
ouverts, faire entrer dans ce cadre, relativement restreint, tes priDdpdeâ
opérations du siège, au nombre de trente-neuf, indiquées dans la légende
qui accompagne son dessin, et. dont le numérotage correspond à celui
desdites opérations contenues dans le plan perspectif
Sur le premier plan, de nature rocheuse, à gauche, quelques arbrei
et, pep au delà, une batterie ennemie dont le feu est dirigé contre la
retranchements de Sainte-Anne où se trouve une parlîe des troupes do
Roi ; au deuxième plan, à droite, lesdits retranchements et, vers le milieu,
hauteur et .chapelle de Sainte-Catherine où Ton voit deu?E batteries
masquées établies par les ennemis dès l'ouverture du siège, mais dont it
furent chassée ; vers le même point, on aperçoit des bataillons français
sortis des retranchements de Sainte-Anne pour éteindre le feu de la
batterie tirant sur ces retranchements; en troisième plan, à droite» la
ville, à gauche, parallèle ou tranchée d'investissement de la place et
plusieurs batteries de canons et de mortiers ; plus loin, tout à fait à
gauche, une partie du camp de l'armée du duc de Savoie et le fort de
Sainte-Marguerite situé au hord de la mer à 5 k. de Toulon ; à droite, à
l'ouest de la ville, château de Missiessy, où était logé le maréchal de Te^fè,
et campement des troupes françaises; au delà, dans un cinquième pbn,
la petite rade, et la grande rade où l'armée navale des ennemis composée
de plus de cent voiles est arrêtée par le canon des forts de Sain te- Margue-
rite et de Saint-Louis; tout à fait en dernier plan, les montagnes de
Cépet et de Notre-Dame, et derrière elles la mer jusqu'à T horizon.
DécUcaee surmontée d'armoiries.
A Monseigneur de la Moignon de Basville, Conseiller d'Bstat et inten-
dant pour le Boy en Languedoc.
MONSIIONEUR,
La réputation que vous avez dans tout le Royaume d'être amateur el
protecteur des Arts, et surtout la bonté que - vous aves pour les Jeunes
studieux qui ont quelque talent, me font prendre la liberté de tous
présenter celte Vue de Toulon et du Bombardement par les ennemis, et
l'ay dessiné à la plume pour un témoignage du peu que scay et du désir
que jauro.is d'entrer de le Bureau des fortiGcations de la Cour, laqn
depuis quelque temps avait donné commission de chercher des sujets
eussent quelque capacité. J'ose espérer. Monseigneur, que par le mo
r
de votre retomoaandatîon à MonseigiK'ur Le Peletîer, de qui cela dépend,
Je pourray avoir rkonneur que je deoiande. Je suis de Marseille, âgé de
26 anSf connti et protégé de quanlilé de personnea de dislinctîoQ en celte
ville. Cependant, Monaeigneurf si fon m'ordonne d'envoyer quelqu antre
montra de mon travail, soit pour voua on pour Monseigneur Le Feletier, je
seray pronlàobèir. Je me flale qu'en entrant au service du Roy je ponrray
m^aquiter de mon devoir en manière que le Ministre sera sali&fail, et que
vous, Monseigneur, me pardonnerés i'am|^ilJon que j^ay eue de pub liée que
je suiâ, Moaseifïueur, votre très humble et très obéissant serviteur* ^
Jacques Higald.
, • . n
VtJlS &SPHOVEn:CB*.
l'' liecueil composé d'au moim dis; planches.
a Ha s^embarquent* n
A gauche, url vaisseag armé de canons a levé Tancre et déploie ses
voiles ; une chaloupe bord à quai rêfoil les derûiers passagers; à droite,
des momumenls.
Signé: J. Rigaid j. s*
Flojicbe VL
L. 0^,^m. — Fig. do Q^,(m.
a. Ils se sauvent, n
Des pirates, chargés de hutin, poursuivis par la maréchaussée, sont
préls a s'éloigner du rivage aiec leur barque; h droite, un paysage des
plus agrestes où Ton voit des pins et des palmiers,
Sim^: RiËAUn fe,
PUucbe X.
L. 0^,261. — Fig. de 0-,03G.
2* Recueil de quatre planches^ au moins.
a Bon voyage. »
Hors la porte d'une ville, des personnes se salaent et s'embrassent :
des palefreniers tiennent des chevaux par la bride.
Signé: Riqaud, jnv. sculp.
^ Les dont e planches décrites qui vont suivre ont été trouvées dans mon entou-
Lge. Elles font partie des collections de MM. G..., Henseliog, Lenormaod, Mal-
>r. Olive.
734 JAGQD£S HIGAUD.
Planche l.
L. 0-»267; — Fig. de 0-,033.
a Arrivée au giste (fie). »
Les voyageurs arrivent près d'un village.
Signé : Rigaud, iov» sculp.
Planche II.
L. 0-,267. — Tig. de 0-,024;
tt Départ du giste. » ^
Les voyageurs montés en selle, Taubergiste leur présente le coup d£
rétrier.
Siifné: J. Reqaud jn. sculp >
Planche IIL
L. 0-,266. — Fig. de 0»;030.
a La Méridienne. »
Dans un site ombragé par de grands arbres, les voyageurs prennent
leur repas du midi.
Signé: Rigaud j\ sculp.
Planche IV.
L. 0-,263. — Fig. de 0-,030.
S"" flecueil de six planches.
u Exercice de la fronde* »
Planche I.
« Les trois sauts, i»
Cest moins rinUrél que la gloire
Qui met eti peine ces sauteurs^
Et l'on devrait au temple de mémoire '
Graver le nom des vainqueurs.
Aux abords d'une à\)eiènne petite ville, une nombreuse foule entoure
les sauteurs. Dans un troisième plan, sur une place où se trouve ré^^lisfi
des filles et des garçons exécutent une farandole au sou du tambourin el
du galoubet.
Signé : Rioaud fecit.
Planche IL
L.0-,267. — Fig. de 0«,p5.
tt La course. » i
1
JACQI]£S HtGAUO. 735
Planche III.
« La bastide, »«
PUnche IV.
tt La boule. »
D'une main ferme et prudente
Pour approcher le but chacun tente un chemin.
Et souvent on expérimente
Que le plus court chemin n'est peu le plus certain.
Des personnes en grand nombre s*empressent autour des joueurs ^
occupés à mesurer le point.
Signé : J. Kjqauo fecit.
Planche V.
L. 0-,264. — Fig. de 0-,044.
M La Joute. »
Pour célébrer quelque fête
Les plus hardis matelots^
Sans crainte de la tempête.
Se jouent ainsi sur les eaux.
La fête se passe dans un port de mer ; une foule de curieux placés sur
les quais et sur des barques assiste au tournoi.
Signé : J. Rigaud fecit.
Pbnehe VI.
L. 0-.268. — Fig. de 0-,048.
4<» Deux recueils de marines de 6 planches chacun.
Construction de galères. — Baptême ou bénédiction des galères. —
Fêtes des galères de Marseille. — Armement des galères. — - Coup (de
canon) du départ et embarquement des galères. — Retour des galères.
Chantier de construction des vaisseaux. — Vaisseaux prêts à être mis h
la mer. — Armement des vaisseaux. — Départ des vaisseaux de la radr
de Toulon. — Combat des vaisseaux. — Naufrage des vaisseaux ^
' En France, les premières galères, an nombre de treize, furent construites h,
fois à Marseille, en 1536, par quatre hommes du pays. (Documents sur la ma*
\e de Toulon, par V. Brun, commissaire général de la marine, 1. 1, p. 15.) L'arse-
•1 des galères était à Marseille, celui des vaisseaux se trouvait ù Toulon, où étaient
alement construites des galères.
l
736 JACQUES RIGAUO;
5<* Recueil composé de deux planches.
tt Vue de rhostel de ville de Marseille et d*une partie du port dessiné «ur
t le lieu pendant la peste de 1720. »
Planche I.
L*hostel de ville est sur le premier plan, et l'on aperçoU au fond h
tour Saint-Je^n. Les quais sont encombrés ; des fumîlles sont abritées
sous des tentes, des chariots transportent des cadavres. Une foule de
malheureux empilés dans des barques, se disposent à se rendre à Toulon,
les consuls de cette ville, émus de pitié, les ayant autorisés & faire
quarantaine au Lazaret.
Signé ; J. RiGAim inv. scnip.
à Paris> chez Tante ur, rue 5^ Jacques;
L. O-.iS. — Fig. de O-,055.
« Vue du Cours de Marseille, dessiné sur le lieu pendant la peste arriièe
en 1720. »
Planche IL
Cette vue prise de Tintersection du Cours et de la Canebî^re, permet de
voir la Porte d'Aix. Sur* le devant, à droite, on aperçoil un Prélit,
Mv de Belzunce sans doute, entouré de prêtres, et d'infortunés accouFiii
vers lui et le suppliant ; à gauche, un tombereau rempli de morts ; de-ci,
de-là, des soldats en armes, dont Tun reçoit des ordres d'un personnage
à cheval, probablement le chevalier Rôze. On voit descendre par une
fenêtre du quatrième étage d^ une maison nn cadavre attaché à une corde*
Signé: J. Rioaut (sic) inv* et sculpsît.
à Paris, chez Tauteur, rue S^ Jacques.
ô^" Une seule planche.
«c La Sainte Famille se rendant à Jérusalem, pour célébrer la fêle de
Pâques. »
Au premier plan, à gauche, un .grand arbre dont le sommet esteoupè
par le bord de la planche; vers le milieu, sur un chemin, la Yiergt
tenant son enfant d'une main, et de Paulre lui montrant la ville sainie
qu'on voit au loin ; à côté d'eux, marche saint Joseph la main gi
appuyée siir un bÂlon de voyage et tenant de Tautre un second
bâton appuyé sur son épaule droite, auquel est suspendue une b'
JACQUES RIGAUD. 737
Au second plan, à gauche, des fabriques el des arbres; au roilmn, im
grand pin; au loin, une grande ville forliBée, renfermant de nombreux
monuments.
^ Signé : J. Rig/iud inv. sculp,
C. P. R.
H. 0-,235. — L. 0-,407. — Fig. de 0-.055.
Sur la marge inférieure, on lit : « Et ibant parentes ejus per omîtes
annos in Jérusalem in die solemni Paschae. — Lucœ, cap. 2* v. 4L n
111
LA JOUTE SUR LA SELVE SIGNÉE JACQUES RIO;(UD.
A Toccasion du mariage de Louise-Elisabeth de France avec Dnn
Philippe, infant d*Espagne, en 1739, la ville de Paris donna des fAlcs qui
furent gravées par Blondel et Rigaiid. Parmi les planches exécutées par
ce dernier, il s^en trouve une inliluléc : La Joute sur la Seine.
Signé: lac (Jacques) RicAun.
Reconnaissance de rente.
Par acte passé devant M"' Demay et Lecointe, notaires à Pûrisj, le
15 août 1753, Marie-Anne Charveys, fille majeure, demeurant  Parts,
quai de la Mégisserie, a déclaré et reconnu que dans le transport pas^è à
Tinstant devant lesd. notaires h son profil par Edme-Marie Duvai de
Sainte-Marie, ancien capitaine, lieutenant de cavalerie au ii^fjLiiienl
d*Anjou, les 800 livres de rente^ au principal de 32,000 livres constitué
sur les aydes et gabelles au profit de S' François-Pierre Puthomme^ par
contrat passé devant M« Cadot, notaire à Paris, le 2 décembre 1720, il en
appartient au S' Jacques Rigaud, graveur à Paris, 400 livres au principal
de 10,000 livres comme le S' Rigaud ayant remis à lad. D"* Charveys
qui le reconnoist la moitié des deniers nécessaires pour faire comme elle
Fa fait l'acquisition desd. 800 livres de rente.
(Notes sur divers artistes des deux derniers siècles, analysées et
commentées par M. Henry Jouin. — Nouvelles Archives de f Art français,
t. VU, p. 16, année 1891.)
Notices extraites du Dictionnaire des graveurs par Rasan.
Basan (Pierre-François), graveur à Teau-forle et au burin, célèbre
4-*
i
■238 JACQUES RICALD.
k collectionneur et éditeur d^estampes, né à Paris en 1725, mort en 1791,
f s'est trouvé en relation avec presque tous les graireur^ de son temps.
Ainsi que son père, marchand d'estampes, il a du conimilre H même »e
trouver en rapport avec le graveur marseillais Jacques Er^jiùd. Dans k
deuxième édition de son Dictionnaire des graveurs, t. 1, p. 127^ 128
(1789), on lit:
Rigaud (Jacques) y dessinateur et graveur. — On connaît de lui pluâ de
100 Vues de châteaux de Versailles, Marly, Saini-Cioud, Fontaine-
bleau, etc., etc. ; il est mort en 1754.
j Rigaud ( ), neveu du précédent, a continué cette suite, mais afet
moins de succès que son oncle ^
Description souuairb de l'oeuvre de Ricaid
Manuel de V amateur deslamptt^ par Ch, LeBiaiic, ver ho Rigaud^
Tome nr, p, 337 et 338.
Rigaud (Jean-Baptiste*) , dessinateur et graveur, né à Pu ris ver^ 1700,
mort en 1754. — Basan. Il, 127. — Hubert et Rost, Vlïl, 104, —
Magler, X, 187. — Bryan, 642. — Nagler, monogr. 111, â43, IV,
n» 354.
1 . — Paysage avec scène biblique, in f«, en larg.
^. — Réception des chevaliers de l'Ordre du S* Esprit en 1724. 1730,
in f« K état ; avant Tadr. de Duchange.
3. — Cérémonies pour le mariage de M*** Louise- l'^ïisubet de Fnnce
et de don Philippe d'Espagne, in f« è Tétat avant la teLtre.
4. — Joutes faites sur la Seine, in f* en larg., état avant toute lettrv.
5. — Ordre de bataille des Imj)ériaux et des Suédois à Lulien, in [* en
larg.
6. — Sujets militaires, 6 p. in î^ en larg. K état avant la lettre.
'7. — La Tactique des anciens, 35 p.
8. — Représentations des actions les plus considérables du siè^je d'une
place, 6 p. gr. in f® ; l*' état avant toute lettre. (Pour Touirage ; La
science des ingénieurs.)
9. — Marines à construction de galères, 6 p. in f* en larg. ; éLat av:inl
toutes lettres.
10. — Marines, t. p. in ^ en larg. ;{•' état avant la lettre.
> On ne trouve pas d'autre graveur du nom de Rigaud, dam tci dirréreau
lions du Dictionnaire de Basan.
^ Lire Ri^^aud (Jacques).
JACQUES RIGAUD. 739
11. — La Douane au bord de la mer, in 8" en lar<f.
12. — Vue de Parîs, prise du Pont-Royal, in 4* en larg. I**" état avant
la lettre.
13. — Vue des Invalides, prise de la grille royale. Très petite pièce.
14. — Vue générale de Paris, prise de la hauteur de Cbaillot, in f" en
larg.
15. — Vue dé Paris, prise de l'Observatoire, in f* en larg.
IG. — Vue de Paris, prise de Mesnil-Montant, in f« en larg.
17-38. — Vues de Paris, 22 p. in f«.
39. — Vue de Bicètre et de Thôpital, in ^ en larg.
40. — Le jardin du Luxembourg, G. in f" en larg.
41. — Le jardin des Tuileries, G. in f*> en larg.
42. — Vue du cours de Marseille, pendant la peste de 1720, G. in f* en
larg.
43. — VuQ de rhôtel de Ville de Marseille, pendant la peste de 1720,
Gr. in ^ en larg.
44-55. — Le château de Versailles, 12 p. in f*" en larg.
M<^7. — Les Bosquets des jardins de Versailles, 12 p. in f« en
larg,
68. -^ Vttft du château de Versailles, G. in f« en larg.
69-74. — » Li château de Marly, 6 p. in f'' en larg.
75-80. — Le «lAteau de Fontainebleau, 6 p. in f« en larg.
81-86. — Le cliAIttilde Chantilly, 6 p. in f« en larg.
87-02. — Le château dk Sceaux du Maine, 6 p. in f« en larg.
93-94. — Vues de Vinc«MA9, 2 p. in f<» en larg.
95-100. — Le château de MiaAon, 6 p. in f* en larg.
.100-102. — Vues de S* Germai» w Laye, 2 p. in f" en larg.
103-104., — Le château de Ghoisy^ ) p. in ^ en larg.
105-107. — Le château d'Anet, 3 pi. imf'' en larg.
108-110. — Le château d*Ambroise, 3 pL i» ("^ en larg.
111-112. — Le château de Chagny près d« Versailles, 2 p. in f* en
larg.
113-114. — Le château de Monceau, 3 p. in f* en hti.
115-116. — Le château de Chambord, 2 p. in (^ en lai^..
117-118. — Le château de Saint-Ouen, 2 p. in f'en larg.
119-121. —7 Le château de Bellevue, 3 p. in f« en larg.
122-123. — Le château de Bercy, 2 p. in f» en larg.
124. — Le Palais royal de Madrid, in f« en larg.
25. — Le château de llamploncourt, Gr. in f» en larg.
26. — Vue de Greenwich, Gr. in ^ en larg.
n. —Vue de rhôpital de Greenwich, Gr. in f° en larg.
740 AMTOIXE CILIS.
128. — Le Parc de S' James, Gr. in f" en larg.
129. — Vue d*un château anglais, devant lequel on^ exécute un concert,
Gr. in f° en larg.
130-137. -:- Jardins anglais, 8 p. f« en larj^. ; 1* état avant la IcUre.
138. — Livres de paysages cl marines, où sont représentés les aven-
tures des voyageurs. Titre et 12 p. petit in f"; l*' état avant la lettre, 6 p.
139. — Paysages, 6 p. in f* en larg.
140. — Diverses pi. pour les Comédies de Molière, 12 p.
141. — Diverses Vignettes ^
J B. R. sculp. ï. R., J. R.
XLIII
ANTOINE GILIS
SCULPTEUR ET PEINTRE
1702-1781
Messieurs,
II y a deux ans, M. Henry Jouin, notre dévoué secrétaire,
publiait une étude crudité et remplie d'aperçus très nouveaux sur
un artiste que PAcadémie de peinture s'honora de compter parmi
ses membres, le sculpteur Jacques Saly de Valenciennes ', et, au
cours de son remarquable travail, il exprimait le regret de ne point
connaître assez le premier maître de Saly.
J\ii pensé qu'il était utile de combler la lacune signalée par
M. Jouin; aussi est-ce d'Antoine Gilis, sculpteur et peintre de
mérite, que je vais avoir Thonneur et le plaisir de vous entre-
tenir.
' Cette liste contient 157 planches et diverses vignettes.
' H. Jotix, Jacques Saly, de l'Académie de peinture de Paris, scuipteui «-
de Danemark, C /tomme et Vœucre. Mdcon, 1896, in-8". (^trait de la Hc
r Art frajiçais ancien et moderne.)
ANTOINE GILIS. 741
1. ANTOINE GILIS. — SA VIK.
1. Séjours à Dole, Anvers ei Valenciennes , 1702-1757.
Antoine^François Gilis naquit à Dole le 7 juin 1702 ' ; son père,
François Gilis, avait épousé, le 21 novembre 1697, Barbe Bauld
ou Beaux ', qui lui donna neuf enfants, dont le troisième fut
Antoine'. Comme on le voit par cet acte de mariage, la famille
tiilis n'était point originaire de lu Franche-Comté, mais d*Anvers.
Aussi, lorsque plus tard il s'agit de faire, pour le jeune Antoine,
choix d'une carrière, l*envoya-t-on dans la grande ville artistique
des Pays-Bas, où son père avait conservé^ sans nul doute, des
relations amicales et même des liens de parenté, f^onr obéir à une
tradition de famille, ou peut-être à cause des aptitudes toutes spé-
ciales que montra Antoine, dès ses plus tendres années, on le
destina à la cairière artistique; en 1717, il fut inscrit sur les
registres de la gildc célèbre de Saint-Luc et entra dans Tatelier du
sculpteur Van der Voort *. Ses éludes furent rapides, et, vers 1723,
il se fit admettre à chef-d'œuvre, puis à maîtrise pour la sculpture.
Gilis avait pris des leçons et commencé son apprentissage en Tart
de peindre, mais il ne put le terminer à Anvefs, à cause de son
départ pour Valenciennes où il s'installa vers la lin de 1723 ou au
début de l'année suivante.
C*était une grave question, à cette époque, qu*un changement
de résidence, car nombreuses et sévères étaient les formalités en
usage, permettant de s'établir à demeure dans la cité choisie, et il
était plus difficile encore d'y obtenir jamais un rang honorable. A
' Voir Pièces jcislificalives, ii' ï.
* « François Gilis, d'Anvers, d'une part, et Barbe Beaux, de cette ville, d'autre,
après publication d'un Imiu et dispense des deux au(rcs et letlre d'entrecour, ont
contracté mariage dans celte é({lisc le vingl-unième novembre seize cent quatre-
vingt-dix-sept, pardevant moy soussigné vicaire de celte église, en présence des
soussignés et de plusieurs autres.
• Signé : François Gius, Barbe Bkalx, etc. »
(État civil de la ville de Dole. — Renseignement fourni par M. Aluur, sccrt^tairc de
tat civil.)
» fbid,
^ Nous tenons ce fait de AI. Van dm Brauden, archiiislc de la ville d'Anvers, à
' nous adressons tous nos remerciements.
742 AIVTOINE GILIS.
Valenciennes, comme partout ailleurs du rcsLc, on n'était pas tou-
jours sûr de se voir accorder Tinscription sur les registres très
fermés de Tantique bourgeoisie et sur ceux plus fermés encore de
la corporatioQ à laquelle des études préalables i?ous destinaient.
Dès son arrivée à Valencieunes, Gilis dut donc fournir maints cer-
tificats prouvant qu*il avait bien et dûment fait Bon apprentissa^i»
et obtenu la maîtrise après avoir passé Texamen du chef-dVuvre*
Ces formalités accomplies, on le reçut maître sculpteur en 1724',
après qu'il eut, chose très importante, payé les droits ordinaires»
soit trente livres de première mise, puis dou7,e autres au prolit des
maîtres et suppôts. L'ne fois admis sans conteste dans la jalouse
corporation, notre artiste ne tarda pas a sa faire remarquer au
milieu des autres maîtres ses confrères, cnr nous le voyons, avec
Tassistance du connétable Jacques Le Quion et du maître J.-B*
Bondu, rendre, en qualité de juré, malgré son jeuue âge, Jldèle et
a faonneste » compte des revenus et dépetisofi de la corporation
pour l'année 1725-1726*.
Gilis semble avoir eu, dès cette époque, l'intentîon de quitter
Valenciennes, où il s'était déjà acquis nombre de sympathies, sur-
tout parmi les membres les plus influents do Magistrat, qui son-
gèrent à le retenir et à faire profiter la cité de ses talents àticon*
testés*. Us ne s'en tinrent pas aux promesses, car le 2^1 novemtire
1729 le conseil décida de donner à Gilis une pension annuelle de
384 livres^. Mais à cette époque notre artiste n etaii point encore
maître peintre; il devait subir bien des ennuis avant que kou
admission fût prononcée. Car la corporation, qui Taiait d'alK)rd
' Registre des déliliérations de la corporation des pfirntres et iculpirurs. —
Achives de Valenciennes. H 2-326, p. 10.
* Comptes des peintres et sculpteurs. H 2-238, p iS^. — l/atméf; roirtmeacut
pour ces pièces administratives au 19 octobre, et se termiuail raunécr luitinLe i
pareille époque.
' c On pourrait encore citer à Tbonncur des ma(TÎi(lr«L5 de Valcncienneit, qn'»
1726 (?), ils retinrent dans leur lillc M. Gilis, sculpteur di^ mérite, i qui ib
assignèrent une pension, pour qu'il enseignât succt-ss^iif^niEiut le defidn k qiuitrr
jeunes gens des maisons des orphelins de la ville, llan» lu suria^ nombre d'b*li^
tants de celte ville s'empressèrent de mettre leurs ûh cLcz ce maître^ et le §*$àtf
fut de ce nombre. > (Extraits de différentes lettres et autres pièces reh'î
la statue de Louis AT, par Saly, D 1-620.)
* Gilis toucha cette pension tant qu'il demeura à VabnciPiinf!!, €*Mi-i
jusqu'en 1757. Voir les comptes de la ville, Archives X 1-71 à C l*M.
•
A\TOI\E CJLIS, fà%
favoraliletnent acrueilli, était, comme toutes ses jtemlilaMeSf jalouse
ail degré le plus haut Je ses titres et privîioyes. Los n>[{Iements des
dissociations ouvrières d'alors étaient si étroits i|u'il cfeyenaît
impossible de les suivre ilana toute leur hitégrité. Aussi lajait^on,
chose curieuse et pourtant tri's naturelle, tel de ses nicmhrf^s c]Ui
transgressait chaque jour ses statuts se montrer jntrnnsigeant et
sévère au plus haut degrés lorsque, réuni à ses confrèn^s, on lui
demaDdait de les mainleuir dans toute leur rigueur. Auskî leMugii-
trat et les maîtres avaient-ils souvent à |Mmir (|iieU|iJe inTmction
aux nombreux articles des charte!^, à penjuisiltoitner ebex les
membres indociles et à sanctionner mai nies saisies de travaux exé-
cutés contrairement a ces règlements draconiens. Gilis ne devait
point échapper au sortcomouin. Soupçonné de fournir en fraude
des CBuvres de peinture ou de sculpture, plusieurs descentes furent
opérées dans son atelier. Pui^, comme il était en retard dans le
payement de ses cotisations, maintes significations lui furent
envoyées; on Fempècha en tin de do une r, sans acquitter tes droits,
des leçons de dessin à des particuliers'. Souvent, et c'ètaitbien
pardonnable après tant de vexations, il devenu! t impossible de
^ t Paye à Ji^an Bourlé scr^^^^ont pour avoir cilû avec te Conneitablû rt m^
?)>jUer la oiaiiton <f/\nlom<? Gililt, m'^ i^culpteur, isoupçunné dv faïr^ Iratailter de
Ja pelnlure en frauth, el tnns rijfjnincaliuii k tuy TAiltc ]>uiir nvoir payement» drs
jtppreDtb cil desâoùâ de lu^\ dont il a'ataît paitit piiyé Irtu droits ûan* te tiTme
prpfcril ftani ha charU's. ■ Comptes d(^ 1a corpùration des peintreit el fli^tifpleurii
1731- 1 732. tt 2-158, p. i:il.
1 En mf^mç lemp^ Icd* m'" ont vxïé authortsci d'iuterdlre à Anlolru'! Gillii m'*
sculpteur d'«Qseii|ner de» ppprentîi par plalitr^ tmn payer Un droits de trrnle^
dmjpat. cIConrJurcauxAmcade!: porlceaparleicbirte». — JnutH'Mirrifïn, » Itet^îulfe
dea délibérAtioDs des peintres et sculptinir!;, ^ë juin 173â^ H :^ 1)^6, p. 1^.
c he 6 9''"' t73V le voler a fait semooee h lotitei les peJittrc el escuJpteur pour
te trouver au etmpiire d(' È* Jean, lieu^ ordinaire au suj^c des mettre Antoine tlit-
lii au suj^er de ce deui tatle qitil doy... lïiiponmiereuHeSv t Itl. H 2-326^ p. IH.
1 Et le â du dit uioy {9^*j daus le rn^me asanblee étant tout semotieex 4mu
peîtitre et escultenr pour voire la £eutaijci> randu uu «u«jer de rnrttro Autuiniie
(jillii tous les diL siipnLou ordonnez au mai Ire el eontabEe de rupeltée et de potir-
suirre et de prandre avis ati uvocut, — Dupummerenltes, vali-£. > Id^ H 2-3i6,
p. 1».
i Lps matlres entrant priHendent ijue Gilia payera pourdAniaii Çfj ouvrier, ils
fiouroQl ayir contre tuy sl\ se crrti^'Tit Être f*indé pour rapporter au compl. prn-.
dn ce qui en aura éié reçu. ^ Cumplei de la corporaliou dtis pt^zitresi el seulp^
r*.i738-l739. H 2-328[ p. 183.
> Payé à Ctiarles t^emy ser;(eaiit. pour ntioir enlevé une*pii!ce de ftculptara
!i tielï!'... t id. 1732^17:13. H. :3 32B. \i VtÙ.
ï
l
l 744 ANTOINE GILIS.
i
\ garder le silence; une condamnation s'ensuivait, puis mkrvcnait
f Tamende, saiicUon inévitable de tout jugement \
\ Une question importante fut ensuite agitée. iVills, qui suivait ea
amateur les excellentes leçons du peintre FVançois ICi^en % avait
i omis non seulement de poursuivre Tapprenti^^irge commencé à
[ Anvers, mais encore d'en acquitter les droits à Valenciennei. Ausfii
f. voulut-on le contraindre à refaire cet apprentissage, puis k pâsf^er
son ctief-d*œuvre de peinture. Gilis ne crut pas devoir se refuser à
cette dernière formalité, mais il adressa, au sujet de la première,
une longue requête au Magistrat, le priant de statuer sur son cas^
Cette demande fut favorablement accueillie, ce qui lui Ht ot»tenir
une dispense d*apprentissage. Les maîtres, n osant résisfer ouicr*
tement, sanctionnèrent ce jugement, et, le 20 juillet 1733, Gilis fut
autorisé à produire son chef-d'œuvre. On lui imposa le sujet ordi-
naire, un Christ d*une hauteur de cinq pieils\ Trois jnurs plus
tard, eut lieu une réunion des membres de [a corporation afin
d'examiner ce travail, dont l'admission fut prononcée, nun sans
grandes difGcultés ^
* I Le 2 oltobre 1733, le valé a fait ccmoncc... au Mij^é d'Antoine (IHU, pour
e solis quil a dit en plaine cemoncc le 17 du dit moys... il f>n t^undiné à V8 palar
pour loiDone (jénéraie. Don Louis Joseph DiipommcrciiJlefl. v Etet^ii^ire d«-i drJi*
bëralions des peintres et sculpteurs. H 2-32C, p. 17.
* I De Gillise aprcnty par plaisir à François Hissen 3 I. t Compte! de li corpo-
ration des peintres et sculpteurs, 1727-1728. H. 2-32S, p. »7.
* Voir Pièces justificatives, u' IIL
* « Le 20 de juillet 1733, après semonce fait à tout supitl de l'art de pafntfr
au sugé de ta demande du cliedeuvre d'Antoine Gilis apr^ nvoirt- eue iitorû^ pir
mesieur du Magistra pour se aprenlisage, pourvue p&v tu y paier La somme iJ^*
dix esqut & quarante huit patar la picse pour le racliat de se apri'iitiâij^e cod)
tout autre on paiex sy de van au corps de paintrc ou vi p:ir de «ut le droii àe
réfection du cliedeuvre Ion na résout de luy doue un crhce à luy pré«<*j]Lf di:
5 pied com ordiner de charte. François Flamand maîtrt' Jm i^, ilun J^i»ui^ iofeph
Dupommereul valez, i Registre des délibérations di'^ peiuUcâ ei ^culptcart.
H 2-326, p. 16.
' I Le 22 de juillet 1733 Ion na fait cemoncc à tout le supot de Tar éû pjiÎB^
tre pour quil eut à se trouver le 23 duditdans le chapitre de S' Juitt lient orif^
nairede leur scemonce pour visiter le chedeuvre du pom^ Anlciine <jili% 4tm U
suppôt Ion condamné deun plaine voix (de payer) douse Mvtp à l'amone «jem-rdf^. *
Le défaux quii on trouvé (audit chef-d'œuvre) léaiil bien voulut accepter ^-
pourueut de paiex le... à la dit omone et... le sieur dti mA<jistra èuni att.,.
équt au corps de paiutre... et pardesut le droit ordim^r de la chapéll« pai
rachat de ses aprentissagc. François Flamand maître juré. > ïd. U ^-^1^0» p
« D'Antoine Gelis pour .ses aprentissages de pintrc, rerue fi t. i — i U\'la
AKTOINE GILIS. 715
Cette année-là même (1733), le 8 janvier, avait été célébré le
mariage/ de Gilis, qui demeurait alors rue Saint-François', avec
Reine Piévez, âgée de trente-trois ans, fille de Nicolas Fiévez, maître
de poste, et de Catherine Bernard Dehaynin'. De ce mariage, na-
quirent trois enfants : un fils, Jean-Michel, dont nous esquissons en
note la biographie \ né en 1735, mort fou à Tasile de Froidmont»
le 27 décembre 1788 ^ deux filles, Marie-Albertine-Joseph, née
le 12 décembre 1736*, et Marie-Hélène-Joseph, le 28 février
1738'.
Nous trouvons, plusieurs fois cités, le nom d*Antoine Gilis et
celui de sa femme dans divers documents plus ou moins curieux,
relatifs à des questions d'intérêt. Ainsi dans une tonstalation, en
date du 25 mai 1736, des droits de Reine Ficvez et de plusieurs
membres de sa famille, pour la succession du sieur Philippe
Dehaynin, chirurgien-major de la citadelle de Valenciennes, son
oncle. Puis en 1738, le 18 janvier, dans la vente faite à André de
Warenghien, marchand à Valenciennes, d'une rente de 48 livres,
Gelis après avoir fait bien et dcuement son chef d'œuvrede peinture reçu 30 1. t
Comptes de la corporation des peintres et sculpteurs. H 2-328, p. 133 et 135.
' Voir Pièces justificatives, n^ I.
' Rue des Récollcts acluellcmcnt. Registre de la capitation, 1731. G. 2-1197,
f« 140.
• Voir Pièces justificatives, n* I.
• Jean-Michel Gilis naquit à Valenciennes en 1735. Il suivit son père à Tournay
et l'aida dans la direction de l'école de peinture et de sculpture qu'ils y fondèrent.
Atteint d'aliénation mentale, il dut cesser ses fonctions et mourut misérablement
à i'asile de Froidmont le 27 décembre 1788. On connaît de lui : un tableau si<]né
1753, représentant la Nalioiié, aujourd'hui dans Téglisc du faubourg de Paris, à
Valenciennes. A Tournay : Les discip'les dEuàmaùs^ qu'il fit pour l'église Saint-
ISJicolas des Prés en 17G3, et qui lui fut payé 65 florins et demi (A. de La Gr^ngb
et L. Cloquet, Etude sur l'Art à Tournai, t. II, p. SVl); Saint André montant
au ciei^ pour le couvent de Saint-André ; Saint Nicolas ressuscitant un enfant,
pour Téglise Saint-Piat. (Calendrier de Tournai, 1775, p. 32 et 36.) Le Cata-
logue du Musée de Tournuy (18^8) mentionne de lui les œuvres suivantes : K° 145,
Un groupe d'oiseaux morts suspendus^ fond imitant la planche de bois de sapin ;
n** 144, Portrait de J.^B. Fouques, père; n^ 145, Une tête de vieillard avec
barbe touffue^ coiffée d'un bonnet noir, genre Rembrandt; u° 146, Saint Nicolas,
esqaisse du tableau qui se trouve ù l'église Saint-Piat.
^ Les registres de naissances de la paroisse \otr'?-Dame de la Chaussée faisant
défaut pour les années 1729 et 1736, nous ne pouvons reproduire l'acte de nais-
nce de Jean-Michel Gilis. \ous savons seulement par son acte de décès qu'il
ourat en 1788, âgé de cinquante-trois ans. Voir Pièces justificatives, n" II.
• Voir Pièces justificatives, n" II.
' Ibid.
746 ANTOINE GILIS.
sur une grande maison sise rue du Boudinet, a ob est la poste aux
chevaux « . Cette cession devait donner lieu par la suite (1768) à qd
interminable procès avec un héritier de ce Warenghien '.
Reine Fiévez étant morte le 11 septembre 1741 % Gîlis se
trouva seul avec trois enfants en bas . âge. Ne pouvant supporter
sans aide une charge aussi lourde, il songea à contracter une nou-
velle alliance et, le 6 juin 1743, rpousa la veuve du sieur Antoine
Dutrieux, Christine Larose', alors âgée de quarante-six ans^.
Celle-ci lui apportait une honnête fortune, que plus tard elle légua
en partie aux enfanis de son mari '.
2. Séjour à Tournay, 1757-1781.
Gilis, dont le nom s*était répandu au delà des étroits remparts
de sa ville d'adoption, surtout après les travaux considérables qii*il
venait d*entreprendre pour Téglise de Condé, s'était créé de nom-
breuses relations dans la contrée, principalement à Tournay.
Or il advint qn*en 175G, le .sieur Péterinck, directeur de la
célèbre manufacture de porcelaine de cette ville, loulant faire à
Timpératrice Marie>-Thérëse un cadeau digne d'attirer la bienveil-
lante attention de cette princesse sur son établissement, 6t appel
au talent de Gilis et lui demanda le modèle d'une sainte Thérèse.
Notre sculpteur étant allé à Tournay y reçut Taccueil le plus
flatteur et se rendit compte aussitôt du parti qu'il en pouvait tirer
en vue de Taccroissement de sa fortune et de sa renommée. Ayant
apprisque Ton n'attendait plus qu'un maître habile pour créer une
école où seraient enseignés les Beaux-Arts, Gilis entrevit l'espoir
d'être désigne à ces hautes fonctions. Il résolut, pour y parvenir,
» Registre des actes d'appel. 1701-1777. F. 315, P» 87.
* Voir Pièces justificatives, ii** I.
» Ihid.
* Ibid.
* t Sur requête présentée à MM. les prévôts jurés et échevias... par .^Dloiaa
Gilis, m* sculpteur et peintre, et Christine-Joseph Larose, son épouse, qu^ils dev-
raient faire donation d'entre-vifs d'une maison située en cette ville, place à Lillr,
à Philippe, Jean-Michel et Albertine Giiis, tous trois enfants de Reine Fiévet. »
première femme, i (Il y a ici une erreur, Philippe n'est point fils de R. Fié
Comme ces enfants n'étaient point aptes à y participer, on nomme un *"
ad hoc, Joseph Degand. ^
Registre des autorisations, F. 172, {^ 261.
ANTOINE GILIS. 747
d'abandonner Valenciennes, son titre envié de pensionnaire de la
fille, et de déplacer le commerce de bois qu'il exploitait avec
profit. Rentré à Vulenciennes, il adresse au Magistrat de Tournay
une lettre dans laquelle il sollicite, pourson 61s et pour lui, Fhon-
neur de Tonder et diriger la nouvelle école. Il demande, en retour,
qu'il leur soit accordé une somme annuelle de 900 livres de France
et la promesse de commandes lucratives par la manufacture de
porcelaine. Il s'engage, en outre, si ces diverses propositions sont
acceptées, à se rendre à Tournay pour Pâques suivant. Cette
demande fut prise en considération, et, par délibération en date du
14 septembre J756, on charge le conseiller pensionnaire Longue-
ville de s'enlendre avec Gilis. Le 28, celui-là se présente devant
les consaulx et déclare acceptées par rartiste les propositions
quelque peu moditiées qu'il lui a soumises. Un contrat en règle,
signé le 19 novembre, est ratifié le lendemain par le conseil. En
vertu de ce contrat, où il est qualifié de « fameux dessinateur et
sculpteur » , Gilis s'engage à quitter Valenciennes pour le 1*' avril
suivant *. Bientôt la nouvelle a Académie « ouvrit ses cours dans
un local situé sur la GrandTlace, à lendroit où se trouve la Bourse ^.
Le 2 mai 1757, Gilis termina son installation, jusque là provisoire,
et fit venir ses moules, meublps et tableaux, qui, par faveur toute
spéciale, obtinrent libre entrée dans les Pays-Bas '•
Les débuts de TAcadémie furent heureux, et les deux Gilis, par
la bonne direction imprimée aux études, surent s'attirer la bien-
veillance du Magistrat, qui^ entre autres marques de satisfaction,
leur accorda plusieurs exemptions d'impôts sur la bière ^. Un rap-
port, fait aux consaulx parle premier conseiller pensionnaire, nous
apprend que ces, premiers succès avaient trouvé écho en haut lieu,
puisque « le ministre avait témoigné beaucoup de satisfaction des
ouvrages de l'Académie de peinture, architecture et dessin' «.
' Voir aux Archives communales do Tournay les Rcgislres des délibérations
des consaulx pbur 1756 et i757. f« 265. 266 v% 270, 305, 307, etc. \ous ne
saurions trop remercier rarchivistc, M. Hocquet, de Tobtigcance avec laquelle il
nous a aidé dans nos recherches.
• Klrennes tournésiennes, 1770, p. 283. — Nous voyons qu'à celte époque
% habitait rue des Grands-Jcsuiles.
archives du royaume, fonds 219V. — Voir E. Soil, loc, cit., p. 87.
i. SoiL, loc. cit., p. 89.
tegistres dos consaulx, 1761, IV 7'"«.
748 ANTOINE GILIS.
Mais aux jours heureux allaient succéder les jours de deuil et de
tristesse. Autoiue Gilis tombé malade dut bientôt cesser ses leçons.
Ou le nomma directeur honoraire avec une pension annuelle de
200 florins donnée par la ville, auxquels on en ajouta cent autres
retenus sur le traitement de son successeur. Il était également
convenu qu'à sa mort son fils se trouverait titulaire de 180 florios
de pension, lesquels passèrent pins tard» avec Tassentimenl des
consaulx, à Tabbé Philippe, son frère. Presque à la même époque,
antoine Gilis eut la suprême douleur de voir s'aQaiblir les facultés
mentales de son fils et collaborateur. Celte terrible maladie fut
relativement bénigne àson début, puisqu'en 1771 * il put reprendre
ses fonctions, mais pour peu de temps, car le mal ayant redouMé
de violence, on dut Tinterner à l'asile de Froidmont, où il ter*
mina misérablement ses jours *.
A la douleur de voir s'aggraver et son mauvais état de santé et
la folie de son iils, vint s'ajouter le deuil que lui causa la mort de
sa femme, survenue le 14 mai 1775*. Par un testament, en date
du 20 décembre de Tannée précédente, celle^i déclarait son fils*,
Tabbé Philippe, légataire universel et le prenait .pour exécutear
testamentaire. Accablé par tant de malheurs, miné par le chagriu
et la maladie, Antoine Gilis termina, le 16 novembre 1781 *, dans
les larmes et la misère, Texistence toute de travail que nous avions
vue s'annoncer sous les plus brillants auspices*.
1 Voir Pièces justificatives, n" I.
* E, SoiL, loc. cit.y p. 89-90.
' Voir Pièces justificatives, n** II.
^ Nous n'avons retrouvé aucune trace des actes de naissance et de décès de
Philippe Gilis. Un passage de l'acte dont nous avons parlé nous avait d'abord
porté ù croire qu'il était né de R. Fiévez. C'est une erreur, car dans soi
testament dont nous analysons les clauses principales, Christine Larose est dési-
gnée comme sa mère. « Elle institue pour son héritier universel, tant meo-
bilier qu'immeubilier, maître Philippe Gilis, prêtre et régent du Collège de
S* Paul, k charge de par luy fournir au Révérend Père N'orbcth de S'* Christiae,
Religieux carme cbaussc à Vallenciennes, une pension viagère oi annuelle de qat-
rantc livres... au sieur Jeun-Michel Gilis, son beau-GIs, semblable pension fis*
gère et annuelle (1501.)... i allais daus l'empriseaprès le testiment, nous lisons:
I L'exécution a été cmprij«c par maître Philippe Gilis... et sur son requis de k
levée du scellé... la luy (avons) accordé après que ledit maître Gilis a déclaré de
se rendre et fonder héritier de ladille défunte testatrice sa mère,., i .^reb'
Tournay.
^ V^oir Pièces justificalivcs, n^ I.
^ Afin de rendre ce travail aussi complet que possible et inonircr
J
AMTOIXE CII.ÏS. liO
II. L*OKUVRE.
Antoine Gilis fut un grand travailleur, et le» œuvres qu'on lui
attribue sont nombreuses. Muis oti ne doit point les enregistrer
toutes sous son nom avant de les soumettre à un contrôle sévère.
Aussi, appliquant la méthode historique rigoureuse à laquelle se
conforma toujours M. Paul Foucart, notre premier mailre si estimé
étaient grands la renommée et le talent d'Antoine (jilis, nous avons cru utile de
donner la liste de tons ceux qui profitèrent de ses excellentes leçons ou l'aidèrenl
dans ses travaux. La plupart de ces noms sont tirés des précieux registres des
• Comptes de la corporation des peintres et sculpteurs, H. 2-328 et f329, paS'
sim « . — A Valenciennes. c Apprentis sous Gilis. * — Les apprentis payaient
6 1. plus i I. pour l'enregistrement '^Sculpteurs : 17S5-26, Flamand (Henri);
1726-27, Sailis (Joseph) ; 1729-30. Dutoy (Franc.) ; 1732-33, Casimire (Ant.-Jos.,
dit Chevalier); 1734-35. Frogcz (André), pauvre; Gravé (Fr.-Jos.). id.; Delsarl
(Pliih-Jos.), frf. ; l7-38.:30, Vandcrkove (l».-Jo8.-H.); 1739-VO, Vanstru (Marie-
Jos.) (?); 1741-42, Gérar (?) ; 1742-43, Dutrieu (Jean) (?); Laurent (Fr.) {i);
Lippens (?); Brabant (P.-Jos.) (?); 1748-49, Lecreux(Xic.): 1749-50, Richarl(?);
1751-52. Bouchelet; 1752-53^ Chabanc (J.-B.); Gillct (P.-Jos); Dorus (J.-B.);
1753-54, Pietle (Ch.). — />eiWrM ; 1733-34, Chauvin (B.); Ruiter (J.-B.),
pauvre; Bretel (Fr.), tU ; 1735-36. Lécuier (Guill.-Jos ) ; 1738-39, Bouchelet
(Ch.-Jos.); Durez (?) (d'après Grar).
Ouvriers de Gilis, — • Les compagnons du dehors désirant bcsoigncr sous
quelque maître... t devaient payer un droit de 40 sous et travailler au moins
un mois. — 1726-27, Dutoy (Dom.-Fr.), se. ; 1731-32, Bouchardnn (Jacq.-Phil.).
cavalier au rég* de Condé; 1733-34. Cammcis (André), se. ; Pilart (J.-B.), p.; 1734-
35, Grouse (Jean), p.; 1735-36, Vanderboroch (Jos.), doreur; 1738-39. Sipers
(Adam); 1737-40, Bristain (Xic). se; Gains (Tho.), p.; Vandermer (Ant.), p.;
Horemans (Phil.). p.; Listez (Uom.); 1741- V2, Bretel-Becloud; JL744-45, Vidal,
soldat au rég* de Dauphiué. p.; Viinhoulle, p.; 1746-47. Séiîga; 1747-48, De-
mont; 1748-49. Lecoq; 1751-52. Cardinal, p.; 1752-53. Danezan (J.-B). se;
4754-55, Druon, se. ; Parisien, se. ; 1755-56, Duloir.
Leçons à des amateurs. — La tnxe était de 60 s., plus 10 s. d'enregistrement.
— 1730-31, Clavarot (P.); Houdart (Guill.); Barbier (Denis); 1731-32, Brcva
(P.-Giiill.). fils de l'ingénieur en chef de la ville; Rochcmore (H. -Phil.); 1732-
3a, IV^ IViddington; 1733r34, Gouale (Stam); Maloteaux (Ferd.); 1734-35.
Merlens (Fr.-Jos.); 1736-37. Baral (Dom); 1738-39, Baral (P.-Jos.); 1739-40,
Lucinie (Phil.-Jos.); 1741-42, Deler;iue (Fr.-Jos); 1743-44. Vaustru (P.-Am.-
Jos.); 1744-45, Jacquemon (Ch.-Laur.); 1753-54, Leblond (Gis), brodeur.
Elèves à Tournai/ (d'après Grar et Buzières). — Bourla, architecte des Inva-
**'^'Sf ; Barbieux. se. des figures en bas-relief de la colonne du camp de Boulogne;
laine, p. de genre; Bcllcmatte, p.; Lerèvre-Calers, ciseleur connu; Dumor-
r, se; Pointeurs-d'Ebligny, pens. de l'École de Rome; Sauvage, p., membre
l'Académie des sciences; Delin, Alanisfcls. Brélart. Ladam, Dcicourt, Equen-
9. p.
1
IhO AlVTOiNK GILIS.
dans cette enceinte, nous somoiés^iiCHls gardé, au rîsq ne île paraiire
incomplet, de faire honneur à.GUis de Icavanx pour lesquels tîe
consciencieuses et longues recherches ne nous ont point fonmi ie
preuves irrécusables. Car trop souvent, nous ue ^uriotis le receler
assez, tout en le prouvant, Terreur a été propagée Iora(|ue Ym
s'est contenté d*enregyis(rer sans examen les dircâ d'aulruL
1 . Tratemx à Valcnciennes,
Sculpteur et peintre orficiel» Gilis exécuta, pour la ville qai le
pensionnait, des travaux nombreux, mais souvent de peu d'impor-
tance. S*ag[issait-il de quelques ornements à faire â une chemiDée,
à une porte, Ton s'adressait au sculpteur. Pour une de ces réjouis-
sances publiques, iri nombreuses au dix-huitième siècle, avait-on
besoin de transparents, de portraits, d'allégorie^t, le peintre se
mettait à Tœuvre. Mais si ces travaux étaient en général peu lurn-
tifs, les loisirs laissés à Tartiste étaient nombreux. 11 en proQia,
servi par son titre et plus encore par son talent, pour exécater
bien des commandes importantes que lui 6rent les couvents, lei
églises et souvent aussi certains particuliers.
Travaux pour la ville et les particuliers. — Le 5 septembre
1727, on apprenait la naissance de l'héritier présomptif de la cou-
ronne, fils de Louis XV et de Marie I^eczinska. De grandes réjouis-
sances furent ordonnées, parmi lesquelles un splendîde feu d'arti-
fice. Le Magistrat s adressa à Gilis pour dessiner les figures allégo*
riques et autres ornements nécessaires en la circonstance'. On
* • A Aatoinne Gilis, m' sculpteur, pour avoir crayonné plusieun fit^ureâ mtocir
du feu d'arliûce, ij' x 1. 1. s Comptes de la ville. 1729-1730. 01. Tt. ^ SI v\
La Bibliothèque publique possède une petite brochure intîtultSc : Relaihn àt €t
qui s'est fait et se fera petidant le cours du mois de septembre 1729. . . p^ur U
naissance de Monseigneur le Dauphin, Valcnciennes, Henry, 1720, \oiu m
eitrayons certains passades relatifs aux dessins exécutés par Gi]j5.
Ou remarquait entre autres choses « huit colonnes eu portique de mftrbre*.
chaque portique ayant t sa posture Gnement travaillée et posée «ur un ptêd>tLil r,
La première représentait le génie protecteur du royaume qui présente U ùm-
phin à la France. — La seconde, la France qui reçoit ce prédtujc gaqt i^
ciel et le présente à Minerve. — La troisième, Minerve nuxrquanl par son ani-
tude le soin qu'elle va prendre du jeune prince, — La quatritimc, Marspo\
les lauriers et les trophées qu'il pi-épare au Dauphin, Puis venaient ^ /
l'Abondance, le Dieu Janus, Bellone, la Religion^ la Justice, ËuGn, d's
représentations symboliques, le Soleil qui peint son image diîns une claii
AXTOIME GILIS. 751
devait encore avoir recours à lui, lors de la fêle donnée pour la
convalescence du Roi ', puis â Tépoque du mariage du Dauphin *.
Citons maintenant, pour être complet, divers travaux que lui com-
manda la ville : deux lions pour la chambre de justice ', la répara-
tion du Christ de cette même chambre^, des peintures de décors
pour le théâtre des Jésuites \ le tableau servant de bas de che-
minée à la chambre de justice *, la sculpture de la cheminée de la
Salelte'', un lion et deux cygnes, armes' parlantes de Valen-
ciennes, pour servir aux processions ', un nouveau tabernacle pour
la chapelle Saint-Pierre*. En 1755, il blanchit la statue de
Louis XV, œuvre de Saly, et en remastique le piédestal '*; il peint
taine, un Grand lion en considérant un plus petii^ un Soleil brillant, la Toison
d'or, un Grenadier, fArc-nt-ciel au-dessus de f arche de Noé, U Palladium, un
Jeune lys^ une Parélie, r Etoile nationale, une Douce rosée, P Aurore,
' c A Anloine Gilis. pour le portrait do Roy en peinture... et pour avoir peint
les croniques pour les réjouitsanees k cause de la convalescence du Roy...
cxxxj. 1. f Comptes de la ville, 174^1745. C. i-86, f* 47.
* Grar raconte à ce propqs que le projet présenté par Gilis fut préféré à celui
de son maître. Français Eisen. Hécart ajoute que celui-ci, vexé, se rendit dans le
cabaret que fréquentait Gilis et, muni d^un charbon, caricatura sou rival heureux,
ainsi que le projet adopté par le Magistrat.
* « Messieurs du Magistrat ordonnent à Charles-.Albert Drui&re de payer à
Avtoine Gilis la somme de trente livres pour avoir sculpté deux lions pour servir
au tribunal de la chambre de Justice. Fait à Valenciennes le 8 novembre 1726.
Silène : »k Rozbl. Je soussigné ay rrçu de Bruyère la somme de trente livres pour
•voir sculpté deux lions de la tribune de la chambre de Justice. A Vallenciennes,
ce neuf do novembre 1726. Signé : Antoine Gilis. t CeUe pièce se trouve eu la
possession de M. H. Jouin, qui Ta reproduite dans son ouvrage sur Saly, p. 129.
^ t A Autoine Gilis, pour avoir racomodé le Christ de la chambre de justice,
Ixxvj. 1. xvj. s. 1 Comptes de la ville, 1735-1736. C. 1-77, i^ 76 v«.
* ■ A Antoinne Gilis pour les ouvrages de peintures qu'il a fait pour le théâtre
des Pères Jésuites... c. iiij" xij et. s Comptes de la ville, 1739-1740. G. 1-81,
P56.
* t A Antoine Gilis, pour le tableau servant de bas de cheminée à la chambre
de justice, payé la somme de... cxv' iiij s. > Comptes de la ville, 1740-1741. C.
1-82, f- 54 V.
"* c ...la sculpture pour la cheminée de la Sallctte... s Comptes de la ville,
1744-1745, C. 1-86, V 47.
' c A Antoine Gilis pour avoir fait k neuf le lion et les denx cygnes que Ton
porto à la procession de ceUe ville... xj^xxl. * Comptes de la ville, 1750-1751. C.
1-92, r« 49.
' M. tt. Jouin qui possède le contrat original passé en 1754, entre Gilis et le
pstrat. l'a publié en entier dans son ouvrage sur G. Saly, p. 128.
* c A Antoine Gilis, sculpteur, pour avoir blanchy la statue du roy et remas-
é le pied destal... c. iiij" lijct. I. > Comptes de la ville, 1754-1755. C. 1-96,
■JSS A1VT01N1-: GILIS,
et dore, en 1756, le (ahernacle de la chapelle Saint-Flocli \ KnC».
d'après M. Grar, il fait^de noiiv(?aux panneaus pour les stalles de
la chapelle Saint-Pierre, et sculpte au beffroi hs louâtes des donie
Césars, les bas-reliefs représentant \ Histoire de Samson elles
Quatre Saisons, statues allégorrques \
Certains particuliers ou associalions eurent plusieurs fois recours
au talent de Gilis. Ainsi, en 1743, un riche hiihitant de la niedo
Wiéwarde lui demanda nne statue pour soji jardin. Les «livers
propriétaires de cet bôlel, qui se sont succédé, ont respecté
l'œuvré de Gilis. C'est un Hercule domptant Cerbère \ Uehciul,
brandissante deux mains au-ilessuîi de H^tCtc une énorme massue,
le héros semble vouloir écraser le ttionsitre <]if il foule aui pieds.
Cette statue en plaire, mesurant plus de deux métrés, est pleine
de vie et de mouvement ; le Ir^vail d^'note un véritable arti&le ^
Le Musée de Valenciennes possède une petite terre curie qui a
pour sujet VEnlèvemént d'Europe. Une jeune femme est gracieu-
sement assise sur le dos d'un fiiureau a^jenouillé. I^u main jijauche
est appuyée sur la croupe, Taulre seoible caresï^er la tète de Ta»*-
mat tournée vers elle. L'Amour, muni de son Hambeau, se lient
debout sur une des pattes de devant de la bAte agenouillée- à terre
sont des coquillages. Le sujet est charmant, Tartiste Ta traité arec
une délicatesse exquise; Fensemble en est un peu gilté, toutefûi]^,
par la peinture et la dorure dont tout le yroupe a été re%êtii '.
^ « A Bntoinc Gilis, pour avoir p^^int et doré ]e lubcrpacle de l« eli«prl1r
S' Roch... lij. I. xvj. 8. . Compte» de lu illlç, Î756-175T. C. 1-98. ^m
« Grar, A Giiis. Mémoires de la Société de l/aienciennis^ i. Xytlt. p. SI. —
Jl^cART, Biographie, p. 14.
' Voir, ci-conlre, planclie XLVIH.
•- * Nous ne saurions trop remercier W. Sùuiicsm, maire dé ValoticJeniief, à ^
oppartient celte statue, de l/amabilil4! iju'it a. moulri^e h. notre é<jard en non» per-
mettant de reproduire l'œuvre deCîlis. tCti 18(37, M. L. Pesier» autri?Ritt posi'^
seur de cette maison, a exécuté en gravure une ri'pruduclion de celle slatoCf «v
le socle de laquelle on lisait à celte épofjuc une itifcrtplïon atijourd^hut dftparvf >
;« Aiit. Gillis. sculp. — 1743. t Je Tf! mer cie aus<^i bïen sincèremeni moti mjmif^
coijaborateur RoUault de la photograplvic vraiment artisUque (piî ierl de e«»mp^
ment à ce travail.
^ Cellier qui ne connaissait pas Paiiteur de ce c^roiipc* faute de Tavoir €i«oninr-.
\c. place dans .«on Catalogue, aux anonymes, sons Je n° ^] V. ]>ans fi m un lait"
1882,' on s*étuit aperçu que sur le socte se trouvait l'inscriplîmi smtar
.« A' Gilis. fecit. 1725. t Cette œuvre ne trouve donc dunfl celte édlUcm tu i
son auteur (n" 345) ; elle mesure 0°>,:j^ de hiMil.
I
■
A:VT0|\E CILIS. T33
11 se cèlôbrc tous les una h Velencii^tinns une proccaâîon dite du
Saint-Cordon, en souvenir d*Liii miracle aih ibuo k la Vier.rjo, Or,
pendant Vuu^ de ces sorties, il advint qu'un hrigand flamand du
nom de Van Een, qui dé vas ta rt la contrée, fondit sur le eurtè^^je et
fi'empara de la cItÂsae sacrée. Aussitôt les liabitants des faubourgs
9e metLent à sa poursuite et lui reprennent les reliques paîntes.
Tour éviter le retour de jïareila faits, une gorde à cheval, dite des 1
a. Pucliots n , escorta cliaqne procession. Le magistrat, en souvenir
lie celte aventure, organisa une course de bagues. Un mannequin,
représentation grossière du terrilïle Van Een, servait de but. On J
demanda à Gilis de faire une nouvelle effigie du fdmeui briganii,
véritable O'uvre d'art^ qui fut détruite lors de la Hévolution ', I
A la suite d'une erreur commise par Hécart, relevée en 1BG4
par \ï, Grar, on avait regardé Gilis comme un architecte de talent,
en lui attribuant les plans d'une magnifique chapelle, élevée près
de Raismes en 1713 par Josepfi Clément, archevêque de Cologne.
Sou¥enons-aous qu'à cette époque Gilis avait onze ans.
Travaux pour tes églises et tes couvents. — Aux dix-septième
et dix-huitième siècles, les églises et les corporations religieuses
rivalisaient de lune et de dépenses, tout artiste un peu connu
s*attirajt de multiples et lucratives commandes : Gilfs fut de ce
nombre. Xous avons pu retroutrer, dans les registres de comptes ou
de délihératious, la trace d 'ouvres qui lui furent demandées ,
I/église Saint-Géry, aujourd'hui détruite, Tune des plus riches
de la ville, lui commanda d'ahord le modèle en terre d'un béni-
tier * destiné^ sans doute, a être exécuté dans la suite en une matière
plus durable. En 1741-1742, Ton eut recours au peintre pour les
taldeauii de deux gonfanons et la dnriire de leur hampe'. Quel-
tjnes années après, dans rassemblée des pairs et marguii tiers de la
même église, on résolut de faire une nouvelle table d'autel pour
laquelle on demanda àGilia une maquette en cire -, Enfin en 1751,
^ A. Djnaux, 'Archives du Xord, t. V. p. 3S13.
* ■ Au sieur Gillis p' nifoîr mocttilé utt bi.^iitti(!r en terre, 1^ t. t Comptai do
réglise Sttint-Géry pour 17:i(K|7:U , G. 2-V5H, p. 5lî,
* ■ l'iiyfî tin &^ trillii^ pour aïolr pciut \c-, iu.\.ï\va.u\ de dnuï pnuvt^arit fontë.nons
f>t avotr doré H rour^li tce^ t^âUjrfâ n t'Ié piiyt' siiiiant Bon itn^muir^ (!y 57 L tS 9, i
ComptPR Je Saint-titiry, il^UtlV^Jl. 2«i7t, I" ^l v^
* 1 t'ayé au 5^ (jilis, nr pintrc aL acutptcur pour Tivranctis. maiailoïuvre» et ûg
tuutcs acf vacatioDH cvlr^onlmaircs et rurroatiou de Ift niaâsc d^auld en cirrc fai-
754 ANTOINE GILIS.
lui fut commandé un tableau représentant Notre-Dame d Amour,
ainsi que la sculpture et la dorure du cadre \ 11 aurait exécuté,
parait-il, toujours pour Saiiit-Géry, tes médaillons qui décoraient
les stalles du chœur*.
Une noie curieuse de Gilis, que nous avons découverte, nous
apprend qu'en 1739, il fit pour le chœur de Téglise Saint-Jacques,
un grand tableau représentant ta Transfiguration de Notre-Sei"
gneur Jésus-Christ '. Gilis, comme on le voit par tant de témoi-
gnages, était un artiste de talent, qui obtint une renommée asseï
grande dès le début de sa carrière, ce qui le fit souvent préférera
des maîtres fort connus. Ainsi nous voyons comment il obtint, en
concurrence avec Antoine Tater, la commande de travaux pour
lantique association de Notre-Dame du Puy. En 1728, la table
d'autel qui servait à la confrérie venait d'être fort embellie et
dorée, mais il existait dans leur chapelle deux niches quMl fallait
orner. Plusieurs des confrères s'opposaient à toute dépense;
a ... enfin, après plusieurs semblables contestations, il fut résolu
d'appeller Gillis, estimé très habile en son art de sculpture, le
marché fut fait avec luy pour en faire deux bustes, l'un représen-
tant Sainte Victoire et l'autre Sainte Marguerite avec leurs pied-
destaux pour estre mis dans les niches dont il est parlé cy-dessus,
mais Led.Sculteur aiant travaillé quelque tems, quand ce fut à li
reliirance, ils furent rejettes n'étant convenables en aucune
manière aux niches et aux desseins qu'on luy avoit proposés et il
fut obligé d'en faire d'autres... » Pendant que Gilis se remettait à
l'œuvre, un orfèvre, nommé Crétu, rapporta de Rome certaines
reliques qu'on voulut mettre dans les bustes commandés, dont il
fallait alors changer le dessin. Des difficultés ayant été laites à
'Cambrai, au sujet de l'authenticité de ces reliques, la chose resta
en état« a Les deux bustes étant faits selon les premiers dessins...
furent présentés par Gilis... aux confrères le 3 d'octobre Tan 1731
snnt la parraitc connoissance de rncss'* les curés, pères et inar<{uilîer... IH I. *
Comptes de SaiiiMiéry, 1747-1748, G. 2-477, r» 36 ••.
' • Payé au s' Gilis sculpteur, la somme de ceni septante deux livres seise sols
pour le tableau et sculpture du cadre doré de Xotre Dame d amour... 172 I. Itf s. *
Comptes de Saint-Géry, 1751-1752, G. 2-481. f 33 W.
* D'après M. Grar, Antoine Gilis, Mémoires de la Société de VaUneiem
t. WII, p. 85. Xous n'avons trouvé jusqu'ici aucune preuve de ce lait.
' Voir Pièces justificatives, n" IV.
a
AXTOlîME CILIS. "ilib
et furent acceptés de tous et luy fut paie 53 écns pour sa
façon'... »
Le 14f mai 1744, Louis XV arriva à l'abbaye de Cysoing*, où il
séjourna pendant assez longtemps. Ses armées, à leur entrée en
campagne» s'emparèrent de nombreuses villes dans les Flandres, et,
le 11 mai 1745, le Roi gagna la célèbre bataille de Fontenoy.
Jaloux de conserver les bonnes grâces du Iriomphatenr, les reli-
gieux de Cysoing imaginèrent d'élever un monument en souvenir
de ces succès. L*abbé Laurent de Rocque conçut le plan d^une pyra-
mide commémorative % dont on posa la première pierre en grande
cérémonie, le 3 septembre 1750. Ce monument fut placé dans le
jardin du couvent, au centre d*ane étoile à huit branches, a Les
angles rentrans de Tétoile, présentent huit berceaux de charmille
où Ton a placé des groupes de sculpture qui font allusion auxprin-
^l|ples opérations de la guerre de Flandre... » Ces groupes, est-il
drt en OkOle, sont de »... M. Gilis, sculpteur pensionné de Valen-
ciennes» éuez connu par son talent décidé pour les génies^ » .
> Histoire de la chapêik et confrérie de N.-D. du Puy, Mss. i^92-629, î°* 3L
32, 32 v\ 33 v^ 35 et 36.
' Les détails que Ton va lire sont tirés d'un petit opuscule très rare, édité à
Lille en 1752, chez P. -S. Lalau, intitulé : Description de la pyramide élevée à
Li gloire du Hoi, dans l'abbaye des chanoines réguliers de Cysoing.
'Cette pymmiJe existe encore; elle csC maintenant la propriété du départe-
ment du Xord, seulement les groupes de Gilis oui été détruits.
* Voici la description complète de cette œuvre importante. — t Première allé*-
gorie. La Force, une palme à la main droite, s'appuye de Tautre sur la based*une
colonne, le Génie qui Taccompagne y fait observer ces roots : Securitas oraeMari"
limae. La Flandre maritime mise en sûreté par les premières conquêtes du Roi.
— Deuxième allégorie. La Flandre, armée d'une pique et couronnée de tours,
applaudit à la modération de son vainqueur. Un Génie soutient ù ses cAtés les
écussons accollcs de France et de Flandre avec ces mots : Flandria tota Gallica.
Troisième allégorie. Minerve armée de la lance tient une couronne murale do
la main droite. Son Ëgidc est portée par un Génie qui montre du doigt celte
ioscription : Minerva victrix. — Quatrième allégorie. La Victoire, une branche
de laurier à la muin, est accompagnée d'un Génie qui tient une couronne d'un air
enjoué et satisfait; les mots qu'on lit sur la plinthe : Victoria progrediens^ mar-
quent l'heureux progrès des armes de Su Majesté. — Cinquième allégorie. La
Valeur, le casque eu tète, s'appuie sur un javelot. Un Génie tient à ses côtés
-ïs difTérens attributs avec ces mots : Virtus Gallica, — Sixième allégorie.
fars présente fièrement un javelot chargé d'une couronne murale. On lit ces
nais sur un bouclier qu'un Génie tient à ses pieds : Mars expagnator, — Septième
%llégorie. La Paix tient d'une main un rameau d'olivier et de l'autre un flambeau
lont elle brûle un monceau d'armes. Le Génie qui Taccompagnc y jette des cas-
l
J
706 AXTOINE GILIS.
Ce serail le moment) croyons-nous, de répéter cetic wérilé mîîP
autrefois par iM. Fustel de Coulanges, reproduite, il y a peu de
temps, dans une de nos principales revues ' : « Cunx qui croient
tout savoir, disait-il, sont bien heureux, ils n'ont pus le tourment
du chercheur. Les demi-vérités les contentent; au hcsûin, h's
phrases vagues les satisfont... Ils sont surs d'eux-aièaies; ils mar-
chent la tète haute; ils sont des maîtres et ils sont des juges'. ■> A
combien d'historiens ceci ne pourrait-il s'appliquer ! Ainsi à l alen-
ciennes s'est-ou extasié jusqu'ici, à propos de la ma^^nlfique chairi^
de vérité provenant de Tabbaye de Saint-Jean, qui, nprés h Révo-
lution, fut d'abord placée à Téglise Saint-Géry, puis -dans c^lle de
fiaismes; elle a toujours été considérée comme l'œuvre de Gilîs.
Or, sur le devant de la cuve de celte chaire, on peut lire la date île
]Gî28; Gilis étant né en 1702, il est facile de tirer une concluMon*
On cite encore, comme étant de notre sculpteur, mais toujaiin
sans preuve, la belle «lalue de saint Dominique qui ornait le par-
loir du couvent de ce nom *, le portrait de plusieurs des moines de cet
ordre, sous l'habit de cardinaux, à la manière d'Hyactnlhe Rigaull *.
Voulant orner le devant de leur maison, ils fîrcnt exécuter un
magniGque calvaire, dont les figures, de grandeur uatiirelle. repré-
sentaient : la Prière de Jésus-Chrisl au Jardin d^s Oliviers^ ft
Flagellation, sou Couronnement, le Portement de sa trotjr et sa
Mort. Celte œuvre d*art remarquable fut détruite lors de la veaïp
des biens de ces religieux, malgré les louables efforts d'une soci^^lé
de la ville, dite des Amis de la Constitution^. Il aurait eafin
qiics et des boucliers. Oii lit sur la piothe : Pax augusta, — HuitÎL-me atL'î{ori«.
Jupiter élciid un bouclier sur les écussons de Cysoing qu'un Génie lui pr€»«Die.
Les mots qu*on lit sur la pintlie : Jupiter consercaf or, signiliuiU que U injii«(ii»4r
Cysoing doit sa conservation à la proleciîou de Sa Mujeslë.
' F. GuiRAi I), Uœuvre historique de Fustel de Coulanges. {Rtvue des /Met
Mondes, 1896. t. Il, p. 72.)
^ Cette chaire se trouve reproduite, avec une notice, dans retceFlf'nt ntÈxn^t
de Mgr Dkhaisnr, te Nord monumental et artistique, LilLi*, t^D7, p. Ifi^f
pi. LXXV.
' Le couvent, l'église Saint-Paul et les dépendailùes dcfi relrgîent de :^aia^-
Dominique se trouvaient n*** 6 et 8, rue d'Oultreman, et 3, rue ile« FoaJaBi ^
Grar, a. Gilis, p. 85.
* Hkcart, Biographie valenciennoise , p. 14.
* 1791 (12 mars). « A été fait lecture d'une requôlc de la Sticiëté tic» m
la Constitution de cett(* ville, tendant à faire acheter aux fraU de la camnifii
Calmiredcs Dominicains de cette dite ville pour ôtre transféré a lel emlrc'
Ai\T01XE CILIS. loi
sculpté la cliaii*e de vérité de Téglise des Récotlels (Saiiit-Géry
actuelle), aujourd'hui remplacée par une autre provenant de
Tabbaye de Saint-Gliislain '.
Nous avons été assez heureux, en rédigeant Tinventaire des
Archives de Condé*, de trouver plusieurs documents curieux et
inédits qui nous permettent d'attribuer à Antoine Gilis plusieurs
travaux importants dans Téglise de cette ville. En 1750, celle-ci
menaçait ruine; grâce au duc de Croy, seigneur et protecteur de la
ville, on obtint d'en faire la reconstruction, qui dura pour le gros
œuvre jusqu'en 1755. Les plans furent fournis parle frère Louis,
carme déchaussé de Valenciennes : on Gt appel pour Torner au
talent de Gilis, qui se mita Tœuvre après avoir passé marché avec
le magistrat en 1753, lé 5 octobre. Les travaux qu'il exécuta
furent les suivants : les moulures du plafond, le dessin et la
sculpture de trois autels en pierre blanche, un tabernacle pour
lequel il reçut 800 florins, la perspective qui servait de fond an
grand autel, enfin, et c'est la seule œuvre qui reste, les cariatides,
soutenant le jubé*. Ce sont deux pilastres à gaine surmontés de
trouvera convenir au cas qu'on vende tout le bien appartenant auxd. Dominicains, t
A Délibéré y avoir égard, t Registre des délibérations de la municipalité. D. 1-tO,
(• 253 v".
' Grar, loc, cit., p. 85.
' M. HiÎNAULT, Ville de Condé-sur-EscanL Inventaire sommaire des arciiives
communales antérieures à 1790. Lille, 1897, avec une Notice historique.
' c Audit S' (Gilis) pour avoir Tait tous les moulles sculptés pour les plafond.n de
l'église, pour avoir fait la gloire du chœur, dessiné et sculpté les trois autels de
pierre blanche, fait un tabernacle en bois uni, en attendant que l'autre soit fait
et plusieurs autres ouvrages... 427 fl. 4 p. t Comptes de la reconstruction do
l'église 1750-1757. Archives de Condé 1)D. 23, f'» 34.
« Au s' Gilis, m' sculleur demeurant à Valenciennes, pour les scultiires qu'il n
faites à la ditte église, conformément à son marche fait avec M'* du Afagistrat, le
5 S^ 1753... 264 fl. . Id., DD. 23, f° 34.
1764(19 7'^'). « Le si* Deltombe... payera au s' Gilis ûls, la somme de cent
vingt florins à compte que son père a exécuté pour la reconstruction de l'église
paroissialle... * Id., DD. 23, pièce.
1764 (9 8**'^). • Le si* Deltombe... payera au s** Gilis fils, la somme de deus cent
quarante florins, à compte des ouvrages et livrances que son père a fait pour le
jubé et le tabernacle de la nouvelle église paroissialle... s Id.^ DD. 23, pièce.
1759 (18 9***). « Le s' Deltombe... payera uu s' Lecreux, ouvrier du s*^ Gilis,
'- somme de dix-neuf florins quatre pntars à compte des ouvrages que led.
Gilis, m* sculpteur a fait pour la paroisse de cette d" ville... « /</., DD. 23,
èce.
1760 (7 août), f Le s' Gilis, sculpteur a fourni un tabernacle que sa maladie a
h
•758 ANTOINE CILIS.
deux anges plus grands que nature. On ne voit que U partie supé-^
rieure de leur corps, les bras élevés au-dessus de ]a lèle sotitirn^
nent le plancher de Torgue, les ailes sont éployées. Des guirlandt'j
de roses formant fronton réunissent ces deux figures; rexéculÎM
en est remarquable. Ces travaux donnèrent lieu, avant délre ter-
minés, à des contestations dont nous trouvons la preuve dans une
lettre intéressante de Gilis '.
2. Travaux à Tournai/,
Les œuvres que nous connaissons de Gilis et qu'il i.*xécula pen-
dant son séjour à Tournay, sont de deux sortes : celles que lai
demandèrent les couvents ou églises, puis ses modèles pour h
manufacture de porcelaine.
En ce qui concerne les travaux de Tartiste, dans Tancienne capi-
tale des Nerviens, nous n*avons pu voir ni ses iiiïirchés, ni corn-
.puiser les livres de comptes, à cause du manque de temps, d'abord,
et, ensuite, de la difficulté de trouver ces documeuts, qui, s'ib
existent, reposent dans les archives non classées et peu accesâibles
de Tévèché. Nous avons donc dû nous servir des publications des
historiens d'art de Tournay. L'une des plus précieuses, qui servît
de guide aux auteurs postérieurs, est le long article qui parut en
1775, dans le calendrier de cetie ville, sous ce titre : Description
clés meilleures peintures et sculptures qui se trouvent dans les
églises de cette ville r> . L'auteur, demeuré anonyme, est un con-
temporain de Gilis; nous pouvons donc, croyons-nous, ajouter foi
à son récit.
empêché de venir placer et doit coûter avec ses ornemens.,, WO û. > Id.^ W
23, pièce.
1760 (7 août). Il est dû aud. s' Gilis, tant pour sculpture pxêculéc qii« p^at
achever les caryatides qui supportent le jubé, environ ^0 Û. ■ Id., DU. Î3«
pièce.
1761 (25 9**"). t Le s' Dehombe... payera au s' Gilis m* scnlpieiir, 1b sommi
de quatre cent florins a compte des ouvrages qu*il exécutte Lunt yumv la. lulrsnct
d'un tabernacle en sculpture, que pour les termes et ornemenis des .iimiieab cl
du dessous du jubé de lu nouvelle é<^lise paroissialle... * Id,^ IllK ftl^^ pièce.
1765. a Aux Sieurs Gclis et Allarl... acompte des ouvrat^es tjii'il* mu eir-**'-
tant au tabernacle du grand autel, que pour les pilastres à gaitm du jubc iL U
spective du fond du grand autel... 804 fl. 8 p. ■ id., DD. 2p), caljier.
• Voir Pièces jusliûcalives, n" V.
ANTOI\K CtLlS; ' "làO
3. Travaux pour les couvait s et les ét/lises.
Vers le milieu de la nef de Ta rutliédral^, à dioile, se Irouve ta
chaire de vérilé. Au pied sont represcnléeis Us trois vertus tliéolo-
«jales, la Foi» TEspéraiice el h Charité, aous la figure de troît
femmes accompagnées des embléuios onlînaires; auprès de la
Charité sont des petits enfants (ju'elle accueille, La pose est un peu I
maniérée, cependant on y reconnaît la main d'un urliste linhile. |
Un palmier supporte la cuve; Talmt-voix hg compose d'une dra- j
perie soulevée par des anges sonnant de la trompelle. I^es sujets, I
seuls, sont de Gilis; les ornements accessoires sont des frères j
Coliers, habiles artistes décorateurs tournésiens \ |
Dans l'église Saint-Marc, l'on voyait de notre artiste unemagnî-
fique gloire sculptée renfermant un saint Augustin '; â Tâhliaye de
Saint-Uartin, la statue en bois de ce saint rt celle de saint Eloi, autre*
fois placées à Tentrée du chœur*; enOu, à régtise du couvent de
•Saint-André, une statue de saint Joi^cph^. D'après M. Itei nier, on doit
aussi attribuera Gilis le buste A\in ange gardien ptacé acluellenieut
dans Téglise d'Angres, commune de rarrondtâscnieut de Mons^.
Travaux pour la manufacture de porcelaines, — On sait i]ae
c'est appelé par le directeur de cet établissement, le sieur Pétc-
rinck, que Gilis vint à Tournay. Dès f|u'il fut fixé dans celte ville,
il exécuta plusieurs modèles qui fureul maintes fois reprodaîtsA.
Les principaux travaux que Ton peut lui attribuer £ont, d'après
Térudit collectionneur et chen-lieur M. E, SoîM : la statue de
sainte Thérèse, saint Antoine tte Padotie et le buste de S. A. R. le
prince Charles de Lorraine, gouvernoiir des E^ayÂ-llaïi.
Nous empruntons à M. Soil In dci^cription de ces trois œuvres
* Calendrier de Tournay, 1775, ^i. (K — Roy.iÈnKs, Ttmrnmj tincien et mo^
deme^ l. II, p. 382. —Le Maistrr n'A.vïîiAïsa, Rtcheickts sur Vkhtmrttt i'ar'
chitecture de f église cathédrale de X.-IJ. de Tournay^ î. I, p. ;î5Ï.
* Calendrier de Tournay, 1775, (i. 19. — Clocqlbt, Etudesiur fûHû Tour^
nay. Mémoires de la Société, t. XX. \u 210 -îll,
» Ibid,
^Clooukt, ibid., p. 210-211.
* Th. Brrn'Ibr, Dictionnaire biofjraphique du Hainaut^ iHlitiuu d*? I87Ï,
[>. 89.
® E. Soil, Recherches sur les anciennes pùrcêtmnes de T&urnay, Mémoires de
ia Société de cette ville, t. XVIII, p. IM^ âH7, 'im, |i|. \VL
1
760 ANTOINE GILIS.
d^art : N'* 368, statue de sainte Thérèse. La sainte portant le costume
des Carmélites est debout, les mains ramenéessur la poitrine» la tète
légèrement rejetée en arrière ; elle regarde les cieux, où elle semble
s'élever. Le mouvement est superbe, les draperies admirablement
étudiées. Le piédestal est formé de nuages sur lesquels se défacheat
de jolies tètes d*anges. En biscuit, pas de marque... Elle deiait avoir
en cru cinq pieds trois quarts de hauteur réduits à cinq pieds après
la cuisson. Péterinck envoya au comte de Cobenzl, à Bruxelles, une
réduction en biscuit de cette statue. Il en reçut la réponse que voici :
« La sainte Thérèse m*est bien parvenue, je l'ai examinée, je la trouve
bien. Vous pouvez continuer Tautre pièce suivant ce modèle; mais
il s'entend que le glacis n*y soit point oublié, et je souhaite que voos
puissiez Tacbever le plus tôt possible tant pour moi que pour le
bien que je compte qu'il en résultera pour le bien de votre fabri-
que. Je suis, etc. Bruxelles, 16 juillet 1756. « Péterinck porta
lui-même la statue à Bruxelles vers la fin de décembre 1756. On
en fit plusieurs exemplaires, comme on peut le voir par la corres-
pondance... Hauteur de la statue, 1", 35; hauteur totale, ]*,75'.
N*" 370. Saint Antoine de Padoue, patron de la fabrique, statuette.
Il porte sur le bras gauche TEnfant Jésus qui du doigt lui montre le
ciel; le saint n'est vêtu que d'un froc collant, sa figure exprime la con-
templation et une profonde béatitude. OEuvre véritablement artistique
attribuée èGilis père. Statuette émaillée en blanc, pas de marque*.
N° 374. Buste de S. A. K. le prince Charles de Lorraine, gou-
verneur des Pays-Bas. Œuvre d'Antoine Gilis modelée en 1756; il
fut livré vers la fin de cette même année '.
Maurice Henault,
Archiviste de la ville de Valeacieoiies,
correspondant du Comité des Sociél^
des Beaux- Arts des départements, A
Valencienoes.
' Archives de Tournay. Registres des consaulx, vol. 267, fol. 265. — Archives
du royaume, correspondance du comte de Cobenzl. — M. Soit possède un exem-
plaire de ceUe statue, dont il donne une reproduction dans son ouvrage (pi. XVI).
Il ajoute qu'une réduction de ce modèle fut imitée grossièrement au commeace-
ment de ce siècle.
* Hauteur 0™,23. — M. le comte de Nédonchel en possède un cxemplai
château de Boussu.
^ Il en est parlé dans la correspondance du comte de Gobenit avec Pcteri
AÎVTOIAE GIMS, 1«|
IMÊCES JISTIFIC/ITIIKS
V I.
Ej^irait dti regUlres paroUtiaux déposés aux Archives de Vèial ciml
de la ville de [yole (Jura) .
(!) (701(7jmn).
^ Antainc-Prnnç;oïs Uh de Frarii;oiâ Gilîs, et de Harhe Dauld, a é\è
baplrsé Je sept juin, ses parrain et marraîne furent noble Anioine-Josepli
Flonmondf et d^'* i\laryue rite-Françoise JanloL
Sifjiîé : Fj.oniirox» cl KonaE, vieaire, »
Pour extrait conforme délit ré en mairie à Dole
le f ijaniier 1898^ sur papier libre, pour service administratif
P, le Maire.
Le l'-^adjt.,
PrixoT,
(î) 1700 (3 octobre),
II Vnn mil sept cens le troîzi*îmé jour du mois d'octobre je M, A. Va-
nop^lol pré vicaire de S^ Jacques ù Vnlenrtenne» sousîj^né ai baptiââ la
fille née le deuxième dudit mois en iéjjlUme mariage du s' Xirolas Ftével
iimilre dfi postes et de Catherine Bprnaixl Delienîn ses père l»1 mère
habitant de cette paroisse à laquelle on a impoié le uoin de Jeauue-
Retne, le parain a été Nicolas David, Au<|usLin Fièt'et au nom dus** Jean*
Antoine llouhet la maraîne Reine Uel'royp Oondu.
K. FrÈVKT, Xifolûs FiévET-
Reine RËtftov lio^iDll. ^
(PifoliK* SiiDt-Jftcques. — R«gtflf« 14a )
Pour copie certifiée eonforme,
L'arcbiviâte^
W. HÉX/ltîLT,
(3) MU (8 janvier).
4 L'an mil sept cent trente trois le 8 janvier après la publicaiion de
trois bans de Mariage faite à la messe paroissiale par de us feslps el \m\
dimanche entre Antoijie Oilis (Ils de feu François et de Bptrbe Iltiu dt* la
croisse de S* Gery d*urie part et entre Reine Fièvre fille de feu \icolas et
e Catherine Bernard Dehaynin de Tautrc part de erttc paroisse de
"■ Jacques vcu le conj tu le me ut de M* Herbccq curé de S^ Gtiry je
162 ANTOINE GILIS.
M* Adrien Courbet curé doien de celle paroisse de S* Jacques soussigné ai
reçu deux la promesse et consentement de Mariage leur ai donné la
bénédiction nuptiale, fait les cérémonies accoutumées de TÉglise el
célébré ledit mariage en présence du S'^ François Dumont et du S' Jean-
Baptiste .Gobau lesquels ont signé* avec moi.
Antoine Gius. Le Glergq de Pujol?
Reine Fiévet. Drhkixlv.
Bruier Waroquet. J.*J. Goimu.
Reine Reffroy Boxdu. Courret.
DaGL'IN PE MOXTILLEII.. »
(Paroiue s tiot- Jacques. — Regittrc 142.)
Pour copie certifiée conforme,
L*nrchiviste,
M. HÉNAILT.
(4) 1741 (11 T^).
tt L*an 1741 le 11" 7^^ fut inhumée dans Téglise (de la chaussée) au
2" état et le 12 le seriuce de Reine Ficvez épouse de Gel isse peintre rue de
Cambray âgée de 41 ans morte le 11* à 2 heures du malin, furent
présens ledit Gelisse et le s' Jacques Chauvin marchand de celte
paroisse.
Antoine Gilis.
Daguix, curé. Chauvin. »
(Etat civil. — Paroisse Notre-Dame de la Chaosu^c. — Registre S29.)
Pour copie certifiée conforme.
L'archiviste,
M. Hénault.
(5) 1696 (1 7''").
« L'an mil six cent quattre vingt*dix-sept le premier du mois de sep-
tembre M' A. Vanopslal vicair de cette paroisse ds S' Jacq. de 4a ville de
Vallen. soubsigné a bapzé la fille née led. jour en légitime mariage de
Anthoine La Rose et de \Iarie-Calherine Caufouria ses père et mère,
habitants de la paroisse h laquelle on at imposé le nom de Chreslienne,
le parin Philibert Coursin et la marine Chresticnne Leurat.
A VAN Opstal, vie, \Iarcq. Chreslicne Leurat. «
du R parin.
(Paroisse Saiot-Jacqucs. — Registre l^i.)
Pour copie certifiée confia
L'archiviste,
♦ M. IlÉNAlîLT.
AXTOINE GILIS. 163
(6) 1743 (6 juin).
« L*an mil sept cens quarante trois le six juin après la publication
d'un ban de mariage faite à la messe paroissialle de la paroisse de
S* Jacques à Valenciennes entre Antoine-François Gilis flgé de quarante
un an veuf de Reine Fiévez de la paroisse de Notre Dame de la Chaussée
d*nne part et entre Christine Larose âgée de quarante quatre ans veuve
d*Antoine Dutrieux de la susditte paroisse de S* Jacques d*aulre part vu
la dispense de deux bans en datte du quatre juin signée Le Clercq vie.
gén. du diocèse d'Arras vu aussi la dispense de deux bans en datte du
trois juin signée Bernard vie. gén. du diocèse de Cambray, vu la publi-
cation d'un ban et la permission du s' Daguin curé de la ditte paroisse
de Notre Dame de la Chaussée audit Valenciennes Je Adrien Courbet
curé de la ditte paroisse de S' Jacques et doien de Chrétienté soussigné
ai reçu d*eux les promesse et consentement de Mariage, leur ai donné la
bénédiction nuptiale, fait les cérémonies accoutumées de notre mère la
sainte église et célébré ledit Mariage* en présence de maitre Vincent
Courbet curé de S* Vast en haut de François-Marie Breydel d'Ignace*
Jean Brejdel tous deux pintre de la ditte paroisse de Notre Dame de la
Chaussée et de Mad"* Margueritte Grenier de la ditte paroisse de S* Jac-
ques lesquels ont signé avec moi à Anzin lesdits jour moi et an que
dessus.
Antoine-François Gilis.
Christine Larosb.
Fran« M" Breydkl.
Ignatius-Joannes Breyurl. Colrrkt curé ^t doien.
Marguerite Grkxier. de S^ Jacques. »
V. CotRBET, curé.
(Etat civil. — Paroitse Stint*Jacqucs. — Registre 150.)
Pour copie certifiée conforme.
L'archiviste,
M. Héxault.
(7) 1775 (16 mai).
tt Die décima sexlo maii 1775, Sepulta est in cocmeteris Cbrislina
Larose pridiedefunctaannos 81 (il faut lire 78) nnta sacramenlis munila,
uxor Antonii Gilis. «
(État civil de la ville de Toiirnay. — Paroisse Xolre-Dame. — Re({istre 224. p. 110.)
Pour copie certifiée conforme,
L^irchtvistc,
M. Hé.\ault.
764 AXTOINE GILIS.
(8) 1781 (16 9»'r'').
Le seize (9^'*) à 2 heures après-midi est décédé Antoine Gîlis né à
Dôle en Franche-Comté, veuf en premières noces de Reine Fiévct et en
secondes de Catherine La Rose, Agé de 79 ans, inhumé le 17.
A. F. HovixE, curé. »
(Etat civil de la fille de Tournay. — Paroisse Saint-Brice. — Registre 28, p. 262.)
Poiw copie certifiée conforme.
L'archiviste,
M. Héxal'lt,
No 2.
(1) 1736 (12 x»»").
« L'an 1736 le 12 de décembre fut baptisée Marîe-Al berline Josepb
née le même jour à deux heures et demie aprè mydi tille légitime du siear
Antoine Gilis raaitre sculpteur et de Reinne Fiévet son époux légitime
tous deux de cette paroisse fut parein monsieur Philippe-François-Joseph
Lplon mareinne mademoiselle Marie-Anne-Albertiue Lamoralle tous deox
de la paroisse de S* Nicolas le père présent lequel a signé de ce înierpellée.
Antoine Gius. M. A. Lamoral.
(Marcq) Philippe-François- Jospph Lelon.
P. Daguik curé de N.-D. la Chaussée. »
(Etat civil. — Paroisse Noire-Dame de la Cliaussëe. — Registre 228).
Pour copie ceriifUe conforme.
L'archiviste,
M. Hkxailt.
(2) 1738 (28 février).
tt L'an 1738 le 28'' février fut baptisée Marie-Heleine Joseph née le
môme jour à 11 heures du malin fille légitime du S' Antoine Gilis sculp-
teur et de Reine Fievet son épouse de cette paroisse fut Parein monsieur
Jean-François Dubois Ancien Echevln de celte ville de la paroisse de
de S' Géry et Mareine D"" Marie-Héleine Claro de cette Paroisse Le Père
présent.
Antoine GiMS.
Marie-Hcléne-îoseph Claro. J.-F. Di;bois. P. Daglix, curé. •
(Etat civil. Paroisse Noire-Dame de la Cliaussëe. Rc^stre 228.)
Pour copie certifiée con/^
L'archiviste^
M. Hkkailt.
ANTOtlSS GELI^, fit
u Lf* 27 dôcemlite 17HK, 41 1 son ;i{-le Hn dé^^s Jean-Mrchi^l Gillis tmlif
(te VûlcEicienne^ paroiââe de la Clinirsicc. .. Age de 5t1 ans, dikV^dè hier
fut inliumé dmis le ctinetiérc do (Froid mûnL) cette ^^«Itise * en prL'senee de
J.-B. Pu-monl et d'Ambroîae Piémont. »
i
\
« Sur requelte préscnléc ^ mes^^*^ du mntjtstrat de la lîlle de ValerK
par Antoine Gilles, ni^ sciilpleitr en Cûtte fille contenant qu^a^nnt prit i^es
principes tant pour le desïiein que pour In peinlure en Ja ville d'Anvens
ci dana plusieurs antres endroils il nvoit ensuîtte continua' de s*y appli-
quer avec assiduité depuis son t^tabUssement en celle ville chc2 plnsienrs
tnaislres peintres de cette ville et n'nyant point cru en faire prollt il
aitrojt ohini^ de se mettre en aprenlis^uge cependant iL reconnoUsoit plus
que jamais le bcsotn dana lequel 11 éloîC de faire uisa^e de lad. peinture
tant à cause de ces.,, ouvrages qu'il luy convenoit fuire chez luy pour
l'utilité du pubficq consistant en des petits personnages de terre et autres
lesquels pour plus i^rand ornement deiioienl tïtre habillés de difrérentes
couleurs ce qui pou roi t ren^^rtf^er à es suie r plusieurs diflieulLés avec les
maiires de Vnvl des peintres de cette ville en ce qu'ils pouroient soutenir,
que n'étant point maître pintre, il ne luy ètoit point permis de faire
pareils ouvrûf^es que les débats et cantesLatious pf>uroluut Ten^ager en
plusieurs diffcreus et procès qui, n'ayant rien que d'odieux, luy serotent
de plus préjudiciables comme n'hélant point en état de soutenir pareilles
contestations contre tout un corps, parlant ayont iulêresL d'éviter sa
perte et ruine ri Jui esloit préférable de requérir et demander son chef
d^œuvre de peintre, mais ne pouvant le faire comme n'ayant point fait
d'aprentissage, car si quil uvoit recours à niesd. sieurs h ce quil leur plul
en dispensant le su pliant «ïussi de ses aprentissai^es ainsy que plusieurs
autres maitres modernes l'avoienl clé, ordonner quil seroit admis h faire
sond, chef dVuvre de maitre pintre parnry l'offre qu'il faisnit de pa^or
ics droits dus pour cet effet, pris; é^anl qu'étant maistrc sculpteur depuî.^
di^ ans et plus il fuisoit nombre ea .^a branche des sculpteurs et maîtres
peintres de cette ville qualité que les maitres peintres étranj^ers qui
auoientété admis n'auoîent point larsqu'iU auuît'nl été dispensez de leurs
^ \'iiyBnt pu nou5 procurer cet acte morluflirc, nous reproduirons ici i-c qnVft
e \\, (laAn dnus ^an Etude sur Giih, Hrptte dé l'aUthn^nn^s^ t. WtJ, p. 8'#,
. I. \l\, p 491.
76«
AXTOINE GILIS.
ï^
npprenlîss^gies quoy faisant clc... Sur laquelle rD^juetle pnr nppoâliïl^ du
trente avril 173\ auroit été ordonné que le corps des ptnlres seroîlapr^s
demain neuf heures <H» malin entendu en seemance pnrd^ \e& s"* oif^cbeuins
comis au mois et greffier cîvîL Ucsd. sieurs ven lad, re^juctle otry le corps
des pintres en seemance lesquels osa liMS consenlîs nu requis ont dispensa
et dispensent le supliant de ses aprentissajpft^ Qrdoniieni vn con.^équence
aux connétables et maistres desd. peintres de fe nmmir à cher-d*œutr«
et mallris^ en payant par luy les droits ordinaires ei c# svu préjudice
aux chartes M sans tirer à conséquence.
Fait et dispensé eh jugement à Valen. & la scemotice ^t conjuremeaiÉi
s' Walier lieutenant préuost le comte le douze niay mil &epl cent (r«nle-
trois. n
(Registre des autorisations. F. 165. F* li8.)
Pour copie certifiée confirme.
l/archifîsta.
■ \» 4.
tt Je soupsigné destre convenue avec Messieurs Les Père de Glisc de
S* Jaque pour Le tablaux du Cœur représentant La traivsfii/uralion de
noslre Seigneur pour le prix de soisante Esceue siri!; prrjudic^ à In cou-
vantion que j*ay fait avec Madamme La Barone de UVirden Laquel esL df
quatre vingt Ësceue orfrant de remettre Les Soisfinlc Esceue au& dit Péri
Lorceque Le Payement sera fait de La ditte Damnie, dont je suis corne-
nue que Lesdils Père me donneront de ce jour Mutgl Esceu et Lorci*i]Q0
Ledit tablaux sera fini autres vingt Esceue et fi tuile ment vîn^t autres un
an après fait à Valencinnes ce 4 octobre 1739. n
(Archives. — Fonds non classe.)
^ Pour copie certifiée confirmé.
L\irchivïslef
N« 5.
De Tûomaf , le 3 ... 1T61
Monsieur,
Je me donne Thonneur de vous réitérer de mes trt*^ humbles dei»
et de vous dire Monsieur que je suis surpris que vous aype dit à mon
que je demandait neuf cent livres de france pour le tabernacle ce qyi
PIERRE PLGET. 167
ioatoposée à mes sentiment puisque le tabernacle a Estée fait chez moy
daulieux que la plus grande partie du desnus de Lorgue a du se faire à
Condée et en place ou gay deub me nourir moy et mes ouvrîe à Loberge,
vous sanlée bien Monsieur que cela mest devenue for frayieux ses depance,
joint au plâtre et autres matières et frais néssaissaire pour cette ouvrage
dont Le détaille cerait un peux long si il falait tout spécifier par partie.
Je peux bien vous assurer Monsieur que les grands Termes lestes
danges feston vases et tout ce qui dépan de celte ouvrage du desous dorgue
mérite plateaux mil franc que neuf cent je ne mestait pas expliqué de La
valeur de chaque ouvrage en particulier dans la précédante Lettre que jay
eue Lhonneur de vous Ecrire scacbandia confiance que vous avez toujour
eue a mon Egar ce qui fait que jose me flater Monsieur quen Laissant
Les deux ouvrages aux prix de traize cent livre de france tout comptés
comme je vous Lay marquée dans ma susditte précédante Lettre que je ne
demande que présisémentquece qui mest deub et même moin.
Comme mon fils doit se reudre dans peux à Valenciennes et quêtant
posté pour dimanche dovoyr lihoneur de vous aler saluer vous mobligere
beaucoup Monsieur de vouloyr bien avoir la bontée d*a ranger les affaires
pour ce temps la jaymeraît de profiter de son occasion pour me le
remettre et vous en donner sa quilance je suis en attendant auecq tout le
dévouement possible Monsieur.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
A. GfLis.
(Archives de Condé. DD. 20.)
Pour copie certifiée conforme,
L*archiviste,
M. Hknault.
XLIV
PIERRE PUGET
A AIX
L*existence mouvementée do Pierre Pugcl a fait l'objet de Ira-
vaux si complets qu'il semble difficile d'y ajouter rien de nouveau,
a-
168 PIERRE PUGET.
surtout après Tétude si documentée de M. Ginoui, cotnmuniquée
à la réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements en JKIU.
Cependant, en recherchant les traces du séjour de Puget à
Aix, j^ai acquis la conviction qu*il restait des découvertes â faire, de
nature à éclaircir quelques points obscurs de l'ejiistence de ce
puissant artiste.
Le Musée de la ville possède quelques échantillons de son talent,
entre autres, son portrait peint par lui-même, œuvre, golidemml
modelée, se distinguant par la chaleur du coloris, mais tVune fac-
ture lourde et pénible.
La famille de Saporta conserve une ses plus belles pages, la
Sainte Famille, composition dans laquelle Puget s est représenté
sous les traits de saint Joseph.
Enfin, sans parler des morceaux secondaires qui se trouvent chei
divers particuliers, on lui attribue, sur la foi de divers biographes,
la paternité de deux lableaux représentant Y Annonciation et la t'i-
silation de la Vierge, qui ornaient jadis, chez les Jcsuitf s, la rlia-
pelle de la congrégation laïque des Messieurs.
Tous ceux qui ont parlé de ces deux ouvrages Goni miiels sur h
date où ils furent exécutés, et leur authenticité n'est établie que par
une tradition orale ne reposant sur aucun document pnkis.
On sait vaguement qu*à Pépoque de la dispersion des JésuitfS,
vers 1763, un procès intervint, au sujet de la propriété du mnhi-
lier, entre les membres de la congrégation des Messieurs t\ les
créanciers de la Compagnie, qui voulaient s'emparer du contenu des
immeubles.
Au moment de la bourrasque révolutionnaire, les œuvres d'irt
provenant des monastères supprimés furent réunies dans divers lo-
caux d*oii elles furent tirées en partie, pour constituer le Uuséede
Marseille.
Le tableau de V Annonciation, après de nombreuses vicissituiles.
finit par être placé dans la chapelle du grand séminaire, oi^ il se
trouve actuellement ; quanta celui de la Visitation, il resta ran*
fondu parmi les épaves du passé. Nul ne savait ce qu'il était deieou,
lorsque, il y a quelques années, en vérifiant un amoncellement de
cadres et de vieilles toiles déposés au rez-de-chaussée de Phô
mon attention fut attirée par un tableau assez médiocrement p
mais dessiné avec une précision et une élégance de style qr-
PIERRE PUGET. 769
taient de Tordinaire. L'examen da sujet me fortifia dans ropinion
que ce pouvait être le tableau de Puget que Ton croyait perdu.
L'administration le fit placer dans la chapelle, et aujourd'hui, il se
trouve dans un escalier du Musée.
Si Ton s'en rapporte aux indications des biographes les mieux in-
formés, Puget aurait été contraint de renoncer à la peinture pour
cause de santé à partir de 1657. Bougerel, qui a connu son petit-
fils, l'affirme en ajoutant qu'ilne peignit plus qu'une seulçfoiâ, en
collaboration, le dôme des Théatins, à Gênes.
D'autre part, le grand artiste, dans une de ses lettres, dati^e de
1683, déclare qu'il a cessé de peindre depuis une vingtaine d'an-
nées. C'est probablement entre ces deux dates, 1657 et 1663, qu'il
faut chercher la vérité.
L'acte de prix- fait que l'on trouvera plus loin atteste que les
deux tableaux ci-dessus faisaient partie d'une série de treize ta-
bleaux représentant les Mystères de la Vierge, que Puget devait
exécuter pour le compte de la congrégation des Messieurs êlablje
dans le collège des Jésuites.
Cet accord, conclu le 2 janvier 1658, nous apprend que le tra-
vail devait être achevé dans le délai de deux ans, moyennant le
prix de 2,000 livres, payables à raison de 120 livres par tableau^
au fur et à mesure de la livraison et le reste après l'achèveinent de
la commande.
V Annonciation, sous l'invocation de laquelle était placée la con-
grégation, devait orner le maitre-autel et, dans le cas où le prf?mier
tableau, livré par Puget, n'aurait pas été à la convenance des
prieurs, ceux-ci avaient non seulement le droit de le refuser, mai»
encore celui de résilier le contrat.
Il était stipulé, en outre, que Puget exécuterait ce travail de sa
propre main, suivant le dessin convenu. £t, comme laquali(](.'ation
de peintre de Marseille indique suffisamment qu'il n'habite pas Aix,
l'artiste élit domicile chez son ami Bernardin Mimault et le charj^je
de le représenter en cas de conteslation.
A Texpiration du délai, Puget n'avait encore livré que deux ta-
bleaux. La congrégation se fâche et fait tenir à Bernardin Mîmault
\ sommation d'avoir à livrer les onze tableaux restant à fournir,
s peine d'en voir donner le prix-fait à un autre, à ses risiiueset
•ils.
49
170 ^ PIERRIS PUGET.
On ne connaît pas la réponse que fit Puget à cette sommation. A
ce moment, il était occupé en Normandie à scnipter deux grandes
statues pour le compte du marquis de Girardin. Il avait à terminer
la custode de la chapelle du Corpus Domini à Toulon, et prépa-
rait, sans doute, son départ pour Gênes on il devait séjourner
huit ans.
Un acte de quittance du 18 juin 1663 nous révèle que Bernardin
Mimault avait été substitué à Puget pour Tachëvement de la besogne.
Il avait reçu 2,000 livres pour ce travail qu'il avait fait exé-
cuter à Rome par divers artistes. Lui-même avait peint un tableau
représentant la Musique des Anges destiné à la tribune de
Téglise.
Des deux tableaux livrés par Puget, Y Annonciation seule parait
devoir lui être attribuée, ce qui semblerait indiquer que ce fat son
dernier ouvrage de peinture. On trouve dans cette œuvre la largear
de facture, la magistrale ampleur de dessin qui caractérisent son
talent et se retrouvent au plus haut point dans ses œuvres princi-
pales, telles que Salv(jttor Mundi dvt Musée de Marseille, làSainie
Famille de M. de Saporta.
Tandis que dans la Visitation, reproduction, un peu modifiée,
d'une composition connue de Paul Véronèse, on devine une main
timide, plus respectueuse de la ligne que des formes intérieures,
n*osant pas s*aventurer, économisant la couleur et les coups de
pinceau.
D'ailleurs, on avait fait, de tout temps, une grande différence
entre les deux, et la congrégation des Jésuites manifestait un pins
grand respect pour V Annonciation que Ton recouvrait d'un rideau
en taffetas bleu qui n'était enlevé que dans certaines circonstances.
Lorsqu'il fut question de vendre ce dernier tableau au moment de
la liquidation des Jésuites, on l'avait estimé 2,000 livres, et les ar-
moiries de la famille Meyronnet de Saint-Marc, que l'on remarque
à l'angle inférieur droit y furent, sans doute, placées par quelque
préfet de la congrégation désireux de le marquer d*un signe de
propriété.
Le travail soigné de cette peinture s'explique encore par la né^^s-
sité de se conformer à la clause rigoureuse qui permettait aux
gréganistes de résilier le contrat si le premier tableau n'était
accepté.
r
PIEHRE PUCET. Itl
Indépendammfitit deê travaux de peinture, Puget avait fourni à
C€t établiBsemetit, pour romementatioti des fenêtres, diverses ma-
quettes en argile représentant des oroemeots, des cartouches, des
chérubins qui furent exécutés en bois par le sculpteur Jean Durand,
en vertu d'un acte de prix-fait du 17 mars 1659.
PugeÉ retint â Aix en 16St>a&n de traiter avec les procureurs du
pays de Provence pour Pérection d'une statue étjueatre de Louis XIV
que les Etats, sur la proposition du coadjuteur de Parchevéque
d'Arles, Adhémar de Monteil de Grignan, avaient décidé d'élever
dans la capitale de la Provence sur les dessins de Migoard.
Le coadjuteur, trouvant les prétentions de Puget trop exagérées,
traita avec Desjardins pour le prix de 90,000 livres.
Ce sculpteur reçut plusieurs acomptes, mais le projet fut aban-
donné en 1689 par suite de la guerre et renvoyé à des temps meil"
leurs qui ne devaient jamais arriver.
Quant à Puget, il reçut en 1690 une indemnité de 200 livres en
dédommagement de ses courses et études.
La même mésaventure lui était arrivée à Marseille ^ son pays nataL
oîi ce fut Clérîon que Ton chargea de ta besogne. Mais pas plus à
Marseille qu'à Aix, Louis XIV ne devait avoir sa statue et Puget put
voir se vérifier le proverbe :
u Nul n'est prophète en son pays, n
iVuma CosTE,
CorreapodJoat du Gomitë des Sociéii^A dea
* BedUî-ArtB des déparlemeûts^ kAïi.
PIECES JUSTIFICATIVES
THIFFAICT DES TABLEAUX PÛUB LA CO.VGUi^G^Tm.V DKS .TeSUITESdMïï ET PROSÏKSSB
DE nvKH POUR 1*1 ERRE PlUET PAlVfaK UE L.l VNLLE UE AUrSKILLE,
Lan mil six cens cinquantL* huict et le segond jour du moys de janvier
appres raîdy consLitm^ Pierre PiigeL ujaistre painln! de 1^ v\\k de Marseille
'-quel de ^on gré pour liij el les siens a promis et promet a la vénérable
ingregation soubz le liltre de Xonciation IVoslre dame eslablîe dans le '
iUège dea reperunds pères jésuites de cesle taille d'Aîï, Messirc fienri
e Ckpiers seigneur de Vauven argues, preffecl en icelte, M* louis de
772 PIERRE PDGET.
Pelrois s' de Alonlauroux, M* Antoine Jullîen advocat en la coor adcis-
tants au nom dicelle et suivant le pouvoir a eulxe donné par delliberatioB
du présent jour pnts acceptants et stipulants,
Cest assavoir de faire et parfaire bien et deubment suyvant iart inie
tableaux représentant les misteres de la Sainte Vierge entre lesqueb est
compris le grand tableau du mestre haultel qui représentera lanonda-
tion de la sainte vierge, tous lesquels tableaux il soblige de faire a Ihoille
et suivant le dessain qui en sera faict et arreste entre les parties oonune
aussi promet led. Puget de ramplir les feneslres de lad. congrégation
aussi suivant le mesme dessain, en fournissant par led. Puget la toile et
generallement tout ce qui sera nécessaire pour la perfection et accomplis-
sement desdits tableaux et de tout lautre ouvrage qui sera nécessaire, et
sera obligé de les faire aporter en ceste ville a ses frais et despens
et les poser suivant le dessain dans lad. congrégation et acomensera df
travailler des apresent et continuera jusques a perfection a condition
neantmoins quil aura achevé led. ouvrage dans deux années dhif
comptable pour tous déliais a payne de tous despens domages et intherest
et ce moiennant le prix et somme pour le tout de deux mil livres payables
ainsi que lesd. sieurs de Vauvenargues, de Montauroux et Jollien aux
dites quallites, prometent savoir : cent vingt livres pour chascung desd.
treze tableaux qui lui seront expédies a mesme temps quil aura achevé
ung ou deux desd. tableaux et quils auront este receux et poses et ce qai
restera pour lentier paiement de lad. somme de deux mil livres lui sera
paye a mesure que toute la besongne sera parachevée et receue avec
pache neantmoins que la ou le premier tableau quil fera ne fust au gre
de lad. congrégation il sera oblige de le reprandre et le présent contrat
demeurra de nul effect et valleur, et estant led. premier tableau recea il
sera tenu de faire les autres de sa propre main et la mesme forme et
quallité, et les draperies bleues seront dasur doultremer et en cas qae
pour raison du présent contract il arriva quelque différant entre les
parties led. Puget a eslu et establi son domicilie en la maison et personne
de Bernardin Mimault aussi maistre paintre de cesle dicte ville auquel
tous actes et exploits de justice pourront estre faits, le présent acte et
tout son contenu prometent lesd. parties en ce qui les conseme avoir
agréable garder observer et n'y contravenir a paine de tous despaos
domages intherest obligeant a ces fins pour lobservation dicellui respec-
tivement lesd. parties savoir led. Puget tous ses biens et lesd. sieurs de
Vauvenargues, de Montauroux et JuHten les biens rentes et revenus de
lad. congrégation, suivant le pouvoir quils ont dîct en avoir presr
advenir a toutes cours du submission sde Provence, etc.
Fait et publie a Aix dans lad. congrégation en présence de MMc <
PIERRE PUGET. 778
Jorna et Joseph Auriol advocatz en la cour tesmoings requis et soubsi-
gnes avec les parties.
Signé : Vauvenargues, Mobitauroux, Julien P. Pcget, Jorva,
Auriol et moi Gaspard Rrynaud, notaire.
Sommation faite par la congrégation des jésuites a Pibbre Piget
M* peintre de la ville de Marseille.
A la reqaeste de Messire Jean de Simiane s*^ de la Coste, preffect de la
vénérable congrégation soubz le tiltre lanonciation Nostre-Dame establie
dans le collège des R. P. Jésuites de ceste ville dAix et suyvant la delll-
beration de lad. congrégation du treze du présent moys soit sommé
Pierre Puget maistre paintre de la ville de Marseille en la personne de
Bernardin Mimault aussi maistre painlre de ceste ville dAix domycille
esleu par led. Paget quatandu que par acte du segond janvier mil six cens
cinquante huîct led. Puget cest oblige a lad. congrégation de faire et
parfaire bien et deubement treze tableaux représentant les misteres de la
S^ Vierge a ce comprins le grand tableau du Mestre autel et remplir les
fenestres de lad. congrégation ainsi et comme est especifiié par led. acte,
et feroit le tout aporter en ceste ville a ces fraix dans deux ans du jour
dud. acte comptables pour tous déliais a paine de tous despens domages
intherest pour ce, moyennant le prix de deux mil livres payable en la
forme dud. acte et si bien se sont passes plus de deux ans neantmoins
led. Puget na baille que deux desd. tableaux au grand préjudice de lad.
congrégation laquelle se trouve desprouvue dune décoration sy sainte.
Que led. Puget en la personne dud. Mimault aye a satisfaire aud. acte
et expédier suyvant icellui lesd. unze tableaux restants de la qualltte et en
la forme portée par led. acte et ce dans un bref délai autrement led.
s' preffait proleste pour lad. congrégation de ses domages et intherest
soufferts et a souffrir et de bailber le priffaict desd. unze autres
tableaux au péril et fortune et domage dud. Puget et uttandu la nécessite
de la chose qui est pie et pour la gloire de Dieu et de sa S** Mère.
Signé: De Sim vannes a loriginal.
Xian mil six cens soixante et le dix septiesme jour du mois de febvrier
advant.midy au requis dud. S' de la Goste en la quallite quil procède la
lation réquisition et protestation que dessus a este faite par nous
lire royal à Aix soubsigné a Pierre Puget maistre paintre de la «ille
MArgeille et cest la personne de Bernardin Mimault maistre paintre de
774 PIERRE PUGET.
cesle ville dAiz a la personne et maison auquel a esleu son domydUe par
lacté de priffait y mentionne lequel Mîmault appres en avoir entends la
lecture a dict quil en requiert eztraîct pour en advertir led. Pnget de qaoj
en avons concédé acte qua este fait et publie a Aix dans la maison dud.
Mimault en presance de M* Joseph Vincens advocat en la cour et jean
Antoine Lambert dud. Aix tesmoings requis et sonbsignes avec led.
I Mimault a loriginal» et de moy Gaspard Reinaud notaire.
j
L*an mil six cens soixante trois et le dix hnictiesme jour du mois de
juin advant midi, constitué noble François de Séguiran escuyer de ceste
ville d'Aix et noble Jean Augustin de Gaultier s' de Vallabre» en qualité
' de depputtes de Messieurs les officiers de la congrégation sonbs le tiltre
de lanonciation de la S** Vierge érigée dans le collège royal de Bourboo
dud. Aix, par delliberation de lassemblee du dixiesme courant lesqoeb
de leurs grés en ladite quallité ont declairé et declairent à Bernardin
Mimault maistre paintre dud. Aix présent acceptant et stipulant quils ont
reçu de lui les tableaux quil avoit fait faire a la ville de Rome ponr lad.
^ congrégation et led. s' Mimault declairé avoir reçu desd. s" officiers deux
mil livres quil a employé au paiement deïd. tableaur comme aussi led.
s' Mimault declairé estre comptant et satisfait desd. sieurs de toutes ses
peynes, travailh et vocations quil a fait au voyage de Rome ensemble di
prix du tableau quil a fait, représentant la musique des anges posé sur
la tribune de lad. congrégation, pour en avoir reçu paiement ainsi quil i
dit et generallement de tout ce quil a fait jusques a ce jonrd'hui sentre-
quitant réciproquement les ungs les autres de tout ce que dessus
prometant de ne sen faire Aucune recherche etc.
A été fait a Aix dans nostre étude en présence de Jean de 6oa de la
ville de Berre et fois Lieutaud dAix tesmoings soubsignés avec les pardes
et moy Gaspard Reinaud notaire.
Priffait pour la congrégation des jésuites et promesse de paver pooi
Jean Durand esgultedr.
Lan mil six cens cinquante neuf et le dix huictiesme jour du mois de
mars après midi constitue Jean Durand maistre esculteur de ceste vifle
dAix lequel de son gre a promis et promet a la devotte congrégation
soubz le tiltre de lanonciation de la très s** vierge érigée dans lencios
de la maison des révérends pères jésuites de lad. vills Mess, loeis
Aulheman advocat en la cour et louis Bordon conseiller secretere év
en la chancellerie du parlement de ce pays de Provence addstants de
congrégation et M* Joseph Cameron depositere dicelle Mous. H** An'*-
dAIb«rt atissî conseiller du roy auditeur et archivere en sa eour des
comptes aydes et finances dud. pays M* Joseph Auriol advocat en la cour
el Bernardin Mimault tons deputtés par délibération de lassemblée do lad.
congrégation tenue le quiniiesme du courant présents acceptanl et pour
îcelle estipulant, cest assavoir de faire et parfaire bien et deubment a ses
propres frais et despans la comisse omemants des tableaux et des
fenestres concistant en cadres, consolles cartouches, chérubins et généra-
lement tout ce qui sera nécessaire faire tout autour delad. congrégation
soit de charpanterie ou menuiserie quils entendent faire a lad. congréga-
tion et se suyvant et conformément au modelle dargille qu*en a este fait
et dresse par le s" Puget, paintre de la ville de Touilon qui a este veu,
examine par les parties et remis an pouvoir du s' Durand et ce de bols de
noyer, bien sec et allunat * et de recepte laquelle comisse et ornements
comensant puis le hault de la banque jusqnes au plus hault fillet de la
comisse laquelle haulteur sera de quatorze pans quil posera sur le lieu à
ses frais et despens et acomenserady tràvailher dans huict jours prochain
et continuera journellement sans discontinuer en façon que toute la
besougne soit faite et entièrement parachevée entre ici et par tout le
vingt cinquiesme jour du mois de mars de lannee prochaine mil six cens
soixante a peine de tout despans domages intherest et ce moyennant le
prix et somme tout led. travailh de sept cents vingt livres et aultre ce
appartiendra aud. s' Durand la vielhe cornisse quy est dans lad, congré-
gation qui faudra obster en posant celle qui fera en desduction et a bon
compte duquel prix led. Durand a confesse avoir receu la somme de
cent livres etc.
Et le restant lesdits députés promettent le payer aud. Durand a mesure
quil aura fait ung cadre et mis en plasse en fournissant par lesd,
s" deputtés le fer et piastre que sera nécessaire pour poser lad«
comisse etc.
Acte fait et passé dans la maison du s' dAlbert en présence etc. et moi
Gaspard Reinaud notaire.
(Ifinntes de Gasptrd Reinaad, notaire. f« 423. — Étude iMrtud.
' Goopé de bonne lune.
1
rie L'EGLISE DE LAVAL-DIEU.
XLV
. L'ÉGLISE DE LAVAL-DIEU
(ardennes)
ET SES BOISERIES SCULPTÉES
L*église de Laval-Dieu' — valUs Dei — s'élève, dans un char,
mant nid de verdure, à l*entrée de la délicieuse vallée de la Semof,
tout près de Tendroit oà cette rivière se perd dans la Heuse. Cest
Tancienne église d'une abbaye dé Tordre de Prémontré, dont la
fondation remontait à la première moitié du douzième siècle. Le
terrain où elle devait s'élever appartenait à la célèbre abbaye de
Saint-Remi de Reims, quand Tavoué de cette dernière abbaye,
Whiter, comte de Retbel et premier de la branche dite de Witry,
s'en empara en même temps qu'il s'appropriait plusieurs antres
terresque le monastère avait confiées à sa défense. Whiter fut excom-
munié en 1126 par Tarcbevôque de Reims, Regnanid de Hartigné,
dont le pape Honorius II, à la demande d'Odon, abbé de Saint-
Remi, confirma la sentence. Bientôt, pour être relevé des censures,
le comte de Retbel « consentit à entrer en accommodement : la fon-
dation de l'abbaye de Laval-Dieu fut, entre autres bonnes œuvres,
la conséquence du repentir de Tavoué des moines de Saint-Remi...
II donna, en 1128, à Gautier de Saint-Maurice, premier abbé de
Saint-Martin de Laon, le lieu dit de Bouche^de-Semoy, pour y con-
struire, sous le vocable de Saint-Remi, une maison de chanoines
réguliers de Tordre de Prémontré, qui jetait alors un si vif éclat'*.
Pierre, premier du nom, alors simple chanoine à Saint-Uartin
de Laon, fut désigné par son abbé pour fonder Tabbaye de Laval-
> Commune et canton de Monlhermé, arrondissement de Mésières.
* Dom Albert Nobl, Notice générale sur le canton de Montherm.^
V Almanach'-Annuaire de la Marne, de t Aisne et des Ardennes, Reims
Braine, 1897, p. 111.
L'ÉGLISE DE LAVAL-DIEU. 7:7
Dieu« « Il eut la joie d^assister à la consécratioa solennelle de sa
nouvelle église, qui fut accomplie avec une pompe inouïe par Tar-
chevéque RegnaulJ de Martigné, assisté de deux de ses suBra-
gants ^ »
Cependant, quelques années plus tard, Hanassés III, c^mte de
Rethel et fils de Whiter, voulut reprendre aux chanoines ce que
son père leur avait donné. Mais Pierre II, quatrième abbé de Laval-
Dieu, obtint, par sa patience et son humilité, que ce seigneur con-
firmât les stipulations paternelles par une charte authentique que
nous possédons * : elle est datée de 1185, signée par Tabbé dé Laval-
Dieu et son prieur Gilbert '.
Hugues III, dit Huart, fils de Manassès, reconstruisit en 1227, à
peu de distance de Laval-Dieu, la forteresse de Chftteau-Regnault,
sur le fonds de Tabbaye. De là, de la part de Fabbé, alors Hubert I*%
des réclamations ; un procès en résulta, qui se termina en 1238,
moyennant une redevance annuelle et perpétuelle, accordée aux
chanoines par Hugues, d'un muid de seigle à prendre sur les mou-
lins de Mézières.
L'abbaye possédait une magnifique pêcherie de saumons, qui fut
plus d'une fois cause dé litiges et de conflits.
Depuis Tannée 1199, en vertu d'une sentence rendue par Bau-
doin, archidiacre de Liège, en faveur de Tescelin, cinquième abbé
de Laval-Dieu, les paroisses deHargnies, deHaybes^ et deVillerzy,
qui relevaient auparavant du diocèse de Liège, appartiennent con-
staiûment à Tabbaye. La plupart des douze chanoines qui compo-
saient la communauté, et dont le nombre varia peu, desservaient,
outre ces trois paroisses, celles de Louette Saint-Pierre et de Hou-
drémont et d'Orchimont '. Celle de Haraucourt ', qui appartenait
aussi à Tabbaye, était desservie alternativement par un titulaire
présenté par les abbayes de Mouzon et de Laval-Dieu^.
* Dom A. NoBL, op. cit., p. 114.
^Archives des Ardennes, H. 240.
' Dom A. XoBL, op. cit., p. 114.
^ HargDÎes et Haybes, canton de Fumay, arrondissement de Rocroi.
^ Villerzy, Louette, Saint-Pierre, Houdimont et Orchimonf, canton belge de
inné.
Haraucourt, canton de Raucourt. arrondissement de Sedan.
jf. Dom Noël, 0/7. Cl/., p. 113.
178 L'ÈGLISS DE LAVAL-DIEU
Il est difficile de préciser ce qai subsiste, dans Tèglise actoelle,
de Téglise abbatiale construite par Pierre I*'. Je crois cependant
que le massif de la tour et les murs du chœur en sont des restes»
mais profondément transformés. Les baies de petites dimensions,
percées sur les quatre faces de la tour; les fenêtres étroites, outertes
sur les côtés du chœur; les arcatures d'ornement qui entourent ce
dernier, portées sur des bandes murales et surmontées primitiie-
ment, sans doute, d*une corniche, sont autant d'éléments caracté-
ristiques de l'architecture de la première moitié du douzième siècle
dans la région où se trouve notre église. Plus tard, apparemment
au quatorzième siècle, on ouvrit dans le chevet la large fenêtre à
multiples meneaux qui éclaire le chœur, et aussi les baies en arc
brisé percées dans les faces latérales de la tour.
Il ne parait pas invraisemblable que ces deux baies, dont l'une,
celle du sud, est aujourd'hui murée, aient été pratiquées poor
éclairer davantage le chœur des religieux, disposé sous la tour.
Cependant certains détails permettent de conjecturer [que des
constructions secondaires, bras de transept, sacristies on antres
dépendances, s'appuyaient sur les deux flancs de la tour. Ainsi au
nord, on voit, autour de l'ogive de Touverture, les arrachemeoti
obliques d'une voâte reposant sur deux consoles encore en place,
et, à droite, la base du mur qui devait entourer Tédicule. Au-dessus
de la voûte intérieure du clocher, subsistent encore les parements
de deux ouvertures qui devaient donner accès dans les combles, et
la trace du faitage de ces derniers est restée apparente à Texténear
sur la face méridionale.
Le 10 juillet 1641, le Conseil provincial de Namnr autorisa las
chanoines de Laval-Dieu à transporter à leur abbaye par la Meose
les matériaux nécessaires à la construction de leur église ; il accor-
dait même une sauvegarde pour les ouvriers qu'on y employait
II. ne s'agissait pas sans doute alors d'une reconstroction de
l'édifice entier, mais seulement de la nef, abattue pour une raison
que nous ignorons.
Les travaux étaient terminés depuis peu d'années lorsque,
1696, un parti ennemi de la garnison de Maestrich qui infestai
L'ÉGLISE DE LAVAL-DIEU. 119^
frontière incendia, dans la nuit du 16 au 17 août, le monastère de
Laval-Dieu, et, le 27 septembre, les villages de Thilay et deNaux,.
qui lui appartenaient. A la suite de ces désastres, Louis XIV
déchargea Tabbaye du payement des décimes pendant trois ans.
Ces trois années furent employées à reconstruire le monastère et à
restaurer la partie de Téglise dont la construction venait à peine
d*6tre achevée. La date de 1699, inscrite au-dessus de la porte
d'entrée, à Textérieur, est celle de Tachèvement des travaux.
La nef, telle qu^elle existe aujourd'hui, forme un rectangle;
deux fenêtres en plein cintre Téclairent ap nord. La façade, con-
struite en briques avec chaînages en pierre, ne manque pas d*ori«
ginalité. La porte d'entrée s'ouvre sous un entablement orné de
irtglyphes, supporté par deux pilastres doriques en marbre rouge
et surmonté d'un fronton triangulaire. Entre Tentablement et l'en-
cadrement de la porte on lit, sur une large table de pierre :
ADORATB ET TIIIETE.
Au-dessus du fronton est percé un large oculus, entouré d'une
épaisse moulure. Plus haut, sur le prolongement de la corniche
qui coart à la base du toit, se dresse un pignon à consoles, de
style flamand. Des pots à feu et des boules en complètent l'orne-
mentation. Au milieu de ce fronton, une niche sobre et élégante,
ornée d'une coquille, abrite une statue de la Vierge. La tète,
détruite à l'époque de la Révolution, a été rétablie en 1862 seu-
lement.
En même temps que l'on réparait les dommages subis par la
nefy on modiBait lés murailles du chœur de manière à donner
à Tune et à l'autre une hauteur uniforme. Il fallut pour cela suré-
lever ces dernières, après avoir détruit la corniche que supportait
Tarcade d'ornement, et surmonter la nouvelle muraille d'une
autre corniche, semblable par son profil à celle de la nef. On
ornait aussi les deux angles de la toiture du chœur de deux pots à
fieu, comme on l'avait fait pour le pignon de la façade principale.
Il serait cependant possible que la surélévation des murailles du
chœur eût été accomplie au quatorzième siècle, alors qu*on perçait
les ouvertures du chevet et des faces latérales de la tour et qu'on
élevait contre ces dernières les édicules dont nous avons signalé
plus haut les indications. Une trace qui se voit sur la face orientale
de la tour serait celle du faîtage élevé à cette époque, beaucoup
780 L'ÉGLISE DE LAVAL-DIEU.
plus élevé et plas aigu que le comble actuel. Dans cette hypo-
thèse on se serait contenté, à la fin du dix-septième âiècle, de sor-
monter le chœur de la corniche et de la charpente actuelles, en
harmonie avec celles qu*on plaçait sur les murs restaurés de la
nef.
« «
De la même époque datent les importantes et remarquablas boî
séries sculptées qui décorent Tintérieur de réglise. Le plan de
cette dernière est en forme de long rectangle^; sur chacun des
grands côtés, deux saillies indiquent les angles de la tour; une
troisième, moins prononcée, supporte la retombéi^ du doubleau
qui sépare les deux fenêtres du chœur. Il est assez iraisemblable
.que ces saillies constituent un revêtement sous lequel existent
encore des colonnes de Téglise construite au douzième siècle. La
date de 1767 — MDCCLXVII — inscrite sous Tare du chœur,
ainsi que les ornements de style rocaille appliqués à ditTérents
endroits des murailles et de la voâte actuelle, indiquent asseJ
Tépoque à laquelle a été accompli ou plutôt rajeuni et complété le
revêtement général qui dissimule les parties anciennes de la con-
struction et s'harmonisent avec la nef.
Les boiseries régnent jusqu'à une certaine hauteur* sur toute
rétendue des murailles. Leur ordonnance générale se compose
d'un soubassement supportant des panneaux rectangulaires séparés
par des pilastres jumeaux et cannelés de style ionique qui sup-
portent un entablement.
La partie rectangulaire qui précède la tour et qui servait de nef
est d'une décoration plus sobre que le reste. On a cef^endant fixé
de place en place des sortes de cariatides engainéesqai semblent
supporter de leurs mains la corniche de rentablement et qui sont
d'une facture soignée et habilement exécutée. A droite, daoi
Tangle que forment la muraille et la saillie de la tour, on a trans-
formé en confessionnal une ancienne porte qui donnait ac^ês dans
le cloître de Tabbaye, et que surmonte un écusson épîscopal dont
^ Dimensions dans œuvre : long. : SQ'b.Sd; larg. : 6™^Î5. Voir, cUcoatrr
planche XLIX.
* Le sommet de la corniche qui fait le tour de TédiGce e«t I 3*, 50 da mh
I
b3
«A 3
L'ÉGLISE DE LAVAL-DIEU* ^$l
les armes sont effacées ; cet écusson est placé snr un manteau lar-
gement drapé» que couronne un pavillon orné de glands.
Dans la partie que détermine la tour, romementation est déjà
plus soignée. Les volutes des chapiteaux des pilastres sont reliées
par des guirlandes de fleurs; au-dessus des panneaux principaux^
des frontons semi-circulaires reuferment des tètes ray^mnantes;
au-dessus des deux portes latérales sont sculptés des altriiïuls de
la Passion. De chaque côté subsistent sept stalles dont les joues
sont couvertes de feuillages, d*enrouIements et de guirlandes fine*
ment ciselés, tandis que le revers des sièges est couvert d'orne-
ments variés et que les miséricordes sont élégamment ornées de
feuilles et de fleurs. D'autres stalles disposées en retour existnient
autrefois à Tentrée de cette partie de Téglise et isolaient la uei de
Tenceinte destinée aux religieux; nous en avons pour lémoins les
joues qui sont restées appliquées de chaque côté contre la saillie
formée par la base de la tour.
On a rapporté à droite, au-dessus de Tentablenient de la boi-
serie, une sculpture de forme semi-circulaire, complètement
dorée : on y voit, au milieu des nuages, une colombe descendant
du ciel et entourée de têtes d'angelots.
C'est pour le sanctuaire que le huchier a réservé les ressources
les plus délicates de son ciseau'. L^ornementation générale diû'ère
peu de celle du chœur des religieux. Mais, au-dessus de Tenta-
blement, court une frise couverte de feuilles d'acanthe d*iin excel-
lent style. Plus haut encore, six panneaux sont ovales, entourés
d'encadrements élégants. Sur les deux panneaux du fond sont
peints en buste saint Pierre et saint Paul. Sur les quatre autres
ont été clouées, à une époque postérieure, de mauvaises peintures
sur toile, représentant des saints de Tordre de Prémontré. \ous
avons eu la curiosité de soulever momentanément une de ces
toiles, et notre indiscrétion a été payée de l'agréable surprise de
contempler une admirable tête de saint Jean TÉvangéliste, mal*
heureusement quelque peu endommagée.
La chaire, relativement récente, ne mérite pas plus qu'une
simple mention.
Le buffet d'orgues, déjà lourd par lui-même, a été encore ïilourdi
> Voir, ci-après, plaochc L.
183 L'ÉGLISE DB LAVAL-DiEU.
davantage par des adjonctions postérieures. II n*a pas à beaucoop
près» au point de vue artistique, la valeur des boiseries que nous
venons d'examiner. Il a néanmoins sa célébrité. Hébuly originaire
de Givet, étudia sur cet orgue sous la direction du chanoine Guil-
laume Hauser^ musicien distingué, avant de venir à Paris en
1779.
* «
Plusieurs pierres tombales existent dans le dallage de la nef, à
Téglise de Laval-Dieu. Malheureusement les effigies et les inscrip-
tions qu'elles portaient sont tellement effacées qu'il est presque
impossible d'en tirer aucune indication utile. Nous avons pu lire
cependant sur Tune d'elles la date de 1385, ainsi que les noms
d'un certain a Gerârt, jadis maire de Monthermeis » et de
tt DAME MARIE SA FAME, FILLE A S... DE LAIFFOUR ' » .
A droite et à gauche de l'entrée du sanctuaire, sont encastrées
dans les boiseries deux plaques de marbre blanc sur lesquelles
sont gravées des inscriptions à la mémoire des deux derniers abbés
de Laval-Dieu. Toutes deux sont surmontées de leurs armes.
La plaque de gauche' porte : d'azur au chetron éUor, accom-
pagné en chef de deux annelels cor donnés d^ argent et en pointe
d'un lion morné de même; le tout surmonté d'une couronne de
comte, et timbré d'une mitre et d'une crosse.
On lit au-dessous :
D. mcolaus oudet
JURE ELECTIONIS RESTITUTO
FRATRUM VOTIS
AD INFULAS VOGATUR
IMPURES PRESBITER
ANNO ,1715.
VALLEM DEI INSTAURAT
A FUNDAMENTIS;
REGULAM VIX VERBO
NUNQUAM MINIS,
- Aujourd'hui Laifour, canton de Mçntbermé, arrondisfement de Méiîèrea.
«Haut. lO», 95; larg. : 0»,92.
3
'j3
L'£GLIS£ DE LÂl jIL-DIE [J. 1U
JUfilTEK BXEUPLO
PbOVBBlT
âD AMVUU ^TATIS 80
VOTORUU 58,
PBDI ABBATIAUS 51.
HIC SEPELITUR
26 juui 1765
Requiescat in pace^
Le chaplire de Laval-Dieu, à qui des mlrua avaient maintes fois
contesté le droit d'élire aes abbéâ, affîritia ce droit en clioîsissant
dans son sein, le 10 juillet 1715, Nicolas Oudet, HU de Fmnçois
Oudet, seigneur de Luzy ; il fut béni le 29 avril suivant à Reims
par le cardinal de MaîHy. Le prieur du monastère^ le P. Fracçois
d'Aubigny, soumit au couseil du Roi un savant mémoire, rempli
de preuves tellement coniaiucanies (jue le Régent, par une ordon-
nance du 2S janvier 1716, reconnut aui chanoines le droit d'élire
leur abbé, Nicolas Oudet mourut en I7G5.
La plaque de droite' porte ; d^ûzur au Us d'artjent à dextre^
et à trois étoiles de méme^ mises en pal à senestre; timbré d'une
mitre et d^une crosse.
Et au-dessous
D, O. M,
A M UÉIIOinE DE
ï>. R EU A CLE LISSOIR
AÉ A BOUILLOM LE 12 FÉVKJCR 1730
' Haut. : O"',»^; twg, : 0«',4â5.
L_
784 L'ÉGLISE DE LAVAL-DIED.
DERNIER ABBÉ DE LAVAL-DIEO
AUUONIER DES INVALIDES
SA CHARITÉ FUT AUSSI ÉT£\DUE
QUE SA PIÉTÉ FUT DOUCE
ET
SON SAVOIR VASTE ET PROFOND
IL DÉCÉDA A PARIS LE 13 Mat 180^
AU MILIEU DE CES GUERRIERS
A QUI IL AVAIT CONSACRÉ
LE RESTE DE SES JOURS.
PUISSE CE MARBRE
CONSERVER LE SOUVENIR
DE SES VERTIS
R. /. P.
Renaacle Lissoir était abbé de Laval-Dieu depuis vingt et un ans
lorsque le roi Tappela, en 1787, à TAssenablée proviociale de Metz,
et le nomma président de celle du district de Sedan. En 1790. il
fut élu député suppléant à TAssemblée constituante. Malheureuse-
ment, ce prélat instruit, laborieux, attaché à ses devoirs, préli
serment à la constitution civile du clergé et accepta de Tépéqufi
constitutionnel de Sedan la cure de Cbarleville. ^ A Tépoque da
rétablissement du culte, il rentra dans le devoir et obtint une
place d^aumônier adjoint à THôtel des Invalides, fouclions qu'il
gardajusqu'àsamort'. »
De Tancien mobilier de Téglise abbatiale de La!?al-Dî€u, rien
n'est parvenu jusqu'à nous. Nous savons notamment qu'en IT^Iâ,
sous Tabbé Oudet/dont nous venons de lire Tépitaplie, le chapitre
reçut de Louis d'Estain, chevalier de Saint-Louîs, ancien capitaine
au régiment de Roussillon-infanterie, « un beau soleil pe^nt &it
marcs d^argent ou environ, bien travaillé; au pied son nom e^t
gravé, à la charge de donner la bénédiction du Très SaiDt-
» Cf. Dora NoKL, op. cit., p. 125. ■
L'ÉGLISE DE LAVAL-DIEU. 185
ment, tous les jours de la fête de la Sainte Vierge, pendant le
cours de Tannée à perpétuité ' .«
En résumé, ce qui fait le grand intérêt de la très modeste église
de Laval-Dieu, c*est Tensemble de ses boiseries murales. Même
après la déplorable suppression des stalles qui fermaient, au moins
en partie, le chœur des religieux, elles constituent encore un
ensemble des plus satisfaisants. Cette œuvre du dix^septième siècle
est belle autant par la perfection dé Texécution que par Theureux
agencement des parties qui la composent. Les parties sculptées,
ornements, draperies, chapiteaux, figures, feuillages et fleurs, ont
été fouillées en plein bois par un ciseau d*une énergie sans précio-
sité, avec une vigueur sûre d*elle-même et maîtresse de ses effets.
C'est de Tart, mais de Tart puissant et robuste, dont les détails,
loin de conspirer à dissimuler les lignes principales, concourent à
en compléter les arrangements et à en accentuer rharnionîeuse
simplicité.
A. Douillet,
GorrespondaDt du Comité des Sociétés
des Beaux-Arts des départements,
à Xancy.
Archives départementales des Ardennes^ série H. 493.
186 DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
XLVI
NOTES ET DOCUMENTS
POUR SERVIR A L*HISTOIRE
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS
ANTÉRIEUREMENT A L'ÂPOQUE DE LA RENAISSANCE
(Suite)
THÉÂTRE
Alors que des tournois magnifiques se renouvelaient fréquem-
ment à Metz et à Nancy ; que des joutes, accompagnements ordi-
naires des réjouissances publiques, signalaient les fêtes données
en 1393 à Toccasion de l'arrivée à la cour de Lorraine de Mar-
guerite de Bavière, épouse du prince Charles : en 1436 à Tannonoe
de la délivrance de René I*% puis lors du mariage de Marguerite
d* Anjou auquel assistèrent Charles VU, le dauphin et la reine de
France, nous ne voyons pas que le Barrois ait été le théâtre de
semblables divertissements.
Dans ses Noies pour servir à Vhistoire du théâtre en Lorraine^
M. A. Jacquot ne donne aucun renseignement sur les mystères qui
furent représentés dans notre pays pendant les quatorzième et quin-
zième siècles. Les Annales du Barrois, si riches en renseigne-
ments pour cette période, ne nous ont rien appris sur la célébra-
tion des grandes réjouissances qui durent avoir lieu durant le long
règne de Robert, soit aux noces de ce prince avec Marie de France,
soit lors de la naissance de ses nombreux enfants. On sait seule-
ment qu'à Toccasion de séjours faits par ce prince à Étain, dans
les mois de mars desannées 1363 et 1366, il y eut dans cette ville
des joutes qui y attirèrent une grande affluence de seigneurs r
spectateurs, venus de tous les points du Barrois et des pays voi.
De pareilles réjouissances eurent lieu également à Ponl-à-Mo"'
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 787
en 1372, à Dun en 1399, mais, dans le rapport qui en a été fait,
il est seulement mention de joutes, de tournois et non de repré-
sentations théâtrales.
n n'est bit aucune allusion aux fêtes populaires, semi-religieuses,
semi-profanes, célébrées un peu partout à cette époque; Thistoire
ne nous a pas conservé le souvenir de Fétes^des Fous et des Inno-
cents, cérémonies souvent scandaleuses introduites jusque dans le
cloitre de la cathédrale de Toul et dont nous retrouvons des traces
à Ligny, au milieu du seizième siècle *.
Il nous faut arriver au temps de René d*Anjou pour rencontrer
des documents précis sur les représentations de scènes de TAncien
Testament, de Vies de saints, de Miracles mis en actions sous les
dénominations de Jeux et mystères qui, célébrés d'abord dans les
églises, puis sur les places publiques, se prolongeaient parfois
durant plusieurs jours et même pendant des semaines entières.
Après être demeuré longtemps entre les mains des clercs, le
théâtre était passé dès le commencement du quatorzième siècle
dans celles des Confrères de la Passion.
Le roi René d*Anjou prenait grand plaisir à ces spectacles, dont
Texécution était souvent confiée aux enfants de chœur de Téglise de
Saint-Laud d*Angers; dès Tannée 1454 il avait fait jouer dans cette
ville les Mystères de la Passion, de la Résurrection et de Saint-
Vincent Ferrier, pour la célébration desquels, a considérant quMl
ne pourroient estre joués sans grant mise et dépense de deniers » ,
il donna la somme de six cents livres tournois*.
Ce prince aurait, dit-on, travaillée la confection de ces jeux et
1 « 16 aontz 1548, arrêt du Parlement de Parts rendu entre M" les chanoines
de Ligni et le s' d'Estats leur doyen, par lequel la cour fait défense de continuer
Tancicnne cérémonie (comme indécente) qui se pratiquait par le chapitre et les
chapelains à la fête de la Pentecôte. Cette cérémonie consistait en ce qu'ils choi-
sissaient un chapelain, l'habillaient en abbé, avec crosse et mitre, auquel on
donnait le nom dé Bayart, et lorsqu'il était ainsi accoutré ils le menaient à ves-
pres et à la messe la veille et le jour de la fête, avec tambours et autres instru-
ments, et, au sortir de l'église, on le faisait danser dans les rues. Les chanoines
et chapelains eux-mêmes dansaient avec les filles et les femmes de la ville, i (Car-
tulaire de Ligny.)
* LscoY OK La Marche, Extraits de comptes et mémoriaux du roi René, n<> 738.
l'année 1409, Yolande d* Anjou assistait à la représentation t d'aucuns jeux ou
ees t qui se donnaient à Angers k au lieu jadis nommé le Marchic auxbestes...,
\uéi on a accoustumé jouer des mistëres i . Voir n" 728 et 520,
1
188 DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE B.^RROIS.
même on lui attribue le plan du Roy advenir^ représenté par sou
ordre et composé par Jehan le Prieur, son valet de chambre.
Cependant on ne voit point que durant les dii/ers séjours de tt
prince, soit à Bar, soit à Louppy, il ait été donnée antérieuremeof
à Tannée 1463> de semblables fêtes, alors en si grande faveur
dans les pays voisins * .
En 1459, à la suite de réjouissances données dans Fabbaye de
Saint-Mibiel, les religieux allèrent assister en loges au jeu de Gri-
seldis à Vheure de la Marande*.
Plus tard, en 1543, de pareils spectacles devaient être célèbres
dans Téglise même de labbaye de Saint-Mihîel transformée en
théâtre : a Là furent joués, avec toute la pompe possible, en
empruntant les costumes les plus brillants de la sacrislie» le
concours des chantres et des orgues, les Jeux et mystères ût
M. saint Etienne^ pape et patron de V église parochiale de lamhk
ville de Saint-Michel, composés par Dom Loupvent, bénédictin de
Tabbaye'. »
L'examen du 9*"* compte de Jean de Barbonae, receveor
général du Duché de Bar, fournit, au chapitre intitulé : Dépendu
communes^ de curieux détails sur la nature des divertiss^nieoL^
que les courtisans du duc René offrirent à ce prince, en rannèe
1463, lors de son séjour au Château de Bar. Là, en présence de
Marguerite d*Anjou et de son fils, le prince de Galles, on joua une
&rce dite des Pastoureaux, dont les principaux acteurs furent le
jeune René de Vaudémont, alors âgé de douze ans, chargé de
remplir un rôle de jeune fille ^, puis ses amis René de Bourmontf
Pierre de Beauvau et Hardouin de Bresse.
1 Le peuple de Metz aimait avec passion ces sortes de spectacles auxquels, à
rorigiae, prenaient part les membres du clergé, soit comme directeurs, loil
comme acteurs. Les premiers mystères ou drames religieux furent joués à Meti.
en 1412.
• DuMOXT, Histoire de Saint-Mihiel, t. I, p. 170. — Le mystère de Griscldis,
pièce à trente-cinq personnages, composée vers la fin du quatorzième siècle, parait
avoir été inspiré par une œuvre de Marie de France, qui avait raconté an trei-
zième siècle, dans son Lai delFreisne^ une histoire toute semblable. Voir (Mfares^
1820. t. I, p. 138.
' Voir pour les détails de celte très curieuse composition divisée en trc'
ou journées, Duuovt, Histoire de Saint-Mihiel, t. ill, p. 259-264.
^ Dans le Jeu de Dame 5'^ Barbe, joué à Metz en 1483, le personnaf
sainte était représenté par un beau garçon nommé Lyonard.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARR0I8. 789
tt Le 4 décembre 1463, 24* 8' 9"* monnoie de France pour une
aulne et demie gris, mesure de Paris, à ung escu Taulne, pour
faire robes longues aux petiz chambellans René de Bourmont,
Pierre de Beauvau et Hardoyin de Brezze; quatre aulnes d'autres
gros gris, à la dite mesure de 12' 6' Taulne, pour faire petites
robes aus dis René de Bourmont et Pierre de Beauvau, pour jouer
une farse de Pastoureaux devant le Roy et ij aulnes duditgris, à la
dite mesure, pour faire ung abit de fille à la dite farse pour René
monseigneur de Lorraine '. » '
Sous le règne de René II, qui, à Texemple de son grand-père,
aimait fort ces sortes de divertissements, les principales villes du
Barrois purent jouir de ces spectacles peu fréquents au temps de
René d'Anjou, alors qu*à la même époque les représentations
dramatiques telles que le Jeu de la passion Nostre-Seigneur, celle
de la Révélation de l'Apocalyse sainct Jehan, du Martire de sainct
Victor, de la Passion de madame saincte Barbe et autres mystères
pieux, étaient souvent offertes au peuple de la cité de Metz.
En 1474, au lendemain de son avènement au duché de Lorraine,
u au jour de karesme prenant » , René II faisait jouer une moralité
dont on ne connaît point le sujet.
En 1485, les (^ Gallons sans soccy )? , qui allaient de ville en ville
a jouer farces, mystères et joyeusetés n , donnent à Bar des repré-
sentations. Les Chroniques de Metz, qui nous procurent ce ren-
seignementy ne fournissent aucune indication sur les titres des pièces
jouées; il y est seulement dit : « Un jeu fut donné à Bar et dans ce
jeu on vit des hommes faisant les personnages de dyables'. »
Enfin, en 1514, la reine de Sicile ordonnait de remettre la
somme de 12 francs barrois aux individus qui avaient joué, en la
balle de Bar, le mystère de la Sainte-Hostie*.
Puisque nous avons parlé des Enfants sans souci, troupe nomade
qui parcourait les provinces, allant à Metz, à Nancy, jouant des
farces et soties, pièces morales ou satiriques, il ne nous parait
1 B. 502. En 1449, avait lieu à Tarascon le pas de la Pastourelle ou de la
Bergère ^ fête à laquelle prirent part Ferry de Lorraine, gendre de René, et Isa-
beau de Lenoncourt, vêtue en pastourelle»
Ce fut sans doute à l'occasion du mariage de Philippe de Gueidresavec René,
.bré à Orléans, le 1*' septembre de cette même année. La ville de Bar avait
^rt la somme de 1,000 francs à cette princesse, à titre de joyeux avènement.
B. 620.
790: DE L'ART ET DBS ARTISTES DANS LE BARROIS.
point inutile de rapporter ici qu'un des chefs de ces troupes
joyeuses devait plus tard dresser son théâtre à Bar et égayer, en
1523, les réjouissances du carnaval : a A M* Jehan Sqngecreux, la
somme de 20 escuz soleil, à luy ordonnée par Monseigneur ledac
pour lui avoir fait passe temps durant les temps gras ' 9 , pendant
lesquels, dit M. A. Jacquot, on joua 'probablement une des pièces
composées par Pierre Gringoire*.
L'année suivante, ce même Songecreux se trouvait encore à Bar
pour les fêtes données à Toccasion du baptême du prince Nicolas :
a A Songecreux, 20 escuz au soleil que Monseigneur luy a ordonné
pour le passe temps qu'il luy a fait, par mandement donné à Bar
le 20' jour de novembre 1524*. «
u La feste, dit Volcyr, estoitjouyé par Songecreux et ses enfants,
Mal me sert. Peu d'argent et Rien ne vault, que jour et nuit
jouoient farces vieilles et nouvelles, reboblinées et joyeuses à mer-
veilles*, n
IMAGIERS
Dans ce monde d*ouvriers, d'habiles artisans, dont nous voulons
évoquer le souvenir et tenter de faire revivre les noms, les ima-
giers ou tailleurs d'images paraissent avoir occupé un rang supé-
rieur. Les comptes de Tépoque nous les montrent faisant les répa-
rations, entreprenant grands et petits travaux, même en dehors des
choses proprement dites de leur métier. Sculpteurs en meubles,
en statues, en retables, les imagiers exerçaient une industrie qui,
pour quelques-uns, n'avait point de bornes*. Plusieurs, devenus
maîtres des œuvres, élevèrent des palais et des cathédrales, d'autres
se rendirent célèbres comme graveurs et monnayeurs*; il en est
I H. Lepagk, Etude sur le théâtre de Lorraine.
« Ihid.
=» Ibid,
^ Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Nancy, 1848.
^ En 1406, nous voyons Meichior Broedcrlam peindre les armes de Bourgo^
sur la grande bannière de la commune, fournir les franges qui devaient la guair.
dessiner cinq patrons de costumes pour le magistrat, produire des modèle
bijoux ; ses compagnons remployaient, comme c'était l'habitude, à tonte m
de menus ouvrages.
^ Jean Mansuy a. tailleur d*ymaiges > , fils de Gauvain Mansuy était « moaj
DE L'ART ET DBS ARTISTES DANS LE BARROIS. , 791
qui furent à la fois imagiers, peintres, machinistes, ingénieurs el
fortiGcateurs.
A ses débuts, Tapprenti imagier s^exerçait à travailler le bois, à
feire œuvre de menuiserie, avant de tenter de reproduire une figu-
rine, une statuette; puis, devenant plus habile à manier le ciseau et
s'élevant peu à peu dans la pratique de son art, il devait par la créa*
lion d'une pièce plus parfaite mériter le titre de tailleur d^images.
Toutefois ce titre tant désiré ne mettait point fin à son appren-
tissage, car à cette époque les œuvres les plus parfaites, qu^elles
fussent de pierre ou de bois, ne pouvaient se passer du concours
de la peinture. Le nouvel imagier dut donc prendre le pinceau
pour décorer ses meubles, ses statues, ses retables, et joindre &
son talent de sculpteur celui de peintre et de doreur avant de
devenir maître.
Consistant le plus souvent en statues religieuses, en sujets de
piété, leurs œuvres, même les plus ordinaires, devenaient au sortir
de leurs mains des objets de vénération pour les fidèles, et Etienne
Boileau a pu dire des imagiers que leurs « mestiers n'appartenaient
fors que au service de Notre-Seigneur et de ses sains et à la bon-
nerance de Sainte Eglise ' » .
Il ne reste plus rien des œuvres des imagiers qui vécurent dans
le Barrois au quinzième siècle et les comptes du quatorzième ne
nous font connaître aucun des noms de ceux qui, dès cette époque,
attachés au service de nos princes, durent contribuer largement à
Tembellissement de leurs demeures et des églises de la région.
Au surplus dans notre pays on s'est peu préoccupé jusqu'à nos
jours de ces modestes artisans, de ces imagiers obscurs, précur-
seurs de cette école des Richier qui devait porter si haut la grande
tradition de notre art national et produire tant de chefs-d'œuvres
durant près de deux siècles.
Le dépouillement de nos archives nous ayant procuré de trop
et frappeur en la monnaie • , 1538-1544. — H. LEPâGE, Mémoires de la Société
d'archéologie lorraine^ 1875.
« Le livre des métiers.
t Quiconques veut estre imagiers à Paris, ce est à savoir tailleras de crucifix,
manches à coutiaus et de toute autre manière de taille quele que cle soit, que
face d'os, d'yvoire, de fust et de toute autre manière d'estoffe, quele que ele
t, estre le puet franchement, pour tant que il sache le mestier, et que il euvre
ns et coustumes du mestier devant dit. s Ghap. lxi.
792- DB L'ART ET DES ARTISTES DADS LE BAREOIS.
cpuris renseignements sur ces imagiers et sur leurs œuvres, non»
devons, afin de bien établir que dans le Bârrois Tart de la scul-
pture n'était point en retard, dresser la liste des principaux mono-
ments élevés dans nos églises, dans nos abbayes, à nos princes, à
la mémoire de fondateurs ou de personnages considérables qui f
avaient reçu la sépulture.
La collégiale de Saint-Maxe, cette petite merveille dont la cha-
pelle de Gilles de Trêves était, au dire deMicliel Montaigne, la plus
somptueuse qui fût en France, renfermait le tombeau de Mari^ de
Bourgogne, petite-fille de saint Louis, épon&e du comte Edouard I"^;
celui du comte Henri IV et de lolande de Flandre. Ce derDicr, en
marbre noir, s'élevait d'environ quatre pieds au-dessus du niveau
du sol de la chapelle de Saint-Jean-Baptistc^ les deux figures, eu
marbre blanc, étaient couchées sur une dalle ; une grilla de fer
recouvrait le monument * .
Il ne reste de ce monument que la table supérieure TormaDt
autel au-dessous du squelette de Ligier Richier, et l'épitaphe :
:■-■ Ci-uilt-tlTC r tV.ltliV
// ' \- iiiil)l;r.-!,inm'tV'iiu1Ï!iu.
>iiftilL' • lu;. in\(\\ ■ mm-WW-\]
Épitaplie du comte Henri IV.
ttCi-gist. très, hauts, et. nobles, princes. messJres.H^n ris. jadis.
contes, de. Bar. qui. trépassât, à. Paris. I*an. de. grâce* mil. ccc.
et XLiiii. la. vigile, de. Noeil. Proiez. por, 11.* a ; puis, croyons-
nous, un fragment de son écu chargé de deux bars adossés dans
un champ de croisettes au pied fiché'.
' M. Tabbé Renard, Le château de Bar^ autrefois et aujotsrd'hui^ p.
* Cette plaque de marbre se trouve aujourd'hui au Mu$ée de Dar,
* Ce fragment, également de marbre noir, fait partie des collections de Cc
Musée.
DE L'ART ET DBS ARTISTES DANS LE BARROIS. 793
Dans le mur de Téglise existaient trois arcades renfermant des
tombeaux anciens surmontés de statues couchées; c'étaient, croît-
on, ceux de la comtesse de Garennes, gouvernante du Barrois, de
Marguerite de Longwy et de Pierre de Bar, seigneur de Pierre-
fort.
On peut s'étonner de ne point rencontrer, dans les auteurs
anciens qui se sont occupés de Thistoire de Bar, la mention des
tombeaux de Robert, de Marie de France et du duc Edouard Ilf,
leur fils, inhumés dans la collégiale de Saint-Maxe. Seul, H. Victor
Servais rapporte que Ton y remarquait autrefois le mausolée élevé
à la mémoire de Robert et de son épouse, mais il oublie de men-
tionner en quelle circonstance ce monument disparut ^
OEuvres peut-ôtre d'un sculpteur barrisien, ce tombeau et celui
du duc Edouard furent édi6és dans le troisième tiers du quinzième
siècle, ainsi qu'il résulte du document suivant dont nous devons
la communication à M. Fourier de Bacourt :
Le 21 novembre 1466., le roi René fait délivrer aux u doyen,
chanoines et chappitre de la collégiale de Saint-Maxe la somme de
100 florins du Rin en monnoye courante pour faire faire trois
tombes dé marbre taillées comme il appartient sur les corps de
feuz Robert et Edouard ses prédécesseurs ducz de Bar et dame
Marie de France femme dudit duc Robert que Dieu absoille,
inhumez en notre dite église entre le mur et le grant autel d'icelle
par ainsy que lesd. doyen, chanoines et chapitre promettons et
s'obligeront en noire chambre des comptes à Bar de faire et asseoir
lesd. tombeaux ainsy et en la forme et manière qu'il sera advisé
de faire par les gens de notre d. chambre'. »
Ces tombeaux avaient donc disparu longtemps avant l'époque de
la Révolution, puisque Lepaige, Maillet, Dom Calmet et Durival
n'en parlent point dans leurs écrits.
Dans le collégial de Saint-Pierre se voyaient deux tombeaux dont
les figures d'hommes et de femmes étaient couchées : » Elles sont
bien sculptées, dit Durival, mais leur auteur n'est point connu. >>
On voyait autrefois sur le parvis de cette église une statue qui
Annales du Barrois, t. II, p. 461.
Collection lorraine, n° 68. f« 139.
794
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
dut être exécutée durant la période de la première occupation de
la ville par une garnison française, de 1480 à 1483; nous vooIods
parler de la statue en pied de Louis XI qui, désireux de rattacher
notre duché à la couronne, venait alors de prendre à bail la prèîAté
et la ville de Bar. Se croyant désormais maître définitif du Barrois,
ce prince avait fait placer les armes de France sur toutes les portes
de la ville.
Dans une enquête faite en 1702, nous trouvons le rapport sui-
vant: Cl Au grand portail d'icelle (église Saint-Pierre) avons remar-
qué sur le pilier gauche dudit portail en enti-ant la figure du rof
de France de hauteur humaine habillé d*un manteau royale par-
semé de fleurs de lis, les bras de ce roy sont rompus. 11 a sa
teste un chapeau qui a pour cordon une couronne royalle ouv
et de fleurs de lis faittes à Tantique, liées les unes aux autrer
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 795
tin rimpalei i]& perles, ladite figure est en bosse de mesme qualité
et de couleur uDiforme avec tout le portail qui parroijit un ouvrage
très autantique, les traits du visage de ce roy ressemblent parfai-
tement aux estampes que Ton voit de Louis XI dans les histoires
de nos roys et cette ressemblance saulte aux yeux de ceux à qui
ces estampes sont tant soit peu familières*, n
Le dessin reproduit par Joly de Fleury s^accorde parfaitement
avec ce passage des Mémoires de Philippe de Commines, où il est
rapporté qu'il avait été demandé à Colin d'Amiens un portrait du
roi le représentant avec «le plus beau visaige que pourres faire, et
jeune et plain, le netz longuet et ung petit hault, comme savez...
le netz aquillon, les cheveux plus longs derrière... »
Nous ne tenterons point de rechercher ici à quel sculpteur il
peut être permis d'attribuer cette statue, qui dut disparaître seule-
ment à Tépoque de la Révolution ; nous avons tenté de le faire
dans une étude spéciale que nous avons consacrée à Timagier Jean
Crocq et à sa famille.
A Saint-Antoine, autrefois église des Augustins, il existait encore
en 1790 de très anciennes statues : saint Jean et la Madeleine, une
Mater Dolorosa, saint Crépin, saint Roch, saint Christophe, saint
Sébastien, un Ecce homo de grandeur nature, puis une mise au
tombeau composée de neuf grandes statues et deux autres
moyennes.
Ces sculptures ont paru de peu de valeur aux agents du direc-
toire du district du Bar qui, assistés du sculpteur Sébastien Hum-
bert, procédèrent à l'inventaire du mobilier des églises '.
Il a existé dans Péglise de Notre-Dame divers monuments que
des réfections exécutées, au cours des siècles, dans cet édifice ont
fait disparaître; de nombreux personnages marquants y avaient
^ Collection Joly de Fleury. Fonds français, n9 1354, p, 305. Bibliothèque
nationale.
En reconnaissance de la grâce qu'il prétendait avoir reçue par l'intervention
de Saint Nicolas, dans le grand danger où il se trouva exposé à Lyon, Louis XI
ait fait placer dans Téglise Saint-Nicolas du Port, contre un pilier, au côté
luche de l'autel, une statue le représentant à genoux. Voir De Lisle, Histoire
r la vie de saint Nicolas, Mancy, 1745.
^ Archives de la Meuse, série T.
1
796 DE LART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
été inhumés. Quels étaient-ils à la fin du quinzième siècle? nous
l'ignorons; aucun inventaire dressé à cette époque ne vient nous
renseigner à ce sujet, mais les termes précis du testament de Jean
Phelippin de Fains, bailli de Clermont, mort le 11 février 1363,
nous apprennent que ce haut fonctionnaire était représenté
agenouillé sur sa sépulture dans la chapelle Saint-Nicolas.
«... Je vueil et ordonne que ung archet (arceau) soit fait sem-
blans et pareil à Tarchet que Jehans de Faîns fist faire en la cha-
pelle Saint-Jacques en ladite église, onquel archet jordonne que
une remembrance de my soit faite et quelle soit à genoux sur une
pierre entaillée on mur devant une imaige de saint Jean qui sert
prinse en ma maison en ma chapelle haut', n
Une fondation, faite le 29 juillet 1464, nous apprend qu'au-
dessus de Tautel de Sainte-Croix, en cette mêmeéglise, se voyaient
a les images de la benoite annoncialion* n .
Enfin on peut voir, encastré dans la muraille, à la droite de
Tautel de Notre-Dame du Rosaire, un tableau de pierre des pre-
mières années du commencement du seizième siècle, offrant,
sculptée en relief, la représentation de la Vierge entourée des
symboles par lesquels les Livres saints annonçaient Flmmaculée
Conception de Marie'
On doit croire que dans les abbayes, les prieurés et les églises
du Barrois il devait exister des monuments de ce genre : retables,
statues et autres œuvres d*imagiers antérieurs au seizième siècle.
Les documents nous font défaut pour les abbayes de Saint-lfihiel,
de Lisle, de Chàtillon, dTvaux, de la Chalade et de Saint-Benoit,
dont les cartulaires ne sont point publiés; toutefois,. grâce aux
notes deDom Guitton, qui, en 1744, visita les abbayes cisterciennes
de la région et laissa des renseignements assez curieux sur Tétat
de ces monastères à cette époque, nous savons qu*il existait alon
dans les cloîtres de Tabbaye d'Ecurey plusieurs monuments très
' L. Maxb-Wrrly, Notice surrépitaphe de Phelippin de Foins. — BmUed»
archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques^ 1892, v'
» Collection lorraine, n» 68, f« 142.
^ L'étude que nous avons faite de ce curieux petit monument paraîtra di
Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-ie-Due en if
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
797
anciens'. L*inventaire des
titres de ce monastère ,
dressé en 1596, rapporte en
effet qae Geoffroy de Vau-
coulearsy Geoffroy de Join-
ville son frère , Robert de
Sailly, Simon de Commercy
y furent inhumés. ^ Il y a
surtout un de ces mausolées
très respectables en entrant
à Véglise. Il est le plus beau
de tous, représentant un
prélat séculier, la mitre en
tète, mais sans inscription,
ni monument d*ailleurs qui
nous le fasse connaître'. »
Nous devons à Dom Guit-
ton la description du monu-
ment de Guy de Sailly, au-
jourd'hui déposé au Musée
de Bar-le-Duc, sur lequel,
fait très rare à cette époque,
Fartiste a inscrit son nom :
5c1^n5 de 0flint iorc me fiot
lehaDz de Saint lore me fui '
L'église collégiale de Li- \]^
gny possédait un certain
nombre de monuments éle- 0
¥ésà la mémoire des princes
* L. Maxb*Wrrly, Emprunts
faits aux récits des voyageurs an-
ciens qui ont traversé le Barrois.
Notes de M. Guitlou^ religieux de
CUnrvaux. — Annuaire de la
Meuse, 1892.
flrchives de la Meuse.
L. Màxk-Wbrly, Tombeau d'un sire de Sailly de la maison
Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et
^0.
de Joincille.
scientifiques.
798 DE L*ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
de la maison de Luxembourg: « On y admirait, vis-à-vis Tantel
du bienheureux Pierre de Luxembourg, une superbe statue repré-
sentant ce saint personnage à genoux appuyé sur un prie-Dieu... i,
plusieurs statues en bronze de grandeur naturelle des grands
hommes de cette illustre maison, puis le mausolée en bronze d*aii
Jean de Luxembourg, peut-être frère du bienheureux cardinal,
mort en 1397, ou petit-fils de Guy, qui vécnt de 1430 à 1440. Ce
tombeau, qui gênait le passage de la sacristie au maitre-autel, fat
vendu en 1766 par les chanoines de la collégiale pour la somme
de 25,000 livres \
Dans Téglise de Couvonges, nous avons remarqué une Natmti
en pierre, de la fin du quinzième siècle, montrant TEnfant Jèsos
couché centre la sainte Vierge et saint Joseph agenouillés et priant;
puis au second plan les têtes du bœuf et de Tâne. A la droite de
cette scène, se tient un personnage, le donateur sans doute, i
genoux, les mains jointes.
Il existe dans Téglise de Gondrecourt une représentation de
Tensevelissement de Notre-Seigneur, de la fin du quinzième siècle,
avec personnages de grandeur naturelle, qui, si elle ne peut être
mise en parallèle avec le chef-d œuvre de Ligier Richier, offre
une certaine valeur artistique et ne manque point dWiginalité. Ce
sujet de la déposition du Christ dans le sépulcre préparé par Joseph
d^Arimathie était très fréquemment traité par les imagiers do
moyen âge'.
Aux piliers de la nef de Téglise d^Anceriille sont appliquées les
statues en chêne massif des douze apôtres représentés avec ieon
attributs traditionnels; ces. statues, hautes de l''»20, reposent sor
des socles que supportent, en manière de cariatides, des anges,
des moines et autres personnages.
D'après les règles liturgiques de la consécration des églises, on
' FouRiER DK Bacourt, Vie du bienheureux Pierre de Luxembourg. Puis,
1882, in-S**. — Voir également les notes manuscrites de Tabbë Comas. " '
tbèque de Bar. Ms. 88.
* Dans la chapelle de Sainte-Anne de Glermont, on volt six stttnes qui pu
nent d'un Saint-Sépulcre placé autrefois dans l'église des Minimes de Venii
J)E L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
799
devait faire peindre douze croix sur les murailles, par allusion
aux douze apôtres qui sont les fondements spirituels de TÉglise.
A Ancerville, comme à Revigny, à Notre-Dame d*Avioth (Meuse),
et à la Sainte-Chapelle de Paris, on avait orné chacun des piliers
de la nef d*une statue d'un des douze apôtres, mais, il y a quelque
dix ans, le curé de ce temps-là, ne trouvant plus ces statues du
quinzième siècle en rapport avec le style de Téglise restaurée par
tnî. les relégua dans les combles, où nous les avons retrouvées '.
A Gontrisson (lieuse), à Sermaize (Marne), les apôtres soDt représentés en
Bture sur les piliers.
800
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
Dans cette même église on voit un magnifique ciborium en bois
du quinzième siècle que Ton n*a pas encore remis à la place qa il
occupait autrefois. Haute de 3", 10, en forme de clocher hexagonal
à trois étages, flanquée de contreforts élégants avec arcs-boatants
et pinacles, cette œuvre d'art est surmontée d*un lourd fleuron ou
bouquet de feuillages frisés, sorte de chou épanoui. Des fenêtres
à triples lancettes ornées d'oculus à dessins flamboyants, dont la
variété mérite d'être signalée, occupent toute la largeur des flancs
de ce clocher pyramidal dont la flèche élancée,, très délicatemeDt
découpée à jour, est garnie de crochets sur les rampants. A
Tétage inférieur formant tabernacle, se trouve une poulie de hois
qui, peut-être, servait à élever dans Tétage supérieur — sorte
de crédence à jour destinée à Texposition de la réserve eucha-
ristique — les saintes espèces déposées dans la partie basse da
clocher.
Ce ciborium, autrefois polychrome et doré, avait été également
relégué à la cure comme indigne d'être conservé dans une église
badigeonnée à neuf; elle y attendait Tarrivée d*un acqué
lorsque, en nous adressant à Tautorité épîscopale, nous eûmi
satisfaction d'en empêcher la vente. Une Piéta de la même épo^^
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 801
enlevée de son arcade soua le ibéme prétexte/ n^a point été re-
trouvé e ' . t
On doit regretter que chaque prétendue restauration d*un édifice
religieux entraîne la dispersion des plus intéressantes pièces d*un
mobilier, précieuiàplusd'un Litre» et qu^assurément ni les chemins
de croix, ni les statues écœurantes des fabriques parisiennes et
lyonnaises ne sauraient remplacer.
Nous ne pouvons décrire ici toutes les sculptures intéressantes
des anciennes églises du Barrois: les stalles de Saint-Amand et de
Saint-^raxe^, les nombreuses crédences dont plusieurs sont très
remarquables par leur ornementation ' ; les clefs de voûtes chargées
d'armoiries, d'insignes de corporations ; les tabernacles placés
dans Tin teneur des murailles, prenant jour à Teitérieur par un
petit oculus muni de barreaux de fer ou décoré de sculptures dans
le genre flamboyant » puis fermé à Fintérieur par des volets» grille
ou autre travail de Terronnerie^ dans un petit édiculeavec pilastres,
architrave et fronton *.
Xous regrefterons également de ne pouvoir reproduire les
curieuses croix placées dans les cimetières» aux abords des villages
ou à la croisée des chemins. Parmi les plus remarquables par leur
exécution, nous signalons celles du village d*Ancerville % et la
croix champêtre de Culey. Cette dernière présente à son sommet»
dans nue rosace gothique ajourée et ornée de crochets» d*un côté
le Christ en croix avec la Vierge et saint Jean» puis de lautre la
Vierge debout tenant TEnfant Jésus» accostée de deux personnages,
1 L*iibi)é REKJiaD, Aotiee turAttcerville. Bar-le-Duc, 1893, în-S".
' L'ahbé Rexard, Le Château de Bar, autrefois et aujourd'hui. Bar-Ie-Duc,
18&6. grand m-8^
^ Xuui fixons remarctué dans Té^fi^e de Sommeilles un retable en pierre de
■grande dîmeDMon repré^eotant l'adoration des Mages» puis une piscine dont le
tympan ttUtc k scène de l'Annanciation. De bi boucbe de Dieu le Père, couronné
«l'une tiare, sort un rayon [|ui porte le Saint-Esprit vers la S'* Vierge agenouillée;
sur lu gauche Tan^c ijabriet Ueot un phylactère avec ces mots : AVË MARL\,
puis, dans F espace cjui les Rcpar<.% un vase portant trois lis.
L. Ma.ve-WehlVj Nvte sur les oculus pratiqués dans le mur du chœur des
:es de la région de l'Est, — Bulletin de la Société des antiquaires de France^
\ p. 188.
*ttbbé HK\.îiaD^ Notice sur Ancerville.
51
802 DE L'ART ET DIS ARTISTES DANS LE BARROIS.
peut-être saint Mansay, patron du village, et saint Cbristophe,
dont le culte était très en honneur dans la région.
Des œuvres en bois exécutées au quinzième siècle, telles qae
fiertés ou grands reliquaires, autels, statues et retables, il en tû
peu qui aient échappé à la destruction. On peut cependant citer le
grand meuble conservé dans Téglise de Hognéville qui, classé par
nos soins au nombre des monuments et objets d*art ayant un carats
tère réellement artistique, mérite d*étre Tobjet d'une étude toate
spéciale'.
Dans ce petit chef-d'œuvre en forme de triptyque, oii Thabileté
du ciseau se joint à la plus exacte reproduction du fait évangéliqae,
l'artiste imagier a représenté la Passion de Notre-Seigncur depuis
la scène du lavement des pieds jusqu'à celle de la Résurrection. Ui
personnages étaient au nombre de cent, quelques-uns sont dé-
truits; leur attitude est à la fois naïve et originale ; les tètes Ktnt
surprenantes de vérité el de sentiment ; tous sont richement cos^
tumés et une peinture intelligente a répandu le brillant de sod
coloris sur cette œuvre qui peut, à juste titre, revendiquer une
place honorable parmi les monuments historiques de la région.
Ces divers monuments dont nous venons de signaler l'existeiice
étaient-ils les seuls? Cela n'est point probable. Or comme Thistoire
générale du Barrois est encore à faire; que celle de nos anciennes
abbayes ne paraît point avoir tenté les religieux qui auraient pa el
du s'y intéresser, il reste bien peu de renseignements écrits sur h
période antérieure au seizième siècle. Aussi doit-on regretter qB«
partout on n'ait point pris le soin, comme le prescrivit en 15o3
Tévéque Nicolas Pseaume, lors de la démolition de l'église di
Saint- Paul, de relever toutes les sépultures et les épitaphes; il
nous aurait été permis, en consultant ces procès-verbaux, de reih
contrer bon nombre de mausolées, de tombeaux» de cénotaphes
élevés à la mémoire de nos princes.
Dans le recueil publié par Tabbé Lionnois, il est rapporté, ^Q
parlant de la chapelle de Notre-Dame, dite aussi chapelle de Bar,
' iVous avons adressé, en 1896, à la Société des Lettres, Sciences et A. ^
Bdr-le-Duc une \otice très développée sur cet intéressant retable, don'
moment, M. Hœswilvald dirige la restauration.
DE L ART KT DES ARTISTES DANS LE BARR0I8. 808
que tt au-dessus de la table de Tautel... y ait une annnntiation ou
imagerie de piere et près de Tange annuncéant est taillé en pîëre
UDg prince de Bar» en figure d*ung homme ayant Tung des genoux
à terre et offrant une chappelle à Notre-Dame, à Tentour de la
quelle est ung tableau escript: Dame je vous présente , et ez ij
espaulles diceluy conte priant, y ait à chascune ung escusson con.
tenant en champ d'azur ij barbeaux d'argent' « .
Ce prince serait le comte Edouard II mort à Verdun, en juin
1352, près de son cousin Hugues de Bar, évoque de cette ville*.
Très nombreuses étaient autrefois les inscriptions encastrées çà
et là dans les murs de nos églises, les pierres tombales dont le
chiffre serait bien plus considérable, si, lors des réfections
apportées aux pavés de ces édifices, on avait pris le soin d'assurer
la conservation des dalles les plus importantes, rappelant soit les
noms et titres de ceux qui y avaient reçu la sépulture, soit les
pieuses fondations qu'ils y avaient faites.
Toutes, nous Tespérons, ne sont point destinées à disparaître
dans l'avenir; cependant, trop souvent négligées de ceux là mêmes
qui devraient se faire un devoir de veiller à leur conservation,
déjà bon nombre d'inscriptions ne peuvent plus être relevées.
Leur état actuel de dégradation ira sans cesse en augmentant, car
le peu de zèle apporté par les fabriques, par le clergé, à la conser-
vation de ces rares débris si importants pour l'histoire du passé,
contribue chaque jour à leur disparition.
Il serait trop long de décrire dans cette étude toutes les pierres
tombales et inscriptions funéraires, antérieures au seizième siècle,
qui se voient encore en place dans les églises du Barrois; beaucoup
de ces nionuments n'existent plus qu'à l'état de débris. Il nous
suffira de signaler quelques-uns des plus importants tant au point
de vue de leur valeur historique que de leur remarquable exécu-
tion*.
* Recueil des sépultures anciennes et épitaphes de Saint-Paul de Verdun^
publié en 1779 et réédité en 1865, par Gayon.
« L'abbé Clouet, Histoire de Verdun, t. III, p. 2*3.
^ Consulter sur ce sujet les travaux de MAI. Dumont et Léon Germain, puis
ude de M. A. Bkvoit. Inscriptions du département de la Meuse, dont la pre-
ére partie a paru dans le» Mémoires de la Société des Lettres^ Sciences et Arts
Bar-le-Duc, 1894.
804 DE LART ET DBS ARTISTES DANS LE BARHOIS.
Il eiiste dansFéglise de La Chalade une pierre tombale, que
M. Julien Havet attribue à la fin du treizième siècle, portant gravée
en creux la figure d'un chevalier en haubert, avec cette inscrip-
tion :
« Ci gist. mesire. Ogiers : chlrs : sires, de Donefou. prorei*
por. lui. »
Ogiers de Donnevou (Dannevoux, canton de Hlontraucont,
écuyer, fut un des habitants notables du pays entendus dans Ken-
quête qui se fit à Verdun, en mai 1288, au sujet de la frontière
d'Empire en Argonne'.
Une inscription encastrée dans un des murs de régljse de Saint-
Mâxe de Bar, signalée dans le registre capitulai re de celle collégiale,
mérite d*ètre rapportée ici :
< Cy gist Ogier Bouchard, dame Catherine sa femme et Jebau leur fil»,
trépasses le lundi 9 juillet 1300, le jeudi 9 mar^ KU3, le samedi
24 décembre 1353, ont donné 8 muids d'avoine rooi Lange à preitdrf
chacun an sur la masse et grange dimeresse de Rerigny ci Vnvtncourt «m
supports de l'église de Céans en charge de dire et célébrer par ice&i
deux basses messes par chacune semaine de Tan. »
On voyait encore en 1868, dans Téglise de V au bacon rlp uae
pierre funéraire en marbre noir, fort efiacée, offrant la reprma*
talion d*un chevalier du quatorzième siècle dont Tarmure èUW
recouverte d'une robe. De Tinscription demeurée presque illisible
il ne restait que :
de Vaubecourt dit TErmite.
Jacques, dit TErmite, seigneur en partie de \aubecourl, était
fils de Gilles, seigneur de Nettancourt. Sur la fin du treizième
siècle il fit le voyage de Terre sainte, fonda en 1300 im couveiil
de cordeliers entre Vaubecourt et Triaucourt, puis vendit en 1314
au comte de Bar sa maison de Vaubecourt et toutes ses apparte-
> Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLII, année t«84» p. 383-i
GeUe dalle remonte, croyons-nous, au quatorsiéme siècle; les armes de* D
vaux étaient : d* argent à trois lionceaux de sable.
* DuFOURNV, Inventaire, layette Bar.
DE L'ART XT DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 805
Une dalle de I^ cathédrale de Verdun noas offre rinscription
suivante :
« Cy-gîst : honorable et discrète personne : maistre Jehan de
Poulougni maistre ens ars et en medicine : fusiciens des signours
et dames de Bar : chanoines de céans : cureis de saint Médard :
doiiens de la crestientei de Verdun ; qui trespassoit : lan de grâce
nostre signour M CGC IIII XX et VI le xx jour de fevries : proies
pourlii*.»
Nous ne savons que penser de cette date de 1386 en présence des
suivantes, rapportées par M. Servais, qui nous montrent dès Tannée
1346 Jean dePouligny, physicien, chanoine de Verdun, à qui
son degré de science et ses fonctions canoniales paraissent devoir
assigner un âge déjà avancé, attaché par lolande de Flandre au
service de sa maison; en 1365 il se rendait de Verdun à Briey
pour soigner le duc de Bar. Nous le retrouvons dans les archives
du Barrois indiqué comme étant prévôt de la Madeleine en 1388,
physicien du duc Robert en 1399, 1403 et 1405, puis habitant Bar
en Tannée 1420*.
Dans Téglise du prieuré de Dieu-en-Souvienne se voyaient,
avant la Révolution, les tombeaux des seigneurs de Lonppy; tous
ont disparu lors de la destruction de ce petit monastère, mais leurs
épitaphes, retrouvées par le R. P. Goffinet dans les papiers d*un
curé luxembourgeois qui les avait relevées au seizième siècle,
doivent être sous peu Tobjet d'une étude de la part de notre con-
frère M. Léon Germain.
La dalle funéraire qui recouvrait les cendres de Raoul de
Louppy, ancien gouverneur du Dauphiné, un des personnages les
plus marquants de son temps, et celles de Jeanne de Conflans, sa
femme, a été brisée et employée à la confection de deux marches
d*escalier et du seuil d*une maison d'auberge, à Villotte devant
Louppy. On y lit :
Cy. gist. Messires. Raouls. jadis, sires, de. Louppy. et. de. Boursoll.
dscription relevée par M. Gh. Bavigoier et publiée dan» le Journal de la
ié d'archéologie lorraine, 1837.
Mor Servais, Annales du Barrois,
806
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARRaiS.
Chrs, qui. trespiiu.
(Fan MCCC Illl) X\ a
VIll. le III' jour, (de)
(l'année) K
Cy. gîsi. Madime.
Jebanne- de. Conflanf.
sa. femme, qui Irespam
(Pan M. CCCLXXX.U
Ill« feste de la Punies-
cote. Pries, Uieu pour
elle).
Une grande dalle cfu
Musée de Bar, décou-
verte par notre cod-
frère et atni, M. E»
Pierre de Houdeliio-
court^ dans Tâlre du
foyer d'une maison
de Baadignecourl.fail
connaître un abbé
du monastère d'EvaQi
dont le nom ne figait
ni dans le cartuliïre
de celte abbaye, ni daof
la liste des al^bé^ (\u
donne le Gallia Chris-
tiana.
f Lan. de. grâce, oui. w^^
le. XXV*. dnouït pbiL frerei
[JehftDs. abbc* ]
fut. de. ccsi* monaïtere^
I La rO te de Pâunci m^-
bant celle aan^e le Î9 irarK
Raoul dut mourir le U,
jour qui, suivAiit la foâm^
de compter alors eu
était le troisième ée t'i
Annales du Barrois i
p. 140.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 801
âdvis. son. ame. soit. ea. paradix.
f Et. fut. «on successeur
Orris. de. £hallevrennes. iadîs. abbes de
(Glere) fontaine, et. de. Vanlx ■.
II y a quelques années, nous avons relevé et pris les estampages
de fontes les inscriptions qui se trouvent dans Téglise de Dam-
marie. La suivante, gravée sur un des piliers de la nef, nous parait
mériter d*étre reproduite :
Ci : gist : vénérable et : re
ligieuse psône. frère : Jéh :
le : fevre : de Daêma
rie : leql : a : fait : faire : cest :
pîite : eglle : et : trespassa *
le : viii* iour : de ivllet : Il
iiii : cccc : Ix : et xviii (cloche)
prie : dieu : povr. Ivy
(main) de. F. P. Ghr. de Joinville. re.
Nous avons acquis il y a quelques années, pour le Musée lapi-
daire de Bar-le-Duc, une dalle funéraire dont rinscription, d'une
remarquable facture, se détache en relief sur un fond gradiné
autrefois doré ; au haut du tableau l'artiste a reproduit, entre les
deux défunts agenouillés, la scène si fréquemment représentée
alors par les Imagiers : sainte Anne instruisant la sainte Vierge.
En cest. chapelle, gist. Ysabel. de la Résulté, jad. feme. a feu.
pierressô. Bnile. auditeur, ê. la châbre. des coptes, a Bar laquelle.,
trespassa. le. jeudi viij* jo'. de novëbre. Tan. mil. iiij« iij"* et. xij. Et.
aussi, y. est. inhumé. Maistre. Jhan. de. leglise leur gëdrc. qui.
trespassa. le. mardy. lexxi\*jour, de. Avril, lan. de. grâce M. cinq,
cens, et cinq. P. pour (eux). *.
A Texception de Jehan de Saint- Joire et de F. P. Chr, deJoin-
ville, que nous croyons être le lapicide auteur de rinscription de
Dammarie,nous ne connaissons point les tumbiers qui exécutèrent
les dalles funéraires autrefois en si grand nombre dans le Barrois.
Quant aux imagiers auxquels on doit attribuer Texécution des tom-
» Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc.
• C. Maxb-\Vbri.y et E. Pikrrk, Dalle funéraire de Jean de Troussey, abbé
^.caux, mort en 140.V. Mémoire de la Société de Lettres, Sciences et Arts de
nr-le^Duc. 3« série, T. 111, 1894.
808 D£ L'ART ET DES ART[ST\ES DANS LE BAREQIS.
beaux, retables, autels, piscine?, statues et boiseries de nos églises,
nous avons rencontré fort peu de renseignements sur ces artistes;
iti
î^*'
,'J^;,
^V
^K
.^^
mUmmi
• imi.Hm^ia^uaiiv4U;)iî''^''''i
. -\^VvMiv,iMii.j,;'>iJr;i. lUtli-,
l"
•ic.
Xi^f^:
leurs noms nous apparaissent le plus souvent dans de très co.
mentions. Comme nous ne possédons plus les comptes trésor
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
809
des églises à rembeUissement desquelles ces imagiers ont si large-
ment contribué, nous ne pouvons déterminer l'attribution qui peut
être faite à chacun d*eux, ni juger des prix payés pour Texécution
des œuvres admirées autrefois à Saint-Maxe, à Notre-Dame et à
Saint-Pierre de Bar.
Le plus ancien tailleur dlmages dont il soit fait mention dans
les comptes du Barrois est Collignon le Marjolet (le moucheté),
maçon, qui, en 14(9, refait « a nuef le chief et la couronne de
limaige de sainte Catherine en la chappelle de Queurres (Kœurs) * » .
Nous n'avons point d'autre renseignement sur cet imagier et
n'avons point rencontré de nouveaux documents sur Pierre de
Milan dont il a été fait mention dans un précédent chapitre. On
sait que de 1462 à 1464 cet artiste avait un atelier dans le voisi-
nage de l'église Saint-Pierre.
Vient ensuite Husson f imagier, dont le nom figure dans une
lettre datée de Louppy-le-Chàteau, du 22 juillet 1464, par laquelle
le duc René a sur l'avis de maître Husson imagier, ordonne au
prévôt de Foug de lui apporter certaines imaiges et un ciboire
pour l'église de Dieu-en-Souvienne ' ?> .
Sur un fragment de statue de pierre, rencontré au milieu des
débris qui se trouvaient dans les caveaux de l'église Saint-Pierre,
nous avons remarqué, tracée à la pointe, la signature d'un sculp-
teur de ce nom.
A la même époque, un compte de Jean de Barbonne, receveur
général du Barrois (1464-1465), nous apprend qu'il fut remis:
a x* vij' iij* à maistre Tristam, tailleur d'images en pierre, lequel
' B. 2795, (o 64 r°.
•B. 2227. 1»«9 vM.
810 DE L'ART ET DES ARTISTilS DANS LE BAEBOIS.
par le mémoire envoyé par le roy de Sicilleet apporté par Henriet
a esté mandé de par ledit seigneur roy, alors en Anjou, et a esté
appoincté avec luy pour ses dépens à la somme de vj escuz comme
(appert) par le tesmoingnage dudit Henriet ^ v
Nous proposons de reconnaître dans cet artiste un personnage
du même nom, demeurant en 1460 à Hattonchâtel, que noos
retrouverons plus loin travaillant à la cathédrale de Toul et faisant
tt les dessins et patron du portail de Toul » .
Lors des travaux entrepris au château de Lonppy, dans le der-
nier tiers du quinzième siècle, on remarque, au nombre des
ouvrages exécutés pour la chapelle, la confection d'un grand reli-
quaire dont la décoration fut, ainsi que nous Tavons vu, conGée au
peintre Simonin (page 72). Le compte de Parisot des Bordes, poar
Texercice 1473-1474, rapporte qu'il fut payé une somme de
tt 50 fr. à Jehan le menusier pour *avoir fait une fierté do boix
taillée et ouvrée de menuiserie bien gentement à quatre piUiers,
deux panneaulx et les chenets, où étaient en Tun les armes du Roy
et celles de la Royne enTautre, laquelle fierté pour mettre en icelle
plusieurs belles et dignes reliques de plusieurs sains de paradis
qui sont en la chapelle du chastel, et dix gros pdur avoir fait deux
tabernacles, Tun sur Nostre Dame et Tautre sur sainct Jehan,
pour avoir lambrouxié par dedans la fenestre où est le cbiersaincte
Urcille pour la frescheur du mur, d'avoir fait ung tableyt où sont
mises par escript les ordonnances destestamens feu messire Raulx
de Louppy et deux petis bayars de bois à pourter icelle fierté et
ledit chief ' » .
Nous citerons enfin Michel et François Perrin, dontrinvenlaire
des archives de la Meuse ne fait aucunement mention et qui,
demeurés inconnus à Fauteur des Annales du Barrois, seraient
restés dans Toubli, si M. Alfred JaCob, en reprenant sur notre
demande Texamen des comptes de cette époque, n'avait eu la
bonne fortune de découvrir leurs noms dans le compte de Chris-
tophe Liètard, receveur général du Barroîs, puis l'extrême obli-
geance de nous faire parvenir aussitôt le document suivant:
' B. 503, f» 163 vo.
« B. 1335.
DE I/ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. SU
X^ Xlj'. Vj** Assavoir a Didier de Viliers pour le bois de quatre
tableaux dressez sur quatre piedz que maistre Michiel Perin ymaigier a
fait faire pour faire les lyons dessus iij gros;
llem à François Ronyer de Gondey pour advoir fait et fourny les piedz
desdits quatre tableaux iiij gros ;
Item pour le sallaire de huict ouvriers qui ont été chaver et tirer la terre
pour faire lesdits lyons entre Lisle et le Petit Louppy en lieu dit laCouleu-
vriëre, à raison de iij blancs Fun vallent vc gros
Item paie à deux charretiers dudit Gondey qui ont fait le charroy et
admenez la dicte terre audict Gondpy pour la balre et convertir en nature
pour ouvrer, à raison de vj blans la voie, valent iij gros
llem paie à huict compaingnons dudit Gondey pour leurs peinnes et
sallaires d*avoir battu ladicte terre par deux nuyltées durant, à raison
de vj blans pour chascun des dicts compaingnons, valent. . . xij gros
Item paie à deux charretiers dudit Gondey pour leurs sallaires d*avoir
admené dudit lieu de Gondey au chasteau de Bar deux voictures de ladicte
terre après ce quelle a esté battue et ouvrée pour ouvrer. ... vj gros
Item paie à deux autres compaingnons dudit Gondey qui ont encorres
battu une demye charrée de ladite terre par ung jour entier, à raison de
vj bl. l*un, valent iij gros
Item paie audit Michel pour une vieille nappe et ung voile lincieux par
luy achetez pour couvrir son ouvraige xiiij bl.
Item donné à FrançoisPerin frère dudit Michiel pour son sallaire d*avoir
esté par quinze journées & aidier à son frère à besongner es testes de
cerfs et de biches dont Ton na es ramures des chandeliers pour servir es
salles et galleries à raison de vj bl. par jour, vallentz. x\ij gros et demi
Item baillée audit François Perrin pour avoir depuis besongné et aidier à
son dit frère & parfaire les quatre lyons de terre quUla faicte par l'ordon-
nance de la Royne de Sicile, nostre très redoubtée dame, pour mectre à
rentrée de Téglise de Sainct Maxe de Bar pour tenir les bastons du ciel
qui y a esté mis pour le baptisement de Penfant de mons' Guyse, p«r six
journées a raison de vj bi. par jour, valent ix gros ;
Item paie pour ung cent de grans fagots bons et secqs que ledit Michiel a
faict admener dudit Gondey en chasteau dudit Bar pour mettre en four-
neau à cuire les dits lyons vj gros;
Item paie a François Bouchart pour avoir délivrez audit Michiel trente
livres de plâtre pour aidier à parfaire les dits lyons à raison de j. gr. la
livre, valent xxx gros ;
ItcmY^ic audit Michiel pour avoir fourny douze livres de plâtre qu'il a
mis en œuvre à faire les dits lyons xij gros ;
Item baillié à Denis Benoyt boitier pour des bouts de blanc fer qu'il a faiz
pour mettre les chandelles et rameures des dictes testes de cerfs et
812 DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
biches îuj gr. et demi;
Item baillié au torneur qui avoit mys le boys es dites rameures pour
mettre les dits bouts de blanc fer iij gros;
lesquelles parties montent ensemble à ladite somme de x fr. vij gros et demi.
Appert parle tesmongnaige signé du clerc juré >.
Grâce à ce document qui, malgré son étendue, nous a paru
mériter d*étre reproduit in extenso^ on peut suivre nos artistes
dans tous les détails de Topération qu'ils avaient à accomplir,
depuis la préparation des quatre selles élevées sur lesquelles ils
doivent modeler les lions, jusqu*au jour de la mise en place de
leur œuvre terminée. Nous assistons à Textraction de la terre spé-
ciale qui, prise à la fosse de la Couleuvrière, lieudit proche de
Louppy-le-Petit (aujourd'hui dénommée sur le cadastre Terre aux
pois)^ est amenée à Condé, village voisin, pour y être battue,
malaxée, corroyée avant d'être expédiée au château de Bar où les
frères Perrin travaillaient. Préparée avec tous les soins habituels
— toutes les matières calcaires en ayant été extraites — cette terre
sous la Qiain de nos deux artistes est convertie par eux en tor-
chères, représentant d^es têtes de cerfs et de biches, destinées aux
salles et aux galeries de château, puis en quatre lions dressés qui
porteront les bâtons du dais placé à Tentrée de la collégiale.
Enfin dans un autre passage de ce compte il est rapporté qu'il
fut payé Cl en monnaye de Barrois à Adam le cordier demonranten
la rue de Veel pour six trais de charrue qu'il a délivrez à Nicolas
le chairon pour porter on cbasteau à maistre Michiel Perin ymai-
geur pour pendre les testes de cerfs et de biche qu'il a (aictes
pour des chandeliers es grandes galleries et en la chambre du
cbasteau de bar vj blancs* » .
Si ce compte de fabrication ne fait point connaître le pays d'ori-
gine de Michel et de François Perrin, on peut cependant croire
qu'ils étaient établis à Bar, car dans ce même compte il est fait
mention d'un certain a Didier Perrin (leur frère ou leur parent),
serrurier demourant à Bar » et travaillant au château '.
> B. 621, fo» 127, 127 vo, 3.
» B. 621, f« 134 v\ 1.
' I Payes par ledit receveur en trois fraas ung blanc k Didier Perin samii
demeurant à Bar pour îoxi sallai/'e d'avoir fait les ouvraîges de son mestiei
cbasteau de Bar... > B. 621, f 128-1.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
813
MAITRES DES (OUVRES
On donnait au moyen âge le titre de maître desjœuvres au maître
maçon charge de dresser les plans, de faire les devis et d'exécuter
la construction d'un édifice, église ou palais, d*une fortification
quelconque, d*un pont, d'une simple maison, car en ce temps le
maître des œuvres était ce que sont de nos jours les architectes et
les ingénieurs*. Ils devaient surveiller la livraison des matériaux»
diriger eux-ipémes les ouvriers, et, lorsqu'il s'agissait d'une habi-
tation particulière, non seulement la construire depuis les fonda-
tions jusqu'au faite, l'orner et la décorer à Textérieur, mais encore
la meubler et l'aménager à l'intérieur.
Les constructeurs de génie qui élevèrent ces cathédrales, objets
de notre admiration, sont qualifiés dans nos comptes a maîtres de
l'œuvre, maîtres tailleurs en l'art de la maçonnerie, maîtres^
maçons » et quelquefois même sous la «impie dénomination de
a maçons « qui ne permettrait guère de distinguer le vulgaire
ouvrier de Tarchitecte, si les détails du compte ne nous venaient
en aide.
M. H. Lepage n'a point rencontré dans les.comptes de Lorraine
la qualification d'architecte avant Tannée 1612.
Les Jacquemin. Au cours du xv* siècle, il y eut à Commercy
deux imagiers célèbres du nom de Jacquemin qui ne paraissent
point avoir été appelés à travailler dans notre région ; du moins
les archives du Barrois ne procurent sur eux aucun renseigne-
ment.
Le premier en date, Jacquemin Rogier ou Hogier, né à Com-
mercy vers 1371 « aurait été, dit Dom Calmet, l'architecte des
' Dans ses Annales du Barrois, M. Servais rapporte,. d*aprésdes archives qu'il
a pu consulter, qu'en 1352 les travaux entrepris i Gondrecourt pour mettre le
château en état de défense furent conGés à Guillaume de Demcngc, maître de la
fermeté de cette ville. On ne voit pas pourquoi notre annaliste se refuse à recon-
naître dans ce personnage Tiugénieur M" Demenge de Rosières, qualifié du titre
^-^ignor, angignour^ dans les lettres que la comtesse lui adressait cette même
iiée, Tinvitant à venir conférer avec elle. En 1401, sur les ordres du duc Ro-
rt, c maistre Jennin de Bulgnéviile, son maistre masson, > passait deux jours
isiter cette forteresse et à reconnaître les réparations que sou état nécessitait
I, p. 9, et t. II, p. 321).
,,
814 DE L'ART ET DES AUTISTES DANS LE BARROIS.
tours et da portail de la cathédrale de Toul ; sa figure eu relief se
voyait au pied et à côté de la tour méridionale de Téglise en 1731.
Il était représenté debout et sou fils auprès de lui, mais la légende
inscrite 9u bas était alors si mutilée qu'il n'était plus possible delà
déchiffrer » .
Cetàrtiste, qui mourut en 1446 et fut inhumé aux Gordeliers de
Toul, ne nous est guère connu que par Tinscriptiou sui?a&te
gravée sur son tombeau ; son nom n'apparaît point dans les comptes
du temps.
Gy gît maître Jacquemin Rogier en son vivant
Dernier maître masson de S' Etienne,
Lequel commença le Portail de ladite Eglise,
Qui trépassa Tan 144'6 l'onzième jour de février.
Dieu lui fasse merci. Amen.
Autour de la dalle on lisait :
Ceux qui usent d art et useront.
Moult renommés sont et seront.
Au-dessus on voyait une équerre, un compas, deux marteaux
entrelacés, insignes de sa profession ; au-dessous un grand J,
initiale de son nom ; puis sur chacun des côtés la croix à double
traverse qui venait de faire son apparition en Lorraine \
Girard Jacquemine son fils, qui reprit la suite de ses travaux,
est mieux connu. Dès Tannée 1447, il aurait été chargé par Aubrf
de Briel, archidiacre du diocèse de Toul, de dres^ser le plan da
portail de la cathédrale et c'est en qualité d'architecte qu'il aurait
dirigé les travaux de cette œuvre considérable, à laquelle conlri-
huèrent par leurs dons Fempereur d'Allemagne, le roi de France
Louis XI, le duc René II, la noblesse et le clergé de Lorraine*.
Cette date de 1447 et Tattribution du dessin du portail à Gérard
Jacquemin sont contredites Tune et Taulre par la découverte da
document suivant. Le 7 mai 1460 les chanoines ordonnèrent au
maître de fabrique de mander ^^ maistres Jacquemin de Lenoncoart,
> Voir DomCALMET, Bibliothèque lorraine, p. 536.
' Louis XI aurait donné une somme de 1,500 livres par Tintermédiaire de
grand aumônier. — Thierry, Histoire de Toul, t. II, p. t$3. — L'abbé BaLTHJ
Notes historiques sur la cathédrale de Toul. Paris, 1848, in-8*.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE RARROIS. 815
Mengin et Husson de Bar, les deux premiers travaillant au clocher
(portail) de Saint-Antoine J[aujourd*biti Saint-Martin de Pont-à«
Mousson), afin de marchander avec Jean Drouin, bourgeois de,
Tou], et Mengin Chevrot, de Vicberey, Touvrage du portail de
Téglise de Toul, puis de payer à maître Tristan d'Hattonchdtel le
patron (le dessin) par lui fait pour ledit ouvrage « .
Ainsi Jacquemin, à qui les Annales de Téglise de Toul donnent j
Lenoncourt comme lieu de résidence, n^aurait été que Texécuteur !^
du portail avec Mengin, Husson, Drouin et Chevrot, invités parles
chanoines dès le 22 septembre « à faire les môles et autres
ouvrages concernant le pourtal de leur église' » .
Cette même année il était payé une certaine somme a à M* Jac-
quemin, maçon de Toul que le bailli de ioinville manda lui envoyer
audit lieu, pour historier et entailler une cheminée* w .
En 1480, Jacquemin était appelé à Nancy par le duc René II
pour décorer de sculptures la chapelle ou oratoire du Palais Ducal:
a A Gérard Jacquemin, ymagier demeurant à Toul, pour une
Nunciade avec les armes de Monseigneur qu'il a ordonné mettre
sous la tablette de Tautel de la chapelle de Monseigneur' . » Cette
môme année, par suite d'accident on de maladie, Jacquemin avait
dû entrer à la Maison-Dieu de Toul. Peu après il était remis a à
maistre Jacquemin, masson, demeurant à Toul, 33 livres 6 sols
8 deniers pour la paye d'un tableau qu'il a faict sur Tautel de la
chapelle du duc Charles en Téglise Saint-Georges * » .
En 1485, Jacquemin est désigné dans un document comme
maître des œuvres du grand portail: u Mandement sur le receveur
général Antoine Varrin portant 150 escus (à raison de 25 gros
pièce) restant des 200 escus a quoy le roy de Sicile avait mar-
chandé à M* Jacquemin Timagier, M' des œuvres du grand portail
de Téglise cathédrale de Toul, de faire et tailler Timage du roy de
Sicile avec ses armoyeries, en ouvrage eslevé et icelles asseoir
audit grand portait, n
* Registres du chapitre. — Journal de la Société d'archéologie lorraine^
1862, p. 253.
* Archives de Meurthe-et-Moselle. B. 976. — Annuaire delà Meurthe, 1865.
- !bid. B. 976.
* Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, t. XIV, p. 28. B. 979.
* H. Lepage, Communes de la Meurthe, Toul, note p. 568. — Selon dom Cal-
816 DE L'ART ET DES ARTISTES DA\'S LE BAHRQIS.
En 1490, Jacqaemin s'engageait a à faire de pierre de taille, en
ouvrage élevé, les armes de René II sur la grande fenêtre Jumelle
dudit portail ^ » .
Cet artiste auquel M. Bellot Herment attribuait la décoration du
portail de Saint-Pierre de Bar, au temps de Louis Guyot, doyen
de cette église, n'acheva point celui de la cathédrale de Toul qnt
fut terminé seulement vers 1498 ; il dut mourir vers 1491, ainsi
que rétablit le document suivant : a payé dii-sept frans quatre
gros aux valets de feu M* Jacquemin, masson, demeurant à Tool,
pour fer et plomb que Monseigneur leur a ordonné bailler pour
attachier Pouvraige qu'ils ont faict pour Monseigneur au portail de
Saint-Étienne de Toul*. »
On ne peut accepter avec M. Adolphe Lance' que Jacqnemifi de
Commercy puisse être confondu avec Jean de Commercy^ sou
contemporain, chargé en 1440 d'achever la chapelle des évéques
de la cathédrale de Metz, à laquelle il restait k faire la voûte, les
verrières et le pavement. En 1443 cette chapelle était a parfaicte
et eschevée^. Et fut refaite par un maistre masson appelé Maîstre
Jehan de Commercy et fut appellée lad. chappelle des Cureiz de
TEv esche de Metz pourtant que chancun y meit sa part et y meist
led. maistre Jehan iij ans à la faire ^) .
Ce ne fut point le seul ouvrage exécuté à Metz par niaitre Jehan.
Il est rapporté dans la Chronique de Saint-Tkîébaut que o au
mois de jullet lan que dessus (1444) fut faicte la croix, le puiie
met, c les deux tours de la cathédrale de Toul furent achevées en 1^90, ptr hc-
quemin de Commercy, architecte, et parles soins d'Aïbcrir^ Briel, i^iCAire gra^^
rai, qui en jeta les fondemens en 1463. Necrol. Cathed, TtM. > — Histoire d^
Lorraine, ^ édit., t. l, pr. cl. xxx, note S.
1 Archives de la Meurthe-et-Moselle. B. 988.
^Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, 1, Xl\\ p. 38. — B, 990*
• Dictionnaire des architectes,
* E. Bégim, Histoire de la cathédrale de Metz.
^ Dom Galmet, Histoire de lorraine, l'* édil. Prtuf^ts, p* 249* M. GnstiTe
Save ne peut croire à rexistence de deux imagiers, maître» de« Œarf£t, en
monde Jacquemin. Le premier en date, mort en 1460, qae, p«r suiip de ti
lecture inexacte de Tépitaphe gravée sur son tom^eau^ Uom Calmct dënommc
Rogier ou Hogier, serait en réalité Gérard Jacquemin, mort en 14^1* Au lit
la date rail cccc xxxx vi, il faudrait lire mil cccc Iiii^ vi^ pnis^ dans te
Rogier ou Hogier à demi eiïacé, reconnaître, avec H. Guitti e Saie, la '
de imagier.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 817
(puits) et le pont qui sont devant les pontz des mors et les fis!
faire ung noble chevalier de Metz de ly propre, appelléesseignour
Nicole Lowe chevalier, par ung maistre masson appelle Jehan de
Commercy ' » . Puis plus loin : a Adhoncg fut faict ung grand
Boullewerque devant la porte du pont des mors et ung devant la
porte serpenoise par maistre Jehan de Commercy, Timagier '. «
De ces documents il résulte que Jehan de Commercy, maçon,
entrepreneur, maître des œuvres, imagier, était en même temps
ingénieur fortificateur.
Nous possédons bien peu de renseignements sur les maîtres
des œuvres nés dans le Barrois où y ayant exercé des fonctions
comme maîtres maçons ou maîtres charpentiers. Nous n'avons à
citer que les suivants :
Thiébavt de Lignt, architecte du comte de Blois en 1354'.
Jehan Thiéhion, désigné a maistre et gowernaire de Tevre de
la chapelle de Gondrecourt * » .
Jacqueuin de Vaucocleurs, maître maçon, chargé d'exécuter
divers travaux au donjon du château de Foug de 1377 à 1381 *.
Jeamn de Bulgneville, u maistre masson » du duc Robert qui,
en 1401, passa deux jours à visiter la forteresse de Gondre-
court •.
GuÈRi Malpayé ce maistre masçon demeurant à Bar-Ie-Duc» , qui
traitait le 7 décembre 1428 avec Tabbé de Boulancourt (Haute-
Marne) pour la reconstruction de son église. Ces travaux coûtèrent
« 400 écus d'or, un muid de froment, une émine de pois, une
émine de fèves, un cent de lard et six queues de vin "^ i) .
A cette môme époque, Husson, tuilier à Beurey, délivrait au
' Dom Calmet, Chronique en vers des atUiquités de Met%, 14tô.
0 Le Seigneur feit appareiller
• Quéstoit Nicol Loai e chevalier
« Des estoffes des ouvriers, et pnii
u feix faire la croix et le puix.
* Ibid. — Chronique de Saint-Thiébaut, p. 247-253.
' Dictionnaire des architectes,
*■ B. 1422.
* B. 2208, f 137.
^ V. Servais, Annales du Barrois, t. II, p. 322.
* L'abbé Lalore, Mémoires de la Société académique de l'Aube, ii XXIIL
52
818
DE LART ET DES ARTISTES DANS LE BAHHOÎS.
t
maître ouvrier du duc de Bar — sans doute le maître des œmres
— 5,000 de tuiles pour la couverture du château.
Chevillon (Aubert), maître des œuvres de charpenterie pour tout
le duché de Bai\ qui, en 1473, recevait une pension à Ja condUion
de demeurer à Bar et de ne pouvoir servir ailleurs sans la per-
mission du duc'.
Courtois Geoffroy de Gondregourt, nommé en 1491 ^ ma^soii
et regardeur sur les œuvres de massonnerie au bailliage de Ba^
signy pour corriger les abus et les amendes rapporter aui ofSciers
des lieux * » .
Jean de Saint-Pierre, maître maçon au bailliage de Bar, qui
mourut en 1495 et fut remplacé par Didier Raulot, lequel prit le
titre de maître maçon du duché de Bar. II eut pour successeur, en
1500, Nicolas Raulot, qui exerçait encore en 1522.
Citons encore :
Nicolas de Bar, nommé en 1505 maître des œuvres de maçon-
nerie du comté de Vaudémont, en remplacement de SlAXcrif Cde-
VRON décédé. 11 demeurait au Pont Saint-Vincent '.
Nicolas de SainT'Blaise, maître des œuvres de M. le comte de
Ligny, à qui, en 1520, les chanoines de cette ville cèdent à per-
pétuité tt une maison sise devant la place du château et un petit
meix devant la porte des moulins moyennant 6 gros de tem
annuel * » .
Le dernier en date, Jacquot dit de Vaucouleurs, par allusioD
sans doute à son pays d'origine, était, paraît-il, un homme irt$
habile dans son art. Avant d'être nommé par René 11, en 150:!.
u maistre des œuvres et maistre masson pour tout son duché de
Lorraine » , Jacquot ou Jacot, de son vrai nom Jacques l authier,
avait dirigé, en 1494, les travaux exécutés au château de î^uppy,
travaillé aux fortifications de Nancy, réparé, en 1490, celles dû
* État oominatir des officiers du duché de Bar eu 1473, a?ec L'imlicatioiL d«s
gages qui leur étaient payés : « \l* Aubert Chevillon, charpentier Jern^ à Bar,
retenu maître des œuvres de charpenterie pour tout le duché de Bir, paor c«
qu'il y était bien expert çt moyennant ce, il ne pouvait aller ailleurs, i^nas ïii\^ret^
ordonnance du roi de Sicile ou de ses officiers .... l*i Tjr*
— B. 506.
* Lkpage, 0/Jices, p. 298.
3 Ibid.
* Archives de la Meuse. Fonds Ligny.
r
DC LAAT ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 819
cMteau de Foug, puis il était allé, en compagnie de trois autres
maîtres maçons visiter les dégâts survenus au grand pont de Saint-
Mihel \ Anobli en 1510, puis nommé concierge du palais ducal
à Nancy, Jacquot de Vaucouleurs terminait sa carrière par la
reconstruction du grand pont de Pont-à-Mousson *.
Ici devrait prendre place le nom de Jean Crocq, désigné dans
les comptes du temps sous celui de Jean Crocq de Bar4e~Duc, le
pensionnaire du duc René, Tauteur du tombeau de Charles le
Téméraire, un des plus célèbres imagiers de cette époque, dont
la réputation fut grande en Barrois et en Lorraine de 1487 à 1510;
c'est par lui que nous devions clore la série des tailleurs d'images
qui travaillèrent dans notre pays avant Tépoque de la Renaissance.
Or, comme les documents recueillis sur cet artiste, puis sur sa
famille jusqu^au commencement du dix-huitième siècle, sont très
nombreux et dépassent de beaucoup Tépoque que nous avions
assignée comme limite à nos recherches sur les artistes du Barrois,
nous avons consacré à Jean Crocq de Bar-le-Duc, puis à ses des-
cendants devenus Lorrains, une étude spéciale trop étendue pour
prendre place dans ce chapitre'.
VERRIERS.
L*art du peintre verrier parait avoir été pratiqué de bonne
heure dans la région du nord-est de la France ; selon le rapport de
Suger, plusieurs ouvriers verriers venus de Lorraine et du pays
de Liège auraient travaillé aux vitraux de la basilique de Saint-
Denis*. Au douzième siècle, Nicolas de Verdun, orfèvre émailleur
de haut mérite, qui par ses travaux avait acquis une juste célébrité,
terminait, en 1205, la célèbre chasse de Tournai, ville où peut-être
.il s'était fixé. Vers ce temps, cet artiste instruisait dans Tart du
peintre verrier un certain Colars de Verdun, son fils sans doute,
qualifié du titre de u voirier » dans le registre de la bourgeoisie
» B. 1062.
^ M. Fonrier de Bacourt a consacré à cet habile ingénieur une petite notice,
jbliée dans le Journal de la Société d'archéologie lorraine, 1896, p. 147.
'Cette étude a paru dans les Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et
rts de Bar-le-Duc, 1897.
^ Historiens de France, t. XII, p. 96-101.
820 DE LART ET DES ARTISTES DANS LE BARROiS.
de cette ville, comme ayant été admis en 1227 sans payer plus de
S 25 sols « ce qui est le taux des fils de bourgeois * d .
On sait qu'au quatorzième siècle Tabbé Nicolas faisait décorer
de magnifiques verrières le chœur de Féglise Saint-Paul de
Verdun, ainsi qu*il est rapporté dans son épitaphe rédigée en ven
léonins.
Abbas sub tumba Nicolaus est una columba,
Simplex et mitis, fogieos opprobria litis,
Virdunî natus a quo locus hic tumulatos
Ecclesiaeque chorus per eum fit luce decorus,
Anno miileoo ter G. moritar quadrageno
Noao poneoda eum martis quarto Galenda.
Sous cette tombe est une colombe, Vabbé Nicolas, simple et
doux, fuyant Vopprobe des progrès; né à Verdun où il est inhumé,
le chœur de C église est par lui orné de lumière; il meurt Fan mil
trois cent quarante-neufle quatrième des calendes de mars*.
Les documents d'archives ne permettent pas toujours de déter-
miner si certains personnages dont les noms figurent aux comptes
des dépenses étaient à la fois peintres, peintres verriers ou sim-
plement vitriers, c'est-à-dire « metteurs en plomb * de morceaux
de verre blanc ou de couleur, taillés suivant un dessin géomé-
trique'. Dans la liste que nous avons relevée peut-être s* est-il
glissé quelques noms d'obscurs artisans, or, comme les textes sont
loin d'être suffisamment explicites, nous avons préféré n'en
omettre aucun.
On connaît diflTérentes œuvres de peintres verriers représentant
les portraits de plusieurs de nos princes et de leurs enfants, mais
» Mgr Dehaisnes, Histoire de l'Art dans la Frandre, etc., t. II!. p. 115.
^ Recueil des sépultures anciennes et des épitaphes de Saint'Pattl de Verdun,
fait en 1552, publié par Lionnois en 1779, réimprimé par Gayon en 1863.
« Au commencement du seizième siècle, on fit à la catbédrale de Verdm de
magnifiques vitraux dont il reste encore quelques parties daus la chapelle da
Saint-Sacrement. — Clouet, Histoire de Verdun, i. II, p. 566.
* Les metteurs en plomb sont parfois qualifiés peintres dans certains actes, pois
simplement verriers dans d'autres ; on ne peut donc toujours saYoir si le soi
personnage mentionné est celui d'un artiste ou d*un artisan. Ces deux profes
de peintre et de verrier étaient, au surplus, fréquemment exercées par un n
indifidu.
i
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. Sit
on ne possède aiicon renseignement sur les artistes qui les ont
exécutés.
Le nom de Tauteur du vitrail de Téglise Saint-Nicaise de Reims,
où figuraient, en pied, Jeanne de Toucy, femme de Thibaut II,
comte de Bar, et dix de ses enfants, est inconnu. Cette œuvre éLait
antérieure à Tannée 1297 '.
Nous ne connaissons pas davantage Tauteur du portrait de
Henri de Bar, seigneur d*Oisy, mort en 1397, qui, dit-on, se voit
encore dans Téglise des Carmes à Toulouse*, et Ton ne sait à
quel peintre attribuer le vitrail de Saint-Sauveur de Bruges, tra-
vail d*un goût douteux, dit Montfaucon ', où le cardinal évèque
de Langres, Louis de Bar, figure, mitre en tête, crosse en main,
parmi les douze pairs de France.
Étaient également représentés sur des vitraux dans Téglisie des
Cordeliers d'Angers : Isabelle de Lorraine, femme de René l*' ;
Jeanne de Laval, seconde femme de ce prince; Jean de Calabre,
son fils naturel ; puis ses filles, lolande d'Anjou, femme de Ferry
de Lorraine, et Marguerite d'Anjou, mariée à Henri VI, roi d'An-
gleterre *.
Dans les verrières du chœur de Téglise Saint-Nicolas du Tort,
on voit encore le duc René 11 et son fils Antoine présentés à la
sainte Vierge par saint Nicolas*. Dans l'église Saint-Pierre de
Bar, où il reste quelques débris des anciens vitraux^, on rsmar-
* L. Maxb-Wkrlv, Les vitraux de Saint-Nicaise de Reims. — RulkUn du
Comité des travaux historiques et scientifiques. Archéologie, 1884, p. 1^1.
A cetle époque, les peintres verriers n'avaient point l'habitude desi<^aer leura
œuvres de leurnom, ni d'y tracer leur monogramme.
' Dans son Histoire des seigneurs et dames de Cassel, p. 138, M. de Smyltèro
avait promis de publier ce portrait.
' Les Monuments de la monarchie française, t. III.
^ MoNTPAuco.v, Les monuments de la monarchie française , t, III, pî. XLVlf,
n- 11 et 12; pL LXÏIÏ, n" 1, 2, 3.
' Bretagne, Le reliquaire de Saint-Nicolas du Port. Nancy, 1873, p. 25.
* Nous avons relevé dans la chapelle des fonts baptismaux les débris suivants :
Un ange debout tenant la couronne d'épines (scène de l'ensevelissement du
Christ) ;
Un écusson aux lettres I H S.
Un petit tableau représentant une fondation de chapelle (?) ; à gauche, un arbra
lépouillé de ses feuilles; au centre, un religieux assis, la crosse appuyite contrit
['épaule, tenant sur chaque main un petit édifice, église ou chapelle; à droite,
•^enouillé et les mains jointes, le donateur ;
Saint Christophe portant l'Enfant Jésus et traversant un torrent; il se dirige
8S2 DE L'ART ET DES ARTISTES DAIJS LE BARROIS.
quait autrefois sur un vitrail de la chapelle fondée par Alexandre
Guyol les armoiries de Pierre Guyot, son père, prévôt de Bar en
1485» jointes à celles de sa mère» Mesline de Villers, qui étaient
tt de sable à trois pals d'argent ' » .
Cest pendant le quatorzième siècle que prend naissance ou, da
moins, se répand Tusage de reproduire dans les vitraux les portraits
on les armoiries des donateurs.
Le dépouillement de VInventaire de nos archives départe-
mentales, nos recherches dans les travaux de H. Lepage, dans les
divers ouvrages sur la Lorraine et le Barrois» dans le Fonds Servais
nous ont procuré les renseignements suivants :
La chapelle du château de Trognon (aujourd'hui Heudiconrt) *,
placée sous le vocable de sainte Catherine, ayant par suite de
son état de délabrement nécessité quelques réfections, le Domaine
dut en faire tous les frais. Il est rapporté dans le, compte de
Willermez, prévôt de la Chaussée, rendu pour Texercice 1333-
1335, qu'il fut alors dépensé : a pour les verrières de la chapelle
de Troingnon con ventées à refaire à maistre CoUn de Verdun et
pour lou clochier de ladite chapelle à refaire en plusours leus de
plonc, et soingnier (fournir) li prevos plonc et voire pour ledit
ouvraige vj libvres x sols
Tan xxxiiij lou joedi devant la sainct Jehan Baptiste ' n .
Dans le cours de Tannée 1362, le duc Robert ayant fait construire
au château de Bar une a tourelle pour lui gésir « , on y établi!
plusieurs chambres aux fenêtres desquelles Ancherin le peintre
ajusta quinze pieds de verre ^.
vers un rocher où se tient un religieux à genoux, tendant les bras vers le Saa-
veur; à gauche, un édiûce avec portique.
^ Chevalier de Villbrs, Nobiliaire de Lorraine ^et Barrais.
* Ce château de Trognon serait, à ce que Ton croit, l'ancien Drippiou de la
charte de 772 donnée par Gharlemagneà Tabbaye de Saint-Mîhiel. (Dom m L'Islx,
Histoire de F abbaye de Saint-Mihiel, p. 426.) A Touest du châleao édifie par
Edouard I*', comte de Bar, on remarque une espèce de camp fornié d*nne double
enceinte de terrassements encore hauts de deux à trois mètres. Cet emplaeeaieBt
est désigné sur le cadastre sous les noms de Châteaux de Baranyer et de Dra^
Drapilton. Voir Dcjmont. Les ruines de la Meuse, t. II, p. 179.
» B. 1624, r» 33 vo.
^ V. Servais, Annales historiques du Barrois, t. I, p. 133.
DB L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 828
Vers 1368, on eut recours à un verrier de Verdun pour réparer
les 'dégâts survenus au château de Souilly du fait des Bretons qui
alors ravageaient le Barrois :
a xiiij libvres à maistre Jehan le painctre de Verdun fonr
raparillier et repeindre la chapelle dou Çhastel de Soûliez et pour
faire les verrières aux fenestres qui estoient toutes brisées et pour
les despens dudit maistre Jehan et son valet qui y demorait pour
lou rapparillier par un moix entier ' «
Sur la fin de son règne, Robert fit exécuter de grandes répara-
tions au château de Louppy où il séjournait fréquemment :
« Cinq frans baillez et délivrés par ledit receveur à Henry, fils
Thevenin Merlin de Lonppi peintre ei Michel elle Verrier son compaingnon
dem^ à Bar, en descomptant de cinq frans et demy, pour ouvraiges qu'ils
avoient fait de leurs mestiers au chastel de Louppi. C'est assavoir la
verrerie de la chapelle, des galleries, de la chambre de monsgr. qu'ils
avoient refaitte et mise en estât et en plusieurs autres lieux et verreries
dudit chastel, du commandement et ordonnance de monsgr. le Duc et
duquel ouvrage avoir esté compté et marchandé à eux par Reynaudin de
Robert Espaingne escuier et maistre d'ostel de mondit prynce*. »
Peu avant Tépoque de sa majorité, alors qu'il allait sortir de
mainbournie et prendre possession efiective de son château de
Bar, René d* Anjou donnait Tordre de procéder à la réparation des
fenêtres, ainsi que le prouve le document suivant extrait du
compte rendu par Jehan Ronnel, receveur général du Barrois
pour Tannée 1423-1424 : a 21^ 6' 5"* » aceulx pour les causes et
par la manière que s'ensuivent :
C'est assavoir à Estienne le Vaurier du Pont à Mousson pour avoir fait
les pieds de verrières nuefves et mises es fenestres des chambres et lieux
qui s'ensuivent : C'est assavoir en la tournelle haut qui est par devers la
maison Messire Jehan de Laire, 3 pieds et demi.
En la ch* basse en laquelle Mad* la D*"* souloit tenir son estât,
6 pieds.
*B. 1229. f 87.
< B. 1312, M7 Y^. « Il leur fut retenu 5' et demi en déduction du plomb et de
soudure que Regnard de Barli, châtelain et concierge du château, aYait à sa
sposition. >
824 DE L'ART ET DES ARTISTES DA!VS LE BARR01S.
En la ch"de retrait empres lad. chambre par ou on va onprotf€i\ 12pîeds
En la nnefve ch* qui est empres les galeries, 22 pieds.
En une fenestre qui est en la voie desd. gale ries, fî pîods.
En la ch* où maistre Ferry (sans doute Ferry de Chambly, maréchal
de Lorraine) tient à présent son estât qui est empres fa maison où
demeure le tourier, 7 pieds et demi.
A lui marchandez et conventez au prix de 7 b). chacan pied, par lesd.
54 pieds 7^ 10 gros l^
Item aud. Vaurier pour avoir refait de vnure toutes les feue a très de la
grant sale du chastel de costé par devers la court, par marcKîé et
couvent à lui fait par led. receveur et le maistre des œuvres et ly dcitoït
on songnier vaure, plomb et estain pour ce. . 3^
Item à lui encore pour avoir refait lesd. fenestre de lad. salie enirnr, et
du retrait d'icelle; les verrières de la tournetle devant dite et les verriéref
de la chambre hault appellée la chambre de nions, le \r\ par cotivenl et
marchie à lui faict et devoit songnier vaure et plont pour ce, , . 'V là
It. à N" le poullalier pour 4 loiens* de vaure pour les ouvraîg^s
devant d. aupris de 7 gr. 1/2 le loyen, pour ce , . , 2^ 1/2
It. à Gilet Loche, pour 1 loien de vaure I^^t^r.
It. à plusieurs particuliers pour 2 quarterons de ptong achetés ea la
Halle aupris de 3 fr. 8 gr. le cent, pour ce 2^9 gras.
Et à Raoul le Poix pour 23' 1/2 de plon^ au pri^ que dessus, poar
ce 10 gr* 7 d.
Comme il appert par le tesmoingn. dudit niiislrf? des œuvres (PierrfS^on
Bonnevie) donné le peinullième jour d'S**'* 1424 n >.
' Pré, prairie, jardin.
3 II est fait mention de s 400 liens de blanc voir t,]é<]ué$enl541 k Anîimm
le Varrier par Valentin Bouch, « peintre et varrîer » , qiuttvnit fait les Temèr«
de la cathédrale de Metz. — Levikl, L'Arl de la peinture sur terre, p. k%.
Le mot loien, lien, désigne évidemment un terlàm nombre de feuilleide rerrc,
d'une dimension déterminée.
L'ordonnance de 1557 prescrit à chaque verrier i d(! Taire chaque jour treal^
livres de bon verre blanc, et non plus, contenant le \\mi irai» Ubles, et rbaque
table 3 pieds (de Lorraine) de hauteur et un pied «>t dami de largeur par le bai
dudit lien et au-dessus de largeur équivalente, pesant 13 litres, poids de imTt:,
de bonne épaisseur, proportionnées tant en un lieu comme eo l'autre, le<{uel liVn
sera lié de bons glays (glayeul, roseau) et tillots {ct^tdc d'écorce de tîUeub) em-
paquetés de façon comme ils ont esté de toute ancienoeté * .
On nomme encore aujourd'hui lien un paquet de û% feuilles en table. — Biir-
PRÉ, Les gentilshommes verriers, in-8®. Nancy, iSlT.
^ B. 497. — En 1420, Jean de Vertus gagnait cinq sous par jour à la po^e
verrières de la cathédrale de Troyes. En 1484, (jërard 1^ Noquat livrait a» f
pitre une verrière représentant la passion de Xolre-Seignenr , à raison de 5 t
10 deniers le pied.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS I.E DAUnOIS. fi2^
J*ignare quel était le nom de ce verrier étranger an pays dont
il est fait mention dans un compte d'Ancelel Mf^npnt, prévôt et
receveur de Saint-Mihiel, qui, en 1427, portait en dépense la
somme de 8' 2' délivrée à un habitant de celte ville « pour
aller à Toul quérir le verrier pour venir à Saint-Mihiel faire les
verrières de Tostel de Mons-Ie-Duc » .
Un compte de Jean Ronnel, receveur général du duché de Bar,
nous apprend qu*au mois de janvier 1430, il fut payé a 5 sous à
AmouUt Vaurier, demeurant à Bar, pour sa peîne et saltaire
d'avoir mis plusieurs losanges en la chambre oli on jijouvcrue
Loys monsieur et en celle decosté où on fait la iutsltie. Comme il
appert par le tesm. de Jaquet Quare portant quittance dad-
Arnoulet donnée le quatrième jour de janvier 1 i29 ^ n .
A cette époque, Tabbaye de Jendheurs possédait de riches ver-^
rières puisque sur un des vitraux on lisait Tiuscrlption suivante :
« L'an de grâce Notre Seigneur 1443 fut ce chantel (morceau,
fragment) refait par frère Didier de Ronne, abbé île céans et par
le couvent. Priez pour eux, que Dieu leur fasse pardon '. n
Les citations précédentes nous permettent de préciser quelle
situation était alors faite à ces artistes ou artisans, peintres ver--
riers ou metteurs en plomb.
Ouvriers ambulants pour la plupart, se rendant là où ih étaient
appelés, les verriers de cette époque n'avaient point dans certains
cas à se préoccuper des matériaux nécessaires pour les restaura*
tions ou tes grands travaux qui leur étaient commandés; ce soin
incombait le plus souvent au Domaine. Aux termes des marchés
conclus entre eux et le receveur du duché ou son représentant, eu
présence du maître des œuvres chargé de veiller à Toliservation
des conditions du contrat et à la réception des trataui exécutés,
les verriers devaient s'occuper uniquement de la pose des len es,
de leur mise en plomb selon un assemblage déterminé ; combi-
naisons de lignes droites et courbes, médaillons enfermés dans des
< fi. 498.
* Gallia chrisiiana, Kcclesia Tullensis, Janduritie, t. XX VIL
]
L 826 DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARRÛIS.
t- panneaux rectangulaires, dessins géométriques dont les dispoii-
r « tioDS produisaient un effet décoratif.
[ On devait leur u songnier » , leur fournir les verres, le plomb el
r Tétain, toutes choses que le domaine avait à se procurer; on leur
t adjoignait des serruriers, a cerriers n , pour la mise en place, an
; moyen d'armatures en fer, de chaque panneau dans la baie qui
devait le recevoir, mais ils devaient toutefois préparer eux-mêmes
les vergettes de plomb dent ils déterminaient, à leur guise, la
forme extérieure et la profondeur des rainures destinées à main-
tenir chacun des morceaux de verre composant le vitrail.
On leur livrait les matériaux bruts; ils devaient par leur habi-
leté en tirer une œuvre d*art.
Dans ses Monuments inédits (T. Il, p. 275), M. FaîIIon rap-
porte qu'en 1521, Didier de la Porte, peintre verrier, natif de
Langres, vint à Dijon prendre un sauf-conduit signé par René de
Savoie, grand maréchal de Provence, qui Tautorisait à transporter,
en franchise de tous droits, de la Lorraine où il allait les acheter,
jusqu'à Saint-Maximin » les verres, plomb et estein^ tiecesserê
pour les verrières de ladite église v .
Lors des travaux entrepris, en 1452, au château de BouconTille,
François le Merdier , prêtre demeurant à Saint-Mihiel, pose dans
la chapelle édifiée par Pierre de Bar, siredePierrefort, vîngt-deui
pieds de verre représentant saint Pierre et les armes de feue la
reine de Sicile, à raison de neuf blancs le pied ^ Ce prêtre élait,
parait-il, fort expert dans Fart de la peinture sur verre, puisque, en
1462, au jour de Tachèvemeni des restaurations entreprises par
Guillaume le Verrier dans ce même château, François le Merdier
tt qui ad ce se congnest » procéda à la réception des travaux.
Guillaume, nommé ailleurs Guillemin, demeurait à Dar, et
exerçait la profession de peintre et de verrier en compagnie de
quelques-uns des siens. En 1454 il lui est payé la somme de :
u XXX iij sols IV den. pour ses despens et ceux d'Antoine^ soit genr^t
Pierresson le cerrier, Jean Thibault et son varlet, lesquelz furent iij jours
on cbastel (de Louppy) en novembre iiij^ Ijv pour asseoir, ferrei
» B. 1544, ^ 63.
DE L'ART ET DES ARTISTES DAMS LE BARROIS. 827
adiuUer lez verrières et châssis de la chappelle et dez ij nuefves chambres
et ferrer ij voisines esdictcs chambres joignant la salle aux dains n
« xxvij libvres aux personnes qui s'ensuivent, cest assavoir ixv lib.
X sols audit Guillaume le peintre demeurant à Bar pour avoir delivrey on
chastel vij** xiij (153) pieds de verrières mis et employés ex fenestres de
la chappelle et dez ij chambres joignant la salle aux dains à iij sols
iij deniers chacun pied, xv à Pierresson le cerrier pour xviij verges
de fer pour la dicte chappelle à x deniers chascnne verge, xiij sols
IV deniers à luy pour viij locquetières à xx deniers chascune et xx deniers
pour iij* pointes et j cent clouz à testes pour les dictes verrières. Gomme
il appert par le tesmoignage du clerc juré... ' »
En 1462, ce même Guillaume et son neveu Jean posent aux
fenêtres du château de Boaconville quatre écussons aux armes du
Roi, de la Reine, de M. de Calabre et de M. de Vaudémont. Deux
hommes de Bouconville les rapportent de Toul dans une hotte
pour ne pas les briser '.
Vers cette époque, plusieurs peintres verriers du nom de Jean
étant mentionnés dans nos comptes, il est assez difficile de déter-
miner quel peut être le neveu de Guillaume de Bar. Peut-être faut-il
reconnaître dans ce personnage Jehan verrier, demeurant à Toul,
chargé en 1486 de mettre en état les verrières du château de
Foug *, de réparer, en 1515, celles de la forte maison du Pont ^,
puis de fournir, en 151 7, trois douzaines d'écussons aux armes du
duc Antoine pour être placés dans les villages de la terre de Metz
qui étaient sous la garde de ce prince ^
C'est également en la qualité de peintre et de verrier que
Simonin entreprit divers travaux au château de Bar, en 1463, lors
du séjour de René d*Anjou dans son duché de Barrois.
Dans le compte de Jean de Barbonne, receveur général du
duché, rendu pour Texercice 1462-1464, on remarque la mention
d*utt payement fait en 1463 à a Simonin lepointre de 9 fr. 4 gros
pour 56 pieds de verrières par lui mises es feneslres neuves de la
chambre de parement à raison de 2 gr. le pied compris verre
« B. i3î8, ^ 55 V.
« B. 1551.
» B. 2235. f 65.
* B. 987. f» 136 V.
» B. 988, P» 144 f .
^.'fv-
8*28 DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
plomb et étain » , puis celui d'une somme de 105 francs à ■ Jehan
Verrier de Saint-Nicolas pour son sallaire d'avoir fait 66 pleJa de
\.[^ verrière de viclz verre et remis en plomb icclles renouvellèesel
l: remises en la chambre de Mons' le marcjuis et en celle d'emprez
ï à raison de 1 gros le pied apparant, comme dessous, pur le term*
du clerc juré* ».
tt viij Ib. à Symonin le peintre pour xlviij pieds de verre mis en ŒDire
par lui tant en la chambre de la Royne que en celle de Mons. le Mart^uU
à raisonde ij gros le pied. Appert par lesmoin^natgc de Mengîa Thierian.
clerc jugé, rendy-cy. »
tt xvj Ib. iij s. iij d. payer à ceulx et pour les causes qut â'eo^uîiî^nl
c'est assavoir à Simonin le pointre pour Ivj pieds de verrières pir la|
mises èsfenestres nuefves de la chambre de parement, à raison de ij ^ro£
le pied à songnie verre, plomb estain pour ce . , . . . i\îv. iiij gros «
tt A luy pour xlvj piedz de verre blanc piir luy mis es deux <jrandfi
fenestres de la neufve salle outre les deux escussons faiz en icelle d?-^
armes de fèu mous' le cardinal et madame de S^ Pol au pris dessu^d.
pour ce ■ , . ïjj fr. riij gros. »
a Pour lesd. deux escussons contenant xvjj piedz h roiion de vj ^ros k
pied, valent viij fr. et demi >
« A luy pour xxvij piedz de verre blanc mis ccst assavoir xx piedi 'n
la chambre de mous, de Vaudemont et viij es deux fenestres de la nuefve
wiz, audit pris. Hij fr. viij gros »
a Lesquelles parties montent xxx fr. ij gros^ dont Ton rabat deui
loyens de verre amenés audit Bar par le sencscbd de Boarmont ao^
despens du s', qui monte xiiij fr. ; ainsi reste qui est paîé audit Simonin
par les parties cy-dessus ladite somme de xvj fr, ij gros, comme it
appert par le tesmoinguaige dudit clercjuré, rendu cy '. >•
Déjà en Tannée 1455, c'est-à-dire peu après la cession faite à
René d'Anjou du château de Morley, Simonin avait été chargé de
la décoration de la chapelle qui venait (l*y être édifiée par les soio^
du prince.
tt xiiij 1. xix s. ij d. a Simonin le peintre et verrier auquel n fsiè
marchandé à verres de blanc vaire les quatre fenestres estans dessai
Faulel de la chappelle du chastel dudit Morley comme aussi de garair et
' B. 502.
» B. 502, f« 142 et ¥^
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIg. 829
verrir de blan vaure le châssis estant en îcelle chambre et en la fenestre
devant le lit et faire les ouvraiges de peinture qui s^ensuivent, c^est
assavoir de pointre les armes du Roy de Secille en vaurre et de vanrre
recuit en lome hault de dessus ledit autel, aux deux autre lomes compris
à chacun ung ange, et aux deux ornes de bas les armes dudit Monsei-
gneur le roaistre d*ostel Gillel de Bourmont et celles de Madame sa femme
le plus honorablemenl que faire se pourra. Avec ce pointre esdites quatre
fenestres de dessus ledit autel et de vaurre recuit les ymages qui s'ensui-
vent c'est assavoir à Tune desdites fenestres Timage de monseigneur
Sainct Nicolas, de Saincte Catherine à Tautre fenestre, ung crucifiement,
à Fautre fenestre, et sainct Jehan-Baptiste à l'autre fenestre, et on châssis
estant en la fenestre devant le lit deux roses, une pers et Taulre vermeilles
pour lesquelles pointures faire, deust par marchié a li fait la somme de
trois francs et demi-, et par chacun pied de blant vaurre le somme de
dix blans, monnoie du Barrois. Esquelles quatre fenestres et châssis de
bois a esté trouve et livré par ledit verrier la quantité de soixante piedz de
vaurre, en ce compris les pointures, et pour les dictes pointures a été
rabattu cinq pieds de vaurre; ainsy demeure cinquante cinq piedz de
blant vaurre qui valent au prix que dessus la somme de onze frans cinq
gros et demi. Ainsy cest toute somme tant de blant vaurre que de poin-
ture la somme de quatorze frans onze gros et demi qui ont esté paiez
audit pointre par le receveur de ce présent compte, comme il appert par
la descharge dudil cler juré, por icy xiiij 1. xix s. ij d. * »
Nous n'avons point de renseignements sur un certain Jacquot
de Floranges qui, vers 1458, posait trois verrières dans la cha-
pelle du château de Sancy *; il en est de même pour le nommé
Vincent que nous voyons en 1462 travailler, en même temps que
Simonin, au château de Louppy et poser douze pieds de verre en
deux panneaux où étaient reproduites les armes du Roi et de la
Reine '. Les noms de cesdeux verriers n'apparaissent point à nou-
veau dans d'autres comptes, ou du moins nous ne les avons point
remarqués dans V Inventaire sommaire de nos Archives,
Vers ce temps, Marguerite d'Anjou, femme de Henri VI, roi
* B. 275V, f* 38. — En 1471, Gérardio le verrier, demeuraDt à Gondrecourt,
»t chargé de restaurer les verrières du château de Morley. B. 2758. Voir la
_jte de la page 840.
« B. 1749, f« 124.
» B. 1332.
830 DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARHOIS.
d*AngIelerre, vint habiter le château de Kœurs avec son fiU
Edouard et une suite nombreuse. On fit alors de sérieuses répara-
tions pour rendre habitable cette résidence ducale, et, en I46â,
tt Jehans le Veirier demeurant à Verdun » fut chargé de réparer
toutes les fenêtres de la chambre du Roi, de la petite salle, delà
chambre de M. le marquis, des galeries, de la cuisine^ de la râtis-
série; le prix de son travail s'éleva à 50 sous ^
Vu la modicité de la somme payée à Jehans de Verdun, peut-
être faut-il croire qu'il ne s'agissait pas en cette circonstance d'un
travail de peintre verrier.
Cest toutefois en cette qualité que nous le retrouvons cette même
année mentionné dans un compte de Colet Henrîon, châtelain et
prévôt de Souilly.
« \^** à inaistre Jehan le poinctre de Verdun pour rappariUîer et repoia-
dre la chappelle dou chatel de Soûliez et pour faire les verrières aux [tnn-
tres qui estoient toutes brisiées et pour les despens dudit maîstre Jetian et
son varlet qui y demoroit pou lou rapparilHer pour un moix eotier*. i
Le nom de Jean étant excessivement répandu à cette époque, il
est bien difficile de déterminer avec certitude si Jehans de \ erdua
n'est point un seul et même personnage soit avec Jean le Verrier^
demeurant à Toul, chargé, en 1485, de mettre en état les verrière»
du château de Foug"; soit avec Jean le Verrier qiû y en 1488, per-
gnait un panon en oraux armes du duc pour le toit Je la chambre
des comptes de Nancy ^, garnissait de vitraux peints la bibliolhèquf
de René, Toratoire de Philippe de Gueldres et Tallèe ib k vi^ oa
escalier de la tour du Trésor des Chartes' ; soit avec £& Jekain (e
paintre demorant au Pont » , chargé, de 1496 à 1504, de peiniire
les armes du Roi et de la Reine sur la Porterye *, et, en 1515, Je
réparer les verrières de la forte maison du Pont ^ ; sait enfin âvec
le petit Jehan le paintre, domicilié à Bar, eu 1510-1 51 1 , dont le
» B. 2800, r» 45 v\
« B. 1229, f° 87.
3 B. 2235, fo 65.
* B. S. A. L., t. UI, p. 2V-27.
* B. S. A. L., t. I, p. 101.
«B. S.A. L. t. IV, p. 11,81,82.
' B. 987, fo 136 r.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE B.^HROIS, ISI
compte de Christophe Lietard, receveur général du bailliage de
Bar, nous fait connaître les différents travaux.
II convient également de remarquer que, changeant souvent de
domicile, les verriers peuvent avoir été désignés dans les comptes,
à ces diverses époques, avec la dénomination du lieu qu'ils hahi-
taient alors.
tf Paiez par led. receveur en trente deux gros aux perïronnes et potir
a les causes qui s'ensuivent, assavoir à petit Jehan le paintre pour avoir
tt mis en plomb seize pieds de verrières pour Ic^dilâ offices d'eschan-
c sonnerie et saulcerie faictes on dit chasteau et y avoir fourny la soul-
c dure à raison de six blans le pied, valent ij fi-ans, plus payé h Loisel
N Théron, marchand demorant audit Bar pour un loyen de voir bknt
tt emploie pour faire lesdictes verrières, pour cc^ vij frauâ qui est ladite
« somme ^ «
u xl. s. X d. paiez par ledit receveur en xxiiij gros vîlj aux p«r:îonne3
« et pour les causes qui s'ensuivent, assavoir à peLit Jehan le paînctre
tt demourant à Bar pour avoir mis en plomb au «jtos moïilti unïe piedz
a de verrières mises aux nouvelles ofûces de sautcerie et fruictene
tt joindans à la cuisine derrière sainct Maxe, à raison de six Llans le
« pied*. »
L'église de Saint-Pierre de Bar, commencétr vers rannée 1320^
et pour l'édification de laquelle René d'Anjou avait donné, en
14:45, par lettres patentes, aux doyen et chapitre la aoninie de
1,000 francs à prélever sur les Aydes, n'était pas encore entière-
ment terminée au temps où René de Vaudéniont, son petit-^fils,
vint habiter le château de Bar. Son portail, qui présente deux
médaillons mutilés aux profils de René II et Je Philippe de
Gueldres, fut achevé dans les dernières années du quiniiëme siècle
grâce aux libéralités de ces souverains \
* B. 617, M 18 v». Mandement daté du 14» jour de décembre 1510.
* B. 618, f« 111.
Un peintre verrier lorrain, établi à Murano (Italie) vers la fm du ijnînzîêmii
siècle, possédait le secret d'une nuance rose jusqu'alors iriconuui-. (lel artiste tquj
in exercitio vitrario est super omnes alios expertissimuA * esi lii-^ij^tic Ji^an * el
Franzoso t dans l'acte d'association qu'il contractait, cii i'*i>2^ aifc (jcofjjes liai-
larin, chef de la célèbre famille de ce nom.
Note de M. Euj{. Muntz, Nouvelles archives de V Art français, 1878, p. 236,
* Durival rapporte qn'il y avait à Saint-Pierre «deus tubleau^ rouiis sons verre
de 15 pouces de diamètre, attachés aui deux piliers qui tiTmlne^it le chu&ur,
^
832
DE LART ET DES ARTISTES DAXS LE BAfifiOlS.
C*est vers Tannée 1482 que dut être fait le vitrail dont doui
avons rencontré le dessin colorié et la description dans la collecliao
"^^>>^
Joly de Fleury. Nous transcrivons, sans en rien omettre, le passage
suivant, extrait d'un rapport dressé en I70f! :
« Delà sommes entrés dans celte église où cstarts nous avons d'abdrtl
remarqué sur la grande vitre qui est derrière le maisire autel et dans U
représentant René II et Philippe de Gueldres, son épouse - , — DtfCripii&n
la Lorraine et du Barrais, t. II, p. 3V6.
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 883
lieu qui est le plus éminent de la ditte vitre, Fécusson plein de France
couronné d'une couronne d*or ancienne brodée et marquetée en petites
pièces noires. Cet écusson supporté par deux anges ailez agenouillez dont
les genoux posent sur deux autres écussons scitués directement au-dessous
des armes de France lesquels se courbent par en haut en s^aprochant en
n^anière de chevron; le premier d'iceulx placé du côté de FEvangile est
porté de cinq pièces ou quartiers que sont les alliances de Hongrie»
d'Anjou, de Hiérusalem, dj France et de Bar; le dit écusson couronné
d^une couronne ducale aux feuilles d^ache. Le second placé du côté de
répitre est pareillement portée de cinq pièces dont les quatre premières
sont les mesmes que celles de Tautre escu et la cinquième est chargée des
armes de Lorraine aux trois alérions ; ledit écusson n'est point couronné. Et
au-dessus des dittes armoiries et un quatrième écusson couronné qui est
placé entre les deux pointes de ces deux cy-dessus et directement
au-dessous de celuy de France ; ce dernier écusson est chargé de bars
qui sont les armes de Bar et semblent servir de base à tout Tédifice, en
sorte que les armes de France sont seules en haut avec un air de supério-
rité tel qu'il convient à un souverain ; les deux cy-devant descrits sont
au-dessous et au troisième rang l'écusson de Bar.
tt Delà nous avons jette la veûe sur la vitre qui est au-dessus de la
chapelle coUatéralle de saint Sébastien * au haut de laquelle, sont placées
les armes de France à trois fleurs de lys surmontées d'un lambel, au
costé droit d'icelles est un lambeau des armes de Hongrie sans écusson
formé et au costé gauche la croix et les croiseltes de Hiérusalem, aussy
sans écusson et est celui des armes de France en forme de globe seul
couronné d'une couronne ducalle.
« Ensuite avons remarqué à l'autre chapelle coUatéralle qui est de
r Annonciation, au haut de la vitre qui est au-dessus de l'autel les armes
de France dans la même situation de prééminence qu'au Maitre autel :
elles sont à trois fleurs de lys à l'antique. Cet écusson est échancré à |a
manière des écussons allemans et couronné d'un bonnet royal, au-dessous
des dites armes, dans deux rosettes de la vitre, sont posés deux écus. Le
premier des mesmes alliances qu'au maitre-autel, à la réserve qu'on
y void le second quartier d'Aragon, le second escu est de Gueldres et les
dits deux écussons ne sont point couronnés.
* La chapelle de Saiot-Scbastieo, dite de Barbonoe, avait été fondée en 1476
par Jean de Barbonne, qui, par son testament, consacrait « une somme de
50 francs pour la construction et façon de la grande verrière de ladite chapelle i .
] inds Skrvais, Annales du Barrois.
Dès l'année 1477 il existait dans cette église une confrérie de f Mons. Saint Sé-
I Astien 1 dont Jean Gillel, prêtre vicaire de la collégiale, était le gouverneur. —
i iiliothèque nationale, Collection lorraine, n*' 350.
58
834 DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LB BAEROIS.
« Il y a encore plusieurs vitres dans iaditte église, moins grandes et
placées dans des endroits moins considérables où Ton voict les armes
de Lorraine, celles de Bar et aussy de plusieurs maisons illastres^ •
La description et le dessin donnés par le rédactear de ee rap-
port sont Tun et Taatre fautifs, mais peut-être les susdits ècussoni
avaient-ils été déjà, antérieurement à Tannée 1702» Tobjet d^nne
restauration maladroite.
Sur récusson couronné de droite on n'aperçoit point, an troi-
sième quartier, les croisettes qui devraient cantonner la croix
potencée de Jérusalem; au quatrième indiqué par erreur comme
étant de France, le dessinateur a omis de reproduire la bordure de
gueules qui aurait dû soutenir le semé de lis des armes d'Anjou.
Ces armoiries me paraissent être celles que René l*', duc de Bar,
avait antérieurement à son avènement au duché de Lorraine,
en 1430.
Quant à l'écusson de gauche, non couronné, qui est à six quar-
tiers et non à cinq, le troisième, mal reproduit ou détérioré, devait
offrir la croix potencée d*or cantonnée de quatre croisettes de
même ; et le quatrième, la bordure de gueules omise dans Técussoii
d* Anjou. La présence des alérions de Lorraine au sixième quar-
tier permet-elle de recounaitre dans cet écusson les armoiries
d'Isabelle de Lorraine, femme de René, qui avait le droit de
prendre les armes de son mari et d*y joindre les siennes : Lor-
raine? '
S'il en était ainsi, le vitrail en question serait antérieur à 1430;
la partie supérieure seule, aux armes de France, aurait été faite de
1474 à 1482 pendant la première occupation française*.
A cette même époque de nombreux travaux furent exécutés ao
chAteau de Bar, ainsi qu'en témoignent les mentions saivantes
relevées dansle compte d'Antoine Warin, receveur général du ducké
de Bar, pour l'exercice 1483-1484 :
* Bibliothèque nationale. Collection Joly de Fleary, f. î. mss. n* 1360.
' A la prière de son confesseur, Jehan Boucard, et èque d'Avrancbet, le m
Louis XI avait donné à Féglise Notre-Dame de Saint-L6 (Uanche) an magoiF— '
vitrail où les armes royales étaient représentées soutenues, selon la imd
temps» par un ange. On y voyait également les écussons da Dauphiaé e
Berry, c'est-à-dire ceux des deux enlants de Loais XI, Charles et François.
DE L'AKT ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS. 835
u Réfection et remise à point de toutes les verrières et écussons des armes
étant es verrières de la petite salle neuve et nettoyement d*icelles par
Pierre k Verrier à qui il a été délivré 6' pour ce travail.
« Remise à point des verrières de la Ch* de parement, de celle du Roi,
et de Couppetalon, de la Gh* de Mons. le marquis par Simonin le
poinctre.
« Réfection des verrières de la petite Ch* auprès le petit paule qui
éloient derompues.
« Appositionde plusieurs losenges es verrièresdu château et fourni pour
celles-ci verre plomb et soudure (Simonin le peintre).
u Apposition par Pierre le Vei*pier de 27 pieds de voire blanc aux
verrières faites neuves dans la chambre du duc. Fourniture par le même
de deux écussons armoyés des armes dû prince.
o Mise à point et radouber de verre neuf, plomb et soudure 18 pan-
neaux de verrières de la salle du pale...
u Façon de la verrière de Toratoire; réfection et mise^en état de trois
panneaux de grands lozanges es verrières du petit paule.
« Remise à point en la chambre de Mesdemoiselles (Marguerite et
lolande de Lorraine, filles de René) les verrières des deux grands
châssis ^ »
Dans ce même compte, en ce qui concerne Jehan Pierre le
Verrier, on remarque une dépense de « 5 fr. 9 gros payés à Jennin
Robin, marchand à Bar, pour 5 quarterons trois livres de plomb
à lui achetés au prix de 4 francs le cent, lequel plomb a été
employé es ouvraiges desd. verrières... » ; puis une autre dépense
de a 13 gros 3 blancs au même Robin pour ^** 9 onces d*étain qui
lui avaient été aussi achetés pour être employés auxdits ouvrages
a raison de 10 blancs la livre » .
D'après tous ces détails, on peut croire, avec M. V. Servais, que
ces verrières se composaient de petits carreaux semblables à ceux
que Ton rencontre dans certaines maisons de la ville haute dont la
construction remonte à cette époque*.
En Tannée 1485, après être rentré en possession du Barrois et de
la ville de Bar, René II faisait un don considérable au chapitre de
Saint-Pierre pour lui permettre de terminer les travaux'. En 1488,
« B. 511.
' Fonds Servats, loc. cit.
» B. 512.
836
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARR01S.
désireuse de contribuer à rembellissement de cette é^^jlbe, la jeouf
duchesse demandait un peintre verrier pour exécuter une verrière.
Cesl du moins ce qui résulte de Texamen du compte d'Antoine
Warin, receveur général du duché pour cette année.
tt iiij Ib. paiez par ledit receveur a Thevenin verrier par ordonnajic^
de mes dis seigneurs du conseil pour faire ses despcns au lieu de Ikr et
de retournant dudit Bar au lieu de Nancey, lequel verrier de T ordon-
nance de notre très redoublée Dame estoit venu faire audit Bar pour
prendre la mesure et veoir le lieu là où icelle Dame loaioit faire uEie
verrière en Téglise S* Pierre de Bar... >. »
Ce personnage doit être le même que Tfaouventa de IVancy qiii«
en 1481, avait refait à neuf a la grande verrière de dessus le
maître-autel des Cordeliers de Mirecourt* v et orna plus tard de
vitraux peints l'oratoire du roi de Sicile'.
Avant le voyage que René II fit en France au mois de mai de
Tannée 1498, ce prince avait réclamé les bons ofSces de Pierre k
painctre auquel, en 1497, il fut payé par le receveur général da
duché de Bar la somme de xxx s. iiij d. en xx gros pour ses
peinnes et sallaires d'avoir fait deux verrières tiuefves mises en
deux fenestres en Tescuyrerie du roy de Sicile et devant la teste
des grands chevaulx ^.
Quel était ce Pierre? Faut-il, avec M. Marcha!^ laucien archi-
viste de la Meuse, reconnaître dans ce peintre Pierre dAmycMS
qui, en 1498, fit trente-quatre écussons aux armes delareineJeariQe
de Laval, destinés à décorer Téglise Saint-Max e lorâ d'un servke
célébré pour cette princesse*? Convient-il au contraire d'identiOer
ce personnage avec un peintre verrier du même nom, originaire
de Strasbourg ou résidant dans cette ville, que nous voyons, len
Pannée 1500, travailler aux vitraux de Téglisc des Cordeliers de
Nancy *, et faire la rose du portail, puis la grande verrière plire^
derrière le maître-autel ^ ?
« B. 515, f 112.
' Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, t. III. p. 27.
» Ibid., t. I. p. 101.
* B. 522, f« 149.
* B. 523.
•B. S. A. L.. m. 27.
" B. S. A. L., t. I, p. 101.
DE L'ART ET DBS ARTISTES DANS LE BARROIS. 831
Mentionnons également Pierron peintre et verrier qui, vers le
même temps, décora des armoiries ducales les vitraux de la cha-
pelle de la maison du Roi à Pont-à-Mousson ^
Au commencement du seizième siècle les comptes de Christophe
Liétard, receveur général du bailliage de Bar, nous procurent,
en 1510, le nom de Petitjean, peintre à Bar, qui pose cinq pieds
de verrières » à la chambre de Michel Thomas, sarrier, demeurant
auBaisIeet conducteurdeTorloge' » , puis, la même année, exécute
220 écussons tant aux armes de Bar qu'aux armes du duc pour le
service funèbre de René II'.
Les peintres verriers alors en résidence dans le Barrois étaienl-
ils insuffisants ou malhabiles, c*est ce que Ton serait tenté de croire
en voyant nos princes attirer à leur cour et s'attacher deux étran-
gers dont les noms ne sont point mentionnés dans nos archives :
Jean Clerengue de Verdun et Simon de Meaux^ que René II et sa
femme engagèrent à se fixer définitivement dans leurs Etats, en
leur accordant divers privilèges et franchises.
Nous empruntons aux notes publiées par M. Lepage sur les
peintres lorrains des quinzième, seizième et dix-septième siècles
les renseignements suivants :
u René, par la grâce de Dieu, Roy de Ihérusalem et de Sicile, duc de
Lorraine et de Bar, etc. Savoir faisons que par la bonne relacion que
faicte nous a esté de Tart et industrie de paintre et verrier estant en la
personne de notre bien amé Petit Jehan de Clerengue, désirant le retyrer
en notre ville de Bar, afûn de nous en servir tant à Tentretenement des
verrières de notre chastel dudit Bar que autrement, Tavons pour ces
causes affranchy et exempté et par ces présentes affranchissons et
exemptons de toutes tailles, aydes prières et subsides et toutes autres
exactions quelconques imposées et à imposer en notre dite ville de Bar,
réservé et excepté de l'imposition de douze deniers par livre sy tant estoit
quelle eust cours audit lieu, aussi du guect, garde et rétention de bonne
ville, lequel Petitjehan n'entendons qu'il soit aucunement tenu servir en
armes à cause de cette présente franchise, mais sera tenu seuUement
entretenir les verrières de notre chastel dudit Bar où il ne faudra
besongnier plus avant d'un jour. Et affin qu'il puisse mieulx fournir à ce
et s'entretenir audit Bar, luy avons donné et octroyé, et par ces présentes
' * Lepage, Communes de la Meurthe^ t. II, p. 329.
« B. 617, 618.
» B. 532.
888 D£ L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARHOIS.
donnons et octroyons de grâce espéciale ung muid de bled froment sur
la recepte de nostre célerier dudit Bar par chascun an par manim de
pension à nostre bon plaisir.
(( Lettres patentes datées du cbâteau de Louppy, le 20 juin 1507 L i
Ces lettres furent confirmées le 5 décembre 1509 après la mort
de René II par sa veuve Philippe de Gueidres, duchesse douairière
du Barrois.
tt Philippe, par la grâce de Dieu, royne de Jhérusalem et de SicUf,
duchesse de Lorraine et de Bar, etc. L^umble supplication et reque^lf
de Petit Jehan Clerengue, painclre et verrier^ demeurant en nostre vïWt
de Bar, ayons reçue contenant que feu de glorieuse mémoire noâlre tr^^
chier seigneur et espoux le roy de Sicile..., lui avoit fait sa demeure qni\
faisoit en la cité de Verdun et Tavoit fait retirer en ce lieu et Tarrranchy
et exempté de toustes tailles, aydes, subsides et autres choses queli-
conques, réservé de l'imposition de douze deniers pour livre si etle avoit
cours, et de guait, garde et rétencion de bonne ville s*il y estoit démo-
rant sans être subgect de servir en armes, mais à chart^e de enir^
tenir et besongnier ez verrières de nostre chaste! dudit lieu ou f)
fauldroit besongnier par ung jour, et avec ce luy baillié pension d'an
muid froment sur la recepte de nostre célerier dudit Bar Jursqueis à sod
plaisir ainsi qu'il povoit plus amplement apparoir par ses lettres patenta»,
nous suppliants très humblement luy vouloir icelles conr^rmer, Saroir
faisons que pour le bon rapport que fait nous a esté dudit Jeheii
Clerengue, «nyant regard à ce que dessus, désirant entretenir le Ub
vouloir de nostre dit feu seigneur et espoux, pour ces causes et ^mItûs
raisonnables nous mouvans, avons ratlilié et confermc, ratltffion^ ei
confermons icelles lettres d^affranchissement et pension selon Ifur
forme et teneur jusques à nostre bon plaisir et soubz les charges, rondi-
tions et modifications y spéciffiées et déclarées... '. »
A Jean de Clerengue succéda, dans les fonctions ^tipuléc^ dans
les deux actes précédents, un certain Simon de Afeaui qui fat
retenu à Bar par la reine Philippe. Nous n^avons pas ! acte d^ fraD-
chise donné par cette princesse, mais i*acte de confirmation
accordé en 1521 par le duc Antoine à ce peintre verrier est rédige
dans des termes semblables au précédent.
» B. S. A. L.. t. IV, p. 86. — Trésor des chartes, layette. Bar, Chambra
comptes, t. 11, n« 21.
• B. S. A. L., t. IV, p. 87. —Ibid. Bar, ville et bailliage, t. ÏJ, ii'15.
DE L*ÂRT ET DES ARTISTES DANS LE BAREOIS. 839
« Anthoine, par la grâce de Diea, et... Salut. Gomme la Royne de
Sicile nostre très chière dame et mère, à présent religieuse professe au
couvent de Saincte Clëre en nostre cité de Pont à Mousson, ait, par cy-
devantz et pour les causes contenues en icelle, affranchy et exempté
Symon de Meaulx, painlre et verrier, à présent demeurant audit lieu de
touttes tailles, aydes, prières, subsides Sans que pour ce ledit
Symon soit aucunement tenu servir en armes à cause de ladite franchise,
mais sera tenu seulement entretenir les verrières de nostre chastel dudit
Bar, ou il ne fauldra besongnier plus avant d*un jour. Et affin que
mieulx il puisse fournir à ce et s^entretenir audit Bar, nostre dicte et
mère luy ait donné et octroyé par ses dites lettres, ung muid de froment
sur la recepte de nostre célérier dudit Bar, par chacun an, par manière
de pension, jusques à son bon plaisir, scavoir faisons que nous, inclinans
à la supplication dudit Symon de Meaulx, ayant aussy regart à Tart et
industrie de peintre et verrier estant en sa personne, pour ces causes le
retenir en ce lieu, lui avons confirmé et en confirmons par ces dictes
présentes ladite franchise, ensemble ledit d'un muyd de bled froment
par an par manière de pension, comme dit est, selon le contenu ez lettres
de nostre dite Dame et mère, en et parmy lesquelles ces présentes son
infixées jusques à nostre bon plaisir Donné en nostre ville de Bar, le
dixième jour d*apvril. Tan mil cinq cens vingt et un q.
A cette liste de noms demeurés pour la plupart dans Tobscuritë
il convient de joindre celui de René (T Anjou qui, maître dans tous
les arts, aurait, dit-on, cultivé avec assez de succès la peinture sur
verre et exécuté, au temps de sa captivité, à Dijon, les portraits de
Jean et de Philippe, ducs de Bourgogne, qui décoraient Téglise
des Chartreux de cette ville.
aPendant sa captivité à Dijon, en 1431 et années suivantes, le duc
René de Bar aurait offert à la S'* Chapelle de cette ville une verrière où
il était représenté à genoux en robe fourrée avec plusieurs saints. Au
bas du sujet principal on voyait ses armes et des oublies, allusions à
Toubli de ses sujets. On dit que ce vitrail auquel, d'après la tradition,
aurait travaillé René lui-même, aurait été vendu & un Anglais après la
Révolution ^ »•
Dans son étude : I^s Ducs de Bar ou seigneurs et dames de
Cassel de la maison ducale de Bar, M. de Smyttère rapporte
" Revue de r Art chrétien, 1895, p. 48T.
840
DE L'ART ET DES ARTISTES DANS LE BARROIS.
qu'il exisfait à la Baumette^ près Angers, un vitrail offrant le por-
trait de René fait» croit-on, par ce prince (p. 241).
L. Maxe-Webly,
Membre non ré«id»itt du Comïtr «li-i
Sociétés dcf^ neaun-Art» deï dépar-
tements, à EDr-le-DuG.
TABLE
Imagiers et maures des œuvres,
Ghr. de Joinville.
GhevilloD (Aubert).
GolligDon le Marjollet.
Goartois Geoffroy de Gondrecoart.
Grocq (Jean), de B«r-le-Duc.
Demenge de Rosières.
Guéri Malpayé.
HussoD, de Bar.
Husson, l'imagier.
Jacquemin (Gérard).
Jacquemin (Rogier).
Jacquemin, de Vaucouleurs.
Jaequot, de Vaucouleurs.
Jean, de Gommercy.
Jean, de Saint-Pierre.
Jehan, de Saint-Joire.
Jehan, le menuisier.
Jehan Thierion.
Jennin, de Buigne ville.
Mengin Ghevron.
Méngin, de Bar.
Nicolas, de Saint-Biaise
Nicolas, de Bar.
Perrin (François).
Perrin (Ifichel).
Pierre, de Milan.
Raulot (Didier).
Thibaut, de Ligny.
Tristan.
Peintrûs
Ancherin.
Arnoulet.
Glérengue, de Verdun.
Golars, de Verdun.
Golio, de Verdun.
Estieone.
François le Merdier.
Guillaume, de Bar.
Henry.
Jaequot, de Florangps
Jean.
Jehain, du Pont,
Jehan, de Saiot-X'icoLas.
Jehan, de Tool.
Jehan, de Verdun.
Jehans, de Verdiui.
Michèle!.
Nicolas, de Verdun,
Pierre. t
Pierre. d'Amycn».
Pierron.
Petitjean, de ^ar^
René, d'Anjou,
Simon, de Meaux.
Simonin.
Théf enin, de Nancy.
Thé venin Merlin.
Vincent.
Addition à la page 829 : Après la démolition do château de \laHey, Eei vilf
exécutés par Simonin de Bar furent placés dans l'église jusqu'au jour oà \t
réchal de Beauvau, seigneur de Morley, les réclama ver^ 1775 au en ré Ritb
qui les loi envoya.
Note de M. l'abbé Gillant : PouiUé du diocèse de Verdun, t. U, p. 577.
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTi: D AIX. Rf]
XLVIl
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA [»ORTE D\\]\
A MARSEILLE
Marseille rêvait un arc triomphal, depuU r|iie Pa^et en avait sug-»
géré ridée dans les vastes plan^ d'ensemble qu* il avait présentés à
la ville en 1669. Ce monument, dont le génial artiste a?ait marqué
la place à la porte d'Aix, devait annoncer IVntrée ch la cité. Mal-
heureusement, une administration paroi mon le use, que Irs concep-
tions trop hautes déconcertaient, avait fait déLiisser ces plans, et
ce n^estque de la résistance que la municipalité aualt opposée aux
agrandissements ordonnés par Louis XIV.
En 1780, la revente des terrains de TArsenal ayant produit à la
ville un bénéfice de 200,000 livres, le conseil voulut employer
cette somme à l'érection d'un arc de triomphe en Thonneur de
Louis XVI. Nos édiles, d'accord en cela avec Topinion publique,
dans leur séance du 30 juin 1784, ressuscitèrent Fidée du grand
sculpteur et choisirent la porte d'Aix \
L'importance des questions touchant à la prospérité commerciale
de notre ville et à son embellissement qui furput Iraitées au cours
de cette délibération, la façon dont elles furent envisagées, les
aperçus auxquels donna lieu leur discussion, mériteraient un àéve-
loppement que ne me permet pas le cadre que je me suis tracé, et
bien que le monument qui fait l'objet de la prt^sentc i^tude n'en
eût pas été la cause déterminante, je crois, néanmoins, utile de la
mentionner parce que c'est au cours de cette réunion que Tiilée de
Texécuter se manifesta pour la première fois.
A la suite de celte délibération du 30 juin 1784, le Conseil mu*
1 Délibération do conseil municipal de Marseille, annce 17S4, Rt'^îj^tre ir' 185,
p. 84.
842 L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'AIX.
nicipal approuva à ce sujet, le 15 août suivant, un projet présenté
par Gautier, artiste marseillais,
L'Académie de peinture et de sculpture de la ville consultée
avait patronné ce projet^ des lettres patentes permirent bientôt
après à la municipalité d'ajouter telles sommes qu*elle jugerait
nécessaires aux 200,000 livres votées, afin que Tœovre fût com-
plète ; mais avant qu'on y eut mis la main, 1789 avait sonné le
glas de la royauté, et Tare de triomphe fut oublié.
La Révolution, le premier Empire passent, sans qu'il soit de
nouveau question du monument dont Térection avait été votée.
L*idée n'en est pas cependant abandonnée, mais il faut arriver ao
17 octobre 1823 pour en retrouver la trace dans le registre des
délibérations du conseil municipal de Marseille.
La guerre, que Louis XVIII avait entreprise pour venir au secoun
de Ferdinand VII et pour rétablir en Espagne les principes de gou-
vernement d'un roi absolu, venait de finir. Elle n'avait offert comme
action d'éclat que la prise du Trocadéro, mais la prise de ce fort
(31 août 1823), qui défendait l'entrée de Pile de Léon, avait en un
prodigieux retentissement en Europe, car c'était le dernier coop
porté à la révolution espagnole. En France, l'effet de ce brillant fait
d'armes avait été de redonner à la population ce sentiment d'hoo-
neur national que réveille toujours la gloire conquise par nos
armées.
Depuis neuf ans le peuple n'avait plus entendu parler de victoire,
il n'avait pas oublié ce mot-là, il sentit son cœur tressaillir et il fit
une véritable ovation au duc d'AngouIéme, généralissime de l'expê-
dition, lorsque ce fils du comte d'Artois 'fit son entrée triomphale
à Paris, en passant sous l'arc de triomphe de l'Étoile, queXapoléon
avait laissé à peine ébauché et que la Restauration promit de finir
en mémoire du Trocadéro.
Marseille s'était associée à l'enthousiasme général. La délibéra-
tion, prise le 17 octobre 1823, par son conseil municipal, va noas
montrer avec quelle ardeur sans pareille elle avait suivi les voix de
la publicité qui s'étaient enflées à i'envi pour exalter le vainqueur
de la guerre d'Espagne :
... M. le Maire, dans une lettre qu'il a adressée à M. le Préfet le U
'< de ce mois, a marqué à ce Magistrat que la délivrance du roi d'Espagne,
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D AIX. S43
« cet événement si glorieux pour la France, pour son au>^uste souverain
a et pour le prince illustre à qui il avait confié le commandement de noi
t armes, inspirerait sans doute au conseil muni ri pal le dé<ïii^ de porter
tt au pied du trône et d^adresser à Mgr le duc d^Angouléme set vives et
t respectueuses félicitations, ainsi que Texpression des sentîmenla dont la
tt ville de Marseille est animée dans cette mémorable circonstance. Ce
tt Magistrat a ajouté qu'il se flattait que celte asseniblêe se rail également
t disposée à accueillir la proposition qu'il avait dessein de lui faire,
« d'ériger un arc de triomphe à la porte d'Aixen I^honnc^ur de Mfjr le duc
tt d'Angouléme et de l'armée française en Espn^ne, et pour perpétuer i
u jamais dans nos murs la mémoire de ce grand résultat olUenu dans la
« plus belle des entreprises. M. le Maire a, en consé<]Upnce, prié
« M. le Préfet de l'autoriser à faire délibérer le Conseil municipal tant
tt sur le projet d'tidresse au Roi et à Mgr le duc d'Anc^ouléme que sur
tt l'érection de Tare de triomphe mentionné, à In porte d'Aix.
tt M. le Préfet, dans sa lettre du 15 octobre dt^rnier. accorde les aulorî-
tt sations demandées.
u M. le Maire, dans la présente séance, soumet à sa délibération ta
tt proposition de deux adresses au Roi et à S. A. R. Mgr le ducd'Ani^ou*
tt léme dans lesquelles la profonde sagesse du monarque qui avait su par
tt cette entreprise fermer l'abîme des révolutionf^où vipnaienti^enrjloutir la
« morale et le repos des peuples était exaltée avec autant d'enthousiasme
u lyrique que la gloire militaire conquise par le Général.
u Elles sont adoptées à l'unanimité et dans rinLé^ratîlé de leur teneur.
tf M. le Maire invite ensuite le Conseil à délibérer âur la proposition
« d'ériger à la porte d'Aix, en faisant disparaître les vieitles areadea de
u l'aqueduc, un arc de triomphe qui sera dédié h \h;[r le duc d'An^^ouléme
« et à sa brave armée, en perpétuelle mémoire du ghrieuv résultat de la
« guerre entreprise sous les ordres du prince généralissime pour la déli-
tt vrance du Roi d'Espagne.
tt Le Conseil adopte unanimement le projet de celte érection et renvoie
tt à une commission spéciale le soin de s'occuper des détails d'exécijtion
vi de ce monument, ainsi que des moyens de pourvoir h la dépende
tt qu'occasionnera sa construction.
tt Cette commission est composée de MM. de Patiisse, Rostand, Rouye,
« Pascal de Pontevès. n
Un arc de triomphe devait être érigé en 1781 h la porte d*Aîx
à la gloire de Louis XVI ; trente-neuf ans jJns tard la construclioti
de ce même arc de triomphe est dédiée à )l<jr le duc d'An<jouIénie
et à sa brave armée.
844 L.^RG DE TRIOMPHE DE LA PORTE DAIX
La commission se met à rœavre, et le 30 octobre 1823 un de
ses membres expose au Conseil municipal : « qu'après avoir coo-
tt suite le directeur des travaux publics de la ville sur la dépense
a dont il s*agit, il lui a paru convenable de la fixer à. 200,000 fir.,
tt indépendamment des frais relatifs à la démolition des vieilles
«arcades età rétablissement des conduits destinés aies remplacer;
tt que pour subvenir au payement des 200,000 francs mentionnés,
« qui ne pourraient être imputés sur les revenus ordinaires de la
tt ville dans Tétat actuel des produits, il y a lieu de se procurer
tt cette somme par la voie d'un emprunt, et que le remboursement
« en soit indiqué par cinquième aux années 1830, 1831, 1832,
tt 1833 et 1834, époques auxquelles la ville sera délivrée soit du
tt payement des prix d'acquisition de divers immeubles pour les-
tt quels elle est encore engagée, soit du montant de Temprant
tt précédemment contracté pour les frais d'établissement de
ttl'évêché.
tt L'évaluation ci-dessus indiquée de 200,000 francs sera, poor
tt le directeur des travaux publics de la ville, une donnée essentielle
tt du projet de Tare de triomphe dont il a été chargé de dresser
tt les dessins et devis; mais comme la rédaction de ce projet exige
tt nécessairement un certain délai, et que d*un autre côté l'emprunt
tt destiné à l'exécution du monument requiert, d*après la loi,
tt l'autorisation préalable du gouvernement et des Chambres, la
tt commission propose au conseil municipal de voter ledit emprunt
tt avec prière au gouvernement de prendre les mesures convenables
ttpour en faire sanctionner le projet, suivant les formes prescrites
tt par la loi. »
Après avoir entendu ce rapport, le Conseil en adopte les motifs
et les propositions, et vote l'emprunt des 200,000 francs nécessaires,
cette somme devant être remboursée sur les revenus ordinaires
de la ville, dans les années 1830 à 1834, à raison de 40,000 fr.
par an, qui seraient successivement portés aux budgets de la ville
pour ces cinq années. Le Conseil délibère ensuite sur les propo-
sitions qui lui ont été faites pour la démolition des vieilles arcades
de Taqueduc et l'établissement des canaux souterrains destinés à
leâ remplacer, et charge de ce travail le sieur Louis Amphoux»
alors adjudicataire de l'entretien du grand aqueduc. La raison qui
le fit choisir prouve combien le Conseil municipal de Marseille
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA POHTE D'AIX. ^45
prenait soin des finances confiées à sa ;|arde ; elle mérite donc
d*être signalée. Louis Amptioui, éLant déjà chargé de l'enkrelien
de Paqueduc, avait à son seiirice un assez «jrand nombre d'ouvriers
qu*il occupait pour cet objet, mais qu'il ne pouvait employer
constamment à toutes les époques de Pannée. GrÂce à ce nouveau
travail, tout chômage cessait, et la ville pouvait équilablement
obtenir des conditions plus avantageuses que n^auraît pu lui faire
tout autre adjudicataire.
Nous venons de voir que la ville de Marseille avait voté 200,000 fr.
pour Térection de Tare de triomphe, mais cet emprunt devait être,
en définitive, autorisé par une loi. Le Conseil sb réunit de nouveau,
le 23 novembre 1823, et ^i c-onsidiTant que lorsque les Chambres
a n'étant point réunies, le gouvernement a Tattribution d'accorder
a à cet égard une autorisation provisoire, sauf d'en faire âanctionner
tt la disposition par une loi à 1^ plus prochaine réunion de$
ft Chambres », délibéra de ^ prier IL le Maire de vouloir bien
a supplier le gouvernement, par l'intermédiarre de M. le Préfet,
ft d'autoriser provisoirement la réali^aliau immédiate de l'emprunt
» dont il s*agit, sauf de présenter ultérieurement aux Chamlires
« la loi spéciale qui devrait donner la sanction définitive à cette
« mesure » .
La demande n'étant pas de nature à être accueillie faiorabtenient,
le Préfet ne pouvait pas intervenir auprès du gouvernement pour
le supplier d'autoriser un emprunt avant de connaître les plans
et devis du monument que cet emprunt était destiné à édifier.
C'est ce que répond ce fonctionnaire le 18 décembre, et lecture
de sa lettre, dans laquelle il indique ^^ que ia délibération du
a 28 novembre dernier ne sera trans^mise à Son ExceJleace que
«quand les plans et devis lui seront parvenus is , est faite par te
Maire à la séance du 24 déccml^re. L'ordonnance royale du 30 de
ce même mois consacre cette réponse.
La ville de Marseille n'avait plus qu'à engager sou directeur
des travaux, l'architecte Penchaud, à hdter la confection du travail
dont il avait été chargé. C'est ce que fit son Mairie Penchaud se
mit à l'œuvre, dressa ses plans et, à la srance du 24 mars 18'24,
présenta deux projets. Aprè^ mur examen, le second eut la préfé-
rence, et cet architecte se rendit à Paris pour le soumettre au
gouvernement. Le 13 septembre 1824^ une lettre du Préfet informe
846 L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D*A1X.
le Maire que, le 30. août précédent, Sou Excellence le Ministre de^
rintérieur avait donné son approbation au projet n** 2 de Tare de
triomphe. Dans cette lettre il Tin vite à préparer Tadjudicatlon des
travaux pour la construction de ce monument.
En réponse, le premier magistrat de la Cité fait des observations
sur la nécessité d'attendre, pour les dispositions préalables à Tad-
judication dont il s'agit» le retour de Paris du directeur des travaux
publics de la ville. II estime que M. Penchaud, devant diriger
l'exécution du projet dont il était Tauteur, peut seul en rédiger
le cahier des charges et fournir à l'administration les renseigne-
ments indispensables sur la capacité des entrepreneurs.
M. le Préfet répond à ces observations et fait connaître, par une
lettre du 25 septembre, qu'il partage le sentiment de H. le Maire
sur la convenance d'attendre le retour de M. Penchaud. Il rappelle
en même temps l'invitation, qu'il a déjà faite dans sa précédente
lettre du 13 septembre, de suivre strictement, relativement aux
formes de l'adjudication, la marche prescrite par le décret da
] 0 brumaire an XIV, à moins que, d'après les observations présentées
par M. le Maire sur les inconvénients dont, suivant les résultats
de l'expérience, cette marche pouvait être susceptible à Marseille,
il n'intervint du ministère une décision modificative.
Penchaud de retour prend connaissance de cette correspondance
et le 10 novembre adresse au Maire un rapport sur les moyens
qu'il lui parait indispensable de prendre pour l'érection du monu-
ment dont il s'agit et sur les graves inconvénients qui pourraient
résulter de l'adjudication au rabais de sa construction.
11 représente, entre autres choses, dans ce rapport « que cet oa-
« vrage, assez peu considérable sous le rapport des dimensions et
tt entièrement isolé, exige cependant au point de vue de la belle
tt exécution et de la solidité, conditions principales et essentielles
tt de sa destination, beaucoup de choix dans les matériaux, la plus
B scrupuleuse précision dans leur taille et leur pose, et, par suite,
tt un déchet considérable et des pertes ne temps que l'on ne
tt saurait bien évaluer; que c'est un ouvrage de détails minutieux
tt qui ne peut se perfectionner qu'àforce de soins et ne peut réunir
tt les suGTrages que par une extrême perfection.
tt Qu'il faut donc en écarter soigneusement la main indiscrète
« des artistes sans habileté et des ouvriers maladroits, que c'est dire
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'AIX. 847
« assez que la construction de TArc de triomphe ne doit pas être
« livrée aux hasards d*une enchère publique et qu'elle n'est pas, en
tt conséquence, susceptible d'être adjugée au rabais, mais qu'elle
u doit être indispensablement confiée à un entrepreneur d*une
a probité et d'une capacité bien connues et choisi par l'adminis-
a tration ; que des motifs absolument semblables avaient engagé le
« gouvernement à faire exécuter autrefois par économie la porte
a du Carrousel à Paris et à terminer de la même manière TArc
« de triomphe de l'Étoile, auquel on travaille aujourd'hui ; qu.il
« n'est pas douteux que le Ministre de l'Intérieur n'autorise Pad-
tt ministration municipale de Marseilleà agir ainsi pour l'exécution
m du monument dont Son Excellence a approuvé Térection; qu'il
u croit, en conséquence, devoir proposer de demander incessamment
« cette autorisation à Son Excellence, en se soumettant toutefois à ne
u pas excéder le montant du devis approuvé qui 8*élève à la somme
a totale de 346,195 fr. »
A ce rapport était annexé le cahier des charges, clauses et con-
ditions qu'il convenait d'imposer à l'entrepreneur que l'adminis-
tration aurait choisi et qui passerait contrat avec elle pour l'exé-
cution de TArc de triomphe.
La proposition contenue dans le rapport du Directeur des travaux
fut communiquée le 1*' décembre au Consei^ municipal. Il en
renvoya l'examen à une commission spéciale, et, à la séance du
17 décembre, le Conseil adoptant l'opinion de Penchaud, faisant
siens les motifs et les considérations qu'il avait invoqués, prit la
délibération suivante :
« Le Conseil délibère que' S. E. le Ministre de l'Intérieur sera prié, par
« l'intermédiaire de M. le Préfet, de dispenser l'administration municipale
« pour la construction du monument dont il s'agit, des formes usitées d'une
« adjudication au rabais et, en conséquence, de l'autoriser à annoncer
« par voie d'affiches la délivrance de cette construction, à titre d'enlre-
« prise, à celui des soumissionnaires qui, sous les rapports combinés de
« la probité, de la capacité, de la solvabilité et de l'économie dans la dé-
u pense, présentera les conditions et les qualités qui seront jugées les plus
u avantageuses sous le double point de vue d'une parfaite exécution de
u l'ouvrage et de l'intérêt communal, le tout sous les clauses et conditions
« du cahier des charges annexé à la présente délibération et dont commu-
tt nication sera donnée à leur réquisition aux prétendants à l'entreprise, n
848 LARG DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'ÂIX.
A renvoi de cette délibératiOD relative aa mode .d*eiécQtioD
des travaux répond une lettre, en date du 19 janvier 1825» du
Ministre de Tlntérieur» Dans cette réponse, Son Excellence indique
tt que la crainte conçue par Tautorlté locale de voir ces travaux
u exécutés avec moins de soins et de perfection quUls n*en exigent,
u s'i.s étaient niis en adjudication publique au rabais, lui paraît
u peu fondée dans une ville où il existe un directeur des travaux
u publics qui peut surveiller l'exécution des travaux et s^assurer
tt de la bonne qualité des matériaux.
« Toutefois, comme il s'agit d'un monument, dont Tobjet doit
a faire désirer qu'il réunisse la plus grande perfection. Son Excel-
u lence déclare qu'elle accéderait volontiers à la proposition faite
K par le Conseil municipal de ne confier cette entreprise qu'à no
tt ouvrier expérimenté et qui présente, sous les rapports de capa-
K cité, de probité et de solvabilité, toutes les garanties désira-
a blés, pourvu cependant que le nombre des soumissionnaires,
a entre lesquels Tadministration municipale ferait un choix, ne
a fût pas trop restreint, car autrement le défaut de concurrence
tt pourrait exposer la ville à payer cette entreprise trop chère-
u ment. »
Considérant sa proposition comme approuvée par cette lettre, le
Conseil municipal «e réunit le 31 janvier et délibère « que l'adju-
K dication de TArc de triomphe aurait lieu par voie d'entreprise
u et que le programme, ou soit les affiches d'annouce de cette
« adjudication, seraient envoyées dans toutes les principales villes
(1 des départements circonvoisins, jusqu'à la distance de Lyon et
u de Toulouse, et que ladite annonce aurait lieu par première
4c et seconde affiche et les jours de la délivrance provisoire et déG-
ft nitive fixés, si rien ne s'y opposait, aux 1*' et 15 mars pro-
tt chain » .
Cette délibération fut approuvée le 12 février par lautorité
préfectorale. Après une adjudication provisoire, qui eut lieu les
25 février et 1*' mars, les travaux du monument furent adjugés
définitivement, le 15 mars, à Tentrepreneur Pierre Bla.
Pierre BIu se met à l'œuvre, et quelques mois plus tard, le
6 novembre 1825, a lieu la pose de la première pierre. Voici, aii
sujet de cette cérémonie, ce que relate le procès-verbal dressé à
,çette époque :
^
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'AIX. ^49
« Le marqaif de Montgrand, accompagné de set adjoint» Vidal, Salary,
a Rabaud, Garonne et Lemée, du Conseil manicipal, de tous lea fonction-
« naires publies et de tous les corps administratifs, partit de rhdtel de
tt Ville et se rendit à la place extérieure de la porte d^AîK pour poser
tt solennellement la première pierre de TArc de triomphe. Le cortège,
« précédé de la musique, était escorté par un corps nomlireux de troupeg
a de la garde nationale et de la ligne. On se rangea en cercle autour de
« remplacement, et le Maire, après être monté sur une des pierres
« d'assises, prononça un discours analogue à la circonstance, et, aalué des
ce acclamations les plus vives auxquelles se joignirent les sons de la musique ^
a militaire, le marquis de Montgrand donna lecture d^une inscription ^
« gravée sur une table de marbre, et M. Penchaud, assisté des autres archi-
« tectes de la ville, lui remit une boite de plomb renfermant des pièces de
« cinq francs frappées à Tbôtel des monnaies de Marseille à Pefllgie de '
« Cbarles X et au millésime de 18!25. Le Maire posa cette boite dans une '
« entaille préparée au-dessus de la pierre supérieure d'assise des fondai
« tions, et la table de marbre portant Tinscription ' fut ensuite scellée au I
a mortier dans un champ évidé de la môme pierre que Ton recouvrit
u aussitôt de la pierre inaugurale du monument. »
Cette .solennité ne laissa pas silencieux Tesprît de parti; des 1
épigrammes raccompagnèrent, et on alla jusqu'à dire : » Qu'on *
avait consacré ce jour-là une magnifique sottise*, n
Le monument commencé, le Conseil municipal ne s'occupe plus
1 Elle est ainsi conçue :
Cet arc de triomphe
fut v6té le 17 octobre 1823 par la ville de Marseille
pour rendre un hommage éclatant
à la gloire acquise ep Espagne
par Tarmée française et son illustre chef
S. A. R. MoDScigneur le duc d'Angoulême
depuis Dauphin de France.
Sa Majesté Louis XVIIl de glorieuse mémoire
permit par ordonnance royale du 30 décembre 1823
l'érection de ce monument d'amour et de reconiiui«saxicâ
envers son Auguste famille.
Le reste de Tinscription rappelle, avec la date de Tioauguraliau du monument,
le nom du maire de Marseille et de ses adjoints; du comte de Corbière^, mimilre
de Tintérieur ; du comte de Villeneuve, préfet des fiouches-du-Rhdaf* : tle Peu-
chaud, architecte.
* L'Arc de triomphe de Marseille, Dialogue entre un Jeune et tin vieux Mar^
seiUms, Marseille, 1829.
14
850 L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE DAIX.
que du vote des crédits qui sont nécessaires au fur et à mesure de
Tavancement des travaux. Toutes les délibérations qu'il prend, de
1825 au 31 juillet 1826, ont trait, en effet, à des demandes
d'emprunts partiels de 80,000 francs à valoir sur les 350,000 franis
dont Tordonnance du 24 novembre l'avait autorisé à grever le
budget de la ville.
En 1828, 240,000 francs avaient déjà été dépensés, et le corps
seul du monument était fait; les frais restant à faire pour son achè-
vement étaient donc très importants. On devait s'occuper, dans le
courant de cette année-là, de Texécution des sculptures d'orne-
ments dont l'adjudication venait d'être passée à Paris par les soins
du préfet de la Seine. Il y avait encore, pour le complément de
l'ouvrage, à exécuter les sculptures historiques composées de hait
statues en ronde bosse et de divers panneaux en bas-reliefs qui,
suivant le projet, devaient décorer le monument. La nécessité de
régler les dépenses sur l'état effectif des revenus de la ville et
l'importance des allocations déjà votées, ou qui restaient à voter
pour l'Arc de triomphe, ayant mis l'administration dans la position
d'ajourner en quelque sorte îndéGniment le vote des fonds relatib
à l'exécution de cette partie des décorations projetées, le Conseil
municipal osa espérer que le gouvernement, sur la demande qoi
lui en serait faite par la ville, ne se refuserait pas à concourir an
perfectionnement de TArc de triomphe en se chargeant, parmi les
ouvrages qu'il distribue annuellement pour l'encouragement des
arts, de faire sculpter les huit statues dont les blocs existaient à
Marseille*, et il prit, le 31 mars 1828, la délibération suivante :
« S. £. le Ministre de rintérieur sera supplié, par rinterraédiaire de
u M. le Préfet, de vouloir bien faire don à la Ville de Marseille des huit
u statues dont il s'agit et dont les blocs en pierres existent à pieds
« d'œuvre sur la place de TArc de triomphe. M. le Préfet sera prié
« d'appuyer la présente délibération d*un suffrage favorable. »
Le Préfet donna un avis favorable, et le Maire se rendit à Paris
pour essayer, avec l'appui de la députation de Marseille, de faire
' Cette faveur devait procurer dans l'évaluation de la dépense projetée i
rédaction de 40,000 francs environ, que U ville aurait pu nUlement emploj
dans ses allocations futures à compléter les autres parties de la décoration.
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'AIX. 851
aboatir cette demande. Le Conseil municipal eut un moment
Tespoir d*avoir réussi, car, à sa séance du 1*' mai 1828, son prési-
dent M. Rabaud aine, adjoint, lui donna lecture de la lettre que
lui avaient écrite de Paris, le 12 avril dernier, les députés des
Bonches-du-Rh6ne lui annonçant : a Que non seulement ils ont
«recommandé avec beaucoup d*empressement au Ministre de
B rintérîeur la demande du Conseil de faire sculpter aux frais de
tt rÉtat les huit statues destinées à orner TArc de triomphe de
a Marseille, mais qu'ils ont encore Tespérance, d*après leur con-
a versation avec M. le directeur des Beaux-Arts, d'obtenir gratui*-
a tement des marbres pour ces ouvrages, ce qui serait infiniment
a plus beau et plus durable. «
L*état des crédits du budget général, malheureusement, laissait
trop peu de fonds disponibles pour que le gouvernement pût mettre
à exécution ses dispositions généreuses, et le Préfet de Marseille,
M. le comte de Villeneuve, en informait le Maire, le 7 juin 1828 :
tt Je viens d'être informé, écrîvait-il à ce magistrat, par Son Excellence
« qu'il n'avait pas été possible d'allouer au delà de 8,000 francs en 1828
« pour l'objet dont j'avais entretenu le Ministre. Son Excellence me fait
a l'honneur de m'annoncer que cette somme sera ordonnancée sur le
« trésor aussitôt que je lui aurai donné avis du mode arrêté pour
« l'exécution des figures et que je l'aurai informé du moment où il y
« aura lieu d'effectuer des payements entre les mains des artistes
tt auxquels ces travaux auront été conGés. »
Les retards apportés par les deux sculpteurs Ramey et David
d*Angers, dans l'exécution des sculptures historiques destinées a
la décoration de TArc de triomphe dont ils avaient été chargés,
faillirent même faire perdre à la ville le bénéfice da ces 8,000 fr.
qui lui avaient été accordés. Les deux ans, donnés par les règle-
ments sur la comptabilité publique pour l'emploi des allocations
accordées par un budget, allaient expirer à la fin de 1829; or, on
était en décembre de cette année-là, et, par suite de ces retards,
Tadministration municipale n'avait pu justifier du degré d'avan-
cement de ces ouvrages auquel était subordonnée la mise à sa
disposition du crédit dont nous venons de parler.
Mais le Ministre de l'Intérieur ne voulant pas que cette circon-
stance, indépendante du fait de l'administration municipale de
852 L'ARC DE TPIOMPHE DE LA PORTE D'AIX.
Marseille, la privât d'une faveur et d*un avantage sur lesquels elle
avait dû compter pour Tacquittement de la dépense de ces scolp-
tureft historiques, lui annonça, par rintermédiaire de M. le Prélel,
dans une lettre du 20 janvier 1830, «querallocationdeces 8»000fr.
« serait reportée au budget de Texercice 1830 et tenue à la dispo-
« sition du Conseil municipal « .
Nous venons de parler de retards, la délibération du 4 décembre
1829 nous en donne les causes : « Ce sont le rejet des dessins de
« modèles présentés par Tun des artistes' et la démission successif e
« de deux des membres de la Commission qui avait été formée dans
« la capitale pour juger du mérite des dessins et des modèles
a proposés par ces sculpteurs, démission vraisemblablement* pro-
a voquée par les dégoûts et les désagréments auxquels elle s'éliit
a vue exposée pour Texécution de son mandat. »
Ce même jour le Conseil décidait, pour aplanir les difficultés,
renvoi à Paris du directeur des travaux, Penchaud. Il lui donnait
mission a de traiter, s^il y avait lieu, avec d'autres artistes en se
a concertant à cet égard avec M. le comte de Forbin, directeur
a générd des Musées, sur Tintervention bienveillante duquel le
a Maire comptait pour concourir au but que la ville se proposait
a et lever les obstacles qui en contrarieraient Taccomplisse-
« ment » .
Penchaud réussit, les difficultés cessèrent, et, le 2 avril 1830,
les esquisses de vingt compositions étaient reçues par procès-verbal.
La révolution de Juillet vint interrompre les travaux, et, à cause da
nouveau Roi qui en était sorti, on crut qu*il était nécessaire de
changer une partie des compositions dont les sujets avaient déjà
été agréés. C*est ainsi que la Commission refusa les modèles de
deux bas-reliefs historiques que Ramey avait envoyés le 10 sep-
tembre 1830, tandis qu elle déclarait admissibles une Renommée
du même sculpteur et un trophée, et une renommée de David
d* Angers, a Les nouvelles circonstances, disait-elle, ne devant
tt apporter à Fégard de ces derniers modèles aucun changement
«aux programmes antérieurement adoptés, d
On comprend aisément que Renommées et trophées soient
agréables à tous gouvernements. Quel qu'il soit, il ne répndii
< La délibération n'indique pas s'il s'agit de Ramey ou de David d'Angen.
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'AIX. «53
jamais la déesse mythologique embouchant la trompette qui va
faire connaître au loin les victoires, les triomphes que représentent
les trophées.
Il fallait cependant en finir, et il était inadmissible que nos deux
sculpteurs risquassent encore de travailler en pure perte de temps.
Le Conseil municipal le comprit, et, dans sa séance du 31 aoât 1831 ,
il convertit en délibération les résolutions prises par la Commission
spéciale à la suite des deux rapports que lui avait présentés Penchaud
en juillet et en août 1831.
I. — Les bas-reliefs qui devront être proposés au nombre de
six représenteront les sujets suivi^nts :
ft Pour les deux grands bas-reliefs qui doivent orner d'un et
tt d'autre côté le dessous de la voûte :
I* La Patrie appelant ses enfants à la défense de la Liberté.
2* Le retour des braves après la victoire et recevant de la Patrie
la récompense de leurs exploits.
« Pour les quatre bas-reliefs qui doivent orner les deux p ri u-
« cipales faces de TArc de triomphe : »
1' La bataille de Fleurus,
2- La bataille d' Héliopolis.
3* La bataille de Marengo^Desaix.
4* La bataille d'Austerlitz.
U. — Les acomptes dus aux sculpteurs pour les cinq modèles
d*ouvrages par eux exécutés leur seront payés sur les fonds alloués
et disponibles aux budgets de la ville et du ministère de l'Intérieur
pour Texercice courant de 1831, savoir :
A M. David, 4,680 francs ;
A M. Ramey, 4,500 francs \ au moyen de quoi M. Ramey dis-
posera à sa volonté et pour son compte des deux modèles de baa^
reliefs qui ne peuvent être employés par la ville.
* Voici comment avait été établi le compte de ce sculpteur : aux termes de son
traité, il devait toucher 1,500 francs pour la Renommée et 7,500 francs pour le»
deux bas-reliefs qui ne pouvaient plus entrer dans la décoration de TArc de
triomphe. Sur cette dernière somme il y avait lieu de déduire 900 francs qu'il
avait déjà reçus et 800 francs, prix estimatif des frais d'emballage et de tran^parl
devenns inutiles. Restait donc une somme de 5,800 francs que le Conseil avait
réduite à 3,000 francs.
Les acomptes dus à David d'Angers et Ramey leur furent payés le 10 décem-
bre 1831 et le 12 juillet 1832. (Voir, à TAppendice, les Pièces comptables,)
854 L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'AIX.
Cette délibération fut approuvée par Tautorité préfectorale ie
8 octobre 1831.
Deux ans après, le public surpris et charmé put admirer les
proportions savantes et correctes aussi bien que toutes les beautés
de détails de TArc de triomphe. Débarrassé des échafaudages qui en
cachaient la vue, il s*offritaux regards dans tonte Tbarmonie deson
magnifique ensemble.
Quelle part faut-il attribuer à chacun de ces deux sculptean
dans Texécution des sujets choisis? Une description du monument
va nous l'apprendre. Je ne peux mieux faire qu'en donnant celle
qu'en a faite dans son Histoire de fart dans le Midi II. ÉtîeoDe
ParroceL> Vous n'entendrez plus, hélas ! votre éminent et re-
gretté collaborateur dans cette enceinte, mais ces quelques pages
de l'œuvre considérable qu'il a laissée pour la glorification de w»
artistes vous parleront de lui, et puisque cette étude m'en donne
l'occasion, c'est pour moi un pieux devoir de vous les lire.
Composé d'une seule arcade ornée dans sa voûte de rosaces ciie-
lées avec une extrême élégance et d'une double arabesque de très
bon goût à chaque extrémité, cet ouvrage remarquable offre à ses
deux faces exposées au nord et au midi des colonnes cannelées
d'ordre corinthien en saillie de chaque côté de l'arcade'.
Entre ces colonnes, placées deux à deux devant cbaqne pied-droit,
s'élèvent des trophées sculptés en relief au-dessus dcs<]ueis, à h
retombée de l'arcade, de grands bas-reliefs sont également scolptés
dans la masse, tandis que de grandes Renommées remplissent les
tympans de ladite arcade. Les huit colonnes, soit quatre sar chaqne
face, portent au-dessus de leur entablement et ressaut, se détachant
de l'attique, autant de statues colossales, allégories des principales
vertus militaires. Sous Tare même régnent deux grands bas-relieb :
l'un, le Départi Les enfants de la France courant défendre la fron-
tière, par David d'Angers. L'autre, le Retour ! La France distribuant
des palmes et des couronnes à ses fils victorieux, par Ramey. Us
portent la date de 1839. Les statues, les Renommées, les trophées
et les deux bas-reliefs de la façade du midi sont également dusi
Ramey. Ces derniers rappellent, l'un, la bataille de &farengo(1800);
l'autre, celle d'Austerlitz(1805).
* Voir ci-coDtre, planche LI.
u
H
L'ARC DE TRIOMPHE DE LA PORTE D'AIX. 855
L^ornementation de la façade nord appartient à son tour à David
d*Angers, et les deux principaux bas-reliefs représentent la bataille
de Fleurus (1794) et celle d'Héliopolis (1800).
L'Arc de triomphe a 17",80 de largeur en façade sur 18", 86 de
hauteur, par suite de rabaissement du sol de la place. La largeur
latérale est de 11", 50, Tarcade a 6", 10 d'ouverture sur 11 ",40 de
hauteur, les colonnes ont 8 mètres et Tordre entier, piédestal et enta-
blement compris, 14 mètres ; le surplus de la hauteur est pour
Tattique.
Les ciselures des acanthes des chapiteaux, les divers ornements
qui décorent la corniche ont un fini qui ne laisse rien à désirer.
Malheureusement, Texactitude un peu trop géométrique et
complète de ces ornements, de ces sculptures, atténue le Teu, la
chaleur de la composition, et diminue Ténergie de Texécution. C*est
la seule critique que Ton ait formulée.
Construite avec d'énormes blocs, tirés des carrières de Saint-
Remy, la masse du monument offre bien à Tesprit Fidée de force
et d'immuable stabilité que doit inspirer une grande œuvre archi-
tecturale; mais si Tidée de Tarchitecte reste une, la friabilité de
la pierre, que le temps effleure de son aile, fait songer aussi que
toute œuvre humaine est éphémère et ne saurait lui résister.
Pierre Parrocel,
Substitut du procureur de la République, Cor-
respondant du Comité des Sociétés des
Beaux-Arts des départements, à Marseille.
n
866 LES GRANDS AMATEURS AXG0U1UO1S1NS*
XLVIII
LES GRANDS AMATEURS ANUOUUOISINS
XV-XVUr SIÈCLE.
J*ai pris un plaisir extrême à réunir ici Im nomi de peraoïinagei
qui, d'importance différente, se rattachant au a plaisant pap d*ilii*
goulesme » ^
f Ou par droit de conquête ou par droit de naissance i ,
ont eu le vif sentiment du Beau et du Grand doai ils ont arfirmé la
puissance délicieuse.
Plusieurs d'entre eux sont inscrits, de longue date, au tablea^i
d'honneur de TArt et de la Curiosité ; quelque^-unsp les plus nom-
breux, n'étaient point connus sous cet aspect. On trouvera dans Ih
suivantes notices des renseignements inédiU sur ceux-là, et sur
ceux-ci des document révélateurs.
Les uns, par leurs libéralités royalement discrètes^ quoique
magnifiques, mirent en relief des talents Ignorés; les autres, sans
prétendre à régenter le goût de leur époque, bornèrent leur eslbé-
tique aimable à de moindres ouvrages artistiques, se contentaDt de
les a serrer d'une dextre toujours taquine ^ , comme dirait notre
quasi-compatriote André de Rivaudeau» Poitevin, surs d'y trouver
un charme indéfinissable et reposant dans les cahots de Teiià-
tence humaine.
Depuis longtemps, les divers types de curieux et des subaltenaes
amateurs ont été retracés par nos maîtres écrivains. Ou sait que
certains collectionneurs, emmurés dans leur calunet, manquent de
la courtoisie même intermittente; on n'ignore pas non plus i^ae
tels érudits par procuration attestent, en leurs commentaires, ^-"
savoir confus et de fraîche date. Ces bonnes gens s'imagim
d*esprit affiné, mais qui n'est bien qu'étroit. L'état rogue, jalou
est leur « état d*àme » normal... En revanche, on en conn
I
LES GRANDS AMATEURS ANGOLMOISINS. 8&T
d*amène8 et d*obIigeanl8. Ceux-ci, très certainement, sont les auiH
liaires de Thistorien» attendu les rapports de la Curiosité et de
THistoire.
Si « Ton trouve que de choses en un menuet », à fortiori,
un livre, un dessin, un bibelot précieux me paraissent en dire
bien davantage et bien mieux : ils sont des jetons de présence d*une
personnalité supérieure, ils indiquent un « tempérament f^ de
délicat : toute œuvre d'art vraiment belle porte sur son possesseur ,
comme un rayon glorieux. Voici notre petite contribution à Tin-
ventaire des Amateurs français : Dames de haut renom, puissants
seigneurs, religieux, hommes de robe, de cape et dVpéo qui
marquèrent, dans la Curiosité, lafBrmation d'une intelligence des
choses artistiques.
A c6té de données nouvelles, on y trouvera des renseignements i
biographiques et bibliographiques antérieurement inédits.
Dans ce petit déGlé, on pourra voir des représentants des Trois
Ordres, puisque Tincomparable République desLettre.s et des Beaux-
Arts enrôle toutes les classes sous son oriflamme omnicolore : Grands
explorateurs de livres, friands d^estampes, gourmets de dessins et
de peintures, passionnés de tous objets frappés au coin du haut i
goût, — du meilleur — ils y savourèrent des joies exquises et
y admirèrent comme un reflet d'un Génie créateur.
Nous entr*ouvrons leurs a cabinets de curiosités » et nous y
donnons un rapide coup d'œil : les maîtres de léans y Ogurent en |
quelques petits médaillons et croquis rapidement modelés ou
simplement esquissés — à titre d'hommage ou de bon souvenir.
C*estdoncavec une sorte de respect intime, de sympathie intellec-
tuelle que je les ai notés, reconnaissant des menues épaies de leurs
trésors dispersés qu'il m'a été permis de recueillir çh et là.
Chacun, en son district, peut glaner même après les moissonneurs
privilégiés qui n'ont guère le loisir de s'attarder sur un champ res-
treint où Ton ramasse, d'ordinaire, plus de paille que de froment,
Jean d'Orléans, dit le Bon, comte d'Angoutéme, aieul de Fran-
çois I*% aima les livres, et pensa à se faire élever un tombeau monu-
mental, ayant ainsi désir de somptuosités posthumes. Sa veuve
suivit ses prescriptions et fit exécuter ce mausolée superbe. » Il y
858 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS.
avait, dit le chroniqueur Jean Daport, sieur des Rosiers, ime
table de marbre noir qui couvrait le tombeau; des petits person-
nages de marbre blanc élaborés fort industrieusement, entre
chacun des quels y avoit des colonnes de marbre blanc, subtile-
ment ouvrées, qui se joignoient par le haut en ovale, et, à Tentre-
deux des ovales, y avoit de Talbastre, de Tor et de Tazur... «
Cette sépulture a été profanée indignement pendant les guerres
civiles dites de religion (1562-1568); la table de marbre noir et
la grille remarquable qui en provenaient ont été placées près des
privés de la psallette de la cathédrale, rompues, brisées et emportées
par tous venants : les catholiques se sont chargés de par&ire
Tœuvre des huguenots; ils Tout menée à triste fin, malgré nos
réclamations réitérées...
Jean d'Orléans avait une admirable bibliothèque dont il sera dit
un mot en citant V Inventaire dressé, Tan 1497, des meubles de
Marguerite de Rohan, comtesse d*Angouléme, sa veuve.
Beaux manuscrits enluminés» reliés en maroquin, couverts de
velours, dedrapd'or, munis de fermoirs d*or et d'argent, chargés de
cabochons, d*émauz, de pierreries, etc. ; prouvent par Tinscription
du clerc que Jean d'Orléans mérite une première place comme |
bibliophile français. On trouve mention, dans cet inventaire, de mé-
dailles antiques, de bijoux originaux, de reliquaires d'or émaillé,
tous morceaux merveilleux et qui témoignent d'un goût supérieur.
Marguerite de Rohav, comtesse d'Angoulême, aimait les belles
a chouses D . Devenue veuve du » bon comte Jean » précité, elle
ajouta des écrits enluminés et des imprimés aux trésors bibliogra-
phiques réunis par son époux; la numismatique paraît l'avoir inté-
ressée, puisqu'une collection formée par ses soins comprenait des
pièces d'or a la plupart anciennes et d'une valeur de 564 lirres
15 sols 10 deniers n, aux termes de Y Inventaire de ses meubles
rédigé a le xx* jour d^avril l'an de grâce mil CCCC quatre-vingts
et dix-sept * » .
1 L'Inventaire des meubles de Marguerite de Rohao, comtesse d'Angooléap,
publié pour la première fois par M. Edmond Sénemaud (1860, Angouli
Sn-8''), était conservé à la Bibliothèque impériale (déparlement des maaiisc
bnds des Blancs-Manteaux, vol. 49, fol. 293 et suiv,).
Parmi les biens meubles délaissés à son décès par cette Dame princesse, l
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 8r>9
La listes de ses tapisseries fines, de ses bijoux originaux et cléli-
catSy de ses boites et coflrels d'ivoire ciselé superbement «janiis
d'or et d*argent, Ténumération de ses reliquaires d'or émaillr et de
nombreux morceaux également merveilleux attestent que cette
princesse bien douée a droit de cité dans la République des Lettres
et des Arts.
Charles d'Orléans, fils de Jean d'Orléans et de Margnerîle de
Rohan, fut aussi amateur illustre de livres. On connaît la précieuse
ft librairie j» que ce prince possédait en son cbâteau de Cognac ' , lors
de son décès qui eut lieu, à Chàteauneuf-sur-Charente, le 1" jan-
vier de Tan J496. Cette bibliothèque, inventoriée les 20 ci "21 du
mois de novembre de cette même dite année « pour très hauU et
puissant prince monseigneur le duc d'Orléans (depuis Louis \II),
et très haulte et excellente princesse madame la comtesse d'Augou*-
lesme » (Louise de Savoie), tuteurs du jeune comte François et de
sa sœur Marguerite. Le premier ouvrage inscrit au catalogue est
tt le libvre de Jehan Boucasse*^ escript en parchemin et à la main,
historié et tourné à or et azur, couvert de veloux cramoysi garnf
defermœrs, aux armes, Tun de monseigneur et Pautre de madame n ,
à particulièrement mentionner un livre t trouvé en la chambre haulte à parer en
uog coffre de cuir ferré t et ainsi désigné :
« Unes heures à deux fermaih d'or^ estimez lesditsdeux fermailx,^ dixtscu^,
ou environ, >
Ces précieuses Heures firent partie, quatre siècles après, des Eivre^ àe.
Charles Sanvageot; elles sont décrites dans le catalogue de la mémornblr calk-c-
tion de ce célèbre amateur, sous le m» 44 : PRjECES-PIA: GUM CALKXDARIO
in-8° gothique, mar. vert, fil. tr. d'or. Rel. anc. fleurdelisée. Manuscrit de U fin
duXV^sièfle, sur vélin, composé de 122 feuillets; il est orné de 15 minîatnros... i
Entre autres garanties de l'origine de ce manuscrit, le rédacteur du Cntaïo^uf?
a mentionné les armes de ladite princesse, accolées à celles de son mnri f r*" et
2* miniatures); il indiquait aussi « le portrait même de Marguerite dp Kuhan,
formant la 14' miniature. La princesse est représentée en costume de ï^ciivi? . &
genoux devant son prie-Dieu, et dans un petit oratoire fermé par de ri(.-bes cour-
tines portant ses armoiries, i
' Voir Kdmond S^nemaud, La bibliothèque de Charles d'Orléans^ coTUle d',^n-
goulême,au château de Cognac, en 1496. (Angoulûrae et Paris, 1861, iïi-8'.) J'ai
à cœur de rendre mon constant hommage à la mémoire d'un de mes tiem mat-
tres, M. Sénemand, qui fut professeur au lycée d'Angoulême, puis arcKivîslc du
département des Ardennes. C'était un érudit de la bonne école : celle qui regarde
après tout le monde et qui contrôle.
' On voit qu'il s'agit d'un manuscrit de Bocace.
1
860 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS.
puis « le libvre de Dan\ escript en parchemin et à la maÎD, et en
italien et en françoys, couvert de soye broché d'or, auquel il y a
deux fermœrs d'argent aux armes de feu mond. sieur» lequel libfre
est historié ». On y trouve aussi mention d*un « libvre de Charles
le Grande escript en parchemin, couvert de drap d*or » ; eoBn
un grand libvre de Lancellot du Lac^ ancien et caduc en plasieori
lieus historié... » Cette énumération comprend plus de 180 vo-
lumes en 75 articles, les uns manuscrits, les antres imprimés.
Plus nombreuse et riche que celle laissée par le comte Jean iod
père, la bibliothèque de Charles d*Orléans renfermait de superbes
livres et peut prendre un rang très honorable parmi les biblio-
thèques princières les plus remarquables du temps.
Les livres de Jean et de Charles d*Orl^ans, ainsi que ceux de
Louise de Savoie, paraissent avoir contribué & la formation de la
bibliothèque établie à Blois, sous François 1*'; plus tard ce roi en
ordonna la translation à Fontainebleau (1544). « Après de nom-
breuses vicissitudes, cette bibliothèque fut enfin installée en 1721,
par ordre du Régent, dans la rue Richelieu. » (Bibliothèque
aujourd*hui nationale. )
Marguerite de Valois-Angoulêmb et François V\ — On sait qoe
u Marguerite, la perle et Thonneur des Valois « , eut sur son frère,
souventes fois, une influence heureuse. Ce u gros garçon « , sans
les conseils de sa sœur, était capable de beaucoup a gaster » . EUe
avait le sens artiste — mens divinior — au service d*une générosité
inépuisable; François, moins bien doué, eut au moins le mérite de
se montrer déférent aux maîtres. Grâce à Téducation qu'ils avaient
reçue à Cognac et à Blois, au milieu de trésors d'érudition et de
traditions familiales sous Timpulsion dePimpérieuse etintelligenle
Louise de Savoie, Marguerite et François I*' aimèrent les Lettres
et les Arts — àdes degrés différents, il est vrai — patronnèrent roya-
lement les artistes et les savants; mais on peut reprocher au roi-
chevalier la prépondérance excessive de Titalianisme & sa coor, aa
préjudice de notre Art national dédaigné ou reloué à Tarrière-plan
' Nous pensons avec M. Sénenoaud que ce livre ne saurait être que le livre i
Dante, la Divina Comedia, poème fort répandu en Italie dès le qoaloraièine àèek
et dont on trouvait des copies dans toutes les bibliothèques publiques et partice
Hères.
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOI Sl\ S. «61
Pourtant, François 1*' Tut excusable : il tenait de sa mère
a Madame Régente d des traditions d'origine : Louiae de Savoie
était quelque peu Italienne. En ce temps-là, ne l'oublions pas, la
langue italienne était presque une langue courante- Boccace, dont
nous trouvons mention dans les inventaires des bibliothèques prin-
ciëres de la Renaissance — celles des Valois en parlicutier, comme
on Ta vu au chapitre de Charles d'Orléans, — Boccace était lu dans
son texte original; puis Tlnfluence de la conquête du Milanais, des
guerres incessantes avec Tltalie avaient familiarisé la France avec
le parler italien. Cest là, ce nous semble, incontestable vérité.
Mais on doit rappeler que François I*' racheta de telles erreurs
quasi involontaires en voulant, par son ordonnance de Tan 1 529,
renouvelée en 1533, en voulant, dis-je, que la langue française
fât uniquement et exclusivement à toute autre employée dans tous
les actes publics et privés '.
On connaît l'immixtion des Italiens dans les affaires de Tétranger ;
on sait le rôle important qu'ils jouèrent en France depuis surtout
la fin du quinzième siècle. La Politique, les Arts, le Commerce,
rËglise rien ne leur y échappa. Avec les artistes Halieus qui
enrayèrent le génie français, les politiciens équivoques et madrés,
puis les hauts dignitaires ecclésiastiques de même nationalité, se
hissèrent, se prélassèrent jnsqne dans le pays des Valois. Après
eux, suivant une chute naturelle, Titalianisme persista — j*allajs
dire s*aggrava...
Des Italiens contribuèrent à la décoration du château de Cognac.
Cette résidence fameuse, reconstruite en partie du temps de Fran-
çois I*', reçut des enjolivements magnifiques. Le Roi y tenait sou-
vent séjour prolongé, menant a grande vie*« ; Saint-Celais^qtiis'y
plaisait fort, Tappelle a le second paradis » .
Au nombre des pièces artistiques sauvées du vandalisme révolu-
tionnaire en Charente, nous devons citer ou plutôt rappeler le beau
retable en terre émaillée, — très probablement façonné par G. délia
Rpbbia, — qui provient de la chapelle haute du château de Cognac '.
Il serait d*une impardonnable naïveté d*insister sur les vertus
> Voir DocLOS, OEuvres, t. IX. p. 243.
' Mémoriaux de Thôtel de ville d'Angouléme (B) .
' Voir notre notice sur ce retable déposé au Musée céracnî[|u€ de Sèvret. —
Jtéunion des Sociétés des BeauX'Arts des départements^ iWèk.
862 LES GRAND^ AMATEURS ANGOUM OISIUS.
tt d^amateurs » de François 1*' et de Marguerite, héritiers de ces
Valois-d*Angoulôme chez .qui les Sciences, les « bonnes > Lettres
et les Beaux-Arts furent toujours en grand honneur.
Les Saint-Gelays, aliàs Gelais, réunirent toutes les suprêmes
élégances de leur temps : la Poésie et les Arts, ^ TamourdaBeatt
sous toutes ses formes, en ses souveraines expressions.
Ociavietit le Cognaçais, lettré, érodit et poète à qui Fimpri-
merie doit ses. premières manifestations à Angoulôme.
Jacques, créateur de la chapelle du Salut, chapelle décapitée, il
y a trois cents ans, par la chute du grand clocher de la cathédrale,
ravagée ensuite par Tincurie administrative, démolie enfin lors de
la reconstruction de Tabside de cette même église Saint*Pierre.
Les murailles intérieures de cette chapelle étaient comme une
véritable broderie lapidaire : en des enroulements de fleurs et de
feuillage, taillés en bas-reliefs, des jeux d'enfants, des chimères,
des oiseaux fantasques s*y développaient. Perino del Vaqua, con-
temporain des Saint-Gelais, a dessiné des ornements dans la manière
de ces ciselures d^une invention tout italienne ;j*estime que le sculp-
teur s'en est inspiré. (Voir : Emile Biais, La Chapelle Saint-Gelau,
Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 1893.)
Avec son frère Octavien, — Tévéque-poète — dont la jeunesse
parait avoir été fort animée, Jacques de Saint-Gelais, évèqae
d'Uzès, puis doyen d*Angouléme, présida à Tordonnance de ce
bijou d'architecture; ils dirigèrent peut-être ces sculptures gra-
cieuses et originales, mais, évidemment, ils en dictèrent les mul-
tiples devises empreintes d'un mysticisme ineffable d*où s'exhalent
encore, quoique morcelées, dispersées çà et là, comme des soupirs
de regret et des pensers d'espérance.
Les Saint-Gelais eurent Tesprit impressionnable, le sens délicat
des vrais lettrés et des artistes, tous les trois, y compris Hellin de
Saint-Gelais, garde de la Bibliothèque du roi François V\ pois
bibliothécaire de Henry H. Celui-ci , laissant volontiers quelque
repos à sa verve acérée, — « la tenaille de Melliu ' » , — s'inspi-
rait des belles choses qu'il avait vues et les chantait sur son lulbi
— d'aucuns disent sa harpe.
> Ronsard. Voir la fin de \ Hymne funèbre de Marguerite, Reyne de SâMrr
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 863 j
Un autre Saint -Gelais, rarcbidiacre Charles, fondateur de |
rfaôpital des pestiférés dq Saint-Roch-sous-Angouléme, parle, en I
son testament, transcrit en un Mémorial de Thôtel de irille angou- |
moisin, de ses (t meubles comme d*or, d'argent et d*estaing en j
a œuvre de vaisselle où sont engravées les armes de Sainct-Gelais -j
« avecque ma devise que est le mot Spero » . Dans le cas, ajoute- 1
t-il, ft où ils viendront és-mains de mesdictz héritiers, leur prohibe 1
et deffendz qu'ils n'ayent à effacer, désengraver, ne deffaire les \
dittes harmes et devise * » .
Toutes les créations des Saint-Gelais portent le sceau de leur bon
goût; le peu qui nous en reste fait déplorer Tardeur à détruire
que des architectes intempérants ont mis au service de leur propre
intérêt pécuniaire . Après la chapelle du Salut, nous devons men-
tionner le château de Montchaude (en Charente); « on remarque,
dit très justement Tabbé Michon, dans la décoration des façades,
des arabesques d'un goût exquis' ». C'est un des rares monu-
ments du tempà de la Renaissance qui aient été épargnés par le
zèle destructif de MU. les architectes, depuis un demi-siècle
on environ.
Jean-Louis de Nogaret, duc d'Épernon, gouverneur d'Angou-
mois, etc., était fastueux, mais il savait assujettir son faste à sa
politique louche et tortueuse. Je ne jurerais pas qu'il fut a ama-
teur » dans la haute acception ; néanmoins, à défaut des connais-
sances spéciales qu'il n'avait guère eu le temps d'acquérir, il savait
s^adresser à bonnes enseignes pour s'entourer d'objets artistement
façonnés.
D'Ëpernon, imbu d'orgueil, menait la vie somptueuse dans sa
bonne ville d'Angoulôme ; il y faisait du château sa résidence habi-
tuelle de préférence à la citadelle. C'était, au dire de son aimable
panégyriste et secrétaire Girard, afin de ne pas marquer aux habi-
tants de méfiance. Malgré certaine réputation d*avarice — causée
par sa grande «économie» , — le même Girard insiste sur les qualités
généreuses de son maître et seigneur, proclamant que l'économie
de tt ce bon ménage esloigné de toutes sortes d'avarice, ne servoit
' Ge testament ei son codicille sont transcrits dans le Registre-Mémorial, coté B,
fol. 96 et suiir. (Série AA. 6. Archives communales d'Angoalême.)
' MiCBON, Statistique monumentale de la Charente, Paris, 1844, in-4''.
864
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS,
qu*à maintenir la grandeur, et à luy donner plus de moyen, sans
être à charge au Roy, de soutenir Tesclat de sa dépense. EUe a lou-
siours esté telle, depuis le commencement de sa laveur, jusqu'à It
fin de sa vie, qu'il n*y a point eu de plus grande table que la sienne
à la Cour, de plus grande écurie^ une plus nombreuse suite d^bon-
nestes gens et de condition, de meubles plus somptueux ni plus
grand nombre de serviteurs à gages. ..•^ »
Puis, au rapport do même historiographe complaisant, lorsqu'il
reçoit et régale le roi Louis XIII en sa belle maison de Cadillac,
en 1620, a il eut esté bien difficile qu'elle (S. M.) eust pu estrc
mieux receue en aucun autre lieu de son royaume. Les beavus
meubles^ qui estoient en aussi grand nombre en cette maison
qu*en aucune autre maison de la France, forent mis au jour. Tout
Tappartement du Roy fut tendu de tapisseries rehaussées d'or ;
dix autres chambres furent parées de mesme sorte ; les lits de
drap d'or ou de broderies accompagnaient les tapisseries ; la déli-
catesse et Tabondance des vivres ne cédoit pas à la somptuosité des
meubles... » Ajoutons que sa vaisselle d'argent était magni-
fique.
Si un prince de Savoie, qui a contracté mariage avec Madame Chris-
tine de France, vient rendre hommage à Marie de Médtcrs, us
appartement leur est offert dans Tévêché d*AngouIéme meublé
entièrement de tapisseries de M. d'Épemon, rehaussées d'or et
d*argent, et d'autres meubles qui répondent aux tapisseries.
Le silence des mémoriaux et le quasi-mutisme des musées
d*Angouléme sur le duc d'Épernon sont parlants, ce nous semble;
on ne trouve que fort peu de chose concernant ce personnage;
quelques phrases brèves et banales, officiellement ou plutôt obli-
gatoirement louangeuses dans les registres du Corps de Ville.
La seule lecture de sa Vie est édifiante; maisn*ayantà envisager
ici le duc d*Epernon que sous son aspect d* « amateur t , dooâ
tenons là cette physionomie qui eut, comme les cloaques, de»
étincellements jusque dans ses turpitudes, dans sa fiange.
Ce trop fameux personnage établit une manufacture de tapisserie
à Cadillac et y fit exécuter une suite de panneaox dont un, qui dops
est connu et représente la Bataille de Jamac, décorait naguère If
' Girard, Histoire de la Vie du duc d'Espernon,
LES GRANDS AMATEURS AXGOUUOISINS. 865
grand escalier de Tbôtel de Lauzun, chez M. le baron Jérôme
dePichon*.
Suivant une tradition locale, d'Épernon aurait donné à Téglise
de Villehois-la-Valcite, dont il était le haut seigneur, une peinture
de Van Dyck. Il ne m'a pas été possible d*en trouver trace.
Oa sait que deux des enfants du duc d*Epernon naquirent à
ÂDgoulême, et que Tun devint cardinal '.
Balzac (Jean-Louis Guez de) fut curieux d'ouvrages d'art, peut-
être par vanité ou, ce qui est plus probable, par atavisme. On sait
que son a bonhomme de père » — ce sont les expressions du
solennel épistolier — aimait les curiosités et les recherchait. Dom
Pierre de Saint-Romuald, Angoumoisin, rapporte' que la reine
Marie de Médicis a logea le premier jour de son arrivée à Angou-
léme au chasteau du Roy, puis les jours suivans en la belle maison
de M. Guez, père du sieur de Balzac, qu'elle trouva embellie et
enrichie de raretez si exquises, particulièrement pour les tableaux
et autres enjolivemens, qu'elle ne voulut point faire son séjour
autre part, jusqu'à la paix que luy donna son (Ils Louys Treizième » .
tt Le sieur de Balzac v , — pour parler comme Saint-Romuald,
— Jean-Louis de Balzac, homme bien avisé, se plaisait au milieu
de ce qu'il appelait de u magnifiques bagatelles n . Il aimait les
livres et s'appliquait à les connaître. Son avis fut d*un grand poids
dans toutes les choses littéraires et, aussi, à l'occasion, dans celles
d'érudition et de goût. De son père, il tenait certaines qualités qui
sont du bagage d'un connaisseur superGciel ; le faste de son
parrain, le duc d'Épernon*, avait dû le frapper dès s^a jeunesse.
Il n'échappa donc point à ces deux influences. Évidemment, il fut
bibliophile, et ses livres de choix portèrent l'empreinte caractéris-
> Pièce citée dans V Histoire de la tapisserie de Guiffrev, et par \f . Lacor-
OAiRE, dans sa Notice sur les Gobelins. — Voir Catalogue des collections de feu
M. le baron Jérôme Pickon, Objets de curiosité et d'ameublement, tapisseries
et tableaux. Paris, 1897, in-4*>, d" 1288.
' Louis» cardinal de La Valette, né en 1593, baptisé le 17 février à S' Antonin.
' Trésor chronologique et historique. Paris, 1642-16V7, 3 vol, in-fol.
* Balzac fut (enu sur les fonts baptismaux, en l'église Saint-Paul d'Angoulême^
par Mgr Jehan-Loys de La Valette..., duc d'Epernoo, pair de France, etc., le
1*' juin 1597. (Registre paroissial de Saint-Paul. — Archives communales d'An-
goiilême.)
55
866 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS.
tique, la livrée spéciale, personnelle â*un écrivain qui, suivant
Tobservation judicieuse du bibliographe Eusëbe Castaîgne,
Dans ses épîtres familières
Évita le tour famib'er '•
En 1642, il oflfrit un livre : Theatrum Terrœ sanctœ, poor
être décerné, lors de la distribution des prix, aux élèves du collège
Saint-Louis d^AngouIéme. C'est un petit in-folio recouvert de veaa
fauve glacé, doré sur tranches, avec pointillé aux pejttts fers dans le
genre de Le Gascon, peut-être même de ce célèbre relieur; sur les
plats, les armes personnelles de Balzac. Le dos de ce volume est
chargé dû monogramme du Christ, de fleurs de lis et de sa lettre
initiale B entrelacés, dans un encadrement de fines dentelures.
Ce livre, domt la reproduction héliogravée a été faite par nos
soins, fait partie de la Bibliothèque communale d*Angoulème ; il
porte une note manuscrite rappelant Tacte de libéralité de Balzac'.
On pense bien que Balzac ne fit pas exécuter cesjers décoratifs en
vue de ce seul livre. En tout cas, c'est le seul livre que nous
sachions à ses armes.
On sait que Balzac avait été à Técole du fastueux d'Épernon.
Néanmoins, retiré dans son château a où il se plaisait particulière-
ment, dit un autre Angoumoisin, Vigier de la Pile, il préféra la vie
tranquille de garçon aux embarras du ménage » . Ce châteao, de
modeste apparence, situé à une heure d'Angouléme, fut visité par
l'aristocratie des Lettres, du Nom et de la Finance. De là partit
une suite importante de celte correspondance fameuse qui enthoa-
> Ode pour la pose de la première pierre de l'Hôtel de ville d'Anymléme.
* Eusèbe Casiaigne, qui fut bibliothécaire d'Angoolême, a porté ta lamière fur
des points nombreux de notre histoire angoumoisine ; il rappelle, en sa sarastc
notice sur Balzac, que la famille de Balzac portait de gueules à deuxfasces d'or-
(voir Armoriai générait manuscni de la Bibliothèque nationale) ; mais J.-L. Gaex
de Balzac s*était créé des armes de fantaisie : écartelé, au i et ^ de,,., à roreat-
ger, et au 2 et 3, au cor de chasse, lié de,.., probablement ensooirenir de Uarie
Xesmond, sa mère, qui portait d'or à 3 cors de chasse de sable, liés de gueHes^
Balzac s'était contenté de faire graver Foranger {malus aurea) sur son cadsel.
dont il fit cadeau, quelque temps avant de mourir, à son ami Gilles Ménage, q«
le remercia par une pièce de vers latins, ainsi intitulée : In sigillum aurmm,
quod cal. januariis Balzacus Menagio dono dédit, in quo scalpta m/tlus am
{Agidii Menagii poemata, Parisis, 1668, in-8<*, p. 53, et in a/iis ediL)
E. Câstaigne, Tableau généalogique de la famille Guez de Balzac, ISM
LES GRAXDS AMATEURS ANGOU» OtSIAfg. 8fil
siasma si fort au dix-septième siècle. Il y marqua dans unp lettre
a à M. Senne, théologal de Téglise de Saintes, le 10 août 1638,
sa satisfaction d'une faïence, — peut-être de Palissy, — que l'abbé
lui avait fait tenir:
K II ne me fallait» dit-il, que deux bassins de terre cuite, et j*ay
receu un plein cabinet de belles choses...
a ... Ni tout ce que je vis jamais de plus diiers et de plus his-
torié dans le monde ne Test point tant que ce que vous m'avez fait '
la faveur de m'envoyer. Et dites après cela, pmir diminuer le
mérite de vostre présent, que ce n'est que Je J'argilo, vous qui
scavez que Tertullien appelle Targile «oror^m nobis materiam^ et
que les Rois ef les Empereurs en ont été faits... ^
Pour mémoire: Tallemant des Réaux rapporte que Balzac donna
à Xotre-Dame des Ardilliers de Saumur « une lampe de cent êcus,
avec des vers latins gravés dessus, où son nom étoit en grosses 1
lettres » . II envoya, selon le même témoignage, u uue cassolette "
du prix de 400 livres » à Téglise des PP. Feuillants de Saint-
Mesmin, prèsd*Orléans.
Voilà donc quelques menues notes sur Balzac, amateur, que
ses biographes ne connaissaient ni ne prévoyaient pcul-ëtre j)as. |
Charles de Sainte-Maure, duc de Montauzieiî, uialjjré sa rudesse
et ses boutades naturelles, voilà certainement un délicat — à tous
les points de vue.
Parangon d'amoureuse constance, Taustère Moutauzier lui-même
fut touché de la grâce, estima que la « divirte Julie ^ valait bien
une messe et inventa une merveille: la délicieustj Guirlande de
JuliCj dédiée à la a reine des précieuses » , a. in diviniti' de Thutel
de Rambouillet. On sait que « dix-neuf poètes y pnHèrent leur:;
voix à vingt-neuf fleurs. Corneille le Grand se cfiargea du lis, de
rbyacintbe et de la grenade. ^
Cette Guirlande de Julie , œuvre charmante composée de madri-
gaux tt des beaux esprits du temps» , transcrits par le ralligraphe
Jarry et encadrés dans les fleurs dessinées et coloriées par le
peintre Robert, celle Guirlande de Julie a fut vendue quinze
louis d'or après le décès de la duchesse d'I zès, fille du duc de
Monlauzîer; elle passa alors aux mains de MotTau, premier valet
de garde-robe du roi Louis XIV et du duc de Boiu gagne. Ensuite,
\
868 LES GRANDS AMATEURS ANGOCMOISIXS.
à la vente de la bibliothèque de La Valliërey elle atteignit le prix
de 14,510 livres. » Aujourd'hui, ce livre célèbre appartient à Ton
des arrière-ùeveux du preux soupirant : nous Tavons vu à TExpo-
silion de 1878 et revu à Texposition des bibliophiles, en 1883'.
Le duc de Montauzier, gouverneur d'Angoumois depuis Tannée
1645 jusqu'au 17 mai 1690, date de sa mort, était, en consé-
quence, le personnage le plus considérable de cette province. Le
Corps de Ville d'Angoulême sollicitait parfois ses a sages conseils» ,
et un Mémorial de cette époque nous a transmis le récit des princi-
paux actes de son gouvernement. C'est lui qui présenta le maire
(Jean Guymart, écuyer, sieur de Jallays) à Louis XIV, alors que le
a Roy y> , âgé de douze ans, Ot son entrée dans Angoulème, le
25 juillet 1650. Montauzier et la duchesse, sa femme, tenaient en
cette ville comme une petite cour et un salon de conversation,
a d'esprit » naturellement a précieux » . Balzac, Girac et quelques
autres y étaient leurs commensaux habituels, ainsi que Tévéque
François de Péricard, qui avait
...quitté les belliqueui hasards
Et les rudes travaux de Bellone et de Mars *.
pour embrasser la carrière ecclésiastique.
' A la Gn de l'année 1887, il a été vendu, à Thôtel Drouot, une répêtitim de
la Guirlande. Ce grand exemplaire est de format in-8^, avec une ravissante
reliure semée du chifTre J. L. (Julie-Lucine); il provenait de la collection dn mar-
quis de Sainle-Maure Montauzier, et a été adjugé, moyennant 15,900 Traiics, k
M. le comte de Mosbourg. (Ces Sainte-Maure, qui viennent de s*éteindre, étaioii
issus d'une ligne Collatérale au duc de cette grande maison.)
J'ai vu, chez M. le baron Jérôme Pichoo, un manuscrit fort beau de la géaéa-
logie des Sainte-Maure, comtes de Nesie, etc. Ce célèbre amateur m'écrirait :
c Si vous vous occupez des Rambouillet-Montauzier, etc., cela vous intérevera
peut-être de savoir qu'on a trouvé à Lyon une miniature de 0"b,30 enviroo de
large sur 0'°,20 de haut (je parle de mémoire), représentant deax femmes aasiaes
dans un jardin. L'une, plus grasse et plus Agée, présente & l'autre nne conroane
avec une bandelette où est écrit : i A la divine Julie. > Cette miniature m'a foH
intéressé, parce qu'elle me prouve que le portrait à la plume que j'ai dam watm
Livre de prières de Mme de Rambouillet (voir dans Talleuant son Hisiorieite}
est bien, comme je l'ai toujours pensé, le portrait de Julie. •
Ce livre d'heures de Mme de Rambouillet, calligraphié par Jarry, relié par
Le Gascon, a été acheté par le baron Jérôme Pichon, il y a une vingtaine d'aoaéea.
Lors de la vente de la première partie de la bibliothèque de ce grand biUîepkBe.
cc livre d'heures atteignit le prix de 3,810 francs; il Ggure au Catalogne
cette vente, sous le n^l28.
' Épitre à Mgr l'hvesque d' Angoulesme, — Voir Œuvres chresfiennei et l
LEil GRAXDS âMATEUHS ANGOUUOISl\ S. 869
Au château d'AngouIéme ou u Maison du roy n , le duc avait une
belle biblotijèque; il en possédait une autre en son castel de Mon-
tauzier (commune de Baignes-Sainte-Radégonde, Charente), Ses
descendants conservèrent aussi de belles choses à Montauzier ;
entre autres un fort remarquable portrait du due attribué à Ferdi-
nand Elté, ainsi que k portrait du duc d*[ zès et plusieurs autres
peintures parmi lesquelles il convient de citer deux petits médail-
lons représentant des Cûvûlier& en marche, gouachesur bois, dans
la manière de J. ParroceL Ces quatre tableaux font partie da
MLiâée d'Atigoulème. Quant auii livres de la I»ibliolhêf|r]e des Mon-
tauzier, peu après la Révolution ils ont contribué particulièrement
à former la Bihiiothèque communale d'Angoulôme ; la plupart
portent sur leurs plats ou sur le dos les armes de cette puissante
raniille dont le chef prouva que pour u vivre noblement ^y, j'allais
dire royalement, it n'est pas nécessaire d'être un Dom Pedro « le
cérémonieui n.
CHiiULES DE l'Aobbspine, marquis de CHATE.*tij\Ëi'F, garde des
sceaux f amateur par à peu près, a logeait en chambre gainie «
son proche parent François-Olivier de Fonteuay, ahbê de Saint-
QuoDliu de Bcauvais et petit-6ls du cbancelicr Olivier (1581-
1636).
Le marquîs de Cbâteauneuf abritait donc che2 lui la collection
intéressante des livres^ médailles et pierres gravées que l'iufatî^
gable abbé augmentait sans reféche avec une sûreté de goût par*
faite, et pour laquelle, malgré ses 14,000 livres de rente', il
vivait très modestement, très économiquement surtout.
On sait que le marquis de Château neuf, coupable d'avoir
a dansé 9 à Bordeau3t, c^ aux sons des violons, pendant une maladie
de \L le cardinal ^ , devint des nôtres à Angonléme, malgré lui :
Il y fut incarcéré durant dix années* Voici une note le concernant
que j'emprunte à un vieux Mémorial :
u. Le dimanche 13 mars 163/î. — Ce mesme jour, M. de Châ-
teauneuf, cy-devant garde des sceaux de France, fut mené prison-
DÎer an château d'Angonlème, soubz la garde du sieur de Lan-
raUs^ dl'Aûlaitia GoDB.ta, évéqua da Griise. Parrs, P. Le Petit, 1603, petit in*l2,
* Voir Ed. BtïwarpiS, Dictionnaire des amMewrs français au diT^septième
siècle.
^
870 LES GRANDS AMÂTEL'RS ANGOUMOISIXS.
mont, enseigne de la ^arde escossaise, par ordre da Roy ^ >
Nous devions bien un mot de souvenir à ce bon serviteur de la
France — lequel donna rhospitalité à un amateur d*objets d*art.
Jean Hérauld de Gourville (1625-1703). — On connaît a
factotum d'excellent ton et de parfaite bonne grâce, qu'il perdit
ou gagnât au jeu de la fortune. On sait qu'il menait grand train ;
toutefois, son nom ne figure nulle part, que je sacb€, du moins,
parmi les curieux d'objets d'art. Pourtant, Gourville, dans ses
Mémoires d'un naturel si vrai d'apparence, prouve que les belles
œuvres ne lui furent point indififérentes. II y rapporte simplement,
avec précision, parlant avec mesure et des gens et des choses. Oa
y voit que, s'il fut fastueux, par situation, par devoir, par
politique, il resta personnage de haute considération, mais sans
âffei^tation aucune. En effet, il eut l'esprit supérieur, an milieu
des incessantes intrigues des courtisans, d'être simple d'allures, ne
reniant pas ses origines.
' Archives commuaales d'Angoulôme, série AA. 7. (Reg. Mémorial coléC,
fol. 44 v^.) La détention da marcpiis de GhAleaaneuf ne fat probablement p»
très dure. Voici, à l'appui de notre hypothèse, deux actes, extraits d'unre^e
paroissial de Saint- Antonin, où figure ledit marquis en qualité de parrain :
i° c Le vingt cioquiesme mars 1641 a esté baptisée Gharlotte-Uarie-CadifriM
Quoniam, fille légitime de Louys Quoniam Romeny, maistre d'hostel de mouô-
gneui' de Chasteauneuf et de Mar<juerite Janvier, ses père et mère; son fùrm
a esté Charles de Laubcspine, marquis de Chasteauneuf, chevallier, chtoedlier
des ordres du Roy et Garde des sceaux de France, et mairaines dame Raicl ^
Catherine de La Rochebeaucourt, dans la chappelle du chasteau royal d^Aii^»*
lesme, paroisse de Saint-Antonin ; ledit baptesme faict par moy, Laurent GoiDe-
vant, curé, es présances des soubz signés. [Signé : ] De Laubespine. — MarûRs^
— C, de La Rochebeaucourt. — Lamont, — Le Marquis. — GnîUeraot, earé. »
2o. « Le premier jour d'avril mil six centx quarante trois, a esté baptisé ai ^
chapelle du Chasteau d'Angoulesme, par permission de monsieur l'evesqne di£
lieu, Magdelaine Quoniam, fille légitime de Loys Quoniam de Romeny, wùÊtt
d'hostel de monseigneur de Chasteauneuf, et de dame Marguerite Janner; ^
parrin a esté messire Charles de Laubespine, marquis de Chasteanoeuf, cbenliff»
chancelier des ordres du Roy, Garde des sceaux de France, et damoizelle ù^
lotte Cbcsnel, femme à monsieur de Sers, lieutenant pour le Boy en son dka^OÊ
d'Angoulesme. Ledit baptesme faict par moy, curé soubx signé, es présuttté»
soubz signés et plusieurs autres.
[Signé :] De Laubespine. — Charlotte ChesneL — Jehan de Mtmtel *<•
— Cymonne. — Louis Quoniam. — Lagravière. — Le Marqtns. — Pi; ■*
— Viollette. — Dessoseri. — Jlf. Mathieu. — Guillevant, cure de Salât-.- ■■
et Saint-Vincent, son annexe. >
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 811
Ce négociateur habile et très employé avait» cependant, les
grands repas, — les repas solennels, — comme sûr moyen diploma-
tique. Plus tard, M. de Talleyrand pensa sur ce point-là comme
Gourville. Homme pratique, doué de Tà-propos si rare à la Cour
que Mme de Maintenon, sa contemporaine, en fit la remarque
formelle, Gourville, magnifique et néanmoins d*économie savante,
très entendu en matière de finances, maître es connaissance de
Tétre humain, Gourville a noté plusieurs pièces de son superbe
mobilier et cité même, entre autres, a une pendule de grand prix,
qui allait six mois, et qui lui appartenait » . Cette pendule mer-
veilleuse était chez M. de La Rochefoucauld; Gourville Ty avait
complaisamment exposée à Fadmiration des visiteurs.
Saint-Simon, qui parle en termes fort aimables de Gourville,
dit bien : a Ce qui est prodigieux, il avait secrètement épousé une '
des trois sœurs de M. de La Rochefoucauld. » Saint-Simon a pu |
faire erreur sur ce point. |
Les tt argentiers » , j*entends les amateurs de vieille argenterie !
française, reprocheront, sans doute, à Gourville d*avoir proposé à 1
M. de Louvois de faire porter à la Monnaie quantité de morceaux .
d*orfèvrerie d'argent. Mais on peut leur rappeler que le Trésor de I
la France était obéré, et Gourville lui-même le constate : a Je me \
tt réduisis, dit-il, à croire que Ton pouvoit seulement fondre les j
tt chenets, leshraziers et toutes ces autres choses qui ne servent {
a qu'au luxe, sans toucher à la vaisselle... \ -n Son patriotisme
Tinspira : n'est-ce pas, en tout cas, une raison suffisante ?
» Voir Mémoires de monsieur de Gourville.., Paris, M. DCCXXIV, 2 vol. îu-t 3,
p. 269, 274 et suiv.
A propos de Gourville, il convient peut-être de noter ici qu'une de ses sœurs,
très probablement, «mademoiselle Anne de Gourville s, fut marraine trémie
Boire, t fille de Pierre Boire, m'" tailleur d'habilz i, le 27" jour d'octobre 107 V,
en Téglise Saint-Jean d'Angoulême. Un de ses neveux, J. Herauld de Gourvifli?,
signa, le 18 octobre 1705, l'acte mortuaire de « damoiselle Anne de Lenclû^,
fille majeure (sic) décédée en sa maison rue des Tournclles, âgée de 1^0 mis^
environ i , le 17 octobre. (Jal, Dictionnaire critique»)
Si nous faisons un rapprochement, nous trouverons que cette mt^me Anuc!, qut
devint la célèbre \inon de Lenclos, eut pour marraine demoiselle Anne Jo Vil-
loutrays, épouse de messire Benjamin de La Kochefoucauld, seigneur t'I bnrûn
d'Ëstissac. Demoiselle Anne de Villoutrays descendait d'Ëlienne de VilloulPtip on
Villoutreys, maire de la ville d'Angouléme pendant les années 1588-1581^ Airi^i,
deux personnes d'origine angoumoisc assistèrent cette illustration galiinie acj^
dates extrêmes de sa vie.
872 LES GRANDS AMATEURS AKGOUMOISINS.
Hérault de Gourville avait formé; un cabinet où se trouvaient
(Inintéressantes peintures parmi lesquelles trônaient des portraits
de contemporains célèbres, entre autres ceux de Rjacine, BoiUau,
Molière et de Ninon de Lenclos^ aux termes d'un docuqsent cer«
tain*. N'était->ce pas ainsi faire preuve de dilettantisme que de
réunir de telles portraitures en semblable condition? Un mondain
moins raffiné se fût contenté d'estampes médiocres ou de médiocres
toiles; mais Tesprit d*amateur de Gourville s'afBrma, de la sorte,
hautement et clairement.
Gourville créa Thospice (le La Rochefoucauld (Gliarente). Dans
le salon d'honneur de cet établissement de bienfaisance, oo
conserve soigneusement un assez beau portrait de son généreux
fondateur ; un autre y est exposé dans la « salle des hommes « . Noos
nous proposons d'en parler d'une façon plus explicite.
L'auteur de cette notice possède un bon portrait de Gourville,
datant du dix-septième siècle.
Nicolas Pasqdier, seigneur de Mainxe et de Balanzac, liea-
tenant général de la sénéchaussée d€ Cognac, eut la passion des
livres... et des chevaux : « Je les aime à outrance», dit-il. Son
père, Estjenne Pasquier, lui avait laissé un nom fameux; Xicdas
ne faiblit pas sous un tel poids, sinon par des talents supérieurs,
de premier ordre, du moins par ses vertus de magistral il s*ea
rendit parfaitement digne. Parisien de naissance, selon sa riposte
au P. Garasse, il se plaîsaU fort en sa seigneurie angovmoisioe,
où il vivait plantureusement et dont il célébra les vins, les bonnes
chairs, les truffes et les bons fruits en son livre XIV. (Lettre 7,
t. Il, éd. deI723V)
Un portrait de Nicolas Pasquier, fort bien gravé par Crispin de
Pas, se trouve en tête de ses Lettres (1623). I /artiste le dessina
sur nature ; on y lit, dans l'encadrement du bas :
Crispia Passens ad vivum detineaml et sculpsit Parisiis 1623.
' Ces I portraits peints, du cabinet de Gourville «, ont été br&tés dans P
candie qui détruisit en 1846 la coltection des tableaux c réanis à grands lin
par le marquis de Biencourt. (V. Lettre adressée par J. Duieigneor, slatn
«u bibliophile Jacob : Bulletin de l'Alliance des Arts^ n? 8, 10 février ISM.
« Voir ses Lettres.
LES GRANDS AMATEUBS A!4G 0 L'If ÛIStK S. ST3
Mais on n'y voit que son imase; un diiliquc lalin nous avertit
qu*il a faut chercher son Ame dans ses écrits n :
* Verum Paschasii potes hic cognosrere vuUum
Ast animi m scripHs vha figura laUL
L*an 1631, Nicolas Pasquier a s'cteîgnit en chrétien fidèle cl
croyant; il avait soixante-neuf ans ' n.
Les La Rochefolxauld, dont Ti) lustre maison compte parmi les
premières de la France, sont avec éclat au premier rang de nos ,
grands amateurs; entre autres : \
Le comte François H, qui fit construire, en 1538, le château ^
que Ton connaît, à côté de sou château patrimonial, chef-d'œuvre i
de la Renaissance en Angoumois. La veuve de ce seigneur, Anne \
de Polignac, reçut de Charles-Quint un hommage mèmorahle. i
Ensuite, on doit mentionner François II de La Rochefoucauld.
Au dire de Florent le Compte, sculpteur et peintre de Paris (dans
%on Cabinet des singularités d'architecture, 1690), Tauteur pro-
fond des Réflexions et Maximes morales « possédait un Christ
d'une grande beauté peint par André Solarîo^ ^ , Il s'était fait
tt pourtraicturcr » par le célèbre peinlre-émailleur Petitot, admi-
rable bijou dont se glorifie à très jusie titre le trésor de ses des-
cendants; il avait fait exécuter pour Andrée de Vivonne, sa
femme, un Livre d'heures calligraphié par Jarry et relié par Le
Gascon '. •
On n'estimera pas hors de page de rappeler ici ces ^ réflexions »
' Voir Timportante et substantielle élude âp M. Louis Audut, sur Uti fiU
d'Estienne Peuquier : Nicolas Pasquier, (Angouléme» 1875, j«-8'.)
' Cité par M. BoNAPKit, ioc. cit.
' Ces deux chefs-d'œuvre font partie des rictiDNsea arlisMrjUi^ï ûI des «duveiilrs
familiaux conservés par M. le comte Aimi^ry de Iji RochcfoucauM. L'émalt est
superbement emborduré de diamants d'ancienne taille et en état de conservation
parfaite. Le Livre d'heures est munî d'un fermoir i^maillé. Je suis ii-és rpt^annais'
sant à M. le comte de La Rochefoucould Ji? la communication qti'i! m*a faïto de
ces magnifiques bijoux ; ça m*a été une surprise et un ré^jal iugublmbles lor» de
rbospitalité seigneuriale qu'il a bien voulu m'unrir.
Dans le nombre des richesses d'art réunie» au château de Vcrteuil, les plus dif-
ficiles connaisseurs apprécieront une fort belle « tapîfiierie à la Jiicorne t « de la
Renaissance, provenant de l'ancien mobilier du château. Celte tapii^jeric estadmu
rée môme par des dillettantes qui ont vu ia tapijiserie à la Licorne eiposée d^iUB
la grande salle haute du Musée de Clany («aile de^Émaui).
S14 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS.
du spirituel penseur : a 94. Les grands noms abaissent, au lieu
« d'élever, ceux qui ne les savent pas soutenir. — 133. Les seules
« bonnes copies sont celles qui nous font voir les ridicules des
a méchants originaux. — .378. Le bon goût vient plus du juge-
tt ment que de Tesprit. »
Des huit enfants de François VI, duc de La Rochefoocanld \
Mlle de Marcillac, malgré la médiocrité relative de sa fortune,
aimait s^entourer de bibelots précieux; elle fut surtout «curieuse»
de porcelaines fines. Elle démontrait la justesse de cette réflexion
de son père : qu' « on renonce plus aisément à son intérêt qu'à
son goût » .
Voici ce que disait de cette dame remarquable le baron Jérôme
Pichon, dont la haute et vaste érudition est connue de tous les
gens d'étude qui Font approché^ : « Hoym acheta beaucoup de
porcelaines et de laques à la vente de Mlle cle Marcillac (Henriette
de La Rochefoucauld;. C'était une de ces filles de François de La
< Vie de Ch.-H. comte de Hoym, 1. 1, p. 184.
' Parmi ces objets « achetés à Tinveataire de Mlle de Marcillac, en 1722 • '•
c quatre .vases ou cornets à panse de porcelaine de la Chine, dont le fond est d'oo
«crt foncé à fleurs et oiseaux : 507 liv. 10 sols ; — vdeoz urnes moyennes àû.
pans, de dessins à oiseaux, d'ancienne porcelaine du Japon : 601 liv. ; — deox
urnes moyennes aussi à pans, mais de dessin différent des deux précédentes et à
piigodes : 492 liv. ; — deux petites urnes à côtes de melon : 390 liv. ; — quatre
petites bouteilles à quatre pans, avee leurs bouchons et petits pieds de marque-
terie, garnies de bronze : 60 liv. Une autre pareille avec quatre pieds de mar-
queterie : 200 liv.; — une grande jatte en forme de feuilles d'artichaut : 632 lir.:
— deux grandes jattes à dii pans, avec des pagodes et belles bordures < 1,090 liv.;
deux jattes moyennes à huit pans, sans bordures : 400 liv. 5 s. ; — deux jattet
cannelées : 315 liv.; — deux petites jattes en forme de feuilles d'artichaut:
288 liv. ; — un compotier ou assiette à douze pans : 100 liv. ; — un petit caba-
ret carré long, de très beau laque noir, garni de deux petits seaux à gerbes,
deux soucoupes carrées à paysage et un petit mortier : 361 liv. (on tiear Pktries
avait offert 800 livres des tasses, sans le cabaret, au comte de Hoym); — deux
cabarets de laque rouge avec huit tasses et autant de soucoupes à pans et quatre
morceaux de laque rouge formant les sucriers: 1,000 lîv.; — quatre grandes
tasses à tulipes, dont une fêlée : 220 liv. ; — un cabaret rond, de vieux laque.
garni de six gobelets à côtes et fleurs en relief, avec six soucoupes à feuilles d'ar-
tichaut et un pot à sucre avec son couvercle, le tout d'ancienne porcelaine biao*
che : 770 liv. ; — deux pots à thé avec deux grandes soucoupes à feuilles, de
pareille porcelaine, assortissant au cabaret de l'article précédent : 361 liv. 5 s.
— une espèce des nécessaire t composé de plusieurs boites de très beau laque noir,
305 liv. ; — une boite plate d'ancien laque noir : 80 liv. « (Uie-de Ch ^H. comle
de Hoym^ ambassadeur de Saxe-Pologne en France et célèbre amateur de firres,
par le baron Jérôme Picuon. Paris, Tcchner^ 1880, JK vol. in-S**.)
r^
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 875
Rochefoucauld, Fauteur des Maximes^ dont Mme de Sévigné a
raconté le tendre attachement pour leur père. Née le 15 juillet
1638, elle testa le 10 mars 1720 et mourut le 3 novembre
1721. »
Saint-Simon, qui Tappelle Mlle de La Rochefoucauld (t. XVIII,
page 208), dit qu'elle avait passé toute sa vie, fille, dans Thôtel
de La Rochefoucauld, considérée dans le monde et dans sa famille,
toujours très vertueuse et avec peu de bien. Du côté de Tesprit,
dit aussi Saint-Simon, elle tenait tout de son père. Ajoutons qu'elle
avait un goût remarquable, si Ton en juge par les belles choses
que Hoym acheta à sa vente *.
Pour mémoire, rappelons la fête donnée, par les pensionnaires
de rÉcole française à Rome, en Thonneur du cardinal de La Roche-
foucauld, ambassadeur de France.
On conservait au château de La Rochefoucauld un intéressant
portrait de la Grande Mademoiselle, attribué à Mignard. Cette
peinture, qui appartient à M. Callandreau, de Cognac, a figuré à
TExposition rétrospective à Paris en 1889. (Photographiée par
Braûn.)
La liste des ouvrages littéraires et artistiques placés sous le
patronage de La Rochefoucauld par des écrivains et des artistes
français serait trop laborieuse et trop longue à énumérer; néan-
moins nous pouvons rappeler que J.-J. de Boissieu, le fin dessi-
nateur-graveur, dédia à M. de La Rochefoucauld une de ses eaux-
fortes : Vue d'Aqua Pendente, en 1773; indiquons aussi une
édition des Maximes et Réflexions morales^ imprimée en carac-
tères microscopiques, petit chef-d*œuvre typographique,, dédiée
u à M. le vicomte de La Rochefoucauld, directeur au département
des Beaux-Arts » , en 1825 *.
La maison de La Rochefoucauld observe avec une rare délica-
tesse ses grandes traditions.
Mme de La Rochefoucauld, née Du Roux, a réuni dans son
'^A propos d'édition précieuse à d'autres titres des Maximes et Réflexions
morales^ je me souviens d'avoir vu, chez M. le baron Jérôme Pichon, un exem*
plaire unique de ce livre : celui de la quatrième édition de 1675, en maroquin
rouge, aux armes du duc du Maine, avec Dédicace au duc du Maine, imprimée
pour ce seul exemplaire. (Vendu 1,500 francs, vente de la Bibliothèque Pichon,
en mai 1897; n» 187 du Catalogue.)
876 LES GRANDS AUATEURS ANGOUMOISINS.
château patrimonial de Verteuil une quantité considérable d'objeb
d*art; nous en avons parlé antérieurement '.
Mme la comtesse Aimery de La Rochefoucauld, sa belle-fille, a été
portraite par Ed. DubuOeet aussi par Chaplin (celte œuvre de Cha-
plin est une merveille) ; Antonin Cariés a ciselé son buste en marbre.
Jacques Favereau mérite une place d'honneur parmi les curieux
angoumoisins. Né à Cognac en 1 590, il épousa une nièce de Nicolas
Pasquier et mourut conseiller de la Cour des Aides, à Paris, en
mai 1638.
On lui attribua une diatribe dirigée contre le cardinal de Riche-
lieu et qui lui valut un certain renom : Le Gouvernement préseni
ou la Miliade (imp. à Envers^ s. d., in*8* de 66 pages).
« C'est lui qui a fait graver la belle collection de planches
mythologiques publiées plus tard par Uichel de Harolles, sous le
titre de Tableaux du Temple des Muses, tirez du cabinet de
M. Favereau (Paris, 1655, in-fol., ou Amst., 1676, in-^""). « On y
trouve un beau portrait de M. Favereau, ainsi que son éloge, où il
est parlé de sa famille alliée à celle du fameux Estienne Pasquier.
tt Jacques Favereau était fils de Pierre, sieur de La Bourgeserie
et de Puyraimond^ et de demoiselle Anne de Ranson, autre famille
protestante de Jarnac, qui a perdu sa particule '. »
Sous le titre de Mercurius rediviviis^ Favereau écrivit un recueil
d'épigrammes, au sujet d'un Mercure de bronze gallo-romain,
trouvé, en 1613, lors des fondations du palais du Luxembourg.
Jacques Favereau collectionna des peintures et des estampes.
Les DU TiLLET, de vieille souche angoumoisine, ont brillé dans
la noblesse de robe; plusieurs d'entre eux se distinguèrent comme
' Les portraits du château de Verteuil. {Réunion des Sociétés des Beaux-Arts
des départements, 1895.)
* Quelques-uns de ce« renseignements biographiques sont peu connnus, atteodo
que la i Famille Castaigne, Notes historiques et généalogiques « , par EosèU
Gastaigkb (Angouléme, 1866, ln-8°, 46 pages), n'a été tiré qu i 50 exemplaires.
M. Gastaigne y marque aussi que sieur Philippe Castaigne, Tunde ses ascendanls,
épousa, Ters 1659, demoiselle Estber Favereau, nièce du conseiller Jacques Fate-
reau. Il observe, de plus, qu'à l'imitation de l'inspirateur du Temple des Muses,
Benserade composa dans la suite les Métamorphoses d'Ovide, mises en rondeau.
{Lyre cT Amour, Angonléme, 1829, in-8«, p. 40.)
LES GRANDS AUATEiRS A\ GO IMOISIVS. 87t
officiers des armées du Roi; ils eurent parmi les leurs d*éiudits
bibliophiles. Nous leur cousacrerons une notice particulière.
Catherine de Sainte-Maurr, eouilesse be Brassac, reçut ses
lettres de naturalisation angou moisi ne : elle avait épousé inessire
Jean de Gallard, comte de Brassac, cliefdu conseil de la Rf^iiie,
surintendant desamaison^gouierneurenSaintunge et Angoumoîs '.
Un savant historien d'art, M. Edmond BonnatTé, a inscrit, avec
raison, cette dame parmi hA amateurs distingués quî brillèrent au
soleil du dix-septième siècle ^ On sait qu'elle avait réuni vingt-six
peintures remarquables, a tableau^c de maîtres non dénommés », et
que sa galerie contenait qualre-vingt-dii-neuf portraits des princeg
*de la u maison de France et de quelques autres personnages " .
Catherine de Saint-Maure, tante du duc de lUontauzier, fut pre^
mière dame d'honneur de lu reine Anne d'Autriche.
D'après Tallemant des Reaui, < Mme de Brasaac étoit une
personne fort douce, modeste, et qui se m bl oit aller son grand
chemin; cependant elle sai oit le latin, qu'elle avoit appris en le
voyant appi:endre à ses frères : U est frai qu'à Teiemple de son
mary elle n'avoit rien lu de ce qu'il y a de beau en celte langue,
mais s'estoit amusée à la Théologie et un peu aux Mathéoiatiqueâ.
On dit qu'elle entendoit assez bien Euclide. v
1 Le comte de Brassac fut i pouri'u du gauv(?rneaicTit de Saintonge et Angoii-
mois et de celuy particulier de la v'iWe et 9d[iF»cliaus«ûe (rAD^fouluimif, sur la
démission du duc d*Aiuin •» suivant la leUre du Rnî, de Salnt-^iemiain ea Layr,
eu date du 8 mars 1633» adressée aux Maire el Kcheiios irAr^^jouléme. Le nou-
veau Gouverneur fit son entrée Jitt^s celle dite liile le ^ï airil d'aprè^> I^ Corps
de Ville avait envoyé une dépulalimi, a son avaucc, k Couhé. Le Mairie le
harangua en des termes pathéliLjueii. Un ne peul rétsisiter au ditair de rappeler
l*exorde de cette pièce d'cloqueDcc :
c Monseigneur, quand j'aurois ceiil bouclics et cent lant^ues et une voix dé Ter.
je ne sçaurois suffisamment exprimer la joye el le coDlt<ulËmt!ut t^u'ont raceu les
babitans d'AngouIesme lorsqu'il.'^ ont appris qu'ils debvuycnt ealre ^^ouvc^rtiii^s par
TOUS. Autrefois, un Empereur fut îiuniommê Tamour i;t le^ déliûc^ du <{f<ure
humain, tant il estoit agréable k lout le monde; pcrmeUt'i. Mûtiscigtieiir^ pour
mesme raison, qu'il nous soit loisible de vousdlrc et publier l'amour et les délices
de la ville d'Angoulesme. i {Kc^. col<.'C, bl. V5 y*'. Arcliivescomntunalc^i d'Ao^
goulême.) .
On pourrait constater que, depuis» la forme des baran^^ucs uffîi^J elles a changé
de forme, tant soit peu, mais que le fondh est reué invariable.
• Voir Ed. Bonxakfé, loc. cî7., souvent elle dans ces ûulices ; Dictionnaire des
amaieurs français au dix-septiéme smit.
818 LES GRANDS AMATEURS ANGOUlf OISINS.
Le comte de Brassag, son petit-Deveu, qui épousa H"" de Tour-
ville \ fit réparer a à la moderne d , au commencement du dix-
huitième siècle, le château de LaRochebeaucourt, dontlesapparte-
ments, selon le lieutenant criminel Jean Gervais, furent rendus
superbes et magnifiquement meublés '•
Françoise-Athénaîse de Roghechouart de Montespan, qui succéda
à a la douce La Vallière n dans rintimitè du « Roy Soleil », ne
manqua pas d'un penchant vif pour les choses d*art.
Du temps de sa faveur, M*"' de Montespan avait un « peintre en
titre d'office, homme tout à fait inconnu aujourd'hui, mais qui ne
dut pas être un artiste sans talent » ; Jal, qui le rappelle, ajoute
sensément que cette haute dame « n'eut probablement pas voulu
poser devant un peintre vulgaire' «• Ce peintre se nommait Jean
de La Haye.
L'altière marquise, excessive eii tout, avait du goût et du meilleur
parfois, sinon toujours. Souvent, les caprices des jolies femmes
ont du bon et visent le Beau. Pensant non sans raison qu'
Ud livre est un ami qui ne change jftOMÎs,
M"'* de Montespan installa une bibliothèque dans son château de
Serres, commune d'Abzac, arrondissement de Confolens (Cht*
rente); « cette beauté rare et suprême » s^y retira pendant sa dis-
grâce*.
Entre autres livres qui eu proviennent et que nous avons eu la
fortune de découvrir dans ce département charentais, on peot
mentionner la belle édition princeps du Discours sur l'Histoire
universelle, en très bel état de reliure : maroquin rouge avec filets,
armes sur les plats, acquis, depuis une quinzaine d'années, par
^ Les de Cotentin de Tourvilie, alliés aussi aux La Rochefoucauld.
* J. Gkrvais, Mémoire sur VAngoumois publié par G.-B. de Rencojne. Pwi?,
1864. in-8o.
' Voir Jal, loc. cit,
* Voir Intrigues galantes des cours de France y Cologne, 1688 ; on y trouve ce
quatrain, relatif à Mme de Montespan :
Souveraine de tons les cœnrs.
Cette beauté rare et snprt^me
Au joug de ses attraits vainqueurs
Soumit jusques au diadème.
J
■
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 819
M. le baroQ Jérôme Pichon, qui mourut président honoraire de la
Société des Bibliophiles français. Ce grand bibliophile possédait
aussi, de même provenance certaine, un Cérémonial, de Denis
Godefroy (2 vol. mar. rouge). M. Tabbé Bossuet, décédé curé de
Saint-Louis en lile» à Paris, avait les Œuvres de Grenade (2 vol.
in-12), aux mêmes armes de M^'deMontespan; enfin, M. le comte
de La Béraudière conservait des livres très curieux (livresde piété),
imprimés exprès pour M"" de Montespan *. « Le duc d*Alitin avnit
hérité les livres de M"' de Montespan, sa mère, et il avait, outre
cela, les livres très^bien reliés, à ses armes. Son fer est beau. J'ai
vu de ses livres portant sur le titre : a Bibliothèque de Petitbourg. d
Il avait donc une bibliothèque à ce beau château', n J'ajoute, pour
mémoire, que u Mgr le duc de Mortemart » était aussi seigneur
marquis de Saint-Viclurnien, sur les confins du Poitou et d'Angou-
mois.
Le PÈRE Laubert, des capucins d^AngouIême, a pris rang parmi
les bibliophiles angoumoisins. Avec le savoir du bibliographe et le
flair du collectionneur pratique, il forma une bibliothèque impor*
tante — dans les meilleures conditions désirables.
Voici ce qu'en dit un historien local, l igier de la Pile, dans son
chapitre consacré aux Capucins :
u Ils ont surtout un bâtiment pour une bibliothèque qui est vaste
et bien placée, avec une belle vue sur la campagne. Cette biblio-
thèque est fort nombreuse et bien fournie. Le P. Lambert, fameux
capucin, natif d'Angoulême, a beaucoup contribué, par son habileté
à faire valoir les quêtes, à la construction de ces édifices et à pour-
voir cette bibliothèque de livres. Son principal fonds vient de ceux
qui leur ont été donnés par le sieur Moricet, théologal de Saint-
* Je dois ces renseignemeols à Tobligeance de feu M. le baron Jérôme Pichon.
A la vente de la première partie de la bibliothèque du baron J. Pichon (mai
1897), les livres suivants, provenant de la bibliothèque de Mme de Montespan,
ont été adjugés : Catéchisme des Festes et autres solennitez^ par ^fessire Jac-
ques-Bénigne BossuKT. Paris, 1687. — Catéchisme du diocèse de Meaux, par le
même. — Second Catéchisme^ par le même, 3 part, en 1 vol. in-12 rel. mar.
V. (anc. rel.). Edit. originales, 765 francs. — Discours sur l'Histoire universelle^
1,100 francs. — Le cérémonial françois^ 1,011 francs. Ces livres ûgurent au
Catalogue de la vente sous les n*" 99, 1143, 1304.
' Vie de Ch.-H. comte de Hoijm^ par le buron Jérôme Pichox. (Edit. de la
Soc. des Bibl. français.)
880 LES GRANDS AMATEURS AIVGOUUOISIX 3
Pierre et abbé de la Grâce-Dieu, diocèse d^ In Rochelle, bomme
savant à qui le commerce maritime avait procuré une fortune coqsÎ-
dérable'. » Nous compléterons ces données, en faisant conuâitre
qu*^ la Révolution la bibliothèque des PP. capudns d'Angonlême
contribua, avec les livres provenant des émigrés de la province
angoumoisine, à former la Bibliothèque communale de cette \Mk,
après avoir servi à TEcole Centrale qui s'y était établie*
• La bibliothèque desdits capucins avait un Catalogue fort bien
tenu, où Ton voit mentionnés plusieurs livres de priK, notammenh
un Pontifical Romain, manuscrit, enluminé de figures, \u~\\
plusieurs ouvrages imprimés à Angouléme devenus pour ainsi dir«
introuvables, el une collection de Bibles très rares. (Catalogue
manuscrit. Bibl. d'Angoulème.)
Mme BouTHiLLiER, comtesse de Chavigw. Fille unique de Jean
Philipeaux, seigneur de Villognon, en Angoumojs, elle ai:ait
épousé Léon Bouthillier, comte de Chavigny et de Oazancois, & 6h
unique de Claude Bouthillier et de .Marie de Bra^elone, el qui a
été successivement conseiller au Parlement^ conseiller et secré-
taire d'État, chancelier du duc d'Orléans, gouverneur du chàleau
de Vincennes, etc., etc. * ». De ce mariage naquirent six garçons
et sept filles.
La famille Bouthillier, fort connue en France^ figure 1res hooo-
xablement au tableau du Corps de Ville d'Augoulèmc et parmi
les dignitaires de la vieille magistrature de ce pays. M, BouualTë,
Térudit et spirituel auteur de remarquables éludes sur les Amateurs
français, n'a point oublié de mentionner cetle Dame; il rappelle
fort à propos une note des Mémoires de Brienne% relative à
Mme de Bouthillier : a J'ai su de Mme de Chaiigny qu'il (Mazariû
dans sa jeunesse) ne revenait jamais d'Italie sans lui rapporter ft)r<!e
pommades, huiles de senteur, savons de Napleset gants de Rome:
quelquefois même des tableaux de peu de valeur et des chapelets
' François Vicier de la Pile, Histoire de rAngoamoû. (ÉJlLmn Michan,)
' Ibid. On y trouve une notice biographique précise et dej piui élo^iâuses, mr
les Bouttiillier.
' L*unc des ûUes de Mme Bouthillier de Chavigny, Ulle Henriette EouUiîUier
épousa Louis-Henri de Loménle, comte de Brieone el de Montbron^ » fujade^
curieux les plus. distingués du dix-septième siècle t » dît justemeat M. E^man
Bonnuffé.
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISIXS- 881
bénits oa not, cela n'y faisait rien. Ces régals plaisaient fort à ma
belle-mère ; elle est, je crois, après le cardinal, la personne du
monde qui aime le plus à recevoir des présens. «
tf. BonnaiTé constate aussi que, dans sa Revue des cahinrls
parisiens^ Tabbé de Marolles signale celui de Mme de Chavigny, à
rbôtel Saint-Paul, pour ses a vases, statues, obélisques, escrins,
miroirs, globes, cofBns, chandeliers, suspendus et autres choses
semblables de cristal de roche, de lapis, d*agate et d'aiitr^ïi
matières précieuses » .
Louis BouTHiLLiER, marquis de Pont-Chavigny et de Viulesaviiv^
hérita les qualités de a curieux » de sa grand'mère précitée ;
toutefois, il ne les appliqua pas à des futilités, à des a jolités » . II
parait avoir aimé les livres et s*y entendait ; entre autres, il acquit
une suite de volumes qui sont vraiment des chefs-d*œuvriï ilé calli-
graphie et qu'Eusèbe Castaigne, de docte mémoire, eut raison de
consigner comme tels dans une de ses substantielles études biblio-
graphiques *, attendu que les caractères du texte manuscrit sont
sî purs, si corrects et si réguliers qu'on les croirait grarés.
Au surplus, voici la note qu'il leur a consacrée et fjue nous
conHrmons, nous aussi, de visu et de tactu :
a La Bibliothèque publique d*Angoulème possède quatorze
volumes in-4* manuscrits du comte de Boulainvillier», et entre
autres deux volumes de V Histoire du Gouvernement de France,
sept volumes des Mémoires des Généralités de France et un
volume de Pièces détachées sur l'Histoire de Franct\ lesquels
forment dans leur ensemble à peu près tous les matériaux de
l'État delà France, Ces manuscrits, chefs-d'œuvre decallîgrapliie,
ont été copiés, de 1714 à 1722, sur les originaux de Tauteur,
pour M. Louis Le Bouthillier de Pont-Chavigny et de lillesaiin,
dont les armes sont estampillées sur les frontispices; et celles de
M. de Crussol-Monlauzier, à qui ces volumes appartenaient avant
la Révolution, sont collées sur le dos de la reliure (mnr. ciir., dor.
s. tr.). Celte indication servira peut-être à faire retrouver ïe tome V
des£'a'/râfV5,qui manque à la collection et qui contenait, entre autres
généralités, celles de Limoges, de la Rochelle et de Poitiers, d
> Eusèbe Castaig.vb, Essai d'une Bibliothèque historique de i Angaumoîi.
(Angoulême, 18V7, in-8«.)
Ù6
882 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS.
Castaigne fait aussi mention d'un autre manuscrit, d'après la
Bibliothèque historique de la France, tome III, n« 30, 718,
Ms. — Lettres de M. Du Perron, évêque d'Angouléme, écrites
depuis le 10 juillet 1634 jusqu'au 12 mai 1644, sans indication de
format. Ce manuscrit avait appartenu à D^nti-Fraii^oîi Bodthilliki,
évéque de Troyes en 1667, après la démission faite par son oncle,
ensuite archevêque de Sens *.
Ce messire Denis-François a été buriné par Saint-Simon qui lui
fit sentir Tacuité de son esprit. Il savait beaucoup, brilla dans
toutes les assemblées du Clergé et plus encore, dans le monde, ao
jeu et au milieu des dames' ; parfois, il visitait son diocèse. C'était
un de ces évêques non résidants, comme il s*cn trouvait nombre
autrefois. Ses livres sont recherchés ; ils portent VexMhris de ce
prélat, c'est-à-dire ses armes familiales : d'azur à trois fusées dor
rangées enfasce.
Bouthillier, surintendant des finances, habitait Thôtel de Clèves.
rue du Louvre; Bouthillier, comte de Chavigny, Thùtel de la
Force, rue du Roi-de-Sicile. On trouve mention d'an Bouthillier
de Chavigny parmi lesprincipaux personnages qui habitèrent Thôtel
de Harlay, rue Saint-Claude. {Les anciens hôtels de Paris, par le
comte d'Aucourt.)
La marquise DE Ruffeg. Dans le Catalogue des livres de cette
haute dame — digne de la citation d'un Brantôme, — catalogue
rarissime rédigé à l'occasion de la vente de sa bibliothèque et de
ses objets précieux, il est dit que la bibliothèque et le cabinet de
la marquise de Rufiec ne venaient pas de ses deux maris, mais
qu'ils avaient été formés par elle-même., a La richesse de ses
appartements, l'élégance recherchée de ses bijoux, le goût exquis
de ses ameublements découvrent en elle une intelligence très
complète de tout ce qui concerne les Beaux-Arls. On a vu la vente
qui s'en est faite, après son décès, suivie par un concours étonnant
* On écrivait Le Bouthillier ou plus simplement Boutliillîer, cooforméineal i
l'orthographe adoptée par Sébastien Boutillier, allas Bouthillier, conseiller, poU
échevin du Corps de ville d*AngOuIême, au seizième siècle. (Archives oooudb-
nalcs d'Angoulême, Reg. des Délibérations. — Voir aussi Vicier de l% Pile. /
ciV., édit. Michon.)
* Voir Mémoires de Saint-Simon. (Édit. Mommerquic et Paris, t. III, p.
32.)
r
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISIIV! S. $H^
des personnes les plus distinguées et par les plus habilcg connais*
seurs. n
On peut dire de Mme la marquise de Ruflec, rivale en h curio-
sité n de Mme de Mazarin, — et l'indiscret mais avisé Casanova
rétablit dans ses Mémoires d'une façon piquante et peut-être
même cynique — vraiment « naturaliste » , — qu'elle possédait le
démon de toutes les curiosités.
Sauveur-François Morand, chevalier et secrétaire de l'ordre du
Roi, associé pensionnaire de TAcadémie àcA sciences, né le
2 avril 1697, à Chabanais (Charente), ou près de cette petite
ville. La principauté de Chabanais appartenait à Colbert. D'autre»
personnages qui se sont illustrés y naquirent : LaQuinlinye, surin-
tendant des jardins du roi Louis XIV ; Goursaud, chirurgien en
chef de THôpital des Petites-Maisons et professeur au Cnllêge de
chirurgie de Paris ; les quatre frères Dupont dunt Vun s'allia aux
Carnot (les Dupont qui ont marqué dans Tarmée, daus Téplscopat
et daiis l'administration).
Suivant des biographes, contemporains de Âîorand, it étnli
d*aimable caractère, obligeant et homme d'esprit parfait. Cet
opérateur éminent décéda le 21 juillet 1773; son nom a été immor-
talisé par J.-J. Rousseau, auquel il prodigua ses soins.
La vente de son cabinet, faite en 1773, se comj>o.sait de plusieuri
antiques, bronzes, médailles et monnaies, — parmi lesqut^ls u le
Bœuf Apis ^ bronze, de la plus belle conservation Rt antiquité. Ce
bronze porte trois pouces de haut sur cinq de lon<;, adjn;ijé :
150 livres. » Deux Impératrices en albâtre ; les tètes, les pieds et
les bras sont de bronze : 331iv. — Six Médailles c/'arde souverains
contemporains: 1,179 liv. 9 sols. — Dix Médailles d^argent de
souverains et autres personnages : 79 liv. ~ In gros diamant
brillant^ entouré de dix gros carats et de dix petits datis le^
angles, le tout blanc. Cette bague est d'une grande conséquence,
dit le Catalogue : vendue 6,001 livres. — Une jjrande Croix ih
V Ordre de Saint-Michel, en or émaillé : 88 liv. — Lne Boite carrée
de belle agate d'Allemagne, montée en or travaillu! à jour ; elle e«t
ornée d'insectes composés d'agate, de sardoiiie, oniyx, cornaline,
I jaspe. Celte pièce curieuse a été faite par Hoffmann : HOO liv. (V- Le
I Trésor de la curiosité, par Charles Blanc, tome ^^)
884 LES GRANDS AMATEURS AKGOIJIIOISINS.
La vente de la bibliothèque Morand eut lieu Tannée saîvanle.
Voir Catalogue des livres de la bibliothèque de feu H. Horand,...
Paris, Prault, 1774, in-8% Le Bibliophile français a reproduit
son eX'libris, Armes: d'azur à cinq cotices d'argent ; au franc
canton d'azur chargé d'une épée d^ argent garnie d'or.
Le Livre-Journal de Lazare Duvaux nous (ait connaître que
Morand achetait chez ce a marchand-bijoutier ordinaire du Roy ' r .
Le marquis d£ Colbert-Chabanais, maréchal de camp, avait
tendu les appartements de son château de Chabanais de belles
tapisseries dont trois ou quatre, qui nous sont connues, mettent eo
scène Thisloire de Don Quichotte ; d^autres représentent des chasses
royales d*après des cartons de A.-F. Van der Meulen.
En 1776, Joullain, Texpert très employé, procéda à la vente
des tableaux du marquis; Charles Diane mentionne les suitants:
Paul Mattais. Enée et Didon; 400 livres. — Tournières. Portrait
du Titien et de sa maîtresse; 111 livres. — Jouvenet. Sacrifice
d'Iphigénie. Tableau cité par d'Argenville dans son Voyage pitto-
resque de Paris, et acheté 3.000 livres par le prince de Conti.^—
Monnoyer. Deux tableaux de fleurs et de fruits; 490 livres.
Pierre Guillebaud, dit Doii Pierre de Saint-Rouuald, a noté
divers Cabinets de curiosité cités dans le cours de ces notices. I!
fallait bien qu*il fût tant soit peu connaisseur pour en parler avec
une certaine autorité. En tout cas, il a rapporté des renseigne-
ments estimés intéressants 'sur des « Amateurs » ; à ce titre, il
mérite d'être ici mentionné.
Pierre Guillebaud, né à Angoulêmele 21 février 1586, était fils
de Jean Guillebaud et de Jeanne Masson — dont il fit les épitaphes
(V. p. 262-263 de son Hortus epitaphiorum ) ; il fut quelqoe
temps chanoine de Téglise Saint-Pierre de sa ville natale ; ensuite,
il pritThabit religieux et devint le « R. P« Pierre de Saint-RomuaU,
Feuillant » .
C'était, j'imagine, un amateur platonique ; mais, enthousiaste
rhéteur, ii cultivait Thyperbole et la faisait largement s*épanoair.
> Livre-Journal de Lazare Duvaux , 1748-1758, publié, avec Tt Arerl
ment et la iVote « de M. Louis Gourajod, par la Société des Bibliophiles i
çais. (Paris, 1873, 2 vol. in-8o.)
1
LES GRANDS AMATEURS ANGOUIIOISINS. 885
Se reposant de ses travaux historiques par la composition d*épi'*
tapbes en latin et en français, Guillebaud consacra un distique
mémoire « dun peintre qui ne cédoit guère à Raphaël d'Urhaih.
n est enterre à Rome. »
Un des neveux de Guillebaud fut peintre à Angouléme (dix*
septième siècle), peintre médiocre, très probablement; nous ne
connaissons aucun de ses ouvrages.
Dame Hippolyte Bouchard, marquise et maréchale d^Aubeterrk,
commanda deux statues de marbre représentant : « Tune, le défunt
maréchal d'Aubeterre, son mari; — Tautre, ladite dame elle-
même», aux termes d'un marché passé entre Mme d*Aubeterre
et Simon Van Canfort, sculpteur de la ville d'Anvers \ à Aubeterre,
le 27 janvier 1630.
Sans être . probablement a connaisseuse » , Mme d'Auheterre
demanda du moins à TArt de perpétuer sa douleur et de l'inter-
préter.
Tison d^Argence. Leur hôtel, sis sur le territoire de la paroisse
de \'0tre-Dame de la Peyne, à Angoulôme, était le point central
d'une aristocratie de haut parage; les seigneurs de céans y don-
naient le ton à une foule de braves gens <( entêtés de noblesse v ,
comme dit si bien Le Sage*. On y voyait, réunis à certaines heures
des Chàteaubrun, des de La Place — dontTun, Pierre, fut une des
grandes figures de la Réforme, — des Villoutreys, des La Char-
lonnie, des Du Tillet, d'autres, d'autres encore dont les noms
empliraient cette page.
En leur maison d*Angouléme, les Tison d'Argence avaient un
somptueux mobilier; plusieurs tableaux dont un bel Hubert
^ Ce contrat, découvert par M. Paul de Fleury. archiviste de la Charente, a été
communiqué par notre ërudit confrère à la Société archéologique et historique
de ce département, le 14 janvier 1885.
Les deux statues funéraires, grandeur naturelle, agenouillées, existent encore,
mais fort dégradées. Klles sont placées sur la plate-forme du tombeau monolithe
qui se trouve dans l'église souterraine d'Aubeterre. La statue de la maréchale est
décapitée : la tête a servi de contrepoids au tournebroche d'un honnête habitant
de cettedite commune, pendant plus de trente ans; actuellement elle est dans le
cabinet de If. B...
' Diabte boiteux.
886 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOlSIXS.
Robert : Terrasse italienne \ quelques Lons porlrails de famille,
de nombreuses porcelaines de la Chine et du Japon, enfin dent
très beaux Inslres avec pendeloques de cristal *; de leur biblio-
thèque je ne dirai pas grand^chose, n'en connaissant qu'une do-
.quantaine de livres reliés en maroquin vert orné de filets dorés.
Dans ces notes rapides, il va de soi qu'une sorte de décousu, it
monotonie est inévitable ou, du moins, difficile à éviter, surtont
quand on n'a d^autres prétentions qu'à Texactitude et la précî&îoii;
aussi marquerons-nous [simplement ici le nom d'un membre de li
famille d'Argence, lequel échangea avec Voltaire une correspoin
dance active.
Il est resté des pages inédites de cette correspondance voltaî-
rienne. En 1874, soixante-huit lettres adressées par Voltaire au
marquis d'Argence de Dirac, brigadier des armées du Roi, trou-
vées dans la succession de M. Mathé-J)umaine, avoué à Angoul^me,
furent revendiqués par le marquis d'Argence : le tribunal d'An-
gouléme en ordonna la restitution audit marquis, descendant du
marquis d'Argence de Dirac, en 1875.
Le marquis de Saint-Chamond, seigneur de Coxfoleks, el h
belle Claire Mazarelli, sa femme, tinrent leur cour provinciale, pq
leur château de la Villatte (Charente), au milieu d'objets artiste-
ment façonnés et de brimborions charmants. « .,, Tous les beam
esprits de la province s'y donnent rendez-vous; on y remarque oo
exilé du Parlement, Maupeou, le président Hocquart; Mme Rieco-
boni y travaille en collaboration avec le marquis; la Hîazarellî» qui
se souvient de la Comédie italienne d'où elle est partie, cberclie à
tromper les ennuis de cet eiil provincial : ce nest que cliafse^,
fêtes et festins; et ainsi tous s'acheminent en riant vei^ la grande
catastrophe de la fin du siècle '. v
' Cette très agréable toile signée et datée : « H. Roberti, !76S • , bauL 0*,S7*
larg. O'^fSS, est en ma possessioo.
' Après avoir été donnés à Téglise cathédrale Saint-Pierre d'Ang^Jul^m^. ea
beaux lustres, achetés par une marchande de la ville de Bordean^. ïont deï:efli*
la propriété d'un ancien préfet de la Gironde. Ce trafic eut lîcu il y u une iris-
taine d'années.
Voir sur les Tison d'Argence mes notes sur Les anciennes parùUses ^^^»f
léme. (1882, in-8".)
' Lconide BABâuo-LARiBiÂRE, Lettres charentaises, 1865 (!*■ série, p. 4V.:
LES GRANDS ÂMATEDRS ÂBTGOUMOISIX S . BS7
Largillière a peint un porfrait de Mme de Saint-Chamond : la
belle marquise est figurée jusqu'aux genoux, de grandeur natu-
relle, dans son costume d^apparat; une négrillonne, au second
plan, lui sert de repoussoir ^ Grimm, qui n*était pas tendret s'est
montré irrévérencieux et bruial envers la marquise. En 1771, il
écrivait: a Les. Amans sans le savoir ont été joués pour k pre*
mière fois, le 6 juillet, à la Comédie-Française, et cette pièce est
tombée. On ne la croit pas de deux amies, mais de Mme la mar-
quise de Saint-Chamont seule, laquelle, dit-on, était autrefois
fille entretenue, connue sous le nom de MlleMazarellif à laquelle
on a associé, bien ou mal à propos, une madame Koxct, qui s'en
est allée en Russie '. )>
M. de Saint-Cbamond possédait une paire de pistc^lets richement
travaillés, avec garniture d'argent à ses armes; ils font aujourd'hai
partie du cabinet d'un de mes meilleurs amis.
Le marquis de Saint-Chamond possédait un cabinet iPhistoire
naturelle cité par la Conchyliologie nottveUe de 1767, p. 313<
Les Fé de Barqceville enrichirent leur château, tout proche de
Ghâteauneuf, d'une tapisserie royale dont la manufarture des
Gobelins a pu acquérir des panneaux que Ton considfire comme
des plus remarquables ouvrages qui restent encore de TEcole de
Fontainebleau créée par François I'*" '.
Ces fragments d'un merveilleux tissu faisaient partie d'un im-
meuble légué il y a plus de vingt ans à la ville di* CtuUeaimeuf
(Charente). Nous avons quelques raisons de croire que cesdites
tapisseries ont appartenu au château des Montmorency-Fioutteiille.
Les Fé de Barqueville avaient un mobilier relativement Imueui i
rhospice de Cbâleauneuf, héritier de cette famille, a fait vendre
aux enchères, il y a environ dix ans, des fauteuils, des canapés et
< Feu M. Babaud-Laribière (Représentant da Peuple, publicîst«« Prt^ret* elc,),
dont j'ai eu l'honneur d'être le collaborateur et l'ami, m'a manln^ re portruU
attrayant, à Villechaise, près Confolens (Charente). Il en a élc faJi deux copies»
voilà bien trente-pinq ans, par un peintre angoumoisin, M. Gui^tn^r Paillé; \\\ae
est probablement encore à Villechaise, l'autre est chez Mme (iu^fave de Ren-
cogne, à Aogoulême.
* {Correspondance littéraire, philosophique ei criiique. (iS il, i. Il, p, 50.)
' Suivant les termes d'une lettre adressée par M. Darcel^ alor^ administrateur
des GobelinSf à M. Emile Biais.
888 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISIKS.
d'àatres sièges sculptés, des dix-septième et dii-faaitième siècles,
-ainsi que différents objets curieux ^
a Haute et puissante dame Mme Angélique-Isabelle de Moxtho-
RENGY-BouTEViLLE » amassait des raretés. Saint-Simon dit nette-
ment qu'elle était a très avare et très entasseuse v.
Marc-René de Voter de Pauijiy, marquis d'Argenson, né à
Venise — en 1652 selon la plupart de ses biographes — était
Angoumoisin par sa mère» Marguerite Houlier de La Pouyade.
fille de Hélie Houlier, écuyer, seigneur de la Pouyade et de Rouf-
fîac, lieutenant criminel au présidial et maire d*AngouIéme; il
succéda même à son père dans la charge de lieutenant général
qu'il exerçait en 1689, lorsque M. de Caumartin, Tun des commis-
saires des Grands-Jours tenus celle année-là à Angouléme, lesolli*
cita de quitter son siège et le décida à se rendre à Paris. Cette
charge était a fort belle ' » ; d'Argenson la vendit 75,000 livres et
partit. Dans le cours de sa fortune, il n'oublia point Angouléme
où il avait débute comme magistrat; nos historiens le constatent
avec plaisir. Se souvenant du collège Saint-Louis de cette ville, on
il avait été élevé, d'Argenson y fonda un second cours de philoso-
phie. Lieutenant général de police, garde des sceaux, illaissa, mal-
gré les calomniateurs, le renom d*un homme de bien, d*un jusiî*
cier intègre; membre de l'Académie française, où Fontenelle pro-
nonça son Éloge, il fit partie aussi de T Académie des sciences, et
donna carrière à son esprit sagace et délié»
Marc-René d'Argehson, qui avait épousé demoiselle Marguerite
Le Fèvre de Caumartin, se délassait de ses graves fonctions offi-
cielles nu milieu de ses livres choisis avec un soin de bibliophile
érndit. Il recherchait les ouvrages rarissimes; à la vente de Fadmi-
rable bibliothèque du comte d'Hoym, qui eut lieu en Thôtel Lon-
gueville, en 1738, il poussa jusqu*à 250 livres un bel exemplaire
1 Glaces avec d'anciens cadres, tables ouvragées et de bois de rapport, écraiis.
boîtes à jeux laquées, etc. On s'est disputé uo très élégant petit canapé, dont le
bois chantourné d'artistique façon Louis XV avait attiré l'attention desamatew
Si mes souvenirs sont fidèles, il a été vendu 1,800 francs; Tétoffe de soie en é^
quasiment loquetée.
• Gkrvais, ioc. cii.
J
LES GRANPS AMATEUBS ANGOUMOISINS. 889
du Roman des RomanSj qui n'avait été vendu que 121 livreu, en
1725 ' ; il y acquit aussi pour 150 livres les 2 volumes in-fol. de
Diverses vues de France et d* Italie, gravées par Israël Sylvestre
et Callot. Les livres provenant de la bibliothèque de M.-R. d'Ar-
genson, frappés à ses armes, sont très recherchés; ils sont inscrits
aux catalogues des plus fameux explorateurs délivres.
IVîIle raconte dans son Journal* qu*il acheta v. deux superbes
tableaux faisant pendants, de N. Berghem. .. Ils ont appartenu autre-
fois à M. de Voyer d*Argenson et occupaient une place distinguée
dans son beau cabinet, comme aussi dans celui de H. Gaignat. »
L'église de Plassac-RoufBac , paroisse dont le marquis d'Ar-
genson était le seigneur, reçut de sa munificence a une belle
statue de la Sainte Vierge, en marbre blanc » ; j'ignore ce qu'elle
est devenue.
Son petit-fils eut également le goût des Lettres et des Arls et
protégea, à l'exemple de son aïeul, l'importante Académie de
Saint-Luc '.
Jean Gervais, lieutenant criminel au présidial d'AngouIème,
mérite d'être cité. La plupart de ses livres, dont un certain nombre
nous sont connus, étaient simplement reliés en basane noire, à la
mode janséniste, mais il en avait aussi revêtus de maroquin rouge;
il leur appliquait, en guise A'ex-lihris^ sa large signature soigneu-
sement calligraphiée.
J. Gervais, esprit observateur et judicieux, a écrit des Mémoires
sur VAngoumois dont l'original est déposé à la Bibliothèque natio-
nale, et que M. G.-B. de Rencogne, qui fut archiviste de la Cha-
rente, a publiés, en 1864, sous les auspices de la Société archéolo-
gique et historique de ce département.
Né à Angouléme le 2 mai 1702, Gervais fut nommé maire de
' Voir baron Jérôme Pichon, Vie du comte d'Hoytn, — Voir aassi le Biblio-
phiiefrançais,
* Mémoires et Journal de /.«C. Wille, graveur du^Roi, publiés par Georges
Duplessis. (Paris, 1857, 2 vol. in-8». t. I, p. 398-399.)
■ Lit te de l'Académie de Saint-Luc, des Arts de Sculpture^Peinture.
Je trouve cité dans le Bibliophile français (t. V, p. 123), au nombre des
livres, recueils tant manuscrits qu'imprimés, d*une importance esceptionnclle, la
Collection des pièces, lettres politiques, historiques et littéraires de 1630 à 1757,
par M. oB VovBR d'Argenson. Cette Collection a été détruite.
890 LES GRANDS AMATEURS ANGOUIIOISINS.
cette ville sar la présentation du Corps de Ville et administra a?ec
sagesse; il mourut le 23 septembre 1774.
M. CossoN DE GuiMPS faisait partie des principaux bibliophiles
qui tinrent un rang honorable dans notre province, au dix-hai-
tième siècle. Les Cosson devinrent Cosson de Gnimps après avoir
a payé la finance» , au siècle dernier. L*un d*eux fut maire d^Angoo-
lème (1731-1738). C'étaient donc des gentilshommes de la & petite
passe » , — comme dirait Beroalde de Verville.
Vex'lihris de M. de Guimps a élé gentiment dessiné et gravé
par de Monchy.
Le Camus de Néville. C'est du dernier « très-haut et très-puis-
sant seigneur » de Bourg-Charente qu'il s'agit. François-Claude-
Michel-Benoit Le Camus de Néville, chevalier, conseiller du Roi
en tous ses Conseils, maître des Requêtes ordinaire de son hôtel,
directeur général de la Librairie et Imprimerie. En plus de ces
titres, il était aussi « châtelain-palron de Néville, du Port-Navarre
et autres lieux. Intendant de la Généralité de Guyenne et demeu-
rant ordinairement à Paris, dans son hôtel, ruedelaVîlle-rÉvéque,
paroisse de la Magdelaine » , aux termes d'une pièce ofEcielle
manuscrite qui fait partie d'une liasse des Archives déparfemen-
tales de la Charente. (Fonds des biens nationaux (familles), 1788
et suivantes années.)
A juste titre, enfin, nous Tavons classé parmi les grands ama-
teurs angoumoisins. Il fut une figure assez originale au dix-hoi-
tième siècle et qui valait, en attendant mieux, d'être relevée en an
croquis rapide.
On trouvait en ce personnage du gentilhomme, du fînander,
même du fonctionnaire pratique tel qu'on en voit dans les sphères
élevées de notre époque. Chez lui, Thommede bon gont, le biblio-
phile surtout, ne dédaigna pas le soin de ses intérêts positifs.
M. Le Camus de Néville avait épousé la veuve de M. Bareao de
Girac : dame Rambaud.
La malice des publicistes, — des pamphlétaires peut-être, — loi
attribuait une filiation d'aventure; les Mémoires secrets^ ontaiu
> Mémoires secrets pour servir à r Histoire de la République des Lettres
i
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 891
dirigé sur M. Le Camus des notes mulsonnantes relativement à son
administration.
Chaque année, le seigneur « directeur de la Librairie et Impri-
merie » venait en ses terres de Bourg-Charente et du Tillou; il y
résidait quelque temps. Cette villégiature lui convenait, le repo-
sait de son train de vie mondain. Il y menait Texistence calme,
largement aisée, au milieu d'un confort dont les inventaires dressés
sous la Révolution nous ont laissé le tableau précis. Sa biblio-
thèque, notamment, tenait une place considérable à Bourg-Clia*
rente. Elle fut saisie, le 14; ventôse an II, par arrêté du représen-
tant Romme, commissaire de la Convention nationale, en même
temps que la bibliothèque et le cabinet de curiosités du comte de
Jarnac, puis transportée à Angouléme. La Bibliothèque commu-
nale reçut, par euphémisme officiel on doit dire recueillit ainsi un
très grand nombre de livres provenant desdits seigneurs do Jarnac
et de Bourg-Charente.
Les livres de Le Camus de Néville portent soit son ex-Uhris
gravé, soit ses armes frappées sur les plats. Ses ex-libris sont de
deux formats.
M. Le Camus de Néville signait : Le Camus de Néville, le plus
souvent (V. pièce datée 1784, Arch. dép. de la Charente, fonda
des Emigrés); il signait aussi plus simplement : Néville, (Papiers
et note communiqués par M. Joseph Castaigne.) La Révolution Rt
main basse sur ses propriétés parce qu'il avait émigré. Ses créan-
ciers, en nombre (voir fonds des Arch. précité), réclamèrent ^ \
auprès du District de Cognac. l|
Le 26 octobre 1792, on rédigea « procès-verbal ou inventaire
des objets mobiliers qui sont dans les maisons de Bourg et de
Tillou qui appartiennent au sieur Camus Néville et son épouse,
émigrés » . On vendit, le 29 germinal an III, une berline et nue
diligence lui appartenant : a berline^ limonière et liartmisj
estimés 1,500 livres », furent adjugés moyennant 5,000 livres;
un autre document des Archives (même liasse indiquée) étahiit
France, depuis MDCCLXII jusqu'à nos jours, ou Journal d'un ohervaieur^
t. XIV*, à Londres, chez John Adamson, MDGCLXXX. L'exemplaire de cet
ouvrage que je possède est aux armes de Le Camus de Néville ; le Tait e:ii piquant
à constater. Ce Le Camus était un homme d'esprit. (Voir aux Pièces juslificat^vei,
n*» l.)
892 LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISIXS.
aussi la vente aux enchères d'une autre diligence 4,300 livres.
Le château de Bourg-Charente vidé de ses meubles, mis à sac,
fut séquestré, bien entendu, et le citoyen Harmand, représentant
du Peuple, demanda et obtint que le citoyen Le Coq, Tun des
membres du Directoire régional, fût commis à Teffet de visiter le
château, a6n d*y loger 250 prisonniers de guerre, « la Rochelle
ne pouvant plus contenir les prisonniers espagnols n . (Reg. n"* 132,
Arrêts et délibérations du département y du 12 novembre 1790 aa
20 ventôse an II. Arch. dépt.)
Voilà, d*une plume hâtive, quelques renseignements inédits sur
un curieux de belles choses et de raretés bibliographiques dont les
livres sont encore recueillis par les plus éminents bibliophiles de
notre temps \
Le Camus de Néville faisait, d'ordinaire, habiller ses livres en
veau fauve glacé ou en maroquin rouge chargé de ses armes dans
un élégant cartouche. Il possédait entre antres beaux volumes la
Bible polyglotte de Vitré, in-folio, reliée en maroquin rouge, pro-
venant de la riche bibliothèque de Michel Bégon, ci-devant inten-
dant de la marine à Rochefort, lequel Bégon avait emprunté sa
devise à Grolier : « Michaeli Begon et amicis*. »
L'inventaire, fait pendant la période révolutionnaire, du mobi-
lier du château de Bourg-Charente est assez intéressant. On y relève
quantité de beau linge, notamment des a serviettes en toile de
Béarn » , des « porcelaines de Limoges, de la faïence fine, de la
faïence anglaise » , des bras de cheminée en cuivre doré, un jeu de
loto Dauphin (très à la mode alors). Dans la grande salle de com-
pagnie : quatre chaises garnies de perse; deux tables à thé de bois
d'acajou; une lunette anglaise avec sa boite ; un canapé et douze
fauteuils en tapisserie en soie ; six chaises garnies de la même
manière ; nn tabouret en tapisserie; un lustre en cristal ; six bras de
cheminée en bronze doré. Dans a Tappartement occupé par le sieur
de Néville, s'est trouvé : un lit à la polonaise... un bureau en par-
queterie; un bureau en marqueterie ». Dans Tanlichambre : aoê
table de bois d'acajou avec un tour d'imprimeur. Dans Tapparle-
1 La bibliothèque Irès importante du baron Jérôme Picbon, dont une partie
été vendue en mai 1897, contenait deux ouvrages imprimés provenant de la btUi
thèquc de Le Gamu« de Néville, n»> 1092 et 1443 du Catalogue.
* Celle belle Bible appartient à la Bibliothèque dWngoulémc.
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 803
ment de inailame : un lit a la turque en moire et en tapisserie;
six fauteuils en tapisserie; un canapé en moire; un écran etimofre
et en tapisserie; une petite table en parqueterie; un tabouret de
velours d^Utrecht. Dans un a arrière-boudoir »... une table à thé
de bois d'acajou ; un bureau en penturjB de la Chine (sic) avec un
dessus de marbre; une petite chifTonnière chinoise; un écran;
cinquante-six estampes, sous verre, encadrées, etc.
Charles-Rosalie de Rohan-Chabot, comte de Jarnac. Homme
de tète, actif, menant de front ses affaires d'intérêt et ses plaisirs,
participant même aux fêtes de la Cour non par goût, mais par diplo-^
matie, le comte de Jarnac, mestre de camp du régiment de Jarnac-
dragons, réalisait le type du curieux provincial vers la fin du dii-
hnitiëme siècle : sa bibliothèque, dont le fonds principal remontait
au berceau de sa maison, le nombre important de ses pièces de
porcelaines fines, françaises et étrangères; son cabinet de physique
et d'histoire naturelle (coquilles, cristaux^ collections entomolo-
giques); enfin ses multiples portefeuilles emplis de dessins et
d'estampes bien choisis * affirmaient ses qualités d'amaleur întcllî-
gent et éclairé, de crayonneur agréable, de chercheur avisé.
Envoyait-il, de Paris, à son fidèle architecte factotum, François-
Nicolas Pineau, des morceaux d'artistes réputés, notamment des
tableautins de Hubert-Robert, des sanguines de Greuzc, il inscri-
vait sur le châssis de la toile, sur le panneau ou an verso de la
feuille u illustrée m des indications pour l'exposition dç ces
ouvrages. '
Prolecteur de Pineau, qu'il avait eu dans son régiment de dra-
gons, à Strasbourg, le comte de Jarnac était l'un des familiers du
grand a petit maître dessinateur » Jean-Michel Moreau le jeiiiie,
beau-frère de Fr.-Xicolas Pineau; il était des habitués de l'atelier
de Joseph et de Carie Vernet, parents de Moreau; de plus, il
appartenait à « l'Académie de Société » formée par ces artîjsles
d'élite chez le duc de Rohan-Chabot, associé à TAcadémie royale
de peinture.
Ce comte de Jarnac avait de qui tenir. Certains de ses prodùces-
» Voir Emile Biais, i/. le comte de Jarnac et son château, dix-huitième^ dii-
neuvième siècles, d'après des documents inédits. Angoulême, i88V, in-8*'.
894 LES GRANDS AUÂTEURS ANGOUMOISIXS.
seurs au cliàteau de Jarïiac, sur territoire angoumoisin, ne man-
quaient pas non plus du sens du Beau. L'inventaire des meubles
de ce château seigneurial \ dressé le 23 janvier 1668, à la mort
de messire Louis Chabot, sur Tordre de la veuve (dame Cathe-
rine de La Rochebeaucourt) , porte mention d'un très grand nombre
de pièces de tapisserie, de meubles en marqueterie, des fauteuils
et des chaises a fasçon d'ebesne avec filets d'or v , des tapis de
Turquie, garnitures de lits de velours brodés d'or, d'argent, de
soie, etc., etc.; une argenterie vraiment princière. Les Chabot
avaient transporté dans leur hôtel, à Paris, la meilleure partie de
leurs richesses artistiques; toutefois, il se trouvait des meubles de
luxe et quelques tableaux, mais non des plus précieux, dans leur
château de Jarnac au siècle dernier.
Nous avons eu Taimable fortune de glaner quelques*unes de
leurs épaves; en voici Tindicatiou sommaire : sept petits tableaux
de RuineSy cascade Tivoli, Intérieur d'un Temple, Apothéose
théâtrale. Paysages^ par « Hubert Robert » ; — Bœufs au pâtu-
rage, « W. Hartinck». — Pastorale : « F. Xavery » ; Charles XII
chez les Turcs, à la plume touchée d'aquarelle : « Palmerius t ;
— Villageoise, vieillard (têtes), sanguines de Greuze ; — Paysage
(animé) par Vincent Vandervinne, — Porirali du cardinal Mazarin;
— Ports maritimes. Haltes de cavalier (Éc. flamande); —
^M. le duc de Rohan, fait'ce 4 novembre 16Ï4 pour et par D. Do- •
moustier » , dessin original aux trois crayons; — Mlle de Mont-
pensier, gr. nat., etc.
Ce cabiuet du comte de Jarnac enfermait une suite nombrease
de dessins; le peu qui nous en reste démontre bien qu'il était
Agréable aux yeux fias que le bon sens éclaire.
Un au Ire comte de Jarnac, Charles-Annibal de Rohan-Chabot,
dit le chevailer de Léon (né le 14 juin ^1687), aima les choses
bien façonnées. En tout cas, nous savons qu'il s'approvisionnait
chez Torfèvre Herbeau d'objets de sa fabrication*.
* Inventaire des Meubles et Effets existant dans le château de Jarnac en
1668, d'après l'original des Archives de la Charente, avec deux héL'ogravures
publié etannolc par Emile Biais. Angouléme, 1890, in-8\
* Voici en quels termes il formulait sa demande d'an de ces objets :
« Je prie Herbeau de menuoyer un petit flacon do poche avec son étuUpoor
LES GRANDS AMATEURS ANGOUMOISINS. 895
Enfin il n'est pas hors de propos'de rappeler que le comte de
Jarnac figure en un tableau de B. Olivier : Le Thé à l'anglaise
chez le prince de Conti, (Musée du Louvre.)
Indiquons aussi sommairement des arcs, flèches» harnachements
mexicains, un casque anglais, des minéraux, dôs cristaux, dea
coquilles, etc., qui composèrent Tancienne collection de TÉcoIe
Centrale d'Angoulème (an VIII) et qui provenaient du château de
Jarnac.
François-Nicolas Pineau, — fils de Dominique Pineau, Tèlégant
et léger sculpteur ornemaniste, petit-fils du maître décorateur
Nicolas Pineau, celui-là même qui inventa le « contraste » en
sculpture ornementale, créant ainsi le style de transition de la
Régence, — François-Nicolas Pineau fut plus et mieux qu*amateur
de médiocre importance : il fut artiste aussi. C'est lui qui hérita
et conserva des centaines de dessins de ses pères et qui les laissa à
des héritiers dont certains se montrèrent dédaigneux de ces déli-
cieuses inventions au point de les abandonner aux caprices de
leurs bambins, d'y découper des polichinelles, de les entasser,
avec des actes d'inutile procédure, dans leurs greniers et jusque
dans les paniers à vendanger relégués à la cave, durant de
longues années, pour cause de phylloxéra.
Né en plein épanouissement du dix-huitième siècle (1746),
F.-N. Pineau suivit les cours de Tarchitecte Dumont, à Paris,
remporta haut la main plusieurs médailles à TAcadémie royale,
s'engagea dans le régiment de Ja mac-dragons, devint l'architecte
metire de Teau de Lusse, que je luy payerai eu me remettant ce bilfct; si pouvoit
aussi menuoyer par le presant porteur la grande tabatière d'ecaille que je luy eay
donné a acomudcr, il me feroît plaisir a cause que je la renuerrois en province
par un homme quy par tout a leure; mes deux autres tabatière deurois eslre
faittc; je payeres le tout en retirant mon billet. Je ne ses sy Ibomme quy deuoit
aller prandre la mesure des coffre de mon carosse y a esté; je nous prie de luy
faire demander, car le tant presse, et cy vous pouuiez passer icy demain un car
d'heure dans la matinée je vous expliqueres ce que je veux faire dans ces deux
coffre .
K Jarnac.
t A Paris, ce samedy 20 février 1740. »
Ce billet m*a été communiqué par M. le baron JérAme Pichon; il faisait partie
de sa collection d'autographes.
896 LES GRANDS AMATEURS ANGOUllOlSINS.
du comte de Jarnac, fut noknmé par M. Lecamos de Nérille
architecte de la généralité de Guyenne et finit ses jours à Jarnac, oh
le premier Empire Tavait improvisé juge de paix.
Pineau» beau-frère de J.-M. Horeau le jeune, exposait dans
ses appartements, soigneusement encadrées et sous verre, une
quantité de gravures du maître dessinateur-graveur; il conservait
aussi avec un soin jaloux des dessins et des estampes coloriées de
son neveu Carie Vernet. Il y avait correspondance régulière entre
ces aimables gens. Grâce à leurs confidences réciproques, nous con-
naissons les petites misères de leurs foyers \ leurs luttes, leurs
désespérances» leurs joies. Chez cet excellent Pineau Ton voyait
tôt à qui Ton avait afiaire : les reliefs de la splendeur de ses
parents oflraient encore un régal exquis aux amoureux des Arts
de l'ancien régime, amoureux dont il était bien aussi. .
Ce dix-huitième siècle pailleté d'esprit, enguirlandé de roses et
qni disait si joyeusement : a Après moi le déluge!... » ce siècle
allait subir une transformation radicale. Pineau assista, certaine-
ment attristé, à cette révolution excessive. En feuilletant la collec-
tion qui nous est parvenue de ses dessins, on sourit à la vue de ses
efibrts pour obéir au goût du Consulat et de TEmpire, — alors
que le style u néo-grec » imposait officiellement sa ligne froide et
rigide comme une lame de glaive aux héritiers des maîtres char-
mants de la tt rocaille » et des « contrastes » .
Marc-René, marquis de Montalembert, ne saurait être oublié*.
Ingénieur militaire, de haut savoir, Monlalembert fut encore an
lettré délicat, un amateur instruit à la bonne école. II aimait les
peintures de Joseph Vernet et pensait sur ce peintre charmant
' Voir Emile Biais, Les Pineau, sculpteurs, dessinateurs des bâliments du
Roi, graveurs, architectes (1652-1886), d'après des documents ioédils, avec des
reoseigoements nouveaux sur J. Uardouin-Mansard, les Prauh, imp.-iibraires des
fermes du Roi, Jeao-Michei Moreau le jeune, les Feuillet, sculpteur et bibliothé-
caire, les Vernet, etc., édition des Bibliophiles français. (Paris, Lahurc. grand
in.4". 1892.)
* Voir ma notice sur Le Corps de Ville d'Angouléme et le marquis de IforUa-
lembert» (Créalion de la fonderie de canons à Ruelle.)
Marc-René de Monlalembert ne naquit pas le 16 juillet 1714, comme Tont
jusqu'à noos tous ses biographes : il fut c baptisé • ce joar-Ià en Téglise d<* X.-l
de la Peyne, suivant l'attestation du baptistaire paroissial. (Reg. de \.-D. ^
la Peyne. Arch. d'Angouléme.)
■
LB8 GRANDS AMATEUES ANGOUMOISINS. 831
comme Diderot. Joseph Vernet Tavait connu à Avignon; il le
comptait même an nombre de Télite de ses familiers *•
Dans le catalogue de Tœuvre du maître « pastelliste » La Tour,
on trouve mention d'une figure de Montalembert. Augustin de
Saint-Aubin a gravé son portrait. Voir aussi son élégant portrait
mis en tête de son livre sur la Fortification.
Montalembert n'est pas oublié de ses concitoyens. Us savent que
ce brillant officier général, membre de TAcadémie des Sciences et
de celle de Saint-Pétersbourg, fut un patriote clairvoyant : avec
Carnot, avant Carnot il organisa la défense nationale; nul plus que
lui n'eut le sentiment profond, la pratique du désintéressement.
Ce savant, ce délicat amateur fut aussi écrivain aimable, d*espt ît
délié, élégant et clair.
Les Montalembert d*Angoumois eurent d'ailleurs Tintelligence
du Beau, de TArt à des degrés différents ; en 1705, un proche
parent du marquis, Jehan Montalembert de Cers, fut peint piir
Nicolas Monteilh *. Le seigneur de Cers avait employé souvent le
talent de Monteilh, son compatriote.
Un autre Montalembert (Nicolas-Prosper), a au lieu du Groc,
paroisse de Fonquebrune, » avait réuni dans un petit cabinet tendu
de tapisseries de Bergame des a livres rares et quelques jolies
tableaux ' v. Il n'^en restait que peu de chose en 1793, le 26 août,
lors de la vente qui fut faite du mobilier de ce Nicolas-Prosper de
Montalembert, émigré^.
Des Cordes. — Pierre des Cordes, député à rAssembléenationale^
mourut premier président de la cour de Poitiers en 1823. Né à
Angoulème d'une famille d'artisans qui compta parmi les siens des
procureurs, des avocats et des ecclésiastiques de savoir etd*irapec«
cable loyauté, il descendait d'une dame Jeanne des Cordes, venue de
Limoges à Angoulôme dans le cours du dix-septième siècle, ainsi que
Tatteste un registre paroissial de Téglise Saint-André de cette ville.
1 Parmi les adresses enregistrées par Vernet, on voit celle-ci : c M. le mar-
quis de Montalembert, rue Neuve des Bons Enfants. « (Voir Joseph Vernet^ [)ar
• ^on Lagrange. Paris, 1864, p. 441 et passim.)
Voir Emile Biais, Artistes angoumoisins.
Renseignement communiqué par M. de Tryon-Montalembert.
^ Procès-verbal de la vente. (Archives di'partementales de la Charente. Biens
Uionaux.)
57
I
89S LES GRANDS AMATEURS ANGOUIf OISINS.
Il était très probablement arrière-neveu de « Jean des Cordes,
chanoine deLimoges, bibliophile réputé, mort en 1643 >, dont
Pierre Guillebaud, précité, 6t Tépitaphe en vers bien intentionnés
que voici :
c Des Cordes n'est pas mort, seulement sa belle ame.
Lasse d'avoir uo corps pesant et ennayeuz,
L'a laissé dans la terre en une froide lame
Et s'est allé là haut reposer dans les cieux :
Les hftrnes de scavoir ont tousiours cette gloire.
Malgré la mort, de vivre au temple de mémoire '. «
Daniel du Monstiers a dessiné le portrait du bibliophile Des
Cordes. (V. la nomenclature dressée par A. de Montaiglon.)
Pendant la période révolutionnaire, Pierre des Cordes, citoyen
incorruptible, servit son pays en toute conscience : studieux, obser-
vateur sagace, il connaissait et les gens et les choses. Un de ses
délassements fut de réunir des objets d^art et de curiosité en petit
nombre il est vrai, mais choisis à bon escient : belles tapisseries
des Gobelins qu*il acheta à Paris, flambeaux d'argent, boites-
drageoirs ornées de miniatures, livres en belle reliure.
Son (ils, le chanoine Adolphe des Cordes, qui s'éteignit âgé «le
plus de quatre-vingt-douze ans en 1894^ avait beaucoup vofagé :
d'Italie, il avait rapporté des vases antiques, des peintures, des
bronzes, etc. M. le chanoine des Cordes s'entendait eu émaax
limousins dont il avait formé une série intéressante; il ornait aussi
son cabinet de peintures des Breugbel de Velours, de Sahator
Rosa et de quelques autres maîtres; enfin il possédait de belles
statuettes en ivoire de vieille facture. Avec ses qualités d'ama-
teur, doué d'un esprit lumineux et d'un caractère très élevé, le
chanoine. A. des Cordes, prédicateur éloquent, était réputé pourson
infatigable bienfaisance et sa parfaite dignité.
C'est une mémoire à laquelle, amateurs et gens de bien, noos
devons rendre hommage.
Claude Tréueau, « maire d'Angouléme nommé à l'unanimilé
des voix ' » en 1757. Conseiller au présidial, savant eu JusromO'
1 Horitti EpUaphiorurnseledorum. (Paris, 1648, in-i2, p. 358.)
* Registre des Délibérations du Corps de ViUe. (Archivas municipales
gonième.)
'i
LES GRANDS AMATEURS AN60UM0ISINS. 899
num et sans doute en Droit français» M. Trémeau avait probable-
ment besoin d^œuvres d*art qui missent dû charme en son logis .
où dame Thémis lui faisait escorte. |
M. le baron Nivet, conseiller .général de la Charente» m'a
montré une remarquable partie du mobilier de son aïeul : quatre
belles consoles en bois doré et sculpté avec table de marbre agatisé
(dix-huitième siècle), un canapé et six fauteuils en tapisserie (Fables
de la Fontaine) ; quelques bons tableaux ; de nombreuses faïences
françaises et étrangères; des jattes, assiettes, vases, etc., de porce-
laine de la Chine et du Japons de très élégantes appIiques-porte->
lumière en bronze ciselé et doré, de belles commodes en bois de
rapport, garnies de bronzes dorés et ciselés (Louis XV et LouisXVI) ;
armes de luxe avec garnitures d'argent buriné.
Nous lui devions bien cette petite citation — justifiée.
En vertu des lettres de nobilitation octroyées aux maires
d'Angouléme, M. Claude Trémeau devint M. Trémeau de Fissac.
Voilà notre petite contribution à Thistoire des Amateurs fran-
çais.
Emile Biais,
ArchÎTiste-Bibliothécaîre de la ville d'An-
goulême, Gorrespoodant du Gomilé des
Sociétés des Beaux-Arts des départe-
ments.
PIÈCES JUSTIFICATIVES ET COMPLÉMENTAIRES
N^ I. — M. Le Camus de Néville avait pour secrétaire général
M. de Sancy. (Voir la permission, datée de Paris le 31 juillet 1783,
donnée au sieur Rouzeau-Montaut, imprimeur à Orléans, pour l'impression
des Œuvres complètes de Gessner, 3 vol. în-12.)
Voici quelques-unes des notes malsonnantes auxquelles nous avons fait
allusion ; elles, proviennent des Mémoires secrets sus-indiqués :
tt 5 avril 1T79- — On parle beaucoup d'une dénonciation faite au Parle-
ment concernant M. Le Camus de Néville, directeur de la Librairie ; dénon-
lation qui roule vraisemblement sur ses opérations dans ce département. »
a 23 juin 1779. — La dénonciation faite par M. d'Epremesnil aux
Ihambres assemblées contre les arrêts du Conseil rendus sous la direc-
"■on de M. Camus de Néville, concernant la librairie, ayant été renvoyée
900 LES GRANDS AMATEURS ANGOUUOISIKS.
au 2 juillet pour y être statué^ les gens de lettres^ les libraires et aolres
intéressés à ce qu'elle ait des suites, ont jugé nécessaire d*éclairerle
Parlement au moment où il va. s'occuper de Taffaire et répanda en consé-
quence une Lettre d'un libraire de Lyon à un libraire de Parité en daie
du premier mars 1779. Toute la vigilance du chef de la librairie etda
garde des sceaux n'ont pu empêcher Papparition djs ce pamphlet.
« 24k juin. — Outre la Lettre d'un libraire de Lyon à un libraire de
Paris^ il y a la Réponse du libraire de Paris en date du 15 mars. L'objet
de la première est plus spécialement de rendre odieux M. de Néville, en
découvrant toute l'iniquité de son ouvrage et les motifs de cupidité sordide
qui l'on poussé. Dans la seconde, on cherche à capter le Parlement, et à
l'engager à ne pas se désister d'une recherche qui le compète et rentre
dans la plus essentielle de ses fonctions.
« l*' juillet 1779. — La Réponse du libraire de Paris est encore plas
vigoureuse, s'il est possible, contre M. Camus de Néville. On y avance des
anecdotes et des faits non moins cruels ; on lui reproche :
1° Que le produit de l'estampillage, dont une partie étoit assignée pour
les vacations des syndics et autres officiers de la librairie, est passé tout
entier entre ses mains.
2» Qu'ayant paru favorable aux contrefacteurs, il les à rudement vexés
par un impôt sur chaque volume ; en sorte que plus il avoient multipliés
les contrefaçons, plus il leur en a coûté ; au point qu'à tel libraire il en
coûte 15,000 livres d'argent comptant sec.
S"" D'avoir porté à un taux excessif le tarif qui taxe le format et le
nombre des volumes qu'on aura permission d'imprimer.
4<' Ënûn, qu'en mettant ces impositions arbitraires, en se réservant la
faculté de les augmenter quand il le voudra, en les établissant à perpé-
tuité, en ne se rendant comptable à personne des deniers qu'il recevra, il
a formé une entreprise contraire à la constitution nationale et à toute
espèce de gouvernement.
C'est ce qui motive la confiance des libraires dans le Parlement,
d'autant que les derniers arrêts du Conseil non revêtus de lettres patentes,
sont absolument contraires aux lois enregistrées concernant la librairie.
« Avant d'avoir recouru à oette voie extrême, ils ont dû épniser les
autres. Il falloit démontrer à M. le Directeur que les arrêt violent mani-
festement les loix de la propriété; que la manière dont ils. ont été faits,
leur clandestine, le secret gardé aux conseillers du bureau dont ils sont
censés émanés, prouvent la perversité de la besogne; que ses défen?^»*''
ne sont que des sophistes et des écrivains flatteurs mercenaires; qr~
est contradictoire et dans ses arrêts et dans ses apologies ; il faUoit ..
par une requête bien motivée d'obtenir le renvoi des griefs au br
I.ES GRANDS AMATEURS ANGOUM 0ISIN8. 9C1
chargé de celte espèce de législation; il falloît convaincre M. de Mévîlle
par un jugement en justice réglée, tel que celai entre la dame Dessaint
et le S' Paneton, que jamais les tribunauiç n'adopteroient ses arrêta,
contraires à toutes les notions de justice et d^équité.
« 2 juillet. — Outres les deux lettres dont on a parlé, concernant le^
réclamations des auteurs et des libraires, il en parolt une troisième,
Lettre de M*** à un libraire de ses amis, en date du 18 avril 1779. Son
objet est de rappeler sommairement tout ce qui a été dit de plusluniineuit
dans le écrits précédens en faveur des plaignans, et de faire senLh- au
Parlement qu*il ne peut s^empécher de statuer sur leur griefs, pour ne
pas être en contradiction avec les loix, auquellesil a donné la sanction par
Fenregîstrement.
u S juillet 1779. — Il est certain que le Directeur actuel de la librairie
a trouvé dans son tarif une mine d'or, s'il pe^ut le maînlenir sur le pied
qu'il a imaginé.
Pour une édition in-folio, chaque vol. tiré à 1500 exem-
plaires '. 2401ivres.
Pour une édition in-4. idem 120
Pour une édition in-8. idem 60
Pour une édition in-12. idem. 30
Pour une édition in-16. idem 15
Telle est la taxe- des objets les plus importants.
(i 3 août 1779. — M. le garde des sceaux \ protecteur de M. de Nei'ille^
qu'on veut être son fils, avoit tant intrigué dans le Parlement, qu'il uvott
encore fait remettre l'assemblée des Chambres concernant les arrêts du
^Conseil sur la librairie au mardi 10. M. Séguier y a parlé, à ce qu'on
.assure, avec beaucoup de force, et s'est trouvé absolument opposa aux
innovations du chef de la librairie. Malgré cela, le crédit Ta encore
emporté et il n'a rien été statué. »
Ces extraits des Mémoires secrets^ sont donnés ici au seul titre de docu^
ment. Il est probable que M. Le Camus de Néville trouva à se disculper ;
mais je n'ai point eu le loisir de rechercher les preuves de sa justification.
É. B.
1 Go sait que le garde des sceaui était alors M. Hue de Miromcsnil.
* Cei Mémoires, connus sous le titre de Mémoires de Bachaumont, ont ea
'■^'^cessivement pour rédacteurs : L. Petit de Bachaumont, AI. -F. Pidan&al de
lirobert. Moufle d'Angerville et autres. (V. Barbier, Dictionnaire des Ouvrages
onymes.)
^
90% LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX.
XLIX
LES PEINTRES
DE
L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX
ANTOINE LE BLOND DIT DE LATOUR
PEINTRE DU ROY, BOURGEOIS DE LA VILLE DE PARIS ET NATIF O'iCELLI,
PEINTRE ORDINAIRE ET lOURGEOIS DE LA VILLE DE BORDEAUX,
PREMIER PROFESSEUR DE l'ÉCOLE ACADEMIQUE ET MEMBRE DE L'ACADteR DE PEfFirU
ET DE SCULPTURE DE BORDEAUX.
.... 1630 (?) t 9. décembre 1706.
Antoine Le Blond dit- doLatouc est né à Paris, d'Antoine Le
Blond, maître orfèvre et bourgeois de la ville de Paris et de
Geneviève Le Masson. Il épousa, à Bordeaux, paroisse Saint-
Mexent, Marie-Madeleine, fille de Jacques Robelln, architecte da
Roi, le 7 juin 1665, fut nommé premier professeur de rÉcole
académique de Bordeaux, le 29 avril 1691, et mourut dans cette
ville, le 9 décembre 1706, rue Saint^James, paroisse Saint-ÉIof '.
Antoine Le Blond dit de Latour, peintre officiel de la ville de Bor-
deaux, eut une Influence considérable sur les Beaux-Arts dans la ré-
gion du Sud-Ouest. Non seulement la déférence, avec laquelle il était
traité par ses collègues, démontre la supériorité de son talent et de ses
connaissances artistiques, mais il fut le fondateur de TÉcole acadé-
mique de Bordeaux, la plus ancienne de France *. A ce titre seul il
* L'École acûdëmique de Lyon semble avoir été fondée avant celle de B«i^
deaux, d'après les Procès-verbaux de rAcadémie Royale mais, M. Gharvet, daot
la compétence ne saurait être mise en doute, dit : t Nous ne croyons pas qoe
Blanchet ait obtenu des lettres-patentes spéciales pour Lyon. • — L. Cliarri*L
Les origines de renseignement public des arts du dessin^ à Lyon, tmx xvi
xviH* siècles. Réunions des sociétés des Beaux-Arts des départements, P;
Pion et 0% 1878, p. 122.
^ Les Pièces justiGcatives sont placées dans Tordre chronobgique» CL
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. Ô03
aarait droit à la reconnaissance publique. Écrire la vie de Le Blond
de Latour, c*est faire Thistoire de cette Ecole qui, après bien des
vicissitudes est devenue notre École municipale des Beaux-Arta.
Les notes biographiques qui ont été publiées sur ce peintre
estimable sont des plus succinctes. Elles ne fournissent aucun
renseignement sur ses parents, sur ses travaux et présentent qtial*
ques affirmations plus que douteuses.
Nous avons été assez heureux pour trouver dans les minutes des
notaires et dans les feuillets non classés, débrisde Tincendie de nos
archives municipales*, de très nombreux documents qui nous per-
mettent de faire connaître la famille de notre peintre, une partie des
portraits et des tableaux qu'il a exécutés et les difficultés qu*il a eues
à subir pour établir et maintenir TÉcole académique de Bordeaux.
Les pièces justificatives annexées au mémoire, que nous avons ^
rhonneur de {)résenter, faciliteront notre tâche. Il suffira, en effet, i
que nous résumions brièvement les diverses pièces qui concernent
Le Blond de la Tour, peintre, écrivain, professeur, pour que Ton i
puisse apprécier le talent de Tartiste, et que nous réservions un cha* i
pitre renvoyant aux documents sur sa famille pour que rhomme |
privé soit connu.
Lehlond de La tour ^ peintre de VHotel-de-Ville.
Le 6 juin 1665 a Antoine Le Blond dict de Latour a preste le
u serment de peintre ordinaire de la Ville au cas resquis et accous-
« tumé, au lieu et place de Philippe Deshays n , lit-on dans le
registre de la Jurade. C'est la première mention officielle qui
concerne notre peintre. Le lendemain, il se mariait à Saint-
Mexent, en exécution de son contrat de mariage passé par-devant
M' Licquart, notaire, le 3 mai 1665.
date citée iadique arnsi la preuve, sans avoir besoin de répéter indéfiniment les
renvois aux pièces annexées.
* Nous rappelons que c*est dans les feuillets demi-brûlés, sauvés de Tiacendb
de nos Archives municipales, que nous avons trouvé la plupart des documeuts qui
nous permettent de donner aujourd'hui des listes certaines de noms de jurats, dûot les
portraits furent peints par les peintres de THdtel de ville. Le labeur a été cotiit'»
dérable, mais les résultats ont été excellents, grâce à Taffabilité de rardiivisie
municipal, M. Ducaunnès-Duval, que nous ne saurions trop remercier.
g04 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX.
Il est certain que s'il fut nommé peintre ordinaire de la ville,
c'est que les édiles connaissaient son talent, et, s'il se mariait le
lendemain de sa nomination, c'est qu*il habitait Bordeaux depuis
quelque temps déjà. Cela est incontestable. Mais rîen n'autorise à
croire que Le Blond deLatour s'établit à Bordeaux en 1656, comme
J. Delpit et Bellier de la Chavignerie l'affirment '. La pièce la plas
ancienne sur laquelle nous avons vu sa présence constatée est son
contrat de mariage, fait le 3 mai 1665 '.
Les peintres de l'Hôtel de ville avaient pour mission spéciale
de peindre les portraits des jurats sortant de charge, soit trois par
année, en pied, et trois en buste, d'entretenir les tableaux, c'esU-
dire les portraits des anciens jurats, ceux du Roi et de la famille
royale, les toiles qui décoraient la chapelle, enfin de prendre pari
aux peintures décoratives des fêtes officielles, armoiries qu'os
plaçait aux mais, tableaux allégoriques des arcs de triomphe et
des maisons navales lors des entrées royales ou princières. Ui
étaient donc les peintres de portraits des jurats, les conservatears
*du Musée, les peintres décorateurs de la ville *•
La collection des portraits des maires et jurats de Bordeaux
aurait aujourd'hui un prix inestimable. On y verrait tous les grands
1 J. Delpit, Fragment de t Histoire desarU^ à Bordeaux ^ Gouoomiboo, 1S53,
iii-12 de 50 pages. — Bellier de la Ghavignerie. Dictionnaire des artistes^ Ptm,
Renouard, 1885, in-8\
^ Si Le Blond de Latour habitait Bordeaux en 1656, on Iroawera son nom lié 1
.celui de J.-B. Garnier, sieur de Boisgarnier, son ami, auquel il dédia sa Lttlrt
sur la peinture. Geluî-ci fut receveur de la complablie à Bordeaux, oà ix»
aclos notariés signalent sa présence de 1656 à 1660. Nous ne connaissons ^le
Acwx pièces qui rappellent les rapports d*amitié qui les unissaient, mais elles ss^
. importantes : le contrat de mariage de Le Blond de Latour, 3 mai 1665 et k
dédicace, de la brochure rarissime, à M. de Boisgamier, 1669.
^ Le peintre ordinaire de la ville était inscrit sur les comptes du trésorier
parmi les mentis officiers de t Hôtel de Ville. Il touchait 120 livres de gag^iw
an pour « Teotretenement des tableaux; 135 livres par an, pour trois portraitsde
, jurats, en long^ c'est-ànlire en pied, soit 45 livres par portrait et 3 livres par
écussoo ou armoirie que Ton plaçait aux mais. Les Entrées royales oo priodéres.
celles des Gouverneurs ou des Archevêques lui fournissaient de très nombren
travaux de décoration : maisons navales, arcs de triomphe, maison des ha*
rangues, etc. Les honneurs funèbres, rendus aox Rois ou aux grands, man * t
ou catafalques, devaient leur faste au talent du peintre de la viUe, enfin les
mandes particulières de la noblesse, du clergé, de la magistratora on de
vers! té apportaient à l'artiste officiel, par les nombreux portraits on tal ^
d'église, non seulement le bien être, mais la considération. ' -
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE TILLE DE BORDEAUX. 905
hommes qai ont illustré la Guienne depuis Biron, Montaigne et
t]*Ornano jusqu'au vicomte du Hamel, c^est-à-dire la noblesse,
-l*armée, le barreau, lé commerce et la bourgeoisie, depuis trois
siècles et demi. Mais des accidents aussi graves qu'imprévus nous
ont privés à tout jamais de la plus grande partie de ces précieui
souvenirs des bienfaiteurs et des hommes célèbres de la cité.
Le 13 décembre 1657, Tune des tours de THôtel de ville sauta
avec la moitié des bâtiments dans lesquels un violent incendie se dé-
clara. La foudre avait mis le feu aux poudres de Tarsenal municipal*
Un autre désastre, plus funeste encore, fut Fincendie qui se
déclara le jeudi saint, en 1699. « Le 16 « avril m sur les huit à
(( neuf heures du soir, jour du Jeudi-Saint, le feu prit à la Cha-
a pelle de THôtel de Ville qui fut tout incendiée à moins d'une
a heure de temps à cause de la grande quantité de Tableaux et
tt Portraits de MM. les jurats, et autres matières combustibles qui
tt étoientdans ladite Chapelle, en telle sorte- que sans le bon ordre
M et la vigilance desdits sieurs jurats qui prirent toutes les
tt précautions nécessaires pour éteindre le feu, le Corps de logis
a attenant à ladicte Chapelle où le feu avoit déjà commencé àpren^
« dre, auroil été consommé... ' « "~
— Enfin, le 28 décembre 1755, la salle de spectacle attenante à
THôtel de ville fut détruite de la môme façon et, des chambres
de réunionsdesjurats,il ne resta que des murailles noircies, des
bâtiments effondrés et à peine quelques salles étayées, lézardées,
, aux plafonds menaçants.
Que sont devenus les portraits de nos maires et jurats, faits
par les peintres ordinaires de la ville? Les- familles étaient auto-
risées à emporter ceux de leurs parents, après pl^isieurs années
d'exposition dans Thôtel de ville. Ils n^ont donc pas tous péri
dans les incendies; il en reste encore dans des greniers ignorés;
on peut en sauver encore. X^ous pouvons en signaler trois,
ceux de M. et M"* Tillet' et celui de M. de Comiet.
> TiLLET, Chronique bordelaise. Simoo Boé, 1703, p. 220.
^ On lit au dos : « M. Tillbt, auteur de la Chronique bourdeloise. L'autre
porte cette simple mention : « M^^^ Tillbt. i Voir ci-après planches LII et LUI,
Pierre de Cornet, avocat, fut jurât, 1667-1669 et 1678-1680; Trésorier de U
Ville, 1680-1682, fut député à la Cour par la Ville, le 15 juillet 1679. C*est son
jrand-père qui fit faire les études à saint Vincent de Paul et son père qui Teut
comme précepteur.
906 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX.
Quoi qu'il en soit, nous donnons la liste des portraits dont nous
avons relevé les quittances, soit dans les registres des mand»»
ments, soit surtout dans les feuillets demi-brâlés, restes de rio-
cendie de nos archives municipales. Assurément Antoine Le Blond
de Latoura peint toutes les jurades de 1665 à 1691, ao moins,
date à laquelle il fit donner, à son fils Marc-Antoine, la suni-
vance de sa charge, mais ignorant à quel moment précis il qniilt
le pinceau, nous donnons les noms des jurats portèi sur les reçus
de 1665, date de sa nomination, à 1706» date de sa mort; loit
109 portraits en pied qui ont été faits en même que 109 portraits
en buste :
1686, mars 13. — ^IM. de Ponchat, sieur de Ségur, Clar; el
de Sossiondo.
1668, mars 21. — Madailhan, Duvant et Roche.
1671, jttill. 21. -— de Vivey, de Licterie et Mercier.
1672, août 20. — Maliet, Nogaès et Lostau.
1673, juill. 29. — Ponthelier, Sabatier et Valloux.
1674, août 18. — Poncbat, Durribaot et Béchon.
1675, mai 4. -^ Fontenell, Boisson et Roche.
1676, nov. 4. — de Boroche, Min vielle, Carpentey, de Jehan
et Dubosq.
1677, juill. 21. — de Lalande-Deffieux, Chicquet et BillsUe.
1678, févr. 12. — deBourran,de Poitevin, Roche de la Toqoe.
1678, juiU. 20. -« de Guionnet, Duprat et Conrnut.
1680, sept. 11. — de Sallegourde, Cornet, Pontoise, de Jehâi,
procureur syndic.
1682, juill. 12. — de Lacour, Rooiat et Léglise.
1683, juill. 14. — de Maniban, Jégun et Navarre.
1684, juill. 31. — Daste, Fresquet, Dumas.
1685, juill. 31. — de Primet, Dudon, Minvielle, de Jehtn,
Dabosq, Clerc de Ville.
1686, janv. 19. — Mérignac, Beliaye el Lavergne.
1687, janv* 15. — de Perron, de Méginhac et Foucqnes.
1688, août 9. — de Mérignac, de Fonteneil et Massieu.
1689i juin 27. — de Blanc de Mauveisin, de Breieis et
Miramond.
1690, juill. 26. — de Secondât, Boyrie et Carpentey.
1691, juill. 3. — deLancre, Grégoire et Barreyre.
1692, mars 29. — D'Aste, Ëyraud et Lavaud.
PlAnHie l.ll. Paye DOtf.
MADAME TILLËT
FKUXfK DE l'.ILTKIR DK LU ■ CHROMQIIK OOIRDELOISE »
PAR AVTOIXK LK BLOND DIT DK LATOl R
(1700.)
J
I
i
tES PEIMTBES DE I/HOTEL DE VlLLË DE flOlîDEAUX. 907
1693, août 11. — \tM, de Poïimarède, Leycl^t et Miramon.
1694, férr. 1, — de Pelrelonc[ue, Faultel Séguin.
1695, janr. 19- — de la I)evïse, Cameboufi et Fénelloit,
1696, janv* 30. — de Tayac, Planche, de Sage^ Pu^barbani
1697, janv, 3. — Dobarrï , Roche, de Piclion , Lostau^
Ledouk*
1698, ami 5, — de Galallieau, de Riclion et...
1699, juilL 21. — dellondermrd, Boine et BilJate.
1700, août 11. — de Martin, TtIJet el RebaiL
1701, aoûl *il, — d'Essenaull, Lauvergnac et Rensse.
17Û2j août 28, — Gouffreleau, Levas^eur^ Mercier, «w
1703, juill^ 11. — d'Antac-Dalesme, Maignol, VîauL
Antoine Le Blond de Lalour peignit plusieurs portraits sur la I
commande d€s Jurats :
I67O5 juin 18. — Portrait du Roî.
167S, maî 17* — Réparation du portrait du maréchal d'Ornano, |
maire de Bordeaux ^
1675j roaî A, — Autre portrait du RoL |
1677, juin. 2L — Portrait du Dauphin . |
1678, juin 10. — Portrait de la Reine. |
1678, (évr. 12. — Portrait de M. de Berthou», jurât. ■
1684, juill. 3. -— Portrait du Roi sur son trône. "
1684j juilL 31. — Réparation de la Passion figurée.
Le Blond de Latour avait fait, te 5 juin 16G6, un Crutijix^
pour pretnier travail, mais il avait du atissi réparer plusieurs por-
traits qui avaient souffert des injures du temps et des hommes, faire
des armoiries des lambris, des &ot>ajre^, des hnx-hoh pour encadrer
les portraits des jurats* Ces mots : faux-boîs. boisages, lambris,
sont en tontes lettrt^s dans les mandements. Ces travail:!, quoi qn'on
en puisse penser, n'avaient rien de déshanûrant^ car, alors, H n*f
avait pasde spécialistes comme aujourd'hui et le peintre olfîdel de
là ville était chargé, non seulement des portraits des jurats, mais
aussi des décorations picturales des fêtes publiques, de Tentretien
des tableaux et de tout ce qui se rapportait à ces commandes.
■ Nous doDDODi, auï Pîècea juitiJâcAtiTei^ la liste des cntréejt dcn fûïs, prince»,
goiiirernflura, etc., dc!i fêtes publiques, auiqueltcs Lq Blond de LpAtour a dû pren-
dre p«rt comme peintre ofOciel de la fille* Oa y trouver* au»! leAcitrailà d'ar-
chives coocernsat ces IriTaui»
i
908 LES PEINTRES DE LHOTËL Dfi VILLE 0E BOaDEAtt-
On ne se rend pas un compte exact de ce qu'élait la vie intime
des peintres et des sculpteurs en province, sous le règne de
Louis XIV. Rien ne distinguaft l'artiste de rartisan, $inoD le taleol
Nous développerons ailleurs cette question; il suffira, ici, que
nous donnions, aux Pièces justificatives^ le texte d'un coDtnt
d'apprentissage, semblable à tous les conlrats d'apprentîsaag«, que
tt François Pouliot, maistre paititre demeurant k Saint-Jean de
Luz » passait.à Bordeaux, le 21 avril 1666, avec a sieur Anlboîne
Le Blond dict Lâtour , bon rgeois et m aistre ^ pamct u re [sic) j uré de la
r ' présente ville » . Cette pièce démontre qu'un artiste officiel, vénéré
j. par ses concitoyens, n'était considéré que commeunsimple artisan.
Ces mœurs peuvent pai-ailre étranges, mais les textes d'archives
les constatent \
Leblond de la Tour était un peintre habile. Les portraits de
M. de Cornet, jurai, 1680 (roir planche), de M. Tillet, jurât, 1700,
auteur de la Chronique hordeîoise, et de M"* Tillct, sa femme
(voir planche), sont d'iin dessin serré et agréable. Les yeux, notam-
ment, sont traités avec une sûieté d'expression qui fait pardonner
une certaine sécheresse des lèvres, assêj; commune dans les por-
traits du xvir siècle. Le dessin est Terme et large, la couleur devait
être harmonieuse, mais ces toiles ont tellement poussé an noïr et
ont subi de si outrageuses retouches qu'il est difBcile d'apprécier
aujourd'hui les qualités brillantes du peintre,
II
Leblond de Latour^ écrivain d'art.
La bibliothèque de Bordeaux possède une plaquette unique —
encore manque-t-il les planches — qui témoigne de la droiture da
jugement et du sentiment élevé de l'art que possédait Leblond de
Latour : o Lettre du sieur Leblond de Latour à un de ses amis,
tt contenant quelques instructions touchant la peinture, dédiée à
^ M. de Boisgarnierj R. D, L. C. /), Fj à Bourdeausc ; par
tt Pierre du Coq, imprimeur et UbVaire de F Université^ 166^,
tt 1/2-8'* de 19 pages. » L*auteur signe à la dernière page : ^ Leblond
' 1666, avril 21. — Contrat d^appfentisftage cniva Le Blond àe Lalonr. p^îotr
et François Pouliot, aussi maître pi^ïnlrt», pour aoo lïls JeuQ. *^ Voir Pièce* JESi
ficatives à la date indiquée.
Planche Llli. Pi^e mH.
PIEKKE DE COMET, AVOCAT
JLRIT DK BORDKMX. ll>G7-l(>(>î> KT 16*Î8-IGH0; TRK80RIP.R DK l.\ VIU.K. It»80-l68-i
PAR IVTOIVK LK BI^M) HIT DK LA TOI II
â
\
LES PËHgTHËâ DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 909
de Latoor, peintre de THôtel de ville de Bourdeaux, « Une
planche, relative aux proportions du corps humain, manque dans 1
le teite ; elle aurait permis de juger si la sûreté de main de ^
Tar liste égalait la rectitude du jugement de récrivaia. ^
La dédicace à M. de Boisgarnier nous déroute. Ordinairement
les professeurs dédient leurs . travaux à leurs protecteurs, aussi
aurions-nous été heureux d*y trouver le nom de Lelirun qui fut,
croyons-nous, le maître de Leblond. Celui de M. de Boisgarnier
n*éveille en nous que Tidée d'un condisciple, d'un élève ou d'un
ami des arts qui a aidé ou fait travailler Leblond.
Jean-Baptiste Garnier, sieur de Boisgarnier, était originaire de
Chartres, oh son père habitait. Il occupait à Bordeaux une situation
importante, parce qu'elle relevait des Gnances, où les emplois ont
toujours été largement rétribués. Il habitait Thôtel de la Compta^
blie, fossés du Chapeau-Rouge, à langle de la rue Saint-Remy ^
J.-B, de Boisgarnier est le seul témoin qui représenta la famille de
Leblond dans son aele de mariage. Il y figure comme ami et non
comme parent, ce qui nous porte à penser qu*il fut Tinstrument de
rinstallation de notre peintre, à Bordeaux, de son mariage et de
ses rapports avec les ingénieurs et architectes du CIiàteau-Trompette.
La lettre contenant quelques instructions sur ta peinture est
une conférence sage et raîsonnée, pleine d'enseignements, par la
hauteur des sentiments, Tenthousiasme pour le beau, ]*âdmiration
deTantique, la glorification de la couleur. Elle rappelle les leçons
que les académiciens donnaient à Paris à la même époque.
Nous n'analyserons pas Tœuvre de Tartiste écrivain, parce
qu'elle n'offre qu'un intérêt rétrospectif, mais nous devons dire
que le mérite littéraire fait valoir celui du professeur. Certaine-
ment les règles qui sont exposées sont surannées, Teiagération
de la méthode peut paraître choquante, mais on doit reconnaître
une sincérité, un amour de Tart, une distinction de sentiment» un
respect de la vérité qui donnent la meilleure opinion de celui qui
organisa plus tard TÉcole académique de Bordeauî.
Après avoir chaleureusement recommandé IVlude de Fantique,
Leblond de Latour cite parmi les artistes modernes: Ch. Lebrun,
1 J.-B. de Boisgarnier était receveur de la comptablie de France^ d'au les Jet^
resR. D. L.G. D. F..
910 LES PEINTRES DE L*HOTEL PE VILLE DE BORDEAUX.
que nous avons tout lieu de croire son maître; Le Poussin» dont
Lebrun fut relève» qu*il semble avoir vu travailler, et le Titien,
dont il admire sans réserves la couleur.
Il décrit le procédé employé par Le Poussin pour composer et
éclairer ses tableaux. « Je ne puis m*emp6cher d'apprendre [à
tt rélève] Tinvention du fameux M. Poussin qui est presque seul
a de nostre temps qu'on peut comparer aux anciens pour ses belles
a inventions qui lui ont acquis une estime immortelle parmy les
a savants... Cet homme admirable et divin v préparait une sorte
de caisse dans laquelle il ménageait des trous au-dessus et sur les
côtés, qu'il ouvrait ou fermait pour éclairer l'intérieur à volonté.
Il donnait ainsi à son tableau restreint le même jour que devait
recevoir son tableau en grand, à la place qu'il occuperait.
La partie inférieure de la caisse était mobile, percée de trous
et garnie de chevilles. 11 modelait alors, avec de la cire molle, le
nu des personnages qu'il voulait placer dans la composition, les
drapait avec des étoffes minces mouillées, formait des accidents
de terrain, puis après avoir éclairé son tableau en ouvrant des
soupapes pour donner le jour convenable, il plaçait son œil aa
point déterminé et voyait ainsi la scène au naturel.
Dans les conseils que donne Le Blond de Latour, on pourrait criti-
quer ceux qui recommandent les mesures de convention da corps
humain, c'est-à-dire le maniérisme, et la composition des tons con*
ventionnels pour les chairs, les verdures, les terrains, etc.; vrai dan-
ger si la copie terre à terre de la nature n'était pas chaleureusement
conseillée. Mais il faut se rappeler que sous Louis XIV on régenta
toutes choses, Tart lui-même, et que ce fut l'une des principales
causes d'une décadence qui tomba dans l'afféterie sous le règne de
Louis XV.
Notre peintre ne peut pas être rendu responsable des idées
fausses qui furent préconisées de son temps, aussi quoi qu'on pense
de la méthode et des procédés qu'il conseille, on restera convaincu
qu'il était instruit de son art et ^ qu'il écrivait avec « une habileté
peu commune en son temps comme aujourd'hui ^ v .
I Jules Detpit, qui fut toujours un critique fort difficile, qualifie Lehloni
Tour t peintre et écrivain distingué ». Il ajoute : «quant au mérite liUérai
M. Leblond, sa lettre prouve qu'il écrivait avec une habileté peu eonumae
ce temps et qu'il était non seulement instruit de son art, mais qii*ii aviiC a
J
LES PEINTRES DE L HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 911
Leblond de Lalour avait une éducation supérieure ; mn esprit
était éclairé, ses sentiments élevési il devait avoir le crayon aussi
sur que sa plume était habile.
III
Lehlond de Latôur^ premier professeur de T École académique
de Bordeaux,
« Lefalond dict Latour^ bourgeois de la ville de Paris et natif
A^ic^W^.paintre du Roy, « telles sont les qualités qui figurent sur
le contrat du 3 mai et sur Tacte de mariage du 7 juin 1665. Il
avait donc déjà une réputation établie sur des travaux sérieux. Tout
porte k croire qu'il fut Tuu des élèves de TÉcole de TAcadémie de
Paris, quil travailla sous les ordres de Lebrun dans les immenses
travaux que Louis XIU confia au grand artiste. Cette coujecture
s'appuie sur de nombreuses considérations qui ne peuvent Être
développées ici. Elle sera contrôlée le jour où nous connaîtrons
la cause de l'arrivée à Bordeaux du peintre Le Ulond de Latour,
Quelle qu'elle soit, il n'en sera pas moins établi que, s'il n'a pas
professé à Paris, il avait des élèves à Bordeaux, en 1669^ et que le
ton de ses leçons était celui de T Académie royale.
Nommé peintre de THôtel de ville, le 6 juin 1665, écrivant des
lettres sur la peinture en 1669, il est tout naturel que Leblond,
qui était Parisien^ aît été attiré vers les Ecoles académiques que
Colbert fit créer par lettres patentes de décembre 1676- Aussi
Toyons-nous qn*en juillet 1688^ le secrétaire de l'Académie royale,
Guérin, écrivait à notre artiste : ^ N'e vous impatientez pas ; si jua-
iL qu'à présent vous n'avez point eu de nouvelles de votre aliairc. i»
Cette affaire, c'était la création d'une école académique à Bor-
deaux.
Nous avons déjà annoncé, depuis plusieurs années* que nous
préparions une histoire complète de l'Ecole des Beaux-Arts de
Bordeaux qui s* est appelée : École académique. Académie de
peinture et de sculpture; Académie de peinture, sculpture,
des prélrotlon» tant ^oU peu vàrbeii^ei à la IhëoEogie et à la métaphyiiqtic. ■
— J. Delpit. Fraçmetd de i'hhtmre des arts ù Bordeaux^ Gouûouiltîou. 1853,
p* 13 et Î5.
1
012 LES PEINTRES DE L HOTEL DE VILLE DE BOHDË.U?^
architecture civile et navale ; Ecole des principes; Académie des
Arts; École gratuite de dessjti, puis, de dessin et de peinture;
Ecole municipale de peinture, sculpture et architecture; Écola
municipale des Reaux-Arts et Arts décoratifs. Nous aurons donc vn
chapitre spécial dans lequel nous discuterons, en détail, la m
intime de TÉcole académique et où nous rournirons des uotes bien
graphiques inédites sur ses divers professeurs \
11 sufBra que nous produisions ici les pièces manuscrites^ coq-»
servées dans la bibliothèque deTEcole municipale des Beaui-Arts
de Bordeaux, quelques délibér^itiona de la Jurade, et le som-
maire des procès-verbaux de TAcadémie Royale de Paris, pour
qu'on saisisse ^ans peine les diffitiii I tés de l'étabUssement del'Écûte
académique, les vicissitudes qu'elle a subies et le dévouement de
son premier professeur Leblond de Latoun
Titres de VÈcole académique de Bordeaux^ conservés dans k
bibliothèque de VÉcole numieipale des Beaux-Arts de Bût-
cfeaiia:, A** 18, n« 219.
N* 1. — Extrait d'un brevet donné par le Roi en faveur ii
V Académie royale de Paris, le 28 décembre 1654.
N*» 2. — Lettres patentes pour l'estahUssement des acadimiet
de peinture et de sculpture.
N* 3. — Règlement pour Feslablissement des Écoles acaH-
miques de peinture et de sculpture, etc.
Nous ne reproduisons pas ces trois pièces, parce qu elles ont
été copiées sur des imprimés.
\'A. — 1688, juillet, 26. — Lettre de Guêrin^ secrétaire é
l'Académie royale, à Le Blond de La Tour, tt peinire ordinaire da
Roy en son Académie royale^ de peinture et de sculpture, à Bor-
deaux, ï Comment expliquer que Guérina pu écrire de sa maini^
pareilles qualifications si Leblond n'était pas agréé de rAcadêàii^,
puisqu'aucune académie n'existait alors à Bordeaux ?
Le secrétaire de 1* Académie dit k Leblond dene pas s'impatienter
s'il n*a pas de nouvelles de son affaire c'est-^à-dire de la créatioo
^ M. le maire de Bordeaux a biâQ voulu douï cluu-gcr d'écrire VBitiût*
l'Ecole municipale des BeauX'ârts. Ce travail sera public par la Ville de Bw
pour figurer à l'Exposition de 1900,
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 913
d*ane École académique à Bordeaux. Il parle d'une « lettre mali-
cieuse y» qui a été adressée à TAcadémie.
N' 5. — 1689, janvier, 21. — Lettre de Guérin. r— Il ne reste
plus qn*à faire signer a les articles quy ont esté dressez pour vostre
a establissement «, dit-il, mais. M. de Louvois était tellement
occupé par de grandes affaires qu'on n'a pas osé l'importuner.
Guérin a montré, à Lebrun, les lettres de Le Blond, il secondera
son a zèle autant qu'il le pourra » . (Lettre autographe).
N» 6. — 1690, juin, 3. — Lettres patentes de VAcadimifi
royale portant établissement de l'École académique de Bordeaux.
— Original en parchemin, signé: Mignard, directeur; Desjardins,
de Sève, Coypel, recteurs; Coysevox et Pailhe, adjoints recteurs;
RegnauMin, Blanchard et Houasse, professeurs; Jouvenet, Bou-
logne le jeune, P. Sève, de Pkte Montagne, Edelinck, J.-B. Le-
clerc (/(i.).
N* 7. — ' 1691, avril 29. — Nomination des professeurs de
VÉcole acadén^ique. — Le Blond de I^tour est nommé « premier
professeur à cause de son mérite et de ce qu'il a l'avantage d'être
du nombre de ceux qui composent l'illustre compagnie de l'Aca^
demie royale de Paris. » Pièce originale signée par larchevéque
de Bordeaux, vice-protecteur et par les professeurs. — Comment
expliquer une semblable délibération si Leblond de Latour n'était
pas agréé de l'Académie royale ?
N" 8, 9 et 10. — 1692, janvier 26, mars A et octobre 4. —
Nomination de MarC'Antoine Leblond de Latour, peintre, et de
Jean-Louis Lemoyne, sculpteur, comme agréés de l'École acadé-
mique de Bordeaux. Ces pièces originales et signées prouvent
l'admission de Lemoyne et son séjour à Bordeaux.
N" 11. — 1692, mars 5. — Lettre de d'Estrehan, intendant de
l'archevêque de Bordeaux, vice-protecteut de l'Ecole académique.
— 11 a vu Mignard et les a principaux directeurs » de TAcadémie.
Ils ont promis de faire prendre une délibération pour que les { ro-
fesseurs de l'École académique soient déchargés des taxes comme
l'indiquent les lettres patentes de son établissement. Il ajoute
« qu'il faudroit se servir du terme nominal d'École académique,
quand on écrit, et laisser vulgariser le nom d'Académie de Bor-
aux partout ailleurs » . (Lettre autographe signée.)
N» 12. — 1692, août 5. — Lettres à M. le chancelier, —
58
1
014 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX.
Lettres des professeurs de TÉcole académique. — Ils le prient de
les exempter des taxes sur les arts et métiers, couformémeot aax
lettres patentes de TÉcole académique. — Lettre de ïareheviqw
pour recommander la précédente. -^ Lettre du secrétaire de
V École, Larraidy, à d'Estrehan. Il le prie de solliciter une réponse
de M. le chancelier.
Les taxes sur les Arts et Métiers avaient été établies sar la
plainte des maîtres peintres et sculpteurs de Bordeaux qui n'étaient
pas professeurs à TEcole académique. Nous publierons les actes
notariés, assignations, oppositions, etc., qui furent échangés
entre les parties, ainsi que les arrangements qui survinrent. Cei
pièces expliqueront les lettres ci-contre et diverses notes des procès-
verbaux de TAcadémie Royale de peinture et de sculpture.
N* 13. — Sans date, 1703 (?) — Requête des Académiciens de
Bordeaux à Vintendant de Guienne. — Au sujet de la taxe
imposée sur les arts et métiers^ poursuivie par le directeur de U
Recette générale de^s finances de Guienne. (Pièce signée Larraîdj,
professeur et secrétaire.)
]\f« 14. — 1703, juin 28. — Commandement, par huissier, tm
professeurs de l'École académique, présenté « à Leclerc Tapé,
peintre, représentant TÉcole académique » d^avoir à pajer
1,200 livres. (Pièce originale.)
iV 15. — Sans date, 1704 (?) — Requête des professeurs de
r École académique aux maire et jurats de Bord-eaux. — lU
rappellent la cérémonie qui fut faite le 16 décembre 1691, la
messe célébrée dans le collège de Guienne^ en Thonneur de réta-
blissement de rÉcoIe académique, en présence de Tarchevéque, du
commandant delà province, et des jurats; Touverture des cours
qui eut lieu le lendemain, les succès de leur enseignement, enfin
rhistorique des poursuftes des traitants. Ils se mettent sous la
protection des jurats.
RC 16. _ 1074, avril 15, 20 et 25, mai 7. — Requête à fta-
tendant de Guienne, pour être déchargés de la taxe sur les arts et
métiers. — • Enquête de l'intendant, qui ordonne finalement le
recouvrement des taxes; — Réponse de Duclaircq, professeur,
pour le secrétaire absent. U adresse les pièces demandées par '
tendant, et signe : « Fait à Bordeaux par PAcadémie des peinh
W 17. — 1704, septembre 29. — Lettre de F Académie re
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX» 91S
de Paris à V Intendant de Guienne^ rappelant quelle a déjà envoyé
un certificat à Tappui des demandes de l'École académique de
Bordeaux et qu'elle le prie de surseoir aux poursuites jasq«*au
retour du Roi, qui n'a pas changé de sentiment à l'égard de l'Aca-
démie royale et des Écoles académiques.
N* 18- — 1705, mars 30. — Lettre de Guérin à Larraidy. —
L'Académie sollicite auprès de Mansarde mais celui-ci n'a pas eiieore
pris de décision. M. Coysevox, directeur, et Guérin insistent le plm
qu'ils peuvent, mais ils n'ont encore rien obtenu.
N* 19. — 1705, avril 21. — Lettre des académiciens de Bor^
deaux à Mansart. — Ils Tavisent que l'intendant de Guienne re*
connaît le biçn fondé de leurs réclamations, mais qu'il n'a pas le
droit de faire cesser les poursuites au traitant. 11 faut obtenir itne
exemption de la Cour.
Lettre des mêmes à V Académie de Paris. — Ils lui envoient la
lettre préparée pour Mansart en priant a d'en disposer suivant vostre
prudence ordinaire » .
Lettre des mêmes à Guérin. — L'École académique le prie de
l'informer du succès des deux lettres précédentes.
N^ 20l — «1705,septembre24. — Lettre de Guérin àLarraiéy.
— Il lui fait savoir que le directeur général des iinancesa promis
de mettre ordre incessamment » aux poursuites du traitant.
: N* 21 . — Lettre de Larraidy à Guérin. — Il le remercie et
Tavise qu'ils sont obligés de payer les contraintes.
N* 22. — 1706, janvier 12. — /irrét du Conseil enfacenràe
t École académique de Bordeaux. — Cet arrêt décharge « tant les
peintres et sculpteurs de TÉcole académique que tous autres aca-
démiciens de peinture et de sculpture » des payements dessommes
portés sur les rôles de répartition ^
* Toutes ces pièce* ont élé réunies par Jules Delpit qui les a publiées en
partie : Fragments de V Histoire des arts à Bordeaux, toc. cit., 1853. EHes
proviennent des Lacour qui furent directeurs de TEcole. Pierre Lacour fils, îatime
ami de Delpit, ne pardonna jamais à la ville de Bordeaux ses démêlés, an siijel
de la rente Doucet, terminés par la nomination d'Alaux et sa retraite. Mais il fit
restituer, par son ami, les documents qui appartenaient aux archives de l'Ecole.
La Bibliothèque municipale possède depuis peu plusieurs x^olumes de pièces
inuscrites relatives à i* Académie de peinture et de sculpture de Bordeaux,
rovenant de la collection Delpit, nous ne leur empruntons que Tarrest dn conseil
a 12 janvier 1706, mais nous publierons de très nombreuses pièces retatives k
\cadémie bordelaise de 1667 à 1792, quand nous étudierons cette époque.
91]B LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE 0E BOaDfiâCX.
On lira aux Pièces justificatives des eitrâiU des rejîslres de li
Jarade concernant Tinstallatiûn de TËcole académique dtsâ les
locaux du collège de Guienne et Touverture qui en fut faite, en
grande cérémonie, par le maire, les jurais, l'arcbevéque et le
commandant de la province, le IB décembre J691« (Voir n* 15,
1Ï04.)
Dans FHistoire de TÉcole muDïcîpale des Beaux-iirtâ que if. \i
ipaire nous a chargé d'écrire, nous donnerons in CJctênsù les
extraits des procès-verbaux de la Jurade et de TAcadémie Kofile
de Paris, dont on peut lire les sommaires cî-après.
. On y verra Tappui moral et etTectif que les, maîtres n*ontp
cessé d'accorder à TEcole académique et à ses professeurs. Od f
trouvera la preuve, contrairement aux assertions de J. Delpitet
de Cb. Marionneau,que cette protection des professeurs contre les
exigences du fisc existaient encore en 1737 et que rËcoleacadê*
mique fonctionna tant que Marc-Antoine Leblond put donner des
leçons, c'est-à-dire jusqu^à ce que Basemont la transforma, en
1742, en École des principes ou École gratuite de dessin que
nous avons nous-méme dirigée, puis transformée en Ecole dâs
^eaux-Arts, de 1877 à 1890 ^
Ce qu'il est bon de retenir, c'est que TEcole acadéTitii|iie de
Bordeaux est la plus ancienne école qui ait été créée par TAci^
demie Royale. Depuis 1691, elle a fonctionné sans interruplioD;
elle existe encore aujourd'hui sous le nom d^ École municipale des
Beaux^Arts et arts décoratifs.
Sommaire des Procès^verbaux de l'Académie Boy aie reîatift
à V Ecole académique dû Bordeaux
1688, mai 29. -^ Lecture d'une leUre du 11 mai de MM. de Boa^
deaux qui projettent un établissement académique et acceptent les artirîci
envoyés par l'Académie.
1689, janvier 29. — Lecture d'une lellre de XLM. les Peinire^ rt
Sculpteurs de Bordeaux qui ont T intention d'établir une Ecole acâd^
1 Les diCGcuUés, créées par le fisc fur eut s au levé es ptr ta jaloude de$ autr^
peintres et sculpteurs de Bordeaux. Nûus avooiï Irouvéf dans \û^ ftcles des do
des pièces fort curieuses, que nous ne publions pat ici, qui expliquent ckii t
les causes de la correspondance actiic de l' Ecole académique et de 1*Aj ?
royale de Paris.
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 917
mique... Faffaire n'a été retardée que par la difGcullé d^ea. parier à
M. le Protecteur*
1690» mai 6. — Nouvelle lettre. L* Académie charge le secrétaire
d'apporter les Règlements à la prochaine séance.
1690, juin 3. — » L^Académle consent à rétablissement demandé }\
condition de se conformer à la discipline observée à T Académie royale.
1691, février 3. — M. d'Eslrehan, intendant de Tarchevéque de-
Bordeaux,' vice-protecteur de TEcoIe académique, vient recevoir les lettres
patentes. Elles lui sont remises par M. Mignard.
1691 1 mars 3. — Remerciement de Tarchevêque de Bordeaux et
demande par TEcole académique d^une copie des lettres patentes.
1691, juin 18. — L'Ecole académique s'étant qualifiée Académie de
Peinture et de Sculpture, il est ordonné au secrétaire de rappeler à l'Ecole
de Bordeaux qu'elle doit « se renfermer dans la qualité d'Ecole ucadé-
Il mique n • Le sieur Leblond de Latour « ayant pris la qualité d'Acadé-
« micien de l'Académie Royale, il a été résolu de lui écrire d'envoyer copie
it des lettres, en vertu desquelles il prend cette qualité » .
1691» juillet 28. -^ Lettre de l'archevêque de Bordeaux assurant
s que ceux qui composent l'Ecole académique de Bordeaux se renferme-
« ront dans les termes de leur établissement >". — Lettre de l'Ecole fai>
sant sa soumission. — Lettre de Leblond de Latour. Il ne prendra plus la
qualité d'académicien « si la Compagnie ne Ta pour agréable » . Celle-ci ne
le reconnaît pas comme académicien.
1691, août 18. — Poursuites ordonnées contre ceux qui se quali-
fient indûment de peintres et sculpteurs du Roy.
1692, janvier 31. — L'Ecole académique demande si tous les
enfants des académiciens doivent dessiner gratis ou un seul.
1692, mars 29. — - Le fils de Lemoyne se plaint que l'Ecole acadé-
mique fait des difûcuUés pour le recevoir.
1703, décembre 29. —Les Académiciens (sic) de l'Ecole académique
de Bordeaux demandent à l'Académie de Paris de soutenir leurs privilèges.
1704, février 9. * — L'Académie envoie un certificat à la demande de
l'Ecole académique, afin que celle-ci soit exonérée de la taxe sur les arts
et métiers.
1705, janvier 12. — L'Académie expose à Mansart, présent à la
séatice. Protecteur de l'Académie, que l'Ecole académique de Bordeaux
est inquiétée par les Traitants contrairement aux lettres patentes d'éta-
blissement. Mansart en parlera au Roi.
1705» avril 25. — Lettre de l'Ecole académique à l'Académie et à
insart, « la Compagnie a résolu d'attendre son retour pour soutenir
privilèges de l'établissement fondé à Bordeaux » .
'
018 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BOBDEiïl]^.
1706f janvier 9. — L'Académie félicite M. de Cotl«, son vicc-pro-
tecteupde ce qu'il a obtenu un arresl du Conseil des ûnnnces, en fiïtur
de TEcole académique de Bordeaux- et des Acadêmicieti^ qui sont dam \u
provinces.
1726, juin 1. — L'Ecole académique de Rordeaux étant poursairie
par le Traitante l'occasion de rimposilion sur \e& arts et métiers, TAc*-
demie enverra une copie de l'arrest du Coiiseîlf obtenu en 17UG, qui
l'exempte de la taxe.
1726, juillet 27. — L'Ecole académique remercje rAcadéraie,
1727, mai 30. — La protection de T Académie est de nouieâit
demandée par l'Ecole académique pour Texemption de U tane,
LA FAMILLE DE LE BLOBdD DE DIT LATOUH.
Grâce à un renseignement que nous a donné le Comtti'% iml
nous le remercions, nous pouvons è\re très succinct sur la famille
de Le Blond de Latour, dont nous avions établi la généalogie.
Puisque sa parenté avec de nombreux artistes, acadétnicieiis
pour la plupart, est connue, il suffira de Tindiquer très briève-
ment et de fournir tous les extraits d'arcliives qui concernent les
Leblond de Latour de Bordeaux.
Les Lemoyne. — Nous savions, que Jean Lemoyne, peintre
d'ornements, qui devint académicien le 29 mars 1692, anil
épousé, en secondes noces, Geneviève Le Blond, sœur d*Antoine.
Il en eut sept enfants, dont Tun fut le filleul de notre peintre.
Lebrun et Nocret furent aussi parrains, les femmes de Bérain et et
le Hongre, marraines* de ses autres enfants.
L*un des fils de Lemoyne, Jean-Louis, sculpteur, vintà Bordeau
en 1692, à cause de sa parenté avec le peintre de la ville. H fat
reçu agréé de TÉcole académique avec son cousin Marc-Antoine
Leblond, fils d'Antoine, dans les séances des 26 janvier, 4 manel
4 octobre 1692 V Celte réception est une preuve certaine-que Jean-
Louis Lemoyne résidait à Bordeaux; il dut y faire de nombreiii
travaux, quelques-uns nous sont connus. Revenu à Paris, il y devint
Tacadémicien de grand talent dont on admire les œuvres auLooTre.
Marc-Antoine Leblond de Latour, qui avait fait ses études à
' Jal, Dictionnaire critique de biographie et (Thistoire.
' Voir aux Pièces justificatives, aux dates citées.
LES PIEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAtJX. 919
Paris, avec son cousin et était dans les bonnes grâces du maréchal
d*Albret, gouverneur de la Guienne, avait succédé depuis long-
temps à son père comme peintre de la ville, lorsqu'en 1730 Jean-
Baptiste Lemoyne, sculpjteur, fils de Jean-Louis, membre des Aca-
démies de Bordeaux et de Paris, qui précède, obtint la commande
de la statue équestre de la place Royale de Bordeaux. Cette situation
particulière explique pourquoi le jeune statuaire fut chargé d*un
travail de cette importance avant quMl eût donné la mesure de
son talent et quMI fût académicien ^
Les Robelin. — Jacques Robelin, architecte ordinaire du Roy,
directeur de la bâtisse du Château Trompette, beau-père d'Antoine
Leblond de Latour, né à Paris en 1605, mort à Bassens, près Bor-
deaux, le 15 novembre 1677, était Tarchitecte de la maison de
Sourdis, à Paris. Il fut appelé, à Bordeaux, en 1639, par Tarcbe-
vèque Henry de Sourdis, bâtit partie de THôpital des métiers ; puis,
par un contrat du 11 juillet 1656 fut chargé, avec Michel, sieur
Duples8is,de la construction du Château-Trompette sous les ordres
deVauban.Son fils, Jacques Robelin le jeune, né à Paris, en 1636,
mort à Bassens, le 1*' avril 1686, qui entreprit les mêmes travaux
en association avec Michel Duplessis, était architecte du Roy maître
et conducteur des œuvres de maçonnerie en Guienne.
Les minutes des notaires fournissent des pièces curieuses
concernant le contrat de mariage d'Antoine Lebloiid, portant
4,000 livres de dot, apportée par Tépouse, pour le payement de
laquelle dot, Robelin emprunta et donna sa maison de la rue
Saint-James. Les droits aux successions maternelles furent la
source de procès Robelin-Montflard, maître sculpteur, son beau-
frère, qui, après leur décès, continuèrent entre les héritiers
Robelin-Leblond et veuve Montflard» femme Chevré, maître sculp-
teur. Mais toutes ces difficultés d*argent, n'intéressant pas Tart,
nous passons.
Les Leblond^ — Jean Leblond, peintre du Roi, reçu membre
deFAcadémie royale, le 1*' août 1681, et son fils Jean-Baptiste-
Alexandre Leblond, architecte des jardins royaux, puis de Tempe-
reur de Russie où il construisit le palais Péterbof, étaient cousin-
Li statue équestre de la place Royale de Bordeaux, démolie et Tondue en
)3, est trop connue pour que nous citions des textes relatifs à celte belle
-jre.
920 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VELLE DL BÛBDEAUIC
germain et cousin de Leblond. IVous ne â&viona pat que c^lte
parenté avait été établie avant nos recherches.
Les Leblond dits de Latour. — Antoine Le blond dit de
Latourestné, à Paris, d* Antoine Leblond, maître orfètr cet bourgeois
de Paris et de Geneviève Le Masson. Son contrat de mariage,
du 3 mai 1665, avec Marie-Madeleine Robelin nous apprend qu'il
était orpbelin et que M. de Boîsganiîer, receveur de la Complablie
à Bordeaux, son ami, représenta seu)^ sa famille et ses ami^
Leblond habitait probablement Bordeaux depuis peu d'années.
La bénédiction nuptiale fut donnée^ à Bordeaui, dans ïéghst
Saint-Mexens, le 7 juin 1665. La veille, Lcbbnd de Latour arâJt
été nommé peintre ordinaire de THôtel de ville , nous igoomn?
pourquoi Leblond ajoutait à son nom u tTjt de Latour ^. M »ûn
père, ni son fils, dans sa vieillesse ne prirent cette quatilicatiou
qui lui semble personnelle.
Nous avons fait connaître Tœuvre du peintre, le talent de Vkû-
vain, le dévouement du professeur, il ne nous reste plus qd'î
donner les noms de ses descendants,
Antoine Leblond dit de Latour mourut rueSaint-JaD.e$,da[i£li
maison que son beau-père lui donna pour s'acquitter de partie Je
la dot promise à Marie-Madeleine Robelin, sa femme. L'acte df
décès est du 9 décembre 1706, paroisse Saint-ÉIoî. Sa femme était
morte dans* sa propriété de Bassens, en 1698. mais le corps fui
apporté dans le caveau de famille, église Saînt-Éloi» ^^dans le chmt
d'icelle devant le grand autel. !> Voir Pièces justîL 1706, et I ûê
plaça bientôt, près d^elle» celui de son époux.
De leur mariage sont nés six enfants,
1. — MARC-ANTOIXË LEBLOM) DE LATOUR.
PEINTRK ORDINAIRE DU ROV, PEIVTHE OHD[\AIIlE DE t'hlâTËU DK VaLg,
MEMBRE DE l'aGAD^MIE DE PKÏXTL'R^ Kl Sr.VLPTURK DE POItDEAlIX,
1668 avril 10 f 17U octobre Î9.
Marc-Antoine Leblond de Latour est né à Bordeaux, p&rDisse
Saint-Mexens,le 7 août 1668, et fut nommé peintre de l'Hôtel d(
en survivance à son père, le 30 août 1690> Marc-Antoine sen
le 14 février 1703, à Cbarlotle Renard, Bile d*un maître o'
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 921
et nièce d*uQ maître tapissier, tous deux employés par la ville et
par le dac d*Epernon. Il eut d'elle treize enfants, mais en 1 745 un
seul fils et cinq filles avaient survécu : Pierre, deux Marie, deux
Jeanne et Michelle.
Marc-Antoine Leblond de Latour, peintre de THôtel de ville,
a droit à une biographie que nous ne pouvons placer ici. Ses
travaux furent aussi importants que ceux de son père : portraits de
jurais, tableaux d'église, peintures décoratives aux entrées royales
on princières, honneurs funèbres, etc., occupèrent son pin-
ceau ^ Il était peintre de FHôtel de ville lorsqu'on adopta le plan
de la place Royale, en 1728, et ne fut pas étranger au choix du
sculpteur de la statue équestre, le fils de son cousin-germain et
condisciple, Jean-Baptiste Lemoyne, fils de Jean-Louis. Marc-
Antoine fut déposé après sa mort dans le caveau de sa famille,
à Saint- Eloi.
II. — JACQUES LEBLOND DE LATOUR.
PRESTRE ET CHANOINE DE QUéSEC, W CANADA, CVKi DE LA BAIE SAINT-PAUL (CANADA).
1671 janvier 14 f 1715 juillet 31.
Jacques Leblond de Latour, prêtre, né le 17 janvier 1671,
partit au Canada en 1690. Il devint chanoine de Québec, ainsi
qu'en témoignent les actes de baptême de ses neveux, des 3 avril
1707 et 6 avril 1714.
Il mourut le 30 juillet 1715, étant curé de la baie Saint-Paul,
et fut enterré dans Téglise.
Cl [. — Leblond Jacques, fils de Antoine Leblond de Latour
« et de Madeleine Robelin, de Saint-André, diocèse de Bor-
tt deaux. Sépulture le 31 juillet 1715, à la baie Saint-Paul. —
« 2. — Vint au Canada le 24 mai 1690. — Curé de la haie Saint-
PaulV V
^ Il prit part aux travaux décoratifs de l'Entrée du roi d'Espagne, le 17 dé
mbre 1700, des hooneurs funèbres de Louis XV, le 5 octobre 1705, dtf l'Entrée
t'infante d'Espagne, le 25 janvier J722, etc.
^ Mgr le chanoine Gyprien Tangua y, Dictionnaire général des familles cana-
unes, 1890, Montréal (Canada), Eusèbe Sénécal^t fils, insp.-édit. în-8*.
1
m LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEàUI
IIL — PIERRE LE BLOAD DE LATOIFt
INGliNIEUR ORDINAIRE DU RUV, GOUITCHKEIR HU UlS&tBÈttL
1673 septembre 3 f .,.
Pierre, troisième fils de Leblond ilc Latour, fit ses étode^t
l'École académique que dirigeait sou père et à TEcole d'hfttnï-
graphie que les jurais avaient fondée, en 1680, pour les marins
et les ingénieurs de la marine. Pierre Leblond, \, Berquio, Sb
d'un professeur de sculpture de TÉcûle académique» elao Iroi-
aième étudiant, dont nous n'avons pas le nom \ obtinrenl le litn
d'inventeurs du Roi, preuve évidente que les deu% écoles èlat«pl
florissantes. — Le 5 juillet 1699, Pierre Leblond donnait si
procn ration à son père et â son frère Marc-Antoine, pour
emprunter 1,274 livres 4 sols à Claude Michel Dupleâs'is, aSn
d'éteindre la dette veuve MonDart, femme Jean Chavra. Il demen^
ratt alors à la Rochelle où il était ingénieur du Roy. Le 13 février
1703, il signait en celte qualité au mariage de son frère Marc-
Antoine, mais le 21 janvier 170ti et le 25 septembre 1716, il
habitait le Canada, puisque les actes de baptême inscrits à cestliia
portent : « faisant pour Pierre Leblond, ingénieur du Rof« %m*
verneuf du Mississipi. » «
Fut-il gouverneur d'une province ou du fleuve Mississipi? \oiu
pencherions à prendre le sens du mot gouverneur, pour ingénieur
chargé de gouverner les eaux du fleuve Mississipi, c^r Lebload oe
figure pas comme gouverneur d'une province dans le beau liire de
Mgr Tanguay. Nous ignorons à quels travaux il employa son
talent et à quelle époque il mourut.
IV. — UARlE-MAnSLEIKTE LE BLOS^D DE LATOUR
MARUiS A CHARLES SERMENSAN, MUTR& OHFEVH?, RUK SAlKT-iAUlS» \ BOUUCI.
Iti76 juillet 30 f
Les Sermensan étaient les grands orfèvres de Bordeaui de père
en fils. Ils fournirent la plupart des pièces d*orfèvrerie r^-
mandées pour les églises ou par le clergé pendant tout le
s Voir Pièces justificatives, 1705, 31iivnl.-*Lettre de I^Acadëmic à Mgr Up'
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX, 033
septième siècle. II ne serait pas impossible que les beaui ba&*
reliefs en argent, provenant de Tancien Hôpital des métiers, fussent
sortis de leurs ateliers, car ils portent les poinçons des gardes de
Bordeaux. — Marie-Madeleine Leblond, épouse Sermen.san, €St
Taîeule maternelle de Tcstimable peintre bordelaii^ Taîllagson.
C'est par elle que celui-ci est relié aux Leblond de Latoun
V. — JOSEPH-SULPIGE LE BLOND DE LÂTOUR
1IAITR8 ORFèVKR, PAROISSE SAINT-PIKRRB, A RORDEAUX.
1680 octobre 14 f 1752 avril 5.
Joseph-Sulpice Le Blond de Latour, orfèvre, signe en cette
qualité au mariage de son frère Marc-Antoine, le 14 février 1703.
Son parrain était un moine bénédictin Joseph-Sulpice <fe£{?Kr£(iii.
VI. — ANTOINE BONAVENTURE LE BLOND DE LATOUR
IfOIXB DE LA MERCI ET DB LA RÉDEMPTION DBS CAPTIFS.
On lit : a Antoine-Bonaventure Leblond de Latour, faisant pour
Pierre Le Blond de la Tour, ingénieur ordinaire du Roy 19 au
baptême de sa nièce Marie, le 25 janvier 1706. Un contrat
d*obligation de 230 livres de pension annuelle et viagère, passé
devant Sarrauste, notaire royal, le 14 mai 1724, nous fait savoir
qu*Anloine-Bonaventure fut reçu novice, le 21 avril 1723» u dans
tt le couvent de la Mercy de Toulouse n et que la maison de son
frère, rue Saint-James, fut hypothéquée. C'est tout ce que nous
savons du plus jeune des fils Leblond de Latour '.
CONCLUSIONS
En résumé, on peut conclure des notes biographiques qui
précèdent :
— Que Le. Blond de Latour, néd*un orfèvre de Paris, fit ses
dbides dans cette ville;
Voir Pièces jastificatives, aux dates indiquées.
1
924 LES PEINTRES DE L*HOTF>L DE VILLE DE fiOnïïEÂDX.
^ — Qa*il fut probablement élève de TAcadéoiJe de Paris et d«
Charles Lebrun ;
— Qu'il fit des travaux pour le Roi c'eat-à-dîre dans les manu-
factures ou dans les palais royaux, par la prolection de LeliraQ el
de TAc^démie ;
— Que cette situation particulière lui permit de prendre If
titre de peintre.du Roi et même d'agréé de TAcadéaiie, êd vertu
des statuts et articles de jonction du 7 juiu 1652^
— Qu'il ne fut agréé par TAcadémie que comme candidût
agréable, c'est-à-dire pouvant présenter des travaux pour obteair
une nomination officielle, mais que cette formalité indiâpcosable
n'ayant jamais été remplie, il ne reçut pas de lettres patentes:
— Qu'il créa» défendit et rendit prospère TÉcole académique
de Bordeaux, fondée en 1690;
— Qu'il fit une œuvre considérable, dont plus de centportraits^
en pied, des jurais de Bordeaux et autant, eo buste, plus ki
décorations des entrées royales ou prim-ières, des tableaui
d'église, etc;
— Qu'il eut la plus grande influence sur les Beaux-Arts^ «a
Guienne, comme artiste et comme professeur;
— Que le respect dont l'entouraient ses confrères prouve iurir
bondamment sa supériorité sur eux tous et les services qu'il i pn
rendre aux Beaux-Arts ;
— Enfin, que, fils d'orfèvre, il eut un fils et un gendre, orf^
vres à Bordeaux, et que, peintre de la ville, il laissa un tils qui
obtint la survivance de sa charge : Hlarc-Antoine Le Blond dit Je
Latour qui, lui-même, décida la vocation de son arrière petit
neVeu le peintre bordelais Taillasson et fit obtenir la commâDde
de la statue équestre de Louis XV a son cousin, Jean-Baplbte
Lemoyne, l'éminent statuaire.
Bordeaux, janvier 1898.
Ch. BBAQCSBâTK,
Membre dûh résidant du Comilé da
Saciétt^s àet Beaui^-ilrU» des dept^^
mente, à Bardeaux*
LES PJGÏNTRËS DE t HÛT£L DE VILLE DB fiOfiDBAtJX. 9J&
PIFXES JUSTIFICATIVES •
1665
Fiançailles Le Blond diel de Latotir et Robtlin*
Muî^. — ^ ^ ... ont esté présent en leurs personnes Antoine Le Bioiîd
a dil de Lâtour, bourgeois de la ville de Parié et natij d'ictlU y peintre du
A Rmj^ habîtanl de présent en ce^te ville de Oourdeaulx, parroIsAe SainW
c Mcian5> ïih naturel et légitime de feu Anloine Le Blond, il tant orphèvre 1
■ et bourgeois de lad. ville de Fariâ et de feue Geneviève Le Maison »es ^
m père et mère d'une part et Marîe-Ma^ddaine EobeJin, damoisellc, G lie "
4 naturelle et légitime du sieur Jacques Hobelin, architecte ordinaire du
tt Roy et de feue MQ|]delaine Monflard, ses pire et mère, habitants de la |
ti présanle ville, parroiâse Saint- Meians, d'autre, lesquelles parties pro- I
« Tédantf seavoir, ledîct sieur Le lUond de Tadvis et assistance de \T\L Jean-
« Baptiste (larnier, sieur de Boisfjarnieret aultres ses aniîs... et ladicte
M damoiselle RoUelin, de TadviSi consentement, auttoritéet licence dudjct
H sieur Uobelin son père, et Jacques Robelinf architecte et maistre et
B conducteur des œuvres de uiassonnene en Guienne, son frère, François ,.
H MonHard, m'" sculpteur, son oncle. Loués Comuer, cousin germain,
u Nicolas Desjardins, chevalier; gcnj]rapbe et ingénieur ordinaire du Roy
i et directeur des forlirHcntions du ChasLeau Trompette de Bordeaux et
tf sieur Gaston d'Ëscudier major commandant dans le chasteau Trompette
Il et autres ses amis, ont promis soi prendre pour mari et femme et
■ entr'eux solempniser le S^-Sacrement de mariage, s
(irchifei d^ptrtcjartitale» dé iâ Gironde. EérU E, notaireë, ^ LjcJ^Pirt.)
Mariage Le Blond de Latour et Robelin, *
Juin 6, — Xomination du peintre de la Ville ^ ^ du same3y (> juing
« 1665 — Peintre, — Anthoine Le Blond dict de Laiour a preste* le
u serment de peintre ordinaire de la. ville au cas resquis et acoustumé
■ au lieu et place de feu Philippe Deshayes. n
lArfhife* ma ni ci pile» tle Bordtaui* s^rie BB .juiviic ietil-16ti5, P* \Tù )
Juin 7, — 4f Le septicsme du mois susdict ont espouze Anlhorne
Le Blond diet de Latour^ bour<]eois de la ville de Paris cl natif d'icelle,
peintre du Hoy, a presanl mon parroi^steu, et damoi^eUc Mûrie Magde-
926 LES PEINTRES DE L HOTEL DE VILLE. DE BORDEAUX.
tt l&ine Robelin, aassy ma paroissienne, en présence deM*"Robelîn pire
tt de la susdicte espouze et de Jacques Bernard et de plosteurs tntres.
• AvrouîE Lbblond dict de la Tour — KIarie Madklaisie Robelu —
« J. Raisuii — J. Bernard. »
(Archivât «M|jici|itlet de Bordeaux. — Registres de l'état civil, paroine Stmt-
Mexent.)
1666
Mars 13. — « demi année de ses ga^es à Latour ptitUre^ .qui finira ie
« 20 juin... 60 livres. »
- (Archives municipales de Bordeaux. — ComplabiHti^ i^Uets demi-brAlés, non dssiè^
Juin 5, — Plus aulre mandement en faveur ai Antoine Lalov,
u peintre ordinaire de la Ville, de la somme de cent livres sor et
« en desduction de 400 livres qu'on luy a promis pour le gftad tablete
il qu'il faict avec un Cntcifix^ pour MM. les Jurats — DaUmpirtt
a 100 livres. » (Id.)
u Autre mandement en faveur de Lalour, peintre ardintm*,^
[cent] trente cinq [livres pour les trois pourtraits qu'il a fait de] ^IM. de
Ponch[ac, Sieur de Ségur, Clary et Sossiondo, jurais]. » {Td,)
tt Autre mandement en faveur de Antoine Lalour, peintre^ ordiwm
fL de la ville de la somme de cent vingt livres pour les et dix bH
« armoiries qu'il a faites pour les honneurs funèbres de la feue RefM
a mère — J. de Longuerue ». 120 livres, (fd,)
u Plue un mandement en faveur de Jean Liiganoisei JeandeRtgtfru^
« maîstres vitriers de la soomie de 165 livres pour trois cents armoiries
u qu'ils ont faict pour les honneurs funèbres de la fene Reyue et eent
tt livres pour la peinture qu'ils ont fait pour la chapelle ardente — i. A
tt Longturue. »
Avril 21. — Apprentissage Jean Polilluot^ chez Leblond de Latwr.
— tt ... Nicolas Desjardins, chevalier, géographe et ingénieur ordinaire
« du Roy et directeur des fortiffications du Château Trompette, de Bor-
u deaux, lequel faisant pour François Pouliot^ maitre peintre, demea-
u rant & Saint Jean de Luz, et en conséquence des lettres missives à luj
tt escriptes par ledict Pouliot, a de son bon gré bailhé et mis ponr
tt apprentif k sieur Anthoine Leblond de Latour, bourgeois et maistit
tt paincture {sic) juré de la présente ville,, ici présant et acceptant : ietn
tt Pouliot fils dudict François Pouliot et ce pour le temps et espace de
« troys années continuelles et consécutives... pendant lesquelles
tt sieur Desjardins faisant pour ledict Fraaçois Pouliot, a promis a
a ledict Jean Pouliot, apprentif, sera teneu de bien. et fidellemeat!
LES PEINTRES DE Ju'HOTEL DE VILLE. DE BOBDEADX. 937
« ledicl sieur Leblond de tous services utiles et honnestes, luy procurer
Ci son bien et esviler le mal an mieux quy luy sera possible et aussy
tt ledict sieur Leblond a promis renseigner de son art de peincre pen-
u dani lesdictes troys années, nôrrir, blanchir à Tordinaire de sa maison,
« sain et malade, sauf que sy ladicte maladie excédoit huict jours, ledict
tt apprenlif ou ledict François Pouliot^ son père, seront teneus de paier
u Textraordinaire, ensemble les pansemans et médicamens... et sy ledict
tt apprenlif venoit à quitter ledict sieur Leblond pendant le temps, ledict
tt Pouliot père sera teneu de luy remettre ou luy bailler un autre garson
u sy capable que ledict apprentif lorsqu'il en sortira à ses despens...
tt comme aussy en cas que ledict apprentif vint à mal verser dans ladicte
tt maison ou fairoit perdre quelque choze audict sieur Leblond ou par
« son deffault luy seroit derrobé quelque choze, audict cas ledict Fran-
tt çois Pouliot père sera teneu comme ledicl sieur Desjardins promet de
tt le paier au dire et estimation d'experts à ce cognoissant. Pour lequel
tf apprentissage ledict Desjardins, audict nom, a promis faire payer
« at^icl sieur Leblond la somme de cinquante escus, scavoir vingt-cinq
B escus comme defaict sur ces mesmes présantes.,, et pour les vingt-cinq
tt restants a promis les paier dans dix-huit mois prochains venants... »
tt Desjardins, Antoine Leblond di de la Tour, Juan de Polilluot.
Liquart, notaire, »
(ÂrcbiTei dëpartemenUles de la Gironde. Série E. notaires,)
1667
Mai 7. — tt Peintre ordinaire de la Ville, trente six livres pour...
« armoiries qu'il a faictes tant pour le may de Mgr de Saint Luc et pour
u celui de la Ville. (/</.)
tt Février 16. — Plus autre mandement en faveur d'^nMoin« Z»fl/our,
a peintre ordinaire de la Ville de la somme de 60 livres pour demi-
tt année de ses gages qui finira le G juin prochain... 60 livres. » (Id.)
1668
Août 10. — Baptême Marc Anthoine. u du mardy 10 aoust 1668. —
« A esté baptisé Marc Antoine fils de Antoine Le Blond, Maisti^ peintre
tt et de Marie Madelaine Robelin, sa femme, de la parroisse de Saint Eloy,
tt parrain, Jacques Robelin, architecte ordinaire du Roy, marraine Anne
« Bonpas, nasquit samedy 7 dadicl moy à 10 heures du soir, le père
t absent, la marraine n'a sceu signer. » J. Robelin.
(Archiïet municipales de Bordeaux. — Élat ciïil, paroisse Saint-André. Naissaneet^
[4780
928 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BOBDEAUX
Septembre 4. '—Lettre du Sieur Lehtond de Latour â un de ici
« amis^ contenant quelles instructions touchant la peinlure^ dédia à
u M, de Boisgamier R, D, L. C, D. F, à Bourdtaux, par Piem d*
K Coq, imprimeur et' libraire de tUniveruié^ 1669, inF^'' del^pa^.r
L a été signée et datée, 4 septembre I66§.
I 1669
I Date de fimpresiUm du mémoire ci- dessus*
l ' 1670
^ Juinl, — ^ A Latour, paintre^ trente six \hrcs pour les armoiries qa'il
t tt a fait pour orner lesdicls mays par mandement du 7 juin L6T0.*. *
(Archives municipales de BûrdeïDK. — Comptaèiiité^/émtlUu d^mi^tràlù. Uk. al)
Juin 7. — a à Anikoine Latour peindre ordinaire de ia riik
tt cent quatre vingt livres pour une année et demy de ses ^agts par trob
mandements des 19 juin, 4 décembre 166Ï) et juin ïtJTO, ^ {Id.)
Juillet 30. — u Arrcsi du Conseil dn 18 du niêmc mois qui ordonne,
tt entre plusieurs chozes qu'il ne Sf^roiË payé aucun ^n^es au peintre deU
a ville, n (76)
(Archives municipales. — Inventaire Mammaire de 1154* — JJ.)
Juin 9. — il A Latour paintre, trante si s: liirres pour les armoiries qu'il
u a fait pour orner lesdictz mays par mandement du 7 juin 1670< •
. (Archives municipales df Bardeim, feuiJIets deml-briïl^i, toc. cit.)
1671
Janvier, 18. — « Du mesme jour 18* janvier 1071, — a esté baptisé
tt Jacques, fils de Antoine Le HJond de Latour et de Marie XUcielun^'
tt Robeiain, sa femme, parroi&se Saine t Eloy, parrain Jâcqueii RobeUii),
« architecte, marraine Jeanne Delanoûe, nasquit Mercredy 14 pâi moiâ^
« 5 heures et demy du soir, la marraine n*a pas sceu signer «.
ti A. Lehlond de Latour — J. Robelin.
(Archives municipales. — Étal vixil, Xaiitanceê. paroiiie Stiut-Andn^.}
— « Mandement en faveur d'Antoine Le Blond de Lalour peinlr'
« de la ville, de la [somme j de rent trente cinq livres pour les tabkaui
« qu'il a faits de MM. Vivey, Lîcterie et Mercier jurais...
(Arcliiveg municipales de BûrJeatii, Tcuillets demi*brûléa, tùc. cit.)
Juin 21, — u Aulrt' mandement en faveur d'Anthoine Latour,
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 929
tt ordinaire de la VilUy de la somme de 60 livres pour et advances
a qu*il a faictes pour F Entrée de Monseigneur le gouverneur.,, autres...
tt les galons, cazaques pour la chambre des harangues » (fd.)
1672
Afai 17. — a à Latour, peintre, trente six livres pour les armoiries qui
« ont esté mizes audictz mais par mandement du 17* may xxwi
« livres. » {Id.)
Août 3. — « à Latour, peintre ordinaire de la Ville, cent trente cinq
« livres, pour les tableaux de M.M. de Mallet, Noguès et THosteau par
(. mandement du 3 aoust » (Id.)
— u A Latour peintre fà5 Vivres pour avoir réparé les tableaux de
c M. le MareschalD'Ornano... dans la Chambre du Conseil, [^ar mande-
a ment, cy 45. » (fd,)
1673
Juin 22. — tt Mandement Anthoine Le Blond de Latour la somme de
a 600 livres et d*advances qu'il a faites pour ï Entrée de Monsei-
« gneur le maréchal d'Albret.,. « (Id.)
Juillet 29. — « Au mesme Latour peintre, la somme de 45 livres
a pour avoir paint et doré les enseignes les deux trompettes par mande^
a ment dudict jour 29 juillet 1673. »
Juillet 29. — « portraits de MM. de Ponlhelier, Sabathier et
« Vatloux^ jurats... 135 livres, n (Id.)
Septembre 3. — Baptême de Pierre Leblond, — « Du dimanche
tt 3 septembre 1673, a esté baptisé Pierre, ûls légitime de sieur Anthoine
■ Le Blond de Latour peintre ordinaire de l'hostel de Ville et de Marie
« Madelaine de Robelain, sa femme, parroisse Saint Eioy, parrain
tf Pierre Michel, marraine Louise Douât, naquit vendredy..,. A Le Blond
« DE LA Tour. »
(Archives municipales de Bordeaux. — État civil. Saint-André, loc. cit.)
1674
Juin 2. — u Mandement en faveur <ï Anthoine Latour, peintre ordi-
a naire du presant hostel, la somme de 42 livres pour 14 armoiries
a quMl a faites tant pour le may de Monseigneur le gouverneur que pour
« celuy de la ville, à raison du 3 livres pièce 42 livres — Plus la
Time de 3 livres pour quelques armoiries qu'il Ot pour les funérailles
feuM.Berthous, revenant à 45 livres. »
iC 18. — " Mandement en îdxeur à* A tUhoine Lcblondt peintre or di-
-59-
930 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX.
tt naire de la Ville, de la somme de 135 livres pour les tabkmix tt
« portraits de MM de Poursat, Durribaut et Béchoo, qui ont fini le tenne
u de leur Jurade, le dernier du présent mois 135 livres >.
(Archîtet mnoicipaleB de Bordeaux. — Comptabilité, feuillet» demi-brdléi, be. cit.)
1675
Afai 4. — tt Mandement à Antoine de la Tour, peintre ordinaire de It
« Ville, 48 livres à luy ordonnées pour avoir fait 14 armoiries pour les
tt mays qui ont estes plantés devant la maison de Monseigneur le goaur-
tt neur et devant Thostel de Ville et pour deux autres armoiries données
« aux tapissiers de la ville par ordre de MM. les Jurats. » (/cf.)
Mai 4. -^ u Mandement Antkoine de Lalour, peintre ordinaire àh
« Ville, de la somme de cent trente cinq livres pour \e% iablttoix ht
«MM. de Fonteneii, Boisson et Roche jurats, 135 livres; plus à luy
tt ordonné la somme de 45 livres pour le portrait du Roy qu'il aeslè
« mis dans la Chambre des beuvettes 45 livres. ■ (II]
1676
Juillet 30. — Baptême de Marie Madeleine Le Blond. — • IWict
tt jour 30 juillet 1676. ^ — A esté baptisée Marie Magdelaine, fille légitime
a de sieur Antoine Le Blond de la Tour, peintre de Thostel de Ville, et ie
tt Marie Magdelaiiie Robelin, demeurant parroisse S* Eloy, parrain sieur
« Pierre Leboy, maislre d^hostel de M' le mareschal d' Albret, gouveroeor
tt de Guyenne, marraine, Damoiselle Marie Michel, nacquit le 25 msi
« à 2 h. du m. — A Lehlond de la Tour. — Marie Michel. — Legoii> •
(Archives municipales de Bordeaux. — Etat civil. Saint-André, foc. cit.)
Novembre 4. — « Autre mandement en faveur à'Anthoine Le Bknd
« de la Tour, peintre de la ville, 234 livres à luy ordonnées pour twir
c faict \e8 portraicts en long de MM. de Boroche, Minvielle, Carpenlej,
tf cy devant jurats et de MM. de Jehan et Duboscq, procureur syndic et
u Clerc de Ville, qui est à raison de 45 livres pour chaque portraîct H
u neuf livres pour avoir peint en noyer le boisage où sont appliqvés
a lesdictz portraicts dans Thoslel de Ville 234 livres. »
• (Les portraicts en long, e'est^ire en pied, que le peintre exécuitdtpwr
l'hôtel de ville étaient faits en même temps que les portraits en buste ]M
étaient remis à la famille,)
(Archives municipales de Bordeaux. — Comptabilité, fentllett demi-brâlës, l$c,€il)
1677
Mai 12. — Entrée de M. le due de Rœquelaure, gouver.
« A Le Bbm dit Latour, paintre ordinaire de la Ville, la somm^ ^
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 931
u cens haitante livres dix sols à Iny ordonnée pour avoir peint laditte
tf maùon navalUy trois batfeaaz et trente trois armoiries par mandemen t
a et quittance du douzième may 1677^ cy ii* iiii" livres x sols. » {Id.)
Juillet 21. — tt Autre mandement en faveur d*i4n/ome Le Blond de la
« Tour, peintre ordinaire de la ville de la somme de deux cent dix livres,
« scavoir cent cinquante livres pour avoir fait les trois portraicts de
u MM. de Lalande-Deffieux, Ghicquet et Villatte, jurats, quarante cinq
u livres pour le portraict de Monseigneur le Dauphin, et 15 livres pour
« avoir peint le lambris desdits portraicts. »
— « Lalande-Deffieux, iMThi,.. 210 livres. »
(Archives munieipale». — Regiêtre des mandetnenU, sërie CC. 1673-16TT.)
Juillet 14. — « Autre mandement en faveur de Pierre LaconTourque
tt de la somme de cinquante quatre livres pour le lambris du tableau de
« MM. les Jurais qui doit estre mis dans la Chambre du Conseil suivant
tt son compte arrêté par M' Villatte Jurât. »
— « Lalande-Deffieux, jurats. » (Id.)
1678
F^ier 2. — « Mandement Le Blond de la Tour^ peintre ordinaire
fi de Us Ville de la somme de cinquante livres accordées pour le portraict
« de fea M' Berthous, jurât »
— tt Oufpnnet, jurât, Duprat^ jurât. » (Id,)
Juin 10. — >« u i4 Antkoine Le Blond, dit iMoury peintre ordinaire
VL de la Ville la somme de 250 livres à lu y ordonnée pour avoir fait les
tt portraicts de Us Rejine et de MM. de Bourran, de Poittevin, et Roche do
tt la Tuque, jurats, par mandement et quittance du 10 juin dernier. »(/J.)
Juillet 20. — tt Mandement en faveur à'Anthoine Le Blond de la
« TVmr, peintre ordinaire de la Ville, la somme de cent cinquante livres
u pour avoir faicts les portraicts de MM. de Guyonnet, Duprat etCournut,
« jurats, et la somme de quinse livres d*autre pour avoir peint le lam-
tt bris dans lequel lesdictz portraictz sont pozés en la Chambre du
a conseil de THoslel de Ville, revenant à 165 livres. >*
(ArchivM municipales de Bordeaux, — Ctw^fiabilili, feuillets demi'brûlës, loe» ciV.)
167»
«
— A Antkoine Le Blond de la Tomr^peintre ordinaire de la Ville
tt la somme de 60 livres à luy ordonnée pouir vingt escussons qu'il a
tt faictas pour lesdictz mays par mandemeni at quittance dudict jour
- LX. » (Fd.)
bi 6. — « A Antkoine Le Blond dit Latour^ peintre ordinaire de
a Ville, la somme de 60 livres à luy ordonnée pour 20 escussons qu^ij
93Î LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX
u a faitz pour lesdiclz mays. Mandement et quittance de ce jour. ^ [II]
Juillet 29. — « A Anthoine Le Blond dt la Tour.peînirtordimm k
« la ville la somme de 60 livres à lu y ordonné*^ pour demy année df
« Tentretenement des tableaux dudicl hosLel de Ville par iBandpmpnt cl
tt quittance du 29 juillet dudict an. n [!dj\
1680
— Confrérie de Saint-SébastUn, — Le Blond de la Toor, reeu ei
1680, a signé sur le registre de la ^ Confrérie de Monseigneur Saim-
u Sébastien, S^ Roch, S' Martin, S^ Hilaire et S- Barbe... inslitak en
« Téglise S» Michel de Bordeaux par le R. 1\ en Dieu Monseigneur r\r'
« cbevesque de Bourdeaux en l'année 1497. ^
(Archives municipale» de Bordeaux. — CoUecUon Ddpit.]
Mai 8. — « A Anthoine Le Blond de la Tour, peintre ordinaircdfk
« ville, la somme de LX Iivre&pour20 armoiries qu'iUfaurnies am troii
« mays. L'un de Monseigneur le duc, l'autre de monseigneur le compte
u et celluy de THoslel de Ville.... m livres- «
(Archives municipale» de Bordeaux. — Cùmptabftllé. feiiiUel» demi-brâlé». tùc. iH]
Juillet 24. — « De la somme de 60 livres pour demi année de gtg^s
« qui commencent le 15 du présent mois de juillet. « (7rf.)
Septembre 21. — « En faveur de Anihoînè Leblond dt ïa Tmir, f^nnirt
« ordinaire de la ville, la somme de deux cents litres pour les qu&m
« portraictz de MM. de Sallegourde, Cornet, Pontholse, jurats, de Jehin,
tt procureur syndic,... 200 livres. «
_ u Lacour Jurât. — Delbreil, jurât, ^
(Archives municipales de Bordeaux. — lifgittredEtmundimtnU. toc. éit)
Octobre 14. — Baptême Joseph- Sulpkc Le Blond de la Tour. — «<^'
« mesme jour 14 octobre 1680 — A esté baptisé Joseph Sulpi« fit*
. légitime de Anthoine Le Blond de k Tour, peintre ordinaire del'Hoitel
u do Ville de Bourdeaux et de Marie Robdy, paroisse Saint Eloj, parrtiiî
« Jacques Leblond de la Tour pour dom Suipis de Bourbon, religiei»
« bénédictin, marraine Denise Békc pour Mademoiselle Blanche Lanu*-
« sance, le 12 à cinq heures du s.
_ « Le Blond de la Tour, père, U Blond de la Tour Jmsani f^r
« don Sulpice de Bourbon, religieux bénédietin, — Bocçttes. n
(Archives municipales de Bordeaux. ^ ÉuL civil. XaUfoncft Saint-André, l« <^K
ICI.)
1681
ilfai 7. — « ^ Anthoine Le Blond dit Latour, peintre ordt ^
a la ville, la somme de soixante livres pr»ur vin^t écussons ou ^ •
LES PEINTRES DE LHOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 93S
u qu'il a faictes et quy ont esté attachées aux tro]^ mays plantés le jour
« du premier mai 1681 aux susdictz lieux suivant mandement vj^é par
a Mondict Seigneur de Faucon de Rix, intendant ^ quittance datte du
u 7 mai 1681, cy rendu lx livres. »
(Archives manicipaies de Bordeaux. ~ Comptabilité, feuillets demi-briilés. lot, dt,)
1682
Le Blond de la Tour fut parrain d'un des enfants de son beau-frèr»
Jean Lemoyne» sculpteur, membre de l'Académie royale, grand pure de
Jean Baptiste Lemoyne, sculpteur, qui fit la statue die Louis XV, k Bor-
deaux. — V^oir Jal, Dictionnaire de biographie et d^histoirCj ati mol
Lemoyne,
Juillet 15. — « Autre mandement en faveur à'Ant/toine dit Latour^
a peintre ordinaire de la Ville, de la somme de soixante cinq livres
a pour travail faict pour la Ville suivant son compte de Xavarre,
tt jurât, et commissaire suivant l'arrest du Conseil du 18..... L&lour
a faisant vizer le presant quy demeurera attaché à Romat^ Jurât. ^
(Archives mnoicipales de Bordeaux. — Comptabilité, feaillets demi-brùlës, lac. cil.)
' Juillet 18. — « Expédié mandement en faveur à'Anthoine Le Bhnd
<c peintre de la somme de 135 livres pour les portraicts de \IM. de
a La Court, I\omat et Léglise, jurats, faictes quy ont esté exposrs
« dans la grande salle de l'Hôtel de.ville, ladicte somme payable eonfor-
tt mément à l'arrest du Conseil du 18 juillet 1670. » [Id.)
Août 18 à 21. — *t Fêtes, arcs de triomphe avec nombreuses statues,
ornemen8,-etc., fontaines de vin, » etc., ù l'occasion de la naissance de
Monseigneur le duc de Bourgogne. [Id. et carton 229.) — Voir Chron.
Bordelaise y Bordeaux, Simon Boé, 1703; Hist: de Bordeaux par Don
Devienne, etc.
1683
Juillet 14. — « A esté délibéré qu'il seroit expédié mandement à
u Anthoine Le Blond S' de la Tour, peintre ordinaire de la Ville de la
u somme de 135 livres pour les trois portraits qu'il a faits de \1\I, de
u Maniban, Jégun et Navarre, jurats, pour eslre payés par \r Darims»
<i jurât, faisant par provision la charge de trésorier de la Ville, eu
u vpriu de la délibération du 18 juillet 1670. »
chivei municipales de Bordeaux, feaillels demi-hrùlës, loc. cit.)
TÛt. « Luganoy M"« vitrier... de deux cent soixante sept livres pour
,0 armoiries qu'il a faictes pour le service de la feue Reine a raizon
934 LES PEINTRES DE I/HOTEL DE VILLE DE BORDEAnX.
tt de 30 livres le cent... suivant ie bail au rabais à luy faict le 21 du mois
« passé et 6 livres pour avoir peint la Chapelle ardente et les épingles
a ayant servy à attacher lesdictes i^rmoiries n (Jd.)
1684
Juillet 3. — « 11 fut délibéré qu'il seroit faict un portraict du Roy aim
«< sur son trône » {Chron. Bord, loc. cU,)
Juillet 30. — « Mandement en faveur à'Anthoine Le BhndS'deU
(c Tour y pintre ordinaire de la Ville, de la somme de 450 livres pour la
« portraits de MM. les Jurats, procureur syndic et Clerc de Ville et pooT
tt celuy du Roy qui ont été placés dans la salle de »
(Archives municipales de Bordeaux. — Comptabilité, femllett demi-brAlét, loe, eU,)
Juillet 31 . — « A esté délibéré qu'il serait expédié mandement en favear
« à'Anthoine Le Blond de la Tourpeintre^ de la somme de quatre ceDicio-
u quante livres pour lesportraits de MM. les jurats, procureur syndicetClere
« de ViUe pourtraict du Boy qui ont esté, placés à la salle de Fai-
« dience au-dessus des sièges 270 livres pour les tableaux desdicts jant
u qu'il devoit faire la présente année et la prochaine 16H5, à raison de 1^
tt par an suivant Tarrest du 18 juin 1670 et 180 livres pour le pourtraid da
t Roy et autres autmentations auxquelles il n'estoit point teneu. Poaresbt
u ladicte somme de 180 livres prise sar les fonds des amendes suivant U
a délibération prise par Tadvis du Conseil des 30 et du 3 du courant faisaat
u en tout la ditte somme de 450 livres., .sera payée andict sieur par M. Du*
u mas, jurât, trésorier auquel elle sera allouée dans la dicte dépense de
(c ses comptes... le mandement..... Textraict de la délibération et laqiit*
u tance audict Sieur Latour et moyennant ledict payement la VOk
u demeurera quitte de cent trente cinq livres qui devoit estrept^^
« pour Tannée prochaine et ledict sieur teneu de raccommoder lettdfletuà
« la Passion figurée et entretenir lesdicts portraictz placés sur le base le
« r audience. »
— « Dumas, furat^ — Minvielle, jurât, — Dudon^ jurais — CktstpA
t Jurât, ri{Id.)
' 1685
Juillet 7. — « Fournier peintre, reçoit 30 livres pour plans des term
< et juridiction de la ville et de M. le président de la Tresne. i» (id.)
1687
Janvier 4. — « Mandement en faveur de sieur Le Blond de la
u peintre de la somme de 150 livres mentionnée dans la délibérati
« Taulrepari Mérignac jurât. « (Id,)
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 935
Janvier 4. — < Autre mandement en faveur de Sieur Le Blond de la
tt Tour, peintre, de la somme de cent cinquante livres en desdnction des
o tabkaux qu*il a faits pour MM. les jarats. » (!d.)
Janvier 9. — * Au sieur Le Blond de la Tour, pàinclre ordinaire de
tt la Ville, la ^omme de deux cens septante livres pour les tableaux quMl
« a faict de MM. Mérignac Belluye, Lauvergne, Perron» Méginhac et
« Foucques et ce pour les années 16S6 et 1687, suivant le mandement de
tt MM. les Jurats du 9 janvier 1687 et receu dudict Le Blond an dos
« d'icelles que le sieur comptable remet cy ii^lxx. »
Janvier 15. — « Autre mandement en faveur à^Anthoine Le Blond de
a la Tour, peintre, de la somme de deux cent soixante dix livres pour les
tt tableaux quHl a faicts de deux eslections de Tannée 1686 et 1687 et
tt moyennant le presant mandement, le mandement du 4 janvier courant
« de la somme de 150 livres demeurera nul et non advenu. « {Jd,)
(Arebifet manicipalet de Bordeani. — Regittrt deê nuauUmenlt, lœ. Wl.)
1688
Juillet 26. — « Lettre de M, Guirin, secrétaire de T Académie Royale de
« peinture et de sculpture « à Moneieur Monsieur Le Blond delà Tour,
« peintre ordinaire du Roy en son académie royaUe de peinture et sculp-
c ture, à Bourdeaux, »
tt Monsieur, — Ne vous impatientés pas s*il vous plaist si jusqu^à
a présent vous n*avez point eu de nouvelles sur vostre affaire, les
a indispositions de Monseigneur de Louvob en ont esté cauze et le voyage
-( qu'il faict à forges pour prendre des eaux, j*ay bien la joye que vous
« ayez descouvert celuy qui a escript la lettre malicieuze que je vous ay
« envoyée. 11 méritte assurément d*en estre puni, j'en parleray samedy
a prochain à l'Académie. Soyez s'il vous plaist persuadé que je n*ay
■ point oublié ce que vous désirez de moy, et que je ne laisseray pas
■ eschapper les momens où je vous pouray rendre service, que je m'y
■ employé tout entier, car je suis assurément à M. Larraidy et à vous,
« Monsieur,
« Vostre très humble et très obéissant serviteur,
tf GUÉRIK. »
Ce 26 juillet 1688.
Au dos : « A Monsieur^ Monsieur Le Blond de Latour, peintre ordinaire
Hoy, en son Académie Royale de peinture *et de sculpture, »
f à Bordeaux, s
rchives de l'Ecole manicipale det Beaux-Arti de Bordeaux.)
936 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEltX,
Août. — '( Autre mandement de la somme de 135 Vivrez pour les im
« portraits quMl a faits de MM. de Mérignac, Fonteûdl cl Mmm,
« jurats. "
(Archives municipales de Bordeaux, feuilleti demi-brÛf^s, inc. £it )
Septembre 7. — u Antoine Le Blond de la Tour a preste le ttnranié
u Bourgeois au cas resquis et accoustumé aprèâ ^vùîr rapporté i^m-
u lion de ses vie et. mœurs, n
(Archives municipales de Bordeaux BB. — Jurait, IG88 i ppt. 7, F* "0 )
' C'est assurément Antoine et non Marc- Antoine^ Ce dernier anii
à peine 20 ans et son père était dans la force de V&^e, du tairai
et de la considération publique. Le texte suivant est donc hui\i ;
» N" 216. — Le Blond de la Tour, (Damoiselle Cbadolte ^tmé
<t veuve du sieur Antoine) peintre, a repréâenlé les lettres de bour
u geoisie de feu son mari^ du 11 septembre 16HH^ tant pour elle rtu«
tt pour Marie, Jeanne, autre Marie, autre Jeanne, Pierre et UlthtWe
<i Le Blond, ses enfants et dudict feu Le Blond de U Tour, n
(Archives municipales de Bordeaux. — BB. lipre det BourgtQit, t. :iî, inu' liètlij
Charlotte Renard épousa, le 14 février 1703, Marc Antoine, inorteit
1744, elle ne pouvait pas être femme d'Antoine, mort en 1709, h^^
de Marie Madeleine Robelin. La pièce ct-dessug date de 176:^, â7jamier.
Charlotte Renard avait 80 ans.
1689
Janvier 21. — Lettre de Guérin, sccrHaire de l* Académie Ro^ak -
1689. — u Messieurs. — Je vous avoue que c'est avec chagrin quefay
esté si longtemps sans avoir Thonneur de vous escrire, mais j'espero^^
toujours que vostre affaire finiroit et que je pourois vous mander quelijae
chose de plus positif car toute TAcadémie va rendre au commancemenL
de Tannée ses devoirs à M?' de Louvois, son protecteur, je crojois qn^
Ton trouveroit Foccasion de luy faire signer les articles qui ont estédress^
pour vostre establissement car il ne reste que cela à faire, je les aw
portez pour ce sujet, mais on le trouva si occupé par les grandes affaire:
qu*il a, que Ton ne trouva pas à propos de Ten importuner, je sais bica
aise que vous ayez escrit à T Académie, cela me donnera occasion é^
presser, pour moy je n'ay rien à me reprocher et feray toujours toat ff
quy sera possible pour vousVendre service, je vous manderay ce qr »
demie aura ordonné sur vostre lettre que je lui présenteray le - >«^
samedy de ce mois qui est la première assemblée. Je viens de '' '" ^'
;\ M' Le Brun la lettre que vous me faites Thonneur de m'escri' ^'^
LES PEIMTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 937
pour rAcadémie. Il est toujours dans la iriesme disposition de vous rendre
service et de seconder vostre zèle autant qu'il poura. Je le voy dans la
pensée de finir vostre affaire au plus tost. »
u Je suis toujours avec beaucoup d'estime pour vostre mérite et bien
du respect, Messieurs, vostre très humble et très obéissant serviteur. »
« Gl'ERIH. n
• Ce 21 janvier 1689. <•
Mars 18. — Entrée du Maréchal de Larges ^ gouverneur.
u Autre mandement en faveur d'Antoine de La Tour^ peintre ordi-
naire de la Ville, de la somme de sept cens livres à valoir sur le paie-
ment de la somme de deux mil six cens cinquante livres pour la besoigne
de peintures qu'il a faites pour l'entrée de Mgr le Maréchal de Lorges,
Gouverneur, 662 livres dix sols — Autre pour fasson u de
bourguignottes, costumes... matelots les galons cazaqnes des
archers et doux pour la tribune chambre des harangues. *
(Archivet municipales de Bordeaux. — Comptabilité, fenilletB demi-briilët, he. cit.)
Mars 13. — Entrée du Maréchal de Lorges. — « U vint avec la maison
navale jusqu'à Bacalan. Il descendit malgré l'insistance des jurats, monta
en carosse et se fit conduire chez le Marquis de Sainte Ruhe, lieutenant
général avec lequel il dina. » (Id. Jurade.)
Juin 27. — tt Autre mandement en faveur De sieur Le Blond de la
Tour, peintre ordinaire de la Ville, de la somme de cent trente cinq
livres pour les /a^/eaua; qu'il a faits dans la présente année de MM. Dublanq,
Brezets et Miramon jurats. »
{Id. — Comptabilité, feuillets demi-brâlës, loc, cit.)
1690
Juin 3. — « Lettres patentes de tAcadénMe royale de peinture et de
sculpture et d architecture de Paris, portant établissement de f Ecole
académique de Bordeaux. »
« L'AcADÉuiE ROYALLK DE PELURE ET DE sciLPTijRE estabUe ,p(fr, lettres-
tt patentes du Roy, vérifiées en parlement présentement sous la protection
u de MoNSEitiXEUR LE Marquis de Louvois et de CourtenvauXy conseiller du
u Roy en tous ses conseils, ministre et secrétaire d Estât, commandeur et
u chevalier des ordres de Sa Majesté, sur intendant et ordonnateur général
« des Bastimens, arts et manufactures de France.
u A TOUS CEUX QUI CES PRÉSENTES LETTRES VERRONT SALUT. La Compagnie
s'estant fait représenter les lettres a elle cy devant escriltes par
plusieurs peintres et sculpteurs de Bourdeaux, qui proposent defaireun
establissement académique dans leur ville, au désir et conformément
939 LES PEINTaES DE L*HOTEL DE VILLE DE BORDBiCX.
« aux leltres patMites au Roj« portant rétablissement des Académies
« de peinture et de sculptnre dans les principales villes du royaume, cl
« règlement dressé à ce sujet dn mois de novembre 1676 : registre! ei
tt parlement le 22 décembre en suivant après avoir examiné les délibé-
* rations particulières et résultats sur ce projet dudit establissement et
« voulant de sa part contribuer au zèle que lesdits peintres et fcolpteors
« font paroistre de se perfectionner dans leur art autant qu'il leur sert
« possible» a. résolu et arresté sous le bon plaisir de Monwqneur de
« LouvoU son prolecteur de consentir à l'établissement demandé pv
tt lesdits peintres et sculpteurs de Bourdeaux à la charge d'observer les
tt règlements contenus esdiUes leltres patentes et de ce conformer aotaDt
« que faire se poura à la dissipline qui s'observe dans cette Académie
« Royalle à i'effect de quoy elle a ordonné qu'il leur seroit envoyé une
tt expédition en parchemin du présent résultat signé de Mons. le Direclear,
tt de xMessieurs les officiers en Exercice, de Mess" les Recteurs et adjoints
tt Recteurs et des deux pins anciens professeurs, Scellez de son sceaa et
tt contresignez par son Secrétaire et une copie Colationnée des lettres
« patentes et Règlement qui pouront servir à leur Etablissement et i li
« Régie de leur Compagnie.
tt A Paris, ce troisiesme juin mil six cens quatre vingt dix.
« MlONARD. »
GorsBvox )
pnopissins.
Desjardins f
cj. > BBCTBURS »
Ds SivB i Regnavdin
GOYPBL ) BlAHCHARD {
BovLOGNB lejecne. -^ P. SivE Hovassb
j>k platb montagnb. — j.-b. lb g.brc jovvbnbt
Edblinck»
Au dos : c Visa Mignard. — Par r Académie Gvbriiî. b
(Archif et de l'École municipale des Beeu-ArU de Bordeaux, ïoc. cit.)
Juillet 26. — « Le Blond de la Tour 270 livres pour les portraiU
de MM' Secondât et pour estre conformément à i'arresUa
conseil du 18 juillet 1670 et ce pour, les pourtraictx des jurades des
années 1690 et 1691. »
(Archives municipales, Comptabilité, feuilleta demi-brùl^, loâ. dt.)
11 est question ici des deux tableaux des jurades 1690 et 1691 ; chacus
contenait trois portraits et était payé 135 livres Fun. Les six jurais ^"^
Leblond avait fait les portraits pour la somme ci-dessus» étalait M^'
Lancre, écuyer, Grégaire, avocat, et Bareyre, puis MM. Secondât de
tesquieu, écuyer, de Boirie, avocat, et Carpentey^ bourgeois.
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 939
Août 20. — Peintre ordinaire de la Ville receuen turmvance. —
« S'est pnté Anloine Le Blond de Latour peintre ordinaire de la ville qoi
a a prié MM. les Maires et Jurais vouloir recevoir à sa place en survi-
« vance» Marc Antoine Le Blond de Latour son fils en qualité de peintre
« ordinaire de la ville pour jouir après le déceds dudict Antoine Le Blond
a de Latour, son père^ des mesmes gages, esmolumens, honneurs etpréro-
« galives. A esté délibéré qu'acte est octroyé audict Latour et qu*à sa
tt place est receuen survivance Marc Antoine Le Blond de Latour, son fils,
« pour jouir par ledit Marc Antoine des mesmes gages, esmolumens,
a honneurs et prérogatives après le déceds dud. Antoine, son père et à
« l'instant ledict Marc Anloine Latour a preste le serment au cas resquis.
— tt d'Estrapes, maire; Destignols de L ancre, ytira/, Grégoire yura^
a — Barreyre yura^, — Boirie, /ura^/ Carpeibtet, yura// Duboscq, clerc
« de Ville »
(Archive* mnnicipalet de Bordeaux. — Jurade, loe, cil.)
u Estât de la recepte des cens et renies appartenant au chapitre de
u l'Eglise primatiale S* André de Bordeaux commencé le 14 novembre
«1690 et finissant à pareil jour de tannée 1696. »
« Bassens — Plus reçeu du sieur Latour, peintre, la somme de 87 livres
a pour les prés et aubarède qu'il possède à Bassens, au lieu appelé à Arti-
tt guelongue, à râôn de 3 livres par an et pour 29 ans finys en 1690. n
(Archives dëparlementalfi de U Gironde, sërie G., 497.)
Faut-il comprendre que notre peintre était propriétaire de ces prai-
ries depuis 1661 ? Dans ce cas, il aurait habité Bordeaux lors du
mariage de Louis XIV et de son passage & Bordeaux, en 1660. Fut-il
amené de Paris à Bordeaux à la suite du Roy ? C'est admissible.
1691
tt — La veuve Rohelin pour une pièce de pré dans la paroisse de
« Bassens, cy 36 livres, t [Id,)
Avril 29. — « Délibération de V Académie de Bordeaux où elle se
u qualifie (T Académie royale. — Aujourd'huy 29* d*avril mil six cens
tt quatre vingt onze, nous soussignez composant TAcadémie Royale de
-u Peinture et Sculpture établie à Bordeaux, estant assemblées dans le
« Palais archiépiscopal conformément à la délibération précédente en
présence de Monseig' rArchevéque de Bord^ nostre vice protecteur,
avons procédé à la nomination et Féleclion des Professeurs et Adjoints,
de laditte Académie et commancé par nommer Monsieur Le Blond de
la Tour pour premier Professeur, en considération de son méritte, et
040 LES PEIXTRES DE L'HOTEL DE VïLLE DE BOADEAI^I^
u de ce qu'il a Tavantage d'estre du nombre de cetiï qui composéni
4( rillustre Compagnie de Lacadéoiip Uf^yale de Paris, laquelle nomiriA-
u tiona esté unanimement faitte, ensuilte avons prc>cedc à la DomioâLios
u des aulres comme s'ensuit, le tout ik la Plaralîté des voîx. v
u Professeurs \ i»
M' Le Blond de Latour^ peintre. M' Btntm^ Peintre,
W Du Bois, Sculpteur, \V Thibault, Sculptepr,
M' Fournier aisné, Peintre, W Du Claire aîsné, Peinife,
\P Gaultier, sculpteur, . i\P Berguin lo Jeune^ Sculpteur,
M' Larraidy, Peiptre, M' Tirman, Peintre,
M' Berquin, aisné, sculpteur, \V Dorimon, sculpteur,
« Adjoints à Professeurs. — M*^ Fournie le jeune — \i' Dm Ckink
jeune. — M' Constantin, r
u Desquelles Elections cy dessus avons dressé le présent pnKci verèif
pour servir et valoir en temps et lïeu, et a Mondict Seigneur lArrHe*
vesque, déclaré approuver lesdittes élections, n
" — Lovis, arch. deBourdeaux. — Lebloxd di Uatovb — P. mBots.
FOLRMER — LaRRAIDY — GAVLLrEH — BêVÎVS — PlE&RE Bf.RCVIS -
TiRUAN — Jean Berqvin — Fournier — J, DvcLflmcQ — Dçcleïi€<j. -
(Archives de. l'École municipale des Beam-^lrli, W. cîi)
1691
Août 11. — Supplique des Peintres cl sculpteurs qui €ùmfmf*i
l'Académie estabUe en ceste ville, " à ]\ÎAL les Maire Hjuratifi'^'
« verneurs de Bordeaux, » Ils demandent une salle dans le Collèjff At
Guienne que le Principal veut bien leur céder; rautorisntion de p^itff
une porte et des fenêtres, puis de poser une « inscription portaolf»
u mots : Académie de peinture et sculpture. Celte pièce est sifitiée i
« LeBLOXD DR LaTOLR. — C. FOURMÊR. — L^RRAïOV . — PjEBHK Ktifl^Tï
a — p. Dv Bois. — Laleman pour les suppîians, »
u — Soit montré au Procureur scindic. — Fait dans THostef de Villf»
« ce 11 août 1691. »
— « EYRAVD»yMrfl^ »
(Archives municipales, série GG. — Académie àe peintun, sculplnrf et irchtlfrtïï*
carton 305.)
Août 14. — « Veu la présente Requesle commissaire se transportm
« nvecq nous sur les lieux pour le Procès- verbal de Jebiït, p*
« scindicq. ^
« 17 Aoust, — Commissaire M' Eyraud, jurai pour
u porter sur les lieux de LavavDi jurât. « (A/.)
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. *J il
Août 20. — Proc^5-ver6a/ du Jurât Eyraud, commissaire « Ms favo-
rable. (W.)
Août. — Au dos de la liasse ci-dessus on lit : « Requête des pcintru
et sculpteurs qui composent V Académie aux fins qu il leur fut accordé
une salle du collège dépendant de Papartement du Principal pour tf tenir
leur Eeolle, et qu'il leur fut permis de percer cette salle du cùté de la
rue du collège^ avec un verbal fait par M^ Eyraud, jurât ^ à ce député
qui établit que les conclusions de cette Requeste peuvent être accordées ;
vu même l'inutilité de cette salle et le consentement du Principal du
Collège, qu'il avoit déjà donnée. » (Id.)
Août 22. — tt Académie de peinture, v Le maire, jurats et gouver-
neurs de Bordeaux « Veu la requeste du 17 du présent mois,,... ii
u ces fins leur ont concédé une salle dans le collège de Guienne ù la
tt charge de faire toutes les fermures nécessaires et ô ia charge aussjf
« de remettre les choses en premier étal (en cas de déménagement).
.a BoRiE, J. Carpentey, Eyhai'd, d'Aste, jurats. »
(Archives municipales, série BB. — Regiêtre de la Jurade, loe. cit.)
1692
Janvier 26. — Marc Antoine Le Blond et Jean Louis Lemotjne, agrégés 1
de t Académie de Bordeaux. — a Aujoard'huy samedy 26 jamier 1692
tf nous sous signez, nous somme assemblées à TAcadémie et noua avons f
a proposé ce qui s^ensult au sujet de -M' Le Blond, peintre, et de M^ Le
a Moyne, sculpteur, qui se sont présentés pour estre agrégés dans noslre
u Compagnie, s'il nous plaisoit les y admettre, ce que voulant Umi de
tf nostre part acorder ; la Compagnie a délibéré que \V Le lUond fcni
u un tableau d'un Crucifix avec une Madeleine aux pieds, de 3 pies de
u haut et large à proportion, estant du devoir que le premier Lahlcau qui
u sera exposé dans TAcadémie soit à la gloire du Sauveur; pour ce qui
u est de Monsieur Le Moyne il fera un portraict du Roy en grand, de bois '
ic de noyer, pour mettre sur la porte de l'Académie : à Tégnrd du [ire-
u sent pécuniaire, la Compagnie veut bien leur modérer à lu somme de
u cent livres pour les deux, qui est* chacun cinquanles livres. »
a Faict à Bordeaux dans l'Académie de peinture et sculpture ce me^^me
« jour et an susdit. ^
tf — P. Dv Bois. — FovRNiER. — Gavllier. — Larraidy. — Pierre:
Berqvin. — Bentvs. — M. Fovrxieb. — Dvclaircq. — Tirm^x. — Jeax
'^"^'RQVIN. »
Ircbires de l'Ecole municipale de Beaiix<Arts, loc. cit.)
février 26. — « A esté délibéré qu'il sera expédié mandement en
94*2 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VtLLË DE aORDËAtï.
u faveur du sieur Le Blond de La Tour^ peintre ordinaire dt h Vûk^
tt de la somme de cent livres à laquelle la i alleu r des tableaui reprè-
tt sentant un Crucifix à la Salle de TAiidlence et le portrait de M^n-
« seigneur le Dauphin ont été apressîés. n
— « lËVRAVD^ jurât. — povmarkde, /ural, — Fdntillede MoRAsJwflf.
(Archives municipales, feuillets demi-hrûlét, loe. tii,)
Mars 4t. — Agréés de F Académie de Bordeaux. — ^ Conform^nieiiî
a à la délibération précédente nous nous sammes a^ïsemblee^ nujourd'ba]
tt extraordinairement ce lundy 4 mars 1092, et a^nnL convoqué M"* U
u Blond et Le Moyne, ils ont répondu aquiescer à ce que la Compt^oie
tt souhaitteroit, et nous avons bien voulu de nosLre part leur modérer l«
« présent pécuniaire à 60 livres pour les deux qui sont de 30 Ihni
tt chacun, exécutant pour le reste ce qui a esté résolu dans la délibéralion
tt précédente, en livrant leur morceau d'ouvrafje dans ti mois.
« Fait à Bordeaux dans TAcadémiece mcsme jour lundy 4 mar& 1B9i.!
— « C. FovRNiEB. — Le Blono de LA TûiR. — P. Di Bois. — Cacluku.
— Larraiot. — DvcLAiRCQ. — Jean Berqvjn, — Pierre BtRonsi. —
TiRMAN. — Mar. Fovrnier. — Lk Bloxd de la Tour, aquiticeni. —
Lemoyne, acquiescent. » (ïd.)
Mars 5. — Lettre de M' d'Eslrehan â !* Archevêque de Saràtata.
— Paris, le 5 mars 1692. — a J*ay différé, \Ion^eigneur« a rep/idre à ii
lettre que V. G. m'a fait Thonneur de m'ecrire le IG' du passé au iûjfi
de la taxe de MM. les Peintres et sculpteurs de l'Académie de BounfÊam,
parce que M' IVlignard, chef de l'académie Royalle, étoit indisposez et qoe
c'éloit à luy qu'il falloit insinuer les justes remontrances pour soutenir
Texemplion portée par les lettres patentes. Enfin, Monseigneur, j'ay
eu ce malin une longue conférence avec M' Mignard que j*ay trouvé fort
incommodé d'un Rumatisme et l'ayant prié de votre part d*avoir la boatê
de protéger l'Académie de Bourdeaux dans ceste occasion il m'a dit qB*il
n'avoit encore eu aucune connoissance de cesi affaire mats que dans li
première assemblée qui se tiendra il ne manquera pas d'en parler et qu'il
employera volontiers tout son crédit et tons ses amys auprès de M' de Pon-
charlrain pour faire conserver l'Académie de Bourdeaux dans les mesmes
privilèges et prérogatives que celle de Paris, étant juste quelle jooîsse
des mésmes avantages puisqu'elle travaille pour le bien public el poor
la gloire du Roy, il m'a ajouté qu'à votre considération. Monseigneur, il
redoublera ses empressemanls en faveur de ces Messieurs et qu*il prendit
plaisir à donner en cette rencontre dea marques de son devoir et ^
respect.
tt Comme M' Mignard est valétudinaire et fort âgé et que peut e^
.
Les PEmTRËS de l'hotel de ville dk sordeaux. va^
santé ne loy permettra pas d*aller à rassemblée^ j*a^ fait le mesme
complimant aax principaux Directeurs qui sont en tour d'y assister
et qui m^ont promis de faire prendre une délibéralion pour appuf er et
favorizer les intérétz de leur Ecole AcadénUque^ car c'est ainsy qu'ils pré*
tendent que l'Académie de Bourdeaux se doit qualifier envers celle de
Paris. J*en ayadverli autrefois M' Larraidy c*est un degré de subordina-
tion dont ceux cy paraissent fort jaloux, surtout le^i anciens Bfirhons qui
veulent faire valoir le droit de supériorité sur les filiu^Uons subalternes
des provinces, pour guérir cette délicatesse quy touche li^ cœur des gros
Mailres il faudroit se servir du terme nomfna/ d'Ecole Académique quand
on leur Ecrit et laisser vulgarizer le nom d'académie a llourdcaux et
partout ailleurs comme je l'ay conseillé sur les lieux,
— « Je vous rendray conte, Monseigneur, par le [irochain ordinaire àm
mouvements que se donne un M' de Pontac contre W d'Hugla, ce qui
cause de nombreux embarras dans l'affaire de Bonséjour.
tt Je vous suis toujours, etc.
n d'Esthehav. «
Mars 29. — « Au sieur Le Blond de la Tour^ peintre ordinaire de la
u Ville, cent trente cinq livres pour trois porlraiU de MM. Daste,
« Eyraud et Lavaud, jurats, pour estre payé suivant et conformément à
K l'arrest du Conseil du 18 juillet 1670, par mandement du 29 mars 1692
« et quittance que le comptable remet cxxxv livres, u
(Archives municipalet de Bordeaux. — Id. Comptabilité, /tuiltt'U tUmt-brûli-Mjoc, cil.).
Août 5. — Lettre de Monseigneur r archevêque â il/r le Chancelier,
— « Monsieur le Cbancelier. — Les peintres et sculpteurs qui composent
l'Académie de la ville de Bordeaux remontrent trèj» humblement à Vostre
Grandeur qu'ayant pieu au Roy d'accorder des lettres païen Les pour l'éla*
blissement des Académies de Peinture et sculpture dans les principales
villes du Royaume où elles seront jugées nécessaires, on a estably une
Académie des mesmes arts à Bordeaux par les lettres patentes qui ont
esté envoyéez par l'Académie Royalle de Paris à quelques peintres et
sculpteurs de la mesme ville qui ont observé toutes les formaliiez requise
ayant pris Monseigneur leur Archevesque pour leur vice protecteur
conformément aux intentions de Sa Majesté qui \&Qt qu'on cboi-iisse pour
vice prolecteur une personne Eminente en dignité, dans les mesmes
provinces où les Académies seront establies, lesdits Académistes ayant
':>ai assez paisiblement jusqu'à présentde leur Etudes depuis leur Ëstabtis-
ement qui n*est que du mois de décembre 1691, se voyant aujourd'buy
roubléz à leur avènement par les autres Peintres et sculpteurs de la
944 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAlï,
mesme ville qui, d'intelligence avec ceuï qu^^ sont trharrjeii du r«couin
ment des taxes imposées sur les métiers et ar(s mécaniques, les veolent
comprendre dan$ leur corps, pour les y rendre sujets, sans avoir e^g^nl
aux patentes et aux privilèges accordée par Sa ^[ajciiLé audit? Pelnlra
et sculpteurs qui entretiennent rAcadémie à leurs di^spens au profit de h
jeunesse et à Tomement de la ville, que si cela avoit lieu, sa diUe \h]e»lè
auroit compris dans son édit les Aradétnies des nrU et des scÎ^dccsi
mais n'en faisant aucune mention, vous flCîï trè^ humhlemenL suplié^
M^onseigueur, de vouloir faire connoilrc ù Monsieur de Oezons, iatendïoi
de cette Province, la distinction que Sa \îajp.slc fall des Académieâ d aree
les corps de métiers, afûn qu'on laisse jouir Je.s suplians qui ttmt en
nombre de 14 du fruit de leurs études et quMU ne soient point inquiétée
pour raison desdittes taxes par les autres Peintre±î et sculpteurs de tanllf
qui sont beaucoup plus en nombre qu'eux, el ils continueront leurs if^at
et leurs prières pour la santé et prospérité de votre Grandeur. — Envoûte
à Paris à Monseigneur le Chancelier, le 5* aoust 1G92. n
Monseigneur,
tt Je dois vous dire que dans l'Académie des Peintres et sculpteun qu iti
pieu au Roy faire établir icy, il sy trouve des sujets qui s'afiliquent z%*c
diligence, et font espérer de bien réussir, ils ont Tbonneur, Monsei^gaeur,
de vous présenter une requeste pour estre corrservés dans les prîriïègef
que le Roy leur accorde, cette grdçe leurdonnera du cœur pour traTtiller
avec plus de soin. Je joins mes supplications aux leurs et suis aiec ton^
respects, Monseigneur, u Ecrilte à Monseigneur le CJiancelier par Moa^i*
gneur TArchevesque, ce 5 aoust 1692. r,
Monsieur,
« Gomme on nous veut inquiéter au si^ujel des taxes imposées sur I0111U&
corps de métiers, nous sommes apprès à deffendre nos droits atrectiiitle
la vigueur possible estant animées par Sa Grandeur qui prend nostre rau^e
fort à cœur, ayant bien voulu se donner lu peine d'r'crireà Monseigneur le
Chancelier en lui envoyant une requeste de nostre part, suivant Tavii^^iir
j'en ay receu de Monsieur Mignard, qui m'a fait Thon peu r de m'écrira,
qu'il n'y auroit aucune difficulté pour obtenir ce que nous souhaiton?^ si
Ms' se donnoit celte peine, mais comme on a besoin de s o 11 ici ta lion s danit
les meilleures causes^ j'ose vous prier par ces lignes de continuer to*
bontez pour l'exercice de la vertu en s^Ulicilantincessamrtïentuner^p>iWï'
de Ma' le Chancelier a \W l'Archevesque ; si vous jugé k propos, r
vous ayé la commodité de voir M' Mignard elM'^ G ucrin qui sont fo-^
LKS PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 945
nos intérêts, nous laissons le toat à vostre volonté ; comme je tait pw*
saadé qae vous ne vous lassé jamais de faire du bien j'attend celte grâce
de vous pour joindre à toattes autres qui m^engagent à me dire étemeU
lement — Monsieur — Vostre très humble et obéissant serviteur, »
« Labraidy. n
« Ecrite à Paris, à M^ d*£strehan, le .5 aoust 1692 — Vous trouverez
ci-dessous les copies de la lettre de Ms' et nostre reqneste. »
(Archives de l'Ecole det Beanx-Arti, he. cil.)
tf N« 13. — Requête des Académiciens de Bordeaux à f Intendant de
Guienne. »
« Le corps des académistes n'a jamais été compris dans les laxes des
arts et métiers — Rapporter les règlements de FAcadémie Royaile men-
tionnés dans les privilèges, sauf se pourvoir contre les sculpteurs qui ne
sont pas du corps académique. <— Rendre. »
« A Monseigneur deLamoignon, comte de Launay Courson» Conseiller
du Roy, en ses Conseils, Maître des requêtes ordinaire de son Hôtel,
Intendant de justice, police et finances en la généralité de Bordeaux.
Suplient humblement les peintHs et sculpteurs qui composent l'Aca-
démie de peinture et sculpture établie à Bordeaux au mois de décembre
1691 y à Tinstar de 1* Académie Royale des mesmes arts établie à Paris par
lettres patentes de S. M. Disans qu'ils ont esté sommez par le sieur Valtrin,
Directeur de la Recette généralle des finances de Guiennepour le payement
de la somme de vingt cinq livres tant pour eux que pour les autres pein-
tres, sculpteurs et doreurs de cette ville, pour le dixième des revenus du
commerce et industrie des marchands, négocians et artisans d'icelle. —
Les suplians se trouvent obligés de vous représenter, Monseigneur, que
Sa Majesté n'a jamais [compris dans les rôles qui ont taxé les corps des
arts et métiers du Royaume, les Académies de peinture et sculpture ainsi
qu'il parôist par le certificat ci attaché de l'Académie royaile de Paris, et
l'extrait des registres du Conseil d'Ëstat obtenu ci devant en pareil cas pour
faire foy de la jouissance de leurs privilèges, privilèges acordés ajuste titre
à un art que les plus grands hommes des siècles passés ont tenu à honneur
d'exercer, et pour lequel les plusgrands conquerans ont eu de la vénération.
Ce considéré il vous plaira de vos grâces, Monseigneur, maintenir lesdits
Académiciens dans leurs privilèges et faire inhibition et deffences audit
sieur de Valtrin de les inquietter à l'avenir au sujet de ladille taxe, sans
préjudice néantmoins à lui de se pourvoir contre les autres peintres, sculp-
teurs et doreurs qui ne sont point du corps académique. Et les suplians
c inûérons leurs vœux pour la santé et prospérité de vostre Grandeur. »
— Par l'Académie. »
a Larraidy, professeur et secrétaire, n [Id.)
60
946 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX.
Octobre 4. — Agrégés de t Académie de Bordeaux, — » Aujoonl*liiif
.tt samedy 4 octobre 1692, nousnoas sommes assemblées à FAcadémie, et
« la Compagnie a délibéré au sujet de Messieurs Le Blond et Le liojie
(( qui ont esté cy devant agrégés dans nostre Compagnie, aux cooditioas
tt spécifiées quMls donneront au pluslôt la moitié de leur présent pécuniiire
« moyennant quoy ils entreront dans tes Assemblées et auront voii
u délibérative à commancer du jour quMls auront donné la moîliée de
u laditte somme en retirant quittance et achèveront de payer le (otd ea
a livrant leur morceau d'ouvrage conformément aux précédentes défi-
bé ration s.
« Fait à Bordeaux dans laditte académie de peinture et sculpture le
u mesme jour et an susdit, a
tt — ^ Le Blond de la Tovr« — Jean Berqvin. — Gavllibr — C. Foci-
NIER. — LaRRAIDY. — DUCLERCQ. — TiRMAN.... » {fd,)
Les professeurs de FEcok Académique dits profeueurs de t Académie
de Bordeaux* — C*est cette dernière qualité que prenaient les pro-
fesseurs de Fécole de Bordeaux, ainsi que Tindiquent notamment :
1* Une assignation du 15 juillet 1692 pour « Pierre Duclaircq, peintft
ii du Roy, académiste de la présente ville « pour un billet de 153 livres
tt que Ûutoya, bourgeois et maître appoticaire » lui avoit fait payahb
h sa volonté pour un tabernacle. Duclaircq avait donné ce billet en
paiement au père Aubasson, syndic du Collège des Jésuites, pour payer
son loyer. Voir aussi, 1692, juin 17, acte Bouhier, notaire, sîjné
Duclercq.
2<' Un contrat d*apprentissage du 29 avril 1689, retenu par Ricbari
Giron, notaire, et Pacte suivant, par lequel Jean Thibaut réclame des
indemnités à X. Gabion, le 23 septembre 1692, parce qu'il n*a pas temiaé
son apprentissage chez tt Jean Thibaut esculpter et professeur de tAea-
u demie de Bordeaux^ demeurant parroisse S'* Eulalie n . Celui-ci expose
qu*ii s*est engagé à fournir un nombre d^ouvriers à Sa Majesté, a ce qu^il
« faut qu'il fasse à quelque prix que ce soit » •
30 Des actes des 31 octobre et 26 novembre 1692, dans lesquels est
nommé : tt Antoine Le Blond de la Tour, bourgeois et premier pro-
a fesseur de t Académie de peinturé et de sculpture de Bordeaux^ fan
» sont tant pour luy que pour ceux qui composent ladite Académie^ etc. •
(Archives départementales de U Gironde, série E. — Minutes de Mil«* Boukler. £ir(W.
Grégoire et Virevalois, notaires, liasses 300,. 19 — pour les trois artistes.)
1693
Août U. — tf Au sieur Le Blond de la Tour, peintre, cent
u cinq livres pour trois portraits ^ de MM, de Pommarède^ Ia^
LES PEINTBES IXE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 947
« Mora, jurais, par mandement du 11 août 1693 et quittance que ledict
tt comptable met cy cxxxv livres* »
(Archives municipales de Bordeaux. — Camptabiliti^ feaillets demi-brûlës, loc^cit.)
Septembre 17. — « Au sieur Le Blond, à la place d'Eyraud, au prin-»
« cipal de cent livres, contrat du 17 septembre 1693..... 40 sols. » Cette
indication de rentes se trouve souvent indiquée (/(/.)
1694
Février 1. — « Au Sieur Le Blond de la Tour, peintre ordinaire de la
« Ville, cent trente cinq livres pour le$ trois portraits quMl doit faire la
« présante année de }iM, Peyrelongue, Fouit et Seguin, jurats, par
« mandement du 1*' février 1694 et quittance que ledict comptable
« remet i« xxxv livres. » (fd.)
1695
Janvier 19. — ^ k Le Blond de la Tour, peintre, cent trente cinq
« livres pour cînç (?) portraits (\ïC\\ doit faire Tannée 1695, de messienr»
u de Ladevise, Cambous et Fénellon; par mandement du 19 septembre
a 1695 et quittance que le comptable remet cxxxvlivres. 9 (id,)
Novembre 9. — « A été délibéré qu'il sera expédié mandement à sieur
tt Le Blond de la Tour, peintre, de la somme de douze livres pour les
« diusf tiers de la figure qu*il a fait des palues qui sont en contestation
« entre h Viïlè et M' le duc de Foix et M. d'Hostein. » (fd.)
1696
Janvier 30. — « Autre mandement en faveur du sieur Le Blond de la
a Tour, peinire ordinaire ek la Ville, la somme de deux cent septante
tt livres pour les six portraits qu'il doit faire de MM. de Tayac, Planche,
tf Sage, Puyharhan, Dubarry, Roche, jurats, dont luy en sera délivré
K deux expéditions de cent trente-cinq livres chacune pour estre payé
« conformément à Tarrest du conseil du 18 juillet 1670. — Tayac, —
« De Fournel, jurât. » [Id,)
1697
Avril 5. — Tableau de Saint Paulin, u Madame Démons La Caussadc
4 a donné le tableau de St Paulin, tiré par le sieur Lalour, peintre sur
« l'original que feu Ms' le cardinal de Sourdis ût porter de Rome à la
hartreuse de Bourdeaux et coûte 28 livres sans y comprendre le cadre
oré que ladicte dame a fait pourter de Paris. »
iTchives municipales de Bordeaux. — État civil» Puy-Paulin.)
I
i
f 948 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEIUX.
l
1698
f Avril 5, — « Mandement en faveur A* Antoine Le Bhnd de la Tcm^
\- a peintre ordinaire de la Ville ^ delasommede cani trente Jivrea poor
% « les trois portraits de M\I. de Richon Galatheau, jtirats q^il dfaii
t « exposer à Fhôtel de Ville pour estre payé conformémenl à rarresl dm
« Conseil da 18 juillet 1670. n
(Archives mnaicipalefl de Bordeaux. ~ CûmpiabilUéy feuillet* demi-bmlét» Ux. €k.)
[ ' Nous n* avons pas trouvé de Galalfieau^ jurât, à cette époque, PeaW
être doit-on lire seulement les trois noms de juraUquî suivent, dont deoi
I auraient été brûlés dans le feuillet préc^eot ?
I Avril 22. — « Le Blond de la Tour, peintre ordinaire de la ViUe,
P « 135 livres pour les trois portraits qu'il doitjaire de MM. de Riehoo,
^ « Ledoulz etLostau, jurats, par mandement du 3 avrrl 169)4, et quiltaaee
tt que le comptable remet. » [ïd,)
On devra cependant remarquer que le premier mandement dit ; ■ q^'ii s
faitexposer »;donc,les portraits élaieni rait$le5 avril, et dans te reçu it
paiement on lit : u pour les trois portraits guit doit faire i« Us n'étaient
donc pas encore exécutés le 22 avril : pui$, le premier porte reçt trente lînri
et le second cent trente-cinq. Faut-il compter 3 ou i portraits? [Id.]
Octobre 16. — Maison navale pour Monsâgneur rArchetesque. —
« Raymond Cortiade reçoit 300 livres » (td.) pour travaux de menuifcrit
à la Maison navale pour Tentréo de Monseigneur T Archevêque. La pein-
ture fut certainement confiée à Le Blond de la Tour^ maïs nous n^'aroDi
pas trouvé le mandement à son nom.
1699
Juillet 18. — tt Z»« Blond de labour, peintre ordinaire de la Filf^,
« de la somme de 135 livres pour trois portraits de MM, de Moudeuard,
tt Borie et Billatte, juratx et faits et poiés en THostel de Ville pour y i^^
« payé conformément à TarresL du Conseil du 18 juillet 1670. — De Mon-
« denard, Billatte, Borie, jurai z. » (Id.)
1700
Août 11. — « A esté délibéré qu'il sera eitpédiè mandement en ïarêïir
« d*^n/^oin^ de la Tour, peintre ordinaire de la Ville, à la somme de
a cent trente cinq livres pour les trois portraits de XÏM. de Martin, TïUet
a et Ribail, jurats, qu'il a faits et poiés à Thostel de Ville, ponr e»£rr
« payé conformément à Tarrest du Conseil du 18 juillet 1670.
u tin, lillet, Ribail. ^> {Id.)
Novembre 29. -^ « Aulre despenu du passage et séjour à *
LES PEINTRES DE L'HOTEll DE VILLE DE BORDEAUX. 94Î)
« du Roy ifEipaigne et de nos Seigneurs les ducs de Bourgogne et de
« Bern/y ses frères, — Au sieur Le Blond de La Tour quatre cent livres
a pour la moitié du prix des peintures quMldoit foire tant à la maison
tt navale pour le Roy d*Espaigne qu*autres, par mandement du 2\) no-
vembre 1700 et quittance que lecompte est reçeu un* livres. ^ {Id,}
1701
Maison navale pour le Roy d'Espagne et sesfrèrei.
Janvier 12. — « Le Blond de Latour, peintre ordinaire de la Ville la
u somme de cinq cens vingt huict livres. Scavoir celle de 400 livres pour
tt Tautre moitié de celle de 800 livres à laquelle il a esté convenu aveciuy
« pour les ouvrages de peinture qu*il a conveneu faire à la Maison navalte
« pour le Roy d'Ëspaigne et Nos seigneurs les Princes, ses frères, el m\x
u quatre bateaux, le tout conformément au devis qui en a esté dressé ayunt
« été payé des autres 400 livres ; en conséquence du mandement expédié en
tt sa faveur le 29 novembre dernier et celle de 128 livres pour travail eL
tt ouvrages par luy faict au-delà dudict devis, le tout conformément au
« compte aujourd*huy arresté par M' Bensse, jurât, et commissaire
tt 528 livres, i» (Fd.)
Mars 1. — - tt Berquin, maître menuisier, travail qu*il a fait à roccasion
« defarrivéeduRoy d*£spaigne et de nos Seigneurs 300 livres. ^ [Id^]
— ■ Berquin était sculpteur et professeur à t Ecole Académique ^ r'esl
lui qui 6t les statues de la Maison navale.
Août 31. — « Autre mandement en faveur de Anthoine de la Tour,
« peintre de la Ville, de la somme de 135 livres pour les trois portraictz
tt de MM, d'Essenault, Lauvergnac, et Bensse, jurais, qu*il a faiciz et
« pozés à THostel de Ville pour estre payés conformément à Tarresl du
« Conseil du 18 juillet 1670, cy 135 livres. »
— « D'ËssENAVLT, jurât, — Lavergnac, jurât, — Bexsse, jurai» —
GAlTFRETEAV,yura^ » (!d,)
1702
Août 28. — «Au sieur Le Blond dit de la Tour, peintre, 135 livres
tt pour avoir fa'ii les portraits de MM. Gauffreteau, Levasseurel Mercier,
ft par mandement du 28 août 1702, et quittance que le comptable remel
• cy 135 livres. » {Id.)
1703
vrier 14. — Mariage Marc Antoine Le Blond de la Tour et Char-
t Renard. — Nous ne donnerons que des extraits de cet acte qui
tient de très longs et très inutiles détails.
n
I 930 LES PEIXTRES DE L'HOTEL DE Vli.LE DE ROIDEACT.
l « N« 345. — Le 14 février 1703, je soussigné, preslre, curé Ae k
r a parroisse Saint Pierre j*àî imparty la béoÉdictioii nu pliait à
tt sieur Marc Antoine Le Blon de Lalour, bourgeois et peinlre de celle
A « ville et damoiselie Angélique Charlotte Renard, ledit 4?^poux majeun. ...
tt procédant en présence et du consentement de sieur Anlutne Le Blon
a de Latour, aussi bourgeois et peintre de cette ville H sa mère ètaat
f u décédée et la demoiselle Angélique Charlotte Renard, espouse, aagée df
u vingt un ans procédant en présanee et du consenteaient de
|i tt sieur Mathieu Renard, bourgeois et maisire orpbeuvre de la pre^eitlf
|. u ville et Jeanne Colas, ses père et mère.^... en présence Ae& quatrf
« témoins bas-nommés scavoîr : sieur Mathieu Hugon, bourgeois, el
t « maistre orpheuvre ; sieur Pierre Le Blonde la Tour, Ingénieur du Roj ;
I 8 maistre Bernard Courtin^ advocat en la Court et sieur Joseph Salpice
l « Le Blon de la Tour, orpbeuvre
' « Le Blond de L^tovr, épouXy Le Blond de Latovr frère^ — JosEn
SvLPisE Leblond de Latovr. »
(Archives municiptlet de Bordeaux. — Etat citil, Saiat-Piérre, loc eit.)
i
Jutn28. — tt A^« 14. — Commandement^ par huissier, auxpmhn
tt doreurs sur bois et sculpteurs de la ville de Bordeaux^ remis poar eux
« à Leclercq l'aisnè peintre. — Art. 27. Peintres et doreurs, de. —
tt Généralité de Bordeaux. — Arts et métiers. Confirmation d'hérUilé
tt et réunion. — Extrait des registres du Conseil ^Etat. »
Le Boy ayant parEdit du mois d*Aoust 1701» confirmé les Propnè*
taires des offices qui ont esté créés hérédiaires» ou en survivance, ea
payant les sommes pour lesquelles ils seront employés dans les RoUes et
arrests et ordonné par arrestde son Conseil du 11 juillet 1702, rexécalioa
dudit Edit, tant à Tégard des Offices que les corps, Communautés oa
Officiers auroien réûny à eux, que pour les autres auxquels il auroiteslé
pourveu. Sa Majesté a fait arrester en son Conseil des Rolles des sommes
dëûes pour ladite Confirmation entr'autres pour ce qui concerne les
Offices de syndics et d*auditeurs des comptes des corps et communaatet
d^arts et mestiers de la généralité de Bord' dont lesdlts corps et comno-
nautez ayant eu avis, et qu^outre les taxes qui leur sont demandées, ils
encore été créé par Edit du même mois de juillet 1702 des Trésoriers de
leurs Bourses communes, dont rezécution leur seroit onéreuse, ils an-
roient fait suplier très humblement Sa Majesté, quelle eust agréable de
se contenter d*une somme proportionnée à leur foiblesse, tant poar leor
confirmation d*hérédité desditz Offices de Syndics Jurés, et ^hni
de leurs Comptes cy devant réunis, qne pour Tunion et incorpo.
qu*il plairoit à S. M. leur accorder dudit Office de Trésorier, en \
gnant quelques gages, laquelle proposition Sa Majesté ayant YAm^ "
1
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. !)51
accepter, voulant traiter favorablement lesdites Gommanaulp^; Ht vki?
Tavis du Sieur de la Bourdonnaye, Conseiller en ses Conseils... Otjy Je
rapport du Sieur Fieuriau d*ArmenonvilIe... Sa Majesté bn son Coksëil^
conformément à Tavis dudit Sieur de la Bourdonnaye a ordonne d or-
donne qu'en payant par lesdits corps et communautez de marchands ol
d^Arts et Métiers de la généralité de Bordeaux, les sommes pour lesquelles
ils ont esté compris dans le RoUe aujourd*huy arresté en Cons<'il, scovoir,
le principal sur les Récépissé! de M*'* Jean Garnier, chargé du Recouvre-
ment desdites sommes... ils demeureront maintenus et confirmez dans
rhérédilé desdils Offices de Syndics, et d'Auditeurs de leurs Comples ey-
devant réunis et jouiront des Offices de Trésoriers de leurs Baurse,"! com-
niunes que S. M. leur a pareillement réunis, ensemble des ^^a^es (|uî y
seront attribues... Fait au Conseil dH Estât du Roy, tenu à Versnillcâ \v
vingt quatriesme jour de mars mil sept cens trois. Collationnè. ^i
Signé : a Goujon, n
Extrait du Rollk des sommes que le Roy en son Conseil veut et
ordonne estre payées en exécution de l'arrest rendu en icelluy, k 24 mars
1703 dont copie est cy devant écrite. — Ville de Bordeaux. — Art. 27.
— Les Peintres doreurs en bois et sculpteurs de la ville Je lïorde.iux
pour estre maintenuz et confirmez et jouir de vingt livres de gages par
an payeront la somme de douze cent livres, cy... 1200 livres, — ^ au
payement desquelles sommes, et des deux sols pour livre d^icelles^ les
syndics jurés desdits corps et communautez seront contraints par les voyes
et ainsi quMl est accoutumé pour les affaires de S. M.
Fait et arresté au Conseil Royal des Finances tenu par S. M. à Ver-
sailles, le 24* jour de mars 1703. Collationnë.
tt Signé : Goujon, iv
Suit la signification et commandement faits le 28 juin 170rt,'sur or-
donnance de M. de La Bourdonnaye, par Miramon, huissier, u fait et
délaissés » le lendemain a au domicile du Sieur Le Claire l'ayné, peintre,
en parlant au desnommé... n
(Archives de l'Ecole des Beaux- Arts.)
JtdUet 11. — a A sieur Le piond de la Tour, peintre, 135 livres
« pour portraire MM, d'Arsac, Maignol et Fiau^ jurats, dan;; THostelde
« Ville, par mandement du U juillet 1703 et quittance quek complalile
« remet, cy 135 livres. »
(Archives manicipales, feuillets demi-brAlës, îœ, cit.)
N« 15. — A ifEssiEUKS LES MAIRE, SOUS MAIRE ET JURATS, gouvemeurs de
yrdeaux^ juges criminels et de police. — c Suplient humblement les
Peintres et sculpteurs de T Académie, établie à Bordeaut, disons
C52 LES PEIIVTRES DE L'HOTEL DK VILLE DE BOBDËâtX.
« qu'après avoir obtenu des lettres peitteatesde S, \Lpour F établi «stmi'rvi
a d'icelle, ils en firent Tonverture le dimanche IG décembre mil six cfm
u quatre vingt onxe au bruit du canon et cloche sonnante par une vimit
« royale qu'ils ûrent célébrer dans fa chapelle du collège de Gmeatx
« où assistèrent Monieigneur rArchevesque de Dourlemont, Monsieur k
(c Marquis de Sourdis commandant pour Sa Majesté en Guîenne, Messieurs
« les Jurats en habits de cérémonie, et autres personnes éminenles «s
« dignité, pendant la messe il fut cbanté un molet en musique et sùb-
t phonie et le panégirique du Roy y fut prononcé par Monsieur Tabbé
« Barré avec éloquence et aplaudissement.
a Le lendemain 17 du mesnie mois ils firent Touverture de leur kùle
a et commancërent leurs études dans une Salle du mesme collège qM
« Messieurs les Maire et Jurats leur acordèrent avec Tagrémeiil di
c M. Bardin, principal dudit collège pour leur élablissemenl dont la
« titres sont cy attachez. Ils ont continué depuis avec assez de ia(xh
u jfisqu*à ce qu*en6n ils ont esté troublez 'par les traittaas qui, eu cociè-
tt quence d*un Édit de S. M. les ont compris dans les roi les des tua
a imposées sur tous les corps de métiers du Royaume pour lacontirmstian
u de rhérédité des ofGces desindics et auditeurs de comptes dan^s chaijuf
a communauté; ils présentèrent pour lors requesteù Mo»seifjneur rmkH-
tt dant par laquelle ils expliquèrent comme l'intention du Roy n'estai! p»
« de comprendre dans cet édit les Académies de peinture et de sculptunf,
a puisqu^nu contraire il gratiûoit annuellement TAcadémie Royale àt
u Paris d'une pension de six mil livres et d'un apartement dans le Louvn
u pour faire leurs études et y tenir leur êcole^ et que celle de Borde«iu
u estant une extension de TAcadémie Koyale elle devoit jouir des meï:Bc>
a privilèges. Monsieur Tintendant appointa leur Requeste pour estre eo«-
tt munic|uée au traittant qui ne laissa pas de poursuivre les suplîani par
a des contraintes consécutives, de manière qu'ils ont esté obligea de se
tt pourvoir au Conseil d*Estat et y ont obtenu un arrest dont l'extrait m
tt cy-attaché qui les descharge eux et tous autres académiciens de pein-
tt ture et sculpture du payement des sommes pour lesquelles ils ont r^è
a compris dans iesdils RoUes, ce qui met les supltans en estât de joàir
tt du fruit de leurs études interrompues depuis ractioti intentée par le»-
tt dits traittans, et voulants se conformer au^ intentions de S, M^qui v^in
a que dans les endroits ou lesdittes Académies seront établies, an cboi-
« sisse pour protecteurs d'icelles les personnes de qualité éminente qult
tt sera trouve à propos dans lesdits lieux. i\insi qu'il est dit dans Fariidr
u premier des Règlemens pour Tétablisseme nt des [mesmes Acadèmk _
tt dits suplians ont recour à MM. les Maire, sous Marre et Jurats à cf '
« leur plaise prendre tant ladHte- Académie de Bordeaux que lesdits ^
tt miciens sous leur protection, ce sera une continuation dea faveu" ^
r
LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEAUX. 953
tf ont déjà receu de Mesdits Sieur Maire et jurats quMls supplient très hum-
« blement de commettre tel d*enlr*eux qu'il leur plaira pour faire la
« visitte de leur école scituée dans ledit collège de Guienne pour ordonner
u ensuitte les réparations nécessaires à ladite École, affin que les dits
u guplîans puissent continuer leurs éludes pour le bien du public et leorà^
a prières pour la conservation de mesdits sieurs maire, sous-maire et
u jurats. r>
(Archives de l'Ecole des Beant-Ârts de Bordeaux.)
1704
Janvier 1. — Baptême Marie Le Blond de la Tour. — a Ce mardy
u premier de Tan mille sept cens quatre, a esté baptisée Marie, ûile
u légitime de Marc-Antoine Le Blond de la Tour, peintre du Roy, et
tt d'Angélique Charlotte Renard, parroisseS* Eloy, parrain, sieur Antoine
« Le Blond de la Tour, aussi peintre du Roy, ayeul, marraine, Marie
tt Hugon, aussi ayeule, nacquit hier à midy un quart. r>
— « Le Blond de la Tovr, père, — Le Blond de la Tovr. — Marie
HUQON. »
(Archives municipales de Bordeaux. — Etat civil, Saint-Éloy, hc, cit.)
May 7. — Réponse de DuaAiacQ, /wo/««««r, pour le secrétaire absent.
tt Les Peintres de TAcadémie de cesle ville pour obéir à Fordonance de
« Monseigneur Tlntendant, avons ataché à nostre praisante Requeste les
u laittres patantes de S. M. pour FEtablissement des ÉcoUes Académiques
u dans les principales villes du Royaume, où il est dict au 4* article des
tt réglemens que les aioinls ou aides qui seront trouvés capables partici-
tt perount à leurs privilèges dans les villes seulement.
tt Plus les laitres de leur Ëstablissement en ceste ville en datte du 3 iuin
u 1690. — Plus la nominatioun de ceux qui conposet ladite Académie,
u signée par feu Monseigneur nostre Archevêque et nostre Vice Protec-
tt tur en datte du SO"* avril 1691. — Plus le certificat de TAcadémic
« royalle de Paris pour faire voir que les suplians ne sount pas con-
tt prins dans la prétandue taxée des arts et métiers puisque le corps de
u qui ils dépandet n'ount point payé, à Paris, ni n*iount esté comprins :
u — Plus TEstat et les noms de ceux qui praitandent estre descbargés de la
u praitandue taxce : — à TEgart du Rolle demandé par le s' \'altrain au
u suget de la taxce de deux cens livres, les suplians n'en ount jamais payé
u aucune portioun, par ainsi il leur est itiposible d'en raporter le Rolle.
« Faicl à Bordeaux et raimis le 7« may 1704, par l'Académie des
^ pain très.
« DucLAiRCQ, profeseur, en Tabsance du Secraitere. »
(Archivei de l'Ecole des Beaux- Arts de Bordeaux.)
9&4 LES PEINTRES DE L'HOTEL DE VILLE DE BORDEIUX-
1706
N^ 22. — Janvier 2. — Arrest du Conseil en faveur de tÈcok M^
bernique de Bordeaux, (fd.)
Janvier 12. — « Arrest do Conseil d*Estat du 12 janvier 17()6 qsi
décharge les peintres et sculpteurs de TEcole Académique de Bordesui
et tous autres acaiémiciens de peinture et sculpture, établis dan& hy
provinces du Royaume du paiement des sommes pour lesquelles ils oni
esté compris dans les Rolles de répartition de ceUm que tes peintres d
sculpteurs desdittes provinces doivent payer, avec deffeRses de les pour-
suivre pour raison de ce. »
{Bibliothèque tnumicipaU de Bordeaux. — Coll. Delpit, — Uinuierît L IV. Tahk h
tiiref de l'Acad. roy. de peint, et de sculpt. V* liasse, n« â — IK octobre 1770, ^ IT/'
Janvier 25. — Baptême Marie Le Blond. — K* 69* — » A esté baptisa
c Marie, filie légitime de Marc Antoine Le Blond deLatour, peintre duRoj
(c et d*Angé1iqae Charlotte Renard, parroisse S* Eby, parrain Anlomê
tt Bonaventure Le Blond de la Tour, faisant pour Pierre Le Blond <!«
a Lalour, Ingénieur ordinaire du Roy, marraine, Marie Renard, damoi-
u selle »
« Leblond DE Latovr, perre — Marie Renard. — Antolne Le Blo»
u de Latour. »
(Archifes municipalet. — Et«t civil, Sahit-Eloi, lac. cil.)
Décembre 9. — Décès Antoine Le Blond 4^ Lalour. — u X* 111 —
u Du jeudi 9 de décembre 1706, ledict jour et moh ei an, Antoiite \t
« Blond de Latour, bourgeois et peintre de la ville, fut enseveli k cinq hear^
tf du soir. Il étoit mort le jour auparavant à onze heures de la ntiktî
« presans ont esté les soussignés... »
u — Brvel, prestre prisant, — England. » (/rf.)
1707
Avrils, — « Baptême Antoinette Le Blond de Latour. — ParniB
u M*'* Jacques Le Blond de La Tour, prestre, et en sa place Françoij
« Renard, n
(État civil, Saint-Andrë, loc. rit,)
Sépulture Le Blond de la Tour, — « Titre de sépulture, h Saïnt-Eloj,
dans le cueur d'icelle, devant le grand aotel, à François Rotnal, adfocil
en la Cour, confrontant au costé du N. à celle de M. Le Dloud de Lalour,
bourgeois et paintre du Roy. »
(Archivei dëpartementalei, térie E, notairefl, mînntet de Vireraloi» )
'
AMEXES
1
COMITÉ DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS
DES DÉPARTEMENTS.
Président.
M. A. RAMBAUD, sénateur, ministre de Tlnstruction publique et des
Beaux->Arts,
Vice^présiderU.
M. Hemiy ROUJON, Oi^, directeur des Beaux-Arts.
Seerétiâre.
M. L. CROST, ^, chef du bureau de TEnseignement et des \faDufae^
tares nationales.
Secrétaire adjoint.
M. A. LALANDE, sous-chef du bureau de rEnseignemenl tt des Manu-
factures nationales.
Secrétaire rapporteur.
M. Henry JOUIN, i$, secrétaire de TÉcoie des Beaux-Arts.
Membres.
MM. BAIGMÈRëS(Abthub), critique d'art, boulevard de Cour^^elle^ ID
BALLU (Roger), ^, inspecteur des Beaux-Arts, rueBallu, lOùis,
BELLAY, ^, inspecteur de rEnseignement du dessin et des
Musées, rue Blanche, 72.
BERGER (Georges), C^, député, rue Legendre, 8.
BQESWILWALD (Paul), ^^, inspecteur général des monumi^r.
historiques, professeur à TÉcole nationale des Beaux-Artà,
boulevard Saint-Michel, 6.
BOURGAULT-DUCOUDRAY, professeur an Consenaloire naiio-
958 ANNEXES.
nal de musique et de dêcUmafioti , vllJa Molhor, l(î
(Auleuil).
CALMËTTËS, homme de lettres, rue de Vsugïrard, 93,
OKNNëVIËRëS (I^iiQUis de), 0'^, membre de HnElUat. me
Saul-Louis Coarîer, 3« '
CHIPIEZ, Q|||(^ inspecteur principal de rËnseîgnemefit du deulp,
rue de CMJbillon, 8.
CLARETIE (Jules), CiI^:». membre de T Académie françaife, admi-
nistrateur général 4» la Comèdi€^Française, rue de Riche-
lieu, 6. '
COLLIGNON, (L.*M.), ^, membre de rAcadèniîe des In script iam
et Belles-Lettres, boulevard Saini-tiocumin, 8S,
DELABORDE (Comte Henri), Ci)^, secrétaire p«rpéluet boDonire
de TAcadémie- des Beaux- Arts T rue de rUnrMrsilè, B.
' DUBOIS (Paul), GC^, directeur de lÉcok nationale d«s^eaii>
Arts, rue Bonaparte, 14.
ENLART (C), sous-bibliotbéeaire à TÉcole nâUoaale des Bnw^
Arts^ rue Motre-Dame des Champs, 56.
FOURCAÙI) (de),!^, professeur à racole nationale des Beaai^-jlrlSi
rue Marbeuf, 14 bis.
GARNIER (Edouard) , conservateur du Musée, de la biblioQièquf
et des collections de la manufacture iiatlonnle de S^vrei
GONSE (Louis), ^, boulevard S&lnl-Gi'rmain.âOo,
GRUYËR (Anatole), 0^, membre de rinstiLut, inspecteur p ri ad pal
des Musées des départements, rue Dupbot, 18,
GUIFFREY (Jules) , Ol$, admini&lrateur de la Manufacture natiû-
naie des Gobelins, avenue de^ Gobdins, 40<
GUILLAUME, GO^, membre de rinstiiiit, rue de VVmvtr-
site, 5.
HAVARD ^Hbnhy), 0^, inspecteur général des Beaux-ArU, aveotff
de la Grande-Armée, 83,
HÉRON DE VILLEFOSSE (A.), 0^, membre de TAcadémia des
Inscriptions et Belles-Lettres, conservateur au Musée ào
Louvre, rue Washington, 15.
HOUSSAYE (Henry), 0^, critique d'art, membre de rAcadémir
française, avenue Friedland, ^9.
KAEMPFEN, 0^, dirçcteûr des Musées nationauic, palaiâ du I^um.
LAFENESTRE (Georges), ^, conservateur au Musée du Loutre,
membre de Tlnstitut, avenue l^akaual, 5, à Uour]^i-
Reine (Seine).
LECONTE, député, rue Pierre Dillery, 5.
LOUVRIER DE LAJOLAIS, ^, directeur de TÉcolc nationale dw
arts décoratifs, quai Bourbon, 19.
MAGNE (Lucien), i^, architecte des Monumenla historiques, t
rOratoire du Louvre, G.
i
COUiTÊ DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS. 9J1}
MAIGNAN (Albert), 0^, artiste peiotre, rue La liru^ère, l,
&IARCHËIX, sous- bibliothécaire à T École nationale des BeaujL-ArU,
rue de Vaugirard, 47,
MARCOU (F<)v $1 ÎDspecleur général adjoint des monuments hislo-
riifueâ, rue des Saints-Pèreft, 13.
MICHEL (ÉïiiiJf.), ^, membre de T Académie des Beaux-Arts,
avenu(? de l*Observatoire^ 9,
MILLAUÛ (EnouAKn), sénateur^ avenue Kléber, 78, Paris-Passy.
MONVAL (G.), archiviste de la Comédie-Françaiie, rue Cré-
billon, 8.
MUMTZ (Eugène), ^, membre de P[n»LUut« conservateur de la
bibliothèque et des collections de l'Ecole nationale des
Beaux-Arts, rue de Condé, !4.
NOLHAC (P, ok), conservateur du Musée national de VersailleSt
au palais de Versailles,
KUITTER, :î^, conservateur des archives de TOpéra^ rue du Fau-
bourg-Saint-Horjoré, 83.
PILLETf ^, inspecteur de rEnseîgnement du dessin et des Musées,
rue Sainl-Sulpice^ i8>
ROCHËDLAVE (S/^îiiicl), professeur à T École nationale des Beaux-
Arts^ rue Denfert-llochereau, ^5,
SËRVOJS (Gistave), 0^^^ di recteur des Archives nalionales, rue
des Francs-Bourgeois, GO.
STËIN (Henbi), archiviste au\ Archives nationales , rue Gay-
Lusâae, 38.
TOUR^EUX (\[i\UBici£), ^, homme de lettres, rue du Cardinal
Lemoine, 14.
Il
MEMBRES IVON RÉSIDANTS DU COMITÉ
ALPES-MARITIMES
MM«
Chabal-Dlssurgby, andeo directeur de TEcole d*art décoralif, à Nice.
ARDENNES
WiLLEU, professeur de dessin, à Sedan
AUBE
Babeau (Albert), membre de la Société académique d'agriculture, sciences,
arts et belles-lettres de TAube, à Troyes, 8, rue du Clottre-Saint-
Étienne, et à Paris, 54, rue de la Bienfaisance.
BOUCHES-DU-RHONE
Berllc-Périssis (de), président bonoraire de la Société académique des
Basses-Alpes, à Aix.
Magald, correspondant de Tlnstitut, ancien directeur de TÉcole des Beaux-
Arts, à Marseille.
Roux (Jules-Charles), président de la Société des Amis des Arts, membre
de la Chambre de commerce et du Conseil municipal, administra-
teur de la Banque de France, rue Sainte, n* 79, à Marseille.
CALVADOS
Bkalrepaire (E. dk), membre de la Société des Antiquaires de Normandie,
magistrat, rue Bosnières, n<* 25, à Caen.
BÉ\ET, archiviste du déparlement, secrétaire de la Société des Bear
Arts, à Caen,
MEMSRË3 NON RÈSIDAXTS DU COMITÉ.
Ml
CoLiv (Paul), înspecleuT principal de TE use) g ne ment du dessin et des
Musées, à l'aris, 1, quai Malaquais^
CHEft
Bi-HQT DE Ki^BSEna, membre de la Société des Antiquaires du Centre, h
Bûurg€i,
CREUSE
OiAtnEB {Léopold)^ président de la Cotnniisâîon du musée d*AubuiSO0,
DOUBS
GâLTHiEti (Jubs}f archiviste du département, coaservaleur de la Société
franc-comtoisef h Besangon, .i
EIRE
Cba5$a\t, conservateur du Musée^ fk Evreu:K,
PoHÉE (l'abbé), curé de Bournainî?ille-
G/VRD
Le^\thêr[C (Charles), ingénieur en chef des ponts et cliaussées, Â Klmes.
EtvoiL, correspondant de Tfastitut^ architecte des monuments hiâtorîquei»,
à MmeSp
timOMDE
Braoiehavr, professeur à TEcole municipale de deâs^în, place lk>han, 0,
û Bordeaux.
ISIDHE^ET-lOIRE
Ma&ïllëau, professeur de Faculté, à Villcloin, près Locb[^s,
Gra\d&].uso\ (CliarlesnK), archiviste honoraire dudépartement^ meaibre de
La Société yrchéologique de Touraine, rue TraiersiÈie, t3, h Togr».
Lalhevt (Fêliï), conservateur du Musée de peinture, directeur de T Ecole
des Beau3t-Arts, h Tours.
LOIRE (HAUTE^)
( mm (Léon), membre de la Société d'ag^rlculture, lelences, arts et com^
merce, au Puy-
01
962 ANNEXES
LOIRET
Desnoters (l'abbé) , directeur da Musée historique de T Orléanais, à Orlèins.
Jarby (Louis), membre de la Société archéologique de rOrUtoals,
place de TÉtape, 8, à Orléans.
MAINË-ET-LOIRE
Dauban (Jules), correspondant de Tlnstitut, inspecteur de rEnseignemeot
du dessin et des Musées» conservateur honoraire du Musée de peÎB-
ture, à Angers, place du Ralliement.
Port (Célestin), archiviste du département, à Angers.
MARNE
Jadart (Henri), conservateur de la Bibliothèque et du Musée, secrétaire
générai de TAcadémie, rue du Couchant, 15, à Reims.
MARNE (HAUTE.)
Brocard (Henri), conservateur du Musée, président de la Société histo-
rique et archéologique, à Langres.
MEURTHE-ET-MOSELLE
CouRNAULT, conservateur du Musée lorrain, à Nancy.
MEUSE
Maxe-Verlt, archéologue, ville haute, à Bar-le-Duc, et à Paris, me de
Rennes, 61.
NORD
Dutert, inspecteur général de TEnseignement du dessin et des mano-
factures nationales de Sèvres, des Gobelins et de Beau vais, à Paris,
41, avenue Kléber.
PAS-DE-CALAIS
Vaillant (V.*J.), archéologue, à Boulogne-sur-Mer.
RHONE
Aynard, vice-président du Conseil d^ administration de TÉcoIe nation le
des Beaux- Arts, des Écoles municipales et du Musée, à Lyon.
1
MEMBRES NON BÉSIDANTS DV GOillTÈ. 1Ï6S
Cbaeveî, inspecleur de rEnseignement du dessin et des Muséegf bouievard
Pasteutt 56, à Paris,
HiB^Hi arcbitectc de la ville ^ à Lyon.
KoNDOT (NaUlis), Tue Solnt-Josepb, 20, k Lyon.
SETXE-ET-M.^nME
Lailu^iKH (th,)y président de la Société d' archéologie, â Meluii.
SEIXE-ET-OÏSE
DiLEHOTi conservateur de la Bibliothèque, à VartaiUea.
DiTaLEix (A.), secrélaîre de la Commission des antiquités et dei art^, à
Versailles.
Orave, publJciaU, à Mantes,
SEÏNE-l\TRa!EURE
PfiLLETiEfti président de la Société industrielle, à Elbeuf.
SOMME
Del iG\[ÊaES (Emile), avocat, président de la Société d'Emulation, à AbbeviUe,
TARN'ET-GAÏtÔNNE
MouMÉj.^ (Jules) ^ membre de la Société arcbéologiquedeTarn-et-Garonne^
h .Monteits, par Caus^ade^
VAR
OiNouv (Charles), membre de l'Académie du Var, 1, rue T rave rsc-Den Ter t-
Rocbereau, k Toulon,
VAUCLUSE
Requls (rabbè), membre de l'Académie de Vaucluse, archiviste diocésain,
rue VictoivHugo, 14, k Avignon»
VIEKKE (HAUTE-)
LsTTMARiE (Camille), conservateur de la Bibliothèque communale, secré-
taire du Musée national Adrien Duboucbé, rue Barneilii, 20, à
Limoges.
CO\STA\Tl\E
PoiLLE, président de la Société archéolo^^ique, directeur des domaines,
à Constanline.
w
III
CORRESPONDANTS DU COMITÉ
AISNE
MM.
Matton, archiviste du département, à Laon,
ALLIER
Bouchard (Ernest), président de la Société d^Émulation de 1* Allier, &
Moulins.
ALPES (HAUTES.)
Guillaume (l'abbé Paul), archiviste du département, membre du Comilé
départemental des richesses d^art, à Gap.
Roman (J.), au château de Picomtal, près Embran, et à Paris, rne Blan-
che, 75.
ALPES-MARITIMES
MoRis, archiviste du département, à Nice.
Saige (Gustave), conservateur des Archives de lar principauté de Monaco.
DuFOURMANTELLE (Charles), archiviste paléographe, 25, rue Assalil, à Nice.
ARDËCHE
André (Edouard), archiviste du département, à Privas.
ARIËGE
Pasquer (Félix), archiviste du département, à Foix.
AUBE
André (Francisque), archiviste du département, à Troyes.
CORRESPONDANTS DU COMITÉ.
0fî&
BOUCHES-DU-RHONE
Blancard, archiviste du département, à Marseille.
Bouillon-Landais, conservateur honoraire du Musée de peinture, à
Marseille, à La Maussane Saint-Menet, banlieue de Marseille,
Saporta (le marquis de), correspondant de Tlnstitut, à Aix.
Parrocel (Pierre), substitut du procureur de la République, membre de
r Académie de Marseille.
Vidal (Léon), membre de T Académie de Marseille, profes^eor k TÉcole
nationale des Arts décoratifs, 7, rue Scheffer, à Paris.
CosTE (Nama), membre de la Société des Beaux-Arts, à Ai^.
CALVADOS
Jacquier (Francis), architecte, rue Desmoueuv, à Caen.
MéLT (de), au château de Mesnil-Germain, par Fervacques (Ciilvados)i et
à Paris, 10, rue Clément Marot.
Travers (Emile), archiviste paléographe, à Caen.
ViLLERS, ancien adjoint au maire, à Bayeux.
Gasté (Armand), professeur à la Faculté des lettres de Caen.
CHARENTE
Biais (Emile), membre de la Société archéologique et historique de la
Charente, archiviste municipal, à Angoulême.
Fleury (Paul de), archiviste du département, à Angoulém^.
CHARENTE-INFÉRIEURE
AuDiAT (Louis), président de la Société des Archives historiques, k
Saintes.
Musset (Georges), bibliothécaire de la ville, à la Rochelle.
RiCHEMOND (Meschinet de), archiviste du département, rue VerJtère,
n«23, à la Rochelle.
CHER
GoT (de), à Bourges.
Pètre (Ch.), directeur de TÉcole nationale des Beaux-Arts, cotiser valeur
du Musée, à Bourges.
CORRÈZE
Rupin, vice-président de la Société historique et archéologique, à Briv^
966 ANNEXES,
CORSE
PiRAU», conservateur du Musée, à Ajaccîo.
COTE-D'OR
Chabeuf (Joseph-Henri), secrétaire de l'Académie âcs sciences et arts, k
Dijon.
Garnibr, archiviste du département, à DijoQ«
Suisse (Charles), architecte diocésain, à Dijon ^
Mazirolle (Femand), correspondant de la Co mmïsslon des anilqnitês de Ij
Côte-d*Or, archiviste à THôlel des monnaies et niédaïUes, qnii
Conti, 11, à Paris.
CREUSÉ
Cbssac (Jean de), à Guéret.
Perathon (Cyprien), à Aubusson.
EURE
Bourbon, correspondant du Comité des travaux hîatoriques, secrétaire d«
la Société des Amis des Arts de rEare^ archiviste au département,
à Évreux.
t' Veuglin, au Mesnil-sur-FEstrée. ^
r
l EURE-ET-LOIR
l
Roussel, propriétaire à Anet.
FINISTÈRE
Beau (Alfred), directeur du Musée, à Quimper.
GARONNE (HAUTE-)
RoSGHAGH (Ernest), archiviste municipal, Â Toulome.
Lahondâs (de), écrivain d^art, à Toulouse*
GIRONDE
Vallet, conservateur du Musée de peinture, à Bordeaux.
Zo (Achille), directeur de T École des Beau !e*A ris et des Arts décoraU , à
Bordeaux.
COïiaESPONDA\'TS DU COMITÉ. 0G1
HERAULT
BeRTHEté, ftrctilviste du département, à Montpellier,
Labqr (Cbarles)f conserirateur du Muaée de peinture, place de la Made*
Jeine, 4, h Miiers.
Michel (Ernest) , cancer valeur du Muaêe de peint ure, à Montpeitler.
PoNBOïiAiLfiE (Charles), membre de la Société archéologique et littéraire
de Béziers, 46, aireiiue Bosquet, a Paris.
UXE-ET-VlLAmE
Paufouali; archiviste du départemenl, à Rennes.
Lexoib (€b,)f staluaire, directeur de T École régionale des Beaui^-ArtSf h
Rennes.
INDRE-ET-LOIRE
BossEBoELF (labbé), président de la Société archéologique de Touraine,
à Tours,
Beacmont (Cbartes m), inspecteur de la Société archéologique de Touraine,
1% boulevard des Invalides, à Parit,
Grahdu^ison {Louis de), arcbtbiste du département, nicrabre de la Société
archéologique de Touraine, à Tours.
ISÈRE
Beikard (Jules) ^ conservateur du Musée, à Grenoble,
CoLET, professeur â la Faculté des sciences, à Grenoble.
Goa\iLLO\ (lean-Bapliste), bibliothécaire, conservateur du Blusèe de pein-
ture, à Vienne.
Di'UiT, profesï^eur à la Faculté des lettres, â Grenoble.
Pri-dhov^if:, archiviste du département, rue Lesdiguières, n" 39, à Gre»
noble.
Hkvuo^d (Marcel), peintre et critique d'art, 4, place de la Conslitutioa, h
Grenoble.
Thibaut (Francisque)» professeur de rhétorique au lycée, à Grenoble.
Lnois, archiviste du département, à Lons-le-Saunier*
LOIR-ET-CHER
Gbuv^is (Eu gêne), conservateur du Musée, à Blois.
Lechevalleer-Chevigvard, professeur à [*Ecole des Arts décoratifs, 5, rue
de rÉcole de médecine, à Paris,
968 • ANNEXES.
Roussel, archiviste da déparlement, k Biais.
Storelli, ancien conservateur du Musê« de peinture ^ à Blots, ou à b
Gourre, par Blois.
^CRiBE (L.), membre dii Comité départemental de riniientaîre des richesses
d'art de la France, à Romoranlin,
LOmE
Déchelette-Despierres, à Roanne.
Gai.ley, ancien directeur de FÉcole des Arls indusirids, VA, rue PaulBert,
à Saint-Élienne.
Thiollier, membre de la Société u la Diana », h Montbrîson.
LOIRE-IXFÉRIEURE
De lIsle de Dréneuc, conservateur du Musée archéologîqtie, à Xanteîi
Maître (Léon), archiviste du départmienl, à Xanle^^.
Masseron (R.), vice-président de la Société des .^mîs des Arts, h \m\tit
LOIRET
Herllison (H.), membre de la Sociéli des Amis des Ails d'Orléans, éii-
leur, rue Jeanne d'Arc, n" 17, à Orléans,
LoiSELEUR (J.), secrétaire général de la Sociale d'agricuUare, Science*,
Belles-Lettres et Arts, bibliothécaire de la vilte^ à Orléans,
NoEL, professeur d'architecture à T Ecole de dessin, membre de la Soci^
des Amis des Arts, rue de Bourgogne, n^ 5ïl, à Orléans*
LOT
Caxgardel, à Cahors.
LOT-ET-GAROW'K
Tholin (Georges), archiviste du département, rue Scaliger, h Agen,
LOZfiRE
André (Ferdinand), archiviste du départeme*n1, h Mende.
MAINE-ET-LOIRE
Michel (A.), conservateur adjoint du Musée Saînl-Jean, rue Boiioet,
n» 68, à Angers.
PissoT, président de la Société des Sciences et des Beaux-Arts, à Cholet
Dexais (Joseph), membre de la Société d'agriciilttire, Sciences et Arts
d'Angers, 10, rue Fontaine-Sainl-Georjjes, à Taris.
j
CORIlESrOKDANTS DU COMITÉ. Wm
M\WME
MoHiN, artisle peintre, à Granvillc.
QtmsNEL {L.]y conservateur du Mus^e de peinture, à Côutsncea*
MARXE
CûLH3iEAi:x, cofiSenaleur du Musée, à ïteims.
MAR\R (HAUTE-)
RosEROT, archiviste honoraire du département ^ 60, rue Sainl-PIacidei â
Paris*
EiCHABD (Jules) , ancien archiviste du Pas-de-Calais, h La¥a!^
SÎEURTHE-ET-MOSEÏXE
lioiiLLET (l*abbé A,), membre de la Société d*archéologie lorraine,
4, rue Corot, à Paris.
<j£R\iArx (Léon), rue Hcré, n" âO, à Nancy.
JACQiOT (Albert), membre de TAcadéinie de Stanislas et de la Société
d'archéologie lorraine, rue Gambetta, n^ 19^ à Xancy.
MËISE
Jacob, archiviste du département, à Bar4e-Duc.
MORBIHAN
LtOK (Emile), sous-préfel de Pontîvy,
NIEVRE
De Fwmabi:, archiviste du déparlemenl, à Xevers,
Mas3ILLon-Holvrt, architecte, membre de la Société académique du
Nivernais, rue du Doyenne, 4, â Neiers,
\ORD
Bm^^ssART, archiviste de la ville, ru^ du Cauteleux^ n* 63, 4 Douai,
Delecroix (Emile), avocat, i Lille.
FiKoT (Jules), archivisle du département, à Lille.
FoiCAftT (Paul), membre de la Commission des Écoles académiques, à
Valenciennes.
970 ANNEXES.
Herlin (Aug.), conservateur honoraire da Musée de peînturei k Lille,
Pluchabt, conservateur du Musée Wicar, à Lille.
Rivière (Benjamin), bibliothécaire de la ville, rue de BeUain, n* 30, à
Douai.
SwARTB (Victor de), trésorier général des finances» à Lille*
HiNAULT (Maurice), archiviste municipal, à Valencîennes.
Vaw Hende, membre de la Commission historique du Nord, à Lille.
Quarré-Rbyrourbom, membre de la Commission historique du Norl, i
Lille, boulevard de la Liberté, 70.
OISE
Badin, administrateur de la manufacture nationale, à Beauvais.
Marsy (comte db), directeur de la Société française d*archéologîe poar la
conservation des monuments historiques, à Compiègne.
ORNE
Brioux (Lionel) , professeur aux Écoles de la ville , conservateur da
Musée, rue de Bretagne, n* 60, à Alençon.
DuvAL (Louis), archiviste du département, i Alençon.
PAS-DE-CALAIS
Advielle (Victor), membre de la Société des Amis des Arts d'Ams,
passage Dauphine, n* 28, à Paris.
HuGREL, ancien directeur de TÉcole d'art décoratif, rue Noilet, n* 19, A
Paris.
LoRiQUET, archiviste du département, à Arras*
PUY-DE-DOME
Bouchon (G.), archiviste du département, rue de THôtel de ville, d* 9,
à Clermont^Ferrand.
PYRÉNÉES (BASSES-)
LiFOHD (Paul), membre de la Société des Sciences, Lettres et Arts, à Pas*
SouLiGE, conservateur de la Bibliothèque, à Pan.
PYRÉNÉES-ORIENTALES
Brdtails (Aug.), archiviste du département, à Perpignan.
RHONE
BÉQiXE (Lucien), artiste peintre, membre de la Société littéraire d*arcb •
logie, h Lyon.
CORRESPONDilXTS DU COUITÉ> 071
Geobgë, archit^le, cours Gambetta, ii° 27^ à I^yon^
GtaAUD, consenrateur du Musée d'arth^logîe, h Lyon,.
Htùts^ ancien dlreclaur de TÉcole des Beaux-Arls, de Lyon, 16, bouïe-
vard des Filles du Calvaire, à Parla.
GuGiE (Georges), archiviste du départeuient, h Lyon.
SAONE-ET-LOIRÊ
Lex (L£oDce), bibliothécaire de Ja TiUe^ archiwble du département ^ à
Mâcon el à Faris.
MAftTt?! (Paul), de rAcadémie dci sciences, arts, belbs-lettres et agricul-
ture, roe Mathieu» n"* 5, à Mâcoa.
SARTHE
Dl\over d£ Segqi^zac, archiviste du départe m eut, au Mans.
Triger (Robert), membre de la Com mission des mouumeuts histonqttej
de la Sarthe, rue de PAncien-Évéché, n" 5, au MaiïS*
SEÏXE
Braun (Gaston), photographe des Musées nationaux, rue Louis h Grand,
n* 18, à Parir
Cléuent (Léon), photographe des Musées nationaux, me Louis le Grande
n' 18, à Paris.
SE1N&-ET-0ISE
Couard, archiviste du dt^partement, u Vertaîlles,
PÉAATé, attaché A la conservation du Musée national de Versailles.
Mangeaht (P.-E.)^ membre de la Commission des antiquités et des arts,
à Versailles.
SEIKE-IXFÉRIEIIRÊ
BE.UHK^Aiit£ (Charles de), archivigte du département^ rue Beffroi, n" 24,
k Rouen,
Lf-bel, directeur dePÉcole des Beaux-Arts et conservateur du Musée de
peinture, â Rouen.
Le BaETûK (Gaston), directeur du Musée céramique, à Rouen,
Veslt (ok), architecte, professeur à TÉcole régionale des Beaux-Arts»
rue des Faubc, n' âl, à Rouen,
SÈV^S (DEIX^
Di]po\T, arebivisle paléographe du département, à Niort,
^ é
972 AWEXES
Arnaildet (Thomas), ancien bibliotliécaîrc de la ville de Niort, au Foiit
Rouge, commune de Sainte-Florenc^E (Vendée) >
Saint-Marc, juge de paix du premier canton de Niort.
SOMME
Béthouart, professeur du cours communal de dessin industriel, à Abbe-
ville.
Durand, archiviste du département, à AmicDfï.
Florival (A. de), président du Tribunal, k Péronne*
Ledieu (Alcius), bibliothécaire de la ville, à Abbeville,
TARN
Mazas, à Lavaur.
TARN-ET-GAROOE
FoRESTiÉ (Edouard), secrétaire de la Société archéologique de Tam-et-
Garonne, archiviste de TAcadi^mie des sciences, belles-lettres et
arts, rue de la République, n<^ 23, à Mon tau ban.
PoTTiBR (l'abbé), président de la Société archéologique, à \lontauban.
VAR
MiREUR, archiviste du département, à Draguignan.
VAUCLUSE
Bourges, professeur de dessin au lycée, h Avignon.
DuHAUEL, archiviste du département, à Avignon.
Grivollas, directeur de TEcole des Beau\-ArU, à Avignon.
VENDÈli:
Charrier, architecte, à Fontenay-le-Gomle.
VIEME
Brouillet, conservateur du Musée de peinture, directeur de TÉcole muot-
cipale régionale des Beaux-Arts, à Poitiers.
Richard (Alfred), archiviste du département, rue du Puy carreau, n* 1,
à Poitiers.
VIENNE (HAUTE-)
Ducourtieux, conservateur adjoint du Musée, h Limoges.
Bourdery (Louis), avocat, artiste peintre émailleur^ membre de la Société
1
1
f
r
C0RRE8P0NDAKTS DU COIIITÉ, 013
archéologique et historique dn Limouain , rue PeLulraud-^Beau-
peyrat, n"* 28, à Umoge».
GmBËRT (Louis) ^ membre de la Société arcbéologique et historique du
Lintousiiï, rue Salnle-Cathenne, n" 8, k Limoges.
VOSGES
VoiLOT (Félix), consenraieur du Musée, à ÉpinaL
YOXNE
MoiîCEAUx, secrétaire de la Société des Sciences de TYonne, à Auserre,
ALOKR
IVaillë (Victor), professeur b. l*École des lettres, à Alger.
COXSTAATTINE
Pfti'D'HOiniE, conservateur de la Bibliothèque et du Musée , à ConsLantine.
ORAN
Ccï\£T (Ë.)^ ingénieur, sous-conservateur du Musée municipal , h. Oran.
IV
DISTINCTIONS
AGGOaDÈES AUX DÉLÉGUÉS DES SOGIÉTÉS DES BEAUX-ARTS
DES DÉPARTEMENTS» SUR LA PROPOSITION DU COMITÉ,
DB 1877 A 1898.
Chevaliers de la Légion (Fkonneur,
MM.
Deligniéres (Emile), président de la Société d'Émalatîon d^Abbevilie,
membre non résidant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des
départements. — Décret du 9 juin 1898.
DuRiEUX (À.), secrétaire de la Société d'émulation à Cambrai, membre
non résidant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départe-
ments. — Décret du 11 juin 1892. (Décédé.)
BoussèsDE FouRCAUD (Louis de), membre du Conseil supérieur des Beaux-
Arts et du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements,
professeur d*esthétique et d'histoire de TArt à TEcole nationale
des Beaux-Arts. — Décret du 31 mars 1896.
GoxsE (Louis), membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts et du Comité
des Sociétés des Beaux-Arts des départements. — Décret da
15 juin 1889.
GuiFFREY (Jules-Joseph), administrateur de la manufacture des Gobelins
et membre du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départe-
ments. — Décret du 19 avril 1884.
Herluison (Henri), membre de la Commission du Musée, correspondant
du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements à Orléans.
— Décret du 19 avril 1895.
JouiN (Henry), secrétaire rapporteur du Comité des Sociétés des Beaox-
Arts des départements. — Décret du 8 avril 1893.
Marcille (Ëudoxe), conservateur du Musée d'Orléans. -«- Décret do
19 avril 1879. (Décédé.)
Michel (Edmond), correspondant de la Société des antiquaires de France,
membre de la Société archéologique de TOrléanais, membre non
DISTINCTIONS ACCORDEES DE 1§77 A î«98, flTl •
résidant du Comité des Socictéi des Beaux* Arts des déparie ment s.
^ DécreLdu 3 avril 1881. (Décédé.)
OJSciin de tlnsirtàction puMique,
Abbabau (Tancrède) , conservateur du Musée de Chlteau^ontier, vlce-
présldenl: de la Société des Arts réunis de lu Mayenne. Oflicier
d'Académie du 18 ûvril 1879. — 0. L Arrêté du 12 juiUet 1884.
(Décédé.)
Au VIELLE (Victor), membre de la «Société artésienne de^ Amis des Arts
d^Arras, — Arrêté du U avril 1885.
Aleûre (ï^on), corne rvaleur, fondateur du Mu!^ée-BthUcthèc|ue de la ville
de Bagnols (Gard), Ofûrïer d'Académie en décembre 1869, — '
0. L Arrêté du 22 avril 18HL
Biais (Emile), archiviste de la vilJe d'Anf^ouléme, correspondant du Comité
à AnjjoulËme. — 0, 1. Arrêté du 30 mars 1894,
Bolillox-Laxoms, conservateur du Musée de Marseille, correspondant du ^
Comité à Marseille. — 0, T. Arrêté du 30 mars 1894.
Caffaakka (Louis), avocat à Toulon, membre de TAcadémie du Var. —
0, 1. Arrêté du 15 juin 1889.
CouAnDi archiviste deSeine-et-Oiseï correspondant du Comité à Versailles»
— Arrélé du 31 mai 1890.
DAtifiAN, inspecteur de rEnseignenient du dessin et des Musées, conser-
vateur honoraire du Musée d'Angers. Officier d\-\cadémio du
18 avril 1879. — 0. I. Arrête du 20 déceinhre 1884.
Delignièrcs (Emile), correspondant du Comité h Abheville. — Arrête du
20 avril 1895.
0£KAt3 (Joseph), collaborateur de T Inventaire «ïénéral des richesses d'art
de la France* — Arrêlé du 27 mai 1891.
DuatEUi, secrétaire de la Société d^Émulalîon de Cambrai. — Arrêté du
31 mars 1880. (Décédé.)
DariLLELX (A.), membre de la Commission des Antiquités et des Arts de
Seine-et-f>ise. — ArrtHé du 1"^ inaî 1886,
GKûftOK, arcbitectc, correspondant du Comité ilcs Sociétés des Beaux- Artt
de« départements. Officier d'Académie du 27 avril J878, —0. 1,
Arrêlé du 15 juin 1889.
GlNOUX (Charles) » membre de T Académie du Var , correspondant du
Comité. — 0. 1, Arrêté du 20 mai 1888.
GiROs (Léon)f membre de la Société d'agriculture, science;;, arts et
commerce du Puy, membre non résidant du Comité, Officier
d'Académie h U avril I8H3. — 0, L Arrêté du li juillet 1892,
GtllGlE (Georges), archiviste en chef du (département du llbûne, corres-
pondant du Comité iï Lyon. — 0, 1. Arrêté du 23 avril 1897.
GuiLLAUue (l'abbé), archiviste du département des Hautes-Alpes, membre
I
1:
l . 976 AX\EXES.
du Coinilé départemental de riavenUire des ncbessea d'arl. OFfi-
cier irAcadémiedu 31 mars L883. ^ 0. 1. Arrélé du 20 oiaï im,
Herluison (H.), auteur-éditeur, h OrUam. Officier d'Académie du 7 avril
1877. — 0. I. Arrélé du n\ mai 1H88.
Jacquot (Albert), correspondant du Comité, correspondant de la Sofi^lr
des artistes musiciens, à Nancy. Officier d'Académie du 15 airii
1882. — 0. 1. Arrêté du 26 mai 1HH8,
Jarrt (Louis), membre de la Sociélé nrchéo logique de rOrlêanaîi, cor-
f^^ respondant du Comité ù Orléan.^, officier- d'Acatiémie du 25 mai
f^ 1888. —0. ï. Arrêté du 30 mars 1894.
JoLiBOis (Emile), secrétaire delà Société des ^sciences, arts et béll^s-ietiret
du Tarn, conservateur du Musée d'Albi. Officier d'AcadêfflJË è>
18 avril 1879. — 0. 1. Arrêlé du 5 mai 18K6, (Décédé.)
Laurent (Félix), conservateur du Musée, à Tours. OjTjcier d^ Académie da
20 avril 1878. — 0. L Arrêté du 19 avril 1884.
Le Breton (Gaston), directeur du Musée céramique de Rouen. Of&*
cier d'Académie du 20 avril 1878. — 0. L Arrêté du 31 mars
1883.
Lex (Léonce), archiviste du département de Sa6iie-et- Loire, correspooÉi^nl
du Comité à Mâcon. --0. L Arrêté du 30 mar:^ 1894*
Letmarie (Camille), correspondant du Comité à Limoges, Officier d'Âca*
demie du 15 juin 1889. — 0. L Arrélé du itO avril 1895,
M^RCiLLE (Ëudoxe), conservateur du Musée, à Orléans, — Arrêté da
19 avril 1884. (Décédé.)
Mabionneau (Charles), correspondant du Comité des Sociétés des Ïïetai-Arlf
des départements, à Bordeaux. Officier d'Académie du 7 avril 1S"7,
— 0. I. Arrêté du 15 avril 1882.
MouMÉJA (Jules), correspondant du Comilé des Société.^ des Bcatis^Arti
des départements, à Monlaubati. Officier d'Académie du 27 \m
1891. — 0. 1. Arrêlé du 2avnl IH9G,
Parrocel (Etienne), membre de t' Académie des sciences^ arts et leitrei de
Marseille. Officier d'Académie du 18 avril 1879. — 0, L Arrétt
du 19 avril 1884.
Parrocel (Pierre), membre de T Académie de Vaucluse, à Marseille. —
Arrêté du 20 avril 1895.
PoRÉE (M. Tabbé André-Adolphe), correspondant du Couiiti^ des Société*
des Beaux-Arls des départements, h Bournainville {Eure). Offidfr
d'Académie du 15 juin 1889,-0. 1. Arrêlé du 2 avril ISrtî.
Port (Célestin), archiviste de Maine-et-Loire. — Arrêté du !20 iîHÎ
1878.
Ql'arré-Reybourbov, membre de la Commission historique du Vord, I
Lille. — 0. I. Arrêté du 4 avril 1893.
Requin (l'abbé), membre de TAcadémie de Vaucluse, archiviste du dk
cèse d'Avignon, membre non résidant du Comité h Avignon, Ofl
cier d'Académie du 11 juin 1892, —0- 1. Arrêté du 23 avril l^
DISTIIVCTIOSIS ACCORDRES DE IflTT A iSOfl. mi
Roit.AN (J,), correspondaïit do CoDiUé à Embrun, Officier d'Académie
du 31 mars t8S0. — 0. T. Arrâté du H avril 18B5.
KoNDOT (NaUilis), commaDdeur de la Légion d'honneur, membre non réai*
dant duComilé, h Lyon. -- 0, L Arrêté du 15 juin 1889.
BosEROT (Alphonse), eorrespondaat du Comité à CliuumoRL — Arrêté du
20 avril 1895.
SoLDi (Kmile), graveur en médaUles^ écrivain d*a H. — 0, l. Arrêté du
2C mai 1888,
Steen (Henri), ^ee rétaire de la Société historique et archéologique du Gâti-
nois, correspondant du Comité, Officier d'Académie du 30 avril
Wm. ~0. h Arrêté du 11 juin 1892.
SwAnTE (Victor de), chevalier de la Légion d'honneur, correspondant du
CoiJLtté des Sociétés des Beaux- A rts des départem enU . — 0 . L A rrêté
du 15 juin 1889.
Vidal (Léon), membre de la Société de statistique de Marseille* Officier
d'Académie du 27 avril 1878. ~ 0. I. Arrêté du 31 mars 1883.
Offickn (tAcadémie,
MM,
Beaumokt (Cbarles-Joseph-Marie de la Bonninière de), membre de la
Société archéologique de la Touralne, membre correspondant du
comité des Sociétés des Beaux- A ris des départements, — Arrêté
du 15 avril 1898.
Billot (.^cliille), artiste peintre, membre de la Commission de Tlnven-
taire des richesses d'art du Jura et de la Société d'Emulation du
même département. -^ Arrêté du 19 avril 188L
BossEBOBiF (l'abbé) r président de la Société archéologique de Tourain&,
membre correspondant du Comité des Sociétés des Beau^-Arts des
déparlements. — Arrêté du 15 avril 1898.
BouiLUT (Pabbé Auguste-Nicolas-Victor), membre de la Société française
d'archéologie à Caen. — Arrêté du 30 murs I89i,
Bmquehave, vice-président de la Société archéoloyique de Bordeaux, —
Arrêté du 8 juillet 1877.
BitiiSf membre de la Société des Amis des Arts de l^larsetlle, — /arrêté
du 27 avril 1878.
BsocAaD (Henry), conservateur du Musée de Langres. — Arrêté du
31 mars 1880,
BuKEt^ secrétaire honoraire de la Société des Beaux-Arls de Caen. — Arrêté
du 19 avril 188L (Décédé,)
Camb03£ (Armand), conservateur du Musée de Montauban. — Arrêté
du 19 avril 1881, (Décédé.)
Cbari>ox\ écrivain d'art. -^ Arrt^té du 7 avril 1877»
Cqeïssag (l'abbé) , membre de la Société historique et archéologique du
Périgord, —Arrêté du 18 avril 1879. (lîécédé.)
62
J ^
n
91S ANNEXES.
DÉLEBOT, bibliothécaire de la ville de Versailles. — Arrêté du 18 avril 1879,
Desavary, secrétaire de la Société artésienne des Amis des Arts, à Arras.—
Arrêté du 18 avril 1879.
M"* Despierrbs, correspondant du Comité des Sociétés des Beaax-Arts des
départements, à Alençon. — Arrêté du 11 juin 1892. (Dècédée.)
DtBOURO, conservateur du Musée de Honfleur , professeur de dessin an
collège de Honfleur. — Arrêté du 2 avril 1880.
DuBOz (Félix), secrétaire du comité d'organisation de TExposition des
Beaux-Arts, à Tours. — Arrêté du 19 avril 1881. (Décédé.)
DuBROC DE Ségange, Correspondant du ministère de Tlnstruction pabliqoe,
à Moulins. — Arrêté du 8 juillet 1877. (Décédé.)
Ddgasseau, conservateur du Musée du Mans. — Arrêté du 27 avril 1878.
Fauconneau-Dufbesne , membre du Comité départemental de riarentaire
des richesses d'art de Tlndre. — Arrêté du 31 mars 1883.
Goovaerts, chef de section aux Archives du royaume, à Bruxelles. —
Arrêté du 11 juin 1892.
Grandin (Georges), ancien conservateur du Musée, à Laon. — Arrêté h
20 avril 1895.
Graxdmaison (Louis de), archiviste du département d'Indre-et-Loire, cor-
respondant du Comité, à Tours. — Arrêté du 23 avril 1897.
Hénailt (Maurice), bibliothécaire adjoint de la ville de Valenciennes,
correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des dépar-
tements. — Arrêté du 15 avril 1898.
Hervé, membre d'honneur de la musique municipale deRemiremont, pro-
fesseur k l'Association polytechnique de Paris. — Arrêté du 31 mirs
1880.
Jadart (Henri), secrétaire général de l'Académie de Reims. — Arrêté do
30 avril 1886.
Laferrière (l'abbé), président de la Commission des arts et monuments, &
Saintes. — Arrêté du 27 avril 1878.
Lafond (Paul), membre de la Société des Beaux-Arts à Pau. — Arrêté do
20 avril 1895.
Le Hénaff, inspecteur de l'enseignement du dessin, à Rennes. — Arrêté
du 2 avril 1880. (Décédé.)
Mangeant, membre de la Commission des Antiquités et des Arts de Seiof-
et-Oise, à Versailles. Arrêté du 2 avril 1896.
Martin (François-Joseph), membre de la Commission des Antiquités et des
Arts de Seine-et-Oise, à Versailles. — Arrêté du 4 juin 1887.
Martin (Paul), correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts def
départements, à Mâcon. — Arrêté du 15 juin 1889.
Massillon-Roivet, correspondant du Comité des Sociétés des Beaus-Arts
des départements, à Nevers. Arrêté du 2 avril 1896.
Michel (Edmond), correspondant de la Société des Antiquaires deFran
à Touvent, par Fontenay-sur-Loing. — Arrêté du 20 avril 18
(Décédé.) •
DISTINCTIONS ACCORDÉES DE 1877 A 1898. 919
MiDOUX, membre de la Société académique de Laon. — Anélé du
18 avril 1879.
Noël, architecte, professeur à l'École de dessin d* Orléans. — Arrêté du
18 avril 1879.
PoNSONAiLHE (Charles), membre de la Société archéologique et littéraire
de Béziers, correspondant du Comité, à Béziers. — Arrétédu 29 avril
1897.
RoussELy propriétaire, à Anet. — Arrêté du 8 juillet 1877.
Sabatier, correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des dépar-
tements, à Vire. — Arrêté du 15 juin 1889.
Scribe (L.) , membre du Comité départemental de Tlnventaire des
richesses d'art de la France, à Romorantin. — Arrêté du 4 airril
1893.
7
V
SOCIÉTÉS
Correspondant avec le Comité des Sociétés des Beam-Arb dei départemeiiEj
et avec la Commission de Tloventaire général des ricbesscB d'art de h FIa]lc^
1877-1898.
AIN
Bourg Société d'Émulation, agriculture, sciences, lettres
et arts.
— Société littéraire, historique et archéologique du
département de TAin^
— ....... Société des Amis des arts de r Ain.
AISNE
Laon Société académique.
Chateau-Thierry. . Société historique et archéologique.
Chauky Société académique. «
Saint-Quenti\ . . . Société industrielle de Saint-Quentin et de TAIsne.
— ... Société académique des sciences^ arts et belles-lettres^
agriculture et industrie*
— ... Société des Amis des arts,
SofSSOiNS i Société archéologique.
Vervins Société archéologique.
ALLIER
Moulins Société d'Emulation de T Allier.
— Commission départementale de rinvenîaîre ^e*
richesses d*art.
ALPES (BASSES-)
Digne Commission départementale de Tlnven taire à
richesses d'art.
— ....... Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes.
SOCIÉTÉS GOARESPONDAXT AVEC LE COMITÉ. 9»!
ALPES (HAUTES-)
Ghf , ^ < , . . > ^ Gommi^ston dépariemenlale de Tlnfintaîre àtê
ncbeasËS d'art.
— Sociélé d'étudci des Hautes-Alpei.
ALPES^AIARITIMES
KiCE Société de« leltres, sciences et artip . ,
— , Sociélé des BeauK-Arts-
— Société des architectes du département.
ARDENVES '/ ! I .
AlÉziÈMS. Commisâlon déparlementale de t^IinreuLaim dei
richesses d'art.
AUBE
TftOTES 4 < Société académique d'agriculture, âeê sciencea, arts
et belles-lettres.
— , Sociélé dei Amis des arts.
BâR-flirH'Aiifi. . , . Société deâ arthitecLes du département de TAube.
No€EST-sih-Seine. . Sociélé pour développer et encourager Tétude du
dessin.
AUDE
Cabcassonne .... Société des arts ci des sciences.
Liuoux, ...... Société des Amis des arts.
NABfiOihirE Commission archéoloj^irjue et littéraire de Tarron-*
dissemenl de Narbanne.
— .... Sociélé des Beaux-Arts,
AlEVnOM
RoD££ 4 ., ^ . . » , Société des lettres^ sciences et arts de TAveyron. ,
BÊLFORT (TEBRtTOlRE DE)
Belfoiït Société BelTortaine d'ÊmutalLon.
BOLCHES-BD-RHONE
Marseille Académie des sciences, lettres et arts.
Aix Académie des sciences, arts et belles- le ttres^
— ,.*,.., p Société historique de Provence.
— Cercle musical.
— , Société des amis de& arts.
Aeles , Commission archéologique. - • ,
*
983
ANNEXES.
CALVADOS
Caev Sociélé française d'archéologie.
— ........ Société des Beaux-ArU.
— Académie nation ïile des sciences et arts.
— Société des antiquaires de Normandie,
— . . .' Association Normande pour le progrès des arts.
— Conservatoire de musique.
Baveux Sociélé d'agriculture, sciences et arts.
Falaise Société d*agncullure , arts et beU es-lettres.
— Société d'agriculture, îodnstrte, sciences et arts,
LisiEUX Société d'Émulation.
T- Société historique.
PoicT -l'Évéqve . . . Société d*agriculturef arts et sciences, etc.
ViaE Société Viroise d'Émulation,
CAMTAL
AuRiLLAC Société d'horticulture, d* ac cl i ma talion, des scîenon
et des arts.
CHAREXTE
Angoulême Société archéologique et historique de la Cba^
rente.
CHARENTE-ÏXFERIELRK
La Rochelle. • • . Académie des belles-lettres, sciences et arts.
— .... Société des Amis des arts.
— .... Société philharmonique.
RocHEFORT Sociélé de géographie.
Saintes Commission de.s arts et monuments.
— Société des archives historiques.
•— Société des Amis des arts.
RoYAN Académie des Muses Saniûues.
CHER '
Bourges Société historique, littéraire, artistique et scîenlî-
fique du Cher.
— Société des antiquaires du Centre.
Conservatoire du Musée.
-- Comité diocésain de Tlnventaire des richesses d^oH.
CORRÈZE
Tulle Sociélé des lettres, sciences et artâ.
SOCIÉTÉS CORRESPOVDAIVT àVZC L£ COUITÉ.
osa
;
TtLLE Commission départemeoLale de rimentaire des
richefiËes d'arL
BriVë . Société scientifique, htâtorîque et flrch£ologîc)ue«
COTE-D'OR
DuQK «,,*,,. Académie de!» flcieitce.fi, arts et beUes- lettres.
— i • , I , . . Société des Amis des art$.
— Commission des antiquités du département.
— ■ Commission départementale de IMnventaire des
richesses d*ûrt.
— Conservatoire de musique.
Bëauxe. ...... Soi?iété archêolofj^iquo d'histoire el de tittérature.
C UMi u -OS' sl'H-Se i\e » Soc j é l é a rc h éo l ogiq u e .
Seïïlii Société des sciences historiques.
Saint*Bbi£lc.
Gu£n£T. i
AUBUSSON,
COTES^DU-l^ORD
Socîél é d ' l'^ m u tat ton de a Cà tes-d u-Xord ,
Soei^aé archéolojjique et historique.
Association bretonne.
Société musicale.
Société philharmonique-
CREUSE
Société des sciences naturelles et archéologiques.
Société du l^tusée.
DORDOGNE
PÊniGUEUX . ... « Société historique et a rchéoIo{[îque du Périgord,
— , . * , Société des Beaux-Arts de la Dordogne.
DOUBS
Bësan'çoai. ..... Société d'Émulation.
Sociélé des Amis des arts.
Académie des sciences, lettres et arts.
Commission de l'Inventaire des richesses d^art*
École municiprile de musique,
MoNTBÉLBBu .... Société des Beaux-Arts,
Société d'Emulation,
EURE
ËvBBUx Société départementale des Amis des arts,
EIRE-ET-LOIR
Cqahtbes Société archéologique d'Eure-et-Loir.
k
984 AXNEtBS,
Chartres Commisaîoii de l'intentaire des richesses d*art,
Chateaudun .... Société Danoise.
FmiSTÈRE
QuitfPBR Société arcfaéojogiqiie.
Brest Société d'Kmukiion.
— Société académique.
MoRLAix Société du Muaée,
GARD
NniES Académie du Gard.
— Société des AiDΫ; des arts.
— Gommiasîon municipale des Beaui-ArU.
— Ecole de musique.
Alais Société scLenlil^que et LitLéraire,
GARO\i\E (HAUTE-)
Toulouse Société archéû1o<{ique du midi de la France.
— Académie des sciences, inicrîpUons et bellej-leUres»
— Société artistique.
— ...... École de musique*
GERS
AuGH Société historique de Gascogne.
— Société des archives historiques de la Gasco^ep
CmONHE
Bordeaux Académie des sciences, arts et belles-lettres.
— ..... Société des Amis des arts.
— Société archéologique.
— Société philomathique.
— Société des archives h i s toriques -
— ..... Commission des uïonumeiits.
— Société de Sainte-Cécile.
— Société phîlbitrmonique,
— Société dea nrchîtetUes,
— Société des bibUophiles de GufenDe.
HÉRAULT
Montpellier . . . • Académie des sciences et lettres.
— .... Société artistique de T Hérault,
— .... Société archéologique.
i
r
V"
SOCIÉTÉS CORRESPOIWD.^NT AVEC LE COMITÉ. 985
MovTFELUEH ... - Société des bîbliophilea latiguedocien^. ,
Béziehs ^ . , . . Société arcbéobgi<}ue et littéraire.
ILLE-ET-lILAïME
EENiTEâ. , p , . . . Société archéologique,
— Conservatoire de musique.
Sâurr^MAitO. .... Société du Musée.
INDRE
Cbateavuoux. . . * Société du Musée.
— * . , . CommUsion de rinventaire des rlclies ses d'art.
^ INDRE-ET-LOIRE
Torïis > ^ . . . . . Société des Amh des artA«
....... Société d^agricnlture, sciencE^s et arts.
— Société arclaéobgîque de Touraine*
ISÈRE
OaeiroBLE .... 7 Académie delphinaU.
— ..... Société de stalialicjue et des arts Industriels.
— ..... Société des Amis des arts.
JURA
Lons-LE^At/MEH . . Société d^i'^malation,
, . Commission de rinfeutaire des richesses d*art.
PoLiaNT Société d'agricuRure, sciences et arts.
LAKDES
Dax Société de Borda.
— Société d^agriculture^ .'cîcnces, commerce et arts.
LOrRE
Sai:<t-Ëtiknnb . . . Société d'agriculLurép industne^ scteaees et arts.
MoNTBRisoitf La Diana,
LOIRE (HAUTE-)
Le Put. ,*..,. Société des Amis des sciences, de l'industrie et des
arts.
— ; Société d'agriculture, sciences et arts^
LOIRE-lNFIlKtElfRE
Nantes Société académique*
086 ANNEXES.
Nantes Commission du Musée. ^^
— • Société archéologique.
LOIRET
Obléans Société archéologique.
— Société des Amb des arts.
— Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts.
— Académie de Sainte-Croix.
— ••••.. Institut musical.
LOIR-ET-CHER
Blois Société des sciences et lettres.
— Société d'excursions artistiques.
— Comité de l'Inventaire des richesses d*art.
— Société des Amis des arts, sciences et lettres.
RoMORANTiN .... Comité de l'Inventaire des richesses d'art.
Vendohe Société archéologique et littéraire.
— Comité de l'Inventaire des richesses d'art.
LOT ...
Cahors Société des études littéraires, scientiûqaes et artis-
tiques du Lot.
— Commission de l'Inventaire des richesses d'art.
LOT-ET-GARONNE
Agen ....... Société d'agriculture, sciences et arts.
LOZÈRE
Mënde Société d'agriculture, industrie, sciences et arts.
MAINE-ET-LOIRE
Angers Académie des sciences et belles-lettres.
— Association artistique.
— Société d'études scientifiques.
— Comité historique et artistique de l'Ouest.
— Société d'agriculture, sciences et arts.
Cholet Société des sciences et des beaux-arts.
MANCHE
Sâint-Lo ..... Société d'agriculture et d'archéologie.
— Commission de l'Inven luire des richesses d'art.
AvRANCHES Société d'archéologie, de littérature, sciences et ar
Cherbourg Société académique.
^
SOCIÉTÉS CORRESPONDANT AVEC LE COMITÉ. 987
Cherbourg .
coutangbs .
Valognes. ,
Carbntan .
Société artistique et industrielle. 1 ;
Société de V Union cherbourgeoise. ]
Société académique du Cotentin.
Société archéologique, artistique et littéraire.
Académie Normande.
i!
MARNE
4
Chalon8-«ur-Marne. Société d'agriculture, sciences et arts.
Reims • . Académie nationale.
— Société des Amis des arts.
Société des Arts réunis. ^
Société des architectes de la Marne.
Vitrt-lb-Frakçois . Société des sciences et arts.
MARNE (HALTE.)
Lakgrbs Société historique et archéologique.
Saint-Dizier .... Société des sciences, lettres et arts.
MAYENNE
Laval Commission historique et archéologique.
— Société des Arts réunis.
— Société d^ archéologie, sciences, arts et belles-lettres.
MEURTHE-ET-MOSELLE
Nancy Société d* archéologie lorraine.
— Académie de Stanislas.
— Comité de l'Association des artistes musiciens.
— Société chorale d* Alsace-Lorraine.
MEUSE
Bar-le-Duc Société des lettres, sciences et arts.
— » , . . Société du Musée.
Verdun Société philomathique.
MORBIHAN
Vannes Société polymathique.
LoRiENT. . ^ . • . . Société philotechnîque.
NIÈVRE
Nevers Société Nivernaise des lettres, sciences et arts.
Commission de Tlnventaire des richesses d^art.
— . .... Société académique du Nivernais.
Clauecy Société scientifique et artistique.
r^- — - r
i
988 AWEXES,
Vabzy Société du Xlm^éf.
— Société historique, littéraire et agricole^
NORD
Lille Société des sdences, de Tagricultufe et des arti.
— Conmiission historique du Nord.
— Comité flamand de France.
— Conseryatoire de musique.
— Société des architectes*
AvESMBS Société archéologique.
Cambrai Société d'Émulmian.
— Académie de musique.
Douai Société d'aj^nculture, sciences et arts.
— Ecole de musique.
— Société des Amis des arts.
DuiTKEBQUK Socié té à u n ke rq uo is e p Qti r Tenc o a rage menl àes arti.
— - Ecole de musique.
— Commission de musique.
RouBAix Société d'Émulation.
— École de musique.
TomGOivo Académie de musique.
Valenciennes . . . . Société d'agriculture, sciences et arts»
— .... Académie de musique.
OISE
Bbacvais Société académique d'arohèolngie.
— Commission de Hnycn'.aire des richesses d'art,
— Comité correspondant de TAssociation âts artittii
musiciens.
COMPIÈGNB Société historique.
NorON Comité historique et archéologique.
Senlis Comité archéologique.
OKm
Albnçon Commission des archives.
— Société historique el archéologique tle TOrne*
Flers Société industrielle.
PAS-DE-CALAIS
Arras Académie des sciences, lettres et arts.
— Union artistique du Pas-de-Calais.
— Société artésienne des Amis des arts^
— Commission des monuments historiques du r *^
Calais. _ _
BÛClÉTiS CÛRHËâPONDA^T AVEC LE GQMtTÉ.
ÙM
A RUAS
BoiLoaKB-suB-MEa
Saint-Ouer ....
ST-PlËBRfl-LËZ^CALAlS
Kcole de musiqap.
Commission des antiquités.
Société «cadémique.
Académie communale de mueiquep ' ,
Société d'agriculture et des Beaux-Art».
Société des coacerts populaires.
Société des sciences Industrielles.
Société des antiquaires de la Morinie.
Commission de surveillance et de patronage de T École
d'art décoratif.
PUY-DE-DOME
CLïBttOM-FKaaANo . Académie des science^f belles-lettres et arts.
— . Société des architectes*
•^* , Société ié|)îonale des architectes du Puy--4e*Dâitie^
de la Haute-Loire et de rMlier*
«*- Société d'Émulation de r Auvergne,
Rioy. • Société du Musée.
PYRÉNÉES (BASSES-)
Pau *. Société des sciences, lettres et arli.
— Société des Amis des arts.
Bâ YONNE Société des sciences et arU.
— ..... Conservatoire de musique.
— Société artistique.
PYRÉIVÉES (HAUTES-)
BaonèresdbBioorbb. Société Ramond*
PYRÉNÉES-ORIENTALES
Perpignan Société agricole, âclentiûque et littéraire,
•— Conservatoire de musique.
RHOKE
Lton. Académie des sciences, belles -le lire s et arls.
— Société littéraire, historique el archéologique.
— , Société académique dVrchltecture.
— Conservatoire de musique.
— Société d'agriculture el arts utiles.
— Société d'enseignement professionnel.
^- Société des sciences industrielles.
'/
900 ANXËXfiS.
SAONF^ET^LOIRE
Magov Académie des sciences, arts et helles-teltrei.
— Société des concerts historiques.
— , Société philharmonique.
Aunm Société Eduen ne.
Chalon-sur-Saôiîe . Société d^histoire et d'archéologie,
TouENUS Société des Amis des arts.
SARTHE
Le Mans Commissioa pour la conservation des œonumcEiti.
— Société historique el arcàéologtqne.
— Société d'agriculture, 5ci««iî«>s et arts.
— Société françai,^e d'archéologti»
La Flèche Société des sciences et arts.
SAVOIE
Craubéry Académie des sciences, belles-lettres et arts.
— Société savoisienne d^hîsloîre el d'archéologie,
— Conservatoire de musique.
MoirriERS Académie de la Val dlsère,
S.-Je AN DE Maurienxe Société d'histoi re el d'archéologie,
SAVOIE (HAUTE-)
Akkect Société Florimontane.
SEINE-ET-MARKE
Melun Société d'archéologie, sciences, lettres el arts.
— Comité départemenlal de Tlnvenlaire des richeiiCt
d'art.
Fontainebleau . . . Société historique et archéologique du Gàtinals*
Meaux Société d'agriculture, sciences et a ris,
Nemoirs Société polytechnique.
RozoY Société d'agriculture et d'économte domestique.
SEINE-ET-OISE
Versailles Commission des antiquiléset des arts de Seine-et^îK.
— Société des Amis des arts.
— Société des sciences morales^ des leUres el des aru<
— ..... Société d'agriculture et des arts,
— Comité correspondant de T Association des artUte*
musiciens.
PoNTOiSE Société historique et archéologique,
Rambouillet. . . . Société archéologique.
k
SOCIÉTÉS CORRESPOXD.iXT ,^VEC LE COMITÉ,
091
SEEMË-IN FER [EURE
ROUEH
Elbevp.
Fécamp,
Havre (le)
Niort
Académie des sciences, belles-lettres et arts.
Soeiêlê des Amis des arts.
Commission des antiquités.
Société de rhistoire de Normandiei
Société libre d'Emutatton.
Société industrielle.
Société des architectes.
Société artistique de X^ormaodie.
Société des bibliophiles.
Société rouennaise des bil^tiophjles.
Commission d'arcbitecture de Ja Seme-Inférîeure.
Socîûté industrielle.
Scciélé des nrcbitectes du canlon d'Elbeuf^
Société du Musée.
Socîé té 11 a V rû ise d ^é t u des di ve r ses .
Société de Sûinte-Cécile.
Société musicaîe la Lyre havraiie.
Société des Amis des arts.
Société des Beaux-Arts.
Société géologique de Normandie.
SÈVRES (DEUX-)
Société de stalistifiuci sciences, belles-lettres et arts.
AUIEVS.
ABBEVrLLB
SOMME
Académie des sciences, bel les -lettres et arts.
Société dG& antiquaires de Picardie.
Société industrielle.
Société des Amis des arts.
SocîèLé linTiéémie du nord de la France,
Société de géographie-
Société d'émulation.
Conrérence scientifî([ue.
TARN
Albï
Académie des sciences, arts et belles-lettres da
Tarn,
IVrosTAÇBAif.
TARX^-ET-^GAROWE
Académie des scîences, belles-lettres et arts*
992 ANNEXES.
MoNTAUfiâN Société archéologique.
— Commission de ririvenUire des richesses d*irU
VAR
Draouignan Société d*étades scientlûquefi et archéologiquei.
Toulon Société académique.
VAUCLUSE
AviONON Société du musée Calvet.
— Conservatoire communal de musique,
— Académiede Vaucluse.
Apt Société littéraire, scientifique et artistique,
VENDÉE f
La Roghe-sur-Yon. . Société d'Émulation de la Vendée*
VIEIV\E
PoiTiEBS Société des antiquaires de rOuest,
— ....•• Commission de T Inventaire des richesses d*ar1,
— Académie des Beaux:>Arts.
— Comilé correspundant de TAssociation de^ articles
musiciens.
— Société des archives du Poitou.
— Société poitevine d'encourageiiienl à T agriculture,
VIENNE (HAUTE-)
Limoges Société archéologique et historique.
— Société d'agriculture, sciences et arts.
VOSGES
Épinal Société d'Émulation,
— Commission de Tlnventaire des richesses d'art
Saint-Dié Société philomathique.
YONXE
AiJXBRRE ...... Société des Amis des arts,
— Société des sciences historiques et nàtureUes dt
rVonne.
A VALLON Société d'études.
Sens Société archéologique.
r
SOCIÉTÉS CORH£SPO\DÂ]UT AVEC LE COMITÉ, 933
ALGER
Alger Socîélé des Heaux-Arls.
— Société historique oL^énetiDe.
CONSTAJiTINE
CoxfiTANTihT^. . . . Société archéologique du déparlemeot de Con-
âlanliue.
Bosg « Académie d'Hrppone. ,.
ORAN
OnAS> ....... Société de géographie el d^ archéologie.
m
I I
I «"
I
TABLE DES MATIERES
Koméros 2 à 5 du Bulletîn da Comité des Sociétés des Beaiix*.^rts. i-xxw
Ouverture de la sesâiun et consiUiiLion du Bureau, 1
Séance du mardi là avril {présidence de M, Edouard Millaco). . . S
Séance du mercredi 1^) avril (présidence de M.. Lucien AfABcasLx) > 13
SèftDce du jeudi 14 av rit (présidence de M> Gustave Sehvo[\). , . . 26
Seau ce du vendiedi Lj avril (présidence de M. Maurice Tm;Eied£ux) . 36
Rapport j^ènéral sur les travaux de la session des Soriélés des
Beauï-Arts, lu daus la séance du 15 avril, par M. Henry Jouiïs,
secrétaire rapporteur du Comité * ..<,_., * . . 15
Séance générale du samedi 10 avril (présidence de M. A. IIam-
iaud)- , p , 81
LËCTtlKBS ET G ÛIUMU» tGATIOXS.
L Notice sur deux anciennes tapisseries du Musée des antî-
quités dcKouen. — M. Gaston Le Breto\ î>7
!L Peintres des \V1\ XI Ih et XV 111* siècles. Notes et docu-
ments ejitraits des fonds paroissiaux des archiver du
Calvados. — M. .Armand Béxf.t 110
ni. Artistes d'Avranches, Bayeui, Cherbourg, Coutanees,
Saini-Lo, Valognes el Vîrp au XVI II* siècle, d'après
les rt^lvs de la capitulation con sériés aux arcbives dé-
parte mentalesi du Calvados. — M. Armand M\i:T , . 156
IV. L'ématJ de Vauk en Artois. — Baron CAi-floi;i 107
V- La cathédrale de X'antes. — Le marquis dé Cr anges dk
SUROKRK,^ , . - 17^
VL Les Maitres Joueurs d'instruments au XVll* siècle. —
M. Ad. Vi\CE\T 185
Vn. Les Quatre Saisons de Sauvage. — M. Lorin 19(1
VIN. Pierre Dupuis, peintre de Montfort. — M. I^RiRi. . . - 103
, IX. Lu Céramif^ue à Boisseltes (Seine-et-Marne), 1732*1781.
— M. G. Leroy 197
X. Charles Eisen. — M. Alliert J.icQtOT , 215
996 TABLE DES MdTIBBES^
XI. Le Maître -Aulel de Denis Gervais, à f^aint-l^faurice d'An-
gers (1758). — M. Josepli DEvars. %\^
XII. Les peintres Van Oost, à Lille, à propos d'un tableau lillois.
— M. L. Quarré-Reybourbox 33!
XIÎÎ. Conrad Meyt et les sculpteurs de Uroo en Franche^
Comté.. Leur œuvre. Leurs iuiitaLeurs (J5'24-]563^).
— M. Jules Gauthier. . « • . , . 330
XIV. Le Musée Jean Gigou\, h Rcsancon^ — M. Jules Gau-
thier '^i
XV. Introduction des faïences d* art à Nevcrs. Les Conrade. —
M. Massillon-Rouvet â9I
XVI. Notices sur plusieurs anciennes peintures inconnues de
Técoic flamande. — M. Emile DicLiGXiÈBEâ. . . . . , 305
XVII. Un maître de Tœuvre du Mont-Sainl-Micbel au XVH" siè-
cle. — M. L. BOSSEBOEUF - Ui
XVIII. Les dessins de médailles et de jdons attribues au sculp-
teur Ëdme Bouchardon. — M. F, M^zëëolle .... ^ÎSÎ*
XIX. Appartement et mobilier du cb^teau royal de Saint-Hu-
bert. — M. J. Maillard *,,..* ^58
XX. Un dessin sur Thermidor par Hiibert-Roberl à la Faculté
de médecine de Montpellier. — M, Charles Vos-
SONAILHE '.•.%-.'.'.'., , *Ï71I
XXI. Céramique et verrerie musicales. — M. Eugène TH0f9f>v. 3T7
XXII. Le monogramme de Masséot Abaquesne! -- M. Tabbé
PORÉE , - . . . , 3î*â
XXIII. L^hôtel de ville d'Arles et ses architectes, — M> E.-L.-G.
Charvet 39(ï
XXÏV. Le sculpteur Imbert Boachon, — M. rabbéHeguiK . . . 4IH
XXV. La salle des actes de la Faculté de théoïoj^jie protestante
de Montauban. — M. Jules Momsïéjà 4iT
XXVI, Notes sur les tableaux offerts h la confrérie de \'otrc-
Dame du Pay à Amiens. — M. Kobirt Gieblix. ... Vî8
XXVll. Les sculptures et les peintures de IV-glise deSaint-Auloine
en Viennois. — M. Tabbé P. Bbvxe ^4
XXVIII. La tombe de Lancelot du Fau, évi^que de Luçon, et Tor-
' ' fèvre Claude Content (15:^3). — M. Louis de Gr^ïb-
~ ' MAISON. ,..♦.* Uîl
XXIX. L'art dramatique dans la ville de Lisieu^c pendant la rèfo-
lutioA (1789-1790).-^ M. K. Vmu\ W
XXX. Les origines du Musée de Berna y. — \I. E, Veiclin- . . 4Si
XXXI. *L*art "canlpan'aire* et rorncmentalion des cloches au
' XVII* siècle. — M. E. Veuclin 191
XXXIÏ. Les sphinx de Pavilly. — M* P. pe Lq^^gieu^re. . . » . ^
XXXIIir [/œuvre d\m miniaturiste avignonnaîs de la Renais sauce.
— M. L:-H. LllBANDE. ^
i
X-i-
•y"»f t'-»
TABLE DES MATIÈRES. 091
Pages.
XXXIV. Le mobilier d'un château à la fin du XVIII* siècle. Ghan- |
teloup. — M. Alfred Gabeau 510
XXXV. Les tapisseries de Monlpezat et la relique appelée les
Bonets de Saint Martin de Tours. — M. Charles de
Grandmaison 550
XXXVÏ. François et Jacob Bunel, peintres de Henri IV. — M. Paul , . j
* Lafond 557
XXXVII. Gabriel-François Moreau, évoque de Mâcon (176:3-1790),
ami des arts et collectionneur, prolecteur de Prud'hon.
— M. L. Lex 606
XXXVIII. Une Assomption de François Lemoyne (1718). — M. lAon
Giron \ 639
XXXIX. Un portrait de Louis XIII avec allégories. Dessus de che-
minée provenant de Thôtel de ville de Reims et placé
au iMusée en 1897. — M. Henri Jadart. ...... 6i7
XL, Notice sur Sergent- Marceau, peintre et graveur. —
MM. Paul Leroy et H. Herldiso.v 654
XLI. Documents nouveaux sur Pierre Vigne de Vigny, archi-
tecte. — M. Charles de Beaumoxt 720
XLII. Jacques Rigâud, 'dessinateur et graveur marseillais, im-
proprement'prénommé Jean ou Jean-Baptiste (1681-
• -1754). — M. Ch. GiNOux 726
XLin. Antoine Gilis, sculpteur et peintre (1702-1781). —
• • M. Maurice Hébmult ^«..«^ 740
XLIV. Pierre Puget à Aix. — M. Numa Coste 767
XLV. L'église de, Lavnl-I}ie.u.(Ardennes) et ses boiseries sculp-
tées. — M. A. BouiLLET. . 776
XLVI. Notes et documents pour servir à Thistoire de Fart et des
artistes dans le Barrois^ antérieurement à Tépoque de
la Renaissance 786
XLVII. L'arc de" triomphe' de' la Porte d'Aix à Marseille. —
M. Pierre Parrocel 841
XLVIII. Les grands amateurs angoumoisins. XV* -XV!!!" siècle.
— M. E. Biais . 856
XLIX. -Les peiiUresde Thôtel de ville ^e Bordeaux. Antoine Le
Blond dit de Latour. — M. Ch. Braqiiebaye ..... 902
r- i
1000 TADLE DES PLANCHES.
XXXV. Portrait du duc de Ghoiseul, d'après M. Van Loo. (Pro-
venant de Chanleloup.^. • • •. ^^^
XXX VI. Tapisserie d'après Drouais, actuellement au musée de
Tours. (Provenant de Chanteloup.) 516
XXXVII. Le miracle dit des c Bonets » de Saint Martin. (Tapisse-
rie de Montpezat.) 550
XXXVIII. Mémoires de travaux exécutés par F. Bunel 500
XXXIX. Mandement de paiement du roi de Navarre en faveur de
F. Bunel .W . . .\ .\ / , ofâ
XL. Reçu de François Bunel 566
XLÏ, Henricus ÏV Franc, et Naça. rex, gravé par Th. de Leu.
(D'après j! Bunel.) , .' 594
XI^IL G.-Fr. Moreau, évoque de Maçon (1763-1790), d'après
un pastel du temps. (Phot. de H. MiGKO de Mâcon.). . 606
XLIII. Assomption, par François Lemdykk (1718). Église de
Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire) .«....•, 6fô
XLIV. Portrait de Louis XIII. (Musée de Reims.) 650
XLV. Frontispice du missel de Chartres. Gravure à reau-forle,
parSEBGENT 65i
XLVl. Sergenl-Marceau, d'après le médaillon de DAvm d'An-
gers 674
XLVll. Vue de Toulon^ par Jacques RiGAUD (1701) 7^
XL VIII. Hercule domptant Cerbère, par Antoine GiLia (1743) . . 752
XLIX. Eglise de Laval-Dieu : Boiseries de la nef 780
L. Église de Laval-Dieu. —^ Boiseries du chœur 782
LI. La porte d^Aix. Arc de triomphe de Marseille (façade
du midi). • 854
LU. M"' Tillet, femme de l'auteur de la « Chronique bourde-
loise », par Antoine Le Blond, dit de Latour (1700). 906
LUI. Pierre de Cornet, avocat, jurât de Bordeaux (1667-1669
et 1678-4680), trésorier de la ville (1680-1682), par
Antoine Le Blond, dit de Latour (1680) 908
PâBlS. — TVrOGRAPHIB DE B. PLOM. NOURMT ET €**, 8. BCB GâaA>%liU. 3802.
T"
3 2044 034 870 766
./
30 1*81
France - Uia.de l'inatr.Pttmqag.-..
Reunioa >^«. *ocidt4s des ^e&Mx^^rt'
/